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Full text of "Rapport á M. le ministre des colonies sur les richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie"

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RAPPORT 

A  M.   LE  MINISTRE  DES  COLONIES 

RICHESSES  MINÉRALES 

DE    l\ 

NOUVELLE-CALÉDONIE 


11.  E.  mSSEB, 

Ingénieur  au  "Corps  des  Minei. 


(Kxtrait  des  Annalis  uis  Mlies,  'î'  semestre  1903 
el  1"  aeinestre  19114.) 


PARIS 

V"  Ch.  dunod,  éditeur 

49,  QuMi  des  Qrands-Augustlns,  49 


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«APPORT  A  H.  LE  MINISTRE  DES  COLONIES 

SUH 

LES  RICHESSES  MINÉRALES 

DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 


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-  IMPRIUBRIS  DBSLIS  FIlfcnRS. 


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RAPPORT 

A  M.   LE  MINISTRE  DES  COLONIES 

Sun  LKS 

RICHESSES  MINÉRALES 

DE    LA 

NOUVELLE-CALÉDONIE 


M.  B.  QLASSER, 

ingénieur  au  Corps  des  Hinei. 


(Extrait  dei  AmuLis  des  Mikes,  2*  lemeitre  1903 
etl^iemestrelSOI.) 


PARIS 


V"  Ch.    DUNOD,   EDITEUR 
49,  Quai  des  GrancU-Angiutlna,  49 


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UtC  1  0  1986 


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RAPPORT  A  M.  LE  MINISTRE  DES  COLONIES 
«en  . 

LES  RICHESSES  MINÉRALES 

DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 


M.  Je  Ministi'e  des  Colonies  ayant  bien  voulu  nous  char- 
ger d'iioo  misaion  en  Noavelle-CalédoQÎe  ayant  pour  objet 
J'étude  des  principales  richessee  minérales  connues  dans 
la  colonie,  nous  avons  rboaneur  de  rendre  compte  par  le 
présent  raf^wrt  des  résultats  de  aos  obso^aliuos  au  cours 
da  cetiâ  mission,  ainsi  que  de  l'exaiDen  auquel  nous 
avons  procédé,  à  notre  retour  en  fiance,  des  nombreux 
Acbaatilkas  de  roches  et  de  minerais  rapportés  par  soos 
des  différentes  régions  de  la  colonie. 

Notre  séjour  en  Nouvelle-Calédonie,  qui  n'a. duré  que 
pendant  les  mois  d'avril,  mai,  juin,  et  Juillet  1902,  et 
dont  nous  avons  dû  réserver  une  partie  pour  des  études 
d'ordre  administratif,  a  été  trop  court  pour  nous  per- 
mettre de  consacrer  plus  de  trois  mois  à,  nos  tournées 
dans  les  nombreuses  régions  minières  de  l'ile  ;  d'autre  part, 
l'absenre  de  tout  chemin  de  fer,  la  rareté  et  la  leutear 
des  services  de  navigation  autom^  de  l'fle,  la  restriction  à 
quelque  130  kilomètresseulenientdes  routes  carrossables, 
l'état  généralenient  mauvais  des  sentiers  muletiera,  et  leur 
absence  complète  sitât  que  J 'on  s'éloigne  des  mines  actuelle- 
ment exploitées,  randoot  toute  totunée  dans  las  districts 
miniers  aussi  longue  que  pénible.  Dans  ces  coodiliuis,  an 
cours  des  quatre-vingts  et  quelques  journées  qae  bous 


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6        RICHESSES  MINEEALE8  DE   LA'  NOUVELLE-CALEDONIE 

avons  passées  dans  l'intérieur  de  la  colonie,  effectuant  au 
total  des  parcours  de  près  de  2.000  kilomètres  à  cheval  et 
de  1.000  kilomètres  à  pied,  et  gravissant  un  très  grand 
nombre  de  fois  les  quelque  500  ou  600  mètres  {et  souvent 
même  plus)  de  dénivellation  qui  séparent  du  fond  des  val- 
lées la  majorité  des  gisements, c'est  àpeine  si  nous  avons 
pu  visiter  presque  toutes  les  mines  actuellement  exploi- 
tées, examiner  la  plupart  de  celles  qui  l'ont  été  dans  le 
temps,  et  parcourir  quelques-unes  des  régions  qui  sont  ré- 
putées'renfermer  d'importantes  richeasea  encore  vierges. 

Nous  n'avons  d'ailleurs  pas  seulement  porté  notre 
attention  sur  les  conditions  géologiques  des  gisements  que 
nous  visitions,  nous  en  avons  également  examiné  les  con- 
ditions industrielles  d'exploitation  ou  d'exploitabilité  ; 
nous  avons  enfin  étudié  les  diverses  questions  générales 
qui  touchent  à  l'industrie  minière  de  la  colonie  et  à  la 
solution  desquelles  est  lié  l'avenir  de  cette  industrie. 

Après  avoir  fourni  quelques  indications  générales  sur 
les  formations  géologiques  auxquelles  sont  associés  les 
différents  gisements  de  la  Nouvelle-Calédonie,  nous  ferons 
connaître,  pour  chaque  catégorie  spéciale  de  produits  miné- 
raux, quels  en  sont  les  gîtes  connus,  quel  est  le  développe- 
ment des  travaux  auxqueis  ils  donnent  lieu,  quelles  sont 
les  conditions  industrielles  dans  lesquelles  leur  exploita- 
tion se  poursuit,  et  de  quel  développement  celle-ci  paraît 
susceptible.  Nous  passerons  ainsi  successivement  en  revue 
les  nombreuses  richesses  minérales  de  la  colonie,  c'est-à- 
dire  d'abord  le  nickel,  puis  le  cobalt,  le  chrome,  et  le  fer, 
qui  sont  associés  aux  mêmes  roches  ;  nous  parlerons  ensuite 
du  cuivre,  de  l'or,  et  de  différents  autres  métaux,  et  enfin 
des  gisements  de  charbon.  Nous  ferons  connaître  en  ter- 
minant quelles  sont  les  circonstances  d'ordre  général  qui 
sont  de  nature  à  influer  sur  le  développement  de  l'indus- 
trie minière  du  pays,  et  quelles  sont  les  mesures  qui 
pourraient  en  augmenter  l'essor. 


D.D.t.zeabï  Google 


l-'ORMATIONS  GBOLOaiQUES   DE   I.A   NODVBLLE-CALÈDONIE 


PREMIÈRE  PARTIE. 

LES  SIFFÉKENTSS  F0BKATI0H8  GiOLOaiQUIS 
DE  LA   NOUVXLLZ-CALiOONIli. 


CHAPITRE  PREMIER. 
INDICATIONS  GËHËAALES  SDR  LA  GÉOLOGIE  DE  L'ILE. 


.4.  —  Études  GÉOLOGIQUES  antériedres. 

La  première  étude  d' ensemble  qui  ait  été  faite  de  la 
ttéologie  de  la  Nouvelle-Calédonie  a  été  publiée  en  1867; 
elle  est  dtie  à  M.  Jules  Garnier,  qui,  chargé  par  M.  le  Mi- 
nistre de  la  Marine  des  fonctions  d'Jngénieur  chef  du 
.service  des  Mines  de  la  Nouvelle-Calédonie,  parcourut 
l'île  de  1863  à  1866  dans  presque  toutes  celles  de 
ses  parties  qui  étaient  alors  accessibles  aux  Européens. 
Cet  auteur  a  donné  (*)  une  description  des  différentes 
formations  de  la  colonie  en  même  temps  qu'un  aperçu  de 
leur  distribution  géofcraphique;  il  a  étudié  pour  la  pre- 
mière fois  quelques-una  des  points  signalés  comme  auri- 
fères et  une  partie  des  affleurements  houillers;  il  a  signalé 
l'abondance  du  fer  chromé  et  des  minerais  de  fer,  ainsi 
que  la  présence  de  plusieurs  gisements  de  cuivre  ;  il  a 
enfin,  le  preuiier,  fait  connaître  l'existoûce  de  silicates  ma- 
gnésiens nickéliferes  en  différents  points  de  la  colonie. 

{*)  Euai  8UI-  la  géologie  et  les  reisourcet  minérales  de  la  Nouselle- 
>iMonie,jiarM.  Gahhieii.  \ngÉa\eur  ci\i\  (Annales  des  mine$,  6' aéne, 
■-.  XII,  p.  1  i  9Ï,  1B67). 


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8        R1CHBUB8  MIMÉBALB8   DB  LA.  NOUVELLE-CALEDONIE 

Dix  ans  plus  tard,  M.  Heurteau,  Ingénieur  au  Corps  de» 
Mines,  était  chargé  par  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  des 
Colonies  d'une  mission  en  Nourelle-Cilédonie  ayant  pour 
objet  d'en  faire  connaître  les  richesBes  minérales.  Après 
avoir  étudié  dans  l'ensemble  la  constitation  géologique 
de  rUe  et  examiné  d'une  façon  approfondie  les  régions 
qui  paraissaient  alors  présenter  le  plus  d'intérêt  au  point 
de  vue  minier,  M.  Heurteau  rédigeait  un  remarquable 
«  Rapport  sur  la  constitution  géologique  et  les  richesses 
minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie  »  {').  Cet  important 
travail  contient  de  précieux  renseignements  sur  un  grand 
nombre  de  points  touchant  h  la  géologie  du  pays  et  à 
ses  gisements  miniers,  tout  particulièrement  en  ce  qui 
concerne  l'or,  le  cuivre,  et  le  charbon.  L'insuffisance  des 
cartes  topo^pbiqoes  publiées  à  cette  époque  ne  per- 
mettait pas  encore  la  condensation  de  ces  nombreux 
docoments  en  une  esqmsse  de  carte  géotogiqne. 

En  1802,  M.  Pelatan,  Ingénieur  civil  des  Mines,  profi- 
tant de  l'achèvement  récent  de  la  cart«  dressée  d'après 
les  travaux  de  la  mission  topt^^raphique  militaire,  publiait 
une  carte  géologique  de  la  Nouvelle-Calédonie  accompa- 
gnant une  description  géologique  d'ensemble  du  pays  et 
de  ses  mines  (")  ;  cet  Ingénieur,  «  ajoutant  aox  observa- 
tions des  précédents  explorateurs  bon  nombre  d'observa- 
tions personnelles  »,  essayait  de  coordonner  les  anea  et 
les  autres  en  une  description,  appuyée  d'une  carte,  donnant 
«  une  idée  assez  nette  de  l'allure  générale  des  grandes- 
masses  géologiques  qui  ont  concouru  à  la  formation  du  soi 
néo-calédonien  ». 

(*)  Rapport  à  M.  le  Minitlit  dt  la  Marine  el  des  Colonie»  aur  ta  cont- 
Ktution  géologique  et  le»  riekesta  minérales  de  la  SoupetU-CaliJoiiit^ 
par  M.  Emile  Hburtkki,  logéDieuT  du  HioM  [Aiautte*  det  mùiM, 
1>  série,  t.  tX,  p.  332  t  tM;  1E76], 

(**)  Letmine»  delà  Nouvelle-Calédonie,  Esquiite  géologique  delà  celo~ 
nie,  Minet  de  charbon,  par  Louie  Pilatah,  iDgfiDieur  civil  dsi  Hinei, 
OBcien  directeur  de  la  Société  le  Nickel.  Pui»,  pnUiestioBS  do  jonmaL 
U  Génie  civil,  6,  ras  de  la  Chaussée-d'Antin  (IStij. 


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PORIU.TIOItB  GÉOLOaiQtm  DB  LA  IIODTIELU^<:!AIÂD0NIB        9 

Ces  divers  auteurs,  aidés  des  déterminations,  faîtes  en 
Europe  ou  eo  Australie,  des  fossiles  recueillis  au  cours 
de  leurs  explorations,  ont  essayé  de  fixer  l'âge  de» 
différentes  formations  de  la  colonie,  sans  parvenir  encoro 
h  des  résnltats  bien  certains. 

Enfin.en  1901,  M.  Maurice  Piroutet,  licencié  es  sciences, 
entreprenait  dans  la  moitié  Sud-Est  de  l'ile  ane  série- 
de  recherches  géologiques  et  paléontologiques  qui  lai 
permettaient  de  préciser  un  certain  nombre  de  points,  et  ii 
vient  de  communiquer  à  la  Société  géologique  de  France 
une  a  Note  préliminaire  sur  la  géologie  d'une  partie  de 
1»  NouTelle-Calédonie  »('). 

En  dehors  de  ces  études  d'ordre  générai,  il  a  été  fait, 
sur  un  certain  nombre  de  gisements  ou  groupes  de  gise- 
m«)ts,  différentes  étndes  particulières  que  nous  aoron» 
l'occasion  de  citer  dans  ce  qui  suit. 

Notre  mission  devant  avoir,  en  raison  des  Instructions 
de  M.  le  Ministre  des  Colonies  et  des  vœux,  tant  de 
M.  le  Gouverneur  que  du  Conseil  général  de  la  colonie, 
qui  l'avaient  motivée,  un  but  plus  pratique  et  industriel 
que  scientifique,  nous  n'avons  pas  en  le  loisir  de  nous 
livrer  à  des  études  géologiques  d'ensemble,  et  nous  ne 
pouvons  qu'apporter,  par  d'assez  nombreuses  observations 
faites  dans  les  régions  plus  spécialement  minières,  une 
modeste  contribution  à  la  connaissance  générale  des  for- 
mations de  la  colonie.  Nous  ferons  donc  surtout  emprunt, 
dans  les  quelques  indications  que  nous  croyons  devoir 
donner  ci-dessous  sur  la  géologie  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
anx  observations  de  ceux  qni  nous  ont  précédé  et  dont 
BOUS  avons  rappelé  ci-dessus  les  travaux. 


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10      RICHESSES   MtNBHALES   DE   LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 


B.  —  CONPIGDRATION  DE  LA  NOUVELLE-CaLÉDONIE. 

La  Nouvelle-Calédonie  constitue,  avec  les  lies  et  Ilots 
qui  s'aligneat  suivant  sa  direction  au  Nord-Ouest  et  au 
Sud-Est,  une  arète,  longue  de  plus  de  500  kilomètres  sur 
une  largeur  maxima  de  65  kiloniètrea,  émergeant  des 
grandes  profondeurs  de  l'océan  Pacifique  ;  ces  profondeurs 
atteignent  en  effet  plus  de  2.000  mètres  à  très  faible  dis- 
tance des  côtes  dans  toutes  les  directions,  même  vers  le 
Nord-Est  entre  la  Grande-Terre  et  le  groupe  des  ties 
Loyalty,  qui  sontdistants  entre  enx  de  80 kilomètres  seide- 
nient.  La  Grande-Terre,  dont  la  longueur  est  de  400  kilo- 
mètres et  la  largeur  moyenne  de  40  kilomètres,  sedêveloppe 
entre  161°  43'  et  164' 45' de  longitude  Est  de  Paris  et 
entre  20'5'  et  22°2t'  de  latitude  Sud  ;  sa  superficie  est  de 
l.GH.700  hectares. 

Elle  est  exceptionnellement  montagneuse,  toute  sa 
partie  centrale  étant  constituée  par  une  série  de  massifs 
s'élevant  à  plus  de  1.000  mètres  d'altitude.  L'ensemble 
de  ces  massifs  est  généralement  désigné,  d'une  façon 
assez  impropre,  sous  le  nom  de  chaîne  centrale,  qui 
évoque  l'idée  d'une  ligne  de  partage  des  eaux  à  peu  près 
rectiligne  entre  les  versants  des  deux  côtes,  ligne  qui 
serait  jalonnée  par  la  série  des  sommets  les  plus  élevés 
de  l'ile.  Tel  n'est  pas  du  tout  le  caractère  de  l'orographie 
de  la  colonie  ;  il  suffit  pour  s'en  rendre  compte  de  jeter 
un  coup  d'iiîil  sur  la  carte  hypsométriqiic  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  publiée  par  M.  A.  Hernard  à  la  suite  de  sa  géo- 
graphie de  la  Nouvello-Calédonie(*),  et  dont  nous  reprodui- 
sons les  indications  sur  la  carte  ci-jointe  (fig.  1,  PI.  I)  : 


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FORMATIONS  GÉOLOOIQDES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDONrE      H 

on  constate  d'abord  que  si,  au  Sud  de  la  ligne  de  Bou- 
loupari  à  Thio,  tout  rinténenr  de  l'jle  est  occupé  par  un 
puissant  mastsif  montagneux  qui  s'abaisse  en  un  plateau 
Tors  le  Sud-Est,  ce  massif  est  loin  d'avoir  le  caractère 
d'une  chaîne,  puisqu'un  grand  nombre  de  ses  plus 
hauts  sommets  flanquent  à  une  assez  grande  distance  à 
droite  et  à  ganche  la  ligne  de  partage  des  eaux,  dont 
ils  dépassent  souvent  l'altitude  [mont  Koghis('),  mont 
Mou,  dent  de  Saint-Vincent,  sommet  dominant  la 
rivière  de  Kouakoué,  sommet  Nékando].  D'autre  part, 
au  Nord  de  la  ligne  Bouloupari-Thio,  la  distributiou  des 
massifs  montagneux  devient  tout  h  fait  capricieuse  :  la 
ligne  de  partage  des  eaux  serpente  du  voisinage  d'une 
côte  au  voisinage  de  l'autre  pour  passer  par  le  plus  grand 
nombre  des  massifs  élev6s,  et  ceux-ci  se  ramifient  et 
s'étalent  chacun  isolément  ;  ils  sont  donc  bien  loin  de  former 
quoi  que  ce  soit  qui  ressemble  à  la  barrière  rectiligne  dont 
le  nom  de  chaîne  centrale  évoque  l'idée.  Plusieurs  cols 
coupent  d'ailleurs  cette  ligne  do  partage  des  eaux  à  des  alti- 
tudes relativement  faibles  (col  de  Kuentliio  à  3o0  mètres 
d'altitude,  passages  de  Bourail  et  de  Poja  à  Houaïlon,  de 
la  rivière  de  Koné  à  la  Tiwaka,  et  de  la  louanga  à  la 
Ouaième,  etc.,  tous  à  moins  de  500  mètres  d'altitude) .  En 
outre,  de  nombreux  massifs  très  importants  par  leur  puis- 
sance et  par  leur  altitude  (sommet  Nakada,  M6-moa, 
Sphinx,  sommet  Arago,  Tchingou,  Panié,  sur  le  versant 
Est;.  Poilou,  Kopéto,  Koniambo,  Taom,  Kaala,  au  voisi- 

(')Voirla  carta  (fig,  1,  PI,  I)  annexée  au  présent  rapport,  sur  laquelle 

Boui  avons  reporté,  loit  d'nprts  la  carte  à  l'échelle  i\e    „         dreaflée 

ûe  lS79i  1386  par  lei  orSciers  delamisaion  topographique,  soit  d'après 

lacarteau  du  commandant  Laporte,  publiée  par  l'C  ni  on  agricole 

1  ilédonienne,  soit  d'après  les  levés  du  service  topographigue  de  la   . 
I  >lonle,  les  indicaUons  et  les  noms  nécessaires  k  la  lecture  de   ce  qui 
I  lit.  Nous  y  avoua  égale  ment  reproduit  les  lignes  de  niveau  de  la  carte 
1  /paométrique  de  M.  Bernard. 


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12      RICHBSSBS   mSÉRAlBS  DE  LA.  NO U TELLE -CALÉOOKIE 

na^  de  la  côte  Ouest)  sont  complètement  détachés  de  I» 
li^ne  de  partage  des  eaux. 

Ajoutons  d'ailleurs  qu'un  grand  nombre  d'entre  les- 
sommets  des  diverses  montagnes,  surtout  les  sommets 
serpentineuz  des  régions  centrale  et  méridionale  de- 
l'ile,  sont  esc^pés  et  déchiquetés  comme  le  sont  sou- 
vent les  hauts  sommets  de  cbaines  ou  de  massifs  d'alti- 
tude considérable,  et  comme  ne  peuvent  guère  l'être,, 
surtout  dans  des  parages  oii  les  actions  atmosphériques 
sont  aussi  actives,  que  des  massifs  d'un  âge  récent. 

Si  nous  insistons  sur  ces  caractères  géographiques, 
c'est  qu'Us  nous  paraissent  être  en  relation  immédiate  arec 
l'histoire  géologique  de  la  contrée  :  différentes  aulrea 
coDsiiIérations,  et  en  particulier  celles  qui  sont  relatives 
à  l'existence  d'une  bande  corallienne  presque  continue  ae- 
développant  tout  autour  de  l'ile,  ont  conduit  presque 
tous  les  géologues  et  géographes  qui  se  sont  occupés  d& 
la  Nouvelle-Calédonie  à  admettre  que  cette  ile,  relative* 
ment  petite,  n'est  que  le  reste  .d'une  terre  plus  vaste  dis* 
parue  par  suite  d'effondrements,  et  dont  il  ne  subsiste 
plus  aujourd'hui  qu'une  sorte  d'arête.  Cette  arête  com- 
prend au  Nord-Ouest,  et  par  places  dans  le  centre,  les 
restes  assez  importants  d'un  ancien  massif  montagneux 
ayant  peut-être  affecte  .la  forme  d'une  chaîne  unique, 
mais  elle  se  trouve  complétéepardes  amas  de  roches  érup- 
tives  récentes  ne  s'alignant  que  grossièrement  suivant  la 
direction  de  la  longueur  de  la  NouveUe-CaJédome.  Cette 
direction,  qui  est  Sud-Est  Nord-Ouest,  parait,  comme  on. 
sait,  jouer  un  rôle  important  dans  la  structure  générale 
du  g'.obe  dans  cette  région  du  Pacrifique;  c'est  eu  effet 
non  seulement  celle  suivant  laquelle  s'allongent  diffé- 
rentes lies  ou  différents  groupes  d'Iles  voisines  (iles- 
Salomon,  pointe  méridionale  de  la  Nouvelle-Guinée,  et 
péninsule  d'Auckland),  mais  encore  celle  des  traits  capi- 
taux de  la  configuration  sous-marine  de  la  portion  dd- 


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FORHATIOÎJS  aÈOLOGlQDES  DU   LA   NOUVELLE- CALÊDONIB     13 

l'océan  Pacifique  qui  sépare  ces  différentes  terres  {'). 
-Cette  direction  commune  serait  celle  des  cassures  paral- 
lèles suivant  lesquelles  ae  serait  produit  l'effondrement 
des  anciennes  terres  du  Pacifique  Sud-Occidental. 

Telle  est  la  notion,  admise  d'une  façon  générale 
-croyons-nous,  qui  parait  dériver  nécessairement  de  l'étude 
■de  la  géographie  physique  de  notre  colonie  et  de  ses  en- 
virons. Lorsqu'il  s'agit  de  fixer  l'époque  géologique  à 
laquelle  se  sont  produits  les  bouleversements  qui  ont 
donné  àcette  lie  sa  situation  et  sa  forme  actuelles,  on  en 
vient  à  des  hypothèses  encore  quelque  peu  hasardeuses  ; 
suivant  M.  A,  Bernard  (**),  les  hypothèses  les  moins  invrai- 
semblables sont  les  suivantes  : 

La  Nouvelle-Calédonie  aurait  été  réunie  à  l'Australie 
-orientale  et  à  la  Nouvelle-Zélande  à  une  époque  fort  an- 
cienne; elle  aurait  été  séparée  de  la  première  de  ces 
terres  avant  la  fin  des  temps  secondaires,  tandis  qu'elle 
serait  restée  réunie  h  la  seconde  jusqu'au  crétacé  supé- 
rieur ou  au  début  des  temps  tertiaires.  Les  éruptions  ser- 
peulineuses  de  la  Nouvelle-Calédonie  auraient  été  posté- 
rieures à  cette  dernière  époque. 

C.  —  DiSTBIBUTION   D'BNSBUBLE  DES  DIFFÉRENTS  TBR&AINS 
DE  LA   COLONIE. 

Sans  nous  attacher  plus  longtemps  à  ces  considérations, 
sur  lesquelles  certaines  questions  intéressant  directement 
les  richesses  minérales  de  la  colonie  nous  feront  revenir 
ultérieurement,  nous  passerons  à  une  description  rapide 
des  difi'érentes  formations  qu'on  y  rencontre;  mais  nous 


C)  Voir  la  carte  des  prorondeurs  do  Pacifique  Sud-Oceidenlal  jointe 
à  \m  carte  hypsom étriqué  de  la  Nouvel le-Calédonie  qui  accompagne 
l'ouvrage  de  M.  Bernard  ci-deHus  cité. 

(**)  Loc.  cil.,  p.  ]0«-lO9. 


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14      HICHESSBS  MINÉRALES   I>E  LA   NOCVELLE-CALËDONIE 

mentionnerons    d'abord  quelle  est,  dans  l'ensemble,  leur 
distribution  géograpbique. 

Ijes  terrains  primitifs,  représentés  surtout  par  des 
micaschistes,  ne  sont  guère  connus  que  dans  la  partie 
septentrionale  de  l'Ile  dont  ils  forment  le  noyau,  et  dont 
ils  constituent  même  les  plus  hauts  sommets.  MM.  Gar- 
nier  et  Heurteau  ne  les  signalent  pas  plus  avant  vers  le 
Sud-Est  que  les  bords  de  laOuaième;M.  Pelatan  en  note 
la  présence  dans  la  partie  centrale  de  l'île  entre  Houai- 
lou  et  Bonrail,  oii  ni  M.  Piroutet  ni  nous-mème  ne  les 
avons  retrouvés;  nous  ne  croyons  pas  qu'ils  soient  con- 
nus plus  au  Sud.  Mais  nous  avons  eu  l'occasion  de  consta- 
ter dans  deux  régions  de  la  partie  méridionale  de 
l'tle  la  présence  du  granité  pointant  au  milieu  des  serpen- 
tines, et  il  est  bien  possible  qu'il  puisse  être  retrouvé 
ultérieurement  en  quelques  autres  points;  dans  les  deux 
cas,  nous  n'avons  pas  observé  que  le  granité  fût  accompa- 
gné d'autres  roches  primitives,  gneiss  ou  micaschistes. 

Les  différents  terrains  sédimentaires,  dont  l'âge  parait 
s'échelonner  depuis  le  précambrien  jusqu'au  tertiaire, 
sans  constituer  d'ailleurs  une  série  bien  complète, 
flanquent  de.  part  et  d'autre  les  terrains  primitifs;  ils  se 
prolongent  tout  le  long  de  la  côte  Ouest  de  l'ile,  depuis 
son  extrémité  septentrionale  jusqu'au  Mont  Dore,  formant 
une  bande  d'épaisseur  très  variable  qui  atteint  par  places 
toute  la  largeur  de  l'île  ;  ils  ne  bordent  le  rivage  de  la 
côte  Est  qu'entre  la  Ouaième  et  Ponérihouen. 

Des  roches  éruptives  d'âges  divers  jouent  en  outre  un 
très  grand  rôle  dans  la  constitution  du  sol  calédonien; 
la  plupart,  pour  ne  pas  dire  toutes  les  assises  sédimen- 
taires, comprennent  des  coulées  ou  <les  filons  de  roches 
éruptives,  parmi  lesquelles  M.  Pelatan  distingue  des 
roches  vertes  anciennes  ophitiques  ou  serpentineuses,  des 
roches  dioiitiques,  des  roches  mélaphyriques  et  por- 
phyriques  plus  récentes,  et  enfin  des  roches  serpenti- 


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FORMATIONS  GÉOLOOlQtlES   DE   LA  KODVELLE-CALÉDOMIE     15 

neuses  modernes.  Ces  dernières,  qui  sont  de  beau- 
coup les  plus  importantes  au  point  de  vue  de  la  masse 
qu'elles  représentent,  sont  également  les  plus  intéres- 
santes au  point  de  vue  des  richesses  minières  de  la  colo- 
nie, puisque  c'est  à  elles  que  sont  associés  fous  les  gites 
lie  nickel,  de  cobalt,  et  de  chrome, et  les  plus  importantes 
accumulations  de  minerai  de  fer;  tandis  que,  comme  l'a  fait 
remarquer  M.  Heurteau,  les  autres  métaux,  c'est-à-dire 
l'or  et  le  cuivre,  ainsi  que,  peut-on  ajouter  aujourd'hui, 
le  plomb  argentifère,  le  zinc,  l'antimoine,  le  mercure,  le 
tungstène,  etc.,  se  trouvent  dans  les  terrains  primitifs  ou 
anciens,  et  le  charbon  dans  les  sédiments  récents. 

Rappelons  enfin  que  des  formations  coralliennes,  les 
unes  plus  ou  moins  modernes,  les  autres  encore  vivantes 
actuellement,  entourent  l'Ile  d'une  ceinture  presque 
continue. 


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lUNBBALES  DB  LA   NODTSLUS-CALàoOHIB 


CHAPITRE  II. 


DESCBIPnON  SOMIUIIIE  DBS  FORMATIONS  PRIIOTITES 
ET  SËOWEHTAIRES. 


Avaat  de  décrire  les  différents  gisements  que  nous  ve- 
nons d'énumérer,  nous  donnerons  quelques  indications  sur 
les  terrains  et  les  roches  qui  les  renferment. 

A .  —  Terrains  primitifs. 

Le  granité,  avons-nous  dit,  ne  nous  est  connu  qu'en 
deux  points  de  l'Ue  :  il  apparaît,  d'une  part,  aux  sommets 
du  Petit  Koiim  etduGrandKoum,  massifs  situés  dans  l'in- 
térieur des  terres,  à  quelque  5  ou  6  kilomètres  à  l'Ouest  de 
Brindy  (cAte  Est)  ;  d'autre  part,  cette  même  roche  se  ren- 
contre dans  le  fond  des  vallées  de  la  rivière  tie  Saint-Louis 
et  de  la  rivière  de  la  Coulée,  à  une  quinzaine  de  kilomètres 
à  l'Est  de  Nouméa  et  à  peu  de  distance  du  rivage  de  la 
côte  Ouest  ;  le  dernier  de  ces  gisements  avait  été  soup- 
çonné par  M.  Garnier,  qui  avait  trouvé  des  cailloux  roulés 
de  granité  dans  la  rivière  de  Saint-Kouis  ;  mais  la  pré- 
sence de  granité  en  Nouvelle-Calédonie  n'a  été  mention- 
née ni  par  M.  Heurteau,  ni  par  M.  Pelatan  :  celui-ci 
déclarait  même  que  les  roches  granitiques  des  âges  an- 
ciens sont  exclues  de  la  série  des  roches  calédoniennes. 

Les  deux  massifs  arrondis  du  Petit  et  du  Grand  Koum, 
situés  sur  la  rive  gauche  de  la  basse  vallée  de  la  Comboui, 
aux  sources  de  son  afAuent  la  Koua-Samy,  s'élèvent  à 
des  hauteurs  respectives  de  600  et  700 mètres;  entourés 


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FORMATIONS  GÉULOGIQUES   DE   l,\   NOU VELLE-CAI.KUONIE      17 

de  sommets  serpentineux  plus  oh  moins  déchiquetés,  ils 
s'en  distinguent  non  seulement  par  leur  formo,  mais  aut^si 
par  l'abondance  et  la  richesse  de  la  végétation  des  ravins 
qui  en  descendent  :  c'est  d'aitleurs  en  raison  de  cette 
pai'ticularité  que  ces  montagnes  avaient  été  ^îignalées  k 
notre  attention  par  les  habitants  de  la  région,  et  c'est  ce 
qui  nous  a  conduit  à  aller  reconnaître  sur  place  la  nature 
(les  roches  qui  les  constituent.  Le  granité  qui  forme  ces 
deux  sommets  est  un  granité  à  mica  noir  à  texture  gra- 
nulitique  ;  il  ne  se  montre  d'ailleurs  que  sur  un  espace 
restreint,  entouré  qu'il  est  par  une  auréole  de  roches  fort 
altérées  dont  on  reconnaît  encore  l'origino  granitique, 
mais  qui  ont  subi  dos  actions,  peut-être  calorifiques,  très 
énergiques  ;  ces  roches  sont,  on  outre,  souvent  recou- 
vertes de  formations  meubles  de  teinte  claire  où  les  pro- 
duits d'origine  granitique  paraissent  s'associer  aux  élé- 
ments ferrugineux  provenant  de  la  décomposition  dos 
serpentines. 

A  50  kilomètres  au  Sud-Est,  le  granité  apparaît  encore 
à  cûlé  des  serpentines,  dans  le  massif  montagneux,  de 
quelque  600  à  700  mètres  d'altitude,  d'oii  sortent  la  ri- 
vière de  Saint-Louis  et  le  ruisseau  de  la  Coulée.  Aux 
sources  de  ce  dernier  il  constitue  les  parois  d'un  profond 
ravin  :  c'est  un  granité  à  structure  granulitique,  avec 
mica  noir  dominant  associé  à  du  mica  blanc,  et  à  des  mi- 
néraux accessoires,  parmi  lesquels  abondent  de  petits 
cristaux  d'apatite  ;  il  diffère  peu  do  celui  que  nous  ve- 
nons de  signaler.  On  rencontre  des  filons  do  quartz  avec 
petites  paillettes  de  molybdénile  associés  à  ce  granité.  Il 
est  encaissé  à  droite  et  à  gauche  entre  des  serpentines 
dont  nous  n'avons  pas  pu  obser\-er  le  contact  ;  mais  vers 
le  Sud,  c'est-à-dire  à  l'aval  du  ruisseau,  il  est  en  contact 
ivec  des  formations  sédimentaires,  et  il  est  sous-jacent  à 
les  bancs  très  redressés  de  schistes  argileux  noirs  com- 
■acts  avec  pointements  d'une  roche  verte  fort  alléréo. 


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18      RICHESSES  MIKÉRALBS   DE   LA  NODVBLLE-OALÉDONIE 

Un  peu  plus  au  Nord-Ouest,  dans  le  cirque  des  Grosses- 
Gouttes,  en  plein  massif  serpentineux,  réapparaissent  des- 
roches acides  ;  nous  n'y  avons  trouvé  un  peu  de  granite- 
dur  et  compact  que  dans  le  lit  d©  la  rivière,  sons  forme 
de  galets  roulés  d'un  granité  semblable  k  celui  de  la 
Coulée  ;  mais  le  sol  est  formé,  de  part  et  d'autre  de  la 
rivière,  d'une  arène  granitique  qui  paraît  résulter  de- 
l'altération  sur  place,  ou  tout  au  moins  d'un  transport  à 
faible  distance,  des  éléments  d'un  granité  à  mica  blanc 
dont  on  retrouve  le  quartz  et  le  mica  et  dont  les  feld- 
spathe  son  t  kaolinisés  ;  ces  éléments  sont  associés  à  de  petits 
cristaux  de  topaze  ;  par  places  ces  arènes  sont  légèrement 
aurifères.  Il  en  est  de  même  des  sables  de  ta  rivière  où 
l'on  observe  k  la  fois  des  débris  de  granité  et  de  serpen- 
tine, et  oîi  l'or  s'associe,  dans  les  produits  lourds,  à  de 
petits  cristaux  de  topaze  etau  ferchromé  provenant  de  la 
destruction  de  cette  dernière  roche.  On  trouve  également 
du  quartz  à  niolybdénite  dans  cette  formation  granitique. 

Le  contact  des  roches  serpentineuses  et  granitiques 
est  ici,  comme  dans  la  région  de  la  Comboui,  dissimulé 
par  un  manteau  do  produits  décomposés  :  une  ligne  de 
hauteurs  serpentineuKâs  domine  le  rivage  au-dessus  de 
Saint-Louis,  et  les  péridotilos  y  apparaissent  plus  ou 
moins  serpenliniaées  avec  leur  faciès  normal  d'altéra- 
tion superficielle,  et  accompagnées  des  puissantes  forma- 
tions d'argile  rouge  que  nous  décrirons  ci-après  ;  lorsque, 
franchissant  cette  ligue,  on  commence  à  descendre  vers 
le  cirque  des  Grosses-Gouttes,  on  voit  ces  formations  ar- 
gileuses superficielles  prendre  des  colorations  moins 
vives,  se  barioler  de  rouge  plus  clair  et  même  de  rose,  et 
l'on  peut  ramasser  des  blocs  argileux  où  apparaissent  de 
petits  noyaux  blancs  kaolinisés,  en  mémo  temps  que  l'on 
commence  à  rencontrer  des  débris  quart^eux  ;  des  (races 
d'or  apparaissent  en  outre  ici  ou  là  au  lavage  do  ces  terres 
superficielles.  On  arrive  ainsi  insensiblement  au   cirque, 


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FÛBMATtOHS  QÉOL06IQUKS  1>K  LA  NOirVKLLBrCAlJUMlilE  19 
oniquement  «Htstitué  d'arène  granitique,  que  nous  vânons 
de  décrire,  sans  avoir  pu  voir  le  ctmtact,  qui  serait  pour- 
tant fort  intéressant  à  observer  en  détail»  des  serpentines 
et  du  granité. 

Les  massifs  do  Grand  et  du  Petit  Koum,  tout  comme  tes 
aMenrements  de  la  Coulée  et  des  Grosses-Oouttes,  nous 
paraissent  devoir  être  considérés  comme  des  témoins  de 
rancienne  ossature  de  l'ile,  n'ayant  pas  disparu  sous  la 
masse  de  péridotite.  pourtant  si  continue,  qui  en  a  envahi 
tonte  la  région  méridionale;  ou  du  moins,  s'ils  ont  été  à 
une  époque  recouyerts  par  la  roche  érnptive  récente,  ne 
l'ont-iis  été  que  par  une  épaisseur  suffisamment  faible  de 
celle-ci  pour  que  l'érosion  leur  fasse  revoir  le  jour. 

Si  le  granité  est  rare  en  N'ouvello-CalédoDio,  io  gneiss 
l'est  peut-être  presque  autant,  puisqu'il  ne  parait  exister 
qu'au  voisinage  de  l'arète  culminante  dit  puissant  mas^f  de 
micaschistes  qui  se  développfi  an  Nonl  ilo  l'ilc  entre  la 
■  côte  orientale,  la  vallée  du  Diahot,  et  celle  de  la  Ouaième. 
Encore  co  sont,  presqufi  partout  le  long  de  cette  arête,  des 
micaschistes  dont  on  peut  observer  la  présence,  de  même 
que  ce  sont  ces  roches  qui  dominent  parmi  les  galets  rou- 
lés par  les  ruisseaux  qui  en  descendent,  et  le  gneiss  n'a 
été  signalé,  à  notre  connaissance,  qu'auprès  des  cas- 
cades de  Tao  par  M.  Pelatau;  il  est  d'ailleurs  possible 
qu'il  se  développe  en  outre  sur  une  certaine  étendue  au 
voisinage  des  sommets  dos  monts  I^inambi,  Panié  et 
Colnett,  région  encore  à  peu  près  inconnue. 

Les  micaschistes,  au  contraire,  ont  une  extension  des 
plus  importantes  dans  cette  même  partie  de  la  colonie  ; 
ils  y  présentent  des  aspects  divers,  variant  depuis  des 
types  extrêmement  chargés  en  mica  ou  en  chiorite,  avec 
un  développement  considérable  do  minéraux  secondaires 
parmi  lesquels  dominent  le  grenat,  l'amphibole,  le  glauco- 


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21)      RICHESSES   HINÉaALES   DE  LA   NODVBI.I.E-CALÉDONIE 

phane,  l'épidote,  le  rutile,  la  pjrite,  etc.,  jusqu^à  des 
schistes  argileux  à  peine  micacés,  en  passant  par  l'inter- 
médiaire de  schistes  ardoisiers  et  lustrés  ;  partout  les 
veines  et  filons  de  quartz  sont  fort  abondants. 

Ce  sont  ces  rophes  qui,  apparaissant  déjà  dans  l'ile  de 
Balabio  et  dans  l'ilot  de  Pam,  constituent  à  elles  seules, 
ou  peu  s'en  fant,  la  puissante  et  haute  barrière  aux 
raides  escarpements  qui  s'étend  le  long  de  la  côte  Est 
depuis  Pam  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Ouaiënie,  premier 
tributaii-e  important  de  l'Océan  à  partir  de  Pam  sur  la 
côte  orientale  ;  elles  paraissent  limitées  vers  le  Sud-Ouest 
par  une  ligne  empruntant  la  majeure  partie  du  cours  du 
Diahot  et  celui  de  la  Ouaième.  Cette  barrière,  longue  de 
70 kilomètres,  et  dont  l'altitude  se  maintient  au-dessus  de 
1.000  mètres  sur  une  longueur  de  plus  de  20  kilomètres 
avec  les  sommets  Panié  {1.630  in. )  et  Colnett  (1.514  m.), 
n'est  entamée  par  aucune  vallée  de  quelque  importance. 
Vers  le  Nord-Est,  elle  présente  au  voisinage  immédiat  de 
la  mer  un  ressaut  de  300  à  400  mètres  d'altitude,  du  bord 
duquel  se  précipitent  en  hautes  cascades  les  ruisseaux 
qui  prennent  naissance  dans  les  gorges  boisées  et  presque 
constamment  arrosées  des  monts  Panié  et  Colnett.  Ce 
ressaut,  si  accusé,  correspond  peut-être  bien  à  une  modi- 
fication dans  la  nature  des  roches,  c'est-à-dire  sans  doute 
au  passage  des  gneiss  aux  micaschistes.  Vers  le  Snd-Ouest, 
une  série  de  petits  ruisseaux  s'écoulent  vers  le  Diahot, 
dont  le  cours  sinueux  paraît  suivre  à  peu  près  la  ligne 
de  séparation  entre  les  micaschistes,  roches  relativement 
dures  conservant  des  contours  accusés,  et  les  schistes 
argileux  beaucoup  plus  tendres  qui  donnent  lieu  à  la  for- 
mation de  mamelons  arrondis.  Aucun  chemin  ne  franchit 
cette  chaîne  puissante  ;  elle  est  naturellement  peu  acces- 
sible à  partir  des  différentes  localités  colonisées  du  Nord- 
Est,  et  l'on  ne  peut  s'y  enfoncer  à  partir  du  Diahot  qu'en 
remontant  son  cours  d'abord,  puis  celui  de  ses  affluents 


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FORMATIONS  QÉÛLOOIQUES   DE  LA  NODVELLE-CALÉDONIE     21 

ensuite,  dans  des  montagnes  qui  ne  Bont  habitées  que  par 
quelques  tribus  canaques  réputées  pendant  longtemps,  et 
aujourd'hui  encore,  peu  hospitalières  aux  blancs.  Aussi 
toute  cette  région  est-elle  à  peu  près  inconnue,  non  seule- 
ment au  point  de  vue  géologique  et  minéralogique,  mais 
même  au  point  de  vue  plus  pratique  des  richesses  miné- 
rales ;  si  bien  qu'il  circule  encore  une  sorte  de  légende 
d'après  laquelle  l'or  y  serait  abondant,  sans  qu'aucun  ren- 
seignement précis  puisse  être  obtenu  à  ce  sujet. 

Mieux  connue  est  l'extrémité  septentrionale  de  cette 
cbaine  de  micaschistes  :  à  partir  du  mont  Ignambi  la  ligne 
(le  crête  s'abaisse,  les  pentes  qui  en  descendent  deviennent 
notablement  plus  douces,  surtout  vers  la  côte,  et  des  c^ls 
d'altitudes  faibles  [col  de  Poraris,  450  m.  ;  col  de  Balade, 
500  m.,  et  col  d'Amos,  376  m.)  la  découpent;  le  cours 
inférieur  dn  Uiahot,  à  peu  près  navigable  et  peu  encaissé, 
donne  un  assez  rapide  accès  aux.  vallons  des  ruisseaux 
qui  en  proviennent;  enfin  la  découverte,  déjà  vieille 
puisqu'elle  remonte  maintenant  à  plus  de  trente  ans,  de 
mines  de  cuivre  et  d'or  qui  se  sont  montrées  partiellement 
exploitables,  y  a  conduit  bien  des  chercheurs  et  quelques 
ingénieurs.  Cette  dernière  région  a  été  étudiée  par 
M.  Heurteau,  qui  avait  franchi  la  crête  entre  Balade  et 
Ouégoa  par  le  col  de  Balade,  et  c'est  celle  à  laquelle  se 
rapportent  principalement  les  descriptions  de  M,  Pelatan. 
Nous  avons  pu  nous-mème  non  seulement  longer  ce  massif 
SUT  toute  laloQgueurdeson  flanc  Nord-Est  et  sur  la  moitié 
de  la  longueur  de  son  flanc  Sud-Ouest  et  en  traverser  la 
crête  au  col  d'Amos,  mais  nous  avons  encore  pu  remon- 
ter et  explorer  plusieurs  des  vallons  qui  en  descendent, 
soit  vers  la  mer,  soit  vers  le  Diahot. 

Ainsi  que  l'a  signalé  M.  Heurteau,  les  micaschistes 
accusent  en  général  une  direction  Nord-Est,  variant  du 
N,  20"  E.  au  N.  55"  E.,  c'est-à-dire  sensiblemont  nor- 
male à  la  direction  suivant  laquelle  s'allonge  l'Ile,  direc- 


bïGoot^lc 


J 


S2      RfCmSSBS   HDtteALBS   DB   Là.  NOOVELLE-CALKDONIB 

tian  qnî  est  eu  mèine  temps  non  seulMneot  celle  suivant 
laquelle  s'aligneat  les  grands  massifs  serfientiueux,  mais 
aussi  celle  snivaat  laquelle  se  prolon^at  les  bandes  sMi- 
mestaires  du  trias,  du  lias,  et  du  crétacé. 

Le  type  de  roche  qui  nous  a  paru  être  le  plus  fréquent 
dans  ce  massif,  tout  au  moins  vers  le  Nord,  est  un  mica- 
schiste, ou  plutôt  un  séricitoschiste,  ânement  feuilleté,  sou- 
vent cannelé  par  suite  du  plissement  de  ses  feuillets, 
extrêmement  riche  en  mica  blanc,  et  présentant  une  teinte 
verdàtre  ou  bleu&tre  due  à  la  cJitorite  dont  il  est  générale- 
mmt  chargé.  Telle  est  la  roche  qm  est  abondante  au- 
dessus  de  Balade  sur  la  câte  Est  et  aux  environs  d'Ouégoa 
sur  le  versant  du  Diahot  ;  elle  parait  dominer  également 
plus  haut  dans  la  vallée  de  cette  rivière,  puisque  c'est 
encore  elle  qui  forme  la  majenre  partie  non  seulement 
<les  terrains  que  l'on  rencontre  en  remontant  la  rive  droite 
dn  biahot  entre  Bondé  et  le  ruisseau  d'Andam,  mais  encore 
des  galets  roulés  que  l'on  ramasse  dans  ce  ruisseau. 

Le  long  de  la  côte  Est,  se  trouvent  également  des  séri- 
citoechistes,  mais  lis  présentent  généralement  une  couleur 
rosée  due  à  l'oxydation  plus  ou  moins  complète  des  élé- 
ments fermgineux  qu'ils  renferment;  ils  sont  en  plu- 
sieurs points  riches  en  rutile;  on  rencontre  d'ailleurs  éga- 
lement, associésàeux,  des cUloritoschistes  verts  à  larges 
tables  de  chloHte  avec  cristaux  de  pyrite  abondants. 

An  contraire,  l'extrémité  Sud-Est  du  massif  de  mica- 
schistes est  formée  de  roches  où  le  mica  est  moins  domi- 
nant ;  ce  sont  des  schistes  gris  foncé,  peeudo-ardoisiers,  lus- 
trés et  semés  de  mica  seulement  en  petites  paillettes  ;  ils 
consUtuent  en  particulier  les  escarpements  qui  dominent 
l'embouchure  de  la  Ouaiëme  et  qui  se  développent  k 
partir  de  là  sur  une  assez  grande  étendue  vers  le  Nord. 

L'abondance  exceptionnelle  du  quartz  dans  ces  forma- 
tions est  à  relever  :  il  apparaît  non  senlement  sous  forme 
d'/eax  pins  on  moins  volumineux  entre  les  feuillets  4€S 


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l'OHMATlONS  sàOLOQIQUES  DB   LÀ  NOCTBLLB-CALÉDONIB     23 

loicascliistes,  mais  eocore  en  grosses  masses  d'un  blanc 
laiteux  constituant  soit  des  amygdales,  soit  des  filons 
.assez  puissants;  l'activité,  toute  particulière  sous  ces 
•climats,  des  actions  atmosphériques  amenant  la  destruc- 
tion rapide  des  micaschialea,  ces  éléments  quartzeux 
subsisteut  comme  témoins  de  cette  destruction;  ils 
JoQchent  le  sol  sous  forme,  tantôt  de  cailloutis,  tantôt  de 
blocs  énormes,  qui,  reluisant  de  loin  sous  les  rayons  du 
soleil,  donnent  aux  sommets  des  montagnes  un  aspect 
•quelquefois  comparable  à  celui  de  sommets  neigeux  ; 
nous  aurons  d'ailleurs  à  mentionner  un  phénomène  du 
même  genre,  quoique  moins  marqué,  dans  les  régions  de 
âcbistes  argileux. 

Quant  aux  nombreux  minéraux,  dont  beaucoup  sont 
vraisemblablement  d'origine  métamorphique,  que  l'on 
prouve  dans  la  région,  nous  devons  citer  tout  d'abord 
l'amphibole  :  elle  apparaît  non  seulement  en  cristaux  plus 
-ou  moins  abondants  d'actinoteou  de  bornblendei  mais  auaii 
«ous  forme  de  masses  d'amphibolite  généralement  grena- 
tifëre,  tout  particulièrement  abondantes  au  voisinage  des 
gisements  de  cuivre  de  Ouégoa,  et  que  M.  Garnier  signale 
-égalemeut  à  Pouébo.  L'amphibole  ay  trouve  d'ailleurs 
«ouvent  sous  la  forme  d'une  variété  passant  au  glanco- 
phane. 

Mentionnons  ensuite  le  glaucophane  typique  dont  la 
présence  dans  cette  région,  signalée(*)  à  une  époque  où 
■on  ue  connaissait  encore  ce  minéral  que  dans  l'ile  de  Syra, 
mais  après  laquelle  on  l'a  retrouvé  en  beaucoup  de  points 
•dans  des  roches  métamorphiques,  est  très  remarquable  k 
la  fois  par  l'exteosioD  et  par  la  variété  des  roches  où 
elle  se  rencontre.  Nous  avons  en  effet  recueilli,  en  dehors 


(')  Le  gUaeophane  B  éUdMerDaloipar  U.  Ch.  Friedeldani  lu  éekan- 
ilÙôna  rapportés  par  M.  Heurteaiu, 


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24       RICHESSES    MINÉRALES    DE   LA    NOUVELLE-CALÉDONIE 

des  amphiboliles  grenatifèrcs  <lont  l'nmphibole  passe  au 
glaucophaiie,  des  roches  de  même  texture  essentiellement 
constituées  de  véritable  glaiicophaiie  et  contenant  en 
outre  des  cristaux  tantfit  de  grenat,  tantAt  d'^pidote,  tan- 
tôt de  mica  blanc  ;  puis  des  séricitoschistes  dont  la  pâte 
est  criblée  de  très  petites  l)aguoftes  cristallisées  de  glau- 
copliane,  et  d'autres  où  cos  cristaux  s'isolent  en  indi^idus 
volumineux  ;  enfin  des  agrégats  de  baguettes  de  glaiico- 
phane  à  peine  cimentées  par  une  matière  tantôt  ferrugi- 
nense,  tantôt  fcaolinique,  et  souvent  associées  à  de  petits 
cristaux  de  grenat.  Nous  avons  rencontré  les  premières 
d'entre  ces  roclies  au  voisinage  de  la  mine  de  enivre  de 
la  Balade  près  d'Ouégoa,  et  les  antres  sur  les  gisements  d'or 
Rose  et  Bertlie  près  du  col  d'Araos  ;  nous  avons  en  outre 
trouvé  des  cristaux  de  glancophane  dans  les  sables  de  la 
rivière  d'Andam  au  delà  de  Hondc,  et  dans  ceux  de  Galarino  ; 
enfin  M.  Ileurteau  a  signalé  des  roches  à  glaucophane  k 
Oubatche  ;  l'ensemble  de  ces  observations  montre  que  la 
formation  à  glaucophane  s'étend  sur  presque  toute  la  lon- 
gueur (soit  50  kilomètres  au  moins  sur  TD)  du  massif  de 
micaschistes. 

Le  grenat  almandin  est  fréquent  en  tous  les  points  où 
nous  avons  observé  les  micaschistes  ;  il  est  particulière- 
ment abondantde  part  et  d'autre  de  la  crête  entre  Balade 
et  Pam,  et  nous  en  avons  recueilli  de  volumineux  échan- 
tillons dans  les  micaschistes  qui  bordent  la  cftte  Est  entre 
la  rivière  d'Anios  et  Pam;  les  roches  à  glaucophane, 
tant  celles  du  col  d'Amos  que  les  aniphibohtes  plus  ou 
moins  riches  en  glaucophane  d'Onégoa,  sont  semées  d'in- 
dividus, parfois  gros  et  toujours  bien  cristallisés,  de  gre- 
nat. En  outre,  les  sables  lourds  de  la  rivière  d'Andam 
contiennent  de  nombreux  grenats. 

I^  rutile  est  particulièrement  abondant  sur  la  c6tc  Est 
entre  Galarino  et  la  rivière  de  Pouébo;uousyavonsrecueilli 
aussi  bien  du  quartz  traversé  de  baguettes  de  rutile  que 


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FORMATIONS  QÉOLOQIQUES    DE    LA    NOUVELLE-CALÉDONIE      25 

de  gros  cristaux  de  rutile  isolés  provenant  de  sables  de 
rivière  ;  les  sables  d'Andam  sont  assez  chargés  de  petits 
rutiles  ;  enfin  les  roches  à  amphibole  et  à  glaucophane 
d'Ouégoa  en  contiennent  des  cristaux  microscopiques. 

La  tourmaline  se  rencontrerait,  d'après  M.  Garnier, 
dans  les  ruisseaux  des  environs  de  Balade,  et  il  y  signale 
également  de  l'andalousite. 

La  pj-rite  est  abondante  un  peu  partout  :  k  Galarino, 
au-dessus  de  Balade,  àOuégoa,  etc.;  elle  parait  d'ailleurs 
généralement  associée  soit  à  l'or,  soit  au  cuivre  dont 
elle  contient  des  traces  ;  le  fer  magnétique  existe  de 
même  en  assez  grande  abondance  dans  toutes  ces  roches  ; 
nous  avons  également  rencontré  du  fer  titane  dans  un 
quartzite  au  voisinage  d'Ouégoa. 

Enfin  le  cuivre,  l'or,  et  des  traces  de  mercure  et  même 
de  platine  sont  associés  à  cette  formation;  l'or  parait  y 
être  dissémiflé  sur  presque  tonte  son  étendue  ;  le  cuivre  n'a 
guère  été  signalé  qu'aux  environs  immédiats  d'Ouégoa; 
le  cinabre  n'existe  à  notre  connaissance  que  dans  les 
sables  de  la  rivière  d'Andam;  il  en  est  de  même  du  pla- 
tine. Nous  reviendrons  en  détail  dans  ce  qui  suivra  sur 
les  conditions  dans  lesquelles  se  rencontrent  ces  différents 
métaux, 

B.  —  Schistes  anciens. 

Autour  de  ce  massif  de  micaschistes  apparaissent  des 
formations  de  schistes  moins  cristallins,  auxquels  on  est 
naturellement  conduit  à  attribuer  un  flge  plus  récent  : 
c'est  ainsi  que  snr  la  lisière  Sud-Ouest  du  massif  se 
développent  les  innombrables  mamelons  arrondis  de  la 
rive  gauche  du  Diahot,  constitués  par  des  schistes  argi- 
leux noirs  assez  tendres  criblés  de  filonnets  quartzeux. 
Aux  affleurements,  les  actions  atmosphériques,  qui  ont 
désagrégé  les  schistes,  ont  laissé  le  sol  comme  saupoudré 


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26      RICHESSES  MINÉRALES   DB  LA.  NODVELLB-CALEDONIB 

de  cailloux  de  quartz  blanc,  donnant  lieu  sur  les  sommets 
À  un  effet  analc^ue  à  celui  que  nous  avons  signalé  pour 
les  micaschistes;  cet  effet  est  particulièrement  marqué 
pour  La  chaîne  de  mamelons  qui  s'allonge  dans  la  pres- 
qu'île d'Arama;  d'autre  part,  les  schistes  ont  été  décolorés 
par  l'oxydation  et  présentent  des  toas  qui  varient  du  rose 
p&le  au  vert  pâle.  Dans  ces  schistes  apparaissent  des 
filons  et  des  dykes  de  roches  éruptives  basiques  qui 
paraissent  être  en  relation  assez  nette  avec  les  gîtes 
métallifères,  cuivre  et  plomb  argentifère,  de  la  rive 
gauche  du  Diahot.  Il  s'y  rencontre  également  des  bandes 
'de  calcaire  cristallin  sur  lesquelles  nous  aurons  à  revenir. 

Cette  formation  se  développe,  parallèlement  à  la  c6te 
-Ouest,  depuis  la  presqu'île  d'Arama  jusqu'au  delii  de  Vob  ; 
mais  elle  est  presque  partout  séparée  de  la  mer  par  le 
t)ourrelet  que  constitue  la  succession  des  massifs  serpeu- 
tineuz  de  la  presqu'île  de  Poume,  du  Tieltaghi/du  Kaala,  du 
Taom,  du  Koniambo,  du  Kopéto,  des  aiguilles  de  Muéo 
et  enfin  du  Mé-Maoya. 

Vers  le  Sud-Est,  au  contraire,  le  passage  des  schistes 
cristallins  aux  schistes  nettement  sédimentaires  se  fait 
sans  temsition  brusque  :  nous  avons  mentionné  à  l'em- 
bouchure de  la  Ouaième  l'existence  de  schistes  fissiles 
noirs  à  petites  paillettes  abondantes  de  mica,  que  noua 
rangeons  encore,  avec  MM.  Garnier  et  Pelatan,  dans  les 
micaschistes  ;  sur  la  rive  droite  de  la  Ouaième,  le  puis- 
sant massif  de  la  roche  Ouaième  est  également  cons- 
titué par  des  schistes  noirs  à  aspect  satiné  où  l'on  retrouve 
encore  des  fiions  de  quartz  et  par  places  des  cristaux  de 
pyrite  et  de  grenat;  ils  sont  cependant  dans  l'ensemble 
moins  cristallins,  et  ils  passent  d'une  façon  presque  insen- 
sible, entre  la  Ouaième  et  Hienghène,  à  des  schistes  noirs, 
fissiles,  presque  ardoisiers,  mais  qui  n'ont  plus  du  tout 
le  caractère  cristallin.  Ces  derniers  se  rapprochent  déjà 
beaucoup  des  schistes  argileux  noirs  a  filonnets  de  quartz 


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rOR>U.TIO!1S  GBOLOaigCBI  DE  Ui   NOUVXLLB-GAliDONIB     27 

-qae  nooa  avons  vu  constituer  tous  les  massifs  de  la  rive 
.gauche  du  Dtabot,  et  qui  offrent  sur  la  cAte  Est  un  déve- 
loppuneat  considérable  enlie  Touho  et  Pooénhouen  ;  ils 
forment  ici  une  c6te  basse  et  souvent  marécageusâ  dont 
l'aspect  est  tout  différent  de  celui  de  la  c6te  abrupte 
que  l'on  voit  à  quelque  50  kilomètres  plus  au  Ncod. 
-Ces  schistes  offrent  presque  les  mèmee  caractères  que 
ceux  du  Diahot,  et  les  mêmes  aspects  aux  aflleurements  ; 
-comme  eux,  ils  sont  coupés  de  dykes  et  de  massifs  de 
rodies  ^uptives  basiques; on  y  trouve  également  quelques 
pointements  porphynques  ;  nous  n'avons  pas  connaissance 
■que  la  présence  du  cuivre  y  ait  été  tiignalée. 

Plus  loin  vers  le  Sud,  les  massifs  serpentinwix,  puis  les 
fonnatioas  triasiqnes,  apparaissent  le  long  de  la  cAte 
orientale,  et  les  schistes  argileux  anciens  vont  se  termi- 
ner en  biseui  à  hauteur  de  Houa'ilou,  non  sans  laisser 
apparaître  le  noyau  de  schistes  plus  luétamorphisés  que 
nous  avons  déjà  mentionné.  M.  Pelataii  porte  sur  sa 
carte  une  région  de  micaschistes;  nous  ne  les  avons  pas 
-observés  personnellement,  ainsi  d'ailleurs  que  M.  Piroutet; 
mais  nous  avons  trouvé,  soit  à  la  limite  même  que  fixe 
M.  Pelatan  entre  les  micaschistes  et  les  schistes  anciens 
dans  la  vallée  de  la  Pouéo,  soit  à  l'intérieur  du  péri- 
mètre qu'il  assigne  uus  micaschistes  dans  la  haute 
vallée  de  la  Douencheur,  des  schistes  pliylladieos,  noirs 
et  très  quartzeux  ici,  bigarrés  de  rose  ou  de  vert  et  légè- 
rement micacés  là. 

Les  schistes  argileux  reparaissent  au-dessus  de  Ganala 
-et  de  Nakety,  oti  ils  forment  un  important  massif,  dans 
lequel  ils  présentent  exactement  les  mêmes  caractères 
que  ceux  que  nous  venons  de  décrire;  ils  se  montrent 
encore  associés  à  des  roches  vertes  ou  l'on  a  trouvé  du 
■cuivre  (vallée  de  la  Négi-opo)  ot  près  desquelles  on  a 
même  signdé  la  présence  de  l'or  (rivière  de  fJakety  et 
région  de  Ciu). 


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28      RICHESSES   MINERAIJS  DE  LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

L'âge  de  cette  formation  schisteuse,  qui  occupe  en 
surface  presque  le  quart  do  ta  colonie,  doit  être  considéré 
comme  inconnu  ;  on  admet  généralement  qu'elle  corres- 
pond en  tout  ou  partie  à  l'ère  primaire,  mais  on  n'en 
a  pas  de  preuve  certaine  ;  néanmoins  une  partie  de  ces 
schistes  paraissent  bien  être  sous-jacents  à  ceux  dont 
quelques  fossiles  ont  permis  de  fixerl'àge  comme  triasique. 
M.  Piroutet  les  regarde  comme  paléozoïquea  et  considère 
les  phyilades  de  la  base  comme  précambriens  ;  l'analogie 
assez  grande  qu'ils  présentent  par  endroits  avec  les  puis- 
santes formations  de  schistes  siluriens  que  nous  avons 
vues  en  Nouvelle-Galles  du  Sud  nous  serait  une  raison 
d'accepter  une  assimilation  avec  cette  formation. 

M.  Heurteau,  et  aussi  M.  Garnier,  ont  décrit  dans  cette 
formation  des  schistes  serpenlineux  et  des  serpentines  : 
mettant  à  part  les  zones  de  contact  des  schistes  et  des 
massifs  de  péridotite,  sur  lesquelles  nous  fournirons 
quelques  indications  dans  ce  qui  suit,  nous  n"_v  avons  ren- 
contré que  quelques  gisements  de  talcschistes  plus  ou 
moins  compacts  avec  baguettes  d'actiuote,  et,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  des  filons  et  des  dykes  de 
roches  vertes  qui  sont  des  ophites,  et  des  diabases  ou 
des  h3'péntes,  très  fortement  altérées,  différant  tout  à  fait 
des  serpentines  par  leur  aspect  et  par  leur  constitution; 
les  serpentines,  c'est-à-dire  les  roches  dérivées  des  péri- 
dolites  de  la  puissante  formation  que  nous  définirons 
ci-après,  ne  nous  ont  paru  nulle  part  s'intercaler  dans 
les  bancs  de  schistes  ou  les  recouper  à  la  manière  de 
filons  ou  d'intrusions,  mais  seulement  s'y  superposer 
sous  la  forme  de  gros  massifs,  qui  constituent  la  bordure 
de  la  côte  Ouest  et  une  partie  de  la  chaîne  centrale  à 
partir  du  Oua-Tilou.  Notons  cependant  que  l'on  nous  a 
signalé,  sans  qu'il  nous  ait  été  loisible  de  vérifier  l'exac- 
titude de  ce  renseignement,  l'existence  de  quelques  Ilots 
de  serpentine  avec  son  cortège  d'argiles  rouges,  de  grains 


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PORUATIONS  GÉOLOGIQUES  DE  LA  NOL'VELLË-CALÉUONIE  29 
ferrugineusetfle  quartz  cariés,  dans  des  massifs  schisteux 
et  même  dans  le  massif  des  micaschistes;  ce  ne  pour- 
raient être,  suivant  nous,  que  de  petits  massifs  isolés  de  la 
grande  formation  serpenlineuse,  superposés  auxschistes  au 
même  titre  que  tous  les  massifs  beaucoup  plus  impor- 
tants de  la  même  fonnation  qui  se  rencontrent  dans  le 
Nord  de  la  colonie. 

C.  —  Massifs  calcaires. 

Pour  compléter  cette  série  sédimeutaire  ancienne,  ap- 
paraissent, au  milieu  des  schistes,  des  calcaires  cristal- 
hns  très  siliceux,  qui  seraient  même  par  places  dolomi- 
tiques  suivant  M.  Pelatan,  Encaissés  dans  les  schistes 
argileux-  dont  nous  avuna  mentionné  le  caractère  peu 
résistant,  ces  calcaires,  beaucoup  moins  accessibles  aux 
effets  des  agents  atmosphériques,  doivent  tout  naturelle- 
ment y  faire  saillie  en  présentant  les  formes  escarpées 
qu'affectent  fréquemment  les  roches  de  semblable  nature. 
C'est  ce  qu'on  observe  avec  beaucoup  de  netteté  le  long 
de  la  côte  Est,  immédiatement  au  Sud  de  Hienghène 
et  jusque  dans  la  baie  même  de  Hienghène  :  uiig  gigan- 
tesque barrière  de  ces  calcaires  aux  profils  excessivement 
escarpée,  creusés  par  places  de  grottes  et  de  cavernes, 
et  noircis  par  l'action  de  l'air,  se  dresse  sur  une  grande 
longueur  h  peu  de  distance  de  la  côte;  elle  n'est  coupée 
que  par  des  gorges  ou  des  ravins  étroits  oii  sont  encais- 
sés les  cours  d'eau  qui  descendent  à  la  mer,  tandis  qu'à 
quelques  kilomètres  plus  au  Sud,  là  oii  les  calcaires  ne 
bordent  plus  la  côte,  de  petites  rivières,  comme  la  Tiouaé 
et  la  Tiponîte,  étalent  leur  embouchure  en  des  marais 
très  étendus  sur  un  sol  uniquement  schisteux. 

A  Hienghène,  la  ligne  de  ces  calcaires,  qui  court  un 
peu  obliquement  au  rivage,  recoupe  celui-ci  pour  se 
prolonger  en  mer  par  les  deux  rochers  pointus  des  tours 


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30      RICHBSSBS   MI-1ÈRA1.ES   DH   LA   NOUVBLLE-CALÉDON» 

Notre-Dame,  qui  forment  deux  Iles  k  l'entrée  de  la  bua^ 
puis  elle  disparaît  sous  les  eaux.  Vers  le  Sud,  la  bar- 
rière calcaire  ionge  le  rivage  à  peu  de  distance  sar  Dne- 
dizaine  de  kilomètres,  puis  elle  parait  s'enfoncer  pins 
,  avant  dans  l'iniérienr  des  terres,  dissimulée  aux  yeux  dé- 
celai qui  longe  la  cfite  par  les  massifs  schisteux  et  énip- 
tifs  dont  les  contreforts  s'avancent  jusqu'au  rivage.  Mais, 
en  remontant  le  cours  de  la  Tiwaka,  M,  Garnier  a  re- 
trouvé, à  quelque  20  kilomètres  dans  l'intérieur,  des  cal- 
caires appartenant  à  la  même  formation,  bien  qu'ils  pré- 
sentent des  colorations  roses  et  vertes,  notablement 
différentes  de  celles  que  nous  avons  observées  auprès  de 
la  côte  ;  ils  constituent  dans  le  relief  du  terrain  un  res- 
saut donnant  lieu,  sur  le  cours  delà  rivière,  à  une  cascade 
d'une  vingtaine  de  mètres  de  hauteur.  Le  prolongement 
vers  le  Sud-Est  de  cette  ligne  de  calcaires  paraît  encore 
être  marqué  par  ceux  que  M.  Pelatan  signale  h  Hauaîlou 
et  par  ceux  que  nous  avons  observés  nons-même  dans  le 
fond  de  la  vallée  de  Kouaoua  ;  nous  ne  serions  d'aillenrs 
pas  surpris  que  quelques-uns  dos  sommets  escarpés  de 
cette  région  sédîmentaire,  tels  que  le  Sphinx  par  exemple, . 
fussent  égalf^ment  calcaires. 

A  la  bande  schisteuse  de  la  rive  gauche  du  Diahot, 
plus  on  moins  parallèle  à  celle  de  la  côte  Est,  à  laquelle- 
ellc  vient  d'ailleurs  se  souder,  correspond  également  une 
ligne  de  roches  calcaires,  dominant,  avec  des  escarpe- 
ments raides  et  des  profils  caractéristiques,  les  mamelons 
schisteux.  La  plus  remarquable  de  ces  roches  est  la 
roche  Mauprat  qui  s'élève  à  peu  de  distance  au-dessus- 
de  l'embcuchuro  du  Diahot;  elle  s'aligne  avec  plusieurs 
autres  roches  de  même  caractère,  dont  une  des  plus  con- 
nues est  la  Corne  de  Kouniac  qui  domine  la  localité  de- 
même  nom.  Cetalignement  calcaire  se  prolonge  d'ailleurs- 
sur  une  grande  distance,  d'abord  sur  la  rive  gauche  de 
la  rivière  de  Koumac  au  flanc  du  mont  Kuanio,  puis  der- 


by Googic 


FORMATIONS  OÉDLOOIQDES  DE  LA   NODVELLC-CALÉDOItlB     34 

riëre  le  mont  Kaala  sur  la  rive  gauche  de  la  louanga  '; 
nous  avons  ensuite  note  ta  présence  du  calcaire  en  un 
très  grand  nombre  de  points  de  la  cAte  Ouest  :  ao-dessus 
de  Koné,  dans  la  haute  vallée  de  Népoui  à  Oua-Té,  entre 
Moindon  et  Boulonpari,  k  Saint-Vincent,  et  jusqu'à  Nou- 
méa même. 

M.  Heurteaa  n'avait  pas  hésité  à  attribuer  le  même 
âge  k  tons' ces  calcaires  qu'il  avait  observés  semblables  à 
eux-mêmes  d'on  bout  &  l'autre  de  la  colonie,  et  il  en 
faisait  un  niveau  de  comparaison  à  la  base  des  schistes 
feldspathiques.  M.  Pelatan,  au  contraire,  sépare  ces  cal- 
caires en  deux  groupes  bien  distincts  :  les  uns,  ceux  du 
Nord  de  l'tle,  sont  rangés  par  lui,  avec  les  schistes  argi- 
leux an  milieu  desquels  ils  apparaissent,  dans  l'étage  su- 
périeur du  terrain  primitif  ou  peut-être  dans  le  silurien; 
les  autres,  au  contraire,  qui  s'alignent  le  long  de  la  côte 
Ouest  depuis  Gomen  jusqu'à  l'Ile  de  Mato,  seraient  à  la 
partie  inférieure  de  l'étage  triasique,  apparaissant  eux 
aussi  à  cêtéde  schistes,  qui  tantêt  sont  argileux  et  noirs, 
tantàt  ferrugineux  et  à  coloration  brun  foncé.  Comme 
M.  Heurteau,  nous  avons  remarqué  l'uniforniité  de  carac- 
tère que  présentent  les  calcaires  d'un  bout  à  l'autre  de 
l'jle,  qu'ils  soient  attribués  au  paléozoïque  ou  au  trias 
par  M.  Pelatan,  de  même  que  nous  avons  été  frappé 
par  la  régularité  de  leurs  alignements;  ils  dessinent  en 
effet  deux  bandes,  l'une  très  prolongée  le  long  de  la 
c6te  Ouest,  et  la  seconde,  plus  restreinte,  voisine  de  la 
cêtcEst,  se  développant  depuis  Kouaoua  jusqu'à  Hienghène, 
et  ne  constituant  peut-être  qu'une  simple  ramification  de 
la  première  ;  ces  alignements  sont  d'ailleurs  parallèles 
aux  alignements  géologiques  généraux  de  la  colonie. 
Nous  avons,  d'autre  part,  observé  que  la  démarcation  à 
faire  dans  ces  calcaires  pour  suivre  M.  Pelatan  conduit 
précisément  à  distinguer  comme  Age  des  affleurements 


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32      RICHESSES   MINÉRALES   LE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

voisins  comme  situation  géograpliiquo  et  se  ressemblant 
beaucoup  comme  aspect  ;  il  faudrait,  en  eflFet,  séparer, 
d'un  cûté  les  calcaires  de  Houaïlou(paléozoïques)  des  cal- 
caires de  Kouaoua  (triasiques),  et,  de  l'autre  côté,  faire 
une  coupure  du  même  genre  dans  l'alignement,  pourtant 
bien  uniforme  et  bien  net,  des  calcaires  de  la  Corne  de 
Koumac,  du  flanc  Nord  du  Kaala,  etc. 

La  même  difficulté  se  présente  d'ailleurs  lorsqu'il  s'agit 
de  tracer  la  ligne  de  démarcation  entre  le  paléozoïque  et 
le  trias  pour  les  schistes  qui  encaissent  ces  calcaires;  si 
la  majeure  partie  de  ceux  de  la  région  Nouméa-Bourail 
ont  un  caractère  feldspathique  et  ferrugineux  bien  net, 
avec  une  division  en  gros  bancs  et  une  tendance  à  la 
formation  de  rognons,  ceux  qui  se  développent  si  large- 
ment dans  les  plaines  de  Paya,  et  de  Gomen  (triasiques 
suivant  M,  Pelatan)  en  sont  très  différents,  et  se  rap- 
prochent beaucoup  plus  des  schistes  argileux  que  nous 
venons  de  décrire,  dont  ils  no  se  différencient  guère  que 
par  l'absence  à  peu  près  complète  des  filons  quartzeux. 
Nous  en  venons  donc  à  nous  demander  si  l'on  n'esi  pas  en 
présence  d'une  formation  seule  et  unique  dans  l'en- 
semble, dans  laquelle  il  pourrait  naturellement  y  avoir 
lieu  de  distinguer,  ici  ou  là,  une  série  de  périodes  distinctes 
dans  le  détail,  et  qui  aurait  subi  des  actions  métamor- 
phiques d'un  caractère  différent  aux  deux  extrémités  de 
l'Ile  :  vers  le  Nord,  les  schistes  se  seraient  trouvés  injec- 
tés de  quartz  ;  vers  le  Sud,  au  contraire,  il  s'^-  serait  dé- 
veloppé des  cristaux  de  feldspath,  et  il  s'y  serait  séparé 
des  enduits  ferrugineux.  Dès  lors,  la  longue  bande  cal- 
caire qui  se  prolonge  depuis  l'Ile  Matojusqu'àl'emboitchure 
du  Diahot,  avec  un  rameau  latéral  de  Kouaoua  à  Hieng- 
hène,  n'appartiendrait  peut-être  bien  qu'à  une  seule  for- 
mation ;  des  circonstances  locales  suffisant  parfaitement 
à  expliquer  qu'ici  le  calcaire  soit  plus  siliceux  et  plus 
dur,  et  là  plus  pur  et  à  grain  plus  fin,  tandis  qu'ailleurs  il 


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FOBMATIONS  QBOLOOIQUES   DB   LA  NOUVBl.LE-CA.I.âD0MIE      33 

serait  coloré  de  vert  ou  de  rose  au  lieu  d'être  gris  clair. 

La  rareté  des  fossiles  et  l'espacement  presque  fatal  des 
■observations  dans  un  pays  oii  l'on  est  loin  de  pouvoir  ac- 
céder partout  ob  on  le  souhaiterait,  rendent  la  solution 
-de  cette  question  impossible,  pour  le  moment  du  moins  ; 
quelques  fossiles  trouvés  dans  la  partie  sud-orientale  de 
la  colonie  ont  conduit  Jusqu'ici'  à  rapporter  schistes  et 
•calcaires  au  trias  ;  le  voisinage  des  schistes  primitifs  les  a 
fait  attribuer  vers  le  Nord  au  primitif  ou  tout  au  moins  au 
primaire  ;  mais  il  n'y  a  là  que  de  simples  hypothèses.  Les 
seuls  fossiles  décrits  autrefois  comme  primaires  sont, 
suivantM.  Garnier,  une  forme  ayant  quelque  rapport  avec 
Orthisina  anoma/a  du  silurien  moyen  ou  supérieur,  des 
genres  voisins  de  Leplxna,  des  S/jin/er,  et  des  Ortkis  du 
groupe  de  VOrlhis  /ynx,  provenant  tous  de  la  grauwacke 
■de  l'ileDucos,  ce  qui  lui  faisait  attribuer  les  calcaires  qui 
la  surmontent  au  dévonien.  M.  Pelatan,  au  contraire, 
classe  tous  ces  terrains  dans  le  trias.  Enfin  M.  Piroutet 
signale  à  Popidéry  près  de  Moindou,  dans  les  calcaires 
mêmes,  des  Foraminifères  {Fusutines  et  N^immaliles  pris- 
4ina)  du  calcaire  carbonifère. 

Cette  dernière  observation  reporterait  donc  du  trias  au 
-carbonifère  les  calcaires  du  Sud  de  la  colonie,  enlevant  la 
seule  raison  que  M,  Pelatan  aitdc  les  séparer  des  calcaires 
du  Nord,  considérés  par  lui  comme  palcozoïques.  Nous 
regardons  donc  comme  très  vraisemblable  la  contempo- 
rancitéde  tous  les  calcaires  de  la  Nouvelle-Calédonie,  ou 
du  moins  de  la  série  des  massifs  calcaires  puissants  que 
nous  TBDons  de  mentionner  (car  il  peut  bien  y  avoir, 
comme  l'indique  M.  Piroutet,  quelques  lentilles  de  cipolins 
précambriens  et  quelques  bancs  calcaires  jurassiques)  ; 
mais,  en  tous  cas,  nous  répéterons,  en  terminant  ce  qui  a 
trait  à  ces  calcaires,  qu'il  est  loin  d'être  établi  qu'ils 
appartiennent  les  uns  au  primaire  elles  autres  nusecon- 
■dairc. 


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^i    richesses  minérales  de  la  modvblle-calbdonib 
/>.  —  Assises  triasiques. 

A  la  puissante  formation  de  schistes  généralement  argi- 
leux que  nous  venons  de  décrire  succède,  ou  plutôt  s'associe, 
vers  le  Sud,  une  autre  formation  schisteuse,  trèspuisaante 
également,  qui,  elle,  se  montre  fossilifère;  son  âge  a  pu 
être  fixé  approximativement  parce  qu'on  a  rencontré  dans 
certaines  des  couches  qui  y  sont  intercalées  quelques 
fossiles  :  Mytilim  problematicus  et  Spririgera  Wreyi 
du  trias  inférieur,  qui  n'ont  d'ailleurs  été  trouvés  à 
notre  connaissance  qu'à  Moindou  et  Teremba  et  à  l'ile 
Ducos  par  M.  Heurteau  (*),  et  dont  M.  Piroutet  conteste 
la  détermination  (*■),  et  Pscudomonotis  Hichmondiaita  du 
trias  supérieur,  signaléd'abordavec  quelques  autres  fossiles 
contemporains  par  M.  Deslongchamps  à  l'ile  Hugon("*K 
retrouvé  à  Moindou  par  M.  Heurteau,  et  observé  égale- 
ment en  plusieurs  points  par  M.  Piroutet, 

Quant  aux  roches  qui  constituent  cette  formation,  ce 
sont  surtout  des  schistes  :  dans  toute  la  partie  sud-orien- 
tale de  l'ile,  ce  sont  des  schistes  feldspatbiques  à  enduits 
ferrugineux,  disposés  en  gros  bancs,  se  débitant  souvent 
en  boules,  et  qui  ont  un  aspect  très  caractéristique;  on  les 
retrouve  depuis  Noumi'a  jusqu'à  Moindou  ;  mais,  plus  au 
Nord,  ils  font  place  à  des  schistes  dont  le  caractère  parait 
varier  d'une  façon  assez  progressive,  devenant,  aux 
iiflleurements  tout  au  moins,  moins  durs  et  plus  accessibles 
aux  agents  atmosphériques,  et  produisant  par  leur  altéra- 
tion une  sorte  de  teirc  noire  très  argileuse  qui  constitue 

(*)  Hevhte.\u,  loc.  cil.,  p.  i09. 

(")  Pinru-TET,  loc.  cil.,  p.  163, 

{'*')  OESLosotHAMPs,  DocHiiienU  sur  ta  géologie  de  la  Sotivelle-Calé- 
donie  [Hulletin  de  la  Hociélé  J.iiinéenae  de  Sormandie,  VIU,  p.  332-37S, 
1863'.  et  [■'[scMEn,  .Voies  sur  les  roches  fossilifères  de  l'archipel  calédo- 
nien (Muife/in  de  ta  Sociêle  géologique  de  France,  2- série.  XXIV, 
p.  4S7-t5S,  1B66-I»i'!). 


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FORMATIONS  GÉOLOGIQUES   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE     36 

en  particulier  lea  bourbiers,  si  redoutables  en  temps  de 
pluie,  de  la  plaine  de  Poya. 

M,  Pelatan  n'hésite  pas  à  ranger  encore  ces  schistea-Ià 
dans  l'étage  inférieur  du  trias,  parce  qu'Us  sont  associé», 
tout  comme  ceux  des  environs  de  Nouméa,  àdes  calcaires 
ainsi  qu'à  des  mélaphyres;  mais  ici  encore,  à  notre  avis, 
la  démarcation  à  faire  entre  les  schistes  argileux  plus  ou 
moins  micacés,  attribués  au  primitif  ou  au  primaire,  et  ces 
schistes  argileux  du  Nord  de  la  côte  Ouest,  nous  parait 
très  arbitraire  :  la  seule  circonstance  qui  puisse  faire, 
comme  Va  fait  M.  Pelatan,  étendre  la  limite  des  terrains 
triasiques  jusque  vers  le  Nord  do  l'Ile,  c'est  la  présence, 
jusque  dans  ces  régions,  de  terrains  à  charbon  classés 
dans  le  crétacé  ;  dès  lors  on  est  tenté  de  rapporter  au 
trias  les  schistes  qui  leur  sont  sous-jacents  pour  les  as- 
similer aux  schistes  sous-jacents  au  terrain  houiller  des 
bassins  de  Nouméa  et  de  Moindou.  Mais,  comme  les  ter- 
rains à  charbon  apparaissent  jusqu'à  Kouraac,  nous  ne 
voyons  aucune  raison  de  ne  pas  classer  également  dans 
le  trias  les  schistes  noirs  qu'on  rencontre  à  Kouraac  môme, 
et,  par  suite,  de  ne  pas  ranger  aussi  dans  le  trias,  ou  dans 
un  étage  très  voisin,  les  calcaires  de  la  Corne  de  Koumac; 
rien  n'empêcherait  plus  alors  d'admettre  un  prolonge- 
ment des  schistes  triasiques  jusqu'au  Diahot  ou  même 
jusqu'à  la  presqu'île  d'Arama. 

Sans  parler  des  roches  éruptives,  sur  lesquelles  nous 
ajonterons  quelques  mots  ci-après,  cette  série  schisteuse, 
rapportée  au'  trias,  s'associe  à  d'autres  formations.  Ce 
sont  d'abord  les  calcaires  ;  ils  apparaissent  tantôt  sous  la 
forme  des  calcaires  massifs  en  bancs  plus  ou  moins 
puissants  que  nous  avons  décrits  ci-dessus  (Koumac, 
massif  du  Kaala,  Koné,  Népoui,  Bouloupari,  Nouméa), 
parfois  lithographiques  (Bourail,  ile  Hugon,  ile  Mato),  et 
tantôt  sous  forme  de  calcaires  en  plaquettes  ou  mèmede 


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36      KICHB88BB   lUNBIULKS  DS   LA   NOCVELl^-CALRDONIE 

schislea  calcarauz,  comme  entre  Teremba  et  Moinduu  oa 
daas  les  iles  Hugon  et  Ducos  (ce  sont  eux  qui  sontfosai- 
liieres).  Les  calcaires  massifs  Mit,  comme  nous  l'avons  dit 
dé}k,  étéaltribués  au  trias  même  par  M.  Pelatan,  tandis 
que  M.  Piroutet  les  rapporte  au  calcaire  carbonifère  ;  quant 
aux  autres  calcaires,  en  )>aiics  beaucoup  plus  restreints 
comme  puissance  et  comme  étendue,  ils  paraissent  s'in- 
tercaler comme  Âge  au  milieu  des  formations  schisteuses. 

Outre  la  série  nettement  schisteuse,  qui  est  de  beau- 
coup la  plus  puissante  parmi  les  formations  triasiques,  on 
a  observé  en  plusieurs  points  des  coucbes  à  Monolis,  cons- 
tituées surtout  par  des  alternances  de  schistes  argileux 
un  peu  calcaires  et  plus  ou  moins  jaunes,  et  de  schistes 
ferrugineux  bruns  ;  ces  bancs  sont  parfois  très  fossilifères 
et  ce  sont  eux,  parmi  les  formations  do  la  Nouvelle-Calé- 
donie, dont  l'âge  a  pu  otre  établi  dès  longtemps  arec  le 
plus  de  certitude  :  ils  avaient  été  particiilièreiuent  bien 
observés  à  l'Ile  Hugon  par  M.  Deslongchamps  et  au  voi- 
sinage de  Moiodou  par  M.  Hciirteau  ;  le  fossile  qui  y 
domineest,  suivant cesauteurs,  le  Monolh  Richmondiana; 
il  est  associé  à  YHaiobia  LomeUi  et  à  quelques  échan- 
tillons de  Spririfer,  de  Hpririf/ent  {Spririgera  Ptan- 
chesi) ,  A' Aslarte ,  Bi  Ae  Turlto.  M.  Pirnote)  i*j  a  obserré 
ces  mêmes  bancs  en  jJusieurs  points,  principalement  sous 
forme  d'argiles  dures;  mais,  tandis  que  ses  devanciers 
les  plaçaient  au  sommet  de  la  puissante  série  schisteuse 
que  nous  venons  de  mentionner,  il  en  fait  la  base  de  cette 
série,  et  il  signale  au-dessus  sept  zones,  à  faciès  assez 
variables,  qu'il  caractérise  par  des  fossiles  du  trias  supé- 
rieur, du  lias,  et  peut-être  niéiiie  du  bajocien. 

Enfin  viendraient,  suivant  M.  Pnlatan,  les  ailles  ba- 
riolées gypsifèrec.  M.  Piroutet  les  regarde  au  cofitraire 
comme  des  dépôt**  relevés  récents,  et  nous  nous  rangeons 

(*)  PiHOUTRT,  loc.  cit.,  p.  163  et  161. 


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FOMIAnONB  OSOLOCIIQDES  DE  LA  MOUrELLE-CALÂDONIE     37 

de  préf^enco  k  cette  dendëre  opinion,  quenos  obserra- 
tkffts  paraissent  conânner.  M.  Pektan  considère  les 
assises  triasiques  comme  encore  couronnées  par  de  petits 
bancs  généralement  schisteux,  mais  souvent  marneux,  se 
rapprochant  parfois  du  calcaire,  tels  que  les  calcaires  eu 
petites  plaquettes  du  cap  Guulvaio  ;  ces  bancs  sont  sans 
doute  également  récenta. 

Comme  le  nuMitre  un  coup  d'œiljeté  sur  la  carte  géo- 
logique de  M.  Pelatan,  cet  ensenble  triasi^œ  etliaE&que  (?) 
coœpr^idrait  la  plue  grande  partie  des  terrains  aédime»- 
taires  de  la  colonie  ;  mais  son  à^  «st  somme  toute  mal 
défini,  puisque  seul  est  bien  connu  celui  des  couches  k 
Monotis,  formation  dont  la  puissance  et  surtout  l'exten- 
sion sont  en  somme  restreintes.  Quant  à  Tàge  des 
schistes,  il  est  déjà  établi  avec  moins  de  certitude  et  de 
précision,  et  surtout  il  ne  l'est  que  pour  qufiques  gise- 
ments aaxqaefs  en  as^mile  non  seulement  des  gisements 
Toisins  et  de  même  faciès,  mais  encore  des  gisements 
éloignés  (font  le  faciès  en   diffère  trèa  notablement. 

Les  roches  érupti^-es  sont  abondantes  dans  tonte  cette 
formation.  Nombreux  sont  les  massifs  de  roches  basiques 
qui  apparaissent,  accompagnés  de  tufs  ou  de  brèches, 
tout  le  kmg  de  la  cfite  Ouest,  non  seulement  h  Gomen,  à 
l'emboHcbnre  de  la  Nessafion  et  an  Nord  de  MomdoB, 
comme  le  signale  M.  Pelatan,  mais  encore,  etd'unefaçon 
partîculi^ement  abondante,  parmi  les  mamelons  qni  se 
développent  entre  Poya  et  Bourail,  ainm  qu'entre  Moîndou 
et  Boulonpari.  Les  porphyres,  orthophyres,  et  mélaphyres, 
accompagnés  de  brèches,  ne  sont  guère  moins  abondants  ; 
mais  ils  parussent  être  plus  particulièrement  assoc^ 
93a.  roches  crétacées. 

A  ces  formations  triasiques,  on  plutôt  aux  «fcfces  ^p- 
tires  qui  les  traversent,  se  rapportent  quelques  gisements 
de  cuivre,  de  mercure,  et  même  d'or, 

n  y  a  en  outre  à  noter,  surtout  dans  le  Nord,  la  pn5- 


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dS       RICHESSES    MINERALES    DE   LA   NOnVELLB-CALBDOKlE 

sence  auprès  des  schistes  (aussi  bien  de  ceux  classés 
comme  anciens  que  de  ceux  attribués  au  trias)  de  forma- 
tions magnésiennes  assez  spéciales,  constituées  de  rognons 
de  giobertite  ;  nous  n'avons  d'ailleurs  observé  ces  formar 
tions  qu'au  voisinage  de  massifs  serpentineux,  et  elles  nous 
paraissent  très  évidemment  devoir  en  être  considérées 
comme  des  produits  secondaires  de  décomposition  ;  nous 
en  ferons  une  mention  pins  complète  dans  la  suite.  Enfin 
c'est  dans  cette  même  zone  de  contact  des  schistes  noirs 
et  des  serpentines  qu'ont  été  trouvées,  près  de  Koumac, 
des  traces  d'huile  minérale. 

E.  —  Assises  jurassiques  et  crétacées 

ET  DÉPÔTS  RÉCENTS. 

Aux  couches  triasiques  succèdent  quelques  assises  juras- 
siques, aussi  peu  importantes  au  point  de  vue  de  leur 
extension  qu'au  point  de  vuedes  gîtes  qu'elles  renferment; 
elles  ne  présentent  guère  d'intérêt  qu'au  point  de  vue 
de  la  succession  des  terrains  des  différents  âges,  et  à  celui 
du  classement  relatif  de  la  grande  formation  schisteuse  et 
de  la  formation  à  charbon.  Ces  assises  ne  comprennent 
que  de  petits  bancs  de  schistes,  les  uns  ferrugineux  et 
brun&tres,  les  autres  siliceux  et  verdâtres  ;  les  premiers 
contiennent,  suivant  M.  Munier-Chalmas('}  et  M.  Pelatan, 
un  assez  grand  nombre  de  fossiles,  parmi  lesquels  on  a 
pu  déterminer  Ostrea  sublamellosa,  un  Turbo  et  une 
Posidonia  ressemblant  à  Posidonia  Bronni,  ainsi  que 
Cardium  Caledonicum  et  Pellaiia  Garnieri.  Les  schistes 
siliceux  sont  également  fossilifères  et  renferment  JVm- 
ctila  Hammeri,  des  débris  de  belemnites  et  une  ammo- 
nite voisine  du  Macrocephalites  macrocephalus,  ce  qui 

(*)  /n  GxHuniB,  loc.  cil.,  p.  45. 


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FORMATIONS  aÉOLOOIQUBS   DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE     39 

avait  fait  rapporter  autrefois  ces  schistes  à  l'infralias. 
M.  Piroutet,  qui  y  a  trouvé  un  Cardhim,  une  Littorina,  une 
Auceila,  puis  une  Nucula  et  un  Nmitihis,  les  classe  au 
contraire  dans  le  jurassique  tout  à  fait  supérieur  ou 
l'infracrétacé  ;  il  y  signale  déjà  quelques  assises  char- 
bonneuses. 

Enfin  viennent  les  assises  crétacées,  qui  sont  celles  qui 
contiennent  des  couches  de  houille  ;  nous  reviendrons 
longuement  dans  ce  qui  suit  sur  la  description  de  ces 
assises,  et  nous  serons  amené  à  discuter  en  détail  la 
question  de  leur  &ge  ;  nous  nous  conteutoroiis  donc  d'indi- 
quer ici  brièvement  que  les  couches  crétacées  com- 
prennent souvent  à  la  base  des  grès  grossiers  passant 
même  aux  poudingue»,  puis  une  formation  importante  de 
grès  arénacés  feldspathîques  aux  couleurs  claires  dans 
lesquels  s'intercalent  des  lits  schisteux  noirs  et  des 
couches  de  charbon;  à  ces  roches  sont  parfois  associées  des 
argiles  violacées.  Le  charbon  est  souvent  assez  impur,  et  sa 
teneur  en  matières  volatiles  est  très  variable  depuis  des 
houilles  très  gazeuses  jusqu'à  des  anthracites  ;  cette  varia- 
bilité est  due  moins,  sans  doute,  à  la  diversité  de  la 
nature  primitive  des  couches  qu'aux  actions  métamor- 
phiques qu'elles  ont  ultérieurement  subies.  Ces  diverses 
couches  crétacées  se  présentent  en  lambeaux  formant 
des  cuvettes,  plus  ou  moins  bien  dessinées  et  plus  ou 
moins  continues,  au  milieu  des  sédiments  triasîques  et 
jurassiques;  plusieurs  de  ces  cuvettes  sont  très  res- 
treintes(*)  ;  ce  sont  celles  de  Koumac,  de  Voh,  de  Pouem- 
bout,  do  Muéo,  etc.;  trois  d'entre  elles,  au  contraire, 
s'allongent,  avec  une  forme  très  irrégulière  d'ailleurs,  sur 
plusieurs  dizaines  de  kilomètres  :  ce  sont  les  bassins  de 
Poya,  de  Moindou  et  de  Nouméa,  Aux  assises  crétacées 
sont  encore  associées  des  roches  éruptives  :  d'une  part, 

(•}  Voir  la  code  n-  2  {PI.  \)  ci-jointe. 


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40      RICHESSES    MINÉRALES   DB  LA  NOOTBLLB-CALÉDOME 

des  mélaphyres,  avec  tufs  tnélaphyriques,  en  coulées  puis- 
santes, paraissant  immédiatement  antérienres  aux  forma- 
tions houillères;  ensuile,  des  (iloDS  et  des  dykea  recou- 
pant ces  mêmes  formations  et  se  classant  dans  les 
orthophyres  et  les  porphyres. 

■  Les  sédiments  postérieurs  au  crétacé  sont  rares  et 
peu  Yariés  ;  on  rencontre  qnelques  alluvions  qua- 
ternaires dans  les  basses  vallées  des  grandes  rÏTière» 
de  la  colonie;  ce  ne  sont  généralement  que  des  cail- 
loutis  plus  ou  moins  empâtés  d'argile.  D'autre  part, 
nous  avons  à  signaler,  avec  M.  Piroutet,  des  dép/its  de 
rivages  soulevés,  tant  sur  la  côte  Est  que  sm  la  côte 
Ouest,  dépôts  qui  paraùsent  tout  à  fait  récents,  sinon 
contemporains.  M.  l'Ingénieur  en  chef  des  Mines  Douvjllé,. 
qui  a  bien  voulu  examiner  quelques  fossiles  que  nous 
avons  recueillis  dans  les  dépôts  de  cette  nature  de  la 
pointe  Chaleix  près  de  Nouméa,  y  a  reconnu  une  Orbito- 
lite  {Marginopora  vert^ralis)  et  l'Arca  holoceria  Rive,. 
toutes  deux  espèces  existant  encore  actuellement.  Parmi 
ces  formations,  les  plus  intéressantes  an  point  de  vue 
pratique  sont  les  dépôts  à  caractère  lagunaire,  qui  se 
rencontrent  en  de  nombreux  points  de  la  côte  Ouest 
depuis  la  pointe  Ohaleix  jusqu'à  Gomen,  et  qui  sont  par- 
ticulièrement développés  dans  la  presqu'île  de  Uitoé  et 
auprès  du  cap  Goulvain;  ils  contiennent  des  argile» 
bariolées  avec  cristaux  de  gypse  souvent  très  abondants  ; 
ce  sont  ces  dépôts  que  M.  Pelatan  avait  considérés 
comme  triasiques. 

On  trouve  enfin  tout  autour  de  la  colonie  des  construc- 
tions coralliennes,  dont  les  unes,  d'Sge  quaternaire,  appar- 
tiennent encore  aux  formations  géologiques,  tandis  que 
les  autres,  constituées  par  des  colonies  encore  vivantes^ 
relèvent  plutôt  du  règne  animal  que  du  règne  minéral. 
Les  unes  et  les  autres  peuvent  avoir  un  certain  intérêt 
comme  gisements  de    calcaire  :  les  constructions  coral- 


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V0RMATION8  OÉOLOOIQDES   DE   LA   NODVELLB-CiJ.ÊDONlB     4! 

tiennes  anciennes,  qu'on  ne  rencontre  qu'aux  Iles  Loyalty, 
autour  de  l'Ile  des  Pins,  et  sur  une  longueur  assez  restreinte 
de  l'extrémité  méridionale  des  côtes  de  l'Ile,  constituent 
d'assez  puissants  bancs  de  carbonate  de  chaux;  le» 
coraux  vivants  donnent  lieu  à  l'apport  constant  sur  les- 
plages  d'abondants  débris  calcaires. 


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CHAPITRE  III. 
LES    ROCHES    ËRDPTITES;  LES  SERPEHTinES. 


A.  —  Les  dikeérentek  sbkies  éruptivss 
DE  LA  Nouvelle-Calédonie  , 

Nous  avons  déjà  eu  l'occasion,  en  décrivant  les  diffé- 
rentes assises  géologiques  de  la  Nouvelle-Calédonie,  d'y 
mentionner  fréquemment  la  présence  de  roches  éruptives 
variées,  et  en  outre  de  faire  allusion  à  celle  qui  est  de 
beaucoup  la  plus  importante  parmi  ces  venues  éruptives, 
celle  des  péridotites  qui  se  montrent  aujourd'hui  plus  ou 
moins  serpeiitinisées.  C'est  dire  que  le  géologue  et  le 
mineur  ne  peuvent  pas  faire  un  pas  dans  la  colonie  sans 
rencontrer  do  telles  roches,  et  la  connaissance  de  celles-ci 
présente  pour  eus  un  intérêt  d'autant  plus  capital  que,  si 
les  diverses  formations  éruptives  anciennes  de  la  colonie 
paraissent  déjà,  comme  dans  beaucoup  de  pays,  présenter 
des  relations  plus  ou  moins  directes  avec  les  venues 
métallifères,  cuivre,  or,  plomb  argentifère,  etc.,  la 
liaison  étroite  des  gisements  de  nickel,  de  cobalt,  de 
chrome,  et  de  fer  avec  la  formation  scrpentineuse  est 
d'une  évidence  absolue. 

L'ensemble  de  ces  roches  constitue  une  série  très 
varice  dont  le  classement  rationnel  ne  laisse  pas  d'être 
assez  malaisé  avec  le  petit  nombre  d'observations 
dont  nous  disposons  personnellement,  et  avec  la  difficulté 


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FORMATIONS  GÉOLOGIQUES  DE  LA  NODVELLE-OALÉDONIE  43 
qu'il  y  a  pour  nous  à  utiliser  celles  de  nos  devanciers, 
dont  la  terminologie  était  quelque  peu  différente  de  celte 
qui  est  en  usage  actuellement  et  était  surtout  assez  mal 
assurée,  appuyée  qu'elle  était  sur  le  seul  examen  macros- 
copique des  roches, 

M.  Garnier  signale,  en  dehors  des  roches  éruptives 
magnésiennes,  c'est-à-dire  de  celles  qui  appartiennent  à 
la  grande  formation  serpentineuse,  des  mélaphyres  asso- 
ciés aux  couches  triasiques  et  des  porphyres  qui  appa- 
raissent dans  la  formation  k  charbon.  M.  Ueurteau  relève 
également,  à  côté  des  serpentines,  la  présence  de  méla- 
phyres  avec  tufs  et  brèches  mélaphyriques  dans  le  trias, 
et  de  porphyres  dans  le  houiller  ;  il  ne  fait  pas  mention 
de  roches  dioritiques. 

M.  Pelatan  fait  une  énumération  plus  étendue  de  la 
série  éruptive  calédonienne  et  la  divise  en  cinq  groupes  : 
les  roches  vertes  anciennes,  les  roches  dioritiques,  les 
roches  mélaphyriques,  les  roches  porphyriques  et  les 
roches  serpentineuses.  Nous  adopterons  cette  classifica- 
tion, qui  parait  assez  bien  séparer  les  roches  de  types  très 
variés  que  Ion  rencontre  en  différents  points  de  la  colo- 
nie. Nous  ne  sommes  cependant  pas  certain  qu'elle  suive 
de  très  près  «  l'ordre  chronologique  probable  des  érup- 
tions qui  les  ont  amenées  au  joiu-  »,  comme  1  indiquait 
M.  PelatanC). 

Dans  les  micaschistes,  nous  n'avons  pas  rencontré  de 
roches  éruptives  paraissant  avoir  spécialement  affecté 
ceux-ci  ;  nous  y  avons,  en  effet,  principalement  relevé 
coiume  roches  exceptionnelles  :  les  roches  à  glaucophane, 
qui  sont  à  nos  yeux  pour  la  plupart,  sinon  toutes,  d'ori- 
gioe  métamorphique  [M.  Lacroix  ("')  signale  cependant 
une  roche  à  glaucophane  de  la  Nouvelle-Calédonie  qu'il 


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44      RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA   I10t]VKU.E-CAI.ÉD0KIE 

regarde  comme  produite  par  la  transformation  totale  d'un 
gabbroj ,  les  talcschistes,  qui  sont  également  à  nos  yeax 
d'origine  métamorphique,  et  peut-être  quelques  lambeaos 
de  roches  sorpentineuncs,  qne  nous  croyons  devtàr  rap- 
porter k  la  grande  fornintion  récente  des  péridotîtes. 
D'autre  part,  comme  nous  l'avon»  dit,  nous  ne  savons  pas 
faire  de  distinction  précise  entre  les  scliistes  dite  jvi- 
maires  du  Nord  et  les  schistes  triasiques  qui  se  res- 
contrent  plus  au  Sud,  et  pour  cette  raison  nous  ne  aas- 
rioDS  séparer  d'une  façon  certaine,  au  point  de  Tue  de  l^ir 
âge,  qui  BOUS  est  totalement  inconnu,  les  roches  vertes 
que  l'on  rencontre  soit  au  voisinage  des  mines  de  cnivTe 
et  de  plomb  argentifère  du  Nord,  soit  dans  la  plaine  de- 
Poya,  dans  la  vallée  de  la  Négropo,  etc... 

Nous  nous  bornerons  dmic  à  distinguer  d'abcHxI,  mais 
fana  lui  attribuer  d'&ge  et  sans  pouvoir  fixer  sa  véritable- 
extension,  une  première  s<^rie  de  roches  éruptives,  vrai- 
semblablement la  plus  ancienne,  constituée  par  des  roches 
très  basiques,  de  structure  ophitique,  à  feldspaths  et  sili- 
cates magnésiens  ;  ces  roches  ont  subi  une  altérati<«  très- 
avancée,  qui  porte  surtout  sur  les  éléments  verts  presque 
I  complètement  transformés  eu  chlorite,  ce  qui  rend  leur 
diagnostic  incertain  ;  les  feldspaths,  le  plus  souveat  voi- 
sins de  l'andésine,  sont  mieux  conservés  et  à  peu  près 
détermina  Mes.  Nous  avons  spécialement  rencontré  le» 
roches  de  ce  groupe  dans  la  région  du  Diafaot  :  auprès  des 
mines  de  cuivre  Pilou  et  Ao,  nous  avous  recueilli  des 
échantillons  qui  constituent  des  types  d'altération  d'une 
diabaso  ophitique;  les  roches  vertes  exceptionnellement 
altérées  qui  affleurent  k  côté  du  filon  de  plomb  argentifère 
de  la  mine  Mérétrice  paraissent  corre^ondre  à  des  hypé- 
rites. 

Plus  vers  le  Sud,  se  montrent  dans  les  schistes  argileux 
noirs  de  nombreuses  têten  de  roches  vertes  moins  altérées  ; 
on  les  retrouve  aussi  I  ien  sur  la  cMe  Ouest,  où  elles  cons- 


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FORUATICWS  GéOLOOtQDBS  Dl  LA   NOCVKLLB-CALiDONIE      45 

titveiit  en  particulter  la  plupart  d'eatre  lea  nianietons  qui 
accâdenteot  la  plaine  qui  s'étead  de  Poya  an  cap  Goul- 
T&in,  et  oii  elles  appiU'aissent  auprès  du  Moindou  et  de  La 
Foa,  dans  la  plaine  de  Saint-Vincent,  et  mémo  près  de 
Nouméa,  que  sur  la  c6te  Est  dans  la  vallée  de  Faja  au 
Sud  de  Konaoua,  dans  la  vallée  de  la  Né^opo  au  Sud  de 
'GanaU,  etc.  Elles  sont  accompagnées  de  tufs  et  de  brèches 
et  présentent  en  somme  des  aspects  assez  varios.  Quelques 
■échantillons  de  ces  roches,  examinés  au  microscope,  les 
ont  montrées  composées  d'une  pAte  à  gmixi  fin  de  feld- 
spaths  basiques  et  de  pyrorènesclinorhombiques,  et  consti- 
tuant des  ophites  typiques.  Elles  se  rencontrent  souvent, 
avec  les  tufs  et  les  brèches  qui  les  accompagnent,  immédia- 
tement au-desBous  des  sédiments  crétacés  qui  renferment 
la  houille,  et  elles  ont  généralement  été  décrites  sous  le 
nom  de  mélaphyres  par  nos  devanciers. 

Ces  formations  paraissent,  comme  les  précédentes, 
présenter  un  assez  grand  intérêt  au  point  de  vue  des 
richesses  minérales  ;  tandis  qu'aux  premières  sont  intime- 
ment associés  les  gîtes  minéraux  du  Nord  de  l'Ile,  les 
métaux  divers  que  nous  aurons  k  signaler  n'apparaissent 
guère,  dans  le  centre  de  la  colonie,  qu'au  voisinage  de  ces 
dernières  roches  :  tel  est  le  cas  du  gite  de  cuivre  de  la 
Négropo,  des  traces  de  cinabre  de  la  vallée  de  Faja,  du 
gisement  d'or  de  la  mine  Queyras,  des  tracés  d'or 
(4  grammes  à  la  tonne)  signalées  dans  les  mélapbyres  du 
col  de  Tongoué,  etc. 

Le»  sédiments  houillers  eux-mêmes  sont  recoupés  par 
un  grand  nombre  de  pointeinents  porphvriques,  dont 
la  venue  au  jour  est  certainement  postérieure  au  <lép6t 
de  ces  sédiments;  ces  pointements  sont  particulièrement 
abnudants  au  voisinage  des  gisements  de  Moindou,  oiiils 
s<Mit  constitués  par  un  type  dorthophyré  très  frais  ;  la 
venue  de  ces  roches  parait  avoir  contribué  pour  une  part 
au  moins  à  la  dislocation  de  la  formation  houillère  ;  peut- 


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46      RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NOUVËLLE-CALÉDONfb 

être  aussi  ne  serait-elle  pas  étrangère  à  la  transformation 
en  anthracite  que  le  charbon,  qui  semble  avoir  été  origi- 
nairement riche  en  matière!^  volatiles,  subit  en  certains 
points. 

M.  Pelatan  signale  encore,  sans  leur  attribuer  d'âge, 
des  pointements  dioritiques  médiocrement  développés,  qui 
se  rencontreraient  notamment  au  cap  Deverd,  à  l'embou- 
chure de  la  Nessadiou,  près  de  Moîndou,  et  à  la  Coulée 
près  de  Nouméa.  Nous  n'avons  pas  eu  l'occasion  de  les 
observer  en  aucun  de  ces  points,  et  nous  ne  connaissons 
de  diorites  en  Nouvelle-Calédonie  que  comme  formations 
accessoires,  sans  doute  filoniennes,  dans  les  massifs  ser- 
pentineux. 

Enfin  les  terrains  crétacés,  et  les  porphyres  qu'ils  ren- 
ferment, sont  recouverts  en  un  grand  nombre  de  points 
par  une  dernière  formation  éruptive,  celle  des  péridotites, 

B.  —  Les  pékidotites. 

A  cAté  des  séries  éruptives  que  nous  avons  passées  en 
revue  ci-dessus,  celle  des  péridotites,  que  nous  venons  de 
mentionner  en  dernier  lieu,  se  présente  avec  une  impor- 
tance tout  à  fait  prédominante  ;  c'est  même,  nous  n'hési- 
tons pas  à  le  dire,  la  plus  importante  de  toutes  les  forma- 
tions de  la  Nouvelle-Calédonie  :  sans  le  céder  en  rien  aux 
diverses  séries  sédimentaires  comme  extension,  puis- 
qu'elle recouvre  à  peu  près  un  tiers  de  la  superficie  de  la 
colonie,  soit  600.000  hectares,  elle  marque  le  trait  le  plus 
caractéristique  à  la  fois  de  la  ('onâguration  géographique 
et  de  la  constitution  géologique  du  pays;  enfin,  c'est  à 
elle  que  sont  associés,  ou  plutét  c'est  d'elle  que  dérivent 
certainement,  les  minerais  de  nickel,  de  cobalt  et  de  chrome, 
ces  richesses  minérales  qui  se  présentent  en  Nouvelle- 
Calédonie  d'une  façon  si  exceptionnelle,  et  qui  depuis 
25  ans  fournissent  à  l'industrie  minière  de  notre  colonie 


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FORMATIONS  GÉOLOGIQUES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE     47 

la  très  grande  majorité,  lorsque  ce  n'est  pas,  comme 
aujourd'hui,  la  totalité  des  produits  qu'elle  esploite.  Cette 
formation  mérite  donc  à  tous  égards  de  fixer  notre  atten- 
tion. 

Les  péridotites  et  les  produits  secoadaires  qui  en  pro- 
viennent constituent  ensemble  ce  que  nous  avons  déjà 
appelé,  et  ce  que  nous  continuerons  à  appeler,  la  for- 
mation serpentineuse  ;  cette  formation  recouvre,  avons- 
nous  dit,  environ  le  tiers  de  la  colonie  :  nous  en  avons 
figuré  les  limites  sur  la  jitj.  2  de  la  PI.  I,  en  les 
traçant,  toutes  les  fois  que  nous  l'avons  pu,  d'après  nos 
observations  personnelles,  et  en  y  suppléant,  lorsque 
rela  était  nécessaire,  à  l'aide  des  indications  de  la  carte 
géologique  de  M.  Polafan.  Comme  on  le  voit,  les  serpen- 
tines apparaissent  d'abord  dans  la  région  méridionale  de 
la  colonie,  au  Sud  d'une  ligne  sinueuse  allant  du  mont 
Dore  jusqu'à  la  baie  de  Nakoty,  sous  la  forme  d'un  massif 
i-ompact  d'une  superficie  de  350.000  hectares  environ, 
au  milieu  duquel  nous  n'avons  pu  noter  la  présence  que 
de  deux  pointements  de  roches  étrangères  à  la  forma- 
tion, roches  qui  se  sont  trouvées  être  du  granité  dans  les 
deux  cas.  Elles  se  répartissent  ensuite  sur  toute  la  lon- 
gueur restante  do  l'Ile  pour  former,  tantôt  les  traits  les 
plus  marquants  de  la  configuration  du  rivage  oriental, 
tantfit  quelques-uns  dos  hauts  sommets  de  la  chaîne  cen- 
trale, et  tantôt  une  série  de  pitons  alignés  le  long  de  la 
côte  Ouest  :  elles  constituent  ainsi  une  qmnzaine  ou  une 
vingtaine  de  massifs  séparés,  de  dimensions  très  variables, 
reposant  sur  les  terrains  sédimentaires  des  différents 
âges.  Leur  extension  dépasse  même  celle  de  la  Grande- 
Terre,  puisque  au  Sud  elles  se  montrent  à  l'Ile  des  Pins 
et  forment  ensuite  la  totalité  de  l'Ile  Ouen,  et  puis- 
qu'elles jalonnent  encore,  assez  loin  au  Nord  de  la 
presqu'île  d'Arama,  l'alignement  des  iles  Yandé  et  Belep. 

Tous  ces  massifs  ne  présentent  souvent  que  des  escar- 


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48  RICHESSES  HINÉRALES  DE  LA  HODVBLLB^AI£DONig 
pements  rocheux  très  abrupts  ;  la  péridotite  en  coDsti- 
tue  alors  presque  uniquement  les  divers  rontreforts  et 
les  pointemcnts  ;  tel  est  le  cas  de  plusieurs  des  pitoDs  du 
Nord  de  la  côte  Ouest  :  le  mont  Kaala,  le  Taom,  les 
aiguilles  de  Muéo,  etc.  ;  d'autres  fois,  elle  apparaît 
en  niasses  arrondies  s'étageant  Jusqu'à  la  plaine  ou  jus- 
qu'au rivage  par  des  peates  relativement  douces,  entre 
lesquelles  s'ouvrent  en  éventail  des  ravins  profondément 
découpés;  dans  ce  cas,  les  pentes  se  recouvrent  de  pro- 
duits d'altération  plus  ou  moins  meubles,  tandis  que  la 
roclie  compacte  et  dure  affleure  sur  les  arêtes  et  le 
long  des  parois  abruptes  des  ravins  ;  le  mont  Dore  près 
de  Nouméa  et  le  mont  Do  au-dessus  de  Bouloupari  en  sont 
des  exemples  typiques  ;  enfin,  se  rapprochant  plus  ou 
moins  du  genre  précédent  avec  lequel  on  peut  établir  pour 
ainsi  dire  tontes  les  transitions,  comme  d'ailleurs  entre 
celui-là  même  et  le  premier  que  nous  avons  mentionné, 
nous  distinguerons  un  troisième  type  de  massifs  ser- 
pentineux,  celui  des  plateaux,  auxquels  on  donne  aussi 
quelquefois  dans  la  région  le  nom  de  dômes,  nom  que 
nous  aurions  plus  volontiers  réservé  pour  dos  montagnes 
de  la  forme  du  mont  Dore' ou  <iu  mont  Do.  De  tels  mas- 
sifs sont  généralement  recouverts  de  produits  d'altération 
accumulés  sur  le  plateau  supérieur  et  envahissant  encore 
presque  tous  les  contreforts  à  pente  plus  ou  moins  douce 
qui  en  descendent.  L'exemple  le  plus  remarquable  d'un 
massif  affectant  cette  configuration  est  celui  du  plateau 
de  Tiea,  dont  nous  donnerons  dans  la  suite  un  croquis  en  plan 
avec  lignes  de  niveau  et  ime  coupe;  le  dôme  de  Tiebaghi 
en  est  un  autre  exemple  très  net;  enfin  l'extrémité  sud- 
orientale  de  la  colonie  affecte  dans  l'ensemble  une  forme 
de  plateau  assez  bien  marquée. 

La  variété  de  la  forme  de  ces  différentes  montagnes  ne 
nous  a  pas  paru  tenir  à  une  différence  quelconque 
euti'e  la  nature  des  roches  qui  constituent  les  unes  et 


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FORMATIONS  OÉOLOGIQUES   DE   LA   NOCVELLE-CALÉDONIE     49 

les  autres,  et  c'esf  plutftt  soit  à  la  conâgu  ration  originaire 
desdits  massifs,  soit  a.  leur  position  géographique  dans 
l'tle,  que  nous  parait  devoir  être  attribuée  ïa  différence 
de  leurs  formes  ;  d'ailleurs  cette  différence  se  retrouve 
souvent  sur  une  petite  échelle  dans  le  même  massif,  si 
bien  qu'à  peu  de  distance  on  peut  noter  la  présence  d'un 
piton  très  escarpé  et  complètement  dénudé,  puis  celle 
d'un  contrefort  extrêmement  aplati  dans  lequel  la  roche 
sous-jacente,  identique  cependant  à  celle  de  l'escarpe- 
ment, disparait  complètement  sous  les  formations  super- 
ficielles. Mais,  si  la  nature  de  la  roche  ne  parait  pas  avoir 
donné  lieu  par  elle-même  à  cette  variété  des  ^'ormes 
extérieures,  ces  formes  ont  eu  nue  inlUience  extrême- 
ment marquée  et  fort  importante,  sinon  certainement  sur 
la  formation,  du  moins  sur  la  conservation  des  produits 
de  l'altération  des  péridotites,  produits  oii  se  sont  pré- 
cisément concentrées  les  richesses  minérales  qui  offrent 
l'intérêt  que  nous  avons  dit. 

Toutes  les  fois  que  la  roche  serpentineusen'est  pas  dis- 
simulée par  ces  produits  d'altération,  elle  apparait  sous 
la  forme  de  rochers  déchiquetés,  durs,  h.  arêtes  vives, 
dont  la  surface  extérieure,  exposée  aux  actions  atmo- 
sphériques, prend  de  loin  une  teinte  générale  d'un  gris 
rosé,  et  offre  de  près  des  colorations  variant  du  rose 
au  jaunâtre  ou  au  vert  plus  ou  moins  foncé  et  exception- 
nellement au  gris  foncé.  Entre  les  blocs  rocheux  poussent, 
grâce  aux  petites  quantités  d'argile  ferrugineuse  et  de 
ten-e  végétale  qui  peuvent  s'y  accumuler,  une  série  d'ar- 
brisseaux et  de  broussailles  aux  formes  rabougries,  an 
feuillage  maigre  et  peu  coloré,  qui  contribuent  à  donner 
aux  escarpements  ainsi  constitués  un  aspect  aussi  carac- 
téristique de  loin  que  de  près;  cet  aspect  est  d'ailleurs 
complété  par  l'effet  très  spécial  que  produisent  les 
grandes   masses  d'argile  rouge,  toujours  plu»<  ou  moins 


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ry)      RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

abondantes  au  voisinage  de  ces  rochers;  il  ne  saurait 
tromper,  niènie  de  fort  loin,  l'observateur  qui  a  circulé 
quelque  peu  dans  la  colonie. 

Lorsque,  s'approrhant  des  roches,  on  les  attaque  au 
marteau,  on  est  surpris  de  les  voir  offrir  à  l'examen  à 
l'œil  nu  ou  à  la  loupe  des  aspects  assez  différents  d'un 
massif  à  l'autre  :  en  effet,  sans  même  parler  des  roches 
tout  à  fait  serpenlinisées  et  notoirement  très  altérées, 
on  rencoutrcdes  péridotîtes  saines  ou  à  peu  près,  dcHit  la 
pâte  présente  des  couleurs  variant  du  jaune  le  plus  clair 
au  vert  le  plus  foncé  en  passant  par  des  tons  inleruié- 
diaîres  vert  jaune  et  vert  brunâtre,  La  cassure  de  la 
masse  est  toujours  grenue  ou  légèrement  esquilleuse  ; 
elle  montre  d'ailleurs  des  pyroxènes,  en  nombre  tautét  trfe» 
restreint  et  tantôt  considérable;  ces  cristaux,  de  dimen- 
sions variables,  se  distinguent  par  le  miroitement  de  leur 
clivage  à  éclat  quelquefois  argentin,  mais  le  plus  souvent 
vitreux,  et  ils  présentent  des  colorations  générale- 
ment d'im  vert  plus  ou  moins  tendre,  mais  parfois  aussi 
d'un  brun  très  accusé.  Enfin  l'œil,  surtout  aidé  de  la 
loupe,  y  découvre  toujours  un  grand  nombre  de  cristaux 
noirs  et  brillants,  souvent  en  octaèdres  bien  formés,  qui 
sont  du  fer  chromé. 

Examinées  sous  le  microscope  en  plaques  minces,  ces 
roches  so  montrent  toutes  constituées  de  masses  grenues,, 
sans  formes  cristallines  bien  nettes,  de  péridot;  rare- 
ment très  frais,  le  péridot  est  généralement  plus  ou  moins- 
altéré  et  sillonné  de  veinules  d'antigorite  ou  serpentine 
cristallisée;  quehjuefois  même  il  est  complètement  trans- 
formé en  une  masse  de  cristaux  enchevêtrés  d'antigorite 
à  structure  plus  ou  moins  ralcédonieuse,  masse  dont  on  ne 
devine  plus  alors  l'origine  que  par  la  disposition  des  dif- 
férents réseaux  cristallins,  qui  reproduisent  encore  plus  ou 
moins  nettement  le  réseau  de  craquelures  que  l'on  a  vu, 
dans  d'autres  échantillons,  envahir  peu  à  peu  le  péridot 


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FOBHAHONS  GÉOLOOKtUSS  DB  LA   MOUVBlXE'CALÛIWNIli;     51 

arec  développemeat  de  fibres  d'anti^rite.  Au  milieu  de 
celte  pâte  de  péridot  se  montreot,  ptua  ou  moins  nom- 
breux suivant  les  échantillons,  des  cristaux  nets,  généra- 
lement un  peu  allongés,  d'un  pyroxène  orthorhombique 
(silicate  ferreux  magnésien  dépourvu  de  chaux)  que  ses 
propriétés  optiques  classent  le  plus  souvent  nettement 
dans  le  type  enëtatite,  mais  qui  passe  parfois  à  la  bron- 
zite;  ces  cristaus,  généralement  beaucoup  plus  frais  que 
les  grains  de  péridot,  sont  cependant  quelquefois  altérés  : 
ils  laissent  voir  alors  une  série  de  petites  lamelles  de  talc 
se  développant  dans  leurs  clivages.  Enfin  on  observe  de 
nombreux  fragments  de  fer  chromé,  tantôt  sans  forme 
définie,  tantôt  présentant  des  sections  nettes  d'octaèdre. 

Soumises  h.  l'analyse  chimique,  ces  roches  se  sont  tou- 
jours montrées  ultrabasiques,  très  fortement  chargées  en 
magnésie,  et  relativement  peu  ferreuses  ;  elles  contenaient 
en  outre  d'une  façon  constante  des  quantités  plus  ou 
moins  importantes  de  nickel,  de  cobalt,  et  de  manganèse. 

Les  roches  qui  se  montraient  les  plus  fraîches  comme 
aspect  extérieur,  avec  une  coloration  vert  jaune  relative- 
ment pâle,  et  dans  lesquelles  le  microscope  laissait  voir 
des  cristaux  bien  conservés,  retenaient  peu  d'eau  ;  la  partie 
attaquable  aux  acides  présentait  une  composition  typique 
d'olivine  telle  que  la  suivante  (échantillon  provenant  de 
la  carrière  Pierrette  do  la  mine  Reis  n°  2,  k  Népoui)  : 

Silice «,27 

Protoxyde  de  fer 7,9i 

Magnésie *9,*4 

Manganèse traces  sensible» 

Oxydes  de  nickel  et  de  cobalt 0,1 1 

Chaux Néant 

L'échantillon  analysé  laissait,  d'autre  part,  20,5  p.  100 
de  matière  inattaquée  constituée  par  de  l'enatatite  et  pai* 
2  millièmes  1/2  du  poids  initial  de  réchantiHoa  de  fer 


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52      RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA    NOCVELLE-CAI.ÉDONIE 

chromé.    L'enstatite  isolée   de  cette    roche    présentait 
d'ailleurs  la  composition  suivante  : 

Silice 35,3 

Proloïyde  de  fer 8,2 

Magnésie 31,4 

Oxydes  de  nickel  et  de  cobalt. ...  0,4 

Chaux '.  2,5 

Perteaufen 1,6 

La  proportion  d'enstatite  est  d'ailleurs  très  variable 
d'une  roche  à  l'autre  :  nous  avons  recueilli  sur  la  mine 
Française,  à  Poro,  des  échantillons  d'une  roche  à  péridot, 
finement  grenue,  jaune  clair,  dont  l'examen,  soit  à  la  loupe 
soit  au  microscope,  ne  permettait  de  déceler  aucun  cristal 
d'enstatite,  <?t  qui,  attaquée  par  l'acide  chlorhvdrique,  ne 
laissait  indissous  que  de  nombreux  petits  cristaux  de  fer 
chromé;  elle  était  d'ailleurs  déjà  assez  fortement serpeu- 
tinisée,  comme  le  montrait  l'examen  microscopique,  el 
comme  le  confirmait  l'anal^'ae  chimique,  qui  y  révélait  une 
teneur  en  eau  de  10,5  p.  100;  cette analj'se  donnait  pour 
cette  roche  la  composition  globale  suivante  : 

''"'bniîi'""'  4|ir*iî*iluc1Joo 

Perte  au  feu i0,50  » 

Silice 37,80  ti,39 

Protojcyde  de  fer 6,50  7,12 

Magnésie 44,60  48,83 

Manganèse traces  sensibles    traces 

Oxydes  de  nickel  et  de  cobalt. . .  2,43  2,66 

Ciiaux traces  traces 

Inversement,  bon  nombre  des  échantiUoiis  de  péridotite 
que  nous  avons  recueillis  en  différents  points  de  la  colonie 
contiennent  des  proportions  très  importantes  d'enstatite, 
dont  les  lamelles  envahissent  souvent  toute  la  largeur  des 
cassures;  l'enstatite  s'isole  même  parfois  en  individus 


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FORMATIONS   GÉOLOaiQDES    DB    LA    NOUVELLE-CALÉDONIE     53 

de  quelques  centimètres  de  longueur  au  milieu  de  la  péri- 
dotite.  Ces  pyroiènes  n"ont  pas  toujoiu-s  les  caractères 
que  nous  avons  indiqués  ci-dessus;  l'échantillon  dont 
nous  avons  rapporté  l'analyse  était  d'un  vert  très  pâle  et 
sa  poussière  complètement  blanche  ;  souvent  ils  présentent 
une  coloration  beaucoup  plus  brune  avec  un  bel  éclat 
bronzé  offrant  l'aspect  typique  de  la  bronzite,  on  y 
constate  la  présence  d'inclusions  ferrugineuses,  et  la 
poussière  en  devient  jaunAtre  :  l'analyse  que  nous  avons 
faite  d'une  échantillon  de  ce  genre  nous  a  donné  les 
résultats  suivants  : 

Perte  au  feu 10,5 

Silice 43,2 

Protoxyde  de  fer 12,5 

Magnf^sie 35,5 

Chaux faibles  traces 

Nous  ajouterons  que,  bien  qu'ayant  examiné  sur 
place  la  nature  des  roches  qui  se  montrent  sur  un  très 
grand  nombre  d'entre  les  points  oii  apparaît  la  formation 
serpentineuse,  et  qu'ayant  recueilli  des  échantillons  fort 
nombreux  que  nous  avons  étudiés  en  détail  à  notre  retour 
en  France,  nous  n'avons  jamais  rencontré  dans  la  masse 
même  des  péridotites  que  des  cristaux  de  pyroxène 
ortborhombique,  c'est-à-dire  pratiquement  dépourvus  de 
chaux  (enstatite  ou  bronzite)  ;  et  nous  ne  connaissons 
dans  la  colonie,  comme  pyroxènes  clinorhombiques,  que  le 
diallage  constituant  des  âlons  minces  au  milieu  des 
péridotites,  soit  seul,  soit  associé  à  des  feldspaths  pour  for7 
mer  des  gabbros,  ou  bien  encore  servant  de  gangue  à  des 
filons  ou  à  des  amas  de  fer  chromé.  Nous  rappellerons 
d'autre  part  que  les  pyroxènes  clinorhombiques  tiennent 
autant  de  chaux  que  de  magnésie,  et  que  cependant 
toutes  les  analyses  globales  des  roches  de  la  formation 
serpentineuse    calédonienne  que  nous  connaissons,    soit 


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5i       RICHESSES    MINÉRALES    DE    IJi    NOUVBLLB-CALBDOKIE 

celles  que  noas  avons  fait  faire  à  l'ÉctJe  des  mines  de 
Saint-Éiieniie,  soit  celles  qui  ont  été  faites  autrefois  en 
NouTelle-Galédonie,  soit  celles  que  l'on  fait  actuellement 
snr  les  minerais  de  nickel  qui  contiennent  toujours  tue 
proportion  importante  de  stérile,  ne  décèlent  jamais  la 
chaux  qu'en  très  petite  quantité,  alors  qne  la  magnésie  y 
est  toujours  très  abondante.  Nous  pensons  donc  que  ceux 
de  nos  devanciers  qui  ont  décrit  la  fomiatJOQ  serpei^ 
neuse  de  la  Nouvelle-Calédonie  comme  comprenant  coo- 
ramment  du  diallage  ont  peut-être  confondu  les  deox 
séries  de  pyroxènes  dont  la  distinction  n'est  souvent 
facile  que  par  l'analyse  chimique  ou  par  l'examen  des 
propriétés  optiques  au  microscope  polarisant. 

M.  Garnier,  d'ailleurs,  ne  parait  pas  s'être  préoccupé 
d'établir  la  distinction  entre  les  deux  séries,  puisqu'il 
emploie  d'une  façon  courante  le  terme  diallage-bronzite 
pour  désigner  tes  pyroxènes;  et  M.  Heurteau,  qui  n'em- 
ploie que  le  terme  diallage  pour  caractériser,  suivant  sa 
propre  expression,  h  le  minéral  accidentel  le  plus  fréquent 
dans  la  formation  serpentineuse  »,  ne  semble  pas  non 
plus'  avoir  cherché  à  spécifier  duquel  d'entre  les  diffé- 
rents pyroxènes  il  s'agissait.  Enfin  M.  Pelatan  distingue,  en 
dehors  delà  «  serpentine  noble  *,  qu'il  nicnlkmne  comme 
relativement  rare,  des  «  serpentines  pierreuses  à  texture 
bien  homogène  »,  c'est-à-dire  sans  doute  des  péridotites 
uniquement  constituées  de  péridot  comme  nous  en  avons 
rencontré  des  exemples,  des  "  serpentines  à  bronzite  », 
oii  «  à  la  bronzite  se  substituent  quelquefois  des  masses 
lamellaires  d'un  gris  nacré  presque  blanc  d'enstatite  », 
et  enfin  des  «  serpentines  à  diallage  « ,  oti  celui-ci  apparaît 
en  K  lamelles  brillantes  et  lustrées  plus  spécialement  d'un 
vert  bouteille  ou  d'un  brun  verdâtre  ",  qui  pourraient 
bien,  d'après  nos  observations  répétées  sur  des  échantillons 
répondant  tout  à  fait  k  cette  définition,  n'être  que  de 
petits  cristaux  d'une  bronzite  plus  ou  moins  ferrifère. 


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TORHATIONS  GâOLO<3IQDB8   DB  LA   NOUVBLLE-CALBDONIE     55 

Du  reste^  M.  Lacroix  (*),  qui  a  examiné  un  certain 
nombre  de  roches  rapportées  par  M.  Pelatan,  ne  signale 
île  diallage  que  dauB  des.  liions  minces  de  gabbru,  et  men- 
tionne, au  contraire,  l'enstatlte-brouzite  comme  abondante 
<tan3  les  péridotites. 

Le  plus  souvent  les  roches  que  l'on  rencontre  sont, 
-comme  nous  l'avons  dit,  altérées  par  hydratation  et  perte 
d'uD  peu  de  magnésie,  le  péridot  2MgO,SiO^  passant  à 
l'antigorite  3MgO.2Si0^2H-O,  et  l'enstatite  MgO.SiO^ 
passant  au  talc  3MgO,4Si0^2H^O.  Dans  les  échantillons 
-od  l'altération  n'est  pas  très  profonde,  celle-ci  ne  se  ma- 
flifeste,  en  dehors  de  l'examen  microscopique  et  de  la 
teneur  en  eau  que  décèle  l'analyse  chimique,  que  par 
une  modification  de  la  teinte  :  la  diminution  de  transpa- 
rence des  éléments  cristallins,  péridot  principalement, 
donne  assez  promptement  à  la  masse  une  coloration 
d'ensemble  d'un  vert  souvent  très  foncé;  lorsque  les 
pyroxènes  sont  assez  fortement  chargés  en  fer,  ils  com- 
muniquent à  la  roche  une  tonalité  générale  bninfttre  avec 
reflets  bronzés  ;  d'autres  fois,  au  contraire,  lorsque  les  cris- 
taux d'enatatite  sont  abondants  et  quils  se  chargent  de 
lamelles  talqueiises,  ils  prennent  un  aspect  blanc  argenté 
qui  tranche  sur  la  coloration  vert  olive  plus  ou  moins 
foncée  de  la  pâte;  dans  des  échautilluns  plus  altérés,  ils 
prennent  une  couleur  rousse  due  à  l'oxydation  du  fer, 
mais  montrent  encore  le  clivage  caractéristique  des  py- 
roxènes.  Lorsque  l'altération  est  plus  avancée  encore,  et 
que  la  transformation  de  la  péridotite  en  serpentine  est 
-complète  ou  à  peu  près,  la  coloration  de  la  masse  rede- 
vient plus  claire,  variant  du  jaune  verdâtre  au  brunâtre 
■et  quelquefois  au  gris  pâle  ;  elle  est  souvent  zonée  de 
teintes  plus  foncées,  brunes  ou  bleues,  dues  en  général 
à  des  bandes  à  cristallisation  plus  nette  absorbant  plus  ou 

1')  toc.  cit.,  t.  I.  p.  550  et  SM. 


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5^      RICHESSES    MINÉRALES   DE   LA   NOCTELLE-CALÉDONIE 

moins  la  lumière;  la  roche  derient  relativement  tendre, 
sa  cassure  est  inégale  et  mate,  et  l'ensemble  apparaît  à 
rwil  nu  comme  complètement  amorphe,  on  n'y  distingue 
gt^néralemeut  plus  que  les  petits  cristaux  de  fer  chromé. 
Le  microscope  y  reconnaît  un  agrégat  confus  de  petits 
cri-;taus  d'anligorite  parfois  groupés  en  étoilement,  avec 
txiuvcnt  de«  zones  constituées  par  des  lamelles  de  talc. 
L*an;ilyse  de  tels  échantillons  se  rapproche  beaucoup  de 
l'analyse  typique  de  l'antigorite. 

L'n  échantillon  de  serpentine  gris  clair  légèrement 
veiné  de  bleu,  provenant  de  la  mine  Francia  près  de 
Népooi,  contenait  : 

Eau 13,W 

Silice 41,3 

Magnésie 38,84 

Protoxyde  de  fer 6,06 

Insoluble  'principalement  fer  chromé). . .        0,3 

D'une  faç()n  générale,  le  simple  essai  de  la  perte  au  feu 
rloniie  une  indication  assez  nette  sur  le  degré  d'altération 
des  TOches  :  tandis  que  la  péridotite  pierreuse  de  Népoui, 
dont  nous  avons  donné  l'analyse  ci-dessus,  ne  contenait 
pas  tout  à  fait  1/2  p.  tOO  d'eau,  une  collection  de  dis 
types  plus  ou  moins  altérés,  depuis  des  roches  assez 
fraîches  jusqu'à  des  serpentines  comme  celle  ci-dessus 
citée,  nous  a  donné  des  teneurs  en  eau  variant  de  5  à 
17,5  p.  100  et  se  rapprochant  le  plus  souvent  delOp.  100. 

Nous  définirons  donc  les  roches  qui  constituent  essen- 
tiellement la  grande  formation  serpentineuse  de  la  Nou- 
velle-Calédonie comme  des  péridotites  gi-enues  très  ma- 
gnésiennes et  peu  ferrifères,  plus  ou  moins  chargées, 
suivant  les  cas,  de  cristaux  d'un  pyroxène  uniquement 
furro-magnésien  passant  de  l'enstatite  à  la  bronzite.  Ce 
seraient  donc,  suivant  la  classification  de  M.  Rosenbuch, 
dos  Harzburgites  ;   on  y  rencontre  d'ailleurs  par  places, 


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FORMATIONS  aÉOI.OGIQOES    DE   LA   KODVELLB-CALÉDONIE      57 

mais  exceptionnellement,  dea  massifs  de  Dunite  (divine 
avec  fer  chromé  et  sans  pjroxène).  Ces  péridotites  pré- 
sentent le  pins  souvent  les  traces  d'une  altération 
avancée,  qui  comporte,  d'une  part,  la  transformation  plus  ou 
moins  complète  du  péridot  en  serpentine,  et,  d'autre  part, 
le  développement  de  lamelles  de  talc  aux  dépens  du  py- 
roiène.  Parfois  la  transformation  est  assez  complète  pour 
donner  lieu  à  de  véritables  serpentines,  uniquement  cons- 
tituées d'un  agrégat  de  cristaux  d'antigorite  avec  quelques 
paillettes  de  talc. 

Ces  roches  contiennent  d'ailleurs  toujours  un  peu  de 
manganèse,  de  nickel,  et  de  cobalt,  ces  métanix  paraissant 
faire  partie  intégrante  du  péridot  comme  de  l'enstatite; 
les  grains  de  fer  chromé  sont  abondants  dans  tous  les 
échantillons. 

Enfin  ces  roches  sont  assez  souvent  traversées  par  des 
filons  moins  basiques  :  M.  Garnier  et  après  lui  M.  Heur- 
tean  signalent  en  différents  points,  à  l'Ile  Ouen,  au  cap 
Deverd,  etc.,  des  filoiis  d'euphotide  (que  l'on  appellerait 
aujourd'hui  gabbro),  c'est-à-dire  de  roches  à  feldspath  et 
pyroxèno  ;  nous  avons,  d'autre  part,  trouvé  des  diorites 
tantôt  à  grain  fin,  tantét  à  très  grands  cristaux  de  horn- 
blende, au  milieu  de  différents  massifs  serpentineux. 

Quant  au  mode  de  gisement  de  ces  péridotites,  nous 
n'avons  pas  pu  l'établir  d'une  façon  certaine.  De  telles 
roches,  à  pâte  infusible,  et  présentant  une  cristaHisation 
à  grands  éléments,  sont  généralement  considérées  comme 
des  roches  qui  auraient  cristallisé  en  profondeur,  c'est-à- 
dire  qui  se  seraient  épanchées  en  masses  intrusives  dans  des 
terrains  enfoncésdans  ta  profondeur  du  sol ,  ou  qui  se  seraient 
insinuées  entre  les  différentes  assises  de  ces  terrains  ; 
elles  n'apparaîtraient  ensuite  au  jour  que  par  l'effet  de 
mouvements  orogéniques  et  d'érosions.  Te!  ne  parait 
guère  être  le  cas  en  Nouvelle-Calédonie.  Tout  d'abord, 


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'56  RI(»BS^S  UINBRALES  DE  LA  NOUVSLLB-Cii^DONIB 
toutes  les  fois  que  nous  avons  pu  observer  le  contact  des 
péridutitcs  et  des  assises  sédimentatres  sous-jacentes, 
nous  avons  vu  les  péridotites  reposer  sur  une  surface  plane 
ou  à  peu  près,  recoupant  nettement  les  bancs  et  leurs 
différents  plissements;  cela  n'indique  en  aucune  façon  une 
intrusion  ou  même  une  tendance  à  l'intrusion  suivant  des 
plans  de  séparation  facile,  mais  cela  manifeste  beaucoup 
plutôt  une  superposition  des  serpentines  au-dessus  d'une 
surface  d'érosion  des  différentes  strates  sédimentaires  ; 
c'est  d'ailleurs,  croyons-nous,  également  comme  cela  qu'il 
faut  comprendre  ce  qu'en  dit  M.  Piroutet  dans  la  courte  note 
•que  nous  avons  déjà  citée,  lorsqu'il  déclare  que  l'épan- 
cbement  des  serpentines  est  posténeur  non  seulement 
aux  dépdts  du  crétacé,  mais  encore  au  dernier  plisse- 
ment qui  a  formé  la  Nouvelle-Calédonie,  M.  Pelatan(*) 
les  considérait  déjà  comme  des  épancbements  débordant 
visiblement  au-dessus  des  terrains  stratifiés  qui,  u  loin  de 
paraître  soulevés  par  les  roches  magnésiennes,  semblent 
plutôt  plonger  sous  elles  et  en  être  recouverts  ».M.  Ueur- 
teau,  qui,  rappelons-le,  n'avait  pas  été  amené  à  examiner 
d'une  façon  particulièrement  détaillée  cette  formation 
serpentineuse,  dont  l'exceptionnelle  richesse  minérale 
n'était  alors  qu'à  peine  entrevue,  avait  cru,  ^i  contraire, 
que  les  formations  sédimentaires  s'appuyaient  sur  les 
serpentines. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  considérons  comme  établi  que 
les  péridotites  sont  venues  se  superposer  aux  terrains 
sédimentaires,  crétacé  compris,  et  recouvrir  la  surface 
qu'ils  montraient  au  jour.  Faut-il  dès  lors  les  considérer, 
comme  parait  le  faire  M.  Pelatan,  comme  de  puissantes 
coulées  éruptives,  au  même  titre  que  des  coulées  de  lave 
OH  de  basalte  ?  C'est  ce  que  nous  ne  saurions  dire  ;  ce  se- 
rait d'abord  contraire  aux  idées  généralement  admises  au 

(•)  Loe.  cU.,  p.  36  et  37. 


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TORUATIONB  OBOLOGIQUES  DE   LA   NOUVELLS-CALéDONlE     59 

-aDJetde  la  genèse  despéridotites;  en  outre,  nulle  part  nous 
n'avons  pu  obserrer  les  cheminées  par  lesquelles  ces  cou- 
lées seraient  venues  au  jour;  nulle  part  non  plus  nous 
n'avons  relevé  dans  leur  distribution  quelque  indication 
dans  ce  sens.  Nous  aurions  tout  d'abord  voulu  tirer  ensei- 
gnement de  l'étude  des  contacts  de  ces  péridotites  avec 
les  roches  sous-jacentes,  et  nous  y  avons  cherché  les 
traces  des  effets  calorifiques  qu'aurait  d(i  produire,  senible- 
t-il,  l'épanchement  de  nappes  aussi  puissantes  de  roches 
en  fusion  (rappelons  que  des  massifs  isolés  et  qui  sont 
sans  nul  doute  entièrement  constitués  de  péridotite, 
comme  le  Kaala,  le  Taom,  les  aiguilles  de  Muéo,  etc., 
s'élèveot  d'un  millier  de  mètres  au-dessus  de  la  surface, 
presque  horizontale  et  régulière,  par  laquelle  ils  reposent 
sur  les  sédiroentssous-jacents);  mais  nous  n'avons  relevé 
aucun  argument  décisif  à  ce  sujet.  La  présence,  au  voisi- 
nage de  la  limite  des  serpentines,  de  couches  antbraci- 
teuses,  alors  que  l'on  rencontre  ailieurs  des  rouches  de 
-charbon  du  même  âge  très  chargé  en  matières  volatiles, 
paraîtrait  pouvoir  être  un  argument  ;  mais,  d'une  part,  il  ne 
semble  pas  qu'il  y  ait  une  relation  constante  entre  la 
proximité  des  serpentines  et  la  pauvreté  du  charbon  en 
matières  volatiles,  et,  d'autre  part,  les  assises  crétacées 
qui  contiennent  le  charbon  sont  traversées  d'autres  roches 
^mptives,  orthophyres  ou  mélaphyres,  à  l'effet  desquelles 
on  peut  tont  aussi  bien  attribuer  la  transformation  locale 
■àa  charbon  en  anthracite,  si  l'on  croit  devoir  rapporter 
cette  transformation  à  une  action  calorifique. 

D'un  autre  côté,  en  examinantles  contacts,  nous  n'aviMis 
rien  relevé  de  net  comme  métamorphisme  des  schistes 
soae-jacents,  bien  que  M.  Piroutet  déclare  avoir  dûment 
constaté  en  quelques  endroits  l'existence  de  schistes  ser- 
pentineux  [Htivenant  de  dépôts  sédimentaires  métamor- 
j)hisés;  nous  avons,  au  contraire,  trouvé  àla  basede  cer- 
iains  manifade  péridotite  des  lits  de  roches  complètement 


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60      RICHESSES   MINÉKAI.ES   DE   LA   NonVEI.LB-CALBDONIB 

laminéea,  d'aspect  pailleté  ou  fibreux,  qui  étaient  consti- 
tuées de  fibres  de  serpentine  paraissant  s'être  développées 
aux  dépens  de  péridot,  tout  comme  dans  les  péridotites 
normales,  mais  qui  se  montraient  toutes  contournées,  ce 
qui  indique  que  la  roche  en  question  aurait  subi  un  effet 
de  laminage  après  serpentinisation.  Cela  ne  peut  guère 
s'expliquer  que  par  une  friction  énergique  de  la  roche 
déjà  serpentinisée  sur  son  socle  sédimentaire.  Faudrait-il 
y  voir  simplement  la  preuve  qu'il  y  a  eu  récemment  de 
petits  déplacements  de  ces  massifs  de  péridotite  sur  leur 
base  à  la  faveur  de  quelque  mouvement  sismique,  ou  ne 
pourrait-on  pas,  au  contraire,  y  chercher  l'indication  que 
ces  masses  de  péridotite  auraient  été  jetées,  après  solidi- 
fication souterraine  et  serpentinisation  plus  ou  moins 
avancée,  sur  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  par  l'effet 
d'une  sorte  de  charriage  au  cours  d'un  des  bouleverse- 
ments formidables  qui  ont  dû  affecter  cette  région  du  Pa- 
cifique ? 

Nous  n'oserions  pas,  d'observations  éparses  qui  n'ont 
pas  pu  être  faites  et  refaites  à  loisir  avec  un  contrôle 
ultérieur  sur  le  terrain  des  résultats  de  l'examen  des 
échantillons,  tirer  formellement  une  semblable  conclusion. 

Nous  tenons  seulement  à  attirer  l'attention  sur  ce  point, 
en  faisant  remarquer  combien  une  pareille  explication  de 
l'origine  des  péridotites,  rapprochée  de  ce  fait  certain 
que,  même  très  fraiches,  elles  renferment  toujours  une 
proportion  très  notable  de  nickel,  apporterait  un  argument 
décisif  en  faveur  de  l'origine  purement  superficielle  des 
gîtes  de  nickel.  C-es  gftes  seraient  dès  lors,  à  n'en  pas 
douter,  des  gites  de  sécrétion,  puisque,  pour  leur  attribuer 
une  origine  profonde,  il  faudrait  la  rapporter  à  des  venues 
filoniennes  qui  seraient  tout  à  fait  indépendantes  des  pé- 
ridotites et  qui  n'auraient  dès  lors  plus  aucune  raison  d'y 
être  indissolublement  associées. 

En  terminant  ce  qui  a  trait  aux  formations  qu'on  ren- 


zecbvGooglc 


FORMATIONS  GÉOLOGIQUES  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE     61 

contre  au  contact  des  serpentines  et  des  terrains  sédî- 
mentaires  sous-jacents,  noua  rappellerons  que  c'est  dans 
ces  formations  qu'ont  été  découvertes,  il  y  a  quelques 
années,  près  de  Koumac,  des  traces  d'huile  minérale. 

C.  —  Les  produits  de  l'altération  superficielle 

DES    PÉRIDOTITES. 

Après  avoir  décrit  les  péridotites  et  les  l'ocliea  serpenti- 
neuses  qui  en  dérivent  par  un  procédé  d'altération  en  somme 
mal  connu,  comportant  une  hydratation  sans  oxydation, 
puisque  tout  le  fer  reste  à  l'état  de  sel  ferreux,  il  nous  reste 
à  fournir  quelques  indications  sur  les  produits  qui  nous 
paraissent  devoir  être  rapportés  à  l'altération  superfi- 
cielle, avec  oxydation  cette  fois,  des  péridotites  et  ser- 
pentines, et  qui  recouvrent  une  large  portion  de  la  super- 
ficie occupée  par  la  formation  serpentineuse. 

Des  produits  d'altération,  généralement  bréchoïdes  et 
noyés  dans  un  magma  magnésien  complexe,  qui  occupent 
les  fentes  et  fissures  ouvertes  dans  la  roche  au  voisinage 
plus  ou  moins  immédiat  de  la  surface  ou  qui  en  empâtent 
les  blocs  superficiels  désagrégés,  nous  ne  parlerons  pas 
ici  ;  c'est  là  le  gisement  habituel  du  nickel,  et  nous  y  re- 
viendrons dans  la  suite.  Nous  ne  nous  proposons  de  faire 
connaître  pour  le  moment  que  les  formations  de  quartz 
carié,  les  argiles  rouges  ferrugineuses,  et  les  con<:rétion3 
magnésiennes. 

On  ne  peut  parcourir  aucun  des  massifs  serpentioeux 
de  la  colonie,  sans  rencontrer,  pour  ainsi  dire  k  tous  tes 
pas,  soit  recouvrant  les  pentes  douces,  soit  a'associant  aux 
blocs  rocheux  des  escarpements,  des  fragments  siliceux 
extrêmement  nombreux  et  d'aspect  caractéristique  :  ils 
se  présentent  soua  la  forme  de  débris  plus  ou  moins  volu- 
mineux d'un  réseau   parallélipipédique  de    cloisons  de 


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62      RtCHERSeS   MINEEtALES   DE   LA.  NOUVELLE-CALBDONIB 

quartz  cristallin  teinté  de  jaune;  iantAi  ce  ne  sont  que- 
deB  morceaux  ni»ius  de  plaquettes  quartzetnes  que  l'on 
peut  ramaaser,  tantôt  au  contraire  on  recueille  plskieurs 
de  ces  cloisons  assemblées  en  parallélipipêde,  et  soureat 
elles  renferment  encore  une  masse  brunâtre  plus  ou  moins 
désagrégée  chargée  d'oxyde  de  fer  et  de  magnésie.  SI, 
après  avoir  examiné  de  tels  fragments,  on  reporte  les 
yeux  sur  les  blocs  serpentineux  qui  afUeurent  au  voisi- 
nage et  qui,  bien  qu'exposés  aux  actions  atmosphériques, 
ne  sont  pas  encore  complètement  désagrégés,  on  voit  se 
dessiner  sur  leur  surface  une  sorte  de  damier  tracé  par 
des  iïlonnets  quartzeux,  à  l'intérieur  desquels  la  roche  se 
montre  plus,  ou  moins  profondément  altérée;  et  l'on  ne 
tarde  pas  à  comprendre  par  quoi  processus  les  agents 
atmosphériques  n'ont  laissé,  comme  restes  des  roches 
serpentiueuses  qu'ils  ont  démantelées,  que  des  squelettes 
quartzeux  après  avoir  emporté  plus  loin  le  fer  et  la  magné- 
sie. Il  apparaît  en  effet  comme  constant  que  le  premier 
effet  de  désagrégation,  qui  parait  affecter  les  péridutites 
fraîches  tout  comme  les  roches  serpentinisées,  mais  sans 
doute  pins  facilement  les  secondes  que  les  premières,  est 
une  sorte  de  craquellcment  ouvrant  dans  la  roche  des 
plans  de  flssnraliun  qui  y  dessinent  nn  réseau  parallélipi- 
pédique  plus  ou  moins  régulier.  Dès  loi-s  les  eaux  qui 
tiendront  à  imbiber  la  roche,  sous  l'effet  de  pluies  souvent 
extrêmement  abondantes,  dissoudront  peu  à  peu  le  quartz 
de  la  masse,  pour  le  déposer  ensuite  le  long  de  ces  fissures 
et  former  ces  sortes  de  cloisons  au  milieu  desquelles  il  ne 
restera  qu'une  masse  peu  consistante  de  fer  peroxyde  et 
de  magnésie,  pour  autant  que  cette  dernière  n'aura  pas 
été  dissoute  par  les  eaux  légèrement  chargées  d'acide 
carbonique  qui  ont  traversé  la  masse.  Lorsque,  ensuite,  ces 
têtes  rocheuses  viennent  à  se  démanteler,  il  s'en  détache 
des  plaquettes  quartzeuses  qui  tombent  sur  le  sol,  tandis 
que  les  eaux  courantes  entraînent  les  matières  ferrugi- 


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FORMATIONS  GBOLOGIQUES  DE  LA   NOUTRLLB-CALÉEKtNIS     63 

noDsea  et  quelque  peu  magnésiennes  qui  subsistaient  entre 
ces  plaquettes,  pour  aller  les  déposer  plus  loin  et  constituer 
ainsi  les  argiles  ronges,  dont  nous  avons  maintenant  k  faire- 
mention. 

Toutes  les  pentes  douces  qui  Se  développent  au  pied  des 
massifs  serpentineux,  et  toutes  les  surfaces  à  faible  pente 
qui  se  rencontrent  k  leur  sommet  ou  sur  leurs  arêtes  et 
leurs  contreforts,  sont  recouvertes  par  une  formation  rouge 
de  consistance  argileuse,  qui  présente  un  aspect  très  uni- 
forme dans  son  ensemble,  et  tout  àfait  car»cténsti(iue  des 
massifs  serpentineux  de  la  colonie.  Cette  formation,  qui 
recouvre  les  tètes  des  roches  serpentineuses,  partout  oit 
elle  a  pu  se  fixer,  soit  grâce  à  une  pente  naturelle  suffl- 
samment  faible  des  roches  soufi-jacentes,  soit  à  la  faveur 
de  quelque  dépression  dans  la  surface  de  ces  roches  for- 
mant une  sorte  de  vasque,  présente  souvent  nne  épais- 
seur de  plusieurs  mètres,  atteignant  même  plusieurs 
dizaines  de  mètres  au  centre  de  certaines  vasques  pro- 
fondément découpées.  Elle  se  montre  d'ailleurs  peu  homo- 
gène dans  son  ensemble,  constituée  par  des  Uts  successifs 
plus  ou  moins  bien  différenciés,  dont  la  coolenr  et  la  com- 
position varient  quelque  peu. 

Le  plus  généralement  elle  se  présente  sous  forme  d'une 
terre  grasse,  imperméable,  assez  plastique,  et  s'agglnti- 
nant  sous  la  pression,  avec  une  couleur  très  accentuée 
variant  du  jaune  rougeâtre  au  rouge  violacé  ;  examinée  de 
près,  elle  apparait  constituée  d'une  terre  rouge  emp&tant 
des  débris  divers,  parmi  lesquels  on  distingue  surtout  de 
petits  cristaux  de  fer  chromé  et  des  fragments  de  cristaux 
d'enstatite  altérée,  c'est-à-dire  les  restes  des  minéraux 
les  moins  facilement  attaquables  des  péridotites.  On  y 
trouve  parfois  des  lits  plus  ou  moins  complètement  cons- 
titués de  sable  quartzeux  jaune;  la  surface  en  est  géné- 
ralement recouverte  de  grains  ou  de  blocs  d'oxyde  de 


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64       RICHESSES    MINÉRALE»    OE    LA    NOUVBLLE-CALÉDOHIE 

fer;  quelquefois  les  grains  ferrugineux  se  concentrent 
en  outre  dans  certains  lits  intermédiaires  de  la  formation  : 
enfin  c'est  là  que  s'intercalent  les  gisements  de  fer  chromé 
d'origine  détritique  et  les  traînées  de  minerai  de  cobalt 
dont  nous  aurons  à  reparler,  de  même  que  les  amas  de 
blocs  et  de  grains  d'oxyde  de  fer. 

Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  la  composition  chi- 
mique de  ces  argiles  rouges  et  nous  en  donnerons  quelqucK 
analyses  (Voirci-après,  troisième  partie,  cliap.  m,  B).  Ce 
qu'il  importe  pour  lemoment  d'en  faire  connaître,  c'estqu 'on 
dehors  des  formations  minérales  accidentelles  .dont  nous 
venons  de  parler,  ou  des  débris  de  minéraux  que  nous  avons 
mentionnés,  elles  sont  essentiellement  constituées  par 
dn  sesquioxyde  de  fer  légèrement  chargé  d'oxydes  do 
manganèse,  de  nickel,  et  de  cobalt,  ou  même  de  chrome. 
Ces  oxydes  métalliques  interviennent  généralement  poul- 
ies 2/3  ou  les  3/4  dans  la  composition  du  mélange,  et  ils 
ne  sont  associés  à  de  ta  silice,  de  l'argile  et  de  la  magné- 
sie qu'en  proportion  toujours  assez  faible;  l'argile,  pai- 
exemple,  ne  constitue  pas  plus  de  quelques  centièmes  de 
la  masse. 

C'est  donc  à  tort  que  l'on  désigne  ces  formations  souk 
le  nom  d'argiles  ferrugineuses,  nom  qui  évoquerait  l'idée 
d'une  prédominance  de  l'argile  dans  la  composition  de  la 
masse  ;  néanmoins  cette  expression  rend  assez  bien  compta 
de  l'apparence  présentée  par  ces  masses  d'oxyde  de  fer: 
aussi  l'emploierons-nous  avec  les  auteurs  qui  l'ont  déjà 
décrite,  mais  eu  faisant  bien  remarquer  que  c'est  là  un 
terme  impropre. 

Une  telle  formation  nous  a  paru  avec  évidence  devoir 
être  regardée  comme  constituée  aux  dépens  des  serpen- 
tines désagrégées  parles  actions  atmosphériques,  et  comme 
résultant  du  transport  d'une  partie  de  leurs  éléments  par  les 
eaux  courantes.  M.  Heurteau  les  avait  déjà  considérées 
comme    étant    formées    aux    dépens    des    serpentines; 


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T0BMAT10N9  OÉOLOOIQUES  DE   LA    NOCVBLLE-CALKDONIE     65 

H.  Pelatan  (*),  tout  «n  reconnaissant  qu'elles  proviennent 
priacqialemeat  de  la  décomposition  nur  place  des  serpen- 
tines h  broDZite,  ajoute  que  cette  décomposition  a  dû  être 
proToquée  par  des  émanationt>  minérales  et  métallifères 
■et  être  accompagnée  du  départ  d'une  forte  proportion  de 
loagiiésie.  Cette  dernière  idée  est  d'ailleurs  à  peu  prèB 
«elle  qui  avait  été  émise  quelques  années  avant  la  publi- 
-cation  du  travail  de  M.  Pelatan  par  M.  LeTat("),  pour 
lequel  ces  argiles  rouges  seraient  des  dépAts  d'eaux 
thermales  ayant  dissous  en  profondeur  du  fer,  emprunté, 
pense^t-il^aux  roches  serpentineuses,  puis  ensuite  de  l'ar- 
gile, empruntée  k  des  schistes,  et  qui  auraient  alors 
déposé  à  la  fois  les  argiles  rouges  et  les  grains  ferru- 
gineux qui  lo9  recouvrent.  Pour  notre  part,  nous  ne 
Tojrais  pas  la  nécessité  d'invoquer  ici  des  venues  d'eaux 
^ermales  de  la  profondeur  et  des  phénomènes  de  dissolu- 
tion plus  ou  moins  compliqués;  nous  ne  voyonsdansla for- 
mation des  argiles  rouges  que  l'effet  du  transport  à  courte 
-distance  d'une  partie  des  élémenls  détritiques  provenant 
de  la  décomposition  superficielle  des  péridotites  :  celles-ci 
sont  constituées,  comme  nous  l'avons  dit,  essentiellement 
■de  silice,  de  magnésie  et  de  protoxyde  de  fer,  avec  acces- 
iioirement  de  petites  quantités  d'alumine,  d'oxyde  de  man- 
ganèse, et  d'oxydes  de  nickel  et  de  cobalt  :  si  l'on  admet 
que  les  eaux  superficielles  aient  pu  en  dissoudre  certains 
éléments,  puis  déposer  immédiatement  la  silice  sous  la 
forme  des  plaquettes  quartzeuses  que  nous  connaissons 
déjà,  entraîner  la  majeure  partie  de  la  magnésie  en  solu- 
tion sous  forme  de  chlorures,  sulfates,  ou  carbonates,  et 
laisser  le  fer  à  l'état  de  sesquioxyde  désagrégé  retenant 
■en   tout   ou  partie  les  petites  quantités   d'alumine    et 

t*)  Loe.  eil.,  p.  45. 

(**)  David  Levât.  Elude  sur  les  gisemenla  de  itickel,  de  cobalt  el  de 
chromt  de  la  Soueelle-CaUdonie  {Astociation  française  pour  J'nuonce- 
fntnl  des  acienct»,  GoDgrés  de  Toulouse.  1881). 


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06      RICHESSES   MINÉRALES   UE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

d'oxydes  de  manganèse,  de  nickel,  et  de  cobalt,  il  parait 
tout  naturel  d'admettre,  qu'une  fois  le  squelette  quartzeux 
des  roches  brisé,  ces  matières  désagrégées  aient  élé 
charriées  par  les  eaux  et  déposées,  soit  sur  les  pentes 
douces,  soit  dans  le  fond  des  vasques  formées  par  les 
roches  avoisinantes  ;  avec  ces  matières,  principalement 
ferrugineuses,  étaient  d'ailleurs  entraînés  soit  des  restes 
non  dissous  de  la  roche  même,  fragments  d'enstatile 
(miDéral  résistant  beaucoup  mieux  à  la  décomposition 
que  le  péridot)  et  de  fer  chromé,  soit  des  débris  des  pla- 
quettes quartzeuses  qui,  suivant  les  circonstances,  se 
répartissaient  dans  la  masse  du  dépôt  en  formation  ou  se 
concentraient  dans  des  lits  spéciaux.  En  même  temps, 
sous  l'effet  d'actions  chimiques  difficiles  à  préciser  mais 
t|ue  l'on  peut  cependant  imaginer,  certains  éléments  se 
dissolvaient  pour  se  précipiter  ensuite  dans  des  conditions 
spéciales  :  le  nickel  avec  la  magnésie,  pour  se  déposer  sur 
les  roches  et  dans  leurs  fentes  et  interstices  sous  la  fonne 
des  hydrosilicates  dont  nous  aurons  à  reparler;  le  cobalt 
avec  le  manganèse,  pour  conslituer  des  rognons  éparsdans 
l'argile  rouge. 

De  tous  les  éléments  dos  péridotites  ainsi  exposés  à  la 
dissolution  par  les  eaux  superficielles,  la  magnésie  est 
certainement  le  plus  sohihle  à  la  faveur  de  peliles  quan- 
tités d'acide  chlorhydriqne  ou  sulfurique,  ou  simplement 
tl'acide  carbonique;  il  u'o.^t  donc  pas  surprenant  que, 
bien  ((u'elle  soit  absolument  dominante  dans  les  roches 
serpentineusos,  elle  n'apparaisse  qu'en  petite  quantité 
dans  les  argiles  rouf^es,  et  qu'elle  ne  donne  lieu  qu'à  des 
formations  beaucoup  moins  importantes  que  la  silice  ou 
le  fer.  On  peut  d'ailleurs  constater  tous  les  jours  les 
importantes  quantités  de  magnésie  qui  sont  emportées  i 
la  mer  par  les  eaux  des  ton-enls  qui  descendent  des  mas- 
sifs serpentineux  ;  ces  eaux  cmitiennenten  effet  constam- 


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fORHATTONS  OéoLOGIQOES   DB   I,A   NOUVELLE-CALÉDONIE     67 

ment  une  proportion  très  notable  de  magnésie.  Néanmoins, 
soit  l'évaporation  naturelle,  soit  le  départ  de  l'acide  car- 
bonique à  la  faveur  duqueL  certaines  eaux  s'étaient 
chargées  de  bicarbonate  de  magnésie,  soit  un  effet  de 
précipitation  chimique,  amènent  dans  certains  cas  ledépAt 
d'une  partie  de  la  magnésie  ainsi  entraînée  :  on  le  cons- 
tate d'abord  dans  les  gisements  de  nickel  où  la  magnésie 
s'est  abondamment  précipitée  avec  ce  métal  ;  on  le  cons- 
tate ensuite  par  la  formation  d'enduits  blancs  plus  ou 
moins  importants  à  la  surface  du  sol  ou  le  long  de 
parois  rocheuses.  On  l'observe  enfin  par  la  rencontre 
d'effiorescences  do  carbonate  de  magnésie  ou  giobertite, 
qui  se  forment  souvent  au  pied  tlea  massifs  serpentineux 
au  contact  de  ceux-ci  et  des  terrains  sédimentaires,  peut- 
ôtre  par  suite  d'une  double  décomposition  chimique.  Ce 
phénomène  s'observe  avec  une  netteté  particulière  au 
pied  des  massifs  serpentineux  qui  bordent  la  côte  Ouest  : 
les  schistes  argileux  noirs  dos  plaines  qui  s'étendent 
outre  Koumac  et  A'' oh  sont  semés,  d'une  façon  spéciale- 
ment abondante,  de  ces  sortes  d'efflorescences,  souvent 
assez  épaisses,  de  carbonate  de  magnésie  très  pur. 

,\vec  l'énumération  des  produits  secondaires  dérivés  des 
pûridoUtes,  nous  avons  achevé  la  description  des  forma- 

i  lions  géologiques  de  ta  Nouvelle-Calédonie  :  on  peut, 
sans  exagération,  dire  qu'aucune  d'entre  elles  n'est  sté- 
rile au  point  de  vue  des  richesses  minérales;  les  terrains 
primitifs  renferment  une  partie  des  mines  de  cuivre  do  la 
colonie  et  quelques  traces  d'or;  aux  schistes  sédimentaires 
sont  associés  les  autres  minerais  de  cuivre  et  d'or  et 
quelques  métaux  divers  ;  les  assises  crétacées  renferment 
le  charbon;  enfin  la  formation  serpentineuse  contient  le 
nickel,  le  cobalt,  etle  chrome.  Nous  allons  chercher  à  don- 
ner successivement  une  idée  des  conditions  dans  lesquelles 
se  présentent  les  différents  gisements,   en  commençant 


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66      ai€H£3SB3  HiMBJULU  DE  LA  NûlTVBUf-OALÂDONlB 

par  les  derniers  énumérés  pour  respecter  l'ordre  d'impor- 
tance pratique;  ce  sont  d'ailleurs  les  seuls  exploitée 
aigourdtiui.  Nous  passeront!  ensuite  aux  métaux  divers 
dont  quelques-UDs  ont  été  exploités  autrefois,  et  enân 
TtouB  examinerons  le  ebarbon,  qui  n'a  jamais  été  ntilisé 


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DEUXIÈUE  PARTIE. 
LES   MIinES  DE  TXÎCSSL. 


CHAPITRE  PREMIER. 
LSS  MINERAIS  BE  HICUL  SE  NOUTELLE-CALËDORIE. 


Â.   —   I.fDICATIONS  QÉKÉBALES. 

PfiDdaat  de  longues  années  le  nickel  n'a  été  connu  dans 
le  monde  que  comme  un  des  métaux  relativement  rares 
se  rencontrant  acceasoirement  dans  les  filoDS  métalliiêres 
complexes  :  ses  minerais  étaient  des  sulfures,  ou  des 
salfo-arscniureBetantimoniureH,  tenant,  suivant  les  espèces, 
de  25  à  65  0/0  de  nickel,  et  se  présentant  en  petites 
quantités  disséminées  au  milieu  des  roineraiB  sulfurés  et 
Bulfo-arséniés  ou  antimoniée  de  l'argent,  du  cuivre,  du 
plomb  et  du  zinc.  On  avait  égalementexploitéen  Suède  et 
en  Amérique  des  sulfures  de  fer  et  de  nickel,  etdeschal- 
copyrites  nickelifères  plus  ou  moins  riches  en  nickel.  On 
ne  connaissait  guère,  comme  minerais  oxydés  du  nickel, 
que  les  produits  d'oxydation  de  ces  minerais,  c'est-à-dire 
lies  hydrocarbonaies,  arséniates  et  sulfates,  rencontrés 
(l'une  façon  exceptionnelle  au  chapeau  de  ces  âl<uis  com- 
plexes. On  avait  cependant  signalé  les  hydrosilicates, 
mais  seulement  au  point  de  Tue  miiiéralogique,  en  Silésie 
sous  le  nom  dePiméIite(15  p.  100denickel),etpliistarden 
Amérique  (Pensylvanie  et  Idalio),  puis  en  Espagne  près  de 
Malaga,  sous  le  nom  Je  Gentbite,  tenant  3â  p.  100  de 
nickel. 


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70      B1CHE.SSBS  MINÊR.\LES   DE   LA   NOCTELLE-CALÈOONIE 

La  Saxe,  la  Hongrie,  la  Suède,  le  Pieuioat  et  la  Pensjl- 
Tanie  élaieut  à  celte  époque  les  foiirnisseurs  uniques  des 
quelques  eentaînes  de  tonae.^  de  nickel  consommées  dans 
le  monde  entier. 

C'est  en  Nouvelle-Calédonie  que  les  hvdrosilicates  de 
nickel,  que  l'on  a  d'ailleurs  retrouvés  depuis  plus  ou  moins 
abondants  en  différents  autres  points  du  globe,  ont  été 
signalés  pour  la  première  fuis  comme  minerais.  M.  Gar- 
nier  mentionne  eneffet,  dans  son  rapport  de  1867 1*),  l'exis- 
tence, en  différents  points  de  lacolonie,  d'enduits  verts  ou 
d'imprégnations  vertes  sur  les  silicates  magnésiens  dont 
la  matière  colorante  est  le  nickel.  Quelques  années  plus 
lard,  le  professeur  Liversidge  de  Svdney,  y  distinguait 
deux  espèces  minérales,  la  Garniérite  et  la  Nouniéitc, 
que  l'on  tend  actuellement  à  réuuir  sous  le  seul  nom  de 
Gamiérile.  Lors  de  l'exploration  géologique  de  M.  Heur- 
teau  en  Nouvelle-Calédonie,  on  avait  déjà  constaté  la  pré- 
sence de  silicates  de  magnésie  plus  ou  moins  colorés  par  le 
nickel  en  un  certain  nombre  de  points  de  la  formation 
serpentineuse;  et  ion  venait  nu-me  de  découvrir,  au  mont 
Dore,  un  filon  de  l'°,2ô  de  puissance  rempU  pour  moitié 
environ  d'un  silicate  de  nickel  vert  ou  bleuâtre  qui,  trié 
avec  soin  pour  le  séparer  des  argiles  magnésiennes  inco- 
lores dans  lesquelles  il  était  empâté,  donnait  à  l'analyse 
la  composition  suivante  (")  : 

Gangue  qnarUeuM. . .  3 

Silice 41 

Alumine. 0.60 

Proloxyde  de  nickel. .  19       soit,  nickel  mélalliqae  :  14,95 

Magnésie 16,30 

Chaux traces 

Eau 20 

Total 99,90 

{•)  Loe.  cil.,  p,  SS  et  S6. 

(**)  Hechteau,  loc.  cit.,  p.  391-393. 


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LES   MINES  DE  NICKEL  71 

Depuis  lors  se  sont  multipliées  avec  rapidité  les  décou- 
vertes do  filons  et  fllonnets  de  silicate  vert  de  nickel  au 
milieu  des  serpentines  ;  ce  sont  ces  minerais  qui  ont  été 
d'abord  l'objet  des  exploitations,  et  c'est  sur  les  échantil- 
lons les  plus  pura  d'entre  eux  qu'ont  été  faites  les  déter- 
minations des  espèces  minérales  désignées  sous  les  noms 
de  Gamiérite  et  de  Nouméito  par  Liversidge,  et  qu'ontété 
exécutées  les  analyses  que  nous  citerons  ci-après. 

Ce  n'est  que  quelques  années  après  le  commencement 
de  ces  exploitations  que  l'on  s'est  aperçu,  qu'associés  aux 
silicates  verts,  existent  dans  beaucoup  de  gisements  des 
filonneta,  plaquettes,  ou  enduits  d'une  matière  presque 
aussi  riche  en  nickel  et  n'en  différant  guère  que  par  sa 
couleur,  qui  varie  du  brun  chocolat  foncé  au  jaune  bnm  ; 
cette  matière,  àlaquelle  a  été  donné  le  nom  de  nickel-cho- 
colat, a  dès  lors  été  tout  aussi  recherchée  que  le  nickel 
vert. 

A  mesure  que  les  exploitations  se  développaient  et  que 
les  essais  se  multipliaient,  on  apprenait  à  connaître  d'autres 
minerais  de  nickel,  les  uns  pulvérulents  ou  terreux,  tantôt 
d'un  vert  franc,  tantôt  tirant  sur  le  jaune  ou  le  brun,  les 
autres  présentant  tous  les  caractères  de  concrétions  sili- 
ceuses et  ne  s'en  distinguant  que  par  une  belle  coloration 
verte,  d'autres  enfin  de  consistance  argileuse,  tantôt  d'un 
vert  plus  ou  moins  foncé,  tantôt  très  pâles  et  néanmoins 
riches.  En  môme  temps  que  l'on  recueillait  avec  soin  les 
blocs,  morceaux  et  poussières  isolés  de  ces  minorais,  on 
exploitait  les  péridotites  auxquelles  ils  étaient  associés, 
et  qui  se  montraient  plus  ou  moins  criblées  de  filonnets 
de  ces  minéraux  ou  qui  en  retenaient  des  débris.  Ces  filon- 
nets  se  distinguaient  aisément  dans  les  roches  fraîches, 
tandis  que  dans  les  roches  altérées  ils  ne  se  laissaient 
plus  soupçonner  que  par  des  apparences  quelque  peu  incer- 
taines, que  seul  le  mineur  habitué  réussissait  à  reconnaître 
plus  ou  moins  bien,  mais  qu'on  a  ensuite  appris  à  déceler 


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72      RICHESSES  MINÉRALES  DB  LA  NOUTKLI.B-CAI^DOME 

par  l'analyse  chimîqae.  Dès  lors  l'exploitatioD  a  pu  porter 
également  sur  des  serpentines  complètement  altérées  k 
caractère  terreux  et  oti  aucune  trace  des  mmerais  que 
nous  venons  de  mentionner  n'eatplus  discernable;  elle  s'est 
enâaétenduepeuà  peu  à  des  matières  plus  friables  encore, 
c'est-à-dire  à  de  véritables  terres  dont  la  coloration  varie 
du  brun  rotigeàtre  an  brun  jaunâtre,  et  qu'il  est  à  peine 
possible,  dans  un  même  gisement  déterminé,  de  distinguer 
à  l'œil  des  terres  stériles  voisines,  une  fois  que  des  ana- 
lyses ont  permis  de  les  caractériser  par  leur  coloratioii,. 
par  leur  caractère  plus  ou  moins  grenu  ou  plus  ou 
moins  agglutiné,  parla  facilité  plus  ou  moins  grande  avec 
laquelle  elles  absorbent  l'humidité,  etr.. 

Ajoutons  que  tous  ces  minerais  sans  exception  se  ren- 
contrent, toujours  et  uniquement,  dans  les  massifs  depéri- 
dotite  ;  ils  ne  paraissent  pas  d'ailleurs  être  associés  spé- 
cialement à  tel  ou  tel  type  particulier  de  ces  roches,  oiï 
-  correspondre  à  un  degré  de  décomposition  on  de  serpenli- 
uisation  déterminé  ;  nous  en  avons  vu  des  gisements 
aussi  bien  dans  des  péridotites  très  fraîches  que  dans  des- 
péridutiles  fortement  serpentinisées,  de  même  que  nous 
en  avons  noté  la  présence  au  voisinage  dedunites  et  éga- 
lement dans  des  péridotites  chargées  en  enstatite; 
notons  néanmoins  que  c'est  dans  la  région,  pratiquement 
dépourvue  de  minerais  de  nickel,  de  la  baie  du  Sud  qu& 
nous  avons  trouvé  les  types  de  péridotite  les  plus  riches 
en  enstatite.  Le  minerai  de  nickel  est  d'ailleurs  toujours 
nettement  associé  aux  parties  superficielles  des  massifs 
de  péridotite,  c'est-à-dire  aux  parties  ayant  subi  les. 
altérations  dues  aux  agents  atmosphériques  :  c'est  ua 
point  sur  lequel    nous   reviendrons  en   détail. 


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LIS   MINKS  DE  mCKBL  73' 

B.  —  Différents  types  de  minerais  de  nickel 
va  LA  Nouvbllb-Caléoome. 

On  Toit  par  ce  qui  précède  qu'il  est  assez  malaisé  de 
décrire  les  différents  minerais  de  nickel  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  et  la  difficulté  d'une  semblable  description  est 
d'autant  plus  grande  que  l'on  peut  reucontrer  pratique- 
ment toQS  les  passages  d'un  type  à  l'autre.  Nous  essaie- 
rons cependant  de  donner  une  idée  de  ce  que  sont 
les  types  que  l'on  rencontre  le  plus  fréquemment.  Nous 
les  partagerons  tout  d'abord  en  deux  catégories  :  les 
minerais  qui  sont,  ou  qui  paraissent  tout  au  moins,  homo- 
gènes dans  l'ensemble,  et  r.eux  qui,  constitués  par  des 
portions  de  roches,  des  débris  de  roches,  ou  des  terres, 
sont  dos  masses  minéralisées  complètement  inhomogènes, 
et  sont  vraisemblablement  plus  ou  moins  chargés  des  pre- 
miers. Mais  ici  déjà  notre  distinction  est  quelque  peu 
arbitraire,  et,  si  elle  peut  avoir  une  certaine  utilité  pra- 
tique, elle  n'a  aucune  valeur  scientifique,  puisque  nous 
savons  parfaitement  que  l'analyse  chimique  ou  l'examen 
microscopique  montre  le  défaut  d'homogénéité  de  la  plu- 
part des  minerais  que  nous  classerons  dans  le  premier 
groupe. 

Parmi  les  minerais  homogènes,  ou  paraissant  tels,  nous 
distinguerons  ceux  qui  sont  compacts,  ceux  qui  sont 
pulvérulents,  ceux  qui  sont  quartzenx,  et  ceux  qui  sont 
argileux. 

Au  premier  et  au  second  types  appartiennent  aj^arem- 
fftent  les  seuls  minerais  véritablement  homogènes  et  les 
seuls  qui  constituent  une  ou  deux  espèces  minérales  dis- 
tinctes. 

La  Oarniérite  et  la  Nouméite,  entre  lesquelles  noua  ne 
savons  pas  établir  pratiquement  de  distinction,  vraisem- 


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74  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA.  NOCrBLLE-CALÉDONlE 
blablemeiit  parce  qu'elles  sont  le  plus  souvent  mélangées 
en  proportion  quelconque,  à  supposer  qu'elles  constituent 
bien  «ieux  espèces  distinctes,  sont  décrites  (*)  comme  des 
minéraux  amorphes,  de  f^hle  dureté  (2  à  3),  friables, 
s'écaillant  aisément,  ternes  ou  à  éclat  gras,  de  densité 
2,87  (Damour),  d'une  couleur  variant  du  vert  pomme  au 
vert  pâle  ctparfois  presque  au  blanc,  onctueux  au  toucher, 
et  happant  quelquefois  à  la  langue  ;  ils  répondraient,  sui- 
vant M.  Lacroix,  à  la  formule  H'*'(NiMg)8SiW,  où  le 
nickel  et  la  magnésie  peuvent  s'échanger  en  toutes  pro- 
portions ;  en  supposant  le  rapport  —  égal  à  -'  la  composi- 
tion centésimale  serait  la  suivante  : 

Silice 41,8 

Oityde  de  nickel 22,2 

Magnésie 19,8 

Eau 16,2 

La  teneur  niaxima  en  oxyde  de  nickel  pourrait 
atteindre  48,6  p.  100.  Nous  donnerons,  avec  M.  Lacroix, 
les  analyses  suivantes  de  sept  échantillons  provenant  de 

différents  points  de  la  Nouvelle-Calédonie  : 

12  3  4  5  6  7 

SiO> 42,Ci  35,45  44,10  37,78  38,35  37,49  47,90 

NiO 21,91  45,13  38,61  33,91  32,52  29,72  24,00 

MrO 18,27  2,47  3,45  10,66  )0,6I  14,97  12,51 

AlîQS  +  FeW.  0,89  0,50  1,68  1,S7  0,55  0,11  3,00 

FeO ..  »  0,43 

CaO ..  "  1,07  ..            «  «  trace 

H»0 15,40  15.55  10,34  15,83  17,97  17,60  13,73 

99,08  99,12  99,08  99,75  100  99,89  100,14 

Au  microscope,  la  nouméite  présente  la  structure  delà 
calcédoine    avec    une    disposition    sphérolitique  plus  ou 

{*)  T/ie  Si,3lem  ofMineralog'j,i.  D.  Dana,6-  édilion,  18n2;  —  et  Lacboix. 
Minéralogie  <le  li  Franceel  de  set  colonies,  t.  1,  p.  4:<B  et  suiv. 


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LES    MINES    DE    NICKEL  75 

moins  iiarfaite;  la  garniérite  se  montre  cryplo-oristalline 
ou  amorphe. 

Depuis  la  découverte  de  la  garniérite  en  Nouvelle- 
Calédonie,  elle  a  été  rencontrée,  dans  des  gisements 
tout  à  fait  analogues,  dans  l'Orégon  et  dans  la  Caroline 
du  Nord.  Dana  donne  des  minerais  du  premier  de  ces 
gisements,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Gentbite,  les 
analyses  suivantes  : 

1  2  3 

SiO' 48.21  40,55  44,73 

NiO 23,88  29,66  27,57 

MgO 19,90  21,70  10,58 

Al*03  +  Fe»03..  1,38  1,33  1,18 

H*0 6,63  7  15,86 

La  composition  de  ces  minerais  diffère  donc  peu  de 
celle  de  certains  types  de  la  Nouvelle-Calédonie  ;  cepen- 
dant les  échantillons  analysés,  qui  étaient  sans  doute 
choisis  parmi  les  plus  riches  rencontrés,  sont  notable- 
ment moins  riches  en  nickel  que  plusieurs  de  c«ux  prove- 
nant de  notre  colonie. 

Ces  minerais  verts  apparaissent  tantôt  en  filonnets  rem- 
plissant intégralement  la  largeur  d'une  cassure  ou  d'une 
fente  de  la  péridotite,  tantôt  en  enduits  écaiUeux  sur  les 
parois  de  ces  roches,  d'autres  fois  en  concrétions  plus  ou 
moins  mamelonnées  et  en  croûtes  très  évidemment  dépo- 
sées par  les  eaux,  affectant  souvent  en  particulier  la  dis- 
position eu  nids  d'abeilles  typique  des  dépôts  de  sources 
geysériennes .  Ce  sont  ces  minerais  qui  sont  connus 
comme  empi!ltant  parfois  des  restes  d'insectes.  ^ 

La  coloration  verte  de  ces  minerais  parait  varier  plus 
largement  encore  que  ne  le  mentionnent  les  descriptions 
d'échantillons  minéralogiques  ;  elle  passe  du  vert  pomme 
vif  au  vert  foncé  et  même  parfois  à  un  vert  sombre 
presque  noïr,  résultant  d'une  association  intime  de  minerai 
vert  foncé  et  de  minerai  brnn  foncé  ;  d'autres  fois,  au  con- 


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76      RICHESSE»   MINÉRALES   DE   L*  NODVELI.E-CALÉDOMIE 

traire,  la  couleur  s'éclaîrcit,  devient  vert  d'eas  et  atteint 
même  le  blanc  par  une  suite  continue  d'intermédiaires  de 
moins  en  moins  riches  en  nickel;  c'est  ainsi  que,  dans  les- 
péridotites  rocheuses  des  «  grandes  crêtes  ■>  de  la  mine 
Kataviti,  nous  avons  trouvé,  au  voisinage  les  uns  des  autres^ 
plusieurs  âlonneta  dont  le  remplissage  variait  insensible- 
ment, souvent  dans  le  même  âluunet,  depuis  la  garniérite 
à  haute  teneur  du  vert  vif  le  plus  caractéristique  jusqu'à 
un  silicate  presque  parfaitement  blanc,  ressemblant  beau- 
coup à  lastéatite,  mais  tenant  encore  9,5  p.  100  de  nickel. 

Ajoutons  que  très  souvent  des  teintes  bleu  violacé  pâle 
s'associent  aux  teintes  vertes  de  ces  minerais  ;  c'est 
lorsqu'ils  sont  constitués  par  des  concrétions  empâtant 
des  matières  étrangères,  lesquelles  sont  généralement  des 
fragments  de  péridotite  de  couleur  foncée.  Ces  teintes 
sont,  comme  nous  l'avons  constaté,  dues  à  des  pellicules 
très  minces  de  garniérite  déytosées  sur  les  noyaux  rocheux 
de  couleur  foncée;  la  coloration  verte  propre  à  la  garnie- 
rite  se  trouve  alors  altérée  par  la  translucidité  de  la 
matière;  mais  les  pellicules  détachées  reprennent  lotir 
couleur  verte  et  présentent  tous  les  caractères  de  la  gar- 
niérite. 

Tous  les  minerais  verts  sont  soiubles,  difficilement,  mai» 
entièrement,  dans  l'acide  chlorhydrique  bouillant. 

Le  minerai  «  chocolat  »  se  présente  surtout  en  fiio»- 
ncts,  s'associant  souvent  au  minerai  vert  et  alternant  fré- 
quemment avec  lui  dans  les  zones  successives  d'un  même 
remplissage;  il  apparaît  également  en  enduits  ayant  une 
tendance  particulière  k  s'écailler,  et  plus  rarement  en 
concrétions  mamelonnées.  Dans  les  échantillons  typiques 
et  foncés,  il  présente  un  éclat  cireux  assez  vif ,  d'autres  fois 
il  est  terne  et  pourrait  aisément  se  confondre  avec  des 
matières  ocreuses  stériles;  mais,  frotté  avec  l'ongle,  il 
reprend    son  éclat,  et  c'est  là  nn  caractère  qui  le  décèle 


1 


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LES  HINB8  DB   IflCKKL  77 

arec  ceHîbide.  Sa  couleur  varie  du  brun  chorcrfat  foncé 
a»  brtiR  jatme  clair;  it  ne  présente  qu'une  dureté  de  2 
à  3,  se  polissant  souvent  à  l'ongle  ;  il  est  cassant  et  friable; 
sa  densité  n'est  que  de  2,4S  ;  souvent  il  présente  un  aspect 
bien  homogène,  mais  d'autres  fois  il  a  une  rassure  terreuse, 
et  on  constate  qull  emp&te  de  petits  grains  d'^osyde 
ide  fer  routés  ou  de  petits  cristaux  de  fer  chromé. 

A  l'analyse  chimique,  son  inhoraogénéité  apparaît  bien 
nette,  comme  l'a  constaté  M.  Moore  {*),  qui  le  considère 
comme  un  agrégat  de  garniérite,  de  stéatite,  de  quartz, 
de  sesquioxyde  de  fer  et  de  chromite  ;  ce  chimiste  a 
d'ailleurs  signalé  que,  traité  par  l'acide  chlorhydrique 
étendu,  il  laisse  dissoudre  ia  majeure  partie  de  son  fer 
et  une  faiblir  partie  seulement  du  nickel  qu'il  contient, 
et  qu'il  donne  lieu  à  un  résidu  vert.  Nous  avons  répété 
cette  observation  et  constaté  que,  pour  du  minerai  clu>- 
colat  réduit  en  poudre  âne,  la  transformation  est  rapide- 
ment complète,  tandis  que,  pour  du  minerai  en  fragments, 
celle-ci  ne  se  produit,  sans  autre  altération  d'ailleurs, 
que  sur  une  faible  épaisseur  (quelques  dixièmes  de  milli- 
mètre) à  la  périphérie,  et  ne  se  propage  ensuite  à  l'inté- 
rieur des  fragments  que  fort  lentement;  la  matière  verte 
ainsi  produite  présente  tous  les  caractères  de  la  garnie- 
rite,  comme  aspect,  comme  composition  chimique,  et 
même  comme  propriétés  optiques  dans  les  rares  fragments 
qui  se  montrent  cristallins. 

Réduits  en  plaques  minces  et  examinés  au  microscope, 
ces  rainerais  conservent  une  coloration  brun  rouge, 
passant  au  jaune  doré  dans  les  plus  minces  esquilles, 
mais  en  ne  laissant  distinguer  qu'un  agrégat  de  fragments 
amorphes  plus  ou  moins  colorés  par  l'oxyde  de  fer;  c'est 
du  moins  ce  que  l'on  observe  dans  les  échantillons  d'as- 
pect bien  homogène. 

i*)  Chemical  Sev.-'s,  1894. 


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'9      RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

La  composition  chimique  des  minerais  chocolat  varie 
très  sensiblement  d'un  échantillon  h  l'autre,  comme 
d'ailleurs  leur  coiilenr  et  leur  consistance  ;  les  analyses 
faites  par  M,  Moore,etque  nous  reproduisons  ci-dessous, 
montrent  entre  quelles  limites  elle  oscille  généralement; 
la  couleur  des  échantillons  analysés  variait  du  brun 
chocolat  foncé  (échantillon  n°  1)  à  l'ocre  jaune  (échan- 
tillon n°  6). 

12                  a  4               a               G 

SiO* 33,"û  37,05  24,23  34,55  48,25  26,18 

Fe*0» 19,09  16,93  42,90  10,tO  18,40  25,17 

Al'Qï 1,40        0,63            »  0,21  0,10          » 

NiO 31 ,28  17,36  24,S8  41 ,31  24,67  27,61 

MgO 3,22  16,03            «  2,23          -            6,47 

MnO 0,20  Néant  0,17  0,23          "  0,23 

CaO 0,63        0,48          0,12  0,22        0,48  0,18 

H*0 9,21  10,51           8,48  8,64        7,33  B,64 

Fer  chromé.  1,20        1,21          0,25  0,20  0,62  4,11 

On  remarquera  que  dans  tous  les  échantillons,  sauf  le 
numéro  ô,  la  somme  des  quantités  d'oxyde  de  nickel  et  de 
magnésie  d'une  part,  et  la  quantité  de  silice  d'autre  part, 
sont  entre  elles  dans  un  rapport  correspondant  à  peu  près 
il  la  composition  de  la  garniérite  ci-dessus  indiquée,  c'est-à- 
dire  que  la  quantité  de  protoxydes  est  un  peu  plus  forte 
que  colle  qui  constituerait  un  hisilicate  ;  ils  sont  relative- 
ment peu  chargés  en  eau.  Il  semble  donc  que  les  minerais 
chocolat  puissent  6tro  considérés  comme  constitués  par  de 
la  garniérite,  généralement  riche  en  nickel  et  pauvre  en 
magnésie,  qui  aurait  été  comme  imbibée  de  sesquioxyde  de 
fer,  lequel  ne  lui  serait  pas  chimiquement  incorporé,  puis- 
qu'il peut  Hre  dissous  sans  altérer  la  garniérite.  Au  point 
dp  vue  pratique,  les  minerais  chocolat  sont  fort  intéres- 
-sauts  eu  raison  de  leur  faible  teneur  en  magnésie,  com- 
pensée par  une  forte  teneur  en  fer. 


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LBS   MINES   DE  NICKEL  79 

Comme  minerais  pulvërulents,  nous  n'avons  recueilli 
que  (les  échantillons  verts  ;  les  minerais  pulvérulents 
d'autres  couleurs,  s'il  en  existe,  échappent  à  l'observation, 
mélangés  qu'ils  sont  aux  matières  terreuses  complexes  de 
même  coloration,  qui  accompagnent  généralement  les  gise- 
ments de  nickel  :  nous  avons  trouvé  des  échantillons  de 
ces  poudres  vertes  dans  les  iuterstices  de  blocs  altérés 
de  serpentine  an  miHeii  des  magmas  complexes  qui 
sont  exploités  pour  nickel;  souvent  ces  échantillons 
étaient  associés  à  des  fragments  menus  de  gamiérite 
et  de  silicates  magnésiens  divers;  mais  parfois  ils  se 
présentaient  seuls.  Nous  en  avons  recueilli  de  petites 
quantités  à  la  mine  Young  Australia  dans  la  vallée  de  la 
rivière  Comboui,  à  la  mine  Union  a  Ganala,  et  aux  carrières 
Pierrette  de  la  mine  Reis  n°  2  îi  Népoui.  Un  échantillon, 
particulièrement  homogène  et  pur,  de  cette  dernière  mine 
se  montrait  constitué  par  une  poudre  nettement  cristalline, 
"ayant  des  propriétés  optiques  parfaitement  définies  ot 
voisines  de  celles  de  certaines  chloritea;  il  était  d'une 
couleur  d'un  vert  clair  cendré,  et  avait  la  composition 
cliimique  suivante  : 

Silice 34,2 

Protoxyde  de  nickel.  4*,"; 

Magnésie 3,4 

Alumine 4 

Sescjuioxyde  de  fer..        0,5 

Chaux ;.        0,6 

Perte  nu  feu  feau), ..  12,3  apri'S  dessiccation  légùre  prL'aiabi« 

Cette  composition  se  rapproche  assez  de  la  formule 
dounée  par  M.  Lacroix  pour  la  garniérite,  mais  avec 
absence  presque  complète  de  magnésie  ;  elle  diffère  peu 
de  celle  qu'indique  l 'analyse  n"  2  que  nous  avons  rapportée 
ci-dessus  (p.  74)  ;  mais  les  propriétés  optiques  de  ce  miné- 
ral sont  nettement  différentes  de  celles  <ie  la  garniérite, 
ce  qui  ferait  supposer  qu'il  s'agit  là  d'une  espèce  nouvelle. 


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80      RICHESSES   MINERALES   DE   LA   KOCVELLE-CALEDOMIE 

■qoi  parait  d'aiUeurs  aafâsamment  rare  pour  ne  préseoter 
Cju'uit  intérêt  piiroment  minéralo^que. 

Lee  miaerais  que  nous  séparons  sous  le  nom  de  mine- 
rais quarLzeux  sont  ceux  qui  se  présentent  sous  la  forme 
(le  rogooQS  ou  de  concrétions  au  toucher  rugueux,  avec 
une  cassure  à  éclat  souvent  cristallin,  et  avec  une  dureté 
de  7,  tous  caractères  qui  en  fout  plutôt  des  quartz  colorés 
par  le  nickel  que  de»  minerais  de  nickel  ;  ils  sont  d'ailleurs 
généralement  assez  pauvres,  et  d'autant  plus  décevants 
pour  le  mineur  que  le  quartz  se  colore  vivement  en  rert 
poui'  des  teneurs  en  nickel  relativement  très  faibles.  Ces 
échantillons  constituent  souvent  ce  qu'on  appelle  des 
minerais  «  peinU  ».  L'un  d'eux,  d'une  coloration  tout 
aussi  foncée  que  les  meilleures  garniérites,  et  qui  pro- 
venait du  massif  du  Koungouhaou,  nous  a  donné  à  l'ana- 
lyse la  composition  suivante  : 

Silice 66,6 

Sesquioxyde  de  fer  et  alumine  ...  3,6 

Magnésie 8,5t 

Oxyde  de  nickel 12,00 

Eau 8,8 

ce  qui  correspond  à  une  teneur  en  nickel  de  9,4  p.  100. 

Nous  qualifions  argileux  des  minerais  qui  devraient 
plutôt  être  désignés  sous  le  nom  de  rainerais  plastiques,  en 
raison  de  leur  état  physique  :  ils  constituent  en  effet  une 
pâte  inconsistante,  grasse  au  toucher,  plastique,  et  absor- 
bant facilement  l'humidité.  Ils  sont  parfois  talqueux,  se 
montrant  plus  ou  moins  nettement  constitués  d'une  infinité 
de  petites  paillettes  analogues  au  talc  ;  d'autres  fois  ils 
forment  une  pâte  paraissant  bien  homogène  à  l'œil  nu. 
Leur  coloration  est  toujours  claire  à  sec,  variant  du  vert 
pâle  au  vert  d'eau  presque  blanc  ;  mais  ils  verdissent  à 
l'humidité  ;  leur  teneur  est  néanmoins  souvent  élevée  : 


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LBS   MINES   0£   NICKKL  81 

c'est  d'ailleurs  ua  fait  coDsIant  qu'une  inêiiic  proportion 
de  nickel  communique  à  un  minerai  pauvre  en  silice  et 
relativement  riche  en  mag;nésie  et  alumine,  une  coloration 
verte  incomparablement  moins  intense  (ju'à  un  minerai 
siliceux.  Nous  avons  ramassé  de  tels  échantillons,  mais 
généralement  dans  des  poches  d'étendue  restreinte,  dans 
plusieurs  mines. 

L'un  d'eus ,  qui  provenait  des  carrières  Hélène  à  Népoui, 
était  à  sec  d'un  vert  d'eau  pâle  à  peine  plus  coloré  que 
l'échantillon  à  aspect  de  stéatite  qui  tenait  9,ô  p.  100  de 
nickel  ci-dessus  cité  (p.  76),  et  beaucoup  plus  clair  que 
l'échantillon  quartzeux  que  nous  venons  de  mentionner  ;  il 
indiquait  ii  l'analyse  la  composition  suivante  : 

Silice 34,8 

Sesquioxyde  de  fer 1,9 

Alumine 3,S 

Magnésie 4,10 

Oxyde  de  nickel 42,1 

Eau 13,18 

Cet  échantillon  était  d'ailleurs  presque  uniquement 
constitué  de  plaquettes  microscopiques  de  garniéritc,  liées 
par  une  petite  quantité  d'une  pâte  blanchâtre  magnésienne 
et  alumineuse;  en  dissolvant  cette  pâte  dans  un  peu 
d'acide  chlorhydrique  1res  étendu,  on  faisait  apparaître 
très  nettement  la  coloration  vert  vif  de  la  ganiiérite,  dont 
le  microscope  distinguait  alors  aisément  les  fragnienls 
accompagnés  J*un  peu  des  poudres  vertes  que  nous  avons 
signalées  ci- de  s  sus. 

D'autres  échantillons  à  aspect  argileux,  connus  comme 
moins  riches  en  nickel,  paraissent  de  même  Hre  com- 
posés d'une  pâte  argileuse  et  magnésienne  englobant 
des  paillettes  de  minerais  plus  ou  moins  riches.  Il  n'j-  a 
donc  dans  ces  minerais  argileux  rien  de  spiVial  au  point 
de  vue  minéralogique . 


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8S      RICHESSES    MrNÉR&LBS    DE   LA  IfOUVBLLB-CALÉDONIB 

Les  masses  inbomogènes  minér^sées  par  le  nickel, 
qui  constitnent  ce  que  l'on  exploite  pratiqaenient  et  cou- 
ramment, peuvent  Hre  rattachées  k  quatre  types  princ»- 
paox,  dont  la  distinction  est  souvent  encore  plus  difficile 
à  faire,  lorsqu'on  se  trouve  en  face  des  gisements,  que  celle 
des  dJfTérents  types  de  minerais  qae  nous  venons  d'in- 
diquer. 

{«es  types  que  non»  distinguerons,  et  que  nous  allons- 
essayerde  caractériser,  sont  :  les  masses  à  caractère  filo- 
nien,  les  masses  bréchoïdes,  les  masses  de  s^^ntine 
altérée  imprégnée  de  nickel,  et  enfin  les  terres  nickeli— 
fères. 

Les  masses 'filonîennes  se  rencontrent  généralement  air 
milieu  de  péridotites  plus  ou  moins  serpentinisées,  mai» 
de  caractère  rocheux  encore  bien  net,  dans  lesquelles 
s'ouvrent  des  cassures  minéralisées,  ces  cassures,  d'épais- 
seurs très  variables,  et  dont  nous  cbercberons  ultérieure- 
ment à  préciser  la  nature  géologique,  sont  souvent  suffi- 
samment minces  pour  être  entièrement  remplies  d'une 
seule  veinule  de  minerai  vert  ou  de  minerai  cbocolat; 
d'autres  fois  elles  sont  un  peu  plus  larges  et  comprennent 
plusieurs  zones  de  minerais  de  couleurs  variées  dans  les 
teintes  vertes,  bleuâtres  ou  brunes;  parfois  enfin  leur  lar- 
geur est  telle  qu'elles  contiennent  non  seulement  ces 
minerais,  mais  encfire,  emp&tés  par  eux,  des  fragments 
bréchoïdes  de  la  roche  encaissante;  fréquemment,  lorsque 
la  cassure  est  large,  elle  n'est  pas  entièrement  remplie, 
et  les  vides  qui  y  subsistent  sont  tapissés  de  ces  concré- 
tions de  minerai  vert  dont  nous  avons  signalé  déjà  le 
caractère  très  net  de  dépôts  de  solutions.  Mais  généra- 
lement la  minérahsalion  ne  se  limite  pas  k  un  nombre 
plus  ou  moins  grand  de  telles  cassures  :  tout  d'abord 
celles-ci  se  ramifient  très  souvent  par  des  cassures 
transversales  également  envahies  de  silicates  de  nickel. 


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liBS  UINE3   DB   NICKEL  83 

et  ensuite  la  péridotite  elle-même  est  imprégnée  de 
nickel  sur  une  épaisseur  pins  ou  moins  grande  à  par- 
tir des  bords  de  la  fente.  Tantôt  la  surface  de  la  roche 
a  subi  ce  craquellement  en  damier  dont  nous  avons  déjà 
signalé  la  facilité,  et  laroche  s'est  trouvée  comme  incrustée 
d'un  réseau  vert,  qui  suffit  &  lui  donner  sur  une  certaine 
épaisseur  une  teneur  en  nickel  de  plnsieurs  unités  pour 
cent;  d'antres  fois  les  lèvres  de  la  cassure  sont  entière- 
ment transformées  en  une  matière  quia  l'éclat  et  la  cou- 
leur vert  foncé  d'une  serpentine  noble,  mais  qui  contient 
également  du  nickel  en  plus  ou  moins  forte  proportion  : 
snivant  l'importance  de  cette  pénétration  du  nickel  dans 
les  roches  on  est  amené  à  considérer  comme  minerai  une 
plus  OH  moins  grande  portion  de  celles-ci.  Lorsque  les 
cassures  qui  s'y  ramifient  sont  suffisamment  nombreuses  et 
suffisamment  larges,  la  masse  tout  entière  de  la  roche  peut 
être  bonne  à  exploiter;  d'autres  fois,  des  différents  mor- 
ceaux de  péridotile  que  séparent  ces  cassures  disposées 
en  toussons,  le  noyau  seul  est  stérile,  tandis  que  toute  la 
périphérie  est  bonne  à  fondre.  Quelquefois,  au  contraire, 
on  a  affaire  à  une  cassure  plus  nette  et  plus  large  dont 
on  n'exploitera  que  le  remplissage  et,  sur  quelques  déci- 
mètres, les  épontes  plus  ou  moins  bien  définies.  La  miné- 
ralisation des  ca.'isitres  larges  et  franches  a  gt-uéralement 
une  certaine  permanence  en  direction  et  en  profondeur; 
colle  des  réseaux  de  cassures  minces  n'est,  au  contraire, 
riche,  tant  par  l'abondance  des  cassures  que  par  la  na- 
ture même  du  remplissage,  qu'au  voisinage  immédiat 
de  la  surface  actuelle  du  sol.  L'ensemble  des  blocs  de 
péridotitesillonnésparcescassures  et 'des  matières  qui  les 
remplissent  constitue  ce  que  l'on  appelle  couramment  des 
«  minerais  de  blocage  ». 

Lorsqu'on  examine  au  microscope  ce  type  de  minerais 
rocheux,  on  constate  un  mode  d'altération  de  la  péridotile 
peu  différent  de  la  serpentinisation  habituelle;  les  grains 


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84      RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA  NODVELLE-CALÉDOMtE 

de  péridot  se  montrent  craquelés  et  envahis  d'un  réseau 
de  produits  secondaires  ;  mais  ici  ce  réseau,  au  lieu  d'être 
constitué  par  de  la  serpentine  offrant  généralement  une 
cristallisation  confuse,  est  rempli  d'une  matière  qui,  en 
lumière  naturelle,  se  montre  d'un  vert  jaune  clair,  et 
qui,  en  lumière  polarisée,  parait  complètement  amorphe  : 
c'est  vraiseniblablenienl  de  la  gumicritc  ;  ou  y  voit  égale- 
ment des  Xacules  brunes  opaques  et  amorphes,  qui  sont 
sans  doute  du  minerai  chocolat. 

Au  point  de  vue  chimique,  ces  minerais  offrent  la  com- 
position d'une  péridotite  plus  ou  moins  serpentinisée,  c'est- 
à-dire  qu'ils  contiennent  en  gros  de  10  à  \ô  p.  iOO  d'eau, 
W  p.  iOO  de  silice,  5  à  10  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer 
et  35  à  40  p.  lOO  de  magnésie,  cette  composition  étant 
modifiée  par  l'addition  d'une  plus  ou  moins  gi-ande  quan- 
tité des  minerais  de  nickel  dont  nous  avons  indiqué  ci- 
dessus  la  composition  ;  ces  minerais  filonions  sont  donc 
très  magnésiens  et  peu  ferreux. 

Les  masses  bréchoïdes  se  rencontrent  parfois,  à  cftté 
des  masses  filoniennes,  dans  les  cassures  importantes  de 
la  péridotite,  mais  elles  se  présentent  surtout  au  voisinage 
de  la  surface,  remplissant  les  intervalles  que  laissent 
entre  eux  les  blocs  démantelés  de  la  roche.  Dans  ces 
masses  on  rencontre  non  seulement  tous  les  types  de 
minerais  que  nous  avons  essaye  de  définir  ci-dessus, 
mais  encore  une  série  de  matières  stériles  :  ici  certains 
blocs  sont  recouverts  d'une  pellicule  ou  d'une  croûte  de 
silicate  vert  et  sont  partiellement  injectés  de  nickel  à 
leur  périphérie,  ainsi  que  nous  l'avons  dit;  là  il  s'ouvre 
dans  la  masse  une  sorte  de  cheminée  plus  ou  moins 
voisine  de  la  verticale,  offrant  un  certain  espace  vide 
dont  les  parois  sont  tapissées,  et  le  vide  souvent  obstrué, 
par  des  concrétions  de  silicate  de  nickel  vert  foncé 
tirant  souvent  sur  le  noir,  ou  par  de  belles  plaquettes 


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LES   MINES   DE  NICKEL  85 

de  nickel  chocolat,  tous  minerais  généralement  très 
riches.  Phis  loin,  au  contraire,  se  trouvent  une  aérie 
de  fragments  de  péridotite  très  altérée,  ajant  perdu 
presque  complètement  sa  consistance  et  ayant  pris  une 
conteur  jaunâtre  due  en  grande  partie  à  l'oxyde  de  fer; 
ces  fragments  peuvent  se  trouver  suffisamment  imprégnés 
de  nickel  pour  être  utilisables;  ils  le  sont  entièrement 
s'ils  ne  sont  pas  trop  gros,  tandis  que,  s'ils  sont  plusvolu- 
nuineux,  on  trouve  au  milieu  un  noyau  de  péridotite  plus 
ou  moins  serpentinîsée,mais  encore  dur,  et  stérile.  Le  tout 
est  noyé  dans  des  formations  argileuses  et  magnésiennes, 
dont  les  unes  ne  sont  que  des  portions  de  l'argile  rouge 
superficielle  qui  s'est  enfoncée  entre  les  blocs  de  roche 
et  qui  présente  parfois  une  teneur  do  2  à  3  p.  100  de 
nickel,  et  dont  les  autres  sont  plus  jaiînAtres  et  souvent 
assez  riches;  h  côté  se  développent  des  lits  magnésiens 
blancs  à  consistance  argileuse  dont  quelques  portions  sont 
plus  ou  moins  verdies  ot  parfois  très  riches  ;  plus  loin  on 
rencontre  éventuellement  de  petites  poches  de  ces  mine- 
rais pulvérulents  verts  que  nous  avons  mentionnés. 

L'ensemble  constitue  un  magma  dont  on  peut,  en  éli- 
minant les  blocs  de  péridotite  encore  durs  et  rocheux  et 
certaines  de  ces  traînées  argileuses  que  l'expérience  a 
montré  être  stériles,  retirer  une  proportion  importante  de 
minerai  marchand  ;  on  passe  d'ailleurs  des  fragments  con- 
sidérés comme  bons  aux  fragments  stériles  par  tous  les 
intermédiaires.  Quant  àla  continuité  des  gisements, l'expé- 
rience montre  toujours  qu'elle  est  faible,  et  qu'en  s'éloignant 
de  la  surface  on  tombe  sur  des  masses  oîi  la  magnésie 
tend  à  remplacer  le  nickel  ;  plus  profondément  on  trouve- 
rait sans  doute  la  péridotite  compacte  et  stérile. 

Des  masses  de  serpentine  altérée  et  imprégnée  de 
nickel  se  développent  parfois  en  traînées  ou  en  noyaux  k 
cûté  ou  au  milieu  des  formations  bréchoïdes  dont  nous 


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86      RICHESSES    HIXKKÂLES   DK   LA   SOCVELLB-CALEDONIB 

Tenons  de  parler.  Le  type  le  plus  fréquent  de  ces  minerais 
se  rencontre  dans  la  partie  septentrionale  de  la  côte 
Ouest  :  ce  sont  des  rorlies  ayant  perdu  toute  dureté,  mais 
demeorées  cependant  agrégées  ;  elles  se  rompent  à  la 
main  arec  un  bniit  sec  et  se  coupent  an  couteau  en  don- 
naot  le  plus  souvent  une  trace  brillante  ;  leur  couleur 
Tarie  du  gris  jaun&tre  au  gris  Terd&tre  et  quelquefois 
jusqu'au  rose  ;  à  l'œil  nu  elles  paraissent  souvent  assez 
homogènes;  parfois  elles  sont  mouchetées  on  zébrées  de 
points  on  de  lignes  noirâtres,  bleuâtres,  ou  verdàlres  ; 
leur  deoRité  est  faible  et  leurs  caractères  extérieurs  ne 
les  distinguent  en  rien  de  certains  types  de  serpentines 
amorphes  ayant  perdu  la  consistance  rocheuse;  ce  n'est 
absolument  que  l'analyse  qui  apprend,  dans  chaque 
gisement,  que  telle  apparence  de  ces  roches  décomposées 
correspond  à  une  teneur  de  "i,  6,  8,  10  p.  100  et  excep- 
tionaellement  15  et  20  p.  100  de  nickel  ;  cependant  l'at- 
taqua par  l'acide  chlorhydrique  faible  d'un  fragment 
paraissant  homogène  fait  apparaître  à  sa  surface  un  réseau 
de  fïlonnets  verts  de  garniérile. 

Un  échantillon  richedc  ce  lypedonuait  l'analyse  suivante  : 

Silice  et  )iiflttaq«é 33,24 

Seaquioxjde  (le  F«r  et  alumine (0,82 

Magnésie 13,82 

Oxyde  de  nickel 21 

Eau 1B,3 

Tenefuren  oJckel  après  dessiccation  (qoi 

élimiaesensiblemeDlla  moitié  de  l'eaa).  18,3  p.  tW 

Le  résidu  inattaqué  par  l'acide  chlorhydrique  était  con- 
stitué, outre  la  silice,  par  du  fer  chromé  et  par  quelques 
petites  baguette»  d'cnstatite.  Comme  on  le  voit,  lacompo- 
sition  d'une  semblable  matière  diffère  peu  de  celle  d'une 
roche  serpentinisée  ordinaire,  sous  réserve  de  la  substi- 
tution du  nickel  à  la  magnésie. 

D'autres  types  de  serpentine  altérée  sont  moins  trom- 


be Googic 


LES   UlNBft  DB  NICKEJ.  87 

'peors,  ce  soot  ceux  qui  s'observent  presque  uiiiquement, 
mais  d'une  façon  particulièrement  abondante,  sur  la  côte 
■«rientale  aa  voisinage  de  Poro  :  la  roche  qu'elles  rcm- 
pUceat  parait  avoir  été,  tout  comme  celles  auxquelles 
sont  associées  les  autres  nasses  nickelifëres  que  nous 
avftus  décrites,  ua  type  très-  comnian  de  péridotîte  à  ens- 
latite,  roche  k  pâte  grenue  vert  jaun&tre  avec  cristaux 
d'enstatite. 

Cette  roche  s'est,  coonne  BfHis  l'avoQS  déjk  mentionné, 
trouvée  divisée  en  élémeata  généralement  paraliélipipé- 
-diques  par  un  réseau  de  cassures;,  niais  ces  cassures,  au 
Ueu  de  se  remplir,  comme  cela  arrive  le  plus  fréquem- 
ment, de  cloisons  de  quartz,  se  trouvent  ici  occupées  par 
des  plaquettes  de  silicate  nickelifére  vert  ;  en  môme 
temps  sans  doute  que  se  déposaient  ces  enduits,  la  roche 
-elle-même  était  altérée  ;  elle  se  transfennait  en  une  masse 
Jaune  brunâtre  de  peu  de  consistance  dont  les  péridots  sont 
•entièrement  remplacés  par  une  matière  désagrégée,  qui 
semble  colorée  principalement  par  de  la  rouille,  et  dont 
les  pyroxènes,  également  oxydés,  ne  se  manifestent  plus 
que  par  les  clivages  qui  séparent  les  lamelles,  jaunies  par 
l'oxyde  de  fer  hydraté,  auxquelles  ils  ont  donné  naissance. 
Ainsi  sont  intégralement  transformés  les  fragments  dé- 
K:oupés  d'une  façon  menue  par  les  cassures,  tandis  quo 
les  fragments  dont  les  dimensions  atteignent  une  dizaine 
-de  centîniètres  présentent  un  noyau  de  péridotite  encore 
fraîche  ;  là  teneur  en  nickel  parait  y  varier  progressive- 
ment de  la  périphérie  vers  !e  centre. 

Pratiquement,  et  sauf  exceptions,  tout  ce  qui  est 
friaUe  est  sufRsamment  riche  pour  ètr.e  considéré  comme 
minerai,  tout  ce  qui  est  resté  dur  et  rompact  est  tenu 
pour  stérile  ;  nous  donnerons  ci-après,  notamment  au  su- 
jet de  la  mine  Mécorouma  (deuxième  pai'tie,  chap.  II,  A, 
in  fine),  quelques  indications  sur  les  teneurs  des  différents 
éléments  qui  constituent  ces  masses  minéralisées. 


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88      RICHESSES   MINERALES  DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

Ces  minerais  exceptionnels  sont  parfois  associés  à  des 
dunites  assez  riches  en  nickel  ;  mais  ils  n'en  dérivent  pas, 
comme  leprouyent  les  petits  cristaux  d'enstatite,  qui  se 
décèlent  pas  leur  clivage  brillant,  non  seulement  dans 
les  noyaux  encore  frais,  mais  encore  dans  les  croûtes 
altérées  jaunes,  où  ils  sont  eux-mêmes  pitis  ou  moins  pé- 
nétrés d'oxyde  de  fer. 


Les  masses  qne  nons  désignons  sous  le  nom  de  r 
terreuses  échappent  pour  ainsi  dire  à  toute  description  : 
ce  sont  des  poudres  essentiellement  inhomogènes,  à  as- 
pect plus  ou  moins  terreux  ou  argileux,  généralement 
colorées  en  rouge  jaunAtre  ou  brunâtre,  qui  n'ont  rien  du 
tout  de  l'aspect  homogène  et  bien  défini  des  minorais  en 
poudre  que  nous  avons  décrits  ci-dessus,  qni  sont 
amorphes,  et  qni  ne  présentent  aucune  couleur  caracté- 
ristique. On  a  seulement  constaté  ici  ou  là  que  tel  aspect 
do  terre  correspond  à  une  teneur  en  nickel  suffisante,  soif 
pour  constituer  un  minerai  utilisable  par  hii-nième,  soit 
pour  pouvoir  être  pris  avec  le  reste  un  peu  plus  riche  : 
ici  ce  sont  des  terres  rouges  assez  riches,  d'aspect  tout  à 
fait  analogue  aux  argiles  rouges  de  la  puissante  forma- 
tion stérile  que  nous  avons  décrite  ;  là  ce  sont  des  terres 
plus  brunes  ou  plus  jaunes,  de  même  richesse  ou  à  peu 
près  ;  plus  loin  elles  sont  mouchetées  de  points  verts 
donnant  à  la  masse  un  aspect  spécial  et  attirant  naturel- 
lement l'attention.  Ces  terres,  lorsqu'elles  se  rencontrent. 
s'associent  aux  autres  minerais  pour  les  recouvrir,  ou 
quelquefois  pour  les  empâter  et  pour  concourir  avec  eus 
au  remplissage  des  intervalles  de  blocs  rocheux.  Ce  n'est 
guère  que  l'analyse  chimique  qui  peut  faire  reconnaître  si 
des  terres  de  ce  genre  sont  riches  ou  stériles  ;  néanmoins 
on  a  souvent  observé  que  celles  qui  "  ont  du  grain  », 
c'est-à-dire  qui,  écrasées  entre  les  doigts,  font  sentir  de 
petits  grains  anguleux,  sont   souvent    riches  {les   grains 


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LES    MINES   DE   NICKEL  89 

aQgiiIeux  étant  pour  une  part  des  fragments  de  gamîérite 
qu'un  lavage  à  l'acide  chlorhydrîque  faible  permet  sou- 
vent de  voir  à  l'œil  nu);  d'autre  part,  celles  d'entre  les 
terres  qui  n'absorbent  pas  trop  aisément  l'eau  sont  sou- 
vent plus  riches  que  celles  qui  se  montrent  trop  humides 
au  chantier. 

Il  nous  reste  h  dire  quelques  mots  des  produits  qui 
sont  livrés  pratiquement  par  les  mines  :  on  n'exploite 
guère  aujourd'hui,  et  les  exploitants  ue  trouvent  à  vendre, 
que  des  minerais  dont  la  teneur  en  nickel  métallique 
atteint  au  moins  7  p.  100  après  dessiccation  à  100  degrés 
(c'est  toujours  après  une  telle  dessici-ation  que  l'on  évalue 
la  teneur,  et,  lorsque  nous  indiquerons  dans  la  suite  des 
teneurs  de  minerais,  ce  sera  toujours  dans  ces  conditions 
qu'elles  seront  calculées)  ;  comme  les  minerais  tiennent 
couramment  de  20  à  30  p.  100  d'humidité,  mémo  lors- 
qu'ils sont  rocheux,  et  plus  lorsqu'ils  sont  particulière- 
ment terreux,  la  teneur  réelle  des  matières  exportées 
ne  dépasse  pas  en  moj'enne  5  1/4  à  5  1/2  p.  100. 
Cependant  on  descend  quelquefois  au-dessous  de  cette 
limite  de  7  p.  100,  k  laquelle  il  est  difficile  de  se  main- 
tenir dans  certains  gisements,  quitte  àtompenser  la  teneur 
un  peu  faible  des  minerais  obtenus  par  celle  de  minerais 
plus  riches  exploités  sur  une  mine  voisine.  L'exploitation 
de  Népoui  a  même  expédié  récemment  en  Amérique  des 
chargements  àteneurde  6  et  6  1/2  p.  100  seulement,  et 
cela  n'a  rien  qui  doive  surprendre,  puisque,  comme  nous 
l'indiquerons  ci-après  plus  en  détail,  la  teneur  de  7  p.  100 
n'est  nullement  fixée  par  les  exigences  de  la  métallurgie, 
mais  simplement  par  les  rtépenses  exagérées  qu'occasion- 
nerait le  transport  à  trop  longue  distance  do  masses  tenant 
pratiquement  moins  de  5  p.  100  de  nickel. 

Dès  lors,  dans  les  mines,  la  préoccupation  constante 
doit  être  de  constituer,  avec  les  matières  extrêmement 


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-^     RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA.  NODVBU.B-CALÉ[>ONIB 

diverses  et  de  richesse  très  variable  que  l'on  reDContre, 
un  mioerai  dont  la  teneur  alteigoe  cette  limite  de  7  p.  100; 
«t  OD  a'y  parvient  qu'à  l'aide  d'un  échantilloonage  soigné 
des  différentes  catégories  de  matières  dont  on  fait  très 
fréqueBiment  l'analyse  chimique.  On  est  ainsi  amené  k 
distingnerles  minerais  «  d'enrichissement  »  dont  la  teneur 
dépasse  notablement  7  p.  100,  les  minerais  «  payants  » 
dont  la  teneur  varie  de  7  à  7  1  /2  p.  100,  et  les  minerais 
pauvres  à  teneur  inférieure  à  7  p.  100,  que  l'oo  ae  peut 
vendre  que  grâce  à  l'addition  d'une  quantité  sufSsaule 
•de  minerais  d'enrichissement. 

Les  niasses  ainsi  constituées  sont  généralement  suit  en 
petits  morceaux,  soit  pulvérulentes,  d'aspect  plus  ou  moins 
terreux,  d'un  jaune  rougeàtre  clair,  et  c'est  k.  peine  si 
l'on  y  distingue  des  fragments  verts  pouvant  faire  sup- 
poser à  celui  qui  n'est  pas  prévenu  que  c'est  U  du  minerai 
de  nickel  ;  ces  masses  prennent  très  facilement  l'humidité, 
«t  en  conservent  toujours  une  quantité  importante,  car 
•elles  sont  toujours  quelque  peu  argileuses. 

L'analyse  globale  de  ces  minerais  est  à  peu  près  la 
âuivante,  après  dessiccation  : 

Silice i2 

Magnésie 2Î 

Ch«M 0,1 

Alumine t 

Sesquioxyde  de  fer 15 

Oiyde  de  nickel 9 

Oxyde  de  cobalt 0,f5 

Oxyde  de  manganèse 0,1 

Sesquioxyde  de  chrome traces 

Elau  combinée 10 

La  valeur  d'un  tel  minerai  sur  place,  ou  du  moins  le 
prix  auquel  il  est  payé  à  ceux  qui  l'exploitent,  variait,  au 
moment  de  notre  séjour,  entre  60  et  70  centimes  par 
«haque  kilogramme  de  métal  contenu,  ce  qui  donne  pour 


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LES   MINBS   DE  NICKEL  91 

le  minerai  sec  à  7  p.  lOU  une  valeur  de  42  à  49  francs 
la  tonne  ;  la  valeur  du  minerai  humide,  variable  avec 
son  degré  d'humidité,  oscillait  entre  30  et  40  francs,  et 
était  en  moyenne  de  35  francs. 

Les  derniers  marchés  passés  l'avaient  été  au  prix  de  : 

<i>,tS&  par  kilogramnede  nétel  conteno  p»ap  tes 

raiBerais  tenant  de 7i7  ijt  p.  100 

■0',S7S  par  kilogramme  de  métal  contenu  pour  lea 

minerais  tenant  de 71/2à8p.  100 

■0'',725parhil<^nn]niede  métal  conte nti  pour  les 

minerais  tensol 9  p.  100  et  plua 

Ces  pris  marquent  d'ailleurs  une  légère  baisse  sur  ceux 
'qui  avaient  été  pratiqués  en  1901,  et  ils  ont  encore  eu 
une  tendance  à  baisser  depuis. 

Nous  ne  donnerons  pas  ici  plus  de  détails  sur  lea  diffé- 
reats  types  de  minerais  de  nickel,  devant  être  amené  à  en 
jouter  quelques-uns  en  décrivant  un  certain  nombre  de 
gisements  pris  comme  types  parmi  ceux  que  nous  avons 
-visités.  Avant  de  passer  à  cette  description  et  de  faire 
•connaître  l'état  actuel  de  l'exploitation  du  nickel,  noua 
-eroyona  utile  de  donner  encore  quelques  indications  d'en- 
semble sur  l'historique  de  son  développement  dans  la 
■colonie,  nous  réservant  au  contraire  de  présenter  après 
■cette  description  quelques  considérations  sur  le  mo<le  de 
formation  possible  de  ces  gisements  et  les  chances  do 
continuité  qu'ils  peuvent  offrir  au  delà   de  ce  qui    est 

«OIUUI. 

C.  —  Historique  sommaire  dd  développement 

AB  L'eXPLOITATIOS    DU   NICKEL    EN     NoDVELIX-CaLÉDONIE. 

Signalés  pour  la  première  fois  par  M.  Garnier  en  186u, 
les  minerais  de  nickel  ne  furent  connus  en  Nouvelle- 
<JaIédonie  qu'à  titre  d'échantillons  minéralogîques  jus- 
<ïu'en  1874  ;  on  ne  les  avait  observés  en  effet  jusque-là 


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92      RICHESSES   MINERALES   DE  LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

qu'à  l'état  d'enduits  peu  épais  sur  les  quartz  ou  les  serpen- 
tines, sans  reconnaître  aucune  continuité  dans  leur  for- 
mation. A  la  fin  do  1874,  "  on  rencontra  pour  la  première 
fois  en  Nouvelle-Calédonie  le  silicate  de  nickel  en  filon 
régulier  constituant  un  gisement  bien  défini  et  susceptible 
d'être  exploité  .,  ainsi  que  le  rapporte  M.  Heurteau  ('),  pen- 
dant le  séjour  duquel  eut  lieu  cette  découverte  ;  après 
examen  de  ce  gisement,  cet  ingénieur  envisageait  la  pos- 
sibilité d'en  extraire  un  minerai  qui,  par  triage,  pourrait 
être  aisément  amené  à  une  teneur  moyenne  d'environ 
7  à  8  p.  100,  ce  qui  aurait  encore  été,  dit-il,  "  un  magni- 
fique produit  » ,  en  raison  de  la  valeur  du  nickel  à  l'époque  : 
il  indiquait  en  efl^et  qu'un  tel  minerai  trouverait  acheteur 
en  France  à  raison  de  100  francs  par  tonne  et  par  1  p.  100  de 
nickel  donné  par  l'analyse.  M.  Heurteau  ajoutait  dans  son 
rapport  de  1876  (**)  que,  depuis  !a  découverte  de  ce  pre- 
mier filon,  de  nouvelles  découvertes  de  minerai  de  nickel 
avaient  été  annoncées  en  un  grand  nombre  de  points  de 
la  colonie,  tant  au  voisinage  de  Nouméa,  dans  le  massif 
du  mont  Dore  et  dans  la  vallée  de  la  Dumbéa,  que  le  long  de 
la  côte  Est,  sur  les  territoires  de  Caiiala  et  de  Houatlou  ;  il 
faisait  en  outre  connaître  qu'à  la  fin  de  1875  quelques  cen- 
taines do  tonnes  de  minerai  riche  avaient  été  extraites 
de  la  mine  Bel-Air  à  Houaïlou,  ainsi  que  d'un  filon  de  1 
à  2  mètres  de  puissance  rencontré  sur  les  concessions 
Mamouth  et  Boa-Kaine  à  Canala. 

Une  fois  l'attention  appelée  sur  les  caractères  du  mine- 
rai de  nickel,  dont  ceux  qui  circulaient  dans  la  colonie  et 
pouvaient  éventuellement  rencontrer  des  affleurements 
nickelifères  n'avaient  jusque-là  aucune  connaissance,  et 
qu'ils  prenaient  quelquefois  pour  des  indices  cuivreux,  les 
découvertes  se  multiplièrent  rapidement  ;  de  même,  avoir  le 


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LES   MINES   DE   NICKEL  93 

succès  des  premières  tentatives  d'exploitation,  beaucoup 
(le  gens  furent  tentés  d'en  entreprendre  aussi  ou  diffé- 
rents points  de  la  colonie.  C'est  ainsi  que  furent  ouvertes 
coup  sur  coup  diverses  exploitations,  d'abord  celle  de  la 
mine  Boa-KaineàCanala,  au  cours  de  laquelle  on  dépensa 
sans  compter,  se  croyant  en  possession  d'un  trésor  iné- 
puisable, et  celle  de  lamine  Bel-Air  à  Houaïlou,  puis  peu 
de  temps  après  celles  du  Plateau  de  Thio,  de  la  mine  Bien- 
venue h.  Nakety,  du  mont  Dore,  et  enfin  de  différentes 
mines  plus  éphémères  sur  la  côte  Ouest,  entre  la  Dumbéa 
et  Saint-Vincent, 

Entreprises  par  des  mineurs  australiens,  ou  à  l'aide  de 
mineurs  australiens,  habitués  à  poursuivre  souterrainement 
les  filons  aurifères  ou  cuprifères,  ces  exploitations  don- 
nèrent lieu  à  des  travaux  par  galeries  souterraines  assez 
étendus,  eu  même  temps  que  des  travaux  de  recherches 
étaient  poursuivis  par  la  même  voie  sur  nombre  d'autres 
points;  on  en  retrouve  encore  aujourd'hui  les  traces  dans 
bien  des  gisements.  C'est  l'époque  où  l'on  ne  recherchait 
que  les  minerais  verts  et  oii,  préoccupé  surtout  d'expédier 
en  Europe  des  minerais  riches  (d'une  teneur  de  12  à 
14  p.  100),  on  est  allé  jusqu'à  essayer  une  préparation  méca- 
nique que  la  faible  différence  do  densité  entre  la  roche 
encaissante  et  le  minerfû  et  la  grande  friabilité  de  celui- 
ci  rendaient  pratiquementiltusoire. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'à  la  fin  de  1875,  en  1876 
et  en  1877,  il  a  été  exporté,  soit  à  destination  de  l'Aus- 
tralie, soit  surtout  à  destination  du  Havre,  8,000  tonnes 
environdemiiieraisdenickelàl0oul2p.  100,  qui  valaient 
un  bon  nombre  de  centaines  de  francs  la  tonne;  en  1878- 
1879  l'insurrection  canaque  arrêta  presque  complète- 
ment les  exploitations. 

Cependant,  trouvant  déjà  trop  onéreux  les  frais  de  trans- 
port en  Europe,  qui  étaient  d'une  centaine  de  francs  par 
tonne  pour  un  minefai  qui  en  valait  plusieurs  centaines, 


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94      RIUUBSiitiS   MINÉRALES   DE   LA   NO0TELLE-CALÉDONIB 

on  se  décidait  à  installer  à  Nouméa  une  usine  de  première- 
fusion  du  minerai  de  nickel;  cette  usine,  qui  a  fonctïonné- 
de  la  fin  de  1879  an  début  de  1885,  aurait  exporté  près  de 
4.000  tonnes  de  fontes  ou  mattesde  nickel,  obtenues  avec 
des  minerais  extraits  pour  une  moitié  environ  des  mines- 
do  Plateau  de  Thio  et  pour  1/4  de  chacune  des  denx 
mines  de  Bel-Air  à  Houaïlou  et  de  la  Boa-Kaine  àCanala. 
n  était  d'autre  part  exporté  au  cours  de  ces  six  années 
quelques  milliers  de  tonnes  de  minerai  cru  provenant  de 
différentes  exploitations  entreprises  en  une  série  de  points 
de  la  colonie. 

Ce  n'étaient  jusque-là  que  les  minerais  très  riches,  uni- 
quement les  minerais  verts  d'abord,  puis  aussi  les  mine- 
rais chocolat  que  l'on  avait  appris  à  connaître  ensuite,  qui 
étaient  exploités  dans  ces  mines. 

La  valeur  du  métal  baissait  de  plus  en  plus  à  me- 
sure que  la  production  se  développait  ;  elle  était  tombée 
à  8  francs  le  kilogramme  dès  la  fin  de  18S1  et  à  6  francs 
en  fin  1884.  D'ailleurs  la  production,,  qui  était  de  400  tonnes 
par  an  pour  le  monde  entier  avant  la  découverte  des  gise- 
ments calédoniens,  s'était  trouvée  plus  que  doublée  an 
cours  des  quelques  dernières  années,  et  avait  vite  dépassé 
les  besoins  de  la  consommation. 

Aussi,  dès  la  fin  de  1884,  les  stocks  de  minerai  s'étant 
accumulés  en  Nouvelle-Calédonie,  aussi  bien  que  le 
métal  en  Europe,  la  demande  de  nickel  baissait  au  point 
d'entraîner  l'arrêt  de  la  plupart  des  exploitations,  dont  la 
production  s'était  développée  plus  vite  que  la  consomma- 
tion du  métal  ;  les  hauts  fourneaux  do  Nouméa  durent 
être  éteints  au  début  de  188.Ô. 

Les  exportations,  déjà  très  faibles  en  1885,  s'abais- 
saient à  920  tonnes  de  minerai  en  1 886  ;  il  n'était,  d'autre 
part,  plus  exporté  de  mattes  ;  les  cours  des  minerais  étaient 
en  même  temps  tombés  au  point  qu'à  cette  époque  les 
minerais  à  10  p.  100,  qui  valaient,  dix  ans  auparavant. 


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LES   MINBS  DE  NICKEL  95- 

un  miOier  de  francs  la  tonne,  n'étaient  déjàplu6  payés  sur 
place  qne  200  francs. 

Cependant,  les  usages  du  nickel  se  multipliant,  lei^ 
exploitations  ne  tardèrent  pas  à  6tre  reprises  avec  nne 
certaine  activité,  non  seulement  sur  les  gisements  qni 
avaient  déjà  été  exploités,  mais  encore  sur  de  nouveaux  ; 
des  mines  furent  alors  ouvertes  tout  le  long  de  la  côte 
occidentale  entre  Nouméa  et  Tomo,  et  même  plus  au 
Nord,  comme  la  mine  Kataviti  près  de  Koné,  et  celles- 
de  la  côte  Est,,  réparties  primitivement  de  Houatlou 
à  Thio,  s'étendirent  jusqu'à  Brindy.  Les  conditions  éco- 
nomiques de  l'exploitation  commençaient  également  à  se 
transformer,  et  les  teneurs  auxquelles  les  minerai». 
étaient  exportés  descendaient  aux  environs  de  7  à  8  p.  100,, 
tandi»  que  leur  prix  s'abaissait  à  135  francs  la  tonne,  soit 
1  fr,  50  à  1  fr.  60  par  kilogramme  de  métal  contenu, 
contre  2  francs  en  1885  et  10  francs  en  1876.  Une  nou- 
velle ère  de  prospérité  s'ouvrait,  dans  ces  conditions  nou- 
velles, pour  l'exploitation  des  mines  de  nickel,  et  l'expor- 
tation passait  rapidement  de  10.000  tonnes  à  20.000 
tonnes,  puis  à  50.000  tonnes  par  an  ;  cela  représentait  une 
consommation  annuelle  atteignant  jusqu'à  3.0O0  tonnes 
de  nickel,  consommation  rendue  possible  par  l'extension 
des  débouchés  qui  lui  étaient  assurés  autrefois  et  par 
l'ouverture  de  nouveaux  débouchés  grâce  aux  premiers 
emplois  des  aciers  an  nickel.  Ce  fut  l'époque  d'une  nou- 
velle tentative  en  vue  de  la  fusion  du  nickel  sur  place  à 
l'usine  établie  à  Ouroué  près  de  Thio, 

Cette  prospérité  de  quelques  années  fut  brusquement 
enrayée  par  la  concurrence  que  les  producteurs  de  nickel 
du  Canada  ne  tardèrent  pas  à  faire  au  nickel  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, sitôt  les  importants  gisements  de  pyrro- 
thine  nîckelifère  du  district  de  Sudbury  mis  en  exploi- 
tation. Si  les  exportations  n'ont  pas,  suivant  les  chiffres 
de  la  statistique  officielle  (que  nous  reproduisons  ci-après 


bvGoogIc 


96      RICHESSES    MINERALES   DE   LA    NOUVELLE-CALEDONIE 

deuxième  partie,  chap.  iv,  B),  baissé  dans  une  très 
large  mesure  pendant  la  période  de  crise,  puisqu'elles  no 
sont  pas  descendues  au-dessous  de  37.000  tonnes  (1896), 
du  moins  l'extraction,  qui  avait  été  poussée  au  delà  même 
desdemandes  en  1890-1892,  a-t-elle  dft  être  réduite  au  point 
d'être  presque  complètement  arrêtée  en  1896  (extraction 
6.417  tonnes).  En  même  temps  la  valeur  du  nickel  en  Europe 
et  en  Amérique  baissait  très  sensiblement,  et,  comme  les 
prix  du  fret  et  du  traitement  étaient  susceptibles  de  peu  de 
variation,  cette  baisse  se  faisait  sentir  d'une  façon  particu- 
lièrement lourde  sur  le  prix  d'achat  du  minerai  sur  place  : 
de  12r»  francs  en  1888,  il  était  déjà  tombé  à  80  francs  au 
début  de  la  crise,  et  descendait  jusqu'à  35  francs  en  1897 
(minerai  à  7  p.  100),  ce  qui  ne  représente  plus  que  Ofr,  50 
par  kilogramme  de  métal. 

Cependant  une  régularisation  de  l'extraction  au  Canada, 
correspondant  à  une  entente  pour  le  maintien  des  cours, 
permettait  la  reprise  régulière  des  exportations,  et  par 
suite  aussi  des  extractions  en  Nouvelle-Calédonie,  en 
même  temps  que  la  valeur  du  minorai  sur  place  se  relo- 
vait de  35  à  50  francs  environ.  Les  exportations  n'ont 
plus  dès  lors  subi  qu'une  ascension  continue  jusqu'en 
1902,  puisqu'elles  ont  été,  au  coursdes  dernières  années, 
les  suivantes,  d'après  la  statistiqne  officielle  ; 

1896 37.467  tonnes 

1897 57.839  — 

1898 74.61i  — 

1899 103.908  — 

1900 100.319  — 

1901 133.676  — 

1902 129.653  — 

Il  est  vraisemblable  qu'en  raison  de  la  crise  métallur- 
gique qui  sévit  en  Europe  et  de  la  restriction  correspon- 
dante des  demandes  de  nickel,  qui  ont  déjà,  en  1902, 


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LES   MWES   DE  NICKEL  97 

arrêté  la  progression  des  exportations,  celles  de  19(fâ 
seront  inférieures  à  celles  îles  deux  années  précédentes. 

L'augmentation  de  la  production  des  dernières  années, 
qui  n'avait  d'aîlleura  pas  été  accompagnée  comme  précé- 
demment d'une  réduction  de  la  teneur  dos  minerais, 
limitée  aujourd'hui  d'une  façon  assez  impérative  par  le 
prix  du  fret,  a  été  acquise  non  seulement  grâce  au  dé- 
veloppement de  ceux  des  anciens  centres  de  production 
qiii  subsistent  encore,  c'est-à-dire  ceux  de  Thio,  Canala, 
Kouaoua,  et  Koné,  et  aussi  dans  une  faible  mesure  ceux 
du  voisinage  de  Nouméa,  mais  encore  par  la  création  de 
centres  nouveaux  ;  ces  centres  se  sont  multipliés  surtout 
sur  la  côte  Ouest,  où  les  silicates  verts  et  le  minerai 
chocolat  sont  relativement  rares,  mais  uii  les  masses 
nickelifères  bréchoïdes  et  les  serpentines  altérées  nicke- 
lifères,  qui  sont  abondantes,  ont,  depuis  luie  dizaine 
d'années,  été  reconnues  pour  être  exploitables  souvent 
avec  plus  de  profit  que  les  minerais  recherchés  autrefois. 
Le  plus  considérable  des  centres  ainsi  créés  fut  celui  de 
Népoui;  mais,  en  outre  nombre  de  mines,  jalonnant  la  côte 
Ouest  depuis  le  mont  Kaala  jusqu'à  Népoui,  se  sont  ou- 
vertes peu  à  peu  ;  d'autre  part,  un  groupe  important  d'ex- 
ploitations a  été  créé  sur  les  gîtes  assez  spéciaux  de 
Poro;  enfin  les  gisement!*  de  minerai  riche,  mais  peu 
accessibles,  du  Sud  de  la  cùte  Est  ont  été  exploités  avec 
une  activité  croissante. 

La  production  de  l'année  1901  s'est,  dans  ces  condi- 
tions, répartie  comme  suit  entre  les  difTérenlea  mines  ou 
les  différents  groupes  do  mines. 


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08      RICHESSES   MINERALES  DE  LA   NOUVELLE-CALEDOMCB 

ToBiin. 

!Hioe  Etoile  du  Nord  à  Koomac SM>- 

Mine  Nou Telle-Espérance  au  mont  Ouaungou.  18.000 

Mine  Kaljivili  k  Koné 13.689 

Mines  de  Népoui 36.98r> 

Hine  des  Barbouilleurs  à  laDnmbéa 3.0(3 

I  Mines  Française  et  Fathma  &  Poro 9.69d 

Hioes  de  Kouaona 3.390 

Miues  de  Cauala S  800 

Mines  de  Thio 41.900 

Mine  Bienvenue  à  Nakety 120 

i33.67fr 

Au  début  del902,  l'exploitation  de  la  mine  Bienvennek 
Nakety  était  auspendue  ;  mais  il  avait  été  oavert  de  nou- 
velles exploitations  snr  la  mine  Kaala  près  de  Gomen, 
sur  la  mine  Révélation  à  Voh,  sur  la  mine  Paragraphe  à 
Poro,  sur  les  mines  Paulat  à  la  baie  Ouango,  sur  la  mine 
Prise  de  Rivoa  auprès  de  la  rivière  To-N'Deu,  et  aur  les 
mines  les  Roches  et  Puy-de-Dôme  à  Kouakoué. 

Nous  avons  indiqué  ci-dessus  quels  sont  les  prix  aux- 
quels le  minerai  était  acheté  sur  place  au  moment  de 
notre  séjour,  aoit  environ  35  francs  par  tonne  de  minerai 
humide.  Depuis  lors  les  cours  ont  baissé,  et  cwtaines 
exploitations  ont  dA  être  ralenties. 


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LS8  FsmnaïAvx  -annniffs  be  «ckel  coHins 

-SK  -in»T£LLE'eAL£fi01IU. 


Le  tableau  qae  aousavona  donné  d-dessus,  en  terminant 
Jes  qoelques  indications  qui  sont  raUtÏTes  au  développe- 
ment actuel  de  l'exploitation  du  nickel  dan»  la  colonie, 
montre  que  le  nombre  des  mines  ou  des  groupes  de  mines 
«D  aotivité  est  en.aarame  reetreiat,  taïK^s  que  la  produc- 
tion de  «baque  mine  est  presque  toujours  d'une  certaine 
importance.  Acuité  des. gisements  aujourd'hui  explraté^, 
bèB  nombrenx  sont  ceux  qui  l'ont  été  autrefois,  princi- 
palement dans  les  régions  oii  se  rencontraient  les  mine- 
rais vectset  chocolat,  c'eet^à-dire  surtout  entre  Tomo  ft 
Nouméa, .à  Nakety,  dans -les  vallées  deJa  Kagenjou  et  de 
ia  rivière  de  Kua,  -à  Uouaïlou,  etc.  ;  maÏB  très  étendus 
sont  aussi  les  espaces  sur  lesquelsla  présence  du  minefaî 
de  nickel  a  été  reconnue  d'une  façon  plus  ou  moins 
^approfondie,  aans  qu'aucun  travail  d'exploitation  y  ait 
jamais  été  entrepris,  et  qui  paraissent  renf^isN-  encore 
des  réserves.  Uoportantes  de.niakel. 

Nous  fourmssons  saccesaivement  ci-après  quelques 
•iodications  sur  ohaoïme  de  ces  trois- catégoriaS'degise- 
'  ments. 


A .  —  LbS   gisements   exploités   sur  la  CéTB   ORIENTALE. 

:Les  gÏBomenis  de  la  côte  oïdeiitale  de  I-lle  sont  ceux 
'iqtii,' auidébot  et  pendant -de  longues  années  ensuit^jont 


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100  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   MOUVELLE-CALÉDONIE 

été  exploités  avec  le  plus  d'activité  ;  ils  fournissent 
eocore  aujourd'hui  la  moitié  de  la  production  de  la  colo- 
nie :  c'est  en  effet  à  Houaïlou  et  à  Canala  qu'ont  eu  lieu 
les  premières  exploitations,  bientôt  suivies  de  celle  du 
Plateau  de  Thio,  laquelle  s'est  depuis  lors  poursuivie 
presque  sans  interruption  pendant  vingt-cinq  ans.  Cette 
dernière  constitue,  avec  l'exploitation  aujourd'hui  reprise 
de  la  mine  Boa-Kaine  et  des  mines  voisines  k  Canala,  et 
avec  celle  des  mines  de  Kouaoua,  qui  avait  brillamment 
débuté  de  1888  à  1892,  l'important  groupe  de  travaux  de 
la  société  «  le  Nickel  ><,  groupe  qui  a  produit  à  lui  seul, 
en  1901,  51.000  tonnes  de  minerai,  soit  près  de  la  moitié 
de  la  production  delà  colonie. 

Les  exploitations  actuelles  de  Thio,  qui  ont  livré  plus 
de  40.000  tonnes  de  minerai  en  1901,  se  répartissent  en 
quatre  groupes,  dont  l'importance  relative  au  moment  de 
notre  passage  est  indiquée  par  les  cliiffres  suivants  : 
le  groupe  du  Plateau  de  Thio  (production  mensuelle 
700  tonnes),  la  mine  des  Bornets  (production  mensuelle 
1.850  tonnes),  le  groupe  de  la  vallée  de  la  Dothio (produc- 
tion mensuelle  600  tonnes)  et  la  mine  Toumourou  (pro- 
duction mensuelle  350  tonnes). 

Le  gisement  du  Plateau  de  Thio  peut  être  pris  comme 
type  des  gisements  de  minerais  compacts,  verts  et  bruns,  se 
rencontrant  en  filons  ou  en  tilonnets  dans  les  cassures, 
tantôt  larges,  tantôt  fort  minces,  qui  se  développent  dans 
les  péridotîtes  au  voisinage  de  la  surface.  Le  massif 
montagneux  dans  lequel  est  situé  le  gisement  s'élève,  par 
des  pentes  très  rapides,  jusqu'à  plus  de  650  mètres 
d'altitude  immédiatement  au-dessus  de  l'embouchure  de 
la  rivière  de  Thio  et  sur  la  rive  gauche  de  celle-ci  (Voir 
PI.  II,  fig.  1);  les  différents  sommets  de  ce  massif 
dessinent  une  sorte  de  fer  à  cheval  irrégulier  qui  entoure 
un  plateau  de  même  forme  dominant  la  mer  de  500  mètres 
environ,  tandis  que,  vers  la  base  du  fer  à  cheval,  c'est-à- 


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LES    MINES    DE    NICKEL  101 

dire  vers  le  Nord,  s'ouvre  par  des  ravins  très  abrupts 
l'écoulement  des  eaux  du  massif  vers  la  mer.  liO  pla- 
teau est  entièremeot  recouvert  d'argile  rouge  ;  mais  tout 
autour  s'élèvent  des  pitons  d'une  péridotite  relativement 
peu  serpentinisée  et  d'un  vert  franc  avec  petits  cristaux 
d'enstatite  peu  abondants.  C'est  sur  les  flancs  et  jusqu'au 
sommet  de  ces  pitons,  qui  d'un  côté  dominent  le  plateau 
de  100  à  200  mètres  et  de  l'autre  côté  tombent  en  pentes 
rapides  sur  la  vallée,  que  se  rencontre  le  nickel  :  ses 
minerais  se  présentent,  avec  une  plus  ou  moins  grande 
irrégularité,  tout  le  long  des  versants  qui  descendent 
vers  le  plateau,  tandis  que  sur  c^ux  qui  s'abaissent  vers 
la  vallée  ils  ne  se  retrouvent  guère  qu'au-dessus  du 
niveau  du  plateau. 

Les  différents  pitons  serpentineux  sont  sillonnés  de 
cassures.  Quelques-unes  d'entre  ces  cassures  ont  une 
largeur  assex  sérieuse  et  pourraient  peut-être  être  assi- 
milées à  des  filons  s'ouvrant  jusque  dans  les  profondeurs 
de  la  croate  terrestre,  bien  qu'elles  ne  présentent  que 
peu  de  continuité  en  longueur  et  qu'elles  ne  se  groupent 
que  très  imparfaitement  dans  une  direction  déterminée 
(Voir  PL  II,  fig.  2);  la  plupart  de  ces  fractures  princi- 
pales se  prolongent  bien  à  travers  un  même  mamelon,  de 
telle  sorte  que,  trouvées  sur  un  versant  de  l'un  d'eux, 
elles  peuvent  être  retrouvées  sur  l'autre,  mais  il  est 
beaucoup  plus  rare  qu'elles  puissent  être  suivies  d'un 
mamelon  jusqu'au  voisin.  Les  autres  cassures,  au  con- 
traire, qui  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreuses,  ont  des 
épaisseurs  qui  ne  dépassent  pas  quelques  centimètres, 
parfois  seulement  quelques  millimètres,  et  ne  présentent 
aucune  continuité  en  direction  ;  elles  se  succèdent  cepen- 
dant, dans  une  même  région  restreinte,  parallèlement  k 
elles-mêmes,  tout  en  étant  d'ailleurs  recoupées  par  une 
série  de  fentes  secondaires  formant  avec  elles  un  réseau 
très  complexe;  ce  caractère   d'une  direction  dominante 


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10S   RICHESSES   MINBRALBK    DIS  LA   NODVSLLE-CALÉDONIE 

da»  plans  do  caasure  est  assos  net  pour  qu'un  homme 
habitué  à  l'exploitation  des  carrières  de  rochea  sédimen- 
taires  puisse  croire  y  distinguer  «  un  lit  de  carrière  »  ; 
mats  la  direction  de  ce  prétendu  lit  varie  non  seulement 
d'un  mamelon  k  l'autre,  mais  encore  souvent  d'une  face 
à  l'autre  d'un  même  mamelon  ;  nous  sommes  tenté  d'y 
voir  simplement  des  plans  de  fissure,  qui  se  sont  pro- 
duits au  moment  du  refroidissement  de  la  roche,  et  qui 
en  chaque  point  ont  pris  plus  aisément  la  direction  d'un 
plan  déterminé  par  suite  d'un  phénomène  du  même  ordce 
que  celui  qui  donne  naissance  aux  orgues  et  aux  colon- 
nades basaltiques.  Ce  sont  ces  mille  cassures,  les  unes 
larges, le$  autres  fort  étroites,  dans  lesquelles  s'est  déposé 
le  minerai. 

Dans  les  cassures  larges,  le  remplissage  est  complexe  : 
souvent  les  fac«8  de  la  péridotite  sont  recouvertes  de 
concrétions  zonéee  de  quelques  centimètres  d'épaisseur 
de  minerais  vert  ou  chocolat  alternant  fréquemment  entre 
eux,  tandis  qu'au  contact  de  ces  enduits  la  péridotite  elle- 
même  est  soit  craquelée  et  incrustée  d'un  réseau  de  sili- 
cate vert,  soit  plus  complètement  imprégnée  de  nickel; 
dans  ce  dernier  cas,  elle  est  parfois  transformée  eu  une 
roche  paraissant  homogène  et  rappelant  la  serpentine 
noble,  tantôt  avec  nne  couleur  foncée  presque  noire,  tan- 
tôt d'un  vert  plus  clair  et  plus  franc,  et  ayant  une  teneur 
assez  élevée  en  nickel.  Au  milieu  même  du  remplissage, 
on  rencontre  des  blocs  éboulés  de  péridotite  recouverts  eux 
aussi  de  minerai,  et  plus  ou  moins  pénétrés  par  le  nickel  ; 
le  remplissage  est  complété  par  des  matières  variées, 
rognons  siiliceux  plus  ou  moins  teintés  de  vert,  silicates 
magnésiens  blanchâtres  se  rapprochant  du  chrysotile  ou 
de  l'asbeste,  et  parfois  en  outre  argiles  rouges  vraisem- 
blablement entraînées  par  les  eaux  depuis  la  surface  qu'elles 
rerouvrent  sur  une  plus  ou  moins  grande  épaisseur. 

Lorsquelescassnres  sont  plus  minces,  elles  sont  occupées 


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LES   MINB3   DB   NICKEL  103 

sur  une  fraction  plus  importante  de  leur  épaisseur  par 
■des  concrétions  silicatées,  entre  lesquelles  un  rencontre 
souvent  des  plaquettes  de  roche  serpentinisée  et  d'autres 
fois  des  matières  terreuses  rouges  ou  brunes  ;  la  frg.  3 
■de  la  PI.  l[,  qui  reproduit  un  croquis  relevé  sur  place 
■dans  l'une  des  carrières,  donne  une  idée  de  ce  que  peuvent 
être  de  semblables  fllonnets  ;  nous  y  avons  indiqué  les 
teneurs  en  nickel  des  différentes  matières  qui  en  consti- 
tuent te  remplissage  et  dont  nous  avions  pris  des  échan- 
tillons. 

Si  les  fissures  de  la  roche  n'ont  que  quelques  centi- 
mètres, ou  moins,  ce  sont  des  filonnets  de  minerai  vert 
ou  chocolat  à  peu  près  pur  que  l'on  j  rencontre  ; 
dans  celles  qui  sont  tout  à  fait  minces,  il  se  forme  de 
petites  plaquettes  vertes  qui,  lorsque  l'on  brise  la  roche, 
restent  généralement  en  enduit  adhérent  sur  elle;  cet 
enduit  est  même  parfois  si  mince  qu'il  ne  saurait  être 
séparé  de  la  péridotite,  qui  conserve  alors  une  sm-face 
d'une  belle  couleur  verte  trompeuse  ;  on  dit  dans  ce  cas 
que  le  bloc  est  (<  peint  ».  Il  semble  d'ailleurs  que  la  péné- 
tration du  nickel  dans  la  roche  encaissante  soit  en  raison 
directe  de  la  largeur  des  fissures  :  très  notable  et  s'éten- 
dant  sur  plusieurs  centimètres  d'épaisseur  pour  les  cas- 
sures importantes,  elle  devient  à  peu  près,  nulle  pour  les 
plus  minces,  et,  une  fois  enlevée  la  petite  croûte  verte  qui 
recouvre  la  péridotite,  on  la  retrouve  complètement  saine 
-et  ^stérile. 

C'est  par  l'attaque,  à  la  manière  dont  on  exploite  les 
filons  métalliques,  des  remplissages  des  larges  cassures 
■que  l'exploitation  du  nickel  a  débuté  au  Plateau  deThio; 
■de  nombreuses  galeries  en  direction,  dont  la  fig.  2  de 
la  PI.  II  figure  quelques-unes,  ont  été  ouvertes  sur  les 
affleurements  qui  paraissaient  les  plus  beaux,  et  elles  ont 
■été  poussées  avec  un  succès  variable  sur  des  longueurs 
-atteignant  parfois  plusieurs  centaines  de  mètres. 


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104   RICHESSES   MINÉRALES   DE   I.A   NODVELLE-CALÉDONIB 

Mais,  au  bout  d'un  certain  temps,  on  s'est  aperçu,  qu'en 
«'enfonçant  ainsi  dans  les  cassures  larges  dont  la  miné- 
ralisation était  toujours  un  peu  capricieuse  et  dont  le 
remplissage  était  en  proportion  très  notable  stérile,  on 
laissait  tout  à  cMé  nn  grand  nombre  de  filoiinets  qu'il 
était  impossible  de  suivre  individuellement,  mais  dont 
l'ensemble  renfermait  une  quantité  importante  de  fort  bon 
minerai,  qui  demeurait  de  la  sorte  inutilisé.  On  fut  donc 
bientôt  amené  à  ouvrir,  à  côté  des  galeries  souterraines 
suivant  les  larges  cassures,  des  carrières  (')  sur  les  points 
où  les  fissures  étroites  et  les  fentes  étaient  suffisamment 
nombreuses.  Peu  à  peu  les  exploitations  souterraines  se 
sont  montrées  d'autant  moins  satisfaisantes  que  la  miné- 
ralisation y  diminuait  à  mesure  que  l'on  s'enfonçait  dans 
la  montagne;  d'autre  part,  la  nécessité,  pour  suivre  les 
exigences  du  marché,  de  produire  le  minerai  à  uu  prix 
beaucoup  plus  bas,  en  même  temps  que  la  possibilité  de  le 
livrer  à  moindre  teneur,  constituaient  d'autres  raisons 
pour  abandonner  les  exploitations  souterraines  et  pour 
chercher  k  poursuivre  dos  exploitations  par  carrières; 
aussi  les  secondes  furent- elle  s  peu  à  peu  substituées  aux 
premières  dans  la  période  de  1888  à  1892. 

C'est  ainsi  qu'aujourd'hui  les  différents  mamelons  qui 
entourent  le  Plateau  de  Thio  sont  découpés  par  une  série 
de  gradins,  où  ont  été  ouvertes  des  carrières  s'avançant 
avec  un  front  plus  ou  moins  large,  suivant  que  la  minérali- 
sation de  l'ensemble  des  cassures  de  la  roche  se  montre 
suffisante  sur  une  plus  ou  moins  grande  largeur.  L'expé- 
rience montre  que,  lorsqu'elle  était  satisfaisante  aux  affleu- 
rements mêmes,  cette  minéralisation  diminue  de  plus  en 


(')  Le  ternie  de  «  carrières  »  esl  celui  qui  est  cotiïtamiiicnt  employé 
en  .Niiuvelie-Calédonie  pour  désigner  un  ensemble  de  travaux  à  ciel 
ouvert  pratiqués  au  flanc  d'une  colline  ou  «l'une  montagne  en  vue  de 
l'nbatuge  du  minerai  de  nickel;  nous  emploierons  dans  la  suite  m 
terme  avec  cette  signirication. 


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LES   MINES   DE  NICKEL  1(B 

plus  après  un  avancement  de  10,  15,  ou  20  mètres 
suivant  les  cas  :  le  remplissage  des  cassures  importantes 
devient  plus  quartzeux  nu  surtout  plus  magnésien,  quant 
aux  cassures  plus  petites,  ou  bien  elles  disparaissent  ou 
bien  elles  ne  sont  plus  sillonnées  que  par  des  concrétions 
magnésiennes  stériles  que  l'on  ne  remarque  plus.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  est  un  fait  bien  facile  à  observer,  c'est 
que,  pour  tous  les  mamelons  qui  ont  été  exploités,  on  a 
été  conduit  à  en  enlever  une  partie  qui,  aux  irrégularités 
près  que  comporte  toujours  une  semblable  chose,  dessine 
assez  bien  une  sorte  de  calotte  telle  que  celle  que 
ligure  en  pointillé  la  fig.  4  de  la  PI.  Il,  qui  représente 
schématiquement  en  traits  pleins  la  disposition  des  car- 
rières telles  qu'elles  ont  dCi  être  arrêtées. 

Nous  ajouterons  que  l'on  a  naturellement  entrepris 
l'exploitation  d'abord  sur  les  meilleures  parties  des  gise- 
ments ou  sur  les  mieux  situées,  et  qu'aujourd'hui  on  ne 
peut  plus  que  pousser  jusqu'aux  limites  extrêmes  de 
l'exploitabilité  les  carrières  ouvertes  autrefois,  ou  bien  en 
attaquer  de  nouvelles  sur  les  points  moins  richement  mi- 
néralisés. La  pg.  2  de  la  PI .  II  figure  approximativement 
la  disposition  des  différents  travaux  exécutés  au  Plateau 
de  Tliio  ;  les  carrières  actuellement  en  activité  sont  les  car- 
rières des  groupes  Santa-Maria,  Sans-Culottes  et  Moulinet. 

On  en  arrive  ainsi  actuellement  à  être  obligé  d'extraire 
on  moyenne  10  à  11  mètres  cubes,  comptés  une  fois  abat- 
tus, soit  une  quinzaine  de  tonnes  de  roche,  pour  en 
retirer  une  tonne  de  minerai  trié  atteignant  une  teneur 
de  6  1/2  à  7  p.  100.  Le  triage  comprend,  d'une  part,  un 
scheidage  à  la  main  permettant  de  mettre  à  part  les  plus 
beaux  morceaux,  qui  constituent  le  minerai  d'enrichisse- 
ment, puis  un  criblage  à  une  maille  convenable  (10,  15, 
ou  20  millimètres  suivant  la  nature  du  minerai)  destiné 
à  séparer  tous  les  morceaux  volumineux,  pratiquement 
pauvres  en  nickel,  des  fragments  minéralisés,  qui,  beau- 


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103   RICHESSES  MUIÉIU],BS  DE.  LA.  NOCVELLB-CAIXDONIE 

cou{i  plus  désagrégés  et  plus  friables,  se  rencontrent  en 
proportion  doininante  parmi  les  plus  petits  morceaux. 

Pour  donner  uneidoc  do  l'importance  du  gisement,  nous^ 
renverrons  à  la /îj.  2  de  la  PI,  II,  qui  indique  l'étendue  sur 
laquelle  se  développent,  ou  se  sont  développées,  les  diffé- 
rentes exploitations,  et  nous  ajouterons  qu'il  résulte  desreu- 
seignemeuts  que  nous  avons  pu  recueillir  qu'elles  auraient 
produit  jusqu'ici  près  de  350.000  tonnes  de  minerai  au 
total,  soit  une  muj'enne  de  10.000  tonnes  environ  par  an, 
et  qu'elles  auraient  livré,  au  cours  de  certaines  années  de 
prospérité  de  la  période  de  1890-1894,  jusqu'à  25.000  et 
30.000  tonnes.  L'exploitation  se  poursuivait  au  moment 
de  notre  passage  sur  le  pied  de  700  tonnes  par  mois. 

La  teneur  des  minerais  produits  était  au  début  de 
10  p.  100  et  même  de  12  p.  100,  tandis  que,  pour  conser- 
ver une  telle  teneur  au  produit  à  expédier, ou  était  amené 
à  jeter  beaucoup  de  minerai  qui,  aujourd'hui,  serait  consi- 
déré comme  excellent;  cette  teneur  a,  depuis  lors,  été 
abaissée  d'abord  à  8  p.  lOU,  puis  à  7  p.  100  et  maintenant 
aux  environs  de  6  1/2  p.  100. 

Au  cours  des  quelques  dernières  années,  les  extrac- 
tions du  Plateau  de  Tliio  ont  été  en  diminuant;  elles  se 
poursuivent  encore  aujourd'hui,  malgré  la  quantité  consi- 
dérable de  stérile  qu'il  faut  abattre  et  dont  l'abatage  en 
roche  dure  est  fort  coûteux,  grâce  k  l'existence  de  toutes 
les  installations  de  transport,  de  logement  d'ouvriers,  etc., 
qui  peuvent  être  considérées  comme  déjà  largement 
amorties.  Il  semble  que  l'exploitation  atteigne  aujourd'hui 
la  limite  à  laquelle  elle  est  rémuuérati'ice. 

Les  gisements  de  la  vallée  de.  la  Dothio  appartiennent 
au  même  type  que  ceux  du  Plateau  de  Thio  ;  situés  siu-  la 
crête  étroite  qui  s'élève  à  quelque  400  mètres  d'altitude 
entre  le  rivage  de  la  mer  et  la  rive  gauche  de  la  rivière 
Dotliîo,  et  dans  un  massif  de  péridotite  foncée  très  dure 
4}|  très  cnstalline,    ils    sont,  eux  aussi,  essentiellement 


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LBS   MISES   DK   NICKBI4  107 

■cunstitués  par  des  filoiinets  et  enduits  de  minerai  com- 
pact liche,  mais  très  disséminé  ;  l'exploitation,  relative- 
ment pen  active,  qui  s'y  poursuivait  au  nioment  de  notre 
passage,  en  extrayait  avec  peine  de»  minerais  à  teneux' 
suffisante  dans  l'ensemble.  La  mioe  Toumourou,  située 
sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de  Thio,  et  h  quelque 
.5  ou  6  kilomètres  à  l'amont  de  Thio,  est  dans  des  condi- 
tions analogues. 

Tout  autre  est  le  gisement  do  la  mine  des  Bomets, 
située  entre  500  et  600  mètres  d'altitude  sur  l'un  des 
contreforts  du  massif  du  mont  Douétampo,  qui  domine  la 
rive  gauche  de  la  rivière  Nembrou,  à  peu  de  distance 
<!©  son  confluent  avec  la  rivière  de  Thio.  Là  l'exploita- 
tioD,  entreprise  depuis  quelques  années  seulement,  se 
poursuit  sur  des  minerais  bréchoïdes  complexes  qui 
appartiennent  aux  types  que  nous  avons  décrits  sous  ce 
-qualificatif  :  de  larges  fronts  de  taille  étages  en  gradins 
abattent,  immédiatement  au-dessous  des  argiles  superfi- 
cielles, l'ensemble  que  constituent  des  blocs  do  péridotite 
fortement  serpentinisée,  disloqués  et  isolés  au  milieu  d'un 
magma  bréchoïde  formé  kla  fois  de  fragments  plus  petits 
de  serpentine  altérée,  de  terre  argileuse  et  de  mijierais 
•divers,  soit  concrétions  de  silicate  vert  ou  chocolat, 
soit  masses  terreuses. 

L&  tout  est  aisément  abattu  à  la  pince  et  au  pic  ;  les 
blocs  volumineux  sont  ensuite  soigneusement  dépouillés 
<i^  croUtes  friables  qui  les  entourent,  et  qui  sont  cons- 
tituées, pour  une  ]»art,  de  minerais  déposés  en  minces 
enduits  sur  les  blocs  et,  pour  l'autre  part,  de  serpentine 
altérée  et  minéralisée;  quaut  aux  fragments  plus  petits, 
mais  encore  assez  gros,  ils  sont  triés  suivant  leur  aspect 
plus  ou  moins  altéré,  quelquefois  ils  sont  désliabillés  de 
leurs  enduits  à  la  manière  des  gros  blocs;  enfin  tous 
Jes  petits  débris  de  roche,  les  écailles  de  minerai-,  les 
poussières  et  les    terres    sont  conservés.  Nous  devons 


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^ 


108   RICHESSES  HtliéBALBS  DE  LA   NOl-VELLB-CALÉDONIE 

d'ailleurs  faire  observer  que  ce  fait  que  Ton  n'est  pas 
obligé  d'employer  la  poudre  pour  l'abatage  fait  que 
tous  les  fragments  un  peu  petits  que  l'on  rencontre 
avaient  naturellement  de  telles  dimensions,  et  se  trouvent 
de  ce  fait  suffisamment  minéralisés  pour  pouvoir  être 
conservés;  au  contraire,  lorsque,  dans  d'autres  gisements, 
on  emploie  les  explosifs,  ceux-ci  fragmentent  les  roches 
inaltérées  et  stériles,  de  telle  manière  qu'il  faut  procéder 
au  triage  à  la  main  jusqu'à  une  dimension  beaucoup  plus 
faible.  Préalablement  â  l'exploitation,  on  a  soin  d'enlever 
les  ai^iles  rouges  de  recouvrement  ainsi  que  celles  qui 
ont  pu  se  déposer  entre  les  blocs  et  qui  sont  générale- 
ment demeurées  stériles  ou  à  peu  près  ;  enfin,  an  cours 
même  de  l'exploitation,  les  remplissages  de  certaines 
poches,  particulièrement  argileux  ou  magnésiens,  sont,  soit 
rejelés  au  stérile,  soit  tout  au  moins  mis  de  c6té  pour 
être  analysés  afin  de  reconnaître  s'ils  peuvent  être  incor- 
porés ou  non  dans  le  minerai. 

Les  croquis  reproduits  par  les  fig.  5  et  6  de  la  PI,  II,  et 
que  nous  avons  relevés  à  l'un  des  chantiers  de  la  mine 
des  Bornets,  pourront  donner  une  idée  de  ce  que  sont  le» 
minerais  très  complexes  qu'on  y  exploite,  et  de  la  façon 
dont  ils  se  présentent.  Bien  que  l'apparence  de  tels  chan- 
tiers soit  beaucoup  moins  engageante  que  celle  des  bons 
cliantiers  du  Plateau  de  Thio,  et  que  les  quantités  un 
peu  notables  de  beau  minerai  vert  ne  s'y  présentent 
qu'exceptionnellement,  le  rendement  de  ces  chantiers  est 
beaucoup  plus  élevé,  puisqu'on  ne  produit  guère  que 
8  mètres  cubes  de  stéiile  abattu  pour  1  mètre  cube,  soit 
1 .200  à  1.300  kilogrammes,  de  minerai,  et  que,  d'autre  part, 
l'abatage  peut  y  être  fait  à  l'aide  de  la  pince  et  de  la 
pioche,  au  lieu  d'exiger  l'emploi  des  explosifs;  aussi  la 
production  individuelle  par  ouvrier  occupé  à  l'abatage 
est-elle  à  la  mine  des  Bornets  plus  du  double  de  ce 
qu'elle  est  au  Plateau.   L'éloignement  de  la  mine  par 


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LES    HINES    DE   NICKEL  109 

rapport  à  la  mer  a  d'ailleurs  exigé  la  création  de  voies 
de  transport  économiques  :  un  transporteur  aérien  permet 
de  descendre  le  minerai  depuis  les  carrières  jusqu'au 
bord  de  la  rivière  de  Thio,  et  un  chemin  de  fer  do 
10  kilomètres  de  développement  le  conduit  ensuite  au 
point  d'embarquement,  La  mine  des  Bornets  produit 
actuellementdel.ÔOOà  1.800  tonnes  de  minerai  par  mois, 
et  les  carrières  ouvertes  aujourd'hui  ont  encore  pour  la 
plupart  des  quantités  importantes  de  minerai  devant  elles. 
D'autre  part  des  affleurements,  dont  le  caractère  parait 
aassi  satisfaisant  que  celui  des  atïleurements  sur  lesquels 
ont  étéonvertsles  travaux  quenous  avons  vus,  se  rencontrent 
encore  en  nombre  de  points  du  puissant  massif  montagneux 
auquel  appartient  le  contrefort  sur  lequel  a  lieu  aujour- 
d'hui l'exploitation. 

Nous  ajouterons,  pour  en  finir  avec  la  région  de  Thio, 
que  la  minéralisation  ne  se  limite  pas  aux  quelques  massifs 
sur  lesquels  se  poursuivent  les  exploitations  actuelles,  et 
que  plusieurs  autres  mines  ont  été  exploitées,  avec  un 
certain  succès,  soit  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de 
Thio  à  l'amont  du  Plateau,  soit  sur  la  rive  droite  entre 
la  rivière  Nembrou  et  le  rivage.  La  fig.  1  de  la  PI.  II 
indique  d'ailleurs  la  distribution  autour  de  Thio  des  exploi- 
tations actuelles  et  des  différents  périmètres  miniers. 

Les  exploitations  de  la  société  le  Nickel  à  Ganala  sont 
beaucoup  moins  importantes  que  celles  de  Thio,  puisqu'elles 
n'ont  produit,  en  1901,  que  5.800  tonnes,  et  que  leur  acti- 
vité n'avait  été  que  légèrement  accrue  au  début  de  1903; 
elles  se  partageaient  en  trois  groupes  au  moment  de  notre 
visite  ;  celui  de  la  mine  Boa-Kaine  (production  mensuelle 
250  tonnes},  celui  de  la  carrière  du  Sapin  et  des  carrières 
voisines  (production  mensuelle  250  tonnes),  situés  l'un  et 
l'autre  dans  le  massif  qui  s'élève  sur  la  rive  gauche  de  la 
Négropo  entre  celle-ci  et  l'aniuent  qu'elle  reçoit  au  voisî- 


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liO   RICHESSES   MmÈRAI.ES   DE   LA   fJODVELLE-CAI.ÉDOME 

nage  immédiat  de  son  embouchnre,  et  enfin  le  groupe  des^ 
mines  Paulat  et  Kraisker,  sar  la  rive  droite  de  la  riTière 
Ouen-Ouaiigo  (production  mensuelle  100  tonnes). 

La  première  de  ces  exploitations  est  constitnée  par  di- 
verses carrières  onvertes  çà  et  lit  surdes  afflenrements  pins 
ou  moins  riches  ;  elle  comprend  en  outre  des  glanages  tont 
autour  de  l'ancienne  exploit-ation  du  célèbre  fiton  de  la 
Roa-Kaine.  Ce  gisement  est  l'nn  des  deux  premies*  qm 
aient  été  exploités  dans  la  colonie  :  signalé  dès  Vabofd  » 
l'attention  des  explorateurs  par  «n  énorme  glacis  d'nn 
vert  vif,  qui  n'était  qu'un  enduit  silicate  sur  une  des 
épontes  mise  k  nu  par  l'énraion  de  son  remplissage  friable, 
il  une  époque  oii  l'on  ne  soupçonnait  pas  la  nature  de  cette 
coloration,  il  a  été  mis  en  exploitation  à  la  fin  de  4875, 
sitôt  que  la  véritable  composition  et  la  valeur  des  minerais 
verts  de  nickel  fut  bien  connue.  Des  travaux  souterrains- 
assez  développés  y  ont  été  poursuivis  d'abord  de  la  fin  de 
1875  à  1878,  puis"  de  1879  à  1881;  ils  auraient  produit 
environ  8.000  tonnes  de  minerai  d'une  teneur  de  12  :i 
14  p.  100.  La  fxg.  7  de  la  PL  II  représente  ces  ancisKs 
travaux  en  plan  et  en  coupe,  et  donne  une  idée  assez  notte 
de  l'allure  du  gîte,  qui  parait  bien  être  une  allure  filo- 
niemie;  le  filon  a,  comme  ou  le  voit,  été  suivi  sur  oof 
longueur  dépassant  150  mètres,  et  sur  une  hauteur  verti- 
cale de  plus  de  100  mètres  entre  les  cotes  190  et  30(> 
environ;  il  paraît  d'ailleurs  se  perdre  complètement  en 
profondeur.  Arrêtée  au  moment  de  la  première  crise  du 
nickel,  l'oiploitation  a  été  reprise,  ("oujonrs  -souterraine- 
ment,  de  1891  h  1894,  et  a  pu  encore  Ôtte  menée  avec 
profit,  grâce  à  la  possibilité  d'utiliser  des  min^*ais  iWta- 
bleroent  moins  riches  qu'au  début.  Enfin,  après  la  denxi^c 
crise,  la  société  le  Nickel  y  a  repris,  en  1 898,  le»  trHVa»ï 
qui  se  poursuivent  depuis  fors  à  ciel  ouvert  et  dont  l'flbjet 
est  de  rechercher,  soit  dans  le  filon  même,  soit  dans^ses 
épontea,  les   minerais  trop  pauvres,   ou  cetwés    t^s'* 


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LES  MINSS   DE   NICKBl.  lit 

.  l'époqne,  pour  avoir  été  pria  autrefois  ;  on  f  n  extrait  encore 
couramment  aujourd'hui  des  minenus  servant  à  enrichlp 
("eux  des  carrières  voisines,  c'est-à-dire  tenant  de  7  i/2 
à"^  0/0  de  nickel;  il  faut  d'aîtlenrs,  en  moyenne,  remaer- 
10  mètres  cubes  de  déblais  pour  obtenir  une  tonne  de 
minerai.  Ce  que  l'on  exploite  est  constitué,  pour  irtié  large 
part,  par  le  remplissage  même  du  filon,  qnt  avaît'^é  laissé 
lorsqu'il  s'appauvrissait  en  silicate  vert  bien  net  :  ce  Bont 

.  des  masaefs  bréchoïdes  contenant,  'avec  des  blocs  stériles, 
(les  sortes  de  conglomérats  de  petits  fragments  de  serpen- 
tine empâtés  dans  des  silicates  verts,  fréquemment  teintés 
(le  bleu  violacé,  qui  dans  l'ensemble  ont  encore  des  teneurs 
de7à8  p.  lOOjugéesinsufflsantes  autrefois;  aussi  retronve- 
t-on  par  places  dans  le  filon,  souvent  puissant  de  3  à 
4  mètres,  nne  galerie,  de  60  à  80  centimètres  de  large  tout 
au  plus,  ayant  suivi  le  longd'une  des  épontes  des  plaquettes 
riches  plus  ou  moins  abondantes,  mais  ajant  négligé  systé- 
matiquement les  minerais  qne  nous  venons  de  définir  et  par- 
fois en  outre,  soit  au  milieu  d'eux,  soit  sur  l'autre  éponte, 
de  riches  flionnets  de  minerai  vert  ou  (Chocolat.  Enfin  les 
[fremiers  mineurs  avaient  laissé  intactes  les  épontes  qui 
sont  souvent  minéralisées  à  6  et  8  p.  100  de  nickel  sur 
«ne  épaisseur  atteignant  plosiètirs  décimètres,  épaisseur 
qui  semble,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  d'autant 
plfts  importante  qne  la  cassifl^  oit  oht  Circulé  lès  eamt 
cbiirgées  de  nickel  était  plus  large  et  ofiVait  à  ves  eaux 
un  passage  plus  facile  et  demeuré  plus  longtemps 
ouvert. 

'A  c6té  deceUton  principal,  dit  «filon anglais»,  ïl existe 
dfttai  le  massif  nombre  d'autres  cassures,  sobrent  d'une 
iftfsez  ttelle  largeur,  oti  la  minéralisation  s'est  trouvée 
ntolns  riche  que  daos  celui-ci,  mais  où  elle  permet  en- 
coreparfaitement  l'exploitation;  on  y  rencontre  surtout 
des  remplissages  formés  de  MbCs  minéraHsés  à  la  surface 
et  cimentés  pïu*  des  «ilicates  nickelif^s  plus  ou  moins 


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1 


112   RIOHBSSES    MINÉRALES    DE    LA    NOUVELLE-CALÉDONIE 

pura  ;  la  fig.  8  de  la  PI.  Il  représente  un  aspect  assez  fré- 
quent dans  ce  gite. 

Les  autres  gisements  exploités  k  Caiiala  sont  fort 
irréguliers;  ils  se  rapprocheraient  davantage  du  type  de 
la  miue  des  Bornets,  mais  ils  ne  présentent  aucun  carac- 
tère typique  sur  lequel  il  y  ait  lieu  d'insister  ici;  il  en 
est  de  même  de  ceux  qui  sont  exploités  dans  le  massif 
qui  domine  la  baie  Ouango,  soit  par  la  société  le  Nickel, 
soit  par  une  eatreprise  particulière  dont  les  travaux 
débutaient  au  moment  de  notre  passage. 

Dans  la  vallée  de  la  rivière  de  Kouaoua,  qui  s'ouvre  au 
milieu  de  la  formation  aerpentineuse  sur  une  assez 
grande  longueur,  soit  7  kilomètres  environ  pour  la  rive 
droite  et  10  kilomètres  pour  la  rive  gauche,  le  nickel  se 
montre  en  quantité  considérable,  et  souvent  avec  une 
belle  richesse,  sur  un  grand  nombre  de  contreforts. 
L'exploitation  y  a  débuté  sur  le  massif  le  plus  voisin  de 
la  mer,  entre  la  rivière  de  Kouaoua  et  la  Kagonjou, 
avec  les  mines  la  Dorée,  la  Loire,  etc...,  et  elle  a  pro- 
duit jusqu'à  14.000  tonnes  par  an  {en  1894)  ;  après 
l'épuisement  des  ressources  faciles  à  atteindre  sur  ce 
massif,  l'exploitation  a  été  reportée  sur  la  montag-ne 
Méfao,  située  en  face  sur  l'autre  rive  de  la  rivière  de 
Kouaoua.  Épuisée  à  son  tour,  la  mine  Méfao  a  dû  être 
remplacée  par  les  différentes  mines  (Irlandaise,  Wool- 
loomooloo,  Toucamboï,  etc..)  que  l'on  vient  d'ouvrii*  au 
fond  de  la  vallée  et  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière,  Il  la 
suite  de  la  création  des  moyens  nécessaires  pour  le 
transport  des  minerais  jusqu'à  la  nier.  Ce  travail  vient 
seidement  d'être  terminé;  aussi  le  gi'oupe  de  KoiM^a 
n"a-t-il  produit,  en  1901,  que  3.390  tonnes,  mais  a-^ff, 
pendant  le  premier  semestre  de  1902,  élevé  sa  production 
jusqu'à  8.500  tonnes  environ. 

Sur  les  massifs  situés  à  l'entrée  de  la  vallée,  on  paraît 


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Lsa  UINBS  DE   NICKBL  113 

avoir  exploité,  autant  qu'il  est  possible  d'en  Juger  au- 
jourd'hui, des  remplissages  à  caractère  souvent  terreux, 
mais  oii  apparaissaient  aussi  des  plaquettes  de  minerai 
vert  ou  chocolat  :  le  fout  se  rencontrait  au  milieu  de 
blocs  éboulés  et  dans  les  anfractuosités  des  tètes  en 
place  d'une  péridotite  d'un  aspect  un  peu  spécial.  Dans 
cette  roche,  dont  nous  avons  cependant  déjà  trouvé  des 
types  Toisios  à  Canala,  la  masse  de  Volivioe  serpentîni- 
:sée  est  remplie  de  petites  lamelles  brunes  à  éclat  un 
peu  cireux  de  bronzite,  ce  qui  donne  à  l'ensemble  une 
coloration  foncée  avec  esquilles  Jaune  brun  ;  d'autre 
part,  au  voisinage  des  parties  nickelifêres,  des  enduits 
très  minces  légèrement  bleutés  sont  fréquents  dans  les 
cassures,  d'ailleurs  très  inégales,  de  la  roche,  et  contri- 
•buent  à  lui  donner  un  aspect  particulier;  la  coloration 
brune  de  l'eusemble  correspond  à  une  richesse  assez 
notable  en  fer. 

La  mine  la  Loire  s'est  développée  entre  les  altitudes 
de  100  et  150  mètres  sur  un  des  contreforts  inférieurs 
d'un  massif,  sur  les  pentes  duquel  se  trouvait  également, 
entre  400  et  450  mètres  d'altitude,  le  gisement  de 
la  mine  la  Dorée,  et  sur  les  crêtes  duquel  ont  été  faits, 
entre  550  et  650  mètres  d'altitude,  les  quelques  travaux 
-des  mines  le  Loiret  et  le  Béam  :  les  gisements  affectaient 
ici  nettement  la  forme  de  traînées  d'une  certaine  lar- 
gùur  s'étalant  à  la  surface  des  contreforts,  dans  les- 
quelles la  minéralisation,  qui  se  poursuit  sur  quelques 
mètres  (6,  8,  10  mètres,  parfois  même  15  ou  20  mètres) 
à  partir  de  la  surface,  semble  avoir  pénétré  de  l'exté- 
rieur vers  le  massif,  comme  si  des  solutions  nickelifêres 
avaient  imbibé  toutes  les  parties  poreuses,  remplissage 
terreux,  surface  extérieure  plus  ou  moins  altérée  des 
blocs,  etc.,  et  avaient  en  outre  déposé  dans  les  vides 
qu'elles  rencontraient  des  concrétions  plus  ou  moins 
abondantes.    Partout,  lorsqu'on  a  cherché  à  s'enfoncer 


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114   RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA    NODVELLE-CALÊDONIE 

plus  profondéiiit^nt  au  flanc  de  la  montagne,  on  a  vu  la 
minéralisation  diminuer  rapidement;  quelques  filonnets 
verts  paraissaient  liien  se  prolonger  plus  avant  dans  les 
tissures  de  la  roche,  mais  les  remplissages  terreux,  qui 
fournissaient  le  minerai  le  plus  abondant  et  le  plus  facile 
a  exploiter,  diminuaient  en  raison  de  la  diminution  de 
l'importance  d^s  vides  subsistant  au  milieu  des  blocs  en 
place,  en  même  temps  quo  leur  teneur  en  nickel  s'abais- 
sait et  que  la  magnésie  temiait  à  devenir  dominante. 

D'après  les  renseignements  qui  nous  ont  été  donnés,  il 
aurait  été  extrait  de  la  mine  la  Loire  une  trentaine  de 
mille  tonnes  de  minerai  à  teneur  moyenne  de  7  1/2  p.  100; 
il  en  aurait  été  exploité  20.000  à  25.000  tonnes  sur  la  mine 
la  Dorée. 

Le  gisement  situé  en  face,  et  qui  constitue  la  mine 
Méfaa,  présentait  les  mêmes  caractères  généraux;  on 
voit,  s  ctageant  entre  400  et  300  mètres  d'altitude,  les 
gradins  d'une  série  de  carrières  aujourd'hui  abandonnées, 
dessinant  une  traînée  minéralisée,  que  l'on  n'a  nulle  part 
pu  suivre  un  peu  profondément  dans  le  flanc  <le  la  mon- 
tagne :  l'exploitation  a  dû  en  être  interrompue,  faute  de 
minerai  suffisamment  riche,  après  avoir  fourni  environ 
25.000  tonnes.  Dans  ce  gisement,  comme  d'ailleurs  aui 
mines  la  Dorée  et  la  Loire,  (m  trouvait,  à  cftté  des  lîones 
à  terres  et  poussières  suffisamment  riches,  des  matières 
de  môme  nature  et  d'aspect  peu  différent  dont  la  teneur 
en  nickel  s'abaissait  progressivement  ;  aussi  n'a-t-on  pas 
été,  au  cours  de  l'exploitation,  sans  remuer  des  quanti- 
tés importantes  déminerai  à  5  et  6  p.  100,  abandonnées 
sur  place,  et  sans  en  laisser  intactes,  à  cûtc  des  chantiers, 
des  quantités  plus  importantes  encore,  que  l'on  iio  pouvait 
exploiter  faute  de  débouchés  pour  des  minerais  de  telles 
teneurs. 

Les  mines  actuellement  exploitées  au  fond  de  la  vallée 
de  la  rivière  de  Kouaoua  sont  à  peu  près  du  même  type, 


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LES  MINES   DE  NICKEL  l'15 

constituant  ici  ou  là  entre  les  cotes  200  et  550  environ, 
aar  les  différents  contreforts  et  croupes  qui  descendent 
Ters  l'Est  du  massif  du  Mé-Moa,  une  série  de  traînées, 
dont  l'étendue  parait  généralement  assez  restreinte,  et 
sur  lesquelles  étaient  répartis,  au  moment  de  notre  pas- 
sage, cinq  ou  six  groupes  de  carrières  produisant  environ 
1.500  tonnes  par  mois.  Dans  la  plupart  de  ces  groupes, 
l'exploitation  se  poursuit,  sans  pouvoir  d'ailleurs  s'enfon- 
cer de  plus  de  quelques  mètres  dans  la  montagne,  au 
milieu  de  blocs  détachés  de  serpentine,  noyés,  comme  cela 
parait  avoir  été  le  cas  général  pour  les  autres  mines  de 
Kouaoua,  dans  des  matières  poudreuses  et  terreuses, 
souvent  jaune  pâle,  d'autres  fois  plus  rouges,  et  assez 
exceptionnellement  verdàtres,  qui,  bien  triées,  ont  dans 
l'ensemble  une  teneur  atteignant  7  à  7  1/2  p.  100;  il  en 
est  de  même  des  croûtes  friables,  également  de  couleur 
claire,  qui  recouvrent  les  blocs.  L'exploitation  comporte 
dès  lors  l'enlèvement  des  argiles  rouges  de  recouvre- 
ment, qui  sont  généralement  de  faible  épaisseur,  puis 
l'abatage,  uniquement  au  pic  et  à  la  pince,  des  blocs  ser- 
pentineux  naturellement  détachés.  On  procède  ensuite  à 
un  triage  assez  minutieux  du  minerai,  «  piquant  »  les 
gros  blocs  pour  en  détacher  une  enveloppe  désagrégée  et 
minéralisée  de  quelques  centimètres  d'épaisseur,  et  recueil- 
lant toutes  les  matières  pulvérulentes,  après  y  avoir 
passé  d'abord  le  râteau  pour  en  enlever  par  un  pro- 
cédé expéditif  les  éléments  de  quelque  dimension  ;  tout 
ce  qui  n'est  pas  entraîné  par  le  râteau  est  minerai,  tandis 
que  la  pierraille  qu'il  ramène  est  triée  à  la  main,  fournis- 
sant le  plus  souvent  peu  de  fragments  utilisables.  Cepen- 
dant, dans  quelques-unes  des  carrières  que,  ni  te  relief 
du  terrain  autour  d'elles,  ni  la  nature  des  roches,  ne  pa- 
raissent différencier  d'une  façon  nette,  les  enduits  com- 
pacts de  silicate  vert  sur  les  blocs  et  les  fragments  de 
péridotite  apparaissent  plus  nombreux,  généralement  aux 


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116  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUTBLLE-CALÉDONIE 

dépens  de  la  mînéralisatioD  des  terreR.  Le  rendement  de 
ce»  diverses  carrières  est  trM  variable  de  l'une  k  l'autre, 
et  même  d'nn  point  à  l'autre  d'un  même  chantier  :  ici 
(tel  était  le  cas  d'un  groupe  de  chantiers  de  la  mine 
Florentine  au  moment  de  notre  passage] ,  il  suffit  d'abattre  4 
k  5  mètres  cubes  de  rocher  pour  en  extraire  1  mètre  cube, 
soit  en  moyenne  1,300  kilogrammes,  de  bon  minerai;  là, 
au  contraire,  c'est  8  ou  10  mètres  cabes  de  stérile  au 
milieu  desquels  on  arrive  seulement  à  recueillir  la  même 
quantité  de  minerai. 

A  c6té  des  exploitations  poursuivies  par  la  société  le 
Nickel  sur  la  côte  Est,  on  en  compte,  le  long  de  cette 
même  c6te,  trois  plus  an  Sud,  et  quelques-unes  vers  le 
Nord.  Celles  du  Sud  sont  celles  des  mines  Pity-de-Ddme 
et  les  Roches  sur  la  rivière  de  Ni  non  loin  de  Kouakoué,  et 
de  la  mine  Prise-de-Rivoa  dans  la  vallée  de  la  rivière 
To-N'Deu  :  étant  donnée  l'absence  de  voies  de  communi- 
cation de  cette  région,  qui  n'est  accessible  que  par  mer 
et  dont  les  rivages  passent  pour  assez  dangereux,  ce  qui 
entraîne  à  la  fois  des  difficultés  d'approvisionnement,  de 
recrutement  de  main-d'œuvre,  d'expédition  du  mine- 
rai, etc.-.,  on  n'y  a  jusqu'ici  mis  en  exploitation,  parmi 
les  nombreux  gisements  de  nickel  qui  y  ont  été  si- 
gnalés et  sur  les  surfaces  considérables  qui  sont  cou- 
vertes par  des  concessions  ou  demandes  de  concessions, 
que  les  affleurements  les  plus  beaux  fournissant  facile- 
ment des  minerais  riches  ;  ce  sont  les  mines  de  cette 
région  qui  produisaient,  au  moment  de  notre  séjour,  tes 
minerais  les  plus  riches  de  la  colonie  :  la  mine  les  Roches 
en  particulier  faisait  des  livraisons  à  la  teneur  de  H  à 
12  p.  100  do  nickel.  Les  frais  de  transport  et  les  dif- 
férents frais  accessoires  rendent  en  effet  plus  avan- 
tageux de  n'expédier  par  an  qu'un  petit  nombre  de 
milliers  de  tonnes  de  rainerai  riche  plutôt  qu'une  quantité 


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hSS  UINES  DE   NK3KBL  117 

double,  va  ploa  que  double,  d'un  miserai  légèrement 
appauvri  par  l'additioii  de  déblais,  qui  soat  aujourd'hui 
considérés  comme  stériles,  mais  qw  ont  encore  une  teneui- 
de  5  ou  6  p.  100. 

Ces  gisements,  quelque  peu  escepticHinels  aujourd'hui, 
paraissent  encore  appartenir  au  type  de  ceux  qui  ont  été 
exploités  au  début  dans  d'autres  points  de  la  colonie.  Le 
croquis  qui  est  reproduit  par  la  fiff.  1  de  la  PI.  III, 
et  que  nous  avons  relevé  au  front  d'avancement  de  l'un 
des  chantiers  de  la  mine  Prise-de-Rivoa,  à  la  cote  480,  eor 
nn  rnasaf  dominant presqueàpicla  vallée^ la To-N'Deu, 
donnera  me  idée  de  ce  que  sont  les  plus  belles  parlas 
d'un  tel  gisement  :  sur  la  droite  du  chantier,  le  massif  de 
péridotite  est  -coupé  par  un  plan  de  fradure  ou  de  glisse- 
ment net  recouvert  d'un  glacis  de  silicate  vmt,  qiû  se 
prolonge  sur  une  certaiae  épaisseur  dans  la  roche  par  une 
série  d'ûcrustations  du  même  minerai  dans  les  fentes  de 
ceile-oi.  Entre  cette  paroi  d'une  part,  et  soit  le  manteau 
d'arfiâle  rouge  aupeRâoielle,  soit  d'autres  tètes  de  péridotite 
stériles  d'autre  part,  se  dévelo^ipe,  sur  une  largeur  attei- 
gnant jusqu'à  2  mètres,  une  brèche  essentiellement  cons- 
tituée de  silicate  vert  riche  cimentant  des  fragments  géné- 
ralement petits  de  péridotite,  fragments  qui  se  trouvent 
bleuis  à  la  surface  et  assez  profondément  niinéralisés  ;  ceue 
8ont  dès  Ibrs,  au  milieu  de  cette  brèche,  que  les  rares  mw- 
ceaux  rocheux  un  peu  gros  qui  sont  arrêter.  L'exploitation 
comprend  simplement  l'abatage,  puis  le  cassage  au  mar- 
teau, du  minerai;  tout  ce  qui  est  silicate  de  nickel  ou 
péridotite  suffisamment  minéralisée  se  réduit  en  petits 
morceaux,  tandis  que  les  fragments  rocheux,  restés  assez 
frais  pour  être  stériles,  conservent  des  dimensions  plus 
considérables  ;  ils  sont  alors  éliminés  à  la  main.  Dans 
d'autres  chantiers ,  on  suit  des  cassures  moine  piiissantes, 
mais  toutes  tapissées  de  concrétions  de  minerai  vert  ou 
chocolat. 


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us    RICHESSES    MINÉRAl^S    DE    LA    NOnVELLE-CALÉDONIB 

Tout  autre  est  le  type  des  minerais  qu'il  nous  reste  à 
mentionner  encore  sur  la  côte  Est,  c'est-à-dire  ceux  qui 
sont  exploités  autour  de  la  baie  de  Poro  ;  trois  mines  y 
étaient  en  activité  au  moment  de  notre  passage  :  la  mine 
Paragraphe  sur  la  crête  qui  sépare  la  vallée  de  la  rivière 
de  Kua  et  celle  de  la  rivière  de  Poro,  la  mine  Fathma 
sur  un  mamelon  isolé  de  cette  dernière  vallée,  et  lamine 
Française  sur  les  hauteurs  qui  dominent  vers  l'Ouest  la 
baie  de  Poro,  et  qui  la  séparent  du  bassin  de  la  rivière 
Kamoui  :  la  /ig.  2  de  la  PI.  III  en  figure  la  dispo- 
sition en  amphithéâtre  au-dessus  de  la  baie  de  Poro; 
nous  y  avons  indiqué  également  la  mine  Mécorouma, 
située  sur  la  même  crête  que  la  première  et  qui  appartient 
au  même  amphithéâtre;  elle  est  inexploitée  aujourd'hui, 
nous  mentionnerons  néanmoins  ici  les  observations  que 
nous  y  avons  faites,  parce  qu'elles  complètent  celles  qui 
sont  relatives  aux  mines  actuellement  exploitées. 

La  raine  Paragraphe  s'étend  de  part  et  d'autre  d'une 
crête,  élevée  de  300  mètres  environ  au-dessus  de  la  val- 
lée, et  fort  étroite,  puisque  les  anciens  travaux  de  la 
mine  immédiatement  voisine,  la  mine  Melbourne,  ont 
percé  cette  crête , de  part  en  part.  Les  travaux  actuels 
s'étagent  surtout  vers  la  vallée  de  la  rivière  de  Kua; 
plusieurs  de  leurs  chantiers  se  développent  dans  des  for- 
mations bréchoïdes,  autour  de  blocs  superficiels  do  péri- 
dotite  d'un  type  qui  diffère  peu  do  ce  que  nous  avons 
eu  l'occasion  de  décrire  m;ûntes  fois,  mais  où  les  concré- 
tions de  silicate  vert  et  de  minerai  chocolat  sont  nom- 
breuses ;  ces  chantiers  sont  d'ailleurs  irréguliers,  géné- 
ralement étroits,  suivant  seulement  les  trahiées  les  plus 
richement  minéralisées.  Dans  deux  ou  trois  d'entre  eux 
apparaissent  des  pointemeuts  de  péridotite  décomposée 
avec  cloisonnements  de  silicate  vert,  type  de  minerai  spé- 
cial dont  nous  avons  déjà  fait  mention  et  que  nous 
retrouverons  dans   les  mines  voisines;  k  la  mine  Para- 


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LES  MINES   DE   NICKEL  119 

graphe,  ce  minerai  est  généralement  laissé  de  côté,  sa 
teneur  dépassant  rarement  6  p.  100,  et  l'exploitant  pré- 
férant ici  aussi,  en  raison  des  frais  de  transport,  expé- 
dier de  petites  quantités  (400  ou  500  tonnes  par  mois)  de 
minerai  assez  riche  (8  à  9p,  100},  plutôt  que  de  les  em- 
ployer à  enrichir  des  masses  à  teneur  moindre  en  vue 
d'augmenter  la  production  de  la  mine.  Il  est  d'aitlem's  ii 
noter  qu'au  voisinage  do  ces  types  spéciaux  de  minerai, 
apparaissent  des  pointements  de  dunite,  rocfie  telle  que 
celle  dont  nous  avons  cité  ci-dessus  l'analyse  (page  52), 
eiqui  paraît  être  notablement  plus  nickelifëre  dans  toute 
sa  masse  que  ne  le  sont  généralement  les  harzburgites. 
Ce  n'est  d'ailleurs,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  certai- 
nement pas  d'une  dunite  que  dérive  le  minerai  exceptionnel 
que  nous  venons  de  signaler,  puisque  l'on  distingue  à 
leur  clivage  net  de  petits  cristaux  d'cnstatite,  aussi  bien 
dans  les  noyaux  encore  frais  que  dans  les  crofttes  alté- 
rées de  ce  minerai. 

A  la  mine  Falhma,  qui  se  développe  dans  un  petit  mas-> 
sif  isolé,  de  200  mètres  d'altitude,  aux  pentes  relativement 
douces,  situé  entre  les  deux  bras  de  la  rivière  de  Poro, 
ce  dernier  type  de  minerai  est  assez  constant,  et  c'est 
avec  peine  que  dans  l'ensemble  des  travaux  on  peut  trou- 
ver une  ou  deux  têtes  de  péridotite  stérile,  quoique  plus 
ou  moins  serpentlnisée  natureUcmeut;  la  majeure  partie 
du  mamelon  parait  être  constituée,  au-dessous  d'un  épais 
manteau  d'argile  rouge,  par  plusieurs  dizaines  do  mètres  de 
ces  roches  altérées  dites  «  serpentines  damier», que  nous 
avons  déjà  décrites;  leur  richcsseen  nickel  est  d'ailleurs  peu 
régulière  :  là  le  réseau  des  cloisons  de  silicate  vert  (qui, 
d'ailleurs,  peut  parfois  être  assez  chargé  en  silice  ou  eu 
magnésie  pour  ne  constituer  par  lui-même  qu'un  minerai 
de  richesse  très  moyenne]  est  fort  espacé,  et  entre  ses 
mailles  il  subsiste  des  morceaux  de  péridotite  dont  la 
partie  altérée  représente  trop  peu  de  chose  par  rapport 


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120   RICHESSES   MINÉRALES   DK   LA   NODVBLLE-CALÉDONIB 

à  l'ensemble  de  la  masse  pour  qo'on  juge  avantagenx  de- 
les  abattre  et  de  les  trier;  ici,  au  contraire,  le  réseau  des 
cloisons  se  resserre  suffisamment  pour  que  l'on  exploite 
toute  la  masse,  dont  la  consistance  est  d'ailleurs  faible, 
et  pour  que  l'on  se  contente  de  passer  le  tout  à  on  crible 
grossier,  en  le  secouant  énergiquement ;  les  plaquettes 
silicatées,  toujours  très  fragiles,  et  la  partie  altérée 
friable  de  la  roche  traversent  le  crible  et  constituent 
le  minerai;  les  noyaux  durs  sont  rejetés;  plus  loin, 
le  réseau  est  si  serré  que  l'espérience,  c'est-à-dire  le- 
,  résultat  de  l'analyse,  a  montré  que  tonte  la  masse  est 
bonne  à  prendre  ;  plus  loin  encore,  c'est  sans  doute  I& 
même  processus  de  décomposition,  mais  parvenu  kun  stade 
plus  avancé,  qui  a  donné  lieu  à  une  masse  jannerouge&tre 
sans  aucune  consistance,  mouchetée  de  petits  débris  verts, 
dont  l'ensemble  a  une  teneur  de7  à8  p.  100.  On  conçoit, 
dans  ces  conditions,  que  l'exploitation  soigneusement 
limitée  h.  de  tels  minerais,  dont  on  n'a  d'ailleurs  pas 
reconnu  l'extension,  soit  aisée  et  profitable  :  elle  produit 
de  250  à  300  tonnes  par  mois.  Mentionnons  enfin  que- 
la  mine  Fathma  est  une  de  celles  où  noue  avons  trouvé 
du  minerai  de  cobalt  (en  petite  quantité,  cela  est  vrai)  ao 
voisinage  immédiat  du  minerai  de  nickel  :  dans  une 
poche  d'argile  ronge  au  contact  du  minerai  »  damier  », 
nous  avons  recueilli  de  pétries  crofttes  cobaltiferes  bleues, 
reposant,  par  l'intermédiaire  d'un  lit  de  quelques  centi- 
mètres d'argile  seulement,  sur  une  masse  de  minerai  de 
nickel  payant. 

Dominant  la  baie  do  Poro  vers  l'Ouest,  c'est-A-dire  en 
face  de  ces  deux  mines,  s'élèvent  les  hauts  contreforts- 
sur  lesquels  sont  situés,  entre  300  et  420  mètres  d'alti- 
tude, les  chantiers  de  la  mine  Française,  dont  la  produc- 
tion mensuelle  atteignait  500  tonnes  an  moment  de  notre 
passage.  Dans  les  carrières  inférieures,  c'est-k-dire  dans 
celles  qui  s'étagent  immédiatement  au-dessus  de  la  baie- 


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LES   MINES   DE   NICKEI.  iHi 

de  Poro,  le  minerai  do  type  «  damier  »  domine  ;  cependant, 
dans  quelques  fiamères,  on  a  observé  que,  derrière  pln- 
sieors  mètres  d'épaisseur  de  cette  fonnation  sïip©rficieîle> 
on  retronve  des  blocs  serpentinenx  dors  dans  les  cas- 
sures desquels  on  peut  encore  exploiter  des  minerais  • 
riches  verte  ou  chocolat.  Dans  les  carrières  supérieures 
de  la  mine,  qui  se  rapprochent  davantage  des  crêtes  qni 
dominent  la  vallée  du  ruisseau  Ouia  et  des  tributaires  de 
la  Kamoui,  ce  sont  ces  derniers  types  de  minerais  qni  sont 
les  plus  fréquents;  ils  sont  exploités  par  quelques  bons 
chantiers,  ouverts  très  étroitement  ear  de  jolis  affleure- 
ments, sans  chercher  à  prendre  en  même  temps  les 
parties  voisines,  qui  seraient  peut-être  utilisables,  grftce 
surtout  au*  minerais  d'enrichissement  que  l'on  trouve  là. 

Ce  qui  est  !a  caract^stique  des  exploitations  de  Poro, 
c'est  ta  présence  des  minerais  «  damier  »  en  masse  ;  ces 
mêmes  minerais  ont  autrefois  été  exploités  sur  la  mine 
Mécoraiima;  reconnue  par  galeries  souterraines  vers  1876, 
elle  a  été  l'objet,  en  1890-91,  d'une  exploitation  à  ciel 
ouvert  qui  passe  pour  avoir  été  très  fructueuse  et  pour- 
avoir  produit  couramment  des  minerais  à  13  p.  100  ;  aussi 
avons-nous  tenu  &  la  visiter.  Située  au  sommet  d'une  paroi 
rocheuse  de  600  mètres  d'altitude  dominant  presque  k 
pic,  du  moins  sur  les  300  derniers  mètres  de  hauteur,  la 
vallée  de  la  rivière  de  Kua,  tandis  qne,  du  côté  de  Poro» 
la  montagne  s'abaisse  par  des  pontes  qui  sont  beaucoup  plus 
douces  et  se  couvrent  d'argilea  rouges  cl  de  blocs  ferrugi- 
neux, et  qui  donnent  même  lieu,  dans  la  saison  des  pluies,  à 
la  formation  d'un  petit  lac.  la  mine  Mécorouma  ne  montre 
guère  aujourd'hui,  dans  les  différents  fronts  de  taille  qui 
j  avaient  été  ouverts,  que  des  minerais  «  damier  »  en 
grande  abondance  ;  nous  ne  voulons  revenir  sur  la  des- 
cription de  ces  minerais  que  pour  ajouter  quelques  détails. 

La  roche  altérée  se  rencontre  en  masses  irréguliêres 
au  milieu  des  péridotites  stériles, les  recouvrant  parpla  ces 


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122  RICHESSES   MI^'ÉRALGS  DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

mais  d'autres  fois  paraissant  s'enfoncer  comme  une  sorte 
de  colonne  plus  ou  moins  nette  au  milieu  de  la  roche 
stérile.  Nous  nous  étions  demandé,  en  examinant  ce  gise- 
ment avant  de  connaître  ceux  de  Poro,  si  ce  type  d'al- 
tération en  masse  de  la  serpentine  (qui  nous  paraissait 
alors  tout  à  fait  spécial,  du  moins  avec  ce  développement) 
n'était  peut-être  pas  en  relation  avec  la  configuration 
exceptionnelle  de  la  crête  que  nous  avons  mentionnée; 
celle-ci  marque  en  effet  un  ressaut  brusque  au  bord  d'une 
sorte  de  plateau  ;  elle  donne  ainsi  lien  à  nn  mur  le  long 
duquel  les  eaux  se  précipitent  en  cascades  et  qui  paraît 
devoir  appeler  à  travers  la  paroi  de  la  roche  les  eaux  du 
plateau  qui,  en  certains  points,  n'ont  même  pas  d'écoule- 
ment naturel.  Les  observations  ci-dessus  rapportées,  que 
nous  avons  faites  ultérieurement  à  Poro  sur  des  massifs 
à  relief  beaucoup  moins  accusé,  montrent  qu'il  ne  faut,  en 
tons  cas,  pas  attacher  à  cette  relation  de  position  une 
importance  exagérée. 

Nous  avons  cherché  à  nou:^  rendre  compte  de  la  distri- 
bution de  la  minéralisation  dans  les  minerais  de  ce  type, 
et,  à  cet  effet,  nous  avons  fait  doser  le  nickel  dans  5  échan- 
tillons recueillis  dans  les  anciens  chantiers  de  la  miue 
Mécoronma  parmi  ce  qu'avait  laissé  l'ancienne  exploita- 
tion :  le  premier  était  constitué  par  une  péridotite 
légèrement  serpeutinisée,  mais  ne  paraissant  pas  avoir 
subi  d'action  minéralisatrice  ;  le  deuxième  était  du  type 
damier,  mais  k  large  réseau,  et  présentait  un  important 
noyau  paraissant  stérile;  le  troisième  appartenait  an 
môme  type  avec  réseau  beaucoup  pins  serré  et  avec 
absence  à  peu  près  complète  de  noyau  réellement  stérile  ; 
le  quatrième  était  constitué  par  des  plaquettes  telles  que 
celles  qui  forment  les  réseaux  et  qui  se  détachent  des  pré- 
cédents échantillons;  le  cinquième  représentait  le  remplis- 
sage d'une  cassure  un  peu  plus  importante  ;  les  teneurs 
en  nickel  trouvées  ont  été  respectivement  de  0,45  p.  Itm, 


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LES   MINES   DE  NICKEL  123 

—  1,20  p.  100,  —  3,71  p.  100,  —  6,95  p.  100,  —  et 
8,70  p.  100;  elles  correspondent  très  exactement  au 
degré  d'altération  que  la  roche  manifestait  à  l'œil  nu; 
et,  s'appliquant  à  des  échantillons  tout-venants  pris  avec 
soin  dans  le  but  de  représenter  à  peu  près  les  teneurs 
moyennes,  elles  paraissent  indiquer  combien  il  serait  aisé 
d'extraire  encore  des  quantités  importiuites  de  minerai  à 
6  ou  7  p.  100,  et  des  quantités  plus  considérables  encore 
de  minerai  à  plus  faible  teneur. 

B.  —  Les  gisements  exploités  sur  la  côte  occidentale. 

Des  exploitations  de  nickel  s'alignent  également  le  long 
de  la  côte  occidentale  de  la  Nouvelle-Calédonie,  depuis  le 
mont  Kaaia  jusqu'à  la  vallée  de  la  Dumbéa;  ellesforment 
dans  la  partie  Nord  de  cet  alignement  im  groupe  très  con- 
tinu jusqu'à  Népoui  ;  l'exploitation  de  la  Dumbéa  est,  au 
contraire,  complètement  isolée  aujourd'hui,  à  l'extrémité 
méridionale  de  cette  ligne. 

Le  mont  Kaala  est  un  exemple  typique  de  ces  massifs 
serpentineux  isolés  qui  s'élèvent  brusquement  de  plus  de 
1.000  mètres  au-dessus  do  la  côte  Ouest,  reposant  sur  une 
base  de  terrains  sédinientaires  dont  la  surface  légèrement 
mamelonnée  descend  en  pente  relativement  douce  vers  la 
mer,  et  présentant  assez  bien,  avec  ses  parois  abruptes 
dans  teutes  les  directions,  l'aspect  d'un  massif  rapporté. 

La  présence  du  nickel  parait  avoir  été  constatée  sur  la 
plupart  d'entre  ses  différents  contreforts,  puisque  presque 
toute  la  surface  qu'il  occupe,  soit  environ  6.000  hectares, 
est  recouverte  par  une  série  de  périmètres  miniers  ;  deux 
exploitations  y  sont  en  activité  aujourd'hui  :  l'une  sur  le 
contrefort  le  plus  occidental  et  l'autre  sur  l'un  des  con- 
treforts méridionaux.  La  première  d'entre  elles,  qui  a 
lieu  sur  la  mine  Étoiie-du-Nord,  en  est  à  la  période  de 


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iZi  RICHESSES  HtHBRALBS  DE   LA    NODTELLB-GALÉDOTIIE 

début  des  travaux  ;  on  y  ottrre  une  série  de  chantiers  entre 
les  cotes  550  et  6f)0  environ;  plusieursd'entreeux  n'étaient 
au  moment  de  notre  passage  qu'à  peine  attaqués,  olior- 
chant  à  suivre  ici  on  là  des  traces  plus  ou  moins  vertes^ 
Le  minerai  qui  avait  été  abattu  jusque-là  était  surtout 
constitué  par  des  masses  poudreuses  décomposées  et 
par  des  fragments  et  enduits  verts.  Nous  avons  noté 
sur  cette  raine  la  présence,  auprès  des  têtes  rocheuse» 
nickelifères,  non  seulement  d'un  peu  de  minerai  de  cobalt^ 
mais  encore  d'un  bloc  de  minerai  de  chrome  du  t^pe  dit 
fer  chromé  "  piqué  ».  Enmême temps  que  l'on  commençait 
les  travaux  d'exploitation  de  la  mine,  on  arhevait  la  cons- 
truction des  moyens  de  transport  pour  le  minerai;  ils  com- 
prendront essentiellement  un  grand  plan  incliné  aérien  de 
1.470  mètres  de  longueur,  rachetant  une  différence  de 
niveau  de  475  mètres,  et  une  petite  voie  ferrée  de  4  kilo- 
mètres reliant  le  pied  de  ce  plan  au  bord  de  la  mer. 

La  mine  Koala,  que  l'onrenctmtre  un  peu  plus  à  l'Est,, 
présente  une  minéralisation  plus  riche  :  les  chantiers  où 
l'on  suit,  au  milieu  des  blocs  plus  ou  moins  déchiquetés  d» 
la  péridotite,  des  concrétions  vertes  épaisses  et  de  belle 
teneur,  sont  assez  fréquents  ;  ces  concrétions  ont  d'ail- 
leurs toujours  des  allures  peu  régulières,  et  nulle  part  on 
ne  voit  de  Alons  nets  ;  mais  dans  certains  chantiers  som- 
avons  observé  l'indication  de  sortes  de  cheminées  oii 
semblent  avoir  circulé  les  eaux  minéraliaantes,  donnant 
lieu  à  des  concrétions  ici  plus  ou  moins  stalactiformes, 
là  à  structure  en  nid  d'abeille.  Mais,  à  c6té  de  ces 
minerais  bien  définis,  on  exploite  quelques  masses  de  ces- 
serpentines  altérées  nickelifères  de  couleur  claire  et  de 
consistance  cireuse,  spéciales  aux  gisements  de  la  cdte 
Ouest,  que  nous  avons  décrites  ci-dessus.  Elles  apparaissent 
ici  en  masses  présentant  souvent  des  dimensions  de  plu- 
sieurs mètres,  parfois  même  de  plusieurs  dizaine  de 
mètres  dans  tous  les  sens,  qui  se  montrent  au  milieu  des- 


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LB8   HIMBS  DE  MICRBL  1S5 

pnxhiitedécomposés  plus  OU  moins  friables,  et  qui  tranchent 
sur  ceux-ci  par  une  apparente  homogénéité  et  par  une 
certaine  coDsistaoce.  C'est  de  la  mine  Kaaia  que  provenait 
i'échantiUoD  &  teneur  de  18,3  p.  100  à  sec,  dont  noua  avons 
lionne l'aaalyso  Cï-dessus  (p.  86)  ;  rappelons  cependant  que 
de  tels  mÎBeraie  ont  le  sérieux  inconvénient  de  retenir  beau- 
-coHp  d'humidité,  ce  qui  augmente  le  poids  mort  à  trans- 
porter. Au  point  de  vue  des  transports  du  minerai,  la  mine 
Kaals  se  trouve  dans  des  conditions  tout  à  fait  analogues 
à  la  précédente,  dominant  la  mer  de  plus  de  600  mètres, 
«t  située  à  une  distance  horizontale  de  6  kilomètres  seu- 
Jement  du  rivage. 

Mentionnons  encore  que  l'un  des  contreforts  orientaux 
du  KaaIa  a  été  te  siège  d'une  troisième  exploitation,  celle 
-de  la  mine  Asie,  qui  s'est  poursuivie  en  1899  et  1900  aux 
environs  de  l.OOOmètres d'attitude.  Les  minerais  que  l'on 
y  rencontrait  étaient,  paratt-il,  presque  uniquement  cons- 
titués par  des  silicates  veris  en  âlonnets  et  concrétions, 
qu'il  fallait  aller  chercher  au  milieu  de  blocs  d'un  ahatage 
coAteux  ;  d'autre  part,  les  frais  de  transport,  tant  par  de 
simples  c&bles  uux  pentes  très  raides  qui  donnaient  lieu  à 
de  fréquentes  pertes  de  minerai,  qu'ensuite  par  des  chars 
à  bœufs,  étaient  fort  onéreux  ;  aussi  l'exploitation  a-t-elle 
été  suspendue  après  avoir  donné  lieu  k  l'extraction  de 
quelque  6.000  tonnes  seulement  do  minerai  kg  p.  100. 

Les  montagnes  serpentineuses,  qui  font  suite  au  mont 
Kaala  pour  constituer  la  ligne  des  sommets  qui  dominent 
la  côte  occidentale  de  l'ile,  sont  les  unes  et  les  autres 
couvertes  par  des  concessions  pour  nickel:  ce  sont  les 
lieux  puissants  massifs  de  l'Homedéboaet  du  Taom,  devant 
lesquels  se  dressent  les  massifs  moins  importants  du  Oua- 
zangou,  du  Ouala  et  du,  Taiba,  Seuls  les  gisementH  du 
Ouazangou  sont  aujourd'hui  l'objet  d'une  exploitation,  por- 
tant sur  le  périmètre  de  la  raine  A^OM(;e//tf-EsperanceBfltne 


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126   RICHESSES  MINÉRALES  DE   LA   MODVBLLB-CALÉDONIJB 

le3  cotes  500  et  600.  Les  minerais  que  l'on  y  rencontre 
se  rapprochent  de  ceux  de  la  mine  Kaala  ;  ce  sont  tantôt 
des  concrétions  vertes  dans  les  fentes  de  la  roche  ou  dana 
des  sortes  de  cheminées,  et  tantôt  des  produits  décom- 
posés, les  uns  encore  consistants,  les  autres  terreux,  de 
tons  genres,  de  toutes  couleurs,  etc.;  les  serpentines 
claires  altérées  dana  toute  leur  masse  sont  ici  particu- 
lièrement abondantes  et  présentent  une  variété  de  teintes 
frappante  :  tandis  que  les  unes  sont  rose  tendre,  les 
autres  gris  rerdâtre,  gris  jaunâtre  ou  d'un  brun  clair, 
d'autres  sont  beaucoup  plus  foncées,  et  certaines  sont 
recouvertes  d'enduits  d'im  noir  bleuté  qui  rappellent  tout 
à  fait  les  enduits  cobaltiferes  dont  nous  aurons  à  faire 
mention  à  propos  des  exploitations  de  cobalt,  et  qui  en  sont 
en  effet,  bien  que  considérées  par  erreur  par  les  exploi- 
tants comme  de  l'oxyde  de  nickel  ('),  Soit  que  la  minéra- 
lisation soit  ici  plus  largement  étalée  qu'à  côté,  soit  que 
l'exploitation,  conduite  parles  propriétaires  du  gisement, 
au  lieu  d'être  confiée  à  des  'amodiataires,  soit  poursuivie 
avec  plus  de  souci  de  la  bonne  utilisation  de  l'ensemble 
du  gite,  les  fronts  de  taille  des  carrières  y  sont  ouverts 
sur  des  étendues  beaucoup  plus  larges,  et  il  semble  que 
l'on  tire  un  meilleur  parti  de  la  minéralisation,  en  somme 
abondante,  du  massif.  Des  plans  inclinés  aériens,  un  tram- 
way de  6  kilomètres  1/2  de  développement  et  un  petit 
wharf  de  50  mètres  de  longueur  ont  été  installés  pour  per- 
mettre la  descente  et  l'embarquement  du  minerai,  qui 
est  extrait  à  raison  de  près  de  20.000  tonnes  par  an. 

Crontinuant  k  longer  la  côte  vers  le  Sud-Est,  le  voya- 
geur rencontre  ensuite  l'énorme  massif  du  mont  Koniambo, 


[*)  Cela  ne  présente  d'ailleurs  pas  d'ihiporlance  pratique,  parce  que, 
dani  les  minerctis  de  nickel,  le  cobalt  est  toujours  dosé  et  payé  comme 
■icksl. 


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LES   MINES   DE   NICKEL  127 

sur  lequel  sont  également  répartis  un  très  grand  nombre 
de  périmètres  miniers  :  parmi  eux,  denx  seulement  sont 
en  exploitation  il'un,  celui  de  la  mine  Révélation,  situé 
dans  la  partie  occidentale  du  massif,  domine  Voh  ;  l'autre, 
placé  vers  l'extrémité  orientale  du  même  massif,  est  voi- 
sin de  Koné,  c'est  celui  de  la  mine  Kalaviti.  La  première 
de  ces  mines  n'a  été  mise  en  exploitation  qu'àlaflndelQOl; 
elle  n'occupait  encore  au  moment  de  notre  passage  que 
30  ouvriers  avec  une  production  journalière  de  30  à 
35  toimes  au  maximum;  élevée  de  550  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer,  elle  donne  lieu  k  l'extraction  démi- 
nerais du  même  type  que  ceux  de  la  mine  Nouvelle- 
Espérance,  et  les  quelques  carrières  ouvertes  paraissent 
d'aspect  assez  favorable.  Tout  autour,  d'autres  exploita- 
tions ont  déjà  eu  lieu,  soit  eu  face  sur  le  massif  du  Kate- 
pahic,  soit  un  peu  plus  it  l'Est  sur  la  mine  Confiance,  soit 
plus  loin  encore  sur  les  mines  Kataviti  et  Boum. 

La  mine  Kataviti,  encore  en  pleine  exploitation  aujour- 
d'hui, mérite  une  mention  spéciale  :  c'est  l'une  des  plus 
anciennement  exploitées  des  mines  de  la  région  Nord  de 
la  côte  Ouest  :  ouverte  en  1888,  elle  a  d'abord  été  l'ob- 
jet d'une  extraction  annuelle  de  3.000  à  4.000  tonnes  de 
minerai  riche;  arrêtée  pendant  la  crise  de  1894-97,  elle 
a  été  reprise  depuis,  fournissant  par  an  de  10.000  à 
20.000  tonnes  de  mineraiàteneurmojenuede7à  8  p.  100; 
au  moment  de  notre  passage,  elle  n'occupait  pas  moins  de 
quatre- vingts  ouvriers,  et  assurait  une  production  men- 
suelle de  600  à  800  tonnes,  à  l'aide  d'un  nombre  relative- 
ment restreint  de  fronts  de  taille  largement  développés. 
Ces  chai\tiers  sont  ouverts  entre  les  cotes  230  et  340, 
sur  les  pentes  d'un  contrefort  en  forme  de  dôme  recou- 
vert de  formations  d'argile  rouge,  parfois  assez  puissantes, 
sous  lesquelles  ou  à  côté  desquelles  on  trouve  de.s  traî- 
nées de  roches  décomposées  et  minéralisées  ;  de  nom- 
breux chantiers  se  développent  dans  des  minerais  terreux 


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128  RICHKSSES   MINÉRALES   DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

-qui  constituent  un  remplissage  abondant  autour  de  blocs 
-éboulés  de  péridotite  ;  mais  les  enduits  et  concrétioiis  sur 
ces  blocs  sont  fréquents  aussi,  et  nous  avons,  spéciale- 
ment ici,  noté  la  présence  de  péridotites  roctteusea  dures, 
ne  présentant  pas  l'aspect  décomposé  que  noua  avons  si 
souvent  signalé,  et  toutes  bariolées  d'enduits  fortement 
colorés,  verts,  bleus,  rouges  parfois,  qui  constituent  dans 
l'ensemble  un  minerai  ricbe,  dans  lequel  les  ag^ents  nû- 
néralisateurs  sembleraient  plutôt  avoir  recimeoté  la  roche 
-que  l'avoir  désagrégée  comme  on  le  constate  le  plassou- 
vent.  Suivant  une  loi,  que  nous  croyons  pouvoir  donner 
comme  une  loi  générale,  cette  minéralisation  diminue 
lorsque  les  chantiers  s'enfoncent  dans  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, et,  tantAtàparUr  de  15  à20  mètres  d'avancement, 
tantôt  seulement  au  bout  de  40  mètres,  la  proportion  des 
blocs  serpentineuz  saine  et  stériles  augmente,  et  les  ma- 
tières qui  les  emp&tent  deviennent  plus  magnésiennes 
et  moins  nickelifèrea.  Néanmoins  la  largeur  des  chantiers 
ouverts  et  la  profondeur  encore  sérieuse  sur  laquelle  ils 
-ont  pu  être  poussés  ont  déjà  permis  d'extraire,  sur  un. 
espace  qui,  en  plan,  est  en  somme  peu  étendu,  une 
soixantaine  de  mille  tonnes  de  bon  minerai. 

Le  contrefort  sur  lequel  se  développent  les  travaux 
,  actuels  est  dominé  par  des  crêtes  rocheuses  beaucoup 
plus  abruptes,  qui  se  groupent  en  deux  séries  dites  «  les 
petites  crêtes  »  et  «  les  grandes  crêtes  »,  et  qui  atteignent 
respectivement  des  altitudes  de  450  et  de  650  mètres. 
C'est  sur  ces  crêtes  qu'avait  débuté  l'exploitation  et 
qu'avaient  été  extraits  les  riches  minerais  à  11  et  12p.  100 
en  moyenne,  qui  avaient  fait  autrefois  la  réputation  de 
la  mine  Kataviti  ;  on  constate  encore  aujourd'hui,  au 
front  des  anciens  chantiers  abandonnés,  l'existeace  de 
veinules  assez  nombreuses  de  silicates  compacts  ;  la 
péridotite  se  montre  en  têtes  d'aspect  tout  à  fait 
rocheux  si  escarpées  qu'aucun  amas  de  minerai  terreui 


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LES   MINES   DB   NICKEL  129 

«u  de  matièreB  décomposées  ne  pourrait  y  rester  accro- 
-ché  ;  ces  blocs  sont  sillonnés  de  petites  fissures  dont 
l'épaisseur  varie  de  un  à  quelques  centimètres,  et  qui  sont 
remplies  ici  de  garnit-rite  d'aspect  typique,  là  de  raine- 
rais de  même  consistance  et  en  tout  point  de  même  as- 
pect, sauf  que  leur  couleur  est  beaucoup  plus  p&le,  tantôt 
vert  d'eau,  tantôt  même  complètement  blanche,  au  point 
que  l'on  ne  songerait  pas  à  prendre  ces  matières  pour  des 
minerais  de  nickel  si  on  ne  voyait  pas  la  garniérite  y  passer 
-{trogressivement  ;  de  tels  minerais  sont  d'ailleurs  encore 
riches  :  c'estde  ce  gisement  que provenaitréchantillon  dont 
nous  avons  rapporté  l'analyse  ci-dessus  (p.  76)  et  qui  tenait 
0,5  p.  100  de  nickel.  A  ces  silicates  plus  ou  moins  décolo- 
lés  s'associent  aussi  de  beaux  types  de  minerai  choco- 
iat  avec  des  couleurs  variant  du  brun  rouge  au  bnm  foncé. 

Le  groupe  des  mines  de  Népoui,  qu'il  nous  reste  à 
décrire  pour  terminer  l'énumération  des  gisements  de  nic- 
kel exploités  dans  cette  région  de  la  côte  Ouest,  est 
:situé  dans  le  puissant  massif  serpentineux  qui  fait  face  au 
Koniambo  de  l'autre  côté  de  la  plaine  de  Koné-Pouem- 
bout;de  ce  massif  descendentauNord-Ouestquelques  tri- 
butaires de  la  rivière  de  Pouembout,  au  Sud  la  rivière  de 
Népoui  et  ses  différents  affluents,  et  au  Sud-Est  les  tri- 
butaires de  la  rivière  Ouha  ou  rivière  de  Muéo.  C'est  par 
le  versant  du  premier  de  ces  bassins  que  les  exploitations 
-ont  débuté  sur  le  mont  Ivopéto  ;  elles  ont  ensuite  été 
reportées  sur  le  vei-sant  des  tributaires  de  la  rivière  de 
Népoui,  dans  la  vallée  de  laquelle  une  voie  ferrée  a  été 
établie;  les  pentes  du  massif  qui  descendent  vers  la 
rivière  de  Muéo,  bien  que  couvertes  par  de  nombreux 
périmètres  miniers,  n'ont  pas  encore  été  exploitées.  Grâce 
au  grand  nombre  de  contreforts  richement  minéralisés 
groupés  tout  autour  du  cirque  qui  forme  le  fond  delà  vallée 
■de  Népoui,  la  création  d'une  voie  ferrée  le  long  de  cette 


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130  RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

valI<Se  a  permis  de  mettre  en  valeur  à  la  fois  un  grand 
nombre  de  gisements,  et  d'y  développeren  quelques  années 
imceutre  d'exploitation  qui  est  devenu  aujourd'hui  presque 
aussi  important  que  celui  de  Thio,  puisqu'il  n'a  pas  fourni 
moins  de  30.0fK)  à  35.000  tonnes  de  minerai  au  cours  de 
chacune  des  trois  dernières  années,  et  puisque  sa  produc- 
tion totale  s'est  élevée  eu  une  dizaine  d'années  à  plus 
de  lôO.OOO  tonnes. 

L'e.\ploitation  a  débuté,  nous  l'avons  dit,  sur  le  flanc 
du  mont  Kopéto  par  les  mines  Mont-Vert  et  Mont-Krane 
(Voir  la  fig.  3  de  la  PI.  III)  en  1891  ;  quelques  milliers  de 
tonnes  de  riche  minerai  vert  ont  ainsi  été  descendues 
dans  la  vallée  de  la  rivière  de  Pouembout,  et  transpor- 
tées par  charrettes  à  bœufs  sur  une  distance  de  15  kilo- 
mètres jusqu'au  bord  de  la  mer,  au  prix  de  10  à  12  francs 
par  tonne;  c'est  dans  les  mfimes  conditions  qu'a  débuté 
ensuite  l'exploitation  de  la  mine  lieis  n'  1  (Carrières  de 
la  Oua-Mango  sur  le  flanc  Nord-Ouest  du  mont  Paéoua  ou 
aiguille  de  Muéo).  Durant  la  crise  du  nickel,  qui  avait 
fait  tomber  l'exploitation  àG. 000  tonnes  seulement  par  an 
(1896),  les  travaux  de  création  de  12  kilomètres  d'un 
petit  chemin  de  fer  à  voie  de  60  centimètres,  descendant 
la  vallée  de  la  rivière  depuis  Népoui  jusqu'au  bord  de  la 
mer,  furent  poussés  activement;  ils  permirent  de  re- 
prendre l'exploitation  plus  largement  dès  que,  en  1897 
et  1898,  les  demandes  de  minerai  recommencèrent.  Ce 
chemin  de  fer  sen'it  d'abord  à  transporter  les  minerais 
descendus  à  Népoui  par  des  cùbles,  souvent  très  nom- 
■breux,  qui  allaient  le  chercher  à  fîOO  et  8(X)  mètres  d'al- 
titude sur  le  flanc  du  mont  Kopéto;  il  fut  ensuite  prolongé 
de  7  kilomètres  1/2  le  long  de  la  vallée  de  la  Oua  Paéoua 
ou  Péoué,  pour  chercher  au  pied  même  des  mines  les 
produits  des  carrières  ouvertes  sur  les  contreforts  occi- 
dentaux du  mont  Paéoua,  En  1899,  un  embranchement 
de  5  kilomètres,  porté  ensuite  à  6  kilomètres  1/2,  fut 


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LES   MINES   DE  NICKEL  131 

ouvert  dans  la  vallée  de  la  rivière  de  Népoiii  (branche 
orientale)  pour  mettre  en  valeur  les  gisements  du  flanc 
Nord  du  mont  Graunda  (mine  Surprise).  Enfin,  au  mo- 
ment de  notre  visite  àNépoui,  on  prolongeait  encore  cette 
ligne,  toujours  en  remontant  la  vallée  de  la  rivière  de 
Népoui,  afin  d'atteindre  la  localité  de  Oua-Té  à  13  kilo- 
mètres à  l'amont  de  Népoui,  et  de  pouvoir  y  prendre  les 
produits  des  carrières  ouvertes  sur  les  contreforts  orien- 
taux du  mont  Paéoua,  et  de  celles  à  ouvrir  éventuellement 
en  face,  sur  le  flanc  Ouest  du  massif  du  mont  Boulinda. 
La  production  des  mines  de  Népoui,  quelque  peu  ré- 
duite au  moment  de  notre  passage,  puisqu'elle  ne  dépas- 
sait pas  1.500  tonnes  par  mois  au  total,  était  presque 
uniquement  concentrée  sur  les  carrières  du  mont  Graunda; 
cependant  quelques  travaux  avaient  également  lieu  au- 
dessus  de  Oua-Té,  sur  le  flanc  Est  du  mont  Paéoua. 

Le  premier  groupe  était  divisé  en  trois  séries  de  car- 
rières réparties  sur  le  périmètre  de  la  mine  Surprise  ':  lea 
plus  imporiantes  de  ces  carrières,  dites  carrières  Yvette, 
s'étagent  sur  les  pentes  relativement  douces  par  les- 
quelles le  mont  Graunda  s'abaisse  vers  un  col  qui  le 
sépare  du  massif  du  mont  Boulinda  (Voir  la  /ig.  3  de  la 
PI.  III)  et  qui  permet  de  passer  de  la  vallée  de  la  rivière 
de  Népoui  k  celle  de  Muéo  ;  elles  ont  été  ouvertes,  sur 
75  mètres  de  verticale  environ,  entre  les  cotes  425  et  500, 
et  ont  enlevé  une  sorte  de  tache  minéralisée  dont  le 
croquis  que  reproduit  la/!y.  4  de  la  PI.  III  indique  à  peu 
prës  la  configuration,  et  qui  atteignait  une  épaisseur 
moyenne  d'une  quinzaine  de  mètres,  permettant  l'avance- 
meDt  des  gradins  sur  une  profondeur  de  25  à  40  mètres 
comptés  horizontalement.  La  minéralisation  s'étendait, 
comme  on  le  voit,  sur  100  à  200  mètres  de  longueur  et 
a  donné  lieu  à  l'ouverture  de  gradins  sur  une  semblable 
largeur.  Quant  au  minerai  que  l'on  y  rencontrait,  il  était 
essentiellement  constitué  par  des  remplissages  pulvéru- 


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132  RICHESSES   MINBRALEB   DE   LA  HOUVELLE-CALÉDOMS 

lents  et  terreux,  tels  que  ceux  que  nous  avons  déjà  sou- 
vent décrits,  se  montrant  particiUièreoient  abondants  au 
milieu  de  blocs  isolés  de  péridotite,  dont  une  proportioa 
importante  était  d'ailleurs  transformée  en  scrpcntÎDe 
claire  entièrement  minéralisée  avec  teneur  de  5  et  6  p.  100; 
aussi  a-t-on  pu,  sur  une  étendue  relativemeat  restreinte, 
extraire  plus  de  60.000  tonnes  d'un  minerai  dont  la  teneur 
moyenne  a  été  de  6  1/2  à  7  1/2  p.  100.  Aujourd'hui  cette 
teneur  diminue, et  pJusieurs  carrières  ont  db être  arrêtées, 
comme  dans  tous  les  gisements  de  ce  tjpe,  en  raison  de 
la  rencontre  de  matières  de  même  aspect  que  les  minerais 
précédemment  exploités,  mais  plus  riches  en  magnésie 
et  moins  chargées  do  nickel.  La  quantité  de  stérile  k 
remuer  au  cours  de  l'exploitation  s'est,  dans  de  telles 
conditions  do  gisement,  toujours  montrée  faible  et,  par 
suite,  le  rendement  des  ouvriers  occupés  sur  les  carrières 
a  été  considérable. 

Les  pontes  plus  raides  qui  descendentdecemème  massif 
vers  la  rivière  de  Népoui,  et  qui  sont  découpées  par  les 
ravins  des  tributaires  do  celle-ci,  ont  donné  également  lieu 
àl'ouverture  de  carrières  plus  ou  nioinsdéveloppées;  mais 
la  minéralisation  y  est  beaucoup  plus  capricieuse  :  nulle 
part,  aomble-t-il,  il  n'a  pu  se  conserver  un  placage  de 
minerai  aussi  continu  et  aussi  épais  que  celui  des  carrières 
Yvette,  et,  si  on  retrouve  i<i  ou  là  des  minerais  du  même 
genre,  c'est  en  traînées  plus  irrégulières;  on  rencontre 
d'ailleurs,  à  côté  de  ces  minerais  terreux,  des  concrétions 
de  silicate  vert;  tel  est  déjà  quelquefois  le  cas  dans 
les  carrières  dites  du  Camp;  mais  tel  est  surtout  le  cas 
dans  les  carrières  Colette  supérieures  oii  apparaissent  des 
tètes  rocheuses  fendillées  avec  fllonnets  verts  irréguliers. 

Sur  le  flanc  Est  du  mont  Paéoua  (mine  Beis  n°  2),  plu- 
sieurs carrières  (carrières  Pierrette  et  Hélène)  étaient 
en  activité  au  moment  de  notre  passage;  mais  elles 
n'étaient  pas  encore  munies  des  plans  inclinés  aériens 


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LES  UINES   DE  ITICKBI,  i3îi 

tië<:essatres  à  la  descente  du  minerai,  de  même  que  Fe 
clieinin  de  fer  qui  derait  desservir  les  recettes  infi^ 
Heures  de  ces  plans  n'était  pas  achevé;  aussi  n'y  faisait- 
on  que  des  travaux  ayant  plutôt  pour  objet  la  reconnaiïT- 
sance  des  gîtes  que  leur  exploitation  active,  et  laissait-oii 
le  minerai  produit  entassé  sur  les  mîaes  tnèmea. 

Dans  les  carrières  Pierrette,  la  péritlotite  qui,  partout 
aiffeurs  aux  environs  de  Néponi,  appartient  atii  types 
serpentinisés  courants,  présente  un  aspect  exceptionnel  : 
elle  est  d'une  dureté  très  grande,  d'une  couleur  vert 
jaune  partJciiRèrement  claire,  a  cassure  nettement  cria- 
talline  laissant  voir  h  la  fois  deï  ctÎTages  d'enstatîte 
parfaitement  fraicRe  et  la  cassure  grenue  efe  la  péridu^ 
tite  é^Iemeirt  inattaqt^;  c'est  (railleurs  Pa  rocbe  de  ce 
gisement  que  nous  avons  citée  ci-dessus  (p.  5f  )  comme 
type  de  pérfdotite  bien  fraîche.  A  cette  fraîcheur  spéciale 
de  la  roche  parait  correspondre  un  mode  de  mfnéralSsa- 
trôn  partScnlfer,  par  formation  dfe  couches'  concentriques 
très  réguliSres  et  très  nettes,  toutes  différentes  de  ce 
que  nous  avons  appelé  jusqu'ici  les  crofttea  minéralisées 
,  enveloppant  les  blocs  plus  ou  moins  serpentihisés,  croittes 
qoi  constituent  la  surface  extérieure  des  blocs  avec  pas- 
sage gradtiel  des  parties  les  plus  altérées  aux  parties 
maltéréea,  et  qui  forment  une  seule  zone  progressive- 
ment variable  et  d'épaisseur  assez  irrégulîère.  Les  couches 
concentriques  altérées  que  l'on  obserre  ici  sont  consti- 
ttiées  par  des  plaquettes  d'un  jaune  orangé  avec  points 
ou  stries  noirs,  séparées  les  unes  des  antres  par  des 
enduits  silicates  verts  ;  les  blocs  ainsi  altérés  superilciel- 
Hement  sont  d'ailleurs  noyés,  ici  comme  ailleurs,  dans  un 
remplissage  de  poudres  rougeâtres  ou  jaunâtres,  plus  ou 
moins  argileuses,  uii  les  ft-agments  de  miiieraî*  vert  sont 
assez  abondants.  Le  croquis  que  reproduit  la  fi'g.  5  de 
la  PI.  Iir  montre  la  façon  dont  se  représentent  ces 
minerais.  On   attaque  de-  telles  masses-  au  pic  et  éven- 


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13i   BICHBSSES   HINBIULB3  DB   LA  NODVBLLE-CALÉDONIB 

tuellement  k  la  pince;  les  blocs  rocheux  se  dépouilleiu 
aisément  de  leurs  croûtes  minéralisées  et  on  les  rejette 
ensuite  ;  on  se  contente  en  outre  de  passer  le  râteau 
dans  les  matières  pulvérulentes  qui  sont  abattues  en  mémo 
temps,  a&n  d'éliminer  les  fragments  rocheux  de  quelque 
dimension  qui  pourraient  y  subsister.  On  arrive  ainsi  à 
extraire  environ  une  tonne  de  minerai  à  teneur  voisine 
de  7  p.  100  pour  chaque  3  mètres  cubes  de  matières 
camjités  en  place  avant  l'abatage.  Le  gisement,  tel  du 
moins  qu'il  était  reconnu  au  moment  de  notre  passage,  ne 
parait  pas  être  très  étendu  ;  il  se  développe  au  âanc  d'une 
montagne  escarpée  entre  les  cotes  725  et  835;  iln'avait 
été  à  aucun  niveau  suivi  latéralement  sur  plus  de  60  à 
70  mètres,  et  il  ne  semblait  pas  que  la  minéralisation  per- 
sistât suffisante  sur  plus  d'une  quinzaine  de  mètres  comp- 
tés horizontalement  en  s'enfonçant  dans  le  flanc  de  la 
montagne. 

Le  groupe  des  carrières  Hélène  se  trouve  à  peu  près  à 
la  même  altitude  sur  un  des  contreforts  du  mont  Paéoua 
voisins  vers  le  Sud  de  celui  des  carrières  Pierrette  ;  il 
occupe  une  sorte  de  saillie  du  contrefort  s'étalant  avec 
des  pentes  relativement  douces  :  la  minéralisation  s'y 
montre  particulièrement  irrégulière  et  difficile  à  définir; 
à  cOté  de  blocs  d'une  péridotite  d'aspect  légèrement  ser- 
pentinisé,  d'un  vert  assez  foncé,  qui  sont  particulièrement 
décomposés  et  minéralisés  à  leur  surface,  se  trouvent  des 
traînées  ou  des  poches  de  minerais  divers;  ici,  on  ren- 
contre des  rognons  et  concrétions  quartzeux,  plus  ou 
moins  vivement  colorés  en  vert  par  le  nickel,  mais  de 
faible  teneur;  plus  loin,  c'est  une  traînée  d'une  matière 
magnésienne,  à  consistance  aFgileuse,  d'une  couleur  vert 
très  pâle,  et  cependant  chargée  .  en  nickel  (jusqu'à 
34  p.  100,  comme  l'indique  l'analyse  rapportée  ci-dessus, 
p.  8)  ;  là,  c'est  une  petite  poche  contenant  quelques  cen- 
taines de  grammes  à  peine  de  ces  poudres  vertes  très 


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LES   MINES   DE   NICKEL  ■  135 

fiches,  dont  nous  avons  donné  l'analyse  précédemment 
{p.  79)  et  qui  paraissent  appartenir  à  une  espèce  miné- 
rale particulière.  Dans  l'enserable,  le  rendement  des 
meilleures  parties  de  ce  gisement  est  satisfaisant,  mais  il 
paraît  très  irrégulier  comme  étendue. 

Au  fond  de  la  vallée  de  la  rivière  Péoué,  et  sur  le  mas- 
sif qui  s'avance  vers  le  Sud  entre  cette  vallée  et  celle  , 
de  la  rivière  de  Népoui  (branche  gauche),  s'étagent  un 
très  grand  nombre  d'anciennes  carrières  sur  lesquelles  se  < 
sont  principalement  poursuivies  les  exploitations  de 
Népoui  dans  la  période  de  1897  à  19(KJ;  la  fiff.  3  de  la 
PI.  in  indique  leur  répartition.  L'examen  de  ces  car- 
rières, aujourd'hui  abandonnées,  n'est  pas  sans  int^>rèt  :  ■ 
il  fait  d'abord  ressortir  combien  les  traînées  minéralisées, 
les  ânes  particulièrement  riches,  les  autres  considérées 
jusqu'ici  comme  de  richesse  moyenne  ou  môme  trop  faible, 
sont  nombreuses,  et  comment,  lorsque  l'on  prend  la  peine 
de  les  rechercher  avec  soin,  elles  se  montrent  réparties 
sur  un  très  grand  nombre  d'entre  les  contreforts;  cet 
examen  fait  voir  ensuite  combien  peuvent  être  différents 
les  types  de  minerais  que  l'on  rencontre  dans  un  même 
massif  et  à  peu  de  distance  en  somme  les  nns  des 
autres,  ces  différences  s'accompagnant  d'ailleurs  souvent 
de  différences  assez  nettes,  sinon  dans  la  nature  origi- 
nelle des  roches,  du  moins  dans  les  types  d'altération 
qu'elles  font  voir.  Enfin,  lorsque  l'on  examine  les  mon- 
ceaux de  déblais  rejetés  de  certaines  caiTJèrcs,  comme 
celle  de  la  Oua-Mango  par  exemple,  on  constate  sans 
peine  qu'ils  sont  très  nettement  minéralisés,  et  il  est 
aisé  de  supputer  quelles  sont  les  quantités  de  nickel  con- 
sidérables, plus  importantes  peut-être  que  celles  qnel'ona 
utilisées,  qui  ont  été  ainsi  perdues  en  raison  de  l'obliga- 
tion oii  l'on  était  de  n'expédier  que  des  minerais  dont 
la  teneur  moyenne  dépassât  7  p.  100. 

Aux  car.'ières  de  la  Oua-Mango  (cotes  580-630),  les 


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i36   RICHESSES   HINBRALBS  DB  LA   NOUrKLLE-CALÉDON'IB 

chantiers  ont  pu  être  conduits  sur  de  larges  fronts  et 
s'avancer  de  bon  nombre  de  mètres  dans  le  flanc  de  la 
montagne,  quelquefois  en  tournant  des  piliers  relativement 
Btëriles;  ils  ontsartout  exploité  des  rroûtes,  généralement 
épaisses,  de  serpentine  jaune  sillonnée  de  plaquettes 
vertes,  entourant  les  blocs  de  péridotite  ;  l'aspect  de  ces. 
croûtes  jaune  rougeâtre  avec  des  points,  des  stries,  et 
des  taches  foncés,  plus  ou  moins  régulièrement  distri- 
bués, les  fait  comparer  par  les  mineurs  à  du  liège,  et 
désigner  sous  le  nom  de  n  serpentine  bouchon  »  ;  sauf 
rirrégnlarité  de  distribution  des  plaquettes  vertes  qui  la 
sillonnent,  cette  serpentine  bouchon  paraîtrait  assez  ana- 
logue au  minerai  en  "  damier  v  de  Poro.  Il  semble  ici 
que  l'appauvrissement  des  minerais,  en  s'enfonçant  dans 
la  montagne,  se  fasse  principalement  par  substitution  de- 
plaquettes  quartzeuses  aux  plaquettes  de  gamiérite  dis- 
séminées dans  ces  roches  décomposées. 

Dans  les  carrières  Paéoua,  situées  tout  à  côté,  ta 
nature  du  minerai  était  peu  différente,  mais  la  minérali- 
sation était  moins  largement  étalée  :  le  minerai  n'a  sou- 
vent été  suivi  que  par  des  fronts  de  taille  étroits,  se  fau- 
âlant  entre  les  parties  relativement  stériles.  Plus  haut, 
les  carrières  du  Sapin,  entre  les  cotes  800  et  900,  ont 
également  été  conduites  d'une  façon  fort  irrégulière  ;  les 
minerais  du  type  ci-dessus  y  alternent  avec  des  mine- 
rais voisins  de  ceux  que  nous  avons  signalés  dans  les  car- 
rières Pierrette  ;  on  y  rencontre  aussi  quelques  filonnets- 
verts  et  chocolat. 

Plus  au  Sud,  une  série  de  carrières  se  développant  sur 
des  crêtes  secondaires  ou  sur  des  contreforts  du  mont 
Paéoua,  n'ont  donné  lieu  qu'à  des  tentatives  d'exploita- 
tion peu  fructueuses  ;  ces  tentatives  ont  été  interrompues, 
laissant  encore  des  étendues  minéralisées  assez  impor- 
tantes, mais  fort  irrégulières,  et  où  les  minerais  riches, 
nous  ont  paru  clairsemés. 


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LES   mNBS   DB   NICKEL  137 

Pour  tennmer  rénuméralion  des  mines  de  nickel  qni 
étaient  exploitées  au  moment  de  notre  séJoDr  dans  ïa 
colonie,  il  ne  nous  reste  à  mentionner  que  celle  des  Bar- 
bouilleurs,  ooverte  entre  lea  cotes  100  et  200,  sur  l'un  des 
contreforts  du  mont  Mone  dominant  la  riTe  gaui'he  de  !a 
Dumbéa;  l'exploitation,  entreprise  en  1893  sans  grand 
succès,  a  été  reprise  en  1897  lorsque  les  demandes  do- 
nickel  ont  commencé  à  redeTenir  actives  :  conduite 
d'abord  en  vue  d'une  faible  production,  elle  a  livré  jus- 
qu'à 4.000  et  5.000  tonnesdans  lea  dernières  années  ;  elle 
se  développe  partie  dans  des  minerais  terreux  qui,  à  condi- 
tion d'être  bienaéparés  des  parties  argileuses  ronges,  attei- 
gnent encore  une  teneur  de  6  à7  p.  100,  et  partie  dan» 
des  concrétions  de  silicate  vert  qui  courent  plus  ou  moins 
régulièrement  le  long  d'une  sorte  de  sorface  de  cassure 
gauche,  que  Ton  ne  saurait  assimilera  an  véritable  filon^ 

C.  —  Lna  oisBHBNTS  ancienheuent  EXPLorrÉg 

ET  i.ajODBD'HDl  ABANDONllBS. 


A  cMé  des  gisements,  en  somme  peu  nombreux,  qui 
sont  actuellenient  exploités  dans  la  colonie,  il  en  existe  un 
très  grand  nombre  d'autres  sur  lesquels  des  tentatives 
d'exploitation  plus  ou  moins  prolongées  ont  eu  lieu,  et  qui 
sont  abandonnés  aujourd'hui.  Ce  n'est  pas  d'ailleurs  que- 
l'on  puisse  dire  qull  y  ait  de  ce  fait  présomption  pour  que 
ces  derniers  gisements  soient  épuisés,  ou  bien  pour  que  les 
travaux  ainsi  abandonnés  aiont  été  de  nature  à  montrer 
qn'Os  étaient  pratiquement  inexploitables.  Pour  beaucoup 
d'entre  eux,  l'abandon  a  été  dû  uniquement  à  l'une  des 
crises  que  noua  avons  signalées,  et,  une  fois  la  cris» 
passée,  on  n'a  pas  songé  ensuite  à  les  reprendre,  ayant 
ailleurs  des  ressources  suffisantes  prêtes  à  être  exploi- 
tées ;  pour  d'autres,  après  y  avoir  fructueusement  exploité^ 


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138   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDONIB 

autrefois  des  minerais  riches  vendus  à  un  prix  tel  qu'ils 
pouvaient  supporter  un  transport  onéreux,  on  n'a  pas  cru 
devoircréerdepuislorsles  moyens  de  transport  économiques 
qu'aurait  exigés  l'expédition  de  tonnages  plus  importants 
à  des  teneurs  moindres  ;  pour  d'autres  enân,  des  amodia- 
taires à  court  tenne  ont  seulement  exploité,  ou  souvent 
gaspillé,  une  traînée  do  minerai  qu'ils  avaient  reconnue, 
sans  même  examiner  s'il  ne  s'en  trouvait  pas  d'autres  à 
côté  ;  parfois  enfin  une  tentative  a  échoué  en  un  point  d'une 
mine,  alors  qu'il  y  avait  tout  à  côté  un  gisement  fructueu- 
sement exploitable. 

Dans  ces  conditions,  et  malgré  la  difficulté  qu'il  y 
a  souvent  aujourd'hui  à  parvenir  sur  des  gisements  dont 
les  sentiers  d'accès,  non  entretenus  depuis  plusieurs  années, 
sont  devenus  à  peu  près  impraticables,  nous  avons  cru 
utile  de  visiter  un  certain  nombre  de  ces  gisements,  afin 
de  pouvoir  fournir  quelques  indications  générales  sur  les 
conditions  dans  lesquelles  ils  se  présentent;  pour  plusieurs 
d'entre  eux  d'ailleurs,  nous  avons  déjà  donné  les  renseigne- 
ments qui  les  concernent  en  parlant  des  gisements  voi- 
sins actuellement  exploités. 

Les  mines  rapprochées  de  Nouméa  ont  tout  naturellement 
été  parmi  celles  qui  ont  été  les  premières  l'objet  de  ten- 
tatives d'exploitation  ;  mais  elles  ne  semblent  pas,  d'une 
façon  générale,  être  parmi  les  plus  favorisées  comme  con- 
ditions naturelles.  Au  mont  Dore,  où  le  premier  gSte  utili- 
sable, ou  paraissant  tel,  avait  été  découvert,  les  travaux 
entrepris  alors  n'ont  pas  été  de  bien  longne  durée  ;  on  en 
a  tenté  d'autres  récemment  ;  mais,  à  en  juger  par  ce  que 
laissent  encore  voir  les  anciens  chantiers,  il  ne  semble 
pas  que  les  filonnets  verts  y  aient  été  bien  riches,  et  les 
matières  décomposées  du  voisinage,  qui  forment  si  souvent 
lopins  clair  du  minerai  exploitable,  paraissent  ici  être  très 
magnésiennes  et  relativement  pauvres  en  nickel. 


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LES    M1»ES    DE    NICKEL  139 

Parmiles  nombreuses  mines  instituées  uudéclarées  dans 
les  bassins  inférieur  et  moyen  de  la  Dumbéa,  sur  les  flancs 
du  mont  Erombéré  et  du  mont  Mou  au  Nord  de  Païta,  sur 
les  deux  rives  de  la  Tontouta,  et  auprès  du  cours  inférieur 
de  la  Ouengbi,  une  seule  est  aujourd'hui  en  activité;  plu- 
sieurs autres  ont  été  l'objet  do  tentatives  encore  récentes, 
mais  infructueuses;  enfin  un  certain  nombre  ont  été 
exploitées  au  début  avec  plus  on  moins  de  profit.  Sur 
toutes  celles  que  nous  avons  visitées,  les  exploitations 
nous  ont  paru  avoir  été  fort  irrégulières,  et  nous  n'avons 
nulle  part  constaté  l'existence  de  masses  importantes 
de  minerai  exploitable  reconnues  ;  ce  n'est  d'ailleurs 
paa  à  dire  qu'il  ne  puisse  pas  on  exister  de  plus  ou  moins 
restreintes;  mais,  d'une  façon  générale,  le  type  des 
minerais  qui  s'y  rencontrent  est  plutôt  celui  des  enduits 
et  concrétions  silicates  relativement  riches,  mais  peu 
abondants,  et  nulle  part  les  matières  pulvérulentes  et 
terreuses  ne  se  montrent  bien  riches;  d'autre  part,  les 
concrétions  vertes  sont  souvent  trop  quartzeuses,  et  par 
suite  beaucoup  moins  riches  que  ne  le  ferait  supposer  leur 
couleur.  Néanmoins,  bien  que  Ion  Mt  cherché  à  enlever  les 
meilleures  parties,  il  doit  vraisemblablement,  comme  paraît 
l'indiquer  le  succès  actuel  de  la  petite  exploitation  des 
Barbouilleurs,  subsister,  ici  ou  là,  des  gisements  de  quelque 
étendue,  mais  sans  doute  irréguliers  comme  richesse,  dont 
on  pourrait  tirer  parti  un  jour;  peut-être  même  la  créa- 
tion du  chemin  de  fer  de  Nouméa  à  Bourail,  offrant  aux 
produits  de  ces  gisements  un  moyen  de  transport  qui 
serait  relativement  économique  et  qui  n'exigerait  pas 
pour  les  exploitants  de  frais  de  premier  établissement 
coûteux,  facilitera-t-il  des  tentatives  de  reprise,  sur- 
tout   pour  des  gisements   de  faible  importance. 

Sur  la  côte  occidentale,  nous  n'avons  à  signaler  plus 
au  Nord  que  quelques  tentatives  d'exploitation  au  Nord  de 
Bourail  et  du  cap  Goulvain,  telles  que  celles  de  la  mine 


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{40  RICHESSES  MINERALES  DB  LA  NODTELLE-CALBDONIB 
Vosgifinna  dans  la  vallée  de  la  Téné,  de  la  mine  Mé-Dona 
dans  la  haute  vallée  de  la  Donencheur  sur  le  ffaoc  Est- 
dn  Mé-Boa,  et  de  la  mine  Beair-SoMl daas  les  gorges  d'oà 
descend  la  rivière  No-Moué,  affluent  de  la  rirrère  de 
Ciip.  Partout  on  avait  rencontré  des  filonnets  de  minerais 
verts  et  chocolat  à  bonne  teneur,  mais  capricieux  comme 
allure,  et  sans  reconnaître  de  ces  traînées  de  serpentine 
décomposée,  qui  ont  fait  depuis  le  succès  de  la  pluparl 
des  exploitations  entreprises  dans  la  région  Nord  de  h 
cflte  Ouest;  ce  n'est  pas  à  dire  d'aîSeurs  que  de  teltes 
traînées  n'existent  pas,  car  pendant  longtemps  on  n'a 
même  pas  songé  k  analyser  des  matières  à  aspect  aussi 
peu  indicatif.  Quoi  qu'il  en  soil,  aucune  des  exploita- 
tions de  ce  groupe,  toutes  fort  éloignées  de  la  mer,  et 
qui  n'avaient  pas  été  dotées  de  moyens  de  transporta^ 
économiques,  n'a  pu  subsister  avec  les  prix  relativement 
faibles  qui  liont  actuellement  pratiqués  pour  le  minerai 
de  nickel  même  riche;  nulle  part  on  n'a  sérieusement 
étudié  l'importance  des  ressources  existantes  et  ta  possi- 
bilité de  rémunérer  les  installations  qu'il  f^u(h^ît  faire- 
pour  les  desservir  économiquement. 

Des  mines  qui  ont  été  ouvertes,  puis  abandonnées  pins 
loin  vers  le  Nord,  nous  n'avons  rien  de  plus  à  dire  que 
les  quelques  indications  que  nous  avons  fournies  au  fttr 
et  h  mesure  snr  les  anciennes  exploitations  du  groupe 
de  Népoui,  du  Koniamho,  du  Kaala,  etc. 

Sur  la  cftte  Est,  h  côté  des  trois  exploitations  qui  ont 
lieu  actuellement  au  Sud  de  Thio,  plusieurs  autres  ont  été 
en  activité  d'une  façon  intermittente  depmV  Kouakoué  jti3^ 
qu'à  Thio;  les  conditions  particulièrement  difficiles  de 
l'accès  à  celte  partie  de  la  côte  n'ont  jamais  permis  d'y 
rechercher  autre  chose  que  les  minerais  riches  à  exploi- 
ter par  quantités  relativement  restreintes,  e4  on  en  * 
trouvé,  comme  nous  l'avons  dit,  plusieurs  besux  gise^ 


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LES' MINES   DE   NICKEL  141 

ment»,  qai  peuveut  faire  penser  qu'il  existe  là  aussi  une 
régiou  assez  riclie^nenl  minéralisée. 

Au  Nord  de  Thio,  la  baie  de  Nakety,  dfrnt  nous  n'avons 
jpas  fait  mention  jusqu'ici,  a  été  autrefois  le  siège  d'une 
production  active  ;  plusieurs  mines  ont  été  exploitées  avec 
succès,  entre  1890  et  1894,  sur  le  promontoire  de  péri- 
-dotite  qui  s'avance  au  bord  de  la  mer  sur  la  rive  droite  de 
la  rivièro  de  Nakety  ;  mais  lo  gisement  le  plus  lutéressaot 
■k  meationner  dans  ce  groupe  est  celui  de  la  mine  Bienve- 
nue, situé  dans  la  formation  serpeutineuse  de  la  rive 
gauche  de  la  rivière  de  Nakety  :  c'est  là  en  effet  que 
BOUS  avons  eu  l'occasioa  d'observer  l'apparence  filonienne 
la  plus  nette  pour  un  gisement  de  nickel  :  ce  filon  affleure 
sur  les  pentes  du  mont  CîotainlK)  qui  regardent  la  mer  ; 
la  trace  en  est  connue  entre  les  cotes  275  et  365,  et  il  a 
été  suivi  en  direction  sur  une  longueur  atteignant  jusqu'à 
130  mètres.  L'exploitation  de  ce  fîlon,  tentée  plusieurs 
fuis,  n'a  jamais  été  très  fructueuse  ;  elle  s'est  néanmoins 
poursuivie  pendant  les  cinq  dernières  années,  produisant 
•environ  2,000  tonnes  de  minerai  à  9  ou  10  p.  100;  elle 
était  arrêtée  depuis  quelques  mois  au  moment  de  notre 
passage,  et  l'accès  des  galeries  et  chantiers  n'était  plus 
partout  possible.  Nous  avons  néanmoins  pu  nous  rendre 
compte  de  la  disposition  des  travaux  qui  y  ont  été 
effectués  et  de  l'allure  du  gite.  La  fig.  6  de  la  PI.  III 
indique  grossièrement  lo  plan  des  artères  principales  : 
cinq  galeries  d'allongement  ont  été  tracées  respective- 
ment aux  cotes  275,  300,  325,  335  et  350;  une  car- 
rière a  en  outre  été  ouverte  à  la  cote  365  sur  la  tète  du 
filon.  A  la  première  de  ces  cotes,  le  filon  a  pu  être  tracé 
régulièrement  sur  130  mètres  de  longueur,  dans  la  direc- 
tion du  S.-O.  ;  son  mur  parait  bien  régulier  et  plan,  avec 
une  plongée  vers  le  N.-O.  très  raide  et  même  voisine  de  la 
verticale;  son  toit  est  au  contraire  assez  vallonné,  laissant 
au  filon  une  largeur  variant  de  30  centimètres  à  1  mètre  ; 


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143   RICKBSSKS   MINÉHÂLES  DE  LA  :«OCTEIXB-CAli»OMIB 

ï'aae  et  l'autre  épontes  sont  constituées  par  de  la  péiido- 
tite  légèrement  serpentinisée,  mais  dnre  et  saine  ;  le 
remplissage  est  essentiellement  formé  de  silicates  verts 
zones,  alternant  parfois  avec  des  minerais  chocolat,  et 
quelquefois  associés  à  des  produits  argileux  rouge&tres  ; 
cependant,  lorsque  le  filon  prend  de  l'épaisseur,  on  ren- 
contre souvent  dans  le  remplissage  des  blocs  plus  ou 
moins  volumineux  de  la  roche  encaissante,  et  il  ne 
subsiste  que  deux  filonnets  de  10  à  20  centimêtpes  de 
puissance  le  long  de  chacune  des  épontes.  A  130  mètres 
de  l'affleurement,  on  a  rencontré,  à  la  cote  275,  un  filon 
croiseur  à  peu  près  normal  au  premier  avec  plongée  vers 
le  Mord-Est;  le  mur  de  ce  filon  parait  parfaitement  continu, 
et  l'on  n'a  pas  retrouvé  le  filon  principal  an  delà  ;  ce  croi- 
seur, puissant  de  tOcentimètres.présente  au  croisement  une 
riche  minéralisation  ;  mais  il  s'atrophie  à  quelques  mètres 
de  distance  tant  vers  le  Sud  que  vers  le  Nord,  Aux 
niveaux  supérieurs,  le  filon  n'a  été  suivi,  comme  l'indique 
le  croquis,  que  sur  des  longueurs  beaucoup  plus  res- 
treintes, il  s'amincissait  ensuite;  on  n'a  d'ailleurs  pas 
fait  de  travaux  réellement  importants  pour  le  rechercher 
au  delà  de  ces  amincissements,  autant  que  nous  avons  pu 
en  juger  par  l'examen  des  niveaux  encore  accessibles. 
Le  niveau  de  la  cote  325,  en  particulier,  long,  parait-il, 
d'une  centaine  de  mètres,  était  obstrué  par  un  éboulement 
à  20  mètres  du  jour;  nous  ignorons  sur  quelle  longueur 
il  a  suivi  le  tilon  et  sur  quelle  longueur  il  a  pu  être  pro- 
longé dans  sa  trace  ;  nous  n'avons  en  effet  paa  pu  être 
guidé  dans  notre  visite  par  le  propriétaire  de  la  mine,  et 
il  n'a  pu  nous  être  présenté  aucun  plan  des  travaux. 

Au-dessous  de  la  cote  275,  l'aHleurement  n'est  plus 
connu  ;  à  la  cote  220,  on  est  entré  dans  la  montagne  par 
une  galerie  à  45°  sur  la  direction  du  filon  ;  cette  galerie, 
ouverte  vraisemblablement  au  toit  du  filon,  a  été  poussée 
vers  le  murety  a  recoupé,  après  un  parcours  de  55  mètres. 


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LB9   MINES   DE  NICKEL  143 

une  trace  de  filonnet  certainement  au  mur  du  prolonge- 
ment du  filon  principal;  il  n'a  pas  été  fait  d'autres  tra- 
vaux à  cette  cote.  Aux  cotes  supérieures  il  a,  en  outre, 
été  pratiqué  quelques  grattages  superficiels  de  fort  peu 
d'importance,  pour  examiner  s'il  n'existerait  pas  d'autres 
filons  au  toit  et  au  mur. 

Entre  les  différents  niveaux  il  a  été  poursuivi  quelques 
dépilages  avec  remblayage  plus  ou  moins  complet,  et  nous 
avons  vu  quelques  fronts  de  taillo  arrêtés  à  des  parties 
encore  belles  du  filon;  nons  n'avons  d'ailleurs  pas  pu 
nous  rendre  un  compte  exact  de  l'étendue  des  dépilages 
déjà  poursuivis. 

Le  gisement  de  la  mine  Bienvenue  présente,  comme 
on  le  voit,  un  double  intérêt,  puisque,  d'une  part,  c'est  la 
dernière  exploitation  de  nickel  qui  ait  été  poursuivie  sou- 
terrainement  en  Nouvelle-Calédonie,  et  que,  d'autre  part, 
bien  que  n'ayant,  ou  du  moins  n'étant  connu  pour  avoir, 
qu'une  continuité  assez  faible  tant  en  direction  qu'en  pro- 
fondeur, il  présente  un  caractère  filonien  beaucoup  plus 
net  qu'aucun  des  gisements  que  nous  ayons  eu  l'occasion 
d'examiner.  Il  semble  d'ailleurs  que  cet  exemple  d'un 
flion  net,  assez  régulier,  et  en  somme  d'une  belle  minéra- 
lisation, dont  l'exploitation  n'a  pas  été  réellement  fruc- 
tueuse malgré  la  dernière  période  d'activité  du  marché  du 
nickel,  soit  de  nature  à  montrer  une  fois  de  plus  que  ce 
n'est  pas  l'exploitation  souterraine  des  filons  même  riches, 
mais  bien  l'abatagc  au  jour  de  grandes  masses  de  mine- 
rai plus  pauvre,  qui  doit  constituer  désormais  l'exploitation 
rémunératrice  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie.  Nous 
ajouterons  d'ailleurs  que  le  gîte  était  dans  de  très  bonnes 
conditions  au  point  de  vue  des  transports,  puisqu'un  seul 
câble  permettait  de  descendre  le  minerai  au  bord  de  la 
mer  où  il  était  immédiatement  embarqué. 

Au  sujet  des  mines  exploitées  autrefois  à  Canala  et  à 
Kouaoua,  nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  nvons 


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144   RICHESSES  MINÉRALES  DS   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

rappelé  ci-dessus;  noas  dirons  au  contraire  quelqaes 
mots  de  celles  des  vallées  de  la  Kagenjou  et  de  la  rivière 
de  Kua.  La  vallée  de  la  Kagenjou,  qui  s'ouvre  toutentiëre 
entre  les  serpentines,  parait  abondaiiioient  mioéralisée  sur 
ses  deux  côtés  ;  il  n'y  a  eu  d'exploitation  sérieuse  que  sur 
la  rive  droite,  au  flanc  du  Mé-Moa  sur  l'antre  versant 
duquel  se  développent  les  travaux  de  Kouaoua.  Cette 
exploitation  a  porté  sur  la  mine  Renaissance  eutre  les 
cotes  670  et  730;  elle  aurait  eu  une  certaine  importance 
ert  1890;  elle  a  ensuite  été  reprise  sans  succès  en  1897- 
1898  et  a  fourui  alors  2.000  tonnes  de  minerai  :  aiîtant 
qu'on  peut  en  juger  par  ce  que  laisse  voir  l'état  actuel 
(les  travaux,  les  concrétions  de  minerai  vert  ou  chocolat 
et  les  formations  bréchoïdes  empâtées  dans  des  silicates 
riches  doivent  y  être  assez  abondantes;  beaucoup  de 
chantiers  ont  naturellement  été  arrêtés  là  où  les  matières 
riches  disparaissaient,  ou  du  moins  là  oti  leur  continuité 
cessait;  mais  d'autres  montrent  encore  de  beaux  minerais 
évidemment  exploitables.  A  côté  de  la  raine  Renaissance, 
la  mine  Victoria  n'a  été  l'objet  que  de  travaux  de 
recherches  ;  ils  ont  mis  à  découvert  de  riches  minerais  en 
quelques  points. 

Du  côté  de  la  rive  gauche  de  la  rivière  Kagenjou,  nous 
avons  également  vu  quelques  belles  têtes  de  minerai  sur 
le  périmètre  de  la  mine  Eurêka.  Plus  à  l'Ouest,  sur  le  ver- 
sant qui  descend  sur  la  rivièro  de  Kua,  la  mine  Victorian 
a  été,  en  1886,  l'objet  d'une  petite  exploitation  par  un 
zmiodiataire  ;  celui-ci  eu  avait  tiré  un  certain  nombre  de 
tonnes  de  riclie  minerai  et  les  déblais  produits,  aussi  bien 
que  les  fronLs  do  taille  encore  accessibles,  montrent  qu'en 
dehors  des  minerais  riches,  seuls  recherchés  alors,  il 
existe  des  quantité»  vraisemblablement  sérieuses  de  mine- 
rai k  teneur  nioyciuie. 

Remontant  la  valléo  de  la  rivière  de  Kua  en  suivant  les 
ravins  escarpés  de  sa  rive  droite,  on  reiKontre  également 


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LES   MINES  DE   NICKEL  145 

des  affleurements  importants  de  silicates  verts;  il  en  est 
de  même  sur  les  contreforts  successifs  qui  se  développent 
plus  loin  encore  sur  de  larges  étendues  jusqu'à  )iauteur 
de  la  localité  de  Méré,  contreforts  beaucoup  moins  abrupts 
que  les  précédents,  et  qui  paraissent  constituer  le  reste 
tl'nn  vaste  plateau  en  pente  douce  reposant  sur  les  schistes 
sédimentaires  et  coupé  par  une  série  de  ravins  profonds. 
Traversant  la  rivière  de  Kua,  qui  roule  sur  les  schistes,  et 
gravissant  les  contreforts  du  massif  serpentineux  qui  se 
développe  sur  ja  rive  gauche,  on  retrouve  des  mines  autre- 
fois exploitées  :  ce  sont  les  mines  Union,  Révolution,  ei 
Revanche,  et,  plus  au  Nord,  la  raine  Afécorouma  dont  nous 
avons  déjà  fait  connaître  le  caractère  spécial.  Ces  mines, 
autrefois  explorées  souterrainement  par  les  premiers  mi- 
neurs australiens,  n'ontfaitl'objetd'une  exploitation  nn  peu 
étendue,  de  1886  k  1889,  que  sur  les  deux  versants  de  la 
vallée  qu'emprunte  la  route  de  Kouaoua  à  Houaïlou  ;  les  frais 
de  transport,  qui  comportaient  un  charroi  de  14  kilomètres 
jusqu'au  bord  de  la  mer,  étaient  considérables,  néanmoins 
on  â  pu  en  extraire  quelques  mîlhers  de  tonnes  de  mine- 
rai riche;  les  minerais  qui  restent  en  vue  aujourd'hui, 
constitués  par  des  plaquettes  au  milieu  de  serpentines  très 
rocheuses  et  dures,  paraissent  fort  siliceux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'ensemble  de  ces  gisements,  qui  se 
développent  sur  quelque  10  kilomètres  de  longueur  de 
part  et  d'autre  de  la  vallée,  et  qui  n'ont  été  l'objet  que 
d'exploitations  très  restreintes,  parait  renfermer  encore 
pour  l'avenir  des  ressources  importantes. 

Plus  au  Nord  on  rencontre,  comme  nous  l'avons  dit,  les 
gisements,  actuellement  exploités,  de  Poro;  puis  on  par-  ■ 
vient  à  Houa'ilou,  oii  les  serpentines  ne  constituent  plus 
qïi'une  étroite  bande  an  bord  de  la  mer  ;  elles  forment  ' 
néanmoins  deux  amphithéâtres  au-dessus  de  l'embou- 
chure des  deux  rivières  Kamoui  et  Houaïlou,  et  le  nickel 
y  présente,  par  places  tout  au  moins,  de  beaux  gisements; 


D.D.t.zeabï  Google 


■146   RICHESSES   UINÊRALRS  Dl   LA   NODYBU-K-CALÉDONIE 

la  mine  Bel-Àir,  mise  en  exploitation  à  la  fln  de  1875,  m 
fourni  à  cette  époque  de  riches  minerais  verts  ;  elle  n'a 
p^  été  reprise  depuis.  Mentionnons  enfin  qu'en  face  de- 
Houaïiou,  de  l'autre  côté  de  la  baie  de  B4,  le  massif  ser- 
ptntineux  aujounl'hui  exploité  pour  cobalt,  a  été  l'objet 
da  travaux  souterrains  en  vue  de  suivre  des  affleurement»- 
de  nickel  qu'on  y  avait  reconnus. 

D.  —  Les  massifs  SICKEUFfeRBS  ENCORE  VIERGES. 

Les  nonibreuses  exploitations  et  tentatives  d'exploita- 
tion du  nickel  que  noufl  venons  de  mentionner  n'ont  jus- 
qu'ici eu  lieu,  en  Nouvelle-Calédonie,  qu'au  voisinaje- 
plus  ou  moins  immédiat  des  deux  eûtes;  elles  jalonnent 
Tune  et  l'autre  sur  presque  toute  la  longueur  des  forma- 
tions aerpentineuses.  Les  dépenses  prohibitives  que  com- 
porterait le  transport  des  minerais  par  les  sentiws  ou 
chemina  dont  on  dispose  ou  qu'on  pourrait  créer  à  peu  de- 
frais,  ou  bien  les  mises  de  fonds  considérables  qu'exigerait 
l'établissement  de  voies  ferrées  onde  transporteurs, ont, 
au  contraire,  interdit  jusqu'ici  toute  exploitation  as 
centre  même  de  l'ile.  On  s'est  cependant  déjà  engage 
dans  cette  voie  lorsque  l'on  a  créé  un  chemin  de  fer  de- 
10  kilomètres  le  long  de  la  nvière  de  Thio,  ptùa  8  kilo- 
mètres 1/2  de  voie  ferrée  et  un  transporteur  de  6  kilo- 
n)ëtre8  de  longueur  dans  la  vallée  de  Kouaoua,  et  eofin- 
nn  réseau  ferré  de  28  kilomètres,  que  l'on  porte  aujour- 
d'hui &  35,  dans  la  vallée  de  la  rivière  de  NépoQJ.  U  reste 
néanmoins  encore  des  étendues  considérables  de  la  for- 
mation serpentineuse,  soit  au  cœur  du  grand  massif  m^- 
dional,  soit  dans  les  montagnes  de  la  chaitie  centrale  «a 
Centre, et  au  Nord  de  l'ile,  pour  lesquelles  de  semblablM 
voies  de  transport  n'existent  pas,  et  pour  lesquelles  il  ^ 
été  jusqu'ici  regardé  comme  trop  coûteux  d'en  créer. 


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Lss  mam  de  mickbl  147 

Cela  a'a  pas  empêché  les  prospecteurs  de  parcourir  ces 
régions,  et  les  mineurs,  ou  trop  souvent  les  spéculateurs, 
de  chercher  à  s'assurer  la  propriété  dea  gisements  qui  y 
étaient  signalés;  auesi,  aujourd'hui,  presque  toute  l'éten- 
due de  la  formation  serpentineuse  est-elle  jalonnée  par 
des  périmètres  miniers,  dont  la  très  grande  majorité  se 
rapportent  à.  des  gisements  nickelifêresC),  et  n'avons- 
nons  à  signaler  que  quelques  zones  à  peine  de  cette  for- 
mation où  le  nickel  ne  paraisse  pas  exister,  du  moins  h. 
l'état  de  concentration  suffisante.  D'une  part,  l'extrémité 
Sud  de  la  colonie,  à  partir  d'une  ligne  qui  joindrait  à  peu 
près  la  baie  de  Pluni  à  celle  de  Kouakoué,  est  connue 
comme  beaucoup  plus  riche  en  gisements  de  cobalt  et  sur- 
tout de  chrome  que  de  nickel;  d'antre  part,  une  zone 
d'une  dizaine  de  kilomètres  de  largeur  et  d'une  trentaine 
de  kilomètres  de  longueur,  située  en  arrière  de  la  chaîne 
des  munis  Koghis,  Erenibéré  et  Mou,  de  part  et  d'autre  de 
la  rivière  Koéalagoguamba,  n'a  été  jusqu'ici  l'objet  d'au- 
cune déclaration  minière;  enfin  le  massif  du  Oua-Tilou 
n'en  comprend  qu'une  seule  de  faible  étendue,  et  ceux  du 
dAme  de  Tiebsghi  et  de  la  presqu'île  de  Poume  ne  pa- 
raissent contenir,  comme  exploitables,  que  des  minerais 
de  chrome  et  de  cobalt  à  l'exclusion  de  ceux  de  nickel. 
Parmi  les  régions  encore  vierges,  mais  qui  sont  consi- 
dérées comme  particulièrement  riches  en  nickel,  nous 
citerons  :  la  vallée  de  la  Tontouta  et  les  pentes  du  mont 
Bumboldtqui  descendent  sur  la  vallée  de  son  aMuent  la 


OSurles  liS.389  bect&res  coDcédéi  de  la  rormntioD  serjieDtineuse, 
1M.«»  ront  ètâ  pour  nkkri;  d'uutre  part,  ni.MB  hectares  sont 
l'objet  de  dem&udea  de  conceflaiom  ou  de  dËduatiou  à»  recherahes 
pour  nickel,  cobalt  ou  chrome  (sans  que  les  ranseignamenls  peisédés 
par  l'Administration  permettent  de  préciser  lequel  de  cei  trois  mélaui 
ft  été  dgiMlé],  «t  il  «Ht  vraisec^altto  que  les  3/*  oa  Im  t/S  (to  cette 
superficie  contieuneut  des  gisement*  de  njcksl,  ce  qui  pAitorait  la 
■nperBcie  totale  des  gisements  de  et  idëIbI  actuellement  signaliij  i 
JM.eOO-b«etuM  MI  moiM. 


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148   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVBLLE-CALfiDONIB 

Kalouéhola,  la  haute  vallée  de  la  Ouenghî  ou  plus  exac- 
tement celle  de  sou  affluent  la  Tootouet  le  massif  oti  cette 
rivière  prend  sa  source,  massif  qui  se  développe,  égale- 
ment avec  des  gisemeuts  de  nickel,  sur  le  versant  de  la 
rivière  Koua,  la  hante  vallée  de  la  rivière  Comboui,  le 
massif  du  Tchingou,  etc.  Nous  n'avons  pas  eu  le  loisir 
de  visiter  tous  ces  massifs,  d'autant  plus  que,  pour  deux 
d'entre  eux,  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  trouver, 
auprès  des  concessionnaires  ou  des  auteurs  des  déclara- 
tions de  recherches,  personne  qui  fût  en  état  de  nous 
guider  jusqu'aux  points  oii  les  indices  les  plus  sérieux  de 
la  présence  du  minerai  ont  été  relevés. 

Ce  n'est  que  dans  les  vallées  de  la  Toutou  et  de  la 
rivière  Koua,  et  dans  la  vallée  de  la  Comboui,  que  nous 
avons  pu  examiner  avec  quelque  détail  les  affleurements 
qui  ont  été  découverts  et  les  quelques  travaux  de  re- 
cherches qui  ont  été  faits. 

Nos  observations,  qui  ont  porté  dans  la  première  de 
ces  régions,  comme  l'indique  la/îj.  7  de  la  PI.  III,  sur 
un  assez  grand  nombre  de  périmètres  qui  faisaient  à  ce 
moment  l'objet  de  demandes  de  concessions  pendantes, 
nous  ont  permis  de  reconnaître,  eu  un  très  grand  nombre 
de  points  situés  généralement  entre  les  cotes  500  et 
1.000,  la  présence  de  riches  minerais  verts  ou  chocolat, 
et  parfois  aussi  de  formations  pulvérulentes  à  bonne 
teneur;  souvent  de  tels  indices  peuvent  être  relevés  le 
long  d'une  même  croupe  sur  des  hauteurs  verticales  im- 
portantes et  peuvent  être  retrouvés  jusqu'à  une  certaine 
distance  à  droite  et  à  gauche.  Ce  sont  là  des  indications 
fort  encourageantes,  qui  montrent  que  la .  minéralisation 
de  ces  massifs  est  considérable.  Il  parait  dès  lors  fort  à 
espérer  que  d'importantes  richesses  existent,  encore 
vierges,  dans  la  large  étendue  de  ces  massifs,  et  qu'il 
pourrait  y  être  fait  des  exploitations  considérables,  le  jonr 
oîi  la  question  des  moyens  d'évacuation  du  minerai  serait 


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LES   HJNBS   DE  NICKEL  149 

résolue.  Comment  cette  question  devrait-elle  être  résolue, 
quelles  seraient  les  dépenses  qu'une  telle  solution  com- 
porterait, et  sur  quels  tonnages  de  minerai  les  frais  de 
premier  établissement  correspondants  pourraient-ils  être 
répartis?  C'est  ce  que  personne  n'a  étudié  sérieusement 
jusqu'ici,  et  c'est  ce  que  le  caractère  des  plus  sommaires 
des  recherches  qui  ont  été  faites  ne  permet  pas  d'appré- 
cier aujourd'hui. 

Dans  la  haute  vallée  de  la  Comboui,  il  semble  égale- 
ment exister  des  ressources  d'une  certaine  importance, 
bien  que  la  minéralisation  s'y  montre  généralement  moins 
riche  et  vraisemblablement  plus  irrégulière.  Dans  la  val- 
lée de  la  Tontouta  et  dans  celle  de  la  Kalouéhola,  c'est-à- 
dire  sur  l'autre  flanc  du  massif  du  Humboldt,  on  aurait 
également  fait  des  recherches  couronnées,  assure-t-on, 
d'un  succès  superbe;  noua  n'avons  pas  été  mis  à  même 
de  vérifier  par  nous-méme  l'exactitude  de  ces  dires,  et 
nous  avons  tout  heu  de  croire  que,  comme  pour  les  autres 
régions  encore  vierges,  le  développement  des  recherches 
faîtes  a  été  insuffisant  pour  pouvoir  donner  autre  chose 
que  l'espérance  qu'il  existe  là  des  ressources  importantes. 
Nous  ne  pouvons  pas  en  dire  davantage  des  gisements  du 
massif  du  Tchingou. 

E.  — Importance  des  réserves  de  minerai  de  nickel 

CONTENUES  DANS  LE  SOL  DE  LA  NoDVELLE-CaLÉDONIB. 

Après  avoir  cherché  à  donner  une  idée  des  exploita- 
tions qui  se  poursuivent  actuellement  ou  qui  ont  eu  lieu 
autrefois  sur  les  difFérentes  mines  de  la  colonie,  et  après 
avoir  dit  quelques  mots  des  régions  où  l'on  n'a  encore 
fait  que  signaler  l'existence  du  nickel,  nous  croyons  de- 
voir présenter  quelques  considérations  sur  l'importance 
que  peuvent  avoir  les  ressources  en  nickel  qui  subsistent 
encore. 


zecbvGoOgIC 


iSO    RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA    NOL'VBLLE-CALRDONIB 

La  question  capitale  qui  se  pose  pour  celui  qui  cherche 
à  se  faire  une  idée  à  ce  sujet  e»t  celle-ci  :  quel  est  te  véri- 
table caractère  des  gisements  calédoniens,  on,  en  d'autres 
termes,  quelle  a  pu  Atre  leur  genèse?  En  exaniiDant  celte 
question,  un  ne  peut  qu'être  tout  d'ahord  frappé  delà  rela- 
tion étroite  qui  existe  entre  les  gisements  de  nickel  et 
les  péridotites  ;  nous  u'in«:isteronB  pas  sur  ce  fait  que  tous 
les  gisementa  nickelifères  de  la  Nouvelle-Calédonie,  sans 
aucune  exception,  sont  situés  sur  des  massifs  de  pérido- 
tite,  tant  cela  ressort  de  toutes  les  explications  qui  pré- 
cèdent; nous  ajouterons  seulement  que  c'est  là  une 
association  qui  est  bien  loin  d'être  spéciale  à  notre  colonie. 
Depuis  longtemps  on  est  habitué  à  considérer  le  nickel 
comme  un  métal  appartenant  tout  particulièrement  à  la 
catégorie  des  métaux  de  profondeur,  restant  associé  aux 
magmas  les  plus  basiques  chargés  de  péridot,  et  tendant 
à  demeurer  avec  eux  au  fond  du  vaste  creuset  que  cons- 
titue le  sous-sol.  On  connaît  d'ailleurs  aujourd'hui  nombre 
de  points  oii  le  nickel  est  associé  en  assez  grande  abon- 
dance aux  péridotites,  aussi  bien  aux  États-Unis  d'Amé- 
rique que  dans  l'Oural,  et  l'on  a  en  outre  signalé  bien  des 
fois  la  présence  de  traces  plus  ou  moins  notables  de 
nickel  dans  des  pmdotites,  m<>me  dans  nos  régions.  Ce 
qui  est  plus  digne  de  remarque,  c'est  la  constance  avec 
laquelle  le  nickel  accompagne  les  péridotites  en  Nouvelle- 
Calédonie,  c'est-à-dire  ce  fait  qu'il  n'existe,  croyons-nous, 
pas  un  rocher  de  péridotite  dans  la  colonie  oii  il  ne  se 
rencontre  quelque  peu  de  nickel.  C'est  ce  qu'ont  nettement 
confirmé  les  nombreuses  analyses  que  nous  avons  faites  ou 
fait  faire  au  laboratoire  de  l'École  des  raines  de  Saint- 
Etienne;  c'est  ainsi,  par  exemple,  qu'une  série  de  10  échan- 
tillons de  péridotite  provenant  des  régions  les  plus  variées 
de  ta  colonie,  les  unes  très  fraîches,  les  autres  plus  ou 
moins  complètement  serpentinisées,  mais  qui  u'avaient 
nullement  le  caractère  de  minerais  même  pauvres,  con- 


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LES   UIN88  DB  SICKSL  151 

"tenaient  toutes  du  nickel  (et  d«  cobalt  pesé  en  même  temps 
•que  le  nickel)  en  quantités  parraitemeot  pondérables, 
variant  de  Q  dis- millièmes  à  24  millièmes  de  nickel  métal. 
Nous  nous  sommes  d'ailleurs  assuré  que  ce  métal  se  ren- 
•contre  aussi  bien  dans  le  péridot  et  la  serpentine  à 
laquelle  il  donne  naissance,  que  dans  Tenstatite  même 
très  fraîche.  C'est,  d'antre  part,  ce  que  montre  chaque 
Jour  de  plus  en  pins  la  série  sans  cesse  croissante  des 
découTertes  de  ^sements  de  nickel  plus  ou  moins  riches 
dans  les  parties  les  pins  diverses  de  la  formation  serpen- 
tineuse.  Nous  répéterons  d'ailleurs,  comme  nous  l'avons 
signalé  bien  des  fois  déjà;  que  parmi  les  différents  types 
■de  péridolites,  les  unes  imiquement  constituées  de  péridot, 
les  autres  plus  ou  moins  chargées  d'enstatite  peu  ferreuse, 
-d'autres  encore  oîi  l'enatatite  est  remplacée  par  de  la 
bronzîte,  péridotites  qui  ici  sont  très  fraîches  et  là  presque 
■complètement  serpentinisées,  aucune  variété  ne  paraît 
spécialement  associée  aux  gisements  nickelifères  ;  tout  au 
plus  aemble-t-il  que,  dans  la  région  méridionale  de  l'ile 
■que  nous  avons  signalée  comme  paraissant  jusqu'ici  dépour- 
▼ne  de  gisements  de  nickel  exploitables,  l'alnmine  et  sm-- 
tout  la  chaux  soient  un  peu  moins  rares  que  dans  les 
autres  parties  de  la  formation  serpentineuse  oii  cette 
dernière  n'existe  guère  qu'à  l'état  de  traces  :  c'est  en  effet 
-dans  le  Sud  de  l'ile  que  nous  avons  rencontré  le  diallago 
en  filons  dans  les  péridotites;  c'est  également  là  qu'il 
apparaît  comme  gangue  du  fer  chromé  ;  d'autre  part,  cer- 
taines matières  complexes,  principalement  talquenses, 
associées  au  fer  chromé,  se  montrent  assez  riches  en  chaux 
-et  en  alumine;  enfin  c'est  dans  l'Ile  Ouen  qu'ont  été  tout 
particulièrement  signalées  par  MM,  Garnier  et  Heurteau 
des  euphotides,  ou  plutAt  des  gabbros,  contenant  des 
pyroxènes  calciques.  Néanmoins  les  péridotites  mêmes 
.de  cette  région  ne  contiennent,  comme  les  antres,  que 
Jes  traces  de  chaux,  et  renferment  comme  elles  quelques 


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153   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOOVELLE-CALÉDONIB 

millièmes  des  <leux.  métaux  nickel  et  cobalt,  avec  pré- 
dominance absolument  nette  du  nickel. 

Une  fois  constatée  l'association  constante  des  miuerais 
de  nickel  aux  péridotites,  il  reste  à  se  demander  s'ils 
dérivent  des  péridotites  ou  bien  si  péridotites  et  minerais 
de  nickel  ont  tiré  simultanément  leur  origine  d'un  même 
magma  profond  riche  en  nickel  ;  c'est-à-dire,  en  d'autres 
termes,  si  le  nickel  n'est  venu  dos  profondeurs  que  dissé- 
miné dans  les  péridotites,  comme  il  l'est  encore  aujour- 
d'hui pour  une  part,  et  si  sa  concentration  dans  les  gise- 
ments que  nous  connaissons  n'est  due  qu'à  des  actions 
superficielles  ultérieures,  ou  bien  si,  au  contraire,  il  s'était 
partiellement  ségrégé  à  l'origine  dans  des  amas  ou  des 
filons  ayant,  grâce  à  des  transformations  ultérieures  peut- 
être,  donné  lieu  aux  gîtes  actuellement  exploités.  Une 
troisième  hypothèse  pourrait  cependant  être  faite,  qui 
serait  en  quelque  sorte  intermédiaire  entre  ces  deux-là  : 
le  nickel  serait,  posté rieureme ut  à  l'apparition  des  péri- 
dotites, venu  de  la  profondeur  oh  il  serait  primitivement 
resté  ségrégé,  et  d'où  il  aurait  ensuite  été  amené  au  jour 
par  des  sources  thermales  ;  il  se  serait  alors  soit  déposé 
dans  des  filons  et  cheminées,  soit  épanché  à  la  surface  des 
massifs. 

Quelque  intéressante  que  puisse  être  cette  question  au 
point  de  vue  géologique,  elle  ne  l'est  pas  moins  au 
point  de  vue  pratique,  puisque,  si  c'était  la  première  hypo- 
thèse qui  rendait  compte  de  la  réalité  des  faits,  on  ne 
pourrait  espérer  rencontrer  le  nickel  exploitable  que  dans 
les  gites  superficiels  que  nous  connaissons,  et  qu'il  faudrait 
se  résigner  à  le  voir  partout  disparaître  à  une  certaine 
profondeur  au-dessous  du  sol,  comme  cela  a  été  le  cas 
jusqu'ici  dans  presque  toutes  les  exploitations,  sinon  dans 
toutes;  si,  au  contraire,  on  étaitconduit  à  reconnaître  que 
les  gisements  exploités  actuellement  ne  doivent  .être  que 


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LES   UINES   DE  NICKEL  153 

des  formes  superficielles  de  ségrégations  qui  se  seraient 
produites  dans  toute  la  masse  de  la  péridotite,  on  pourrait 
espérer  retrouver  dans  celle-ci,  et  exploiter  un  jour 
jusqu'à  des  profondeurs  plus  ou  moins  considérables,  de 
très  importantes  réserves  de  nickel  ;  il  en  serait  de  même, 
ou  au  moins  un  peu  de  même,  dans  le  cas  où  ce  serait  la 
troisième  hypothèse  qui  se  trouverait  être  fondée. 

Nous  ne  disposons  pas  d'observations  sur  le  terrain 
assez  détaillées  et  assez  précises,  et  contrôlées  à  loisir, 
pour  pouvoir  discuter  complètement  une  telle  question  et 
présenter  des  arguments  décisifs  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre  ;  nous  ne  pouvons  que  faire  part  ici  de  l'impression 
très  nette  que  nous  a  laissée  l'enseihble  des  faits  que 
nous  avons  pu  observer. 

Une  première  indication  nous  parait  ressortir  nette- 
ment de  tout  ce  que  nous  avons  vu  :  c'est  que  la  majeure 
partie  tout  au  moins  d'entre  les  gisements  n'ont  certaine- 
ment pas  de  racines  profondes,  c'est-à-dire  qu'ils  sont 
uniquement  de  formation  superficielle  ;  la  constance  avec 
laquelle  toutes  les  exploitations,  poursuivies  soit  sur  des 
minerais  terreux  et  sur  des  remplissages  bréchoïdes  de 
fentes  ou  d'intervalles  de  blocs,  soit  sur  des  filonnets  et 
enduits  dans  les  fractures  de  la  roche,  ont  dû  s'arrêter  à 
une  certaine  distance  de  la  surface  actuelle,  semblele  prou- 
ver péremptoirement  ;  le  plus  grand  nombre  des  gisements 
nous  apparaissent  donc  déjà  comme  ayant  été  soit  formés, 
soit  tout  au  moins  remaniés,  par  des  actions  superfi- 
cielles. Mais  il  y  a  plus  :  nombre  de  gisements  ont  été 
pratiquement  épuisés  sans  que  l'on  y  ait  trouvé  trace 
d'une  semblable  racine  ;  on  est  dés  lors,  à  notre  avis,  en 
droit  de  conclure  qu'ils  n'en  ont  très  vraisemblablement 
pas;  on  pourrait  toujours,  nous  n'en  disconvenons  pas, 
nous  objecter  que  ce  que  nous  considérons  comme  un 
gisement  peut  n'être  qu'une  portion  remaniée  et  isolée 


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-154   RICHESSES   UlMÉRALEa  DB   LA  NOÏVELLE-CALÉDONIB 

-«nApruntée  à  quelque  autre  gisemeut  dont  l'origine  pro- 
fonde pourrait  être  décelée  un  jour  ;  c'est  là  une  proba- 
bilité que  nous  ne  saiirionfi  admettre,  car  il  serait  ponr 
le  moins  bien  étrange  que  pareille  racine  n'ait  jamais  pu 
être  observée,  et  nous  croyons  pouvoir  dire  qu'elle  n'a 
Jamais  été  observée  jusqu'ici. 

Où  pourrait-on  en  effet  en  chercher  dana  ce  que  not» 
avons  eu  l'occasion  d'obserrer  et  de  décrire  :  dans  des  filons 
nets  comme  il  s'en  rencontre  dans  certains  gisements  en 
roche,  ou  dans  des  cheminées  comme  nous  en  avons  vu 
quelques-unes  au  milieu  de  gisements  de  minerai  hré- 
«hoïde  ou  terreux  ?  Si  nous  avions  vu  un  seul  filon  qui 
eût  quelque  apparence  de  se  prolonger  en  profondeur,  nous 
serions  moins  affînnatif  ;  mais  nous  n'en  connaissons  point; 
les  différenls  filons  du  Plateau  de  Thio  se  sont  pratique- 
ment stérilisés  lorsqu'on  a  cherché  à  s'enfoncer  soit  dans 
le  coeur  des  mamelons  sur  lesquels  ils  affleurent  avec  ite 
riches  minerais,  soit  vertiraieraent  ;  le  filon  de  la  Boa- 
Kaine  s'est  atrophié  et  perdu  assez  rapidement  eu  pro- 
fondeur, comme  te  fait  voir  la  coupe  reproduite  par  la 
jig.  7  de  la  PI.  II;  le  filon  de  la  Bien-Venue,  connu  sur 
une  centaine  de  mètres  de  verticale,  n'a  plus  du  tout  été 
retrouvé  k  50  luèlreR  plus  bas,  et  la  disposition  de  sa  zone 
minéralisée  parait,  autant  que  nous  avons  pu  en  juger, 
correi^pondre  tout  aussi  bien,  sinon  même  mieux,  à  une 
formation  per  dencensum  qu'à  une  formation  per  ascen- 
stim.  Quant  aux  autres  indications  de  filons  que  nous  avons 
rencontrées,  elles  présentent  encore  beaucoup  moins  de 
continuité  et  ne  méritent  certainement  pas  le  nom  de 
filons.  Ajoutons  que  tous  ces  fiions,  là  oii  il  s'en  trouve,  ne 
paraissent  nullement  dessiner,  mfme  approximativement, 
des  champs  de  fractures  profondes;  si  bien  que  nous 
sommes  beaucoup  plntAt  tenté  de  les  considérer  comme  des 
fractures  accidentelles  et  locales,  dans  lesquelles  le  retrait 
.a  p:>ut-étre  joué  un  rùle  important,  comme  nous  avons 


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LES   MINES  DE  NICKEL  155 

■àéjà.  eu  l'occaiiioD  de  le  dire.  Quant  aux  «  cheminées  t> 
■que  l'on  observe  encore  assez  fréquemment  dans  les  gise- 
ments du  genre  de  ceux  de  la  côte  Ouest,  elles  sont  tou- 
jours très  limitées  comme  étendue,  et  nous  ne  connaissons 
aucun  exemple  d'une  telle  cheminée  qui  ail  paru  ^e  pro- 
longerjusque  dans  la  profondeur;  elles  ontdoncégalement 
été  beaucoup  plnlAt  formées  par  des  eaux  s'y  précipitant 
•depuis  la  surface  que  par  des  eaux  montant  des  pro- 
fondeurs. 

A  côté  de  ces  arguments  tirés  du  mode  de  gisement 
des  minerais  de  nickel,  un  autre,  tout  aussi  sérieux,  nous 
paraît  résulter  delà  nature  même  de  ces  minerais;  les 
hydro  silicate  s  qui  les  constituent  sont  des  minerais  oxydés 
■et  dont  le  caractère  de  dépôt  de  dissolution  parait  attesté 
de  la  façon  la  plus  manifeste  par  leur  constitution,  qui  est 
très  souvent  avec  évidence  celle  de  dépôts  par  des  eaux 
ruisselantes,  et  qui  est  toujours  plus  ou  moins  nettement 
-concrétiounée.  Aucun  des  minerais  que  nous  connaissons 
ne  peut  donc  passer  pour  avoir  été  formé  par  ségrégation 
ignée  ou  par  dos  émanations  minératîsatrices  sulfurées, 
.Arséniées,  etc.,  telles  qu'on  les  imagine  généralement;  des 
tors,  à  moins  d'admettre  que  des  arsëniosulfures  ou  des 
minerais  analogues  doivent  se  rencontrer  à  des  profon- 
.deurs  oîi  l'on  n'est  pas  encore  parvenu,  on  serait  obligé 
■d'en  revenir  soit  à  notre  manière  de  voir,  soit  à  l'hypo- 
thèse des  sources  thermales.  Or  il  parait  bien  difficile 
aujourd'hui  de  croire  encore  à  l'existence  en  profondeur 
■de  minerais  d'une  antre  nature,  après  plus  de  25  ans  de 
recherches  de  toutes  sortes,  dont  beaucoup  ont  eu  lieu  par 
galeries  souterraines,  et  dont  quelques-unes  ont  exploré 
les  gisements  à  plus  de   100   mètres   de   profondeur  (*} 

(')  Cea  travaux  sont,  it  est  vrai,  tous  restés  au-dessus  du  niveau  bydro- 


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156  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALEDONIE 

{fllon  de  la  Boa-Kaine  suivi  sur  108  mètres  de  verti- 
cale, mine  Bien-Venue  explorée  jusqu'à  145  mètres  au- 
dessous  de  la  tète  du  âlou),  sans  qu'il  ait  été  trouvé  une 
seule  trace  de  ces  minerais  de  profondeur. 

Il  est  vrai  de  dire  cependant  que  l'on  a  signait',  il  j  a' 
quelques  années,  en  Nouvelle-Calédonie,  quelques  mouches 
de  sulfure  de  nickel  (millerite  tenant  46  p.  100  de  nickel), 
rencontrées  —  cela  paraft  établi  d'une  façon  à  peu  près 
certaine  — dans  les  travaux  souterrains  fort  peu  dévelop- 
pés de  la  mine  de  chrome  Espérance. 

Cette  mine  est  constituée  par  un  filon  irrégulier,  en 
chapelet,  de  fer  chromé  plus  ou  moins  pur,  apparaissant 
au  milieu  d'un  très  petit  massif  isolé  d'une  péridotite  k 
bronzite  qui,  rapporté  sur  les  terrains  sédimentaires 
{schistes  ph3'lladiens  très  quartzeux),  forme,  sur  la  rive 
gauche  de  la  rivière  Pouéo,  à  10  kilomètres  au  Nord  de 
Bourail,  un  piton  isolé  et  élevé  de  275  mètres. 

Une  galerie,  longue  de  9  mètres  seulement,  ajant  été 
ouverte  sur  l'affleurement  de  ce  filou  à  la  cote  235,  dans 
une  direction  Sud  légèrement  Ouest,  aurait  rencontré  te 
long  des  épontes  quelques  mouches  de  ce  sulfure,  associé 
à  de  la  pyrite,  et  qui  aurait  d'abord  passé  pour  tel;  mais, 
analysé  ultérieurement  au  laboratoire  du  service  local  k 
Nouméa,  il  a  montré  la  composition  suivante  : 

Nickel «,33 

Fer 0,44 

Cuivre 0,06 

Araenic Néant 

11  n'a  plus  depuis  lors  été  fait  aucun  travail  sur  le  gise- 
ment ;  nous  avons  examiné  avec  beaucoup  de  soin  ans» 
bien  le  front  d'avancement  abandonné  que  les  épontes 
mises  il  nu,  les  affleurements,  et  les  blocs  rejetés,  sans 
trouver  nuUe  part  la  moindre  trace  de  minerais  sulfurés 
quelconques  ;  il  semble  donc  qu'il  y  en  ait  eu  seulement 


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LES    MINES    DE   NICKEL  157 

quelques  mouches  sporadiques  ségrégées.eii  même  temps 
que  le  fer  chromé,  au  sein  d'une  masse  qui  est  légèrement 
nickelifère,  on  le  sait  bien.  Mais  il  n'y  a  là  aucune  espèce 
d'indication  que  l'origine  des  puissants  gisements  super- 
ficiels de  nickel  que  l'on  connaît  sur  d'autres  massifs,  et 
précisément  pas  sur  celui-là,  puisse  ôtre  due  à  la  transfor- 
mation (le  tels  minerais  sulfurés. 

Cette  absence  totale,  en  profondeur,  des  minerais  sul- 
furés du  nickel,  absence  que  plus  de  25  années  de  tra- 
vaux n'ont  pas  démentie,  est,  à  notre  avis,  avec  ce  qui 
est  relatif  aux  conditions  de  gisement,  un  argument  déci- 
sif à  opposer  à  ceux  oui  voudraient  faire  dériver  les  mine- 
rais connus  de  l'altération  de  minerais  de  profondeur 
d'une  autre  nature  chimique,  qui  auraient  été  ségrégés  au 
milieu  de  la  masse  des  péridotites.  Mais  cet  argument  n'est 
pas  opposable  de  même  à  cenx^  qui  voudraient  attribuer 
la  formation  des  minerais  calédoniens  à  des  sources  ther- 
males ;  il  faut  d'ailleurs  préciser  le  sens  à  donner  à  ce 
terme,  car  toute  différente,  à  notre  avis,  serait  l'idée  de 
faire  intervenir  des  eaux  chaudes  pour  expliquer  le  rema- 
niement du  nickel  primitivement  disséminé  dans  les  péri- 
dotites, ou  pour  expliquer  sa  venue  depuis  les  profon- 
deurs. 

Contre  cette  dernière  hypothèse,  nous  avons  tout  d'abord 
à  renouveler  les  arguments  déjà  présentés  ci-dessus  au 
sujet  de  l'absence  de  toute  indication  de  racine  des  gise- 
ments de  nickel,  et  de  toute  disposition  en  véritable 
réseau  de  fractures  profondes  des  cassures  de  i-oche  qui 
contiennent  souvent  le  minerai;  nous  avons,  d'autre  part, 
à  faire  observer  qu'en  aucun  point  des  régions  oii  les 
fiEonnets  disséminés  dans  les  cassures  de  la  roche  dispa- 
raissent pour  faire  place  à  des  amas  complexes  de  dépôts 
superficiels,  on  n'a  pu,  à  notre  connaissance,  localiser  quoi 
que  ce  soit  qui  ressemble  à  un  émissaire  autour  duquel  se 
grouperaient  en  éventail  des  concrétions  riches,  rappe- 


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158   RICHESSES   MINÉEALES   DE   LA   NODVKLI.R-CALÊDONIE 

l&Dt  en  quelque  sorte  les  dépôts  qui  ne  produisent  aatotB- 
des  orifices  des  gevsers.  Enfin,  àmoins  que  l'on  ne  reniUe 
admettre  que  les  énormes  masses  de  péridotite  souvrat 
très  fraîche  que  l'on  rencontre  sans  aucune  trace  de  con- 
crétions de  silicates  nicketifères  (surtout  celles  de  la 
région  du  Sud  de  l'Ile)  aient  été  quelque  peu  imprégnées 
par  de  semblables  eaux  thermales  qui  leur  auraient  donné 
la  légère  teneur  èa  niokel  constatée  aujourd'hui,  ce  qui 
personnellement  nous  parait  bien  invraisemblable,  on  serait 
conduit  à  accepter  l'idée  de  detix  venues  succesaives  de 
nickel  de  la  profondeur,  une  première  avec  les  pérido- 
tites,  et  dont  le  nickel  se  serait  disséminé  irrégulière- 
ment dans  ces  péridotites  mais  toujours  avec  une  assez 
faible  teneur,  et  une  deuxième,  sons  forme  de  sources 
thermales,  pour  former  directement  les  gisements  de  coa- 
ceotration  que  nous  connaissons.  C'est  là  également  une  . 
hypothèse  que  nous  hésiterions  à  faire;  et  elle  devien- 
drait plus  invraisemblable  encore  s'il  venait  à  être  établi, 
comme  nous  en  avons  indiqué  la  possibilité,  que  les  péri- 
dotites ont  été  jetées  en  bloc  sur  le  sol  calédonien  au 
cours  de  quelque  puissante  convulsion  de  l'écorce  terrestre, 
et  si  l'un  se  trouvait  alors  amené  à  admettre  que  ce  ne 
serait  plus  que  par  une  coïncidence  vraiment  extraordinaire 
que  ces  péridotites,  supposées  déjà  légèrement  nickeli- 
fères,  auraient  été  ultérieurement  le  siège  exclusif  de  la 
circulation  des  eaux  thermales  amenant  des  profondeurs  de 
nouvelles  quantités  de  nickel. 

Pour  nous  donc,  le  nickel  de  la  NouveUe-Oalédonie  esl 
venu  de  la  profondeur  disséminé  dans  la  péridotite,  tant 
dans  le  péridot  lui-même  que  dans  l'enstatite,  en  petites 
quantités,  et  associé  d'ailleurs  avec  des  traces  de  cobalt 
et  de  manganèse,  tous  trois  ntétaux  très  voisins  du 
fer,  dont  les  protoxydes  se  sont  vraisemblablement  mélan- 
gés en  faible  proportion  au  protoxyde  de  fer  et  à  la 
magnésie  au  moment  de  la  cristalliaetion  dee  silicates- 


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LES  MINES  DB  KtCKBL  15^ 

ferreux  magnésiens  ;  cette  proportion  peut,  dans  les- 
érhantinons  que  nous  avons  examinés,  atteindre  jusqn'à 
S 1/2  p.  100  de  nickel  et  cobalt  métalliques  sur  la  totalité 
de  la  roche,  mais  elle  reste  lo  plus  souvent  de  quelques 
millièmes  seulement  {'). 

Ce  ne  seraient  ensuite  que  des  actions  superficielles  qui 
auraient  concentré  le  nickel  sur  certains  massifs,  ou 
plutôt  en  certains  points  de  certains  massifs,  et  il  ne 
nous  semble  pas  du  tout  nécessaire  de  faire  même  inter- 
venir des  eaux  thermales  pour  expliquer  cette  concentra- 
tion; eUe  nous  paraît  pouvoir  simplement  être  attribuée 
aux  eaux  courantes  superficielles  que  nous  avons  déjà  vu, 
avec  une  évidence  quinous  parait  complète,  donner  nais- 
sance aux  masses  d'argile  rouge  avec  les  concentration» 
de  cobalt  et  de  chrome  qu'elles  contiennent  et  aux  quartz 
cariés  qui  jonchent  le  sol  des  massifs  de  péridotite.  Nous  nous 
séparons  donc  sur  ce  point  de  M.  Levat(**),  qui  fait  appel 
k  des  eaux  thermales  tout  en  paraissant  bien  admettre 
d'ailleurs  qu'elles  n'ont  fait  qu'emprunter  aux  serpentines 
le  nickel  que  celles-ci  contenaient  préalablement. 

Nous  nous  séparons  encore  de  lui-  en  ce  qui  touche  k 
l'association  des  minerais  de  nickel  aux  vasques  d'argile 
rouge  :  sans  doute,  ils  se  rencontrent  toujours  au  contact 
DU  au  voisinage  des  argiles  ronges,  si  l'on  donne  au  mot 
voisinage  un  sens  suffisamment  extensif,  qui  n'a  d'ailleurs 
pas  besoin  de  l'être  beaucoup,  étant  donnée  l'extrême 
fréquence  desdites  argiles  dans  la  formation  serpen- 
tineuse  :  on  trouve  de  ces  argiles,  nous  l'avons  déjà  dit. 


(*)  SaÏTBBt  H.  Lerat  (D.  LiVAT,  AstoeiatUm  pour  ravvcxitt  <!•■ 
loûncM,  loc.cit.,  p.  3),  cette  teniur  pourrait  atteindre  5  p.  100  pour  dM 
•erpBStiae»  ne  pr6i«Qtant  paa  de  traces  de  fiaaures  tapiaséei  de  min»-  - 
n4  ie  Dicka).  Nous  ignorons  si  les  éotentillons  dont  11  ('agit,  (pa)lfl4s 
MrpaatlnM  et  non  pâridotites,  ttaïant  aufOsamment  iitallérta  pour  que 
l'on  puisse  arânner  qn'ile  n'aient  pas  été  soumis  k  l'action  d'eanx  su>-- 
MptlHe*  d'y  avoir  produit  une  pmnière  concentration  dn  nickel. 

t;")Loc.ctl.,p.Tih  B."    " 


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160  RICHBSSBB   MINÉRALES   DE   LA.   NODVBLLE-CALÉIKINIE 

toutes  les  fois  que  la  pente  du  terrain  leur  a  permis  de 
se  fixer  et  de  ne  pas  être  immùdiatement  emportées  par 
les  eaux  courantes  ;  mais  nous  ue  saurions  admettre  avec 
M.  Levât  que  le  nickel  ne  s'est  déposé  que  dans  les  fis- 
sures produites  sur  les  faces  restées  intactes  de  la  ser- 
pentine par  le  retrait  des  argiles  rouges.'  D'une  part, 
nous  avons  très  souvent  observé  des  gisements  de  nickel 
à  une  distance  très  notable  des  argiles  rouges,  par 
exemple  dans  des  tètes  rocheuses  de  pérîdotite  formant 
la  Crète  d'uu  massif  dont  les  pentes  n'étaient  recouvertes 
qu'à  plusieurs  dizaines  de  mètres  de  là,  parfois  même  à 
des  centaines  de  mètres  seulement,  d'un  manteau  d'ar- 
gile; d'ailleurs,  M.  Pelatan  (*)  signalait,  ce  qui  parait  un 
peu  contradictoire  avec  l'indication  de  M.  Levât,  que 
«  les  principaux  gisements  de  nickel  se  développent  pliiR 
volontiers  le  long  des  crêtes  montagneuses  élevées  »: 
cette  dernière  remarque  a  aussi  été  faite  maintes  fois 
par  les  mineurs  de  la  colonie  qui,  par  une  généralisation 
excessive,  déclarent  souvent  que  le  nickel  ne  saurait  èlro 
trouvé  à  faible  altitude.  D'autre  part,  nous  ne  com- 
prendrions pas  comment  le  retrait  d'argiles  rouges  repo- 
sant dans  le  fond  d'une  vasque  de  péridotite  aurait  pu 
produire  dans  cette  roche  des  cassures  de  l'importance 
de  celles  que  manifestent  certains  des  liions  et  fitonnets 
du  Plateau  de  Thio,  le  Slon  de  la  Boa-Kaine,  celui  de  la 
Bien-Venue,  etc.  Enfin  nous  n'avons  nullement  été  amené 
à  observer,  comme  l'a  fait  M.  Levât,  une  répartition  du 
minerai  sur  les  deux  bords  des  vasques  d'argile  rouge, 
soit  d'une  part  au  toit  et  d'autre  part  au  mur  de  celles-ci  ; 
tantôt  il  apparaît  dans  les  fentes  de  la  péridotite,  sur 
l'un  ou  l'autre  bord  de  ces  vasques,  dans  lesquelles  nous 
ne  savons  d'ailleurs  distinguer  ni  toit  ni  mur,  et  il  peut, 
aux  affieurements,  paraître  déposé  entre  la  péridotite  et 
l'argile  ;  mais,  plus  profondément,  il  reprend  son  gisement, 
(*)  Loc.  cil.,  p.  ÏG. 


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LES   UINE8   DB   NICKEL  idl 

normal  pour  les  minerais  en  roche,  entre  deux  épontes 
de  péridotite  {Voir,  par  exemple,  notre  croquis,  fig.  \  de 
la  PI.  III,  d'un  front  de  taille  de  la  mine  Prise-de-Rivoa); 
tantôt  l'enlèvement  de  l'argile  d'une  telle  vasque  fait 
■voir  une  tète  de  minerai  au  fond  même  de  celle-ci  ;  tantôt, 
«t  c'est  le  cas  le  plus  fréquent  pour  les  affleurements 
apparaissant  sur  des  parois  suffisamment  abruptes  pour  ne 
pas  pouvoir  retenir  l'argile  rouge,  le  minerai  se  rencontre 
Join  de  tout  amas  d'argile. 

Pour  noua  donc,  c'est  simplement  l'altération  superfi- 
cielle des  péridotites  nickelifères  qui  a  produit  les  gise- 
ments de  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  ;  nous  avons 
«spliqu^  déjà  quel  parait  avoir  été  son  processus  :  fendil- 
lement des  roches  affleurant  au  jour,  circulation  des  eaux 
superficielles  dans  les  masses  ainsi  fendillées,  dissolution 
d'une  partie  des  éléments  et  oxydation  des  autres  sur 
place;  recristallisation  immé<liate  des  éléments  les  moins 
solubles  dans  les  conditions  spéciales  du  milieu,  et  départ 
des  antres,  puis  altération  mécanique  des  roches  ainsi 
transformées,  et  transport  â  plus  ou  moins  grande  distance 
des  éléments  détritiques  qui  en  résultaient. 

Dans  cette  série  d'aiHions  successives,  le  nickel,  dont 
les  sels  sont,  comme  on  le  sait,  généralement  solubles,  et 
■qui  manifeste  par  tous  les  caractères  de  ses  gisements 
une  connexité  très  grande  avec  la  magnésie,  du  moins 
-dans  les  conditions  spéciales  qui  ont  été  réalisées  en 
Nouvelle-Calédonie,  a  été  entraîné  avec  la  magnésie  et 
s'est  dépoiîé  avec  elle  sous  forme  d'hydrosilicates  magné- 
siens nickelifères  :  là  cependant  une  différenciation  a 
commencé  à  se  faire  entre  les  deux  métaux,  le  nickel 
s'étant  montré  plus  prompt  à  se  précipiter  et  ayant  ainsi 
donné  lieu  à  des  formations  dans  lesquelles  lo  rapport 
entre  la  quantité  de  nickel  et  celle  de  magnésie  est  infi- 
niment pins  élevé  que  dans  les  péridotites. 


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162   RICHBSSSa  MINÉRALES   D8   LA   NOnVBLLE-GALÉDOMS 

Quant  au  lieu  même  oii  il  s'est  déposé,  tantôt  cela 
parait  être  dans  les  fisaures  mêmes  dea  péridotites  qui 
a'altéraient,  et  c'est  ce  qui  a  donné  lieu  à  ces  n  serpen- 
tines damier  »qui  rappellent  beaucoup  comme  constitution 
les  serpentines  à  cloisonnement  de  quartz  que  nous  aTou)' 
mentionnées  comme  constituant  le  premier  stade  de  la 
décomposition  dés  péridotites  ;  tantôt  ce  ne  serait  que 
dans  des  fissures  plus  importantes  d'un  massif  voisin 
d'une  péridotite  restée  plus  fraîche,  c'est-à-dire  dans  des 
cassures  de  retrait  plus  ou  moins  parallèles  entre  elles, 
quoique  traversées  par  un  réseau  de  cassures  transver- 
sales (type  des  minerais  du  Plateau  de  Thio),  ou  même 
dans  des  fractures  d'allure  presque  âlonienne,  dues  à  un 
effet  mécanique  plus  important  avec  glissement  des  deux 
lèvres  de  la  cassure  l'une  sur  l'autre  et  formation  de 
plans  de  glissement  que  le  nickel  est  venu  ensuite 
comme  vernir  pour  former  des  «  glacis  »  verts  ;  ailleurs 
les  solutions  iiickelifères  auraient  simplement  imbibé  des 
masses  plus  ou  moins  terreuses  qui  recouvraient  le  sol. 
Ajoutons  d'ailleurs  que  ces  actions,  qui  ont  sans  doute  dû 
être  très  prolongées  pour  produire  des  effets  do  l'impor- 
tance de  ceux  que  nous  constatons,  et  qui  remontent  peut- 
être  il  une  époque  géologique  antérieure  à  la  n&tre, 
sont  vraisemblablement  encore  actuelles.  Il  est  aisé 
d'ailleurs  de  se  rend"re  compte  de  leur  possibilité  en  par- 
courant les  seides  galeries  souterraines  encore  accessibles, 
celles  de  la  mine  Bien-Venue,  où  l'on  voit,  comme  dans 
toute  mine  métallique,  des  eaux  légèrement  minéralisées 
suinter  des  parois  et,  en  s'écoulant  goutte  à  goutte, 
former  des  dépôts  atiilaciiformes  de  garniérite  tout  à  faii 
identiques  à  ceux  que  Ton  trouve  en  abondance  dans  des 
cheminées  oii  on  ne  les  a  pas  vus  se  former.  Rappelons 
enfin  que  M.  Pelatan  a  recueilli  des  coléoptères  trans- 
formés en  minerai  vert  de  nickel,  qui  appartiennent  proha- 
blemcut  à  des  formes  encore  vivantes,  «    empâtés  dans 


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LB3    HINB8    DE    HICKBL  163 

des  dêpAts  contemporains  provenant  d'une  redissolution 
du  minerai  (')  ». 

Enfin  des  minerais  terreux  et  argileux  comme  nous 
en  avons  signalé,  et  qui  doivent  leur  teneur  en  nickel  à 
la  multitude  des  débris  de  gamiérite  qu'ils  contiennent, 
tirent  évidemment  leur  origine  du  remaniement  des  parties 
superficielles  des  gîtes  formés  comme  nous  l'avons  dit. 

Les  minerais  de  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont 
donc,  à  notre  sens,  de  formation  purement  superficielle; 
il  faudrait  dès  lors,  comme  l'expérience  l'a  constamment 
montré  depuis  25  ans,  compter  les  voir  tous  ne  présenter 
que  peu  de  développement  en  profondeur.  Mais,  inverse- 
ment, l'identité  des  actions  superficielles  qui  se  reproduisent 
sur  les  difi'érents  massifs  de  péridotite  tous  plus  ou  moins 
nickelifères  peut,  et  doit  même,  produire  un  peu  partout 
dans  des  conditions  analogues  des  gisements  du  même 
genre.  Ici  le  nickel,  déjà  plus  abondant  dans  la  roche  mère, 
se  sera  plus  aisément  concentré  jusqu'à  une  teneur 
exploitable;  là,  au  contraire,  les  minerais  qu'il  aura  pu 
former  seront  plus  pauvres  ;  ici  des  fissures  nombreuses 
ouvertes  dans  les  roches  auront,  pendant  de  longues 
années,  offert  un  passage  auxdites  solutions  nickelifères 
qui  y  auront  déposé  de  riches  et  abondantes  concrétions 
de  minerai,  pouvant  s'enfoncer  jusqu'à  plusieurs  dizaines 
ou  même  une  centaine  de  mètres  de  profondeur;  là,  au 
'  contraire,  les  eaux  auront  ruisselé  sur  des  roches  serpen- 
tinisées  devenues  poreuses  et  les  auront  imbibées  de 
nickel  au  point  d'en  faire  des  minerais  exploitables  ;  plus 
loin  elles  auront  trouvé  leur  chemin  tout  autour  de  blocs 
compacts  de  péridotite  dans  des  matières  terreuses  et 
désagrégées  sur  lesquelles  elles  auront  déposé  leur  métal 

(*)  David  Lavât,  Mémoirt  sur  les  progril  de  la  mélatlurgU  du  nickel 
et  sur  le»  récente»  applications  de  ce  métal.  (Annaiea  des  Mines,  9'  série, 
t.  I,p.  I4S;1892.) 


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1^4   RICHESSES   MINBItA.T.E8  DB  LA   NnDTELLE-CALlÎDOME 

en  même  temps  qu'elles  minéralisaient  pins  ou  moins  la 
superRcie  des  blocs.  Mais  partout  le  nickel,  diitsous  des 
roches  démantelées,  parait  s'être  concentré  dans  les  points 
qwô  la  nature  des  roches  ou  la  forme  du  terrain  rendaient 
le  plus  farorables  k  «on  dépJït.  On  peut  donc,  k  notre 
avis,  espérer  le  rencontrer  en  gisements  plus  ou  moins 
riches  successiTementdane  tous  les  massifs  de  péridotite 
de  la  colonie,  car,  bien  que  nos  analyses  n'aient  naturel- 
lement porté  que  sur  un  nombre  restreint  d'échantillons, 
mais  provenant  des  régions  les  plus  diverses  de  la  forma- 
tion serpentineuse,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  que 
toutes  les  périilotites  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont 
nickelifêres. 

Nous  nous  séparons  donc  encore  sur  ce  dernier  point 
de  M.  Levât  et  aussi  de  M.  Pelatan,  qui,  dans  les  mémoires 
que  nous  avons  déjk  si  souvent  cités,  signalent  un  cer- 
tain nombre  d'alignements  de  massifs  niokelifères  ;  pour 
M.  Levât,  ces  alignements  sont  étroits,  puisque  la  largeur 
des  lignes  suivant  lesquelles  se  répartissent  les  districts 
nickelifêies  ne  serait  en  général  que  de  600  Ji  SOOmfetres, 
et  qu'en  dehors  d'elles  il  n'y  aurait  que  des  enrichisse- 
ments locaux  et  sans  continuité  ;  M.  Pelatan  est  déjà 
moins  afflrmatif.  et  fait  simplement  connaître  que  l'on  a 
remarqué  que  les  principaux  gisements  de  nickel  c<  se 
troavent  disposés  suivant  certains  alignements  spéciaux  », 
mais  que  «  les  alignements  nickelifêres  déjà  bien  déter- 
minés sont  nombreux  »  et  qu'  «  il  s'en  trouve  de  plus  ou 
moins  notables  dans  tous  les  massifs  serpentineux  »  ;  pour 
lui,  ceux  qui  méritent  le  mieux  de  fixer  l'attention  sont  : 

1*  L'immense  alignement  qui  suit  les  limites  vers 
l'Ouest  et  vers  le  Nord  du  grand  massif  serpentineux  du 
Sud  sur  plus  de  100  kilomètres  depuis  le  mont  Dore 
jusqu'à  Nakety,  et  qui  englobe  les  mines  de  la  Dumbéa, 
de  la  Tontouta,  de  la  Ouenghi  et  surtout  le  célèbre  dis- 
trict minier  de  Thio; 


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LES  HINBB  DB  MICKfiL  lâQ 

2°  L'alignement  allant  de  la  baie  de  la  Rencontra  à 
Tlûo  sur  la  cftteËst,  et  que  jaloonent  leu  BUnea  de  Ni, 
de  Brindy  et  de  Port-Bouquet; 

3°  L'alignement  de  Naketyau  mont  Arembo,qui  passe 
par  les  mines  de  Ganala,  de  Konaona  et  de  Méré; 

4°  L'alignement  du  mont  Boa  au  mont  Adio,  dans  le 
centre  de  l'Ile,  remarquable  par  les  gîtes  du  mont  Krapet; 

5"  L'alignement  du  mont  Poya  au  mont  Kopeto,  avec 
les  riches  sto<;kwerks,  tout  récemment  découverte,  des 
mines  de  Muéo  et  de  Poja; 

6°  L'alignement  du  mont  Kouiambo  au  mont  Katépahié. 

11  su^t,  à  notre  avis,  de  jeter  un  coup  d'œil  but  la 
fig.  2  de  la  PI.  I  pow  voir  combien  ces  alignements 
s'écartent  souvent  d'une  ligne  droite  et  combien  de  gise- 
ments signalés  en  sortent  ;  on  est  dès  lors  amené  il  renon- 
cer à  un  semblable  groupement,  et  à  constater  amplement, 
qu'à  part  quelques  exceptions  que  nous  avons  déjîi  men- 
tionnées (extrémité  Sud  de  l'Ue,  massif  du  dôme  4e 
Tiebaghi  et  presqu'île  de  Poume),  les  minerais  de  nickel 
paraissent  abondamment  répandus  sur  toute  la  fonnation 
serpentineuso  de  la  colonie. 

En  résumé,  quoi  qu'il  en  soit  des  réserves  que  nous 
avons  dû  faire  au  sujet  de  la  richesse  des  massifs  encore 
vierges,  et  quelque  insuffisants  même  que  soient  les  tra- 
vaux de  reconnaissance  poursuivis  soit  sur  les  mines 
aujourd'hui  abandonnées,  soit  même  sur  les  mines  en 
exploitation,  pour  pouvoir  permettre  de  hasarder  même 
une  évaluation  très  grossière  de  l'importance  des  res- 
sources en  nickel  qui  subsistent  actuellement  dans  notre 
colonie,  nous  n'hésitons  pas  à  les  considérer  comme  extrê- 
mement considérables.  Nous  ne  doutons  pas  d'ailleurs 
que  l'on  ne  soit  frappé,  avec  nous,  de  constater  par  les 
quelques  indications  qui  précèdent  combien  il  y  a  peu 
«l'entre  les  régions  oii  s'étale  la  formation  serpentineuse. 


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166   RICHESSES   UINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

régions  qui  couvrent  un  espace  de  600,000  hectares  rap- 
pelons-le, où  l'on  n'ait  trouvé  ici  ou  Jà  de  riches  minerais 
de  nickel,  et  où  il  ne  soit  parfaitement  légitime,  à  notre 
avis,  de  supposer  que  l'on  puisse  ouvrir  des  mines  fruc- 
tueusement exploitables.  Dans  beaucoup  d'entre  elles,  on 
a  d'ailleurs  déjà  constaté,  d'une  façon  plus  ou  moins 
certaine  et  sur  une  étendue  plus  ou  moins  vaste,  l'exis- 
tence de  beaux  gisements. 

Nous  pensons  donc  que,  si  quelques-uns  des  amas  les 
plus  riches  ont  aujourd'hui  été  déjà  largement  exploités, 
et  que  si  d'autres  ont  été  plus  ou  moins  complètement 
gaspillés,  il  en  subsiste  vraisemblablement  encore  beau- 
coup d'assez  riches  pour  être  fructueusement  exploitables, 
et  qui  sont  susceptibles  de  fournir,  pour  un  grand  nombre 
d'années  encore,  une  active  extraction. 

Il  nous  reste  à  indiquer  dans  ce  qui  suit  dans  quelles 
conditions  ont  lieu  aujourd'hui,  et  pourraient  avoir  lieu 
dans  l'avenir,  ces  exploitations. 


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CHAPITRE  III. 


CONDinOlfS  ÉCONOMIQUES  DE  L'EXPLOITATION 
DD  NICKEL 


Les  indications  qui  précèdent  suffisent  à  montrer  qae 
les  différentes  mines  actiiellement  exploitées,  et  aurtout 
celles  que  l'on  peut  encore  songer  à  mettre  en  exploita- 
tion en  Nouvelle-Calédonie,  se  trouvent  dans  des  condi- 
tions économiques  très  différentes,  qui  sont  susceptibles 
de  faire  varier  du  simple  au  double,  souvent  même  sur 
une  plus  large  échelle  encore,  les  différents  facteurs  du 
prix  de  revient.  Nous  nous  proposons  de  fournir  mainte- 
nant quelques  indications  un  peu  plus  précises  sur  ces 
différents  facteurs  ;  nousles  partagerons  en  trois  groupes  : 
l'abatage,  le  triage  et  la  manutention  sur  carrières,  — 
les  transports  et  l'embarquement,  —  et  enfin  les  dé- 
penses d'installations  et  les  frais  généraux. 

Tous  les  chiffres  que  nous  avons  pu  recueillir  à  ce 
sujet  se  rapportent  toujours  à  la  tonne  de  minerai  iiu- 
mide,  tandis  que  les  teneurs  sont  calculées  sur  le  minerai 
sec;  il  y  a  donc  là  une  cause  de  confusion,  puisque  les 
deux  chiffres,  relatifs  l'un  au  prix  de  revient,  l'antre  à 
la  quantité  de  métal  contenue,  c'est-à-dire  à  la  valeur  du 
minerai,  se  rapportent  à  des  poids  différents,  et  souvent 
très  différents,  de  ce  minerai.  Noua  conserverons  dans 
ce  qui  suit  les  chiffres  de  prix  de  revient  calculés  par 
tonne  humide,  tels  qu'ils  nous  ont  été  fournis,  mais  noua 
les  ferons  suivre  des  chiffres  approximatifs  relatifs  à  la 
tonne  de  minerai  sec. 


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168  RICHBBSE6  HIN'ÉRALES   DB   LA   ^0G^'EU.E-CALB1>0NIE 
A.   —  AbATAOB,  triage   et  HANCTESTION  SDR  CARRIÈRE» 

Nous  ne  croyons  pas  avoir  à  revenir  sur  les  exploita- 
tions souterraines,  qui  ont  été  la  règle  dans  les  premiers 
jours  de  l'extraction  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie, 
mais  auxquelles  n'ont  pas  tardé  à  se  sobstituer  progres- 
sivement  les  exploitations  à  ciel  ouvert,  qui  seules  se- 
poursuivent  aujourd'hui,  et  qni  paraissent  très  certaine- 
ment devoir  être  continuées  à  l'avenir  à  l'exclusion  de 
tous  travaux  souterrains.  Les  indications  qui  suivent  8e 
rapporteront  donc  uniquement  aux  exploitations  à  cieE 
ouvert. 

Comme  nous  l'avons  mentionné  à  maintes  reprises,  un» 
telle  exploitation  ne  va  eu  aucun  cas  sans  l'abatage,  en 
même  t«mps  que  du  minerai,  de  quantités  toujours  con- 
sidérables de  stérile,  qu'il  faut  non  seulement  abattre^ 
mais  encore  trier,  puis  évacuer  ;  il  faut  en  outre,  avant 
de  pouvoir  atteindre  les  parties  minéralisées  du  glte^ 
enlever  des  terres  de  recouvrement  stériles  {générale- 
ment des  argiles  rouges);  après  le  triage,  il  faut  encore 
grouper  les  minerais  à  la  tête  de  l'engin  à  l'aide  duquel 
ils  sont  descendus  au  pied  de  la  mine,  d'où  ils  sont  enfin 
expédiés.  Nous  dirons  donc  d'abord  quelques  mots  de 
l'enlèïement  des  terres  de  recouvrement,  puis  de  l'aba^ 
tage  des  masses  minéralisées,  du  triage,  de  l'évacualjcm 
du  stérile,  H  enfin  des  transports  accessoires  du  mine- 
rai sur  la  mine  même. 

L'enlèvement  des  terres  de  recouvrement  est  une 
charge  essentiellement  variable  d'une  mine  à  l'autre  : 
lorsqu'on  exploite  des  minerais  rocheux  dont  les  escatTie- 
ments  affleurent  au  jour  et  ne  peuvent  d'ailleurs  pas  re- 
tenir de  masses  terreuses  ou  argileuses,  cette  partie  du 
travail  est  supprimée  ou  peu  s'en   faut;    dans  d'autres- 


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LB3  UINE8   DS   NICKBL  \&^ 

gisements,  au  coatraire,  qui  sont  précisément  ceux  que 
l'on  tend  à  exploiter  de  plus  en  plus  aujtHJrd'bui,  le  aol 
est  recouvert  d'une  couche  plus  du  moins  épaisse  d'ar- 
gile rouge  de  laquelle  émergent  seulement  quelques- 
tétes  rocheuses  ;  il  faut  alors  procéder  à  des  découverts. 
Ceux-ci  ne  se  font  d'ailleurs  le  plus  souvent  qu'au  fur  ot 
à  mesure  de  l'avancement  des  gradins  des  carrières  :  on 
a  seulement  soin  d'eoiever  l'argile  rouge  à  la  couronne 
des  chantiers  sur  quelques  mètres  en  avance,  ou  au 
moins  d'y  pratiquer  un  talus  à  pente  suffisamment  douce 
pour  éviter  que  l'effritement  de  ces  argiles  au  soleil  ou- 
au  contraire  leur  entraînement  par  la  pluie  ne  les- 
amènent  jusqu'au  front  de  taille  et  ne  salissent  ainsi 
le  minerai.  Dans  ces  conditions,  l'enlèvement  des  terres 
de  recouvrement  n'est  souvent  pas  distingué  de  l'aba- 
tage  normal  du  stérile,  et  il  est  difficile  d'en  appré- 
cier l'influence  sur  le  prix  de  revient,  d'autant  plus  qu'il 
est  impossible  de  donner  aucun  chiffre  sur  les  épaisseurs, 
toujours  variables  d'un  point  à  l'autre,  des  terres  de 
recouvrement  que  l'on  est  amené  k  enlever  dans  les  dif- 
férents cas,  et  sur  le  rapport  entre  leur  épaisseur  et  celle 
dos  traînées  minéralisées  que  l'on  exploite  au-dessous 
d'elles;  tout  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  nous 
n'avons  nulle  part  vu  poursuivre  d'exploitation  sous  des 
épaisseurs  quelque  peu  notables,  c'est-à-dire  dépassant 
un  petit  nombre  i!e  moires,  d'argiles  rouges.  Dans  une 
seule  des  exploitations  que  nous  avons  visitées,  on  tenait 
un  compte  exact  des  journées  de  main-d'œuvre  consacrées- 
aux  travaux  improductifs,  c't'st-à-dire  non  seulement  à 
l'enlèvement  des  terres  de  recouvrement,  mais  encore 
aux  terrassements,  poses  de  voies  sur  les  carrières,  ins- 
tallations diverses,  etc.  ;  le  nombre  des  Journées  de  main- 
d'œuvre  qu'ils  nécessitaient  variait,  suivant  les  points,  de 
20  à  ^  p.  100  du  nombre  total  des  journées  de  main- 
d'œuvre  consacrées,  sur  la  mine  mémo,  à  l'ensemble  des- 


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1 


170  R1CHESSB8   I11NSRAI.es   DB   LA    NODTELLB-CALÉDONIB 

différents  travaux  que  nous  avons  énomérés  ci-dessus  ; 
cela  correspond  à  une  dépense  que  nous  croyons  pouvoir 
évaluer  grossièrement  comme  variant  de  3  à  15  francs 
par  tonne  de  minerai  humide,  soît4  à  20  francs  environ 
pour  le  minerai  sec. 

L'abatage  des  masses  minéralisées  est  parfois  très  aisé, 
lorsqu'il  s'agit  de  poches  et  de  traînées  de  rainerais  ter- 
reux et  pulvérulents  qu'il  suffitde  désagrégera  la  pioche; 
mais,  le  plus  souvent,  il  comporte  l'emploi  du  pic  et  de  la 
pince,  pour  dégager  les  blocs  rocheux  parfois  très  volu- 
mineux du  magma  bréchoïde  qui  les  empâte,  ou  pour 
briser  les  concrétions  qui  les  réunissent  ;  d'autres  fois  — 
mais  c'est  là  un  cas  qui  devient  un  peu  exceptionnel  — 
l'abatage  se  poursuit  à  l'aide  de  coups  de  mine  dans  des 
roches  serpentîneuses  dures  au  milieu  desquelles  courent 
des  liloRnets  plus  ou  moins  riches.  Ajoutons  d'ailleurs  que 
l'abatage  comprend  en  outre,  dans  les  deux  derniers  cas 
tout  au  moins,  la  séparation,  à  l'aide  du  pic  générale- 
ment, des  parties  minéralisées,  enduits  et  fllonnets  de 
silicate  oucro&tesde  serpentine  décomposée,  qui  adhèrent 
aux  blocs. 

Dans  de  telles  conditions,  le  rendement  par  ouvrier 
occupé  à  l'abatage  ne  peut  ^tre  que  très  variable,  et  avec 
lui  le  prix  de  revient  d'abatage  ;  d'ailleurs,  ni  l'un  ni 
l'autre  de  ces  deux  éléments  n'a  une  signification  abso- 
lue ;  d'une  part,  le  rendement  individuel  varie  beaucoup 
avec  la  catégorie  des  travailleurs  employés,  surtout 
lorsqu'il  s'agit  de  travaux  de  force,  comme  l'abatage,  pour 
lesquels  tout  le  monde  s'accorde  à  reconnaître  qu'une 
journée  de  travailleur  blanc  est  notablement  plus  produc- 
tive qu'une  journée  de  travailleur  jaune  ou  éventuelle- 
ment de  travailleur  noir;  d'autre  part,  les  prix  de  journée 
qui  sont  alloués  à  ces  différentes  classes  d'ouvriers  ne 
sont  pas    toujours   exactement  en   rapport,  comme   on 


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LES   UINBS   DE  NICKEL  171 

serait  tenté  de  le  supposer,  avec  l'efficacité  de  leur  tra- 
vail. Sons  réserve  de  ces  observations,  nous  pouvons  dire 
que  les  frais  d'abatage  proprement  dit  varient  généra- 
lement entre  5  et  15  francs  (')  par  tonne  de  minerw  hu- 
mide (7,50  à  20  francs  par  tonne  sèche)  ('*).  La  variation 
de  ces  chiffres  d'une  mine  à  l'autre  correspond  non  seu- 
lement aux  différences  profondes  dans  l'état  d'agrégation 
des  masses  à  abattre,  mais  encore  à  la  minéralisation 
plus  on  moins  riche  de  ces  masses.  Nous  avons  fourni  k 
mesure,  pour  quelques  mines,  des  chiffres  permettant  de 
se  faire  une  idée  des  limites  entre  lesquelles  peut  varier 
la  minéralisation  ;  sans  s'arrêter  à  certaines  carrières 
particulièrement  riches,  et  cela  d'une  façon  qui  n'est  sou- 
vent que  momentanée,  on  peut  dire  qu'il  est  rare  qu'il 
ne  faille  pas  en  moyenne  remuer  au  moins  3  ou  4  mètres 
cubes  de  matières  (cubées  abattues,  c'est-à-dire  telles 
qu'on  les  manipule)  par  tonne  de  minerai  humide  pro- 
duit, ce  qui  laisse  encore  à  un  bon  ouvrier  uniquement 
occupé  à  l'abatage  la  possibilité  de  produire  par  jour 
plusieurs  tonnes  de  minerai  ;  ce  sont  là  des  chiffres  rela- 
tifs aux  mines  les  mieux  partagées,  et  un  chiffre  moyen 
nous  parait  être  celui  de  6  à  8  mètres  cubes  par  tonne 
de  minerai  ;  ces  chiffres  sont  d'ailleurs  souvent  dépassés, 
même  dans  des  mines  oii  l'abatage  se  poursuit  en  roche 
dure,  et  nous  rappellerons  celui  que  nous  donnions  précé- 
demment, comme  une  limite  que  des  circonstances  spéciales 


(')  Les  frus  que  nous  iadiquons  ici  et  que  nous  indiquerons  dans 
la  luite  sont  calculés  en  tenant  cninpte  des  salaires  nominaux  des 
ouvriers  ;  ils  doiieut  être  en  pratique  diminués  dani  une  large  propor- 
tion (variant  Traiseoiblablement  de  20  k  40  p.  100  suivant  les  exploita- 
tions)  en  raison  de  la  coutume,  sur  laquelle  nous  reviendrons  dons 
ta  suite,  du  paiement  de  la  majeure  partie  des  salaires  en  vivres  ou 
Dtarchandises  diverses,  sur  lesquels  l'exploitant  prélève  un  important 
béneSce. 

(**)  Rappelons  que,  pour  l«s  minerais  faciles  à  abattre,  c'est-à-dire 
les  minerais  terreux,  la  proportion  d'bumidité  est  notablement  plus 
forte  que  pour  les  minerais  rocheux,  plus  difOciles  h  exploiter. 


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172    RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA    NODVELLE-CALÉDONIB 

permettent  seules  d'atteindre,  de  10  à  il  mètres  cube» 
de  roche,  généralement  dure,  abattus  par  toQue  de  mine- 
rai produit  ;  il  est  bou  d'ajouter  que  les  chiffres  les  pha 
faibles  que  nous  citons  ci-dessus  doivent  être  majorés  de 
plus  d'un  tiers  pour  passer  à  la  tonne  de  minerai  sec. 
tandis  que  les  derniers  n'ont  guère  à  {>tre  majorés  dépits 
d'un  cinquième. 

On  peut  donc  dire  que  par  tonne  de  minerai  sec  on  abat 
et  on  manipule,  suivant  les  mines,  de  4  mètres  cubes  1/2  à 
12  ou  13  mètres  cubes  de  stérile  (mesurés  abattus),  el 
que,  dans  ces  conditions,  un  ouvrier  occupé  uniquement  à 
l'abatage  peut  produire  par  journée  depuis  moins  d'une 
tonne  jusqu'à  2  tonnes  et  demie  de  minerai  sec. 


Après  l'abatage,  il  est  procédé  au  triage  du  minerai,  qui 
est  l'opération  la  plus  minutieuse  du  travail;  cette  opéra- 
tion commence  d  ailleurs  avec  l'abatage  même,  et  tout 
bon  ouvrier  doit  apporter  ses  soins  à  ne  pas  abattre  de» 
parties  que  leur  aspect  indique  comme  richement  minéra- 
lisées eu  même  temps  que  d'autres  qui  sont  pratiquement 
stéiiles  ;  cela  devient  surtout  essentiel  dans  les  mines  à 
remplissage  terreux.  :  tandis  qu'ici  l'analvse  a  montré  que 
tel  aspectde  matière  pulvérulente  correspond  à  une  teneur 
payante,  là  on  sait  que  telle  autrenaturede  terre  est  d'une 
teneur  trop  faible  pour  que  la  mas^e  puisse  être  utilisée; 
il  importe  donc  d'abattre  séparément  ces  portions  qu'un 
triage  ultérieur  ne  saurait  plus  séparer.  Cela  est  si  néces- 
f  aire  que  c'est,  pour  une  bonne  part .  en  raÏMn  de  l'impos- 
sibilité (le  prendre  de  tels  soins  en  cas  de  ploie  violente 
venant  à  délaver  le  front  de  taille,  qu'il  est  d'usage  cons- 
tant de  no  pas  travailler  sur  les  mines  les  jours  de  pluie. 
L'abatage  k  un  même  chantier  comprend  ainsi  d'abord 
celui  de  matières  que  l'on  sait  être  pratiquement  stériles- 
et  que  l'on  enlèvera  de  suite,  en  ayant  souvent  même 


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Len  HINES   DE  NICKEL  173 

«oin  de  bien  balayer  le  sol  de  la  carrière  sur  lequel 
tomberont  ultérieurement  les  minerais  ;  on  attaque  ensuite, 
s'il  y  a  lieu,  les  parties  réellement  riches  qui,  soigneuse- 
ment abattues,  donneront,  soit  immédiatement,  soit  grâce 
à  un  triage  facile,  du  minerai  d'enrichissement;  enfin  on 
fera  tomber  en  dernier  lieu  les  minerais  mélangés,  tels  que 
les  tilocs  à  enduits  ou  &«roûtes  minéraiiséi^,  qui  seront  alors 
triés  en  détail  ;  tantftt  le  piqueur  lui-même  commence 
le  triage  en  détachant  des  blocs  les  parties  riches  qui 
sautent  sons  le  pic,  tantôt  ce  sont  des  ouvriers  spéciaux. 
Presque  toujours  le  triage  est  terminé  par  des  ouvriers 
spéciaux,  et  c'est  là  un  travail  auquel  on  emploie  avec 
beaucoup  de  succfes  la  main-d'œuvre  jaune  et  surtout  les 
Japonais.  On  n'a  en  effet  recours  à  aucun  procédé  de  triage 
mécanique,  et  de  fait  il  no  semble  pas  que,  pour  des  ma- 
tières aussi  complexes  et  aussi  variables,  il  soit  possible 
d'en  adopter  un.  Presque  toujours  le  triage  débute  par 
an  classement  de  grosseur  plus  ou  moins  soigné. 

Dans  certaines  mines,  surtout  celles  ofil'on  ponrsuit  de 
petits  fîlonnets  de  minerai  riche  dans  les  fractures  de  la 
roche  dure,  le  triage  est  très  minutieux  ;  dans  d'autres,  an 
contraire,  oii  Ton  abat  des  masses  terreuses  très  peu  homo- 
gènes, le  triage  se  fait  pour  ainsi  dire  au  front  de  taille  on 
abattant  séparément  les  diverses  catégories  de  matières 
dont  l'expérience,  contrôlée  par  des  analyses  journalières 
très  nombreuses,  permet  de  reconnaître  à  l'aspect  la  teneur 
approximative.  Dans  le  premier  cas  on  procède  d'abord  à 
un  criblage:  la  maille  du  crible,  appropriée  aux  conditions 
spéciales  du  chantier,  a'  été  choisie  par  expérience  de 
manière  à  ne  laisser  passer  que  des  fragments  qui,  dans 
l'ensemble,  auront  une  teneur  suffisante  ;  le  refus  de  ces 
rribles  est  alors  soigneusement  trié  fc  la  main  et  cassé 
au  marteau  par  des  oumers  spéciaux  :  c'est  l'opération 
classique  du  acheidage.  Elle  produit  généralement,  en 
même  tempxquedes  minerais  mixtes,  mais  encore  payants, 


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174   RICHESSES  MINÉRALES   OB   LA    NOCVELLE-CALÂDOMIE 

des  minerais  richea  doDt  la  teneur  peut  atteindre  etnaëioe 
dépasser  9  et  10  p.  100. 

C'est  là  un  mode  de  triage  nécessairement  onéreux  et 
qui  n'existe  plus  que  dans  un  petit  nombre  d'exploitations; 
plus  souvent  le  classement  de  grosseur  est  fait  beaucoup 
plus  sommairement  au  râteau  :  dans  les  chantiers  à  minerai 
terreux,  lorsque  l'abatage  est  bien  conduit,  on  peut 
en  effet  se  contenter  d'éliminer  des  matières  terreuses 
paj'aiites  les  fragments  rocheux  qui  peuvent  y  être  noyés 
ou  ceux  qui  ont  pu  y  tomber,  le  rfttcau  suffit  à  cet  usage  ;  dès 
lors  le  triage  se  réduit  à  l'examen  de  ces  fragments  r^ 
cheux,  au  dépeçage  des  gros  blocs  dans  les  conditions  que 
nous  avons  indiquées,  et  éventuellement  aux  opérations 
minutieuses  que  nous  venons  de  dire,  lorsque  l'on  tombe 
sur  une  de  ces  cheminées  à  concrétions  riches  ou  sur  une 
partie  de  gisement  à  allure  fîlonienne. 

Le  triage  ainsi  pratiqué  donne  lieu  k  la  séparation  des 
matières  abattues  en  stérile  immédiatement  évacué,  en 
minerais  riches  généralement  conservés  pour  enrichir  les 
lots  pauvres,  et  enfin  en  une  série  de  tas  de  minerais 
moyens,  que  l'on  a  le  plus  souvent  grand  soin  de  mettre  à 
part  suivant  qu'ils  proviennent  d'un  coin  ou  l'autre  du 
front  de  taille  ou  qu'ils  ont  des  aspects  différents  ;  chacun 
ne  sera  incorporé  h  la  masse  du  minerai  marchand  qu'après 
qu'une  analyse  en  aura  vérifié  la  teneur  ou  que,  si  c'est 
nécessaire,  cette  teneur  aura  été  relevée  au  taux  conve- 
nable par  addition  de  minerai  d'enrichissement.  Le  minerai 
est  alors  prêt  à  être  descendu. 

Comme  nous  l'avons  dit,  et  comme  cela  résulte  des  expli- 
cations qui  précèdent,  le  triage  n'est  pas  pratiquement 
séparé  de  l'abatage,  les  mômes  ouvriers  sont  souvent  occu- 
pés alternativement  à  l'un  et  l'autre  travail  ;  aussi  les 
chiffres  que  nous  avons  pu  recueiUir  pour  préciser  les 
frais  qu'entrfUnent  ces  opérations  ne  se  rapportent-ils  qu'à 
l'ensemble  de  l'abatage  et  du  triage.  Dans  ces  conditions, 


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LBS   MINES   DB   NICKEL  175 

le  rendeiueiU  par  homme  occupé  à  l'abatage  et  au  b*iage 
éUitvoi3iiide225  kilogrammes  seulement  (175 kilogrammes 
secs)  pour  tme  exploitation  de  filonnets  riches  très  dissé- 
minés dans  une  roche  dure  ;  ce  chiffre  s'élevait  à  350  ki- 
logrammes (280  kilogrammes  secs)  pour  un  gîte  de  mi- 
nerai bréchoïde  dur  généralement  concrétionné  ;  pour  des 
minerais  terreux,  il  était  de  425  kilogrammes  (310  kilo- 
grammes secs)  dans  une  mine  dont  le  gisement  était  assez 
pauvre,  tandis  qu'il  atteignait,  an  contraire,  1.050  kilo- 
grammes (750  kilogrammes  secs)  dans  un  gisement  du 
même  type,  mais  plus  favorisé  par  les  conditions  naturelles, 
et  tandis  qu'il  peut  même  s'élever,  pour  des  chantiers 
d'une  richesse  exceptionnelle,  jusqu'à  1  tonne  1/2  ou 
même  2  tonnes  de  minerai  humide.  Les  prix  de  revient 
correspondants  varient  alors  de  8  à  30  francs  par  tonne 
de  minerai  sec. 

L'évacuation  des  déblais  ne  laisse  pas  d'être  une  ques- 
tion importante  dans  des  mines  qui  produisent  toujours 
plusieurs  fois  autant  de  stérile  que  de  minerai,  et  qui 
arrivent  parfois  à  en  produire  jusqu'à  10  fois  autant  et 
même  plus;  c'est  dès  lors  par  100.000  tonnes  que  se 
chifTre  annuellement  le  poids  des  déblais  dont  il  faut  se 
débarrasser  dans  une  exploitation  importante.  Le  relief 
du  sol  se  prête  d'ailleurs  très  aisément  à  l'évacuation 
des  déblais,  car  il  n'est  pratiquement  pas  de  mine  de  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie  à  peu  de  distance  des  chantiers  de 
laquelle  ne  se  trouve  quelque  ravin  à  pente  suffisamment 
rapide  pour  que  les  déblais  puissent  y  être  précipités 
presque  indéâniraent.  Une  telle  manière  de  faire  ne  serait 
pas  sans  de  graves  inconvénients  dans  un  pays  plus  habité 
ou  plus  cultivé;  mais,  les  montagnes  de  la  formation  ser- 
pentioeuse  n'étant  généralement  propres  ni  à  la  colonisa- 
tion ni  à  la  culture  et  n'étant  habitées  que  par  les  mineurs, 
as  inconvénients  sont  rarement  ressentis  ;   cependant  il 


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176   RICHESSES   MtNBlULES  DB   LA   KOOVELLE-CALÉDONIB 

n'est  pas  sans  exemple  que,  dan^t  le  désir  d'éronomiser  le 
plus  possible  sur  ces  transports  de  déblais,  on  ait  parfois 
déversé  le  stérile  de  manière  à  renonvrir  des  portions 
minéralisées  de  la  surface,  et,  aujourd'hui  encore,  il  arrive 
fréquemment  que  les  amodiataires  de  mines  ne  se  préoc- 
cupent nullement  d'éviter  pareil  f^aspitla^e. 

Dans  ces  conditions,  les  difféi-ents  gradins  des  earriàres 
<le  chaqne  mine  sont  presque  toujours  prc4ongés  par  ime 
petite  voie  ferrée  jusqu'au  bord  de  quelque  ravin  suffisam- 
ment abrupt  pour  servir  de  déchaîne;  une  plateforme  est 
ménagée  dominant  le  ravin,  et  le  déblai  amené  par  des 
wagonnets  y  est  culbuté.  Les  frais,  généralement  assez 
faibles,  afférents  à  ces  roulages,  sont  partout  comptés  avec 
les  frais  de  transport  du  minerai  sur  carrières,  dont  il 
nous  reste  à  parler. 

Dans  toutes  les  exploitations  actuellement  en  activité, 
sauf  une  seule,  celle  de  Népoui,  le  transport  des  minerais 
depuis  les  chantiers  jusqu'au  point  d'embarquement  se 
fait  en  sacs.  C'est  là  une  pratique  qui  a  été  adoptée  dès 
le  début  de  l'exploitation  du  nickel  pour  éviter  que,  dans 
des  manutentions  successives  de  chargement  et  de  dé- 
chargement, le  minerai  ne  fût  sali  par  le  contact  avec  le 
sol  plus  ou  moins  argileux  et  souvent  boueux  ;  les  sacs 
constituaient,  en  outre,  un  récipient  assez  commode  à 
i'éjioquc  oii  les  installations  de  transport  dont  on  dispo- 
sait étaient  des  plus  sommaires.  Aujourd'hui,  une  telle 
pratique  a  perdu  beaucoup  de  son  utilité  pour  toutes  les 
exploitations  un  peu  importantes,  et  ime  modifloation  peu 
cofiteuseau  matériel  de  transport  permettrait,  comme  on 
l'a  fait  avec  beaucoup  de  raison  à  Népoui,  de  supprimer 
la  dispendieuse  oi)ération  de  l'eusachage.  Donc,  dans  la 
plupart  des  carrières,  une  fois  le  minerai  trié  et  une 
foislestas  do  différentes  qualités  analysés,  afin  de  recon- 
naître s'ils  peuvent  être  expédiés  tels  que,  s'ils  doivent 


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LES   MINES  DE  NICKEL  177 

être  rejetés,  ou  bien  enrichis,  on  procède  à  l'ensachage 
dans  des  sacs  de  jute,  qui  sont  ensuite  cousus.  C'est  là 
une  opération  encore  minutieuse,  et  qui  coûte  de  0'',75  à 
1  franc  par  tonne  (1  franc  à  1*',50  par  tonne  sèche)  ;elle 
est  souvent  exécutée  à  forfait  par  un  groupe  d'ouvriers, 
qui  reçoivent  suivant  le  cas  de  25à40francspar  I.OOOsacs 
remplis  et  cousus  ;  chaque  sac  tient  de  30  à  40  kilogrammes 
de  rainerai  humide.  Il  faut  d'ailleurs,  pour  apprécier  la 
dépense  totale  d'ensachage,  ajouter  aux  frais  de  main- 
d'œuvre  les  dépenses  correspondant  à  l'usure  des  sacs,  qui 
est  extrêmement  rapide  ;  celle-ci  est  variable  suivant 
l'importance  et  le  nombre  des  manutentions  subies  par  le 
minerai  entre  le  moment  oti  il  est  ensaché  et  celui  ofi  il 
est  sorti  des  sacs  pour  être  entassé  au  boni  de  la  mer, 
elle  représente  au  moins  O^'-TS  à  i  franc  par  tonne  (')  ; 
si  l'on  tient  en  outre  compte  du  surcroît  de  main-d'œuvre 
à  l'entassement  que  comporte  cet  ensachage,  on  arrive  à 
cette  conclusion  que  l'ensachage  charge  rarement  le  prix 
de  revient  de  moins  de  2  francs  par  tonne  de  minerai 
(2", 50  à  3  francs  par  tonne  sèche).  On  voit  par  là  que, 
pour  une  exploitation  importante,  la  suppression  de 
l'ensachage  justiRerait  les  frais  de  modification  du  ma- 
tériel. 

Une  fois  le  minerai  ensaché  sur  le  sol  même  du  gradin 
de  la  carrière  ob  il  a  été  abattu,  il  est  transporté  à  ni- 
veau sur  wagonnets  piafs  circulant  sur  raits,  puis  descendu 
jusqu'au  point  où  il  est  groupé  pour  être  expédié  au  pied 
d(!  la  mine. 

Cette  première  descente  a  quelquefois  Heu  a.  dos 
d'hommes  ;  d'autres  fois  elle  se  fait  de  gradin  en  gi-a<lin 
dans  des  couloirs  successifs  en  bois  d'inclinaison  conve- 
nable; d'autres  fois  encore,  on   se  sert  de  petits  câbles. 

(*)  Les  sacs  coûtent,  rendus  sur  place,  entre  35  et  M  centimes  pi^ce: 
■ts  Tout  rarement  plus  de  10  à  12  voyages  complets  entre  la  mine  et  le 
tas  ;  c'est  dire  qu'on  en  use  au  moins  deux  par  tonne  transportée. 


bvGoogIc 


iTS*  BICHBSSES   UINÉBALB8  im  LA   HOQVBLLB-CALÉDONIB 

soit  du  type  <Je8  c&bles  à  crochets,  soitdu  type  des  c&bles 
à  roulettes,  doat  nous  ferons  meation  ci-après.  Enfùi^ 
lorBtjue  les  différents  gradins  d'un  même  groupe  da- 
carrières  sont  coBveoablemeBt  disposés,  ob  peut  asvmr 
recours  à  un  jrfan  ÎDcIiné  à  chabot  porteur  ordinaire,  sur- 
la  plateforme  duquel  on  charge  les  sacs  ;  tel  est  le  ca» 
de  l'exploitation  des  Borsets  à  Thio. 

A  Népoui,  oii  l'on  ne  procède  pas  k  l'ensachée,  1^ 
gradins  d'une  même  carrière  sont  desservis  par  un  large- 
couloir  en  bois  convenablement  conditionné  pour  per- 
mettre, sans  danger  de  pert«  ni  de  mélange  à  aucune- 
matière  étrangère,  la  descente  spontanée  du  minerai  tant 
qu'il  n'est  pas  trop  humide  ;  dans  ce  dernier  cas,  un  honune- 
est  quelquefois  néreaeaire  pour  aider  à  la  descente  de  la 
masse,  souvent  argileuse,  qiiitendàse  coller  aux parma^ 
le  minerai,  directement  culbuté  hors  des  wagonnets  qui 
circulent  sur  les  voies  des  difTérents  gradins,  descend' 
ainsi  jusqu'au  point  de  groupement,  et  y  tombe  dans  des 
trémies,  d'où  il  est  ensuite  déchargé  pour  être  descendu  . 
au  fond  de  la  vallée.  La  dépense  de  main-d'œuvre  d'en- 
sachage  est  ainsi  évitée,  en  même  temps  que  celle  qui  est 
relative  au  transport  des  minerais  sur  carrière  se  trouve 
diminuée;  les  frais  de  premier  établissement  ne  sont 
d'ailleurs  pas  sensiblement  plus  élevés  que  ceux  que  l'on 
ferait,  même  dans  des  gisements  aussi  concentrés,  pour- 
permettre  le  même  transport  en  sacs. 

La  dépense  occasionnée  par  ces  transporta  secondaires- 
des  minerais  sur  carrières  est  naturellement  variable  sui- 
vant la  disposition  du  gite  et  suivant  la  position  du  point 
cil  l'on  groupe  les  minerais;  importante  lorsque  les 
minerais  doivent  être  descendus  d'une  série  d»  chantiers 
disséminés  et  éloignés,  elle  devient  beauconp  plus  res- 
treinte lorsqu'un  petit  nombre  de  gradins  à  forte  pro- 
duction sont  bien  groupés. 

Les  frais  globaux  do  main-d'œuvre  pour  l'évacuationL 


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t^i  HINB8  DE   StOKEL  179 

du  sl^le,  l'ensachag»  s'il  y  a.  lieu,  at  le  transport  sur 
carrières,  varient  généralement  entre  2",5Û  et  4  francs  par 
fonne  humide  ;  si  Von  en  déduit  la  main-d'œuvre  consacrée 
à  l'ensachage,  dont  noua  avons  déjà,  tenu  compte  ci-des- 
sus, ces  chiffres  peuvent  être  réduits  à  2  ou  3  francs  par 
toane  de  mineni  humide  (3  francs  à  4'',50  par  tonne 
■éche). 

Les  différents  éléments  du  prix  de  revient  du  minerai 
sur  carrières,  c'eftt-à-dire  du  minerai  rendu  au  point  où 
les  produits  des  différenla  chantiers  sont  groupés  pour  être 
descendus  au  pied  de  la  mine,  peuvent  donc  s'évaluer 
comme  suit  pour  une  tonne  de  minerai  sec  : 


Abatage  el  Iriafte 8,00  à  30,09 

Transport  sur  carrières,  y  compris  l'éïacuation  du 

aléiile 3,00  à    4,50 

Travaux  préparatoires,  le  rrassemenU  divers,  etc..  4,00  à  20,00 

Ensflchage(s'il  y  a  lieu) 2,B0  è    3,0» 

Il  ne  serait  naturellement  pas  bien  exact  de  totaliser 
d'une  part  les  chiffres  minimum  ci-dessus  et  d'autre  part 
les  chiiTros  maximum,  pour  en  déduire  les  maximum  et 
minimum  entre  lesquels  varient  pratiquement  les  prix  de 
revient  totaux.  Cependant  il  est  k  peu  près  exact  de 
dire  qœ,  lorsque  l'on  exploite  sans  souci  du  lendemain  les 
plus  riches  portions  d'un  beau  gîte,  les  frais  courants 
d'exploitation,  sans  tenir  compte  d'aucun  amortissement, 
ne  représentent  souvent  pas  plus  d'une  quinzaine  de  francs 
par  tonne  de  minerai  sec,  ce  qui  correspond  à  peu  près 
au  chiffre  de  10  francs  par  tonne  humide  qui  nous  a  été 
donné  par  plusieurs  exploitants.  Lorsque  l'on  cherche  au 
conù*Mre  à  tirer  parti  complètement  de  toutes  les  portions 
pratiquement  utilisables  d'un  gite  déjà  aménagé  et  pourvu 
de  moywts  de  transport  éooooaiiques,  on  peut  aUN*  ;us- 


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180  RICHESSES  HIHAralES  IX  LA   NOtrVELLB-CA.Lâl>OÏIlB 

qu'à  des  prix  de  revient  d'une  cinquantaine  de  francs  par 
tonne  de  minerai  sec  à  7  p.  100. 

B. —  Transports  et  eubarqcbuent. 

Toujours  exploités  à  flanc  de  montagne,  et  le  plus  sou- 
vent à  des  altitudes  de  plusieurs  cent^nes  de  mètres,  les 
minerais  peuvent  généralemeat  être  amenés  jusqu'au 
rivage  par  le  seul  effet  de  la  gravité  ;  c'est  dire  que  les 
frais  de  transport  se  réduisent,  en  dehors  des  dépenses  de 
premier  établissement,  à  des  frais  de  main-d'œuvre  d'au- 
tant moins  élevés  que  les  installations  sont  plus  perfec- 
tionnées et  que  les  tonnages  à  transporter  par  les  mêmes 
engins  sont  plus  considérables. 

Le  transport,  à  proprement  parler,  comprend  presque 
toujours  deux  phases  successives,  la  descente  jusqu'au 
pied  de  la  mine,  c'est-à-dire  jusqu'au  fond  de  la  vallée 
ou  jusqu'à  un  point  de  la  cOte  où  la  pente  du  terrain  de- 
vient très  faible,  puis  un  transport  jusqu'au  bord  de  la 
mer  ou  d'une  rivière  flottable,  le  long  d'une  pente  relati- 
vement faible,  qu'on  peut  appeler  un  transport  horizontal 
par  comparaison  avec  le  précédent.  Au  bord  de  l'eau,  le 
minerai  est  entassé;  il  est  ultérieurement  repris  pour  être 
embarqué  dans  des  chalands  et  amené  au  bateau  qui  doit 
l'exporter,  point  oii  a  lieu  la  livraison  à  l'acheteur. 

La  descente  du  minerai  se  fait  uniquement  à  l'aide  de 
câbles,  engins  relativement  peu  usités  dans  nos  pa^s, 
mais  qui,  en  Nouvelle-Calédonie,  sont  les  auxiliaires  indis- 
pensables du  mineur,  à  tel  point  que  nous  pouvons  dire 
sans  exagération  que,  sans  les  câbles,  l'exploitation  éco- 
nomique des  minerais  de  nickel  de  notre  colonie  serait  à 
peu  près  impossible.  Comment,  en  eEfet,  aller  chercher, 
sans  dépenses  excessives,  au  sommet  de  montagnes  escar- 
pées, hautes  de  plusieurs  centaines  de  mètres,  les  milliers 
de  tonnes  qui  constituent  les  produits  d'une  exploitation. 


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LES   MINES   OB   NICKEL  181 

pour  les  amener  au  pied  de  cea  montagnes  ;  et  comment 
leur  faire  franchir  des  gorges  profondes  ob  courent  des 
eaux  sauvages,  un  jour  en  minces  filets,  et  le  lendemain 
en  torrents  charriant  des  blocs  énormes,  et  leur  faire 
côtoyer  des  mamelons  couverts  d'une  brousse  inextri- 
cable? 

Le  câble  seul,  avec  sa  souplesse  d'adaptation,  est  suscep- 
tible de  satisfaire  à  de  semblables  nécessités.  Aussi  est- 
fl  univers  elle  ment  employësous  l'une  des  trois  formes  que 
distingue  M.  l'Ingénieur  en  Chef  des  Mines  Babu,  dans 
le  mémoire  (')  par  lequel  il  a  fait  connaître  les  modes  de 
transport  du  minerai  employés  il  y  à  dix  ans  en  Nouvelle- 
Calédonie,  modes  de  transport  qui  n'ont  guère  subi  de 
modifications  depuis  lors.  Ces  trois  formes  sont  le  câble 
unique,  le  plan  incliné  aérien,  et  la  chaîne  flottante 
aérienne  ou  transporteur.  Nous  ne  donnerons  sur  chacun 
de  ces  engins  que  des  renseignements  très  sommaires; 
nous  renvoyons  pour  les  deux  premiers  au  mémoire  si 
complet  que  nous  venons  de  citer;  quant  au  troisième,  il 
est  trop  connu,  et  d'un  emploi  trop  générât  dans  divers 
pays  du  monde,  pour  que  nous  ayons  à  en  entreprendre 
ici  la  description. 

Le  càble  unique  n'est  qu'un  câble  d'acier,  de  10  milli- 
mètres de  diamètre  le  plus  souvent,  tendu  entre  deux 
chevalets  en  bois  placés  aux  deux  extrémités  du  par- 
cours h  effectuer;  la  charge,  qui  doit  descendre  le  long  du 
câble  par  l'effet  de  son  poids,  y  est  suspendue  tantôt  par 
un  crochet  en  bois  dur  graissé  qui  supporte  une  élingne,  et 
tantôt  par  une  roulette  en  fonte  munie  d'un  crochet  sup- 
portant également  l'élingue  qui  enserre  le  sac  de  minerai 

{*)  Lei  plant  iitelinét  atriaa  ds  ta  Société  d'exploitation  de»  mine* 
de  nickel  en  Somietit-Catédonie,  pat  M.  L.  Babu,  ingânieiu  au  Corps 
des  Mines,  directeur  de  la  Société  d'axploitaliou  des  mines  de  nickel 
[Annatta  des  Minet,  9*  «érie,  t.  VI,  p.  SS3  et  suiv.  ;  18M). 


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182  RICHESSES   MINÈRALBS   OE  LA  KODVÎLLE-CALÉDONIK 

à  transporter  (ce  mode  fie  transport  n'est  noployé  que 
ponr  le  minerai  eneachà).  A.  la  recette  inférieure,  on  dis- 
pose en  avant  du  chevalet  an  épais  matelas  de  brouasaUles, 
de  jonc,  ou  de  foin,  constituant  on  tampon  an  pied  duquel 
le  sac  vient  tomber  après  amortissement  de  sa  vitesse.  La 
suspension  par  crochets  ne  peut  être  utilisée  que  pour  les 
pentes  dépassant  8  à  9  p.  100,  arec  des  ]  entes  moindres 
les  sacs  resteraient  trop  souvent  en  route  ;  pour  les  pentes 
dépassant  20  p.  tOO,  il  est  employé  à  l'exclation  de  la 
roulette,  qui  laisserait  prendre  k  la  charge  ane  vitesw 
excessive,  entraînant  de  trop  fréquents  déraillements;  la 
roulette  fonctionne  bien  pour  des  pentes  moyennes,  avec 
minimum  de  5  ou  6  p.  100.  La  main-d'œuvre  qu'exige  lo 
service  d'un  semblable  engin  est  restreinte  :  deux  bommei 
au  sommet  suffisent  à  étitiguer  les  sacs  et  k  les  suspendre, 
deux  hommes  à  la  base  les  reçoivent  ;  on  atteint  facile- 
ment, dans  ces  conditions,  un  débit  de  15  tonnes  par  jour- 
née de  9  heures.  Il  faut  ensuite  remonter  tes  sacs,  les 
élingiies,  et  les  ronlcUes  ou  crochets,  quelquefois  à  do6 
d'hommes,  plus  souvent  à  l'aide  d'un  ou  de  plusieurs 
chevaux  de  bAt  suivant  le  parcours  à  effectuer. 

D'une  installation  peu  roftteuse,  puisqu'il  n'y  a  guère 
que  la  valeur  du  cAhIe  et  les  frais  do  pose  à  compter, 
soit  en  moyenne  1"',50  par  mètre  courant,  nn  tel  cible 
peut  assurer  au  total,  suivant  M.  Babu,  la  descente  de 
2.000  tonnes  de  minerai;  il  pont  être  utilisé  sur  des  longueurs 
considérables,  dépassant  1  .OOOmètres,  Mais  il  donne  lieu  à 
des  pertes  importantes  de  minerai,  car  tout  incident  dans 
la  descente,  déraillement  ou  arrêt  dn  sac  au  milieu  de  sa 
course,  aboutit  nécessairement  à  la  chute  de  la  chaîne 
au  fond  de  quelque  ravin,  c'est-à-dire  k  la  perte  du  mine- 
rai, du  sac,  de  l'élingue,  et  de  la  roulette.  Un  câble  de 
1.100  mètres  do  longueur  et  de  9'  de  pente  moyenne 
dounait  ainsi  lieu,  tsuivant  M.  Babu,  à  une  perte  de  mine- 
rai de  6,5  p.  100. 


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Les   HINBS   DE   NICKEL  183 

Le  cftble  unique  est  sitrtont  employé  pour  franchir  les 
pelitea  âielâiices  qui  séparent  les  cacrièr«s  d'un  m6me 
groape  :  c'est  l'engin  le  plus  habituel  de  la  concentration 
■du  minerai  «ur  carriëreE  ;  dans  ce  cas  les  pertes  de  mine- 
Tai  sont  doublement  réduites,  à  la  fois  en  raison  do  peu 
-de  longueur  des  trajets  et  en  raison  de  la  possibilité  de 
retrouver,  bien  souvent  intacts  ou  à  peu  prés,  les  sacs 
tombés  d'une  faible  hauteur  but  des  pentes  accessibles, 
Cet  engin  est,  en  outre,  employé  parfois  pour  la  descente 
■du  minerai  jusqu'au  ipied  de  la  mine,  c'est-à-dire  pour 
racheter  des  différences  de  niveau  de  plusieurs  centaines 
de  mètres  et  des  distances  horizontales  variant  de  quelques 
■centaines  de  mètres  à  plusieurs  kilomètres  ;  dans  ce  der- 
nier cas,  il  faut  avoir  recours  à  plusieurs  c&bles  successifs 
«autant  d'un  contrefort  à  l'autre  de  la  montagne.  C'est  là 
le  mode  de  descente  le  plus  fréquent  pour  les  mines  de 
cobalt,  où  le  tonnage  produit  est  faible;  il  est  néanmoins 
•encore  usité  sur  plusieurs  mines  de  nickel  ;  l'exemple  le 
plus  remarquable  que  nous  en  ayons  rencontré  est  celui 
•de  la  mine  Prise-ile-Rivoa,  où  quatre  câbles  successifs 
-descendent  le  minerai  depuis  la  cote  480  jusqu'au  bord 
même  de  la  mer;  deux  d'entre  eux  ont  respectivement 
1.100  et  1.200  mètres  de  longueur;  la  perte  de  minerai 
&  laquelle  ce  transport  donne  lieu  atteindrait  près  de 
15  p.  100. 

Plus  fréquents  sont  aujourd'hui  les  plans  inclinés 
■aériens  comme  engins  principaux  de  descente  des  mine- 
rais de  nickel.  î^eur  principe  est  des  plus  simples  et  se 
rapproche  beaucoup  de  celui  des  plans  inclinés  à  deux 
voies  de  nos  mines  :  deux  cûbles  porteurs,  convenable- 
ment tendus,  tiennent  lieu  de  vciies,  et  les  deux  bennes, 
pleine  et  vide,  qui  devraient  circuler  sur  ces  deux  voies 
attachées  aux  deux  extrémités  d'un  câble  passant  sur  une 
fwulie  munie  d'un  frein,  sont  remplacées  par  deux  chariots 


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184  RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

OU  deux  bennes  suspendus  au  câble  porteur  par  des  rou- 
lettes et  remorqués  par  un  c&ble  tracteur  qui  passe  sur 
une  poulie  freinée.  Tantôt  le  c&ble  tracteur  est  unique,  à 
l'exemple  de  ce  qui  a  lieu  pour  la  plupart  des  plans  incli- 
nés de  mines;  tantôt,  au  contraire,  il  est  doublé  par  un 
câble  de  retour  constituant  avec  lui  un  circuit  sans  fin  et 
venant  passer  sur  une  deuxième  poulie  établie  à  la  base 
du  plan  ;  te  principal  avantage  de  cette  dernière  disposi- 
tion est  de  permettre  de  réaliser  une  tension  plus  grande 
ilu  câble  tracteur  et  d'éviter  qu'il  ue  vienne  à  traîner  sur 
le  sol,  ce  qui  auf^mente  très  rapidement  son  usure;  cela 
permet  en  outre,  comme  on  l'a  fait  quelquefois,  mais  ce 
qui  n'a  pas  grand  intérêt  à  notre  avis,  de  placer  la  pou- 
lie de  frein  au  pied  du  plan;  mais,  par  contre,  les  résis- 
tances passives  étant  augmentées,  la  pente  miuima  avec 
laquelle  peut  fonctionner  un  plan  à  tracteur  double  est 
plus  forte  que  dans  le  cas  du  tracteur  simple. 

Le  plan  incliné  aérien  présente  sur  le  câble  unique  des 
avantages  évidents  :  suppression  de  la  remonte  des  sacs 
vides,  puisque  h  chaque  cordée  on  remonte  à  vide  le 
chariot  qui  vient  de  descendre  une  série  de  sacs  ou  la 
benne  qui  contenait  le  minerai  en  vrac,  et  que  rien  n'est 
plus  aisé  que  d'y  charger  du  matériel;  on  en  profite, 
en  outre,  pour  monter,  par  petites  fractions,  tous  les 
approvisionnements  courants  nécessaires  sur  la  mine.  Les 
pertes  de  minerai  par  chutes  sont,  d'autre  part,  incompara- 
blement moins  considérables  qu'avec  le  câble  unique; 
enfin,  bien  que  les  vitesses  de  circulation  que  l'on  y  réa- 
lise soient  moins  considérables,  le  débit  de  ces  engins  est 
pratiquement  beaucoup  plus  élevé  (une  soixantaine  de 
tonnes  par  journée  de  9  heures  aisément),  car  ils  sont 
toujours  munis  d'un  câble  porteur  pouvant  supporter  le 
poids  de  plusieurs  sacs  à  la  fois.  Inversement  les  frais  de 
premier  établissement  sont  beaucoup  plus  importants, 
puisque  au  lieu  d'un  câble  porteur  il  en  faut  deux,  plus 


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LB8   MINES   DE   NICKEL  185 

une  longueur  de  câble  tracteur,  sinon  deux,  des  chariots, 
une  ou  deux  poulies,  dont  l'une  freinée,  et  eniin  des 
amarrages  (qui,  en  pratique,  sont  toujours  fixes  et  jamais 
réglables  par  contrepoids)  suffisamment  solides;  en  de- 
hors de  ces  frais  de  fournitures,  la  main-d'œuvre  pour  la 
pose  est  souvent  très  coûteuse,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de 
transporter  jusqu'à  un  point  élevé  et  difficilement  acces- 
sible l'extrémité   d'un  câble  d'un   poids  considérable  (*). 

Les  devis  de  deux  installations  que  nous  avons  vues  se 
montaient  aux  chiffres  suivants  (prix  de  revient  des  ma- 
tières premières  comptées  au  pied  de  la  mine)  : 

1"  Pour  un  plan  de  850  mètres  de  longueur  à  tracteur 
double  : 


2.000  mètres  de  câble  porteur  (150  mètres  de  réserve 

pour  chaque  câble)  de  18  millimètres  de  diamètre 3.600 

1.750  mètres  de  câble  tracteur  de  8  millimètres  de  dia- 
mètre   "iOO 

Main-d'œuvre  pour  monter  tes  câbles  jusqu'au  sommet 

de  la  mine 300 

Une  poulie  freinée  à  double  gorge  pour  la  tête  du  plan ,  300 
Une  poulie  de  retour  pour  le  câble  tracteur  &  la-base  du 

plan 150 

liain-d'œuvrepourlamiseeuplaceet  la  tension  des  câbles.  200 

Fournitures  pour  les  deux  amarrages  (bois,  fer,  etc.)---  ^OO 

Deux  chariots  &  roulettes 50 

Total 4.500 

Soit,  par  mètre,  5'' ,30, 

2°  Pour  un  plan  de  1.200  mètres  de  portée,  avec  un 
chevalet  de  support  intermédiaire,  muni  d'un  tracteur 
double  : 


O  Voir  les  indication!  que  donne  à  ce  sujet  M.  Babu,  loc.  cil,,  p.  I 


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i£6   RICHESSES   aaVSBMjBt   DB  la   IWUVELIX-CALÉDONIB 

¥nmn. 

2.500  mètres  de  cûbie  exlra-forl  de  35  miHimètrefi  de 

diamètre «."300 

ÏJSOO  mitres  de  cAUe  trader  d«  le  oiilliiuèUes  de 

diamèlre 1 .  800 

Main-d'ceurre  pour  monter  les  cilbles  au  sommet  de  ta 

mine S. 000 

Daox  p«i^ee,  dont  nne  freinée 4&i) 

Jlain-d'œuvi-e  pour  la  mise  en  place  et  la  laoaion  âe» 

cibles 300 

Fournitures  pour  les  deux  amarrages 550 

Seux  charicris  à  rouleti«s  disposées  pour  le  passage  sur 

le  chevalet  iotermédiaire 300 

Chevalet  intermédiaire 250 

Divers 20Q 

ToT.lL 14.150 

Soit,  par  mètre, H'',8Û;ce  dernier  exemple,  d'un  cAble 
<lifficile  à  installer  et  très  robuste,  destiné  au  transport 
^i'un  tonnage  important,  peut  être  considéré  comme  repré- 
sentant à  peu  près  le  maximum  de  la  dépense  par  mètre 
courant. 

Quant  aux  frais  d'exploitation,  ils  sont  à  peine  plus  éle- 
vés que  ceux  des  câbles  uniques,  si  on  les  compte  par 
chaque  engin,  puisqu'il  peut  suf^re  d'ajouter  au  persoDoel 
du  cable  unique  un  homme  à  la  poulie  de  frein  et  qu'il  n'y 
a  à  augmenter  le  personnel  des  manœuvres  que  si  le  tlé- 
bit  augmente  très  notablement  ;  celui-ci  peut  en  effet  être 
accru  sans  dépasser  ce  que  deux  hommes  peuvent  aisément 
manutentionner  à  chaque  recette  ;les  frais  de  main-d'œuvre 
par  tonne  se  trouvent  ainsi  considérablement  diminués. 
Le  débit  d'un  plan  incliné  aérien  de  portée  moyenne  est 
couramment  de  25  à  30  tonnes  par  journée  de  9  heures 
avoc  3  hommes  à  la  tète  du  plan  et  2  au  pied  ;  il  peut 
sans  difficulté  être  élevéjusqu'à  60  tonnes,  et  même  70, 
en  portant  le  personnel  à  5  hommes  à  la  tête  et  4  an 
j)ied  du  plan,  et  en  donnant  au  càble  une  dimension  suf- 
fisante pour  qu'il  puisse  supporter  une  charge  utile 
■de  300  à  4U0  kilogrammes.  Les  frais  courants  de  deacente 


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LES    HRfGS   DE   NIOKflL  467 

avec  un  tel  en^  ne  dépassent  pas  aleirs  O'^bO  par  lonno 
■(0",70  partonne  sèche).  Ajonlons  qu'un  plan  incliné  aérien 
franchit  plus  aisément  encore  qu'un  câble  unique  des  dis- 
tances considérables,  jusqu'à  4.600  mètres  actuellement, 
-et  que,  s'il  exige  une  pente  un  peu  plus  forte  qu'un  câble 
A  roulettes,  soit  an  minintum  8  p.  100  pour  un  côble  % 
simple  tracteur  et  12  p.  100  pour  uu  câble  à  flouble  trac- 
teur, il  se  prête  beaucoup  mieux  à  des  pentes  très  fortes 
(30  OH  35  p.  100).  Enfin  l'entretien  et  les  frais  de  renou- 
TefUement  du  matériel  sont  beaucoup  moindres  ;  les  câbles 
tracteurs  peuvent  servir  pendant  deux  ou  trois  ans;  les 
-câbles  porteurs  durent  un  plus  grand  nombre  d'an- 
nées, assurant  ainsi  dans  certEiirs  cas  le  transport  de 
plusieurs  dizaines  de  milliers  de  tonnes  ;  l'amortissement 
de  l'installation  peut  donc  fetre  réparti  sur  im  nombre 
de  tonnes  tel  qu'il  ne  représente  que  quelques  décimes 
par  tonne.  De  tels  engins  se  prêtent  parfaitement 
au  transport  des  minerais  en  vrac;  il  suffit,  comme  on 
l'a  fait  à  Néponî,  de  substituer  au  chariot  destiné  à  rece- 
Toir  des  sacs,  une  benne  suspendue  de  même  au  cùblepar 
l'intermédiaire  de  deux  roulettes  en  fonte,  benne  qui 
reçoit  généralement  environ 300 kilogrammes  déminerai. 
"Mentionnons  enfin  que  parfois,  an  lieu  de  plans  inclinés 
aérions,  on  emploie  des  plans  inclinés  ordinaires  avec 
rails  posés  sur  le  sol  convenablement  aplani;  une  telK; 
installation  est  plus  coûteuse  que  celle  d'un  plan  aérien, 
■en  outre  il  est  généralement  plus  nécessaire  que  pour  un 
plan  aérien  de  couper  un  tel  plan  en  plusieurs  tronçons 
à  raccorder  par  des  voies  horizontales,  ce  qui  entraîne 
4es  frais  d'exploitation  considérables.  De  telles  installa- 
tions, existant  par  exemple  au  Plateau  de  Thio,  ne  pa- 
raissent se  justifier  que  par  leur  ancienneté  ('). 

[*)  Celle  de  Plateau  du  Thio  v'ieal  d'ailleurs  d'âtre  remplacée  par  un 
jplan  incliné  aérien  unique  fubslilué  k  une  série  de  trois  pluis  et  d'une 
"*oie  (errée  {loir  la  fig.  2  de  la  PI.  II). 


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lt$8    RICHESSES    MINÉRALES    DE   LA.   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Les  chaînes  Qottantes  aériennes,  ou  transporteurs,  sont 
d'une  installation  beaucoup  plus  coûteuse,  puisque  c'est  par 
plusieurs  dizaines  de  milliers  de  francs  par  kiloniètre(envî- 
ron  80.000  francs  se  partageant  par  moitié  entre  la  dépense 
dematérïei  spécial  rendu  sur  place,  et  les  frais  d'installation, 
constructions  diverses,  terrassements,  montage,  etc.) 
que  se  chiffrent  les  frais  d'établissement  de  pareils  engins 
en  Nouvelle-Calédonie  ;  ils  ont  l'avantage,  par  rapport 
aux  plans  aériens,  de  fournir  un  débit  beaucoup  plus  con- 
sidérable encore  et  de  permettre  des  économies  de  main- 
d'œuvre  importantes.  Ces  avantages  ne  sont  réels  que  pour 
des  exploitations  très  productives,  qui  sont  d'ailleurs  les 
seules  qui  puissent  répartir  sur  un  tonnage  suffisant  les 
frais  de  premier  établissement  dont  nous  venons  de  parler. 

Deux  de  ces  installations  existent  actuellement  en  Nou- 
velle-Calédonie ;  ce  sont  celles  qui  ont  été  faites  par  la 
société  le  Nickel  à  Thio  et  à  Kouaoua. 

L'installation  de  Thio,  qui  dessert  la  mine  des  Bornets, 
assure  le  transport  jusqu'à  la  cote  25,  tète  du  chemin  de 
fer  de  la  vallée  de  Thio  (Voir  la  fig.  \  de  la  PI.  II  et  la 
fig.  8  de  la  PI.  III),  des  minerais  produits  par  cette  mine 
et  primitivement  descendus  à  la  cote  195  par  un  grand 
plan  aérien  unique  de  980  mètres  de  portée  ;  le  minerai, 
amené  en  sacs  jusqu'à  la  tête  du  transporteur,  y  est  dé- 
versé dans  des  trémies,  d'où  il  est  chargé  dans  les  bennes 
du  transporteur  ;  pour  pouvoir  utiliser  tout  le  débit  pos- 
sible de  celui-ci,  il  serait  d'ailleurs  nécessaire  dédoubler 
ce  plan.  Le  transporteur,  dont  le  parcours  aérien  est  de 
1.934  mètres,  ne  comporte  pas  moins  de  14  pylônes  de 
hauteurs  variées  atteignant  jusqu'à  26  mètres,  avec  une 
portée  maxima  de  705  mètres  pour  franchir  la  profonde 
vallée  de  la  rivière  Nembrou  h.  70  mètres  au-dessus  de 
son  lit.  Cette  installation,  susceptible  de  débiter  200  tonnes 
par  journée  de  8  heures  {bennes  de  250  kilogrammes  à  vide 
portantSSOkilogrammesde  minerai  chacune),  venait  d'être 


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LES   MINES  DE  NICKEL  189 

terminée  au  luoment  de  notre  séjour  à  Thio  ;  elle  n'était 
pas  encore  en  fonctionnement,  mais  elle  devait  rempla- 
cer incessamment  le  mode  actuel  de  descente  du  minerai; 
celui-ci  comprenait, comme  l'indique  la/ig.  8  de  la  PI.  ill: 
un  premier  plan  incliné  aérien  de  1.100  mètres  de  por- 
tée franchissant  la  vallée  de  la  Nembron,  un  deuxième 
plan  incliné  aérien  de  4O0  mètres,  un  roulage  à  niveau  de 
1 ,000  mètres  de  longueur  à  la  cote  150,  et  enfin  un  dernier 
plan  incliné  aérien  de  400  mètres.  Le  service  de  ces  plans 
et  voie  ferrée  n'exigeait  pas  moins  de  54  hommes  par 
jour  (pour  un  totfnage  moyen  de  60  tonnes  à  descendre)  ; 
celui  des  nouvelles  voies  de  transport  exigera  le  personnel 
suivant  : 

Roulage  du  pieil  des  carrières  k  la  télé  du  plan 

incliné  aérien  :  trois  roanœuTres  et  quatre  routeurs  7 
Service  de  la  tête  du  plan  incliné  :  un  freineur  et 

quatre  manœuvres B 

Service  du  pied  du  plan  incliné  et  des  .trémies 6 

Service  de  la  tSte  du  transporteur 4 

Service  de  la  recette  inférieure  du  transporteur. . .  4 


La  substitution  du  nouveau  mode  de  transport  à  l'ancien 
amènera  donc  une  économie  journalière  de  28  ouvriers 
(ouvriers  japonais),  soit  environ  140  francs,  ce  qui  repré- 
sente une  économie  annuelle  de  35.000  francs,  en  comp- 
tant sur  250  jours  ouvrables  seulement  par  an,  et  sans 
parler  des  économies  qu'on  peut  espérer  réaliser  sur 
l'entretien  de  ces  engins. 

On  voit  par  là  que,  pour  peu  que  lamine  à  laquelle  une 
semblable  installation  est  destinée  offre  des  ressources  de 
minerai  suffisamment  importantes  pour  qu'on  puisse  comp- 
ter qu'elle  maintiendra  son  tonnage  pendant  plusieurs 
aimées,  l'économie  des  frais  courants  d'exploitation  est 
susceptible  de  compenser  promptenient  la  dépense  de 
premier  établissement  ainsi  faite. 


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19&  RICHESSES   MlNiBALBS  Bfl   LA  HOUTBLLE-CALÉDONIE 

Le  transporteur  du  méma  type  établi  k  Koaaona  sert^ 
tnut  (l'abord  à  descendre  des  mnea  Eiituées  au  foudde  la 
vallée  le  minerai  préalablement  groupé  à  la  cote  383,  et- 
ensnite  à  assurer  iwh  Iraasport  horizontal  le  long  de  la 
vallée  jusqu'à,  la  tète  du  dwoiiii  de  fer  qai  dessert  1* 
port;  il  comprend  d'ullears  deox  tronçons,  qu'on  peut 
considérer  comme  correspondant,!^  pnouer  kla  deHcenter 
et  le  second  au  transport  horizontal  ;  le  pranûer  eai  aato- 
moteur,  taadis  que  le  seccMid  est  ma  par  on  moteur  à 
vapeur.  Son  (léveloppenient  total  est  de  ô  kilomètres  :  il 
présente  au  milieu  de  sa  longueur  une  atatiOD  intermé- 
diaire où  sont  amenés,  par  un  plan  incliné  aérien,  les  pro- 
duits d'une  cxploitatiun  secondaire.  Le  personnel  total 
qu'exige  le  service  du  transporteur  n'est  que  de  4  hommes 
à  la  station  supérieure,  3  à  la  station  iutermédiaire  et 
3  à  la  station  de  recette,  soit  un  personnel  total  de 
10  hommes  pour  un  débit  qui  peut  atteindre  facilement 
20  tonnes  à  l'heure;  dans  ces  conditions,  les  frais  cou- 
rants afféreuts  à  ce  transport  de  6  kilomètres  peuvent 
s'abaisser  au-dessous  de  1  franc  par  tonne  humide  {l'',30k 
i'',40  par  tonne  sèche);  il  faut  pour  cela  que  le  tonnage 
à  transporter  soit  important,  comme  il  l'était  au  moment 
de  notre  séjour  en  raison  du  chargement  d'un  bateau  de 
3.600  tonnes  en  rade  de  Kouaoua;  mais  le  Iransport  de 
la  production  journalière  du  centre  de  Kouaoua,  qui  n'a 
été  que  de  60  tonnes  au  cours  du  premier  semestre  1902, 
donne  lieu  d'habitude  à  des  frais  un  peu  plus  élevés. 

Ajoutons  que,  dans  la  plupart  des  mines,  les  opérations 
do  transport  sont  confiées  aujourd'hui  à  des  Canaques; 
c'est  là  une  des  rares  catégories  de  travaux  auxquels  ils 
se  livrent  volontiers  ;  mais  il  est  nécessaire  de  leur  allouer 
des  salaires  journaliers  de  2  et  3  francs,  une  noarriture 
assez  abondante,  et  souvent  une  ration  devin,  ce  qui  fait 
ressortir'cette  main-d'œuvre  à  on  prix  encore  élevé. 


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LE*  HINSB   DB-  NIGKHK  191 

L«  transport  hori^ntal  des  minerais  entre  !&  fiei  de  la 
iiriBefli>ffriTag«  a,  pratiquement,  toBJOQFS  tieu  aujonrd'btB^ 
powt  )m  miBCrai»  de  oielbel,  par  Tc»e  ferrée.  Dans  ki; 
plopart  deB  petites  explottatioas,  une  ptnilà  wa^nntetmt 
ménagée  poor  qoe  le  transport  depuia  le  pied  àe  la  ranie- 
juwpi'à  la  mer  soit  amwé  par  la  gmtiH;  il-  »  aîorv  fhn- 
plMneart  tien  au  frein  ;  parfen  U  curopork»  mèflMfr  sur  ms- 
partie  de  son  parcour»,  nn  véntabte  plan  m«li»é  ave« 
cftble  (cas  oii  lea  nécesaités  loealen  s'ont  pas  permis  d» 
placer  le  point  que  nons  avons  appelé  le  pied  de  la  mine- 
assez  près  da  rivage  pour  que  les  pentes  j  nsqu'à  la  mer  soient 
très  faibles).  Le  transport  se  fait  sm-  des  plateformes 
montées  snr  trucs  <pie  l'on  charge  d'une  quarantaine  ou 
d'une  cinquantaine  de  sacs  chacune  (2  loonee);  les  plate- 
formes et  sacs  vides  sont  ramenés  an  pied  de  la  mine  à 
l'aide  d'un  ou  de  deux  chevaux.  Les  voies  ferrées  établies- 
dans  ces  conditions  sont  des  voies  DecauviUe  de  60  centi- 
mètres, légères  (lails  de?  i  10  kilogrammes  pw  mètre 
cotu'ant),  et  dont  le  tracé,  sinueux  s'il  est  nécessaire, 
comporte  généralement  fort  peu  de  travaoxd'art;  le  prix 
de  revient  n'en  atteignait  pas  moins,  ces  dernières  années, 
15.000à20.000  francs  par  kilomètre  (8.000  àlO.OOO  francs 
de  rails,  5.000  à  6.000  francs  de  terrassements  daiis  les 
parties  faciles  du  tracé,  plus  les  ponts  et  travaux  d'art 
divers]  ;  elles  ont  rarement  moins  de  4  à  5  kilomètres  de 
développement. 

Dans  les  exploitations  pins  importantes,  le  transport  a 
lien  en  vrac  dans  des  wagons  de  une  k  plusieurs  tonnes, 
chargés  aux  trémies  établies  au  pied  de  la  mine  et  dé- 
chargés au  bord  de  la  mer  sur  le  tas  qui  constitue  le 
stock. 

A  Népoui,  le  réseau  ferré  a  un  développement  beaucoup 
pltis considérable,  soit 35 kilomètres;  nous  l'avons  repré- 
senté sor  la  /ig.  3  de  la  PI.  111,  et  nous  avons  indiqué 
déjàcommentilaété  tracé.  La  voie  est  de  60  centimètre». 


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193   RICHESSES   MINERALES   DE  LA   NODTBLLE-CALÉDON IS 

avec  des  poids  de  rail  de  7,  iO  et  12  kilogrammes  par 
mètre  couraot  suivant  les  sections;  elle  est  parcourue  par 
des  locomotives  de  4  et  6  tonnes,  suivant  tes  sections 
(d'après  réchaiitillon  du  rail),  remorquant  des  trains  de 
15  à  ^  wagons  de  3  tonnes  et  demie  eu  charge  (dont 

2  tonnes  et  demie  de  poids  utile),  oii  le  minerai  est  trans- 
porté en  vrac.  Les  courbes  ont  des  rajons  variant  de 
30  à  50  mètres  suivant  les  sections,  et  les  pentes  masima 
sont  de  2,88  p.  100  entre  Népoui  et  la  mer,  3  p.  HX)entre 
Népoui  et  Ouaté,  et  4  p.  100  dans  la  vallée  de  la  Péouë. 
La  capacité  de  trafic  de  cette  ligne  peut  atteindre  jusqu'» 
250  tonnes  par  journée  de  10  heures. 

Le  chemin  de  fer  de  Kouaoïia,  long  de  8  kilomètres  el 
demi,  reliant  le  pied  du  transporteur  au  fond  de  la  baie 
de  Kouaoua,  est  établi  avec  une  voie  de  50  centimètres 
et  des  rails  de  12  kilogrammes;  chaque  wagon  porte 
1.250  kilogrammes  de  minerai,  et  les  trains  comportent 
20  wagons;  les  pentes  ne  dépassent  pas  5  millimètres  par 
mètre.  11  assure  facilement  le  transport  de  tout  le  mine- 
rai descendu  par  le  transporteur. 

Le  chemin  de  'fer  de  Thio  (Voir  la  /ïj.  1  de  la  PI.  II), 
qui  reUe,  d'une  part  le  pied  de  la  mine  des  Bomets,  et 
d'autre'  part  le  pied  du  Plateau  au  port  d'embarquement  de 
la  Mission,  et  dont  la  longueur  totale  estde  13  kilomètres. 
est  étabh  dans  des  conditions  bien  meilleures  ;  il  est  à  voie 
de  0^,71  avec  rails  de  12  kilogrammes  et  déclivités  très 
faibles  ;  il  est  parcouru  par  des  locomotives  de  12  tonnes 
et  des  wagons  de  5  tonnes,  remorqués  en  trains  de  huit 
à  dix  wagons. 

Ajoutons  qu'il  existe  en  outre  un  petit  chemin  de  fer  de 

3  kilomètres  de  développement  à  l'altitude  de  490  mètre)< 
sur  le  Plateau  de  Thio  (Voir  la  fig.  2  do  !a  PI.  Il), 
pour  grouper  les  minerais  pris  au  pied  des  différentes 
carrières  et  pour  les  amener  au  sommet  du  système  des 
plans  inclinés  qui  te  descendent  jusqu'à  Thio;  exploité  jus- 


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I.BS  HINBS  DB  NIOKSL  lOCj 

^n'ici  avec  ta  traction  ammale,  il  vient  d'être  muni  de 
petites  locomotives  de  3  tonnea  et  demie. 

Le  prix  de  revient  de  ces  transporta,  tant  entre  le»  car- 
rières et  le  pied  des  mines,  qu'entre  le  pied  des  mines  et 
le  bord  de  la  mer,  est  difficile  à  préciser  par  des  chiffres 
'de  quelque  signification;  les  dépenses  de  naain-d'cBuvre 
varient  du  tout  au  tout  avec  la  perfection  des  installa- 
■tifm»  ;  d'autre  part,  lacharge  qu'elles  constituent  par  tonne 
de  mino-ai  tient  essentiellement  à  l'activité  de  l'exploita- 
tion. Souvent  ces  -transports  sont  faits  d'une  façon  irré- 
gnlière,  à  certaines  heures  de  la  journée,  ou  à  certains 
jours  de  la  semaine,  par  des  ouvriers  employés  normale- 
ment à  d'autres  travaux,  et  il  n'est  pas  tenu  compte  de  ta 
main-d'oeuvre  consacrée  aux  transports.  Quant  aux  autres 
dépenses,  il  est  déjà  bien  difficile,  pour  d'autres  exploi- 
tations que  celles  des  sociétés  importantes,  de  tenir  compte 
des  frais  d'entretien,  qui  se  confondent,  pour  toutes  les 
Amodiations  à  court  terme,  avec  les  frais  de  premier 
établissement  ;  ensuite  l'aTuortissement  de  ces  frais  ne 
pourrait  être  calculé  qu'en  connaissant  le  tonnage  que  les 
installations  serviront  à  transporter,  or  nulle  part  on  ne 
l'a  évalué  même  approximativement,  si  bien  que  nous  avons 
vu  de  puissantes  et  coûteuses  insttallatîons  faites  pour 
un  groupe  de  gisements,  peut-être  riche,  mais  reconnu 
-d'une  façon  si  insuffisante  qu'il  n'était  pas  possible  de 
dire,  même  avec  une  approximation  du  simple  au  double, 
ce  qu'il  pouvait  renfermer  comme  minerai  exploitable. 

Nous  croyons  cependant  pouvoir  évaluer  entre  û'',50 
et  1  franc  par  tonne  de  minerai  humide  (0'',70  à  1",40 
par  tonne  sèche)  les  frais  de  main-d'œuvre  pour  la  des- 
cente, suivant  que  cette  descente  comporte  des  parcours 
plus  ou  moins  complexes,  tandis  (|ue  l'amortissement  et 
l'entretien  des  installations  se  monterait  k  peu  près  au 
même  chiffre.  Pour  ce  qui  est  des  transports  horizontaux. 


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194   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA  M0UVKLLB-CAI.ÉD0N1B 

D0D8  rappelon»  que  les  frais,  de  0",75  à  1  franc  par  tonne 
kilométrique,  que  comporte,  à  l'exclusion  de  toutes 
dépenses  de  premier  établissement,  le  transport  par  voi- 
tures, sont  considérés  aujourd'hui  comme  trop  élevés,  en 
même  temps  que  l'on  regarde  comme  insupportable  la 
gène  résultant  d'un  charroi  assuré  d'une  façon  anssi 
trrégulière;  on  y  substitue,  grâce  au  transport  par  voie 
'  ferrée,  des  frais  courants  d'exploitation  généralement  très 
restreints  (ne  dépassant  pas,  croyons-nous,  10  centimes 
par  tonne  kilométrique),  augmentés  de  l'amortissement  de 
la  voie  ferrée  ;  cette  voie  coûte  au  minimum  15.000  i 
20.000  francs  par  kilomètre,  et  son  installation  est, 
avons-nous  dit,  généralement  faite  sans  avoir  reconnu  des 
tonnages  importants  de  minerai  exploitable  et  souvent 
après  la  simple  signature  d'un  contrat  d'amodiation  de 
2  ou  3  ans  comportant  seulement  la  fourniture  de  quelques 
dizaines  de  milliers  de  tonnes.  Tel  est  le  cas  de  plusieurs 
des  gisements  de  la  côte  Ouest,  situés  à  5  ou  6  kilomètres 
de  la  mer.  Les  installations,  plus  coûteuses,  de  longues 
voies  ferrées  descendant  des  vallées  importantes,  dont  le 
tracé  comporte  quelques  travaux  d'art,  et  qui  exigent 
l'achat  de  locomotives  et  de  matériel  roulant,  ne  sont 
faites,  au  contraire,  que  lorsqu'on  est  assuré  de  pouvoir  en 
répartir  les  frais  sur  un  grand  nombre  de  mUliers  de 
tonnes.  Quoi  qu'il  eu  soit,  les  frais  de  transport  par  voie 
ferrée  ne  peuvent  être  que  rarement  considérés  comme 
inférieurs,  tout  compris,  à  3  ou  4  francs  par  tonne 
humide  (soit  t  à  6  francs  par  tonne  sèche). 

Une  fois  rendu  au  bord  de  la  mer,  en  nu  point  où  la 
céte  offre  un  abri  suffisant  pour  qu'il  puisse  être  procédé 
au  chargement  des  navires,  le  minerai  est  entassé,  après 
extraction  hors  des  sacs  s'il  y  a  lieu,  pour  attendre 
l'embarquement  ;  cette  maimtention  ne  coûte  pas  moins 
do  O^^ôO  par  tonne  humide  (0"',65  à  0'',70  par  tonne 


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LB8  MINBa   DB  HICKBL  195 

flèche).  Il  est  ultériearament  repris  à  l'aide  de  wagon- 
-  nets,  embarqué  dans  des  chalands  par  l'intermédiaire 
d'estacades,  et  condaît  au  bord  du  bateau  sur  lequel  il 
doit  être  chargé;  c'est  là  une  Douvelle  cause  de  dépense 
qui  n'est  pas  négligeable.  Les  grandes  sociétés  possèdent 
des  chalands  dont  la  confection  et  l'entretien  sont  assez 
coûteux  ;  la  main-d'œuvre  nécessaire  pour  la  reprise  du 
minerai  en  tas,  son  embarquement  dans  les  chalands,  et 
la  remorque  de  ceux-ci  jusqu'au  bord,  est  également  oné- 
reuse, bien  que  ces  travaux  soient  généralement  conDés 
à  des  Canaques  des  Iles  Loyalty  particuUèrement  habiles 
k  cela.  L'ensemble  de  ces  opérations  coûte  de  3  à  4  francs 
par  tonne  humide  (4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Les 
petits  exploitants  font  souvent  effectuer  le  chalandage  de 
leur  minerai,  au  moment  du  chargement  d'un  navire,  par 
un  entrepreneur  spécial,  auquel  ils  pajent  alors  3  franca 
par  tonne  humide,  non  compris  la  main-d'œuvre  qu'ils 
fournissent. 

Les  frais  de  transport  et  de  chargement  peuvent  donc 
varier  entre  les  limites  suivantes  {chiffres  rapportés  à  la 
tonne  de  montrai  sec)  : 

Fr.  Tl. 

Descente  an  pied  l  Hùn-d 'œuvre 0,70  i  1,40 

d«  lamine.       ]  Anwtisaement  des  installations  0,70à  1,40 

Transport  par     l  Frais  Moranls 0,60  à  1  ,S0 

voie  ferrée.       )  Amortissukeut  des  installalioDs  3,40  à  4,S0 

Entassement 0,6B  à  0,70 

Chalandage 4,00  h.  6,00 

Total  appboiimatif 10,00  &  15,00 

C.  —  Frais  obnébadx,  dépensks  d'installations. 

Dans  tout  ce  qui  précède,  nous  n'avons  considéré  que 
les  frais  de  main-d'eenvre  en  ce  qui  concerne  l'exploita- 
tion mAme;  nous  avons,  au  contraire,  été  nécessairement 


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106   RICHESSES  HINiftAI.B8  DB   LA  II0IITBLLE-<:ALÉD0KIB 

aflkené  k  faire  mention  des  frais  de  premier  établissement, 
en  parlant  des  voies  de  transport  et  deR  prix  de  revient 
des  transports.  Pour  compléter  les  indications  que  noos 
noos  proposons  de  donner  sur  les  prix  de  revient  des 
exploitations  de  nickel  de  la  colonie,  nous  devons  «icore 
dire  quelques  mots  des  frais  généraux  dÎTO^,  dans  les- 
quels nous  comprendrcHis  les  différentes  fournitures 
nécessaires  à  l'exfrfoitation,  et  nous  devons  en  entre 
revenir  sur  les  dépenses  de  premier  établissement. 

Les  fournitures  consommées  d'une  façon  courante  pour 
l'exploitation  sont  peu  nombreuses  :  dans  quelques  cas  on 
a  recours  aux  explosifs,  on  emploie  partout  dea  outils 
divers,  barres  à  mine  s'il  y  a  lieu,  pics,  [ûoclies,  pinces, 
pelles;  on  use  en  outre  une  quantité  importante  de  sacs, 
CMnnie  nous  l'avons  déjà  mentionné  ;  enfin,  dans  des 
exploitations  importantes,  l'entretien  des  différents  engins 
de  transport  sur  carrières  donne  lieu  à  use  consomma- 
tion phiB  ou  moins  régulière  de  fournitures  diverses;  il 
y  a  donc  à  ajouter  au  prix  de  revient  du  minerai  sur  cai^ 
rières,  que  nous  avons  indiqué  cï-dessua,  im  article  foot^ 
niturea  qui  peut  se  monter  à  3  ou  4  francs  par  tonne 
(4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Pour  les  petites  exploita- 
tions, cet  article  disparait  presque  complëtenieut  :  les 
explosifs  y  sont  d'un  emploi  exceptionnel  ;  les  outils  ont 
généralement  fait  l'objet  d'un  approvisionnement  fait  one 
fois  pour  toutes  au  débnt  de  l'exploitation,  que  l'on  porte 
aux  dépenses  de  premier  établissement  et  dont  il  n'est 
pas  tenu  compte  ensuite,  de  mfrme  pour  1ns  engins  de 
transport. 

Les  frais  généraux  comprennent,  en  outre,  des  frais 
plus  ou  moins  importants  de  direction  technique,  d'études, 
de  comptabilité,  etc.,  que  de  petits  exploitants,  travail- 
lant à  leiir  compte  (petits  mineurs),  ne  font  généralement 
pas  entrer  en  ligne  de  compt«,  puisqu'ils  assurent  per- 
sonnellement ces  diiTérentes  tAches,  Les  dépensée  po«r 


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LU  HMES  DI   NICKBL  107 

prises  d'essai  systématiques  des  différents  lots,  et  pour 
aomljse  tant  de  ces  prises  d'essai  que  des  échantillons 
iréquemmeut  prélevés  an  chantier  pour  guider  le  traTBÎl 
des  ouvriers,  doivent  iotervenir  égalaient  daiis  les  frais 
généraux,  et  elles  ne  représentent  pas  moins  de  (y',20  k 
0",^  par  tonne  pour  une  exploitation  impurtante  oti  les 
prises  d'essai  sont  3<»gneusen)ent  faites,  et  où  l'on  procède 
à  des  centaines  de  dosages  (*}  par  semaine, pour  surveiller 
et  guider  le  travail  d'exploitation.  £^&i  les  impAts  de 
toutes  sortes,  redevance  sur  les  péiimètres  miniers,  droit 
sur  les  rainerais  exportés,  etc. ,  sans  compter  les  droits  de 
navigation,  de  phare  et  de  balisage,  qui  pèsent  iodiiBC- 
tament  sur  les  prix  «le  revient,  constituent,  an  litre  frais 
généraux,  une  charge  assez  lourde,  pouvant  atteindre, 
surtout  pour  une  entreprise  importante,  [dusieurs  francs 
parloone. 

Si  nous  passons  maintenant  aux  frais  de  premier 
établissMuent,  nous  n'avoua  pas  grand'chose  à  dire  de 
ceux  qui  peuvent  être  faits  sur  les  carrières  mêmes;  nous 
avons  préféré  les  faire  rentrer  dans  les  frais  d'ezploita- 
tiou  sous  la  rubrique  :  Travaux  préparat^ùres.  La  création 
des  engins  auxiliaires  de  transport  et  de  descente  pour  la 
concentration  du  minerai,  l'achat  des  voies  DecauviUc 
volantes  et  du  matériel  de  wagonnets  nécessaires  au  roD- 
lage  sur  carrières  des  minerais  et  déblais,  rentrent  au 
oonbwre  dans  ces  frais.  Les  engins  de  descente  et  de 
transport  boHzoatal  ;  rentrent  également  et  ra  constituant 
le  plus  gros  chiffre;  nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que 
aous  venons  d'en  dire.  Mais  nous  devons  mentionner  ici 
d'autres  installations  qu'il  est  indispensable  de  créer  au 
début  de  l'exploitation  :  ce    sont  d'abord  des  chemins 

{*)  Cea  dosages  te  font  d'une  façon  expéditive,  grâce  à  une  méthode 
par  Uqueura  titrées  qui  a  été  iadiquée  pu  H.  Uoore,  dùmiate  4a  aer- 
'  ^e  local  de  la  colonie,  et  dont  on  confie  avec  succès  l'Application  à  dei 


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198   aiCHBSSBS   UINÉRALES   DB  LA  NODrELLE^CALBDOMlB 

d'accès  depuis  le  bord  de  la  mer  ou  depuis  la  localité  voi- 
nne  jusqu'au  pied  de  la  mine,  puis  du  pied  de  la  mine 
jusqu'aux  travaux  ;  les  premiers,  tracés  en  terrain  plat  ou 
à  peu  près,  ne  comportent  pas  de  travaux  importants,  ils 
doivent  généralement  être  carrossables;  les  seconds,  au 
contraire,  fieraient  plus  difficiles  à  pratiquer  si  l'on  ne  se 
contentait  de  chemins  muletiers  gravissant  en  lacets 
n'importe  quels  escarpements,  grflce  à  des  pentes  attei-- 
gnant  jusqu'à  10  p.  100;  de  tels  chemina  ne  rerieoDent 
pas  &  plus  de  30  à  50  centimes  par  mètre,  ce  qui  représente, 
pour  une  dénivellation  de  400  ou  500  mètres  et  un  déve- 
loppement de  quelques  kilomètres,  3.000  h  3.000  francs.  Il 
faut  ensuite  avoir  des  installations,  toujours  fort  sommaires 
d'ailleurs,  pour  abriter  les  ouvriers  à  recruter  ;  ce  n'est  là 
qu'une  modeste  dépense,  étant  donné  les  conditions  dans 
lesquelles  les  ouvriers  sont  logés;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  soite. 

Enfin  l'exploitant  doit  se  construire  sa  propre  habita- 
tion,  à  laquelle  il  annexe  un  magasin  destiné  à  renfermer 
à  la  fois  les  fournitures  courantes  nécessaires  à  i'explM- 
tation  et  les  vivres  et  fournitures  diverses  consommés  par 
les  ouvriers. 

L'ensemble  de  ces  frais  divers  de  premier  établissement 
n'est  pas  inférieur  à  10.000  et  souvent  20.000  francs 
pour  une  petite  exploitation;  il  s'élève  naturellement 
incomparablement  plus  pour  une  affaire  plus  importante, 
lorsqu'il  s'agit  de  créer  de  toutes  pièces,  comme  l'a  fait 
la  société  le  Nickel  à  Tbio,  par  exemple,  les  logements 
d'un  personnel  important,  des  bureaux,  un  laboratoire, 
des  magasins  considérables,  un  atelier,  etc... 

D.  —  Prix  de  ebvibnt  qlobadx. 

Poorrésumer  en  un  tableau  les  indications,  nécessaire- 
ment vagues,  que  nous  avons  données  ci-dessus,   nous 


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LES   MINES   DE   NIOKEL  iW 

dirons  que  le  prix  d«  revient  d'une  quantité  de  minerai  dd 
nickel  équivalente  à  une  tonne  de  miner&i  aec,  rendue 
sous  palans,  comprend  les  éléments  suivants,  dont  on  peut 
estimer  que  l'importance  varie  entre  les  chiffres  ci- 
dessous  : 


Frais 
courants  ] 


carrières,  i 


I  Abatage  et  triage 8,00  à  30,00 

I  Transports  sur  carrières,  évacuation 

du  stérile 3,00  &  4,90 

J  T  ra VBU  X  prépara  toiresellerrassem  et)  ts 

divers 4,00  k  20,00 

Ensachage  (s'il  y  a  lieu),  main-d'œuvre  et  matières.  2,50  à  3,00 

Transporta,  main-d'œurre  et  frais  courants 1,30  à  2,90 

Entassement,  main-d'œuvre 0,6S  à  0,70 

Chalandage  (y  compris  l'amortissement  des  instal- 
lations s'il  y  a  lieu] 4,00  k  6,00 

Frais  généraux,  fournitures  et  entietieu 0,00  k  6,00 

Frais  généraux  :    direction,    surveillance,    prises 

d'essai,  analyses,  impôts 0,00  à  5,00 

I  Matériel  et  outils 1,00  à  a,00 

Amortissement  l  „     .      ,    ,             ,  „  ,„  ,  ,' . 

}  Engins  de  transport 3,40  k  4,50 

'     tallat'  )  Installations  diverses  (cliemins, 

[      constructions,  etc.),  essentiellement  variable 

Noua  ne  pouvons  que  répéter  ici  que  ces  chiffres  ne 
doivent  être  considérés  que  comme  donnant  des  indica- 
tions sur  la  façon  dont  se  répartisîient  les  dépenses  d'une 
exploitation  de  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  :  si  l'on 
considère  les  chiffres  minimum  que  nous  donnons  et  qui, 
nous  le  répétons,  se  rapportent  à  l'exploitation,  sans  souci 
du  lendemain,  de  quelque  riche  traînée  découverte  çà  ou 
là,  on  peut  dire  que  les  frais  courants  par  tonne  sèche 
rendue  à  bord  peuvent  ne  pas  dépasser  25  francs  ;  il  faut, 
en  outre,  y  ajouter,  comme  nous  l'avons  dit,  des  frais  géné- 
raux fort  minimes  et  ensuite  une  charge  d'amortissement - 
qu'on  ne  peut  évaluer,  avant  la  Rn  de  l'exploitation,  que 
d'une  façon  tout  à  fait  incertaine  ;  on  ne  connaît  en  effet 
nullement  la  quantité  do  minerai  qui  sera  exploitée,  tant 


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200    RICHESSES   HINKBALBI    I»   LA   NOCVKLLB-CALKDOMB 

pirce  que  l'exploitaot  liii-iiiëine  ua  p«s  recoanu  Je  gUe^ 
que  parce  qu'il  a  comm^icé  sud  explwtatioo  a^«s- 
avoir  signé  un  contrat  de  vente  de  30.000,  W.OOO  ou 
50.000  ioBBes  à  livrer  au  cours  <les  deux  on  trois  •BW'es 
à  venir,  et  qu'il  ne  peut  nullement  compter  qu'au  bout  de 
ce  temps  une  restriction  de  la  demaude  de  minerai  ne 
viendra  pas  l'obliger  à  abandonner  mie  mine  encore  pro- 
ductive, et  à  perdre  tout  le  bénéfice  qu'il  pourrait  encore 
retirer  des  installations  qu'il  a  faites.  Aussi,  généralement, 
celui  qui  entreprend  pareille  exploîtatioa  cherche-t-il 
simplement  à  voir  s'il  pneut  espérer  rémunérer  tous  ses- 
frais  sur  l'exécution  d'un  prenier  oontrat  de  vente  de 
minerai;  il  prend  alors  k  crédit (*)  les  fournitures  dont  il 
a  besoin  et  emprunte  un  fonds  de  roulement,  puis  ses- 
efforts  tendent  à  réussir,  grftce  aux  livraiiums  de  mÎDerai 
qu'il  fera,  à  rembourser  sesemprunts,  tout  en  cmuenrant 
qaelque  bénéfice. 

Nous  avons  dit  quefaraortissement  des  installatioDS  de 
transport  ne  peut  que  rarement  représenter  moins  de  3'*,40- 
à  4" ,50  par  tonne  ;  celui  de  l'ensemble  des  antres  instaUa- 
tions  et  des  approvisionnements  divers  ne  peut  guère  être 
inférieur.  On  arrive  donc  k  un  prix  de  revînt  minimom 
de  30  ou  plutôt  de  35  francs  par  tonne  sèche. 

Cela  représente,  en  supposant  du  mineraî  à  la  teneto' 
normale  de  7  p.  100,  un  prix  de  revient  de  0",45  à  0^^ 
au  minimum  par  kilogramme  de  métal  contenu  dans  le- 
minerai.  Gomme  les  marchés  qui  couraient  au  moment  de- 
Dotre  séjour  avaient  été  le  plus  souvent  conclus  entre- 
0",60  et  0",70  par  kilogramme  de  métal,  on  voit  que^ 
pour  une  exploitation  ob  auraient  été  réunies  toutes  les 
conditions  les  plus  favorables,  facilités  d'exploitation,  voies- 

(>)  Dea  achats  faits  doiu  ota  condUiom,  par  des  ex|ilotlaAta  qoi 
n'offrent  souvent  d'autre*  garanties  que  les  cbaoces  de  succès  de  lenr 
esptoilatioQ,  sont  naturellement  faits  ï  des  prir  sâriensement  majorétr 
et  qui  contribue  i  aocnenter  le*  frais  de  premier  établiMement. 


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iSB  MINES  DB   NIOKBL  20f 

da  tr^sport  aisées  k  iottaUer,  et  tonnage  important  dé- 
minerai à  extraire  sur  lequel  répartir  les  frais  de  premier 
établusenient,  il  y  avait  une  sérieuse  mai^e  pour  la  rému- 
nératioB  perammelle  de  l'exploitant  et  pour  la  réalisation^ 
d'un  bénéflce  iii^ortant.  Il  faut  d'ailleurs  ajouter  à  ce- 
dernier  celui  qui  résulte  déjà  de  la  rente  aux  ouvriers  de» 
vivres  et  mwrchaadises  diverses,  et  qui  n'est  souvent  pas- 
le  moindre,  puisque  plusieurs  exploitants  nous  ont  déclaré 
que  c'est  en  somme  le  seul  qu'ils  réalisent. 

Mais  bien  souvent  l'exploitation  elle-même  n'est  pas- 
aussi  aisée;  il  y  a  des  périodes  tout  au  moins,  où  les  tra- 
nux  au  stérile  sont  nombreux  et  coûteux  (il  est  rare  qu'il 
n'y  ait  pas  à  compter  au  d^ut  de  l'exploitation  sur  une  telle- 
période  dont  il  faudra  natureUemen't  tenir  compte  ensuite)  ; 
les  traasporU  peuvent  être  plos  difficiles  à  organiser,  il 
arrive  que,  faute  d'avoir  consacré  au  début  une  somme- 
suffisante  k  la  création  d'engins  bien  disposés  pour  réduire- 
la  main-d'œuvre  aux  chiffres  assez  bas  que  nous  avons 
supposés,  celle-ci  est  plus  onéreuse;  il  se  peut,  au  con- 
traire, que  les  installationsaient  dû  être  plus  importante» 
qne  noua  ne  l'avons  admis,  ou  ne  se  répartissent  finale- 
ment que  sur  on  tonnage  trop  restreint;  dans  de  telles 
conditions,  les  béoéflcea  de  l'exploitation  peuvent  être 
beaucoup  moins  importants.  Parfois,  nous  l'avons  déjà. 
mentionné,  il  serait  pratiquement  trop  onéreux,  sinon 
peut-être  au  point  de  vue  absolu,  du  moins  eu  raison  d<>»- 
resBourcee  ou  du  crédit  dont  dispose  l'exploitant,  de  créer 
des  moyens  de  transport  vraiment  économiques  ;  d'autre 
part,  l'abatage  du  minerai  peut  être  plus  ou  moins  malaisé  ; 
dealers  le  prix  de  revient  par  tonne  de  minerai  s'élève  con- 
sidérablement ;  mais,  si  le  gite  permet  de  n'exploiter 
qse  des  minerais  riches,  ii  8  p.  100  par  example  et  méme- 
phis,  la  valeur  de  la  tonne  s'élève  aussi  très  notablement, 
puisque  non  seulement  la  teneur  en  métal  augmente, 
mais  encore  en  même  temps  le  prix  de  basa  par  unité  de- 


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202  RICHESSES  MINERALES   DE   LA  NOOVBLLE-CALEDONIE 

métal,  et  l'exploitation  reste  possible  sur  une  petite  échelle. 

TeUes  sont  les  conditions  dans  lesquelles  ont  été 
créées  toutes,  ou  à  peu  près  toutes,  les  petites  exploita- 
tions de  ta  colonie,  qui  ont  produit,  en  1901,  45.000  tonnes, 
soit  1/3  de  la  prodnction  totale,  et  celles  dans  lesqueUes 
était  également  conduite,  il  y  a  quelques  années,  l'exploi- 
tation de  Népoui.  Des  sociétés  importantes  disposant  d'un 
capital  considérable,  possédant,  ou  croyant  posséder  (car, 
rappelons-le,  il  y  a  bien  peu  de  gîtes  réellement  explorés 
aujourd'hui),  des  réserves  importantes  de  minerai  dans 
une  même  ré^on,  procèdent  naturellement  d'une  tout 
autre  façon  :  assurées  d'une  certaine  permanence  dans 
leurs  affaires,  elles  ont  beaucoup  plus  d'intérêt  à  chercher 
à  épuiser  systématiquement  les  gîtes  qu'elles  ont  aména- 
gés et  pourvus  de  moyens  de  transport  convenables;  dès 
lors  leurs  exploitations  comportent  tout  natnrellement  des 
frais  spéciaux  sur  carrières  incomparablement  plus  élevés 
qne  ceux  des  mines  dont  nous  venons  de  parler;  la  charge 
des  frais  de  premier  établissement  et  d'amortissement 
devient  au  contraire  plus  faible,  tandis  qu'il  faut  compter 
une  part  de  frais  généraux  très  notable,  et  que  les 
dépenses  de  fournitures,  qui  se  renouvellent  d'une  façon 
périodique,  constituent  également  un  article  du  prix  de 
revient.  On  arrive  ainsi  à  des  prix  de  revient  qui  peuvent 
s'élever  jusqu'à  60  et  même  70  francs  par  tonne  de  mine- 
rai sec  à  7  p.  100,  portant  le  prix  du  kilogramme  de  mé- 
tal àO^'iSS  et  exceptionnellement  1  franc.  Ce  sont  là 
des  chiffres  qui  peuvent  paraître  paradoxaux,  pour  cette 
raison  qu'après  tout  ce  que  nous  avon»  dit  de  l'intérêt 
considérable  qu'il  y  a  à  munir  les  exploitations  d'installa- 
tions perfectionnées  et  coûteuses  an  besoin,  dont  les  frais 
de  premier  établissement  soient  destinés  à  se  .répartir 
sur  un  tonnage  important,  nous  en  arrivons  à  constater  que 
le  prix  de  revient  dans  ces  conditions  est  souvent  beau- 


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I.ES   MINES   DE   NICKEL  203 

coup  plus  élevé  que  dans  les  petites  exploitations,  oii  il 
est  strictement  limité  (')  par  le  prix  auquel  le  minerai 
peut  être  vendu,  soit  de  60  à  70  centimes  par  kilogramme 
de  métal.  L'explication  de  ce  paradoxe  tient  à  deux  cîT" 
constances:  d'une  part,  le»  sociétés  importantes  exploitent 
aujourd'hui,  souvent  après  avoir,  au  début,  épuisé  les  gise- 
ments voisins  de  la  mer,  des  mines  situées  àl2  kilomètres 
(Thio)  et  même  k  25  kilomètres  (Népoui)  de  la  mer,  mines 
qui  seraient  pratiquement  inaccessibles  pour  les  petits 
mineurs;  d'autre  part,  elles  en  tirent  parfois  un  tout 
autre  parti  que  celui  que  de  petits  mineurs  en  auraient 
tiré,  et  il  n'est  jias  exagéré,  à  notre  avis,  de  dire  que  là 
où  un  petit  mineur  aurait  peut-être  extrait  50.000  ou 
60-000  tonnes  de  minerai  à  8  ou  9  p.  100,  représentant  seu- 
lement quelques  milliers  de  tonnes  de  métal,  une  telle  so- 
ciété pourra  extraire  quelques  cent  ai  nés  de  mille  tonnes  de 
minerai  avec  des  teneurs  de  6  4/2  ou  7  p.  100,  utilisant 
ainsi  trois  ou  quatre  fois  plus  du  métal  contenu  dans  le 
gisement.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  tous  les  prix  de 
revient  que  nous  avons  indiqués  sont,  en  ce  qui  concerne 
la  main-d'œuvre,  majorés  du  bénéfice  retiré  de  la  vente  des 
marchandises  aux  ouvriers  ;  ce  bénéfice  s'ajoute  à  celui  des 
petits  mineurs,  mais  il  ne  diminue  en  rien  les  prix  aux- 
quels ils  livrent  leur  minerai;  ce  même  bénéfi<-e,  plus 
modeste  il  est  vrai,  se  retranche  au  contraire  des  prix 
de  revient  des  sociétés  importantes  dont  nous  venons  de 
donner  une  évaluation,  et,  comme  il  atteint  encore  aux  en- 
virons de  20  p.  100  sur  les  marchandises  vendues,  c'est- 
à-dire  sur  lamajorité  des  salaires,  il  doit  diminuer  le  prix 
de  revient  par  kilogramme  de  métal  que  nous  donnons 
ci-dessus,  d'une  somme  qui  n'est  pas  moindre  que  0",10. 
Ajoutons  que  si,  dans  ces  conditions,  il  semble  qu'une 


{*}  Pour  svoir  la  limite  réelle  h  l&quelie  le  petit  mineur  peut  exploi- 
ter una  perte,  il  f&udrait  réduire  son  prix  de  refient,  calculé  comme 
nous  l'aTona  (ait,  de  la  part  correspondant  au  béaéflce  iju'il  réalise  (ur 
let  foumitnraa  qu'il  fait  à  mb  ouvrien. 


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204  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

société  importantâ  puisse  souvent  avoir  avantage,  ui 
lieu  de  forcer  sa  production  jiour  faire  face  à  une  demande- 
particuliërement  active  de  minerai,  à  passer  des  marcbé» 
avec  de  petits  mineurs,  comme  cela  est  d'une  pratiqua 
constante  lorsque  la  demande  de  nickel  est  active,  cala- 
n'est  réellement  avantageux,  à  son  propre  point  de  vue,  que 
lorsque  le  gisement  exploité  par  le  petit  mineur  n'ap- 
partient pas  à  la  société.  Lorsque  au  contraire  la  DÙne- 
lui  appartient,  c'est  généralement  le  gaspillage  presque- 
définitif  auquel  elle  consent  pour  un  gisement  qui,  s'il  a 
tenté  quelque  petit  mineur,  n'est  généralement  pas  parmi 
les  moins  riches  ou  les  moins  avantageusement  situ^. 

Et  c'est  en  insistant  sur  cette  considération  que  nous 
terminerons  ce  qui  a  trait  aux  conditions  économiqoeg 
actuelles  de  l'exploitation  du  nickel  en  Nouvelle-Calédo- 
nie. Les  prix  de  revient  du  kilogramme  de  métal,  avec 
l'obligation  d'une  teneur  minimum  de  7  p.  100  pour  1» 
minerai  sec,  peuvent  être  considérés  comme  variant 
aujourd'hui,  tout  com^s,  de  U",50  à  i  franc  au  grand 
maximum  ;  mais  le  prix  minimum,  que  nous  cruj'onft 
pouvoir  fixer  aux  environs  de  O'',50,  n'est  pratiquement- 
réalisé,  dans  la  plupart  des  mines  oùon  l'obtient,  pour  ne  pas- 
dire  dans  toutes,  qnepar  un  véritable  gaspillage  des  gîtes; 
ce  n'est  d'ailleurs  pas  du  tout  à  dire  que  de  tels  prix  ne 
pourraient  pas  être  obtenus  tout  en  assurant  une  beaucoup 
meilleure  utilisation.  Sans  doute  cette  utilisation  ne  san- 
rait  élre  parfaite  ;  elle  ne  saurait  même  être  aussi  com- 
plète que  lorsque  l'on  consent  à  des  prix  de  revient  plus 
élevés;  mais  elle  pourrait  aisément,  croyons-nous,  être 
souvent  deux  fois  meilleure,  pour  peu  que  l'exploitation  flkt 
entreprise  avec  plus  de  souci  de  l'avenir,  par  des  personne» 
disposant  des  capitaux  nécessaires  (qui  ne  seraient  d'ailleurs 
pas  énormes),  moins  hantées  par  l'idée  de  faire  fortune  en 
quelques  années,  et,  disons-le  aussi,  moins  complètement 
ignorantes  de  ce  que  peuvent  être  un  gisement  minéral 
et  les  conditions  dans  lesquelles  il  devrait  être  exploité. 


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CHAPITRE  IV. 


«TIUSÂTION  DES  UN£RAI8  DE  HtCKEL  DE  U  NODTELLE- 
CALtDONIE.  DÉBOUCHES  QUI  LEUR  SONT  OFFERTS. 


A.  —  TRAITEMENT  ACTUEL  DES  MINERAIS. 

Les  minerais  de  niptel  actuellement  exploités  en 
Nouvelle-Calédonie  sont  généralement  expédiés  en  Europe, 
80Jt  au  Havre, soit  à  Glasgow,  soit  à  Rotterdam;  au  voi- 
rôiage  immédiat  des  deux  premiers  de  ces  ports  existent 
-deux  usines  de  traitement  appartenant  à  la  société  le 
Nickel,  l'usine  du  Havre  et  l'usine  de  Kirkintilloch,  ayant 
produit  chacune,  dans  ces  dernières  années,  de  l.r>00à 
l.SOOtonnesdenickel  par  an;  de  Rotterdam,  les  minerais 
sont  dirigés  sur  l'Allemagne,  oii  ils  sont  traités  (produc- 
tion 1.000  à  1.200  tonnes  par  an).  Il  a  en  outre  été 
récemment  fait  quelques  expéditions  de  minerai  sur 
l'Amérique  {30.000  tonnes  environ  en  1901). 

Les  frais  de  transport  jusqu'en  Europe  sont  naturelle- 
ment variables  avec  les  conditions  générales  du  fret  dans 
le  monde  entier;  ils  oscillent  généralement  aux  environs 
de  30  à  40  francs  par  tonne,  prix  auquel  il  faut  ajouter 
une  assurance  de  3  p.  100  ad  valorem.  Ce  prix  e=it  celui 
-qui  est  fait  par  des  voiliers  français  portant  de  3.000  à 
4,000  tonnes  de  minerai,  qui  viennent  d'Europe  en  Nou- 
velle-Calédonie par  le  cap  de  Bonne-Espérance  et  re- 
tournent en  Europe  par  le  cap  Horn,  effectuant  un  voyage 
d'une  durée  totale  de  7  mois,  le  plus  souvent  sur  lest  à 
l'aller.  Un  voyage  leur  rapporte,  outre  le  fret  qui  s'élève 
entre  100.000  et  150.000  francs,  la  prime  à  la  naviga- 
tion accordée  par  le  gouvernement  français,  prime  qui 


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aW  EICHKS8E3  MINÉRALES   DB   LA  NOUVBLLB-CALÂDONtB 

atteint  125-000  francs  en  moyenne  par  voyage  et  qtri 
couvre  dêjk  pneque  les  frais  du  voyage.  D'après  les  ren- 
seignements que  Bws  avons  pu  recueillir,  ces  b&timents 
ne  pourraient  guère  acca^r  de  fret  à  moins  de  50  francs 
par  tonne,  si  cette  prime  »«  leur  était  pas  allouée;  des 
b&tinniits  anglais,  qui  n'en  praêtont  pas,  accepteraient 
parfois  des  frets  d'noe '^urantaine  ilftlnncs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  qu'actneUem*^  le  fret  seul, 
qui  représente  ainsi  environ  48  à  55  francs  par  tonne  de 
minerai  sec,  soit  70  à  75  centimes  par  kilogramM  de 
métal,  suffit  à  doubler,  à  l'airivée  en  Europe,  la  valeur  Al 
minerai  de  nickel  pris  sur  place. 

Le  traitement  que  le  minerai  subit  comporte  actuelle- 
ment une  fusion  pour  matte  au  cubilot  à  water-jacket  ; 
fondu  avec  20  p.  100  de  calcaire,  10  p.  iOO  de  gypse 
(ou  une  quantité  de  charrée  de  soude  équivalente  au 
point  de  vue  de  la  richesse  en  soufre)  et  37  1/2  p.  100 
de  coke,  le  minerai  produit  une  matte  tenant  environ 
45  p.  100  de  nickel,  40  p.  100  de  fer  et  15  p.  100  de 
aoufre,  tandis  que  les  matières  réfractaires,  silice,  cbaux, 
et  magnésie,  passent  dans  la  scorie  et  n'entraînent  qu'une 
faible  quantité  de  nickel.  La  matte  obtenue  est  ensuite 
déferrée  au  convertisseur,  ce  qui  donne  lieu  k  la  produc- 
tion d'un  sulfure  de  nickel  à  75  p.  100  de  nickel,  moins 
de  i  p.  100  de  fer,  et  24  p.  100  de  soufre;  celui-ci  est 
finement  broyé,  puis  il  subit  un  double  grillage  très  minu- 
tieux, destiné  &  éliminer  aussi  complètement  que  possUile 
le  soufre  ;  enfin  l'oxyde  produit  est  réduit  en  présence  de 
charbon  et  de  farine,  ce  qui  donne  du  métal  à  peu  près 
pur  et  aggloméré  par  une  demi-fusion.  Nous  n'avons  pas 
d'évaluation  exacte  des  frais  que  comporte  ce  traitement  ; 
nous  croyons  néanmoins  qu'ils  ne  dépassent  pas  1  franc 
par  kilogramme  de  métal  produit  ;  une  moitié  de  ces  frais 
se  rapporte  à  la  première  fusion. 

Dans  ces  conditions,  le  nickel  se  vend  en  Europe,  suivant 


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LB8   MINES  DB  NICKEL  207 

les  circonstances,  suivant  l'importance  des  achats,  etc., 
entre  3'^50  et  4  francs  le  kilogramme.  Ajoutons  que 
le  nickel  qui  est  extrait  des  minerais  calédoniens  par  le 
traitement  que  nous  venons  d'indiquer  est  très  pur  :  il 
contient  99  à  99,5  p.  100  de  nickel  ;  il  est  suffisamment 
bien  débarrassé  du  soufre  qui  y  a  été  incorporé  par  la 
première  fusion,  puisqu'il  n'en  tient  que  moins  de  1  millième; 
il  est  exempt  d'arsenic  et  de  phosphore,  et  ne  contient  que 
des  traces  (moins  de  1  millième)  de  cuivre,  qui  seraient, 
paraît-il,  introduites  par  le  traitement,  mais  qui  n'existent 
pas  dans  les  minerais  de  notre  colonie. 

B.  —  Les  débouchés  du  nickel. 

Le  prix  du  nickel  métallique  a  baissé  depuis  26  ans 
dans  des  proportions  extrêmement  considérables,  puisque 
au  moment  de  la  découverte  des  minerais  de  la  Nouvelle* 
Calédonie  il  était  encore  de  18  francs  le  kilogramme,  et 
qu'après  s'être  abaissé  d'abord  brusquement  k  10  francs, 
puis  successivement  à  8,6  et  5  francs  (1892),  à  4  francs 
(1894),  à  3  francs  (18!fô),  et  puis  même  à  2'%40  (Un  1895) 
par  l'eÉFet  de  la  concurrence  du  Canada,  il  oscille 
maintenant  entre  3"',50  et  4  francs  le  kilogramme. 
Néanmoins  le  nickel  est  resté  un  métal  demi-précieux, 
coûtant  à  peu  près  deux  fois  plus  que  le  cuivre;  il  ne 
saurait  donc  être  substitué  à  ce  métal,  de  même  que  les 
alliages  à  base  de  nickel  ne  sauraient  être  substitués  au 
lùton,  que  pour  des  usages  de  luxe  ou  à  peu  près;  on 
connaît  les  emplois  du  nickel  métallique  pour  un  certain 
nombre  d'objets  usuels  qn'il  est  intéressant  de  préserver 
du  vert-de-gris,  ou  comme  revêtement,  soit  à  l'état  de 
plaqué,  soit  à  l'état  de  dépôts  galvaniques,  sur  d'autres 
métaux  ;  on  connaît  également  les  usages  des  alliages  à 
base  de  nickel  :  argentan,  maillechort,  métal  anglais, 
métal  blanc, etc.;  enfin  le  nickel, soit  pur,  soit  à  l'état  d'al- 


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'206   RICHESHGS   HiniRALES   DE   LA.  NOITVELLE-CALÉDONIB 
liage,  a  été  employé,  et  sera  vraisemblablement  employé 
encore,  par  «lifférenta  pays  pour  la  fabrication  de  la  mon- 
naie de  billon. 

Bien  que  l'ensemble  de  ces  usages,  qui  ne  demandent 
chacun  individuellement  que  des  quantités  relativement 
restreintes  de  nickel,  finisse  par  représenter  des  cen- 
taines et  même  quelques  milliers  de  tonnes  par  an,  et  qoe 
l'on  puisse  espérer  vmr  peo  à  peu  adopter  ce  beau  métal, 
précieux  par  son  inaltérabilité,  pour  d'autres  usages  do 
même  genre,  il  n'y  aura  là  vraisemblablement  qu'un 
accroissement  assez  lent  d'année  en  année,  tant  que  le 
prix  du  nickel  restera  notablement  supérieur  à  celui  du 
<»ivre. 

Un  autre  débouché'qui  a  été  ouvert  au  nickel  depuis 
que  son  prix  s'est  abaissé  est  la  fabricalion  des  aciers  au 
nickel,  et  celui-là,  qui  en  a  déjà  aujourd'hui  doublé  les 
usages  dans  le  monde  entier,  paraît  promettre,  pour  nn 
avenir  sans  doute  prochain,  un  large  développement  de 
la  consommation  du  nickel.  La  ténacité  et  l'augmentatiou 
de  la  limite  d'élasticité  et  de  la  charge  de  rupture  qu'un 
petit  nombre  d'unités  de  nickel  coitiiiiuniquent  à  l'acier, 
ont  fait  întniduîre  ce  nictid  dans  la  composition  de  cei^ 
tains  aciers  spéciaux  depuis  une  douzaine  d'années  envi- 
ron ;  employé  d'abord  avec  succès  pour  les  plaques  de 
blindage  en  proportion  de  3  à  5  p.  100  (essais  d'Anna- 
polis,  1891],  il  a  été  introduit  ensuite  dans  le  métal  à 
canons  (en  proportion  voisine  de  2  p.  100),  dans  des  tôles 
destinées  à  des  constructions  métalliques  oti  l'on  recherche 
tout  particulièrement  la  légèrelé  (proportion  de  3  p.  JOO), 
dans  certains  arbres  dont  on  désire  augmenter  la  limite 
élastique  (proportion  de  1  p.  100),  et  l'on  cherche  aujour- 
d'hui à  employer  les  aciers  au  nickel  pour  faire  des 
tubes,  des  rivets,  etc.  Mais,  si  "  les  aciers  au  nickel  plus 
ou  moins  manganèses,  carbures  ou  chromés,  sont  sem- 
blables aux  aciers  ordinaires  au  carbone,  tant  que  les  pro- 


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LES  MINES  DE   NICKEL  2l>!) 

portions  de  nickel,  manganèse,  chrome  et  carbone  ne 
dépassent  pas  une  certaine  limite  (*)  »,  et  si,  dans  ces  condi- 
tions, ces  divers  cléments  jouent  simplement  le  rùle  d'élt^'- 
ments  durcissants,  «  au  delà  d'une  certaine  limite,  les 
additions  de  œs  éléments  produisent  une  transformation 
allotropique  du  fer  contenu  dans  les  aciers,  qui  fait 
apparaître  des  propriétés  physiques  et  mécaniques  très 
différentes  de  celles  des  aciers  ordinaires  ('!...  »  Avec  une 
composition  répondant  à  cette  dernière  condition  grâce 
à  une  forte  teneur  en  nickel,  "  les  aciers  s'adoucissent 
considérablement  par  la  trempe  et  ne  durcissent  que 
par  l'écrouîssage;  les  propriétés  mécaniques  de  certains 
d'entre  eux  sont  très  remarquables,  particulièrement 
au  point  de  vue  de  l'allongement  h  la  rupture,  qui  est 
exceptionnel,  et  de  la  résistance  au  choc,  qui  dépasse 
celle  de  tous  les  alliages  ou  métaux  connus  (')  ».  C'est 
parmi  ces  aciers-lk,  oii  la  proportion  de  nickel  se  compte 
par  dixièmes,  que  l'on  a  découvert  des  métaux  présentant 
des  propriétés  physiques  extrêmement  remarquables, 
notamment  au  point  de  vue  de  la  dilatabilité,  ce  qui  est 
de  nature  à  leur  ouvrir  des  débouchés,  mais  sans  doute 
restreints  comme  tonnage,  pour  la  construction  d'appa- 
reils de  physique,  do  géodésie,  etc.;  cependant  certaines 
de  leurs  propriétés  mécaniques  sont  si  précieuses  que, 
malgré  leur  prix  élevé,  ils  ont  déjà  été  employés  dans 
la  construction  en  fer,  notamment  en  assez  grande  quan- 
tité par  l'artillerie  française  au  cours  de  la  construction 
lie  son  nouveau  matériel  (Mes  à  2o  p.  100  de  nickel). 

Aujourd'hui  donc  les  usages  des  aciers  au  nickel  sont 
courants  avec  des  teneurs  de  1  à  5  p.  100  sous  forme  de 
tôles,  arbres,  canons,  obus,  et  surtout  de  blindages.  Ce 
ne  sont  encore  là  que  des  usages  spéciaux  correspondant 


(*)    Keehercht*  tur  U$  aciert  au    nicM  à  hauits   ttiteui'i;   j 
U,  L.  Di'MAS  {Annatts  des  Minei,  10*i«rie,  t.  I,  p.  5S1  etsSS;  1902). 


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210  RICHESSES   HINBIUU8  SB   LA  ROUTSLLB-CALBDONIE 

à  des  tonDRgee  limités,  et  cola  tient  non  senleiDeHt  h  cb- 
qtw  l'introduction  de  quelques  unités  pour  oeat  de  ntckitf 
dans  l'acier  atigiBente  tr^s  notabloneat  son -prix  (souverit 
do  simple  au  douUe)  à  la  fois  en  raison  de  la  valear  nstai» 
da  métal  tutrodint  et  en  raison  de  la  minutie  phis  gnnde 
de  la  préparation  métallargiqne  de  ces  aciers  spéctem, 
mais  cela  tient  encore  &  ce  fsit  que  l'aDtélionitioB  de  cer- 
tainos  de  leurs  propriétés  mécaniques  ne  r»  pas  -sonrest 
sans  des  incmiTénientB,  tels  qoe  la  diftealté  avec  laqneHe 
ik  se  laissent  travailler,  ne  supportant  pas  l'écronissafer 
Cliquant  aisément,  etc.  Il  est  fort  int^esaaat  «ependnrt 
de  signaler  on  pas,  paraissant  très  notaUe,  qsi  vîeHt 
d'être  fait  aux  États-Unis  :  après  des  essais  multîpies 
pCMir  l'emploi  de  raits  en  acier  an  nickel  sm*  des  sectiem- 
de  voies  ferrées  très  fréquentées,  en  voe  d'espacer  nota- 
Idement  les  réfections  dévoies,  ta  Pensylvaman  Railroad  (^ 
vient  de  commander  9.000  toenes  de  rsits  «■  acier 
à  S  1  /£  p.  100  de  nidtel  pemtt  65  et  fOO  Uvnes  par  jsi^ 
{skM  43  et  50  kilogrammes  par  raé^e),  pour  en  munir  le» 
sections  de  voie  tes  plus  diar^ées  de  «es  lif«ias  aOeai' 
de  Pittaburg  :  cette  commande  aurait  éM  faite  aa  frit 
de  &5  dollars  la  t^me  (âOlfrancs  par  toiiM  Métrjqae)  ('). 
La  tBBlCiplication  de  semblables  ma^a  «a  aanqaémÉt- 
pas  d'aocTOttre  oansidéraUement  ta  ooflMntaatim  de 
mctel,  et  «ata  pocrTait  bien  ne  pas  4»4ei4i«b  plwluiwaw 

lïoiir  ce  qui  est  de  l'adeptien  des  aatws  'a«  tridlel  k 
haute  teneur,  on  pest  dès  au^ourd'lnii  y  ccNBpteîr  poar  la 
COTffitructiML  d'apparetls  de  pvécàsim  ;  -mâs  '«Bte  «rt  peu: 
de  cdtoae,  et  oe  qui  nerait  vraifBWBt  •préaiWn»  fn^r  ^mOkm- 
oeloiùa,  ce  -seraK  de  voir  se  déweloi^w  éSK  eÊH^iin  4iibi 
qae  oehti  qm  a  été  «lit  par  l'artttttrie  fritàçtàs»  tf 'aolsr  fc< 
25  p.  lOO  de  nickel;  il  ne  faudrait  an  effet  pas  JwaMcoap- 


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iTosa^es  exigeant  dïacm  annaellement  <qu^fle«  een- 
txhies  'de  tcnines  4e  tola  adera  po«r  «Hgwwnter  4»rs  «ne 
^tergK  proportion  ta  CGnseimBation  <ki  «ickeâ  ;  11  me  vous 
pSTiilt  pas  doeteas  que  ces  nsa^es  se  writij^crMit  d'au- 
tntt  ^os  T-apideniePBt  -q«e  le  pris  et  tiâdttA,  q«  àvierritint 
potir  tme  Ittr^  part  Ahs  le  prix  ^evé  de  «we  froMts 
spéciaux,  diminuers  phn  vite  et  pb»  notaUennet. 

Les  Hsages  TnétaSwgrqves  Bout  d«AC  de  «em  ^si,  exi- 
geant anjeardliui  k  peu  prés  la  moitié  d«  nickel  coascHnmé 
Ains  te  nonde,  poorratent  -h  bref  éé\tâ,  et  swtout  ^  la 
faveur  d'un  abaissement  notable  du  prix  da  nlchel,  tiag- 
anoaler  dans  une  très  iarge  prcportion.  Us  suivent  aaiu- 
Tt^i^ueBt  utjon^Wi  iaa  fluctuati<nB  de  l'industne 
nétaSnrgiqne,  et  en  partiqulter  lie  l'tiHliHrtTte  spéciale  des 
vaaemeaÉa;  îh  «ai  *a  leur  yénode  d'aceroîsseineiit 
de  1898  à  1901,  en  même  temps  que  cette  industrie,  H 
sdjissentaiijoHrd'lnti  avec  elle  «le  crise ■qiU  n'eetassuré- 

flWQt  que  Jiaaangiigo 

<iam  ffa'H  «n  soit,  rfaueMUe  «ka  imges  ^  nickel  « 
déjà  marqué  une  progression  considérable  depuis  25  ans, 
•i  iMMsvoi^ea  Usa  pcnMMdé  fsa  oatie  pr<ywaiap  ne 
ivaipeooaÉiiitnrcwMivtl'aa&é»  «a.«iittte.  LM^i6li)«es 
cdnffiva  annaat»  aMMtrsraat  œ  ^'•eUe  a  ^Aé  juay'âà. 

D'a^^  Û.  IievaiC),  la  ^aaéBitiaa  aaatMik  tla  aiafcel 
Bit  «Miée  swmilétmml  lid  iiimiii i >m^m«i  A«a,W.^e 
aMnt««Htce«*Miiteàf«i(v«B  ai  flàiffnw  wiwMit» .: 

1878 400  tonnés 

un...- i.aoo  — 

WTi,. 2.0W    — 

IWT 3.W»    — 

La  NouvelIe-CalédemeinteiTeBait  iTsaieurs  pour  la  plus 
large  part  dans  cette  production.  Depuis  1889,  la  décou- 

X^  D.  "LiT»T,  Frogrii  de  U  mitaanrgû  du  nickel  (Ann^u  d4$-Wtài, 

9>  ȎnB,<t.  I.  f.an,Mn).  .' 


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213  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA  NOUVELLB-CALÉDONIB 

verte  des  riches  mines  de  pyrrothine  cupro-nickelifère 
de  Sudbury  (Canada)  a  fait  entrer  en  ligne,  pour  la  produc- 
tion du  nickel,  un  redoutable  concurrent  de  notre  colonie; 
ce  sont  les  quantités  considérables  de  métal  que  le  Canada 
a  jetées  sur  le  marché  à  des  prix  sans  cesse  décroissants 
qui  ont  amené  la  crise  subie  par  les  exploitations  de 
nickel  de  notre  colonie,  en  1892-1897. 

D'après  les  statistiques  que  nous  avons  entre  les 
mains  (*],  la  production  du  nickel  métal  se  serait,  depuis 
lors,  répartie  comme  suit,  au  point  de  vue  des  pays  d'ori- 


1189 

1890 

ISOl 

I89Ï 

1893 

1894 

1S95 

1898 

1897 

1898 

,m 

1800 

1101 

S, 
310 

1.633 
B51 

«n'a 

2.099 

tauu 

tMin 

2.229 

l.76i 

ta»  H 

Î.BT2 
1.541 

tUH 

3.eos 

2.503 

ttim 

3.845 
2.605 

3,212 

B 

99 
8S 

80 

55 
103 

44 
89 

90 

103 

17 

IB 

.'^ 

/ 

47 

i 

w 

I.87B 

2.US 

*.70« 

4.S2i 

..„. 

1.755 

4.334 

4.637 

4.686 

6.116 

B.50H 

7.892 

10,  w 

Nous  ajouterons  que  la  consommation  du  nickel  dans 
le  monde  entier  n'a  pas  exactement  suivi  les  fluctuations 
qu'indiqueraient  les  chiffres  ci-dessus,  «ztraits  des  statis- 
tiques onicielles  des  différents  pays;  on  aurait  en  effet, 
d'après  les  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir, 
consommé  les  quantités  suivantes  de  nickel  au  cours  des 
cinq  dernières  années. 

*""*"  de  nickel  méltl 

1898 6.600  tonnes 

18« 6.700      — 

iWO 7.200      — 

1901 7.400      — 

1«02 6.800      — 

(*)  R.-P.  RoTBwKLi.,  The  minerai  Indutlrg,  années  1892  et  niiv. 


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LE»   MINES   DE  NIOKBL  213 

En  r^ard  de  ces  chiffres  de  production  et  de  coosom- 
mation  du  nickel,  nous  fournirons,  d'après  les  statistiques 
officielles,  ceux  de  l'exportation  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie  avec  l'indication  approximative  des  quantités 
de  métal  qu'ils  contenaient,  en  faisant  remarquer  que, 
même  à  supposer  les  statistiques  de  la  colonie  exactes, 
non  seulement  il  y  a  une  certaine  perte  au  traitement  et 
parfois  des  pertes  en  route  par  suite  de  sinistres  de  mer, 
mais  qu'en  outre  la  nécessité  de  conserver  ou  de  former  en 
Europe  des  stocks  d'une  certaine  importance  a  pu  donner 
lieu,  au  cours  de  diverses  années,  à  des  exportations  de 
minerai  notablement  différentes  de  celles  correspondant 
à  la  production,  et  surtout  à  la  consommation  réelle,  du 
nickel  d'origine  calédonienne.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les 
chiffres  que  fournit  la  statistique  officielle. 


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2<4  RICHESSES   MINÈUU^  DB.  LA.  NÛDVKLLE-CALÉDONIR 


Nin<rili-CiMni*0 


(7.9941 
(1.0B6J 


W.O» 

1.703.(100 


3.HT7.II» 
f.StH.Mi» 


C.   —  DÉVELOPPEMENT  POSSIBLE    DE  L'iNItDSTRIE   DU   NICKEL 
EN  N01VE!,LE-CaLÉ1)0NIB. 


Les  chiffres  qui  précèdent  siifUsent  à  montrer  quelle  a 
été  juscju'ici,  pour  la  Nouvellii-Calédonie,  l'importanoe  de 


(*)  Les  chiffre»  de  res  trois  colonnes  annt  Établis  en  supposant  tout 
le  minerai  exporte  cru  ;  nous  avons  port*  entre  pirenlhéses,  lbrs[]u'il  y 
avait  lieu,  les  chiffres  relatlFs  au  minerai  fondu  dans  la  rolonle. 

("}  Les  valeur»  de»  yuantllés  de  minerai  exportées,  indiquées  pour  les 
années  antérieures  â  1901.  et  en  particulier  pour  les  troi«  dernières, 
■ont  rertainemenl  exagéréci  ;  elles  paraissent  avoir  été  obtenues  en 
multipliant  les  tonnages  de  minerai  huiiiid  -  par  la  valeur  de  la  tonne  de 
minerai  sec;  elles  seraient  donc  à  réduire  de  23  p.  100  environ. 


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LBH   UJNB&  DB   1«H;KEL  215 

9'iiitliietri»  au  tuËliel,  et  (iu«t6a4ria4érU«iui  s'attacherait, 
IK>w  la  prospérité  de  ootce  colooie,  à  ce-  que  cette  ÏQdu»- 
trie  se  développe  encore  largement.  Nous  avoua  sufâeam- 
maot  mootré  dtuw  ce  qui  précède  combien  grandes  sont 
les  ressources  ea  métal  £aeii£aient  «xploilables  coDteaues 
■  dans  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  pour  que  chacun  coni- 
prenne  (jue  l'ou  ne  peut  que  wubalter  de  voir  la  demande 
de  Kiijierai  augmenter,  fùtrce  au  prix  <I'ud  abidssement 
des  cours;  Iqs  richesses  lie  notre  cotooie  peuvent  en 
-effet,  pour  peu  qu'on  les  exploite  d'une  façon  plus  régu- 
lière, plu&  stable,  et  plus  prévoyante,  ce  que  ne  manque- 
^it  pas  de  faciliter  grandement  une  augmentation  des 
-débouchés,  fournir  à  des  demandes  beaucoup  plus  impor- 
tantes encore  qu'aujourd'hui,  et  cela  pendant  de  longues 


Comme  DousTavonsditiCetLeaugmeutaLiondesdébouchée 

^parait  assez  étroitement  liée  aujourd'hui  à  une  diminutlun 

-dtt  prix  auquel  le  métal  pourrait  être  offert  au  consom- 
mateur, et  les  gisements  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître pourraient,  nous  n'en  doutons  point,  satisfaire  à 

•cette  nécessité.  Nous  voudrions  le  montrer  en  quelques 

jnots. 

Si  l'on  reprend  un  k  un  tes  différents  éléments  du  prix 

■de  revient  du  nickel  que  fournit  la  Nouvelle-Calédonie,  on 
est  frappé,  en  écartant  pour  le  moment  les  chaiges 
importantes  que  comportent  les  difficultés  de  main-d'œuvre, 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  d'ailleurs,  on  est  frappé, 

■disons-nous,  de  l'iniluence  sur  ce  prix  de  revient  de  trois 
circonstances  différentes.  Ce  sont  :  d'abord  l'obligation 

-d'abattre  avec  le  minerai  des  quantités  considérables  de 
matières  plus  pauvres  en  nickel  qu'il  faut  séparer  par  un 
minutieux  triage  et  rejeter  ensuite,  puis,  et  surtout,  l'aug- 
mentation de  prix  du  simple  au  double  que  comporte  le 
transport,  depuis  les  Antipodes  jusqu'en  Europe,  de  miue- 

raia  qui  oe  iiconeut  guère  plus  de  5  p.  100  de  leur  poids 


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216   RICHESSES   MméttALES   DE  l.A      OUVELLE-CALBDONIB 

du  précieux  métal,  et  enfiu  la  cherté,  inhérente  à  sa  cono- 
plîcation,  du  traitement  métaUurgique  des  minerais  de 
nickel. 

Pourrait-on  diminuer  ces  lourdes  charges  et  dans  quelle 
mesure  ?  C'est  ce  que  nous  allons  discuter. 

La  question  du  traitement  métallurgique  des  minerais 
de  uickel,  et  en  particulier  de  ceux  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, est  de  celles  qui  n'ont  pas  sans  avoir  été  bien  sou- 
vent étudiées,  mais  qui  n'ont  jamais  pu  recevoir  jusqu'ici 
de  solution  plus  satisfaisante  que  celle  que  nous  avons 
fait  connaître  en  quelques  mots  ci-dessus.  C'est  de  l'affi- 
nité extrême  du  nickel  pour  le  soufre  queprocèdent  essen- 
tiellement les  difficultés  de  la  question  ;  tout  traitement 
par  voie  ignée,  à  moins  qu'il  n'ait  lieu  entièrement  avec 
le  secours  de  combustibles  végétaux,  c'est-à-dire  de  char- 
bon de  bois,  comporte  nécessairement  l'absorption  d'une 
certaine  quantité  de  soufre  par  le  métal,  ce  qui  entraîne 
ensuite  l'obligation  d'un  grillage  extrêmement  soigné  et, 
par  suite,  fort  onéreux  ;  le  traitement  du  nickel  unique- 
ment au  bois  n'apparaissant  commeguère  possible  aujour- 
d'hui, il  faut  se  résoudre  à  cette  obligation  ;  dès  lors  la 
première  fusion  sulfurante,  plus  aisée  que  la  première 
fusion  pour  fonte  nickelifère,  parait  indiquée,  et  le  reste 
de  la  méthode  actuellement  usitée  s'ensuit. 

Ne  pourrait-on  pas  tourner  la  difficulté  par  l'emploi 
d'une  méthode  de  voie  humide  ?  C'est  ce  qui  a  souvent  été 
étudié,  mais  ce  qui  a  toujours  échoué,  en  particulier  devant 
les  dépenses  et  les  difficultés  qu'entraînerait  la  dissolution, 
en  même  temps  que  du  nickel,  des  quantités  considérables 
de  magnésie  qui  l'accompagnent,  L'électrolyse.  actuelle- 
ment employée  avec  succès  au  Canada,  pour  répondre,  il 
est  vrai,  à  des  difficultés  de  traitement  tout  autres,  ou  le 
procédé  Mond,  fondé  sur  la  combinaison  du  nickel  à  l'oxyde 
de  carbone,  procédé  que  l'on  essaie  aujourd'hui  de  faire 


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LES    MINES    DE   NICKEL  217 

entrer  dans  la  pratique  industrielle  {'),  ne  pourraient-ils 
être  appliqués  avec  économie  au  traitement  des  minerais 
de  nickel  de  notre  colonie?  C'est  ce  qui  n'a  pas  paru  pos- 
sible jusqu'ici. 

Nous  pensons  donc  que,  jusqu'au  jour  oti  quelque  nou- 
velle invention  aura  permis  la  simplification  de  l'extrac- 
tion du  nickel  des  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  il 
faut  compter  avec  des  frais  de  traitement  élevés,  comme 
ils  le  sont  aujourd'hui,  c'est-à-dire  pen  inférieurs,  tout 
compris,  ii  1  franc  par  kilogramme  de  métal  produit. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  question  de  l'abaisse- 
ment possible  de  la  («neur  limite  k  laquelle  le  minerai  est 
exploité,  nous  constatons  que  c'est,  beaucoup  plutôt  que  les 
nécessités  du  traitement  métalliu-gique,  l'élévation  des 
frets,  augmentant  le  prix  de  revient  du  nickel  en  raison 
inverse  de  cette  teneur,  qui  fixe  la  limite  de  7  p.  100  (pour 
le  minerai  sec)  à  laquelle  on  s'arrête  aujourd'hui.  Sans 
doute,  chaque  fois  que  l'on  diminuera  la  teneur  du  mine- 
rai à  passer,  on  augmentera  les  frais  de  fusion  par  unité 
de  métal,  et  on  diminuera  un  peu  le  rendement  dcl'opéra- 
tion.  Si,  en  effet,  l'on  suppose  une  logère  diminution  de  la 
teneur  du  minerai  en  nickel,  avec  augmentation  corres- 
pondante du  fer  et  de  la  magnésie,  l'allure  générale  de 
l'opération  n'en  sera  pas  grandement  modiHée  ;  cependant 
la  richesse  en  nickel  de  la  matte  obtenue  sera  moindre  et 
sa  teneur  en  fer  plus  forte,  tandis  que  la  quantité  de  sco- 
rie produite  sera  un  peu  plus  élevée  ;  dès  lors,  pour  main- 
tenir une  température  suffisante  au  creuset,  il  deviendrait 
nécessaire,  comme  cela  se  fait  déjà  maintenant,  mais  dans 
une  mesure  moins  large,  d'ajouter  des  matières  riches  en 
nickel,  soit  scories  de  déferration,  soit,  à  défaut,  une 
petite  quantité  des  raattes  produites  par  l'opération  même, 

(']  Le  procédé  Mond  pour  l'extraction  du  nickel,  par  H.  I>éoa  Guillkt 
(Génie  cioil,  t.  XLI,  3*  lemeitre  iSOî,  p.  ^i). 


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"218  RICHESSES   HINÂEALSS   OK  LA.  NODVELI.E-CALéDONIE 

■et  c«la  n'irait  pas  saas  exiger  qiië  augmentatioa  de  la 
charge  de  coke.  La  scorie,  qni  contient  uoe  certaine  quan- 
tité de  nickel,  surtout  on  raison  d'un  entraînement  méca- 
nique de  particules  de  malle,  entraînerait  à.  peu  prèa  la 
mime  ^oportion  de  matte,  puisque  le  rapport  entre  les 
quantités  des  deux  éléments  serait  maintenu  en  repassant 
■des  mattes,  et  il  ay  aurait  guère  d'augmeatatioa  de  la 
perte  en'  nickel  que  du.  fait  du  double  passage  à  la  pre> 
mière  fusion  d'une  {lartie  de  la  matte;  il  pourrait  d'ailleurs 
aussi  y  avoir  une  légère  augmentation  du.  fait  de  la  petite 
teneur  en  nickel  combiné  que  peut  présenter  la  scorie. 
Dans  ces  conditions, si  Ton  suppose  quel'on  vienne  àabais- 
ser  de  7  p.  100  à  5  p.  100  la  teneur  en  nickel  du  minerai 
sec,  la  teneur  de  la  matte  tomberait  entre  35  et  40  p.  lOO 
-de  nickel,  et  la  perte  au  traitement,  qui  est  évaluée  a» 
maximum  à  10  p.  100  du  métal  contenu,  pourraitatteindc» 
Jusqu'à  30  p.  100  ;  la  consommation  de  coke  pour  ta  pro^ 
mière  fueion  passerait  vraisemblablement  de  8  i  12  ou  13 
par  unité  de  métal. 

Dès  lors,  les  frais  de  première  fusion,  qui,  comoie 
.nous  l'avons  dit,  peuvent  être  actuellemeat  évalués  aux 
■environs  de  45  à  50  centimes  par  kilogramme  de  métal, 
.atteindraient  vraisemblablement  66  à  70  centimes,  en 
-augmentation  de  20  à  25  centimes,  en  même  temps  que  la 
consommation  de  minerai,  au  lieu  d'être  de  16  kilogrammes 
■de  minerai  sec  à  7  p.  100,  s'élèverait  aux  environs  de 
25  kilogrammes  de  mineraisec  à  5  p.  100,  Ou  voit,  qu'en 
tenant  d'autre  part  compte  du  fret("},  qui  revient  aux 
environs  de  50  francs  par  tonne  sèche,  la  dépense  par 
kilogramme  de  métal  se  trouverait  accrue  «u  outre 
de  45  centimes,  soit  au  total  65  è  70  centimes,  c'est- 
à-dire  assez  exactement  du    prix  que  coûte  actuelle- 

(')  Nous  ne  tenons  pas  compte  ici  de  l'augmentation  des  Truis  d'aril- 
duge  de  la  matte  eu  raison  de  s&  moindre  ricbetw,  car  eette  augmcDta- 
4ion  serait  vraUemblablemenl  très  faible. 


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LKS  UINES   QB  NICKEL  219 

■oeot  le  mioerai  sur  place;  il  faudrait  donc,  pour  pouvoir 
^substituer  le  minerai  à  5  p.  100  au  minerai  à  7  p.  100,  que 
son  prix  de  revient,  rendu  à  bord  en  Nouvelle-Calédonie, 
fûtnuL 

La  nécessité  du  transport  du  minerai  cru  jusqu'en 
Europe  prohibe  donc  d'une  façon  absolue  l'emploi  du 
minerai  à  teneur  de  5  p.  100.  Pour  le  minerai  à  la  teneur 
•de  6  p.  100,  il  n'en  serait  pas  tout  à  fait  de  même  ;  néan- 
iDoius  il  serait  difficile  à  notre  avis  d'abaisser  suffisaimnent 
le  prix  de  revient  sur  place  du  minerai  à  6  p.  100  pour 
qu'il  y  ait  avantage  à  le  substituer  au  minerai  à  7  p.  100  ; 
il  est  cependant  bon  de  signaler  ici  que  des  expéditions 
da  minerai  à  teneur  compriae  entre  6  et  6  1/2  p.  100  ont 
-été  faites  récemment  en  Amérique,  et  y  auraient  donné 
lieu,  en  1901 ,  à  la  production  de  1.796  tonnes  de  nickel  (*). 

Il  semble,  au  contraire,  que  rien  ne  s'opposerait  à  ce  que 
l'on  fondit  sur  place  des  minerais  k  plus  faible  teneur 
s'ils  pouvaient  être  produits  à  des  pris  sufâsamment  bas. 
Il  eat  natiireUement  fort  difficile,  en  raison  à  la  fois  de 
la  très  grande  différence  qui  eidste  d'un  gisement  k 
l'autre  et  de  l'absence  totale  de  toute  reconnaissance 
Hjcatématique  de  ces  gisements,  de  fixer  quel  serait 
1.' abaisse  m  eat  do  prix  de  revient  qui  correspondrait  à  un 
abaissement  de  la  teneur  limite  des  minorais  exploitables  ; 
il  serait  en  tout  cas  considérable.  Si  nous  envisageons,  par 
i;xemple,  le  cas  où  l'on  en  tiendrait  à  exploiter  jusqu'à 
la.  tenetu*  de  ">  p.  100,  noua  ne  craignons  pas  d'affirmer 
que  le  prix  de  revient  de  la  tonne  de  minerai  pourrait 
-être  abaissé,  dans  beaucoup  de  cas,  de  moitié,  peut-être 
même  des  deux  tiers.  U  ne  faut  pas  oublier  en  eiîet  qu'au- 
Jpurd'hui  on-  abat  forcément  des  quantités  importantes 
de  minorai  à  plus  faible  teneur  en  même  temps  que  les 
nûnerais  utilisables  ;   donc,    sans    augmenter    les   frais 

(*]  K.  P.  RoTBWiLL,  Tht  mintriU  Indualry  lo  lAe  end  of  1901,  p.  W6. 


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230  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

d'abatage,  od  aurait  déjà  un  accroissement  cont^i- 
dérahle  du  tonnage  utilisable;  les  frais  de  triage  ne 
seraient  paa  augmentés,  ils  seraient  souvent  m^me 
diminués  (il  snffit  pour  en  être  persuadé  d'avoir  va 
sur  les  carrières  de  presque  toutes  les  mines  des 
quantités  considérables  de  tas  de  matières  prêtes  à  être 
expédiées,  mais  qui  ne  pouvaient  I^tre  parce  que  l'ana- 
l^-se  y  avait  montré  des  teneurs  de  4  p.  100,  4  l/~p-  100, 
r>  p.  100,  et  souvent  même  5  1/2  p.  100  ou  6  p.  100,  et 
parce  qu'on  ne  disposait  pas  d'assez  de  minerai  riche  pour 
les  porter  à  la  teneur  de  7  p.  100).  Quant  aux  frais  de 
transport,  ils  ne  seraient  accrus  que  de  bien  peu,  car  la 
plupart  des  câbles  ou  voies  ferrées  sont  loin  de  trans- 
porter non  seulement  le  maximum  de  ce  qu'ils  peuvent  dé- 
biter, mais  encore  souvent  le  maximum  de  ce  que  pourraient 
manutentionner  les  ouvriers  qui  en  font  le  service.  Si 
doue  nous  admettons,  ce  qui  n'est  en  moyenne  pas  supé- 
rieur à  la  réalité,  croyons-nous,  que  le  triage  des  masses 
abattues  fait  en  vue  d'en  retirer  du  minerai  à  5  p.  100, 
en  donnerait  facilement  doux  fois  à  deux  fois  et  demie 
plus  que  de  minerai  à  7  p.  100,  nous  constatons  que  la 
totalité  de  ce  minerai  descendu  au  bord  de  la  mer  (nous 
ne  comptons  ici  ni  le  chalandage,  ni  les  droits  d'ex- 
portation, etc...,  qui  n'entreraient  plus  en  ligne  de 
compte  si  le  minerai  était  traité  sur  place)  reviendrait  à 
peine  plus  cher  que  la  petite  quantité  actnellemeut  des- 
cendue ;  il  n'est  donc  pas  téméraire  d'escompter  que  le 
prix  de  revient  de  la  tonne  serait  facilement  diminué  de 
moitié,  en  même  temps  que  l'on  assurerait  l'utilisation  de 
10  à  12  unités  de  métal  au  lieu  de  7(').  Mfds  ce  n'est 
pas  tout;  à  côté  des  masses  que  l'on  abat  aujourd'hui,  on 
laisse  des  masses  minéralisées  très  faciles  à  exploiter  et 

(*)  pour  &tre  tout  à  fait  exact,  it  faudrait  tenir  compte  de  l'augmenta- 
tion de  la  perte  au  traitement,  ce  qui  revient  k  dire  qu'on  assurerait 
l'utilisation  de  8  à  9,6  unités  de  métal  au  lieu  do  S,3- 


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LES    UINES   DE    ÏJICKEL  221 

pour  lesquelles  toutes  les  préparatioa^  et  iDstallations 
sont  faites,  uniquement  parce  qu'elles  ne  sauraient  don- 
ner une  proportion  rémunératrice  de  minerai  à  7  p.  100, 
alors  que  dans  bien  des  cas  elles  pourraient  parfaitement 
en  fournil"  dans  de  bonnes  conditions  à  5  p.  100;  il  y  aurait 
là  une  modification  très  importante  dans  l'utilisation  de» 
gites  et  des  installations  faites  pour  les  mettre  en  exploi- 
tation.  .Nous  ne  croyons  donc  pas  exagérer  en  disant  que 
le  prix  de  revient  par  kilogramme  de  métal  contenu 
dans  le  minerai  pourrait,  avec  une  bonne  organisation, 
être  abaissé  au  moins  de  moitié,  c'est-à-dire  descendre  à 
30  ou  35  centimes. 

L'abaissement  de  la  teneur  limite  à  laquelle  les  mine- 
rais de  nickel  calédoniens  sont  utilisables  nous  apparaît 
donc  comme  intimement  liée,  du  moins  si  l'on  se  préoc' 
cupe  de  réaliser  un  abaissement  réellement  sérieux  de 
cette  teneur,  à  la  question  d'une  première  fusion  du 
minerai  sur  place,  en  vue  de  réduire  considérablement  la 
proportion  de  matière  stérile  à  transporter  avec  le  nickel. 
On  transporte  aujourd'hui,  rappelons-le,  de  945  à  950  ki- 
logrammes de  matière  stérile  pour  50  à  55  kilogrammes 
de  nickel  métallique  (minerai  à  7  p.  100  à  sec  et  tenant 
de  20  à  25  p.  100  d'humidité),  ce  qui  représente  une 
dépense  de  80  centimes  au  moins  par  kilogramme  de  métal 
(en  ajoutant  au  fret  les  frais  de  chalandage  et  autres 
frais  accessoires)  ;  le  jour  où  l'on  pourrait  substituer  au 
transport  de  tels  minerais  celui  de  mattes  tenant  de  35  à 
45  p.  100  de  nickel,  la  dépense  par  kilogramme  de  métal 
tomberait  à  S  ou  10  centimes,  c'est-à-dire  qu'elle  s'abais- 
serait de  70  centimes  environ.  Ne  serait-il  pas  aisé  de 
réaliser  tout  ou  partie  de  cette  importante  économie? 
C'est  ce  qui  semble  tout  indiqué  au  premier  abord,  et  c'est 
ce  dont  l'étude,  sommaire  il  est  vrai,  que  nous  avons  pu 
faire  de  la  question  nous  a  donné  la  persuasion,  bien  que, 


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2S2  RICHESSES  BIKIÉRALES  DE  LA  MOCTBLLE-CALËDONIE 
nous  devons  le  reconnaître^  l'économie  en  question  ne  scît 
^ae  aussi  facile  Ji  réalis»  qn'on  pourrait  le  croire.  Hà» 
11  7  a  plus;  en  même  temps  qne  la  fusion  sur  place  des 
minerais  mêmes  que  Ton  utilise  actnellomeBt,  et  l'expor- 
tation ultéiieure  de  mattes  riches,  penaettraît  de  réaliser 
une  réelle  économie  sur  les  errements  actuels,  die 
ferait  disparattre  l'obstacle  que  nous  signalKBB  ci-demns- 
h  un  abaissement  sérieux  de  la  tenenrttes  imnerÙB.tnit^. 
Ce  sont  ces  deux  points  que  nous  nous  proposons  mtn- 
tenant  de  mettre  brièrement  en  tonnère. 

La  queutioR  de  la  fusion  sur  place  des  BiinenDS  4e 
nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  n'est  pas  neuve  :  elle- 
s'est  posée  dès  le  début,  et  on  n'avait  p«s  terdé  à  la 
résoodre  par  TaiBtniatîve.  Denx  mMiaots  fjm  iieaitx 
(hanteoT  7  mètres,  volume  18  mètres  cnbes)  farent  coas- 
traits  il  la  pointe  Chaleix  près  de  'SoaHiéa,  entSTÇ  ;  laft- 
sion  ent  d'abord  Keu  prrar  produire  des  fontes  tiKSEeJSftres- 
(à  05  p.  I<t0  de  nickel)-,  elle  fut  ensmto  réglée  pour  obte- 
nir des  mattes  t«unt  aux  eirmoirs  de  90  p.  100  4e- 
nicfeel,  et  fat  pr«ti(ioé«  régulièrement  josqu'M  àSbnt  4e- 
iS85,  jpoqne  où  la  prennère  criée  qni  a  94m  mr  le  nar- 
cbé  du  nickel  obligea,  k  mettre  les  lunrts  fouruemni  hors 
feu.  Cette  lentxtwo  «foit  Stn  eonsidérfe  «OBHHe  aynt 
donné  dcft  r^sidtats  satsrfhisants  dam  les  cuuJHmioi  eu 
se  troitvadl  alors  le  marché  èa  mdiel  et  eft  «e  pnfiiqtnàt 
fa  métaftir^e  <te  ce  inéta!';  les^Hdeiv'iMit  de^pre- 
nnère  'Ifasim,  TÙnns  de  1  franc  ^nr  kifognoDine  4e- 
nK^ri  m^tal,  «nxqnéls  on  <ëtait  arrH^, 
effet  rien  d'excessif  alors. 

Si  les  resseignerneiits  q«e  news  «Tens  pa  t 
cette  prenâdre  tentative,  déj^  ancieme,  sont 'exacts,  la 
fasion  pour  foilte  itt<^cd!fèn  de  miaenûs  ii  temur  Teï- 
sine  de  19  f.  400  de  akkel  cmneMmadt,  'par^teMe  4e 
inuenu  tifnMQe,    Wn?  Vno^ranfiMns  oe  celte  amflfaiseoi 


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LES  MINES  DB  mtiRXL  SSï- 

rctremilit  à  80  francs  la  tonne,  110  lEilogramneB  de 
houîHe  ,âe  même  prorenance  à  S7  francs,  et  BOO  kilo- 
gftimtnes  de  castine  à  12  francs  ;  le  prh  de  revient  total 
de  la  fusion  ressortait  ainsi  k  S7  francs  ])ar  tonne  de 
minerai,  Boit  637  francs  par  tomw  de  fonte  {rendement 
en  fonte  de  13  1/2  p.  100),  soit  encore  \  franc  par  kilo- 
^amme  de  nickel  (teneur  de  laTonte65p.  100).lSais,«A 
présence  des  difficultés  dn  traitement  de  cette  fonte,  qui 
tenait  de  1  1/2  d  2  p.  100  de  souft^,  on  dut  en  revenir  à  la 
fusion  pour  matte  ;  ceUe-à  eut  liea  du  début  de  1882  au 
début  de  18S5,  soit  pendant  3  ans  ;  elle  a  port((  snr- 
16.000  tonnes  de  minerai;  essayée  d'abord  en  empToyairt 
comme  sulfurant  le  soufre,  elle  a  été  poursuivie  grftce  * 
l'emploi  du  gypse  de  la  colonie  ;  les  ït»  de  fbsîon  conte- 
naient en  moyenne,  partonneilefRmerai,4451eile^rammeft 
de  coke,  80  kilogrammes  de  houîHe,  380  kilogrammes  de 
castine,  et  75  kilogrammes  de  gypse  rerenant  à  Wfrancs 
la  tonne  -,  te  prix  de  revient  total  était  de  79  francs  par 
tortne  de  nrinerai  fondu,  strtt  593  francs  par  tonne  de 
matte  produite  (Fondement  en  matte  '13  1/3  p.  lOO)  et 
^,95  par  kflogramme  de  nickel  (teneor  de  la  matte 
Si  p.  100)(*}.  Dans  les  derniers  temps  4e  murehe  de 
T'usine,  on  avait  essayé  la  falirication  Btrrîftace  des  cokes 
nécessaires  à  la  fusion  ft  l'aide  de  menas  importés  crus 
d"A.nstràïe;  cda  paraissait  devoir  Téalhter  «te  éconr/tri» 
impartante  sur  ta  dépense  de  combustible. 

Lorsqfu'en  1889  une  nouvelle  ère  de  prospérité  s'ou- 
vrît pour  llndnstrie  da  nickel,  on  reconnrtt  à  nouvemt 
la  néiiesstté  de  la  fbsîon  'sor' place,  d'antaitt  phts  qoe  % 
friz  do  métal  avatt  notablement  -baimé  ot  tendait  à  -se 
ttxer  aux  environs  de  5  "ftwics  te  tftogrswmie.  Vnsine 
de  'NsiBnéa  n'était  plus  en  marcke  et  exigeait  ntrtnreBe- 


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HrZi   RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NODVBLLE-CALÉDONIE 

ment  quelques  réfections  ;  la  société  le  Nickel  crut  préfé- 
rable, dans  le  but  d'éviter  lu  transport  encore  asse2 
oiiéreuï  du  rainerai  depuis  ses  centres  d'exploitation, 
situés  principalement  à  Thio,  jusqu'à  Nuuniéa,  de  la 
transférer  au  pied  même  des  mines  ;  on  en  profita  d'ail- 
leurs pour  essayer  la  fusion  au  cubilot  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  qui  avaient  déjà  fait  leurs  preuves 
à  Kirkintilloch.  C'est  alors  que  fut  créée  l'usine  d'Ouroué, 
à  l'embouchure  de  la  Dothio,  soit  à  4  kilomètres  envi- 
ron de  Thio.  Les  cubilots,  larges  et  très  bas  (diamètre 
l^jTS,  hauteur  entre  la  porte  de  chargement  et  les 
tuyères  1  mètre  seulement),  qui  furent  construits,  pa- 
raissent n'avoir  Jamais  fonctionné  dans  des  conditions 
satisfaisantes  ;  leur  marche,  entre  les  mains  du  personnel 
dont  on  disposait,  fut  toujours  très  irrégulière;  on  chai^ 
geait,  par  tonne  de  minerai  {à  teneur  de  7  à  8  p.  100), 
jusqu'à  620  kilogrammes  de  coke,  220  kilogrammes  de 
charbon,  320  kilogrammes  de  corail  et  22  kilogrammes 
de  soufre  ;  le  prix  de  revient  de  la  fusion  avec  de  sem- 
blables consommations  ne  pouvait  6tre  que  très  élevé  ;  il 
aurait  atteint  1'*^  par  kilogramme  de  nickel  métal, 
marquant  ainsi  un  retour  en  arrière  sur  ce  qui  avait  été 
fait  10  ans  auparavant.  Aussi  n'a-t-on  pas  tardé  à  mettre 
hors  feu  l'usine  d'Ouroué  (au  début  de  189i)  et  à  recom- 
mencer à  expédier  tout  le  minerai  cru  en  Europe.  C«tte 
deuxième  tentative  est  la  dernière  qui  ait  été  faite  pour 
la  fusion  du  nickel  sur  place  ;  comme  on  le  voit,  elle  a 
été  très  malheureuse,  et  c'est  évidemment  à  son  échec 
qu'est  due  l'hésitation,  tant  delà  société  le  Nickel  que  de 
tous  autres  exploitants,  à  entrer  à  nouveau  dans  une  voie 
qui  parait  cependant  si  indiquée.  11  est  bon  d'ailleurs 
d'insister  sur  ce  fait  que  l'on  n'a  pas  renoncé  à  pour- 
suivre la  tentative  faite  à  Onroué  parce  que  l'on  aurait 
reconnu  que,  daiiH  les  meilleures  conditions  que  Toq 
puisse  réaliser  en  Nouvelle-Calédonie,  les  frais  restaient 


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LES   MINES  DE   NICKEL  325 

encore  plus  élevés  que  les  frais  de  fusion  en  Europe  aug- 
mentés du  fret,  mais  bien  parce  que  l'on  n'a  pas  réussi  à 
faire  marcher  régulièrement  une  fabncation  (^ui,  ailleurs 
et  en  d'autres  mains,  réussissait  bien.  L'insuccès  de  cette 
tentative  ne  saurait  donc  condamner  en  aucune  façon  le 
principe  de  la  fusion  sur  place  ;  il  montre  tout  au  plus, 
à  uotre  avis,  qu'il  ne  faudrait  pas  en  entreprendre  une 
nouvelle  sans  prendre  grand  soin  de  s'assurer  le  con- 
cours d'un  personnel  parfaitement  capable  <Ie  la  mener  à 
bien. 

Une  nouvelle  tentative  de  fusion  sur  place  pourrait  être 
faite  dans  deux  buts  différents  :  le  premier  serait  simple- 
ment d'abaisser  le  prix  de  revient  final  du  nickel  métal 
en  partant  des  mêmes  minerais;  le  second  serait  de 
rendre  possible  l'utilisation  de  minerais  à  teneur  infé- 
rieure {5  p.  100,  par  exemple),  utilisation  aujourd'hui 
impossible  comme  nous  l'avons  montré.  En  fait,  la  fusion 
sur  place  devrait,  à  notre  avis,  tendre  h  ce  double  but  ; 
peut-être  ne  permettrait-elle  pas  dès  le  début  la  fusion 
de  minerais  â  5  p.  100,  tout  en  abaissant  lo  prix  de  re- 
vient, miûs  du  moins  permettrait-elle  sans  doute  celle  de 
minerais  à  6  p.  100,  et  ce  serait  déjà  un  joli  résultat  à  la 
fois  au  point  de  vue  de  la  puissance  de  production  dés 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  de  la  bonne  utilisation 
de  leurs  richesses. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  établir  avec  précision  quels 
seraient  les  frais  d'une  première  fusion  en  Nouvelle-Calé- 
donie, car  cela  dépendrait  trop  <les  conditions  dans  les- 
quelles on  la  tenterait  ;  et  ces  conditions  mêmes  varie- 
raient pour  chaque  société,  car  c'estâ  la  fois  de  l'étendue 
et  de  la  richesse  des  concessions  qu'elle  posséderait,  de 
leur  situation  géographique,  de  l'importance  de  la  pro- 
daction  qu'elle  voudrait  réaliser,  etc.,  que  dépendraient 
•t  la  position  à  choisir  pour  son    usine,  position    avec 


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226   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   KODVELLK-CALÉDONIB 

laquelle  varierait  le  prix  dee  matières  premières,  et  te- 
développennent  k  lui  donner,  développement  qui  iuHnerait 
largement  sur  les  frais  de  main-d'œuvre  et  plus  encore- 
sur  les  charges  d'amortissement.  Ce  que  nous  pouvonB- 
seulement  dire,  c'est  que,  pour  se  rendre  compte  de  1'*^ 
portunilé  de  la  fusion  sur  place,  il  faudrait  comparer, 
d'une  part  le  total  des  ftais  de  chalandage  à  l'embarque- 
ment, des  droits  sur  le  minerai  exporté,  du  fret  jusqn'e» 
Europe  et  des  frais  de  débarquement  et  de  première  fusion 
en  Europe  des  minerais,  au  total  des  frais  de  fusion  nmr 
place  des  mêmes  minerais  et  des  frais  d'embarquement 
de  transport  en  Europe  et  de  débarquement  àe  la  matte,. 
d'autre  part. 

Le  premier  de  ces  totaux,  rapporté  au  kilogramme  de- 
métal,  peut  être  évalué  comme  suit  : 


Frais  d'embarquement 0,05  k  0,08 

Droits  snr  !e  minerai  exporté 0,005 

Fret  jusqu'en  Europe 0,70  à  0,80 

Frais  de  débarquement 0,02  à  0,03' 

Frais  de  première  fusion 0,40  &  9,W 

Total  environ 1,20  à  1,40 

Les  fraifl  d'embarquement,  de  transport,  et  de  débar- 
qoement  en  Etirope  de  la  matte  à  protluire  ne  représente- 
raient pas  plus  d'une  soixantaine  de  fi««CB  par  tonuo, 
c'esirà-dire  à  peine  0'',i35  par  kilogramme  de  métal;  on- 
voit  donc  que,  raémç  avec  des  unis  de  prettiière  fsèioR 
pour  mattes  de  0'',95,  tels  qu'ils  étaient  réalieéti  à  iat 
pointe  Oialeix  en  1883-1884  (avec  des  mtnw'ais  un  peu- 
plitl!  riches,  il  est  vrai),  l'opération  «ppvaMrait  comme 
devant  être  économique.  Nous  ne  doutons  ^«B  d'ailletir» 
que  les  frais  de  fttsioo  d'autrefus  poumùentétre  targ^Hteai 
abaissés  anjotu^'hui.  Si  on  examine  «b  effet  te»  frus  de' 
première  fu«on,  on  voU  qu'ik  se  parta^dot  à  peu  pràa 


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LES  mnES  va  hickxl  221 

par  moitié  entre  les  matières  d'une  part  (coke,  castine 
et  fondants)  et  la  main-d'œuvre  et  les  frais  généraux, 
d'autre  part. 

Sans  vouloir  compter  ici  sur  l'utilisation  possible  des  char- 
bons néo-calédoniens,  nous  supposerons  que  l'on  emploie 
uniquement  du  charbon  australien  ;  il  fournit  en  effet 
un  coke  de  qualité  parfaitement  suffisante,  comme  le 
montrent  les  analyses  et  essais  de  ce  coke,  et  l'expérience 
tant  des  fondeurs  de  la  Nouvelle-Gatles  du  Sud  que 
des  importantes  usines  de  Port-Pirie  (Australie  du 
Sud)  où  l'on  traite  les  minerais  de  Broken-HUl,  Pris  à 
l'état  de  coke  à  Newcastle,  il  coûterait  de  16  i  20  shil- 
lings la  tonne,  suivant  les  cours,  soit  20  à  25  francs,  il 
serait,  en  outre,  grevé  do  10  à  12  francs  de  frais  de  trans- 
port et  d'une  somme  presque  égale  pour  frais  de  débarque- 
ment et  pour  tenir  compte  du  déchet;  il  i-eviendrait  donc 
entre  40  et  50  francs  la  tonne  rendue  sur  place  ;  si,  au  con- 
traire on  créait  des  fours  à  coke  dans  la  colonie,  on  pour- 
rait utiliser  des  charbons  menus,  qu'on  trouve  à  acheter  h 
Newcastle  au  degré  de  pureté  sufl^saut  à  des  prix  de  6  à 
8  ahillinge  la  tomie,  soit  7",50  à  10  francs,  qm  pourraient 
éonc  être  rendus  «n  NoHvelle-CaJédonie  k  20  francs  la 
tome  environ,  et  qui  pourraient  ainsi  fonmir  do  coke  à 
noins  de  40  francs.  La  castine,  empruntée  soit  aux  cal- 
caires de  la  cMe  Ouest  (qui  tiennent  80  à:90  p.  1O0  de 
carbo&ate  de  chaux,  2  à  5p.  100  de  carbowaie  de  niKgné- 
-sie-et  3  à  iO  p.  100  desttice),  aoit  aux  coraux  (ceux  qui 
«sit  étéemployés  kOtironé  tenaient  90  p. 100  de  carbonate 
de  chftHX,  5  i/2  p.  100  de  cwbonatc  de  magnéoe  et 
4  1/2  p.  100  d'iKiporetésdiverseB.  silice,  sesquioxyd»  de 
fer,  etc.),  reviendrait  à  des  {six  un  peu  variables  smvsnt 
le  pont  où  aesrait  aitn^  l'iisme,  mais  n'excédant  vraisem- 
-  WtiUeueBt  pue  10  francs  la  tonne,  QwiBt  à  la  fmttêre 
«nlfuranbe,  le  soufre  (que  l'tm  pourrait  faire  venir  «seez 
misénentdii  J^pon)  serait  d'oa  emj^  ioujoara  fort  cob- 


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228   SICHE8SBS   MINÉRALES   DB  LA.  NOUVBLLB-CALÉDONIG 

teux,  en  raison  de  sa  volatilisation  partielle  au  gueulard;  il 
serait  bien  préférable  d'employer  le  gypse  calédonien  {qui, 
biendébourbé,  tient  jusqu'à 95  p.  100  de  sulfate  de  chaux, 
soit  17  1/2  p.  100  de  soufre},  dont  il  existe,  comme  nous 
nous  en  sommes  assuré,  des  dépôts  considérables,  et  qui, 
bien  qu'un  peu  ingrat  à  exploiter  à  cause  de  son  gisement 
en  cristaux  quelque  peu  empâtés  d'argile,  pourrait  être  ob- 
tenu à  assez  bon  compte  ;  il  revenait,  paralt-il,  autrefois 
à  40  francs  la  tonne  rendue  h  la  pointe  Chaleix  ;  nous  adop- 
terons ce  chiffre  tout  en  mentionnant  qu'il  pourrait  vrai- 
semblablement être  réduit  dans  une  large  proportion. 

Dès  lors  les  dépenses  de  combustible  et  fondants 
pourraient  s'évaluer  au  maximum  ainsi  qu'il  suit: 

Ptr  kïlogTuinir 
Biekïl  ToiU.] 

Coke. . .     400  kiiogr.  à  40  francs  la  tonne  :  16  francs  0'',32 

Castiae.    300  10  2  0  ,0i 

Gypse. .     lUO  ,    *0  4  0  ,08 

Total 22  0'f,U 

Il  est  beaucoup  plus  difficile  d'évaluer  les  dépenses  de 
main-d'œuvre  et  de  frais  généraux;  elles  seraient  assuré- 
ment plus  élevées  qu'en  Europe,  en  raison  principalement 
de  la  nécessité  de  faire  venir  d'Europe  quelques  bons  chefs 
d'équipe  auxquels  on  allouerai  des  salaires  élevés;  nous 
pensons  cependant  que,  si,  en  Europe,  elles  ne  dépassent  pas 
25  centimes  par  kilogramme  de  métal,  nous  ne  serions 
pas  au-dessous  de  la  réahté  en  les  majorant  de  moitié, 
c'est-à-dire  en  les  portant  à  37  centimes  1/2.  Cela  ferait 
ressortir  les  frais  de  fusion  sur  place  au  total  de  81  cen- 
times 1  /2  que  nous  croyons  largement  calculé. 

Dès  lors  le  prix  de  revient  de  la  matte  rendue  en 
Europe,  rapporté  au  kUogramme  de  métal,  ne  compren- 
drait, en  plus  .du  prix  de  revient  du  minerai  rendu  an  bord 
de  la  mer  en  Nouvelle-Calédonie,  qu'une  somme  de  0'',95 


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LB8  MINES   DB  NICKEL  229 

au  lieu  de  l'',30  à  1",40,  soit  l'',55  à  l'%60  minerai  com- 
liris,  au  lieu  de  l'',80  à  2  iraocs  ;  il  y  aurait  là  une  diminu- 
tion importante  dans  le  prix  de  revient  dit  métal. 

Mais  il  y  a  plus  ;  on  pourrait  aborder  en  Nouvelle- 
Calédonie  la  fusion  des  minerais  pauvres  :  nous  n'en- 
tendons pas  naturellement  en  présenter  une  démonstra- 
tion complète,  aidé  seulement  de  chiffres  que  nous  ne 
considérons  pas  comme  étalilis  avec  une  précision  suffi- 
sante ;  nous  voulons  simplement  en  faire  comprendre  la 
possibilité.  Si,  au  lieu  de  fondre  du  minerai  k7  p.  iOO,  on 
venait  à  fondre  du  minerai  à  5  p.  100,  dont  le  prix  de 
revient  par  unité  de  métal  serait,  nous  le  supposons, 
abaissé  de  moitié,  c'est-à-dire  réduit  à  30  ou  32 centimes, 
les  dépenses  de  combustible  seraient,  comme  nous  l'avons 
mentionné,  augmentées  dans  le  rapport  de  8  à  13  ou  13, 
c'est-à-dire  portées  do  32  centimes  à  50,  les  frais  de  fon- 
dants, de  main-d'œuvre  et  les  frais  généraux  seraient 
seulement  augmentés  dans  lerapport  des  poids  de  minerai 
traités,  c'est-à-dire  dans  le  rapport  de  6,3  (rendement  du 
minerai  à  7  p.  100)  à  i  (rendement  du  minerai  à  5  p.  100}  ; 
ils  seraient  donc  poi'tés  de  50  à  78  centimes. 

Dans  cette  nouvelle  hypothèse,  au  lieu  de  pouvoir 
amener  en  France  une  matte  à  45  p.  100  de  nickel 
revenant  à  1",55  ou  1",60  tout  compris  par  kUogramme 
de  métal,  on  l'amènerait  à  la  teneur  de  35  à  40  p.  100 
seulement  et  avec  un  prix  de  revient  se  décomposant 


Valeur  du  minerai  rendu  à  l'usine  de  fusion O'',30  à  V,Z2 

Dépense  de  combustible 0'',HO 

Autres  frais  de  première  fusion  (fondants,  main- 
d'œuvre,  frais  généraux) 0  ,18 

Frais  de  transport  en  Europe 0,16 

Total 1",14  à  i'',n 

n  semble  donc  qu'on  no  reperdrait,  à  traiter  le  minerai  à 


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230  RICHESSES  MINÉRALES   DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

5  p.  iOO,  qu'une  partie  du  bénéfice  de  la  fusion  sur  place, 
inaifl  on  assnrerait  en  même  temps  une  bien  meilleure  utili- 
sation des  gi  tes  de  nickel  de  la  colonie  :  on  resterait  d'ailleurs 
vraisomhlatdemcnt  au-dessous  des  prix  de  revient  actuels. 
Peiit-ôtre  niême,  ce  que  nous  ne  sommes  pas  éloi^é  de 
croire,  nos  évaluations  ont-elles  été  supérieures  à  ce  que 
seraient  en  réalité  les  différentes  dépenses,  et  Kerait-il  tout 
aussi  avantageux  de  traiterRurplaci>  des  minerais  pauxTes 
que  des  minerais  à  7  p.  100.  En  tous  cas,  si  c'est  vouloir 
aller  trop  loin  que  de  descendre  jusqu'à  la  teneur  de 
5  p.  100,  p.Hirrait-on  sans  doute  aller  avec  profit  jusqu'à 
(3  p.  10")  ou  5  l'2p.  100. 

En  quel  point  de  la  colonie  devrai!  être  située  une  telle 
usine  de  fusion  du  minorai?  Oestre  que  nous  ne  saurions 
préciser  ici,  car  cela  dépendrait  essentiellement  de  la 
situation  des  gisements  destinés  à  fournir  le  minerai  :  la 
société  le  Nickel  étudie,  croyons-nous,  le  projet  d'une 
usine  do  première  fusion  k  Thio,  et  elle  ne  peut  en  effet 
que  la  placer  près  de  ses  mines  les  plus  productives  ; 
la  société  "  Nickel  Corporation  Limite<l  »,  qui  possède  sur- 
tout des  gisements  sur  la  cWe  Ouest,  serait  amenée  à 
construire  son  usine  de  préférence  sur  cette  côte  ;  el  telle 
entreprise  nouvelle  qui  viendrait  à  se  fonder  chercherait 
tout  naturellement  à  pi"océder  k  la  fusion  de  ses  minerais 
en  un  point  où  elle  pourrait  amener  à  bon  compte  à  la  foi» 
ceux-ci  et  les  charbons  et  fondants  qu'elle  aurait  besoin 
de  faire  venir  par  mer. 

On  a  également  songé  à  fondre  sur  place  le  minerai  de 
Nouvelle-Calédonie  pour  fonte  nickelifêre  pure  de  soufre 
et  par  suite  directement  utilisable  <lans  la  métallurgie  : 
il  faudrait  pour  cela  avoir  recours  an  charbon  de  bois 
comme  combustible,  et  nous  ne  voyons  aucun  point 
de  la  colonie  oti  l'on  pourrait  l'obtenir  en  grande  quantité 
et  k  des  prix  suffisamment  bas.  Tout  au  plus  une  telle 
fabrication  pourrait-elle  devenir  une  annexe  de  la  fabri- 


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J.BS  MlNEa  Ua  NICKEL  231 

«atioa  principule  dans  les  conditiuiis  que  iiousveuous  d'in- 
-iUqudr. 

Nous  ue  mentionnerons  ici  que  puui*  méinuite  d'autres 
projets  dont  on  a  parlé  et  dont  on  parle  encore  :  ils  con- 
sisteraient à  utiliser  les  forces  hydrauliques, qui  ne  seraient 
peut-être  pas  trop  difficiles  à  auiéuuger  dans  certains 
points  de  la  colonie,  au  traitement  des  minerais  de  nickel  : 
les  minerais  tels  qu'on  les  exploilc  ne  sont  pas  arcessibles 
aux  procédés  actuels  de  rélectro-niétallurgie,  il  faudrait 
<ionc  leur  faire  subir  une  première  fusion  ;  mais  alors  le 
.îiickel  se  trouverait  déjà  suffisamment  concentré  pour  que 
son  expédition  en  Europe  pour  raflinage  paraisse  cire  ta 
meilleure  solution.  On  a  même  parlé  d'employer  comme 
fondants  les  rainerais  sulfurés  de  cuivre  du  Nord  de  l'Ile, 
■eu  vue  d'obtenir  une  matte  cuprouickelifère  dont  on  sépare- 
rait ensuite  les  deux  métaux  par  l'éleclrolyse,  comme  on 
Je  fait  pour  les  minerais  du  Canada.  C'esi  Ik  un  projet 
-hardi,  et  dont  nous  ne  saurions  prévoir. pour  le  moment  et 
dans  la  situation  économique  et  industrielle  générale  de 
la  colonie,  ui  la  réalisation  ni  le  succès. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  paraît  en  tous  points  essen- 
tiellement souhaitable  pour  la  colonie  que  ta  question  de  la 
fusion  sur  place  des  minerais  de  nickel  qu'elle  produit  soit 
■enfin  reprise  ;  c'est  celui  des  progrès  dans  l'utilisation  des 
ressources  eu  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  aurait 
-<:ertaineiaent  le  plus  heureux  effet  sur  le  développement 
(le  l'exploitation  de  ces  richesses;  il  en  résulterait  pour 
les  producteurs  du  nickel  calédonien  la  possibilité 
d'abaisser  notablement  le  prix  de  vente  du  métal,  et  par 
suite  de  soutenir  dans  des  couditiuna  meilleures  encore  la 
■toucurreuce  des  produits  du  Canada;  cela  permetti-ait  en 
-outre,  et  entraînerait  certainement  à  ti'OS  bref  délai,  une 
utilisation  beaucoup  meilleure  des  réserves  de  nickel  con- 
jteaues  dans  le  sol  de  la  colonie.  Aussi  M.  le  Gouverneur 


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232    RICHESSES    MINBBALES   DE   LA   HOOVELLE-CALÈDONIB 

de  la  Nouvelle-Calédonie  a-t-il  été  1res  heureusement 
inspiré  lorsque,  voulant  hâter  la  réalisation  d'un  projet 
qui  touche  aussi  directement  aux  intérêts  généraux  de  la 
colonie,  il  promettait  la  concession  gratuite  des  terrains 
nécessaires  à  l'érection  de  la  première  usine  de  fusion; 
nous  rappelons  d'ailleurs  que  la  redevance  de  35  centimes 
par  tonne  de  rainerai  de  nickel  extraite  n'est  perçue  que 
sur  les  minerais  non  transformés  dans  la  colonie. 

D.  —  Lus   GISEMENTS.  DE  NICKEL   CONCURRENTS. 


Une  dernière  question  se  pose  pour  celui  qui  veut  peser 
les  chances  de  développement  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie  :  c'est  celle  de  la  concurrence  qui 
peut  être  faite  à  cette  industrie  par  les  industries  simi- 
laires existant  ou  i\  créer  dans  d'autres  pays  du  monde, 
liien  que  nous  n'a3'ons  pas  eu  le  loisir  de  procéder  à  une 
l'tudc  approfondie  de  celle  question,  au  sujet  de  laquelle 
seul  l'examen  sur  place  des  autres  gisements  de  nickel, 
et  en  particulier  de  ceux  du  Canada,  aurait  pu  nous  per- 
mettre de  nous  faire  une  opinion  personnelle,  nous  ter- 
minerons ce  qui  a  trait  aux  gisements  de  nickel  de  la 
Nouvelle-Calédonie  par  quelques  indications  sur  les  autres 
gisements  du  monde. 

Avant  la  mise  en  exploitation  du  nickel  en  Nouvelle- 
Calédonie,  la  production  de  ce  métal,  qui  était  annuelle- 
ment de  400  tonnes  environ,  se  répartissait  entre  quelques 
gisements  de  minerais  sulfurés  complexes  situés  en  Alle- 
magne, en  Hongrie,  en  Suède  et  Norwëge  et  en  Espagne 
et  le  gisement  de  pyrrhotine  nickelifère  et  chalcopyrite  de 
Lancasler  Gap  en  Pensylvanie  ;  mais  peu  à  peu  la  concur- 
rence de  ces  différents  gisements  a  été  éteinte  grftce  aux 
I)rix  de  plus  en  plus  bas  auxquels  était  livré  le  nickel  de 
la  Nouvelle-Calédonie;  si  bien  qu'en  1889,   lorsque  le 


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LES   MINES   DE  NICKEL  333 

Canada  a  conimeacé  à  entrer  en  ligne,  la  production 
annuelle  du  reste  du  monde  ne  s'élevait  plus  qu'à 
187  tonnes,  et  elle  est  depuis  tombée  à  quelques  tonnes 
seulement,  pour  se  relever,  il  est  vrai,  à  167  tonnes 
en  1901. 

Le  Canada  s'est,  au  contraire,  montré  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  un  concurrent  redoutable,  et,  si  les  chiffres 
que  nous  avons  donnés  ci-dessus  montrent  que,  malgré 
"  cette  concurrence,  notre  colonie  est  toujours  resiée  le 
premier  pays  producfeiu-  de  nickel  dans  le  monde  entier, 
cela  n'a  pas  été  sans  une  lutte  acharnée  au  cours  de 
laquelle  le  prix  du  nickel  était  tombé  jusqu'à  2",40 
te  kilogramme,  amenant  la  fermeture  de  presque  toutes 
les  mines  do  la  colonie,  et  obligeant  la  société  le  Nickel, 
le  principal  exploitant  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie, 
à  suspendre  tonte  distiibution  de  dividendes  pendant 
cinq  ans. 

Aujourd'hui  les  cours  sont  remontés,  le  marché  s'est 
régularisé  et,  grâce  à  une  entente  plus  ou  moins  com- 
plète entre  les  producteurs,  la  Nouvelle-Calédonie  garde 
sou  rang;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'industrie 
du  nickel  se  développe  au  Canada  et  que  la  production 
des  mines  de  ce  pays  s'est  rapidement  accrue  dans  ces 
dernières  années.  Est-ce  à  dire  que  la  Nouvelle-Calédonie 
ait  beaucoup  à  craindre  de  cette  concun-ence?  Nous  ne  le 
pensons  pas  ;  car.  autant  que  nous  pouvons  en  juger  avec 
les  documents  dont  nous  disposons,  les  conditions  natu- 
relles des  gisements  du  Canada  sont  en  elles-mêmes 
beaucoup  moins  favorables  que  celles  de  notre  colonie. 

Le  nickel  se  présente  au  Canada,  comme  on  le  sait, 
sous  forme  de  pyrrhotine  nickelifère  et  cuprifère,  c'est-à- 
dire  de  sulfure  magnétique  de  fer  auquel  sont  associés  du 
nickel  ainsi  que  du  cuivre,  ce  dernier  sous  forme  de  chalco- 
pjxite  ;  cette  pyrrhotine  existe  en  lentilles  plus  ou  moins 
épaisses  interstratifiées  dans  le  puissant  massif  de  gneiss 


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'234   RICHESSES   HINBHALBS   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

laurenlien»  très  mùtamoi'phiiiés  de  Sudbury  (Ontario); 
elle  est  associée  à  des  épancbements  de  diorite,  et  c'est 
cetteroche()uiformela  gangue  duininerai.  Tantôt  lapyrrfao- 
ttne  est  pauvre  en  cuivre  et  en  nickel  et  n'est  guère  uti- 
lisable que  lorsqu'elle  peut  ètic  aI)aLtue  à  ciel  ouvert  en 
grandes  masses;  ailleurs,  elle  forme  un  riche  minerai  de 
cuivre;  plu»  loin  elle  contient  à  la foiaquelques  ceutiëmes  de 
nickel  et  de  cuivre,  dont  l'ensemble  lui  donne  une  valeur 
suffisante  pour  juslifler  une  exploitation  par  travaux  sou-' 
terrains  et  un  traitement  métallurgique  assez  compliqué. 
Daprès  les  statistiques  ofÉIcielles  du  bureau  des  mines  de 
la  province  d'Ontario,  la  marche  de  l'exploitation  de  ces 
minerais,  au  cours  des  deraiërcs  années,  serait  caractéri- 
sée par  les  quelques  chiffres  qui  suivent  ; 


uug         t90u  iHOi 


Minerai  extrail 84.57K  112.510  184.431  196.700  S96  866 

Minerai  fondu 87.258  H0.70T  IS9.*87  192.*W  216.504 

p.  lœ  p.  loo  p.  100  p- 100  p.  100 

Teneur  en  cuivre..       2,86  3,4^  1,6q  1,^9  1,38 

Teneur  en  nickel..       2,08  â,^B  1,68  1,67  1,6» 

Foidsdu  nicitel  con- 
tenu        1.815        a.524        2.608        3.214        4.032 

Les  ressources  en  nickel  existant  dans  la  région 
paraissent  considérables  :  dès  1890  un  rapport  officiel 
adressé  au  secrétariat  de  la  Marine  des  États-Unis  (") 
estimait  la  quantité  de  minerai  alors  reconnue  au  chiffre 
considérable  de  650  millions  de  tonnes,  que  nous  ne  repro- 
duisons ici  que  sous  réserves,  et  l'exploration  de  la 
région  parait  avoir  fait  connaître  depuis  de  nouvelles  et 
importantes  réserves. 


(*)  In  Levât,  ffogrès  de  la  métallurgie  du  nickel  {Annniel  des  Hlin 
■O-  fé.ip.  t.  I.  p.  ifi6;l8e2). 


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LBS  MINKS    DE   IflCKEL  2% 

Cependant  les  facilités  de  l'abatage  do  ces  minerais  ne 
paraissent  de  loin  pas  être  ce  qu'elles  sont  en  Nouvelle- 
<!aiédonie  pour  des  minerais  notablement  plus  riches 
id'autant  plus  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  une 
unité  de  cuivre  ne  saurait  guère  ôtro  comptée  que  pour 
une  demi-unité  de  nickel),  et  d'autre  part  le  développe- 
ment de  l'extraction  au  Canada  parait  avoir  été  accompa- 
gné, comme  l'indiquent  les  cliilTres  du  tableau  ci-dessus, 
d'une  tendance  à  la  diminution  delnteneurdu  minerai  traité. 
Enfin  le  traitement  du  minerai,  qui  comporte  d'abord  nn 
premier  grillage,  etune  fusion  pour  raatte,  puis  un  deuxième 
grillage  suivi  d'une  deuxième  fusion,  ou  bien  nne  opéi-a- 
tion  à  la  cornue  Bessemer,  et  entin  uno  séparation  ôlectro- 
lytique  encore  assez  coûteuse  du  cuivre  et  du  nickel,  est 
loin  d'être  plus  facile  que  celui  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie.  En  outre,  le  nickel  obtenu  est  toujours  moins 
pur  que  le  nickel  calédonien  ;  il  tiendrait,  d'après  les  rensei- 
gnements que  nous  avons  pu  obtenir,  de  0,S  k  0,9  p.  100 
de  cuivre,  environ  un  millième  d'arsenic  et  un  demi- 
millième  de  phosphore.  11  donnerait  lieu  pour  les  aciors, 
et  surtout  pour  les  aciers  à  fortes  teneurs  en  nickel,  ii  des 
difficultés  et  à  des  irrégularités  dans  le  traitement  qu'on 
n'observe  pas  avec  le  nickel  provenant  de  notre  colonie. 
Par  contre,  la  situation  industrielle  générale  du  Canada 
parait  être  très  favoralite  et  a  permis  dans  ces  dernières 
années  un  développement  important  des  exploitations  et 
des  usines  de  traitement,  développement  à  la  faveur 
duquel  la  production  liu  nickel  au  Canada  est  sans  cesse 
croissante.  Il  y  a  là  une  concurrence  sérieuse  pour  l'in- 
du.strie  de  notre  colonie  ;  mais,  bien  que,  nous  le  répé- 
tons, nous  ne  puissions  établir  de  comparaison  que 
d'après  des  documents  plus  ou  moins  incomplets,  il  nous 
semble  qu'au  point  de  vue  des  conditions  naturelles  tout 
l'avantage  reste  aux  minorais  de  la  Nonvelle-Galédonie, 
les  minerais  canadiens  étant   moins   riches,  moins  purs, 


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23(1  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA.  NODVELLB-CALÉDONIE 
pJus  cofiteux  à  abattre  et  plus  difficiles  à  traiter;  ce  que 
le  C'anada  a  pour  lui,  ce  sont  dos  conditions  sur  lesquelles 
l'homme  a  la  plus  large  action,  à  savoir  l'abondance  et  la 
bonne  qualité  de  la  main-tlVeuvre,  la  conduite  de  l'exploi- 
tation sur  une  assez  large  échelle  et  dans  des  conditions 
bien  appropriées,  <ieB  moyens  de  transport  économiques, 
et  (les  usines  de  traitement  bien  aménagées  établies 
auprès  des  gîtes.  Tout  cela,  nous  no  nous  le  dissimulons 
.  pas,  est  beaucoup  plus  difficile  k  réaliser  dans  une  ile 
aussi  isolée  que  la  Nouvelle-Calédonie  que  dans  un  pays 
en  plein  développement,  comme  le  Canada  ;  mais  il  serait 
facile  de  faire  à  ces  différents  points  de  vue  beaucoup 
mieux  que  l'on  ne  fait  aujourd'hui,  et  de  réaliser  des 
progrès  qui  mettraient  notre  colonie  dans  de  bien 
meilleures  conditions  pour  soutenir  la  concurrence  du 
nickel  canadien.  Rappelons  d'ailleurs  ici  que  la  société 
américaine  "  Nickel  Corporation  limited  »  a  acquis  un 
domaine  minier  considérable  en  Nouvelle-Calédonie,  décla- 
rant vouloir  l'exploiter  pour  approvisionner  de  nickel  le 
marché  américain,  et  qu'elle  a  expédié  en  1901  quelque 
30.000  tonnes  de  minerai  aux  États-Unis  ;  il  est  d'ailleurs 
difficile  de  dire  aujourd'hui  si  elle  continuera  dans  cette 
voie  et  exploitera  sérieusement  ses  mines,  ou  si  elle  ne  se 
servira  pas  plutôt  de  ses  gisements  de  Nouvelle-Calédo- 
nie comme  d'une  simple  menace  pour  empêcher  le  gou- 
vernement canadien  de  frapper  de  droits  importants, 
comme  il  veut  le  faire,  l'exportation  aux  États-Unis  des 
mattes  et  des  minerais  de  nickel. 

En  plus  du  Canada,  on  a  récemment  cherché  à  ouvrir 
en  Silésie  une  exploitation  sur  des  minerais  silicates 
pauvres  de  nickel, connus  dès  longtemps  comme  associés 
à  une  formation  serpentineuse,  restreinte  d'ailleurs  ;  il  ne 
semble  pas  que  cette  exploitation  ait  eu  un  grand  succès 
jusqu'ici  et  soit  appelée  à  se  développer  beaucoup. 

Enfin,  parmi  les  gisements  de   nickel  assez  nombreux 


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LBS   MINES   DE  NICKKL  237 

qui  existent  aux  États-Unis,  ceux  de  l'Orégon  (comté  de 
Douglas)  se  présenteraient  dans  des  conditions  géolo- 
giques très  analogues  à  celles  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
On  n'a  pas  jugé  jusqu'ici  que  leur. extension  puisse  justi- 
fier la  création  des  coûteuses  voies  de  transport  que  leur 
mise  en  Valeur  exigerait.  Sans  qu'on  puisse  dire  qu'ils 
ne  sont  pas  utilisables,  il  semble  que  leur  concurrence  ne 
Sioitpas  fort  à  redouter  pour  nous,  d'ici  quelque  temps. 

Ce  sont  donc  les  gisements  du  t'auada  seuls  qui  consti- 
tuent aujourd'hui  une  concurrence  pour  ceux  de  notre 
colonie,  concurrence  très  sérieuse,  cela  est  vrai,  mais 
qui  ne  doit  pas  empêcher  l'essor  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie,  si  ceux  qui  en  ont  la  charge  savent 
faire  ce  qui  est  nécessaire  pour  profiter  des  avantages 
naturels  considérables  que  réunissent  les  gisements  de 
notre  colonie. 

Pour  nous  donc,  persuadé  que  nous  sommes  qu'au- 
jourd'hui un  large  développement  de  la  consommation  du 
nickel  suivrait  de  près  un  notable  abaissement  du  prix 
auquel  il  peut  être  offert  aux  consommateurs,  nous  n'hé- 
sitons pas  k  conclure  qu'un  essor  considérable  sera  pos- 
sible pour  l'industrie  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  le 
jour  cil,  par  la  première  fusion  sur  place  du  minerai,  on 
résoudra  la  double  question  d'un  abaissement  notable  du 
prix  de  revient  et  d'une  utilisatioa  bien  meilleure  des 
gisements. 

Lorsque  ce  problème  capital  aura  reçu  une  solution 
satisfaisante,  les  gisements  aujourd'hui  exploités  pour- 
ront l'être  sur  une  beaucoup  plus  large  échelle  et  d'une 
façon  beaucoup  pins  rationnelle,  de  nouveaux  espaces 
riches  en  minerai  pourront  être  mis  en  valeur,  une  impor- 
tante industiie  de  première  fusion  pourra  être  créée;  et, 
dans  ces  conditions,  notre  colonie  continuera  à  tenir  en 
écbec  la  concurrence  canadienne,  ai  même  elle  n'arrive 


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238   RICHESSES   MINÉRAI.B3  DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

pas  à  en  '  triompher  plus  ou  moins  complètement.  La 
Nouvelie-Calédonie  sera  dès  lors  prête  à  livrer  annuel- 
lement,%  bas  prix,  au  monde  entier  les  milliers  de  tonnes 
de  nickel  dont  il  aura  besoin  en  nombre  sans  doute  rapi- 
dement croissant. 


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TROISIÈME  PARTIE. 


LIS  HIITSBAIS  ASSOCIÉS  A  LA  TO&KATION 

SIS  szBPXirrtNXs  vickblifIrk. 


CHAPITRE  PREMIER. 
LES  MIRERAIS  DE    COBALT. 


A.  —  GÉNBRALnÉS.   —   UlSTORIQDE. 

Comme  noua  l'avons  déjà  mentionné  ci-dessus,  le 
cobali,  ce  compagnon  presque  inséparable  <Ju  nickel, 
dont  ses  propriétés  chimiques  lo  rapprochent  si  étroi- 
tement, paraît  avoir  coexisté  avec  leuickel  dans  son  gise- 
ment primitif  en  Noavelle-Calédonie.  En  effet,  d'une  part 
aacuQ  des  minerais  de  nickel  de  la  colonie  n'est  exempt 
de  oobalt  ;  et,  d'autre  part,  les  péridotîtee  dites  stériles, 
misM  ou  altérées,  provenant  des  différents  massifs  r^r- 
tis  tout  le  long  de  l'Ile,  ae  sont  toujours  montrées  à  l'ana- 
lyse contenir  quelques  dix-millièmes,  et  plus  souvent 
queues  millièmes, ^es  deux  métaux  mckeletcobaltpesés 
«aseiable  ;  l'analyse  qualitative  du  résidu  ainsi  pesé  y 
a^écelé  souvent  la  présence  simultanée  des  deux  métaux, 
1*  nick^  paraissant  d'aiUeurs  toujours  nettem^it  domi- 
BMt  ;  et  il  est,  sinon  certain,  du  moins  fort  probable,  que, 
dam  les  cas  ob  nous  n'avMK  pu  caractériser  d'une  façon 
Wrtaùe  la    préseu<%  du  cobalt,  il  accompagnait  néan-. 


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2¥)  RICHESSES    MINÉRALES    DB    LA    NODVBLLB-CALÉDOME 

moins  on  faible  proportion  les  très  petites  quantités  de 
nickel  contenues  'dans  les  roclics. 

Mais,  tandis  que  le  plus  souvent  dans  la  nature  les 
agents  minéralisateurs  ont  entraîné  et  déposé  à  la  fois  ce^ 
deux  métaux,  voisins,  sous  forme  de  sulfures  et  d'arsénio- 
sulfures  isomorphes,  que  l'oxydation  transforme  aux 
affleurements  en  arséniatcs,  phosphates,  etc.,  qui  de- 
meurent étroitement  associés  entre  eux,  en  Nonvelle- 
Calédonie  les  eaux  paraissent  avoir  dissous  les  deux 
métaux,  qui  étaient  contenus  dans  les  péndotites  sans  se 
trouver  associés  à  leurs  minéralisateurs  habituels,  et 
avoir  fait  un  départ  du  nickel  et  du  cobalt  assez  avancé, 
quoique  incomplet.  On  rencontre  ainsi,  d'une  part  des 
minerais  de  nickel  contenant  toujours  plusieurs  unités  de 
cobalt  pour  cent  de  nickel,  et  d'autre  part  des  minerais 
de  cobalt  tenant  une  plus  ou  moins  forte  proportion  de 
nickel.  Le  premier  de  ces  deux  métaux,  obéissant  à  une 
affinité  marquée  pour  le  magnésium,  s'est  déposé  avec  lui 
sous  forme  dliydrosilioates  magnésiens  nickelifères  ;  le 
second,  au  contraire,  a  été  entraîné  avec  le  manganèse, 
également  disséminé  en  faible  quantité  dans  les  pérido- 
tites,  et  s'est  concentré  avec  lui  dans  des  rognons  on  des 
concrétions  d'oxydes,  dont  les  gisements  se  séparent 
nettement  de  ceux  des  hydrosilicatos  de  nickel  et  de  ma- 
gnésie. Le  cobalt  et  le  manganèse  se  sont  en  effet  déposés 
presque  uniquement  au  sein  des  formations  d'argile 
rouge,  tandis  que  le  minerai  de  nickel  se  fixait  sur  les 
péndotites  plus  ou  moins  serpcntinisées. 

Tel  est  le  résultat  de  presque  toutes  nos  obserrations  : 
et  ce  n'est  que  tout  à  fait  exceptionnellement,  dans  le 
gisement  du  Kaféate  et  dans  celui  de  la  mine  Prancia, 
ainsi  qu'à  la  mine  de  nickel  Nouvelle-Espérance  sur  le 
mont  Ouazangou,  que  nous  avons  recueilli,  au-dessous  des 
argiles  rouges,  quelques  échantillons  de  péridotite  alt^^e 
snr  la  surface  et  dans  les  fentes  de  laquelle  s'étaient 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   241 

déposés  en  enduits  concrétionaés  des  minerais  cobalto- 
mattganésifères  [')  du  type  courant  ;  nous  avons  rer,ueiili 
également,  à  Pemby  et  auprès  de  Brind}',  des  serpentines 
silicifiées  et  recouvertes  d'enduits  cobaltifères.  Nous  de- 
vons en  outre  mentionner  ici  que  M.  Garnier(*")  a  trouvé 
àl'lleOuen  des  roches  feldspathiques  en  décomposition  avec 
tUonnets  de  silicate  de  magnésie  imprégné  de  cobalt,  ou 
même  avec  dès  âlons  d'halloysite  contenant  des  rognons 
de  rainerai  tenant  de  20  à  48  p.  100  d'oxyde  rouge  de 
■manganèse,  et  de  10  à  21  p.  100  d'oxyde  de  cobalt. 

Nous  ajouterons  que  le  cobalt  ne  nous  a  pas  paru  être 
eu  relation  plutôt  avec  certainstvpesde  péridotite  qu'avec 
d'autres,  et  nous  serions  presque  tenté  de  dire  que,  par- 
tout oii  la  forme  du  terrain  a  permis  le  dépôt  des  argiles 
rouges  provenant  de  la  décomposition  des  péridotites, 
on  peut  avoir  des  chances  de  rencontrer  en  plus  ou  moins 
.grande  quantité  le  minerai  de  cobalt. 

C'est  donc  soit  en  enduits  concrétionnés  sur  les  roches 
superficielles,  soit,  beaucoup  plus  souvent,  sous  la  forme 
•de  rognons,  parfois  assez  volumineux  puisqu'ils  atteignent 
par  places  des  dimensions  de  plusieurs  décimètres  dans 
tous  les  sens,  mais  ordinairement  de  la  grosseur  du  poing, 
-ou  même  en  grenailles,  que  se  présentent  les  minerais  de 
cobalt.  Ils  ont  toujours  un  aspect  paraissant  indiquer 
qu'ils  ont  été  déposés  par  les  eaux;  tantôt  ils  sont  en 
rogaoas  caverneux  ou  en  concrétions  mamelonnées,  tan- 

(*]  Oo  pottiTsit  se  dcmajider  si  ce  ne  serait  pas  la  un  type  cnurant 
d«  nitnefsï,  qae  Im  lrBT(.ux  des  miiws  de  cobalt,  praliquement  UnûtCs 
aux  [ormsliuns  argileuses,  n'auraient  ^as  su  atleimlre  dans  la  plupart 
.'  des  exploitations  ;  nous  ne  le  pensons  ps»,  car  dans  beaucoup  d'entre 
elles  la  serpentine  en  roche  a  été  touchée  en  niiuibre  dépeints,  et  asou- 
,  Tant inëme  été  suivie  sur  des  éteadueH  assez  considérables,  s&ns  montrer 
aucunes  Iraces  de  cobalt,  traces  qui  seraient  cependant  bien  plus 
aisées  encore  i  discerner  sur  la  couleur  claire  de  la  serpentine  que  celles 
,  des  nainerais  Dickelilères  complexes. 

{*■)  Gausikk,  toc,  cit..  p.  67-B8;  et  Gahnlbb,  Mémoire  sur  les gisemenlt 
tlecoball,  dtehfotn»  eldt  fer  à  la  Nauiielle-CaMonU  {Utaioàrts  de  ta  So- 
■  ciéli  des  Inijénieun  civils  de  France,  18S1, 1"  semestre,  p.  217  et  2*8). 

16 


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194   RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA.  NODVBLLE-CAlilDOmB 

nous  rappelons  que  les  frais,  de  0",75  à  1  franc  par  tonne 
kilométrique,  que  comporte,  à  l'exclusion  de  toutes 
dépenses  de  premier  établissement,  le  transport  par  voi- 
tures, sont  considérés  aujourd'hui  comme  trop  éleTés,  en 
même  temps  que  l'on  regarde  comme  insupportable  la 
gène  résultant  d'un  charroi  assuré  d'une  façon  aussi 
irrégulière;  on  y  substitue,  grâce  au  transport  par  voie 
.  ferrée,  des  frais  courants  d'exploitation  généralement  très 
restreints  (no  dépassant  pas,  croyons-nous,  JO  centimes 
par  tonne  kilométrique] ,  augmentés  de  l'amortissement  de 
la  voie  ferrée  ;  cette  voie  coûte  au  minimum  15.000  à 
20.000  francs  par  kilomètre,  et  son  installation  eat, 
avons-nous  dit,  généralement  faite  sans  avoir  reconnu  des 
tonnages  importants  de  minerai  exploitable  et  souvent 
après  la  simple  signature  d'un  contrat  d'amodiation  de 
2  ou  3  ans  comportant  senlementla  fouraiture  de  quelques 
dizaines  de  milliers  de  tonnes.  Tel  est  le  cas  de  plusieurs 
des  gisements  de  la  côte  Ouest,  situés  à  5  ou  6  kilomètres 
de  la  mer.  Les  installations,  plus  coûteuses,  de  longues 
voies  ferrées  descendant  des  vallées  importantes,  dont  le 
tracé  comporte  quelques  travaux  d'art,  et  qui  exigent 
l'achat  de  locomotives  et  de  matériel  roulant,  ne  sont 
faites,  au  contraire,  que  lorsqu'on  est  assuré  de  pouvoir  en 
répartir  les  frais  sur  un  grand  nombre  de  milliers  de 
tonnes.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  frais  de  transport  par  voie 
ferrée  ne  peuvent  être  que  rarement  considérés  comme 
inférieurs,  tout  compris,  à  3  ou  4  francs  par  tonne 
humide  (soit  i'  à  6  francs  par  tonne  sèche). 

Une  fois  rendu  au  bord  de  la  mer,  en  un  point  oti  la 
côte  offre  im  ai)ri  suffisant  pour  qu'il  puisse  être  procédé 
au  chargement  des  navires,  le  minerai  est  entassé,  après 
extraction  hors  des  sacs  s'il  y  a  lieu,  pour  attendre 
l'embarquement  ;  celte  manutention  ne  coûte  pas  moÏDS 
de  0'',50  par  tonne  humide  (0",65  à  0",70  par  tonne 


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LBS  HINU   DB  NICKBL  195 

dàche).  Il  est  ultériearenient  repris  k  l'aide  de  wagon- 
'  nets,  embarqué  dans  des  chalands  par  l'intermédiaire 
d'estacades,  et  conduit  au  bord  da  bateau  sur  lequel  il 
doit  être  chaîné;  c'est  là  une  nonvelle  cause  de  dépense 
qni  n'est  pas  négligeable.  Les  grandes  sociétés  possèdent 
des  chalands  dont  la  confection  et  l'entretien  sont  assez 
coûteux  ;  la  main-d'œuvre  nécessaire  pour  la  reprise  du 
minerai  en  tas,  son  embarquement  dans  les  chalands,  et 
la  remorque  de  ceux-ci  jusqu'au  bord,  est  également  oné> 
reuse,  bien  que  ces  travaux  soient  généralement  confiés 
à  des  Canaques  des  Uea  Loyalty  pariiculièrement  habiles 
à  cela.  L'ensemble  de  ces  opérations  coûte  de  3  à  4  iranci 
par  tonne  humide  (4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Les 
petits  exploitants  font  souvent  effectuer  le  chalandage  de 
leur  minerai,  au  moment  du  chargement  d'nn  navire,  par 
un  entrepreneur  spécial,  auquel  ils  payent  alors  3  francs 
par  tonne  humide,  non  compris  la  main-d'œuvre  qu'ils 
fournissent. 

Les  frais  de  transport  et  de  chargement  peuvent  donc 
varier  entre  les  limites  suivantes  {chiures  rapportés  à  la 
tonne  de  mûnerai  sec)  : 

et.  tt. 

Descente  au  pied  j  Ibiin-d'auvre 0,70  &  t,40 

de  la  mine.       f  Am»rtîsKnieDt  des  installations  0,70  à  1,40 

Transport  par    1  Frais  oonrants O.tfO  i  t  ,S0 

voie  ferrée.       |  AmortissMftent  des  installations  3,40  &  4,S0 

Entassement 0,65  i  0,70 

Chalandage 4,00  à  6,00 

Total  APPBOiiiuTi* 10,00à  tS,00 

C.  —  Frais  oénéraux,  dépenses  d'installations. 

Dans  tout  ce  qui  précède,  nous  n'avons  considéré  que 
les  frais  de  main-d'œuvre  en  ce  qui  concerne  l'exploita- 
tion mftme;  nous  avons,  au  contraire,  été  nécessairement 


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106  RICHB88B3   UINÉ1UI.BS   DB   LA  KODTBLLB-CALÉDONIE 

anteoé  h  faire  mention  des  frais  de  premier  établissemeot, 
en  parlant  des  voies  de  transport  et  des  prix  de  revient 
des  transpCH^s.  Pour  compléter  les  indications  que  sons 
no««  proposons  de  donner  sur  les  prix  de  revient  des 
exploitations  de  nickel  de  la  colonie,  nous  devons  «icore 
dire  quelqoes  mots  des  frais  généraux  divo^,  dans  les- 
quels nous  comprendrons  les  différentes  fournitareB 
nécessaires  à  l'exploitation,  et  nous  devons  en  ontre 
revenir  sur  les  dépenses  de  premier  étaUisaemant. 

Les  fournitarea  consommées  d'une  façon  couraate  pour 
l'exploitation  sont  peu  nombreuses  :  dans  qnelqaes  cas  on 
a-  recours  aux  explosifs,  on  emploie  partout  des  outils 
divers,  barres  à  inine  s'il  y  a  lieu,  pics,  i»oches,  pinces, 
pelles;  on  use  en  outre  une  quantité  importante  de  sacs, 
comme  nous  l'avons  déjà  monticMiQé  ;  enfln,  .  dans  des 
exploitations  importantes,  l'entretien  des  différents  engins 
de  transport  sur  camères  donne  lieu  à  use  consomma» 
tion  plus  ou  moins  régulière  de  fournitures  diverses;  il 
y  a  donc  à  ajouter  au  prix  de  revient  du  minerai  sur  rar- 
nëres,  que  nous  avons  indiqué  ci-dessus,  un  article  four- 
nitures qui  peut  se  monter  à  3  ou  4  francs  par  ionae 
{4  à  6  francs  par  tonne  sôclie).  Pour  les  petites  exploita- 
tions, cet  article  disparaît  presque  (-«mplètenient  :  les 
explosifs  y  sont  d'un  emploi  exceptionnel  ;  les  outils  ont 
généralement  fait  l'objet  d'un  approvrwonnement  fait  B»e 
fois  pour  toutes  au  début  de  l'exploitation,  que  l'on  porte 
aux  dépenses  de  premier  établissement  et  dont  il  n'est 
pas  tenu  compte  ensuite,  de  même  pour  les  engins  de 
transport. 

Les  frais  généraux  comprennent,  en  outre,  des  frais 
plus  ou  moins  importants  de  direction  technique,  d'études, 
de  comptabilité,  etc.,  que  de  petits  exploitants,  travail- 
lant à  leiir  compte  (petits  mhieunt) ,  ne  font  généralement 
pas  entrer  en  ligne  de  compte,  puisqu'ils  assurent  per- 
sonnellement ces  différentes  tâches.  Les  dépenses  pour 


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LU  HUtBI  Dl  JMOKBL  197 

prises  d'essai  systématiques  des  différents  lots,  et  poDr 
analyse  tant  de  ces  prises  d'essai  que  des  échaatUloBS 
fréquemment  prélevés  au  chantier  pour  guider  le  travail 
des  ouTriers,  dmvent  iotervenir  également  dauB  les  frais 
généraux,  et  elles  ne  représentent  pas  moins  de  0",20  k 
0'',25  par  tonne  pour  une  exploitation  impurtante  ofa  les 
prises  d'essai  sont  soigneusement  faites,  et  où  l'on  procède 
àdes  centaines  de  dosages  (*)  par  semaine.pour  surveiller 
et  gnider  le  travail  d'exploitation.  EnSn  les  impôts  de 
toutes  sortes,  redevance  sur  les  périmèbw  miniers,  drnt 
SOT  les  rainerais  eapoH.éB,  etc.,  sans  compter  les  droits  de 
narigatioB,  de  pliare  et  de  balisage,  qui  pèsent  indirec- 
tament  sur  les  prix  de  revient,  constituent,  an  litre  fraie 
géaéraux,  une  charge  asaez  lourde,  pouvant  atteindre, 
surtout  pour  une  entreprise  importante,  plitâeurs  firaïuis 
partoone. 

Si  nous  passons  maintenant  aux  frais  de  premier 
établissement,  nous  n'avons  pas  grand'chose  à  dire  de 
ceux  qui  peuvent  être  faits  sur  les  carrières  mômee  ;  bous 
avMis  préféré  les  faire  ren^r  dans  les  frais  d'ezplnta- 
ttou  soufl  la  ruluique  :  Travaux  préparatoires.  La  création 
des  engins  auxiliaires  de  transport  et  de  descente  pour  la 
conceob-atÎMi  do  minerai,  l'acbat  des  voies  DecauviUc 
volantes  et  du  matériel  de  wagtxmetfl  nécessaires  au  roo- 
lage  sur  carrières  des  minerais  et  déblais,  rentrei^  au 
contraire  dans  ces  frais.  Les  engins  de  descente  et  de 
transport  borïzonial  y  rentrent  également  et  en  coustituMit 
le  plus  gros  chiffre  ;  nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que 
BOUS  venons  d'en  dire.  Mais  nous  devons  mentiouner  ici 
d'autres  installatitMts  qu'il  est  indispensable  de  «réer  *u 
début  de  l'exploitation  :  ce    sont  d'abord  des  chemins 

(*)  Cei  dosages  >e  font  d'ime  Taçon  expéditÎTe,  grlce  i  uae  méthode 
par  Uqueun  lîtrËes  qui  a  Ht  indiquée  par  M.  Uoore,  chimiatc  du  ser- 
vice local  de  la  colonie,  et  dont  on  confie  avec  succès  l'applicatiOD  4  dei 


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198   KICBBSBBB   MINÉRALES   DE  LA  NODVBLLE-CAIiÉDONR 

d'accès  depuis  le  bord  de  la  mer  ou  députa  la  localité  t(»- 
fine  jusqu'au  pied  de  la  mine,  puis  du  pied  de  la  mine 
jusqu'aux  travaux  ;  les  premiers,  tracés  eu  terrain  plat  on 
à  peu  près,  ne  comportent  pas  de  travaux  importants,  ils 
doivent  généralement  être  carrossables;  les  seconds,  au 
contraire,  seraient  plus  difficiles  à  pratiquer  si  l'on  ne  se 
contentait  de  chemins  muletiers  gravissant  en  lacets 
n'importe  quels  escarpements,  gr&ce  à  des  pentes  attei-- 
gnant  jusqu'à  10  p.  100;  de  tels  chemins  ne  reviennent 
pas  à  plus  de  30  à  50  centimes  par  mëtre,  ce  qui  représente, 
pour  une  dénivellation  de  400  ou  500  mètres  et  un  déve- 
loppement de  quelques  kilomètres,  2.000  à  3.000  francs.  Il 
faut  ensuite  avoir  des  installations,  toujours  fort  sommaires 
d'ailleurs,  pour  abriter  les  ouvriers  à  recruter  ;  ce  n'est  là 
qu'une  modeste  dépense,  étant  donné  les  conditions  dans 
lesquelles  les  ouvriers  sont  logés;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  suite. 

Enfin  l'exploitant  doit  se  construire  sa  propre  habita- 
tion, à  laquelle  il  annexe  un  magasin  destiné  à  renfermer 
à  la  fois  les  fournitures  courantes  nécessaires  à  l'exploj- 
tation  et  les  vivres  et  fournitures  diverses  consommés  par 
les  ouvriers. 

L'ensemble  de  ces  frais  divers  de  premier  établissement 
n'est  pas  inférieur  à  10.000  et  souvent  20.000  franc» 
pour  une  petite  exploitation  ;  il  s'élève  naturellement 
incomparablement  plus  pour  une  afi'aire  plus  importante, 
lorsqu'il  s'agit  de  créer  de  toutes  pièces,  comme  l'a  fait 
la  société  le  Nickel  à  Thio,  par  exemple,  les  logements 
d'un  personnel  important,  des  bureaux,  un  laboratoire, 
des  magasins  considérables,  un  atelier,  etc.. 

^-  —  Prix  de  revient  qlobadx. 

Pour  résumer  en  un  tableau  les  indications,  nécessaire- 
ment vagues,  que  nous  avons  données  ci-dessus,   nous 


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LES  HIE4BS  DB  NICKEL  109 

dirons  que  le  prix  de  revient  d'une  quantité  de  minerai  de 
nickel  équivalente  à  une  tonne  de  minerai  Bec,  rendue 
souB  palans,  comprend  les  éléments  suivants,  dont  on  peut 
estimer  que  l'importance  varie  entre  les  chiffres  ci- 
dessous  : 


Frais      l 
courants  ] 


carrières. 


Amortissement 

des 

installations. 


Abatoge  et  triage 8,09  &  30,00 

Transports  sur  carrières,  évacuation 

du  stérile 3.00  à    4,50 

Travauxpréparatoiresetterrassements 

divers 4,00  A  20,00 

Ensachage  (s'il  y  a  lieu),  main-d'œuvre  et.  matières.  2,S0  &    3,00 

Transports,  main-d'œuvre  et  frais  courants 1,30  à    2,00 

Entassement,  main-d'œuvre 0,95  à    0,70 

Cbalandage  (y  compris  l'amorti ssement  des  instal- 
lations s'il  y  a  lieu) 4,00  à    6,00 

Frais  généraux,  fournitures  et  entretien 0,00  à    6,00 

Frais   généraux  :    direction,    surveillance,    prises 

d'essai,  analyses,  impôts 0,00  à    5,00 

Matériel  et  onUls 1,00  &    2,00 

Engins  de  transport 3,40  à    4,S0 

Installations  diverses  (chemins, 
constructions,  etc.),  essentiellement  variable 

Nous  ne  pouvons  que  répéter  ici  que  ces  chiffres  ne 
doivent  être  considérés  que  comme  donnant  des  indica- 
tions sur  la  façon  dont  se  répartissent  les  dépenses  d'une 
exploitation  de  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  :  si  l'on 
considère  les  chiffres  minimum  que  nous  donnons  et  qui, 
nous  le  répétons,  se  rapportent  k  l'exploitation,  sans  souci 
du  lendemain,  de  quoique  riche  traînée  découverte  çà  ou 
là,  on  peut  dire  que  les  frais  courants  par  tonne  sèche 
rendue  à  bord  peuvent  ne  pas  dépasser  25  francs;  il  faut, 
en  outre,  y  ajouter,  comme  nous  l'avons  dit,  des  frais  géné- 
raux fort  minimes  et  ensuite  une  charge  d'amortissement - 
qu'on  ne  peut  évaluer,  avant  la  fin  de  l'exploitation,  que 
d'une  façon  tout  à  fait  incertaine;  on  ne  connaît  en  effet 
nullement  la  quantité  de  minerai  qui  sera  exploitée,  tant 


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200   RICHESSES  MlNÉRAIiBS   DE   LA.  KOUVELLE-CALÊDONIE 

parce  que  l'exploitaat  lui-même  n'a  pas  recoanu  Je  giter 
que  parce  qu'il  a  commeocé  soo  ezplmtatioe  après- 
âvmr  si^^  un  contrat  de  vente  de  30.000,  40.000  ou 
50.000  touBes  à  livrer  au  cours  des  deux  ou  trois  anaées 
à  venir,  et  qu'il  no  peut  nullement  compter  qu'au  bout  de- 
ce  temps  une  restriction  de  la  demande  de  minerai  ne- 
viendra  pas  l'obliger  k  abandouoer  une  mine  «icore  pro- 
ductive, et  à  perdre  tout  le  bénéfice  qu'il  pourrait  encore^ 
retirer  des  installations  qu'il  a  faites.  Aussi,  généralemeat. 
celui  qui  entreprend  pareille  exploitation  cherche-t-il 
simplement  à  voir  s'il  peut  espérer  rémunérer  loua  ses- 
frais  sur  l'exécutioa  d'un  premier  contrat  de  v«Dto  de 
minerai;  il  prend  alors  à  d'édité)  '^  foumitores  dont  il 
a  besoin  et  emprunte  un  fonds  de  roulement,  puis  ses- 
efforts  tendent  à  réussir,  grâce  aux  lîvraiHons  de  minerai 
qu'il  fern,  à  rembourser  sesempruata,  lout  en  conaârra&l 
quelque  bénéfice. 

Nous  avons  dit  queramortissemeat  des  installations  dfr 
transport  ne  peut  qoe  rarement  représenter  moins  de  3'',40- 
à  4'", 50  par  tonne  ;  celui  de  l'ensemble  des  autres  installa- 
tions et  des  approvisionnements  divers  ne  peut  guère  être 
inférieur.  On  arrive  donc  à  un  prix  de  revient  minimmn 
de  30  ou  plutôt  de  35  francs  par  tonne  sèche. 

Gela  reiffésente,  en  supposant  du  minerai  k  la  ienbV 
normale  de  7  p.  100,  un  prix  de  revient  de  0'%45  à  Qf^,50- 
au  minimum  par  kilo^^amoie  de  métal  oonteou  dans  le 
minerai.  Comme  les  marchés  qui  couraient  au  moment  de- 
ootre  séjour  avaient  été  le  plus  souvent  conclus  enbe- 
0",60  ot  0",70  par  kilogramme  de  métal,  on  voit  que, 
pour  une  exploitation  où  auraient  été  réunies  toutes  les 
conditions  les  plus  favorables,  facilités  d'exploitation,  voiea^ 

(*)  Des  achats  taiu  duu  ces  conditims.  par  des  expiaitaats  qai 
n'offrent  souvent  d'aulrei  garanties  que  les  chances  de  succès  de  leur 
eiploitatioQ,  sont  naturellement  faits  à  des  prix  sArieuMineiit  majorétr 
C<  qui  contribue  à  augmenter  les  trais  de  premier  ét«blitKiDaBl. 


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LS8  UINBS  I«  HIOKBL  20f 

de  traDsport  aisées  à  iostaUer,  et  tonna^  tmporUnt  de- 
minerai  à  extraire  sur  lequel  répartir  les  frais  de  premier 
établissement,  il  y  avait  une  sérieuse  marge  pour  la  rému- 
nération personnelle  de  l'exploitant  et  pour  la  réalisation 
d'un  bénéfice  important.  li  faut  d'ailleurs  ajouter  à  o«^ 
deroier  celui  qui  résulte  déjà  de  la  vente  aux  ourriers  des- 
vivres et  marcbaudises  diverses,  et  qui  n'est  souvent  pas- 
le  moindre,  puisque  plusieurs  exploitants  nous  ont  déclwé 
que  c'est  en  somme  le  8e»\  qu'ils  réalisent. 

Mais  bien  souvent  l'exploitation  elle-même  n'est  pas- 
aussi  aisée;  U  y  a  des  périodes  tont  au  moins,  oii  les  tra- 
Taux  au  stérile  sont  nombreux  et  coûteux  (il  est  rare  qu'il 
n'y^t  pi^  à  compter  audébutde  l'exploitation  sur  une  telle- 
période  dont  il  faudra  naturellemen't  tenir  compte  ensuite)  ;: 
les  transports  peuvent  être  plus  difficiles  à  oi^aniser,  il 
arrive  que,  faute  d'avoir  consacré  au  début  une  somme- 
■uâsantâ  à  la  création  d'endos  bien  disposés  pour  réduire- 
la  main-d'œuvre  aux  chiffres  assez  bas  que  nous  avons 
supposés,  celle-ci  est  plus  onéreuse;  il  se  peut,  au  con- 
traire, que  les  installationsaient  dû  être  plus  importantes- 
que  nous  ne  l'avons  admis,  ou  ne  se  répartissent  finale- 
ment que  sur  un  t4HiDage  trop  restreint  ;  dans  de  telles 
conditions,  les  bénéfices  de  l'oxploitatÛMi  peuvent  être 
beaucoup  moins  importants.  Parfois,  nous  l'avMis  déjà. 
mentionné,  il  serait  pratiquement  trop  onéreux,  sinon 
peut-être  au  point  de  vue  absolu,  du  moins  eu  raison  des- 
ressources  ou  du  crédit  dont  dispose  l'exploitant,  de  créer 
des  moyens  de  transport  vraiment  économiques;  d'autre- 
part,  l'abatage  du  minerai  peut  être  plus  ou  moins  malaisé  : 
dès  lors  le  prix  de  revient  par  tonne  do  minerai  s'élève  con- 
sidérablement ;  mais,  si  le  gite  permet  de  n'exploiter 
qae  des  minerais  riches,  à  8  p.  100  par  exemple  et  mta^ 
plus,  la  valeur  de  la  tonne  s'élëve  aussi  très  notablement, 
puisque  non  seulement  la  t«neur  en  métal  augmente^ 
mais  eucore  en  même  temps  le  prix  de  base  par  unité  de- 


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20S   RICHESSES  UINÉEIALES   DB   LA   NODVBLLB-CALBDONIB 

métal,  et  l'exploitationrestepossiblesorune  petite  échelle. 

Telles  sont  lea  conditions  dans  lesquelles  ont  été 
créées  toutes,  ou  à  peu  près  toutes,  les  petites  exploita- 
tions de  la  colonie,  qui  ont  produit,  en  i9(H,  45.000  tonnes, 
soit  1/3  de  la  production  totale,  et  celtes  dans  lesquelles 
était  également  conduite,  il  y  a  quelques  années,  l'exploi- 
tation de  Népoui.  Des  sociétés  importantes  disposant  d'un 
capital  considérable,  possédant,  ou  croyant  posséder  (car, 
rappelons-le,  il  y  a  bien  peu  de  gîtes  réellement  explorés 
aujourd'hui),  des  réserves  importantes  de  minerai  dans 
une  même  région,  procèdent  naturellement  d'une  tout 
autre  façon  :  assurées  d'une  certaine  permanence  dans 
leurs  affaires,  elles  ont  beaucoup  plus  d'intérêt  à  chercher 
à  épuiser  systématiquement  les  gîtes  qu'elles  ont  aména- 
gés et  pourvus  de  moyens  de  transport  convenables  ;  dès 
lors  leurs  exploitations  comportent  tout  naturellement  de» 
frais  spéciaux  sur  carrières  incomparablement  plus  élevés 
que  ceux  des  mines  dont  nous  venons  de  parler;  la  chai^ 
des  frais  de  premier  établissement  et  d'amortissement 
devient  an  contraire  plus  faible,  tandis  qu'il  faut  compter 
une  part  de  frais  généraux  très  notable,  et  que  les 
dépenses  de  fournitures,  qui  se  renouvellent  d'une  façon 
périodique,  constituent  également  un  article  du  prix  de 
revient.  On  arrive  ainsi  à  des  prix  de  revient  qui  peuvent 
s'élever  jusqu'à  60  et  même  70  francs  par  tonne  de  naioe- 
rai  sec  à  7  p.  100,  portant  le  prix  du  kilogramme  de  mé- 
tal à  0'',85  et  exceptionnellement  1  franc.  Ce  sont  là 
des  chiffres  qui  peuvent  paraître  paradoxaux,  pour  cette 
raieon  qu'après  tout  ce  que  nous  avons  dit  de  l'intérél 
considérable  qu'il  y  a  à  munir  les  exploitations  d'installa- 
tions perfectionnées  et  coûteuses  au  besoin,  dont  les  frais 
de  premier  établissement  soient  destinés  à  se. répartir 
sur  un  tonnage  important,  nous  en  arrivons  à  constater  que 
le  prix  de  revient  dans  ces  conditions  est  souvent  bean- 


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IfS   MINES   DE   NICKBL  203 

coup  plus  élevé  que  dans  les  petites  exploitations,  oti  il 
est  strictement  limité  {')  par  le  prix  auquel  le  minerai 
peut  être  vendu,  soit  de  60  à  70  centimes  par  kilogramme 
de  métal.  L'explication  de  ce  paradoxe  tient  à  deux  cir- 
constances: d'une  part,  les  sociétés  importantes  exploitent 
aujourd'hui,  souvent  après  avoir,  au  début,  épuisé  les  gise- 
ments voisins  de  la  mer,  des  mines  situées  àl3  kilomètres 
Cniio]  et  même  &  25  kilomètres  (Népoui)  de  la  mer,  mines 
qui  seraient  pratiquement  inaccessibles  pour  les  petits 
mineurs;  d'autre  part,  elles  en  tirent  parfois  un  tout 
autre  parti  que  celui  que  de  petits  mineurs  en  auraient 
tiré,  et  il  n'est  pas  exagéré,  à  notre  avis,  de  dire  que  là 
où  un  petit  mineur  aurait  peut-être  extrait  50.000  ou 
60.000  tonnes  de  mineraià  Sou  9p.  100,  représentant  seu- 
lement quelques  milliers  de  tonnes  de  métal,  une  telle  sa* 
ciété  pourra  extraire  quelques  centaines  do  mille  tonnes  de 
minerai  avec  des  teneurs  de  6  t/2  ou  7  p.  iOO,  utilisant 
ainsi  trois  ou  quatre  fois  plus  du  métal  contenu  dans  le 
^sèment.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  tous  les  prix  de 
revient  que  nous  avons  indiqués  sont,  en  ce  qui  concerne 
la  main-d'œuvre,  majorés  du  bénéfice  retiré  de  la  vente  des 
marchandises  aux  ouvriers  ;  ce  bénéfice  s'ajoute  à  celui  des 
petits  mineurs,  mais  il  ne  diminue  en  rien  les  prix  aux- 
quels ils  livrent  leur  minerai;  ce  même  bénéfice,  plus 
modeste  il  est  vrai,  se  retranche  au  contraire  des  prix 
de  revient  des  sociétés  importantes  dont  nous  venons  de 
donner  une  évaluation,  et,  comme  il  atteint  encore  aux  en- 
virons de  20  p.  100  sur  les  marchandises  vendues,  c'est- 
à-dire  sur  lamajorité  des  salaires,  il  doit  diminuer  le  prix 
de  revient  par  kilogramme  de  métal  que  nous  donnons 
ci-dessus,  d'une  somme  qui  n'est  pas  moindre  que  0"',10. 
Ajoutons  que  si,  dans  ces  conditions,  il  semble  qu'une 


(■)  Pour  avoir  la  limile  réelle  à  laquelle  le  petit  mineur  peut  exploi 
ter  lana  perte,  il  faudrait  réduire  ion  prix  de  revient,  calculé  coma» 
noua  TsTons  (oit,  de  la  part  correspondant  au  bénéfice  qu'il  rébliM  lui 
les  foumiturm  qu'il  fait  K  si 


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204   RICHESSES   MINÉKA.LES   DE   LA.  MOCVKLLB-CALéoONIE 

société  importante  puisse  souvent  avoir  avantage,  au 
lieu  de  forcer  sa  production  pour  faire  face  à  une  demande- 
particuliêremeiit  active  de  minerai,  à  passer  des  marcbéS' 
avec  de  petits  mineurs,  comme  cela  est  d'une  pratiqua 
constante  loritque  la  demande  de  nickel  est  active,  cela. 
n'est  réellement  avantageux,  k  sou  propre  point  de  vue,  qu» 
lorsque  le  gisement  exploité  par  le  petit  mineur  n'ap- 
partient pas  à  la  société.  Lorsque  au  contraire  la  mine 
lui  appartient,  c'est  généralement  le  gaspillage  presque- 
déônitif  auquel  elle  consent  pour  un  gisement  qui,  s'il  a 
tenté  quelque  petit  mineur,  n'est  généralement  pas  parmi 
les  moins  rirhes  ou  les  moins  avantageusement  situés. 

Et  c'est  en  insistant  sur  cette  considération  que  nous 
terminerons  ce  qui  a  trait  aux  couditions  économiques 
actuelles  de  l'exploitation  du  nickel  en  Nouvelle-Calédo- 
nie. Les  prix  de  revient  du  kdogramme  de  métal,  avec 
l'obligation  d'une  teneur  minimum  de  7  p.  100  pour  Ift 
minerai  sec,  peuvent  être  considérés  comme  variant 
aujourd'hui,  tout  compris,  de  0'',5û  à  1  franc  au  grand 
maximmii  ;  mais  le  prix  minimum,  que  nous  croyons 
pouvoir  fixer  aux  environs  de  0'',50,  n'est  pratiquement 
réalisé,  dans  la  plupart  des  mines  oiion  l'obtient,  pour  ne  pas- 
dire  dans  toutes,  que  par  un  véritable  gaspillage  desgites: 
ce  n'est  d'ailleurs  pas  du  tout  à  dire  que  de  tels  prix  ne 
pourraient  pas  être  obtenus  tout  en  assurant  une  beaucoi^^ 
meilleure  utilisation.  Sans  doute  cette  utilisation  ne  sau* 
rait  être  parfaite;  elle  ne  saurait  même  être  aus^  com- 
plète que  lorsque  l'on  consent  à  des  prix  de  revient  plu» 
élevés;  mais  elle  pourrait  aisément,  croyons-nous,  être- 
souvcntdeuxfois  meilleure,  pour  peu  que  l'exploitation  fut 
entreprise  avec  plus  de  souci  de  l'avenir,  par  des  personnes- 
diaposant  des  capitaux  nécessaires  (qui  ne  seraient  d'ailleurs 
pas  énormes),  moins  hantées  par  l'idée  de  faire  fortune  en. 
quelques  années,  et,  disons-le  aussi,  moins  complètement 
ignorantes  de  ce  que  peuvent  être  un  gisement  minéral 
et  les  conditions  dans  lesquelles  il  devrait  être  exploité- 


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CHAPITRE  IV. 


«miSinON  DES  nilBRAIS  DE  HICKEL  DE  LA  NODTEUX- 
CALÊDONIE.  DÉBOUCHÉS  QUI  UQR  SOHT  OFFERTS. 


A.  —  Traitement  actoel  des  minerais. 

Lea  minerais  de  ni(;kel  actuellement  exploités  en 
Nouvelle-Calédonie  sont  généralement  expédiés  en  Europe, 
soit  au  Havre,  soit  à  Glasgow,  soit  h.  Rotterdam;  au  voi- 
innage  immédiat  des  deux  premiers  de  ces  ports  existent 
deux  usines  de  traitement  appartenant  ^  la  société  le 
Nickel,  l'usine  du  Havre  otrusîne  de  Kirkîntilloch,  ayant 
produit  chacune,  dans  ces  dernières  années,  de  1.500  à 
1.800  tonnes  de  nickel  par  an;  de  Rotterdam,  les  minerais 
sont  dirigés  sur  l'Allemagne,  oii  ils  sont  traités  (produc- 
tion 1.000  à  1.200  tonnes  par  an).  Il  a  en  outre  été 
récemment  fait  quelques  expéditions  de  minerai  sur 
l'Amérique  {30.000  tonnes  environ  en  190t), 

Les  frais  de  transport  jnsqu'en  Europe  sont  naturelle- 
ment variables  avec  les  conditions  générales  du  fret  dans 
ie  monde  entier;  ils  oscillent  généralement  aux  environs 
de  30  à  40  francs  par  tonne,  prix  auquel  il  faut  ajouter 
une  assurance  de  3  p.  100  ad  valorem.  Ce  prix  est  celui 
■qui  est  fait  par  des  voiliers  français  portant  de  3.000  à 
4.000  tonnes  de  minenii,  qui  viennent  d'Europe  en  Nou- 
velle-Calédonie par  le  cap  de  Bonne-Espérance  et  re- 
tournent en  Europe  par  le  cap  Hom,  effectuant  un  voyage 
d'une  durée  totale  do  7  mois,  le  plus  souvent  sur  lest  à 
l'aller.  Un  voyage  leur  rapporte,  outre  le  fret  qui  s'élève 
entre  100.000  et  150.000  francs,  la  prime  à  la  naviga- 
tion accordée  par  le  gouvernement  français,  prime  qui 


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3Q6  EICHB8SB3   HIKÉRA.LBS   DE   U  NOtTVELLB-CALiDONIE 

atteint  125.000  francs  en  moyenne  par  voyage  et  qui 
couvre  Aéjh  ]ire6qae  les  frais  du  voyage.  D'aprèa  les  ren.- 
Beignements  qu«  bqos  avons  pu  recueillir,  ces  b&tjments 
ne  pourraient  guère  ace^tter  de  fret  k  moins  de  50  francs 
par  tonne,  si  cette  prime  Boleur  était  pas  allouée;  des 
bâtiments  anf^ais,  qui  n'en  proftbant  pas,  accepteraient 
parfois  des  frets  d'âne -^tarantaine  4ftfr«ncs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  qn'aciaelleitte^  le  fret  seul, 
qui  représente  ainsi  environ  48  à  55  francs  par  tonne  de 
minerai  sec,  soit  70  à  75  centimes  par  kilogran^M  de 
métal ,  suffit  à  doubler,  à  l'arrivée  en  Europe,  la  valeur  4b 
minerai  de  nickel  pris  sur  place. 

Le  traitement  que  le  minerai  subit  comporte  actuelle- 
ment une  fusion  pour  matte  au  cubilot  à  wateivjacket  ; 
fondu  avec  20  p.  100  de  calcaire,  10  p.  100  de  gypse 
(ou  une  quantité  de  charrée  de  soude  équivalente  au 
point  de  vue  de  la  richesse  en  soufre)  et  37  i/2  p.  100 
de  coke,  le  minerai  produit  une  matte  tenant  environ 
45  p.  100  de  nickel,  40  p.  100  de  fer  et  15  p.  100  de 
soufre,  tandis  que  les  matières  réfractaires,  silice,  cbaaz, 
et  magnésie,  passent  dans  la  scorie  et  n'entraînent  qu'une 
faible  quantité  de  nickel.  La  matte  obtenue  est  ensuite 
déferrée  au  convertisseur,  ce  qui  donne  lieu  à  la  [H^dac- 
tion  d'un  sulfure  de  nickel  à  75  p.  100  de  nickel,  moins 
de  1  p.  100  de  fer,  et  24  p.  100  de  soufre;  celui-ci  est 
finement  broyé,  puis  il  subit  un  double  grillage  très  minu- 
tieux, destiné  à  éliminer  aussi  complètement  que  possible 
le  soufre  ;  enfin  l'oxyde  produit  est  réduit  en  présence  de 
charbon  et  de  farine,  ce  qui  donne  du  métal  à  peu  près 
pur  et  aggloméré  par  une  demi-fusion.  Noua  n'avons  pas 
d'évaluation  exacte  des  frais  que  comporte  ce  traitement  ; 
noua  croyons  néanmoins  qu'ils  ne  dépassent  pas  1  franc 
par  kilogramme  de  métal  produit;  une  moitié  de  ces  frais 
se  rapporte  à  la  première  fusion. 

Dans  ces  conditions,  le  nickel  se  vend  en  Europe,  suivant 


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LB8   HINRS  DB  NIUKEL  S07 

les  circonstances,  suivant  l'importance  des  achats,  etc., 
entre  3"',50  et  4  francs  le  kilogramme.  Ajoutons  que 
le  nickel  qui  est  extrait  des  raineraia  calédoniens  par  le 
traitement  qne  nous  venons  d'indiquer  est  très  pur  ;  il 
contient  99  à  99,6  p.  100  de  nickel;  il  est  suffisamment 
bien  débarrassé  du  soufre  qui  y  a  été  incorporé  par  )a 
première  fusiou,  puisqu'il  n'en  tient  que  moins  de  1  millième; 
il  est  exempt  d'arsenic  et  de  phosphore,  et  ne  contient  que 
des  traces  (moins  de  1  millième)  de  cuivre,  qui  seraient, 
paralt-îl,  introduites  par  le  traitement,  mais  qui  n'existent 
pas  dans  les  minerais  de  notre  colonie. 

B.  —  Les  débouchés  nu  nickel. 

Le  prix  du  nickel  métallique  a  baissé  depuis  25  ans 
ilans  des  proportions  extrêmement  considérables,  puisque 
au  moment  de  la  découverte  des  minerais  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  il  était  encore  de  18  francs  le  kilogramme,  et 
qu'après  s'être  abaissé  d'abord  brusquement  à  10  francs, 
puis  successivement  à  8,6  et  5  francs  (1892),  à  4  francs 
(1894),  à  3  francs  (1895),  et  puis  même  à  2",40 {fin  1895) 
par  l'effet  de  la  concurrence  du  Canada,  il  oscille 
maintenant  entre  3" ,50  et  4  francs  le  kilogramme. 
Néanmoins  le  nickel  est  resté  un  métal  demi-précieux, 
coûtant  à  peu  près  deux  fois  plus  que  le  cuivre;  il  ne 
saurait  donc  être  substitué  à  ce  métal,  de  même  que  les 
alliages  à  base  de  nickel  ne  sauraient  être  substitués  au 
laiton,  que  pour  des  usages  de  Inxe  ou  à  peu  près;  on 
connaît  les  emplois  du  nickel  métallique  pour  un  certain 
nombre  d'objets  usuels  qu'il  est  intéressant  de  préserver 
du  vert-de-gris,  ou  comme  revêtement,  soit  à  l'état  de 
plaqué,  soit  à  l'état  de  dép6t8  galvaniques,  sur  d'autres 
métaux  ;  on  connaît  également  les  usages  des  alliages  à 
base  de  nickel  :  argentan,  maillechort,  métal  anglais, 
métal  blanc,  etc.  ;  enfin  le  nickel,  soit  pur,  sott  àl'état  d'al- 


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'208   RICHESilES   HINÉRALES  DE  LA.  NOITVELLE-CALéDONIB 

liage,  a  été  employé,  et  sera  vraisemblablement  employé 
encore,  par  différents  pays  pour  la  fabrication  de  la  mon- 
naie de  billon. 

Bien  que  l'ensemble  de  ces  usages,  qui  ne  demandent 
cbacuD  individuellemuit  que  des  quantités  relatÏTemeot 
restreintes  de  nickel,  finisse  par  représenter  des  cen- 
taines et  même  quelques  milliers  de  tonnes  par  an,  et  qoe 
l'on  puisse  espérer  voir  pen  à  peu  adopter  ce  beau  métal, 
précieux  par  son  inaltérabilité,  pour  d'autres  usages  du 
même  genre,  il  n'y  aura  là  vraisemblablement  qn'no 
accroissement  assez  lent  d'année  en  année,  tant  que  le 
pi-ix  du  nickel  restera  notablement  supérieur  &  celui  àa 
niivre. 

Un  autre  déboiicliéqui  a  été  ouvert  au  nickel  depuis 
que  son  prix  s'est  abaissé  est  la  fabrication  des  aciers  au 
nickel,  et  celui-là,  qui  en  a  déjà  aujuurd'bai  doublé  les 
usages  dans  le  monde  entier,  parait  promettre,  pour  un 
avenir  sans  doute  prochain,  un  large  développement  de 
.la consommation  du  nickel.  La  ténacité  et  l'augmentation 
de  la  limite  d'élasticité  et  de  la  charge  de  rupture  qu'on 
petit  nombre  d'unités  do  nickel  communiquent  à  l'acier, 
ont  fait  introduire  ic  mêlai  dans  la  composition  de  cer- 
tains aciers  spéciaux  depuis  une  douzaine  d'années  envi- 
ron ;  employi?  d'abord  avec  succès  pour  les  plaques  de 
blindage  en  proportion  de  3  à  5  p.  100  (essais  d'Anna- 
polis,  1891),  il  a  été  introduit  ensuite  dans  le  métal  à 
canons  (en  proportion  voisine  do  2  p.  100),  dans  des  tôles 
destinées  à  des  constructions  métalliques  où  l'un  recherche 
tout  particulièrement  la  légèreté  i  proportion  de  3  p.  100), 
dans  certains  arbres  dont  on  désire  augmenter  la  limite 
élastique  (proportion  do  i  p.  100),  et  l'on  cherche  aujour- 
d'hui à  employer  les  aciers  au  nickel  pour  faire  des 
tubes,  des  rivets,  etc.  Mais,  si  <•  les  aciers  au  nickel  plus 
ou  moins  manganèses,  carbures  ou  chromés,  sont  sem- 
blables aux  aciers  ordinaires  au  carbone,  tant  que  les  pro- 


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LES  MIMES   DE  NICKEL  2lJ9 

portions  de  nickel,  manganèse,  chrome  et  carbone  ne 
dépassent  pas  une  certaine  limiteC)  »,  et  si,  dans  ces  condi- 
tions, ces  divers  éléments  jouent  simplement  le  r6lo  d'élé- 
ments durcissants,  «  au  delà  d'une  certaine  limite,  tes 
additions  de  ces  éléments  produisent  une  transformation 
allotropique  du  fer  contenu  dans  les  aciers,  qui  fait 
apparaître  des  propriétés  physiques  et  mécaniques  très 
différentes  de  celles  des  aciers  ordinaires  (M...  n  Avec  une 
composition  répondant  à  cette  dernière  condition  grâce 
à  une  forte  teneur  en  nickel,  «  les  aciers  s'adoucissent 
considérablement  par  la  trempe  et  ne  durcissent  que 
par  l'écrouiasage;  les  propriétés  mécanio|ues  de  certains 
d'entre  eux  sont  très  remarquables,  particulièrement 
au  point  de  vue  de  l'allongement  k  la  rupture,  qui  est 
exceptionnel,  et  de  la  résistance  au  choc,  qui  dépasse 
celle  de  tous  les  alliages  ou  métaux  connus  (*)  ».  C'est 
parmi  ces  aciers-là,  oti  la  proportion  de  nickel  se  compte 
par  dixièmes,  qne  l'on  a  découvert  des  métaux  présentant 
lies  propriétés  physiques  extrêmement  remarquables, 
notamment  au  point  de  vue  de.  la  dilatabilité,  ce  qui  est 
de  nature  à  leur  ouvrir  des  débouchés,  mais  sans  "doute 
restreints  comme  tonnage,  pour  la  construction  d'appa- 
reils de  physique,  de  géodésie,  etc.  ;  cependant  certaines 
de  leurs  propriétés  mécaniques  sont  si  précieuses  que, 
malgré  leur  prix  élevé,  ils  ont  déjà  été  employés  dans 
la  construction  en  fer,  notamment  en  assen  grande  quan- 
tité par  l'artillerie  française  au  cours  de  la  construction 
de  son  nouveau  matériel  (tAles  à  35  p.  100  de  nickel). 

Aujourd'hui  donc  les  usages  des  aciers  an  nickel  sont 
courants  avec  des  teneurs  de  1  à  5  p.  100  sous  forme  de 
tAles,  arbres,  canons,  obus,  et  surtout  de  blindages.  Ce 
ne  sont  encore  là  que  des  usages  spéciaux  correspondant 


(*)    ttrchtrc/ui   êur    Ui  acitrt  au     nickel   à  haute»    teneufi~    par' 
V.\..ÎH')iM[AnnaU»  det  Mintt,  lO-tirie,  L  I,  p.  5S1  ^tSSS;  1902). 


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^0  RICHESSES  MIN^UIAS  DB   LA  frOTmLLB-CALBDONIB 

à  ées  tutrages  limités,  et  <m\a  tient  osa  sealeneBt  à  d» 
qoe  l^troductkai  de  quelques  noités  pour  oeat  -de  ràdUi 
dans  l'acier  auginente  tr^s  QotabtemeDt  scm-prir  (sourwÉt 
àa  simple  audouUe)  à  la  fois  en  raison  de  lanJenr  mên» 
da  métal  introduit  et  en  raison  de  la  minutie  ptns  gnod» 
de  ta  préparation  m^tallargiqne  de  cee  aàers  ^^cJam, 
maie  cela  tient  encore  à  ce  ftrit  qse  l'amélionitàon  de  esr- 
tainoB  de  leurs  pnqtriétés  mécaniques  tte  Ta  pas  -sooTMit 
sans  des  incoorénients,  tels  que  la  difficulté  avec  laqwfle 
ils  se  laissent  travailler,  no  snpporttmt  pas  l'écrooissa^r 
criqaant  aisément,  etc.  Il  est  fort  intéressant  cependant 
de  signaler  un  pas,  paraissant  très  notable,  qra  •naît 
d'être  fait  aux  États-Unis  ;  après  des  essais  multifAes 
poor  l'emploi  de  rails  en  acier  au  nickel  sar  des  sedtie^ 
de  Toies  ferrées  très  fréquentées,  en  vue  d'eapet^r  BotiK 
Idement  tes  réfections  dévoies,  hi  Pensylwiian  Raitroad  C* 
vient  de  commander  9.000  tonnes  de  raits  en  acier 
à  S  i/2  p.  100-^  ntcàel  peeant  ft5  et  100  livres  par  yai4 
(soit  43  et  50  kilogrammes  par  mètre),  pour  en  nosir  lov 
sections  de  voie  les  plus  chargées  de  ses  ëgnee  mtlmar 
de  Pittaborg  :  cette  commande  aurait  été  fcïte  an  fri* 
de  &5  dollars  la  tonne  (âÔlfïvncs  par  toi»»  «éb^qoe)  f ). 
La  mnltiplicaticm  4e  senblables  osages  m»  imnqaenit- 
pas  d'aecrettm  oensidérabtement  la  eoflMnmatim  àm 
nictel,  et  '«ita  pean-art  bien  ne  pas  t»4er4ie  pMdoibM^n 

Pom-  ce  qui  est  -de  l'adeptien  des  act«M  an  tridelli 
haute  teimir,  on  peot  dès  aujourd'hui  y  co^têfr-ponr  la 
CMmtniction  d'appapeils  de  pnéoision  ;  maie  '«i»lli '«at  pen 
de  chose,  et  m  qui  serait  Trsiraent  préeMnx  ^fmtrwati*- 
o«jik>Rie,  ce  serait  de  voir  se  développer  êSB  .«ji^^Uu  4ifei 
qae  oeim  qn  a  éié  Mt  ^hh*  l'artjlhirrie  ft-attçaïM  4'aeltB-  V 
25  p.  lOO  de  nickel  ;  il  a»  faudrait  en  e£el  -pas  baaocoap 


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un  HWBS  DB  VKXaSL  ^i 

^tssfea  exigeant  dracm  nimuelletnefBt  quelqaeps  cen- 
tneea  -èe  tomes  4e  tels  aders  poar  «tigweDter  4ms  one 
Ixi^  proportion  ta  cossoiHiBatkni  àa  «ckci  ;  U  se  «eus 
pBT^  pas  doHtenx  fjne  ces  orages  se  iMdti{Ji0r«it  ii'«u- 
tsnt  ^os  rapîAeiDeat  -qse  le  prix  àa  làekti,  qw  interTiaot 
ponr  one  lar^  pKrt  Ans  te  prix  Mevé  de  «w  proMts 
spéciaux,  diDiinuent  pl^  vtte  et  phw  notahlotoBut. 

Lee  ti3ag«6  wétrfai  giq»e3  wnt  «Iwtc  de  «eux  -^i,  exi- 
^•ant  «njenrtl^ai  k  pea  prà  La  «imtié  du  nickel  coDsommé 
4rii9  fe  nonde,  posmiest  -k  bref  ééhi,  et  sartoui  à  la 
faveur  d'un  abaissemest  notable  du  prix  du  Dick«l,  Mg- 
uâfiter  (IftBfi  une  très  largi*  itrQiiortiûu.  Us  suivent  natu- 
rettenest  ««iaKrâ'iMii  lus  fluctuations  de  l'industrie 
Tnétdfan-giqne,  «t  en  particulier  <4e  l'Joënetrie  epéciale  des 
armasoents;  ita  sot  «a  lasr  fitioàe  d'accroissement 
de  1S9S  h.  1901,  en  même  temps  qae  cette  industrie,  H 
snbissent  anjoard'hui  avec  eile  Hne  cri3e<]ut  n'est  assura- 
ssent CMBVtSS^BÔSÉ. 

Qam  ^Sl  «a  soit,  r«iiMMUe  àam  usagas  Àa  nickel  « 

déjà  marqué  une  progression  considérable  depuis  25  ans, 

mea  Umb  pti-a— dé  ^mi  oaUe  pn^eMMB  ne 

r  «noare  «l'Mnée  aa.  mmi».  Las^iwJqaes 

»  UMtrTwt  «e  ^'leUe  a  ^té  juay'âd. 

fi'a^w  M.  I«Tai{*),  la  paadactiMi  aaMMile  duaickel 

est  »— tée  iimiilii  ■«■<  driiwwii >m»'€>iA«?»,*t.^e 

iWMwt  «wt^  wuite  àjM«pws  «ax  lèiffffM  ■»■»■*»  ; 

18T8 400  tonnés 

!«■ i.VIÙ    — 

W» S. MO    — 

ÏW7. .......  3.W»    ~ 

La  Nourelle-Cidédefne  interrenatt  iT^leurs  pour  la  plus 
large  part  dans  cette  predut^on.De^s  1889,  la  décoit- 

'^  D.  Xkvit.  frogrit  ie  la  milaTtto'gia  du  nicket  {AniUiU*  dn'WtMt, 


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212  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

verte  des  riches  mines  de  pyrrothine  cupro-nickelifëre 
deSudbury  (Canada)  a  fait  entrer  eRligne.poiir la  produc- 
tion da  nickel,  un  redoutable  concurrent  de  notre  colonie; 
ce  sont  les  quantités  considérables  de  métal  que  le  Canada 
a  jetées  sur  le  marché  k  des  prix  sans  cesse  décroissants 
qui  ont  amené  la  crise  subie  par  les  exploitations  de 
nickel  de  notre  colonie,  en  1892-1897. 

D'après  les  statistiques  que  nous  avons  entre  les 
main8(*),  la  production  du  nickel  métal  se  serait,  depuis 
lors,  répartie  comme  suit,  au  point  de  vue  des  pays  d'ori- 
gine des  minerais  : 


1889 

1890 

1891 

\m 

1893 

1894 

I89& 

1896 

1897 

1898 

IR99 

\m 

UDI 

Nou«llL-^>l*doi,ie. 

Si 

310 

99 
8S 

Mm 

«il 

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80 

a?. 

2.099 

a. 
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i.m 
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1.811 

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10! 

l.Tfil 

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3.6W 
2.HH 

3^^3 
Î.BOJ 

9 
47 

1.8T 
3.3tî 

"s 

Ef.l.-i;nU  d-A.é. 

Uivgr» ,... 

TOIABI 

t.S78 

2.4Ï5 

4.706 

4.8» 

4.T1Ï 

4.7i5 

4.3*4 

4.S3T 

1.688 

6.116 

6.i0li 

,4"i 

Nous  ajouterons  que  la  consommation  du  nickel  dans 
le  monde  entier  n'a  pas  exactement  suivi  les  fluctuations 
qu'indiqueraient  les  chiffres  ci-dessus,  extraits  des  statis- 
tiques officielles  des  difTérents  paya  ;  on  aurait  en  effet, 
d'après  les  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir, 
consommé  les  quantités  suivantes  de  nickel  au  cours  des 
<-inq  dernières  années. 

^''"*"  da  nickel  miltl 

189S 6.S00  tonnes 

1899 6,700      — 

1900 7,200      — 

IMl 7.400      — 

(902 6.800      — 

<*)  R.-P.  RoTiwiLL,  The  minerai  Indutlty,  années  1892  et  raiv. 


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LES   UINES   DR  NICKEL  213 

En  regard  de  ces  chiffres  de  production  et  de  consom- 
mation du  nickel,  nous  fournirons,  d'après  les  statistiques 
officielles,  ceux  de  l'exportation  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie  avec  l'indication  approximative  des  quantités 
de  métal  qu'ils  contenaient,  en  faisant  remarquer  que, 
même  à  supposer  les  statistiques  de  la  colonie  exactes, 
non  seulement  il  y  a  une  certaine  perte  au  traitement  et 
parfois  des  pertes  en  route  par  suite  de  sinistres  de  mer, 
mais  qu'en  outre  la  nécessité  de  conserver  ou  de  former  en 
Europe  des  stocks  d'une  certaine  importance  a  pu  donner 
lieu,  au  cours  de  diverses  années,  h  des  exportations  de 
minerai  notablement  différentes  de  celles  correspondant 
à  la  production,  et  surtout  à  ta  consommation  réelle,  du 
nickel  d'origine  calédonienne.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les 
chiffres  que  fournit  la  statistique  officielle. 


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214  RICHESSES   MINÉBJ.U».  DB.  LA  tjODVKLLB-CALÉDONIB 


Ha««U>-G>tMsii«<1 


1^ 


w.am- 
i.-m.im 

ll.72a.UO0 


i.iffà 

T.îia 

7.0i5 


C.   —  DÉVELOPPEMENT  POSSIBLE    DE  l'iSDCSTRIE   DO   NICKEL 

EN  Nouvelle-Calédonie. 


IjCs  chiffres  qui  précëiiont  suffisent  à  montrer  quelle  a 
ité  jusqu'ici,  pour  la  Nouvelle-Calédonie,  l'importance  de 


{•)  Leschiffreade  cestroiïioloones  sont  eublis  en  supposant  tout 
le  minerai  eiportÉ  cru  ;  nous  avons  porté  entre  parenIhÈses.  lorsqu'il  j 
avait  lieu,  le.  chiffres  relatif»  au  minerai  fondu  <lans  I»  colonie. 

(  }  Les  valeurs  des  quantités  de  minerai  exportées,  indiquées  pourles 
années  autérieuroift  1901,  et  en  particulier  pour  les  trois  delriiére», 
m»l,i,?ii^rt"'?  "'«*'*"  ;  «'les  paraissent  «voir  été  ol.tenues  en 
multipliant  les  tonnages  de  minerai  humid  ■  par  la  valeur  de  la  tonne  de 
minerai  sec;  elle»  seraient  donc  ft  réduire  de  23  p.  100  environ. 


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LBS   MINE»  DB  lOGlCBL  215 

l'îadufitn»  du  nickel,  et  (^et  est  l'inAérftt  qui  s'attaclrarait, 

poux  la  prospérité  de  notce  colonie,  à  ce  que  cette  iadus- 
trie  se  développe  encore  largement.  Nous  avons  suffisam- 
taoni  nututré  dwas  ce  qui  précède  combieD  grandes  sont 

.les  1*688011106»  ea  métal  ^eiiemeut  explwtabies  contenues 
dans  le  solde  la  Nouvelle-Calédonie  pour  que  chacun  coni- 
prenae  que  l'on  ne  peut  que  souhaiter  de  voir  la  dem^uide 

•de  Biiaerai  augmenter,  fût-ce  au  prix  d'un  abaissement 

-des  cours  ;  les  richesses  'de  notre   colonie  peuvent  en 

•^et,  pour  peu  qu'on  les  exploite  d'une  façou  plus  régu- 
lière, plus  stable,  et  plus  prévoyante,  ce  que  no  manque- 
rait  p«8    do  faciliter  grandement  une  augmentation  des 

.'débouchéB,  fournir  à  des  demandes  beaucoup  plus  impor- 
tantes encore  qu'aujourd'hui,  et  cela  pendant  de  longues 
aooées. 

ComuienousTavons  dit,  cette  augmentation  desdébouchés 
parait  assez  étroitement  liée  aujourd'hui  à  une  diminution 

-du  prix  auquel  le  métal  pourrait  être  offert  au  consom- 
mateur, et  les  gisements  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître pourraient,  nous  n'es  doutons  point,  satisfaire  à 

-cette  nécessité.  Noua  voudrions  le  montrer  en  quelques 

jnots. 

Si  l'on  reprend  un  à  un  les  différents  éléments  du  prix 

■4e  revient  du  nickel  que  fournit  la  Nouvelle-Calédonie,  on 
est  frappé,  en  écartant  pour  le  moment  les  ctiui'ges 
importantes  quecomportentles  difficultés  de  main-d'œuvre, 
»ur  lesquelles  nous  reviendrons  d'ailleurs,  on  est  frappé, 

■disons-nous,  de  l'inlluence  sur  ce  prix  do  revient  de  trois 
circonstances  différentes.  Ce  sont  :  d'abord  l'obligation 
d'abattre  avec  le  minerai  des  quantités  considérables  de 
matières  plus  pauvres  eo  nickel  qu'il  faut  séparer  par  un 
miontieux  triage  et  rejeter  ensuite,  puis,  et  surtout,  l'aug- 

.meutatiou  de  prix  du  simple  au  double  que  comporte  le 
transport,  depuis  les  Antipodes  jusqu'en  Europe,  de  miue- 

xais  qui  ne  tiennent  guère  plus  de  5  p.  100  de  leur  poids 


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âl6   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA      ODVBLLE-CALÊDONIB 

du  précieux  métal,  et  enfln  la  cherté,  inhérente  à  sa  com- 
plication, du  traitement  métallurgique  des  minerais  de 
nickel. 

Pourrait-on  diminuer  ces  lourdes  charges  et  dans  quelle 
mesure?  C'est  ce  que  nous  allons  discuter. 

La  question  du  traitement  métallurgique  des  minerais 
de  nickel,  et  en  particulier  de  ceux  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, est  de  celles  qui  n'ont  pas  sans  avoir  été  bien  sou- 
vent étudiées,  mais  qui  n'ont  jamais  pu  recevoir  jusqn'ici 
(le  solution  plus  satisfaisante  que  celle  que  nous  avoas 
fait  connaître  en  quelques  mots  ci-dessus .  C'est  de  l'affi- 
nité extrême  du  nickel  pour  le  soufre  queprocèdent  essen- 
tiellement les  difficultés  de  la  question  :  tout  traitement 
par  voie  ignée,  à  moins  qu'il  n'ait  lieu  entièrement  avec 
le  secours  de  combustibles  végétaux,  c'est-à-dire  de  char- 
bon de  bois,  comporte  nécessairement  l'absorption  d'une 
(certaine  quantité  de  soufre  par  le  métal,  ce  qui  entraîne 
ensuite  l'obligation  d'un  grillage  extrêmement  soigné  et, 
par  suite,  fort  onéreux  ;  le  traitement  du  nickel  unique- 
ment au  boisn'apparaissant  commeguère  possible  aujour- 
d'hui, il  faut  se  résoudre  à  cette  obligation  ;  dès  lors  la 
première  fusion  sulfurante,  plus  aisée  que  la  première 
fusion  pour  fonte  nickelifére,  paraît  indiquée,  et  le  reste 
de  la  méthode  actuellement  usitée  s'ensuit. 

Ne  pourrait-on  pas  tourner  la  difficulté  par  l'emploi 
d'une  méthode  de  voie  humide?  C'est  ce  qui  a  souvent  été 
étudié,  mais  ce  qui  a  toujours  échoué,  en  particulier  devant 
les  dépenses  et  les  difficultés  qu'entraînerait  la  dissolution, 
en  même  temps  que  du  nickel,  des  quantités  considérables 
de  magnésie  qui  l'accompagnent.  L'électroljse ,  actuelle- 
ment employée  avec  succès  au  Canada,  pour  répondre,  il 
est  vrai,  h  des  difficultés  de  traitement  tout  autres,  ou  le 
procédé  Mond,  fondé  surla  combinaison  du  nickel  à  l'oxyde 
de  carbone,  procédé  que  l'on  essaie  aujourd'hui  de  faire 


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LES   MINES   DE   NICKBI.  217 

entrer  dans  la  pratique  industrielle  (*),  ne  pourraient-ils 
être  appliqués  avec  économie  au  traitement  des  mineras 
de  nickel  de  notre  colonie?  C'est  ce  qui  n'a  pas  paru  pos- 
aible  jusqu'ici. 

Nous  pensons  donc  que,  jusqu'au  jour  où  quelque  nou- 
velle invention  aura  permis  la  simplification  de  l'extrac- 
tion du  nickel  des  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  il 
faut  compter  arec  des  frais  de  traitement  élevés,  comme 
ils  le  sont  aujourd'hui,  c'est-à-diro  peu  inférieurs,  tout 
compris,  k  i  franc  par  kilogramme  de  métal  produit. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  question  de  l'abaisse- 
ment possible  de  la  teneur  limite  k  laquelle  le  minerai  est 
exploité,  nous  constatons  que  c'est,  beaucoup  plutât  que  les 
nécessités  du  traitement  métallurgique,  l'élévation  des 
frets,  augmentant  le  prix  de  revient  du  nickel  en  raison 
inverse  de  cette  teneur,  qui  fixe  la  limite  de  7  p.  100  {pour 
le  minerai  sec)  à  laquelle  on  s'arrête  aujourd'hui.  Sans 
doute,  chaque  fois  que  l'on  diminuera  la  teneur  du  mine- 
rai à  passer,  on  augmentera  les  frais  de  fusion  par  unité 
de  métal,  et  on  diminuera  un  peu  le  rendement  de  l'opéra- 
tion. Si,  en  effet,  l'on  suppose  une  légère  diminution  de  la 
teneur  du  minerai  en  nickel,  avec  augmentation  corres- 
pondante du  fer  et  de  la  magnésie,  l'allure  générale  de 
l'opération  n'en  sera  pas  grandement  modifiée  ;  cependant 
ta  richesse  en  nickel  de  la  matte  obtenue  sera  moindre  et 
sa  teneur  en  fer  plus  forte,  tandis  que  la  quantité  de  sco- 
rie produite  sera  un  peu  plus  élevée  ;  dès  lors,  pour  main- 
tenir une  température  suffisante  au  creuset,  il  deviendrait 
nécessaire,  comme  cela  se  fait  déjà  maintenant,  maisdans 
une  mesure  moins  large,  d'ajouter  des  matières  riches  en 
nickel,  soit  scories  de  déferration,  soit,  à  défaut,  une 
petite  quantité  des  mattes  produites  par  l'opération  même, 

(')  Le  procédé  Mond  pour  Vtxti-actioji  du  nickel,  par  M.  l<éon  Gvillet 
(Génie  eioil,  l.XLI.  a*  semestre  1902,  p.  1!). 


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ISIS   RICHESSES   MmÉAlLES   DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

-«t  cela  n'irait  pas  sans  esi^r  une  auf^entation  de  la 
cbarge  de  coke.  La  scoriâ,  (jniconUenl  une  certaine  quao- 
tilâ  de  nickel,  surtout  en  raison  d'un  entraînement  mi>ca- 
nique  de  particules  de  matte,  entraînerait  à.  peu  près  la 
mâme  proportion  de  matLe,  puisque  le  rapport  entre  les 
quantités  des  deux  éléments  serait  maintenu  en  repaswint 
■des  mattes,  et  il  n'y  aurait  guère  d'augmentation  de  la 
perte  en  nickel  que  du  fait  du  double  passage  à  la  pre- 
mière fusion  d'une  partie  de  la  matte;  il  pourrait  d'ailleurs 
aussi  j  avoir  une  légère  augmentation  du.  fait  de  la  petite 
teneur  en  nir.kel  combiné  que  peut  présenter  la  scorie. 
Danâ  ces  conditions, ai  l'on  suppose  quel'on vienne  kabaîs- 
ser  de  7  p.  IIX)  à  5  p.  100  la  teneur  en  nickel  du  minerai 
sec,  la  teneur  de  la  matte  tomberait  ^itre  35  et  40  p.  lÛU 
-da  nickel,  et  la  perte  au  traitement,  qui  est  évaluée  au 
maximum  à  10  p.  100  du  métal  contenu,  pourrait  atteiodi* 
jusqu'à  20  p.  100  ;  la  consommation  de  coke  pour  la  pre- 
mière fufiioQ  passerait  vraisemblablement  de  8  à  12  ou  13 
par  unité  de  métal. 

Dès  lors,  les  frais  de  première  fusion,  qui,  comme 
noua  l'avons  dit,  peuvent  être  actuellement  évalués  aui 
-environs  de  45  à  50  centimes  par  kilogramme  de  métal, 
.atteindraient  vraisemblablement  65  à  70  centimes,  en 
augmentation  de  2<)  à  25  centimes,  en  même  temps  que  la 
consommation  de  minerai,  au  lieud'ëtre  de  1 6  kilograouaea 
■de  minerai  sec  à  7  p.  100,  s'élèverait  aux.  environs  de 
25  kilogrammes  de  mineraiser  k  5  p.  100.  On  voit,  qu'en 
tenant  d'autre  part  compte  du  fret('),  qui  revient  aux 
environs  de  50  francs  par  tonne  sèche,  la  dépense  par 
kilogramme  de  métal  se  trouverait  accrue  en  outre 
de  45  centimes,  soit  au  total  65  à  70  centimes,  c'est- 
.^-dire  assez  exactement  du    prix  que  coûte  actuelle- 

(*)  Nnu9  DB  tenons  pas  compte  ici  de  l'augmentai  ion  de^  Trais  d'affi- 
■fuge  de  la  matte  en  raison  de  la  Dioiodra  ricbeiu,  ov  eettc  augoicDla- 
llou  serait  vraisemblablement  Iré*  Taible. 


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L£S  MINES  QK  NICKEL  21â 

ment  le  minerai  sur  place;  il  faudrait  donc,  pour  pouvoir 
isubstituer  le  minerai  à.  5  p.  100  au  mioerai  à  7  p.  100,  que 
saa  prix  de  revient,  rendu  à  bord  en  Nouvelle-Calédouie,. 
fbtnuL. 

La  nécessité  du  transport  <k  minerai  cru  jusqii'ea 
Europe  prohibe  donc  d'une  façon  absolue  remploi  du 
minerai  à  teneur  de  5p.  100.  Pour  le  minerai  à  la  teneur 
•de  6  p.  100,  il  n'en  serait  pas  tout  k  fait  de  même  ;  néaa- 
moio»  2  serait  dif&nle  à  notre  avis  d'abaisser  suffisamnient 
le  prix  de  revient  sur  place  du  miuerai  à  6  p.  lOO  pour 
qu'il  y  ait  avantage  à  le  substituer  au  minerai  à.  7  p.  100  ; 
il  est  cependant  bon  de  signaler  ici  que  des  expéditions 
(la  minerai  à  teneur  comprise  entre  6  et  6  1/2  p.  100  ont 
été  faites  récemment  en  Amérique,  et  y  auraient  donné 
lieu,  eu  1901,  àlaproduction  de  1.796tunuea  de  nickel  ('). 

H  semble,  au  contraire,  que  rien  ne  s'opposerait  à  ce  que 
l'on  fondu  sur  place  des  minerais  à  plus  faible  teneur 
s'ils  pouvaient  être  produits  à  des  prix  suffisamment  bas. 
Il  est  naturellement  fort  difficile,  en  raison  à  la  fois  de 
la  très  grande  différence  qui  existe  d'un  gisement  à. 
l'autre  ei  de  l'absence  totale  de  toute  reconnaissance 
sjiatématique  de  ces  gisements,  de  fixer  quel  aérait 
l'abaissement  de  prix  de  revient  qui  correspondrait  à  un 
abaissement  delà  teneur  limite  des  minerais  exploitables; 
il  serait  eu  tout  cas  considérable.  Si  nous  envisageons,  par 
^ixemple,  le  caa  oii  Ton  en  viendrait  k  exploiter  jusqu'à 
la  teneur  de  5  p.  100,  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer 
q,ue  le  prix  de  revient  de  la  tonne  de  minerai  pourrait 
-être  abaissé,  daos  beaucoup  de  cas,  de  moitié,  peut-^tre 
même  des  deux  tiers.  11  ne  faut  pas  oublier  en  effet  qu'au- 
jourd'hui on  abat  forcément  des  quantités  importantes 
^le  minorai  à  plus  faible  teneur  en  même  temps  que  les 
minerais   utilisables;   donc,    sans    augmenter    les    frais 

(*)  H.  P.  Rdthweli^  Iht  minerai  Indualry  lo  Ihe  tHdof\Wl,  p.  UG. 

D.D.t.zeabï  Google 


220  RICHESSBS   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

d'abatage,  on  aurait  déjà  un  accroissement  consi- 
dérable du  tonnage  utilisable;  les  frais  de  triage  ne 
seraient  pas  augmentés,  ils  seraient  souvent  même 
diminués  (il  suffit  pour  en  être  persuadé  d'avoir  tb 
sur  les  carrières  de  presque  toutes  les  mines  des 
quantités  considérables  de  tas  de  matières  prèles  à  être 
expédiées,  mais  qui  ne  pouvaient  l'être  parce  que  1  ana- 
lyse y  avait  montré  des  teneurs  de  4  p.  100,  4  1/2  p.  100, 
ri  p.  100,  et  souvent  même  5  1/2  p.  100  ou  6  p.  100.  et 
parce  qu'on  ne  disposait  pas  d'assez  de  minerai  riche  pour 
les  porter  à  la  teneur  de  7  p.  100}.  Quant  aux  frais  de 
transport,  ils  ne  seraient  accrus  que  de  bien  peu,  car  la 
plupart  des  câbles  ou  voies  ferrées  sont  loin  de  trans- 
porter non  seulement  le  maximum  de  ce  qu'ils  peuvent  dé- 
biter, mais  encore  souvent  le  maximum  de  ce  que  pourraient 
manutentionner  les  ouvriers  qui  en  font  !e  service.  Si 
donc  nous  admettons,  ce  qui  n'est  en  moyenne  pas  supé- 
rieur à  la  réalité,  croyons-nous,  que  le  triage  des  masses 
abattues  fait  en  vue  d'en  retirer  du  minerai  à  5  p.  îOO, 
en  donnerait  facilement  deux  fois  k  deux  fois  et  demie 
plus  que  de  minerai  k  7  p.  100,  nous  constatons  que  U 
totalité  de  ce  minerai  descendu  au  bord  de  la  mer  (nons 
ne  comptons  ici  ni  le  chalandage,  ni  les  droits  d'ex- 
portation, etc...,  qui  n'entreraient  plus  en  ligne  de 
compte  si  le  minerai  était  traité  sur  place)  reviendrait  h 
peine  plus  cher  que  la  petite  quantité  actuellement  des- 
cendue ;  il  n'est  donc  pas  téméraire  d'escompter  que  le 
prix  de  revient  de  la  tonne  serait  facilement  diminué  de 
moitié,  en  même  temps  que  l'on  assurerait  l'utilisation  de 
10  à  12  unités  de  métal  au  lieu  de  7(*).  Mais  ce  n'est 
pas  tout  ;  à  côté  des  masses  que  l'on  abat  aujourd'hui,  on 
laisse  des  masses  minéralisées  très  faciles  à  exploiter  et 

(*)  Pour  être  tout  i  tail  eiacl,  il  laudralt  leoir  compte  de  l'augnienU- 
tion  de  la  perU  au  traitement,  ce  qui  revient  à  dire  qu'on  assunrût 
l'utilisation  de  8  à  3,6  unités  de  métal  an  lieu  de  6,3. 


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LES   HiNES  DE   NICKEL  221 

pour  lesquelles  toutes  les  préparatiou»  et  installations 
sont  faites,  uniquement  parce  qu'elles  ne  sauraient  don- 
ner une  proportion  rémunératrice  de  minerai  à  7  p.  100, 
alors  que  dans  bien  des  cas  elles  pourraient  parfaitement 
en  fournir  dans  de  bonnes  conditions  à  5  p.  ICiO  ;  il_v  aurait 
là  une  modification  très  importante  dans  l'utilisation  des 
gites  et  (tes  installations  faites  pour  les  mettre  en  exploi- 
tation. Nous  ne  croyons  donc  pas  exagérer  en  disant  que 
le  prix,  de  revient  par  kilogramme  de  métal  contenu 
dans  le  minerai  pourrait,  avec  une  bonne  organisation, 
être  abaissé  au  moins  de  moitié,  c'est-à-dire  descendre  à 
30  ou  35  centimes. 

L'abaissement  de  la  teneur  limite  à  laquelle  les  mine- 
rais de  nickel  calédoniens  sont  utilisables  nous  apparaît 
donc  comme  intimement  liée,  du  moins  si  l'on  se  préoc- 
cupe de  réaliser  un  abaissement  réellement  sérieux  de 
cette  teneur,  à  la  question  d'une  première  fusion  du 
minerai  sur  place,  en  vue  de  réduire  considérablement  la 
proportion  de  matière  stérile  à  transporter  avec  le  nickel. 
On  transporte  aujourd'hui,  rappelons-le,  de  945  à  950  ki- 
logrammes de  matière  stérile  pour  50  à  55  kilogrammes 
de  nickel  métallique  (minerai  à  7  p.  100  à  sec  et  tenant 
de20à25p.  100  d'humidité),  ce  qui  représente  une 
dépense  de  80  centimes  au  moins  par  kilogramme  de  métal 
(en  ajoutant  au  fret  les  frais  de  chalandage  et  autres 
frais  accessoires)  ;  le  jour  où  l'on  pourrait  substituer  au 
transport  de  tels  minerais  celui  de  mattes  tenant  de  35  à 
45  p.  100  de  nickel,  la  dépense  par  kilogramme  de  métal 
tomberait  à  8  ou  10  centimes,  c'est-à-dire  qu'elle  s'abaî»- 
Beraît  de  70  centimes  environ.  Ne  serait-il  pas  aisé  de 
réaliser  tout  ou  partie  de  cette  importante  économie? 
C'est  ce  qui  semble  tout  indiqué  au  premier  abord,  et  c'est 
ce  dont  l'étude,  sommaire  il  est  vrai,  que  nous  avons  pu 
faire  de  la  question  nous  a  donné  la  persuasion,  bien  que, 


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%2â   RICHESSES   HII:IÉRB.IJ!S  DE  LA   NOtTVELLE-CALÊDONIB 

nous  devons  le  reconn^ire^  l'économie  en  question  ne  «oit 
-pm  aassi  farfle  )i  réaliser  qn'on  pourrait  le  croire.  Uàs 
n  7  a  plus;  en  mfeme  temps  qne  la  fusion  sur  place  des 
minOTais  mêmes  qoe  l'on  utilise  «ctoellOTnent,  et  l'expor- 
tation ult-éiieure  de  mattes  richee,  pormettrait  de  réaliser 
une  réelle  économie  sur  les  errements  actnels,  elle 
forait  disparaître  l'obstacle  qne  nous  sig;naK<iBB  ci-dcwns 
à  un  abaissem'ent  sérieux  de  la  teneurdes  nmm^K^aitét. 
Ce  aont  res  deux  points  qne  nous  nous  proposons  m«B- 
tanant  de  mettre  brièTement  en  Innnfere. 

La  queiition  de  la  fusion  sur  place  des  minenRs  et 
nickel  de  la  Nouvelle-Galôdonie  n'est  pas  neuve  :  ell& 
s'est  posée  dbe  le  début,  et  on  n'avait  pa?  tardé  â  la 
rémodre  par  l'afRrmatÎTe.  Denx  mMiants  fumneai 
(hauteur?  mètres,  volume  18  mètres  ctrises)  ferent  cons- 
truits i  la  pointe  Chaleix  près  de  Nooméa,  en  f919  ;  la  h- 
sjon  eut  d'abord  Ivtai  pfltrr  produire  des  fontes  tRekeUfcre» 
{■A  fïS  p.  100  de  nickel);  elle  fut  ensuite  réglée  pooreMe- 
nir  des  mattes  tenant  aux  environs  de  00  p.  lOO  4e 
nickel,  et  fut  pratiquée  ré^Itèrement  jtnqu*an  dAmt  de- 
1885,  époqiie  où  la  première  crise  qro  a  «évi  «or  te  amr- 
ché  du  nickel  obligea,  à  mettre  les  hasts  faimiiiiiira.  bora 
feu.  Cette  ientfrtwo  i!K>it  être  cmisidér^  «omne  ay«it 
donné  dm  résultats  satî^isants  dam  les  tiwnBftBua  ^ 
se  trouva  ^cm  le  marché  dn  mckel  «t  eti  «e  prrtqmit 
la  loét^dlur^e  de  ce  métal;  les  ^tn.  ic  imitiit  de  pre- 
mière 'ftirim,  TCTsrns  de  1  frww  car  fcilwgriBiiH*  ^e- 
nickel  métal,  auxquels  on  iétait  arri**,  a'avMeat  «n 
effet  rien  d'excessif  aient. 

'Si  les  renseignememts  qoe  nms  ftvens  fn  reixieiHb  sBr 
eeitte  promît  tentstive,  déjÀ  anciemie,  sont  e^Hits,  ta 
fusion  pour  fonte  mck^Rre  de  minerais  k  teacnr  veî- 
sine  de  10  "p.  4<00  <le  atekel  cemetnnait,  ■par'tsMiede 
muierei  ciumide,    vw  info^^rvmwes  oe  'i^'oBe  afflnrtlieC' 


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LBS  MTNB8  DE  TtlÛBXL  tSS- 

reveitaot  à  80  'francs  la  tonne,  HO  Icilogramnies  ètt 
houîBe  de  même  provenance  &  37  francs,  et  SOO  kilo- 
gfamnies  de  castine  h  12  francs  ;  le  prix  de  revient  total 
de  la  fnsîon  ressortait  ainsi  à  S7  fi'anca  par  tonne  de 
minerai,  soit  637  francs  par  tonne  de  fonte  (rendement 
en  fonte  de  13  1/2  p.  100),  soit  encore  1  ftTinc  par  kito- 
gramme  de  nickel  (teneur  deîatonteTOp.  100).  Mais, en 
présence  des  difficultés  dn  traitement  de  cette  ftnrte,  qui 
tenait  de  1  1  /2  îi  S  p.  100  de  soufre,  on  ^t  en  rwrenir  à  la 
fusion  pour  matte  ;  celle-d  eut  Hen  du  début  de  1882  au 
début  de  1^^,  soit  pendant  3  ans  ;  elle  a  porM  sur- 
16.000  tonnes  de  minerai;  essayée  d'alxïrd  en  employant 
comme  snlfm-ant  le  soufre,  elle  a  été  peursome  gràf*  * 
l'emploi  Al  gypse  de  la  colonie  ;  les  Bt»  de  fbsîon  conte- 
naient en  moyenne,  partonnede«9iner8i,445ïïk>grammeB- 
de  coke,  80  kilogrammes  de  bonifie,  380  kilc^ammes  de 
castine.  et  75  kilogram-mes  de  ^ypse  revenant  à  40 francs 
la  tonne  ;'le  prix  de  revient  total  était  de  79  ft«»c«  p«rr 
tortne  de  minerai  fondu,  soit  993  francs  par  tonne  de 
matte  produite  (rendement  en  matte  iS  1  /3  p.  1130)  et 
^,95  par  kflogramme  de  nickel  (teneor  de  ht  matte 
82  p.  100)(*).  Dans  les  derniers  temps  âe  tnarrhe  de 
rnsine,  on  avait  essayé  }a  f alrrication 'sur  pfece  des  cokes 
nécessaires  k  la  fusion  i  l'aide  de  menus  îiirporMa  eros 
fl*Aosb-alte  ;  cela  paraissait  devoirTéaHsw  «ne  éctmmm 
importante  snrla  dépense  de  combustible. 

Lorsqu'on  1889  une  nouvelle  ère  de  prospérité  s'ou- 
vrît pour  llndoïtrie  du  nickel,  on  recomitlt  h  nouvemi 
h  néfiesstté  de  la  fusion  'sur  place,  d'antBift  phis  qve  tte 
prix  du  métal  avaît  notablement  bwBsé  et  tendit  ài» 
ftter  aux  envintnâ  de  5  ftvics  le  kRognmme.  Vnsine 
de  I4»umé'&  n'irait  plos  en  mardn  et  exigeait  natoreRe- 


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g24   RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NODVELLE-CALÉDOME 

ment  quelques  réfections  ;  la  société  le  Nickel  crut  fréfé- 
rable,  dans  le  but  d'éviter  le  transport  encore  assez 
onéreux  du  minerai  depuis  ses  centres  d'exploitation, 
situés  principalement  à  Thio,  jusqu'à  Nouméa,  de  la 
^ansférer  au  pied  même  des  mines;  on  en  profita  d'ail- 
leurs pour  essuyer  la  fusion  au  cubilot  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  qui  avaient  déjà  fait  leurs  preuves 
à  KirkintiUocb.  (rest  alors  que  fut  créée  l'usine  d'Ouroué, 
à  l'embouchure  de  la  Dothio,  soit  à  4  kilomètres  envi- 
ron de  Thio,  Les  cubilots,  larges  et  très  bas  (diamètre 
1°',73,  hauteur  entre  la  porte  de  chargement  et  les 
tuyères  1  mètre  seulement),  qui  furent  construits,  pa- 
raissent n'avoir  jamais  fonctionné  dans  des  conditions 
satisfaisantes  ;  leur  marche,  entre  les  mains  du  personnel 
dont  on  disposait,  fut  toujours  très  irrégulière:  on  char- 
geait, par  tonne  de  minerai  {à  teneur  de  7  à  8  p.  100), 
jusqu'à  620  kilogrammes  de  coke,  220  kilogrammes  de 
charbon,  320  kilogrammes  de  corail  et  2'3  kilogrammes 
de  soufre  ;  le  prix  de  revient  de  la  fusion  avec  de  sem- 
blables consommations  ne  pouvait  être  que  très  élevé;  il 
aurait  atteint  1"50  par  kilogramme  de  nickel  métal, 
marquant  ainsi  un  retour  en  arrière  sur  ce  qui  avait  été 
fait  10  ans  auparavant.  Aussi  n'a-t-on  pas  tardé  à  mettre 
hors  feu  l'usine  d'Ouroué  (au  début  de  189i)  et  à  recom- 
mencer à  expédier  tout  le  minerai  cru  en  Europe.  Cette 
deuxième  tentative  est  la  dernière  qui  ait  été  faite  pour 
la  fusion  du  nickel  sur  place  ;  comme  on  le  voit,  elle  a 
été  très  malheureuse,  et  c'est  évidemment  à  son  éch« 
qu'est  due  l'hésitation,  tant  de  la  société  le  Nickel  que  de 
tous  autres  exploitants,  à  entrer  à  nouveau  dans  une  voie 
qui  parait  cependant  si  indiquée,  U  est  bon  d'ailleurs 
d'insister  sur  ce  fait  que  l'on  n'a  pas  renoncé  à  pour- 
suivre la  tentative  faite  à  Ouroué  parce  que  l'on  aurait 
reconnu  que,  dans  les  meilleures  conditions  que  l'on 
puisse  réaliser  en  Nouvelle-Calédonie,  les  frais  restaient 


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LES   MINES  DE   NICKEL  325 

encore  plus  élevés  que  les  frais  de  fusion  en  Eurojie  aug- 
mentés du  fret,  mais  bien  parce  que  l'on  n'a  pas  réussi  à 
faire  marcher  régulièrement  une  fabrication  qui,  ailleurs 
et  en  d'autres  mains,  réussissait  bien.  L'insuccès  de  cette 
tentative  ne  saurait  donc  OA)ndamner  en  aucune  façon  le 
principe  de  la  fusion  sur  place  ;  il  montre  tout  au  pUm, 
à  notre  avis,  qu'il  ne  faudrait  pas  en  entreprendre  une 
nouvelle  sans  prendre  grand  soin  de  s'assurer  le  con- 
cours d'un  personnel  parfaitement  capable  de  )a  mener  à 
bien. 

Une  nouvelle  tentative  de  fusion  sur  place  pourrait  être 
faite  dans  deux  buts  différents  :  le  premier  serait  simple- 
ment d'abaisser  le  prix  de  revient  final  du  nickel  métal 
en  partant  des  mêmes  minerais;  le  second  serait  de 
rendre  possible  l'utilisation  de  minerais  à  teneur  infé- 
rieure (5  p.  100,  par  exemple),  utilisation  aujourd'hui 
impossible  comme  nous  l'avons  montré.  Eu  fait,  la  fusion 
sur  place  devrait,  à  notre  avis,  tendre  à  ce  double  but  ; 
peut-être  ne  permettrait-elle  pas  dès  le  début  la  fusion 
de  minerais  à  5  p.  100,  tout  en  abaissant  le  prix  de  re- 
vient, mais  do  moins  permettrait-elle  sans  doute  celle  de 
minerais  à  6  p.  100,  et  ce  serait  déjà  un  joli  résultat  à  la 
fois  au  point  de  vue  de  la  puissance  de  production  des 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  de  la  bonne  utilisation 
de  leurs  richesses. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  établir  avec  précision  quels 
seraient  les  frais  d'une  première  fusion  en  Nouvelle-Calé- 
donie, car  cela  dépendrait  trop  <les  ivtnditions  dans  les- 
quelles on  la  tenterait  ;  et  ces  conditions  mêmes  varie- 
ment  pour  chaque  société,  car  c'est  à  la  fois  de  l'étendue 
et  de  la  richesse  des  concessions  qu'elle  posséderait,  de 
leur  situation  géographique,  de  l'importance  de  la  pro- 
duction qu'elle  voudrait  réaliser,  etc...,  que  dépendraient 
et  la  position  à  choisir  pour  son   usine,  position   avec 


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,  iroUVELLK-CALEDONtE 
224   RICHESSES  MINERA'  ^'' 

f-'^/fê  matières  premières,  et  te- 

"tj    **d    ."^  '      ,-    ■^■;^.  développement  qui  influerait 

ra   e,     aP       ^-.r'-yV^de  main-d'œuvre  et  plus  encore- 

'^.    ^"^       ^■"y*-^^!rHrt''rt'ssement.  Ce  que  nous  ponTOi»- 

r  "  ^        '^^"'M^'fi'^  'i""'  P*"""  ^®  rendre  compte  de  l'op- 

^  fff^'  "^  /"sion  sur  place,  il  faudrait  comparai, 

^/^^  total  des  frais  de  chalandage  à  l'embarque- 

/^l'^'^ieoiis  sur  le  minerai  exporté,  du  tn>t  jusqu'en. 

■^f,  ''^'^gs  frais  de  débarquement  et  de  première  fusion 

L/ii/^      Jes  minerais,  au  total  des  frais  de  fusion  8«r 

eo  ^jes  mêmes  minerais  et  doa  frais  d'embarquement 

/i/**^^  jport  en  Europe  et  de  débarquement  de  la  matte^ 

Ifi  preniier  de  ces  totaux,  rapporté  au  kilogramme  de- 
rt^lal'  p^^^  ^ti^  évalué  comme  suit  : 


FraiR  d'embarquement 0,0S  à  0,08 

Droilâ  sur  le  minerai  exporté 0,005^ 

Fret  .jusqu'en  Europe 8,70  k  0,80 

Frais  de  débarquement 0,02  A  0,M. 

Frais  de  première  fusion 0,46  k  4,60 

Total  environ 1 ,20  à  t,*0 


Les  frais  d'embarquement,  de  transport,  et  de  défear^ 
qnement  en  Europe  de  la  matte  à  produire  ne  représenie- 
raient  pas  plus  d'une  soixantaine  de  franos  par  hmae, 
c'est-à-dire  à  peine  0",135  par  kilofi^amme  de  loétal;  on- 
TMt  donc  que,  mémç  avec  des  frais  de  {Hvmière  fHsioB 
pour  mattes  de  0'',95,  tels  qu'ils  étaient  réaliséti  â  la» 
pointe  Chaleix  en  1883-i884  (avec  des  minerais  un  peu 
plus  riches,  il  est  vrai),  l'opératHMi  -appu«Hrait  comme 
devant  être  économique.  Nous  ne  doutons  f»  d'ailleun 
que  les  frais  de  fusion  d'autrefcHs  pouiraientêtre  tsrgenettt 
abaissés  aujourd'hui.  Si  on  examine  ea  effet  tes  fni»  de- 
première  foeion,  on  vMt  qu'ils  se  pArtagebt  à  ^eu  pnxt 


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LES   MINES   DE  NICKEL  227 

par  moitié  entre  les  matières  d'uue  part  (coke,  castine 
et  fondants)  et  la  main-d'œuvre  et  les  frais  géuéiaux 
d'autre   part. 

San»  vouloir  compter  ici  sur  l'utilisation  possible  des  char- 
bons néo-calédoniens,  nous  supposerons  qne  l'on  emploie 
uniquement  du  charboa  australien  ;  il  fournit  en  effet 
un  coke  de  qualité  parfaitement  suffisante,  comme  le 
montrent  les  analyses  et  essais  de  ce  coke,  et  l'expérieDce 
tant  des  fondeurs  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  que 
des  importantes  usines  de  Port-Piric  (Australie  du 
Sud)  oii  l'on  traite  les  minerais  de  Broken-HUl.  Pris  à 
l'état  de  coke  à  NewcasUe,  il  coûterait  de  16  à  20  sliil- 
Ungs  la  tonne,  suivant  les  courte,  soit  20  à  25  francs,  il 
serait,  en  outre,  grevé  do  10  à  12  francs  de  frais  de  trans- 
port et  d'une  somme  presque  égale  pour  frais  de  débarque- 
ment et  pour  tenir  compte  du  déchet  ;  il  reviendrait  donc 
eotre  40  et  50  francs  la  tonne  remlue  sur  place  ;  si,  au  con- 
traire on  créait  des  fours  à  coke  dans  la  colonie,  on  pour- 
rait utiliser  des  charbons  menus,  qu'on  trouve  à  acheter  à 
Newcastle  au  degré  de  pureté  suffisant  à  des  prix  de  0  à 
8  s^llingB  la  toime,  soît  7",50  à  10  francs,  qm  pourraient 
donc  être  rendux  «n  Nouvelle-Calédonie  i  20  Eï-ancs  la 
tcome  environ;  et  qui  pourraient  ainsi  fournir  du  coke  h 
moins  de  40  francs..  La  castine,  empruntée  aoit  aux  (^al- 
«liresde  la  cAte  Ouest  (qui  tiennent  86  Â4K)  p.  i^tO  de 
carbonate -de  chaux,  2  à  5p.  100  de  carbonate  de  nvKgné- 
-we  -et  3  à  10  p.  lOl)  desîlice),  soit  aux  coraux  (ceux  qui 
«ait  étéempkjyé«  kOnrooé  tenaient  90  p. 100  de  carbonate 
de  chaux,  5  1/2  p.  100  de  carbooate  <le  magnésie  et 
4  1/â  p.  100  d'impuretés 'diT«^e8.  silice,  sesquiexyd»  de 
fer,  etc.),  reviendrait  à  des  prix  un  peu  variables  s«imnt 
lepoNit  où  serait  située  l'usine,  mais  n'excédant  vraisem- 
.  ihUefoest  pas  IG  francs  la  tonae.  QwEuat  Jt  la  matière 
«dforaate,  le  soufre  (que  l'oa  poiurait  faire  venir  assez 
ausérami  d«  Japon)  serait  d'an  «oa^toi  toujoara  fort  coù- 


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228   RICHESSES   UINÉKAL^S   DE   i.k   NODVELLE-CALBDONIE 

teiix,  en  raison  de  sa  volatilisation  partielle  au  gueulard  ;  il 
serait  bien  préférable  d'employer  le  gypse  calédonien  (qui, 
biendébourbé,  tient  jusqu'àQS  p.  100  de  sulfate  de  chaux, 
soit  17  1/2  p.  100  de  soufre),  dont  il  existe,  comme  nous 
nous  en  sommes  assuré,  des  députa  considérables,  et  qui. 
bien  qu'un  peu  ingral  à  exploiter  à  cause  de  son  gisement 
en  cristaux  quelque  peu  empfttés  d'argile,  pourrait  être  ob- 
tenu à  assez  bon  compte;  il  revenait,  parait-il,  autrefois 
à  40  francs  la  tonne  rendue  à  la  pointe  Chateix  ;  nous  adop- 
terons ce  chiffre  tout  en  mentionnant  qu'il  pourrait  vrai- 
semblablement être  réduit  dans  une  large  proportion. 

Dès  lors    les   dépenses    de  combustible  et   fondants 
pourraient  s'évaluer  au  maximum  ainsi  qu'il  suit  : 


Coke. . .    400  kilogr.  k  40  francs  la  tonne  :  16  francs       0'%32 
Castine,     SOO  10  2  0  ,04 

Gypse..     100  .    ^0  4  0  ,08 


Il  est  beaucoup  plus  difficile  d'évaluer  les  dépenses  de 
main-d'œuvre  et  de  frais  généraux;  elles  seraient  assuré- 
ment plus  élevées  qu'en  Europe,  en  raison  principalement 
de  la  nécessité  de  faire  venir  d'Europe  quelques  bons  chefs 
d'équipe  auxquels  on  allouerait  des  salaires  élevés;  nous 
pensons  cependant  que,  si,  en  Europe,  elles  ne  dépassent  pas 
25  centimes  par  kilogramme  de  métal,  nous  ne  serions 
pas  au-dessous  de  la  réalité  en  les  majorant  de  moitié, 
c'est-à-dire  en  les  portant  à  37  centimes  1/2.  Cela  ferait 
ressortir  les  frais  de  fusion  sur  place  an  total  de  81  cen- 
times 1/2  que  nous  croyons  largement  calculé. 

Dès  lors  le  prix  de  revient  de  la  matto  rendue  en 
Europe,  rapporté  au  kilogramme  de  métal,  ne  compren- 
drait, en  plus  .du  prix  de  revient  du  minerai  rendu  au  bord 
de  la  mer  en  Nouvelle-Calédonie,  qu'une  somme  de  0'^,95 


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LR8  MINES   DE   NICKBL  '£Sè 

au  lieu  de  l'',20  àl",40,  soit  1",55  à  l'%60  minerai  com- 
pris, au  lieu  de  l'',$Oà  S  francs;  il  y  aurait  là  une  diminu- 
tion importante  dans  le  prix  de  revient  du  métal. 

Mais  il  y  a  plua  ;  on  pourrait  aborder  en  Nouvelle- 
Calédonie  la  fusion  des  minerais  pauvres  :  nous  n'en- 
tendons pas  naturellement  en  présenter  une  démonstra- 
tion complète,  aidé  seulement  de  chiffres  que  nous  ne 
considérons  pas  ('omme  établis  avec  ime  précision  suffi- 
sante ;  nous  voulons  simplement  en  faire  comprendre  la 
possibilité.  Si,  au  lieu  de  fondre  du  minerai  k7  p.  100,  on 
venait  à  fondre  du  minerai  à  5  p.  100,  dont  le  prix  de 
revient  par  unité  de  métal  serait,  nous  le  supposons, 
abaissé  de  moitié,  c'est-à-dire  réduit  à  30  ou  32  centimes, 
les  dépenses  de  combustible  seraient,  comme  nous  l'avons 
mentionné,  augmentées  dans  le  rapport  de  8  à  12  ou  13, 
c'est-à-dire  porfées  de  32  centimes  k  50,  les  frais  de  fon- 
dants, de  main-d'œuvre  et  les  frais  généraux  seraient 
seulement  augmentés  dans  le  rapport  des  poids  de  minerai 
traités,  c'est-à-dire  dans  le  rapport  de  6,3  (rendement  du 
minerai  à  7  p.  100)  à  4  (rendemeui  du  minerai  à  5  p.  100)  ; 
ils  seraient  donc  portés  de  50  à  78  centimes. 

Dans  cette  nouvelle  hypothèse,  au  lieu  de  pouvoir 
amener  en  France  une  matte  à  45  p.  100  de  nickel 
revenant  à  l'%55  ou  1",60  tout  compris  par  kilogramme 
de  métal,  on  l'amènerait  à  la  teneur  de  35  à  40  p.  100 
seulement  et  avec  un  prix  de  revient  se  décomposant 


Valeur  du  minerai  rendu  à  l'usine  de  fusion O'',30  à  0",32 

Dépense  de  combustible 0'',50 

Autres  frais  de  première  fusion  (fondants,  main- 
d'œuvre,  frais  généraux) 0  ,78 

Frais  de  transport  en  Europe 0  ,<S 

Total i'V*  à  IV» 

nsembledonc  qu'on  ne  reperdrait,  à  traiter  le  minerai  à 


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230  RICHESSES  MINÉRALES  DE  I.A  HOL-VHLLE-CALÉDOXIE 
5  p.  100,  (ju'uiie  partie  du  béiiéflre  de  la  fusion  sur  plape, 
mais  on  assurerait  en  même  temps  une  bien  meilleure  utili- 
sation dfis gîtes  de  nirkel  de  la  colimie  :  on  resterait  d'ailleurs 
vraisemblalileinont  au-dessous  des  prix  de  revient  actuels. 
Peut-f'tre  môme,  ce  que  nous  ue  sommes  pas  éloigné  lie 
croire,  nos  évaluations  ont-elles  été  supérieures  à  ce  que 
seraient  on  réalité  les  différentes  dépenses,  et  serait-il  tout 
aussi  avantageux  de  traiter  surplace  des  minerais  pamTes 
que  des  minerais  à  7  p.  100.  En  tous  cas,  si  c'est  vouloir 
aller  trop  loin  que  de  descendre  jusqu'à  la  teneur  de 
5  p.  lOO,  p.inrrait-on  sans  doute  aller  avec  profit  jusqu'à 
0  p.  10<)  ou  5  \  '■>  p.  100. 

En  que!  point  de  la  colonie  devrait  Hra  située  une  telle 
usine  de  fusion  du  minerai?  C'estre  que  nous  ne  saïu-ions 
préciser  ici,  car  cela  dépendrait  essentiellement  de  la 
siliiation  des  {fisoments  destinés  à  fournir  le  minerai  :  la 
société  le  Nickel  étudie,  croyons-nous,  le  projet  d'une 
usine  de  première  fusion  à  Tliio,  ot  elle  ne  peut  en  effet 
que  la  placer  prés  de  ses  mines  les  plus  productives; 
la  société  "  Nickel  Corporation  Limited  »,  ((uî  {ussède  sur- 
tout des  glKements  sur  la  cftie  Ouest,  serait  amenée  k 
construire  son  usine  de  pT"éfércnco  sur  cette  côte  ;  et  teUe 
entreprise  nouvelle  qui  viendrait  à  se  fonder  chercherait 
tout  naturellement  à  procéder  ii  la  fusion  de  ses  minerais 
en  un  point  où  elle  pourrait  amener  à  bon  compte  à  la  fois 
ceux-ci  et  les  charbons  et  fondants  qu'elle  aurait  besoin 
de  faire  venir  par  mer. 

On  a  également  .songé  à  fondre  sur  place  le  minerai  de 
Nouvelle-Calédonie  pour  fonte  nickelifère  pure  de  soufre 
et  par  suite  directement  utilisable  dans  la  métallut^e  : 
il  faudrait  pour  cela  avoir  recoin-s  au  charbon  de  bois 
comme  combustible,  et  nous  ne  voyons  aucun  point 
de  ta  colonie  oii  l'on  pourrait  l'obtenir  on  grande  quantité 
et  à  des  pris  suffisamment  bas.  Tout  an  plus  une  telle 
fabrication  pourrait-elle  devenir  une  annexe  de  la  fabri- 


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I.BS  MINES  VE,  mvKlth  231 

«atioa  principale  dans  les  conditions  que  nousveuons  d'in- 
diquer. 

Nous  ae  mentionnerons  ici  que  \x>uv  inÉmoire  d'autres 
projets  dont  on  a  parlé  et  dont  on  parln  encore  :  ils  con- 
aisteraicnt  à  utiliser  les  forces  hydrauliques, qui  ne  seraient 
peut-être  pas  trop  difficiles  à  aniéiiager  dans  certains 
points  de  la  colonie,  ait  traitement  dus  minerais  de  nickel  : 
les  minerais  tels  qu'on  les  exploilcnesonl  pas  accessibles 
aux  prorédés  actuels  de  l'cleclro-iiiétallurgie,  il  faudrait 
<loiic  leur  faire  subir  une  première  funion;  mais  alors  le 
nickel  se  trouverait  déjà  suffisamment  concentré  pour  que 
non  expédition  en  Europe  pour  raftînage  paraisse  être  la 
■nieilleure  solution.  Ou  a  même  parlé  demplover  comme 
fondants  les  minerai»  sulfurés  de  cuivre  du  Nord  de  l'Ue, 
•en  vue  d'obtenir  une  matte  cupronickelifere  dont  ou  sépare- 
rait ensuite  les  deux  métaux  par  l'électmljse,  comme  on 
ie  fait  pour  les  minerais  du  Canada.  C'esl  là  un  projet 
-hardi,  et  dont  nous  ne  saurions  prévoir.pour  le  moment  et 
dans  la  situation  économique  et  industrielle  géucrale  de 
la  colonie,  ni  la  réalisation  ni  le  succès. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  parait  en  tous  points  essen- 
tiellement souhaitable  pour  la  colonie  que  la  question  de  la 
fusion  sur  place  des  minerais  de  nickel  qu'elle  produit  soit 
■enfin  reprise  ;  c'est  celui  des  progrès  dans  l'utilisation  des 
ressources  en  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  aurait 
■certainement  le  plus  heureux  effet  sur  le  développement 
de  Texploitation  de  ces  richesses;  il  eu  résulterait  pour 
le.s  producteurs  du  nickel  calédonien  la  possibilité 
d'abaisser  notablement  le  prix  de  vente  du  métal,  et  par 
suite  de  soutenir  dans  des  conditions  meilleures  encore  la 
•cuocurrence  des  produits  du  Canada;  cela  permettrait  en 
-outre,  et  entraînerait  certainement  à  très  bref  délai,  une 
utilisation  beaucoup  meilleure  des  réserves  de  nickel  con- 
tenues dans  le  sol  de  la  colonie.  Aussi  M.  le  Gouverneur 


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'£32   B1CHESSE8   MINÉRALES   DE  XA  NOOVELLB-CALBUONIE 

de  la  Nouvelle-Calédonie  a-t-iî  été  très  heureusement 
inspiré  lorsque,  voulant  hâter  la  réalisation  d'un  projet 
qui  touche  aussi  directement  aux  intérêts  généraux  de  la 
colonie,  il  promettait  la  concession  gratuite  des  terrains 
nécessaires  à  l'érection  de  la  première  usine  de  fusion; 
nous  rappelons  d'ailleurs  que  la  redevance  de  25  centimes 
par  tonne  de  minerai  de  nickel  extraite  n'est  perçue  que 
sur  les  minerais  non  transformés  dans  la  colonie, 

D.  —  Lks  oisbmekts  de  nickel  concurrents. 


Une  dernière  question  se  pose  pour  celui  qui  veut  peser 
les  chances  de  développement  de  l'industrie  dn  nickel 
on  Nouvelle-Calédonie  ;  c'est  celle  de  la  concurrence  qui 
peut  être  faite  à  cette  industrie  par  les  industries  simi- 
laires existant  ou  à  créer  dans  d'autres  pays  du  monde, 
liien  que  nous  n'ayons  pas  eu  le  loisir  de  procéder  à  une 
l'tude  approfondie  de  cetle  question,  au  sujet  de  laquelle 
seul  Texanien  sur  place  des  autres  gisements  de  nickel, 
et  en  particulier  de  ceux  du  Canada,  aurait  pu  nous  per- 
mettre de  nous  faire  une  opinion  personnelle,  nous  ter- 
minerons ce  qui  a  trait  aux  gisements  de  nickel  de  la 
Nouvelle-Calédonie  par  quelques  indications  sur  les  aub^s 
gisements  du  monde. 

Avant  la  mise  en  exploitation  du  nickel  en  Nouvelle- 
Calédonie,  la  production  de  ce  métal,  qui  était  annuelle- 
ment de  400  tonnes  environ,  se  l'épartissait  entre  quelques 
gisements  de  minerais  sulfurés  complexes  situés  en  Alle- 
magne, en  Hongrie,  en  Suède  ot  Nonvège  et  en  Espagne 
et  le  gisement  de  pyrrliotine  nickelifère  et  chalcopyrite  de 
Lancastcr  Gap  en  Pensylvanic  ;  mais  peu  à  peu  la  concur- 
i-ence  de  ces  différents  gisements  a  été  éteinte  grâce  aux 
prix  de  plus  en  plus  bas  auxquels  était  livré  le  nickel  do 
la   Nouvelle-Calédonie;   si   bien   qu'en  1889,    lorsque  le 


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LBS   UII4B8   DE  NICKEL  233 

Canada  a  commencé  à  eutrer  en  ligne,  la  production 
annuelle  du  reste  du  monde  ne  s'élevait  plus  qu'à 
187  tonnes,  et  elle  est  depuis  tombée  k  quelques  tonnes 
seulement,  pour  se  relever,  il  est  vrai,  à  167  tonnes 
en  1901. 

Le  Canada  s'est,  au  contraire,  montré  pour  la  Nouvelle- 
iMédonie  un  concurrent  redoutable,  et,  si  les  chiffres 
que  nous  avons  donné.s  ci-dessus  montrent  que,  malgré 
"  cette  concurrence,  notre  colonie  est  toujours  restée  le 
premier  pays  producteur  de  nickel  dans  le  monde  entier, 
cela  n'a  pas  été  sans  une  laU-e  acharnée  au  oom's  de 
laquelle  le  prix  du  nickel  était  tombé  jusqu'à  2",40 
le  kilogramme,  amenant  la  fermeture  de  presque  toutes 
les  mines  de  la  colonie,  et  obligeant  la  société  le  Nickel, 
le  principal  exploitant  du  nickel  en  Nouvelle-C^alédonie, 
à  suspendre  toute  distribution  de  dividendes  pendant 
cinq  ans. 

Aujourd'hui  les  cours  sont  remontés,  le  marché  s'est 
régularisé  et,  grâce  à  une  entente  plus  ou  moins  com- 
plète entre  les  producteurs,  la  Nouvelle-Calédonie  garde 
son  rang;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'industrie 
du  nickel  se  développe  au  Canada  et  que  la  production 
des  mines  de  ce  pays  s'est  rapidement  accrue  dans  ces 
dernières  années.  Est-ce  k  dire  que  la  Nouvelle-Calédonie 
ait  beaucoup  à  craindre  de  cette  concun'once?  Nous  ne  le 
peusons  pas  ;  car,  autant  que  nous  pouvons  en  juger  avec 
les  documents  dont  nous  disposons,  les  conditions  natu- 
relles des  gisements  du  Canada  sont  en  elles-mêmes 
beaucoup  moins  favorables  que  celles  de  notre  colonie. 

Le  nickel  se  présente  au  Canada,  comme  on  le  sait, 
sous  forme  de  pyrrhotine  nickelifere  et  cuprifère,  c'est-à- 
dire  de  sulfure  magnétique  do  fer  auquel  sont  associés  du 
nickel  ainsi  que  du  cuivre,  ce  dernier  sons  forme  de  chalco- 
pyrite;  cette  pyrrhotine  existe  en  lentilles  plus  ou  moins 
épaisses  interstratifîées  dans  le  puissant  massif  de  gneiss 


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"234   RICHESSES   HmBftÀLBS  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

laurdiiiieiiM  trèa  mélaoïorphiaés  de  Su<lbur>'  (Oatarioi; 
elle  est  associée  à  des  épancbements  de  diorite.  et  c'est 
cett«  roche  qui  forme  la  gangiie  du  minerai.  Tantôt  la-pyrrho- 
tine  est  pauvre  en  cuivre  et  en  nickel  et  n'est  guère  uti- 
lisable que  lorsqu'elle  peut  être  abattue  à  ciel  ouvert  en 
grandes  masses;  ailleura,  ellelornie  un  riche  rainerai  de 
cuivre;  plus  loin  elle  contient  àlafoisquelques  ceutièmea  de 
nickel  et  de  cuivre,  dont  l'ensemble  lui  donne  une  valeur 
suflisante  pourjuslifler  une  exploitation  par  travaux  ami- 
terrains  et  un  traitement  métallurgique  assez  compliqué. 
D'après  loa  statistiques  officielles  du  bureau  des  mines  de 
la  province  d'Ontario,  la  marche  de  l'exploitation  de  ces 
minerais,  au  cours  des  dernièros  années,  serait  caractéri- 
sée par  les  quelques  chiffres  qui  suivent  : 

AiwMl mi  I8W  I  SU»  lyOU  IMI 

Minerai  extrait....  8i.S75  HS.SIO  18i.4:il  IQejiïO  S9fi  SG6 
Minerai.fondu 87.252    110.707     (55.(87     19S.460    215.504 

p.  100  p.  IDO  p.  lOO  p.  100  p.  100 

Teneur  en  cuivre. ,       3,86  3,i3  1,6d  1,59  1,28 

Teneur  en  nickel. .       2,08  2,?8  J,68  1,67  l,6V 

i'oidfldu  nickel  con- 
tenu        1.813        a.524        3.608        3.214        4.0.1^ 

Les  ressources  en  nickel  existant  dans  la  région 
paraissent  considérables  :  dès  18Q0  un  rapport  officiel 
adressé  au  secrétariat  de  la  Marine  des  Ëtata-Unis(') 
estimait  la  quantité  de  minerai  alur»  reconnue  au  chiffre 
consiiiérabJe  do  650  millions  de  tonnes,  que  nous  ne  repro- 
duisons ici  que  sous  réserves,  et  l'exploration  de  la 
région  parait  avoir  fait  connaître  depuis  de  nouvelles  «t 
importantes  réserves. 


(*)  In  Lbvat,  Prof/rèt  de  ta  mélaUurgit  du  nieM  lAnnolf»  de»  Min 
O-sé.'k-.  I.  I,  p.  lR6;lg93j. 


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LES   HINBa   DE   NICKEL  2!^ 

Cependant  les  facilités  de  l'abalage  de  ces  minerais  ne 
paraissent  de  loin  pas  être  ce  qu'elles  sont  en  Nouvelle- 
Calédonie  pour  des  minerais  notablement  plus  riclies 
(d'autant  plus  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  une 
unité  de  cuivre  ne  saurait  guère  ôtro  comptée  que  pour 
une  demi-unité  de  nickel),  et  d'autre  part  le  développe- 
ment de  l'extraction  au  Canada  parait  avoir  été  accompa- 
gné, comme  l'indiquent  les  chiffres  du  tableau  ci-dessus, 
d'une  tendance  à  la  diminution  delà  teneur  du  minerai  traité. 
Enân  le  traitement  du  minerai,  qui  comporte  d'abord  un 
premier  grillage,  et  une  fusion  pour  matte,  puis  un  deuxième 
grillage  nulvi  d'une  deuxième  fusion,  ou  bien  une  opéi-a- 
tion  h  la  cnrune  Ressemer,  et  enfin  une  séparation  éloctro- 
h'tique  encore  assez  cofiteuse  du  cuivre  et  du  nickel,  est 
loin  d'fttreplus  facile  que  celui  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie.  En  outre,  le  nickel  obtenu  est  toujours  moins 
pur  que  le  nickel  calédonien  ;  il  tiendrait,  d'après  les  rensei- 
gnements que  nous  avons  pu  obtenir,  de  0,8  ii  0,9  p.  100 
de  cuivre,  environ  un  millième  d'arsenir  et  un  demî- 
milliëme  de  phosphore.  Il  donnerait  Heu  pour  les  aciers, 
et  surtout  pour  les  aciers  àfortes  teneurs  en  nickel,  k  des 
difficultés  et  à  des  irrégtdarltés  dans  le  traitement  qu'on 
n'observe  pas  avec  le  nickel  provenant  de  notre  colonie, 
l'ar  contre,  la  situation  industrielle  générale  du  Canada 
parait  être  tri's  favorable  et  a  permis  dans  ces  deniiëres 
années  un  développement  im[>ortant  des  exploitations  et 
des  usines  de  traitement,  développement  à  la  faveur 
duquel  la  production  du  nickel  au  Canada  est  sans  cesse 
croissante.  II  y  a  là  une  concurrence  sérieuse  pour  l'in- 
dustrie de  notre  colonie  ;  mais,  bien  que,  nous  le  répé- 
tons, nous  ne  puissions  établir  de  comparaison  que 
d'après  des  documents  plus  ou  moins  incomplets,  il  nous 
semble  qu'au  point  de  vue  des  conditions  naturelles  tout 
l'avantage  reste  aux  minorais  de  la  Nonvelie-Calé<lonie, 
les   minerais  canadiens  étant    moins   riches,  moins  purs, 


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236  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NOUVBLLE-CALÉDONIB 
plus  cotiteux  à  abattre  et  plus  difficiles  à  traiter;  ce  que 
le  Canada  a  pour  Itii,  ce  sont  des  conditions  sur  ies<juelles 
l'homme  a  la  plus  large  action,  k  savoir  l'abondance  et  la 
bonne  qualité  de  la  main-d'œnvrf,  la  conduite  de  l'exploi- 
tatiou  sur  une  assez  large  éclielle  et  dans  des  conditions 
bien  appropriées,  (les  iiiovens  de  transport  économiques, 
et  des  usiues  de  traitement  bien  aménagées  établies 
auprès  des  gîtes.  Tout  cela,  nous  ne  nous  le  dissimulons 
.  pas,  est  beaucoup  plus  difficile  à  réaliser  dans  une  lie 
aussi  isolée  que  la  Nouvelle-Calédonie  que  dans  un  pays 
en  plein  développement,  comme  le  Canada  ;  mais  il  serait 
facile  de  faire  à  ces  différents  points  de  vue  beaucoup 
mieux  que  l'on  ne  fait  aujourd'hui,  et  de  réaliser  des 
progrès  qui  mettraient  notre  colonie  dans  de  bien 
meilleures  conditions  pour  soutenir  la  concurrence  du 
nickel  canadien.  Rappelons  d'ailleurs  ici  que  la  société 
américaine  «  Nickel  Corporation  limited  »  a  acquis  un 
domaine  minier  considérable  en  Nonvellc-Calédonie.  dé<.-la- 
rant  vouloir  l'exploiter  pour  approvisionner  de  nickel  le 
marché  américain,  et  qu'elle  a  expédié  eu  1901  quelque 
30.000  tonnes  de  minerai  aux  États-Unis;  il  est  d'ailleurs 
difficile  de  dire  aujourd'hui  si  elle  continuera  dans  cette 
voie  et  exploitera  sérieusement  ses  mines,  ou  si  elle  ne  ae 
servira  pas  plutôt  de  ses  gisements  de  Nouvelle-Calédo- 
nie comme  d'une  simple  menace  pour  empêcher  le  goa- 
vemement  canadien  de  frapper  de  droits  importants, 
comme  il  veut  le  faire,  l'exportation  aux  États-Unis  des 
mattes  et  des  minerais  de  nickel. 

En  plus  du  Canada,  on  a  récemment  cherché  à  ouvrir 
en  Siiésie  une  exploitation  sur  des  minerais  silicates 
pauvres  de  nickel,  connus  dès  longtemps  comme  associés 
à  une  formation  sorpentineuse,  restreinte  d'ailleurs  ;  il  ne 
semble  pas  que  cette  exploitation  ait  eu  un  grand  succès 
jusqu'ici  et  soit  appelée  à  se  développer  beaucoup. 

Enfin,  parmi  les  gisements  do  nickel  assez  nombreux 


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LES    MINES    DE    NICKEL  237 

qui  existent  aux  Étals-Unis,  ceux  de  l'Orégon  (comté  de 
Douglas)  se  présenteraient  (ians  des  conditions  géolo- 
giques très  analogues  k  celles  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
On  n'a  pas  jugé  jusqu'ici  que  leur,  ex  tension  puisse  justi- 
fier la  création  des  coftteuses  voies  de  transport  que  leur 
mise  en  Valeur  exigerait.  Sans  qu'on  puisse  dire  qu'ils 
ne  sont  pas  utilisables,  il  semble  que  leur  concurrence  ne 
soit  pas  fort  à  redouter  pour  nous,  d'ici  quelque  temps. 

Ce  sont  donc  les  gisements  du  ("anada  seuls  qui  consti- 
tuent aujourd'hui  une  concurrence  pour  ceux  de  notre 
colonie,  concurrence  très  sérieuse,  cela  est  vrai,  mais 
qui  ne  doit  pas  empêcher  l'essor  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie,  si  ceux  qui  en  ont  la  charge  savent 
faire  ce  qui  est  nécessaire  pour  profiter  des  avantages 
naturels  considérables  que  réunissent  les  gisements  de 
notre  colonie. 

Pour  nous  donc,  persuadé  que  nous  sommes  qu'au- 
jourd'hui un  large  développement  de  la  consommation  du 
nickel  suivrait  de  près  un  notable  abaissement  du  prix 
auquel  il  peut  être  offert  aux  consommateurs,  nous  n'hé- 
sitons pas  à  conclure  qu'un  essor  considérable  sera  pos- 
sible pour  l'industrie  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  le 
jour  oii,  parla  première  fusion  sur  place  du  minerai,  on 
résoudra  la  double  question  d'un  abaissement  notable  du 
prix  de  revient  et  d'une  utilisation  bien  meilleure  des 
gisements. 

Lorsque  ce  problème  capital  aura  reçu  une  solution 
satisfaisante,  les  gisements  aujourd'hui  exploités  pour- 
ront l'être  sur  une  beaucoup  plus  large  échelle  et  d'une 
façon  beaacoup  plus  rationnelle,  de  nouveaux  espaces 
riches  en  minerai  pourront  être  mis  en  valeur,  une  impor- 
tante industiie  de  première  fusion  pourra  être  créée;  et, 
dans  ces  conditions,  notre  colonie  continuera  à  tenir  en 
échec  la  concoirence  canadienne,  si  même  elle  n'arrive 


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2aO   RICHESSES   MINERALES   UË  LA   NOUVELLE-CALEDOMIB 

pas  à  en' triompher  plus  ou  moins  complètement.  La 
Nouvelle-Galédonie  aéra  dès  lors  prête  à  livrer  annuel- 
lement,&  bas  prix,  au  monde  entier  les  miUierB  de  tonnes 
de  nickel  dont  il  aura  besoin  en  nombre  sans  doute  rapi- 
dement croissant. 


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TROISIÈME  PARTIE. 


LIS  XIHSaAIS  ASSOCIAS  A  LA  IVSKATION 
DK8  SZRPElTTtNlS  Nn!KXLITtBXB. 


CHAPITRE  PREMIER. 
LES  MIRERAIS  DE    COBALT. 


-  GÉNÉRALITÉS.   —   HISTORIQUE. 


Comme  nous  l'avons  déjà  menti(»më  ci-deuos,  1& 
cobalt,  ce  compagnon  presque  inséparable  du  nickel, 
dont  ses  propriétés  chimiques  te  rapprochent  si  étroi- 
tement, paraît  avcûr  coexisté  avec  le  uickel  dans  son  gise- 
ment primitif  en  NouTelle-CalédoDie.  En  effet,  d'une  part 
aucun  des  minerais  de  nic^i  de  la  colonie  n'est  exempt 
de  cobalt  ;  et,  d'autre  part,  les  j>érîdoUte6  dites  stériles, 
saines  oualt^^a,  provenant  des  différents  massifs  répar- 
tû  toat  le  long  de  l'iLe,  ne  sont  toujours  montrées  à  fana* 
lyse  contenir  quelques  dit-millièmeii,  et  plus  souvent 
qtielqneB  millièmes,  des  deux  métaux  nicbeletcobaltpesés 
«■semble  ;  l'aaalyae  qtialitaUve  du  résidu  ainsi  pesé  y 
aidéceté  souvent  la  présence  simultanée  des  deux  métaux, 
le  nickel  paraissant  d'ailleurs  toujours  nettement  domi- 
•Mit;  et  il  est,  anton  certain,  dv  moioafortprobable,  que, 
éuMB  les  088  oti  BOUS  n'avoM  pn  caractériser  d'une  façon 
oorttôee  la    présence  du  cdbalt,   il  accompagnait  néan-; 


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340  S1CHBSSB8    MINÉRALES   DE    LA    NODVBLLB-CALÈDON'IE 

moins  on  faible  proportion  les  très  petites  quantités  de 
nickel  contenues  'dans  les  roches. 

Mais,  tandis  que  le  plus  souvent  dans  la  nature  les 
agents  minéralisateurs  ont  entraîné  et  déposé  à  la  fois  ces 
deux  métaux  voisins,  aous  forme  de  sulfures  et  d'arscnit»- 
sulfures  isomorphes,  que  l'oxydatiim  transforme  aux 
affleurements  en  arséniatea,  phosphates,  etc.,  qui  de- 
meurent étroitement  associés  eutre  eux,  en  Noiivellc- 
Calédonio  les  eaux  paraisseut  avoir  dissous  les  deux 
métaux,  qui  étaient  contenus  dans  les  péridotîtes  sans  se 
tniuvor  associés  à  leurs  minéral isateurs  liabituels,  et 
avoir  fait  un  départ  du  nickel  et  du  cobalt  assez  avancé, 
quoique  incomplet.  On  rencontre  ainsi,  d'une  part  des 
minerais  de  nickel  contenant  toujours  plusieurs  unités  de 
cobalt  pour  cent  de  nickel,  et  d'autre  part  des  rainerais 
de  cobalt  tenant  une  plus  ou  moins  forte  proportion  de 
nickel.  Le  premier  de  ces  deux  métaux,  obéissant  à  nue 
affinité  marquée  pour  le  magnésium,  s'est  déposé  avec  lui 
sous  forme  dliydroailicates  magnésiens  nickelitêres  ;  le 
second,  au  contraire,  a  été  entraîné  avec  le  manganèse, 
également  disséminé  en  faible  quantité  dans  les  pérido* 
tites,  et  s'est  concentré  avec  lui  dans  des  rognons  ou  des 
concrétions  doxydes,  dont  les  gisements  se  séparent 
nettement  de  ceux  des  hydrosilicates  de  nickel  et  de  ma- 
gnésie. Le  cobalt  et  le  manganèse  se  sont  en  effet  déposés 
presque  uniquement  au  sein  des  formations  d'argile 
rouge,  tandis  que  le  minerai  de  nickel  se  fixait  sur  les 
péridotites  plus  ou  moins  serpeulinisées. 

Tel  est  le  résultat  de  presque  toutes  nos  observations  ; 
et  ce  n'est  que  tout  à  fait  exceptionnellement,  dans  le 
gisement  du  Kaféate  et  dans  celui  de  la  mine  Prancia, 
ainsi  qu'à  la  mine  de  nickel  Nouvelle-Espérance  sur  le 
mont  Ouazangou,  que  nous  avons  recueilli,  au-dessous  des 
argiles  rouges,  quelques  échantillons  de  péridotite  altérée 
sur  la    snrface  et  dans  les  fentes  de   laquelle  s'étaient 


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UINEIUIS    ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    241 

déposés  en  enduits  concrétioanés  des  mioerais  cobalto- 
maogaaésifères  ['}  du  type  courant  ;  nous  avons  recueilli 
également,  à  Pemby  et  auprès  de  Brindy,  des  serpentines 
silicifiées  et  recouvertes  d'enduits  cobaltifères.  Nous  de- 
vons en  outre  mentionner  ici  que  M.  Garnier('")  a  trouvé 
àl'lle  Ouen  des  roches  feldspathiques  en  décomposition  avec 
tilonnets  de  silicate  de  magnésie  imprégné  de  cobalt,  ou 
même  avec  des  âlons  d'halloysite  contenant  des  rognons 
de  minerai  tenant  de  30  à  4S  p.  100  d'oxyde  rouge  de 
imanganèse,  et  de  10  à.  21  p.  100  d'oxyde  de  cobalt. 

Nous  ajouterons  que  le  cobalt  ne  nous  a  pas  paru  Être 
en  relation  plutôt  avec  certains  types  de  péridotite  qu'avec 
d'autres,  et  nous  serions  presque  tenté  de  dire  que,  par- 
tout où  la  forme  du  terrain  a  permis  le  dépôt  des  argiles 
rouges  provenant  de  la  décomposition  des  péridotites, 
un  peut  avoirdes  chances  de  rencontrer  en  plus  ou  moins 
.grande  quantité  le  minerai  de  cobalt. 

C'est  donc  soit  en  enduits  concrétionnés  sur  les  roches 
superficielles,  suit,  beaucoup  plus  souvent,  suus  la  forme 
-de  rognons,  parfois  assez  volumineux  puisqu'ils  atteignent 
par  places  des  dimensions  de  plusieurs  décimètres  dans 
toue  les  sens,  mais  ordinairement  de  la  grosseur  du  poing, 
-ou  même  en  grenailles,  que  se  présentent  les  minerais  de 
cobalt.  Ils  ont  toujours  un  aspect  paraissant  indiquer 
qu'ils  ont  été  déposés  par  les  eaux;  tantôt  ils  sont  en 
rognons  caverneux  ou  en  conQrétions  mamelonnées,  tan- 

(*)  Oa  pourrait  se  demanJer  si  ce  ne  serait  pna  \k  un  type  courant 
d«  minerai,  que  )e*  travaux  des  mines  de  cobalt,  pratiquement  liiuiléi 

aux  formations  argileuses,  n'auraient  gas  su  atteindre  dans  la  plupart 
'  des  eiploitationa  :  nous  ne  le  pensi>ns  [las,  car  dans  beaucoup  d'entre 
elles  la  serpentineen  roche  a  étû  touchée  en  nombre  de  points,  et  asou- 
-  vent  mâme  âlë  suivie  sur  de«  étendut^s  assez  considérables,  sans  montrer 
aucunes  trai;es  (te  cubati,  traces  qui  seraient  cependant  bien  ptus 
aisées  encore  à  discerner  sur  la  couleur  claire  de  la  serpentine  que  celles 
,  des  minerais  niultelilères  complexes. 

('•)  Ci\a!(iï«,  loc.  cil.,  p  67-68;  et  Uahmeh,  Mémoire  sur  les  gisements 
deeoball,  de  chromé  et  <l»  fer  à  Ut  Nouvelle-Calédonie  {Mémairet  delà  So- 
.ciélë  dea  Inyénieurs  ch-iU  de  France,  1S81, 1"'  semestre,  p.  241  et  2*8). 

16 


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242  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

lAt  ils  présentent  la  disposition  en  nids  d'abeilles  qu'af- 
fectent fréquemment  les  dépôts  actuels  de  sources  ruis- 
selantes, tanlàt  enfin  ils  ont  la  forme  de  débris  divers, 
brindilles  de  bois,  etc.,  que  le  minerai  aurait  englobés. 

Les  rognons  ainsi  constitués  se  sont  déposés  en  traî- 
nées peu  régulières  :  quelquefois  ils  dessinent  une  couche 
plus  ou  moins  continue  qui  pourrait  provenir  d'un  dép6I 
au  fond  d'un  lac  ou  d'une  mare  ;  d'autres  fois  ils  reposent 
dans  l'argile,  presque  au  contact  des  serpentines  sous- 
jacentes,  dont  les  traînées  de  minorai  suivent  toutes  les 
aspérités  et  les  contours;  ailleurs,  ils  sont  englobés  en 
pleine  argile,  souvent  en  plusieurs  assises  étagées,  sans 
qu'il  soit  aisé  de  discerner  aucun  lien  dans  la  distribution 
des  différents  rognons. 

Ils  ont  une  texture  caverneuse  ou  écailleuse,  et  une 
couleur  noir  bleuté,  souvent  à  demi  masquée  par  des 
enduits  de  rouille  ;  un  reflet  bleu  un  peu  violacé  est  géné- 
ralement l'indice  de  la  présence  du  cobalt  dans  ces 
rognons,  qui  ressembleraient  sans  cela,  à  s'y  méprendre, 
soit  à  de  simples  rognons  d'oxjde  de  fer  stériles,  soit  à 
des  boules  d'oxyde  de  manganèse  ;  mîds  leur  caractère  le 
plus  net  est  la  trace  brillante  que  laisse  le  coup  de 
pic  dans  leur  masse,  qui  n'est  généralement  pas  très 
dure. 

Ces  minorais  sont  en  effet  tendres  et  friables,  tachant 
les  doigts,  souvent  sectilcs  et  donnant  à  la  coupure  te 
même  aspect  métallique  que  sous  le  coup  de  pic  ;  quel- 
quefois les  fragments  riches  en  silice  se  présentent  en 
écailles  siliceuses,  dures  et  cassantes. 

Leur  densité  apparente  est  toujours  faible;  la  densité 
réelle  des  minerais  ferreux  atteint  4  ou  5;  pour  les  mine- 
rais quartzeux  elle  est  notablement  plus  faible,  et  ils  se 
brisent  souvent  en  écailles  très  minces  tendant  à  flotter, 
ou  du  moins  à  être  entraînées  très  aisément  par  l'eau,  ce 
qui  est  une  gène  considérable  pour  le  lavage. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A   LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES  243. 

Le  cobalt  est  d'ailleurs  loin  d'être  isoI4  dans  ces  mine- 
rais, et  même  d'y  avoir  subi  une  concentration  très 
avancée,  puisqu'il  est  réellement  rare  de  rencontrer  des 
minerais  qui,  même  soigneusement  triés  et  lavés,  tiennent 
plus  de  10  p.  100  d'oxj^e  de  cobalt;  cet  oxyde  est  tou' 
Jours  intimement  associé  k  des  proportions  importantes 
de  fer  peroxyde,  et  de  manganèse  se  présentant  sous 
la  forme  de  bioxyde  ou  d'oxyde  rouge.  La  silice  est  en 
outre  constamment  présente  dans  le  minerai,  mais  elle 
ne  s'y  trouve  pas  sous  forme  combinée  pour  constituer 
des  silicates;  elle  y  est  au  contraire  isolée  au  point  de 
vue  chimique,  généralement  en  petits  rognons  jaunâtres, 
qui  jouent  peut-être  bien  le  r6le  de  noyaux  ou  de  sque^ 
lettes  des  dépôts  cobaltifëres  ;  d'importantes  formations 
siliceuses  au  milieu  des  argiles  rouges  accompagnent 
d'une  façon  très  fréquente  les  gisements  de  cobalt,  ainsi 
que  nous  aurons  l'occasion  de  le  mentionner  en  détail  en 
décrivant  quelques-uns  d'entre  eux.  Les  minerais  de 
cobalt  comprennent  donc,  intimement  liés  k  l'oxyde  de 
cobalt,  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse,  et  ils  sont 
très  souvent  constitués  en  même  temps  par  de  la  silice  ; 
d'autres  fois  ils  tiennent  une  proportion  importante  d'alu- 
mine, des  échantillons  provenant  de  la  mine  Persévé- 
rance sont  même  associés  à  de  belles  concrétions  de 
gibbsite;  enfin  ils  sont  toujours  imprégnés  de  produits 
ferrugineux. 

Il  s'ensuit  que  la  teneur  des  minerais  bruts  n'est  qud 
rarement  un  peu  élevée,  et  est  beaucoup  plus  souvent 
voisine  de  2  k  3  de  protoxyde  de  cobalt  pour  cent  de  minerai 
sec  (c'est  toujours  ainsi  que  l'on  évalue  la  teneur)  ;  un 
lavage  soigneux  arrive  k  les  débarrasser  assez  complète- 
ment de  l'argile  ferrugineuse  qui  les  souille  et,  lorsque  le 
mélange  avec  la  silice  n'est  pas  trop  intime,  d'une  partie 
de  celle-ci;  on  produit  ainsi  des  minerais  marchands 
dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt  varie  généralement 


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2^i  TUCHBSSBS   MtN^ALBS   DE   LA   MODTBLLB-CALBDOHIB 

(te  4  k  6  p.  100.  Les  quelques  analyses  que  voici  donnent 
une  îd^e  de  la  compoaiUon  chimique  de  ces  minerais; 
lés  denx  premières,  rapportées  par  M.  Oamierf*),  ont 
été  faites  Bor  des  minerais  conrants  fondas  k  l'usine  de 
Septèmes;  les  autres  ont  été  faites  à  Nouméa,  le  nu- 
méro 3  sur  un  minerai  siliceux  de  la  mine  PerséFérance 
(pr^  de  Monéo),  le  numéro  4  sur  un  minerai  alnminenx  de 
la  haie  du  Sud,  ei  les  numéros  5  et  6  sur  des  minerais 
de  nie  Yandé. 

t  2  3  i  S  6 

SiO» 50,-8  32,00  34,00  16,40  2.20  23,09 

Pe»0» 11,5»  20,00  11,43  15,50  8,»1  16.06 

Mii>0< H,00  36,50  19,0S  12,07  33,62  17,5» 

AIKP. ■  «  .    ,.  14,M  14,2»  10,» 

HgO  etCaO..  14,50  3,06            .<           >.  2,3S  2,11 

CoO 2,50  3,51)           3,80       3,00  7,76  5,5fi 

NiO non  dosé  non  dosé      1,0*      1,48  1,64  1,48 

Eau,  perte  au 
feu,  el  ma- 
tières   non 

dosËea....  6,80  15,50  30,68  36,95  29,30  33,69 

Ces  minerais  se  raltaclient  au  point  de  Tue  minéralo- 
gique  à  l'asbolite,  variété  de  wad  (oxyde  de  manganèse) 
plus  ou  moins  chargée  en  oxyde  de  cobalt.  L'asbolite  est 
d'^lleurs  loin  d'être  fréquente  dans  le  monde  ;  on  en  cjte 
la  présence  en  Hesse  et  dans  la  Thuringe  comme  produit 
d'oxydation  accompagnant  des  minerais  sulfurés  du  cobaJt, 
et  on  l'a  retrouvée  associée  k  des  gisements  métalliques 
complexes  aux  États-Unis  ;  mais  âcluellement  elle  n'est,  à 
notre  connaissance,  exploitée  sérieusement  comme  raine- 
rai de  cobalt,  en  dehors  de  la  Nouvelle-Calédonie,  qu'en 
Nouvelle-Galles  du  Sud  auprès  de  Port-Macquarie ,  où  se 
montre,  au-dessus  d'une  tête  de  roche  serpentineuse,  une 
formation  d'argile  rouge  très  ferrugineuse  contenant  des 

(*]  Gamieii,  mémoire  de  IBBl  ci-dcsras  cil£,  p.  2*R. 


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HINEKAIS   iSfiOClÉS   A  LÀ.   FORMATION   DIS  8EBPENT1NE8  2i5 

rodons  cobaltJfères  d'asboUte  très  analogues  à  ceux  des 
gisements  de  notre  colonie.  Il  a  été  extrait  dans  chacune 
de  ces  deroiëres  années  un  peu  plus  d'une  centaine  de 
loones  de  ce  gisement,  qui  parait  être  fort  limité.  D'autfu 
part,  si  nous  sommes  bien  informé,  les  petites  quantités 
de  minerai  de  cobalt  exportées  actoellement  du  Glûli 
seraient  également  des  asbolites,  qui  seraient  d'ailleurs 
l^êrement  aurifères. 

Quoique  existant  en  plus  ou  moiuB  grande  quantité 
dans  un  très  grand  nombre  d'entre  les  amas  d'argjles 
rouges  qui  se  rencontrent  partout  dans  la  formation  ser- 
pentineuse  de  la  colonie,  les  minerais  de  cobalt  ont  pen- 
dant longtemps  passé  inaperçus,  grâce  à  leur  aspect  peu 
frappant,  et  à  leur  ressemblance  avec  des  rognons  ferra- 
gineux  ou  manganésifères. 

M.  Garnier  ne  signalait  point  l'existence  du  cobalt  dans 
son  étude  de  1867  sur  les  ressoui'ces  minérales  de  la 
Nouvelle-Calédonie,  et  M.  Heurteau  l'ignorait  également. 
C'est  en  1876  que  le  cobalt  passe  pour  avoir  été  reconnu 
pour  la  première  fois  c^mme  utilisable  en  Nouvelle-Calé- 
donie, au  voisinage  de  la  pointe  de  Bogota  entre  Nakety 
et  Canala;  dès  cette  année-là,  puis  en  1877  et  1878,  la 
statistique  des  exportations  indique  l'expédilion  d'un  cer- 
tain nombre  de  sacs  de  minerai  de  cobalt  ;  mais  ce  n'est 
qu'à  partir  de  1883  que  le  cobalt  figure  d'une  façon  régu- 
lière au  nombre  des  minerais  exportés,  à  raison  de  2.000  à 
3.000  tonnes  par  an.  C'est  autour  de  ces  chiffres  qu'ont 
oscillé  les  exportations  pendant  longtemps;  eJIes  ont 
néaniDoins  pris  récemment  un  essor  assez  marqué  pour 
que  les  expéditions  de  plusieurs  d'entre  ces  dernières 
années  aient  varié  entre  4.000  et  5.000  tonnes.  Au  total, 
la  Nouvelle-Calédonie  paraît  avoir  exporté  en  vingt  ans 
environ  4Î0.00O  toimes  de  minerai  de  cobalt,  dont  la  teneui' 
moyenne  pont  être  évaluée  entre  4  et  5  p.  100  d'oxyde. 


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246  RICHESSES   MINÉRALES   QB   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

sans  compter  quelques  centaines  de  tonnes  de  mattes  k 
10  ou  20  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  la  hausse 
continue  des  cours  avait  suscité  un  accroissement  mar- 
-qué  de  la  production  par  suite  de  l'ouverture  ou  de  la 
réouverture  d'un  très  grand  nombre  d'exploitations;  au 
cours  du  premier  semestre  1902,  74  exploitations  avaient 
extrait  2.452  tonnes  de  minerai  de  cobalt,  c'est-k-din 
presque  autant  qu'il  en  avait  été  extrait  pendant  toute 
l'année  1901,  et  l'extraction  du  deuxième  semestre  n'a 
pas  atteint  moins  de  5.060  tonnes,  portant  le  total  de 
l'année  à  7.512  tonnes. 

La  production  de  l'année  1901  avait  été  de  2.552  tonnes, 
et  s'était  partagée  entre  35  exploitations  portant  sur  41  péri- 
mèires  miniers.  Le  tableau  ci-dessoua  en  donne  la  répar- 
tition par  régions  de  la  colonie. 

Dôme  de  Tiebaghi,  versant  Nord  (4  ei-  Toubm 

ploitations) «00 

Poume  {4  exploiUtioDS) 498 

Plateau  de  Tiea  ;r  exploiUtions) 215 

Iles  Yandé  et  Poil  (2  exploitations) t89 

Baie  d'Oland,  versant  Sud  du  dôme  de 

Tiebaijhi  (une  exploiLation) 165 

Baie  du  Sud  (fi  eiploilations 145 

Baie  de  B&,  près  de  UoualloQ  {t  exploi- 

lalions) 136 

lie  des  Pins  (une  exploilation) 12* 

Ounîa  et  Yaté  (3  exploitalions) 62 

Thio  (une  exploitation) 37 

Kaléale  près   de  Koné   (une  exploita- 

Ouinnâ  {une  explolutionj 18 

Boulari  (une  exploitation) |5 

Poro  (une  exploitation) 12 

Baie  Oui<!  (une  exploitaUon) 10 

Baie  des  Pirogues  (une  exploitation) 5 

Total 2.55a 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A   LA   t'ORUATION   DBS   SERPENTINES  247 

Nous  avons  visité  une  grand»  pîirtie  d'entre  les  esploU 
tations  de  cobalt  qui,  sur  lea  deux  côtes  Est  et  Ouest, 
Jaloanent  la  colonie  sur  presque  toute  sa  longueur,  depuis 
l'ile  des  Pins  au  Sud-Est  jusqu'à  l'ile  Pott  à  rextrëme 
Nord-Ouest.  Sur  la  cAte  Ouest  nous  en  avons  vu  à  la 
baie  du  Sud,  àPlum,  à  Saint-Louis,  à  la  Dumbéa,  dans  la 
vallée  de  la  Téné  près  de  Bourail,  sur  lea  deux  bords  de  la 
rivière  de  Népouî,  au  plateau  de  Tiea  près  de  Pouembout, 
au  Kaféate  près  de  Koiié,  et  au  d6nie  de  Tiebaglii;  nous 
n'avons  d'ailleurs  pas  eu  la  possibilité  de  visiter  celles 
de  la  presqu'île  de  Pounie  et  des  iles  Yandé  et  Pott.  Sur  la 
c6te  Est,  sans  avoir  pu  commencer  vers  le  Sud  par  les 
exploitations  d'Ounia  et  Yaté,  nous  avons  visité  celles 
de  la  rivière  Comboui,  de  Brindy,  de  la  presqu'île  de 
Neuméni,  de  Pemby  entre  les  baies  de  Canala  et  de 
Kouaoua,  et  de  la  baie  de  B&  près  de  Houa'ilou;  enfin, 
dans  le  dernier  massif  serpentineux  de  la  ci^te  Est  vers 
le  Nord,  celui  de  Monéo,  on  s'apprêtait  à  reprendre  une 
exploitation  au  moment  de  notre  passage  dans  la  région. 

Nous  ajouterons  que  nous  avons  encore  eu  l'occasion 
de  ramasser  de  petites  quantités  de  minerai  de  cobalt  en 
plusieurs  points,  et  notamment  au  voisinage  immédiat 
d'exploitations  de  nickel,  par  exemple  sur  la  mine  des 
Bomets  à  Thio,  sur  la  mine  Fathma  à  Poro,  sur  la  mine 
Rets  n'  1  à  Népoui,  sur  la  mine  Étoile  du  Nord  au 
Kaala,  et  qu'il  n'est  pas  sans  exemple  qu'une  mine  con- 
cédée pour  nickel  ait  été,  ou  soit,  exploitée  pour  cobalt. 
D'autre  part,  le  cobalt  est  souvent  associé  au  fer  chromé 
ilans  les  ai'giles  rouges,  et  les  massifs  du  dàmedeTiebughi, 
de  la  baie  du  Sud,  de  la  baie  Ngo,  de  Pourina,  etc.. 
sont  à  la  fois  particulièrement  riches  en  cobalt  et  en 
chrome  ;  le  cobalt  se  rencontre  d'ailleurs  parfois  en  enduits 
sur  le  fer  chromé. 


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248  RICHESSES   MINÊRALKS   US   LA  NOUVELLB-CALhDONIB 

B.  —  Description  de  quelques  gisements. 


Nous  renoncerons  ii  décrire  nn  à  un  diacun  de  ces  nom- 
breux gisements  de  cobalt,  qui  ne  présentent  d'ailleiirs- 
pas  une  très  grande  rariété,  et  nous  noiis  rootenierons de 
donner  '  quelques  détails  sur  une  série  d'entre  eax  pris 
comme  types. 

Les  exploitations  du  dame  de  Tiebaghi  sont  parmi  ceUes- 
qui  se  sont  poursuivies  le  plus  longtemps,  et  elles  ont  eu 
pendant  toutes  ces  dernières  années  une  sérieuse  activité^ 
qui  tend  d'ailleurs  aujourd'hui  &  se  ralentir  :  trois  exploita- 
lions  différentes  extrayaient,  an  moment  de  notre  passade,, 
sur  le  périmètre  des  mines  Tangadiou  et  Tamatave,  nnc- 
moyenne  mensuelle  de  40  à  5tl  tonnes  de  minerai  k 
teneur  de  4  à  4  1/2  p.  100  après  lavage.  \jb  gîte  se 
trouve  sur  un  des  contreforts  du  d6me  de  Tiehaglii 
qui  s'allonge  et  s'étale  largement  vers  l'Est  enb«  tes 
cotes  300  et  200  environ  ;  ce  contrefort,  dont  la  pente 
est  peu  accusée,  est  recouvert  d'un  épais  manteau  de- 
ces  formations  rotigfs  surtout  ferrugineuses,  mais  un 
peu  magnésiennes  et  argileuses,  que  nous  continuerons  à 
désigner  sous  le  nom  d'argiles  ronges,  et  qui  sont 
semées  de  fragments  d'oxyde  de  fer  dont  la  dimension 
varie  de  celle  de  blocs  énormes  jusqu'il  celle  de  petit» 
grains.  Les  travaux  d'exploitation,  et  les  sondages  de- 
recherches  qui  ont  été  poursuivis  au  voisinage,  ont  oiontrp- 
qu'il  existe  dans  les  serpentine»  sous-jacentes  «ne  pro- 
fonde dépression,  que  nous  appelons,  avec  M.  Levât,  nne 
«  vasque  »  ;  cette  vasque  est  comblée  par  la  formation  d'ar- 
gile rouge,  sur  une  épaisseur  qui  atteint  jusqu'à  52  mètrec 
en  son  centre  et  qui  est  encore  de  10  et  20  mètres  sur 
ses  bords. 

C'est  dans  cette  formation  qu'apparaît,  assez  aboadant^ 


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MINERAIS   Associés  A   LA   FORMATIOX  DBS   8BRPBMTTNKS  '.^i^^ 

un  minerai  de  cobalt  de  richesse  moyenne,  et  se  rappor- 
tant an  tTpe  siliceux.  La  omcentration  la  ptns  complète 
du  minerai  parait  s'être  produite  au  centre  de  la  rasqne 
et  preaqae  an  contact  de  la  serpentine  :  un  puits  de 
53  mètres  de  proftHidear,  creusé  en  ce  point,  a  recoupé 
cette  formation,  puissante  de  80  à  90  centimètres,  et 
présentant,  paralt-il,  une  étendue  notable;  elle  était  «ms- 
titoée  par  on  amas  de  rognons  et  de  grains,  à  squelette 
qnartzeux  recouvert  d'enduite  et  de  concrétions  de  man- 
ganèse et  de  cobalt.  On  s'est  empressé  de  dépiler  tout 
autour  du  puits  cette  sorte  de  lentille,  qui  n'était  sans 
doute  qu'un  dépét  de  fond  de  mare  ;  elle  venait  d'un  cAté 
mourir  sur  les  serpentines  qui  se  relevaient,  tandis  que 
de  l'autre  elle  s'appauvrissait  au  milieu  des  argiles;  ces 
travaux,  qui,  pendant  quelque  temps,  ont  fourni  dans  des 
conditions  fort  économiqnes  des  quantités  importantes  de 
minerai,  ont  été  poursuivis  sans  remblayage  et  avec  un 
boisage  insuffisant,  aussi  n'ont-ils  pas  tardé  à  s'ébouler  r 
ils  étaient  inaccessibles  au  moment  de  notre  visite,  et  il 
est  vraisemblable  qu'ils  ont  dil  être  aban4lonnés  avant  que- 
tout  le  minerai  exploitable  en  ait  été  extrait. 

En  dehors  de  cette  formation  principale,  toute  l'épais- 
seur de  l'argile  rouge  parait  être  irrégulièrement  sillon- 
née de  traînées  de  minerai,  tantôt  sous  forme  de  rognons- 
siliceux,  tantôt  sous  fonne  de  grains  ferrugineux  îi  en- 
duits de  cobalt;  une  série  de  tranchées,  galeries  horizon- 
tales, on  petits  puits,  ont  été  poussés  de  tous  rfttéa,  ren- 
contrant ici  ou  là  de  ces  traînées  qui  fournissaient  un 
plus  ou  moins  grand  nombre  de  tonnes  de  minerai. 
L'exploitation,  qui  en  a  été  souvent  confiée  à  de  petits 
<(  contractants  »,  a  consisté  le  plus  généralement,  comme 
dans  la  plupart  des  autres  mines  de  cobalt  de  la  colonie, 
k  battre  au  large  à  partir  du  puits  ou  de  la  galerie  di^ 
recherches  sitôt  un  peu  de  minerai  rencontré,  et  à  pous- 
ser les  travaux  aussi  loin   et  aussi   longtemps  qu'ils   ne 


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250  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIB 

menaceraient  pas  trop  de  s'ébouler,  puis  &  les  abandonner 
sans  chercher  plus  profondément,  quitte  à  aller  recom- 
mencer un  peu  plus  loin  le  même  travail. 

Le  minerai,  mis  en  sacs  sur  les  chantiers,  est  des- 
cendu, par  câbles  et  plans  inclinés  aériens,  jusqu'au  pied 
du  contrefort,  en  un  point  où  il  peut  être  procédé  au 
lavage  destiné  à  éliminer  les  matières  ferrugineuses  qui 
le  sonillent  et  une  partie  des  éléments  siliceux  auxquels 
il  est  associé.  Ce  lavage  a  lieu  sur  toutes  les  mines  dans 
des  conditions  tout  à  fait  analogues  que  nous  ferons  con- 
naître ci-après.  Ensaché  à  nouveau  après  lavage,  le  mine- 
rai est  transporté  par  charrettes  jusqu'à  Koumac,  distant 
de  6  kilomètres  de  la  laverie  ;  il  est  ensuite  expédié  à 
Nouméa  par  voie  de  mer. 

Les  minerais  de  la  baie  tTOiand,  que  se  partagent  une 
série  de  mines,  ont  fait,  en  i901,  l'objet  d'une  exploi- 
tation assez  importante,  portant  sur  les  périmètres  de 
trois  d'entre  elles;  il  y  en  avait  cinq  en  exploitation  pen- 
dant le  premier  semestre  de  i902;  les  gisements  se 
trouvent  être,  sur  le  versant  Ouest  du  dùme  de  Tieba- 
ghi,  symétriques  de  ceux  que  nous  venons  de  mentionner. 

Le  dême  serpentineux  qui  constitue  la  presqu'île  de 
Paume,  et  qui  reproduit  avec  de  plus  petites  dimensions 
les  formes  et  les  circonstances  géologiques  du  dôme  de 
Tiehaghi,  renferme  également  des  gisements  de  cobalt 
importants;  ils  ont  été  à  diverses  reprises  l'objet  d'ex- 
ploitations plus  ou  moins  suivies;  celles-ci  avaient  une 
nouvelle  période  d'activité  a»  moment  de  notre  séjour  dans 
la  colonie,  et  six  mines  y  étaient  exploitées  au  cours  du 
premier  semestre  de  1902,  contre  quatre  en  1901. 

Au  kaff'ate,  longue  croupe  serpentîneuse  qui  s'avance 
jusqu'au  bord  de  la  mer  entre  Voh  et  Koné,  la  ligne  de 
crête  présente  une  largeur  suffisante  pour  qu'une  épaia- 
seur,  d'ailleurs  faible,  d'argile  rouge  y  ait  subsisté,  tan- 


bïGoOQlc 


MINERAIS   Associés  A  LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES   251 

dis  que  les  deux  flancs  de  la  croupe,  dont  les  pentes  sont 
raides,  sont  presque  uniquement  rocheux.  Cette  argile 
rouge  contient  quelques  rognons  de  cobalt,  et  deux  exploi- 
tants y  poursuivent  des  travaux  de  grattage  de  peu 
d'importance.  Les  difféi-entes  galeries,  horizontales  ou 
inclinées,  ouvertes  dans  l'argile  viennent  buter  à  peu  de 
distance  sur  des  tètes  de  péridotite  très  altérée  et  com- 
plètement fissurée,  jusqu'au  contact  de  laquelle  se 
retrouvent  les  concrétions  cobaltifères.  Ce  qui  est  à 
noter  ici,  c'est  que  ces  concrétions  se  retrouvent  sur  la 
surface  même  de  quelques-uns  de  ces  fragments  de  roche, 
et  que  le  dép6t  métallifère  envahit  même  par  places  leurs 
assures  ;  c'est  là  un  mode  de  gisement  qui  est  exception- 
nel pour  le  cobalt,  et  qui  se  rapproche  assez  de  celui  du 
nickel,  mais  les  enduits  et  concrétions  en  question  sont, 
comme  les  minerais  de  cobalt  usuels,  constitués  d'oxydes 
de  cobalt,  de  manganèse,  et  de  fer,  ainsi  que  d^alumine 
et  de  silice,  et  sont  exempts  de  magnésie. 

Les  gisements  du  plateau  de  Tiea,  entre  Pouembout 
et  Xépoui,  sont  encore  de  ceux  qui,  depuis  plusieurs 
années,  fournissent  des  quantités  importantes  de  minerai 
de  cobalt.  La  forme  spéciale  de  ce  massif  serpenfineux 
explique  d'elle-même  qu'un  important  amas  d'argile  fer- 
rugineuse ait  pu  s'y  former,  et  dos  minerais  de  cobalt  s'y 
déposer  d'une  façon  particuhèremeni  aisée.  La  /ig.  1, 
PI.  IV,  représente  eu  plan  et  en  coupe,  d'après  les  levés 
du  service  topographique,  la  configuration,  en  forme  de 
ti-onc  de  cône  très  surbaissé,  do  ce  plateau  entièrement 
constitué  de  péridotite;  il  est  recouvert  d'un  manteau 
d'argile  rouge.  Ce  manteau  est  très  épais  et  très  continu 
sur  la  surface  supérieure  du  plateau,  qui  est  très  peu 
ondulée  mais  présente  de  légères  dépressions  centrales,  il 
est  plus  ou  moins  développé  sur  les  arêtes  des  contre- 
forts qui  descendent  vers  sa  base,  et  il  disparaît  complô- 


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252  KICHBSSRS  IUKERAr.B8  DX  LA  NOtlVBLLB-CALEDONOt 
tentent,  pour  faire  place  à  la  péridotîte  rocheuse,  duts  I9 
fond  des  ravius  abrupts  qui  se  creusent  en  éTeotail  dans 
les  différentes  directions.  Il  n'j  a  pas  moins  de  dix  con- 
cessions de  mines  de  cobalt  qui  se  partagent  la  surface, 
de  800  hectares  euriron,  que  présente  le  plateau  avec  ses 
pentes  orientales,  occidentales,  et  mtéridionales.  Nom  tn 
aTons  tracé  les  périmètres  sur  la  (ig.  i  de  la  PI.  IV  : 
deux  exploitiitions  étaient  en  activité  au  moment  de  notre 
passage,  l'une  était  poursuivie  sur  la  mine  Ressource, 
l'autre  comprenait  de  nombreux  chantiers  ouverts  en  dif~ 
férents  points  des  périmètres  des  mines  Espérance,  Baplis- 
tine  et  Thia-Louise. 

Le  minerai  se  rencontre,  tout  comise  au  Atime  de 
'Hebagbi,  en  traînées  k  différents  niveaux  dans  le  massif 
argileux  dont  la  puissance  atteint  jusqu'à  30  nëtres;  ces 
traînées  ne  paraissent  pas  avoir  ici  une  disposition  rap- 
pelant, même  de  loin,  celles  de  couches  plus  ou  moins 
horizontales,  elles  ont  plutAt  l'allure  de  masses  irrégn- 
iièros  se  ramifiant  en  tous  sens.  Aussi  a-t-on,  tant  à  par- 
tir de  plusieurs  pnits,  dont  les  deux  principaux  ont  25  et 
33  mètres  de  profondeur,  que  par  des  galeries  ouveiles 
ao  Hanc  des  ravins  qui  desc^ident  du  plateau,  pow^aîTi 
des  travaux  souterrains  un  peu  dans  tmis  les  sens  et  k 
tous  les  niveaux,  an  voisinage  de  l 'éperon  que  dessine  vers 
le  Sud  la  surface  supénenre  du  plateau.  L'épuisement  des 
travaux  était  assuré,  tant  bien  que  mal,  parles  galeriesà 
fianr  de  ravin  ;  mais,  peu  de  mois  avant  notre  visite  sdt 
les  lieux,  des  plaies  extrêmement  violentes  avaient  en- 
vahi la  mine  et  provoqué  l'obstruction  par  des  éboule- 
ments  des  galeries  d'assèchement;  wasm  toute  la  partie 
inférieure  des  travaux  principaux  était^elle  encore  inac- 
cessible, et  ne  travaillait- on  qu'à  l'exploitation  de  diverse» 
traînées  superficielles  de  minerai,  par  une  série  de  gale- 
ries s'enfonçant  peu  profondément  dans  le  sol. 
La  fig.  2  de  la  PI.  IV,  qui  reproduit  une  coupe  qui 


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UINBRAa  ASSOCIÉS  A  I^  FOKMATIOH  DES  SERPENTINES  2S3 
ijouB  a  été  remise  sur  place,  indique  quelle  serait  à  peu 
prëa  l'allore  de  la  formation  rencontrée  en  profondeur,  et 
-quelle  aurait  été  la  disposition  des  travaux  ;  les  deux 
puits  Roanne  et  Dauvergne,  que  nous  avons  indiqués  sur 
le  plan  de  la^^.  1 ,  permettent  de  repérer  cette  coupe  par 
rapp<M^  au  relief  du  sol.  Les  traînées  de  minerai  seraient 
-constituées  en  profondeur,  tout  comme  celles  que  nous 
avons  vu  exploiter  plus  près  de  ta  surface,  par  une  série 
nte  .rogDons  caverneux,  de  couleur  bleutée  et  d'éclat 
demi-métallique,  enrobés  dans  l'ar^le  rouge,  et  accom- 
pagnés parfois  de  lits  de  sable  siliceux  ;  ces  rognons 
stHit,  en  général,  concentrés  sur  des  épaisseurs  variant 
de  quelques  centimètres  à  60  et  80  centimètres  et  par- 
fois même  pins,  pour  atteindre,  paratt-il,  jusqu'à  8  mètres 
4lans  les  plus  beaux  chantiers.  C'est  en  suivant  ces  for- 
mations qu'on  ouvre  des  galeries  horizontales  ou  incli- 
Déee,  tracées  le  plus  souvent  avec  toutes  les  irrégularités 
que  comporte  le  gisement  lui-même  :  ici  elles  se  trouvent 
trè»  espacées  et  de  petites  dimensions;  là,  an  contraire, 
elles  se  groupent  en  grand  nombre  dans  un  même  mas- 
sif plus  minéralisé.  Boisées  avec  un  certain  soin,  cela  est 
Vrai,  mais  avec  peu  de  connaissance  des  conditions  dans 
lesquelles  un  boisage  doit  être  établi  pour  offrir  les  meil- 
leures garanties  de  solidité,  ces  galeries  s'éboulent  à  la 
loflgne,  sinHout  lorsque  l'afflnx  des  eaux  vient  les  décon- 
s<Jider. 

Les  exploitations  duplateaudeTiean'occupentpas  moins 
d'one  centaine  d'hommes;  elles^  produisaient  au  début  de 
l'année  jusqu'à  300  ou  400  tonnes  de  rainerai  brut  par 
mois.  Biais  leur  extraction  était  réduite  aux  environs  de 
150  B  200  tonnes  au  moment  de  notre  passage.  Le  mine- 
rai, descendu  par  des  câbles  et  par  un  plan  incliné  aérien 
jusqu'au  pied  du  plateau,  y  est  lavé,  te  qui  réduit  son 
poids  au  tiers  environ  du  poids  brut,  et  amène  sa  teneur 
en  oxyd»  de  cobalt  aux  environs  de  5  p.  100;  il  est 


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25i  RICKEBSBS   HlKÉEtALES  DB  LA   NODVELLB-CALÉDOHIB 

ensuite  expédié  par  charrettes  jusqu'au  bord  de  la  mer, 
où  il  est  embarqué  pour  Nouméa  par  riotermédiaire  de 
chalands. 

Les  mines  Couragt;  et  Francia,  situées  un  peu  plus  à 
l'Est,  de  part  et  d'autre  de  la  rivière  de  Népoui  et  aui 
environs  assez  immédiats  de  son  embouchure,  fournissent 
ah  minerai  d'un  caractère  un  peu  spécial,  et  d'aiUenrs 
riche  :  it  ae  pcésente  en  concrétions  mamelonnées  ou  en 
enduits,  doués  d'an  lostre  particulièrement  métallique  et 
d'une  couleur  bleu  violaeé,  qui  paraissent  correspondre 
à  une  pauvreté  relative  en  mangaBëse  et  à  une  teeeur  plus 
forte  en  cobalt.  Ces  minerais  se  reaccntrent  d'ailleurs 
au  voisinage  immédiat  des  roches  serpentinettses  :  quel- 
quefois en  enduits  sur  ces  roches,  d'autres  fois  dans  leurs 
fentes  superficielles  ;  ils  sont  généralement  associés  à  des 
concrétions  quartzeuses  ou  k  des  calcédoines.  Les  vasques 
d'argile  au  fond  desquelles  ils  se  présentent  sont  ici  par- 
ticulièrement irrégulières,  peu  profondes,  et  constamment 
découpées  par  des  tètes  de  roche  en  place  ;  les  minerais 
paraissent  donc  être  plus  intimement  associés  au  rocher 
que  partout  ailleurs  ;  on  rencontre  assez  souvent  &  leur 
voisinage  des  enduits  talqueux  ou  magnésiens. 

Les  deus  gisements  sont  en  outre  remarquables  par  la 
présence  de  masses  de  serpentine  d'un  caractère  excep- 
tionnel :  ce  sont  des  masses  de  couleur  claire,  dont  U 
pâte  est  blanche  ou  rosée,  et  qui  sont  sillonnées  d'an 
grand  nombre  de  veinules  ramifiées,  quelquefois  vertes 
et  plus  souvent  d'un  bleu  plus  ou  moins  franc,  conleor 
que  l'on  serait  tenté  d'attribuer,  à  tort  comme  nous  noos 
en  sommes  assuré,  au  cobalt  en  raison  de  l'association  de 
ces  serpentines  au  minerai  de  cobalt.  Quelque  exceptioa- 
nela  que  soient  en  Nouvelle-Calédonie  ces  types  de  ser- 
pentine, leur  origine  parait  bien  être,  ici  comme  ailleurs, 
l'altération  des  péridotites  qui  coustitueM   Vxyo*^  '^ 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION  DES  SERPBNTIKBS  255 

sous-sol;  nous  avons,  en  effet,  pu  ramasser  une  série 
d'échantillons  marquant  tous  les  passages  entre  la  péri- 
(lotite  assez  fraîche,  les  roches  serpentineuses  que  l'on 
est  habitué  à  rencontrer  ailleurs,  vertes  ou  légèrement 
brunâtres  et  montrant  au  microscope  les  restes  de  cris- 
taux de  péridottout  traversés  de  veinules  de  serpentine, 
puis  des  roches  plus  altérées,  déjà  partiellement  décolo- 
rées, où  les  traces  du  péridot  commencent  à  disparaître  et 
où  l'on  ne  distinguo  plus  que  les  rristaux  d'enstatite,  et 
enfin  ces  roches  entièrement  serpentinisées,  qui,  à  l'œil 
nu,  semblent  complètement  amorphes  :  à  l'analj'se  leur 
composition  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  ser- 
pentine typique  (2Si02,MgO-l-2H'0),  avec  une  faible 
teneur  en  fer(')  ;  examinées  au  microscope  elles  se  montrent 
presque  entièrement  constituées  d'un  agrégat  de  petits 
cristaux  d'antigorite  à  groupements  complexes,  générale- 
ment étoiles,  et  traversées  de  quelques  zones  minces  de 
talc. 

A  la  baie  Bti,  ou  plus  exactement  dans  la  presqu'île 
qui,  située  en  face  de  Houaïlou,  sépare  la  baie  de  B&  de 
la  mer,  les  serpentines  se  développent  sur  3  kilomètres 
de  largeur  et  ne  présentent  pas  d'altitudes  supérieures  à 
350  mètres  ;  c'est  dire  que  leurs  pentes  sont  relativement 
douces,  surtout  à  la  partie  supérieure,  et  qu'un  épais 
manteau  d'argile  niuge  a  pu  s'y  conserver.  Cette  forma- 
tion, qui  est  ici,  comme  au  d6me  de  Tiebaghi  et  dans 
nombre  d'autres  régions  k  cobalt,  toute  parsemée  de  blocs 
et  de  grains  ferrugineux,  renferme  aussi  d'assez  nom- 
breuse» traînées  de  minerai  de  cobalt;  elle  est  partagée 
entre  les  périmètres  de  14  concessions,  couvrant  une  su- 
perficie de  900  hectares  environ,  dont  plusieurs  avaient 
été  sollicitées  en  vue   de  l'exploitation  du  nickel.  Il  sub- 

O  Voir  tuprà,  p.  56. 


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"256  BICHBSSBB  UtNÉRALBS   DE   LA   NOavBLLB-CALBOONDI 

siate  tl'ailteure  encore,  dans  les  valloDB  à  pente  assez 
raide  qui  descendent  vers  la  mer,  des  travaux  souterrains 
entrepris  autrefois  par  les  premiers  exploitauta  anglais 
du  nickel,  pour  suivre  des  filonoets  d'hydrositicate  vert. 
Aujourd'hui  il  n'est  plus  fait  de  travaux  que  dans  les 
argiles  rouges  pour  la  recherche  du  minerai  de  cobalt;  Us 
appartiennent  tous  à  la  même  entreprise  et  se  développent 
sur  trois  d'entre  les  concessicns  existantes  :  ils  occu- 
paient, au  moment  de  notre  visite,  une  quarantaioe 
d'ouvriers,  et  n'avaient  pas  produit,  dans  tes  mois  qui  tmt 
précédé  notre  passage,  moins  de  50  à  60  tonnes  par 
mois  do  minerai  lavé,  dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt 
variait  de  i  à  4  1/2  p.  100,  et  qui  était  assez  fortement 
chaîné  en  manganèse. 

Les  types  de  minerais  que  l'on  rencontre  ici  et  leur 
mode  d'occurrence  ne  présentent  de  vraiment  spécial  que 
leur  association  très  nette  avec  d'importantes  formations 
siliceuses  :  l'exploitant  a  d'ailleurs  remarqué  depuis  long- 
temps que  la  présence  dos  formations  siliceuses  est  un 
bon  indice  de  la  proximité  du  cobalt;  ces  formations,  qui 
affectent  une  disposition  en  bancs  parfois  bien  nets,  se 
présentent  tantôt  eu  plaquettes  légèrement  jaunâtres  à 
grain  très  an,  et  tantôt  en  masses  vacuolaires  à  structure 
plus  ou  moins  cellulaire  où  l'on  croirait  par  places  distin- 
guer les  moules  de  petites  coquilles  ou  des  empreintes  de 
débris  végétaux  ;  nous  n'en  avons  cependant  nulle  part 
trouvé  la  trace  d'une  façon  certaine.  Cette  association  du 
minerai  de  cobalt  k  des  formations  siliceuses,  qui  ont  très 
certainement  été  déposées  par  l'eau,  et  vraisemblablematit 
au  fond  de  lacs  ou  de  Inares,  nous  parait  fournir  une 
.raison  de  plus  de  considérer  les  concrétions  cobaltîfères 
qui  les  accompagnent  comme  ayant  été  déposées  en 
.même  temps  par  des  eaux  qui  avaient  dissous  le  cobalt  et 
le  manganèse  des  massifs  de  péridotite  voisins.  Nous 
aurons  d'ailleurs  à  signaler  cette   même  association    à 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   257 

•Pembv  et  à  Briiidy;  nous  l'avons  également  observée  à 
la  mine  Fanfare  dans  la  vallée  de  la  Téné  près  de  Bourail, 
oU  les  traînées  cobaltifères  suivent  exactement  un  lit  de 
sable  silice  11  ï  assez  régulier. 

A  Pemhif,  dans  la  presqu'île  qui  sépare  les  baies  de 
Canala  et  de  Kouaoua,  le  cobalt  se  rencontre  snr  la  large 
crête  qui  s'étale,  à  une  altitude  variant  entre  500  et 
600  mètres,  au-dessus  des  pentes  raides  qui  descendent 
d'un  côté  sur  la  mer  et  de  l'autre  sur  les  ravins  de  la 
rivière  Karoupa.  La  presqu'île  est  tout  entière  consti- 
tuée parune  péridotite  àenstatite,  légèrement  altérée,  de 
couleur  vert  foncé,  qui  no  se  montre,  ni  à  l'œil  nu,  ni  à 
l'examen  microscopique,  ni  à  l'analyse  chimique,  différente 
de  plusieurs  des  roches  associées  aux  gisements  de  nickel 
voisins  de  Tliio  et  de  Canala;  d'ailleurs  le  nickel  existe 
en  petite  proportion  dans  la  roche  elle-même  et  a  été 
signalé  sous  forme  de  minerai  à  faible  teneur  en  différents 
points  du  massif;  la  roche  est  d'autre  part  chargée  de 
traces  particulièrement  sensibles  de  manganèse.  Mais  ici 
c'est  le  cobalt  qui  s'est  concentré ,  plus  que  le  nickel ,  à  la 
faveur  sans  doute  des  conditions  qui  ont  permis  l'accumu- 
lation snr  la  large  crête  que  nous  venons  de  définir  d'im- 
portants dép6ts  d'argile  rouge.  Sur  toute  l'étendue  de 
ces  dépôts  sont  disséminés  des  rognons  cobaltifères,  qui 
avaient  fait  autrefois  l'objet  de  travaux  irréguliers  et 
sans  suite.  La  Société  le  Nickel,  à  laquelle  le  gisement  est 
concédé,  y  a  ouvert,  en  1901,  des  travaux  auxquels  elle  a 
donné  un  certain  développement  et  qu'elle  a  poussés  plutôt 
en  vue  de  chercher  à  reconnaître  s'il  s'y  trouve  des 
masses  importantes  et  continues  de  minerai,  que  d'enlever 
immédiatement,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  les  petites 
quantités  de  cobalt  rencontrées  auprès  de  la  surface, 
quitte  à  s'interdire  ou  à  peu  près  l'accès  jusqu'à  celles 
qui  pourraient  exister  plus  profondément  enfoncées  dans 


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258  RICHESSES   MméRALES  DE  LA  KOUVBLLB-CALÂDONIE 

la  masse  de  l'argrile  ronge.  Ces  travaux  n'ont  d'ailleurs- 
pas  complètement  répondu  au  but  poorsuiTi,  et  la  plupart 
des  chantiers  ouverts  au  moment  de  notre  passage  oo 
rencontraient  guère  que  des  traînées  irréguUères  d» 
petites  concrétions  fortement  chargées  en  manganèse  et 
d'une  richesse  très  moyenne  en  cobalt.  Néanmoins,  en  on 
point,  on  suivait  une  formation  qui  présentait  assez  nette- 
ment l'allure  d'un  dépôt  de  fond  de  lac  :  c'était  une 
lentille  relativement  régulière,  faiblement  inclinée  sur 
l'horizontale,  se  développant  sur  plusieurs  dizaines  de 
mètres  en  toutes  directions  dans  une  sorte  de  large 
cavité  encaissée  entre  des  têtes  de  roche  en  place,  et 
venant  mourir  en  s'efftiant  au  voisinage  de  ces  serpen- 
tines; la  puissance  de  la  formation  variait  de  40  centi- 
mètres à  1  mètre,  constituée  par  des  grenailles  et  des 
rognons  enrobés  .dans  l'argile,  en  proportion  d'ailleurs 
assez  variable  d'un  point  à  un  antre. 

L'association  du  cobalt  et  des  ddpdts  siliceux  que  nous 
avons  déjà  signalée  d'une  façon  très  nette  pour  le  gise- 
ment de  la  baie  de  Râ,  est  aussi  frappante  en  plusieurs 
points  du  gisement  de  Pemby;  c'est  ainsi  qu'au  fond 
d'un  petit  puits  de  10  mètres  de  pnrfondeur  on  a 
rencontré  le  cobalt  en  enduits  entre  des  dépôts  opalins 
et  une  formation  siliceuse  très  spéciale  se  développant  au 
contact  même  de  la  péridotite  en  roche  :  cette  formation, 
de  couleur  jaune  brun  clair,  comprend  d'une  part  des 
zones  de  calcédoine  de  teintes  jaunes  variées,  et  d'autre 
part  une  certaine  épaisseur  de  silex  dur,  d'une  couleur 
brune  plus  foncée,  qui  se  montre  entièrement  constitué 
de  petits  grains  qiiartzeux  colorés  et  cimentés  par  des 
enduits  ferrugineux. 

Comme  nous  l'avons  dit,  les  travaux  de  Pemby  ont 
plutôt  constitué  jusqu'ici  des  recherches  qu'une  exploita- 
tion; on  n'en  avaitencore  extrait  au  moment  de  notre  passage 
qu'un  petit  nombre  détonnes  d'im  minerai  dont  la  teneur 


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UINKRAIâ   ASSOCIÉS  A  LA   FORICATION   DRS   SKKPKNTINES   '4^ 

en  cobalt  n'étsit  pas  très  élevée  et  oii  le  maDgaoèse  était 
particulièremeat  abondant. 

Le  cobalt  est  assez  activement  exploité  en  une  série  de 
points  de  la  région  Sud  de  la  c6te  Est  de  l'Ile,  et  en  par- 
ticulier sur  te  plateau  accidenté  ({iii  domine  le  rivage  de 
la  mer  au-dessus  de  Brindy,  entre  les  rivières  M'ba  et 
Codiboui;  ce  massif ,  dont  les  pentes  vers  la  mer  sont 
fort  raides,  s'abaisse  d'une  façon  beaucoup  moins  rapide 
vers  le  Sud.  11  s'y  développe  de  puissants  amas  d'agile 
rouge  qui  viennent  s'associer,  dans  le  lit  de  la  rivière 
Koua-Samy,  à  des  formations  superficielles  d'un  carac- 
tère tout  différent,  beaucoup  moins  colorées  et  moins 
riches  en  sesquioxyde  de  fer;  ces  formations,  dont  nous 
avons  déjà  fait  mention,  proviennent  de  la  décomposition 
des  granités  qui  afSeurent,  à  S  kilomètres  plus  à  l'Ouest, 
sur  l'autre  versant  du  bassin  de  ladite  rivière,  pour  for- 
mer les  sommets  du  (îraud  et  du  Petit  Koum. 

Le  cobalt  se  rencontre  sur  les  pentes  Nord  du  plateau, 
lorsque  l'argile  rouge  s'y  rencontre  elle-même,  ainsi  que 
sur  la  région  culminante,  dans  des  conditions  très  sem- 
blables à  celles.qnc  nous  avons  déjà  signalées  ;  il  apparaît 
également  sur  les  pentes  Sud  et  Ouest  dans  les  forma- 
tions siiperficioUes  spéciales  dont  nous  venons  de  parier. 
Ceiles-ci  recouvrent  encore  par  places  dos  roches  ser- 
pentineuses  de  type  normal,  mais  en  d'autres  points  elles 
laissent  voir  des  tctes  de  granité  décomposé  qui  semlilent 
être  en  place  ;  elles  paraissent  d'ailleurs  n'avoir  pas  été 
constituées  elles-mêmes  uniquement  par  des  produits  de 
décomposition  des  serpentines,  et  se  trouvent  mélangée-f 
de  produits  d'origine  granitique  ;  l'ensemble  de  la  forma- 
tion n'est  plus,  en  etfcl,  rouge  foncé,  mais  jaune  orangé 
plus  ou  moins  clair,  et  parait  par  places  renfermer  des 
produits  voisins  du  kaolin;  la  silice  y  est  abondante,  non 
plus  en  lits  séparés  comme  ceux  que  nous  avons  signalés 


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260  RICHESSES  MINERALES   DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

à  la  baie  de  Bà  par  exemple,  mais  sous  forme  de  quartz 
répandu  à  peu  près  uniforménient  dans  la  masse;  enfin, 
comme  nous  l'avons  dit,  on  trouve  au  milieu  de  cette  for- 
mation de  nombreux  blocs  de  roches  roses  ou  blanches, 
montrant  quartz  feldspath  et  mica  altérés,  et  silloimces 
de  âlonnets  de  quartz  hyalin  cristallisé,  blocs  parmi  les- 
quels quelques-uns  semblent  être  en  place.  Le  cobalt  se 
présente  ici  sous  la  forme  de  ses  minerais  ordinaires,  gre- 
nailles plus  ou  moins  ferrugineuses  et  plaquettes  siliceuses 
à  enduits  cobaltifëres,  mais  il  est  à  faible  teneur  sans 
que  le  manganèse  y  soit  abondant,  le  fer  et  la  silice 
y  sont  au  contraire  dominants.  Du  côté  Nord,  dans  les 
argiles  rouges,  nous  avons  noté  la  présence  de  minerais 
en  rognons  au  voisinage  immédiat  des  serpentines,  dont 
nous  avons  trouvé  plusieurs  tètes  siliciAées  et  enduites 
de  cobalt  :  ces  dernières  se  présentent  un  peu  sous  l'as- 
pect d'une  de  ces  serpentines  décomposées,  cloisonnées, 
que  nous  avons  décrites,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  un  sque- 
lette quartzeuï  formant  un  réseau  plus  ou  moins  régulier 
avec  remplissage  de  roche  altérée  ;  mais  ici  ce  remplis- 
sage altéré,  au  lieu  d'être  constitué  par  des  produits  ser- 
pentineux  envahissant  toute  la  masse  des  anciens  cristaux 
de  péridot,  consiste  uniquement  en  dépAts  siliceux  cobal- 
tifëres qui  semblent  avoir  épigénisé  pour  ainsi  dire  les 
produits  serpcntineux,  sans  cependant  donner  à  l'ensemble 
la  cohésion  de  véritables  roches  siliciGées,  et  en  formant 
un  minerai  friable  difficile  à  laver. 

Des  quatre  exploitations  que  nous  avons  visitées  sur  ce 
massif,  nous  n'avons  rien  de  spécial  à  mentionner  :  elles 
comportent  de  petits  travaux  de  glanage  qui,  en  plusieurs 
points,  ne  font  que  rechercher  ce  qui  a  été  laissé  autrefois 
à  une  époque  où  la  valeur  du  minerai  ne  permettait 
d'exploiter  que  des  amas  notablement  plus  riches  que 
ceux  que  l'on  peut  utiliser  aujourd'hui. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION  DES   SERPENTINES  261 

Les  rivages  de  la  àaie  du  Sud  et  des  différentes  baies 
secondaires  qui  l'entourent,  baie  de  la  Somme,  baie  du 
Carénage,  Bonne-Anse,  Port-Boisé,  etc.  (Voir  la  fig.  3  de 
la  PI.  IV),  sont  entourés  de  dépôts  d'argile  rouge  dans 
lesquels  les  rognons  cobaltifères  ont  été  signalés  dès 
assez  longtemps  ;  ils  sont  exploités  par  une  trentaine  d'ou- 
Triers,  dont  la  production  annuelle  peut  varier  de  150  à 
200  tonnes  ;  nous  avons  visité  ceux  de  ces  travaux  qui  se 
poursuivaient  au  moment  de  notre  passage  à  l'entrée  de 
la  baie  du  Carénage.  Là  les  dépéta  d'argile  rouge  sur  la 
péridotite  sont  généralement  d'une  faible  épaisseur  et 
peu  continus;  ils  forment  souvent  des  cuvettes  isolées  de 
dimensions  restreintes  au  fond  desquelles  on  rencontre 
des  traînées  de  rognons  de  minerai  ou  des  terres  bru- 
nâtres contenant  des  grains  fins  cobaltifères  ;  dans  l'en- 
semble CCS  formations  suivent  à  peu  près  les  irrégulari- 
tés de  la  surface  de  la  roche.  Le  croquis  reproduit  par  la 
/tg.  4  de  la  PI.  IV,  et  que  nous  avons  relevé  dans  une  des 
tranchées  que  nous  avons  visitées,  donne  une  idée  assez 
nette  de  l'allure  de  ces  gisements  ;  en  pareil  cas  c'est  à 
ciel  ouvert  que  se  fait  l'extraction,  et  l'on  poursuit  l'enlè- 
vement du  manteau  argileux  qui  recouvre  la  roche  en 
place  tant  que  la  quantité  de  minerai  trouvée  est  suffi- 
sante. Quelquefois  on  fait  une  première  reconnaissance  à 
l'aide  d'une  petite  galerie  souterraine,  mais  l'exploitation 
a  toujours  lieu  à  une  profondeur  assez  faible  pour  faire 
préférer  les  travaux  à  ciel  ouvert.  On  découvre  ainsi  des 
tètes  de  péridotite  altérée  très  semblables  à  celles  qui  se 
montrent  naturellement  a»  jour  en  d'autres  points.  Là  en 
particulier  nous  avons  pu  observer  très  nettement  que  ces 
roches  ne  contiennent  pas  elle-mônies  de  dépôts  cobalti- 
fères et  ne  sont  recouvertes  d'aucun  enduit  métallifère  ; 
nous  n'avons  d'ailleurs  pas  connaissance  que  pareille 
observation  y  ait  jamais  été  faite. 

Le  minerai  extrait  des  travaux  épars  sur  les  différents 


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282  KICtmssKS  STVKKALB  DB  la  WtrrEIXB-CALSOOSK 
promoDUwes  tpà  enuinrvat  1>  bae.  fart  déeoapèe.  est  des- 
«'«■da  an  bord  île  feaii,  p énêraleacnt  i  do*  li'hniiiT  :  il 
est  coodiiit  en  enibareatm  jisqa'*ii  petit  aidiar  de 
lavage  étaMi  â  l>mboackH«  d'ai  rnsMars.  pois  0  est 
«mmené  de  mèae  à  Proar,  d'ut  3  est  expédié. 

LeK  mgBons  que  Vtm  rsamitre  ki  Mmt  d'm  raractèf* 
très  nettenMOt  métalliqne.  aseez  foords.  briOants.  rides 
en  fer,  et  souillés  seal^meet  de  débris  argiieni  toiles  i 
éUminer  par  le  tarage  :  ils  foomisneet  des  niaerais  k5H 
A  p.  100  ;  te<  terres  eobaltiières.  oatarrilenienl  jdtn 
pativres.  w>i)t  difficiles  h  laver  et  prodoiseiil  des  imiterais 
moins  ri^'hes  :  néamnoÏDs.  lorsque  l'on  a  eoleré  la  coorw- 
tnre  d'at^le  stérile  sous  laqneHe  elles  se  trouvwt,  on  a 
tout  intérêt  à  les  exploiter  areo  le  reste. 


C.   —  CoSDmOSS   ÉCONOMIQCKS  DE  l'kXPLOITATIOS 
DC  COBALT. 

Nous  avons  assez  twiarent  nentiooité  dans  ce  qvi  pr^ 
rède  rirrégolnrité  avec  laquelle  se  présentent  les  gise- 
ments de  cottalt,  tant  an  point  de  Tue  de  la  continuité  des 
différentes  traînées  de  minerai  que  de  la  paissance  et  de 
la  riirhesse  Ac  ces  traînées,  et  qne  de  la  tenevr  du  mine- 
rai même,  ponr  qu'il  ne  noas  soit  pas  nécessaire  d*insia- 
ter  longtemps  «nir  l'imiiossibilité  qu'il  y  a.  k  donner  des 
chiffres  prériM  snr  tes  conditions  économiques  générales  de 
l'exploitation  du  coha.lt.  En  un  point  d'un  gisement  le 
miiienii  est  exploité  à  ciel  ouvert  au  fond  de  tranchées 
pou  prfifondes  ;  à  côlé  il  doit  i^tre  recherché  à  plusiears 
mêtrps  Kons  terre,  et  il  faut  pratiquer  des  ptiits  et  des 
paieries  d'exploitation  et  d'assèchement,  prwiéder  à  oa 
hoisagc  plus  nu  moins  seiré,  remonter  le  minerai  par  des 
tienilii,  etc.  Dans  un  chantier  on  poursuit  péniblement  par 
d'aussi  petits  boyaux  que  possible  une  trainée  de  simples 


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KmERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATIOH  DES   SBHKENTlNtS  263 

Togooas  de  minerai  isolée,  et  dans  le  chantier  voisin  on 
travaille  dans  un  amas  de  booles  on  de  grenailles  cobal- 
tifëres  puissant  de  plasiears  décimètrea,  quelquefois  même 
de  plusieurs  mètres.  LÀ,  le  minerai,  chargé  en  manga- 
nèse, est  pauvre  en  cobalt,  et  an  lavage  soigneux  n'arrive 
-qu'avec  peine  à  le  porter  à  la  teneur  de  4  p.  100  en 
ox^de  de  cobajt  aa-dessotis  de  laquelle  il  est  diiticile- 
ment  vendable  ;  ici,  au  otnitraire,  les  tenenrs  atteignent 
■couramioeilt  5  à  6p.  100  et  même  7  p.  100. 

Mais,  si  la  nature  des  gisements  dans  lesquels  se  pour- 
:snivent  les  travaux  est  très  variée,  les  conditions  dans 
le.'<4]uelles  ils  ont  lieq  le  sont  moins  à  an  autre  point  de 
vue  :  elles  sont,  d'une  façon  générale,  aussi  peu  satisfai- 
santes que  possible  à  tous  égards.  La  sécurité  des 
■ouvriers  y  est  assurée  d'une  façon  fort  imparfaite,  en 
raison  de  l'inexpérience  tant  des  exploitants  que  de  leurs 
ouvriers,  dont  aucun  ne  sait  ce  que  sont  les  travaux  de 
mines  :  boisage  souvent  insuffisamment  robuste  ou  trop 
■espacé,  et  toujours  mal  assemblé  et  très  imparfaitement 
-agencé  pour  résister  à  la  pression  des  terrains  qu'il  est 
•destiné  à  soutenir;  travaux  conduits  au  voisinage  les 
uns  des  autres  sans  aucune  coordination  et  sans  adopter 
les  précautions  les  plus  élémentaires  lorsqu'ils  se  rap- 
prochent, circonstance  que  Ton  ignore  même  souvent  par 
suite  dn  manque  de  toute  espère  de  [dans,  ou  même  de 
■croquis,  des  travaux  ;  absence  totale  d'aérage,  si  bien  que 
■dans  certains  chantiers,  poursuivis  à  l'extrémité  de 
longues  galeries  étroites  et  tortueuses,  la  lumière  refuse 
-de  briller  et  l'ouvrier  travaille  dans  une  obscurité  à  peu 
près  absolue  ;  tels  sont  quelques-uns  des  graves  défauts 
■que  nous  avons  relevés  dans  la  conduite  de  ces  travaux. 
Le  souci  de  la  bonne  utilisation  du  gîte  n'intervient  géné- 
ralement pas  plus  que  celui  de  la  sécurité  du  personnel, 
■et  cela  d'autant  plus  que  la  très  grande  majorité  des 
mines  sont   abandonnées  par  les  concessionnaires  à  des 


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264  RICHESSES   MINÉRALES   DB  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

0  contractants  »,  amodiataires  à  court  baU  ou  même 
sans  aucun  bail,  qui  viennent  exploiter  sur  telle  ou  telle 
mine  ce  qu'ils  pouiroot  en  extraire  au  meilleur  compte 
possible,  sans  aucune  espèce  de  souci  du  lendemain  ; 
beaucoup  de  concessionnaires,  qui  ont  acquis  différentes 
mines  en  différents  points  de  la  colonie  et  qui  ne  les 
exploitent  pas,  assurent  d'ailleurs  qu'ils  ne  peuvent  guère 
faire  autrement  que  de  consentir  de  semblables  amodia- 
tions, car,  s'ils  s'y  refusaient,  ils  n'auraient  aucun  moyen 
d'empêcher  le  premier  venu  de  s'installer  sur  leurs  con- 
cessions et  de  les  exploiter  à  sa  guise.  Il  suffit  d'avoir 
parcouru  la  colonie  pour  se  rendre  compte  que  de  sem- 
blables craintes  sont  assez  justifiées. 

Dès  lors  la  règle  à  peu  près  constante  de  l'exploitation 
du  cobalt  est,  après  avoir  ouvert  une  galerie  ou  une 
tranchée  de  recherches,  de  battre  au  large  dans  la  pre- 
mière traînée  de  minerai  rencontrée,  et  cela  jusqu'à  ce 
que  le  vide  réalisé  amène  l'éboulemeut  des  travaux, 
-  interdisant  ainsi  l'exploration  de  ce  qui  pourrait  sub- 
sister plus  profondément  enfoncé  dans  la  formation 
argileuse  encaissante  ;  les  gisements  se  trouvent  donc 
véritablement  criblés  de  petites  galeries,  qui  ont  plus  OQ 
moins  bien  exploré  le  voisinage  immédiat  de  la  surface, 
mais  qui  laissent  complètement  inconnues  et  à  peu  près 
inaccessibles  les  régions  plus  profondes.  Ainsi  exploi- 
tait-on déjà  il  y  a  vingt  ans,  et  plusieurs  des  exploitations 
actuelles  glanent  péniblement  dans  d'anciennes  mines  des 
minerais  qui  eussent  été  aisés  à  prendre  dans  le  gisement 
vierge  ;  cela  n'empêche  pas  d'ailleurs  les  nouveaux  venus 
de  procéder  encore  aujourd'hui  de  la  même  façon.  C'est 
là  une  situation  des  plus  fâcheuses,  nous  ne  saurions 
trop  le  dire,  car  parmi  les  gisements  de  cobalt  très 
nombreux,  nous  l'avons  fait  ressortir,  qui  jalonnent  toute 
la  longueur  de  la  colonie,  plusieurs  ont  été  déjà,  sinon 
entièrement  exploités,  du  moins   pratiquement  épuisés, 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION   DE3   SERPENTINES  265 

beaucoup  sont  aujourd'hui  en  exploitation  dans  des  con- 
ditions h  peine  moins  déplorables,  et  le  nombre  de  ceux 
qui  restent  encore  vierges  pour  l'avenir  risque  de  dimi- 
nuer de  la  sorte  bien  promptement. 


Une  fois  abattu  et  extrait,  le  minerai  doit  presque 
toujours  être  lavé,  tantôt  parce  que  cela  est  indispen- 
sable pour  le  rendre  marchand,  d'autres  fois  parce  que 
l'augmentation  de  teneuret  l'augmentation,  plus  que  pro- 
portionnelle,  du  prix  de  vente  qui  en  résulte,  rendent  ré- 
munérateur le  lavage  même  de  minerais  tenant  déjà  plus 
de  4  p.  100  d'oxyde  de  cobalt.  Il  n'y  a  donc  pratiquement 
pas  une  exploitation  qui  ne  soit  pourvue  d'un  lavoir  ;  celui- 
ci  est  établi  en  un  point  oU  l'on  dispose  de  l'eau  nécessaire, 
c'est-à-dire  presque  toujours  au  pied  de  la  montagne. 

Du  chantier  au  lavoir,  le  minerai  brut  est  descendu, 
après  ensachage,  par  le  moyen  des  c&bles  à  crochets, 
c&bles  à  roulettes,  ou  plans  inctinés  aériens,  que  nous 
avons  déjà  fait  connaître;  les  deux  premiers  moyens,  d'un 
moindre  débit,  mais  moins  coûteux  comme  installation 
que  les  plans  aériens,  sont  bien  plus  souvent  préférés  que 
pour  le  nickel,  en  raison  des  faibles  tonnages  qu'ils  sont 
généralement  destinés  à  transporter;  nous  n'avons  rien  à 
ajouter  ici  à  ce  que  nous  avons  dit  déjà  au  sujet  de  ces 
moyens  de.  transport. 

Nous  fournirons  au  contraire  quelques  détails  généraux 
sur  le  lavage  du  minerai,  qui  est  pratiqué  partout  de  la 
même  manière  ou  à  peu  près. 

Le  minerai  est  d'abord  finement  concassé  ;  cette  opé- 
ration n'est  pas  sans  être  assez  délicate  :  il  est  néces- 
saire que  les  fragments  soient  assez  petits,  soit  pour  dé- 
gager les  matières  argileuses  qui  salissent  les  rognons  de 
minerai,  soit  pour  séparer  les  enduits  cobaltifères  d'une 
partie  du  stérile  qu'ils  recouvrent;  mais,  surtout  dans  le  cas 
de  minerais  quartzeux,  les  concrétions  cobaltifères  sont  sou- 


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266  EICBBSSCa  UUiiatALBS  D&  la   MOnVSLLB-CALBDONIB 

vent  disposées  en  écailles  successives  très  mioces,  qa'Û 
convient  d'éviter  autant  que  possible  de  sépaTO*  les 
unes  des  autres,  afin  qu'elles  ne  soient  pas  tropais^n^t 
entraînées  par  les  eaux.  Ce  travail  de  cassage  se  Eut  tou- 
joui-s  à  la  main,  et  généralement  à  l'aide  d'instnimeats 
en  bois  afin  que  leur  choc  soit  plus  doux  ;  il  a  li«i  sra-une 
aire  constituée  par  une  pUqiie  de  t6le  afin  d'éviter  cpe 
le  minerai  ne  vienne  à  être  sali  par  la  terre.  C'est  ua  tn- 
vail  minutieux  dont  dépend  le  succès  du  lavage  ;  aussi, 
surtout  pour  des  minerais  quartzeuz,  est-il  parfois  tait  ea 
-deux  fois.  Le  minerai  est  d'abord  mis  à  sécher  an  aol«l 
s'il  est  humide,  car  sans  cela  il  s'agglutinerait  sons  le 
choc,  puis  il  subit  un  premier  cassage  à  la  main,  fait  à 
l'aide  de  petits  maillets  en  bois  par  l'ouvrir*  qui  «xamuie 
un  à  un  chaque  fragment,  et  élimine  le  stérile  tout  conme 
lorsque  l'on  procède  au  scheidage  des  minerais  méial- 
liques  usuels;  ensuite  les  fragments  ainsi  cassés  soot  ré- 
duits à  une  grosseur  variant  généralement  de  2  à  4  nil- 
limètres  k  l'aide  d'une  dame  en  bois  assez  lourde.  D'aulres 
fois  le  cassage  a  lien  en  une  seule  opération,  tantAt  uni- 
qucrocnt  au  maiUet,  tantôt  à  la  dame  seulement  ;  qiie^ 
^uefois  on  termine  par  un  criblage  afin  d'éviter  l'envoi 
;iu  lavage  de  trop  gros  fragments. 

Le  lavage  a  partout  lieu  à  main  d'boiome,  k  l'aide  de 
la  pelle  ;  il  se  fait  dans  une  auge  en  bms  de  2  mètres  de 
long  sur  1  mètre  de  large,  dont  le  fond  est  généraleoient 
horizontal,  et  dont  la  profondeur  est  d'une  vingtaine  de 
centimètreH,  L'une  des  extrémités  de  l'auge  est  en  rela- 
tion, par  un  petit  canal  ou  une  rigole  en  bois,  avec  un 
ruisseau  assurant  l'écoulement  des  eaux.  L'eau  claire  est 
débitée  à  l'extrémité  d'amont  au  moyen  de  trous  prati- 
qués dans  la  paroi  de  l'auge,  et  que  l'on  peut  obstruer 
par  des  chevilles  en  Itois  ;  elle  s'évacue  à  l'aval  générale- 
ment par  trop-plein,  afin  d'éviter  qu'elle  n'entraîne  autre 
■chose  que  des  matières  légères  eu  suspension.  La  lavée, 


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VINBIUIS   A^Odis   À.  LA   FORHÀTION   DBS  S&RPENTINBS   S67 

■4)ui  est  de  200  à  30O  kilogrammes,  qnelquefcùs  même  <la- 
vaDtage,  suivant  la  qualité  du  minerai,  est  introduite  en 
une  fois  dans  l'auge;  elle  est  d'abord  remuée  à  la  pelle 
'dans  l'eau  donnante  on  dans  ud  faible  coorant,  puis, 
kir8<)ue  les  matières  légères  commencent  à  être  l»en  sé- 
parées, on  aufpiieDte  l'intensité  du  courant  en  continuant 
À  retonrner  le  minerai  pour  le  ramener  sans  cesse  dans 
ie  courant  d'eau  auquel  il  doit  abandonna*  les  matières 
terreuses,  argileuses  et  siliceuses.  L'opératicm  est  ter- 
minée lorsque  l'ean  s'écoule  à  peu  près  rJaire,  elle  dure 
de  nn  à  trois  quarte  d'heure  suivant  la  nature,  argileuse 
<m  sableuse,  des  gangnes.  Le  minerai  restant  an  fond  de 
l'auge,  qui  était  au  début  fortement  souillé  de  poudres  et 
«DdaitsBilic«nx  jaunes,  ou  argileux  rouges,  en  sortd'un  noir 
blenté  assez  franc  ;  il  est  séché,  puis  ensaché,  et  expédié. 

Qoelquefms  le  lavage  a  lieu,  pour  des  minerais  parti- 
-CB&remeot  impurs  et  terreux,  en  deux  fois,  se  divisant 
ea  un  dégrossissage  avec  de  l'eau  déjà  sale  et  un  finis- 
sage à  l'ean  claire;  c'est  ce  que  l'on  fait  en  particulier 
lorsque  l'on  manque  d'ean,  ce  qui  n'est  pas  sans  exemple. 
<k  consomme,  en  effet,  dans  une  semblable  opéraUon, 
une  quantité  d'eau  considérable,  soit  à  peu  près  500  litres 
à  la  minute  par  lavoir  ;  et  l'on  est  parfois  obligé  d'établir 
sur  tes  ruisseaux  dont  on  dispose  de  petits  barrages  et 
■•les  réservoirs,  dont  l'exécution  dans  l'argile  rouge  imper- 
méable est  d'ailleurs  facile. 

Qsant  au  rendement  industriel  d'une  semblable  opéra- 
tion, il  est  assez  difficile  à  apprécier,  d'autant  plus  que  les 
fliinerais  sont  constamment  variables  comme  sature  et 
•comme  teneur  ;  d'ailleurs  aucun  exploitant  ne  parait  s'en 
^«cnper  et  aucun  d'entre  eux  n'a  pu  nous  donner  une 
éraination  de  la  teneur  des  parties  dites  stériles  entraî- 
nées par  les  eaux  ;  elle  est  certainement  assez  considé- 
rable. Nous  devons  ceprindant  signaler  ici  l'habitude,  qui 
«ommence  à  se  répandre  dans  quelques  mines,  de  diriger 


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268  RICHESSES  WKBRALES  DE  LA   NOCrBLLB-CALBDOXtB 

l'exploiution,  et  aussi  parrois  le  travail  de  lavage,  à  l'aide 
d'analvses  colorimëtriqaes,  1res  aisées  à  faire,  ei  qui  per- 
mettent avec  de  l'habitude  d'apprécier  à  1  /  iO  p.  100  près 
la  teneur  des  minerais  de  cobalt,  dont  l'appareuce  estsoa- 
vent  très  trompeuse  même  pour  les  gens  les  plus  exercés. 
On  s'accorde  généralement  à  dire  que,  sauf  dans  le  cas 
de  minerais  particulièrement  riches  on  particulièrement 
pauvres,  le  rendement  au  lavage  est  à  peu  près  de  ub 
cinquièrae  à  un  sixième  en  volume,  c'est-à-dire  qu'il  faut 
cinq  à  six  sacs  de  minerai  bnit  pour  eu  faire  un  de  minerai 
lavé  ;  cela  correspond  à  un  rendement  en  poids  de  un 
pour  trois  ou  de  un  pour  deux  et  demi,  le  poids  des  sacs 
bruts,  incomplètement  remplis,  et  contenant  beaucoup  de 
sti'rile,  variant  de  i^  à  30  kilogrammes,  tandis  que  celui 
des  sacs,  bien  remplis  et  cousus,  de  minerai  lavé  est  d'une 
cinquantaine.  Les  teneurs  sont  trop  variables  d'un  cas  i 
l'autre,  et  souvent  d'un  jour  à  l'autre,  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  donner  des  chiffres  ayant  une  réelle  valeur  ;  ce- 
pendant, on  peut  dire  qu'on  amène  couramment  des  mine- 
rais bruts  à  2  l/~  P-  *00  et  3  p.  100  d'oxyde  à  eu  tenir 
4  p.  tOO  ou  légèrement  plus;  lorsqu'on  lave  des  mine- 
rais à  4  p.  100  ou  au  voisinage,  ils  rendent  généralement 
du  rainerai  à  6  p.  100.  U  semble  donc  qu'on  puisse  ad- 
mettre que  le  lavage  augmente  généralement  la  teneur 
dans  le  rapport  de  1  à  1  1/2, 1  3/4  ou  au  maximum  2,  tan- 
dis que  la  réduction  de  poids  varie  de  2  1  /2  à  3  ;  il  y  a 
donc  une  perte  en  cobalt  qui  atteint  parfois  jusqu'à  la 
moitié  de  ce  qui  était  contenu  dans  le  minerai  brut. 

Dans  les  petites  exploitations,  la  laverie  occupe  géné- 
ralement deux  ou  trois  hommes,  quelquefois  d'une  façon 
intermittente  ;  une  telle  équipe  peut  laver  par  journée 
2  à  3  tonnes  de  minerai  brut,  et  par  suite  en  produire 
k  peine  1  de  minerai  lavé.  Pour  des  exploitations  plus 
importantes  le  personnel  qu'exige  le  lavage  est  natu- 
rellement beaucoup  plus  nombreux  ;    c'est  ainsi  que,  sur 


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MISERAIS  ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   269 

une  mine  qui  produisait  par  jour  au  moment  de  notre 
passage  une  quinzaine  de  tounes  de  minerai  brut,  soit 
4  à  5  tonnes  de  minerai  lavé,  on  avait  installé  trois  auges 
de  lavage,  dont  l'une  de  dégrossissage  alimentée  par  de 
l'eau  sale,  et  les  deux  autres  fonctionnant  à  l'eau  claire 
pour  terminer  le  lavage  ;  trois  laveurs  assuraient  le  ser- 
vice de  ceslavoirs,  deux  blancs  aidésde  deux.  Canaques  cab- 
sajent  le  rainerai  le  criblaient  et  l'entassaient,  trois  blancs 
et  deux  Canaques  en  assuraient  l'enlèvement  après  lavage 
et  l'ensachage  ;  soit  un  personnel  total  de  douze  hommes. 
Une  partie  d'entre  eux  étaient  payés  à  la  journée,  les 
autres  à  prix  fait  :  les  laveurs  recevaient  12  francs  par 
tonne  de  minerai  lavé  sec,  les  casseurs  8  francs  par  mètre 
cube  cassé  et  criblé, 

On  peut  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  un  intérêt  con- 
sidérable à  substituer  à  cette  opération,  onéreuse  comme 
main-d'œuvre,  et  peu  satisfaisante  comme  rendement,  le 
lavage  mécanique,  qui  réussit  si  bien  pour  les  autres  mi- 
nerais métalliques.'  Cela  n'a  jamais  été  tenté,  en  partie  à 
cause  du  peu  d'initiative  et  d'instruction  des  mineurs  en 
général,  et  en  particulier  des  mineurs  qui  exploitent  le 
cobalt  d'une  façon  si  souvent  éphémère.  Néanmoins  la 
qualité  très  variable  du  minerai  à  traiter  et  les  difficultés 
spéciales  résultant  de  la  tendance  des  concrétions  cobal- 
tifêres  minces  à  surnager  malgré  leur  densité,  rendraient 
peut-être  bien  le  réglage  d'une  laverie  mécanique  très 
difficile  ;  et  l'opération  faite  à  la  main,  qui,  bien  que  cob- 
tant  une  dizaine  de  francs  par  tonne  de  minerai  lavé, 
n'est  pas  une  charge  excessive  pour  un  produit  qui  vaut 
plusieurs  centaines  de  francs,  doit  à  notre  avis  être  re- 
gardée vAymme  répondant  assez  bien  aux  conditions  spé- 
ciales de  l'exploitation  du  cobalt. 

Les  prix  de  revient  que  comportent  de  semblables 
exploitations  sont  naturellement  très  variables,  suivant 


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'^70  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   nOUVBLLB-CALÉDOEtnt 

que  l'on  n'exploite  que  les  m«illeurea  portions  du  gltew 
(les  portions  un  peu  moins  favorables ,  aussi  dépen<teat-il» 
sortout  des  cours  dn  minerai,  chacun* condutaant  ses 
exploitation  de  manière  à  conserver  entre  son  prii  de 
revient  et  le  prix  de  vente  nne  mar^e  suffisante. 

D'après  les  renseignements  qui  boos  ont  été  donnés,  et 
que  nous  avons  pu  partiellement  v^riSo',  le  prii  de 
revient  moyen  d'une  exploitation  importante  se  décoio- 
poseraît  à  peu  près  comme  suit  par  tonne  de  mmeni 
lavé  : 

Abalage 13  (Miii|»upr*«  5*.(»p«ci«mi«it 

Transport,  manutention  et  ea- 
sachagR   du  minerai    sur  la 

mine iO    l<«llprupr*i13".33pvloiiDebnUi 

I  Main-d'œuvre 101 
Matières     prcmièrea  ( 

,,     .       ,    '  _  ,  MilipBiprtt  6^68|»^lonM^Illl^i 

(frais  «le  transport  i 

jusqu'à  la  mine)..  10) 
Uesceiite  du  laioerai  île  lamiue 

CoucQSsuK''  <:t  criblage T. 

I.aragp 12 

Kusachage 3 

Dépense  rl'aclial  île  sacs 8 

Charroi  jusqu'au  bord    de    la 

Clialnndage 3 

Transport  à  ^numéa 10 

Suneillance 10 

Total 141 

Pour  une  petite  exploitation,  occupant  seulement 
quelques  ouvrions,  le  prix  de  revient  salaires  attei- 
gnait 140  à  ir)0  francs  par  tonne,  et  l'exploitant  estimait, 
qu'à  partir  d'un  prix  de  vente  de  2LXJ  francs,  le  rem- 
boursement de  ses  quelques  dépenses  de  founiitiuïs, 
l'amortissement    des    installations    très    précaires    qnil 


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MINERAIS   ABSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES    SBRPBNTINES  27t 

avait  faites,  et  une  rémunération  suffisante  de  sa  peine, 
lui  étaient  assurés. 

Les  chiffres  relatifs  aussi  bien  à  la  première  de  ces 
exploitations  qu'à  la  deuxième  doivent  d'ailleurs,  comme 
toujours,  être  diminués  de  30  à  50  p.  100  en  ce  qui  con- 
cerne les  salaires,  pour  tenir  compte  de  la  ret«iue 
détournée  faite  sur  eux  par  l'exploitant  au  moyen  de  la 
vente  aux  ouvriers  de  tous  objets  de  consommation, 
comme  nous  l'indiquerons  en  détail  à  la  fin  du  présent 
rapport. 

Mentionnons  enfin  qu'au  moment  de  notre  séjour  dans 
la  colonie,  et  à  la  favetir  des  cours  élevés  du  cobalt,  dos 
groupes  do  ileni  ou  trois  libérés  prenaient  souvent  au 
contrat  à  court  terme  l'exploitation  df  telle  ou  telle 
mine  ou  de  telle  ou  telle  portion  de  mine  moyennant  un 
prix  global  de  SOO  francs  par  tonne  de  minerai  à  4  p.  100 
(et  avec  augmentation  de  6  francs  par  dixième  d'unité 
en  plus)  livrée,  lavée  s'il  y  avait  lieu,  au  pieil  de  la  mine  ; 
le  matériel,  cfihles,  outils,  sacs,  etc.,  leiu-  était  fourni 
par  le  concessionnaire,  mais  ils  étaient  presque  toujours 
payés  ïK)ur  une  large  part  en  vivres  et  boissons,  sur 
lesquels  le  concessionnaire  faisait  les  bénéfices  que  nous 
avons  dits. 


D.  —  Prix  de  vente.  —  Emplois  et  débouchés 

DES    MINERAIS    DE    COBALT. 


Comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  le  minerai  de 
cobalt  rendn  à  Nouméa  est  couramment  acheté  à  la 
teneur  de  4  p.  100  de  protoxyde  de  cobalt  fsoit 
3,15  p.  100  de  cobalt  métallique)  pour  le  minerai  sec. 
Lorsque  la  teneur  dépasse  ce  chiffre,  le  prix  bénéficie 
d'une  augmentation  plus  que  proportionnelle,  tandis  qu'il 


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273  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  1«0€TBLLE-CALÉD0NIB 

subit  une  diminution  très  importante  si  la  teneur  s'abaisse 
au-dessous  de  4  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  prix 
pratiqués    étaient  les  suivants  : 

Minerai  à  4  p.  100 330  fr.  la  lonoe 

Les  minerais  à  3  p.  100  et  3  1/3  p.  100  étaient 

respectivement  payés  à  raison  de.     14B  fr.  et    195  tv.  In  Ioddg 

avec  plus-value  de  0'',60  par  chaque  centième 

d'unité  en  plus  desdites  teneurs. 
De  (  p.  100  à  5  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  4  p.  100  était  payé  à  raison  de. .     0'%fiO 
I)e  S  p.  100  I»  6  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  5  p.  100  était  payé  à  raison  de. .     0",00 
De  6  p.  100  à  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  6  p.  100  était  payé  k  raison  de. . .     l'',00 
A  partir  de  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  7  p.  100  était  payé  k  raison  de. .     1",50 
Ce  qui  portail  la  tonne  de  minerai  à  8  p.  100 

au  prix  de 7S0  fr.  la  tonne 

Ces  cours  élevés  résultent  d'ailleurs  d'un  accroisse- 
ment très  brusque  des  demandes  depuis  deux  ans. 

Tandis  que,  pendant  de  longues  années  jusqu'en  1890, 
le  minerai  de  cobalt  à  4  p.  100  d'oxyde  était  acheta  sur 
la  place  do  Nouméa  à  raison  de  72',50  la  tonne,  son  pris 
s'élevait  entre  1892  et  1894  jusqu'à  80  francs,  il  attei- 
gnait 100  francs  en  1897,  et  oscillait  jusqu'au  débnt 
de  1900  entre  92' ,50  et  100  francs  ;  puis  en  dix-huit  mois 
son  prix  doublait;  enfin,  du  mois  de  juin  1901  au  mois  de 
mai  1902,  chaque  marché,  ou  peu  s'en  faut,  a  marqué 
une  augmentation  de  prix  de  quelques  francs  sur  le  pré- 
cédent, si  bien  que  les  cours  étaient,  au  mitien  de  1902, 
eeux  que  nous  venons  d'indiquer. 

Ces  variations  des  cours  ne  semblent  nullement  dues  k 
une  hausse  passagère  de  la  valeur  du  cobalt  en  Europe, 
valeur  qui  parait  au  contraire  être  restée   k  peu  près 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION'   DES   SERPENTINES   373 

constante,  mais  beaucoup  plutôt  à  ce  fait  qu'au  début 
les  acheteurs  de  minerai  de  cobalt  en  Nouvelle-Calédo- 
nie réalisaient  des  bénéfices  considérables,  et  que  l'im- 
portance de  ces  bénéflces  les  a  amenés  peu  à  peu  à  se 
faire  une  active  concurrence  et  à  faire  ainsi  monter  les 
prix.  La  valeur  du  protoxyde  de  cobalt  pur  varie  en  effet 
en  Europe,  depuis  plusieurs  années,  entre  20  et  25  francs 
le  kilogramme  (il  valait  en  dernier  lieu  23  francs  d'après 
les  renseignements  que  nous  avons  obtenus)  ;  dans  ces 
conditions  une  tonne  de  minerai  contenant  4  p.  100  de 
protoxyde  à  sec,  et  qui  tient  généralement  20  p.  100 
d'humidité,  renfermerait  32  kilogrammes  d'oxjde,  et  en 
fournirait,  après  un  traitement  qui  comporte  une  perte 
maxinia  de  15  p.  100  du  cobalt  contenu,  27  kilogrammes, 
valant  de  540  à  675  francs,  ou,  en  prenant  la  valeur  de 
23  francs  le  kilogramme,  621  francs.  D'autre  part,  le  prix 
de  revient  de  cet  oxjdc  pourrait  être  estimé  ainsi  : 


Prix  d'aciial  île  In  tonne  à  Nouméa 330 

Frais  d'embarquement 5 

Fret  et  assurances 3S 

Frais  de  débarquement  et  de  transport  à  l'usine 

{Tariablesl,  environ 5 

Frais  de  première  fusion SS 

Frais  d'aliinage  (rapportés  h  la  tonne  de  minerai 

brut) 60 

Total *60 

Cela  laisse  encore  une  large  marge  de  bénéfice  à  l'im- 
portateur. 

Mais  les  débouchés  du  cobalt  étant,  comme  nobs  le 
ferons  connaître  ci-dessous,  très  restreints,  et  la  hausse 
des  prix  ayant  fait  augmenter  beaucoup  la  production,  qui 
au  cours  de  l'année  1902  a  atteint  presque  le  triple  de 
celle  de  l'année    1901,  on   doit  craindre   que   l'offre  ne 


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274  RICHESSES   MINÉRALES   DE   1^   NOUVBLLE-ÇALÈDOSIE 

dépasse  rapidement    la  demande  et  que   les  cours  ue 
viennent  à  s'abaisser  de  nouveau  (*). 

Cependant,  l'oxyde  de  cobalt  ayant  des  débouchés  régu- 
liers, quoique  modestes  comme  quantité  totale,  au  prii 
que  nous  venons  d'indiquer,  il  paraît  vraisemblable  que  les 
lours  du  minerai  en  Nouvelle-Calédonie  doivent,  non 
sans  subir  encore  des  oscillations  passagères,  se  maintenir, 
sinon  aux  chiffres  actueb,  du  moins  à  des  chiffres  lar- 
gement rémunérateurs  pour  les  exploitants,  et  doivent  leur 
permettre  d'utiliser  d'une  façon  durable  et  permanente 
non  seulement  les  amas  particulièrement  riches,  mais 
encore  des  gUes  plus  pauvres. 


Le  minerai  de  cobalt  est  aujourd'hui  exporté  uni- 
quement à  l'état  cru  :  il  a  été  autrefois,  tout  comme  le 
minerai  de  nickel,  l'objet  d'une  tentative  de  traitement 
sur  place  ;  nous  avons  déjà  mentionné  les  essais  faits 
entre  I88U  et  1884  k  l'usine  de  la  pointe  Chaleix,  soit 
p<mr  obtenir  des  mattcs  de  cobalt  uniquement,  soit  pour 
(ibtenir  dos  mattcs  mixtes  tenant  à  la  fois  nickel  et 
cobalt  ;  les  premiers  essais,  qui  étaient  très  justifiés  du 
moment  que  l'on  avait  installé  une  usine  de  fusion,  ont 
eu  le  même  sort  que  ceux  pour  la  fusion  du  nickel;  les 
seconds,  qui  consistaient  à  réunir  les  deux  métaux  dont 
la  nature  avait  commencé  la  séparation,  paraissent  peu 
rationnels  ;  ils  le  seraient  d'autant  moins  aujourd'hui  que 
le  nickel  doit  pouvoir  être  produit  par  des  opérations 
luétallurgiques  dont  le  prix  de  revient  ne  soit  pas  trop 
élevé,  et  non  pas  ii  la  suite  de  séparations  chimiques 
délicatos  et  onéreuses.  D'autre  part,  en  1891-1892,  la 
Société  le  Cul'alt  avait  fondé  près  de  Nouméa  une  usine 
destinée  au  traiteuiont  des  minerais  pauvres  do  cobalt 
par  un  procéilé  assez  complexe  qui  a,  croyons-nous,  subi 
e  lai'ge  niesui'e  d'après  les 


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MINERAIS  ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES  275 

plusieurs  variantes;  on  a,  en  particulier,  essayé  la  fusion 
des  minerais  de  cobalt  arec  des  pyrites  cuivreuses  comme 
fondant  pour  obtenir  des  mattes  riches  à  la  fois  ea  cobalt 
et  en  cuivre.  Après  avoir  donné  lieu  à  l'exportation  de 
quelque  deux  cents  tonnes  seulement  de  mattes,  dont  la 
teneur  aurait  atteint  jusqu'à  20  p.  100  de  cobalt,  et  qui 
auraient  été  d'une  valeur  de  3.500  francs  la  tonne,  cette 
tentative  a  échoué. 

Sans  vouloir  condamner  le  principe  de  ces  essais,  qui 
pourraient  peut-être  fitre  repris  utilement  le  jour  où  l'on 
aurait  monté  dans  la  colonie  une  usine  de  fusion  du 
nickel,  nous  ferons  remarquer  que  la  fusion  sur  place  est 
beaucoup  moins  indiquée  pour  les  minerais  de  cobalt  que 
pour  ceux  de  nickel,  pour  diverses  raisons.  D'une  part,  le 
minerai  de  richesse  moyenne  valant  actuellement  6  fois 
plus  que  le  minerai  de  nickel,  et  étant  destiné  à  valoir 
vraisemblablement  toujours  an  moins  quatre  ou  cinq  fois 
plus,  subit  du  fait  des  frais  de  transport  en  Europe  une 
charge  relative  beaucoup  moins  considérable.  D'autre  part, 
il  est  susceptible  d'un  enrichissement  par  lavage,  impar- 
fait et  d'uD  faible  rendement,  nous  le  reconnaissons,  mais 
enfin  cependant  utile,  que  ne  supporterait  pas  le  minerai  de 
nickel.  Enfin,  la  teneur  à  laquelle  le  cobalt  est  exporté  est, 
beaucoup  plus  que  pour  le  nickel,  voisine  de  la  teneur  à 
laquelle  les  opérations  métallurgiques  deviennent  d'un 
rendement  par  trop  faible;  le  traitement  sur  place  per- 
mettrait donc  moins  facilement  l'abaissement  de  la  teneur 
limite  du  minerai. 

Nous  pensons  donc  que  le  minerai  de  cobalt  sera  encore 
longtemps  exporté  brut  en  Europe  ;  et  cela  ne  crée  pas  à 
l'exploitation  de  ce  minerai  une  charge  qu'il  serait 
essentiel  de  voir  disparaître  à  bref  délai  comme  pour  le 
nickel. 

La  consommation  du  cobalt  se  réparfit  par  petites 
quantités  entre  diverses  industries  dont  la  principale  est 


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27^  RICHGSSBS   HINRBfALES   DB   LA   NOUVKLLB-CALBDOMB 

la  poterie,  oii  la  coloration  blene  qu'il  tend  k  donner  k  ta 
pftte  est  employée  k  compenser  la  teinte  rouge  que  des 
traces  de  fer  lui  communiquent  trop  souvent;  fl  sert 
en  outre  k  colorer  la  porcelaine  et  les  émaux  ',  enfin  il 
fournit  im  grand  nombre  de  matières  colorantes  variées. 
Noos  devons  d'ailleurs  mentionner  ici  qne  les  propriétés 
da  cobalt  métallique  paraissent  fttre  tout  aussi  remar- 
quables, sinon  plus,  que  celles  du  nickel,  et  que,  s'il  n'est 
pas  préféré  À  ce  métal,  c'est  en  raison  de  la  dispro- 
portion considérable  (voisine  de  1  k  10)  qui  existe  entre 
la  valeur  des  deux  métaux.  Ces  différents  usages  du 
cobalt,  qui  absorbent  annuellement  environ  150à20U  tonnes 
d'oxyde,  offrent  des  garanties  de  régularité  telles  qu'an 
débouché  semble  assuré  au  minerai  calédonien,  jnsrtD'â 
concurrence  de  3  000  k  4  000  tennes  par  an,  pour  peu 
qu'il  conserve  sur  le  marcIié  le  monopole  à  peu  près 
exclusif  qu'il  a  aujourd'hui. 

Si  en  effet  ou  consulte  les  statistiques  publiées  dans  le 
recueil  TAf  Minerai  Indtistri/,  que  nous  avons  déjà  mis 
à  contribution,  on  constate  que  la  production  desminerais 
de  cobalt,  au  cours  des  cinq  dernières  années,  se  serait 
répartie  comme  suit  entre  lea  différents  pays  du  monde; 
nous  mentionnons,  eu  regard  des  tonnages,  les  valeurs  snr 
place,  qui  peuvent  dtwiner  une  idée  de  la  richesse  des  divers 
minerais;  il  est  bon  d'ajouter  qoe  la  valeur  comptée  pour 
les  minerais  de  Nouvelle-Calédonie  est  relativement  beau- 
coup trop  faible,  d'une  part  parce  qu'ils  subissent  sur 
place  une  dépréciation  correspondant  au  fret  josqu'en 
Europe,  et  d'autre  part  parce  que,  comme  nous  l'avoiis 
expliqué,  ils  ont  été  pendant  fort  longtemps  vendus  k  un 
prix  très  inférieur  k  leur  véritable  valeur.  Sous  réserve 
de  cette  observation,  voici  les  chiffres  que  noua  avons 
relevés  : 


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MIHBBAI8   ASSOCIÉS  A   LA    VORHATJON    DKS    SEBPENTINBil    277 


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Ces  totaux  devraient  6tre  aiigmentéa  de  qiK'Iqiiea  tonnes 
lie  minerais  complexes,  extraits  en  difF6renls  points  de 
l'Allemagne  et  de  l'Autriche,  et  ayant  produit  un  peu  de 
cobalt. 

Comme  on  le  voit,  la  Nouvelle-Calédonie  n'a  pratique- 
ment anciin  concurrent  important  pour  la  production  du 
cobalt,  puisque  pendant  toutes  ces  dernières  anuées  elle 
a  fourni  comme  tonnage  plus  de  90  p.  lOOdes  minerais  de 
cobalt  produits  dans  le  monde  entier,  représentant  comme 
valeur  environ  80  p.  100  du  total,  et  cela  d'après  les  chiffre» 
ci-dessus  qui,  comme  noua  l'avons  dit,  sont  relativement 
beaucoup  trop  faibles  pour  la  valeur  des  minerais  de  la 
Nouvelle-Calédonie. 

Nous  opposerons  à  ces  chiffres,  beaucoup  trop  faibles, 
ceux  du  1"  semestre  1902,  aucoursduquel  il  aété  exporté 
2452  tonnes  de  minerai  de  cobalt  représentant  une  valeur, 
au  cours  du  minerai  à  Nouméa,  de  800.000  francs  envi- 
ron ;  rappelons  d'ailleurs  qu'on  ne  peut  guère  espérer  que 
de  tels  chiffres  se  maintiennent  complètement  d'une  fa^on 
durable. 


(*;  Cliïffrea  d'eïporli 


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278  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODTBIXB-CALÉDOXtB 

C'est  donc  un  monopole  presque  absolu  que  détient 
aujourd'hui  la  Nouvelle-Calédonie  pour  la  fourniture  du 
minerai  de  cobalt  au  monde  entier.  Les  gisements  de  ce 
minerai,  quoique  très  capricieux,  sont  nombreux  et 
étendus  ;  aussi  leur  exploitation  parait-elle  devoir  assurer, 
pour  bien  des  années  encore,  un  chiffre  d'affaires  qui  est 
loin  d'être  négligeable.  Mais,  pour  ne  pas  risquer  de  voir 
cette  branche  de  l'industrie  minière  décliner  peu  k  peu 
par  suite  du  gaspillage  des  gîtes,  il  serait  bien  nécessaire 
que  l'exploitation  en  fût  poursuivie  d'une  manière  moins 
imprévoyante. 


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CHAPITRE  II. 
LE    FER    CHR0K£. 


A.  —  Indications  oënrrales  et  historiqies. 

Le  fer  chromé  se  montre  associé  avec  «ne  constance 
remarquable  à  la  grande  formation  serpentineiise  de  la 
Nouvelle-Calédonie  :  on  le  rencontre  soit  en'  roclie  dans 
les  péridotites  fraîches  ou  plus  ou  moins  complètement  sei- 
pentinisées,  soit  en  grains  séparés  dans  les  argiles  rouges 
qui  proviennent  de  leur  décomposition.  Nous  n'avons  pas 
examiné  au  microscope  une  seule  plaque  mince  de  péri- 
dotite  ou  de  roche  serpentineuse  sans  y  apercevoir,  inclus 
dans  la  pâte,  des  cristaux  ou  des  grains  de  fer  chromé, 
de  même  que  noua  n'avons  pas  analysé  un  seul  fragment 
de  ces  roches  sans  que  la  partie  demeurée  insoluble  dans 
les  acides  ne  contint  une  quantité  appréciable  de  fer 
chromé,  représentant  généralement  en  poids  plusieurs 
millièmes.  D'autre  part,  toutes  les  formations  ferrugi- 
neuses que  nous  avons  désignées  sous  le  nom  d'argiles 
rouges,  qui  doivent,  comme  nous  l'avons  indiqué,  être 
considérées  comme  un  résidu  de  la  décomposition  des 
péridotites,  renferment  une  proportion  notable  {atteignant 
parfois  plusieurs  centièmes)  de  grains  de  fer  chromé,  e1 
les  sables  lourds  des  ruisseaux  qui  descendent  des  massifs 
serpentineux  sont  très  riches  en  fer  chromé. 

A  ces  deux  modes  d'occurrence  normaux  et  constants 
du  fer  chromé  correspondent,  lorsque  des  circonstances 
spéciales  en   ont   i>ermis   la  concentration  m  un  même 


zecbvGoogIc j 


280  RICHESSES   MINERALES   DE   LA   KOCVELLB-CALEDONIE 

point,  deux  types  de  gisements  exploitables  :  les-gisc- 
ments  de  fer  chromé  en  roche  ou  primitifs,  soit  à  l'état 
de  tilons,  soit  à  l'état  d'amas,  et  les  gisements  d'origine 
détritique  ou  secondaires,  désignés  par  l'expression  usuelle 
de  «  gisements  de  fer  chromé  d'alluvions  ». 

Dans  les  gisements  ©n  roche,  le  fftr  chrr)mé  apparail,. 
tantôt  en  masses  à  cristallisation  confuse  et  sans  forme 
extérieure  nette,  et  tantôt  en  cristaux  octaédriques  pius 
ou  moins  bien  formés,  disséminé  dans  une  gangne  sili- 
catée.  Dans  la  plupart  des  échantillons  que  nous  avons- 
rencontrés,  qui  provenaient,  il  est  vrai,  du  voisinage  des 
affleurements,  cette  gangue  paraissait  amorphe  et  étaif- 
conslituée  par  des  silicates  décomposés,  alumineux  et 
magnésiens  et  légèrement  ferrugineux  ;  au  microscope  elle 
se  montrait  riche  en  produits  serpentiaeux  et  talqueux. 
Mais  dans  quelques  échantillons,  provenant  les  ufis  de  la 
mine  la  Tchaux ,  les  autres  de  la  niine  Joséphine  à  la  baie 
des  Pirogues,  cette  gangue  est  constituée,  tantôt  par  du 
diallage  parfois  très  frais  et  bien  cristallisé,  et  tantôt  pw 
du  péridot.  Exceptionnellement  on  rencontre  le  fer  chromé 
massif  sous  forme  d'un  agrégat  d'éléments  on  forme 
d'écaillés,  présentant  un  aspect  presque  apéculaire. 

Dans  les  gisements  d'origine  détritique,  il  est  le  plus 
souvent  en  fragments  brisés,  mais  il  est  parfois  sous- 
forme  d'octaèdres  assez  petits  et  plus  ou  moins  intacts: 
il  se  présente  rarement  en  petits  galets  roulés.  Dans  ce^ 
derniers  gisements,  il  est  généralement  recouvert  d'un 
léger  enduit  de  rouille  qui  lui  fait  donner  le  nom  de 
H  chrome  rouge  <i  ;  cet  enduit  parait  être  lo  seid  résidu  de 
la  gangue  qui  était  associée  au  minerai  dans  son  gisement 
primitif;  le  «  chrome  rouge  »  se  trouve  donc  être  très 
pur,  et  le  minerai  connu  sous  ce  uora  est  en  conséquence 
fort  apprécié. 

Avant  d'entrer  dans  quelques  détails  au  sujet  des  diffé- 
rents   gisements  connus  qui  se  rattachent  à  l'un  ou  à 


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MIKERAIS   ASSOCIES   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   ^t 

l'autre  tlç  ces  deux  type*.,  nous  mentiomierons  encore 
que,  le  plus  souvent,  le  fer  chromé  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie parait  so  rapprocher  beaucoup  de  l'espèce  minérale 
que  l'on  appelle  fer  chromé  ou  cUromite,  c'est-à-dire  du 
chroniite  de  fer  Cr^O'FeO.  qui  doit  contenir  théorique- 
ment 68  p.  100  de  sesquioxyile  de  chrome;  il  ne  parait 
pas  être  mélangé  ni  à  du  fer  ntagnétiqiie,  ni  à  de  la  pico- 
tite  pauvre  en  chvonie,  minéraux  qu'on  pourrait  s'attendre 
à  rencontrer  dans  la  formation  serpentineuse,  et  qu'il 
serait  difficile  de  séparer  du  fer  chromé,  dont  ils  dimi- 
nueraient beaucoup  la  teneur  en  sesquioxyde  de  chrome  : 
c'est  ce  que  fait  immédiatement  supposer  la  facilité  avec 
laquelle  on  obtient,  souvent  sans  lavage  aucun,  et  d'autres 
fois  avec  un  lavage  très  sommaire,  des  produits  courants 
à  50  p.  100  ou  même  55  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome, 
et  quelquefois  plus.  C'est  ce  que  confirment  d'ailleurs  nos 
observations  :  les  échantillons  que  nous  avons  recueillis 
sur  lus  différente  gisements  que  noua  avons  visités  ne 
contenaient  pas  de  quantités  notables  de  magnétîte,  et 
s'ils  n'étaient  pas  tous  constitués  par  de  la  cbromlte  pure, 
ils  ne  s'en  éloignaient  guère  que  par  la  substitutioB,  par- 
fois ea  pro|>ortion  importante,  de  magnésie  au  protoxyde 
de  fw  pour  s'associer  au  sesquioxyde  de  chrome,  substi- 
tution qui  ne  tendrait  qu'A  augmenter  ta  teneur  du  minerai 
en  clirooao;  quelquefois  cependant,  une  petite  quantité  de 
sesquioxyde  de  chromo  était  remplacée  par  de  l'alumine. 
C'est' ainsi  que  deux  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Georges  Pile  à  la  baie  Ngo  (chrome  d'alluvions),  et 
l'autre  de  la  mine  Auna-Madeleine  à  la  baie  du  Sud 
(chrome  en  i-ochel,  que  nous  avons  analysés  après  ks 
avoir  lavés  à  l'acide  pour  éliminer  les  matières  étrangères, 
ne  se  scmt  montrés  contenir  ni  l'un  ni  l'autre  de  frag- 
ments attirables  à  l'aimant  (fer  magnétique),  et  ont  donné 
à  l'analyse  des  teneurs  en  sesquioxyde  de  chromo  respec- 
tivement égales  à  65,8  p.  101)  et  68,9  p.  tOO;  le  dernier 


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282  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NODTELLE-CALÉDONIB 

était  très  chargé  ea  magnésie.  Cependant,  certaines  ana- 
lyses, se  rapportant  précisément  à  des  échantillons  de  la 
baie  Ngo  à  faiWe  teneur,  nous  ont  été  communiquées, 
qui  indiquaient  d'une  part  des  quantités  d'alumine  et  tic 
magnésie  très  supérieures  à  celles  qui  auraient  pu  être 
combinées  à  la  silice  de  la  gangue,  et,  d'autre  part,  de» 
teneurs  en  fer  inférieures  à  celles  qui  correspondraient  à 
sa  combinaison  au  chrome  à  l'état  de  chromite  de  fer: 
cela  ferait  supposer  qu'il  existait  dans  ces  échantillons 
de  la  picotite  plus  ou  moins  pauvre  en  chrome  ;  néan- 
moins, les  quantités  des  différents  éléments  correspon- 
daient assez  mal  à  une  semblable  hypothèse,  nous  ne 
pouvons  donc  pas  considérer  la  chose  comme  étant  bien 
établie.  C'est  im  point  qui  mérite  cependant  d'attirer  l'at- 
tention des  chercheurs  comme  pouvant  leur  réserver 
éventuellement  des  mécomptes. 

L'abondance  du  fer  chromé  en  Nouvelle-Calédonie  est 
telle  que,  dès  la  première  exploration  géologique  de  l'ile 
faite  par  M.  Garnier,  celui-ci  fut  frappé  de  la  fréquence 
avec  laquelle  s'y  montre  ce  minerai,  qu'il  déclare  être 
•<  le  lien  commun  et  le  compagnon  constant  (')  >■  des 
diverses  roches  magnésiennes  :  il  mentionne  sa  présence 
à  la  fois  en  grains  dans  les  schistes  serpentineux,  en 
cristaux  dans  les  serpentines,  en  masses  ou  amas  dans 
les  argiles,  et  enfin  sous  forme  de  sables  sur  les  rivages 
et  dans  le  lit  de  certains  niisseaux  ;  mais  il  ue  retient, 
comme  étant  exploitables  avec  profit,  que  les  gîtes  en 
amas  dans  les  argiles.  II  signale  la  possibilité  d'exploiter, 
à  raison  de  H  fr.  50  par  tonne,  un  semblable  araaa  qui 
existait  au  Mont-Dore,  et  dont  le  minerai  aurait  tenu 
61,333  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome.  11  ajoute  qu'un 
tel  minerai  aurait  pu,  à  l'époque,  être  vendu  en  France  à 
raison  de  200  francs  la  tonne. 

(•)  Loc.  cil.,  p.  SI. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   283 

Lorsque,  dix  ans  plus  tard,  M.  Heurteau  dressait  un 
inventaire  des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, il  reconnaissait,  aver.  M.  Garnier,  l'abondance  du 
fer  chromé,  mais  il  regardait  comme  beaucoup  trop  faible 
le  prix  de  revient  sur  place,  estimé  à  H  fr.  50,  pour  le 
minerai  du  gisement  en  question,  et,  tenant  compte  du 
fret,  qui  était  alors  aux  environs  de  tOO  francs  de  Nou- 
velle-Calédonie en  Europe,  il  arrivait  à  cette  conclusion 
que  le  prix  de  vente  de  150  à  160  francs,  qui  était  celui 
sur  lequel  il  fallait  chiffrer  alors,  laisserait  sans  doute 
une  marge  suffisante  pour  pouvoir  faire  une  exploitation 
régulière  et  bien  conduite.  11  exprimait  l'espoir  que  l'ini- 
tiative individuelle  tenterait  pareille  entreprise,  qui  n'avait 
pas  été  essayée  jusque-là.  D'après  les  indications  de  la 
statistique  des  exportations,  ce  n'est  qu'en  1880  que  cette 
tentative  eut  lieu  pour  la  première  fois  :  elle  fut  immé- 
diatement couronnée  de  succès,  puisque  de  500  tonnes 
en  1880  l'exportation  s'est  élevée  l'année  suivante  à 
2,300  tonnes,  pour  se  maintenir  pendant  une  dizaine  d'an- 
nées entre  2.000  et  3-000  tonnes  par  an,  pour  atteindre 
dans  les  dernières  années  une  moyenne  de  plus  de 
10-000  tonnes,  et  même  pour  s'élever  à  17-600  tonnes 
en  1901.  Voici  d'ailleurs  comment  elle  s'est  repartie 
entre   les   différents  gisements  en  1901  : 

Dôme  de  Tiebaghi  (2  exploitalious) 2.450 

BaieNgo(2  eitploi talions) 4.600 

Bassin  de  la  rivière  îles  Pirogues  {une  exploi- 
tation  avec   évacuatioD  du   minerai  par  la 

baie  Ngo) 8. 533 

Groupe  de  la  rivière  de  Pourlna(  2  exploitât]  on  s).-  1.2S4 

La  Coulée  (une  exploitation) 300 

Cap  Goulvain  (une  exploitation) 280 

Baie  Ouié 202 

Total 17,649 

Ce  ne  sont  guère  jusqu'ici,  sauf  quelques  exceptions  pas- 


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284  RICHESSES   MINÉEALES   DE   LA  H0UVELL£-C&i.ÉUOKlE 

sagères,  que  les  giijemeiits  dits  de  chrome  d'alluvious  qui 
onl  fourni  le  fer  ciiromé  exporté  de  la  colonie  (soit  près 
de  150.000  tonnes  en  tout);  il  n'y  a  en  effet  jamais 
eu  sur  les  gisement»  en  roche  que  des  tentatives  d'exploi- 
tation sans  succès  durable. 

B.  —  Gisements  de  fer  chromé  en  roche  du  sud 

ET  DU   CENTRE   D£   L'iLE. 

Comme  nous  Tarons  dit,  le  fer  cliroioé  est  ua  élément 
qui  se  retrouve  d'une  façon  absolument  constante  dans 
les  péridotitos  plus  ou  moins  .lerpentiiiisées  qui  occupent 
une  si  large  place  dans  les  formations  néo-calédonieoBes; 
mais  il  n'y  existe  le  plus  souvent  que  sous  forme  de  petits 
cristaux  de  quelques  dixièmes  de  millimètre  de  dimensiona, 
disséminés  d'une  fa<;ou  assez  régulière  dans  toute  h 
masse  de  la  roclie.  Cependant,  dans  nn  certain  nombre 
d'entre  les  massifs  de  péridotite,  il  s'est  produit  une  ségré- 
gation plus  complète  du  fer  chromé  qui,  tout  en  se  retrou- 
vant encore  dissémine  dans  la  masse  de  la  roche,  s? 
montre  en  outre  concentré  parplaces  soitdans  des  amas, 
soit  dans  des  filous  :  iJ  y  est  quelquefois  sensiblemeot 
pur,  mais  le  plus  souvent  il  est  associé  à  une  gangue 
constituée  par  dos  silicates  magnésiens.  Assez  peu  nom- 
breux jusqu'à  ces  dernières  années  étaient  les  gisemenis- 
de  fer  chromé  de  cette  nature  connus,  oii  du  moins  un 
peu  explorés  :  quelques  tentatives  avaient  été  faites  pour 
en  exploiter  trois  ou  quatre  sur  la  côte  Est  (au  Sud  de 
Nouméa,  près  de  Saint-Vincent,  et  près  de  Bourail)  ;  elles 
avaient  été  peu  fructueuses,  et  l'on  avait  préféré  reporter 
l'exploilation  sur  les  gisements  d'origine  détritique.  Dans 
ces  dernières  années,  l'attention  a  été  rappelée  sur  les 
gisements  on  roche,  qui  existent  en  particulier  assez 
nombreux  dans  la  puissante  formation  serpentineuse  (in 
Sud  de  l'Ile;  on  ou  a  d'ailleurs  encore  signalé  eu  d'autre» 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   2Ô5 

points  de  la  colonie,  jusques  et  y  compris  le  massif  du 
(lAme  de  "Hebaghi  au  voisinage  de  l'extrémité  Nord  de  Ttlc. 
Bien  que  nulle  part  l'exploration  de  ces  gisements  ne 
permette  d'en  définir  exactement  les  limites  et  le  carac- 
tère, on  peut  néanmoins  dire  qne  plusieurs  d'entre  eux 
paraissent  plutôt  se  rattacher  au  type  des  filons,  ou  au 
moins  des  lentilles  aplaties,  qu'à  celui  des  amas.  Nous 
avons  visité  un  groupe  important  de  ces  gisements  au 
voisinage  de  la  baie  du  Sud,  plusieurs  le  long  delà  cAte 
Est,  à  Plum,  à  Saint- Vincent,  ot  près  de  Bourail,  et 
enfin  celui  du  dôme  de  Tiebaghi,  qui  est  d'ailleurs  associé 
à  d'importantes  formations  de  fer  chromé  déiritique. 

Autour  de  la  baie  du  Sud,  ou  plus  exactement  au  Hjulc 
(les  différents  mamelons  qui  entourent  la  Plaine  des  Lacs, 
sorte  de  plateau  serpentineux  d'une  altitude  moyenne 
(le  200  mètres  environ,  les  ségrégations  de  fer  chromé 
dans  la  roche  paraissent  particulièrement  nombreuses;  il 
en  a  été  signalé,  entre  autres,  des  gisements  entre  la  baie 
lies  Kaoris  et  le  Lac  en  8  (mine  Muriel)  {Voir  \s.fig.  3  de 
la  PI.  IV},  sur  les  hauteurs  qui  dominent  la  rive  gauche 
de  la  rivière  des  Lacs  (mine  Anna-Madeleine),  sur  le 
mamelon  de  la  mine  la  Tchaux  aux  sources  de  la  rivière 
(lu  Carénage,  etc..  Aucun  d'eux  n'est  exploité  actuelle- 
ment ;oun'y  poursuit  que  quelques  travaux  de  recherches, 
mais  on  en  étudie  la  mise  en  valeur  en  les  reliant  au 
rivage  de  la  baiedn  Sud  par  une  voie  ferrée. 

Dans  cette  région  les  péridolites  apparaissent  sous 
des  aspects  divers  :  tantôt  elles  sont  particulièrement 
riches  en  péridot,  dont  elles  se  montrent  pour  ainsi  dire 
uniquement  formées,  elles  en  sont  d'autant  plus  basiques 
et  en  même  temps  plus  accessibles  à  l'altération  et  à  la 
transformation  en  serpentine;  par  places,  au  contraire, 
l'enstatite  est  abondante  et  s'étale  en  grands  cristaux  à 
larges  clivages  au  milieu  du  péridot  finement  grenu. 


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286  RICHESSES   lilNÈRALES  DE   LA   NOCVELLB-CALÉDONIE 

Cea  péridoUtes  constituent  la  totalité  de  tous  les  som- 
mets qui  eotourent  la  Plaine  des  Lacs;  sur  leurs  flancs 
reposent  des  ntnteauz  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur 
d'argile  ronge,  tandis  qu'à  leur  pied  se  développe  une 
plaine,  dont  le  sous-sol  «st  vraisemblablement  constitué 
également  par  de  semblables  argUes,  mais  dont  la  surface, 
souvent  marérageuse,  est  recouverte  d'une  couche  de 
grains  de  fer  oxydé,  enduits  d'une  pousaàwe  de  même 
nature  plus  ou  moins  h}'dratée  et  jaunâtre.  Ow  mêmes 
grains  ferragineux  se  retrouvent  tout  autour  des  deux  lacs 
{Grand  Lac  et  Lac  en  8)  et  au  fond  de  ceux-ci  ;  mais  îJs 
s'y  trouvent  débarrassés  de  semblables  poussières  et  se 
présentent  en  éléments  noirs  plus  ou  moins  polis  par  les 
eaux ,  ce  qui  les  a  parfois  fait  prendre  pour  du  fer  chromé, 
et  a  fait  dire,  comme  on  le  répète  souvent  à  tort,  que  le? 
bords  et  le  fond  des  deux  lacs  sont  uniquement  constitués 
de  grains  de  fer  chromé.  Cet  élément,  qui  existe  dans  les 
roches  des  alentours,  et  qui  y  existe  même  avec  une  abon- 
dance particulière,  se  retrouve  bien  à  la  fois  dans  les 
argiles  rouges  et  au  milieu  des  grains  ferrugineux,  mais 
on  n'a  pas  encore,  à  notre  connaissance,  signalé  de  point 
où  il  ait  subi  une  concentration  suffisante  pour  y  être 
exploitable,  et  c'est  dans  la  roche  même  qu'il  s'est  trouvé 
concentré  par  ségrégation,  sans  doute  au  moment  de  la 
solidification. 

Parmi  les  différents  gisements  qui  se  trouvent  dans  le 
groupe  ([ue  nous  avons  défini  ci-dessus,  celui  qui  se 
présente  avec  la  plus  belle  apparence  est  celui  de  la  mine 
Anna-Madrle'ine,  mine  qui  englobe,  avec  les  périmètres 
contigus  qui  en  constituent  des  extensions,  une  longue 
ligne  de  crêtes  venant  mourir  au  bord  do  la  rivière  des 
Lacs.  Bien  que  le  périmètre  de  la  concession  ait,  avec  ses 
extensions  successives,  une  étendu©  déplus  dô2.000  hec- 
tares, nous  n'avons  pu  constater  la  présence  d'un 
gisement  que  dans  une  partie  très  restreinte  de  ce  péri- 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DES  SERPENTINES  287 
mètre,  sur  le  contrefort  iionl-oriental  de  la  ligne  de  crêtes. 
Il  se  signale  dès  le  pied  (versant  Sud)  de  l'escarpement  par 
une  traînée  assez  large,  descendant  la  pente  de  la  mon- 
tagne, où  le  sol,  constitué  par  des  blocs  séparés  de  péri- 
dotite  à  enstatite  et  par  les  affleurements  de  cette  même 
péridotite  en  place,  est  abondamment  parsemé  de  frag- 
ments de  fer  chromé  ;  la  dimension  de  ces  fragments  varie 
depuis  celle  d'une  noisette  jusqu'à  nne  portion  notable  de 
mètre  cube  et  parfois  même  davantage;  ce  fer  chromé 
présente  ici  l'aspect  de  masse  écaillense  que  nous  avons 
indiqué  ci-dessus,  il  paratt  être  d'une  pureté  à  peu  près 
parfaite,  ne  laissant  voir  que  de  très  légers  enduits  ferru- 
gineux entre  les  diverses  écailles,  enduits  qui  suffisent 
cependant  à  hii  enlever  le  caractère  d'un  minerai  massif; 
k  l'analyse  un  échantillon  ciioisi  nous  a  donné  les  résultats 
suivants  : 

Scsquioxydc  île  fer  soluMe 1,09 

'  protoxyde  de  fer 16,70 

.        ,  .      ,  ,,    '  magnésie 11,10 

^er  chromé  insoluble  ...  „  „„ 

1  alumine 3,00 

'  sesquioxyde  de  ctirome 88 

Total 99,89 

Lorsque  l'on  s'élève  le  long  du  flanc  de  la  montagne 
eu  suivant  cette  traînée  de  for  diromé,  on  voit  les  blocs 
devenir  de  plus  en  plus  gros  et  nombreux,  et,  lorsqu'on 
parvient  sur  la  crête,  on  y  constate  la  présence,  en  saillie 
très  nette  sur  le  reste  du  contrefort,  d'un  bloc  énorme  de 
fer  chromé  de  même  nature,  brillant  au  soleil,  et  émer- 
geant tout  dénudé  au  milieu  des  maigres  broussailles  qui 
poussent  dans  les  interstices  des  blocs  de  péridotite.  En 
examinant  avec  soin  les  lilocs  voisins,  nous  en  avons 
trouvé  d'autres,  également  de  fort  volume,  paraissant,  de 
même  que  celui-ci,  être  des  blocs  en  place;  ils  s'alignent 
assez  exactement  avec  le  premier  dans  une  direction  Nord- 
Sud  sur  une  longueur  représentant  au  total  une  centaine 


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2âS  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NODVBLIjG-CALÉUOME 

Je  mètres  ;  en  cherchant  à  suivre  cette  direction  plus 
li)in  vers  le  Nord  ou  vers  le  Sud,  noua  avons  trouvé  la 
orète  coupée  par  deux  ravins,  et  au  delà  de  ceux-ci  nous 
n'avons  pas  pu,  au  cours  d'un  examen  nécessairement  un 
peu  sommaire,  mais  (|ue  nous  avons  été  suq)ris  de  ne  pas 
ti'ouver  Tait  à  loisir  par  les  concessionn^res  de  la  mine, 
retrouver  de  semblables  blocs  ;  les  pentes  de  la  montagne 
au  Nord  et  au  Sud  delà  traînée  que  nous  avons  mentionnée 
cessent  d'ailleurs  assez  promptement  d'être  recouvertes 
de  blocs  de  fer  chromé.  Ajoutons  que  les  blocs  en  place 
que  nous  avons  observés  ne  présentent  pcrpendîcu* 
lairement  à  la  direction  Nord-Sud  que  des  dimensions 
ivstreinloM,  de  1  à  2  mètres,  et  que,  de  pari  et 
d'autre  de  la  saillie  qu'ils  constituent,  on  retrouve  des 
éboidis  de  péridotite;  il  semble  donc  qu'il  y  aurait  li 
l'indication,  sur  une  centaine  de  mèlres  de  longueur,  de 
l'affleurement  d'un  filon  de  1  à  2  mètres  de  puissance 
de  fer  chromé  pur,  la  résistance  du  minerai  aux  agents 
atmosphériques  ayant  laissé,  en  saillie  sur  la  radie  moins 
durd.deséi>ontds,line  partie  des  affleurements.  A  en  juger 
par  les  apparences  que  nous  avons  relevées  au  cours  de 
iiutre  examen  rapide,  ce  filon  n'aurait  guère  de  conii- 
nuilé  en  direction,  ce  qui  amène  naturellement  à  se 
demander  si  ce  n'est  pas  seulement  un  amas  lenticu- 
laire. Quant  h  la  question  du  prolongement  de  cette  for- 
mation on  profondeur,  nous  n'avons  pu  recueillir  aucune 
indication  qui  permette  de  la  résoudre,  et  l'on  ne  peut 
que  s'étonner  que  les  concessionnaires  d'ui*  afileurement 
îuis.ei  remarquable  n'aient  pas  songé  à  on  entreprendre 
ime  exploration,  si  superficielle  fût-elle. 

Plus  loin  vers  le  Sud-Ouest,  le  fer  chrojné  n'apparaît 
qu'associéà  des  silicates  magnésiens  :  kl& mian ta Tchatis 
les  atïleurenients  ont  un  caractère  assez  nettement  filonien, 
autant  qu'on  peut  juger  de  la  chose  par  quelques  obser- 


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MINERAIS   AS80CIEB    A  LA   FORMATION    DBS    SERPENTINES    289 

vationg  isolées;  ils  m  nioatrent  sur  le  flanc  d'une  mon- 
-tagne  on  pain  de  sucre  surbaissé  qui  s'tiléve.  Jusqu'à  la 
cote  450,  au-dessus  de  la  plaine  dont  l'altitude  moyenne 
est  ici  de  225  mètres.  A  lacote  315  on  rencontre  un  pre- 
mier anieiiremeiit  présentant  nettement  une  direction 
Nord-Sud  (la  même  que  celle  que  noua  avons  notée  à  la 
mine  Anna-Madeleine  à  quelque  6  kilomètres  an  Nord-Est) 
avec  une  plongée  de  45  degrés  vers  l'Ouest;  la  formation, 
puissante  de  3  mètres,  est  constituée  par  du  fer  chromé 
à  larges  facettes,  assucié  à  des  quantités  variables  d'une 
matière  amorphe  tantâi  blanche  ou  jaune  pâle,  tantôt  rouge 
(le  rouille  et  tautftt  verte,  qui  est  un  silicate  alumineux 
magnésien  généralement  décomposé  et  oxjdé  au  voisi- 
nage des  affleurements.  C^^tte  formation  est  comprise 
entre  des  épootes  de  péridotite  dans  lesquelles  le  fer 
chromé  est  encore  iibondant,  soit  en  mouches,  soit 
en  petits  filoimets.  A  quelques  mètres  plus  haut  un  autre 
affleurement  de  minerai  analogue  parait  appartenir  à  une 
sorte  de  ramification  montante  du  premier  filon;  enfin,  à 
7  mètres  au-dessus  de  celui-ci,  semble  en  affleurer  un 
second  suivant  lequel  a  été  amorcée  une  petite  descente. 
Plusieurs  fouilles  de  faible  importance  ont  été  faites  sur 
cesaffleurement3,elle3  se  répartissent  à  peine  .sur  50  mètres 
en  direction  et  10  mètres  de  verticale;  un  assez  grand 
nombre  <le  tonnes  de  minerai  en  ont  été  extraites  ;  ce 
minerai  contient,  comme  nfius  l'avons  dit,  une  pi-oportion 
plus  ou  moins  forte,  mais  très  notable,  de  silicates  alumi- 
neux  magnésiens.  Le  prolongement  en  direction  de  ces 
affleurements  n'est  pas  du  tout  connu  ;  la  montagne  étant 
en  formede  cône,  il  semble  qu'on  devrait  trouver  aisément 
des  affleurements  tout  autour,  y  marquant  à  peu  près  la 
trace  d'une  section  oblique;  ici  encore  les  recherches 
qu'il  aurait  été  tout  indiqué  de  poursuivre  n'ont  pas  été 
faites,  et  nous  n'avons  tien  pu  observer  de  plus,  ilautani 
plus  que  lu  végétation  est  fort  abondante  sur  ce  mamelon  ; 


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290  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

au  pied  du  mamelon,  et  à  peu  prës  suivant  les  généra- 
trices qui  correspondent  aux  affleurements,  on  trouve  des 
sables  chargés  de  fer  chromé  et  des  blocs  éboulés. 

D'après  ce  qui  nous  a  été  dit,  le  mamelon  qui  se  trouve 
immédiatement  au  Sud  de  celui-ci  et  k  quelque  500  mètres 
,1e  distance  seulement,  c'est-à-dire  dans  le  prolongeraenl 
(hi  filon  supposé,  a  été  exploré  sans  succès  ;  mais,  en  fran- 
.-hissant  vers  l'Est  un  petit  col,  pour  passer  du  bassin  de 
la  rivière  du  Carénage  dans  celui  de  la  rivière  Bleue,  on 
retrouve  le  fer  chromé  sur  le  périmètre  de  la  mine  Bonne- 
Vein''  :  une  carrière  ouverte  à  la  cote  210,  à  titre  de 
simple  travail  de  recherche,  a  mis  à  découvert  un  affleu- 
rement qui  parait  également  être  celui  d'un  filon  de  près 
de  1  mètre  de  puissance  dirigé  Nord-Sud  et  plongeant 
à  45  degrés  environ  vers  l'Est  ;  mais  ici  les  produits  ma- 
gnésiens associés  au  fer  chromé  sont  abondants  et  la 
teneur  en  chrome  du  minorai  brut  est  relativement  faible: 
on  y  a  trouvé  cependant  quelques  beaux  blocs  de  minerai 
riche.  A  une  soixantaine  de  mètres  plus  au  Sud,  et  a 
une  cote  d'une  vingtaine  de  mètres  inférieure,  on  aperçoit 
un  nouvel  affleurement  de  caractère  identique,  et  qui 
parait  bien  correspondre  au  prolongement  de  la  même 
fr)rmation. 

Notons  enfin  la  présence,  un  peu  plus  loin  vers  TOuest 
siu-  le  même  périmètre  Boime-Veine,  d'une  assez  puis- 
sante formation  détritique  de  fer  chromé.  C«Ue-ci  se  ren- 
contre dans  les  argiles  rouges  qui  s'étalent  sur  la  penle 
d'uno  croupe  arrondie;  au  pied  de  cette  pente  la  surface 
de  l'argile  est  soniée  de  débris  de  fer  chromé  ;  plus  haut, 
de  semblables  débris  se  retrouvent,  formant  une  couche 
d'une  certaine  épaisseur;  et,  au  voisinage  de  la  crête 
même,  on  arrive  à  des  amas  de  cristaux  ou  de  petites 
niasses  plus  ou  moins  désagrégées  avec  taches  d'oxyde 
(le  fer,  paraissant  provenir  de  la  décomposition  sur  place 
de  minerais  en  roche  tels  que  ceux  que  nous  venons  de 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DBS    SERPENTINES   291 

décrire.  Le  fer  chromé  fourni  par  ces  derniers  gisement! 
est  suffisamment  pur  pour  être  marchand  tel  quel,  et  or 
l'exploite,  sans  grande  activité  d'ailleurs  faute  de  moyen! 
»le  transport. 

Nous  aurons  à  signaler  d'importants  gisements  du  même 
^enre  plus  à  l'Ouest  dans  la  vallée  de  la  rivière  Ngc 
et  des  tributaires  de  gauche  de  la  rivière  des  Pirogues, 
mais  nous  les  décrirons  ci-après  avec  les  gisements 
d'origine  détritique.  Ajoutons  qu'au  moment  oii  nous  avons 
quitté  la  colonie,  les  découvertes  de  gisemontii  de  fei 
chromé,  en  roche  croyons-nous,  paraissaient  se  mul- 
tiplier beaucoup  au  Nord  et  à  l'Est  de  ceux  que  noua 
avons  visités,  et  qu'un  très  grand  nombre  de  déclarationa 
lie  recherches  pour  chrome  ont  été  produites  dans  les 
mois  de  juin  et  juillet  1902,  se  rapportant  à  cette  région. 

Un  autre  gisement  de  fer  chromé  en  roche  donnait  lieu 
à  des  travaux  de  recherches  non  loin  de  là  au  moment  de 
notre  séjour  en  Nouvelle-Calédonie  ;  c'est  celui  de  la 
mine  Lncky-hitt,  près  de  Plum,  qui  avait  été,  en  1880, 
l'objet  de  la  première  tentative  sérieuse  d'exploitation  du 
chrome  dans  la  colonie.  Après  avoir  fourni,  en  quelques 
années,  une  dizaine  de  milliers  de  tonnes  de  minerai, 
provenant  vraisemblablement  surtout  d'un  amas  d'ori- 
gine détritique,  et  après  avoir  été  partiellement  explorée 
dans  la  partie  du  gisement  qui  se  trouvait  en  roche,  la 
mine  fut  abandonnée.  Le  gisement  en  place,  situé  sur  la 
rive  gauche  du  ravin  de  la  petite  rivière  de  Plum,  se 
présente  au  milieu  de  roches  du  même  type  que  celles 
que  nous  avons  rencontrées  à  la  baie  du  Sud,  et  le  minera 
est  constitué  par  une  association  de  fer  chromé  et  dei 
mêmes  silicates  alumineux  magnésiens  qu'à  la  Tchaux 
tantôt  c'est  le  premier  de  ces  éléments  qui  domine,  tantô 
c'est  le  second,  et  l'on  passe  sur  une  faible  distance  d'un 
qualité  de  minerai  à  l'autre.  Quant  à  l'allure  du  gisement 


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293  IUCHB!)»ES  HINÉRALBS   DE   LA  NODVELLE-IÏALÉDONIli 

elle  ne  montre  riea  tie  net  :  plusieurs  afQeureiuents  oui 
été  explorés  présentant  des  puissances,  des  directicHis  et 
des  peDflages  variables  ;  il  ne  semble  donc  pas  que  l'on 
ait  ici  affaire  à  des  fiions  nets,  mais  plutôt  à  des  amas 
irréguUei-a.  Les  travaux  souterrains,  assez  déve1<^pés, 
qui  y  ont  été  poursuivis,  et  que  Ton  y  poursuit  encore, 
sont,  de  ee  fait  même,  des  plus  irréguliers.  Ils  paraissent 
oéanmoina  avoir  montré  que  le  gisement  est  important  ; 
malheureusemeut  la  pureté  du  minerai  laisse  à  désirer  : 
un  triage  soigneux  peut  fournir  une  certaine  quantité  de 
minerai  tenant  aux  environs  de  50  p.  100  de  sesquioxyde 
de  chrome,  ce  qui  est  actuellement  k  peu  près  la  limite 
d'exploitabilité,  mais  ou  doit  abattre  eu  même  temps 
des  quantités  beaucoup  plus  considérables  de  minerai 
à  30  p.  100,  inveudable  tel  quel,  et  exigeant  par  suite 
une  concentration  iiécessairoment  onéreuse.  Aussi  les 
auteurs  de  la  première  tentative  d'exploitation  avaient-ils 
dû  installer  au  pied  île  la  montagne  uue  petite  laverie, 
comprenant  uu  concasseur  à  m&choires,  un  broyeur  à 
meules  et  une  table  dormante  pour  la  concentration  du 
fer  cbromé,  le  tout  actionné  par  une  petite  locomobile. 
Gr&ce  à  ce  dispositif,  le  minerai,  descendu  par  câbles  de 
la  mine  h  la  laverie,  était  porté  à  une  teneur  suffisante 
pour  être  marchand,  mais  on  perdait  des  quantités  consi- 
dérables de  fer  cbromé  ;  aussi  l'exploitation  ne  fut-elle 
pas  rémunératrice. 

On  parle  aujourd'hui,  si  le  résultat  des  travaux  d'explo- 
ration entrepris  parait  assez  satisfaisant,  d'installer  une  la- 
verie mieux  montée  et  assurant  en  particulier  une  perte 
beaucoup  moindre  de  minerai,  ce  qui  serait  aisé  à  réaliser 
étant  donné  la  très  grande  différence  de  densité  entre  le 
fer  chromé  et  sa  gangue  ;  cette .  laverie  serait  mise  en 
relation  avec  l'oriflce,  ou  les  oriflces,  de  la  mine  par  un 
plan  incliné  aérien,  et  serait  réunie  au  bord  de  la  mer  par 
une  petite  voie  ferrée.  Au  moment  de  notre  visite,  les 


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MIHBRAIS  AflSOCIBà   A  LA   FORUAIION   DB8    SERPBNTINKS   293 

travaux  d'exploration  n'occupaient  pas  moins  de  vingt- 
cinq  ouvriers. 

Une  tentative  d'exploitation  du  mAme  genre,  mais  que 
les  mêmes  circonstances  ont  rendne  également  infruc- 
tueuse, a  eu  lieu,  il  y  a  quatre  ans,  sur  la  mine  Chroniièn 
près  de  Saint- Vincent.  La  mine,  située  dans  le  massif  ser- 
pentineux  du  mont  Koungouauri,  où  le  nickel  existe  éga- 
lement et  parait  même  plus  abondant  que  le  chrome,  se 
trouve  à  330  mètres  d'altitude  sur  le  flanc  Sud  d'un  con- 
trefort séparant  les  deux  bras  de  la  haute  Tamoa,  préci- 
sément en  face  d'une  ancienne  exploitation  de  nickel.  On 
avait  d'abord  rencontré,  sur  le  flanc  de  la  montagne,  de 
petites  quantités  de  fer  chromé  détritique  et  naturelle- 
ment enrichi  ;  mais,  lorsqu'on  a  voulu  attaquer  le  gisement 
en  roche,  on  s'est  trouvé  en  présence  de  veines  enche- 
vêtrées, assez  puissantes  il  est  vrai,  mais  peu  régulières, 
d'un  minerai  "  piqué  «  constitué  par  des  mouches  assez 
abondantes  de  fer  chromé  dans  une  gangue  silicatée,  et 
qu'il  fallut  laver  pour  le  porter  à  une  teneur  commerciale  ; 
un  échantillon,  que  nous  avons  recueilli  au  hasard,  nous 
a  donné  à  l'analyse  le  résultat  suivant  : 

j  Eau (,l  \ 

Partie  soluble    1  „  ,     ,    ,  „„!.„, 

,         ,  ..       <  Sesquioxyde  de  fer 2,9  }  19,t 

dans  les  acides.  ,   .,      .      '  ,  „  ( 

i  Alumine 3,0  I 

'  .Magnésie 8,4  / 

.  Sesquioxyde  de  chrome.    52     i 

L  Proloxyde  de  fer 24     j 

Partie  insoluble.      ^''''^^.■■■■,-.  V *'*  }  80,1 

j  Sesquioxyde  de  fer 2,2  1 

I  Alumine 0,6 

I  Magnésie 0,2 

On  fut  donc  obligé  de  créer  une  laverie,  aujourd'hui  on 
ruines,  en    même   temps  qu'il   éiail   nécessaire   d'établir 


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1 


294  RICHESSES  IdlNÉRALES   DE   LA   NOnVBLLE-CALÉDONIB 

jusqu'au  bord  de  ia  rivière  un  petit  tramway.  Ces  frais 
d6  premier  établissement  n'auraient  pu  être  rémunérés 
que  par  une  extraction  importante  d'un  minerai  dont  le 
prix  de  revient  n'eût  paa  été  trop  élevé  ;  c'est  ce  qui  n'a 
pu  être  réalisé,  et  cela  a  amené  l'abandon  du  gisement, 
dont  les  conditions  naturelles  n'avaient,  en  somme,  rien 
de  particulièrement  favorable. 

Plus  favorables  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  se 
présentait  le  fer  cbromé  à  la  mine  Belle-Pluie,  près 
du  cap  Goulvain;  c'est  sous  forme  d'un  filon  net,  dirigé 
Ëat-Ouest,  s'enfçnçant  presque  verticalement  dans  la  mon- 
tagne, et  qui  a  pu  être  suivi  avec  régularité  jusqu'à  une 
centaine  de  mètres  du  jour  horizontalement;  il  a  été  pai^ 
tielleraent  dépilé  à  trois  niveaux  espacés  de  10  en 
10  mètres.  La  puissance  du  filon  était  voisine  de  1  mètre, 
et  la  majeure  partie  du  remplissage  était  du  fer  chromé 
presque  massif;  aussi,  sans  laver  le  minerai  extrait,  et 
en  ne  laissant  au  remblai  que  peu  de  produits  pauvres, 
pouvait-on  réaliser  une  teneur  de  50  p.  100  en  sesquîoxyde 
de  chromo.  Mais  les  transports  étaient  onéreux  :  quatre 
câbles  à  roulettes  successifs  étaient  nécessaires  pour 
descendre  le  minerai  jusqu'au  pied  de  la  montagne;  il 
devait  ensuite  être  charroyé,  au  prix  de  10  à  12  francs  la 
tonne,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Cap,  puis  il 
étaitchargédana  des  chalands, et  il  était  enfin  transbordé 
à  bord  du  bateau  qui  l'emportait  à  Nouméa.  Aussi  deux 
tentatives  d'exploitation,  qui  ont  eu  lieu  en  1898-1899 
et  au  début  de  i90i,  se  sont-elle  soldées  par  des  pertes. 

Nous  ne  reparlerons  pas  ici  du  gisement  de  fer  chromé 
de  la  mine  Espérance,  située  dans  la  vallée  de  la  Pouéo 
près  de  Bourail,  qui  a  été  abandonné  après  exécution  d'un 
travail  insignifiant,  et  qui  ne  présente  d'intérêt,  comme 
nous  l'avons  dit,  qu'en  raison  de  la  découverte  de  sulfure 
de  nickel  qui  aurait  eu  lieu  dans  le  filon  en  question. 


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UINEKAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   1>BS   SERPENTINES   395 

C.  —  Gisements  du  dûme  de  Tiebaoki. 

Nous  citerons  ensuite  les  beaux  ^sements  du  dôme  de 
Tiebaghi. 

Le  puissant  massif  serpentineux  qui  forme  ce  »  dftnie  ■) 
est  constitué  par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement 
serpentinisée  dans  son  ensemble  :  le  fer  chromé  et  le 
minerni  de  cobalt  sont  abondants  dans  ce  massif,  tout 
particulièrement  sur  ses  contreforts  orientaux  ;  le  premier 
d'entre  ces  minerais  y  a  été  signalé  en  un  grand  nombre 
de  points;  il  était  exploité,  au  moment  lie  notre  passage, 
sur  les  mines  Vieille-Montagne ,  Bellacoscia  et  Tiehaghi. 

Les  gisements  exploités  actuellement  sur  ces  trois 
mines  sont  d'origine  détritique;  la  dernière  montre,  en 
outre,  l'affleurement  d'un  massif,  sans  doute  asse^  puis- 
sant, de  beau  fer  chromé  en  roche. 

Ce  gisement  en  roche  apparaît  sur  la  crête  et  sur  les 
pentes  douces  d'un  contrefort  serpentineux  dont  la  roche 
ne  présente  aucune  particularité  marquante;  cette  pérido- 
tite montre,  en  quelques  points,  des  têtes  altérées  légère- 
ment nickelifères,  et  on  peut  noter  également  sur  le  contre- 
fort qu'elle  constitue  la  présence  de  blocs  d'une  diorite 
finement  grenue,  à  feldspaths  très  basiques,  provenant 
vraisemblablement  d'un  âlon  on  d'une  amygdale  dans  la 
péridotite  ;  on  y  ramasse  eu  outre  des  quartz,  résultant, 
comme  d'habitude,  de  l'altération  de  la  péridotite,  quelques- 
uns  d'entre  eux  ont  un  aspect  opalin.  Entiu,  la  plupart  des 
pentes  suffisamment  douces  sont  recouvertes  d'un  manteau 
d'argile  rougn,  oii  le  fer  chromé  est  abondant  et  oii  des 
rognoQs  cobaitifères  sont  connus  en  plus  d'un  point. 

Le  croquis  reproduit  par  la  fig.  5  de  la  PI.  IV  indique 
la  disposition  de  l'affleurement,  qui  rappoUo  celui  de  la 
mine  Anna-Madeleine.  C'est  sur  la  crête  d'un  des  nombreux 
contreforts  qui  se  ramifient  tout  autour  du  sommet  allonge 


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296  RICHESSES  minérales  de  la  nodvgllb-caléuonib 
(lu  dôme  de  Tiebaghî  (cotes  maxîma  600  it  650)  que  les 
tètes  de  fer  chromé  font  saillie  ;  cette  crête  ne  présente 
nullement  une  arête  vive  rocheuse,  mais  seulement  uiie 
ligne  de  changement  de  pente  entre  la  surface  à  pea  près 
aplatie  du  dôme  et  les  pentes  plus  ou  moins  adoucies  qui 
descendent  sur  la  vallée  de  la  N4houé  ;  de  part  et  d'autre 
de  l'arête,  le  sol  est  couvert  d'argiles  rouges  détritiques, 
recoavertes  elles-mêmes  de  grains  et  de  blocs  d'oxyde  de 
fer  et  de  fer  chromé  errants;  et  ce  n'est  que  sur  la  ligne 
de  crête  que  nous  venons  de  définir  qu'apparaissent  des 
blocs  beaucoup  plus  gros,  qui  paraissent  asfiez  bien 
marquer  la  ligne  d'affleurement  d'un  filon  ou  d'une  len- 
tille d'une  roche  résistante  aux  agents  atmosphériques; 
les  blocs  de  fer  chromé  s'alignent  dan»  une  direction 
N.  105'  E.  sur  une  centaine  de  mètres  de  longueur. 
L'extrémité  orientale  de  l'affleurement  indiquerait  pour 
le  filon  une  puissance  de  6  à  8  mètres  de.fer  chromé  pur. 
A'ers  l'Est,  l'affleurement  est  interrompu  par  un  petit 
ravin  qui  est  creusé  dans  tes  argiles  rouges  sans  s'enfoncer 
jusqu'à  la  roche  dure  sous-jacente,  et  qui  ne  montre  pas 
la  trace  du  passage  d'un  filon  ;  au  delà  du  ravin,  on 
retrouve  encore  un  bloc  isolé,  peut-être  en  place,  de  fer 
chromé  ;  vers  l'Ouest,  on  voit  s'associer  aux  beaux  blocs 
de  fer  chromé  pur,  puis  leur  succéder,  des  blocs  femi- 
gineux  renfermant  des  paillettes  de  fer  chromé,  ptii» 
enfin  de  simples  blocs  ferrugineux  scoriacés,  tels  que  ceux 
que  nous  avons  déjà  décrits  comme  constamment  associé» 
à  la  formation  serpentineuse,  et  qui,  comme  eux,  ne  ren- 
ferment plus  de  chrome  qu'en  faible  proportion.  Plusieurs 
d'entre  ces  blocs  sont  assez  volumineux  et  assez  profondé- 
ment enracinés  pourqu'ii  soit  fort  possiblequ'ils  soient «i 
place,  comme  s'ils  faisaient  suite  vers  l'Ouest  aux  blocs  de 
fer  chromé  avec  lesquels  ils  s'alignent  assez  bten.ns  sont 
constitués  presque  entièrement  d'hématite  rouge  et  ne  sont 
pas    magnétiques;  ils  ont  une  apparence  scoriacée    et 


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MINERAI9   ASSOaÉS  A  LA   FORMATION   DES   BERPENTISES  297 

caverneuse,  sans  forme  bien  définie;  rependant  on  j 
relève  parfois  des  inflications  d'octaèdres  plus  ou  moins 
rongés  qui  feraient  supposer  qu'ils  proviendraient  do 
l'oxydation  de  magnétite  ;  ceux  qui  contiennent  des  par- 
celIsB  de  ferchroméproviendraient,  dans  celte  hypothèse, 
de  l'oxydation  de  mélanges  de  magnétite  et  de  fer 
chromé. 

On  serait  tlonc  assez  porté  à  croire  que  l'on  est  ici  en 
présence  dex  affleurements  d'une  ségrégation  métallique 
au  milieu  de  la  masse  de  lapéridotite;  cette  ségrégation 
aurait  originairement  été  constituée  (et  aérait  peut-être 
constituée  encore  aujourd'hui  en  profondeur)  de  magnétilo 
et  de  fer  chromé,  et  ce  dernier  se  serait  dans  certaines 
parties  isolé  sous  la  forme  d'une  sorte  de  noyau  de  fer 
chromé  pur. 

Mais  ici,  comme  à  la  haie  du  Sud,  toute  exploration  du 
gisement  a  été  négligée  par  le  concessionnaire,  et  nous 
n'avons,  pour  appuyer  notre  opinion,  que  les  quelques  cons- 
tatations que  nous  avons  faites  personnellement  et  qu'on 
n'avait  nnéme  pas  songé  à  faire  jusqu'ici.  Quant  à  savoir 
ce  que  devient  le  gîte  en  profondeur,  nous  n'avons  aucune 
indication  à  ce  sujet.  Cependant,  l'abondance  du  fer 
chromé  détritique  déjà  arraché  à  cet  affleurement  semble 
montrer  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  de  quelques  blocs 
bolés,  mais  bien  d'une  masse  as<<ez  puissante.  Il  est 
presque  superflu  d'ajouter  qu'étant  aussi  peu  renseigné  sur 
son  extension  et  sa  consistance,  on  igiiure  romplètemeni 
les  conditions  dans  lesquelle:*  ce  gisement  pourra  A(re 
exploité;  c'est  seulement  une  réserve  wr laquelle  l'exploi- 
tant compte,  pour  le  moment  o(i  le  fer  chromé  d'alInvionN 
anra  été  épuisé. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  la  façon  dont  se' 
présente  celui-ci.  Le  croquis  de  la  /ig.  5,  Pi.  IV,  fait  voir 
que  la  pente  qui  descend  de  l'arfleurement  vers  l'Est  est 
recouverte  de  giains  et  de  blocs  de  fer  chromé  :  le  sol 


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298  aicHEssBs  minérales  de  la  ngovelle-cai^domie 
est  en  effet  jonché,  sur  plus  d'une  centaine  de  mètres 
suivant  la  pente,  de  ces  éléments  qui  présentent  des  dimen- 
sions variant  de  la  grosseur  d'une  noisette  à  celle  de 
blocs  de  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  ;  un  peu  plus 
vers  l'Ouest,  le  fer  chromé  est  mélangé  de  blocs  ferru- 
gineux {hématite  plus  on  moins  hydratée  à  la  surface), 
dont  il  ne  pourrait  être  séparé  que  par  un  triage  minutieux; 
ici,  au  contraire,  il  est  pratiquement  pur  et  il  n'y  a  qu'à  le 
ramasser.  Mais,  en  outre,  l'épaisse  couche  d'argile  qui 
recouvre  cette  pente  contient  un  dépôt,  de  puissance  el 
d'allure  irréguliëres,  de  débris  de  fer  chromé  qui  paraissent 
s'être  concentrés  en  raison  de  leur  forte  densité,  après 
avoir  éLé  entrainés  snr  un  court  espace  par  les  eaux 
superficielles  qui  apportaient  en  nième  temps  les  éléments 
qui  ont  constitué  ces  masses  argileuses. 

Cette  dernière  partie  du  gisement  est  d'une  exploita- 
tion particulièrement  aisée,  puisqu'il  suffit  de  découvrir  le 
lit  chromifère,  en  enlevant  quelques  décimètres  d'argile, 
pour  pouvoir  ensuite  ouvrir,  sur  des  hauteurs  atteignant 
jusqu'à  1  mètre,  des  chantiers  où  l'abatage  ne  comporte 
qu'un  travail  de  terrassement  presque  sans  triage.  On 
obtient  ainsi  immédiatement  des  produits  dont  la  teneur  en 
ses'quioxyde  de  chrome  varie  deTiQ  à  55  p.  100.  Aussi  est-ce 
par  là  que  l'exploitant  du  gisement,  qui  n'en  est  d'ailleurs 
que  l'amodiataire,  en  avait  commencé  l'exploitation,  quitte, 
s'il  y  a  lieu,  à  attaquer  plus  tard  le  reste.  Comptant  pou- 
voir réaliser,  en  quelques  années,  une  extraction  de 
40.000  à  50.000  tonnes,  il  a  établi  les  plans  inclinés 
aériens  (2  plans  principaux  et  en  outre  différents  petits 
plans  auxiliaires]  nécessaires  pour  descendre  le  minerai 
jusque  dans  la  vallée,  et  il  construisait,  au  moment  do 
notre  passage,  une  voie  ferrée,  longue  do  8  kilomètres, 
destinée  à  relier  le  pied  de  la  mine  à  la  baie  de  Néhou4,  où 
doit  avoir  lieu,  par  l'intermédiaire  de  chalands,  rembar- 
quement du  minerai. 


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MINERAIS    ASSOCIES    A   LA   FOKUATION    DES    SERPENTINES   299 

Les  gisements  de  fer  chromé  du  dôme  de  Tiebaghi  ne 
sont  pas  limités  à  celui  que  nous  venons  de  décrire,  et, 
comme  nous  l'avons  indiqué,  trois  autres  exploitations  se 
développent  à  l'Est  de  celle-ci  ;  elles  portent  toutes  trois 
uniquement  sur  des  gites  d'origine  détritique  :  sur  la  niîne 
Vieille-Montagne  n'  S,  et  à  peu  près  dans  le  prolon- 
gement de  l'alignement  des  affleurements  de  la  mine 
Tiebaghi,  un  chantier  a  attaqué  le  tknc  de  la  montagne 
sur  près  de  20  mètres  de  hauteur  :  l'exploitation  a  consisté 
d'abord  à  ramasser  des  grains  et  blocs  eiTants  sur  le  sol, 
puis  à  chercher  au  milieu  de  l'argile  rouge  des  masses 
plus  ou  moins  irrégulières  de  débris  de  fer  chromé  ;  on  est 
ainsi  parvenu  jusqu'à  une  formation,  sans  consistance 
aucune,  de  silicates  alumineux  magnésiens,  décomposés 
et  friables,  au  milieu  desquels  se  rencontraient,  ici  des 
amas  plus  ou  moins  volumineux  de  fer  chromé,  et  là  des 
grains  de  ce  même  minéral,  tantôt  très  abondants,  tantôt 
plus  clairsemés  ;  c'est  évidemment  là  la  tête  profondément 
altérée  d'un  gisement  en  roche  tel  que  ceux  que  nous 
avons  décrits  ci-dessus  auprès  de  la  haie  du  Sud.  Un 
triage  à  la  main  permet,  à  la  condition  de  ne  prendre  que 
les  portions  les  plus  minéralisées  du  gîte,  et  quitte  a.  perdre 
le  reste,  qui  serait  sans  doute  parfaitement  exploitable, 
d'obtenir  sans  lavage  un  produit  d'une  teneur  de  52 
à  54  p.  100 de  sesquioxyde  de  chrome.  On  a  ainsi  enlevé  en 
uii  an  de  ce  chantier  5.000  tonnes  de  minerai  marchand, 
non  sans  gaspiller  en  outre  beaucoup  de  fer  chromé.  Dans 
ces  conditions,  l'exploitation  se  solde  encore  par  un  béné- 
fice, malgré  la  charge  d'un  transport  par  chars  à  bteufs 
jusqu'à  la  mer,  transport  qui,  à  raison  de  0  fr.  75  la 
tonne  kilométrique,  ne  grève  pas  le  prix  de  revient  de 
moins  de  6  francs  par  tonne,  pour  un  minerai  qui  vaut, 
rendu  à  bord,  50  francs  la  tonne. 

C'est  dans  les  mêmes  conditions  économiques  peu  favo- 
rables que  se  poursuit  l'exploitation  de  la  mine  voisine. 


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300  RICHKSSBS  HIN'i^SALBS  DE  LA  HOnVBLLB-CALÉDOKIR 

]a  mine  Bellacoscia.  Avant  d'y  parreair,  nous  avons  tra- 
versé le  périmètre  de  la  mine  HÊoracchini,  inexploitée,  ar 
laquelle  on  trouve,  comme  noas  l'avona  motionné,  un 
bloc,  peut-être  en  place,  de  fer  chromé  pur  idenUqm  à 
celui  dea  affleurements  de  la  mine  Tiebagbi  dont  il 
marque  à  peu  près  le  prolongement,  avec  tontefoîs  m» 
légère  inflexion  vers  le  Sud;  quelques  petites  fouilles  de 
recherches  dans  l'argile  rouge  qui  recouvre,  là  comoie 
partout,  toutes  les  pentes  douces  du  Sauc  de  la  mon- 
tagne, y  ont  découvert  différentes  traînées  de  fer  cfaromp 
en  fragments  irréguUers.  Dans  l'un  des  ravina  qui  dé- 
coupent cette  formation  ai^leuse  on  trouve  le  fer  chromé 
sous  une  forme  fort  intéressante,  et  assez  exceptionneUe 
puisque  c'est  le  seul  point  de  la  colonie  où  nous  l'ayoït» 
rencontrée  :  cette  forme  est  celle  de  galets  roulés,  arron- 
dis, présentant  k  peu  près  la  dimension  d'un  œuf  dp 
pigeon;  ils  sont  d'aillciu^  très  friables  et  tombent  sous  le 
moindre  choc  en  grains  sur  les  surfaces  de  séparation 
desquels  se  trouvent  des  enduits  ferrugineux  ;  il  ne  par^t 
pas  douteux  que  l'on  soit  là  en  présence  de  galets  d'nne 
r.iche  à  fer  chromé,  autrefois  dure,  qui  a  été  démantelée, 
et  dont  les  débris  ont  été  roulés;  ces  débris  ont  dû  subir 
ultérieurement,  au  point  où  ils  s'étaient  déposés,  des 
actions  atmosphériques  susceptibles  de  dissoudre  les  éK- 
nients,  sans  doute  silicates,  qui  cimentaient  les  différents 
grains  de  for  chromé,  en  n'en  laissant  comme  résidu  que 
loxyde  de  fer. 

L'exploitation  de  la  mine  Bellacoscia  se  poursuit  en 
tranchée  dans  l'argile  rouge  ;  celle-ci  était,  comrao  pour 
les  gisements  voisins,  recouverte,  suivant  une  bande  plu* 
ou  moins  large,  de  menus  débris  de  fer  chromé  ayant 
cette  apparence  spéctilaire  que  nous  avons  déjà  signalée. 
En  pénétrant  dans  la  masse  de  l'argile  on  a  rencontré 
un  gisement  de  fer  chromé  irrégulier,  mais  souvent 
puissant,  associé  à  des  formations    argileuses  variée». 


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MINBEAiS   ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION   DRS   SBRPEN'nNES   301 

La  fig.  6  de  la  PI.  IV  reproduit  un  croquis  que  nous 
âTODs  relevé  sur  la  face  latérale  de  la  tranchée  d'un 
^es  chantiers,  et  donne  une  idée  de  l'allure  de  cette  for- 
mation :  si  quelques  traînées  telles  que  A  et  B  paraissent 
indiquer  des  dépOts  alluvionnaires,  la  masse  principale, 
avec  ses  proéminences  et  ses  parties  rentrantes,  et  avec 
9es  différents  éléments  séparés  par  des  pellicules  d'oxyde 
de  fer  qui  leur  donnent  souvent  une  certaine  adhérence 
entre  eux,  parait  plutôt  correspondre  à  une  déconiposi- 
lioD  d'une  roche  chromifère  en  place,  ou  tout  au  moins 
(le  gros  blocs  charriés  sur  une  faible  distance  ;  le  fer 
chromé  est  ici  contigu  h.  une  masse  assez  puissante  d'une 
argile  blanche,  très  riche  en  magnésie,  et  tachée  de 
points  rouges  d'oxyde  de  fer,  qui  arrête  d'ailleurs  l'ex- 
ploitation. Le  tout  est  recouvert  d'un  manteau  de  la 
formation  ordinaire  d'argile  rouge,  qui  est  parsemé  de 
•débris  de  fer  chromé,  et  qui  contient  par  places  quelques 
rognons  cobaltiferes.  C'est,  rappelons-le,  tout  près  de  là 
qu'ont  lieu  les  exploitations  de  cobalt  que  nous  avons 
précédemment  décrites. 

D.  —  Gisements  détritiques  de  fbe  chromé 

DU   OROOPË  de  la  BAIB   NoO. 

Au  Sud-Est  de  Nouméa,  les  vallées  de  la  rivière  des 
Pirogues  et  de  la  rivière  Ngo  se  montrent  encore  parti- 
culièrement riches  en  fer  chromé,  et  des  exploitations 
s'y  sont  poursuivies  d'une  façon  continue  depuis  près  de 
nngt  ans. 

Dans  la  première  de  ces  vallées,  elles  étaient  actives 
il  y  a  quelques  années  (sur  les  mines  Joséphine,  Chrome- 
lîouge,  etc.),  mais  aujourd'hui  elles  sont  interrompues 
l>arce  que  les  minerais  les  plus  riches,  minerais  du  type 
dit  »  chrome  d'alluvions  »,  sont  épuisés,  et  parce  que  Ion 
n'a  pas  cm  devoir  entreprendre  jusqu'ici  l'exploitation  des 


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302  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA  NODVBLLB-CALÉDOKrB 

minerais  en  roche,  paraît-il  aasez  riches,  qui  y  sont  encore 
connus  ;  il  ne  reste  qu'une  exploitation  aujourd'hui  ouTerte 
dans  le  bassin  de  la  rivière  des  Pirogues,  encore  est-elle 
si  voisine  du  bassin  de  la  rivière  Ngo  que  c'est  par  la 
vallée  de  celle-ci  que  ses  produits  sont  évacués. 

Dans  cette  demëre  vallée  it  a  également  été  fait  déjà 
lie.s  extractions  assez  importantes,  et  les  deux  mines  es 
activité  au  moment  de  notre  passage  n'étaient  pas  loin 
d'être  épuisées.  A  la  mine  14  Juillet,  située  à  5  kilo- 
mètres de  la  mer  sur  la  rire  droite  de  la  vallée,  ob  a 
exploité,  au  milieu  des  argiles  rouges,  une  sorte  de  banc 
irrégulier  de  "  chrome  d'alluvions  »  d'une  cinquantaine 
de  mètres  de  longueur  et  d'une  largeur  maxima  de 
40  mètres;  il  était  constitué  par  des  fragments  juxta- 
posés de  fer  chromé  très  pur  avec  interposition  de  très 
peu  d'éléments  étrangers,  si  bien  qu'il  livrait  du  minerai 
brut  à  54  et  55  p.  dOO  de  sesquioxyde  de  chrome. 
Après  avoir  épuisé  ce  banc,  on  a  encore  trouvé  par  places 
de  petites  traînées  de  minerai  que  l'on  achève  d'enlever; 
on  s'assure  en  outre,  en  exécutant  de  distance  en  dis- 
tance des  sondages  à  la  main,  qu'il  n'existe  pas  d'autres 
bancs  semblables  dans  la  couche  d'argile  qui  est  laissée 
an-dessus  des  serpentines  compactes,  et  qui  dépasse 
encore  souvent  10  mètres  d'épaisseur.  Dans  ces  mêmes 
argiles  on  a  rencontré  à  peu  de  distance  un  peu  de  mine- 
rai de  cobalt  dont  on  tente  l'exploitation. 

La  mine  Georges  Pile,  qui  ost  située  tout  au  fond  de 
la  vallée,  dans  le  cirque  où  la  rivière  Ngo  prend  sa  source, 
a  comporté  des  travaux  plus  développés,  dont  l'examen 
est  d'ailleurs  instructif  au  point  de  vue  du  mode  de  for- 
mation du  gisement;  le  minerai  s'étageait  le  long  de  la 
pente  assez  raide  de  la  montagne,  entre  les  cotes  235  et 
325,  et  sur  une  cinquantaine  de  mètres  de  largeur.  Au 
sommet  de  la  montagne,  ou  du  moins  à  fort  peu  de  dis- 
tance de  la  crête  en  descendant  vers  le  versant  de  la 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DKS   SERPENTINES   303 

rÎTière  Ngo,  on  voit  affleurer,  au-dessous  de  la  couche 
d'argile  rouge  qui  recouvre  le  sol  et  au  milieu  des  ser- 
pentines qui  constituent  le  massif,  une  tête  de  roche 
chromifère  constituée  par  des  grains  de  fer  chromé  dis- 
séminés dans  une  pÂte  silicatée;  descendant  la  pente  et 
parcourant  ainsi  de  haut  en  bas  les  travaux  de  la  mine, 
on  voit  d'abord  dominer,  au-dessus  de  la  serpentine  en 
place,  les  blocs,  à  peine  décomposés  et  légèrement 
friables,  de  cette  roche  chromifère,  ils  sont  recouverts 
d'une  faible  épaisseur  d'argile  rouge  stérile;  plus  bas, 
l'éboulis  comprend  à  la  fois  des  blocs  serpentineux  et 
des  blocs  chromifères,  mais  à  ces  blocs  s'associent  ies 
fragments  plus  petits  de  roche  chromifère  qui  sont  suffi- 
samment altérés  pour  que  le  fer  chromé  en  soit  aisé  à 
séparer  par  lavage  ;  le  tout  est  d'ailleurs  empâté  dans  une 
argile  magnésienne  grasse,  bigarrée,  dont  certains  lits 
sonl  liches  en  grains  de  fer  chromé.  Plus  bas  encore  les 
blocs  éboulés  que  l'on  rencontre  reposant  sur  la  roche 
sous-jacente  ne  sont  plus  que  des  blocs  de  serpentine, 
généralement  altérés,  et  transformés  en  une  sorte  d'ar- 
gile magnésienne  qui  garde  encore  la  couleur  et  la  con- 
figuration de  la  péridotite  serpentinisée,  mais  qui  n'a  plus 
aucune  consistance  ;  les  blocs  chromifères  ne  se  retrouvent 
plus,  même  à  l'état  friable,  mais  ils  font  place  à  une  traî- 
née très  riche  en  grains  de  fer  chromé  au  sein  de  l'argile 
rouge,  traînée  dont  l'épaisseur  atteint  par  places  i  mètre 
et  même  plus,  et  dans  laquelle  l'argile  renferme  souvent 
plus  de  la  moitié  de  son  poids  de  grains  de  fer  chromé. 
En  continuant  encore  à  descendre  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, on  voit  cette  traînée  chromifère  s'effiler,  se  bifur- 
quer, et  se  perdre  en  quelques  petits  amas  de  moins  en 
moins  riches.  Un  tel  gisement,  que  la  fig.  7  de  la  PI.  IV 
représente,  d'une  manière  schématique  mais  aussi  fidèle 
que  nous  avons  pu,  manifeste,  d'une  façon  qui  n'est  nulle- 
ment douteuse  k  nos  yeux,  quelle  a  été  sa  genèse.  Tan- 


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.^4  RICHESSES   UINÉRALEB    DE   LA  NOGVBLLE-CALÉOONIE 

dù  que  l'érosioa  et  la  décomposition  de  la  péridotile 
ilounaient  lieu  à  l'éboiileinent  le  iong  du  flanc  de  la  mon- 
tagne de  blocs  serpeatineux,  les  uiy  frais,  les  autfei 
trausforniéB,  ou  devant  se  transformer  ultérieurement,  es 
une  pâte  magnésien  De,  et  à  la  fomiatioD  d'un  manteai 
(l'argile  rouge,  les  mêmes  effets,  ^'exerçant  sur  k  tët« 
lie  roche  chromifère  que  l'on  voit  en  place,  et  qui  semble 
avoir  été  pai-ticulièreraent  accessible  aux  actions  destruc- 
trices, n'ont  laissé  intacts,  ou  à  peu  près,  que  quelque) 
blocs  entraînés  à  peu  de  distance  et  rapidement  englobas 
liane  l'argile,  tandis  que  les  autres  se  désagrégeaieet : 
leum  matières  sillcatéos  étaient  partiellement  dissoutes 
et  partiellement  entraînées  mécaniquement  à  plus  oo 
moins  longue  distance,  les  grains  inattaquables  et  lourda 
-<le  fer  chromé  se  précipitaient  au  contraire  tels  quels  an 
milieu  des  éléments  qui  formaient  l'argile  rouge,  et  j 
constituaient  une  Irainée  qui,  puissante  au  voisinage 
même  du  gisement  de  la  roche  mère,  s'amincissait  d'ao- 
t&nt  plus  rapidement  en  descendant  que  le  fer  chromé, 
en  raison  de  sa  densité,  se  précipitait  et  se  fixait  plus 
vite.  Ajoutoiu  que  la  formation  argileuse  et  magné- 
sienne, loin  d'être  homogène  comme  elle  le  parait  à 
la  surface,  se  montre  toujours  zonée  et  veinée  de  cou- 
leurs variées,  correspondant  sans  doute  à  1^  préseoce 
dominante  de  tel  ou  tel  métal  dans  les  matériaux  qui  se 
déposaient;  le  plus  souvent  elle  est  rouge  ou  jaune, niaii 
pai'fois  aussi  on  y  relève  des  traînées  colorées  en  vert 
p&le  par  un  peu  <Ic  nickel  ou  bien  noircies  par  de  l'oxyile 
(le  manganèse;  on  y  constate  aussi  la  présence  de  traces 
d'oxyde  de  cobalt;  enân  de  minces  traînées  de  produits 
lalqueux  y  sont  fréquentes. 

Ce  gisement,  dont  l'exploitation  est  presque  terminée 
aujourd'hui,  a  donné  lieu  à  l'ouverture,  sur  toute  la  lar- 
geur de  la  ti-ainée  chromifère  qui  ne  dépasse  guère  &0  à 
00  mètres,  d'une  série  de  chantiers  en  gradins,  qui,  après 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    3(35 

avoir  enlevé  la  couche  argileuse  stérile,  ont  permis 
l'exploitation  de  to^ites  l^s  parties  chromifères  friables. 
On  a  ainsi  obtenu  nn  minerai  ronstilué  de  petits  graine 
de  fer  chromé,  cristaux  de  1  à  2  millimètres  de  c6té  en 
général,  empâtés  d'argile  en  proportion  de  moitié  à  peu 
près.  Dans  ces  conditions  le  complément  indispensable  de 
l'exploitation  était  un  atelier  de  lavage  ;  il  a  été  établi,  à 
3  kilomètres  plus  bas  dans  la  vallée,  en  un  point  où  l'eau 
était  assez  abondante  pour  suffire  non  seulement  au 
lavage,  mais  encore  à  la  production,  au  moyen  d'une  roue 
hydraulique,  delà  force  motrice  nécessaire,  La  mine  est 
réunie  à  la  laverie,  et  celle-ci  l'est  au  bord  de  la  mer,  par 
deux  sections  de  tramway,  longues  respectivement  de  3 
et  5  kilomètres,  et  qui  ne  sont  munies  que  de  rails  en 
bois  ;  le  transport  du  minerai  s'j'  fait  à  l'aide  de  che- 
vaux . 

Le  lavage  comprend  d'abord  un  criblage  à  la  maille  de 
1/2  centimètre,  à  la  suite  duquel  on  rejette  toutes  les 
matières  qui  refusent  de  traverser  cette  maille,  et  qui  no 
peuvent  contenir  que  du  fer  chromé  impur,  en  raison  de  la 
tînesse  de  son  grain;  puis  on  procède  à  un  débourbage 
sur  une  sorte  de  <<  round-buddie  '>■  auge  circulaire  à  fond 
incliné  dans  laquelle  touiment  des  palettes  conrluites  par 
un  arbre  vertical,  et  qui  est  parcourue  par  un  abondant 
courant  d'eau;  une  vanne  permet  de  faire  tomber  de 
temps  en  temps  les  parties  lourdes  qui  se  rassemblent  au 
fond,  et  qui,  après  égouttage,  constituent  le  minerai  pur, 
tenant  souvent  jusqu'à  55  p.  100  de  sesquioxyde  de 
chrome  ;  les  parties  entraînées  par  l'eau  passent  dans  un  ' 
long  sluice  en  bois  oii  elles  déposent  des  produits  mixtes 
qui  sont  relavés.  La  laverie,  qui  comprend  trois  round- 
buddle,  peut  laver  environ  i  tonnes  de  minerai  brut  à 
l'heure  et  produire  ainsi  2 1  à  2ô  tonnes  de  minerai  lavé 
par  journée  de  douze  heures.  L'exploitation,  autrefois 
assez  active,  était  en  diminution  marquée  au  moment  di' 


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306  RICHESSES   HmékALBS   DE  LA   NOVVBLLS-CALÂDOIfrB 
notre  passage,  en  raison  de  l'épuisement  des  ressources 
connues  ;  elle  n'employait  que  23  hommes  en  tout. 

Un  échantillon  du  minerai  produit  que  nous  avons  anH- 
lysé  contenait  : 


Perle  an  fta 0,1 

„  ,  ,,    ,        ,         ..       \  SesquiozTde  de  fer  «t  alumine..  3,8 

Soluble  dans  les  acides.  {  ,.      ,  ■  „  , 

(  Magnésie 0,4- 

/  Silice 8,1 

,  ,,                          1  Sesquioxyde  de  chrome 58,! 

'°'»'""» Pr.lo>,dsd.rer K* 

(  Hagnésle  et  ahimine tfi 


II  ne  reste  en  activité  actuellement,  comme  exploitatioa 
appartenant  au  bassin  de  la  rÏTière  des  Pirogues,  que  la 
■  raine  Alice-Louise  (Voir  la  fig.  3  de  la  PI.  IV),  sitnée- 
dans  la  vallée  de  la  rivière  Naporérédjeîmé,  non  loin  dea 
sommets  sur  le  versant  sud-oriental  desquels  se  trouvent 
les  mines  Bonne- Veine,  la  Trhaux,  etc.,  et  ao  pied  d'un 
col  derrière  lequel  coule  la  rivière  Ngo;  c'est  d'ailleurs 
en  franchissant  ce  col  par  un  transporteur  que  les  mine- 
rais de  cette  mine  sont  descendus  au  bord  de  la  mer  te 
long  de  la  vallée  de  la  rivière  Ngo. 

Le  gisement  de  ta  mine  Alice-Louise  est  le  ptas  puis- 
sant des  gisements  de  fer  chromé  d'origine  détritique  que 
nous  ayons  été  à  même  d'examiner  en  Nouvelle-Calédonie; 
il  est  surtout  remarquable  par  la  hauteiir  verticale  aur 
laquelle  se  rencontre  le  minerai,  comme  si  les  fragments 
entraînée  par  tes  eaux  s'étaient  précipités  dans  quelque 
gouffre  profond  ouvert  sur  leur  passage.  L'exploitation, 
qui  a  lieu  au  voisinage  du  thalweg  de  la  Vallée,  s'est  en 
effet  développée  en  carrière  à  ciel  ouvert  jusqu'à  22  mètres 
de  profondeur.  Ouverte  en  1895,  elle  se  poursuit  encore 
aujourd'hui  avec  une  production  de  2.500  tonnes  par  au; 
elle  aurait  livré  depuis  le  début  a).000  tonnes  de  minerai, 
dont  la  teneur  aurait  varié  de  50  à  52  p.  100. 


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M[»8RAI8  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DBS   SERP&NTINBS  S07 

Le  giBement,  comme  nowe  l'aTonH  dit,  se  trouve  à  peu 
<le  distance  du  tbiûweg  d'une  vallée  qui,  sans  être  large, 
a'est  cependant  pas  étroitement  encaMsée,  et  les  travaux 
se  développent  dans  un  sol  dont  la  surface  présente  uae 
pente  relativement  faiMe.  Ce  sol  eitt  entièrement  consti- 
tué par  Un  puissant  dépAt  d'argile  ronge,  recouvert,  le 
plus  souvent,  de  grains  ferrugineux,  mais  parfois  aussi, 
comme  bu  point  eu  l'exploitation  a  lieu,  de  fragments  de 
fer  chromé  plus  ou  moins  volumineux.  En  s'enfonçant 
dans  le  sol,  on  a  d'abord  rencontré  an  mili«i  de  l'argile 
rouge  des  pffches  isolées  de  minerai  en  gros  fragments  ; 
plus  bas,  mai»  toujonrs  <ians  l'argile,  dont  la  couleur  varie 
d'ailleurs  du  brun  au  rouge  et  au  janne,  apparaît  une 
couche  assez  constante  de  graine  noirs  ferrugineux  et  man- 
ganésiféres  plus  ou  moins  agglomérés  en  rogncms  ;  puis 
au-dessous  viennent  des  traînées  île  fer  chromé,  en  petits 
gnrin»  le  plus  Rouvent  nctaédriques  :  ces  traînées  affectent 
des  formes  peu  régulières:  tantôt  elles  sont  de  faibles 
dîmuiBionK  et  de  formes  allongées,  groupées  en  assez 
grand  nombre  sur  une  hauteur  de  2  à  ;)  mètres,  comme  le 
montre  la /!y.  8  de  la  PI.  IV;  tantôt  ce  sont  des  masses 
plos  puissantes.  Plus  bas  la  formation  devient  plus 
irrégulière  encore,  et  complètement  bigarrée  ;  elle  pré- 
sente, d'une  façon  4)ui  ne  peut  guère  laisser  de  doutes  sur 
l'interprétAtion  à  donner  ï  cette  apparence,  l'apparence 
de  blocs  àe  serpentine  pins  ou  moins  roulés  qni  auraient 
subi  sur  place  une  décomposition  complète,  réduisant  tous 
les  éléments  en  produits  de  connstance  argileuse  et  diver- 
senient  colorés  (je  brun,  de  rouge,  de  noir,  de  verd&tre,  etc. 
Entre  ces  argiles  bigairées  se  développttnt  et  se  ramîfîeHt 
<]«3  amas  Hoirs  de  fer  chromé,  tantôt  en  grains  absolu- 
ment conligus  qui  semblent  s'être  déposés  dans  les  inter- 
v^les  des  Uoce  rocheux  cpù  devaient  ensuUe  se  trans- 
fonaer  en  argile,  toniét  en  fragments  empitéa  dans  une 
plas     ou    moins  grande  quantité   de   produits    sUioatés 


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308  RicHESsas  minérales  de  la  nodvelle-calédonik 
friables,  paraissant  provenir  de  blocs  de  roche  chromifère 
qui  auraient  été  transformés  tout  comme  la  seqientine. 

Les  quantités  de  fer  chromé  ainsi  concentrées  sont 
généralement  suffisamment  importantes  pour  justifier 
l'abatage  du  tout  :  on  parvient  de  la  sorte  jusqu'à  des 
profondeurs  d'une  vingtaine  de  mètres,  en  atteignant 
Boit  la  serpentine  compacte,  soit  nn  banc  d'argile  rouge 
que  des  sondages  ont  montré  être  stérile  ;  d'autres  fois 
on  s'arrête  à  une  profondeur  ofi  l'épuisement  des  énormes 
fosses  creusées  par  l'exploitation  devient  trop  difficile. 

C'est  dans  ce  gîte,  fort  irrégulier,  comme  on  peut  en 
juger  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  se  pour- 
suit une  exploitation  non  moins  irrégidière  ;  elle  comporte 
le  creusement  dans  l'argile  do  fosses  de  formes  variées, 
s'enfonçant  par  gradins  dans  tous  les  points  où  l'exploi- 
tation est  rémunératrice,  c'est-à-dire  dans  les  points  ob 
l'on  arrive  à  extraire  au  moins  1  mètre  cubo  de  minerai 
brut  pour  3  ou  4  mètres  cubes  de  stérile.  L'expltù- 
tation  est  parvenue  actuellement  à  22  mètres  de  pro- 
fondeur ;  la  nature  grasse  du  terrain  protège  assez  bien 
les  excavations  contre  l'afilux  des  eaux  courantes,  et 
ce  ne  sont  guère  que  les  eaux  de  pluie  qui  s'y  préci- 
pitent ;  l'assèchement  des  gradins  supérieurs  est  assuré 
par  des  tunnels  ;  mais,  pour  les  gradins  inférieurs,  cela 
n'est  plus  possible,  et  ils  ne  restent  découverts  que 
lorsqu'il  ne  pleut  pas  trop.  Le  minerai,  abattu  à  la  pelle 
et  à  la  pioche,  est  ensaché  et  remonté  au  niveau  de  la 
surface  par  un  treuil  àbras;  puis  il  est  roulé  par  tramway, 
sur  800  mètres  environ,  jusqu'au  pied  d'un  transporteur 
aérien  qui  lui  fait  franchir  le  col  qui  sépare  la  mine 
Alice-Louise  de  la  vallée  de  la  baie  Ngo,  par  où  se  fait 
l'expédition  du  minerai,  et  oii  s'en  fait  le  lavage  à  la 
faveur  d'un  cours  d'eau  suffisamment  abondant  et  sur- 
tout suffisamment  permanent.  Le  transporteur,  long  de 
2.200  mètres,  ne  présente  pas  entre  ses  deux  extrémités 


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.MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DBS  SERPENTINES  309 
une  HifTérence  de  niveau  suffisante  pour  pouvoir  être 
automofeur;  il  est  actionné  par  une  petite  machine  h 
vapeur  placée  à  la  laverie  ;  celle-ci  assure,  comme  celle 
delà  mine  Georges-Pile,  un  simple débourbage du  minerai 
brut,  qui  ne  rend  pas  plus  de  50  p.  100  en  poids  de 
minerai  marchand,»  une  teneur  variant  de  51  à  52p.  100. 
Le  minerai  lavé  est  descendu,  par  le  tramway  dont  nous 
avons  déjà  mentionné  l'existence,  jusqu'à  la  baie  Ngo,  où 
il  est  embarqué. 

La  mine  occupait  au  moment  de  notre  passage,  avec 
tous  ses  services  accessoires,  environ  55  ouvriers;  elle 
produisait  en  moyenne  220  tonnes  par  mois,  soit  à  peu 
près  10  tonnes  par  jour  de  travail. 

E.  —  Autres  gisements  de  fer  chromé. 

Fréqueuts  sont,  sur  toute  l'étendue  de  la  formation 
serpentineiise,  les  gisements  de  fer  chromé  d'origine 
détritique  que  nous  avons  rencontrés  en  parcourant  la 
colonie,  et  fréquents  aussi  sont  sans  doute  ceux,  qui 
seraient  exploitables  ;  néanmoins,  les  seules  exploitations 
en  activité  au  moment  de  notre  passage  étaient  celles  du 
dôme  de  Tiebaghi,  celles  du  groupe  de  la  baie  Ngo,  celle 
de  la  baie  Ouié  et  enfin  ceUes  des  environs  de  la  rivière 
de  Pourina  situées  à  une  quarantaine  de  kilomètres  au 
Nord  de  ces  dernières. 

Après  avoir  donné  quelques  indications  sur  les  premières 
d'entre  ces  exploitations,  qui  sont  de  beaucoup  les  plus 
importantes,  puisque  celles  des  deux  derniers  groupes 
n'ont  pas  produit  ensemble  en  1901  plus  de  1.500  tonnes 
lie  minerai,  nous  mentionnerons  différents  autres  gise- 
ments que  nous  avons  pu  examiner;  cela  montrera  bien 
que,  si  le  fer  chromé  est  particulièrement  abondant  dans 
deux  massifs  qui  sont  précisément  riches  aussi  en  cobalt, 
à  savoir  le  massif  du  dôme  de  Tiebaghi,  et  le  massif  qui 


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3t0   RIGHBS8B»  WNBBALM    DB  LA.  MOQ  VlfLLB-OALÉDONIB 

9e  développe  en  étoile  entre  ies  vallées  de  fa  rivière  dos 
Hiro^ues,  de  la  rivière  Pigo,  det<  différeais  rutaseftiix 
qui  9e  jetteat  dans  la  baie'  du  Sud',  et  do  le  rîvièrs  dm 
Lacs,  il  existe  égalemeot,  et  non  pajs  Bmitemeiiti  à  «tre 
de  minéral  intéretsast  an  point  de  vite  j;À>logiqtie,  mak 
bien  comme  miaerai  éventuellemeot  «i^jMtabtef  daaa 
beaucoup  d'autres  points  ;  et  celii  fera  voir  eu  mèm»  ten]^ 
qu'il  peut  également  se  reocotitrer  àaa»  les  seqtentîBM 
riches  en  nickel. 

Nous  rappelons  d'abord  que  nous  avorn  signalé  la  pvé- 
sence  du  chrome  ea  rodiâ,  iieui-ètre  susceptible  d'ôtre 
exploité,  à  Saint-Vincent  daus  hbo  vattéeoii  les  giseneata 
de  nickel  sont  nombreux,  et  près  de  Bourail  tout  &  cMé 
de  la  mine  de  nickel  Heau-Soleil,  et  que  M.  Gamier  en 
supputait  l'exploitation  au  mont  Dore  dans  le  massif  même 
oii  le  minerai  de  nickel  a  été  trouvé  pour  la  première 
îoÏH  ;  rexploilation  du  fer  chntiné  a  d'ailleurs  été  tentée 
autrefois  ilrnis  ce  massif. 

D' autre  part,  nous  ntentionnoroiis  que  nous  avoua  trouvé 
dtt  fer  cbromé  en  sbcHidance  dans  les  saUea  de  la  petite 
rivière  Poitentloii  prèsde  Népoui,  fM^venaut  apipareminent 
de  qi>elf|H«  ^s^nent  plus  on  tooins  impoHânt,  et  que,  daita 
l'une  doe  carrières  aujourd'lnii  abandoanées  de  la  mine 
ta  Dorée  à  Kouaoua,  oti  avait  rencontré  ua  filon  de  fer 
chnnn^  dont  il  avait  été  abattu  quelques  beaux  blocs  de 
minerai.  En  parcourant  les  régions  riches  en  nickel  de  la 
haute  vallée  de  la  Oncnglii,  nous  avons  observé,  dans 
l'une  des  traînées  relativement  peu  fréquentes  d'aigle 
rouge  qui  se  rencontrent  dans  i%  massif  oti  les  pentes  d(» 
montagnes  sont  fort  raides.  un  dépôt  de  fer  chromé  du 
même  type  que  ceux  que  l'on  exploite  sous  le  uum  de 
chrome  d'allnvions  ;  enfin,  auprès  de  la  Dumbéa,  aoa^ 
avons  vu  poursuivre  des  recherches  pour  nickel,  pour 
(^obalt  et  pour  chrome  sur  le  même  périmètre,  et,  si  elles 
u'waient  pas  abouti  &  des  résultats   satisfaisants,  elles 


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MlttBRAJB   ASSOCIÉS   ^  LA   FORMATION   DKS   SBRPËNTIN^S  311 

avaient  néamnoins  inootré  l'çxisteiicQ  simultanée  de  quai(> 
4it4a  QoLablçs  de  niiu^rai»  dea  trois  métaux- 

F.   —   SjTDAXlOM   ^ONOMIQUIv   DES   EXPLOITATIONS 
QS   VBfi  ÇUBO^É- 

Lçs  cimelquea  détaij^  qu^e.  i^m^  venoos  tjje  donaer  montrent 
-cornbieu  août  diverses  les  coudîUons  économi<i,ues  dans  Les- 
^u^lles  ^  trouvent  les  différeuts  gisements  que  nous 
âvoDS  signalés  :  que  le  fçi:  chromé  s'y  rencontre  en  roche 
ou  30US  la  forme  d'élémçfits  détritiques,  les  frais  d'aba- 
tage  sont  très  variables  avec  la  puissance  et  La  régularité 
-du  gite,  ils  sont  d'ailleurs  toujours  notablement  plus 
faibles  d^s  le  deuxième  ca^  qve  dans  le  premier  ;  les 
frais  de  lavage  sont  à  ajouter  aux  frais  d'abatage  lorsque 
Iç  minerai  n'est  pas  assez  pur  pour  être  marchand  tel  quel, 
c'est-k-dire  lorsqu'd  ne  tient  pas  au  moins  50  p.  100  de 
s^squioxydc  de  chromç.  Les  frais  d'extraction  proprement 
dite  n'existent  généralement  point,  ils  sont  renjplacés, 
-commç  dans  presque  toutes  les  exploitatijpus  de  Ut  colo- 
t^^e.  par  des  frais  de  descente  au  bord  de  la  nier,  frais  qui, 
£ràce  à  l'emploi  de  plana  inclinés  aériens,  sont  assez 
faibbs  ;  il  faut  d'ailleurs  y  ajouter  les  frais  d'ensachage. 
Ëufin  un  élément  capital  du  prix  de  revient  est  constitué 
fBT  les  frais  de  transport  du  pied  de  la  i^ine  jusqu'au 
tateau  qui  doit  emporter  le  minerai  :  ceux-ci  comprennent 
presque  toujours,  d'une  part,  un  trajet  de  plusieurs  kdo- 
mètres  pai-  voie  de  teire  et,  d'autre  part,  un  clialan- 
-dage  ;  ces  dépenses  varient  naturellement  du  tout  au  tout 
avec  la  situation  géographique  du  gisement. 

Malgré  les  variations  que  subissent  tous  ces  éléments 
-du  prix  de  revient,  nous  fournissons  à  litre  d'indication 
les  quelques  chilîrcs  qui  suivent  et  qui  sont  relatifs  à 
l'exploitatiçn  du  <*  chrome  d'alluvions  ».  Pour  les  mines 
<le  fer  chromé  en  roche  noua  n'avons  aucune  donnée  : 


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1 


312   RICHESSES   HINÉRALBS  DE   1-A  NODVELLK-CALBDOKIE 

l'cxploitalioii  n'en  a  été  tentée  que  rarement  et  jamais 
avec  un  succès  durable,  même  au  début  alors  que  le 
minerai  valait  à  peu  près  le  double  de  ce  qu'il  vaut  aujour- 
d'hui, mais  aussi  alors  que  les  conditions  générales  d'ex- 
ploitation étaient  plus  onéreuses.  Il  semble  cependant  que 
l'on  puisse  dire  qu'à  moins  de  conditions  réellement  favo- 
rables au  point  de  vue  du  lavage  du  rainerai  (installation 
d'une  laverie  travaillant  dans  des  conditions  économiques 
et  donnant  un  bon  rendement)  et  du  transport  (création 
d'une  voie  ferrée  dont  les  frais  de  premier  établissement 
ne  seraient  pas  trop  élevés  et  pourraient  être  répartis 
sur  uu  tonnage  très  important),  l'exploitation  d'un  mine- 
rai en  roche,  qui  n'aurait  pas  à  l'état  de  tout  venant  une 
teneur  commerciale,  n'apparaît  guère  comme  devant  être 
rémunérai  ri  ce.  Les  frais  d'abatage  seront  en  effet  tou- 
jours assez  élevés,  d'autant  pins  que  l'on  manque  de  bons 
mineurs  et  que  l'on  est  obligé  d'avoir  recours  k  des 
mineurs  australiens  que  l'on  paie  fort  cher  ;  s'ils  devaient 
se  rapporter  à  un  minorai  ne  rendant  en  fer  chromé 
marchand  que  moitié  de  leur  poids,  comme  cela  a  été  le 
cas  pour  certaines  tentatives,  et  cela  après  une  dépense 
plus  ou  moins  importante  de  bi'oyage  et  de  lavage,  le 
prix  de  re\icnt  augmenterait  immédiatement  dans  une 
large  proportion.  Si,  au  contraire,  on  peut  extraire  immé- 
iliatement,  d'un  amas  ou  d'un  filon  d'une  puissance  suffi- 
sante pour  éviter  des  travaux  au  stérile  sérieux,  du 
minerai  marchand  qn'il  n'y  ait  qu'à  expédier,  il  semble 
qu'une  exploitation  doive  pouvoir  prospérer,  et  il  est 
vraisemblable  que  pareille  tentative  sera  faite  à  plus  ou 
moins  bref  délai  sur  les  beaux  affleurements  que  nous 
avons  signalés. 

Dans  les  gisements  dits  «  d'alluvions  »,  oii  l'exploita- 
tion ne  comporte  que  des  travaux  de  teri'assement  dans 
(les  terres  de  consistance  argileuse,  les  frais  d'abatage 
sont  généralement  faibles,  bien  que  la  dépense  d'abatage 


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MINERAIS    ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION    DES    SERPENTINES    313 

du  minerai  proprement  dit  soit  chargée  des  frais  corres- 
pondant à  l'enlè-ienient  des  terres  de  recouvrement  et 
des  parties  stériles  entre  lesquelles  se  trouvent  les  traî- 
nées riches.  En  pratique  on  n'hésite  pas  à  abattre  3  ou 
4  mètres  cubes  de  ces  terres  pour  extraire  1  mètre  cube 
de  minerai,  on  va  même  parfois  jusqu'à  5  ou  6  mètres 
cubes  de  stérile  pour  1  de  minerai  ;  les  frais  d'aba- 
tage  du  mètre  cube  variant  entre  1  et  2  francs,  on 
voit  que  l'abatagc  du  minerai  peut  couler  en  moyenne 
de  5  à  8  francs  par  mètre  cube.  Exceptionnellement 
un  tel  mètre  cube  de  minerai  brut  se  trouve  être 
marchand  tel  quel,  il  constitue  alors  un  poids  de  3  à 
4  tonnes  de  fer  chromé  ;  le  plus  souvent  il  doit  être 
lavé  et  peut  rendre  de  1  à  2  tonnes  de  minerai  mar- 
chand. Les  frais  d'ensachage  et  de  descente  jusqu'au 
pied  de  la  mine  sont  très  variables,  ils  représentent, 
comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus,  assez  peu  de  chose  comme  frais  de 
main-d'œuvre;  mais  ce  qui  intervient  surtout,  c'est  l'amor- 
tissement des  installations,  et  celui-ci  doit  souvent  être 
réparti  sur  un  petit  nombre  de  milliers  de  tonnes,  quand 
le  gisement  est  peu  étendu,  comme  c'est  le  cas  pour  plus 
d'un  de  ces  gisements  de  fer  chromé;  en  comptant  une 
charge  moyenne  de  10  francs  par  tonne  de  minerai  mar- 
chand tant  pour  les  frais  courants  que  pour  l'amortisse- 
ment et  l'entretien  des  installations,  ouest,  à  notre  avis, 
à  peu  près  dans  la  moyenne.  Le  lavage  dn  minorai, 
lorsqu'il  a  lieu,  comporte  des  frais  de  main-d'œuvre 
notables,  fréquemment  des  dépenses  de  combustible 
(généralement  du  bois  que  l'on  peut  se  procurer  sur  place 
à  bas  prix),  et  une  charge  d'amortissement  souvent  impor- 
tante, surtout  lorsque  l'on  est  amené  à  dépenser  plusieurs 
dizaines  de  milliers  de  francs  (nous  avons  déjà  mentionne 
combien  est  élevé  le  prix  de  la  moindre  installation  méca- 
nique) pour  l'installation  d'une  modeste  laverie.  Il  est  donc 


bïCiOoglc  -^ 


assez  rare  qu«  1«  Irtvq^  r^vioane  ^  moios  de  10  firaups 
par  toQoe  eaviroi).  Quwt  au  trafisport  à  La  iper.  s'il  a 
lieu  par  les  i-outes  de  ten-^,  lyii  sont  le  plus  souTeat  d^fis 
un  état  d'entreti9n  déplo^abt^,  U.  ne  cobte  pas  moiqs  de 
0",75  à.  1  franc  par  Utane  kilométrique  ;  si,  a^  contrée,  il 
a  lieu  par  tcaqiway,  1^ s  frais  cou^aDts  ea  soiit  très  réduita, 
aux  dépens  d'une  charge  d'araortissemact  qui,  évaluée 
par  tonne,  varie  eo  raison  inverse  d&  1a  quapUié  deoiip^ 
rai  à  extraire  ;  en  reprenant  1«8  chiffres  que  nous  a¥oa£ 
-déjà  donnés,  dfi  1!)  à  20.0CX)  firaocs  par  kijuniètce,  cenuae 
représentant  les  friÙË  d'instaliatioa  d'un  tramway,  4D  vût 
-qu'il  a'y  a  ifitérêt  à  La  création  d'un  tramway  qu#  lors- 
qu'on doit  extraire  plusieurs  disaipes  de  uiiiJieEs  de 
tonnes.  Enfin  Les  Frais  de  cbalandage  jusqu'au  bateau  qui 
doit  emporter  le  minerai  représentent,  nous  l'avons  dit 
déjà,  lie  3  à  5  frajics  par  tonne. 

Dana  ces  couditiouB  Le  prix  de  revient  par  tonne  de 
minerai  marchand  peut  vaher,  pour  une  exploiiat^u  taor 
■deste  pLacée  dans  dea  conditicais  moyennes,  ^tre  les 
limites  suivantes  : 

Abatage  (par  tonne  de  miserai  tvarchand).  5  à  10  francs 

Frais  d'ensachage  et  de  descente 10     — 

Frais  de  lavage,  s'il  y  a  lieu tO  &  15      — 

Frais  de  transport  et  de  chalaodage 10      — 

Le  prix  d'actiat  en  Nouvelle-Calédonie  dçs  minerais  de 
■chronije  variant  actuellement  entre  50  et  60  fraucs  la 
toune,  suivant  La  teneur,  on  voit  que,  pour  une  exploita- 
tion astreinte  au  lavage  du  minerai,  il  reste  peu  de  marge 
pour  réaliser  iia  béné&ce,  à  moins  que  des  conditions  de 
gisement  favorables  ne  permettent  d'abaisser  Les  frais 
spéciaux,  ou  de  diminuer  les  charges  d'amortissement  par 
ime  répariitior.  des  dépenses  sur  un  grand  nombre  de 
jnilliers  de  tonnes. 

C*  dernier  point  est,  à  notre  avis,  un  <Ie  ceux  qui  ne 


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MINBBAiS  Associés  A  LA  fORHATIOM   0K&  SSBPBNTnfCS   315 

-devraient  pas  être  perdus  de  vue,  mais  qui  l'est  trop  sour 
v.eot:  U  y  aurait  £Féqueœmeot  intérêt  pour  le  propriétaic» 
■d'un«  mine  à  elierctuir  h  ea  tirer  tout  ce  qu'elle  peut 
iloDaer,  wi  l'asiéBageaiit  avec  soin  de  manière  à  exploiter 
B)Hi  pas  aeuletoeat  ua>e  petite  région  particuliëreaujot 
riche,  nuis  enoore  les  autres  parties  qui,  bien  que  laàaa 
£a,vori9é«B  par  lea  conditions  naturellea,  pouiraient  6tra 
pnie»  avec  profit  par  ce  seul  fait  qu'une  partie  des  ins- 
tallations serait  déjà  payée  par  l'exploitatiOD  de  k  por- 
tim  la  pbu  riche,  et  4)ue  d'autres  inatallatioaa,  teUea  que 
■celles  de  moyens  de  transport  écononùquea,  seraient  jua- 
ti6éee  par  la  perspective  de  leur  utilisation  pour  un  ton- 
oage  suffisant.  Il  faudrait,  nous  somoies  encore  une  fois 
«oocUiit  à  Le  répéter,  que  les  exploitations  minières 
fueseet  précédées  d'une  étude  un  peu  sérieuse  du  gise~ 
neftt,  puis  eatrefuiaes  et  poursuivies  avec  plue  de  pré- 
voyance qu'elles  ne  le  sont  généralenkent,  et  cela  par  un 
«aDCessiojRaaire  soucieux  d'exploiter  eu  bon  père  de  fa- 
DÛIle  la  richesse  qui  lui  a  été  concédée,  plutôt  que  par 
un  amodiataire  jt  court  bail  qui  cherche  seulement  ii 
réaliser  dans  le  plus  court  délai  poss^le  un  certain  bé- 
néfice. 

Quant  aux  débouchés  du  fer  chromé,  ils  paraisseut  assez 
bien  aaauréH  et,  autant  que  l'on  peut  prévcûr  quelque 
-choae  au  sujet  d'un  minerai  dont  les  gisements  actuello- 
flwat  exjftloités  sont  peu  iK>mbreux,  sa  valeur  parait  ap- 
pelée à  te  mainteuir  aux  environs  du  chiffre  qu'elle  atteint 
-actueUeneut. 

Lorsque,  il  y  a  quarante  ans  bientôt,  M.  Gamier  songeait 
le  premier  h  rutilisatiou  du  fer  chixuaé  de  Nouvelle-Calé- 
-ilonie,  il  eu  Qiait  la  valeur  à  200  francs  la  tonne  rendue 
«aFrance,  et  indiquait  qu'il  pourrait  en  être  vendu  plusieurs 
nilli^n  de  tonnes  par  an;  à  cette  époque  les  usages  du 
ferchromé  étaient  Ji  peu  près  restreints  à  la  fabrication  des 


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316   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOC^'BLLE-CALÉDONIB 

produits  chimiques.  En  1875,  M.  Heurteau  évaluait  k 
4.000  tonnes  la  consummation  du  fer  chromé  en  France  età 
150  ou  i  60  francs  la  tonne  la  valeur  qu'aurait  sur  le  marché 
européen  le  minerai  de  Nouvelle-Calédonie.  En  1880, 
lorsque  ont  eu  lieu  les  premières  exploitations  sérieuses,  les 
conditions  du  marché  étaient  à  peu  prés  les  mêmes,  et  la 
statistique  officielle  fixe  k  100  francs  la  valeur  sur  place 
(le  ce  minerai,  qui  était  grevé  <le  50  à  60  francs  de  fret 
jusqu'en  Europe. 

Depuis  lors,  la  demande  de  fer  chromé  s'est  notablement 
accrue,  non  seulement  en  raison  d'une  augmentation  delà 
consommation  des  chromâtes  comme  oxydants,  de  l'alun 
de  chrome  et  des  produits  colorants  à  base  de  chrome, 
mais  surtout  en  raison  de  son  double  emploi  dans  la  métal- 
lurgie à  la  fois  p(tur  produire  le  ferro-chronie  nécessaire  à 
la  fabrication  des  aciers  durs  au  chrome  (pour  blindages, 
obus  de  rupture,  aciers  outils,  etc.),  et  pour  la  fabrication 
de  certaines  soles  de  fours  basiques.  On  consomme  actuel- 
lement, croyons-nous,  dans  le  monde  entier,  environ 
20.00iJ  à  25.000  tonnes  de  fer  chromé  riche  pour  la 
fubricalion  des  produits  chimiques,  plusieurs  milliers  de 
lonncsde  ferro-chrome,  tenant  aux  environs  de  70  p.  100 
de  chrome  métal,  pour  la  fabrication  des  aciers  durs,  et 
un  assez  grand  nombre  de  milliers  de  tonnes  de  fer 
chramé  relativement  impur  pom-  la  fabrication  des.  soles. 

A  cet  accroissement  de  consommation  a  correspondu 
l'ouverture  de  diff'érentos  exploitations,  et  un  abaissement 
des  prix.  La  valeur  du  fer  chromé  calédonien  sur  place, 
évaluée  par  la  statistique  de  l'exportation,  s'est  rapidement 
abaissée  de  100  francs  la  tonne  (en  1880)  à  60  francs  (en 
1894),  et  s'est  depuis  lors  maintenue  assez  régulièrement 
entre  50  et  60  francs.  I,c  fer  chromé  vaut  actuellement 
en  Europe  aux  environs  de  120  francs  la  tonne  pour  une 
teneur  de  50  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome.  Ao 
moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  marchés  J 


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MtNESAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION    D£S    SERPENTINES   317 

étaient  conclus  sur  les  bases  suivantes  pour  le  minerai 
rendu  sous  palans  et  ensaché  :  la  teneur  minima  à  laquelle 
te  minerai  était  accepté  était  celle  de  50  p.  100  de  ses- 
quioKvdc  de  chrome,  la  tonne  était  payée,  suivant  les 
conditions  de  détail  des  marchés,  de  48  à  50  francs; 
d'autre  part,  une  plus-value  de  2^,û0  par  tonne  était  ac- 
cordée pour  cliaque  unité  pour  cent  de  sesquioxyde  de 
chrome  en  plus  de  50. 

Ce  chiffre  de  50  p.  100,  regardé  comme  nécessaire 
pour  la  fabrication  de  certains  produits  chimiques,  n'est 
pas  une  limite  inférieure  indispensable  pour  que  le  fer 
chromé  soit  utilisable  pour  la  fabrication  des  ferro-chromes 
par  exemple,  mais  c'est  celle  qui  est  pratiquement  fixée 
actuellement  par  tous  les  marchés  en  Nouvelle-Calédonie, 
et  l'on  ne  peut  guère  espérer  la  voir  s'abaisser  notable- 
ment, étant  donné  que  le  minerai  est  ensuite  grevé  d"un 
fret  presque  égal  à  sa  valeur  sur  place.  D'ailleurs,  pour 
UQ  minerai  relativement  facile  à  trier  et  à  laver,  comme 
le  fer  chromé  ijalédonien,  ce  n'est,  pour  l'amener  à  cette 
teneur,  qu'une  question  de  soin  dans  l'exploitation  et  de 
création  d'installations  de  lavage,  peu  compliquées  d'ail- 
leurs, puisque,  comme  nous  l'avons  indiqué  ci-dessus,  le 
minerai  lourd  contenu  dans  les  gîtes,  soit  en  roche,  soit 
d'alluvions,  parait  être  du  fer  chromé  très  riche  en  chrome. 
Quant  aux  impuretés  qui  le  souillent,  nous  avons  déjà 
dit  que,  dans  les  gites  dits  d'alluvions,  ce  sont  surtout  des 
pellicules  d'oxyde  de  fer  et  des  traces  d'argile  rouge, 
qui,  rappelons-le,  est  composée  surtout  d'oxyde  de  fer, 
de  magnésie  et  d'un  peu  d'argile,  et  que,  pour  les  gise- 
ments en  roche,  ce  sont  des  silicates  alumino-magnésiens. 
Diverses  analyses  qui  ont  été  publiées  montrent  que, 
pour  les  minerais  enrichis,  ces  impuretés  se  réduisent 
surtout  à  de  la  silice  et  à  de  l'oxyde  de  fer.  M.  Gamier 
donne  dans  son  mémoire  de  1867  (*),  pour  un  minerai  de 

{•)  £«c.ct(.,  p.  83. 


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318   BICHB88ES   U1.1BRALES   DE   LA   NOOVBLLB-CAlilDOmB 

choix,  l'analyse  que  noua  reproduisoM  ci-desBoaH  Bftc 
le  n"  1  ;  noua  eo  rapprochons  lea  analyses  que  doue 
aTona  faites  et  que  uoim  avons  citée»  ci-demus  ;  elles  se- 
rapportent  :  le  n*  2,  à  tin  bel  éfîbaDtillon  de  fer  chromé 
en  roche,  sensiblement  pur,  ramassa  «ur  raffleureunat 
de  la  mine  Anna-Madeleine  (baie  du  Sud)  ;  le  n*  8,  à  on 
échantillon  de  fer  chromé  d'alluTÏon»,  lavé,  produit  par 
la  mine  Georges-Pile  (baie  Ngo),  et  le  n' 4,  à  un  échan- 
tillon de  minerai  impur  {petits  grains  de  -ttt  chromé 
noyés  dans  une  gangue  silicatée)  proTenant  d«  la  ma^ 
Oiromière,  près  de  Saint-Vincent, 

13  3  4 

Sesquioxjde  de  chrome....     01,333      «8,00  S8,10  52,00 

Proloxyde  de  for 30,6          17,79  87,«0  M,(0 

Alumine 0,114        3,00  3,60  4,50 

Magnésie 0,018      11,10  3,20  8,00 

Silice 4,025         »  5,10  4,80 

On  comprend  par  là  qne  les  mineran  actuellement  pro- 
duits et  connus  en  Nouvelle-Calédonie,  avec  leur  teneor 
éicTée  en  chrome  et  leur  faible  proportion  d'impuretés  en 
dehors  du  fer,  soient  très  appréciés  à  la  fiHs  pour  ta  b- 
bricfltien  des  produits  chimiques  et  pour  ceUe  des  fem- 
chromes  ;  leur  état  pulrérulent  les  rend  moins  propres  s 
la  fabrication  des  soles  de  fours  hitsiqiies,  où  l'on  n'em- 
ploie qu'exceptionnellement  des  pisés  et  des  briqWK 
artificielles,  préférant  généralement  ies  bloos  nat«p^. 

11  nous  reste  à  donner  quelques  indications  sur  les  ceo- 
ciirrenta  ile  la  Nouvelle-CalédtHiie  poor  l'approTisionae- 
ment  du  monde  en  fer  ohi^omé. 

D'après  les  tableaux  statistiques  publiés  dans  The 
Minerai  Industry,  les  quantités  de  fer  chromé  exploitées 
dans  les  dernières  années  jusqu'en  1900  par  les  difféfi^ts 
pays  auraient  été  le»  suivantes  : 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION   DSB   SEItPimTiH]88  319 


... 

».». 

..... 

ClLiHMJl 

l-lDTï 

du  Sud 

,..,... 

.„,. 

is- 

^ 

TOTtOI 

Wk=. 

707 

2.882 

f'M 

8.014 

4i 

4-Î97 

190 

"101 

«M 

443 

Î.IÎ4 

1  m 

18.018 

».8lt 

Htinl 

KAH 

i!î 

IS 

M» 

300 

1.796 

4.'W 

12.480 

b.3Sl 

kl 

t-S38 

IWU 

Ï.118 

a.600 

10.174 

m 

I8.m 

fl.HH 

Kiul 

49.777 

Cette  statistique  n'est  peut-être  pas  abeolument  com- 
plète, spécialement  en  ce  qoi  concerne  la  Turquie  d'Asie,. 
où  une  partie  importante  du  minerai  exploité  échapperait 
aux  droit»  et  en  même  tempB  à  la  statistique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Nouvelle-Calédonie  a  été  pendant 
toutes  ces  dernières  années  l'un  des  deux  on  trois  plus 
importants,  lorsqu'elle  n'était  pas  le  plus  important,  dett 
pays  producteurs  de  fer  chromé,  et  sa  productidn  a  aug- 
menté encore  de  plus  de  moitié  de  1900  à  1901 
(17.649  tonnes  en  1901)  pour  retomber,  il  est  vrai,  à 
10.28t  tonnes  en  1902;  elle  fournit  à  elle  seule  environ 
le  quart  de  la  consoinmation  totale  du  monde. 

II  semble,  d'après  les  renseignements  très  incomplets 
que  nous  possédons,  que  ce  ne  soit  qu'en  Asie  Mineure  et 
dans  l'Oural  que  l'on  trouve  des  gisements  de  fer  chromé 
qui  soient  dans  des  conditions  naturelles  comparables  à 
celles  des  gisements  de  la  Nouvelle-Calédonie;  si  ces  der- 
niers ont  le  désavantage  de  leur  éloignement  et  des  con- 
ditions industrielles  peu  favorables  du  pays,  ceux  de 
l'Oural  sont  astreints  à  de  longs  transports  par  voie  de 
terre,  et  ceux  de  l'Asie  Mineure,  situés  dans  un  pays  où 
les  entreprises  industrielles  sont  singulièrement  malaisées 
à  conduire  d'une  façon  régulière,  ont  eux  aussi  leurs  dif- 
ficultés spéciales  ;  d'autre  part,  si  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  on  ne  peut  guère  espérer  voir  le  fret  s'abais- 
ser encore  beaucoup,  il  y  aurait  beaucoup  k  faire  pour 
remédier  aux  difficultés  résultant  de  la  situation  indus- 


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320   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

trîelle    générale  de    la  colonie,  comme  nous  le   ferons 
ressortir  dans  ce  qui  suit. 

"  Nous  croyons  avoir  sufflsammeut  montré  combien 
nombreux  soat  les  gisements  de  fer  chromé  en  Nouvelle- 
Calédonie,  combien  beaucoup  d'entre  eux  sont  favorisés 
parles  conditions  mêmes  de  gisement,  et  combien  il  serait 
possible  d'en  tirer  un  meilleur  parti  le  jour  où  on  les 
exploiterait  avec  des  vues  plus  larges. 

Nous  ne  doutons  donc  pas  que  l'industrie  du  fer  clironié, 
qui  a  pris  un  beau  développement  au  cours  de  ces  der- 
nières années  et  qui  a  représenté  un  chiffre  d'affaires  do 
plus  de  un  demi-million,  atteignant  même  près  de  un  mil- 
lion en  1901,  ue  soit  appelée  à  un  essor  plus  large,  et  ne 
puisse,  pendant  de  longues  années  encore,  apporter  un 
important  appoint  à  la  prospérité  de  l'industrie  minière 
de  la  colonie. 


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LES  1UHERAI8  DE  FER. 


A.  —  Indications  générales. 

Nous  ne  pouvons  pas  terminer  ce  qui  a  trait  aux  raine- 
rais associés  à  la  grande  formation  aerpentineuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  sans  faire  mention  des  quantités 
énormes  de  minerais  de  fer  qui  sont  associées  à  cette  for- 
mation ;  leur  abondance  ne  saurait  passer  inaperçue  aux 
veux  de  ceux  qui  circulent  dans  la  colonie,  et  aussi  bien 
M.  Gamier  que  M.  Hourteau  y  ont  consacré  une  partie  de 
leurs  études  sur  les  rirbesses  minérales  de  la  colonie. 

M.  Ganiier,  dans  son  mémoire  de  1867  (*),  s'exprimait 
ainsi  ;  «  Lorsque  l'on  voit  ces  montagnes  entières  de  fer 
hydroxydé  s'élever  au  bord  de  la  mer,  dans  le  fond  de 
ports  aùrs,  on  se  demande  pourquoi  les  navires  du  com- 
merce qui  quittent  toujours  la  Nouvelle-Calédonie  sur 
lest  ne  viennent  pas  chargés  de  ce  Uiinerai,  qui  peut  avoir 
une  valeur  assez  élevée  «  ;  il  ajoutait  queTessai  par  voie 
sèche  de  ce  minerai  avait  donné  un  culot  d'une  fonte 
blanche  assez  tenace  indiquant  une  teneur  de  51 ,30  p.  100 
de  fer;  il  mentionnait  enfin  que  le  minerai  tient  toujours, 
disséminée  dans  sa  masse,  une. certaine  quantité  de  chro- 
raate  de  fer. 

M.    Heurteau  ('*)  signalait    la  présence   en   Nouvelio- 

(•)  I.OC.  cit..  p.  13. 

{••)  Loc.  cit..  p.  382  et  aiiiv. 


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i 


322   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODTELLB-CALEDONIE 

Calédonie  du  fer  oxydé  et  hydroiydé  sous  diverses 
formes,  d'abord  au  milieu  des  terrains  anciens  du  Nord 
de  l'ile,  et  surtout  dans  les  serpentines  ;  il  notait  la  forte 
teneur  en  fer  des  argiles  magnésiennes  produites  par  la 
déc-omposition  des  serpentines,  mais  s'arrêtait  uniquement 
aux  amas  do  blocs  scoriacés  de  fer  hydroxydé  chromifert 
que  l'on  rencontre  sur  le  flanc  des  montagnes.  Faisant 
obser\'er  qu'on  ne  peut  songer  à  installer  des  hauia 
fourneaux  et  à  fondre  le  minerai  sur  place,  et  constatant 
que  l'Australie  ne  peut  lui  offrir  un  débouché,  et  que,  d'autre 
part,  "  lin  minerai  de  fer,  quelles  que  soient  sa  richesse 
ft  sa  pureté,  ne  peut  supporter  les  frais  de  transport  jus- 
qu'en France  que  s'il  possède  quelque  propriété  spéciale 
qui  le  fasse  rechercher  par  les  usines  pour  être  employé 
par  elles  en  quelque  sorte  comme  réactif  et  mélangé  à 
d'autres  minerais  »,  il  insistait  sur  ce  fait  quelesminerms  de 
la  Nouvelle-Calédonie  qu'il  avait  fait  analyser  en  France 
tenaient  dos  proportions  très  notables  de  chrome,  et  il 
concluait  qu'il  serait  intéressant  de  faciliter  des  essais 
d'emploi  en  France  du  minerai  chromifêre  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  . 

Nous  n'avoua  pas  connaissance  que  de  tels  essais  aient 
Jamais  été  faits,  et,  si  l'on  a  souvent  parlé,  depuis  lors,  des 
richesses  considérables  que  représentent  ces  amasdemine- 
nii  de  fer,  on  n'a  jamais  rien  fait  pour  tenter  leur  mise  eu 
valeur  ;  il  a  seulement,  à  une  certaine  époque,  été  pns 
des  peruds  de  recherches  pour  minerai  dé  fer  sur  des 
élendues  considérables  au  voisinage  de  la  baie  du  Sud, 
dans  un  but  qui  était  vraisemblablement  tout  autre  que 
celui  d'y  faire  des  recherches  ou  d'étudier  sérieusement 
l'utilisation  dos  minerais  qui  s'y  rencontrent. 

Bien  que  nous  ne  voyions  pas  pour  le  moment,  et  même 
pour  un  avenir  assez  lointain,  la  possibilité  de  tirer  un 
parti  quelconque  do  ces  minerais,  nous  en  décrirons 
brièvement  les  gisements. 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION    DES    SERPENTINES   323 

-  Le  fer  ne  constitue,  en  somme,  qu'un  élément  presque 
secondaire  des  péridotites  et  des  roches  serpentineuses 
auxquelles  elles  donnent  naissance,  puisque  l'analyse  n'y 
décèle  que  de  5  à  12  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer, 
soit  seulement  de  3,5  à  8  p.  100  de  fer  métallique,  îdors 
que  la  magnésie  constitue  de  3  à  4  dixièmes  du  poids 
total  de  ces  roches,  et  la  silice  de  4  à  5  dixièmes;  mais  le 
fer  se  concentre  très  fréquemment  sous  des  formes  que 
nous  pouvons  ramener  à  trois  types  distincts  :  les  blocs 
scoriacés  d'hématite  rouge,  les  grains  d'hématite  plus  ou 
moins  hydratée,  et  les  amas  de  sesquioxyde  de  fer 
hydraté  pulvérulent  associé  à  de  la  sihce,  de  l'argile  et 
de  la  magnésie,  que  nous  désignons  sous  le  nom  d'argiles 
rouges. 

B.  —  Description  des  principaux   types  de  minerais. 

Les  blocs  scoriacés  d'hématite  rouge  se  rencontrent, 
avec  des  dimensions  très  variables,  sur  le  flanc  et  sur  les 
crêtes  des  massifs  de  péridotite,  et  parfois  jusqu'à  leur 
pied.  Us  sont  extérieurement  d'une  coloration  foncée  et 
mate  due  aux  actions  atmosphériques  ;  brisés,  ils  donnent 
une  cassure  irrégulière  à  aspect  bleu  métallique,  quelque- 
fois à  reflets  rouges,  et  leur  poussière  est  rouge  ;  ils  sont 
peu  ou  pas  magnétiques,  et  l'analyse  montre  qu'ils  sont 
essentiellement  constitués  d'hématite  rouge  ou  sesquioxyde 
de  fer  anhydre.  Leur  forme  est  irrégulière,  et  Ils  se 
montrent  caverneux  ou  vacuolaires  dans  toute  leur  masse, 
mais  la  matière  dans  laquelle  s'ouvrent  les  vacuoles  est 
de  l'hématite  dure  et  compacte;  leurs  dimensions  varient 
de  celle  du  poing,  et  même  moins,  à  une  fraction  impor- 
tante de  mètre  cube;  les  plus  gros  blocs  se  rencontrent 
généralement  au  sommet  des  montagnes  ou  an  voisinage 
des  sommets;  ils  sont  tout  partîcuhèrement  abondants 
sur   les  plateaux  et  sur  les  pentes  douces   recouvertes 


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324   RiCHBSSBS  MtMÈRAl.E8   DE   LA   NOUVELLES-CALÉDONiE 

d'épaia  manteaux  d'argile.  Leur  présence  est  en  particu- 
lier si  constante  buf  les  crêtes  que,  depuis  des  temps 
reculés,  les  Canaques  ont  coutume  de  s'en  servir  pour 
élever  sur  les  crêtes,  aux  croisements  des  sentiers,  des 
pyramides  ou  des  amas  de  ces  blocs  servant  à  la  fois  de 
repères  et  de  fétiches.  Nous  avons  noté  la  présence 
d'amas  particulièrement  puissants  de  ce  genre  de  mioe- 
rais  sur  les  pentes  douces  que  suit  la  route  de  Nouméa  k 
Prony  pour  descendre  vers  Prony,  dans  le  massif  du  mont 
Kougouliaou,  à  la  baie  de  Bà,  au  dôme  de  Tiebaghi,  et 
même  sur  presque  toutes  les  montagnes  de  la  formation 
serpentin  ou  se.  Nous  ignorons  d'ailleurs  complèteaieut 
quel  peut  être  le  développement  de  ces  gisements  en 
profondeur,  puisque  nous  ne  pouvons  même  pas  dire  si 
les  blocs  que  l'on  rencontre  sont  uniquement  des  blocs 
volants,  ou  ai  certains  d'entre  eux  ne  seraient  pas  les 
tètes  de  filons  uu  d'amas. 

Le  mode  de  formatioi)  qu'il  convient  d'attribuer  à  c«s 
blocs  d'hématite  est,  en  effet,  loin  d'être  certain  : 
M,  Heurleau,  rapprochiint  la  grande  abondance  de  ces 
blocs  tout  autour  de  la  baie  du  Sud  de  l'existence  encore 
actuelle  do  sources  thermales  dans  la  région,  déclare  que 
les  minerais  de  fer  paraissent  y  avoir  été  déposés  par  des 
sources  minérales  (");  d'autre  part,  il  indique  que  les 
blocs  de  fer  de  l'ile  Ouen  pourraient  bien  provenir  de  la 
destruction  du  chapeau  ferrugineux  d'un  filon  d'euphotide. 
Nos  observations  personnelles,  qui,  en  dehors  de  l'examen 
même  des  gîtes  de  nickel,  cobalt  et  chrome,  et  surtout 
des  gites  exploités  on  vraisemblablement  exploitables,  ont 
nécessairement  d(i  être  très  restreintes,  faute  de  temps, 
ne  nous  permettent  pas  de  présenter  d'argument  décisif  â 
l'appui  de  l'une  on  de  l'autre  de  ces  théories  ou  de  tonte 
autre.    Nous  aurions  cependant,  pour  notre   part,   beau- 

n  loc,  cit..  p.  383, 


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MISERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SBRPENTINHS  3^ 

coup  de  peine  à  admettre  que  cea  énormes  quantités 
(ie  blocs  d'hématite  puissent  (irovenir  de  la  simple  alté- 
ration superficielle  d'une  partie  des  roches  de  la  for- 
mation serpentineuse  :  c'est  là  une  idée  qui  se  présente 
immédiatement  k  l'esprit,  nous  en  convenons,  mais,  en 
examinant  les  rhoses  de  plus  près,  on  reconnait  qu'il 
est  tieaucoup  plus  vraisemblable  que  ce  soient  les  argiles 
rouges  qui  représentent  celui  des  éléments  de  la  décom- 
position actuelle  des  péridotiles  oii  s'est  concentré  le  J'er 
qui  y  était  conlcnii  :  et  il  nous  parait  bien  difficile  d'ad- 
mettre que  des  roches  dont  la  teneur  moyenne  est  de 
8  à  9  p.  100  de  seRquioxyde  de  fer,  avec  une  densité 
voisine  de  3,  aient  pu,  en  perdant  leurs  éléments  essen- 
tiels, silice  et  magnésie,  et  sanslinterveniion  d'importants 
phénomènes  métamorphiques,  donner  naissance  à  des  blocs 
souvent  énormes  ayant  une  densité  apparente  (cavités 
comptées  dans  le  volume]  de  4  à  5  et  constitués.  Jusqu'à 
concurrence d;i  80  àiK)p.  100enpoid»,pardusefiquioxyde 
de  fer.  Une  telle  transforroation  ne  serait  possible  qu'en 
supposant  un  déplacement  complet  du  fer  avec  dissolution 
de  cet  élément,  ce  qui  revient  à  l'hypothèse  de  la  formation 
par  des  sources  minérales  sur  laquelle  nous  reviendrons. 
M.  Heurteau  invoque,  il  est  vrai,  non  pas  la  décomposi- 
tion des  péridotites,  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  serpen- 
tines, mais  celle  de  filons  d'euphotide  ;  mais,  d'une  part, 
nous  n'avons  précisément  pas  rencontré  'Je  filons  d'eupho- 
tide dans  les  points  où  les  blocs  d'hématite  sont  le  plus 
abondants,  et,  d'autre  part,  si  l'euphotide  peut  contenir 
des  pyroxènes  tenant  plus  de  8  à  9  p.  100  de  sosquioxyde 
de  fer,  la  magnésie  est  vraisemblablement  toujours  domi- 
nante dans  ces  pyroxènes  comme  elle  l'est  dans  tous  les 
silicates  ferro-magnésiens  que  nous  avons  rencontrés  en 
Nouvelle-Calédonie,  et,  en  outre,  la  silice  est  d'autanl 
plus  abondante  qu'elle  apparaît  aussi  dans  les  feldspaths  ; 
il  en  résulte  que  les  raisoiLs  que  nous  donnons  ci-dessus 


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326  RICHBSSKS  MINÉRALES  DB  LA  NODVELLE-CAl.EDOKIE 
pour  ne  pas  admettre  que  les  hématites  en  question  pro- 
viennent de  l'altération  de  péridotites  nous  paraissent  toal 
aussi  sérieuses  pour  n'en  point  faire  chercher  l'origine  dans 
la  simple  décomposition  superficielle  de  roches  moins 
basiques,  mais  peut-être  un  peu  plus  ferrugineuses,  qui 
s'y  rencontreraient  en  filons.  Nous  ne  croyons  pas  d'ail- 
leurs que  de  semblables  formations  d'hémaiiic  aient  jamais 
été  reconnues  pour  avoir  une  pareille  origine  ;  les  blocs 
en  question  diffèrent  en  effet  essentiellement  de  tout  ce  . 
que  l'on  rencontre  d'habitude  dans  les  chapeaux  de  fer 
des  filons,  même  lorsque  ceux-ci  sont  constitués  par  des 
roches  ou  des  minerais  riches  en  fer. 

L'hypothèse  suivant  laquelle  ces  minerais  de  fer  auraient 
été  déposés  par  des  sources  minérales,  chaudes  on  non, 
serait  assez  séduisante,  d'auUnt  plus  qu'on  trouve  parfois 
ces  blocs  ferrugineux  groupés  autour  de  crevasses  ou  de 
cheminées  plus  ou  moins  circulaires  s'ouvrant  dans  les 
argiles,  et  dans  lesquelles  on  pourrait  songer  à  voir  la 
trace  des  émissaires  de  sortes  de  geysers  dont  les  eaux 
auraient  conteim  le  fer  en  dissolution.  Mais  l'aspect  même 
de  ces  minerais,  qui,  bien  que  présentant  dans  leur  masse 
de  nombreuses  va<'uoles,  sont  en  somme  formés  d'hématit* 
compacte  et  ne  sont  nullement  concrétionoés,  est  loin  de 
confirmer  pareille  h3-pothè8e,  et  nous  n'avons  relevé  nulle 
part,  comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  pour  ceux  de 
cobalt,  des  apparences  accusant  nettement  le  caractère 
de  dépôts  de  sources,  tels  que  ceux  que  nous  voyons 
actuellement  se  former  sous  nos  yeux. 

Nous  avons  dit  au  contraire  que,  du  moins  en  certains 
points  (dôme  de  Tiebaghî,  par  exemple),  les  relations  de 
gisement  entre  l'hématite  et  le  fer  chromé  nous  ont  fait 
supposer  que  les  blocs  de  l'un  et  de  l'autre  minerai  pro- 
venaient d'un  même  gisement,  amas  ou  filon,  constitué 
originairement  de  fer  chromé  et  de  magnétite,  avec  ou 
sans  interposition  de  gangue,  et  que  les  blocs  cavemeW 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION   DES   SERPENTINES   327 

d"h^matile  représenteraient  siiuplemeiit  les  chapeaux  plus 
ou  moins  rongés  et  oxydés  des  amas  de  magnélite  ;  nous 
avons  en  outre  indiqué  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
que  les  corrosions  extérieures  de  ces  blocs  nous  ont  paru 
parfois  indiquer  la  forme  d'anciens  cristaux  octaédriques 
de  magnétite,  qu'on  retrouve  des  fragments  attirables  à 
Taimant  au  sein  do  ces  blocs,  et  enfin  ciue  Tattaque  par 
l'acide  rblorhydrique  laisse  inattai^ués  des  grains  île 
fer  chromé  qu'il  serait  difficile  de  regarder  comme  ayant 
également  été  déposés  par  des  eaux  minérales.  Tout  cela 
nous  porte  k  attribuer  la  formation  du  gisement  primitif 
d'où  dérivent  ces  blocs  à  une  ségrégation  ignéo  beaucoup 
plutôt  qu'à  des  sources  njinérales. 

Les  quelques  analyses  qui  suivent  montrent  cnlre  quelles 
limites  varie  la  composition  de  ces  hématites  :  les  deux 
premières  d'entre  elles  ont  été  exécutées  à  l'École  des 
Mines  de  Paris,  par  M.  Moissenet,  sur  des  échantillons 
rapportés  par  M,  Heiu-teau('},  la  troisième  a  été  faite 
au  laboratoire  des  forges  de  Saint- Nazaire  sur  un  échan- 
tillon de  M.  Garnier  et  que  <elui-ci  considérait  conmie  du 
tout  venant  ('*),  la  quatiiéme  se  rapporte  à  un  échantillon 
typique  que  nous  avons  recueilli  k  la  baie  Bi  au  voisinage 
du  gisement  de  cobalt  décrit  ci-dessus  et  que  nous  avons 
analysé  au  laboratoire  de  l'École  ilos  Mines  île  Saint- 
Étienne. 


{■)  HEl-HTEAtl,  loc.cil.,  p.  386, 

(**)  ûahmrh.  Mémoire  sur  le)  gisements  de  cobalt,  île  chrome  et  de  fer 
i<  la  Souvetle-CalHome  {ffoci^/i  ilts  Ingénieurs  ciiils  de  France,  18M1. 
i"  semestre,  \i-  366). 


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ln6M 

i.to 

0,7 

— 

0,10 

0.4 

_ 

o,to 

bun 

■«■doit 

o,oe 

0,1*7 

0,40 

- 

— 

0,10 

tn»* 

0,092 

14,30 

10,20 

1,45 

328  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOCVBLLB-CALEDONIE 

f'"-,;-: I    MO      'm\'ÎZ\   '■« 

Acide  titanique \  (    o,8ti  i 

Peroxyde  de  fer 69,60      73  68  W.* 

Oxjde  rouge  de  manganfese.       2  0,60       2,08      "»«■ 

Oxyde  vert  de  chrome 5,33 

Alumine ir«'-» 

Chaux — 

Acide  phosphorique non  dot* 

Chlorure  de  sodium ir.  —oribi 

Acide  sulfurique 0,60 

Perte  par  catcioalion IS,60 

Nous  ajouterons,  en  ce  qui  concerne  le  dernier  échantil- 
lon, qu'il  semblait  parfaitement  pur  de  tout  mélange  d'ar- 
gile ou  d'autres  matières  étrangères,  qu'il  donnait  une 
cassure  franche  d'un  bleu  métalliquo,  et  qu'il  se  réduisait 
en  une  poussière  rouge.  Attaqué  par  l'acide  chlorhydrique 
concentré  et  chaud,  il  laissait  un  résidu  de  5,5  p.  lOO 
constitué  essentiellement  de  silice  et  de  fer  chromé;  son 
analyse  élémentaire  pourrait  être  représentée  ainsi  qu'il 
suit  : 

Hématite  rouge S8,l  p.  10» 

Fer  chromé 3,3    — 

Oxyde  de  maDganèse traces 

Oxyde  de  chrome  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique.  4, S  p.  lOO 

Silice,  acide  tilaoique,  argile,  chaux,  etc 2,!tS  — 

Humidité 1 ,43  — 

Les  chiffres  précédents  montrent  que  les  hématites  de 
Nouvelle-Calédonie  constitueraient  de  bons  et  riches 
minerais  de  fer,  puisque  leur  teneur  varie  de  50  à  60p.  lOO 
de  fer  métallique  ;  elles  présentent  on  outre  la  particula- 
rité d'être  chargées  de  chrome. 

A  côté  des  gros  blocs  d'hématite  on  rencontre,  sur  les 
pentes  des    massifs   sorpentioeux   qui   ne  sont   pas  tro[> 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  I^  FORMATION  DBS  SERPENTINES  339" 
abruptes  pour  empêcher  là  formation  de  tout  dépôt  le  long- 
de  ces  pentes,  des  lits  soiivent  très  épais  et  extrêmement 
étendus  de  grains  de  minerai  de  fer  de  la  grosseur  d'uo 
pois  a  pou  près;  on  a  souvent  désigné  cette  catégorie  de 
minerais  flous  le  nom  de  fer  pisolithique,  nom  que  nous 
ne  croyons  pas  devoir  adopter,  car  ces  grains  n'ont  des 
fers  pisolithiques  connus  dans  nos  régions  qne  la  dimen- 
sion, n'en  ayant  ni  la  forme,  ni  l'aspect  extérieur,  ni  la 
composition.  Rugueux  à  la  surface  et  recouverts  d'une 
couche  d'un  millimètre  environ  de  fer  hydroxydé  plus 
ou  moins  pulvérulent,  ils  se  montrent  intérieurement  cons- 
titués d'hémalite  rouge  et  paraissent  très  évidemment 
être  des  débris  de  blocs  d'hématite,  descendus  générale- 
ment plus  bas  sur  les  pentes  de  la  montagne  que  les  blocs 
intacts,  et  ayant,  du  fait  de  leur  division,  subi  plus  qu'eux 
l'efTet  de  l'air  humide  qui  a  transformé  extérieurement 
l'hématite  rouge  en  hématite  brune. 

L'analyse  d'un  échantillon  de  ces  grains  ferrugineux 
provenant  des  pentes  du  massif  de  péridotite  de  la  mine 
Hasard  à  Tomo  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

ANALYSE  IMMÉDIATE 


16,2 


Perle  au  feu 

I  Silice 

i  Alumine 

Insoluble  dans      1  Sesquioxyde  de  fer 0,57 

l'acide  cfalorhydriquej  Oxyde  rouge  de  manga- 

j     nèse 0,9 

1  Ma^ésie 0,25 

i  Silice 0,5S 

i   Peroxyde  de  fer 64,25 

l  Oxyde  rouge  Je  inaDga- 

1      nèae 0,2 

<  Sesquioxyde  de  chrome. 

1  Oxyde  de  nickel 

i  Alumine 3,65 

[  Chaux 0,8 

',  Magnésie... 0,15 


Soluble  dans 
l'acide  chlorhydrique 


0,4 


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330   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÈDÛSIE 

ASALÏSK    ÉLÉMBNTAIBE 


Silice. . 


16,73 

[[[[ «,31 

Manganèse "i^' 

Chrome *  '39 

Oxygène  combioé  aux  métaux 20,80 

Alumine *-« 

Chaux **'8 

Magnésie ">* 

Eau ^'^ 

Un  tel  minerai,  tenant  après  calcination  49,75  p.  ItX» 
de  fer  métalliqne,  serait  encore  un  minerai  d'une  bonne 
richesse  ;  aucune  impureté  ne  s>  montre  en  quantité  plus 
gênante  que  dans  réchantillon  a-  4  du  tableau  qui  précède  : 
le  chrome  y  est  en  quantité  notable,  c'est  un  point  sur 
lequel  nous  reviendrons. 

Enfin  des  amas  excessivement  importants  d'une  forma- 
tion rouge,  pulvérulente,  grasse,  imperméable,  etplusoii 
moins  plastique,  s'étalent  sur  toutes  les  pentes  doucos 
des  massifs  serpentineux  et  sur  tous  les  sommets  qui  ne 
sont  pas  trop  abrupts ,  et  se  développent  en  outre  dans  les 
différentes  «  vasques  >i  qui  se  creusent  entre  les  saillies 
des  rochers  de  péridotite  plus  ou  moins  altérée. 

Ces  amas,  assez  fortement  hydratés,  sont  essentiellemenl 
constitués  d'oxydes  de  différents  métaux  parmi  lesquels 
domine  le  fer,  accompagné  d'un  peu  de  manganèse,  de 
nickel  et  de  cobalt  ;  ces  oxydes  sont  associés  à  de  la  sîlice- 
à  de  l'argile  et  à  de  la  magnésie  ;  le  tout  englobe 
en  outre  différents  débris  minéraux  comprenant  principale- 
ment  du  fer  chromé  et  de  Vonstatite  plus  ou  moins  altérée. 
Cette  formation  est  d'ailleurs  loin  d'6lre  homogène,  elle 
est  parfois  nettement  bigarrée,  d'autres  fois  elle  présenic 
(les  couleurs  variant  du  rouge  orange  an  rouge  vîolarc: 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   331 

certains  lita  sont  particulièrement  riches  en  silice  au  point 
de  constituer  plutôt  des  sables,  d'autres  sont  particulière- 
ment ocreux,  d'autres  enfin  plus  nettement  argileus. 

La  formation  est  généralement  recouverte,  et  partielle- 
ment mélangée,  des  grains  d'oxyde  de  fer  que  nous  venons 
de  mentionner;  elle  contient  souvent  de  véritables  lits  de 
fer  chromé,  constituant  non  seulement  les  gisements 
exploitables  que  nous  avons  décrits,  mais  aussi  des  con- 
centrations beaucoup  moins  avancées;  elle  englobe  en 
outre  les  rognons  cobaltifères  et  manganésifères  qui 
constituent  les  minerais  de  cobalt. 

On  aura  une  idée  de  la  constitution  chimique  de  ces 
masses  d'après  les  résultats  des  analyses  suivantes  :  les 
deux  premières  sont  rapportées  par  M.  Garland(*),  la 
troisième  a  été  faite  par  M.  Moore  au  laboratoire  du  ser- 
vice local  à  Nouméa  sur  un  échantillon  d'un  banc  spéciale- 
ment ocreux  exploité  comme  ocre  auprès  de  la  baie  du 
Sud,  les  quatrième  et  cinquième  ont  été  exécutées  par 
nous-même  sur  des  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Hasard  h  Tomo,  choisi  particulièrement  argileux, 
l'autre  de  la  mine  des  Boniets  à  Thio,  pris  au  voisinage 
immédiat  d'un  gisement  de  nickel  exploité. 


Silice 18,42  12,45  S,88  37,1 

Sesquioxyde  de  fer 69,30  66,36  13,66  36.5 

Alumine 0,45  -  5,37  3,0 

Oxydes  de   nickel  et   de 

cobalt 1,64  3,14  0,98 

Chaux "  »            »  " 

Magnésie  et  oxyde  de  man- 
ganèse    0,39  5,35  0,74  2,6 

Sesquioxyde  de  chrome..  "  »  2,13  >< 

Eau 9,80  12,70  1 1 ,02  20,5 


(*)  Traruacliont  Inatiluie  Mining  and  MetaUtti-gy,  p.  ISl  à  148;  1X94. 


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333    UCHB8SES  HECÉKALES   DE    Lfc    lïOCTELLB-CAlÂDOXiE 

Le  dernier  échantillon  présentait  l'anal^'^se  immédiate 
suivante  : 

.  Sesqnioijilp  de  fer 61 ,6 

EUmenls  solnbln  <  Haçnéâie 4,3 

dans  l«s  Acides,  i  Silice 0,9 

■  Oi;desde  Dickelelde  cobalL...  1,7 

Erstalilc  altéré* 2,8 

Insoluble •  Fer  cbromé 3,1 

'  AreilehydraUe  et  silicates  diven.  11,0 

Eau  élimiaée  par  calcinatioD  légère 13,t 

La  teneur  en  fer  métallique  de  ces  différents  échantil- 
lons ressort  respect! renient  à  4A.ôl  p.  100  —  46,4i> 
p.  M)  —  51,J6  p.  iw,  —  25.55  p.  100  —  et  i4,tift 
p.  100 à  létot  cru.  et  k  53,78  p.  liO  —  53,20  p.  100  — 
57,94  p.  100  —  32.14  p.  H»  —  et  51,39  p.  100  après 
c»lcination  ;  ils  constitueraient  dunr  encore  le  plus  sou- 
vent de  véritables  minerais  de  fer. 

Ajoutons  qu'il  existe  encore  beaucoup  de  fer  daos  les 
formations  anciennes  du  Non!  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
conime  l'avait  indiqué  M.  Heurleau,  et  que  l'on  y  a  ren- 
contré certains  affleurements  qui  signalent  peut-être  des 
filons  ou  lies  amas  de  minerai  de  fer  d'une  certaine 
importance-  C'est  ainsi  qu'on  nous  a  montré  des  échan- 
tillons provenant  du  sommet  du  Tanou  (ligne  de  cr6te 
entre  le  Dialiot  et  la  rivière  de  Koumac)  constitués  de 
belle  hématite  avec  gangue  de  quartz. 

C.   —   Utilisation  iNnusTRrELLE  des  minerais  db  fïr 

DE    LA    NoUVELLE-CALÉlWflIS. 

Les  indications  qui  précèdent  suffisent  k  montrer 
qu'il  existe  dans  la  colonie  dos  ressources  très  impor- 
tantes en  minerais  de  fer,  d'une  richesse  parfaitemenl 
suffisante,  soit  crus,  soit  après  calcinalion,  pour  pouvoir 


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MINERAIS  ASSOCliS   A   LA   FORMATION   DES    BGRraNTINBS  333 

■*tre  employés  à  la  fabrication  de  la  fonte  ;  les  impuretés 
généralement  à  redouter  dans  les  minerais  de  fer  ne 
paraissent  pas  y  exister  en  proportion  nuisible,  tout  au 
plus  quelques-uns  d'entre  eux  sont-ils  chargés  de  magné- 
sie. Mais  ils  renferment,  d'une  façon  constante  et  en  pro- 
portion notable,  du  chrome  et  souvent  un  peu  de  nickel,  ce 
qui  De  serait  pas  sans  être  fort  gênant  pour  une  fabrica- 
tion courante,  si  ces  métaux  ne  s'éliminaient  pas  dans  le 
laitier  :  le  chrome  n'y  manquerait  sans  doute  pas,  pnisqu'il 
est  toujours  difficile  dans  la  fabrication  des  ferro-chromes 
d'éviter  qu'il  n'y  passe  en  très  grande  abondance  ; 
pour  le  nickel  il  n'en  serait  peut-être  pas  de  même.  Une 
telle  question  ne  saurait  d'ailleurs  mieux  être  ëluci(1<^e 
que  par  des  essais  dans  les  conditions  de  la  pratique.  Si 
ces  deux  métaux  passaient  d'une  façon  sensible  dans  Ips 
fontes,  et  de  là  dans  tes  fers  et  aciers,  ils  seraient  sus- 
ceptibles de  donner  à  ces  produits  des  qualités  excep- 
tioDnetles,  très  pn'Tieuses  pour  certains  usages,  mais  fort 
gênantes  pour  d'autres  ;  en  outre,  leur  présence  dans  le 
métal  rendrait  son  travail  beancoup  plus  difficile.  11  y 
aurait  donc  peut-^lre  déjà,  du  fait  de  la  présence  dû 
chrome  et  du  nickel  dans  les  minerais  de  fer  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, une  gône  pour  leur  emploi  courant. 

Si,  laissant  de  a'ité  cette  difficulté,  qui  ne  serait  sans 
doute  pas  un  obstacle  absolu  à  leur  emploi,  on  exa- 
mine quels  sont  les  débouchés  qui  pourraient  leur  être 
offerts,  ou  constate,  comme  le  faisait  il  y  a  vingt-huit 
ans  M,  Hourteau,  qu'ils  sont  nuls.  Malgré  un  certain 
développement  industriel  pris  par  la  colonie  depuis  cette 
éffoque,  on  ne  peut,  pas  plus  aujourd'hui  qu'alors,  songer 
à  la  création  d'une  industrie  du  fer  en  Nouvelle-Calé<lonîe  ; 
nous  avons  suffisamment  fait  ressortir  la  difficulté  d'or- 
ganiser la  fusion  sur  place  du  minorai  de  nickel,  pour 
lequel  il  s'agit  de  réaliser  une  économie  de  fret  de  près 
de  40  francs  par  tenue  par  une  seule  opération  métallur- 


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334  BICHESSBS  MINÉRALES  DB  LA  NOCVELLB-CALÉDONIB 
gique,  pour  que  l'on  comprenne  que  U  production  des 
fers  et  aciers  commerciaux  se  heurterait  à  des  difficuliés 
très  nombreuses;  leur  prix  de  revient  serait  donc  vrai- 
semblablement  très  supérieur  à  celui  des  produits  imptw- 
tés  d'Europe;  d'autre  part,  la  fabricatioD  d'un  produit 
dont  la  valeur  n'est  pas  plus  élevée  que  la  fonte,  en  vue 
de  l'envoi  en  Europe,  n'est  pas  non  plub  possible,  surtoat 
dans  un  pays  oii  le  bon  cbarbon  sera  toujours  assez  cb». 

Pourrait-on  expédier  les  minerais  calédoniens  en  Au»- 
tralie?  Cela  ne  paraît  pas  davantage  possible  ;  il  n'existe 
pas  encore  d'industrie  du  fer  et  de  l'acier  en  Australie, 
bien  que  l'on  songe  sérieusement  à  en  créer  une.  Mais, 
en  vue  d'une  semblable  création,  des  recherches  ont  été 
faites,  surtout  en  Nouvelle-Galles  du  Sud  oîi  se  trouvent 
de  beaux  gisements  houillers,  et  elles  ont  abouti  à  U 
découverte  de  nombreux  et  importants  gisements  de  fer, 
qui  pourraient  sans  doute  fournil'  des  minerais  de  qualité 
suffisante  à  des  prix  notablement  plus  bas  que  ceux  des 
minerais  que  l'on  pourrait  amener  de  Nouvelle-Calédonie, 
et  qui  seraient  grevés  d'un  fret  de  10  à  12  francs.  Ajou- 
tons d'ailleurs  que,  n'en  fût-il  pas  ainsi,  par  exemple  aa 
cas  on  il  deviendrait  possible  de  combiner  des  expéiU- 
tions  de  minerai  de  fer  de  Nouvelle-C-alédonie  en  NouvelJe- 
Galles  du  Sud  comme  fret  de  retour  pour  lei  bateaux  y 
apportant  du  charbon,  il  est  très  vraisemblable  qu'avec 
les  tendances  très  protectionnistes  du  gouvernement  de 
la  Confédération  australienne,  des  droits  de  douane  vien- 
draient empèrhei'  pareille  concurrence  aux  gisements 
australiens. 

Quant  au  transport  des  minerais  de  Nouvelle-Calédo- 
nie en  France,  il  n'y  faut  pas  songer,  étant  donné  la  va- 
leui-  qu'ont  en  Europe  môme  les  meilleurs  minerais  de  fer. 

C'est  d'ailleurs  là  la  considération  sur  laquelle  nous 
devons  insister  en  terminant  :  si  des  minerais  à  valeur 
relativement  élevée  peuvent  être  exploités  en  Nouvelle- 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  335 

Calédonie,  non  sans  certaines  difâcultés,  puisque,  malgré 
les  conditions  de  gisement  souvent  très  faciles  du  nickel, 
on  a  quelque  peine  à  le  produire  à  des  prix  suffisamment 
modérés,  des  minerais  à  faible  valeur  commeles  minerais 
de  fer,  dont  les  meilleures  qualités  valent  en  Europe  de 
15  à  20  francs,  ne  sauraient  même  à  notre  avis,  quelque 
facile  que  soit  leur  exploitation,  être  actuellement  rendus 
sous  palans  dans  la  colonie  à  des  prix  inférieurs  à  une 
semblable  limite.  Les  chiffres  que  nous  avons  donnés  ci- 
dessus  pour  les  frais  de  transport,  d'embarquement,  etc., 
suffisent  k  le  montrer. 

Dès  lors,  tout  concourt  à  faire  penser  que,  ni  aujour- 
d'hui, ni  avant  un  avenir  que  l'on  ne  peut  guère  escompter, 
les  riches  et  abondants  minerais  de  fer  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  ne  pourraient  6tre  utiliséK, 


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QUATKlËyE  PARTIE. 
aiSEMINTa  H^ALLIQTJ^  DIVIRS. 


A  côté    du  fer,  du  nickel,  du  cobalt,  et  du    chrome, 

dont  les  gisements  sont  en  très  étroite  relation  avec  1& 
grande  formation  serpentineuse,  on  rencontre  dans  les 
autres  terrains  qui  constituent  le  sol  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  une  grande  variété  de  minerais  métalliques: 
sans  nous  arrêter  pour  l'instant  à  la  question  de  l'utilisa- 
tion possible  des  minerais  en  question,  nous  mentionne- 
rons qu^  nous  y  avons  recueilli  nous-mème  de  l'or,  da 
platine,  de  largout,  du  mercure,  du  cuivre,  du  plomb, 
du  zinc,  du  manganèse,  de  l'antimoine,  du  tungslcne, 
du  titane,  du  molybdène  ;  nous  ajouterons  qu'on  avait 
cru  autrefois  rencontrer  également  de  l'étain,  mais  qu  il 
parait  bien  établi  que  cotte  indication  était  erronée. 
De  tous  ces  métaux  divers,  plusieurs  ont  été,  dans  le 
temps,  l'objet  d'exploitations  ou  de  tentatives  d'exploi- 
tation, ce  sont  l'or,  le  cuivre,  le  plomb  argentifère  et  l'an- 
timoine :  mais,  seul  parmi  eux,  le  cuivre  a  donné  lieu. 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  une  exploitation  d'une 
prospérité  réelle  et  d'une  certaine  durée.  Quant  aui 
autres  métaux,  ils  n'ont  été  que  signalés,  et  leurs  gise- 
ments n'ont  jamais  été,  à  notre  connaissance,  l'objet 
d'aucun  essai  d'utilisation. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
LE  CDITBfi. 


-  HiSTORIQCE. 


Dès  iS43,  un  missionnaire,  le  Père  Monirouzicr,  signa- 
lait à  Koumac  une  mine  de  cuivre,  mais  cette  indication 
parait  être  restée  oubliée  pendant  bien  des  années. 
Lorsqu'en  1863-66  M.  fïarnier  fit  une  première  étude 
des  richesses  minérales  de  la  colonie,  il  mentionna  l'exîs- 
lence  du  cuivre  h  Tlle  Ducos  et  rapporta(')  au  sujet 
<Ies  échantillons  qu'il  y  avait  recueillis  une  indication  de 
Rivot  de  nature  à  encourager  des  recherches  en  ce  point; 
il  signala  d'autre  part  que  des  indigènes  lut  avaient 
affirmé  qu'il  existait  dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi 
du  cuivre  pyriteux  associé  à  de  la  barvtine. 

Mais  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1872,  lorsque  d'assez  minu- 
tieuses recherches  poursuivies  tout  autour  de  la  basse 
vallée  du  Diahot  par  les  chercheurs  d'or  firent  découvrir 
de  beaux  affleurements  cuprifères  auprès  d'Ouégoa,  que 
l'on  songea  pour  la  première  fois  à  exploiter  le  cuivre  en 
Nouvelle-Calédonie.  Ces  différents  affleurements  et  les 
quelques  travaux  qui  y  furent  poursuivis  dès  le  début  ont. 
été  examinés  en  détail  par  M.  Ueurteau,  et  décrits  ave<- 
soin  dans  son  rapport  à  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et 
des  Colonies  :  cet  ingénieur  mentionnait (")  tout  d'abord. 


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338   RICHESSES   UINBIULB8   DB   LA   NOCVEIXR-CALBDONIE 

au  Nord  liu  village  de  Ouégoa,  et  en  relation  étroite- 
arec  les  roches  à  glaucuphaDe  que  nous  avons  si^alées 
déjà,  l'existence  d'un  groupe  important  d'affleurements, 
parmi  lesquels  ceux  de  la  mine  de  la  Balsde  avaient  déjà 
été  l'objet  de  travaux  derecbercbea  assez  développés  et 
d'un  commencement  d'ezploHatian  ;  il  rapportait  d' autre- 
part  la  découverte  de  deux  affleurements  cuprifères  à 
une  dizaine  de  kilomètres  plus  à  l'Ouest  au  voisinage  da 
village  de  Pondolaï.  Depuis  lors,  des  travaux  derecbercbe» 
ont  été  poursuivis  sur  nombre  de  ces  affleurements,  mais 
ils  n'ont  donné  lieu  à  une  exploitation  importante  et 
durable  qu'à  la  mine  de  la  Balade  ;  cette  exploitation  s'est 
poursuivie  sans  interruption  jusqu'en  1884. 

A  côté  des  deux  groupes  de  gisements  d'Ooégoa  et  de 
Pondolaï,  situés  sur  la  rive  droite  du  Diahot,  d'autre» 
ont  été  signalés  en  grand  nombre  dans  les  schistes  ardoi- 
siers  noirs  de  la  rive  gauche  du  Diahot  et  jusque  dans  la 
presqu'île  d'Arama.  Los  plus  importants  d'entre  eux  sont 
ceux  des  mines  Pilon  et  Ao,  découverts  en  1884  et  1887 
et  exploités  par  intermittence  depuis  lors  jusqu'en  1901  : 
mais  im  coup  d'œil  jeté  sur  la  fig.  1  de  la  PI.  V,  oii 
nous  avons  roprcsenté  la  région  Nord  de  l'île,  et  où  noos 
avons  figuré  les  différentes  concessions,  demandes  de  con- 
cessions et  périmètres  de  recherches  pour  cuivre,  montre, 
encore  que  l'existence  de  ces  périmètres  ne  prouve  pas 
d'une  façon  absolument  certaine  que  ce  métal  ae  rencontre 
dans  leur  étendue,  que  les  gisements  de  cuivre  sont 
nombreux  dans  toute  la  région  ;  nous  avons  souligné  les 
noms  des  gisements  où  nous  avons  personnellement  cons-' 
taté  la  présence  do  minerais  de  cuivre. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulement  dans  le  Nord  de  la 
colonie  que  ce  métal  existe;  il  a  été  l'objet  de  tentatives 
d'exploitation  en  1883-85  à  Koumac,  eL  vers  1876  dans 
la  vallée  de  la  Négropo  près  de  Canala  ;  sa  présence  a  été 
en  outre  signalée  en  nombre  de  points  tout  le  long  de  la 


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âiaBlKNTS   M£TAl.LHiOSS  DIVERS  399 

otite  Ouast  et  noUmiaent  k  Baui,  [H-ès  deOomen,  «u  Nord 
de  Pouembout,  à  l'ile  Duoos,  daas  la  pl&ine  i»  Saiot- 
ViacAot,  «te. 

Nous  djouteroBB  <)ue,  d'après  les  iodicatioa*  de  la 
statistique,  il  a  été  exporté  de  îiloiiT«Jle-€alédoaie, 
depuis  1873  jus^n'^n  19(^  plus  àa  .fiÛ.OÛO  Utaa»»  de 
nÛBArai  de  cuivre  dont  la  teneur  n'aurak  pas  été  infé- 
rieure À  10  â  15  p.  100;  et  uo  milUer  de  ttnmes  de  mattes 
très  BotaUemeiit  plus  riches. 

Nous  founûssons  ci-dessous  ^luelquee  iodicatioua  asr 
les  diff^^nts  gisaioeots  que  aoiits  veaoas  de  HientioanM'. 

B.   —  GlseUENTS  DC   GROI^fV  DE  LA  BaLAIHC. 

Ces  gisement»,  situés  au  flanc  des  différentes  collioes 
qui  descendent  de  la  crête  de  Tiari  sur  Ouégoa  en 
enserrant  les  vallées  de  la  rivière  do  la  Balade  et  de  ses 
affluents  (Voir  la  /ig.  9  de  la  PI.  IV),  se  présentent  en 
filons  ou  en  amas  dans  les  micaschistes  qui  constituent 
tous  ces  contreforts. 

Ces  micaschistes,  qui  sont,  rappelons-lc,  généralement 
très  chargés  à  la  fois  en  grandes  paillettes  de  mica  blanc 
et  en  chlorite,  et  dont  la  teinte  est  verdàtre  ou  bleuâtre, 
passent  quelquefois  au  gris  plus  ou  moins  foncé;  ils  sont 
associés  par  places,  à  la  gendarmerie  de  Ouégoa  notam- 
ment, à  des  roches  serpentineuses  et  talqueuses,  qui 
ne  paraissent  d'aîllours  rien  avoir  de  commun  avec  la 
grande  formation  des  péridotites  qui,  comme  on  le  sait, 
domine  dans  presque  toute  la  colonie  sauf  précisément 
dans  cotte  région  nord-occidentale. 

Les  micaschistes  sont  en  outre  traversés,  précisément 
ail  voisinage  immédiat  de  Ouégoa,  par  une  très  impor- 
tante formation  de  roches  chargées  d'amphibole  et  sur- 
tout de  glaucnphane,  que  nous  croyons  devoir  considérer 
comme  attestant  une  activité  toute  spéciale  du  métamar- 


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340   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

phisme  dans  cette  région.  C«9  roches,  qui  paraissent 
occuper  en  particulier  la  majorité  des  ravina  de  la  rivière 
de  la  Balade  et  de  ses  affluents  de  droite  au  voisinage 
des  mines  Murai,  Balade,  et  Delaveuve,  comprennent  sm- 
tout  des  amphiboliies  vertes  à  grain  fin  d'un  type  spécial; 
l'examen  microscopique  montre  en  effet  que  ces  amphibo- 
liies sont  essentiellement  constituées  d'une  amphibole 
passant  au  glaucophaiie,  associée  à  du  mica  blanc,  à  de 
la  chlorite,  et  à  des  grenats  almandins;  ces  derniers  sont 
très  nombreux  par  endroits, ils  sontgénéralement visibles 
à  l'œil  nu  et  présentent  même  souvent  des  dimensions 
assez  considérables.  Acôté  de  cesrochesde  couleur  verte, 
on  trouve  des  tratnées  d'une  formation  franchement  bleue, 
tirant  un  peu  sur  le  gris,  dont  la  pâte  apparaît  au  micros- 
cope comme  entièrement  constituée  de  glauoophane  ;  cette 
pàto  contient  en  outre  tantôt  des  cristaux  de  pyroiène, 
tantôt  des  cristaux  isolés  ou  des  veinules  d'épidote  vert 
jaun&tre,  et  souvent  des  grenats  almandins,  et  despaillett«s 
de  mica  blanc  ou  de  chlorite  ;  on  rencontre  en  outre  des 
schistes  onctueux  plus  ou  moins  micacés  criblés  de  petites 
baguettes  de  glaucophane.  Enfin  le  mamelon  de  la  mine 
Delaveuve  présente  un  puissant  ressaut  formé  d'un  quart- 
zite  gris  verdatre  foncé,  à  grain  fin,  très  dur,  qui  se  montre 
presque  uniquement  constitué  de  quartz  et  d'abondants 
petits  fragments  d'ilménite.  Ces  différentes  roches  con- 
tiennent un  grand  nombre  de  cristaux  secondaires  et  no- 
tamment du  sphène,  du  rutile,  etc. 

Cette  très  curieuse  formation,  qui  avait  été  décrite  par 
M.  Heurteau  cxirame  une  formation  érnptive,  mais  qui 
parait  plut^ït  devoir  être  regardée  comme  d'origine  méta- 
morphique, avait  été  considérée  par  lui  comme  étant  en 
relation  étroite  avec  la  venue  cuprifère.  Quelque  frappante 
que  soit  la  coexistence,  auprès  de  Ouégoa,  des  minerais  de 
cuivre  et  du  glaucophane,  nous  devons  faire  observer  que 
les  formations  k  glaucophane  se  poursuivent  vers  le  Nord 


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OIS8UBNTS   UÉTALLIQUBS   DEVERS  341 

et  vers  l'Ëat  sur  une  étendue  assez  considérable  (jusqu'à 
Oubatche),  tandis  que  les  gisements  de  cuivre  ne  paraissent 
pas  se  prolonger  dans  cette  direction,  alors  que  l'or  y 
apparaît  au  contraire;  et  que,  plus  àl'Ouestetau  Sud,  le 
cuivre  se  montre  disséminé  dans  des  formations  oii  le  glau- 
cophane,  que  nous  avons  recherché  avec  soin,  ne  parait 
pas  exister. 

C'est,  nous  l'avons  dit,  au  milieu  de  ces  roches  que  se 
montrent  les  gisements  de  cuivre  du  groupe  de  la  Balade; 
le  métal  s'y  présente  principalement  sous  la  forme  de 
pyrite  cuivreuse  plus  ou  moins  riche  en  cuivre,  mais  à 
teneur  généralement  assez  élevée  (20  à  50  p.  100  pour  la 
pyrite  bien  séparée  de  sa  gangue),  formant  tantôt  des 
masses  interstratiâéeaassezpuissanteaet  tan  tôtdes  mouches 
ou  des  imprégnations  entre  les  feuillets  des  schistes  :  le 
cuivre  pyriteux  ne  constitue  d'ailleurs  que  la  forme  profonde 
du  minerai;  aux  affleurements  et  au  voisinage  immédiat 
de  ceux-ci  on  rencontre,  associés  à  de  l'oxyde  de  fer,  du 
cuivre  natif,  de  l'oxyde  noir,  elles  différentes  variétés  de 
minerais  oxydés,  malachite,  atacamite,  azurite,  etc..  en 
masses  généralement  amorphes. 

Le  gisement  même  de  la  Balade  est  celui  qui  a  été 
découvert  le  premier,  il  affleure  de  part  et  d'autre  du  bras 
gauche,  assez  encaissé,  du  ruisseau  de  la  Balade,  à  peu  de 
distance  à  l'Est  du  village  de  Ouégoa,  et  à  une  centaine 
de  mètres  à  l'aval  d'une  haute  paroi  schisteuse  qui  paraît 
marquer  un  accident  géologique  d'une  certaine  importance. 
U  se  présente  sous  la  forme  d'un  filon-couche  de  cuivre 
pyriteux,  ayant  une  puissance  totale  variable  aux  envi- 
rons de  1",50,  interstratifié  dans  des  schistes  cliloriteux 
verts,  et  souvent  séparé  en  deux  bancs  par  une  épaisseur 
de  50  à60  centimètres  de  schistes  stériles.  Ce  filon-couche 
est  dirigé  Nord  légèrement  Ouest,  et  présente  un  pendage 
assez  raide  (voisin  de  45"  aux  affleurements,  mais  plus 


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342   RICHESSES   mitilULBS  DB  Là  KOUmXB-OA.[.ÈDOMlB 

raide  ea  profocdeur)  ;  i)  se  remiBe  d'aEDenn  pu-  des  im- 
prégnations et  itlonnets  eoirreux  qui  euarent  dans  les 
<:a83ures  transversales  des  schistes.  TeUes  sont  les  seules 
données  k  peu  près  certaines  que  nous  ;^»8  pu  retirer, 
tant  de  la  lecture  d»  rapport  de  M.  Heurteau,  que  ât 
l'examen  que  nous  avons  fait  de»  affleurements  et  de  b 
galerie  ouverteen  direction  sur  la  rive  gauche  delà  riTÎère 
à  quelques  mètres  au-dessus  de  son  lit,  galerie  dont 
les  10  ou  15  premiers  mètres  étaient  encore  accessibles. 
Quant  k  l'allure  détaillée  de  la  formation  soit  en  directitm, 
soit  en  profondeur,  nous  n'avons  pu  obtenir  h  son  sujet  que 
des  indications  fort  vagues  :  il  n'est  pas  douteux  qu'une 
exploitation  ai.-tive,  et  longtemps  rémunératrice,  a  été  pous- 
sée surce  gisement  parla  Compagnie  des  mines  de  Balade, 
sans  interruption  depuis  1874  jusqu'à  i88i,  fournissant  à 
peu  de  choses  près  toutes  les  quantités  de  minerai  de 
cuivre  exportées  de  la  colonie  pendant  ces  onze  années; 
c'est-à-dire,  d'après  les  statistiques  officielles,  environ 
40.000  tonnes  d'un  rainerai  qui  aurait  tenu  en  moyenne 
près  de  i5  p.  100  de  cuivre,  ol  dont  la valeurtotalo  aurait 
représenté  quelques  millions  de  francs. 

Nous  n'avons  d'ailleurs  pu  retrouver  aucun  document 
sérieux  relativement  à  cette  exploitation  ;  ni  le  service  des 
mines,  ni  les  ayants  droit  de  l'ancienne  société  exploitante 
n'ont  conservé  de  registre  des  travaux,  ni  de  plan  les 
figurant  avec  quelque  précision;  une  coupe,  qui  existe 
encore  dans  les  archives  du  service  des  mines,  etdont  les 
indications  coïncident  à  peu  près  avec  les  renseignements 
verbaux  qui  nous  ont  été  fournis,  semble  indiquer  que  la 
formation  présentait  peu  de  continuité  en  direction,  puisque 
les  travaux  ne  se  seraient  développés  que  sur  une  cen- 
taine de  mètres  à  peine  ;  mais  on  se  serait  enfoncé  jusqu'à 
une  profondeurde  150  mètres  dans  une  colonne  riche,  affec- 
tant d'ailleurs  plus  ou  moins  nettement  une  disposition  en 
chapelet. 


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OI8EMœtT8   MÉTALHQDK8   DiVBRS  343 

L'expIoitalKm  a  été  ïsteFrompue  en  1884,  k  un  moment 
■de  crise  du  martAé  du  cuisre,  et  après  que  l'on  eut  dèpiU 
loufc  ce  qui  avait  été  reconnu  en  (ait  de  minerai  riche. 
D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  par  t'an- 
-cien  directeur  de  ces  travaux,  qui,  avant  de  les  diriger, 
avait  acquis  en  Australie  i'expérieace  des  minea,  et  en 
particulier  celte  des  miBea  de  cuivre,  le  gisement  aurait  été 
■alor»  complètement  épuisé,  et  des  travaHX  de  recherches 
:auraieHt  été  faits,  avant  de  l'abandonner,  pour  s'assurer 
■qu'il  n'exifttait  pas  d'autres  colonnes  riches  au  voisinante. 
Nous  n'avons  aucun  élément  pour  apprécier  Timportance 
desdits  travaux  et  le  bien  fondé  de  la  conclusion  qui  a 
été  tirée  de  leur  résultat  négatif;  il  est  cependant  permis 
de  se  demander  si  la  Compagnie  des  mines  de  Balade  a 
tien  fait,  pour  l'exploration  de  sa  concession  tant  en  pro- 
fondeur qu'en  direction,  tous  les  sacritices  qu'elle  aurait 
-dû  faire. 

Le  minerai  qui  a  été  expédié  en  Australie  passe  pour 
avoir  eu  une  teneur  moyenne  en  cuivre  voisine  de  15  p.  100, 
il  renfermait  en  outre  un  peu  d'argent,  il  ne  contenait  ni 
plomb  ni  zinc  en  quantité  sensible.  Une  partie  de  ce 
minerai  avait  été  enrichi  dans  une  petite  laverie  établie 
sur  place  ;  mais  des  quantités  considérables  de  produits 
à  faible  teneur  ont  été  abandonnées  en  tas  sur  le  carreau 
■de  la  mine,  en  raison  des  frais  élevés  d'enrichissemonl 
et  de  transport  jusqu'aux  usines  de  traitement  austra- 
liennes.  Il  en  existe  encore  des  amas  qui,  depuis  de 
longues  années,  donnent  lieu  à  des  dépôts  cuivreux  verts 
daus  le  lit  du  ruisseau  de  la  Balade. 

Les  minerais,  transportés  par  un  petit  tramway  jus- 
qu'au Diahut,  étaient  descendus  par  chaloupes  ou  chalands 
■dans  la  baie  de  Pam;  ils  ont  tous  été  expédiés  crus  en 
AustraHe. 

Bn  remontant  la  vallée  au-dessus  des  affleurements  de 


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3ii   BICHËSSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVEIXE'CALÉDOMB 

la  Balade,  on  en  rencontre  d'autres  encore,  dont  les  plus 
importants  sont  ceux  de.  la  mine  Mural,  situés  à  quelque 
600  mètres  à  l'amont,  au  voisinage  de  la  cote  140.  Deux 
galeries  de  recherches  y  ont  été  ouvertes  à  deux  aiveaui 
distants  verticaleinent  d'une  vingtaine  de  mètres.  La  pre- 
mière a  rencontré  d'abord  un  amas  de  pyrite  cuivreuse  de 
près  de  l  mètre  de  puissance,  dont  la  teneur  moyenne  en 
ruivre  serait  supérieure  à  10  p.  100,  puis  elle  a  suivi  la 
formation  en  direition,  c'est-à-dire  de  l'Ouest  à  l'Est,  sur 
ime  vingtaine  de  mètres.  Cette  formation  a  montré  l'al- 
lure d'un  fllon-couche  de  60  centimètres  de  puissance 
environ,  interstratifié  dans  les  schistes  chloriteux,  et 
plongeant  comme  eux  vers  le  Sud  avec  un  pendage  d'une 
quinzaine  de  degrés  ;  on  y  a  procédé,  sur  une  centaine  de 
mètres  carrés  de  surface,  à  un  dépilage  qui  a  donné  lieu 
â  l'extraction  do  minerais  dont  une  partie  a  été  expédiée 
eu  .Australie  (nous  avons  ti-ouvé  la  mention  de  l'expédition, 
eu  1884,  de  325  tonnes  de  minorai  provenant  de  la  mine 
Murât).  La  p^Tite  cuivreuse  se  voit  encore  au  front  d'avance- 
ment avec  une  puissance  un  peu  variable,  mais  dépassant 
presque  partout  rsO  ceuthnètres  ;  nous  y  avons  recueilli 
au  hasard  de  beaux  échantillons  de  minerai  massif  à 
9.6  p.  100  de  cuivre. 

La  galerie  inférieure,  au  contraire,  n'a  i-encontré  la 
formation  qu'étranglée.  Il  parait  donc  vraisemblable  que 
celle-ci  n'est  pas  bien  régulière  et  qu'elle  affecte  comme 
à  la  Balade  une  disposition  en  chapelet.  Ce  que  nous 
avons  vu  ne  peut  que  nous  faire  regretter  que  les  travaux 
d'exploration  n'aient  pas  été  poursuivis  d'une  façon  plus 
sérieuse.  Les  premiers  d'entre  eux  remontent  déjà  à  une 
vingtaine  d'années,  les  derniers  à  cinq  ou  six  ans  ;  depuis 
lors  la  mine  Murât  a  été  complètement  abandonnée.  Le 
minerai  extrait  des  dernières  reclicrches  a  été  laissa 
entassé  sur  place,  faute  d'un  moyen  de  transport  autre 
qu'un  chemin  muletier  jusqu'à  Guégoa  ;  il  y  en  a  quelques 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES  DIVERS  346 

reataines  de  tonnes,  dont  une  partie  tout  au  moins  paraît 
assez  riche. 

Nombreuses  sont  encore  les  indications  plus  ou  moins 
nettes  de  la  présence  du  cuivre  non  seulement  dans  le  ra- 
vin du  ruisseau  de  la  Balade,  mais  encore  sur  le  mamelon 
qui  le  limite  au  Nord-Ouest,  et  dans  le  ravin  qui  l'avoîsine 
dans  cette  même  direction  ;  le  nombre  dos  concessions 
l'ontiguës  qui  couvrent  cette  région  en  témoigne  {Voir  la 
fig.  9  de  la  PI.  IV),  non  pas  que  chacune  d'elles  ren- 
ferme nécessairement  des  affleurements  de  quelque 
valeur,  mais  tout  au  moins  parce  qu'elles  n'ont  généra- 
lement été  demandées  qu'après  la  découverte  de  quelque 
indice  de  minerai. 

Le  seul  point  de  ce  groupe  où  nous  ayons  encore  eu 
l'occasion  de  relever  d'une  façon  nette  la  présence  du 
cuivre  est  la  mine  Delaveuve,  oii  il  a  été  pratiqué  plu- 
sieurs puits  et  galeries  de  recherches.  Le  gisement  s'y 
montre  dans  des  conditions  assez  intéressantes  au  point 
tle  vue  géologique  ;  les  chJoritoschistes  qui  forment  la 
roche  dominante  du  mamelon  où  se  trouve  le  gisement, 
Gt  qui  y  sont  associés  aux  roches  bleues  h  gtaucophane  et 
au  massif  de  quartzite  que  nous  avons  mentionnés  ci-des- 
sus, sont  découpés  au  flanc  du  ravin  par  un  à-pic  d'une 
quinzaine  de  mètres  de  hauteur  dont  la  paroi,  orien- 
tée à  peu  près  Nord-Sud,  laisse  voir  une  faille  de  décro- 
chement très  nette;  l'amplitude  de  la  faille  est  sans 
doute  faible,  et  l'ouverture  de  la  cassure  ne  dépasse  pas 
'î  ou  3  décimètres.  Vers  le  Sud,  les  schistes  sont  sté- 
riles et  présentent  leur  couleur  gris  verdàtre  liabituelle, 
ils  sont  sillonnés  de  veines  quartzcnses  ;  vers  le  Nord,  au 
contraire,  la  paroi  de  schiste  montre  la  coupe  d'une  demi- 
lentille  imprégnée  de  cuivre;  le  croquis  reproduit  par  la 
fig.  10  de  la  PI.  IV  rend  compte  do  cet  aspect  ;  au 
milieu  des  micaschistes  stériles  apparaît  une  zone  lenti- 


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346  RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

culaire  oii  ceux-ci  sont  tout  imprégnés  de  petites  luoucbet 
d'azurïte  et  de  malachite  leur  donnant,  avec  les  ea<hiiti 
ferrugineux  rouges,  uue  coloration  bigarrée  ;  l'épaisseur  de 
la  zone  imprégnéi-  est  de  80  centimètres  environ  au  con- 
tact même  de  la  cassure,  mais  elle  diminue  progressive- 
ment en  s'en  éloignant  et  cette  zone  vient  mourir  au  voi- 
sinage de  la  surface  dn  mametou,  préseatant  en  tout  une 
longueur  de  S  mètres  environ.  Une  galerie  ouverte  en  &- 
rection,  c'est-à-dire  vers  l'Est  légèrement  Sud,  a  stùvi,  sur 
16  mètres  de  longueur,  cette  même  fonnation  q^uî  conser- 
vait au  début  sapuissauce,  mais  qui  s'effilait  ensuite  peu  à 
peu.  Il  n'y  avait  doue  là  qu'une  petite  lentille  dont  la  faille 
a  déplacé  la  moitié  Sud  ;  celle-ci  n'a  d'ailleurs  pas  été 
retrouvée.  En  dehors  de  cette  galerie,  il  n'a  pas  été  fait, 
à  notre  connaissance,  d'autres  travaux  d'exploration  que 
ceux  décrits  autrefois  par  M.  Heurteau  (*)  et  actuellement 
inaccessibles,  ils  u'avaieut  mis  à  jour  que  des  indices  de 
peu  d'importance.  II  aurait  été  extrait  do  la  galerie  de 
recherches  ci-dessus  mentionnée  un  certain  nombre  de 
tonnes  de  minerai  à  teneur  moyenne  de  8  p.  100  de  cuivre 
sous  forme  de  produits  oxydés. 

Mentionnons  enfin  les  affleurements  de  la  mine  Salas, 
située  à  6  kilomètres  à  l'I^^st  de  Pam  également  dans  lea 
micaschistes  ;  on  n'y  relève  que  quelques  enduits  Meus 
et  verts  sur  les  micaschistes  altérés  de  la  surface,  cee 
indices  nous  ont  paru  de  peu  d'importance. 

Telles  sont  les  observations  que  nous  avons  pu  faira 
dans  le  groupe  des  gisements  de  cuivre  des  environs  de 
OuégOH,  c'e.st-à-dirc  dos  gisements  qui  se  trouvent  dans  les 
micaschistes  et  en  relation  plus  ou  moins  étroite  avec  les 
roches  à  glaucophanc  ;  elles  se  résument  en  quelques 
taoU  :  bien  que  les  indices  de  ia  présence  du  métal  soient 
nombreux,  ce  n'est  qu'en  deux  points  seulement  qu'U  a 

[•)  fMC.  eil..  p.  286-281. 


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GISBUBNTS  MÉTALLIQDGS   DIVERS  347 

■^té  mis  en  évidence  des  amas  de  pyrite  cuivreuse  de 
réelle  importance  ;  dana  le  premier  d'entre  eux  on  paraît 
avoir  épuisé  une  colonne  riche  sans  chercher  d'une  façon 
suffisante  s'il  n'en  existe  point  d'autres  ;  dans  le  second 
■quelques  travaux  qui  avaient  donné  des  résultats  plutôt 
encourageants  n'ont  pas  été  poursuivis. 

C.    -^  GumiBNTa  DU   «aOQPB   DB  LA.  PlLOQ. 

Les  schisttis  ardoisiers  de  la  rive  gauche  du  Diahot, 
^ui  empiètent  même  par  places  sur  la  rive  droite,  ne 
paraissent  pas  moins  riches  en  imprégnations  cuivreuses 
■que  les  micaschistes  ;  celles-ci  paraissent  même  se  ré- 
partir sur  des  étendues  beaucoup  plus  considérables  ici 
que  là. 

Nous  avons  décrit  déjii  la  puissante  formation  à  laquelle 
^appartiennent  tous  les  mamelons  qui  se  développent  au 
Sud  du  Diahot  et  nous  avons  déjà  dit  que  son  âge  nous 
paraît  impossible  à  fixer  avec  certitude  dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  sur  la  géologie  de  la  Nouvelle-Calé- 
■donic.  Ces  schistes  sont  sillonnés  de  filons  et  fllonnets  de 
-quartz,  et  l'on  y  rencontre  divers  filons  métallifferes,  cuivre, 
plomb  argentifère,  zinc,  et  mémo  or;  ces  métaux  sont  le 
plus  souvent  associés  entre  eux  dans  les  différents  gise- 
ments, avec  prédominance  ici  du  cuivre,  là  du  plomb  et  du 
zinc,  plus  loin  de  l'or;  ils  paraissent  tous  être  en  relation 
assez  étroite  avec  des  venues  déroches  vertes  diabasiques, 
■qnoVon  rencontre  en  dykes  dans  les  schistes  au  voisinage 
plus  ou  moins  immédiat  des  gisements. 

Nous  ne  décrirons  pour  le  moment  que  ceux  d'entre  les 
.gisements  ob  le  cuivre  domine,  ce  sont  de  beaucoup  lo^ 
plus  nombreux  d'ailleurs,  puisque  nous  n'aurons  à  rap- 
porter ensuite  à  cette  formation  qu'un  seul  gisement  d'or 
«t  un  seul  de  plomb  et  zinc  argentifères. 


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348   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

Le  plus  important  d'entre  eux,  du  moins  à  ce  que  l'ufl 
peut  en  juger  dans  l'état  actuel  des  travaux,  est  c^ni 
de  la  mine  Pilon,  découvert  en  1884,  et  exploité  depuis  1886 
Jusqu'à  la  fin  de  190i  avec  des  alternatives  d'activité  et 
de  chAmage. 

Les  travaux,  qui  n'ont  été  abandonnés  en  dernier  lies 
qu'àla  fin  de  l'année  1901,  présentent  un  développement 
important  ;  l'épuisement  en  ayant  été  continué  depuis 
lors,  et  les  galeries  principales  étant  restées  en  état  d'en- 
tretien suffisant,  nous  avons  pu  les  visiter;  nous  en  avons 
d'ailleurs  trouvé  sur  place  un  plan  à  jour  que  reproduit 
la  fig.  11  de  la  PI.  IV. 

Le  filon,  car  il  s'agit  ici  d'un  véritable  filon  de  quartz 
métallifère,  recoupe  presque  verticalement  les  baocs  de 
sclii9te.s  noirs,  inclinés  à  45'  vers  le  Sud,  qui  l'en- 
caissent; il  affleure,  au  voisinage  immédiat  d'un  puis- 
sant dyke  de  diabase,  sur  les  deux  versants  Ouest  et  Est 
d'un  mamelon  schisteux  arrondi  en  forme  de  dôme  ;  il 
s'y  signalait  par  de  beaux  échantillons  de  malachite  et 
d'azurite,  tant6t  en  masses,  tantôt  en  cristaux,  dont 
nous  avons  pu  ramasser  encore  quelques  fragments.  La 
partie  du  filon  comprise  dans  ce  mamelon,  qui  s'élève 
d'une  centaine  de  mètres  au-dessus  du  sol  légèrement 
accidenté  qui  l'environne,  a  été  promptemeot  dépilée  à 
partir  du  mois  de  juin  1886  ;  ces  travaux  ont  été  ceux 
des  niveaux  désignés  sous  les  numéros  1,  2  et  3,  ils 
se  sont  développés  par  places  sur  80  mètres  de  hauteur. 
Ils  ont  produit  des  minerais  d'une  belle  richesse  et  d'au- 
tant plus  faciles  à  fondre  qu'ils  étaicntentièrement oxydés. 

Ou  a  ensuite  commencé  l'exploitation  par  puits  et  gale- 
ries :  elle  s'est  d'abord  poursuivie  jusqu'au  quatrième  ni- 
veau (profondeur  25  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits) 
dans  des  minerais  encore  oxydés,  puis  on  est  entré  dans  la 
zone  des  minerais  sulfurés  ;  les  travaux  s'y  sont  développés 
jusqu'au  mois  d'avril  1891 ,  mais  ils  ont  été  arrêtés  une 


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GISEMENTS    METALLIQUES    DIVERS  349 

première  fois  à  cette  date  ;  repris,  sans  grande  activité, 
en  1897,  ils  ont  été  abandonnés  à  nouveaa  en  sep- 
tembre 1901,  après  que  des  traçages  importants  y  eurent 
été  faits  avec  un  certain  succès,  et  sans  que  les  dépi- 
lagesjaieut  été  très  étendus,  à  en  croire  les  iodications 
du  plan  que  nous  avons  retrouvé. 

Le  puits  a  été  foncé  jusqu'à  150  mètres  de  profondeur 
et  des  traçages  ont  été  poursuivis  de  30  en  30  mètres  en 
moyenne,  jusquala  profondeur  de  145  mètres  (8*  niveau); 
ils  ont  tous  suivi,  sur  des  longueurs  dépassant  générale- 
ment 300  mètres,  un  filon  d'une  régularité  d'allure  satis- 
faisante et  d'une  minéralisation  qui.  si  elle  est  variable 
d*un  point  à  un  autre  et  présente  des  colonnes  alternati- 
vement plus  pauvres  et  plus  riches  comme  dans  presque 
tous  les  âlons  métallifères,  nous  a  paru  assez  belle,  au 
cours  de  l'examen  nécessairement  rapide  que  nous  eu 
avons  fait.  Pour  ne  parler  que  des  niveaux  oii  les  dépi- 
lages  ne  sont  pas  achevés  ou  presque  achevés,  nous  y 
avons  reconnu  l'existence  d'un  filon  quartzeux,  régulier 
dans  l'ensemble,  dont  la  puissance  varie  généralement 
de  1  mètre  &  l'',50,  tantôt  en  une  seule  veine,  tantùt 
en  plusieurs  veinules  englobant  des  passées  schisteuses  ; 
dans  ce  quartz  sont  irrégulièrement  réparties  des  masses 
de  sulfures  métalliques:  chalcosine,  chaicopyrite,  blende, 
galène  et  pyrite,  généralement  mélangés  d'une  façon  assez 
intime,  et  dont  la  quîmtité  varie  depuis  de  simples 
mouches  jusqu'à  des  masses  occupant  l'épaisseur  presque 
entière  du  âlon. 

Il  nous  a  naturellement  été  impossible,  au  cours  d'une 
simple  visite,  d'évaluer  la  puissance  réduite  moyenne 
du  filon  et  la  teneur  moyenne  en  cuivre,  plomb  et  zinc, 
des  minerais  qu'il  pourrait  rendre.  Nous  ne  pouvons  que 
donner  à  ce  sujettes  quelques  indications  suivantes  :  il  a 
été  récemment  prélevé  par  les  propriétaires  de  lamine, 
aux  neuf  points  figurés  en  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  9,  sur 


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3S0    RICHESSES   UINKRALES   DB   LA   NOUVELLE-CALÉDOKIE 
la  fy.  11   de  la  PI.  IV,  neuf  échantillons  qui  représ»- 
taraieut  ebaciiB  la  teneur  moyenne  d'un  lot  de  5  tonne» 
de  minerai  tout  ««aant,  et  qui  auraient,  aux  dires  it 
ceux-ci,  donné  à  Tanail^rse  les  résultats  soivants  : 

t*  grammes  i  la  too». 


p.  100 

p.  100 

p.  100 

r.  10* 

3,7 

0,75 

le.ee 

5,40 

5,12 

0,50 

Ï2.3B 

«,35 

4.W 

2,90 

)S 

10 

8.40 

•,W 

4«,7» 

K 

3,M 

i,as 

13,75 

7,90 

3,6â 

0,7S 

8,70 

7.50 

8,3fl 

1,85 

12,50 

10,10 

3,73 

4,50 

7,25 

4,40 

8,e4 

3 

I2.SS 

6,45 

Si  les  points  oii  ont  6té  pris  les  échantillons  n'ont  pa» 
été  systématiquement  choisis  dans  les  rfidlleureR  partit* 
du  filon,  et  si  les  prises  d'essai  et  les  analyses  ont  été 
faites  sincèrement,  leurs  indications  doivent  être  CTnfi- 
dérées  comme  satisfaisantes,  La  présence  du  rioc  en 
quantité  importante  dès  qu'on  est  entré  dans  la  rose 
sulfurée,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  de  tendance  a 
s'accentner  avec  l'approfondissement,  est  évidemment  itf 
nature  à  gêner  quelque  peu  le  tr-iitement  du  minerai- 
Néanmoins  c'est  \h.  «ne  difficulté  métallui^ique  que  rm 
résout  bien  aujourd'hui  avec  un  traitement  soigneux,  el. 
si  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis  sont  exacts, 
les  dernières  mattes  obtenues  à  la  fonderie  de  Pam  s 
partir  de  concentrés  dont  la  teneur  en  cuivre  variait  if 
6  à  14  p.  10*J  contenaient  en  moyenne  : 

Cuivre 30  à  25  p.  400 

Plomb 8  à  40  p.  100 

Argent 400  grammes  il  la  timne. 

Le  zinc  passait  en  majeure  partie  dans  la  scorie  ou  bien 


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GISEMENTS   MBTALLrQDBS  OIVBSS  35r 

éiait  volatilisé.  Ces  mattes  étaient  achetées  par  les  fonderies 
australiennes,  rendues  à  l'usine,  en  comptant  tout  le  cuivre 
an  cours  et  le  plomb  à  raison  de  l''',45  l'umté  (cours  du 
milieu  de  1901),  et  en  faisant  une  déduction  de  25  francs 
par  tonne  pour  frais  de  traitouieiit  des  maUes. 

Gonme  nous  l'avone  dit,  le  filon  a  été  suivi  en  profon- 
deur jusqu'à  150  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits, 
«oit  jusqu'à  près  de  250  ntètres  au-dessous  des  affleurc- 
menta  les  plus  élevés,  et  rien  ne  paraît  indiquer  qu'il  ne 
se  prolonge  pas  encore  plus  profondément;  en  flirection, 
les  dépilf^es  se  sont  développés  aux  niveaux  supérieurs 
sur  une  étendue  de  350  mètres  environ,  non  sans  laisser 
des  colonnes  pauvres  ou  stériles  dont  la  largeur  totale 
représente  de  70  à  80  mètres,  ils  ont  été  vraisemblalJe- 
ment  arrêtés  à  des  zones  relativement  pauvres  ;  aux 
niveaux  inférieurs  au  sixième,  il  n'y  a  eu  que  fort  peu 
de  dépilages,  et  cependant  les  traçages  des  septième  et 
huitième  niveaux  ont  été  faits  resperlivemont  sur  270  et 
130  mètres  ;  ils  ne  paraissent  pas  avoir  rencontré  moins 
de  zones  riches  que  les  niveaux  supérieurs,  le  huitième 
niveau  se  trouvait  arrêté  en  plein  minerai  k  ses  deux 
extrémités,  le  septième,  arrêté  au  stérile  vers  l'Ouest, 
était  encore  au  minerai  à  l'Est.  Quant  à  la  quahté  du 
minerai,  rien  ne  parait  de  nature  à  faire  redouter  qu'eUe 
ne  devienne  moins  satisfaisante  en  profondeur.  Bien  qu'il 
ait  déjà  été  extrait,  assure-t-ou,  environ  20.000  tonnes 
de  minerai  assez  riche  pour  être  expédié  en  Australie  ou 
traité  à  Pam,  c'est-à-dire  d'une  teneur  dépassant  vrai- 
semblablement 10  p.  100,  et  qu'il  faille  tenir  compte  en 
outre  de  nombreux  milhers  de  tonnes  de  minerai  plus 
pauvre  laissé  sur  le  carreau  de  la  mine,  il  reste  encore 
des  ressources  reconnues,  et  il  est  permis  d'espérer  que 
l'exploration,  qui  n'a  en  somme  porté  que  sur  300  mètrefi 
en  direction  et  260  mètres  à  peine  en  profondeur,  n'a  pas, 
encore  révélé  tout  ce  que  contient  ce  gisement. 


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1 


352   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Son  exploitation,  toile  qu'elle  a  été  comprise  jusqu'ici, 
n'est  d'ailleurs  pas  sans  prêter  &  la  critique  ;  si  les  tra- 
çages et  dépilages  dans  la  raine  peiircut  être  regardés 
comme  ayant  été  faits  d'une  façon  rationnelle,  il  n'en  a 
pas  toujours  été  de  même  du  traitement  du  minerai.  On  a 
an  début  expédié  les  minerais  crus  à  Swansea  ;  ensuite  ou 
les  a  dirigé»  sur  l'Australie,  ce  qui  leur  faisait  encore 
supporter  un  fret  voisin  de  ISfrancs  par  tonne  et  des  frais 
de  traitement  aux  usines  de  Dapto  (Nouvelle-GaUes  du 
Sud)  de  35  francs,  soit  une  charge  totale  de  50  francs. 
Lorsque,  peu  de  temps  après  la  mise  en  exploitation  de 
la  mine  Pilou,  la  société  des  mines  du  Nord,  qui  la  pos- 
sédait, voulut  entreprendre  l'exploitation  de  la  niioe  de 
plomb  argentifère  Mérétriie,  il  devint  presque  indispen- 
sable <le  monter  sur  place  une  fonderie  pour  le  plomb,  doni 
les  minerais  bruts  avaient  beaucoup  moins  de  valeur.  En 
môme  temps  que  cette  fonderie  fut  créée,  il  parut  ration- 
nel d'y  adjoindre  des  fours  de  première  fusion  du  cuivre 
(water-jackets)  afin  de  transformer  des  minerais  dont  la 
teneur  variait  de  10  à  15  p.  100  en  mattes  à  30  p.  100 
au  moins.  Il  était  d'ailleurs  devenu  nécessaire  de  laver  le 
minerai,  qui,  des  produits  oxydés  riches  de  la  surface, 
avait  passé,  au-dessous  du  quatrième  niveau,  à  des  sul- 
fures encore  beaux,  mais  où  l'on  rencontrait  non  seule- 
ment un  mélange  de  pyrite,  blende  et  galène,  mais  en 
outre  beaucoup  de  quartz  intimement  associé  aux  sul- 
fures. Une  petite  laverie  avait  été  montée  à  cet  effet,  elle 
livrait  des  minerais  enrichis  à  plus  de  10  p.  100  de  cuivre, 
mais  elle  produisait  en  même  temps,  h  côté  du  stérile, 
des  produits  mixtes  (teneur  3  à  6  p.  100  de  cuivre)  qu'on 
n'était  pas  outill»'  pour  traiter,  et  que  l'on  ontassait  autour 
de  la  mine. 

Pour  des  raisons  que  nous  ne  sommes  jias  k  même 
d'apprécier,  surtout  après  un  intenalle  de  temps  de 
douze  an»,  cette  organisation  ne  put  pas  prospérer,  et  la 


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GISEMENTS    MÉTALLrODBS   DIVERS  353 

Compagnie  des  mines  du  Xord  dut  être  liquidée  au  début 
de  1891. 

Ce  n'est  que  six  ans  après  qu'une  société  anglaise, 
r  «  International  Copper  Corporation  Limited  ",  à  laquelle 
s'est  substituée  en  1899  la  société  «  Mines  de  cuivre  Pilou 
Umited  »,  a  repris  l'exploitation  de  la  mine  Pilou.  Conduite 
d'abord  dans  des  conditions  modestes,  cette  entreprise  a 
fait  ensuite  des  dépenses  considérables  et  parfois  inu- 
tiles :  tandis  que  les  travaux  souterrains  étaient  peu  à 
peu  restreints,  les  dépenses  d'installations  superficielles 
étaient  faites  sans  compter;  en  dehors  de  l'utile  instal- 
lation d'une  machine  d'extraction  et  d'une  puissante 
pompe,  de  nouveaux  appareils,  dont  une  partie  n'ont  d'ail- 
leurs jamais  servi  et  qui  étaient  peu  appropriés  aux  cir- 
constances locales,  étaient  montés  pour  transformer  la 
laverie,  de  luxueux  ateliers  de  réparations  étaient  installés 
k  côté  de  la  raine,  et  l'ancienne  fonderie  de  Pam  était 
reconstruite  sur  un  nouveau  plan  (substitution  de  fours  à 
réverbère  aux  water-jackets  pour  ia  première  fusion)  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  sanctionné  par  l'expérience;  entre 
temps  d'importantes  dépenses  avaient  été  faites,  en 
partie  tout  au  moins  mal  à  propos,  pour  la  création  de 
deux  voies  ferrées  différentes,  ayant  respectivement  3  kilo- 
mètres 1/2  et  5  kilomètres  1/2,  réunissant  la  mine  Pilou 
à  la  baie  de  Pam,  et  d'ime  troisième  voie  ferrée  la  met- 
tant en  relation  avec  la  mine  Ao,  que  nous  mentionnerons 
ci-après.  Dans  ces  conditions,  des  sommes  considérables 
ne  tardèrent  pas  à  être  dépensées,  absorbant  le  capital  de 
la  Société  ;  d'autre  part,  les  conditions  onéreuses  du  trai^ 
tement  des  rainerais  à  l'usine  de  Pam  faisaient  ressortir 
à  plusieurs  centaines  de  francs,  nous  a-t-il  été  affirmé, 
les  frais  de  première  fusion  d'une  niatte  qui  se  vendait 
de  300  à  350  francs,  alors  que  les  frais  de  transport  du 
minerai  jusqu'en  Australie  et  de  première  fusion  là-bas 
n'auraient  guère  représenté  que  50  francs  par  tonne  de 


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194    RICHESSES    MINÉRALES   DE    LA    NOCVBLLE-CALÉOO^^E 

nous  rappelons  que  les  frais,  de  0",75  à  i  franc  par  tonne 
kilométrique,  que  comporte,  à  l'exclusion  de  tontes 
dépenses  de  premier  établissement,  le  transport  par  voi- 
tures, sont  considérés  aujourd'hui  comme  trop  élevés,  eo 
même  temps  que  l'on  regarde  comme  insupportable  la 
gène  résultant  d'un  charroi  assuré  d'une  façon  aussi 
îrréguliëre;  on  y  substitue,  grâce  au  transport  par  voie 
-  ferrée,  des  frais  courants  d'exploitation  généralement  trèa 
restreints  (ne  dépassant  pas,  croyons-nous,  JO  centimes 
par  tonne  kilométrique] ,  augmentés  de  l'amortissement  de 
la  voie  ferrée  ;  cette  voie  coûte  au  minîmiun  15.000  i 
20.000  francs  par  kilomètre,  et  son  installation  est, 
avons-nous  dit,  généralement  faite  sans  avoir  reconnu  des 
tonnages  importants  de  minerai  exploitable  et  souvent 
après  la  simple  signature  d'un  contrat  d'amodiation  de 
2  ou  3  ans  comportant  seulementla  fourniture  de  quelques 
dizaines  de  milliers  de  tonnes.  Tel  est  le  cas  de  plusieois 
des  gisements  de  la  côte  Ouest,  situés  à  5  ou  6  kilomètres 
de  la  mer.  Les  installations,  plus  coûteuses,  de  longues 
voies  ferrées  descendant  des  vallées  importantes,  dont  le 
tracé  comporte  quelques  travaux  d'art,  et  qui  exigent 
l'achat  de  locomotives  et  de  matériel  roulant,  ne  sont 
faites,  au  contraire,  que  lorsqu'on  est  assuré  de  pouvoir  en 
répartir  les  frais  sur  un  grand  nombre  de  milliers  de 
tonnes.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  frais  de  transport  par  voie 
ferrée  ne  peuvent  être  que  rarement  considérés  comme 
inférieui-s,  tout  compris,  à  3  ou  4  francs  par  tonne 
humide  (soit  t  à  6  francs  par  tonne  sèche). 

Une  fois  rendu  au  bord  de  la  mer,  en  un  point  où  la 
côte  offre  nn  abri  suffisant  pour  qu'il  puisse  être  procédé 
au  chargement  des  navires,  le  minerai  est  entassé,  après 
extraction  hors  des  sacs  s'il  y  a  lieu,  pour  attendre 
l'embarquement;  cette  manutention  ne  coAte  pas  moins 
de  0",50  par  tonne  humide  (0'',65  &  0",70  par  tonne 


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LB8   HINB8   DB  NICKBL  195 

flèche).  U  est  ultérieurement  repris  il  l'aide  de  wagon- 
'  nets,  embarqué  dans  des  chalands  par  l'intermédiaire 
d'estacadea,  et  conduit  au  bord  du  bateau  sur  lequel  il 
doit  être  chargé;  c'est  là  une  nouTelIe  cause  de  dépense 
qui  n'est  pas  négligeable.  Les  grandes  sociétés  possèdent 
des  chalands  dont  la  confection  et  l'entretien  sont  assez 
coûteux  ;  la  main-d'œuvre  nécessaire  pour  la  reprise  du 
minerai  en  tas,  son  embarquement  dans  les  chalands,  et 
la  remorque  de  ceux-ci  jusqu'au  bord,  est  également  oaé- 
reuse,  bien  que  ces  travaux  soient  généralement  confiés 
k  des  Canaques  des  lies  Loyalty  particnUèrement  habiles 
à  cela.  L'ensemble  de  ces  opérations  coûte  de  3  &  4  irancs 
par  tonne  humide  (4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Les 
petits  exploitants  font  souvent  effectuer  le  chalandage  de 
leur  minerai,  au  moment  du  chargement  d'un  navire,  par 
an  entrepreneur  spécial,  auquel  ils  payent  alors  3  francs 
par  tonne  humide,  non  compris  la  main-d'oeuvre  qu'ils 
fournissent. 

Les  frais  de  transport  et  de  chargement  peuvent  donc 
varier  entre  les  limites  suivantes  {chiffres  rapportés  à  la 
tonne  de  mùmerai  sec)  : 

Fr.  Ft. 

Descente  BU  pied  (  Hiin-d'œnTre 0,70  à  1,40 

de  la  mine.        j  Amortissement  des  installations  0,70à  1,40 

Transport  par     l  Frais  oearants 0,M  à  1 ,50 

voie  ferrée.       f  Amortisautent  des  installations  3,40  à  4,B0 

Entassement 0,65  à  0,70 

Chalandage 4,00  à  6,00 

Total  APPaoïiMATir 10,00  à  15,00 

C.  —  Frais  généraux,  dépenses  d'installations. 

Dans  tout  ce  qui  précède,  nous  n'avons  considéré  que 
les  frais  de  main-d'œuvre  en  ce  qui  concerne  l'exploita- 
tion même  ;  nous  avons,  au  contraire,  été  nécessairement 


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IM    RICHESSES    KINte&LB>   DB    LA    IIOOVBLLE-CALÉDONIB 

astené  h  faire  mention  des  frais  de  (usinier  établissemoit, 
en  parlant  des  voies  de  transport  et  des  prix  de  revient 
des  transports.  Pour  compléter  les  indications  que  nous 
noos  proposons  de  donner  sur  les  prix  de  revient  d«« 
exploitations  de  nickel  de  la  colonie,  nous  derons  Micore 
dire  quelques  mots  des  frais  généraux  dÎTers,  dam  les- 
quels nons  comprendrons  les  différentes  founùtane 
nécessaires  à  l'exploitation,  et  nous  devons  en  outre 
revenir  sur  les  dépenses  de  premier  établisseinmt. 

Les  foartaitores  consommées  d'une  façon  courante  pour 
l'exploitation  sont  peu  nombrensee  :  dans  quelques  cas  on 
a  recoiu^  aux  explosifs,  on  emploie  partout  des  outils 
divers,  barres  à  mine  s'il  y  a  lieu,  pics,  [ùochea,  pinces, 
pelles;  on  nsa  en  outre  une  quantité  importante  de  sacs, 
comme  nous  l'avons  déjà  mentionné  ;  enfin,  dans  des 
exploitations  importantes,  l'entretien  des  différents  engins 
de  transport  sur  carrières  donne  lieu  à  une  consomma^ 
tion  plus  on  moins  régulière  de  fournitures  diverses;  il 
y  a  donc  à  ajouter  au  prix  de  revient  du  minerai  sur  car- 
rières, que  nous  avons  indiqué  ci-dessus,  un  article  four- 
nitures qui  peut  se  monter  à  3  on  4  francs  par  tonne 
(4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Pour  les  petites  exploita- 
tions, cet  article  di'^parait  presque  <:omplètetneDt  :  les 
explosifs  y  sont  d'un  emploi  exceptionnel  ;  les  outih  ofil 
généralement  fait  l'objet  d'un  approvisionnement  fait  n*e 
fois  pour  toutes  an  déhnt  de  l'exploitation,  que  l'on  porte 
aux  dépenses  de  premier  établissement  et  dont  il  n'est 
pas  tenu  compte  enaiiite,  rie  même  pour  les  engins  de 
transport. 

Les  frais  généraux  comprennent,  en  outre,  des  frais 
plus  on  moins  impoHanta  do  direction  technique,  d'études, 
de  comptabilité,  etc.,  que  de  petits  exploitants,  travail- 
lant k  leiir  compte  ip^tifs  mineurs),  ne  font  généralement 
pas  entrer  en  ligne  de  compte,  puisqu'ils  assurent  per- 
sonnellement ces  dilîérentes  tùches.  Les  dépenses  pour 


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LU  HQEBB  DS  BK»BL  107 

prîMi  d'essai  systématiques  des  différents  lots,  «t  ponr 
analyse  taat  de  ces  prises  d'essai  qne  des  écàsDlillois 
fréquemment  prélevés  au  chautier  pour  guider  le  travail 
des  ouvriers,  doivent  intervenir  également  daai  les  frais 
généraux,  et  elles  ne  représentent  pas  moins  de  0",20  À 
0'',25  par  tonne  pour  une  eiploitation  importante  ob  les 
prises  d'essai  stmt  soigneusement  fûtes,  et  où  l'on  procède 
à  des  centaines  de  do&agesC) par  semaine.pour  surveiller 
«i  guider  le  travail  d'exploitation.  ËnSn  les  impMs  de 
toutes  sortes,  redevance  sur  les  périmètres  miniers,  droit 
sur  les  mineFais  ezpwtés,  etc.,  sans  compter  les  droits  de 
navigation,  de  phare  et  de  balisage,  qui  pment  indirec- 
tement sur  les  prix  de  revient,  constituaut,  an  titre  frais 
géfléraux,  une  charge  assez  lourde,  pouvant  atteindre, 
surtout  pour  une  entreprise  ûnportante,  plusteurs  francs 
par  tonne. 

Si  nous  passons  maintenant  aux  frais  de  premier 
établisswaant,  nous  n'avons  pas  grand'choee  à  dire  de 
ceux  qui  peuvent  être  faits  sur  les  carrières  mômee  ;  Muas 
avons  préfwé  les  faire  rentrer  dans  les  frais  d'expldta- 
tion  80US  la  rubrique  :  Travaux  préparatoires.  1^  création 
des  engins  auxiliaires  de  transport  et  de  descente  pmir  la 
concentration  du  rainerai,  l'ackat  des  voies  Decauvillc 
volantes  et  du  matériel  de  wagonnets  nécessaires  au  rou- 
lage sur  carrièrâs  des  minerais  et  déblais,  rentrent  au 
contraire  dans  ces  frais.  Les  engins  de  descente  et  de 
transport  horizontal  j  rentrent  également  et  en  constituant 
le  plus  grtM  chiffre;  nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que 
Boas  venons  d'en  dira.  Mais  noua  devons  menticHmer  ici 
d'autres  installations  qu'il  est  indispensable  de  créer  au 
début  de  l'exploitation  :  ce    sont  d'abord  des  chemins 

(*)  Ces  dosages  te  font  d'uiiB  façon  expéditîTe,  grice  à  uoe  méthode 
par  liqueun  titrËes  qui  b  été  indiquée  par  U.  Moore,  cbimiite  da  ser- 
'  e  local  de  la  colonie,  et  dont  on  confie  arec  succès  l'application  à  dei 


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198   RICHES8B8   MINBRALB8  DB   LA  NOUVBLLB-CALBDOSIK 

d'accès  depuis  le  bord  de  la  mer  ou  depuis  la  localité  tm- 
sine  jusqu'au  pied  de  la  mine,  puis  du  pied  de  la  mine 
jusqu'aux  travaux;  les  premiers,  tracés  en  terrain  plat  ou 
à  peu  près,  ne  comportent  pas  de  travaux  importants,  ils 
doivent  généralement  être  carrossables;  les  secooda,  an 
contraire,  seraient  plus  difficiles  à  pratiquer  si  l'on  ne  se 
contentait  de  chemins  muletiers  gravissant  en  lacets 
n'importe  quels  escarpements,  grôce  à  des  pentes  attei-- 
gnant  jusqu'à  10  p.  100;  de  tels  chemins  ne  reviennent 
pas  à  plus  de  30  à  50  centimes  par  mètre,  ce  qui  représente, 
pour  une  dénivellation  de  400  ou  500  mètres  et  un  déve- 
loppement de  quelques  kilomètres,  2.000  à  3.000  francs- n 
faut  ensuite  avoir  des  installations,  toujours  fort  sommaires 
d'ailleurs,  pour  abriter  les  ouvriers  à  recruter  ;  ce  n'est  là 
qu'une  modeste  dépense,  étant  donné  les  conditions  dans 
lesquelles  les  ouvriers  sont  logés  ;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  suite. 

Enân  l'exploitant  doit  se  construire  sa  propre  habita- 
tion, à  laquelle  il  annexe  un  magasin  destiné  à  renfermer 
à  la  fois  les  fournitures  courantes  nécessaires  à  l'exploi- 
tation et  les  vivres  et  fournitures  diverses  consommés  par 
les  ouvriers. 

L'ensemble  de  ces  frjûs  divers  de  premier  établisseroeat 
n'est  pas  inférieur  à  10.000  et  souvent  20.000  francs 
pour  une  petite  exploitation;  il  s'élève  naturellement 
incomparablement  plus  pour  une  affaire  plue  importante, 
lorsqu'il  s'agit  de  créer  de  toutes  pièces,  comme  l'a  fait 
la  société  le  Nickel  à  Thio,  par  exemple,  les  logements 
d'un  personnel  important,  des  bureaux,  un  laboratoire, 
des  magasins  considérables,  un  atelier,  eto... 

^-  —  Prix  de  revient  globaux. 

Poorrésuraer  en  un  tableau  les  indications,  nécessaire- 
ment vagues,  que  nous  avons  données  ci-dessus,  nom 


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LES  MINES   DK  NICKEL  199 

dirons  que  le  prix  de  revient  d'une  quantité  de  minerai  dd 
nickel  équivalente  à  une  tonne  de  minerai  sec,  rendue 
BOUS  palaus,  comprend  les  éléments  suivants,  dont  on  peut 
estimer  que  l'importance  varie  entre  les  chiffres  ci- 
dessous  : 


Frais      1 
courants  ] 


carrières. 


Abatoge  et  triage 8,00  h  30.00 

Transporta  sur  carrières,  éTacualiou 

du  stérile 3,00  à    4,90 

T  ravau  KpréparatoiresetterrassenieDts 

divers 4,00  k  20,00 

Bosachage  (s'il  y  a  lieu),  maio-d'œuvre  et  matières.  2,!i0  à    3,00 

Transports,  main-d'œuvre  et  frab  courants 1,30  à    3,M 

Entassement,  main-d'œuvre 0,SS  à    0,70 

Ghalandage  (y  compris  l'amortisBement  des  instal- 
lations s'il  y  a  lieu) 4,00  à    6,00 

Frais  généraux,  fournitures  et  entretien 0,00  à    6,00 

Frais  généraux  :   direction,   surveillance,   prises 

d'essai,  analyses,  impOts 0,00  à    5,00 

Matériel  et  outils 1,00  à    S,00 

Engins  de  transport 3,40  à    4,$0 

Installations  diverses  (chemins, 
constructions,  etc.),  essentiellemeut  variable 


Amortissement 

des 

[nstal  talions. 


Nous  ne  pouvons  que  répéter  ici  que  ces  (chiffres  ne 
doivent  être  considérés  que  comme  donnant  des  indica- 
tions sur  la  façon  dont  se  répartissent  les  dépenses  d'une 
exploitation  de  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  :  si  l'on 
considère  les  chiffres  minimum  que  nous  donnons  et  qui, 
nous  le  répétons,  se  rapportent  à  l'exploitation,  sans  souci 
du  lendemain,  do  quelque  rirhe  traînée  découverte  çà  ou 
là,  on  peut  dire  que  les  frais  courants  par  tonne  sèche 
rendue  à  bord  peuvent  ne  pas  dépasser  25  francs;  il  faut, 
en  outre,  y  ajouter,  comme  nous  l'avons  dit,  des  frais  géné- 
raux fort  minimes  et  ensuite  une  charge  d'itmortissement- 
qu'on  ne  peut  évaluer,  avant  la  fin  de  l'exploitation,  que 
d'une  façon  tout  à  fait  incertaine;  on  ne  connaît  en  effet 
nullement  la  quantité  do  minerai  qui  sera  exploitée,  tant 


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200   RICHESSES  MlNBftjU,BS   D8   LA   NOUVELLE-CALBDOMIE 

parce  que  l'exploitant  loi-inënie  n'a  pas  recoonu  le  gite, 
que  parce  qu'il  a  commencé  son  exploitatïoa  après- 
avoir  signé  un  contrat  de  vente  de  30.000,  40.000  oa 
50.000  tonses  à  livrer  au  cours  des  deux  ou  trois  année» 
à  venir,  et  qu'il  no  peut  nullement  compter  qu'au  bout  de- 
ce  temps  une  restriction  de  la  demande  de  minerai  ne 
viendra  pas  l'obliger  à  abandouaer  nne  mine  encore  pro- 
ductive, et  à  perdre  tout  le  bénéfice  qu'il  pourrait  encore 
retirer  des  installations  qu'il  a  faites.  Aussi,  généralement. 
celui  qui  entreprend  pareille  exploitation.  chercb©-t-il 
simplement  k  voir  s'il  peut  espérer  rémunérer  tous  seft- 
frais  sur  l'exécution  d'un  [H'emier  contrat  de  vente  de 
minerai;  il  prend  alors  à  crédit(')  les  fournitures  <loDt  il 
a  besoin  et  emprunte  un  fonds  de  roulement,  puis  ses- 
efforts  tendent  k  réussir,  grâce  aux  livraisons  de  minerai 
qu'il  fera,  fi  rembourser  sesempruuts,  tout  en  cona^^ant 
qnelque  bénéfice. 

Nous  avons  dit  que  l'amortissement  des  installations  de 
transport  ne  peut  que  rarement  représenter  moins  de  3",4I> 
k  4",50  par  tonne  ;  celui  de  l'ensemble  des  autres  installa- 
tions et  des  approvisionnements  divers  ne  peut  guère  être 
inférieur.  On  arrive  donc  à  un  prix  de  renest  minimmu 
de  30  ou  plutôt  de  35  francs  par  tonne  sèche. 

Cela  refo-ésente,  en  supposant  du  minerai  k  la  tenear 
normale  de  7  p.  100,  un  prix  de  revient  de  0",i5  k  ©"'^SO 
an  minimum  par  kilogramme  de  métal  contenu  dans  le- 
minerai.  Gomme  les  marchés  qui  couraient  an  moment  de- 
notre  séjour  avaient  été  le  plus  souvent  conclus  eolre- 
0",60  et  0",70  par  kilogramme  de  métal,  on  voit  que, 
pour  une  exploitation  oix  auraient  été  réunies  toutes  les 
conditions  les  plus  favorables,  facilités  d'exploitation,  voies- 

(*)  Dm  KchatB  tait»  dam  ecB  conditioiii,  par  des  ezptoilut*  qoi 
n'olTrent  souvent  d'autre*  garanties  que  les  chances  de  succès  de  leur 
exploitation,  sont  naturellement  faits  i  des  prii  sAriensemeat  majort».- 
c«  qol  cmtrilHw  à  aof  nenler  les  rnis  de  premier  «l^iUsseinMt. 


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us  HINEd  m  MtCKBL  20f 

de  transport  aiaéi»  à  installer,  et  toona^  important  dé- 
minerai à  extraire  sur  lequel  répartir  les  frais  de  premier 
établissement,  il  y  avait  une  sérieuse  marge  pour  la  rému- 
nération persOTioelIe  de  l'exploitant  et  pour  la  réalisation 
d'un  bénéfice  important.  H  faut  d'ailleurs  ajouter  à  ce 
dernier  celui  qui  résulte  déjà  de  la  vente  aux  ouvriers  des- 
TÏvres  et  marchandises  diverses,  et  qui  n'est  souvent  pas- 
le  moindre,  puisque  plusieurs  exploitants  nous  ont  déclaré 
qne  c'est  en  somme  le  seul  qu'ils  réalisent. 

Mais  bien  souvent  l'exploitation  elle-oième  n'est  pas- 
aussi  aisée;  il  y  a  des  périodes  tout  au  moins,  oii  les  tra- 
vaux au  stérile  sont  nombreux  et  coûteux  (il  est  rare  qu'il 
n'y  ait  pas  à  compter  audébutdoTexplutation  sur  une  telle- 
période  dont  il  faudra  naturellement  tenir  compte  ensuite)  ;: 
les  transports  peuvent  être  pins  difficiles  à  organiser,  il 
arrive  que,  faute  d'avoir  consacré  au  début  une  somme- 
tu^sante  à  la  création  d'engins  bien  disposés  pour  réduire- 
la  main-d'œuvre  aux  chiffres  assez  bas  que  nous  avons 
supposés,  celle-ci  est  plus  onéreuse  ;  il  se  peut,  au  con- 
traire, qne  les  installations' aient  dâ  être  plus  importante» 
que  nous  ne  l'avons  admis,  ou  ne  se  répartissent  finale- 
ment que  sur  nn  tonnage  trop  restreint;  dans  de  telles 
conditions,  les  bénéfices  de  l'exploitation  peuvent  être 
beaucoup  moins  importants.  Parfois,  nous  rav<mB  déjà, 
mentionné,  il  serait  pratiquement  trop  onéreux,  sinon, 
peut-être  au  point  da  vue  absolu,  du  moins  en  raison  des- 
ressources ou  du  crédit  dont  dispose  l'exploitant,  de  créer' 
des  moyens  de  transport  vraiment  économiques;  d'autre 
part,  l'abatage  du  minerai  peut  être  plus  ou  moins  malaisé  ; 
dès  lors  le  prix  de  revicntpartonne  déminerai  s'élève  con- 
sidérablement ;  mais,  si  le  gite  permet  de  n'exploiter 
que  des  minorais  riches,  à  S  p.  100  par  exemple  et  même 
plus,  la  valeur  de  la  tonne  s'élève  aussi  très  notablement, 
puisque  non  seulement  la  teneur  en  métal  augmente^ 
mais  encore  en  même  temps  le  prix  de  base  par  unité  de- 


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302   EICHBSSBS  HINERALES  DB   LA   HODTELLE-CÂLBDONIE 

métal,  et  l'exploitation  reste  possible  snrune  petite  échelle. 

Telles  sont  les  conditions  dans  lesquelles  ont  été 
créées  toutes,  ou  à  peu  près  toutes,  les  petites  exploita- 
tions de  la  colonie,  qui  ont  produit,  en  1901 ,  45.000  tonnes. 
soit  1/3  de  la  production  totale,  et  celles  dans  lesquelles 
était  également  conduite,  il  j  a  quelques  années,  l'exploi- 
tation de  Népoui.  Des  sociétés  importantes  disposant  d'nn 
capital  considérable,  possédant,  ou  croyant  posséder  (car, 
rappelons-le,  il  y  a  bien  peu  de  gites  réellement  explorés 
aujourd'hui),  des  réserves  importantes  de  minerai  dans 
une  même  région,  procèdent  naturellement  d'une  tout 
autre  façon  :  assurées  d'une  certaine  permanence  dans 
leurs  affaires,  elles  ont  beaucoup  plus  d'intérêt  à  chercher 
&  époiser  systématiquement  les  gîtes  qu'elles  ont  aména- 
gés et  pourvus  de  moyens  de  transport  convenables  ;  dès 
lors  leurs  exploitations  comportent  tout  naturellement  des 
frais  spéciaux  sur  carrières  incomparablement  plus  élevés 
que  ceux  des  mines  dont  nous  venons  de  parler  ;  la  charge 
des  frais  de  premier  établissement  et  d'amortissement 
devient  au  contraire  pins  faible,  tandis  qu'il  faut  compter 
une  part  de  frais  généraux  très  notable,  et  que  les 
dépenses  de  fournitures,  qui  se  renouvellent  d'une  façon 
périodique,  constituent  également  un  article  du  prix  de 
revient.  On  arrive  ainsi  à  des  prix  de  revient  qui  peuvent 
s'élever  jusqu'à  60  et  même  70  francs  par  tonne  de  mine- 
rai sec  à  7  p.  100,  portant  le  prix  du  kilogramme  de  mé- 
tal fa  0",85  et  exceptionnellement  1  franc.  Ce  sont  là 
des  chiffre-s  qui  peuvent  paraître  paradoxaux,  pour  cette 
raison  qu'après  tout  ce  que  nous  avons  dît  de  l'intérêt 
considérable  qu'il  y  a  à  munir  les  exploitations  d'installa- 
tions perfectionnées  et  coûteuses  au  besoin,  dont  les  frais 
de  premier  établissement  soient  destinés  à  se  .répartir 
sur  un  tonnage  important,  nous  en  arrivons  à  constater  que 
le  prix  de  revient  dans  ces  conditions  est  souvent  beau- 


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LES   MINES   DE   NICKEL  203 

coup  plus  élevé  que  daus  les  petites  exploitatioas,  oii  il 
est  strictement  limité  (*}  par  le  prix  auquel  le  minerai 
peut  être  vendu,  soit  de  60  à  70  centimes  par  kilogramme 
de  métal.  L'explication  de  ce  paradoxe  tient  à  deux  cir- 
constances: d'une  part,  le»  sociétés  importantes  exploitent 
aujourd'hui,  souvent  après  avoir,  au  début,  épuisé  les  gise- 
ments voisins  de  la  mer,  des  mines  situées  à  12  kilomètres 
COiio)  et  même  k  25  kilomètres  (Népoui)  de  la  mer,  mines 
qui  seraient  pratiquement  ina<-cessibles  pour  les  petits 
mineurs  ;  d'autre  part,  elles  en  tirent  parfois  un  tout 
autre  parti  que  celui  que  de  petits  mineurs  en  auraient 
tiré,  et  U  n'est  pas  exagéré,  à  notre  avis,  de  dire  que  là 
où  un  petit  mineur  aurait  peut-être  extrait  50.000  ou 
60.000  tonnes  de  minerai  à  S  ou  9  p.  100,  représentant  seu- 
lement quelques  millier!)  de  tonnes  de  métal,  une  telle  so- 
ciété pourra  extraire  quelques  centaines  de  mille  tonnes  de 
minerai  avec  des  teneurs  de  6  1  /2  ou  7  p.  100,  utilisant 
iùnsi  trois  ou  quatre  fois  plus  du  métal  contenu  dans  le 
gisement.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  tous  les  prix  de 
revient  que  nous  avons  indiqués  sont,  en  ce  qui  concerne 
la  m ain-d 'oeuvre,  majorés  du  bénéfice  retiré  de  la  vente  des 
marchandises  aux  ouvriers  ;  ce  bénéfice  s'ajoute  à  celui  des 
petits  mineurs,  mais  il  no  diminue  en  rien  les  prix  aux- 
queb  ils  livrent  leur  minerai;  ce  môme  bénétire,  plus 
modeste  il  est  vrai,  se  retranche  au  contraire  des  prix 
de  revient  des  sociétés  importantes  dont  nous  venons  de 
donner  une  évaluation,  et,  comme  il  atteint  encore  aux  en- 
virons de  20  p.  100  sur  les  marchandises  vendues,  c'est- 
à-dire  sur  la'majoritédes  salaires,  il  doit  diminuer  le  prix 
de  revient  par  kilogramme  de  métal  que  nous  donnons 
ci-dessus,  d'une  somme  qui  n'est  pas  momdre  que  0'',10. 
Ajoutons  que  si,  dans  ces  conditions,  il  semble  qu'une 


(*)  Pour  BToir  la  limite  réelle  h  laquelle  te  petit  mineur  peut  exploi- 
ter uns  perte,  il  Taudrait  réduire  sou  prix  de  rcTient,  calculé  comme 
nous  l'BTons  Tait,  de  la  part  correspondant  au  bénéflce  qu'il  réalise  lui 
lei  founiiturM  qu'il  fait  4  si  ' 


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204  RICHESSES   MINâRALES  DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

société  importante  puisse  souvent  avoir  avantage,  au 
lieu  de  forcer  sa  production  pour  faire  face  à  une  demaode- 
particulièrement  active  de  minerai,  à  passer  des  marchés- 
avec  de  petits  mineurs,  comme  cela  est  d'une  pratique 
constante  lorsque  la  demande  de  nickei  est  active,  cela- 
n'est  réellement  avantageux,  à  son  propre  point  de  vue,  que 
lorsque  le  gisement  exploité  par  le  petit  mineur  n'ap- 
partient pas  à  la  société.  Lorsque  au  contraire  la  mine 
lui  appartient,  c'est  généralement  le  gaspillage  presque 
définitif  auquel  elle  consent  pour  un  gisement  qui,  s'il  a 
tenté  quelque  petit  mineur,  n'est  généralement  pas  parmi 
les  moins  riches  ou  les  moins  avantageusement  situés. 

Et  c'est  en  insistant  sur  cette  considération  que  nous 
terminerons  ce  qui  a  trait  aux  conditions  écoDomiqueB 
actuelles  de  l'exploitation  du  nickel  en  Nouvelle-Calédo- 
nie. Les  prix  de  revient  du  kilogra^nme  de  métal,  avec 
l'obligation  d'une  teneur  minimum  de  7  p.  100  pour  1» 
minerai  sec,  peuvent  être  considérés  comme  variaat. 
aujourd'hui,  tout  compris,  de  O^^SO  à  1  franc  au  grand 
maximum;  mais  le  prix  minimum,  que  nous  croirons- 
pouvoir  fixer  aux  environs  de  O'^ôO,  n'est  pratiquement 
réalisé,  dans  la  plupart  des  mines  oùon  l'obtient,  pour  ne  pas- 
dire  dans  toutes,  que  par  un  véritable  gaspillage  des  gîtes; 
ce  n'est  d'ailleurs  pas  du  tout  à  dire  que  de  tels  prix  ne 
pourraient  pas  être  obtenus  tout  en  assurant  une  beaucoup- 
meilleure  utilisation.  Sans  doute  cette  utilisation  ne  sau- 
rait être  parfaite;  elle  ne  saurait  même  être  aussi  com- 
plète que  lorsque  l'on  consent  à  des  prix  de  revient  plus 
élevés;  mais  elle  pourrait  aisément,  croyons-nous,  être 
souvent  deux  fois  meilleure,  pour  peu  qnerexpioitatioDfût 
entreprise  avec  plus  de  souci  de  l'avenir,  par  des  personnes- 
disposant  des  capitaux  nécessaires  (qui  ne  seraient  d'ailleurs 
pas  énormes),  moins  hantées  par  l'idée  de  faire  fortune  en 
quelques  années,  et,  disons-le  aussi,  moins  complètement 
ignorantes  de  ce  que  peuvent  être  un  gisement  minéral 
et  les  conditions  dans  lesquelles  il  devrait  être  exploité.. 


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CHAPITRE  IV. 


«nus&tion  dbs  himbrus  db  xickel  de  la  hodtblle- 
uUdohib.  Débouchés  qui  leub  sokt  offerts. 


A.  —  Traitement  actuel  des  minerais. 

Les  minerais  de  nk-Jcel  actuellement  exploités  en 
Nouvelle-Calédonie  sont  généralement  expédiés  en  Europe, 
soit  an  Harre,  soit  à  Glasgow,  soit  à  Rotterdam  ;  au  voi- 
sinage immédiat  des  deux  premiers  de  ces  ports  existent 
deux  usines  de  traitement  appartenant  à  la  société  le 
Nickel,  l'usine  du  Havre  et  l'usine  de  Kirkintilloch,  avant 
produit  chacune,  dans  ces  dernières  années,  de  1.500  à 
1.800  tonnes  de  nicke!  par  an;  de  Rotterdam,  les  minerais 
sont  dirigés  sur  l'Allemagne,  oii  ils  sont  traités  (produc- 
tion 1.000  à  1.200  tonnes  par  an).  Il  a  en  outre  été 
récemment  fait  quelques  expéditions  de  minerai  sur 
l'Amérique  {^.000  tonnes  environ  en  1901). 

Les  frais  de  transport  jusqu'en  Europe  sont  naturelle- 
ment variables  avec  les  conditions  générales  du  fret  dans 
le  monde  entier;  ils  oscillent  généralement  aux  environs 
de  30  à  40  francs  par  tonne,  prix  auquel  il  faut  ajouter 
une  assurance  de  3  p.  100  ad  valorem.  Ce  prix  es}  celui 
qui  est  fait  par  dos  voiliers  français  portant  de  '3.000  à 
4.000  tonnes  de  minerai,  qui  viennent  d'Europe  en  Nou- 
velle-Calédonie par  le  cap  de  Bonne-Espôrance  et  re- 
tournent en  Europe  par  le  cap  Horn,  efferluant  un  vo.vage 
d'une  durée  totale  do  7  mois,  le  plus  souvent  sur  lest  à 
l'aller.  Un  voyage  leur  rapporte,  outre  le  fret  qui  s'élève 
entre  lOO.OOO  et  150.000  francs,  la  prime  à  la  naviga- 
tion accordée  par  le  gouvernement  français,  prime  qui 


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SÛft  RICHESSES  HINÉRALKS   DB   LA   NOtJVELLE-CALiDOHIB 

atteint  185.000  francs  en  moyenne  par  voyage  et  qui 
couvre  déjà  pmsqae  les  frais  du  voyage.  D'après  les  ren- 
seigaeinents  que  noos  avons  pu  recueillir,  ces  b&timenti 
ne  pourraient  guère  accepter  de  fret  à  moins  de  50  franca 
par  tonne,  si  cette  prime  »•  leur  était  pas  allouée;  des 
b&timents  anglais,  qui  n'en  preCtoitt  pas,  accepteraient 
parfois  des  frets  d'one  ^anntaine  ifo  francs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  qu'actndlenMt  le  &et  seul, 
qui  représente  ainsi  environ  48  à  55  francB  par  tonne  de 
minerai  sec,  soit  70  à  75  centimes  par  kilogranuM  de 
métal,  suffit  à  doubler,  àl'arrivée  en  Europe,  la  valeurAl 
minerai  de  nickel  pris  aur  place. 

Le  traitement  que  le  minerai  subit  comporte  actuelle- 
ment une  fusion  pour  matte  au  cubilot  k  water-jacket  ; 
fondu  avec  20  p.  100  de  calcaire,  10  p.  100  de  gypse 
(ou  une  quantité  de  charrée  de  soude  équivalente  an 
point  de  vue  de  la  richesse  en  soufre)  et  37  1/2  p.  100 
de  coke,  le  rainerai  produit  une  matte  tenant  environ 
45  p.  100  de  nickel,  40  p.  100  de  fer  et  15  p.  100  de 
soufre,  tandis  que  les  matières  réfractaires,  silice,  chaux, 
et  magnésie,  passent  dans  la  scorie  et  n'entraînent  qu'une 
faible  quantité  de  nickel.  La  matte  obtenue  est  ensuite 
déferrée  au  convertisseur,  ce  qui  donne  lieu  à  la  produc- 
tion d'un  sulfure  de  nickel  à  75  p.  100  de  nickel,  moins 
de  1  p.  100  de  fer,  et  24  p.  100  de  soufre  ;  celui-ci  est 
finement  broyé,  puis  il  subit  un  double  grillage  très  minu- 
tieux, destiné  à  éliminer  aussi  complètement  que  possible 
le  soufre  ;  enfin  l'oxyde  produit  est  réduit  en  présence  de 
charbon  et  de  farine,  ce  qui  donne  du  métal  k  peu  près 
pur  et  aggloméré  parune  demi-fusion.  Nous  n'avons  pas 
d'évaluation  exacte  des  frais  que  comporte  ce  traitement  ; 
noua  croyons  néanmoins  qu'ih  ne  dépassent  pas  1  franc 
par  kilogramme  de  métal  produit  ;  une  moitié  de  ces  frais 
se  rapporte  à  la  première  fusion. 

Dans  ces  conditions,  le  nickel  se  vend  en  Europe,  suivant 


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UtS   MINES  DB  MICKBL  207 

les  circonstances,  suivant  l'importance  des  acfaats,  etc., 
entre  3",50  et  4  francs  le  kilogramme.  Ajoutons  que 
le  nickel  qui  est  extrait  des  minerais  calédoniens  par  le 
traitement  qoe  nous  venons  d'indiquer  est  très  pur  ;  il 
contient  99  à  99,5  p.  100  de  nickel;  il  est  suffisamment 
bien  débarrassé  du  soufre  qui  y  a  été  incorporé  par  la 
première  fasion,  puisqu'il  n'en  tient  que  moins  de  1  millième; 
il  est  exempt  d'arsenic  et  de  phosphore,  et  ue  contient  que 
des  traces  (moins  de  1  millième)  de  cuivre,  qui  seraient, 
paralt-il,  introduites  par  le  traitement,  mais  qui  n'existent 
pas  dans  les  minerais  de  notre  colonie. 

B.  —  Les  dbbodchés  i>u  nickel. 

Le  prix  du  nickel  métallique  a  baissé  depuis  25  ans 
dans  des  proportions  extrêmement  considérables,  puisque 
au  moment  de  la  découverte  des  minerais  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  il  était  encore  de  18  francs  le  kilogramme,  et 
qu'après  s'être  abaissé  d'abord  brusquement  à  iO  francs, 
puis  successivement  à  8,6  et  5  francs  (1S92),  à  4  francs 
(1894),  à  3  francs  (1895),  et  puis  même  à  2'%40  (fin  1895) 
par  l'effet  de  la  concurrence  du  Canada,  il  oscille 
maintenant  entre  3'',50  et  4  francs  le  kilogramme. 
Néanmoins  le  nickel  est  resté  un  métal  demi-précieux, 
coûtant  à  peu  près  deux  fois  plus  que  le  cuivre;  il  ne 
saurait  donc  être  substitué  à  ce  métal,  de  même  que  les 
alliages  à  base  de  nickel  ne  sauraient  être  substitués  au 
laiton,  que  pour  des  usages  de  luxe  ou  à  peu  près;  on 
connaît  les  emplois  du  nickel  métallique  pour  un  certain 
nombre  d'objets  usuels  qu'il  est  intéressant  de  préserver 
du  vert-de-gris,  ou  comme  revêtement,  soit  à  l'état  de 
plaqué,  soit  à  l'état  de  dépftts  galvaniques,  sur  d'autres 
métaux  ;  on  connaît  également  les  usages  des  alliages  à 
base  de  nickel  :  argentan,  raaillechort,  métal  anglais, 
métal  blanc,  etc.  ;  enfin  le  nickel,  soît  pur,  soit  à  l'état  d'al- 


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'208   HICHESDBS   HINArALES   DE   LA  NOITVELLE-CAI.ÉDONIS 

liage,  a  été  employé,  et  sera  vraiseniblablement  employé 
encore,  par  différents  pays  pour  la  fabrication  de  la  mon- 
naie de  billon. 

Bien  que  l'ensemble  de  cea  usages,  qui  ne  demandent 
chacun  indiTiduelIement  que  des  quantités  relatiremeDl 
restreintes  de  nickel,  finisse  par  représenter  des  cen- 
taines et  même  quelques  milliers  de  tonnes  par  an,  et  que 
l'on  puisse  espérer  voir  pea  à  peu  adopter  ce  beau  métal, 
précieux  par  son  inaltérainlité,  pour  d'autres  usages  dn 
même  genre,  il  n'y  aura  là  vraisemblablement  qu'oo 
accroissement  assez  lent  d'année  en  année,  tant  que  le 
prix  du  nickel  restera  notablement  supérieur  à  celui  do 
<niivre. 

Un  autre  débouché  "qui  a  été  ouvert  au  nickel  depuis 
que  son  prix  s'est  abaissé  est  la  fabrication  de»  aciers  an 
nickel,  et  celui-là,  qui  en  a  déjà  aujourd'hui  doublé  les 
usages  dans  le  monde  entier,  parait  promettre,  pour  un 
avenir  sans  doute  prochain,  un  large  développement  de 
la  consommation  du  nickel.  La  ténacité  et  l'augnientatioa 
de  la  limite  d'élasticité  et  <ie  la  charge  de  rupture  qu'on 
petit  nombre  d'imités  de  nickel  communiquent  à  l'acier, 
ont  fait  introduire  ce  métal  dans  la  composition  de  cer- 
tains aciers  spéciaux  depuis  une  dou;!ainc  d'imnées  (envi- 
ron :  emplojé  d'abord  avec  succùs  pour  les  plaques  de 
blindage  on  proportion  de  3  à  5  p.  100  (essais  d'Anna- 
polis,  1891),  il  a  été  introduit  ensuite  dans  le  métal  à 
canons  fen  proportion  voisine  de  2  p.  100),  dans  des  tôles 
destinées  à  des  constructions  métalliques  oîi  l'on  recherche 
tout  particulièrement  lalégèrelé(pT-oportion  de  3  p.  100), 
dans  certains  arbres  dont  on  désire  augmenter  la  limite 
élastique  (proportion  de  1  p.  100),  et  l'on  cherche  aujoniv 
d'hui  à  employer  les  aciers  au  nickel  pour  faire  des 
tubes,  des  rivets,  etc.  Mais,  si  «  les  aciers  au  nickel  plus 
ou  moins  manganèses,  carbures  ou  chromés,  sont  sem- 
blables aux  aciers  ordinaires  au  carbone,  tant  que  les  pro- 


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LES  HINES  DE  NICKEL  209 

portions  do  nickel,  manganèse,  chrome  et  carbone  ne 
dépassent  pas  une  certaine  Umlte(*)  »,  et  si,  dans  ces  condi- 
tions, ces  divers  éléments  jouent  sioiplcmeat  le  rôle  d'éK- 
ra^its  durcissants,  «  au  delà  d'une  certaine  limite,  les 
additions  de  ces  éléments  produisent  une  transformation 
allotropique  du  fer  contenu  dans  les  aciers,  qui  fait 
apparaître  des  propriétés  physiques  et  mécaniques  très 
différentes  de  celles  des  aciers  ordinaires  (M...  »  Avec  une 
composition  répondant  à  cette  dernière  condition  grâce 
à  une  forte  teneur  en  nickel,  »  les  aciers  s'adoucissent 
considérablement  par  la  trempe  et  ne  durcissent  que 
par  l'écrouissage  ;  les  propriétés  mécaniques  de  certains 
d'entre  eux  sont  très  remarquables,  particuhèremeat 
au  point  de  vue  de  rallongement  à  la  rupture,  qui  est 
exceptionnel,  et  de  la  résistance  au  choc,  qui  dépasse 
celle  de  tous  les  alliages  ou  métaux  connus  (')  ».  C'est 
parmi  ces  aciers-là,  où  la  proportion  de  nickel  se  compte 
par  dixièmes,  que  l'on  a  découvert  des  métaux  présentant 
des  propriétés  physiques  extrêmement  remarquables, 
not^nment  au  point  de  vue  de.  la  dilatabilité,  ce  qui  est 
de  nature  à  leur  ouvrir  dos  débouchés,  mais  sans  doute 
restreints  comme  tonnage,  poiu*  la  construction  d'appa- 
reils de  physique,  do  géodésie,  etc.;  cependant  certaines 
de  leurs  propriétés  mécaniques  sont  si  précieuses  que, 
malgré  leur  prix  élevé,  ils  ont  déjà  été  employés  dans 
la  construction  en  fer,  notamment  en  assez  grando  quan- 
tité par  l'artillerie  française  au  cours  de  la  construction 
de  »OD  nouveau  matériel  (télés  à  25  p.  100  de  nickel). 

Aujourd'hui  donc  les  usages  des  aciers  au  nickel  sont 
couraDts  avec  des  teneurs  de  i  à  5  p.  JOO  sous  forme  de 
tdles,  arbres,  canons,  obus,  et  surtout  de  blindages.  Ce- 
Be  sont  encore  là  que  des  usages  spéciaux  correspondant 


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210  RICHESSES   HINÂRALBe  DB  Li  ITOOTW.LB-CALBDONIK 

à  des  toonagea  limités,  et  cela  tient  non  »«ilemeirt  h  <» 
qob  IHntroductKMi  de  quelques  TinitéB  pour  oeat  de  VitiaM 
dans  l'acier  augmenta  trës  Botablement  soniffii  {souvent 
dn  simple  auiooWe)  à  ia  fois  en  rmisonde  la  yal^ff  mêm» 
da  métal  introduit  et  en  raison  de  la  minutie  phis  gnztdft 
(te  ta  préparatïOTi  m4tî^apgiqo©  de  ces  aciers  spédaHX, 
mais  cela  tient  encore  à  c«  ftrit  qoo  l'améUorBrtioH  de  cm^ 
tainos  de  leurs  propriétés  mécaniqnes  ne  Ta  pas  «wneirt 
sans  des  inoonréiûentB,  tels  qoe  la  difScalté  avec  laqiwAe 
ila  «e  laissent  traTaiiler,  ne  aupportaiït  pas  l'écronws^rer 
criquant  aisément,  etc.  Il  est  fort  intéressant  oep«B»d«i* 
de  signaler  un  pas,  paraissant  très  notaWe,  qoi  Tieflt 
d'être  fait  aux  États-Unis  :  après  des  «ssais  multir4w 
pour  l'emploi  de  rails  en  aciw  aa  nickel  sur  des  sectiwia- 
de  voies  ferrées  très  fréquentées,  en  vae  d'eapacer  ■arta- 
Mement  les  réfectioiis  dévoies,  la  Pensyivanian  Railroad  0* 
Tient  de  commwider  9.000  toanes  de  mts  ea  mitr- 
àS  1/2  p.  iOG^io  ni(*el  pesant «5  et  100  Krres  paryai^ 
(seit  43  et  50  kilogrammes  par  métré),  pour  en  murœ'  hsa 
sections  de  voie  les  plus  (Aai^ées  de  aes  ïgnme  airtMO' 
de  I^tsbarg  :  cette  commande  aurait  été  faite  aa  ^Hs 
de  hb  dollars  la  tonne  (âOlfrancs  par  ionwe  n&briKfm)  (*). 
La  nraltiplication  de  semblables  osagea  «a  tumffÊKnM- 
pas  d'aocrottre  oensîdérabtememl  la  conwwnatiw  (fa 
nickel,  et -o^poalraït  bien  ne  pas^tsMerAae  piailiÉfti» 
efet. 

I^oor  oe  qui  est  <le  l'adeptine  'des  &àll»t  'an  «HkI  fc 
haute  teneur,  on  peot  dès  au^urd'hai  y  coBptA*  pmn*  la 
construction  d'appareils  ^e  'préoisien  ;  ra)ris  "«Ala  «at  iteu 
de  cAwfle,  et  w  qni  serait  vnôiffient  -préoMoc  fMt-wOtn- 
otâonie,  oe  «ersit  de  votr  se  dév«(opp«n-  êm  •«•^Ms  Ma^ 
qae  oelai  qm  a  éW  tait  'pu-  rartMarie  "A-aHoaise  d'aelw  %' 
25  p.  tOO  de  nickel;  il  ne  faudrait^a  effet  jmu  baaHfftnp 

(*)  CRttMtfrfNff'OM  «nh»*^  AnuiKd,  7  a»<rt4er«n, -p.  «n. 


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lAB   BfllIBS  im  KHKKL  j^l 

€'xisscgtss  exigeairt  <AaciB  «niniellem«(t  iquriqties  can- 
tahm  'Ae  tonies^le  tels  màevn  -ptmr  ««gwenter  éma  me 
targe  proportion  la  eansmamatioB  <hi  «ich^  ;  il  fte  mus 
-pHnSt  pas  doHieiix  <!»  oes  wm^h  «e  nriti^^icrMit  d'au- 
tant ^bfs  r&pMefDflMt  tiAe  le  prix  à»  tâektA,  qai  nieprifint 
pour  vat  ititffa  part  Ans  le  piiz  ^evé  de  «te  prodâts 
spéciaux,  diminuent  ptm  vite  et  fitm  notaWeinmt. 

Les  aaages  niét«H«rg«[«es  soait  émtc  de  «em  ^i,  exi- 
gwmt  «DJeiB'd'hui  à  peu  •pre/e  La  mcritié  àa  n>ck«l  conaecinié 
4niT9  le  «mnde,  poarniieBt  -à  bref  dé)»,  et  swrtout  à  la 
faveur  d'un  abaissement  notable  du  prît  4a  tiicàel,  ang" 
stsntor  ^laufl  une  irëa  largo  imuior.tioii.  Us  suivfi&t  uatii- 
r^lraïad;  MJjflKrd'iwi  ks  floctuatioas  de  l'industn» 
laétaHni'gique,  «t  en  particiriiM-  ^ie  l'inda strie  spéciale  des 
anwnsnto;  ik  aot  «a  letrr  période  it'sccroissement 
de  1808  à  1901,  en  même  temps  gtre  oette  industrie,  et 
si4>isaent  nyoerd'itui  arec  eile  une  crise^iû  n'est  assuré- 

Qftm  4)a'it  «s  aoii,  f^raufailiie  kIm  uugas  ia  jûckel  • 
déjà  marqué  une  progression  considérable  depuis  25  an!<, 
mt  ntms»oaÊme»  Itien  pur— dé  qoe  oatie  pragrinwiii  ne 
farji^^petx3wliiiwr  oiore  4'«»«ée  «•.«xn^  l.e8^a(>l<|Mes 
ckïfftva   wiiwÉi  inwiiniwt  ee^'<ete  a  éé^  jaayi'icL 

C'a^^  H.  Lent{*),  k  pM*KtM«  wwmri*»  daaidiei 
■mt  iMtée  MMiUeMMt«tatMun«jB^M'«iiM7«,«t.aUe 
«BMÉt  Bwtée  iwuito  àfawy<B  »a»  fflhiffTWi  «wiwMta  ; 

1B78 400  tannes 


La  Nouvelle-CslédomeinterTenait  «fsHleurs  pour  la  plus 
large  part  dans  cett€  production.  Depms  1889,  ta  décou- 

"^D.  Lkt*t,  Fntgrêt  d«  ta  mOallMrgi»  du  nicM  (JnntflentM'SMu, 


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212  RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA  NOCVBLLB-CALÉDONIB 

verte  des  riches  mines  de  pyrrothine  cupro-nickelifere 
do  Sudbury  {Canada)  a  fait  entrer  en  ligne,  pour  la  produc- 
tion du  nickel,  un  redoutable  concurrent  de  notre  colonie; 
ce  sont  les  quantités  considérables  de  métal  que  le  Canada 
a  jetées  sur  le  marché  à  des  prix,  sans  cesse  décroissants 
qui  ont  amené  la  crise  subie  par  les  exploitations  de 
nickel  de  notre  colonie,  en  1892-1897. 

D'après  les  statistiques  que  nous  avons  entre  les 
mainsC),  la  production  du  nickel  métal  se  serait,  depuis 
lors,  répartie  comme  suit,  au  point  de  vue  des  pays  d'ori- 
gine des  minerais  : 


tS94    18»    18»    1897    1S9B    IW»     '«» 


Nous  ajouterons  que  la  consommatibn  du  nickel  dans 
le  monde  entier  n'a  pas  exactement  suivi  les  fluctuations 
qu'indiqueraient  les  chiffres  ci-dessus,  extraits  des  statis- 
tiques ofScielles  des  différents  pays;  on  aurait  en  effet, 
d'après  les  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir, 
consommé  les  quantités  suivantes  de  nickel  au  cours  des 
<ùnq  dernières  années. 


1898 6.600  tonnes 

I8«9 6.700      — 

1«W 7.200      — 

i«Ol 7.400      — 

1902 e.800      — 

(•)  R^P.  RonwiLL,  The  miwrtU  Indtalrg,  anntfeB  1B92  et  s 


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-;-*f^il 


LE8    MINES    DE    MICKEL  213 

En  regard  de  ces  chiffres  de  production  et  de  consom- 
mation du  nickel,  nous  fournirons,  d'après  les  statistiques 
officielles,  ceux  de  l'exportation  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie  avec  l'indication  approximative  des  quantités 
de  métal  qu'ils  contenaient,  en  faisant  remarquer  que, 
même  à  supposer  les  statistiques  de  la  colonie  exactes, 
non  seulement  il  y  a  une  certaine  perte  au  traitement  et 
parfois  des  pertes  en  route  par  suite  de  sinistres  de  mer, 
mais  qu'en  outre  la  nécessité  de  conserver  ou  de  former  en 
Europe  des  stocks  d'une  certaine  importance  a  pu  donner 
lieu,  au  cours  de  diverses  années,  à  des  exportations  de 
minerai  notablement  différentes  de  celles  correspondant 
à  la  production,  et  surtout  à  la  consommation  réelle,  du 
nickel  d'origine  calédonienne.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les 
chiffres  que  fournît  la  statistique  oftîcielle. 


byCoOl^ll 


214  RICHESSBS  MINÉBULB»  DB  LA  NOUVEL LB-CALÉDOMR 


NaBnlle-CdMg^cf) 


m 


(fl.TflS 


(I.2M) 
{1.900} 


III0..'>I9 
i  M  .6.13 


I.  BU  .000 


flCO.WJ      (:».fii; 


S! 


C.  —  Développement  possible  de  l'inodstbie  dd  nickel 
EN  Nouvelle-Calédonie. 


IjOS  chiffres  qui  prérèdent  suffisent  à  montrer  (|uello  a 
été  jusqu'ici,  pour  la  Noiivolle-Calédonie,  l'importance  de 


(■)  Leschiffres  de  res  troii  colonncii  snnl  établis  en  supposanl  loat 
Le  minemi  eiporté  cru  ;  nous  avons  porl*  entre  parenlhËBes,  lorsqu'il  y 
avait  lieu,  les  cliilîres  relatifs  au  minerai  fondu  dans  la  rolonle. 

("}  l^es  valeurs  des  quantités  de  minerai  exportées,  indiquées  pouriM 
années  antérieures  A  1901.  et  en  particulier  pour  le«  trois  dernières, 
«ont  certainement  exagérées  ;  elleii  paraissent  avoir  été  olitcnuei  en 
multipliant  les  tonnages  de  minerai  humid  ■  par  ta  valeur  de  la  tonne  de 
minersi  sec;  elles  seraient  donc  t  réduire  de  Î5  p.  lOO  environ. 


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LBS   HIHE»  DB  HICKBL  215 

S'iadiistn»  ia  nickel,  et  c^uet  eei  l'intérêt  qui  s'attacherait, 

^us  la  prospérité  de  ootce  colonie,  à  ce  que  cette  iodus- 
trie  se  développe  encore  largement.  Nous  iivoiis  sufâsam- 
na&t  montré  dans  ce  qui  précède  combîeu  ^ruides  aont 
les  ressources  es  métal  CMÎlemeot  expliMtables  coatessee 

■dans  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  pour  que  chacun  com- 
prenae  que  l'on  oe  peut  que  souUaiter  de  voir  la  demande 

-de  BiijKrai  augmenter,  fbt-ce  au  prix  d'un  abaissement 
des  cours  ;  les  richesses  4e  noti-e   colonie  peuvent  en 

■offet,  pour  peu  qu'on  les  exploite  d'une  façon  plua  régu- 
lière, plus  stable,  et  pluâ  prévoyanle,  ce  que  ne  manque- 
Eait  pas  do  faciliter  grandement  uue  augmentation  des 

-Uéboucliés,  fournir  à  îles  demandes  beaucoup  plus  impor- 
tantes encore  qu'aujourd'hui,  et  cela  pendant  de  longues 

. années. 

Comuienousl'avonsditjCette  augmentation  des  débouchée 
parait  assez  étroitement  liée  aujourd'hui  à  une  diminution 

-du  prix  auquel  le  métal  pourrait  être  offert  au  consom- 
mateur, et  les  gisements  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître pourraient,  nous  n'en  doutons  point,  satl-^faire  à 

-cette  nécessité.  Noua  voudrions  le  montrer  en  quelques 

.mots. 

Si  l'on  reprend  un  à  un  leH  (Ufférents  éléments  du  prix 

-de  revient  du  nickel  que  fournît  la  Nouvelle-Calédonie,  on 
est  frappé,  en  écartant  pour  le  moment  les  cluu'gcs 
importantes  que  comportent  les  difficultés  de  main-d'œuvre, 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  d'ailleurs,  on  est  frappé, 

.disons-nous,  de  l'influence  sur  ce  prix  de  revient  de  trais 
circonstances  différentes.  Ce  sont:  d'abord  l'obligation 
d'abattre  avec  le  minerai  des  quantités  considérables  de 
matières  plus  pauvres  en  nickel  qu'il  faut  séparer  par  un 
niiuiiticux  triage  et  rejeter  ensuite,  puis,  et  surtout,  l'aug- 
mentation de  prix  du  simple  au  double  que  comporte  le 
transport,  depuis  les  Antipodes  jusqu'en  Europe,  de  mine- 
rais qui  ne  tiennent  guère  plus  de  5  p.  iOO  de  leur  poids 


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216   RICHESSES   MINÉRALES  DE   I.A      OUVELLE-CALÈDONIB 

du  précieux  métal,  et  enfln  la  cherté,  inhérente  à  sa  com- 
plication, du  traitement  métallurgique  des  minerais  de 
nickel. 

Pourrait-on  diminuer  ces  lourdes  charges  et  dans  quelle 
mesure?  C'est  ce  que  nous  allons  discuter. 

La  question  du  traitement  métallurgique  des  minerais 
de  nickel,  et  en  particulier  de  ceux  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, est  de  celles  qui  n'ont  pas  sans  avoir  été  bien  sou- 
vent étudiées,  mais  qui  n'ont  jamais  pu  recevoir  jusqu'ici 
de  solution  plus  satisfaisante  que  celle  que  nous  avons 
fait  connaître  en  quelques  mots  ci-dessus.  C'est  de  l'affi- 
nité extrême  du  nickel  pour  le  soufre  queprocédent  essen- 
tiellement les  difficultés  de  la  question  :  tout  traitement 
par  voie  ignée,  à  moins  qu'il  n'ait  lieu  entièrement  avec 
le  secours  de  combustibles  végétaux,  c'est-à-dire  de  char- 
bon de  bois,  comporte  nécessairement  l'absorption  d'une 
certaine  quantité  de  soufre  par  le  métal,  ce  qui  entraine 
ensuite  l'obligation  d'un  grillage  extrêmement  soigné  et, 
par  suite,  fort  onéreux  ;  le  traitement  du  nickel  unique- 
ment au  bois  n'apparaissant  commeguère  possible  aujour- 
d'hui, il  faut  se  résoudre  à  cette  obligation  ;  dès  lors  la 
première  fusion  sulfurante,  plus  aisée  que  la  première 
fusion  pour  fonte  nickelifëre,  parait  indiquée,  et  le  reste 
de  la  méthode  actuellement  usitée  s'ensuit. 

Ne  pourrait-on  pas  tourner  la  difficulté  par  l'emploi 
d'une  méthode  de  voie  humide?  C'est  ce  qui  a  souvent  été 
étudié,  mais  ce  qui  a  toujours  échoué,  en  particulier  devant 
les  dépenses  et  les  difficultés  qu'entraînerait  la  dissolution, 
en  même  temps  que  du  nickel,  des  quantités  considérables 
de  magnésie  qui  l'accompagnent,  L'électrolyse,  actuelle- 
ment employée  avec  succès  au  Canada,  pour  répondre,  il 
est  vrai,  à  des  difficultés  de  traitement  tout  autres,  ou  le 
procédé  Mond,  fondé  sur  la  combinaison  du  nickel  à  l'oxyde 
de  carbone,  procédé  que  l'on  essaie  aujourd'hui  de  faire 


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LES   MINES   DE  NICKEL  217 

entrer  dans  la  pratique  industrielle  ('),  ne  puurraient-ils 
être  appliqués  avec  économie  au  traitement  des  minerais 
de  nickel  de  notre  colonie?  C'est  ce  qui  n'a  pas  paru  pos- 
sible jusqu'ici. 

Nous  pensons  donc  que,  jusqu'au  jour  oii  quelque  uou- 
velie  invention  aura  permis  la  simplification  de  l'extrac- 
tion du  nickel  des  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  il 
faut  compter  avec  des  frais  de  traitement  élevés,  comme 
ils  le  sont  aujourd'hui,  c'est-à-dire  peu  inférieurs,  tout 
compris,  à  1  franc  par  kilogramme  de  métal  produit. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  question  de  l'abaisse- 
ment possible  de  la  teneur  limite  h  laquelle  le  minerai  est 
exploité,  nous  constatons  que  c'est,  beaucoup  plutM  que  les 
nécessités  du  traitement  métallurgique,  l'élévation  des 
frets,  augmentant  le  prix  de  revient  du  nickel  en  raison 
inverse  de  cette  teneur,  qui  fixe  la  limite  de  7  p.  100  {pour 
le  minerai  sec)  à  laquelle  on  s'arrftte  aujourd'hui.  Sans 
doute,  chaque  fois  que  l'on  diminuera  la  teneur  du  mine- 
rai à  passer,  on  augmentera  les  frais  de  fusion  par  imité 
de  métal,  etondiminuera  un  peu  le  rendement  de  l'opéra- 
tion. Si,  en  effet,  l'on  suppose  une  légère  diminution  de  la 
teneur  du  minerai  en  nickel,  avec  augmentation  corres- 
pondante du  fer  et  de  la  magnésie,  l'allure  générale  de 
l'opération  n'en  sera  pas  grandement  modifiée  ;  cependant 
la  richesse  en  nickel  de  la  matte  obtenue  sera  moindre  et 
sa  teneur  en  fer  plus  forte,  tandis  que  la  quantité  de  sco- 
rie produite  sera  un  peu  plus  élevée  ;  dès  lors,  pour  main- 
tenir une  température  suffisante  au  creuset,  il  deviendrait 
nécessaire,  comme  cela  se  fait  déjà  maintenant,  mais  dans 
une  mesure  moins  large,  d'ajouter  des  matières  riches  en 
idckel,  soit  scories  do  déferration,  soit,  à  défaut,  une 
petite  quantité  des  mattes  produites  par  l'opération  même, 


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~2iS   RICHESSES   MINBBALKS   OE.  LÀ.  NOOVELLE-KIALéDONtE 

-et  cela  n'irait  pas  sans  exi^r  une  augmentatioa  de  la 
charge  dâ  coke.  La  scoria,  quicoatient  une  certaine  quan- 
tité de  nickel,  surtout  en  raison  d'un  entrainenieut  méca- 
nique de  particules  de  matte,  entraînerait  à  peu  prèa  la 
même  proportion  de  matte,  puisque  le  report  entre  les 
quantités  des  deux  élémeats  serait  maintemi  en  repassant 
-des  mattes,  et  il  n'y  aurait  guère  d'augmentation  de  la 
perte  en  nickel  que  du  fait  du  double  passage  à  la  pre- 
mière fusion  d'une  (lartie  de  la  matte  ;  il  pourrait  d'fdlleurs 
aussi  y  avoir  une  légère  augmentation  du  fait  de  la  petite 
teneur  en  nirke!  combiné  que  peut  présenter  la  scorie. 
Dana  ces  conditious,  si  l'on  suppose  que  l'on  vienne  àabais- 
-ser  de  7  p.  IIK)  à  5  p.  100  La  teneur  en  nickel  du  minerai 
aec,  la  teneur  de  la  matte  tomberait  entre  35  et  40  p.  lÛU 
-de  nickel,  et  la  perte  au  traitement,  qui  est  évaluée  au 
maximum  à  10  p.  100  du  métal  contenu, pourraitatteindn 
jusqu'à  20  p.  100  ;  la  consommation  de  coke  pour  la  pro^ 
miere  fusion  passerait  vraisemblablement  de  8  à  12  ou  13 
par  uoité  de  métal. 

Dès  lors,  les  frais  de  première  fusion,  qui,  comme 
.nous  l'avons  dit,  peuvent  être  actuellement  évalués  aux 
-environs  de  45  à  50  centimes  par  kilogramme  de  métal, 
.atteindraient  vraisemblablement  Ô5  à  70  centimes,  en 
augmentation  de  20  à  25  centimes,  en  même  temps  que  la 
consommationde  minerai,  au  lieud'ëtre  de  16 kilogrammes 
de  minerai  sec  à  7  p.  100,  s'élèverait  aux  environs  de 
25  kilogrammes  de  mineraisec  à  5  p.  100.  Ou  voit,  qu'en 
tenant  d'autre  part  compte  du  fret('),  qui  revient  aux 
-euviroDS  de  50  francs  par  tonne  sèche,  la  dépende  par 
kilogramme  de  métal  se  trouverait  accrue  eu  outre 
de  ib  centimes,  soit  au  total  65  à  70  centimes,  c'est- 
-à-dire  assez  exactement  du    prix  que   coûte  actuelle- 

(*)  Nnua  ne  tenons  pas  compte  ici  de  l'augmentation  des  frais  d'afC- 
diAge  de  la  nialte  en  raison  de  aa  luojndre  rictkâsu,  caf  oalte  augiu«Dta- 
iion  serait  v  rui  seuil)  lab  le  meut  très  Tsible. 


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LKS  UINSS   DE  NICKEL  219 

•oent  le  minerai  sur  place  ;  il  faudrait  donc,  pour  pouvoir 
-substituer  le  niiDerai  à.  5  p.  100  au  mioerai  à  7  p.  100,  que 
sou  prix  de  revient,  reodu  abord  en  Nouvelle-Calédouie, 
fbtnuL 

La  néceasité  du  transport  du  minerai  cru  jusqu'en 
Europe  prohibe  donc  d'nne  façon  absolue  l'emploi  du 
loiaerai  à  teneur  de  5  p.  100.  Pour  le  minerai  à  ta  teneur 
.<le6  p.  100,  il  n'en  serait  pas  tout  à  fait  de  même  ;  uéan- 
moina  il  serait  difficile  à  notre  avis  d'abaisser  suffisamment 
le  prix  de  revient  sur  place  du  minerai  à  6  p.  100  pour 
qu'il  y  ait  avantage  à  le  substituer  au  minerai  à  7  p.  100; 
il.  est  cependant  bon  de  signaler  ici  que  des  expéditions 
de  minerai  à  teneur  comprise  entre  6  et  6  1  /2  p.  100  ont 
été  faites  récemment  en  Amérique,  et  y  auraient  donné 
lieu,  en  t90l,  à  la  production  de  1.796  tonnes  denickel('). 

Il  semble,  au  contraire,  que  rien  ne  s'opposerait  à  ce  que 
l'on  fondit  sur  place  des  minerais  à  plus  faible  teneur 
s'ils  pouvaient  être  produits  à  des  prix  suffisamment  bas. 
Il  est  nattu'ellement  fort  difficile,  en  raison  à  la  fois  d« 
la  très  grande  différence  qui  existe  d'un  gisement  k 
l'autre  et  de  l'absence  totale  de  toute  reconnaissance 
»,jiatématique  de  ces  gisements,  de  fixer  quel  serait 
Cabaissemeot  de  prix  de  revient  qui  correspondrait  à  un 
abaissement  delà  teneur  limite  desmineraisexploitables; 
il  aérait  en  tout  cas  considérable.  Si  nous  envisageons,  par 
«exemple,  le  cas  oii  l'on  eu  viendrait  à  exploiter  Jusqu'à 
La  tenetu-  de  5  p.  100,  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer 
que  le  prix  de  revient  de  la  lonne  de  minerai  pourrait 
-être  abaissé,  dans  beaucoup  de  cas,  de  moitié,  peulr-être 
même  des  deux  tiers.  Il  ne  faut  pas  oublier  en  ofi'et  qu'au- 
Jpurd'hui  oa  abat  forcément  des  quantités  importantes 
de  minerai  à  plus  faible  teneur  en  même  temps  que  les 
Biinerais   utilisables;    donc,    sans    augmenter    les    frais 

(*]  B.  P.  RoTHWBLL,  The  mintral  Indiulry  lo  lAe  end  of  1901,  p.  U6. 


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220  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVBLLB-CALÉDONIE 

(i'abatage,  on  aurait  déjà  un  accroissement  consi- 
dérable du  tonnage  utilisable;  les  frais  de  triage  ne 
seraient  pas  augmentés,  ils  seraient  souvent  méra« 
diminués  {il  suffit  pour  en  être  persuadé  d'avoir  va 
sur  les  carrières  de  presque  toutes  les  mines  des 
quantités  considérables  de  tas  de  matières  prêtes  a  être 
expédiées,  mais  qui  ne  pouvaient  Tétre  parce  que  l'ana- 
lyse y  avait  montré  des  teneurs  de  4  p.  100,  4  1/2  p.  100, 
f)  p.  100,  et  souvent  même  5  1/2  p.  100  ou  6  p.  100.  et 
parce  qu'on  ne  disposait  pas  d'assez  de  minerai  riche  pour 
les  porter  à  la  teneur  de  7  p.  100).  Quant  aux  frais  de 
transport,  ils  ne  seraient  accrus  que  de  bien  peu,  car  la 
plupart  des  cables  ou  voies  ferrées  sont  loin  de  trans- 
porter non  seulement  le  maximum  de  ce  qu'ils  peuvent  dé- 
biter, mais  encore  souvent  le  maximum  de  ce  que  pourraient 
manutentionner  les  ouvriers  qui  en  font  le  service.  Si 
donc  nous  admettons,  ce  qui  n'est  en  moyenne  pas  supé- 
rieur à  la  réalité,  croyons-nous,  que  le  triage  des  masses 
abattues  fait  en  vue  d'en  retirer  du  minerai  à  5  p.  100, 
en  donnerait  facilement  deux  fois  à  deux  fois  et  demie 
plus  que  de  minerai  k  7  p.  100,  nous  constatons  que  i* 
totalité  de  ce  rainerai  descendu  au  bord  de  la  mer  {noni 
ne  comptons  ici  ni  le  chalandage,  ni  les  droits  d'ex- 
portation, etc...,  qui  n'entreraient  plus  en  ligne  de 
compte  si  lo  minerai  était  traité  sur  place)  reviendrait  k 
peine  plus  cher  que  la  petite  quantité  actuellement  des- 
cendue ;  il  n'est  donc  pas  téméraire  d'escompter  que  le 
prix  de  revient  de  la  tonne  serait  facilement  diminué  de 
moitié,  en  même  temps  que  l'on  assurerait  l'utilisation  de 
10  à  12  unités  de  métal  au  lieu  de  7{').  Mais  ce  n'est 
pas  tout;  à  côté  des  masses  que  l'on  abat  aujourd'hui, on 
laisse  des  masses  minéralisées  très  faciles  à  exploiter  et 

(■)  Pour  être  tout  à  fait  esacl,  il  faudrait  tenir  compte  de  l'augmeoU- 
lion  de  la  perte  au  traitement,  ce  qui  reïienl  à  dire  qu'on  asiowi» 
1  atiliMtion  de  8  à  9,6  unités  de  méUl  au  lieu  de  6,3. 


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LES   MINES   DK   NICKEL  221 

pour  lesquelles  toutes  les  préparatioas  et  installations 
sont  faites,  unii;|uement  parce  qu'elles  ne  sauraient  dun- 
ner  une  proportion  rémunératrice  Je  minerai  à  7  p.  100, 
alors  que  dans  bien  des  cas  elles  pourraient  parfaitement 
en  fournir  dans  de  bonnes  conditions  à  5  p.  100  ;  ily  aurait 
là  une  modification  très  importante  dans  l'utilisation  des 
gîtes  et  des  installations  faites  pour  les  mettre  en  exploi- 
tation. Nous  ne  croyons  donc  pas  exagérer  on  disant  que 
le  prix  de  revient  par  kilogramme  de  métal  contenu 
dans  le  minerai  pourrait,  avec  une  bonne  organisation, 
être  abaissé  au  moins  de  moitié,  c'est-à-dire  descendre  à 
30  ou  35  centimes. 

L'abaissement  de  la  teneur  limite  à  laquelle  les  mine- 
rais de  nickel  calédoniens  sont  utilisables  nous  apparaît 
donc  comme  intimement  liée,  du  moins  si  l'on  se  préoc- 
cupe de  réaliser  un  abaissement  réellement  sérieux  de 
cette  teneur,  à  la  question  d'une  première  fusion  du 
minerai  sur  place,  en  vue  de  réduire  considérablement  la 
proportion  de  matière  stérile  à  transporter  avecle nickel. 
On  transporte  aujourd'hui,  rappelons~le,  de  945  à  950  ki- 
logrammes de  matière  stérile  pour  50  à  55  kilogrammes 
de  nickel  métallique  (minerai  à  7  p.  100  à  sec  et  tenant 
de20à25p.  100  d'humidité),  ce  qui  représente  une 
dépense  de  80  centimes  au  moins  par  kilogramme  de  métal 
(en  ajoutant  au  fret  les  frais  de  chalandage  et  autres 
frais  accesBoires)  ;  le  jour  oîi  l'on  pourrait  substituer  au 
transport  de  têts  minerais  celui  de  mattes  tenant  de  35  à 
-45  p.  100  de  nickel,  la  dépense  par  kilogramme  de  métal 
tomberait  à  8  ou  10  centimes,  c'est-à-dire  qu'elle  s'abais- 
serait de  70  centimes  environ.  Ne  serait-il  pas  aisé  de 
réaliser  tont  ou  partie  de  cette  importante  économie? 
C'est  ce  qui  semble  tout  indiqué  au  premier  abord,  et  c'est 
ce  dont  l'étude,  sommaire  il  est  vrai,  que  nous  avons  pu 
faire  de  la  question  nous  adonné  la  persuasion,  bien  que, 


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^ 


222   RICHESSES   iaSÈR.Kl£S  DE   LA  NOOTBLLE-CALÉDONIE 

nous  devons  le  reconsaltoe^  l'économie  en  question  ne  soit 
-pas  aassi  facfle  h  réaliser  qn'on  pourrait  te  croire.  Uns 
il  j  a  plus;  en  niKme  temps  qne  la  fimon  sur  place  des 
minerais  mêmes  que  Ton  utilise  actueltement,  et  l'expor- 
tation nltërieure  de  mattes  ricties,  pcnnoettraTt  de  réaliser 
nne  réelle  économie  sur  les  errements  actuels,  elle- 
ferait  disparaître  l'obstacle  qne  noos  signalioas  ci-densas 
h  un  abaissement  sérieux  de  la  teneur  des  minenù&taitéi. 
Ce  'sont  ces  deux  points  que  nous  nous  proposons  stt>- 
tenant  de  mettre  brièvement  en  hninfere. 

La  question  de  la  fusion  siu-  place  ima  minerais  4e 
nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  n'est  pas  neuve  :  elle- 
s'est  posée  dès  le  début,  et  on  n'avait  pvs  tsrdé  à  la 
résoudre  par  l'afBrmative.  Deux  nn-^ants  faaracmax 
(hauteur?  mètres,  volume  18 mètres  ctAes)  forent  ooas- 
trutts  k  la  pointe  Ghaleix  près  de  Nouméa,  en  1*879  ;  t«  ts- 
non  eut  d'abord  Keu  ponr  produire  des  fontes  nîckelîiÏTes- 
(iifl5p,  KW-de  nickel)-  elle  fut  ensuite  réf^ée  pour t>bte' 
nir  des  mattes  tenant  anx  environs  de  flO  p.  100  4e 
nickel,  et  Ait  pratiquée  ré^lièrement  jnsqn'an  dSmt  ^ 
18^,  époqiie  où  la  premûre  rnse  fjtn  a  ?évî  mir  le  nwr- 
ché  du  nickel  obligea,  à  mettre  les  haafes  founioamt  faors^ 
feu.  Cette  -ientatMro  doit  fttre  eonsidérie  oobrhb  mywm.i 
donné  des  rétnitats  satîefaisanta  dans  l«s  (.uniHàma  «b 
se  trooraït  «dors  le  marché  du  mcAtel  «t  oh  «e  pnAàq«ait 
la  métaHurgie  de  ce  métal;  les  prix -fc  ntrÎMit  He pre- 
mière ^ftirioB,  vOTàns  de  1  franc  par  hiRipMOBW  4e- 
nickel  métal,  xoxqnels  on  était  anfvé, 
«ffet  rien  d'oxcessif  alffra. 

'S  les  renseignements  qne  vmis  avons  pu  t 
cette  prendre  tentative,  déj^i  aaciemie,  sMt  exacts,  -la 
ftision  pour  fonte  ni<AceBftT«  de  minenirà  ÀlBamr'VM- 
aine  dé  W  -p.  'ViO  de  nickel  cowwwtw ait,  fmr' towiD  4tt 
iHÏueru  nUMMe,    toB  kïfojfrMWseB  wj  wikc  'tnvtnlBéD. 


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LBS  MIMES  Vt  mCKBL  S9S- 

reTemnt  à  80  francs  la  tonne,  110  kiIogi«TnneB  4e 
houîBe.de  Tnëme  proTenance  &  37  francs,  et  900  kil(>- 
grammes  de  casHne  à  12  francs  ;  le  prix  de  revient  total 
de  la  fosïon  ressortait  ainsi  à  87  "frsncB  par  tonne  *te 
minerai,  soft  6S7  francs  par  tonne  de  fonte  (rendemeirt 
en  fonte  de  13  1/2  p.  100),  sait  encore  1  t^anc  par  kflo- 
gramme  de  nickel  (tenenr  de  la  fonte  ^  p,  100].  Hais,  en 
présence  des  âifflcultés  dn  traitement  9e  ceite  fonte,  qui 
tenait  de  1  1  /2  h  2  p.  100  de  soufre,  on  ftut  en  revenir  à  la 
fusion  pour  matte  ;  celle-ci  eut  Ken  du  d^but  de  1882  m> 
d^ut  de  18^,  soit  pendant  3  ans  ;  elle  a  port^  sur 
16.000  tonnes  de  minenri;  essayée  d'abord  en  employant 
comme  snlfurant  le  sonfre,  elle  a  éié  poursuivie  grftm  A 
l'emploi  (>u  gypse  de  la  colonie  ;  les  Ht»  de  ftreîoti  cont^- 
niùent  en  moyenne,  par  tonne  de  «inerBi,  445  talogrammes- 
de  coke,  80  kilogrammes  de  honiHe,  380  kflr^ammes  de 
castine.  et  75  feilogrammes  de  gypse  revenant  à  40  francs 
la  tonne ',16  prix  de  revient  total  était  de  79  francs  par 
tonne  de  minerai  fondu,  soit  993  ft^ncs  par  tonne  de 
matte  produite  (rendement  en  matte  iS  1  /3  p.  WW)  et 
(P,95  par  kflogrannne  de  nickel  (tenenr  de  ta  matte 
88  p.  100)(*).  Dans  les  dernière  temps  de  marrhe  de 
rnsine,  on  avait  eaeayé  la  f iArication 'sttr  fAace  des  cokes 
niïcessaires  à  la  funon  %  Vaiâe  de  menas  mrportiés  cms 
iTAustràSe  ;  cela  paraissait  devoir  TéaHiter  «ne  éconemie 
importante  sur  la  dépense  de  combustible. 

Lorsqu'on  1889  une  Houveîle  ère  de  TiTOspérité  s'ou- 
vrft  poor  nndnstrie  du  nickel,  on  rocOnntit  k  noHveatr 
h  n^srtté  de  la  fusion  sur  place,  d'antailt  phra  qoe  1* 
prrx  du  mâtàl  avait  notablement  baissé  et  tend^  à-^ 
ftnsr  aux  enviKftiô  de  5  IVimcs  le  feBogrowme.  'L'wsfi» 
de  t^tmiéa  n'était  plus  en  roarcte  tft  exigeait  natm^He- 


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2*24   RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

ment  quelques  réfections  ;  la  société  le  Nickel  crut  préfé- 
rable, dans  le  but  d'éviter  le  transport  encore  assez 
oùéreux  du  minerai  depuis  ses  centres  d'exploitation, 
situés  priucipalement  &  Thio,  jusqu'à  Nouméa,  de  la 
transférer  au  pied  même  des  mines;  on  en  profita  d'ail- 
leurs pour  essayer  la  fusion  au  cubilot  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  qui  avaient  déjà  fait  leurs  preuves 
à  Kirkintilloch.  C'est  alors  que  fut  créée  l'usine  d'Ouroué, 
à  l'embouchure  de  la  Dothio,  soit  à  4  kilomètres  envi- 
ron de  Thio.  Les  cubilots,  larges  et  très  bas  (diamètre 
1",73,  liauteur  entre  la  porte  de  chargement  et  les 
tuyères  1  mètre  seulement),  qui  furent  construits,  pa- 
raissent n'avoir  jamais  fonctionné  dans  des  conditions 
satisfaisantes  ;  leur  marche,  entre  les  maius  du  personnel 
dont  on  disposait,  fut  toujours  très  irrégulière:  on  char- 
geait, par  tonne  de  minerai  (à  teneur  de  7  à  8  p.  100), 
jusqu'à  t)20  kilogrammes  de  coke,  220  kilogrammes  de 
charbon,  ^^30  kilogrammes  de  corail  et  22  kilogrammes 
de  Houfre  ;  le  prix  de  revient  de  la  fusion  avec  de  sem- 
blables consommations  ne  pouvait  être  que  très  élevé  ;  il 
aurait  atteint  l'^ôO  par  kilogramme  de  nickel  métal, 
marquant  ainsi  un  retour  en  arrière  sur  ce  qui  avait  été 
fait  10  ans  auparavant.  Aussi  n'a-t-on  pas  tardé  à  mettre 
hors  feu  l'usine  d'Ouroué  (au  début  de  189i)  et  à  recom- 
mencer à  expédier  tout  lo  minerai  cm  eu  Europe.  Cette 
deuxième  tentative  est  la  dernière  qui  ait  été  faite  poiu* 
la  fusion  du  nickel  surplace;  comme  on  le  voit,  elle  a 
été  très  malheureuse,  et  c'est  évidemment  à  son  échec 
qu'est  due  l'hésitation,  tant  delà  société  le  Nickel  que  de 
tous  autres  exploitants,  à  entrer  à  nouveau  dans  une  voie 
qui  parait  cependant  si  indiquée.  11  est  bon  d'ailleurs 
d'insister  sur  ce  fait  que  l'on  n'a  pas  renoncé  à  pour- 
suivre la  tentative  faite  à  Ouroué  parce  que  l'on  aurait 
reconnu  que,  dans  les  meilleures  conditions  que  l'on 
puisse  réaliser  en  Nouvelle-Calédonie,  les  frais  restaient 


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LES    MINES   DE    NICKEL  225 

encore  plus  élevés  que  les  frais  de  fusion  eo  Euroj»e  aug- 
mentés du  fret,  mais  bien  parce  que  l'on  n'a  pas  réussi  à 
faire  marcher  régulièrement  une  fabrication  qui,  ailleurs 
et  en  d'autres  mains,  réussissait  bien.  L'insuccès  de  cette 
tentative  ne  saurait  donc  condamner  en  aucune  façon  le 
principe  de  la  fusion  sur  place  ;  il  montre  tont  a»  plus, 
à  notre  avis,  qu'il  ne  faudrait  pas  en  entreprendre  une 
nouvelle  sans  prendre  grand  soin  de  s'assurer  le  con- 
cours d'tm  personnel  parfaitement  capable  <!(%  la  mener  à 
bien. 

Une  nouvelle  tentative  de  fusion  sur  place  pourrait  être 
faite  dans  deux  buts  différents:  le  premier  serait  simple- 
ment d'abaisser  le  prix  de  revient  final  du  nickel  métal 
en  partant  des  mêmes  minerais  ;  le  second  serait  de 
rendre  possible  l'utilisation  de  minerais  à  teneur  infé- 
rieure {5  p.  100,  par  exemple),  utilisation  aujourd'hui 
impossible  comme  nous  l'avons  montré.  En  fait,  la  fusion 
sur  place  devrait,  à  notre  avis,  tendre  à  ce  double  but  ; 
peut-être  ne  permettrait-elle  pas  dès  le  début  la  fusion 
de  minerais  k  5  p.  100,  tout  en  abaissant  le  prix  de  re- 
vient, mais  da  moins  permettrait-elle  sans  doute  celle  de 
minerais  à  6  p.  iOO,  être  serait  déjà  un  joli  résultat  à  la 
fois  au  point  de  vue  de  la  puissance  de  production  des 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  de  la  bonne  utilisation 
de  lears  richesses. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  établir  avec  précision  quels 
seraient  les  frais  d'une  première  fusion  en  Nouvelle-Calé- 
donie, car  cela  dépendrait  trop  des  conditions  dans  les- 
quelles on  la  testerait  ;  et  ces  conditions  mêmes  varie- 
raient pour  chaque  société,  car  c'est  à  la  fois  de  l'étendue 
et  de  la  richesse  dea  concessîona  qu'elle  posséderait,  de 
leur  situation  géographique,  de  l'importance  de  la  pro- 
daction  qu'elle  voudrait  réaliser,  etc.,.,  que  dépendraient 
et  la  position  à  choisir  pour  son   usine,  position    avec 


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226   RICHESSES  MINÉRALES  DE   LA   NO  DVEL  LE-CALE  DON  lE 

laquelle  varierait  le  prix  des  matières  première»,  et  le- 
développenient  k  lui  donner,  développement  qui  inflaerait 
largement  sur  les  frais  de  maîn-d'œavre  et  plas  encore- 
sur  les  charges  d'amortissement.  Ce  qne  nous  pouvon»^ 
seulement  dire,  c'est  que,  pour  se  rendre  compte  de  l'op- 
portunité de  la  fusion  sur  place,  il  faudrait  comparer, 
d'une  part  le  total  des  h'sis  de  chalandage  à  l'embarque- 
ment, des  droits  sur  le  minerai  exporté,  du  fret  jusqu'en. 
Europe  et  des  frais  de  débarquement  et  de  premi^  fuBkm 
en  Europe  des  minerais,  au  total  des  frais  de  fusion  sur 
place  des  mêmes  minerais  et  dos  frais  d'embarquement 
de  transport  en  Europe  et  de  débarquement  de  la  matte^ 
d'autre  part. 

Le  premier  de  ces  totaux,  rapporté  an  kit<^amme  de- 
métal,  peut  être  évalué  comme  suit  : 


Frais  d'embarquement 0,05  À  0,Oft 

Droits  sur  le  minerai  exporté 0,O0S 

Fret  jusqu'en  Eluropn 0,70  à  0,80 

Frais  de  débarquemônt 0,02  à  0,03- 

Friiis  de  première  fasion «, W  à  «,60 

ToT*i,  en»iron 1,20  à  1,40 

Les  frais  d'embarquement,  de  transport,  et  de  Aéhut~ 
qaement  en  Europe  de  la  matte  à  produire  ne  r^résente- 
raient  pas  plus  d'une  soixantaine  de  francs  par  tonne, 
c'est-k-dire  à  peiue  O'^lSô  par  kilc^ramme  de  in^tal;  on- 
v<Mt  donc  que.  mèmq  avec  des  frais  de  première  fumn 
pour  mattes  deO'%95,  tels  qu'ils  étaient  ré&lisés  à  1» 
pointe  Chaleix  en  i883-1884  (avec  des  BÙnenak  un  pe» 
plus  riches,  il  est  vrai),  l'opération  «ppir^rait  coinmft 
devant  être  économique.  Nous  ne  doutons  ^«R  d'ailleun 
que  les  frais  de  fasion  d'auU^fois  pouiraientétre  lar^eBitMt 
abaissés  aajoiu^l'liui.  Si  on  «xamine  es  effet  )«b  frsis  «to' 
première  fusion,  on  voit  qu'ils  se  |MrtageU(  à  peu  prês> 


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LES    MINES    DK    NICKKL  227 

par  moitié  entre  les  matières  d'uue  part  (coke,  castine 
et  fondants]  et  la  main-d'œuvre  et  les  frais  généi-aux 
d'autre  part. 

Sans  vouloir  compter  ici  sur  l'utilisation  possible  des  char- 
bons néo-calédoniens,  nous  supposerons  que  Ton  emploie 
uniquement  du  charbon  australien;  il  fournit  en  effet 
un  coke  de  qualité  parfaitement  suffisante,  comme  le 
montrent  les  analyses  et  essais  de  ce  coke,  et  l'expériâDce 
tant  des  fondeurs  de  la  Nouvelle- Galles  dn  Sud  que 
des  importantes  usines  de  Port-Piric  (AustraUe  du 
Suilj  où  l'on  traite  les  minerais  de  Uroken-HUl.  Pris  k 
l'état  de  coke  à  NewcasUe,  il  coûterait  de  16  à  20  shil- 
lings la  tonne,  suivant  les  cours,  soit  20  à  2ô  francs,  il 
serait,  en  outre,  grevé  de  10  à  12  francs  de  frais  de  trans- 
port et  d'une  somme  presque  égale  pour  frais  de  débarque- 
ment et  pour  tenir  compte  du  déchet;  il  reviendrait  donc 
eDtre40et  r>0  francs  l;i  tonne  rendue  sur  place  :  si,  au  con- 
traire on  créait  des  fours  à  coke  dans  la  colonie,  on  poar- 
nât  utiliser  des  charbons  menus,  qu'on  trouve  k  acheter  à 
Newcastle  au  degré  de  pureté  suffisant  à  de^  prix  de  0  à 
8  shiUingti  la  tomie,  soit,  7'%50  à  10  francs,  qin  pourraient 
donc  être  rendus  en  Nouvelle-Calédonie  à  2U  francs  la 
tonne  environ,  et  qui  pourraient  ainsi  fonmir  dn  coke  à 
moins  de  40  francs.  La  castine,  empruntée  ^t  aux  <^al- 
cairesde  la  cMe  Ouest  (qui  tiennent  80  à^  p.  100  de 
carbnoate 'de chaux,  2  kbp.  100de<rarbo«tatede  HM^Dé- 
BΫ  et  3  à  10  p.  100  de  silice),  soit  aux  coraux  (ceux  qui 
mat  été«aifk>yt-8  à  Ûiirooé  tenaient  90p.l(X)  de  carbonate 
de  dianx,  5  1/2  p.  100  d«  carbonate  de  magnésie  et 
i  1/2  p.  100  d'impuretés  div^-ses,  silice,  sesquioxyde  de 
fer,  etc.),  reviendrait  à  des  [h^x  un  pcw  variables  suivant 
ie  poist  oii  serait  située  l'usine,  mais  n'excédant  vraisem- 
-  Uabieneat  pas  10  francs  la  tonne.  Qwant  k  la  matière 
-mlfurante,  le  soufre  (que  l'os  pourrait  faire  venir  assez 
«i8énMB4.dii  iapon)  mrait  d'an  emploi  toujoara  fort  coû- 


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228   RICHESSES   MINÉRALES   DE   I,A   KODVBLLB-CALÉDONIB 

teux,  en  raison  de  sa  volatilisation  partielle  au  gueulard  ;  il 
serait  bien  préférable  d'employer  le  gypse  calédonien  {qui, 
biendébourbé,  tient  jii3qu'à95p.  100  de  sulfate  de  chaux, 
soit  17  1/2  p.  100  de  soufre),  dont  il  existe,  comme  nous 
nous  en  sommes  assuré,  des  dépôts  considérables,  et  qui, 
bien  qu'un  pou  ingrat  à  exploiter  k  cause  de  son  gisement 
en  cristaux  quelque  peu  emp&tés  d'argile,  pourrait  être  ob- 
tenu à  assez  bon  compte  ;  il  revenait,  paralt-il,  autrefois 
à  40  francs  la  tonne  rendue  à  la  pointe  Chaleix  ;  nous  adop- 
terons ce  chiffre  tout  en  mentionnant  qu'il  pourrait  vrai- 
semblablement être  réduit  dans  une  large  proportion. 

D&s  lors  les  dépenses  de  combustible  et  fondants 
pourraient  s'évaluer  au  maximum  ainsi  qu'il  suit: 

nidirl  uiu.\ 

Coke...     400  kilogr.  à  40  francs  ta  tonne  :  lOTrancs  0^',3! 

Castine.    300  10  3  0  ,Qi 

Gypse.  .100  ,    *"  *  0  .C8 

Total 22  0''M 

11  est  beaucoup  plus  difficile  d'évaluer  les  dépenses  de 
main-d'œuvre  et  de  frais  généraux  ;  elles  seraient  assuré- 
ment plus  élevées  qu'en  Europe,  en  raison  principalement 
de  la  nécessité  de  faire  venir  d'Europe  quelques  bons  chefs 
d'équipe  auxquels  on  allouerait  des  salaires  élevés;  nous 
pensons  cependant  que,  ai,  en  Europe,  elles  ne  dépassent  pas 
25  centimes  par  kilogramme  de  métal,  nous  ne  serions 
pas  au-dessous  de  la  réalité  en  les  majorant  de  mmtié, 
c'eat-â-dire  en  les  portant  à  37  centimes  1/2.  Cela  ferait 
ressortir  les  frais  de  fusion  sur  place  au  total  de  SI  cen- 
times 1/2  que  non»  croyons  largement  calculé. 

Dès  lors  le  prix  de  revient  de  la  matte  rendue  en 
Europe,  rapporté  au  kilogramme  de  métal,  ne  compren- 
drait, en  plus  âa  prix  de  revient  du  minerai  rendu  an  bord 
de  la  mer  en  Nouvelle-Calédonie,  qu'une  somme  de  0",95 


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LES  MINES   DE  NICKEL  239 

au  lieu  de  1",20  àl",40,  soit  l'',55  à  l'%60  minerai  com- 
pris, au  lieu  de  i",80  à  2  francs  ;  il  y  aurait  là  une  diminu- 
tion importante  dans  le  prix  de  revient  du  métal. 

Mais  il  y  a  plus  ;  on  pourrait  aborder  en  Nouvelle- 
Calédonie  la  Tusion  des  minerais  pauvres  :  nous  n'en- 
tendons pas  naturellement  en  présenter  une  démonstra- 
tion complète,  aidé  seulement  de  chiffres  que  nous  ne 
considérons  pas  comme  établis  avec  une  précision  suffi- 
sante ;  nous  voulons  simplement  en  faire  comprendre  la 
possibilité.  Si,  an  lieu  de  fondre  du  minorai  it7  p.  100,  on 
venait  à  fondre  du  minerai  à  5  p.  100,  dont  le  prix  de 
revient  par  unité  de  métal  serait,  nous  le  supposons, 
abaissé  de  moitié,  c'est-à-dire  réduit  à  30  ou  32  centimes, 
les  dépenses  de  combustible  seraient,  comme  nous  l'avons 
mentionné,  augmentées  dans  le  rapport  de  8  à  12  ou  13, 
c'est-à-dire  portées  do  ^2  centimes  à  50.  les  frais  de  fon- 
dants, de  main-d'œuvre  et  les  frais  généraux  seraient 
seulement  augmentés  dans  le  rapport  des  poids  de  minerai 
traités,  c'est-à-dire  dans  le  rapport  de  6,3  (rendement  du 
minerai  à  7  p.  100)  à  l  (rendement  du  minerai  à  5 p.  100); 
ils  seraient  donc  portés  de  50  à  78  centimes. 

Dans  cette  nouvelle  hypothèse,  au  lieu  de  pouvoir 
amener  en  France  une  matte  à  45  p.  100  de  nickel 
revenant  à  l'',55  ou  l'',60  tout  compris  par  kilogramme 
de  métal,  on  l'amènerait  à  la  teneur  de  35  à  40  p.  100 
seulement  et  avec  un  prix  de  revient  se  (iécomposant 
ainsi  : 

Valeur  du  minerai  rendu  à  l'usine  de  fusion V",3Ù  à  0'',32 

Dépense  de  combustible 0'',50 

Autres  Trais  de  première  fusion  (tondants,  main- 
d'œuvre,  frais  généraux) 0  ,78 

Frais  de  transport  en  Europe 0,16 

Total i'',n  à  1",16 

n  semble  donc  qu'on  ne  reperdrait,  à  traiter  le  minerai  à 


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230  RICHESSES  HlNKftALES  DE  LA  tlOL'Vf{LLE'CALÉDO?llE 
5  p.  100,  qu'une  partie  du  béiiMre  de  la  fusion  sur  place, 
mai»  on  assurerait  en  même  temps  luie  bien  meilleure  utili- 
sa tion  deagitesdenirkel  de  la  colonie  :  on  resterait  d'ailleurs 
vraisemblablement  au-dessous  des  pris  de  revient  arluels. 
Peut-être  même,  ce  que  nous  ne  sommes  pas  éloigné  <ie 
croire,  nos  évaluations  ont-elles  été  supérieures  à  ce  que 
seraient  en  réalité  les  différeutes  dépenses,  et  serait-il  tout 
aussi  avantageux  de  traiter  surplace  des  minerais  pauvres 
que  des  minerais  à  7  p.  100-  En  tous  cas,  si  c'est  vouloir 
aller  trop  loin  que  de  descondro  jusqu  à  la  teneur  de 
5  p.  lOf»,  pi)urrait-on  sans  doute  aller  avec  profit  jusqu'à 
ti  p.  lOiJ  nu  5  1  '2  p.  iOO. 

En  quel  point  de  la  colonie  devrait  être  située  une  telle 
usine  de  fusion  du  minerai?  C'est  ce  que  nous  ne  saurions 
préciser  ici,  car  cela  dépendrait  essentiellement  de  la 
situation  des  gisements  destinés  à  fournir  le  minerai  :  la 
société  le  Nickel  étudie,  crovons-nous,  le  projet  d'une 
usine  de  prf^niiére  fusion  k  Thio,  et  elle  ne  peut  en  effet 
que  la  placer  \irbn  de  ses  mines  les  plus  productives  ; 
la  société  "  Nickel  Corporation  Limited  »,  qui  iwssêdesor- 
tont  des  gÎMomonts  sur  la  cftte  Ouest,  serait  amenée  i 
construire  son  usine  de  préférence  sur  cette  côte  ;  et  telle 
entreprise  nouvelle  qui  viendrait  à  se  fonder  chercherait 
tout  nalurellemeut  à  procéder  ii  la  fusion  de  ses  minerais 
en  un  pinnt  oii  elle  pourrait  amener  à  bon  compte  à  la  fois 
ceux-ci  et  les  charbons  et  fondants  qu'elle  aurait  besoin 
de  faire  venir  par  mer. 

On  a  également  songé  à  fondre  sur  place  le  minerai  do 
Nouvelle-Calédonie  pour  fonte  nickelifère  pure  de  soufre 
et  par  suite  direcieraent  utilisable  dans  la  métallurgie  : 
il  faudrait  pour  cela  avoir  recours  au  charbon  de  bois 
comme  combustible,  et  nous  ne  voyons  aucun  point 
de  la  colonie  oii  l'on  pourrait  l'obtenir  en  grande  quantité 
et  à  des  prix  suffisamment  bas.  Tout  au  plus  une  telle 
fabrication  pourrait-elle  devenir  une  annexe  de  la  fabri- 


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I.BS  MINES  VË  NICKEL  231 

-«atloD  principale  dans  los  conditions  que  uous  veuons  d'in- 
diquer. 

Nous  ne  mentionnerons  ici  que  imur  mémuire  d'aiiti-es 
projets  dont  on  a  parlé  et  dont  on  parle  encore  :  ils  con- 
sisteraient à  utiliser  les  forces  hydrauliques, qui  ne  seraient 
peut-être  pas  trop  difficiles  à  aiiiéiiuger  dans  certains 
points  de  la  colonie,  au  Iraileniciit  des  minorais  de  nickel  : 
les  minerais  tels  qu'on  los  exploite  ne  sonl  pus  accessibles 
aux  procédés  actuels  de  l'éleflro-niétallurgie,  il  faudrait 
■<lonc  leur  faire  subir  une  première  fusion  ;  mais  alors  le 
nickel  se  trouverait  déjà  suflisiimnient  concentré  pour  que 
aon  expédition  en  Europe  pour  raffinage  paraisse  être  la 
meilleure  solution.  Ctn  a  même  parlé  d'omplovor  comme 
fondants  les  minerais  sulfurés  de  cuivre  du  Nord  de  l'Ue, 
«a  vue  d'obtenir  une  matto  cupronickelilere  dont  on  sépare- 
rait ensuite  les  deux  métaux  par  l'éleclruljse,  comme  on 
le  fait  pour  les  minerais  du  Canada.  C'osl  là  un  pitijet 
-iiardi,  et  dont  nous  ne  saurions  prévoir.pour  le  moment  et 
dans  la  situation  économique  et  industrielle  générale  de 
la  colonio,  ni  la  réalisation  ui  le  succès. 

Quoi  qu'il  en  tsoit,  il  nous  paraît  en  tous  points  essen- 
tiellement souhaitable  poui'  la  colonie  que  la  question  de  la 
fusion  sur  place  des  minerais  de  nickel  qu'elle  pi-oduil  soit 
-enfin  reprise  ;  c'est  celui  des  progrés  dans  l'utilisatiou  des 
ressources  eu  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  aurait 
-certainement  le  plus  heureux  effet  sur  le  développement 
du  l'exploitation  de  ces  richesses  ;  il  en  résulleniit  pour 
les  producteui's  du  nickel  calédonien  la  poesiblUté 
d'abaisser  notablement  le  prix  de  vente  du  métal,  et  par 
suite  de  soutenir  dans  des  conditions  meilleures  encore  la 
■concurrence  des  produits  du  Canada;  cela  permettrait  en 
•entre,  et  entraînerait  certainement  à  ti'ès  bref  délai,  une 
utilisation  beaucoup  meilleure  des  réserves  de  nickel  con- 
tenues dans  le  sol  de  la  colonie.  Aussi  M.  le  Gouverneur 


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'£62,   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

de  la  Nouvelle-Calédonie  a-t-il  été  très  beureusemeul 
inspiré  lorsque,  voulant  hâter  la  réalisation  d'un  projet 
qui  touche  aussi  directement  aux.  intérêts  généraux  de  la 
colonie,  il  promettait  la  concession  gratuite  des  terrains 
nécessaires  à  l'érection  de  la  première  usine  de  fusion; 
nous  rappelons  d'ailleurs  que  la  redevance  de  25  centimes 
par  tonne  de  minerai  de  nickel  extraite  n'est  perçue  que 
sur  les  minerais  non  transformés  dans  la  '.'olonie. 


-  LkS  gisements,  de   MCKEL   CONCURRENTS. 


Une  dernière  question  se  pose  pour  celui  qui  veut  peser 
les  chances  de  développement  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie  :  c'est  celle  de  la  concuirence  qui 
peut  être  faite  à  cette  industrie  par  les  industries  simi- 
laires existant  ou  k  créer  dans  d'autres  pays  du  monde. 
Uien  que  nous  n'ayons  pas  eu  le  loisir  de  procéder  à  une 
étude  approfondie  de  cette  question,  au  sujet  de  laquelle 
seul  l'examen  sur  place  des  autres  gisements  de  nickel, 
et  en  particulier  de  ceux  du  Canada,  aurait  pu  nous  per- 
mettre de  nous  faire  une  opinion  personnelle,  nous  ter- 
minierons  ce  qui  a  trait  aux  gisements  de  nickel  de  la 
Nouvelle-Calédonie  par  quelques  indications  sur  les  autres 
gisements  du  monde. 

Avant  la  mise  en  exploitation  du  nickel  en  Nouvelle- 
Calédonie,  la  production  de  ce  métal,  qui  était  annuelle- 
ment de  4CH)  tonnes  environ,  se  répartissait  entre  quelques 
gisements  de  minerais  sulfurés  complexes  situés  en  Alle- 
magne, en  Hongrie,  en  Suède  et  Norwège  et  en  Espagne 
et  le  gisement  de  pyrrhotine  nickelifere  et  chalcopyrite  de 
Lancaster  Gap  en  Pensylvanie  ;  mais  peu  à  peu  la  concur- 
rence de  ces  différents  gisements  a  été  éteinte  grâce  aux 
prix  de  plus  en  plus  bas  auxquels  était  livré  le  nickel  de 
ia   Nouvelle-Calédonie;  si  bien  qu'en  1889,   lorsque  le 


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LES   MIMES   DB  NICKSL  233 

Caoada  a  commencé  k  entrer  en  ligne,  la  production 
annuelle  du  reste  du  monde  ne  s'élevait  plus  qu'à 
187  tonnes,  étoile  est  depuis  tombée  à  quelques  tonnes 
seulement,  pour  se  relever,  il  est  vrai,  k  167  tonnes 
en  1901. 

Le  Canada  s'est,  au  contraire,  montré  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  un  concurrent  redoutable,  et,  si  les  chiffres 
que  nous  avons  donnés  ci-dessus  montrent  que,  malgré 
cette  concurrence,  notre  colonie  est  toujours  restée  le 
()remier  pays  producteur  de  nickel  dans  le  monde  entier, 
cela  n'a  pas  été  saiis  une  lutte  acharnée  au  cours  de 
laquelle  le  prix  du  nickel  était  tombé  jusqu'à  2",40 
le  kilogramme,  amenant  la  fermeture  de  presque  toutes 
les  mines  de  la  colonie,  et  obligeant  la  société  le  Nickel, 
le  principal  exploitant  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie, 
a  suspendre  toute  distiibulion  de  dividendes  pendant 
cinq  ans. 

Aujourd'hui  les  cours  sont  remontés,  le  marché  s'est 
i-égularisé  et,  grâce  k  une  entente  plus  ou  moins  com- 
plète entre  les  producteurs,  la  Nouvelle-Calédonie  garde 
son  rang;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'induatrie 
iju  nickel  se  développe  au  Canada  et  que  la  production 
des  mines  de  ce  pays  s'est  rapidement  accrue  dans  ces 
dernières  années.  Est-ce  k  dire  que  la  Nouvelle-Calédonie 
ait  beaucoup  à  craindre  de  cette  concun-ence?  Nous  ne  le 
pensons  pas  ;  car,  autant  que  nous  pouvons  en  juger  avec 
les  documents  dont  nous  disposons,  les  conditions  natu- 
relles des  gisements  du  Canada  sont  en  elles-mêmes 
beaucoup  moins  favorables  que  celles  de  notre  colonie. 

Le  nickel  se  présente  au  Canada,  comme  on  le  sait, 
sous  forme  de  pyrrhotino  nickelifère  et  cuprifère,  c'est-k- 
dire  de  sulfure  magnétique  de  fer  auquel  sont  associés  du 
nickel  ainsi  que  du  cuivre,  ce  dernier  sous  forme  de  chalco- 
pyrit«;  cette  pyrrhotine  existe  en  lentilles  plus  ou  moins 
épaisses  interstratifiées  dans  le  puissant  massif  de  gneiss 


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'234   RICHESSES   MINBKALES   DE   LA   NOOVSLLB-CALKDOSIB 

laurentiens  très  métamorphisés  de  Sudbun'  (Ontario); 
elle  est  associée  à  des  épancbemenls  de  diorite.  et  c'est 
cette  roche  qui  furmela  ffan^edu  iniDerai.  Tantôt  lapyirho- 
tine  est  pauvro  en  cuivre  et  en  nickel  et  n'est  gutr«  uti- 
lisable que  lorsqu'elle  peut  être  abattue  à  ciel  ouvert  en 
{grandes  masses  ;  ailleurs,  elle  forme  un  ricbe  minerai  de 
cuivre;  plus  loin  elle  contient  à  la  fois  quelques  centièmes  de 
nickel  et  de  cuivre,  dont  l'ensemble  lui  donne  une  valeur 
atifâaante  pourjusiifler  une  exploitation  par  travaux  sou- 
terrains et  un  traitement  métallurgique  assez  compliqué. 
D'après  les  statistiques  ofScielles  du  bureau  des  mines  de 
la  province  d'Ontario,  la  marcbe  de  l'eiploitation  de  ces 
minerais,  au  cours  des  dernières  années,  serait  caractéri- 
sée par  les  quelques  chiffres  qui  suivent  : 

AnotM. imr.  tSM  I^Ut  19UU  IMI 

Minerai  exlrail 84.575     112.510     184.431     196.7^)    996  866 

Hineraifondu 87.252    110.707     ISS. (87     192.460    2(5.504 

p.  100  p.  100  p.  100  p.  100  p.  lOS 

Teneur  «a  cuivre..       2,86  3,43  1,66  i,^9  l.iS 

Teneur  en  nickel..       2,06  2,28  1,68  1,67  l,6> 

Poids  du  nickel  con- 
lenu i.SlS        2.524        2.608        3.214        4.0,12 

l<es  ressources  en  nickel  existant  dans  la  région 
paraiHseiit  considérables  :  dès  1890  un  rapport  ofSciel 
adressé  au  secrétariat  de  ta  Marine  des  Étata-Unis(') 
estimait  la  quantité  de  minerai  alors  reconnue  au  chiffre 
considérable  de  650  millions  de  tonnes,  que  noua  ne  repn>- 
duitioiis  ici  que  sons  réser\es,  et  Texpluration  de  la 
région  parait  avoir  fait  connaître  depuis  de  nouvelles  et 
importantes  réserves. 


{•)  In  LiVAT,  Pi-ogrès  de  la  mélallurgie  du  nickel  (Annales  des  «ibw. 
Sffé.w.  t.  I,p.  166:IS92). 


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LES  MINES   DB  NICKEL  235 

Cependant  les  facilités  de  l'abatage  de  cee  minerais  ne 
paraissent  de  loin  pas  être  ce  qu'elles  sont  en  Nouvelle- 
Calédonie  pour  des  minerais  notablement  plus  riclies 
(d'autant  plus  que,  dans  l'étal  actuel  des  choses,  une 
unité  de  cuivre  ne  saurait  guère  6tro  comptée  que  pour 
une  demi-unité  de  nickel),  et  d'autre  pari  le  développe- 
ment de  l'extraction  au  Canada  paraît  avoir  été  accompa- 
gné, comme  l'indiquent  les  cliiffres  du  lableau  ci-dessus, 
d'une  tendance  à  la  diminution  delà  teneurdu  minerai  traité. 
Enfin  le  traitement  du  minerai,  qui  comporte  d'abord  un 
premier  grillape.  et  une  fusion  pour  matte,  puis  un  deuxième 
grillage  suivi  d'une  deuxième  fusion,  ou  bien  une  opéra- 
tion à  la  cornue  Besaemer,  et  enfin  une  séparation  électro- 
lytique  encore  assez  coftteuse  du  cuivre  et  du  nickel,  est 
loin  d'être  plus  facile  que  celui  des  minerai»  de  Nouvelle- 
Calédonie,  En  outre,  le  nickel  obtenu  est  toujours  moins 
pur  que  le  nickel  calédonien  ;  il  tiendrait,  d'après  les  rensei- 
gnements que  noua  avons  pu  obtenir,  de  U,S  à  0,9  p.  100 
de  cuivre,  environ  un  millième  d'arsenic  et  un  demi- 
millième  de  phosphore.  Il  donnerait  lieu  pour  les  aciers, 
et  surtout  pour  les  aciers  à  fortes  teneurs  en  nickel,  à  des 
^lifftcultés  et  à  des  invgul.irités  dans  le  traitement  qu'on 
n'observe  pas  avec  le  nickel  provenant  de  notre  colonie. 
l'ar  contre,  la  situation  industrielle  générale  du  Canada 
parait  être  très  favorable  et  a  permis  dans  ces  dernières 
années  un  développement  important  des  exploitations  et 
des  usines  de  traitement,  développement  à  la  faveur 
duquel  la  production  du  nickel  au  Canada  est  sans  cesse 
■croissante.  Il  y  a  là  une  concurrence  sérieuse  pour  l'in- 
dustrie de  notre  colonie  ;  mais,  bien  que,  nous  le  répé- 
tons, nous  ne  puissions  établir  de  comparaison  que 
d'après  des  documents  plus  ou  moins  incomplets,  il  nous 
semble  qu'au  point  de  vue  des  conditions  naturelles  tout 
l'avantage  reste  aux  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
len   minerais  canadiens  étant   moins   riches,  moins  purs, 


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23ti  KICHESSES  HINÂRALES  DE  LA.  NOUVELLE-CALBDONIE 
plus  cofiteux  à  abattrt!  et  plus  difficiles  à  traiter;  ce  que 
le  Canada  a  pour  lui,  ce  sont  des  conditions  sur  lesquelles 
l'homme  a  la  plus  large  action,  à  savoir  l'abondance  et  la 
bonne  qualité  de  la  mai n-d '(envie,  la  conduite  de  l'exploi- 
tation sur  une  assez  large  échelle  et  dans  des  conditions 
bien  appropriées,  des  moyens  de  transport  économiques, 
et  des  usines  de  traitement  bien  aménagées  établies 
auprès  des  gltcs.  Tout  cela,  nous  ne  nous  le  diesimuloDS 
.  pas,  est  beaucoup  plus  difficile  à  réaliser  dans  une  Ile 
aussi  isolée  que  la  Nouvelle-Calédonie  que  dans  un  pays 
en  plein  développement,  comme  le  Canada;  mais  il  serait 
facile  de  faire  à  ces  différents  points  de  vue  beaucoup 
mieux  que  l'on  no  fait  aujourd'hui,  et  de  réaliser  des 
progrès  qui  mettraient  notre  colonie  dans  de  ■  bien 
meilleures  conditions  pour  soutenir  la  concurrence  du 
nickel  canadien.  Rappelons  d'ailleurs  ici  que  la  société 
américaine  «  Nickel  Corporation  limited  »  a  acquis  un 
domaine  minier  considérable  en  Nonvelle-Calédonie,  décla- 
rant vouloir  l'exploiter  pour  approvisionner  de  nickel  le 
marché  américain,  et  qu'elle  a  expédié  en  1901  quelque 
30.00(3  tonnes  de  minerai  aux  États-Unis;  il  est  d'ailleurs 
difficile  de  dire  aujourd'hui  si  elle  continuera  dans  cette 
voie  et  exploitera  sérieusement  ses  mines,  ou  si  elle  ne  se 
ser\ira  pas  plutôt  de  ses  gisements  de  Nouvelle-Calédo- 
nie comme  d'une  simple  menace  pour  empêcher  le  gou- 
vernement canadien  de  frapper  do  droits  importants, 
comme  il  veut  le  faire,  l'exportation  aux  États-Unis  des 
mattes  et  des  minerais  de  nickel. 

En  plus  du  Canada,  on  a  récemment  cherché  à  ouvrir 
en  Silésie  une  exploitation  sur  des  minerais  silicates 
pauvres  de  nickel,  connus  dès  longtemps  comme  associés 
à  une  formation seipentineuse,  restreinte  d'ailleurs;  il  ne 
semble  pas  que  cette  exploitation  ait  eu  un  grand  succès 
jusqu'ici  et  soit  appelée  à  se  développer  beaucoup. 

Enfin,  parmi  les  gisements  de  nickel  assez  nombreux 


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LES   MINES   DE  NICKEL  237 

qui  existent  aux  États-Unis,  ceux  Je  l'Orégon  (c^mté  de 
Douglas]  se  présenteraient  dans  des  conditions  géolo- 
giques très  analogues  à  celles  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
On  n'a  pas  jugé  jusqu'ici  qne  lenr  extension  puisse  justi- 
fier la  création  des  coCiteuses  voies  de  transport  que  leur 
mise  en  Valeur  exigerait.  Sans  qu'on  puisse  dire  qu'ils 
ne  sont  pas  utilisables,  il  semble  que  leur  concurrence  ne 
soit  pas  fort  à  redouter  pour  nous,  d'ici  quelque  temps. 

Ce  sont  donc  les  gisements  du  ('anada  seuls  qui  consti- 
tuent aujourd'hui  une  concurrence  pour  ceux  de  notre 
colonie,  concurrence  très  sérieuse,  cela  est  vrai,  mais 
qui  ne  doit  pas  empêcher  l'essor  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie,  si  ceux  qui  en  ont  la  charge  savent 
faire  ce  qui  est  nécessaire  pour  profiter  des  avantages 
naturels  considérables  que  réunissent  les  gisements  de 
notre  colonie. 

Pour  nous  donc,  persuadé  que  nous  sommes  qu'au- 
jourd'hui un  large  développement  de  la  consommation  du 
nickel  suivrait  de  près  un  notable  abaissement  du  prix 
auquel  il  peut  être  offert  aux  consommateurs,  nous  n'hé- 
sitons pas  à  conclure  qu'un  essor  considérable  sera  pos- 
sible pour  l'industrie  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  le 
jour  où,  par  la  première  Fusion  sur  place  du  minerai,  on 
résoudra  la  double  question  d'un  abaissement  notable  du 
prix  de  revient  et  d'une  utilisation  bien  meilleure  des 
^semants. 

Ijorsque  ce  problème  capital  aura  reçu  une  solution 
satisfaisante,  les  gisements  aujourd'hui  exploités  pour- 
ront l'être  sur  une  beaucoup  plus  large  échelle  et  d'une 
façon  beaucoup  plus  rationnelle,  de  nouveaux  espaces 
riches  en  minerai  pourront  être  mis  en  valeur,  une  impor- 
tante industrie  de  première  fusion  pourra  être  créée;  et, 
dans  ces  conditions,  notre  colonie  continuera  à  tenir  en 
échec  la  concurrence  canadienne,  si  même  elle  n'arrive 


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238   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE- CALÉ DONIB 

paa  k  en  >  triompher  plus  ou  moins  complètement.  U 
Nouvelle-Calédonie  sera  dès  lors  prête  à  livrer  annu^- 
lement,^  bas  prix,  au  monde  entier  les  milliers  de  tonnes 
de  nickel  dont  il  aura  besoin  en  nombre  sans  doute  ra^- 
dement  croissant. 


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TROISIÈME  PARTIE. 


LES  MinS&AIS  ASSOCIÉS  A  LA  TORMATIOH 
DIS  SERFXIfTINES  VICKZLITtBXB. 


CHAPrTRE  PREMIER. 
LES  HIHERAIS  DE   COBALT. 


A.  —  GÉNHIAUTBS.   —   HiSTOWODE. 

Comme  nous  l'avons  déjà  mentiomié  ci-dessas,  le- 
cobalt,  ce  compagnon  presque  inséparable  du  mckel, 
dont  ses  propriétés  chimiques  le  rapprochent  si  étroi- 
tement, parait  avon*  coexisté  avec  le  lùdcel  dans  s(H)  gise- 
ment primitif  en  Nouvelle-Calédonie.  En  effet,  d'une  part 
aucun  des  minerais  de  nickel  de  la  colonie  n'est  exempt 
<je  cobalt  ;  et,  d'au^  part,  les  péridotites  dites  stériles, 
saines  ou  altérées,  provenant  des  différents  massifs  r^mr- 
tis  tout  le  long  de  l'tle,  »e  sent  toujours  montrées  &  l'ana* 
lyse  contenir  quelques  dit-millièmes,  et  plus  souvent 
qwelqaes  milliëmee.des  deux  métaux  rùckeletcobaltpesés 
•«semble  ;  l'analyse  qualitative  du  résidu  ainsi  pesé  y 
axiécelé  souvent  la  présence  simultanée  des  deux  métaux, 
ta  nk^el  paraissant  d'ailleurs  toujours  nettement  domi- 
aaat;  et  il  est,  aînoo  certain,  du  moins  fort  probable,  que, 
dam  les  cas  oh  nom  n'avoBS  pu  caractériser  d'une  façon 
(MiitiBe  la    présouce  du  oob^t,  il  acconipagoait  uéan-. 


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240  RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA   XODVBLl.B-^ALÉDON'IB 

moins  en  faible  proportion  fes  très  petites  quantités  de 
nickel  contenues 'dans  les  roches. 

Mais,  tandis  que  le  plus  souvent  dans  la  nature  les 
agents  minéralisateurs  ont  entraîné  et  déposé  à  la  fois  o^ 
deux  métaux,  voisins,  sous  forme  de  sulfures  et  d'arsénio- 
sulfures  isomorphes,  que  i'oiydation  transforme  aui 
affleurements  en  arséniates,  phosphates,  etc.,  qui  de- 
meurent étroitement  associés  entre  eux,  en  Nouvelle- 
Calédonie  les  eaux  paraissent  avoir  dissous  les  deux 
métaux,  qui  étaient  contenus  dans  les  péridotîtes  sans  sp 
tniuver  associés  à  leurs  minéralisateurs  habituels,  et 
avoir  fait  un  départ  du  nickel  et  du  cobalt  assez  avancé, 
quoique  incomplet.  On  rencontre  ainsi,  d'une  part  des 
minerais  de  nickel  contenant  toujours  plusieurs  unités  de 
cobalt  pour  cent  de  nickel,  et  d'autre  part  des  mineras 
de  cobalt  tenant  une  plus  ou  moins  forte  proportion  de 
nickel.  Le  premier  de  ces  deux  métaux,  obéissant  à  une 
affinité  marquée  pour  le  magnésium,  s'est  déposé  avec  lui 
sous  forme  d'hydrosilicates  magnésiens  nickelifères  ;  le 
second,  au  contraire,  a  été  entraîné  avec  le  manganèse, 
également  disséminé  en  faible  quantité  dans  les  pérido- 
tites,  et  s'est  concentré  avec  lui  dans  des  rognons  ou  des 
concrétions  d'oxydes,  dont  les  gisements  se  séparent 
nettement  de  ceux  des  hydrosilicates  de  nickel  et  de  ma- 
gnésie. Le  cobalt  et  le  manganèse  se  sont  en  effet  déposés 
presque  uniquement  au  sein  des  formations  d'aigle 
rouge,  tandis  que  le  minerai  de  nickel  se  fixait  sur  les 
péridotites  plus  ou  moins  serpentinisées. 

Tel  est  le  résultat  de  presque  toutes  nos  observations  ; 
et  ce  n'est  que  tout  à  fait  exceptionnellement,  dans  le 
gisement  du  Kaféate  et  dans  celui  de  la  mine  Francia, 
ainsi  qu'à  la  mine  <ie  nickel  Nouvelle-Espérance  sur  l(* 
mont  Onazangou,  que  nous  avons  recueilli,  au-dessous  des 
argiles  rouges,  quelques  échantillons  depéridotite  altérée 
sur  la  surface  et  dans  les  fentes  de  laquelle  s'étaient 


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MINERAIS  ASSOCISS   A   LA   FOKMATION   DES   SBEPENTINES   241 

déposés  eo  enduits  concrétionoés  des  miaeraîs  cobalto- 
maaganésifères  [')  du  type  courant  ;  nous  avons  recueilli 
également,  à  Pemby  et  auprès  do  Brindy,  des  serpentines 
silicifiées  et  recouvertes  d'enduits  cobaltifëros.  Nous  de- 
vons en  outre  mentionner  ici  que  M.  Garnier("}  a  trouvé 
aille  Ouen  des  roclies  feldspathiques  en  décomposition  avec 
tiloonets  do  silicate  de  magnésie  imprégné  de  cobalt,  ou 
môme  avec  dès  âlons  d'halloysite  contenant  des  i-ognons 
de  minerai  tenant  de  20  à  48  p.  100  d'oxyde  rouge  de 
■manganèse,  et  de  10  à  21  p.  iOO  d'oxyde  de  cobalt. 

Nous  ajouterons  que  le  cobalt  ne  nous  a  pas  paru  être 
en  relation  plutôt  avec  certains  types  de  péridotite  qu'avec 
d'autres,  et  nous  serions  presque  tenté  de  dire  que,  par- 
tout oU  la  forme  du  terrain  a  permis  le  dépfttdes  argiles 
rouges  provenant  de  la  décomposition  des  périilotites, 
on  peut  avoirdes  chances  de  rencontrer  en  plus  ou  moins 
grande  quantité  le  minerai  de  cobalt. 

C'est  donc  soit  en  enduits  concrétiounés  sur  les  ruches 
superËcielles,  soit,  beaucoup  plus  souvent,  sous  la  forme 
-de  rognons,  parfois  assez  volumineux  puisqu'ils  atteignent 
par  places  des  dimensions  de  plusieurs  décimètres  dans 
tous  les  sens,  mais  onlinairement  de  la  grosseur  du  poing, 
ou  même  en  grenailles,  que  se  présentent  les  minerais  de 
cobalt.  Ils  ont  toujours  un  aspect  paraissant  indiquer 
qu'ils  ont  été  déposés  par  les  eaux;  tantôt  ils  sont  en 
rognons  caverneux  ou  en  concrétions  mamelonnées,  tan- 

(*)  On  pourrait  se  dcmaailer  si  cr  ne  gera[l  pn»  \k  un  type  cnuratit 
de  minerai,  que  Ie!<  trav&ux  des  mines  de  robalt,  praliqueuient  limitée 
aux  formations  argileuses,  n'auraient  pas  su  allein<lre  dans  la  plupart 
des  exploitations:  noiia  ne  le  pensons  pas,  car  il  ans  bcauroup  d'entre 
éUta  la  serpentiseen  rocbea  élr  touchée  en  nombre  de  points,  et  aiou- 
.  vent  mime  été  suivie  sur  des  éteodues  assez  coiisidé râbles,  sans  moalrer 
aucunes  traces  de  cubait,  traces  qui  seraient  cependant  bien  plus 
«iséescDCom  àdiscemersaT  la  couleur  claire  de  la  serpentine  que  calles 
des  minerais  nickelifères  complexes. 

(••)  Gar^ihk.  loc.  cil.,  p  61-B8;  et  Uahmeh.  Mémoire  lur  Ua  glsemrnls 
JeeobaU,  dtchroin»  ttdt  fer  à  la  .Souvrlie-Calr'danie  (Mémoires  ilt  la  So- 
-eiélé  det  Ingéniturt  civile  de  France,  ISH?,  1"  sementre,  p.  217  cl  248]. 

16 


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242  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVBLLB-CALBDOXIE 

tôt  ils  présentent  la  disposition  en  nids  d'abeilles  qu'af- 
fectent fréquemment  les  dépôts  actaela  de  sources  ruis- 
selantes, tantôt  enfin  ils  ont  la  forme  de  débris  divers, 
brindilles  de  bois.  etc. ,  que  le  minerai  aurait  englobés. 

Les  rognons  ainsi  coni^titués  se  sont  déposés  en  traî- 
nées peu  régulières  :  quelquefois  ils  dessinent  une  couche 
plus  ou  moins  continue  qui  pourrait  provenir  d'un  dépftt 
au  fond  d'un  lac  ou  d'une  mare  ;  d'autres  fois  ils  reposent 
dans  l'argile,  presque  au  contart  des  serpentines  sous- 
jacentes,  dont  les  traînées  de  minerai  suivent  toutes  les 
aspérités  et  les  contours;  ailleurs,  ils  sont  englobés  eu 
pleine  argile,  souvent  en  plusieurs  assises  étagées,  sans 
qu'il  soit  aisé  de  discerner  aucun  lien  dans  la  distribution 
des  différents  rognons. 

Ils  ont  uno  texture  caverneuse  ou  écailleuse,  et  uns 
couleur  noir  bleuté,  souvent  à  demi  masquée  par  des 
enduits  de  rouille  ;  uu  reflet  bien  un  peu  violacé  est  gêné- 
ralement  l'indice  de  la  présence  du  cobalt  dans  ces 
rognons,  qui  ressembleraient  sans  cela,  à  s'y  méprendre, 
soit  à  de  simples  rognons  d'oijdc  de  fer  stériles,  soit  à 
des  boules  d'oxyde  de  manganèse  ;  mais  leur  caractère  le 
plus  net  est  la  trace  brillante  que  laisse  le  coup  de 
pic  dans  leur  masse,  qui  n'est  généralement  pas  très 
dure. 

Ces  minerais  sont  en  effet  tendres  et  friables,  tachant 
les  doigts,  souvent  sectiles  et  donnant  à  la  coupure  le 
même  aspect  métallique  que  sous  le  coup  de  pic  ;  quel- 
quefois les  fragments  riches  en  silice  se  présentent  en 
écailles  siliceuses,  dures  et  cassantes. 

Leur  densité  apparente  est  toujours  faible;  la  densité 
réelle  des  minerais  feiTeux  atteint  4  ou  5;  pour  les  mine- 
rais quartzeux  elle  est  notablement  plus  faible,  et  ils  se 
brisent  souvent  en  écailles  très  minces  tendant  à  flotter, 
ou  du  moins  à  être  entraînées  très  aisément  par  l'eau,  ce 
qui  est  une  gène  considérable  pour  le  lavage. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  243. 

Le  cobalt  est  d'ailleurs loia  d'être  isolé  dans  ces  mine- 
rais, et  même  d'y  avoir  subi  une  concentration  très 
avancée,  puisqu'il  est  réellement  rare  de  rencontrer  des 
minerais  qui,  même  soigneusement  triés  et  lavés,  tiennent 
plus  de  10  p.  100  d'oxyde  de  cobalt;  cet  oxyde  est  tou- 
jours intimement  associé  à  des  proportions  importantes 
de  fer  peroxyde,  et  de  manganèse  se  présentant  sous 
la  forme  de  bioxyde  ou  d'oxyde  rouge.  La  silice  est  ea 
outre  constamment  présente  dans  le  minerai,  mais  elle 
ne  s'y  trouve  pas  sous  forme  combinée  pour  constituer 
des  silicates  ;  elle  y  est  au  contraire  isolée  au  point  de 
vue  chimique,  généralement  en  petits  rognons  jaunâtres, 
qui  jouent  peut-être  bien  le  rôle  de  noyaux  ou  de  sque- 
lettes des  dépôts  cobaltifêres  ;  d'importantes  formations 
siliceuses  au  milieu  des  argiles  rouges  accompagnent 
d'une  façon  très  fréquente  les  gisements  de  cobalt,  ainsi 
que  nous  aurons  l'occasion  de  le  mentionner  en  détail  en 
décrivant  quelques-uns  d'entre  eux.  Les  minerais  de 
cobalt  comprennent  donc,  intimement  liés  à  l'oxyde  de 
cobalt,  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse,  et  ils  sont 
très  souvent  constitués  en  même  temps  par  de  la  silice  ; 
d'autres  fois  ils  tiennent  une  proportion  importante  d'alu- 
mine, des  échantillons  provenant  de  la  mine  Persévé- 
r^ce  sont  même  associés  à  de  belles  concrétions  de 
gibbaite;  enfin  ils  sont  toujours  imprégnés  de  produits 
ferrugineux. 

Il  s'ensuit  que  la  teneur  des  minerais  bruts  n'est  que 
rarement  un  peu  élevée,  et  est  beaucoup  plus  souvent 
voisine  de  3  à  3  de  protoxyde  de  cobalt  pour  cent  de  minerai 
sec  (c'est  toujours  ainsi  que  l'on  évalue  la  teneur)  ;  un 
lavage  soigneux  arrive  h  les  débarrasser  assez  complète- 
ment de  l'aigle  ferrugineuse  qui  les  souille  et,  lorsque  le 
mélange  avec  la  silice  n'est  pas  trop  intime,  d'une  partie 
de  celle-ci  ;  on  produit  ainsi  des  minerais  marchands 
dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt  varie  généralement 


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Ski  RICHESSES  MINÉRALES  DB   LA   NODVBLLB-CALBDONIB 

(te  4  à  6  p.  100.  Les  quelques  analyses  que  voici  donnât 
une  idée  de  la  n>mpo8Îtion  chimique  de  ces  minerais: 
léa  deux  premières,  rapportées  par  M,  Ganuer(*),  ont 
été  faites  sur  des  minerais  conranta  fondus  k  l'usine  de 
Reptèmes;  les  autres  ont  été  faites  à  Nouméa,  le  nu- 
méro 3  sur  un  minerai  siliceux  de  la  mine  Persévérance 
(près  de  Monéo),  le  numéro  4  sur  un  rainerai  alamincax  de 
la  baie  du  Sud,  et  les  numéros  5  et  6  sur  des  minerais 
de  Tile  Yandé. 


SiO» SO.-ÎB  32,00  3i,00  16,40  2,21  23,09 

Pe»0» f  l,S«  20,00  11,«  15,50  8,»t  (6,06 

Mii>0' 14,00  2«,50  19,05  12,67  33,62  IT.SS 

AIHP •  «  ,    »  14,60  14,2»  10,30 

HgO  etCaO..  14,50  3,0e  «  «  2,38  2,23 

CoO 2,50  3,50  3,80  3,00'  7,16  5,56 

MO non  dosé  non  dosé  1,04  1,48  1.04  1,48 

Eau,  perte  an 
f«u,  «t  ma- 
tières   noD 

dosées ....  6,80  .  15,30  30,fi8  36,05  29,20  33,69 

Ces  minerais  se  rattachent  au  point  de  vue  minéralo- 
gique  à  t'asbolite,  variété  de  wad  (oxyde  de  mangauèse) 
plus  ou  moins  chargée  en  oxyde  de  cobalt.  L'asbolite  est 
d'wlleurs  loin  d'être  fréquente  dans  le  monde;  on  en,  cite 
la  présence  en  Hesse  et  dans  la  Thuringc  comme  produit 
d'oxydation  accompagnant  des  minerais  sulfurés  du  cobalt, 
et  on  l'a  retrouvée  associée  à  des  gisements  métalliques 
complexes  aux  États-Unis  ;  mais  àctuelleraeiit  elle  n'est,  k 
notre  connaissanre,  exploitée  sérieusement  comme  mine- 
rai de  cobalt,  en  dehors  de  la  Nouvelle-Calédonie,  qu'en 
Nouvelle-Galles  du  Sud  auprès  de  Port-Macquarie,  où  se 
montre,  au-dessus  d'une  tête  de  roche  serpentineuse,  une 
formation  d'argile  rouge  très  ferrugineuse  contenant  des 

{*)  OAKinK,  mémoire  dé  1887  ci-desma  cité,  p.  348.  ' 


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MINSBAIS   ASSOCIÉS   A  LÀ.   FORMATION    DKS  SBKPBNTJMES  215 

rodons  cobaltifêres  d'asbolile  très  analogues  à  ceux  des 
gisements  de  notre  colonie.  Il  a  été  extrait  dans  chacune 
de  ces  dernières  années  un  peu  plus  d'une  centaine  de 
tooDcs  de  ce  gisement,  qui  parait  être  fort  limité.  D'autre 
part,  si  nous  sommes  bien  informé,  les  petites  quantités 
de  minerai  de  cobalt  exportées  actuellement  du  Chili 
seraient  également  des  asbolites,  qui  seraient  d'ailleurs 
légèrement  aurifères. 

Quoique  existant  eu  plus  ou  moins  grande  quantité 
dans  un  très  grand  nombre  d'entre  tes  amas  d'argjles 
rouges  qui  se  rencontrent  partout  dans  la  forination  ser- 
pentineu»e  de  la  colonie,  les  minerais  de  cobalt  ont  pen- 
dant longtemps  passé  inaperçus,  gr&ce  à  leur  aspect  peu 
frappant,  et  à  leur  ressemblance  avec  des  rognons  ferru- 
gineux ou  manganésifères. 

M.  Garnier  ne  signalait  point  l'existence  du  cobalt  dans 
son  étude  de  18û7  eut  les  ressources  minéi'ales  de  la 
Nouvelle-Calédonie,  et  M.  Heurleau  l'igjaorait  également. 
C'est  en  187ti  que  le  cobalt  passe  pour  avoir  été  reconnu 
pour  la  première  fois  iwmme  utilisable  en  Nouvelle-Calé- 
donie, au  voisinage  de  la  pointe  de  Bogota  entre  Naketv 
et  Canala;  dès  celte  année-là,  puis  en  1877  et  1878,  l;i 
statistique  des  exportations  indique  l'expédition  d'un  cer- 
tain nombre  de  sacs  de  minerai  de  cobalt;  mais  ce  n'est 
qu'à  partir  de  1883  que  le  cobalt  figure  d'une  façon  régu- 
lière au  nombre  des  minerais  exportés,  à  raison  de  2,000  à 
3.000  tonnes  par  an.  C'est  autour  de  ces  chiffres  qu'ont 
oscillé  les  exportations  pendant  longtemps;  elles  ont 
néanmoins  pris  récemment  un  essor  assez  marqué  pour 
que  les  expéditions  de  plusieurs  d'enlre  ces  dernières 
années  aient  varié  entre  4.000  et  5.0J0  tonnes.  Au  total, 
la  Nouvelle-Calédonie  paraît  avoir  exporté  en  vingt  ans 
environ  4M).000  tonnes  de  minerai  de  cobalt,  dont  la  teneur 
moyenne  pont  être  évaluée  entre  i-  et  5  p.  100  d'oxyde, 


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246  RICHESSES   MINÉRALES   ÇB  LA   NOUVKLLE-CALÉDONIB 

88118  compter  quelques  centaines  de  tonnes  de  mattes  à 
10  ou  20  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  la  hausse 
continue  des  cours  avait  suscité  un  accroissement  mar- 
ijué  de  la  production  par  suite  de  l'ouverture  ou  de  la 
réouverture  d'un  très  grand  nombre  d'exploitations;  au 
cours  du  premier  semestre  1902,  74  exploitations  avaient 
extrait  2.452  tonnes  de  minerai  de  cflbalt,  c'est-à-dire 
presque  autant  qu'il  en  avait  ét^  extrait  pendant  toute 
l'année  1901,  et  l'extraction  du  deuxième  semestre  n'a 
pas  atteint  moins  de  5.060  tonnes,  portant  le  total  de 
l'année  à  7.512  tonnes. 

La  production  de  l'année  1901  avait  été  de  2.552  tonnes, 
et  s'était  partagée  entre  35  exploitations  portant  sur  41  péri- 
mètres miniers.  Le  tableau  ci-dessous  en  donne  la  répar- 
tition par  régions  de  la  colonie. 

DOme  de  Tiebaghi,  versant  Nord  (*  ei-  toim 

ploitations) BOO 

Poume  (+  esploitalioDs) *98 

Plateau  de  Tiea  (5  exploitations) 2t5 

Iles  YandéetPott  (2eiploitaliona) (89 

Baie  d'OlanJ,  versant  Sud  du  ddme  de 

Tiebaghi  (une  exploitation) lOS 

Baie  du  Sud  [6  exptoilatioDs t45 

Baie  de  Bâ,  près  de  Houallou  (2  exploi- 
tations)    136 

lie  des  Pins  (une  exploitation) 124 

Ounia  el  ïal^  {'i  exploitations). .......  62 

Thio  [une  exploitation) 37 

Kalt'ate  près  de  Konë   (une  exploita- 

Uon) n 

Ouinaé  (une  exploitation) 18 

Boulari  {une  exploitation) 15 

Poro  [une  exploitation) 12 

Baie  Ouî^i  (une  exploitalion) 10 

Baie  des  Pirogues  (une  exploitation). ...  5 

Total 2.552 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DES    SERPENTINES  247 

Noua  avons  visité  une  grande  partie  d'entre  les  exploi- 
tations de  cobalt  qui,  sur  les  deux  côtes  Est  et  Ouest, 
jalonnent  la  colonie  sur  presque  toute  sa  longueur,  depuis 
l'fle  dea  Pins  au  Sud-Est  jusqu'à  l'Ile  Pott  à  l'eitréme 
Nord-Ouest.  Sur  la  côte  Ouest  nous  en  avons  vu  à  la 
baie  du  Sud,  à  Plum,  à  Saint-Louis,  à  la  Diimbéa,  dans  la 
vallée  de  la  Téné  près  de  Bouraîl,  sur  les  deux  bords  de  la 
rivière  de  Népoui,  au  plateau  de  Tiea  près  de  Pouembout, 
au  Kaféate  près  de  Koné,  et  au  dôme  de  Tiebaglii;  nous 
n'avons  d'ailleurs  pas  eu  la  possibilité  de  visiter  celles 
de  la  presqu'île  de  Poume  et  des  iles  Yandé  et  Pott.  Sur  la 
côte  Est,  sans  avoir  pu  commencer  vers  le  Sud  par  les 
exploitations  d'Ounia  et  Yaté,  nous  avons  visité  celles 
de  la  rivière  Comboui,  de  Brindy,  de  la  presqu'île  de 
Neuméni,  de  Peraby  entre  les  baies  de  Canala  et  de 
Kouaoua,  et  de  la  baie  de  Bà  près  de  Houaïlou  ;  enfin, 
dans  le  dernier  massif  serpentineux  de  la  côte  Est  vers 
le  Nord,  celui  de  Monéo,  on  s'apprêtait  à  reprendre  une 
exploitation  au  moment  de  notre  passage  dans  la  région. 

Nous  ajouterons  que  nous  avons  encore  eu  l'occasion 
de  ramasser  de  peliles  quantités  de  minerai  de  cobalt  en 
plusieurs  points,  et  notamment  au  voisinage  immédiat 
d'exploitations  de  nickel,  par  exemple  sur  la  mine  des 
Bornets  à  Thio,  sur  la  mine  Fathma  à  Poro,  sur  la  mine 
Reis  11"  i  à  Népoui,  sur  la  mine  Étoile  du  Nord  au 
Kaala,  et  qu'il  n'est  pas  sans  exemple  qu'une  mine  con- 
cédée pour  nickel  ait  été,  ou  soit,  exploitée  pour  cobalt. 
D'autre  part,  le  cobalt  est  souvent  associé  au  fer  chromé 
dans  les  aigiles  rouges,  et  les  massifs  du  dôme  de  Tiebaghi, 
lie  la  baie  du  Sud,  de  la  baie  Ngo,  de  Fourina,  etc., 
sont  à  la  fois  particulièrement  riches  en  cobalt  et  en 
chrome  ;  le  cobalt  se  rencontre  d'ailleurs  parfois  en  enduits 
sur  le  fer  chromé. 


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248  RICHESSES  MINÉRALES   UE   LA  NOD^'ELLE-CALhDO»rE 

B.  —  Description  de  qdelques  gisements. 

Nous  renonceroBR  à  décrire  «n  à  un  diacun  de  ces  nom- 
breux gisements  de  cobalt,  nui  ne  présentent  d'ailleurs- 
pas  une  très  grande  Tariété,  et  nous  nous  contenterons de- 
donner  quelques  détails  sur  une  série  d'entre  eux  pris- 
comme  types. 

Les  exploitations  du  ddrne  de  Tiebaghi  sont  parmi  odles^ 
qui  se  sont  poiirsuiries  le  plus  longtemps,  et  elles  ont  en 
pendant  toutes  ces  dernières  années  une  sérieuse  activité, 
qui  tend  d'ailleurs  aujourd'hui  à  se  ralentir  :  trois  eijJoita- 
tions  différentes  extrayaient,  au  moment  de  notre  passage, 
sur  ie  périmètre  des  mines  Tangadiou  et  Tamatave.  nne^ 
moyenne  mensuelle  de  40  k  50  tonnes  de  mioerai  à 
teneur  de  4  à  4  1/2  p.  100  après  lavage.  I*  gtle  se 
trouve  sur  nn  des  contreforts  du  d6me  de  Ti«b«^i 
qui  s'allonge  et  s'étale  largement  vers  l'Est  entra  tes 
cotes  300  et  200  environ  ;  ce  contrefort,  dont  Ut  pente 
est  peu  accusée,  est  recouvert  d'un  épais  manteau  de- 
ces  formations  rougos  surtout  ferrugineuses,  mais  an 
peu  magnésiennes  et  argileuses,  que  nous  continuerons  à 
désigner  sons  le  nom  d'argiles  ronges,  et  qni  sont 
semées  de  fragments  d'oxyde  de  fer  dont  la  dimensiofi 
varie  de  celle  de  blocs  énormes  jusqu'il  celle  de  petits^ 
grains.  Les  travaux  d'exploitation,  et  les  sondages  de- 
recherches  qui  ont  été  poursuivis  au  voisinage,  ont  montré- 
qu'il  existe  dans  les  serpentines  sous-jacentes.  nne  pro- 
fonde dépression,  que  nous  appelons,  avec  M.  Levât,  one 
«  vasque  »  ;  cette  vasqne  est  comblée  par  la  formation  d'ar- 
gîle  rouge,  sur  une  épaisseur  qui  atteint  jusqu'à  52  mètreu 
en  son  centre  et  qui  est  encore  de  10  et  20  mètres  sur 
ses  bords. 
C'est  dans  cette  formation  qu'apparaît,  assez  abondant^ 


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MINERAIS    ASSOCIÉS  A    LA    FORAIATION   DSS    SERPBNTINBS  24!^ 

un  minerai  de  cohait  de  richesse  moyenne,  et  se  rappor- 
tant an  type  silicenx.  La  concentration  la  pins  complète 
(lu  rainerai  paraît  s'être  produite  au  centre  de  la  vasqne 
et  presque  an  contart  de  la  serpentine  :  un  puits  de 
52  mètres  de  profondenr,  creusé  en  re  point,  a  recoupé 
cette  formation,  puissante  de  80  à  90  centîmèk«8,  et 
[«^sentant,  paralt-il,  nne  étendue  notable;  elle  était  cons- 
tituée par  on  amas  de  rognons  et  de  grains,  k  squelette 
quartzeux  recouvert  d'enduits  et  de  concrétions  de  man- 
ganèse et  de  cobalt.  On  s'est  empressé  de  dépiler  tout 
autour  du  puits  cette  sorte  de  lentille,  qui  n'était  sans 
doute  qu'un  dépôt  de  fond  de  mare  ;  elle  venait  d'un  côté 
mourir  sur  les  serpenUnes  qui  se  relevaient,  tandis  que 
de  l'autre  elle  s'appauvrissait  au  milieu  des  argiles  ;  ces 
travaux,  qui,  pendant  quelque  temps,  ont  fourni  dans  des 
conditions  fort  économiques  des  quantités  importantes  de 
minerai,  ont  été  poursuivis  sans  remblayage  et  avec  un 
boisage  insuffisant,  ansai  n'ont-ils  pas  tardé  k  s'ébonler; 
ils  étaient  inaccessibles  au  moment  de  notre  visite,  et  il 
est  vraisemblable  qu'ils  ont  du  être  Rhandonués  avant  que^ 
tout  le  minerai  exploitable  en  ait  été  extrait. 

En  dehors  de  cette  formation  principale,  toute  l'épais- 
seur de  Targile  rouge  parait  être  irrégulièrement  sillon- 
née de  traînées  de  minerai,  tantôt  sons  forme  de  rognons 
siliceux,  tantôt  sous  forme  de  grains  ferrugineux  k  en- 
duits de  cobalt:  une  série  de  tranchées,  galeries  horiBon- 
tales,  on  petits  puits,  ont  été  poussés  de  tims  côtés,  ren- 
contrant ici  ou  là  de  ces  traînées  qui  fournissaient  un 
plus  ou  moins  grand  nombre  de  tonnes  de  minerai. 
L'exploitation,  qui  en  a  été  souvent  confiée  à  de  petits 
B  contractants  »,  a  consisté  le  plus  généralement,  comme 
dans  la  plupart  des  autres  mines  de  cobalt  de  la  colonie, 
à  battre  an  large  à  partir  du  puits  ou  de  la  galerie  de 
recherches  sitôt  un  peu  déminerai  rencontré,  et  à  pous- 
ser les  travaux  aussi  loin   et  aussi   longtemps  qu'ils   ne 


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250  KICHE88B8   inVÉEALES   DE   LA   HODVBLXB-CALÊDONIB 

menaceraient  pas  trop  de  s'ébouler,  puis  à  les  abandonner 
sans  chercher  plus  profondément,  quitte  à  aller  recom- 
mencer un  peu  plus  loiu  le  même  travail. 

Le  minerai,  mis  en  sacs  sur  les  chantiers,  est  des- 
cendu, par  câbles  et  plans  inclinés  aériens,  jusqu'au  pied 
du  contrefort,  en  un  point  où  il  peut  être  procédé  au 
lavage  destiné  à  éliminer  les  matières  ferrugineuses  qui 
le  souillent  et  une  partie  des  éléments  siliceux  anxqueli< 
il  est  associé.  Ce  lavage  a  lieu  sur  toutes  les  mines  dans 
des  conditions  tout  à  fait  analogues  que  nous  ferons  con- 
naître ci-après.  Ensaché  à  nouveau  après  lavage,  le  mine- 
rai est  transporté  par  charrettes  jusqu'à  Koumac,  distant 
de  6  kilomètres  de  la  laverie  ;  il  est  ensuite  expédié  à 
Nouméa  par  voie  de  mer. 

Les  minerais  de  la  baie  d'Oiand,  que  se  partagent  une 
série  de  mines,  ont  fait,  en  1901,  l'objet  d'une  exploi- 
tation assez  importante,  portant  sur  les  périmètres  de 
trois  d'entre  elles;  il  y  en  avait  cinq  en  exploitation  pen- 
dant le  premier  semestre  de  1902;  les  gisements  se 
trouvent  être,  sur  le  versant  Ouest  du  dùme  de  l'ieba- 
ghi,  symétriques  de  ceux  que  nous  venons  de  mentionner. 

Lo  ddme  serpentineux  qui  constitue  la  presqu'île  de 
Poume,  et  qui  i-eproduit  avec  de  plus  petites  dimensions 
les  formes  et  les  circonstances  géologiques  du  dôme  de 
Tiehaghi,  renferme  également  des  gisements  de  cobalt 
important-s;  ils  ont  été  à  diverses  reprises  l'objet  d'ex- 
ploitations plus  ou  moins  suivies  ;  celles-ci  avaient  une 
nouvelle  période  d'activité  au  moment  de  notre  séjour  dans 
la  colonie,  et  six  mines  y  étaient  exploitées  au  cours  du 
premier  semestre  de  1902,  contre  quatre  en  1901. 

Au  Kaféale,  longue  crouiie  serpentineuse  qui  s'avance 
jusqu'au  bord  de  la  mer  entre  Voh  et  Koné,  la  ligne  de 
crête  présente  une  largeur  suffisante  pour  qu'une  épais- 
seur, d'ailleurs  faible,  d'argile  rouge  y  ait  subsisté,  tan- 


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MINBKAIS   ASSOCIÉS  A   LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  251 

dis  que  les  deux  flancs  de  la  croupe,  dont  les  pentes  sont 
raides,  sont  presque  uniquement  rocheux.  Cette  argile 
rouge  contient  quelques  rognons  de  cobalt,  et  deux  exploi- 
tants y  poursuivent  des  travaux  de  grattage  de  peu 
d'importance.  Les  différentes  galeiîes,  horizontales  ou 
inclinées,  ouvertes  dans  l'argile  viennent  buter  à  peu  de 
distance  sur  des  têtes  de  péridotite  très  altérée  et  com- 
plètement assurée,  jusqu'au  contact  de  laquelle  se 
retrouvent  les  concrétions  cobaltifères.  Ce  qui  est  à 
noter  ici,  c'est  que  ces  concrétions  se  retrouvent  sur  la 
surface  même  de  quelques-uns  de  ces  fragments  de  roche, 
et  que  le  dépôt  métallifère  envahit  même  par  places  leurs 
fissures  ;  c'est  là  un  mode  de  gisement  qui  est  exception- 
nel pour  le  cobalt,  et  qui  se  rapproche  assez  de  celui  du 
nickel,  mais  les  enduits  et  concrétions  en  question  sont, 
comme  les  minerais  de  cobalt  usuels,  constitués  d'oxydes 
de  cobalt,  de  manganèse,  et  de  fer,  ainsi  que  d^alumine 
et  de  silice,  et  sont  exempts  de  magnésie. 

Les  gisements  du  plateau  de  Tiea,  entre  Pouembout 
et  Népoui,  sont  encore  de  ceux  qui,  depuis  plusieurs 
années,  fournissent  des  quanlités  importantes  de  minerai 
de  cobalt.  La  forme  spéciale  de  ce  massif  serpenthieux 
explique  d'elle-même  qu'un  important  amas  d'argile  fer- 
rugineuse ait  pu  s'y  former,  et  des  minerais  de  cobalt  s'y 
déposer  d'une  façon  particulièrement  aisée.  La  fig.  i, 
PI.  IV,  représente  en  plan  et  en  coupe,  d'après  les  levés 
du  service  topograpbique,  la  configuration,  en  forme  de 
tronc  de  cône  très  surbaissé,  de  ce  plateau  entièrement 
constitué  de  péridotite;  il  est  recouvert  d'un  manteau 
d'argile  rouge.  Ce  manteau  est  très  épais  et  très  continu 
sur  la  surface  supérieure  du  plateau,  qui  est  très  peu 
ondulée  mais  présente  de  légères  dépressions  centrales,  il 
est  plus  ou  moins  développé  sur  les  arêtes  des  contre- 
forts qui  descendent  vers  sa  base,  et  il  disparaît  complè- 


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352  RICHKSSSS    MINERALES    DE    LA.    NOCVELLE-CALSDONIB 

tement,  pour  faire  place  à  la  péridotite  rocheuse,  dans  \o 
fond  des  ravins  abrupts  qui  se  creusent  en  éventail  dans 
les  différentes  directions.  Il  n'y  a  pas  moins  de  dix  con- 
cessions de  mines  de  cobalt  qui  se  partagent  la  surface, 
de  800  hectares  environ,  que  présente  le  plateau  avec  ses 
pentes  orientales,  occidentales,  et  méridionales.  Nom  en 
avons  tracé  les  périmètres  sur  la  fig.  1  de  la  PI.  IV  : 
deux  exploitations  étaient  en  activité  au  moment  de  notre 
passage,  l'une  était  poursuivie  sur  la  mine  Ressow'Ce, 
l'autre  comprenait  de  nomlnreux  chantiers  ouverts  en  dif- 
férents points  des  périmètres  des  mines  Espérance,  Baptb- 
tine  et  Thia- Louise. 

Le  minerai  se  rencontre,  tout  comme  au  à(aae  de 
l^ebaghi,  en  trainées  k  différents  niveaux  dans  le  mas&iT 
argileux  dont  la  puissance  atteint  jusqu'il  30  mètres;  ces 
trainées  ne  paraissent  pas  avoir  ici  une  disposition  rap- 
pelant, même  de  loin,  celles  de  couches  plus  ou  moins 
horizontales,  elles  ont  plutAt  l'allure  de  masses  irrégo- 
lières  se  ramifiant  en  tous  sens.  Aussi  a-t-on,  tant  à  par- 
tir de  plusieurs  puits,  dont  les  deux  principaux  ont  S5  et 
33  mètres  de  profondeur,  que  par  des  galeries  ouvetles 
au  flanc  des  ravins  qui  descendent  du  plateau,  poursuivi 
des  travaux  souterrains  un  peu  dsne  tous  les  sens  et  i 
tous  les  niveaux,  an  voisinage  de  l'éperon  que  dessise  vers 
le  Sud  la  snrface  supérienre  du  plateau.  L'épuisem^it  des 
travaux  était  assuré,  tantlnen  que  mal,  parles  galeries* 
flanc  de  ravin  ;  mais,  peu  de  nxns  avant  notre  visite  sur 
les  lieux,  des  ploies  extrêmement  violentes  avaient  en- 
vahi la  mine  et  provoqué  l'obstruction  par  des  éboule- 
menta  dos  galeries  d'assèchement  ;  ansn  toute  ta  partie 
inférieure  des  travaux  principaux  était-elle  encore  inic- 
cessible,  et  ne  travaillait- on  qu'à  l'exploitation  de  diverses 
traînées  superficielles  de  minerai,  par  une  série  de  gale- 
ries s'enfonçant  peu  profondément  dans  le  sol. 

La  fiff.  2  de  la  PI.  IV,  qui  reproduit  une  coupe  qui 


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MIMERAIS  ASSOCIÎS   A  1^   FORMATION   DES   SBRPBNTINBS   253 

ijotu  a  été  remise  sur  place,  iadique  quelle  serait  à  peu 
pcèa  l'ailure  de  la  forniatioa  rencontrée  en  profondeur,  et 
quelle  aurait  été  la  disposition  des  travaux  ;  les  deux 
puits  Roanne  et  Dauvergne,  que  nous  avons  indiqués  sur 
le  plan  dela^y.  1,  permettent  de  repérer  cette  coupe  par 
rappcHrt  au  relief  du  scd.  Les  traînées  de  minerai  seraient 
-constituées  en  profondeur,  tout  comme  celles  que  nous 
«TORS  TU  exploiter  plus  près  de  la  surface,  par  une  série 
<te  .rognons  caTemeux,  de  couleur  bleutée  et  d'éclat 
demi-métallique,  enrobés  dans  Taille  rouge,  et  accom- 
pagnés parfois  de  lits  de  sable  siliceux  ;  ces  rognons 
sont,  en  général,  concentrés  sur  des  épaisseurs  variant 
de  quelques  centimètres  à  60  et  80  centimètres  et  par- 
fois même  plus,  pour  atteindre,  paralt-il,  jusqu'à  3  mètres 
<tans  les  plus  beaux  chantiers.  C'est  en  suivant  ces  for- 
mations qu'on  ouvre  des  galeries  horizontales  ou  incli- 
nées, tracées  le  plus  souvent  avec  toutes  les  irrégularitéii 
que  comporte  le  gisement  lui-même  :  ici  elles  se  trouvent 
très  espacées  et  de  petites  dimensions;  là,  an  contraire, 
elles  se  groupent  en  grand  nombre  dans  un  même  mas- 
sif plus  minéralisé.  Boisées  avec  un  certain  soin,  cela  est 
frai,  mais  avec  peu  de  connaissance  des  conditions  dans 
lesquelles  un  boisage  doit  être  établi  pour  ofîrir  les  meil- 
leures garanties  de  solidité,  ces  galeries  s'éboulent  à  la 
longue,  surtout  lon<qi>e  l'afflux  des  eaux  vient  les  décon- 
solider. 

Les  exploitations  duplateaudeTiean'occupentpas  moins 
d'une  centaine  d'Iiunimes!  ;  elles  produisaient  au  début  de 
l'année  jusqu'à  t^OO  ou  400  tonnes  de  minerai  brut  par 
mois,  mais  leur  extraction  était  réduite  aux  environs  de 
tSOÀ  300  tonnes  au  moment  de  notre  passage.  Le  mine- 
rai, descendu  par  des  cAbles  et  par  un  plan  incliné  aérien 
jusqu'au  pied  du  plateau,  y  est  lavé,  ce  qui  réduit  son 
poids  au  tiers  environ  du  poids  brut,  et  amène  sa  teneur 
en  oxyde  de  cobalt  aux  environs  de  5  p.  100;  il  est 


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254  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOUTELLE-CALÂDONEE 

ensuite  expédié  par  charrettes  jusqu'au  bord  de  la  mer, 
où  il  est  embarqué  pour  Nouméa  par  Tintermédiaire  de 
chalands. 

Les  mines  Courage  et  Francia,  situées  uu  peu  plus  à 
l'Est,  de  part  et  d'autre  de  la  rivière  de  Népoui  et  aux 
environs  assez  immédiats  de  son  embouchure,  fournissent 
UB  minerai  d'un  caractère  un  peu  spécial,  et  d'ailleurs 
riche  ;  il  se  ^sente  en  concrétions  mamelonnées  ou  en 
enduits,  doués  d'im  Isstre  particulièrement  métallique  et 
d'une  couleur  bleu  violacé,  qui  paraissent  correspondre 
k  une  pauvreté  relative  en  manguM»e  et  à  une  tenear  plus 
forte  en  cobalt.  Ces  minerais  se  ruicontrent  d'ailleurs 
au  voisinage  immédiat  des  roches  serpentineasea  :  quel- 
quefois en  enduits  sur  ces  roches,  d'autres  fois  dans  leurs 
fentes  superficielles;  ils  sont  généralement  associés  kdes 
concrétions  quartzeuses  ou  k  des  calcédoines.  Les  vasques 
d'argile  au  fond  desquelles  ils  se  présentent  sont  ici  par- 
ticulièrement irrégalières,  peu  profondes,  et  constamment 
découpées  par  des  tètes  de  roche  en  place  ;  les  minerais 
paraissent  donc  être  plus  intimement  associés  au  rocher 
que  partout  dlleurs  ;  on  rencontre  assez  souvent  à  leur 
voisinage  des  enduits  talqueux  ou  magnésiens. 

Les  deux  gisements  sont  en  outre  remarquables  par  la 
présence  de  masses  de  serpentine  d'un  caractère  excep- 
tionnel :  ce  sont  des  masses  de  couleur  claire,  dont  la 
pâte  est  blanche  ou  rosée,  et  qui  sont  sillonnées  d'un 
grand  nombre  de  veinules  ramifiées,  quelquefois  vertes 
et  plus  souvent  d'un  bleu  plus  ou  moins  franc,  couleor 
que  l'on  serait  tenté  d'attribuer,  à  tort  comme  nous  nous 
en  sommes  assuré,  au  cobalt  en  raison  de  l'association  de 
ces  serpentines  au  minerai  de  cobalt.  Quelque  exception- 
nels que  soient  en  Nouvelle-Calédonie  ces  types  de  ser- 
pentine, leur  origine  parait  bien  être,  ici  comme  ailleurs, 
l'altération  des  péridotites  qui  constituent    Vxuonrs  le 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DBS  SERPRNTINBS  255 

sous-sol;  nous  avons,  en  effet,  pu  ramasser  une  série 
d'échantillons  marquant  tous  les  passages  entre  la  péri- 
Jotite  assez  fraîche,  les  roches  serpentineuses  que  l'on 
est  habitué  à  rencontrer  ailleurs,  vertes  ou  légèrement 
brun&lres  et  montrant  au  microscope  les  restes  de  cris- 
taux de  péridot  tout  traversés  de  veiimles  de  serpentine, 
puis  des  roche»  plus  altérées,  déjà  partiellement  décolo- 
rées, oii  les  traces  du  péridot  commencent  à  disparaître  et 
oii  l'on  ne  distinguo  plus  que  les  cristaux  d'enstatite,  et 
euiin  ces  roches  entièrement  serpentinisées,  qui,  à  l'œil 
nu,  semblent  complètement  amorphes  :  à  l'analyse  leur 
composition  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  ser- 
pentine typique  (2SiOî,Mg042HîO),  avec  une  faible 
teneur  en  fer(*)  ;  examinées:  an  microscope  elles  se  montrent 
presque  entièrement  constituées  d'un  agrégat  de  petits 
cristaux  d'autigorite  à  groupements  complexes,  générale- 
ment étoiles,  et  traversées  de  quelques  zones  minces  de 
talc. 

A  la  baie  Bà,  ou  plus  exactement  dans  la  presqu'île 
qui,  située  en  face  do  Uouaïlou,  sépare  la  baie  de  6â  de 
la  mer,  les  serpentines  se  développent  sur  3  kilomètres 
de  largeur  et  no  présentent  pas  d'altitudes  supérieures  à 
350  mètres  ;  c'est  dire  que  leurs  pentes  sont  relativement 
douces,  surtout  à  la  partie  supérieure,  et  qu'un  épais 
manteau  d'argile  rouge  a  pu  s'y  conserver.  Cette  forma- 
tion, qui  est  ici,  comme  au  Ahme  de  Tiebaghi  et  dans 
nombre  d'autres  régions  à  cobalt,  toute  parsemée  de  blocs 
et  de  grains  ferrugineux,  renferme  aussi  d'assez  nom- 
breuses traînées  de  minerai  de  cobalt;  elle  est  partagée 
entre  les  périmètres  de  14  concessions,  couvrant  une  su- 
perficie de  900  hectares  environ,  dont  plusieurs  avaient 
été  sollicitées  en  vue   de  l'exploitation  du  nickel.  H  sub- 

(■)  Voir  tuprà,  p;  S6. 


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"256   BICHBSSB8   HINÉRALB8   DB   LA  MO0VBLLS-CU.K0ONIB 

siste  d'ailleors  encore,  dans  les  vallûos  à  peote  asaw 
raide  qui  descendent  vers  la  mer,  dea  travaux  souteiraùs 
entrepris  autrefois  par  les  prenaiers  exploitaots  aDglaù 
du  nickel,  pour  suivre  des  filonnets  d'hydrosiUcate  vert. 
Aujourd'hui  il  n'est  plus  fait  de  travaux  que  dans  les 
argiles  rouges  pour  la  recherche  du  minerai  de  cobalt  ;  ib 
appartiennent  tous  à  la  même  entreprise  et  se  développent 
sur  trois  d'entre  les  concessions  existantes  :  ils  occu- 
paient, au  moment  de  notre  visite,  une  quarantaine 
d'ouvriers,  et  n'avaient  pas  produit,  dans  les  mois  qtû  onl 
précédé  notre  passage,  moins  de  50  à  60  tonnes  par 
mois  de  minerai  lavé,  dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt 
variait  de  4  à  i  1/2  p.  100,  et  qui  était  assez  fortement 
chargé  en  manganèse. 

Les  types  de  minerais  que  l'on  rencontre  ici  et  leur 
uK^de  d'occurrence  no  présentent  de  vraiment  spécial  que 
leur  association  très  nette  avec  d'importantes  formations 
siliceuses  :  l'exploitant  a  d'ailleurs  remarqué  depuis  long- 
temps que  la  présence  des  formations  siliceuses  est  un 
bon  indice  de  la  proximité  du  cobalt;  ces  formations,  qui 
affectent  une  disposition  en  bancs  parfois  bien  nets,  se 
présentent  tantâl  en  plaquettes  légèrement  jaunâtres  à 
grain  très  an,  et  tantôt  en  masses  vacuolaires  à  structure 
plus  ou  moins  cellulaire  oii  l'on  croirait  par  places  distin- 
guer les  moules  de  petites  coquilles  ou  des  empreintes  de 
débris  végétaux  ;  nous  n'en  avons  cependant  nulle  part 
trouvé  la  trace  d'une  façon  certaine.  Cette  association  du 
minerai  de  cobalt  à  des  formations  siliceuses,  qui  ont  trèF 
certainement  été  déposées  pari'eau,  et  vraisemblablement 
au  fond  de  lacs  ou  de  tnares,  noutt  parait  fournir  une 
.raison  de  plus  de  considérer  les  concrétions  cobaltiféres 
qui  les  accompagnent  comme  ayant  été  déposées  en 
.même  temps  par  dos  eaux  qui  avaient  dissous  la  cobalt  et 
le  manganèse  des  massifs  de  péridotite  voisins.  Nous 
aurons  d'ailleurs  à  signaler  cette  même  asBociation  à 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   257 

•Pemby  età  Brindy;  nous  l'avons  également  observée  à 
la  mine  Fanfare  dans  la  vallé«  de  la  Téné  près  de  Bourail, 
oii  les  traînées  cobaltifères  suivent  exactement  un  lit  de 
sable  siliceux  assez  régulier. 

A  Pfimht/,  dans  la  presqu'île  qui  sépare  les  baies  de 
Canala  et  de  Kouaoua,  le  cobalt  se  rencontre  sur  la  large 
crête  qui  s'étale,  à  une  altitude  variant  entre  500  et 
600  mètres,  au-dessus  des  pentes  raides  qui  descendent 
d'un  côté  sur  la  mer  et  de  l'autre  sur  les  ravins  de  la 
rivière  Karoupa.  La  presqu'île  est  tout  entière  consti- 
tuée par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement  altérée,  de 
couleur  vert  foncé,  qui  no  se  montre,  ni  à  l'œil  nu,  ni  à 
l'examen  microscopique,  ni  à  l'analyse  chimique,  différente 
de  plusieurs  dos  roches  associées  aux  gisements  de  nickel 
voisins  de  Tliio  et  de  Canala;  d'ailleurs  le  nickel  existe 
en  petite  proportion  dans  la  roche  elle-même  et  a  été 
signalé  sous  forme  de  minerai  à  faible  tenenr  en  différents 
points  du  massif;  la  roche  est  d'autre  part  chargée  de 
traces  particulièrement  sensibles  de  manganèse.  Mais  ici 
c'est  le  cobalt  qui  s'est  concentré,  plus  que  le  nickel,  à  la 
faveur  sans  doute  des  conditions  qui  ont  permis  l'accumu- 
lation sur  la  large  crête  que  nous  venons  de  définir  d'im- 
portants dépôts  d'argile  rouge.  Sur  toute  l'étendue  de 
ces  dépôts  sont  disséminés  des  rognons  cobaltifères,  qui 
avaient  fait  autrefois  l'objet  de  travaux  irréguliers  et 
Rans3uit«.  La  Société  le  Nickel,  à  laquelle  le  gisement  est 
concédé,  y  a  ouvert,  en  1901 ,  des  travaux  auxquels  eUe  a 
donné  un  certain  développement  et  qu'elle  a  poussés  plutôt 
en  vue  de  chercher  à  reconnaître  s'il  s'y  trouve  des 
masses  importantes  et  continues  de  minerai,  que  d'enlever 
immédiatement,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  les  petites 
quantités  de  cobalt  rencontrées  auprès  de  la  surface, 
quitte  à  s'interdire  ou  à  peu  près  l'accès  jusqu'à  celles 
qui  pourraient  exister  plus  profondément  enfoncées  dans 


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258  RICHESSBS   MINÉRALES  DE  LA  NOUVELLB-CALÊDONIB 

la  masse  de  l'arfile  rouge.  Ces  travaux  a'oût  d'aillenre- 
pas  complètement  répondu  au  but  poursuivi,  et  la  plupart 
des  chantiers  ouverts  au  moment  de  notre  passage  ne 
rencontraient  guère  que  des  traînées  irrégulières  de^ 
petites  concrétions  fortement  chargées  en  manganèse  et 
d'une  richesse  très  moyenne  en  cobalt.  Néanmoins,  en  un 
point,  on  suivait  une  formation  qui  présentait  assez  nette- 
ment l'allure  d'un  dépôt  de  fond  de  lac  :  c'était  une 
.  lentille  relativement  régulière,  faiblement  inclinée  sur 
l'horizontale,  se  développant  sur  plusieurs  dizaines  de 
mètres  en  toutes  directions  dans  une  sorte  de  large 
cavité  encaissée  entre  des  tf-tes  de  roche  en  place,  et 
venant  mourir  en  s'effilant  au  voisinage  de  ce»  8eT)en- 
tines;  la  puissance  de  la  formation  variait  de  40  centi- 
mètres à  1  mètre,  constituée  par  des  grenailles  et  des 
rognons  enrobés  .dans  l'argile,  en  proportion  d'ailleurs 
assez  variable  d'im  point  k  im  autre. 

L'association  dn  cobalt  et  des  dépMs  siliceux  que  nous 
avons  déjà  signalée  d'une  façon  très  nette  pour  le  gise- 
ment de  la  baie  de  Bâ,  est  aussi  frappante  en  plusieurs 
points  du  gisement  de  Pemby;  c'est  ainsi  qu'au  fond 
d'un  petit  puits  de  10  mètres  de  profondeur  on  a 
rencontré  le  cobalt  on  enduits  entre  des  dépdts  opalins 
et  une  formation  siliceuse  très  spéciale  se  développant  au 
contact  même  de  la  péridotite  en  roche  :  cette  formation, 
de  couleur  jaune  brun  clair,  comprend  d'une  part  des 
zones  de  calcédoine  de  teintes  jaunes  variéeis,  et  d'autre 
part  une  certaine  épaisseur  de  silex  dur,  d'une  couleur 
brune  plus  foncée,  qui  se  montre  entièrement  constitué 
de  petits  grains  quartzeui  colorés  et  cimentés  par  des 
enduits  ferrugineux. 

Comme  nous  l'avons  dit,  les  travaux  de  Pemby  o»* 
plutét  constitué  jusqu'ici  des  rerlierche.s  qu'une  exploita- 
tion ;  on  n'en  avait  encore  extrait  au  moment  de  notre  passage 
qu'un  petit  nombre  de  tonnes  d'un  minerai  dont  la  teneur 


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MIKBRAia   ASSOCIÉS   i.  LA  FORMATIOK   DKS  SBBPBMTINKS   WS 

en  cobalt  n'était  pas  très  élevée  et  oit  le  ntaDgaoèse  ét^t 
particuliwemMit  abondant. 

Le  cobalt  est  assez  activement  exploité  eu  une  série  de 
points  de  la  région  Sad  de  la  côte  Est  de  l'Ile,  et  eo  par- 
ticulier sur  le  plateau  accidenté  qui  domine  le  rivage  de 
la  mer  au-dessus  de  Brindif,  entre  les  rivières  M'ba  et 
Comboui;  ce  massif,  dont  les  pentes  vers  la  mer  sont 
fort  raides,  s'abaisse  d'une  façon  beaucoup  moins  rapide 
vers  le  Sud.  11  s'y  développe  de  puissants  amas  d'argile 
rouge  qui  viennent  s'associer,  dans  le  lit  de  la  rivière 
Kotia-Samy,  à  des  formations  superficielles  d'un  carac- 
tère tout  différent,  beaucoup  moins  cxilorées  et  moins 
riches  en  sesqnioxyde  de  fer;  ces  formations,  dont  nous 
avons  déjà  fait  mention,  proviennent  de  la  décomposition 
des  granités  qui  affleurent,  à  3  kilomètres  plus  à  l'Ouest, 
sur  l'autre  versant  du  bassin  de  ladite  rivière,  pour  for- 
mer les  sommets  du  Grand  et  du  Petit  Koura. 

Le  cobalt  se  rencontre  sur  les  pentes  Nord  du  plateau, 
lorsque  l'argile  rouge  s'y  rencontre  elle-même,  ainsi  que 
sur  la  région  culminante,  dans  des  conditions  très  sem- 
blables k  celles.que  nous  avons  déjà  signalées  ;  il  apparaît 
également  snr  les  pentes  Sud  et  Ouest  dans  les  forma- 
tions superficielles  spéciales  dont  nous  venons  de  parler. 
Ceiles-ci  recouvrent  encore  par  places  dos  roches  ser- 
pentineuses  de  type  normal,  mais  en  d'autres  points  elles 
laissent  voir  des  tètes  de  granité  décomposé  qui  semblent 
être  en  place;  elles  paraissent  d'ailleurs  n'avoir  pas  été 
constituées  elles-mêmes  uniquement  par  des  produits  de 
décomposition  des  serpentines,  et  se  trouvent  mélangées 
de  produits  d'origine  granitique  ;  l'ensemble  de  la  forma- 
tion n'est  plus,  en  effet,  rouge  foncé,  mais  jaune  orangé 
plus  ou  moins  clair,  et  parait  par  places  renfermer  des 
produits  voisins  du  kaolin;  la  siUce  y  est  abondante,  non 
plus  en  lits  séparés  comme  ceux  que  nous  avons  signalés 


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260  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA.  NODVELLE-CALEDONIB 

à  la  baie  de  Bâ.  par  exemple,  mais  sous  forme  de  quartz 
répandu  à  peu  près  uniforniéroent  dans  la  masse;  enfin, 
comme  nous  l'avons  dit,  on  trouve  au  milieu  de  cette  for- 
mation de  nombreux  blocs  de  roches  roses  on  blanches, 
montrant  quartz  feldspath  et  mica  altérés,  et  sillonoées 
de  fllonnets  de  quartz  hyalin  cristallisé,  blocs  parmi  les- 
quels quelques-uns  semblent  être  en  place.  Le  cobalt  se 
présente  ici  sous  la  forme  de  ses  rainerais  ordinaires,  gre- 
nailles plus  ou  moins  ferrugineuses  et  plaquettes  siliceuses 
à  enduits  cobaltifèrcs,  mais  il  est  à  faible  teneur  sans 
que  le  manganèse  y  soit  abondant,  le  fer  et  la  silice 
y  sont  au  contraire  dominants.  Du  côté  Nord,  dans  les 
argiles  rouges,  nous  avons  noté  la  présence  de  minerais 
en  rognons  au  voisinage  immédiat  des  serpentines,  dont 
nous  avons  trouvé  plusieurs  tètes  ailicifiéea  et  enduites 
de  cobalt  :  ces  dernières  se  présentent  un  peu  sous  l'as- 
pect d'une  de  ces  serpentines  décomposées,  cloisonnées, 
que  nous  avons  décrites,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  un  sque- 
lette quartzeux  formant  un  réseau  plus  ou  moins  régulier 
avec  remplissage  de  roche  altérée  ;  mais  ici  ce  remplis- 
sage altéré,  au  lieu  d'être  constitué  par  des  produits  ser- 
pentineux  envahissant  toute  la  masse  des  anciens  cristaux 
de  péridot,  consiste  uniquement  en  dépôts  siliceux  cobal- 
tifères  qui  semblent  avoir  épigénisé  pour  ainsi  dire  les 
produits  serpentineux,  sans  cependant  donner  à  l'ensemble 
la  cohésion  de  véritables  roches  siliciflées,  et  en  formant 
un  minerai  friable  difficile  à  laver. 

Des  quatre  exploitations  que  nous  avons  visitées  sur  ce 
massif,  nous  n'avons  rien  de  spécial  à  mentionner  ;  elles 
comportent  do  petits  travaux  de  glanage  qui,  en  plusieurs 
points,  ne  font  que  rechercher  ce  qui  a  été  laissé  autrefois 
à  une  époque  ofa  la  valeur  du  minerai  ne  permettait 
d  exploiter  que  des  amas  notablement  plus  riches  que 
ceux  que  l'on  peut  utiliser  aujourd'hui. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  261 

Les  rivages  de  la  baie  du  Siid  et  des  différentes  baies 
secondaires  qui  l'entourent,  baie  de  la  Somme,  baie  du 
Carénage,  Bonne-Anse,  Port-Boisé,  etc.  (Voir  la  fig.  3  de 
la  PI.  IV),  sont  entourés  de  dépôts  d'argile  rouge  dans 
lesquels  les  rognons  cobalUîêres  ont  été  signalés  dés 
assez  longtemps  ;  ils  sont  exploités  par  une  trentaine  d'ou- 
vriers, dont  la  production  annuelle  peut  varier  de  150  à 
200  tonnes  ;  nous  avons  visité  ceux  de  ces  travaux  qui  se 
poursuivaient  au  moment  de  notre  passage  à  l'entrée  de 
la  baie  du  Carénage.  Là  les  dépôts  d'argile  rouge  sur  la 
péridotite  sont  généralement  d'une  faible  épaisseur  et 
peu  continus  ;  ils  forment  souvent  des  cuvettes  isolées  de 
dimensions  restreintes  au  fond  desquelles  on  rencontre 
des  traînées  de  rognons  de  minerai  ou  des  terres  bru- 
nâtres contenant  des  grains  fins  cobaltifêres  ;  dans  l'en- 
semble ces  formations  sui\'ent  à  peu  près  les  irrégulari- 
tés de  la  surface  de  la  roche.  Le  croquis  reproduit  par  la 
fiff.  4  de  la  PI.  IV,  et  que  nous  avons  relevé  dans  une  des 
tranchées  que  nous  avons  visitées,  donne  une  idée  assez 
nette  de  l'allure  de  ces  gisements  ;  en  pareil  cas  c'est  k 
ciel  ouvert  que  se  fait  l'extraction,  et  l'on  poursuit  l'enlè- 
vement du  manteau  argileux  qui  recouvre  la  roche  en 
place  tant  que  la  quantité  de  minerai  trouvée  est  suffi- 
sante. Quelquefois  on  fait  une  prendère  reconnaissance  à 
l'aide  d'une  petite  galerie  souterraine,  mais  l'exploitation 
a  toujours  lieu  à  une  profondeur  assez  faible  pour  faire 
préférer  les  travaux  à  ciel  ouvert.  On  découvre  ainsi  des 
tètes  de  péridotite  altérée  très  semblables  à  celles  qui  se 
montrent  naturellement  au  jour  en  d'autres  points.  Là  en 
particulier  nous  avons  pu  observer  très  nettement  que  ces 
roches  ne  contiennent  pas  elle-mêmes  de  dépôts  cobalti- 
fferes  et  ne  sont  recouvertes  d'aucun  enduit  métallifère  ; 
nous  n'avons  d'ailleurs  pas  connaissance  que  pareille 
observation  y  ait  jamais  été  faite. 

Le  minerai  extrait  des  travaux  épars  sur  les  différents 


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2S&  RICHB3RBS  IflNB&lIXS  1>B  LA  NOCVBLLI-CALÉDOKIB 

promontoires  qui  entourentla  bsie,  fort  découpée,  est  das- 
c«Dda  au  bord  de  Teati,  généralement  à  don  d'honme  ;  il 
est  conduit  en  embarcation  josqu'aa  petit  atelier  de 
lavage  établi  jt  l'embondiare  d'an  ruitmem,  puis  il  ert 
emmené  de  même  à  Prony,  d'oïl  il  est  «xpédié. 

Les  rognons  «jne  l'on  reaoontre  ici  sont  d'un  caractère 
trèa  nettement  métallique,  assez  lourds,  briDants,  ridies 
en  fer,  et  aoailléa  senlement  de  débris  argïleax  faciles  à 
éliminer  par  le  lavage  ;  ils  fournissent  des  miBerais  k  5  et 
a  p.  100  ;  les  terre»  cobaltifëres,  naturellement  {Jus 
pauvres,  sont  tlifficiles  àlaver  et  produisent  des  minerais 
moins  riches  ;  néanmoins,  lorsque  l'on  a  enlevé  la  conver- 
tnre  d'argile  stérile  sous  laquelle  elles  se  trouvent,  on  a 
tout  intérêt  k  les  exploiter  avec  le  reste. 

C.    —  CONDmONS   ÉCONOMIQDES  DE  L'EXPLOITATION 
DO  COBALT. 


Nous  avons  assez  sonveitt  mentionné  dans  ce  qai  pré- 
cède l'irrégriarité  avec  laquelle  se  présentent  les  gise- 
ments de  cobalt,  tant  au  ]>oint  de  vne  de  la  continuité  des 
différentes  traînées  de  minerai  que  de  la  puissance  et  de 
la  richesse  do  ces  traînées,  et  qoe  de  la  teneur  du  mine- 
rai ntême,  poitr  qu'il  ne  nous  soit  pas  nécessaire  d'ioMS- 
ter  longtemps  sur  l'impossibilité  qu'il  yak  donoer  des 
chiffres  précis  sur  les  conditions  économiques  générales  de 
l'exploitation  du  cobalt.  Kn  un  point  d'un  gisement  le 
minerai  est  exploité  à  ciel  ouvert  an  fond  de  tranchées 
peu  profondes  ',  à  côté  il  doit  être  recherché  à  plusienrs 
mètres  sous  terre,  et  il  faut  pratiquer  des  puits  et  des 
galeries  d'exploitation  et  d'assèchement,  procéder  èi  oo 
boisage  plus  ou  moins  serre,  remisier  le  minerai  par  des 
treuils,  etc.  Dans  un  chantier  on  poursuit  péniblement  par 
d'aussi  petits  boyaux  que  possible  une  traînée  de  simples 


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264  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NODVKLLB-CàLÉDONIK 

«  contractants  »,  amodiataires  à  court  baQ  ou  même 
Kans  aucun  bail,  qui  viennent  exploiter  sur  telle  ou  telle 
mine  ce  qu'ils  pourront  en  extraire  au  meilleur  compte 
possible,  sans  aucune  espèce  de  souci  du  lendemain  ; 
beaucoup  de  concessionnaires,  qui  ont  acquis  différentes 
mines  on  différents  points  de  la  colonie  et  qui  ne  les 
exploitent  pas,  assurent  d'ailleurs  qu'ils  ne  peuvent  guèn? 
faire  autrement  que  de  consentir  de  semblables  amodia- 
tions, car,  s'ils  s'y  refusaient,  ils  n'auraient  aucun  mojen 
d'empêcher  le  premier  venu  de  s'installer  sur  leurs  con- 
cessions et  de  les  exploiter  à  sa  guise.  Il  suffit  d'avoir 
parcouru  la  colonie  pour  se  rendre  compte  que  de  sem- 
blables craintes  sont  assez  justifiées. 

Dés  lors  la  règle  à  peu  près  constante  de  l'exploitalioD 
du  cobalt  est,  après  avoir  ouvert  une  galerie  ou  une 
tranchée  de  recherches,  de  battre  au  large  dans  la  pre- 
mière traînée  de  minerai  rencontrée,  et  cela  jusqu'à  ce 
que  le  vide  réalisé  amène  l'éboulement  des  travaux, 
,  interdisant  ainsi  Texploration  de  ce  qui  pourrait  sub- 
sister plus  profondément  enfoncé  dans  la  formation 
argileuse  encaissante  ;  les  gisements  se  trouvent  donc 
véritablement  criblés  de  petites  galeries,  qui  ont  plus  on 
moins  bien  exploré  le  voisinage  immédiat  de  la  surface, 
mais  qui  laissent  complètement  inconnues  et  k  peu  près 
inaccessibles  les  régions  plus  profondes.  Ainsi  oxploi- 
tait-ou  déjà  il  y  a  vingt  ans,  et  plusieurs  des  exploitations 
actuelles  glanent  péniblement  dans  d'anciennes  mtues  des 
minerais  qui  eussent  été  aisés  à  prendre  dans  le  gisement 
vierge;  cela  n'empêche  pas  d'ailleurs  les  nouveaux  venus 
de  procéder  encore  aujourd'hui  de  la  même  façon.  C'est 
là  une  situation  dos  plus  fftcheuses,  nous  ne  saurions 
trop  le  dire,  car  parmi  les  gisements  de  cobalt  tïès 
nombreux,  nous  l'avons  fait  ressortir,  qui  jalonnent  toute 
la  longueur  de  la  colonie,  plusieurs  ont  été  déjà,  sinon 
entièrement  exploités,  du  moins   pratiquement  épuisés, 


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266  RICHESSES   UINERALBS   CS.  LA   NOUVU^B-GALEDONK 

vent  (lispofiées  au  écailles  successives  très  tainces,  qu'il 
<x>i)vieiit  d'éviter  Mitant  que  possible  de  séparer  les 
unes  des  autres,  aUn  qu'elles  ne  soient  pas  tix^  aisémeBt 
entrainéespar  les  eaux.  Ce  travail  decassage  ae  £ût  tou- 
jours à  la  main,  et  généralement  à  faide  d'iastruraents 
en  bois  afin  que  leur  choc  soit  plus  doux  ;  ii  a  lieu  sur  une 
aire  constituée  par  une  plaque  de  tôle  afin  d'éviter  que 
le  mioerai  ne  vienne  à  être  sali  par  la  terre.  C'est  un  in- 
vail  minutieux  dont  dépend  le  succès  du  lavige  ;  ao»i, 
snrtout  pour  des  minerais  quartzoux,  est-il  parfois  fait  «d 
-deux  fois.  Le  minerai  est  d'abord  mis  i  sécher  au  aoleil 
fi'il  est  humide,  car  sans  cela  il  s'agglutiocs^t  sous  le 
cboc,  puis  il  subit  uo  premier  c&ssage  à  la  main,  fait  à 
l'aide  de  petits  maillets  en  bois  par  l'ouvrier  qui  examine 
un  à  un  chaque  fragment,  et  élimine  le  stérile  toot  corame 
lorsque  l'on  procède  au  scheidage  des  minerais  métal- 
liques usueist;  ensuite  les  fragments  ainsi  cassés  soat  ré- 
duits à  une  grosseur  variant  généralement  de  2  à  4  niil- 
limètres  à  l'aide  d'une  dame  en  bois  assez  lourde.  D'autres 
fois  le  cassage  a  lieu  en  une  seule  opération,  tant6t  uni- 
quement au  maillet,  tantôt  à  la  dame  seulement  ;  quel- 
quefois on  termine  par  un  criblage  afin  d'éviter  l'envoi 
lia  lavage  do  trop  gros  fragments. 

Le  lavage  a  partout  lieu  h  main  d'bonune,  h  l'aide  de 
la  pelle  ;  il  so  fait  dans  une  auge  on  hais  de  2  mètres  de 
long  sur  1  mètre  de  large,  dont  le  fond  est  généralement 
horizontal,  et  dont  la  profondeur  est  d'une  vingtaine  de 
centimètres.  L'une  des  extrémités  de  l'auge  est  en  rela- 
tion, par  un  petit  canal  ou  une  rigole  en  bois,  avec  un 
ruisseau  assurant  l'écoulement  des  eaux.  L'eau  claire  est 
débitée  k  l'extrémité  d'amont  au  moyen  de  trous  prati- 
qués dans  la  paroi  de  l'auge,  et  que  l'on  peut  obslroer 
par  des  chevilles  en  bois  ;  elle  s'évacue  à  l'aval  générale- 
ment par  trop-plein,  afin  d'éviter  qu'elle  n'entraine  autre 
«hose  que  des  matières  légères  en  suspension.  La  lavée, 


bï  Google 


UINERAIS    ASS0C3ÂS    À  LA    FORMATION    DBS   SERPENTIHKS    267 

■qui  est  de  200  à  300  kilogrammes,  quelquefois  même  da- 
vantage, suiraut  la  qualité  du  miaerai.est  introduite  en 
Hne  fois  dans  l'auge  ;  elle  est  d'abord  remuée  k  la  pelle 
-dans  l'eau  déniante  on  dans  un  faible  courant,  puia, 
lorsqae  les  matières  légères  commencent  à  être  bien  sé- 
parées, on  augmente  l'intensité  du  courant  en  continuant 
À  retourner  le  minerai  pour  le  ramener  sans  cesse  dans 
Je  courant  d'eau  auquel  il  doit  abandonner  les  matières 
terreuses,  argileuses  et  siUceuses.  L'opération  est  ter- 
minée lorsque  l'ean  s'écoule  à  peu  près  claire,  elle  dure 
-de  uD  à  trois  quarts  d'heure  suivant  la  nature,  argileuse 
-ou  sableuse,  des  gangues.  Le  minerai  restant  au  fond  de 
l'auge,  qui  était  an  début  fortement  souillé  de  poudres  et 
«ndoits  siliceux  jaunes,  ou  argileux  rouges,  en  sort  d'un  noir 
bleuté  asB^  franc  ;  il  est  sécbé,  puis  ensaché,  et  expédié. 

Quelquefois  le  lavage  a  lieu,  pour  des  minerais  parti- 
culièrement impurs  et  terreux,  en  deux  fois,  se  divisant 
«R  un  dégrossissage  avec  de  l'eau  déjà  sale  et  un  Unis- 
sage  à  l'eau  claire  ;  c'est  ce  que  l'on  fait  en  particulier 
lorsque  l'on  manque  d'eau,  ce  qui  n'est  pas  sans  exemple. 
Oq  consomme,  en  effet,  dans  une  semblable  opération, 
une  quantité  d'eau  considérable,  soit  il  peu  prns  500  litres 
À  la  minute  par  lavoir  ;  et  l'on  est  parfois  obligé  d'établir 
■sur  les  ruisseaux  dont  on  dispose  de  petits  barrages  et 
-iles  réservoirs,  dont  l'exécution  dans  l'argile  ronge  imper- 
méable est  d'ailleurs  facile. 

Quant  au  rendement  industriel  d'une  semblable  opéra- 
tion, il  est  assez  difficile  à  apprécier,  d'autant  plus  que  les 
minerais  sont  constamment  variables  comme  nature  et 
■comme  teneur  ;  d'ailleurs  aucun  exploitant  ne  parait  s'en 
occuper  et  aucun  d'entre  eux  n'a  pu  nous  donner  une 
«raiuation  de  la  teneur  des  parties  dites  stériles  entraî- 
nées partes  eaux:  elle  est  certainement  a.ssez  considé- 
rable. Nous  devons  cepfîndant  signaler  ici  l'iiahitude,  qui 
•commence  à  se  répandre  dans  quelques  mines,  de  diriger 


bïGooi^I     __.il^ 


268  RICHESSES   MINERALES   DE   LA.   NOUVELLE-CALEDONIE 

l'exploitation,  et  aussi  parfois  le  travail  de  lavage,  à  l'aide 
d'analyses  colorimétriques,  très  aisées  à  faire,  et  qui  per- 
mettent avec  del'liabitude  d'apprécier  à  1  /lO  p.  iOO  près 
la  teneur  des  minerais  de  cobalt,  dont  l'apparence  est  sou- 
vent très  trompeuse  même  pour  les  gens  les  plus  exercés. 
On  s'accorde  généralement  à  dire  que,  sauf  dans  le  cas 
de  minerais  particulièrement  riches  on  particulièrement 
pauvres,  le  rendement  an  lavage  est  à  peu  près  de  us 
cinquième  à  un  sixième  en  volume,  c'est-à-dire  qu'il  faut 
cinq  à  six  sacs  de  minerai  brut  pour  en  faire  un  de  minerai 
lavé  ;  cela  correspond  à  un  rendement  en  poids  de  un 
pour  trois  ou  de  un  pour  deux  et  demi,  le  poids  des  sacs 
bruts,  incomplètement  remplis,  et  contenant  beaucoup  de 
stérile,  variant  de  25  à  30  kilogrammes,  tandis  que  celni 
des  sacs,  bien  remplis  et  cousus,  de  minerai  lavé  est  d'une 
cinquantaine.  Les  teneurs  sont  trop  variables  d'un  cas  à 
l'autre,  et  souvent  d'un  jour  à  l'autre,  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  donner  des  chiffres  ayant  une  réelle  valeur;  ce- 
pendant, on  peut  dire  qu'on  amène  couramment  des  mine- 
rais brnts  à2  i/2  p.  100  et  3  p.  100  d'oxj^de  à  en  tenir 
4  p.  100  ou  légèrement  plus;  lorsqu'on  lave  des  raine- 
rais à  4  p.  100  ou  au  voisinage,  ils  rendent  généralement 
du  minerai  à  6  p.  100.  Il  semble  donc  qu'on  puisse  ad- 
mettre que  le  lavage  augmente  généralement  la  teneur 
dans  le  rapport  de  1  à  1  1  /2, 1  3/4  ou  au  maximum  2,  tan- 
dis que  la  réduction  de  poids  varie  de  2  1/2  à  3  ;  il  y  * 
donc  une  perte  en  cobalt  qui  atteint  parfois  jusqu'à  la 
moitié  de  ce  qui  était  contenu  dans  le  minerai  brut. 

Dans  les  petites  exploitations,  la  laverie  occupe  géné- 
ralement deux  ou  trois  hommes,  quelquefois  d'une  façon 
intermittente;  une  telle  équipe  peut  laver  par  journée 
2  à  3  tonnes  de  minerai  brut,  et  par  suite  en  produire 
à  peine  1  de  minerai  lavé.  Pour  des  exploitations  plus 
importantes  le  personnel  qu'exige  le  lavage  est  natu- 
rellement beaucoup  plus  nombreux  ;  c'est  ainsi  que,  sur 


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MINERAIS   ASSOCIES   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  269 

une  mine  qui  produisait  par  jour  au  moment  de  notre 
passage  une  quinzaine  de  toimes  de  minerai  brut,  soit 
4  à  5  tonnes  de  rainerai  lavé,  on  avait  installé  trois  auges 
de  lavage,  dont  l'une  de  dégrossissage  alimentée  par  de 
l'eau  sale,  et  les  deux  autres  fonctionnant  à  l'eau  claire 
pour  terminer  le  lavage  ;  trois  laveurs  assuraient  le  ser- 
Tice  de  ces  lavoirs,  deux  blancs  aidésde  deux  Canaques  cab- 
sajent  le  minerai  le  criblaient  et  l'entassaient,  troiti  blancs 
et  deux  Canaques  en  assuraient  l'enlèvement  après  lavage 
et  l'ensachage  ;  soit  un  personnel  total  de  douze  hommes. 
Une  partie  d'entre  eux  étaient  payés  à  la  journée,  les 
autres  à  prix  fait:  les  laveurs  recevaient  12  francs  par 
tonne  de  minerai  lavé  sec,  les  casseursS  francs  par  mètre 
cube  cassé  et  criblé. 

On  peut  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  un  intérêt  con- 
sidérable à  substituer  à  cette  opération,  onéreuse  comme 
main-d'œuvre,  et  peu  satisfaisante  comme  rendement,  le 
lavage  mécanique,  qui  réussit  si  bien  pour  les  autres  mi- 
nerais métalliques.'  Cela  n'a  jamais  été  tenté,  en  partie  k. 
cause  du  peu  d'initiative  et  d'instruction  des  mineurs  en 
général,  et  en  particulier  des  mineurs  qui  exploitent  le 
cobalt  d'une  façon  si  souvent  éphémère.  Néanmoins  la 
qualité  très  variable  du  minerai  à  traiter  et  les  difficultés 
spéciales  résultant  de  la  tendance  des  concrétions  cobal- 
tifères  minces  à  surnager  malgré  leur  densité,  rendraient 
peut-être  bien  le  réglage  d'une  laverie  mécanique  très 
difficile  ;  et  l'opération  faite  à  la  main,  qui,  bien  que  coû- 
tant une  dizaine  de  francs  par  tonne  de  minerai  lavé, 
n'est  pas  une  charge  excessive  pour  un  prodoit  qui  vaut 
plusieurs  centaines  de  francs,  doit  à  notre  avis  être  re- 
gardée comme  répondant  assez  bien  aux  conditions  spé- 
ciales de  l'exploitation  du  cobalt. 


Les  prix  de  revient  que   comportent   de  semblables 
exploitations  sont  naturellement  très  variables,  suivant 


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««'«'^^  ITr.:.  .1*  .„n.„„H  ,l«i.àp.upr*.   8"..i8f«Lo.,>.bn«v 


'270  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NOUVKLLE-CALÉDOUIK 

que  l'on  n'exploite  que  les  meilleures  portions  du  glteoo 
des  portions  un  peu  moins  favorables ,  ansai  dépendent-iis 
surtout  des  cours  âa  minerai,  chacun*  conduisafit  tm 
ex:ploitation  de  manière  k  conserver  entre  son  prix  de 
revient  et  le  prix  de  vente  une  marge  suffisante. 

D'après  les  renseignements  qui  omis  ont  été  donnés,  ei 
que  nous  avons  pu  partiellement  vt^rifter,  le  prix  de 
revient  moyen  d'une  exploitation  important»  se  décom- 
poserait à  peu  près  comme  suit  par  tonne  de  minerai 
lavé  : 

Fnnu 
Abalage 15   (uilàpaupHa  &''.OOpirlDUiknB 

Transport,  manutention  et  en- 
sachage   du   minerai    sur  In 

mine 40   (>i>it<pptipr*il3'',î3|»rloi«eWilf) 

[  Main-d'œuvre... 10) 

]  Matières     premières 
(Frais  (le  transport 

f      jusqu'à  la  mine). .       iol 
Descente  du  minerai  de  lamine 

à  la  laverie 10  (wiiàpeu|irt.  ï",î3p.rionMM'! 

Concassante  et  cribla^^e Ti 

Lavage 12 

Eusachage 3 

Dépende  d'achat  de  sacs 8 

Charroi  jusqu'au  bord    de    la 

Chalandage 3 

Transport  à  Xouniéa 10 

Surveillsnce 10 

Total 14t 

Ponr  nnc  petite  exploitation,  occupant  seulement 
quelques  ouvriers,  le  prix  de  revient  salaires  attei- 
gnait 140  à  150  francs  par  tonne,  et  l'exploitant  estimait, 
qu'à  partir  d'un  prix  de  vente  de  200  francs,  lo  rem- 
boursement de  ses  quelques  dépenses  de  fournitures, 
l'amortissement    des    installntions    très    précaires    qnil 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA  FOBHATION   DBS   SERPENTINES  27f 

avait  faites,  et  une  rémunération  suffisante  de  ea  peine, 
lui  étaient  assurés. 

Les  chiffres  relatifs  aussi  bien  à  la  première  de  ces 
exploitations  qu'à  la  deuxième  doivent  d'ailleurs,  comme 
toujours,  être  diminués  de  30  à  50  p.  100  en  ce  qui  con- 
cerne les  salaires,  pour  tenir  compte  de  la  retenue 
détournée  faite  sur  eux  par  l'exploitant  au  moyen  de  la 
vente  aux  ouvriers  de  tous  objets  de  consommation, 
comme  nous  l'indiquerons  en  détail  à  la  fin  du  présent 
rapport, 

Mentionnons  enfin  qu'au  moment  de  notre  séjour  dans 
la  colonie,  et  à  la  faveur  des  cours  élevés  du  cobalt,  dos 
groupes  de  deux  ou  trois  libérés  prenaient  souvent  au 
contrat  à  court  terme  l'exploitation  diy  telle  ou  telle 
mine  ou  de  telle  ou  telle  portion  do  miue  moyennant  un 
prix  global  de  200  francs  par  tonne  de  minerai  à  4  p.  100 
(et  avec  augmentation  de  6  francs  par  dixième  d'unité 
en  plus)  livrée,  lavée  s'il  y  avait  lieu,  au  pidl  de  la  mine; 
le  matériel,  câldes,  outils,  sacs,  etc.,  leur  était  fourni 
par  le  concessionnaire,  mais  ils  étaient  presque  toujours 
payés  pour  une  large  part  en  vivres  et  boissons,  sur 
lesquels  le  concessionnaire  faisait  les  bénéfices  que  nous 
avons  dits. 


■  Prix  de  vente.  —  Emplois  et  débolthbs 
des  minerais  de  cobalt. 


Comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  le  minerai  de 
cobalt  rendu  k  Nouméa  est  couramment  acheté  it  la 
teneur  de  4  p.  100  de  protoxyde  de  cobalt  fsoit 
3,15  p.  100  de  cobalt  métallique)  pour  le  minerai  sec. 
Lorsque  la  teneur  dépasse  ce  chiffre,  le  prix  bénéficie 
d'une  augmentation  plus  que  proportionnelle,  tandis  qu'il 


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272  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

subit  unâ  diminution  très  importante  si  la  teneur  s'abaisse 
au-dessous  de  4  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  prix 
pratiqués    étaient  les  suivants  : 

Minerai  à  4  p.  100 330  fr.  la  tonne 

Les  minerais  à  3  p.  100  et  3  1/2  p.  lOO  élaient 

respectivemeot  payés  à  raison  de.     14S  fr.  et    195  fr.  la  tonne 

avec  plus-value  de  0'',60  par  chaque  centième 

d'unité  en  plus  desdites  teneurs. 
De  4  p.  100  à  5  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  4  p.  100  était  payé  h  laison  de..     O'',80 
De  S  p.  100  jt  6  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  S  p.  100  était  payé  à  raison  de. .     0'^90 
De  6  p.  100  à  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  6  p.  lOO  était  payé  à  raison  de. . .     l'',00 
A  partir  de  7  p,  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  7  p.  100  était  payé  à  raison  de..     l'',S0 
Ce  qui  porlalt  la  tonne  de  minerai  à  B  p.  100 

au  prix  de 7B0  fr.  la  tonne 

Ces  cours  élevés  résultent  d'ailleurs  d'un  accroisse- 
ment très  brusque  des  demandes  depuis  deux  ans. 

Tandis  que,  pendant  de  longues  années  jusqu'en  189Ù, 
le  minerai  de  cobalt  à  4  p.  iOO  d'oxyde  était  acheté  sar 
la  place  de  Nouméa  à  raison  de  72',50  la  tonne,  son'prix 
s'élevait  entre  1892  et  1894  jusqu'à  80  francs,  il  attei- 
gnait 100  francs  en  1897,  et  oscillait  jusqu'au  débnl 
de  1900  entre  92' ,50  et  100  francs  ;  puis  en  dix-huit  mois 
son  prix  doublait;  enfin,  du  mois  de  juin  1901  au  mois  de 
mai  1902,  chaque  marché,  ou  peu  s'en  faut,  a  marqué 
une  augmentation  de  prix  de  quelques  francs  sur  le  pré- 
cédent, si  bien  que  les  cours  étaient,  au  milieu  de  1902, 
ceux  que  nous  venons  d'indî(iuer. 

Ces  variations  des  cours  ne  semblent  nullement  dues  h 
nne  hausse  passagère  de  la  valeur  du  cobalt  en  Europe, 
valeur  qui  parait  au  contraire  être  restée    à  peu  près 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   273 

-constante,  mais  beaucoup  plutôt  à  ce  fait  qu'au  début 
les  acheteurs  de  minerai  de  cobalt  en  Nouvelle-Calédo- 
nie réalisaient  des  bénéfices  considérables,  et  que  l'im- 
portance do  ces  bénéfices  les  a  amenés  peu  à  peu  à  se 
faire  une  active  concurrence  et  à  faire  ainsi  monter  les 
prix,  La  valeur  du  protoxyde  de  cobalt  pur  varie  en  effet 
eu  Europe,  depuis  plusieurs  années,  entre  20  et  25  francs 
Je  kilogramme  (il  valait  en  dernier  lieu  23  francs  d'après 
les  renseignements  que  nous  avons  obtenus)  ;  dans  ces 
conditions  une  tonne  de  minerai  contenant  4  p.  100  de 
protoxyde  à  sec,  et  qui  tient  généralement  20  p.  100 
d'humiditt-,  renfermerait  32  kilogrammes  d'oxyde,  et  en 
fournirait,  après  un  traitement  qui  comporte  une  perte 
iiiaxima  de  15  p.  100  du  cobalt  contenu,  27  kilogrammes, 
valant  de  540  à  675  francs,  ou,  en  prenant  la  valeur  de 
23  francs  le  kilogramme,  621  francs.  D'autre  part,  le  prix 
jle  revient  de  cet  oxyde  pourrait  être  estimé  ainsi  : 


Priï  d'achat  île  In  lonne  à  N^um^a 

Frais  ircnibarquemi^nt 

Fret  et  assurances 

Frais  île  débarquement  et  de  transport  &  l'usine 

(variables),  environ 

Frais  de  première  Tusion 

Frais  d'nliînage  (rapportée  à  ta  tonne  de  minerai 

brut) 

Total 


460 


Cela  laisse  encore  une  large  marge  de  i>éii6fice  à  l'im- 
portateur. 

Mais  les  débouchés  du  cobalt  étant,  comme  nous  le 
ferons  connaître  ci-dessous,  très  restreints,  et  la  hausse 
des  prix  ayant  fait  augmenter  beaucoup  la  production,  qui 
au  coure  de  l'année  1902  a  atteint  presque  le  triple  <le 
celle  de   l'année    ISKH,  on  doit  craindre   que   l'offre  ne 


bvGoogIc 


274  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOL'VELLB-CALÉDOSIE 
dépasse   rapidement    la   demande  et   que    les    cours  ne 
viennent  à  s'abaisser  de  nouveau  ('). 

Cependant,  l'oxyde  de  cobalt  ayant  des  débouchés  n'-gii- 
liers,  (luoique  modestes  comme  quantité  totale,  au  prii 
(jne  nous  venons  d'indiquer,  il  parait  vraisemblable  que  les 
cours  du  minerai  en  Nouvelle-Calédonie  doivent,  non 
sans  subir  encore  des  oscillations  passagères,  se  maintenir, 
sinon  aux  chiffres  actuels,  du  moins  à  des  chiffres  lar- 
gement rémunérateurs  pourles  exploitants,  et  doivent  leur 
permettre  d'utiliser  d'une  façon  durable  et  permaneiife 
non  seulement  les  amas  particulièrement  riches,  mais 
encore  des  gites  plus  pauvres. 


■obalt  est  aujourd'hui  exporté  uni- 
quement à  l'état  cru  :  il  a  été  autrefois,  tout  comme  le 
minerai  ilc  nickel,  l'objet  d'une  tentative  de  traitemenl 
sur  place  ;  nous  avons  déjà  mentionné  les  essais  fait-' 
Liitre  1880  et  1884  à  l'usine  de  la  pointe  Gialeix,  soit 
jiour  obtenir  des  mattes  de  cobalt  uniquement,  soit  pour 
•  ibtenir  des  mattes  mixtes  tenant  à  la  fois  nickel  et 
cobalt  ;  les  premiers  essais,  qui  étaient  très  Justifiés  du 
moment  que  l'on  avait  installé  une  usine  de  fusion,  ont 
eu  le  même  sort  que  ceux  pour  la  fusion  du  nickel  ;  les 
seconds,  qui  consistaient  à  réunir  les  deux  métaux  dont 
\:\  nature  avait  commencé  la  séparation,  paraissent  peu 
Tiitionncls  ;  ils  le  seraient  d'autant  moins  aujourd'hui  que 
le  nickel  doit  pouvoir  être  produit  par  des  opéralions 
iii(Haliurgiqurs  dont  le  prix  do  revient  ne  soit  pas  trop 
'.■levé,  et  non  pas  à  la  suite  do  séparations  cliimiques 
délicates  ot  onéreuses.  D'autre  part,  en  1891-1802,  la 
Société  le  Cul'alt  avait  fondé  près  de  Nouméa  une  usine 
ilestinée  au  traitement  des  minerais  pauvres  do  cobalt 
par  un  procédé  assez  complexe  qui  a,  croyons-nous,  subi 

t  iléjà  produit  doua  une  large  mesure  d'après  1" 


s  renseigne  II 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DES  SERPENTINES  275 
plusieurs  variantes;  on  a,  en  particulier,  essayé  la  fusion 
des  minerais  de  cobalt  avec  des  pyrites  cuivreuses  comme 
fondant  pour  obtenir  des  mattes  riches  à  la  fois  en  cobalt 
et  en  cuivre.  Après  avoir  donné  lieu  à  l'exportation  de 
quelque  deux  cents  tonnes  seulement  de  mattes,  dont  la 
teneur  aurait  atteint  jusqu'à  20  p.  100  de  cobalt,  et  qui 
auraient  été  d'une  valeur  de  3.500  francs  la  tonne,  c^tta 
tentative  a  échoué. 

Sans  vouloir  condamner  le  principe  de  ces  essais,  qui 
pourraient  peut-être  être  repris  utilement  le  jour  oii  l'on 
aurait  monté  dans  la  colonie  une  usine  de  fusion  du 
nickel,  nous  ferons  remarquer  que  la  fusion  sur  place  est 
beaucoup  moins  indiquée  pour  les  minerais  de  cobalt  que 
pour  ceux  de  nickel,  pour  diverses  raisons.  D'une  part,  le 
rainerai  de  richesse  moyenne  valant  actuellement  6  fois 
plus  que  le  minerai  de  nickel,  et  étant  destiné  à  valoir 
vraisemblablement  toujours  au  moins  quatre  ou  cinq  fois 
plus,  subit  du  fait  des  frais  de  transport  en  Europe  une 
charge  relative  beaucoup  moins  considérable.  D'autre  part, 
il  est  susceptible  d'un  enrichissement  par  lavage,  impar- 
fait et  d'un  faible  rendement,  nous  le  reconnaissons,  mais 
enfin  cepeiidant  utile,  que  ne  supporterait  pas  le  minerai  de 
nickel.  Enfin,  la  teneur  à  laquelle  le  cobalt  est  exporté  est, 
beaucoup  plus  que  pour  le  aickel,  voisine  de  la  teneur  à 
laquelle  les  opérations  métaDurgiques  deviennent  d'un 
rendement  par  trop  faible  ;  le  traitement  sur  place  per- 
mettrait donc  moins  facilement  l'abaissement  delà  teneur 
limite  du  minerai. 

Nous  pensons  donc  que  le  minerai  de  cobalt  sera  encore 
longtemps  exporté  brut  en  Europe  ;  et  cela  ne  crée  pas  à 
l'exploitation  de  ce  minerai  une  charge  qu'il  serait 
essentiel  de  voir  disparaîtra  à  bref  délai  comme  pour  le 
nickel. 

La  consommation  du  cobalt  se  répartit  par  petites 
quantités  entre  diverses  industries  dont  la  principale  est 


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275  RICHE8SBS   MINRR^ALBS   DB   Là  NOUVBLLB-CALÉDOME 

la  poterie,  oii  la  coloration  bletic  qu'il  tend  à  donner  à  la 
p&te  e3t  employée  à  compenser  ia  teinte  rouge  que  des 
traces  de  fer  lui  communiquent  trop  souvent;  il  sert 
en  outre  il  colorer  la  porcelaine  et  le3  émaux  ;  enfin  il 
fournît  un  ^rand  nombre  de  matières  colorantes  variées. 
Nous  devons  d'ailleurs  mentionner  ici  que  les  propriétés 
(In  cobalt  métallique  paraissent  être  tout  aussi  remar- 
quables, sinon  plus,  que  celles  du  nickel,  et  que,  s'il  n'est 
pas  préféré  à  ce  métal,  c'est  en  raison  de  la  dispro- 
portion considérable  (voisine  de  1  à  10}  qui  existe  entre 
la  valeur  des  deux  métaux.  Ces  différents  usages  dti 
cobalt,  qui  absorbent  annuellement  environ  150à  20Utonnes 
d'oxyde,  offrent  des  garanties  de  régularité  telles  qu'un 
débonché  semble  assuré  au  minerai  calédonien,  jusqu'à 
concurrence  de  3  000  k  4  000  tonnes  par  an,  pour  peu 
qu'il  ronserve  sur  le  marché  le  monopole  à  peu  près 
exclusif  qu'il  a  aujourd'hui. 

Si  en  effet  on  consulte  les  statistiques  publiées  dans  le 
recueil  Thr  Minerai  Int/usirt/,  que  nous  avons  déjà  mv 
à  contribution,  on  constate  que  la  production  des  minerais 
<le  cobalt,  au  cours  des  cinq  dernières  années,  se  serait 
répartie  comme  suit  entre  les  différents  pays  du  monde; 
nous  mentionnons,  en  regard  des  tonnages,  les  valeun  sur 
place,  quipeuventdonnerune  idée  delà  richesse  des  divers 
minerais  ;  il  est  bon  d'ajouter  que  ta  valeur  comptée  pour 
les  minerais  de  Nouvelle-Calédonie  est  relativement  beau- 
coup trop  faible,  d'une  part  parce  qu'ils  subissent  sut 
place  une  dépréciation  correspondant  au  fret  jusqu'en 
Europe,  et  d'autre  part  parce  que,  comme  nous  l'avons 
expliqué,  ils  ont  été  pendant  fort  longtemps  vendus  à  un 
prix  très  inférieur  k  leur  véritable  valeur.  Sous  réserve 
de  cette  observation,  voici  les  chiffres  que  nous  avons 
relevés  : 


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MINBBAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SEKPBMTINBS   377 


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18 

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14.000 
4.54U 

10*800 
8,.i00 

■r.b.iia 

3.2M 
193 

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3,K* 

m.Mo 

2Î.975 

so.t» 

■.mm 

2,1*1 

11.. 
« 

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■-•ii.SOo' 
39-750' 

«•,•■'---■■ 

Tmisi 

ÎM.HO 

Ces  totaux  tlevraiont  Hre  augmentés  de  quelques  toniies 
de  minerais  complexes,  extraits  en  différents  points  de 
l'Allemagne  et  de  l'Autriche,  et  ayant  produit  un  peu  de 
cobalt. 

Comme  on  le  voit,  la  Nouvelle-Calédonie  n'a  pratique- 
ment aucun  concurrent  important  pour  la  production  du 
cobalt,  puisque  pendant  toutes  ces  dernières  années  elle 
a  fourni  comme  tonnage  plus  de  90  p.  lOOdes  minerais  de 
cobalt  produits  dans  le  monde  entier,  représentant  comme 
valeur  environ  80  p.  100  dti  total,  et  celad'après  les  chiffres 
ci-dessus  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  relativement 
beauconp  trop  faibles  pour  la  valeur  dos  minerais  de  la 
Nouvelle-Calédonie. 

Nous  opposerons  à  ces  chiffres,  beaucoup  trop  faibles, 
ceux  du  1"  semostref902,aucoursduquelil  aété exporté 
2  452  tonnes  de  minerai  de  cobalt  représentant  une  valeur, 
au  cours  du  minerai  à  Nouméa,  de  800.000  francs  envi- 
ron ;  rappelons  d'ailleurs  qu'on  ne  peut  f,niére  espérer  que 
de  tels  chiffres  se  maintiennent  complèlenient  d'une  fai:oii 
durable. 


['}  Chiffres  d'eïporlotioo  et  non  Je  prodiidiu 


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;es  hineralbs  de  la  nocvelle-caledonib 

ic  un  monopole  presque  absolu  que  détient 
la  Nouvelle-Calédonie  pour  la  fourniture  du 
cobalt  au  monde  entier.  Les  gisements  de  ce 
uoique  très  capricieux,  sont  nombreux  e1 
assî  leur  exploitation  parait-elle  devoir  assurer. 
es  années  encore,  un  chiffre  d'affaires  qui  est 
négligeable.  Mais,  pour  ne  pas  risquer  de  voir 
he  de  l'industrie  minière  décliner  peu  à  peu 
I  gaspillage  des  gites,  il  serait  bien  nécessaire 
itation  en  fût  poursuivie  d'une  manière  moins 


zecbvGoOgIC 


CHAPITRE  II. 
LE    FER    CHROMÉ. 


A. 


-  Indications  oénérai^s  et  iiisToniQrEs. 


Le  fer  chromé  se  montre  associé  avec  une  constance 
remarquable  à  la  grande  formation  serpentineuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  :  on  le  rencontre  soit  on'  loclie  dans 
les  péridotites  fraîches  ou  plus  ou  moins  complètement  ser- 
pentinisées,  soit  en  grains  séparés  dans  les  argiles  rouges 
qui  proviennent  de  leur  décomposition.  Nous  n'avons  pas 
examiné  au  microscope  une  seule  plaque  mince  de  péri- 
dotite  ou  de  roche  serpentineuse  sans  y  apercevoir,  inclus 
dans  la  pâte,  des  cristaux  ou  des  grains  de  fer  chromé, 
de  même  que  nous  n'avons  pas  analysé  un  seul  fragment 
de  ces  roches  sans  que  la  partie  demeurée  insoluble  dans 
les  acides  ne  contint  une  quantité  appréciable  de  fer 
chromé,  représentant  généralement  en  poids  plusieurs 
millièmes.  D'autre  part,  toutes  les  formations  ferrugi- 
neuses que  nous  avons  désignées  sous  le  nom  d'argiles 
rouges,  qui  doivent,  comme  nous  l'avons  indiqué,  être 
considérées  comme  un  résidu  de  la  déi-omposition  des 
péridotites,  renferment  une  proportion  notable  {atteignant 
parfois  plusieurs  centièmes)  de  grains  de  fer  chromé,  e1 
les  sables  lourds  des  ruisseaux  qui  descendent  dos  massifs 
serpentineux  sont  très  riches  en  fer  chromé. 

A  ces  deux  modes  d'occurrence  normaux  et  constants 
du  fer  chromé  correspondent,  lorsque  des  circonstances 
spéciales  en   ont   permis   la  concentratioïi  en  un  mémo 


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MINERALES  DE  LA  HOUVELLE-CALEDONIE 
pes  de  ^Hements  exploitables  ;  les-gise- 
rhromé  en  roche  ou  primitifs,  soit  à  l'état 
à  l'état  d'atitas,  et  les  gisements  d'origine 
icondaires,  désignés  par  l'expression  usueilr 
■  de  fer  chromé  d'alluvioiis  ». 
sements  en  roche,  le  fer  chromé  apparaît  „ 
ses  à  cristallisation  confuse  et  sans  forme 
te,  et  tantôt  en  cristaux  octaédriques  plus 
formés,  disséminé  dans  une  gangue  sili- 
i  plupart  des  échantillons  que  nous  avons- 
i  provenaient,  il  est  vrai,  du  voisinage  des 

rette  gangue  paraissait  amorphe  et  était 
r  des  silicates  décomposés,  alnmiueux  et 
légèrement  ferrugineux  ;  au  microscope  eUe 
che  en  produits  serpentineux  et  talqueux. 
Iques  échantillons,  provenant  les  ims  de  la 
X,  les  autres  de  la  mine  Joséphine  à  la  baie 

cette  gangue  est  coostituée,  tantôt  par  du 
s  très  frais  et  bien  cristallisé,  et  tantôt  pai' 
!eptionnellement  on  rencontre  le  fer  chromé 
orme  d'un  agrégat  d'éléments  en  forme 
sentant  un  aspect  presque  spécuiaire. 
sements  d'origine  détritique,  il  est  le  plus 
agnients  brisés,  mais  Q  est  parfois  sous- 
Ires  assez  petits  et  plus  ou  moins  intacts: 
rarement  en  petits  galets  roulés.  Dans  ces 
icnts,  il  est  généralement  recouvert  d'un 
ie  rouille  qui  lui  fait  donner  le  nom  de 
e  >i  ;  cet  enduit  parait  être  le  seul  résidu  de 
était  associée  au  minerai  dans  son  gisement 
:lirome  rouge  »  se  trouve  donc  être  très 
srai  connu  sous  ce  nom  est  en  conséquence 

rer  dans  quelques  détails  au  sujet  des  dilTé- 
its  connus  qui   se   rattachent   k  l'un  ou  à. 


DD.:eabï  Google 


MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION'   DES   SERPENTINES  2âl 

l'autre  ilç  ces  deux  typeb,  nous  mentionaerons  encore 
)ue,  le  plus  souvent,  !e  fer  chromé  de  la  Nouvelle-Calé- 
ionie  parait  so  rapprocher  beaucoup  de  l'espèce  minérale 
lue  l'on  appelle  fer  chromé  ou  chromile,  c'est-à-dire  du 
;bromite  de  fer  Cr'OTeO.  qui  doii  contenir  théorique- 
uent  68  p,  100  de  sesquioxjde  do  chrome;  il  ne  parait 
las  être  mélangé  ni  à  du  fer  magnétique,  ni  à  de  la  pico- 
;ite  pauvre  en  chrome,  minéraux  qu'on  pourrait  s'attendre 
i  rencontrer  dans  la  formation  serpentineuse,  et  qu'il 
serait  difficile  de  séparer  du  fer  chromé,  dont  ils  dimi- 
lueraieiit  beaucoup  la  teneur  en  sesquioxyde  de  chrome  : 
■/est  ce  que  fait  immédiatement  supposer  la  facilité  avec 
aquelle  on  obtient,  souvent  sans  lavage  aucun,  et  d'autres 
'ois  avec  un  lavage  très  sommaire,  des  produits  courants 
i  50  p.  100  ou  même 55  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome, 
)t  quelquefois  plus.  C'est  ce  que  confirment  d'ailleurs  nos 
ibservations  ;  les  échantillons  que  nous  avons  recueillis 
lur  lus  différents  gisements  que  nous  avons  visités  no 
x>ntenaient  pas  de  quantités  notables  de  noagnétite,  et 
l'ils  n'étaient  pas  tous  constitués  par  de  la  chromite  pure, 
Is  ne  s'en  éloignaient  guère  que  par  la  3ubstituti(»i,  par- 
ois ett  proportion  importante,  de  magnésie  au  protoxyde 
le  fer  pour  s'associer  au  sesquioxyde  de  chrome,  substi- 
ution  qui  ne  tendrait  qu'à  augmenter  la  teneur  du  minerai 
m  chrome;  quelquefois  cependant,  une  petite  quantité  do 
lesquioiyde  de  chmmo  étnit  remplacée  par  de  l'alumine. 
Test' ainsi  que  deux  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
nine  Georges  Pile  à  la  haie  Ngo  (chrome  d'alluvions),  el. 
'autre  de  la  mine  Anna-Madeleine  à  la  baie  du  Sud 
chrome  en  roche),  que  nous  avons  analysés  après  les 
ivoir  lavés  à  l'acide  pour  éliminer  les  matières  étrangères, 
le  se  sont  montrés  contenir  ni  l'un  ni  l'autre  de  frag- 
nents  attirables  à  l'aimant  (fer.magnétique),  et  ontdooné 
i  l'analyse  des  teneurs  en  sesquioxyde  de  chrome  respec- 
ivement  égales  il  65,8  p.  100  et  68,9  p.   100  ;  le  dernier 


bvGoQc^I        _■    ..i-g 


282  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NOCVELLE-CALÉDONIE 
était  très  chargé  en  magnésie.  Cependant,  certaines  ana- 
lyses, se  rapportant  précisément  à  des  échantillons  de  h 
baie  Ngo  à  faible  teneur,  nous  ont  été  communiquées, 
qui  indiquaient  d'une  part  des  quantités  d'alumine  et  ili 
magnésie  très  supérieures  à  celles  qui  auraient  pu  étrt 
combinées  à  la  silice  de  la  gangue,  et,  d'autre  part,  de; 
teneurs  en  fer  inrérieures  à  celles  qui  correspondraient  i 
sa  combinaison  au  chrome  à  l'état  de  chromtte  de  fer 
cela  ferait  supposer  qu'il  existait  dans  ces  échantillon: 
de  la  picotite  plus  ou  moins  pauvre  en  chrome;  néan 
moins,  les  quantités  des  différents  éléments  coirespon 
daient  assez  mal  à  une  semblable  hypothèse,  nous  m 
pouvons  donc  pas  considérer  la  chose  comme  étant  biei 
établie.  C'est  un  point  qui  mérite  cependant  d'attirer  l'al- 
teiitiou  des  chercheurs  comme  pouvant  leur  réservei 
éventuellement  des  mécomptes. 

L'abondance  du  fer  chromé  eu  Nouvelle-Calédonie  esi 
telle  que,  dès  la  première  exploration  géologique  de  l'ik 
faite  par  M.  Garnier,  cchii-ci  fut  frappé  de  la  fréquenct 
avec  laquelle  s'y  montre  ce  minerai,  qu'il  déclare  êtn 
<•  le  hen  commun  et  le  compagnon  constant  (*)  »  de: 
diverses  roches  magnésiennes  :  il  mentionne  sa  présencf 
à  la  fois  en  grains  dans  les  schistes  serpentineux,  et 
cristaux  dans  les  serpentines,  en  masses  ou  amas  daitf 
les  argiles,  et  enfin  sous  forme  de  sables  sur  les  riTage? 
et  dans  le  lit  de  certains  ruisseaux  ;  mais  il  ne  retient, 
comme  étant  exploitables  avec  profit,  que  les  gîtes  et 
amas  dans  les  argiles.  Il  signale  la  possibilité  d'exploiter, 
à  raison  de  il  fr.  50  par  tonne,  uti  semblable  amas  qui 
existait  au  Mont-Dore,  et  dont  le  minerai  aurait  tenu 
61,333  p.  iOO  de  scsquioxyde  de  chrome.  Il  ajoute  qu'un 
tel  minerai  aurait  pu,  à  l'époque,  être  vendu  en  France  à 
raison  de  200  francs  la  tonne. 
(')  Loc.  ci/.,  p.  SI. 


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MINERAIS    ASSOCIÉS   A   LA    FORUATION    DES    SERPENTINES   283 

Lorsque,  dix  ans  plus  tard,  M.  Heurteau  dressait  un 
inventaire  des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, il  reconnaissait,  avec  M.  Garnier,  l'abondance  du 
fer  chromé,  mais  il  regardait  comme  beaucoup  trop  faible 
le  prix  de  revient  sur  place,  estimé  à  H  fr.  50,  pour  le 
minerai  du  gisement  en  question,  et,  tenaut  compte  du 
fret,  qui  était  alors  aux  environs  de  100  francs  de  Nou- 
velle-Calédonie en  Europe,  il  arrivait  à  cette  conclusion 
que  le  prix  de  vente  de  150  à  160  francs,  qui  fêtait  celui 
sur  lequel  il  fallait  chiffrer  alors,  laisserait  sans  doute 
une  marge  suffisante  pour  pouvoir  faire  une  exploitation 
régulière  et  bien  conduite.  II  exprimait  l'espoir  que  l'ini- 
tiative individuelle  tenterait  pareille  entreprise,  qui  n'avait 
pas  été  essaj'ée  jusque-là.  D'après  les  indications  de  la 
statistique  des  exportations,  ce  n'est  qu'en  1880  que  cette 
tentative  eut  lieu  pour  la  première  fois  :  elle  fut  immé- 
diatement couronnée  de  succès,  puisque  de  500  tonnes 
en  1880  l'exportation  s'est  élevée  l'année  suivante  à 
2.300  tonnes,  pour  se  maintenir  pendant  une  dizaine  d'an- 
nées entre  2,000  et  3.000  tonnes  par  an,  pour  atteindre 
dans  les  dernières  années  une  moyenne  de  plus  de 
iO.OOO  tonnes,  et  même  pour  s'élever  à  17.600  tonnes 
en  1901.  Voici  d'ailleurs  comment  elle  s'est  répartie 
entre  les  différents  gisements  en  1901  : 

Ddme  de  Tiebaghi  (2  exploita  lion  s) 2 .  450 

BaieNgo  (2  «xploi talions) 4.600 

Bassin  de  la  rivière  des  Pirogues  (une  expiai- 
talion    avec    évacuation   du    minerai   par   la 

baie  Ngo) 8.533 

Groupe  de  la  rivière  de  Pourina  (2 exploitations). .  1 .  284 

La  Coulée  (une  exploilatiou) 300 

Cap  Goulvain  (une  exploitation) 280 

Baie  Ouié 202 

Total 17.649 

Ce  ne  sont  guère  jusqu'ici,  sauf  quelques  exceptions  pa^:- 


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284  RICHESSES  MINBRAI.es  de  la  NOt'VELL£-CAl£UOXlE 
sagères,  que  les  gisemenls  dits  de  chrome  d'alluvions  qui 
ont  fourui  le  fer  cliroiué  exporté  de  la  cnlouie  (soit  près 
de  150.000  tonnes  en  tout);  il  n'y  a  en  effet  jamaù 
eu  sur  les  gisements  en  roche  que  des  tentatives  d'exploi- 
tation sans  succès  durable. 

B.  —  GlSBUEMTS   DE  PEK  CHROMÉ  EN   ROCHE   DD  Sl'D 
ET    DU    CENTRE    DE    l'iLE. 

Comme  nous  l'avons  dit,  le  fer  chromé  est  un  élénienl 
qui  se  retrouve  d'une  façon  absolument  constaute  dans 
les  péridotilcs  plus  ou  moins  serpentinis^cs  qui  occupent 
une  si  large  place  dans  les  formations  néo-calédoniennes; 
mais  il  n'y  existe  le  plus  souvent  que  sous  forme  de  petite 
cristaux  de  quelques  dixièmes  de  millimètre  de  dimensioiis, 
disséminés  d'une  façon  assez  régulière  dans  toute  la 
masse  de  la  roche.  Cependant,  dans  un  certain  nombre 
d'entre  les  massifs  de  péridotite,  il  a'eat  produit  une  ségré- 
gation plus  complète  du  fer  chromé  qui,  tout  eo  se  retrou- 
vant encore  disséminé  dans  la  mastte  de  la  roche,  sf 
montre  on  outre  concentré  parplaces  soitdans  des  amas, 
soit  dans  des  filons  :  il  y  est  quelquefois  seDsiblemeoi 
pur,  mais  le  plus  souvent  il  est  associé  à  une  gaaguf 
constituée  par  des  silicates  magnésiens.  Assez  pou  nom- 
breux jusqu'à  ces  dernières  années  étaient  les  gisements- 
de  fer  chromé  de  cette  nature  connus,  ou  dunaoins  un 
peu  explorés  ;  quelques  tentatives  avaient  été  faites  pour 
en  exploiter  trois  ou  quatre  sur  la  côte  Est  (au  Sud  de 
Noiiiiiéa,  près  de  Saint-Vincent,  et  près  de  Bourailj  ;  elles 
avaient  été  peu  fructueuses,  et  Ton  avait  préféré  reporter 
l'exploitation  sur  les  gisements  d'origine  détritique.  Dans 
ces  dernières  années,  l'attention  a  été  rappelée  sur  les 
gisements  en  roche,  qui  existent  en  particulier  assez 
nombreux  dans  la  puissante  formation  aerpentineuse  du 
Sud  de  l'ile;  on  eu  a  d'ailleurs  encore  signalé  eu  d'autres 


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MINKRAfS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  205 

t>oints  de  la  colonie,  jusques  et  y  compris  le  massif  du 
dûmede"fiebaghiau  voisinage  de  l'eitrémitéNord  de  Tile, 
Bien  que  nulle  part  l'exploration  de  ces  gisements  ne 
permette  d'en  définir  exactement  les  limites  et  le  carac- 
tère, on  peut  néanmoins  dire  que  plusieurs  d'entre  eux 
paraissent  plut6t  se  rattacher  au  type  des  filons,  ou  au 
moins  des  lentilles  aplaties,  qu'à  relui  des  amas.  Nous 
avons  \'isité  un  groupe  important  de  ces  gisements  au 
voisinage  de  la  baie  du  Sud,  plusieurs  le  long  delà  cAte 
Est,  à  Plum,  h  Saint-Vincent,  et  près  de  Bourail,  et 
enfin  celui  du  dAme  de  "nebaghi,  qui  est  d'ailleurs  associé 
à  (l'importantes  formations  de  fer  chromé  détritique. 

Autonr  de  la  baie  du  Sud,  ou  plus  exactement  au  flanc 
«les  diff'ôrents  mamelons  qui  entonrcut  la  Plaine  des  Lues, 
sorte  de  plateau  serpenlincux  d'une  altitude  moyenne 
«le  200  mètres  enviroii,  les  ségrégations  de  fer  chromé 
dans  l;i  roche  paraissent  paiticuliérement  nombreuses;  il 
en  a  été  signalé,  entre  auties,  des  gisements  entre  la  baie 
des  Kaoris  et  le  Lac  en  8  (mine  Muriel)  (Voir  ïafig.  3  de 
la  PI.  IV;,  sur  les  hauteurs  qui  dominent  la  rive  gauche 
de  la  rivière  des  Lacs  (mine  Anna-Madeleine),  sur  le 
mamelon  de  la  mine  la  Tchaux  aux  sources  de  la  rivière 
du  Carénage,  etc...  Aucun  d'eux  n'est  exploité  actuelle- 
ment ;  onn'y  poursuit  que  quelques  travaux  de  recherches, 
mais  on  en  étudie  la  mise  en  valeur  en  les  reliant  au 
rivage  de  la  baie  du  Sud  par  une  voie  ferrée. 

Dans  cette  région  les  péridotites  apparaissent  sous 
des  aspects  divers  :  tantôt  elles  sont  particulièrement 
riches  en  péridot,  dont  elles  se  montrent  pour  ainsi  dire 
uniquement  formées,  elles  en  sont  d'autant  plus  basiques 
et  en  même  temps  plus  accessibles  à  l'altération  et  à  la 
transformation  en  serpentine;  par  places,  au  contraire, 
Tensiatite  est  abondante  et  s'étale  en  grands  cristaux  à 
larges  clivages  au  milieu  du  péridot  finement  grenu. 


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286  RICHESSES  MINÉRALES  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Ces  përidotites  constituent  la  totalité  de  tous  les  som- 
mets qm  «Dtourent  la  Plaine  des  Lacs;  sur  leurs  flancs 
reposent  dos  imnteaux  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur 
d'argile  rouge,  tamfis  qu'à  leur  pied  se  développe  une 
plaine,  dont  le  sous-sol  est  vraisemblablement  constitué 
également  par  de  semblables  argiles,  mais  dont  la  surface, 
souvent  marécageuse,  esi  recouverte  d'une  couche  de 
grains  de  fer  oxydé,  enduits  d'une  pousawre  de  même 
nature  plus  ou  moins  hydratée  et  jaunâtre.  0»  mêmes 
grains  ferrugineux  se  reti-ouvent  tout  autour  des  deux  Ucs 
(Grand  Lac  et  Lac  en  8)  et  au  fond  de  ceux-ci;  mais  ils 
s'y  trouvent  débarrassés  de  semblables  poussières  et  se 
présentent  en  éléments  noirs  plus  ou  moins  polis  par  les 
eaux,  ce  qui  lésa  parfois  fait  prendre  pour  du  fer  chromé, 
et  a  fait  dire,  comme  on  le  répète  souvent  à  tort,  que  les 
bords  et  le  fond  des  deux  lacs  sont  uniquement  constitués 
de  grains  de  fer  chromé.  Cet  élément,  qui  existe  dans  les 
roches  des  alentours,  et  qui  y  existe  même  avec  une  abon- 
dance particulière,  se  retrouve  bien  à  la  fois  dans  les 
argiles  rouges  et  au  milieu  des  grains  ferrugineux,  mais 
on  n'a  pas  encore,  à  notre  connaissance,  signalé  de  poinl 
011  il  ait  subi  une  concentration  suffisante  pour  y  être 
exploitable,  et  c'est  dans  la  roche  même  qu'il  s'est  trouvé 
concentré  par  ségrégation,  sans  doute  au  moment  de  la 
solidification. 

Parmi  les  différents  gisements  qui  se  trouvent  dans  le 
groupe  que  nous  avons  défini  ci-dessus,  celui  qui  se 
présente  avec  la  plus  belle  apparence  est  celui  de  la  mine 
Anna-Madeleine,  mine  qui  englobe,  avec  les  périmètres 
conligus  qui  en  constituent  des  extensions,  une  longue 
ligne  de  crêtes  venant  mourir  au  bord  de  la  rivière  des 
Lacs,  Bien  que  le  périmètre  de  la  concession  ait,  avec  ses 
extensions  successives,  une  étendue  de  plus  de2.000  hec- 
tares, nous  n'avons  pu  constater  la  présence  d'un 
gisement  que  dans   une  partie  très  restreinte  de  ce  péri- 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A    LA    FORMATION    DES    SERPENTINES   287 

mètre,  sur  le  contrefort  nord-oriental  de  la  ligne  de  crêtes. 
Il  se  signale  dés  le  pied  (versant  Sud)  de  l'escarpement  par 
une  irainée  assez  large,  descendant  la  pente  de  la  mon- 
tagne, OLi  le  sol,  constitué  par  des  blocs  séparés  de  péri- 
ilotite  à  enstatite  et  par  les  affleurements  de  cette  même 
pcridotite  en  place,  est  abondamment  parsemé  de  frag- 
ments de  fer  chromé  ;  la  dimension  de  ces  fragments  varie 
depuis  celle  d'une  noisette  jusqu'à  une  portion  notable  de 
mètre  cube  et  parfois  même  davantage;  ce  fer  chromé 
présente  ici  l'aspect  de  masse  écailleuse  que  nous  avons 
indiqué  ci-dessus,  il  parait  être  d'une  pureté  à  peu  près 
parfaite,  ne  laissant  voir  que  de  très  légers  enduits  ferru- 
gineux entre  les  diverses  écailles,  enduits  qui  suffisent 
cependant  à  lui  enlever  le  caractère  d'un  minerai  massif; 
il  l'analyse  un  échantillon  clioisi  nous  a  donné  tes  résultats 
suivants  : 

Sesfjuioxydc  Je  fer  solublc 1,09 

'  protoxyde  de  fer 16,70 

,         ,  .      ,  , ,    '  maenésie 11,10 

ter  chromé  inso  uli  e  ,     ,  °  .  „'  „ 

1  alumme 3,00 

'  sesquioxjrde  de  cbrorae §8 

Total 99,89 

Lorsque  l'on  s'élève  le  long  du  flanc  de  la  montagne 
en  suivant  cotte  traînée  de  for  chromé,  on  voit  les  blocs 
devenir  de  plus  en  plus  gros  et  nombreux,  et,  lorsqu'on 
parvient  sur  la  crête,  on  y  constate  la  présence,  en  saillie 
(rès  netle  sur  le  reste  du  contrefort,  d'un  bloc  énorme  de 
fer  chromé  de  même  nature,  brillant  au  soleil,  et  émer- 
geant tout  dénudé  au  milieu  des  maigres  broussailles  qui 
poussent  dans  les  interstices  des  blocs  de  péridotite.  En 
examinant  avec  soin  les  blocs  voisins,  nous  en  avons 
trouvé  d'autres,  également  de  fort  volume,  paraissant,  de 
même  que  celui-ci,  être  des  blocs  en  place  ;  ils  s'alignent 
assez  exactement  avec  le  premier  dans  une  direction  Nord- 
Sud  sur  une  longueur  représentant  au  total  une  centaine 


D.D.t.zeabï  Google 


1  RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NOCVELliE-CALEDONlE 

inètrea  ;  en  cherchant  k  suivre  cette  direction  plu 
1  vers  le  Nord  ou  vers  le  Sud,  nous  avons  trouvé  I 
te  coupée  par  deux  ravins,  et  au  delà  de  ceux-ci  non 
vonspaspu,  au  cours  d'un  examen  nécessairement  u 
[Sommaire,  mais  que  nous  avons  été  surpris  de  ne  ps 
iiver  fait  à  loisir  par  les  concessionnaii'es  de  la  miat 
rouver  de  semblables  blocs  ;  les  pentes  de  la  roonlagn 
Nord  et  au  Sud  de  la  traînée  que  nous  avons  mentionné 
sent  d'ailleurs  assez  promptement  d'être  recouverte 
blocs  de  fer  chromé.  Ajoutons  que  les  blocs  en  plac 
!  nous  avons  observés  ne  présentent  perpendici 
ement  k  la  direction  Nord-Sud  que  des  dimension 
freintes,  de  1  à  2  mètres,  et  i|ue,  de  part  < 
uti'o  de  la  saillie  qu'ils  constituent,  on  retrouve  Jf 
lulis  de  péridotite;  il  semble  doue  qu'il  y  aurait  I 
dication,  sur  une  centaino  de  mèlres  de  longueur,  à 
■fleurement  d'un  lîlon  de  1  à  2  mètres  de  puiasanc 
fer  chromé  pur,  la  résistance  du  minerai  aux  agunt 
losphériques  ayant  laissé,  en  saillie  sur  la  i-ochenioii 
-e.desépontds,'unepartiede3afneurements.  A  eu  jugt 
■  les  apparences  que  nous  avons  relevées  au  cours  d 
,re  oxamen  rapide,  ce  filon  n'aurait  guère  de  coiit 
té  eu  direction,  ce  qui  amèue  naturellement  à  f 
nander  si  ce  n'est  pas  seulement  un  atnas  lentici 
■c.  Quant  à  la  question  du  prolongement  de  cette  foi 
tion  en  prol^ondeur,  nous  n'avons  pu  recueillir  aucuf 
ication  qui  permette  de  la  résoudre,  et  Ion  ne  pei 
î  s'étonner  que  les  concessionnaires  d"ui>  afUeuremei 
isi  remarquable  n'aient  pas  songé  à  en  entrepreniii 
3  exploration,  si  superficielle  fût-elle. 

Plus  loin  vers  le  Sud-Ouest,  le  fer  chromé  n'appara 
associé  à  des  silicates  magnésiens  ;  à  la  mine  ia  Tchau 
afflourenients  ont  un  caractère  assez  nettement  flioiiiei 
lant  qu'on  peut  juger  do  la  chose  par  quelques  obse 


zecbvGoOgIC 


MINBBAIS   ASSOCIES   A  LA  FORMATION   DBS   SERPENTINES  289 

vatione  isolées  ;  ils  se  montrent  sur  le  flanc  d'une  mon- 
-tagne  en  pain  de  sucre  surbaissé  qui  s'élève,  jusqu'à  la 
cot«  450,  au-desfiua  de  la  plaine  dont  l'altitude  moyenne 
«st  ici  de  235  mètres,  A  lacote  315  on  rencontre  un  pre- 
mier afUenrement  présentant  nettement  une  direction 
Nord-Sud  (la  même  que  celle  que  noua  avons  notée  à  la 
mine  Anna-Madeleine  à  quelque  6  kilomètres  au  Nord-Est) 
avec  une  plongée  de  45  degrés  vers  l'Ouest;  la  formation, 
puissante  de  3  mètres,  est  constituée  par  du  fer  chromé 
à  larges  facettes,  associé  à  des  quantités  variables  d'une 
matière  amorphe  tantôt  blancbeoujaune  pAle,  tantôt  rouge 
tle  rouille  et  tantôt  vert«,  qui  est  un  silicate  alumineux 
magnésien  généralement  décomposé  et  oxydé  au  voisi- 
nage des  afileuremeuts.  Cette  formation  est  comprise 
entre  des  épontes  de  péridotite  dans  lesquelles  le  fer 
chrome  est  encore  abondant,  soit  en  mouches,  soit 
en  petits  âlonoets.  A  quelques  mètres  plu!^  haut  un  autre 
affleurement  de  minerai  analogue  parait  appartenir  à  une 
sorte  de  ramification  montante  du  premier  filon;  enfin,  à 
T  mètres  au-dessus  ilu  celui-ci,  semble  en  affleurer  un 
second  suivant  lequel  a  été  amorcée  une  petite  descente. 
Plusieurs  fouilles  de  faible  importance  ont  été  faites  sur 
ces  affleurements,  elles  se  répartissent  à  peine  sur  50  mètres 
en  direction  et  10  mètres  de  verticale  ;  un  assez  grand 
nombre  de  toimes  de  minerai  en  ont  été  extraites  ;  ce 
minerai  contient,  comme  nous  l'avons  dit,  une  proportion 
plus  ou  moins  forte,  mais  très  notable,  de  silicates  alumi- 
neux magnésiens.  Le  prolongement  en  direction  de  ces 
affleurements  n'est  pas  du  tout  connu  ;  la  montagne  étant 
en  forme  de  cône,  il  semble  qu'on  devrait  trouver  aisément 
des  affleurements  tout  autour,  y  marquant  à  peu  près  la 
trace  dune  section  oblique;  ici  encore  les  recherches 
qu'il  aurait  été  tout  indiqué  de  poursuivre  n'ont  pas  été 
faites,  et  nous  n'avons  vien  pu  observer  de  plus,  d'autani 
plus  que  la  végétation  est  fort  abondante  sur  ce  mamelon  ; 


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290  RICHESSES    MINERALES    DE    LA    NOUVELLE-CALEDONIE 

au  pied  du  mamelon,  et  à  peu  près  suivant  lea  généra 
(rices  qui  correspondent  aux  affleurements,  on  trouve  ie. 
sables  chargés  de  fer  chromé  et  des  blocs  éboulés. 

D'après  ce  qui  nous  a  été  dit,  le  mamelon  qui  se  trouvi 
iiiiinédiatcment  au  Sud  de  celui-ci  et  à  quelque  500  mëtrei 
lie  distance  seulement,  c'est-à-dire  dans  le  prolongemea: 
ihi  filon  supposé,  a  été  exploré  aaus  succès  ;  mais,  en  fraii' 
(hissant  vers  l'Est  un  petit  col,  pour  passer  du  bassin  df 
la  rivière  du  Carénage  dans  celui  de  la  rivière  Bleue,  or 
retrou\e  le  fer  chromé  sur  le  périmètre  de  la  mine  Bonne- 
Veine  :  une  carrière  ouverte  à  la  cote  2i0,  à  titre  de 
simple  travail  de  recherche,  a  mis  à  découvert  un  affieu- 
icment  qui  parait  également  être  celui  d'un  fîlon  de  prés 
de  1  mètre  de  puissance  dirigé  Nord-Sud  et  plongeant 
à  45  degrés  environ  vers  l'Est  ;  mais  ici  les  produits  ma- 
gnésiens associés  au  fer  chromé  sont  abondants  et  l;i 
teneur  en  chrome  du  minerai  brut  est  relativement  faible; 
un  _v  a  ti-ouvé  cependant  quelques  beaux  blocs  de  rainerai 
riche.  A  une  soixantaine  de  mètres  plus  an  Sud,  et  « 
une  cote  d'une  vingtaine  de  mètres  inférieure,  on  aperçoit 
un  nouvel  affleurement  de  caractère  identique,  et  qui 
paraît  bien  correspondre  au  prolongement  de  la  nième 
formation. 

Notons  enfin  la  présence,  un  peu  plus  loin  vers  l'Ouest 
sur  le  même  périmètre  Bonne- Veine,  d'une  assez  pois- 
sante formation  détritique  de  fer  chromé.  Celle-ci  se  ren- 
contre dans  les  argiles  rouges  qui  s'étalent  sur  la  pente 
•l'une  croupe  arrondie  ;  au  pied  de  cette  pente  la  surface 
'te  l'argile  est  semée  de  débris  de  fer  chromé  ;  plus  haut, 
de  seiubiahlcs  débris  se  retrouvent,  formant  une  couche 
(l'une  certaine  épaisseur;  et,  an  voisinage  de  la  crête 
(néme,  on  arrive  à  des  amas  de  cristaux  ou  de  petites 
niasses  plus  ou  moins  désagrégées  avec  taches  d'oxyde 
de  fer,  paraissant  provenir  de  la  décomposition  sur  place 
(le  minerais  en  roche  tels   que  ceux  que  nous  venons  de 


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MINERAIS   ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DES   SERPENTINES    291 

décrire.  Le  fer  chromé  fourni  par  ces  derniers  gisements 
est  suffisamment  pur  pour  être  marchand  tel  quel,  et  on 
l'exploite,  sans  grande  activité  d'ailleurs  faute  de  moyens 
de  transport. 

Nous  aurons  à  signaler  d'importants  gisements  du  même 
genre  plus  à  l'Ouest  dans  la  vallée  de  la  rivière  Ngo 
et  des  tributaires  de  gauche  de  la  rivière  des  Pirogues, 
mais  nous  les  décrirons  ci-après  avec  les  gisements 
d'origine  détritique.  Ajoutons  qu'au  moment  oii  nous  avons 
(jiiilté  la  colonie,  les  découvertes  de  gisements  de  fer 
iliromé,  en  roche  croyons-nous,  paraissaient  se  mul- 
liplier  beaucoup  au  Nord  et  à  l'Est  de  ceux  que  nous 
avons  visités,  et  qu'un  très  grand  nombre  de  déclarations 
de  recherches  pour  chrome  ont  été  produites  dans  les 
mois  de  juin  et  juillet  1902,  se  rapportant  à  cette  région. 

Un  autre  gisement  de  fer  chromé  en  roche  donnait  lieu 
k  des  travaux  de  recherches  non  loin  de  là  au  moment  de 
notre  séjour  en  Nouvelle-Calédonie;  c'est  celui  de  la 
mine  Lncky-hitt,  près  de  Plum,  qui  avait  été,  en  1880, 
lobjet  de  la  première  tentative  sérieuse  d'exploitation  du 
'hrome  dans  la  colonie.  Après  avoir  fourni,  en  quelques 
innées,  une  dizaine  de  milliers  de  tonnes  de  minerai, 
irovenant  vraisemblablement  surtout  d'un  amas  d'ori- 
jine  détritique,  et  après  avoir  été  partiellement  explorée 
tans  la  partie  du  gisement  qui  se  trouvait  en  roche,  la 
iiine  fut  abandonnée.  Le  gisement  en  place,  situé  sur  la 
ive  gauche  du  ravin  de  la  petite  rivière  de  Plum,  se 
irésente  au  milieu  de  roches  du  même  type  que  celles 
[lie  nous  avons  rencontrées  à  la  baie  du  Sud,  et  le  minerai 
ist  constitué  par  une  association  de  fer  chromé  et  des 
lèmes  silicates  alumineux  magnésiens  qu'à  la  Tohaui; 
antôt  c'est  le  premier  de  ces  éléments  qui  domino,  tantôt 
est  le  second,  et  l'on  passe  sur  une  faible  distance  d'une 
ualité  de  minerai  à  l'autre.  Quant  à  l'allure  du  gisement, 


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EtlCIIBSSBS  MINERALES   DE   LA.   NODVELLE-CALEUONIE 

ne  montre  riea  de  net  :  plusieurs  afdeurements  ont 
explorés  préseatant  des  puissances,  des  directions  el 
lendages  variables  ;  il  ne  semble  donc  pas  que  l'on 
:i  affaire  à  des  filons  nets,  mais  plutôt  à  des  amas 
uliers.  Les  travaux  souterrains,  assez  dévelc^pés, 
I  ont  élé  poursuivis,  et  que  l'on  y  poursuit  encore, 
de  ce  fait  même,  des  plus  irréguUers.  Ils  paraissent 
moins  avoir  montré  que  le  gisement  est  important; 
eureusement  la  pureté  du  minerai  laisse  à  désirer  : 
îag^e  soigneux  peut  fournir  une  certaine  quantité  de 
rai  tenant  aux  environs  de  50  p.  100  de  sesquiosjde 
irome,  ce  qui  est  actuellement  à  pou  près  la  limite 
)loitabililé,  mais  on  doit  abattre  en  même  temps 
quantités  beaucoup  plus  considérables  de  minerai 
p.  100,  invendable  tel  quel,  et  exigeant  par  Buil« 
concentration  nécessairement  onéreuse.  Aussi  les 
irs  de  la  première  tentative  d'exploitation  avaient-ils 
staller  au  pied  de  la  montagne  une  petite  laverie, 
irenant  un  concasseur  à  mâchoires,  un  broyeur  à 
es  et  une  table  dormante  pour  la  concentration  du 
hromé,  le  tout  actionné  par  une  petite  locomobile. 
e  à  ce  dispositif,  le  minerai,  descendu  par  câbles  de 
ne  à  la  laverie,  était  porté  à  une  teneur  sui^sanle 
6tre  marchand,  mais  on  perdait  des  quantités  consi- 
>les  de  fer  chromé  ;  aussi  l'exploitation  ne  fut-elle 
émunératrice. 

.  parle  aujourd'hui,  si  le  résultat  des  travaux  d'explo- 
ti  entrepris  paraitassez  satisfaisant,  d'installer  une  la- 
:  mieux  montée  et  assurant  en  particulier  une  perte 
:oup  moindre  déminerai,  ce  qui  serait  aisé  à  réaliser 
donné  la  très  grande  différence  de  densité  entre  le 
ibromé  et  sa  gangue;  cette . laverie  serait  mise  en 
on  avec  l'orifice,  ou  les  orifices,  de  la  mine  par  un 
incliné  aérien,  et  serait  réunie  au  bord  de  la  mer  par 
petite  voie  ferrée.  Au  moment  de  notre  visite,  les 


zecbvGoOgIC 


MINBRAIS  AS80GIBS  A.  LA  FORMATION  DBS  SESPEMiraBS  293 
travaux  d'exploration  n'occupaient  pas  moins  de  ringt- 
cinq  ouvriers. 


Une  tentative  {l'exploitation  du  même  genre,  mais  (\ae 
les  mêmes  circonstances  ont  rendue  également  infruc- 
tueuse, a  eu  lieu,  il  y  a  quatre  ana,  sur  la  mine  Chromière 
prés  de  Saint- Vincent.  Lamine,  ntuéeduH  le  massif  ser- 
pentineux  du  mont  Koungouauri,  oti  le  nickel  existe  éga- 
lement et  paraît  même  plus  abondant  que  le  chrome,  se 
trouve  à  330  mètres  d'altitude  siir  le  flanc  Sud  d'un  con- 
trefort séparant  les  deux  bras  de  la  haute  Tamoa,  préci- 
sément en  face  d'une  ancienne  exploitation  de  nickel.  On 
avait  d'abord  rencontré,  sur  le  flanc  de  la  montagne,  de 
petites  quantités  de  fer  chromé  détritique  et  naturelle- 
ment enrichi;  mais,  lorsqu'on  a  voulu  attaquer  le  gisement 
en  roche,  on  s'est  trouvé  en  présence  de  veines  enche- 
vêtrées, assez  puissantes  il  est  vrai,  mais  peu  régulières, 
d'un  minerai  «  piqué  u  constitué  par  des  mouches  assez 
abondantes  de  fer  chromé  dans  une  gangue  silicatée,  et 
qu'il  fallut  laver  pour  le  porter  h.  une  teneur  commerciale  ; 
un  échantillon,  que  nous  avons  recueilli  au  hasard,  nous 
a  donné  à  l'analyse  le  résultat  suivant  : 

[  Eau 1,)  \ 

„  _.       ,  .,      \  Silice 3,1  j 

Partie  solub  e    1  „  .    .    *  «  „  I  .„  , 

,  .,       /  Sesquiozyde  de  fer 2,9  >  19,t 

dans  les  acides.  ,   . ,      .  „  „  l 

1  Alumine 3,9  l 

I  Magnésie 8,*  ' 

ISesqui oxyde  de  chrome.  53      i 
Protoxyde  de  fer 24     J 
, 
Sesquioxyde  de  fer 2,2/       ' 
Alumine 0,6  I 
Magnésie 0,3  ) 

On  fut  donc  obligé  de  créer  une  laverie,  aujourd'hui  on 
niinen,  en    même  temps  qu'il  était   nécessaire   d'établir 


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294  RtCHBSSES   UINÉRALB8   DE   LA   ISOUVELLB-CALÉDONIE 

jusqu'au  bord  de  la  rivière  un  petit  tramway.  Ces  frais 
de  premier  établissement  n'auraient  pu  être  rémunérés 
que  par  une  extraction  importante  d'un  minerai  dont  le 
prix  de  revient  n'eût  pas  été  trop  élevé  ;  c'est  ce  qui  n'a 
pu  être  réalisé,  et  cela  a  amené  l'abandon  du  gisement, 
dont  les  conditions  naturelles  n'avaient,  en  somme,  rien 
de  particulièrement  favorable. 

Plus  favorables  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  se 
présentait  le  fer  chromé  à  la  mine  Belle-Pluie,  près 
du  cap  Goulvain;  c'est  sous  forme  d'un  filon  net,  dirigé 
Est-Ouest,  s'enfgnçant  presque  verticalement  dans  la  mon- 
tagne, et  qui  a  pu  être  suivi  avec  régularité  jusqu'à  une 
centaine  de  mètres  du  jour  horizontalement  ;  il  a  été  par- 
tiellement dépilé  à  trois  niveaux  espacés  de  10  en 
10  motres.  La  puissance  du  filon  était  voisine  de  1  mètre, 
et  la  majeure  partie  du  remplissage  était  du  fer  chromé 
presque  massif;  aussi,  sans  laver  le  minerai  extrait,  et 
en  ne  laissant  au  remblai  que  peu  de  produits  pauvres, 
pouvait-on  réaliser  une  teneur  de  ôO  p.  100  en  sesquioxyde 
de  chrome.  Mais  les  transports  étaient  onéreux  :  quatre 
cflbles  à  i-oulettes  successifs  étaient  nécessaires  pour 
dosoendre  le  minerai  jusqu'au  pied  de  la  montagne"  il 
devait  ensuite  être  charroyé,  au  prix  de  10  à  12  francs  la 
tonne,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Cap,  puis  il 
éuit  chargô  dans  des  chalands,  et  il  était  enfin  transbordé 
à  hvni  du  bateau  qui  remportait  à  Nouméa.  Aussi  deux 
tentatives  d'exploitation,  qui  ont  eu  lieu  en  1898-1899 
ei  an  doliul  do  UX'i,  se  sonl-elle  soldées  par  des  pertes. 

Nous  no  ivp;irlon>ns  pas  ici  du  gisement  de  fer  chromé 
do  la  mine  £,«/«■>««,■,■.  située  dans  la  vallée  de  la  Pouéo 
pri's  do  Eourail,  «jui  a  éio  aliandouné  après  exécution  d'uD 
lrav;»il  insisuitiant,  oi  qui  no  pré.-^'nte  d'intérêt,  comme 
niMis  l  avons  dit,  qu'.-u  ntison  de  la  dêoouverie  de  sulfure 
do  nivkol  qui  aur:Hi  ou  liou  dans  le  filon  en  question. 


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MISERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    295 


-  Gisements  du  dôme  de  Tibbaqhi. 


Nous  citerons  eusuite  les  beaux,  gisements  du  dôme  de 
Tiebaghi. 

1.0  puissant  massif  sorpentineux  qui  forme  ce  »  dftnic  " 
est  constitué  par  une  péridotite  à  enstatile,  légèrement 
serpentinisée  dans  son  ensemble  :  le  fer  chromé  et  le 
ruinerai  de  cobalt  sont  abondants  dans  ce  massif,  tout 
particulièrement  sur  ses  contreforts  orientaux  ;  le  premier 
d'entre  ces  minerais  y  a  été  signalé  en  un  grand  nouibre 
de  points;  il  était  exploité,  au  moment  de  notre  passage, 
sur  les  mines  Vieille-Monlagne,  Bellacoxcia  et  Tiebaijhi. 

Les  gisements  exploités  actuellement  sur  ces  trois 
mines  sont  d'origine  détritique;  la  dernière  montre,  en 
outre,  l'affleurement  d'un  massif,  sans  doute  assez  puis- 
sant, de  beau  fer  chromé  en  roche. 

Ce  ^sèment  en  roche  apparaît  sur  la  crête  et  sur  les 
pentes  douces  d'un  contrefort  sorpentineux  dont  la  roche 
ne  présente  aucune  particularité  marquante  ;  cette  pérido- 
titc  montre,  en  quelques  points,  des  têtes  altérées  légère- 
ment nickelifères,  et  on  peut  noter  également  sur  le  contre- 
fort qu'elle  constitue  la  présence  de  blocs  d'une  dioritc 
finement  grenue,  à  fcldspaths  très  basiques,  provenant 
vraisemblablement  d'un  filon  ou  d'une  amygdale  dans  la 
péridotite  ;  on  y  ramasse  en  outre  des  quartz,  résultant, 
comme  d'habitude,deraltération  de  la  péridotite,  quelques- 
uns  d'entre  eux  ont  un  aspect  opalin.  Enfin,  la  plupart  des 
pentes  suffisamment  douces  sont  recouvertes  d'un  manteau 
d'argile  rouge,  où  le  fer  chromé  est  abondant  et  oii  des 
rognons  cobaltifères  sont  connus  en  plus  d'un  point. 

Le  croquis  reproduit  par  la  fig.  5  de  la  PI.  IV  indique 
la  disposition  de  l'afHeurenient,  qui  rappelle  celui  de  la 
mine  Anna-Madeleine .  C'est  sur  la  crête  d'un  des  nombreux 
contreforts  qui  se  ramifient  toutautourdu  sommet  allongé 


bïGoQi^I 


^6  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

d»  dôme  de  Tiebaghi  {cotes  masima  600  à  650)  que  les 
têtes  de  fer  chromé  font  saillie  ;  cette  crête  ne  présente 
nullement  une  arête  vive  rocheuse,  mais  seulement  une 
ligne  de  changement  de  pente  entre  la  surface  à  peu  près 
aplatie  du  dôme  et  les  pentes  plus  ou  moins  adoucies  qui 
descendent  sur  la  vallée  de  la  Néhoué  ;  de  part  et  d'autre 
de  l'arête,  le  sol  est  couvert  d'argiles  rouges  détritiques, 
recouvertes  elles-mêmes  de  grains  et  de  blocs  d'oxyde  de 
fer  et  de  fer  chromé  errants  ;  et  ce  n'est  que  sur  la  ligne 
de  crête  que  nous  venons  de  définir  qu'apparaissent  des 
blocs  beaucoup  plus  gros,  qui  paraissent  assez  bien 
marquer  la  ligne  d'affleurement  d'un  filon  on  d'une  len- 
tille d'une  roche  résistante  aux  agents  atmosphériques; 
les  blocs  de  fer  chromé  s'alignent  dans  une  direction 
N.  105*  E.  sur  une  centaine  de  mètres  de  longueur. 
L'extrémité  orientale  de  l'affleurement  indiquerait  pour 
le  filon  une  puissance  de  6  à  8  mètres  de.fer  chromé  pur. 
Vers  l'Est,  l'affleurement  est  interrompu  par  un  petit 
ravin  qui  est  creusé  dans  les  argiles  rouges  sans  s'enfoncer 
jusqu'à  la  rodie  dure  sous-jacente,  et  qui  ne  montre  pa» 
la  trace  du  passage  d'un  filon;  au  delà  du  ravin,  on 
retrouve  encore  un  bloc  isolé,  peut-être  en  place,  de  fer 
chromé;  vers  l'Ouest,  on  voit  s'associer  aux  beaux  blocs 
de  fer  chromé  pur,  puis  leur  succéder,  des  blocs  ferru- 
gineux renfermant  des  paillettes  de  fer  chromé,  piùs 
enfin  de  simples  blocs  ferrugineux  scoriacés,  tels  que  ceux 
que  nous  avons  déjà  décrits  comme  constamment  associés 
à  la  formation  serpentineuse,  et  qui,  comme  eux,  ne  ren- 
ferment plus  de  chrome  qu'en  faible  proportion.  Plusieurs 
d'entre  ces  blocs  sont  assez  volumineux  et  assez  profondé- 
ment enracinés  pour  qu'il  soit  fort  possible  qu'ils  soient  en 
place,  comme  s'ils  faisaient  suite  vers  l'Ouest  aux  blocs  de 
fer  chromé  avec  lesquels  ils  s'ahgnent  assez  bien.  Ils  sont 
constitués  presque  entièrement  d'hématite  rouge  et  ne  sont 
pas    magnétiques;  ils  ont  une  apparence  scoriacée    et 


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MINERAIS  ASSOaÉS  A  LA  FORMATION  DBS  SERPENTEfES  397 
caverneuse,  sans  forme  bien  déânie;  rependant  on  y 
relève  parfois  des  indications  d'octaèdres  plus  ou  moins 
rongés  qui  feraient  snpposer  qu'ils  proviendraient  do 
l'oxydation  de  magnélite  ;  ceux  qui  contiennent  des  par- 
celtes  de  ferchromé  proviendraient,  dans  cette  hypothèse, 
de  l'oxydation  de  mélanges  de  mngnétît«  et  de  fer 
chromé. 

On  serait  donc  assez  porté  à  croire  que  l'on  est  ici  en 
présence  des  affleurements  d'une  ségrégation  métallique 
au  milieu  de  la  masse  de  lapéridotite;  cette  ségrégation 
aurait  originairement  été  constituée  (et  serait  peut-être 
constituée  encore  aujourd'hui  en  profondeur)  de  ntagnétite 
et  de  fer  chromé,  et  ce  dernier  se  serait  dans  certaines 
parties  isolé  sons  la  forme  d'nne  sorte  de  noyau  de  fer 
chromé  pur. 

Mais  ici,  comme  h  la  baie  du  Snd,  toute  exploration  du 
gisement  a  été  négligée  par  le  concessionnaire,  et  nous 
n'avons,  pour  appuyer  notre  opinion,  que  les  quelques  cons- 
tatations que  nous  avons  faites  personnellement  et  qu'on 
n'avait  même  pa.s  songé  à  faire  jusqu'ici.  Quant  à  savoir 
ce  que  devient  le  gtte  en  profondeur,  nous  n'avons  aucune 
indication  à  ce  sujet.  Cependant,  l'abondance  du  fer 
chromé  détritique  déjà  arraché  à  cet  affleurement  semble 
montrer  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  de  quelques  blocs 
isolés,  mais  bien  d'une  masse  a«sez  puissante.  Il  est 
presque  superflu  d'ajouter  qu'étaiit;iussi  peu  renseigné  sui' 
son  extension  et  sa  consistance,  on  ignore  romplèlenient 
les  conditions  dans  lesquelles  ce  gisement  pourra  être 
exploité;  c'est  seulement  une  réserve  surlaqueile  l'exploi- 
tant compte,  pour  le  moment  où  le  fer  chromé  d'altovions 
aura  été  épuisé. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  la  façon  dont  se 
présente  celuî-ci.  Le  croquis  de  la  /ig.  5,  PI.  IV,  fait  voir 
que  la  pente  qui  descend  de  l'affleurement  vers  l'Est  est 
recouverte  de  giains  et  de  blocs  de  fer  chromé  :  le  sol 


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1 


S9S  RICHE8SBS   MINÉRALES   DE   LA.   NOUVELLE-CALÉDONIE 

est  en  effet  jonché,  siir  plus  d'une  centaine  de  mètres 
suivant  la  pente,  de  ces  éléments  qui  présentent  des  dimen- 
sions variant  de  la  grosseur  d'une  noisette  à  celle  de 
blocs  de  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  ;  un  peu  plus 
vers  rOuest,  le  fer  chromé  est  mélangé  de  blocs  ferru- 
gineux (hématite  plus  on  moins  h}'dratée  à  la  surface), 
dont  il  ne  pourrait  être  séparé  que  par  un  triage  minutieui; 
ici,  au  contraire,  il  est  pratiquement  pur  et  il  n'y  a  qu'à  le 
ramasser.  Mais,  en  outre,  l'épaisse  couche  d'argile  qui 
recouvre  cette  pente  contient  im  dépôt,  de  puissance  et 
d'allure  irréguliëres,  de  débris  de  fer  chromé  qui  paraissent 
s'être  concentrés  en  raison  de  leur  forte  densité,  après 
avoir  été  entraînés  sur  nn  court  espace  par  les  eaui 
superficielles  qui  apportaient  en  même  temps  les  élémenls 
qui  ont  constitué  ces  masses  argileuses. 

Cette  dernière  partie  du  gisement  est  d'une  exploita- 
tion particulièrement  aisée,  puisqu'il  sufflt  de  découvrir  le 
lit  chromifëre,  en  enlevant  quelques  décimètres  d'argile, 
pour  pouvoir  ensuite  ouvrir,  sur  des  hauteurs  atteignant 
jusqu'à  1  mètre,  des  chantiers  oii  l'abatage  ne  comporte 
qu'un  travail  de  terrassement  presque  sans  triage.  On 
obtient  ainsi  immédiatement  des  produits  dont  la  teneur  en 
sesquioxjde  de  chrome  varie  de  50  à  55  p.  100.  Aussi  est-ce 
par  là  que  l'exploitant  dugisement,  qui  n'en  est  d'ailleurs 
que  l'amodiataire,  on  avait  commencé  l'exploitation,  quitte, 
s'il  y  a  lieu,  à  attaquer  plus  tard  le  reste.  Comptant  pou- 
voir réaliser,  en  quelques  années,  une  extraction  de 
40.000  à  50.000  tonnes,  il  a  étaWi  les  plans  inchnés 
aériens  (2  plans  principaux  et  en  outre  différents  petits 
plans  auxiliaires)  nécessaires  pour  descendre  le  minerai 
jusque  dans  la  vallée,  ot  il  construisait,  au  moment  de 
notre  passage,  une  voie  ferrée,  longue  de  8  kilomètres, 
destinéeà  relier  le  pied  de  la  mineàlabaie  de  Néhoué,oii 
doit  avoir  lieu,  par  l'intermédiaire  de  chalands,  l'embar- 
quement du  minerai. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   299 

Les  gisements  de  fer  chromé  du  d6me  de  Tîebaghi  ne 
soot  pas  limités  à  celui  que  nous  venons  de  décrire,  et, 
comme  nous  l'avons  indiqué,  trois  autres  exploitations  se 
développent  à  l'Est  de  celle-ci  ;  elles  portent  toutes  trois 
uniquement  sur  des  gites  d'origine  détritique  :  sur  lamine 
Vieille-Montagne  n"  S,  et  à  peu  près  dans  le  prolon- 
gement de  l'alignement  des  affleurements  de  la  mine 
Tiebaghi,  un  chantier  a  attaqué  le  liane  de  la  montagne 
sur  près  de  20  mètres  de  hauteur  :  l'exploitation  a  consisté 
d'abord  à  ramasser  des  grains  et  i)iocs  errants  sur  le  sol, 
puis  à  chercher  au  milieu  de  l'argile  rouge  des  masses 
plus  ou  moins  irrégulières  de  débris  de  fer  chromé  ;  on  est 
ainsi  parvenu  jusqu'à  une  formation,  sans  consistance 
aucune,  de  silicates  alumineux.  magnésiens,  décomposés 
et  friables,  au  milieu  desquels  se  rencontraient,  ici  des 
amas  plus  ou  moins  volumineux  de  fer  chromé,  et  là  des 
grains  de  ce  même  minéral,  tantôt  très  abondants,  tantôt 
plus  clairsemés  ;  c'est  évidemment  là  la  tète  profondément 
altérée  d'un  gisement  en  roche  tel  que  ceux  que  nous 
avons  décrits  ci-dessus  auprès  de  la  baie  du  Sud.  Un 
triage  à  la  main  permet,  à  la  condition  de  ne  prendre  que 
les  portions  les  plus  minéralisées  du  gite,  et  quitte  à  perdre 
le  reste,  qui  serait  sans  doute  parfaitement  exploitable, 
d'obtenir  sans  lavage  un  produit  d'une  teneur  de  52 
à  54  p.  100 de  sesquioxyde  de  chrome.  On  a  ainsi  enlevé  en 
un  an  de  ce  chantier  ô.OÛO  tonnes  de  minerai  marchand, 
non  sans  gaspiller  en  outre  beaucoup  de  fer  chromé.  Dans 
ces  conditions,  l'exploitation  se  solde  encore  par  un  béné- 
fice, malgré  la  charge  d'un  transport  par  chars  à  bteufs 
jusqu'à  la  mer,  transport  qui,  à  raison  de  0  fr.  75  la 
tonne  kilométrique,  ne  grève  pas  le  prix  de  revient  de 
moins  de  6  francs  par  tonne,  pour  un  minerai  qui  vaut, 
rendu  à  bord,  50  francs  la  tonne. 

C'est  dans  les  mêmes  conditions  économiques  peu  favo- 
rables que  se  poursuit  l'exploitation  de  la  mine  voisine. 


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300  RtCHBSSES  MINÉRALES  DE  LA  MODVELLB-GALÉDOKIB 

la  mine  Bellacoscia.  Avant  d'y  parvenir,  nous  avons  tra- 
versé le  périmètre  de  la  mine  Moracehini.  inexploitée,  mr 
laquelle  on  trouve,  comme  nous  l'avons  mentionné,  ub 
bloc,  peut-être  en  place,  de  fer  chromé  pur  id^iiiqire  a 
relui  des  aflleurements  de  la  mine  Tiebaghi  dont  il 
marque  à  peu  près  le  prolongement,  avec  toutefois  ai» 
légère  inflexion  vers  le  Sud  ;  quelques  petites  fouillei  de 
recherches  dans  l'argile  ronge  qui  recouvre,  là  comme 
partout,  tontes  les  pentes  douces  du  Sanc  de  la  mon- 
tagne, y  ont  découvert  différentes  traînées  de  fer  chromé 
en  fragments  irréguliera.  Dana  l'un  des  ravins  qui  dé- 
coupent cette  formation  argileuse  on  trouve  le  fer  chromé 
sous  une  forme  fort  intéressante,  et  assez  exceptionnelle 
puisque  c'est  le  seul  point  de  la  colonie  où  nous  Va.jm» 
rencontrée  ;  cette  forme  est  celle  de  galets  roulés,  uTon- 
dis,  présentant  à  peu  près  la  dimension  d'un  œal  de 
pigeon;  ils  sont  d'ailleurs  très  friables  et  tombent  sous  le 
moindre  choc  en  grains  sur  les  surfaces  de  séparation 
desquels  se  trouvent  des  enduits  ferrugineux  ;  il  ne  parait 
pas  douteux  que  l'on  soit  là  en  présence  de  galets  d'une- 
r:>chc  à  fer  chromé,  autrefois  dure,  qui  a  été  démantelée, 
et  dont  les  débris  ont  été  roulés  ;  ces  débris  ont  dû  suIhi' 
ultérieurement,  au  point  oii  ils  s'étaient  déposés,  des 
actions  atmosphériques  susceptibles  de  dissoudre  les  élé- 
ments, sans  doute  silicates,  qui  cimentaient  les  différents 
grains  <te  fer  chromé,  en  n'en  laissant  comme  résidu  que 
l'oxyde  de  fer. 

L'exploitation  de  la  mine  Bellaeoscia  se  poursuit  en 
tranchée  dans  l'argile  rouge  ;  celle-ci  était,  comme  poor 
les  gisements  voisins,  recouverte,  suivant  une  bande  plus 
ou  moins  large,  de  menus  débris  de  fer  chromé  ayant 
cette  apparence  spécnlaire  que  nous  avons  déjà  sigualée- 
En  pénétrant  dans  la  niasse  de  l'argile  on  a  rencontré 
un  gisement  de  fer  chromé  irrégulier,  mais  souvent 
puissant,    associé   à  des  formations    argîlenses  Vïmées. 


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MINBBAIB   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DBS  8BRnniTmE8    301 

La  fig.  6  de  la  PI.  IV  reproduit  un  croquis  que  nous 
avons  relevé  sur  la  face  latérale  de  la  tranchée  d'un 
des  chantiers,  et  donne  une  idée  de  l'allure  de  cette  for< 
tnation  :  si  quelques  traînées  telles  que  A  et  B  paraissent 
indiquer  des  dépôts  alluvionnaires,  la  masse  principale, 
avec  ses  proéminences  et  ses  parties  rentrantes,  et  avec 
ses  différents  éléments  séparés  par  des  pellicules  d'oxyde 
<le  fer  qui  leur  donnent  souvent  une  certaine  adhérence 
entre  eux,  paraît  plut&t  correspondre  à  une  décomposi- 
tion d'une  roche  chroniifère  en  place,  ou  tout  au  moins 
<le  gros  blocs  charriés  sur  une  faible  distance  ;  le  fer 
chromé  est  ici  contigu  à  une  masse  assez  puissante  d'une 
argile  blanche,  très  i-iche  en  magnésie,  et  tachée  de 
points  rouges  d'oxyde  de  fer,  qui  arrête  d'ailleurs  l'ex- 
ploitation. Le  tout  est  recouvert  d'un  manteau  de  la 
formation  ordinaire  d'argile  rouge,  qui  est  parsemé  de 
iJébris  de  fer  chromé,  et  qui  contient  par  places  quelques 
■"Ognons  cobaltiferes.  C'est,  rappelons-le,  tout  près  de  là 
qu'ont  lieu  les  exploitations  de  cobalt  que  nous  avons 
précédemment  décrïtes. 

i).  —  Gisements  détritiques  de  fer  chromé 
DU  orodpë  de  la  bais  Noo. 

Au  Sud-Est  de  Nouméa,  les  vallées  de  la  rivière  des 
Pirogues  et  de  la  rivière  Ngo  se  montrent  encore  parti- 
culièrement riches  en  fer  chromé,  et  des  exploitations 
N'y  sont  poursuivies  d'une  façon  continue  depuis  près  de 
nngt  ans. 

Dans  la  première  de  ces  vallées,  elles  étaient  actives 
il  y  a  quelques  années  (snr  les  mines  Joséphine,  Chrome- 
Rouge,  etc.),  mais  aujourd'hui  elles  sont  interrompues 
parce  que  les  minerais  les  plus  riches,  minerais  du  type 
(lit  «  chrome  d'alluvions  »,  sont  épuisés,  et  parce  que  l'on 
n'a  pas  cru  devoir  entreprendre  jusqu'ici  l'exploitation  des 


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:j02  RICHESSES   MINERALES   DE  LA   NODVELLB-CAÛDOKIE 

minerais  en  roche,  paratt-il  assez  riches,  qui  j  sont  enccHV 
connus  ;  il  ne  reste  qu'une  exploitation  aujooni'hiu  ouverte 
dans  le  bassin  de  la  rivière  des  Pirogues,  encore  est-elle 
si  voisine  du  bassin  de  la  rivière  Ngo  que  c'est  par  !a 
vallée  de  celle-ci  que  ses  produits  sont  évacués. 

Dans  cette  demière  rallée  il  a  également  été  fait  déjà 
des  extractions  assez  importantes,  et  les  deux  mines  en 
activité  au  moment  de  notre  passage  n'étaient  pas  loin 
d'être  épuisées,  A  la  mine  14  Juillet,  située  k  5  kilo- 
mètres de  la  mer  sur  la  rive  droite  de  la  vallée,  on  a 
exploité,  au  milieu  des  argiles  rouges,  une  sorte  de  banc 
irrégulier  de  "  chrome  d'alluTlons  »  d'une  cinquantaïue 
de  mètres  de  longueur  et  d'une  largeur  maxima  de 
40  mètres;  il  était  constitué  par  des  fragments  juxta- 
posés de  fer  chromé  très  pur  avec  interposition  de  très 
peu  d'éléments  étrangers,  si  bien  qu'il  livrait  du  minerii 
brut  à  54  et  55  p.  100  de  sesquioxydo  do  chrome. 
Après  avoir  épuisé  ce  hanc,  on  a  encore  trouvé  par  places 
de  petites  traînées  de  minerai  que  l'on  achève  d'enlever; 
on  s'assure  en  outre,  en  exécutant  de  distance  en  dis- 
tance des  sondages  à  la  main,  qu'il  n'existe  pas  d'autres 
bancs  semblables  dans  la  couche  d'aide  qui  est  laissée 
au-dessus  des  serpentines  compactes,  et  qui  dépasse 
encore  souvent  10  mètres  d'épaisseur.  Dans  ces  mêmes 
argiles  on  a  rencontré  à  peu  de  distance  un  peu  de  mine- 
rai de  cobalt  dont  on  tente  l'exploitation. 

La  mine  Georges  Pile,  qui  est  située  tout  au  fond  de 
la  vallée,  dans  le  cirque  oii  la  rivière  Ngo  prend  sa  source, 
a  emporté  des  travaux  plus  développés,  dont  l'examen 
est  d'ailleurs  instructif  au  point  de  vue  du  mode  de  for- 
mation du  gisement;  le  minerai  s'étageait  le  long  de  la 
pente  assez  raide  de  la  montagne,  entre  les  cotes  235  et 
325,  et  sur  une  cinquantaine  de  mètres  de  largeur.  Au 
sommet  de  la  montagne,  ou  du  moins  à  fort  peu  de  dis- 
tance de  la  crête  en  descendant  vers  le  versant  de  la 


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tUNBRAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION   DES    SERPENTINES    303 

rivière  Ngo,  on  voit  affleurer,  au-dessous  de  la  couche 
l'argile  rouge  qui  recouvre  le  sol  et  au  milieu  des  ser- 
pentines qui  constituent  le  massif,  une  tète  de  roche 
ihromifère  constituée  par  des  grains  de  fer  chromé  dis- 
léminés  dans  une  pâte  silicatée;  descendant  la  pente  et 
parcourant  ainsi  de  haut  en  bas  les  travaux  de  la  mine, 
m  voit  d'abord  dominer,  au-dessus  de  la  serpentine  en 
jlace,  les  blocs,  à  peine  décomposés  et  légèrement 
'riables,  de  cette  roche  chromifêre,  ils  sont  recouverts 
l'une  faible  épaisseur  d'argile  rouge  stérile;  plus  bas, 
'éboulis  comprend  à  la  fols  des  blocs  serpentineux  et 
tes  blocs  chromifêres,  mais  à  ces  blocs  s'associent  des 
fragments  plus  petits  de  roche  chromifêre  qui  sont  suW- 
samment  altérés  pour  que  le  fer  chromé  en  soit  aisé  k 
iéparer  par  lavage  ;  le  tout  est  d'ailleurs  empâté  dans  une 
irgile  magnésienne  grasse,  bigarrée,  dont  certains  lits 
(ont  nches  en  grains  de  fer  chromé.  Plus  bas  encore  les 
îlocs  éboulés  que  l'on  rencontre  reposant  sur  la  roche 
ious-jacente  ne  sont  plus  que  des  blocs  de  serpentine, 
rénéralement  altérés,  et  transformés  en  une  sorte  d'ar- 
file  magnésienne  qui  garde  encore  la  couleur  et  la  con- 
iguration  de  la  péridotite  serpentinisée,  maïs  qui  n'a  plus 
kucune  consistance;  les  blocs  chromifêres  ne  se  retrouvent 
ilus,  même  à  l'état  friable,  mais  ils  font  place  à  une  tral- 
lée  très  riche  en  grains  de  fer  chromé  au  sein  de  l'argile 
■ouge,  traînée  dont  l'épaisseur  atteint  par  places  1  mètre 
;t  même  plus,  et  dans  laquelle  l'argile  renferme  souvent 
plus  de  la  moitié  de  son  poids  de  grains  de  fer  chromé. 
En  continuant  encore  îi  descendre  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, on  voit  cette  traînée  chromifêre  s'effiler,  se  bifur- 
luer,  et  se  perdre  en  quelques  petits  amas  de  moins  en 
moins  riches.  Un  tel  gisement,  que  la  fig.  7  de  la  PI.  IV 
représente,  d'une  manière  schématique  mais  aussi  fidèle 
que  nous  avons  pu,  manifeste,  d'une  façon  qui  n'est  nulle- 
ment douteuse  à  nos  veux,  quelle  a  été  sa  genèse.  Tan- 


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^4  RICHfiSBBS  U1NÉRALE8    l>B   LA   HOOVKLLK-C&LÉDONIB 

dis  que  l'érosion  et  la  décompoaitiOD  de  la  péridtriitc 
ilonnaieDl  lieu  k  l'éboulement  le  long  du  flanc  de  U  men- 
tagne  de  blocs  serpentûieux,  les  ua$  frais,  les  aotrei 
transformés,  ou  devant  se  trausEorraer  ultérieuremeDt,  w 
une  pâte  magnésienoe,  et  à  la  formation  d'un  mantou 
il'argile  rouge,  les  mêmes  effets,  s'exerçaut  sur  la  tèt« 
lie  rocbe  cbromifëre  que  l'on  voit  en  place,  et  qui  semble 
avoir  été  particulièrement  accessible  aux  actions  destruc- 
trices, n'oot  laissé  intacts,  ou  à  peu  près,  que  quetquet 
blocs  enti'slnés  à  peu  de  distance  et  rapidement  englobés 
<Iaii8  l'argile,  tandis  que  les  autres  se  désagrégeaient: 
leurs  matières  silicatées  étaient  partiellement  dissoDtei 
ot  partiellement  entraînées  mécaniquement  à  plus  ou 
moins  longue  distance,  les  griAns  inattaquables  et  lourds 
de  fer  chromé  se  précipitaient  au  contraire  tels  quels  au 
milieu  des  éléments  qui  formaient  l'u^e  rouge,  et  J 
constituaient  une  traînée  qui,  puissante  au  Toisinagt 
même  du  giRcmeut  de  la  roche  mère,  s'amincissait  d'au- 
tant plus  rapidement  eu  descendant  que  le  fer  chromé, 
eu  raison  de  sa  densité,  se  précipitait  et  se  axait  plut 
vite.  Ajoutons  que  la  formation  argileuse  et  magoé- 
KÎenne,  loin  d'être  homogène  comme  elle  le  parait  à 
la  surface,  se  montre  boujourâ  zonée  et  veinée  de  cos- 
leurs  variées,  correspondant  sans  doute  k  1^  présenct 
dominante  de  tel  ou  tel  métal  dans  les  matériaux  qui  se 
déposaient  ;  le  plus  souvent  elle  est  rouge  ou  jauiie,  mais 
parfois  aussi  on  y  relève  dos  traînées  coIch^s  en  vert 
p&te  par  un  peu  de  nickel  ou  bien  noircies  par  <le  l'oxyde 
de  manganèse;  on  y  constate  aussi  la  présence  de  traces 
d'oxyde  de  cobalt;  enfin  de  minces  traînées  de  produits 
Lalqueux  y  sont  fréquentes. 

Ce  gisement,  dont  l'exploitation  est  presque  terminée 
aujourd'hui,  a  donné  heu  à  l'ouverture,  sur  toute  la  Ui^ 
gourde  la  traînée  chromifère  qui  ne  dépasse  guère  50 à 
■60  mètres,  d'une  série  de  chantiers  en  gradins,  qui,  ^rès 


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MISERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   305 

avoir  enlevé  la  couche  argileuse  stérile,  ont  permis 
l'exploitation  de  foutes  les  parties  chromifères  friables. 
On  a  ainsi  obtenu  un  minerai  constitué  de  petits  grains 
de  fer  chromé,  cristaujt  de  1  kg  millimètres  de  côté  en 
général,  empâtés  d'argile  en  proportion  de  moitié  à  peu 
près.  Dans  ces  conditions  le  complément  indispensable  de 
l'exploitation  était  un  atelier  de  lavage  ;  il  a  été  établi,  à 
3  kilomètres  plus  bas  dans  la  vallée,  en  un  point  où  l'eau 
était  assez  abondante  pour  suffire  non  seulement  au 
lavage,  mais  encore  à  la  production,  au  moyen  d'une  roue 
liydraiilique,  delà  force  motrice  nécessaire,  La  mine  est 
réunie  à  la  laverie,  et  celle-ci  l'est  au  bord  de  la  mer,  par 
deux  sections  de  tramway,  longues  respectivement  de  3 
et  5  kilomètres,  et  qui  ne  sont  munies  que  de  rails  en 
bois  ;  le  transport  du  minerai  s'y  fait  à  l'aide  de  che- 
vaux. 

Le  lavage  comprend  d'aiiord  un  criblage  à  la  maille  de 
J/2  centimètre,  à  la  suite  duquel  on  rejette  toutes  les 
matières  qui  refusent  de  traverser  cette  maille,  et  qui  ne 
peuvent  contenir  que  du  fer  chromé  impur,  en  raison  de  la 
finesse  de  son  grain;  puis  on  procède  à  un  débourbage 
sur  une  sorte  de  <i  round-buddle  »,  auge  circulaire  kfond 
incliné  dans  laquelle  touiTient  des  palettes  conduites  par 
un  arbre  vertical,  et  qui  est  parcourue  par  im  abondant 
courant  d'eau;  une  vanne  permet  de  faire  tombM"  de 
temps  en  temps  les  parties  lourdes  qui  se  rassemblent  au 
fond,  et  qui,  après  égouttage,  constituent  le  minerai  pur, 
tenant  souvent  jusqu'à  55  p.  100  de  sesquioxyde  de 
chrome  ;  les  parties  entraînées  par  l'eau  passent  dans  un  ' 
long  sluice  en  bois  où  elles  déposent  des  produits  mixtes 
qui  sont  relavés.  La  laverie,  qui  comprend  trois  round- 
buddle,  peut  laver  environ  4  tonnes  de  minerai  brut  à 
l'heure  et  produire  ainsi  2i'  à  25  tonnes  de  minerai  lavé 
par  journée  de  douze  heures.  L'exploitation,  autrefois 
assez  active,  était  en  diminution  marquée  au  moment  de 


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306  RICHESSES  MINÉBALEB  DE  LA   NÔL'VBLLK-CALÉDOSIB 

notre  passage,  en  raison  de  l'épuisement  des  ressources 
connues  ;  elle  n'employait  que  23  hommes  en  tout. 

Un  échantillon  du  minerai  produit  que  nous  ayons  an»- 
lyaé  contenait  : 

Perte  an  feu 0,4 

„  ,  . ,    .       ,        .,       \  Sesquioxyde  de  fer  et  alumine..     3,8 

Somme  dans  les  acides,  i  .,       ,  .  „ , 

(  Magnésie 0,k 

i  Silice S,( 

,  .,                          t  Sesquioiyde  de  chrome M,l 

'"»"""" î  Prolnyd.  dB  ter !T.« 

(  Magnésie  et  alumine tfi 

Il  ne  reste  en  activité  actuellement,  c<)nime  exploitatioii 
appartenant  au  bassin  de  la  riTièire  des  Pirogues,  que  la 
■  mine  Alice-Lotme  (Voir  la  /ig.  3  de  la  PI.  IV),  située 
dans  la  vallée  de  la  rivière  Naporérédjeimé,  non  loin  de» 
sommets  sur  le  versant  sud-oriental  desquels  se  tronvemt 
les  mines  Bonne-Veine,  la  Tchaux,  etc.,  et  au  pïed  d'nn 
col  derrière  leqiiol  coule  la  rivière  Ngo;  c'est  d'ailfenra 
en  franchissant  ce  col  par  nn  transporteur  que  les  mine- 
rais de  cette  mine  sont  descendus  au  bord  de  la  mer  le 
long  de  la  vallée  de  larivlfere  Ngo. 

Le  gisement  de  la  mine  Alice-Louise  est  le  plus  pas- 
sant des  gisements  de  fer  chromé  d'origine  détritique  que 
nous  ayons  été  h  même  d'examiner  en  Nouvelle-Calédonie; 
il  est  surtout  remarquable  par  ta  hauteur  verticale  sur 
laquelle  se  rencontre  le  minerai,  comme  si  les  fragmente 
entraînés  par  les  eaux  s'étaient  précipités  dans  quelque 
gouffre  profond  ouvert  sur  leur  passage.  L'expIoitatitHi. 
qui  a  lieu  au  voisinage  du  thalvceg  de  la  vallée,  s'est  en 
effet  développée  en  carrière  k  ciel  ouvert  jusqu'à  28  mètres 
de  profondeur.  Ouverte  en  1895,  elle  se  pourtuit  encore 
aujourd'hui  avec  une  production  de  2.500  tonnes  par  an; 
elle  aurait  livré  depuis  le  début  30.000  tonnes  de  minerai, 
dont  la  teneur  aurait  varié  de  50  ii  52  p.  100. 


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MimiM»  Associés   A  LA   FORMATION   DBS   BEaPBWItSItë   807 

Le  gisement,  comme  nous  l'aTons  dit,  se  trouve  à  peu 
<ie  distance  du  thalweg  d'une  vallée  qui,  tans  âtre  large, 
n'est  cependant  pas  étroitement  encaMsée,  et  les  travaux 
se  développent  dans  un  sol  dont  la  surface  présente  une 
pente  Felativement  faiUe.  Ce  sol  ei^t  entièrement  consti- 
tué par  Un  puissent  dépôt  d'argile  rouge,  recouvert,  le 
plus  souvent,  de  grains  ferrugineux,  mais  parfois  aussi, 
romme  au  point  où  l'exploitation  a  lieu,  de  fragments  de 
fer  chromé  plus  ou  moins  volumineux.  En  s'enfonçant 
dans  le  sol,  en  a  d'abord  rencoatré  au  mili«u  de  l'argile 
rouge  des  poc^s  isolées  de  minerai  en  gros  fragments; 
plus  bas,  mais  toujours  tians l'argile,  dont  la  codeur  varie 
d'ailleurs  du  brun  au  rouge  et  au  janne,  apparaît  une 
couche  assez  constante  de  grain»  noirs  ferrugineux  et  man- 
ganésifères  plus  ou  moins  agglomérés  en  rognons;  puis 
au-dessous  viennent  des  traînées  4e  fer  chromé,  en  petits 
grsin»  le  plus  souvent  ^ctaédriqu«s  ;  ces  trstnées  affectent 
des  formes  peu  régulières:  tanMt  elles  sont  de  faibles 
dimeDsions  et  de  formes  allongées,  groupées  en  assez 
grand  nombre  sur  une  hauteur  de2à  3  mètres,  comme  le 
montre  la  fig.  8  de  la  PI.  IV  ;  tantôt  ce  sont  des  masses 
plus  puissantes.  Plus  bas  la  formation  devient  plus 
ifrégulière  encore,  et  complètement  Ingarréê;  elle  pré- 
sente, d'une  façon  qui  ne  peut  guère  laisser  de  doutes  sur 
l'interprétatioii  à  ilonner  à  cette  apparence,  l'apparence 
de  blo<-s  de  serpentine  plus  ou  moins  roulés  qni  auraient 
subi  s«r  place  une  décomposition  complète,  réduisant  toubi 
les  éléments  cm  produits  de  consistance  argileuse  et  diver- 
sement colorés  de  brun,  de  rouge,  de  noir,  de  verdAtre,  etc. 
Entre  ces  argiles  bigarrées  se  développent  et  se  rainitîeHt 
•les  amas  noirs  de  fer  chromé,  tantôt  en  grains  al»sol«- 
ment  coniiigus  qui  semblent  s'être  déposés  dans  les  inter- 
viJles  des  -Uocs  rocbeex  ^i  devaient  ensuite  se  trans- 
former en  argile,  tantôt  en  fragments  emp&té»  dans  une 
plus     ou    moins  grande  quantité   de    produits    siliostés 


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308  RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NOOVELLE-CALÊDONIB 
friables,  paraissant  provenir  de  blocs  de  roche  cliromiTere 
qui  auraient  été  transformés  tout  comme  la  serpentine. 

Les  quantités  de  fer  chromé  ainsi  concentrées  sont 
généralement  suffisamment  importantes  pour  justiaer 
l'abatage  du  tout  :  on  parvient  de  la  sorte  jusqu'à  des 
profondeurs  d'une  vingtaine  de  mètres,  en  atteignant 
soit  la  serpentine  compacte,  soit  un  banc  d'argUe  rouge 
que  des  sondages  ont  montré  être  stérile;  d'autres  fois 
on  s'arrête  à  une  profondeur  où  l'épuisement  des  énormes 
fosses  creusées  par  l'eiploitation  devient  trop  difficile. 

C'est  dans  ce  gite,  fort  irrégulier,  comme  on  pent  en 
juger  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  se  pour- 
suit une  exploitation  non  moins  irrégulière;  elle  comporte 
le  creusement  dans  l'argile  de  fosses  de  formes  variées, 
s'enfonçant  par  gradins  dans  tous  les  points  oii  l'exploi- 
tation est  rémunératrice,  c'est-à-dire  dans  les  points  ob 
l'on  arrive  à  extraire  au  moins  1  mètre  cube  de  minerai 
brut  pour  3  ou  4  mètres  cubes  de  stérile.  L'exploi- 
tation est  parvenue  actuellement  à  22  mètres  de  pro- 
fondeur-, la  nature  grasse  du  terrain  protège  asses  bien 
les  excavations  contre  l'afflux  des  eaux  courantes,  et 
ce  ne  sont  guère  que  les  eaux  de  pluie  qui  s'y  préci- 
pitent ;  l'assèchement  des  gradins  supérieurs  est  assnré 
par  des  tunnels;  maïs,  pour  les  gradins  inférieurs,  cela 
n'est  plus  possible,  et  ils  ne  restent  découverts  que 
lorsqu'il  ne  pleut  pas  trop.  Le  minerai,  abattu  à  la  pelle 
et  à  la  pioche,  est  ensaché  et  remonté  au  niveau  de  la 
surface  par  un  treuil  àbras;  puisilestroulé  par  tramway, 
sur  800  mètres  environ,  jusqu'au  pied  d'un  transporteur 
aérien  qui  lui  fait  franchir  le  col  qui  sépare  la  mine 
Alice-Louise  de  la  vallée  de  la  baie  Ngo,  par  oii  se  fait 
l'expédition  du  minerai,  et  où  s'en  fait  le  lavage  à  la 
faveur  d'un  cours  d'eau  suffisamment  abondant  et  sur- 
tout suffisamment  permanent.  Le  transporteur,  long  de 
2.200  mètres,  ne  présente  pas  entre  ses  deux  extrémités 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION  DES   SERPENTINES   309 

UDô  difTérence  de  niveau  suffisante  pour  pouvoir  être 
automoteur;  il  est  actionné  par  une  petite  machine  à 
vapeur  placée  à  la  laverie  ;  celle-ci  assure,  comme  celle 
de  la  mine  Georges-Pile,  un  simple  débourbage  du  minerai 
brut,  qui  ne  rend  pas  plus  de  50  p.  100  en  poids  de 
minerai  marchand,  à  une  teneur  variant  de  51  à  52p.  100. 
Le  minerai  lavé  est  descendu,  par  le  tramway  dont  nous 
avons  déjà  mentionné  l'existence,  jusqu'à  la  baie  Ngo,  où 
il  est  embarqué. 

La  mine  occupait  au  moment  de  notre  passage,  avec 
tous  ses  services  accessoires,  environ  55  ouvriers  ;  elle 
produisait  en  moyenne  230  tonnes  par  mois,  soit  à  peu 
près  10  tonnes  par  jour  de  travail. 

E.  —  Autres  gisements  de  fer  chromé. 

Fréquents  sont,  sur  toute  l'étendue  de  la  formation 
sorpentineuse,  les  gisements  de  fer  chromé  d'origine 
détritique  que  noua  avons  rencontrés  en  parcourant  la 
colonie,  et  fréquents  aussi  sont  sans  doute  ceux  qui 
seraient  exploitables  ;  néanmoins,  les  seules  exploitations 
en  activité  au  moment  de  notre  passage  étaient  celles  du 
dôme  de  Tiebaghi,  celles  du  groupe  de  la  baie  Ngo,  celle 
de  la  baie  Ouié  et  enfin  celles  des  environs  de  la  rivière 
de  Pourina  situées  à  une  quarantaine  de  kilomètres  au 
Nord  de  ces  dernières. 

Après  avoir  donné  quelques  indications  sur  les  premières 
d'entre  ces  exploitations,  qui  sont  de  beaucoup  les  plus 
importantes,  puisque  celles  des  deux  derniers  groupes 
n"ont  pas  produit  ensemble  en  1901  plus  de  1.500  tonnes 
de  minerai,  nous  mentionnerons  différents  autres  gise- 
ments que  nous  avons  pu  examiner;  cela  montrera  bieu 
que,  si  le  fer  chromé  est  particulièrement  abondant  dans 
deux  massifs  qui  sont  précisément  riches  aussi  en  cobalt, 
à  savoir  le  massif  du  dôme  de  Tiebaghi,  et  le  massif  qui 


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310  BfCHBsua  iiiNBiU[.n  db  la  nodvellb-«alédonib 
98  dév^oppe  en  étoile  Mitr«  les  vallées  de  b  rÏTière  dos 
Pirogues,  de  la  rivière  tigo,  dm  différents  ruisaaaux 
qui  ae  jettent  dans  la  bai»  du  Sud^,  et  de  la  rivïèro  ✠
Lacs,  it  existe  égademeat,  «t  non  pas  wulieinetitt  à  aitre 
de  minéral  mtéressaot  au  point  de  vite  g<^ogique,  mais 
làen  comme  tnînerai  éTentueltemeat  «xploitaMe,  dans 
beaucoup  d'autres  points  ;  et  celii  fera  v<àr  eu  même  tempK 
qn'ii  peut  également  se  rencontrer  dans  lee  eerpentioes 
riches  en  nickel. 

Nous  rappelons  d'abord  que  nous  avons  signalé  la  pvé- 
sence  du  chrome  «a  roche,  peut-être  susceptible  d'être 
exploité,  à  Saint-Vincent  dans  use  vaUéeoil  les  gisemeats 
de  nickel  sont  nombreux,  et  près  de  Bourail  tout  à  cdtô 
de  la  mine  de  nickel  Iteau-Soleil,  et  que  M.  Gamier  en 
supputait  l'exploitation  au  mont  Dore  dans  le  massif  même 
oii  le  minerai  de  nickel  a  ét6  trouvé  pour  la  première 
fois  ;  l'exploîlation  du  fer  chromé  a  d'ailleurs  été  teott'o 
autrefois  iImis  ce  massif. 

D'antre  part,  nous  mentionnerons  que  nous  aTons  trouvé 
du  fer  <-brofné  en  «bondaiice  dans  les  saUes  de  la  petite 
ririère  Pouendoti  présde  Népoui,  {«'oveuant  a^iaremiDent 
de  qoelque  gisement  plus  oti  moins  important,  et  que,  dans 
l'une  de«  carrières  aujoui^'lmi  abandonnées  de  la  mine 
la  Doni©  k  Kouaoua,  o*i  avait  rencontré  un  filon  de  fer 
chromé  dont  il  avait  été  «battu  quelques  beaux  blocs  de 
minerai.  En  parcourant  los  régions  ricbos  en  nickel  de  la 
haute  vallée  de  la  OtR-nglii,  nous  avons  observé,  dans 
l'une  des  traînées  relativement  peu  fn^quentee  d'argile 
pouge  qui  se  rencontrent  dans  ce  massif  otl  les  pentea  des 
montagnes  sont  fort  raides.  un  dépôt  de  fer  chromé  du 
môme  type  que  ceux  que  l'on  expkfite  sous  le  nom  de 
chrome  d'alhivions  ;  eufln,  auprès  de  la  Dumbéa,  nous 
avons  vu  poursuivre  des  recherches  pour  nickel,  pour 
cobalt  et  pour  chrome  sur  le  môme  périmètre,  et,  ai  elles 
n'avaient  pas  abouti  à  des  résultats  satisfaisants,  elle» 


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MIt49BAIS   ASSOCIÉS   A,  LA   FDBJiATlON   D£S   SERPENTIN^   311 

avaient  néajinrfoios  montré  Vçxisteiice.  simultanée  de  quaif- 
tit^^  notables  de  minorai»  des  trois  métaux. 

F.   —   SjTDAXlON   ^ONOHUJOl»   DES   EXFLOlTATIpNS 
QE   VSA   CUfiOUB. 


L@a  i^Metques  tlétaij^  ime  i^ijs  veaoas  île  doimer  montreut 
-combieu  sont  diverses  les  contons  ^ao]qiq,ijes  dans  Les- 
4},Ui^Ue8  3e  trouvent  les  différente  gisements  que  nous 
avons  signalés  :  «^ue  le  f^i;  chrojné  s'y  repcoj^tre  en  roche 
ou  sous  la  forme  d'éléments  détritiques,  les  frais  d'aba- 
tago  sont  très  variables  avec  la  puissance  et  la  régularité 
4u  gite,  ils  sont  d'ailleurs  toujours  notablement  plus 
faibles  d;^s  le  deuxième  ça^  que  dans  le  premier  ;  les 
trais  de  lavage  sont  à  ajouter  aux  frais  d'abatage  lorsque 
le  minerai  n'est  pas  assez  pur  pour  être  marchand  tel  quel, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  ne  lient  pas  au  moins  50  p.  100  de 
sesquioxyde  de  chrouiç.  Les  frais  d'extraction  proprement 
dite  n'existent  généralement  point,  ils  sont  rçnjplacés, 
comme  (^us  presque  toutes  les  exploitatipus  de  la  colo- 
nie, par  des  frais  de  descente  au  bord  de  la  mer,  frais  qui, 
{;r&ce  à  l'emploi  do  plans  ùiclinés  aériens,  sont  assez 
Mbles;  il  faut  d'ailleurs  y  ajouter  les  frais  d'ensarhage. 
Eiiflo  un  élément  capital  du  prix  de  revient  est  constitué 
par  les  frais  de  transport  du  pied  de  la  ipine  jusqu'au 
ibateau  qui  doit  emporter  le  minerai  :  ceux-ci  comprennent 
presque  toujours,  d'une  part,  un  trajet  de  plusieurs  kilo- 
mètres par  voie  de  lerre  et,  d'autre  part,  un  cbalan- 
-da^e  ;  ces  dépenses  varient  naturellement  du  tout  au  tout 
■avec  la  situation  géographique  du  gisement. 

Malgré  les  variations  que  subissent  tous  ces  éléments 
-du  prix  de  revient,  uo^s  fournissons  à  litre  d'indication 
les  quelques  chiBTres  qui  suivent  et  qui  sont  relatifs  à 
l'exploitation  du  <>  chrome  d'alluvions  ».  Pour  les  mines 
4e  fer  chromé  en  roclie  nous  n'avons  aucune   donnée  : 


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312   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

l'exploitation  n'en  a  été  tentée  que  rarement  et  jamais 
avec  un  succès  durable,  même  au  début  alors  ijue  le 
minerai  valait  à  peu  près  le  double  de  ce  qu'il  vaut  aujaur- 
d'hui,  mais  aussi  alors  que  les  conditions  générales  d'ex- 
ploitation étaient  plus  onéreuses.  Il  semble  cependant  que 
Ton  puisse  dire  qu'à  moins  de  conditions  réellement  favo- 
ralbles  au  point  de  vue  du  lavage  du  minerai  (înstallalion 
d'une  laverie  travaillant  dans  des  conditions  économiques 
et  donnant  un  bon  rendement)  et  du  transport  (création 
d'une  voie  ferrée  dont  les  frais  de  premier  établissement 
ne  seraient  pas  trop  élevés  et  pourraient  être  répartis 
siu-  un  tonnage  très  important),  l'exploitation  d'un  mine- 
rai en  roche,  qui  n'aurait  pas  à  l'état  de  tout  venant  une 
teneur  commerciale,  n'apparait  guère  comme  devant  être 
rémunératrice.  Les  frais  d'abatage  seront  en  effet  tou- 
jours assez  élevés,  d'autant  plus  que  l'on  manque  de  bons 
mineurs  et  que  l'on  est  obligé  d'avoir  recours  à  des 
mineurs  australiens  que  l'on  paie  fort  cher  ;  s'ils  devaienl 
se  rapporter  à  un  minorai  ne  rendant  en  fer  chromé 
marchand  que  moitié  de  leur  poids,  comme  cela  a  été  le 
cas  pour  certaines  tentatives,  et  cela  après  une  dépense 
plus  ou  moins  importante  de  broyage  et  de  lavage,  le 
prix  de  revient  augmenterait  immédiatement  dans  une 
large  proportion.  Si,  au  contraire,  on  peut  extraire  immé- 
diatement, d'un  amas  ou  d'un  filon  d'une  puissance  suffi- 
sante pour  éviter  des  travaux  au  stérile  sérieux,  du 
minerai  marchand  qu'il  n'y  ait  qu'à  expédier,  il  semble 
qu'une  exploitation  doive  pouvoir  prospérer,  et  il  est 
vraisemblable  que  pareille  tentative  sera  faite  à  plus  ou 
moins  bref  délai  sur  les  beaux  affleurements  que  nous 
avons  signalés. 

Dans  les  gisements  dits  «  d'allnvions  »,  oii  l'exploita- 
tion ne  comporte  ([ue  des  travaux  de  terrassement  dans 
des  terres  de  consistance  argileuse,  les  frais  d'abatage 
sont  généralement  faibles,  bien  que  la  dépense  d'abatage 


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UINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   313 

du  minerai  proprement  dit  soit  chargëe  des  frais  corres- 
pondant à  l'enlèveraent  des  terres  de  recouvrement  et 
des  parties  stériles  entre  lesquelles  se  trouvent  les  traî- 
nées riches.  En  pratique  on  n'hésite  pas  à  abattre  3  ou 
i  mètres  cubes  de  ces  terres  pour  extraire  1  mètre  cube 
de  minerai,  on  va  même  parfois  jusqu'à  5  ou  6  mètres 
cubes  de  stérile  pour  i  de  minerai;  les  frais  d'aba- 
tage  du  mètre  cube  variant  entre  1  et  2  francs,  on 
voit  que  l'abatage  du  minerai  peut  coûter  en  moyenne 
de  5  à  8  francs  par  mètre  cube.  Exceptionnellement 
un  tel  mètre  cube  de  minerai  brut  se  trouve  être 
marchand  tel  quel,  il  constitue  alors  un  poids  de  3  à 
4  tonnes  de  fer  chromé  ;  le  plus  souvent  il  doit  être 
lavé  et  peut  rendre  de  1  à  2  tonnes  de  minerai  mar- 
chand. Les  frais  d'ensachage  et  de  descente  jusqu'au 
pied  de  la  mine  sont  très  variables,  ils  représentent, 
comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus,  assez  peu  de  chose  comme  frais  de 
main-d'œuvre  ;  mais  ce  qui  intervient  surtout,  c'est  l'amor- 
tissement des  installations,  et  celui-ci  doit  souvent  être 
réparti  sur  un  petit  nombre  de  milliers  de  tonnes,  quand 
le  gisement  est  peu  étendu,  comme  c'est  le  cas  pourphis 
d'un  de  ces  gisements  de  fer  chromé;  en  comptant  une 
charge  moyenne  de  10  francs  par  tonne  de  minerai  mar- 
chand tant  pour  les  frais  conrants  que  pour  l'amortisse- 
ment et  l'entretien  des  installations,  ouest,  à  notre  avis, 
à  peu  près  dans  la  moyenne.  Le  lavage  du  minerai, 
lorsqu'il  a  lieu,  comporte  des  frais  de  main-d'œuvre 
notables,  fréquemment  des  dépenses  de  combustible 
(généralement  du  bois  que  l'on  peut  se  procurer  sur  place 
à  bas  prix),  et  une  charge  d'amortissement  souvent  impor- 
tante, surtout  lorsque  l'on  est  amené  à  dépenser  plusieurs 
dizaines  de  milliers  de  francs  (nous  avons  déjà  mentionne 
combien  est  élevé  le  prix  de  la  moindre  installation  méca- 
nique) pour  l'installation  d'une  modeste  laverie.  Ilest  donc 


^4  vcassau  iiuiiiMUM  os  i^  i«oqvsL.i.B-cij.Éi>oiii£ 
asaâz  rare  que  le  I^v^b  n^viâiuie  à,  vaQtoB  de  10  frao^i 
par  tonne  environ*  Quant  au  transport  à  la  iner.  s'il  a 
lieu  par  iea  routes  de  terr^,  qtii  août  le  plus  souveat  dafw 
UD  état  d'entretien  déployable,  il  ne  colite  pas  moitié  de 
<y',75  k  1  franc  par  bonne  kilométrique  ;  si,  au  contrée,  il 
alieu  par  tramway,  I^a  frais coupaD.ts es  août  très  réduili. 
aux  dépens  d'une  charge  d'aroortiasement  qui,  évaluée 
par  tonue,  varie  eu  raison  inverse  de  1a  quantité  deniii^ 
rai  à  extraire  ;  en  reprenant  les  chiffra  que  noua  avou£ 
déjà  donnés,  de  15  â  20.UrX)  francs  par  kilutniétEe,  comme 
représentant  les  frais  d'iostallation  d'uQ  tran)way,  Qfi  voit 
qu'il  a  y  a  ifUérèt  k  La  création  d'un  traintiray  que  lors- 
^lu'ou  doit  extraire  plusieurs  dizaipes  de  uiiUiere  de 
tonnes.  Enfin  les  frais  de  chalandage  jusqu'au  bateau  qui 
doit  emporter  le  minerai  représentent,  noua  l'aTOUs  dit 
déjà,  de  3  à5  francs  par  tonne. 

Dans  ces  conditions  le  prix  de  revient  par  tenue  de 
minerai  marchand  peut  varier,  pour  une  exploitation  nior 
deste  placée  dans  des  ix>uditi<His  moyennes,  entre  les 
limites  suivantes  : 

Abatoge  (par  touoe  de  minerai  nmrcband).  5  à  10  francs 

Frais  d'ensachage  et  de  descente 10      — 

Frais  de  lavage,  s'il  y  a  lieu tO  à  15      — 

Frais  de  transport  et  de  chalandage 10     — 

Le  prix  d'achat  en  Nouvelle-Calédonie  des  minerais  de 
■chrome  variant  actuellement  entre  50  et  60  francs  la 
toune,  suivant  la  teneur,  on  voit  que,  pour  une  exploita- 
tion astreinte  au  lavage  du  minerai,  il  reste  peu  de  marge 
pour  réaliser  un  bénéfice,  à  moins  que  des  conditions  de 
gisement  favorables  ne  permettent  d'abaisser  les  frais 
spéciaux,  ou  do  diminuer  les  charges  d'amorUsaemeut  par 
une  répartitior.  des  dépenses  aur  un  grand  nombre  de 
milliers  de  tonnes. 

Cs  dernier  point  est,  à  notre  avis,  un  de  ceux  qui  ne 


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MINKBAIB   AUOCIÈ*  A  LA   FORMATION    0E&  aBBPBNTINSS   316 

-devraient  pas  Mxe  perdus  de  vue,  mais  qui  l'est  trop  soU" 
v«iit  :  il  y  aurait  fréquemment  intiérët  pour  le  propriétaire 
-d'une  mine  à  cbercher  à  en  tirer  tout  ce  qu'elle  peut 
donner,  en  l'aiuéBa^eaat  avec  soin  de  manière  à  exploiter 
BMi  poi  seulemeoi.  une  petite  région  particuJiéreaiont 
ricbe,  mais  ea«ore  lea  autres  parties  qui,  bien  que  nuHus 
favorisé»»  par  le>  conditions  naturelles^  pourraient  être 
prtae»  nvec  profit  par  ce  seul  fait  qu'use  partie  dea  ins- 
tallations serait  déjà  payée  par  l'exploitation  de  la  por- 
tioo.  \a  pluericlte,  et  que  d'autres  itutallationa,  teUea  que 
-celles  de  moyens  de  transport  économiques,  seraieut  jus- 
liMes  par  k' perspective  de  leur  utilisation  pour  un  ton- 
nage aui^sant.  Il  faudrait,  nous  sommes  encoi'e  un»  fois 
«oodiiit  à  le  répéter,  que  les  exploitations  minières 
fuBseat  précédées  d'une  étude  un  peu  sériouve  du  gise- 
nteat,  puis  efttre[»'iae3  et  poursuivies  avec  plus  de  pré- 
voyaoce  qu'elles  ue  le  sont  géoéraleioeat,  et  c«la  par  un 
■ooiQcessjioeaaire  soucieux  d'exploiter  en  bon  père  de  fa^ 
mille  la  nchesse  qui  lui  a  été  concédée,  plutôt  que  par 
un  amodiataire  à  court  bail  qui  cherche  seulement  k 
réaliser  dans  le  plus  court  délai  possible  un  certain  bé- 
néfice. 

Quant  aux  délK>ucliéa  du  ferclu-oinéiils  paraissent  assez 
bien  aaawéa  et,  autant  <4ue  l'on  peut  prévoir  quelque 
-choae  au  Kujet  d'un  minerai  dont  les  gisements  actuelle- 
ment exploités  sont  peu  nombreux,  sa  valeur  parait  ap- 
pelée à  se  maintenir  aux  environs  du  cliiffre  qu'elle  atteiut 
-actueUement. 

Lorsque,  il  y  a  quai-anle  ans  bientôt,  M.  Gamier  songeait 
le  premier  à  l'utilisation  du  fer  chi'oiué  de  Nouvelle-Calê- 
-donie,  il  en  Hxait  la  valeur  à  3iX)  francs  la  tonne  rendue 
•eafrance,  et  indiquai!  qu'il  pourrait  en  être  vendu  plusieurs 
anlUera  de  tonnes  par  an  ;  à  cette  époque  les  usages  du 
/er  chromé  étaient  à  peu  près  re^^treints  à  la  fabrication  des 


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816   RICHESSES  MINÉRALES  DE   LA  NOU\'BLLE-CALBI>ONIB 

produits  chimiques.  En  1875,  M.  Heurt«au  évaluait  k 
4.000  tonaes  laconsommationdiifer  chromëen  France  età 
150  ou  1 60  fraacs  la  tonue  la  valeur  qu'aurait  sur  le  marché 
européen  le  minerai  de  Nouvelle-Calédonie.  En  1880, 
lorsque  ont  eu  heu  les  premières  exploitations  sérieuses,  les 
conditions  du  marché  étaient  à  peu  près  les  mêmes,  et  la 
statistique  officielle  tïxe  à  100  francs  la  valeur  sur  place 
de  ce  minerai,  qui  était  grevé  de  50  à  60  francs  de  fret 
jusqu'en  Europe. 

Depuis  lors,  la  demande  de  fer  chromé  s'est  notablement 
acrnie,  non  seulement  en  raison  d'une  augmentation  de  la 
consommation  des  chromâtes  comme  oxydants,  de  l'alim 
de  chrome  et  des  produits  colorants  à  hase  de  chrome, 
mais  surtout  en  raison  de  son  double  emploi  dans  la  métal- 
lurgie à  la  fois  pour  produire  le  ferro-chrome  nécessaire  i 
la  fabrication  des  aciers  durs  au  chrome  (pour  blindages, 
obus  de  rupture,  aciers  outils,  etc.),  et  pour  la  fabrication 
de  certaines  soles  de  fours  basiques.  On  consomme  actuel- 
lement, croyons-nous,  dans  le  monde  entier,  environ 
20.000  à  25.000  tonnes  de  fer  chromé  riche  pour  la 
fabrication  des  produits  chimiques,  plusieurs  milliers  de 
tonnes  de  ferro-chrome,  tenant  aux  environs  de  70  p.  100 
de  chrome  métal,  pour  la  fabrication  dos  aciers  durs,  el 
un  assez  grand  nombre  de  milliers  de  tonnes  de  fer 
chromé  relativement  impur  pour  la  fabrication  dos  soles. 

A  cet  accroissement  de  consommation  a  correspondu 
l'ouverture  de  différentes  explottntions,  et  un  abaissement 
des  prix.  La  valeur  du  fer  chromé  calédonien  sur  place, 
évaluée  parla  statistique  de  l'exportation,  s'est  rapidement 
ahainsée  de  100  francs  la  tonne  (en  1880)  à  60  francs  (en 
1894),  et  s'est  depuis  lors  maintenue  assez  régulièrement 
entre  50  et  60  francs.  Le  for  chromé  vaut  actnellement 
eu  Europe  aux  environs  de  l:iO  francs  la  tonne  pour  une 
teneur  de  50  p.  10<J  de  sesquioxyde  de  chrome.  Au 
moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  marchés  y 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   317 

étaient  conclus  sur  les  bases  suivantes  pour  le  minerai 
rendu  rous  palans  et  ensaché  :  la  teneur  minima  à  laquelle 
Je  minerai  était  accepté  était  celle  de  50  p.  lOOde  ses- 
quioxyde  de  chrome,  la  tonne  était  payée,  suivant  les 
conditions  de  détail  des  marchés,  de  48  à  50  francs; 
d'autre  part,  une  plus-value  de  2'%50  par  tonne  était  ac- 
cordée pour  chaque  unité  pour  cent  de  sesquioxyde  de 
chrome  en  plus  de  50, 

Ce  chiffre  de  50  p.  iOi3,  regardé  comme  nécessaire 
pour  la  fabrication  de  certains  produits  chimiques,  n'est 
pas  une  limite  inférieure  indispensable  pour  que  le  fer 
chromé  soit  utilisable  pour  la  fabrication  des  ferro-chromes 
par  exemple,  mais  c'est  celle  qui  est  pratiquement  fixée 
actuellement  par  tous  les  marchés  en  Nouvelle-Calédonie, 
et  l'on  ne  peut  guère  espérer  la  voir  s'abaisser  notable- 
ment, étant  donné  que  le  minerai  est  ensuite  grevé  d'un 
fret  presque  égal  à  sa  valeur  sur  place.  D'ailleurs,  pour 
un  minerai  relativement  facile  à  trier  et  à  laver,  comme 
le  fer  chromé  calédonien,  ce  n'est,  pour  l'amener  k  cette 
teneur,  qu'une  question  de  soin  dans  l'exploitation  et  de 
création  d'installations  de  lavage,  peu  compliquées  d'ail- 
leurs, puisque,  comme  nous  l'avons  indiqué  ci-dessua,  le 
minerai  lourd  contenu  dans  les  gUes,  soit  en  roche,  soit 
d'alluvions,  parait  être  du  fer  chromé  très  riche  en  chrome. 
Quant  aux  impuretés  qui  le  souillent,  nous  avons  déjà 
dit  que,  dans  les  gites  dits  d'alluvions,  ce  sontsurtout  des 
pellicules  d'oxyde  de  fer  et  des  traces  d'argile  rouge, 
qui,  rappelons-le,  est  composée  surtout  d'oxyde  de  fer, 
de  magnésie  et  d'un  peu  d'argile,  et  que,  pour  les  gise- 
ments en  roche,  ce  sont  des  silicates  alumino-magnésiens. 
Diverses  analyses  qui  ont  été  publiées  montrent  que, 
pour  les  minerais  enrichis,  ces  impuretés  se  réduisent 
gurtout  à  de  la  silice  et  à  de  l'oxyde  de  fer.  M.  Garnier 
donne  dans  son  mémoire  de  1867  (*),  pour  un  minerai  de 


ntoc.c 


.,  p.  83. 


bïGoO<^l 


318  ttlCHSWES  UirtÉRALES  DE  LA  NODVBLLB-CAlinMinB 
choix,  l'analyse  que  nous  reproduisoDs  ci-desaooB  avor 
le  n*  1  ;  nous  en  rapprochons  lea  aBalyses  qoe  noos 
avons  faites  et  que  boos  aTona  citée»  ci-dessus  ;  elles  ae 
rapportent  :  le  n*  2,  à  on  bel  échantillon  de  fer  chromé 
en  roche,  sensiblement  pur,  ramasse  sUr  rafflenremeat 
de  la  mine  Anna-Madeleine  (baie  du  Sud)  ;  le  n'  3,  â  on 
échantillon  de  fer  chromé  d'alluTÏoa»,  UTé,  prodoit  par 
]a  mine  Georges-Pile  (baie  Ngo],  et  le  n*4,  à  an  écfau- 
tillon  de  minerai  impur  (petits  grains  de  -fiR*  chromé 
noyés  dans  une  gangue  silicatée)  ftrorraant  de  te  maet 
Chromière,  près  de  Saint-Vincent. 

113  4 

Sesquioiyde  de  chrome 61,333  «8,M  S8,10  SZ,m 

Protoxyde  de  fer 30,6  n,l«  27.»  »,« 

Alumine 0, 1 1 4        3,00  3,80  4^ 

Magnésie 0,012  11,10  3,20  8,60 

Silice 4,625         »  5,10  4,» 

On  comprend  par  là  que  les  minerais  actaellement  pn>~ 
duits  et  «mnus  en  Nonvelle-Calédoaîe,  avec  ieor  tenear 
élevée  en  chrome  et  leur  faible  proportion  d'impuretés  «a 
dehors  du  fer,  soient  très  appréciés  à  la  fois  poar  la  fa- 
brication des  produits  chimiques  et  pour  ceUe  des  fsm- 
chromes  ;  leur  étal  palvéralent  les  rend  mm^  propres  à 
la  fabrication  des  soles  de  fours  basîqnes,  où  l'on  n'eut- 
ploie  qu'exceptionnellement  des  pisés  et  des  briqw» 
artificielles,  pr^rant  généralement  les  blocs  natarsls. 

11  nous  reste  à  donner  quelques  int^catnns  snr  les  con- 
currents de  la  NouvelIe-Galéd<Miie  potïr  l'approviaiomBe- 
ment  du  monde  en  fer  chromé. 

D'après  tes  tableaux  statistiques  publiés  dans  Tkt 
Minerai  Induslry,  les  quantités  de  fer  chromé  explutéee 
dans  tes  dentièrea  années  jusqu'en  1900  par  les  différents 
pays  auraient  été  les  sinvantes  : 


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UINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION  DiÉS   SERPBfrrttmi  919 


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14.300 

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36.329 

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1.19B 

4.388 

12.480 

717 

b.3,il 

41 

B.M 

4.5% 

48.733 

BOO 

Ï.HB 

S. «00 

IO.*ïi 

!M«i.l 

3.Sa 

le 

8.283 

«.74H 

Mm.1 

48.777 

Cette  statistique  n'eut  petit-ôtre  pas  abiolutnent  com- 
plète, spécialement  en  ce  qni  concerne  la  Turquie  d'Asie^ 
ob  une  partie  importante  du  minerai  exploité  échbppeniit 
aux  droit»  et  en  m&me  temps  à  la  statistique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Nourelle-Calédonie  a  été  pendant 
toutes  ces  dernières  années  l'un  des  deux  on  trois  plus 
importants,  lorBqu'ellen'était  pas  le  plus  important,  des- 
pays  producteurs  de  fer  chromé,  et  sa  production  a  aug- 
menté encore  de  plus  de  moitié  de  i900  à  190f 
{17.649  tonnes  en  1901)  pour  retomber,  il  est  vrai,  à 
10.28i  tonnes  en  d902;  elle  fournit  à  elle  seule  environ 
le  quart  de  la  consommation  totale  du  monde. 

Il  semble,  d'après  les  renseignements  très  incomplets 
que  nous  possédons,  que  ce  ne  soit  qu'en  Asie  Mineure  et 
dans  l'Oural  que  l'on  trouve  des  gisements  de  fer  chromé^ 
qui  soient  dans  des  conditions  naturelles  comparables  k 
celles  des  gisements  de  la  Nouvelle-Calédonie  ;  si  ces  der- 
niers ont  le  désavantage  de  leur  éloignement  et  des  con- 
ditions industrielles  peu  favorables  du  paya,  ceux  de 
l'Oural  sont  astreints  à  de  longs  transports  par  voie  de 
terre,  et  ceux  de  l'Asie  Mineure,  situés  dans  un  pays  oii 
les  entreprises  industrielles  sont  singulièrement  malaisées 
k  conduire  d'une  façon  régulière,  ont  eux  aussi  leurs  dif- 
ficultés spéciales  ;  d'autre  part,  si  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  on  ne  peut  guère  espérer  voir  le  fret  s'abais- 
ser encore  beaucoup,  il  y  aurait  beaucoup  k  faire  pour 
remédier  aux  djftlcultés  résultant  de  la  situation  indus- 


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320   RICHESSBS  MINÉEALBS   DB   LA   NODVEI.LE-CALÉDONIB 

trielle    générale  de    la  colonie,  comme  noua  le    ferons 
ressortir  dans  ce  qui  suit. 

'  Nous  croyons  avoir  suftîsanimeut  montre  combien 
nombreux  scot  les  gisements  de  fer  chromé  en  Nouvelle- 
Calédonie,  combien  beaucoup  d'entre  eux  sont  favorises 
parles  conditions  mêmes  de  gisement,  et  combien  il  serait 
possible  d'en  tirer  un  meilleur  parti  le  jour  où  on  les 
exploiterait  avec  des  vues  plus  larges. 

Nous  ne  doutons  donc  pas  que  l'industrie  du  fer  cliromé, 
qui  a  pris  un  beau  développement  ait  cours  de  ces  der- 
nières années  et  qui  a  représenté  un  chiffre  d'affaires  de 
plus  de  un  demi-million,  atteignant  même  près  de  un  mil- 
lion en  1901,  ne  soit  appelée  à  uu  essor  plus  large,  et  ne 
puisse,  pendant  de  longues  années  encore,  apporter  un 
important  appoint  à  la  prospérité  de  l'industrie  minière 
de  la  colonie. 


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CHAPITRE  III. 
LES  iaH£RAIS  SE  PEA. 


'  Indications  générales. 


Nous  ne  pouvons  pas  terminer  ce  qui  a  trait  aax  mine- 
rais associés  à  la  grande  formation  serpentineuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  sans  faire  mention  des  quantités 
énormes  de  minerais  de  fer  qui  sont  associées  à  cette  for- 
mation ;  leur  abondance  ne  saurait  passer  inaperçue  aux 
^eiix  de  ceux  qui  circulent  dans  la  colonie,  et  aussi  bien 
M.  Garnier  que  M.  Hourteau  y  ont  consacré  une  partie  de 
letirs  études  sur  les  rifliesscs  minérales  de  la  colonie. 

M.  Garnier,  dans  son  mémoire  de  1867  (*),  s'exprimait 
ainsi  :  «  Lorsque  l'on  voit  ces  montagnes  entières  de  fer 
hvdroxydé  s'élever  au  bord  de  la  mer,  dans  le  fond  de 
ports  sûrs,  on  se  demande  pourquoi  les  navires  du  com- 
merce qui  quittent  toujours  la  Nouvelle-Calédonie  sur 
lest  ne  viennent  pas  chargés  de  ce  minerai,  qui  peut  avoir 
une  valeur  agsez  élevée  »  ;  il  ajoutait  que  l'essai  par  voie 
sèche  de  ce  minerai  avait  donné  un  culot  d'une  fonte 
blanche  assez  tenace  indiquant  une  teneur  dfc  51,30  p.  100 
<le  fer;  il  mentionnait  enfin  que  le  minerai  tient  toujours, 
disséminée  dans  sn  masse,  une  certaine  quantité  de  chro- 
raate  de  fer. 

M.    Heurteau  (")  signalait    la  présence   en   NouvcUf- 


.vCîooglc 


33S  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NODYELLE-CALÈDONIE 

Calédonie  du  fer  oivdé  et  hydroxydé  sons  diverses 
formes,  d'abord  au  milieu  des  terrains  anciens  du  Nord 
de  l'île,  et  surtout  dans  les  serpentines  ;  il  notait  la  forte 
teneur  en  fer  des  argiles  magnésiennes  produites  par  la 
décomposition  des  serpeiitines,  mais  s'arrêtait  uniquement 
aux  amas  de  blocs  scoriacés  de  fer  hydroxydé  chromifère 
que  l'on  rencontre  sur  le  flanc  des  montagnes.  Faisant 
observer  qu'on  ne  peut  songer  à  installer  des  hauts 
fourneaux  et  à  fondre  le  minerai  sur  place,  et  constatant 
que  l'Australie  no  peut  lui  offrir  un  débouché,  et  que,  d'autre 
part,  »  un  minerai  de  fer,  quelles  que  soient  sa  richesse 
et  sa  pureté,  ne  peut  supporter  les  frais  de  transport  jus- 
qu'en France  que  s'il  possède  quelque  propriété  spéciale 
qui  le  fasse  rechercher  par  les  usines  pour  être  employé 
par  elles  on  quelque  sorte  comme  réactif  et  mélangé  à 
d'autres  minerais  " ,  il  insistait  sur  ce  fait  que  les  minerais  de 
la  Nouvelle-Calédonie  qu'il  avait  fait  analyser  en  France 
tenaient  des  proportions  très  notables  de  chrome,  et  il 
concluait  qu'il  serait  intéressant  de  faciliter  des  essais 
d'emploi  en  France  du  minerai  chromifère  de  la  Nouvelle- 
Calédonie. 

Nous  n'avons  pas  connaissance  que  de  tels  essais  aient 
jamais  été  faits,  et,  si  l'on  a  souvent  parlé,  depuis  lors,  des 
richesses  considérables  que  représentent  ces  amasde  mine- 
rai de  fer,  on  n'a  jamais  rien  fait  pour  tenter  leur  mise  en 
valeur;  il  a  seulement,  à  une  certaine  époque,  été  pris 
des  peniiis  de  recherches  pour  minerai  de  fer  sur  des 
étendues  considérables  au  voisinage  de  la  baie  du  Sud, 
dans  un  Imt  qui  était  vraisemblablement  tout  autre  que 
celui  d'y  faire  des  recherches  ou  d'étudier  sérieusement 
l'utilisation  des  minerais' qui  s'y  rencontrent. 

Bien  que  nous  ne  voyions  pas  pour  le  moment,  et  raênie 
pour  un  avenir  assez  lointain,  la  possibilité  de  tirer  un 
parti  quelcoiupie  de  ces  minerais,  nous  en  décrirons 
hricvenient  les  gisements. 


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UINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION   DBS   SERPENTINES   3S3 

Le  fer  ne  cunstitue,  ea  somme,  qu'un  élément  presque 
decondaire  des  péridotites  et  des  roches  serpentineusea 
auxquelles  elles  donnent  naissance,  puisque  l'analyse  n'y 
décèle  que  de  5  à  12  p.  100  de  seaquioxyde  de  fer, 
soit  seulement  de  3,5  à  8  p.  100  de  fer  métallique,  alors 
que  ta  magnésie  constitue  de  3  à  4  dixièmes  du  poids 
total  de  ces  roches,  et  la  silice  de  4  à  5  dixièmes;  mais  le 
fer  se  concentre  très  fréquemment  sous  des  formes  que 
nous  pouvons  ramener  à  trois  types  distincts  :  les  blocs 
scoriacés  d'hématite  rouge,  les  grains  d'hématite  plus  ou 
moins  hydratée,  et  les  amas  de  sesquioxyde  de  fer 
hydraté  pulvérulent  associé  à  de  la  silice,  de  l'argile  et 
de  la  magnésie,  que  nous  désignons  sous  le  nom  d'argiles 
rougea, 

B.  —  Descriition  des  principaux   types  de  minerais. 

Les  blocs  scoriacés  d'hématite  rouge  se  rencontrent, 
avec  des  dimensions  très  variables,  sur  le  flanc  et  sur  les 
crêtes  des  massifs  de  péridotite,  et  parfois  jusqu'à  leur 
pied.  Ils  sont  extérieurement  d'une  coloration  foncée  et 
mate  due  aux  actions  atmosphériques  ;  brisés,  ils  donnent 
une  cassure  irrégulière  à  aspect  bleu  métallique,  quelque- 
fois il  reflets  rouges,  et  leur  poussière  est  rouge  ;  ils  sont 
peu  ou  pas  magnétiques,  et  l'analyse  montre  qu'ils  sont 
essentiellement  constitués  d'hématite  rouge  ou  sesquioxyde 
de  fer  anhydre.  Leur  forme  est  irrégulièro,  et  ils  se 
montrent  caverneux  ou  vacuolaires  dans  toute  leur  masse, 
mais  la  matière  dans  laquelle  s'ouvrent  les  vacuoles  est 
de  l'hématite  dure  et  compacte;  leurs  dimensions  varient 
de  celle  du  poing,  et  même  moins,  à  une  fraction  impor- 
tante de  mètre  cube;  les  plus  gros  blocs  se  rencontrent 
généralement  au  sommet  des  montagnes  ou  au  voisinage 
des  sommets;  ils  sont  tout  particulièrement  abondants 
sur    les  plateaux  et  sur  les  pentes  douces    recouvertes 


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324   RICHBSSB8   HINBBALB8   DB  LA   NODVELLE-CALSDOHIE 

d'épais  manteaux  d'argile.  Leur  présence  est  en  particu- 
lier  si  constante  sur  les  crêtes  que,  depuis  des  temps 
reculés,  les  Canaques  ont  coutume  de  s'en  servir  pour 
élever  sur  les  crêtes,  aux  croisements  des  sentiers,  des 
pyramides  ou  des  amas  de  ces  blocs  servant  à  la  fois  de 
repères  et  de  fétiches.  Nous  avons  noté  la  présence 
d'amas  particulièrement  puissants  de  ce  genre  de  mine- 
rais sur  les  pentes  douces  que  suit  la  route  de  Nouméa  à 
Prony  pour  descendre  vers  Prony,  dans  le  massif  du  mont 
Kougouhaou,  à  la  baie  de  Bâ,  au  dôme  de  Tieba^i,  et 
même  sur  presque  toutes  les  montagnes  de  la  formatioa 
serpe ntineu se.  Nous  ignorons  d'ailleurs  complètemeut 
quel  peut  être  le  développement  de  ces  gisements  en 
profondeur,  puisque  nous  ne  pouvons  même  pas  dire  si 
les  blocs  que  l'on  rencontre  sont  uniquement  des  blocs 
volants,  ou  si  certains  d'entre  eux  ne  seraient  pas  les 
tètes  de  filons  uu  d'amas. 

Le  mode  de  formation  qu'il  cjjniient  d'attribuer  k  cc-s 
blocs  d'hématite  est,  en  effet,  loin  d'être  certain  : 
M.  Hourteau,  rapprochant  la  grande  abondance  de  ces 
blocs  tout  autour  de  l;t  baie  du  Sud  de  l'existence  encore 
actuelle  de  sources  thermales  dans  la  région,  déclare  que 
les  minerais  de  fer  paraissent  y  avoir  été  déposés  par  des 
sources  minérales  (');  d'autre  part,  il  indique  que  les 
blocs  de  fer  do  l'île  Ouen  pourraient  bien  provenir  de  la 
destruction  du  chapeau  ferrugineux  d'un  filon  d'euphotide. 
Nos  observations  personnelles,  qui,  en  dehors  de  l'examen 
même  des  gites  de  nickel,  cobalt  et  chrome,  et  surtout 
des  gites  exploités  on  vraisomblablementexploitaMes,  ont 
nécessairement  dû  être  très  restreintes,  faute  de  fempi', 
ne  nous  permettent  pas  de  présenter  d'argument  décisif  à 
l'appui  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  théories  ou  de  tonte 
autre.   Nous  aurions  cependant,  pour  notre  part,  beau- 

(•)  toc.  cU..  p.  38S. 


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HIHERAI8   Al;SOCIB&   1  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  325 

coup  de  peine  à  admettre  que  ces  énormes  quantités 
de  blocs  d'hématite  puissent  provenir  de  la  simple  alté- 
ration superficielle  d'une  partie  des  roches  de  la  for- 
mation serpentineiise  :  c'est  là  une  idée  qui  se  présente 
immédiatement  à  l'esprit,  nous  en  convenons,  mais,  en 
examinant  les  rhoses  de  plus  près,  on  reconnait  qu'il 
est  l>eaucoup  plus  vraisemblable  qae  ce  soient  les  argiles 
roupes  qui  représentent  relui  des  éléments  de  la  décom- 
position actuelle  des  péridotites  où  s'est  concentré  ie  fer 
qui  y  était  contenu  :  et  il  nous  parait  bien  difficile  d'ad- 
mettre qoe  des  roches  rfont  la  teneur  moyenne  est  de 
8  à  9  p.  100  de  ses^uioxyde  de  fer,  avec  une  densité 
voisine  de  3,  aient  pu,  en  perdant  leurs  éléments  essen- 
tiels, siliceet  magnésie,  et  sans rint«rveniion  d'importants 
phénomènes  métamorphiques,  donner  naissance  k  des  blocs 
souvent  énormes  ayant  une  densité  apparente  (cavités 
comptées  dans  le  volume)  de  4  à  5  et  constitués,  jusqu'à 
concurrence  dii  80  ài(Op.  100enpoidB,pardusesquioxyde 
de  fer.  Une  telle  transformation  ne  serait  possible  qu'en 
supposant  un  déplacement  canipletdu  fer  avec  dissolution 
de  cet  élément,  ce  qui  revient  à  l'hypothèse  de  la  formation 
par  des  sources  minérales  sur  laquelle  nous  reviendrons, 
M.  Heurteau  invoque,  il  est  vrai,  non  pas  la  décomposi- 
tion des  péridotites,  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  serpen- 
tines, mais  celle  de  filons  d'euphotide^  mais,  d'une  part, 
nous  n'avons  précisément  pas  rencontré  'Je  filons  d'eupho- 
tide  dans  les  points  oii  les  blocs  d'hématite  sont  le  plus 
abondants,  et,  daufre  part,  si  l'ouphotide  peut  contenir 
des  pyroiénes  tenant  plus  de  8  à  9  p.  100  de  sosquioxydo 
de  fer,  la  magnésie  est  vraisemblablement  toujours  doini- 
Bante  dans  ces  pyroxènes  comme  elle  l'est  dans  tous  les 
silicates  ferro-magnésiens  que  nous  avons  rencontrés  eu 
Nouvelle-Calédonie,  et,  en  outre,  la  silice  est  d'autani 
plus  abondante  qu'elle  apparaît  aussi  dans  les  feldspaths  ; 
il  en  résulte  que  les  raison-s  que  nous  donnons  ci-dessus 


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326  RICHESSES   MINERALES   DE  LA   NO0VBLLE-CA1,EDON1E 

pour  ne  pas  admettre  que  les  hématites  en  questioa  pro- 
viennent de  l'altération  de  péridotites  nous  paraissent  toal 
aussi  sérieuses pourn'en point  faire  chercher l'ori^ÎDe dans 
la  simple  décomposition  superficielle  de  roches  moin^ 
basiques,  mais  peut-être  un  peu  plus  ferrugineuses,  qui 
s'y  rencontreraient  en  Dlons.  Nous  ne  croyons  pas  d'ail- 
leurs que  de  semblables  formations  d'hématite  aient  jamais 
été  reconnues  pour  avoir  une  pareille  origine  ;  les  blocs 
en  question  diffèrent  en  effet  essentiellement  de  tout  ce  . 
que  l'on  rencontre  d'habitude  dans  les  chapeaux  de  fer 
des  filons,  môme  lorsque  ceux-ci  sont  constitués  par  âe^ 
roches  ou  des  minerais  riches  en  fer. 

L'hypothèse  suivant  laquelle  ces  minerais  de  fer  auraient 
été  déposés  par  des  sources  minérales,  chaudes  ou  non, 
serait  assez  séduisante,  d'autant  plus  qu'on  trouve  parfoi:' 
ces  blocs  ferrugineux  groupés  autour  de  crevasses  ou  de 
cheminées  plus  ou  moins  circulaires  s'ouvrant  dans  les 
argiles,  et  dans  lesquelles  on  pourrait  songer  k  voir  la 
trace  des  émissaires  de  sortes  de  geysers  dont  les  eaiiï 
auraient  contenu  le  fer  en  dissolution.  Mais  l'aspect  même 
de  ces  minerais,  qui,  bien  que  présentant  dans  leur  masse 
de  nombreuses  vacuoles,  sont  en  somme  formés  d'hématite 
compacte  et  ne  sont  nullement  concrétionnés,  est  loin  de 
confirmer  pareille  hypothèse,  et  nous  n'avons  relevé  nulle 
part,  comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  pour  ceux  Jf 
cobalt,  des  apparences  accusant  nettement  le  caractère 
de  dépôts  de  sources,  tels  que  ceux  que  nous  voyons 
actuellement  se  former  sous  nos  ^eux. 

Nous  avons  dit  au  contraire  que,  du  moins  en  certains 
points  {dôme  de  Tiebaghi,  par  exemple),  les  relations  de 
gisement  entre  l'hématite  et  le  fer  chromé  nous  ont  fait 
supposer  que  les  blocs  de  l'un  et  de  l'autre  minerai  pro- 
venaient d'un  même  gisement,  amas  ou  filon,  constitué 
originairement  de  fer  chromé  et  de  magnétite,  avec  ou 
sans  interposition  de  gangue,  et  que  les  blocs  caverneux 


bvGoogIc 


UINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   327 

d'hématite  représenteraient  simplement  les  chapeaux  plus 
on  moins  rongés  et  oxydés  des  amas  de  magnétite  ;  nous 
avons  en  outre  indiqué  k  l'appui  de  cet1«  manière  de  voir 
(jiie  les  ciirrosions  extérieurt^s  de  ces  blocs  nous  ont  paru 
parfois  indiquer  la  forme  d'anciens  cristaux  ocfaédriques 
de  magnélite,  qu'on  retrouve  des  fragments  attirables  à 
l'aimant  au  sein  do  ces  blocs,  et  enfin  ([ne  l'attaque  par 
l'acide  chtorhydrique  laisse  inattaqiiés  des  grains  de 
fer  cliromé  qu'il  serait  difficile  de  regarder  comme  a^ant 
également  été  déposés  pjirdes  eaux  minérales.  Tout  cela 
nous  porte  à  attribuer  la  formation  du  gisement  primitif 
d'oii  dériveni  ces  blocs  à  une  ségrégation  ignée  beaucoup 
plutôt  qu'à  des  sources  niinéndes. 

Les  quelques  analyses  qui  suivonl  monireni  entre  quelles 
limites  varie  lu  cDiiipusititin  do  ces  hénialites  :  les  deux 
premières  tronlre  elles  onl  été  exécutt'os  à  l'KcoIe  des 
Mines  de  Paris,  par  M.  Moissenet,  sur  des  échantillons 
rapportés  par  M.  Heurtcau{'),  la  troisième  a  été  faite 
au  laboratoire  des  forges  de  Saint-Nazaire  sur  im  échan- 
l-illon  de  M.  Garnier  et  que  celui-ci  considérait  comme  du 
tout  venant  ("),  laqualiième  se  rapporte  à  un  échantillon 
typique  que  nous  avons  re<-ueilli  à  la  baie  Bâ  au  voisinjige 
<iu  gisement  de  cobalt  décrit  ci-dessus  et  que  nous  avons 
analysé  au  laboratoire  de  l'Kcole  dcrf  Mines  de  Sainl- 
Étienne. 


(')  HtunTEAU,  loc.  fit,,  p.  Ï86. 

('*)  Garnibr,  Mémoire  sur  tes  ghemeiili  de  o 
•1  la  Nouvelle-Caléilonie  {fiociéli  'les  Ingénient 
I"  semestre,  |i.  266). 


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tSa  KlCBEfrâES   MLVÉBALIS  DC   LA  NOCTELLB-CALÊOONIX 
t  :  I  4 

^'-* 5^        :«0  »'*■*'     1.45 

P«r4XTd«  d«  r^T 6*.W  n  M  »,« 

Okt<I«  rouçe  d»-  ■MgtB^r*.  £  0.60  K.06  trw* 

OiTd<^  *ert  de  chrone Ï.33  t^  X  6,i 

Aiuoiine --«f"  »»■  1,10  0,7 

Chaui —  —  0.10  0,i 

'■aïnêsie —  —  0,10  t™» 

Acide  pbO^phoriqnC kc  *mt  mm  4Êaà  0,06  0.I3T 

Cblomre  de  sodium a.imiàkL      O.M        —  — 

Aci Je  iulfarique O.W       0."0      «««        O.OW 

Perte  par  calcJDaliOD 16,60      14,30      10,30        1.15 

Nous  ajoiiteroDs.  en  ce  qui  concerne  le  dernier  éohantii- 
loii.  '(u'il  semblait  parfaitement  pur  de  tout  mélange  d'ar- 
f[i]o.  ou  d'autres  matières  étrangères.  qu*il  donnait  une 
<-as!>ure  franrlie  d'un  bleu  métallique,  et  qu'il  se  réduisait 
eu  mie  p'.ucsière  rouge,  .\ltaquéparracide  chlorbydrique 
concentré  et  chaud,  il  laissait  un  résidu  de  5.5  p.  100 
ronstitué  essentiellement  de  silice  et  de  fer  chromé;  son 
anaivse  élémentaire  pourrait  être  représentée  ainsi  qu'il 
suit  : 

Hématite  ronge 88,1  p.  iW 

Fer  chromé 3,3    — 

Oxyde  de  manganèse traces 

Oxyde  de  chrome  soluble  dans  l'acide  chlorbydrique.  4,2  p.  100 

Silice,  acide  tilanique,  argile,  chaux,  etc 3,55  — 

Humidité 1,43  — 

Les  chiffres  précédents  montrent  que  les  hématites  de 
Nouvelle-Cil lédotiie  constitueraient  de  bons  et  riches 
minerais  de  for,  puisque  leur  teneur  varie  de  50  à  60  p.  100 
de  fer  métallique  ;  elles  présentent  en  outre  la  particula- 
rité d'être  chargées  de  chrome. 

A  côté  des  gros  blocs  d'hématite  on  rencontre,  sur  les 
pentes  des    massifs  serpentineux  qui  ne  sont  pas  trop 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  [A.  FORMATION  DES  SERPBNTIMES  329 
abruptes  pour  empêcher  la  foriiiatioo  de  tout  dépôt  le  long 
de  ces  pentes,  des  lits  sonventtrès  épais  et  extrêmement 
étendus  de  grains  de  minerai  de  fer  de  la  grosseur  d'un 
pois  a  peu  près;  on  a  souvent  désigné  cette  catégorie  de 
minerais  sous  le  nom  de  fer  pisolithique,  nom  que  nous 
ne  croyons  pas  devoir  adopter,  car  ces  grains  n'ont  des 
fers  pisolithiques  connus  dans  nos  région»  que  la  dimen- 
sion, n'en  ayant  ni  la  forme,  ni  l'aspect  extérieur,  ni  la 
composition.  Rugueux  à  la  surface  et  recouverts  d'une 
couche  d'un  millimètre  environ  de  fer  hj'droxydé  plus 
ou  moins  pulvérulent,  ils  se  montrent  intérieurement  cons- 
titués d'hématite  rouge  et  paraissent  très  évidemment 
être  des  débris  de  blocs  d'hématite,  descendus  générale- 
ment plus  bas  sur  les  pentes  de  la  montagne  que  les  blocs 
intacts,  et  ayant,  du  fait  de  leur  division,  subi  plus  qu'eux 
l'effet  de  l'air  humide  qui  a  transformé  extérieurement 
l'hématite  rouge  en  hématite  brune. 

L'analj'se  d'un  échantillon  de  ces  grains  ferrugineux 
provenant  des  pentes  du  massif  de  péridotite  de  la  mine 
Hasard  à  Tomo  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 


Perte  au  feu 

i  Silice )6,2     \ 

Alumine 1,28  j 

Sesquioxyde  de  fer 0,57  f 

.  i>viuci.»iviujuiiiju^  .  Oxyde  1*00)»  derasoga-  i 

j      nèse 0,9    1 

I  Magnésie 0,25  I 

;  Silice 0,55  j 

l   PeroxyJe  de  fer 64,25  I 

l  Oxyde  rouge  de  jiKunga-  I 

„  .  . .     ,             1      ahaa 0,2    f 

Solubl.d.n.        /  Se.,«io.id.d.chrm..  2,0    \ 

'■"''""•'■''l'*"!»'J0.yde<l.  Bick.l 0,»    I 

f  Alumine 3,65  | 

I  Chaux 0,8     1 

Magnésie 0,15  1 


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330   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOtJVELLB-CALÉDONIE 

AVALISE   ËLilIBKTAlRE 

Silice 16,73 

Fer 45,37 

Manganèse 0,79 

Chrome 1,36 

Oxygène  combiné  aux  métaux 20,60 

Alumine 4,93 

Chaux 0,8 

HagDésie 0,4 

Eau 8,8 

Un  tel  minerai,  tenant  après  calcination  49,75  p.  4(W 
de  fer  métallique,  serait  encore  un  minerai  d'une  bonne 
richesse  ;  aucune  impureté  ne  s'y  montre  en  quantité  plus 
gênante  que  dans  l'échantillcm  n''4  du  tableau  qui  précède; 
le  chrome  y  est  en  quantité  notable,  c'est  un  point  sur 
lequel  nous  reviendrons. 

Enfin  des  amas  excessivement  importants  d'une  forma- 
tion rouge,  pulvérulente,  grasse,  imperméable,  et  pluson 
moins  plastique,  s'étalent  sur  toutes  les  pentes  douces 
des  massifs  serpcntineux  et  sur  tous  les  sommets  qui  no 
sont  pas  trop  abrupts,  et  se  développent  en  outre  dans  les 
différentes  «  vasques  u  qui  se  creusent  entre  les  saillies 
des  rochers  de  péridotite  plus  ou  moins  altérée. 

Ces  amas,  assez  fortement  hydratés,  sont  essentieliemeul 
constitués  d'oxydes  de  différents  métaux  parmi  lesquels 
domine  le  fer,  accompagné  d'un  peu  de  manganèse,  <Jp 
nickel  et  de  cobalt  ;  ces  oxydes  sont  associés  à  de  la  silice, 
à  de  l'argile  et  à  de  la  magnésie  ;  le  tout  englobe 
en  outre  différents  débris  minéraux  comprenant  principale- 
ment du  fer  chromé  et  de  l'enstatite  plus  ou  moins  altérée. 
Cette  formation  est  d'ailleurs  loin  d'être  homogène,  elle 
est  parfois  nettement  bigarrée,  d'autres  fois  elle  présenio 
des  couleurs  variant  du  rouge  orange  au  rouge  violart'  : 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   331 

certains  lits  sont  particulièrement  riches  en  silice  au  point 
de  constituer  plutôt  des  sables,  d'autres  sont  particulière- 
ment ocreux,  d'autres  enfin  plus  nettement  argileux. 

La  formation  est  généralement  recouverte,  et  partielle- 
ment mélangée,  des  grains  d'oxyde  de  fer  que  nous  venons 
de  mentionner;  elle  contient  souvent  de  véritables  lits  de 
fer  chroiné,  constituant  non  seulement  les  gisements 
exploitables  que  nous  avons  dt^crits,  mais  aussi  des  con- 
centrations beaucoup  moins  avancées;  elle  englobe  en 
outre  les  rognons  cobaltifères  et  manganésifêres  qui 
constituent  les  minerais  de  cobalt. 

On  aura  une  idée  de  la  constitution  chimique  de  ces 
masses  d'après  les  résultats  des  analyses  suivantes  :  les 
deux  premières  sont  rapportées  par  M.  Garland(*),  la 
troisième  a  été  faite  par  M.  Moore  au  laboratoire  du  ser- 
vice local  à  Nouméa  sur  un  échantillon  d'un  banc  spéciale- 
ment ocreux  exploité  comme  ocre  auprès  de  la  baie  du 
Sud,  les  quatrième  et  cinquième  ont  été  exécutées  par 
nous-mènie  sur  des  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Hasard  à  Tomo,  choisi  particulièrement  argileux, 
l'autre  de  la  mine  des  Boniets  à  Tliio,  pris  au  voisinage 
immédiat  d'un  gisement  de  nickel  exploité. 


Silice 

i8,42 

12,45 

5,88 

37,1 

8,9 

Sesquioxyde 

de  fer 

69,30 

66,36 

73,66 

36,5 

63,8 

0,45 

5,31 

3,0 

Oiydes  de 

nickel   et   de 

cobalt . . . 

1,64 

3,14 

0,98 

" 

1,7 

" 

■' 

Magnésie  et 

»yde  de  man- 

ganèse... 

0,39 

5,35 

0,74 

2,6 

6,7 

Sesquioxyde 

de  chrome.. 

,y 

2,13 

2,1 

Eau 

9,80 

i2,:o 

li,02 

ïio.r, 

13,9 

e  Mining  and  Mflallurgi/,  p.  121  à  148;  1S94. 


bïGoo<^L 


332    RICHESSES   UINEBALBB    DE   LA    NODVBLLB-CALEDOXIE 

Le  dernier  échautillon  présentait  l'analyse  immédiale- 
Buivante  : 

1  Sesquîoxyde  de  fer «l.fl 

Eléments  solubles  i  Magnésie 4,S 

dans  les  acides.   1  Silice 0,9 

'  Oxydes  de  nickel  et  de  coball 1,7 

!  Enslalile  altérée !.8 

iDSoluble [  Fer  chromé 3,1 

'  Argile  hydratée  et  silicates  divers.  11,0 

Eau  éliminée  par  calcination  légère 13,1 

La  teneur  en  fer  métallique  de  ces  différents  échantil- 
lons resstirt  respectivement  h  48,î)l  p.  iOO  —  46,45 
p.  100  —  51,56  p.  ICM),  —  25,55  p.  100  —  et  44,G& 
p.  100  à  l'éUt  cru,  et  à  53,78  p.  100  —  53,20  p.  100  — 
57,94  p.  100  —  32,14  p.  100  —  et  51,39  p.  100  après 
calcination;  ils  constitueraient  donc  encore  le  plus  sou- 
vent de  vcritables  minerais  de  for. 

Ajoutons  qu'il  existe  encore  beaucoup  de  fer  dans  les 
formations  ancionnes  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
comme  l'avait  indiqué  M.  Heurteau,  et  que  l'on  y  a  ren- 
contré certains  affleurements  qui  signalent  peut-Mre  des 
filons  ou  des  amas  de  minerai  de  fer  d'une  certaine 
importance.  C'est  ainsi  qu'on  nous  a  montré  des  échan- 
tillons provenant  du  sommet  du  Tanou  (ligne  de  (Tête 
eiitro  le  Dialiot  et  la  rivière  de  Koumac)  constitués  de 
belle  hématite  avec  gangue  de  quartz. 

C.  —   Utilisation  industrielle  des  minerais  db  fbf 

DE    LA    NoUVELLE-OaLÉDONIB. 

Les  indications  qui  précèdent  suffisent  à  montrer 
qu'il  existe  dans  la  colonie  des  ressources  très  impor- 
tantes en  minerais  de  fer,  d'une  richesse  parfaitement 
suffisante,  soit  crus,  soit  après  calcination,  pour  pouvoir 


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MINERAIS  ASSOaiS   A   LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES  333 

■être  employée  à  la  fabrication  de  la  fonte;  les  impuretés 
ffénéralement  à  redouter  dans  les  minerais  de  fer  ne 
paraissent  pas  y  exister  en  proportion  nuiï^ible,  tout  au 
pins  quelques-uns  d'entre  eux  sont-iU  chargés  de  magné- 
sie.  Mais  ils  renferment,  d'une  façon  constante  et  en  pro- 
portion notable,  du  chrome  et  souvent  un  peu  de  nickel,  ce 
qui  ne  serait  pas  sans  être  fort  f^ènant  pour  une  fabrica- 
tion courante,  si  ces  métaux  ne  s'éliminaient  pas  dans  le 
laitier  :  le  chrome  n'y  manquerait  sans  doute  pas,  puisqu'il 
est  toujours  difficile  dans  la  fabrication  des  ferro-chromea 
d'éviter  qu'il  n'y  passe  en  très  grande  abondance  ; 
pour  le  nickel  il  n'en  serait  peut-être  pas  de  même.  Une 
telle  question  ne  saurait  d'ailleurs  mieux  être  élucidôe 
que  par  des  essais  dans  les  conditions  de  la  pratique.  Si 
ces  deux  métaux  passaient  d'une  façon  sensible  dans  les 
fontes,  el  de  là  dans  les  fers  et  aciers,  ils  seraient  sii-;- 
ceptibles  de  donner  à  ces  proilnits  des  qnaUtés  excop- 
tioDuelles,  très  précieuses  pour  certains  usages,  mais  fort 
gênantes  pour  d'autres  ;  en  outre,  leur  présence  dans  le 
métal  rendrait  son  travail  beaucoup  plus  difficile.  Il  y 
aurait  donc  peut-^fre  déjà,  du  fait  de  la  présence  du 
chrome  et  du  nickel  dans  les  minerais  de  fer  de  la  Nou- 
yelie-Calédonie,  une   gône  pour  leur  emploi  courant. 

Si,  laissant  de  ci')té  cette  difficulté,  qui  ne  serait  sans 
doute  pas  un  obstacle  absolu  à  leur  emploi,  on  exa- 
mÎDe  quels  sont  les  débouchés  qui  pourraient  lenr  élre 
offerts,  on  constate,  comme  le  faisait  il  y  a  vingt-huit 
ans  M.  Hcurteau,  qu'ils  sont  nuls.  Malgré  un  certain 
développement  industriel  pris  par  la  colonie  depuis  cette 
époque,  on  ne  peut,  pas  plus  aujourd'hui  qu'alors,  songer 
à  la  création  d'une  industrie  du  fer  en  Nouvelle-Calédonie  ; 
nous  avons  suffisamment  fait  ressortir  la  difficulté  d'or- 
ganiser la  fusion  sur  place  du  minorai  de  nickel,  pour 
lequel  il  s'agit  de  réaliser  une  économie  de  fret  de  près 
de  40  francs  par  tonne  par  une  seule  opération  métalhir- 


bïGoQi^l' 


334  RICHE8SBS  MINÈKALBS  DB  LA.  NOCVELLE-CALÉDONIB 
gique,  pour  que  l'on  comprenne  que  la  production  dea 
fers  et  aciers  commerciaux  se  heurterait  à  des  difficultés 
très  nombreuses;  leur  prix  de  revient  serait  donc  vrsd- 
semblablenient  très  supérieur  à  celui  des  produits  impor- 
tés d'Europe;  d'autre  part,  la  fabrication  d'un  produit 
dont  la  valeur  n'est  pas  plus  élevée  que  la  fonte,  en  vue 
de  l'envoi  en  Europe,  n'est  pas  non  plub  possible,  surtout 
dans  un  pays  où  le  bon  charbon  sera  toujours  assez  cher. 

Pourrait-on  expédier  les  minerais  calédoniens  en  Aus- 
tralie? Cela  ne  parait  pas  davantage  possible;  il  n'existe 
pas  encore  d'industrie  du  fer  et  de  l'acier  en  Australie, 
bien  que  l'on  songe  sérieusement  à  en  créer  une.  Mais, 
en  vue  d'une  semblable  création,  des  recherches  ont  été 
faites,  surtout  en  Nouvelle-Galles  du  Sud  oii  se  trouvent 
de  beaux  gisements  houillers,  et  elles  ont  abouti  à  la 
découverte  de  nombreux  et  importants  gisements  de  fer, 
qui  pourraient  sans  doute  fournir  des  minerais  de  qualité 
suffisante  à  des  prix  notablement  plus  bas  que  ceux  des 
minerais  que  l'on  pourrait  amener  de  Nouvelle-Calédonie, 
et  qui  seraient  grevés  d'un  fret  de  10  à  12  francs.  Ajou- 
tons d'ailleurs  que,  n'en  fût-il  pas  ainsi,  par  exemple  au 
cas  oh  il  deviendrait  possible  de  combiner  des  expédi- 
tions de  minerai  de  fer  de  Nouvelle-Calédonie  en  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  comme  fret  de  retour  pour  lei  bateaux  y 
apportant  du  charbon,  il  est  très  vraisemblable  qu'avec 
les  tendances  très  protectionnistes  du  gouvernement  de 
la  Confédération  australienne,  des  droits  de  douane  vien- 
draient empêcher  pareille  concurrence  aux  gisements 
australiens. 

Quant  au  transport  des  minerais  de  Nouvelle-Calédo- 
nie en  France,  il  n'y  faut  pas  songer,  étant  donné  la  va- 
leur qu'ont  en  Europe  même  les  meilleurs  minerais  de  fer. 

C'est  d'ailleurs  Ik  la  considération  sur  laquelle  nous 
devons  insister  en  terminant  :  si  des  minerais  à  valeur 
relativement  élevée  peuvent  être  exploités  en  Nouvelle- 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION  DES   SERPENTINES  335 

Oalédonie,  non  sans  certaines  difficultés,  puisque,  malgré 
les  conditions  de  gisement  souvent  très  faciles  du  nickel, 
on  a  quelque  peine  h  le  produire  à  des  prix  sufflsanimeut 
modérés,  des  minerais  à  faible  valeur  comme  les  minerais 
de  fer,  dont  les  meilleures  qualités  valent  en  Europe  de 
15  à  20  francs,  ne  sauraient  même  à  notre  avis,  quelque 
facile  que  soit  leur  exploitation,  être  actuellement  rendus 
sons  palans  dans  la  colonie  à  des  prix  inférieurs  à  une 
semblable  limite.  Les  chiffres  que  nous  avons  donnés  ci- 
dessus  pour  les  frais  de  transport,  d'embarquement,  etc., 
suffisent  à  le  montrer. 

Dès  lors,  tout  concourt  à  faire  penser  que,  ni  aujour- 
d'hui, ni  avant  un  avenir  que  l'on  ne  peut  guère  escompter, 
les  riches  et  abondants  minerais  de  fer  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  ne  pourraient  Mro  utilisés. 


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QUATRIÈME  PARTIE. 
aiSXHZNTS  HJTALLIQUXS  DIVSAS. 


A  côté  du  fer.  du  nickel,  du  cobalt,  et  du  chrome, 
dont  les  gisements  sont  en  très  étroite  relation  stoc  la 
grande  formation  serpentineuse,  on  rencontre  dans  les 
autres  terrains  qui  constituent  le  sol  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  une  grande  variété  de  minerais  métalliques: 
sans  nous  arrêter  pour  l'instant  à  la  question  de  l'utilisa- 
tion possible  des  minerais  en  question,  nous  mentionne- 
rons qui  nous  y  avons  recueilli  nous-iaème  de  l'or,  du 
platine,  de  l'argent,  du  mercure,  du  cuivre,  du  plomb, 
(lu  zinc,  du  manganèse,  de  l'antimoine,  du  tungstène, 
du  titane,  du  molybdène;  nous  ajouterons  qu'on  avait 
cm  autrefois  rencontrer  égalcjneiit  de  l'étain,  mais  qu'il 
parait  bien  établi  que  celte  indication  était  erronée. 
De  tous  ces  métaux  divers;,  plusieurs  ont  été,  dans  le 
temps,  l'objet  d'exploitations  ou  de  tentatives  d'exploi- 
tation, ce  sont  l'or,  le  cuivre,  le  plomb  argentifère  et  l'an- 
timoine :  mais,  seul  parmi  eux,  le  cuivre  a  donné  lieu. 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  une  exploitation  d'uae 
prospérité  réelle  et  d'une  certaine  durée.  Quant  aui 
autres  métaux,  ils  n'ont  été  que  signalés,  et  leurs  gise- 
ments n'ont  jamais  été,  à  notre  connaissance,  l'objet 
d'aucun  essai  d'utilisation. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
U  COtTRE. 


-  HlSTORlQCE. 


Dés  1843,  un  missionnaire,  le  P'cvo.  Monli-ouzicr,  signa- 
lait à  Koumac  une  mine  de  cuivre,  mais  cette  indication 
paraît  être  restée  oubliée  pendant  bien  des  années. 
Loraqu'en  1863-66  M.  (iarnier  fit  une  première  étude 
des  richesses  minérales  de  la  colonie,  il  mentionna  l'exis- 
tence du  cuivre  à  l'île  Ducos  et  rapporta(')  au  sujet 
ries  échantillons  qu'il  _v  avait  recueillis  une  indication  de 
Rivot  de  naturel  encourager  des  recherches  en  ce  point; 
il  signala  d'autre  part  que  des  indigènes  lui  avaient 
affirmé  qu'il  existait  dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi 
du  cuivre  pyriteuï  associé  à  de  la  barytine. 

Mais  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1872,  lorsque  d'assez  minu- 
tieuses recherches  poursuivies  tout  autour  de  la  bassi- 
vallée  dn  Diahot  par  les  chercheurs  d'or  firent  découvrir 
de  beaux  affleurements  cuprifères  auprès  d'Ouégoa,  que 
l'on  songea  pour  la  première  fois  à  exploiter  le  cuivre  en 
Nouvelle-Calédonie.  Ces  différents  affleurements  et  les 
quelques  travaux  qui  y  furent  poursuivis  dès  te  début  ont 
été  examinés  en  détail  par  M.  Heurteau,  et  décrits  avec- 
soin  dans  son  rapport  à  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et 
des  Colonies  ;  cet  Ingénieur  mentionnait (")  tout  d'abord. 

(•)  toe.c«.,p.  31  et  38. 
(")  Loc.  ci/.,  p.  362  et  suiï. 


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338  RICHESSES  H1KBRALB8  DB  LA  NOCVElXK-CALÉDONrB 

au  Nord  du  vUIage  de  Ouégoa,  et  en  relation  étroite 
avec  les  roches  k  glaacophane  que  nous  avons  signalées 
déjà,  l'existence  d'un  groupe  important  d'affleuremenfci, 
parmi  lesquels  ceux  de  la  mine  de  la  Baïade  avaient  déji 
été  l'objet  de  travaux  de  recherches  assez  développés  et 
d'un  commencement  d'exploitation;  il  rapportait  d'autre 
part  la  découverte  de  deux  affleurements  cuprifères  à 
une  dizaine  de  kilomètres  plus  h  l'Ouest  au  voisinage  du 
village  de  Pondolaï.  Depuis  lors,  des  travaux  de  recherches 
ont  été  poursuivis  sur  nombre  de  ces  affleurements,  mais 
ils  n'ont  donné  lieu  à  une  exploitation  importante  et 
dorable  qu'à  la  mine  de  la  Balade  ;  cette  exploitation  a'esl 
poursuivie  sans  interruption  jusqu'en  1884. 

A  côté  des  deux  groupes  de  gisements  d'Ouégoa  et  de 
Pondolaï,  situés  sur  la  rive  droite  du  Biahot,  d'autre» 
ont  été  signalés  en  grand  nombre  dans  les  schistes  ardoi- 
siers  noirs  de  la  rive  gauche  du  Diahot  et  jusque  dans  la 
presqu'île  d'Arama.  Les  plus  importants  d'entre  eux  sont 
ceux  des  mines  Pilou  ot  Ao,  découverts  en  1884  et  1887 
et  exploités  par  intermittence  depuis  lors  jusqu'en  1901  : 
mais  un  coup  d'œil  jeté  sur  la  fig.  1  de  la  PI.  V,  où 
nous  avons  représenté  la  réfrion  Nord  de  l'Ile,  et  oii  non» 
avons  figuré  les  différenles  concessions,  demandes  de  con- 
cessions et  périmètres  de  recherches  pour  cuivre,  montre, 
encore  que  l'existence  de  ces  périmètres  ne  prouve  pas 
d'une  façon  absolument  certaine  que  ce  métal  se  rencontre 
dans  leur  étendue,  que  les  gisements  de  cuivre  sont 
nombreux  dans  toute  la  région  ;  nous  avons  souligné  les 
noms  des  gisements  où  nous  avons  personnellement  cons-' 
tiité  la  présence  de  minerais  do  cuivre. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulement  dans  le  Nord  de  la 
colonie  que  ce  métal  existe;  il  n  été  l'objet  de  tentatives 
d'exploitation  en  1883-85  à  Konmac,  et  vers  1876  dans 
la  vallée  de  la  Négropo  près  de  Canala;  sa  présence  a  été 
en  outre  signalée  en  nombre  de  points  tout  le  long  de  la 


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OISBUBNTS  HSTALUQOGS   DIVBXfi  399 

cAte  Ouest  et  aoluameai  k  Baai,  ^ès  de  Oomea,  an  Nord 
(le  Pauenbwii,  k  l'Ile  Duoos,  daas  U  plaine  de  Saint- 
Vioceot,  «te. 

Nous  Ajouterons  <|ue,  d'sprès  les  iodicatioas  de  la 
statistique,  il  a  été  exporté  de  iVouTelle-Calédoiùe, 
depuis  1S73  jus^D'en  i9(k,  fiua  de  .60.000  toiuM  de 
mÎMrM  de  CBivre  deat  la  teneur  o'aurait  pas  été  infé- 
rieure -à  tO  à  15  p.  100,  et  bq  millier  de  touies  de  mattes 
très  iK>tabl«ateut  plus  ricbes. 

Nous  fournissons  ci-desscHis  quelques  iodications  sur 
les  différents  ^^iseioeuts  que  uous  venoas  de  mentionna. 

B.   —  GlWHENTS   DD   OROUPE   DE  Ul  BaIODC. 

Ces  giiMments,  situés  au  flanc  des  différentes  collines 
qui  descendent  de  la  crête  de  Tiari  sur  Ouégtia  en 
enserrant  les  vallées  de  la  rivière  de  la  Balade  et  de  ses 
affluents  (Voir  la  fig.  S)  de  la  PI.  IV},  se  présentent  en 
filons  ou  en  amas  dans  les  micaschistes  qui  constituent 
tous  cas  contreforts. 

Ces  micaschistes,  qui  sont,  rappelona-le,  généralement 
très  chargés  a.  la  fois  en  grandes  paillettes  de  mica  blanc 
et  en  chlorite,  et  dont  la  teinte  est  verdàtre  ou  bleuâtre, 
passent  quelquefois  au  gris  plus  ou  moins  foncé;  ils  sont 
associés  par  places,  k  la  gendarmerie  de  Ouégoa  notam- 
ment, k  des  nx^hos  serpentineuses  et  talqucuses,  qui 
ne  paraissent  d'ailleurs  rien  avoir  de  conuimu  avec  la 
grande  formation  des  péridotites  qui,  comme  on  le  sail, 
domine  dans  presque  toute  la  colonie  sauf  précisément 
dans  cette  région  nord-occidentale. 

Les  micaschistes  sont  en  outre  traversés,  précisément 
an  voisinage  immédiat  de  Ouégoa,  par  une  très  impor- 
tante formation  de  roches  chargées  d'amphibole  et  sur- 
tout de  glaucophane,  que  nous  croyons  devoir  considérer 
i  attestant  une  activité  toute  spéciale  du  métamor- 


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340   R1CHE8SBB   HINÉRALBB   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

phisme  dans  cette  région.  Ces  roches,  qtii  paraissent 
occuper  en  particulier  la  majorité  des  ravius  de  la  rivière 
de  la  Balade  et  de  ses  affluents  do  droite  au  voisinage 
des  mines  Murât,  Balade,  et  Delaveuve,  comprennent  sur- 
tout des  amphibolites  vertes  à  grain  tin  d'un  type  spécial; 
l'examen  mîcrcscopiqoe  montre  en  effet  que  ces  amphibo- 
lites sont  essentiellement  constituées  d'une  amphibole 
passant  au  glaucophane,  associée  à  du  mica  blanc,  à  de 
la  chlorite,  et  à  des  grenats  almandins;  ces  derniers  sont 
très  nombreux  par  endroits,  ils  sont  généralement  visibles 
à  l'oBil  nu  et  présentent  mémo  souvent  des  dimensioDB 
assez  considérables.  Acôté  de  ces  roches  de  couleur  verte, 
on  trouve  des  traînées  d'une  formation  franchement  bleue, 
tirant  un  peu  sur  le  gris,  dont  la  pAte  apparaît  au  micro»- 
cope  comme  entièrement  constituée  de  glaucophane;  cette 
pàto  contient  en  outre  tantôt  des  cristaux  de  pyroxène, 
tautflt  des  cristaux  isolés  on  des  veinules  d'épidote  vert 
jaunAtre,  et  souvent  des  grenats  almandins,  et  des  paillettes 
(le  mica  blanc  ou  do  chlorite  ;  on  rencontre  en  outre  des 
schistes  onctueux  plus  ou  moins  micacés  criblés  de  petites 
baguettes  de  glaucophane.  Enfin  le  mamelon  de  la  mine 
Delaveuve  présente  un  puissant  ressaut  formé  d'un  quart- 
zite  gris  verdàtre  foncé,  à  grain  fin,  très  dur,  qui  se  montre 
presque  tmiquement  constitué  de  qnartz  et  d'abondants 
petits  fragments  d'ilménite.  Ces  différentes  roches  con- 
tiennent un  grand  nombre  de  cristaux  secondaires  et  no- 
tamment du  sphène,  du  rutile,  etc. 

Cette  très  curieuse  formation,  qui  avait  été  décrite  par 
M.  Ueurteau  comme  une  formation  éruptive,  mais  qui 
parait  plutôt  devoir  être  regardée  comme  d'origine  méta- 
morphique, avait  été  considérée  par  lui  comme  étant  en 
relation  étroite  avec  la  venue  cuprifère.  Quelque  frappante 
que  soit  la  coexistence,  auprès  de  Ouégoa,  des  minerais  de 
cuivre  et  du  glaucophane,  nous  devons  faire  observer  que 
les  formations  k  glaucophane  se  poursuivent  vers  !e  Nord 


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GISBHBNTS   UÉTALLIQUBB  DH'BRS  341 

et  vers  l'Est  sur  une  étendue  assez  considérable  (jusqu'à 
Oubatche),  tandis  que  les  gisements  de  cuivre  ne  paraissent 
pas  se  prolonger  dans  cette  direction,  alors  que  l'or  y 
apparaît  au  contraire  ;  et  que,  plus  à  l'Ouest  et  au  Sud,  le 
cuivre  se  montre  disséminé  dans  des  formations  où  le  glau- 
cophane,  que  nous  avons  recherché  avec  soin,  ne  paraît 
pas  exister. 

C'est,  nous  l'avons  dit,  au  milieu  de  ces  roches  que  se 
montrent  les  gisements  de  cuivre  du  groupe  de  la  Balade; 
le  métal  s'y  présente  principalement  sous  la  forme  de 
pyrite  cuivreuse  plus  ou  moins  riche  en  cuivre,  mais  à 
teneur  généralement  assez  élevée  (SOàSO  p.  100  pour  la 
pyrite  bien  séparée  de  sa  gangue),  formant  tantôt  des 
masses  interstratifiéesassezpuissantes  et  tantAtdes  mouches 
ou  des  imprégnations  entre  les  feuillets  des  schistes  :  le 
cuivre  pyriteux  ne  constitue  d'ailleurs  que  la  forme  profonde 
du  minerai  ;  aux  affleurements  et  au  voisinage  immédiat 
de  ceux-ci  on  rencontre,  associés  à  de  l'oxyde  de  fer,  du 
cuivre  natif,  de  l'oxyde  noir,  et  les  différentes  variétés  de 
minerais  oxydés,  malachite,  atacamite,  azurite,  etc..  en 
masses  généralement  amorphes. 

Le  gisement  même  de  la  Balade  est  celui  qui  a  été 
découvert  le  premier,  il  affleure  de  part  et  d'autre  du  bras 
gauche,  assez  encaissé,  du  ruisseau  de  la  Balade,  &  peu  de 
distance  à  l'Est  du  village  de  Ouégoa,  et  à  une  centaine 
de  mètres  à  l'aval  d'une  haute  paroi  schisteuse  qui  parait 
marquer  un  accident  géologique  d'une  certaine  importance. 
Il  se  présente  sous  la  forme  d'un  filon-couche  de  cuivre 
pyriteux,  ayant  une  puissance  totale  variable  aux  envi- 
rons de  1",50,  interstratifié  dans  des  schistes  chloriteux 
verts,  et  souvent  séparé  en  deux  bancs  par  une  épaisseur 
de  50  à60  centimètres  de  schistes  stériles.  Ce  fllon-couche 
estdirigé  Nord  légèrement  Ouest,  et  présente  un pendage 
assez  raide  (voisin  de  45°  aux  affleurements,  mais  plus 


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343   RICHESSES   mifilULBS  DV  LA   NOOrBLLB-CAJ.ÉDONIB 

raide  en  profondeiir)  ;  il  se  ramifle  d'sOteim  par  des  tm- 
prégnations  et  fîlottnels  «oirreux  qui  courait  dans  tes 
cassures  transreraalea  des  scbisles.  TcJIea  aumi  les  seules 
données  h  peu  près  certaines  que  nous  ayons  pu  retirer, 
tant  de  la  leetnre  da  rapport  de  M.  Beurteau,  que  âe 
l'examen  que  nous  aT<H)s  fait  des  afflenraments  et  de  la 
galerie  ouverteen  direction  sur  la  rive  gauche  delà  rivière 
à  quelques  mètres  au-dessus  de  son  lit,  galerie  dont 
lefl  10  ou  15  premiers  mètres  étaient  encore  accessibles. 
Quant  àl'âllure  détaillée  de  la  formation  soit  en  direction, 
soit  en  profondeur,  nous  n'avons  pu  obtenir  k  sou  sujet  que 
des  indications  fort  va(ïues  :  il  n'est  pas  douteux  qu'une 
exploitation  active,  et  longtemps  rémunératrice,  a  été  pous- 
sée surce  gisement  parla  Compagnie  des  mines  de  Balade, 
sans  interruption  depuis  1874  jusqu'à  1884,  fournissant  â 
peu  de  choses  prés  toutes  les  quantités  de  minerai  de 
cuivre  exportées  de  la  colonie  pendant  ces  onze  années  ; 
c'est-i-dire,  d'après  les  statistiques  officielles,  environ 
40.000  tonnes  d'un  minerai  qui  aurait  tenu  en  moyenne 
près  de  15  p.  100  de  cuivre,  o(  dont  la  valeur  totale  aurait 
r^H-éaenté  quelques  millions  de  francs. 

Nous  n'avons  d'ailleurs  pu  retrouver  aucun  document 
sérieux  relativementà  cette  exploitation;  nile  service  des 
mines,  ni  les  ayants  droit  do  l'ancienne  société  exploitante 
n'ont  conservé  de  registre  des  travaux,  ni  de  plan  les 
Hgurant  avec  quelque  précision;  une  coupe,  qui  existe 
encore  dans  les  archives  du  service  des  mines,  etdont  les 
indications  coïncident  à  peu  près  avec  les  renseignements 
verbaux  qui  nous  ont  été  fournis,  semble  indiquer  que  la 
formation  présentait  peu  de  continuité  en  direction,  puisque 
les  travaux  ne  se  seraient  développés  que  sur  une  cen- 
taine de  mètres  à  peine  ;  mais  on  se  serait  enfoncé  jusqu'à 
une  profondeurde  150  mètres  dans  une  colonne  riche,  affec- 
tant d'ailleurs  plus  ou  moins  nettement  une  disposition  en 
chapelet. 


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eiSBUœns   METALLIQUES   DiVERS 


343 


L'exploitatioQ  a.  été  inteFrompue  en  1SK4,  à  un  moment 
■de  crise  du  marché  ih»  ciïiyre,  et  après  que  l'on  eut  dépité 
tout  ce  qui  avait  été  reconnu  en  fait  de  minerai  riche. 
D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  par  t'au- 
■cien  directeur  de  ces  trayaux,  qui,  avant  de  les  diriger, 
avait  acquis  en  Austrahe  l'expérieBCe  des  mines,  et  en 
particuKer  cette  des  minea  de  cuivre,  le  gisement  aurait  été 
-alors  compiètement  épuisé,  et  des  travaux  de  recherches 
^auraient  été  faits,  avant  de  l'abandonner,  pour  s'assurer 
■qu'il  n'existait  pas  d'autres  colonnes  riches  au  voisinage. 
Wous  n'avons  aucun  élément  pour  apprécier  l'importance 
des^ts  travaux  et  te  bien  fondé  de  la  conclusion  qui  a 
été  tirée  de  leur  résultat  négatif;  il  est  cependant  pennis 
de  se  demander  si  ta  Compagnie  des  ntines  de  Balade  a 
bien  fait,  pour  l'exploration  de  sa  concession  tant  en  pro- 
fondeur qu'en  direction,  tous  tes  sacrifices  qu'elle  aurait 
<lù  faire. 

Le  minerai  qui  a  été  expédié  en  Australie  passe  pour 
avoir  eu  une  teneur  moyenne  en  cuivre  voisine  de  15  p.  100, 
il  renfermait  en  outre  un  peu  d'argent,  il  ne  contenait  ni 
plomb  ni  zinc  en  quantité  sensible.  Une  partie  de  ce 
minerai  avait  été  enrichi  dans  une  petite  laverie  établie 
âur  place;  mais  des  quantités  considérables  de  produits 
k  faible  teneur  ont  été  abandonnées  en  tas  sur  le  carreau 
■<ie  la  mine,  en  raison  des  frais  élevés  d'enrichissenicni 
et  de  transport  jusqu'aux  usines  de  traitement  austra- 
liennes. U  en  existe  encore  des  amas  qui,  depuis  de 
longues  années,  donnent  lieu  à  des  dépôts  cuivreux  verts 
dans  le  lit  du  ruisseau  de  la  Balade. 

Les  minerais,  transportés  par  un  petit  tramway  jus- 
qu'au Diahot,  étaient  descendus  par  chaloupes  ou  chalands 
dans  la  baie  de  Pam;  ils  ont  tous  été  expédiés  crus  en 
Australie. 


En  remontant  la  vallée  au-dessus  des  affleurements  do 


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34i   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  MODVELLE-CALÉDON-IE 

la  Balade,  on  en  rencontre  d'autres  encore,  dont  les  plus 
importants  sont  reux  de.  la  mine  Mural,  situés  à  quelque 
000  mètres  à  l'amont,  au  voisinage  de  la  cote  140.  Deux 
galeries  de  recherches  y  ont  été  ouvertes  à  deux  niveaux 
distants  verticalement  d'une  vingtaine  de  mètres.  La  pre- 
mière a  rencontré  d'abord  un  amas  de  pyrite  cuivreuse  de 
près  de  I  mètre  de  puissance,  dont  la  teneur  moyenne  en 
ruivre  serait  supérieure  à  10  p.  100,  puis  elle  a  suivi  la 
riirmalioQ  eu  direction,  c'est-à-dire  de  l'Ouest  à  l'Est,  sur 
une  viugtaine  de  mètres.  Cette  formation  a  montré  l'al- 
lure d'un  filon-couche  de  60  centimètres  de  puissance 
environ,  interstratilié  dans  les  schistes  chloriteux,  et 
plongeant  comme  eux  vers  le  Sud  avec  un  pendage  d'une 
((uinzaine  de  degrés  ;  on  y  a  procédé,  sur  une  centaine  de 
mètres  carrés  de  surface,  à  un  dépilage  qui  a  donné  iien 
à  l'extraction  de  minerais  dont  une  partie  a  été  expédiée 
ni  Australie  (nous  avons  trouvé  la  mention  de  l'expédition, 
eu  1884,  de  325  tonnes  de  minerai  provenant  de  la  mine 
Murât) .  La  pjTÎtc  cuivreuse  se  voit  encore  au  front  d'avance- 
ment avec  une  puissance  un  peu  variable,  mms  dépassant 
presque  partout  50  ceutiniètres;  nous  y  avons  recueilli 
au  hasai-d  de  beaux  échantillons  de  minerai  massif  à 
9.6  p.  100  de  ruivre. 

La  galerie  inférieure,  au  contraire,  n'a  rencontré  la 
formation  qu'étranglée.  Il  parait  donc  vraisemblable  qoe 
celle-ci  n'est  pas  bien  régulière  et  qu'elle  affecte  comme 
a  la  Balade  une  disposition  ou  chapelet.  Ce  que  nous 
avons  vu  ne  peut  que  nous  faire  regretter  que  les  travaux 
d  exploration  n'aient  pas  été  poursuivis  d'une  façon  plus 
SL-rieuse.  I^es  premiers  d'eiitj-e  eux  remontent  déjà  à  «ne 
vingtaine  d'années,  les  derniers  à  cinq  ou  six  ans;  depuis 
lors  la  mine  Murât  a  été  complètement  abandonnée.  Le 
minerai  extrait  des  dernières  recherches  a  été  laissé 
entassé  sur  place,  faute  d'un  moyen  de  transport  autre 
qu'un  chemin  muletier  jusqu'à  Ouégoa  ;  il  y  en  a  quelques 


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GISEMENTS   METALLIQUES   DIVERS  ."i-lO 

rentaÏDes  détonnes,  dont  une  partie  tout  au  moins  paraît 
assez  riche. 


Nombreuses  sont  encore  les  indications  plus  ou  moins 
nettes  de  la  présence  du  cuivre  non  seulement  dans  le  ra- 
vin du  ruisseau  de  la  Balade,  mais  encore  sur  le  mamelon 
qui  le  limite  au  Nord-Ouest,  et  dans  le  ravin  qui  l'avoisine 
dans  cette  même  direction  ;  le  nombre  des  concessions 
contiguës  qui  couvrent  cette  région  en  témoigne  (Voir  la 
jig.  9  de  la  PI,  IV),  non  pas  que  chacune  d'elles  ren- 
ferme nécessairement  des  affleurements  de  quelque 
valeur,  mais  tout  au  moins  pane  qu'elles  n'ont  généra- 
lement été  demandées  qu'après  la  découverte  de  quelque 
indice  de  minerai. 

Le  seul  point  de  <c  groupe  où  nous  ayons  encore  eu 
l'occasion  de  relever  d'une  façon  nette  la  présence  du 
cuivre  est  la  mine  Deiacewe,  où  il  a  été  pratiqué  plu- 
sieurs puits  et  galeiies  de  recherches.  Le  gisement  s'j' 
montre  dans  des  conditions  assez  intéressantes  au  point 
de  vue  géologique  :  les  chloritosrhistes  qui  forment  la 
roche  dominante  du  mamelon  où  se  trouve  le  gisement, 
et  qui  y  sont  associés  aux  roches  bleues  à  glaucophane  et 
au  massif  de  quartzite  que  nous  avons  mentionnés  ci-des- 
sus, sont  découpés  au  flanc  du  ravin  par  un  à-pic  d'une 
quinzaine  de  mètres  de  hauteur  dont  la  paroi,  orien- 
tée à  peu  prés  Nord-Sud,  laisse  voir  une  faille  de  décro- 
chement très  nette;  l'amplitude  de  la  faille  est  sans 
doute  faible,  et  l'ouverture  de  la  cassure  ne  dépasse  pas 
'i  ou  3  décimètres.  Vers  le  Sud,  les  schistes  sont  sté- 
riles et  présentent  leur  couleur  gris  verdàtre  habituelle, 
ils  sont  sillonnés  de  veines  quartzcuses:  vers  le  Nord,  au 
contraire,  la  paroi  de  schiste  montre  la  coupe  d'une  demi- 
lentille  imprégnée  de  cuivre;  le  croquis  reproduit  par  la 
/ïy.  10  de  la  PI.  IV  rend  compte  de  cet  aspect  ;  au 
milieu  des  micaschistes  stériles  apparaît  une  zone  lenti- 


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346   RICHESSES   UINÂRALES   DB   LA  NOUVEL  LE- CALBD  OMIS 

culaîre  oti  ceux-ci  sont  tout  imprégnés  de  petites  mouchw 
li'azurite  et  de  malachite  leur  donnant,  avec  lee  enduiu 
ferrugineux  rouges,  une  coloration  bigarrée  ;  l'épaisseur  de 
la  zone  imprégnée  est  de  80  centimètres  euviron  au  con- 
tact même  de  la  cassure,  mais  elle  diminue  progressive- 
ment en  s'en  éloignant  et  cette  zone  vieut  mourir  au  vot- 
ijinage  de  la  surface  du  mamelon,  présentant  en  tout  une 
longueiur  de  8  mètres  enriron.  Une  galerie  ouverte  en  d^ 
rection,  c'est-à-dire  vers  l'Est  légèrement  Sud,  a  suivi,  sur 
16  mètres  de  longueur,  cette  même  formation  (jui  coosw- 
vait  au  début  sa  puissance,  mais  qui  s'effilait  ensuite  peu  à 
peu.  II  n'y  avait  doEic  là  qu'une  petite  lentille  dont  la  faille 
il  déplacé  la  moitié  Sud  ;  celle-ci  n'a  d'ailleurs  pas  été 
retrouvée.  En  dehors  de  cette  galerie,  il  n'a  pas  été  fait, 
à  notre  connaissance,  d'autres  travaux  d'exploration  que 
ceux  décrits  autrefois  par  M,  Heurteau  (*)  et  actuellement 
inaccessibles,  ils  n'avaient  mis  à  jour  que  des  indices  de 
peu  d'importance.  Il  aurait  été  extrait  de  la  galerie  de 
recherches  ci-dessus  mentionnée  un  certain  nombre  de 
tonnes  de  minerai  à  teneur  moyenne  de  8  p.  100  de  cuivre 
sous  forme  de  produits  oxydés. 

Mentionnons  enfin  les  affleurements  de  la  raine  Saiai, 
située  à  6  kilomètres  à  l'Est  de  Pam  également  dans  tes 
micaschistes  ;  on  n'y  relève  que  quelques  enduits  bleua 
et  verts  sur  les  micaschistes  altérés  de  la  surface,  ces 
indices  nous  ont  paru  de  peu  d'importance. 

Telles  sont  les  observations  que  nous  avons  pu  faira 
dans  le  groupe  des  gisements  de  cuivre  des  environs  de 
Ouégoa,  c'est-à-dire  des  gisements  qui  se  trouvent  dans  les 
micaschistes  et  en  relation  plus  ou  moins  étroite  avec  les 
roches  à  glaucophane;  elles  se  résument  en  quelques 
mots  :  bien  que  les  indices  do  la  présence  du  métal  soient 
nombreux,  ce  n'est  qu'en  deux  points  seulement  qu'il  a 

(■)  Loc.  eil.,  p.  2M6-a81. 


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GISBUBNTS   HËTALLIQDES   DIVERS  347 

été  mis  en  évidence  des  amas  de  pyrite  cuivreuse  de 
réelle  importance;  dans  le  premier  d'entre  eux  on  paraît 
avoir  épuisé  une  colonne  riche  sans  chercher  d'une  façon 
suffisante  s'il  n'en  existe  point  d'autres  ;  dans  le  second 
quelques  travaux  qui  avaient  donné  des  résultats  plutôt 
encourageants  n'ont  pas  été  poursuivis. 


ITB  DV    «ROOFS   DE  LA  PtLOO- 

Les  schistes  ardoiaiers  de  la  rive  gauche  du  Dîahot, 
qui  empiètent  même  par  places  sur  la  rive  droite,  ne 
paraissent  pas  moins  riches  en  imprégnations  cuivreuses 
que  les  micaschistes  ;  celles-ci  paraissent  môme  se  ré- 
partir sur  des  étendues  beaucoup  plus  considérables  ici 
que  là. 

Nous  avons  décrit  déjà  la  puissante  formation  ii  laquelle 
appartiennent  tous  les  mamelons  qui  se  développent  au 
Sud  du  Diahot  et  nous  avons  déjà  dit  que  son  âge  nous 
parait  impossible  à  fixer  avec  certitude  dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  sur  la  géologie  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie. Ces  schistes  sont  sillonnés  de  filons  ot  flionnets  de 
quartz,  et  l'on  y  rencontre  divers  filons  métallifères,  cuivre, 
plomb  argentifère,  zinc,  et  même  or  ;  ces  métaux  sont  le 
plus  souvent  associés  entre  eux  dans  les  différents  gise- 
ments, avec  prédominance  ici  du  cuiiTe,  là  du  plomb  et  du 
zinc,  plus  loin  de  l'or;  ils  paraissent  tous  Hvo  on  relation 
assez  étroite  avec  des  venues  de  roches  vertes  diabasiques, 
que  l'on  rencontre  en  dykes  dans  les  schistes  au  voisinage 
plus  on  moins  immédiat  des  gisements. 

Nous  ne  décrirons  pour  le  moment  que  ceux  d'entre  les 
gisements  oh  le  cuivre  domine,  ce  sont  de  beaucoup  les 
plus  nombreux  d'ailleurs,  puisque  nous  n'aurons  à  rap- 
porter ensuite  à  cette  formation  qu'un  seul  gisement  d'or 
et  un  seul  de  plomb  et  zinc  argentifères. 


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348  RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Le  plus  important  d'entre  eux,  du  moins  à  ce  que  I'ud 
peut  en  juger  dans  l'état  actuel  des  travaux,  est  celui 
de  la  mine  Pilou,  découvert  en  1884,  et  eiploité  depuis  1886 
Jusqu'à  la  fin  de  1901  avec  des  alternatives  d'activité  et 
de  chômage. 

Les  travaux,  qui  n'ont  été  abandonnés  en  dernier  lieu 
qu'à  la  fin  de  l'année  1901 ,  présentent  nn  développemenl 
important;  l'épuisement  en  ayant  été  continué  depni? 
lors,  et  les  galeries  principales  étant  restées  en  état  d'en- 
tretien suMsant,  nous  avons  pu  les  visiter;  nous  eu  avons 
d'ailleurs  trouvé  sur  place  un  plan  à  jour  que  reproduit 
la  fig.  11  de  la  PI.  IV. 

Le  filon,  car  il  s'agit  ici  d'un  véritable  filon  de  quarti 
métallifère,  recoupe  presque  verticalement  les  bancs  de 
schistes  noirs,  inclinés  à  45°  vers  le  Sud,  qui  l'en- 
caissent; il  affleure,  au  voisinage  immédiat  d'un  puis- 
sant dyke  de  diabase,  sur  les  deux  versants  Ouest  et  Est 
d'un  mamelon  schisteux  arrondi  en  forme  de  d6me  ;  il 
s'y  signalait  par  de  beaux  échantillons  de  malachite  et 
d'azurite,  tantôt  en  masses,  tantôt  en  cristaux,  dont 
nous  avons  pu  ramasser  encore  quelques  fragments.  Lt 
partie  du  filon  comprise  dans  ca  mamelon,  qui  s'élève 
d'une  centaine  de  mètres  au-dessus  du  sol  légèrement 
accidenté  qui  l'environne,  a  été  promptement  dépilée  i 
partir  du  mois  de  juin  1886  ;  ces  travaux  ont  été  ceui 
des  niveaux  désignés  sous  les  numéros  1,  2  et  3,  ils 
se  sont  développés  par  places  sur  80  mètres  de  hauteur. 
Ils  ont  produit  des  minerais  d'une  belle  richesse  et  d'au- 
tant plus  faciles  à  fondre  qu'ils  étalent  entièrement  oxydés. 

On  a  ensuite  commencé  l'exploitation  par  puits  et  gale- 
ries ;  elle  s'est  d'abord  poursuivie  jusqu'au  quatrième  ni- 
veau (profondeur  25  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits) 
dans  des  minerais  encore  oxjdés,puis  on  est  entré  dans  la 
zone  des  minerais  sulfurés  ;  les  travaux  s'y  sont  développés 
jusqu'au  mois  d'avril  1891,  mais  ils  ont  été  arrêtés  une 


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GISEMENTS  METALLIQUES   DIVKRS  34» 

première  fois  à  cette  date  ;  repris,  sans  grande  activité, 
en  1897,  ils  ont  été  abandonnés  à  nouvean  en  sep- 
tembre 1901,  après  que  des  traçages  importants  y  eurent 
été  faits  avec  un  certain  succès,  et  sans  que  les  dépi- 
lagesyaieiit  été  très  étendus,  à  eu  croire  les  indications 
du  plan  que  nous  avons  retrouvé. 

Le  puits  a  été  foncé  jusqu'à  150  mètres  de  profondeur 
et  des  traçages  ont  été  poursuivis  de  30  en  30  mètres  en 
moyenne,  jusqu'à  la  profondeur  de  145  mètres  (8"  niveau); 
ils  ont  tous  suivi,  sur  des  longueurs  dépassant  géuérale- 
ment  300  mètres,  un  filon  d'une  régularité  d'allure  satis- 
faisante et  d'une  minéralisation  qui,  si  elle  est  variable 
d'un  point  à  un  autre  et  présente  des  colonnes  alternati- 
vement plus  pauvres  et  plus  riches  comme  dans  presque 
tous  les  filons  métallifères,  nous  a  paru  assez  belle,  au 
cours  de  l'examen  nécessaiiement  rapide  que  nous  en 
avons  fait.  Pour  ne  parler  que  des  niveaux  oîi  les  dépi- 
lages  ne  sont  pas  aclievés  ou  presque  achevés,  nous  y 
avons  reconnu  l'existence  d'un  filon  quartzeuz,  régulier 
dans  l'ensemble,  dont  la  puissance  varie  généralement 
de  1  mètre  à  1^,50,  tantôt  en  une  seule  veine,  tantôt 
en  plusieurs  veinules  englobant  des  passées  schisteuses  ; 
dans  ce  quartz  sont  irrégulièrement  réparties  des  masses 
de  sulfures  métalliques:  chalcosioe,  chalcopyrite,  blende, 
galène  et  pyrite,  généralement  mélangés  d'une  façon  assez 
intime,  et  dont  la  quantité  varie  depuis  de  simples 
mouches  jusqu'à  des  masses  occupant  l'épaisseur  presque 
entière  du  filon. 

11  nous  a  naturellement  été  impossible,  au  cours  d'une 
simple  visite,  d'évaluer  la  puissance  réduite  moyenne 
du  filon  et  la  teneur  moyenne  en  cuivre,  plomb  et  zinc, 
des  minerais  qu'il  pourrait  rendre.  Nous  ne  pouvons  que 
donner  à  ce  sujet  les  quelques  indications  suivantes:  il  a 
été  récemment  prélevé  par  les  propriétaires  de  la  mine, 
aux  neuf  points  figurés  en  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  9,  sur 


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p.  100 

p.  100 

p.  100 

p-IM 

3,1 

0,75 

16.66 

5.40 

«,72 

0,50 

12.35 

«,3Ï 

4,40 

2.50 

15 

W 

S, 40 

«,SB 

it,1S 

S 

3,90 

«,» 

13,75 

7,90 

3,62 

0,75 

8,70 

7.50 

8,34 

1,95 

12,50 

10,10 

3,13 

i,r>o 

7,25 

4,10 

350    RICHESSES   MINKRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

lii  Jtgt.  tl  de  la  PI.  IV,  neuf  échantillons  qui  représeD- 
teraient  cbaeiui  la  teneur  moyenne  d'un  lot  de  5  tonnes 
de  minerai  tout  v«Bant,  et  qui  auraient,  aux  dires  de- 
ceux-ci,  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 


tt  ^nmines  1  ta  tanne. 


«        8,64        3  12.45  6, 45        64  — 

Si  lea  points  oh  ont  été  pris  les  échantillons  n'ont  pas 
été  systématiquemeiit  choisis  dans  les  nreilleures  parties 
du  filon,  et  si  les  prises  d'essai  et  les  analyses  ont  été 
faites  sincèrement,  leurs  indications  doivent  être  consi- 
dérées comme  satisfaisantes.  La  présence  du  zinc  en 
quantité  importante  dès  qu'on  est  entré  dans  ta  zone 
sulfurée,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  de  tendance  à 
s'accentner  avec  l'approfondissement,  est  évidemment  de 
nature  à  gêner  quelque  peu  le  traitement  do  minerai. 
Néanmoins  c'est  \k  une  difficulté  njétallni^ique  que  Fon 
résout  bien  aujourd'hui  avec  un  traitement  soigneux,  et, 
si  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis  sont  exacts, 
les  dernières  mattes  obtenues  à  la  fonderie  de  Pam  à 
partir  de  concentrés  dont  la  teneur  en  cuivre  variait  de 
6  à  14  p.  10()  cx)ntenaient  en  inoyemie  : 

Cuivre SO  à  25  p.  100 

l'Iomb S  à  10  p.  100 

Ai'geiil 400  grammes  à  la  toDne, 

Le  zinc  passait  en  majeure  partie  dans  la  scorie  ou  bien 


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HKTÀLLIQDKS    DIVERS  35r 

était  volatilisé .  Ces  mattes  étaient  achetées  par  les  fonderies 
australiennes,  rendues  k  ruane,  en  comptant  tout  le  cuivre 
an  cours  et  le  plomb  k  raison  de  l'%45  l'unité  (cours  du 
milieu  de  1901),  et  en  faisant  une  déduction  de  25  francs 
par  toane  pour  frais  de  traitement  des  mattes. 

Comme  nous  l'avons  dit,  le  âlon  a  été  suivi  en  profon- 
deur jusqu'à  150  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits, 
soit  jusqu'à  près  de  250  mètres  au-dessous  des  affleure- 
ments les  plus  élevés,  et  rien  ne  parait  indiquer  qu'il  ne 
se  prolonge  pas  encore  plus  profondément;  en  direction, 
les  dépilages  se  sont  développés  aux  niveaux  supérieurs 
sur  une  étendue  de  250  mètres  environ,  non  sans  laisser 
des  colonnes  pauvres  ou  stériles  dont  la  largeur  totale 
représente  de  70  à  80  mètres,  ils  ont  été  vraisemblalile- 
ment  arrêtés  à  des  zones  relativement  pauvres  ;  aux 
niveaux  inférieurs  au  sixième,  il  n'y  a  eu  que  fort  peu 
de  dépilages,  et  cependant  tes  traçages  des  septième  et 
huitième  niveaux  ont  été  faits  respectivement  sur  270  et 
130  mètres  ;  ils  ne  paraissent  pas  avoir  rencontré  moins 
de  zones  riclics  que  les  niveaux  supérieurs,  le  huitième 
niveau  se  trouvait  arrête  en  plein  minerai  à  ses  deux 
extrémités,  le  septième,  arrêté  au  stérile  vers  l'Ouest, 
était  encore  au  minerai  à  l'Est.  Quant  à  la  qualité  du 
rainerai,  rien  ne  parait  de  nature  à  faire  redouter  qu'elle 
ne  devienne  moins  satisfaisante  en  profondeur.  Bien  qu'il 
ait  déjà  été  extrait,  aasure-t-ori,  environ  20.000  tonnes 
de  minerai  assez  riche  pour  être  expédié  en  Australie  ou 
traité  à  Pam,  c'est-à-dire  d'une  teneur  dépassant  vrai- 
semblablemont  10  p.  100,  et  qu'il  faille  tenir  compte  en 
outre  de  nombreux  milUers  de  tonnes  de  minerai  plus 
pauvre  laissé  sur  le  carreau  de  la  mine,  il  reste  encore 
des  ressources  reconnues,  et  il  est  permis  d'espérer  que 
l'exploration,  qui  n'a  en  somme  porté  que  sur  300  mètres 
en  direction  et  250  mètres  à  peine  en  profondeur,  n'a  pas- 
encore  révélé  tout  ce  que  contient  ce  gisement. 


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353   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Son  exploitation,  tcUe  qu'elle  a  été  comprise  jusqu'ici, 
n'est  d'ailleurs  pas  sans  prêter  à  la  critique  ;  si  les  tra- 
çages et  dépilages  dans  la  mine  peuvcut  être  regardés 
comme  ayant  été  faits  d'une  façon  rationnelle,  il  n'en  a 
pas  toujours  été  de  même  du  traitement  du  minerai.  On  a 
au  début  expédié  les  minerais  crus  à  Swansea  ;  ensuite  on 
les  a  dirigée  sur  l'Australie,  ce  qui  leur  faisait  encore 
supporter  un  fret  voisin  de  15  francs  par  tonne  et  des  frais 
de  traitement  aux  usines  de  Dapto  (Nouvelle-Galles  du 
Sud)  de  35  francs,  soit  une  charge  totale  de  50  francs. 
Lorsque,  peu  de  temps  après  la  mise  en  exploitation  de 
la  mine  Pilou,  In  société  des  mines  du  Nord,  qui  la  pos- 
sédait, voulut  entreprendre  l'e'xploitation  de  la  miue  de 
plomb  argentifère  Mérétrice,  il  devint  presque  indispen- 
sable de  monter  sur  place  une  fonderie  pour  le  plomb,  dont 
les  minerais  bruts  avaient  beaucoup  moins  de  valeur.  En 
môme  temps  que  cette  fonderie  fut  créée,  il  parut  ration- 
nel d'y  adjoindre  des  fours  de  première  fusion  du  cuivre 
{water-jacketa)  afin  de  transformer  des  minerais  dont  la 
teneur  variait  de  10  à  15  p.  100  en  mattes  à  30  p.  100 
au  moins.  Il  était  d'ailleurs  devenu  nécessaire  de  laver  le 
minerai,  qui,  des  produits  oxydés  riches  de  la  surface, 
avait  passé,  au-dessous  du  quatrième  niveau,  à  des  sul- 
fures encore  beaux,  mais  où  l'on  rencontrait  non  seule- 
ment un  mélange  de  pyrite,  blende  et  galène,  mais  en 
outre  beaucoup  de  quartz  intimement  associé  aux  sul- 
fures. Une  petite  laverie  avait  été  montée  à  cet  effet,  elle 
livrait  des  minerais  enrichis  à  plus  de  10  p.  100  de  cuivre, 
mais  elle  produisait  en  même  temps,  à  côté  du  stérile, 
des  produits  mixtes  {teneur  3  à  6  p.  100  de  cuivre)  qu'on 
n'était  pas  outillé  pour  traiter,  et  que  l'on  entassait  autoiu* 
de  la  mine. 

Pour  des  raisons  que  nous  ne  sommes  pas  à  même 
d'apprécier,  surtout  après  un  intenalle  de  temps  de 
douze  ans,  cette  organisation  ne  put  pas  prospérer,  et  la 


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GISEMENTS    MÉTALLIQUES   DIVERS  353 

Corapiigilie  des  mines  du  Nord  dut  dtre  lirjiiidée  au  début 
de  1891. 

Ce  n'est  que  six  ans  après  qu'une  société  anglaise, 
I'  H  International  Copper  Corporation  Limited  ",  à  laquelle 
s'est  substituée  en  1899  la  société  »  Mines  de  cuivre  Pilou 
Limited  »,  a  repris  l'exploitation  de  la  mine  Pilon.  Conduite 
d'abord  dans  des  conditions  modestes,  cette  entreprise  a 
fait  ensuite  des  dépenses  considérables  et  parfois  inu- 
tiles :  tandis  que  tes  travaux  souterrains  étaient  peu  à 
peu  restreints,  les  dépenses  d'installations  superficielles 
étaient  faites  sans  compter;  en  dehors  de  l'utile  instal- 
lation d'une  machine  d'extraction  et  d'une  puissante 
pompe,  de  nouveaux  appareils,  dont  une  partie  n'ont  d'aîN 
leurs  jamais  servi  et  qui  étaient  pen  appropriés  aux  cir- 
constances locales,  étaient  montés  pour  transformer  la 
laverie,  do  luxueux  ateliers  de  réparations  étaient  installés 
k  côté  de  la  mine,  et  l'ancienne  fonderie  de  Pam  était 
reconstruite  sur  un  nouveau  plan  (substitution  de  fours  à 
réverbère  aux  water-jackots  pour  la  première  fusion)  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  sanctionné  par  l'expérience;  entre 
t«mps  d'importantes  dépenses  avaient  été  faites,  en 
partie  tout  au  moins  mal  à  propos,  pour  la  création  <le 
deus  voies  ferrées  différentes,  ayant  respectivement  3  kilo- 
mètres 1/2  et  5  kilomètres  1/2,  réunissant  la  mine  Pilou 
à  la  baie  de  Pam,  et  d'une  troisième  voie  ferrée  la  met- 
tant en  relation  avec  la  raine  Ao,  que  nous  mentionnerons 
ci-après.  Dans  ces  conditions,  des  sommes  considérables 
ne  tardèrent  pas  à  être  dépensées,  absorbant  le  capital  de 
la  Société  ;  d'autre  part,  les  conditions  onéreuses  (lu  trai-. 
tement  des  minerais  à  l'usine  de  Pam  faisaient  ressortir 
à  plusieurs  centaines  de  francs,  nous  a-t-il  été  affirmé, 
les  frais  de  première  fusion  d'une  matte  qui  se  vendait 
de  300  à  350  francs,  alors  que  les  frais  de  transport  du 
minerai  jusqu'en  Australie  et  de  première  fusion  là-bas 
n'auraient  guère  représenté  que  50  francs  par  tonne  de 


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351   RICHESSES  HiyÉBALBS  DK   LA   NODVBLLB-CALBDONIB 

minerai  (soit  150  à  SOO  francs  par  tonne  de  mattds).  Ainsi 
conduite  l'exploitation  d'une  mine,  même  très  riche,  ne 
pouvait  guère  aboutir  qu'à  un  désastre  financier  ;  c'est  ce 
qui  n'a  pas  manqué  de  se  produire  dans  les  premiers  jours  de 
l'année  1902.  La  société  «  les  Mines  de  cuivre  Pilou  Limi- 
ted »,  qui  n'était  d'ailleurs  qu'une  filiale  de  la  «  Londonand 
Globe  Finance  Corporation  »  de  Londres,  est  tombée 
c«mme  elle  en  déconfiture.  La  liquidation  de  ses  biens 
n'était  pas  encore  terminée  au  moment  de  notre  séjour 
dans  la  colonie,  et  la  mine  Pilou  était  en  chômage  com- 
plet. Cette  liquidation  a,  parait-il,  eu  lieu  à  la  fin  de 
l'année  1002,  et  le  nouveau  propriétaire  de  la  mine  s'occu- 
perait, nous  a-t-il  affirmé,  de  l'organisation  d'une  nonvelle 
société  qui  en  reprendrait  l'exploitation. 

La  mine  de  cuivre  Ao,  découverte  trois  ans  après  la 
mine  Pilou,  h  2.500  mètres  h  l'Ouest  de  celle-ci,  dans  la 
même  formation  de  schistes  noirs  k  filonnets  quaptMBX. 
qui  d'ailleurs  se  montrent  aux  affleurements  complète- 
ment décolorés  et  seméis  de  débris  de  quiirtz,  se  trouve 
au  bord  du  ravin  du  ruisseau  Ao,  tributaire  de  la  baie 
de  Néhoué.  Nous  n'avons  pas  relevé  la  présence  de  roches 
vertes  an  voisinage  immédiat  de  la  mine  Ao,  comme  pour 
la  Pilou,  cependant  nous  en  avons  noté  un  massif  pai»- 
sant  dans  l'une  des  tranchées  du  chemin  de  fer  qui  rehe 
les  deux  mines. 

Le  gisement  se  manifeste  aux  aMeurements  par  une 
série  d'imprégnations  de  malachite  fibreuse  et  d'azurite 
en  jolis  cristaux  au  sein  de  filons  de  quartz  carié  qui 
courent  très  nombreux  dans  les  schistes  de  couleor 
rosâtre  :  ces  affleurements  se  retrouvent  de  part  et  d'autre 
du  ruisseau,  ils  apparaissent  en  particulier  dans  son  lit  et 
sur  ses  berges,  qui  présentent  des  à-^ ic  de  quelques  mètres  ; 
le  croquis  reproduit  par  la  fig.  12  de  la  PI.  IV,  résul- 
tant de  nos  observations  et  complété  d'api^  des  plans 


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aOBllENTS   MÉTALLIQDSS  IHVCBA  355 

«Misenrés  sur  place,  fait  voir  qoe  ces  affleurements 
sont  assez  innltiidiéa  ;  une  fn^mière  galerie  ourerie  stir 
la  live  gauche  du  ruisseau  dirait  rencontré  des  traces 
cuivreuses  sur  une  longueur  de  21  mètres  avec  plusieurs 
zones  minéralisées,  une  deuxième  ouverte  sur  la  rive  droite 
a  recoupé  trois  fitonsets  sur  une  longueur  de  10  mètres 
environ.  En  profondenr  on  a  suivi  deux  veines,  l'une  de 
l',20  de  paÏBsaDce  et  l'autre,  à  une  vingtaine  de  mètres 
au  mur,  de  Û",40  à  0",60  d'épaisseur.  Ces  deux  veines 
étaient  dirigées  Nord  75°  £^t  et  ploogeaient  vers  le  Sud 
avec  rai  pendage  assez  voisin  de  lii  verticale,  elles  recou- 
paient des  bancs  de  schistes  noirs  lustrés.  Leur  remplis- 
sage était  du  quartz  blanc  avec  mouches  ou  amas  de 
chalcosine,  chakopvfite,  pyrite  et  galène;  la  Uende  y 
était  peu  abondante.  On  retrouve  d'ailleurs  encore  d'assez 
bons  échantillons  de  ce  minerai  sur  les  tas  subsistant  à  la 
surface  :  la  pyrite  cuivreuse  provenant  d'un  de  res  échan- 
tillons et  séparée  avec  soin  de  sa  gangue  uoiis  a  donné  & 
l'analyse  une  teneur  en  cuivre  de  28  p.  100.  L'exploration 
de  la  mine,  découverte  en  octobre  1887,  a  été  commencée 
dès  le  mois  de  décembre  de  la  môme  année  et  poursuivie 
d'abord  avae  peu  de  développement  par  la  Société  des  mines 
dn  Nord.  L<»«dela  reprise  de  la  mine  Pilou  en  1897,  les 
j^priétaires  de  cette  mine,  qui  avaient  acquis  en  même 
temps  la  mine  Ao,  y  réprirent  des  travaux  ;  un  puits  fut 
foncé  jusqu'à  80  mètres  de  profiondear  et  deux  galeries 
furent  poussées  k  40  métras  au-dessous  du  sol  ;  la  mine 
fut  ensuite  pourvue  d'une  machine  d'extraction  et  de 
diiF^entes  installations  ;  elle  fut  ea  même  temps  reliée  à  la 
mine  Pilou  par  une  voie  ferrée  de  4  kilomètres  de  longueur 
qui,  par  oiie  conception  peu  explicable  (à  moins  quUl  ne 
s'agisse  simplement,  comnae  il  nous  a  été  dit,  d'une  étrange 
erreurdetracé),  comprenait  successivement,  à  partir  de  la 
mine  Ao,  unesection  légêrenkent  montante,  puis  un  double 
rebroussement  rachetant  une  différence  de  niveau  de 


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194   RICHESSES   UINÉRALES   DB   LA.  NODVBLLB-CALÈDONIB 

noQB  rappelons  que  les  frais,  de  0'%75  à  1  fruic  par  tonne 
kilométrique,  que  comporte,  &  l'exclusiou  de  tontes 
dépenses  de  premier  établissement,  le  transport  par  voi- 
tures, sont  considérés  aujourd'hui  comme  trop  élevés,  en 
même  temps  que  l'on  regarde  comme  insupportable  U 
gène  résultant  d'un  charroi  assuré  d'une  façon  aussi 
irrégulière;  on  y  substitue,  grâce  au  transport  par  voie 
-ferrée,  des  frais  courants  d'exploitation  généralement  tm 
restreints  (ne  dépassant  pas,  croyons-nous,  10  centimes 
par  tonne  kilométrique),  augmentés  de  l'amortissement  de 
la  voie  ferrée  ;  cette  voie  coûte  au  minimum  15.000  i 
20.000  francs  par  kilomètre,  et  son  installation  eat, 
avons-nous  dit,  généralement  faite  sans  avoir  reconnu  des 
tonnages  importants  de  minerai  exploitable  et  souvent 
après  la  simple  signature  d'un  contrat  d'amodiation  de 
2  ou  3  ans  comportant  seulement  la  fourniture  de  quelques 
dizaines  de  milliers  de  tonnes.  Tel  est  le  cas  de  plusieurs 
des  gisements  de  la  càte  Ouest,  situés  à  5  on  S  kilomètres 
de  la  mer.  Lch  installations,  pins  coûteuses,  de  longues 
voies  ferrées  descendant  des  vallées  importantes,  dont  le 
tracé  comporte  quelques  travaux  d'art,  et  qui  exigent 
l'achat  de  locomotives  et  de  matériel  roulant,  ne  sont 
faites,  au  contraire,  que  lorsqu'on  est  assuré  de  pouvoir  en 
répartir  les  frais  sur  un  grand  nombre  de  milliers  de 
tonnes.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  frais  de  ti-ansport  par  voie 
ferrée  ne  peuvent  être  que  rarement  considérés  comme 
inférieurs,  tout  compris,  h  3  ou  4  francs  par  tonne 
humide  (soit  i  n  6  francs  par  tonne  sèche). 

Une  fuis  rendu  au  boitl  de  la  mer,  en  un  point  oU  la 
côte  offre  un  ai»ri  suffisant  pour  qu'il  puisse  être  procédé 
au  rhargemenl  des  navires,  le  minerai  est  entassé,  après 
exti'action  hors  des  sacs  s'il  y  a  lieu,  pour  attendre 
l'embarquement;  cette  manutention  ne  coûte  pas  moins 
do  0'',50  par  tonne  humide   {0",65  à  0",70  par  tonne 


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LKS   lUNH   DB  NICEEl.  195 

âèche).  Il  est  ultérieurement  repris  à  l'aide  de  wagon- 
'  nets,  embarqué  dans  des  chalands  par  rintermédiaira 
d'estacades,  et  conduit  au  bord  du  bateau  sur  lequel  il 
doit  être  chargé;  c'est  là  une  nouvelle  cause  de  dépense 
qui  n'est  pas  négligeable.  Les  grandes  sociétés  possèdent 
des  chalands  dont  la  confection  et  l'entretien  sont  assez 
coûteux  ;  la  main-d'œuvre  nécessaire  pour  la  reprise  du 
minerai  en  tas,  son  embarquement  dans  les  chalands,  et 
la  remorque  de  ceux-ci  jusqu'au  bord,  est  également  oné- 
reuse, bien  que  ces  travaux  soient  généralement  confiés 
à  des  Canaques  des  lies  Loyalty  particulièrement  habiles 
à  cela.  L'ensemble  de  ces  opérations  coûte  de  3  à  4  francs 
par  tonne  humide  (4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Les 
petits  exploitants  font  souvent  effectuer  le  chalandage  de 
leur  minerai,  au  moment  du  chargement  d'an  navire,  par 
on  entrepreneur  spécial,  auquel  ils  payent  alors  3  francs 
par  tonne  humide,  non  compris  la  main-d'œuvre  qu'ils 
fournissent. 

Les  frais  de  transport  et  de  chargement  peuvent  donc 
varier  entre  les  limites  suivantes  {chiffres  rapportés  à  la 
tourte  de  miitierai  see)  : 

Fr.  Fr. 

Descente  an  pied  l  Nun-d 'œuvre 0,10  i  1,40 

de  la  mine.       |  Ameitissemeat  des  installations  0,70  ft  1,40 

Transport  par     (  Frais  ooorants 0,60  à  1  ,S0 

voie  ferrée.       j  Amortisauftent  des  installations  3,40  à  4,90 

Satassement 0,65  à  0,10 

Chalandage 4,00  &  6,00 

Total  «ppaoïiiiATiv 10,00  à  15,00 

C.  —  Frais  qbnéracx,  dépenses  d'installations. 

Dans  toDt  ce  qui  précède,  nous  n'avons  considéré  que 
les  frais  de  main-d'œuvre  en  ce  qui  concerne  l'exploita- 
tion mAme  ;  nous  avons,  au  conkaire,  été  nécessairement 


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196  RICHESSES    HINÂRAI^aS  DB   HA  HOnTELLE-CALÉDONIB 

anteaé  h  faire  mention  des  fraie  de  premier  établiBSem^it, 
en  parlant  des  voies  de  transport  et  den  prix  de  revient 
des  transports.  Pour  compléter  les  indications  que  aoas 
noos  proposons  de  donner  sur  les  prix  de  revieiit  des 
exploitations  de  nickel  de  la  colonie,  nous  devons  micore 
dire  quelques  mots  des  frais  généraux  divers,  dans  les- 
quels nous  comprendrons  les  différentes  fournitaree 
néceasaires  à  l'exploitation,  et  nous  devons  en  outre 
revenir  sur  les  dépenses  de  premier  étaUissemsit. 

Les  fonriiitores  consommées  d'une  façon  courante  pour 
l'exploitation  sont  peu  nombreuses  :  dans  quelques  cas  on 
a  recours  aux  explosifs,  on  emploie  partout  des  outils 
divers,  barres  b  mine  s'U  y  a  lieu,  pics,  pioclies,  pincée, 
pelles;  on  use  en  outre  une  quantité  importante  de  sacs, 
comme  nous  Tavons  déjtt  mentionné  ;  enfin,  ■  dans  des 
exploitations  importantes,  l'entretien  des  différents  engins 
de  transport  sur  carrières  donne  lieu  à  une  consomma^ 
tion  pins  ou  moins  régulière  de  fournitures  diverses;  il 
y  a  donc  k  ajouter  au  prix  do  revient  du  minerai  sur  car- 
rières, que  nous  avons  indiqué  ci-dessus,  un  article  four- 
nitures qui  peut  se  monter  à  3  ou  é-  francs  par  tonne 
{4  à  6  francs  par  tonne  sèche).  Pour  les  petites  exploita* 
tions,  cet  article  disparaît  presque  (-«mplêtemuit  :  les 
explosifs  y  soat  d'un  emploi  exceptionnel;  les  outils  otit 
généralement  fait  l'objet  d'un  approvisionnement  fait  nBe 
fois  pour  toutes  an  débnt  de  l'exploitation,  que  l'on  porte 
aux  dépenses  de  premier  établissement  et  dont  il  n'est 
pas  tenu  compte  ensuite,  de  même  pour  les  engins  de 
transport. 

Les  frais  généraux  comprennent,  en  outre,  des  frais 
plus  ou  moins  importants  de  direction  technique,  d'études, 
de  comptabilité,  etc.,  que  de  pelits  exploitanls,  travail- 
lant à  leur  compte  (petits  mineurs),  ne  font  généralement 
pas  entrer  en  ligne  de  compte,  puisqu'ils  assurent  per- 
sonnellement ces  différentes  tâches.  Les  dépenses  pour 


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LU  lOKBS  DB  NICSK.  107 

prises  d'essai  sjrstématiqoes  des  différents  lots,  et  pour 
analTse  tant  de  ces  prises  d'essai  que  des  écluuitUIoBs 
fréquemment  prélevés  au  chantier  pour  guider  le  travail 
des  ouTriers,  doiveot  iaterrenir  égal^ent  dans  les  frais 
généraux,  et  elles  ne  représentent  pas  moins  de  0",20  à 
0'%25  par  tcHine  pour  une  exploitation  importante  ob  les 
prises  d'essai  sont  soigneusement  faites,  et  où  l'on  procéda 
kdes  centaines  de  dosages  (*)  par  semaine,  pour  surveiller 
et  guider  le  travail  d'exploitation.  Ën&i  les  impôts  de 
tootes  sortes,  rederaDce  sur  les  périmètres  miniers,  dixnt 
BUT  las  minerais  exportés,  etc.,  sanscompter  les  droits  de 
navigation,  de  phare  et  de  balisage^  qni  pèsent  indirec- 
tement Bar  ies  pdx  de  revient,  constituent,  an  tifare  frais 
généraux,  une  charge  assez  lourde,  pouvant  atteindre, 
surtout  pour  une  eatre{Kise  importante,  plusieurs  francs 
par  tooi». 

Si  nous  passons  maintenant  aux  frais  de  premier 
ètabtisswneni,  nous  n'avons  pas  grand'chose  à  dire  de 
ceux  qui  peuvent  être  faits  sur  les  carrières  mômes  ;Boa8 
avofis  préfô^  les  faire  rentrer  dans  les  frais  d'exploita- 
tion 80OS  ia  rubrique  :  Travaux  préparatoires.  La  création 
des  engins  auxiliaires  de  transport  et  de  descente  pour  lu 
coDceob«tion  du  minerai,  l'achat  des  voies  Decauvillc 
volantes  et  du  matériel  de  wagonnets  nécessaires  au  ron- 
Uge  sur  carrièreB  des  minerais  et  déblais,  rentrent  ati 
contraire  dans  ces  frais.  Les  engins  de  descente  et  de 
transport  horizontal  j  rouirent  également  et  en  constituât 
le  plus  gros  chiffre;  noua  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que 
MUS  venons  d'en  dire.  Mais  niHis  devons  mentitHiner  ici 
d'autres  installations  qu'il  est  indispensable  de  créer  au 
début  de  l'exploitation  :  ce   sont  d'abord  des  chemins 

(*)  Ces  dosages  le  toDt  d'une  taçon  e^ip^itive,  grâce  i  une  méthode 
par  Uqueun  titrées  qui  k  été  iodiquée  par  U.  Uoore,  cbimiite  dn  ser- 
Tic«  local  de  U  colonie,  et  dont  on  conDe  arec  succès  l'application  à  dei 


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198  HICBESBBS  UmBRALES   DB  LA  NOUTBLLE-CALBDONIB 

d'accès  depuis  le  bord  de  la  mer  ou  depuis  la  localité  T(H- 
aine  jusqu'au  pied  de  ta  mine,  puis  du  pied  de  la  mine 
jusqu'aux  travaux  ;  les  premiers,  tracés  en  terrain  plat  ou 
à  peu  près,  ne  comportent  pas  de  travaux  importants,  ils 
doivent  généralement  être  carrossables;  les  seconds,  au 
contraire,  seraient  plus  difficiles  à  pratiquer  si  l'on  ne  se 
contentait  de  chemins  muletiers  gravissant  en  lacets 
n'importe  quels  escarpements,  grÂce  à  des  pentes  attei-. 
gnant  jusqu'à  10  p.  100;  de  tels  chemins  ne  reviennent 
p^  à  plus  de  30  à  50  centimes  par  mètre,  ce  qui  représente, 
pour  une  dénivellation  de  400  ou  500  mètres  et  un  déve- 
loppement de  quelques  kilomètres,  2.000  k  3.000  francs.  H 
faut  ensuite  avoir  des  installations,  toujours  fort  sommaires 
d'ailleurs,  pour  abriter  les  ouvriers  k  recruter  ;  ce  n'est  \k 
qu'une  modeste  dépense,  étant  donné  les  conditions  dans 
lesquelles  les  ouvriers  sont  logés;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  suite. 

Enfin  l'exploitant  doit  ae  construire  sa  propre  habita- 
tion, à  laquelle  il  annexe  un  magasin  destiné  à  renfermer 
à  la  fois  les  fournitures  courantes  nécessaires  à  l'exploi- 
tation et  les  vivres  et  fournitures  diverses  consommés  par 
les  ouvriers. 

L'ensemble  de  ces  frais  divers  de  premier  établissement 
n'est  pas  inférieur  à  10.000  et  souvent  20.000  francs 
pour  une  petite  exploitation  ;  il  s'élève  naturellement 
incomparablement  plus  pour  une  affaire  plus  importante, 
lorsqu'il  s'agit  de  créer  de  toutes  pièces,  comme  l'a  fait 
la  société  le  Nickel  à  Thio,  par  exemple,  les  logements 
d'un  personnel  important,  des  bureaux,  un  laboratoire, 
des  magasins  considérables,  un  atelier,  etc. 

D.  —  Prix  de  revient  globadx. 

Poorrésumeren  un  tableau  les  indications,  nécessaire- 
ment vaguM,  que  nous  avons  données  ci-dessus,    nous 


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LES  UINBS  DB  NICKBL  199 

diroDs  que  le  prix  de  revient  d'une  quantité  de  minerai  dé 
nichel  équivalente  à  une  tonne  de  minerai  sec,  rendue 
80U3  palans,  comprend  les  éléments  suiTanta,  dont  on  peut 
estimer  que  l'importance  varie  entre  les  chiffres  ci- 
dessous  : 


courants  ' 


carrières,  i 


Abatage  et  triage 8,00  &  30,00 

Transports  sur  carrières,  éracualiou 

du  stérile 3,00  à    4,50 

Travauxpréparatoireset  terrassements 

divers 4,00  à  20,00 

Ensachage  (s'il  y  a  lieu),  main-d'œuvre  et  matières.  2,50  A    3,00 

Transports,  main-d'œuvre  et  frais  courants 1 ,30  à    S, M 

Entassement,  main-d'œuvre 0,65  A    0,70 

Chaloadage  (y  compris  l'amortissement  des  instal- 
lations s'il  y  a  lieu) 4,00  A    6,00 

Frais  généraux,  fournitures  et  entretien 0,00  A    6,00 

Fnjs   généraux  :    direction,    surveillance,    prises 

d'essai,  analyses,  impAts 0,00  A    5,00 

Hatériel  et  outils 1,00  A    3,00 

Engins  de  transport 3,40  A    4,90 

installations  diverses  (chemins, 
constructions,  etc.),  essentiellement  variable 


Amortissement 

des 

installations. 


Nous  ne  poavons  que  répéter  ici  que  ces  chiffres  ne 
doivent  être  considérés  que  comme  donnant  des  indica- 
tions sur  la  fa^n  dont  se  répartissent  les  dépenses  d'une 
exploitation  de  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  :  si  l'on 
considère  les  chiffres  minimum  que  nous  donnons  et  qui, 
noas  le  répétons,  se  rapportent  à  l'exploitation,  sans  souci 
du  lendemain,  de  quelque  riche  trainée  découverte  çà  ou 
là,  on  peut  dire  que  les  frais  courants  par  tonne  sèche 
rendue  à  bord  peuvent  ae  pas  dépasser  25  francs;  il  faut, 
en  outre,  y  ajouter,  comme  nous  l'avons  dit,  des  frais  géné- 
raux fort  minimes  et  ensuite  une  charged'amortissement- 
qu'on  ne  peut  évaluer,  avant  la  fin  de  l'exploitation,  que 
d'une  façon  tout  à  fait  incertaine;  on  ne  connaît  en  effet 
nullement  la  quantité  do  minerai  qui  sera  exploitée,  tant 


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200   RICHESSES  HUiÉRALBS   DB  LA  NOCVSLLK-CALBDONIB 

parce  que  l'explutaut  liù-méme  n'a  pas  recoonu  la  gîte, 
que  parce  qu'il  a  eomm^tcé  soa  explmlatioa  après- 
avoir  BigDé  UD  coatral  de  vente  de  30.000,  40.000  ou 
50.000  toanes  à  livrer  au  cours  des  deux  ou  trois  anoée» 
à  venir,  et  qu'il  ne  peut  nullement  compter  qu'au  bout  de- 
ce  temps  une  restriction  de  la  demande  de  minerai  De- 
viendra pas  l'obliger  à  abandonner  one  mine  encore  pro- 
ductive, et  à  perdre  tout  le  bénéfice  qu'il  pourrait  encore- 
retirer  des  installations  qu'il  a  faites.  Aussi,  généralement^ 
celui  qui  entreprend  pareille  exploitation  chercbe-t-il 
simplement  k  voir  s'il  p«ut  espérer  rémunérer  tooM  «es- 
frais  sur  l'esécutioD  d'uu  premiw  oootrat  de  T«ate  de 
minerai;  il  prend  alors  à  crédit(*]  les  foumitureB  dwit  il 
a  besoin  et  emprunte  un  fonds  de  roulement,  pois  se» 
efTorts  tendent  à  réussir,  grâce  aux  livraisons  de  minersi 
qu'il  fera,  à  rembourser  se^empruats,  tout  en  coDservaat 
quelque  bénétice. 

Nous  avons  dit  queTamortis^mest  des  installations  de- 
transport  ne  peut  que  rarement  représenter  moins  de  3",40 
à  4" ,50  par  tonne  ;  celui  de  l'ensemlile  des  autres  installa- 
tions  et  des  approvisionnements  divers  ne  peut  guère  être 
inférieur.  On  anive  donc  k  un  prix  de  revient  minimum 
de  30  ou  plutAt  de  35  francs  par  tonne  sèdie. 

Cela  représente,  en  supposant  du  mineru  à  la  teneur 
normale  de  7  p.  100,  un  prix  de  revient  de  0"',46  k  0^,50 
au  minimum  par  kilogramme  de  métal  contenu  dans  le- 
minerai.  Comme  les  marchés  qui  couraient  au  moment  de- 
notre  séjour  avaient  été  le  plus  souvent  conclus  entre- 
0",6Û  et  0'',70  par  kilogramme  de  métal,  on  voit  que,. 
pour  une  exploitation  où  auraient  été  réunies  toutes  les 
conditions  les  plus  favorables,  facilités  d'exploitation,  voies 

(*)  Dm  Mhftte  Taiti  dans  «a  coaditioiis,  par  des  eiploilsats  qui 
n'offrent  souvent  d'autrei  garenlieg  que  les  chvices  de  luccès  de  leur- 
czploil&tion,  sont  naturellement  faits  ft  dei  prix  sériensement  majorés^ 
ce  qai  contribue  à  angEneoler  let  tnii  de  premier  AtaUiMeaieBl. 


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LU  MINES  DB  NIOKtL  20f 

de  tr^sport  aisées  à  installer,  et  toonage  important  de- 
minerai  à  extraire  sur  lequel  répartir  les  frais  de  premier 
établiMemeot,  il  y  avait  une  sérieuse  mai^e  pour  la  rému- 
fiératioii  personnelle  de  l'exploitant  et  pour  la  réalisation 
d*UQ  bénéfice  in^ortant.  Il  faut  d'ailleurs  ajouter  k  ce- 
dernier  celui  qui  résulte  déjà  de  la  rente  aux  ouvriers  des- 
vivres  et  marchandises  diverses,  et  qui  n'est  souvent  pas- 
to  moindre,  puisque  plusieurs  exploitants  nous  ont  déclaré 
que  c'est  en  somme  le  »eiil  qu'ils  réalisent. 

Mais  bien  souvent  l'exploitation  elle-même  n'est  pas- 
atiBsi  aisée;  il  y  a  des  périodes  ttnit  au  moins,  ob  les  tra- 
vaux au  stérile  sont  nombreux  et  coûteux  (il  est  rare  qu'il 
n'y  ait  pas  à  compter  audébutde  l'exploitation  sur  une  telle- 
période  dont  il  faudra  oaturellemeol  tenir  compte  ensuite)  ;: 
lee  transports  peuvent  être  pins  difÔcitës  à  organiser,  il 
arrive  qae,  faute  d'avoir  consacré  au  début  une  sommtt- 
iufîlsante  k  la  création  d'engins  bien  disposés  pour  réduire- 
la  main-Kl'oeuvre  aux  chiffres  assez  bas  que  nous  avons 
supposés,  celle-ci  est  plus  onéreuse;  il  se  peut,  au  con- 
tndre,  que  les  installatiocsaient  dû  6tre  plus  importantes- 
qoe  oous  ne  l'avons  admis,  ou  ne  se  répartissent  finale- 
ment  que  sur  an  tonnage  trop  restreint;  dan^  de  telles 
conditions,  les  bénéfices  de  l'exploitation  peuvent  être 
beaucoup  moins  importants.  Parfois,  nous  l'avcms  déjà, 
mentionné,  il  serait  pratiquement  trop  onéreux,  sinon, 
peut-être  au  point  de  vue  absulu,  du  moins  en  raison  des. 
ressources  ou  du  crédit  dont  dispose  l'exploitant,  de  créer 
des  moyens  de  transport  vraiment  économiques;  d'autre- 
part,  l'abatage  du  minerai  peut  être  plus  ou  moins  malaisé  ; 
dès  lors  le  prix  de  revient  par  tonne  de  minerai  s'élève  con- 
sidérablement ;  m^s,  si  le  gîte  permet  de  n'exploiter 
qœ  des  minerais  riches,  à  â  p.  100  par  exemple  et  môme 
phis,  la  valeur  de  la  tonne  s'élève  aussi  très  notablement, 
puisque  non  seulemeut  la  teneur  en  métal  augmente,, 
mais  encore  en  même  temps  le  prix  de  base  par  unité  de- 


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202   RICHESSES  MINÉRALES  DB   LA  HODTSLLB-CALSDONtE 

métal,  et  l'exploitation  reste  possible  sur  une  petite  échelle. 

Telles  sont  les  conditions  dans  lesquelles  ont  été 
créées  toutes,  ou  à  peu  près  toutes,  les  petites  exploita- 
tions de  la  colonie,  qui  ont  produit,  en  1901 ,  45.000  tonnes, 
soit  1/3  de  la  production  totale,  et  celles  dans  lesquelles 
était  également  conduite,  il  y  a  quelques  années,  l'exploi- 
tation de  Népoai.  Des  sociétés  importantes  disposant  d'un 
capital  considérable,  possédant,  ou  croyant  posséder  (car, 
rappelons-le,  il  y  a  bien  peu  de  gîtes  réellement  explorés 
aujourd'hui),  des  réserves  importantes  de  minerai  dans 
une  même  région,  procèdent  naturellement  d'une  tout 
autre  façon  :  assurées  d'une  certaine  permanence  dans 
leurs  affaires,  elles  ont  beaucoup  plus  d'intérêt  &  chercher 
h  épuiser  systématiquement  les  gîtes  qu'elles  ont  aména- 
gés et  pourvus  de  moyens  de  transport  convenables  ;  dès 
lors  leurs  exploitations  comportent  tout  natorellement  des 
frais  spéciaux  sur  carrières  incomparablement  plus  élevés 
que  ceux  des  mines  dont  nous  venons  de  parler  ;  la  charge 
des  frais  de  premier  établissement  et  d'amortissement 
devient  au  contraire  plus  faible,  tandis  qu'il  faut  compter 
une  part  de  frais  généraux  très  notable,  et  que  les 
dépenses  de  fournitures,  qui  se  renouvellent  d'une  façon 
périodique,  constituent  également  un  article  du  prix  de 
revient.  On  arrive  ainsi  à  des  prix  de  revient  qui  peuvent 
s'élever  jusqu'à  60  et  même  70  francs  par  tonne  de  mine- 
rai sec  à  7  p.  100,  portant  le  prix  du  kilogramme  de  mé- 
tal à  0'',85  et  exceptionnellement  1  franc.  Ce  sont  Ik 
des  chiffres  qui  peuvent  paraître  paradoxaux,  pour  cette 
raison  qu'après  tout  ce  que  nous  avons  dit  de  l'intérêt 
considérable  qu'il  y  a  à  munir  les  exploitations  d'installa- 
tions perfectionnées  et  coûteuses  au  besoin,  dont  les  frais 
de  premier  établissement  soient  destinés  &  se. répartir 
sur  un  tonnage  important,  nous  en  arrivons  à  constater  que 
le  prix  de  revient  dans  ces  conditions  est  souvent  bean- 


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LES   MINES   DE  NICKEL  203 

coup  plus  élevé  que  dans  les  petites  exploitations,  oii  il 
est  strictement  limité  (*}  par  le  prix  auquel  le  minerai 
peut  être  vendu,  soit  de  60  à  70  centimes  par  kilogramme 
de  métal.  L'explication  de  ce  paradoxe  tient  à  deux  cir- 
constances: d'une  part,  les  sociétés  importantes  exploitent 
aujourd'hui,  souvent  après  avoir,  au  début,  épuisé  les  gise- 
ments voisina  de  la  mer,  des  mines  situées  àl2  kilomètres 
(niio)  et  même  à  25  kilomètres  {NépouiJ  de  la  mer,  mines 
qui  seraient  pratiquement  inac-cessibles  pour  les  petits 
mineurs;  d'autre  part,  elles  en  tirent  parfois  un  tout 
antre  parti  que  celui  que  de  petits  mineurs  en  auraient 
tiré,  et  il  n'est  pas  exagéré,  à  notre  avis,  de  dire  que  là 
ob  un  petit  mineur  aurait  peut-être  extrait  50.000  ou 
60.000  tonnes  de  minerai  à  S  ou  9  p.  100,  représentant  seu- 
lement quelques  milliers  de  tonnes  de  métal,  une  telle  so- 
ciété pourra  extraire  quelques  centaines  de  mille  tonnes  de 
minerai  avec  des  teneurs  de  6  1/2  ou  7  p.  100,  utilisant 
ainsi  trois  ou  quatre  fois  plus  du  métal  contenu  dans  le 
gisement.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  tous  les  prix  de 
revient  que  nous  avons  indiqués  sont,  en  ce  qui  concerne 
la  main-d'œuvre,  majorés  du  bénéfice  retiré  de  la  vente  des 
marchandises  aux  ouvriers  ;  ce  bénéfice  s'ajoute  à  celui  des 
petits  mineurs,  mais  il  ne  diminue  en  rien  les  prix  aux- 
quels ib  livrent  leur  minerai  ;  ce  même  bénéfi<'e,  plus 
modeste  il  est  vrai,  se  retranche  au  contraire  des  prix 
de  revient  des  sociétés  importantes  dont  nous  venons  de 
donner  une  évaluation,  et,  comme  il  atteint  encore  aux  en- 
virons de  20  p.  100  sur  les  marchandises  vendues,  c'est- 
à-dire  sur  lamajorité des  salaires,  il  doit  diminuer  le  prix 
de  revient  par  kilogramme  de  métal  que  nous  donnons 
ci-dessus,  d'une  somme  qui  n'est  pas  moindre  que  0",10. 
Ajoutons  que  si,  dans  ces  conditions,  il  semble  qu'une 


(*]  Pour  avoir  la  limile  réelle  à  laquelle  le  petit  mineur  peut  exploi' 
ter  Rana  perte,  il  faudrait  réduire  ion  prix  de  revient,  calculé  comme 
nouB  l'avons  fait,  de  la  part  correspondant  au  bénéflce  qu'il  rËalise  lur 
lu  fournitures  qu'il  fait  à  ses  ouTrien. 


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204  BICHE88E3   HIHiltALBS  DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

société  iinportantâ  puisse  souvent  avoir  avantage,  au 
lieu  de  forcer  sa  production  pour  faire  face  à  une  demanda 
particulièrement  active  de  minerai,  à  passer  des  marcbé» 
avec  de  petits  mineurs,  comme  cela  est  d'une  pratique 
constante  lorsque  la  demande  de  nickel  est  active,  cela 
n'est  réellement  avantageux,  à  son  propre  point  de  vue,  qne- 
lorsque  le  gisement  exploité  par  le  petit  mineur  n'q>- 
partient  pa»  à  la  société.  Lorsque  au  contraire  la  min» 
lui  appartient,  c'est  généralement  le  gaspillage  presque- 
dëSnitif  auquel  elle  consent  pour  un  gisement  qui,  s'il  a 
tenté  quelque  petit  mineur,  n'est  généralement  pas  parmi 
les  moins  riches  ou  les  moins  avantageusement  situés. 

Et  c'est  eu  insistant  sur  cette  considération  que  nous 
terminerons  ce  qui  a  trait  aux  conditions  écoDomiques 
actuelles  de  l'exploitation  du  nickel  en  Nouvelle-Calédo- 
nie. Les  prix  de  revient  du  kilogramme  de  métal,  avec 
l'obligation  d'une  teneur  minimum  de  7  p.  100  pour  1» 
minerai  sec,  peuvent  être  considérés  comme  variant 
aujourd'hui,  tout  compris,  de  0'',50  k  1  franc  au  grand 
maximum;  mais  le  prix  minimum,  que  nous  croj'Oii* 
pouvoir  fixer  aux  environs  de  0'',5Û,  n'est  pratiquem<»it 
réalisé,  dans  la  plupart  des  mines  oiion  l'obtient,  pour  ne  pas- 
dire  dans  toutes,  que  par  un  véritable  gaspillage  deagiles; 
ce  n'est  d'ailleurs  pas  du  tout  à  dire  que  de  tels  prix  ne 
pourraient  pas  être  obtenus  tout  eu  assurant  une  beaucoup 
meilleure  utilisation.  Sans  douto  cette  utilisation  ne  sau- 
rait être  parfaite;  elle  ne  saurait  même  être  aussi  com- 
plète que  lorsque  l'on  consent  à  des  prix  de  revient  plus 
élevés;  mais  elle  pourrait  aisément,  crojons-nous,  être 
souvent  deux  fois  meilleure,  pour  peu  que  l'exploitation  fût 
entreprise  avec  plus  de  souci  de  l'avenir,  par  des  personnes- 
disposant  des  capitaux  nécessaires  (qui  ne  seraient  d'ailleurs 
pas  énormes),  moins  hantées  par  l'idée  de  faire  fortune  eiv 
quelques  années,  et,  disons-le  aussi,  moins  complètement 
ignorantes  de  ce  que  peuvent  être  un  gisement  minérU 
et  les  conditions  dans  lesquelles  il  devrait  *tre  exploité. 


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CHAPITRE  IV. 


«nUUTIOH  DES  UHBRAIS  DS  NICKEL  DE  LA  NOIITELLE- 
CILËDOMIE.  DÊBODCH£S  QUI  LEUR  SORT  OFFERTS. 


A .   —  TRAtTKMENT  ACTUEL  DES  MINERAIS. 

Les  minerais  de  nickel  aRtuelIement  exploités  en 
Nouvelle-Calédonie  soûl  généralement  expédiés  en  Europe, 
soit  an  Havre,  soit  à  Glasgow,  soit  à  Rotterdam  ;  au  voi- 
sinage immédiat  des  deux  premiers  de  ces  ports  existent 
deax  usines  de  traitement  appartenant  à  la  société  le 
Nickel,  l'usine  du  Havre  et  l'usine  de  Kiritintilloch,  ayant 
produit  chacune,  dans  ces  derniferes  années,  de  1.500  a 
1.800  tonnes  de  nickel  par  an;  de  Rotterdam,  tes  minerais 
sont  dirigés  sur  l'Allemagne,  où  ils  sont  traités  (produc- 
tion 1.000  à  1.200  tonnes  par  an).  11  a  en  outre  été 
récemment  fait  quelques  expéditions  de  minerai  sur 
l'Amérique  (30,000  tonnes  environ  en  1901). 

Les  frais  de  transport  jusqu'en  Europe  sont  naturelle- 
ment variables  avec  les  conditions  générales  du  fret  dans 
le  monde  entier;  ils  oscillent  généralement  aux  environs 
de  30  à  40  francs  par  tonne,  prix  auquel  il  faut  ajouter 
une  assurance  de  3  p.  iOO  ad  valorem.  Ce  prix  est  celui 
qui  est  fait  par  dos  voiliers  français  portant  de  3.000  à 
4.000  tonnes  de  minerai,  qui  viennent  d'Europe  en  Nou- 
velle-Calédonie par  le  cap  de  Bonne-Espérance  et  re- 
tournenten Europe  par  le  cap  Horn,  effectuant  un  voyage 
d'une  durée  totale  de  7  mois,  le  plus  souvent  sur  lest  à 
l'aller.  Un  voyage  leur  rapporte,  outre  le  fret  qui  s'élève 
entre  100.000  et  150.000  francs,  la  prime  à  la  naviga- 
tion accordée  par  le  gouvernement  français,  prime  qui 


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aOft  RICHESSES  MINÉRALES.  DB  LA   NOUVELLE- CALÈDONIB 

atteint  125.000  francs  en  moyenne  par  voyage  et  qui 
couvre  (iéjk  pneqoe  les  frais  du  voyage.  D'après  les  rrai- 
seignements  que  whb  avons  pu  recueillir,  ces  b&timeats 
ne  pourraient  guère  acospter  de  fret  à  moins  de  50  francs 
par  tonne,  si  cette  prime  b«  leur  était  pas  allouée;  des 
b&timcmts  aagl^s,  qui  n'en  prcAbaot  pas,  accepteraient 
parfois  des  freia  d'une -qnanntaine  dkfruics. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  qa'acim^mMi  le  fret  seul, 
qui  représente  ainsi  environ  48  à  55  tr&nes  par  bonne  de 
minerai  sec,  soit  70  à  75  centimes  par  kilogramn*  de 
métal,  suffit  k  doubler,  à  l'arrivée  en  Europe,  la  valeur  i» 
minerai  de  nickel  pris  sur  place. 

Le  traitement  que  le  minerai  subit  comporte  actuelle- 
ment une  fusion  pour  niatte  au  cubilot  à  vater-jacket  ; 
fondu  avec  20  p.  100  de  calcaire,  10  p.  100  de  gypse 
(ou  une  quantité  de  charrée  de  soude  équivalente  au 
point  de  vue  de  la  richesse  en  soufre)  et  37  1/2  p.  100 
de  coke,  le  minerai  produit  une  matte  tenant  environ 
45  p.  100  de  nickel,  40  p.  100  de  fer  et  15  p.  100  de 
soufre,  tandis  que  les  matières  réfractaires,  silice,  chaux, 
et  magnésie,  passent  dans  la  scorie  et  n'entraînent  qu'une 
faible  quantité  de  nickel.  La  matte  obtenue  est  ensuite 
déferrée  au  convertisseur,  ce  qui  donne  lieu  à  la  produc- 
tion d'un  sulfure  de  nickel  à  75  p.  100  de  nickel,  moins 
de  1  p.  100  de  fer,  et  24  p.  100  de  soufre;  celui-ci  est 
finement  broyé,  puis  il  subit  un  double  grillage  très  minu- 
tieux, destiné  k  éliminer  aussi  complètement  que  possible 
le  soufre  ;  enfin  l'oxyde  produit  est  réduit  en  présence  de 
charbon  et  de  farine,  ce  qui  donne  du  métal  à  peu  près 
pur  et  aggloméré  par  une  demi-fusion.  Nous  n'avons  pas 
d'évaluation  exacte  des  frais  que  comporte  ce  traitement  ; 
noua  croyons  néanmoins  qu'ils  ne  dépassent  pas  1  franc 
par  kilogramme  de  métal  produit  ;  une  moitié  de  ces  frais 
se  rapporte  à  la  première  fusion. 
Dans  ces  conditions,  le  nickel  se  vend  en  Europe,  suivant 


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LB8  HINB8  DE  NICKEL  207 

les  circonstances,  suivant  l'importance  des  achats,  etc., 
eotre  3'',50  et  4  francs  le  kilogramme.  Ajoutons  que 
le  nickel  qui  est  extrait  des  minerais  calédoniens  par  le 
traitement  que  nous  venons  d'indiquer  est  très  pur  :  il 
contient  99  à  99,5  p.  100  de  nickel  ;  il  est  suffisamment 
bien  débarrassé  du  soufre  qui  y  a  été  incorporé  par  la 
première  fusion,  puisqu'iln'en  tient  que  moins  de  1  millième; 
il  est  exempt  d'arsenic  et  de  phosphore,  et  ne  contient  que 
des  traces  (moins  de  1  millième)  de  enivre,  qui  seraient, 
parait-il,  introduites  par  le  traitement,  mais  qui  n'existent 
pas  dans  les  minerais  de  notre  colonie. 

B.  —  Les  débodchés  nu  nickel. 

Le  prix  du  nickel  métallique  a  baissé  depuis  25  ans 
dans  des  proportions  extrêmement  considérables,  puisque 
au  moment  de  la  découverte  des  minerais  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  il  était  encore  de  18  francs  le  kilogramme,  et 
qu'après  s'être  abaissé  d'abord  brusquement  à  10  francs, 
puis  successivement  à  8,6  et  5  francs  (1892),  à  4  francs 
(1894),  à  3  francs  (1895),  et  puis  même  à  2",40 (fin  1895] 
par  l'effet  de  la  concurrence  du  Canada,  il  oscille 
maintenant  entre  3^' ,50  et  4  francs  le  kilogramme. 
Néanmoins  le  nickel  est  resté  un  métal  demi-précieux, 
coûtant  à  peu  près  deux  fois  plus  que  le  cuivre;  il  ne 
saurait  donc  être  substitué  à  ce  métal,  de  même  que  les 
alliages  à  base  de  nickel  ne  sauraient  être  substitués  au 
lûton,  que  pour  des  nsages  de  luxe  ou  à  peu  près;  on 
connaît  les  emplois  du  nickel  métallique  pour  un  certain 
nombre  d'objets  usuels  qu'il  est  intéressant  de  préserver 
du  vert-de-gris,  ou  comme  revêtement,  soit  à  l'état  de 
plaqué,  soit  à  l'état  de  dépôts  galvaniques,  sm-  d'autres 
métaux  ;  on  connaît  également  tes  usages  des  alliages  à 
base  de  nickel  :  argentan,  maillecbort,  métal  anglais, 
métal  blanc,  etc.  ;  enfin  le  nickel,  soit  pur,  aoit  à  l'état  d'al- 


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'206   RICHESSES   UIHÂBALES  DE   LA  NOWELLE-CALÉDONIB 

liage,  a  été  employé,  et  sera  vraisemblablement  employé 
encore,  par  différents  paya  pour  la  fabrication  de  la  mon- 
naie de  billon. 

Bien  que  l'ensemble  de  ces  usages,  qui  ne  demandent 
4-bacun  individuellement  que  des  quantités  relatiremeot 
restreintes  de  nickel,  finisse  par  représenter  des  cen- 
taines et  même  quelques  milliers  de  tonnes  par  an,  et  que 
l'on  puisse  espérer  rcnr  peu  a.  peu  adopter  ce  beau  métal, 
précieux  par  son  inaltérabilité,  pour  d'autres  usages  du 
même  genre,  il  n'y  aura  là  vraisemblablement  qu'on 
accroissement  assez  lent  d'année  en  année,  tant  que  le 
prix  du  nickel  restera  notablement  supérieur  à  celui  du 
niivre. 

Un  aulre  déboucbéqui  a  été  ouvert  au  nickel  depuis 
que  son  prix  s'est  abaissé  est  la  fabrication  des  aciers  au 
nickel,  cl  celui-là,  qui  en  a  déjà  aujourd'hui  doublé  lei 
usages  dans  le  monde  entier,  parait  promettre,  pour  un 
avenir  sans  doute  prochain,  un  large  développement  de 
la  consommation  du  nickel,  La  ténacité  et  l'augmentatioa 
de  ta  limite  d'élasticité  et  de  la  charge  de  rupture  qu'un 
petit  nombre  d'unités  de  nickel  communiquent  à  l'acier, 
ont  fait  introduire  ce  métal  dans  la  composition  de  cer- 
tains aciers  spéciaux  depuis  une  douzaine  d'années  envi- 
ron :  employé  d'abord  avec  succès  pour  les  plaques  Je 
blindage  en  proportion  de  3  à  5  p.  iOO  (essais  d'Anna- 
polis,  1891),  il  a  été  introduit  ensuite  dans  le  métal  à 
canons  (en  proportion  voisine  de  2  p.  100),  dans  des  tôles 
destinées  à  des  constructions  métalliques  oli  l'on  recherche 
tout  particulièrement  la  légëred' (proportion  de  3  p.  100), 
dans  cerLaina  arbres  dont  on  désire  augmenter  la  limite 
élastique  (proportion  de  1  p.  100),  et  l'on  cherche  aujoui^ 
d'hui  a.  employer  les  aciers  au  nickel  pour  faire  des 
tubes,  des  rivets,  etc.  Mais,  si  «  les  aciers  au  nickel  plus 
ou  moins  mauf^anésés,  carbures  ou  chromés,  sont  scm- 
a  aux  aciers  ordinaires  au  carbone,  tant  que  les  pro- 


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LES  UINBS  DE   NICKEL  209 

portious  de  nickel,  manganèse,  chrome  et  caibone  ue 
dépassent  pas  une  certaine  limite  (')  »,  et  si,  dans  ces  condi- 
tions, ces  divers  éléments  jouent  simplement  le  rôle  d'élé- 
mmis  durcissants,  <<  au  delà  d'une  certaine  limite,  les 
additions  de  ces  éléments  produisent  une  transformation 
allotropique  du  fer  contenu  dans  les  aciers,  qui  fait 
^paraître  des  propriétés  physiques  et  mécaniques  très 
différentes  de  celles  des  aciers  oi-dinaires  {')...  »  Avec  une 
composition  répondant  à  cette  dernière  condition  grâce 
à  une  forte  teneur  en  nickel,  «  les  aciers  s'adoucissent 
considérablement  par  la  trempe  et  ne  durcissent  que 
par  l'écrouissage  ;  les  propriétés  mécaniques  de  certains 
d'entre  eux  sont  très  remarquables,  particulièrement 
au  point  de  vue  de  l'allongement  à  la  rupture,  qui  est 
exceptionnel,  et  de  la  résistance  au  choc,  qui  dépasse 
celle  de  tous  les  alliages  ou  métaux  connus  (*)  »,  Cest 
parmi  ces  aciers-là,  oii  la  proportion  de  nickel  se  compte 
par  dixièmes,  que  l'on  a  découvert  des  métaux  présentant 
des  propriétés  physiques  extrêmement  remarquables, 
notamment  au  point  de  vue  de.  la  dilatabilité,  ce  qui  est 
de  nature  à  leur  ouvrir  des  débouchés,  mais  sans  doute 
restreints  comme  tonnage,  pour  la  construction  d'appa- 
reils de  physique,  de  géodésie,  etc.;  cependant  certaines 
de  leurs  propriétés  mécaniques  sont  si  précieuses  que, 
malgré  leur  prix  élevé,  ils  ont  déjà  été  employés  dans 
la  construction  en  fer,  notamment  en  assez  grande  quan- 
tité par  l'artillerie  française  au  cours  de  la  construction 
de  80D  nouveau  matériel  (tâles  à  25  p.  100  de  nickel). 

Aujourd'hui  donc  les  usages  des  aciers  au  nickel  sont 
courants  avec  des  teneurs  de  1  à  5  p.  100  sous  forme  de 
tftles,  arbres,  canons,  obus,  et  surtout  de  blindages.  Cè- 
ne sont  encore  là  que  des  usages  spéciaux  correspondant 


(*)    Recherchai   lur   let  acien  au    nickel   à  hauUi    ttneui'ST   [W" 
U.  L.  Di-MAB  (Annalti  det  Mines,  10-  itrie,  t.  I,  p.  551  e.t  SSa  ;  1902). 


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310  RICHESSES  HINÂRAIXS  DB   L&  ITOTrraLLE-CALBIWNIB 

à  des  tMimiges  limités,  et  c«la  tient  non  sMÛemetft  k  t» 
qW  introduction  de  quelques  unités  poiD*  œst  da  tàMI 
dans  l'adu'  augmente  tr^s  notftblement  son^x  (sDimMt 
(fa  simple  au  double]  à  la  fois  en  raison  de  la  Taievr  raèo» 
da  métal  introduK  et  en  raison  de  Is  minutie  pins  gnsde 
de  la  préparation  métaHurgiqoe  de  ces  aciers  epédwa, 
maîB  cela  tientencore  k  ce  ftdt  que  l'amé^orstâoB  de  oer- 
tainoB  de  leurs  propriétés  mécaniques  ne  va  -pas  vottmA 
sans  des  inconvénients,  tels  que  la  difficulté  avec  Isqneâe 
ite  se  laissent  trarailler,  ne  supportant  jms  récrooiBsa^er 
criquant  aisément,  etc.  Il  est  fort  intéressaat  oepemdnt 
de  signaler  nn  pas,  paraissant  très  notaUe,  qei  vî^ 
d'Atre  fait  aux  États-Unis  :  après  des  essais  multipSes 
pour  l'emploi  de  rùts  en  aoier  an  nickel  e»r  des  sectiw» 
de  voies  ferrées  très  fréquentées,  en  Tue  d'espat^rnst»- 
blenient  les réfectioiis dévoies,  la  Pensylvanian  Railroad ^ 
vient  de  commander  {).000  tonnes  de  nùts  bb  «ckr 
à  S  1  /â  p.  100  de  nickel  pcnant  S5  et  100  tivres  pu  jaH 
(soit  43  et  50 kilogrammes  par  mMre),  pour  en  moBÉ-lff 
sections  de  voie  les  plus  diargées  de  «es  figniee  mHtmu 
de  Pittsbarg  :  cette  commande  attrait  été  &)te  an  frit 
de  !%  dollars  ta  t«Hte  (361  fï«nes  par  ionae  méti  înjmi)  (')■ 
La  maltipUcwtioii  de  ^enblabloB  osages  «e  ■mMnjwenÉ- 
pas  d'accrottre  oonsidéraUement  la  coriMnnalMB  ér. 
nictol,  et  -oria  posrrsift  bien  ne  pas  !taFder4iv  praduiM'Mi 
efiht. 

Poor  oe  qui  est  de  l'ad^tïM  ^les  aoiws  m  niekelfc 
haute  teneur,  on  peuit  dès  aujourd'hiii  y  compter  ftew  It 
cooetnictioii  d'appniwls  de  faié(àsion  ;  mâb  '«el*  «st  'peu 
de  chose,  et  oe  qui  serait  vraimieiit  TirétsMat  "pMT'aotn 
o«ik>nie,  oe  -serait  de  voïr  se  dé^velopper  Ane  UM^lufa  Mb' 
qw  œlvi  qm  a  éié  Mt  par  l'irrtfllerie  frimçmtt^'iatsrtf 
25  p.  lOO  de  nickel  ;  il  ne  faudrait  en  effet  j 


(*)  «^«iMpfttp'dMMMnr  JtMniia,  7«»rtl«r«MS,v-*n- 


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lAB  MniBS  vm  mOKEL  311 

^rtstigva  exigeant  dncia  «nnn^lemcnt  «fudqaes  cen- 
tnaes  ée  ttmies  4«  tels  aders  poer  •sgMeatH'  'èma  one 
far^  proportion  la  oonsoianatkm  du  «tck«t  ;  il  me  mus 
pBrsH  pas  dooteoK  <i«e  ces  UBigtiS  w  iMdtq^MTMrt  d'au- 
tant ^tis  rapidentoBt  -qse  le  pris  4t  Meked,  qn  «torricnt 
pour  ime  lar|;e  part  Ans  le  prix  ^evé  de  «wb  proMts 
spéciaux,  dinÛDuera  plus  vite  et  phw  notnMouwnt. 

Les  Bsagcs  métsfin-grifaes  sont  énnc  de  «eux  ifai,  exi- 
g«ant  -aBJearclliat  il  peu  prèe  La  «loilié  d«  nickel  cansommé 
4en8  )e  «londe,  poairmeHt  'À  t>i<ef  (Mai,  et  sartout  A  la 
faveur  d'un  abaissemeDt  notable  du  prix  4a  nicfael,  t/ug- 
iDâBtdr  daos  une  ic6»  large  fiTAportioa.  Us  suivent  uatu- 
reètemeat  aujaBrd'àai  les  fluctuati(Ai  de  l'industrie 
métdhirgique,  et  en  particulier  ■in  l'induatrie  spéciale  des 
ameanents;  ils  «nt  «a  leor  fihoàe  d'accroissemeut 
de  1898  k  1901,  en  même  temps  gne  cette  inda^ne,  ft 
sobissenta^onrd'hui  arec  edle-Bne  crisequi  n'ectassoré- 

M8At  Q<tP  Tfllf?tlBfF''irft 

QiHi  (^"tA  «n  soit,  fcmufihhi  «ks  UMfM  4a  -oickel  * 
déjà  marqué  une  progression  considérable  depuis  25  ans, 
■t  iMHHsoiMMa  bim  pavHidé  9/»»  oatte  pwywniw  ne 
tfva'lpwooatiaaar>e«oac»d'«a»ée  «maciarée.  i.«8-fiMl(|«es 
cdàffiea    ■iimIiiii  iii—tiniiiat  eei^'«Ue  a  ééé  jas^'ià. 

itVn  lii'-  i«v>t{')^  ia  pwéwtwi  lawidir  da  akkel 
s«  «Mftée  BiiwiMiiMt  ■(■tii—àii >i^M'«ia7a,<t«ile 
•Hoit  aiaidéB «Muite  à^aa|ne  twi  lAiffrii  «mibU; 

1878 400  tonnés 

UM. — l.WO    — 

ÎIR 8.M0    — 

TW7.........  T.O»    — 

La  NouveUe-Cdédomeinterrenait  J^leura  pour  la  plus 
large  part  dans  cette  production.  Depuis  1889,  la  décou- 

X*)Il-t.tviT,  Progril  de  la  métûUurgit  da  nUrket  (ÂntuOtë  dêfWIMt, 


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n 


212   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

verte  des  riches  mines  de  pyrrothine  cupro-nickeiifëre 
deSudbury  (Canada)  a  fait  entrerenligne,  pour  la  produc- 
tion du  nickel,  un  redoutable  concurrent  de  notre  colonie; 
ce  sont  les  quantités  considérables  de  métal  que  le  Canada 
a  jetées  sur  le  marché  à  des  pnx  sans  cesse  décroissants 
qui  ont  amené  la  crise  subie  par  les  exploitations  de 
nickel  de  notre  colonie,  en  1892-1897. 

D'après  les  statistiques  que  nous  avons  entre  les 
mains(*),  la  production  du  nickel  métal  se  serait,  depuis 
lors,  répartie  comme  suit,  au  point  de  vue  des  pays  d'ori- 
gine des  minerais  : 


IBB9    IS90    IS»     18»! 


im    1897     ISsa     1X39     19i» 


KUIl-Unii   &/iBlt. 


î.4â&  4.706  4.823  4.TI3  iJSA  4.3H  4.537  4. 


II6  6.MR7.89Î  (0. 


Nous  ajouterons  que  la  consommation  du  nickel  dans 
le  monde  entier  n*a  pas  exactement  suivi  les  fluctuations 
qu'indiqueraient  les  chiffres  ci-dessus,  extraits  des  statis- 
tiques officielles  des  différents  pays;  on  aurait  en  efl'et, 
d'après  tes  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir, 
consommé  les  quantités  suivantes  de  nickel  au  cours  des 
<^inq  dernières  années. 

Anni*d  ConuiDBftUso 

""""'  dt  nioke]  mtM 

1898 6.600  tonnes 

i89fl 6.700      — 

1»00 7,200      — 

1901 7.400      — 

i«a 6.SO0    — 

(•)  R.-P.  ROTMWBLL,  The  mintrat  Induttrji,  uin«e«  1S9S  et  Wit. 


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LB8   MINES   SE  NICKEL  2t3 

En  regard  de  cea  chiffres  de  production  et  de  consom- 
mation du  nickel,  nous  fournirons,  d'après  les  statistiques 
officielles,  ceux  de  l'exportation  des  minerais  de  Nouvelle- 
Calédonie  avec  l'indication  approximative  des  quantités 
de  métal  qu'ils  contenaient,  en  faisant  remarquer  que, 
même  à  supposer  les  statistiques  de  la  colonie  exactes, 
non  seulement  il  y  a  une  certaine  perte  au  traitement  et 
parfois  des  pertes  en  route  par  suite  de  sinistres  de  mer, 
mais  qu'en  outre  la  nécessité  de  conserver  ou  de  former  en 
Europe  des  stocks  d'une  certaine  importance  a  pu  donner 
lieu,  au  cours  de  diverses  années,  à  des  exportations  de 
minerai  notablement  différentes  de  celles  correspondant 
à  la  production,  et  surtout  à  la  consommation  réelle,  du 
nickel  d'origine  calédonienne.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les 
chiffres  que  fournit  la  statistique  officielle. 


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314  RICHESSES   HINÈBAUa  DB  I4A  SOUVKLLB-CALÉDOKIK 


S. an. «Kl 

Ï.G78.IJI» 

a.îïâ.mxi 
■i.ifn.m 


BCO.aW      (:M).HI7) 


Bn.G93      (3.607} 


C.  —  DEVELOPPEMENT  POSSIBLE   DE  l'iNDCSTRIB  DO  NICKEL 

BS  Nouvelle-Calédonie. 

Les  chiffres  qui  précédent  suffisent  à  montrer  quelle  a 
été  jusqu'ici,  pour  la  Nouvelle-Caléilonie,  l'importance  do 


»  colonnes  sont  Établis  en   supposant  tout 
is  port*  entre  parentbdHCs,  lorsqu'il  y 


{•)  Les  chiffres  de  et 
le  minerai  exporté  rru 
avait  lieu,  les  cliiffres  relatif»  an  minerai  fondu  lians  la  rolonie. 

(")  Les  valeurs  des  (|uantités  de  minerai  exportées,  indiquée!)  pouriM 
années  «ntérienres  A  1901.  et  en  particulier  pour  le»  trois  dernières, 
•ont  certainement  eiogéréei;  elles  paraissent  avoir  été  oliteaues  en 
mulUpliant  les  tonnages  de  minerai  buruid  ■  par  la  valeur  de  la  toane  de 
minerai  sec;  elles  seraient  donc  à  réduire  de  2,1  p.  100  environ. 


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LKS   MJNKS.  DB  lOCKKL  215 

l'ioduBtn»  «lu  oijckel,  «t  qiist  est  l'iaiérftt  qui  s' attacherai, 
^uB  la  prospérité  de  nolce  colonie,  à  ce  que  cette  indu»- 
trie  se  développe  encore  largement.  Nous  avons  suffisam- 
awot  m«atré  duts  ce  qui  précède  combieu  gruides  sont 
les  ressources  ea  laétal  CMilement  expbntables  conteauee 
dans  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  pour  que  chacun  coni- 
greaoe  que  Toaue  peut  queaoutuûter  de  voir  la  demande 
'de  uijMrai  augmenter,  fat-ce  au  prix  d'un  abaissemeat 
'des  cours;  les  richesses  <le  notre  colonie  peuvent  eu 
•effet,  j^ur  peu  qu'on  les  exploite  d'une  façon  plus  régu- 
lière, plus  stable,  et  plus  prévoyante,  ce  que  ne  manque- 
cait  pas  de  faciliter  grandement  une  augmentation  des 
-débouchés,  fournir  il  des  demandes  beaacoup  plus  impor- 
tantes encore  qu'aujourd'hui,  et  cela  peodant  de  longues 
années. 

Comuienousl'avonsditjCette  augmentation  desdébouchés 
parait  assez  étroitement  Uée  aujourd'hui  à  une  diminution 
-du  prix  auquel  le  métal  pourrait  être  offert  au  cousoin- 
mateur,  et  les  gisements  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître pourraient,  nous  a'^  doutons  point,  sati^aire  à 
-cette  nécessité.  Noua  voudrions  le  montrer  en  quelques 
jnots. 

Si  l'on  reprend  un  à  un  les  différents  éléments  du  prix 
-de  revient  du  nickel  que  fournit  la  Nouvelle-Calédonie,  on 
est  fi'appé,  en  écartant  pour  le  moment  les  cliarges 
importantes  que  comportentles  difUcultës  de  main-d'œuvre, 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  d'ailleurs,  on  est  frappé, 
disons-nous,  de  l'influence  sur  ce  prix  de  revient  de  11*018 
circonstances  différentes.  Ce  sont  :  d'abord  l'obligatioa 
d'abattre  avec  le  minerai  des  quantités  considérables  de 
matières  plus  pauvres  en  nickel  qu'il  faut  séparer  par  un 
minutieux  triage  et  rejeter  ensuite,  puis,  et  surtout,  l'aug- 
mentatiou  de  prix  du  simple  au  double  que  comporte  le 
transport,  depuis  les  Antipodes  jusqu'en  Europe,  de  mine- 
rais (jui  ae  tiennent  guère  plus  de  5  p.  100  de  leur  poid^ 


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216   RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA      ODVELLE-CALÉDONIR 

du  précieux  métal,  et  enfin  la  cherté,  inhérente  à  aa  com- 
plication, du  Iraitomeut  métallurgique  des  minerais  de 
nickel. 

Pourrait-on  diminuer  ces  lourdes  charges  et  dans  quelle 
mesure?  C'est  ce  que  nous  allons  discuter. 

Lu  question  du  traitement  métallurgique  des  minerais 
de  nickel,  et  en  particulier  de  ceui  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, est  de  celles  qui  n'ont  pas  sans  avoir  été  bien  sou- 
vent étudiées,  mais  qui  n'ont  jamais  pu  recevoir  jusqu'ici 
de  solution  plus  satisfaisante  que  celle  que  nous  avons 
fait  cumialtre  en  quelques  mots  ci-dessus.  C'est  de  l'affi- 
nité extrême  du  nickel  pour  le  soufre  queprocèdent  essen- 
tiellement les  difficultés  de  la  question  :  tout  traitement 
par  voie  ignée,  à  moins  qu'il  n'ait  lieu  entièrement  avec 
le  secours  de  combustibles  végétaux,  c'est-à-dire  de  char- 
bon de  bois,  comporte  nécessairement  l'absorption  d'une 
certaine  quantité  de  soufre  par  le  métal,  ce  qui  entraîne 
ensuite  l'obligation  d'un  grillage  extrêmement  soigné  et, 
par  suite,  fort  onéreux  ;  le  traitement  du  nickel  unique- 
meut  au  boiau'apparaissant  comme  guère  possible  aujour- 
d'hui, il  faut  se  résoudre  à  cette  obligation  ;  dès  lors  la 
première  fusion  sulfurante,  plus  aisée  que  la  première 
fusion  pour  fonte  nickelifère,  parait  indiquée,  et  le  reste 
de  la  méthode  actuellement  usitée  s'ensuit. 

Ne  pourrait-on  pas  tourner  la  difficulté  par  l'emploi 
d'une  méthode  de  voie  humide?  C'est  ce  qui  a  souvent  été 
étudié,  mais  ce  quia  toujours  échoué,  en  particulier  devant 
les  dépenses  et  les  difficultés  qu'entraînerait  la  dissolution, 
en  même  temps  que  du  nickel,  des  quantités  considérables 
de  magnésie  qtd  l'accompagnent.  L'électroljse,  actuelle- 
ment employée  avec  succès  au  Canada,  pour  répondre,  il 
est  vrai,  à  des  difficultés  de  traitement  tout  autres,  ou  te 
procédé  Mond,  fondé  sur  la  combinaison  du  nickel  à  l'oxyde 
de  carbone,  procédé  que  l'on  essaie  aujourd'hui  de  faire 


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LES   MINES   DE  NICKEL  217 

entrer  dans  la  pratique  industrielle  (*),  ne  pourraient-ils 
être  appliqués  avec  économie  au  traitement  des  minerais 
<Ie  nickel  de  notre  colonie?  C'est  ce  qui  n'a  pas  paru  pos- 
dble  jusqu'ici. 

Nous  pensons  donc  que,  jusqu'au  jour  oîi  quelque  nou- 
velle invention  aura  permis  la  simplification  de  l'extrac- 
lion  du  nickel  des  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  il 
faut  compter  avec  des  frais  de  traitement  élevéR,  comme 
ils  le  sont  aujourd'hui,  c'est-à-dire  peu  inférieurs,  tout 
compris,  k  1  franc  par  kilogramme  de  nictal  produit. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  question  de  l'abaisse- 
ment possible  de  la  teneur  limite  k  laquelle  le  minerai  est 
exploité,  nous  constatons  que  c'est,  beaucoup  plu  tM  que  les 
nécessités  du  traitement  métallurgique,  l'élévation  des 
frets,  augmentant  le  prix  de  revient  du  nickel  en  raison 
inverse  de  cette  teneur,  qui  fixe  la  limite  de  7  p.  100  (pour 
le  minerai  sec)  à  laquelle  on  s'arrête  aujourd'hui.  Sans 
doute,  chaque  fois  que  l'on  diminuera  la  teneur  du  mine- 
rai à  passer,  on  augmentera  les  frais  de  fusion  par  unité 
de  métal,  et  on  diminuera  un  peu  le  rendement  de  l'opéra- 
tion. Si,  en  effet,  l'on  suppose  une  légère  diminution  de  la 
teneur  du  minerai  en  nickel,  avec  augmentation  corres- 
pondante du  fer  et  de  la  magnésie,  l'allure  générale  de 
l'opération  n'en  sera  pas  grandement  modiflée  ;  cependant 
la  richesse  en  nickel  de  la  matte  obtenue  sera  moindre  et 
sa  teneur  en  fer  plus  forte,  tandis  que  la  quantité  de  sco- 
rie produite  sera  un  peu  plus  élevée  ;  dès  lors,  pour  main- 
tenir une  température  suffisante  au  creuset,  il  deviendrait 
nécessaire,  comme  cela  se  fait  déjà  maintenant,  mais  dans 
une  mesure  moins  large,  d'ajouter  des  matières  riches  en 
nickel,  soit  scories  de  déferration,  soit,  à  défaut,  une 
petite  quantité  des  mattes  produitespar  l'opération  même, 

(*)  Le  procédé  Mond  pour  Vexlraclion  du  nickel,  par  M.  I.éon  Gl-illit 
(«nie  eioil,  t.XLl,  S-  Mmestre  1902,  p.  72). 


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"2^8   RICHESSES   MINÉaUJS  OB  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

-«t  cela  s'irait  pas  aans  exi^r  mie  augnientatioD  de  la 
charge  de  coke.  La  sourie,  qui  contient  une  certaine  quao- 
Uté  de  nickel,  surtout  en  raison  d'un  entraînement  méca- 
nique de  particules  de  matte,  entraînerait  ^peu  près  la 
même  proportion  de  matte,  puisque  le  rapport  entre  les 
quantités  des  deux  élément»  serait  mainteau  en  repassant 
■des  maties,  et  il  n'j  aurait  g:uère  â'^gmentaUon  de  la 
perte  en  nickel  que  du  fait  du  double  passage  à  la  pre> 
miâre  fusion  d'une  partie  de  la  matte  ;  il  pourrait  d'ailleurs 
aussi  y  avoir  une  légère  augmentation  du  fait  de  la  petite 
teneur  en  nickel  combiné  que  peut  présenter  la  scorie. 
Dane  ces  conditions, si  l'on  suppose  quel'on  vienne  rabais- 
ser de  7  p.  1^)0  à  5  p.  100  la  teneur  en  nickel  du  minerai 
sec,  la  teneur  de  la  matte  tomberait  outre  35  et  40  p.  lOU 
de  nickel,  et  la  perte  au  traitement,  qui  est  évaluée  au 
maximum  à  10  p.  100  du  métal  contenu,  pourrait  atteindn 
jusqu'à  20  p.  100  ;  la  consommation  de  coke  pour  la  pn>- 
mière  fusion  passerait  vraisemblablement  de  8  à  12  ou  13 
par  unité  de  métal. 

Dés  lors,  les  b-ais  de  première  fusion,  qui,  comme 
.nous  l'avons  dit,  peuvent  être  actuellement  évalués  aux 
-environs  de  45  à  50  centimes  par  kilogramme  de  métal, 
.atteindraient  vraisemblablement  65  à  70  centimes,  en 
augmentation  de  20  à  25  centimes,  en  même  temps  que  la 
consommationde  minerai,  au  lieud'étre  de  16  kilogrammes 
-de  minerai  sec  à  7  p.  100,  s'élèver^t  aux  environs  de 
35  kilogrammes  de  mineraisec  à  5  p.  100.  On  voit,  qu'en 
tenant  d'autre  part  compte  du  fret('),  qui  revient  aux 
environs  de  50  francs  par  tonne  sèche,  la  dépense  par 
kilogramme  de  métal  se  trouverait  accrue  en  outre 
de  45  centimes,  soit  au  total  05  à  70  centimes,  c'est- 
ànlire  assez  exactement  du    prix  que   coûte  aetuelle- 

(')  Nnus  ne  tenons  pas  compte  ici  de  l'augmentsIioD  des  frais  d'aHi- 
Aage  de  la  malte  eo  raisoa  de  la.  nioindra  ricbesae,  (W  Mite  augmenta* 
JioD  serait  vraiieuiblabJcinent  trèi  Taible. 


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LKS  UINES   DB  HICKBL  2id 

loenl  le  miofirai  sur  place  ;  il  faudrait  donc,  pour  pouvoir 
:8ubsiUuer  le  minerai  à.  5  p.  lOO  au  minerai  à  7  p.  10(),  que 
soa  pris  de  revient,  reodu  à  bord  en  Nouvelle-Calcdouie, 
mnuL 

La  bécessité  du  transport  du  minerai  cru  jusqu'en 
Europe  prohibe  donc  d'une  façon  iU)solue  l'emploi  du 
minerai  à  teneur  de  5  p.  100.  Pour  le  minerai  à  la  teneur 
'de  6  p.  100,  il  n'en  serait  pas  tout  k  fait  de  même  ;  nëon- 
raoÎDS  il  serait  difficile  à  notre  avis  d'abaisser  suffisanuiient 
le  prix  de  revient  sur  place  du  minerai  à  6  p.  100  pour 
qu'il  y  ait  avantage  à  le  substituerai]  minerai  à  7  p.  100; 
il  est  cependant  bon  de  signaler  ici  que  des  expéditions 
Ja  minerai  à  trieur  comprise  entre  6  et  6  1  /2  p.  100  ont 
■été  faites  récemment  en  Amérique,  et  y  auraient  donné 
Iieu,enl901,  à  taproduction  de  1.796  tonnes  de  nickel  (*). 

Il  semble,  au  contraire,  que  rien  ne  s'opjK)seraitàce  que 
l'on  fondit  sur  place  des  minerais  à  plus  faible  teneur 
s'ils  pouvaient  être  produits  à  des  prix  auffisamnient  bas. 
Il  est  natiu^llement  fort  difficile,  eu  raison  à  la  fois  de 
la  très  grande  différence  qui  existe  d'un  gisement  à 
l'autre  et  de  l'absence  totale  de  toute  reconnaissance 
sjBtématique  de  ces  gisements,  de  fixer  quel  serait 
l'abaissement  de  prix  de  revient  qui  correspondrait  à  un 
abaissement  delà  teneur  limite  des  minerais  exploitables; 
ri  aérait  en  tout  cas  considérable.  Si  nous  envisageons,  par 
exemple,  le  cas  on  l'on  en  viendrait  à  exploiter  jusqu'à 
la  teneur  de  .j  p.  100,  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer 
que  le  prix  de  revient  do  la  lonne  de  minerai  pourrait 
être  abaissé,  dans  beaucoup  de  cas,  de  moitié,  peut-être 
mémo  des  deux  tiers.  11  ne  faut  pas  oublier  en  effet  qu'au- 
jpurd'hui  on  abat  forcément  des  quantités  importantes 
de  uinerai  à  plus  faible  teneur  en  même  temps  que  les 
minerais   utilisable!!  ;  donc,    sans    augmenter    les   frais 

(*)  R.  P.  RoTHWELL,  The  minerai  Indualry  to  lAe  end  of  1901,  p.  UG. 


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220  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLB-CALéDONIB 

d'abatage,  on  aurait  déjà  un  accroissement  consi- 
dérable du  tonnage  utilisable;  les  frais  de  triage  ne 
seraient  pas  augmentés,  ils  seraient  souvent  même 
diminués  (il  suffit  pour  en  être  persuadé  d'avoir  vn 
sur  les  carrières  de  presque  toutes  les  mines  des 
quantités  considérables  de  tas  de  matières  prêtes  à  être 
expédiées,  mais  qui  ne  pouvaient  l'être  parce  que  l'ana- 
lyse y  avait  montré  des  teneurs  de4  p.  100,  4  1/2  p.  100, 
T)  p.  100,  et  souvent  même  5  1/2  p.  100  ou  6  p.  100,  et 
parce  qu'on  ne  disposait  pas  d'assez  de  minerai  riche  pour 
les  porter  à  la  teneur  de  7  p.  100).  Quant  aux  frais  de 
transport,  ils  ne  seraient  accrus  que  de  bien  peu,  car  la 
plupart  des  cSbles  on  voies  ferrées  sont  loin  de  trans- 
porter non  seulement  le  maximum  de  ce  qu'ils  peuvent  dé- 
biter, mais  encore  souvent  le  maximum  de  ce  que  pourraient 
manutentionner  les  ouvriers  qui  en  font  le  service.  Si 
donc  nous  admettons,  ce  qui  n'est  en  moyenne  pas  supé- 
rieur à  la  réalité,  croyons-nous,  que  le  triage  des  masses 
abattues  fait  en  vue  d'en  retirer  du  minerai  à  5  p.  100, 
en  donnerait  facilement  deux  fois  k  doux  fois  et  demie 
plus  que  de  minerai  k  7  p.  100,  nous  constatons  que  la 
totalité  de  ce  minerai  descendu  au  bord  de  la  mer  (nous 
ne  comptons  ici  ni  le  chalandage,  ni  les  droits  d'ex- 
portation, etc...,  qui  n'entreraient  plus  en  ligne  de 
compte  si  le  minerai  était  traité  sur  place)  reviendrait  4 
peine  plus  cher  que  la  petite  quantité  actuellement  des- 
cendue ;  il  n'est  donc  pas  téméraire  d'escompter  que  le 
prix  de  revient  de  la  tonne  serait  facilement  diminué  de 
moitié,  en  même  temps  que  l'on  assurerait  l'utilisation  de 
10  à  12  unités  do  métal  au  lieu  de  7{*).  Mais  ce  n'est 
pas  tout;  à  côté  des  masses  que  l'on  abat  aujourd'hui,  on 
laisse  des  masses  minéralisées  très  faciles  k  exploiter  et 

(*)  Pour  fttre  tout  i  Tait  exact,  il  hudreit  tenir  compte  de  raugmoata- 
tion  de  la  perte  au  traitemeDt,  ce  qui  revient  t  dire  qu'on  asiurerait 
l'utilUation  de  8  â  9,6  unités  de  mêlai  au  lieu  de  fi, 3. 


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LBS   MINES   DK   NICKEL  221 

pour  lesquelles  toutes  les  préparatioas  et  installations 
sont  faites,  uniquement  parce  qu'elles  ne  sauraient  don- 
ner une  proportion  rémunératrice  de  minerai  à  7  p.  100, 
alors  que  dans  bien  des  cas  elles  pourraient  parfaitement 
en  fournir  dans  de  bonnes  conditions  à  5  p.  100  ;  ily  aurait 
là  une  modilicatiun  très  importante  dans  l'utilisation  des 
gîtes  et  des  installations  faites  pour  les  mettre  en  exploi- 
tation. Nous  ne  croyons  donc  pas  exagérer  en  disant  que 
le  prix  de  revient  par  kilogramme  de  métal  contenu 
dans  le  minerai  pourrait,  avec  une  bonne  organisation, 
être  abaissé  au  moins  de  moitié,  c'est-à-dire  descendre  à 
30  ou  35  centimes. 

L'abaissement  de  la  teneur  limite  à  laquelle  les  mine- 
rais de  nickel  calédoniens  sont  utilisables  nous  apparait 
donc  comme  intimement  liée,  du  moins  si  l'on  se  préoc- 
cupe de  réaliser  un  abaissement  réellement  sérieux  de 
cette  teneur,  à  la  question  d'une  première  fusion  du 
minerai  sur  place,  en  vue  de  réduire  considérablement  la 
proportion  de  matière  stérile  à  transporter  avec  le  nickel. 
On  transporte  aujourd'hui,  rappelons-le,  de  945  à  fôO  ki- 
logrammes de  matière  stérile  pour  50  à  55  kilogrammes 
de  nickel  métallique  (minerai  à  7  p.  100  à  sec  et  tenant 
de  20  à  25  p.  iOO  d'humidité),  ce  qui  représente  une 
dépense  de  80  centimes  au  moins  par  kilogramme  de  métal 
(en  ajoutant  au  fret  les  frais  de  chalandage  et  autres 
frais  accessoires)  ;  le  jour  oii  l'on  pourrait  substituer  au 
transport  de  tels  minerais  celui  de  mattes  tenant  de  35  à 
45  p.  100  de  nickel,  la  dépense  par  kilogramme  de  métal 
tomberait  à  8  ou  10  centimes,  c'est-à-dire  qu'elle  s'abais- 
serait de  70  centimes  environ.  Ne  serait-il  pas  aisé  de 
réaliser  tout  ou  partie  de  cette  importante  économie? 
C'est  ce  qui  semble  tout  indiqué  au  premier  abord,  et  c'est 
«e  dont  l'étude,  sommaire  il  est  vrai,  que  nous  avons  pu 
faire  de  la  question  nous  adonné  la  persuasion,  bien  que. 


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S22   RICHESSES   MnrÉR&LES  DB   LA   NOUYSLLE-CALÉDONIB 

nous  devons  le  reconn^tre^  l'économie  en  question  ne  soit 
pas  aossi  facile  h  réaliser  qn'on  poorraît  le  croire.  Mus 
il  j  a  plus;  en  même  temps  qoe  la  fusion  «or  place  <1bs 
minerais  mêmeR  que  l'on  utilise  actaeltement,  et  l'expor- 
tation nltérieTire  de  mattes  riches,  pennettrait  de  réaliser 
une  réelle  économie  snr  les  errements  actuels,  elle 
ferait  disparaître  l'obstacle  qne  nous  signaliaoB  ci-desaus 
h  uQ  abaîssenient  sérieux  de  la  teneurdes  minerÙK'bkaif^- 
Ce  ?ont  ces  deux  pointe  qne  nous  nous  proposons  shék- 
tenant  de  mettre  brièvement  en  hmriîfre. 

La  question  de  la  fusion  sur  place  des  mmei^  es 
nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  n'est  pas  neuve  :  elle 
s'est  posée  dès  le  début,  et  on  n'avait  pvs  tatrdé  à  la 
réBOodre  par  l'afftnnaiive.  Deux  nti-liants  fuai'iienux 
(hauteur  7  mètres,  volume  18  mètres  crf>es}  ftrrent  coits- 
tmits  i  la  pointe  Chaleix  près  de  Nouméa,  en  l'879  ;  bkf»- 
sion  eut  d'abord  heii  peor  produire  des  fontes  aKk^ftovs 
{k  "65  p.  lOO  de  nickel);  eHo  fut  ensuite  réglée  ponr obte- 
nir des  mattes  tenant  aux  environs  i*e  (W  p.  100  4e 
nickel,  et  fat  pratiquée  ré^ltèrement  josqu'an  ASbat  é^ 
4885,  époque  où  la  pr«m»re  crise  qm  a  «évi  mr  le  nv- 
dié  dn  niekel  obligea,  à  mettre  les  haMts  fuui  uuuix  bars 
feu.  Ortte  tentativo  doit  fttre  «oBsidérfe  «omme  ^mt 
donné  des  r^Bultats  sadt^Faisants  àtaia  les  «onifilâem  «ù 
ae  tronvMt  «lors  te  marché  dn  nickel  et  ofc  ae  ptMlitpnit 
la  métaîlorgie  de  ce  métal';  les  yfa;jefwtoit  fe"pne- 
nnère  ïmmni,  votsins  de  1  franc  par  fctfBgL'JMiw  4e- 
nickel  métal,  «nxqneb  on  #tait  aitliiié,  n'avaierii  «n 
effet  rien  d'excessif  aters . 

Si  les  renseigiKmerits  qoe  news  wnm  pn  TcuieilBi  — r 
ratte  premîère  tentative,  déj*  anciemie,  8(»t  exacts,  la 
fnaion  pom-  fonte  mdk^ftre  de  minenùs  À  tBoear'Vaà- 
line  de  10  p.  100  de  ntcfeel  comonmaait,  -pw-'ImMie  4e 
nrinerù  hnmae,   tSB  fcitegrwHBBB  4te  o«ke  aiHtriftto. 


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LES  BUKBS  DB  KICECL  ZsS- 

rereimat  h  80  'francs  la  tonne,  HO  kilogrammes  te 
houîDe  ,3e  mëoie  prorenance  à  S7  francs,  et  tSOO  fcïio- 
gPamines  de  castme  ii  12  francs  ;  le  prix  de  revient  total 
de  la  fusion  ressortait  ainsi  à  87  francs  par  tonne  «le 
minerai,  soit  637  francs  par  tonne  de  fonte  (rendement 
en  fonte  de  13  1/2  p.  100),  soK  encore  )  ft^nc  par  kilo- 
gramme de  nirftel  (teneur  de  la  fonte  65  p.  100).  Mais,  en 
présence  des  difficultés  dit  traitement  de  ceite  funte.  qui 
tenait  de  1  1  /2  li  î  p.  100  de  souft:*,  on  dut  en  revenir  à  la 
fusion  pour  matte  ;  celle-d  eut  lien  fta  début  de  1882  au 
début  de  1SS5,  soit  pendant  3  ans  ;  elle  a  porM  siir- 
iS.tKX)  tonnes  de  minerai;  essayée  d'abord  en  emplf^nt 
comme  snifurant  le  soufre,  eîle  a  été  poursnÎTie  grtce  * 
l'emploi  du  gypse  de  la  colonie  ;  les  lits  de  fUsicm  conte- 
naient  en  moyenne,  partonne  de  minerai,  445  fcik>gramme«- 
de  coke,  80  kilogrammes  de  honille,  380  kilt^ammes  de 
castine,  et  75  kilogrammes  de  gypse  reTenant  à  40franc8 
hi  tonne  ;  le  prix  de  revient  total  était  de  79  francs  par- 
tonne  de  minerai  fondu,  soH  993  ftrancs  par  tonne  do 
matte  produit©  (ïendement  en  matte  18  1  /3  p.  WîO)  et 
(f',95  par  kilogramme  de  nickel  (teneur  de  h  matte 
82  p.  Ï00)(*).  Dans  les  derniers  temps  et  marrî»  *& 
rnsine,  on  avait  ewayé  la  fatrrication'sorjtace  des  cokes 
nftcesBaires  itla  funon  Ht  l'tdâe  de  memss  importés  en» 
d*A.nstràKe  ;  cete  paraissait  devoir  réaliirR-'itne  ^omnme 
intpertante  sur  la  dépense  de  combustible. 

Lorsqu'on  1880  une  nouvelte  ère  de  prospérité  s'ou- 
vrit pour  [Industrie  du  nickel,  on  reconndt  li  nouvemt 
la  nééesstté  de  la  fbsion  'sur  place,  d'antsttt  plus  qœ  to 
prix  du  métal  avaK  notablement  bmmé  tft  tend»!  à -m 
ftrer  aux  enTircfli&  de  5  "francs  le  kfiogramme.  Vnstm 
de  fïwiniiêa  n'était  iHas  en  mardm  et  exigeait  nirtmreHie- 


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224   RICHESSES   HINBHALES   DE  LA   HODVELLB-CALÉDONIE 

meot  quelques  réfections  ;  la  société  lo  Nickel  crut  préfé- 
rable, dans  le  but  d'éviter  le  transport  encore  assez 
oAéreux  du  minerai  depuis  ses  centres  d'exploitation, 
situés  principalement  à  Thio,  jusqu'à  Nouméa,  de  la 
transférer  au  pied  raèine  des  mines  ;  on  en  profita  d'ail- 
leurs pour  essayer  la  fusion  au  cubilot  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  qui  avaient  déjà  fait  leurs  preuves 
à  KirkintiUoch,  C'est  alors  que  fut  créée  l'usine  d'Ouroué, 
à  l'embouchure  de  la  Dothio,  soit  à  4  kilomètres  envi- 
ron de  Thio.  Les  cubilots,  larges  et  très  bas  (diamètre 
l^.TS,  hauteur  entre  la  porte  de  chargement  et  les 
tuyères  1  mètre  seulement),  qui  furent  construits,  pa- 
raissent n'avoir  jamais  fonctionac  dans  des  conditions 
satisfaisantes  ;  leur  marche,  entre  les  raaius  du  personnel 
dont  on  disposait,  fut  toujours  très  irrégulière:  on  char- 
geait, par  tonne  de  rainerai  (à  teneur  de  7  à  8  p.  100), 
jusqu'à  620  kilogrammes  de  coke,  220  kilogrammes  de 
charbon,  320  kilogrammes  de  corail  et  23  kilogrammes 
de  soufre  ;  le  prix  de  revient  de  la  fusion  avec  de  sem- 
blables consommations  ne  pouvait  être  que  très  élevé  ;  il 
aurait  atteint  1^50  par  kilogramme  de  nickel  métal, 
marquant  ainsi  un  retour  en  arrière  sur  r*  qui  avait  été 
fait  10  ans  auparavant.  Aussi  n'a-t-on  pas  tardé  à  mettre 
hors  feu  l'usine  d'Ouroué  (au  début  de  1891)  et  à  recom- 
mencer à  expédier  tout  le  minerai  cru  en  Europe.  Cette 
deuxième  tentative  est  la  dernière  qui  ait  été  faite  pour 
la  fusion  du  nickel  sur  place  ;  comme  on  le  voit,  elle  a 
été  très  malheureuse,  et  c'est  éndemment  à  son  échec 
qu'est  due  rhésitatinn,  tant  delà  société  le  Nickel  que  de 
tous  autres  exploitants,  à  entrer  à  nouveau  dans  une  voie 
qui  parait  cependant  si  indiquée.  Il  est  bon  d'ailleurs 
d'insister  sur  ce  fait  que  l'on  n'a  pas  renoncé  à  pour- 
suivre  la  tentative  faite  à  Ouroué  parce  que  L'on  aurait 
reconnu  que,  dans  les  meilleures  conditions  que  Ton 
puisse  réaliser  en  Nouvelle-Calédonie,  les  frais  restaient 


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LES    MINES   DE    NICKEL  225 

encore  plus  élevéa  que  les  frais  de  fusion  eu  Eiiroi)e  aug- 
niButés  du  fret,  mais  bien  parce  que  l'on  n'a  pas  réussi  à 
faire  marcher  régulièrement  uoe  fabrication  cjui,  ailleurs 
et  en  d'autres  mains,  rénssissaît  bien.  L'insuccès  de  cette 
tentative  ne  saurait  donc  condamner  en  aucune  façon  le 
principe  de  la  fusion  sur  place  ;  il  montre  tout  au  plu», 
à  notre  avis,  qu'il  ne  faudrait  pas  en  entreprendre  une 
nouvelle  sans  prendre  grand  soin  de  s'assurer  le  con- 
cours d'impersonnel  parfaitement  capable  de  la  mènera 
bien. 

Une  nouvelle  tentative  de  fusion  sur  place  pourrait  être 
faite  dans  deux  buts  différents  :  le  premier  serait  simple- 
ment d'abaisser  le  prix  de  revient  final  du  nickel  métal 
en  partant  des  mêmes  minerais;  le  second  serait  de 
rendre  possible  l'utilisation  de  minerais  à  teneur  infé- 
rieure {5  p.  100,  par  exemple),  utilisation  aujourd'hui 
impossible  comme  nous  l'avons  montré.  En  fait,  la  fusion 
sur  place  devrait,  à  notre  avis,  tendre  à  ce  double  but  ; 
peut-être  ne  permettrait-elle  pas  dès  le  début  la  fusion 
de  minerais  à  5  p.  100,  tout  en  abaissant  le  prix  de  re- 
vient, mais  dn  moins  permettrait-elle  sans  doute  celle  de 
minerais  à  6  p.  100,  et  ce  serait  déjà  un  joli  résultat  à  la 
fois  au  point  de  vue  de  la  puissance  de  production  des 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  de  la  bonne  utilisation 
de  leurs  richesses. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  établir  avec  précision  quels 
seraient  les  frais  d'une  première  fusion  en  Nouvelle-Calé- 
donie, car  cela  dépendrait  trop  des  conditions  dans  les- 
quelles on  la  tenterait;  et  ces  conditions  mêmes  varie- 
raient pour  chaque  société,  car  c'esth  la  fois  de  l'étendne 
et  de  la  richesse  des  concessions  qu'elle  posséderait,  de 
leur  situation  géographique,  de  l'importance  de  la  pro- 
duction qu'elle  voudrait  réaliser,  etc.,  que  dépendraient 
et  la  position  k  choisir  pour  son   usine,  position    avec 


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'.£2R   RICHESSES   MINÉRALES  DB   LA   NODVBLLK-CALÉDONtE 

laquelle  varierait  le  prix  des  matières  premières,  et  le- 
déreloppement  k  Itii  donner,  déroloppement  i)ui  influerait 
largement  sur  les  frùs  de  main-d'oeoTre  et  plus  encore- 
snr  les  charges  d'amortissement.  Ce  que  nous  pouTow- 
seulement  dire,  c'est  que,  pour  se  rendre  compte  de  l'op- 
portunité de  la  fusion  sur  place,  il  faudrait  comparer, 
d'ane  part  le  total  des  frais  de  chalandage  à  l'embarque- 
ment, des  droits  sur  le  minerai  exporté,  du  fret  jnsqn'en- 
Europe  et  des  frais  de  débarquement  et  de  première  fusion 
en  Europe  des  minerais,  au  total  des  frais  de  fusion  «ir 
place  des  mêmes  minerais  et  dos  frais  d'embarquement 
de  transport  en  Europe  et  de  débarquement  de  la  matte,. 
d'autre  part. 

Le  premier  do  ces  totaux,  rapporté  au  kilogramme  de- 
métal,  peut  être  évalué  comme  suit  : 

Fr.  fr. 

Frais  d'embarquemenl 0,05  k  0,08 

Droits  sur  le  miaerai  exporté O,O0S 

Fret  jusqu'en  Europe 6,70  à  0,80 

Frais  de  débarquement 0,02  k  0,03' 

Frais  de  première  fusion 9,49  k  0,B0 

TwT«i.  environ 1,20  à  1,W 

Les  frais  d'embarquement,  de  transport,  et  de  d*ar- 
quement  en  Europe  de  la  matte  à  produire  ne  roprésonto- 
raient  pas  plus  d'une  soixantaine  de  franos  par  tonue, 
c'est-à-dire  à  peine  0'',f35  par  kilogramme  de  métal;  on- 
voit  donc  que,  mém^  avec  des  frais  de  première  fmi^ 
pour  mettes  de  0'',95,  tels  qu'ils  étaient  réalisé»  k  i» 
pointe  Chaleix  en  1883-1884  (avec  des  minerais  un  peu. 
plus  riches,  U  est  \Tai),  l'opération  «ppMttltraM  comme 
devant  être  économique.  Nous  ne  doutons  fM  d'&iUeur» 
qse  les  frais  de  fusion  d'autrefois  pouiraieiitétre  IttrgouioQt 
abaissés  aujourd'hui.  Si  on  examine  ea  effet  les  frais  fl«- 
premièpe  f«eion,  on  voit  qu'ils  se  fi«rtaget)t  à  peu  piè». 


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LBS   MINKS   DU   NICKSL  227 

par  moitié  entre  les  matièret)  d'uue  part  (coke,  castine 
et  fondaDts)  et  la  maiu-d'iBUTre  et  les  frais  généraux 
d'autre  part. 

Sans  vouloir  compter  ici  sur  l'utilisation  possible  des  char- 
bons néo-calédoniens,  noua  supposerons  que  l'on  emploie 
uniquement  du  charbon  australien;  il  fournit  en  effet 
un  coke  de  qualité  parfaitement  suffisante,  comme  le 
montrent  les  analyses  et  essais  de  ce  coke,  et  l'expérioDce 
tant  des  fondeurs  de  la  Nouvello-Galles  du  Sud  que 
des  importantes  usines  de  Port-Pirîc  (Australie  du 
Sud)  où  l'on  traite  les  minerais  de  Uroken-HUl.  Pris  à 
l'état  de  coke  à  Newcaslle,  il  coûterait  de  16  à  20  shil- 
lings la  tonne,  suivant  les  cours,  soit  20  à  25  francs,  il 
serait,  en  outre,  grevé  de  10  ii  12  francs  do  frais  de  trans- 
port et  d'une  somme  presque  égale  pour  frais  de  débaniue- 
raent  et  pour  tenir  compte  du  déchet;  il  i-eviendraît  donc 
entre  40  et  50  francs  la  tonne  rendue  sur  place  ;  si,  au  con- 
traire on  créait  des  fours  à  coke  dans  la  colonie,  on  pour- 
rait utiliser  des  charbons  menus,  qu'on  trouve  à  acheter  à 
Newcastle  au  degré  de  pureté  suffisant  à  des  prix  de  (i  à 
8  shillings  la  tonne,  soit  T',50  k  10  francs,  qtii  pourraient 
donc  être  renduB  en  Nouvelle-Calédonie  k  20  francs  la 
tonae  environ,  et  qui  pourraient  ainsi  foomir  du  coke  à 
moins  de  4U  francs.  La  castine,  empruntée  smt  aux  cal- 
caires de  ta  cMe  Ouest  (qui  liesnent  80  à^  p.  100  de 
cai^Mwto  -decbaus,  2  à  5p.  100  de  carbonate  de  ««furté- 
ùe  «t  3  à  iO  p.  lt)tJ  de  silice),  soit  aux  coraux  (ceux  qui 
wit  étéem^yés  k  Ouroué  tenaient  90  p.llNJ  de  cai4)onate 
de  chaux,  5  1/2  p.  ItX)  de  carbonate  de  magnésie  et 
i  1/â  P-  100  d'impuretés  diverses,  silire,  sesquioxy^  de 
fer,  etc.],  reviendrait  k  des  prix  un  peu  variables  asivsnt 
le  point  oii  serait  située  l'usine,  mais  n'excédant  vraisem- 
-  ètehiMoeat  pas  10  fr-ancs  la  tcHise.  Quant  i  la  mattêre 
«dfarante,  ks  soufre  (que  l'on  pourrait  faire  venii-  assez 
•isânMot  da  iapon)  serait  d'un  emploi  toujosrt  fort  coû- 


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228  RICHESSES  MINÉRALES  DE  I,A  NODVELLE-CALBDOHIE 
teux,  en  raisonde  sa  volatilisation  partielle  au  gueulard  ;  it 
serait  bien  préférable  d'employer  le  gypse  calédonien  {qui, 
biendébourbé,  tient  jusqu'à 95  p.  100  de  sulfate  de  chaux, 
soit  17  1/2  p.  100  de  soufre),  dont  il  existe,  comme  nous 
nous  en  sommes  assuré,  des  dépôts  considérables,  et  qui, 
bien  qu'un  peu  ingrat  k  exploiter  il  cause  de  son  gisement 
en  cristaux  quelque  peu  empâtés  d'argile,  pourrait  être  ob- 
tenu à  assez  bon  compte;  il  revenait,  paraît-il,  autrefois 
â  40  francs  la  tonne  rendue  à  la  pointe  Chaleix  ;  nous  adop- 
terons ce  chiffre  tout  en  mentionnant  qu'il  pourrait  vrai- 
semblablement être  réduit  dans  une  large  proportion. 

Dès    lors    les    dépenses    de   combustible   et    fondants 
pourraient  s'évaluer  a» maximum  ainsi  qu'il  suit: 


Coke. . .     400  kilogr.  h  40  francs  la  tonne  :  16  francs  0",3S 

Castine.     300                 10                                 2  0  ,04 

Gypse..     100                 40                                 4  0  ,08 

Total 22  0",M 

Il  est  beaucoup  plus  difficile  d'évaluer  les  dépenses  de 
main-d'œuvre  et  de  frais  généraux;  elles  seraient  assuré- 
ment plus  élevées  qu'en  Europe,  en  raison  principalement 
de  la  nécessité  de  faire  venir  d'Europe  quelques  bons  chefs 
d'équipe  auxquels  on  allouerait  des  salaires  élevés;  nous 
pensons  cependant  que,  si,  en  Europe,  ellesne  dépassent  pas 
^  centimes  par  kilogramme  de  métal,  nous  ne  serions 
pas  au-dessous  de  la  réalité  en  les  majorant  de  mcHtié, 
c'eal-à-dire  en  les  portant  à  37  centimes  1/2.  Cela  ferait 
ressortir  les  frais  de  fusion  sur  place  au  total  de  81  cen- 
times 1/2  que  nous  croyons  largement  calculé. 

Dès  lors  le  prix  de  revient  de  la  matte  rendue  eu 
Europe,  rapporté  au  kilogramme  de  métal,  ne  compren- 
drait, eu  plusxlu  prix  de  revient  du  minerai  rendu  au  bord 
de  la  mer  en  Nouvelle-Calédonie,  qu'une  somme  de  0'',95 


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LES   MINES   DE  NICKEL  229 

au  lieu  de  1"',20  à  1",40,  soit  l'',55  à  t'',60  minerai  com- 
pris, au  lieu  de  l'^SO  à  2  francs  ;  il  y  aurait  là  une  diminu- 
tion importante  dans  le  prix  de  revient  du  métal. 

Mai»  il  y  a  plus  ;  on  pourrait  aborder  en  Nouvelle- 
Calédonie  la  fusion  des  minerais  pauvres  :  nous  n'en- 
tendons pas  naturellement  en  présenter  une  démonstra- 
tion complète,  aide  seulement  de  chiffres  que  nous  ne 
considérons  pas  comme  établis  avec  une  précision  suffi- 
sante ;  nous  voulons  simplement  en  faire  comprendre  la 
possibilité.  Si,  au  lieu  de  fondre  du  minerai  kl  p.  100,  on 
venait  à  fondre  du  minerai  à  5  p.  100,  dont  le  prix  de 
revient  par  unité  de  métal  serait,  nous  le  supposons, 
abaissé  de  moitié,  c'est-à-dire  réduit  à  30  ou  32  centimes, 
les  dépenses  de  combustible  seraient,  comme  nous  l'avons 
mentionné,  augmentées  dans  le  rapport  de  8  à  12  ou  13, 
c'est-à-dire  portées  do  32  centimes  à  50,  les  frais  de  fon- 
dants, de  main-d'œuvre  et  les  frais  généraux  seraient 
seulement  augmentés  dans  le  rapport  des  poids  do  minerai 
traités,  c'est-k-dire  dans  le  rapport  de  6,3  (rendement  du 
minerai  à  7  p.  100)  à  4  (rendement  du  minerai  à  5  p.  100)  ; 
ils  seraient  donc  portés  de  50  à  78  centimes. 

Dans  cette  nouvelle  hypothèse,  au  lieu  de  pouvoir 
amener  en  France  une  matte  à  45  p.  100  de  nickel 
revenant  à  1",55  ou  l'',ti0  tout  compris  par  kilogramme 
de  métal,  on  l'amènerait  à  la  teneur  de  35  à  40  p.  100 
seulement  et  avec  un  prix  de  revient  se  décomposant 
ainsi  : 

Valeur  du  minerai  rendu  à  l'usine  de  fusion 0",30  k  0'^32 

Dépense  de  combuatible 0'',50 

Autres  frais  de  première  fusion  (tondants,  main- 
d'œuvre,  frais  généraux) 0  ,78 

Frais  de  transport  en  Europe 0  ,16 

Total l'',74  à  IV6 

n  semble  donc  qu'on  ne  reperdrait,  à  traiter  le  minerai  à 


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330   RICHESSES   MINERALES    DB    LA   NOTJVKLLE-CALBDONIE 

5  p,  100,  qu'une  partie  du  bénéfice  de  la  fusion  sur  pla^e, 
mais  on  assurerait  en  même  temps  une  bien  meilleure  utili- 
sation desgitesde  nickel  de  la  colonie  :  on  resterait  d'ailleurs 
vraisemblablement  au-dessous  des  prix  de  revient  actuels. 
Peut-être  même,  ce  que  nous  ne  sommes  pas  éloigné  de 
croire,  nos  évaluations  ont-elles  été  supérieures  à  ce  que 
seraient  eu  réalité  les  différentes  dépenses,  el  serait-il  tout 
aussi  avantageux  de  traiter  surplaro  des  minerais  pauvres 
que  des  minerais  à  7  p.  iOO.  En  tous  cas,  si  c'est  vouloir 
aller  trop  loin  que  de  descendre  jusqu'h  la  teneur  de 
5  p.  100,  puiirrait-on  sans  doule  aller  avec  profit  jusqu'à 
Op.  iO<)ou  5  l,'2p.  100. 

Eu  quel  point  île  la  colonie  devrait  être  située  une  telle 
usine  de  fusion  du  minerai'?  C'estce  que  nous  ne  saurions 
préciser  ici,  car  cela  dépendrait  essentiellement  de  la 
siiuation  des  (ïîsementK  destinés  à  fournir  le  minerai  :  la 
société  le  Nickel  étudie,  croyons-nous,  le  projet  d'une 
usine  de  première  fusion  à  Thio,  et  elle  ne  peut  en  effet 
que  la  placer  pri^s  de  ses  mines  les  plus  productives  ; 
la  société  "  Nickel  Corporation  Limited  »,  qui  jiossède  sur- 
tout des  gisements  sur  la  cftte  Ouest,  serait  amenée  k 
construire  son  usine  de  pi-éférence  sur  cette  côte  ;  et  telle 
entreprise  nouvelle  qui  viendrait  à  se  fonder  chercherait 
tout  naturellement  à  procéder  ii  la  fusion  de  ses  minerais 
en  un  point  oii  elle  pourrait  amener  à  bon  compte  à  la  fois 
ceux-ci  et  les  charbons  et  fondants  qu'elle  aurait  t)e8oin 
de  faire  venir  par  mer. 

On  a  éfçalonient  songé  à  fondre  sur  place  le  minerai  de 
Nouvelle-Calédonie  pour  fonte  nirkelifère  pure  de  soufre 
et  par  suite  directement  utilisable  dans  la  métallurgie  : 
il  faudrait  pour  cela  avoir  recours  au  charbon  de  bois 
comme  combustible,  et  noiis  ne  voyons  aucun  point 
de  la  colonie  oEi  l'on  pourrait  l'obtenir  on  grande  quantité 
el  à  des  prix  suffisamment  bas.  Tout  au  plus  une  telle 
fabrication  pourrait-elle  devenir  une  annexe  de  la  fabri- 


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I.as  MINES  V&  NICKEL  231 

-catioo  principale  dans  Iob  condiliuiis  qu  e  noua  veuons  d'in- 
■diquer. 

Nous  ne  mentioanerons  ici  que  ^kour  inéiiiuire  d'autres 
jtrojela  dont  on  a  parlé  et  dont  oh  parla  encore  :  ils  cou- 
sbteraient  à  utiliser  les  forces  hydrauliques, qui  ne  seraient 
peut-être  pas  tmp  difficiles  à  aiiiéiiuger  dans  certains 
points  de  la  colonie,  au  iraiteuicut  dos  minerais  de  nickel  : 
les  minerais  tels  qu'on  les  exploilc  ne  sont  pas  accesaihles 
aux  procédés  actuels  de  rélectro-uiétallurgie,  il  faudrait 
<lonc  leur  faire  subir  une  première  fusion  ;  mais  alors  le 
nickel  se  trouverait  déjà  suffisamment  coucenlré  pour  que 
son  expédition  en  Europe  pour  ruflinage  pai-aisse  être  la 
meilleure  solution.  On  a  nièiue  parlé  d'employer  comme 
fondants  les  minerai»  sulfurés  de  cuivre  du  Nord  de  l'Ile, 
■«n  vue  d'obtenir  uno  matto  cuprouickelifêre  dont  on  sépare- 
rait ensuite  les  deux  njétaux  par  l'électrolyse,  comme  on 
le  fait  pour  les  minerais  du  Canada.  C'est  \k  uu  projet 
-hardi,  et  dont  nous  ne  saurions  prévoir.pour  le  moment  et 
dans  la  situation  économique  et  industrielle  générale  de 
la  colonie,  ni  la  réalisation  ni  le  succès. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  parait  en  toua  points  essen- 
tiellement  souhaitable  pour  la  colouie  que  la  question  do  la 
fusion  sur  place  des  minerais  de  nickel  qu'elle  produit  soit 
enfin  reprise  ;  c'est  celui  des  progrès  dans  l'utilisation  des 
ressources  eu  uickel  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  aurait 
■certaine  ment  le  plus  heureux  effet  sur  le  développement 
de  l'exploitation  de  cea  richesses;  il  eu  résulterait  pour 
les  producteurs  du  nickel  calédonien  la  possibilité 
d'uhaisser  notablement  le  prix  de  venta  du  métal,  et  par 
suite  de  soutenir  dans  des  conditions  meilleures  encore  la 
-concurrence  des  pioduits  du  Canada;  cela  pernietti'ait  en 
-outre,  et  entraînerait  certainement  à  très  bref  délai,  uue 
utilisation  beaucoup  uicilleure  des  réserves  de  nickel  con- 
ieaues  dans  le  sol  de  la  colonie.  Aussi  M.  le  Gouverneur 


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"i'dS,   RICHESSES   MtNBBALES   DE   lA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

de  la  Nourelle-Galédonie  a-t-il  été  très  heureusemeut 
inspiré  lorsque,  voulant  hâter  la  réalisation  d'un  projet 
qui  touche  aussi  directement  aux  intérêts  généraux  de  la 
colonie,  il  promettait  la  concession  gratuite  des  terrains 
nécessaires  à  l'érection  de  la  première  usine  de  f asion  ; 
nous  rappelons  d'ailleurs  que  la  redevance  de  25  centimes 
par  tonne  de  rainerai  de  nickel  extraite  n'est  perçue  que 
sur  les  minerais  non  transformés  dans  la  colonie. 

I).  —  Lks  gisements,  de  nickel  concdrrents. 


Une  dernièi'e  question  se  pose  pour  celui  qui  veut  peser 
les  chances  de  développement  de  l'industrie  du  nickel 
(Ml  Nouvelle-Calédonie  :  c'est  celle  de  la  concurrence  qui 
peut  être  faite  k  cette  industrie  par  les  industries  simi- 
laires existant  ou  à  créer  dans  d'autres  pays  du  monde. 
Bien  que  nous  n'ayons  pas  eu  le  loisir  de  procéder  à  une 
étude  approfondie  de  cette  question,  au  sujet  de  laquelle 
^eul  l'examen  sur  place  des  antres  gisements  de  nickel, 
et  en  particulier  de  ceux  du  Canada,  aurait  pu  nous  per- 
mettre de  nous  faire  une  opinion  personnelle,  nous  ter- 
minerons ce  qui  a  trait  aux  gisements  de  nickel  de  la 
Nouvelle-Calédonie  par  quelques  indications  sur  les  autres 
gisements  du  monde. 

Avant  la  mise  en  exploitation  du  nickel  en  Nouvelle- 
Calédonie,  la  production  de  ce  métal,  qui  était  annuelle- 
ment de  400  tonnes  en\-iron,  se  répartissait  entre  quelques 
gisements  de  minerais  sulfurés  complexes  situés  en  Alle- 
magne, en  Hongrie,  on  Suède  ot  Norwège  et  en  Espagne 
et  le  gisement  de  pyrrhotine  nickelifère  et  chalcopyrite  de 
Lancaster  Gap  en  Pensylvanic  ;  mais  peu  à  peu  la  concur- 
rence de  ces  différents  gisements  a  été  éteinte  grAce  aux 
))rix  de  plus  en  plus  bas  auxquels  était  livré  le  nickel  do 
la    Nouvelle-Calédonie;    si   bien   qu'en  1889,    lorsque  le 


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LES  MINES   DE  NICKEL  333 

Canada  a  commencé  à  eutrer  en  ligne,  la  productton 
annuelle  du  reste  du  monde  ne  s'élevait  plus  qu'à 
187  tonnes,  et  elle  est  depuis  tombée  à  quelques  tonnes 
seulement,  pour  se  relever,  il  est  vrai,  à  167  tonnes 
en  1901. 

Le  Canada  s'est,  au  contraire,  montré  pour  la  Nouvolle- 
(Médonie  un  concurrent  redoutable,  et,  si  les  chiffres 
que  nous  avons  donnés  ci-dessus  montrent  que,  malgré 
cette  concurrence,  notre  colonie  est  toujours  restée  le 
premier  pays  producteiu-  de  nickel  dans  le  monde  entier, 
cela  n'a  pas  été  sans  une  lutte  acharnée  au  cours  de 
laquelle  le  prix  du  nickel  était  tombé  jiiscin'à  2",40 
le  kilogramme,  amenant  la  fermeture  de  presque  toutes 
les  mines  de  la  colonie,  et  obhgeant  la  société  le  Nickel, 
le  principal  exploitant  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie, 
à  s\ispendre  toute  distribution  de  dividendes  pendant 
cinq  ans. 

Aujourd'luii  les  cours  sont  remontés,  le  marché  s'est 
régularisé  et,  grâce  à  une  entente  plus  ou  moins  com- 
plète entre  les  producteurs,  la  Nouvelle-Calédonie  garde 
son  rang;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'industrie 
du  nickel  se  développe  au  Canada  et  que  la  production 
des  mines  de  ce  pays  s'est  rapidement  accrue  dans  ces 
dernières  années.  Est-ce  à  dire  que  la  Nouvelle-Calédonie 
ait  beaucoup  à  craindre  de  cette  concunence  ?  Nous  ne  le 
pensons  pas  ;  car,  autant  que  nous  pouvons  en  juger  avec 
tes  documents  dont  nous  disposons,  les  conditions  natu- 
relles des  gisements  du  Canada  tsont  en  elles-mêmes 
beaucoup  moins  favorables  que  celles  de  notre  colonie. 

Le  nickel  se  présente  au  Canada,  comme  on  le  sait, 
sous  forme  de  pyrrhotine  nickelifere  et  cuprifère,  c'est-à- 
dire  de  sulfure  magnétique  de  fer  auquel  sont  associés  du 
nickel  ainsi  que  du  cuivre,  ce  dernier  sous  forme  de  chalco- 
pyrite;  cette  pyirhotine  existe  en  lentilles  plus  ou  moins 
épaisses  interstratifiées  dans  le  puissant  massif  de  gneiss 


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'23i   RICHBS3E8   HINÙULIS   DE  LA   NODVELLB-CALÉDONtB 

laurentieo»  très  métamorpliiiiés  de  Sudbury  [Octarioi; 
elle  est  associée  à  des  épanchements  dediorite.  et  c'est 
cetterochequi  forme  la  gangue  du  minerai.  TantàtlapyrrhO' 
tine  est  pauvre  en  cuivre  et  en  nickel  et  n'est  guère  uti- 
lisable que  lorsqu'elle  peut  être  abatlite  à  ciel  ouvert  en 
grandes  masses  ;  ailleurs,  elle  forme  un  riche  minerai  de 
cuivre;  plus  loin  elle  contient  à  la  foiaquelques  centièmes  de 
nickel  et  de  cuivre,  dont  l'ensemble  lui  donne  une  valeur 
suTAsante  pour  justifier  une  exploitation  par  travaux  sou-' 
terrains  et  un  traitement  métallurgique  assez  compliqué. 
D'après  les  statistiques  officielles  du  bureau  des  mines  de 
la  province  d'Ontario,  la  marche  de  l'exploitation  de  ces 
minerais,  au  cours  des  dernières  années,  serait  caractéri- 
sée par  les  quelques  chiffres  qui  suivent  ; 

Au«» ism  1»N  I^H«  1900  iwi 

.Minerai  extrait 84.575  1I2.SI0  184.4:11  196.700  !»6  866 

Minerai  rondu ST.âSâ  110.707  15S.t87  193.460  215.304 

p.  100  p.  100  r.  100  p.  toQ  p- 100 

Teneur  en  cuivre..       2,86  3,43  l,6à  1,39  i.28 

Teneur  en  nickel..       2,08  2,28  1,68  l,d7  1,6» 

i'oidsdu  nicliel  con- 
tenu        I.8IS        %.^U        3,608        3.214        4.032 

Les  ressources  en  nickel  existant  dans  la  région 
paraissent  considérables  :  dès  1890  un  rapport  officiel 
adressé  au  secrétariat  de  la  Marine  des  États-Unis  (*| 
estimait  la  quantité  de  minerai  alors  reconnue  au  chiffre 
considérable  de  650  millions  de  tonnes,  que  nous  ne  repro- 
duisons ici  que  sous  réserves,  et  l'exploration  de  la 
région  parait  avoir  fait  connaître  depuis  de  nouvelles  et 
importantes  réserves. 


(*)  In  Levât,  t'i-ogrè»  de  la  inétallurait  ilu  nicktt  {Annale*  des  Minf, 
9*eé.ie,  t.  I,  p.  166:1862). 


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LES  HINES   DE   NICKEL  2% 

Cependant  les  facilités  de  l'abalage  de  cea  minerais  ne 
paraissent  de  loin  pas  être  ce  qu'elles  sont  en  Nouvelle- 
{^lédonie  pour  des  minerais  notablement  pins  riches 
id'aut^int  plus  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  une 
mité  de  cuivre  ne  saurait  guère  être  comptée  que  pour 
une  demi-unité  de  nickel),  et  d'autre  part  le  développe- 
ment de  l'extraction  au  Canada  parait  avoir  été  accompa- 
gné, comme  l'indiquent  les  chiffres  du  tableau  oi-deasus, 
d'une  tendanceà  la  diminution  del'i  teneur  du  minerai  traité. 
Enfin  le  traitement  du  minerai,  qui  comporte  d'abord  un 
premier  grtllape,  ctune  fusion  pour  ma tte,  puis  un  deuxième 
grillage  suivi  d'une  deuxième  fusion,  ou  bien  une  opéra- 
tion à  la  cornue  Bessemer,  et  enfin  une  séparation  électro- 
lytique  encore  assez  coûteuse  dn  cuivre  et  du  nickel,  est 
loin  d'être  plus  facile  que  celui  des  minerais  de  Nouvelle- 
Talédonie.  En  outre,  le  nickel  obtenu  est  toujours  moins 
pur  que  le  nickel  calédonien;  il  tiendrait,  d'après  les  rensei- 
gnements que  nous  avons  pu  obtenir,  de  0,S  k0,9  p.  100 
de  cuivre,  environ  un  millième  d'arsenic  et  un  demi- 
millième  (le  phosphore.  Il  donnerait  lieu  pdur  les  aciers, 
et  surtout  pour  les  aciers  à  fortes  teneurs  en  nickel,  à  des 
difficultés  et  à  des  invgularités  dans  le  traitement  qu'on 
M'observe  pas  avec  le  nickel  provenant  de  notre  colonie. 
Par  contre,  la  situation  industrielle  générale  du  Canada 
parait  être  très  favorable  et  a  permis  dans  ces  deniîères 
années  un  déi'eloppeineiit  im]iortant  des  exploitations  et 
des  usines  de  traitement,  développement  à  la  faveur 
duquel  la  production  ilu  nickel  au  Canada  est  sans  cesse 
croissante.  Il  y  a  là  une  concurrence  sérieuse  pour  l'in- 
dustrie de  notre  colonie  ;  mais,  bien  que,  nous  le  répé- 
tons, nous  ne  jmissions  établir  de  comparaison  que 
d'après  des  documents  plus  ou  moins  incomplets,  il  nous 
semble  qu'au  point  de  vue  des  conditions  naturelles  tout 
l'avantage  reste  aux  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
les  minerais  canadiens  étant  moins  riches,  moins  purs, 


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23(t  RICHESSES  HINÂSALES  DE  LA  KODVELLB-CALKDONIE 
plu»  cotiteux  à  abattn;  et  plus  difiîciles  à  traiter;  ce  que 
le  Canada  a  pour  lui,  ce  »oiil  des  conditions  sur  lesquelles 
rfaomme  a  la  plus  large  action,  k  savoir  raboudance  et  la 
bonne  qualité  de  la  main-d'œuvre,  la  conduite  de  l'expici- 
tation  sur  une  assez  large  éclielle  et  dans  des  conditions 
bien  appropriées,  des  moyens  de  transport  économiques, 
et  (les  usines  de  traitement  bien  aménagées  établies 
auprès  des  gites.  Tout  cela,  nous  ne  nous  le  disstniuIoDs 
.  pas,  est  beaucoup  plus  difficile  à  réaliser  dans  aae  fie 
aussi  isolée  que  la  Nouvelle-Calédonie  que  dans  un  pays 
en  plein  développement,  comme  le  Canada  ;  mais  il  serait 
facile  de  faire  à  ces  différents  points  de  vue  beaucoup 
mieux  que  l'on  ni'  fait  aujourd'hui,  et  de  réaliser  des 
progrès  qui  mettraient  notre  colonie  dans  de  bien 
meilleures  conditions  pour  soutenir  la  concurrence  du 
nickel  canadien.  Rappelons  d'ailleurs  ici  que  la  société 
américaine  •'  Nickel  Corporation  liniitcd  "  a  acquis  un 
domaine  minier  considérable  en  NouTelle-Calédonie,  décla- 
rant vouloir  l'exploiter  pour  approvisionner  de  nickel  le 
marché  américain,  et  qu'elle  a  expédié  en  1901  quelque 
30.0(X)  tonnes  de  minerai  aux  États-Unis  ;  il  est  d'ailleurs 
difficile  de  dire  aujourd'hui  si  elle  continuera  dans  cette 
voie  et  exploitera  sérieusement  ses  mines,  ou  si  elle  ne  se 
servira  pas  plutôt  de  ses  gisements  de  Nouvelle-Calédo- 
nie comme  d'une  simple  menace  pour  empêcher  le  gou- 
vernement canadien  de  frapper  de  droits  importants, 
comme  il  veut  le  faire,  l'exportation  aux  Etats-Unis  des 
mattes  et  des  minerais  de  nickel. 

En  plus  du  Canada,  on  a  récemment  cherché  à  ouvrir 
en  Silésie  une  exploitation  sur  des  minerais  silicates 
pauvres  de  nickel,  connus  dès  longtemps  comme  associés 
à  une  formation serpcntineiise,  restreinte  d'ailleurs;  il  ne 
semble  pas  que  cette  exploitation  ait  eu  un  grand  sucf:ès 
jusqu'ici  et  soit  appelée  à  se  développer  beaucoup, 

Entin,  parmi  les  gisements  de  nickel  assez  nombreui 


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LBS    MINES    DE   NICKEL  237 

qui  existent  aux  États-Unis,  ceux  de  l'Orégon  (c«mté  de 
Douglas)  se  présenteraient  dans  des  conditions  géolo- 
giques très  analogues  à  celles  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
On  n'a  pas  jugé  jusqu'ici  que  leur  extension  puisse  justi- 
fier la  création  des  coûteuses  voies  de  transport  que  leur 
mise  en  Valeur  exigerait.  Sans  qu'on  puisse  dire  qu'ils 
ne  sont  pas  utilisables,  il  semble  que  leur  concurrence  ne 
soit  pas  fort  à  redouter  pour  nons,  d'ici  quelque  temps. 

Ce  sont  donc  les  gisements  du  ('anada  seuls  qui  consti- 
tuent aujourd'hui  une  concurrence  pour  ceux  de  notre 
colonie,  concurrence  très  sérieuse,  cela  est  vrai,  mais 
qui  ne  doit  pas  empêcher  l'essor  de  l'industrie  du  nickel 
en  Nouvelle-Calédonie,  si  ceux  qui  enont  ta  charge  savent 
faire  ce  qui  est  nécessaire  pour  profiter  des  avantages 
naturels  considérables  que  réunissent  les  gisements  de 
notre  colonie. 

Pour  nous  donc,  persuadé  que  nous  sommes  qu'au- 
jonrd'hui  un  large  développement  de  la  consommation  du 
nickel  suivrait  de  près  un  notable  abaissement  dn  prix 
auquel  il  peut  être  offert  aux  consommateurs,  nous  n'hé- 
sitons pas  h  conclure  qu'un  essor  considérable  sera  pos- 
sible pour  l'industrie  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie  le 
joaroù,  parla  première  fusion  sur  place  du  minerai,  on 
résoudra  la  double  question  d'un  abaissement  notable  du 
prix  de  revient  et  d'une  utilisation  bien  meilleure  des 
giseinenta. 

Lorsque  ce  problème  capital  aura  reçu  une  solution 
Batisfaisante,  les  gisements  aujourd'hui  exploités  pour- 
ront l'être  BUT  une  beaucoup  plus  large  échelle  et  d'une 
façon  beaucoup  plus  rationnelle,  de  nouveaux  espaces 
riches  en  minerai  pourront  être  mis  en  valeur,  une  impor- 
tinte  industrie  de  première  fusion  pourra  être  créée;  et, 
(  ans  ces  conditions,  notre  colonie  continuera  à  tenir  en 
i  ;hec  la  concorrence  canadienne,  si  même  elle  n'arrive 


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23o  RICHESSES   MlNKtALBS  DE  LA   NOD%'BLLE-CAL£DONIE 

pas  à  en  triompher  plus  ou  moins  complètement.  La 
Nouvelle-Caiédonie  sera  dèa  lors  prête  à  livrer  annud- 
lement,li  bas  prix,  au  raoude  entier  les  milliers  de  tonnes 
de  nickel  dont  il  aura  besoin  en  nombre  sans  doute  n^ri- 
dement  croissant. 


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TROISIÈME  PARTIE. 


LIS  MnriBAlS  ASSOCdbB  A  LA  rORKATIOK 

SIS  sxRPXNTnfis  ncBJiLinkiuEs. 


CHAPITRE  PREMIER. 
LSS  MINERAIS  DE    COBALT. 


'  GÉNÉRALITÉS.   —   HISTORIQUE. 


Comme  nous  l'avons  déjà  mentionné  ci-deuas,  le 
cebalt,  ce  compagnon  presque  inséparable  du  nickel, 
dont  ses  propriétés  chimiques  le  rapprodient  ai  éh'oi- 
temeut,  pandt  avoir  coexisté  avec  le  uïdcel  dans  smi  gise- 
ment primitif  en  Nouvelle-Calédonie.  En  effet,  d'une  part 
aucun  des  minerais  de  nickel  de  la  colonie  n'est  exempt 
de  cobalt  ;  et,  d'autre  part,  les  péridotites  dites  stériles, 
nines  ou  altérées,  provenant  des  différents  massifs  répar- 
tis tout  le  long  de  l'Ile,  se  sont  toujours  montrées  à  l'ana- 
lyse contenir  quelques  dii-roillitoes,  et  plus  souvent 
qv^nes  millièmes,  des  deux  métaux  lùck^etcobaltpesés 
Msemble  ;  l'analyse  qualitative  du  résidu  ainsi  pesé  y 
a^écelé  souvent  la  présence  simultanée  des  deux  métaux, 
le  nick^  paraissant  d'ailleurs  toujours  nettement  domi- 
Hit;  et  il  est,  aiaon  certain,  du  moina  fort  probable,  que, 
iÊM  tes  cas  ofa  nous  n'avons  pu  caractériser  d'une  façon 
la    présence  du  cobalt,  il  accompagnait  néan-. 


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240  RICHESSES  MINÉRALES   DR   Ui   NOCVELLS-CALÉDOS'tB 

moins  en  faible  proportion  les  très  petites  quantités  de 
nickel  conteimes  'dans  les  roclics. 

Mais,  tandis  que  le  plus  souvent  dans  ta  nature  les 
agents  minéralisateurs  ont  entraîné  et  déposé  à  la  fois  ce» 
deux  métaux,  voisins,  sous  forme  de  sulfures  et  d'arsénin- 
sulfures  isomorphes,  que  l'oxydatiiin  transforme  aui 
affleurements  en  arséniates,  phosphates,  etc.,  qui  de- 
meurent étroitement  associés  entre  eux,  en  Nouvelle- 
Calédonie  les  eaux  paraissent  avoir  dissous  les  deux 
métaux,  qui  étaient  contenus  dans  les  péridotites  sans  se 
trouver  associés  à  leurs  minéralisateurs  habituels,  et 
avoir  fait  un  départ  du  nickel  et  du  cobalt  assez  avancé, 
quoique  incomplet.  On  rencontre  ainsi,  d'uoe  part  des 
minerais  de  nickel  contenant  toujours  plusieurs  unités  de 
cobalt  pour  cent  de  nickel,  et  d'autre  part  des  minerais 
de  cobalt  tenant  une  plus  ou  moins  forte  proportion  de 
nickel.  Le  premier  de  ces  deux  métaux,  obéissant  â  une 
affinité  marquée  pour  le  magnésium,  s'est  déposé  avec  lui 
sous  forme  d'hydroailirates  magnésiens  nîckelifères  ;  le 
second,  au  contraire,  a  été  entraîné  avec  le  manganèse, 
également  disséminé  en  faible  quantité  dans  les  pérido- 
tites,  et  s'est  concentré  avec  lui  dans  des  rognons  ou  des 
concrétions  d'oxydes,  dont  les  gisements  se  séparent 
nettement  de  ceux  des  hydrosilicates  de  nickel  et  de  ma- 
gnésie. Le  cobalt  et  le  manganèse  se  sont  en  effet  déposés 
presque  uniquement  au  sein  des  formations  d'argile 
rouge,  tandis  que  le  minerai  de  nickel  se  fixait  sur  les 
péridotites  plus  ou  moins  serpontinisées. 

Tel  est  le  résultat  de  presque  toutes  nos  observations; 
et  ce  n'est  que  tout  à  fait  exceptionnellement,  dans  le 
gisement  du  Kaféate  et  dans  celui  de  la  mine  Francia, 
ainsi  qu'à  la  mine  <ie  nickel  Nouvelle-Espérance  sur  le 
mont  Ouazangou,  que  nous  avons  recueilli,  au-dessous  des 
argiles  rouges,  quelques  échantillons  de  péridotite  altérée 
sur  la   surface  et  dans  les  fentes  de   laquelle  s'étaient 


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UINEJUIS  ASSOCIÉS   A   LA   FOKUATION   DES  SBRfENTINES   241 

déposés  es  eiuluits  concrétioonés  des  niioerais  cobalto- 
maagaaésiferes  [')  du  type  courant  ;  nous  avons  rerueilli 
également,  à  Pecnby  et  auprès  de  Brindy,  des  serpentines 
silicifiées  et  recouvertes  d'enduits  cobaltifères .  Nous  de- 
vons en  outre  mentionner  ici  que  M.  Garnier(")  a  trouvé 
aille  Ouen  des  roches  feldspatliiques  en  décomposition  avec 
KloDiiets  do  silicate  de  nuagnésie  imprégné  de  cobalt,  ou 
môme  avec  des  SIods  d'halloysite  contenant  des  rognons 
■de  minerai  tenant  de  20  à  48  p.  tOO  d'oxyde  rouge  de 
■manganèse,  et  de  10  k  21  p.  100  d'oxyde  de  cobalt. 

Nous  ajouterons  que  le  cobalt  ne  nous  a  pas  paru  être 
en  relation  plutôt  avec  certains  types  de  péridotite  qu'avec 
d'autres,  et  nous  serions  presque  tenté  de  dire  que,  par- 
tout où  la  forme  du  terrain  a  permis  le  dépôt  des  argiles 
rouges  provenant  de  la  décomposition  des  péridotites, 
on  peut  avoir  des  chances  de  rencontrer  en  plus  ou  moins 
.grande  quantité  le  minerai  de  cobalt. 

C'est  donc  soit  en  enduits  concrétionnés  sur  les  roches 
superficielles,  Boit,  beaucoup  plus  souvent,  sous  la  forme 
-de  rognons,  parfois  a^sez  volumineux  puisqu'ils  atteignent 
par  places  des  dimensions  de  plusieurs  décimètres  dans 
tous  les  sens,  mais  ordinairement  de  la  grosseur  du  poiug, 
ou  même  en  grenailles,  que  se  présentent  les  minerais  de 
cobalt.  Ils  ont  toujours  un  aspect  paraissant  indiquer 
qu'ils  ont  été  déposés  par  les  eaux;  tantôt  ils  sont  en 
rognons  caverneux  ou  en  conci'étioQS  mamelonnées,  tan- 

(*)  On  pODirait  se  demander  si  ce  ne  serait  pn»  U  un  lype  cnurant 
de  rainerai,  que  1er  travuix  des  mimes  de  robalt,  praliqueiuenl  limités 
aui  formatiuns  argileuseï,  n'auraient  pas  su  atteindre  dans  la  plupart 
'dea  etploitatioDs:  nous  ne  Je  pensons  pa»,  car  Ma n^  bcaiiroup  d'entre 
tiStK  la  serpentiiMieii  rotbs  a  élïtoivhée  en  nuinbre  de  pointe,  et  asou- 
'  Tant  même  6ié  suît^  sur  des  tlendues  assez  considérables,  san»  montrer 
aucunes  traces  de  cobalt,  traces  qui  seraient  cependant  bien  plus 
ats£«s  encore  a  discemersur  la  couleur  claire  de  la  serpentine  que  celles) 
,  ies  minerais  DlckeliFèreti  complexes, 

(")  Gakmieii,  toc.  cil.,  p  61-6S:  el  lifuTHiLK,  .Vémoire  sur  les  gisements 
deeeball,  deekroint  et  de  fer  à  ta  Noai/eile-Calfdoaie  lUimoires  delà  So- 
■ciili  det  IngéniMui-t  civili  de  Fnince,  I8«7, 1"  semestre,  p.  247  cl  248]. 

16 


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242  RICHESSES.  MINÉRALES   DE   LA.  NODVELLE-CALÉDOMB 

tôt  ils  présentent  la  disposition  en  nids  d'aboitles  qn'at- 
fectent  fréquemment  lea  dépôts  actuels  de  sources  ruis- 
selantes, tantôt  enân  ils  ont  la  forme  de  débris  divers, 
brindilles  de  bois,  etc.,  que  le  minerai  aurait  englobés. 

Les  rognons  ainsi  constitués  se  sont  déposés  en  traî- 
nées peu  régulières  :  quelquefois  ils  dessinent  une  couche 
plus  ou  moins  continue  qui  pourrait  provenir  d'un  dépôt 
au  fond  d'un  lac  oii  d'une  mare;  d'antres  fois  ils  reposeot 
dans  l'argile,  presque  au  contact  des  serpentines  sous- 
jacentes,  dont  les  traînées  de  minerai  suivent  toutes  les 
aspérités  et  les  contours;  ailleurs,  ils  sont  englobés  en 
pleine  argile,  souvent  en  plusieurs  assises  étagées,  sans 
qu'il  soit  aisé  de  discerner  aucun  lien  dans  la  distribution 
des  différents  rognons. 

ils  ont  une  texture  caverneuse  ou  écailleuse,  et  ime 
couleur  noir  bleuté,  souvent  à  demi  masquée  par  des 
enduits  dérouille;  un  reflet  bien  un  peu  violacé  est  géné- 
ralement l'indice  de  la  présence  du  cobalt  dans  ces 
rognons,  qui  ressembleraient  sans  cela,  à  s'y  méprendre, 
soit  à  de  simples  rognons  d'oxyde  de  fer  stériles,  soit  à 
des  boules  d'oxyde  de  manganèse  ;  mais  leur  caractère  le 
plus  net  est  la  trace  brillante  que  laisse  le  coup  de 
pic  dans  leur  masse,  qui  n'est  généralement  pas  très 
dure. 

Ces  minerais  sont  en  effet  tendres  et  friables,  tachant 
les  doigts,  souvent  sectiles  et  donnant  à  la  coupure  le 
même  aspect  métallique  que  sous  le  coup  de  pic  :  quel- 
quefois les  fragments  riches  en  silice  se  présentent  en 
écailles  siliceuses,  dores  et  cassantes. 

Leur  densité  apparente  est  toujours  faible;  la  densité 
réelle  des  minerais  ferreux  atteint  4  ou  5;  pour  les  raine- 
rais quartzetix  elle  est  notablement  plus  faible,  et  ils  se 
brisent  souvent  en  écailles  très  minces  tendant  à  flotter, 
ou  du  moins  à  être  entraînées  très  aisément  par  l'eau,  ce 
qui  est  une  gène  considérable  pour  le  lavage. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A   LA   FORMATION  DBS   SERPENTINES  S43^ 

Le  cobalt  est  d'ailleurs  loin  d'être  isolé  dans  ces  mine- 
rais, et  même  d'y  avoir  subi  une  concentration  très 
avancée,  puisqu'il  est  réellement  rare  de  rencontrer  des 
minerais  qui,  même  soigneusement  triés  et  lavés,  tiennent 
plus  de  10  p.  100  d'oxytie  de  cobalt;  cet  oiyde  est  tou- 
jours intimement  associé  à  des  proportion»*  importantes 
de  fer  peroxyde,  et  de  manganèse  se  présentant  sous 
la  forme  de  bioxyde  ou  d'oxyde  rouge.  I^a  silice  est  en 
outre  constamment  présente  dans  le  minerai,  mais  elle 
ne  s'y  trouve  pas  sous  forme  combinée  pour"  constituer 
des  silicates  ;  elle  y  est  au  contraire  isolée  au  point  de 
vue  chimique,  généralement  en  petits  rognons  jaunâtres, 
qui  jouent  peut-être  bien  le  rôle  de  noyaux  ou  de  sque- 
lettes des  dépôts  cobaltifères  ;  d'importantes  formations 
siliceuses  au  milieu  des  argiles  rouges  accompagnent 
d'une  façon  très  fréquente  les  gisements  rie  cobalt,  ainsi 
que  nous  aurons  l'occasion  de  le  mentionner  en  détail  en 
décrivant  quelques-uns  d'entre  eux.  Les  minerais  de 
cobalt  comprennent  donc,  intimement  liés  à  l'oxyde  de 
cobalt,  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse,  et  ils  sont 
très  souvent  constitués  en  même  temps  par  de  la  silice  ; 
d'autres  fois  ils  tiennent  une  proportion  importante  d'alu- 
mine, des  échantillons  provenant  de  la  mine  Persévé- 
nmce  sont  même  associés  à  de  belles  concrétions  de 
gibbsite;  enfin  ils  sont  toujours  imprégnés  de  produits 
ferrugineni. 

II  s'ensuit  que  la  teneur  des  minerais  bruts  n'est  que 
rarement  un  peu  élevée,  et  est  beaucoup  plus  souvent 
voisine  de  2  à  3  de  protoxyde  de  cobalt  pour  cent  de  minerai 
sec  (c'est  toujours  ainsi  que  l'on  évalue  la  teneur);  un 
lavage  soigneux  arrive  à  les  débarrasser  assez  complète- 
ment de  l'argile  ferrugineuse  qui  les  souille  et,  lorsque  le 
mélange  aTec  la  silice  n'est  pas  trop  intime,  d'une  partie 
de  celle-ci  ;  on  produit  ainsi  des  minerais  marchands 
dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt  varie  généralement 


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2ii  RICHBSSES   MINÊSALBS  DE   LA    NOCVBLLB-CALBDONIB 

(te  4  à  6  p.  10?.  Les  qnelques  analjses  que  Toici  donnent 
one  idée  de  la  composition  cbimiqne  de  ces  minerais: 
les  deas  pramiëres,  rapportées  par  M.  Oamier(*),  ont 
été  faites  snr  des  minerais  conrants  fondas  k  l'usine  de 
fteptèmes;  les  antres  ont  été  faites  à  Nouméa,  le  »n- 
méro  3  sur  un  minerai  siliceux  de  la  mine  PerséiréraDce 
(près  de  Monéo),  le  numéro  4  sur  un  rainerai  alumineux  de 
la  haie  du  Sud,  et  les  numéros  5  et  6  sur  des  minerais 
de  rHe  Yandé. 


SiO» 30,75  32.00  34,00  )6,W  2,20  23,M 

PeHf 1  (,50  20,00  1 1 ,43  15^  8,»1  16,06 

UnHi* I4,M  26.50  I9,0S  (2,07  33,«2  Ci.M 

Al*0» .  ...»  U.W  (4,»  (0,M 

HgO  et  CaO..  14,50  3,06  »  '  2,38  2,33 

CoO 2,50  3,50  3,80  3,00  7,76  5,56 

NiO Don  dosé  noD  dosé  1,04  1,48  1.64  l,4H 

Eau,  perle  an 
feu,  et  ma- 
tières  noD 

dosées....  6,80  (5,50  30,«8  3«,9S  29,20  23,«9 

Ces  minerais  se  rattachent  au  point  de  vue  minéralo- 
gique  à  l'asbolîle,  variété  de  wad  {oxvde  de  manganèse) 
plus  ou  moins  chargée  en  oxyde  de  cobalt.  L'asbolite  est 
d'ailleurs  loin  d'être  fréquente  dans  le  monde;  on  en  cite 
la  présence  en  Hesse  et  dans  laThuringe  comme  produit 
d'oxydation  accompagnant  des  minerais  Rulfuréa  du  cobidt, 
et  on  l'a  retrouvée  associée  à  des  gisements  métalliques 
complexes  aux  États-Unis:  mais  actuellement  elle  n'est,  à 
notre  connaissance,  exploitée  sérieusement  comme  mine- 
rai de  cobalt,  en  dehors  de  la  Nouvelle-Calédonie,  qu'en 
Nouvelle-Galles  du  Sud  auprès  de  Port-Macquarie ,  où  se 
montre,  au-dessus  d'une  tèfe  de  roche  serpentineuse,  une 
formation  d'argile  rouge  très  ferrugineuse  contenant  des 

(•)  GAmnn,  mémoire  de  1881  ci-dessàs  cil*,  p.  a*t«,  '       ' 


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MIMERAIS   AMOClÉa   A  LA.  FOSHATION   DXS   SEKPBNTINES  215 

rognons  cobaltifères  d'asbolile  très  aiiaiogoes  à  ceux  dûs 
gisements  de  notre  colonie.  Il  a  été  extrait  dans  chacune 
de  cea  dernières  années  un  peu  plus  d'une  centaine  de 
tonnes  de  ce  gisement,  qui  parait  être  fort  limité.  D'autre 
part,  si  nous  sommes  bien  informé,  les  petites  quantités 
de  minerai  de  cobalt  exportées  actuellement  du  Chili 
seraient  également  des  asbolite?,  qui  seraient  d'ailleurs 
l^èrement  aurifères. 

Quoique  existant  en  plus  ou  moins  grande  quantité 
dans  un  très  grand  nombre  d'être  tes  amas  d'argjlea 
rouges  qui  se  rencontrent  partout  dans  la  formation  ser- 
pentineuse  de  la  colonie,  les  minerais  de  cobalt  ont  pen- 
dant longtemps  passé  inaperçus,  ^Ace  à  leur  aspect  peu 
frappant,  et  à  leur  ressemblance  avec  des  rognons  ferru- 
gineux ou  manganésifères. 

M.  Garnier  ne  signalait  point  l'existence  du  cobalt  dans 
son  étude  de  18C7  sur  les  ressources  minérales  de  ia 
Nouvelle-Calédonie,  et  M.  Heurleau  l'igaorait  également. 
C'est  en  187B  que  le  cobalt  passe  pour  avoir  été  reconnu 
pour  la  première  fois  i:omme  utilisable  en  Nouvelle-Calé- 
donie, au  voisinage  de  la  pointe  de  Bogota  entre  Naketv 
et  Canalfl;  dès  cette  année-là,  puis  en  1877  et  1878,  la 
statistique  des  exportalio&s  indique  l'expéditioa  d'un  cer- 
tain nombre  de  sacs  de  minerai  de  cobalt;  mais  ce  n'est 
qu'à  partir  de  1883  que  le  cobalt  figure  d'une  façon  régu- 
lière au  nombre  des  minerais  exportés,  k  raison  de  2.000  à 
3.000  tonnes  par  an.  C'est  autour  de  ces  chiffres  qu'ont 
oscillé  les  exportations  pendant  longtemps;  elles  ont 
néanmoins  pris  récemment  un  essor  assez  marqué  pour 
que  les  expéditions  de  plusieurs  d'entre  ces  dernières 
années  aient  varié  entre  4.000  et  o.OJO  toimes.  Au  total, 
la  Nouvelle-Calédonie  parait  avoir  exporté  en  vingt  ans 
environ  tJO.OOO  tonnes  de  minorai  de  cobalt,  dont  la  teneuf 
moyenne  peut  être  évaluée  entre  4  et  5  p.  l'")0  d'oxjde, 


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S46  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

sans  compter  quelques  centaines  de  tonnes  de  mattes  à 
10  ou  20  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  la  hausse 
continue  des  cours  avait  suscité  un  accroissement  mar- 
-qué  de  la  production  par  suite  de  l'ouverture  ou  de  li 
réouverture  d'un  très  grand  nombre  d'exploitations  ;  au 
cours  du  premier  semestre  1902,  74  exploitations  avaient 
extrait  2.453  tonnes  de  minerai  de  cobalt,  c'est-à-dire 
presque  autant  qu'il  en  avait  ét^  extrait  pendant  toute 
l'année  1001,  et  l'extraction  du  deuxième  semestre  ni 
pas  atteint  moins  de  5.060  tonnes,  portant  le  total  de 
l'année  à  7.512  tonnes. 

La  production  de  l'année  1901  avait  été  de  2.5S2  tonnes, 
et  s'était  partagée  entre  35  exploitations  portant  sur  41  péri- 
mètres miniers.  Le  tableau  ci-dessous  en  donne  la  répar- 
tition par  régions  de  la  colonie. 

Dôme  de  Tiebaghi,  versant  Nord  (i  ex-  Tnmi 

ploilations) WO 

Poume  (4  exploitations) 49S 

Plateau  de  Tiea  (S  exploitations) Sla 

lies  Yandé  et  Pott  [2  ezploitalioDs) (89 

Baie  d'Oland,  versant  Sud  du  dame  de 

Tiebaghi  (une  exploitation) I6S 

Baie  du  Sud  [ô  exploitations 14S 

Baie  de  Bù.,  près  de  HoubïIou  (â  explol- 

Ulions) 136 

Ile  des  Pins  (une  exploitation) 12* 

OuDia  et  Yaté  (3  exploitations) 62 

Thio  (une  exploitation) 37 

Kaféale  près  de  Koné   (une   exploita- 
tion)   il 

Ouinné  (une  exploilationj 18 

Boulari  (une  exploitation] 15 

Poro  (une  exploitation) 13 

Baie  Ouië  [une  exploitation) 10 

Baie  des  Pirogues  (une  exploitation). ...  5 

Total 2.552 


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MINERAIS   ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES  247 

Nous  avons  visité  une  grande  partie  d'entre  les  exploi- 
tations de  cobalt  qui,  sur  les  deux  côtes  Est  et  Ouest, 
jalonnent  la  colonie  sur  presque  toute  sa  longueur,  depuis 
rUe  des  Pins  au  Sud-Est  jusqu'à  l'ile  Pott  k  l'extrême 
Nord-Ouest.  Sur  la  c6te  Ouest  nous  en  avons  vu  à  la 
baie  du  Sud,  àPlum,  à  Saint-Louis,  âlaDumbéa,  dans  la 
vallée  de  la  Téné  près  de  Bourail,  sur  les  deux  bords  de  la 
rivière  de  Népoui,  au  plateau  de  Tiea  près  de  Pouembout, 
au  Kaféate  près  de  Koné,  et  au  dôme  de  Tiebaglii;  nous 
n'avons  d'ailleurs  pas  eu  la  possibilité  de  visiter  celles 
(le  la  presqu'île  de  Poume  et  des  fies  Yandé  et  Pott.  Sur  la 
côte  Est,  sans  avoir  pu  commencer  vers  le  Sud  par  les 
exploitations  d'Ounia  et  Yaté,  nous  avons  visité  celles 
de  la  rivière  Comboui,  de  Brindy,  de  la  presqu'île  de 
Neuméni,  de  Pemby  entre  les  baies  de  Gaiiala  et  de 
Kouaoua,  et  de  la  baie  de  Bâ  près  de  Houaïlou  ;  enân, 
dans  le  dernier  massif  serpentineux  de  la  côte  Est  vers 
le  Nord,  celui  de  Monéo,  on  s'apprêtait  à  reprendre  une 
exploitation  au  moment  de  notre  passage  dans  la  région. 

Nous  ajouterons  que  nous  avons  encore  eu  l'occasion 
de  ramasser  de  petites  quantités  de  minerai  de  cobalt  en 
plusieurs  points,  et  notamment  au  voisinage  immédiat 
d'exploitations  de  nickel,  par  exemple  sur  la  mine  des 
Bomets  à  Thio,  sur  la  mine  Pathma  à  Poro,  sur  la  mine 
Reis  n'  1  à  Népoui,  sur  la  mine  Étoile  du  Nord  au 
Kaala,  et  qu'il  n'est  pas  sans  exemple  qu'une  mine  con- 
cédée pour  nickel  ait  été,  ou  soit,  exploitée  pour  cobalt. 
D'autre  part,  le  cobalt  est  souvent  associé  an  fer  chromé 
dans  les  argiles  rouges,  et  les  massifs  du  <l6uiedeTiebaghi, 
de  la  baie  du  Sud,  de  la  baie  Ngo,  de  Pourina,  etc.. 
sont  à  la  fois  particulièrement  riches  en  cobalt  et  en 
chrome  ;  le  cobalt  se  rencontre  d'ailleurs  parfois  en  enduits 
sur  le  fer  chromé. 


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248  RICHESSES  MINÉIULES   UE   LA   NOTl^'ELLB-CALtDONIR 

B.  —  Description  de  qcelqdgs  gisements. 

Noua  renoncerons  à  décrire  «n  à  un  chacun  de  ces  nom- 
breui  gisements  de  cohalt,  cjui  ne  présentent  d'ailleurs, 
pas  une  très  grande  variété,  et  nous  nous  contenterons  de 
donner  quelques  détails  sur  nne  série  d'entre  eux  pris- 
comme  types. 

Les  exploitations  du  dôme  de  TiebagfU  sont  parmi  cdies' 
qui  se  sont  poursuivies  le  plus  longtemps,  et  elles  ont  eu 
pendant  toutes  ces  dernières  années  une  sérieuse  activité, 
qui  tend  d'ailleurs  aujourd'hui  à  se  ralentir  :  trois  exptoita- 
lions  différentes  extrayaient,  au  moment  de  notre  passafçe. 
sur  le  périmètre  dos  mines  Tangadiou  et  Tamatave,  iine- 
moyenne  mensuelle  de  40  à  50  tonnes  de  minerai  À 
teneur  de  4  à  4  1/2  p.  100  après  lavage.  Ije  gîte  se 
trouve  sur  un  des  contreforts  du  dôme  de  Tieia^i 
qui  s'allonge  et  s'étale  largement  vers  l'Est  en^  les 
cotes  300  et  200  environ;  ce  contrefort,  dont  la  penl«' 
est  peu  accusée,  est  recoïtvert  d'un  épais  manteau  de 
ces  formations  rouges  surt-out  femigineases,  mais  un 
peu  magnésiennes  et  argileuses,  que  nous  continuerons  à 
désigner  sous  le  nom  d'argiles  ronges,  et  qui  aoni 
semées  de  fragments  d'oxyde  de  fer  dont  la  dimejision 
varie  de  celle  de  blocs  énormes  jusqu'à  celle  de  petits- 
grains.  Les  travaux  d'exploitation,  et  les  sondages  de- 
recherches  qui  ont  été  poursuivis  an  voisinage,  ont  montré 
qu'il  existe  dans  les  serpentines  sous-jacentes  une  pro- 
fonde dépression,  que  nous  appelons,  avec  M.  Levât,  nne 
«  vasque  »  ;  cette  vasque  est  comblée  par  la  formation  d'ar- 
gile rouge,  sur  une  épaisseur  qui  atteint  jusqu'à  52  mètreB 
en  son  centre  et  qui  est  encore  de  10  et  20  mètres  sur 
ses  bords. 

C'est  dans  cette  formation  qu'apparaît,  assez  abondant^ 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION  DKS   8SB«NTIS«8  24* 

un  minerai  de  cobalt  de  richesse  moyenne,  et  se  rappor* 
tant  xn  tjpe  silicenx.  La  concentration  la  plos  complète 
du  minerai  parait  s'être  produite  au  centre  de  la  yasqne 
et  presqae  aa  contact  de  la  serpentine  ;  un  puits  de 
52  mètres  de  profondenr,  creusé  en  re  point,  a  recoupé^ 
cette  formation,  puissante  de  80  à  90  centimètres,  et 
présratant,  paraft-il,  nne  étendue  notable;  elle  était  cons- 
tituée par  an  amas  de  rognons  et  de  ^ains,  à  squelette 
qaart^ux  recouvert  d'enduits  et  de  concrétions  de  man- 
^nëse  et  de  cobalt.  On  s'est  empressé  de  dépiler  tout 
autour  du  puits  cette  sorte  de  lentille,  «^ui  n'était  sans 
doute  qu'un  dépAt  de  fond  de  mare  ;  elle  venait  d'un  cAté 
mourir  sur  les  serpentines  qui  se  relevaient,  tandis  que 
de  l'autre  elle  s'appauvrissait  au  miKeo  des  argiles  ;  ces 
travaux,  qui,  pendant  quelque  temps,  ont  fourni  dans  des 
conditions  fort  économiques  des  quantités  importantes  de 
minerai,  ont  été  poursuivis  sans  remblayage  et  avec  un 
boisage  însnfRsant,  anssi  n'ont-ils  pas  tardé  à  s'ébouler; 
ils  étaient  inaccessibles  au  moment  de  notre  visite,  et  il 
est  vraisemblable  qu'ils  ont  dû  être  abandonnés  avant  que 
tout  le  minerai  exploitable  en  ait  été  extrait. 

En  dehors  de  cette  formation  principale,  toute  l'épais- 
seur de  l'argile  ronge  paraft  être  irrégulièrement  sillon- 
née de  traînées  de  minerai,  tantôt  sous  forme  de  rognons 
siliceux,  tantôt  sous  forme  de  grains  ferrugineux  k  en- 
duits de  cobalt;  une  série  de  tranchées,  galeries  horiimn- 
tales,  on  petits  piiits,  ont  été  poussés  de  tous  côtés,  ren- 
contrant ici  ou  là  de  ces  traînées  qui  fournissaient  un 
pins  ou  moins  grand  nombre  de  tonnes  de  minerai. 
L'exploitation,  qui  en  a  été  souvent  confiée  à  de  petits 
«  contractants  »,  a  consisté  le  plus  généralement,  comme 
dans  la  plupart  des  autres  mines  de  cobalt  de  la  colonie, 
à  battre  au  large  k  partir  du  puits  ou  de  la  galerie  de 
recherches  sitôt  un  peu  déminerai  rencontré,  et  k  pous- 
ser les  travaux  aussi  loin   et  aussi   longtemps  qu'ils   no 


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250  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVELLB-CALéDONIB 

menaceraient  pas  trop  de  s'ébouler,  puis  à  les  abandonner 
sans  chercher  plus  profondément,  quitte  à  aller  recom- 
mencer un  peu  plus  loin  le  même  travail. 

Le  minerai,  mis  en  sacs  sur  les  chantiers,  est  des- 
cendu, par  câbles  et  plans  inclinés  aériens,  jusqu'au  pied 
du  contrefort,  en  un  point  où  il  peut  être  procédé  au 
lavage  destiné  à  éliminer  les  matières  ferrugineuses  qui 
le  souillent  et  une  partie  des  éléments  siliceux  auxquels 
il  est  associé.  Ce  lavage  a  lieu  sur  toutes  les  mines  dans 
des  couditions  tout  à  fait  analogues  que  nous  ferons  con- 
naître ci-après.  Ensaché  à  nouveau  après  lavage,  le  mine- 
rai est  transporté  par  charrettes  jusqu'à  Koumac,  distant 
de  6  kilomètres  de  la  laverie  ;  il  est  ensuite  expédié  à 
Nouméa  par  voie  de  mer. 

Les  minerais  de  la  ùaie  WOland,  que  se  partagent  une 
série  de  mines,  ont  fait,  en  1901,  l'objet  d'une  exjJoi- 
tation  assez  importante,  portant  sur  les  périmètres  de 
trois  d'entre  elles;  il  y  en  avait  cinq  en  exploitation  pen- 
dant le  premier  semestre  de  1902;  les  gisements  se 
trouvent  être,  sur  le  versant  Ouest  du  dôme  de  Tieba- 
ghi,  symétriques  de  ceux  que  nous  venons  de  mentionner. 

Le  dême  serpcntineux  qui  constitue  la  presguite  dr 
Poume,  et  qui  reproduit  avec  de  plus  petites  dimensions 
les  formes  et  les  circonstances  géologiques  du  dôme  do 
Tiehaglii,  renferme  également  des  gisements  de  cobalt 
importants;  ils  ont  été  à  diverses  reprises  l'objet  d'ex- 
ploitations plus  ou  moins  suivies;  celles-ci  avaient  une 
nouvelle  période  d'activité  au  momenlde  notre  séjour  daiis 
la  colonie,  et  six  mines  y  étaient  exploitées  au  cours  du 
premier  semestre  de  1902,  contre  quatre  en  1901. 

Au  Ka/éale,  longue  croupe  serpentineuse  qui  s'avance 
jusqu'au  bord  de  la  mer  entre  Voli  et  Koné,  la  ligne  dp 
crête  présente  une  largeur  suffisante  pour  qu'une  épais- 
seur, d'ailleurs  faible,  d'argile  ronge  y  ait  subsisté,  tan- 


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MmeRAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DES  SERPBNT1NK8  251 
dia  que  les  deux  flancs  de  la  croupe,  dont  les  pentes  sont 
raides,  »ont  presque  uniquement  rocheux.  Cette  argile 
rouge  contient  quelques  rognons  de  cobalt,  et  deux  exploi- 
tants y  poursuivent  des  travaux  de  grattage  de  peu 
d'importance.  Les  différentes  galeries,  horizontales  ou 
inclinées,  ouvertes  dans  l'argile  viennent  buter  à  peu  de 
distance  sur  des  tètes  de  péridotite  très  altérée  et  com- 
plètement Assurée,  Jusqu'au  contact  de  laquelle  se 
retrouvent  les  concrétions  cobaltifêres.  Ce  qui  est  à 
noter  ici,  c'est  que  ces  concrétions  se  retrouvent  sur  la 
surface  même  de  quelques-uns  de  ces  fragments  de  roche, 
et  que  le  dépôt  métallifère  envahit  même  par  places  leurs 
fissures  ;  c'est  là  un  mode  de  gisement  qui  est  exception- 
nel pour  le  cobalt,  et  qui  se  rapproche  assez  de  celui  du 
aickel,  mais  les  enduits  et  concrétions  en  question  sont, 
comme  les  minerais  de  cobalt  usuels,  constitués  d'oxydes 
de  cobalt,  de  manganèse,  et  de  fer,  ainsi  que  d'alumine 
et  de  silice,  et  sont  exempts  de  magnésie. 

Les  gisements  du  plateau  de  Tiea,  entre  Pouenibout 
et  Népoui,  sont  encore  de  ceux  qui,  depuis  plusieurs 
années,  fournissent  des  quantités  imi;ortantes  de  minerai 
de  cobalt.  La  forme  spéciale  de  ce  massif  serpenlrneux 
explique  d'elle-même  qu'un  important  amas  d'argile  fer- 
rugineuse ait  pu  s'y  former,  et  des  minerais  de  cobalt  s'y 
déposer  d'une  façon  particulièrement  aisée,  La  fig.  1, 
PI.  IV,  représente  en  plan  et  en  coupe,  d'après  les  levés 
du  service  topographiqne,  ta  configuration,  en  forme  de 
tronc  de  cône  très  surbaissé,  do  ce  plateau  entièrement 
constitué  de  péridotite;  il  est  recouvert  d'un  manteau 
d'argile  rouge.  Ce  manteau  est  très  épais  et  très  continu 
sur  la  surface  supérieure  du  plateau,  qui  est  très  peu 
ondulée  mais  présente  de  légères  dépressions  centrales,  il 
est  plus  ou  moins  développé  sur  les  arêtes  des  contre- 
forts qui  descendent  vers  sa  base,  et  il  disparaît  complè- 


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262  RICHESSES   HlIfÉKAI.G8    DB    LA    NOUVBLLB-CALÉDONIS 

tement,  pour  faire  place  h  la  péridotite  rocheuse,  dans  le 
fond  des  ravius  abrupts  qui  se  creusent  en  éTentail  dus 
les  différentes  directions.  II  n'y  a  pas  ntoins  de  dix  con* 
cessions  de  mines  de  cobalt  qui  se  partagent  la  surûce, 
de  800  hectares  enTiron,  que  présente  le  plateaa  avec  se» 
pentes  orientales,  occidentales,  et  méridionales.  Nous  «a 
BTons  tracé  les  périmètres  sur  la  fig.  i  de  la  PI.  IV  : 
deux  exploitations  étaient  en  activité  au  moment  de  Dotre 
passage,  l'une  était  poursuivie  sur  la  mine  Ressonrce, 
l'autre  comprenait  de  nombreux  chaotien  ouverts  en  dif- 
férents points  des  périmètres  des  mines  Espérance,  Bapds- 
tine  et  Thia- Louise. 

Le  minerai  se  rencontre,  tout  comme  au  dôme  de 
llebaghi,  en  traînées  k  différents  nÎTeaux  dans  le  massif 
argileux  dont  la  puissance  atteint  jusqu'à  30  mètres;  ces 
traînées  ne  paraissent  pas  avoir  ici  une  disposition  rap- 
pelant, même  de  loin,  celles  de  couches  plus  ou  moins 
horizontales,  elles  ont  plutAt  l'allure  de  masses  irrégn- 
lières  se  ramifiant  en  tous  sens.  Aussi  a-t-on,  tant  à  par- 
tir de  plusieurs  puits,  <Jont  les  deux  principauz  ont  25  et 
32  mètres  de  profondeur,  que  par  des  galeries  ouverte» 
an  flanc  des  ravins  qui  descendent  du  plateau,  pouramn 
des  travaux  souterrains  un  peu  dans  to»s  les  sens  et  à 
teus  les  niveaux,  au  voisinage  de  l'éperon  que  dessine  vers 
le  Sud  la  surface  supérieure  du  plateau.  L'épuiswnent des 
travaux  était  assuré,  tant  bien  que  mal,  par  les  galeriesà 
flanc  de  ravin  ;  mais,  peu  de  mois  avant  notre  visite  sur 
les  lieux,  des  pltdes  extrêmement  violentes  avaient  en- 
vahi k  mine  et  provoqué  l'obstruction  par  des  éboule- 
menta  des  galeries  d'assèchement;  amsn  toute  la  partie 
inférieure  des  travaux  principaux  était-elle  encore  in«c- 
cessible,  et  ne  travaillait- on  qu'à  rexploitation  de  diverse» 
traînées  superficielles  de  minerai,  par  une  série  de  gale- 
ries s'enfonçant  peu  profondément  clans  le  sol. 

La  fiff.  2  de  la  PI.  IV,  qui  reproduit  une  coupe  qui 


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HINBRAB  ASSOCIÉS   A  l.A   FORMATION   DES   SERPENTINES   253 

1)008  a  été  remise  sur  place,  indique  quelle  serait  k  peu 
près  l'allure  de  la  formation  rencontrée  en  profondeur,  et 
quelle  aurait  été  la  disposition  des  travaux  ;  les  deux 
puits  Roanne  et  Dauvergne,  que  nous  avons  indiqués  sur 
le  plan  dela^^.  1,  permettent  de  repérer  cette  coupe  par 
rapport  au  relief  du  sol.  Les  traînées  de  minerai  seraient 
«unstituées  en  profondeur,  tout  comme  celles  que  nous 
avons  vu  exploiter  plus  près  de  la  surface,  par  une  série 
de  rognons  caTemeux,  de  couleur  hleutée  et  d'éclat 
demi-métallique,  enrobés  dans  Taille  rouge,  et  accom- 
pagnés parfois  de  lits  de  sable  siliceux  ;  ces  rognons 
sont,  en  général,  concentrés  sur  des  épaisseurs  variant 
de  quelques  centimètres  à  60  et  80  centimètres  et  par- 
fois même  plus,  pour  atteindre,  parait-il,  jusqu'à  3  mètres 
dans  les  plus  beaux  chantiers.  C'est  en  suivant  ces  for- 
mations qu'on  ouvre  des  galeries  horizontales  ou  incli- 
nées, tracées  le  plus  souvent  avec  toutes  les  irrégularités 
que  comporte  le  gisement  hii-mème  :  ici  elles  se  trouvent 
très  espacées  et  de  petites  dimensions  ;  là,  au  contraire, 
elles  se  groupent  en  grand  nombre  dans  un  même  mas- 
sif plus  minéralisé.  Boisées  avec  «n  certain  soin,  cela  est 
Vrai,  mais  avec  peu  de  connaissance  des  conditions  dans 
lesquelles  un  boisage  doit  être  établi  pour  offrir  les  meil- 
leure» garanties  de  solidité,  ces  galeries  s'éboulent  à  la 
longue,  surtout  lorsque  t'afflnx  des  eaux  vient  les  décon- 
s(rfideT. 

Les  exploitations  du  plateau  deTtea  n'occupent  pas  moins 
d'une  centaine  d'hommes  ;  elles  produisaient  au  débtit  de 
l'année  jusqu'à  300  ou  400  tonnes  de  minerai  brut  par 
mois,  mais  leur  extraction  était  réduite  aux  environs  de 
150  à  200  tonnes  au  moment  de  notre  passage.  Le  mine- 
rai, descendu  par  des  câbles  et  par  un  plan  incliné  aérien 
jnsqn'an  pied  du  plateau,  y  est  lavé,  ce  qui  réduit  son 
poids  au  tiers  environ  du  poids  brut,  et  amène  sa  teneur 
en  oxydio  de  cobalt  aux  environs  de  ,5  p.  iOO;  il  est 


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254  RICHESSES   UINÉRALGS  DB  LA   NOUVELLS-CALÉDOKIB 

ensuite  expédié  par  charrettes  jusqu'au  bord  de  la  mer, 
oh  il  est  embarqué  pour  Nouméa  par  l'intermédiaire  de 
chalands. 

Les  mines  Courage  et  Francia,  situées  un  peu  plus  à 
l'Est,  de  part  et  d'autre  de  la  rivière  de  Népoui  et  ani 
euvirons  assez  immédiats  de  son  embouchure,  fournissent 
\m  HÙnerai  d'irn  caractère  un  peu  spécial,  et  d'ailleurs 
riche  :  il  se  (wésente  en  concrétions  mamelonnées  ou  en 
enduits,  doués  d'an  lastre  particulièrement  métallique  et 
d'une  couleur  bleu  T»dacé.  qui  paraissent  correspondre 
à  une  pauvreté  relative  en  m&ngaaèse  et  à  une  teneur  pins 
forte  en  cobalt.  Ces  minerais  se  rencuatrent  d'ailleurs 
au  Toisinaf^e  immédiat  des  roches  serpcntîneusea  :  quel- 
quefois en  enduits  sur  ces  roches,  d'autres  fois  dans  leurs 
fentes  superficielles;  ils  sont  généralement  associés  itdes 
concrétions  quartzeuses  ou  k  des  calcédoines.  Les  vasques 
d'argile  au  fond  desquelles  ils  se  présentent  sont  ici  par- 
ticulièrement irréguiières,  peu  profondes,  et  constamm^it 
découpées  par  des  têtes  de  roche  en  place  ;  les  minerais 
paraissent  donc  être  plus  intimement  associés  au  rocher 
que  partout  ailleurs  ;  on  rencontre  assez  souvent  à  leur 
voisinage  des  enduits  talqueux  ou  magnésiens. 

Les  deux  gisements  sont  en  outre  remarquables  par  la 
présence  de  masses  de  serpentine  d'un  caractère  exc^ 
tionnel  :  ce  sont  des  masses  de  couleur  claire,  dont  la 
pâte  est  blanche  ou  rosée,  et  qui  sont  sillonnées  d'un 
grand  nombre  de  veinules  ramifiées,  quelquefois  vertes 
et  plus  souvent  d'un  bleu  plus  ou  moins  franc,  couleur 
que  l'on  serait  tenté  d'attribuer,  à  tort  comme  nous  noos 
en  sommes  assuré,  au  celait  en  raison  de  l'association  de 
ces  serpentines  au  minerai  de  cobalt.  Quelque  exception- 
nels que  soient  en  Nouvelle-Calédonie  ces  types  de  ser- 
pentine, leur  origine  parait  bien  être,  ici  comme  ailleurs, 
l'altération  des  péridotites   qui  constituent   iotyoun  le 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DES  SBRPBNTISBS  255 
sous-sol;  nous  avons,  en  effet,  pu  ramasser  nne  série 
d'échantillons  marquant  tons  les  passages  entre  ta  përi- 
Jolite  assez  fraîche,  les  roches  serpentineuses  que  l'on 
est  habitué  à  rencontrer  ailleurs,  vertes  ou  légèrement 
lirun&tres  et  montrant  au  microscope  les  restes  de  cris- 
taux de  péridottout  traversés  de  veinules  de  serpentine, 
puis  des  roches  plus  altérées,  déjà  partiellement  décolo- 
rées, où  les  traces  du  péridot  commencent  à  disparaître  et 
oii  l'on  ne  distinguo  plus  que  les  cristaux  d'enstatite,  et 
enfin  ces  roches  entièrement  serpentinisées,  qui,  à  l'œil 
nu,  semblent  complètement  amorphes  :  à  l'analyse  leur 
composition  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  ser- 
pentine typique  (2SiO^,MgO-|-2H^O),  avec  une  faible 
teneur  en  fer(')  ;  examinées  au  microscope  elles  se  montrent 
presque  entièrement  constituées  d'un  agrégat  de  petits 
cristaux  d'antigorite  à  groupements  complexes,  générale- 
ment étoiles,  et  traversées  de  quelques  zones  minces  de 
laïc. 

A  la  baie  Bù,  ou  plus  exactement  dans  la  presqu'île 
qui,  située  en  face  de  Houaïlou,  sépare  la  baie  de  Bà  de 
la  mer,  les  serpentines  se  développent  sur  3  kilomètres 
de  largeur  et  ne  présentent  pas  d'altitudes  supérieures  à 
350  mètres;  c'est  dire  que  leurs  pentes  sont  relativement 
douces,  surtout  it  la  partie  supérieure,  et  qu'un  épais 
manteau  d'argile  rouge  a  pu  s'y  conserver.  Cette  forma- 
tion, qui  est  ici,  comme  au  d'')me  de  Tiebaghi  et  dans 
nombre  d'autres  régions  à  cobalt,  toute  parsemée  de  blocs 
et  de  grains  ferrugineux,  renferme  aussi  d'assez  nom- 
breuses trajnéès  de  minerai  de  cobalt;  elle  est  partagée 
entre  les  périmètres  de  14  concessions,  couvrant  une  su- 
perficie de  900  hectares  environ,  dont  plusieurs  avaient 
été  sollicitées  en  vue   de  l'exploitation  du  nickel.  Il  sub- 

(■)  Voir  luprà,  p.  M. 


bïGoogIc  ,■' 


256   BICHBSSB8   HINÉRALBS   DB   LA  MOnVELLB-<:U,KOONIB 

siste  d'aillears  encore,  dans  les  valloas  k  pente  asMz 
raide  qui  descendent  vers  la  mer,  des  travaux  soutemios 
entrepris  autrefois  par  les  premiers  explolUnts  uglais 
du  nickel,  pour  stiivre  des  filonnets  d'hydrosilicate  vert. 
Aujourd'hui  il  n'est  plus  fait  de  travaux  <)ue  dans  Im 
argiles  rouges  pour  la  recherche  du  minerai  de  cobalt;  ib 
appartiennent  tous  à  la  même  entreprise  et  se  développent 
stir  trois  d'entre  les  coDeessi<His  existantes  :  ib  occo- 
paient,  au  moment  de  notre  Tisit«,  une  quarantaiM 
«l'oiiTriers,  et  n'avaient  pas  produit,  dans  les  mois  qui  ont 
précédé  notre  passage,  moins  de  50  à  60  tonnes  par 
mois  de  minerai  lavé,  dont  la  teneur  en  oxyde  de  cobalt 
variait  de  4  à  i  1/2  p.  10»,  et  qui  était  aasez  fortemeal 
chaîné  en  manganèse. 

Les  types  de  rainerais  que  l'on  rencontre  ici  et  leur 
iiiode  d'occurrence  ne  préfsentent  de  vraiment  spécial  que 
leur  association  très  nette  avec  d'importantes  formations 
siliceuses  :  l'exploitant  a  d'ailleurs  remarqué  depuis  long- 
temps que  la  présence  des  formations  siliceuses  est  un 
bon  indice  de  la  proximité  du  cobalt;  ces  formations,  qui 
afTeotent  une  disposition  en  bancs  parfois  bien  nets,  se 
présentent  tantôt  eu  plaquettes  légèrement  jaun&trea  a 
grain  très  fin,  et  tantôt  en  masses  vacuolaires  k  structure 
plua  ou  moins  cellulaire  où  l'on  croirait  par  places  distin- 
guer les  moules  de  petites  coquilles  ou  des  empreintes  de 
débris  végétaux  ;  nous  n'en  avons  cependant  nulle  part 
trouvé  la  trace  d'une  façon  certaine.  Cette  association  du 
minerai  de  cobalt  à  des  formations  siliceuses,  qui  ont  très 
certainement  été  déposées  par  l'eau,  et  vraisemblablement 
au  fond  de  lacs  ou  de  tnares,  nous  parait  fournir  uDe 
.raison  de  plus  de  considérer  les  concrétions  cobaltifêres 
qui  les  accompagnent  comme  ayant  été  déposées  en 
même  temps  par  des  eaux  qui  avaient  dissous  le  cobalt  et 
le  manganèse  (Lus  massifs  de  péridotite  voisins.  Nom 
aurons  d'ailleurs  à  signaler  cette  même  association  à 


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MINBKAIS   ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION   DES   SERPENTINES   257 

Pemby  et  à  Brindy  ;  nous  l'avons  également  observée  à 
la  mine  Fanfare  dans  la  vallée  de  la  Téné  près  de  Bourail, 
ob  les  traînées  cobaltîfères  suivent  exactement  un  lit  de 
sable  siliceux  assez  régulier. 

A  Pemht/,  dans  la  presqu'île  qui  sépare  les  baies  de 
Canala  et  de  Kouaoua,  le  cobalt  se  rencontre  snr  la  large 
crête  qui  s'ëtale,  à  une  altitude  variant  entre  500  et 
600  mètres,  au-dessus  des  pentes  raides  qui  descendent 
d'un  c*té  sur  la  mer  et  de  l'autre  sur  les  ravins  de  la 
rivière  Karoupa.  La  presqu'île  est  tout  entière  consti- 
tuée par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement  altérée,  de 
couleur  vert  foncé,  qui  ne  se  montre,  ni  à  l'œil  nu,  ni  à 
l'examen  microscopique,  ni  à  l'analyse  chimique,  différente 
de  plusieurs  des  roches  associées  aux  gisements  de  nickel 
voisins  de  Thio  et  de  Canala;  d'ailleurs  le  nickel  existe 
en  petite  proportion  dans  la  roche  elle-même  et  a  été 
signalé  sous  forme  de  minerai  à  faible  teneur  en  différents 
points  du  massif;  la  roche  est  d'autre  part  chargée  de 
traces  particulièrement  sensibles  de  manganèse.  Mais  ici 
c'est  le  cobalt  qui  s'est  concentré,  plus  que  le  nickel,  à  la 
faveur  sans  doute  des  conditions  qui  ont  permis  l'accumu- 
lation sur  la  large  crête  que  nous  venons  de  définir  d'im- 
portants dépôts  d'argile  rouge.  Sur  toute  l'étendue  de 
ces  dépôts  sont  disséminés  des  rognons  cobaltifères,  qui 
avaient  fait  autrefois  l'objet  de  travaux  irréguliers  et 
sans  suite.  La  Société  le  Nickel,  à  laquelle  le  gisement  est 
concédé,  y  a  ouvert,  en  1901 ,  des  travaux  auxquels  elle  a 
donné  un  certain  développement  et  qu'elle  a  poussés  plutôt 
en  vue  de  chercher  à  reconnaître  s'il  s'y  trouve  des 
masses  importantes  et  continues  de  minerai,  que  d'enlever 
immédiatement,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  les  petites 
quantités  de  cobalt  rencontrées  auprès  de  la  surface, 
quitte  à  s'interdire  ou  à  peu  près  l'accès  Jusqu'à  celles 
qui  pourraient  exister  plus  profondément  enfoncées  dans 

n 


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25â  RICHESSES   MINBRAl.BS  DE  LA   NOUVBLLB-CALÈDOKIB 

la  masse  de  l'argile  rouge.  Ces  travaux  n'ont  d'ailleurs- 
pas  complètement  répondu  au  but  poursuivi,  et  la  plupart 
des  chantiers  ouverts  au  moment  de  notre  passage  ne 
rencontraient  guère  que  des  traînées  irrégulières  de- 
petites  concrétions  fortement  chargées  en  manganèse  et 
d'une  richesse  très  moyenne  en  cobalt.  Néanmoins,  en  un 
point,  on  suivait  une  formation  qui  présentait  assez  nette- 
ment l'allure  d'un  dépAt  de  fond  de  lac  :  c'était  une 
lentille  relativement  régulière,  faiblement  inclinée  sur 
l'horizontale,  se  développant  sur  plusieurs  diziùnes  de 
mètres  en  toutes  directions  dans  une  sorte  de  large 
cavité  encaissée  entre  des  tèles  de  roche  en  place,  et 
venant  mourir  en  s'effllant  au  voisinage  de  ces  serpen- 
tines; la  puissance  de  la  formation  variait  de  U)  centi- 
mètres à  1  mètre,  consitituée  par  des  grenailles  et  des 
rognons  enrobés  .dans  l'argile,  en  proportion  d'ailleurs 
assez  variable  d'un  point  à  un  autre. 

L'association  du  cobalt  et  des  dépAts  siliceux  que  nous 
avons  déjà  signalée  d'une  façon  très  nette  pour  le  gise- 
ment de  la  baie  <le  Bâ,  est  aussi  frappante  en  plusieurs 
points  du  gisement  de  Pembv;  c'est  ainsi  qu'au  fond 
d'un  petit  puits  de  10  mètres  de  profondeur  on  a 
rencontré  le  cobalt  on  enduits  entre  des  dépôts  opalins 
et  une  formation  siliceuse  très  spéciale  se  développant  au 
contact  même  delà  péridotite  on  roche  ;  cette  formation, 
de  couleur  jaune  brim  clair,  comprend  d'une  part  des 
zones  de  calcédoine  de  teintes  jaunes  variées,  et  d'autre 
part  une  certaine  épaisseur  de  silex  dur,  d'une  couleur 
brune  plus  foncée,  qui  se  montre  entièrement  constHué 
de  petits  grains  qiiartzeux  colorés  et  cimentés  par  des 
enduits  ferrugineux. 

Comme  nous  l'avons  dît,  les  travaux  de  Pembj'  ont 
plutôt  constitué  jusqu'ici  des  recherches  qu'une  exploita- 
tion; on  n'en  avait  encore  ex  trait  an  moment  de  notre  passage 
qu'un  petit  nombre  détonnes  d'un  minerai  dont  la  teneur 


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ItIKSRAIS   ASSOCIÉS   A.  LA   FORMATION   DBS  SBSPXMTIMBS  :%9 

en  cobalt  n'était  pas  très  élevée  et  où  le  manganèse  était 
particulièrement  abondant. 

Le  cobalt  est  assez  activement  exploité  en  une  série  de 
points  de  la  région  Sad  de  la  côte  Est  de  l'Ile,  et  en  par- 
ticulier sur  le  platean  accidenté  qui  domine  le  rivage  de 
la  mer  au-dessus  de  Brind^,  entre  les  rivières  M'ba  et 
Gomboui;  ce  massif,  dont  les  pentes  vei's  la  mer  sont 
fort  raides,  s'abaisse  d'une  façon  beaucoup  moins  rapide 
vers  le  Sud.  Il  s'y  développe  de  puissants  amas  d'argile 
rouge  qui  viennent  s'associer,  dans  le  lit  de  la  rivière 
Koua-Samy,  à  des  formations  superficielles  d'un  carac- 
tère tout  différent,  beaucoup  moins  colorées  et  moins 
riches  en  sesquioxyde  de  fer;  ces  formations,  dont  nous 
avons  déjà  fait  mention,  proviennent  de  la  décomposition 
des  granités  qui  affleurent,  à  S  kilomètres  plus  à  l'Ouest, 
sur  l'autre  versant  du  boswin  de  ladite  rivière,  pour  for- 
mer les  sommets  du  Grand  et  du  Petit  Koum. 

Le  cobalt  se  rencontre  sur  les  pentes  Nord  du  plateau, 
lorsque  l'argile  rouge  s'y  rencontre  elle-même,  ainsi  que 
sur  la  région  culminante,  dans  des  conditions  très  sem- 
blables à  celles, que  nous  avons  déjà  signalées;  il  apparaît 
également  sur  les  pentes  Sud  et  Ouest  dans  les  forma- 
tions superficielles  spéciales  dont  nous  venons  de  parler. 
Celles-ci  recouvrent  encore  par  places  di-s  roclies  ser- 
pentineuses  de  type  normal,  mais  en  d'aulres  points  elles 
laissent  voir  des  têtes  de  granité  déc<mipo8é  qui  semblent 
être  en  place  ;  elles  paraissent  d'ailleurs  n'avoir  pas  été 
constituées  elles-niêmes  uniquement  par  des  produits  de 
décomposition  des  serpentines,  et  se  trouvent  mélangées 
de  produits  d'origine  granitique  ;  l'enaenible  du  la  forma- 
tion n'est  plus,  en  eSci,  rouge  foncé,  mais  jaune  orangé 
plus  ou  moins  clair,  et  parait  par  places  renfermer  des 
produits  voisins  du  kaolin;  la  silice  y  est  abondante,  non 
plus  en  lits  séparés  coiniiie  ceux  que  nous  avons  signalés 


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260  RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

à  la  baie  de  B&  par  exemple,  mais  sous  forme  de  quartz 
répandu  k  peu  près  uniformément  dans  la  masse;  enfin, 
comme  nous  l'avons  dit.  on  trouve  au  milieu  de  cette  for- 
mation de  nombreux  blocs  de  roches  roses  ou  blanches, 
montrant  quartz  feldspath  et  mica  altérés,  et  sillonnées 
de  filonnets  de  quartz  hyalin  cristallisé,  blocs  parmi  les- 
quels quelques-uns  semblent  être  en  place.  Le  cobalt  se 
présente  ici  sous  la  forme  de  ses  minerais  ordinûres,  gre- 
nailles plus  ou  moins  ferrugineuses  et  plaquettes  siUceuses 
à  enduits  cobaltifêrcs,  mais  il  est  à  faible  teneur  sans 
que  le  manganèse  y  soit  abondant,  le  fer  et  la  silice 
y  sont  au  contraire  dominants.  Du  cCité  Nord,  dans  les 
argiles  rouges,  nous  avons  noté  la  présence  de  minerais 
en  rognons  au  voisinage  immédiat  des  serpentines,  dont 
nous  avons  trouvé  plusieurs  tètes  silicifiées  et  enduites 
de  cobalt  :  ces  dernières  se  présentent  un  peu  sous  Tas- 
pect  d'ime  de  ces  serpentines  décomposées,  cloisonnées, 
que  nous  avons  décrites,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  un  sque- 
lette quartzeux  formant  un  réseau  plus  ou  moins  régulier 
avec  remplissage  de  roche  altérée  ;  mais  ici  ce  remplis- 
sage altéré,  au  lieu  d'être  constitué  par  des  produits  ser- 
pentineux  envahissant  toute  la  masse  des  anciens  cristaux 
de  péridot,  consiste  uniquement  en  dépôts  siliceux  cobal- 
tifères  qui  semblent  avoir  épigénisé  pour  ainsi  dire  les 
produits  serpentineux,  sans  cependant  donner  a  l'ensemble 
la  cohésion  de  véritables  roches  silicifiées,  et  en  formant 
un  minerai  friable  difficile  à  laver. 

Des  quatre  exploitations  que  nous  avons  visitées  sur  ce 
massif,  nous  n'avons  rien  de  spécial  à  mentionner  :  elles 
comportent  de  petits  travaux  de  glanage  qui,  en  plusieurs 
points,  ne  font  que  rechercher  ce  qui  a  été  laissé  autrefois 
à  une  époque  oh  la  valeur  du  minerai  ne  permettait 
d'exploiter  que  des  amas  notablement  plus  riches  que 
ceux  que  l'on  peut  utiliser  aujourd'hui. 


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MINERAIS  Associas  A  LA.   FORMATION  DES   SERPENTINES  261 

Les  rivages  de  la  baie  du  Sud  et  des  différentes  baies 
secondaires  qui  l'entourent,  baie  de  la  Somme,  baie  du 
Carénage,  Bonne-Anse,  Port-Boisé,  etc.  (Voir  la  fig,  3  de 
la  PI.  IV),  sont  entourés  de  dépôts  d'argile  rouge  dans 
lesquels  les  rognons  cobaltifères  ont  été  signalés  dès 
assez  longtemps  ;  ils  sont  exploités  par  une  trentaine  d'ou- 
vriers, dont  la  production  annuelle  peut  varier  de  150  à 
200  tonnes  ;  noua  avons  visité  ceux  de  ces  travaux  qui  se 
poursuivaient  au  moment  de  notre  passage  à  l'entrée  de 
la  baie  du  Carénage.  Là  les  dépôts  d'argile  rouge  sur  la 
péridotite  «ont  généralement  d'une  faible  épaisseur  et 
peu  continus  ;  ils  forment  souvent  des  cuvettes  isolées  de 
dimensions  restreintes  au  fond  desquelles  on  rencontre 
des  traînées  de  rognons  de  minerai  ou  des  terres  bru- 
nâtres contenant  des  grains  fins  cobaltifères  ;  dans  l'en- 
semble ces  formations  suivent  à  peu  près  les  irrégulari- 
tés de  la  surface  de  la  roche.  Le  croquis  reproduit  par  la 
fiff.  4  de  la  PI.  IV,  et  que  nous  avons  relevé  dans  une  des 
tranchées  que  nous  avons  visitées,  donne  une  idée  assez 
nette  de  l'allure  de  ces  gisements  ;  en  pareil  cas  c'est  à 
ciel  ouvert  que  se  fait  l'extraction,  et  l'on  poursuit  l'enlè- 
vement dn  manteau  argileux  qui  recouvre  la  roche  en 
place  tant  que  la  quantité  de  minerai  trouvée  est  suffi- 
sante. Quelquefois  on  fait  une  première  reconnaissance  h 
l'aide  d'une  petite  galerie  souterraine,  mais  l'exploitation 
a  toujours  lieu  k  une  profondeur  assez  faible  pour  faire 
préférer  les  travaux  k  ciel  ouvert.  On  découvre  ainsi  des 
iHea  de  péridotite  altérée  très  semblables  à  celles  qui  se 
montrent  naturellement  an  jour  en  d'autres  points.  Là  en 
particulier  nous  avons  pu  observer  très  nettement  que  ces 
roches  ne  contiennent  pas  elle-mêmes  de  dépôts  cobalti- 
fères et  ne  sont  recouvertes  d'aucun  enduit  métallifère; 
nous  n'avons  d'ailleurs  pas  connaissance  que  pareille 
observation  y  ait  jamais  été  faite. 

Le  minerai  extrait  des  travaux  épars  sur  les  différents 


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26S  RICRBSfiflS  HTNÉIIALES  M  LA.  NOUVELLI-CALÉDONIS 

promontoires  qui  entourent  1k  tude,  fort  découpée,  estdas- 
oenda  au  bord  de  l'ean,  généraïement  à  dm  d'homnte  ;  il 
est  c<Hiduit  en  embarcation  jusqu'au  petit  aielîM-  de 
laxage  établi  À  l'emboHchare  d'an  ruisseaw,  puis  U  est 
emmeni  de  même  à  Prony,  d^ob  il  est  expédié. 

Les  mgnona  qoe  l'on  retiocmtre  ici  sont  d'un  caractère 
tr&s  nettement  métallique,  xsseK  tourds,  brillants,  ricbes 
en  fer,  et  souillés  sealement  de  débris  ai^itoux  fociles  à 
éliminer  par  le  lavage  ;  ils  fournissent  des  miMrais  à  5  et 
a  p.  100  ;  les  terres  cobaltifères,  naturellement  {dus 
pauvres,  sont  difficiles  Jtlarer  et  produisent  des  min^iùs 
moins  riches  ;  néanmoins,  lorsque  l'on  a  enlevé  la  couver- 
ture d'ar^le  stérile  sons  laquelle  elles  se  trouvent,  on  a 
tout  intérêt  h  les  exploiter  avec  le  reste. 


C  —  Conditions  économiques  de  l'exploitation 

DO   COBALT, 

Nous  avons  assez  sonrent  meiit)oni>ë  dans  ce  qoi  pré- 
rbAe  Tirpégulnrité  avec  laquelle  se  présentent  les  gise- 
ments de  collait,  tant  an  point  de  vue  de  ta  continuité  des 
différentes  traînées  de  minerai  q«e  de  la  puissance  et  de 
la  richesse  de  ces  traînées,  et  qoe  de  la  teneur  du  mine- 
rai même,  pour  qu'il  ne  nous  soit  pas  nécessah-e  d'insis- 
ter longtemps  sur  rîmpossibilité  qu'il  y  a  à  donner  des 
chiffres  précLs  sur  les  oonditifws  économiques  générales  de 
lexplottation  du  cobalt.  Rn  un  point  d'un  gisement  le 
minerai  et«t  exploité  k  ciel  oiirert  au  fond  de  tranchées 
peu  profondes  ;  k  cf»é  il  doit  ^tre  recherché  à  plusieurs 
mètres  sous  terre,  et  il  faut  pratiquer  des  puits  et  des 
galeries  d'exploitation  et  d'assèchement,  proc^er  k  lu 
boisage  plus  ou  moins  serré.  rem<mler  le  minerai  par  des 
treuils,  etc.  Dans  un  chantier  on  poursuit  péniblement  par 
d'aussi  petits  boyaux  que  possible  une  traînée  de  simples 


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MINBBAI8  JLSSOOIÉB  A  LA   FORMATION  DES  8BIU'ENT»tS   263 

rogQoQs  de  mioerai  isolés,  et  ilana  le  chantier  v<Hfiin  on 
travaille  dans  un  atots  de  booles  on  de  grenaîllee  cobai- 
tifwes  puissant  de  phinears  décimètres,  quelquefois  même 
de  plusieurs  mëtree.  Lk,  le  minerai,  chaîné  en  manga- 
nèse, est  pauvre  en  cobalt,  et  no  lavage  soigneux  n'arrive 
■qu'avec,  p^ne  k  le  porter  à  la  teoeur  de  4  p.  100  en 
oxyde  de  cobaJt  au-dessous  de  laquelle  il  est  diffidle- 
meut  vendable  ;  ici,  au  otHitraire,  les  tenenrs  atteignent 
•conranuoent  5  à  6p.  100  et  même  7  p.  100. 

Mais,  si  la  nature  des  gisements  dans  lesquels  se  pour- 
suivent les  travaux  est  très  variée,  les  conditions  dans 
lesquelles  ils  ont  lieu  le  sont  nioins  k  un  autre  point  de 
vue  :  elles  sont,  d'une  façon  générale,  aussi  peu  satisfai- 
santes que  poitsibie  k  tous  égards.  La  sécurité  des 
-ouvriers  j  est  assurée  d'une  façon  fort  imparfaite,  en 
raison  de  l'inexpérience  tant  des  exploitants  que  de  leurs 
ouvriers,  dont  aucun  ne  sait  ce  que  sont  les  travaux  de 
-mines  :  boisage  souvent  insuffisamment  robuste  ou  trop 
-espacé,  et  toujours  mal  assemblé  et  très  imparfaitement 
agencé  pour  résister  à  la  pression  des  ternûns  qu'il  est 
-<ie8tiné  à  soutenir  ;  travaux  conduits  au  voisinage  les 
uns  des  autres  sans  aucune  cx>ordination  et  sans  adopter 
les  précautions  les  plus  élémentaires  lorsqu'ils  se  rap- 
prochent, circoDstance  que  Ton  ignore  même  souvent  par 
stùte  du  manque  de  tonte  espèce  de  plans,  ou  même  do 
croquis,  des  travaux  ;  absence  iot^e  d'aérage,  si  bien  que 
-dans  certains  chantiers,  poursuivis  à  l'exti-émité  de 
loagoes  galeries  étroites  et  tortueuses,  la  lumière  refuse 
-de  brûler  et  l'ouvrier  travaille  dans  une  obscurité  à  peu 
près  absolue  ;  tels  sont  quelques-uns  des  graves  défauts 
.que  nous  avons  relevés  dans  la  conduite  de  c«s  travaux. 
Le  souci  de  la  bonne  utilisation  du  gite  n'intervient  géné- 
ralement pas  plus  que  celui  de  la  sécurité  du  personne), 
.et  cela  d'autant  plus  que  la  très  grande  majorité  des 
mines  sont  abandonnées  par  tes  concessionnaires  à  des 


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264  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

H  contractants  »,  amodiataires  à  court  bail  ou  même 
sans  aucun  bail,  qui  viennent  exploiter  sur  telle  ou  telle 
mine  ce  qu'Us  pourront  en  extraire  au  meilleur  compte 
possible,  saDS  aucune  espèce  de  souci  du  lendemain  ; 
beaucoup  de  concessionnaires,  qui  ont  acquis  différentes 
mines  en  différents  points  de  la  colonie  et  qui  ne  les 
cxploitont  pas,  assurent  d'ailleurs  qu'ils  ne  peuvent  guère 
faire  autrement  que  de  consentir  de  semblables  amodia- 
tions, car,  s'ils  s'y  refusaient,  ils  n'auraient  aucun  moyen 
d'empêcher  le  premier  venu  de  s'installer  sur  leurs  con- 
cessions et  de  les  exploiter  à  sa  guise,  n  suffit  d'avoir 
parcouru  la  colonie  pour  se  rendre  compte  que  de  sem- 
blables craintes  sont  assez  justifiées. 

Dés  lors  la  règle  à  peu  près  constante  de  l'exploitation 
ilu  cobalt  est,  après  avoir  ouvert  une  galerie  ou  une 
tranchée  de  recherches,  de  battre  au  large  dans  la  pre- 
mière traînée  de  minerai  rencontrée,  et  cela  jusqu'à  ce 
que  le  vide  réalisé  amène  l'éboulemen,t  des  travaux, 
.  interdisant  ainsi  l'exploration  de  ce  qui  pourrait  sub- 
sister plus  profondément  enfoncé  dans  la  formation 
argileuse  encaissante  ;  les  gisements  se  trouvent  donc 
véiitablement  criblés  de  petites  galeries,  qui  ont  plus  on 
moins  bien  exploré  le  voisinage  immédiat  de  la  surface, 
mais  qui  laissent  couiplètement  inconnues  et  à  peu  près 
inaccessibles  les  régions  plus  profondes.  Ainsi  exploi- 
tait-on déjà  il  y  a  vingtans,  et  plusieurs  des  exploitations 
actuelles  glanent  péniblement  dans  d'anciennes  mines  des 
minerais  qui  eussent  été  aisés  à  prendre  dans  le  gisement 
vierge;  cela  n'empêche  pas  d'ailleurs  les  nouveaux  venus 
de  procéder  encore  aujourd'hui  de  la  même  façon.  C'est 
là  une  situation  des  plus  fâcheuses,  nous  no  saurionii 
trop  le  dire,  car  parmi  les  gisements  de  cobalt  tiès 
nombreux,  nous  l'avons  fait  ressortir,  qui  jalonnent  toute 
la  longueur  de  la  colonie,  plusieurs  ont  été  déjà,  sinon 
entièrcmoni  exploités,  du  moins    pratiquement   épuisés. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION   DES   SERPENTINES   265 

beaucoup  sont  aujourd'hui  en  exploitation  dans  des  con- 
ditions à  peine  moins  déplorables,  et  le  nombre  de  ceux 
qui  restent  encore  vierges  pour  l'avenir  risque  de  dimi- 
nuer de  la  sorte  bien  promptement. 

Une  fois  abattu  et  extrait,  le  minerai  doit  presque 
toujours  être  lavé,  tantôt  parce  que  cela  est  indispen- 
sable pour  le  rendre  marchand,  d'autres  fois  parce  que 
l'augmentation  de  teneur  et  l'augmentation,  plus  que  pro- 
portionnelle, du  prix  de  Tente  qui  en  résulte,  rendent  ré- 
munérateur le  lavage  même  de  minerais  tenant  déjà  plus 
de  4  p.  100  d'oxyde  de  cobalt.  U  n'y  a  donc  pratiquement 
pas  une  exploitation  qni  ne  soit  pourvue  d'un  lavoir  ;  celui- 
ci  est  établi  en  un  point  où  l'on  dispose  de  l'eau  nécessaire, 
c'est-à-dire  presque  toujours  au  pied  de  la  montagne. 

Du  chantier  au  lavoir,  le  minerai  brut  est  descendu, 
après  ensachage,  par  le  moyen  des  câbles  k  crochets, 
câbles  à  roulettes,  ou  plans  inclinés  aériens,  que  nons 
avons  déjà  fait  connaître  ;  les  deux  premiers  moyens,  d'un 
moindre  débit,  mais  moins  cofttoux  comme  installation 
que  les  plans  aéHens.sont  bien  plus  souvent  proférés  que 
pour  le  nickel,  en  raison  des  faibles  tonnages  qu'ils  sont 
généralement  destinés  à  transporter;  nous  n'avons  rien  à 
ajouter  ici  à  ce  que  nous  avons  dit  déjà  au  sujet  de  ces 
moyens  de  transport. 

Nous  fournirons  au  contraire  quelques  détails  généraux 
sur  le  lavage  du  minerai,  qui  est  pratiqué  partout  de  la 
même  manière  ou  à  peu  près. 

Le  minerai  est  d'abord  finement  concassé  ;  cette  opé- 
ration n'est  pas  sans  être  assez  délicate  :  il  est  néces- 
saire que  les  fragments  soient  assez  petits,  soit  pour  dé- 
gager les  matières  argileuses  qui  salissent  les  rognons  de 
minerai,  soit  pour  séparer  les  enduits  cobaJtiferes  d'une 
partie  du  stérile  qu'ils  recouvrent  ;  maLs,  surtout  dans  le  cas 
de  minerais  quartzeux,  le.s  concrétions  cobaltiféres  sont  sou- 


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266  RICHB3SBB   UINÈBAI.B8  DK  LA  K0nvSU.B-CAL&DONlB 

Tent  disposées  en  écailles  successires  très  minces,  qs'îl 
convient  d'éditer  »utant  que  possible  de  aépar^  les 
unes  <les  autres,  afin  qu 'elle*  ne  soient  pas  trc^  aÎBément 
entraînées  par  les  eaux.  Ce  travail  de  cassage  se  fait  tou- 
jours à  la  main,  et  généralement  à  l'aide  d'instruments 
eo  bois  afin  que  leur  choc  soit  plus  doux  ;  il  a  lieu  sur  une 
aire  constituée  par  une  plaque  de  t61e  afin  d'évUer  tpK 
le  minerai  ne  vienne  à  être  sali  par  la  terre.  C'est  un  tra- 
vail minutieux  dont  dépend  le  succès  du  lavage  ;  aussi, 
surtout  pour  des  minerais  quartzoux,  est-il  parfois  fait  eo 
<ieux  fois.  Le  minerai  est  d'abord  mis  à  sédier  au  boInI 
s'il  est  humide,  car  sans  cela  il  s'agglutinerait  sons  le 
choc,  puis  il  subit  un  premier  cassage  à  la  main,  im  à 
l'aide  de  petits  maillets  en  bois  par  TouTrier  qui  examine 
im  à  un  chaque  fragment,  et  élimine  le  stérile  tout  coiane 
lorsque  l'nn  procède  au  scheidage  des  minerais  métal- 
liques usuels  ;  ensiiiie  les  fragments  aiusi  cassés  sont  ré- 
duits à  une  grosseur  variant  généralemeoit  de  2  à  4  mil- 
limètres à  l'aide  d'une  dame  en  bois  assez  lourde.  Û'anlres 
fois  le  cassage  a  lieu  en  une  seule  opération,  tantôt  oni- 
4)uement  au  maillet,  tantôt  à  la  dame  seulement  ;  quel- 
-quet'ois  on  termine  par  un  criblage  afin  d'éviter  l'envoi 
au  lavage  de  trop  gros  fragments. 

Le  lavage  a  partout  lieu  à  main  d'honune,  k  l'aide  ik 
la  pelle  ;  il  se  fait  dans  une  auge  en  bois  de  2  mètres  de 
long  sur  1  mètre  de  large,  dont  le  fond  est  généralement 
horizontal,  et  dont  la  profondeur  est  d'une  vingtaine  de 
centimètres.  L'une  des  extrémités  de  l'auge  est  en  rela- 
tion, par  un  petit  canal  ou  une  rigole  en  bois,  avec  uo 
ruisseau  assurant  l'écoulement  de»  eaus.  -L'eau  claire  est 
débitée  à  l'extrémité  d'amont  au  moyen  de  trous  prati- 
qués dans  la  paroi  de  l'auge,  et  que  l'on  peut  obstruer 
par  des  chevilles  en  bois  ;  elle  s'évacue  à  l'aval  générale- 
ment par  trop-plein,  afin  d'éviter  qu'elle  n'entraîDe  autre 
•chose  que  des  matières  légères  en  suspension.  La  lavée, 


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BINERAIS   ASaoaiS   *  Là   FORUATION   DBS  SBRPBNTOIES  267 

^ui  est  de  300  à  300  kilogrammes,  qoelquefois  même  da- 
vantage, suivant  la  qualité  du  minerai,  est  introduite  en 
une  fois  dans  l'auge;  elle  est  d'abord  remuée  à  la  pelle 
-dans  l'eau  dcsmante  ou  dans  un  Faible  courant,  puis, 
lorsque  les  matières  légères  commencent  à  être  bien  sé- 
parées, on  augmente  l'intensité  du  courant  en  continuant 
À  retourner  le  minerai  pour  le  ramener  sans  cesse  dans 
je  courant  d'eau  auquel  il  doit  abandonuM*  les  matières 
terreuses,  argileuses  et  stUceuses.  L'opération  est  ter- 
minée Ifvsque  l'eau  s'écoule  à  peu  près  cJaîre,  elle  dure 
de  un  à  trois  quarts  d'heure  suivant  la  nature,  argileuse 
on  sableuse,  des  gangues.  Le  minerai  restant  au  fond  de 
l'auge,  qui  était  an  début  fortement  souillé  de  poudres  et 
endaits  siliceux  jaunes,  ou  argileux  rouges,  en  sort  d'un  noir 
bleuté  aaaex  franc  ;  il  est  séché,  puis  ensaché,  et  expédié. 

Quelquefois  le  lavage  a  lieu,  pour  des  minerûs  parti- 
■entièrement  impurs  et  terreux,  en  deux  fois,  se  divisant 
en  un  dégrossissage  avec  de  l'eau  déjà  saie  et  un  finis- 
sage k  l'eau  claire  ;  c'est  ce  que  l'on  fait  en  particulier 
lorsque  l'on  manque  d'eau,  ce  qui  n'est  pas  sans  exemple. 
Ou  consomme,  en  efi'et,  dans  une  semblable  opération, 
«ne  quantité  d'eau  considérable,  soit  à  peu  près  500  litres 
à  la  minute  par  lavoir  ;  et  l'on  est  parfois  obligé  d'établir 
sur  les  ruisseaux  dont  on  dispose  de  petits  barrages  et 
■des  réservoirs,  dont  l'exécution  dans  l'argile  rouge  imper- 
méable est  d'ailleurs  facile. 

Quant  au  rendement  industriel  d'une  semblable  opéra- 
tion, il  est  assez  difficile  k  apprécier,  d'autant  plus  que  les 
minerais  sont  constamment  variables  comme  nature  et 
comme  teneur  ;  d'ailleurs  aucun  exploitant  ne  parait  s'en 
occuper  et  aucun  d'entre  eux  n'a  pu  nous  donner  une 
évaluation  de  la  teneur  des  parties  dites  stériles  entrai- 
aées  par  les  eaux  :  elle  est  certainement  a.^sez  considé- 
rable. Nous  devons  cepf^ndant  signaler  ici  l'habitude,  qui 
commence  à  se  répandre  dans  quelques  mincR,  de  diriger 


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268  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

l'exploitation,  et  aussi  parfois  letravail  de  lavage,  àl'aide 
d'analyses  colorimétriques,  très  aisées  à  faire,  et  qui  per- 
mettent avec  del'habitude  d'apprécier  à  1/10  p.  100  près 
la  teneur  des  minerais  de  cobalt,  dont  l'apparence  est  sou- 
vent très  trompeuse  même  pour  les  gens  les  plus  exercés. 
On  s'accorde  généralement  à  dire  que,  sauf  dans  le  caa 
de  minerais  particulièrement  riches  ou  particulièrenieot 
pauvres,  le  rendement  an  lavage  est  à  peu  près  de  un 
cinquième  à  un  sixième  en  volume,  c'est-à-dire  qu'il  faut 
cinq  k  six  sacs  de  minerai  brut  pour  en  faire  un  de  minerai 
lavé  ;  cela  correspond  à  un  rendement  en  poids  de  un 
pour  trois  ou  de  un  pour  deux  et  demi,  le  poids  des  sacs 
bruts,  incomplètement  remplis,  et  contenant  beaucoup  de 
stérile,  variant  de  25  à  30  kilogrammes,  tandis  que  celui 
des  sacs,  bien  remplis  et  cousus,  de  minerai  lavé  est  d'une 
cinquantaine.  Les  teneurs  sont  trop  variables  d'un  cas  à 
l'autre,  et  souvent  d'un  jour  à  l'autre,  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  donner  des  chiffres  ayant  une  réelle  valeur  ;  ce- 
pendant, ou  peut  dire  qu'on  amène  couramment  des  mine- 
rais bruts  à  2  1/2  p.  100  et  3  p.  100  d'oxyde  à  en  tenir 
4  p.  100  ou  légèrement  plus;  lorsqu'on  lave  des  mine- 
rais à  4  p.  100  ou  au  voisinage,  ils  rendent  généralement 
du  minerai  à  6  p.  100.  11  semble  donc  qu'on  puisse  ad- 
mettre que  le  lavage  augmente  généralement  la  teneur 
dans  le  rapport  de  1  à  1  1  /2, 1  3/4  ou  au  maximum  2,  tan- 
dis que  la  réduction  de  poids  varie  de  2  1/2  à  3  ;  il  y  a 
donc  une  perte  en  cobalt  qui  atteint  parfois  jusqu'à  Is 
moitié  de  ce  qui  était  contenu  dans  le  minerai  brut. 

Dans  les  petites  exploitations,  la  laverie  occupe  géné- 
ralement deux  ou  trois  hommes,  quelquefois  d'une  façon 
intermittente;  une  telle  équipe  peut  laver  par  journée 
2  à  3  tonnes  de  minerai  brut,  et  par  suite  en  produire 
à  peine  1  de  minerai  lavé.  Pour  des  exploitations  plus 
importantes  lo  personnel  qu'exige  le  lavage  est  natu- 
rellement beaucoup  plus  nombreux;  c'est  ainsi  que,  sur 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FOKUATION    DES    SERPENTINES   269 

une  mine  qui  produisait  par  jour  au  iDoment  de  notre 
passage  une  quinzaine  de  tonnes  de  minerai  brut,  soit 
4  à  5  tonnes  de  minerai  lavé,  on  avait  installé  trois  auges 
de  lavage,  dont  l'une  de  dégrossissage  alimentée  par  de 
l'eau  sale,  et  les  deux  autres  fonctionnant  à  l'eau  claire 
pour  terminer  le  lavage  ;  trois  laveurs  assuraient  le  ser- 
vicedeceslavoirSfdeux  blancs  aidésde  deux  Canaques  cab- 
salent  le  minerai  le  criblaient  et  l'entassaient,  trois  blancs 
et  deux  Canaques  en  assuraient  l'enlèvement  après  lavage 
et  l'ensachage  ;  soit  un  personnel  total  de  douze  hommes. 
Une  partie  d'entre  eux  étaient  payés  à  la  journée,  les 
autres  à  prix  fait  :  les  laveurs  recevaient  12  francs  par 
tonne  de  minerai  lavé  sec,  les  casseurs  8  francs  par  inètre 
cube  cassé  et  criblé. 

On  peut  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  un  intérêt  con- 
sidérable à  substituer  à  cette  opération,  onéreuse  comme 
main-d'œuvre,  et  peu  satisfaisante  comme  rendement,  le 
lavage  mécanique,  qui  réussit  si  bien  pour  les  autres  mi- 
nerais métalliques.'  Cela  n'a  jamais  été  tenté,  en  partie  à 
cause  du  peu  d'initiative  et  d'instruction  des  mineurs  en 
général,  et  en  particulier  des  mineurs  qui  exploitent  le 
cobalt  d'une  façon  si  souvent  éphémère.  Néanmoins  la 
qualité  très  variable  du  minerai  à  traiter  et  les  difficultés 
spéciales  résultant  de  la  tendance  des  concrétions  cobal- 
tifères  minces  à  surnager  malgré  leur  densité,  rendraient 
peut-être  bien  le  réglage  d'une  laverie  mécanique  très 
difficile  ;  et  l'opération  faite  îi  la  main,  qui,  bien  que  coû- 
tant une  dizaine  de  francs  par  tonne  de  minerai  lavé, 
n'est  pas  une  charge  excessive  pour  un  produit  qui  vaut 
plusieurs  centaines  de  francs,  doit  à  notre  avis  être  re- 
gardée comme  répondant  assez  bien  aux  conditions  spé- 
ciales de  l'exploitation  du  cobalt. 

Les  prix  de  revient  que  comportent  de  semblables 
exploitations  sont  naturellement  très  variables,  suivant 


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Boisage  {,,.,.  .  ,i»>.iUpeiipi*i  6",«ai>«to 

^^      I        ffi-Bia  iln  tr»n«nnrl  i 


270  RICHESSBS   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

que  l'on  n'exploite  qae  les  meilleures  portions  du  gtte  oo 
(les  portions  un  peu  moins  favorables  ,  aussi  dépeiHleiit4k 
surtout  des  cours  âa  minerai,  chacun* coodoisaiit  aon 
exploitation  de  manière  k  conserver  entre  son  prà  de 
revient  et  le  prix  de  vente  une  marge  sursaute. 

D'après  les  renseignements  qui  bous  ont  été  donnés,  tt 
que  nous  avons  pu  partiellement  v^rifiw,  le  prix  de 
revient  moyen  d'une  exploilation  importanio  so  déceœ- 
poserait  à  peu  près  comme  suit  par  tonne  de  minem 
lavé  : 

Frina 
AbaUge 13   [wiliproiK*.  5*,00piirl«Dili™ii 

Transport,  manutention  eten- 
sachage   du  minerai   sur  la 

mine 40  i'i>wUp'"pr*«lï^^p»rioii»bnii'; 

1  Main-d'œuvre 10] 

1  Matières     première 
(frais  lie  transport 
f     jusqu'il  la  mine]. .      lOl 
llescentt!  du  minerai  de  la  mine 

à  la  laverie 10  (soi 

Concasïage  et  criblage Ti 

l.avagc 12 

Kusachag*? .  : 3 

Dépense  d'achat  de  sacs 8 

Charroi  jusqu'au  bord   de    la 

Ctialandage 3 

Transport  à  Nouméa 10 

Surveillance 10 


Pour  une  petite  exploitation,  occupant  seulemeni 
quelques  ouvriers,  le  prix  de  revient  salaires  attei- 
gnait 140  à  150  francs  par  tonne,  et  l'exploitant  estimait, 
qu'à  partir  d'un  prix  de  veiUe  de  200  francs,  le  rem- 
boursement de  ses  quelques  dépenses  de  foumitaros, 
l'amortissement    des    installations    très    précaires    qu'il 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION    DBS    BBBPRNTIMBS  37 1 

aratt  faites,  et  uoe  rémunération  sufflsante  de  sa  peine, 
lui  étaient  assurés. 

Les  chiffres  relatifs  aussi  bien  à  la  première  de  ces 
exploitations  qu'à  la  deuxième  doivent  d'ailleurt;,  comme 
toujours,  être  diminués  de  30  à  50  p.  100  en  ce  qui  con- 
cerne tes  salaires,  pour  tenir  compte  de  la  retenue 
détournée  faite  sur  eux  par  l'exploitant  an  mojen  de  la 
vente  aux  ouvriers  de  tous  objets  de  consommation, 
comme  nous  l'indiquerons  en  détail  ^  la  fin  du  présent 
rapport. 

Mentionnons  eoâu  qu'au  moment  de  notre  séjour  danij 
la  colonie,  et  à  la  faveur  des  cours  élevés  du  cobalt,  des 
groupes  de  deux-  ou  trois  libérés  prenaient  souvent  au 
contrat  à  court  tenue  l'exploitation  dv  telle  ou  telle 
mine  ou  de  telle  ou  telle  portion  de  miue  moyennant  un 
prix  global  de  200  francs  par  tonne  de  minerai  à  4  p.  iUO 
(e(  avec  augmentation  de  6  francs  par  dixième  d'imité 
en  plus)  livrée,  lavée  s'il  y  avait  lieu,  au  pied  de  la  mine  ; 
le  matériel,  cflbies,  outils,  sacs,  etc.,  leur  était  fourni 
par  le  concessionnaire,  mais  ils  étaient  presque  toujours 
payés  pour  une  large  part  en  vivres  et  boissons,  sur 
lesquels  le  concessionnaire  faisait  les  bénéfices  que  nous 
avons  dits. 


D.  —  Prix  de  vente.  —  Emplois  et  débolthés 

DBS    MIN'ERAIR   DE   COBALT. 


Comme  nons  l'avons  déjà  mentionné,  le  minerai  de 
cobalt  rendu  à  Nouméa  est  couramment  acheté  à  la 
teneur  de  4  p.  100  de  protoxyde  de  cobalt  fsoit 
3,15  p.  100  do  cobalt  métallique)  pour  le  minerai  ser. 
Lorsque  la  teneur  dépasse  ce  chiffre,  le  prix  bénéficie 
d'une  augmentation  plus  que  proportionnelle,  tandis  qu'il 


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272  BICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVELLE-CALÉDONIE 

subit  uno  diroinctioQ  très  importante  si  la  teneur  s'abaisse 
au-dessous  de  4  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  prix 
pratiqués    étaient  les  suivants  : 

Minerai  à  4  p.  100 330  fr.  la  tonne 

Les  minerais  à  3  p.  100  et  3  1/2  p.  100  étaient 

respectivement  payés  à  raison  de.     145  fr.  et    195  fr.  la  tonne 

avec  plus-value  de  Of',60  par  chaque  centième 

d'unité  en  plus  desdites  teneurs. 
De  4  p.  100  à  5  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  4  p.  100  était  payé  h  raison  de. .     C'.AO 
De  S  p.  100  ï  S  p.  100  chaque  cenlième  d'unité 

en  plus  de  5  p.  100  était  payé  à  raison  de. .     O'^fiO 
De  6  p.  100  à  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  6  p.  100  était  payé  à  raison  de...     l'',00 
A  partir  de  7  p,  100  chaque  centième  d'unilé 

en  plus  de  7  p.  100  était  payé  k  raison  de..     I'',50 
Ce  qui  portait  la  tonne  de  minerai  à  8  p.  100 

au  prix  de 750  fr.  la  toane 

Ces  cours  élevés  résultent  d'ailleurs  d'un  accroisse- 
ment très  brusque  des  demandes  depuis  deux  ans. 

Tandis  que,  pendant  de  longues  années  jusqu'en  1890, 
le  minerai  de  cobalt  à  4  p.  100  d'oxyde  était  acheté  sur 
la  place  de  Nouméa  à  raison  de  72',50  la  tonne,  sonprix 
s'élevait  entre  1892  et  1894  jusqu'à  80  francs,  il  attei- 
gnait 100  francs  en  1897,  et  oscillait  jusqu'au  débat 
de  1900  entre  92',50  et  100  francs  ;  puis  en  dix-huit  mois 
son  prix  doublait;  enfin,  du  mois  de  juin  1901  au  mois  de 
mai  1902,  chaque  marché,  ou  peu  s'en  faut,  a  marqué 
une  augmentation  de  prix  de  quelques  francs  sur  le  pré- 
cédent, si  bien  que  les  cours  étaient,  au  milieu  de  1902, 
eeux  que  nous  venons  d'indiquer. 

Ces  variations  des  cours  ne  semblent  nullement  dues  à 
une  hausse  passagère  de  la  valeur  du  cobalt  en  Europe, 
valeur  qui  parait  au   contraire  fitre  restée    à  peu  près 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION'   DES   SERPENTINES   273 

-constante,  mais  beaucoup  plulôt  à  ce  fait  qu'au  début 
•les  acheteurs  de  minerai  de  cobalt  en  Nouvelle-Calédo- 
nie réalisaient  des  bénéfices  considérables,  et  que  l'im- 
portance do  ces  bénéfices  les  a  amenés  peu  à  peu  à  se 
faire  une  active  concurrence  et  à  faire  ainsi  monter  les 
prix.  La  valeur  du  protoxyde  de  cobalt  pur  varie  en  effet 
en  Europe,  depuis  plusieurs  années,  entre  20  et  25  francs 
le  kilogramme  {il  valait  en  dernier  lieu  23  francs  d'après 
les  renseignements  que  nous  avons  obtenus);  dans  ces 
condition!*  une  tonne  de  minerai  contenant  4  p.  100  de 
protosjde  à  sec,  et  qui  tient  généralement  20  p.  100 
d'humidité,  renfermerait  32  kilogrammes  d'oxjde,  et  en 
fournirait,  après  un  traitement  qui  comporte  une  perte 
maxima  de  15  p.  100  du  cobalt  contenu,  27  kilogrammes, 
valant  de  540  à  675  francs,  ou,  en  prenant  la  valeur  de 
23  francs  le  kilogramme,  6ïil  francs.  D'autre  part,  le  prix 
de  revient  de  cet  oxyde  pourrait  être  estimé  ainsi  : 


Prix  d'achat  île  In  tonne  à  Nouméa 

Frais  <l'eml)arquement 

Fret  el  assurances 

Frais  de  débai-quement  et  de  transport  à  l'iis 

(variables),  environ 

Frais  de  première  fusion 

Frais  d'aHinagn  (rapportés  i,  la  tonne  de  mini 

brni) 

Total 


Cela  laisse  encore  une  large  marge  de  bénéfice  k  l'im- 
portateur. 

Mais  les  débouchés  du  cobalt  étant,  comme  nolis  le 
ferons  connaître  ci-dessous,  très  restreints,  et  la  hausse 
des  prix  ayant  fait  augmenter  beaucoup  la  production,  qui 
au  cours  de  Tannée  1902  a  atteint  presque  le  triple  de 
celle  de  l'année    1901,  on   doit  craindre   que   l'offre  ne 


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274  RICHESSES   MINÉRALES  DE   IJ.   NOUVELLE-CALÉDONIE 

dépasse   rapidement    la  demande  et  que   les  cours  ue 
viennent  à  s'abaisser  de  nouveau  {*}. 

Cependant,  foxyde  de  cobalt  ayant  des  débouchés  régu- 
liers, quoique  modestes  comme  quantité  totale,  au  prix 
que  nous  venons  d'indiquer,  il  parait  vraisemblable  que  les 
l'Ours  du  minerai  en  NouvoUe-Calédonio  doivent,  non 
sans  subir  encore  des  oscillations  passagères,  se  maintenir, 
sinon  aux  chiffres  actuels,  du  moins  à  des  chiffres  lar- 
gement rémunérateurs  pour  les  exploitants,  et  doivent  leur 
permettre  d'utiliser  d'une  façon  durable  et  permanente 
non  seulement  les  amas  particulièrement  riches,  mais 
encore  des  gites  plus  pauvres. 

Le  minerai  de  cobalt  est  aujourd'hui  exporté  uni- 
iinement  à  l'état  cru  :  il  a  été  autrefois,  tout  comme  le 
minerai  de  nickel,  l'objet  d'une  tentative  de  traitemeiil 
sur  place  ;  nous  avons  déjà  mentionné  les  essais  faits 
entre  188U  et  1884  à  l'usine  de  la  pointe  Chaleix,  soit 
Iiour  obtenir  des  niattes  de  cobalt  uniquement,  soit  pour 
obtenir  des  matles  mixtes  tenant  à  la  foia  nickel  et 
cobalt;  les  premiers  essais,  qui  étaient  très  justifiés  du 
moment  que  l'on  avait  installé  une  usine  de  fusion,  ont 
eu  le  même  sort  que  ceux  pour  la  fusion  du  nickel;  les 
seconds,  qui  consistaient  à  réunir  les  deux  métaux  dont 
la  nature  avait  commencé  la  séparation,  paraissent  peu 
rationnels  ;  ils  le  seraient  d'autant  moins  aujourd'hui  que 
lo  nickel  doit  pouvoir  être  produit  par  des  opérations 
iiiétallurgiques  dont  le  prix  do  revient  ne  soit  pas  trop 
élevé,  et  non  pas  à  la  suite  do  séparations  chimiques 
délicates  ot  onéreuses.  D'autre  part,  en  1891-1892,  la 
Société  le  Cobalt  avait  fondé  près  de  Nouméa  une  usine 
destinée  au  traitement  des  minerais  pauvres  de  cobalt 
par  un  procédé  assez  complexe  qui  a,  croyons-nous,  subi 

(*}  C'est  ce  t]ui  s'est  déjà  produit  dans  une  large  mesure  d'après  lei 


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lONERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION  DBS   SESPBNTINBS  275 

plusieurs  variantes;  on  a,  en  particulier,  essayé  la  fusion 
(les  minerais  de  cobalt  avec  des  pyrites  cuivreuses  comme 
fondant  pour  obtenir  des  mattes  riches  à  la  fois  en  cobalt 
et  en  cuivre.  Après  avoir  donné  lieu  à  rexpori.ation  de 
quelque  deux  cents  tonnes  seulement  de  mattes,  dont  la 
teneur  aurait  atteint  jusqu'à  20  p.  100  de  cobalt,  et  qui 
auraient  été  d'une  valeur  de  3.500  francs  la  tonne,  cette 
tentative  a  échoué. 

Sans  vouloir  condamner  le  principe  de  ces  essais,  qui 
pourraient  peut-être  être  repria  utilement  le  jour  où  l'on 
aurait  monté  dans  la  colonie  une  usine  de  fusion  du 
nickel,  nous  ferons  remarquer  que  la  fusion  sur  place  est 
beaucoup  moins  indiquée  pour  les  minerais  de  cobalt  que 
poJir  ceux  de  nickel,  pourdiverses  raison!).  D'une  part,  le 
minerai  de  richesse  moyenne  valant  actuellement  6  fois 
pluâ  que  le  minerai  de  nickel,  et  étant  destiné  à  valoir 
vraisemblablement  toujours  au  moins  quatre  ou  cinq  fois 
plus,  subit  du  fait  des  frais  de  transport  en  Europe  une 
charge  relative  beaucoup  moins  considérable.  D'autre  part, 
il  est  susceptible  d'un  enrichissement  par  lavage,  impar- 
fait et  d'un  faible  rendement,  nous  le  reconnaissons,  mais 
enfin  cependant  utile,  que  ne  supporterait  pas  le  minerai  de 
nickel.  Enfin,  la  teneur  à  laquelle  le  cobalt  est  exporté  est, 
beaucoup  plus  que  pour  le  nickel,  voisine  de  la  teneur  à 
laquelle  les  opérations  métallurgiques  deviennent  d'un 
rendement  par  trop  faible;  le  traitement  sur  place  per- 
mettrait donc  moins  facilementrabaissement  de  la  teneur 
limite  du  minerai. 

Nous  pensons  donc  que  le  minerai  de  cobalt  sera  encore 
longtemps  exporté  brut  en  Europe  ;  et  cela  ne  crée  pas  à 
l'exploitation  de  ce  minerai  une  charge  qu'il  serait 
essentiel  de  voir  disparaître  à  bref  délai  comme  pour  le 
nickel. 

La  consommation  du  cobalt  se  répartit  par  petites 
quantités  entre  diverses  industries  dont  la  principale  est 


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Z1&  RicHesfiRS  mikrrIai.bs  de  la  nouvkllb-calédome 
la  poteri«,  ob  la  oiloratioD  bleae  qii'il  tend  à  donner  k  b 
pftte  est  employée  k  compenser  la  teinte  rouge  que  des 
traces  de  fer  lui  communiquent  trop  souvent;  il  sert 
en  outre  h  colorer  la  porcelaine  et  les  émaux  ;  enfin  il 
fournit  un  grand  nombre  de  matières  colorantes  variées. 
Noos  devons  d'ailleurs  mentionner  ici  que  les  propriété 
dn  cobalt  métallique  paraissent  Mre  tout  aussi  remar- 
quables, sinon  plus,  que  celles  du  nickel,  et  que,  s'il  n'est 
pas  préféré  à  ce  métal,  c'est  en  raison  de  la  dispro- 
portion considérable  (voisine  do  i  à  iO)  qui  existe  entre 
la  valeur  des  deux  métaux.  Ces  différents  nsages  do 
cobalt,  qui  absorbent  annuellement  environ  150à20U  tonnes 
d'oxyde,  offrent  deft  garanties  de  régularité  telles  qu'an 
débonrhé  semble  assuré  au  minerai  calédonien,  ju8((U% 
concurrence  de  3  000  k  4  000  tonnes  par  an,  pour  peu 
qu'il  conserve  sur  le  marché  lo  monopole  à  peu  près 
exclusif  qu'il  a  aujourd'hui. 

Si  en  effet  on  consulte  les  statistiques  publiées  dans  le 
recueil  TAf  Minerai  Jndtistry,  que  nous  avons  déjà  mis 
il  contribution,  on  constate  que  la  production  desminerais 
lie  cobalt,  au  cours  des  cinq  dernières  années,  se  serait 
répartie  comme  suit  entre  tes  différents  paya  du  monde; 
nous  mentionnons,  en  regard  des  tonnages,  les  valeurs  sur 
place,  qui  peuvent  dtmner  une  idée  de  la  richesse  des  divers 
minerais  ;  il  est  bon  d'ajouter  que  la  valeur  comptée  pour 
les  minerais  de  Nouvelle-Calédonie  est  relativement  beau- 
coup trop  faible,  d'une  part  parce  qu'ils  subissent  sur 
place  une  dépréciation  correspondant  au  fret  jnsqn'en 
Europe,  et  d'autre  part  parce  que,  comme  nous  lavons 
expliqué,  ils  ont  été  pendant  fort  longtemps  vendus  à  un 
prix  très  inférieur  à  leur  véritable  valeur.  Sous  réserve 
de  cette  observation,  voici  les  chiffres  que  nous  avons 
relevés  : 


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KimBBAlS  ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DBS   SBBPENTtNES   277 


A».ii  18B6 

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336,01» 
30.450 

4'ï.<( 

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Î,8H 

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■J75.500' 

S' 

t«»B» 

Âii-WG 

3».  HO 

Ces  totaux  devraient  Gtre  augmentés  de  quelques  tonnes 
(Je  minerais  complexes,  extraits  en  différents  points  de 
l'Allemagne  et  de  l'Aiitricho,  ot  ayant  produit  iin  peu  de 
cobalt. 

Comme  on  le  voit,  la  Nouvelle-Calédonie  n'a  pratique- 
ment anciin  concurrent  important  pour  la  production  du 
cobalt,  puisque  pendant  toutes  ces  dernières  années  elle 
a  fourni  comme  tonnage  plus  de  90  p.  lOOdes  minerais  de 
cobalt  produits  dans  le  monde  entier,  représentant  comme 
valeur  environ  80  p.  100  du  total,  et  celad'après  les  chiffres 
ci-dessus  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  relativement 
beaucoup  trop  faibles  pour  la  valeur  des  minerais  de  la 
Nouvelle-Calédonie. 

Nous  opposerons  à  ces  chiffres,  beaucoup  trop  faibles, 
ceux  du  1"  semestre  1902,  aucoursduqirel il  aété exporté 
2  452  tonnes  de  minerai  de  cobalt  représentant  unts  valeur, 
au  cours  du  minorai  k  Nouméa,  de  800.000  francs  envi- 
ron ;  rappelons  d'ailleurs  qu'on  ne  peut  fîuëre  espérer  que 
de  tels  chiffres  se  maintiennent  complètement  d'une  fat;oii 
durable. 


{■)  ChilTres  iI'eipurlntioD  et  non  de  produc 


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278  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NODVELLE'CAli:[K>NIB 

C'est  donc  un  monopole  presque  absolu  que  détient 
aujourd'hui  la  Nouvelle-Calédonie  pour  la  fourniture  du 
minerai  de  cobalt  au  monde  entier.  Les  gisements  de  ce 
minerai,  quoique  très  capricieiii,  sont  nombreui  et 
étendus  ;  aussi  leur  exploitation  paratt-elle  devoir  assurer, 
pour  bien  des  années  encore,  un  chiffre  d'affaires  qui  est 
loin  d'être  négligeable.  Maïs,  pour  ne  pas  risquer  de  voir 
cette  branche  de  l'industrie  minière  décliner  peu  à  peo 
par  suite  du  gaspillage  des  gîtes,  il  serait  bien  nécessaire 
que  l'exploitation  en  fût  poursuivie  d'une  manière  moins 
imprévoyante. 


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CHAPITRE  II. 
LE    FER    CHROMÉ. 


A.  —  Indications  générales  et  iiistoriqies. 

Le  fer  chromé  se  montre  associé  avec  une  constance 
remarquable  à  la  grande  formation  serpentincuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  :  on  le  rencontre  soit  en-  roclie  dans 
les  pêridotites  fraîches  ou  plus  ou  moins  complètement  ser- 
pentinisées,  soit  en  grains  séparés  dans  les  argiles  rouge» 
qui  proviennent  de  lenr  décomposition.  Nons  n'avons  pas 
examiné  au  microscope  une  seule  plaque  mince  de  péri- 
dotite  ou  de  roche  serpentinense  sans  y  apercevoir,  incluK 
dans  la  pâte,  des  cristaux  ou  des  grains  de  fer  chromé, 
de  même  que  nous  n'avons  pas  analysé  un  seul  fragment 
de  ces  roches  sans  que  la  partie  demeurée  insoluble  dans 
les  acides  ne  contint  une  quantité  appréciable  de  fer 
chromé,  représentant  généralement  en  poids  plusieur.i 
millièmes.  D'autre  part,  toutes  les  formations  ferrugi- 
neuses que  nous  avons  désignées  sous  le  nom  d'argiles 
rouges,  qui  doivent,  comme  nous  l'avons  indiqué,  être 
considérées  comme  un  résidu  de  la  décomposition  des 
pêridotites,  renferment  une  proportion  notable  (atteignant 
parfois  plusieurs  centièmes)  de  grains  de  fer  chromé,  et 
les  sables  lourds  des  ruisseaux  (jui  descendent  dos  massifs 
serpentineux  sont  très  riches  en  fer  chromé. 

A  ces  deux  mo<les  d'occurrence  normaux  et  constants 
du  fer  chromé  correspondent,  lorsque  des  circonstances 
spéciales  en  ont  permis  la  concentra tioïi  i-n  tm  même 


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280  RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NO0VELLE- CALE  DON  lE 

point,  deux  types  de  gisements  exploitables  :  lea-gise- 
ments  de  fer  chromé  en  roche  ou  primitifs,  soit  à  l'état 
de  filons,  soit  à  l'état  d'amas,  et  les  gisements  d'origine 
détritique  ou  secondaires,  désigoés  par  l'expression  usuelle 
de  (i  gisements  de  fer  chromé  d'alluvions  ». 

Dans  les  gisements  en  roche,  le  fer  chn)mé  apparaii,. 
tantôt  en  masses  à  cristallisation  confuse  et  sans  forme 
extérieure  nette,  et  tantôt  en  cristaux  octaédriques  plus 
ou  moins  bien  formés,  disséminé  dans  une  gangue  sili- 
catée.  Dans  ta  plupart  des  échantillons  que  nous  avons- 
rencontrés,  qiti  provenaient,  il  est  vrai,  du  voisinage  des 
affleurements,  cette  gangue  piaraissait  amorphe  et  était, 
constituée  par  des  silicates  décomposés,  altimiaeux  et 
magnésiens  et  légèrement  ferrugineux  ;  au  microscope  elle 
se  montrait  riche  en  produits  serpentineux  et  talqueux- 
Mais  dans  quelques  échantillons,  provenant  les  iws  de  ta 
mine  ta  Tchaus,  les  autres  de  la  mine  Joséphine  à  la  baie 
des  Pirogues,  cette  gangue  est  constituée,  tantôt  par  du 
diallage  parfois  très  frais  et  bien  cristallisé,  et  tantôt  par 
du  péridot.  Exceptionnellement  on  rencontre  le  fer  chromé 
massif  soua  forme  d'uu  agrégat  d'éléments  en  foi-ine 
d'écaillés,  présentant  un  aspect  presque  apéculaire. 

Dans  les  gisements  d'origine  détritique,  11  est  le  plus 
souvent  en  fragmenta  brisés,  mais  il  est  parfois  sous> 
forme  d'octaèdres  assez  petits  et  plus  ou  moins  intacts: 
il  se  présente  rarement  en  petits  galets  roulés.  Dans  ces 
derniers  gisements,  il  est  généralement  recouvert  d'un 
léger  enduit  de  rouille  qui  lui  fait  donner  le  nom  de 
11  chrome  rouge  »  ;  cet  enduit  parait  être  te  seul  résidu  de 
ta  gangue  qui  était  associée  au  minerai  dans  son  gisement 
primitif;  le  «  chrome  rouge  »  se  trouve  donc  étro  très 
pur,  et  le  minerai  connu  sous  ce  nom  est  en  conséquence 
fort  apprécié. 

Avant  d'entrer  dans  quelques  détails  au  sujet  des  diffé- 
rents   gisements  connus  qui   se   rattachent   à  l'un  ou  k 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   281 

l'autre  Ue  ces  deux  types,  nous  mentionnerons  encore 
que,  le  plus  souvent,  le  fer  chromé  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie parait  se  rapprocher  beaucoup  de  l'espèce  minérale 
que  l'on  appelle  fer  chromé  ou  chroiiiite,  c'est-à-dire  du 
chromite  de  fer  Cr-OTeO,  qui  doit  contenir  théorique- 
naent  68  p.  100  de  sesquioxvde  de  chrome;  il  ne  parait 
pas  être  niélangt'  ni  à  du  fer  magnétique,  ni  k  de  la  pico- 
tite  pauvre  en  chrome,  minéraux  qu'on  pourrait  s'attendre 
à  rencontrer  dans  la  formation  serpe  ntiueuse,  et  qu'il 
serait  difficile  do  séparer  du  fer  chromé,  dont  ils  dimi- 
nueraient beaucoup  la  teneur  en  sesquioxyde  de  chrome  : 
c'est  ce  que  fait  immédiatement  supposer  la  facilité  avec 
laquelle  on  obtient,  souvent  sans  lavage  aucun,  et  d'autres 
fois  avec  un  lavage  très  sommaire,  des  produits  courants 
à  50  p.  100  ou  même  55  p.  100  Je  sesquioxyde  de  chrome, 
et  quelquefois  plus.  C'est  ce  que  confirment  d'ailleurs  nos 
observations  :  les  échantillons  que  nous  avons  recueillis 
sur  les  différents  gisements  que  nous  avons  visités  ne 
contenaient  pas  de  quantités  notables  de  magnétite,  et 
s'ils  n'étaient  pas  tons  constitués  par  de  la  chromite  pure, 
ils  ne  s'en  éloignaient  guèi-e  que  par  la  substitution,  par- 
fois en  proportion  importante,  de  magnésie  au  protoxyde 
lie  fer  pour  s'associer  an  sesquioxyde  de  chi-ome,  substi- 
tution qui  ne  tendrait  qu'à  augmenter  la  teneur  du  minerai 
en  chrome;  quelquefois  cependant,  une  petite  quantité  do 
sesquioxyde  de  chiximt:  était  remplacée  par  de  Talumine. 
C'est' ainsi  que  deux  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
raine  Georges  Pile  à  la  haie  Ngo  (chrome  d'alluvions),  et 
l'autre  de  la  mine  Aiiua-Madeleine  à  la  baie  du  Sud 
(chrome  en  roche),  que  nous  avons  analysés  après  ks 
avoir  lavés  à  l'acide  pour  éliminer  les  matières  étrangères, 
ne  se  sont  montrés  contenir  ni  l'un  ni  l'autre  de  frag- 
ments attirables  à  l'aimant  (fer  magnétique),  et  ont  donné 
à  l'analyse  des  teneurs  en  sesquioxyde  de  chromo  respec- 
tivement égales  à  65,8  p.  100  et  68,9  p.  lOO;  le  dernier 


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282  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOCVELLE-CALÉDONIE 

était  très  chargé  en  magaésie.  Cependant,  certaines  ana- 
lyses, se  rapportant  précîsénieat  à  des  échantillons  de  la 
baie  Ngo  à  faible  teneur,  nous  ont  été  communiquées, 
qui  indiquaient  d'une  part  des  quantités  d'alumine  et  dv 
magnésie  très  supérieures  à  celles  qiii  auraient  pu  être 
combinées  à  la  silice  de  la  gangue,  et,  d'autre  part,  des 
teneurs  en  fer  inférieures  à  celles  qui  correspondraient  à 
sa  combinaison  au  chrome  à  l'état  de  chromîte  de  fer; 
cela  ferait  supposer  qu'il  existait  dans  ces  échantillons 
de  la  picotite  plus  ou  moins  pauvre  en  chrome  ;  néan- 
moins, les  quantités  des  différents  éléments  correspon- 
daient assez  mal  à  une  semblable  hypothèse,  nous  ne 
pouvons  donc  pas  a>nsidérer  la  chose  comme  étant  bien 
établie.  C'est  un  point  qui  mérite  cependant  d'attirer  l'al- 
tcntion  des  chercheurs  comme  pouvant  leur  réserver 
éventuellement  des  mécomptes. 

L'abondance  du  fer  chromé  en  Nouvelle-Calédonie  est 
telle  que,  dès  la  première  exploration  géologique  de  l'île 
faite  par  M.  Garnier,  celui-ci  fut  frappé  de  la  fréquence 
avec  laquelle  s'y  montre  ce  minerai,  qu'il  déclare  être 
«  le  lien  commun  et  le  compagnon  constant  {*)  »  des 
diverses  roches  magnésiennes  :  il  mentionne  sa  présence 
à  ta  fois  en  grains  dans  les  schistes  serpentineux,  en 
cristaux  dans  les  serpentines,  on  masses  ou  amas  dans 
les  argiles,  et  enfin  aous  forme  de  sables  sur  les  rivages 
et  dans  le  lit  de  certains  ruisseaux;  mais  il  ne  retient, 
comme  étant  exploitables  avec  profit,  que  les  gites  en 
amas  dans  les  argiles.  Il  signale  la  possibilité  d'exploiter, 
à  raison  de  11  fr.  50  par  tonne,  un  semblable  amas  qui 
existait  au  Mont-Dore,  et  dont  le  minerai  aurait  lenti 
6t,333  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome.  Il  ajoute  qu'un 
tel  minerai  aurait  pu,  à  l'époque,  être  vendu  en  France  à 
raison  de  200  francs  la  tonne. 

(')  toc.  ci/.,  p.  81. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPEN'HNES  283 

Lorsque,  dix  ans  plus  tard,  M.  Heurteau  dressait  un 
inventaire  des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, il  reconnaissait,  avec  M.  Garnier,  l'abondance  du 
fer  chromé,  mais  il  regardait  comme  beaucoup  trop  faible 
le  prix  de  revient  sur  place,  estimé  à  H  fr,  50,  pour  le 
minerai  du  gisement  eu  question,  et,  tenant  comjite  du 
fret,  qui  était  alors  aux  environs  de  100  francs  de  Nou- 
velle-Calédonie en  Europe,  il  arrivait  à  cette  coDcliision 
que  le  prix  de  vente  de  150  à  160  francs,  qui  était  celui 
sur  lequel  il  fallait  chiffrer  alors,  laisserait  sans  doute 
une  marge  suffisante  pour  pouvoir  faire  une  exploitation 
régulière  et  bien  conduite.  Il  exprimait  l'espoir  que  l'ini- 
tiative individuelle  tenterait  pareille  entreprise,  qui  n'avait 
pas  été  essa^-ée  jusque-là.  D'après  les  indications  de  la 
statistique  des  exportations,  ce  n'est  qu'en  1880  que  cette 
tentative  eut  lieu  pour  la  première  fois  ;  elle  fut  immé- 
diatement couronnée  de  succès,  puisque  de  500  tonnes 
en  1880  l'exportation  s'est  élevée  l'année  suivante  à 
2.300  tonnes,  pour  se  maintenir  pendant  une  dizaine  d'an- 
nées entre  2,000  et  3.000  tonnes  par  an,  pour  atteindre 
dans  les  dernières  années  une  moyenne  de  plus  de 
10.000  tonnes,  et  même  pour  s'élever  à  17.600  tonnes 
en  1901.  Voici  d'ailleurs  comment  elle  s'est  répartie 
entre  les  différents  gisements  en  1901  : 

D4me  de  Tiebaghi  (2  exploitations) 2.4S0 

Baie  Ngo  (2  exploitations) 4.600 

Bassio  de  la  rivière  «les  Pirogues  (une  exploi- 
tation  avec    ëvacuatioQ   du    minerai  par    la 

baie  Ngo) 8.533 

Groupe  de  la  rivière  de  Pourina  (Sexploitatious). .  1 .  28* 

La  Coulée  (une  exploitation) 300 

Cap  Goulvain  (une  exploitation) 280 

Baie  Ouié 202 

Total 17.649 

C«  ne  sont  guère  jusqu'ici,  sauf  quelques  exceptions  pa» 


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284:  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOVVKLLE-CALÉbOSIK 

sagères,  que  les  gisements  dits  de  chrome  d'alluvîoas  qui 
ont  fourni  le  fer  chromé  exporté  de  la  colome  (soit  prèe 
de  150.000  tonnes  en  tout);  il  n'y  a  en  effet  j&maù 
eu  sur  les  gisements  en  roche  que  des  tentatives  d'explt»- 
talion  sans  succès  durable. 

B.  —  Gisements  de  fer  chromé  en  roche  du  sdd 

ET  DU   CENTRE   DE   l'iLE. 

Comme  nous  l'avons  dit,  le  fer  chromé  est  un  élément 
qui  se  retrouve  d'une  façon  absolument  c^instaiite  dans 
les  péridotites  plus  ou  moins  serpentinisées  qui  occupent 
une  si  large  place  dans  les  formations  néo-calédonienoes ; 
mais  il  n'y  existe  le  plus  souvent  que  sous  forme  de  petits- 
cristaux  de  quelques  dixièmes  de  millimètre  de  dimeosioDS, 
disséminés  d'une  façon  assez  régulière  dans  toute  la 
masse  de  la  roche.  Cependant,  dans  im  certjiin  iiombre 
d'entre  les  massifs  de  péridotite,  il  s'est  produit  une  ségré- 
gation plus  complète  du  fer  chromé  qui,  tout  en  se  retrou- 
vant encore  disséujiné  dans  la  masse  de  la  roche,  se 
montre  en  outre  concentré  parplaces  soitdans  des  amas, 
soit  dans  des  filous  ;  il  y  est  quelquefois  sensiblemeni 
pur,  mais  le  plus  souvent  il  est  associé  à  une  gangue 
t'onstituée  par  des  silicates  magnésiens.  Assez  peu  nom- 
breux jusqu'à  ces  dernières  années  étaient  les  gisements 
de  fer  chromé  de  cette  nature  connus,  ou  du  moins  un 
lieu  explorés  :  quelques  tentatives  avaient  été  faîtes  ponr 
en  exploiter  trois  ou  quatre  sur  la  côte  Est  (au  Sud  de 
Nouméa,  près  de  Saint- Vincent,  et  près  de  Bourail)  ;  elles 
avaient  été  peu  fructueuses,  et  l'on  avait  préféré  reporter 
l'exploitation  sur  les  gisements  d'origine  détritique.  Dans 
ces  dernières  années,  l'attention  a  été  rappelée  sur  les 
gisements  en  roche,  qui  existent  en  particulier  assez 
nombreux  dans  la  puissante  formation  serpentineuse  du 
Sud  de  rUe;  on  en  a  d'ailleurs  encore  signalé  ûa  d'autres 


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MINERAtS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINKS  285 

points  de  la  colonie,  jusques  et  y  compris  le  massif  du 
«lOmedeTîebaghiau  voisinage  de  l'extrémité  Nord  de  Tile. 
Bien  que  nulle  part  l'exploration  de  ces  gisements  ne 
permette  d'en  définir  exactement  les  limites  et  le  carac- 
tère, on  peut  néanmoins  dire  qne  plusieurs  d'entre  eux 
paraissent  plutôt  se  rattacher  au  type  des  filons,  ou  au 
moins  des  lentilles  aplaties,  qu'à  celui  des  amas.  Nous 
avons  \îsité  un  groupe  important  de  ces  gisements  au 
voisinage  de  la  baie  du  Sud,  plusieurs  le  long  delà  c/^te 
Est,  à  Plum,  à  Saint^Vîncent,  et  près  de  Dourail,  et 
entin  celui  du  dfime  de  Tiebaghi,  qui  est  d'ailleurs  associé 
k  d'importantes  formations  de  fer  chromé  détritique. 

Autour  de  la  baie  du  Sud,  ou  plus  exactement  au  flanc 
des  différents  mamelons  qui  entourent  la  Plaine  des  Lacs, 
sorte  de  plateau  serpentineux  d'une  altitude  moyenne 
de  200  mètres  enviroii,  les  ségrégations  de  fer  chromé 
dans  la  roche  paraissent  particulièrement  nombreuses  ;  il 
en  a  été  signalé,  entre  autres,  des  gisements  entre  la  haie 
'les  Kaoris  et  le  Lac  eu  8  (mine  Muriel)  (Voir  la^^,  3  de 
la  PI.  IV},  sur  les  hauteurs  qui  dominent  la  rive  gauche 
de  la  rivière  des  Lacs  (mine  Anoa-Madeleine),  sur  le 
mamelon  de  la  mine  la  Tchaux  aux  sources  de  la  rivière 
du  Carénage,  etc...  Aucun  d'eux  n'est  exploité  actuelle- 
ment ;  on  n'y  poursuit  que  quelques  travaux  de  recherches, 
mais  on  en  étudie  la  mise  en  valeur  en  les  reliant  au 
rivage  de  la  baie  du  Sud  par  une  voie  ferrée. 

Dans  cette  région  les  péridotites  apparaissent  sous 
des  aspects  divers  :  tantél  elles  sont  particulièrement 
riches  en  péridot,  dont  elles  se  montrent  pour  ainsi  dire 
uniquement  formées,  elles  en  sont  d'autant  plus  basiques 
et  en  même  temps  plus  accessibles  à  l'altération  et  à  la 
transformation  en  serpentine;  par  places,  au  contraire, 
t'enstatite  est  abondante  et  s'étale  en  grands  cristaux  à 
larges  clivages  au  milieu  du  péridot  finement  grenu. 


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286  RICHESSES   UINéRALES  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Ces  péridotites  constituent  la  totalité  de  toua  les  som- 
mets qtn  entourent  la  Plaine  des  Lacs;  sur  leurs  flancs 
reposent  dos  manteaux  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur 
d'argile  rouge,  tamfis  qu'à  leur  pied  se  développe  une 
plaine,  dont  le  sous-sol  est  vraisemblablement  constitué 
également  par  de  semblables  argiles,  mais  dont  la  surface, 
souvent  marécageuse,  est  recouverte  d'une  couche  de 
grains  de  fer  oxydé,  enduits  d'une  pousaànre  de  même 
nature  plus  ou  moins  hydratée  et  jaunâtre.  Om  mêmes 
grains  fcniigineux  se  retrouvent  tout  autour  des  deux  bcs 
(Grand  Lac  et  Lac  en  8)  et  au  fond  de  ceux-ci;  mais  ils 
s'y  trouvent  débarrassés  de  semblables  poussières  et  se 
présentent  en  éléments  noirs  plus  ou  moins  polis  par  les 
eaux,  ce  qui  les  a  parfois  fait  prendre  pour  du  fer  chromé, 
et  a  fait  dire,  comme  on  le  répète  souvent  à  tort,  que  les 
bords  et  le  fond  des  deux  lacs  sont  uniquement  constitués 
de  grains  de  fer  chromé.  Cet  élément,  qui  existe  dans  le? 
roches  des  alentours,  et  qui  y  existe  même  avec  une  abon- 
dance particulière,  se  retrouve  bien  h  la  fois  dans  les 
argiles  niuges  et  au  milieu  des  grains  ferrugineux,  mais 
on  n'a  pas  encore,  à  notre  connaissance,  signalé  de  point 
oti  il  ait  subi  une  concentration  suffisante  pour  y  être 
exploitable,  et  c'est  dans  la  roche  même  qu'il  s'est  trouvé 
concentré  par  ségrégation,  sans  doute  au  moment  de  la 
solidification. 

l'armi  les  difl'érents  gisements  qui  se  trouvent  dans  le 
groupe  que  nous  avons  défini  ci-dessus,  celui  qui  se 
présente  avec  la  plus  belle  apparence  est  celui  de  la  mine 
Anna-Madelrine ,  mine  qui  englobe,  avec  les  périmètres 
coniigus  qui  en  constituent  des  extensions,  une  longue 
ligne  de  crêtes  venant  mourir  au  bord  de  la  ririère  des 
Lacs.  Bien  que  le  périmètre  de  la  concession  ait,  avec  ses 
extensions  successives,  une  étendue  de  plus  de  2.000  hec- 
tiires,  nous  n'avons  pu  constater  la  présence  d'un 
gisement  que  dans   une  partie  très  restreinte  deccpéri- 


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MINERAIS  ASSOCIES  A  LA  FORMATION  DES 
mètre,  sur  le  contrefort  iionl-oriental  de 
Il  se  signale  dès  le  pied  (versant  Sud)  de 
une  traînée  assez  large,  descendant  la 
tagne,  où  le  sol,  constitué  par  des  bloc: 
dotite  à  enstatite  et  par  les  affleuremen 
péridotite  en  place,  est  abondamment 
inents  de  fer  chromé  ;  la  dimensioQ  de  ce 
depuis  celle  d'une  noisette  jusqu'à  une 
mètre  cube  et  parfois  même  davantag 
présente  ici  l'aspect  de  niasse  écailleus 
indiqué  ci-dessus,  il  paraH  être  d'une 
parfaite,  ne  laissant  voir  que  de  très  lég 
gineux  entre  les  diverses  écailles,  end 
cependant  à  lui  enle^er  le  caractère  d'ti 
il  l'analyse  lui  échantillon  choisi  nous  a  d 
suivants   : 

Sesquioxydc  ilc  Ter  soluWe 

'  protoxydede  fer.. 

,  ,  .       ,   . ,     I  magnésie 

Fer  chromé  insoluble  :     ,       . 

j  alumine 

'  sesquioxyde  de  chi 

Total.  , , 

Lorsque  l'on   s'élève  le  long  du  flan 

en  suivant  cotte  traînée  de  fer  chromé 

devenir  de  plus  en  plus   gi'os  et  nombn 

parvient  sur  la  crête,  on  y  constate  la  p 

très  nette  sur  le  reste  du  contrefort,  d'i 

fer  chromé  de  même  nature,  brillant  ai 

géant  tout  déHudé  au  milieu  des  maigre 

poussent  dans  les  interstices  des  blocs 

examinant  avec    soin  les  blocs  voisins 

trouvé  d'autres,  également  de  fort  volu 

même  que  celui-ci,  être  des  hlocs  en  pi; 

assez  exactement  avec  le  premierdans  u 

Sud  sur  une  longueur  représentant  au  I 


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^88  KICUËSSBS   MINÉRALES   DE   LA   NoaVELlyE-CALÉUONlB 

de  mètres;  en  cherchant  à  suivre  cette  direction  plus 
loin  vers  le  Nord  ou  vers  le  Sud,  nous  avons  trouvé  !a 
crête  coupée  par  deui  ravins,  et  au  delà  de  ceux-ci  nous 
n'avons  pas  pu,  au  cours  d'un  examen  nécessairement  un 
peu  sommaire,  mais  que  nous  avons  été  surpris  de  ne  pas 
li-ouver  fait  à  loisir  par  les  concessionnaires  de  la  miae, 
retrouver  de  semblables  blocs  ;  les  pentes  de  la  montagne 
au  Noni  et  au  Sud  de  la  traînée  que  nous  avons  mentionnée 
cessent  d'ailleurs  assez  promptement  d'être  recouvertes 
de  blocs  de  fer  chromé.  Ajoutons  que  les  blocs  en  place 
que  nous  avons  observés  ne  présentent  perpendicu- 
lairement k  la  direction  Nord-Sud  que  des  dimensions 
i-ostreiulea,  de  1  à  2  mètres,  et  que,  de  part  et 
d'autre  de  la  saillie  qu'ils  constituent,  on  retrouve  des 
éboidis  de  péridotite;  il  semble  donc  qu'il  y  aurait  là 
l'indication,  sur  une  centaine  de  mèlres  de  longueur,  de 
l'affleurement  d'un  lilon  de  l  à  3  mètres  de  puissance 
de  fer  chrome  pur,  la  résistance  du  minerai  aux  agents 
atmosphériques  ayant  laissé,  en  saillie  sur  la  roche  mnins 
ihir&-desépontd9,'unepartiedes  affleurements.  A  en  juger 
par  les  apparences  que  nous  avons  relevées  au  cours  de 
iintre  examen  rapide,  ce  filon  n'aurait  guère  de  comi- 
nuitc  en  direction,  ce  qui  amène  naturellement  à  se 
demander  si  ce  n'est  pas  seulement  un  amas  lenticu- 
laire. Quant  à  la  question  du  prolongement  de  cette  for- 
mation en  profondeur,  nous  n'avons  pu  recueillir  aucune 
indication  qui  permette  de  la  résoudre,  et  l'on  ne  peut 
que  s'étonner  que  les  concessionnaires  d"ui>  affleurement 
aussi  remarquable  n'aient  pas  songf'  à  en  entreprendre 
une  exploration,  si  superficielle  fflt-elle. 

Plus  loin  vers  le  Sud-Ouest,  le  fer  chromé  n'apparail 
qu'associé  à  dos  silicates  magnésiens  :  klamine/a  Tchatu 
les  affleurements  ont  un  caractère  assez  nettement  tilonieu, 
autant  qu'on  peut  juger  de  la  chose  par  quelques  obser^ 


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:»1XBRA1S    ASSOCIES   A  LA   FORUATION    DBB    SERPENTINES    289 

valions  isolées  ;  ils  se  montrent  sur  le  Aanc  d'une  mon- 
^gne  en  pun  de  sucre  surbaissé  qui  s'élève,  jusqu'à  la 
oote  450,  au-dessus  de  la  plaine  dont  l'altitude  moyenne 
«st  ici  de  225  mètres,  A  la  cote  315  on  rencontre  nu  pre- 
mier affleurement  présentant  nettement  une  direction 
Nord-Sud  (la  même  que  celle  que  nous  avons  notée  à  la 
mine  Anna- Madeleine  à  quelque  6  kilomètres  au  \ord-Est) 
avec  une  plongée  de  45  degrés  vers  l'Ouest;  la  formation, 
puissante  de  3  mètres,  est  constituée  par  du  fer  chromé 
à  larges  facettes,  associé  à  des  quantités  variables  d'une 
matière  amorphe  tantôt  blanche  ou  jaune  pâle,  tantôt  rouge 
lie  rouille  et  tautôt  verte,  qui  est  un  silicate  aluniiueux 
magnésien  généralement  d<:composé  et  oxydé  au  voisi- 
nage des  affleurements,  Oette  formation  est  comprise 
entre  des  épontes  de  péridotite  dans  lesquelles  le  fer 
chromé  est  encore  abondant,  soit  en  mouches,  soit 
en  petits  âlonnets.  A  quelques  mètres  plus  haut  un  autre 
affleurement  de  minerai  analogue  parait  appartenir  à  une 
aorte  de  ramification  montante  du  premier  filon;  enfin,  à 
7  mètres  au-dessus  de  celui-ci,  semble  en  affleurer  un 
second  suivant  lequel  a  été  amorcée  une  petite  descente. 
Plusieurs  fouilles  de  faible  importance  ont  été  faites  sui- 
ces  affleurements,  elles  se  répartissent  à  peine  sur  50  mètres 
«n  directioii  et  10  mètres  de  verticale;  un  assez  grand 
nombre  de  toimes  de  minerai  en  ont  été  extraites  ;  ce 
minerai  contient,  comme  nous  l'avons  dit,  une  proportion 
plus  ou  moins  forte,  mais  très  notable,  de  silicates  alumi- 
neux  magnésiens.  Le  prolongement  en  direction  de  ces 
affleurements  n'est  pas  du  tout  connu  ;  la  montagne  étant 
en  formede  cône,  il  semble  qu'on  devrait  trouver  aisément 
des  affleurements  tout  autour,  y  marquant  à  peu  près  la 
trace  dune  section  olilique;  ici  encore  les  recherches 
qu'il  aurait  été  tout  indiqué  de  poursuivre  n'ont  pas  été 
faites,  et  nous  n'avons  tien  pu  observer  de  plus,  d'autant 
plus  que  la  végétation  est  fort  abondante  sur  ce  mamelon; 


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290  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOCVELLE-CALÂDONIE 

au  pied  du  mamelon,  et  à  peu  prës  suivant  tes  généra- 
trices qui  correspondent  aux  affleurements,  on  trouve  des 
sables  chargés  de  fer  chromé  et  des  blocs  ébouléa. 

D'après  ce  qui  noua  a  été  dit,  le  mamelon  qui  se  trouve 
immédiatement  au  Sud  de  cehiî-ci  et  à  quoique  500  méires 
de  distance  seulement,  c'est-à-dire  dans  le  prolongement 
du  filon  supposé,  a  été  exploré  sans  succès  ;  mais,  en  fran- 
chissant vers  l'Est  un  petit  col,  pour  passer  du  bassin  de 
la  rivière  du  Carénage  dans  celui  de  la  rivière  Bleue,  on 
retrouve  le  fer  chromé  sur  le  périmètre  de  la  mine  Bonne- 
Veine  :  une  carrière  ouverte  à  la  cote  210,  à  titre  de 
simple  travail  de  recherche,  a  mis  à  découvert  un  affleu- 
rement qui  paraît  également  être  celui  d'un  filon  de  près 
de  1  mètre  de  puissance  dirigé  Nord-Sud  et  plongeant 
à  45  degrés  environ  vers  l'Est  ;  mais  ici  les  produits  ma- 
gnésiens associés  an  fer  chromé  sont  abondants  et  la 
teneur  en  chrome  du  minerai  brut  est  relativement  faible: 
on  y  a  trouvé  cependant  quelques  beaux  blocs  de  minerai 
riche.  A  une  soixantaine  de  mètres  plus  au  Sud,  et  à 
une  cote  d'une  vingtaine  de  mètres  inférieure,  on  aperçoit 
u»  nouvel  affleurement  de  caractère  identique,  et  qui 
parait  bien  correspondre  au  prolongement  de  la  même 
formation. 

Notons  enfin  la  présence,  un  peu  plus  loin  vers  l'Ouest 
«ur  le  même  périmètre  Bonne-Veine,  d'une  assez  puis- 
sante formation  détritique  de  fer  chromé.  Colle-ci  se  ren- 
contre dans  les  argiles  rouges  qui  s'étalent  sur  la  penle 
d'une  croupe  arrondie;  au  pied  de  cette  pente  la  surface 
do  l'argile  est  semée  de  débris  de  fer  chromé  ;  plus  haut. 
de  semblables  débris  se  retrouvent,  formant  une  couche 
d'une  certaine  épaisseur;  et,  au  voisinage  de  la  crête 
môme,  on  arrive  à  des  amas  de  cristaux  ou  de  petites 
niasses  plus  ou  moins  désagrégées  avec  taches  d'osyde 
do  fer,  paraissant  provenir  de  la  décomposition  sur  place 
de  minerais  en  roche  tels   que  ceux  que  nous  gênons  de 


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■^ 


HINEBAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SBRPENTINES   291 

décrire.  Le  fer  chromé  fourni  par  ces  derniers  gisements 
est  suffisamment  pur  pour  être  marchand  tel  quel,  et  on 
l'exploite,  sans  grande  activité  d'ailleurs  faute  de  moyens 
de  transport. 

Nous  aurons  à  signaler  d'importants  gisements  du  même 
genre  plus  à  l'Ouest  dans  la  vallée  de  la  rivière  Ngo 
et  des  tributaires  de  gauche  de  la  rivière  des  Pirogues, 
mais  nous  les  décrirons  ci-après  avec  les  gisements 
d'origine  détritique.  Ajoutons  qu'au  moment  oii  nous  avons 
quitté  la  colonie,  les  découvertes  de  gisements  de  fer 
chromé,  en  roche  croyons-nous,  paraissaient  se  mul- 
tiplier beaucoup  au  Nord  et  à  l'Est  de  ceux  que  nous 
avons  visités,  et  qu'un  très  grand  nombre  de  déclarations 
de  recherches  pour  chrome  eut  été  produites  dans  les 
mois  de  juin  et  juillet  1902,  se  rapportant  à  cette  région. 

Un  autre  gisement  de  fer  chromé  en  roche  donnait  lieu 
k  des  travaux  de  recherches  non  loin  de  là  au  moment  de 
notre  séjour  en  Nouvelle-Calédonie  ;  c'est  celui  de  la 
mine  Lucky-hitt,  près  de  Plum,  qui  avait  été,  en  1880, 
Tohjet  de  la  première  tentative  sérieuse  d'exploitation  du 
chrome  dans  la  colonie.  Après  avoir  fourni,  en  quelques 
années,  une  dizaine  de  milliers  de  tonnes  de  minerai, 
provenant  vraisemblablement  surtout  d'un  amas  d'ori- 
gine détritique,  et  après  avoir  été  partiellement  explorée 
dans  la  partie  du  gisement  qui  se  trouvait  en  roche,  la 
mine  fut  abandonnée.  Le  gisement  en  place,  situé  sur  la 
rive  gauche  du  ravin  de  la  petite  rivière  de  Plum,  ae 
présente  au  milieu  de  roches  du  même  type  que  celles 
que  nous  avons  rencontrées  à  la  baie  du  Sud,  et  le  minerai 
est  constitué  par  une  association  de  fer  chromé  et  des 
mêmes  siUcates  alumineux  magnésiens  qu'à  la  Tchaux; 
tantôt  c'est  le  premier  de  ces  éléments  qui  domine,  tantôt 
c  est  le  second,  et  l'on  passe  sur  une  faible  distance  d'une 
qualité  de  minerai  à  l'autre.  Quant  à  l'allure  du  gisement, 


V 


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292  tUCIlBdSGS  MINÉRALES  DE  LA  r>0DVELLEl?ALÉDOKie 
elle  ne  montre  rien  ée  net  :  plusieurs  aflleureiiientâ  oot 
été  explorés  présentant  des  pnissances,  tiea  directions  et 
des  pendages  variables  ;  il  ne  semble  donc  pas  que  I'od 
ait  ici  afTaire  à  des  filons  nets,  mais  plutàt  à  des  amas 
irréguUers.  Les  travaux  souterrains,  assez  développés, 
qui  y  oui  été  poursuivis,  et  que  l'on  y  poursuit  encrae, 
suot,  de  ce  fait  même,  des  plus  irréguliers.  Ils  paraissent 
néanmoins  avoir  montré  que  le  gisement  est  important  ; 
malbeureusement  la  pureté  du  minerai  laisse  à  désirer  : 
UD  triage  soigneux  peut  fournir  une  certaiuc  quantité  de 
minerai  tenant  aux  environs  de  50  p.  100  de  sesquioxjde 
de  chrome,  ce  qui  est  actuellement  à  peu  près  la  limite 
d'exploitabilité,  mai»  on  doit  abattre  en  même  teiD}S 
des  quantités  beaucoup  plus  considérables  de  minerai 
à  30  p.  100,  invendable  tel  quel,  et  exigeant  par  suite 
une  concentration  uéceaaairoment  onéreuse.  Aussi  les 
auteurs  de  la  proiiiièrc  tentative  d'exploitation  avaient-ils 
dû  installer  au  pied  de  la  montagne  une  petite  laverie, 
comprenant  un  concasseur  à  mâchoires,  un  broyeur  à 
meules  et  une  table  dormante  pour  la  concentration  da 
fer  chromé,  le  tout  actionné  par  une  petite  locomobile. 
Grâce  à  ce  dispositif,  le  minerai,  descendu  par  câbles  de 
la  mine  à  la  laverie,  était  porté  à  une  teneur  sufGsaote 
pour  être  marchand,  mais  ou  perdait  des  quantités  consi- 
dérables de  fer  chromé  ;  aussi  l'exploitation  ne  fut^Ue 
pas  rémunératrice. 

On  parie  aujourd'hui,  si  le  résultat  des  travaux  d'explo- 
ration entrepris  parait  assez  satisfaisant,  d'installer  une  la- 
verie mieux  montée  et  assurant  en  particulier  une  perte 
beaucoup  moindre  de  minerai,  ce  qui  serait  aisé  à  réalifler 
étant  donné  la  très  grande  différence  de  densité  entre  le 
fer  chromé  et  sa  gangue;  cette . laverie  aérait  mise  en 
relation  avec  l'orifice,  ou  les  orifices,  de  la  mine  par  un 
plm  incliné  aérien,  et  serait  réunie  au  bord  de  la  mer  par 
une  petite  voie  ferrée.  Au  moment  de  notre  visite,  les 


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MINBBAIS  AâSOCIBS  A  LA   FOBUATION   DK8   SEBPBNTINBS   293 

travaux  d'exploration  n'occupaient  pas  moins  de  vingt- 
cinq  ouvriers. 

Une  tentative  d'exploitation  dn  même  genre,  mais  ijoe 
les  mêmes  circonstances  ont  rendue  également  infruc- 
tueuse, a  eu  lieu,  il  y  a  quatre  ans,  sur  la  mine  Chromtire 
près  de  Saint- Vincent.  La  mine,  située  dans  le  masûf  ser^ 
pentineux  du  mont  Koungouauri,  oîi  le  nickel  existe  éga- 
lement et  parait  même  plus  abondant  que  le  chrome,  se 
trouve  à  330  mètres  d'altitude  sin*  le  flanc  Sud  d'im  con- 
trefort séparant  les  deux  bras  de  la  haute  Tamoa,  préci- 
sément en  face  d'une  ancienne  exploitation  de  nickel.  On 
avait  d'abord  rencontré,  sur  le  flanc  de  la  montagne,  de 
petites  quantités  de  fer  chromé  détritique  et  naturelle- 
ment enrichi  ;  mais,  lorsqu'on  a  voulu  attaquer  le  gisement 
en  roche,  on  s'est  trouvé  en  présence  de  veines  enche- 
vêtrées, assez  puissantes  il  est  vrai,  mais  peu  régulières, 
d'un  minerai  "  piqué  »  constitué  par  des  mouches  assez 
abondantes  de  fer  chromé  dans  une  gangue  silicatée,  et 
qu'il  fallut  laver  pour  le  porter  à  une  teneur  commerciale  ; 
un  échantillon,  que  nous  avons  recueilli  au  hasard,  nous 
a  donné  à  l'analyse  le  résultat  suivant  : 


\  Silice 3,t  \ 

Sesquioxyde  de  fer 2,9  ï  19,* 


Partie  sotuble 

dans  les  acides.  \  .,      .  „  „  • 

I  Alumine 3,8  l 

f  Mognésie 8,4  / 

iSesquioxyde  de  chrome.  53      \ 

Protoxyde  de  fer 34     i 

Silice 1,1  f  „„  , 

Sesquioxyde  de  fer 2,2  i 

Alumine 0,6  1 

Uagnésie 0,2  | 

On  fut  donc  obligé  de  créer  une  laverie,  aujourd'hui  on 
ruines,  en    même   temps  qu'il   élait   nécessaire   d'établir 


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294  RICBESSK8  MINÉRALES  DK  LA   NODVBLLB-CiLBOONIB 

jusqu'au  boni  de  la  rivière  un  petit  tramway.  Ces  frais 
de  premier  étabUssement  n'auraient  pu  être  rémunérés 
que  par  une  extraction  importante  d'un  minerai  dont  le 
prix  de  revient  n'eût  pas  été  trop  élevé  ;  c'est  ce  qui  n"a 
pu  être  réalisé,  et  cela  a  amené  l'abandon  du  gisement, 
dont  les  conditions  naturelles  n'avaient,  en  somme,  rien 
de  particulièrement  favorable. 

Plus  favorables  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  se 
présenUit  le  fer  chromé  à  la  mine  Selle-Pluie,   près 
du  cap  Goulvain  ;  c'est  sous  forme  d'un  filon  net,  dirigé 
Est-Ouest,  s'enfçnçant  presque  verticalement  dans  la  mon- 
tagne, et  qui  a  pu  être  suivi  avec  régularité  jusqu'à  une 
centaine  de  mètres  du  jour  horizontalement;  il  a  été  par- 
tiellement   dépilé    à   trois    niveaux   espacés  de    10    en 
10  mètres.  La  puissance  du  filon  était  voisine  de  1  mètre, 
et  la  majeure  partie  du  remplissage  était  du  fer  chromé 
presque  massif;  aussi,  sans  laver  le  minerai  extrait,  el 
en  ne  laissant  au  remblai  que  peu  de  produits  pauvres, 
pouvait-on  réaliser  une  teneur  de  50  p.  100  en  sesqmoxyde 
de  chrome.  Mais  les  transports  étaient  onéreux  :  quatre 
câbles   à  roulettes    successifs   étaient    nécessaires    pour 
descendre  le   minerai  jusqu'au  pied  de  la   montagne;  il 
devait  ensuite  être  charroyé,  au  prix  de  10  à  12  francs  la 
tonne,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Cap,  puis  il 
était  chargé  dans  des  chalands,  et  il  était  enfin  transbordé 
à  bord  du  bateau  qui  l'emportait  à  Nouméa.  Aussi  deux 
tentatives  d'exploitation,  qui   ont   eu  lieu  en  1898-1899 
et  au  début  de  1901,  se  sont-elle  soldées  par  des  pertes. 
Noua  ne  reparlerons  pas  ici  du  gisement  de  fer  chromé 
de  la  raine  Espérance,  située  dans  la  vallée  de  la  Pouéo 
près  de  Bourail,  qui  a  été  abandonné  après  exécution  d'un 
travail  insignifiant,  et  qui  ne  présente  d'intérêt,  comme 
nous  l'avons  dit,  qu'en  raison  de  la  découverte  de  sulfure 
de  nickel  qui  aurait  eu  lieu  dans  le  filon  en  question. 


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MINEKAIS   ASSOCIÉS   A  l.A   FORMATION   DES   SERPENTINES   295 

G,  —  Gisements  du  dôme  de  Tiebaqhi. 

Nous  citerons  cusuite  les  beaux  gisements  du  dôme  de 
Tiebaghi. 

Le  puissant  massif  sorpentineux  qui  forme  ce  "  dAmc  » 
est  constitué  par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement 
serpeotinisée  dans  son  ensemble  :  le  for  chromé  et  le 
rainerai  de  cobalt  sont  abondants  dans  ce  massif,  tout 
particulièrement  sur  ses  contreforts  orientaux;  le  premier 
d'entre  ces  minerais  y  a  été  signalé  en  un  grand  nombre 
de  points;  il  était  exploité,  au  moment  de  notre  passage, 
sur  les  mines  Vieille- Montagne,  Bellacoacia  et  Tiebaghi. 

Les  gisements  exploités  actuellement  sur  ces  trois 
mines  sont  d'origine  détritique;  la  dernière  montre,  en 
outre,  l'affleurement  d'un  massif,  sans  doute  assez  puis- 
sant, de  beau  fer  chromé  en  roche. 

Ce  gisement  en  roche  apparaît  sur  la  crête  et  sur  les 
pentes  douces  d'un  contrefort  serpentineux  dont  laroclie 
ne  présente  aucune  particularité  marquante;  cette  pérido- 
tite montre,  en  quelques  points,  des  têtes  altérées  légère- 
ment nickelifères,  et  on  peut  noter  également  sur  le  contre- 
fort qu'elle  constitue  la  présence  de  blocs  d'une  diurite 
finement  grenue,  à  feldspaths  très  basiques,  provenant 
vraisemblablement  d'un  filon  on  d'une  amygdale  dans  la 
péridotite  ;  on  y  ramasse  en  outre  des  quartz,  résultant, 
comme  d'habitude,  derultération  delà  péridotite,  quelques- 
uns  d'entre  eux  ont  un  aspect  opalin.  Entiu,  laplupartdes 
pentes  suffisamment  douces  sont  recouvertes  d'un  manteau 
d'argile  rouge,  oîi  le  fer  chromé  est  abondant  et  où  des 
rognons  cobaltifères  sont  connus  en  plus  d'un  point. 

Le  croquis  reproduit  par  la  fig.  5  de  la  PI.  IV  indique 
la  disposition  de  l'aflleurenient,  qui  rappelle  celui  de  la 
mine  Anna-Madeleine.  C'est  sur  la  crête  d'un  des  nombreux 
contreforts  qui  se  ramifienttoutautour  du  sommet  allongé 


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296  KICItKSSBS   MINÉRALES   DB   LA   MOOVBLLK-CALÉDONIB 

(lu  dôme  de  Tiebaghi  (cotes  maxima  600  à  650]  que  les 
têtes  de  fer  chromé  font  saillie  ;  cette  crête  ne  présente 
nullement  une  arête  vive  rocheuse,  mais  seulement  nue 
ligne  de  changement  de  pente  entre  la  surface  à  peu  près 
aplatie  du  dôme  et  les  pentes  plus  ou  moins  adoucies  qm 
descendent  sur  la  vallée  de  la  Néhoué;  de  part  et  d'autre 
de  l'arête,  lo  sol  est  couvert  d'argiles  rouges  détritiques, 
recouvertes  elles-mêmes  de  grains  et  de  blocs  d"oxyde  de- 
fer  et  de  fer  chromé  errants  ;  et  ce  n'est  que  sur  la  ligne 
de  crête  que  nous  venons  de  définir  qu'apparaissent  des 
blocs  beaucoup  plus  gros,  qui  paraissent  asfiez  bien 
marquer  la  ligne  d'affleurement  d'un  filon  ou  d'une  len- 
tille d'une  roche  résistante  aux  agents  atmosphériques; 
les  blocs  de  fer  chromé  s'alignent  dans  une  direction 
N.  105"  E.  sur  une  centaine  de  mètres  de  longueur. 
L'extrémité  orientale  de  l'affleurement  indiquerait  pour 
le  filon  une  puissance  de  6  à  8  mètres  de.fer  chromé  par. 
Vers  l'Est,  l'affleurement  est  interrompu  par  un  petit 
ravin  qui  est  creusé  dans  les  ailles  rouges  sans  s'enfoncer 
jusqu'à  la  roche  dure  sous-jacente,  et  qui  ne  montre  pa» 
la  trace  du  passage  d'un  filon;  au  delà  du  ravin,  on 
retrouve  encore  un  bloc  isolé,  peut-être  en  place,  de  fer 
chromé;  vers  l'Ouest,  on  voit  s'associer  aux  beaux  blocs 
de  fer  chromé  pur,  puis  leur  succéder,  des  blocs  ferru- 
gineux renfermant  des  paillettes  do  fer  chromé,  puis 
enfin  de  simples  blocs  ferrugineux  scoriacés,  tels  que  ceux 
que  nous  avons  déjà  décrits  comme  constamment  associés 
à  la  formation  serpentineuse,  et  qui,  comme  eux,  ne  ren- 
ferment plus  de  chrome  qu'en  faible  proportion.  Plusieurs 
d'entre  ces  blocs  sont  nssez  volumineux  et  assez  profondé- 
ment enracinés  pour  qu'il  soit  fort  possiblequ'ils  soient^ 
place,  comme  s'ils  faisaient  suite  vers  l'Ouest  aux  blocs  de 
fer  chromé  arec  lesquels  ils  s'alignent  assez  bien.  Ils  sont 
constituéspresque  entièrement  d'hématite  rouge  et  ne  sont 
pas    magnétiques;   ils  ont   une  apparence   scoriacée   «t 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DBS   8ERPENTI!fES  297 

caverneuse,  sans  forme  bien  déSnie;  rependant  on  y 
relève  parToîs  des  indications  d'octaèdres  plus  ou  moin» 
rongés  qui  feraient  supposer  qu'ils  proviendraient  de 
l'oxydation  de  magnétite  ;  ceux  qui  contiennent  des  par- 
celles de  fer  chromé  proviendraient,  dans  rettehypothèse, 
de  l'oxydation  de  mélanges  de  magnétite  et  de  fer 
chromé. 

On  serait  donc  assez  porté  à  croire  que  l'on  est  ici  en 
présence  des  affleurements  d'une  ségrégation  métallique 
au  milieu  de  la  masse  de  la  péridotite;  cette  ségrégation 
aurait  originairement  été  constituée  (et  serait  peutr-ètre 
constituée  encore  aujourd'hui  en  profondeur)  de  magnétite 
et  de  fer  chromé,  et  ce  dernier  se  serait  dans  certaines 
parties  isolé  sous  la  forme  d'une  sorte  de  noyau  de  fer 
chromé  pur. 

Mais  ici,  comme  à  la  haie  du  Sud,  toute  exploration  du 
gisement  a  été  négligée  par  le  concessionnaire,  et  nous 
n'avons,  pour  appuyer  notre  opinion,  que  les  quelques  cons- 
tatations que  nous  avons  faites  personnellement  et  qu'on 
n'avait  même  pas  songé  k  faire  jusqu'ici.  Quant  à  savoir 
ce  que  devient  le  gîte  en  profondeur,  nous  n'avons  aucune 
indication  à  ce  sujet.  Cependant,  l'aBondance  du  fer 
chromé  détritique  déjà  arraché  à  cet  affleurement  semble 
montrer  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  de  quelques  blocs 
isolés,  mais  bien  d'une  masse  assez  puissante.  11  est 
presque  superflu  d'ajouter  qu'étnnt.iussi  peu  renseigné  sur 
son  extension  et  sa  consistaïue,  on  ignare  complètement 
les  conditions  dans  lesquelles  ce  gisement  pourra  éfre 
exploité  ;  c'est  seulement  une  réserve  sur  laquelle  l'exploi- 
tant compte,  pour  le  moment  oii  le  fer  chromé  ti'allnvions 
aura  été  épuisé. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  la  façon  dont  se 
présente  celui-ci.  Le  croquis  de  la  /igi.  5,  PI.  IV,  fait  voir 
que  la  pente  qui  descend  de  l'affleurement  vers  l'Est  est 
recouverte  de  grains  et   de  blocs  de  fer  chromé  :  le  sol 


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298  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLB-CALÉDOMB 

est  eQ  effet  jonché,  sur  plus  d'une  centaine  de  mètres 
suivant  la  pente,  de  cea  éléments  qui  présentent  des  dimen- 
sions variant  de  la  grosseur  d'une  noisette  à  celle  de 
blocs  de  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  ;  un  peu  plus 
vers  l'Ouest,  le  fer  chromé  est  mélangé  de  blocs  ferru- 
gineux (hématite  plus  ou  moins  hydratée  à  la  surface), 
dont  il  ne  pourrait  être  séparé  que  par  un  triage  minutieux; 
ici,  au  contraire,  il  est  pratiquement  pur  et  il  n'y  a  qu'à  le 
ramasser.  Mais,  en  outre,  l'épaisse  couche  d'argile  qui 
recouvre  cette  pente  contient  un  dépôt,  de  puissance  et 
d'allure  irréguliëres,  de  débris  de  fer  chromé  qui  paraissent 
s'être  concentrés  en  raison  de  leur  forte  densité,  après 
avoir  été  entraînés  sur  nn  court  espace  par  les  eaux 
superficielles  qui  apportaient  en  même  temps  les  éléments 
qui  ont  constitué  ces  masses  argileuses. 

Cette  dernière  partie  du  gisement  est  d'une  exploita- 
tion particuHèrement  aisée,  puisqu'il  suffit  de  découvrir  le 
lit  chromifère,  en  enlevant  quelques  décimètres  d'argile, 
pour  pouvoir  ensuite  ouvrir,  sur  des  hauteurs  atteignant 
jusqu'à  1  mètre,  des  chantiers  oU  l'abaiage  ne  comporte 
qu'un  travail  de  tôirassement  presque  sans  triage.  On 
obtient  ainsi  immédiatement  des  produits  dont  la  teneur  en 
sesquioxyde  de  chrome  varie  de  50  à  55  p.  100.  Aussi  est-ce 
par  là  que  l'exploitant  du  gisement,  qui  n'en  est  d'ailleurs 
que  l'amodiataire,  en  avait  commencé  l'exploitation,  quitte, 
s'il  y  a  lieu,  à  attaquer  plus  tard  le  reste.  Comptant  pou- 
voir réaliser,  en  quelques  années,  une  extraction  île 
40.000  à  50.000  tonnes,  il  a  étabU  les  plans  inclinés 
aériens  (â  plans  principaux  et  en  outre  différents  petits 
plans  auxiliaires)  nécessaires  pour  descendre  le  minerai 
jusque  dans  la  vallée,  et  il  construisait,  au  moment  de 
notre  passage,  une  voie  ferrée,  longue  de  8  kilomètres, 
destinée  à  relier  le  pied  de  la  mine  à  la  baie  de  Néhoué,  oii 
doit  avoir  lieu,  par  l'intermédiaire  de  chalands,  l'embar- 
quement du  minerai. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   299 

Les  gisements  de  fer  chromé  du  dôme  de  Tiebaghî  ne 
sont  pas  limités  à  celui  que  nous  venons  de  décrire,  et, 
comme  nous  l'avons  indiqué,  trois  autres  exploitations  se 
développent  à  l'Est  de  celle-ci;  elles  portent  toutes  trois 
uniquement  sur  des  gîtes  d'origine  détritique  :  sur  lamine 
Vieille-Montagne  n'  S,  et  à  peu  près  dans  le  prolon- 
gement de  l'alignement  des  affleurements  de  la  mine 
Tiebaghi,  un  chantier  a  attaqué  le  tlanc  de  la  montagne 
sur  près  de  20  mètres  de  hauteur  :  l'exploitation  a  consisté 
d'abord  à  ramasser  des  grains  et  blocs  errants  sur  le  »ol, 
puis  à  chercher  au  milieu  de  l'argile  rouge  des  masses 
plus  ou  moins  irrégulières  de  débris  de  fer  chromé  ;  on  est 
ainsi  parvenu  jusqu'à  une  formation,  sans  consistance 
aucune,  de  silicates  alumineux  magnésiens,  décomposés 
et  friables,  au  milieu  desquels  se  rencontraient,  ici  des 
amas  plus  ou  moins  volumineux  de  fer  chromé,  et  là  des 
grains  de  ce  même  minéral,  tantôt  très  abondants,  tanttH 
plus  clairsemés  ;  c'est  évidemment  là  la  tète  profimdément 
altérée  d'un  gisement  en  roche  tel  que  ceux  que  nous 
avons  décrits  ci-dessus  auprès  de  la  baie  du  Sud.  Un 
triage  à  la  main  permet,  à  la  condition  de  ne  prendre  que 
les  portions  les  plus  minéralisées  du  gîte,  et  quitte  à  perdre 
le  reste,  qui  serait  sans  doute  parfaitement  exploitable, 
d'obtenir  sans  lavage  un  produit  d'une  teneur  de  52 
à  54  p.lOOde  sesquioxydede chrome.  Ona  ainsi  enlevé  en 
un  an  de  ce  chantier  5.000  tonnes  de  minerai  marchand, 
non  sans  gaspiller  en  outre  beaucoup  de  fer  chromé.  Dans 
ces  conditions,  l'exploitation  se  solde  encore  par  un  béné- 
fice, malgré  la  charge  d'un  transport  par  chars  à  bceufs 
jusqu'à  la  mer,  transport  qui,  à  raison  de  0  fr.  75  la 
tonne  kilométrique,  ne  grève  pas  le  prix  de  revient  de 
moins  de  6  francs  par  tonne,  pour  un  minerai  qui  vaut, 
rendu  à  bord,  50  francs  la  tonne. 

C'est  dans  les  mêmes  conditions  économiques  peu  favo- 
rables que  se  poursuit  l'exploitation  de  la  mine  voisine, 


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300  HtCHBSSBS  MINERALES  DE  LA   N0DVELLB-CALÉD0NI8 

la  mine  Bellacoacia.  Avant  d'y  parvenir,  nous  aTons  tra- 
versé le  périmètre  de  la  mine  Moracehini,  inexploitée,  sa* 
laquelle  on  trouve,  comme  nous  l'avons  m«itionné,  m 
bloc,  peut-être  en  place,  de  fer  chromé  pur  id^iqm  à 
celui  des  affleurements  de  la  mine  Ttebaghi  dont  il 
marque  à  peu  près  le  prolongement,  avec  tontefois  une 
légère  inflexion  vers  le  Sud  ;  quelques  petites  fouiUei  de 
recherchea  dans  l'argile  rouge  qui  recouvre,  là  oomme 
partout,  toutes  les  pentes  doDces  du  Sanc  de  la  mon- 
tagne, y  ont  découvert  différentes  traînées  de  fer  chromé 
en  fragments  irréguliera.  Dans  l'un  des  ravina  qui  dé- 
coupent cette  formation  argileuse  on  trouve  le  fer  chromé 
sous  une  forme  fort  intéressante,  et  assez  exceptionnelle 
puisque  c'est  le  seul  point  de  lu  colonie  où  nous  l'avon» 
rencontrée  :  cette  forme  est  celle  de  galets  roulés,  antm- 
dis,  présentant  à  peu  près  la  dimension  d'un  œuf  de 
pigeon  ;  ils  sont  d'ailleurs  très  friables  et  tombent  sous  le 
moindre  choc  en  grains  sur  les  surfaces  de  séparaUon 
desquels  se  trouvent  des  enduits  ferrugineux  ;  il  ne  parait 
pas  douteux  que  l'on  soit  )à  en  présence  do  galets  d'une 
r;iche  à  fer  chromé,  autrefois  dnre.  qui  a  été  démantelée, 
et  dont  les  débris  ont  été  roulés;  ces  débris  ont  dO  subir 
ultérieurement,  au  point  oti  ils  s'étaient  déposés,  des 
actions  atmosphériques  susceptibles  de  dissoudre  les  élé- 
ments, sans  doute  silicates,  qui  cimentaient  les  différent» 
grains  de  fer  chromé,  en  n'en  laissant  comme  résidu  que 
l'oxyde  de  fer. 

L'exploitation  de  la  mine  Bellacoscia  se  poursnit  en 
tranciiée  dans  l'argile  rouge;  celle-ci  était,  comme  pour 
les  gisements  voisins,  recouverte,  suivant  une  bande  pliu- 
ou  moins  large,  de  menus  débris  de  fer  chromé  ayant 
cette  apparence  spéculaire  que  nous  avons  déjà  signalée. 
En  pénétrant  dans  la  masse  de  l'argile  on  a  rencontré 
un  gisement  de  fer  chromé  irrégulier,  maïs  souvent 
poissant,    associé   à  des  formations    argileuses  variée*. 


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MINBBAie   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DBS   SBRPENITNBS   301 

La  fig.  6  de  là  PI.  IV  reproduit  un  croquis  que  nous 
avons  relevé  sur  la  face  latérale  de  la  tranchée  d'un 
-des  chantiers,  et  donne  une  idée  de  l'allure  de  cette  for- 
niation  :  si  quelques  traînées  telles  que  A  et  B  paraissent 
indiquer  des  dépôts  alluvionnaires,  la  masse  principale, 
avec  ses  proéminences  et  ses  parties  rentrantes,  et  avec 
368  différents  éléments  séparés  par  des  pelliculeB  d'oxyde 
<le  fer  qui  leur  donnent  souvent  une  certaine  adhérence 
entre  eux,  parait  plut6t  correspondre  à  une  décomposi- 
tion d'une  roche  chromifère  en  place,  ou  tout  au  moins 
de  gros  blocs  charriés  sur  une  faible  distance  ;  le  fer 
chromé  est  ici  contigu  à  une  masse  assez  puissante  d'une 
argile  blanche,  très  riche  en  magnésie,  et  tachée  de 
points  rouges  d'oxyde  de  fer,  qui  arrête  d'ailleurs  l'ex- 
ploitation. Le  tout  est  recouvert  d'un  manteau  de  la 
formation  ordinaire  d'argile  rouge,  qui  est  parsemé  de 
-débris  de  fer  chromé,  et  qui  contient  par  places  quelques 
rognons  cobaltifères.  C'est,  rappelons-le,  tout  près  de  là 
qu'ont  lieu  les  exploîLatioiis  de  cobalt  que  nous  avons 
précédemment  décrites. 

/>.  —  Gisements  détritiques  de  fkb  cheumé 

DU    GROUPE   DE  LA  BAIE    Noo. 

Au  Sud-Kst  de  Nouméa,  les  vallées  de  la  rivière  des 
Pirogues  et  de  la  nvière  Ngo  se  montrent  encore  parti- 
culièrement riches  en  fer  chromé,  et  des  exploitations 
s'y  sont  poursuivies  d'une  façon  continue  depuis  près  de 
vingt  ans. 

Dans  la  première  de  ces  vallées,  elles  étaient  actives 
il  y  a  quelques  années  (sur  les  mines  Joséphine,  Chrome- 
liouge,  etc.),  mais  aujuurd'hui  elles  sont  interrompues 
parce  que  les  minerais  les  plus  riches,  minerais  du  type 
dit  11  chrome  d'allnvions  »,  sont  épuisés,  et  parce  que  l'on 
n'a  pas  cru  devoir  entreprendre  jusqu'ici  l'exploitation  des 


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302  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NOOVELLE-CALÉDOKIE 

minerais  en  roche,  parait-il  assez  riches,  qui  y  sont  encore 
connus  ;  il  ne  reste  qu'une  exploitation  aujourd'hui  ouverte 
dans  le  bassin  de  la  rivière  des  Pirogues,  encore  est-elle 
si  voisine  du  bassin  de  la  rivière  Ngo  que  c'eat  par  la 
vallée  de  celle-ci  que  ses  produits  sont  évacués. 

Dans  cette  dernière  vallée  il  a  également  été  fait  déjà 
des  extractions  assez  importantes,  et  les  deux  mines  en 
activité  au  moment  de  notre  passage  n'étaient  pas  loin 
d'être  épuisées.  A  la  mine  i4  Juillet,  située  à  5  kilo- 
mètres de  la  mer  sur  la  rive  droite  de  la  vallée,  on  a 
exploité,  au  milieu  des  argiles  rouges,  une  sorte  de  banc 
irrégulier  de  «  chrome  d'alluvions  »  d'une  cinquantaine 
de  mètres  de  longueur  et  d'une  largeur  maxima  de 
40  mètres;  il  était  constitué  par  des  fragments  juxta- 
posés de  fer  chromé  très  pur  avec  interposition  de  très 
peu  d'éléments  étrangers,  si  bien  qu'il  livrait  du  minerai 
brut  à  54  et  55  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome. 
Après  avoir  épuisé  ce  banc,  on  a  encore  trouvé  par  places 
de  petites  traînées  de  minerai  que  l'on  achève  d'enlever; 
on  s'assure  en  outre,  en  exécutant  de  distance  en  dis- 
tance des  sondages  à  la  main,  qu'il  n'existe  pas  d'autres 
bancs  semblables  dans  la  couche  d'aigle  qui  est  laissée 
au-dessus  des  serpentines  compactes,  et  qui  dépasse 
encore  souvent  10  mètres  d'épaisseur.  Dans  ces  mêmes 
argiles  on  a  rencontré  à  peu  de  distance  un  peu  de  mine- 
rai do  cobalt  dont  on  tente  l'exploitation. 

La  mine  Georges  Pile,  qui  est  située  tout  au  fond  de 
la  vallée,  dans  le  cirque  oii  la  rivière  Ngo  prend  sa  source, 
a  comporté  des  travaux  plus  développés,  dont  l'examen 
est  d'ailleurs  instructif  au  point  de  vue  du  mode  de  for- 
mation du  gisement;  le  minerai  s'étageait  le  long  de  la 
pente  assez  raide  de  la  montagne,  entre  les  cotes  235  et 
325,  et  sur  une  cinquantaine  de  mètres  de  largeur.  Au 
sommet  de  la  montagne,  ou  du  moins  à  fort  peu  de  dis- 
tance de  la  Crète  en  descendant  vers  le  versant  de  la 


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MINBRAIS  Associés  A  LA  FORMATION  DES  SERPBNTINB8  303 
rivière  Ngo,  on  voit  affleurer,  au-dessous  de  la  couche 
d'argile  rouge  qui  recouvre  le  sol  et  au  milieu  des  ser- 
pentines qui  constituent  le  massif,  une  tète  de  roche 
chromifère  constituée  par  des  grains  de  fer  chromé  dis- 
séminés dans  une  p&te  silicatée;  descendant  la  pente  et 
parcourant  ainsi  de  haut  en  bas  les  travaux  de  la  mine, 
on  voit  d'abord  dominer,  au-dessus  de  la  serpentine  en 
place,  les  blocs,  à  peine  décomposés  et  légèrement 
friables,  de  cette  roche  chromifère,  ils  sont  recouverts 
d'une  faible  épaisseur  d'argile  rouge  stérile;  plus  bas, 
Téboulis  comprend  à  la  fois  des  blocs  serpentineux  et 
des  blocs  chromifères,  mais  à  res  blocs  s'associent  ^es 
fragments  plus  petits  de  roche  chromifère  qui  sont  suffi- 
samment altérés  pour  que  le  fer  chromé  en  soit  aisé  à 
séparer  par  lavage  ;  le  tout  est  d'ailleurs  empâté  dans  une 
argile  magnésienne  grasse,  bigarrée,  dont  certains  lits 
sont  riches  en  grains  de  fer  chromé.  Plus  bas  encore  les 
biocs  éboulés  que  l'on  rencontre  reposant  sur  la  roche 
Mous-jacente  ne  sont  plus  que  des  blocs  de  serpentine, 
généralement  altérés,  et  transformés  en  une  sorte  d'ar- 
gile magnésienne  qui  garde  encore  la  couleur  et  la  con- 
figuration de  la  péridotite  serpentinisée,  mais  qui  n'a  plus 
aucune  consistance;  les  blocs  chromifères  ne  se  retrouvent 
plus,  même  à  l'état  friable,  mais  ils  font  place  à  une  traî- 
née très  riche  en  grains  de  fer  chromé  au  sein  de  l'argile 
ronge,  traînée  dont  l'épaisseur  atteint  par  places  1  mètre 
et  même  plus,  et  dans  laquelle  l'argile  renferme  souvent 
plus  de  la  moitié  de  son  poids  de  grains  de  fer  chromé. 
En  continuant  encore  à  descendre  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, on  voit  cette  traînée  chromifère  s'effiler,  se  bifur- 
quer, et  se  perdre  en  quelques  petits  amas  de  moins  en 
moins  riches.  Un  tel  gisement,  que  la  p.g.  7  de  la  PI.  IV 
représente,  d'une  manière  schématique  mais  aussi  fidèle 
que  nous  avons  pu,  manifeste,  d'une  façon  qui  n'est  nulle- 
ment douteuse  à  nos  yeux,  quelle  a  été  sa  genèse.  Tan- 


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304  aïOHBSSES   UINÉRALES   DE   LA  NODVBLLB-CALÉDOMB 

iUs  que  l'érosioa  et  la  itécomposition  de  la  péridoiito 
iloanaieut  lieu  à  l'éboulemeiit  le  long  du  flanc  de  la  men- 
t^De  de  blocs  eerpentineux,  les  uiy  frais,  lea  autrei 
truisformés,  ou  deyaot  se  transformer  ultérieurement,  en 
une  pâte  magoésieDoe,  et  à  la  fonoatioit  d'un  maateaa 
li'argile  rouge,  les  tnênieii  effets,  «'exerçant  aur  U  léte 
<lo  roche  chromifère  que  l'on  voit  en  place,  et  qui  semble 
avoir  ét^  particulièrement  accessible  aux  actions  destruc- 
trices, n'ont  laissé  îatacts,  ou  à  peu  près,  que  quelquei 
blocs  entraînés  à  peu  de  distance  et  rapidement  englobée 
<Ian&  l'argile,  tandis  que  les  autres  se  désaigrégeaient : 
leurs  matières  silicatées  étaient  partiellement  dissoutes 
<^t  partiellement  entraînées  mécaniquement  à  plus  on 
moins  longue  distance,  les  grillas  inultaquablcs  et  lourd) 
(le  fer  chromé  se  précipitaient  au  contraire  tels  quels  an 
milieu  des  éléments  qui  formaient  l'agile  rouge,  et  J 
constituaient  une  traînée  qui,  puissante  an  voisinage 
môme  du  gisement  de  la  roche  mère,  s'amincissait  d'au- 
tant plus  rapidement  en  descendant  que  le  fer  chromé, 
eu  raison  de  sa  densité,  se  précipitait  et  se  âxail  plos 
vite.  Ajoutons  que  la  formation  argileuse  et  magné- 
sienne, loin  d'être  homogène  comme  elle  le  parait  à 
la  surface,  se  montre  tonjour»  zonée  et  veinée  de  cou- 
leurs variées,  correspondant  sans  doute  à  1^  présence 
dominante  de  tel  ou  tel  métal  dans  les  matériaux  qui  se 
déposaient  ;  le  plus  souvent  elle  est  rouge  ou  jauiie,  mais 
parfois  aussi  on  y  relève  des  traînées  colorées  en  vert 
pâle  piu*  un  peu  de  nickel  ou  bien  noircies  par  de  l'oiyde 
(le  mauganèse  ;  on  y  constate  aussi  la  présence  de  traces 
iroxyde  de  cobalt;  enfin  de  minces  traînées  de  produits 
talqueux  y  sont  fréquentes. 

Ce  gisement,  dont  l'exploitation  est  presque  terminée 
aujourd'hui,  a  donné  lieu  à  l'ouverture,  sur  toute  la  lar- 
geur de  la  traînée  chromifère  qui  ne  dépasse  guère  50  à 
(iO  mètres,  d'une  série  do  chantiers  en  gradins,  qui,  après 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   305 

avoir  enlevé  la  couche  argileuse  stérile,  ont  permis 
l'exploitation  de  fontes  les  parties  chromifères  friables. 
On  a  ainsi  obtenu  un  rainerai  constitué  de  petits  grains 
de  fer  chromé,  cristauji  de  1  k2  millimètres  de  côté  en 
général,  empâtés  d'argile  en  proportion  de  moitié  à  peu 
près.  Dans  ces  conditions  le  complément  indispensable  de 
l'exploitation  était  un  atelier  de  lavage  ;  il  a  été  établi,  à 
3  kilomètres  plus  bas  dans  la  vallée,  en  un  point  où  l'eau 
était  assez  abondante  pour  suffire  non  seulement  au 
lavage,  mais  encore  k  la  production,  au  moyen  d'une  roue 
hydraulique,  delà  force  motrice  nécessaire,  La  mine  est 
réunie  a.  la  laverie,  et  colle-ci  l'est  au  bord  de  la  mer,  par 
deux  sections  de  tramway,  longues  respectivement  de  3 
et  5  kilomètres,  et  qui  ne  sont  munies  que  de  rails  en 
bois  ;  le  transport  du  minerai  s'j'  fait  à  l'aide  de  che- 
vaux. 

Le  lavage  comprend  d'abord  un  criblage  k  la  maille  de 
i/2  centimètre,  à  la  suite  duquel  on  rejette  toutes  les 
matières  qui  refusent  de  traverser  cette  maille,  et  qui  ne 
peuvent  contenir  que  du  fer  chromé  impur,  en  raison  de  la 
finesse  de  son  grain;  puis  on  procède  à  im  débourbage 
sur  une  sorte  de  «  round-buddle  »,  auge  circulaire  à  fond 
incliné  dans  laquelle  tournent  des  palettes  conduites  par 
un  arbre  vertical,  et  qui  est  parcourue  par  un  abondant 
courant  d'eau;  une  vanne  permet  de  faire  tomber  de 
temps  en  temps  les  parties  lourdes  qui  se  rassemblent  au 
fond,  et  qui,  après  égouttage,  constituent  le  minerai  pur. 
tenant  souvent  jusqu'à  55  p.  100  de  sesquioxyde  de 
chrome  ;  les  parties  entraînées  par  l'eau  passent  dans  un  ' 
long  sluice  en  bois  oii  elles  déposent  des  produits  mixtes 
qui  sont  relavés.  La  laverie,  qui  comprend  trois  rouiid- 
buddle,  peut  laver  environ  -i  tonnes  de  minerai  brut  à 
l'heure  et  produire  ainoi  ii  k2ï'y  tonnes  de  minerai  lavé 
par  journée  de  douze  heures.  L'eiploitation,  autrefois 
?s8ez  active,  était  en  diminution  marquée  au  moment  de 


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306  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOVVBLLB-CALÂDONIB 

notre  passage,  en  raison  de  répuisement  des  ressource» 
connues  ;  elle  n'employait  que  23  hommes  en  tout. 

Un  échantillon  dû  minerai  prodnit  que  nous  avons  ana- 
lysé contenait  : 

Perte  an  feu 0,* 

_  ,  . ,    .       ,        ..       (  SflsquiokTde  de  fer  et  alumine..  3,8 

Soluble  aanK  les  acides.  )  ..       ,  . 

j  Magnésie 0,( 

i  Silice 5,1 

,  ,,                          I  Sesquioxvde  de  chrome M,t 

'»"'"''" IProloJjd.defer n.t 

\  Magnésie  et  alumtne %J^ 

11  ne  reste  en  activité  actuellement,  comme  ezploitatioit 
appartenant  au  bassin  de  la  rivière  des  Pirogues,  que  ta 
■  mine  Alice-Louise  (Voir  la  /ig.  3  de  la  PI.  IV),  sitaée 
dans  la  vallée  de  la  rivière  Naporérédjeimé,  non  loin  des 
sommets  sur  le  versant  sud-oriental  desquels  se  trouvent 
les  mines  Bonne-Veine,  la  Trhaux,  etc.,  et  au  pied  d'nn 
col  derrière  lequel  roule  la  rivière  Ngo;  c'est  d'aillêiiTS 
en  franchissant  ce  col  par  tm  transporteur  que  les  mine- 
rais de  cette  mine  sont  desc«ndus  au  bord  de  la  mn-  le 
long  de  la  vallée  de  ta  rivière  Ngo. 

Le  gisement  de  la  mine  Alice-Louise  est  le  plus  pais- 
sant des  gisements  de  fer  chromé  d'origine  détritique  que 
nous  ayons  été  à  même  d'examiner  en  Nouvelle-Calédonie; 
il  est  surtout  remarquable  par  la  hauteur  verticale  sur 
laquelle  se  rencontre  le  minerai,  comme  si  les  fragments 
entraînés  par  les  eaux  s'étaient  précipités  dans  quelque 
gouffre  profond  ouvert  sur  leur  passage.  L'exploitation, 
qui  a  lieu  au  voisinage  dn  thalveg  de  la  vallée,  s'est  en 
effet  développée  en  carrière  il  ciel  ouvertjusqu*^  22  mètres 
de  profondeur.  Ouverte  en  1895,  elle  se  poursuit  encore 
anjourd'hui  avec  une  production  de  2.500  tonnes  par  an; 
elle  aurait  livré  depuis  le  début  30.000  tonnes  de  minerai, 
dont  la  teneur  aurait  varié  de  50  i  52  p.  100. 


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MUfBRAIS    A8SOCISS   A  LA    FORMATION    DBS    SKSPBUTIN&S   S07 

Le  giaement,  c^mme  noM  l'aTonB  dit,  se  trouve  à  peu 
(le  disianee  du  thalwftg  d'une  vallée  qui,  ians  être  large, 
D'«et  c«[)eRdant  pas  étroitetnaat  encaîieée,  etlee  travaux 
se  développent  dans  un  sol  dont  la  surface  présente  uoe 
pente  Felativement  faiUe.  Ce  5ol  esut  entièrement  conati- 
toé  par  un  puissant  dépftt  d'argile  ronge,  recouvert,  le 
plus  souvent,  de  grains  ferrugineux,  mais  parfois  ausai, 
cfrnime  au  point  où  l'exploitation  a  lieu,  de.  fragments  de 
fer  chromé  plus  ou  moins  volumineux.  En  s'enfonçant 
dans  le  sol,  on  a  d'abord  rencontré  au  milîMi  de  l'argile 
rouge  des  poches  isolées  de  minerai  en  gros  fragments  ; 
plus  bas,  mai»  Mnijonrs  dans  l'argiie,  dont  la  cooleur  varie 
d'ailleurs  du  brun  au  rouge  et  au  janne,  apparaît  use 
couche  assez  constante  de  grain»  neira  ferrugineux  et  man- 
g^nésifères  pkis  ou  moins  agglomérés  en  rogn<m8  ;  puis 
au-dessous  viennent  des  traînées  4e  fer  chromé,  en  petits 
gnrins  leplos  soiivent 'octaédriques  :  ces  trafnées  affectent 
des  formes  peu  régulières:  lanMit  elles  sont  de  faible 
dimensione  et  de  formes  allongées,  groupées  en  assez 
graind  nombre  sur  une  hauteur  de  3  k  3  mètres,  comme  le 
moB^  la  fig.  8  de  la  PI.  IV  ;  tantôt  ce  sont  des  masses 
plus  puissantes.  Plus  bas  la  formation  devient  plos 
irrriguliére  encore,  et  complètement  Wgarrée  ;  elle  pré- 
sente, d'une  faç^n  qui  ne  peut  gnère  laisser  de  doutes  sur 
l'int^^irétation  à  donner  k  cette  apparence,  l'apparence 
de  blocs  de  serpentine  plus  ou  moms  roulés  qui  auraient 
5ubi  B«r  place  une  décomposiUon  complète,  réduisant  tons 
les  éléments  en  produits  de  connstance  argileuse  et  diver- 
sement colorés  de  brun,  de  rouge,  de  ncnr,  de  verditre,  etc. 
Entre  ces  argiles  bigarrées  ae  développent  et  se  ramiâent 
ties  amas  w»v»  de  fer  chromé,  tantAt  en  grains  absola- 
mant  contigus  qui  semblent  s'être  déposés  dans  les  inter- 
vidles  des  'Uoes  ro(Jieax  qui  devaient  ensuite  se  trans- 
forioer  en  argile,  tantôt  en  fragments  emp&tés  d«is  une 
plus     oti    moins  grande  quantité  de   produits    silicates 


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308  RICHESSES   HIKÉRALBS  DE  LA   NODVELI^-CALBDONIB 

friables,  paraissant  provenir  de  blocs  de  roche  cliromifère 
qui  auraient  été  transformés  tout  comme  la  serpentine. 

Les  quantités  de  fer  chromé  ainsi  concentrées  sont 
généralement  suffisamment  importantes  pour  justifier 
l'abatage  du  tout  :  on  parvient  de  la  sorte  jusqu'à  des 
profondeurs  d'une  vingtaine  de  mètres,  en  atteignant 
soit  la  serpentine  compacte,  soit  un  banc  d'argile  rouge 
que  des  sondages  ont  montré  être  stérile  ;  d'autres  fois 
on  s'arrête  à  une  profondeur  où  l'épuisement  des  énormes 
fosses  creusées  par  l'exploitation  devient  trop  difficile. 

C'est  dans  ce  gîte,  fort  irrégulier,  comme  on  peut  en 
juger  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  se  pour- 
suit une  exploitation  non  moins  irréguhère;  elle  comporte 
le  creusement  dans  l'argile  de  fosses  de  formes  variées, 
s'enfonçant  par  gradins  dans  tous  les  points  oii  l'exploi- 
tation est  rémunératrice,  c'est-à-dire  dans  ies  points  où 
l'on  arrive  à  extraire  an  moins  1  mètre  cube  de  minerai 
brut  pour  3  ou  4  mètres  cubes  de  stérile.  L'exploi- 
tation est  parvenue  actuellement  à  23  mètres  de  pro- 
fondeur ;  la  nature  grasse  du  terrain  protège  assez  bien 
les  excavations  contre  l'afflux  des  eaux  courantes,  et 
ce  ne  sont  guère  que  les  eaux  de  pluie  qui  s'y  préà- 
pitent  ;  l'assèchement  des  gradins  supérieurs  est  assuré 
par  des  tunnels  ;  mais,  pour  les  gradins  inférieurs,  cela 
n'est  plus  possible,  et  ils  ne  restent  découverts  que 
lorsqu'il  ne  pleut  pas  trop.  Le  minerai,  abattu  à  la  pelle 
et  à  la  pioche,  est  ensaché  et  remonté  au  niveau  de  la 
surface  par  un  treuil  àbras;  puis  ilestroulé  par  tramvay, 
sur  800  mètres  environ,  jusqu'au  pied  d'un  transporteur 
aérien  qui  lui  fait  franchir  le  col  qui  sépare  la  mine 
Alice-Louise  de  la  vallée  de  la  baie  Ngo,  par  oii  se  fait 
l'expédition  du  minerai,  et  où  s'en  fait  le  lavage  à  la 
faveur  d'un  cours  d'eau  suffisamment  abondant  et  sur- 
tout suffisamment  permanent,  Le  transporteur,  long  de 
2.300  mètres,  ne  présente  pas  entre  ses  deux  extrémité 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA  FORMATION  DBS   SERPENTINES   309 

une  difTérence  de  niveau  suffisante  pour  pouvoir  ôtre 
automoteur;  U  est  actionné  par  une  petite  machine  à 
vapeur  placée  à  la  laverie  ;  celle-ci  assure,  comme  celle 
(le  la  mine  Georges-Pile,  un  simple  débourbage  du  minerai 
brut,  qui  ne  rend  pas  plus  de  50  p.  100  en  poids  de 
minerai  marchand,  à  une  teneur  variant  de51  à  52p.  100. 
Le  minerai  lavé  est  descendu,  par  le  tramway  dont  nous 
avons  déjà  mentionné  l'existence,  jusqu'à  la  baie  Ngo,  oii 
il  est  embarqué. 

La  mine  occupait  au  moment  de  notre  passage,  avec 
tous  ses  services  accessoires,  environ  55  ouvriers  ;  elle 
produisait  en  moyenne  220  tonnes  par  mois,  soit  à  peu 
près  10  tonnes  par  jour  de  travail. 

E.  —  Autres  gisements  de  fer  chromé. 

Fréquents  sont,  sur  toute  l'étendue  de  la  formation 
serpentineuse,  les  gisements  de  fer  chromé  d'origine 
détritique  que  nous  avons  rencontrés  en  parcourant  la 
colonie,  et  fréquents  aussi  sont  sans  doute  ceux  qui 
seraient  exploitables  ;  néanmoins,  les  seules  exploitations 
en  activité  au  moment  de  notre  passage  étaient  celles  du 
dôme  de  Tiebagbi,  celles  du  groupe  de  la  baie  Ngo,  celle 
de  la  baie  Ouié  et  enfin  celles  des  environs  de  la  rivière 
de  Pourina  situées  à  une  quarantaine  de  kilomètres  au 
Nord  de  ces  dernières. 

Après  avoir  donné  quelques  indications  sur  les  premières 
d'entre  ces  exploitations,  qui  sont  de  beaucoup  les  plus 
importantes,  puisque  celles  des  deux  derniers  groupes 
n'ont  pas  produit  ensemble  en  1901  plus  de  1.500  tonnes 
de  minerai,  nous  mentionnerons  différents  autres  gise- 
ments que  noua  avons  pu  examiner  ;  cela  montrera  bien 
que,  si  le  fer  chromé  est  particulièrement  abondant  dans 
deux  massifs  qui  sont  précisément  riches  aussi  on  cobalt, 
à  savoir  le  massif  du  dôme  de  Ticbaghi,  et  le  massif  qui 


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310  RtCHBSSBS-  mNKRALM  DB  LA  N0[9V£LLB-CAI.ftD0NIB 
ae  dév^oppe  en  étoile  «ntre  les  valtéeade  la  rÎTiére  doB 
PiroguM,  de  la  rivière  Kgo,  dw  diftéreais  ruissaaux 
qui  se  jettent  dam  la  bsi»  du  Sud^,  et  de  U  rivièro  dos 
Lacs,  il  existe  paiement,  et  «on  paji  •etUementi  a.  titre 
de  minéral  intéressé  va  point  de  -nm  géologique,  mais 
bien  comme  minem  éventuellemeot  «x^rà^bte,  dans 
beaucoup  d'autree  points  ;  «t  celu  fers  voir  en  même  temps 
qu'il  peut  égalem«ut  se  rencontrer  dans  les  serpentiBes 
riches  en  nickel. 

Nous  rappelons  d'abord  que  nous  avons  signalé  la  pré- 
sence du  chrome  en  rocfae,  peut-être  susceptible  d'dtre 
exploité,  à  Saint-Vincent  daus  use  rallée  où  les  gisements 
de  nickel  sont  nombreux,  et  près  de  Bourail  tout  à  cdté 
de  la  mine  de  nickel  Heau-Soleil,  et  que  M.  Gamier  en 
supputait  l'exploitation  au  nKmt  Dore  dans  le  massif  même 
oîi  le  minerai  de  nickel  a  été  trouvé  pour  la  première 
fois;  l'exploitation  du  fer  chromé  a  d'ailleurs  été  tesWe 
autrefois  iIars  ce  uiMeif. 

D'autre  part,  nous  nt^rtionnerons  que  nous  aTona  trouvé 
in  fer  cbromé  en  shondaiure  dans  les  saUes  de  la  petite 
rivière  Fouendou  prèsde  Néjmui,  provenant  apftaremmeni 
de  quelque  gisement  plus  on  moins  impoKànt,  et  que,  dans 
l'une  dev  carrières  aujourd'lnii  abandoanées  de  la  raine 
la  Durée  k  Kouaoua,  oti  avait  rencontré  un  filon  de  fer 
chromé  dont  il  avait  été  abattu  quelques  beaux  blocs  de 
minerai.  En  parcourant  W  régions  riches  en  nickel  delà 
haute  vallée  de  la  Oitonghî,  nous  avons  observé,  dans 
l'une  des  traînées  relativement  peu  fréquentes  d'aide 
rouge  qui  se  rencontrent  dans  ce  massif  oii  los  pentes  des 
montagnes  sont  fort  raides,  un  dépôt  de  fer  chromé  du 
même  type  que  ceux  que  l'on  exploite  sous  le  nom  de 
chrome  d'alluvions  ;  enfin,  auprès  de  la  Dumbéa,  noos 
avons  vu  poursuivre  des  recherches  pour  nickel,  pour 
cobalt  et  pour  chrome  sur  le  même  périmètre,  et,  si  elles 
n'avaient  pas  abouti  à  des  résultats  satisfaisants,  elles 


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MIHSIUJS   ASSOCUtS  4  LA   FOBliATION   DSS   SBBPENTINBS  311 

a,vaÂenb  néaffmoina  mcuitré  IVxisteoc«,  siioultanée  de  quaif- 
4it43  ûotabl^s  de  mioiM'aiA.  des  trois  oiétaux. 

i)".   —   SiTDATlÛN   IfÇONOMIQCli   DES   EXPLOITATIONS 
QE   Smt  CHfiOUB. 

L^  qi^lqitôs  détaijff  qu/s  oç.ua  veouos  i)fi  donoer  montrent 
■çoRibiei)  sont  diverses  le^i  conditions  économitiueB  dans  les- 
x^u^Ues  se  trouvent  les  différents  gisements  que  nous 
avons  signalés  :  i^ue  le  fçi:  cbronié  s'y  rencontre  en  roche 
ou  sous  la  forme  d'élémçnts  déteitiques,  les  frais  d'aba- 
tage  sont  très  variables  avoc  la  puissance  et  la  régularité 
■du  gite,  ils  sont  il'aUleurs  toujours  notablement  plus 
faibles  d^ns  le  deuxième  cas  q.ue  dans  le  premier  ;  les 
frais  de  lavage  sont  à  ajouter  aux  frais  d'abatage  lorsque 
Iç  minerai  n'est  pas  assez  pur  pour  être  marchand  tel  quel, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  ae  tient  pas  au  moins  50  p.  100  de 
seaquiozyde  de  chromç.  Les  frais  d'extraction  proprement 
dite  n'existent  généralement  point,  ils  sont  reuipLacés, 
•comme  d^ns  presque  toutes  les  exploitations  de  la  colo- 
pje.  par  des  frais  de  descente  au  bord  de  la  mer,  frais  qui, 
gràcB  à  l'emploi  <lo  plans  inclinés  aériens,  sont  assez 
faibles;  il  faut  d'ailleurs  y  ajouter  les  frais  d'eiisachage. 
Euân  un  élément  capital  du  prix  de  revient  est  constitué 
par  les  frais  de  transport  du  pied  de  la  miiie  jusqu'au 
i>ateau  qui  doit  emporter  le  minerai  :  ceux-ci  comprennent 
presque  toujours,  d'une  part,  un  trajet  de  plusieurs  kilo- 
mètres par  voie  de  terre  et,  d'autre  part,  un  chalan- 
■dage  ;  ces  dépenses  varient  naturellement  du  tout  au  tout 
avec  la  situation  géographique  du  gisement. 

Malgré  les  variations  que  subissent  tous  ces  éléments 
-du  prix  de  revient,  nous  fournissons  à  litre  d'indication 
les  quelques  chififrcs  qui  suivent  et  qui  sont  relatifs  à 
J'expWitatiçm  du  «  chrome  d'alluvions  ».  Pour  les  mines 
<le  fer  chromé  en  roche  nous  n'avons  aucune  donnée  : 


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312   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA  NODVELLE-CALÉDONIE 

rexploitaliou  n'en  a  été  tentée  que  rarement  et  jamais 
avec  un  succès  durable,  mémo  au  début  alors  que  le 
minerai  valait  à  peu  près  le  double  de  ce  qu'il  vaut  aujour- 
d'hui, mais  aussi  alors  que  les  conditions  générales  d'ex- 
ploitation étaient  plus  onéreuses.  Il  semble  cependant  que 
l'on  puisse  dire  qu'à  moins  de  conditions  réellement  favo- 
rables au  point  de  vue  du  lavage  dn  minerai  {installation 
d'une  laverie  travaillant  dans  des  conditions  économiques 
et  donnant  un  bon  rendement)  et  du  transport  (création 
d'une  voie  ferrée  dont  les  frais  de  premier  établissement 
ne  seraient  pas  trop  élevés  et  pourraient  être  répartis 
siu-  un  tonnage  très  important),  l'exploitation  d'un  raine- 
rai on  roche,  qui  n'aurait  pas  à  l'état  de  tout  venant  une 
teneur  commerciale,  n'apparaît  guère  comme  devant  être 
rémunératrice.  Les  frais  d'abatage  seront  en  effet  tou- 
jours assez  élevés,  d'autant  plus  que  l'on  manque  de  bons 
iiiineura  et  que  l'on  est  obligé,  d'avoir  recours  à  des 
mineurs  australiens  que  l'on  paie  fort  cher  ;  s'ils  devaienl 
se  rapporter  à  im  minerai  ne  rendant  en  fer  chromé 
marchand  que  moitié  de  leur  poids,  comme  cela  a  été  le 
cas  pour  certaines  tentatives,  et  cela  après  une  dépense 
plus  ou  moins  importante  de  broyage  et  de  lavage,  lo 
prix  de  revient  augmenterait  immédiatement  dans  une 
large  proportion.  Si,  au  contraire,  on  peut  extraire  immé- 
diatement, d'un  amas  ou  d'un  filon  d'une  puissance  suffi- 
sante pour  éviter  des  travaux  au  stérile  sérieux,  du 
minerai  marchand  qu'il  n'y  ait  qu'à  expédier,  il  semble 
qu'une  exploitation  doive  pouvoir  prospérer,  et  il  est 
vraisemblable  que  pareille  tentative  sera  faite  à  plus  ou 
moins  bref  délai  sur  les  beaux  affleurements  que  nous 
avons  signalés. 

Dans  les  gisements  dits  "  d'alluvions  »,  oii  l'exploita- 
tion ne  comporte  ([ue  des  travaux  de  terrassement  dans 
lies  terres  de  consistance  argileuse,  les  frais  d'abatage 
sont  généralement  faibles,  bien  que  la  dépense  d'abatage 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION  DES   SERPENTINES  313 

du  minerai  proprement  dit  soit  chargée  des  frais  corres- 
pondant a.  l'enlèvement  des  terres  de  recouvrement  et 
des  parties  stérifes  entre  lesquelles  se  trouvent  les  traî- 
nées riches.  En  pratique  on  n'hésite  pas  à  abattre  3  ou 
i  mètres  cubes  do  ces  terres  pour  extraire  1  mètre  cube 
de  minerai,  on  va  mèipe  parfois  jusqu'à  5  ou  6  mètres 
cubes  de  stérile  pour  1  de  minerai;  les  ^ais  d'aba- 
tage  du  mètre  cube  variant  entre  1  et  3  francs,  on 
voit  que  l'abatage  du  minerai  peut  coûter  en  moyenne 
de  5  à  8  francs  par  mètre  cube.  Exceptionnellement 
un  tel  mètre  cube  de  minerai  brut  se  trouve  être 
marchand  tel  quel,  il  constitue  alors  un  poids  de  3  à 
4  tonnes  de  fer  chromé  ;  le  plus  souvent  il  doit  être 
lavé  et  peut  rendre  de  1  à  2  tonnes  de  minerai  mar- 
chand. Les  frais  d'ensachage  et  de  descente  jusqu'au 
pied  de  la  mine  sont  très  variables,  ils  représentent, 
comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus,  assez  peu  de  chose  comme  frais  do 
main-d'œuvre;  mais  ce  qui  intervient  surtout,  c'est  l'amor- 
tissement des  installations,  et  celui-ci  doit  souvent  être 
réparti  sur  un  petit  nombre  de  milliers  de  tonnes,  quand 
le  gisement  est  peu  étendu,  comme  c'est  le  cas  pour  plus 
ij'un  de  ces  gisements  de  fer  chromé;  en  comptant  nno 
charge  moyenne  de  10  francs  par  tonne  de  minerai  mar- 
chand tant  pour  les  frais  courants  que  pour  l'amortisse- 
ment et  l'entretien  des  installations,  on  est,  k  notre  avis, 
ù  peu  près  dans  la  moj'enne.  Le  lavage  du  minerai, 
lorsqu'il  a  lieu,  comporte  des  frais  de  main-d'œuvre 
notables,  fréquemment  des  dépenses  de  combustible 
(généralement  du  bois  que  l'on  peut  se  procurer  sur  place 
a.  bas  prix),  et  une  charge  d'amortissement  souvent  impor- 
tante, surtout  lorsque  l'on  est  amené  à  dépenser  plusieurs 
dizaines  de  milliers  de  francs  (nous  avons  déjà  mentionné 
combien  est  élevé  le  prix  de  la  moindre  installation  méca- 
nique) pour  l'installation  d'une  modeste  laverie.  II  est  donc 


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^4   BJCHISSBIl  UUjKBjVLRS  9B   là   HOQVSLLK-CâLÉDONIB 

assez  rare  que  le  If^vqge  rovi^nne  h.  moiQs  de  10  fraiif^ 
par  tonus  environ.  QuMit  au  transport  à  la  qoer,  9,'U  * 
lieu  par  les  routes  de  terr^,  qui  suQt  le  plus  aouvenjt  d^ 
UD  état  d'entretien  déplorable,  il  ne  coûte  pas  luoiq^.  de 
C'iîo  à.  1  &ai)c  par  Umae  kilométrique  ;  si,  ag  coubraire,  il 
a  lieu  par  tramway,  1ibs  frais  coupants  en  août  très  ré<luiu. 
aux  dépens  d'une  charge  d'aroorUssemapt  qui,  éYaiaée 
par  tonne,  varie  en  raison  iuv^rse  de  La.  quiifîtité  dç.nitfi^ 
rai  à  ex(raii-e  ;  en  reptrenont  les  cbiffres  que  nous  avoiu 
déjà  donnés,  de  15  à  20.ÛOO  francs  par  lulunièbre,  comue 
représentant  les  fnùs  d'installation  d'un  trainwa^',  on  toit 
-qu'il  n'y  a  ijitérèt  à  La  création  d'un  tramway  que  lors- 
^^u'on  doit  extraire  plusieurs  dizaines  de  oiijiiers  de 
tonnes.  Ënân  Les  frais  de  cbalandage  jusqu'au  bateau  qui 
-doit  emporter  le  minerai  représentent,  nous  l'avons  # 
déjà,  de  3  à  5  fraAC*  par  tonne. 

Dans  ces  conditions  le  prix  de  revient  par  tonne  de 
minerai  marchand  peut  varier,  pour  une  ezploitatioo  mor 
-deste  placée  dans  des  conditions  moywnes,  çntre  les 
limites  suivantes  : 

Abalage  (par  loane  de  miaerai  wardjand).  S  à  10  fr&ncs 

Frais  d'ensachoge  et  de  descente 10      — 

Frais  de  lavage,  s'il  y  a  lieu 10  à  15      — 

Praia  de  transport  et  de  chataDdage 10      — 

Le  prix  d'achat  en  Nouvelle-Calédonie  des  minerais  de 
■chrome  variant  actuelle  luçut  entre  50  et  60  francs  la 
tonne,  suivant  la  teneur,  on  voit  que,  pour  une  explyiu- 
tion  astreinte  au  lavage  du  minerai,  il  reste  peu  de  marge 
pour  réaliser  un  bénéfice,  à  moins  que  des  conditions  de 
gisement  favorables  ne  permettent  d'abaisser  les  frais 
spéciaux,  ou  de  diminuer  les  charges  d'amortissement  par 
une  répartition  des  dépenses  «ur  un  grand  nombre  de 
milliers  de  tonnes. 

C;  dernier  point  est,  à  notre  avis,  un  de  ceux  qui  ne 


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MISBRAIS  Associés  A  LA   FORUATION   DBE  SEBPBNTINBS  315 

-devraieat  paa  Atre  perdus  de  vue,  mais  qui  l'est  trop  aour 
vent:  U  y  aurait  fpéquennnent  intérêt  pour  le  prupriétaice 
4'un»  HÙne  à  chercher  à  en  tirer  tout  ce  qu'elle  peut 
(lonaer,  wi  l'aaiéœigeant  avec  soin  de  manière  à  exploiter 
B0n  pafl  aeuleio«Qt  aae  petite  région  particuJièreweDt 
riche,  «ws  eaeore  les  witrea  partie»  qui,  bien  qoa  moios 
fovMriséee  par  le*  conditioBs  natureUea,  pourraieut  être 
prise»  avec  proât  par  ce  seul  fait  qu'une  partie  des  ins- 
tallations serait  déjà  payée  par  l'exploitatioa  de  la  por- 
tioii:  la  phw  riche,  et  que  d'autres  ioatallatioas,  telles  que 
-celles  de  moyeus  de  transport  économiques,  seraient  jus- 
li&éee  par  la' perspective  de  Leur  utilisation  poiur  un  too- 
oagQ  suffisant.  Il  faudrait,  nous  sommes  encore  une  fois 
-OHiduit  à  le  répéter,  que  Les  exploitatioos  sùaières 
{uBsest  précédées  d'une  étude  ua  peu  séi'iouse  du  giso- 
weat,  puis  eatrepriaes  et  pourtuivies  avec  plus  de  pré- 
voyance qu'eltes  ne  le  sont  généralement,  et  cela  par  un 
«oncessioiaAaife  soucieux  d'exploiter  en  boa  père  de  fa- 
uâlle  la  nchesse  qui  lui  a  été  concédée,  plutôt  que  par 
un  amodiataire  ii  court  bail  qui  cherche  seulement  à 
réaliser  dans  le  plus  court  délai  pt^whle  hd  certain  bé- 
néfice. 

Quant  aux  délMHicbésdu  fer  cliromé,  ils  paraissent  assez 
bien  asavrés  et,  autant  que  l'on  peut  prévoii-  quelque 
-cbose  au  sujet  d'un  minerai  dont  les  gisements  actuelle- 
ment exj^ojtés  sont  peu  nombreux,  sa  valeur  parait  ^- 
pieiée  k  se  aiaioteair  aux  environs  du  chiffre  qu'elle  atteint 
-ac^MeUement. 

Lorsque,  11  y  a  quarante  ans  bientôt,  M.  Gamier  songeait 
le  premier  h  l'utilisation  du  fer  chi'omé  de  Nouvetle-Calé- 
-donie,  il  en  fixait  la  valeur  à  2(X)  francs  la  tonne  rendue 
-«»Fnince,et  indiquai! qu'il  pourrait  en  éti-e  vendu  plusieurs 
■nlliers  de  tonnes  par  an;  à  cette  époque  les  usages  du 
ier  chromé  étaient  à  peu  près  restreints  à  la  fabrication  des 


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316   RICHESSES   MINERALES  DE  LA   NOD'l'ELLE-CALEDONIE 

produits  chimiques.  En  1875,  M.  Heurteau  évaluait  à 
4.000  tonnes  laconsommaLiondit  fer  chromé  en  France  etâ 
150  ou  160  francs  la  tonne  la  valeur  qu'aurait  snr  le  marché 
européen  le  minerai  de  NouTelle-Caiédonie.  En  1880, 
lorsque  ont  eu  lieu  les  premières  exploitations  sérieuses,  les 
conditions  du  marché  étaient  à  peu  près  les  mêmes,  etU 
statistique  officielle  tixo  à  100  francs  la  valeur  sur  place 
de  ce  minerai,  qui  était  grevé  de  50  â  60  francs  de  fret 
jusqu'en  Europe. 

Depuis  lors,  la  demande  de  fer  chromé  s'est  notablement 
arcnie,  non  seulement  en  raison  d'une  augmentation  delà 
consommation  des  chromâtes  comme  oxydants,  de  l'alun 
de  chrome  et  des  produits  colorants  à  base  de  chrome, 
mais  surtout  en  raison  de  son  double  emploi  dans  la  métal- 
lurgie à  la  fois  pour  produire  le  ferro-chrome  nécessaire  à 
la  fabrication  des  aciers  durs  au  chrome  (pour  blindages, 
obus  de  rupturo,  aciers  outils,  etc.),  et  pour  la  fabrication 
de  certaines  soles  de  fours  basiques.  On  consomme  actuel- 
lement, croyons-nous,  dans  le  monde  entier,  environ 
20.000  il  25.000  tonnes  de  fer  chromé  riche  pour  la 
fabrication  des  produits  chimiques,  plusieurs  milliers  de 
tonnes  de  ferro-chromc,  tenant  aux  environs  de  70  p.  100 
de  chrome  métal,  pour  la  fabrication  des  aciers  durs,  et 
un  assez  grand  nombre  de  milliers  de  tonnes  de  fer 
cliromé  relativement  impur  pour  la  fabrication  des.  soles- 

A  cet  accroissement  de  consommation  a  correspondu 
l'ouverture  de  diff^entes  exploitations,  et  un  abaîssemeai 
des  prix.  La  valeur  du  fer  chromé  calédonien  sur  place, 
évaluée  parla  statistique  de  l'exportation,  s'est  rapidement 
abaissée  de  100  francs  la  tonne  (en  1880)  à  60francs(en 
1894),  et  s'est  depuis  lors  maintenue  assez  régiilièremeat 
cnlre  50  et  60  francs.  Le  fer  chromé  vaut  actuellement 
en  Europe  aux  environs  de  120  francs  la  tonne  pour  une 
teneur  de  50  p.  100  de  sesquioxjde  de  chrome.  Au 
moment  <le  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  marchés  y 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   317 

étaient  conclus  sur  les  bases  suivantes  pour  le  minerai 
rendu  sous  palans  et  ensaché  :  la  teneur minîmaà  laquelle 
te  minerai  était  accepté  était  celle  de  50  p.  100  de  ses- 
quiosyde  de  chrome,  la  tonne  était  payée,  suivant  les 
conditions  de  détail  des  marchés,  de  48  à  50  francs; 
d'autre  part,  une  plus-value  de  2",E)0  par  tonne  était  ac- 
cordée pour  chaque  unité  pour  cent  de  sesquioxyde  de 
chrome  en  plus  de  50. 

Ce  chiffre  de  50  p.  100,  regardé  comme  nécessaire 
pour  la  fabrication  de  certains  produits  chimiques,  n'est 
pas  une  limite  inférieure  indispensable  pour  que  le  fer 
chromé  soit  utilisable  pour  la  fabrication  des  ferro-chromes 
par  exemple,  mais  c'est  celle  qui  est  pratiquement  fixée 
actuellement  par  tous  les  marchés  en  Nouvelle-Calédonie, 
et  l'on  ne  peut  guère  espérer  la  voir  s'abaisser  notable- 
ment, étant  donné  que  le  minerai  est  ensuite  grevé  d'un 
fret  presque  égal  à  sa  valeur  sur  place.  D'ailleurs,  pour 
un  minerai  relativement  facile  à  trier  et  à  laver,  comme 
le  fer  chromé  calédonien,  ce  n'est,  pour  l'amener  à  cette 
teneur,  qu'une  question  de  soin  dans  l'exploitation  et  de 
création  d'installations  de  lavage,  peu  compliquées  d'ail- 
leurs, puisque,  comme  nous  l'avons  indiqué  ci-dessus,  le 
minerai  lourd  contenu  dans  les  gîtes,  soit  en  roche,  soit 
d'alluvîons,  paraît  être  du  fer  chromé  très  riche  en  chrome. 
Quant  aux  impuretés  qui  le  souillent,  nous  avons  déjà 
dit  que,  dans  les  gîtes  dits  d'a1luvions,ce  aontsurtontdes 
pellicules  d'oxyde  de  fer  et  des  traces  d'argile  rouge, 
qui,  rappelons-le,  est  composée  surtout  d'oxyde  de  fer, 
de  magnésie  et  d'un  pea  d'argile,  et  que,  pour  les  gise- 
ments en  roche,  ce  sont  des  silicates  alumino-magnésîens. 
IMverses  analyses  qui  ont  été  publiées  montrent  que, 
pour  les  minerais  enrichis,  ces  impuretés  se  réduisent 
surtout  à  de  la  silice  et  à  de  L'oxyde  de  fer.  M.  Gamier 
donne  dans  son  mémoire  de  1867  (*),  pour  un  minerai  de 

{•)I*c.ci(.,  p.  83. 


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vtl8   RICHESSES  HISBRALRS  DK   LA   KODVBLLK-CAIJKDOmE 

cboix,  l'analyse  que  nous  reproduisons  cMeMons  anr 
le  n*  1  ;  noua  eo  rapprochons  les  aDalyses  qne  nom 
avons  faîtes  et  que  nom  avons  citée»  ci-de«fiu9  ;  elles  te^ 
rapportent  :  le  n*  -2,  à  nn  bel  échantillon  de  fer  chromé 
en  roche,  sensiblement  pur,  ramassé  sur  l'affleareBM»! 
de  la  mine  Anna-Madeleine  (baie  du  Sud)  ;  le  a*  3,  à  no 
échantillon  de  fer  chromé  d'alluvionsi,  lavé,  produit  par 
la  mine  Georges-Pile  (baJe  Npo],  et  le  n^  4,  à  un  échan- 
tillon de  minerai  impur  (petits  graias  de  fin*  chromé 
noyés  dans  une  gangue  silicates)  provenant  de  1»  ■ine- 
Ghromiëre,  près  de  Saint- Vincent. 

i  i  3  i 

Sesquir>xyt(«  de  chrome....  «1,339  «8,00  88,10  5Z,M 

Protoxfde  de  fer 30,fi  47,79  37,M  M,40 

Alumine 0,114  3,00  3,80  4,S0 

Magnésie 0,012  11,40  3,20  ft,60 

Silice *,«25  »  S,10  *,20 

On  comprend  par  là  que  les  minerais  actaeliement  pro- 
duite et  connus  en  Nonvelle-Calédoiùe,  avec  leur  toaenr 
i^loTée  en  chrome  et  leur  faible  proportion  d'impuretés  Mi 
dehors  du  fer,  sment  très  appréciés  à  la  fois  poar  la  fa- 
brication des  produits  chimiqaes  et  pour  ceiie  des  ferro- 
chromes  :  leur  état  pulvéï-ulent  les  rend  moins  propres  à 
la  fabrication  des  soles  de  fours  basiques,  où  l'on  n'«Fn- 
ploic  qu'exceptionnellement  des  pisés  et  des  biiqtc 
artittcielles,  préférant  généralement  \es  blocs  natarek. 

11  nous  reste  à  domter  quebjues  indications  Mr  les  coe- 
currents  de  la  Nouvelle-Calédonie  pour  l'approvisÏMiBe- 
ntent  du  monde  en  fer  ofaromé. 

D'après  les  tableaux  statistiques  publiés  dans  TMe 
Minerai  ïnduslry,  les  quantités  de  fer  chromé  expl<Mtées 
dans  les  demiéres  années  jusqu'en  1900  par  les  différeat» 
pays  auraient  été  les  suivantes  : 


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MINERAIS 

ISSOC 

IBS   A  L> 

FORMATION  DBS 

BESPENTINSS  SID 

rÉB 

™„. 

...... 

... 

=^. 

=■ 

•lu  Sud 

laaVMt 

.... 

Viu,ur.) 

tiin- 

.„... 

m 

707 

;« 

9  m 

».0I4 

160 

,ÏS 

(S 

m 

Ï.3K 

9,054 

3.IIH4 

1!S 

Cette  statistique  n'evt  peut-être  pM  absolument  com- 
plète, spécialement  en  ce  qni  concerne  la  Turquie  d'Asie^ 
ob  une  partie  importante  du  minerai  exploité  échbppertiit 
aux  droits  et  en  ml^me  temps  i  la  statistique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  NouTelle-Calédooie  a  été  pendant 
toutes  ces  dernières  années  l'un  des  deux  on  trois  plus 
importants,  lorsqu'ellen'était  pas  le  plus  important,  des 
pays  producteurs  de  fer  chromé,  et  sa  production  a  aug- 
menté encore  de  plus  de  moitié  de  1900  à  1901 
(17.649  tonnes  en  1901)  pour  retomber,  il  est  vrai,  a 
10.281  tonnes  en  1902;  elle  fournit  k  elle  seule  environ 
le  quart  de  la  consommation  totale  du  monde. 

Il  semble,  d'après  les  renseignements  très  incomplets 
que  nous  possédons,  que  ce  ne  soit  qu'en  Asie  Mineure  et 
dans  l'Oural  que  l'on  trouve  des  gisements  de  fer  chromé 
qui  soient  dans  des  conditions  naturelles  comparables  k 
celles  des  gisements  de  la  Nouvelle-Calédonie;  si  ces  der- 
niers ont  le  désavantage  de  leur  éloignement  et  des  con- 
ditions industrielles  peu  favorables  du  pays,  ceux  de 
l'Oural  sont  astreints  à  de  longs  transports  par  voie  de 
terre,  et  ceux  de  l'Asie  Mineure,  situés  dans  un  pays  oii 
les  entreprises  industrielles  sont  singulièrement  malaisées 
à  conduire  d'une  façon  régulière,  ont  eux  aussi  leurs  dif- 
ficultés spéciales  ;  d'autre  part,  si  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  on  ne  peut  guère  espérer  voir  le  fret  s'abais- 
ser encore  beaucoup,  il  y  aurait  beaucoup  k  faire  pour 
remédier  aux  difficultés  résultant  de  la  situation  indus- 


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320  RICHESSES  MINÉRALES  DE   LA   NODVEI.LE-CALÉDONIE 

trielle    générale  de    la  colonie,  comme  nous  le   ferons 
rossortir  dans  ce  qui  suit. 

'  Nous  crayons  avoir  suffisamment  montré  combien 
nombreux  sont  les  gisements  de  fer  chromé  en  Nouyelle- 
Calédonie,  combien  beaucoup  d'entre  eux  sont  favorisfe 
parles  conditions  mêmes  de  gisement,  et  combien  il  serait 
possible  d'en  tirer  un  meilleur  parti  le  jour  où  on  les 
exploiterait  avec  des  vues  plus  larges. 

Nous  ne  doutons  donc  pas  que  l'industrie  du  fer  cbromé, 
qui  a  pris  un  beau  développement  au  cours  de  ces  der- 
nières années  et  qui  a  représenté  un  chiffre  d'affaires  de 
plus  de  un  demi-million,  atteignant  même  près  de  un  mil- 
lion en  1901 ,  ne  soit  appelée  à  un  essor  plus  large,  et  ne 
puisse,  pendant  de  longues  années  encore,  apporter  mi 
important  appoint  à  la  prospérité  de  l'indu-strie  minière 
de  la  colonie. 


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CHAPITRE  III. 
LES  IUNEBAI8  DE  FER. 


Indications  oéNÂRALBs. 


Nous  ne  pouvons  pas  terminer  ce  qui  a  trait  aux  raine- 
rais asaociés  à  la  grand©  formation  serpentineuse  de  la 
Nouvelle-  Calédonie  sans  faire  mention  des  quantités 
énormes  de  minerais  de  fer  qui  sont  associées  à  cette  for- 
mation ;  leur  abondance  ne  saurait  passer  inaperçue  aux 
^euxde  ceux  qui  circulent  dans  la  colonie,  et  aussi  bien 
M.  Garnier  que  M.  Heurteau  y  ont  consacré  une  partie  de 
leurs  études  sur  les  richesses  minérales  de  la  colonie. 

M.  Garnier,  dans  son  mémoire  de  1867  ('),  s'exprimait 
ainsi  :  «  Lorsque  l'on  voit  ces  montagnes  entières  de  fer 
liydroxydé  M'élever  au  bord  de  la  mer,  dans  le  fond  de 
ports  sûrs,  on  se  demande  pourquoi  les  navires  du  com- 
merce qui  quittent  toujours  la  Nouvelle-Calédonie  sur 
lest  ne  viennent  pas  chargés  de  ce  minerai,  qui  peut  avoir 
une  valeur  a^sez  élevée  »  ;  il  ajoutait  que  l'essai  par  voie 
sèche  de  ce  minerai  avait  donné  un  culot  d'une  fonte 
hlanche  assez  tenace  indiquant  une  teneur  de  51,30  p.  100 
de  fer;  il  mentionnait  enfin  que  le  minerai  tient  toujours. 
disséminée  dans  sa  masse,  une.  certaine  quantité  de  chru- 
ntiate  de  fer. 

M.    Heurteau  ('*)  signalait    la  présence  en  Nouvellc- 


.vCîooglc 


'622   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLH-CALÉDONIE 

Calédonie  du  fer  oxydé  et  hydroxydé  sous  diverses 
formes,  d'abord  an  milieu  des  terrains  anciens  du  Nonl 
de  l'ile,  et  surtout  dans  les  serpentines  :  11  notait  la  forte 
teneur  en  fer  des  argiles  magnésiennes  produites  par  la 
décomposition  des  serpeatines,  mais  s'arrêtait  uniquement 
aux  amas  do  blocs  scoriacés  de  fer  hydroxydé  chroraifère 
(^uo  l'on  rencontre  sur  le  flanc  des  montagnes.  Faisant 
observer  qu'on  ne  peut  songer  à  installer  des  hauts 
fourneaux  et  à  fondre  le  minerai  sur  place,  et  constatant 
que  l'Australie  no  peut  lui  offrir  un  débouché,  et  que,  d'autre 
part,  i<  un  minorai  de  fer,  quelles  que  soient  sa  richesse 
et  sa  pureté,  ne  peut  supporter  les  frais  de  transport  jus- 
qu'en France  que  s'il  possède  quelque  propriété  spéciale 
qui  le  fasse  rechercher  parles  usines  pour  être  emploi'é 
par  elles  en  quelque  sorte  comme  réactif  et  mélangé  à 
d'autres  minerais  >> ,  il  insistait  sur  ce  fait  que  les  minerais  de 
la  Nouvelle-Calédonie  qu'il  avait  fait  analyser  en  France 
tenaient  des  proportions  très  notables  de  chrome,  et  il 
concluait  qu'il  serait  intéressant  de  faciliter  des  essais 
d'emploi  en  France  du  minerai  chromifère  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  . 

Nous  n'avons  pas  connaissance  que  de  tels  essais  aient 
jamais  été  faits,  et,  si  l'on  a  souvent  parlé,  depuis  lors,  des 
ricliesses  consiilérables  que  représentent  ces  amasdeinine- 
rui  lie  fer,  on  n'a  jamais  rien  fait  pour  tenter  leur  mise  en 
valeur  ;  il  a  seulement,  à  une  certaine  époque,  été  pris 
des  permis  de  recherches  pour  rainerai  de  fer  sur  des 
étendues  considérables  au  voisinage  de  la  baie  du  Sud, 
dans  un  but  qui  était  vraisemblablement  tout  autre  que 
celui  d'y  faire  des  recherches  ou  d'étudier  sérieusemeni 
l'utilisation  des  minerais  qui  s'y  rencontrent. 

Bien  que  nous  ne  voyions  pas  pour  le  moment,  et  mémo 
pour  un  avenir  assez  lointain,  la  possibilité  de  tirer  un 
parti  quelconque  de  ces  minerais,  nous  en  décrirons 
brièveniont  les  gisonients. 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SEKPBNTIKES   323 

Le  fer  ne  constitue,  en  somme,  qu'un  élément  presque 
secondaire  des  péridotites  et  des  roches  serpentîneuaea 
auxquelles  elles  donnent  naissance,  puisque  l'analyse  n'y 
décèle  que  de  5  à  12  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer, 
soit  seulement  de  3,5  à  8  p.  100  de  fer  métallique,  alors 
que  la  magnésie  constitue  de  3  à  4  dixièmes  du  poids 
total  de  ces  roches,  et  la  silice  de  4  à  5  dixièmes  ;  mais  le 
fer  se  concentre  très  fréquemment  sous  des  formes  que 
nous  pouvons  ramener  k  trois  types  distincts  :  les  blocs 
scoriacés  d'hématite  rouge,  les  grains  d'hématite  plus  ou 
moins  hydratée,  ot  les  amas  de  sesquioxyde  de  fer 
hydraté  pulvérulent  associé  à  de  la  silice,  de  l'argile  et 
de  la  magnt'sio,  que  nous  désignons  sous  le  nom  d'argiles 
rouges. 

S.  —  Description  des  principaux   types  de  minerais. 

Les  blocs  scoriacés  d'hématite  rouge  se  rencontrent, 
avec  des  dimensions  très  variables,  sur  le  Banc  et  sur  les 
crêtes  des  massifs  de  péridotite,  et  parfois  jusqu'à  leur 
pied.  Ils  sont  extérieurement  d'une  coloration  foncée  et 
mate  due  aux  actions  atmosphériques  ;  brisés,  ils  donnent 
une  cassure  irrégulière  à  aspect  bleu  métallique,  quelque- 
fois à  reflets  rouges,  et  leur  poussière  est  rouge  ;  ils  sont 
peu  ou  pas  magnétiques,  et  l'analyse  montre  qu'ils  sont 
essentiellement  constitués  d'hématite  rouge  ou  sesquioxyde 
de  fer  anhydre.  Leur  forme  est  irrégulière,  et  ils  se 
montrent  caverneux  ou  vacuolaîres  dans  toute  leur  masse, 
mais  la  matière  dans  laquelle  s'ouvrent  les  vacuoles  est 
de  l'hématite  dure  et  compacte  ;  leurs  dimensions  varient 
lie  celle  du  poing,  et  même  moins,  à  une  fraction  imiior- 
tanto  de  mètre  cube;  les  plus  gros  blors  se  rencontrent 
généralement  au  sommet  des  montagnes  ou  au  voisinage 
lies  sommets;  ils  sont  tout  particulièrement  alionJants 
sur  les  plateaux  et  sur  les  pentes  douces   recouvertes 


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324    RiCHBSSES   MISBKALES    DE   LA    NODV&LLE-CALÉUONIB 

d'épais  manteaux  d'argile.  Leur  présence  est  en  parUcu- 
lier  si  constante  sur  les  crêtes  que,  depuis  des  temps 
reculés,  les  Canaques  ont  coutume  de  s'eu  servir  pour 
élever  sur  les  crêtes,  aux  croisements  des  sentiers,  des 
pyramides  ou  des  amas  de  ces  blocs  servant  à  la  fois  de 
repères  et  de  fétiches.  Nous  avons  noté  la  présence 
d'araaa  particulièrement  puissants  de  ce  genre  de  miue- 
rais  sur  les  pentes  douces  que  suit  la  route  de  Nouméa  à 
Prony  pour  descendre  vers  Prony,  dans  le  massif  du  mont 
Kougouhaou,  à  la  baie  de  Bà,  au  d6me  de  Tiebaghi,  et 
même  sur  presque  toutes  les  montagnes  de  la  formation 
serpentineuse.  .  Nous  ignorons  d'ailleurs  comptètemeut 
quel  peut  Otre  le  développement  de  ces  gisements  en 
profondeur,  puisque  nous  ne  pouvons  même  pas  dire  si 
les  blocs  que  l'on  rencontre  sont  uniquement  des  blocs 
volants,  ou  si  certains  d'entre  eux  ne  seraient  pas  les 
tètes  (le  filons  ou  damas. 

Le  mode  de  formation  qu'il  convient  d'attribuer  à  ces 
blocs  d'iiématito  est,  en  effet,  loin  d'être  certain  : 
M.  Heurteau,  rapprochant  la  grande  abondance  de  ces 
blocs  tout  autour  de  la  baie  du  Sud  de  l'existence  encore 
actuelle  do  sources  theriuales  dans  la  région,  déclare  que 
les  minerais  de  fer  paraissent  y  avoir  été  déposés  par  des 
sources  minérales  (');  d'autre  part,  il  indique  que  les 
blocs  de  fer  do  l'de  Ouen  pourraient  bien  provenir  de  la 
destruction  du  chapeau  ferrugineux  d'un  filon  d'eupbotide. 
Nos  observations  pcrs(tnnelles,  qui,  en  dehors  de  l'examen 
même  des  gites  de  nickel,  cobalt  et  chrome,  et  surtout 
des  gites  exploités  ou  vraisemblablementexploitables,  ont 
nécessairement  dCi  être  très  restreintes,  faute  de  temps, 
ne  nous  permettent  pas  de  présenter  d'argument  décisif  à 
l'appui  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  théories  ou  de  toute 
autre.   Nous  aurions  cependant,  pour  Dotre  part,  beau- 

(*)  Loc.  cit.,  p.  383. 


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MISERAIS   AftSOClBS   à  LA   FORMATION  DES   SKRPENTINES  325 

coup  de  peine  à  a<Imettro  que  ces  énormes  quantités 
(le  blocs  (l'hématite  puissent  provenir  de  la  simple  alté- 
ration saperficielle  d'une  partie  des  roches  de  la  for- 
mation serpentineiise  :  c'est  là  une  idée  qui  se  présente 
immédiatement  à  l'esprit,  nous  en  convenons,  mais,  en 
examinant  les  choses  de  plus  près,  on  reconnaît  qu'il 
est  l>eaucoup  plus  vraisemblable  qae  ce  soient  les  argiles 
roupes  qui  représentent  celui  des  éléments  de  la  décom- 
position actuelle  des  péridotitea  où  s'est  concentré  le  fer 
qui  y  était  contenu  :  et  il  nous  parait  bien  difficile  d'ad- 
mettre  qae  des  roches  dont  la  teneur  moyenne  est  de 
8  à  9  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer,  avec  un«  densité 
voisine  de  3,  aient  pn,  en  perdant  leurs  éléments  essen- 
tiels, silice  et  magnésie,  et  sans  l'intcrventicm  d'importants 
phénomènes  métamorphiques,  donner  naissance  k  des  blocs 
souvent  énormes  ayant  une  densité  apparente  (cavités 
comptées  dans  le  volume)  de  4  à  5  et  constitués,  jusqu'à 
concurrenco  dn  80  àttOp.  l(X)enpoidB,parduse6qnioxyde 
de  fer.  Une  telle  transformation  ne  serait  possible  qu'en 
supposant  un  déplacement  complet  du  fer  avec  dissolution 
de  cet  élément,  ce  qui  revient  à  l'hypothèse  de  la  formation 
par  des  sources  minérales  sur  laquelle  nous  reviendrons. 
M.  Heurteau  invoque,  il  est  vrai,  non  pas  la  décomposi- 
tion des  péridotites,  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  serpen- 
tines, mais  celle  de  liions  d'euphotide;  mais,  d'une  part, 
BOUS  n'avons  précisément  pas  rencontré  'Je  filons  d'eupho- 
tide  dans  les  points  oii  les  blocs  d'hématite  sont  le  plus 
abondants,  et,  d'autre  part,  si  l'euphotide  peut  contenir 
des  pyroxènes  tenant  plus  de  8  à  9  p.  iOO  de  sesquioxyde 
de  fer,  !a  magnésie  est  vraisemblablement  toujours  domi- 
Bante  dans  ces  pyroxènes  comme  elle  l'est  dans  tons  les 
silicates  ferro-magnésiens  que  nous  avons  rencontrés  eu 
Nouvelle-Calédonie,  et,  en  outre,  la  silice  est  d'autani 
plus  abondante  qu'elle  apparaît  aussi  dans  les  feldspaths  ; 
il  en  résulte  que  les  raisons  que  nous  donnons  ci-dessus 


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326  RICHESSES    MrNERAI.ES    DE   LA   NOUTBLLE-CAl.EDOMB 

pour  De  pas  admettre  que  les  hématites  en  question  pro- 
viennent de  l'altération  de  péridotites  nous  paraissent  toul 
aussi  sérieuses  pour  n'en  point  faire  chercher  l'origine  dans 
la  simple  décomposition  superficielle  de  roches  moins 
basiques,  mais  peut-être  un  peu  plus  ferrugineuses,  qui 
s'y  rencontreraient  en  filons.  Nous  ne  croyons  pas  d'ail- 
leurs que  de  semblables  formations  d'hcmatilc  aient  jamais 
été  reconnues  pour  avoir  une  pareille  origine  ;  les  blocs 
en  question  diffèrent  en  effet  essentiellement  de  tout  ce  . 
que  l'on  rencontre  d'habitvide  dans  les  chapeaux  de  fer 
des  filons,  même  lorsque  ceux-ci  sont  constitués  par  de» 
roches  ou  des  minerais  riches  en  fer. 

L'hypothèse  suivant  laquelle  ces  minerais  de  fer  auraient 
été  déposés  par  des  sources  minérales,  chaudes  ou  non, 
serait  assez  séduisante,  d'autant  plus  qu'on  trouve  parfuii- 
ces  blocs  femigineui  groupés  autour  de  crevasses  ou  àe 
cheminées  plus  ou  moins  circulaires  s'ouvrant  dans  les 
argiles,  et  dans  lesquelles  on  pourrait  songer  h  voir  U 
trace  des  émissaires  de  sortes  de  geysers  dont  les  eaax 
auraient  contenu  le  fer  en  dissolution.  Mais  l'aspect  mèmr 
de  ces  minerais,  qui,  bien  que  présentant  dans  leur  masse 
de  nombreuses  vacuoles,  sont  en  somme  formés  d'hématite 
compacte  et  ne  sont  nullement  concrétionnés,  est  loin  de 
confirmer  pareille  hjpothèse,  et  nous  n'avons  relevé  mille 
part,  comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  pour  ceux  ilf 
cobalt,  des  apparences  accusant  nettement  le  caractère 
de  dépôts  de  sources,  tels  que  ceux  que  nous  voyons 
actuellement  se  former  sous  nos  yeux. 

Nous  avons  dit  au  contraire  que,  du  moins  en  certains 
points  (dôme  de  Tiebaghi,  par  exemple),  les  relations  de 
gisement  entre  l'héniatite  et  le  fer  chromé  nous  ont  fait 
supposer  que  les  blocs  de  l'un  et  de  l'autre  minerai  pro- 
venaient d'un  même  gisement,  amas  ou  filon,  constitué 
originairement  de  fer  chromé  et  de  magnétite,  avec  ou 
sans  interposition  de  gangue,  et  que  les  blocs  caverneux 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  lA   FORMATION  DES   SERPENTINES   327 

d'hématite  représenteraient  simplement  les  chapeaux,  plus 
ou  moins  rongés  et  oxydés  des  amas  de  magnétite  ;  nous 
avons  en  outre  indiqué  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
que  les  corrosions  extérieures  de  ces  blocs  nous  ont  paru 
parfois  indiquer  la  forme  d'anciens  cristaux  octaédriques 
de  magnétite,  qu'on  retrouve  des  fragments  attirables  à 
l'aimant  au  sein  de  ces  blocs,  et  enfin  que  l'attaque  par 
l'acide  chlorhydrique  laisse  inattaqués  des  grains  do 
fer  chromé  qu'il  serait  difficile  de  regarder  comme  ayant 
également  été  déposés  par  des  eaux  minérales.  Tout  cela 
nous  porte  h  attribuer  la  formation  du  gisement  primitif 
d'où  dérivent  ces  blocs  à  une  ségrégation  ignée  beaucoup 
plutôt  qu'à  des  sources  minérales. 

Les  quelques  analyses  qui  suivent  montrent  entre  quelles 
limites  varie  la  composition  de  ces  hématites  :  les  <leux 
premières  d'entre  elles  ont  été  exécutées  à  l'École  des 
Mines  de  Pai-is,  p;ir  M.  Moissenct,  sur  des  échantillons 
rapportés  par  M,  Heiirteau('),  la  troisième  a  été  faite 
au  laboratoire  des  forges  de  Saint-Nazaire  sur  un  échan- 
tillon do  M,  Garnier  et  que  celui-ci  considérait  comme  du 
tout  venant  ("),  la  quatrième  se  rapporte  à  un  échantillon 
typique  que  nous  avons  recueilli  à  la  baie  Bâ  au  voisinage 
(lu  gisement  de  cobalt  décrit  cî-desstis  et  que  noua  avons 
analysé  au  laboratoire  de  l'École  des  Mines  de  Saint- 
Etienne. 


(•)  Heikteau,  lac.  cit.,  p.  386. 

{**)  G.tn^iiEii,  Mémoire  sur  tes  gisements  île  cobalt,  tle  chroir, 
Il  la  Nouvelle-Calédonie  [iiociéli  /les  Ini/énieurs  cirîts  île  Fi-n 
l"  semestre,  |i.  366). 


zecbvGoOgIC 


115,20 
)    0,80 

<,«s 

«S 

89,1 

2,08 

ln«« 

2 

6.4 

1,10 

0,: 

O.iO 

0,4 

0,10 

trWM 

0,0« 

0,tïl 

l»«. 

0,0« 

328  RICBES8KS   MINÊKALKB   DB   LA   NOCTBLLEHrALÊDONlB 

f"':::-. '   5,m     -,» 

Acide  litaoïqae \ 

Peroxyde  de  fer $0,60  73 

Oxyde  ronge  de  isanganèse.  2  0,60 

Oxyde  *ert  de  chrome 5,33  2,85 

Alumine uvh  umm 

Chaux —           — 

Acide  pbosphoriqne ■»■  *»*    h*  4«i 

Cblomre  de  sodium ir.  MHiU.      0,40 

Acide  suif urique 0,S0        0,70 

Perte  par  calcinatîon 16,60      14,30      10,30        l.tS 

Nous  ajouterons,  en  ce  qui  concerne  le  demipr  échantil- 
lon, qu'il  semblait  parfaitement  pur  de  tout  mélange  d'ar- 
gile ou  d'autres  matières  étrangères,  qu'il  donnait  une 
cassure  franche  d'un  bleu  métallique,  et  qu'il  se  réduisait 
en  une  poussière  rouge.  Atlaqué  par  l'acide  chlorhydrique 
concentré  et  chaud,  il  laissait  un  résidu  de  5,5  p.  100 
constitué  essentiellement  de  silice  et  de  fer  chromé  ;  son 
analyse  élémentaire  pourrait  être  représentée  ainsi  qu'il 
suit  : 

Hématite  rouge 88,1  p.  11» 

Fer  chromé 3,3    — 

Oxyde  de  manganiee traces 

Oxyde  de  chrome  solubte  dans  l'acide  chlorhydriqne.  4,2  p.  lOO 

Silice,  acide  titaaique,  argile,  chaux,  etc 2,!Kt  — 

Humidité 1 ,45  - 

Les  chiffres  précédents  montrent  que  les  hématites  de 
Nouvelle-Calédonie  constitueraient  de  bons  et  riches 
minerais  de  fer,  puisque  leur  teneur  varie  de  50  à  60  p.  100 
de  fer  métallique  ;  elles  présentent  en  outre  la  particula- 
rité d'être  chargées  de  chrome. 

A  côté  des  gros  blocs  d'hématite  on  rencontre,  sur  les 
pentes  des    massifs  serpentioeux   qui  ne  sont  pas  trop 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  IJl   FORMATION    DES   SERPENTINES  329 

abruptes  pour  empêcher  la  formation  de  tout  dépôt  le  long 
de  ces  pentes,  des  lits  souvent  très  épais  et  extrêmement 
étendus  de  grains  de  minerai  de  fer  de  la  grosseur  d'un 
pois  a  peu  prés;  on  a  souvent  désigné  cette  catégorie  de 
minerais  sous  le  nom  de  fer  pisolithique,  nom  que  nous 
ne  croyons  pas  devoir  adopter,  car  ces  grains  n'ont  des 
fers  pisolithiques  connus  dans  nos  régions  que  la  dimen- 
sion, n'en  ayant  ni  la  forme,  ni  l'aspecl  extérieur,  ni  la 
composition.  Rugueux  à  la  surface  et  recouverts  d'une 
couche  d'un  millimètre  environ  de  fer  hydroxydé  plus 
ou  moins  pulvérulent,  ils  se  montrent  intérieurement  cons- 
titués d'hématite  rouge  et  paraissent  très  évidemment 
être  des  débris  de  blocs  d'hématite,  descendus  générale- 
ment plus  bas  sur  le»  pentes  de  la  montagne  que  les  blocs 
intacts,  et  ayant,  du  fait  de  leur  division,  subi  plus  qu'eus 
l'effet  de  l'air  humide  qui  a  transformé  extérieurement 
l'hématite  rouge  en  hématite  brune. 

L'analyse  d'un  échantillon  de  ces  grains  ferrugineux 
provenant  des  pentes  du  massif  de  péridotite  de  la  mine 
Hasard  k  Tomo  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 


Perle  au  feu 8,8 

j  Silice 16,2     1 

l  Alumine 1,38  J 

lasoiuble  dans      )  Sesquioxyde  de  fer. . ...      0,57  1        .^ 
t'acidechlorhydrique  j  Oxy<le  rouge  de manga-  i 

I     nèae 0,9    I 

[  Magnésie 0,i5  ) 

;  Silice 0,55  j 

I  Peroxyde  de  fer 64,25  j 

I  Oxyde  rouge  de  manga-  I 

I     nèse 6,2    | 

1-    .f°'"^'*_/»''»        /  Sesquioxyde  de  chrome.      2,0    i  72,0 
1  acide chlorhydnque  |  q^^j^  ^^  ^j^^^, ^^    , 

j  Alumine 3,65  I 

I  Chaux 0,8    I 

'  Magnésie 0,IS  | 


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330  RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA   NOCVBLLE-CALÉDONIB 

ANALYSE    I^LfiiaNTAInE 

Silice 16,73 

Fer 45,37 

Hanganëse 0,79 

Chrome 1 ,36 

Oxygëae  combiné  aux  métaux 20,80 

Alumine 4,93 

Chaux 0,8 

Magnésie 0,4 

Eau 8,8 

Un  tel  minerai,  tenant  après  calcination  49,75  p.  KW 
(le  fer  métallique,  serait  encore  un  minerai  d'une  bonne 
richesse  ;  aucune  impureté  ne  s'y  montre  en  quantité  plus 
^nante  que  dans  l'écliantillon  n"  4  du  tableau  qui  précède  ; 
le  chrome  y  est  en  quantité  notable,  c'est  un  point  sur 
lequel  nous  reviendrons. 

Enfin  des  amas  eiccssiveinent  importants  d'une  forma- 
tion rouge,  pulvérulente,  grasse,  imperméable,  et  plus  ou 
moins  plastique,  s'étalent  sur  toutes  les  pentes  douces 
des  massifs  aerpcntineux  et  sur  tous  les  sommets  qui  ne 
sont  pas  trop  abrupts,  et  se  développent  en  outre  dans  les 
différentes  «  vasques  »  qui  se  creusent  entre  les  saillies 
des  rochers  de  péridotite  plus  ou  moins  altérée. 

Ces  amas,  assez  fortement  hydratés,  sont  essentiellement 
constitués  d'oxydes  de  différents  métaux  parmi  lesquels 
domine  le  fer,  accompagné  d'un  peu  de  manganèse,  do 
nickel  et  de  cobalt  ;  ces  oxydes  sont  associés  à  de  la  silice, 
à  do  Vargile  et  à  de  la  magnésie  ;  le  tout  englobe 
en  outre  différents  débris  minéraux  comprenant  principale- 
ment du  fer  chromé  et  de  l'enstatite  plus  ou  moins  altérée. 
Cette  formation  est  d'ailleurs  loin  d'être  homogène,  elle 
est  parfois  nettement  bigarrée,  d'autres  fois  elle  présenic 
des  couleurs  variant  du  rouge  orange  au  rouge  violacé: 


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MINERAIS  ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   331 

certains  lits  sont  particulièrement  riclies  en  silice  au  point 
de  constituer  plutôt  des  sables,  d'autres  sont  particulière- 
ment ocreux,  d'autres  enfin  plus  nettement  argileux. 

La  forination  est  généralenif^nt  recouverte,  et  partielle- 
ment mélangée,  des  grains  d'oxyde  de  fer  que  nous  venons 
de  mentionner;  elle  contient  souvent  de  véritables  lits  de 
fer  chromé,  constituant  non  seulement  les  gisements 
exploitables  que  nous  avons  décrits,  mais  aussi  des  con- 
centrations beaucoup  moins  avancées  ;  elle  englobe  en 
outre  les  rognons  cobaltifëres  et  manganésifères  qui 
constituent  les  minerais  de  cobalt. 

On  aura  une  idée  de  la  constitution  chimique  de  ces 
masses  d'après  les  résultats  des  analyses  suivantes:  les 
deux  premières  sont  rapportées  par  M.  Garland('),  la 
troisième  a  été  faite  par  M.  Moore  au  laboratoire  du  ser- 
vice local  à  Nouméa  sur  un  échantillon  d'un  banc  spéciale- 
ment ocreux  exploité  comme  ocre  auprès  de  la  baie  du 
Sud,  les  quatrième  et  cinquième  ont  été  exécutées  par 
nous-mème  sur  des  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Hasard  à  Tomo,  choisi  particulièrement  argileux, 
l'autre  de  la  mine  des  Bornets  à  Thio,  pris  au  voisinage 
immédiat  d'un  gisement  de  nickel  exploité. 


Silice i8,*2  12,45  5,88  37,i 

Sesquioxyde  de  fer 69,30  66,36  73,66  36,5 

Alumine 0,45  -■  5,37  3,0 

Oxydes  de    nickel   et   de 

cobalt f  ,61  3,14  0,98 

.Magnésie  et  oxyde  de  man- 
ganèse    0,39  5,35  0,74  2,6 

Sesquioxyde  de  chrome,,  »  »  2,13  >• 

Eau 9,80  12,70  1 1,02  20,5 


(')  Traniaclioiu  ImlUuce  Minini/  and  MetaUurgy,  p.  lïl  à  148;  1894. 


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334   RICHESSES   HINÉRALBS   DE   LA  NODVELLE-CALÉDOMIB 

gique,  pour  que  l'on  comprenne  que  la  production  des 
fers  et  aciers  commerciaux  se  hearteraît  à  des  difficultés 
très  nombreuses;  leur  prix  de  retient  serait  donc  vrai- 
semblablement très  supérieur  à  celui  des  produits  impor- 
t<^s  d'Europe;  d'autre  part,  la  fabrication  d'un  produit 
dont  la  valeur  n'est  pas  plus  élevée  que  la  fonte,  en  vue 
de  l'envoi  en  Europe,  n'est  pas  nonplub  possible,  swlout 
dans  un  pays  oti  le  bon  charbon  sera  toujours  assez  cher. 

Pourrait-on  expédier  les  minerais  c^édoniens  en  Aus- 
tralie? Cela  ne  parait  pas  davantage  possible  ;  il  n'existe 
pas  encore  d'industrie  du  fer  et  de  l'acier  en  Australie, 
bien  que  Ton  songe  sérieusement  à  en  créer  une.  Mais, 
en  vue  d'une  semblable  création,  des  recherches  ont  été 
faites,  surtout  en  Nouvelle-Galles  du  Sud  ob  se  trouvent 
de  beaux  gisements  houillers,  et  elles  ont  abouti  à  la 
découverte  de  nombreux  et  importants  gisements  de  fer, 
qui  pourraient  sans  doute  fournil'  des  minerais  de  qualité 
suffisante  à  des  prix  notablement  plus  bas  que  ceux  des 
minerais  que  l'on  pourrait  amener  de  Nouvelle-Calédonie, 
et  qui  seraient  grevés  d'un  fret  de  10  à  12  francs.  Ajou- 
tons d'ailleurs  que,  n'en  fût-il  pas  ainsi,  par  exemple  au 
cas  oh  il  deviendrait  possible  do  combiner  des  expédi- 
tions de  minerai  de  fer  de  Nouvelle-Calédonie  en  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  comme  fret  de  retour  pour  les  bateaux  y 
apportant  du  charbon,  il  est  très  vraisemblable  qu'avec 
les  tendances  très  protectionnistes  du  gouvernement  de 
la  Confédération  australienne,  des  droils  de  douane  vien- 
draient empêcher  pareille  concurrence  aux  gisements 
ausiraliens. 

Quant  au  transport  des  minerais  de  Nouvelle-Calédo- 
nie en  France,  il  n'y  faut  pas  songer,  étant  donné  la  va- 
leur qu'ont  en  Europe  môme  les  meilleurs  minerais  de  fer. 

C'est  d'ailleurs  là  la  coiirtidération  sur  laquelle  nous 
devons  insister  en  terminant  :  si  des  minerais  à  valeur 
relalivemcnt  élevée  peuvent  être  exploités  en  Nouvelle- 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES  SERPENTINES  335 

Galédonie,  non  sans  certaines  difficultés,  puisque,  malgré 
les  conditions  de  gisement  souvent  très  faciles  du  nickel, 
on  a  quelque  peine  à  le  produire  à  des  prix  suffisamment 
modérés,  des  minerais  à  faible  valeur  comme  les  minerais 
de  fer,  dont  les  meilleures  qualités  valent  en  Europe  de 
15à  20  francs,  ne  sauraient  même  â  notre  avis,  quelque 
facile  que  soit  leur  exploitation,  être  actuellement  rendus 
sous  palans  dans  la  colonie  k  des  prix  inférieurs  à  une 
semblable  limite.  Les  chiffres  que  nous  avons  donnés  ci- 
deasua  pour  les  frais  de  transport,  d'embarquement,  etc., 
suffisent  à  le  montrer. 

Dés  brs,  tout  concourt  à  faire  penser  que,  ni  aujour- 
d'hui, ni  avant  un  avenir  que  l'on  ne  peut  guère  escompter, 
les  riches  et  abondante  minerais  de  fer  de  la  Nouvelle- 
Culédonie  ne  poun'aiont  être  utilisés. 


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QUATRIÈME  PARTIE. 
aiSBIQENTS  UËTALLIQUISS  DITXSS. 


A  côté  du  fer,  du  nickel,  du  cobalt,  et  du  chrome, 
ilout  les  gisements  sont  en  très  étroite  relation  avec  U 
grande  formation  serpentineuse,  on  rencontre  dans  les 
autres  terrains  ((ui  constituent  le  sol  de  la  Nourelle- 
Calédonie  une  grande  variété  de  minerais  métalliques: 
sans  nous  arrêter  pour  l'instant  à  la  question  de  l'utilisa- 
tion possible  des  minerais  en  question,  nous  mentionne- 
rons quT  nous  y  avons  recueilli  nous-mème  de  l'or,  da 
platine,  de  l'argent,  du  mercure,  du  cuivre,  du  plorab, 
du  zinc,  du  manganèse,  de  l'antimoine,  du  tungstène, 
du  titane,  du  molybdène;  nous  ajouterons  qu'on  avait 
cru  autrefois  rencontrer  également  de  l'étain,  mais  qu'il 
parait  bien  établi  que  cette  indication  était  erronée. 
De  tous  ces  métaux  divers,  plusieurs  ont  été,  dans  le 
temps,  l'objet  d'exploitations  ou  de  tentatives  d'exploi- 
tation, ce  sont  l'or,  le  cuivre,  le  plomb  argentifère  et  l'an- 
timoine :  mais,  seul  parmi  eux,  le  cuivre  a  donné  lieu, 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  une  exploitation  d'une 
prospérité  réelle  et  d'uiio  certaine  durée.  Quant  aui 
autres  métaux,  ils  n'ont  été  que  signalés,  et  leurs  gise- 
ments n'ont  jamais  été,  à  notre  connaissance,  l'objet 
d'aucun  essai  rl'utilisation. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
LE  CDITRE. 


A.  —  HisTOKIQCE. 


Dès  i 843,  un  missionnaire,  le  Ppio  Moiilnnizici",  signa- 
lait à  Koumac  une  mine  de  cuivre,  mais  cette  iitclicatioii 
parait  être  restée  oubliée  pondant  bien  de»  années. 
Lorsqu'en  ^863-66  M.  fîarnicr  fit  une  première  étude 
des  richesses  minérales  de  la  colonie,  il  mentionna  l'exis- 
tence du  cuivre  à  l'Ile  Ducos  et  rapporta(')  au  sujet 
des  échantillons  qu'il  _v  avait  recueillis  une  indication  de 
Rivot  de  natureà  encourager  des  recherches  en  ce  point; 
i!  signala  d'autre  part  que  des  indigènes  lui  avaient 
affirmé  qu'il  existait  dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi 
du  cuivre  pyriteux  associé  à  de  la  barytine. 

Mais  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1872,  lorsque  d'assez  minu- 
ticuses  recherches  poursuivies  tout  autour  de  la  basse 
vallée  du  Diahot  par  les  chercheurs  d'or  firent  découvrir 
de  beaux  affleurements  cuprifères  auprès  d'Ouégoa,  que 
l'on  songea  pour  la  première  fois  à  exploiter  le  cuivre  tn 
Nouvelle-Calédonie.  Ces  différents  affleurements  et  les 
quelques  travaux  qui  y  furent  poursuivis  dès  le  début  ont 
été  examinés  en  détail  par  M.  Ueurteau,  et  décTÎts  avec 
soin  dans  son  rapport  à  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et 
des  Colonies  :  cet  Ingénieur  mentionnaitC*)  tout  d'abord, 

(*)  ioc.  cii.,p.  31  et  38. 
('•)  toc.  cil.,  p.  Mi  et  luiT. 


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d.iS   RICHESSES  H1NBRALBS   DE   LA  NOUVBIXE-OALBDONIE 

au  Nord  du  village  de  Ouégoa,  et  en  relation  étroite- 
avec  lea  roches  à  glaucophane  que  noua  avons  signalées 
déjà,  l'existence  d'un  groupe  important  d'affleurements, 
parmi  lesquels  ceux  de  la  mine  de  la  Balade  avaient  déji 
été  l'objet  de  travaux  de  recherches  assez  développés  et 
d'un  commencement  d'erploitatitfn  ;  il  rapportait  d'autrd 
part  la  découverte  de  deux  affleurements  cuprifères  k 
une  dizaine  de  kilomètres  plus  à  l'Ouest  au  voisinage  du 
village  de  Pondolaï.  Depuis  lors,  des  travaux  de  recherches- 
ont  été  poursuivis  sur  nombre  de  ces  affleurements,  mais 
ils'  n'ont  donné  lieu  k  une  exploitation  importante  et 
durable  qu'à  la  mine  de  la  Balade  ;  cette  exploitation  s'est 
poursuivie  sans  interruption  jusqu'en  1884. 

A  côté  des  deux  groupes  de  gisements  d'Onégoa  et  de 
Pondolaï,  situés  sur  la  rive  droite  dti  Diahot,  d'autres 
ont  été  signalés  en  grand  nombre  dans  les  schistes  ardoi- 
sîers  noirs  de  la  rive  gauche  du  Diahot  et  jusque  dans  la 
presqu'île  d'Arama.  Les  plus  importants  d'entre  eux  sont 
ceux  des  mines  Pilou  et  Ao,  découverts  on  1884  et  1887 
et  exploités  par  intermittence  depuis  lors  jusqu'en  1901; 
mais  un  coup  d'œit  jeté  sur  la  fig.  l  de  la  PI.  V,  ob 
nous  avons  représenté  la  région  Nord  de  l'Ile,  et  où  non» 
avons  figuré  les  différent  es  concessions,  demandes  de  con- 
cessions et  périmètres  de  recherches  pour  cuivre,  montre, 
encore  que  l'existence  de  ces  périmètres  ne  prouve  pas 
d'une  façon  absolument  certaine  que  ce  métal  se  rencontre 
dans  leur  étendue,  que  les  gisements  de  cuivre  sont 
nombreux  dans  toute  la  région  ;  nous  avons  souligné  les 
noms  des  gisements  où  nous  avons  personnellement  cons^ 
tâté  la  présence  de  minerais  do  cuivre. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulomeiit  dans  le  Nord  de  la 
colonie  que  ce  métal  existe;  ii  a  été  l'objet  de  tentatives 
d'exploitation  en  1883-85  à  Koumac,  et  vers  1876  dans 
la  vallée  de  la  Négropo  près  de  Canala  ;  sa  présence  a  été 
en  outre  signalée  en  nombre  do  points  tout  le  long  de  la 


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«ISBUBNTS  UaTAJ.LKtOes   DIVBM  3SS 

cAte  OviOat  et  n»tainiaent  à  Bani,  près  de  tiomâa,  «i  Nord 
de  Poueiaboiit,  k  l'Ile  Ducos,  dans  la^aioe  4e  Suot- 
Viaccat,  «te. 

Nous  «jouterons  <jue,  d'après  les  iodicaliûBt  de  la 
statistique,  il  a  ét^  exporté  de  NouT^te-Calédouie, 
depuis  1^73  jusqn'en  19(^  plus  da  .£0.000  tom»%  de 
nÛMTM  de  cuivre  dent  la  tesetir  n'aurait  pas  été  ii^- 
rieure  Ji  10  à  lo  p.  100,  et  un  millier  de  tonnes  de  mattes 
très  RotaUeineot  plus  ricbes. 

Nous  foumissoos  ci-dessous  quelques  iodicationa  mit 
les  différents  gisaiiieats  que  nous  vanoBS  de  luentioiiner. 

B.  —  GiSBUENTS   DD    OROUPE  I>B  I.A  BaLADI. 

Ces  gisements,  situés  au  ilanc  des  différentes  collines 
qui  descendent  de  la  crête  de  Tiari  sur  Oué^oa  en 
enserrant  les  vallées  do  l;i  rivière  de  la  Balade  et  de  ses 
affluents  (Voir  la  /ig.  9  de  la  PI.  IV),  se  présentent  en 
filons  ou  en  amas  dans  les  micaschistes  qui  constituent 
tous  ces  contreforts. 

Ces  micaschistes,  qui  sont,  rappelons-le,  généralement 
très  chargés  à  la  fois  en  grandes  paillettes  de  mica  blanc 
et  en  chlorite.  et  dont  la  leinte  est  vei-dâtre  ou  bleuâtre, 
passent  quelquefois  au  gris  plus  on  moins  foncé;  ils  sont 
associés  par  places,  à  lu  gendarmerie  de  Ouégoa  notam- 
ment, à  des  ro<'hes  sorpentineuses  et  talqueuses,  qui 
ne  paraissent  (t'aillours  rien  avoir  de  commua  avec  la 
grande  formation  des  péridotites  qui,  comme  on  le  sait, 
domine  dans  presque  toute  la  ccdonie  sauf  précisément 
dans  cette  région  nord-occidcntale. 

Les  [nicaschistes  sont  en  outre  traversés,  précisément 
au  voisinage  immédiat  de  Ouégoa,  par  une  très  impor- 
tante formation  de  roches  chargées  d'amphibole  et  sur- 
tout de  glaucophane,  que  nous  croyons  devoir  considérer 
comme  attestant  une  activité  toute  spéciale  du  métamor- 


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340   RICHE88BS   MINÉRALES   DE  LA  NODVELLE-CALÉDONTE 

phisme  dans  cette  région.  Ces  roches,  qui  paraissent 
occuper  en  particulier  la  majorité  des  ravins  de  la  riviëre 
de  la  Balade  et  de  ses  affluents  de  droite  au  voisinage 
des  mines  Marat,  Balade,  et  Delaveuve,  comprennent  sm^ 
tout  des  amphibolites  vertes  à  grain  fln  d'un  type  spécial  ; 
l'examen  micrcscopiqiie  montre  en  effet  que  ces  amphibo- 
lites  sont  essentiellement  constituées  d'une  amphibole 
passant  au  glaucophune,  associée  à  du  mica  blanc,  à  de 
la  chlorite,  et  à  des  grenats  almandins  ;  ces  derniers  sont 
très  nombreux  par  endroits, ils  sontgénéralement visibles 
à  l'œil  nu  et  présentent  même  souvent  des  dimensions 
assez  considérables.  Acôté  de  ces  roches  de  couleur  verte, 
on  trouve  des  traînées  d'une  formation  franchement  bleue, 
tirant  un  peu  sur  le  gris,  dont  la  pâte  apparaît  au  micros- 
cope comme  entièrement  constituée  de  glaucophane  ;  cette 
pâto  contient  en  outre  tantôt  des  cristauï  de  pyroxène, 
tantftt  des  cristaux  isolés  ou  des  veinules  d'épidote  vert 
Jaun&tre,  et  souvent  des  grenats  almandins,  et  des  paillettes 
de  mica  blanc  ou  de  chlorite  ;  on  rencontre  en  outre  des 
schistes  onctueux  plus  ou  moins  micacés  criblés  de  petites 
baguettes  de  glaucophane.  Enfin  le  mamelon  de  la  mine 
Delaveuve  présente  un  puissant  ressaut  formé  d'un  quart- 
zite  gris  verdâtre  foncé,  à  grain  fin,  très  dur,  qui  se  montre 
presque  uniquement  constitué  de  quartz  et  d'abondanta 
petits  fragments  d'ilménîte.  Ces  différentes  roches  con- 
tiennent un  grand  nombre  de  cristaux  secondaires  et  no- 
tamment du  sphène,  du  rutile,  etc. 

Cette  très  curieuse  formation,  qui  avait  été  décrite  par 
M.  Heurteau  comme  une  formation  éruptivc,  mais  qui 
parait  plutôt  devoir  être  regardée  comme  d'origine  méta- 
morphique, avait  été  considérée  par  lui  comme  étant  en 
relation  étroite  avec  la  venue  cuprifère.  Quelque  frappante 
que  soit  la  coexistence,  auprès  de  Ouégoa,  des  miaerais  de 
cuivre  et  du  glaucophane,  nous  devons  faire  observer  que 
les  formations  à  glaucophane  se  poursuivent  vers  le  Nord 


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GISEMENTS   UÂTALLIQUEB   DIVERS  341 

et  vers  l'Est  sur  uae  éLendue  aeeez  considérabifl  (jusqu'à 
Oubatche),  tandis  que  les  gisements  de  cuivre  ne  paraissent 
pas  se  prolonger  dans  cette  direction,  alors  que  l'or  y 
apparaît  au  contraire  ;  et  que,  plus  à  l'Ouest  et  au  Sud,  le 
cuivre  se  montre  disséminé  dans  des  formaliona  oii  le  glau- 
eophane,  que  nous  avons  recherché  avec  soin,  ne  parait 
pas  exister. 

C'est,  nous  l'avons  dit,  au  milieu  de  ces  roches  que  se 
montrent  les  gisements  de  cuivre  du  groupe  de  la  Balade  ; 
le  métal  s'y  présente  principalement  sous  la  forme  de 
pyrite  cuivreuse  plus  ou  moins  riche  en  cui\Te,  mais  à 
teneur  généralement  assez  élevée  (20  à  50  p.  100  pour  la 
pyrite  bien  séparée  de  sa  gangue],  formant  tantôt  des 
masses  interstratifiées  assez  puissantes  et  tantôt  des  mouches 
ou  des  imprégnations  entre  les  feuillets  des  schistes  :  le 
cuivre  pyriteux  ne  constitue  d'ailleurs  que  laforrae  profonde 
du  minerai  ;  aux  affleurements  et  au  voisinage  immédiat 
de  ceux-ci  on  rencontre,  associés  à  de  l'oxyde  de  fer,  du 
cuivre  natif,  de  l'oxyde  noir,  et  les  différentes  variétés  de 
minerais  oxydés,  malachite,  atacamite,  azurite,  etc.  en 
masses  généralement  amorphes. 

Le  gisement  même  de  la  Balade  est  celui  qui  a  été 
découvert  le  premier,  il  affleure  de  pari;  et  d'autre  du  bras 
gauche,  assez  encaissé,  du  ruisseau  de  la  Balade,  à  peu  de 
distance  à  l'Est  du  village  de  Ouégoa,  et  à  une  centaine 
de  mètres  à  l'aval  d'une  haute  paroi  schisteuse  qui  parait 
marquer  un  accident  géotogiqucd'unecertaine  importance, 
n  se  présente  sous  la  forme  d'un  tilon-couche  de  cuivre 
pyriteux,  ayant  une  puissance  totale  variable  aux  envi- 
rons de  1°',50,  interstratific  dans  des  schistes  chloriteux 
verts,  et  souvent  séparé  en  deux  bancs  par  une  épaisseur 
de  50  à  60  centimètres  de  schistes  stériles.  Ce  fllon-coucbe 
estdirigé  Nord  légèrement  Ouest,  et  présente  un pendage 
assez  raide  (voisin  de  45°  aux  affleurements,  mais  plus 


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343   RICHESSES   HmAllA.LB8  DR  LA  NOUTSLLH-CALÉDONIB 

raide  en  profondeur)  ;  il  ae  rsmiâe  d'silleiira  par  des  im- 
prégnations et  fflonnels  enirreux  qui  euarent  dans  t«e 
cassures  transversales  des  schistes.  Telle»  sont  les  seules 
données  k  peu  près  certanies  que  nous  ayons  pa  retirer, 
tant  de  la  lectore  du  rapport  do  M.  Beurteau,  que  de 
l'examen  que  nous  avons  fïùt  des  affleurements  et  de  k 
galerie  ouverteen  direction  sur  la  rive  gauche  delà  rivière 
il  quelques  mètres  au-dessus  de  son  lit,  galerie  dont 
les  10  ou  15  premiers  mètres  étaient  encore  accessibles. 
Quant  à  l'allure  détaillée  de  la  formation  soit  en  direcUon, 
soit  en  profondeur,  nous  n'avons  pu  obtenir  k  son  sujet  que 
des  indications  fort  vagues  :  il  n'est  pas  douteux  qu'une 
exploitation  active,  et  longtemps  rémunératrice,  a  été  pous- 
sée sur  ce  gisement  parla  Compagnie  des  mines  de  Balade, 
sans  interruption  depuis  1874  jusqu'à  1884,  fournissant  h 
peu  de  choses  près  toutes  les  quantités  de  minerai  de 
cuivre  exportées  de  la  colonie  pendant  ces  onf  e  années  ; 
c'est-à-dire,  d'après  les  statistiques  officielles,  environ 
40.000  tonnes  d'un  minerai  qui  aurait  tenu  en  moyenne 
près  de  15  p.  JOO  de  cuivre,  et  dont  la  valeurtolale  aurait 
r^wésenté  quelques  millions  do  francs. 

Nous  n'îivons  d'ailleurs  pu  retrouver  aucun  document 
sérieux  relativement  à  cette  exploitation  ;  ni  le  service  des 
mines,  ni  les  ayants  droit  de  l'ancienno  société  exploitante 
n'ont  conservé  de  registre  îles  travaux,  ni  de  plan  les 
figurant  avec  quelque  précision  ;  une  coupe,  qui  existe 
encore  dans  les  archives  du  service  des  mines,  et  dont  les 
indications  coïncident  à  peu  priss  avec  les  renseignements 
verbaux  qui  nous  ont  été  fournis,  semble  indiquer  que  la 
formation  présentait  peu  de  continuité  en  direction,  puisque 
les  travaux  ne  se  seraient  di^velopjiës  que  sur  une  cen- 
taine de  mètres  à  peine  ;  mais  on  se  serait  enfoncé  jusqn'à 
une  profondeurde  150  mètres  dans  une  colon  ne  riche,  affec- 
tant d'ailleurs  plus  ou  moins  nettement  une  disposition  en 
rhapelot . 


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EIISBMBNTS    MÉTALLKtOES    DIVERS  343 

L'exploitation  a  été  iaten^mpae  en  1884,  à  un  moment 
^  criae  du  marché  âa  cuÏTre,  et  après  que  l'on  eut  dépité 
tout  ce  qui  avait  été  reconnu  en  fait  de  minerai  riche. 
D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  par  l'an- 
cien directeur  de  ces  travaux,  qui,  avant  de  les  diriger, 
avait  acquis  en  Australie  l'expérieBce  des  mines,  et  en 
particulier  celte  des  mines  de  cuivre,  le  gisement  aurait  été 
-alor»  complètement  épuisé,  et  des  travaux  de  recherches 
lauraient  éié  faits,  avant  de  l'abandonner,  pour  s'assurer 
•qu'il  n'existait  pas  d'autres  colonnes  riches  au  voisinage. 
Noua  n'avons  aucun  élément  pour  apprécier  l'importance 
(iesdits  travaux  et  le  bien  fondé  de  la  conclusion  qui  a 
été  tirée  de  leur  résultat  négatif;  il  est  cependant  permis 
de  se  demander  si  la  Compagnie  des  mines  de  Batade  a 
bieu  fait,  pour  l'exploration  de  sa  concession  tant  en  pro- 
fondeur qu'en  direction,  tous  les  sacrifices  qu'elle  aurait 
■dû  faire. 

Le  minerai  qui  a  été  expédié  en  Australie  passe  pour 
■avoir  eu  une  teneur  moyenne  en  cuivre  voisine  de  15  p.  iOO, 
il  renfermait  en  outre  un  peu  d'argent,  il  ne  contenait  ni 
plomb  ni  zinc  eu  quantité  sensible.  Une  partie  de  ce 
minerai  avait  été  enrichi  dans  une  petite  laverie  établie 
iUT  place;  mais  des  quantités  considérables  de  produits 
■à  faible  teneur  ont  été  abandonnées  en  tas  sur  le  carreau 
•de  la  mine,  en  raison  des  frais  élevés  d'enrichissement 
et  de  transport  jusqu'aux  usines  de  traitement  austra- 
liennes. II  en  existe  encore  des  amas  qui,  depuis  de 
longues  années,  donnent  lieu  à  des  dépôts  cuivreux  verts 
dans  le  lit  du  ruisseau  de  la  Balade. 

Les  minerais,  transportés  par  un  petit  tramway  jus- 
qu'au Diahot,  étaient  descendus  par  chaloupes  ou  chalands 
■dans  la  baie  de  Pain;  ils  ont  tous  été  expédiés  crus  en 
Australie. 

En  remontant  la  vallée  au-dessus  des  affleurements  do 


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341:  BICHËSSES  MINÉRALES  DB  LA  NODVBLLBH^ALÉDONIE 
la  Balade,  an  en  rencontre  d'autres  encore,  dont  les  plus 
importants  sont  ceux  de.  la  mine  Murât,  situés  à  quelque 
600  mètres  à  l'amont,  au  voisinage  de  la  cote  140.  Deux 
galeries  de  recherches  y  ont  été  ouvertes  k  deux  niveaux 
distants  verticalement  d'une  vingtaine  de  mètres.  La  pre- 
mière a  rencontré  d'abord  un  amas  de  pyrite  cuiiTeuse  de 
près  de  1  mètre  de  puissance,  dont  la  teneur  moyenne  en 
cuivre  serait  supérieure  à  10  p.  100,  puis  elle  a  suivi  b 
formation  en  direction,  c'est-à-dire  de  l'Ouest  à  l'Est,  sur 
ime  vingtaine  de  mètres.  Cette  formation  a  montré  l'al- 
lure d'un  filon-couche  de  60  centimètres  de  puissance 
environ,  interstratifié  dans  les  schistes  cbloriteux,  et 
plongeant  comme  eux  vers  le  Sud  avec  un  pendage  d'une 
quinzaine  de  degrés  ;  on  y  a  procédé,  sur  une  centaine  de 
mètres  carrés  de  surface,  à  un  dépilage  qui  a  donné  lieu 
à  l'extraction  de  minerais  dont  une  partie  a  été  expédiée 
eu  Australie  {nous  avons  trouvé  la  mention  de  l'expédition, 
eu  1884,  do  325  tonnes  de  minerai  provenant  de  la  mine 
Murât) .  La  p.iTite  cuivreuse  se  voit  encore  au  front  d'avance- 
ment avec  une  puissance  un  peu  variable,  mais  dépassant 
presque  partout  r)0  centimètres  ;  nous  y  avons  recueilli 
au  hasard  de  beaux  échantillons  de  minerai  massif  à 
9.6  p.  100  de  cuivre. 

La  galerie  inférieure,  au  contraire,  n'a  rencontré  la 
formation  qu'étranglée.  11  paraît  donc  vraisemblable  que 
celle-ci  n'est  pas  bien  régulière  et  qu'elle  affecte  comme 
k  la  Balade  une  disposition  en  chapelet.  Ce  que  nous 
avons  vu  ne  peut  que  nous  faire  regretter  que  les  travaux 
<rexploration  n'aient  pas  été  poursuivis  d'une  façon  plus 
Hérieuse.  Les  premiers  d'entre  eux  remontent  déjà  à  une 
vingtaine  d'années,  les  derniers  à  cinq  ou  six  ans;  depuis 
lors  la  mine  Murât  a  été  complètement  abandonnée.  Le 
minerai  extrait  des  dernières  recherches  a  été  laisst- 
entassé  sur  place,  faute  d'un  moyen  de  transport  autre 
qu'un  chemin  muletier  jusqu'à  Ouégoa  ;  il  y  en  a  quelques 


bvGoogIc 


GISEMENTS   METALLIQUES  DIVERS  346 

centaines  de  tonnes,  dont  une  partie  tout  an  moins  parait 
assez  riche. 


Nombreuses  sont  encore  les  indications  plus  ou  moins 
nettes  de  la  présence  du  cuivre  non  seulement  dans  le  ra- 
vin du  ruisseau  de  la  Balade,  mais  encore  sur  le  mamelon 
([ui  le  limite  au  Nord-Ouest,  et  dans  lo  ravin  qui  l'avoisine 
dans  cette  même  direction  ;  le  nombre  des  concessions 
contiguës  qui  couvrent  cette  région  en  témoigne  (Voir  la 
(ig.  9  de  la  PI,  IV),  non  pas  que  chacune  d'elles  ren- 
ferme nécessairement  des  affleurements  de  quelque 
valeur,  mais  tout  au  moins  parce  qu'elles  n'ont  généra- 
lement été  demandées  qu'après  la  découverte  de  quelque 
indice  de  minerai. 

Le  seul  point  de  ce  groupe  oii  nous  ayons  encore  en 
l'occasion  de  relever  d'une  façon  nette  la  présence  du 
cuivre  est  la  mine  Dr/avetive,  oîi  il  a  été  pratiqué  plu- 
sieurs puits  et  galènes  de  recherches.  Le  gisement  s'j' 
montre  dans  des  conditions  assez  intéressantes  au  point 
de  vue  géologique  :  les  chloritoschistes  qui  forment  la 
roche  dominante  du  mamelon  où  se  trouve  le  gisement, 
et  qui  y  sont  associés  aux  roches  bleues  à  glaucophaue  et 
au  massif  de  quartzite  que  nous  avons  mentionnés  ci-des- 
sus, sont  découpés  au  Hanc  du  ravin  par  un  à-pic  d'une 
(|uinzaine  de  mètres  de  hauteur  dont  la  paroi,  orien- 
tée à  peu  près  Nord-Sud,  laisse  voir  une  faille  de  décro- 
chement très  nette;  l'amplitude  de  la  faille  est  sans 
doute  faible,  et  l'ouverture  de  la  cassure  ne  dépasse  pas 
-  ou  3  décimètres.  Vers  le  Sud,  les  schistes  sont  sté- 
riles et  présentent  leur  couleur  gris  verdàtre  habituelle, 
ils  sont  sillonnés  de  veines  quartzeiises  ;  vers  le  Nord,  au 
contraire,  la  paroi  de  schiste  montre  la  coupe  d'une  demi- 
lentille  imprégnée  de  cuivre;  le  croquis  reproduit  par  la 
fig.  10  de  la  PI.  IV  rend  compte  de  cet  aspect  ;  au 
milieu  des  micaschistes  stériles  apparaît  une  zone  lenti- 


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34Ô   RICHESSES   UINËRALES   DE  LA  NOCTBLLB-CALÈDOMIB 

culaii'e  où  ceux-ci  sont  tout  imprégnés  de  petites  mouches 
il'azurite  et  de  malachite  leur  donnant,  avec  les  endultt 
fernigineux  rouges,  une  coloration  bigarrée  ;  l'épaisseur  de 
la  zone  imprégnée  est  de  80  centimètres  environ  au  con- 
tact même  de  la  cassure,  mais  elle  diminue  progressive- 
ment en  s'en  éloignant  et  cette  zone  vient  mourir  au  voi- 
sinage de  la  surface  du  mamelon,  présentant  en  tout  une 
longueur  de  8  mètres  environ.  Une  galerie  ouverte  en  di- 
rection, c'est-à-dire  vers  l'Est  légèrement  Sud»  a  suivi,  sur 
16  mètres  de  longueur,  cette  même  formation  (4ui  conser- 
vait au  début  sa  puissance,  mais  qui  s'effilait  ensuite  peu  à 
peu.  Il  n'y  avait  donc  là  qu'une  petite  lentille  dont  la  faille 
a  déplacé  la  moitié  Sud;  celle-ci  n'a  d'ailleurs  pas  été 
retrouvée.  En  dehors  de  cette  galène,  il  n'a  pas  été  fait, 
à  notre  connaissance,  d'autres  travaux  d'exploration  que 
ceux  décrits  autrefois  par  M.  Heurteau  [')  et  actuellement 
inaccessibles,  ils  n'avaient  mis  à  jour  que  des  indices  de 
peu  d'importance.  Il  aurait  été  extrait  de  la  galerie  de 
recherclies  ci-dessus  mentionnée  un  certain  nombre  de 
tonnes  de  minerai  à  teneur  moyenne  de  8  p.  100  de  cuivre 
sous  forme  de  produits  oxydés. 

Mentionnons  enfin  les  aMeurements  de  la  mine  Salas, 
située  à  6  kilomètres  à  l'Ei^st  de  Pam  également  dans  les 
micaschistes  ;  on  n'y  relève  que  quelques  enduits  bleus 
et  verts  sur  les  micascliistes  altérés  de  la  surface,  ces 
indices  nous  ont  paru  de  peu  d'importance. 

Telles  sont  les  observations  que  nous  avons  pu  faira 
dans  le  groupe  des  gisements  de  cuivre  des  envii-ons  de 
Ouégoa,  c'est-à-dire  des  gisements  qui  se  trouvent  dans  les 
micaschistes  et  en  relation  plus  ou  moins  étroite  avec  les 
roches  à  glaucophane;  elles  se  résument  en  quelques 
mot-î  :  bien  que  les  indices  de  la  présence  du  métal  soient 
nombreux,  ce  n'est  qu'en  deux  points  seulement  qu'il  a 

(*)  Loc.  eil..  p.  286-387. 


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QiSEHBNTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  347 

^té  mis  en  évidence  dea  amaa  de  pyrite  cuivreuse  de 
réelle  importance  ;  dans  le  premier  d'entre  eux  on  parait 
.avoir  épuisé  une  colonne  riche  sans  chercher  d'une  façon 
suffisante  s'il  n'en  existe  point  d'autres  ;  dans  le  second 
■quelques  travaux  qui  avaient  donné  des  résultats  plutôt 
encourageants  n'ont  pas  été  poursuivis, 

C.   -"  OiSaMBHTa  DU  (IRODPB  DB  LA  PiLOD. 

Les  schistes  ardoisiers  de  la  rive  gauche  du  Diahot, 
<qui  empiètent  même  par  places  sur  la  rive  droite,  ne 
paraissent  pas  moins  riches  en  imprégnations  cuirreuses 
-que  les  micaschistes  ;  celles-ci  paraissent  môme  se  ré- 
partir sur  des  étendues  beaucoup  plus  considérables  ici 
que  là. 

Nous  avons  décrit  déjà  la  puissante  formation  ii  laquelle 
appartiennent  tous  les  mamelons  qui  se  développent  au 
Sud  du  Diahot  et  nous  avons  déjà  dit  que  son  âge  nous 
paraît  impossible  à  fixer  avec  certitude  dans  l'état  actuel 
■de  nos  connaissances  sur  la  géologie  de  la  Nouvelle -Calé- 
-donie.  Ces  schistes  sont  sillonnés  de  Hlons  ot  flionnets  de 
■quartz,  et  l'on  y  rencontre  divers  filons  métallifères,  cuivre, 
plomb  argentifère,  zinc,  et  môme  or;  ces  métaux  sont  le 
pins  souvent  associés  entre  eux  dans  les  différents  gise- 
ments, avec  prédominance  ici  du  cuivre,  là  du  plomb  et  du 
zinc,  plus  loin  de  l'or  ;  ils  paraissent  tous  ftre  on  relation 
assez  étroite  avec  des  venues  de  roches  vertes  dîabasiques, 
■quel'on  rencontre  en  dykes  dans  les  schistes  au  voisinage 
plus  ou  moins  immédiat  des  gisements. 

Noua  ne  décrirons  pour  le  moment  que  ceux  d'entre  les 
gisements  où  le  cuivre  domine,  ce  sont  de  beaucoup  les 
plus  nombreux  d'ailleurs,  puisque  nous  n'aurons  à  rap- 
porter ensuite  à  cette  formation  qu'un  seul  gisement  d'or 
■et  un  seul  de  plomb  et  zinc  argentifères. 


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1 


348  RICHESSES   MINÉHALE8   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Le  plus  important  d'entre  eux,  d\\  moins  à  ce  que  Voa 
peut  en  juger  dans  l'état  actuel  des  travaux,  est  celui 
de  la  mine  Pilou,  découvert  en  1884,  et  exploité  depuis  1886 
Jusqu'à  la  fin  do  1901  avec  des  alternatives  d'activité  et 
de  chfimage. 

Les  travaux,  qui  n'ont  été  abandonnés  en  dernier  lieu 
qu'à  la  fin  de  l'année  1901,  présentent  un  développement 
important  ;  l'épuigenient  en  ayant  été  continué  depuis 
lors,  et  les  galeries  principales  étant  restées  en  état  d'en- 
tretien suffisant,  nous  avons  pu  les  visiter;  nous  en  avons 
d'ailleurs  trouvé  sur  place  un  plan  à  jour  que  reproduit 
la  /ig.  11  de  la  PI.  IV. 

Le  filou,  car  il  s'agit  ici  d'un  véritable  filon  de  quartz 
métallifère,  recoupe  presque  verticalement  les  bancs  de 
schistes  noirs,  inclinés  à  45°  vers  le  Sud,  qui  l'en- 
caissent ;  il  affleure,  au  voisinage  immédiat  d'un  pais- 
sant dyke  de  diabasc,  sur  les  deux  versants  Ouest  et  Est 
d'un  mamelon  schisteux  arrondi  en  forme  de  d6me  ;  il 
s'y  signalait  par  de  beaux  échantillons  de  malachite  et 
d'azurite,  lantAt  en  masses,  tantôt  en  cristaux,  dont 
nous  avons  pu  ramasser  encore  quelques  fragments.  La 
partie  du  filon  comprise  dans  ce  mamelon,  qui  s'élève 
d'une  centaine  de  mètres  au-dessus  du  sol  légèrement 
accidenté  qui  l'environne,  a  été  promptement  dépilée  è 
partir  du  mois  de  juin  1886  ;  ces  travaux  oni  été  ceui 
des  niveaux  désignés  sous  les  numéros  1,  2  et  3,  ils 
se  sont  développés  par  places  sur  80  mètres  de  hauteur. 
Ils  ont  produit  des  minerais  d'une  belle  richesse  et  d'au- 
tant plus  faciles  à  fondre  qu'ils  étaient  entièrement  oxydés. 

On  a  ensuite  commencé  l'exploitation  parpuits  etgale- 
ries  :  elle  s'est  d'abord  poursuivie  jusqu'au  quatrième  ni- 
veau (profondeur  25  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits) 
dans  des  minerais  encore  oxydés,  puis  on  est  entré  dans  la 
7X)ne  des  minerais  sulfurés  ;  les  travaux  s'y  sont  développés 
jusqu'au  mois  d'avril  1891,  mais  ils  ont  été  arrêtés  une 


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OISEUENTS    METALLIQUES    DIVERS  349 

première  fois  à  cette  date  ;  repris,  sans  grande  activité, 
en  1897,  ils  ont  été  abandonnés  à  nouveaa  en  sep- 
tembre 1901 ,  après  que  des  traçages  importants  y  eurent 
été  faits  avec  un  certain  succès,  et  sans  que  les  dépl- 
lagesyaient  été  très  étendus,  à  en  croire  les  indications 
du  plan  que  nous  avons  retrouvé. 

Le  puits  a  été  foncé  jusqu'à  150  mètres  de  profondeur 
et  des  traçages  ont  été  poursuivis  de  30  en  30  mètres  en 
moyenne,  jusqu'à  la  profondeur  de  145  mètres  (8°  niveau); 
ils  ont  tous  suivi,  sur  des  longueurs  dépassant  générale- 
ment 300  mètres,  un  filon  d'une  régularité  d'allure  satis- 
faisante et  d'une  minéralisation  qui,  si  elle  est  variable 
d'un  point  à  un  autre  et  présente  des  colonnes  alternati- 
vement  plus  pauvres  et  plus  riches  comme  dans  presque 
tous  les  filons  miétaUifères,  nous  a  paru  assez  belle,  au 
cours  de  l'examen  nécessairement  rapide  que  nous  e» 
avons  fait.  Pour  ne  parler  que  des  niveaux  ob  les  dépi- 
lages  ne  sont  pas  achevés  ou  presque  achevés,  nous  y 
avons  reconnu  l'existence  d'un  filon  quartzeux,  i-égulier 
dans  l'ensemble,  dont  la  puissance  varie  généralement 
de  I  mètre  à  1",50,  tantôt  en  une  seule  veine,  tantàt 
en  plusieurs  veinules  englobant  des  passées  schisteuses  ; 
dans  ce  quartz  sont  irrégulièrement  réparties  des  masses 
de  sulfures  métalliques:  chalcosine,  chalcopyrite,  blende, 
galène  et  pyrite,  généralement  mélangés  d'une  façon  assez, 
intime,  et  dont  la  quantité  varie  depuis  de  simples 
mouches  jusqu'à  des  masses  occupant  l'épaisseur  presque 
entière  du  filon. 

Il  nous  a  naturellement  été  impossible,  au  cours  d'une 
simple  visite,  d'évaluer  la  puissance  réduite  moyenne 
du  filon  et  la  teneur  moyenne  en  cuivre,  plomb  et  zinc, 
des  minerais  qu'il  pourrait  rendre.  Nous  ne  pouvons  que 
donner  à  ce  sujet  les  quelques  indications  suivantes  ;  il  a 
été  récemment  prélevé  par  les  propriétaires  de  la  mine, 
aux  neuf  points  figurés  en  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  9,  sur 


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350    RICHESSES    MINERALES    DE    LA    NOCVELLE-CALÉDONIE 

la  fif.  il  de  la  PI.  IV,  neuf  échantillons  qui  représen- 
teraient chacHii  la  teneur  moj'eniie  d'un  lot  de  5  tonnes 
de  minerai  tout  Tenant,  et  qui  auraient,  aux  dires  de 
ceux-ci,  (I0D116  à  ranà^yae  les  résultats  suivants  : 


Cu<m 

Plonb 

F«r 

BM 

Al««it 

p.  too 

P-  100 

p.  too 

^  t» 

2.7 

0.7S 

16,66 

5,40 

H  giammes  à  la  Umm. 

«,72 

0,50 

Ï2,3Ï 

6,35 

n 

— 

4.40 

2,» 

15 

10 

Ï3 

■— 

S,40 

9,» 

«,7» 

K 

«S 

— 

3,M 

1,28 

13,7S 

7,» 

u 

— 

3,62 

0,75 

8,-0 

7,50 

33 

_ 

8,3« 

1,88 

12,50 

10,10 

SO 

— 

3,73 

i,r.o 

7,85 

4,10 

20 

— 

8,»* 

3 

12,86 

«,4S 

64 

— 

Si  les  points  oii  ont  été  pris  les  échantillons  n'ont  pas 
été  systématiquement  choisis  dans  les  meilleures  parties 
du  filon,  et  si  les  prises  d'essai  et  les  analyses  ont  été- 
faites  sincèrement,  leurs  indications  doivent  être  consi- 
dérées comme  satisfaisantes.  La  présence  du  zinc  ea 
quantité  importante  dès  qu'on  est  entré  dans  la  Jone 
sulfurée,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  de  tendance  à 
s'accentuer  avec  l'approfondissement,  est  évidemment  de 
nature  à  gêner  quelque  peu  le  traitement  du  minerai. 
Néanmoins  o'cst  là  une  difficulté  métailui^ique  que  Fo» 
résout  bien  aujourd'hui  avec  un  traitement  soigneux,  et. 
si  les  renseignomeuts  qui  nous  ont  été  fournis  sont  exacts. 
les  dernières  mattes  obtenues  à  la  fonderie  de  Pam  à 
partir  de  concentrés  dont  la  teneur  en  cuivre  variait  de 
6  à  14  p.  100  contenaiOnt  en  moyenne  : 

Cuiïre 80  à  2S  p.  100 

Plomb e  à  10  p.  100 

Argent 400  grammes  à  la  tonne. 

Le  Kine  passait  en  majeure  partie  dans  la  scorie  ou  hien 


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QISBltBNTS   HKTALLIQUKS   DIVERS  35r 

éiait  volatilisé.  Ces  niattesétaîeiitaclietéeai>ar les  fonderie» 
ausiralieiines,  rendues  à  l'usine,  en  comptant  tout  le  cuivre 
an  cours  et  le  plomb  à  raison  de  l'%45  l'unité  (cours  du 
milieu  de  1901),  et  en  faisant  une  déduction  de  25  francs 
par  tonne  pour  frais  de  traitemeht  des  mattes. 

Conune  nous  l'avons  dit,  le  filon  a  été  suivi  en  profon- 
deur jusqu'k  150  mètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits, 
soit  jusqu'à  près  de  350  mètres  au-dessous  des  affleure- 
ments les  plus  élevés,  et  riea  ne  paraît  indiquer  qu'il  ne 
se  prolonge  pas  encore  plus  profoniiément  ;  en  direction, 
les  dépilages  se  sont  développés  aux  niveaux  supérieurs 
sur  une  étendue  de  350  mètres  environ,  non  sans  laisser 
des  colonnes  pauvres  ou  stériles  dont  la  largeur  totale 
représente  de  70  à  80  mètres,  ils  ont  été  vraisemblable- 
ment arrêtés  à  des  zones  relativement  pauvres  ;  aux 
niveaux  inférieurs  au  sixième,  il  n"y  a  eu  que  fort  peu 
de  dépilages,  et  cependant  les  traçages  des  septième  et 
huitième  niveaux  ont  été  faits  respectivement  sur  270  el 
130  mètres  ;  ils  ne  paraissent  pas  avoir  rencontré  moins 
de  zoues  riches  que  les  niveaux  supérieurs,  le  huitième 
niveau  se  trouvait  arréti!'  on  plein  minerai  à  ses  deux 
extrémités,  le  septième,  arrêté  au  stérile  vers  l'Ouest, 
était  encore  au  minerai  à  l'Est.  Quant  à  la  qualité  du 
minerai,  rien  ne  parait  de  nature  à  faire  redouter  qu'elle 
ne  devienne  moins  satisfaisante  en  profondeur.  Bien  qu'il 
ait  déjà  été  extrait,  aasiire-t-on,  environ  20.000  tonnes 
de  minerai  assez  riche  pour  être  expédié  en  Australie  ou 
traité  à  Pam,  c'est-à-dire  d'une  teneur  dépassant  vrai- 
semblablement 10  p.  100,  et  qu'il  faille  tenir  compte  en 
outre  de  nombreux  milliers  de  tonnes  de  minerai  plus 
pauvre  laissé  sur  le  carreau  de  la  mine,  il  reste  encore 
des  ressources  reconnues,  et  il  est  permis  d'espérer  que 
l'exploration,  qui  n'a  en  somme  porté  que  sur  300  mètres 
en  direction  et  350  mètres  à  peine  en  profondeur,  n'a  pas. 
encore  révélé  tout  ce  que  contient  ce  gisement. 


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352  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOOVELI.E-CALÈDOHIE 

Son  exploitation,  telle  qu'elle  a  été  comprise  jusqu'ici, 
n'est  d'ailleurs  pas  sans  prêter  à  la  critique;  si  les  tra- 
çages et  dépilages  dans  la  mine  peuvent  être  regardés 
comme  ayant  été  faits  d'une  façon  rationnelle,  il  n'en  a 
pas  toujours  été  de  même  du  traitement  du  minerai.  On  a 
au  début  expédié  les  minerais  crus  à  Swansea  ;  ensuite  on 
les  a  dirigés  sur  l'Australie,  ce  qui  leur  faisait  encore 
supporter  un  fret  voisin  de  15  francs  par  tonne  et  des  frais 
de  traitement  aux:  usines  de  Dapto  (Nouvelle-Galles  dn 
Sud)  de  35  francs,  soit  une  charge  totale  de  50  francs. 
Lorsque,  peu  de  temps  après  la  mise  en  exploitation  de 
la  mine  Pilou,  la  société  des  mines  du  Nord,  qui  la  pos- 
sédait, voulut  entreprendre  l'exploitation  de  la  raine  de 
plomb  argentifère  Mérétrice,  il  devint  presque  indispen- 
sable de  monter  sur  place  une  fonderie  pour  le  plomb,  dont 
les  minerais  bruts  avaient  beaucoup  moins  de  valeur.  En 
même  temps  que  cette  fonderie  fut  créée,  il  parut  ration- 
nel d'y  adjoindre  des  fonrs  de  première  fusion  du  cuivre 
(water-jackets)  afin  <Ie  transformer  des  minerais  dont  la 
teneur  variait  de  10  à  15  p.  100  eu  mattes  à  30  p.  100 
au  moins.  11  était  d'ailleurs  devenu  nécessaire  de  laver  te 
minerai,  qui,  des  produits  oxydés  riches  de  la  surface, 
avait  passé,  au-dessous  du  quatrième  niveau,  à  des  sul- 
fures encore  beaux,  mais  où  l'on  rencoutrait  non  seule- 
ment un  mélange  de  pyrite,  blonde  et  galène,  mab  en 
outre  beaucoup  de  quartz  intimement  associé  aux  sul- 
fures. Une  petite  laverie  avait  été  montée  à  cet  effet,  elle 
livrait  des  minerais  enrichis  k  plus  de  10  p.  100  de  cuivre, 
mais  elle  produisait  en  même  temps,  à  côté  dn  stérile, 
dos  produits  mixtes  (teneur  3  à  6  p.  100  de  cuivre)  qu'on 
n'était  pas  outillé  pour  traiter,  et  que  l'on  entassait  autour 
do  la  mine. 

Pour  des  raisons  que  nous  ne  sommes  pas  à  même 
d'apprécier,  surtout  après  un  intenalle  de  temps  de 
douze  ans,  celte  organisation  ne  put  pas  prospérer,  et  la 


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GISEMENTS   MÉTALLIQOBS  DIVERS  353 

Compagnie  des  minea  du  Nord  dut  être  liquidée  au  début 
de  1891. 

Ce  tt'est  que  six  ans  après  qu'une  société  anglaise, 
)'  «  International  Copper  Corporation  Limited  »,  à  laquelle 
s'est  substituée  en  1899  la  société  "  Mines  de  cuivre  Pilou 
Limited  »,  a  repris  l'exploitation  de  la  mine  Pilou.  Conduite 
d'abord  dans  des  conditions  modestes,  cette  entreprise  a 
fait  ensuite  dos  dépenses  considérables  et  parfois  inu- 
tiles :  tandis  que  les  travaux  souterrains  étaient  peu  à 
peu  restreints,  les  dépenses  d'installations  superficielles 
étaient  faites  sans  compter;  en  dehors  de  l'utile  instal- 
lation d'une  machine  d'extraction  et  d'une  puissante 
pompe,  de  nouveaux  appareils,  dont  une  partie  n'ont  d'ail- 
leurs jamais  servi  et  qui  étaient  peu  appropriés  aux  cir- 
constances locales,  étaient  montés  pour  transformer  la 
laverie,  de  luxueux  ateliers  de  réparations  étaient  installés 
à  côté  de  la  mine,  et  l'ancienne  fonderie  de  Pam  était 
reconstruite  sur  un  nouveau  plan  (substitution  de  fours  à 
réverbère  aux  watfir-jackots  pour  la  première  fusion)  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  sanctionné  par  l'expérience;  entre 
temps  d'importantes  dépenses  avaient  été  faites,  en 
partie  tout  au  moins  mal  à  propos,  pour  la  création  de 
deux  voies  ferrées  différentes,  ayant  respectivement  3  kilo- 
mètres 1/2  et  5  kilomètres  1/2,  réunissant  la  mine  Pilou 
à  là  baie  de  Pam,  et  d'une  troisième  voie  ferrée  la  met- 
tant en  relation  avec  la  mine  Ao,  que  nous  mentionnerons 
ci-après.  Dans  ces  conditions,  des  sommes  considérables 
ne  tardèrent  pas  à  être  dépensées,  absorbant  le  capital  de 
la  Société  ;  d'autre  part,  les  conditions  onéreuses  du  trai-p 
temeat  des  minerais  à  l'usine'de  Pam  faisaient  ressortir 
8  plusieurs  centaines  de  francs,  nous  a-t-it  été  affirmé, 
les  frais  de  première  fusion  d'une  mâtte  qui  se  vendait 
de  300  à  350  francs,  alors  que  les  frais  de  transport  du 
minerai  jusqu'en  Australie  et  de  première  fusion  là-bas 
n'auraient  guère  représenté  qne  50  francs  par  tonne  de 


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364   RICHESSES   HIKBBALES   de   Li.   NOUVEUJ-CALÉDONIB 

minerai  (soit  150  à  200  firancs  par  tonne  de  mattes).  Ainn 
conduite  l'exploitation  d'une  mine,  même  très  riche,  ne 
pouvait  guère  aboutir  qu'à  un  désastre  financier  ;  c'est  ce 
qui  n'a  pas  ni:mqué  de  se  produire  dans  lea  premiers  jours  de 
l'année  1902.  La  société  «  les  Mines  de  cuivre  Pilou  Limi- 
ted M,  qui  n'était  d'ailleurs  qu'une  filiale  de  la  «  Londonand 
Globe  Finance  Corporation  »  de  Londres,  est  tombée 
comme  elle  en  déconfiture.  La  liquidation  de  ses  biens 
n'était  pas  encore  terminée  au  moment  de  notre  séjour 
dans  la  colonie,  et  la  mine  Pilou  était  en  chômage  com- 
plet. Cette  liquidation  a,  parait-il,  eu  lieu  à  la  fin  de 
l'année  1902,  et  le  nouveau  propriétaire  de  la  mine  s'occu- 
perait, nous  a-t-il  affirmé,  de  l'organisation  d'une  noavelle 
société  qui  en  reprendrait  rexploîtation. 

La  mine  de  cuivre  Ao,  découvert*  trois  ans  aprèa  la 
mioe  Pilou,  à  2.500  mètres  à  l'Ouest  de  relle-ci,  dans  la 
môme  formation  de  schistes  noirs  à  fttonnets  quartseax, 
qui  d'ailleurs  se  montrent  anx  affleurements  coroptëte- 
ment  décolorés  et  semés  de  débris  de  quartz,  se  trouve 
au  bord  du  ravin  du  ruisseau  Ao,  tributaire  de  la  baie 
de  Néhoué.  Nous  n'avons  pas  relevé  la  présence  de  roche» 
vertes  au  voisinage  immédiat  de  la  mine  Ao,  comme  ponr 
la  Pilou,  cependant  nous  en  avons  noté  un  massif  paiS' 
sant  dans  l'une  des  tranchées  du  chemin  de  fer  qui  relie 
les  deux  mines. 

Le  gisement  se  manifeste  aux  affleurements  par  une 
série  d'imprégnations  de  malachite  fibreuse  et  d'azurite 
en  jolis  cristaux  au  sein  de  Alons  de  quartz  carié  qui 
courent  très  nombreux  dans  les  schistes  de  couleur 
rosàb-e  :  ces  affleurements  se  retrouvent  de  part  et  d'autre 
du  ruisseau,  ils  apparaissent  an  particulier  dans  son  lit  et 
sor  ses  berges,quiprésent6ntdesà-pic  de  quelques  m&tres; 
le  croquis  reproduit  par  la  fig.  12  de  la  PL  IV,  résul- 
tant de  nos  observations  et  complété  d'après  des  plans 


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MÊTALUQDKS  DIVEB*  35f> 

conservés  sur  place,  fait  voir  que  ces  afâeurements 
sont  assez  multipUés  :  une  première  galerie  ouverte  sur 
la  rive  gauche  du  misseaii  aurait  rencontré  des  traces 
cnivreuses  bdf  ane  longueur  de  21  mèU'es  avec  plusieurs 
zones  minéralisées ,  une  deuxième  ouverte  sor  la  rive  droite 
a  recoupé  trois  filonnets  sur  une  longueur  de  10  mètres 
environ.  En  {Hvfondeiir  on  a  suivi  deux  veines,  l'une  de 
l'*,20  de  pnissance  et  l'autre,  à  une  vingtaine  de  mètres 
au  mur,  de  O'',40  à  0*,60  d'épaisseur.  Ce»  deux  veines 
étaient  dirigées  Nord  75°  Est  et  plongeaient  vers  le  Sud 
avec  on  pendage  assez  voisin  de  U  verticale,  elles  recou- 
paient des  bancs  de  schistes  noirs  lustrés.  Leur  remplis- 
sage était  du  quartz  blanc  avec  mouches  ou  amas  de 
cbalcosine,  chalcopTrite,  pyrite  et  galène;  la  blemie  y 
était  peu  abondante.  On  retrouve  d'ailleurs  eiicore  d'assez 
bons  échantillons  de  ce  minerai  sur  les  tas  subsistant  à  la 
surface  :  la  pyrite  cuivreuse  provenant  d'un  de  ces  échan- 
tillons et  séparée  avec  soin  de  sa  gangue  nous  a  donné  à 
l'analyse  une  teneur  en  cuivre  de  28  p.  ICtO.  L'exploration 
(le  lamine,  découverte  en  octobre  1887,  a  été  commencée 
d«s  le  mois  de  décembre  de  la  même  année  et  poursuivie 
d'abord  arec  peu  de  développement  par  la  Société  des  mines 
dn  Nor-d.  Lors  de  la  reprise  de  la  mine  IHlou  en  t  S97,  les 
^prïétaires  de  cette  mine,  qui  avaient  acquis  en  même 
temps  la  mine  Ao,  y  reprirent  des  travaox  :  un  puits  fut 
foncé  jusqu'à  80  mètres  de  profondeur  et  deux  galeries 
furent  poussées  à  40  mèbras  au-dessous  du  84mI  ;  la  mine 
fut  ensuite  pourvue  d'une  machine  d'extraction  et  de 
différentes  ûtatallations  ;  elle  fut  es  même  temps  reliée  à  la 
mine  Pilon  par  une  vue  ferrée  de  4  kilomètres  de  longueur 
qui,  par  une  conception  peu  explicable  (à  moins  qu'd  ne 
s'agisse  simplement,  comme  il  nous  a  été  dit,  d'une  étrange 
erreur  de  tracé),  comprenait  successivement,  à  partir  de  la 
mise  Ao,unesection  légèrement  montante,  puis  un  double 
rebroussement  rachetant  une  différence  de   niveau  de 


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356   RICHESSES   UINÉRAI.BS   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

10  mètres,  un  tunnel  de  200  mètres  environ,  puis  un  plan 
incliné  d'une  hauteur  verticale  de  4)3  mètres  exigeant  ua 
transbordement  du  minerai,  et  enfin  une  nouvelle  voie 
ferrée  gagnant  en  pente  douce  la  mine  Pilou  ;  le  tran^ 
bordement  a  d'ailleurs  été  ultérieurement  supprimé  par  le 
tracé  d'une  longue  rampe  sinueuse  remplaçant  le  plan 
incliné  ;  il  ne  semble  pas  que  cette  voie  ferrée,  construite  à 
grands  frais  avant  que  les  travaux  de  reconnaissance  de 
la  mine  l'aient  justifiée,  ait  jamais  servi  à  transporter  un 
tonnage  tantsoit peu  notable  de  minerai. 

Au  moment  de  notre  visite,  la  mine  Ao  était  complète- 
ment abandonnée  et  le  puits  plein  d'eau  ;  nous  n'avons  pu 
"  qu'examiner  les  affleurements  visibles  au  voisinage  du  lit 
du  ruisseau  et  les  quelques  échantillons  de  minerai  subsis- 
tant sur  des  tas  de  déblais  k  la  surface  ;  nous  avons  en 
outre  retrouvé  deux  plans  qui  ne  paraissent  d'ailleurs  pas 
avoir  été  au  courant  des  derniers  travaux  ;  d'après  leura 
indications,  ceux-ci  auraient  eu  peu  d'extension,  et  nous 
n'avons  pu  nous  faire  aucune  idée  de  la  valeur  au  point  do 
vue  industriel  de  cette  mine,  qui  passe  pour  avoir  montré 
de  belles  apparences. 

Les  minerais  qui  en  ont  été  extraits  auraient  été  assez 
riches  et  plus  purs,  surtout  au  point  de  vue  du  zinc,  qoe 
ceux  de  la  Pilou  :  d'après  les  indications  du  registre 
d'analyses  de  l'usine  de  Pam,  ils  auraient  tenu  de  10  à 
20  p.  100  de  cuivre,  1/2  à  1  p.  100  de  plomb,  et  60  à 
100  grammes  d'argent  à  la  tonne. 

Plus  vers  l'Est,  et  s'alignant  grossièrement  entre  eux 
'  dans  une  direction  Nord-Sud,  existent  une  série  d'auU*es 
affleurements  cuivreux  qui  paraissent  moins  importants, 
du  moins  si  l'on  en  juge  par  les  modestes  indications 
fournies  par  des  travaux  de  recherches  peu  développés, 
souvent  inaccessibles,  et  au  sujet  desquels  personne  ne 
parait  avoir  gardé  de  documents  précis. 


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0I8BMENTS   METALLIQUES  DIVERS  357 

De  cette  série  d'affleurements  noua  avons  examiné  im 
assez  grand  nombre,  que  nous  mentionnons  brièvement 


A  PoTirfo/aï,  où,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  affleurent 
des  schistes  décolorés  qui  indiquent  l'existence  en  pro- 
fondeur des  schistes  noirs,  on  a  signalé  dès  1873  la  pré- 
sence du  cuivre  :  une  galerie  de  quelques  mètres  de  lon- 
gueur avait,  comme  l'indique  M,  Heurteau{*),  suivi  un 
filon  de  30  centimètres  de  puissance  orienté  au  Non!  70' 
Est  et  plongeant  de  40°  vers  le  Sud  ;  le  remplissage  du 
filon  se  composait  de  enivre  carbonate  bleu  et  de  cuivre 
sulfuré  avec  de  petites  veinules  de  cuivre  oxydulé  dans 
une  gangue  quartzeuse  ;  une  veine  de  quartz  courant  au 
toit  du  filon  contenait  même  de  belles  cristallisations  de 
cuivre  natif.  Bien  que  M.  Heurteau  eût  déclaré  que  ces 
affleurements  étaient  très  importants,  et  que  l'on  pouvait 
bien  augurer  du  succès  des  travaux  de  recherches  entre- 
pris dans  cette  région,  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  rien 
été  fait  pendant  de  longues  années.  Tout  récemment,  en 
1900,  on  y  a  ouvert  de  part  et  d'autre  de  l'ancien  puits 
deux  petites  tranchées  d'une  dizaine  de  mètres  de  longueur 
chacune;  elles  n'ont  mis  à  découvert  que  des  traces  cui- 
vreuses et  nous  n'avons  pu  y  recueillir  que  quelques  frag- 
ments de  schistes  avec  imprégnations  de  minerais  oxydés 
de  cuivre. 

A  la  mine  Trimas,  située  sur  la  rive  gauche  du  Diahot 
dans  la  région  qu'entoure  la  boucle  dessinée  par  cette 
rivière  en  face  de  Ouégoa,  on  constate  l'existence  d'un 
filon  quartzeux  cuprifère  au  milieu  de  schistes  argileux. 
On  y  a  creusé  à  flanc  de  coteau  un  travers-bancs  qui  va 
recouper  le  filon,  celui-ci  a  été  ensuite  suivi  en  direction, 
c'est-à-dire  de  l'Est  à  TOuest,  sur  une  dizaine  de  mètres, 
puis  un  puits  incliné  a  été  foncé  suivant  son  pendage  :  ce 

(•)  Loc.  cit.,  p.  291. 


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358   RICHESSES  HIHBKALBS  DE   LA  NODVBLLB-CALÉDONIB 

dernier  est  noyé  et  par  suite  isACceesible  ;  il  paraîtrait 
qu'il  aurait  reconan  «pie  le  âloa  s'eafonce  avec  une  certaine 
puissance  ot  une  tiunne  minéralisation,  constituée  par  de  la 
pyrite  cuivreuse.  Dans  la  galerie  en  direction,  très  voïsnie 
de  la  surface,  que  nous  avoDS  seule  pu  examiner,  le  âlon 
est  brouillé  et  on  trouve  seulement  des  fragments  de 
minerais  oxydés  dans  une  terre  argileuse  ;  ce  sont  prin- 
cipalement des  agrégats  arrondis  en  {ùttos  de  boules  de 
cristaux  bleus  d'azurite.  On  aurait  tiré  de  ces  travaux 
quelques  tonnes  de  minerai  marchand. 

A  3  kilomètres  plus  à  l'Ouest,  les  deux  mines  conliguës 
Folle  et  Montagnat  se  partagent  un  autre  fllon  de  même 
caractère  et  de  même  direction  Est-Ouest.  Dans  la  mine 
Montagnat,  qui  est  le  pins  à  l'Est,  U  a  été  creusé  on 
puits,  mais  nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignemeat 
sûr  les  indications  qu'il  a  fournies,  et  nous  n'avons  relrouré 
autour  de  son  (uifice  aucun  déblai  de  quelque  intérêt  ;  k 
une  centaine  de  mètres  plus  à  l'Est,  une  galerie  à  travera- 
buics  ouverte  au  liane  il'uik  mamelon  a  retrouvé  le  filon, 
mais  fort  mince,  sous  fonn*<d'in^égnation8  et  de  boules 
d'azurite  dans  une  argile  grise  talqueuse  ;  ce  filon  a  été 
suivi  sur  9  mètres  de  longueur  avec  use  puissance  de 
10  à  20  centimètres  seulement. 

.  Dans  le  périmètre  cootigu  du  c6té  de  l'Ouest,  qui  cons- 
titue la  mine  Folle,  il  a  été  creusé  un  puits,  aujourd'hui 
noyé,  qui  avait,  paralt-il,  suivi  sur  18  mètres  de  veri.i- 
cale  le  filon  dirigé  Est-Ouest  et  s'enfonçant  presque  verti- 
calè^nent.  Différents  niveaux  y  auraient  été  tracés,  et 
poursuivis  sur' quelques  mètres  seulement  en  direction, 
dans  un  filon  quartzeiix  d'une  puissance  variant  de  30  à 
80  centimètres;  ce  filon  aurait  fourni,  après  simple  triage, 
un  minerai  de  chalcopyrite  tenant  de  25  à  30  p.  100  de 
cuivre.  Il  nous  a  été  affirmé  que  ces  quelques  travaux 
auraient  produit  une  centaine  de  tonnes  de  minerai  qui. 
auraient  été  vendues  pour  la  somme  de  49.000  francs. 


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G1B£MBMT8  HÂTALIJItDU  DlTERa  359 

La  mine  Charlotte  appartient  encore  à  ce  même  ali- 
tement, qu'elle  jalonae  à  une  dizaine  de  kilomètres  plus 
au  Sud.  \a  roche  encaissante  est  toujours  constituée  par 
les  schistes  satinés  nnirs,  mais  le  gisement  se  présente 
sous  forme  d'imprégnations  cuivreuses  dans  les  schistes 
mêmes,  associées  à  des  filonnets  quartzeux  insignifiants, 
et  non  bous  [a  forme  d'un  Bien  de  quarts  bien  défini 
comme  précédemment.  C'est  d'ailleurs  peut-être  ce  qui 
explique  le  peu  de  continuité  en  direction  que  paraît  pré- 
senter ce  gisement.  Sur  le  lK>rd  d'un  mamelon  arrondi  se 
montraient  des  affleurements  cuivreux  :  ils  ont  été  suivis 
sur  20  mètres  de  longueur  par  une  galerie  dirigée  à  peu 
près  exactement  vers  le  Nord,  un  puits  a  en  outre  été 
foncé  à  l'entrée  de  cette  galerie,  et  ces  travaux  ont 
permis  d'extraire  des  schistes  noirs  imprégnés  de  mala- 
chite, d'azurite  en  cristaux  groupés  en  houppes,  de 
cuprite  et,  plus  en  profondeur,  de  pyrite  plus  ou  moins 
riche  en  cuivre.  Sur  lo  flanc  Est  du  même  mamelon  et  à 
nue  centaine  de  mètres  plus  au  Nord,  une  petite  galerie  a 
retrouvé  des  traces  cuivreuse»  peu  abondantes  :  [Jus  loin 
vers  le  Nord,  une  autre  galerie  de  iJO  mètres  de  longueur 
pénètre  dans  le  mamelon  qui  est  voisin  du  précédent  vers 
l'Est  et  que  la  formation  cuprifère  devrait  recouper  ei 
elle  se  prolongeait  en  direction  ;  cette  galerie  n'a  rien 
trouvé  qui  offrit  quelque  intérêt,  il  parait  en  avoir  été  de 
même  d'un  puits  foncé  à  partir  du  sommet  de  ce  dernier 
mamelon. 

Des  traces  de  cmrre  reparaissent  encore  notablement 
plus  loin  vers  l'Ouest  dans  la  presqu'île  d'Arama,  oii  se 
l»ti)onge  ta  même  formation  schisteuse  ;  plusieurs  conces- 
sions y  ont  été  instituées  sur  des  affleurements  qui 
auraient,  paralt-il,  une  certaine  importance  ;  nous  n'avons 
pas  pu  les  visiter. 


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vl60   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA.   NOOTEU.E-CALÉDON'IE 

D.  —  Gisements  de  la  côte  Odest. 

La  présence  du  cuivre  a  été  notée  en  un  assez  grand 
nombre  de  points  de  la  cAte  Ouest,  généralement  dau; 
les  sctiistes  noirs  du  trias,  qui,  comme  nous  l'aTons  dit 
déjà,  sont  parfois  difficiles  à  distinguer  des  schislea  argi- 
leux noirs  de  la  vallée  du  Diahot,  et  dont  ils  ne  différent 
peut-être  pas  comme  âge. 

Le  seul  d'entre  ces  gisements  qui  ait  été  exploité  eat 
celui  de  Koumac  (mine  Boinoitmala)  ;  il  l'a  été  entre 
1882  et  18S4,  mais  sans  succès,  et  n'a  jamais  été  repris 
depuis  ;  quelques  tonnes  de  minerai  en  auraient  été  expé- 
fiiées  à  cette  époque.  Le  gisement  est  encore  dans  les 
schistes  noirs,  mais,  loin  d'être  un  filon  quartzeux  régu- 
lier, il  parait  être  constitué,  autant  que  nous  avons  pu  en 
juger  d'après  les  traces  qui  subsistent  de  l'exploitation, 
par  des  amygdales  d'une  sorte  de  silex  gris  imprégné  de 
chalropyrite  légèrement  argentifère  et  même  aurifère. 
Les  travaux  avaient  comporté  l'exécution  de  deux  puits, 
dont  l'un  atteignait  52  mètres  do  profondeur,  et  de 
quelques  galeries  qui,  poussées  en  direction,  étaient  rapi- 
dement sorties  de  la  partie  utilisable  du  gîte. 

Des  échantillons  nous  ont  d'autre  part  été  remis  comiue 
provenant  de  Bani  au  Nord  de  la  Corne  de  Koumac  :  ce 
sont  des  quartz  bruns  à  éclat  cireux,  avec  enduits  d'azu- 
rite  et  de  malachite  et  cristaux  de  pyrite  cuivreuse  ;  ils 
tiennent  de  5  àlO  p.  lOOde  cuivre  avec  5  ou  6  grammes 
d'or  à  la  tonne.  D'autres,  qui  nous  ont  été  dits  provenir  de 
h'otiijfofi  au  bord  de  la  rivière  louanga  près  de  Gomen,  con- 
tenaient également  des  taches  vertes  de  malachite  et  des 
grains  de  pyrite  cuivreuse  dans  des  quartz  à  enduits  fer- 
rugineux ;  ce  sont  des  échantillons  de  chapeaux  de  giles 
cuivreux  (dus  ou  moins  riches,  mais  dont  l'examen  ne 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  361 

peut  naturellement  permettre  de  tirer  aucune  conclusion 
au  point  de  vue  pratique. 

Nons  n'en  pouvons  pas  dire  davantage  des  minerais  de 
cuivre  qui  ont  été  signalés  au  Nord  de  Pouembout,  ainsi 
i^ue  dans  la  plaine  de  Saint-Vincent. 

Ceux  de  l'ile  Ducos,  tant  en  imprégnations  dans  les 
porphyres  qu'en  filons  dans  les  grauwackes,  mentionnés 
par  M.  Garnier,  et  que  Rivot{*)  n'avait  pas  hésité  à  «em- 
parer à  ceuï  du  Lac  Supérieur,  n'ont,  malgré  un  rapproche- 
ment aussi  enconrageant,  été  depuis  lors  l'objet  d'aucune 
tentative  d'exploitation, 

E.  —  Gisements  de  la  côte  Est. 

Le  cuivre  existe  également  sur  la  côte  Est  :  M.  Garnier 
indique,  d'une  façon  peu  certaine  il  est  vrai,  sa  présence 
dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi,  sous  forme  de  cuivre 
pyriteux  associé  à  de  la  barytine.  D'autre  part,  deux  con- 
cessions pour  cuivre  et  zinc  ont  été  demandées,  l'une  h 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Hieughène,  et  l'autre  à 
l'embouclnire  de  la  rivière  Tipindié. 

Enfin,  une  tentative  d'exploitation  a  eu  lieu  sur  un 
gisement  situé  dans  la  vallée  supérieure  de  la  Négropo,  au 
Sud  de  Ganala  ;  le  gisement,  qui  paraît  être  d'allure 
filonieune,  est  encaissé  dans  un  massif  de  diorite  associée 
à  des  filoniiets  d'épidote  massive,  apparaissant  lui-même 
an  milieu  de  l'importante  formation  de  schistes  anciens  qui 
se  développe  au  mdieu  de  l'ile,  entre  les  serj)entines  de 
Ganala  et  de  Nakety  et  les  assises  triasiques  et  crétacées 
de  la  Table  Unio  et  des  environs  de  Moindou .  Son  afîleure- 
mentse  retrouve  <le  part  et  d'autre  du  bras  de  la  Négropo 
désigné  sous  le  nom  de  Ouen-Ko,    au  pied  de  la  Table 

n  In  GAnNiER,  loc.  cit.,  p.  31  et  38. 


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^2  BICHESSKB   MlNéSAlfS   UE   LA  NOUVKLLIi-CALKUONIB 

Unici  et  &  7  ou  8  kilomètres  Beuleiuent  à  vol  d'oiseau  de 
-Tion  sommet.  Sur  la  rive  gauche,  une  galerie  en  directioii 
(Est-Ouest)  a  été  ouverte  sur  l'affleurement  presque  au 
uiveau  itu  lit  de  la  rivière,  et  a  été  poussée  de  quelques 
mèti-ea  seulement  :  elle  a  suivi  tin  ftlon  de  quarte 
imprégné  de  pyrite  cuivreuse.  Sur  la  rive  droite,  une 
■autre  guérie  d'allongement  d'une  dizaine  de  mètres  de 
longueur  a  suivi  un  âlon  quartzeux  d'une  puissance  voisine 
4e  1  mètre,  englobant  à  la  fois  des  débrisde  la  roche dio- 
ritique  des  épontes  et  des  mouches,  souvent  assez  belles, 
■de  chalcopyrite  partiellementoxydée;  un  puits,  aujourd'hui 
noyé,  a  été  foncé  dans  le  filon,  qui  s'enfonce  presque  ver- 
ticalement ;  nous  avons  retrouvé  à  l'orifice  de  la  galerie 
un  tas  de  minerai  de  qualité  moyenne.  Ces  travaux,  pour- 
suivis vers  1876,  au  moment  de  la  découverte  du  gise- 
ment qui  avait  eu  lieu  peu  deterop»  après  l'onvertore  des 
«xploitaticns  de  nickel  de  Canala,  furent  promp(«nieDl 
abandonnés.  î\y  a  quatre  ans,  on  avait  songé  à  repreiidrp 
l'exploration  de  la  mine,  qni  passait  pour  renfermer,  asso- 
ciées au  cuivre,  des  quantités  assez  notables  d'argent  et 
-d'or;  l'étude  faite  dans  re  but  a  montré  que  le»  minerais 
ne  présentaient  pas,  tout  au  moin»  d'une  façon  constante, 
une  teneur  notable  en  métaux  précieux,  et,  en  présence 
■de  la  situation  défavorable  du  gisement,  situé  au  fond  de 
]a  vallée  très  encaissée  d'un  misseau  de  montagne,  et 
relié  au  rivage  par  près  de  20  kilomètres  d'im  chemin 
muletier  escaq>é  et  étroit,  il  n'a  été  <tunné  ancttne  suite  A 
■ce  projet. 

Telles  sont  les  indications  que  nous  avouK  pu  recueillir 
ourles  différents  gisements  de  cni\Te  de  la  colonie,  tous 
inexploités  aujourd'hui.  Comme  on  le  voit,  ils  apparaissent 
nombreux  dans  différentes  formations  géologiques,  et 
tout  particulière  nie  ut  dans  les  schistes  noirs  anciens  ;'ub 
certain  nombre  d'entre    eux  ont  été  explorés,    plusieurs 


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OfUHBHTS    MÉTALLIQUES   DITKR8  363 

:aiitres  n'ont  été  que  signalés,  et,  surtout  en  raison  de  la 
CaçoD  incoraptètedont  est  connue  tot)te  la  partie  centrale 
■du  Nord  de  l'Ue,  il  n'est  pas  tém^ire  de  penser  qu'il  en 
existe  d'autres  encore  iasoupçoonés.  Lesquels  parmi 
eux  seraient  exj^lutahles  ?  C'est  ce  qu'il  est  malasé  de 
décider  en  présence  des  renseignements  incomplet»,  et 
souvent  încertaiDs,  que  nous  avons  pu  recueillir.  Ce  qui  est 
-certain,  c'est  que  l'un  d'entre  eux  a  donné  lieu,  peodaat 
nombre  d'années,  k  une  exploitation  assez  ftori^ante;  an 
autre  a  produit  déjà  des  quantités  importantes  de  ricbes 
minO'ais,  et  son  ex|duttation  a  dâètre  suspendue  en  der- 
nier lieu  dans  des  conditions  où  l'ais-ait  sans  doute  été 
celte  de  toute  mine,  quelque  riche  qu'elle  fàt;  plusieurs 
autres  ont  fourni,  à  la  suite  de  recbercbes  ou  de  tenta- 
tives d'exploitation  malheureusement  trop  restreintes,  des 
iadicatio»s  encourageantes. 

Dans  ces  conditions,  nous  sommes  persuadé  que  le  jour 
ob  des  industriels  actifs,  plas  préoccupés  ée  poursuivre 
une  exploitation  sérieuse  que  de  lancer  ane  »  affaire  », 
voudraient  i-eprendre  l'exploitation  du  cuivre  dans  la 
■colonie,  il  sg  tnmverait  plus  d'un  gisement  qui  pourrait 
être  exploité  avec  fruit,  et  cela  malgré  l'inconvénient, 
■que  l'on  s'est  trop  souvent  exagéré,  que  présentent  cer- 
tains des  gisements  de  renfermer,  intimement  associée 
au  cuivre,  une  forte  proportion  de  zinc.  Le  lavage  sur 
place  des  minerais  pauvres,  trop  souvent  complètement 
délaissés  jusqu'ici,  puiï^  la  première  fusion  dans  la  colonie 
parles  méthodes  et  avec  les  appareils  d'un  usage  universelle- 
ment admis  aujourd'hui,  et  sous  la  direction  d'un  homme  vrai- 
ment compétent,  paniltraient  constituer  la  solution  la  plus 
rationnelle,  etcelie  qui  permettrait  la  meilleure  utilisation 
des  minerais.  Une  fois  le  cuivre  suffisamment  concentré 
dans  une  matte  de  richesse  moyenne,  le  transport  jusqu'aux 
usines  de  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  les  fraisde  traitement 
■à  ces  usines  ne  représenteraient  plus  qu'une  charge  faible 


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361   RICHESSES   MINÉRALES   DE   l.A   MOUVBLLE-CALÉDOHIE 

et  parfaitement  acceptable.  Telle  est  la  voie  dans  laquelle 
il  serait  souhaitable  de  voir  s'engager  les  détenteurs  des 
différents  gisements  cuprifères  de  la  colonie,  plutôt  que 
d'attendre,  en  les  laissant  inexploités,  qu'ils  puissent  Tendre 
à  des  prix  fort  élevés  des  gisements,  peut-être  de  réelle 
valeur,  mais  généralement  trop  peu  connus  pour  que  celle- 
ci  soit  certaine.  Il  ne  faut  pas  oublier  en  effet  qu'une 
société  qui  se  créerait  [jour  exploiter  ces  gisement<t  ne 
saurait  asiumcr,  surtout  au  début,  du  fait  de  l'achat  des 
gisements,  une  charge  qui  serait  hors  de  proportion  avec 
les  bénéfices  que  pourrait  produire  l'exploitation  de  mines 
oti  presque  tous  les  travaux  de  reconnaissance  et  de  pré- 
paration devraient  être  tout  d'abord  exécutés. 

Sous  reserve  de  cette  observation,  nous  pensons  que 
l'exploitation  du  cuivre,  dont  l'essor  a  été  trop  longtemps 
retardé  en  raison  de  l'attitude  que  la  plupart  des  pro- 
priétaires des  mines  ont  gardée  jusqu'ici,  i  la  faveur,  il 
faut  bien  le  dire,  des  imperfections  du  régime  administratif, 
pourrait  peut-être  bien  apporter  à  la  prospérité  de  la 
colonie  un  appoint  imijortant. 


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CHAPITRE  II. 
L'OR. 


A.  —  Historique. 


Située  au  voisinage  des  colonies  anglaises  d'Australie 
et  de  Nouvelle-Zélande,  oii  l'or  s'est  rencontré  en  de  si 
nombreuses  régions,  et  a  donné  lieu,  au  moment  même 
où  nous  nous  établissions  auprès  d'elles,  k  des  découvertes 
fabuleuses  et  à  des  fortunes  édifiées  en  peu  de  jours  par 
les  chercheurs  d'or  que  le  hasard  favorisait,  la  Nonvelle- 
Calédoaie  devait  naturellement  attirer  de  même  ceux-ci. 
C'est  ce  qui  n'a  pas  manqué  de  se  produire,  puisque, 
dès  1863  époque  de  l'arrivée  de  M.  Garnierdans  la  colo- 
nie, les  sables  d'un  assez  grand  nombre  de  rivières  avaient 
été  lavés  pour  y  recliercher  le  précieux  métal,  et  puisque 
quelques  gites  où  il  se  rencontrait  avaient  été  signalés, 
dont  le  plus  important  était  celui  de  Potiébo. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1869,  l'espoir  de  voir 
découvrir  dans  notre  colonie  des  gisements  aurifères 
comparables  à  ceux  de  ses  riches  voisines  n'était  pas 
abandonné  ;  à  cette  date,  un  chercheur  australien  ayant 
demandé  au  gouvernement  quelle  aérait,  suivant  la  cou- 
tume australienne,  la  récompense  réservée  au  premier 
inventeur  d'un  gisement  d'or  exploitable,  un  arrêté  fut 
pris  pour  promettre  à  celui-ci  une  concession  gratuite 
de  ^  hectares  et  une  somme  de  50.000  francs.  Un  an 
et  demi  plus  tard,  quati'e  prospecteurs  australiens  décou- 
vraient, au  bord  du  Diahot,  près  de  Ouégoa,  la  mine 
Fern-hUl.  Un  arrêté  du  14  décembre  1870  leur  accorda 
sur  ce    gisement  la  concession  gratuite  de  25  hectares 


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366  RICHBSSHS   MINÉRALES  DE   LA   SOUVELLB-CALKDONIE 

qui  avait  été  promisâ,  et  l'exploitation  en  fut  entreprise- 
sans  Urder  ;  elle  ne  fut  réalteinent  prospère  que 
pendant  troia  ajia;  interrompue  en  187i,  puis  reprise 
en  1876,  1877  et  1878,  eile  fut  arrêtée  de  nouveau  an 
début  de  1879;  la  mÎM  o'a  plus  été  l'objet  depuis  que 
de  tentatives  infructueuses  4«  reprise  eu  1882  et  1888. 

De  nombreuses  recherches  fur«oA,  à  divcraes  époques^ 
faites  tout  autour  de  la  mine  Fem-hati  celles  qui  ont 
eu  lieu  tout  d'abord  au  voisinage  iramédia*  tt'oat  été  cou- 
ronnées d'aucun  succès  ;  plus  tard,  au  contraire,  dtf  érenls 
gisements  d'or  en  roche  ont  été  signalés  dans  les  -met- 
schistes  de  la  chaîne  de  Tiari  ;  il  a  été  fait  quelque» 
recherches  sur  ces  gisements,  mais  elles  n'ont  nalle  part 
été  suivies  de  tentatives  d'exploitation. 

En  même  temps,  les  sables  des  rivières  qui  descendent 
de  cette  chaîne,  tant  sur  son  versant  Sud  vers  le  Diabot 
que  sur  son  versant  Nord  vers  la  mer,  étaient  l'objet  de 
nombreux  essais  par  lavage  à  la  battée  ou  même  an 
sluice;  l'or  y  était  assez  fréquemment  rencontré,  mais 
toujours  en  quantité  très  faible.  Cependant,  à  Galarîno,. 
près  d'Oubatche,  une  tentative  de  lavage  au  siuice  faite 
vers  1877  permettait  de  recueillir  une  certaine  quantité 
d'or  assez  gros  ot  faisait  même  découvrir  une  pépite 
d'une  quarantaine  de  grammes  ;  mais  pas  pins  ce  premier 
essai  qu'une  tentative  faite  de  nouveau  sur  ce  raëme- 
gisement  il  y  a  deux  ans  n'aboutissaient  à  des  résultats- 
rémunérateurs. 

Fréquentes  semblent  encore  avoir  été  les  recherches 
faîtes,  snrtout  par  des  libérés  k  l'esprit  aventnrtDX,, 
dans  l«fl  différents  contreforts  de  ce  massif  primitif  ;  mais, 
si  l'une  ou  l'antre  de  ces  recherches  a  permis  de  recneilfir- 
quelqnes  grammes  d'or,  cela  n'a  jamais  été,  semHe-t-il, 
qu'au  prix  d'nn  travail  hors  de  proportion  avec-le  résultat 
obtenu.  On  continue  cependant  à  répéter  dan»  la  colonie' 
qu'au  cœur  môme  de  ce  massif,  dans  la  hante  vallée  dvi 


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OI8BUBST8   MBTAI.LIQDB8  DIVBR9  36T 

Diahot,  la  tribu  encore  fort  sauvage  des  Ouébias  occupe- 
une  région,  pratiquement  presque  inconnue,  ob  le  précieux 
métal  serait  plus  abondant. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulement  dans  le  Nord  de  la 
colonie  que  l'or  a  été  recherché  et  découvert;  sans  citer 
tous  les  points  oti  l'on  a  déclaré  avoir  rent^ontré  de  l'or, 
et  où  il  n'y  en  avait  parfois  pas  trace,  comme  nous  avons- 
eu  l'occasion  de  le  constater  personnellement,  nous  men- 
tionnerons qu'il  eu  aurait.été  trouvé,  il  y  a  une  vingtaine 
d'années,  en  petite  quantité  dans  les  sables  de  ta  rivière 
de  Nakety,  et  vers  1866  dans  ceui  du  cirque  des  Grosses- 
Gouttes,  oti  l'on  en  a  tenté  l'exploitation  vers  1875.  En 
outre,  sans  revenir  sur  ce  que  nous  avons  dit  de  ta  pré- 
sence de  traces  d'or  dans  quelques-uns  des  gisements  de 
cuivre  que  nous  avons  énuméréa  ci-dessus,  nous  devons 
mentionner  ici  qu'on  a  signalé  comme  légèrement  auri- 
fères les  schistes  noirs  des  environs  de  Pouembont  et  les 
tnélapbyres  du  col  de  Tongoué  (4  k  5  grammes  d'or  il  la 
tonne).  Enfin  un  gisement  d'or  en  roche  a  été  découvert 
en  1897  auprès  de  La  Foa  dans  des  conditions  qui  avaient 
au  début  fait  espérer  qu'il  aérait  exploitable  ;  des  travaux 
de  recherches  d'une  certaine  importance  y  ont  été  entre- 
pris alors,  mais  ils  ont  été  abandonnés  sans  avoir  abouti 
h  aucun  résultat  décisif. 

Mentionnons  en  termintmt  qu'il  a  été  plusieurs  fois 
questioa  de  tenter,  à  l'imitatÎMi'  de  ce  qui  a  été  fait  avec- 
«iccès  en  Nouvelle-Zélande  et  en  Australie,  le  dragage- 
des  rivières  dont  les  sables  sont  légèrement  aurifères,  et 
du  Diàhot  en  particulier  ;  aucune  étude  sérieuse  n'a- 
d'ailleurs  été  entreprise  dans  ce  but. 

11  n'existe  donc  aujourd'hui  aucune  exploitation  d'<»~ 
dansla  colonie,  et  il.  n'y  en  a  eu -en  activité,  de  vraiment 
digne  de  ce  nom,  qu'entre  1871  et  1873  d'une  part,  et 
Qotre  1876-  et  1878  d'autre  part  ;  la  quantité  d'or  pro- 
duite dans  ces  six  années  aurait  été,  d'après,  les  statLs- 


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368   RICHESSES   MINERALES  DE  LA  NODTELLE-CALEDONIE 

tiques  officielles,  dont  les  chiffres  sont  plutôt  inférieurs 
^ue  supérieurs  à  la  réalité,  de  213  kilogrammes  1  /2, 
représentant  une  valeur  totale  de  650.000  francs  environ. 

B.  —Gisement  de  la  Fbhhj-hill. 

Le  gisement  fie  la  mine  Fern-hill  a  été  décrit  en  détail 
par  M.  Heurteau  ('),  qui  en  a  visité  les  premiers  travaux; 
nous  résumerons  ci-dessous  les  indications  qu'il  adonnées 
à  ce  sujet,  et  nous  les  compléterons  d'après  les  observa- 
tions que  nous  avons  pu  faire  sur  place,  bien  que  les  tra- 
vaux souterrains  en  fassent  inaccessibles,  et  avec  l'aide 
des  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les 
dernières  recherches  faites  eu  1888. 

Le  gisement  apparaît  au  voisinage  du  contact  des 
schistes  noirs  qui  constituent,  nous  l'avons  déjà  dit,  tous 
les  mamelons  de  la  rive  gauche  du  Dîahot  et  des  mica- 
schistes qui,  limités  presque  partout  à  la  rive  droite  du 
fleuve,  forment  cependant  sur  sa  rive  gauche  une  partie 
du  contrefort  de  Manghine,  contrefort  qui  fait  faire  au  Dia- 
hotla  boucle  au  sommet  de  laquelle  se  trouve  Onégoa  1  les 
schistes  noirs  sont,  comme  toujours,  phis  ou  moins  ardoi- 
siers  et  sillounéR  de  filonnets  de  quartz  blanc  laiteux,  ils 
.sont  d'une  couleur  rouge  pflleaux  affleurements  ;  les  mica- 
schistes sont  ici  particulièrement  riches  en  quartz,  ils 
contiennent  en  outre  du  mica  blanc  et  des  produits  ferru- 
gineux, sans  doute  chloriteui  eu  profondeur,  mais  qui,  au 
voisinage  de  la  surface,  sont  transformés  en  oxjde  de 
fer  communiquant  aux  micaschistes  une  teinte  rouge  très 
accusée;  ils  ne  paraissent  pas  contenir  de  minéraux 
accessoires  spéciaux  ;  le  glaucophane,  associé  aux  gise- 
ments de  cuivre  de  Ouégoa,  et  aussi  aux  gisements  auri- 
fères de  la  crête  de  Tiari,  ne  s'y  rencontre  point. 

(')  Loe.cil..  p.  M8  à  316.  xl. 


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QISEM£NTS   METALLIQUES    DIVERS  360 

A  peu  de  distance  de  leur  contact  avec  les  inicascbisteg, 
les  schistes  noirs  sont,  suirant  une  direction  sensiblement 
Nord':i5''-Ë3t  presque  parallèle  au  contact,  et  sur  une 
largeur  qui  oscille  autour  de  1  mètre  et  varie  depuis 
50  centimètres  Jusqu'à  2  ou  3  mètres,  tout  imprégnés 
de  gros  grains  de  quartz  hyalin  auxquels  l'or  paridt 
associé.  A  la  surface,  l'altération  et  la  décomposition  des 
parties  ichisteuses  ne  laisse  apparaître  qu'une  sorte  de 
filon  de  quartz  carié  ou  un  faisceau  de  veines  minces  de 
quartz,  que  M.  Heurteau  décrit  comme  <«  un  quartz  carié 
blanc  ou  légèrement  coloré  en  rouge  de  fer,  à  structure 
cellulaire,  contenant  des  petits  grains  d'or  libre,  les  uns 
visibles,  mais  les  autres  imperceptibles  à  l'œil  nu,  la 
majeure  partie  du  métal  étant  très  finement  disséminée 
dans  te  quartz  ».  L'ur  se  rencontrait  d'ailleurs  aussi 
dans  la  roche  schisteuse  elle-même,  qui  est  abondamment 
imprégnée  de  quartz. 

Ce  sont  ces  affleurements,  qui  montraient  ici  et  là  de 
beaux  échautillous  de  quartz  riche  en  or  visible,  et  au 
voisinage  desquels  les  débris  schisteux  et  quartzeux  de 
la  surface  donnaient  au  lavage  au  plat  des  traces  d'or 
assez  abondantes  (il  est  facile  d'en  déceler  encore  au- 
jourd'hui par  ce  procédé  dans  les  schistes  décomposés 
restant  à  la  surface),  qui  ont  signalé  le  gisement  à  l'at^ 
tention  des  prospecteurs  par  lesquels  il  a  été  découvert  à 
la  fin  de  1870.  L'exploitation,  entreprise  sans  tarder,  eut 
vite  fait  d'enlever  en  deux  ou  trois  ans  toute  ta  zone  du 
filon  qui  avait  été  reconnue  dès  l'abord  comme  riche  ;  le 
quartz  fut  ainsi  exploité  verticalement  jusqu'à  25  mètres 
de  la  surface,  profondeur  à  laquelle  il  devenait  pyriteux 
et  où  l'or  disparaissait,  du  moins  étant  donné  les  procé- 
dés dont  on  disposait  alurs  pour  le  déceler  ou  plutôt  pour 
l'extraire;  suivant  la  direction,  les  travaux  avaient  été 
limités  à  une  région  de  40  mètres  de  longueur,  com- 
prise entre  le  point  oii  le  filon   vient   buter  au    Nord 


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370  RICHLSSBS   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-C.4LÉ1>OKIE 

contre  les  mtcuiichistes  et  celui  oii  il  est  recoupé  au  Sud 
par  un  petit  vallon  ;  dans  cette  zone  étroite  il  s'était 
trouvé  quelques  colonnes  particulièrement  riches  à  la 
rencontre  de  âlons  croiseurs  de  quailz  brun  femigineuï. 
Cette  première  exploitation  avait  permis  l'extraction  de 
900  tonnes  de  quartz  qui,  soumis  au  broyage  et  à  l'amal- 
gauiation  diins  une  petite  usine  créée  au  bord  du  Diahot  à 
8Û<3  mètres  de  la  mine,  n'avait  pas  rendu  moÎDs  de 
468  francs  d'or  à  la  tonne,  ce  qui  correspond  à  une  te- 
neur de  5  onces  environ  d'or  brut  (celui-ci  contenaii 
7.5  0/0  de  son  poids  d'argent}. 

Telles  sont,  succinctement  résumées,  les  indications 
fournies  par  M.  Heurteausur  les  premiers  travaux  efifec- 
tués  à  la  mine  Forn-hill  de  1871  à  la  fin  de  1873  ;  à 
cette  dernière  date,  la  mine  ne  produisait  plus  que  des 
pyrites  pauvres,  et  l'exploitation  dut  être  abandonnée; 
elle  avait  donné  lieu,  d'après  les  statistiques  officielles,  â 
l'expiirtatiou  des  quantités  d'or  suivantes  (comptées  sans 
doute  en  or  fin)  : 

1873 ««"'.ooe 

1873 51    ,772 


Total  DES  TROIS  pnKMiÊHEs  années.  ,     I28'',576 

En  1876,  l'exploitation  fut  reprise  dans  des  conditions 
sur  lesquelles  nous  n'avons  pu  recueillir  aucun  rensei- 
gnement précis  ;  il  semble,  cependant,  d'après  ce  qui  nous 
a  été  rapporté,  que  l'on  ait  commencé  à  exploiter  des 
schistes  pyriteux  qui,  traités  par  broyage  et  amalgamation, 
rendaient  une  certaine  quantité  d'or,  probablement  très 
inférieure,  d'ailleurs,  à  la  quantité  totale  contenue  dans  le 
minerai. 

Il  semble  cependant  que  cette  reprise  de  l'exploitation 
ait  ou  un  certain  succès,  puisque  les  statistiques  officielles 


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OlSBMBIfTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  371 

de  la  colonie  accusent,  de  1876  à  1878,  l'exportation  des 
quantitéa  d'or  suivantes: 

1876 18'',676 

1877 32   ,433 

1878 33    ,264 

Total  des  tbois  ans.,  .       8i",373  valant  280.000  francs  bnviron. 

Ces  quantités  ne  pouvaient  d'ailleurs  provenir,  à  notre 
connaissance,  que  de  la  mine  Fem-hill,  sauf  exception 
pour  les  3  ou  3  kilogrammea  extraits  en  1877  du  ^sè- 
ment de  Galarino. 

En  1882  et  en  1884,  des  travaux  furent  repris  pour 
explorer  la  mine  en  profondeur,  ils  ne  rencontrèrent  que 
des  minerais  pyriteux tenant,  parait-il,  de  15  à30  grammes 
d'or  à  la  tonne  ;  en  vue  d'essayer  de  les  traiter  on  avait 
entrepris  la  remise  en  état  de  l'ancienne  usine  d'amalga- 
mation. L'arrêt  des  travaux  de  la  mine  de  cuivre  de  la 
Balade,  amenant  \me  suspension  complète  de  toute  acti- 
vité industrielle  dans  la  région,  fut  immédiatement  suivi 
de  l'arrêt  de  cptte  tentative.  En  1888,  à  l'époque  où  la 
mise  en  exploitation  de  la  mine  de  cuivre  Pilou  et  de  la 
mine  de  plomb  argentifère  Meretrice  eut  rappelé  l'atten- 
tion sur  les  mines  métalliques  du  Nord  de  la  colonie,  des 
travaux  d'une  certaine  importance  furent  repris  sur  la 
mine  Fem-hill;  le  croquis  reproduit  par  la  fig.  2  de  la 
PI.  y,  et  dressé  à  l'aide  d'un  plan  datant  de  cette 
époque  ainsi  que  de  nos  constatations  sur  le  terrain,  in- 
dique grossièrement  la  disposition  des  travaux  qui  ont 
été  exécutés  aux  différentes  époques.  Ceux  de  1888  ont 
comporté  le  fonçage,  jusqu'à  115  mètres  de  profondenr, 
dn  puits  Scott,  et  l'exploration  du  filon  en  direction  par 
une  galerie  d'allongement,  à  la  profondeur  de  90  mètres 
qui  aurait  été  poursuivie  sur  130  mètres  de  longueur  à 
partir  du  puits  Hill,  en  même  temps  qu'une  autre  galerie 
à  125  mètres  de  profondeur  était  poussée  vers  le  Nonl 


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1 


37â  RICHESSES  HiMÂRALBS   DE  LA   NODVBU.B-CALÉDOMB 

jusqu'au  coBtact  dee  micaschistes  ;  des  rameaux  latéraux 
étaient  en  outre  ainorc6s  suivant  «liETéreirts  croiseurs.  £n 
1897,  on  se  serait  préocnipé  à  nouveau  de  la  possibilité 
de  remettre  la  mine  en  exploitation,  et  50  tonnes  de 
mineraient  été  exportées,  qui  provenaient  sans  doute  des 
recherches  de  1888-89.  Nous  ignorons  quels  ont  été  les 
résultats  obtenus  par  l'essai  île  traitement  auquel  il  a  été 
procédé,  vraisemblablement  en  Australie,  sur  ces  minerais. 
D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  sur 
les  résultats  donnés  par  ces  travaux  aujourd'hui  noyés 
et  inaccessibles  comme  tant  d'autres  dans  la  région,  ou 
avait  suivi,  encaissé  tians  les  schistes  ardoiaiers  noirs,  un 
filon  plus  ou  moins  ramifié,  le  long  duquel  les  schistes,  de 
«ouleur  gris  clair  et  fortement  micacés,  se  montrent  tout 
injectés  de  quartz,  généralement  en  baguettes  allongées 
qui  leur  donnent  un  aspect  cannelé  ;  ces  schistes  sont  en 
,  outre  criblés  de  cristaux  de  pyrite.  Ces  cristaux  de 
pyrite,  qui  se  retrouvent  non  seulement  dans  la  forma- 
tion quartzeuse,  dont  la  puissance  oscillerait  autour  de 
1  mètre,  mais  encore  plus  ou  moins  abondants  dans  les 
schistes  noirs  des  épontes,  paraissent  être  le  plus  souvent 
aurifères,  mais  avec  une  teneiu*  irrégulière  et  quelque 
peu  (-apncieuse  ;  si  bien  que  la  richesse  de  la  roche  varie- 
rait assez  rapidement  de  quelques  grammes  seulement 
par  tonne,  teneur  à  laquelle  elle  est  inexploitable  dans 
les  conditions  actuelles  de  la  région,  jusqu'à  4  onces  k  la 
tonne,  ce  qui  pourrait  donner  lieu,  pourvu  -qu'il  y  en  eût 
quelques  milliers  de  tonnes,  aune  exploitation  fructueuse. 
Les  tas  de  minerai  extrait  de  ces  redierches  subsistent 
encore  aujourd'hui,  et,  si  l'on  recueille  à  leur  surface  les 
^bris  altérés  et  oxydés  par  la  succession  des  chutes  de 
fduie  et  des  ardeurs  du  soleil,  le  lavage  au  plat  y  décèle 
des  traces  d'or  libre  très  netlâs.  D'autre  pEfft,  en  fouA- 
lant  les  tas  extraite  des  différentes  sonee'  pauvres  -et 
riches,  noua  avons  pu  recueillir  quelques  échantillons  ctea 


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GISRMeNTS   MÉTALLIQUES  DIVERS  373 

schistes  qiiartzenx  cannelés  que  non»  décrivions  ci-de»- 
sua  et  qui  noua  ont  montré,  à  l'analyse,  des  t«neui>s 
atteignant  jnsqn'à  9  grammes  d'or  k  la  tonne. 

Qnui  qu'il  en  soit,  les  recherches  de  1888  paraissent 
avoir  été  faites  avec  im  certain  esprit  de  suite,  et  «voir 
reçu  un  sérieux  développement  ;  eUes  auraient,  parait-il, 
conduit  à  cette  époque  à  la  conclusion  que  la  répartition 
de  l'or  était  trop  capricieuse  et  que  les  zones  riches  y 
pantissaient  trop  restreintes,  pour  que  l' exploitation  pût 
en  être  reprise  dans  des  conditions  avantageuses. 

Faut-il  regarder  la  conclusion  à  laquelle  on  est  arrivé 
en  1888  comme  définitive  ?  Nous  l'ignorons,  n'ayant 
recueilli  sur  les  travaux  fait»  à  cette  époque  que  des  ren- 
seignements trop  incertains.  Tel  n'avait  peut-être  pas  été 
l'avis  de  ceux  qui,  au  moment  de  la  reprise  des  mines 
Pilou  et  Aoon  1897,  avaient  cru  devoir  former  une  société 
spéciale,  la  «  Fern-hill  Golfl  Mines  Limite<l  »  remplacée 
bientôt  par  la  «  Caledonian  Mining  Corporation  Limited  », 
filiale,  comme  la  «  Pilou  Limited  »,  de  la  »  Londonaod 
Globe  Finance  Coi^ioration  »,  pour  reprendre  l'exploitation 
de  la  mine  Fern-hill.  Cette  société  est  d'ailleurs  tombée 
en  déconfiture  avant  d'avoir  fait  aucun  travail  sérieux. 

II  n'en  reste  pas  moins  certain  qu'il  existait  à  la  Fern- 
hill  un  gisement  d'or,  montrant  aux  affleurements  des 
minerais  d'une  très  belle  richesse,  mais  probablement 
assez  restreint  en  direction,  puisque,  rappelons-le  d'après 
M.  Henrteau,  les  divers  travaux  entrepris  sur  le  prolon- 
gement supposé  du  filon  de  Fern-hill  vers  le  Sud,  n'ont 
abouti  qu'à  des  échecs,  et  qu'il  bute  à  peu  de  distance 
vers  le  Nord  contre  les  micaschistes. 

Il  paratt  non  moins  certain  que  l'or  libre  fait  place  en 
profondeur  à  des  pyrites  aurifères  qui,  en  quelques  points, 
sont  riches.  Ces  pyrites  no  seraient-elles  pas  parfaitement 
exploitables  aujourd'hui,  alors  que  les  procédés  très  per- 
fectionnés du  traitement   par  cyamiralion,  pratiquement 


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374   RICHESSES   MINÉRALES  DB   LA  NODTEIXB-CAI£OOME 

inconnus  en  18S8,  permettent  d'exploiter  et  de  traiter 
avec  profit  des  minerais  pyriteux  dont  la  teneur  descend  â 
10  grammes  à  la  tonne,  et  même  moins  pour  les  puis- 
santes installations?  C'est  là  une  question  qu'il  serait 
Bouhaitable  de  voir  sérieusement  étudiée  à  nouveau  par 
les  propriétaires  du  gisement. 


C.  —  Gisements  d'or  des  micaschistes  dd  hassik 

DB  TtARI. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  la  rive  gauche  du  Diahot 
que  l'or  a  été  recherché  à  la  suite  de  la  découverte  de  la 
mine  Fern-hill,  on  a  exploré  également  le  massif  de 
micaschistes  de  Tiari  ;  les  recherches  y  ont  été  an  peu  plus 
fructueuses,  et  leurs  résultats  ne  laissent  pas  d'être  fort 
intéressants,  sinon  au  point  de  vue  industriel,  du  moins 
au  point  de  vue  géologique. 

La  carte  de  la  région  Nord  de  l'ile,  que  reproduit  la 
fig.  i  de  la  PI.  V  où  nous  avons  reporté  tous  les  péri- 
mètres actuellement  déclarés  comme  aurifères,  est  de 
nature  à  faire  supposer  que  la  présence  de  l'or  y  a  été 
signalée  en  nombre  de  points.  T^ous  n'avons  eu  le  loisir 
d'examiner  que  les  gisements  des  mines  Rose,  Berihe  et 
Galarino. 

Les  mines  Rose  et  Berthe  sont  situées  au  cœur  du 
massif  de  micaschistes  de  Tiari,  à  peu  de  distance  au 
Nord-Ouest  du  col  d'Amos  ;  elles  aont  l'une  et  l'autre  sur 
le  versant  de  la  mer,  mais  non  loin  delà  crête  qui  sépare 
ce  versant  de  celui  du  Diahot.  Ce  massif  est  constitué 
par  des  micaschistes  d'aspect  très  uniforme,  qui  sont 
presque  uniquement  formés  de  quartz  avec  larges  paillettes 
de  séricite  et  souvent  de  la  chlorite  ;  leur  couleur,  quand 
ils  sont  frais,  est  d'un  grisverdAtreuu  bleuâtre;  lorsqu'ils 


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GISEMENTS   MÉTALUQUES   DIVERS  ^^75 

sont  oxydas,  elle  passe  aurouge  de  rouille  ;  comme  miné- 
raux associés,  ils  renferment  de  la  pyiite,  du  grenat 
almandin  d'un  rose  clair,  quelques  petites  baguettes  de 
rutile,  et  une  abondance  remarquable  de  glaucophaiie . 
Le  plus  souvent  ce  dernier  minéral  est  en  baguettes 
microscopiques  enveloppées  dans  les  lamelles  de  mica,  et 
ne  se  révèle  à  l'œil  nu  que  par  la  couleur  particulière- 
ment bleue  qu'il  donne  a.  la  roche  ;  d'autres  fois  il  y  ap- 
paraît en  prismes  de  quelques  millimètres  de  longueur 
et  de  1  ou  2  millimètres  d'épaisseur  criblant  la  rocbe 
d'une  manière  plus  ou  moins  abondante;  plus  rarement, 
au  col  d'Amos  eu  particulier,  il  se  développe  en  individus 
de  plusieurs  centimètres  de  longueur  et  de  près  d'un  cen- 
timètre d'épaisseur.  C'est  là  un  aspect  des  roches  à  glau- 
cophane  très  différent  de  celui  que  nous  avoRS  signalé  au 
voisinage  des  gisements  de  cuivredugi'oupe  delà  Balade. 
Ces  micaschistes  sont  d'ailleurs  recoupés,  avec  uneabon- 
daiire  toute  particulière,  par  les  filons  de  quartz  blanc 
laiteux  à  éclat  gras  dont  nous  avons  déjà  fait  mention. 
A  la  mine  /(osp,  l'or  se  rencontre  dans  une  sorto  de 
cassure  remplie  de  schistes  oxydés  ronges,  au  milieu  de 
micaschistes  à  glaucophane  qui  se  présontent  ici  avec  un 
aspect  cannelé  spécial  dil  à  un  plissement  régulier  des 
feuillets.  La  zone  oxydée  parait  avoir  «ne  certaine  conti- 
nuité, puisqu'elle  a  été  retrouvée  par  cinq  recherches 
étagéea  sur  une  hauteur  verticale  de  80  mètres  environ 
[entre  les  cotes  2i0  et  290)  dans  le  haut  d'un  petit  ravin  ; 
sa  direction  s'est  montrée  en  tous  ces  points  constam- 
ment Est-Ouest;  cette  zone  est  constituée,  comme  nous 
l'avons  dit,  par  des  micaschistes  rouilles  dont  les  uns 
sont  essentiellement  formés  de  quartz  et  do  mica  blanc 
et  présentent  un  aspect  argenté  à  refletsjauuei"ougeâtre, 
tandis  que  les  autres  montrent  un  agrégat  de  baguettes 
de  glaucophane,  parfois  cxtr^mement  abondantes,  dans 
une  masse  plus  ou  moins  quartzeuse  et  chargée  d'oxyde 


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376   lUCHESSES   UII4BRALES  DE   LA   NOnTBU.B-CALBDONIB 

de  fer  ;  il  s'y  rencontre  fréquemment  des  mises  talqoeuses. 
An  voisinage  de  la  surface,  ces  matières  contiennent  un  pen 
d'or  libre,  qui  n'apparait  généralement  pas  à  Pceil  no, 
mais  que  le  lavage  au  plal  décèle  sans  difflcnlté  :  d'après 
les  indications  qui  nous  ont  été  fournies,  les  teneurs 
aux  affleurements  auraient  varié  de  14  k  8  grammes 
d'or  à  la  tonne,  avec  des  proportions  assez  variables 
d'argent  ;  nous  nous  sommes  assuré,  par  plusieitrs  essais 
au  plat,  que  l'or  se  rencontre  en  quautité  très  sensible, 
souvent  enrobé  dans  de  l'oxyde  de  fer;  il  est  accompagné 
de  glaucophane  abondant  et  de  rutile.  Mais,  lorsqu'on  a 
voulu  suivre  la  formation  en  direction,  en  pénétrant 
dans  la  montagne,  on  a  constaté  à  tous  les  niveaux  une 
diminution  assez  rapide  de  la  teneur,  sans  qu'elle  paraisse 
so  relever  en  s'onfonçant  plus  avant  ;  c'est  ainsi  que  la 
galerie  8ui)érieure  de  recherches,  longue  de  26  mètres, 
aurait  donné  les  résultats  suivants  : 


Diituce  du  j<,ur 

«Dr 

en  ugat 

5  mètres 
7      — 

e  grammes 
13        — 

4  grammes 

5  — 

9      — 

Il        — 

8       — 

Il       — 

7        — 

U       — 

iô      — 
22-,M 

traces 

[i.r*ritirH  i  1  ïr.) 
traces 

" 

U  mitres 

traces 

'• 

U  n'a  pas  été  observé  qu'en  s'éloignant  de  la  surfac» 
le  caractère  de  la  formation  s'altère  ni  qu'elle  se  montre 
plus  abondamment  imprégnée  de  pyrite  ;  il  y  apparaissait 
cependant  par  places  des  noyaux  de  quartz  stérile  ;  on 
n'est  d'ailleurs  pas  sorti  de  la  zone  oxydée.  A  la  suite  de 
l'exécution,  vers  la  fin  de  1900,  de  ces  quelques  recherches 
sur  un  gisement  qui  avait  été  signalé  depuis  plusieurs 


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GisEMtntra  métalliudes  ■  divsr»  377 

années  déjà,  le  propriétaire  paraît  avoir  renoncé  k  le 
mettre  en  exploitation  pour  le  moment  ilu  moins. 

Si  l'on  suit  la  crête  vers  l'Ouest  dans  le  prolongement 
de  la  direction  du  gisement  de  la  Rose,  on  retroare,  ît  2 
ou  3  kilomètres  de  distance,  des  afflenrements  de  mica- 
schistes oxydés  de  même  aspect  oii  ■'.'analyse  aurait  indiijué 
des  teneurs  atteignant  6  grammes  à  la  tonne;  unpeni^u» 
loin  encore,  soit  à  4  kilomètreïf  de  la  mine  Rose,  et  ea 
se  dé])laçant  légèrement  vers  le  Sud,  on  parvient  à  la 
mine  Berihe,  oîi  le  lavage  au  plat  des  roches  décomposées 
de  la  surface  montrait,  parait-il,  de  l'or  en  certains  pointa, 
et  cil  l'on  aurait  recueilli  des  échantillons  à  8  grammes 
d'or  à  la  tonne.  Les  roches  parmi  lesquelles  l'or  aurait 
ainsi  été  rencontré  ont  un  caractère  as^ez  intéressant, 
elles  sont,  comme  une  partie  de  celles  de  la  mine  Rose, 
très  riches  en  baguettes  de  glaucophane  visibles  à  l'œil 
nu,  mais  les  grenats  roses  y  sont  également  Tort  abon- 
dants ;  -les  uns  et  les  antres  de  ces  cristaux  sont  inclus 
dans  une  pâte  kaolinique  blanche,  ce  qui  constitue  une 
roche  tricolore,  d'aspect  esceptionnel.  A  cette  roche  sont 
associées  des  pyrites  légèrement  cuivreuses  et  les  traces 
d'or  dont  nous  venons  de  faire  mention.  Il  n'a  été  ouvert 
SOT  ce  gisement  que  deux  petites  tranchées  InsigniftaDtes. 

Le  gisement  dit  de  Galarino  est  situé  au  voisinage  du 
débouché  à  la  mer  du  ravin  dnn  des  petits  ruisseaux  qui 
descendent  des  derniers  contreforts  orientaux  du  mont 
Colnett,  à  15  kilomètres  au  Sud-Est  d'Oubatche.  L'or  y  a 
été  Mgnalé  en  1877  et  y  a  é(é  l'objet  d'une  petite  exploi- 
tation qui  passe  pour  avoir  produit  2  ou  3  kilogrammes 
de  métal  ;  tout  récemment,  il  y  a  deux  ans  environ,  à  la 
suite  d'une  mutation  de  lu  propriété  de  ce  gisement,  1© 
nouveau  propriétaire  en  a  tenté  à  nouveau  l'exploitation  ; 
il  en  aurait  retiré  quelques  centaines  de  grammes  d'or 
seulement,  pour  rémunérer  un  très  grand  nombre  de  jour- 


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378   SICMESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

nées  de  travail  ;  il  n'a  pas  persévéré.  On  nous  a  cepeudaot 
parlé  de  teneurs  voisines  de  1  peiiny-weight,  soit  1^,6 
ou  près  de  5  fraucsd'or  à  la  tonne,  teneurs  qui  sont  géné- 
ralement considérées  comme  payant  le  lavage  ;  ce  u'étaient 
peut-être  pas,  il  est  vrai,  des  teneurs  moyennes. 

Là  l'or  ne  paraît  plus  se  présenter  dans  une  formation 
unique  plus  uu  moins  nettement  filonienne,  il  semble 
au  contraire  être  réparti  dans  l'ensemble  du  terrain.  Ce 
terrain  est  d'ailleurs  constitué,  tout  autour  du  ravin,  par  les 
produits  de  la  décomposition,  sans  doute  sur  place,  d'un 
micaschiste  rosé  qui  contenait  vraisemblablement  un  grand 
nombre  de  veinules  de  quartz,  ainsi  qu'en  attestent  les 
très  nombreux  débris  que  l'on  en  rencontre,  et  des  cris- 
taux de  nitile  dont  on  retrouve  les  fragments.  En  lavant 
cette  masse,  essentiellement  composée  de  grains  de  quartz 
et  de  paillettes  de  mica  sans  consistance,  on  a  recueilli 
une  certaine  quantité  d'or  affectant  un  aspect  tout  parti- 
culier, qui  n'a  été,  croyons-nous,  obsené  nulle  part 
ailleurs  dans  la  colonie  :  les  fragments  eu  sont  souvent 
d'une  certaine  dimension,  de  forme  généralement  aplatie, 
et  se  présentant  en  jolies  dendrites  dont  la  frnicfaeur 
atteste  que  l'or  n'a  nullement  été  roulé  ;  il  parait  vrai- 
semblable que,  lorsqu'il  s'est  déposé,  il  a  dû  tapisser  les 
fentes  fines  de  la  roche  où  s'est  concentré  également  le 
quartz  en  lllonnets  ;  d'ailleurs  l'or  se  rencontre  parfois 
encore  attaché  à  ce  quartz,  et  la  pépite  de  40  grammes 
qui  a  été  trouvée  à  Galarino  il  y  a  une  vingtaine  d'années 
se  présente  sous  la  forme  d'un  fragment  aplati  de  quartz 
tout  pénétré  de  dendrites  d'or. 

Nous  n'avons  pu  examiner  le  gisement  qu'an  voisinage 
du  point  oii  ont  eu  lieu  les  lavages,  point  oii  ceux-ci 
avment  fortement  boulevei-sé  le  terrain  ;  les  sables  que 
nous  avons  lavés,  qui  n'étaient  peut-être  que  les  résidus 
de  lavages  antérieurs,  ne  nous  ont  pas  donné  trace  d'or, 
le   rutile   s'^^   est   au   contraire  montré   assez  abondant. 


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6ISEUENTS    MÉTALLIQUES    DIVERS  379 

Rappelons  d'ailleurs  que  dana  le  ruisseau  voisin,  celui  de 
Oiiékanié,  le  rutile  a  pu  6tre  recueilli  en  abondance  suffi- 
sante  pour  que  l'on  ait  songé  à  en  faire  l'exploitation  ;  le 
manque  de  débouchés  pour  ce  minéral  a  d'ailleurs  fait 
abandonner  cette  idée. 

Nous  croyons  qu'aucune  recherche  réellement  sérieuse 
n'a  été  faite  en  vue  de  reconnaître  l'étendue  de  cette  for- 
mation aurifère  ;  il  semble  bien  établi  que,  même  aux 
points  qui  ont  pani  les  plus  favorisés,  la  teneur  en  or 
n'était  pas  suffisante  pour  rémunérer  l'exploitation  à  la 
main  ou  le  lavage  au  sluice  qui  ont  éiA  tentés  en  petit. 
N'y  aurait-il  pas,  au  contraire,  place,  si  toutefois  le 
gisement  avait  une  réelle  extension,  pour  une  exploita- 
tion par  des  procédés  puissants,  tels  que  l'emploi  des 
«  géants  »  californiens,  emploi  qui  ne  serait  sans  doute 
pas  difficile  à  réaliser  dans  un  pays  aussi  accidenté  et  où 
l'eau  est  aussi  abondante,  et  qui,  au  voisinage  immédiat 
de  la  mer,  n'aurait  guère  d'inconvénient?  C'est  ce  que 
personne  ne  parait  avoir  étudié,  et  ce  que  nous  n'avons 
naturellement  pas  pu  rechercher  avec  le  peu  de  temps 
dont  nous  disposions. 

D.  —  Saules  aurifères  du    Nord 
DU  LA  Nouvelle-Calédonie. 

Si  l'or  existe,  en  quantité  faible  il  est  vrai,  dans  cer- 
taines roches  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calé«ionie,  il  doit 
se  trouver  également  dans  les  alUivions  des  rivières,  et 
c'est  ce  qu'ont  montré,  même  en  premier  lieu,  les 
recherches  des  laveurs  d'or.  Il  est  peu  d'entre  les  rivières 
qui  descendent  du  massif  schisteux  du  Nord  de  Vile,  soit 
vers  la  mer,  soit  vers  le  Diahot,  oii  il  n'ait  été  trouvé 
quelques  paillettes  d'or;  mais  nulle  part  jusqu'ici  on  n'a 
découvert  d'alluvions  suffisamment  riches  pour  que  l'ex- 
ploitation en  fût  entreprise.  Sans  accepter  d'une  façon 


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I   RICKESSSS   UINEEULBS   DB  LA   NOQVKLLB-CALEDONIB 


complète  l'explication  qui  a  été  donnée  de  cette  s 
de  sables  aurifères  riches  dans  cette  ré^on,  par  ceux 
qui  ne  voulaient  pas  la  chercher  tout  Biinplemenl  dans  la 
pauvreté  même  de  la  région  en  gisements  primitifa  de 
l'or,  nous  devons  la  mentionner  ici.  M.  Gamier  n'bésitaît 
pas  à  déclarer(*)  «  qu'à  cause  du  manque  de  plaines  en 
Nûuveiie-Calédonie  l'or  ne  pouvait  y  être  qu'en  fiions  h; 
M.  Heurteau(*'),  au  contraire,  tout  en  constatant  qu'os 
ne  connaît  pas  en  Nouvelle-Calédonie  d'iilluvions  anté- 
rieures à  l'époque  actuelle,  déclarait  qu'où  ne  doit  cepen- 
dant pas  renoncer  à  l'espoii' d'y  rencontrer  des  ailuvioos  de 
formation  récente  qui,  sans  être  très  étendues,  pourraient 
cependant  donner  lieu  à  des  exploitations  importautea. 
Pour  notre  part,  nous  pensons  avec  M.  Heurteau  que^  >> 
l'absence  d'alluvionfl  anciennes,  que  les  études  postérieure» 
à  son  exploration  n'ont  fait  que  confirmer,  écarte  la  pos- 
sibilité de  trouver  en  Nouvelle-Calédonie  des  gîtes  parti- 
culièrement étendus  du  genre  de  ceux  découverts  dans 
les  alluvions  anciennes  en  Anslralie,  les  conditions  géo- 
graphiques de  la  contrée  n'auraient  pas  uécessairem«t( 
empêché  la  fonnalion  de  riches  alluvions  modernes,  a'il 
avait  existé  des  gisements  en  roche  dont  l'or  efit  pu  être 
arraché  en  quantité  suffisante  ;  mais  c'est  cette  dernière 
circonstance  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  réalisée. 

Comme  nous  l'avons  dit,  l'or  a  été  trouvé  dans  les 
sables  que  roulent  actuellement  les  diverses  rivières  do 
Nord  de  l'Ile  :  M.  Gamier(*'*)  le  signalait  en  paillettes 
aplaties  et  ruffueuses  associées  au  rutile  dans  les  sables 
de  la  rivière  de  Pouébo  au  milieu  de  micaschistes  grena- 
tifères,  et  il  mentionnait  également  sa  présence  en  petites 
quantités  dans  les  alluvions  de  quelques-uns  des  ruis- 
seaux qui  se  jettcul  dans  la  mer  entre  Pouébo  et  Balade  ; 

(*)  Loc.  cil.,  p.  n. 


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oisëhents  métalliques  ditsks  381 

M.  Heiirteau  {")  ooUùt  sa  présence,  aous  forme  de  rimplés 
coolenre  d'or  il  est  vrai,  dans  le  lit  <lc  la  plupart  des 
niÏMeauz  qui  descendent  de  la  chainfi  des  micaschistes 
vers  la  mer  sur  les  temtoirefl  de  Poiiébo  et  d'Oabatche, 
et  aussi  dans  le  cours  supérieur  de  la  rivière  de  Hienghène  ;  - 
H.  Pelatan("}  Ta  rencontré  dans  la  Tiwaka  et  dans  le 
ruisseau  d'Andam  au  delà  de  Bondé  ;  sa  présence  nous  a 
été  signalée,  sans  que  nous  ayons  d'ailleurs  pu  Térifior  le 
fait,  dans  les  sables  de  la  rivière  Thien  et  en  plusieurs 
points  du  cours  du  Diahot  et  de  ses  différents  affluents  de 
rire  droite.  Rappelons  enfin  que  la  région  peu  accessible 
des  Ouébias  (haute  vallée  du  Diahot)  passe,  à  tort  ou  à 
raison,  pour  contenir  des  sables  aurifères  riches. 

En  un  seul  de  tous  ces  points,  les  sables  étaient,  au 
moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  censés  être 
exploitables  :  c'est  dans  le  lit  de  la  Ténéole  ou  ruisseau 
d'Andam,  tribataire  de  droite  du  I^ahot,  qui  descend 
du  mont  Ignambi  et  se  jette  dans  le  Diahot  à  15  kilo- 
mètres au-dessus  de  Bondé.  Quatre  libérés  passaient  pour 
y  avoir  fait,  quelques  mois  avant  notre  visite,  une  petite 
exploitation  clandestine  plus  ou  moins  fructueuse  :  c'est 
d'ailleurs  la  vallée  oii  M.  Pelatan  avait  signalé  non  seu- 
tement  la  présence  de  l'or,  mais  aussi  colle  d'un  métal 
plus  précieux  encore  aujourd'hui,  le  platine.  Aussi  n'avons- 
nous  pas  voulu  manquer,  malgré  la  difficulté  d'accéder  à 
cette  vallée  déjà  assez  reculée,  d'aller  examiner  par 
nous-méme  ce  qui  en  est. 

Le  point  qui  nous  a  élé  signalé  comme  le  plus  riche  en 
or  «et  celui  où  le  ruisseau  d'Andam,  encaissé  entre  deux 
rives  abruptes  de  schistes,  fait  un  coude  très  prononcé 
vers  l'Ouest  pour  aller  se  jeter  dans  le  Diahot  à  1  kilo- 


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383   RICHESSES   HHfiRALES    DE    LA    NOUVELLE-CALÉDONIE 

mètre  plus  bas,  Ce  ruisseau,  dont  le  caractère  est  nette- 
ment torrentiel,  coule  i^ur  ub  lit  de  schistes  dana  les 
strates  successives  desquels  il  découpe  une  sorte  d'esca- 
lier dont  les  crenx  retiennent  des  d^Ats  de  sables;  do 
part  et  d'autre  de  ce  lit,  et  souvent  au  mitna  même  du  lit, 
existent  d'assez  puissants  dépôts  de  graviers  et  de  galets 
que  le  ruisseau  charrie  en  temps  de  crue  ;  nous  kvons 
successivement  examiné  les  sables  recueillis,  d'abord  u 
milieu  même  du  lit  de  la  rivière  dans  les  anfractuositës 
des  schistes,  puis  dans  les  tlots,  et  enfln  sur  les  berges;  les 
premiers  ne  nous  ont  donné  aucune  trace  d'or,  les  seconds 
en  ont  donné  de  très  faibles,  mais  les  troisièmes,  surtout 
lorsqu'ils  étaient  recueillis  à  une  profondeur  voisine  de 
i  mètre  dans  une  couche  de  graviers  rougefttres,  mon- 
traient à  chaque  plat  des  couleurs  d'or  très  manifestes 
et  dos  grains  d'or  légôrement  roulés  atteignant  même 
parfois  des  dimensions  très  appréciables.  Ce  sont  \k  des 
indications  qui  sont  généralement  considérées,  dans  les 
pays  oii  les  conditions  d'exploitation  ne  sont  pas  trop 
onéreuses,  comme  signalant  un  gite  vraisemhlableinert 
exploitable  pour  peu  qu'il  ait  de  ta  continuité.  Ces  allu- 
vions  étaient  formées  principalement  de  galets  et  de 
débris  de  chlorito-schistes  d'un  bleu  grisâtre  tels  que  ceux 
que  nous  avons  rencontrés  plus  à  l'Ouest;  ils  contenaient 
en  outre  des  débris  de  quartz,  du  mica,  du  glaucophane, 
du  rutile,  du  fer  magnétique  et  du  fer  chromé  ;  avec  l'or 
se  concentraient  quelques  petits  grains  de  cinabre  et  du 
.  platine  en  très  petite  quantité  ;  nous  reviendrons  sur  ce 
dernier  point  dans  ce  qui  suit. 

Nous  ajouterons  qu'ultérieurement  de  petites  pépites 
d'or  de  plusieurs  centigrammes  nous  ont  été  remises 
comme  provenant  d'un  point  plus  élevé  du  cours  du  rois- 
seau  d'Andam,  celui  où  se  réunissent  les  deux  ruisseaux 
Ténéole  et  Cinale;  nous  ne  saurions  affirmer  que  cette 
provenance  soit  exacte. 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  383 

Qiioi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  qu'il  existe,  au  moins 
en  certains  points  du  ruisseau  d'Andam,  des  sables  auri- 
fères qui  auraient  une  richesse  suffisante  pour  être 
lavés  avec  profit  par  les  procédés  dont  on  dispose  actuel- 
lement; l'étendue  sur  laquelle  ces  sables  se  rencontrent 
serait-elle  suffisante  pour  justifier  l'installation  de  sem- 
blables procédés,  c'est  ce  qui  est  beaucoup  plus  douteux, 
mais  ce  qui  n'a  jamais  été  étudié  eu  détail. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  mentionnerons  ici 
l'intérêt  qu'il  y  aurait,  ii  examiner  soigneusement  la  ques- 
tion, qui  a  été  posée  quelquefois,  mais  qui  n'a  jamais  été 
lobjot  d'aucuno  étude,  de  l'exploitation  par  dragage  des 
sablesdu  lit  du  Dîahot.  Si,  comme  cela  paraitétabli,  il  existe 
de  l'or  trits  divisé  dans  le  bassin  de  nombre  d'entre  les 
afduentsdu  Diahot,etsi,commeonnou8  l'a  affirmé  àdi verses 
l'éprises,  des  couleurs  d'or  apparaissent  lorsqu'on  lave  au 
plat  les  sables  qu'on  peut  recueillir  en  différents  points  du 
cours  du  fleuve,  il  y  auraitlieu  de  s'assurer  parquelques 
sondages  si  les  dépôts  alluvionnaires  plus  ou  moins  puis- 
sants qui  garnissent  le  fond  de  son  lit  ne  présenteraient 
pas,  sur  une  étendue  un  peu  considérable,  une  légère 
teneur  en  or.  S'il  en  était  ainsi,  il  serait  peut-être  possible 
d'en  tenter  l'exploitation  àl'aide  dedragues,  comme  on  l'a 
fait  avec  succès  dans  plusieurs  des  rivières  de  la  Nouvelle- 
Zélande  et  comme  on  commence  à  le  faire  également  en 
Australie  :  les  frais  de  premier  établissement  àfaire  pour  une 
telle  entreprise  ne  dépassent  pasSOO.OOO  à  400.000 francs 
et  on  arrive,  grâce  à  cela,  à  laver  avec  profit  des  sables 
dont  le  rendement  moyen  en  or  à  la  tonne  n'atteint  pas 
1/2  décigramme,  soit  une  valeur  de  15  centimes. 

Ce  n'est  guère  que  dans  de  telles  conditions  qu'il  semble 
que  l'on  puisse  espérer  \oir  un  jour  tirer  parti  de  l'or  qui 
existe,  mais  dans  un  état  de  grande  dissémination,  dans  les 
sables  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calédonie, 


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384   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOCVBUX-CALEDOSIK 

E.  —  Gisements  dd  Centre  et  dd  Sdd  db  la  colosib. 

Les  traces  d'or  ne  sont  pas  uniquement  limitées  à  la 
rc'gion  des  micaschistes  du  Nord  et  des  schistes  ardoisiers 
qui  les  avoisinent  :  on  a  en  effet  signalé  la  présence  du 
précieux  métal  en  plusieurs  autres  points  de  la  colonie  : 
néanmoins  il  n'a  jamais  été  trouvé  dans  la  formation  ser- 
pentineuse,  ce  qui  restreint  k  une  moitié  seulemeot  de 
leur  superficie  les  parties  du  Centre  et  dn  Sud  de  l'ile  où  il 
y  ait  lieu  d'espérer  rencontrer  de  l'or. 

Il  a  été  fait  des  recherches  de  quelque  importance  en 
trois  points  de  ces  régions  :  dans  la  haute  vallée  de  la 
rivière  do  Nakety,  à  la  mine  Que}raM  près  de  La  Foa,  et 
danslecirquedcsGrosses-Gouttes  prés  de  Saint-Louis.  Noos 
avons  visité  ces  trois  gisements.  On  a  en  outre  mentionné 
la  présence  de  quelques  grammes  d'or  à  la  tonne  dans 
diverses  roches  dclacoloiiie,  en  particulier  daoslesschîstes 
noirs  de  Pouembout  et  dans  les  mélaphyres  du  col  de 
Tongoué  ;  on  n'y  a  d'ailleurs  fait  aucune  recherche. 

L'or  se  présentait,  parait-il,  en  poussière  fine,  associé 
k  des  grains  de  cinabre,  dans  la  haute  vallée  de  la  rivière 
de  Nakety  et  dans  celle  de  son  aflluentla  Nimboui  quides- 
ccnd  des  fiancs  du  mont  Canala.  Signalé  il  y  a  longtemps 
déjà,  U  a  donné  lieu  à  une  tentative,  d'ailleurs  infructueuse, 
de  lavage  au  sluice.  Le  gisement  se  trouvait  au  fond  d'une 
vallée  encaissée  entre  deux  collines  de  schistes  ar^euz 
noirs  criblés  de  filonnets  de  quartz  blanc  laiteux,  rocbee 
qui,  comme  toujours,  donnent  lieu  à  la  surface  à  des  pro- 
duits de  décomposition  rouge  clair  très  argileux  semés 
d'un  cailloutis  de  quart?,  blanc.  Les  berges  assez  faautea 
de  la  rivière  sont  constituées  par  des  argUea  jaune  nm- 
ge&tre  résultant  évideounent  d'un  cemani^ent  de  cm 
produits  décomposés;  c'est  là   qu'aurait  été  trouvé,  par 


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OISËMEXTS  METALLIQUES   DIVERS  385 

places,  un  peu  d'or  provenant  iieut-être  du  déinantôlement 
den  fîlonnets  quartzeux  que  nous  avons  mentionnéH  ;  nous 
avons  retrouvé  un  tunnel  ouvert  dans  une  des  berges  de  la 
rivière  Nimboni  et  la  canalisation  du  sluîoe  ;  mais  les  essais 
de  lavage  que  nous  avons  faits,  en  différents  points  soit 
dti  tunnel,  soit  du  lit  mtnie  du  ruisseau,  sont  demeurés 
infructueux,  ce  qui  nous  laisse  suiiposer  que  lo  gisement 
était  soit  bien  panvre,  soit  fort  peu  étendu.  Il  paraîtrait 
que,  sur  l'autre  versant  du  même  massif  schisteux,  dans 
la  vallée  qui  descend  vers  Ciu ,  on  aurait  également  trouvé 
un  2>eu  d'or. 

A  la  mine  Quei/ras,  près  de  La  Foa,  le  mode  de  gisement 
de  l'or  est  tout  différent  :  il  apparaît  dans  un  massif 
ophitique  qui  se  déveIop|iesurlarive  gauche  de  laPoque- 
reux  entre  les  vallons  6U  coulent  les  deux  ruisseaux  Oua- 
Mengon  et  Oua-Zinda,  au  milieu  des  formations  de  grès 
jauDÙtre  du  crétacé,  qui  ont  un  large  développement  dans 
cette  partie  du  bassin  houiller  de  Moindou,  comme  nous 
l'indiquerons  en  détail  dans  ce  qui  suit. 

Signalé  à  l'attention,  à  la  fin  de  189H,  par  suite  de  la 
rencontre  fortuite  d'uu  bloc  éboulé  de  quartz  carié  impré- 
gné d'oxyde  de  fer  et  qui  contenait,  paratt-il,  40  grammes 
d'or  k  la  tonne,  il  a  été  l'objet  de  travaux  de  reconnais- 
sance d'une  certaine  importance,  d'abord  au  début  de  1807, 
puis  à  la  fin  de  cette  même  année  ei  dans  les  premiers 
moisde  1898-  Ces  travaux  n'auraient  pascoflté,  nousa-t-ilété 
affirmé  par  les  représentants  du  concessionnaire,  moins  de 
70.000  francs  ;  ils  ont  clé  brusquement  interrompus  sans 
avoir  donné  aucnn  résultat  d<K-isif  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre,  faute  de  vouloir  y  consacrer  encore  les  sommes 
nécessaires.  11  n'est  pas  inutile  d'ajouter  que,  peu  de  temps 
auparavant,  une  société  australienne  auraitoffertd'acheter 
le  gisement  au  concessionnaire  moyennant  175.000  francs; 
celui-ci  a  repoussé  cette  offre,  mais  n'en  a  pas  moins 


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388  RICHESSES   HINBBALBS  m   LA  NOUVlLI^-CALiDONIE 

lûasé  te  ^sèment  iRexi^tnté  et  incoraplètement  recooDB. 

A  la  suite  de  la  découverte  du  bloc  ferrugineux  doBt 
Q0U9  venoDS  de  parler  et  de  la  constatation  de  aa  richesse 
en  or,  le  mamelon  au  {ned  duquel  U  avait  été  rencontré  a 
été  soigneusement  exploré,  et  on  y  a  trouvé,  en  unesériede 
pointa,  raffteorement  de  roches  oxydées  du  même  genre 
et  plus  ou  moins  aurifères.  On  a  commencé  à  creuser  à 
partir  de  ces  affleurements  quatre  petits  puits  verlicanx, 
dont  deux  de  quelques  mètres  seulement,  et  deux  autres 
de  If)  et  20  mètres  de  profondeur;  les  échantiUona  qui  bd 
cmt  été  extraits  auraient  eu  des  teneurs  variant  de  0  à 
70  grammes  à  ta  tonne  (cette  dernière  teneur  pour  de» 
(létnis  oxydés  plus  ou  moins  argileux),  il  en  aurait  même 
été  extrait  h  une  certaine  époque  97  sacs,  représentant  à 
peu  près  6  tonnes,  qui,  expédiés  pour  être  tfaités  à  la  fon- 
derie d'Aldenhot  près  de  Sydney,  auraient  rendu  12*',9 
d'or  et  25  grammes  d'argent  à  la  tonne,  représentant  nna 
valeur  de  4f(  francs  de  métaux  précieux.  Dans  le  bat  à* 
recouper  en  profondenr  les  formations  suivies  à  partir  d« 
la  surface,  on  entreprit  au  pied  du  mamelon  la  galm» 
figurée  en  AB  par  la  /ig.  3  de  la  PI.  V,  qui  reprorinit  les 
[Hincipalea  indications  conservées  sur  ces  recherches  ;  la 
galerie  fut  poussée  de  40  mètres  dans  une  opfaite  extrême- 
ment dure  et  fut  abandonnée  sans  en  être  sortie  ;  elle  parait 
avoir  mis  en  évidence,  tout  comme  le  puits,  une  direc- 
tion dominante  des  cassures  de  la  roche,  ori«itée  à  peu 
jures  Est-Ouest,  et  inclinée  aux  environs  de  33  degrés  vers 
le  Sud. 

Quelques  mois  plus  tard  les  travaux  furent  rejuis  sou* 
la  direction  d'un  contremaître  australien;  ils  ont  o>mp(Mié 
principalement  l'exécution  d'un  puits  incliné  suivant  une 
formation  de  quartz  rouillé  ;  ce  puits  aurait  été  poursuivi 
sur  3i  mètres  de  longueur  en  fournissant  des  minerai» 
plutêt  pauvres  et  les  travaux  auraient  été  arrêtés  là. 

Nons  n'avons  pas  pu  pénétrer  dans  les  travaux  éboulés. 


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OiSSHBHTS  ItETALLlQUBS  DIVERS  387 

OU  remplis  «l'eau,  mais  nous  avons  examiné  las  a&leure- 
ineate  et  les  tas  de  minerai  sortis  de  ces  travaux  ;  noue 
avons  constaté  que  le  ^sèment  ent  constitué,  au  milieu 
d'an  massif  ophitique,  par  plusieurs  tètes  de  rochee 
quartzeuses  et  ferrugineuses  oxydées,  comme  il  s'en  ren- 
contre à  l'a/tleuFement  de  massifs  de  quartz  chargé  de 
p3Tite  ou  de  mispidiel  par  exem{de.  Ces  roches  se  pré- 
seoteiit  sous  deux  types  assez  distinct»  :  le  plus  souventce 
sont  des  quartz  caverneux,  Mables,  brunis  par  des  impré- 
gnations d'oxyde  de  fer,  et  doat  les  vides  sont  tapissés 
d'oxyde  de  fer  terreux  ;  mais  on  rencontre  aussi  des  mor- 
ceaux de  quartz  dur,  brun  ou  rouge,  très  compact,  passaot 
au  <|uartzite;  enfin,  dans  les  interstices  de  ces  roches,  ou 
au  contact  du  quartz  et  de  l'ophite,  il  existe  des  produits 
argileux  rougeàtres  dont  quelques-uns  auraient  étéexcep- 
tionnellâmont  riches  (72  grammes  d'or  à  la  tonne). 

Nous  avons  recueilli  personnellement  sur  place  uo 
certain  nombre  d'échantillons  tant  de  quartz  que  des 
matières  argileuses  associées;  on  nous  a,  d'autre  part, 
rmaols  des  échantillons  semblables  de  richesse  variée. 
Ceux  ée  l'une  ou  de  l'autre  provenance  que  nous  avons 
asalysés  teuaioit  tous  de  l'or  (2  à  10  grammes  à  la 
ttmoe). 

Quant  à  l'allure  du  gite,  nous  n'avons  pas  pu  la  discer- 
MT  avec  exactitude  les  difTérents  puits  creusés  oe 
s'alignent  pas  sur  une  seule  direction  et  sont  séparés  {)ar 
des  affleurements  d'ophite,  on  n'est  donc  pas  en  présence 
d'un  iïlon  unique  et  continu,  mais  peut-être  d'un  groupe 
de  iîlons  iiréguliers,  ou  plus  probablement  d'un  noyau 
quartzeux  plus  ou  moins  continu  et  plus  ou  moins  puis- 
sant. 

Ce  quartz,  très  chargé  en  oxyde  de  fer,  et  légèrement 
aurifère,  ne  parait  pouvoir  provenir  que  de  l'altération 
superâcielle  de  quartz  chargé  en  profondeur  de  pyrite  ou 
de  mispickel  aurifère,  formation  qui  n'a  d'ailleurs  pas  été 


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388    RICHESSES    MINERALES    DE    LA    NOtTVELLE-CALEDONIB 

rencontrée  faute  de  Tavoir  recherchée  jusqu'à  une  dis- 
tance suffisante  de  la  surface.  Quelle  serait  la  teneur  en  or 
de  cette  roche,  quelle  serait  la  régularité  de  cette  teneur 
et  quelle  serait  l'extension  du  gisement  de  ladite 
roclie?  C'est  ce  que  rien  népermet  de  dire  aujourd'hui, 
et  l'on  ne  peut  que  regretter  que  l'on  n'ait  pas 
exploré  d'une  façon  complète  ce  gisement  qui  se  signalait 
par  des  affleurements  réellement  remarquables;  ces  affleu- 
rements ont  en  effet  pu  rappelerk  certaines  personnes,  bien 
que  dans  des  dimensions  plus  restreintes,  les  affleurements 
de  la  célèbre  mine  de  Mount-Morgan  dans  le  Queensland,  oli 
une  puissante  colonne  de  quartz  imprégné  de  mispickel 
tenant  en  moyenne  de  15  à  20  grammes  d'or  à  la  tonne, 
associée  à  nue  venue  dioritique,  s'est  signalée  à  l'attention 
des  prospecteurs  par  des  blocs  de  quartz  ferrugineux 
aurifères  d'im  aspect  asse;;  analogue  à  celui  des  quartz  de 
la  mine  Queyras." 

Dans  le  cirque  des  Grosnes-Gotil/es,  à  la  source  de  la 
rivière  de  Saint- Louis,  l'or  est  associé  il  l'un  des  deux  seuls 
massifs  granitiques  de  la  colonie;  nous  avons  déjà  fait 
connaître  dans  quelles  conditions  se  présente  ce  massif 
granitique.  En  lavant  les  sables  de  la  rivière  qui  descend 
du  cirque  des  Grosses-Gouttes,  dont  le  granité  forme  les 
parois,  associé  d'ailleurs  k  quelques  pointements  de  ser- 
pentine, on  trouve  régulièrement  des  couleurs  d'or  ;  elles 
s'observent  dans  des  sables  granitiques  avec  topaze, 
accompagnés  de  produits  serpentineux  qui  laissent  dans 
le  résidu  lourd  des  cristaux  de  fer  chromé.  Sur  le  flanc 
du  ravin,  on  trouve  en  outre  des  arènes  granitiques 
décomposées,  peu  ou  ]>oint  charriées,  dans  lesquelles  le 
lavage  au  plat  décèle  également,  en  petite  quantité  d'ail- 
leurs, de  l'or  d'un  jaune  très  pâle,  sans  doute  par  ce 
qu'il  est  allié  à  une  assez  forte  proportion  d'argent  ;  avec 
lui  restent  au  fond  du  plat  de  nombreux  cristaux  micros- 


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GISEMENTS  MÉTALLIQUES  DIVERS  389 

<;opiques  de  topaze.  Cette  formation  ne  parait  d'ailleurs 
pas  présenter  beaucoup  d'étendue. 

Le  lavage  des  sables  de  la  rivière  a  été  tenté,  à  plu- 
sieurs reprises  croyons-nous,  et  principalement  en  1877 
et  1878.  D'après  les  renseignemeots  que  nous  avons  pu 
recueillir  de  la  bouche  de  l'un  de  ceux  qui  avalent  parti- 
cipe à  cette  tentative,  le  lavage  au  sluîce  fournissait 
régulièrement  de  petites  quantités  d'or,  mais  trop  faibles 
pour  rémunérer  la  main-d'œuvre  à  employer.  Quelques 
centaines  de  grammes  d'or  seulement  en  auraient  été  tirées 
(la  statistique  des  exportations  accuse,  pour  le  premier 
trimestre  de  1878,  une  exportation  de  600  grammes  d'or 
provenant  des  Grosses-Gouttes). 

Ce  gisement  parait  malheureusement  être  trop  restreint 
comme  étendue  pour  qu'il  y  ait  lien  d'en  tenter  l'exploi- 
tation par  des  procédés  en  grand,  susceptibles  de  réduire 
suffisamment  les  frais  d'exploitation  pour  que  les  petites 
quantités  d'or  qu'il  contient  payent  les  frais  d'extraction. 

Des  données  qui  précèdent,  et  qui  constituent  toutes 
celles  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les  gisements  au- 
rifères de  la  colonie,  ou  ne  saurait,  comme  on  le  voit, 
tirer  une  conclusion  aussi  favorable  que  pour  les  métaux 
que  nous  avons  passés  en  revue  jusqu'ici.  Sans  doute  il 
ne  faut  pas  désespérer  de  voir  tel  ou  tel  des  gisements 
que  nous  avons  mentionnés  exploité  avec  succès  le  jour 
otil'on  essaierait,  ici  les  méthodes  modernes  de  traite- 
ment chimique  des  minerais  réfractaires,  et  là  les  pro- 
cédés hydrauliques  d'abatage  et  de  lavage  des  sables,  si 
l'importance  des  gisements  était  reconnue  le  justifier  ; 
sans  doute  aussi  est-il  permis  d'espérer  que,  le  jour  où 
tels  ou  tels  affleurements,  hâtivement  accaparés  sans  y 
avoir  fait  aucune  recherche  et_délaissés  depuis  lors,  se-» 
raient  fouillés  avec  soin,  de  nouveaux  gisements  exploi- 
tables pourraient  être  reconnus  ;  peut-être  même  en  décou- 


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390   RICHESSES   HINXItALBS   I»  LA  NOCFTBLLB-CALéDONIE 

Tnra-tMin  qui  sont  encore  complètement  insoupçonoéa. 
Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  reconnxltre  que  notre  colo- 
nie, si  bien  partagée  comme  ridiesses  minérales  k  beau- 
coup de  points  de  voe,  ne  l'a  pas  été  en  ce  qoi  conceroe 
l'or  d'une  façon  qoi  puisse  permettre  de  la  comparer, 
même  de  loin,  à  ses  puissantes  roisines. 


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CHAPITRE  m. 
JUlIBBàlS  HCTlLUttBEB  DITZB8. 


A.  — GuraiBKTS  ÀBÛBNTIFfeRES. 

Nom  ne  croyons  pas  quVncun  giaeioent  ait  été  ^gnalé- 
en  Noavelle-Calédonie  comme  contenant  des  minerais  pu- 
rement argentifères  :  la  présence  de  l'argent  a,  an  oon- 
tr«Tr«,  été  reconnue  dans  un  assez  grand  nombre  de  gise- 
ments d'autres  métaux. 

,  Toujours  associé  îi  l'or,  il  se  trouve  en  particulier  en 
■quantité  notable  dans  l'or  de  Fem-hiïï  (7,5  p.  100  en 
poids)  comme  dans  celui  de  la  mine  Rose  (voir  les  résul- 
tats d'analysesci-dessus  rapportés).  Dans  la  même  forma- 
tion  de  micascMstes  qui  contient  la  mine  ïlo^e,  M.  Hcur- 
toftu  signale,  dans  la  vallée  de  Pomieu,  on  fflon  qui  avait 
été  eipîoré  pour  or,  «t  qui,  constitué  par  duqnartz  chargé 
-de  pyrite,  contenait  des  traces  d'or  et  50  grammes 
d'argent  &  la  tonne.  Enfin  l'or  du  gisement  des  Grosses- 
■Gonttes  [H^sente  une  couleur  si  claire  qu'il  renferme 
-certainement  une  proportion  notable  d'argent. 

L'argent  est  de  même  associé,  comme  nous  l'avons 
dit,  an  enivre  dans  les  différents  gisements  connus  de 
-ce  métal,  mais  il  n'ajoute  en  général  qu'un  bien  f&ible 
-appoint  à  la  valeur  des  minerais. 

Enfin  l'argent  est  encore  connu  en  Nouvelle-Calédonie, 
«ssocié,  comme  il  l'est  presque  Constamment,  au  plomb 
«t  au  zinc,  et  il  s'y  est  montré  par  endroits  en  proportion 
suffisante    pour    augmenter    d'une    façon    considérable 


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392   RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOCVELLE-CALEDONIB 
la  valeur  des  minerais  de  ces  métaux  dont  nous  allons 
décrire  les  gîtes. 

B.  —  Gisements  de  plomb. 

Le  plomb  a  été  signalé  en  plusieurs  points  de  la  région 
septentrionale  de  l'ile  ;  il  est,  conune  nous  l'avons  vu, 
abondant  k  la  mine  do  cuivre  Pilou  ;  mais  il  existe  en 
outre  différentK  gisements  où  il  domine,  associé  il  est 
Trai,  à  des  quantités  importantes  de  zinc,  et  ne  contenant 
que  de  iïimples  traces  de  cuivre. 

h-Afig.  i  de  la  PI.  V  représente  les  différents  périmètre* 
miniers  du  Nord  de  l'Ile  qui  sont  censés  renfermer  des 
minerais  de  plomb  argentifère. 

En  dehors  des  gisements  du  Nord,  il  n'a  été  signalé  ii 
notre  connaissance  qu'un  seul  filon  de  plomb  argentifère 
dans  tout  le  reste  de  la  colonie;  il  se  trouve  dansTélrpii 
lambeau  île  terrains  secondaires  situé  au  Nord  du  massif 
serpentineux  du  Mont  Dô,  non  loi»  de  Kuenthio;  nous 
n'avons  pas  eu  le  loisir  de  visiter  ce  gisement  et  noos 
n'avons  pu  recueillir  aucune  indication  précise  à  son  sujet. 

Parmi  les  gisements  découverts  dans  le  Nord  de  l'ile,  le 
seul  qui  ait  été  l'objet  d'une  tentative  d'exploitation  est 
celui  de  la  Mérétrice  sur  la  rive  gauche  du  Diahot. 

Découverte  à  la  tin  de  1884,  la  mine  Mérétrice  a  été 
l'objet  de  travaux  de  préparation,  puis  d'exploitation,  à 
partir  de  1886-i887;  les  minerais  qui' en  provenaient,  et 
qui  étaient  d'une  fusion  facile,  étaient  d'une  valeur  un  peu 
trop  faible  pour  pouvoir  supporter  -les  frais  de  transport 
jusqu'aux  fonderies  australiennes,  aussi  furent-ils  traités  k 
la  fonderie  créée  à  cet  effet  à  Pam.  Ce  n'est  qu'au  début 
de  1890  que  cette  fonderie  put  livrer  des  produits  mar- 
chands; les  minerais  exploités  jusque-là  avaient  été  en- 
tassés, aussi  n'est-ce  que  dans  les  années  1890  à  1893 
qu'il  a  été  exporté  du  plomb  argentifère  de  la  colonie  ; 


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GISEMENTS  METALUQOES   DIVERS  393 

d'après  les  statistiques  de  la  douane,  ces  exportations 
n'auraient  guère  dépassé  1.500  tonnes  au  total,  représen- 
tant une  valeur  voisine  de  600.000  francs;  la  teneur  en 
argent  aurait  été  de  plus  de  i  kilogramme  d'argent  par 
toimo  de  plomb  d'(«uvre. 

Interrompus  il  la  fin  de  1891,  les  travaux  <Ie  la  mine 
Mérétrice  ne  paraissent  jamais  avoir  été  repris  sérieuse- 
ment depuis  lors,  bien  qu'il  y  ait  eu  une  tentative  dans 
ce  but  en  1897-1898. 

Le  gisement  se  trouve,  comme  celui  de  la  mine  Pilou 
et  de  la  plupart  des  autres  mines  de  cuivre  que  nous 
avons  décrites,  encaissé  dans  des  schistes  ardoisiers  noirs, 
et  en  relation  très  immédiate  avec  un  dvke  de  roche 
verte;  il  affleure  sur  la  rive  gauche  du  petit  ruisseau 
Djavei,  au  flanc  d'un  des  très  nombreux  mamelons  ovoïdes 
«lue  ces  schistes  forment  entre  le  Diahot  et  ta  ligne  des 
calcaires  de  la  Roche  Mauprat,  dont  la  mine  Mérétrice 
est  d'ailleurs  voisine. 

L'affleurement  se  présente  sous  la  forme  d'un  énorme 
massif,  de  10  mètres  environ  de  puissance,  presque  uni- 
quement constitué  d'un  agrégat  de  fragments  de  céru- 
site  empâtés  dans  de  l'oxyde  de  fer;  souvent  la  cénisite 
apparaît  en  jolis  petits  cristauxtabulaires,  etl'onenaren- 
<-0!itré  autrefois  nombre  d'échantillons  recouverts  de  fila- 
ments d'iu-gent  natif  ;  par  places  la  cérusite  est  associée 
4  des  enduits  cuivreux  bleus  et  verts,  et  à  des  minéraux 
oxydés  du  zinc, 

Lue  tranchée,  ouverte  sur  une  dizaine  de  mètres  de 
verticale  et  une  cinquantaine  de  mètres  en  direction,  n'a 
pas  tardé  à  découvrir  des  minerais  sulfurés,  peu  ou  point 
altérés,  qui  se  présentent  en  trois  bandes  grossièrement 
parallèles,  orientées  à  peu  près  Nord-110*-Est  et  plongeant 
au  Sud-Ouest,  paraissant  constituer  trois  filous  distincts, 
mais  voisins,  avec  des  puissances  de  i  k  2  mètres  chacun, 
et  séparés  par  des  schistes  pratiquement  stériles. 


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'394   R1CHB88B8   WNÉRALn  DE   LA  mtTmXB-CALÉDOME 

La  (ig.  4  de  la  PI.  T  tntlique  quel  est  l'état  actoel  des 
)i«HX  et  reitrésente  grossièrement  les  traTsax  qm  ont  été 
faits  sar  le  gitteinent. 

Celui-ci  est  à  peine  connu  sur  220  mètres  de  longoen*, 
bien  qu'il  ait  été  retrouvé  sur  la  rive  droite  du  nrissea» 
Djavel  :  ime  galerie  d'allongement  x  s'est  enftutcée  de 
linéiques  mètres  dans  un  fllon(?}  mince,  et  une  tranchée 
a  trouvé  un  filet  de  minerai  ;  mais  plus  à  l'Est  il  n'a  pins 
été  reconnu  d'affleurements  sur  le  mamelon  qui  se  déve- 
loppe sur  la  rive  droite  du  ruisseau.  Le  mamelon  de  larire 
gauche,  qni  renferme  sur  son  flanc  Est  le  puissant  afllen- 
rement  que  nous  venons  de  décrire,  n'a  montré  de  mine- 
rai que  de  ce  cAté,  sur  son  flanc  Ouest  il  n'a  rien  é*é 
trouvé  et  les  fllonsn'ontétésuivis  en  direction  an  delhde 
l'extrémité  de  la  tranchée  que  par  une  galerie  d'allonge- 
ment d'une  qoamutaiue  de  mètres  de  longueur  qui  est  u- 
jowd'hui  inaccessible  :  elle  s'enfonce  dans  le  minerai 
sulfuré.  L'allure  de  la  formation  sur  cette  faihle  longuew 
«et  d'ailleurs  ftH'tement  contournée. 

En  profondeur,  la  seule  donnée  dequelque  importance  qnr 
l'on  ait  est  cellequi  est  résultée  du  ftmçage,  en  1897-1898, 
par  r«  International  Corporation  Limitod  »  devenue  pro- 
priétaire (le  ta  mine  à  cette  époque,  d'im  nonvean  poita, 
profonddeSO  mètres,  qui  aurait  recoupé ï  STi  mèU-es de  U 
8<irface  un  filon  de  2  mètres  de  puissance  très  abondam- 
ment minéralisé  en  galène  avec  pvrite  et  blende,  tenant 
de  3  à  4  onces  (9t  à  12ô  grammes)  d'argent  k  la  t«nne  ; 
au  mur  de  ce  filon,  le  puits,  foncé  jusque-là  dans  les 
schistes  noirs,  est  entré  dans  un  dylce  de  roche  verte 
très  dure  dont  on  connaît  d'ailleurs  les  affleurements  au 
mur  des  aflleurements  des  filons  ;  il  y  a  été  poursuivi  sur 
25  mètres  de  hauteur. 

De  l'ensemble  de  ces  indications,  quelque  peu  incon- 
plètes,  il  semble  résulter  que  l'on  est  en  présence,  k  la 
Mérétrice,  soit  d'une  formation  lenticulaire,  soit  d'une 


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QISIHBNra  MBTALLIQDBS   DITKR8  395 

zonad'enrichisseiaeDt  ezceptioDiield'un  filon  nornaalement 
assez  pauvre  ;  il  ne  parait  en  effet  pas  douteux  qu'il  ne  m 
prolonge  en  direction  que  sur  200  mètres  au  plus,  ou 
•que,  s'il  se  prolonge  au  delà,  c'est  avec  une  puissance  el 
une  minéralisation  bien  moindres.  En  proToncIeur  il  parait 
•également  s'amincir,  puisque  aux  affleurements  il  com- 
porte trois  reines  métallifères  d'une  puissance  totale  (le 
i  à  5  mètres  au  moins,  tandis  qu'à  35  mètres  de  la  sur- 
iace  il  n'a  plus  qu'une  épaisseur  de  2  mètres.  Ko  outre, 
•comme  cela  arrive  trop  fréquemment,  la  teneur  en  argent 
•diminue  considérablement  lorsque  Ton  passe  de  la  zone 
oxj'dée  à  la  zone  sulfurée.  Comme  nous  l'avons  mentionné, 
ies  échantillons  de  cérusite  parsemés  d'argent  natif  ont 
■été  assez  fréquents  aux  aflleurements  et  la  teneur  des 
iminerais  y  était,  nous  a-t-on  affirmé,  couramment  de 
12  à  15  onces,  soit  370  à  170  grammes,  par  tonne  de 
iminerai  à  15  ou  20  p.  100  de  plomb,  ce  qui  correspondrait 
À  des  plombs  d'œuvre  à  près  de  2  kilogrammes  d'argent  à 
la  tonne.  Au  contraire,  les  minerais  sulfurés  ne  tenaient, 
:même  tout  près  de  la  surface,  que  des  quantités  variant  - 
.généralement  de  6  onces  (200  grammes)  à  la  tonne  à 
3  ou  4  onces. 

Nous  avons  eu  comiaissanced'uneséried'analyses effec- 
tuées en  1898  en  vue  de  chercher  à  so  rendre  compte 
■de  la  teneur  moyenne  que  pouvaient  avoir  les  différents 
minerais,  et  nous  en  donnons  ci-dessous  les  résultats,  que 
aous  n'avons  d'aiUeursnullement  été  en  mesure  de  vérifier. 

Douze  analyses  de  minerais  sulfurés  avaient  donné 
■comme  teneurs  : 

Flomb de     24.40     p.  «10    à    8       p.  100 

Cuivre 4  Iraces 

Zinc 28,95  8,41  p.  100 

Fer 26.98  8,55 

Silice 27  0,89 

Aident Je  370  gr.  à  la  l.  à  94  gr.  h  la  tonne 


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396   RICHESSES   MINERALES  DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

La  composition  des  minerais  les  plus  riches  était  d'ail- 
leurs la  suivante  : 

Plomb 2*,49  p.  100 

Cuivre traces 

ZÎQc 2a,M  p.  100 

Fer 8,H» 

Silice 10,54 

Argent 370  grammes  à  ta  tonne 

Neuf  analyses  de  minerais  oxydés  avaient  donné  les 
résultats  suivants  : 

Plomb..  de    38,44    p.  iW    à      5,68    p.  100 

Cuivre. .  9,76  traces 

Zinc...  4,14  1,05    p.  100 

Fer  ....  31  10,60 

Silice...  49,31  20,25 

Argent.  de  SOO  gr,  à  la  tonne  i  128  gr,  à  la  toune 

L'échantillon  le  phis  riche  en  ploinb  contenait  : 

Plomb 38,4i  p.  100 

Cuivre 0,20 

Zinc 2,39 

Fer 14,32 

Silice 20,80 

Argent 420  grammes  à  la  tonne 

Les  minerais  do  surface  étaient,  comme  on  le  voit, 
compliitement  oxydés  et  pauvres  en  zinc  (maximum 
4  p.  ItK)  pour  un  minerai  tenant  30  p.  100  da  plomb); 
ils  étaient  donc  d'un  traitement  aisé,  et  étaient  en  outre 
assez  riches  en  argent,  puisqu'ils  étaient  de  nature  adon- 
ner du  plombd'œuvre  tenant  plus  de  l  kilogramme  d'ar- 
gent à  la  tonne  ;  ce  ne  sont  guère  que  ces  minerais  qui  ont 
été  fondus  à  Pani,  il  en  reste  d'ailleurs  encore  des  tas 
impor|.ant3  (quelques  milhers  de  tonnes)  sur  le  caireau  de 
la  mine. 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES    DIVERS  397 

Les  minerais  sulfurés  ont  au  contraire  beaucoii))  moins 
de  valeur  :  contenant  une  forte  proportion  de  zinc,  à 
peine  inférieure  à  la  proportion  de  plomb,  ils  exigeraient 
un  lavage  minutieux  qui  entraînerait  vraisemblable- 
ment la  perte  de  toute  la  blende  et,  avec  elle,  sans  doute 
celle  d'une  notable  partie  de  l'argent,  livrant  du  plomb 
d'oeuvre  tenant  seulement  quelques  centaines  de  grammes 
à  la  tonne. 

Il  ne  semble  donc  pas  que,  même  si  le  gisement  de  la 
Mérétrice  montrait  plus  de  continuité  que  ne  paraissent  en 
indiquer  les  quelques  travaux  de  recherches  qui  y  ont  été 
poursuivis,  sou  exploitation  puisse  être  bien  rémunéra- 
trice, tant  du  moins  que  les  conditious  industrielles  de  la 
région  resteront  difficiles,  c'est-k-dire  que  la  main-d'œuvre 
y  sera  rare,  le  combustible  coflteux  et  les  moyens  dont 
on  dispose  restreints.  La  puissance  apparente  de  l'affleu- 
rement et  sa  belle  richesse  en  argent  en  avaient  fait  au- 
gurer autrement,  mais  on  connaît  aujourd'hui  assez  flu 
gisement  pour  être  porté  à  dire  que  ces  apparences  étaient 
trompeuses. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'aucun  des  autres  gisements  de 
plomb  argentifère  du  voisinage,  que  nous  n'avons  d'ail- 
leurs pas  pu  examiner,  ait  présenté  à  beaucoup  près  de 
semblables  apparences. 

C.  —  Gisements  de  zinc 


Le  zinc  est  abondamment  associé  non  seulement  à 
quelques  minerais  de  cuivre  ot. surtout  à  ceux  de  la  mine 
Pilou,  mais  encore,  comme  uous  venons  de  le  dire,  aux 
minerais  de  plomb  argentifère  de  la  Mérétrice. 

Ici  comme  \k,  il  constitue  une  gêne  notable  pour  la  mé- 
tallurgie et,  dans  l'état  actuel  des  choses,  loin  de  pouvoir 
dans  ces  conditions  être  considéré  comme  une  richesse,  il 


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39S   KICHBSSBS  HINÉRAUtS   DE  LA   NOOVEIXB-C&LÉDONIB 

déprécie  plus  ou  moins  sérieusement  ies  gisemenU  ok  il  se 
rencontre.  Noms  n'avons  pas  connaissance  que  des  uinerais 
de  zinc  seul  aient  jamais  été  signalés  dans  la  colooie.  Il* 
yseraient  d'ailleurs  prstiquenwnt  inutilisables  étaatdonité 
en  particulier  le  prix  dti  charbon,  et  il  faudrait  qu'il* 
fussent  bien  riches,  et  surtout  ^'ils  aient  use  teneur  très 
notable  en  argent,  pour  qu'ils  putssmt  valoir  le  tras^ort 
Jusqu'aux  usines  établies  sur  les  bassins  houiUers  de  1* 
Nouvelle-Galles  du  Sud. 


D.  —  GisEiieNTS  d'ahtiuoinb. 

L'antimoine  n'est  connu,  en  Nouvelle-Calédonie,  qo'ei» 
un  seul  point,  k  Nakety.  Les  conditions  dans  lesquelles  il 
s'y  présente  avaient  paru  dans  le  temps  assez  favorables 
pour  que  l'exploitation  en  fût  tentée  en  1883-1884;  maïs 
elle  ne  parait  pas  avoir  eu  un  succès  suffisant.  Abandonnée 
au  début  de  1885,  elle  n'a  pas  été  reprise  depuis. 

Le  gisement  sur  lequel  cette  tentative  a  eu  lieu  est 
situé  au  voisinage  de  Nakety,  dans  l'un  des  contreforts 
qui  s'élèvent  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de  Nakety 
i  peu  de  distance  au  Sud-Ouest  du  village  :  ces  contreforts^ 
situés  au  voisinage  immédiat  des  mas.sifs  scrpeutineux 
qui  s'élèvent  au  bord  de  la  mer,  sont  constitués  principale- 
ment par  des  schistes  argileux  noirs  décolorés  aux  affleu- 
rements. Dans  ces  schistes  courent  une  série  de  veines 
de  quart/,  presque  verticales  et  dirigées  au  Nord-HC-Est; 
l'une  de  CCS  veines,  puissante  de  2  à3  mètres, est  miné- 
ralisée sur  une  bonne  partie  de  sa  largeur  par  de  la  sti- 
Inne  :  par  places  on  rencontre  du  minerai  massiX  eu  quan- 
tité plus  ou  moins  considérable;  en  d'autres  peints  U 
stibine  constitue  seulement  un  remplissage  dass-las  inter- 
valles de  spbérolites  quartzcux. 

I>ea  travaux  d'une  certaine  importance,  tnn«»-^itc» 


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eiSIMBHTt  UÉIALLIQUES    DtVBBS  38^ 

et  galeries  d'allongement,  ont  été  pratiqués,  s'étageant 
jusqu'au  sommet  de  la  colline,  entre  les  cotes  165  et  300; 
ils  paraissent  avoir  suivi  un  filon  d'une  certaine  conti- 
nuité. 

Quant  à  la  riclieMe  moyenne  de  la  minéralisation  nous 
fl'aroDs  pu  nous  ea  faire  qu'une  idée  approximative; 
d'a{H-è8  les  renseignements  que  nous  avons  pu  retrouver, 
le  minerai  aurait  été  amené,  après  triage,  à  une  teneur^ 
moyenne  de  35  p.  100  de  stibine. 

Descendu  jusqu'au  pied  de  la  colKne  par  un  plan  incliné, 
il  était  concassé,  puis  trié  ;  il  aurait,  au  début,  été  exporté 
tel  queljusqu'àconcuri-encedequelques  cent  ai  nés  de  tonnes. 
Ultérieurement  on  aurait  construit  un  petit  four  de  liqua- 
tion  pour  produire  sur  place  le  sulfure  fondu,  mais  il 
n'aurait  été  obtenu  que  quelques  tonnes  seulement  de  celui- 
ci,  l'exploitation  ayant  dû  être  aljandonnée  à  la  suite  d'une 
baisse  de  la  valeur  du  métal. 

Différents  autres  affleurements  de  stibine  ont  été  signa- 
lés au  voisinage,  et  il  n'a  pas  été  institué  moins  d'une 
douzaine  de  concesaions  d'antimoine  à  Nakety;  mais  le» 
travaux  que  nous  venons  de  mentionner  sont,  à  notre 
connaissance,  les  seuls  sérieux  qui  aient  jamais  été  faits. 
ht  fiioa  aor  lequel  ils  ont  porté  serut,  à  n'en  pas  douter, 
considéré  comme  d'une  belle  richesse  en  France,  et  serait 
exploitable  avec  protit  si  l'on  se  trouvait  dans  des  condi- 
tions économiques  analogues  à  celles  de  notre  pays;  si, 
au  contraire,  ou  veut  comparer  l'exploitation  à  laquelle  il 
pourrait  donner  lieu  à  des  exploitations  de  paya  loin- 
tains, telles  que  celles  du  Japon,  par  exemple,  qui  est  un 
[Voducteur  assez  important  d'antimoiue,  on  ne  peut  que 
constater  l'infériorité  du  gisement  calédonien,  et  conserver 
peu  d'espoir  qu'il  puisse  être  de  longtemps  l'objet  d'une- 
utiliaation  fructueuse,  surtout  avec  le&  «ours  actuels  de- 
l'antimoine. 


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400  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÈDONtE 

E.  —  Gisements  de  ubrcure. 

Le  cinabre,  et  même  le  mercure  natif,  ont  été  trouTés 
en  plusieurs  points  de  ia  colonie  :  des  gisements  en  roche 
sont  connus  à  Nakcty,  à  Kouaoua,  et  à  Bourail  :  des 
fragments  de  cinabre  ont  en  outre  été  rencontrés  dans  le 
lavage  des  sables  île  plusieurs  rivières  et  en  partipolJer 
dans  la  haute  vallée  de  Nakety  et  dans  la  rivière  d'Aiidam. 

A  Nakety,  le  cinabre  a  été  signale  il  y  a  d'assez  longues 
années  déjà  :  il  apparait  en  cristaux  dans  les  fentes  d'un 
grès  jaunâtre  en  plusieurs  i>oints  situés  de  part  et  <rautre 
du  village,  d'une  part  sur  un  escarpement  élevé  qui 
domine  la  route  <le  Thio  à  Nakety  à  quelque  distance  avant 
d'arriver  aux  premières  maisons  de  ce  village,  et  d'autre 
part  à  2  kilomètres  environ  à  l'Ouest  du  gisement  de 
stibine  que  nous  venons  de  mentionner.  Ces  deux  points 
s'alignent  exactement  avec  ce  gisement  dans  la  direction 
Xord-HO°-Est  qui  est  celle  du  filon  d'antimoine,  comme 
si  le  cinabre  et  la  stibine  s'étaient  déposés  le  long  iruao 
même  cassure  :  ce  serait  un  exemple  de  plus  de  l'associa- 
tion si  fréquente  ilc  ces  deux  minerais.  Sur  les  uns  et  les 
autres  de  ces  affleurements  il  n'a  été  fait  que  des  grat- 
tjiges  insignifiants,  ayant  consisté  essentiellement  à  en- 
lever les  quelques  jolis  échantillons  de  cinabre  qui  se 
montraient,  ai  liien  qu'aujourd'hui  ce  que  l'on  en  peut 
voir  ne  saurait  donner  une  haute  idée  de  la  richesse  des 
gisements  en  question. 

Près  de  Kouaoua,  dans  la  vallée  de  la  Faja,  affluent  de 
droite  de  la  rivière  de  Kouaoua,  on  trouve,  au  sehid'nl 
massif  do  roches  vertes  diabasiques  apparaissant  au  milieu 
des  schistes  argileux  noirs  qui  se  développent  derrîèrele 
bourrelet  sorpentinenx  de  la  cftte,  des  filons  et  veinules 
de  quartz  avec  mouches  fines  de  cinabre  ;  ce  que  nous  en 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  401 

avons  vu  ne  présente  d'intérêt  qu'an  seul  point  de  vue 
iDÏnéralogique. 

Enfin,  il  y  a  quelques  années,  un  autre  gisement  de 
mercure  a  été  signalé  dans  la  vallée  d'un  des  petits  ruis- 
seaux qui  forment  la  Douencheur,  à  15  kilomètres  environ 
au  Nord  de  Bourail,  non  loin  de  la  route  de  Bourail  à 
Houailou  ;  les  quelques  fouilles  qui  ont  été  faites  sur 
l'affleurement  ont  permis  d'en  retirer  de  Jolis  échantillons 
de  cinabre  et  une  petite  quantité  de  mercure  natif;  mais 
ces  fouilles,  ayant  été  uniquement  localisées  en  un  point 
et  n'ayant  eu  qu'une  profondeur  de  3  à  4  mètres,  n'ont 
fourni  auenne  indication  sur  l'importance  du  gisement  et 
par  suite  sur  la  possibilité  de  son  exploitation.  Celui-ci  est 
encaissé  dans  des  phyllades  violacées  légèrement  bario- 
lées, qui  affleurent  dans  la  chafne  centrale  de  l'île  entra 
Bourail  et  Houailou  lorsqu'elles  ne  sont  pas  recouvertes 
par  les  serpentines;  dans  les  cassures  transversales  de 
ces  phyllades  se  rescontre  une  argile  grisâtre  imprégnée 
de  nombreux  grains  de  pyrite  avec  cristaux  de  cinabre  ; 
par  places  ceux-ci  remplissent  toute  la  largeur  de  la  cas- 
sure (c'eat-k-dire  quelques  millimètres  seulement),  et  se 
développent  en  outre  entre  les  feuillets  ries  phyllades. 
C'est  dans  le  lit  du  ruisseau  que  le  gisement  a  été  dé- 
couvert grâce  à  quelques  gouttelettes  <le  mercnre  pro- 
duites par  l'oxydation  du  cinabre  qui  s'étaient  réunies  dans 
les  cavités  de  la  roche.  Les  affleurements  ont  été  fouillés 
au  Riilieu  même  du  ruisseau  par  un  petit  puits  aujourd'hui 
noyé,  et  sur  la  rive  gauche  par  une  amorce  de  tranchée  au 
front  de  taille  de  laquelle  nous  avons  rncore  trouvé  des 
cristaux  de  cinabre  et  des  gouttelettes  de  mercure.  Il  pa- 
raîtrait que  plus  bas  sur  le  cours  du  ruisseau  on  aurait 
«teore  relevé  quelques  traces  de  cinabre.  Gomme  nous 
l'avons  dit,cesont  là  des  indications  tout  k  fait  insuffkantes 
poïir  permettre  de  formuler  une  opinion  sur  la  valeur  d'un 
tel  gisement,  mais  le  concessionnaire  a  préféré  s'en  tenir  là. 


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40â   RICHESSES   MINKRALES   HE   LA   NODVF.LLE-CALÉDONIE 

Nous  ne  pouvons  donc  que  constater  la  présence  do 
cinabre  sur  plusieurs  points  de  la  colonie,  ignorant  com- 
plètement s'il  ne  s'y  trouve  qu'en  moucliea  isolées,  comme 
on  le  rencontre  dans  beaucoup  de  pays,  oit  si  au  contraire 
l'un  ou  l'autre  des  gisements  signalés  pourrait  être  utile- 
ment exploité. 

Nous  terminerons  ce  qui  a  trait  au  mercure  en  rappe- 
lant que  M.  Heurteau  avait,  à  la  suite  de  la  découverle 
encore  récente  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie,  signalé  (') 
l'association  en  Californie  du  cinabre  k  des  silicates  de 
nickel  au  milieu  de  serpentines  et  de  schistes  serpentineux. 
et  qu'il  avait  appelé  l'attention  sur  la  possibilité  de  trou- 
ver aussi  dans  notre  colonie  le  mercure  associé  au  nickel. 
L'événement  n'a  pas  confirmé  cette  hypothèse,  le  mercure 
n'ayant  jamais  été  rencontré  jusqu'ici  qu'en  dehors  de  la 
formation  serpentineuse  nickelifère. 

F.  —  Gisements  db  platine. 

Autant  qu'il  est  permis  de  conclure  de  la  présence  dans 
une  région  de  telle  ou  telle  roche  à  la  possibilité  d'y  ren- 
contrer tel  ou  tel  métal,  on  ])ourrait  penser  que  la  Nou- 
velle-Calédonie, ou  les  serpentines  sont  aussi  exception- 
nellement abondantes  que  nous  l'avons  dit,  pourrait 
renfermer  des  gisements  de  platine,  tout  comme  l'Oural  où 
dominent  ces  mêmes  roches.  Il  ne  paraît  pas  en  être  ainsi. 
car  le  platine  n'a  été  signalé,  et  en  quantités  infimes, 
qu'en  un  seul  point  de  la  colonie,  le  ruisseau  d'Andam. 
C'est,  à  notre  connaissance,  M.  Pelàtan  qui  l'a  découverte*) 
et  nous  avons  constaté  personnellement  l'exactitude  de 
l'indication  qu'il  donne  à  ce  sujet  :  le  platine  se  rencontre 
en  très  faible  proportion  au  milieu  de  l'or,  qui  est  iui- 


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GI8EUENTS   MÉTALLIQUES  DfVBEtS  403 

même  peu  abondant,  dans  les  sables  du  ruisseau  d'Andam. 
A  queues  roches  ce  platine  est-il  arraché,  c'est  ce  que 
personne  n'a  recherché  :  provient-il,  comme  provient 
vraisemblablement  l'or,  des  micaschistes  en  relation  avec 
les  roches  à  glaucophane  dont  on  retrouve  des  débris  dans 
ces  sables  aurifères,  ou  bien  au  contraire  était-il  associé 
aux  roches  qui  contenaient  les  cristaux  de  magnétite  et 
de  fer  chromé  qui  se  trouvent  accompagner  ici  l'or,  alors 
qu'ils  ne  l'accompagnent  généralement  pas  dans  les  autres 
sables  aurifères  du  Nord  de  la  colonie?  Kt  ces  roches  à 
fer  chromé  ne  seraient-elles  pas  des  serpentines  dont  il 
existe  quelques  petits  massifs  au  milieu  des  micaschistes? 
Ce  sont  là  des  questions  auxquelles  nous  ne  pouvons 
répondre,  n'ayant  en  aucune  façon  eu  les  loisirs  prolongés 
qu'il  eût  fallu  pour  en  entreprendre  l'étude  sur  place.  Il 
serait  fort  intéressant,  sinon  au  point  de  vue  industriel, 
tout  au  moins  au  point  de  vue  géologique,  que  des 
recherches  minutieuses  fussent  faites  dans  ce  but,  en 
essayant  de  remonter  la  rivière  d'Andam  et  ses  af^uents 
jusqu'aux  points  d'oii  provient  le  platine. 

Ajoutons  que,  si  le  soin  avec  lequel  ont  été  examinés 
les  sables  des  différentes  rivières  du  Nord  de  la  colonie, 
où  les  chercheurs  savent  pouvoir  trouver  de  l'or,  rend 
peu  vraisemblable  qu'un  gisement  de  platine  de  quelque 
importance  qui  y  existerait  soit  demeuré  inaperçu,  il  n'en 
est  pas  de  même  pour  les  sables  des  rivières  descendant 
des  grands  massifs  de  serpentine,  qui  depuis  longtemps 
passent  aux  yeux  des  laveurs  d'or  pour  certainement 
stériles. 

G.  —  Gisements  de  manganèse. 

La  présence  du  manganèse  a  été  signalée  à  difTérentes 
reprises  dans  la  colonie.  Sans  parler  de  son  association 
constante  au  cobalt,  il  existe,  en  particidier  au  pied  de  la 


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401  SICHKSSBS  HTCCBALES   DE  LA  !(0rTKLL.B-CU.BDONm 

T^le  ITbîo,  des  blocs  de  pTrolusite,  qoïne  paraissent  d'ail- 
lean  guère  exister  qu'à  fétat  de  blocs  isolée.  Ce  même 
minerai  a  en  oatre  été  signalé  en  plnsienr?  points  de  la  cAte 
Ouest,  tantôt  dans  le  trias  et  tantôt  dans  le  crétacë,  près 
de  Bourail,  dans  la  vallée  de  la  Bognen,  k  Bouloapari,  à 
Saint-Tincent,  etc.,  toujours  sons  Tonne  de  blocs  isolés: 
son  gisement  primitif  n'est  donc  pas  ronnu.  On  a  néan- 
moins prétendu  qa'tl  proviendrait  de  filons  on  d'amas  dans 
les  serpentines  ;  mais  nous  n*aTODs  pas  connaissance  qa'on 
en  ait  donné  aucune  preave.  et  nous  crorons  devoir  tenir 
la  chose  comme  très  douteuse,  bien  que.  rappeloos-le, 
tontes  les  péridotites  de  la  colonie  contiennent  des  traces 
plus  ou  moins  marquées  de  manganèse. 

La  valeur  en  Enrope  des  bioxydes  de  manganèse  même 
les  pins  riches  (une  cinquantaine  de  francs  la  tonne)  est 
trop  faible  pour  que  l'on  puisse  songer  à  en  expédier  de 
Nouvelle-Calédonie.  Le  jour  où  la  métallurgie  de  l'acier 
viendrait  à  être  créée  en  Australie,  il  en  serait  peut-être 
autrement;  mais  ce  jour-là  ne  trouverait-on  pas  sur  le 
vaxte  continent  australien  le  manganèse  dont  on  vien- 
drait k  avoir  besoin?  Cela  est  fort  possible. 

n  n'j  a  donc  gnère  il  fompter  sur  le  manganèse 
comme  sur  une  des  richesses  minérales  utilisables  de  la 
colonie. 


H.    —  GlSUlHTS  DE  TUI40STèKK,  TITAKB,  MOLTBDàNK,  BTC. 

Le  tungstène,  sous  la  forme  de  sclieelite,  ou  tungstate 
de  chaux,  a  été  rencontré  au  voisinage  de  Kouaoua;  il 
existe  peut-être  bien  en  d'autres  points  encore  de  la 
colonie,  car  on  a  trouvé  entre  les  mains  de  Canaques  un 
certatn  nombre  de  pierres  de  frondes  faites  de  ce  minénl 
particulièrement  dense.  Le  gisement  de  Konaotia  est  situé 
dans  la  vallée  de  Faja  :  il  est  intimement  associé  an 


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OISUMENTS   MÉTAUJQUES   DJVEK5  405 

gisement  de  mercure  que  nous  avons  menUonné  ci-dessus, 
car  il  se  présente  dans  ua  filou  de  datholite  qui  recoupe 
lu  même  formation  diabasique.  Ce  SloQ  de  datholite,  puia- 
saot  de  50  à  tK)  centimètres  environ,  forme,  en  raison  de 
sa  dureté,  un  ressaut  du  terrain,  et  l'une  de  ses  faces  est 
découverte  sur  une  assez  grande  étendue;  l'érosion  et 
l'action  chimique  des  agents  atmosphériques  ont  détruit 
une  partie  de  la  datholite  et  ont  laissé  apparaître  en  sail- 
lie sur  sa  surface  des  rognons  de  scbeelite  qui  étaient 
vraisemblablement  inclus  dans  la  datholite  ;  au  pied  de  ce 
ressaut  on  trouve,  au  fond  du  ruisseau  qui  le  recoupe, 
des  fragments  de  scheelite  que  leur  poids  a  empêché 
d'être  entraînés.  11  n'est  d'ailleurs  loisible  de  recueillir  de 
l'une  et  l'autre  façons  que  quelques  échantillons  seulement, 
et,  à  examiner  le  Hlou  massif  de  datholite,  il  semble  que  la 
scheelite  y  soit  en  somme  rare.  Dès  lors,  malgré  la  valeur 
élevée  (800  à  900  francs  la  tonne)  de  ce  minéral  qui 
présente  une  teneur  importante  en  tungstène,  et  qui  est 
particulièrement  recherché  aujourd'hui  pour  la  métallur- 
gie, il  ne  Femble  pas  que  ce  gisement  soit  exploitable,  à 
moins  que  le  filon  de  datholite  ne  soit  exploitable  par  lui- 
même  pour  en  retirer  les  21  p.  100  d'acide  borique  qu'il 
contient.  C'estlà  une  question  qui  n'a  jamais  été  envisagée 
nulle  part  à  notre  connaissance,  la  datholite  ne  se  présen- 
tant d'habitude  qu'en  niasses  trop  peu  considérables  pour 
que  l'on  puisse  même  songer  à  l'exploiter,  et  nous  ne 
mentionnons  cette  question  comme  pouvant  être  étudiée 
que  sous  les  plus  expresses  réserves  au  sujet  de  la  possi- 
bilité de  créer  dans  notre  colonie  une  semblable  industrie. 
Le  titane  existe,  nous  l'avons  déjà  signalé,  sous 
forme  de  rutile,  de  sphène,  de  fer  titane;  mais  ce  sont  là 
des  minéraux  et  non  des  minerais;  si  nous  le  citons  ici, 
c'est  que  l'abondance  avec  laquelle  le  rutile  se  rencontre 
à  Galarino  et  la  facilité  avec  laquelle  il  peut  être  séparé 
par  lavage  des  sables  de  la  rivière  avaient  fait  songer  à  en 


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406  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  N0CVELLEh:ALÈ1H)NIK 
entreprendre  l'exploitation.  Malheureusement  le  prix  assez 
faible  auquel  il  aurait  pu  6tre  vendu  en  Europe  et  surtout 
les  débouchés  très  restreints  offerts  au  titane,  qui  n'a 
que  des  emplois  dos  plus  limités  dans  l'industrie  chimique, 
ont  vite  montré  l'inutilité  d'une  semblable  tentative. 

Le  molybdène,  qui  existe  sous  forme  de  paillettes  de 
molybdénite  dans  les  filons  de  quartz  du  massif  granitique 
de  la  Coulée,  n'a  guère  plus  d'emplois,  et  ne  doit  de 
même  être  mentionné  qu'au  point  de  vue  niinéralogique 
et  non  au  point  de  vue  industriel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  indications  qui  précèdent  sufâseot 
à  établir  que  ce  n'est  pas  seulement  en  nickel,  en  cobalt, 
en  chrome,  et  en  fer  que  notre  colonie  est  riche;  nous 
croyons  avoir  montré  que  le  cuivre  devrait  pouvoir  y  èlre 
exploité  d'une  façon  régulière  et  continue,  et  qu'il  ne 
serait  pas  du  tout  impossible  que  l'or  le  fût  de  même  un 
jour  en  quelque  point  do  l'Ile;  d'autre  part,  il  serait  fort 
à  souhaiter  que  quelques  autres  gisements  métalliques 
signalés,  mais  non  encore  explorés,  le  fussent  sérieuse- 
ment pour  reconnaître  s'ils  ne  pourraient  pas  égalemeot 
être  exploités  avec  fruit. 


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CHAPITRE  IV. 
AUTRES  GISEMENTS  MINÉRAUX  CONNUS  DANS  LA  COLONIE 

Avant  de  passer  à  l'étude  des  affleurements  houillers 
de  la  colonie,  nous  avons  encore  à  citer  un  certain 
nombre  de  gisements  minéraux  utilisables,  ou  qui  pour- 
raient le  devenir. 

Si  l'on  consulte  la  liste  des  concessions  {'),  et  demandes 
de  concessions  présentées  à  diverses  époques,  classées 
d'après  la  nature  des  substances  qui  sont  censées  s'y 
trouver,  on  y  relève,  en  dehors  des  métaux  que  nous 
avons  énumérés  précédemment  ou  du  charbon,  les 
quelques  produits  minéraux  suivants  :  létain,  la  plomba- 
gine, l'opale,  l'amiante,  la  pierre  lithographique,  le 
gypse,  l'huile  minérale.  Il  est  en  outre  vraisemblable  qu'il  se 
rencontre  dans  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  quelques 
autres  substances  éventuellement  utilisables,  qui  n'ont 
encore  fait  l'objet  d'aucune  demande  de  concession  ;  tel 
est  par  exemple  le  cas  de  ia  giohertite,  dont  nous  avons 
àéjk  signalé  des  dépôts  assez  étendus  dans  le  Nonl  de 
l'Ile. 

A.  —  Produits  minéraux  divers. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  nous  avons  tout  lieu  de 
penser  que  c'est  par  suite  d'une  erreur  grossière,  comme 

(*)  Rappelons  qu'en  vertu  du  Jécret  du  11  octobre  1S36,  portant 
organiiition  du  rêgime  des  mines  en  Nouvelle-Calédonie,  et  meoie  en 
vertu  des  régleiueuls  antérieurs,  sont  concessibles  »  les  ^ites  naturels 
des  substances  minérnles  ou  fossiles  susceptibles  d'une  utilisation  spé- 
ciale, à  l'exception  des  mnlt't-inui  de  constructions  et  des  amendements 
ou  engrais  e. 


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408   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVELLB-CALÉDONIK 

en  commettent  souvent  les  chercheurs  de  mines  sans 
aucune  instruction,  que  l'on  a  cru  rencontrer  autrefois  de 
l'étain  dans  le  \ord  do  la  colonie:  non  seulement  il  n'en 
jamais  été  exploité,  mais  encore  noua  ne  croyons  pas 
qu'aucun  échantillon  en  soit  connu. 

Il  en  est  vraisemblablement  à  peu  pma  de  même  de  la 
plombagine  ;  des  schistes  noirs  plus  ou  moins  graphiteux, 
comme  il  s'en  trouve  dans  l'abondante  formation  schis- 
teuse du  Nord  de  Vûe,  oui  sans  doute  été  pris  pour  du 
graphite  ;  mais  nous  n'avons  connaissance  d'aucune  masse 
de  ce  minéral  signalée  en  quelque  point  de  la  colonie. 

Les  quartz  opalins  sont  assez  fréquents  dans  les  nom- 
breux gisements  de  quartz  secondaire  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  et  nous  en  avons  ramassé  nous-mèroe  des 
échantillons,  mais  on  n'a  encore  nulle  part  rencontré  de 
l'opale  noble  utilisable  pour  la  bijouterie. 

De  beaux  échantillons  d'amiante  nous  ont  au  contraire 
été  montrés  provenant  des  hauteurs  qui  dominent  la  rive 
droite  du  Diahot  à  l'Est  do  Ouégoa,  et  qui  paraissent 
appartenir  h  la  formation  de  talcschisles  à  amphibole  que 
l'on  retrouve  à  Ouégoa  même;  les  échantillons  qui  nous 
ont  été  présentés  montraient  de  longues  fibres  soyeuses 
et  flexibles  qui  seraient  parfaitement  textiles,  mais  nous 
ne  pensons  pas  que  l'on  ait  trouvé  autre  chose  que  de 
jolis  échantillons,  et  que  l'on  ait  reconnu  aucune  conti- 
nuité à  ce  gisement. 

B.  —  Carbonates  de  chaux  et  de  magnésie. 

Une  concession  de  pierre  lithographique  a  été  accor- 
dée, il  y  a  une  dizaine  d'années,  dans  l'Ile  Mato  ;  elle  por- 
tait sur  un  des  massifs  du  grand  alignement  calcaire  de 
la  colonie,  qui,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  se 
présente  par  places  avec  un  grain  particulièrement  Sn. 
Ou  avait  cm  pouvoir  utiliser  ces  calcaires  pour  la  litho- 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  409 

graphie  et  l'on  en  avait  expédié  une  dalle  en  France 
pour  être  examinée  k  ce  point  de  vue  ;  nous  n'avons  pas 
connaissance  du  résultat  de  cet  examen,  il  parait  cepen- 
dant vraisemblable  qu'il  n'a  pas  été  favorable,  puisque 
l'exploitation  n'a  pas  été  entreprise,  et  que  la  concession 
est  tombée  en  déchéance. 

Mais,  si  la  formation  calcaire  si  étendue  dont  on  re- 
trouve des  lambeaux  d'un  bout  à  l'autre  <]e  la  colonie  ne 
peut  pas  donner  lieu  à  des  emplois  de  ce  genre,  elle  n'en 
constitue  pas  moins  une  précieuse  ressource  pour  le 
pays,  et  elle  est  activement  exploitée,  surtout  autour  de 
Nouméa,  comme  pierre  à  bâtir  et  comme  pierre  à 
chaux.  Elle  serait  en  outre  d'un  précieux  secours  pour 
les  usines  de  fusion  du  nickel  que  l'on  voudrait  établir 
sur  la  cAte  Ouest,  comme  elle  l'a  été  dansle  temps  pour 
l'usine  de  la  pointe  Chaleix.  Le  calcaire  se  présente  en 
masses  suffisamment  puissantes  pour  que  son  exploitation 
soit  extrêmement  aisée,  et  pour  qu'il  ne  coftte  guère  que  les 
frais  d'aliatage  à  la  poudre  et  de  transport  jusqu'au  point 
oii  il  est  utilisé  :  on  en  évaluait  le  prix  de  revient  à  la 
pointe  Chaleix  à  13  francs  la  tonne,  il  est  vraisemblable 
que  ce  prix  pourrait  être  notablement  abaissé.  Les 
quatre  analy&ea  suivantes  des  produits  de  diverses  car- 
rières des  environs  de  Nouméa  donnent  une  idée  de  ce 
qu'est  la  composition  de  cea  calcaires,,  du  moins  dans  la 
région  méridionale  de  l'Ile. 


Silice ia,45      3,18        3.15    17.05 

Sesquioxyde  de  fer 2           1,I4        2,73      2,70 

Carbonate  de  chaux 83,93    Oi,IO      9|,10    78.15 

Carbonate  de  magnésie 1,M    traces      3,13      1,4S 

Eau "          1,58       0,27         •• 

Nous    ne    terminerons    pas  ce.  qui  a    trait  aux  cal- 
caires   sans  rappeler    que,  soit   les    anciens   récifs   de 


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410  RICHBSSBS   MINÉRjLLES   DE   LA.   NOCVELLB-CALÈDONŒ 

coraux  qui  existent  en  quelques  points,  principalement 
le  long  de  la  côte  sud-orientale  de  l'Ile,  soit  les 
coraux  artuellenient  vivants  dont  les  débris  sont  sans 
cesse  apportés  sur  toutes  les  grèves,  constituent  une  autre 
importante  réserve  de  calcaire  :  on  s'en  sert  parfois  poiir 
faire  de  la  chaux  sur  la  câte  orientale,  et  ce  sont  égale- 
ment les  coraux  qui  ont  fourni  la  castine  à  l'usine  de  pre- 
mière fusion  du  nickel  d'Ouroué  ;  c'est  vraisemblablement 
à  cette  réserve  de  calcaire  que  l'on  s'adressera  de  nou- 
veau le  jour  oii  on  montera  une  nouvelle  usine  de  première 
fusion  sur  la  cAte  Est.  L'analyse  suivante  indique  quelle 
était  la  composition  dos  calcaires  coralligènes  employés 
à  Ouroué  : 

Silice 0,75 

SegquioxydK  de  fer 1,70 

Carbonate  de  chaux 90, SO 

Carbonate  de  magnésie 5,44 

Eau 2,06 


Nous  avons  déjii  mentionné  l'existence  de  sortes  d"ef- 
florescences  de  giobertito  ou  carbonate  de  magnésie  le 
long  de  la  ligne  de  contact  des  schistes  noirs  dn  Nord  de 
la  côte  Ouest  et  tles  massifs  serpentineux  qui  reposent  sur 
ces  schit^tes.  Ces -dépôts,  qui  ne  sont  sans  doute  que 
superliciels,  ont  une  assez  grande  extension,  en  particu- 
lier entre  Koumac  et  A''oh.  Un  échantillon  de  cette  gi*- 
bertite,  que  nous  avons  ramassé  auprès  de  Koumac,  pré- 
sentait la  composition  suivante  ; 

Magnésie 42,i  p.  100 

Acide  carbonique 51,S 

Sesquioxyde  de  fer 0,8 

Chaux 3,3 

Silice  et  insoluble 0,8 

Humidité 0,4 


n,2  p.  fOO 


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GISEMENTS   MÉTALI.IQCES   DIVERS  4H 

C'est  là  un  minéral'  d'une  certaine  rareté,  utilisé  en 
quantité  encore  assez  considérable  pour  la  fabrication  des 
produits  réfractaires  basiques  nécessaires  à  la  métallur- 
gie, et  qui  vaut  en  Europe  de  50  à  60  francs  la  tonne 
brute;  cette  valeur  dépassede  trop  peu  le  prix  du  fret  pour 
que  Ton  puisse  songer  pour  le  moment  à  utiliser  les  gise- 
ments abondants  qui  en  existent  en  Nouvelle-Calédonie. 

C.  —  Gypse. 

Plus  intéressants  sont  les  dépôts  de  gypse  de  la  côte 
Ouest,  puisqu'ils  ont  déjà  été  mis  à  profit  loi's  des  pre- 
mières tentatives  de  fusion  des  minerais  de  nickel  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  puisqu'ils  seront  vraisemblable- 
ment exploités  de  nouveau  le  jour  oti  ces  tentatives 
seront  reprises. 

On  en  trouve  depuis  Nouméa  jusqu'à  Gomen  :  les  plus  im- 
portants sont  ceux  de  la  presqu'île  de  Uitoé,  du  cap  Goul- 
vain,et  de  Beaupré  entre  le  cap  Goutvain  et  Poya  :  nous 
avons  examiné  les  deux  derniers  d'entre  ces  gisements. 
Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  le  gypse  apparaît  en 
agrégats  de  cristaux,  tantôt  blancs,  tantôt  grisâtres, 
tantôt  rosés,  au  milieu  d'argiles  bariolées  grises,  rouges 
et  vertes.  Ces  formations  se  développent  sur  des 
centaines  de  mètres  et  même  des  kilomètres  de  lon- 
gueur et  sur  un  assez  grand  nombre  de  mètres  d'épais- 
seur le  long  de  côtes  basses,  et  dessinent  a.'îsez  bien 
d'anciennes  baies  s' enfonçant  plus  ou  moins  avant  dans 
les  terres;  elles  font  d'ailleurs  immédiatement  suite  à 
des  régions  envahies  par  les  palétuviers,  ob  la  mer 
s'avance  plus  ou  moins  régulièrement  à  marée  haute,  et 
où  demeurent  à  marée  basse,  plus  ou  moins  rares  suivant 
la  saison,  des  eaux  saumâtres;  ce  sont  là  des  conditions 
de  gisement  qui  nous  paraissent  devoir  faire  adopter 
sans  hésiter,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  la  manière  de 


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il3  RICHESSES  HINÉULIS   DE  LA   MOUVSLLB-CAJLÉDONIB 

voir  de  M.  Piroiitet,  qui  considère  ces  dépôts  comme  des 
dépôts  de  rivages  soulevés. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  u'avoos  nulle  part  observé,  et 
personne  n'a  pu  nous  désigner,  de  gisenieiils  de  gypse  en 
bancs  compacts  (qui  seraient  d'une  exploitation  beauco(q> 
plus  aisée),  et  nous  ue  l'avons  renconb'é  qu'en  igrégais 
cristallins  disséminés  dans  l'argile,  tantôt  très  abondant, 
tantôt  plus  rare,  ou  bien  enrore  isolé  à  la  surface  du  sol, 
mais  provenant  directement  de  tels  gisements.  Il  serait 
ingrat  d'aller  chercher  le.  gypse  au  milieu  de  cette  argile 
très  grasse  et  collante;  mais,  à  la  surface  du  sol  et  le 
long  de  tous  les  petits  ravins  qui  la  découpent,  les  eux 
superficielles  ont  accompli  ce  travail,  laissant  le  sol  jon- 
ché d'innombrables  plaquettes  cristaltines  de  gypse  qn 
reluisent  au  soleil. 

Étant  donné  les  espaces  importalits  sur  lesquels  se 
développe  cette  formation,  il  ue  serait  pas  malaisé  à'j 
ramasser  k  peu  de  frais  des  tonnes  de  gypse.  Le  jour 
oii  la  consommation  en  deviendrait  réellement  très  im- 
portante, il  deviendrait  peut-être  nécessaire  d'aller  le 
chercher  au  milieu  de  l'argile,  et  cela  ne  laisserait  pas 
d'exiger  un  débourbage  pénible.  Si  donc  il  apparaît 
qu'au  début  il  serait  très  aisé  de  se  procurer  le  gypse  à 
bas  prix,  et  de  l'avoir  rendu  à  l'usine  de  fusion  à  un  prix 
inférieur  à  celui  de  40  francs  par  tonne  donné  autrefois 
et  que  nous  avons  cependant  adopté  pour  nos  évaluations 
de  frais  de  fusion,  il  pourrait  ultérieurement  devenir  un 
peu  plus  onéreux  d'exploiter  ces  gisements  de  gypse. 

Un  échantillon  bien  débourbé,  provenant  de  ces  gisa- 
ments,  et  analysé  par  M.  Moore,  a  montié  la  composi- 
tion suivante  : 

Sulfate  de  chaus 98,82  p.  100    Soufre  I7,5p.l00 

Silice 2,20 

Sesquioxj'de  de  fer..        1,61 

Alumine  . .   1,09 


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aisEMBirrs  métaixtqobb  ditsus 


D.   —   HCILB    HI!<ÊItALE. 

Il  nous  reste  enfin  à  mentionner  une  constatation  inté- 
ressante faite,  il  y  a  cinq  ans,  aux  environs  de  Koum&c. 
Au  fond  d'un  trou  de  quelques  mètres  de  profondeur  creusé 
au  pied  du  massif  serpontineux  du  Piton  de  Pandop,  au 
milieu  des  schistes  serpcntineia,  c'est-à-dire  au  milieu  des 
prodoila  serpentineni  laminés  qui  se  rencontrent  au  contact 
des  péridotites  et  de  leur  soubassement  schisteux,  on  a 
trouvéfortuitementdel'ean  recouverte  d'une  légère  couche 
d'huile  minérale;  en  creusant  un  peu  plus  profondément, 
on  a  découvert  de  petites  fissures  du  terrain  J'oii  suin- 
tait un  peu  d'huile.  Le  puits  de  7  mètres  de  profondeur 
qtri  avait  été  ainsi  foncé  s'étant  rempli  d'eau,  on  entreprit 
de  pratiquer  une  tranchée  pour  l'assécher,  mais  ce 
travail  n'a  pas  été  terminé;  on  a  en  outre  commencé, 
dans  des  conditions  ob  il  ne  pouvait  aboutir  à  rien,  un  son- 
dage arrêté  après  un  très  petit  nombre  de  mètres.  Au- 
jourd'hui le  puits  est  plein  d'une  eau  à  la  surface  de  la- 
quelle se  montrent  des  pellicules  huileuses  émettant  une 
odeur  très  caractéristique;  agitant  les  matières  qui  re- 
posent au  fond  du  puits,  on  voit  s'élever  quelques  bulles 
d'bmle. 

Cette  huile  est  un  liquide  d'une  couleur  jaune  brun  et 
d'ime  odeur  forte;  elle  brflle  facilement  lorsqu'on  en 
imprègne  une  mèche  ou  un  papier.  Examinée  par 
M.  Moore,  elle  a  été  reconnue  comme  aj-ant  une  den- 
sité de  0,93;  distillée  à  400  degrés,  eUe  donne  80  0/0 
d'buSe  lonrde  de  densité  0,9!^8,  et  elle  ne  fournit  aux  tem- 
pératures inférieures  que  fort  peu  d'huile  lampante.  Telle 
qu'elle  est,  elle  constitue  une  huile  très  lourde  (elle  le 
serait  peut-être  moins  un  peu  plus  loin  de  la  surface), 
bonne  seulement  comme  huile  de  graissage,  usage  pour 


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414  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NODTBLLB-CALBDOMIE 

lequel  elle  a,  parait-il ,  été  essayée  avec  succès,  ou  peut-être 
pour  l'éclairage  avec  des  lampes  spéciales  (type  Wells), 
ou  encore  pour  le  chauffage  des  chaudières  avec  de 
bons  pulvérisateurs.  Malheureusement,  après  uiie  cons- 
tatation aussi  intéressante  il  n'a  rien  été  fait  pour  recon- 
naître le  gisement. 

En  terminant  la  revue  que  nous  venons  de  faire  des 
gisements  de  minerais  métalliques  et  de  produits  miné- 
raux divers  signalés  jusqu'ici  en  Nouvelle-Calédonie,  nous 
ne  pouvons  que  déplorer  que  beaucoup  de  ces  gisements 
n'aient  pas  été  étudiés  et  explorés  d'une  façon  suffisamment 
avisée  on  suffisamment  complète,  et  que  plus  nombres 
encore  soient  ceux  qui  demeurent  pratiquement  complète- 
ment inconnus. Trop  de  gens  en  effet  savent  proflterdes 
imperfections  du  régime  administratif  des  mines  de  la 
colonie  pour  accaparer  les  gisements  sitOt  signalés, 
sans  autre  but  que  la  spéculation  :  à  peine  une  consta- 
tation de  quelque  intérêt  a-t-elle  été  faite,  et  a-t-elle  été 
suivie  dg  quelques  semblants  de  travaux  de  recherches, 
qu'une  concession  est  demandée  sur  le  gisement,  puis 
accordée  parl'administration,  sur  des  étendues  de  plusieurs 
dizaines  d'hectares,  lorsque  ce  n'est  pas  sur  des  centaines, 
autour  du  point  où  avait  eu  lieu  une  maigre  constatation. 
Dès  lors  ceux  qui  sont  ainsi  devenus  propriétaires  du  gise- 
ment, et  qui  ne  disposent  souvent  pas  de  la  moindre  res- 
source pour  y  poursuivre  les  recherches  utiles,  se  gardent 
de  l'explorer,  mais  ils  enempêclient  toute  exploration  par 
des  tiers,  attendant  simplement  que  l'on  vienne  leur  acheter 
à  un  prix  considérable  une  découverte,  sans  doute  intéres- 
sante, mais  dont  personne  no  peut  en  l'état  escompter  la 
valeur. 

Avec  un  régime  minier  différent,  il  ue  nous  paraît  pas 
douteux  que  depuis  longtemps  des  chercheurs,  encouragés 
par  la   perspective  de  l'obtention  de  concessions  si  les 


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GISEMENTS    MÉTALLIQUES    DIVERS  415 

gisements  se  montraient  utilisables,  auraient  entrepris 
des  recherches  pour  éclaircîr  quelques-unes  des  ques- 
tions posées  par  les  découvertes  que  nous  avons  signalées, 
et  dont  la  solution  dans  un  sens  favorable  pourrait  éven- 
tuellement avoir  un  grand  intérêt  pour  la  colonie. 


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Cff(Q(ITÉII!R  PARTIE. 


Bit^n  que  n'aj'ant  jamais  été  exploitée  et  bien  que  ta 
question  de  son  utilisation  industrielle  passe  encore  pour 
douteuse  aux  yeux  de  bien  des  gens,  la  houille  est  celle 
des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  a 
été  connue  la  première,  avant  été  signalée  dès  avant  la 
prisede  possession.  Les  terrains  qui  contiennent  les  couches 
de  houille  s'étendent  en  effet,  pour  une  grande  par- 
tie tout  au  moins,  dans  des  régions  cAtières  d'un  accès 
relativement  aisé  ;  ils  se  développent  en  particulier  à 
très  peu  de  distance  de  Nouméa,  et  là  ils  se  signalent 
même  à  l'attention  d'une  façon  toute  particulière  par  la 
bande  noire  que  les  couches  de  charbon  tracent  sur  cer- 
tains escarpements  abrupts.  L'existence  du  combustible 
minéral  ne  devait  donc  pas  rester  inaperçue  des  pre- 
miers explorateurs,  et  c'est  ce  qui  n'a  pas  manqué  de 
se  produire;  mais  longtemps  ons'en  esttenuâcettesimple 
constatation,  et  les  travaux  de  recherches  qui  ont  été 
entrepris  plus  tard  sur  différents  affleurements  n'ont 
jamais  été  poussés  avec  assez  de  suite  et  de  méthode 
pour  permettre  aujourd'hui  de  porter  un  jugement  défi- 
nitif sur  une  question  dont  la  solution  présenterait 
cependant  un  intérêt  des  plus  sérieux  pour  notre  colonie. 

Nous  résumerons  ci-dessous  les  observations  que  nous 
avons  pu  faire  par  nous-même  au  cours  de  la  visite  des 
principaux  gisements  qui  ont  été  signalés,  nous  les  com- 
pléterons à  l'aide  de  quelques  résultats  que  l'on  peut 
considérer  comme  acquis  par  les  constatations  et  les 
travaux  faits  autrefois,  et  nous  chercherons  à  en  dégager 
les  conclusions  pratiques  que  l'on  est  en  droit  d'en  tirer 
dans  l'état  actuel  des  choses. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
INDICATIONS    GÉNÉRALES. 


A.    —    A«E    DES    COUCHES. 

Les  couches  auxquelles  la  houille  est  associée  en 
Nouvelle-Calédonie  sont  constituées,  comme  dans  la 
plupart  des  bassins  liouillers  connus,  par  des  alternances 
de  schistes  et  de  grès  :  ce»  formations  paraissent  appar- 
tenir à  la  partie  supérieure  de  la  série  la  plus  récente 
des  formations  sédimeiitaires  quelque  peu  développées  de 
la  colonie,  c'est-à-dire  au  crétacé.  Rapportées  d'abord  au 
lias  par  M,  Garnier('),  d'après  trois  espèces  de  coquilles 
fossiles,recueilliesd'ailIeurs  presque  toutes  dans  lesscbistes 
feldspathiquesKOus-jacenlsklaformation  houillère,  et  con- 
sidérées comme  secondaires  par  M.  Heurteau("),  qui 
acceptait  la  détermination  de  M.  Garnierj  tout  en  présumant 
leur  contemporanéité  plus  ou  moins  complète  avec  les  for- 
mations à  charbon  de  la  province  de  Nelson,  district  de 
Westport  (côte  Ouest  de  l'ile  méridionale  de  la  Nouvelle- 
Zélande),  les  couches  de  houille  de  la  Nouvelle-Calédonie 
ont  ensuite  été  reconnues  comme  appartenant  au  crétacé 
à  la  suite  de  l'examen,  fait  en  1889  par  M.  l'Inspecteur 
général  des  Mines  Zeillei'("*),  d'un  certain  nombre  d'échan- 
tillons de  plantes  fossiles  venant  du  gisement  des  Portes- 

(*)  loc.  cit.,  p.  M. 

(•■)  Loc.  cit.,  p.  M3. 

(*")  R.  Zeilur,  Sole  iUf  quelques  empreintea  végétale»  dti  coucHet  de 
cAorfron  de  la  Noueelle-Calédonie  (Bullelin  île  la  Sociiti  géologique 
de  France,  3*  lerïe,  t.  XVII,  p.  4t3-tt6  ;  1889]. 


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418   RlCifESSBS   MINÉRALES   DE   LA   NOUVBLLE-CALBDONtB 

de-Fer;  parmi  ces  plantes  se  trouvaieot  de  nombreux  frag- 
ments de  feuilles  de  dicotylédones  (Cinnamonum,  et  sans- 
doute  auseiSfUsa/Vos  et  ^/ntfps)  qui  ne  paraissent  pas  pou- 
voir être  antérieures  an  crëtaré,  en  même  temps  que  des- 
folioles  de  Podozamites  et  un  ramule  de  Podocarpittm 
(/'orfocarpiumrcnut/o/iHm  du  charboncrétacédeNouTelIe- 
Zélande)  appartenant  au  crétacé.  Cet  examen  a  d'ailleurs 
été  complété  par  celui  qu'a  fait  en  même  temps  M,  ITii- 
génieur  en  Chef  des  Mines  Douvillé  de  coquilles  fossiles 
recueillies  dans  le  terrain  bouiller  de  la  région  de  MoiD- 
dou,  coquilles  comprenant  un  gastropode  du  genre  fJatitke- 
nia  caractéristique  du  crétacé  supérieur  de  nos  régions  et 
un  cardium  du  groupe  du  Cardium  Ùabuchense.  Ces 
couches  ont  dès  lors  été  considérées  comme  contempo- 
raines des  formations  à  charbon  néo-zélandaises  qui  sont 
classées  dans  le  crétacéo-tertiaire  de  J.  Hector.  C'est  en- 
les  rapportant  k  cet  4ge  que  M.  Pelatan  les  décrit  (*). 
M.  Pirontet  {*")  les  attribue  au  Gault  et  au  Oénomanien 
inférieur,  il  y  signale  des  Holcostephanus,  des  BaetUites, 
quelques  Desmoceras,  des  fragments  d'Acanthoeeras  et 
de   nombreux    lamellibranches,    Cardium,    CrassaieUs. 

Pttnopea,  Venm,  Uosinia,  otc Les  rares  échaatiUoBS- 

qne  nous  avons  pu  rapporter  à  la  soHe  de  nos  visites  sur 
des  travaux  presque  tous  abandonnés  depuis  longtemps, 
et  les  observations  que  nous  avons  pu  faire  paraissent 
confirmer  cette  détermination  de  l'ftge  de  la  houille  calé- 
donienne. Comme  restes  de  plantes,  nous  n'aTons  rien 
pu  recueillir  qui  pût  être  déterminé  et  foomir  quelque 
indication  nouvelle  sur  la  flore;  comme  coquilles  fossiles, 
l'examen  que  M.  l'Ingénieur  en  (3ief  Douvillé  a  bien 
voulu  faire  des  échantillons  en  mauvais  état,  provemaat 
de  la  Nondoué,  que  nous  lui  avons  présentés,  lui  a  fait 


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J.ES   aiSEMEHTS   HOUILLEAS  419 

rï^porter  :  les  unes  aux  espèces  qu'il  avait  déjà  déter- 
minées ea  1889,  à  savoir  Haatkenia  dans  les  schistes 
faouillers,  Cardium  d'appareoce  tertiaire  {Tt)  dans  les 
grès  arénacés  associés,  et  les  autres,  provenant  des 
scbîstca  houiUera,  à  des  Anomies  (*)  (crétacé  ou  tertiaire) 
et  (pour  des  formes  analogues  à  celles  qui  avaient  été 
autrefois  déterminées  comme  Nucules  du  lias  supérieur) 
à  des  Cyrena  qui,  faute  de  détermination  d'espèce,  ne 
peuvent  fournir  d'indication  sur  l'&ge  des  coucbes. 

D'autre  part,  les  observations  sur  le  terrain  confirment, 
«ans  cependant  fournir  de  preuves  absolues  qui  ne  pour- 
raient guère  être  tirées  que  d'une  étude  stratigraphique 
de  détail,  étude  particulièrement  difficile  dans  ces  régions, 
que  les  couches  de  houille  paraissent  presque  partout 
couronner  la  série  sédimentaire  et  être  recouvertes  par 
les  serpentines;  c'est  nettement  le  cas  au  mont  Dore, 
dans  la  vallée  de  la  Dumbéa.  à  Voh,  etc.. 

Ces  couches  seraient  donc  bien  d'Age  crétacé  supérieur 
et,  par  suite,  plus  ou  moins  exactement  du  même  âge  que 
celles  do  Westport  (Nouvelle-Zélande);  de  cette  proïi- 
mité,  et  peut-être  même  de  cette  identité  d'ftge  de  deux 
bassins  éloignés,  rappelons-le,  de  près  de  2.500  kilo- 
mètres, il  ne  faudrait  pas  conclure,  comme  on  a  voulu  le 
faire  parfois,  à  l'identité  des  formations  géologiques,  et 
par   suite  à  l'analogie  de  richesse  des  bassins  (**).  Rien 

(*)  L'échuililliHt  qui  a  donné  lieu  à  cette  dMermioaiioa  ait  celui  qm 
avait  Até  dénommé  Producta»,  au  maaée  de  Nouméa,  ce  qui  avait  con- 
duit quelques  personnes  &  considérer  les  couches  de  houille  correspon- 
dantes comme  étuit  d'Age  primaire,  ige  qu'il  ae  peut  plut  être  qvwslkiii 
de  leur  attribuer  anjourirhui  stsc  la  connaissance  que  l'on  a,  tant  des 
fossiles  qui  s'yrencontrent.que  de  la  etratiRraptiie  générale  delà  colonie. 

(**)  On  sait  «n  effet  combien  on  peut  conataler  en  Burope  de  diffé- 
r«nce3,  comme  conditions  de  gisement,  comme  nature  des  charbons, 
connue  puissance  relative  des  formations  stériles  et  des  coucbes  de 
bouille,  etc.,  entre  des  bassins  hooillers  séparât  par  ^mlqnes  een- 
taines  de  kilomètre*  eeBlement.etdoBt  le*  iges  ne  présent  eut  parfoia 
que  dea  diffère  dm  s  peut-être  moin»  importunes  (autant  que  l'on  peut 


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421)   RIOHBSSBS   HINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

ne  se  montre  en  effet  plus  dissemblable  que  ces  deux  bas- 
sins aux  yeux  de  celui  qui  examine  d'un  peu  près  le 
charbon  et  ses  conditions  de  gisement,  d'une  part  sur  la 
côte  occidentale  de  l'ile  Sud  de  la  Nouvelle-Zélande,  et 
d'autre  part  en  Nouvelle-Calédonie;  tout  les  différencie  :  la 
nature  même  du  combustible,  qui  présente  ici  un  caractère 
bitumineux  tout  à  fait  spécial,  et  qui  offre  au  contraire  dans 
notre  colonie  une  analogie  d'aspect  très  marquée  avec  les 
charbons  de  nos  pays  ;  le  mode  de  gisement,  comportant 
ici  des  masses  puissantes,  phis  ou  moins  lenticulaires,  et 
là  au  contraire  des  couches  plutôt  minces  d'un  caractère 
nettement  sédimentaire  ;  enfin  les  terrains  encaissants, 
constitués  d'un  côté  presque  uniquement  par  de  gros  bancs 
de  grès  dur,  cristallin,  vert  et  brun,  tandis  que  de  l'autre 
ils  présentent  l'alteraance  habituelle  de  grès  et  de  schistes, 
grès  arénacés  aux  couleurs  bariolées  jaune  clair,  rose, 
lilas,  schistes  friables  noirs  ou  gris  plus  ou  moins  argileux 
ou  micacés. 

11  faut  moins  encore  songer  aujourd'hui,  comme  on  l'avait 
tait  autrefois  (*),  à  rapprocher  les  charbons  de  notre  colo- 
nie de  ceux  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  qui  en  sont  éga- 
lement très  différents  comme  mode  de  gisement,  et  qui 
sont  définitivement  rapportés  à  la  période  permo-carbo- 
nifère .  M.  Heurteau  indiquait  enfin  (")  leur  contemporanéité 
plus  ou  moins  complète  avec  ceux  de  l'Etat  de  Victoria 
(Australie)  ;  bien  que  noua  n'ayons  pas  visité  ces  derniers 
psements,  qui  sont  de  l'époque  de  l'oolithe,  nous  pouvons 

■a  taire  une  notion  exacte  de  l'importance  de  la  difTirence  d'Age  du 
formations  géologiques  succeBsivea)  que  celle  qui  peut  exister  enbt 
l«i  formations  &  charbon  néo-zélandaiaes  et  néo-calédoniennes  mal- 
gré la  coexistence  dans  ces  deux  groupes  de  fonnatjons  de  deux  on 
trois  espèces  de  plantes  ou  de  coquilles  fossiles.  Oo  sait  même  que  des 
assises  rigoureusement  contemporaines  peuvent  être  en  certains  points 
trts  riclies  en  excellent  charbon  et  à  quelques  centaines,  ou  même  i 
quelques  diiaines  de  kilomètres  plus  loin,  pratiquement  ioexploilables. 

(*)Gaiuiibk,  ioe.  cit.,  p.  46. 

(**)  Lflc.  cij.,p.  «i. 


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LES  GISEMENTS  H0DILLEK8  421 

aninner  que  la  nature  même  àes  charbons  de  ceux-ci,  qui 
se  rapprochent  des  li^^niteB  bruns,  est  toute  différente 
de  la  nature  de  ceux  de  notre  colonie,  et  nous  ferons  en 
outre  remarquer  que  la  distance  qui  les  sépare  de  la 
Nouvelle-Calédonie  (qui  n'est  pas  de  moins  de  2-500  kilo- 
mètres) rendrait  une  assimilation  tout  anssi  hasardée  que 
pour  la  Nouvelle-Zélande. 

U  nous  reste  encore  un  mot  à  ajouter  au  sujet  de 
cette  question  de  l'âge  de  la  houille  néo-calédonienne  : 
en  présence  des  déterminations  divergentes  en  appa- 
rence qui  ont  été  faites  dos  fossiles  qui  y  auraient  été 
trouvés  et  de  la  richesse  en  matières  volatiles  extrême- 
ment variable  des  échantillons  de  charbon  provenant  de 
divers  points  de  ia  colonio,  on  pourrait  penser  que  les  dif- 
férentes couches  de  houille  ne  sont  pas  toutes  de  même  Âge. 
Rien  n'autorise,  à  notre  avis,  une  telle  hypothèse  :  tout 
d'abord,  les  fossiles  déterminés  comme  infra-liasiques  par 
M.  Munier-Chalmas  {in  Gamier)  provenaient  des  schistes 
feldspathiques  sous-jacents  aux  couches  de  houille  et 
peuvent  par  suite  être  d'un  âge  très  différent  ;  d'autre 
part,  les  déterminations  des  coquilles  de  Moindou  et  des 
plantes  des  Portes-de-Fer  tendent  à  faire  rapporter  au 
même  âge  deux  gisements  éloignés  de  plus  de  100  kilo- 
mètres, tandis  que  le  seul  fossile  attribué  au  lias  prove- 
nant de  la  houille,  et  qui  a  été  déterminé  (*)  comme 
Nticula  Hammeri,  a  été  recueilli  à  Koé,  c'est-à-dire  a 
quelque  iO  kilomètres  à  peine  des  Portes-de-Fer,  et 
plus  près  encore  de  la  Nondoué  d'oti  proviennent  les 
quelques  échantillons  que  M.  Douvillé  a  rapprochés  de 
ceux  de  Moindou  qu'il  avait  déterminés  dans  le  temps. 
Nous  ajouterons  enfin  que,  sur  les  290  kilomètres  sur  les- 


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422   RICHESSES  MINÉRALES   DB   LA.  NOOVBLLB-CALÈDONIR 

quels  s'échefonnent  les  affleurements  houillers  néo- 
calédoniens,  ïe  fades  dti  terrain  qui  les  contient  ne  varie 
guère,  caractérisé  toujours  par  l'aspect  tout  spécial  des 
grësarénacésqiienousdécrironsci-dessoua;  et  si  la  nature 
du  c&arbon  se  montre  très  variable  d'un  point  à  un  autre, 
c'eat  d'une  façon  tout  à  fait  irrégulîëre,  et  cela  est  tr&s 
certainement  db  à  des  circonstances  purement  locales.  Nous 
croyons  donc  pouvoir  regarder  comme  établi  aujourd'hui 
que  l'ensemble  de  la  formation  houillëre  de  notre  colonie 
est  d'âge  crétacé  supérieur  (')  ;  nous  tenons  à  ajouter  que 
cela  ne  comporte  pas,  a  priori,  une  condamnation  d*  la 
qualité  de  ce  rharbon  :  longtemps  on  a  pensé  que  seuls 
les  gisements  remontant  aux  époques  primaires  pouvaient 
contenir  do  ISons  charbons,  complètement  formés,  et  que 
les  charbons  plus  récents  n'étaient  nécessairemeat  que 
des  lignites,  ou  des  charbons  du  même  genre,  de  qualité 
médiocre  ;  cela  était  en  effet  le  cas  dans  la  plupart  des 
gisements  d'Europe,  et  en  diff'érents  points  de  l'Asie  oii 
les  charbons  indiens,  japonais,  etc.,  rapportés  au  juras- 
sique ou  an  crétacé,  sont  de  qualité  inférieure  ;  mais  on  a 
reconnu  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  pas  là  une  loi  générale, 
surtout  pour  (les  régions  très  éloignées  des  nôtres  :  on 
exploite  déjà  des  cliarbons  tnfra-liasiques  ou  liasiquesde 
très  bonne  qualité,  à  70  ou  80  p.  100  de  carbone  fixe,  à 
Fùnf-Kirchen  en  Hongrie  et  à  Steierdorf  dans  le  Banat; 
et  en  Amérique  du  Nord,  oii  bon  nombre  des  nieiUeurs 
charbons  sont  d'âge  primaire,  on  connaît  cependant,  dans 
l'Ouest  pt  en  Colombie  britannique,  des  houilles  crétacées 
qui  passent  pour  très  bonnes  ;  enfin  en  Australasie  les  char- 
bons crétacés  du  district  de  Westport  (Nouvelle-Zélande) 
sont  plus  appréciés  même  que  les  charbons  de  l'époque 


(*)  M.  Pimutet  signale  cependant,  sans  en  préciser  )e  gisentent, 
des  coucbet  charbon neuie»  dans  l'înfra-crélacé  ;  noua  ne  penaoai  pas 
qu'elles  appartïenaeni  i  la  véritable  Tannatioa  houillère  susceptible 
d'uliliastion  indus  trie  Ile. 


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LB8   0ISBHBNT6   HOtJILLBRS  423 

permo-houillfere  de  NewcasUe  (Nouvelle-Galles  du  Sud). 
D'ailleurs  la  qualité  intrinsèque  des  échantillons  bien  purs 
du  cliarboa  calédonien  parait  être  parfaitement  bonne  : 
les  différentes  analyses  publiées  y  indiquent  des  teneurs 
«n  matières  volatiles  variant  de  6  à  7  p.  100  jusqu'à 
36  ©t  37  p.  100. 

B.  —  DbSCRIPTION  D'eNSEMBLB  de  la  formation  HOtlILLÈRE. 

Comme  l'ont  fait  connaître  les  différents  auteurs  qui 
ont  écrit  sur  les  formations  houillères  de  la  Nouvelle-Calé- 
ilonie,  celles-ci  succèdent  à  une  puissante  formation 
schisteuse,  décrite  par  M.  Gamier  comme  constituée 
par  des  schistes  feldspathîques,  et  que  M.  Heurteau  ca- 
ractérise tantôt  par  le  même  terme  de  schistes  feldspa- 
thîques qu'il  qualifie  en  outre  métamorphisés  {gisements  de 
la  Oumbéa),  et  tantôt  par  celui  de  schistes  argileux  et  mar- 
neux plus  ou  moins  altérés  (gisements  de  Moindou).  M,  Pela- 
tan  les  sépare  en  deux  groupes  :  le  plus  puissant  appartenant 
au  trias,  et  l'autre  au  jurassique  dans  lequel  il  distingue 
-des  schistes  ferrugineux  et  des  schistes  siliceux  en  pla- 
4]uette6,  caractérisés  les  ims  et  les  autres  par  dos  fossiles 
Basiques.  Tous  ces  auteurs  s'accordent  pour  signaler  la 
présence,  en  relation  étroite  avec  ces  couches,  de  méla- 
phyres  et  de  tufs  mélaphyriques  antérieurs  aux  formations 
houillères,  ainsi  que  de  porphyres  qui  paraissent  bien  au 
contraire  leur  être  postérieurs.  En  fait,  partout  oii  nous  les 
avons  observés,  les  gisements  houitlers  reposent  en 
discordance  plus  on  moins  nette  sur  les  schistes  feldspa- 
thîques en  gros  bancs  qui  paraissent  caractériser  le  trias 
néo-calédonien,  et  le  plus  souvent  on  peut  observer  entre 
■Cette  formation  et  celle  des  terrains  houillcrs  proprement 
-dits  des  couches  partiellement  schisteuses,  plus  ou  moins 
métamorphisées  par  des  circonstances  locales  dont  les 
renues  de  roches  éruptives  sont  certainement  les  plus 


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424  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVKLLE-CALÈDOSIE 

importantes  ;  ces  formations  correspondent,  comme  l'in- 
dique la  faune,  soit  au  lias,  soit  au  jurassique  supé- 
rieur ;  leurs  caractères  sont  assez  variables  en  raison 
de  ce  métamorphisme  plus  ou  moins  accentué  et  leur 
détermination  certaine  ne  peut  être  faite  qu'à  l'aide  des 
fossiles  là  oii  il  s'en  rencontre. 

Beaucoup  plus  nets  sont  au  contraireles  caractères  litho- 
logiques des  terrains  qui  contiennent  la  bouille,  lesquels  sont 
d'âge  crétacé , comme  nous  l'avons  dit  :  suivant  les  descrip- 
tions assez  concordantes  des  différents  auteurs  que  nous 
avons  eu  à  citer  déjà,  et  suivant  nos  propres  obser- 
vations, cette  formation  crétacée  comporte  générale- 
ment :  à  la  base,  des  grés  grossiers,  passant  parfois 
anx  poudingnes,  mais  dont  l'aspect  et  l'importance  n'ont 
rien  de  commun  avec  ce  que  nous  connaissons  à  la  base 
de  nos  bassins  houillers  à  caractère  lacustre  du  Centre  de 
la  France  ;  puis  vient  une  puissante,  formation  de  grès 
aréoacés  à  ciment  feldspathique  et  à  coloration  vive, 
dans  lesquels  s'intercalent  d'une  part  quelques  couches 
d'argile  violacée  et  d'autre  part  îles  lianes  de  schistes  ar- 
gileux à  grain  fin,  bien  lifés  et  fissiles,  de  couleur  noire 
ou  gris  foncé,  souvent  micacés,  accompagnés,  presque 
partout  oii  nous  les  avons  l'us,  de  couches  ou  de  filon- 
nets  charbonneux,  et  constituant  les  roches  encm- 
santes,  toit  et  mur,  do  la  plupart  des  couches  de 
houille.  On  ne  trouve  qu'exceptionnellement  des  grès 
gris  ou  noirâtres  comme  il  s'en  rencontre  dans  beaucoup 
de  bassins  houillers. 

De  cette  formation,  la  partie  la  plus  puissante  est  cons- 
tituée par  les  grès  arénacés  dont  le  faciès  se  montre, 
comme  nous  l'avons  dit,  très  constant  d'un  bout  à  l'autre 
de  la  formation  houillère  de  la  colonie;  tantôt  blancs,  plus 
souvent  teintés  de  jaune,  de  rose,  ou  même  de  lilas,  par 
l'effet  de  l'oxydation  due  à  l'air  des  concrétions  ferru- 
gineuses qui  s'y  montrent  généralement  avec  abondance, 


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LES   GISEMENTS  HOUILLEKS  425 

ils  forment  des  ligues  de  coUînea  présentant  d'un  cdté  une 
pente  plus  ou  moins  douce  suivant  les  bancs  et  de  l'autre 
uD  escarpement  assez  raide  recoupant  ceux-ci.  Ces  es- 
carpements, toujours  dénudés  en  raison  du  caractère  par- 
ticulièrement friable  de  cette  roche  à  ciment  feldspathique 
kaolinisé,  offrent  un  caractère,  et  surtout  une  coloration, 
tout  à  fait  particuliers  qui  permettent  de  les  distinguer 
lie  loin  au  milieu  du  reste  du  paysage  très  verdoyant. 
Cela  est  si  marqué  que  celui  qui,  parcourant  la  colonie, 
s'élève  (le  distance  en  dislance  sur  les  sommets  qu'il  ren- 
contre, peut  assez  exactement  reconnaître  de  loin  les 
régions  où  il  y  aura  lieu  de  rechercher  le  charbon,  et 
même  tracer  sur  une  carte  géologique  l'étendue  du  ter- 
rain houiller.  C'est  là  une  observation  que  nous  avons  ré- 
pétée bien  souvent  entre  Koumac  et  Nouméa,  et  qui  ne 
nous  a  jamais  trompé,  croyons-nous,  car  nous  avons  été  à 
même  d'en  vérifier  bien  souvent  l'exactitude. 

Ces  grés  sont  caractérisés  par  la  présence  de  quelques 
fossiles  mal  conservés  parmi  lesquels  dominent  des  moules 
de  Cardùim  qui  doivent  les  faire  rapporter,  tout  comme  les 
schistes  houillers  et  la  houille,  au  crétacé  supérieur. 

En  quelques  points  cependant,  ces  grès  changent  de 
caractère  ;  c'est  ce  que  nous  avons  observé  avec  netteté 
au  contact  immédiat  de  la  serpentine  dans  la  partie  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Oumbéa,  ainsi  que  nous  l'indi- 
querons en  détail  à  propos  de  ce  bassin. 

Au  milieu  de  ces  couches  sont  intercalés  soit  des  filets, 
soit  des  couches  de  charbons  qui  doivent  être  qualifiés 
houille  dans  l'ensemble;  les  échantillons  que  nous  avons 
recueillis  se  classent  tantôt  dans  les  houilles  maigres, 
tant6t  dans  les  demi-grasses  et  tantôt  dans  les  houilles 
grasses  passant  presque  au  lignite;  ils  ont  tous  l'aspect 
brillant,  la  cassure  prismatique,  et  la  coloration  d'un  noir 
franc   des  véritables  houilles.  Cependant,   en  plusieurs 


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'4â6  RICHESSES    UINÉRALB8  DB   LA   M0DVKLLB-CAX.ÉDONIB 

points,  le  charbon  est  très  pauvre  en  matières  volatiles 
«t  se  range,  ou  à  peu  près,  dans  les  anthracites  ;  c'est  le 
czs  d'une  partie  des  gisementa  du  Mont-Dore,  de  ceox 
des  Bruyères  (Col  de  Tongoué),  d'Yahoué,  et  de  Koé, 
d'une  partie  de  ceux  de  Moindou  (Couche  Levât),  des 
affleupementfl  de  Voh,  etc. 

Bien  qu'il  soit  fréqnent  que  dans  un  même  bassin  les  dif- 
férentes couches  superposées  contiennent  des  proportiuBS 
^rrès  Tariabtes  de  matières  volatiles  et  fournissent  toutes 
les  sortes  de  charbon  depuis  ceux  qui  sont  anthraciteuz 
jusqu'aux  plus  gazeux,  on  peut  se  demander  s'il  en  est 
bien  de  même  en  Nouvelle-Calédonie,  surtout  dsos 
•des  bassina  aussi  étroits  que  ceux  qui  s'y  rencontrent 
-et  dont  les  couches  sont  aussi  évidemment  toutes  du 
même  âge,  et  s'il  ne  faut  pas  plutôt  attribuer  ta  pao- 
'vreté  en  matières  volatiles  de  certaines  couches,  ou  de 
-certaines  parties  de  couches,  qui  se  trouvent  être  pré«- 
sément  toujours  très  voisines  de  massifs  de  roches  érup- 
tives  plus  récentes,  k  l'influence  de  celles-ci,  de  même 
que  Ton  connaît  plus  d'un  exemple  de  couches  de  houiBe 
traversées  par  des  basaltes  et  transformées  en  anthra- 
cite au  voisinage  de  ceux-ci. 

Notons  enfin  qu'inversement  les  charbons  de  la  mon- 
tagne de  Moméa  se  classent  à  la  limite  des  lignites  et 
des  houilles  sèches. 


C.  —   EXTE-NUON  DE  LA  FORMATION  HOUILLÂRB. 

L'extension  exacte  de  la  formation  houillère  ne  peut 
pas  encore  être  considérée  comme  bien  déterminée,  ot 
nous  n'avons  pas  eu  le  loisir  de  nous  attacher  à  en  fixw 
les  limites,  bien  que  l'aspect  des  grès  arénacés  qui 
accompagnent  toujours  le  charbon  doive  beaucoup  faci- 
liter cette  détermination,  ainsi  que  nous  Tarons  indiqué. 


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LES  OISBUENTS  HODrLLERS  437 

■Si  l'on  consulte  la  carte  géologique  (te  M,  Pelatan,  on  y 
Toît,  figuré  approximatirement  par  une  inAïue  teints 
bnineC},  l'enaemble  des  formations  jurassiques  et  créta- 
cées, qni,  d'une  part,  ne  sont  pas  toujours  aisées  à  dis- 
■tingner  avec  précision  des  schistes  liasîques  sous-jacents, 
-et  qui,  d'autre  part,  comprennent  non  seulement  des 
lambeaux,  généralement  restreints,  de  lias  et  de  Juras- 
sique supérieur  stérites,  mais  encore  d'importantes  masses 
■éruptives.  Si  l'on  roulait  donc,  par  l'inspection  de  cette 
«arte,  se  faire  une  idée  de  l'étendue  des  formations  dans 
lesquelles  on  a  rencontré,  ou  peut  espérer  rencontrer,  le 
•charbon,  on  s'exagérerait  Timportaure  des  richesses  qui 
peuvent  exister  dans  le  sol  de  la  colonie,  et  cela  d'autant 
plus  que  les  assises  contenant  le  charbon  sont  les  plus 
récentes  des  assises  sédimentaires  et  ne  peuvent  donc  pas 
-aeprolonger  sous  d'autres  terrainsquiles recouvriraient  (**). 
Nous  ne  pensons  pas  d'autre  part,  encore  que  la  chose  soit 
théoriquement  possible,  qu'il  faille  espérer  que  les  couches 
-de  houille  se  prolongent  d'une  façon  sérieuse  sous  les 
massifs  de  serpentine  qui,  en  bien  des  points,  viennent  se 
poser  snr  le  sédimentaire,  et  surtout  qu'il  paisse  exister 
jia-deasous  de  ces  massifs  des  réserves  pratiquement 
■exploitables. 

Nous  ne  saurions  donc  accepter  l'évaluation  de  M.  Pela- 
tan, qui  estime  à  plus  de  1,200  kilomètres  carrés  l'éten- 
■due  de  la  formation  houillère  calédonienne.  Nous  rappel- 
lerons d'ailleurs  qu'il  ne  faut  pas  nécessairement  une 
"telle  étendue  de  terrains  houillers  réellement  riches  en 
charbon  pour  constituer  un  important  bassin,  susceptible 
■de  fournir  une  production  considérable  :  le  seul  bassin 

Ci  Nous  BTODt  reproduit  eea  indicatiuas  sur  la  fi)/.  2  de  le,  PI.  I. 

('*)  NuuB  éiMirtons  ici  implicilemcnt  l'hypollièse  de  renversements 
complets  des  couches  ow  de  chtiriages,  circonstansea  qui  pourraient 
Wi  doato  K  présenter  dans  un  pays  accidenté  comme  l'est  la  Mon- 
^elle-Calédonie,  mais  qui  ne  semblent  ccpeDilant  pas  jouer  <<aDS  sa 
«tsctonique  un  rôle  important. 


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428   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   NODVELLE-CALKDONIB 

houiller  de  la  Loire,  avec  sa  superficie  de  500  kilomfetrea 
carrés,  a  bien  déjà  produit  près  de  200  millions  de  tonnes 
de  houille  et  en  produira  sans  doute  encore  pendant 
de  longues  années  près  de  4  millions  par  an.  Mais  les 
terrains  liouillers  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont-ils  réelle- 
ment riches?  Telle  est  la  question  que  nous  avons  h  exa- 
miner. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  terrains  crétacés  dans  lesquels  se 
rencontre  la  houille  s'étendent  le  long  de  la  côte  Ouest 
depuis  le  Mont-Dore  jusqu'au  pied  du  mont  Kaala,  soit  sur 
290  kilomètres  de  longueur  à  peu  près  ;  ils  se  prolonge- 
raient même,  suivant  M.  Garnîer,  jusque  dans  la  vallée 
du  Diahot,  mais  personne,  à  notre  connaissance,  n'a  con- 
firmé l'indication,  d'ailleurs  très  vague,  de  M.  Garnier,  et 
nous  pensons  qu'elle  doit  être  tenue  pour  erronée,  l*s 
assises  de  cette  formation  crétacée  ont  une  direction 
générale  S.  E.-N.  0.  et  paraissent  avoir  un  pendage  pré- 
dominant vers  le  N.  E.  Bien  que,  comme  nous  l'avons  dit, 
le  groupe  des  terrains  jurassiques  et  crétacés  que  nous 
avons  représentés  ensemble  sur  la  fig.  2  de  la  PI.  I. 
représente  plus  que  l'ensemhle  des  terrains  houillers,  les 
grès  arénacés,  qui  sont  partout  caractéristiques  del'étage 
à  charlioii,  se  montrent  en  un  grand  nombre  de  points  de 
la  longue  bande  que  nous  avons  figurée  ;  nous  les 
avons  observés  personuellenient  à  Koumac,  à  Voh,  i 
Pouenibout,  en  arrière  de  Poya,  à  Moindou,  à  La  Foa,  à 
Tomo,  à  Païta,  dans  le  bassin  de  laDumWa,  et  au  Mont- 
Dore-.  Enfin  le  charbon  lui-même  a  été  signalé,  dans  des 
conditions  qui  ne  nous  paraissent  pas  appeler  le  doute, 
aux  différents  points  suivants  ;  à  Voh,  au  pied  du  mont 
Katepoinda,  à  Moniéa,à  Moindou,  à  La  Foa,  à  la  Ouenghi, 
à  Saint-Vincent,  à  Païta,  à  la  Nondoué,  à  la  Dumbéa,  i 
Nouméa,  à  Saint-Louis,  au  Mont-Dore  et  à  Tilot  N'dé. 
Nous  en  avons  nous-méme  constaté  la  présence  dans 
la  plupart  do  ces  points. 


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LES   GISEMENTS   HOUILLERS  129 

Nous  avons  reporté  les  diverses  indkations  que  nous  pos- 
sédons à  ce  snjet  sur  ia  carte  minière  ci-jointe  de  la  colonie 
(/îj.2dela  PI.  I);  nous  y  avons  tout  d'abord  reproduit  les 
indications  (légèrement  corrigées  grâce  à  nos  obsenations 
personnelles)  de  la  carte  géologique  do  M.  Pelatan  rela- 
tivement à  l'extension  des  terrains  jurassique  et  crétacé; 
nous  y  avons  en  outre  indiqué  les  différente  points  oii 
l'on  a  constaté  l'existence  du  charbon  ;  enfin  nous  y  avons 
reporté  l'ensemble  des  étendues  couvertes  par  des  con- 
cessions, des  demandes  de  concessions,  ou  des  périmètres 
de  recherches  pour  houille  (•);  nous  rappelons  d'ailleurs  que 
l'existence  de  ces  différentes  concessions,  demandes,  ou 
périmètres,  ne  peut  constituer  qu'une  présomption  de  la 
présence  d'affleurements  de  combustible  minéral  sur  tout- 
ou partie  de  ces  étendues,  et  non  pas  du  tout  une  preuve 
de  son  existence,  et  qu'inversement  quelques  gisements 
découverts,  et  même  partiellement  explorés  naguère,  ne 
sont  plus  compris  aujourd'hui  dans  de  tels  périmètres. 

D.  —  Historique  des  gisements  kocillers 
DE  Nouvelle-Calédonie. 

Avant  de  donner  des  indications  de  détail  sur  les  diffé- 
rents gisements  houiUers,  nous  indiquerons  encore  som- 
mairement l'historique  de  la  découverte  et  de  la  recherche 
du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie. 

Dès  avant  l'occupation  de  la  Nouvelle-Calédonie  par  la 
France,  le  Père  Montrouzier,  l'un  des  missionnaires  qui 
s'y  sont  succédé  à  partir  ded843,  déclarait  avoir  trouvéà 

I'  t3  concetBions  de  mlnea  de  houille 
portant  sur B.857  hectares 
S  deiuandea    de    concetsions    de 
miaes  de  bouUle  portant  «or.       3.787 
■u  w  juiQ  tsuz  I    g  périmètres    de    recherches    de 

i  houille  portant  sur 50,892 

I  Soit  un  total  de 57.536  hectare» 


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430   RICHESSES  1IINB1UJ.B8  SK   LA   NOOVELLE-CALÉDONIE 

KouRiac  «  une  mine  d«  cuivre,  des  tr&ces  de  fer  et  lie- 
cbarboD,  et  une  source  mintfnile  ».  L'indicatioD  relatire 
au  chai'bon  se  rapporte  TraisembUblement  au  taassif  àer 
grès  houiller  dont  nous  avons  contiaté  l'existencâ  an 
pied  du  mont  Kaala  à  12  kilomètres  de  Kouinac  ;  nous 
n'avons  pas  conouissanceque  personne,  depuis  le  Père  Mao- 
trouzier,  y  ait  signalé  la  présence  du  charbon. 

La  houille  ne  devait  d'ailleurs  pas  tarder  à  être  recon- 
nue arec  beaucoup  plus  de  certitude  dans  la  baiede  Bou- 
lari,  au  voisinage  immédiat  de  Nouméa,  oîi  un  affleure- 
ment apparaît  sous  la  forme  d'une  bande  uoire  à  mi-hauteur 
de  l'escaqiement  rocheux  que  forme  auprès  de  la  cAte 
l'Ilot  N'dé,  appelé  depuis  "  Ilot  au  charbon  ".Ua  premier 
essai  d'utilisation  pratique  de  ce  combustible  eut  lieo 
peu  de  temps  après  ;  l'aviso  de  l'État  le  Prony  embarqua 
un  peu  plus  de  2  tonnes  de  charbon  abattu  sur  l'affleure- 
ment de  cet  îlot  et  fit  de  ce  combustible,  évîdenuneni 
altéré  par  une  longue  exposition  à  l'air,  un  usage  suffi- 
samment utile  pour  que  le  fait  ait  été  signalé  au  ministre 
de  la  Marine  afin  d'appeler  S'tn  attention  sur  l'existence 
dans  la  colonie  d'une  richesse  peut-Mre  utilisable. 

Ces  affleurements  ne  furent  pas  d'ailleure  sans  tenter, 
au  moins  momentanément,  quelque  chercheur,  puisqu'en 
1858  une  concession  de  500  hectares  fut  instituée  sur  les 
gisements  du  Mont-Dore  ;  mais,  en  1862,  la  déchéance  dn 
concessionnaire,  fut  prononcée  par  arrêté  du  gouverneur ,- 
en  raison  de  l'insuffisance  manifeste  et  de  l'abandon  des 
travaux. 

Ce  n'est  qu'en  1863-65  qu'une  première  étude  sommaire 
des  gisements  houillers  alors  coouua  dans  la  colonie  fut 
faite  par  M.  Gamier  ;  cet  ingénieur  examina  successive- 
ment les  gisements  du  Mont-Dore  et  de  la  baie  de  Boulari, 
ceux  de  Koé  et  du  haasia  de  la  Dumbéa,  «t  ceux  de  Moinâou  ^ 
il  mentionna  en  outre  la  prolongation  du  bassin  houîUer  de 
Nouméa  jusqu'à  Saint- Vincent,  signala  U  réapparition  dn. 


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LES  eiSEHUNTS    HOOIUABS  tôif 

charbon  daiiR  la  vallé*  de  la  Oiieughi  et  indlqaa  eafin  soib 
ezi8t«nce  dans  la  vallée  da  Diahot;cette  dernière  observa- 
tion paratt,  comme  aous  l'avonsdit,  fort  sujette  à  caution. 
Un  seul  des  gisements  a  été  décrit  par  lui  avec  «linéiques., 
détails,  c'est  le  gisement  d'anthracite  du  Karigou,  sur 
lequel  il  IH  pratiquer  quelques  travaux,  fort  restreints 
d'ailleurs,  et  dont  il  signala  l'irrégularité  en  même  temps  . 
que  l'impureté  du  charbon.  La  conclusion  de  cette  pre- 
mière étude  fut  nettement  défavra'able,  du  moins  en  ce 
qui  concerne  l'ensemble  des  gisements  situés  entre  le 
Moat-Dore  et  Saint-Vincent  ;  »  la  conséquence  fatale  de 
ces  faits, disait  M.  Garnier(*),  est  que  l'on  doit  actuelle- 
ment abandonner  en  Nouvelle-Calédonie  l'espoir  de  ren- 
contrer une  houille  exploitable  ». 

C'était  généraliser,  peut-être  bien  b&tirement,  les  con- 
clusions tirées  de  travaux  fort  restreints  poursuivis  sur 
im  seul  affleurement,  qui  était,  il  est  vrai,  celui  d'entre 
les  affleurements  de  la  région  de  Koé  qui  avait  paru  avoir 
la  plus  belle  a^arence. 

AQ3Bi,dixans  après,  M.  Heurteau^  envoyé  en  missiou  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies,  pour  étudier 
les  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie,  ne  s'en 
liai-il  pas  k  ce  jugement  sommaire,  et  ne  manqua-t-il  pas 
d'examiner  avec  une  attention  particulière  les  gisements 
bouillers  alors  connus  (baie  de  Boulari,  vallée  de  la  Oum- 
béa,  et  Moinâon),  et  même  de  faire  faire  quelques  travaux 
de  reconnaissance  sur  un  groupe  nouveau  que  l'on  venait 
de  découvrir  près  de  Moindou. 

Le  résultat  de  ses  observations  et  de  ses  recherches 
est  consigné  dans  son  rapport,  que  nous  avons  déjà  eu 
l'occasion  de  citer  si  souvent,  et  qu'il  termineainsi(*'}. 

«  Nous  estimons  donc  en  résumé  :  en  premier  lieu,  que 


(*)  Loc.  cit.,  p.  SB. 

(■*)  litiniTiitv,  lae.  dt.,  p.  Hi. 


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432   RICHESSES   MINERALES   DB  LA  NODVELLE-CALBDONIE 

la  possibilité  d'exploiter  lea  gisements  de  charbon  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  particnlièrement  sur  le  territoire 
d'Ouarail  (région  de  Moindou),  est  subordonnée  aux 
résultats  de  travaux  de  recherches  à  entreprendre  sur 
les  points  que  nous  avons  désignés,  résultats  que  rien  ne 
permet  actuellement  de  prévoir;  en  second  lieu,  qu'en 
supposant  les  circonstances  les  plus  favorables,  l'exploi- 
tation du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie  serait  une  entre- 
prise des  plus  aléatoires.  La  Nouvelle-Calédonie  contieiiï 
des  gisements  de  charbon  étendus,  c'est  un  fait  acquis. 
Mais,  en  admettant  que  ces  gisements  soient  de  bonne  qua- 
lité, et  assez  réguliers  pour  donner  lieu  à  une  exploitation 
entreprise  dans  dos  conditions  favorables,  oe  que  nous 
ignorons  encore,  on  doit  les  considérer  comme  une 
réserve  pour  l'avenir  plutôt  que  comme  devant  faire 
l'objet  d'une  exploitation  immédiate.  » 

Sinoustenonsàcitertoutatilougcesconchisionsc'estque, 
bien  que  vingt-septaus  so  soient  écoulés  entre  le  moment 
où  M.  Heurteau  a  visité  les  gisements  houillers  de  notre 
colonie  et  celui  ofi  nous  les  avons  examinés  nous-mème, 
iious  sommes  amené  presque  exactement  aux  mêmes  con- 
clusions que  M.  Heurtean,  et  que  les  questions  Ma  solution 
desquelles  il  ssbordonnait  son  avis  n'ont  pas  été  depuis 
lors  suffisamment  éclaircies  pour  nous  permettre  d'élre 
plus  catégorique  que  lui  dans  nos  affirmations. 

En  dehors  de  ces  études  d'ensemble,  différents  travaux 
de  recherches,  consistant  surtout  en  l'exécution  de  tran- 
chées, de  galeries,  et  même  de  petits  puits,  ont  été  poussés 
depuis  lors,  d'une  façon  fort  peu  méthodique  d'ailleurs,  sur 
différents  gisements,  fout  autour  de  la  baie  de  Boulari,  dans 
la  vallée  de  la  Dumbéa,  à  Paita,  à  Moindou,  et  même  à 
Voh;  si  bien  que,  lorsqu'en  1885,  1886,  et  1887,  la  com- 
mission instituée  par  le  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  en  vue  ..  d'étudier  et  de  formuler  un  a\-is  sur  la 
valeur  des  gisements    houillers   signalés    sur  plusieurs 


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LES    GISEMENTS    HOUILLERS  433 

points  de  la  colonie  » ,  Toalat  remplir-  sa  mission,  elle  eut  à 
TÎsîter  an  assez  grand  nombre  de  recherches  :  le  recueil 
des  travaux  de  cette  commission  jusqu'au  début  de 
1887  (*)  ne  mentionne  pas  nioins  de  15  concessions  on 
gisements  différents,  sur  lesquels  quelques  fouilles  étaient 
ouvertes  ;  les  études  de  la  commission,  qui  prescrivit 
d'ailleurs  des  travaux  d'exploration  complémentaires  sur 
quelques  gisements,  n'ont  abouti  à  aucune  conclusion 
bien  nette  et  n'ont  gnère  jeté  de  lumière  sur  la  question 
■dans  SOTi  ensemble.  Quelques  recherches  furent,  en  suite 
de  ses  avis,  poursuivies  en  différents  points  ;  quelques  son- 
dages furent  même  exécutés  n  l'aide  d'une  sonde  au  dia- 
mant dont  le  gouvemement  avait  fait  l'acquisition  à  la  1^ 
•de  18S9,  mais  cet  appareil  a  cessé  de  fonctionner  au  bout 
de  peu  de  temps  sans  avoir  fourni  aucune  indication  utile  ; 
les  recherches  furent  alors  reportées  sur  les  gisements 
de  la  Nondoué,  récemment  découverts. 

Entre  temps,  M.  Porte,  pharmacien  de  la  Marine,  qui 
s'était  déjà  activement  occupé  de  la  question  de  la  houille 
pendant  unpremierséjourdans  la  colonie,  y  fut  renvoyé  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  à  la  fin  de  1887 
pour  continuer,  conformément  au  vœu  du  gouverneur  et 
du  Conseil  général  de  la  colonie,  l'exploration  des  gise- 
ments houillers  dans  toute  l'étendue  de  la  colonie.  Les 
résultats  de  ses  études  furent  consignés  'dans  un  rapport 
au  Ministre  en  date  du  28  février  1889,  et  ils  furent  résu- 
més dans  une  brochure  publiée  plus  tard("). 

En  1892,  M.  Pelatan  consacrait,  dans  son  étude  sur  les 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie,  un  assez  long  chapitre 
.  aux  gisements  houillers,  surtout  à  ceux  du   bassin  de 


(*)  Brochure  autographiëe  aux  presiei  a.utogr«pbiquea  de  l'Adminia- 
tration  péDiteDtlaire  k  Moutrarel  (iaS7], 

(**)  NouvtUe»  Ttehtfchu  «ur  Iti  ghetntnlt  houillers  d»  la  Nouuellt- 
càlidonit,  pur  M.  A.  Hortk,  pharmacien  principal  de  la  Marine.  Nou- 
ni«a,  30  juin  1890.  Imprimerl*  Noumdenne. 


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484   RICHESSES  MIN'ÊRALES   DE   I.A   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Nouméa,  et  il  alioutissait  à  la  conclusion  suivante  (*)  :  «  En 
résumé:  bassins  carbonifères  étendus,  affleurements  nom- 
breux, combustibles  de  bonne  qualité,  conditions  d'ei- 
ploitation  écunouiiqiioment  possibles,  tout  concourt  |x>ar 
faire  augurer  favorablement  de  l'avenir  des  charboos  néo- 
calodouicns...  >i 

Les  recherches  exécutées  par  les  soins  de  l'Adminis- 
tration sous  le  contrôle  de  la  commission  des  recherches 
houillères  se  poursuivirent,  non  sans  quelques  interrui)- 
tioiis,  et  le  plus  souvent  avec  peu  d'artirilé,  jusqu'au 
début  do  1896.  Concentrées  dès  la  fin  de  1890  sur  les 
gisements  de  la  Nondoné,  elles  y  avaient  pris  un  petit 
développement  et  avaient  déjà  abouli  à  l'extraction  d'une 
certaine  quantité  de  charbon,  lorsque  l'ordre,  venu  du 
Ministère  des  Colonies,  de  retirer  les  condamnés  qui 
étaient  employés  à  ces  travaux,  en  amena  la  brusque 
interruption  au  mois  de  février  1896. 

Ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1901  et  au  début  de  1902  qu'une 
nouvelle  tentative  fut  faite  pour  assurer  la  mise  en  valeur 
des  gisements  houillcrs  de  la  colonie,  et  en  particulier  de 
ceux  de  la  Nondoué,  en  s 'adressant  résolument  cette  fois 
à  l'initiative  de  particuliers.  C'est  ce  qui  a  conduit,  à  la 
fin  de  juin  et  au  début  de  juillet  i902,  à  pi-océder  au  dé- 
i)layage  de  quelques-unes  des  anciennes  recherches  et  an 
débroussage  des  cliemins  d'accès,  nous  ]>ermettant,  lors 
de  notre  deuxième  visite  sur  les  lieux  faite  quelques  jours 
avant  de  nous  réembarquer,  d'examiner  avec  plus  de  profit 
les  nombreux  affleurements  de  la  région.  D'après  ce  qui 
noua  a  été  dit  dojdiis  notre  i-ctour  en  France,  quelques 
travaux  auraient  encore  été  effectués  après  notre  départ 
et  d'autres  devraient  l'être  à  bref  délai.  Nous  ne  pouvons 
que  souhaiter  qu'ils  soient  poursuivis  avec  une  réelle  acti- 
vité et  avec  méthode. 

Otoc.  ci/.,  p.  8*. 


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CHAPITRE  II. 
D^CRIPTION  DES  DIFfÊRENTS  BASSIHS. 

Les  gisements  hoiiillers  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont 
partagés  en  plusieurs  bassins  différents  ;  ce  sont  (voir  la 
/ïff.2dela  PI.  1): 

V  Le  bassin  do  Nouméa,  qui  s'étend  du  Mont-Dore  k 
Saint-Vincent; 

3°  Le  bassin  de  Moindou,  qui  s'étend  de  la  Ouenghi 
jusqu'au-delà  de  Moindou  ; 

3*  Le  bassin  de  Poya,  qui  s'étend  depuis  le  cap  Gonl- 
vain  jusqu'en  arrière  de  Pouembout; 

4*  Une  série  de  petits  bassina  isolés,  à  savoir  les  bas- 
sins de  Muée,  de  Pouembout,  de  Koué,  de  Voh,  de 
Oatope  et  de  Koumac,  parmi  lesquels  celui  de  Voh  pré- 
sente seul  une  étendue  notable. 

A.  — Bassin  de  Nodmba. 

Ce  bassin,  bien  que  n'étantpeut  être  pas  le  plus  étendu  de 
la  colonie,  est  celui  qui  a  appelé  le  plus  tôt  l'attention 
et  qui  la  retient  encore  aujourd'hui  le  plus  sérieusement: 
son  faible  éloignement  de  Nouméa,  en  même  temps  que  la 
proximité  dans  laquelle  les  affleurements  houillers  «e 
trouvent  de  la  céte,  l'ont  fait,  sinon  découvrir,  du  moins 
examiner,  le  premier,  et  la  distance  restreinte  sur  la- 
quelle les  combustibles  en  provenant  auraient  dû  ôtre 
transportés  pour  parvenir  au  point  principal  d'utilisation 
a  longtemps  fait  songer  à  la  mise  en  exploitation  de  ce 
bassin,  de  préférence  à  tous  autres  ;  enfin,  tout  récen> 


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254  RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   NODVELLB-CALéDOMIB 

ensuite  expédié  par  charrettes  jusqu'au  bord  de  la  mer, 
o(i  il  est  embarqué  pour  Nouméa  par  l'intermédiaire  de 
chalands. 

Les  mines  Courage  et  Francia,  situées  uu  peu  plus  à 
l'Est,  de  part  et  d'autre  de  la  rivière  de  Népoui  et  aux 
emirons  assez  immédiats  de  son  embouchure,  fournissent 
utt  Btinerai  d'un  caractère  un  peu  spécial,  et  d'ailleurs 
riche  :  il  se  présente  en  concrétions  mamelonnées  ou  en 
enduits,  doués  d'an  lostre  particulièrement  métallique  et 
d'une  couleur  bleu  violacé,  qui  paraissent  correspondre 
à  une  pauvreté  relative  en  manganèse  et  à  une  teneur  plus 
forte  en  cobalt.  Ces  minerais  se  rencontrent  d'ailleurs 
au  voisinage  immédiat  des  roches  serpontineuses  :  quel- 
quefois en  enduits  sur  ces  roches,  d'autres  fois  dans  leurs 
fentes  superficielles  ;  ils  sont  généralement  associés  à  des 
concrétions  quartzeuses  ou  à  des  calcédoines.  Les  vasques 
d'argile  au  fond  desquelles  ils  se  présentent  sont  ici  par- 
ticulièrement irrégulières,  peu  profondes,  et  constammwit 
découpées  par  des  têtes  de  roche  en  place  ;  les  minerais 
paraissent  donc  être  plus  intimement  associés  au  rocher 
que  partout  ailleurs;  on  rencontre  assez  souvent  &  leur 
voisinage  des  enduits  talqueux  ou  magnésiens. 

Les  deux  gisements  sont  en  outre  remarquables  par  la 
présence  de  masses  de  serpentine  d'un  caractère  excep- 
tionnel :  ce  sont  des  masses  de  couleur  claire,  dont  la 
pâte  eat  blanche  ou  rosée,  et  qui  sont  sillonnées  d'un 
grand  nombre  de  veinules  ramifiées,  quelquefois  vertes 
et  plus  souvent  d'un  bleu  plus  ou  moins  franc,  couleur 
que  l'on  serait  tenté  d'attribuer,  à  tort  comme  noua  nous 
en  sommes  assuré,  au  cobalt  en  raison  de  l'association  de 
ces  serpentines  au  minerai  de  cobalt.  Quelque  excepUon- 
nels  que  soient  en  Nouvelle-Calédonie  ces  types  de  ser- 
pentme,  leur  origine  parait  bien  être,  ici  comme  ailleure, 
1  altération   des  péridotites   qui   conatitueirt    toiyou™  le 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DBS  SERPENTINES  255 

sous-sol;  nous  avons,  en  effet,  pu  ramasser  une  série 
d'échantillons  marquant  tous  les  passages  entre  la  pén- 
ilotite  assez  fraîche,  les  roches  serpentineuses  que  l'on 
est  habitué  à  rencontrer  ailleurs,  vertes  ou  légèrement 
lirunàtres  et  montrant  au  microscope  les  restes  de  cris- 
taux  de  péridot  tout  traversés  de  veinules  de  serpentine, 
puis  des  roches  plus  altérées,  déjà  partiellement  décolo- 
rées, où  les  traces  du  péridot  commencent  à  disparaître  et 
où  l'on  ne  distinguo  plus  que  les  cristaux  d'enstatile,  et 
enfin  ces  roches  entièrement  serpentinisées,  qui,  à  l'œil 
nu,  semblent  complètement  amorphes  :  à  l'analj'se  leur 
composition  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  ser- 
pentine typique  (2SiO^,MgO  -]-  2H"'0) ,  avec  une  faible 
teneur  en  fer(')  ;  examinées  an  microscope  elles  se  montrent 
presque  entièrement  constituées  d'un  agrégat  de  petits 
cristaux  d'autigorite  à  groupements  complexes,  générale- 
ment étoiles,  et  traversées  de  quelques  zones  minces  de 
(air. 

A  la  baie  Bà,  ou  plus  exactement  dans  la  presqu'île 
qui,  située  en  face  de  Houailou,  sépare  la  baie  de  B&  de 
la  mer,  les  serpentines  se  développent  sur  3  kilomètres 
de  largeur  et  ne  présentent  pas  d'altitudes  supérieures  à 
350  mètres  ;  c'est  dire  que  leurs  pentes  sont  relativement 
douces,  surtout  à  la  partie  supérieure,  et  qu'un  épais 
manteau  d'argile  nnige  a  pu  s'y  conserver.  Cette  forma- 
tion, qui  est  ici,  comme  au  dôme  de  Tiebaghi  et  dans 
nombre  d'antres  régions  à  cobalt,  toute  parsemée  de  blocs 
et  de  grains  ferrugineux,  renferme  aussi  d'assez  nom- 
breuses traînées  de  minerai  de  cobalt;  elle  est  partagée 
entre  les  périmètres  de  14  concessions,  couvrant  une  su- 
perficie de  900  hectares  environ,  dont  plusieurs  avaient 
été  sollicitées  en  vue   de  l'exploitation  du  nickel.  Il  sub- 

(*)  Voir  ruprà,  p.  S6. 


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HÔQ  BICUBSSBS  HINÉBALBS  DB  lA   NOnVBLLB-CALBOONIB 

aiste  d'ailleure  encore,  dans  les  ralloDS  k  pente  aasu 
raide  qui  descendent  vers  la  mer,  dea  travaux  souterraÎBS 
entrepris  autrefois  par  les  premiers  exploitants  anglais 
'du  nickel,  pour  suivre  des  filonnets  d'hydrosilicate  vert. 
Aujourd'hui  il  n'est  plus  fait  de  travaux  que  dans  les 
argiles  rouges  pour  la  recherche  du  minerai  de  cobalt;  ik 
appartiennent  tous  à  la  même  entreprise  et  se  dév6lot^>eiit 
sur  trois  d'entre  les  coneessioas  existantes  :  ils  occu- 
paient, au  moment  de  notre  visite,  une  quarantaine 
d'ouvriers,  et  n'avaient  pas  produit,  dans  les  mois  qui  ont 
précédé  notre  passage,  moins  de  50  à  60  tonnes  par 
mois  de  minerai  lavé,  dont  la  teneur  eu  oxyde  de  cobalt 
variait  de  4  k  4  1/2  p.  JOO,  et  qui  était  assez  fortement 
chargé  en  manganèse. 

Les  types  de  minerais  que  l'on  rencontre  ici  et  leur 
minie  d'occurrence  ne  présentent  de  vraiment  spécial  que 
leur  association  très  nette  avec  d'importantes  formations 
siliceuses  :  l'exploitant  a  d'ailleurs  remarqué  depuis  long- 
temps que  la  présence  des  formations  siliceuses  est  un 
bon  indice  de  la  proximité  du  cobalt;  ces  formations,  qui 
affectent  une  disposition  en  bancs  parfois  bien  nets,  se 
présentent  tantôt  en  plaquettes  légèrement  jaunâtres  à 
grain  très  fin,  et  tant^ten  masses  vacuolaires  à  structure 
plus  ou  moins  cellulaire  oh  l'on  croirait  par  places  distio- 
guer  les  moules  de  petites  coquilles  ou  des  empreintes  de 
débris  végétaux  ;  nous  n'en  avons  cependant  nulle  part 
trouvé  la  trace  d'une  façon  corUtine.  Cette  assocjation  du 
minerai  de  cobalt  à  des  formations  siliceuses,  qui  ont  trèc 
certainement  été  déposées  par  l'eau,  et  vraisembiablenient 
au  fond  de  lacs  ou  de  mares,  nous  parait  fournir  UM 
.raison  de  plus  de  considérer  les  concrétions  coballiferes 
qui  les  accompagnent  comme  ayant  été  déposées  en 
.même  temps  par  dea  eaux  qui  avaient  dissous  le  cobalt  el 
le  manganèse  des  massifs  de  péridotite  voisins.  Nous 
aurons  d'ailleurs  à  signaler  cotte  même  association  à 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DBS  SBSPBNTINES  257 
•Pemby  et  à  Brindy;  nous  l'avons  également  observée  k 
la  mine  Fanfare  dans  la  vallée  de  la  Téné  près  de  Bourail, 
ofi  les  traînées  cobaltifères  suivent  exactement  un  lit  de 
sable  siliceux  assez  régulier. 

A  Pemhy,  dans  la  presqu'île  qui  sépare  les  baies  de 
Canala  et  de  Kouaoua,  le  cobalt  se  rencontre  sur  la  large 
crête  qui  s'étale,  à  une  altitude  variant  entre  500  et 
600  mètres,  au-dessus  des  pentes  raîdes  qui  descendent 
d'un  côté  sur  la  mer  et  de  l'antre  sur  les  ravins  île  la 
rivière  Karoupa.  La  presqu'île  est  tout  entière  consti- 
tuée par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement  altérée,  de 
couleur  vert  foncé,  qui  no  se  montre,  ni  à  l'œil  nu,  ni  k 
l'examen  microscopique,  ni  à  l'analyse  chimique,  différente 
de  plusieurs  des  roches  associées  aux  gisements  de  nickel 
voisins  de  Thio  et  de  Canala;  d'ailleurs  le  niciiel  existe 
en  petite  proportion  dans  la  roche  elle-même  et  a  été 
s^nalé  sous  forme  de  minerai  à  faible  teneur  en  différents 
points  du  massif;  la  roche  est  d'autre  part  chargée  de 
traces  particulièrement  sensibles  de  manganèse.  Mais  ici 
c'est  le  cobalt  qui  s'est  concentré,  plus  que  le  nickel,  à  la 
faveur  sans  doute  des  conditions  qui  ont  permis  l'accumu- 
lation sur  la  large  crête  que  nous  venons  de  définir  d'im- 
portants dépôts  d'argile  rouge.  Sur  toute  l'étendue  de 
ces  dépôts  sont  disséminés  des  rognons  cobaltifères,  qui 
avaient  fait  autrefois  l'objet  de  travaux  îrréguliers  et 
sans  suite.  La  Société  le  Nickel,  à  laquelle  le  gisement  est 
concédé,  y  a  ouvert,  en  1901 ,  des  travaux  auxquels  elle  a 
donné  un  certain  développement  et  qu'elle  a  poussés  plutôt 
en  vue  de  chercher  à  reconnaître  s'il  s'y  trouve  des 
masses  importantes  et  contiimes  de  minerai,  que  d'enlever 
immédiatement,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  les  petites 
quantités  de  cobalt  rencontrées  auprès  de  la  surface, 
quitte  à  s'interdire  ou  à  peu  près  l'accès  jusqu'à  celles 
qui  pourraient  exister  plus  profondément  enfoncées  dans 


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258  RICHESSES  MmÂKALBS  DE  LA  NOUTBLLK-CALÂDOHIB 
la  masae  de  l'argile  rouge.  Ces  travaux  n'ont  d'ailleurs- 
pas  complètement  répondu  au  but  poursuiri,  et  la  plupart 
des  chantiers  ouverts  au  moment  de  notre  passage  ne 
rencontraient  guère  que  des  traînées  irréguUères  de- 
petites  concrétions  fortement  chaînées  en  manganèse  et 
d'une  richesse  très  moyenne  en  cobalt.  Néanmoins,  en  un 
point,  on  suivait  une  formation  qui  présentait  assez  nette- 
ment fallure  d'un  dépôt  de  fond  de  lac  :  c'était  nne 
lentille  relativement  régulière,  faiblement  inclinée  sur 
l'borizontale,  se  développant  sur  plusieurs  dizaines  de 
mètres  en  toutes  directions  dans  une  sorte  de  large 
cavité  encaissée  entre  des  tftes  de  roche  en  place,  et 
venant  mourir  en  s'effîlant  au  voisinage  de  ces  serpen- 
tines; la  puissance  de  la  formation  variait  de  40  centi- 
mètres à  1  mètre,  constituée  par  des  grenailles  et  des 
rognons  enrobés  .dans  l'argile,  en  proportion  d'ailleurs 
assez  variable  d'un  point  à  un  autre. 

L'association  du  cobalt  et  des  dépAts  siliceux  que  nons- 
avons  déjà  signalée  d'une  façon  très  nette  pour  le  gise- 
ment de  la  baie  de  Bâ,  est  aussi  frappante  en  plusieurs 
points  du  gisement  de  Pembv;  c'est  ainsi  qu'au  fond 
d'un  petit  puits  de  10  mètres  de  profondeur  on  a 
rencontré  le  cobalt  en  enduits  entre  des  dépôts  opalins 
et  une  formation  siliceuse  très  spéciale  se  développant  au 
contact  même  de  la  péridotite  en  roche  :  cette  formation, 
de  couleur  jaune  brnn  clair,  comprend  d'une  part  des 
zones  de  calcédoine  de  teintes  jaunes  variées,  et  d'autre 
part  une  certaine  épaisseur  de  silex  dur,  d'une  couleur 
brune  plus  foncée,  qui  se  montre  entièrement  constitué 
de  petits  grains  qiiartzeux  colorés  et  cimentés  par  des 
enduits  ferrugineux. 

Comme  nous  l'avons  dit,  les  travaux  de  Pemby  oat 
plutôt  constitué  jusqu'ici  des  recherches  qu'une  exploita- 
tion; on  n'en  avaitencore  extrait  au  moment  de  Dotre  passage 
qu'un  petit  nombre  détonnes  d'un  minerai  dont  la  teneur- 


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HlNSRAIf!  ASSOCIÉS   i.  LA   FORMATION   DKS   SBfVKNTlNBS   259 

en  cobalt  n'était  pas  très  élevée  et  oti  le  man^aoèse  était 
particulièrement  abondant. 

Le  cobalt  eet  assez  activement  exploité  en  une  série  de 
points  de  la  région  Sud  de  la  c6te  Est  de  l'Ile,  et  en  par- 
ticulier sur  le  plateau  accidenté  qui  domine  le  rivage  de 
la  mer  au-dessus  de  Brindy,  entre  les  rivières  M'ba  et 
Comboui;  ce  massif,  dont  les  pentes  vers  la  mer  sont 
fort  raides,  s'abaisse  d'une  façon  beaucoup  moins  rapide 
vers  le  Sud.  Il  s'y  développe  de  puissants  amas  d'argile 
rouge  qui  viennent  s'associer,  dans  le  lit  do  la  rivière 
Koua-Samy,  à  des  formations  superficielles  d'un  carac- 
tère tout  différent,  beaucoup  moins  colorées  et  moins 
riches  en  sesquioxyde  de  fer;  ces  formations,  dont  nous 
avons  déjà  fait  mention,  proviennent  de  la  décomposition 
des  granités  qui  affleurent,  à  3  kilomètres  plus  à  l'Ouest, 
sur  l'autre  versant  du  bassin  de  ladiie  rivière,  pour  for- 
mer les  sommets  du  Grand  et  du  Petit  Koum. 

Le  cobalt  se  rencontre  sur  les  pentes  Nord  du  plateau, 
lorsque  l'argile  rouge  s'y  rencontre  elle-inème.  ainsi  que 
sur  la  région  culminante,  dans  des  conditions  très  sem- 
blables à  celles.quc  nous  avons  déjà  signalées  ;  il  apparaît 
également  sur  les  pentes  Sud  et  Ouest  dans  les  forma- 
tions superlkielles  spéciales  dont  nous  venons  de  parler. 
Celles-ci  recouvrent  encore  par  places  des  roches  ser- 
pentineuses  de  type  normal,  mais  en  d'autres  points  elles 
laissent  voir  des  tètes  de  granité  décomposé  qui  semblent 
être  en  place  ;  elles  paraissent  d'ailleurs  n'avoir  pas  été 
constituées  eUes-mcmes  uniquement  par  des  produits  de 
décomposition  des  serpentines,  et  se  trouvent  mélangée.s 
de  produits  d'origine  granitique  ;  l'ensemble  de  la  forma- 
tion a' est  plus,  en  effet,  rouge  foncé,  mais  jaune  orangé 
plus  ou  moins  clair,  et  parait  par  places  renfermer  des 
produits  voisins  du  kaolin;  la  silice  y  est  abondante,  non 
plus  en  lits  séparés  comme  ceux  que  nous  avons  signalés 


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260  RICHESSES   MINERALES   DE  LA  NOUVELLE-CAIiEDONIB 

à  la  baio  de  B&  par  exemple,  mais  sous  forme  de  quartz 
répandu  h  peu  près  uniforniément  dans  la  masse;  enfin, 
comme  nous  l'avons  dit,  on  trouve  au  milieu  de  cette  for- 
mation de  nombreux  blocs  de  roches  roses  ou  blanches, 
montrant  quartz  feldspath  et  mica  altérés,  et  sillonnées 
de  Slonnets  de  quartz  hyalin  cristallisé,  blocs  parmi  les- 
quels quelques-uns  semblent  être  en  place.  Le  cobalt  se 
présente  ici  sous  la  forme  de  ses  minerais  ordinaires,  gre- 
nailles plus  ou  moins  ferrugineuses  et  plaquettes  siliceuses 
à  enduits  cobaltifercs,  mais  il  est  à  faible  teneur  sans 
que  le  manganèse  y  soit  abondant,  le  fer  et  la  silice 
y  sont  au  contraire  dominants.  Du  côté  Nord,  dans  les 
argiles  rouges,  nous  avons  noté  la  présence  de  minerais 
en  rognons  au  voisinage  immédiat  des  serpentines,  dont 
nous  avons  trouvé  plusieurs  tètes  silicifiéea  et  enduites 
de  cobalt  :  ces  dernières  se  présentent  un  peu  sous  l'as- 
pect d'une  de  ces  serpentines  décomposées,  cloisonnées, 
que  nous  avons  décrites,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  un  sque- 
lette quartzeux  formant  un  rcseait  plus  ou  moins  régulier 
avec  remphssage  de  roche  altérée  ;  mais  ici  ce  remplis- 
sage altéré,  au  lieu  d'être  constitué  par  des  produits  ser- 
pentineux  envahissant  toute  la  masse  des  anciens  cristaux 
de  péridot,  consiste  uniquement  en  dépôts  siliceux  cobal- 
tifères  qui  semblent  avoir  épigénisé  pour  ainsi  dire  les 
produits  serpentineux,  sans  cependant  donner  à  l'ensemble 
la  cohésion  de  véritables  roches  siliclliées,  et  en  formant 
un  minerai  friable  difticile  à  laver. 

Des  quatre  exploitations  que  nous  avons  visitées  sur  ce 
massif,  nous  n'avons  rien  de  spécial  à  mentionner  :  elles 
comportent  de  petits  travaux  de  glanage  qui,  en  plusieurs 
points,  ne  font  que  rechercher  ce  qui  a  été  laissé  autrefois 
à  une  époque  oh  la  valeur  du  minerai  ne  permettait 
d'exploiter  que  des  amas  notablement  plus  riches  que 
ceux  que  l'on  peut  utiliser  aujourd'hui. 


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MINERAIS  Associés  A  LA   FORMATION  DES   SERPENTINES  261 

Les  rivages  de  la  baie  du  Sud  et  des  différentes  baies 
secondaires  qui  l'entourent,  baie  de  la  Somme,  baie  du 
Carénage,  Bonne-Anse,  Port-Boisé,  etc.  (Voir  la  /ig.  3  de 
la  PI.  IV),  sont  entourés  de  dépôts  d'argile  rouge  dans 
lesquels  les  rognons  cobaltifêres  ont  été  signalés  dès 
assez  longtemps  ;  ils  sont  exploités  par  une  trentaine  d'ou- 
vriers, dont  la  production  annuelle  peut  varier  de  150  à 
200  tonnes  ;  nous  avons  visité  ceux  de  ces  travaux  qui  se 
poursuivaient  au  moment  de  notre  passage  à  l'entrée  de 
la  baie  du  Carénage.  Là  les  dépôts  d'argile  rouge  sur  la 
péridotite  sont  généralement  d'une  faible  épaisseur  et 
peu  continus  ;  ils  forment  souvent  des  cuvettes  isolées  de 
dimensions  restreintes  au  fond  desquelles  on  rencontre 
des  traînées  de  rognons  de  minerai  ou  des  terres  bru- 
nâtres contenant  des  grains  fins  cobaltifêres  ;  dans  l'en- 
semble ces  formations  suivent  à  peu  près  les  irrégulari- 
tés de  la  surface  de  la  roche.  Le  croquis  reproduit  par  la 
fi(/.  4  de  la  PI.  IV,  et  que  nous  avons  relevé  dans  une  des 
tranchées  que  nous  avons  visitées,  donne  une  idée  assez 
nette  de  l'allure  de  ces  gisements  ;  en  pareil  cas  c'est  à 
ciel  ouvert  que  se  fait  l'extraction,  et  l'on  poursuit  l'enlè- 
vement du  manteau  argileux  qui  recouvre  la  roche  en 
place  tant  que  la  quantité  de  minerai  trouvée  est  suffi- 
sante. Quelquefois  on  fait  une  première  reconnaissance  à 
l'aide  d'une  petite  galerie  souterraine,  mais  l'exploitation 
a  toujours  lieu  à  une  profondeur  assez  faible  pour  faire 
préférer  les  travaux  à  ciel  ouvert.  On  découvre  ainsi  des 
tètes  de  péridotite  altérée  très  semblables  à  celles  qui  se 
montrent  naturellement  an  jour  en  d'autres  points.  Là  en 
particulier  nous  avons  pu  observer  très  nettement  que  ces 
roches  ne  contiennent  pas  elle-mèmes  de  dépôts  cobalti- 
fêres et  ne  sont  recouvertes  d'aucun  enduit  métallifère  ; 
nous  n'avons  d'ailleurs  pas  connaissance  que  pareille 
observation  y  ait  jamais  été  faite. 

Le  minerai  extrait  des  travaux  épars  sur  les  différents 


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26&  RICn&3fiBS  UINÉKALES  D8  LA  NODVELLX-CALÉDONIB 

promontoires  qai  entourent  la  baie,  fort  doeoupée,  eat  des- 
oenda  au  bord  de  Teati,  généraletMmt  k  don  d'homme  ;  il 
est  conduit  en  embarcation  jusqu'au  p«tit  atetier  de 
lavage  établi  À  l'emboodnire  d'un  rui9tiea<H,  puis  il  est 
emmené  de  Tnëme  à  Prony,  S'ab  il  «at  «xpédîé. 

Les  rrygnons  que  l'on  reBoontre  ici  sont  d'un  caractère 
trëa  nettement  métallique,  assez  lourds,  briSaoïts,  ricties 
en  fcT,  et  sMiillés  senleioent  de  débris  argfleax  faciles  fc 
étiminer  par  le  lavage  ;  ils  fournissent  des  miBerais  k  5  M 
8  p.  iOO  ;  les  terres  cobaltifères,  natiireilement  plus 
pauvres,  sont  difficiles  àlaver  et  produisent  des  minM^s 
moins  riches  ;  néanmoins,  lorsque  l'on  a  enlevé  ta  coQver- 
tnre  d'argile  stérile  sous  laquelle  elles  se  trouvent,  on  a 
tout  intérêt  à  les  exploiter  avec  le  reste. 

C .  —  Conditions  économiques  de  L'EXPLorPATiON 

DD   COBALT. 


Nous  avons  assez  sonvent  neiitioni)é  dans  ce  qai  pré- 
cède l'irrégolarité  avec  laquelle  se  présentent  les  gise- 
ments de  cohalt,  tant  au  point  de  vue  de  la  continuité  des 
différentes  traînées  de  minerai  q«e  de  la  puissance  et  de 
la  richesse  de  ces  traînées,  et  qie  de  la  tenear  du  mine- 
rai même,  poor  qu'il  ne  nous  soit  pas  nécessaire  d'insis- 
ter lo«gt«raps  sur  l'impossibilité  qu'il  y  a  à  donoer  des 
chiffres  précis  sur  lescnnditi<ms  économiques  générales  de 
l'exploitation  dn  cobalt.  Kn  un  point  d'un  gisement  le 
minerai  est  exploité  à  ciel  ouvert  an  fond  de  tranchées 
peu  profondes;  à  côté  il  doit  être  recherché  à  pluaîenrs 
mètres  sous  terre,  et  il  faut  pratiquer  des  puits  et  des 
galeries  d'exploitation  et  d'assèchement,  procéder  k  &■ 
boisage  plus  ou  mcuns  serre,  remonter  le  minerai  par  des 
treuils,  etc.  Dans  un  chantier  on  poursuit  péniblement  par 
d'aussi  petits  boyaux  que  possible  une  tr^née  de  simples 


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-umBRAIS  ASSOCaÉS  A  LA   FORUATION   DES   SBRPENTlNSfi   263 

rognons  de  mioerM  isolés,  et  <lans  le  chantier  voisin  on 
travaille  <lans  un  aniM  de  boales  on  de  grenailles  c<^al- 
tifëres  ptiusant  de  plustears  décimètres,  que^uefois  même 
de  plnsieurs  métrés.  Là,  le  aiineni,  chargé  en  manga- 
nèse, e«t  pauvre  en  cobalt,  et  no  lavage  soigneux  n'arrive 
-qu'avec  peine  K  la  porter  à  la  teneur  de  4  p.  100  en 
ox^iie  de  cohadt  acKlessotiR  de  laquelle  il  est  difflcile- 
me&t  vendable  ;  ici,  au  contraire,  les  tenenrs  atteignent 
-couramioent  5  k  6{>.  100  et  même  7  p.  100. 

Mais,  si  la  nature  des  gisements  dans  lesquels  se  pour- 
suivent les  travaux  est  très  variée,  les  conditions  dans 
lesquelles  ils  ont  lieu  le  sont  moins  à  un  autre  point  de 
vue  :  elles  sont,  d'une  façon  générale,  aussi  peu  satisfai- 
santes que  possible  à  tous  égards.  La  sécurité  des 
■ouvriers  y  est  assurée  d'une  façon  fort  imparfaite,  en 
raison  de  l'inexpérience  tant  des  exploitants  que  de  leurs 
^^uvrie^s,  dont  aucun  ne  sait  c«  que  sont  les  travaux  de 
mines  :  boisage  souvent  insuffisamment  robuste  ou  trop 
espacé,  et  toujours  mal  assemblé  et  très  imparfaitement 
agencé  pour  résister  à  la  pression  des  terrains  qu'il  est 
■destiné  à  soutenir  ;  travaux  conduits  an  voisinage  les 
uns  des  autres  sans  aucune  coordination  et  sans  adopter 
les  précautions  les  plus  élémentaires  lorsqu'ils  se  rap- 
prochent, circonstance  que  l'on  ignore  même  souvent  par 
suite  du  manque  de  tonte  espèce  de  plans,  ou  même  do 
croquis,  des  travaux;  absence  l^itale  d'aérage,  si  bien  que 
-dans  certains  chantiers,  poursuivis  à  l'extrémité  de 
loognes  galeries  étroites  et  tortueuses,  la  lumière  refuse 
<le  brûler  et  l'ouvrier  travaille  dans  une  obscurité  à  peu 
près  absolue  ;  tels  sont  quelques-uns  des  graves  défauts 
■que  nous  avons  relevés  dans  la  conduite  de  ces  travaux. 
Le  souci  de  la  bonne  utilisation  du  gite  n'intervient  géné- 
ralement pas  plus  que  celui  de  la  sécurité  du  personnel, 
■et  cela  d'autant  plus  que  la  très  grande  majorité  des 
raines  sont   abandonnées  par  les  conceNsionnaires  à  des 


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264  RICHESSES   MINÉRALES   DK   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

0  contractants  »,  amodiataires  à  court  baU.  ou  même 
sans  aucun  bail,  qui  viennent  exploiter  sur  telle  ou  telle 
mine  ce  qu'ils  pourront  en  extraire  au  meilleur  compte 
possible,  saos  aucune  espèce  de  souci  du  lendemain  ; 
beaucoup  de  concessionnaires,  qui  ont  acquis  différentes 
mines  en  dififérents  points  de  la  colonie  et  qui  ne  les 
exploitent  pas,  assurent  d'ailleurs  qu'ils  ne  peuvent  guère 
faire  autrement  que  de  consentir  de  semblables  amodia- 
tions, car,  s'ils  s'y  refusaient,  ils  n'auraient  aucun  moyen 
d'empêcher  le  premier  venu  de  s'installer  sur  leurs  con- 
cessions et  de  les  exploiter  à  sa  guise.  Il  suffit  d'avoir 
parcouru  la  colonie  pour  se  rendre  compte  que  de  sem- 
blables craintes  sont  assez  justifiées. 

Dès  lors  la  règle  à  peu  près  constante  de  l'exploitation 
du  cobalt  est,  après  avoir  ouvert  une  galerie  ou  une 
tranchée  de  recherches,  do  battre  au  large  dans  la  pre- 
mière traînée  de  minerai  rencontrée,  et  cela  jusqu'à  ce 
que  le  vide  réahsé  amène  l'ébouleraent  des  travaux, 
.  interdisant  ainsi  l'exploration  de  ce  qui  pourrait  sub- 
sister plus  profondément  enfoncé  dans  la  formation 
argileuse  encaissante  ;  les  gisements  se  trouvent  donc 
véritablement  criblés  de  petites  galeries,  qui  ont  plus  ou 
moins  bien  exploré  le  voisinage  immédiat  de  la  surface, 
mais  qui  laissent  complètement  inconnues  et  à  peu  près 
inaccessibles  les  régions  plus  profondes.  Ainsi  exploi- 
tait-on déjà  il  y  a  vingtans,  et  plusieurs  des  exploitations 
actuelles  glanent  péniblement  dans  d'anciennes  mines  des 
minerais  qui  eussent  été  aisés  à  prendre  dans  le  gisement 
vierge  ;  cela  n'empêche  pas  d'ailleurs  les  nouveaux  venus 
de  procéder  encore  aujourd'hui  de  la  même  façon.  C'est 
lii  une  situation  des  plus  fâcheuses,  nous  ne  saurions 
trop  le  dire,  car  parmi  les  gisements  de  cobalt  très 
nombreux,  nous  l'avons  fait  ressortir,  qui  jalonnent  toute 
la  longueur  de  la  colonie,  plusieurs  ont  été  déjà,  sinon 
entièrement  exploités,  du  moins   pratiquement  épuisés, 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  265 

beaucoup  sont,  aujourd'hui  en  exploitation  dans  des  con- 
ditions à  peine  moins  déplorables,  et  le  nombre  de  ceux 
qui  restent  encore  vierges  pour  l'avenir  risque  de  dimi- 
nuer de  la  sorte  bien  promptement. 


Une  fois  abattu  et  extrait,  le  minerai  doit  presque 
toujours  être  lavé,  tantôt  parce  que  cela  est  indispen- 
sable pour  le  rendre  marchand,  d'autres  fois  parce  que 
l'augmentation  de  teneur  et  l'augmentation,  plus  ijuepro- 
portioanelle,du  prix  de  vente  qui  en  résulte,  rendent  ré- 
munérateur le  lavage  même  de  minerais  tenant  déjà  plus 
de  4  p.  100  d'oxyde  de  cobalt.  Il  n'y  a  donc  pratiquement 
pas  une  exploitation  qui  ne  soit  pourvue  d'un  lavoir  ;  celui- 
ci  est  établi  en  un  point  oii  l'on  dispose  de  l'eau  nécessaire, 
c'est-à-dire  presque  toujours  au  pied  de  la  montagne. 

Du  chantier  au  lavoir,  le  minerai  brut  est  descendu, 
après  ensachage,  par  le  moyen  des  câbles  à  crochets, 
(tables  à  roulettes,  ou  plans  inclinés  aériens,  que  nous 
avons  déjà  fait  connaître;  les  deux  premiers  moyens,  d'un 
moindre  débit,  mais  moins  coûteux  comme  installation 
que  les  plans  aériens,  sont  bien  plus  souvent  préférés  que 
pour  le  nickel,  en  raison  des  faibles  tonnages  qu'ils  sont 
généralement  destinés  à  transporter;  nous  n'avons  rien  à 
ajouter  ici  à  ce  que  nous  avons  dit  déjà  au  sujet  de  ces 
moyens  de,  transport. 

Nous  fournirons  au  contraire  quelques  détails  généraux 
sur  le  lavage  du  minerai,  qui  est  pratiqué  partout  de  la 
même  manière  ou  à  peu  près. 

Le  minerai  est  d'abord  finement  concassé;  cette  opé- 
ration n'est  pas  sans  être  assez  délicate  :  il  est  néces- 
saire que  les  fragments  soient  assez  petits,  soit  pour  dé- 
gager les  matières  argileuses  qui  salissent  les  rognons  de 
minerai,  soit  pour  séparer  les  enduits  cobaltifêres  d'une 
partie  du  stérile  qu'ils  recouvrent  ;  mais,  surtout  dans  le  cas 
de  minerais  quartzeux,  les  concrétions  cobaltifêres  sont  sou- 


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266  RICHESSES  UINÉBALBB  DE  LA  MODVEU^B-CÀLBOONIE 

vent  disposées  au  écailles  successives  très  mioces,  qn'il 
convient  d'éviter  Mitant  que  possible  de  déparer  les 
unes  des  autres,  aâo -qu'elles  ne  soient  pas  trc^ aiaémmt 
entraînées  par  leR  eaux.  Ce  travail  de  cassage  se  fait  loo- 
jours  k  la  main,  et  généralement  à  l'aide  d'instruments 
en  bois  afin  que  leur  cboc  soit  f^us  doux  ;  il  a  ben  sur  uoe 
aire  constituée  par  une  plaqua  de  tôle  «fin  d'évilw  qoe 
le  minerai  ne  vienne  à  être  sali  par  la  terre.  C'est  un  tra- 
vail minutieux  dont  dépend  le  succès  du  lavage  ;  aossi, 
surtout  pour  des  minerais  quarteeux,  est-il  parfcÀs  tùt  en 
4eux  fois.  Le  minerai  est  d'abord  mis  à  sécha-  au  soleil 
s'il  est  humide,  car  sans  cela  il  s'agglutin«-ait  sous  le 
choc,  puis  il  subit  un  premier  cassage  k  la  main,  Mt  à 
l'aide  de  petits  maillets  en  bois  par  l'ouvrier  qui  examme 
un  à  un  chaque  fraj^ment,  et  élimine  le  stérile  tout  coraine 
lorsque  l'on  procède  au  scheidage  des  minerais  métal- 
liques usuels;  ensuite  les  fragments  ainsi  CAssés  sont  ré- 
duits à  une  grosseur  variant  généralement  de  3  à  4  mil- 
limètres à  l'aide  d'une  dame  en  bois  assez  lourde.  D'autres 
fois  le  cassage  a  lieu  en  une  seule  opération,  tantôt  uni- 
quement au  maillet,  tantôt  k  la  dame  seulement  ;  qu^ 
-quefois  on  termine  par  un  criblage  afin  d'éviter  l'eavoî 
<iu  lavage  de  trop  gros  fragments. 

Le  lavage  a  partout  lieu  à  main  d'homme,  à  l'aide  de 
la  pelle  ;  il  se  fait  dans  une  auge  en  bras  de  2  mètres  de 
long  sur  1  mètre  de  large,  dont  le  fond  est  généralement 
horizontal,  et  dont  la  profondeur  est  d'une  vingtaine  de 
centimètres.  L'une  des  extrémités  de  t'auge  est  en  rela- 
tion, par  un  petit  canal  ou  une  rigole  en  bois,  avec  un 
ruisseau  assurant  l'écoulement  des  eaux.  L'eau  claire  est 
débitée  à  l'extrémité  d'amont  au  moyen  de  trous  prati- 
qués dans  la  paroi  de  l'auge,  et  que  l'on  peut  obstruer 
par  des  chevilles  en  bois  ;  elle  s'évacue  à  l'aval  générale- 
ment par  trop-plein,  afin  d'éviter  qu'elle  n'entraine  autre 
«hose  que  des  matières  légères  en  suspension.  La  lavée, 


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-UINBRAIS   ISSOais   À  LA   PORlfl.TION   DB8  SERPENTINES   267 

-qui  est  de  200  à  300  kilogrammes,  quelquefois  même  da- 
vantage, suivant  la  qualité  du  minerai,  est  introduite  en 
une  fois  dans  l'auge;  elle  est  d'abord  remuée  à  la  pelle 
-dans  l'eau  dormante  on  dans  un  faible  courant,  puis, 
lorsque  les  matières  légères  commencent  à  être  Inen  sé- 
parée, on  au^ente  l'intensité  du  courant  en  continuant 
à  retourner  le  minerai  pour  le  ramener  sans  cesse  dans 
4e  courant  d'eau  auquel  il  doit  abandonner  les  matières 
terreuses,  argileuses  et  siliceuses.  L'opération  est  tea:- 
minée  lorsque  l'eau  s'écoule  à  peu  près  cJaire,  elle  dure 
de  an  à  trois  quarts  d'heure  suivant  la  nature,  argileuse 
-ou  sableuse,  des  gangnes.  Le  minerai  restant  au  fond  de 
l'auge,  qui  était  au  début  fortement  souillé  de  poudres  et 
«nduits  siliceux  jaunes,  ou  argileux  rouges,  en  sort  d'un  noir 
bWlé  assez  franc  ;  il  est  séché,  pais  ensaché,  et  expédié. 

Quelquefois  le  lavage  a  lieu,  pour  des  minerais  parti- 
■colièrement  impure  et  terreux,  en  deux  fois,  se  divisant 
■en  un  dégrossissage  avec  de  l'eau  déjà  sale  et  un  finis- 
sage à  l'eau  claire  ;  c'est  ce  que  l'on  fait  en  particulier 
lorsque  l'on  manque  d'eau,  ce  qui  n'est  pas  sans  exemple. 
<ki  consomme,  en  effet,  dans  une  semblable  opération, 
une  quantité  d'eau  considérable,  soit  h  peu  près  500  litres 
à  la  minute  par  lavoir  ;  et  l'on  est  parfois  obligé  d'établir 
sur  les  ruisseaux  dont  on  dispose  de  petits  barrages  et 
4e*  réservoirs,  dont  l'exécution  dans  l'argile  rouge  imper- 
méable est  d'ailleurs  facile. 

Quant  au  rendement  industriel  d'une  semblable  opéra- 
tion, il  est  assez  difficile  à  apprécier,  d'autant  plus  que  les 
ininM-ais  sont  constamment  variables  comme  nature  et 
«omme  teiwur  ;  d'ailleurs  aucun  exploitant  ne  parait  s'en 
occiqier  et  aucun  d'entre  eux  n'a  pu  nous  donner  une 
érabation  de  la  teneur  des  parties  dites  stériles  entraî- 
nées par  les  eaux  :  elle  est  certainement  assez  considé- 
rable. Nous  devons  cependant  signaler  ici  l'habitude,  qui 
ocanroence  à  se  répandre  dans  quelques  mines,  de  diriger 


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268  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA,   XOCVELLE-CALÉDONŒ 

l'exploitation,  et  aussi  parfois  le  travail  de  lavage,  àl'aide 
d'analyses  colorimétriques,  très  aisées  à  faire,  et  qui  per- 
mettent avec  del'habitude  d'apprécier  à  1/iO  p.  100  près 
la  teneur  des  minerais  de  cobalt,  dont  l'apparence  est  sou- 
vent très  trompeuse  même  pour  les  gens  les  plus  exercés. 
On  s'accorde  généralement  à  dire  que,  sauf  dans  le  cas 
de  minerais  particulièrement  riches  on  particulièrement 
pauvres,  le  rendement  au  lavage  est  à  peu  près  de  un 
cinquième  à  un  sixième  en  volume,  c'est-à-dire  qu'il  faut 
cinq  à  six  sacs  de  minerai  brut  pour  en  faire  un  de  minerai 
lavé  ;  cela  correspond  à  un  rendement  en  poids  de  un 
pour  trois  ou  de  un  pour  deux  et  demi,  le  poids  des  sacs 
bruts,  incomplètement  remplis,  et  contenant  beaucoup  de 
stérile,  variant  de  25  à  30  kilogrammes,  tandis  que  celui 
des  sacs,  bien  remplis  et  cousus,  de  minerai  lavé  est  d'une 
cinquantaine.  Les  teneurs  sont  trop  variables  d'un  cas  à 
l'autre,  et  souvent  d'un  jour  à  l'autre,  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  donner  des  chiffres  ayant  une  réelle  valeur  ;  ce- 
pendant, on  peut  dire  qu'on  amène  couramment  des  mine- 
rais bruts  à  2  1/2  p.  100  et  H  p.  100  d'oxyde  à  eu  tenir 
4  p.  100  ou  légèrement  plus;  lorsqu'on  lave  des  mine- 
rais à  4  p.  100  ou  au  voisinage,  ils  rendent  généralement 
du  minerai  à  6  p.  100.  11  semble  donc  qu'on  puisse  ad- 
mettre que  le  lavage  augmente  généralement  la  teneur 
dans  le  rapport  de  1  à  1  1  /2, 1  3/4  ou  au  maximum  2,  tan- 
dis que  la  réduction  de  poids  varie  de  2  1/2  à  3  ;  il  y  a 
donc  une  perte  en  cobalt  qui  atteint  parfois  jusqu'à  la 
moitié  de  ce  qui  était  contenu  dans  le  minerai  brut. 

Dans  les  petites  exploitations,  la  laverie  occupe  géné- 
ralement deux  ou  trois  hommes,  quelquefois  d'une  façon 
mterraittente  ;  une  telle  équipe  peut  laver  par  journée 
2  à  3  tonnes  de  minerai  brut,  et  par  suite  en  produire 
à  peine  1  de  minerai  lavé.  Pour  des  exploitations  plus 
importantes  le  personnel  qu'exige  le  lavage  est  natu- 
rellement beaucoup  plus  nombreux  ;  c'est  ainsi  que,  sur 


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UINERAI8   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES   269 

une  mine  qui  produisait  par  jour  au  moment  de  notre 
passage  une  quinzaine  de  tonnes  de  minerai  brut,  soit 
4  à  5  tonnes  de  minerai  lavé,  on  avait  installé  trois  auges 
de  lavage,  dont  l'une  de  dégrossissage  alimentée  par  de 
l'eau  sale,  et  les  deux  autres  fonctionnant  à  l'eau  claire 
pour  terminer  le  lavage  ;  trois  laveurs  assuraient  le  ser- 
vice de  ces  lavoirs,  deux  blancs  aidésde  deux  Canaques  cab- 
sajentle  minerai  le  criblaient  et  l'entassaient,  trois  blancs 
et  deux  Canaques  en  assuraient  l'enlèvement  après  lavage 
et  l'eusachage  ;  soit  un  personnel  total  de  douze  hommes. 
Une  partie  d'entre  eux  étaient  payés  à  la  journée,  les 
autres  k  prix  fait:  les  laveurs  recevaient  12  francs  par 
tonne  de  minerai  lavé  sec,  les  casseurs  8  francs  par  mètre 
cube  cassé  et  criblé. 

On  peut  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  un  intérêt  con- 
sidérable à  substituer  à  cette  opération,  onéreuse  comme 
main-d'œuvre,  et  peu  satisfaisante  comme  rendement,  le 
lavage  mécanique,  qui  réussit  si  bien  pour  les  autres  mi- 
nerais métalliques.'  Cela  n'a  jamais  été  tenté,  en  partie  à 
cause  du  peu  d'initiative  et  d'instruction  des  mineurs  en 
général,  et  en  particulier  des  mineurs  qui  exploitent  le 
cobalt  d'une  façon  si  souvent  éphémère.  Néanmoins  la 
qualité  très  variable  du  minerai  à  traiter  et  les  difficultés 
spéciales  résultant  de  la  tendance  des  concrétions  cobal- 
tifères  minces  à  surnager  malgré  leur  densité,  rendraient 
peut-être  bien  le  réglage  d'une  laverie  mécanique  très 
difficile  ;  et  l'opération  faite  k  la  main,  qui,  bien  que  cofl- 
tant  une  dizaine  de  francs  par  tonne  de  minerai  lavé, 
n'est  pas  une  charge  excessive  pour  un  produit  qui  vaut 
plusieurs  centaines  de  francs,  doit  à  notre  avis  être  re- 
gardée comme  répondant  assez  bien  aux  conditions  spé- 
ciales de  l'exploitation  du  cubait. 

Les  prix  de  revient  que  comportent  de  semblables 
exploitations  sont  naturellement  très  variables,  suivant 


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y7U  RICHESSES   MINÉRALES   DE   L\  NOUVELLE-CALEOOSm 

que  l'on  n'eiploite  que  \ea  meilleurea  portions  do  gltew 
(les  portions  un  peu  moins  favorables ,  aossi  dépendent4b 
surtout  des  cours  do  minerai,  chacuo* conduisant  »mi 
exploitation  de  manière  à  conserver  entre  sot  prit  de 
revient  et  le  prix  de  vente  une  marge  suffisante. 

D'après  les  renseignements  qui  bous  ont  été  donnés,  ei 
que  nous  avons  pu  partiellement  vAifcr,  le  prix  de 
revient  moyen  d'une  exploitation  important»  se  décom- 
poserait à  peu  près  oomme  suit  par  tonne  de  muerai 
lavé  : 

Fruici 

Abatage 15  («itiiiiMiiT*"  5*,00p«i«»«*^ 

Transport,  manutention  elen- 
sachage   du  minerai    sur   la 

mine 40   iwiUprupr*.l3".S3(«Tto.ot(ni': 

SMaÎD-d'oenvre (01 
■    -^-  ,  Matières     premières  l^,,,^,^^  &r,r^^u...^^> 

1      (rrais  de  transport  l 

'      jusqu'à  la  mine]. .       101 
Descente  du  minerai  de  lamine 

ùlalaverie 10  [»oiii|>*u|.r*t  3",:iïp"ri<««i""i': 

Concaasago  vt  criblage S 

Lavage j5 

Kusnchflge .  : 3 

Dépense  d'achat  de  sacs 8 

Cliarroi  jusqu'au  bord    de    la 

Chalundage 3 

Transport  à  Nonniéa 10 

Surveillance 10 

Total 141 

Pour  «ne  petite  exploitation,  occupant  seuIemMlt 
quelques  ouvriei^,  le  prix  do  revient  salaires  attei- 
gnait 140  k  150  francs  par  tonne,  ert  l'exploitant  estJinul. 
qu'à  partir  d'un  prix  de  vente  de  200  francs,  le  rem- 
boursement  de  ses  quelques  dépenses  de  fournitures, 
l'amortissement    des    installations    très    précaires   qu'il 


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MINERAIS   ASSOCIES   A.  LA  FORMATION   DBS   SBRPKNTINBS  271" 

arait  faites,  et  uae  rémitnératiun  aiifflsante  de  sa  peine, 
lui  étaient  assurés. 

Les  chiffres  relatifs  aussi  bien  à  la  premià:^  de  ces 
exploitations  qu'à  la  deuxième  doivent  d'ailleurs,  comme 
toujours,  être  diminués  de  30  à  50  p.  iOO  en  ce  qui  con- 
cerne les  salaires,  pour  tenir  compte  de  la  retenue 
détournée  faite  snr  eux  par  l'exploitant  au  moyen  de  la 
vente  aux  ouvriers  de  tous  objets  de  consommation, 
comme  nous  l'indiquerons  en  détail  à  la  fin  du  présent 
rapport. 

Mentionnons  enfin  qu'au  moment  de  notre  séjour  dans 
la  colonie,  et  à  la  faveur  des  cours  élevés  du  cobalt,  des 
groupes  do  deux,  ou  trois  libérés  prenaient  souvent  au 
contrat  à  court  terme  l'exploitation  du  telle  ou  telle 
mine  ou  de  telle  ou  telle  portion  de  miue  moyennant  un 
prix  global  de  200  francs  par  lonno  de  minerai  à  4  p.  100 
{et  avec  augmentation  de  6  francs  par  dixième  d'unité 
en  plus)  livrée,  lavée  s'il  y  avait  lieu,  au  pied  de  la  tnine  ; 
le  matériel,  cables,  outils,  sacs,  etc.,  lem*  était  fourni 
par  le  concessionnaire,  mais  ils  étaient  presque  toujours 
payés  pour  une  large  part  en  vivres  et  boissons,  sur 
lesquels  le  concessionnaire  faisait  les  bénéfices  que  nous 
avons  dits. 


■  Prix  de  vente.  —  Emplois  et  débouchés 
des  minerais  de  cobalt, 


Comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  le  minerai  de 
cobalt  rendu  à  Nouméa  est  couramment  acheté  h  la 
teneur  de  4  p.  100  de  protoxyde  de  cobalt  (soit 
3,15  p.  100  de  cobalt  métallique)  pour  le  minerai  sec. 
Lorsque  la  teneur  dépasse  ce  chiffre,  le  prix  bénéficie 
d'une  augmentation  plus  que  proportionnelle,  tandis  qu'il 


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272  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOUVELLB-CALEDONIE 

subit  une  diminution  très  importante  si  la  teneur  s'abaisse 
au-dessous  de  4  p.  100. 

Au  moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  priï 
pratiqués    étaient  les  suivants  : 

Minerai  à  4  p.  100 330  fr.  la  tonne 

Les  minerais  à  3  p.  fOO  et  3  1/2  p.  100  étaient 

respectivement  payés  à  raison  de.    149  fr.  et    195  fr.  la  tonne 

avec  plus-value  de  0'^,60  par  chaque  centième 

d'unité  en  plus  desdites  teneurs. 
De  4  p.  100  à  5  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  4  p.  100  était  payé  à  raison  de..     O'',80 
De  5  p.  100  à  6  p.  100  chaque  centlËme  d'unité 

en  plus  de  5  p.  100  était  payé  à  raison  de. .     O",fl0 
De  6  p.  100  à  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  6  p.  100  était  payé  h  raison  de. . .     l'',00 
A  partir  de  7  p.  100  chaque  centième  d'unité 

en  plus  de  7  p.  100  était  payé  à  raison  de..     l'^SO 
Ce  (]ui  portait  la  tonne  de  minerai  h.  S  p.  100 

au  prix  de 750  fr.  la  tonne 

Ces  cours  élevés  résultent  d'ailleurs  d'un  accroisse- 
ment très  brusque  des  demandes  depuis  deux  ans. 

Tandis  que,  pendant  de  longues  années  jusqu'en  1890, 
le  minerai  de  cobiilt  à  4  p.  100  d'oxyde  était  acheté  sur 
la  place  de  Nouméa  à  raison  de  72',50  la  tonne,  son'prii 
s'élevait  entre  1892  et  1894  jusqu'à  80  francs,  il  attei- 
gnait 100  francs  en  1897,  et  oscillait  jusqu'au  début 
de  1900  entre  92',50  et  100  francs  ;  puis  en  dix-huit  mois 
son  prix  doublait;  enfin,  du  mois  de  juin  1901  au  mois  de 
mai  1902,  chaque  marché,  ou  peu  s'en  faut,  a  marqué 
une  augmentation  de  prix  de  quelques  francs  sur  le  pré- 
cédent, si  bien  que  les  cours  étaient,  au  milieu  de  190S, 
eeux  que  nous  venons  d'indiquer. 

Ces  variations  des  cours  ne  semblent  nullement  dues  » 
nne  hausse  passagère  de  la  valeur  du  cobalt  en  Europe, 
valeur  qui  parait  au  contraire  être  restée    à  peu  près 


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MINERAIS  ASSOCIÉS  A  LA  FORMATION  DES  SERPENTINES  273 
constante,  mais  beaucoup  plutôt  à  ce  fait  qu'au  début 
les  acheteurs  de  minerai  de  cobalt  en  Nouvelle-Calédo- 
nie réalisaient  des  bénéfices  considérables,  et  que  l'im- 
portance do  ces  béoéfices  les  a  amenés  peu  à  peu  à  se 
faire  une  active  concurrence  et  à  faire  ainsi  monter  les 
prix.  La  valeur  du  protoxyde  de  cobalt  pur  varie  en  effet 
en  Europe,  depuis  plusieurs  années,  entre  20  et  25  francs 
le  kilogramme  (il  valait  en  dernier  lieu  23  fr9ncs  d'après 
les  renseignements  que  nous  avons  obtenus)  ;  dans  ces 
conditions  une  tonne  de  minerai  contenant  4  p.  100  de 
protoxyde  à  sec,  et  qui  tient  généralement  20  p.  100 
d'humidité,  renfermerait  32  kilogrammes  d'oxyde,  et  en 
fournirait,  après  un  traitement  qui  comporte  une  perte 
inaxima  de  15  p.  100  du  cobalt  contenu,  21  kilogrammes, 
valant  de  540  a  075  francs,  ou,  en  prenant  la  valeur  de 
23  francs  le  kilogramme,  621  francs.  D'autre  part,  le  prix 
<le  revient  de  cet  oxyde  pourrait  être  estimé  ainsi  : 


Priï  «l'achat  Up  In  lonne  à  Nnuméa 330 

Frais  d'om  barque  ment 5 

Frel  et  assurances 35 

Frais  de  débarquement  At  de  transport  à  l'usine 

(variables),  eaviron S 

Frais  de  première  fusion 2S 

Frais  d'atttnege  (rapportés  i  la  tonne  de  minerai 

brnt) «0 

Total *60 

Cela  laisse  encore  une  large  marge  de  bénéfice  à  l'im- 
portateur. 

Mais  les  débouchés  du  cobalt  étant,  comme  noiis  le 
ferons  connaître  ci-dessous,  très  restreints,  et  la  hausse 
des  prix  ayant  fait  augmenter  beaucoup  la  production,  qui 
au  cours  de  Tannée  1902  a  atteint  presque  le  triple  de 
celle  de  l'année    lOf^l,  on   doit  craindre   que   l'offre  ne 


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274  RICHESSES   MINÉRALES  DE   lA   NOUVELLB-ÇALÉDOSIE 

dépasse  rapidement    la  demande  et  que   les  cours  ne 
viennent  à  s'abaisser  de  nouveau  ('). 

Cependant,  foxyde  de  cobalt  ayant  des  débouchés  régu- 
liers, (quoique  modestes  comme  quantité  totale,  au  prix 
que  nous  venons  d'indiquer,  il  parait  vraisemblable  que  les 
cours  dn  rainerai  en  Nouvelle-Calédonie  doivent,  non 
sans  subir  encore  des  oscillations  passagères,  se  maintenir, 
sinon  aux  cliiffres  actuels,  du  moins  k  des  chiffres  lar- 
gement rémunérateurs  pour  les  exploitants,  et  doivent  leur 
permettre  d'utiliser  d'une  façon  durahle  et  permanente 
non  seulement  les  amas  particulièrement  riches,  mais 
encore  des  gites  plus  pauvres. 

Le  minerai  de  cobalt  est  aujourd'hui  exporté  uni- 
quement à  l'état  cru  :  il  a  été  autrefois,  tout  comme  le 
minerai  de  nickel,  l'objet  d'une  tentative  de  traitement 
sur  place;  nous  avons  déjà  mentionné  les  essais  faits 
entre  i880  et  1884  à  l'usine  de  la  pointe  Chaleîx,  soit 
pour  obtenir  des  mattes  de  cobalt  uniquement,  soit  pour 
obtenir  des  mattes  mixtes  tenant  à  la  fois  nickel  el 
cobalt  ;  les  premiers  essais,  qui  étaient  très  justifiés  du 
moment  que  l'on  avait  installé  une  usine  de  fusion,  ont 
eu  le  même  sort  que  ceux  pour  la  fusion  dn  nickel;  les 
seconds,  qui  consistaient  à  réunir  les  deux  métaux  dont 
la  nature  avait  commencé  la  séparation,  paraissent  peu 
rationnels  ;  ils  le  seraient  d'autant  moins  aujourd'hui  que 
K>  nickel  doit  pouvoir  être  produit  par  des  opérations 
HitHallurgiques  dont  le  prix  do  revient  ne  soit  pas  trop 
élevé,  et  non  pas  à  la  suite  do  séparations  chimiques 
délicates  et  onéreuses.  D'autre  part,  en  1891-1892,  la 
Société  le  Cubait  avait  fondé  près  de  Nouméa  une  usine 
destinée  au  triiitemcnt  des  minerais  pauvres  do  cobalt 
par  un  procédé  assez  complexe  qui  a,  croyons-nous,  subi 
e  mesure  d'apri-s  les 


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HINERAIS   ASSOCIES   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  275 

plusieurs  variantes;  on  a,  en  particulier,  essayé  la  fusion 
des  minerais  de  cobalt  avec  des  pyrites  cuivreuses  comme 
fondant  pour  obtenir  des  mattes  riches  à  la  fois  en  cobalt 
et  en  cuivre.  Après  avoir  donné  lieu  à  l'exportation  de 
quelque  deux  cents  tonnes  seulement  de  mattes,  dont  la 
teneur  aurait  atteint  jusqu'à  20  p.  100  de  cobalt,  et  qui 
auraient  été  d'une  valeur  de  3.500  francs  la  tonne,  cette 
tentative  a  échoué. 

Sans  vouloir  condamner  le  principe  de  ces  essais,  qui 
pourraient  peut-être  être  repris  utilement  le  jour  où  l'on 
aurait  monté  dans  la  colonie  une  usine  de  fusion  du 
nickel,  nous  ferons  remarquer  que  la  fusion  sur  place  est 
beaucoup  moins  indiquée  pour  les  minerais  de  cobalt  que 
pour  ceux  de  nickel,  pour  diverses  raisons.  D'une  part,  le 
minerai  de  richesse  moyenne  valant  actuellement  6  fois 
plus  que  le  minerai  de  nickel,  et  étant  destiné  à  valoir 
vraisemblablement  toujours  au  moins  quatre  ou  cinq  fois 
plus,  subît  du  fait  des  frais  de  transport  en  Europe  une 
charge  relative  beaucoup  moins  considérable.  D'autre  part, 
il  est  susceptible  d'un  enrichissement  par  lavage,  impar- 
fait et  d'un  faible  rendement,  nous  le  reconnaissons,  mais 
enfin  cepeiidant  utile,  que  ne  supporterait  pas  le  minerai  de 
nickel.  Enfin,  la  teneur  à  laquelle  le  cobalt  est  exporté  est, 
beaucoup  plus  que  pour  le  nickel,  voisine  de  la  teneur  à 
laquelle  les  opérations  métallurgiques  deviennent  d'un 
rendement  par  trop  faible;  le  traitement  sur  place  per- 
mettrait donc  moins  facilement  l'abaissement  de  la  teneur 
limite  du  minerai. 

Nous  pensons  donc  que  le  minerai  de  cobalt  sera  encore 
longtemps  exporté  brut  en  Europe  ;  et  cela  ne  crée  pas  à 
l'exploitation  de  ce  minerai  une  charge  qu'il  serait 
essentiel  de  voir  disparaître  à  bref  délai  comme  pour  le 
nickel. 

La  consommation  du  cobalt  se  répartit  par  petites 
quantités  entre  diverses  industries  dont  la  principale  est 


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2l6  RICHeBSI»    MIM!I<fALB3    DK    LA   TfOUVBLLB-CALÈDONIB 

la  poterie,  oii  la  coloration  blene  qu'il  tend  à  donner  à  !» 
pâte  est  employée  à  compenser  la  teinte  rouge  que  des 
traces  do  fer  lui  communiquent  trop  sonvent;  il  sert 
en  outre  à  colorer  ta  porcelaine  et  lea  émaux  ;  enfin  il 
fournit  un  grand  nombre  de  mattèren  colffl-antes  variées. 
Noas  devonB  d'ailleurs  mentionner  ici  que  les  propriétés 
du  cobalt  métallique  paraissent  être  tout  aussi  remar- 
quables, sinon  plus,  que  celles  du  nickel,  et  que,  s'il  n'est 
pas  préféré  à  ce  métal,  c'est  en  raison  de  la  dispro- 
portion considérable  (voisine  de  1  à  10)  qui  existe  entre 
la  valeur  des  deux  métaux.  Cea  différents  nsages  dn 
cr^lt,  qui  absorbent annuellementenviron  150à  20Utonnes 
d'oxyile,  offrent  des  garanties  de  régularité  telles  qu'un 
débouché  semble  assuré  au  minerai  calédonien,  jus((u'ii 
concurrence  de  3  000  k  4  000  tonnes  par  an,  pour  peu 
qu'il  conaerA'e  sur  le  marché  le  monopole  à  peu  près 
exclusif  qu'il  a  aujourd'hui. 

Si  en  pffet  on  consulte  les  statistiques  publiées  dans  h 
recueil  TAc  Minera/  Induslri/,  que  noua  avons  déjà  mis 
k  contribution,  on  const-ate  que  la  production  desmincrai' 
de  cobalt,  au  cours  des  cinq  dernières  années,  se  serait 
répartie  comme  suit  entre  les  différents  pays  d«  monde; 
nous  mentionnons,  en  regard  des  tonnages,  les  valeurs  sur 
place,  qui  peuvent  donner  une  idée  de  la  richesse  des  divers 
minerais  ;  il  est  bon  d'ajouter  qne  la  valeur  comptée  poor 
les  minerais  de  Nouvelle-Calédonie  est  relativement  beau- 
coup trop  faible,  d'une  part  parc©  qu'ils  subissent  sur 
place  une  dépréciation  correspondant  au  fret  jnsqn'en 
Europe,  et  d'autre  part  parce  que,  comme  nous  l'aronc 
expliqué,  ils  ont  été  pendant  fort  longtemps  vendus  h  un 
prix  très  inférieur  à  leur  véritable  valeur.  Sons  réserve 
de  cette  observation,  voici  les  chiffres  que  nous  avons 
relevés  ; 


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MINERAIS  ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DBS 


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du  Sud 

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i38.ï«0 

3Î8.H0' 

Ces  totaux  devraient  être  augmentés  de  quelques  tonnes 
(le  minerais  complexes,  extraits  en  différents  points  do 
l'Allemagne  ot  de  l'Autriche,  et  ayant  produit  un  peu  de 
cobalt. 

Comme  on  le  voit,  la  Nouvelle-Calédonie  n'a  pratique- 
ment aucun  concurrent  important  pour  la  production  du 
cobalt,  puisque  pendant  toutes  ces  dernières  années  elle 
a  fourni  comme  tonnage  plus  de  90  p.  lOOdes  minerais  de 
cobalt  produits  dans  le  monde  entier,  représentant  comme 
valeur  environ  80  p.  100  du  total,  et  cela  d'après  les  chiffres 
ci-dessus  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  relativement 
beauconp  trop  faibles  pour  la  valeur  des  minerais  de  la 
N  OH  vel  le-Ca  lédonie . 

Nous  opposerons  à  ces  chiffres,  beaucoup  trop  faibles, 
ceux  du  i"  semeslrel902,  aucoursduquel  il  aété exporté 
2  452  tonnes  de  minerai  de  cobalt  représentant  une  valeur, 
au  cours  du  minorai  à  Nouméa,  de  BOO-OO*)  francs  envi- 
ron ;  rappelons  d'ailleurs  qu'on  ne  peut  guère  espérer  que 
de  tels  chiffres  se  maintiennent  complètement  d'une  fa(;ou 
durable. 


(*;  CliilTres  dexporlalion 


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278  KICHBSSES   UmÉBALBS   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

C'est  donc  un  monopole  presque  absolu  que  détieot 
aujourd'hui  la  Nouvelle-Calédonie  pour  la  fourniture  du 
minerai  de  cobalt  au  monde  entier.  Les  gisements  de  ce 
minerai,  quoique  très  capricieux,  sont  nombreui  el 
étendus;  aussi  leur  exploitation  paraît-elle  devoir  assurer, 
pour  bien  des  années  encore,  un  chiffre  d'affaires  qoi  est 
loin  d'être  négligeable.  Mais,  pour  ne  pas  risquer  de  voir 
cette  branche  de  l'industrie  minière  décliner  peu  à  peu 
par  suite  du  gaspillage  des  gites,  il  serait  bien  nécessaire 
que  l'exploitation  en  fût  poursuivie  d'une  manière  moins 
imprévoyante. 


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CHAPITRE  II. 
LE    FER    CHROMÉ. 


■  Indications  générales  et  «rsTOHiQiE; 


Le  fer  chromé  se  montre  associé  avec  une  cotistaiico 
remarquable  à  la  grande  formation  serpentineuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  :  on  le  rencontre  soit  en'  roche  dans 
les  péridotites  fraîches  ou  plus  ou  moins  complètement  ser- 
pentinîsées,  soit  en  grains  séparés  dans  les  argiles  rouget 
qui  proviennent  de  leur  décomposition.  Nous  n'avons  pas 
examiné  au  microscope  une  seule  plaque  mince  de  péri- 
dotite  ou  de  roche  serpentineuse  sans  y  apercevoir,  inclus 
dans  la  pâte,  des  cristaux  ou  des  grains  de  fer  chromé, 
de  même  que  nous  n'avons  pas  analysé  un  seul  fragment 
de  ces  roches  sans  que  la  partie  demeurée  insoluble  dans 
les  acides  ne  contint  une  quantité  appréciable  de  fer 
chromé,  représentant  généralement  en  poids  plusieurs 
millièmes.  D'autre  part,  toutes  les  formations  ferrugi- 
neuses que  nous  avons  désignées  sous  le  nom  d'argiles 
rouges,  qui  doivent,  comnje  nous  l'avons  indiqué,  être 
considérées  comme  un  résidu  de  la  dé<'omposition  des 
péridotites,  renferment  une  proportion  notable  (atteignant 
parfois  plusieurs  centièmes]  de  grains  de  fer  chromé,  et 
les  sables  lourds  des  ruisseaux  qui  descendent  dos  massifs 
serpentineux  sont  très  riches  en  fer  chromé. 

A  ces  deux  modes  d'occurrence  normaux  et  constants 
du  fer  chromé  correspondent,  lorsque  des  circonstances 
spéciales  en   ont    permis   la  concentration   l'U  im  m^mo 


zecbvGoOgIC 


280  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

point,  deuï  types  de  gisements  exploitables  :  Jes-gise- 
tnents  de  fer  chromé  en  roche  ou  primitifs,  soit  à  l'ëtat 
de  filons,  soit  à  l'état  d'amas,  et  les  gisements  d'origine 
détritique  ou  secondaires,  désignés  par  l'expression  usuelle 
de  (1  gisements  de  fer  chromé  d'alluvions  ». 

Dans  les  gisements  en  roche,  le  fer  chn)mé  apparaît., 
tantôt  en  masses  à  cristallisation  confuse  et  sans  forme 
extérieure  nette,  et  tantôt  en  cristaux  octaédriques  plus 
ou  moins  bien  formés,  disséminé  dans  une  gangue  sili- 
catée.  Dans  la  plupart  des  échantillons  que  nous  avons 
rencontrés,  qui  provenaient,  il  est  vrai,  du  voisinage  des 
affleurements,  cette  gangue  paraissait  amorphe  et  était 
constituée  par  des  silicates  décomposés,  alnmineux  et 
magnésiens  et  légèrement  ferrugineux  ;  au  microscope  elle 
se  montrait  riche  en  produits  serpentineux  et  talqueux. 
Mais  dans  quelques  échantillons,  provenant  les  iws  de  la 
mine  la  Tchaux,  les  autres  de  la  mine  Joséphine  â  la  baie 
des  Pirogues,  cotte  gangue  est  constituée,  tantôt  par  du 
diallage  parfois  très  frais  et  bien  cristallisé,  et  tantôt  par 
du  péridot.  Exceptionnellement  on  rencontre  le  fer  chromé 
massif  sous  forme  d'un  agrégat  d'élémeats  en  forme 
d'écaillés,  présentant  un  aspect  presque  spéculaire. 

Dans  les  gisements  d'origine  détritique,  il  est  le  plus 
souvent  en  fragments  brisés,  mais  il  est  parfois  aous- 
forme  d'octaèdres  assez  petits  et  plus  ou  moins  mtacts: 
il  se  présente  rarement  en  petits  galets  roulés.  Dans  ce* 
derniers  gisements,  il  est  généralement  recouvert  d'un 
léger  enduit  de  i-ouille  qui  lui  fait  donner  le  nom  de 
i<  chrome  rouge  »  ;  cet  enduit  parait  être  le  seul  résidu  de 
la  gangue  qui  était  associée  au  minerai  dans  sou  gisement 
primitif;  le  «chrome  rouge»  se  trouve  donc  être  très 
pur,  et  le  minerai  connu  sous  ce  nom  est  en  conséquence- 
fort  apprécié. 

Avant  d'entrer  dans  quelques  détails  au  sujet  des  diffé- 
rents   gisements  connus  qui  se  rattachent  à  l'un  ou  k 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION'   DES   6ERPGNTINBS  28t 

l'autre  dç  ces  deux  typeb,  nous  luentionaerons  encore 
que,  le  plua  souvent,  le  fer  chromé  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie parait  se  rappi-ocher  beaucoup  de  l'espèce  minérale 
que  l'on  appelle  fer  chromé  ou  chromite,  c'est-à-dire  du 
chroinite  de  fer  Cr'O'FeO,  qui  doit  contenir  théorique- 
ment 68  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome;  il  ne  parait 
pas  être  mélangé  ni  a  du  fer  magnétique,  ni  à  de  la  pico- 
tite  pauvre  en  chrome,  minéraux  qu'on  pourrait  s'attendre 
à  rencontrer  dans  la  formation  serpentineuse,  et  «in'il 
serait  difficile  de  séparer  du  fer  chromé,  dont  Us  dimi- 
nueraient beaucoup  la  teneur  eu  sesquios^de  de  chrome  : 
c'est  ce  que  fait  immédiatement  supposer  la  facilité  avec 
laquelle  on  obtient,  souvent  sans  lavage  aucun,  et  d'autres 
fois  avec  un  lavage  très  sommaire,  des  produits  courants 
à  50  p.  100  ou  même  55  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome, 
et  quelquefois  plus.  C'est  ce  que  confirment  d'ailleurs  nos 
obser\'ations  :  les  échantillons  que  nous  avons  recueillis 
sur  les  différents  gisements  que  nous  avons  visités  no 
contenaieDt  pas  de  quantités  notables  de  magnétite,  et 
s'ils  n'étaient  pas  tous  constitués  par  de  la  cbromite  pure, 
ils  ne  s'en  éloignaient  guère  que  par  la  substitution,  par- 
fois en  proportion  importante,  de  magnésie  au  protoxyde 
de  fer  pour  s'associer  au  sesquioxyde  de  chrome,  substi- 
tution qui  ne  tendrait  qu'à  augmenter  la  teneur  du  minerai 
en  chrome;  quelquefois  cependant,  une  petite  quantité  de 
sesqtûoxyde  de  chrome  était  remplacée  par  de  l'alumine. 
C'est' ainsi  que  deux  érhanlillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Georges  Pile  à  la  baie  Ngo  (chrome  dalluvions),  el. 
l'antre  de  la  mine  Anna-Madeleine  à  la  baie  du  Sud 
(chrtMue  en  roche),  que  nous  avons  analysés  après  les 
avoir  lavés  à  l'acide  pour  éliminer  les  matières  étrangères, 
ne  se  sont  montrés  contenir  ni  l'un  ni  l'autre  de  frag- 
ments attirables  à  l'aimant  (fer  magnétique),  et  ontdonné 
à  l'analyse  des  teneurs  en  sesquioiyde  de  chromo  respec- 
tivement égales  k  65,8  p.  100  et  68,9  p.  tOO  ;  le  dernier 


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282  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

était  très  chargé  en  magnésie.  Cependant,  certaines  ana- 
lyses, se  rapportant  précisément  h  des  échantillons  de  la 
baie  Ngo  à  faible  teneur,  nous  ont  été  communiquées, 
qui  indiquaient  d'une  part  des  quantités  d'alumine  et  de 
magnésie  très  aupérieures  à  celles  qui  auraient  pu  être 
combinées  à  la  silice  de  la  gangue,  et,  d'autre  part,  des 
teneurs  en  fer  inférieures  à  celles  qui  correspondraient  il 
sa  combinaison  au  rhrome  à  l'état  de  chromîte  de  fer; 
cela  ferait  supposer  qu'il  existait  dans  ces  échantillons 
de  la  picotite  plus  ou  moins  pauvre  en  chrome  ;  néan- 
moins, les  quantités  des  différents  éléments  correspon- 
daient assez  mal  à  une  semblable  hypothèse,  nous  ne 
pouvons  donc  pas  considérer  la  chose  comme  étant  bien 
établie.  C'est  un  pohtt  qui  mérite  cependant  d'attirer  l'al- 
tention  des  chercheurs  comme  pouvant  leur  réserver 
éventuellement  des  mécomptes. 

L'abondance  du  fer  chromé  on  Nouvelle-Calédonie  esl 
telle  que,  dès  la  première  exploration  géologique  de  Tile 
faite  par  M.  Gamier,  celui-ci  fut  frappé  de  la  fréquence 
avec  laquelle  s'y  montre  ce  minerai,  qu'il  déclare  être 
(i  le  lien  commun  et  le  compagnon  constant  (')  »  des 
diverses  roches  magnésiennes  :  il  mentionne  sa  présence 
k  la  fois  en  grains  dans  les  schistes  serpentineux,  en 
cristaux  dans  les  serpentines,  en  masses  ou  amas  dan:: 
les  argiles,  et  enfin  sous  forme  de  sables  sur  les  rivages 
et  dans  le  lit  de  certains  ruisseaux  ;  mais  il  ne  relient, 
comme  étant  exploitables  avec  profit,  que  les  gîtes  en 
amas  dans  les  argiles.  Il  signale  la  possibilité  d'exploiter, 
à  raison  de  H  fr.  50  par  tonne,  un  semblable  amas  qni 
existait  au  Mont-Dore,  et  dont  le  minerai  aurait  tenu 
61,333  p.  100  de  eesquioxyde  de  chrome.  Il  ajoute  qu'un 
tel  minerai  aurait  pu,  à  l'époque,  être  vendu  en  France  à 
raison  de  200  francs  la  tonne. 
(•)  Loc.  cit.,  p.  Si. 


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MISERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORUATION    DES    SERPENTINES   283 

Lorsque,  dix  ans  plus  tard,  M.  Heurteau  dressait  un 
inventaire  des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, il  reconnaissait,  avec  M.  Garnier,  l'abondance  du 
fer  chromé,  mais  il  regardait  comme  beaucoup  trop  faible 
le  prix  de  revient  sur  place,  estimé  à  H  fr.  7)0,  pour  le 
minerai  du  gisement  en  question,  et,  tenant  compte  du 
fret,  qui  était  alors  aux  environs  de  100  francs  de  Nou- 
velle-Calédonie en  Europe,  il  arrivait  à  cette  conclusion 
que  le  prix  de  vente  de  150  à  160  francs,  qui  était  celui 
sur  lequel  il  fallait  chiffrer  alors,  laisserait  sans  doute 
une  marge  suffisante  pour  pouvoir  faire  une  exploitation 
régulière  et  bien  conduite.  Il  exprimait  l'espoir  que  l'ini- 
tiative individuelle  tenterait  pareille  entreprise,  qui  n'avait 
pas  été  essayée  jusque-là.  D'après  les  indications  de  la 
statistique  des  exportations,  ce  n'est  qu'en  1880  que  cette 
tentative  eut  lieu  pour  la  première  fois  :  elle  fut  immé- 
diatement couronnée  de  succès,  puisque  de  500  tonnes 
en  1880  l'exportation  s'est  élevée  l'année  suivante  à 
2,300  tonnes,  pour  se  maintenir  pendant  une  dizaine  d'an- 
nées entre  2.000  et  3.000  tonnes  par  an,  pour  atteindre 
dans  les  dernières  années  une  moj'enne  de  plus  de 
10.000  tonnes,  et  même  pour  s'élever  à  17.600  tonnes 
en  1901.  Voici  d'ailleurs  comment  elle  s'est  répartie 
entre   les   différents  gisements  en  1901  : 

Ddme  de  Tiebaghi  (2  exploitations) 3.450 

Baie  Ngo  (2  exploitations) 4.600 

Bassin  de  la  rivière  des  Pirogues  (une  exploi- 
tation   avec    évacuation   du    miaerai  par   la 

baie  Ngo) 8 .533 

Groupe  de  la  rivière  de  PouriQa(2exptoilatioDs). .  1.284 

La  Coulée  (une  exploitation) 300 

Cap  Goulvain  (une  exploitation) 280 

Baie  Onié 202 

Total 17.649 

Ce  ne  sont  guère  jusqu'ici,  sauf  quelques  exceptions  pas- 


D.D.t.zeabï  Google 


284  KICHESS&S   MINÉRALES   DS   U  NOrVELLE-CALEbOXlE 

sagères,  que  les  gisements  dita  de  chrome  d'alluvions  qui 
ont  fourni  le  fer  chromé  exporté  de  U  coloole  (soit  près 
de  150.000  tonnes  en  tout);  il  n'y  a  en  effet  jamaw 
eu  sur  les  gisements  en  roche  que  des  tentatives  d'eiplu- 
tation  sans  succès  durable. 

B.  —  Gisements  de  fbr  chromé  ex  roche  du  scd 

ET   DO   CENTRE   DE   LILE. 

Comme  n<H]8  l'avons  dit,  le  fer  chromé  est  un  élément 
qui  se  retrouve  d'une  façon  absolument  constante  dans 
les  péridolites  plus  ou  moins  serpentinisées  qui  occupent 
une  si  large  place  dans  les  formations  néo-calédoDiennes; 
mais  il  n'y  existe  le  plus  souvent  que  sous  forme  de  petits 
cristaux  de  quelques  dixièmes  de  millimètre  de  dimenâûms,. 
disséminés  d'une  façon  assez  régulière  dans  toute  la 
masse  de  la  niche.  Cependant,  dans  \m  certain  nombre 
d'entre  les  massifs  de  péridotite,  il  s'est  produit  une  ségré- 
gation plus  complète  du  fer  chromé  qui,  tout  en  se  retrou- 
vant encore  disséminé  dans  la  masHO  de  la  roche,  tt 
montre  en  outre  concentré  parplaces  soitdans  des  amas, 
soit  dans  des  filons  :  il  y  est  quelquefois  sensiblemeol 
pur,  mais  le  plus  souvent  il  est  associé  à  une  gangue 
constituée  par  dos  silicates  magnésiens.  Assez  peu  nom- 
breux jusqu'il  ces  dernières  années  étaient  les  gisemcBlii 
de  fer  chromé  de  cette  nature  connus,  ou  du  moins  un 
peu  explorés  ;  quelques  tentatives  avaient  été  faites  pour 
en  exploiler  trois  ou  quatre  sur  la  côte  Est  (au  Sud  de 
Nouméa,  près  de  Saint-Vincent,  et  près  de  Bonrail);  elles 
avaient  été  peu  fructueuses,  et  l'on  avait  préféré  reporter 
l'exploitation  sur  les  gisements  d'origine  détritique.  Dans 
ces  dernières  années,  l'attention  a  été  rappelée  sur  les 
gisements  on  roche,  qui  existent  en  particulier  assez 
nombreux  dans  la  puissant©  formation  serpentineuse  du 
Sud  de  l'île;  on  en  a  d'ailleurs  encore  signalé  eu  d'autres 


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MINERAS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINKS   285 

points  de  la  colonie,  jusques  et  y  compris  le  massif  du 
(lômede"nebaghiau  voisinage  de  l'extrémité  Nord  de  l'île. 
Bien  que  nulle  part  l'exploration  de  ces  gisements  ne 
permette  d'en  définir  exactement  les  limites  et  le  carac- 
tère, on  peut  néanmoins  dire  que  plusieurs  d'entre  eux 
paraissent  plutôt  se  rattacher  au  type  des  filons,  ou  au 
moins  des  lentilles  aplaties,  qu'à  celui  des  amas.  Nous 
avons  Miailé  un  groupe  important  de  ces  gisements  au 
voisinage  de  la  baie  du  Sud,  plusieurs lo  long  delà  cMe 
Est,  à  Plum,  à  Saint-Vincent,  et  près  de  Bourail,  et 
enfin  celui  du  dôme  de  Tiebaghi,  qui  est  d'ailleurs  associé 
à  (l'importantes  formations  de  fer  chromé  détritique. 

Autour  de  la  baie  du  Sud,  ou  plus  exactement  au  flanc 
des  différents  mamelons  qui  entourent  la  Plaine  des  Lacs, 
sorte  de  plateau  serpentineux  d'une  altitude  moyenne 
de  200  mètres  environ,  les  ségrégations  de  fer  chromé 
dans  la  roche  paraissent  particulièrement  nombreuses  ;  il 
■en  a  été  signalé,  entre  autres,  des  gisements  entre  la  baie 
des  Kaoria  et  le  Lac  en  8  (mine  Muriel)  {Voir  \a-/>g.  3  de 
la  PI.  IV;,  snr  les  hauteurs  qui  dominent  la  rive  gauche 
de  la  rivière  des  Lacs  (mine  Anna-Madeleine),  sur  le 
mamelon  de  la  mine  la  Tchaux  aux  sources  de  la  rivière 
du  Carénage,  etc...  Aucun  d'eux  n'est  exploité  actuelle- 
ment ;  on  n'y  poursuit  que  quelques  travaux  de  recherches, 
mais  on  en  étudie  la  mise  en  valeur  en  les  reliant  au 
rivage  de  la  baie  du  Sud  par  une  voie  ferrée. 

Dans  cette  région  les  përidoHIes  apparaissent  sous 
des  aspects  divers  :  tantôt  elles  sont  particulièrement 
riches  en  péridot,  dont  elles  se  montrent  pour  ainsi  dire 
uniquement  formées,  elles  en  sont  d'autant  plus  basiques 
et  en  même  temps  plus  accessibles  à  l'altération  et  à  la 
transformation  en  serpentine;  par  places,  au  contraire, 
l'enslatite  est  abondante  et  s'étale  en  grands  cristaux  à 
larges  clivages  au  milieu  du  péridot  finement  grenu. 


bïGoogIc  -^ 


286  RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE 

Cea  péridotites  constituent  la  totalité  de  tous  les  som- 
mets qui  entourent  la  Plaine  des  Lacs  ;  sur  leurs  flancs 
reposent  des  muiteaux  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur 
d'argile  rouge,  tam&i  qu'à  leur  pied  se  développe  une 
plaine,  dont  le  sous-sot  «et  vraisemblablement  constitué 
également  par  de  semblables  argues,  mais  dont  la  surface, 
souvent  marécageuse,  est  recouverte  d'une  couche  de 
grains  de  fer  oxydé,  enduits  d'une  poussin  de  même 
nature  plus  ou  moins  hydratée  et  jaunâtre.  CM  mêmes 
grains  fenugineux  se  retrouvent  tout  autour  des  demi  Itcs 
{Grand  Lac  et  Lac  en  8)  et  au  fond  de  ceux-ci;  mais  ils 
s'y  trouvent  débarrassés  de  semblables  poussières  et  se 
présentent  en  éléments  noirs  plus  ou  moins  polis  par  les 
eaux,  ce  qui  les  a  parfois  fait  prendre  pour  du  fer  chromé, 
et  a  fait  dire,  comme  on  le  répète  souvent  à  tort,  que  les 
bords  et  le  fond  des  deux  lacs  sont  uniquement  constitués 
de  grains  de  fer  chromé.  Cet  élément,  qui  existe  dans  les 
roches  des  alentours,  et  qui  y  existe  même  avec  une  abon- 
dance particulière,  se  retrouve  bien  à  la  fois  dans  les 
argiles  rouges  et  au  milieu  des  grains  ferrugineux,  mais 
on  n'a  pas  encore,  à  notre  connaissance,  signalé  de  point 
où  il  ait  subi  une  concentration  suffisante  pour  y  être 
exploitable,  et  c'est  dans  la  roche  même  qu'il  s'est  trouvé 
concentré  par  ségrégation,  sans  doute  au  moment  de  la 
solidification. 

Parmi  les  différents  gisements  qui  se  trouvent  dans  le 
groupe  que  nous  avons  défini  ci-dessus,  celui  qui  se 
présente  avec  la  plus  belle  apparence  est  celui  de  la  niiue 
Anna-Madeleine ,  mine  qui  englobe,  avec  les  périmètres 
contigus  qui  en  constituent  des  extensions,  une  longne 
ligne  de  crêtes  venant  mourir  au  bord  de  la  rivière  des 
Lacs.  Bien  que  le  périmètre  delà  concession  ait,  avec  ses 
extensions  successives,  une  étendue  déplus  deS.OOO  hec- 
tares, nous  n'avons  pu  constater  la  présence  d'un 
gisement  que  dans  une  partie  très  restreinte  de  ce  péri- 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A    LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    287 

mètre,  sur  le  contrefort  iionl-oriental  de  la  ligne  de  crêtes. 
Il  se  signale  dès  le  pied  (versant  Sud)  de  l'escarpement  par 
une  traînée  assez  large,  descendant  la  pente  de  la  mon- 
tagne, oii  le  sol,  constitué  par  des  blocs  séparés  de  péri- 
ilotite  à  enstatite  et  par  les  affleurements  de  cette  même 
péridotite  en  place,  est  abondamment  parsemé  de  frag- 
ments de  fer  chromé;  la  dimension  de  ces  fragments  varie 
depuis  celle  d'une  noisette  jusqu'à  une  portion  notable  de 
mètre  cube  et  parfois  môme  davantage;  ce  fer  chromé 
présente  ici  l'aspect  de  masse  ccailleuse  que  nous  avons 
indiqué  ci-dessus,  il  parait  être  d'une  pureté  à  peu  près 
parfaite,  ne  laissant  voir  que  de  très  légers  enduits  ferru- 
gineux entre  les  diverses  écailles,  enduits  qui  suffisent 
cei)en(lant  à  lui  enlever  le  caractère  d'un  minerai  massif; 
à  l'analyse  uii  é<'hantilloM  clioisi  nous  a  donné  les  résultats 
suivants  : 

Sesif  uioxydc  de  fer  solulile )  ,09 

/  proloxyde  de  fer 16,70 

,         ,.       ,   ,,     1  magnésie H, 10 

h  er  chromé  nisolutile  :     ,  "  .  „' „ 

i  alumine 3,00 

'  sesquioxyde  de  chrome fiS 

Total. 99,89 

Lorsque  l'on  s'élève  le  long  du  flanc  de  la  montagne 
eu  suivant  cette  traînée  de  fer  chromé,  on  voit  les  blocs 
devenir  de  plus  on  plus  gros  et  nombreux,  et,  lorsqu'on 
parvient  sur  lu  crête,  on  y  constate  la  présence,  en  saillie 
1res  nette  sur  le  reste  du  contrefort,  d'un  bloc  énorme  de 
fer  chromé  de  même  nature,  brillant  au  soleil,  et  émer- 
geant tout  dénudé  au  milieu  dos  maigres  broussailles  qui 
poussent  dans  les  interstices  des  blocs  de  péridotite.  En 
exanïinant  avec  soin  les  blocs  voisins,  nous  en  avons 
trouvé  d'autres,  également  de  fort  volume,  paraissant,  de 
même  que  celui-ci,  être  des  blocs  en  place  ;  ils  s'alignent 
assez  exactement  avec  le  premier  dans  une  direction  Nord- 
Sud  sur  une  longueur  représentant  au  total  une  centaine 


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mu  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELbË-CALÉUONIB 

do  mètres  ;  en  cherchant  à  suivre  cette  direction  plus 
loin  vers  le  Nord  ou  vers  le  Sud,  nous  avons  trouvé  la 
crête  coupée  par  deux  ravins,  et  au  delà  de  ceux-ci  nous 
n'avons  pas  pu,  au  cours  d'un  examen  nécessairement  un 
peu  sommaire,  mais  que  nous  avons  été  surpris  de  ne  pas 
trouver  fait  à  loisir  par  tes  concessionnaires  de  la  mine, 
IV  trouver  de  semblables  blocs  ;  les  pentes  de  la  montagne 
au  Nord  et  au  Sud  de  la  traînée  que  nous  avons  mentionnée 
cessent  d'ailleurs  assez  promptement  d'être  recouvertes 
de  blocs  de  fer  chromé.  Ajoutons  que  les  blocs  en  place 
que  nous  avons  observés  ne  présentent  perpendicu- 
lairement à  la  direction  Nord-Sud  que  des  dimensions 
lestreinfes,  de  1  à  2  mètres,  et  que,  de  part  et 
d'autre  de  la  saillie  qu'ils  constituent,  on  retrouve  des 
éboulis  de  péridotite;  il  semble  donc  qu'il  y  aurait  U 
l'indication,  sur  une  centaine  de  mèlres  de  longueur,  de 
l'affleurement  d'un  filon  de  i  à  2  mètres  de  puissance 
Je  fer  chromé  pur,  la  résistance  du  minerai  aux  agents 
atmosphériques  ayant  laissé,  en  saillie  sur  la  rache  moins 
{lure.desépontes.line  partie  des  affleurements,  A  en  juger 
par  les  apparences  que  nous  avons  relevées  au  cours  de 
notre  examen  rapide,  ce  filon  n'aurait  guère  de  coiiti- 
nuité  en  direction,  ce  qui  amène  naturellement  à  se 
demander  si  ce  n'est  pas  seulement  un  amas  lenticu- 
laire. Quant  à  la  question  du  prolongement  de  cette  for- 
mation en  profondeur,  nous  n'avons  pu  recueillir  aucune 
indication  qui  permette  de  la  résoudre,  et  l'on  ne  peut 
que  s'étonner  que  les  concessionnaires  d'un  affleurement 
aussi  remarquable  n'aient  pas  songe  à  en  entreprendre 
une  exploration,  si  supei'flcielle  fût-elle. 

Plus  loin  vers  le  Sud-Ouest,  le  fer  chromé  n'apparait 
qu'associé  à  des  silicates  magnésiens  :  kiammelaTchaiu 
les  affleurements  ont  un  caractère  assez  nettement  filonien, 
autant  qu'on  peut  juger  de  la  chose  par  quelques  obser- 


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MINERAIS   ASSOCIES   A  LA   FORMATION    DBS  SERPENTINES   289 

valions  isoJées  ;  ils  se  montrent  sur  le  flanc  d'une  mon- 
tagne en  pain  de  sucre  surbaissé  qui  s'élève,  jusqu'à  la 
cote  450,  au-dessus  de  la  plaine  dont  l'altitude  mo^'enne 
est  ici  de  225  mètres.  A  la  cote  315  on  rencontre  un  pre- 
mier aftleuremeut  présentant  nettement  une  direction 
Nord-Sud  (la  même  que  celle  que  nous  avons  notée  à  la 
mine  Anna-Madeleine  à  quelque  6  kilomètres  au  Nord-Est) 
avec  une  plongée  de  45  degrés  vers  l'Ouest  ;  la  formation , 
puissante  de  3  mètres,  est  constituée  par  du  fer  chromo 
à  larges  facettes,  associé  k  des  quantités  variables  d'une 
matière  amorphe  tantôt  blanche  ou  jaune  pâle,  tantôt  rouge 
<le  rouille  et  tautAt  verte,  qui  est  un  silicate  alumiueux 
magnésien  généralement  décomposé  et  oxydé  au  voisi- 
nage des  affleurements.  Cette  formation  est  comprise 
entre  des  épontes  de  péridotite  dans  lesquelles  le  fer 
chromé  est  encore  abondant,  soit  en  mouches,  soit 
on  petits  filonnets.  A  quelques  mètres  plus  haut  un  autre 
afïleurement  de  minerai  analogue  parait  appartenir  à  une 
sorte  de  ramification  montante  du  premier  filou;  enfin,  à 
7  mètres  au-dessus  de  celui-ci,  semble  en  affleurer  un 
-second  suivant  lequel  a  été  amorcée  une  petite  descente. 
Plusieurs  fouilles  de  faible  importance  ont  été  faites  sur 
ces  affleurements,  elles  serépartissentàpeinesur50  mètres 
en  direction  et  10  mètres  de  verticale;  un  assez  grand 
nombre  de  tonnes  de  minerai  en  ont  été  extraites  ;  ce 
minerai  contient,  comme  nous  l'avons  dit,  une  proportion 
plus  ou  moins  forte,  mais  très  notable,  de  silicates  aiumi- 
neux  magnésiens.  Le  prolongement  en  direction  de  ces 
affleurements  n'est  pas  du  tout  connu  ;  la  montagne  étant 
eu  formede  cône,  il  semble  qu'on  devrait  trouver  aisément 
des  affleurements  tout  autour,  y  marquant  à  peu  près  la 
trace  d'une  section  oliliqne;  ici  encore  les  recherches 
qu'il  aurait  été  tout  indiqué  de  poursuivre  n'ont  pas  été 
faites,  et  nous  n'avons  rien  pu  observerde  plus,  d'aulanl 
plus  que  la  végétation  es-t  fort  abondante  sur  ce  niameloi]  ; 


bïGoogIc       L 


290  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDOHIE 
au  pied  du  mamelon,  et  h  peu  près  suivant  les  généra- 
trices qui  correspondent  aux  affleurements,  on  trouve  des 
sables  chargés  de  fer  chromé  et  des  blocs  éboulés. 

D'après  ce  qui  nous  a  été  dit,  le  mamelon  qui  se  trouve 
immédiatement  au  Sud  de  celui-ci  et  à  quelque  500  mètres 
de  distance  seulement,  c'est-à-dire  dans  le  prolongemeni 
ilu  filon  supposé,  a  été  exploré  sans  succès  ;  mais,  en  fraii- 
(^hissant  vers  l'Est  un  petit  col,  pour  passer  du  bassin  de 
la  rivière  du  Carénage  dans  celui  de  la  rivière  Bleue,  on 
retrouve  le  fer  chromé  sur  le  périmètre  de  la  mine  Bonne- 
Veine  :  une  carrière  ouverte  à  la  cote  210,  à  titre  de 
simple  travail  de  recherche,  a  mis  à  découvert  un  affleu- 
rement qui  parait  également  être  celui  d'un  filon  de  près 
de  1  mètre  de  puissance  dirigé  Nord-Sud  et  plongeant 
à  45  degrés  environ  vers  l'Est;  mais  ici  les  produits  ma- 
gnésiens associés  au  fer  chromé  sont  abondants  et  la 
teneur  en  chrome  dumineraibnit  est  relativement  faible; 
on  y  a  trouvé  cependant  quelques  beaux  blocs  de  minerai 
riche.  A  une  soixantaine  de  mètres  plus  au  Sud,  et  à 
une  cote  d'une  vingtaine  de  mètres  inférieure,  on  aperçoit 
un  nouvel  affleurement  de  caractère  identique,  et  qui 
paraît  bien  correspondre  au  prolongement  de  la  même 
formation. 

Notons  enfin  la  présence,  un  peu  plus  loin  vers  l'Ouest 
sur  le  même  périmètre  Bonne-Veine,  d'une  assez  puis- 
sante formation  détritique  de  fer  chromé.  Celle-ci  se  ren- 
contre dans  les  argiles  rouges  qui  s'étalent  sur  la  pente 
d'une  croupe  arrondie  ;  au  pied  de  cette  pente  la  surface 
do  l'argile  est  semée  de  débris  de  fer  cliromé;  plus  haut, 
de  semblables  débris  se  retrouvent,  formant  une  couche 
d'une  certaine  épaisseur;  et,  au  voisinage  de  la  crête 
même,  on  arrive  k  des  amas  de  cristaux  ou  de  petites 
niasses  plus  ou  moins  désagrégées  avec  taches  d'oxyde 
de  for,  paraissant  provenir  de  la  décomposition  sur  place 
de  minerais  en  roche  tels  que  ceux  que  nous  venons  de 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   291 

décrire.  Le  fer  chromé  fourni  par  ces  derniers  gisements 
est  suffisamment  pur  pour  être  marchand  tel  quel,  et  on 
l'exploite,  sans  grande  activité  d'ailleurs  faute  de  moyens 
de  transport. 

Nous  aurons  à  signaler  d'importants  gisements  du  même 
genre  plus  à  l'Ouest  dans  la  Tallée  de  la  rivière  Ngo 
et  des  tributaires  de  gauche  de  la  rivière  des  Pirogues, 
mais  nous  les  décrirons  ci- après  avec  les  gisements 
d'origine  détritique.  Ajoutons  qu'au  moment  où  nous  avons 
quitté  la  colonie,  les  découvertes  de  gisement»  de  fer 
chromé,  en  roche  croyons-noua,  paraissaient  se  mul- 
tiplier beaucoup  au  Nord  et  à  l'Est  de  ceui  que  nous 
avons  visités,  et  qu'un  très  grand  nombre  de  déclarations 
<le  recherches  pour  chrome  ont  été  produites  dans  les 
mois  de  juin  et  juillet  1902,  se  rapportant  à  cette  région. 


Un  autre  gisement  de  fer  chromé  en  roche  donnait  lieu 
■A  des  travaux  de  recherches  non  loin  de  là  au  moment  de 
notre  séjour  en  Nouvelle-Calédonie;  c'est  celui  de  la 
mine  Lucky-hitt,  près  de  Pium,  qui  avait  été,  en  1880, 
l'objet  de  la  première  tentative  sérieuse  d'exploitation  du 
chrome  dans  la  colonie.  Après  avoir  fourni,  en  quelques 
années,  une  dizaine  de  milliers  de  tonnes  de  minerai, 
provenant  vraisemblablement  surtout  d'un  amas  d'ori- 
gine détritique,  et  après  avoir  été  partiellement  explorée 
dans  la  partie  du  gisement  qui  se  trouvait  en  roche,  la 
mine  fut  abandonnée.  Le  gisement  en  place,  situé  sur  la 
rive  gauche  du  ravin  de  la  petite  rivière  de  Plum,  se 
présente  au  milieu  de  roches  du  même  type  que  celles 
que  nous  avons  rencontrées  à  la  baie  du  Sud,  et  le  minerai 
est  constitué  par  une  association  de  fer  chromé  et  des 
mêmes  silicates  aluniineux  magnésiens  qu'à  la  Tchaux; 
tantôt  c'est  le  premier  de  ces  éléments  qui  domine,  tantftt 
c'est  le  second,  et  l'on  passe  sur  une  faible  distance  d'une 
qualité  de  minerai  à  l'autre.  Quant  à  l'allure  du  gisement, 


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293  tUCIlBiJSBS  MINÉRALES   DE   LA.   KODVELLE-l^ALÉDONIE 

elle  ne  montre  riea  de  net  :  plusieurs  affleurements  ont 
été  explorés  présentant  des  puissances,  des  directiong  et 
des  pendages  variables;  il  ne  semble  donc  pas  que  l'oa 
ait  ici  afTaire  à  des  filons  nets,  mais  plutôt  à  des  ainaa 
irrê^liei's.  Les  travaux  souterrains,  assez  dévelt^pés, 
qui  y  ont  é(é  poursuivis,  et  que  l'on  y  poursuit  enc<we, 
atint,  de  ce  fait  même,  des  plus  irréguUers.  Ils  paraissent 
néanmoins  avoir  montré  que  le  gisement  est  important  ; 
malheureusement  la  pureté  du  minerai  laisse  k  désirer  : 
un  triage  soigneux  peut  fournir  une  certaine  quantité  de 
minerai  tenant  aux  enviFons  de  50  p.  100  de  sesquiosyde 
de  chrome,  ce  qui  est  actuellement  &  peu  près  la  limite 
d'exploitabilité,  mais  on  doit  abattre  en  même  ten^ 
des  quantilcs  beaucoup  plus  considérables  de  uiinerai 
à  30  p.  100,  invendable  tel  quel,  et  exigeant  par  suite 
une  concentration  nécessairement  onéreuse.  Aussi  les 
auteurs  de  la  première  tentative  d'exploitation  avaient-ils 
dâ  installer  au  pied  de  la  montagne  une  petite  laverie, 
comprenant  un  concassour  à  mâchoires,  un  broyeur  à 
meules  et  une  table  dormante  pour  la  concentration  du 
fer  chromé,  te  tout  actionné  par  une  petite  locoroobile. 
Gr&ce  à  ce  dispositif,  le  mioerai,  descendu  par  c&bles  de 
la  mine  à  la  laverie,  était  porté  à  une  teneur  suffisante 
pour  être  nurcliand,  mais  on  perdait  des  quantités  consi- 
dérables de  fer  chromé  :  aussi  l'exploitation  ne  fut-elle 
pas  rémunératrice. 

On  parle  aujourd'hui,  si  le  résultat  des  travaux  d'explo- 
ration entrepris  paraitassez  satisfaisant,  d'installer  une  la- 
verie mieux  montée  et  assurant  en  particulier  une  perte 
beaucoup  moindre  de  minerai,  ce  qui  serait  aisé  à  réaliser 
étant  donné  la  très  grande  différence  de  densité  entre  le 
fer  chromé  et  sa  gangue  ;  cette .  laverie  serait  mise  eu 
relation  avec  l'orifice,  ou  les  orifices,  de  la  mine  par  un 
plan  incliné  aérien,  et  serait  réunie  au  bord  de  la  mer  pac 
une  petite  voie  ferrée,  Au  moment  de  notre  visite,  les 


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MINBBAIS   AS80CIBS   A.  LA   FORUAnOX   DX8   SBBPENTINBS   393 

traraux  d'exploration  n'occupaient  pas  moins  de  vingt- 
cinq  ouvriers. 


Une  tentative  d'exploitation  da  même  genre,  mai»  que 
les  mêmes  circonstances  ont  rendne  également  infruc- 
tueuse, a  en  lieu,  il  y  a  quatre  ans,  sur  la  mine  Chromière 
près  de  Saint- Vincent.  La  mine,  située  daos  le  masnf  ser- 
pentineux  du  mont  Kuungouauri,  où  le  nickel  existe  éga- 
lement et  paraît  même  plus  abondant  que  le  chrome,  se 
trouve  à  330  mètres  d'altitude  sur  le  flanc  Sud  d'un  con- 
trefort séparant  les  deux  bras  do  la  haute  TamOa,  préci- 
sément en  face  d'une  ancienne  exploitation  de  nickel.  On 
avait  d'abord  rencontré,  sur  le  liane  de  la  montagne,  de 
petites  quantités  de  fer  chromé  détritique  et  naturelle- 
ment enrichi;  mais,  lorsqu'on  a  voulu  attaquer  le  gisement 
en  roche,  on  s'est  trouvé  en  présence  de  veines  enche- 
vAtrées,  assez  puissantes  il  est  vrai,  mais  peu  régulières, 
d'un  minerai  «  piqué  »  constitué  par  des  mouches  assez 
abondantes  de  fer  chromé  dans  une  gangue  silicatée,  et 
qu'il  fallut  laver  pour  le  porter  à  une  teneur  commerciale  ; 
un  échantillon,  que  nous  avons  recueilli  au  hasard,  nous 
a  donné  à  l'analyse  le  résultat  suivant  : 


'  Eau.. 


1.'  \ 


_  _.        ,  . ,      \  Silice 3,t  J 

Partie  soluble    l  „  ...  „„(.«, 

,  . ,       /  Sesquioxyde  de  fer 2,9  >  19,4 

dans  les  acides.  \  .,      .     '  „  „  { 

I  AmmiDe 3,9  l 

1  Magnésie 8,4  / 

!  Sesquioxyde  de  chrome.  53      \ 

Protoxyde  de  fer 24     i 

Silice 1,1  '  „„  , 

c         ■        j     j    f  on'  80,1 

Sesquioxyde  de  fer 2,2  i 

Alumine 0,6  t 

Magnésie 0,2  ' 

On  fut  donc  obligé  de  créer  une  laverie,  aujourd'hui  en 
mines,  en   même  temps  qu'il  était  nécessaire  d'établir 


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294  RICHESSES  WINÉRALR8   DB  LA   NOUVBLLB-CALÉDONIB 

jusqu'au  bord  de  la  rîvifere  un  petit  tramway.  Ces  frais 
de  premier  établissement  n'auraient  pu  être  rémunérés 
que  par  une  extraction  importante  d'un  minerai  dont  le 
prii  de  revient  n'eût  pas  été  trop  élevé  ;  c'est  ce  qui  o'a 
pu  être  réalisé,  et  cela  a  amené  l'abandon  du  gisement, 
dont  les  conditions  naturelles  n'avaient,  en  somme,  rien 
de  particulièrement  favorable. 

Plus  favorables  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  se 
présentait  le  fer  chromé  à  la  mine  Belle-Pluie,  près 
du  cap  Gouivain  ;  c'est  sous  forme  d'un  filon  net,  dirigé 
Est-Ouest,  s'enf^nçant  presque  verticalement  dans  la  mon- 
tagne, et  qui  a  pu  être  suivi  avec  régularité  jusqu'à  une 
centaine  de  mitres  du  jour  horizontalement  ;  il  a  été  par- 
tiellement dépilé  à  trois  niveaux  espacés  de  10  en 
10  mètres.  La  puissance  du  filon  était  voisine  de  1  mètre, 
et  la  majeure  partie  du  remplissage  était  du  fer  chromé 
presque  massif;  aussi,  sans  laver  le  minerai  extrait,  et 
en  ne  laissant  au  remblai  que  peu  de  produits  pauvres, 
pouvait-on  réaliser  une  teneur  de  50  p.  1 00  en  sesquiox jde 
de  chrome.  Mais  les  transports  étaient  onéreux  :  quatre 
câbles  à  roulettes  successifs  étaient  nécessaires  j>our 
descendre  le  minerai  jusqu'au  pied  de  la  montagne;  il 
devait  ensuite  être  charroyé,  au  prix  de  10  à  12  francs  la 
tonne,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Cap,  puis  il 
étaitchargédans  des  chalands,  et  il  était  enfin  transbordé 
à  bord  du  bateau  qui  l'emportait  à  Nouméa.  Aussi  deux 
tentatives  d'exploitation,  qui  ont  eu  lieu  en  1898-189!* 
et  au  début  de  1901,  se  sont-elle  soldées  par  des  pertes. 

Nous  ne  reparlerons  pas  ici  du  gisement  de  fer  chromé 
de  la  mine  Espérance,  située  dans  la  vallée  de  la  Pouéo 
près  de  Bourail,  qui  a  été  abandonné  après  exécution  d*un 
travail  insignifiant,  et  qui  ne  présente  d'intérêt,  comme 
nous  l'avons  dit,  qu'en  raison  de  la  découverte  de  sulfure 
de  nickel  qui  aurait  eu  lieu  dans  le  filon  en  question. 


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MINEKAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   UE8   SERPENTINES   295 


C.  —  Gisements  du  dAme  de  Tibbaohi. 


Nous  citerons  ensuite  le»  beaux  gisements  du  d6me  de 
Tiebaghi. 

Le  puissant  massif  serpentiiieux  qui  forme  ce  «  dôme  ■> 
est  constitué  par  une  péridotite  à  enstatite,  légèrement 
serpentinisée  dans  son  ensemble  :  le  for  chromé  et  le 
minerai  de  cobalt  sont  abondants  dans  ce  massif,  tout 
particulièrement  sur  ses  contreforts  orientaux  ;  le  premier 
d'entre  ces  minerais  y  a  été  signalé  en  un  grand  nombre 
de  points;  il  était  exploité,  au  moment  de  notre  passage, 
sur  les  mines  Vieille- Montagne,  Bellacoacta  et  Tiehaijhi. 
Les  gisements  exploités  actuellement  sur  ces  trois 
mines  sont  d'origine  détritique;  la  deniière  montre,  ou 
outre,  l'affleurement  d'un  massif,  sans  donte  assez  puis- 
sant, de  beau  fer  chromé  en  roche. 

Ce  gisement  en  roche  apparaît  sur  la  crête  et  sur  les 
pentes  douces  d'un  contrefort  serpentineux  dont  la  roche 
ne  présente  aucune  particularité  marquante  ;  cette  pérido- 
tite  montre,  en  quelques  points,  des  têtes  altérées  légère- 
ment nickelifères,  et  on  peut  noter  également  sur  le  contre- 
fort qu'elle  constitue  la  présence  de  blocs  d'une  diorite 
finement  grenue,  à  feldspaths  très  basiques,  provenant 
vraisemblablement  d'un  filon  ou  d'une  amygdale  dans  la 
péridotite  ;  on  y  rainasse  en  outre  des  quartz,  résultant, 
comme  d'habitude,  de  l'altération  de  la  péridotite,  quelques- 
uns  d'entre  eux  ont  uu  aspect  opalin.  Enfin,  la  plupart  des 
pentes  suffisamment  douces  sont  recouvertes  d'un  manteau 
d'argile  rouge,  oii  le  fer  chromé  est  abondant  et  où  des 
["Ognons  cobaltifères  sont  connus  en  plus  d'un  point. 

Le  croquis  reproduit  par  la  fig.  5  de  la  PI.  IV  Indique 
la  disposition  de  l'aflleurement,  qui  rappelle  celui  de  la 
mine  Anna-Madeleine.  C'est  sur  la  crête  d'un  des  nombreux 
contreforts  qui  se  ramifient  tout  autour  du  sommet  allongé 


t,ï  Google 


296  RICHESSES  hinéralbs  de  la  nocvbllb-calédomib 
(lu  dôme  de  Tiebaghi  (cotes  maxima  600  à  650)  que  les 
têtes  de  fer  chromé  font  saillie;  cette  crête  ne  présente 
nullement  une  arête  vive  rocheuse,  mais  seulement  une 
ligne  de  changement  de  pente  entre  la  surface  à  peu  près 
aplatie  du  d6me  et  les  pentes  plus  ou  moins  adoucies  qui 
descendent  sur  la  vaitée  de  la  Néboué;  de  part  et  d'autn> 
de  l'arête,  le  sol  est  couvert  d'argiles  rouges  détritiques, 
recouvertes  elles-mêmes  de  grains  et  de  blocs  d'ozjde  de 
fer  et  de  fer  chromé  errants  ;  et  ce  n'est  que  sur  la  I%ne 
de  Crète  que  nous  venons  de  déânir  qu'apparaissent  des 
blocs  beaucoup  plus  gros,  qui  paraissent  assez  bien 
marquer  la  ligne  d'affleurement  d'un  fllon  ou  d'une  len- 
tille d'une  roche  résistante  aux  agents  atmosphériques; 
les  blocs  de  fer  chromé  s'alignent  dans  une  direction 
N.  105*  E.  sur  une  centaine  de  mètres  de  longueur. 
L'extrémité  orientale  de  l'affleurement  indiquerait  pour 
te  filon  une  puissance  de  6  à  8  mètres  de. fer  chromé  pur. 
Vers  l'Est,  l'affleurement  est  interrompu  par  un  petit 
ravin  qui  est  creusé  dans  les  argiles  rouges  sans  s'enfoncer 
jusqu'à  la  roche  dure  sous-jacente,  et  qui  ne  montre  pas 
la  trace  du  passage  d'un  fllon;  au  delà  du  ravin,  on 
retrouve  encore  un  bloc  isolé,  peut-être  en  place,  de  fer 
chromé  ;  vers  l'Ouest,  on  voit  s'associer  aux  beaux  blocs 
de  fer  chromé  pur,  puis  leur  succéder,  des  blocs  ferru- 
gineux renfermant  des  paillettes  de  fer  chromé,  ptii» 
enfin  de  simples  blocs  ferrugineux  scoriacés,  tels  que  ceux 
que  nous  avons  déjà  décrits  comme  constamment  associés 
à  la  formation  serpentineuse,  et  qui,  comme  eux,  ne  ren- 
ferment plus  do  chrome  qu'en  faible  proportion.  Plusieurs 
d'entre  ces  blocs  sont  assez  volumineux  et  assez  profondé- 
ment enracinés  pourqu'il  soit  fort  possible  qu'ils  soient  en 
place,  comme  s'ils  faisaient  suite  vers  l'Ouest  aux  blocs  de 
fer  chromé  avec  lesquels  ils  s'alignent  assez  bien.  Ds  sont 
constituéspresque  entièrement  d'hématite  rouge  et  ne  sont 
pas    magnétiques;   ils  ont   une   apparence   scoriacée    et. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DBS   SERPENTINES  29T 

caverneuse,  sans  forme  bien  définie;  rependant  on  r 
rel^TO  parfois  des  indîpations  d'octaèdres  plus  ou  moinA 
rongés  qui  feraient  supposer  qu'ils  proviendraient  de 
l'oxydation  de  magnétite;  ceux  qui  contiennent  des  par- 
celles de  ferchromé proviendraient, dans  cellehypothèse, 
de  l'oxydation  de  mélangex  de  magnétite  et  de  fer 
chromé. 

On  serait  donc  assez  portt^  à  croire  que  l'on  est  ici  en 
présence  des  affleurements  d'une  ségrégation  métallique 
au  milieu  de  la  masse  de  la  péridotite  ;  cette  ségrégation 
aurait  originairement  été  constituée  (et  serait  peut-être 
constituée  encore  aujourd'hui  en  profondeur)  de  magnétite 
et  de  fer  chromé,  et  ce  dernier  se  serait  dans  certaines 
parties  isolé  sous  ta  forme  d'une  aorte  de  noyau  de  fer 
chromé  pur. 

Mais  ici,  comme  k  la  baie  du  Snd,  toute  exploration  du 
gisement  a  été  négligée  par  le  concessionnaire,  et  nous 
n'avons,  pour  appuyer  notre  opinion,  que  les  quelques  cons- 
tatations que  nons  avons  faites  personnellement  et  qu'on 
n'avait  même  pas  songé  à  faire  jusqu'ici.  Quant  à  savoir 
ce  que  devient  le  gîte  en  profondeur,  nous  n'avons  aucune 
indication  à  ce  sujet.  Cependant,  l'abondance  du  fer 
chromé  détritique  déjà  arraché  à  cet  affleurement  semble 
montrer  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  de  quelques  blocs 
isolés,  mais  bien  d'une  masse  assez  puissante.  Il  esf 
presque supertl a  d'ajouter qu'étniitjiussi  peu  renseigné  sur 
son  extension  et  sa  conaistaiice,  on  ignure  complèlenient 
les  conditions  dans  lesquelles  ce  gisement  pourra  être 
exploité;  c'est  seulement  une  réserve  sur  laquelle  l'exploi- 
tant compte,  pour  le  monientofi  leferctiromé  d'allnvion» 
anra  été  épuisé. 

n  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  la  façon  dont  ce- 
présente  celui-ci.  Le  croquis  de  la  fig.  5,  PI.  IV,  fait  voir 
fiue  la  pente  qui  descend  de  l'anieurenient  vers  l'Est  est 
recouverte  de  grains  et  de  blocs  de  fer  chromé  :  le  so! 


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298  RICHB6SBS   MINÉRALES   DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

est  en  effet  jonché,  sur  plus  d'une  centaine  de  mètres 
suivant  la  pente,  de  ces  éléments  qui  présentent  des  dimen- 
sions variant  de  la  grosseur  d'une  noisette  à  celle  de 
blocs  de  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  ;  un  peu  plus 
vers  l'Ouest,  le  fer  chromé  est  mélangé  de  blocs  ferru- 
gineux (hématite  plus  ou  moins  hydratée  à  la  surface), 
dont  il  ne  pourrait  être  séparé  que  par  un  triage  minutieux; 
ici,  au  contraire,  il  est  pratiquement  pur  et  il  n'y  a  qu'à  le 
ramasser.  Mais,  en  outre,  l'épaisse  couche  d'argile  qui 
recouvre  cette  pente  contient  un  dépôt,  de  puissance  et 
d'allure  irrégulières,  de  débris  de  fer  chromé  qui  paraissent 
s'être  concentrés  en  raison  de  leur  forte  densité,  après 
avoir  été  entraînés  sur  un  court  espace  par  les  eaux 
superficielles  qui  apportaient  en  même  temps  les  élémeut» 
qui  ont  constitué  ces  masses  argileuses. 

Cette  dernière  partie  du  gisement  est  d'une  exploita^ 
tion  particulièrement  aisée,  puisqu'il  sufHt  de  découvrir  le 
lit  chromifëre,  en  enlevant  quelques  décimètres  d'argile, 
pour  pouvoir  ensuite  ouvrir,  sur  des  hauteurs  atteignant 
jusqu'à  1  mètre,  des  chantiers  où  l'abatage  ne  comporte 
qu'un  travail  de  terrassement  presque  sans  triage.  On 
obtient  ainsi  immédiatement  dos  produits  dont  la  teneur  en 
sesquioxyde  de  chrome  varie  de  50  à  55  p.  100.  Aussi  est-ce 
par  là  que  l'exploitant  du  gisement,  qui  n'en  est  d'ailleurs 
que  l'amodiataire,  en  avait  commencé  l'expluitatioD,  quitte, 
s'il  y  a  lieu,  à  attaquer  plus  tard  le  reste.  Comptant  pou- 
voir réaliser,  en  quelques  années,  une  extraction  de 
40.000  à  50.000  tonnes,  il  a  établi  les  plans  inclinés 
aériens  [2  plans  principaux  et  en  outre  différents  pelits 
plans  auxiliaires)  nécessaires  pour  descendre  le  minerai 
jusque  dans  la  vallée,  et  il  construisait,  au  moment  de 
notre  passage,  une  voie  ferrée,  longue  de  8  kilomètres, 
destinée  à  relier  le  pied  de  la  mine  à  la  baie  de  Néhoué,  oii 
doit  avoir  lieu,  par  l'intermédiaire  de  chalands,  l'embar- 
quement du  minerai. 


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MINERAIS   ASSOCIES  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   ZVV 

"Les  gisements  de  fer  chromé  du  dôme  de  Tiebaghi  ne 
sont  pas  limités  à  celui  que  nous  venons  de  décrire,  et, 
comme  nous  l'avons  indiqué,  trois  autres  exploitations  se 
développent  à  l'Est  de  celle-ci  ;  elles  portent  toutes  trois 
uniquement  sur  des  gîtes  d'origine  détritique  :  sur  la  mine 
Vieille-Monlagne  n'  3,  et  à  peu  près  dans  le  prolon- 
gement de  l'alignement  des  affleurements  de  la  mine 
Tiebaghi,  un  chantier  a  attaqué  le  tianc  de  la  montagne 
sur  près  de 20  mètres  de  hauteur  :  l'exploitation  a  consisté 
d'abord  à  ramasser  des  grains  et  blocs  errants  sur  le  sol, 
puis  à  chercher  au  milieu  de  l'argile  rouge  des  masses 
plus  ou  moins  irrégulières  de  débris  de  fer  chromé;  on  est 
ainsi  parvenu  jusqu'à  une  formation,  sans  consistance 
aucune,  de  silicates  alumineux  magnésiens,  décomposés 
et  friables,  au  milieu  desquels  se  rencontraient,  ici  des 
amas  plus  ou  moins  volumineux  de  fer  chromé,  et  là  des 
grains  de  ce  même  minéral,  tantôt  très  abondants,  tantftt 
plue  clairsemés  ;  c'est  évidemment  là  la  tête  profondément 
altérée  d'un  gisement  en  roche  tel  que  ceux  que  nous 
avons  décrits  ci-dessus  auprès  de  la  baie  du  Sud.  Un 
triage  à  la  main  permet,  à  la  condition  de  ne  prendre  que 
les  portions  les  plus  minéralisées  du  gîte,  et  quitte  à  perdre 
le  reste,  qui  serait  sans  doute  .parfaitement  exploitable, 
d'obtenir  sans  lavage  un  produit  d'une  teneur  de  52 
à  54  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome.  On  a  ainsi  enlevé  en 
un  an  de  ce  chantier  5.000  tonnes  de  minerai  marchand, 
non  sans  gaspiller  en  outre  beaucoup  de  fer  chromé.  Dans 
ces  conditions,  l'exploitation  se  solde  encore  par  un  béné- 
fice, malgré  la  charge  d'un  transport  par  chars  à  bœufs 
jusqu'à  la  mer,  transport  qui,  à  raison  de  0  fr.  75  la 
tonne  kilométrique,  ne  grève  pas  le  prix  de  revient  de 
moins  de  6  francs  par  t^inne,  pour  un  minerai  qui  vaut, 
rendu  à  bord,  50  francs  la  tonne. 

C'est  dans  les  mêmes  conditions  économiques  peu  favo- 
rables que  se  poursuit  l'exploitation  de  la  mine  voisine, 


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300  RICRBSfiES   UINÈRA.LBS   DE   LA    NODVELLB-CALÉDONIB 

la  mine  Bellacoscia.  Ayant  d'y  parvenir,  noua  avons  tra- 
versé le  périmètre  de  la  mine  Moraeehini,  inexploitée,  sor 
laquelle  on  trouve,  comme  nous  l'avons  mmtiofmé,  on 
hloc,  peut-être  en  place,  de  fer  chromé  pur  id^itiq»  i 
relui  des  afflenrementa  de  la  mine  Tiebaghi  dmit  S 
marque  à  peu  près  le  prolongement,  avec  toutefois  vat 
légère  inflexion  vers  le  Sud  ;  quelques  petites  fouillei  de 
recherches  dans  l'argile  ronge  qui  recouvre,  là  crame 
partout,  toutes  les  pentes  douces  du  Qanc  de  la  mon- 
tagne, y  ont  découvert  différentes  traînées  de  fer  chroné 
en  fragments  irréguliera.  Dans  l'un  des  ravins  qui  dé- 
coupent cette  formation  argileuse  on  trouve  le  fer  chrcnté 
souB  une  forme  fort  intéresBante,  et  assez  exceptionnslle 
puisque  c'est  le  seul  point  de  la  coloDie  oii  nous  l'anm» 
rencontrée  :  cette  forme  est  celle  de  galets  rouies,  arron- 
dis, présentant  à  peu  près  la  dimension  d'un  ceiif  Jp^ 
pigeon  ;  ils  sont  d'ailleurs  très  friables  et  tombent  sous  Ir 
moindre  choc  en  gnûns  sur  les  surfaces  de  séparation 
desquels  se  trouvent  des  enduits  ferrugineux  ;  il  se  panSt 
pas  douteux  que  l'on  soit  Ifa  en  présence  de  galets  d'une 
r.iche  à  fer  chromé,  autrefois  dure,  qui  a  été  démantelé*, 
et  dont  les  débris  ont  été  roulés  ;  ces  débris  ont  dû  subir 
ultérieurement,  au  point  où  ils  s'étaient  déposés,  des 
actions  atmosphériques  susceptibles  de  dissoudre  les  élé- 
ments, sans  doute  silicates,  qui  cimentaient  les  différentî 
grains  de  for  chromé,  en  n'en  laissant  comme  résidu  qi» 
l'oxyde  de  fer. 

L'exploitation  de  la  mine  Bellacoscia  se  poursuit  en 
trancliée  dans  l'argile  rouge;  celle-ci  était,  comme  ponr 
les  gisements  voisins,  recouverte,  suivant  une  bande  pli» 
ou  moins  large,  de  menus  débris  de  fer  chromé  ayasi 
cette  apparence  spéculaire  que  nous  avons  déjà  signalée. 
En  i)énctrant  dans  la  niasse  de  l'argile  on  a  rencontré 
un  gisement  de  fer  chromé  îrréguUer,  mais  souvent 
puissant,  associé  k  des  formations    argileuses  VKni^' 


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MIMBBAIB  1£8001SS   A  LA   FOBUATiON   DBS   SEEtPENtlNES   301 

La  fig.  6  de  la  PI.  IV  reproduit  un  croquis  que  noiu 
avons  relevé  sur  la  face  latérale  de  la  traachée  d'un 
<le8  chantiers,  et  donne  une  idée  de  l'allure  de  cette  for- 
coation  :  si  quelques  traînées  telles  que  A  et  B  paraissent 
indiquer  des  dépôts  alluvionnaires,  la  masse  principale, 
avec  ses  proéimoences  et  ses  parties  rentrantes,  et  avec 
ses  différents  élémeats  séparés  par  des  pellicules  d'oxyde 
de  fer  qui  leur  donnent  souvent  une  certaine  adhérence 
entre  eux,  parait  plutôt  correspondre  à  une  déconiposi- 
UoQ  d'une  roche  chromifëre  en  place,  ou  tout  au  moins 
lie  gros  blocs  charriéB  sur  une  faible  distance  ;  le  fer 
chruœé  est  ici  continu  à  une  masse  assez  puissante  d'une 
argile  blanche,  très  riche  en  magnésie,  et  tachée  de 
(KÔnts  i-ouges  d'oxyde  de  fei",  qui  arrête  d'ailleurs  l'ex- 
ploitation. Le  tout  est  recouvert  d'un  manteau  de  la 
formation  ordinaire  d'argile  rouge,  qui  est  parsemé  de 
débris  de  fer  chromé,  et  qui  contient  par  places  quelques 
rogiioDS  cobaltifères.  C'est,  rappelons-le,  tout  près  de  là 
qu'ont  heu  les  exploitations  de  cobalt  que  nous  avons 
précédemment  décrites. 

D.   —   GiSBMBNTS   DETRITIQUES   DE  FBR   CHROMA 
DC   ORODPE  DE  LA  BAIB   NGO. 

Au  Sud-Est  de  Nouméa,  les  vallées  de  la  rivière  des 
Pirogues  et  de  la  rivière  Ngo  se  montrent  encore  parti- 
culièrement riches  en  fer  chromé,  et  des  exploitations 
s'y  sont  poursuivies  d'une  façon  continue  depuis  près  de 
vingt  ans. 

Dans  la  première  de  ces  vallées,  elles  étaient  actives 
il  y  a  quelques  années  {sur  les  mines  Joséphine,  Chrome- 
Kouge,  etc.),  mais  aujourd'hui  elles  sont  interrompues 
parce  que  les  minerais  les  plus  nches,  minerais  du  type 
(lit  i<  chrome  d'alhivions  »,  sont  épuisés,  et  parce  que  l'on 
n'a  pas  cni  devoir  entreprendre  jusqn 'ici  l'exploitation  des 


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302  RICHESSES   MINERALES   DE  LA  NODVELLE-CALBDOKIE 

minerais  en  roche,  paraît-il  a«sez  riches,  qui  y  sont  encore 
conaus  ;  il  ne  reste  qu'une  exploitation  aujourd'hui  ouverte 
dans  le  bassin  de  la  rivière  des  Pirogues,  encore  est-elle 
si  voisine  du  bassin  de  la  rivière  Ngo  que  c'est  par  la 
vallée  de  celle-ci  que  ses  produits  sont  évacués. 

Dans  cette  dernière  vallée  il  a  également  été  fait  déjà 
des  extractions  assez  importantes,  et  les  deux  mines  en 
activité  au  moment  de  notre  passage  n'étaient  pas  loin 
d'être  épuisées.  A  la  mine  44  Juillet,  située  à  5  kilo- 
mètres de  la  mer  sur  la  rive  droite  de  la  vallée,  on  a 
exploité,  au  milieu  des  argiles  rouges,  une  sorte  de  banc 
irrégulier  de  «  chrome  d'alluvions  ><  d'une  cinquantaine 
de  mètres  de  longueur  et  d'une  largeur  maxima  de 
40  mètres;  il  était  constitué  par  des  fragments  juxta- 
posés de  fer  chromé  très  pur  avec  interposition  de  très 
peu  d'éléments  étrangers,  si  bien  qu'il  livrait  du  minerai 
brut  à  54  et  55  p.  dOO  de  sesquioxyde  de  chrome. 
Après  avoir  épuisé  ce  banc,  on  a  encore  trouvé  par  places 
de  petites  traînées  de  minerai  que  l'on  achève  d'enlever; 
on  s'assure  en  outre,  en  exécutant  de  distance  en  dis- 
tance des  sondages  à  la  main,  qu'il  n'existe  pas  d'autres 
bancs  semblables  dans  la  couche  d'argile  qui  est  laissée 
au-dessus  des  serpentines  compactes,  et  qui  dépasse 
encore  souvent  iO  mètres  d'épaisseur.  Bans  ces  mêmes 
argiles  on  a  rencontré  k  peu  de  distance  un  peu  de  raine- 
rai de  cobalt  dont  on  tente  l'exploitation. 

La  mine  Georges  Pile,  qui  est  située  tout  au  fond  de 
la  vallée,  dans  le  cirque  o(i  la  rivière  Ngo  prend  sa  source, 
a  comporté  des  travaux  plus  développés,  dont  l'eramen 
est  d'ailleurs  instructif  au  point  de  vue  du  mode  de  for- 
mation du  gisement;  le  minerai  s'étageait  le  long  de  la 
pento  assez  raide  de  la  montagne,  entre  les  cotes  235  et 
325,  et  sur  une  cinquantaine  de  mètres  de  largeur.  Au 
sommet  de  la  montagne,  ou  du  moins  à  fort  peu  de  dis- 
tance de  la  crête  en  descendant  vers  le  versant  de  la 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION    DKS    SERPENTINES    SO^-t 

rivière  Ngo,  on  voit  affleurer,  au-dessous  de  la  couche 
d'argUe  rouge  qui  recouvre  le  sol  et  au  milieu  des  ser- 
pentines qui  constituent  le  massif,  une  tète  de  roche 
chromifère  constituée  par  des  grains  de  fer  chromé  dis- 
séminés dans  une  pâte  silicatée;  descendant  la  pente  et 
parcourant  ainsi  de  haut  en  bas  les  travaux  de  la  mine, 
on  voit  d'abord  dominer,  au-dessus  de  la  serpentine  en 
place,  les  blocs,  à  peine  décomposés  et  légèrement 
friables,  de  cette  roche  chromifère,  ils  sont  recouverts 
d'une  faible  épaisseur  d'argile  rouge  stérile;  plus  bas, 
l'éboutis  comprend  à  la  fois  des  blocs  serpentineux  et 
des  blocs  chromifères,  mais  à  ces  blocs  s'associent  des 
fragments  plus  petits  de  roche  chromifère  qui  sont  suffi- 
samment altérés  pour  que  le  fer  chromé  en  soit  aisé  à 
séparer  par  lavage  ;  lo  tout  est  d'ailleurs  empâté  dans  une 
argile  magnésienne  grasse,  bigarrée,  dont  certains  lits 
sont  riches  en  grains  de  fer  chromé.  Plus  has  encore  les 
blocs  éboulés  que  l'on  rencontre  reposant  sur  la  roche 
sous-jacento  ne  sont  plus  que  des  blocs  de  serpentine, 
généralement  altérés,  et  transformés  en  une  sorte  d'ar- 
gile magnésienne  qui  garde  encore  la  couleur  et  la  con- 
figuration de  la  péridotite  serpentinisée,  mais  qui  n'a  plus 
aucune  consistance;  les  blocs  chromifères  ne  se  retrouvent 
plus,  même  à  l'état  friable,  mais  ils  font  place  à  une  traî- 
née très  riche  en  grains  de  fer  chromé  au  sein  de  l'argile 
rouge,  traînée  dont  l'épaisseur  atteint  par  places  1  mètre 
et  même  plus,  et  dans  laquelle  l'argile  renferme  souvent 
plus  de  la  moitié  de  son  poids  de  grains  de  fer  chromé. 
En  continuant  encore  h  descendre  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, on  voit  cette  traînée  chromifère  s'effiler,  se  bifur- 
quer, et  se  perdre  en  quelques  petits  amas  de  moins  en 
moins  riches.  Un  tel  gisement,  que  la  fig.  7  de  la  PI,  IV 
représente,  d'une  manière  schématique  mais  aussi  fidèle 
que  nous  avons  pu,  manifeste,  d'une  façon  qui  n'est  nulle- 
ment douteuse  à  nos  veux,  quelle  a  été  sa  genèse.  Tan- 


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^j04  RICHESSES   UINÉRALBS   DB   LA   HOUVSLt.K-CALÈDOMlE 

-dis  que  l'érosion  et  la  décomposition  de  la  péridotile 
donruùeot  lieu  à  l'éboulement  le  long  du  flanc  de  la  moD* 
tagoe  de  bioc^  serpentineux,  les  uog  frais,  les  autre* 
trausfonués,  ou  devant  se  transformer  ultérieureineat,  en 
une  p&te  magnésieDoe,  et  à  la  formation  d'un  manteao 
d'argile  rouge,  les  mênaes  effets,  s'exercant  sur  la  ibie 
<lu  roche  chromifère  que  l'on  voit  en  place,  et  qui  semble 
avoir  été  particulièrement  acc«s8ibie  aux  actions  destruc- 
trices, n'ont  laissé  intacts,  ou  k  peu  près,  que  quelque* 
blot^s  entraiaés  à  peu  de  distance  et  rapidement  englobés 
dans  l'argile,  tandis  que  les  autres  se  désagrégeaient: 
leurs  matières  silicatées  étaient  partiellement  dissoutes 
(>t  partiellement  entraînées  mécaniquemrat  à  plus  on 
moins  longue  distance,  les  grains  inattaquables  et  lourds 
<le  fer  chromé  ae  précipitaient  au  contraire  tels  quels  as 
milieu  des  éléments  qui  formaient  l'argile  rouge,  et  y 
constituaient  une  trainée  qui,  puissante  au  voisinage 
même  du  gisemeut  de  la  roche  nière,  s'amincissait  d'ao- 
tant  plus  rapidement  eu  descendant  que  le  fer  chromé, 
eu  raison  de  sa  densité,  se  précipitait  et  se  axait  plus 
vite.  Ajoutons  que  la  formation  argileuse  et  magné- 
Hienne,  loin  d'être  homogène  comme  elle  le  parait  ï 
la  surface,  se  montre  toujours  zonée  et  veinée  de  cou- 
leurs variées,  correspondant  sans  doute  à  U  présence 
dominante  de  tel  ou  tel  métal  dans  les  matériaux  qui  se 
déposaient  ;  le  plus  souvent  elle  est  ruuge  ou  jaune,  nuis 
parfois  aussi  on  y  relève  des  traînées  colorées  en  vert 
pâle  par  un  peu  de  nickel  ou  bien  noircies  par  de  l'oxyde 
do  manganèse  ;  on  y  constate  auasi  la  présence  de  trace* 
(l'oxyde  de  cobalt;  enfin  de  minces  traînées  de  produits 
talqueux  y  sont  fréquentes. 

Ce  gisement,  dont  l'exploitation  est  presque  terminée 
aujourd'hui,  a  donné  lieu  à  l'ouverture,  sur  toute  la  lar- 
geur de  la  traînée  chromifère  qui  ne  dépasse  guère  50  à 
60  mètres,  d'une  série  de  chantiers  en  gradins,  qui,  après 


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MINERA.IS    ASSOCIÉS    A   LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    305 

avoir  enlevé  la  couche  argileuse  stérile,  ont  permis 
l'exploitation  de  Toutes  les  parties  ehromifères  friables. 
On  a  ainsi  obtenu  un  minerai  constitué  <le  petits  grains 
de  fer  chromé,  cristaux  de  1  à  2  millimètres  de  côté  en 
général,  empâtés  d'argile  en  proportion  de  moitié  à  peu 
près.  Dans  ces  conditions  le  complément  indispensable  de 
l'exploitation  était  un  atelier  de  lavage  ;  il  a  été  établi,  k 
3  kilomètres  plus  bas  dans  la  vallée,  en  un  point  oii  l'eau 
était  assez  abondante  pour  suffire  non  seulement  au 
lavage,  mais  encore  à  la  production,  a»  moyen  d'une  roue 
hydraulique,  delà  force  motrice  nécessaire.  La  mine  est 
réunie  à  la  laverie,  et  celle-ci  l'est  au  bord  de  la  mer,  par 
deux  sections  de  tramway,  longues  respectivement  de  3 
et  5  kilomètres,  et  qui  ne  sont  munies  que  de  rails  en 
bois  ;  le  transport  dn  minerai  s'y  fait  à  l'aide  de  che- 
vaux. 

Le  lavage  comprend  d'abord  un  criblage  à  la  maille  de 
ij2  centimètre,  à  la  suite  duquel  on  rejette  toutes  les 
matières  qui  refusent  de  traverser  cette  maille,  et  qui  ne 
peuvent  contenir  que  du  fer  chromé  impur,  en  raison  de  la 
finesse  de  son  grain;  puis  on  procède  à  un  débourbage 
sur  une  sorte  de  ■<  round-buddle  »,  auge  circulaire  à  fond 
incliné  dans  laquelle  tournent  des  palettes  conduites  par 
un  arbre  vertical,  et  qui  est  parcourue  par  un  abondant 
courant  d'eau;  une  vanne  permet  de  faire  tomber  de 
temps  en  temps  les  parties  lourdes  qiii  se  rassemblent  au 
fond,  et  qui,  après  égouttage,  constituent  le  minerai  pur. 
tenant  souvent  jusqu'à  ."iô  p.  100  de  sesquio.^yde  de 
chrome  ;  les  parties  entraînées  par  l'eau  passent  dans  un  ' 
long  sluice  en  bois  oîi  elles  déposent  des  produits  mixtes 
qui  sont  relavés.  La  laverie,  qui  comprend  trois  round- 
buddle,  peut  laver  environ  't  tonnes  de  minerai  brut  à 
l'heure  et  produire  ainsi  2i  à  2ô  tonnes  de  minerai  lavé 
par  journée  de  douze  heures.  L'exploitation,  autrefois 
assez  active,  était  en  diminution  marquée  au  moment  de 


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3116  RICHESSES   M1NÉRALB9  DE  LA   NOUVBLLS-CALÉDOMIE 

notre  passage,  en  raison  de  répuîsement  des  ressource» 
connues;  elle  n'employait  qne  23 hommes  en  toat. 

Un  échantillon  du  minerai  produit  que  nous  avons  anS- 
Ijsé  contenait  : 

Perte  an  fen O.t 

(  Sesquioxyde  de  Ter  et  alumine..  3,8 

e 0,t 

;  Silice S,l 

1  Sesquioxyde  de  chrome SS,t 

j  Proloxyde  de  fer tJfi 

\  Magnésie  et  alumine t.* 


Soluble  danH  les  acides.  } 


Insoluble . 


Il  ne  reste  en  activité  acttiellement,  comme  exploitatiort 
appartenant  au  bassin  de  la  rivière  des  Pirogties,  que  la 
■  mine  Alice-Louise  (Voir  la  fig.  3  de  la  PI.  IV),  située 
dans  la  vallée  de  la  rivière  Naporérédjeimé.  non  loin  des 
sommets  sur  le  versant  sud-oriental  desquels  se  tronvent 
les  mines  Bonne-Veine,  la  Tchaux,  etc.,  et  au  pied  d'un 
col  derrière  lequel  roule  la  rivière  Ngo;  c'est  d'aiilenrs 
en  franchissant  ce  col  par  un  transporteur  que  les  mine- 
rais de  cette  mine  sont  descendus  au  bord  de  ta  mer  te 
long  de  la  vallée  de  larivftre  Ngo. 

Le  gisement  de  la  mine  Alice-Louise  est  le  plas  pois- 
sant des  gisements  de  fer  chromé  d'origine  détritique  qu& 
nous  ayons  été  à  même  d'examiner  en  Nouvelle^^lédome; 
il  est  surtout  remarquable  par  la  hauteur  verticale  sur 
laquelle  se  rencontre  le  minerai,  comme  si  les  fra^ents 
entraînés  par  les  eaux  s'étaient  précipités  dans  quelque 
gouifre  profond  ouvert  sur  leur  passage.  L'exploitation, 
qui  a  lieu  au  voisinage  du  thalweg  de  la  vallée,  s'est  en 
effet  développée  en  carrière  à  ciel  ouvert  jusqu'à  28  raètres 
de  profondeur.  Ouverte  en  1895,  elle  se  poursuit  encore 
aujourd'hui  avec  une  production  de  2.500  tonnes  par  aa; 
elle  aurait  livré  depuis  le  début  30.000  tonnes  de  minerai, 
dont  la  teneur  aurait  varié  de  50  Ji  62  p.  100. 


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MtlMItAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FOKHATION    DBS    SKttWimN^    807 

Le  giienient,  nMnme  boos  l'arons  dit,  se  trouve  à  peu 
de  dtstaoee  du  ttutlveg  d'une  vallée  qui,  sans  être  large, 
c'est  cependant  pas  étroitement  enraisBée,  et  les  travaux 
se  développent  dans  un  sol  dont  la  surface  présente  une 
pente  Felativemeot  faible.  Ce  ^61  est  entièrement  conati- 
toé  par  an  puissant  dépôt  d'argile  rouge,  recouvert,  le 
plue  souvent,  de  grains  ferrugineux,  mais  parîots  auni, 
comme  au  point  oit  l'exploitation  a  lieu,  de  fragments  de 
fer  chromé  plus  ou  moins  volumineux,  ëb  s'enfonçant 
dans  le  sol,  on  a  d'abord  rencontré  an  milî«i  de  l'arg^ 
ronge  des  pocbes  isolées  de  minerai  en  gros  fragments  ; 
plus  bas,  maiatoujonrBdansl'at^ile,  dont  la  couleur  varie 
d'ailleurs  du  bron  au  rouge  et  au  jaune,  ^>par«tt  une 
couebe  assez  constante  de  grains  noirs  ferrugineux  et  man- 
ganésifêres  {Ans  ou  moins  agglomérés  en  rognons  ;  puis 
au-dessous  viennent  des  traînées  ^de  fer  chromé,  en  petits 
gpains  le  plus  souvent  octaédriques  :  ces  traînées  affectent 
des  fomies  peu  régulières:  tanMt  elles  sont  de  faibles 
dimeosiOTie  et  de  formes  allongées,  groupées  en  assez 
grand  nombre  sur  une  hauteur  de  3  à  3  mètres,  comme  le 
montre  la /ï^*.  6  de  la  PI.  IV;  tantôt  ce  sont  des  niasses 
fim  puissantes.  Plus  bas  la  formation  devient  pins 
irrégnlière  encore,  et  complètement  bigarrée;  elle  pré- 
sente, d'une  façon  <|ui  ne  peut  gu^  laisser  de  doutes  sur 
l'intM'prétatioh  à  -donner  k  cette  apparence,  l'apparence 
de  bloos  de  serpentine  pins  ou  moins  roulés  qoi  auraient 
atibi  sur  place  une  décomposition  complète,  réduisant  tons 
les  éléments  eo  produits  de  connstance  argileuse  et  diver- 
sement colorés  de  brun,de  rouge,  de  noir,de  verd&tre,  etc. 
fintre  ces  argiles  bigarrées  se  développent  et  se  ramifient 
(les  amas  noirs  de  fer  chromé,  tantôt  en  grains  absola- 
tnent  c^ntigus  qui  semblent  s'être  déposés  dans  les  inter- 
v^es  des  -blocs  rocheax  qui  devaient  ensuite  se  trans- 
former en  argile,  tantôt  en  fr-agnneats  empilés  diois  une 
plus     ou    moins  grande  quantité   de    produits    silicates 


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308  RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NOOVELLE-CALÉDOSIB 

friables,  paraissant  provenir  de  blocs  de  roche  chromifère 
qui  auraient  été  transformés  tout  comme  la  serpentine. 

Les  quantités  de  fer  chromé  ainsi  concentrées  sont 
généralement  suffisamment  importantes  pour  justifier 
l'abatage  du  tout  ;  on  parvient  de  la  sorte  jusqu'à  des 
profondeurs  d'une  vingtaine  de  mètres,  en  atteignant 
soit  la  serpentine  compacte,  soit  un  banc  d'argile  rouge 
que  des  sondages  ont  montré  être  stérile;  d'autres  fois 
on  s'arrête  aune  profondeur  où  l'épuisement  des  énormes 
fosses  creusées  par  l'exploitation  devient  trop  difficile. 

C'est  dans  ce  gîte,  fort  irrégulier,  comme  on  peut  en 
juger  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  se  pour- 
suit une  exploitation  non  moins  irrégiilièrc;  elle  comporte 
le  creusement  dans  l'argile  de  fosses  de  formes  variées, 
«'enfonçant  par  gradins  dans  tous  les  points  où  l'exploi- 
tation est  rémunératrice,  c'est-à-dire  dans  les  points  oii 
l'on  arrive  à  extraire  au  moins  1  mètre  cube  de  minerai 
brut  pour  3  ou  4  mètres  cubes  de  stérile.  L'exploi- 
tation est  parvenue  actuellement  à  22  mètres  de  pro- 
fondeur ;  la  nature  grasse  du  terrain  protège  assez  bien 
les  excavations  contre  l'afflux  des  eaux  courantes,  et 
ce  ne  sont  guère  que  les  eaux  de  pluie  qui  s'y  préci- 
pitent ;  l'assèchement  des  gradins  supérieurs  est  assuré 
par  des  tunnels  ;  mais,  pour  les  gradins  inférieurs,  cela 
n'est  plus  possible,  et  ils  ne  restent  découverts  que 
lorsqu'il  ne  pleut  pas  trop.  Le  minerai,  abattu  à  la  pelle 
et  à  la  pioche,  est  ensaché  et  remonté  au  niveau  de  U 
surface  par  un  treuil  àbras;  puis  il  est  roulé  par  tram'way, 
sur  800  mètres  environ,  jusqu'au  pied  d'un  transporteur 
aérien  qui  lui  fait  franchir  le  col  qui  sépare  la  mine 
Alice-Louise  de  la  vallée  de  la  baie  Ngo,  par  o(i  se  fait 
l'expédition  du  minerai,  et  oii  s'en  fait  le  lavage  à  la 
faveur  d'un  cours  d'eau  suftisamment  abondant  et  sur- 
tout BufSsamment  permanent.  Le  transporteur,  long  de 
2.200  mètres,  ne  présente  pas  entre  ses  deux  extrémités 


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MINERAIS   ASSOCIÉS  A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   309 

une  dUTérence  de  niveau  suffisante  pour  pouvoir  être 
automoteur;  il  est  actionné  par  une  petite  machine  à 
vapeur  placée  à  la  laverie  ;  celle-ci  assure,  comme  celle 
delà  mine  Georges-Pile,  un  simple  débourbagedu  minerai 
brut,  qui  ne  rend  pas  plus  de  50  p.  100  en  poids  de 
minerai  marchand, à  une  teneurvariant  de51  à  52p.  100. 
Le  minerai  lavé  est  descendu,  par  le  tramway  dont  nous 
avons  déjà  mentionné  l'existence,  jusqu'à  la  baie  Ngo,  oii 
il  est  embarqué. 

La  mine  occupait  au  moment  de  notre  passage,  avec 
tous  ses  services  accessoires,  environ  55  ouvriers  ;  elle 
produisait  en  moyenne  220  tonnes  par  mois,  soit  à  peu 
près  10  tonnes  par  jour  de  travail. 


E. 


-  Autres  gisements  de  fer  chromé. 


Fréquents  sont,  sur  toute  l'étendue  de  la  formation 
serpentineuse,  les  gisements  de  fer  chromé  d'origine 
détritique  que  nous  avons  rencontrés  en  parcourant  la 
colonie,  et  fréquents  aussi  sont  sans  doute  ceux  qui 
seraient  exploitables  ;  néanmoins,  les  seules  exploitations 
en  activité  au  moment  de  notre  passage  étaient  celles  du 
dôme  de  Tiebaghi,  celles  du  groupe  de  la  baie  Ngo,  celle 
de  la  baie  Ouié  et  eti6n  celles  des  environs  de  la  rivière 
de  Pourina  situées  à  une  quarantaine  de  kilomètres  au 
Nord  de  ces  dernières. 

Après  avoir  donné  quelques  indications  sur  les  premières 
d'entre  ces  exploitations,  qui  sont  de  beaucoup  les  plus 
importantes,  puisque  celles  des  deux  derniers  groupes 
n'ont  pas  produit  ensemble  en  1901  plus  de  1.500  tonnes 
de  minerai,  nous  mentionnerons  différents  autres  gise- 
ments que  nous  avons  pu  examiner;  cela  montrera  bien 
que,  si  le  fer  chromé  est  particulièrement  abondant  dans 
•Jeux  massifs  qui  sont  précisément  riches  aussi  en  cobalt, 
à  savoir  le  massif  du  dôme  de  Tiebaghi,  et  le  massif  qui 


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3t0   OICMBSSBS  MINBRA.UBB   DB  LA  NOOVELLB-OALÊDONIB 

ae  développe  en  étoile  anir»  les  valties  de  h  rivière  dos 
PirogiMB,  de  la  rivîêpe  Sgo,  d««)  différents  ruisseaux 
(pâ  3&  jettoat  dam  la  baie-  du  Sud^,  et  ds  la  rivière  des 
Lacs,  ii  existe  ^aleineo4,  et  non  pajs  ssutefocali  à  litre 
de  minéral  intéressiuat  a»  priai  de  mte  g^olog^qiie,  mais 
bien  comme  mineru  éTentueUemeot  ra^oitabte,  dass 
beaucoup  d'autres  points  ;  et  oeta  fera  voir  ea  mènie  temps 
qu'il  peut  égaleiB«at  se  rencontrer  dans  les  eerpeuliBes 
riches  en  nickel. 

Nous  rappelons  d'abord  que  dous  avoits  signalé  la  pté- 
aerte»  du  chrome  en  rocfao,  peut-être  susceptible  d'être 
ex^oité,  k  Saint-Vincent  dans  use  Talléeoîi  les  ^semests 
de  nickel  sont  nomhreux,  et  près  de  Bourail  tout  à  côté 
de  la  mine  de  nickel  Heau-Soleil,  et  que  M.  Gamier  en 
supputait  l'exploitation  au  mont  Dore  dans  le  maswf  m6ine 
oii  le  minerai  de  nickel  a  été  trouvé  pour  la  première 
fois  ;  l'exploitation  du  fer  chromé  a  d'aillenrs  été  teRt/o 
autrefois  dnns  ce  massif. 

D'atitre  part,  nous  mMttionnerons  que  nous  avons  trouvé 
du  fer  cfaromé  en  i^wdance  dans  les  saUes  de  la  petite 
rivièpe  Pouenitoii  présde  Né^wni,  provenant  apparemoMnt 
de  qoelque  finement  plus  oti  moins  important,  et  que,  dans 
l'une  dee  carrières  aujour>d'lnii  abandoBuéen  de  la  myie 
la  Dorée  it  Kouaoua,  on  avait  rencontré  un  fllœ  de  fer 
chromé  dont  il  avait  été  abattu  quelques  beaux  blocs  d* 
minerai.  Eu  parcourant  les  régions  riches  en  nickel  de  la 
haute  vallée  de  la  Oueng)iî,  nous  avons  observé,  dans 
l'une  des  trahiées  relativement  peu  fréquentes  d'arête 
rouge  qui  se  rencontrent  dans  ce  massif  oii  les  prîtes  des 
montagnes  sont  fort  raides.  uu  dépôt  de  fer  chromé  du 
même  type  que  ceux  que  l'on  exploite  sous  le  nom  de 
chrome  d'alluvions  ;  enfin,  auprès  de  la  Dumbéa,  ncjus 
avons  vu  poursuivre  des  i-echerchea  pour  nickel,  pour 
cobalt  et  pour  chrome  sur  le  même  périmètre,  et,  si  elles 
n'avaient  pas  abouti  k  des  résultats   satisfaisants,   elles 


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HlNBRAlg   ASSOOIÊLS   ^  LA.   FOBJUATIOti   DES   SERPEMTU4E|8   311 

^ivaj^nt  néa^if^oiDs  montré  r^xistepce.  simultanée  de  <)uajf- 
titéa  notables  de  iniQ.erais,  des  trois  métaux. 

F.   -^   SjTDAISON   ^OMOMIQOIï   DES   BXPLOITATlpNS 
QE  MUA  ÇUBO^É. 

L^s  «quelques  détail  lu^  i^jua  venons  t]È  dooaer  montrent 
-combien  sont  diverses  les  condiliions  économîtines  dans  Ics- 
^u^Ujea  ae  trouvent  les  différents  gisements  que  nous 
avons  signalés  ;  que  le  fçç  chromé  s'y  rencontre  en  roche 
(ju  sous  la  forme  d'élémefits  détritiques,  les  frais  d'aba- 
1^0  sont  très  variables  avec  la  puissance  et  la  régularité 
-du  gite,  ils  sont  d'ailleurs  toujours  notablement  plus 
faibles  d^s  te  deuxième  ça^  qi^e  dans  le  premier  ;  les 
trais  de  lavage  sont  à  ajouter  aux  frais  d'abatage  lorsque 
le  minerai  n'est  pas  assez  pur  pour  être  marchand  tel  quel, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  ne  lient  pas  au  moins  50  p.  100  de 
aesquioxyde  de  chromç.  Les  frais  d'extraction  proprement 
dite  n'existent  généralement  point,  ils  sont  renipl^cés, 
«omme  daus  presque  toutes  les  exploitations  de  la  colo- 
we.  par  des  frais  de  descentç  au  bord  de  la  mer,  frais  qui, 
£ràce  à  l'emploi  de  plans  inclinés  aériens,  sont  assez 
faibles  ;  il  faut  d'ailleurs  y  ajouter  les  frais  d'ensachage. 
Enfin  ua  élément  capital  du  prix  de  revient  est  constitué 
j)ar  les  frais  de  transport  du  pied  de  U  ipine  jusqu'au 
■bateau  qui  doit  empofter  le  minerai  :  ceux-ci  comprennent 
presque  toujours,  d'une  part,  un  trajet  de  plusieurs  kilo- 
njètrea  par  voie  de  terre  et,  d'autre  part,  un  chalan- 
4a|^e  ;  ces  dépenses  varient  naturellement  du  tout  au  tout 
avec  la  situation  géographique  du  gisement. 

Malgré  les  variations  que  subissent  tous  ces  éléments 
•du  prix  de  revient,  nous  fournissons  à  titre  d'indication 
les  quelques  cbifTrcs  qui  suivent  et  qui  sont  relatifs  à 
l'exploitation  du  «  chrome  d'alluvions  ».  Pour  les  mines 
<ie  fer  chromé  en  rocbe  nous  n'avons  aucune  donnée  ; 


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312   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NODVELLE-CALÉDOSrB 

l'exploitation  n'en  a  été  tentée  qae  rarement  et  jamais 
avec  nn  succès  durable,  même  au  début  alors  que  le 
minerai  valait  à  peu  près  le  double  de  ce  qu'il  vaut  aujour- 
d'hui, mais  aussi  alors  que  les  conditions  générales  d'ex- 
ploitation étaient  plus  onéreuses.  Il  semble  cependant  que 
l'on  puisse  dire  qu'à  moins  de  conditions  réellement  favo- 
rables au  point  de  vue  du  lavage  dn  minerai  (installation 
d'une  laverie  travaillant  dans  des  conditions  économiques 
et  donnant  un  bon  rendement)  et  du  transport  {création 
d'une  voie  ferrée  dont  les  frais  de  premier  établissement 
no  seraient  pas  trop  élevés  et  pourraient  être  répartis 
sur  un  tonnage  très  important),  l'exploitation  d'uu  mine- 
rai en  roche,  qui  n'aurait  pas  à  l'état  de  tout  venant  une 
teneur  commerciale,  n'apparatt  guère  comme  devant  être 
rémunératrice.  Les  frais  d'abatage  seront  en  effet  tou- 
jours assez  élevés,  d'autant  plus  que  Ion  manque  de  bons 
mineurs  et  que  l'on  est  obligé  d'avoir  recours  à  des 
mineurs  australiens  que  l'on  paie  fort  cher  ;  s'ils  devaient 
se  rapporter  à  un  minerai  ne  rendant  en  fer  chromé 
marchand  que  moitié  de  leur  poids,  comme  cela  a  été  le 
cas  pour  certaines  tentatives,  et  cela  après  une  dépense 
plus  ou  moins  importante  de  broyage  et  de  lavage,  If 
prix  de  revient  augmenterait  immédiatement  dans  une 
large  proportion.  Si,  an  contraire,  on  peut  extraire  immé- 
diatement, d'un  amas  ou  d'un  filon  d'une  puissance  suffi- 
sante pour  éviter  des  travaux  au  stérile  sérieux,  du 
minerai  marchand  qu'il  n'y  ait  qu'à  expédier,  il  semble 
qu'une  exploitation  doive  pouvoir  prospérer,  et  il  est 
vraisemblable  que  pareille  tentative  sera  faite  à  plus  ou 
moins  bref  délai  sur  les  beaux  affleurements  que  nous 
avons  signalés. 

Dans  les  gisements  dits  «  d'alluvions  »,  oii  l'exploitii- 
tion  ne  comporte  (^ue  des  travaux  de  terrassement  dans 
des  terres  de  consistance  argileuse,  les  frais  d'abatage 
sont  généralement  faibles,  bien  que  la  dépense  d'abatage 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    313 

du  minerai  proprement  dit  soit  chai^ëe  des  frais  corres- 
pondant à  l'enlèvement  des  terres  de  recouvrement  et 
des  parties  stériles  entre  lesquelles  se  trouvent  les  traî- 
nées riches.  En  pratique  on  n'hésite  pas  à  abattre  3  ou 
4  mètres  cubes  de  ces  terres  pour  extraire  1  mètre  cube 
de  minerai,  on  va  mâme  parfois  jusqu'à  5  ou  6  mètres 
cubes  de  stérile  pour  1  de  minerai;  les  frais  d'aba- 
tage  du  mètre  cube  variant  entre  1  et  2  francs,  on 
voit  que  l'abatage  du  minerai  peut  coûter  en  moyenne 
de  5  à  8  francs  par  mètre  cube.  Ëxccptionaellement 
UD  tel  mètre  cnbe  de  minerai  brut  se  trouve  être 
marchand  tel  quel,  il  constitue  alors  un  poids  de  3  à 
4  tonnes  de  fer  chromé  ;  le  plus  souvent  il  doit  ôtre 
lavé  et  peut  rendre  de  1  à  2  tonnes  de  minerai  mar- 
chand. Les  frais  d'ensachage  et  de  descente  jusqu'au 
pied  de  la  mine  sont  très  variables,  ils  représentent, 
comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus,  assez  peu  de  chose  comme  frais  de 
main-d'œuvi-e  ;  mais  ce  qui  intervient  surtout,  c'est  l'amor- 
tissement des  installations,  et  celui-ci  doit  souvent  être 
réparti  sur  un  petit  nombre  de  milliers  de  tonnes,  quand 
le  gisement  est  peu  étendu,  comme  c'est  le  cas  pour  plus 
d'un  de  ces  gisements  de  fer  chromé;  en  comptant  une 
charge  moyenne  de  10  francs  par  tonne  de  minerai  mar- 
chand tant  pour  les  frais  courants  que  pour  l'amortisse- 
ment et  l'entretien  des  installations,  on  est,  a  notre  avis, 
à  peu  près  dans  la  moyeime.  Le  lavage  du  minerai, 
lorsqu'il  a  lieu,  comporte  des  frais  de  main-d'œuvre 
notables,  fréquemment  des  dépenses  de  combustible 
(généralement  du  bois  que  l'on  peut  se  procurer  sur  place 
à  bas  prix),  et  une  charge  d'amortissement  souvent  impor- 
tante, surtout  lorsque  l'on  est  amené  à  dépenser  plusieurs 
•lizaines  de  milliers  de  francs  (nous  avons  déjà  mentionné 
combien  est  élevé  le  prix  de  la  moindre  installation  méca- 
nique) pour  l'installation  d'une  modeste  laverie.  Il  est  donc 


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assez  rare  qw  ie  li^vqge  rovi^iuiB  k  aiQUfa  de  10  francs 
par  lonad  euviroQ.  Quant  au  transport  k  La  qier.  s'il  t 
lieu  par  les  routes  de  Loire,  qiii  sont  le  plus  aouveot  daps 
UQ  état  d'entretien  déplorable,  il  ne  coûte  pas  moio^.  de 
'0'^75  à.  1  franc  par  tonne  kilométrique  ;  ai,  ^  coaUraire,  il 
a  lieu  par  tram  vay,  l^s  frais  coupants  ea  sont  très  réduits. 
aux  dépens  d'une  charge  d'aniorUaaemeot  <iui,  évaluée 
par  tonne,  varie  en  raison  iuv^se  de  I&  quantité  diç.Qiîa^ 
rai  à  extraire  ;  en  reprenant  les  chiâ'reB  que  nous  avilis 
-déjà  donnés,  de  ir»  k  2O.IX>0  francs  par  ^iJoBi.être,  comnie 
représentant  les  frais  d'installation  d'un  traipwaj,  op  voit 
qu'il  n'y  a  iftlôrët  à  la  création  d'un  tramway  qu^  lon»- 
-<lu'oii  duil  extraire  plusieurs  dizaines  de  milliers  de 
tonnes.  Enfin  Les  frais  de  rbalandage  jusqu'au  bateau  qui 
<k>it  emporter  le  minerai  représentant,  nous  l'avons  dit 
déjà,  de  3  à  5  francs  par  tonne. 

Dans  ces  conditions  le  prix  de  revient  par  tonne  de 
minerai  marchand  peut  varier,  pour  une  exploitation  ntOr 
■deste  placée  dans  des  (.-«nditiona  moywnes,  entre  les 
limiles  suivantes  : 

AbiiUge  (par  lonue  de  minerai  marchand].  5  À  iO  francs 

Frais  d  ensachage  et  de  descente iO      — 

Frais  de  lavage,  s'il  y  a  lieu 10  à  15      — 

Frais  de  transport  et  de  chalandage 10      — 

Le  prix  d'achat  eu  Nuuvelle-Calùdonie  des  minerais  de 
■chrome  variant  actuellemeat  entre  50  et  60  francs  la 
tonne,  suivant  la  teneur,  on  voit  que,  pour  une  exploita- 
tion astreinte  au  lavage  du  minerai,  il  reste  pou  de  marge 
pour  réaliser  un  bénéfice,  à  moins  que  des  conditions  de 
gisement  favorables  ne  permettent  d'abaisser  les  frais 
spéciaux,  ou  de  diminuer  les  charges  d'amortissement  p»* 
ime  répartitior.  des  dépenses  sur  un  grand  nombre  de 
milliers  de  tonnes. 

C'.  dernier  point  est,  à  nutre  avis,  un  tle  ceux   qui  ne 


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MINERAIS  AUOOtB»  A  LA   FORMATION   08&  SEBPBNTWU   315 

-devraùni  pas  être  perdus  de  vue,  mais  qui  l'est  trop  sour- 
veat:  il  y  aurait  fFéquemment  iolérét  pour  le  propriétaic» 
-<l'ua«  mine  à  cbarcfasr  à  en  tirer  tout  ce  qu'elle  peut 
donner,  en  l'aj^âasgeaut  avec  soin  de  manière  h  exploiter 
nen  paa  seuleioeojt  une  petite  région  partîciilièFMieai: 
l'iche.  HUM  encore  les  autres  parties  qui,  bieo  que  moine 
laveriséee  pat  les  conditions  naturelles,  pourraient  être 
pnses.  avec  profit  par  ce  seul  fait  qu'une  partie  des  ins- 
tallations serait  déjà  payée  par  l'exploitation  de  k  por- 
tion la  fim  riclke,  et  que  d'auiree  installations,  telles  que 
-celles  de  meyens  de  transport  économiques,  seraient  jus- 
tiSéeB  par  la  perspective  de  Leur  utilisation  pow  un  ton- 
iiage  aufSwDt.  Il  Taudrait,  nous  sommes  encore  une  foie 
«ooduit  à  le  répéter,  que  les  ezploitatioaa  minières 
fusées^  précédées  d'une  étude  un  peu  sérieuse  du  gi^e- 
n»eB.t,  puis  «fttrepmes  et  poursuivie»  avec  plus  d«  pré- 
voyance qu'elles  ne  le  sont  géoéralemeat,  et  cela  par  un 
«aocessKNBj&aire  soucieux  d'exploiter  en  bon  père  de  fa- 
mille la  ricbesse  qui  lui  a  été  concédée,  plutôt  que  par 
un  amodiataire  à  court  bail  qui  cherche  seulemrat  i. 
réalisa'  dans  le  plus  court  délai  possiUe  un  certain  bé- 
néfice. 

Quant  aux  délwucbés  du  fer  chromé,  ils  paraissent  assez 
bten  asewés  et,  autant  que  l'on  peut  prévoir  quelque 
-ckoee  au  sujet  d'un  minerai  dont  les  gisements  actuolle- 
meni  eiploiitéa  sont  peu  nombireux,  sa  valeur  parait  ap- 
pelée à  se  maintenir  aux  environs  du  chiffre  qu'elle  atteint 
dotueUeioent. 

Lorsque,  il  y  a  quarante  ans  bientôt,  M.  Garnier  songeait 
le  premier  h  l'utilisation  du  fer  chi'omé  de  Nouvelle-Calé- 
^10016,  il  en  fixait  la  valeur  à  200  francs  la  tonne  rendue 
««France,  et  indiquait  qu'il  pourrait  en  être  vendu  plusieurs 
Kâilium  de  tonnes  par  an;  à  cette  époque  les  usages  du 
fer  chromé  étaient  à  peu  prés  restreints  à  la  fabrication  des 


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316    RICHESSES    MINÉRALES   DE   LA    NODVELLE-CALÉDONIB 

produits  chimiques.  En  1875,  M.  Heurteau  évaluait  à 
4.000  tonnes  la  consommation  du  fer  chromé  en  France  età 
150  ou  160  francs  la  tonne  la  valeur  qu'aurait  sur  le  marché 
etiropéeo  le  minerai  de  Nouvelle-Calédonie.  En  1880, 
lorsque  ont  eu  lieu  les  premières  exploitations  sérieuses,  les 
conditions  du  marché  étaient  à  peu  près  les  mêmes,  et  la 
statistique  officielle  fixe  à  100  francs  la  valeur  sur  place 
de  ce  minerai,  qui  était  grevé  de  50  à  60  francs  de  fret 
jusqu'en  EiuY)pe. 

Depuis  lors,  la  demande  de  ferchromés'est  notahlemenl 
accrue,  non  seulement  en  raison  d'une  augmentation  delà 
consommation  des  chromâtes  comme  oxydants,  de  l'alun 
de  chrome  et  des  produits  colorants  à  base  de  chrome, 
mais  surtout  en  raison  de  son  double  emploi  dans  la  métal- 
lurgie à  la  fois  pour  produire  le  ferro-ehrome  nécessaire  à 
la  fabrication  des  aciers  durs  au  chrome  (pour  blindages, 
obus  de  rupture,  aciers  outils,  etc.),  et  pour  la  fabrication 
de  certaines  soles  de  fours  basiques.  On  consomme  actuel- 
lement, cro_vons-nous,  dans  le  monde  entier,  environ 
20.001)  à  25.000  tonnes  de  fer  chromé  riche  pour  U 
fabrication  des  produits  chimiques,  plusieurs  milliers  de 
tonnes  de  ferro-chrome,  tenant  aux  environs  de  70  p.  100 
de  chrome  métal,  pour  la  fabrication  des  aciers  durs,  et 
nu  assez  grand  nombre  de  milliers  de  tonnes  de  fer 
cln-omé  relativement  impur  pour  la  fabrication  des  soies. 

A  cet  accroissement  de  consommation  a  correspondu 
l'ouverture  de  différentes  exploitations,  et  un  abaisseineni 
des  prix.  La  valeur  du  fer  chromé  calédonien  sur  place, 
évaluée  par  la  statistique  de  l'exportation,  s'est  rapidement 
abaissée  de  100  francs  la  t<mne  {en  1880)  à  60  francs  (en 
1894),  et  s'est  depuis  lors  maintenue  assez  réguhèrenient 
entre  50  et  60  francs.  Le  fer  chromé  vaut  actuellement 
eu  Europe  aux  environs  de  1^  francs  la  tonne  pour  une 
teneur  do  50  p.  100  de  sesquioxyde  de  chrome.  An 
moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  les  marchés  J 


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UINERAIS   ASSOCIES   A  lA   FORMATION   DES  SERPENTINES  317 

étaient  condus  sur  les  bases  suivantes  pour  le  miiierai 
rendu  sous  palans  et  ensaché  :  la  teneur  minima  à  laquelle 
le  mifierai  était  accepté  était  celle  de  50  p.  100  de  ses- 
quioxyde  de  chrome,  la  tonne  était  payée,  suivant  les 
conditions  de  détail  des  marchés,  de  48  à  50  francs; 
d'autre  part,  une  plus-value  de  2", 50  par  tonne  était  ac- 
cordée pour  chaque  unité  pour  cent  de  sesquioxyde  de 
chrome  en  plus  de  50. 

Ce  chiffre  de  50  p.  100,  regardé  comme  nécessaire 
pour  la  fabrication  de  certains  produits  chimiques,  n'est 
pas  une  limite  inférieure  indispensable  pour  que  le  fer 
chromé  soit  utilisable  pour  la  fabrication  des  ferro-chromes 
par  e:xe{nple,  mais  c'est  celle  qui  est  pratiquement  fixée 
actuellement  par  tous  les  marchés  en  Nouvelle-Calédonie, 
et  l'on  ne  peut  guère  espérer  la  voir  s'abaisser  notable- 
ment, étant  donné  que  le  minerai  est  ensuite  grevé  d'un 
fret  presque  égal  à  sa  valeur  sur  place.  D'ailleurs,  pour 
un  rainerai  relativement  facile  à  trier  et  à  laver,  comme 
le  fer  chromé  calédonien,  ce  n'est,  pour  l'amener  à  cette 
teneur,  qu'une  question  de  soin  dans  l'exploitation  et  de 
création  d'installations  de  lavage,  peu  compliquées  d'ail- 
leurs, puisque,  comme  nous  l'avons  indiqué  ci-dessus,  le 
minerai  lourd  contenu  dans  les  gîtes,  soit  en  roche,  soit 
d'alluvions,  paraît  être  du  fer  chromé  très  riche  en  chrome. 
Quant  aux  impuretés  qui  le  souillent,  nous  avons  déjà 
dit  que,  dans  les  gttes  dits  d'alluvioDs,  ce  sont  surtout  des 
pellicules  d'oxyde  de  fer  et  des  traces  d'argile  rouge, 
qui,  rappel0D»-le,  est  composée  surtout  d'oxyde  de  fer, 
de  magnésie  et  d'un  peu  d'argile,  et  que,  pour  les  gise- 
ments en  roche,  ce  sont  des  silicates  alumino-magnésiens. 
Diverses  analyses  qui  ont  été  publiées  montrent  que, 
pour  les  minerais  enrichis,  ces  impuretés  se  réduisent 
surtout  à  de  la  silice  et  à  de  l'oxyde  de  fer.  M.  Garnier 
donne  dans  son  mémoire  de  1867  (*},  pour  un  minerai  de 
(•)  toc.  ci/.,  p.  83. 


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318   BI0HBS8ES   MINÉRALES   DK   LA   NODVBLLB-CAI.kDOinB 

choix,  l'analyse  que  nous  reproduisonB  cndeaBons  m.'nc 
le  n'  i  ;  noua  en  rapprochons  les  aBaljrfies  qne  nous 
avons  faites  et  que  nooi  avons  citée»  cî-demus  ;  elles  se 
rapportent  :  le  n"  -2,  à  un  bel  échantillon  de  fer  chromé 
en  roche,  sensiblement  pur,  ramassé  sur  t'afflenreoMsit 
de  la  mine  Anna-Madeleine  (baie  du  Sud]  ;  le  n°  8,  à  un 
échantillon  de  fer  chromé  d'alluvion»,  lavé,  prodoit  par 
la  mine  Georges-Pile  (baie  Ngo),  et  le  n*  4,  à  un  échan- 
tillon de  minerai  impur  (petits  grains  de  fiR-  chroma 
noyés  dans  une  gangue  silicatée)  provenant  de  la  nùe 
Chromière,  près  de  Saint-Vincent. 

19  3  4 

Sesqaf  oxyde  de  chrome....     (H, 333      «8,00  38,10  S£,00 

Protosyde  de  f«r ao,«  t7,79  37,00  M,IO 

Alumine 0,114        3,00        3,80        4,50 

Magnésie 0,D1E      11,10  3,20        ft.M 

Silice 4,688  »  8,10        *.» 

(hi  comprend  par  là  qnc  les  minerais  actaellement  pro- 
duits et  connus  en  Nouvelle-Calédonie,  avec  lear  tenear 
élevée  en  chrome  et  leur  faible  proportion  d'impuretés  en 
dehors  du  fer,  soient  très  appréciés  à  la  fois  po»r  la  h- 
bricetion  des  produits  chimiques  et  pour  celle  des  fem- 
chromes  ;  leur  étal  pulvérulent  les  iwid  moins  propres  à 
la  fabrication  des  soles  de  fours  basiqttea,  où  Ton  n'em- 
ploie qu'oxcoptionneltèment  des  pisés  et  des  briq«PP 
artificieUes,  préférant  généralement  les  bkica  nat«r«U. 

Il  nous  reste  à  donner  quelques  indlc^ttons  fwr  les  con- 
currents de  la  Nouvelle-CalédMiie  pour  l'approvisioniie- 
ment  du  monde  en  fer  nhromé. 

D'après  les  tableaux  statistiques  puUiés  dans  ï"** 
Minerai  Indttstry,  les  quantités  de  fer  chromé  expioitéw 
dans  les  dernières  années  jusqu'en  1900  par  les  différeate 
pays  auraient  été  les  suivantes  : 


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UINKRAI8   ASSOCIÉS    A   LA   rORHATtON    DEB   SESPENTIttlM   319 


»*Œ 

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«tii 

TflT 

!882 

Î.Tifl 

B.at4 

4i 

4.W7 

190 

ît  OU 

31.050 

1  S78 

S!. île 

iS 

Mnl 

Cette  statistique  n'est  peut-être  pas  absolument  com- 
plète, spécialement  en  ce  qui  concerne  la  Turquie  d'Asie^ 
oh  une  partie  importante  du  minerai  exploité  échltppeniit 
aux  droits  et  en  m6me  temps  &  la  statistique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Nouvelle-Calédonie  a  été  pendant 
toutes  ces  dernières  années  l'un  des  deux  on  trois  plus 
importants,  lorsqu'elle  n'était  pas  le  plus  important,  deR 
pays  producteurs  de  fer  chromé,  et  sa  production  a  aug- 
menté encore  de  plus  de  moitié  de  1900  à  1901 
{17.649  tonnes  en  1901)  pour  retomber,  il  est  vrai,  à 
10.281  tonnes  en  1902;  elle  fournit  à  elle  seule  environ 
le  quart  de  la  consommation  totale  du  monde. 

Il  semble,  d'après  les  renseignements  très  incomplets 
que  nous  possédons,  que  ce  ne  soit  qu'en  Asie  Mineure  et 
dans  l'Oural  que  l'on  trouve  des  gisements  de  fer  chromé 
qui  soient  dans  des  conditions  naturelles  comparables  à 
celles  des  gisements  de  la  Nouvelle-Calédonie;  si  ces  der- 
niers ont  le  désavantage  de  leur  éloignement  et  des  con- 
ditions industrielles  peu  favorables  do  pays,  ceux  de 
l'Oural  sont  astreints  à  de  longs  transports  par  voie  de 
terre,  et  ceux  de  l'Asie  Mineure,  situés  dans  un  pays  oii 
les  entreprises  industrielles  sont  singulièrement  malaisée.s 
à  conduire  d'une  façon  régulière,  ont  eux  aussi  leurs  dif- 
ficultés apéciaies  ;  d'autre  part,  si  pour  la  Nouvelle- 
Calédonie  on  ne  peut  guère  espérer  voir  le  fret  s'abais- 
ser encore  beaucoup,  il  y  aurait  beaucoup  à  faire  pour 
remédier  aux  difficultés  résultant  de  la  situation  indus- 


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320   RICHESSES   HmÊRALES   DE   t.A   NODVELLEH^ALÉDONIB 

trielle    générale  de    la  colonie,  comme  nous  le    ferons 
ressortir  dans  ce  qui  suit, 

'  Nous  croyons  avoir  suflisammeiit  montré  combien 
nombreux  sont  les  gisements  de  fer  chromé  en  NouTellc- 
Calédonie,  combien  beaucoup  cf'entre  eux  sont  favorisés 
parles  conditions  mêmes  de  gisement,  et  combien  il  serait 
possible  d'en  tirer  un  meilleur  parti  le  jour  oii  on  les 
exploiterait  avec  des  vues  plus  larges. 

Nous  ne  doutons  donc  pas  que  l'industrie  du  fer  chromé, 
qui  a  pris  un  beau  développement  au  cours  de  ces  der- 
nières années  et  qui  a  représenté  un  chiffre  d'affaires  de 
plus  de  un  demi-million,  atteignant  même  près  de  un  mil- 
lion en  1901 ,  ne  soit  appelée  à  un  essor  plus  large,  et  ne 
puisse,  pendant  de  longues  années  encore,  apporter  un 
important  appoint  à  la  prospérité  de  l'indiLstrie  minière 
(le  la  colonie. 


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CHAPITRE  III. 
LES  IUKERAI8   DE  FER. 


'  Indications  obnérales. 


Nous  no  pouvons  pas  terminer  ce  qui  a  trait  aux  raine- 
rais associés  à  la  grande  formation  serpentineuse  de  la 
Nouvelle-Calédonie  sans  faire  mention  des  quauUtés 
énormes  de  minerais  de  fer  qui  sont  associées  à  cette  for- 
mation ;  leur  abondance  ne  saurait  passer  inaperçue  aux 
yeux  de  ceux  qui  circulent  dans  la  colonie,  et  aussi  bien 
M.  Garnier  que  M.  Hourteau  y  ont  consacré  une  partie  de 
leurs  éludes  sur  les  richesses  minérales  de  la  colonie, 

M.  Garnier,  dans  son  Tnémoire  de  1867  (*),  s'exprimait 
ainsi  :  ><  Lorsque  l'on  voit  ces  montagnes  entières  de  fer 
hydroxydé  s'élever  au  bord  de  la  mer,  dans  le  fond  de 
ports  sûrs,  on  se  demande  pourquoi  les  navires  du  com- 
merce qui  quittent  toujours  la  Nouvelle-Calédonie  sur 
lest  ne  viennent  pas  chargés  de  ce  minerai,  qui  peut  avoir 
une  valeur  assez  élevée  >'  ;  il  ajoutait  que  l'essai  par  voie 
sèche  de  ce  minerai  avait  donné  un  culot  d'une  fonte 
hlanche assez  tenace  indiquant  une  teneur  db  51,30p,  100 
de  fer;  il  mentionnait  enfin  que  le  minerai  tient  toujours. 
disséminée  dans  sa  masse,  une  certaine  quantité  de  chro- 
mate  de  fer. 

M.    Heurteaii  (*")  signalait    la   présence   en   Nouvello- 


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322    RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA   NODVELLB-CAI^DONIE 

Calédonie  du  fer  oxydé  et  hydroxydé  sous  diverses 
formes,  d'abord  au  milieu  dos  terrains  anciens  du  Nord 
do  file,  et  surtout  dans  les  serpentines  :  il  notait  la  forte 
teneur  en  fer  des  argiles  magnésiennes  produites  par  la 
déromposition  des  serpentines,  mais  s'arrêtait  uniquement 
aux  amas  de  hlocs  scoriacés  de  fer  hydroxydé  chnïmifère 
ijuc  l'on  rencontre  sur  le  flanc  des  montagnes.  Faisant 
observer  qu'on  ne  peut  songer  h  installer  des  hauts 
fourneaux  et  à  fondre  le  minerai  sur  place,  et  constatant 
que  l'Australie  ne  peut  lui  offrir  un  débouché,  et  que,  d'autre 
part,  «  un  minerai  de  fer,  quelles  que  soient  sa  richesse 
et  sa  pureté,  ne  peut  supporter  les  frais  de  transport  jus- 
((u'en  France  que  s'il  possède  quelque  propriété  spéciale 
qui  le  fasse  rechercher  par  les  usines  pour  être  employé 
par  elles  en  quelque  sorte  comme  réactif  et  mélangé  k 
d'antres  minerais  ",  il  insistait  sur  ce  faitqueles  minerais  de 
la  Nouvelle-Calédonie  qu'il  avait  fait  analyser  en  France 
tenaient  des  proportions  très  notables  de  chrome,  et  il 
concluait  qu'il  serait  intéressant  de  faciliter  des  essais 
d'emploi  en  France  du  minerai  ehromifère  de  la  Nouvelle- 
Calédonie, 

Nous  n'avons  pas  connaissance  que  de  tels  essais  aient 
jamais  été  faits,  et,  si  l'on  a  souvent  parlé,  depuis  lors,  des 
richesses  considérables  que  représentent  ces  amasdemine- 
rai  do  fer,  on  n'a  jamais  rien  fait  pour  tenter  leur  mise  en 
valeur  ;  il  a  seulement,  à  une  certaine  époque,  été  pris 
(les  permis  de  recherches  pour  minorai  dfe  fer  sur  des 
étendues  cousidéraMes  au  voisinage  de  la  baie  du  Sud, 
dans  un  but  qui  était  vraisemblablement  tout  autre  que 
ccUii  d'y  faire  des  rechei-ches  ou  d'étudier  sérieusement 
l'utilisation  dos  minorais  qui  s'y  rencontrent. 

Bien  que  nous  ne  voyions  pas  pour  le  moment,  et  même 
pour  un  avenir  assez  lointain,  la  possibilité  de  tirer  un 
parti  quelconque  de  ces  minerais,  nous  en  décrirons 
hrii'veincnt  les  gisements. 


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MINERAIS    ASSOCIÉS   A  LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    323 

Le  fer  ne  cunsliliie,  en  somme,  qu'un  élément  presque 
secondaire  des  péridotites  et  des  roches  serpentineuses 
auxquelles  elles  donnent  naissance,  puisque  l'analyse  n'y 
décèle  que  de  5  à  12  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer, 
soit  seulement  de  3,5  à  8  p.  100  de  fer  métallique,  alors 
que  la  magnésie  constitue  de  3  à  4  dixièmes  du  poids 
total  de  ces  roches,  et  la  silice  de  4  à  5  dixièmes  ;  mais  le 
fer  se  concentre  très  fréquemment  sous  des  formes  que 
nous  pouvons  ramener  à  trois  types  distincts  :  les  blocs 
scoriacés  d'hématite  rouge,  les  grains  d'hématite  plus  ou 
moins  hydratée,  et  les  amas  de  sesquioxyde  de  fer 
hydraté  pulvérulent  associé  à  de  la  silice,  de  l'argile  et 
de  la  magnésie,  que  nous  désignons  sous  le  nom  d'argiles 
rouges. 

H.  —  Description  des  principaux   types  de  minerais. 


Les  blocs  scoriacés  d'hématite  rouge  se  rencontrent, 
avec  des  dimensions  très  variables,  sur  le  flanc  et  sur  les 
crêtes  des  massifs  de  péridotite,  et  parfois  jusqu'à  leur 
pied.  Ils  sont  extérieurement  d'une  coloration  foncée  et 
mate  due  aux  actions  atmosphériques;  brisés,  ils  donnent 
une  cassure  irrégulière  à  aspect  bleu  métallique,  quelque- 
fois à  reflets  rouges,  et  leur  poussière  est  rouge  ;  ils  sont 
peu  ou  pas  magnétiques,  et  l'analyse  montre  qu'ils  sont 
essentiellement  constituésd'hématite  rouge  ou  sesquioxyde 
de  fer  anhydre.  Leur  forme  est  irrégulière,  et  ils  se 
montrent  caverneux  ou  vacuolaires  dans  toute  leur  masse, 
mais  la  matière  dans  laquelle  s'ouvrent  les  vacuoles  est 
de  l'hématite  dure  et  compacte  ;  leurs  dimensions  varient 
de  celle  du  poing,  et  même  moins,  ii  une  fraction  imiior- 
taitte  de  mètre  cube;  les  plus  gros  blocs  se  rencontrent 
généralement  au  sommet  des  montagnes  ou  au  voisinage 
des  sommets;  ils  sont  tout  particulièrement  abondants 
sur    les  plateaux  et  sur  les  pentes  douces    recouvertes 


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324   RIUHBSSBa   HINBBALËS   de   la   M0UVBLLS-CALÉDO.N1B 

d'épais  manteaux  d'argile.  Leur  présence  est  en  particu- 
lier si  constante  sur  les  crêtes  que,  depuis  des  temps 
reculés,  les  Canaques  ont  coutume  de  s'en  servir  pour 
élever  sur  les  crêtes,  aux  croisements  des  sentiers,  des 
pyramides  ou  des  amas  de  ces  blocs  servant  à  la  fois  de 
repères  et  de  fétiches.  Nous  avons  noté  la  présence 
d'amas  particulièrement  puissante  de  ce  genre  de  mine- 
rais sur  les  pentes  douces  que  suit  la  route  de  Nouméa  à 
Prony  pour  descendre  vers  Prooy,  dans  le  massif  du  mont 
Kougouhaou,  à  la  baie  de  Bâ,  au  d6me  de  Tiebaghi,  et 
même  sur  presque  toutes  les  montagnes  de  la  formation 
serpentinoiise.  .  Nous  ignorons  d'ailleurs  complètement 
quel  peut  être  le  développement  de  ces  gisements  en 
profondeur,  puisque  nous  ne  pouvons  même  pas  dire  si 
les  blocs  que  l'on  rencontre  sont  uniquement  des  blocs 
volants,  ou  si  certains  d'entre  eux  ne  seraient  pas  les 
têtes  de  filons  ou  d'amas. 

Le  mode  de  formation  qu'il  convient  d'attribuer  à  ces 
blocs  d'Iiématite  est,  en  effet,  loin  d'être  rertaiii  ; 
M.  Heurteau,  rapprochant  la  grande  abondance  de  ces 
blocs  tout  autour  de  la  baie  du  Sud  de  l'existence  encore 
actuelle  de  sources  thermales  dans  l.i  région,  déclare  que 
les  minerais  de  fer  paraissent  y  avoir  été  déposés  par  des 
sourres  minérales  (");  d'autre  part,  il  indique  que  les 
blocs  de  fer  de  l'île  Ouen  pourraient  bien  provenir  de  la 
destruction  du  chapeau  ferrugineux  d'im  filon  d'enpholide. 
Nos  observations  personnelles,  qui,  en  dehors  de  l'examen 
même  des  gites  de  nickel,  cobalt  et  chrome,  et  surtout 
des  gîtes  exploités  ou  vraisemblablementexploitables,  ont 
nécessairement  dû  être  (rès  restreintes,  faute  de  temps, 
ne  nous  permettent  pas  de  présenter  d'argument  décisifs 
l'appui  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  théories  ou  de  tout« 
autre.    Nous  aurions  cependant,  pour  notre   part,   beau- 

(*)  Loc.  cit.,  p,  38Ï. 


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MINERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SBRPENTINBS  325 

coup  de  peine  à  ailmettro  que  ces  énormes  quantités 
lie  blocs  d'hématite  puissent  provenir  de  la  Bimple  alté- 
ration superficielle  d'une  partie  des  roches  de  la  for- 
mation serpentineiise  :  c'est  là  une  idée  qui  se  présente 
immédiatement  k  l'esprit,  noi:s  en  convenons,  mais,  en 
examinant  les  choses  de  plus  près,  on  reconnaît  qu'il 
est  lieaucoup  plus  vraisemblable  que  ce  soient  les  argiles 
rouges  qui  représentent  celui  des  éléments  de  la  décom- 
position actuelle  dos  péridotites  oii  s'est  concentré  le  fer 
qui  y  était  contenu  :  et  il  nous  parait  bien  difficile  d'ad- 
mettre qae  des  roches  dont  la  teneur  moyenne  ost  de 
8  à  9  p.  100  de  sesquioxyde  de  fer,  avec  une  densité 
voisine  de  3,  aient  pu,  en  perdant  leurs  éléments  essen- 
tiels, silice  et  magnésie,  et  sansTintcrveuiion  d'importants 
phénomènes  métamorphiques,  donner  naissance  à  des  blocs 
souvent  énormes  ayant  une  densité  apparente  (cavités 
comptées  dHUS  le  volume)  de  4  à  5  et  constitués,  jusqu'à 
concuiTence  dt-.  80  àltOp.  IWen  poids,  par  du  sesqnioxyde 
de  fer.  Une  telle  transformation  ne  serait  possible  qu'en 
supposant  un  déplacement  cnmpletdu  fer  avec  dissolution 
de  cet  élément,  ce  qui  revient  à  l'hypothèse  de  la  formation 
par  des  sources  minérales  sur  laquelle  nous  reviendrons. 
M.  Heurteau  invoque,  il  est  vrai,  non  pas  la  décomposi- 
tion des  péridotites,  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  serpen- 
tines, mais  celle  de  liions  d'euphotide ;  mais,  d'une  part, 
nous  n'avons  précisément  pas  rencontré  de  filons  d'eupho- 
tide  dans  les  points  oii  les  blocs  d'hématite  sont  le  pkis 
abondants,  et,  d'autre  part,  si  l'euphotide  peut  contenir 
des  pyroxènes  tenant  plus  de  8  à  9  p.  100  de  sosqiiioxydr 
de  fer,  la  magnésie  est  vraisemblablement  toujours  doini- 
oante  dans  ces  pyroxènes  comme  elle  l'est  dans  tous  lew 
silicates  ferro-magnésiens  que  nous  avons  rencontrés  en 
Nouvelle-Calédonie,  et,  en  outre,  la  silice  est  d'autant 
plus  abondante  qu'elle  apparaît  aussi  dans  les  feldspatbs  ; 
il  en  résulte  que  1rs  raisons  que  nous  donnons  ci-dessiis 


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326  RICHESSES   MINERALES  DB   LA   NODTELL&-CALBDONIB 

pour  ne  pas  admettre  que  les  hématites  en  question  pro- 
viennent de  l'altération  de  péridotites  nous  paraissent  tout 
aussi  sérieusespourn'enpoint  faire  chercher  l'origine  dans 
la  simple  décomposition  superficielle  de  roches  moinii 
basiques,  mais  peut-être  un  peu  plus  ferrugineuses,  qui 
s'y  rencontreraient  en  filons.  Nous  ne  croyons  pas  d'ail- 
leursquede  semblables  formations  d'hématite  aient  jamais 
été  reconnues  pour  avoir  une  pareille  origine  ;  les  blocs 
en  question  diffèrent  en  effet  essentiellement  de  tout  c*  . 
que  l'on  rencontre  d'habitude  dans  les  chapeaux  de  fer 
des  filons,  même  lorsque  ceux-ci  sont  constitués  par  des 
roches  ou  des  rainerais  riches  en  fer. 

L'hypothèse  suivant  laquelle  ces  minerais  de  fer  auraient 
été  déposés  par  des  sources  minérales,  chaudes  ou  non, 
serait  assez  séduisante,  d'autant  plus  qu'on  trouve  parfois 
ces  blocs  ferrugineux  groupés  autour  do  crevasses  ou  de 
cheminées  plus  ou  moins  circulaires  s'ouvraut  dans  les 
argiles,  et  dans  lesquelles  on  pourrait  songer  à  voir  la 
trace  des  émissaires  de  sortes  de  geysers  dont  les  eaux 
auraient  contenu  lo  fer  en  dissolution.  Mais  l'aspect  même 
de  ces  minerais,  qui,  bien  que  présentant  dans  leur  masse 
de  nombreuses  vacuoles,  sont  en  somme  formés  d'hématite 
compacte  et  ne  sont  nullement  concrétionnés,  est  loin  de 
confirmer  pareille  hypothèse,  et  nous  n'avons  relevé  nulle 
part,  comme  pour  les  minerais  de  nickel  et  pour  ceux  de 
cobalt,  des  apparences  accusant  nettement  le  caractère 
de  dépôts  de  sources,  tels  que  ceux  que  nous  voyons 
actuellement  se  former  sous  nos  yeux. 

Nous  avons  dit  au  contraire  que,  du  moins  en  certains 
points  (dôme  de  Tiebaghi,  par  exemple},  les  relations  de 
gisement  entre  l'hématite  et  le  fer  chromé  nous  ont  fait 
supposer  que  les  blocs  do  l'un  et  de  l'auti-e  minerai  pro- 
venaient d'un  même  gisement,  amas  ou  filon,  constitué 
originairement  de  fer  chromé  et  de  roagnétite,  avec  ou 
sans  interposition  de  gangue,  et  que  les  blocs  caverneux 


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MINERAIS    ASSOCIÉS    A  LA    FORMATION    DES    SERPENTINES    327 

d'hématite  représenteraient  simplement  les  chapeaux  plus 
ou  moins  rongés  et  oxydés  des  amas  de  magnélite;  nous 
avons  en  outre  indiqué  k  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
que  les  corrosions  extérieures  de  ces  blocs  nous  ont  paru 
parfois  indiquer  la  forme  d'anciens  cristaux  octaédnquc:s 
de  magnétite,  qu'on  retrouve  des  fragments  attirables  à 
l'aimant  au  sein  do  ces  blocs,  ot  enfin  (pic  l'attaque  par 
l'acide  rhlorhydrique  laisse  inattaqués  des  grains  <lo 
fer  chromé  qu'il  serait  difficile  de  regarder  comme  ayant 
également  été  déposés  par  des  eaux  minérales.  Tout  cela 
nous  porte  k  attribuer  la  formation  du  gisen>ont  primitif 
d'où  dérivent  ces  blocs  à  une  ségrégation  ignée  beaucoup 
plutôt  qu'à  des  sources  minérales. 

Les  quelques  analyses  qui  suivent  uiontieiil  entre  quelles 
limites  varie  la  composition  de  ces  héuiatilcs  ;  les  doux 
premières  d'entre  elles  oui  été  exécutées  à  l'École  des 
Mines  de  Pm-is,  pur  M.  Moissenet,  sur  des  échantillons 
rapporiés  par  M.  Heurteau(*),  la  troisième  a  été  faite 
au  laboratoire  des  forges  de  Saint-Nazaire  sur  un  érhan- 
tilloii  de  M.  Garnier  et  que  celui-ci  considérait  comme  du 
tout  venant  ("),  la  quatrième  se  rapporte  à  un  échantillon 
typique  que  nous  avons  recueilli  à  la  baie  Bâ  au  voisinage 
«lu  gisement  de  cobalt  décrit  ci-ilessus  et  que  nous  avons 
analysé  au  laboratoire  de  l'Kcolc  des  Mines  de  Saîut- 
Étienne. 


(•)  HE[:RTE.tu,  loc.ciL,  p.  386, 

(**)  Gah:iier.  Mémoiff  sur  Us  giseinenU  de  eobalt^  lU  chroin 
Il  la  Nouvrllr-Cnlêtlonie  {Socîi'li  des  liigi'iiieitra  rii-ilii  île  Frn 
1"  semestre,  p.  266). 


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328  RICBESSE3   MtSÈRALES   DE   LA   NOCVELU-^ALKDOHIB 

ff;.--: 1    s!»     l«o\'ÎZ\   '■« 

Acjde  litanique )  (  "t"»'  i 

Peroiyde  de  rer 69,60  13  «8  «9,* 

Oxyde  roage  de  manganèse.  %  0,60  2,0B  >r«*» 

Oiydft  »ert  de  chrome 5,33  8,89  2  6,t 

Alumine i™..  i™«.  1,10  0,7 

Chaux -           ~~  0.10  *>.* 

*  Magnésie —          —  0,f 0  in-« 

Acide  phospborique non  <i«*  ■»•  ^«*  0,08  0,15T 

Chlorure  de  sodium t/.  «..ibi.      0,40        -  — 

Acide  sulfurique 0,60       0,10  t™«.  0,WÏ 

Perte  par  calcinalion 16,60  14,30  10,20  1,45 

Nous  ajouterons,  en  ce  qui  concerne  le  dernier  échantil- 
lon, qu'il  semblait  parfaitement  pur  de  tout  mélange  d'ar- 
gilo  ou  d'autres  matières  étrangères,  qu'il  donnait  une 
cassure  franche  d'un  bleu  métallique,  et  qu'il  se  réduisait 
en  une  poussière  rouge.  Atlaquéparl'acide  chlorhydrique 
concentré  et  chaud,  il  laissait  un  résidu  de  5,5  p.  100 
constitué  essentiellement  de  silice  et  de  fer  chromé;  son 
analyse  élémentaire  pourrait  élre  représentée  ainsi  qu'il 
suit  : 

Uémalite  rouge 88,1  p.  It» 

Fer  chromé , 3,3    — 

Oiyde  de  manganèse traces 

Oiyde  de  chrome  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique.      4,4  p.  100 

Silice,  acide  titanique,  argile,  chaux,  etc 2,SS  — 

Humidité 1 ,43  — 

Les  chiffres  précédenta  montrent  que  les  hématites  de 
Nouvelle-Calédonie  constitueraient  de  bons  et  riches 
minerais  de  fer,  puisque  leur  teneur  varie  de  50  à  60  p.  100- 
de  fer  métallique  ;  elles  présentent  en  outre  la  particula- 
rité d'être  chargées  de  chrome. 

A  côté  des  gros  blocs  d'hématite  on  rencontre,  sur  les 
pentes  des    massifs  serpentineux  qui  ne  sont  pas  trop 


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MINBRAI8  ASSOCIÉS  A  l.A  t'ORUATION  DES  SERPENTINES  329 
abruptes  pour  empêcher  la  formation  de  tout  dépôt  le  long 
de  ces  pentes,  dos  lits  souvent  très  épais  et  extrêmement 
étendus  de  grains  de  minerai  de  fer  de  la  grosseur  d'un 
pois  a  peu  pri^s;  on  a  souvent  désigné  cette  catégorie  de 
minerais  sous  le  nom  de  fer  pisolithique,  nom  que  nous 
ne  croyons  pas  devoir  adopter,  car  ces  grains  n'ont  des 
fers  pisolitliiques  connus  dans  nos  régions  que  la  dimen- 
sion, n'en  ayant  ni  la  forme,  ni  l'aspecl  extérieur,  ni  la 
composition.  Rugueux  à  la  surface  et  recouverts  d'une 
couche  d'un  millimètre  environ  de  fer  liydroxydé  plus 
ou  moins  pulvérulent,  ils  se  montrent  intérieurement  cons- 
titués d'hématite  rouge  et  paraissent  très  évidemment 
être  des  débris  de  blocs  d'hématite,  descendus  générale- 
ment plus  bas  sur  les  pentes  de  la  montagne  que  les  bloce 
intacts,  et  ayant,  du  fait  <le  leur  division,  subi  plus  qu'eux 
l'effet  de  l'air  humide  qui  a  transformé  extérieurement 
l'hématite  rouge  en  hématite  brune. 

L'analyse  d'un  échantillon  de  ces  grains  ferrugineux 
provenant  des  pentes  du  massif  de  péridotite  de  la  mine 
Hasard  à  Tomo  nous  a  donné  les  résultats  suivants: 

AN.tLVSE  IMM^DrATE 

Perte  au  feu 8,8 

j  Silice 16,2     j 

l  Alumine 1,28  i 

Insoluble  dans      1  Sesquioxyde  de  fer 0,57  1 

l'acid«chlorbydriqiie  j  Oxyde  rouxe  demnuga-  i 

I      nèse 0,9    I 

(  Magnésie 0,25  I 

;  Silice 0,55  j 

i  l'eroxyJe  de  fer 64,25  J 

l  Oxyde  rouge  de  inanga-  I 

„  ,  . ,     ,             1     nèse 0.2    f 

Solubledans        /  Seaquioxyde  de  chrome.  2,0    \  "ï,* 

l'acde  chlorhydnque  j  ^^^^^  ^^  ^j^j^^, „  ^    , 

i  Alumine 3,65  I 

f  Chaux 0,8     I 

,  Magnésie 0,15  1 


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330  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 


riL^BNTAlHE 

Silice i»,T5 

Fer 45,37 

Manganèse 0,79 

Chrome (,36 

Oxygène  combiné  aux  métaux 20,80 

Alumine M3 

Chaux O.B 

Magnésie 0,4 


Un  tel  minerai,  tenant  après  calcination  49,75  p.  lOU 
de  fer  métallique,  serait  encore  un  minerai  d'une  bonne 
richesse  ;  aucune  impureté  ne  s'y  montre  en  quantité  plus 
gênante  que  dans  l'échantillon  n"  4  du  tableau  qui  précède  ; 
le  chrome  y  est  en  quantité  notable,  c'est  un  point  sur 
lequel  nous  reviendrons. 

Enfin  des  amas  excessivement  importants  d'une  forma- 
tion rouge,  pulvérulente,  grasse,  imperméable,  et  plus  ou 
moins  plastique,  s'étalent  sur  toutes  les  pentes  douc*s 
des  massifs  serpcntjneux  et  sur  tous  les  sommets  qui  ne 
sont  pas  trop  abrupts,  et  se  développent  en  outre  dans  les 
différentes  «  vasques  »  qui  se  (Teusent  entre  les  saillies 
des  rochers  de  péridotite  plus  ou  moins  altérée. 

Ces  amas,  assez  fortement  hydrates,  sont  essentiellement 
constitués  d'oxydes  de  différents  métaux  parmi  lesquels 
domine  le  fer,  accompagné  d'un  peu  de  manganèse,  ào 
nickel  et  de  cobalt  ;  ces  oxydes  sont  associés  à  de  la  silice, 
à  de  l'argile  et  à  de  la  magnésie  ;  le  tout  englobe 
en  outre  différents  débris  minéraux  comprenant  principale- 
ment du  fer  chromé  et  de  l'enstatite  plus  ou  moins  altérée. 
Cette  formation  est  d'ailleurs  loin  d'être  homogène,  elle 
est  parfois  nettement  bigarrée,  d'autres  fois  elle  présente 
des  couleurs  variant  du  rouge  orange  au  rouge  violacé; 


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MiSERAIS   ASSOCIÉS   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES   331 

certains  lits  sont  particulièrement  riches  en  silice  au  point 
de  constituer  plutôt  des  sables,  d'autres  sont  particulière- 
ment ocreux,  d'autres  enfin  plus  nettement  argileux. 

La  formation  est  généralemont  recouverte,  et  partielle- 
ment mélangée,  des  grains  d'oxyde  de  fer  que  nous  venons 
de  mentionner;  elle  contient  souvent  de  véritables  lits  de 
fer  chromé,  constituant  non  seulement  les  gisements 
exploitables  que  nous  avons  décrits,  mais  aussi  des  con- 
centrations beaucoup  moins  avancées  ;  elle  englobe  en 
outre  les  rognons  cobaltifères  et  manganésifères  qui 
constituent  les  minerais  de  cobalt. 

On  aura  une  idée  de  la  constitution  chimique  de  ces 
masses  d'après  les  résultats  des  analyses  suivantes  :  les 
deux  premières  sont  rapportées  par  M,  Garland('),  la 
troisième  a  été  faite  par  M.  Moore  au  laboratoire  du  ser- 
vice local  à  Nouméa  sur  un  échantillon  d'un  banc  spéciale- 
ment ocreux  exploité  comme  ocre  auprès  de  la  baie  du 
Sud,  les  quatrième  et  cinquième  ont  été  exécutées  par 
noiis-même  sur  des  échantillons  provenant,  l'un  de  la 
mine  Hasard  à  Torao,  choisi  particulièrement  argileux, 
l'autre  de  la  mine  des  Bornets  à  Thio,  pris  au  voisinage 
immédiat  d'un  gisement  de  nickel  exploité. 


Silice.. 18,*2  12,43  5,88      37,1 

Sesquioxyde  de  fer 69,30  66,36  73,66      36,5 

Alumine 0,45  "  5,37        3,0 

Oxydes  de    nickel  et  de 

cobalt t,6i  3,14  0,98 

Chaux "  "            " 

Magnésie  et  oxyde  de  man- 
ganèse   0,39  5,35  0,74        2,6 

Sesquîoxyde  de  chrome..  •>  »  2,13         » 

Eau 9,80  12,70  11,02      20,5 


2,1 

13,9 


{*)  Tranaaclioiu  IniUluie  Mining  and  Melullwgi/,  p.  121  à  148;  189*. 


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332   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLB-CALÉOONIE 

Le  dernier  échantillon  présentait  l'analyse  imnnédiate 
suivante  : 

1  Sesquioxyde  de  fer «1,6 

Eléments  solubles  1  Magnésie 4,5 

dans  les  acides,  j  Silice 0,0 

(  Oxydes  de  nickel  etde  cobalt....  1,7 

/  Eoslarile  altérée 2,8 

Insoluble t  Fer  chromé 3,1 

'  Argile  hydralée  et  silicates  divers.  11,0 

Eau  éliminée  par  calcinution  légère 13,1 

La  teneur  en  fer  métallique  de  oes  différents  échantil- 
lons  rcss(trt  respectivement  à  48,.M  p.  100  —  46,4^ 
p.  100  —  51,56  p.  100,  —  25,55  p.  100  —  et  4i.6ft 
p.  100  à  l'état  cru,  et  à  53,78  p.  100  —  53,20  p.  100  — 
57,94  p.  100  —  32,14  p.  100  —  et  51,39  p.  100  après 
calcination  ;  ils  constitueraient  donc  encore  le  plus  sou- 
vent de  véritables  minerais  de  fer. 

Ajoutons  qu'il  existe  encore  beaucoup  de  fer  dans  les 
formations  anciennes  du  Non!  de  la  .Nouvelle-Calédonie, 
comme  l'avait  indiqué  M,  Ueurteau.  et  que  l'on  y  a  ren- 
contré certains  aflleurements  qui  signalent  peut-être  des 
filons  ou  des  amas  de  minerai  de  fer  d'une  certaine 
importance.  C'est  ainsi  qu'on  nous  a  montré  des  échan- 
tillons provenant  du  sommet  du  Tanou  {ligne  de  crète 
entre  le  Diahot  et  la  rivière  de  Koumac)  constitués  de 
belle  hématite  avec  gangue  de  quartz. 

C.  —   Utilisation  industrielle  des  minerais  di  fer 

DE   LA   NoL'VELLE-CaLÉDONIÏ. 

Les  indications  qui  précèdent  suffisent  à  montrer 
qu'il  existe  dans  la  colonie  des  ressources  très  impor- 
tantes en  minerais  de  fer,  d'une  richesse  parfaitemenl 
sui^ant«,  soit  crus,  soit  après  calcination,  pour  pouvoir 


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MINBRAI8  ASSOCliS   A   LA   FORMATION   DBS    SBRraNTINBS  333 

'^tre  employés  à  la  fabrication  de  la  fonte;  les  impuretés 
généralement  k  redouter  dans  lea  minerais  de  fer  ne 
paraissent  pas  y  exister  en  proportion  nuisible,  tout  au 
plus  quelques-uns  d'entre  eux  sont-ils  chargés  de  magné- 
sie. Mais  ils  renferment,  d'une  façon  constante  et  en  pro- 
portion notable,  du  chrome  et  souvent  un  peu  de  nickel,  ce 
qui  ue  serait  pas  sans  être  fort  gênant  pour  use  fabrica- 
tion courante,  si  ces  métaux  ne  s'éliminaient  pas  dans  le 
laitier  :  le  chrome  n'y  manquerait  sans  doute  pas,  puisqu'il 
est  toujours  difficile  dans  la  fabrication  des  ferro-chromea 
d'éviter  qu'il  n'y  passe  en  très  grande  abondance; 
pour  le  nifkel  il  n'en  serait  peut-être  pas  de  même.  Une 
telle  question  ne  saurait  d'ailleurs  mieux  être  éluridf'e 
que  par  des  essais  dans  les  conditions  de  la  pratique.  Si 
ces  deux  métaux  passaient  d'une  façon  sensible  dans  les 
fontes,  e1  de  là  dans  les  fers  et  aciers,  ils  seraient  ^tu-;- 
ceptibles  de  donner  à  ces  produits  des  qualités  excep- 
tionnelles, très  proi'ienses  pour  certains  usages,  mais  fort 
gênantes  pour  d'autres  ;  en  outre,  leur  présence  dans  le 
métal  rendrait  stm  tnivail  beaucoup  plus  difficile.  Il  y 
aurait  donc  peut-être  déji»,  du  fait  de  la  présence  dû 
chrome  et  du  nickel  dans  les  minerais  de  fer  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, une   gène  pour  leur  emploi  courant. 

Si,  laissant  de  c/ité  cette  difficulté,  qui  ne  serait  sans 
doute  pas  un  obstacle  absolu  à  leur  emploi,  on  exa- 
mine quels  sont  les  déiMîuchés  qui  pourraient  leur  être 
■  offerts,  on  constate,  comme  le  faisait  il  y  a  vingt-huit 
ans  M.  Hcurteaii,  qu'ils  sont  nuls.  Malgré  un  certain 
développement  industriel  pris  par  la  colonie  depuis  cette 
époque,  on  ne  peut,  pas  plus  aujourd'hui  qu'alors,  songer 
à  la  création  d'une  industrie  du  fer  en  Nouvolle-Calédonie  ; 
00U.1  avons  suffisamment  fait  ressortir  la  difficulté  d'or- 
ganiser la  fusion  sur  place  du  minerai  de  nickel,  pour 
lequel  il  s'agit  <te  réaliser  une  économie  de  fret  de  près 
-de  40  francs  par  tonne  par  une  seule  opération  métallur- 


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334   RICHESSES   MIMÉBALBS   DE   LA   NODVELLE-CALÉUONIB 

gique,  pour  que  l'on  comprenne  que  la  production  dea 
fers  et  aciers  commerciaux  se  heurterait  à  des  difficultés 
très  nombreuses-,  leur  prix  de  revient  serait  donc  vrai- 
semblablement  très  supérieur  à  celui  des  produits  impOT- 
(és  d'Europe;  d'antre  part,  la  fabrication  d'un  produit 
dont  la  valeur  n'est  pas  plus  élevée  que  la  fonte,  en  vue 
de  l'envoi  en  Europe,  n'est  pas  nonplub  possible,  surtout 
dans  un  pays  oii  le  bon  cliarbon  sera  toujours  assez  cher. 

Pourraitr-on  expédier  les  minerais  calédoniens  en  Aus- 
tralie? Cela  ne  parait  pas  davantage  possible;  il  n*exisle 
pas  encore  d'industrie  du  fer  et  de  l'acier  en  Australie, 
bien  que  l'on  songe  sérieusement  à  en  créer  une.  Mais, 
en  vue  d'une  semblable  création,  des  recherches  ont  été 
faites,  surtout  eu  Nouvelle-Galles  du  Sud  oii  se  trouvent 
de  beaux  gisements  houillers,  et  elles  ont  abouti  à  la 
découverte  de  nombreux  et  importants  gisements  de  fer, 
qui  pourraient  sans  doute  fournir  dos  rainerais  de  qualité 
suffisante  àdes  prix  notablement  plus  bas  que  ceux  des 
minerais  que  l'on  pourrait  amener  de  Xouvelle-Calédonie, 
et  qui  seraient  grevés  d'un  fret  de  10  à  12  francs.  Ajou- 
tons d'ailleurs  que,  n'en  fût-il  pas  ainsi,  par  exemple  au 
cas  oh  il  deviendrait  possible  de  combiner  des  expédi- 
tions de  minerai  de  fer  de  Nouvelle-Calédonie  en  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  comme  fret  do  retour  pour  les  bateaux  y 
apportant  du  charbon,  il  est  très  vraisemblable  qu'avec 
les  tendances  très  protectionnistes  du  gouvernement  de 
la  Confédération  australienne,  des  droits  de  douane  vien- 
draient empêcher  pareille  concurrence  aux  gisements 
auslratiens. 

Quant  au  transport  des  minerais  de  Nouvelle-Calédo- 
nie en  France,  il  n'y  faut  pas  songer,  étant  donné  la  va- 
leur qu'ont  en  Europe  même  les  meilleurs  minerais  de  fer. 

C'est  d'ailleurs  là  la  considération  sur  laquelle  nous 
(levons  insister  on  terminant  :  si  des  minerais  k  valeur 
relalivoment  élevée  peuvent  être  exploités  en  Nouvelle- 


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MINERAIS   ASSOCIES   A  LA   FORMATION   DES   SERPENTINES  335 

Calédonie,  non  sans  certaines  difficultés,  puisque,  maigre 
les  conditions  de  gisement  souvent  très  faciles  du  nickel, 
on  a  quelque  peine  à  le  produire  à  des  prix  suffisaniment 
modérés,  des  minerais  à  faible  valeur  comme  les  minerais 
(le  fer,  dont  les  meilleures  qualités  valent  en  Europe  de 
15  à  20  francs,  ne  sauraient  même  à  notre  avis,  quelque 
facile  que  soit  leur  exploitation,  être  actuellement  rendus 
sous  palans  dans  la  colonie  k  des  prix  inférieurs  k  une 
semblable  limite.  Les  chiffres  que  nous  avons  donnés  ci- 
dessus  pour  les  frais  de  transport,  d'embarquement,  etc., 
suffisent  à  le  montrer. 

Dès  lors,  tout  concourt  k  faire  penser  que,  ni  aujour- 
d'hni,  ni  avant  un  avenir  que  l'on  ne  peut  guère  escompter, 
les  riclies  et  abondants  minerais  de  fer  de  la  Nouvelle- 
Cîilédonie  ne  pourraient  ^tre  utilisés. 


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QUATRIËUE  PARTIE. 
aiBBHlNTS  KiTALUQUSS  DIV1B8. 


A  côté  dn  fer,  du  nickel,  du  cobalt,  et  du  chrome, 
dont  les  gisements  sont  en  très  étroite  relation  avec  la 
grande  formation  serpentineuse,  on  rencontre  dans  les 
autres  terrains  qui  constituent  le  sol  de  la  Nouvelie- 
Calédonie  une  grande  variété  de  minerais  métalliques; 
sans  noua  arrêter  pour  l'instant  à  la  question  de  l'utilisa- 
tion possible  des  minerais  en  question,  nous  mentionne- 
rons qu*  nous  y  avons  recueilli  nous-même  de  l'or,  du 
platine,  de  l'argent,  du  mercure,  du  cuivre,  du  plomb, 
du  zinc,  du  manganèse,  de  l'antimoine,  du  tungstène, 
<lu  titane,  du  molybdène;  nous  ajouterons  qu'on  avait 
cru  autrefois  rencontrer  également  de  l'élain,  mais  qu'il 
parait  bien  élabli  que  cette  indication  était  erronée. 
De  tous  ces  rnétaun  divers,  plusieurs  ont  été,  daus  le 
temps,  l'objet  d'exploitations  ou  de  tentatives  d'exploi- 
tation, ce  sont  l'or,  le  cuivre,  le  plomb  argentifère  et  l'an- 
timoine :  mais,  seul  parmi  eux,  le  cuivre  a  donné  lieu, 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  une  exploitation  d'une 
prospérité  réelle  ot  d'une  certaine  durée.  Quant  aui 
autres  métaux,  ils  n'ont  été  que  sigmdés,  et  leurs  gise- 
ments n'ont  jamais  été,  à  notre  connaissance,  l'objet 
il'aucun  essai  d'utilisation. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
LE  CUIVRE. 


Dès  1843,  (in  missionnaire,  le  Pi>ro  Moutniiizior,  signa- 
lait à  Koumac  une  mine  de  cuivre,  mai-s  cette  indication 
paraft  être  restée  oubliée  pendant  bien  dos  années. 
Lorsqu'en  1863-66  M.  fîarnier  fit  une  première  étude 
des  richesses  minérales  de  la  colonie,  il  mentionna  l'exis- 
tence du  cuivre  à  file  Ducos  et  rapporta(')  au  sujet 
des  échantillons  qu'il  _v  avait  recueillis  une  indication  de 
Rivot  de  natureà.  encourager  des  recherches  en  ce  point; 
il  signala  d'autre  part  que  des  indigènes  lui  avaient 
affirmé  qu'il  existait  dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi 
du  cuivre  pyriteux  associé  à  de  la  barytine. 

Mais  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1872,  lorsque  d'assez  minu- 
tieuses recherches  poursuivies  tout  autour  île  la  basse 
vallée  du  Diahot  par  les  chercheurs  d'or  firent  découvrir 
de  beaux  affleurements  cuprifères  auprès  d'Ouégoa,  que 
l'on  songea  pour  la  première  fois  à  exploiter  le  cuivre  eu 
Nouvelle-Calédonie.  Ces  différents  affleurements  et  les 
quelques  travaux  qui  y  furent  poursuivis  dès  le  début  ont 
clé  examinés  en  détail  par  M.  Heurteau,  et  décrits  avec 
soin  dans  son  rapport  à  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et 
des  Colonies  :  cet  Ingénieur  mentionnait (")  tout  d'abord. 


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338   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVEIXE-CALBDONIB 

au  Nord  du  vUlage  de  Ouégoa,  et  en  relation  étroite- 
avec  lea  roches  à  glaucophane  que  nous  avons  signalées^ 
déjà,  l'existence  d'un  groupe  important  d'affleurements, 
parmi  lesquels  ceux  de  la  mine  de  la  Baiade  avaient  déjà 
été  l'objet  de  travaux  de  recherches  assez  développés  et 
d'un  commencement  d'exploitati*)  ;  il  rapportait  d'autre 
part  la  découverte  de  deux  affleurements  cuprifères  à 
une  dizaine  de  kilomètres  plus  à  l'Ouest  au  voisinage  du 
village  de  Pondolaï.  Depuis  lors,  des  travaux  de  recherche» 
ont  été  poursuivis  sur  nombre  de  ces  affleurements,  mais 
ils  n'ont  donné  lieu  k  une  exploitation  importante^  et 
durable  qu'à  la  mine  de  la  Balade;  cette  exploitation  s'est 
poursuivie  sans  interruption  jusqu'en  1884. 

A  côté  des  deux  groupes  do  gisements  d'Ooégoa  et  de 
Pondolaï,  sdtués  sur  la  rive  droite  du  Diahot,  d'antrw 
ont  été  signalés  en  grand  nombre  dans  les  schistes  ardoi- 
siers  noirs  de  ia  rive  gauche  du  Diahot  et  jusque  dans  la 
presqu'île  d'Arama.  Les  plus  importants  d'entre  eux  sont 
ceux  des  mines  Pilou  et  Ao,  découverts  on  1884  et  1887 
et  exploités  par  intermittence  depuis  lors  jusqu'en  1901  : 
mais  un  coup  d'oeil  jeté  sur  la  /iff.  1  de  la  PI.  V,  où 
nous  avons  représenté  la  région  Nord  de  l'Ile,  et  oii  nona 
avons  figuré  les  différentes  concessions,  demandes  de  con- 
cessions et  périmètres  de  recherches  pour  cuivre,  montre. 
encore  que  l'existence  de  ces  périmètres  ne  prouve  pas 
d'une  façon  absolument  certaine  que  ce  métal  se  renconlre 
dans  leur  étendue,  que  les  gisements  de  cuivre  sont 
nombreux  dans  toute  la  région  ;  nous  avons  souligné  les 
noms  des  gisements  oit  nous  avons  personnellement  cons' 
talé  la  présence  de  minerais  de  cuivre. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulement  dans  le  Nord  de  la 
colonie  que  ce  métal  existe;  il  a  été  l'objet  de  tentatives 
d'exploitation  en  1883-85  à  Konmac,  et  vers  1876  dans 
la  vallée  de  la  Négropo  près  de  Canala;  sa  présence  a  été 
en  outre  signalée  en  nombre  de  points  tout  le  long  de  la 


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cAte  Ouest  et  notamiaent  k  Baui,  près  <ie  (Bornéo,  «i  Nord 
de  Poaenbout,  k  l'Ile  Ducos,  daiu  U  ^ioe  de  Suiit- 
Vincent,  etc. 

Nom  4>joutâroB8  qua,  «l'après  les  iodieatioBB  de  la 
statistique,  il  a  été  exporté  de  Xotir^le-Calédooie, 
depuis  iSlS  jus^a'-en  19^  plus  da  .5Û.000  touaei  de 
nÙBCrai  de  cuivre  dont  la  teneur  n'aurait  pas  été  infé- 
rieure -à  tO  à  15  p.  10(X,  et  UQ  millier  de  tonnes  de  uuttes 
très  ctotaUeaaent  plue  ricbes. 

Nous  founùssoas  ci-dessous  quelques  indications  sur 
les  différents  giseioents  que  nous  venons  de  raeniicuiner. 

B.  —  Gisements  dd  osocpk  Mt  u  Balu». 

Ces  gisements,  situés  au  flanc  des  différentes  collines 
qui  descendent  de  la  crête  de  Tiari  sur  Ouégoa  en 
enserrant  les  vallées  do  la  rivière  de  la  Balade  et  de  ses 
affluents  (Voir  la  /îff.  î)  de  la  PI.  IV),  se  présentent  en 
filons  ou  en  amas  dans  les  micaschistes  qui  constituent 
tous  res  contreforts. 

Ces  micaschistes,  qui  sont,  rappelons-Ic,  généralement 
très  chargés  à  la  fois  ea  grandes  paillettes  de  mica  blanc 
et  en  rblorite,  et  dont  la  teinte  est  verdàtre  ou  bleuâtre, 
passont  quelquefois  an  gris  plus  ou  moins  fnnré;ils  sont 
assoriés  par  places,  À  la  gendarmerie  de  Ouégoa  notam- 
ment, à  des  roches  serpentineuses  et  talqucuscs,  qui 
ne  paraissent  d'ailleurs  rien  avoir  de  commun  avec  la 
grande  formation  des  péridotites  qui,  comme  on  le  sait, 
domine  dans  presque  toute  la  colonie  sauf  précisément 
dans  cette  région  nord -occidentale. 

Les  micaschistes  sont  en  outre  traversés,  précisément 
au  voisinage  immédiat  de  Ouégoa,  par  une  très  impor- 
tante formation  de  roches  chargées  d'amphibole  et  sur- 
tout de  glaucophane,  que  nous  croyons  devoir  considérer 
comme  attestant  une  activité  toute  spéciale  du  métamor- 


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3iO   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 

pbisme  dana  cette  région.  €«8  roches,  qui  paraissent 
occuper  en  particulier  la  majorité  des  ravins  de  la  rivière 
de  la  Balade  et  de  ses  affluents  de  droite  au  voisinage 
des  mines  Murât,  Balade,  et  Delaveuve,  comprennent  sur- 
tout des  amphibolites  vertes  à  grain  fin  d'un  type  spécial; 
l'examen  micrcacopique  montre  en  effet  que  ces  amphibo- 
lites sont  essentiellement  constituées  d'une  amphibole 
passant  au  giaucophane,  associée  à  du  mica  blanc,  à  de 
la  chlorite,  et  à  des  grenats  almandins  ;  ces  derniers  sont 
très  nombreux  par  endroits,  ils  sont  généralement  visibles 
h  l'œU  nu  et  présentent  même  souvent  des  dimeasîons 
assez  considérables.  Acôté  de  ces  roches  de  couleur  verte, 
on  trouve  des  traînées  d'une  formation  franchement  bleue, 
tirant  un  peu  sur  le  gris,  dont  la  pâte  apparaît  au  micros- 
cope comme  entièrement  constituée  de  glaucophane  ;  celle 
pâte  contient  en  outre  tantôt  des  cristaux  de  pyroxène, 
tautftt  des  cristaux  isolés  on  des  veinules  J'épidote  vert 
jaunâtre,  et  souvent  des  grenats  almandins,  et  despaillettes 
de  mica  blanc  ou  de  chlorite  ;  ou  rencontre  en  outre  des 
schistes  onctueux  plus  ou  moins  micacés  criblés  de  petites 
baguettes  de  glaucophane.  Enfin  le  mamelon  de  la  mine 
Delaveuve  présente  un  puissant  ressaut  fonné  d'un  quari- 
zite  gris  verdâtre  foncé,  à  grain  fin,  très  dur,  qui  se  montre 
presque  uniquement  constitué  de  quartz  et  d'abondants 
petits  fragments  d'ilménite.  Ces  différentes  roches  con- 
tiennent un  grand  nombre  de  cristaux  secondaires  et  no- 
tamment du  spbène,  du  rutile,  etc. 

Celte  très  curieuse  formation,  qui  avait  été  décrite  par 
M.  Hourteau  comme  une  formation  éruptive,  mais  qaî 
parait  plutôt  devoir  être  regardée  comme  d'origine  méU- 
morphique,  avait  été  considérée  par  lui  comme  étant  en 
relation  étroite  avec  la  venue  cuprifère.  Quelque  frappante 
que  soit  la  coexistence,  auprès  de  Ouégoa,  des  minerais  de 
cuivre  et  du  glaucophane,  nous  devons  faire  observer  que 
les  formations  î»  glaucophane  se  poursuivent  vers  le  Non! 


D.D.t.zeabï  Google 


QISBMENTB   MÉTALLIQUES   DIVERS  341 

et  vers  l'Est  but  une  étendue  assez  considérable  (jusqu'à 
Oubatcbe),  taodisqueles  gisements  de  cuivre  ne  paraissent 
pas  se  prolonger  dans  cette  direction,  alors  que  l'or  y 
apparaît  au  contraire  ;  et  que,  plus  à  l'Ouest  et  au  Sud,  le 
cuivre  se  montre  disséminé  dans  des  formations  où  le  glau- 
copbane,  que  nous  avons  recherché  avec  soin,  ne  parait 
pas  exister. 

C'est,  nous  l'avons  dit,  au  milieu  de  ces  roches  que  se 
montrent  les  gisements  de  cuivre  du  groupe  de  la  Balade  ; 
le  métal  s'y  présente  principalement  sous  la  forme  de 
pyrite  cuivreuse  plus  ou  moins  riche  en  cuivre,  mais  à 
teneur  généralement  assez  élevée  (20à50  p.  100  pour  la 
pyrite  bien  séparée  de  sa  gangue),  formant  tantôt  des 
massesinterstratifiéesassezpuissantea  et  tantdtdes  mouches 
ou  des  imprégnations  entre  les  feuillets  des  schistes  :  le 
cuivre  pyriteuxne  constitue  d'ailleurs  que  la  forme  profonde 
du  minerai;  aux  affleurements  et  au  voisinage  immédiat 
de  ceux-ci  on  rencontre,  associés  à  de  l'oxyde  de  fer,  du 
cuivre  natif,  de  l'oxyde  noir,  et  les  différentes  variétés  de 
minerais  oxydés,  malachite,  atacamite,  azurite,  etc.  en 
masses  généralement  amorphes. 

Le  gisement  même  de  la  Balade  est  celui  qui  a  été 
découvert  le  premier,  il  affleure  de  part  et  d'autre  du  bras 
gauche,  assez  encaissé,  du  ruisseau  de  la  Balade,  à  peu  de 
distance  à  l'Est  du  village  de  Ouégoa,  et  à  une  centaine 
de  mètres  à  l'aval  d'une  haute  paroi  schisteuse  qui  parait 
marquer  un  accident  géologique  d'une  certaine  importance. 
11  se  présente  sous  la  forme  d'un  dlon-couche  de  cuivre 
pyriteux,  ayant  une  puissance  totale  variable  aux  envi- 
rons de  1",50,  interstratifié  dans  des  schistes  chloriteui 
verts,  et  souvent  séparé  en  deux  bancs  par  une  épaisseur 
de  50  à  60  centimètres  de  schistes  stériles.  Ce  filon-couche 
est  dirigé  Nord  légèrement  Ouest,  et  présente  unpendage 
assez    raide   {voisin  de  45°  aux  affleurements,  mais  plus 


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342    RICHESSES   MINBIULBS  D»  LA  NOCVBLLBHSAI.EDONIE 

raide  eu  profraidwir)  ;  il  se  rsmifle  d'silIearB  p^  des  im- 
prégnations et  filMinets  coirreux  qui  eoarent  daaa  les 
<as8ures  transversales  dea  schistes.  Trfle»  sont  les  seole» 
données  k  peu  près  certames  que  nous  ayoas  po  retirer^ 
tant  de  la  lectnre  du  rapport  de  M.  Heurteau,  que  de 
l'examen  que  noua  avons  fait  des  afflenrements  et  de  fe 
galerie  ouvertoen  direction  sur  la  rive  gaucho  delà  rivière 
à  quelques  mètres  au-dessus  de  son  lit,  galerie  dont 
les  10  ou  15  premiers  mètres  étaient  encore  accessibles. 
Quant  à  l'allure  détaillée  de  la  formation  soit  en  directioB, 
soit  en  profondeur,  nous  n'avons  pu  obtenir  k  son  sujet  que 
des  indications  fort  vagues  ;  il  n'est  pas  douteux  qu'une 
exploitation  active,  et  longtemps  rémunératrice,  &  été  pous- 
sée sur  ce  gisement  parla  Compagnie  des  mines  de  Balade, 
sans  interruption  depuis  1874  jusqu'à  1884,  fournissant  à 
peu  de  choses  près  toutes  les  quantités  de  minerai  de 
cuivre  exportées  de  la  colonie  pendant  ces  onze  années  ; 
c'est-à-dire,  d'après  les  statistiques  officielles,  environ 
40.000  tonnes  d'un  minerai  qui  aurait  tenu  en  moyenne 
près  de  15  p.  iOO  de  cuivre,  et  dont  la  valeur  totale  aurait 
représenté  quelques  millions  de  francs. 

Nous  n'avons  d'ailleurs  pu  retrouver  aucun  document 
sérieux  relativementà  cette  exploitation;  nile  service  des 
mines,  ni  les  ayants  droit  de  l'ancienne  société  exploitante 
n'ont  conservé  de  registre  des  travaux,  ni  de  plan  les 
figurant  avec  quelque  précision;  une  coupe,  qui  existe 
encore  dans  les  archives  du  service  des  mines,  et  dont  les 
indications  coïncident  à  pou  près  avec  les  renseignements 
verbaux  qui  noua  ont  été  fournis,  semble  indiquer  que  la 
formation  présentait  peu  de  continuité  en  direction,  puisque 
les  travaux  ne  se  seraient  développés  que  sur  une  cen- 
taine de  mètres  k  peine  ;  mais  on  se  serait  enfoncé  jusqu'à 
une  profondeurde  150  mètres  dans  «ne  colonne  riche,  affec- 
tant d'ailleurs  plus  ou  moins  nettement  une  disposition  en 
chapelet. 


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ei8BM»fT8   MÉTALLfQCBS   DIVERS  343 

L'exploitation  a  été  iateprompae  en  1884,  à  un  moment 
^  crise  du  marché  (tu  cuiyre,  et  après  que  Ton  eut  dépité 
(oui  ce  qui  avait  été  reconnu  en  fait  de  mioerai  riche. 
D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  par  t'au- 
>cien  directeur  de  ces  travaux,  qui,  avant  de  les  diiiger, 
avait  acquis  en  Australie  l'ezpérieBce  des  mines,  et  en 
particulierceHedes  minée  de  cuivre,  le  gisement  aurait  été 
-alor»  complètement  épuisé,  et  des  travaux  de  recherches 
lauraient  été  faits,  avant  de  l'abandonner,  pour  s'assurer 
•qu'il  n'existait  pas  d'autres  colonnes  riches  au  voisinage. 
Nous  n'avons  aucun  élément  pour  apprécier  l'importance 
tlescMts  travaux  et  le  bien  fondé  de  la  conclusion  qui  a 
été  tirée  de  kup  résultat  négatif  ;  il  est  cependant  permis 
de  se  demander  si  la  Compagnie  des  mines  de  Batade  a 
bien  fait,  poiu-  l'exploration  de  sa  concession  tant  eu  pro- 
fï>ndeur  qu'en  direction,  tous  les  sacrifices  qu'elle  aurait 
•dû  faire. 

Le  minerai  qui  a  été  expédié  en  Australie  passe  pour 
-avoir  eu  une  teneur  moyenne  en  cuivre  voisine  de  15  p.  100, 
il  renfermait  en  outre  un  peu  d'argent,  il  ne  contenait  ni 
plomb  ni  zinc  en  quantité  sensible.  Une  partie  de  ce 
minerai  avait  été  enrichi  dans  une  petite  laverie  établie 
sur  place  ;  mais  des  quantités  considérables  de  produits 
à  faible  teneur  ont  été  abandonnées  en  tas  sur  le  carreau 
.de  la  mine,  en  raison  des  frais  élevés  d'enrichissemcnl 
et  de  transport  jusqu'aux  usines  de  traitement  austra- 
:Jiennes.  Il  en  existe  encore  des  amas  qui,  depuis  de 
longues  années,  donnent  lieu  à  des  dé^iôts  cuivreux  verts 
dans  le  lit  du  ruisseau  de  la  Balade. 

Les  minerais,  transpm-tés  par  un  petit  tramway  jus- 
■qu'au  Diahut,  étaient  descendus  pai-  chaloupes  ou  chalands 
■dans  la  baie  de  Pam;  ils  ont  tous  élé  expédiés  crus  eu 
Australie. 

En  remontant  la  vallée  au-dessus  des  affleurements  de 


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34i  RICHESSES  MINÉRALES  DB  LA  NOUVELLEKIALÊDONIB 
la  Balade,  on  en  rencontre  d'autres  encore,  dont  les  plus 
importants  sont  ceux  de,  la  mine  Mural,  situés  à  quelque 
600  mètres  à  l'amont,  au  voisinage  de  la  cote  140.  Deux 
galeries  de  recherches  y  ont  été  ouvertes  à  deux  niveaux 
distants  verticalement  d'une  vingtaine  de  mètres.  La  pre- 
mière a  rencontré  d'abord  un  amas  de  pi'rite  cuivreasede 
près  de  1  mètre  de  puissance,  dont  la  teneiu-  moyenne  eu 
cuivre  serait  supérieure  à  10  p.  100,  puis  elle  a  suivi  la 
formation  eu  direction,  c'est-à-dire  de  l'Ouest  à  l'Est,  sur 
une  vingtaine  de  mètres.  Cette  formati(m  a  montré  l'al- 
lure d'un  filon-couche  de  60  centimètres  de  puissance 
environ,  interstratifié  dans  les  schistes  chloriteux,  el 
plongeant  comme  eux  vers  le  Sud  avec  un  pendage  d'une 
quinzaine  de  degrés  ;  on  y  a  procédé,  sur  une  centaine  de 
mètres  carrés  de  surface,  à  un  dépilage  qui  a  donné  lien 
à  rextraclion  de  minerais  dont  une  partie  a  été  expédiée 
eu  Australio  {nous  avons  trouvé  la  mpution  de  l'expédition, 
eu  1884,  de  325  tonnes  de  minerai  provenant  de  la  mine 
Murât) .  La  pjTÎte  cuivreuse  se  voit  encore  au  front  d'avance- 
ment avec  une  puissance  un  peu  variable,  mais  dépassant 
presque  partout  'yO  centimètres  ;  nous  y  avons  recueilli 
au  hasard  de  beaux  échantiUons  de  minerai  massif  à 
9,6  p.  100  de  cuivre. 

La  galerie  inférieure,  au  contraire,  n'a  i-encontré  la 
formation  qu'étranglée.  Il  parait  donc  vraisemblable  que 
celle-ci  n'est  pas  bien  régulière  et  qu'elle  affecte  comme 
il  la  Balade  une  disposition  en  chapelet.  Ce  que  nous 
avons  vu  ne  peut  que  nous  faire  regretter  que  les  travaux 
d'exploration  n'aient  pas  été  poursuivis  d'une  façon  plus 
sérieuse.  Les  premiers  d'entre  eux  remontent  déjà  à  une 
vingtaine  d'années,  les  derniers  à  cinq  ou  six  ans;  depuis 
lors  la  mine  Murât  a  été  complètement  abandonnée.  Le 
minerai  extrait  dos  dernières  recherches  a  été  laissa 
entasse  sur  place,  faute  d'un  moyen  de  transport  autre 
qu'un  chemin  muletier  jusqu'à  Ouégoa  ;  il  y  en  a  quelques 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  845 

reataioes  de  tonnes,  dont  une  partie  tout  au  moins  parait 
assez  riche. 

Nombreuses  sont  encore  les  indications  plus  ou  moins 
nettes  de  la  présence  du  cuivre  non  seulement  dans  le  ra- 
vin du  ruisseau  de  la  Balade,  mais  encore  sur  le  mamelon 
qui  le  limite  au  Nord-Ouest,  et  dans  le  ravin  qui  l'avoisine 
dans  cette  même  direction  ;  le  nombre  dos  concessions 
contiguës  qui  couvrent  cette  région  en  témoigne  ("Voir  la 
(ig.  9  de  la  PI.  IV),  non  pas  que  chacune  d'elles  ren- 
ferme nécessairement  des  affleurements  de  quelque 
valeur,  mais  tout  au  moins  parce  qu'elles  n'ont  généra- 
lement été  demandées  qu'après  la  découverte  de  quelque 
indice  de  minerai. 

Le  seul  point  de  ce  groupe  où  nous  ayons  encore  eu 
l'occasion  de  relever  d'une  façon  nette  la  présence  du 
cuivre  est  la  mine  Df/avetive,  où  il  a  été  pratiqué  plu- 
sieurs puits  et  galènes  de  recherches.  Le  gisement  s'y 
montre  dans  des  conditions  assez  intéressantes  au  point 
lie  vue  géologique  :  les  chloritoschistes  qui  forment  la 
roche  dominante  du  mamelon  oii  se  trouve  le  gisement, 
et  qui  y  sont  associés  aux  roches  bleues  à  glaucophane  et 
au  massif  de  quartzite  que  nous  avons  mentionnés  ci-des- 
sus, sont  découpés  au  flanc  du  ravin  par  un  à-pic  d'une 
quinzaine  de  mètres  de  hauteur  dont  la  paroi,  orien- 
tée à  peu  près  Nord-Sud,  laisse  voir  une  faille  de  décro- 
chement très  nette;  l'amplitude  de  la  faille  est  sans 
doute  faible,  et  l'ouverture  de  la  cassure  ne  dépasse  pas 
-  ou  3  décimètres.  Vers  le  Sud,  les  schistes  sont  sté- 
riles et  présentent  leur  couleur  gris  verdfltre  habituelle, 
ils  sont  sillonnés  de  veines  quartzouses;  vers  le  Nord,  au 
contraire,  la  paroi  de  schiste  montre  la  coupe  d'une  demi- 
lentille  imprégnée  de  cuivre  ;  le  croquis  reproduit  par  la 
/ig.  10  de  la  PI,  IV  rend  compte  de  cet  aspect  ;  au 
milieu  des  micaschistes  stériles  apparaît  une  zone  lenti- 


D.D.t.zeabï  Google 


346  RICHESSES   MINERALES   DB   LA   NOtTVBLLB-CALBDONIB 

culaire  oEi  ceux-ci  sont  tout  imprégnés  de  petites  mouches 
d'azurite  et  de  malachite  leur  donnant,  avec  les  enduit» 
ferrugioeux  rouges,  une  coloration  bigarrée;  l'épaisseur  de 
la  zone  imprégnée  est  de  80  centimètres  environ  au  con- 
tact même  de  la  cassure,  mais  elle  diminue  progressive- 
ment en  s'en  éloignant  et  cette  zone  vient  mourir  au  voi- 
sinage de  la  surface  du  mamelon,  présentant  en  tout  une 
longueur  de  8  mètres  environ.  Une  galerie  ouverte  en  (t 
rection,  c'est-à-dire  vers  l'Est  légèrement  Sud,  a  suivi,  wir 
16  mètres  de  longueur,  cette  même  formation  qui  codsw- 
vait  au  début  sa  puissance,  mais  qui  s'effîlait  ensuite  peu  à 
peu.  11  n'y  avait  donc  là  qu'une  petite  lentille  dont  la  faille 
a  déplacé  la  moitié  Sud  ;  celle-ci  n'a  d'ailleurs  pas  été 
retrouvée.  En  dehors  de  cette  galerie,  il  n'a  pas  été  fait, 
a  notie  connaissance,  d'autres  travaux  d'exploration  que 
ceux  décrits  autrefois  par  M.  Heurteau  (*)  et  actuellement 
inaccessibles,  ils  n'avaient  mis  à  jour  que  des  indices  de 
peu  d'importance.  Il  aurait  été  extrait  de  la  galène  de 
recherches  ci-dessus  mentionnée  un  certain  nombre  de 
tonnes  de  minerai  à  teneur  moyenne  de  8  p.  100  de  cuivre 
sous  forme  de  produits  oxydés. 

Mentionnons  enfin  les  ameuremeuts  de  la  mine  Salas, 
située  à  6  kilomètres  à  l'Est  de  Pam  également  dans  les 
micaschistes  ;  on  n'y  relève  que  quelques  enduits  bleus 
et  verts  sur  les  micaschistes  altérés  de  la  surface,  ces 
indices  nous  ont  paru  de  peu  d'importance. 

Telles  sont  les  observations  que  nous  avons  pu  faira 
dans  le  groupe  des  gisements  de  cuivre  des  environs  de 
Ouégoa,  c'est-à-dire  des  gisements  qui  se  trouvent  dans  les 
micaschistes  et  en  relation  plus  ou  moins  étroite  avec  les 
roches  à  glaucopliano  ;  elles  se  résument  en  quelques 
mots  :  bien  que  les  indices  de  la  présence  du  métal  soient 
nombreux,  ce  n'est  qu'en  deux  points  seulement  qu'il  a 

{•)  Loc.  vil„  p.  286-287. 


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0ISEHENT8   HÊTALLIQUEB   DIVERS  347 

4té  mis  en  évidence  des  amas  de  pyrite  cuivreuae  de 
réelle  importance;  dans  le  premier  d'entre  eux  on  paraît 
avoir  épuisé  une  colonne  riche  sans  chercher  d'une  façon 
suffisante  s'il  n^en  existe  point  d'autres;  dans  le  second 
■c|iielque3  travaux  qui  avaient  donné  des  résultats  plutôt 
encourageants  n'ont  pas  été  poursuivis. 


C.   —  GlSBUBKTS  DU   r>RODPB  DK  LA  Pu^O- 

Les  schistes  ardoîsiers  de  la  rive  gauche  du  Dîahot, 
-qui  empiètent  même  par  places  sur  la  rive  droite,  ne 
paraissent  pas  moins  riches  en  imprégnations  cuivreuses 
-que  les  micaschistes  ;  celles-ci  paraissent  même  se  ré- 
partir sur  des  étendues  beaucoup  plus  considérables  ici 
que  là. 

Nous  avons  décrit  déjà  la  puissante  formation  à  laquelle 
-appartiennent  tous  les  mamelons  qui  se  développent  au 
-Sud  du  Diahot  et  nous  avons  déjà  dit  qne  son  âge  nous 
paraît  impossible  à  fixer  avec  certitude  dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  sur  la  géologie  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie. Ces  schistes  sont  sillonnés  de  filons  ot  fllonnets  de 
■quartz,  et  l'on  y  rencontre  divers  filons  métallifères,  cuivre, 
plomb  argentifère,  zinc,  et  même  or;  ces  métaux  sont  le 
plus  souvent  associés  entre  eux  dans  les  différents  gise- 
ments, avec  prédominance  ici  du  cuivre,  là  du  plomb  et  du 
zinc,  plus  loin  de  l'or  ;  ils  paraissent  tous  être  en  relation 
assez  étroite  avec  des  venues  déroches  vertes  diabasiques, 
quelon  rencontre  en  dykes  dans  les  schistes  au  voisinage 
plus  ou  moins  immédiat  des  gisements. 

Nous  ne  décrirons  pour  le  moment  que  ceux  d'entre  les 
gisements  oti  le  cuivre  domine,  ce  sont  de  beaucoup  les 
plus  nombreux  d'ailleurs,  puisque  nous  n'aurons  à  rap- 
porter ensuite  à  cette  formation  qu'un  seul  gisement  d'or 
■et  un  seul  de  plomb  et  zinc  argentifères. 


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348  RICHESSES   MIMÉKALES   DE   LA.   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Le  plus  important  d'entre  eux,  du  moins  à  ce  que  l'on 
peut  en  juger  dans  l'état  actuel  des  travaux,  est  celui 
de  la  miae  Pilou,  découvert  en  1884,  et  exploité  depuis  1886 
jusqu'à  la  fin  de  1901  avec  dos  alternatives  d'activité  ef 
de  chômage. 

Les  travaux,  qui  n'ont  été  abandonnés  en  dernier  lien 
qu'à  la  tin  de  l'année  1901 ,  présentent  un  développement 
important;  l'épuisement  en  ayant  été  continué  depuis 
lors,  et  les  galeries  principales  étant  restées  en  état  d'en- 
tretien suffisant,  nous  avons  pu  les  visiter;  nous  en  avons 
d'ailleurs  trouvé  sur  place  un  plan  à  jour  que  reproduit 
la/îff-  11  <lela  PI.  IV. 

Le  filon,  car  il  s'agit  ici  d'un  véritable  filon  de  quarix 
métallifère,  recoupe  presque  verticalement  les  bancs  de 
schistes  noirs,  inclinés  à  45"  vers  le  Sud,  qui  l'en- 
caissent; il  affleure,  au  voisinage  immédiat  d'un  puis- 
sant dyke  de  diabase,  sur  les  deux  versants  Ouest  et  Est 
d'un  mamelon  schisteux  arrondi  en  forme  de  ddme  ;  il 
s'y  signalait  par  de  beaux  échantillons  de  malachite  et 
d'azurite,  tantôt  en  masses,  tantôt  en  cristaux,  dont 
nous  avons  pu  ramasser  encore  quelques  fragments.  La 
partie  du  filon  comprise  dans  ce  mamelon,  qui  s'élève 
d'uue  centaine  de  mètres  au-dessus  du  sol  légèrement 
accidenté  qui  l'environne,  a  été  promptement  dépitée  i 
partir  du  mois  do  juin  1886  ;  ces  travaux  ont  été  ceux 
des  niveaux  désignés  sous  les  numéros  j,  2  et  3,  ils 
se  s<)nt  développés  par  places  sur  80  mètres  de  hauteur. 
Ils  ont  produit  des  minerais  d'une  belle  richesse  et  d'au- 
tant plus  faciles  à  fondre  qu'ils  étaient  entièrement  oxydés. 

On  a  ensuite  commencé  l'exploitation  par  puits  et  gale- 
ries :  elle  s'est  d'abord  poursuivie  jusqu'au  quatrième  ni- 
veau (profondeur  25  mètres  au-dessous  de  l'orifico  du  puits] 
dans  des  minerais  encore  oxjdé5,puis  on  est  entré  dans  la 
zone  des  minerais  sulfurés  ;  les  travaux  s'y  sont  développés 
jusqu'au  mois  d'avril  1891,  mais  ils  ont  été  arrêtés  une 


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QI8EUENTS   MKTALLIQCES    DIVERS  349 

première  fois  à  cette  date  ;  repris,  sans  grande  activité, 
en  1897,  ils  ont  été  abandonnés  à  nouvean  en  sep- 
tembre 1901,  après  que  des  traçages  importants  y  eurent 
été  fiuts  avec  un  certain  succès,  et  sans  que  les  dépi- 
lagesyaieut  été  très  étendus,  à  eo  croire  les  indications 
du  plan  que  nous  avons  retrouvé. 

Le  puits  a  été  foncé  jusqu'à  150  mètres  de  profondeur 
et  des  traçages  ont  été  poursuivis  de  30  en  30  mètres  en 
moyenne,  jusqu'à  la  profondeur  de  145  mètres  (8°  niveau)  ; 
ils  ont  tous  suivi,  sur  des  longueurs  dépassant  générale- 
ment 300  mètres,  un  ftlon  d'une  régularité  d'allure  satis- 
faisante et  d'une  minéralisation  qui,  si  elle  est  variable 
d'un  point  à  un  autre  et  présente  des  colonnes  alternati- 
vement plus  pauvres  et  plus  riches  comme  dans  presque 
tous  les  filons  métallifères,  nous  a  paru  assez  belle,  au 
cours  de  l'examen  nécessaiiement  rapide  que  nous  en 
avons  fait.  Pour  ne  parler  que  des  niveaux  où  les  dépi- 
lages  ne  sont  pas  achevés  ou  presque  achevés,  nous  y 
avons  reconnu  l'existence  d'un  filon  quartzeux,  régulier 
dans  l'ensemble,  dont  la  puissance  varie  généralement 
de  1  mètre  à  1°',50,  tantât  en  une  seule  veine,  tantôt 
en  plusieurs  veinules  englobant  des  passées  schisteuses; 
dans  ce  quartz  sont  irrégulièrement  réparties  des  masses 
de  sidfures  métalliques:  chalcosine,  chalcopyrite ,  blende, 
galène  et  pyrite,  généralement  mélangés  d'une  façon  assez 
intime,  et  dont  la  quantité  varie  depuis  de  simples 
mouches  jusqu'à  des  masses  occupant  l'épaisseur  presque 
entière  du  filon. 

Il  nous  a  naturellement  été  impossible,  au  cours  d'une 
simple  visite,  d'évaluer  la  puissance  réduite  moyenne 
du  filon  et  la  teneur  moyenne  en  cuivre,  plomb  et  zinc, 
des  minerais  qu'il  pourrait  rendre.  Nous  ne  pouvons  que 
donner  à  ce  sujet  les  quelques  indications  suivantes  :  il  a 
été  récemment  prélevé  par  les  propriétaires  de  lamine, 
aux  neuf  points  figurés  en  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  9,  sur 


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%û   RICHESSES   MtKKRALES   DB   LA   NOliVELLB-CALÉDONlB 
la  fif.  11   de  la  PI.  IV,  neuf  écliantillons  qui  représea- 
taraient  chaeiiB  la  teneur  moyenne  d'un  lot  de  5  tonnes 
de  minerai  tout  rwant,  et  qui  auraient,  aux  dires  At 
ceux-ci,  donné  à  l'anslvse  les  résultats  suivants  : 


Cuin^ 

PIoBib 

Vtl 

Bm 

Al»«» 

p.  100 

p.  100 

p.  lOO 

p-iO» 

2,7 

0,75 

16,66 

5,40 

{•grammes  à  la  lonnc- 

S.TS 

0,50 

12,35 

6,35 

32 

_ 

4,« 

2.» 

15 

10 

«3 

» 

S,« 

«.(M 

<»,7» 

% 

22 

— 

3,« 

l,3il 

13,76 

7,90 

W 

— 

3,62 

0,75 

8,70 

7,90 

32 

— 

8,38 

1,35 

12,50 

10,10 

50 

— 

3,73 

1,50 

7,8b 

4,10 

20 

— 

8,64 

3 

12,85 

6,45 

«4 

— 

Si  les  points  oh  ont  été  pris  les  échantillons  n'ont  pas 
été  systématiquement  rboisis  dans  les  meilleures  parties 
ilu  filon,  et  si  les  prises  d'essai  et  les  analyses  ont  été 
faites  sincèrement,  leurs  indications  doivent  être  consi- 
dérées comme  satisfaisantew.  La  présence  du  zin*"  en 
quantité  importante  dès  qu'on  est  entré  dans  la  zone 
sulfurée,  mais  qui  ne  paraît  pas  avoir  do  tendance  à 
s'accentner  avec  l'approfondissement,  est  évidemment  de 
nature  à  gêner  quelque  peu  le  traitement  du  minerai. 
Néanmoins  c'est  Ik  une  difficulté  métallui^que  que  Ton 
résout  bien  aujourd'hui  avec  un  traitement  soigneux,  et, 
si  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis  sont  exacts. 
les  dernières  mattes  obtenues  à  la  fonderie  de  Pam  à 
partir  de  concentrés  dont  la  teneur  en  cuivre  variait  de 
6  à  14  p.  100  contenaient  en  moyenne  ; 

Cuivre 30  à  25  p.  100 

Plomb 8  à  10  p.  100 

Argent 400  grammes  à  la  tonne. 

Le  zinc  passait  en  majeure  partie  dans  la  scorie  on  bien 


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OISEHKNTS   MliTjU.LlQUE8   DIVEBS  35r 

éiait  volatilisé .  Ces  mattes  étaient  achetées  par  les  fonderie» 
australiennes,  rendues  à  l'usiDe,  en  comptant  tout  le  cuivre 
an  cours  et  le  plomb  à  raison  de  l''',45  l'unité  (cours  du 
milieu  de  1901),  et  en  faisant  une  déduction  de  25  francs 
par  tonne  pour  frais  de  traitemetat  des  mattes. 

CoBuoe  nous  l'avons  dit,  le  filon  a  été  suivi  en  profon- 
deur jusqu'à  150  laètres  au-dessous  de  l'orifice  du  puits, 
soit  jusqu'à  près  de  250  mètres  au-dessous  des  affleure- 
ments les  plus  élevés,  et  rien  ne  parait  indiquer  qu'il  ne 
se  prolonge  pas  encore  plus  profondément;  en  direction, 
les  dépilages  se  sont  développés  aux  niveaux  supérieurs 
sur  une  étendue  de  250  mètres  environ,  non  sans  laisser 
des  colonnes  pauvres  ou  stériles  dont  la  largeur  totale 
représente  de  70  à  80  mètres,  ils  ont  été  vraisemblalile- 
ment  arrêtés  à  des  zones  relativement  pauvres  ;  aux 
niveaux  inférieurs  au  sixième,  il  n'y  a  en  que  fort  peu 
de  dépilages,  et  cependant  les  traçages  dos  septième  et 
huitième  niveaux  ont  été  faits  respeclivement  sur  270  e( 
130  mètres  ;  ils  ne  paraissent  pas  avoir  rencontré  moins 
de  zones  riches  que  les  niveaux  supérieurs,  le  huitième 
niveau  se  trouvait  arrêté  en  plein  minerai  à  ses  deux 
extrémités,  le  septième,  arrêté  au  stérile  vers  l'Ouest, 
était  encore  au  minerai  à  l'Est.  Quant  à  la  qualité  du 
minerai,  rien  ne  parait  de  nature  à  faire  redouter  qu'elle 
ne  devienne  moins  satisfaisante  en  profondeur.  Bien  qu'il 
ait  déjà  été  extrait,  assure-t-ou,  environ  20,000  tonnes 
de  minerai  assez  riche  pour  être  expédié  en  Australie  ou 
traité  à  Pam,  c'est-à-dire  d'une  teneur  dépassant  vrai- 
semblablement 10  p.  100,  et  qu'il  faille  tenir  compte  en 
outre  de  nombreux  milliers  de  tonnes  de  minerai  plus 
pauvre  laissé  sur  le  carreau  de  la  mine,  il  reste  encore 
des  ressourcoK  reconnues,  et  il  est  permis  d'espérer  que 
l'exploration,  qui  n'a  en  somme  porté  que  sur  300  mètre;* 
en  direction  et  250  mètres  à  peine  en  profondeur,  n'a  pas. 
encore  révélé  tout  ce  que  contient  ce  gisement. 


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1 


352  RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOtJVELI.E-CALÉDONIE 

Son  exploitation,  toile  qu'elle  a  éié  comprise  jusqu'ici, 
n'est  d'ailleurs  pas  sans  prêter  à  la  critique  ;  si  les  tra- 
çages et  dépilages  dans  la  raine  peuvent  être  regardés 
comme  ayant  été  faits  d'une  façon  rationnelle,  il  n'en  a 
pas  toujours  été  de  même  du  traitement  du  minerai.  On  a 
au  début  expédié  les  minerais  crus  à  Swansea  ;  ensuite  on 
les  a  dirigée  sur  l'Australie,  ce  qui  leur  faisait  encore 
supporter  un  fret  voisin  de  15  francs  par  tonne  ot  des  frais 
de  traitement  nux  usines  de  Dapto  (Nouvelle-Galles  du 
Sud)  de  30  francs,  soit  une  charge  totale  de  50  francs. 
Lorsque,  peu  de  temps  après  la  mise  en  exploitation  de 
la  mine  Pilou,  la  société  des  mines  du  .Nord,  qui  la  pos- 
sédait, voulut  entreprendre  l'e'xploitation  de  la  mine  de 
plomb  argentifère  Mérétrice,  il  devint  presque  indispen- 
sable de  monter  sur  place  une  fonderie  pour  le  plomb,  dont 
les  minerais  bruts  avaient  beaucoup  moins  de  valeur.  £n 
même  temps  que  cette  fonderie  fut  créée,  il  parut  ration- 
nel d'y  adjoindre  des  fours  de  première  fusion  du  cuivre 
{water-jackets)  afin  de  transformer  des  minerais  dont  la 
teneur  variait  de  10  à  15  p.  100  en  niattes  à  30  p.  100 
au  moins.  Il  était  d'ailleurs  devenu  nécessaire  de  laver  le 
minerai,  qui,  des  produits  oxydés  riches  de  la  surface. 
avait  passé,  au-dessous  du  quatrième  niveau,  à  des  sul- 
fures encore  beaux,  mais  où  l'on  rencontrait  non  seule- 
ment un  mélange  de  pyrite,  blende  et  galène,  mais  en 
outre  beaucoup  de  quartz  intimement  associé  aux.  sul- 
fures. Une  petite  laverie  avait  été  monléc  à  cet  effet,  elle 
livrait  des  minerais  enrichis  à  plus  de  10  p.  100  de  cuivre, 
mais  elle  produisait  en  même  temps,  à  eûlé  du  stérile, 
dos  produits  mixtes  (teneur  3  à  6  p.  100  de  cuivre)  qu'on 
n'était  pas  outillé  pour  traiter,  et  que  l'on  enta-ssait  autour 
de  la  mine. 

Pour  des  raisons  que  nous  ne  sommes  pas  à  même 
d'apprécier,  surtout  après  un  intervalle  do  temps  de 
douze  ans,  cotto  organisation  ne  put  pas  prospérer,  et  la 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES  DIVERS  353 

Compagnie  des  mines  du  Nord  dut  ôtre  liquidée  au  début 
de  1891. 

Ce  u'est  que  six  ans  après  qu'une  société  anglaise, 
}'  <<  International  Copper  Corporation  Limited  n,  à  laquelle 
s'est  substituée  en  1899  la  société  «  Mines  de  cuivre  Pilou 
Limited  »,  a  repris  l'exploitation  de  la  mine  Pilou.  Conduite 
d'abord  dans  des  conditions  modestes,  cette  entreprise  a- 
fait  ensuite  des  dépenses  considérables  et  parfois  inu- 
tiles :  tandis  que  les  travaux  souterrains  étaient  peu  à 
peu  restreints,  les  dépenses  d'installations  superficielles 
étaient  faites  sans  compter;  en  dehors  de  l'utile  instal- 
lation d'une  macliine  d'extraction  et  d'une  puissante 
pompe,  de  nouveaux  appareils,  dont  une  partie  n'ont  d'ail- 
leurs jamais  servi  et  qui  étaient  peu  appropriés  aux  cir- 
constances locales,  étaient  montés  pour  transformer  la 
laverie,  de  Luxueux  ateliers  de  réparations  étaient  installés 
k  côté  de  la  mine,  et  l'ancienne  fonderie  de  Pam  était 
reconstruite  sur  un  nouveau  plan  (substitution  de  fours  à 
réverbère  aux  water-jacketw  pour  la  première  fusion)  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  sanctionné  par  l'expérience  ;  entre 
i«mps  d'importantes  dépenses  avaient  été  faites,  en 
partie  tout  au  moins  mal  à  propos,  pour  la  création  de 
deux  voies  ferrées  différentes,  ayant  respectivement  3  kilo- 
mètres 1/2  et  5  kilomètres  1/2,  réunissant  la  mine  Pilou 
à  la  baie  do  Pam,  et  d'une  troisième  voie  ferrée  la  met- 
tant en  relation  avec  la  raine  Ao,  que  nous  mentionnerons 
ci-après.  Dans  ces  conditions,  des  sommes  considérables 
ne  tardèrent  pas  à  être  dépensées,  absorbant  le  capital  de 
la  Société  ;  d'autre  part,  les  conditions  onéreuses  du  trai^ 
tement  des  minerais  à  l'usine  de  Pam  faisaient  ressortir 
à  plusieurs  centaines  de  francs,  nous  a-t^il  été  affirmé, 
les  frais  de  première  fusion  d'une  matte  qui  se  vendait 
de  300  à  350  francs,  alors  que  les  frais  de  transport  du 
minerai  jusqu'en  Australie  et  de  première  fusion  là-ba« 
n'auraient  guère  représenté  que  50  francs  par  tonne  de 


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351   RICHESSES   HIMÉKALE8   DE  LA   NODTELLB-CALÉDOMIB 

minerai  (soit  150  à  200  firancs  par  tonne  de  matte»),  Ain» 
conduite  l'exploitation  d'une  mine,  même  très  riche,  ne 
pouvait  guère  aboutir  qu'à  un  déaastre  ânaacier  ;  c'est  ce 
qui  n'apas  manqué  de  se  produire  dane  les  premiers  jours  de 
l'année  1902.  La  société  »  les  Mines  de  cuivre  Pilou  Limi- 
ted »,  qui  n'était  d'ailleurs  qu'une  Sliale  de  la  «  Londonand 
Globe  Finance  Corporation  >>  de  Londres,  est  tombée 
comme  elle  en  déconfiture.  La  liquidation  de  ses  biens 
n'était  pas  encore  terminée  au  moment  de  notre  séjour 
dans  la  colonie,  et  la  mine  Pilou  était  en  chômage  com> 
plet.  Cette  liquidation  a,  parait-il,  eu  lieu  à  la  fin  de 
l'année  1902,  et  le  nouveau  propriétaire  de  la  mine  s'occu- 
perait, nous  a-t-il  affirmé,  de  l'organisation  d'une  nouvelle 
société  qui  en  reprendrait  l'exploitation. 

La  mine  de  cuivre  Ào,  découverte  trois  ans  après  la 
mine  Pilou,  à  2,500  mètres  à  l'Ouest  de  celle-ci,  dans  la 
même  formation  de  schistes  noirs  k  fllonnets  quartzenx, 
qui  d'ailleurs  se  montrent  aux  affleurements  complète- 
ment  décolorés  et  semés  de  débris  de  quartz,  se  troiiTe 
au  bord  du  ravin  du  ruisseau  Ao,  tributaire  de  la  baie 
de  Néhoué.  Nous  n'avons  pas  relevé  la  présence  de  roches 
vertes  au  voisinage  immédiat  de  la  mine  Ao,  comme  pour 
la  Pilou,  cependant  nous  en  avons  noté  un  massif  pnô- 
sant  dans  l'une  des  tranchées  du  chemin  de  fer  qui  reHe 
les  deux  mines. 

Le  gisement  ee  manifeste  aux  affleurements  par  nne 
série  d'imprégnations  de  malachite  fibreuse  et  d'aziirite 
en  joUs  cristaux  au  sein  de  filons  de  quartz  caiié  qm 
courent  très  nombreux  dans  les  schistes  de  couleur 
rosàtre  :  ces  affleurements  se  retrouvent  de  part  et  d'aotre 
du  ruisseau,  ils  apparaissent  en  particulier  dans  son  lit  et 
sur  ses  berges,  qui  présentent  des  à-pic  de  quelques  mètres; 
le  croquis  reproduit  par  la  fig.  12  de  la  PI.  IV,  résul- 
tant de  nos  observations  et  complété  d'après  des  plans 


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GimUEinS   HBTALUQDBS  IHV£B«  355 

<30oservég  sur  place,  fait  voir  qoe  ces  affleurements 
soDt  assez  multipliés  :  une  première  galerie  ouverte  sur 
la  rive  gauche  du  niiijseati  aurait  rencontré  des  traces 
cm^reuses  sur  une  longueur  de  21  mètres  avec  plusieurs 
zones  minéralisées,  une  deuxièmeouvertesor  la  rive  droite 
a  recoupé  trois  âlonnets  sur  une  longueur  de  10  mètres 
enTÎTOD.  Kn  profondeur  on  a  suivi  deux  veines,  l'une  de 
t~,20  de  puissance  et  l'autre,  à  une  vingtaine  de  mètres 
au  ronr,  de  0",40  â  0",60  d'^aisseur.  Ce»  deux  veines 
étaient  dirigées  Nord  75°  Est  et  plongeaient  vers  le  Sud 
avec  un  pendage  assez  voisin  de  U  verticale,  elles  recou- 
paient des  bancs  de  schistes  noirs  lustrés.  Leur  remplis- 
sage était  du  quartz  blanc  avec  owuches  ou  amas  de 
chalcosine,  chakopyfîte,  pj^te  et  galène  ;  la  bifide  y 
était  peu  abondante.  On  retrouve  d'ailleurs  encore  d'assez 
bons  échantiUooB  de  ce  minerai  sur  les  tas  subsistant  à  la 
surface  :  la  pyrite  cuivreuse  provenant  d'un  de  ces  échan- 
tillons et  8éf>arée  avec  soin  de  sa  gangue  nous  a  donné  à 
l'analyse  nne  teneur  en  cuivre  de  28  p.  lOO.  L'exploration 
(te  ht  mine,  découverte  en  octobre  1887,  a  été  commencée 
dès  le  mois  de  décembre  de  la  même  année  et  poursuivie 
d'abord  av«c  peu  de  développement  par  la  Société  des  mines 
du  Nord.  Lorsdela  reprise  de  lamine  I^ilou  en  1897,  les 
propriétures  de  cette  mine,  qui  avaient  acquis  en  même 
temps  la  mine  Ast,  j  reprirent  des  travaux  :  un  puîta  fut 
foncé  jusqni'à  80  mètres  de  profondeur  et  deux  galeries 
furent  poussées  à  40  métras  au-dessous  du  sol;  la  mine 
fut  ensuite  pourvue  d'une  machine  d'extraction  et  de 
(ËfT^rentes  installations  ;  elle  fut  en  même  temps  reliée  à  la 
mine  Pitou  par  une  voie  f«-rée  de  4  kilomètres  de  longueur 
qui,  par  une  CMiception  peu  explicable  (à  moins  qu'il  ne 
s'agisse  amplement,  comme  il  nous  a  été  dit,  d'une  étrange 
erreur  de  tracé),  comprenait  successivement,  à  partà:  de  la 
mine  Ao.nnesection  légèrement  montante,  puis  un  double 
rebroussement  rachetant  une  différence   de   niveau  de 


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356   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODV£LLE-CALÉDONIB 

10  mètres,  un  tunnel  de  200  mètres  environ,  puis  un  plan 
incliné  d'une  hauteur  verticale  de  iO  mètres  exigeant  un 
transbordement  du  minerai,  et  enfin  une  nouvelle  voie 
ferrée  gagnant  en  pente  douce  la  mine  Pilou  ;  le  trans- 
bordement a  d'ailleurs  été  ultérieurement  supprimé  parle 
tracé  d'une  longue  rampe  sinueuse  remplaçant  le  plan 
incliné  ;  il  ne  semble  pas  que  cette  voie  ferrée,  construite  à 
grands  frais  avant  que  les  travaux  de  reconnaissance  de 
la  mine  l'aient  justifiée,  ait  jamais  servi  à  transporter  an 
tonnage  tant  soit  peu  notable  de  minerai. 

Au  moment  de  notre  visite,  la  mine  Ao  était  complète- 
ment abandonnée  et  le  puits  plein  d'eau;  nous  n'avons pn 
qu'examiner  les  affleurements  visibles  au  voisinage  du  lit 
du  ruisseau  et  les  quelques  échantillons  de  minerai  subsis- 
tant sur  des  tas  de  déblais  à  la  surface  ;  nous  avons  en 
outre  retrouvé  deux  plans  qui  ne  paraissent  d'ailleurs  pas 
avoir  été  au  courant  des  derniers  travaux;  d'après  leur» 
indications,  ceux-ci  auraient  eu  peu  d'extension,  et  nous 
n'avons  pu  nous  faire  aucune  idée  de  la  valeur  au  point  de 
vue  industriel  de  cette  mine,  qui  passe  pour  avoir  montré 
de  belles  apparences. 

Les  minerais  qui  en  ont  été  extraits  auraient  été  assez 
riches  et  plus  purs,  surtout  au  point  de  vue  du  zinc,  que 
ceux  de  la  Pilou  :  d'après  les  indications  du  registre 
d'analyses  de  l'usine  de  Pam,  ils  auraient  tenu  de  10  à 
20  p.  100  de  cuivre,  1/2  à  1  p.  100  de  plomb,  et  60  à 
100  grammes  d'argent  à  la  tonne. 

Plus  vers  l'Est,  et  s'alignant  grossièrement  entre  eux 
dans  une  direction  Nord-Sud,  existent  une  série  d'autres 
affleurements  cuivreux  qui  paraissent  moins  importants, 
du  moins  si  l'on  en  juge  par  tes  modestes  indication» 
fournies  par  des  travaux  de  recherches  peu  développés, 
souvent  inaccessibles,  et  au  sujet  desquels  personne  ne 
paraît  avoir  gardé  de  documents  précis. 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES  DIVERS  357 

De  cette  série  d'affleurements  nous  avons  examiné  un 
assez  grand  nombre,  que  nous  mentionnons  brièvenient 


A  Ponrfo/oïjOii,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  affleurent 
des  schistes  décolorés  qui  indiquent  l'exislence  en  pro- 
fondeur des  schistes  noirs,  on  a  signalé  dès  1873  la  pré- 
sence du  cuiiTe  :  une  galerie  de  quelques  mètres  de  lon- 
gueur avait,  comme  l'indique  M.  Henrteau(*),  suivi  un 
filon  de  30  centimètrps  de  puissance  orienté  au  Nord  70" 
Est  et  plongeant  de  40°  vers  le  Sud;  le  remplissage  du 
lilon  se  composait  de  enivre  carbonate  bleu  et  de  cuivre 
sulfuré  avec  de  petites  veinules  de  cuivre  oxydulé  dans 
une  gangue  quartzeuse  ;  une  veine  de  quariz  courant  au 
toit  du  61on  contenait  même  de  belles  cristallisations  de 
cuivre  natif.  Bien  que  M.  Heurtean  eût  déclaré  que  ces 
affleurements  étaient  très  importants,  et  que  Ton  pouvait 
bien  augurer  du  succès  des  travaux  de  recherches  entre- 
pris dans  cette  région,  il  »e  semble  pas  qu'il  y  ait  rîen 
été  fait  pendant  de  longues  années.  Tout  récemment,  en 
1900,  on  y  a  ouvert  de  part  et  d'autre  de  l'ancien  puits 
deux  petites  tranchées  d'une  dizain»  de  mètres  de  longueur 
chacune  ;  elles  n'ont  mis  k  découvert  que  des  traces  cui- 
vreuses et  nous  n'avons  pu  y  recueillir  que  quelques  frag- 
ments de  schistes  avec  imprégnations  de  minerais  oxydés 
de  cuivre. 

A  la  mine  Trimas,  située  sur  la  rive  gauche  du  Diîdiot 
dans  la  région  qu'entoure  la  boucle  dessinée  par  cette 
rivière  en  face  de  Ouégoa,  on  constate  l'existence  d'un 
Alon  quartzeux  cuprifère  au  mihcu  de  schist«s  argileux. 
On  y  a  creusé  à  flanc  de  coteau  un  travers-bancs  qui  va 
recouper  le  filon,  celui-ci  a  été  ensuite  suivi  en  direction, 
c'est-à-dire  de  l'Est  à  l'Ouest,  sur  une  dizaine  de  mètres, 
puis  un  puits  incliné  a  été  foncé  suivant  son  pendage  :  ce 

(•)Ioc.  ci(.,p.S9I. 


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358  RICHESSES  MINBRâLBS  INI  LA  NODVBLLBHIALÊDONIE 

dernier  est  iw^é  et  par  suite  LHaccessible  ;  il  paraîtrait 
qu'il  aurait  recoasu  <{ue  le  Sloa  s'eofonce  avec  une  certaine 
puissance  et  une  bonne  minéralisation,  constituée  par  delà 
pyrite  cuivreuse.  Dans  ta  galerie  eu  direction,  trè»  voinne 
de  la  surface,  que  nous  aTons  seule  pu  examiner,  le  filon 
est  brouillé  et  on  trouve  seulement  des  fragments  de 
minerais  oxvdés  dans  une  terre  argileuse  ;  ce  sout  prîD- 
cipalement  des  affrégats  arrondis  en  forme  de  boules  de 
cristaux  bleus  d'azurite.  On  aurait  tiré  de  ces  travaux 
quelques  tonnes  de  minerai  marchand. 

A  3  kilomètres  plus  à  l'Ouest,  les  deux  mioes  conUgoës 
Folle  et  MoTUagnat  se  partagent  un  autre  filou  de  mèote 
caractère  et  de  même  direction  Est-Ouest.  Dans  la  mine 
Montagnat,  qui  est  le  pins  à  l'Est,  it  a  été  creusé  an 
puits,  mais  nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignemeat 
sur  les  indications  qu'il  a  fournies,  et  nous  n'avoBS  retrouvé 
autour  de  son  oritice  aucun  déblai  de  quelque  intérêt  ;  k 
une  centaine  de  mètres  plus  à  l'Est,  une  galerie  à  travers- 
bancs  ouverte  au  flanc  d'un  munelon  a  retrouvé  le  filon, 
mais  fort  mince,  sous  forme-d'in^^gnations  et  de  bcHto 
d'azurite  dans  une  argile  grise  talqueuse  ;  ce  alun  a  été 
suivi  sur  ft  mètres  de  longueur  avec  uoe  puissance  (te 
10  à  20  centimètres  seulement. 

'  Dans  le  périmètre  contigu  du  cAté  de  l'Ouest,  <{ui  cons- 
titue la  mine  Folle.  Il  a  été  creusé  un  puits,  aiyourd'hui 
Doyé,  qui  avait,  paralt-il,  suivi  sur  18  mètres  de  verti- 
cale le  filon  dirigé  Eat^Ouest  et  s'enfonçant  presque  verti- 
calement. Différents  niveau  y  auraient  été  tracés,  et 
poursuivis  sur  quelques  mètres  seulement  en  directio», 
dans  un  filon  quartzeux  dune  puissance  variant  de  30  à 
80  centimètres  ;  ce  filon  aurait  fourni,  après  simple  triage, 
un  minerai  de  chalcopyrite  tenant  de  25  à  30  p.  100  de 
cuivre.  Il  nous  a  été  affirmé  que  ces  quelques  travaux 
auraient  produit  une  centaine  de  tonnes  de  minerai  qui 
auraient  été  vendues  pour  la  somme  de  49.000  francs. 


D.D.t.zeabï  Google 


OUBMENTS   HiTALIJQCBI  DIVERS  309 

La  mine  Charlotte  appartient  encore  à  ce  même  ali- 
gnement, qu'elle  jalonne  à  une  dizaine  de  kilomètrea  plus 
au  Sud.  I>a  roche  encaissante  est  toujours  constituée  par 
las  schistes  satinés  noirs,  mais  le  gisement  se  présente 
sous  forme  d'imprégnations  cuivrenses  dans  les  schistes 
mêmes,  atysociées  à  des  fiionnels  quartzeux  insignifiants, 
«t  non  sous  la  forme  d'un  filon  de  quartz  bien  défini 
comme  précédemment.  C'est  d'ailleurs  peut-être  ce  qui 
explique  le  peu  de  continuité  en  direction  que  parait  pré- 
senter ce  gisement.  Sur  le  bord  d'un  mamelon  arrondi  se 
montraient  des  affleurements  cuivreux  :  ils  ont  été  suivis 
sur  20  mètres  de  longueur  par  une  galerie  dnigée  à  peu 
près  exactement  vers  le  Nord,  un  puits  a  en  outre  été 
foncé  à  l'entrée  de  cette  galerie,  et  cei  travaux  ont 
permis  d'extraire  des  schistes  noirs  imprégnés  de  mala- 
chite, d'azurite  en  cristaux  groupés  en  houppes,  de 
cuprite  et,  plutt  en  profcmdeur,  de  pyrite  plus  ou  moins 
riche  en  cuivre.  Sur  le  flanc  Est  du  même  mamelon  et  à 
une  centaine  de  mètres  plus  au  Nord,  une  petite  galerie  a 
retroavé  des  (races  cuivreuses  peu  abondantes  :  plus  loin 
vers  le  Nord,  une  antre  galerie  de  50  mètres  de  longueur 
pénètre  dans  le  mamelon  qui  est  voisin  du  précédent  vers 
l'Est  et  que  la  formation  cuprifère  devrait  recouper  si 
elle  se  prolongeait  en  direction  ;  cette  galerie  n'a  rien 
trouvé  qui  offrit  quelque  intérêt,  il  paraît  en  avoir  été  de 
même  d'un  puits  foncé  à  partir  du  sommet  de  ce  demim* 
mamelon. 

Des  traces  de  cuivre  reparaissent  encore  notablement 
plus  loin  vers  l'Ouest  dans  ta  presqu'île  d'Araraa,  oli  se 
irolonge  la  même  formation  schi^tteusc  :  plusieurs  conces- 
sions y  ont  été  instituées  sur  des  aftleurements  qui 
auraient,  paraît-il,  une  certaine  importance  ;  nous  n'avons 
pas  pu  les  visiter. 


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360   RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NODVELl.E-CALÈDOSIB 

B.  —  Gisements  de  la  côte  Odbst. 

La  présence  du  cuivre  a  été  notée  en  au  assez  grand 
nombre  de  points  de  la  cflte  Ouest,  généralement  dans 
les  sc>iistes  noirs  du  tiias,  qui,  comme  nous  l'âTons  dit 
déjà,  sont  parfois  difficiles  à  distinguer  des  schistes  argi- 
leux noirs  do  la  vallée  du  Diahot,  et  dont  ils  ne  diflerenl 
peut-f'tre  pas  comme  âge. 

Le  seul  d'entre  ces  gtsements  qui  ait  été  expluité  eât 
celui  de  Koumac  (mine  Boinottmala)  ;  il  Ta  été  enlrP 
1882  et  1884,  mais  sans  surcès,  et  n'a  jamais  été  repris 
depuis  ;  quelques  tonnes  de  minerai  en  auraient  été  cxpé- 
iliéos  à  cette  époque.  Le  gisement  est  encore  dans  les 
schistos  noirs,  mais,  loin  d'être  un  filon  quartzeiix  régu- 
lier, il  parait  être  constitué,  autant  que  nous  avons  pu  en 
juger  d'api'ès  les  traces  qui  subsistent  de  l'exploitation, 
par  des  amygdales  d'une  sorte  de  silex  gris  imprégné  de 
chalcopyrite  légèrement  argentifère  et  même  aurifère. 
Les  travaux  avaient  comporté  l'exécution  de  deux  puits, 
dont  l'un  atteignait  52  métros  do  profondeur,  et  de 
quelques  galeries  qui,  poussées  en  direction,  étaient  rapi- 
dement sorties  de  la  partie  utilisable  du  gtte. 

Des  échantillons  nous  ont  d'autre  part  été  remis  connue 
provenant  de  Bani  au  Nord  de  la  Corne  de  Koumac  :  ce 
sont  des  quartz  bruns  à  éclat  cireux,  avec  enduit»  d'azu- 
rite  et  de  malachite  et  cristaux  de  pyrite  cuivreuse  ;  Us 
tiennent  de  5  ii  10  p.  100  do  cuivre  avec  5  ou  6  grammes 
d'or  à  la  tonne.  D'autres,  qui  nous  ont  été  dits  provenir  de 
Koligùk  au  bord  de  la  rivière  louanga  près  de  Gomen,  con- 
tenaient également  des  taches  vertes  de  malachite  et  des 
grains  de  pjTite  cuivreuse  dans  des  quartz  à  endaits  fei^ 
ruginenx  ;  ce  sont  des  échantillons  de  chapeaux  de  glles 
cuivreux  plus  ou  moins  riches,  mais  dont  l'examen  ne 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES  DIVEBS  361 

peut  naturellement  permettre  de  tirer  aucune  conclusion 
au  point  àe  vue  pratique. 

Nous  n'en  pouvons  pas  dire  davantage  des  minerais  de 
cuivre  qui  ont  été  signalés  au  Nord  de  Pouembout,  ainsi 
que  dans  la  plaine  de  Saint-Vincent. 

Ceux  de  l'ile  Ducos,  tant  en  imprégnations  dans  les 
porphyres  qu'en  filons  daiis  les  prauwackes,  mentionnés 
par  M,  Garnier,  et  que  Rivet  (*)  n'avait  pas  hésité  à  «om- 
parer  à  ceux  du  Lac  Supérieur,  n'ont,  malgré  un  rapproche- 
ment aussi  encourageant,  été  depuis  lors  l'objet  d'aucune 
tentative  d'exploitation. 

E.  —  Gisements  de  la  côte  Est. 

Le  cuivre  existe  également  sur  la  cûte  Est  :  M.  Gamier 
indique,  d'une  façon  peu  certaine  il  est  vrai,  sa  présence 
dans  la  vallée  de  la  rivière  d'Amoi,  sous  forme  de  cuivre 
pyriteux  associé  à  de  la  barytine.  D'autre  part,  deux  con- 
cessions pour  cuivre  et  zinc  ont  été  demandées,  l'une  it 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Hienghène,  et  l'autre  à 
l'embouchure  de  la  rivière  Tipindié. 

Euâu,  une  tentative  d'exploitation  a  eu  lieu  sur  un 
gisement  situédans  la  vallée  supérieurede  la  Négropo,  au 
Sud  <le  Canala  ;  le  gisement,  qui  parait  être  d'allure 
filonieune,  eut  encaissé  dans  un  massif  de  dîorite  associée 
à  des  fUonnets  d'épidote  massive,  apparaissant  lui-même 
au  milieu  de  l'importante  formation  de  schistes  anciens  qui 
lie  développe  au  milieu  de  l'ile,  entre  les  serpentines  de 
Canala  et  de  Nakety  et  les  assises  triasiques  et  crétacées 
de  la  Table  Unio  et  des  environs  de  Moindou.  Son  affleure- 
ment se  retrouve  de  part  et  d'autre  du  bras  de  la  Négropo 
désigné  sous  le  nom  de  Ouen-Ko,    au  pied  de  la  Table 

O  In  Gaujikii,  loc.  cil.,  p.  31  et  38. 


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302   RICHESSIiS   UINBBAI.E3   DE  LA  NOUVKLLIi-CALliUUNIB 

Unie  et  à  7  ou  8  kilomètres  seulement  à  vol  d'oiseau  de 
-Tioii  sommet.  Sur  la  rive  gauche,  une  galerie  en  directïoo 
(Est-Ouest)  a  été  ouverte  sur  l'affleurement  presque  au 
niveau  ilu  lit  Je  la  rivière,  et  a  Hé  poussée  de  quelque*: 
mètres;  seulement  :  elle  a  suivi  un  fllon  de  quarte 
imprégné  de  pyrite  cuivreuse.  Sur  la  rive  droite,  une 
autre  galerie  d'allongement  d'une  dizaine  de  mètres  de 
longueur  a  suivi  un  fllttn  quartzeux  d'une  puissance  veisiae 
-de  1  mètre,  englobant  à  la  fois  des  débris  de  la  roche  dk>- 
ritique  des  épontes  et  des  mouches,  souvent  assez  belles, 
^le  chalcopyritc  partiellement  oxydée  ;  un  puits,  aujourd'hui 
noyé,  a  été  foncé  dans  le  filon,  qui  s'enfonce  presque  ver- 
ticalement ;  nous  avons  retrouvé  à  l'orifice  de  la  galerie 
un  tas  de  minerai  de  qualité  moyenne.  Ces  travaux,  pour- 
suivis vers  1876,  au  moment  de  la  découverte  du  gise- 
ment qui  avait  eu  lieu  peu  detemp»  après  l'ouverture  «les 
exploitations  de  nickel  de  Canala,  furent  promptemeut 
abandonnés,  tt  y  a  quatre  ans,  on  avait  songé  à  reprendre 
l'expbration  de  la  mine,  qui  passait  pour  renfermer,  asso- 
■ciées  au  enivre,  des  quantités  assez  notables  d'ar^rent  el 
■d'or  ;  l'étude  faite  {Uns  ce  but  a  montré  que  les  fflinerai» 
no  présentaient  pas,  tout  au  moin»  d'une  façon  coRfltante, 
«ne  teneur  notable  en  métaux  précieux,  et,  en  préBenct» 
<le  la  situation  défavorable  du  gisement,  situé  a«  foml  de 
la  vallée  très  encaissée  d'un  rnisseau  de  montagne,  et 
relié  au  rivage  par  prés  de  20  kilomètres  d'un  chemin 
muletier  escarpé  et  étroit,  il  n'a  été  donné  aucune  suite  i 
■ce  projet. 

Telles  sont  les  indications  que  nous  avons  pu  recueillir 
«ur  les  différents  gisements  de  cuivre  de  la  colonie,  tous 
inexploités  aujourd'hui.  Comme  on  ie  voit,  ils  apparaissant 
nombreux  dans  différentes  formations  géolegiquea,  et 
tout  particulièrement  dans  les  schistes  noirs  ancien»  ;  un 
■certain  nombre  d'entre    eux  ont  été  exploré»»    plusieurs 


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GUSUBNTS   HSTALLIQOKS   DIVERS  963 

antres  ii'<ml  été  que  signalés,  et,  surtout  eu  raison  de  la 
façon  incomplète  dont  est  connue  toute  la  partie  centrale  - 
-iiu  Nord  de  l'Ile,  ii  n'est  pas  tém^aire  de  penser  qu'il  en 
existe  d'autres  encore  iosoupçoonés.  Lesquels  parmi 
eux  seraient  exploitahles  ?  C'est  ce  qu'il  est  malaisé  de 
décider  en  présence  des  renaeignements  incomplets,  et 
souvent  inc«-taiDs,qQe  nous  avons  pu  recueillir.  Ce  qui  est 
-certain,  c'est  que  l'an  d'entre  eux  a  donné  lieu,  pendant 
nombre  d'années,  k  une  exploitation  assez  floridbante;  un 
autre  a  produit  déjà  des  quantités  importantes  de  riches 
minerais,  et  son  expluîtatton  a  dû  être  suspendue  en  der- 
nier lieu  dans  des  conditions  où  l'aïu-ait  sans  doute  été 
celle  de  toute  mine,  quelque  riche  qu'elle  fAt;  plusieurs 
-aoires  ont  fourai,  à  la  suite  de  recherches  ou  de  tenta- 
itives  d'exploitation  malheureusenient  trop  restreintes,  des 
indications  encoirageanles. 

Dana  ces  conditions,  notw  sommes  persuadé  que  le  jour 
■ob  des  indmtridtB  actifs,  pins  préoccupé»  de  poursuivre 
une  exploitation  sérieuse  que  de  lancer  une  «  affaire  ■>, 
voudraient  reprendre  l'exploîtaliou  du  cuivre  dans  la 
■colonie,  il  se  trouverait  plus  d'un  gisement  qui  pourrait 
éfre  exploité  avec  fruit,  et  cela  malgré  l'inconvénient, 
que  l'on  s'est  trop  souvent  exagéré,  que  présentent  cer- 
tains des  gisements  rie  renfermer,  intimement  associée 
au  cuivre,  une  forte  proportion  de  zinc.  Le  lavage  sur 
place  des  minerais  pauvres,  trop  souvent  complètement 
délaisses  jusqu'ici,  puis  la  première  fusion  dans  la  colonie 
parles  métliorieaet  avec  les  appareils  d'un  usage  universelle- 
ment admis  aujourd'hui,  et  sous  la  direction  d'un  homme  vrai- 
ment compétent,  paraîtraient  constituer  la  solution  la  plus 
rationnelle,  et  celle  qui  permettrait  la  meilleure  utilisation 
des  minerais.  Une  fois  le  cuivre  suffisamment  coiicontré 
dans  une  matte de  richesse  moyenne,  le  transport  jusqu  aux 
usines  de  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  les  fraiade  traitement 
à  ces  usines  ne  représenteraient  plus  qu'une  charge  faible 


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36i   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALEDONIE 

et  parfaitement  acceptable.  Telle  est  la  voie  dans  laquelle 
il  serait  souhaitable  de  voir  s'engager  l«s  détenteurs  des 
différents  gisements  cuprifères  de  la  colonie,  plutùt  que 
d'attendre,  en  les  laissant  inexploités,  qu'ils  puissent  vendre 
à  des  prix  fort  61evés  des  gisements,  peut-être  de  réelle 
valeur,  mais  généralement  trop  peu  connus  pour  que  c«Ue- 
ci  soit  certaine.  Il  ne  faut  pas  oublier  en  effet  qu'une 
société  qui  se  créerait  pour  exploiter  ces  gisements  ne 
saurait  assumer,  surtout  au  début,  du  fait  de  l'achat  des 
gisements,  une  charge  qui  serait  hors  de  proportion  avec 
les  bénéftooa  que  pourrait  produire  l'exploitation  de  mines 
où  presque  tous  les  travaux  de  reconnaissance  et  de  pré- 
paration devraient  être  tout  d'abord  exécutés. 

Sous  résen-e  de  cette  observation,  nous  pensons  que 
l'exploitation  du  cuivre,  dont  l'essor  a  été  trop  longtemps 
retardé  en  raison  de  l'attitude  que  la  plupart  des  pro- 
priétaires des  mines  ont  gardée  jusqu'ici,  à  la  faveur,  il 
faut  bien  le  dire,  des  imperfections  du  régime  administratif, 
pourrait  peut-être  bien  apporter  k  la  prospérité  de  la 
colonie  un  appoint  imjiortAnt. 


D.D.t.zeabï  Google 


A.  — ■  Historique. 

Située  au  voiRinage  des  colonies  anglaises  d'Australie 
et  de  Nouvelle-Zélande,  oîi  l'or  s'est  rencontré  en  de  si 
nombreuses  régions,  et  a  donné  lieu,  au  moment  même 
oii  nous  nous  établissions  auprès  d'elles,  à  des  découvertes 
fabuleuses  et  à  des  fortunes  édifiées  en  peu  de  jours  par 
les  chercheurs  d'or  que  le  hasard  favorisait,  la  Nouvelle- 
Calédonie  devait  naturellement  attirer  de  même  ceux-ri. 
C'est  ce  qui  n'a  pas  manqué  de  se  produire,  puisque, 
dès  1863  époque  de  l'arrivée  de  M.  Garnier  dans  la  colo- 
nie, les  sables  d'un  assez  grand  nombre  de  rivières  avaient 
été  lavés  pour  y  rechercher  le  précieux  métal,  et  puisque 
quelques  gites  où  il  se  rencontrait  avaient  été  signalés, 
dont  le  plus  important  était  celui  de  Pouébo. 

Quelques  années  plus  tard,   en  1869,  l'espoir  de  voir 
découvrir  dans    notre  colonie  des   gisements    aurifères 
comparables  à  ceux  de  ses    riches  voisines  n'était  pas 
abandonné  :  à  cette  date,  un  chercheur  australien  ayant 
demandé  au  gouvernement  quelle  serait,  suivant  la  cou- 
tume australienne,  la  récompense  réservée  au   premier 
inventeur  d'un  gisement  d'or  exploitable,  un  arrêté  fut 
pris  pour  promettre  à  celui-ci  une   concession  gratuite 
de  85  hectares  et  une  somme  de  50.000  francs.  Un  an 
et  demi  plus  tard,  quatre  prospecteurs  australiens  décou- 
vraient,   au  bord  du  Diahot,   près    de    Ouégoa,  la  mine 
Fern-hill.  Un  arrêté  du  14  décembre  1870  leur  accorda 
sur  ce    gisement  la  concession  gratuite  de  25  nectarea 


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366  RICHESSES   MINERALES   DE   LA   NOUVELLE-CAI.ÉDONIE 

qui  iTait  été  promise,  et  l'expluitation  en  fut  entreprise- 
sans  larder;  elle  ne  fat  réalleinent  prospère  que 
pendant  trois  ans;  interrompue  en  1874,  puis  reprise 
en  1876,  1877  et  1878,  eUe  fut  arrêtée  «ie  nouveau  an 
début  de  1879;  la  mÎM  ft'a  plus  été  l'objet  depuis  que 
de  tentatives  infructueuses  il«  reprise  en  1882  et  1888. 

De  nombreuses  recherches  furaot,  à  direrses  époques,. 
faites  tout  autour  de  ta  mine  Feru-lùtt;  celles  qui  ont 
eu  lieu  tout  d'abord  au  voisinage  immédiat  m'vaf.  été  cou- 
ronnées d'aucun  succès  ;  plus  tard,  au  contraire,  dtférents 
gisements  d'or  en  roche  ont  été  si^alés  dans  les  wa- 
schistes  de  la  chaîne  de  TWi;  il  a  été  fait  quelque* 
recherches  sur  ces  gisements,  mais  elles  n'ont  nalle  part 
été  suivies  de  tentatives  d'exploitation. 

En  même  temps,  les  sabler  des  rivières  qui  descendent 
de  cette  chaîne,  tant  sur  son  versant  Sud  vers  le  Dtabot 
que  sur  son  versant  Nord  vers  la  mer,  étaient  l'objet  de 
nombreux  essais  par  lavage  à  la  battée  on  même  an 
slaice;  l'or  y  était  assez  fréquemment  rencontré,  mais 
toujours  en  quantité  très  faible.  Cependant,  k  i3alarino,, 
près  d'Oubatche,  une  tentative  de  lavage  au  sluice  faite 
vers  1877  permettait  de  recueillir  une  certaine  quantité 
d'or  assez  gros  et  faisait  même  découvrir  une  pépite 
d'une  quarantaine  de  grammes  ;  mais  pas  plus  ce  premier 
essai  qu'une  tentative  faite  de  nouveau  sur  ce  mème> 
gisement  il  y  a  deux  ans  n'aboutissaient  à.  des  résultats, 
rémunérateurs . 

Fréquentes  semblent  encore  avoir  été  les  recherche» 
faites,  surtout  par  des  libérés  k  l'esprit  aventunmi,. 
dans  fe«  diflTérents  contreforts  de  ce  massif  primitif  ;  mMs,. 
si  l'une  on  l'antre  de  ces  recherches  à  permis  de  recoeiffir 
quelques  grammes  d'or,  cela  n'a  jamais  été,  semHe-t-U, 
qu'au  prix  d'un  travail  hors  de  proportion  avec-le  résultat 
obtenu.  On  continue  cependant  à  répéter  dans  la  colorae- 
qu  au  cœnr  même  de  ce  massif,  dans  la  hante  vallée  Ai. 


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OISEMENTS   MÉTAI,UQDB8  D1VBR3  36T 

Diahot,  la  tribu  encore  fort  sauvage  <1es  Ouébias  occupo- 
une  région,  pratiquement  presque  inconnue,  oii  le  précieux 
métal  serait  plus  abondant. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  seulement  dans  le  Xord  de  la 
colonie  que  l'or  a  été  recherché  et  découvert;  sans  citer 
tous  les  points  oti  l'on  a  déclaré  avoir  rencontré  de  l'or, 
et  oii  il  n'y  en  avait  parfois  pas  trace,  comme  nous  avons- 
eu  l'occasion  de  le  constater  personnellement,  nous  men- 
tionnerons qu'il  en  aurait-oté  trouvé,  il  y  a  une  vingtaine 
d'années,  en  petite  quantité  dans  les  sables  de  la  rivière- 
de  Nakety,  et  vers  1866  dans  ceux  du  cirque  des  Grosses- 
Gouttes,  oii  l'on  en  a  tenté  l'exploitation  vers  1875.  En 
outre,  sans  revenir  sur  ce  que  nous  avons  dit  de  ta  pré- 
sence de  trace»  d'or  dans  quelques-uns  des  gisements  de- 
cuivre  que  nous  avons  énuméréa  ci-dessus,  nous  devons 
mentionner  ici  qu'on  a  signalé  comme  légèrement  auri- 
fères  les  schistes  noirs  des  environs  de  Pouembout  et  les 
mélaphyres  du  col  de  Tongoué  (4  à  5  grammes  d'or  à  la 
tonne].  Enfin  un  gisement  d'or  en  roche  a  été  découvert 
en  1897  auprès  de  La  Foa  dans  des  conditions  qui  avaient 
au  début  fait  espérer  qu'il  serait  exploitable  ;  des  travaux 
de  recherches  d'une  certaine  importance  y  ont  été  entre- 
pris alors,  mais  ils  ont  été  abandonnés  sans  avoir  abouti, 
à  aucun  résultat  décisif. 

Mentionnons  en  terminant  qu'il  a  été  plusieurs  fois 
question  de  tenter,  à  l'imitatioD'  de  ce  qui  a  été  fait  avec- 
succès  en  Nouvelle-Zélande  et  en  Australie,  le  dragage- 
dea  rivières  dont  les  sables  sont  légèrement  aurifère»,  et 
du  Diâhot  en  particulier  ;  aucune  étude  s^euse  n'a- 
d'ailleurs  été  entre^nise  dans  ce  but. 

Il  n'existe  donc  aujourd'hui  aucune  exploitation  d'or 
(lansla  colonie,  et  il.  n'y  en  a  eu -en  activité,  de  vraiment 
digne  de  ce  nom,  qu'entre  1871  et  1873  d'una  part,  et 
«ntre  1876.  et  1878  d'autre  part;  la  quantité  d'or  pro- 
duite dans  ces  six  années  aurait  été,  d'après,  les  statis- 


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368   RICHESSES   MINERALES  DE  LA   NOOTELLE-CALEDONIE 

tiques  officiellea,  dont  les  chiffres  sont  plutôt  inférieurs 
que  supérieurs  à  k  réalité,  de  313  kilogrammes  1/3, 
représentant  une  valeur  totale  de  650.000  francs  environ. 

B.  —  Gisement  de  la  Fern-hili.. 

Le  gisement  de  la  mine  Ftrn-hill  a  été  décrit  en  détail 
par  M.  Heurteau  {*),  qui  en  a  visité  les  premiers  travaux; 
nous  résumerons  ci-dessous  les  indications  qu'il  a  données 
à  ce  sujet,  et  nous  les  compléterons  d'après  les  observa- 
lions  que  nous  avons  pu  faire  sur  place,  bien  que  les  tra- 
vaux souterrains  en  fassent  inaccessibles,  et  avec  l'aide 
dos  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les 
dernières  recherches  faites  en  1888. 

Le  gisement  apparaît  au  voisinage  du  contact  des 
schistes  noirs  qui  constituent,  nous  lavons  déjà  dit,  tous 
les  mamelons  de  la  rive  gauche  du  Diahot  et  des  mica- 
schistes qui,  Hmités  presque  partout  à  la  rive  droite  du 
fleuve,  forment  cependant  sur  sa  rive  gauche  une  partie 
du  contrefort  de  Manghine,  contrefort  qui  fait  faire  au  Dia- 
hot la  boucle  au  sommet  de  laquelle  se  trouve  Ouégoa  :  les 
schistes  noirs  sont,  comme  toujours,  plus  ou  moins  ardoi- 
siers  et  sillonnés  de  filonnets  de  quartz  blanc  laiteux,  ils 
sont  <rune  couleur  rouge  pAleaux  affleurements  ;  les  mica- 
schistes sont  ici  particulièrement  riches  en  quartz,  ils 
contiennent  en  outre  du  mica  lilanc  et  des  produits  ferru- 
gineux, sans  doute  chloriteux  en  profondeur,  mais  qui,  au 
voisinage  de  la  surface,  sont  transformés  en  oxjde  de 
fer  communiquant  aux  micaschistes  une  teinte  rouge  très 
accusée;  ils  ne  paraissent  pas  contenir  de  minéraux 
accessoires  spéciaux  ;  le  glaucophane,  associé  aux  gise- 
ments de  cuivre  de  Ouégoa,  et  aussi  aux  gisement!?  auri- 
fères de  la  crête  de  Tiari,  ne  s'y  rencontre  point, 

(»)  toc.  ci/.,  p.  30g  k  31S.  Xi.. 


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GISEMENTS   yÉTALLfQUES   DIVBRS  369 

A  peu  de  distance  de  leur  coutact  avec  les  micaschistes, 
les  schistes  noirs  sont,  snirant  uae  direction  sensibiemeat 
Nord-35°-Ëst  presque  parallèle  au  contact,  et  sur  une 
largeur  qui  oscille  autour  de  1  mètre  et  varie  depuis 
50  centimètres  jusqu'à  2  ou  3  mètres,  tout  imprégnés 
de  gros  grains  de  quartz  hjalin  auxquels  l'or  parait 
associé.  A  la  surface,  l'altération  at  la  décomposition  des 
parties  schisteuses  ne  laisse  apparaître  qu'une  sorte  de 
âlon  de  quartz  carié  ou  un  faisceau  de  veines  minces  de 
quartz,  que  M.  Ueurteau  décrit  comme  «  un  quartz  carié 
blanc  ou  légèrement  coloré  en  rouge  de  fer,  à  structure 
cellulaire,  contenant  des  petits  grains  d'or  libre,  les  uns 
visibles,  mais  les  autres  imperceptibles  à  l'œil  nu,  la 
majeure  partie  du  métal  étant  très  finement  disséminée 
dans  le  quartz  ».  L'ur  se  rencontrait  d'ailleurs  aussi 
dans  la  roche  scliisleuse  elle-même,  qui  est  abondamment 
imprégnée  de  quartz. 

Ce  sont  ces  aflleuremeuts,  qui  montraient  ici  et  là  de 
beaux  échantillons  de  quartz  riche  en  or  visible,  et  au 
voisinage  desquels  les  débris  schisteux  et  quartzeux  de 
la  surfjwe  donnaient  au  lavage  au  plat  des  traces  d'or 
assez  abuudantes  (il  est  facile  d'en  déceler  encore  au- 
jourd'hui par  ce  procédé  dans  les  schistes  décomposés 
restant  à  la  surface),  qui  ont  signalé  le  gisement  à  l'at- 
tention des  prospecteurs  par  lesquels  il  a  été  découvert  à 
la  fin  de  1870.  L'exploitation,  entreprise  sans  tarder,  eut 
vite  fait  d'enlever  en  deux  ou  trois  ans  toute  la  zone  du 
filon  qui  avait  été  reconnue  dès  l'abord  cximme  riche;  le 
quartz  fut  ainsi  exploité  verticalement  jusqu'à  2û  mètres 
de  la  surface,  profondeur  à  laquelle  il  devenait  pyriteux 
et  où  l'or  diqwraissait,  du  moios  étant  donné  les  procé- 
dés dont  on  disposait  alors  pour  le  déceler  ou  plutôt  pour 
l'extraire;  suivant  la  direction,  les  travaux  avaient  été 
limités  à  une  région  de  40  mètres  de  longueur,  com- 
prise entre  le  poiot  oh  le  filon   vient   buter  au    Nord 


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370  RICHESSES   MISÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDONIE 

contre  les  micaschistes  et  celui  oîi  il  est  recoupé  au  Sud 
par  un  petit  vallon  ;  dans  cette  zone  étroite  il  s'était 
tronvé  quelques  colonnes  particulièrement  riches  à  la 
rencontre  de  filons  croiseurs  de  quartz  bnm  feirugineux. 
Cette  première  exploitation  avait  permis  l'extraction  de 
900  tonnes  de  quartz  qui,  soumis  au  broyage  et  à  Tamal- 
gamation  dans  une  petite  usine  créée  au  bord  dn  Diahoi  à 
80'J  mètres  de  la  mine,  n'avait  pas  rendu  moins  de 
468  francs  d'or  à  la  tonne,  ce  qui  correspond  à  une  te- 
neur de  5  onces  environ  d'or  brut  (celui-ci  contenaii 
7,5  0/0  de  son  poids  d'argentl. 

Telles  sont,  succinctement  résumées,  les  indications 
fournies  par  M.  Heurteausur  les  premiers  travaux  effec- 
tués à  la  mine  Fcrn-hill  de  t871  h  la  fin  de  1873;  à 
cette  dernière  date,  la  mine  ne  produisait  plus  rjue  des 
pyrites  pauvres,  et  l'exploitation  dut  être  abandonnée: 
elle  avait  donné  lieu,  d'après  les  statistiques  officielles,  k 
l'expiirtation  des  quantités  d'or  suivantes  (comptées  sans 
doute  en  or  fin)  : 

1872 68",096 

isia 51   ,?■« 

1874 9  ,708 

TOIAL  DES  TBOl.S    PnElIlÈIIES  ASNÉE9.  .       128'',576 


En  1876,  l'exploitation  fut  reprise  dans  des  conditions 
sur  lesquelles  nous  n'avons  pu  recueillir  aucun  rensei- 
gnement précis;  il  semble,  cependant,  d'après  c«  qui  nous 
a  été  rapporté,  que  l'on  ait  commencé  à  exploiter  des 
schistes  pyriteux  qui,  traités  par  broyage  et  amalgamation, 
rendaient  une  certaine  quantité  d'or,  probablement  très 
inférieure,  d'ailleurs,  à  la  quantité  totale  contenue  dans  le 
minerai. 

n  semble  cependant  que  cette  reprise  de  l'exploitation 
ait  eu  un  certain  succès,  puisque  les  statistiques  officielles 


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GISEMENTS   UÉTALLIQOBS   DIVERS  371 

de  la  colonie  accusent,  de  1876  à  1878,  l'exportation  des 
quantités  d'or  suivantes  : 

18Î6 I8'',676 

1677 32   .433 

1878 33    ,264 

Total  dbs  trois  ans,.  ,       8i'',373  valant  280.000  FRA.NCa  environ. 

Ces  quantités  ne  pouvaient  d'ailleurs  provenir,  à  notre 
connaissance,  que  de  la  mine  Fern-hill,  sauf  exception 
pour  les  2  ou  3  kilogrammes  extraits  en  1877  du  gise- 
ment de  Galarino. 

En  1882  et  en  1884,  des  travaux  furent  repris  pour 
explorer  la  mine  en  profondeur,  ils  ne  rencontrèrent  que 
des  minerais  pyriteux tenant,  paraît-il,  de  15  à30  grammes 
d'or  à  la  tonne  ;  en  vue  d'essayer  de  les  traiter  on  avait 
entrepris  la  remise  en  état  de  l'ancienne  usine  d'amalga- 
mation. L'arrêt  des  travaux  de  la  mine  de  cuivre  de  ta 
Balade,  amenant  une  suspension  complète  de  toute  acti- 
vité industrielle  dans  la  région,  fut  immédiatement  suivi 
de  l'arrêt  de  cette  tentative.  En  1888,  à  l'époque  où  la 
mise  en  exploitation  de  la  mine  de  cuivre  Pilou  et  de  la 
mine  de  plomb  argentifère  Meretrice  eat  rappelé  l'atten- 
tion sur  les  mines  métalliques  du  Nord  de  la  colonie,  des 
travaux  d'une  certaine  importance  furent  repris  sur  la 
mine  Fem-hill;  le  croquis  reproduit  par  la  fig.  2  de  la 
PI.  V,  et  dressé  à  l'aide  d'un  plan  datant  de  cette 
époque  ainsi  que  de  nos  constatations  sur  le  terrain,  in- 
dique grossièrement  la  disposition  des  travaux  qui  ont 
été  exécutés  aux  différente»  époques.  Ceux  de  1888  ont 
comporté  le  fonçage,  jusqu'à  115  mètres  de  profondeur, 
dn  puits  Scott,  et  l'exploration  du  filon  en  direction  par 
une  galerie  d'allongement,  à  la  profondeur  de  90  mètres 
qBÎ  aur^t  été  poursuivie  sur  130  mètres  de  longueur  à 
partir  du  puits  Hill,  en  même  temps  qu'une  autre  galerie 
à  125  mètres  de  profondeur  était  poussée  vers  le  Nord 


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372  RICHESSES  HiHÊRALBS  DE   LA   NODVSLLS-CALÉDONIB 

jusqu'au  coolaci:  des  niicaschistes  ;  des  rameaux  latéraux 
étaient  en  outre  amorcés  suivant  «lîfféreirta  croiseors.  En 
1897,  on  86  serait  préoccupé  à  nouveau  de  la  possibilité 
de  remettre  la  mine  en  exploitation,  et  50  tonnes  de 
minerai  ont  été  exportées,  qui  provenaient  sans  doute  des 
recherches  de  1888-89,  Nous  ignorons  quels  ont  été  les 
résultats  obtenus  par  l'essai  de  traitement  auquel  il  a  été 
procédé,  vraisemblablement  en  Australie,  sur  ces  mioerais. 

D'après  les  indications  qui  nous  ont  été  fournies  sur 
les  résultats  donnés  par  ces  travaux  aujourd'hui  noyés 
et  inaccessibles  comme  tant  d'autres  dans  la  région,  on 
avait  suivi,  encaissé  dans  les  schistes  ardoisiers  noirs,  un 
Slon  plue  ou  moins  ramifié,  le  long  duquel  les  schistes,  de 
couleur  gris  clair  et  fortement  micacés,  se  montrent  loat 
injectés  de  quartz,  généralement  eu  baguettes  aUongées 
qui  leur  donnent  un  aspect  cannelé  ;  ces  schistes  sont  en 
,  outre  criblés  de  cristaui  de  pyrite.  Ces  cristaux  de 
pyrite,  qui  se  retrouvent  non  seulement  dans  la  forma- 
tion quartzeuse,  dont  la  puissance  oscillerait  autour  de 
1  mètre,  mais  encore  plus  ou  moins  abondants  dans  les 
schistes  noirs  des  épontes,  paraissent  être  le  plus  souvent 
aurifères,  mais  avec  une  teneiu-  irrégulière  et  quelque 
peu  capricieuse  ;  si  bien  que  la  richesse  de  la  roche  varie- 
rait assez  rapidement  de  quelques  grammes  seulement 
par  tonne,  teneur  à  laquelle  elle  est  inexploitable  dans 
les  conditions  actuelles  de  la  ré^n,  jusqu'à  4  onces  à  la 
tonne,  ce  qui  pourrait  donner  lieu,  pourvu  i^u'il  y  en  eût 
quelques  milliers  de  tonnes,  à  une  exploitation  fructueuse. 

Les  tas  de  minerai  extrait  de  ces  recberches  subsistent 
encore  aujourd'hui,  et,  ai  l'on  recueille  à  leur  surface  les 
4ébris  altérés  et  oxydés  par  la  succession  des  chutes  de 
phiie  et  des  ardeurs  du  soleil,  le  lavage  au  plat  y  décèle 
des  traces  d'or  libre  très  nettes.  D'antre  part,  an  foufl- 
lant  ies  tas  extraits  des  différentes  aooee'  pauvres  et 
riches,  nous  avons  .pu  recueillir  quelques  echantiUons  4es 


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GISEMENTS    MÉTALLIQUES    DIVERS  373 

schistes  qiiartzeus  cannelés  que  nous  décrivions  cî-dew- 
sus  et  qui  nous  ont  montré,  à  l'analyse,  des  teneurs 
atteignant  jusqa'à  9  grammes  d'or  à  la  tonne. 

Qnoi  qu'il  en  aoit,  les  recherches  rie  1888  paraissent 
avoir  été  faites  avec  un  certain  esprit  de  suite,  et  «voir 
reçu  un  sérieux  développement  ;  elles  auraient,  parait-ii, 
conduit  à  cette  époque  à  la  conclusion  que  la  réparlilioD 
de  l'or  était  trop  capricieuse  et  que  les  zones  riches  y 
paraissaient  trop  restreintes,  pour  que  l'eïLploitation  pût 
en  être  reprise  dans  des  conditions  avantageuses. 

Faut-il  regarder  la  conclusion  à  laquelle  on  est  arrivé 
en  1888  comme  définitive?  Nous  l'ignorons,  n'ayant 
recueilli  sur  les  travaux  faits  à  cette  époque  que  des  ren- 
seignements trop  incertains.  Tel  n'avait  peut-èlre  pas  été 
l'avis  de  ceux  qui,  au  moment  de  la  reprise  des  mines 
Pilou  et  Aoen  1897,  avaient  cru  devoir  former  une  société 
spéciale,  la  «  Fern-hill  Gold  Mines  Limited  »  remplacée 
bientôt  par  la  "  Caledonian  Mining  Corporation  Limited  », 
filiale,  comme  la  «  Pilou  Limited  «,  de  la  «  London-and 
Globe  Finance  Corpora  tion  « ,  pour  i-eprendre  l'exploitation 
de  la  mine  Fem-hill.  Cette  société  est  d'ailleurs  tombée 
en   déconfiture  avant  d'avoir  fait  aucun  travail  sérieux, 

II  n'en  reste  pas  moins  certain  qu'il  existait  à  la  Pem- 
hill  un  gisement  d'or,  montrant  aux  affleurements  des 
minerais  d'une  très  belle  richesse,  mais  probablement 
assez  restreint  en  direction,  puisque,  rappelons-le  d'après 
M.  Henrteau,  les  divers  travaux  entrepris  sur  le  prolon- 
gement supposé  du  filon  de  Fern-hill  vers  le  Sud,  n'ont 
abouti  qu'à  des  échecs,  et  qu'il  bute  à  peu  de  distance 
vers  le  Nord  contre  les  micaschistes. 

Il  paraît  non  moins  certain  que  l'or  libre  fait  place  en 
profondeur  à  des  pyrites  aurifères  qui,  en  quelques  pointa, 
sont  riches.  Ces  pyrites  ne  seraient-elles  pas  parfaitement 
exploitables  aujourd'hui,  alors  que  les  procédés  très  per- 
fectionnés du  traitement  par  cyannration,  pratiquement 


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374   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NtlDVELLE-CALÉDOKIE 

inconnus  en  1888,  permettent  d'exploiter  et  de  traiter 
avec  profit  des  minerais  pyriteux  dont  la  teneur  descend  à 
10  grammes  à  la  tonne,  et  même  moins  pour  les  puis- 
santes installations?  C'est  là  une  question  qu'il  serait 
souhaitable  de  voir  sérieusement  étudiée  à  nouveau  psr 
les  propriétaires  du  gisement. 

C.  —  GrSBMENTS  D'oa  DES  MICASCHISTES  DC  MASSIF 
DE  TiARI. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  la  rive  gauche  du  Diahot 
que  l'or  a  été  recherché  k  la  suite  de  la  découverte  de  la 
mine  Fern-hill,  on  a  exploré  également  le  massif  de 
micaschistes  de  Tiari  ;  les  recherches  y  ont  été  un  peu  plus 
fructueuses,  et  leurs  résultats  ne  laissent  pas  d'être  forl 
intéressants,  sinon  au  point  de  vue  industriel,  du  moins 
au  point  de  vue  géologique. 

La  carte  de  la  région  Nord  de  l'Ile,  que  reproduit  la 
fig.  1  de  la  PI.  V  oîi  nous  avons  reporté  tous  les  péri- 
mètres actuellement  déclarés  comme  aurifères,  est  de 
nature  à  faire  supposer  que  la  présence  de  l'or  y  a  été 
signalée  en  nombre  de  points.  Nous  n'avons  eu  le  loiàr 
d'examiner  que  les  gisements  des  mines  Rose,  Berthe  et 
Oalarino. 

Les  mines  Bose  et  Berthe  sont  situées  au  cœur  du 
massif  de  micaschistes  de  Tiari,  à  peu  de  distîuice  ao 
Nord-Ouest  du  col  d'Amos;  elles  sont  l'une  et  l'autre  sur 
le  versant  de  la  mer,  mais  non  loin  delà  crête  qui  sépare 
ce  versant  de  celui  du  Diahot.  Ce  massif  est  constitué 
par  des  micaschistes  d'aspect  très  uniforme,  qui  sont 
presque  uniquement  formés  de  quartz  avec  larges  paillettes 
de  séricite  et  souvent  de  la  chlorite  ;  leur  couleur,  quand 
ils  sont  frais,  est  d'un  gris  verd&tre  ou  bleuâtre  ;  lorsqu'ils 


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oisëhents  métalliques  divers  875 

sont  oxydés,  elle  passe  au  rouge  de  rouille  ;  comme  miaé- 
rauK  associés,  ils  renferment  de  la  pyrite,  du  grenat 
almandin  d'un  rose  clair,  quehjues  petites  baguettes  de 
rutile,  et  une  abondance  remarquable  de  glaucophaue. 
Le  plus  souvent  ce  dernier  minéral  est  en  baguettes 
microscopiques  enveloppées  dans  les  lamelles  de  mica,  et 
ne  se  révèle  à  l'œil  nu  que  par  la  couleur  particulière- 
ment bleue  qu'il  donne  k  la  roche  ;  d'autres  fois  il  j  ap- 
paraît en  prismes  de  quelques  millimètres  de  longueur 
et  de  1  ou  2  millimètres  d'épaisseur  criblant  la  roche 
d'une  manière  plus  ou  moins  abondante  ;  plus  rarement, 
au  col  d'Amos  en  particulier,  il  se  développe  en  individus 
de  plusieurs  centimètres  de  longueur  et  de  près  d'un  cen- 
timètre d'épaisseur.  C'est  là  un  aspect  des  roches  àglau- 
cophane  très  différent  de  celui  que  nons  avons  signalé  au 
voisinage  des  gisements  de  cuivre  du  groujic  de  la  Balade. 
Ces  micaschistes  sont  d'ailleurs  recoupés,  avec  uneabon- 
dance  toute  particulière,  par  les  filons  de  (juartz  blanc 
laiteux  à  éclat  gras  dont  nous  avons  déjà  fait  mention. 
X  la  mine  Hose,  l'or  se  rencontre  dans  une  sorte  de 
cassure  remplie  de  schistes  oxydés  ronges,  au  milieu  de 
micaschistes  <i  glaucophane  qui  se  présentent  ici  avec  un 
ajpect  cannelé  spécial  dû  h  un  plissement  rogulier  des 
feuillets.  La  zone  oxydée  parait  avoir  une  certaine  conti- 
nuité, puisqu'elle  a  été  retrouvée  par  cinq  recherches 
étagéea  sur  une  hauteur  verticale  de  80  mètres  environ 
[entre  les  cotes  210  et  290)  dans  le  haut  d'un  petit  ravin; 
sa  direction  s'est  montrée  cji  tous  ces  points  constam- 
ment Est-Ouest;  cette  zone  est  constituée,  comme  nous 
l'avons  dit,  par  des  micaschistes  rouilles  dont  les  uns 
sont  essentiellement  formés  de  quartz  et  de  mica  blanc 
et  présentent  un  aspect  argenté  àreflets  jaune rougeâtre, 
tandis  que  les  autres  montrent  un  agrégat  de  baguettes 
de  glaucophane,  parfois  extrêmement  abondantes,  dans 
une  masse  plus  ou  moins  quartzeuse  et  chargée  d'oxyde. 


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376    RICHESSES    MINÉRALES   DE    LA   NOnTELLB-CALÉDONIR 

de  fer  ;  il  s'y  rencontre  fréquemment  des  mises  talqueases. 
Au  voisinage  de  la  surface,  ces  matières  contiennent  un  peu 
d'or  libre,  qui  n'apparaft  généralement  pas  à  l'œil  nu, 
mais  que  le  lavage  au  plat  décèle  sans  dînioiilté  ;  d'après 
les  indications  qui  nous  ont  été  fournies,  les  t«Beiin 
aux  affleurements  auraient  varié  de  14  k  S  grammes 
d'or  à  la  tonne,  avec  des  proportions  assez  variables 
d'argent;  nous  nous  sommes  assuré,  par  plusieurs  essais 
au  plal,  que  l'or  se  rencontre  en  quantité  très  sensible, 
souvent  enrobé  dans  del'oxyde  de  fer-  il  est  accompagné 
de  glancophane  abondant  ef  de  rutile.  Mais,  lorsqu'on  a 
voulu  suivre  ta  formation  en  direction,  en  pénétrant 
dans  la  montagne,  on  a  constaté  à  tous  les  niveaux  une 
diminution  assez  rapide  de  la  teneur,  sans  qu'elle  paraisse 
se  relever  en  s'cufonçant  plus  avant;  c'est  ainsi  que  la 
galerie  sui>érieure  de  recherches,  longue  de  26  mètres, 
aurait  donné  les  résultats  suivants  : 


8  graroraes 
13       — 

7         — 

1  races 

(iirtritlM  i  I  tr.) 
traces 

traces 

2a",so 
S6  mètres 


U  n'a  pas  été  observé  qu'en  s'éloiguant  de  la  surface 
le  caractère  de  la  formation  s'altère  ni  qu'elle  se  montre 
plus  abondamment  imprégnée  de  pyrite  ;  il  y  apparaissait 
cependant  par  places  des  noyaux  de  quartz  stérile;  on 
n'est  d'ailleurs  pas  sorti  de  la  zone  oxydée.  A  la  suite  de 
l'exécution,  vers  la  fin  de  1900,  de  ces  quelques  recherche» 
ttir  an  gisement  qui  avait  été  signalé  depuis  plusieurs 


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OISEUKNTS    MÉTALLIQUES    DIVERS  377 

années  déjà,  le  propriétaire  parait  avoir  renoncé  k  le 
mettre  en  expIoitatîoD  pour  le  moment  du  moins. 

Si  l'on  suit  ia  crête  vers  l'Ouest  dans  te  prolongeneat 
de  la  direction  du  gisement  de  la  Rose,  on  retrooTe,  à  2 
ou  3  kilomètres  de  distance,  des  affleurements  de  mica- 
schistes oxydés  de  même  aspectoii  l'iinalyse  aurait  indiqué 
des  teneurs  atteignant  6  grammes  à  la  tonne;  nn  peu  plus 
loin  encore,  soit  à  4  kilomètres  de  la  mine  Rose,  et  en 
se  déplaçant  légèrement  vers  le  Sud,  on  parvient  à  la 
naine  Berttie,  où  le  lavage  a»  plat  des  n)clies  décomposées 
de  la  surface  montrait,  parait-il,  de  l'or  en  certains  points, 
et  où  l'on  aurait  recueilli  des  échantillons  à  8  grammefi 
d'or  à  la  tonne.  Les  roclies  parmi  lesquelles  l'or  aurait 
ainsi  été  rencontré  ont  un  caractère  assez  intéressant, 
elles  sont,  comme  une  partie  de  celles  de  la  mine  Rose, 
très  riches  en  baguettes  <le  glaucophaae  visibles  à  l'oeil 
uH,  mais  les  grenats  roses  y  sont  également  fort  abon- 
dants ;  -les  uns  et  les  autres  de  ces  cristaux  sont  inclus 
dans  une  pftte  kaoliniqae  blanche,  ce  qui  constitue  une 
roche  tricolore,  d'aspect  escepliomiel.  A  cette  roche  sont 
associées  des  pyrites  légèrement  cuivreuses  et  les  traces 
d'or  dont  nous  venons  de  faire  mention.  Il  n'a  été  ouvert 
sur  c6  gisement  que  deux  petites  tranchées  insignifiantes. 

Le  gisement  dit  de  Gatarino  est  situé  au  voisinage  du 
débouché  à  la  mer  du  rnvin  il'un  des  petits  ruisseaux  qui 
descendent  des  derniers  contreforts  orientaux  du  mont 
Golnett,  à  \ô  kilomètres  au  Sud-Est  d'Oubatche.  L'or  y  a 
été  signalé  en  1877  ot  y  a  élé  l'objet  d'un»;  petite  exploi- 
tation qui  passe  pour  avoir  produit  2  ou  3  kilogrammes 
de  métal  ;  tout  récemment,  il  y  a  deux  ans  environ,  à  la 
suite  d'une  mutation  de  la  propriété  de  ce  gisement,  1» 
nouveau  propriétaire  en  a  tenté  à  nouveau  l'exploitation  ; 
il  en  aurait  retiré  quelques  centaines  de  grammes  d'or 
seulement,  pour  rémunérer  un  très  grand  nombre  de  jour- 


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378    RICHESSES    UIMÉRALES    DE    LA    NOUVEL1£-CALÉD0ME 

nées  de  travail  ;  il  n'a  pas  peraévéré.  On  nous  a  cependant 
parlé  do  teneurs  voisines  de  1  peiiny-weight,  aoit  1^,6 
ou  près  de  5  francs  d'or  à  la  tonne,  teneurs  qui  sont  géné- 
ralement considérées  comine  payant  le  lavage  ;  ce  n'étaient 
peut-être  pas,  il  est  vrai,  des  teneurs  moyennes. 

Là  l'or  ne  paraît  plus  se  présenter  dans  une  formation 
unique  plus  ou  moins  nettement  filonienne,  il  semble 
au  contraire  être  réparti  dans  l'ensemble  du  terrain.  Cf 
terrain  est  d'ailleurs  constitué,  tout  autour  du  ravin,  par  les 
produits  de  la  décomposition,  sans  doute  sur  place,  d'un 
micascbiste  rosé  qui  contenait  vraisemblablement  un  grand 
nombre  de  veinules  de  quartz,  ainsi  qu'en  attestent  les 
très  nombreux  débris  que  l'on  en  rencontre,  et  des  cris- 
taux de  mtile  dont  on  retrouve  les  fragments.  En  lavant 
cette  masse,  essentiellement  composée  de  grains  de  quartz 
et  de  paillettes  de  mica  sans  consistance,  on  a  recueilli 
une  certaine  quantité  d'or  affectant  un  aspect  tout  pîirti- 
culier,  qui  n'a  été,  croyons-nous,  observé  nulle  part 
ailleurs  dans  la  colonie  :  les  fragments  en  sont  souvent 
d'uue  certaine  dimension,  de  forme  généralement  aplatie, 
et  se  présentant  en  jolies  deudritos  dont  la  fraicheuv 
atteste  que  l'or  n'a  nullement  été  roulé;  il  paratt  vrai- 
semblable que,  lorsqu'il  s'est  déposé,  il  a  dû  tapisser  les 
fentes  fines  de  la  roche  oii  s'est  concentré  égaleinent  le 
quartz  en  tilonnets  ;  d'ailleurs  l'or  se  rencontre  parfois 
encore  attaché  à  ce  quartz,  et  la  pépite  de  40  grammes 
qui  a  été  trouvée  à  Galarino  il  y  u  une  vingtaine  d'années 
se  présente  sous  la  forme  d'un  fragment  aplati  de  quartz 
tout  pénétré  de  dendrites  d'or. 

Nous  n'avons  pu  examiner  lo  yisoment  qu'au  voisinage 
du  point  oit  ont  eu  lieu  les  lavages,  point  où  ceux-ci 
avaient  fortement  bouleversé  lo  terrain;  les  sables  que 
nous  avons  lavés,  qui  n'étaient  peut-être  que  les  résidus 
de  lavages  antérieurs,  ne  nous  ont  pas  donné  trace  d*or, 
le  rutile  s'y  est  au  contraire  montré  assez  abondant. 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  379 

Rappelons  d'ailleurs  que  dans  le  ruisseau  voisin,  celui  de 
Ouékamé,  le  rutile  a  pu  être  recueilli  en  abondance  suffl- 
sante  pour  que  l'on  ait  songé  à  en  faire  l'exploitation  ;  le 
manque  de  débouchés  pour  ce  minéral  a  d'ailleurs  fait 
abandonner  cette  idée. 

Nous  croyons  qu'aucune  recherche  réellement  sérieuse 
n'a  été  faite  en  Tue  de  reconnaître  l'étendue  de  cette  for- 
mation aurifère  ;  il  semble  bien  établi  que,  même  aaz 
points  qui  ont  para  les  plus  favorisés,  la  teneur  en  or 
n'était  pas  suffisante  pour  rémunérer  l'exploitation  à  la 
main  ou  le  lavage  au  sluice  qui  ont  été  tentés  en  petit. 
N'y  aurait-il  pas,  au  contraire,  place,  si  toutefois  le 
gisement  avait  une  réelle  extension,  pour  une  exploita- 
tion par  des  procédés  puissants,  tels  qoe  l'emploi  des 
«  géants  »  californiens,  emploi  qui  ne  serait  sans  doute 
pas  difficile  à  réaliser  dans  un  pays  aussi  accidenté  et  oh 
l'eau  est  aussi  abondante,  et  qui,  au  voisinage  immédiat 
de  la  mer,  n'aurait  guère  d'inconvénient?  C'est  ce  que 
personne  ne  parait  avoir  étudié,  et  ce  que  nous  n'avons 
naturellement  pas  pu  rechercher  avec  le  peu  de  temps 
dont  nous  disposions. 

D.  —  Sables  aurifères  du    Nord 
DE  LA  Nouvelle-Calédonie. 

Si  l'or  existe,  en  quantité  faible  il  est  vrai,  dans  cer- 
taines roches  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calédonie,  il  doit 
se  trouver  également  dans  les  alluvions  des  rivières,  et 
c'est  ce  qu'ont  montré,  même  en  premier  lieu,  les 
recherclies  des  laveurs  d'or.  Il  est  peu  d'eutre  les  rivières 
qui  descendent  du  massif  schisteux  du  Nord  de  l'Ile,  soit 
vers  la  mer,  soit  vers  le  Diahot,  oii  il  n'ait  été  trouvé 
quelques  paillettes  d'or;  mais  mille  part  jusqu'ici  on  n'a 
découvert  d'alluvions  suffisamment  riches  pour  que  l'ex- 
ploitation en  fût  entreprise.  Sans  accepter  d'une  façon 


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380  RicHESsas  uiséralks  db  la  nouvblle-calédonie 
complète  l'explication  qui  a  été  dounée  de  cette  ^weace 
de  sables  aurifèrea  riches  dans  cette  région,  par  cani 
qui  ne  voulaient  pas  la  chercher  tout  aiinplemeot  àans  la 
pauvreté  môme  de  la  région  en  giaemenU  primitif»  de 
l'or,  nous  devons  la  mentionner  ici.  H.  Garnier  n'hésUaU 
pas  à  déclarer(*)  ■<  qu'à  caiiseiki  macque  de  plaines  en 
Nouvelle-Calédonie  l'or  ne  pouvait  y  être  qu'en  fiions  ".; 
M.  Heurteau("),  au  contraire,  tout  en  constatant  qnoa 
ne  connaît  pas  en  Nourelle-Calédonie  d'aliuvions  anié- 
rieures  à  l'époque  actuelle,  déclarait  qu'on  ne  doit  cepen- 
dant pas  renoncer  à  l'eapoir  d'y  rencontrer  des  aUuvwos  de 
formation  récente  qui ,  sans  être  très  étendues,  pourraiert 
cependant  donner  lien  à  des  exploitations  importantes. 
Pour  notre  part,  nous  pensons  avec  M.  Heurteau  que,  si 
l'absence d'alluTione  aocienuea,  nueleaétudesiKJSténeures 
à  aon  exploration  n'ont  fait  que  cimitrmer.  écarte  la  pos- 
sibilité de  trouver  en  Nouvelle-Calédonie  des  gites  parti- 
culièrement étendus  du  genre  de  ceux  découverts  dans 
les  alhivions  anciennes  en  Anstralie,  les  conditions  géo- 
graphiques de  la  contrée  n'auraient  pas  nécessairement 
empêché  la  fornialion  do  riches  allnvions  modernes,  sil 
avait  existé  des  gisements  en  roche  dont  l'or  efit  pu  être 
arraché  en  quantité  suffisante;  mais  c'est  cette  dernière 
ch-constance  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  réalisée. 

Comnje  nous  l'avons  dit,  l'or  a  été  trouvé  dans  les 
sables  que  roulent  actuellement  les  diverses  rivières  du 
Nord  de  l'Ue  ;  M,  GamierC")  le  signalait  en  paillettes 
aplaties  et  ruineuses  associées  au  rntilc  dans  les  saWes 
de  la  rivière  de  Pouébo  au  milieu  de  micaschistes  grena- 
tifêres,  et  il  mentionnait  également  sa  présence  en  petites 
quantités  dans  les  alluvions  de  quelques-uns  des  ruis- 
seaux: qui  se  jettent  dans  la  mer  entre  Pouébo  et  Balade; 

(*)  Loe.  cit..  p.  n, 
i"l  Loc.  ait.,  p.  ÎGO. 
("•)  Loc.  eil.,  p.  19. 


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QISEUENTS    MÉTALLIQUES    DtTBRS  381 

M.  Heiirteau(']aotmt  sa  présence,  sous  forme  de  simples 
oonleors  d'or  il  est  vrai,  dans  le  lit  de  la  plupart  des 
rmaseauz  qui  descendent  de  la  chatne  des  micaBchistes 
rers  la  mer  aur  les  territoires  de  Poiiébo  et  d'Oubatche, 
et  aussi  dans  le  cours  supérieur  de  la  rivière  de  Hienghëne  :  - 
M.  Pelatan(")  l'a  reucoatré  daus  la  Ttwaka  et  dans  le 
ruisseau  d'Andam  au  delà  de  Bondé  ;  sa  présence  nous  a 
été  signalée,  sans  que  nous  ayons  d'ailleurs  pu  Térifiorle 
fait,  dans  les  sables  de  la  rivifare  Thieu  et  en  plusieurs 
points  du  cours  du  Diahot  et  de  ses  différents  affluents  de 
rive  droite.  Rappelons  enfin  que  la  région  peu  accessible 
des  Ouébias  (haute  vallée  du  Diahot)  passe,  à  tort  ou  h 
raison,  pour  contenir  des  sables  aurifères  riches. 

En  un  seul  de  tous  ces  points,  les  sables  étaient,  au 
moment  de  notre  séjour  dans  la  colonie,  censés  être 
exploitables  :  c'est  dans  le  lit  de  la  Téuéole  ou  ruisseau 
d'Andam,  tributaire  de  droite  du  Uahot,  qui  descend 
do  mont  Iguambi  et  se  jette  dans  le  Diahot  à  15  kilo- 
mètres au-dessus  de  Bondé.  Quatre  libérés  passaient  pour 
y  avoir  fait,  quelques  mois  avant  notre  visite,  une  petite 
exploitation  clandestine  plus  on  moins  fructueuse  :  c'est 
d'ailleurs  la  vallée  oii  M.  Pelatan  avait  sig:na]é  non  seu- 
lement la  présence  de  l'or,  mais  aussi  celle  d'un  métal 
plue  précieux  encore  aujourd'hui,  le  platine.  Aussi  n'avons- 
Qoiis  pas  voulu  manquer,  malgré  la  difficulté  d'accéder  à 
cette  vallée  déjà  assez  reculée,  d'aller  examiner  par 
Dous-mème  ce  qui  en  est. 

Le  point  qui  nous  a  été  signalé  comme  le  plus  riche  en 
or  «at  celui  oU  le  ruisseau  d'Andam,  encaissé  entre  deux 
rives  abruptes  de  schistes,  fait  un  coude  b-ès  prononcé 
veca  l'Ouest  pour  aller  se  jeter  dans  le  Itiabot  à  1  kilo- 


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383  RICHESSES   MOtiRALBS   DE   LA   NODVBLLG-CALÉDOHIB 

mètre  plus  bas.  Ce  ruisseau,  dont  le  caractère  est  nette- 
ment torrentiel,  coule  sur  un  lit  de  schistes  dans  les 
strates  successiyes  desquels  il  clActmpe  une  sorte  d'esca- 
lier dont  les  creus  retiennent  des  d^rfkts  de  sables;  de 
part  et  d'autre  de  ce  lit,  et  souvent  au  milîoB  mÈme  du  lit, 
existent  d'assez  puissants  dépôts  de  graviers  et  de  galets 
que  le  ruisseau  charrie  en  temps  de  crue  ;  nous  mTons 
succesaivement  examiné  les  sables  recueillis,  d'abord  u 
milieu  même  du  lit  de  la  rivière  dans  les  anfractuosités 
des  schistes,  puis  dans  les  Ilots,  et  enfin  sur  les  berges;  les 
premiers  ne  nous  ont  donné  aucune  trace  d'or,  les  seconds 
en  ont  donné  de  très  faibles,  mais  les  troisièmes,  surtout 
lorsqu'ils  étaient  recueillis  à  une  profondeur  voisine  de 
1  mètre  dans  une  couche  de  graviers  rougeâtres,  mon- 
traient à  chaque  plat  des  couleurs  d'or  très  manifestes 
et  dcH  grains  d'or  légèrement  roulés  atteignant  même 
parfois  des  dimensions  très  appréciables.  Ce  sont  là  des 
indications  qui  sont  généralement  considérées,  dans  les 
pays  où  les  conditions  d'exploitation  ne  sont  pas  trop 
onéreuses,  comme  signalant  un  gite  vraisemMableinept 
exploitable  pour  peu  qu'il  ait  de  la  continuité.  Ces  allu- 
vions  étaient  formées  principalement  de  galets  et  de 
débris  de  chlorito-schistes  d'un  bleu  grisâtre  tels  que  ceux 
que  nous  avons  rencontrés  plus  à  l'Ouest  ;  Us  contenaient 
en  outre  des  débris  de  quartz,  du  mica,  du  glaucophane, 
du  rutile,  du  fer  magnétique  et  du  fer  chromé;  avec  l'or 
se  concentraient  quelques  petits  grains  de  cinabre  et  do 
,  platine  en  très  petite  quantité;  nous  reviendrons  sur  ce 
dernier  point  dans  ce  qui  suit. 

Nous  ajouterons  qu'ultérieurement  de  petites  pépites 
d'or  de  plusieurs  centigrammes  nous  ont  été  remises 
comme  provenant  d'un  point  plus  élevé  du  cours  du  mis- 
seau  d'Andam,  celui  oii  se  réunissent  les  deux  ruisseaux 
Ténéole  et  Cinale;  nous  ne  saunons  a^nner  que  cette 
provenance  soit  exacte. 


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QISGMBNTS   HETALLtQUKN   DIVERS  383 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  qu'il  existe,  au  moins 
en  certains  points  du  ruisseau  d'Andam,  des  sables  auri- 
fères qui  auraient  une  richesse  suffisante  pour  être 
lavés  avec  profit  par  les  procédés  dont  on  dispose  actuel- 
lement; l'étendue  sur  laquelle  ces  sables  se  rencontrent 
serait-elle  suffisante  pour  justifier  l'installation  de  sem- 
blables procédés,  c'est  ce  qui  est  beaucoup  plus  douteux, 
mais  ce  qui  n'a  jamais  été  étudié  en  détail. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  mentionnerons  ici 
l'intérêt  qu'il  y  auraii,  ii  examiner  soigneusement  la  ques- 
tion, qui  a  été  posée  quelquefois,  mais  qui  n'a  jamais  été 
l'objet  d'aucune  étude,  de  l'exploitation  par  dragage  des 
sablosdu  lit  du  Diahot.  Si,  comme  cela  parait  établi,  il  existe 
(le  l'or  très  divisé  dans  le  bassin  de  nombre  d'entre  les 
affluentsflu  Diahot,  etsi.commeon  nous  l'a  affirmé  à  diverses 
reprises,  des  couleurs  d'or  apparaissent  lorsqu'on  lave  au 
plat  les  sables  qu'on  peut  recueillir  en  difi'érents  points  du 
cours  du  fleuve,  il  y  aurait  lieu  de  s'assurer  par  quelques 
sondages  si  les  dépôts  alluvionnaires  plus  ou  moins  puis- 
sants qui  garnissent  le  fond  de  son  lit  ne  présenteraient 
pas,  sur  une  étendue  un  peu  considérable,  une  légère 
teneur  en  or.  S'il  en  était  ainsi,  il  serait  peut-être  possible 
(l'eu  tenter  l'exploitation  à  l'aide  de  dragues,  comme  on  l'a 
fait  avec  succès  dans  plusieurs  des  rivières  de  la  Nouvelle- 
Zélande  et  comme  on  commence  à  le  faire  également  en 
Australie  :  les  frais  de  premier  établissement  àfairepouruoe 
telle  entreprise  ne  dépassent  pas300.000  à  400.000  francs 
et  on  arrive,  grâce  à  cela,  à  laver  avec  profit  des  sables 
dont  le  rendement  moyen  en  or  à  la  tonne  n'atteint  pas 
l/2décigramme,  soit  une  valeur  de  15  centimes. 

Ce  n'est  guère  que  dans  de  telles  conditions  qu'il  semble 
que  l'on  puisse  espérer  voir  un  jour  tirer  parti  de  l'or  qui 
existe,  mais  dans  un  état  de  grande  dissémination,  dans  les 
sables  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calédonie. 


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384   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOCVEU^-CALÉDONIK 

E.  — Gisements  DU  Cbntrb  et  du  Sdd  db  lacolokib. 

Les  traces  rl'or  ne  sont  pas  uniquement  limitées  à  la 
région  des  micaschistes  du  Nord  et  des  schistes  ardoisiers 
qui  les  avoisinent  :  on  a  en  effet  signalé  la  présence  du 
précieux  métal  en  plusieurs  autres  points  de  la  colonie; 
néanmoins  il  n'a  jamais  été  trouvé  dans  la  formation  ser- 
pentineusc,  ce  qui  restreint  à  une  moitié  seulement  de 
leur  superficie  les  parties  du  Centre  et  dn  Sud  de  l'Ile  oii  il 
y  ait  lieu  d'espérer  rencontrer  de  l'or. 

Il  a  été  fait  des  recherches  de  quelque  importance  en 
trois  points  de  ces  régions  :  dans  la  haute  vallée  de  la 
rivière  de  Nakety,  à  la  mine  Queyrae  près  de  La  Foa,  et 
dansle  cirque  des  Grosses-Gouttes  près  de  Saint- Louis.  Nom 
avons  visité  ces  trois  gisements.  On  a  en  outre  mentionné 
la  présence  de  quelques  grammes  d'or  à  la  tonne  duie 
diverses  roche»  de lacolouie,  en  particulier  dans  lesschistes 
noirs  de  Pouembout  et  dans  les  mélaphyres  du  col  de 
Tongoué  ;  on  n'y  a  d'ailleurs  fait  aucune  recherche. 

L'or  se  présentait,  parait-il,  en  poussière  fine,  associé 
à  des  grains  de  cinabre,  <lans  la  haute  vallée  de  la  rivièrt. 
de  Nakety  et  dans  celle  de  son  aiïluentla  Nimboui  quides- 
cend  des  Sancs  du  mont  Canala.  Signalé  il  y  a  longtemps 
déjà,  U  a  donné  lieu  à  une  tentative,  d'ailleurs  infructueuse, 
de  lavage  au  sluice.  Le  gisement  se  trouvait  au  fond  d'une 
vallée  encaissée  entre  deux  collines  de  schistes  argileux 
noirs  criblés  de  âlonnets  de  quartz  blanc  laiteux,  roches 
qui,  comme  toujours,  donnent  lieu  à  la  sur&ce  à  des  pro- 
duits de  décomposition  rouge  clair  très  argileux  semés 
d'un  cailloutis  de  quartz  blanc.  Les  beiges  watz  hautes 
de  la  rivière  sont  constituées  par  des  argiles  jaune  ron- 
geàtre  résultant  éfideaunent  d'un  remaaiement  de  cm 
produits  décomposés;  c'est  là   qu'aurait  été  trouvé,  par 


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GISEMENTS  MÉTALLIQUES  DIVERS  385 

places,  un  peu  (J'or  provenant  peut-être  du  «léniantèlement 
dea  filoiinets  quartzeux  que  nous  avons  mentionnés  ;  nous 
avons  retrouvé  un  tunnel  ouvert  dans  une  des  berges  de  la 
rivière  Nimbouî  et  lacanalisationdu  sluice;  mais  les  essais 
de  lavage  que  nous  avons  faits,  en  différents  points  soit 
du  tunnel,  soit  du  lit  mùme  dn  ruisseau,  sont  demeurés 
infructueux,  ce  qui  nons  laisse  supposer  que  le  gisement 
était  soit  bien  pauvre,  soit  fort  peu  ëtendu.  11  paraîtrait 
que,  sur  l'autre  versant  dn  même  massif  schisteux,  <lans 
la  vallée  qui  descend  vers  Ciu,  on  aurait  également  trouvé 
un  peu  d'or, 

A  la  mine  Quetjras,  près  de  La  Foa,  le  mode  de  gisement 
de  l'or  est  tout  différent  :  il  apparaît  dans  un  massif 
ophitique  qui  se  développe  sur  la  rive  gauche  de  laPoque- 
reux  entre  les  vallons  où  coulent  les  deux  ruisseaux  Oua- 
Mengou  et  Ona-Zinda,  au  milieu  des  formations  de  gréa 
jaunâtre  du  crétacé,  qui  ont  nu  large  développement  dans 
cette  partie  du  bassin  houiller  de  Moimiou,  comme  nous 
l'indiquerons  en  détail  dans  ce  qui  suit. 

Signalé  à  l'attention,  à  la  fin  de  1896,  par  suite  de  la 
rencontre  fortuite  d'un  bloc  éboulé  de  quartz  carié  impré- 
gné d'oxyde  defer  et  qui  contenait, paralt-il,  40 grammes 
d'or  k  la  tonne,  il  a  été  l'objet  de  travaux  de  reconnais- 
sance d'une  certaine  importance,  d'abord  au  débutde  1897, 
puis  à  la  fin  de  cette  même  année  et  dans  les  premiers 
moisde  1898.  Ces  travauxu'auraientpascoûté,  nous  a-t-il  été 
affirmé  par  les  représentants  du  concessionnaire,  moins  de 
70.000  francs  ;  ils  ont  él«  brusquement  interrompus  sans 
avoir  donné  aucun  résultat  décisif  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre,  faute  de  vouloir  y  consacrer  encore  les  sommes 
nécessaires.  !1  n'est  pas  inutile  d'ajouter  que,  peu  de  temps 
auparavant,  une  société australienneauraitoffertd'acheter 
le  gisement  au  concessionnaire  moyennant  175.000  francs  ; 
celui-ci  a  repoussé  cette  offre,  mais  n'en  a  pas  moins 


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380   RICHESSES   MINÉBALBS  DE  LA   FOUTlLLS-CALÉDOmE 

laissé  le  gisement  ineiploité  et  inconiplèteKient  reconnu. 
A  la  suite  de  la  découverte  du  bloc  femiginenx  dont 
neua  venons  de  parler  et  delà  constatation  de  sa  richesae 
en  or,  le  mamelon  au  pied  duquel  il  avait  été  rencontré  a 
été  soigneusement  exploré,  et  on  y  a  trouvé,  en  une  série  de 
point»,  l'affleurement  de  roche»  oxydées  du  même  genre 
et  plus  on  moins  aurifères.  On  a  commencé  à  creuser  à 
partir  de  ces  affleurements  quatre  petits  puits  verlicaoi, 
dont  deux  de  quelques  mètres  seulement,  et  detix  autre» 
de  ib  et  20  mètres  de  profondeur  ;  les  écliantillons  qui  en 
ont  été  extraits  auraient  en  des  teneurs  variant  de  0  à 
70  grammes  à  la  tonne  {celte  dernière  teneur  pour  des 
débris  oxydé»  plus  ou  moins  argileux),  il  en  aurait  même 
été  extrait  h  une  certaine  époque  97  sacs,  représentant  h 
peu  prèsfl  tonnes,  qui,  expédiés  pour  être  traité»  à  la  fon- 
derie d'AIdenhot  prfes  de  Sydney,  auraient  rendu  12^,8 
d'or  et  25  grammes  d'argent  k  la  tonne,  représentant  un« 
valeur  de  4«  francs  de  métaux  précieux.  Dans  le  bot  de 
recouper  en  profondew  les  formation»  suivie»  à  partir  de 
la  surface,  on  entreprit  au  pied  du  mamelon  la  galerie 
figurée  en  AB  par  la  fig.  3  de  la  PI.  V,  qui  reproduit  les 
principales  indications  conservées  sur  ces  recherches  ;  la 
galerie  fut  poussée  de  40  mètre»  dans  une  ophite  extrême- 
ment dure  et  fut  abandonnée  sans  en  être  sortie  ;  elle  paraît 
avoir  mis  en  évidence,  tout  comme  le  puits,  une  direc- 
tion dominante  des  cassures  de  la  roche,  orientée  à  pe« 
près  Est-Ouest,  et  inclinée  aux  environs  de  30  degré»  ver» 
le  Sud. 

Quelques  mois  plus  tard  les  travaux  furent  repris  sous 
la  direction  d'un  contremaître  australien  ;  ils  ont  compMié 
principalement  l'exécution  d'un  puits  incliné  snirant  une 
formation  de  quartz  rouillé  ;  ce  puits  aurait  été  poursuivi 
sur  31  mètres  de  longueur  en  fournissant  des  minera» 
plutôt  pauvres  et  les  travaux  auraient  été  arrêtés  là. 
Nons  n'avons  pas  pu  pénétrer  dans  le»  travaux  éboulés 


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QHBHBKTS  BIÊTALLlQt^Bfi   DtVMtM  'i87 

oa  remplis  (l'eau,  nuis  oous  avons  exanûné  las&CQeure- 
inaots  et  les  tas  de  mioerai  sortis  de  ces  travaux  ;  nous 
avoDB  constaté  que  le  gisement  est  constitué,  au  milieu 
d'un  massif  ophitique,  par  plusieurs  tâtes  de  roches 
quartzeuseg  et  ferrugineuses  oxytlées,  comme  il  s'en  ren- 
contre à  l'affleurement  de  massifs  de  quartz  chargé  de 
pyrite  ou  de  mispi(itel  par  exemple.  Ces  roches  se  pré- 
sentent sous  deux  types  assez  distincts  :  le  plus  souventce 
sont  des  quartz  caverneux,  friables,  brunis  par  des  impré- 
gnations d'oxyde  de  fer,  ot  dont  les  vides  sont  tapissés 
d'oxyde  de  fer  terreux  ;  mais  on  rencontre  aussi  des  mor- 
ceaux de  quartz  dur,  brun  ou  rouge,  très  compact,  passant 
au  quartzite;  enfin,  dans  les  intwstices  de  ces  roches,  ou 
au  contact  du  quartz  et  de  l'ophite,  il  existe  des  produite 
argileux  rouge&trea  dont  quelques-uns  auraient  étéexc«p- 
tionnellemen  triches  (72  grammes  d'or  à  la  tonne). 

Nous  avons  recueilli  personne llemeot  sur  place  un 
certain  nombre  d'échantillons  tant  de  quartz  que  des 
matières  argileuses  associées;  on  nous  a,  d'autre  part, 
ronis  des  échantillons  semblables  de  richesse  variée. 
Ceux  de  l'une  ou  de  l'autre  provenance  que  nous  avons 
analysés  tenaient  tous  de  l'or  {Z  à  10  grammes  à  la 
HHiDe). 

Quant  à  l'allure  du  gîte,  nous  n'avons  pas  pu  la  discer- 
ner avec  exactitude  les  dilTérents  puits  creusés  ne 
s'alignent  pas  sur  une  seule  direction  et  sont  séparés  par 
<les  affl^rements  d'ophite,  on  n'est  donc  pas  en  présence 
d'un  fUoD  unique  et  continu,  mais  peut-être  d'uu  groupe 
de  filons  irréguliers,  ou  plus  probablement  d'un  noyau 
qnartzeux  plus  ou  moins  continu  «t  plus  ou  moins  puis- 
sant. 

Ce  quartz,  très  chargé  en  oxyde  de  fer,  et  légèrement 
aurifère,  ne  parait  pouvoir  provenir  que  de  l'altération 
superficielle  de  quartz  chargé  en  profondeur  de  pyrite  ou 
de  miapickd  aurifère,  formation  qui  n'a  d'ailleurs  pas  été 


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388   RICHESSES   UINBRALES   DB   LA   N017VELLE-CALED0ME 

rencontrée  faute  de  l'avoir  recherchée  jusqu'à  une  dis- 
tance suffisante  de  la  surface.  Quelle  serait  la  teneur  en  or 
de  cette  roche,  quelle  serait  la  régularité  de  cette  teneur 
et  quelle  serait  l'extension  du  gisement  de  ladite 
roclie?  C'est  ce  que  rien  ne  permet  de  dire  aujourd'hui, 
et  l'on  ne  peut  que  regretter  que  l'on  n'ait  pas 
exploré  d'une  façon  complète  ce  gisement  qui  se  signalait 
par  des  affleurements  réellement  remarquables;  ces  affleu- 
rements ont  en  effet  pu  rappelerk  certaines  personnes,  bien 
que  dans  des  dimensions  plus  restreinles,  les  affleurements 
de  ta  célèbre  mine  de  Mount-MorgandansleQueensland.oii 
une  puissante  colonne  de  quartz  imprégné  de  mîspîekel 
tenant  en  moyenne  de  15  à  20  grammes  d'or  à  la  tonne, 
associée  à  une  venue  diori tique,  s'est  signalée  à  l'attention 
des  prosiiecteurs  par  des  blocs  de  quartz  feirugineux 
aurifères  d'un  aspect  assez  analogue  à  celui  des  quartz  de 
la  mine  Queyras,' 

Dans  le  cirque  des  Grosses-GoiUfes,  à  la  source  de  la 
rivière  de  Saint- Louis,  l'or  est  associé  à  l'un  des  deux  seuls 
massifs  granitiques  de  la  colonie;  nous  avons  déjà  fait 
connaître  dans  quelles  conditions  se  présente  ce  massif 
granitique.  En  lavant  les  sables  de  la  rivière  qui  descend 
du  cirque  des  Grosses-Gouttes,  dont  le  granité  forme  les 
parois,  associé  d'ailleurs  à  quelques  pointements  de  ser- 
pentine, on  trouve  régulièrement  des  couleurs  d'or  ;  elles 
s'observent  dans  des  sables  granitiques  avec  topaze, 
accompagnés  de  produits  serpentinenx  qui  laissent  dans 
le  résidu  lourd  des  cristaux  de  fer  chromé.  Sur  le  flanc 
du  ravin,  on  trouve  en  outre  des  arcnea  granitiques 
décomposées,  peu  ou  point  charriées,  dans  lesquelles  le 
lavage  au  plat  décèle  également,  en  petite  quantité  d'ail- 
leurs, de  l'or  d'un  jaune  très  pâle,  sans  doute  par  ce 
qu'il  est  allié  à  une  assez  forte  proportion  d'argent;  avec 
lui  restent  an  fond  du  plat  de  nombreux  cristaux  micros- 


1 


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G1SEMBNT3  MÉTALLIQUES  DIVERS  389 

çopiques  de  topaze.  Cette  formation  ne  parait  d'ailleurs 
pas  présenter  beaucoup  d'étendue. 

Le  lavage  des  sables  de  la  rivière  a  été  tenté,  à  plu- 
sieurs  reprises  croyons-nous,  et  principalement  en  1877 
et  1878.  D'après  les  renseignements  que  nous  avons  pu 
recueillir  de  la  bouche  de  l'un  de  ceux  qui  avaient  parti- 
cipé à  cette  tentative,  le  lavage  au  sluice  fournissait 
régulièrement  de  petites  quantités  d'or,  mais  trop  faibles 
pour  rémunérer  la  main-d'œuvre  à  employer.  Quelques 
centaines  de  grammes  d'or  seulement  en  auraient  été  tirées 
(la  statistique  des  exportations  accuse,  pour  le  premier 
trimestre  de  1878,  une  exportation  de  600  gi-ammes  d'or 
provenant  des  Grosses-Gouttes). 

Ce  gisement  parait  malheureusement  être  trop  restreint 
comme  étendue  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  tenter  l'exploi- 
tation par  des  procédés  en  grand,  susceptibles  de  réduire 
suffisamment  les  frais  d'exploitation  pour  que  les  petites 
quantités  d'or  qu'il  contient  payent  les  frais  d'extraction. 

Des  données  qui  précèdent,  et  qui  constituent  toutes 
celles  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les  gisements  au- 
rifères de  la  colonie,  ou  ne  saurait,  comme  on  le  voit, 
tirer  une  conclusion  aussi  favorable  que  pour  les  métaux 
que  nous  avons  passés  en  revue  jusqu'ici.  Sans  doute  il 
ne  faut  pas  désespérer  de  voir  tel  ou  tel  des  gisements 
que  nous  avons  mentionnés  exploité  avec  succès  le  jour 
otil'on  essaierait,  ici  les  méthodes  modernes  de  traite- 
ment chimique  des  minerais  réfractaires,  et  là  les  pro- 
cédés hydrauliques  d'ahatage  et  de  lavage  des  sables^  si 
l'importance  des  gisements  était  reconnue  le  justifier; 
flans  doute  aussi  est-il  permis  d'espérer  que,  le  jour  oii 
tels  ou  tels  affleurements,  hâtivement  accaparés  sans  y 
avoir  fait  aucune  recherche  etdélaissés  depuis  lors,  se-* 
raient  fouillés  avec  soin,  de  nouveaux  gisements  exploi- 
tables pourraient  être  reconnus  ;  peut-être  môme  en  décou- 


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HlNintALRS   tm  LA  NO0WLLft-CALBI>OMIE 

Trira-t-on  qui  sont  encore  complètenMiit  insoupçcmBés. 
Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  reconnaître  que  notre  colo- 
nie, si  bien  partagée  comme  ridienea  minérales  h  beau* 
coup  <le  points  de  Tue,  no  l'a  pas  été  en  ce  qni  concen» 
l'or  d'nne  façon  qni  puisse  permettre  de  la  comparer, 
même  de  loin,  à  bos  puissaates  voisines. 


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CHAPITRE  m. 


A.  — GlSraiEHTS  ABeBNTIPfaBBS. 

Noos  se  croyons  pas  qn'aacon  giseiDeot  ait  été  signalé- 
en  Noavelie-Calédonie  comme  contenant  de»  mineraig  pti- 
rement  argentifères  :  la  présence  de  l'argent  a,  an  con- 
traire, été  reconnue  dans  nn  assez  grand  nombre  de  gise- 
ments d'autres  métaux. 

.  Toujonrs  associé  à  l'or,  il  se  trouve  en  parfîcnlier  en 
xjuantité  notable  dans  l'or  de  Fem-hill  (7,5  p.  400  -en 
ftoids)  comme  dans  celui  de  la  mine  Rose  (voir  les  résnl- 
tàts  d'analyses  ci-dessus  rapportés).  Dans  la  même  forma- 
lion  de  micascliistes  qm  contient  lamine  Rose,  M.  Heur- 
tean  signale,  dans  la  vallée  de  Pomïen,  nn  filon  qui  avait 
étéeTfdorépouror,  et  qui,  constitué  par  dn  quartz  chaîné 
-de  pyrite,  contenait  des  traces  d'or  et  50  grammes 
d'argent  à  la  tonne.  Enfin  l'or  du  gisement  des  Grosses- 
-Gonttes  ^H^sente  une  couleiir  si  claire  qu'il  renferme 
■certainement  une  proportion  notable  d'argent. 

L'argent  est  de  même  associé,  comme  nous  l'avons 
dit,  an  enivre  dans  les  différents  gisements  connus  de 
ce  métal,  mais  il  n'ajoute  en  général  qu'un  bien  faible 
appoint  à  la  valeur  des  minerais. 

Enfin  l'argent  est  encore  connu  en  Nouvelle-Calédonie, 
associé,  comme  il  l'est  presque  constamment,  au  plomb 
«t  au  zinc,  et  il  s'y  est  montré  par  endroits  en  proportion 
««fusante    pour    augmenter    d'une     façon    considérable 


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393   RICHESSES   MINERALES   DB   LA   NOCVELLE-CALEDONIB 

la  valeur  des  minerais  de  ces  métaux  dont  nous  allons 
décrire  les  gttea, 

B.  —  Gisements  de  plomb. 

I,e  [ilomb  a  été  signait^  en  plusieurs  i>oints  de  la  région 
septentrionale  de  i'ile  ;  il  est,  conune  nous  l'avons  vu, 
abomlant  k  la  mine  de  cuivre  Pilou  ;  mais  il  existe  en 
outre  différents  gisements  où  il  domine,  associé  il  est 
vrai,  it  des  quantités  importantes  de  zinc,  et  ne  contenant 
que  de  simples  traces  de  cuivre. 

La  fig.  1  de  la  PI.  V  représente  les  différents  périmètres 
miniers  du  Nord  de  l'île  qui  sont  censés  renfermer  des 
minerais  de  jtlomb  argentifère. 

En  dehors  des  gisements  du  Nord,  il  n'a  été  signalé  à 
notre  connaissan(;e  qu'un  seul  filon  de  plomb  argentifère 
dans  tout  le  reste  de  la  colonie;  il  se  trouve  dansl'étrpil 
lambeau  de  terrains  secondaires  sitné  au  Nonl  du  massif 
serpentineux  du  Mont  D6,  non  loin  de  Kuentliio;  nous 
n'avons  pas  eu  le  loisir  de  visiter  ce  gisement  et  nous 
n'avons  pu  recueillir  aucune  indication  précise  ii  son  sujet. 

Parmi  les  gisement»  découverts  dans  le  Nord  de  I'ile,  le 
seul  qui  ait  été  l'objet  d'une  tentative  d'exploitation  est 
celui  de  la  Méi-étrice  sur  la  rive  gauche  du  Dialiot. 

Découverte  k  la  fin  de  18S4,  la  mine  Mérélrice  a  été 
l'objet  de  travaux  de  préparation,  puis  d'exploitation,  k 
partir  de  1886-1887;  les  minerais  qui' en  provenaient,  ot 
quiétaient  d'une  fusion  facile,  étaient  d'une  valeur  un  pou 
troj)  faible  pour  pouvoir  supporter  -les  frais  de  transport 
jusqu'aux  fonderies  australiennes,  aussi  furent-ils  traités  à 
la  fonderie  créée  k  cet  effet  k  Pam.  Ce  n'est  qu'au  début 
de  1890  que  cette  fonderie  put  livrer  des  produits  mar- 
cliands;  les  minerais  exploités  jusque-lk  avaient  été  en- 
tassés, aussi  n'est-ce  que  dans  les  années  1890  à  1893 
qu'il  a  été  exporté  du  plomb  argentifère  de  la  colonie; 


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GISEMENTS  METALLIQUES   DIVERS  393 

d'api'ès  les  statistiques  de  la  douane,  ces  exportations 
n'auraient  guère  dépassé  1 .500  tonnes  au  total,  représen- 
tant une  valeur  voisine  de  600.000  francs;  la  teneur  en 
iirgent  aurait  été  de  plus  de  1  kilogramme  d'argent  par 
tonne  de  plomb  rt'œuvre. 

Interrompus  à  la  fin  de  1891,  les  travaux  de  la  raine 
Mérétrice  ne  paraissent  jamais  avoir  été  repris  sérieuse- 
ment depuis  lors,  bien  qu'il  y  ait  eu  une  tentative  dans 
re  but  cri  1897-1898. 

Le  gisement  se  trouve,  comme  celui  de  la  mine  Pilou 
et  de  la  plupart  des  autres  mines  de  cuivre  que  nous 
avons  décrites,  encaissé  dans  des  schistes  ardoisiers  noirs, 
et  en  relation  très  immédiate  avec  un  dyke  de  roche 
verte;  il  affleure  sur  la  rive  gauche  du  petit  ruisseau 
Djavel,au  flanc  d'un  des  très  nombreux  mamelons  ovoïdes 
que  ces  schistes  forment  entre  le  Diahot  et  la  ligne  des 
calcaires  de  la  Roche  Mauprat,  dont  la  mine  Mérétrice 
est  d'ailleurs  voisine. 

1/affleurement  se  présente  sous  la  forme  d'un  énorme 
massif,  de  10  mètres  environ  de  puissance,  presque  uni- 
quement constitué  d'uu  agrégat  de  fragments  de  céru- 
site  empâtés  dans  de  l'oxyde  de  fer;  souvent  la  cérusite 
apparaît  en  jolis  petits  cristaux  tabulaires,  et  l'on  en  a  ren- 
contré autrefois  nombre  d'échantillons  recouverts  de  fila- 
ments d'argent  natif  ;  par  places  la  cérusite  est  associée 
à  des  enduits  cuivreux  bleus  et  verts,  et  à  des  minéraux 
oxydés  du  zinc. 

Une  tranchée,  ouverte  sur  une  dizaine  de  mètres  de 
verticale  et  une  cinquantaine  de  mètres  en  direction,  n'a 
pas  tardé  à  découvrir  des  minerais  sulfurés,  peu  ou  point 
altérés,  qui  se  présentent  en  trois  bandes  grossièrement 
parallèles,  orientées  à  peu  jirès  \ord-l lO'-Est  et  plongeant 
au  Sud-Ouest,  paraissant  constituer  trois  filons  distincts, 
mais  voisins,  avec  des  puissances  de  1  à  2  mètres  chacun, 
et  séparés  par  des  schistes  pratiquement  stériles. 


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"394  RICHESSES  M1NÈRALK8  DE  LA  ITOtrVHLlJ-CALÉDONlK 

La  fig.  4  de  la  PI.  V  îndiqBe  quel  est  l'état  actuel  des 
lieiiï  et  représente  grossièrement  les  trayaux  qni  ont  été 
faits  sur  le  gisement. 

Celui-ci  est  à  peine  connu  sur  220  mètres  de  longoeor, 
bien  qu'il  ait  été  retrouvé  sur  la  rive  droite  du  ruisseau 
Djavel  :  une  galerie  d'allongement  a  s'est  enfoncée  de 
quelques  mitres  dans  un  filon  (?)  mince,  et  «ne  tranchée 
a  trouvé  un  filet  de  minerai  ;  mais  plus  à  l'Est  il  n'a  plos 
été  reconnu  d'affleurements  sur  le  mamelon  qni  se  déve- 
loppe sur  la  rive  droite  du  ruisseau.  Le  mamelon  de  la  rive 
gauche,  qui  renferme  sur  son  flanc  Est  le  puissant  afflen- 
rentent  que  noiis  venons  de  décrire,  n'a  rawitré  de  mine- 
Tai  que  de  ce  côté,  sur  son  flanc  Ouest  il  n'a  rien  été 
trouvé  et  les  filonan'ontétésuivis  en  direction  an  deikde 
l'estrémité  de  la  tranchée  que  par  une  galerie  d'alloïige- 
roent  d'une  quarantaine  de  mètres  de  kmpieor  nui  est  u- 
jowd'huî  inaccessible  :  elle  s'enfonce  dans  le  minerai 
sulfuré.  L'allure  de  la  formation  sur  cette  faible  kmgo^ 
«et  d'ailleurs  fortement  contournée. 

En  profondeur,  ta  seule  donnée  de  quelque  importance  qw 
l'on  ait  est  cellequi  est  résultée  du  fonçage,  en  1897-1888, 
par  r  «  International  Corporation  Limited  n  devenue  pro- 
priétaire de  la  mine  à  cette  époque,  d"nn  Bonvea«  puH«. 
ppofonddeSO  mètres,  qui  aurait  recoupé  à  a'S  mètres  de  la 
8in^c«  un  filon  de  2  mètres  de  puissance  très  abondam- 
ment minéralisé  en  galène  avec  pyrite  et  blende,  tenait 
de  3  k  4  onces  (94  à  125  grammes)  d'argent  à  la  tonne  ; 
au  mur  de  ce  filon,  le  puits,  foncé  jusque-là  dans  les 
schistes  noirs,  est  entré  dans  un  dyke  de  roche  verte 
très  dure  dont  on  connaît  d'ailleurs  les  affleurements  an 
mur  des  affleurements  de«  filons;  il  y  a  été  poursuivi  sur 
25  mètres  de  hauteur. 

De  l'ensemblo  de  ces  indications,  quelque  peu  incom- 
plètes, il  semble  résulter  que  l'on  est  en  présence,  k  )* 
Mérétrice,  soit  d'une   formation  lenticulaire,  aott  d'nac 


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QKBUBim  HÉTALUQOBS  DIVBBS  305 

zoBed'enricbissemeDt  exceptî(»t&el  d'un  filon  BormalemeQt 
Assez  pauvre  ;  il  ne  parait  en  effet  pas  douteux  qu'il  ne  se 
prolonge  en  direction  que  sur  200  mëtrea  au  plus,  ou 
•que,  s'il  se  prolonge  au  delà,  c'est  avec  une  puissance  et 
une  minéralisation  bien  moindres.  En  profondeur  il  parait 
■également  s'amincir,  puisque  aux  aflleureoients  il  com- 
porte trois  reines  métallifères  d'une  puissance  totale  de 
4  à  5  mëtres  aa  moins,  tandis  qu'à  35  mètres  de  la  sur- 
face il  n'a  plus  qu'uDe  épaisseur  de  2  mètres.  En  outre, 
■comme  cela  arrive  trop  fréquemment,  la  teneur  en  argent 
•diminue  considérablement  lorsque  l'on  pas^e  de  la  zone 
■oxydée  à  la  zone  sulfurée.  Comme  nous  l'avons  mentionné, 
Jes  échantillons  de  céruaite  parsemés  d'argent  natif  ont 
été  assez  fréquents  aux  aflleurements  et  la  teneur  des 
iminerais  y  était,  nous  a-t-on  affirmé,  couramment  de 
12  à  15  onces,  soit  370  h  i70  grammes,  par  tonne  de 
sntQorai  à  15  ou  20  p.  100  de  piomh,  ce  qui  correspondrait 
à  des  plombs  d'œuvre  à  près  de  2  kilogrammes  d'argent  à 
la  tonne.  Au  contraire,  les  minerais  sulfurés  ne  tenaient, 
:mème  tout  près  de  la  surface,  que  des  quantités  variant  - 
généralement  de  6  onces  (200  grammes)  à  la  tonne  à 
3  ou  4  onces. 

Nous  avons  eu  connaissance  d'une  série  d'analyses  effec- 
tuées  en  1898  en  vue  de  chercher  k  so  rendre  compte 
■de  la  teneur  moyenne  que  pouvaient  avoir  les  différents 
minerais,  et  nous  en  donnons  ci-dessous  les  résultats,  que 
Jionsn*avon8  d'ailleurs  nullement  élé  en  mesure  de  vérifier. 

Douze  analyses  de  minerais  sulfurés  avaient  donné 
«omme  teneurs  : 

Plonb <]e    ».49  p.  1(10    à    8      p.  100 

Cuivre 4  Iraces 

Zinc â8,»5  8,41  p.  100 

Fer 26.98  8,55 

Silice 27  6,M 

Argent de  370  gr.  à  Ja  t.  à  91  gr.  h  la  toone 


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306   RICHESSES   MINÉRALES  DB   LA  NOUVELLE-CALEDONIE 

La  cumposition  àes  minerais  les  plus  riches  était  d'ail- 
leurs la  suivante  : 

Plomb 24,46  p.  100 

Cuivre traces 

Zinc 22,26  p.  100 

Fer 8,55 

Silice 10.54 

Arffent 370  grammes  à  la  loune 

Neuf  auaiyses  de  minerais  oxydés  avaient  donné  les 
résultats  suivant»  : 

Plomb..  de    38,44    p.  H'O    à      5,68    p.  tOO 
CuivK. .  ?,7S  traces 

Zinc...  4,i4  l,6o    p.  tOO 

Fer 31  10,60 

Silice...  49,31  20,35 

Argent.  de  liOO  gr.  h  la  tonne  à  125  gr.  à  la  tonne 

L'échantillon  le  plus  riche  en  plomb  contenait  ; 

Plomb 38,44  p.  100 

Cuivre 0,S0 

Zinc 2,39 

Fer 14,32 

Silice 20,80 

Argent 420  grammes  à  la  tonne 

Les  minerais  de  surface  étuient,  comme  on  le  voit, 
complètement  oxydés  et  pauvres  en  zîuc  (maximum 
4p.  KHt  pour  un  minerai  tenant  30  p.  100  da  plomb); 
ils  étaient  donc  d'un  traitement  aisé,  et  étaient  en  outre 
assez  riches  en  argent,  puisqu'ils  étaient  de  nature  à  don- 
ner du  plombd'œuvre  tenant  plus  de  1  kilogramme  d'ar- 
gent k  la  tonne  ;  ce  ne  sont  guère  que  ces  minerais  qui  ont 
été  fondus  à  Pani,  il  en  reste  d'ailleurs  encore  des  tas 
importants  (quelques  miUiera  de  tonnes)  sur  le  carreau  de 
la  mine. 


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GISEMENTS   MBTAXLIQDES   DIVERS  397 

Les  mioerais  sulfurés  ont  au  contraire  beaucpup  moins 
de  valeur  :  contenant  une  forte  proportion  de  zinc,  à 
peine  inférieure  à  la  proportion  do  plomb,  ils  exigeraient 
un  lavage  minutieui  qui  entraînerait  vraisemblable- 
ment la  perte  de  toute  la  blende  et,  avec  elle,  sans  doute 
celle  d'une  notable  partie  de  l'argent,  livrant  du  plomb 
d'œuvre  tenant  seulement  quelques  centaines  de  grammes 
à  la  tonne. 

Il  ne  semble  donc  pas  que,  même  si  le  gisement  de  la 
Mérétrice  montrait  plus  de  continuité  que  ne  paraissent  en 
indiquer  les  quelques  travaux  de  recherches  qui  y  ont  été 
poursuivis,  son  exploitation  puisse  être  bien  rémunéra- 
trice, tant  (lu  moins  que  les  conditions  industrielles  de  la 
région  resteront  difficiles,  c'est-à-dire  que  la  main-d'œuvre 
y  sera  rare.  le  combustible  cofiteux  et  les  moyens  dont 
on  dispose  restreints,  La  puissance  apparente  de  l'affleu- 
rement et  sa  belle  richesse  en  argent  en  avaient  fait  au- 
gurer autrement,  mais  on  connaît  aujourd'hui  assez  du 
gisement  pour  être  porté  à  dire  que  ces  apparences  étaient 
trompeuses . 

Nous  ne  croyons  pas  qu'aucun  des  autres  gisements  de 
plomb  argentifère  du  voisinage,  qne  nous  n'avons  d'ail- 
leurs pas  pu  examiner,  ait  présenté  à  beaucoup  près  de 
semblables  apparences. 

C.  —  Gisements  de  zinc. 


Le  zinc  est  abondamment  associé  non  seulement  à 
quelques  minerais  de  cuivre  et, surtout  à  ceux  de  la  mine 
Pilou,  mais  encore,  comme  nous  venons  de  le  dire,  aux 
minerais  de  plomb  argentifère  de  la  Mérétrice. 

Ici  comme  là,  il  constitue  une  gène  notable  pour  la  mé- 
tallurgie et,  dans  l'état  actuel  des  choses,  loin  de  pouvoir 
dans  (;es  conditions  être  considéré  comme  une  richesse,  il 


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398   B1CHESSE8  MINÉRALES  DE  LA   NOttVBLIf-GALÉDONIB 

déprécie  |^s  ou  moins  sérieusement  les  gisements  oh  il  se- 
rencontre.  Xow  n'avons  pasconnaissaDcequedesminerws 
de  zinc  seul  aient  jamais  été  signalés  dans  la  agonie.  Il» 
y  seraient  d'ailleurs  pntiqueineat  inutilisables  étant  donaé 
en  particulier  le  prix  <)«  charbon,  et  il  faudrait  qa'ik 
fussent  bien  riches,  et  surtout  «qu'ils  aient  use  teneur  trèft 
notable  en  argent,  pour  qu'ils  putsMot  valur  le  traospwi 
jusqu'aux  usine^^  établies  sur  les  basons  houiUers  de  la 
Nouvelle-Galles  du  Sud. 


D.  —  Gisements  d'antimoine. 

L'antimoine  n'est  coiinu,  en  Nouvelle-Calédonie,  qo'eo 
un  seul  point,  à  Nakety.  Les  conditions  dans  lesquelles  il 
s'y  présente  avaient  paru  dans  le  temps  assez  favorables 
pour  que  l'exploitation  en  fût  tentée  en  1883-1884;  mais 
elle  ne  parait  pas  avoir  eu  un  succès  suffisant.  Abandonnée 
au  début  de  1885,  elle  n'a  pas  été  reprise  depuis. 

Le  gisement  sur  lequel  cette  tentative  a  eu  lieu  est 
situé  au  voisinage  de  Nakety,  dans  l'un  des  contreforts 
qui  s'élèvent  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  <ie  Nakety 
à  peu  de  distance  au  Sud-Ouest  du  village  :  ces  contreforts, 
situés  au  voisinage  immédiat  des  massifs  serpeniineai 
qui  s'élèvent  au  bord  dcf  la  mer,  sont  constitués  principale- 
ment par  des  schistes  argileux  noirs  décolorés  aux  affleu- 
rements. Dans  ces  schistes  courent  une  série  de  veines 
do  quartz  presque  verticales  et  dirigées  au  Nord-UCC-Est; 
l'une  de  ces  veines,  puissante  de  2  à3  mètres, est  miné- 
ralisée sur  une  bonne  partie  de  sa  largeur  par  de  la  sti- 
bine :  par  places  on  rencontre  du  minerai  massif  en  qaan- 
tité  plus  ou  moins  considérable  ;  en  d'aub'es  peints  1» 
stibine  constitue  seulwnent  un  remplissage  dams-les  inter- 
valles de  sphérolitea  quartieux. 

Des  travaux  d'une  certaine  importance,  travwrs-baïc» 


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ai»UBllT»   UBTALUQCES   DrVBES  30f> 

et  galeries  d'allongement,  ont  élé  pratiqués,  s'étageant 
jusqu'au  sommet  de  la  colline,  entre  les  cotes  165  et  300; 
ils  paraissent  avoir  suivi  un  filon  d'une  certaine  conti- 
nuité. 

Quant  à  la  ricbeMQ  moyenne  de  la  minéralisation  nous 
n'avons  pu  nous  en  faire  qu'une  idée  approximative; 
d'après  les  renseignements  que  nous  avons  pn  retrouver» 
le  minerai  aurait  été  amené,  après  triage,  a  une  teneur 
moyenne  de  35  p.  100  de  stibine. 

Descendu  jusqu'au  pied  de  la  colHne  par  un  plan  incliné, 
il  était  concassé,  puis  trié  ;  il  aurait,  au  début,  été  exporté 
telqueljnsqn'àconcurrence  dequelques  cent  ainesde  tonnes. 
Ultérieurement  on  aurait  construit  un  petit  four  de  liqua- 
tion  pour  produire  sur  place  le  sulfure  fondu,  mais  il 
n'aurait  été  obtenu  que  quelques  tonnes  geulemeot  de  celui- 
ci,  l'exploitation  ayant  dû  être  abandonnée  à  la  suite  d'une 
baisse  de  la  valeur  du  métal. 

Différents  autres  affleurements  de  stibine  ont  été  signa- 
lés au  YtHsinage,  et  il  n'a  pas  été  institué  moins  d'une 
douzaine  de  concessions  d'antimoine  à  Nakety  ;  mais  les 
travaux  que  nous  venons  de  mentionner  sont,  h  notre 
connaissance,  les  seuls  sérieux  qui  aient  jamais  été  faits. 
Le  filon  sur  lequel  ils  ont  porté  serait,  à  n'en  pas  douter, 
considéré  comme  d'une  belle  richesse  en  France,  et  serait 
exploitable  avec  profit  si  l'on  se  trouvait  dans  des  condi- 
tions économiques  analogues  à  celles  de  notre  pays  ;  ai, 
au  contraire,  on  veut  comparer  l'exploitation  à  laquelle  il 
pourrait  donner  lieu  à  des  exploitations  de  pays  loin- 
tains, telles  que  celles  du  Japon,  par  exemple,  qui  est  un 
producteur  assez  important  d'antimoine,  on  ne  peut  que 
constater  l'infériorité  du  gisement  calédonien,  et  conserver 
peu  d'eepoir  qu'il  puisse  être  de  longtemps  l'objet  d'une- 
utilisation  fructueuse,  surtout  avec  l^s-  «ours  actuels  de- 
l'antimoine. 


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400  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÈDOSIB 

E.  —  Gisements  de  mkrcdbe. 

Lo  cinabre,  et  même  le  mercure  natif,  ont  été  trouvés 
en  plusieurs  points  de  la  colonie  :  des  gisements  en  roche 
sont  connus  à  Nakety,  à  Kouaoua,  et  à  Bonrail  ;  des 
fragments  de  cinabre  ont  en  outre  été  rencontrés  dans  le 
lavage  des  sables  de  plusieurs  rivières  et  en  particulier 
dans  la  haute  vallée  de  Nakety  et  dans  la  rivière  d'Andam, 

A  Nakety,  le  cinabre  a  été  signalé  il  y  a  d'assez  longues 
années  déjà  :  il  apparaît  en  cristaux  dans  les  fentes  d'un 
grès  jaunâtre  en  plusieurs  points  situés  de  part  et  d'autre 
dn  village,  d'une  part  sur  un  escarpement  élevé  (jui 
domine  la  route  deThiok  Nakety  à  quelque  distance  avant 
d'arriver  aux  premières  maisons  de  ce  village,  et  d'autre 
part  à  2  kilomètres  environ  à  l'Ouest  du  gisement  de 
stibine  que  nous  venons  de  mentionner.  Ces  deux  points 
s'alignent  exactement  avec  ce  gisement  dans  la  direction 
\ord-H()"-Est  qui  est  celle  du  filon  d'antimoine,  comme 
si  le  cinabre  et  la  stibine  s'étaient  déposés  le  long  d'une 
même  cassure  :  ce  serait  un  exemple  de  plus  de  Tassocia- 
tion  si  fréquente  île  ces  deux  minerais.  Sur  les  uns  et  les 
autres  de  ces  aflleurements  il  n'a  été  fait  que  des  grat- 
tages insignifiants,  ayant  consisté  essentiellement  à  en- 
lever les  quelques  jolis  écliantillons  do  cinabre  qui  se 
montraient,  si  bien  qu'aujourd'hui  ce  que  l'on  en  jieut 
voir  ne  saurait  donner  une  haute  idée  de  la  richesse  des 
gisements  en  (jnestion. 

Priis  de  Konaoua,  dans  la  vallée  de  la  Faja,  affluent  de 
droite  de  la  rivière  de  Kouaoua,  on  trouve,  au  sein  d'un 
massif  de  roches  vertes  diabasiques  apparaissant  au  milieu 
des  schistes  argileux  noirs  qui  se  développent  derrîèrelc 
bourrelet  serpentinenx  de  la  côte,  des  filons  et  veinules 
de  quartz  avec  mouches  fines  de  cinabre  ;  ce  que  nous  en 


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QISEMBN'TS   MÉTALLIQUES   DIVERS  401 

avons  vu   ne  présente  d'intérêt  qu'au  seul  point  de  vue 
minéralogique. 

Enfin,  il  y  a  quelques  années,  un  autre  gisement  de 
mercure  a  été  signalé  dans  la  vallée  d'un  des  petits  ruis- 
seaux qui  forment  la  Douencheur,à  15  kilomètres  environ 
au  Nord  de  Bourail,  non  loin  de  la  route  de  Bourail  à 
Houaïlou  ;  les  quelques  fouilles  qui  ont  été  faites  sur 
l'âflleurement  ont  permis  d'en  retirer  de  Jolis  échantillons 
de  cinabre  et  une  petite  quantité  de  mercure  natif;  mais 
ces  fouilles,  ayant  été  uniquement  localisées  en  un  point 
et  n'ajant  eu  qu'une  profondeur  de  3  à  4  mètres,  n'ont 
fourni  aucune  indication  sur  l'importance  du  gisement  et 
par  suite  sur  la  possibilité  de  son  exploitation.  Celui-ci  est 
«Dcaissé  dans  des  phyllades  violacées  légèrement  bario- 
lées, qui  aOleurent  dans  la  chaîne  centrale  de  l'ile  entre 
Bourail  et  Houaïlou  lorsqu'elles  ne  sont  pas  recouvertes 
par  les  serpentines  ;  dans  les  cassures  transversales  de 
ces  phyllades  se  reacontre  une  argile  grisâtre  imprégnée 
de  nombreux  grains  de  pyrite  avec  cristaux  de  cinabre  ; 
par  places  ceux-ci  remplissent  toute  la  largeur  de  la  cas- 
sure (c'est-à-dire  quelques  millimètres  seulement),  et  se 
développent  en  outre  entre  les  feuillets  ries  phyllades. 
C'est  dans  le  lit  du  ruisseau  que  le  gisement  a  été  dé- 
couvert gr&ce  à  quelques  gouttelettes  de  mercnre  pro- 
duites par  l'oxydation  du  cinabre  qui  s'étaient  réunies  dans 
les  cavités  de  la  roche.  Les  affleurements  ont  été  fouillés 
au  milieu  même  du  ruisseau  par  un  petit  puits  aujourd'hui 
noyé,  et  sur  la  rive  gauche  par  une  amorce  de  tranchée  au 
front  de  taille  de  laquelle  nous  avons  encore  tronvé  des 
cristaux  de  cinabre  et  des  gouttelettes  de  mercure.  Il  pa- 
raîtrait que  plus  bas  sur  le  cours  du  ruisseau  on  aurait 
1  eiieors  relevé  quelques  traces  de  cinabre.  Comme  nom 
I  l'avons  dit,  cesont  là  des  indications  tout  à  fait  însuflîflftRtes 
I  pour  permettre  de  formuler  une  opinion  sur  la  valeur  d'un 
I     tel  gisement,  mais  le  concessionnaire  a  préféré  s'en  tenir  là. 


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402   RICHESSES   MISKRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDONIE 

Nous  ne  pouvons  donc  que  constater  la  présence  dn 
cinabre  sur  plusieurs  points  de  la  colonie,  ignorant  com- 
plètement s'il  ne  s'y  trouve  qu'en  mouclies  isolées,  cumme 
on  le  rencontre  dans  beaucoup  de  pays,  ou  si  au  contraire 
l'uu  ou  l'autre  des  gisements  signalés  pourrait  être  utile- 
ment exploité. 

Nous  terminerons  ce  qui  a  trait  au  mercure  en  rappe- 
lant que  M.  Heurteau  avait,  à  la  suite  do  la  découverte 
encore  récente  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie,  sigcalé  (*J 
l'association  en  Californie  du  cinabre  à  des  silicates  de 
nickel  au  milieu  de  serpentines  et  de  schistes  serpentineui. 
et  qu'il  avait  appelé  l'attention  sur  la  possibilité  de  trou- 
ver aussi  dans  notre  colonie  le  mercure  associé  au  nickel. 
L'événement  n'a  pas  confirmé  cette  hypothèse,  le  mercure 
n'ayant  jamais  été  rencontré  jusqu'ici  qu'en  dehors  de  la 
formation  serpentineuse  nickelifère. 

F.  —  Gisements  de  platine. 

Autant  qu'il  est  permis  de  conclure  de  la  présence  dans 
une  région  de  telle  ou  telle  roche  à  la  possibilité  d'y  ren- 
contrer tel  ou  tel  métal,  on  pourrait  penser  que  la  Nou- 
velle-Calédonie, où  les  serpentines  sont  aussi  exception- 
nellement abondantes  que  nous  l'avons  dit,  pourrait 
renfermer  des  gisements  de  platine,  tout  comme  l'Oural  où 
dominent  ces  mêmes  roches.  Il  ne  parait  pas  en  être  ainsi, 
car  le  platine  n'a  été  signalé,  et  en  quantités  infimes, 
qu'en  un  seul  [joint  de  la  colonie,  le  ruisseau  d'Andam. 
C'est,  à  notre  connaissance,  M.  Pelàtan  qui  l'a  découvert  (*') 
et  nous  avons  constaté  personnellement  l'exactitude  de 
l'indication  qu'il  donne  à  ce  sujet  :  le  platine  se  rencontre 
en  très  faible  proiwrtiou  au  milieu  de  l'or,  qui  est  lui- 


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QI8EUENTS   MÉTALLIQUES  DIVERS  403 

même  peu  abondant,  dans  les  sables  du  ruisseau  d'Andam. 
A  quelles  roches  ce  platine  est-il  arraché,  c'est  ce  que 
personne  n'a  recherché  :  provient-il,  comme  provient 
vraisemblablement  Tor,  des  micaschistes  en  relation  avec 
les  roches  k  glaucophane  dont  on  retrouve  des  débris  dans 
ces  sables  aurifères,  ou  bien  au  contraire  était-il  associé 
aux  roches  qui  contenaient  les  cristaux  de  magnétite  et 
de  fer  chromé  qui  se  trouvent  accompagner  ici  l'or,  alors 
qu'ils  ne  l'accompagnent  généralement  pas  dans  les  autres 
sables  aurifères  du  Nord  de  la  colonie?  Et  ces  roches  à 
fer  chromé  ne  seraient-elles  pas  des  serpentines  dont  il 
existe  quelques  petits  massifs  au  milieu  des  micaschistes? 
Ce  sont  là  des  questions  auxquelles  nous  ne  pouvons 
répondre,  n'ayant  en  aucune  façon  eu  les  loisirs  prolongés 
qu'il  eût  fallu  pour  en  entreprendre  l'étude  sur  place.  Il 
serait  fort  intéressant,  sinon  au  point  de  vue  industriel, 
tout  au  moins  au  point  de  vue  géologique,  que  des 
recherches  minutieuses  fussent  faites  dans  ce  but,  en 
essayant  de  remonter  la  rivière  d'Andam  et  ses  affluents 
jusqu'aux  points  d'ofi  provient  le  platine. 

Ajoutons  que,  si  le  soin  avec  lequel  ont  été  examinés 
les  sables  des  diflférentes  rivières  du  Nord  de  la  colonie, 
oti  les  chercheurs  savent  pouvoir  trouver  de  l'or,  rend 
peu  vraisemblable  qu'un  gisement  de  platine  de  quelque 
importance  qui  y  existerait  soit  demeuré  inaperçu,  il  n'en 
est  pas  de  môme  pour  les  sables  des  rivières  descendant 
des  grands  massifs  de  serpentine,  qui  depuis  longtemps 
passent  aux  yeux  des  laveurs  d'or  pour  certainement 
stériles. 

G.  —  Gisements  de  manganèsb. 

La  présence  du  manganèse  a  été  signalée  à  différentes 
reprises  dans  la  colonie.  Sans  parler  de  son  association 
constante  au  cobalt,  il  existe,  en  particulier  au  pied  de  la 


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404   RICHESSB8   MINÉRALES  DE   LA   NOnTBLLB-ClLBOONlB 

Table  Unio,  des  blocs  do  pyrolusitâ,  qnine  paraissent  d'afl- 
letïTB  gtière  exister  qu'à  Tétat  de  blocs  isolés.  Ce  même 
minerai  a  en  outre  été  signalé  en  plusieurs  points  de  la  cdte 
Ouest,  tantôt  dans  le  trias  et  tantôt  dans  le  crétacé,  près 
de  Bourail,  dans  la  vallée  de  laBoguen,  à  Bouloupari,  k 
Saint- Vincent,  etc.,  toujours  sous  fonne  de  blocs  isolés; 
son  gisement  primitif  n'est  donc  pas  connu.  On  a  néan- 
moins prétendu  qu'il  proviendrait  de  fiions  ou  d'amas  dans 
les  serpentines  ;  mais  nous  n'avons  pas  connaissance  qu'on 
en  ait  donné  aucane  preuve,  et  nous  crovons  devoir  tenir 
la  chose  comme  très  douteuse,  bien  que.  rappelous-le, 
toutes  les  péridotites  de  la  colonie  contiennent  des  trace? 
plus  ou  moins  marquées  de  manganèse. 

La  valeur  en  Europe  des  hioxydes  de  manganèse  même 
les  plus  riches  (une  cinquantaine  de  francs  la  tonne)  est 
trop  faible  pour  que  l'on  puisse  songer  h  en  expédier  de 
Nouvelle-Calédonie.  Le  jour  où  la  métallurgie  de  l'acier 
viendrait  à  être  créée  en  Australie,  il  en  serait  peut-être 
autrement;  mais  ce  jour-là  ne  trouverait-on  pas  sur  le 
vaste  continent  australien  le  manganèse  dont  on  vien- 
drait à  avoir  besoin?  Cela  est  fort  possible. 

n  n'y  a  donc  guère  à  compter  sur  le  manganèse 
comme  sur  une  des  richesses  minérales  utilisables  de  la 
colonie. 

H.    — GiSniENTSDETDNaSTÈMB,  TITANE,  UOLTBDàHB,  BTC. 

Le  tungstène,  sous  la  forme  de  scheelite,  ou  tungstate 
de  chaux,  a  été  rencontré  au  voisinage  de  Kouaoua;  il 
existe  peut-être  bien  en  d'autres  pointe  encore  de  la 
colonie,  car  on  a  trouvé  entre  les  mains  de  Canaques  un 
certain  nombre  de  pierres  de  frondes  fkites  dé  ce  minéral 
particulièrement  dense.  Le  gisement  de  Kotraoaa  est  situé 
dans  la  vallée  de  Faja  :  il  est  intimement  associé  an 


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aiKEUfiNTS   MÉTALLIQUE   Dl^'ERS  405 

gisement  de  mercure  que  nous  avoDs  meotionné  ci-dessus, 
car  il  se  présente  dans  ua  fîloa  de  dathoUte  qui  recoupe 
la  même  formation  diabasique.  Ce  filon  de  datholite,  puis- 
sant de  50  à  60  centimètres  environ,  forme,  en  raison  de 
sa  dureté,  un  ressaut  du  terrain,  et  l'une  de  ses  faces  est 
découverte  sur  une  assez  grande  étendue;  l'érosion  et 
l'action  chimique  des  agents  atmosphëriques  ont  détruit 
une  partie  de  la  datholite  et  ont  laissé  apparaître  en  sail- 
lie sur  sa  surface  des  rognoos  de  scheelite  qui  étaient 
vrfiisemblablement  inclus  dans  la  datholite  ;  au  pied  de  ce 
ressaut  on  trouve,  au  fond  du  ruisseau  qui  le  recoupe, 
des  fragments  de  scheelite  que  leur  poids  a  empêché 
d'ôlre  entraînés.  Il  n'est  d'ailleurs  loisible  de  recueillir  de 
l'une  et  l'autre  façons  que  quelques  échantillons  seulement, 
et,  à  examiner  le  filon  massif  de  datholite,  il  semble  que  la 
scheelite  y  soit  en  somme  rare.  Dès  lors,  malgré  la  valeur 
élevée  (800  à  900  francs  la  tonne)  de  ce  minéral  qui 
présente  une  teneur  importante  en  tungstène,  et  qui  est 
particulièrement  recherché  aujourd'hui  pour  la  métallur- 
gie, il  ne  semble  pas  que  ce  gisement  soit  exploitable,  à 
moins  que  le  filon  de  datholite  ne  soit  exploitable  par  lui- 
même  pour  en  retirer  les  21  p.  100  d'acide  borique  qu'il 
contient.  C'estlà  une  question  qui  n'a  jamais  été  envisagée 
nulle  part  à  notre  connaissance,  la  dathohte  ne  se  présen- 
tant d'habitude  qu'en  niasses  trop  peu  considérables  pour 
que  l'on  puisse  même  songer  à  l'exploiter,  et  nous  ne 
mentionnons  cette  question  comme  pouvant  être  étudiée 
que  sous  les  plus  expresses  réserves  au  sujet  de  la  possi- 
bilité de  créer  dans  notre  colonie  une  semblable  industrie. 
Le  titane  existe,  nous  l'avons  déjà  signalé,  sous 
forme  de  rutile,  de  sphène,  de  fpi'  titane;  mais  ce  sont  \k 
des  minéraux  et  non  des  minerais;  si  nous  le  citons  ici, 
c'est  que  l'abondance  avec  laquelle  le  rutile  se  rencontre 
à  Galarino  et  la  facilité  avec  laquelle  il  peut  être  séparé 
par  lavage  des  sables  de  la  rivière  avaient  fait  songer  à  en 


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406   RICHBSSES   MINÉRALES   DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

entreprendre  l'exploitation.  Malheureusement  le  prix  assez 
faible  auquel  il  aurait  pu  être  vendu  en  Europe  et  surtout 
les  débouchés  très  restreinia  ofFerta  au  titane,  qui  n'a 
qnedes  emplois  des  plus  limités  dans  l'industrie  chimique, 
ont  vite  montré  l'inutihté  d'une  semblable  tentative. 

Le  molybdène,  qui  existe  sous  forme  de  paillettes  de 
molybdénite  dans  les  filons  de  quartz  du  massif  granitique 
de  la  Coulée,  n'a  guère  plus  d'emplois,  et  ne  doit  de 
même  être  mentionné  qu'au  point  de  vue  minéralogiqne 
et  non  au  point  de  vue  industriel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  indications  qui  précèdent  suffisent 
k  établir  que  ce  n'est  pas  seulement  en  nickel,  en  cobalt, 
en  chrome,  et  en  fer  que  notre  colonie  est  riche  ;  nous 
croyons  avoir  montré  que  le  cuivre  devrait  ïMJUvoîry  èire 
exploité  d'une  façon  régulière  et  continue,  et  qu'il  ne 
serait  pas  du  tout  impossible  que  l'or  le  fût  de  môme  un 
jour  en  quelque  point  de  l'ile  ;  d'autre  part,  il  serait  fort 
à  souhaiter  que  quelques  autres  gisements  métalliques 
signalés,  mais  non  encore  explorés,  le  fussent  sérieuse- 
ment pour  reconnaître  s'ils  ne  pourraient  pas  également 
être  exploités  avec  fruit. 


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CHAPITRE  IV. 
AUTRES  GISEMENTS  IIINÉRAOX  CONHUSDANS  LA  COLONIE 

Avant  de  passer  à  l'étude  des  affleurements  houillers 
de  la  colonie,  nous  avons  encore  à  citer  un  certain 
nombre  de  gisements  minéraux  utilisables,  on  qui  pour- 
raient le  devenir. 

Si  Ton  consulte  la  liste  des  concesaions  ('),  et  demandes 
de  concessions  présentées  à  diverses  époques,  classées 
d'après  la  nature  des  substances  qui  sont  censées  s'y 
trouver,  on  y  relève,  eu  dehors  des  métaux  que  nous 
avons  énumérés  précédeninient  ou  du  charbon,  les 
quelques  produits  minéraux  suivants  :  Tétain,  la  plomba- 
gine, l'opale,  l'amiante,  la  pierre  lithographique,  le 
gypse,  l'huile  minérale.  Il  est  en  outre  vraisemblable  qu'il  se 
rencontre  dans  le  sol  de  la  Nouvellc-Calédcmie  quelques 
autres  substances  éventuellement  utilisables,  qui  n'ont 
encore  fait  l'objet  d'aucune  demande  de  concession  ;  tel 
est  par  exemple  le  cas  de  la  giobertite,  dont  nous  avons 
déjà  signalé  des  dcpflts  assez  étendus  dans  le  Nord  de 
l'Ile. 

.4,  — Produits  minér.^ux  divers. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  nous  avons  tout  lieu  de 
penser  que  c'est  par  suîle  d'une  erreur  grossière,  comme 

(•)  Unppclons  qu'en  vertu  du  décret  ilu  11  oclolire  IR%,  portant 
organisation  du  régime  des  mines  en  Nouvelle-llalédonie,  et  même  en 
vertu  des  règleiuenls  antérieurs,  sont  concessibles  »  les  ftites  naturels 
des  substances  ininérnles  ou  fossiles  susceptibles  d'une  utilisntion  spé- 
ciale, à  l'e-tceplion  des  miilL'rinux  de  constructïnns  et  des  amendements 


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408   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOCVELLB-CALRDONIK 

en  commettent  souvent  les  chercheurs  de  mines  sans 
aucune  instruction,  que  l'on  a  cru  rencontrer  autrefois  de 
l'étain  dans  le  Nord  de  la  colonie  ;  non  seidemeot  il  n'en 
jamais  été  exploité,  mais  wicore  bous  ne  croyons  pas 
qu'aucun  échantillon  en  soit  connu. 

Il  en  est  TraisemblaUeiaent  à  peu  près  de  même  de  la 
plombagine;  des  schistes  noirs  plus  ou  moins graphit«ui. 
comme  il  s'en  trouve  dans  l'abondante  formation  schis- 
teuse du  Nord  de  l'ile,  ont  sans  doute  été  pris  pour  du 
graphite  ;  mais  nous  n'avons  connaissance  d'aucune  masse- 
de  ce  minéral  signalée  en  quelque  point  de  la  colonie. 

Les  quarts  opalins  sont  assez  fréquents  dans  les  nom- 
breux gisements  de  quartz  secondaire  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  et  nous  en  avons  ramassé  nous-mème  des 
échantillons,  mais  on  n'a  encore  nulle  part  rencontré  de 
l'opale  noble  utilisable  pour  la  bijouterie. 

De  beaux  érhantilions  d'amiante  nous  ont  au  contraire 
été  montrés  provenant  des  hauteurs  qui  dominent  la  rive 
droite  du  Diahot  à  l'Est  de  Ouégoa,  et  qui  paraissent 
appartenir  h  la  formation  de  talcschistcs  à  amphibole  que 
l'on  retrouve  il  Ouégoa  même  ;  le.s  échantillons  qui  nous 
ont  été  présentés  montraient  de  longues  fibres  soyeuses 
et  flexibles  qui  seraient  parfaitement  (extiles,  mais  nous 
ne  pensons  pas  que  l'on  ait  trouvé  autre  chose  que  de 
jolis  échautillona,  et  que  l'on  ait  reconnu  aucune  conti- 
nuité k  ce  gisement. 

B.  —  CARnONATES  DE  CHA03C  ET  DE  MAGNÉSIE. 

Une  concession  de  pierre  lithographique  a  été  accor- 
dée, il  y  a  une  dizaine  d'années,  dans  l'ile  Mato  ;  elle  por- 
tait sur  un  des  massifs  du  grand  alignement  calcaire  de 
la  colonie,  qui,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  se 
présente  par  places  avec  un  grain  particub'èrement  fin. 
On  avait  cru  pouvoir  utiliser  ces  calcaires  pour  la  litho- 


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QISEMEMTS  UÉTALLIQDES   DIVERS  409 

graphie  et  l'on  en  avait  expédié  une  dalle  en  France 
pourèti-e  examinée  k  ce  point  de  vue;  nous  n'avons  pas 
connaissance  du  résultat  de  cet  examen,  il  parait  cepen- 
dant vraisemblable  qu'il  n'a  pas  été  favorable,  puisque 
l'exploitation  n'a  pas  été  entreprise,  et  que  la  concession 
est  tombée  en  déchéance. 

Mais,  si  la  formation  calcaire  si  étendue  dont  on  re- 
trouve des  lambeaux  d'un  bout  à  l'autre  de  la  colonie  ne 
peut  pas  donner  lieu  à  des  emplois  de  ce  genre,  elle  n'en 
constitue  pas  moins  une  précieuse  ressource  pour  le 
pays,  et  elle  est  activement  exploitée,  surtout  autour  de 
Nouméa,  comme  pierre  à  bâtir  et  comme  pierre  à 
chaux.  Elle  serait  en  outre  d'un  précieux  secours  pour 
les  usines  de  fusion  du  nickel  que  l'on  voudrait  étabhr 
surlacéte  Ouest,  comme  elle  l'a  été  dansle  temps  pour 
l'usine  de  la  pointe  Chaleix.  Le  calcaire  -se  présente  en 
masses  suffisamment  puissantes  pour  que  son  exploitation 
soit  extrêmement  aisée,  et  pour  qu'il  ne  coftte  guère  que  les 
frais  d'ahatage  à  la  poudre  et  de  transport  jusqu'au  point 
où  il  est  utilisé  :  on  en  évaluait  le  prix  do  revient  à  la 
pointe  Chaleix  à  !2  francs  la  tonne,  il  est  vraisemblable 
que  ce  prix  pourrait  être  notablement  abaissé.  Les 
quatre  analyses  suivantes  des  produits  de  diverses  cai^ 
rièrea  des  environs  de  Nouméa  donnent  une  idée  de  ce 
qu'est  la  composition  de  cen  calcaires,,  du  moins  dans  la 
région  méridionale  de  l'ile. 

I  s  3  t 

Silice (2,45  3,18  3,15  17.05 

Sesquioxyde  de  rer 2  1,14  3,7S  3,70 

CarboBftle  de  cbaux 83,93  94,10  91,10  76.15 

Carbonate  de  magnésie 1,48  traces  2,t3  1,46 

Eau "  1,68  0,27 

Nous  ne  terminerons  pas  ce  qui  a  trait  aux  cal- 
caires   sans   rappeler    que,   soit   les    anciens   récifs   de 


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410  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NODVBLLB-CALÉDONIB 
coraux  qui  existent  en  quelques  points,  principalement 
le  lon^  de  la  côte  sucl-orientale  de  Tfle,  soit  les 
coraux  actuellement  vivants  dont  les  débris  sont  sans 
cesse  apportés  sur  toutes  les  grèves,  constituent  une  autre 
importante  réserve  de  calcaire  ;  on  s'en  sert  parfois  poiir 
faire  de  la  chanx  sur  la  cAte  orientale,  et  ce  sont  égale- 
ment les  coraux  qui  ont  fourni  lacastine  k  l'usine  de  pre- 
mière fusion  du  nickel  d'Ouroué  ;  c'est  vraiseniblablemenl 
à  cette  réserve  de  calcaire  que  l'on  s'adressera  de  nou- 
veau le  jour  oii  on  montera  une  nouvelle  usine  de  première 
fusion  sur  la  côte  Est.  L'analyse  suivant©  indique  quelle 
était  la  composition  des  calcaires  coralligènes  employés 
à  Ouroué  : 

Silice 0,-5 

Sesquioxyd»^  de  for 1,70 

Carbonate  de  chaux 90,30 

Carbonate  de  magnésie 5,44 


Nous  avons  déjà  mentionné  l'exifitence  de  sortes  d'ef- 
florescences  de  giobertîte  ou  carbonate  de  magnésie  le 
long  de  la  ligne  de  contact  dos  schistes  noirs  du  Nord  de 
la  côte  Ouest  et  des  massifs  serpentineux  qui  reposent  sur 
ces  schistes.  Ces -dépôts,  qui  ne  sont  sans  doute  que 
superficiels,  ont  une  assez  grande  extension,  en  particu- 
lier entre  Koumac  et  Voh.  Un  échantillon  de  cette  gio- 
bcrtite,  que  nous  avons  nimassé  auprès  de  Koumac,  pré- 
sentait la  composition  suivante  : 

Magnésie 42,4  p.  100 

Acide  carbonique 31,5 

Sesquioxydâ  de  fer 0,8 

Chaux 3,3 

Silice  et  insoluble 0,8 

Humidité 0,4 


J9,2  p.  100 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  411 

C'est  là  un  minéral  d'une  certaine  rareté,  utilisé  en 
quantité  encore  assez  considérable  ponr  ta  fabrication  des 
produits  réfractaires  basiques  nécessaires  à  la  métallur- 
gie, et  qui  vaut  en  Europe  de  50  à  60  francs  la  tonne 
brute;  cette  valeur  dépasse  de  trop  peu  le  prix  du  fret  pour 
que  l'on  puisse  songer  pour  le  moment  à  utiliser  les  gise- 
ments abondants  qui  en  existent  en  Nouvelle-Calédonie. 

C.  —  Gypse. 

Plus  intéressants  sont  les  dépôts  de  gj-p^*  ^^  ^^  ^^^^ 
Ouest,  puisqu'ils  ont  déjà  été  mis  à  profit  lors  des  jire- 
mières  tentatives  de  fusion  des  minerais  de  nickel  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  jiuisqu'ils  seront  vraisemblable- 
ment exploités  de  nouveau  le  jour  où  ces  tentatives 
seront  reprises. 

On  en  trouve  depuis  N'ouniéajusqu'à  Gomcn  :  les  plus  im- 
portants sont  ceux  de  la  presqn'ile  de  Uitoé,  du  cap  Goul- 
vain,et  de  Beaupré  entre  le  cap  Goulvain  et  Poya  :  nous 
avons  examiné  les  deux  derniers  d'entre  ces  gisements. 
Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  le  gvpse  apparaît  en 
agrégats  de  cristaux,  tantftt  blancs,  tantôt  grisâtres, 
tantôt  rosés,  au  milieu  d'argiles  bariolées  grises,  rouges 
et  vertes.  Ces  formations  se  développent  sur  des 
centaines  de  mètres  et  même  des  kilomètres  do  lon- 
gueur et  sur  un  assez  grand  nombre  de  mètres  d'épais- 
seur le  long  de  côtes  basses,  et  dessinent  assez  bien 
d'anciennes  baies  s'enfonçaiit  plus  ou  moins  avant  dans 
les  terres;  elles  font  d'ailleurs  immédiatement  suite  à 
des  régions  envahies  par  les  palétuviers,  où  la  mer 
s'avance  plus  ou  moins  régijièrement  à  marée  haute,  et 
où  demeurent  à  marée  basse,  pins  ou  moins  rares  suivant 
la  saison,  des  eaux  saumâtres;  ce  sont  là  des  conditions 
de  gisement  qui  nous  paraissent  devoir  faire  adopter 
sans  hésiter,  comme  nous  l'avons  déjà  dît,  la  manière  de 


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412  RICHESSES  HiNÉOiLIS   DE  LA   NOUVBU^-CjLLÈDONIB 

voir  de  M.  Piroiitet,  qui  cooaidàre  ces  dépbtx  coDome  des 
dépôts  de  rivages  soulevés. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  n'avons  nulle  part  observé,  et 
personne  n'a  pu  uous  désigner,  de  gisemeuts  de  g^pse  eo 
bancs  compacts  (qui  seraient  d'une  exploitation  beaucoq» 
plus  aisée],  et  nous  ne  l'avons  rencontré  qu'an  agrégats 
cristallins  disséminés  dans  l'argile,  Uut6t  très  abondant. 
tant()t  plus  rare,  ou  bien  encore  isolé  à  la  surface  du  sol. 
mais  provenant  directement  de  tels  gisements.  Il  serait 
ingrat  d'aller  chercher  le.  gypse  au  milieu  de  cette  argile 
très  grasse  et  collante;  mais,  à  la  surface  du  sol  et  le 
long  de  tous  les  petils  ravins  qui  la  découpent,  les  easx 
superficielles  ont  accompli  ce  travail,  laissant  le  sol  jon- 
cbé  d'innombrables  plaquettes  cristallines  de  gypsfi  qui 
reluisent  au  soleil. 

Étant  donné  les  espaces  importdtits  sur  lesquels  se 
développe  cette  formation,  il  ne  serait  pas  malaisé  d'j 
ramasser  à  peu  de  frais  des  tonnes  de  gypse.  Le  jour 
oii  la  consommation  en  deviendrait  réellement  très  im- 
portante, il  deviendrait  peut-être  nécessaire  d'aller  h 
chercher  au  milieu  de  l'argile,  et  cela  ue  laisserait  pas 
d'eiiger  un  débourbage  pénible.  Si  donc  il  appartlt 
qu'au  début  il  serait  très  aisé  de  se  procurer  le  gypse  ^ 
bas  prix,  et  de  l'avoir  rendu  à  l'usine  de  fusion  à  un  prii 
inférieur  à  celui  de  40  francs  par  tonne  donné  autrefoi* 
et  que  nous  avons  cependant  adopté  pour  nos  évaluation» 
de  frais  de  fusion,  il  pourrait  ultérieurement  devenir  ua 
peu  plus  onéreux  d'exploiter  cea  gisements  de  gypse. 

Un  échantillon  bien  débourbé,  provenant  de  ces  gise- 
ments, et  analysé  par  M.  Moore,  a  montré  la  composi- 
tion suivante  : 

Sulfale  de  chaux g5,î2  n.  iOO    Soufre  17,8  p.  100 

î,20 


Sesquioxyde  de  Ter., 
Alumine 


I,0S 


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GISEMENTS  HÈTAI.UQCES   DIVERS 


D.   —   HCILE    MINÉRALE. 

n  noDS  reste  enfln  à  mentionner  ane  constatation  inté- 
ressante faite,  il  y  a  cinq  ans,  aux  environs  de  Koumac. 
Au  fond  d'un  trou  de  quelques  mètres  de  profondeur  creusé 
an  pied  du  massif  aerpentinenx  du  Piton  de  Pandrjp,  au 
milieu  des  schistes  serpc;ntineus,  c'est-h-dire  au  milieu  des 
prodtritB  serpentinens  laminés  qui  se  rencontrent  au  contact 
des  péridotites  et  de  leur  soubassement  schisteux,  on  a 
trouvéfortuitementde  l'eau  recouverted'une  légère  couche 
d'bnfle  minérale;  en  creusant  un  peu  plus  profondément, 
on  a  découvert  de  petites  Assures  du  terrain  d'oii  suin- 
tait un  peu  d'huile.  Le  puits  de  7  mètres  de  profondeur 
qaî  aTait  été  ainsi  foncé  s'étant  rempli  d'eau,  on  entreprit 
de  pratiquer  une  tranchée  pour  l'assécher,  mais  ce 
travail  n'a  pas  été  terminé;  on  a  en  outre  commencé, 
dans  des  conditions  ot  il  ne  pouvait  aboutir  à  rien,  on  son- 
dage arrêté  après  un  très  petit  nombre  de  mètres.  Au- 
jourd'hui le  puits  est  plein  d'une  eau  h  la  surface  de  la- 
quelle se  montrent  des  pellicules  huileuses  émettant  une 
odeur  très  caractéristique  ;  autant  les  matières  qui  re- 
posent an  fond  du  puits,  on  voit  s'élever  quelques  bulles 
d'huile. 

Cette  hmle  est  nn  liquide  d'une  couleur  jaune  brun  et 
d'une  odeur  forte;  elle  brûle  facilement  lorsqu'on  en 
imprègne  une  mèche  ou  un  papier.  Eiaminéo  par 
M.  Moore,  elfe  a  été  reconnue  comme  ayant  une  den- 
sité de  0,93;  distillée  à  400  degrés,  eUe  donne  80  0/0 
dlmile  lourde  de  densité  0,9^8,  et  elle  ne  fournit  aux  tem- 
pératures inférieures  que  fort  peu  d'huile  lampante.  TeDe 
qu'elle  est,  elle  constitue  une  huile  très  lourde  (elle  le 
serait  peut-être  moins  un  peu  plus  loin  de  la  surface), 
bonne  seulement  comme  hnile  de  graissage,  nsage  pour 


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414  RICHESSES  UINÉaALES  DE  LA  NOOTBLLB-CALÉDONIB 
lequel  elle  a,  parait-il,  été  essayée  avec  succès,  ou  peut-être 
pour  l'éclairage  avec  des  lampes  spéciales  (type  Wells}, 
ou  encore  pour  le  chauffage  des  chaudières  avec  de 
bons  pulvérisateurs.  Malheureusement,  après  uue  cons- 
tatation aussi  intéressante  tl  n'a  rien  été  fait  pour  recon- 
naitre  le  gisement. 

El)  terminant  la  revue  que  nous  venons  de  faire  des 
gisements  de  minerais  métalliques  et  de  produits  miné- 
raux divers  signalés  jusqu'ici  en  Nouvelle-Calédonie,  nous 
ne  pouvons  que  déplorer  que  beaucoup  de  ces  gisements 
n'aient  pas  été  étudiés  et  explorés  d'une  façon  suffisamment 
avisée  ou  suffisamment  complète,  et  que  plus  nombreni 
encore  soient  ceux  qui  demeurent  pratiquement  complète- 
ment inconnus.  Trop  de  gens  en  effet  savent  profiter  des 
imperfections  du  régime  administratif  des  mines  de  la 
colonie  pour  accaparer  les  gisements  sitât  signalés, 
sans  autre  but  que  la  spéculation  :  k  peine  une  consia- 
tation  de  quelque  intérêt  a-t-eUe  été  faite,  et  a-t-elle  été 
suivie  dç  quelques  semblants  de  travaux  de  recherches, 
qu'une  concession  est  demandée  sur  le  gisement,  puis 
accordée  par  l'administration,  surdes  étendues  de  plusieurs 
dizaines  d'hectares,  lorsque  ce  n'est  pas  sur  des  centaines, 
autour  du  point  ob  avait  eu  lieu  une  maigre  constatation. 
Dès  lors  ceux  qui  sont  ainsi  devenus  propriétaires  du  gise- 
ment, et  qui  ne  disposent  souvent  pas  de  la  moindre  res- 
source pour  y  poursuivre  les  recherches  utiles,  se  gardeul 
do  l'explorer,  mais  ils  en  empêchent  toute  exploration  par 
des  tiers,  attendant  simplement  quel'on  vienne  leur  acheter 
h  un  prix  considérable  uue  découverte,  sans  doute  intéres- 
sante, mais  dont  personne  ne  peut  en  l'état  escompter  la 
valeur. 

Avec  un  régime  minier  différent,  il  ne  nous  paraît  pas 
douteux  que  depuis  longtemjis  des  chercheurs,  encouragés 
par  la    perspective  de  l'obtention  de  coucessious  si  les 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DIVERS  415 

gisements  se  montraient  utilisables,  auraient  entrepris 
des  recherches  pour  éclaircir  quelques-unes  des  ques- 
tions posées  par  les  découvertes  que  nous  avons  signalées, 
et  dont  la  solution  dans  un  sens  favorable  pourrait  éven- 
tuellement avoir  un  grand  intérêt  pour  la  colonie. 


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CfJfQCrftBE  PARTIE. 
LIS  fflSHfBMtB  HOVILIiffiS. 


Bien  que  n'ayant  jamais  été  exploitée  et  bien  que  la 
question  de  son  utilisation  industrielle  passe  encore  pour 
douteuse  aux  yeux  de  bien  des  gens,  la  houille  est  celle 
des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  a 
été  connue  la  première,  avant  été  signalée  dès  avant  la 
prisede  possession.  Les  terrains  qui  contiennent  les  couches 
de  houille  s'étendent  en  effel,  pour  une  grande  pai^ 
lie  tont  au  moins,  dans  des  régions  c6tières  d'un  accès 
relativement  aisé;  ils  se  développent  en  particulier  à 
très  peu  de  distance  de  Nouméa,  et  là  ils  ae  signalent 
même  à  l'attention  d'une  façon  toute  particulière  par  la 
bande  noire  que  les  couches  de  charbon  tracent  sur  cer- 
tains escarpements  abrupts.  L'existence  du  combustible 
minéral  ne  devait  donc  pas  rester  inaperçue  des  pre- 
miers explorateurs,  et  c'est  ce  qui  n'a  pas  manqué  de 
se  produire;  mais  longtemps  on  s'en  est  tenu  àcette  simple 
constatation,  et  les  travaux  de  recherches  qui  ont  été 
entrepris  plus  tard  sur  différents  affleurements  n'ont 
jamais  été  poussés  avec  assez  de  suite  et  de  méthode 
pour  permettre  aujourd'tini  de  porter  un  jugement  défi- 
nitif sur  une  question  dont  la  solution  présenterait 
cependant  un  intérêt  des  plus  sérieux  pour  notre  colonie. 

Sons  résumerons  ci-dessous  les  observations  que  nous 
avons  pu  faire  par  nous-même  au  cours  de  la  visite  des 
principaux  gisements  qui  ont  été  signalés,  nous  les  com- 
pléterons à  l'aide  de  quelques  résultats  que  l'on  pent 
considérer  comme  acquis  par  les  constatations  et  les 
travaux  faits  autrefois,  et  nous  chercherons  k  en  dégager 
les  conclusions  pratiques  que  l'on  est  en  droit  d'en  tirer 
dans  l'état  actuel  des  choses. 


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CHAPITRE  PREMIER. 
INDICATIONS    OÊHËRALES. 


A.     —    AOB     DES     C0CCHE8. 

Les  couches  auxquelles  la  houille  est  associée  en 
NouveUe-Galédonie  sont  constituées,  comme  dans  la 
plupart  des  bassins  houillers  connus,  par  des  alternances 
de  schistes  et  de  grès  :  ces  formations  paraissent  appar- 
tenir à  la  partie  supérieure  de  la  série  la  plus  récente 
des  formations  sédimeiitaires  quelque  peu  développées  de 
la  colonie,  c'est-à-dire  au  crétacé.  Rapportées  d'abord  au 
lias  par  M.  Garnier{*),  d'après  trois  espèces  de  coquilles 
fossiles,  recueillies  d'ailleurs  presque  toutesdanslesscbistes 
feldspathiquessous-jacentsàlaformation  houillère,  et  cod- 
sidérées  comme  secondaires  par  M.  Heurteau("),  qui 
acceptait  la  détermination  de  M.  Garnier,  tout  en  présumant 
leur  contemporanéité  plus  ou  moins  complète  avec  les  for- 
mations à  charbon  de  la  province  de  Nelson,  district  de 
Westport  (côte  Ouest  de  l'île  méridionale  de  ta  Nouvelle- 
Zélande),  les  couches  de  houille  do  la  Nouvelle-Calédonie 
ont  ensuite  été  reconnues  comme  appartenant  au  crétacé 
à  la  suite  de  l'examen,  fait  en  1889  par  M.  l'Inspecteur 
général  des  Mines  ZeiUer{"*),  d'un  certain  nombre  d'échan- 
ttlIODS  de  plantes  fossiles  venant  du  gisement  des  Portes- 

(•)  Loc.  et/.,  p.  *6. 

{")  Loc.  cil.,  p.  *!3. 

("*}  R.  ZiiLLEH,  yole  tui-  quelques  empreintes  végëtalee  des  couches  de 
chai-bon  de  la  NouoelU-CaUdonie  [Bulletin  'le  la  Société  géologique 
de  France,  3-  tCric,  t.  XV[I,  p.  il3-tt6  ;  ISSS). 


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418   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA  NOUVBU.B-CALBDOMIE 

de-Fer  ;  parmi  ces  plantes  se  trouvaient  de  aombrenx  frag- 
ments de  feuilles  de  dicotylédones  (Ctn/uimonum,  et  sans 
doute  aussi  Sassafras  et  Ainites)  qui  ne  paraissent  pas  pou- 
voir être  antérieures  au  crétar^,  en  mftnie  temps  que  des- 
folioles de  Podozamites  et  un  ramule  de  Podocarpiui» 
{Porfocorpî«»i/fn«t/oft«»i  du  charbon crétacéde  Nouvelle- 
Zélande)  appartenant  au  crétacé.  Cet  examen  a  d'aîlleui^ 
été  complété  par  celui  qu'a  fait  en  même  temps  M.  l'in- 
génieur en  Chef  dos  Mines  Douvillé  de  coquilles  fossiles 
recueillies  dans  le  terrain  houiller  de  la  région  de  Moin- 
don,  coquilles  comprenant  un  gastropode  du  genre  Baiitke- 
nia  caractéristique  du  crétacé  supérieur  de  nos  régions  et 
un  cardium  du  groupe  dn  Cardium  Dnbuchcnse.  Ce* 
couches  ont  dès  lors  été  considérées  comme  contempo- 
raines des  formations  à  charbon  néo-zélandaises  qui  sont 
classées  dans  le  cTétacéo-tertiaire  de  J.  Hector.  C'est  ea 
les  rapportant  k  cet  &ge  que  M.  Pelatan  les  décrit  (*}. 
H.  Pîrontet(")  les  attribue  au  Gault  et  au  Oénomanien 
inférieur,  il  y  signale  Ae^  Holcostephanus ,  des  BactUites, 
quelques  Desmoceras,  des  fragmenta  d'Acanthoeeres  et 
de  nombreux    lamellibranches,    Carditim,    CrassaieHM, 

Panopea,  Venus,  Dosinia,  etc Les  rares  échantilkn» 

qne  nous  avons  pu  rapporter  à  la  enûte  de  nos  visites  sur 
des  travaux  presque  tous  abandonnés  depuis  longtwnps, 
et  les  observations  que  nous  avons  pu  faire  paraissent 
confirmer  cette  détermination  de  l'ftge  de  la  houille  calé- 
donienne. Comme  restas  de  plantes,  nous  n'avons  rien 
pu  recueillir  qui  pût  être  déterminé  et  foomir  quelque 
îiidication  nouvelle  sur  ia  flore;  comme  coquilles  fossiles, 
l'examen  que  M.  l'Ingénieur  en  Oief  Doovillé  a  Wen 
voulu  faire  des  échantillons  en  mauvais  état,  prorenut 
de  ta  Nondoué,  que  nous  lui  avons  présentés,  lut  a  fait 


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liBS   Q18EMEMTS   HOtlILLEBS  419 

rapporter  ;  les  unes  aux  espèces  qu'il  avait  déjà  déter- 
minées en  1889,  à  savoir  Hantkenia  dans  les  schistes 
houillers,  Cardium  d'apparence  tertiaire  {?/)  dans  les 
grès  arénacés  associés,  et  les  autres,  provenant  des 
schistes  houillère,  à  des  i4nomtes(')  (crétacé  ou  tertiaire) 
et  {pour  des  formes  analogues  à  celles  qui  avaient  été 
autrefois  déterminées  comme  Nncules  du  lias  supérieur) 
&des  Cyrena  qui,  faute  de  détermination  d'espèce,  ne 
peuvent  fournir  d'indication  sur  l'âge  des  couches. 

D'autre  part,  les  observations  sur  le  terrain  confirment, 
sans  cependant  fournir  de  preuves  absolues  qui  ne  pour^ 
raient  guère  être  tirées  que  d'une  étude  stratigraphique 
de  détail,  étude  particulièrement  difficile  dans  ces  régions, 
que  les  couches  de  houille  paraistient  presque  partout 
couronner  la  série  sédimentaire  et  être  recouvertes  par 
les  serpentines;  c'est  nettement  le  cas  au  mont  Dore, 
dans  la  vallée  de  la  Dumbéa,  à  Voh,  etc.. 

Ces  couches  seraient  donc  bien  d'Age  crétacé  supérieur 
et,  par  suite,  plus  ou  moins  exactement  du  même  âge  que 
celles  do  Westport  (Nouvelle-Zélande);  de  cette  proxi- 
mité, et  peut-être  même  de  cette  identité  d'âge  de  deux 
bassins  éloignés,  rappelons-le,  de  près  de  2.500  kilo- 
mètres, il  ne  faudrait  pas  conclure,  comme  on  a  voulu  le 
faire  parfois,  à  l'identité  des  foi-mations  géologiques,  et 
par  suite  h  l'analogie  de  richesse  des  bassins  (**).  Rien 

(*}  L'échanlillon  cpii  a  donné  lieu  a  cette  dâlermiuaiioa  eit  celui  qui 
avait  été  dénommé  Produclu*,  au  mutiée  di;  Nouméa,  ce  qui  avait  con- 
duit quclquei  perflonnes  &  considérer  les  couches  de  houille  coireapon- 
daiktM  comme  étaot  d'Age  primaire,  ige  qu'il  ae  peuIpluiMre  ^«estioB 
de  leur  attribuer  anjounThui  avec  la  eoDuaissance  que  l'oa  a,  tant  des 
fosslletqui  g'yrencontrent,  que  delà  itratigrapbie  générale  detoeolonie- 

(**)  On  sait  en  eCTet  combien  on  peut  cooilater  en  Barope  de  difé- 
renoes,  cotnme  couditioni  de  giienaent,  comme  nature  des  charlMDs, 
comme  puiteanee  relative  dea  formationf  «térilei  et  dei  conchee  da 
boullten  elc...,  entra  de*  boMias  hcmlllen  séparés  par  ^ueique*  can- 
taiaes  de  kilomètre*  MBleatent,  et  dont  let  Ages  ne  présentent  parfoia 
que  dea  différencea  peut-6tra  moins  importanlea  (autant  ([n«  r«n  peut 


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420   RICHESSES   MINÉRALBS   DE   LA   NOUVBLLE-CALBDONIB 

ne  se  montre  en  effet  plus  dissemblable  que  ces  deux  bas- 
sins aux.  yeux  de  celui  qui  examine  d'un  peu  près  le 
charbon  et  ses  conditions  de  gisement,  d'une  part  sur  la 
côte  occidentale  do  l'Ue  Sud  de  la  Nouvelle-Zélando,  et 
d'autre  part  en  Nouvelle-Calédonie  ;  tout  les  différencie  :  la 
nature  même  du  combustible,  qui  présente  ici  un  caractère 
bitumineux  tout  k  fait  spécial,  et  qui  offre  au  contraire  dans 
notre  colonie  une  analogie  d'aspect  très  marquée  avec  les 
charbons  de  nos  pays  ;  le  mode  de  gisement,  comportant 
ici  des  masses  puissantes,  plus  on  moins  lenticulaires,  et 
là  au  contraire  des  couches  plutôt  minces  d'un  caractère 
nettement  sédimentaire  ;  enfin  les  terrains  encaissants, 
constitués  d'un  côté  presque  uniquement  par  de  gros  bancs 
de  grès  dur,  cristallin,  vert  et  brun,  tandis  que  de  l'autre 
ils  présentent  l'alternance  habituelle  de  grès  et  de  schistes, 
grès  arénacés  aux  couleurs  bariolées  jaune  clair,  rose, 
lilas,  schistes  friables  noirs  ou  gris  plus  ou  moins  argileux 
ou  micacés. 

Il  faut  moins  encore  songer  aujourd'hui,  comme  on  l'avait 
fait  autrefois  (*),  à  rapprocher  les  charbons  de  notre  colo- 
nie de  ceux  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  qui  en  sont  éga- 
lement très  différents  comme  mode  de  gisement,  et  qui 
sont  définitivement  rapportés  à  la  période  permo-carbo- 
nifère.  M.  Heurteau  indiquait  enfin  {")  leur  cent  emporanéité 
plus  ou  moins  complète  avec  ceux  de  l'Etat  de  Victoria 
(Australie)  ;  bien  que  nous  n'ayons  pas  visité  ces  derniers 
gisements,  qui  sont  de  l'époque  de  l'oolithc,  nous  pouvons 

«e  r»ire  une  notion  exacte  de  l'importance  de  la  différence  d'Age  étt 
[ormationi  géologiques  successÎTes)  que  celle  qui  peut  exister  eotre 
les  formations  &  charbon  néo-iélandaiaes  et  néo^alédoDienDes  mal- 
gré la  coexistence  dans  ces  deux  groupée  de  rannations  de  deux  on 
trois  espèces  de  plantes  ou  de  coquilles  ToBsiles.  Ou  sftil  même  que  des 
assises  rigoureusement  contemporaines  peuvent  être  en  certains  poinla 
très  riches  en  excellent  charbon  et  a  quelques  centaines,  ou  même  ■ 
quelque*  ditatnes  de  kilomètres  plus  loin,  pratiquement  inexploitables. 

OGahmib,  loc.  cit.,  p.  U. 

(**)  toc.  fi/,,  p.  *I4. 


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LES   OISEUENTS   H0C1LLER3  421 

affirmer  que  ta  nature  même  des  charbons  de  ceux-ci,  qui 
se  rapprochent  des  iignites  bruns,  est  toute  différente 
de  la  nature  do  ceux  de  notre  colonie,  et  nous  ferons  en 
outre  remarquer  que  la  distance  qui  les  sépare  de  la 
Nouvelie-Calédonie  (qui  n'est  pas  de  moins  de  2.500  kilo- 
mètres) rendrait  nue  aasimilatiou  tout  aus»i  hasardée  que 
pour  la  Nouvelle-Zélande. 

II  nous  reste  encore  un  mot  à  ajouter  au  sujet  de 
cette  question  <le  l'âge  de  la  houille  néo-calédonienne  : 
en  présence  des  déterminations  divergentes  en  appa- 
rence qui  ont  été  faites  des  fossiles  qui  y  auraient  été 
trouvés  et  de  la  richesso  en  matières  volatiles  extrême- 
ment variable  des  échantillons  de  charbon  provenant  de 
divers  points  de  la  colonie,  on  pourrait  penser  que  les  dif- 
férentes couches  de  houille  ne  sont  pas  toutes  de  mètneàge. 
Rien  n'autorise,  à  notre  avis,  une  telle  hypothèse  ;  tout 
d'abord,  les  fossiles  déterminés  comme  infra-liasiques  par 
M.  Munier-Chalmas  {in  Gamier)  provenaient  des  schistes 
feldspathiques  sous-jacents  aux  couches  de  houille  et 
peuvent  par  suite  être  d'un  ftge  très  différent  ;  d'autre 
part,  les  déterminations  des  coquilles  de  Moindou  et  des 
plantes  des  Portes-de-Fer  tendent  à  faire  rapporter  au 
même  âge  deux  gisements  éloignés  de  plus  de  100  kilo- 
mètres, tandis  que  le  seul  fossile  attribué  au  lias  prove- 
nant de  la  houille,  et  qui  a  été  déterminé  (')  comme 
Niicula  Hammeri,  a  été  recueilli  à  Koé,  c'est-à-dire  à 
quelque  10  kilomètres  à  peine  des  Portes-de-Fer,  et 
plus  près  encore  de  la  Nondoué  d'où  proviennent  les 
quelques  échantillons  que  M.  Douvilié  a  rapprochés  de 
ceux  de  Moindou  qu'il  avait  déterminés  dans  le  temps. 
Nous  ajouterons  enfin  que,  sur  les  290  kilomètres  sur  les- 


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4âS  RICHESSES   MI5ÊEALES   DE   LA  NODVBI.LB-CALÉDONIR 

quels  s'écheronnent  lea  affleurements  houillers  néo- 
calédoniens,  ïe  faciès  àa  terrain  qui  lea  contient  ne  rarie 
guère,  caractérisé  toujours  par  l'aspect  toat  spécial  des 
grès  arénacés  que  nous  décrirons  ci-dessous  ;  et  si  la  nature 
du  charbon  se  montre  très  variable  d'un  point  à  un  autre, 
c'est  d'une  façon  tout  à  fait  irrégulière,  et  cela  est  très 
certainement  dû  à  des  circonstances  purement  locales.  Nons 
croyons  donc  pouvoir  regarder  comme  établi  aujourd'hui 
que  l'ensemble  de  la  formation  houillère  de  notre  colonie 
est  d'âge  crétacé  3upérieur(*)  ;  nous  tenons  à  ajouter  que 
cela  ne  comporte  pas,  a  priori,  une  condamnation  de  la 
qualité  de  ce  rharbon  :  longtemps  on  a  pensé  que  seuls 
les  gisements  remoiitnnt  aine  époques  primaires  pouvaient 
contenir  de  bous  charbjns,  complètement  formés,  et  que 
les  charbons  plus  récents  n'étaient  nécessairemcat  que 
des  lignîtes,  ou  des  charbons  du  même  genre,  de  qualité 
médiocre  ;  cela  était  en  effet  le  cas  dans  la  plupart  des 
gisements  d'Europe,  et  en  différents  points  de  l'Asie  oii 
les  charbons  indiens,  japonais,  etc.,  rapportés  au  juras- 
sique ou  an  crétacé,  sont  de  qualité  inférieure  ;  mais  on  a 
reconnu  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  pas  là  une  loi  générale, 
surtout  pour  des  régions  très  éloignées  des  adtres  :  on 
exploite  déjà  des  charbons  infra-liasiques  ou  liasiqaes  de 
très  bonne  qualité,  à  70  ou  80  p.  100  de  carbone  flie,  à 
Funf-Kirchen  en  Hongrie  et  à  Steierdorf  dans  le  Banat; 
et  en  Amérique  du  Nord,  où  bon  nombre  des  meilleurs 
charbons  sont  dâge  primaire,  on  connaît  cependant,  dans 
l'Ouest  et  en  Colombie  britannique,  des  houilles  crétacées 
qui  passent  pour  très  bonnes  ;  eniîn  en  Australasie  les  char- 
bons crétacés  du  district  de  Weatport  (Nouvelle-Zélande) 
sont  plus  appréciés  même  que  les   charbons  de  l'époque 

(*)  M.  Piroulet  signale  cependant,  sans  en  préciser  le  gisement, 
des  couche»  charbon  ne  uies  dans  ttofra-crétacâ  ;  noua  ne  pcDson*  pM 
quelles  appartiennent  à  la  véritable  formation  houillère  su sc«ptib)a 
d  utilisation  induatrifills  ' 


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LES   QISBMRNTS   HOUILLERS  423 

permo-houillère  de  NewcasUe  (Nouvelle-Galles  du  Sud). 
D'ailleurs  la  qualité  intrinsèque  des  échantillons  bien  purs 
du  charbon  calédonien  parait  être  parfaitement  bonne  ; 
les  différentes  analyses  publiées  y  indiquent  des  teneurs 
-en  matières  volatiles  variant  de  6  à  7  p.  100  jusqu'à 
36  et  37  p.  100. 

B.  —  Description  d'ensemble  de  la  formation  houili,èhe. 

Gomme  l'ont  fait  connaître  les  différents  auteurs  qui 
ont  écrit  sur  les  formations  houillères  de  la  Nouvelle-Calé- 
ilonie,  celles-ci  succèdent  à  une  puissante  formation 
schisteuse,  décrite  par  M.  Gamier  comme  constituée 
par  des  schistes  feldspathiques,  et  que  M,  Heurteau  ca- 
ractérise tantôt  par  le  même  terme  de  schistes  feldspa- 
thiques  qu'il  qualifie  en  outre  métamnrphisés  (gisements  de 
la  Dumbéa),  et  tantét  par  celui  de  schistes  argileux  et  mar- 
neux plus  ou  moins  altérés  (gisements  de  Moindou).  M.  Pela- 
tan  les  sépare  en  deux  groupes  :  le  plus  puissant  appartenant 
au  trias,  et  l'autre  au  jurassique  dans  lequel  il  distingue 
•des  schistes  ferrugineux  et  des  schistes  siliceux  en  pla- 
■quettes,  caractérisés  les  ims  et  les  autres  par  des  fossiles 
Kasiques.  Tous  ces  auteurs  s'accordent  pour  signaler  la 
présence,  en  relation  étroite  avec  ces  couches,  de  raéla- 
phyres  et  de  tufs  mélaphyriques  antérieurs  aux  formations 
houillères,  ainsi  que  de  porphyres  qui  paraissent  bien  au 
contraire  leur  être  postérieurs.  En  fait,  partout  oii  nous  les 
avons  observés,  les  gisements  houitlers  reposent  en 
discordance  plus  ou  moins  nette  sur  les  scliistes  feldspa- 
thiques  en  gros  bancs  qui  paraissent  caractériser  le  trias 
néo-calédonien,  et  le  plus  souvent  on  peut  observer  entre 
-cette  formation  et  celle  des  terrains  houillers  proprement 
dits  d.es  couches  partiellement  schisteuses,  plus  ou  moins 
métamorphisées  par  des  circonstances  locales  dont  les 
venues  de  roches  éruptives  sont  certainement  les  plus 


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424  RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOnVBLLE-CALÈDOKtB 

importantes  ;  ces  formations  correspondent,  comme  l'in- 
dique la  faune,  soit  au  lias,  soit  au  jurassique  supé- 
rieur ;  leurs  caractères  sont  assez  variables  en  raison 
de  ce  métamorphisme  plus  ou  moins  accentué  et  leur 
détermination  certaine  ne  peut  être  faite  qu'à  l'aide  des 
fossiles  là  oii  il  s'en  rencontre. 

Beaucoup  plus  nets  sont  au  contraire  les  caractères  litho- 
logiques des  terrains  qui  contiennent  la  houille,  lesquels  sont 
d'âge  crétacé, comme  nousl'avons  dit  :suivantles  descrip- 
tions assez  concordantes  des  différents  auteurs  que  nous 
avons  eu  à  citer  déjà,  et  suivant  nos  propres  obser- 
vations, cette  formation  crétacée  comporte  générale- 
ment :  à  la  base,  des  grès  grossiers,  passant  parfois 
aux  poudingiies,  mais  dont  l'aspect  et  l'importance  n'ont 
rien  de  commun  avec  ce  que  nous  connaissons  à  la  base 
de  nos  bassins  houillers  à  caractère  lacustre  du  Centre  de 
la  France  ;  puis  vient  une  puissante  formation  de  gré» 
arénacés  à  ciment  feldspathîquo  et  à  coloration  vive, 
dans  lesquels  s'intercalent  d'une  part  ({uelqucs  couches 
d'argile  violacée  et  d'autre  part  des  bancs  de  schistes  ar- 
gileux à  grain  fin,  bien  lîtés  et  fissiles,  de  couleur  noire 
ou  gris  foncé,  souvent  micacés,  accompagnés,  presque 
partout  oii  nous  les  avons  vus,  de  couches  ou  de  filon- 
nets  charbonneux,  et  constituant  les  roches  encais- 
santes, toit  et  mur,  de  la  plupart  des  couches  de 
houille.  On  ne  trouve  qu'exceptionnellement  des  grès 
gris  ou  noirâtres  comme  il  s'en  rencontre  dans  beaucoup 
de  bassins  houillers. 

De  cette  formation,  la  partie  la  plus  puissante  est  cons- 
tituée par  les  grès  arénacés  dont  le  faciès  se  montre, 
comme  nous  l'avons  dit,  très  constant  d'un  bout  à  l'autre 
de  la  formation  houillère  de  la  colonie;  tantôt  blancs,  plus 
souvent  teintés  de  jaune,  de  rose,  ou  môme  de  lilas,  par 
l'effet  de  l'oxydation  due  à  l'air  des  concrétions  ferru- 
gineuses qui  s'y  montrent  généralement  avec  abondanco, 


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LES   dlSEHEN'TS  HODILLBES  425 

ils  forment  (les  lignes  de  collines  présentant  d'un  côté  une 
pente  plus  ou  moins  douce  suivant  les  bancs  et  de  l'autre 
un  escarpement  assez  raide  recoupant  ceux-ci.  Ces  ea- 
carpemonta,  toujours  <lénudés  en  raison  du  caractère  par- 
liciilièremcnt  friable  de  cette  roche  à  ciment  feldspathique 
kaotinisé,  offrent  un  caractère,  et  surtout  une  coloration, 
tout  à  fait  particuliers  qui  permettent  de  les  distinguer 
de  loin  au  milieu  du  reste  du  paysage  très  verdoyant. 
Cela  est  si  marqué  que  celui  qui,  parcourant  la  colonie, 
s'élève  de  distance  en  distance  sur  les  sommets  qu'il  ren- 
contre, peut  assez  exactement  reconnaître  de  loin  les 
régions  où  il  y  aura  lieu  de  rechercher  le  charbon,  et 
uième  tracer  sur  une  carte  géologique  l'étendue  du  ter- 
rain houiller.  C'est  là  une  observation  que  nous  avons  ré- 
pétée bien  souvent  entre  Koumac  et  Nouméa,  et  qui  ne 
nous  a  jamais  trompé,  crorons-nous,  car  nous  avons  été  à 
même  d'en  vérifier  bien  souvent  l'exactitude. 

Ces  grès  sont  caractérisés  par  la  présence  de  quelques 
fossiles  mal  conservés  parmi  lesquels  dominent  des  moules 
de  Cardium  qui  doivent  les  faire  rapporter,  tout  comme  les 
schistes  houiUers  et  la  houille,  au  crétacé  supérieur. 

Kn  quelques  points  cependant,  ces  grès  changent  de 
caractère  ;  c'est  ce  que  nous  avons  obsen'é  avec  netteté 
au  contact  immédiat  de  la  serpentine  dans  la  partie  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Dumbéa,  ainsi  que  nous  l'indi- 
querons en  détail  à  propos  <le  ce  bassin. 

Au  milieu  de  ces  couches  sont  intercalés  soit  des  filets, 
soit  des  couches  de  charbons  qui  doivent  être  qualifiés 
houille  dans  l'ensemble;  les  échantillons  que  nous  avons 
recueillis  se  classent  tantôt  dans  les  houilles  maigres, 
tantôt  dans  les  demi-grasses  et  tantôt  dans  les  houilles 
grasses  passant  presque  au  lignite;  ils  ont  tous  l'aspect 
briUant,  la  cassure  prismatique,  et  la  coloration  d'un  noir 
franc   des   véritables   houilles.  Cependant,  en  plusieurs 


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436  RICHB88B8   MINERALES  DB   LA   HODVtLLE-CALBDONlB 

points,  te  charbon  eat  très  pauvre  en  matières  Tt^lilM 
«t  Se  range,  ou  k  peu  près,  dans  lee  anthracites;  c'est k 
cas  d'une  partie  des  gisements  du  Mont-Dore,  àa  ceux 
des  Bruyères  (Col  de  Tongoaé),  d'Yahoué,  et  de  Koé, 
d'une  partie  de  ceux  de  Moindou  (Couche  Levai),  dei 
affleurements  de  Voh,  etc. 

Bien  qu'il  soit  fréquent  que  dans  un  même  bassin  les  dif- 
férente» couches  superposées  rontîennent  des  proportitas 
*rè8  variables  de  matières  volatiles  et  fournissent  toutes 
les  sortes  de  charbon  depuis  ceux  qui  sont  anthraciteux 
jusqu'aux  plus  gazeux,  on  peut  se  demander  s'il  en  est 
bi«i  de  même  en  Nouvelle-Calédonie,  surtout  dm» 
■des  bassins  aussi  étroits  que  ceux  qui  s'y  rencontreat 
■et  dont  les  couches  sont  aussi  évidemment  toutes  (hi 
même  âge,  et  s'il  ne  faut  pas  plutôt  attribuer  la  paa- 
'Treté  en  matières  volatiles  de  certaines  couches,  ou  de 
-certaines  parties  de  couches,  qui  se  trouvent  être  préei- 
sèment  toujours  très  voisines  de  massifs  de  roches  énip- 
tives  plus  récentes,  à  l'influence  de  celles-ci,  de  mtae 
que  l'on  connaît  plus  d'un  exemple  de  couches  de  houîfl» 
traversées  par  des  basaltes  et  transformées  en  anthra- 
cite au  voisinage  de  ceux-ci. 

Notons  enfln  qu'inversement  les  charbons  de  la  mon- 
tagne de  Moméa  se  classent  à  ta  limite  îles  lignites  et 
des  houilles  sèches. 


C.  —  Extension  db  la  foruation  houillère. 

L'extension  exacte  de  la  formation  houillère  ne  peat 
pas  encore  être  considérée  comme  bien  déterminée,  et 
nous  n'avons  pas  eu  te  loisir  de  nous  attacher  à  en  fii«" 
les  limites,  bien  que  l'aspect  des  grès  arénacés  qui 
accompagnent  toujours  le  charbon  doive  beaucoup  faci- 
liter cette  détermination,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqu*' 


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LES   OlSBHIUfTS  HODILLBftS  4S7 

"Si  l'on  consulte  la  carte  géologique  de  M.  Pelatan,  on  y 
Toit,  figuré  approximatÏTement  par  une  même  teinte 
*rune(*),  l'ensemble  des  formations  jurassiques  et  créta- 
«éee,  qui,  d'une  part,  ne  sont  pas  toujours  aisées  à  dis- 
tinguer avec  précision  des  schistes  Ijasiques  sous-jacents, 
-et  qui,  d'autre  part,  comprennent  non  seulement  des 
lambeaux,  généralement  restreints,  de  lias  et  de  juras- 
sique supérieur  stériles,  mais  encore  d'importantes  masses 
■értiptives.  Si  l'on  voulait  donc,  par  l'inspection  de  cette 
«arte,  se  faire  une  idée  de  l'étendue  des  formations  dans 
lesquelles  on  a  rencontré,  ou  peut  espérer  rencontrer,  le 
-charbon,  on  s'exagérerait  l'importance  des  richesses  qui 
peuvent  exister  dans  le  sol  de  la  colonie,  et  cela  d'autant 
plus  que  les  assises  contenant  le  charbon  sont  les  plus 
récentes  des  assises  sédimentaires  et  ne  peuvent  donc  pas 
se  prolonger  sous  d'autresterrainsquilesrecouvrîraient(**). 
Nous  ne  pensons  pas  d'autre  part,  encore  que  la  chose  soit 
théoriquement  possible,  qu'il  faille  espérer  que  les  couches 
-de  bouille  se  prolongent  d'une  façon  sérieuse  sous  les 
massif  de  serpentine  qui,  en  bien  des  points,  viennent  se 
jK>ser  sur  le  sédimentaire,  et  surtout  qu'il  paisse  exister 
Au-dessous  de  ces  massifs  des  réserves  pratiquement 
-exploitables. 

Nous  ne  saurions  donc  accepter  l'évaluation  de  M.  Pela- 
tan, qui  estime  à  plus  de  1.200  kilomètres  carrés  l'éten- 
-<hie  de  la  formation  houillère  calédonienne.  Nous  rappel- 
lerons d'ailleurs  qu'il  ne  faut  pas  nécessairement  une 
"telle  étendue  de  terrains  houiliers  réellement  riches  en 
charbon  pour  constituer  un  important  bassin,  susceptible 
■de  fournir  une  production  considérable  :  le  seul  bassin 

(*)  Nous  xoDi  reprodait  ees  indicatiuaD  sur  la  fig.  2  de  la  PI.  1. 

[")  NouB  écartons  ici  implicitement  l'hypotliëse  de  renversements 
complets  des  couctaeg  ou  de  charriages,  eirconstanses  qui  pourraient 
Hos  doute  K  présenter  dans  un  pays  accidenté  comme  l'est  la  Nau- 
Telle-Calidonia,  mais  qui  ne  semblent  cependant  pas  jouer  dans  sa 
itîctonique  un  rôle  important. 


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428   RICHESSES   MINÉRALES  DE   lA   NODVELLE-CALÉDONIE 

houiller  de  la  Loire,  avec  sa  superficie  de  500  kilomètres 
carrés,  a  bien  déjà  produit  près  de  200  millions  de  tonnes 
de  bouille  et  en  produira  sans  doute  encore  pendant 
de  longues  années  près  de  4  millions  par  an.  Mais  les 
terrains  houillers  de  la  NouTelle-Calédonie  sont-ils  réelle- 
ment riches  ?  Telle  est  la  question  que  nous  aToiis  à  exa- 
miner. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  terrains  crétacés  dans  lesquels  se 
rencontre  la  houille  s'étendent  le  long  de  la  côte  Ouest 
depuis  le  Mont-Doro  jusqu'au  pied  du  mont  Kaala,  soit  sur 
290  kilomètres  de  longueur  à  peu  près  ;  ils  se  prolonge- 
raient même,  suivant  M.  Garnier,  jusque  dans  la  vallée 
du  Diatiot,  mais  personne,  à  notre  connaissance,  n'a  con- 
firmé l'indication,  d'ailleurs  très  vague,  de  M.  Garnier,  et 
nous  pensons  qu'elle  doit  être  ternie  pour  eironée.  Les 
assises  de  cette  fonaatinn  crétacée  ont  une  direction 
générale  S.  E.-N.  0.  et  paraissent  avoir  un  pendage  pré- 
dominant vers  le  N.  E.  Bien  que,  comme  nous  l'avons  dit. 
le  groupe  (les  terrains  jurassiques  et  crétacés  que  nous 
avons  représentés  ensemble  sur  la  fig.  2  de  la  PL  L 
représente  plus  que  l'ensemble  des  terrains  houillers,  ïes 
grès  aréiiacés,  qui  sont  partout  caractéristiques  de  l'otage 
à  charbon,  se  montrent  en  un  grand  nombre  de  points  de 
ta  longue  bande  que  nous  avons  figurée  ;  nous  les 
avons  observés  personnellement  à  Koumac,  à  Voli,  i 
Pouembout,  en  arrière  de  Poya,  à  Moindou,  à  La  Foa,  i. 
Tomo,  à  Païta,  dans  le  bassin  de  la  Dumbéa,  et  au  Mont- 
Dore-.  Enfin  le  charbon  lui-niénio  a  été  signalé,  dans  des 
conditions  qui  ne  nous  paraissent  pas  appeler  le  doute, 
aux.  différents  points  suivants  :  à  Voh,  au  pied  du  moni 
Katepoinda,  à  Moméa,  à  Moindou,  à  La  Foa,  à  la  Ouenghi. 
à  Saint-Vincent,  à  Païta,  à  la  Nondoué,  à  la  Dumbéa,  à 
Nouméa,  à  Saint-Louis,  au  Mont-Dore  et  à  Tiloi  N'dé. 
Nous  en  avons  nous-méme  constaté  la  présence  dans 
ia  plupart  de  ces  points. 


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LES   GISEMENTS   HODILLERS  i29 

Nous  avons  reporté  les  diverses  indications  que  nous  pos- 
sédons à  ce  sujet  sur  la  carte  minière  ci-jointe  de  la  colonie 
{fig.  2  de  la  PI,  I);  nous  y  avons  tout  d'abord  reproduit  les 
indications  (légèrement  corrigées  grâceànosobsen'ationa 
personnelles)  de  la  carte  géologique  de  M.  Pelatan  rela- 
tivement à  l'extension  des  terrains  jurassique  et  crétacé; 
nous  y  avons  en  outre  indiqué  les  différents  points  oh 
l'on  a  constaté  l'existence  du  charbon  ;  enfin  nous  j  avons 
reporté  l'ensemble  des  étendues  couvertes  par  des  con- 
cessions, des  demandes  de  concessions,  ou  des  périmètres 
de  recherches  pour  bouille  (")  \  nous  rappelons  d'ailleurs  que 
l'existence  de  ces  différentes  concessions,  demandes,  ou 
périmètres,  ne  peut  constituer  qu'une  présomption  de  la 
présence  d'affleurements  de  combustible  minéral  sur  tout 
ou  partie  de  ces  étendues,  et  non  pas  du  tout  une  preuve 
de  son  existence,  et  qu'inversement  quelques  gisements 
découverts,  et  même  partiellement  explorés  naguère,  ne 
sont  plus  compris  aujourd'hui  dans  de  tels  périmètres. 

/>.  —  Historique  des  gisements  hocillers 
DE  Nouvelle-Calédonie. 

Avant  de  donner  des  indications  de  détail  sur  les  diffé- 
rents gisements  houillers,  nous  indiquerons  encore  som- 
mairement l'historique  de  la  découverte  et  de  la  recherche 
du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie. 

Dès  avant  l'occupation  de  la  Nouvelle-Calédonie  par  la 
France,  le  Père  Montrouzier,  l'un  des  missionnaires  qui 
s'y  sont  succédé  à  partir  de  1843,  déclarait  avoir  trouvé  à 

.  13  conceuions  de  mines  de  houille 

[  portant  sur 2.857  hectares 

1  5  demandes    de    concesEtona    dé 

(•)   Il  exjftait  1  mine*  de  houiUe  portant  sur.        3.7S7 

•u  30  juin  1902  \  %  périmètres    de     recherches    de 

I  houille  portant  sur 50.S92 

\  Soit  un  total  de 07.536  hectares 


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430   RICHESSES   MINiKAUtS  DK  LA   NODVKLLE-CAI^DONIB 

Koumac  «  une  mine  de  cuivre,  des  traces  do  fer  et  de- 
charboD,  et  une  source  iuin{r«le  ».  L'indication  raUtive 
au  chai'boa  se  rapporte  TraisemUablement  au  massif  de 
grès  bouiller  dont  nous  avons  constaté  l'existeace  u 
pietl  du  mont  Kaala  à  12  kilomètres  de  Koumac;  nous 
n'avons  pas  conoaissanceque  personne,  depuis  le  Père  Mon- 
trouzier,  y  ait  signalé  la  pi-ésence  du  charbon. 

La  houille  ne  devait  d'ailleurs  pas  tarder  à  être  recoB- 
nue  avec  beaucoup  plus  de  certitude  dans  la  baiede  Bou- 
lari,  au  voisinage  immédiat  de  Nouméa,  oit  un  affleure- 
ment apparaît  sous  la  forme  d'une  bande  noire  à  mi-hauteur 
de  l'escarpement  rocheux  que  forme  auprès  de  la  cAto 
l'Ilot  N'dé,  appelé  depuis  «  Uot  au  charbon  ».  Un  premier 
essai  d'utilisation  pratique  de  ce  combustible  eut  lieu 
peu  de  temps  après  :  l'aviso  de  l'Ëtat  le  Prony  embarqua 
UD  peu  plus  de  2  tonnes  de  charbon  abattu  sur  l'affleure- 
meut  de  cet  Jlot  et  fît  de  ce  combustible,  évidemment 
altéré  par  nue  longue  exposition  à  l'air,  un  usage  buCB- 
sammetit  utile  pour  que  le  fait  ait  été  signalé  au  ministre 
de  la  Marine  afin  d'appeler  son  attention  sur  l'existence 
dans  la  colonie  d'une  richesse  peut-être  utilisable. 

Ces  affleurements  ne  furent  pas  d'ailleurs  sans  teoter,- 
au  moins  momentanément,  quelque  chercheur,  puisqu'on 
1858  une  concession  de  500  hectares  fut  instituée  sur  les 
gisements  du  Mont^Dore  ;  mais,  en  1862,  la  déchéance  du 
concessionnaire,  fut  prononcée  par  arrêté  du  gouvemeuTr 
en  raison  de  l'insuffisance  manifeste  et  de  rabamioa  des 
travaux. 

Ce  n'est  qu'en  1863-65  qu'unepremièreétudesommûre' 
des  gisements  houiliers  alors  connua  dans  la  colonie  fut 
faite  par  M.  Garoier;  cet  ingénieur  examina  successive- 
ment les  gisements  du  Mont-Dore  et  de  la  Kaie  de  Boulari, 
ceux  de  Koé  etdu  bassin  de  la  Dumbéa.et  ceuxdeMoînaou;. 
il  mentionna  en  outre  la  prolongation  dn  bsesin  houiller  de 
Nouméa  jusqu'à  Saint- Vincent,  signala  la  réapparition  du. 


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LES  eiSEBUiNTS   HOOIUJAS  43^ 

charboa  dans  la  vaUé*  de  la  Ouenghi  et  indiqua  eit&i  so» 
existence  dans  la  vallée  dn  Diahot  ;  cette  dernière  obeerva- 
tton  psra!t,  comioe  noua  l'aTonsdit,  f^t  sujette  à  caution. 
Un  seul  des  fpBeoients  a  été  décrtt  par  lui  avec  ^nelques-. 
détails,  c'est  le  gisement  d'anthracite  du  Karigou,  sur 
lequel  il  Ht  pratiquer  quelques  travaux,  fort  restreints 
d'ailleurs,  et  dont  il  signala  rirrégolarité  on  même  temps 
que  l'impureté  du  charbon.  La  conclusion  de  cette  pre- 
mière étude  fut  nettement  défavorable,  du  moins  en  ce 
qui  concerne  l'ensemble  des  gisements  situés  entre  le 
Mont-Dore  et  Siùnt-Vincent  ;  <>  la  conséquence  fatale  de 
ces  faits,  disait  M.  Garnier('),  est  que  l'on  doit  actuelle- 
ment abandonner  en  Nouvelle-Calédonie  l'espoir  de  ren- 
contrer une  houille  exploitable  ». 

C'était  généraliser,  peut-être  bien  h&tivement,  les  con- 
clusions tirées  de  travaux  fort  restreints  poursuivis  sur 
un  seul  affleurement,  qui  était,  il  est  vrai,  celui  d'entre 
les  affleurements  de  la  région  de  Koéqui  avait  paru  avoir- 
la  plus  belle  a]^>arence. 

Anasi,  dix  ans  après,  M.  Ueurteau,  envoyé  en  mission  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies,  pour  étudier 
les  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie,  ne  s'en 
tbt-il  pas  à  ce  jugement  sommaire,  et  ne  manqua-t-il  pas 
d'examiner  avec  une  attention  parUculière  les  gisements 
houillers  alors  connus  (baie  de  Boulari,  vallée  de  la  Dum- 
béa,  et  Moindou),  et  même  de  faire  faire  quelques  travaux 
de  rectmnaissance  sur  ua  groupe  nouveau  que  l'on  venait 
dedécouvrir  près  de  Moindou. 

Le  résultat  de  ses  observations  et  de  ses  recherches 
ast  consigné  dans  son  rapport,  que  nous  avons  déjà  eu 
l'ooeasion  de  citer  si  souvent,  et  qu'il  termine  ainsi  (*'). 

«  Nous  estimons  donc  en  résumé  :  en  premier  lieu,  qu» 


(*)  loc.  cit.,  p.  M. 

{'*)  HnmTMD,  lac.  cit.,  p.  Hi. 

D.D.t.zeabï  Google 


432  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

la  possibilité  d'exploiter  les  gisements  de  charbon  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  particiiUèrement  sur  le  territoire 
d'OuaraO  (région  de  Moindou),  est  subordonnée  aux 
résultats  de  travaux  de  recherches  à  entreprendre  sur 
les  points  que  nous  avons  désignés,  résultiits  que  rien  ne 
permet  actuellement  de  prévoir  ;  eu  second  lieu,  qu'en 
supposant  les  circonstances  les  plus  favorables,  l'exploi- 
tation du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie  serait  une  entre- 
prise des  plus  aléatoires.  La  Nouvelle-Calédonie  contient 
des  gisements  de  charbon  étendus,  c'est  un  fait  acquis. 
Mais,  en  admettant  que  ces  gisements  soient  de  bonne  qua- 
lité, et  assez  réguliers  pour  donner  lieu  a  une  exploitation 
entreprise  dans  dos  conditions  favorables,  ce  que  nous 
ignorons  encore,  on  doit  les  considérer  comme  une 
réserve  ijonr  l'avenir  plutôt  qne  comme  devant  faire 
l'objet  d'une  exploitation  immédiate.  » 

Sinousteuonskcitertontaulongcesconclusionsc'est  que, 
bien  que  vingt-sept  ans  se  soient  écoulés  entre  le  moment 
oii  M.  Heurteau  a  visité  les  gisements  houîllers  de  notre 
colonie  et  celui  oii  nous  les  avons  examinés  nous-mème, 
nous  sommes  amené  presque  exactement  aux  mêmes  con- 
clusions que  M.  Heurteau,  et  que  les  questions  à  la  solution 
desquelles  il  snbordonnait  son  avis  n'ont  pas  été  depuis 
lors  suffisamment  éclaircics  pour  nous  permettre  d'être 
plus  catégorique  que  lui  dans  nos  affirmations. 

En  dehors  de  ces  études  d'ensemble,  différents  travaux 
de  recherches,  consistant  surtout  en  l'exécution  de  tran- 
chées, de  galeries,  et  même  de  petits  puits,  ont  été  poussés 
depuis  lors,  d'une  façon  fort  peu  méthodique  d'ailleurs,  sur 
différents  gisements,  tout  autour  de  la  baie  de  Boulari,  dans 
la  vallée  de  la  Dumbéa,  à  Païta,  à  Moindou,  et  même  à 
Voh;  si  bie»  que,  lorsqu'en  1885,  1886,  et  1887,  la  com- 
mission instituée  par  le  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  en  vue  "  d'étudier  et  de  formuler  un  aiis  sur  la 
valeur  des  gisements    houîllers  signalés    sur  plusieurs 


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LES   GISEMENTS  HOCILLERS  433 

points  delà  colonie  »,  voulut  remplir  sa  mission,  elle  eut  à 
visiter  an  assez  grand  nombre  de  recherches  :  le  recuefl 
des  travanx  de  cette  commission  jusqu'au  début  de 
1887  (*)  ne  mentionne  pas  nwins  de  15  concessions  on 
gisements  différents,  sur  lesquels  quelques  Touilles  étaient 
ouvertes  ;  les  études  de  la  commission,  qui  prescrivit 
d'ailleurs  des  travaux  d'exploration  complémentaires  sur 
quelques  gisements,  n'ont  abouti  à  aucune  conclusion 
bien  nette  et  n'ont  guère  jeté  de  lumière  sur  la  question 
dans  son  ensemble.  Quelques  recherches  furent,  en  suite 
de  ses  avis,  poursuivies  en  différents  points  ;  quelques  son- 
dages furent  même  exécutés  h  l'aide  d'une  sonde  au  dia- 
mant dont  le  gouvernement  avait  fait  Vacquisition  à  la  fîn 
■de  1889,  mais  cet  appareil  a  cessé  de  fonctionner  au  bout 
^e  peu  de  temps  sans  avoir  fourni  aucune  indication  utile; 
les  recherches  furent  alors  reportées  sur  les  gisements 
de  la  Nondoué,  récemment  découverts. 

Entre  temps,  M.  Porte,  pharmacien  de  la  Marine,  qui 
s'était  déjà  activement  occupé  de  la  question  de  la  houille 
pendant  un  premierséjour  dans  la  colonie,  y  fut  renvoyé  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  à  la  fin  de  1887 
pour  continuer,  conformément  au  vœu  du  gouverneur  et 
du  Conseil  général  de  la  colonie,  l'exploration  des  gise- 
ments houillers  dans  toute  l'étendue  de  la  colonie.  Les 
résultats  de  ses  études  furent  consignés  'dans  un  rapport 
au  Ministre  en  date  du  28  février  1889,  et  ils  furent  résu- 
més dans  une  brochure  publiée  plus  tard('*). 

En  18&2,  M.  Pelatan  consacrait,  dans  son  étude  sur  les 
mines  de  la  Nouvelle-Calédonie,  un  assez  long  chapitre 
.  aux  gisements  houillers,  surtout  à  ceux   du   bassin  de 


[*)  Brochare  aulographiée  aux  presies  autogrspbiques  de  1' 
tratioa  pénitentiaire  i  Hontravel  (18B7), 

(**)  NotmtUM  rteherehti  tur  les  giittntnU  houUltis  dt  la  Nouvelle- 
Calidoni*,  pu  M.  A.  Porth,  pharmacien  principal  de  la  Marine.  Nou- 
méa, 30  juin  1390.  Imprimerie  Nouméenne. 

28 


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434   RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Nouméa,  et  il  alioutissait  k  la  conclusion  suivante  (')  :  ><  En 
résumi^  :  hasKius  carbonifères  élciidus,  affleurements  nom- 
breux, combustiltles  de  bonne  qualité,  conditions  «l'ex- 
liloitation  économiquement  possibles,  tout  concourt  pour 
faire  augurer  favorablement  do  l'avenir  des  charbons  néo- 
calédoniens...  » 

Les  recherches  exécutées  par  les  soins  de  l'AdmiDis- 
tratioii  sous  le  contrôle  de  la  commission  des  recherches 
houillùres  se  pDursuivirent,  non  sans  quelques  interru]»- 
tions,  et  le  plus  souvent  avec  peu  d'activité,  jusqu'au 
début  de  1896.  Concentrées  <lès  la  tin  de  1890  sur  les 
gisements  do  la  Nondoué,  elles  y  avaient  pris  un  petit 
développement  et  avaient  déjà  abouti  à  l'extraction  d'une 
certaine  quantité  do  charbun,  lorsque  l'ordre,  venu  du 
Ministère  des  Colonies,  de  retirer  les  condamnés  qui 
étaient  employés  à  ces  travaux,  en  amena  la  brusqae 
interruption  au  mois  de  fé^iier  1896. 

Ce  n'est  qu'à  la  fin  de  1901  et  au  début  de  1902qu'uQO 
nouvelle  tentative  fut  faite  pour  assurer  la  mise  en  valeur 
des  fîisements  houillers  de  la  colonie,  et  en  particulier  de 
ceux  de  la  Nondoué,  en  s'adressant  résolument  cette  fais 
à  l'initiative  de  particuliers.  C'est  ce  qui  a  conduit,  à  la 
fin  de  juin  et  au  début  de  juillet  1902,  à  procéder  au  dé- 
blajage  de  quelques-unes  des  anciennes  recherches  et  au 
débroussage  des  cliemius  d'accès,  nous  permettant,  lors 
lie  notre  deuxième  visite  sur  les  lieux  faite  quelques  jours 
avant  de  nous  réembarquer,  d'examiner  avec  plus  de  profit 
les  nombreux  affleurements  do  la  rt'gion.  D'après  ce  qui 
nous  a  été  dit  depuis  notre  retour  en  France,  quelques 
travaux  auraient  encore  été  effectués  après  notre  départ 
et  d'autres  devraient  l'être  à  bref  délai.  Nous  ne  iJouvons 
que  souhaiter  qu'ils  soient  poursuivis  avec  une  réelle  acti- 
vité et  avec  méthode. 

(•)  toc,  cil.,  p.  8i. 


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CHAPITRE  II. 
DESCRIPTIOH  DES  DIFF£REHT8  BASSINS. 


Les  gisements  hoaillers  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont 
partagés  en  plusieurs  bassins  différents  ;  ce  sont  (voir  la 
yîy.  Sdela  PI.  I): 

1*  Le  bassin  tie  Nonméa,  qui  s'étend  du  Mont-Dore  à 
Saint-Vincent; 

2*  Le  bassin  do  Moindoii,  qui  s'étend  de  la  ûuenghi 
jusqu'au-delà  de  Moindou  ; 

3°  Le  bassin  de  Poya,  qui  s'étend  depuis  le  cap  Goul- 
vain  jusqu'en  arrière  de  Pouembout; 

4"  Une  série  de  petits  bassins  isolés,  à  savoir  les  bas- 
sins de  Muéo,  de  Pouembout,  de  Koné,  de  Yoh,  de 
Gatope  et  de  Koumac,  parmi  lesquels  celui  de  Voh  pré- 
sente seul  une  étendue  notable. 

A.  — Bassin  db  Nodmba. 

Ce  bassin,  bien  que  n'étantpeut  être  pas  le  plus  étendu  de 
la  colonie,  est  celai  qui  a  appelé  le  plus  t6t  l'attention 
et  qui  la  retient  encore  aujourd'hui  le  plus  sérieusement: 
son  faible  éloignement  de  Nouméa,  en  m6me  temps  que  la 
proximité  dans  laquelle  les  affleurements  bouillers  -ae 
trouvent  de  la  côte,  l'ont  fait,  sinon  découvrir,  du  moins 
examiner,  le  premier,  et  la  distance  restreinte  sur  la- 
quelle les  combustibles  en  provenant  auraient  dû  être 
transportés  pour  parvenir  au  point  principal  d'utilisation 
a  longtemps  fait  songer  k  la  mise  en  exploitation  de  ce 
bassin,  de  préférence  k  tous  autres;  enfin,  tout  récem» 


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436    RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA   NOUVBLLE-CALÉDOMIB 

ment,  le  début  des  travaux  de  la  voie  ferrée  de  Nouméa 
à  Bourail.dont  la|»-emièrasectîondoitparpenii-à  bref  délai 
jusqu'aux  points  vraisemblablement  les  plus  riches  de  ce 
bassin,  a  appelé  l'attention  sur  lui  d'une  façon  (oute  spé- 
ciale, autant  en  raison  ilu  client  ét^entuel  que  le  chemin  de 
fer  constitue  pour  les  combustibles  à.  en  extraire  que  du 
moyen  de  transport  qu'il  doit  offrir  h  ces  mêmes  produits. 

Ce  bassin  constitue  l'étage,  supérieur  du  liséré  de 
terrains  eédimentaires  qui  se  prolonge  de  Tomo  au  Moût 
Dore,  le  long  de  la  côte  Ouest,  entre  la  mer  et  le  puis- 
sant joasslfsw^ntineox  du  Sud  de  l'Ile,  Ces  sédiments  com- 
prennent à  la  base,  c'est-à-dire  le  long  de  la  côle,  toute 
une  âérie  triasique  et  même  liasique  aseez  variée  associée 
à  des  mélaphyres  et  tufs  mélaphyriquea,  et,  à  la  partie 
supérieure,  un  lambeau  crétacé  ;  ce  lambeau  présente  une 
certaine  largeur  dans  la  plaine  de  Saint-Vincent,  et  il  se 
termine  vers  le  Sud-Est  par  deux  pointes,  l'une  venant  se 
coincer  contre  le  massif  serpentineux  du  Mont  Dore,  et 
l'autre  s'allongeant  dans  la  presqu'île  de  Nouméa.  On 
connaît  dans  ces  deux  pointes,  d'une  part  les  gisements 
«le  la  baie  de  Boulari,  et  d'autre  part  ceux  des  Portes-de- 
Fer  près  de  Nouméa  et  d'Yahoué,  tandis  que  dans  la  partie 
un  peu  plus  large  du  bassin  se  développent  les  formations 
k  charbon  du  groupe  de  la  Dumbéa,  de  Païta,  ctde  Saint- 
Vincent. 

Au  sujet  des  caractères  géolopques  généraux  de  ce 
bassin  nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  noua  arons 
dit  en  général  des  terrains  houillers  de  la  colonie;  ce  sont 
d'ailleurs  les  observations  faites  sur  ce  bassin,  qui  est  le 
mieux  connu  de  tous,  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  con- 
naissance de  ces  terrains,  et  il  ne  nous  reste  qu'À  donner 
les  indications  de  détail  qui  suivent  sur  les  différents 
gisements  reconnus. 

*  i*  -Gisemvnis  de  ta  baie  4e  Boulari.  —  Le  terrain  jtotâ- 


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Utt  QUSMBMTS    ttOGlLLEBâ  437 

Iv,  dont  une  bande  étroite  entoiu^e  eomplètement  la.  bu» 
de  Boulari,  danne  lieu  en  différents  endrrats  m  des 
falaises  ou  à  des  escarpementa  f^éaeux  le  Ioq^  demiaels 
on  voit  affleurer  le  ch&rbon;  tel  est  le  cas,  d'abwd  eu 
quriques  points  de  la  roule  de  Nouméa  k  la  Coulée  (joi 
longe  le  rivage  de  la  baie,  puÎBlelongde  la  rive  oneirtale 
de  la  baie  de  Morari  et  au  pied  du  Mont  Dore,  et  e&ân 
à  l'ilot  N'dé  situé  éfçalemeut  au.  pied,  de  ce  maBsif. 

11  n'a  pas  été  institué  aur  cet  ensemble  de  gisemeotB 
moins  de  6  concessions,  dont  quelques-unes  oat  d'ailleurs 
été  abandonnées  ;  ce  sont  :  au  fond  de  la  baie  de  Boulari, 
les  concessions  Aiigelo  et  Treizième  ;  sur  le  rivage  (»iental 
de  la  baie  de  Morari,  les  concessions  Bulli,  République  et 
Alpha:  et  enfin,  à  l'îlot  N'dé,  la  concesBiou  HuUa.  Les 
travaux  faits  autrefois  sur  quatre  de  ces  coaceasions  ont 
été  décrits  en  détail  dans  an  rapport  de  la  commission 
des  recherches  houillères  du  15  octobre  1885,  ils  u'out 
été  développés  depuis,  à  notre  connaissance,  que  dans  la 
concession  Bulli.  Dans  cette  dernière  quelques  travaux  sont 
re^tivement  récents  (ISS^-OO),  et  nous  avon»  pu  ea  eza- 
iDiner  personnellement  les  restes. 

De  l'ensemble  des  indications  que  nous  avons  recueillies, 
il  résulte  que  la  formation  bouiUëre  est  ici  did«M(uée  en 
une  série  de  lambeaux  d'allure  discordante  ;  à~la  Répu- 
blique, les  couches  plongent  vers  l'Ouest,  â  l'Angelo  et  à 
BuÛi  vers  le  Sud,  et  à  l'Ilot  N'dé  vers  le  Nord;  la  série 
assez  complète  de  couches  sédimentaires  plus  ancienne» 
qui  repose  sur  le  granité  du  fond  de  la  vallée  de  la  Cou- 
lée, et  qui  se  trouve  au  mur  du  terrain  houiller,  accuse 
les  mêmes  dislocations,  montrant  ici  un  pendage  ratde 
vers  le  Sud  et  là,  à  quelques  centaines  de  mètres  plus 
loin,  des  couches  sensiblement  horizontales. 

On  n'est  donc  là  qu'en  présence  de  lambeaux  épars  de 
la  formation  houillère  subsistant  à  la  suite  d'accidents 
orogéniques  sans  doute  importants  ;  et,  à  défaut  de  plus 


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438    RICHESSES    M1NÉKALE8    DS    LA    NOCVBLLE-CALÉDONIB 

amples  constatations  sur  la  continuité  des  couches  de 
combustible  eUes-mèmes,  on  peut  hardiment  déclarer  que 
ce  n'est  pas  là  qu'il  y  a  à  espérer  créer  une  exploitation 
de  quelque  importance.  C'est  d'ailleurs  la  conclusion  à 
laquelle  la  commission  des  recherches  houillères  était 
arrivée  dès  1885,  puisqu'elle  déclarait  ; 

1'  Que  le  terrain  carbonifère  qui  s'étend  au  pied  du 
grand  massif  serpentineux  du  Mont  Dore  n'est  qu'un 
étroit  bourrelet  suivant  le  rivage  de  la  mer'; 

2*  Que  les  couches  de  charbon  trouvées,  au  nombre  de 
trois,  ont  pratiquement  peu  d'étendue  ; 

3*  Que,  même  si  elles  avaient  de  l'étendue,  les  couches 
observées  seraient  inexploitables,  à  moins  de  grandes  amé- 
liorations en  profondeur. 

La  commission  ajoutait  qu'en  résumé  le  lambeau  de 
terrain  carbonifère  du  Mont  Dore  n'offre  aucun  intérêt  au 
point  de  vue  de  l'industrie  houillère. 

Les  caractères  que  présente  cette  formation  sont  les 
suivants  ; 

Les  terrains  encaissants  sont  constitués  essentielle- 
ment par  des  grès  arénacés  généralement  assez  ferrugi- 
neux, k  coloration  jauneorange  foncée,  mais  dont  quelques 
bancs  sont  bleutés  ;  ils  reposent  sur  les  assises  assez  peu 
dévelojjpées  des  schistes  triasiques  nettement  métamor- 
phiques, lesquels  s'appuient  à  leur  tour  avec  un  pendage 
très  raide  sur  le  massif  granitique,  très  restreint  d'ail- 
leurs, de  la  Coulée. 

Dana  ces  grès  sont  interstratifiés  quelques  horizons  de 
schistes  noirs  ferrugineux  avec  couches  de  charbon  :  le 
nombre  des  couches  différentes  qui  existent  dans  cette 
région  ne  peut  être  fixé  exactement  en  raison  de  l'incohé- 
rence des  différents  gisements  examinés  ;  la  commission 
des  recherches  houUlères  a  cru  pouvoir  en  compter  trois 
distinctes.  Ce  qui  nous  paratt  établi,  c'est  qu'il  existe  au 
moins,  d'une  part,  une  couche  assez  puissante  que  l'on 


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LES   QISEMRNTS  HODILLERS 


peut  définir  plutôt  comme  un  groupe  <lc  veines  minces 
de  cliarbon  séparées  par  des  filets  d'argile  on  do  schistes 
charbonneux  (Ilot  N'dé,  mine  liulii,  et  différents  affleure- 
ments brouillés  sur  la  route  de  Nouméa  à  la  Coulée),  et, 
d'autre  part,  deux  ou  plusieurs  couches  minces  séparées 
entre  elles  par  des  intervalles  stériles  importants. 

Le  premier  aspect  est  celui  qui  se  présente  d'une  façon 
particulièrement  nette  à  l'Ilot  N'dé  :  ta  commission  des 
recherches  houillères  y  avait  relevé  en  1S85  les  deux 
coupes  reproduites  par  les  fig.  1  et  2de  la  PI.  VI,  piises 
l'une  à  l'extrémité  Est,  l'autre  à  l'Ouest,  d'une  falaise  de 
200  mètres  de  longueur,  le  long  de  laquelle  l'affleurement 
trace  une  barre  continue  avec  plongée  vers  le  Nord.  En 
ce  qui  touche  la  deuxième  de  ces  coupes,  qui  représente 
un  affleurement  de  4  mètres  de  puissance,  il  est  bon 
d'ajouter  que,  d'après  le  texte  même  du  rapport  de  la 
commission,  «  la  couche  se  révèle  comme  composée  d'une 
série  de  veines  minces  et  fort  irrégulières  de  charbon 
intercalées  entre  des  couches  d'argile  noire  imprégnée 
de  matières  charbonneuses.  Les  deux  ou  trois  plus  impor- 
tantes veines  de  charbon  observées  n'ont  pas  30  centi- 
mètres d'épaisseur  chacune  et  sont  séparées  par  de  fortes 
épaisseurs  d'argile  «  ;  quant  à  la  première  coupe,  elle 
figure  un  groupe  de  trois  coudies  distinctes  dont  la  puis- 
sance totale  atteindrait  environ  2  uiMies  à  2° ,50. 
En  1875,  M.  Heurteau  signalait  à  l'ilot  N'dé  une  couche 
de  6  mètres  de  puissance,  mais  cela  était  y  compris  deux 
bancs  d'argile  ayant  chacun  environ  0",80d'épaifseur,  Le 
charbon  de  ce  gisement  se  montrait  fragile  et  très  sulfu- 
reux, nous  n'en  connaissons  pas  d'analysf^;  c'est  lui  qui  a 
été  essayé  par  le  Prony  en  18."J2. 

Différents  affleurements,  que  nous  avons  relevés  dans 
quelques  tranchées  de  la  route  de  Nouméa  à  la  Coulée  ou 
sur  des  escarpements  naturels  qui  la  dominent,  paraissent 
présenter  un  caractère  analogue,  mais   le  cliarbon  y  est 


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440   RICHESSES   HIXÉRiUtB   DS  LA   NODVBIXS-CALÈDONIE 

particulièrement  brouillé  et  sale  ;  on  a  c«pendaat  extrait 
de  ia  mine  Treiziènie  «les  érliaiitîlloiis  authraciteux  "k  10 
et  12  p.  100  (le  cendres. 

Enfin,  dans  la  concession  BuUi,  on  aurait,  d'après 
M.  Porte  (•),  trouvé,  à  la  fin  de  1888,  à  13  mètres  d» 
profondeur,  une  rouclie  de  6  mètres  de  puissance,  donnant 
du  charbon  dont  los  essais  et  analyses  ont  été  ■<  très 
concluants  et  favorables  ».  Ce  charbon  aurait  été  soumù 
avec  succès  k  un  essai  de  consommation  iodiistrielle  a  bord 
du  paquebot  Océanien  lies  Messageries  Maritimes.  Trois 
analyses  citées  par  M.  Porte,  indiquant  des  teneurs  en 
matières  volatiles  très  discordantes  (32p.  100, 12  p.  100, 
et  8,5  p.  100),  laissent  te  doute  le  plus  completsur  la  nature 
de  ce  charbon.  Une  recherche  poursuivie  en  1890  par  son- 
dage à  une  distance  de  150  mètres  vers  l'aval-pendage 
dft  cette  couche  ne  l'a  pas  retrouvée. 

Ce  sont  au  contraire  des  couches  minces  qui  ont  été 
signalées  dans  la  concession  République  (couches  de 
1  mètre  de  charbon  paraissant  assez  pur  avec  plongement 
de  50°  environ  vers  l'Ouest),  dans  la  concession  Angelo 
(trois  veines  antliraciteuses  assez  pures  et  peu  pyriteuses 
de  0'',25, 0'°,25,  et  0'°,40  k  0'°,45  de  puissance, plongeani 
de  ^°  environ  vers  le  Sud,  c'est-à-dire  vers  les  serpen- 
tines, sans  qu'on  puisse  dire  si  elles  viennent  buter  contre 
ou  si  elles  se  prolongent  au-dessous)  et  dans  une  partie  de 
la  concession  BuUi.  C'est  dans  cette  dernière  seule  que 
nous  avons  pu  faire  quelques  observations  persoimelles ; 
le  sentier  qui  longe  de  très  près  le  bord  de  la  baie  de 
Morari  recoupe  successivement  à  quelques  dizaines  de 
mètres  l'une  do  l'autre  deux  couches  de  charbon  d'une 
puissance  voisine  de  1  mètre  et  dont  les  pendages  ne  sont 
-pas  concordants  ;  la  i)remièro  plonge  vers  le  Nord-Ouest  ; 
la  deuxième,  an  contraire,  montre  un  pendage  vers  le 

Ci  loc.  cit.,  p.  H. 


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LES    GISEMENTS    HODILLBES  441 

Sud  légèrecoeiit  Est  ;  une  galerfe  a  été  pratiquée  en  direo 
tiou  dans  cette  dernière  à  partir  de  son  affleurement  au 
bord  du  sentier  ;  il  y  a  môme  été  fait  quelques  travaux  en 
descente  qui  sont  d'ailleurs  noyés  et  qu'il  nous  a  été  im- 
possible d'explorer,  et  nous  u'aTons  pu  que  nous  avancer 
de  quelques  mètres  à  niveau  :  la  couche,  de  charbon 
maigre,  présente  une  puissance  peu  régulière  qu'on  peut 
fixer  en  moyenne  à  1  mètre,  elle  est  barrée  de  forma- 
tions schisteuses  en  chapelets  qui  réduisent  très  notable- 
ment sa  puissance  utile  ;  elle  se  rencontre  sous  un  tùt 
de  schistes  en  boules  la  séparant  des  grès  arénacés,  et 
elle  reptise  sur  un  mur  également  schisteux,  mais  assez 
bien  lité;  son  pendage,  qui  ne  dépasse  pas  20°,  est  dirigé 
vers  le  Sud  légèrement  Est,  c'est-à-dire  vers  la  mer. 

Les  gisements  de  la  baie  de  Boularï  se  présentent,  comme 
on  le  voit,  dans  des  conditions  d'irrégularité  et  de  discon- 
tinuité qui  paraissent  exclure  toute  idée  d'utilisation  indus- 
bielle  d'une  importance  sérieuse. 

2"  Gisement  des  Porte s-de-Fer.  —  Le  gisement  de» 
Portes-de-Fer,  qui  se  trouve  dans  la  pointe  de  terrain 
huuiller  qui  s'avance  vers  la  presqu'île  de  Nouméa,  est 
situé  aux  portes  mêmes  de  la  ville.  Cette  circonstance 
avait  fait  espérer  dès  sa  découverte  qu'il  serait  possible 
d'en  tirer  parti  d'une  façon  particulièrement  aisi^e.  Dé- 
couvert fortuitement  en  1885  par  un  propriétaire  qui  avait 
creusé  un  puits  de  22  mètres  de  profondeur  pour  chercher 
de  l'eau,  il  a  été  l'objet,  en  1888,  1887,  et  1888,  de 
recherches  souteirainea  d'une  certaine  importance  pour- 
suivies par  la  commission  des  recherches  houillères;  il  y 
aété  en  outre  exécuté  en  1890  un  sondage  jusqu'à99mètres 
de  profondeur. 

Les  recherches  de  la  commission,  aujourd'hui  complè- 
tement inaccessibles,  ont  comporté  l'exécution  d'un  puits 
de  30  mètres  de  profondeur  et  de  plusieurs  centaines  de 


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442    RICHESSES    MINÉRALES   DE    LA    NOUVELLE-CALÉDONIE 

mètres  de  galeries,  soit  en  direction,  soit  en  travers-bancs, 
aux  profondeurs  de  14  et  de  26  mètres  ;  elles  mettent  en 
évidence  que  les  formations  de  <'c  lambeau  de  tciTain 
houiller  sont  irrégulières  et  mouvementées  ;  c'est  ce  nn'a 
constamment  révélé  l'observation  du  pendagc  des  bancs, 
mal  accusé  et  sans  cesse  variable,  et  c'est  ce  que 
montrent  plus  nettement  encore  les  essais  qui  ont  été 
faits  pour  suivi'e  la  couche  en  direction.  La  /iff.  5  de 
la  PI.  V  fait  voir,  d'après  un  plan  de  M,  Pelatan,  l'éial 
dans  lequel  les  travaux  se  trouvaient  à  la  date  du 
12  juin  1888,  date  au  delà  de  laquelle  ils  paraissent  avoir 
encore  été  poussés  quelque  temps,  sans  que  nous  ayons  pu 
trouver  aucun  renseignement  précis  à  a  sujet.  La  coupe, 
qui  figure  en  pointillé  l'allure  supposée  de  la  couche,  montre 
qu'elle  n'a  été  trouvée,  ni  dans  le  fonçage  du  puits,  ni  dans 
le  percement  du  travers-bancs,  aux  points  où  elle  l'aurait 
été  si  elle  présentait  quelque  continuité;  cette  couche,  ou 
du  moins  sa  trace,  a  été  suivie,  entre  toit  de  schistes  et 
mur  de  grès,  snr  8o  mètres  en  direction,  mais  avec  une 
irrégularité  de  puissance  très  marquée,  puisqu'on  a 
passé  sur  cette  longueur  par  tous  les  intermédiaires  entre 
un  filet  de  10  centimètres  et  un  amas,  d'ailleurs  très  res- 
treint comme  étendue,  de  près  de  10  mètres  de  puis- 
sance ;  le  charbon  y  est  d'aillenrs  barré  de  veines  schis- 
teuses. 

Ajoutons  qu'un  sondage  au  diamant,  exécuté  en  I89l,> 
et  au  début  de  1891  jusqu'à  99  mètres  de  profondeur  au 
voisinage  immédiat  de  ces  travaux,  n'a  rencontré  qu'une 
alternance  de  grès  et  de  schistes  jilus  on  moins  argileux 
on  plus  ou  moins  diarbonneux,  mais  point  de  charbon.  II 
semble  donc  résulter  de  tout  cela  que,  comme  l'admet 
M.  Pelatan  (■),  on  ne  soit,  aux  Portes-de-Fer,  qu'en  pré- 
sence d'une  cuvette  li-ès  restreinte  de  terrain  houiller, 

{')  t.oe.  cit..  |>.  G5  et  fiC,  et  croquis  des  pnpei  7!  et  lî. 


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LES  OtSBUBXTS   HOUILLBRS  443 

affectée  par  d'importants  bouleversements  géologiques. 

La  qualité  du  charbon,  là  oii  il  existe,  parait  être  assez 
satisfaisante  après  triage;  ils'était  montré  d'abord  friable, 
mais,  d'après  une  lettre  do  M.  Felataii,  on  tirait  au  mois 
de  juin  1888  de  superbes  blocs  de  charbon.  C'est  d'ailleurs 
du  charbon  des  Portes-de-Fer  qui  a  été  l'objet,  sur  les 
bâtiments  de  l'État,  des  essais  suivis  au  sujet  desquels 
un  rapport  de  M.  l'Ingénieur  de  la  Marine  Ausrher  donne 
des  indications  satisfaisantes  ;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  suite.  Nous  mentionnerons  seulement  ici 
que  le  charbon  des  Portes-de-Fer  est  un  charbon  demi- 
gras  (17  à  20  p.  100  de  matières  volatiles),  susceptible 
de  donner  du  coke,  et  qu'on  a  pu  retirer  de  la  mine  une 
certaine  quantité  de  combustible  assez  pur  (7  à  9  p.  100 
de  cendres). 

Dans  ces  conditions,  la  couche  «nique  de  houille  que 
contient  le  gisement  des  Portes-de-Fer  ne  peut,  en  raison 
des  circonstances  géologiques,  exister  que  sur  une  éten- 
due restreinte,  réduite  sans  doute  encore  beaucoup  par 
des  failles  et  des  serrées  ;  il  semble  donc  que,  malgré  la 
qualité  satisfaisante  du  charbon,  ce  gisement  ne  puisse 
guère  donner  lieu  à  une  exploitation  fructueuse. 

Rappelons  que  c'est  du  gisement  des  Portes-de-Fer  que 
proviennent  les  échantillons  de  plantes  fossiles  qui  ont 
été  déterminées  comme  d'âge  crétacé  par  M.  l'Inspecteur 
général  des  Mines  Zeiller. 

Des  afileurements  anthraciteui  ont  encore  été  signalés 
non  loin  des  Portes-de-Fer,  à  Yahoué  et  à  Koutio-Kouéta, 
ils  ne  paraissent  pas  présenter  une  importance  sérieuse  ;  on 
aurait  cependant  mis  à  jour,  en  ce  dernier  point,  une 
Cfluche  de  2  mètres  de  puissance  grftce  à  quelques 
travaux  exécutés  en  1890. 

3*  Gisements  du  bassin  de  la  Dumbéa.  —  Au  delà  du 
col  de  Tongoué,  qui  sépara  la  presqu'île  de  Nouméa  du 


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444   RICHESSES   MlNBiULBa   Mi   LA.  NOCVHJ.E-CALBDOHIB 

basain  de  la  ririère  Dumbéa,  le  t^raîii  crétacé  pwhtirte 
uu»  largeur  notablement  plus  coosidÂndile,  «t  la  f<Misa~ 
tioa  houillère  qu'il  renferme  offre  «n  déraloppemeat  jbm 
important.  Des  afdeurementa  de  couches  nomla^ux  ont 
éié  successivement  découverts  dana  le»  vallonii  qu'arrosait 
les  différents  tributaires  de  cette  rivière  :  ceux  du  Talion 
de  la  Karigou  ont  été  examinés  dés  1S65  par  M.  Oamier. 
ou  a  fait  ensuite  quelques  fouilles  sur  le  gi»emeni  des 
Bruyères  en  1875,  et  sur  celui  de  la  mine  CoUigwm 
(vallée  de  là  Karifirou)  en  1887;  puis,  à  la  fin  de  lâSÛ, 
une  première  série  de  travaux  de  recherches  cmt  ^é 
commencés  par  là  commÎHaiou  des  recherches  houillèn* 
sur  les  affleurementa  du  bras  gauche  de  la  Nondoué; 
reporti'S  ensuite  sur  son  bras  droit,  il»  ont  été  poor- 
suivis  d'abord  Jusqu'au  début  de  janvier  1894,  puia  ib  ont 
été  repris  au  milieu  de  1895  pour  6tre  brusquement  inter- 
rompus au  mois  do  février  1896.  C'est  en  ee  dernier  poiat 
que  l'on  rouvre  quelques  travaux. 

Nous  suivrons  ces  gisements  dans  l'ordre  où  oa  les  ren- 
contre en  venant  de  Nouméa,  et  eu  longeant  la  ligne 
sinueuse  de  contact  des  terrains  sédimentaires  avec  le 
puissant  massif  i^erpentineux  qui  forme  la  masse  des  monte 
Koghis  et  Kouvelé,  ligne  qui  présente  à  peu  près  tootes^ 
les  sinuosités  d'une  ligne  de  niveau  voisine  de  ta  cote  200. 

Au  pied  mente  du  col  Tongoué,  dans  le  fond  de  la 
vallco  dp  la  Ouanéoué  et  sur  le  flanc  du  contrefort  qui 
s'élève  sur  la  rive  gauche  de  cette  rivière,  se  trouvent, 
constituant  le  gisement  des  Bruyères,  quelques  bancs  de 
gioa  verdâtrea  dans  lesquels  sont  intercalés  des  couches 
schisteusets  et  de  l'anthracite  ;  les  travaux,  vraîsemblaUe- 
meut  restreints,  qui  y  ont  été  faits  autrefois  ne  laissent 
]ilus  voir  aujourd'hui  qu'un  affleurement  sur  la  rive  gauche 
de  la  rivière  :  il  romprend,  entre  toit  et  mur  de  schistes 
argileux  noirs,  trois  veines  de  charbon  anthraciteux  dont 
l'aspect  n'est  pas  mauvais;  au  tett,  la  veine  principale  a 


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1.88    ai»EUBNT6    HOUtLLBRS  445 

L  0',5Ô  de  piiÎAsauoe,  et  k  peu  de  diotance  au 
BHir  «e  retrooTOnt  deux  'veines  de  30  centimètres,  le 
tout  sur  an  e^ace  de  3  mètres  environ;  le  pendape, 
usez  raîde,  a  lien  rere  le  Nord-20''-EBt,  c'est-à-dire  vers 
le  massif  serpentinenx ;  au  moment  de  notre  visite,  la 
fouille  avait  été  rafraîchie  par  l'enlèveinent  d'un  peu  de 
diarbon  potir  des  usages  domestiques;  le  caractère  anthra- 
cileux  de  ce  charbon  ert  à  rapprocher,  ici  comme  au 
Mont  Dore,  de  la  proximité  tout  ii  fait  immédiate  (100  h 
âOÛ  mètres  à  peine)  des  roches  éruptives;  les  condieci 
~  pècogeDt  vers  le  massif  -dans  des  conditions  que  l'abon- 
dance de  la  végétation  et  l'absence  de  tout  sentier  ne 
nous  ont  pas  permis  d'observer. 

Le  ruisseau  -qve  l'on  rencontre  immédiatement  au  Noi<d 
ast  eelui  de  Karigniu,  oii  furent  exécutée»  les  recherches 
de  M.  Gamier  :  d'après  cet  Ingénieur,  qui  avait,  rappe- 
lons-le, choisi  ce  point  d'attaque  comme  étant  celui  oft 
les  affleurements  avaient  la  plue  belle  apparenœ,  «  le  char- 
bon de  Karïgon  est  un  anthracite  intercalé  dans  un  grê« 
fîeklspathiqiie  identique  au  grès  du  terrain  carbonifère  »*; 
le  pendage  des  couches  varie,  au  pasxage  d'une  faille,  du 
voisinage  de  la  verticale  à  une  faible  ii^clinaison ,  la  direc- 
tion est  Nord-45*-OueBt ,  peu  différente  de  celle  du  giae- 
nwnrt  voisin,  qui  est  Nord-TCf-Ouest.  Là,  comme  aux 
Bruyères,  le  caractère  anthraciteux  du  charbon  doit  tenir 
à  la  proximité  des  roches  éruptives;  M.  Garnier  l'attri- 
bsait  au  voisinage  d'un  filon  de  porphyre  euritique.  L'exé- 
cution d'nne  galerie  en  direction  de  40  mètres  et  d'un 
petit  travers-bancs  fit  reconnaHre  à  M.  Garnier  que  la 
formation  charttonneuBe  avait  1",40  de  puissance,  pré- 
sentant trois  bancs  anthraciteux  de  0^,20,  séparés  par  des 
bancs  «cHnieux,  entre  toit  et  mur  de  schistes.  En  direc- 
tion, les  bancs  charbonneux  s'étranglaient;  d'ailleurs  l'an- 
thracite se  montrait  toujours  mélangé  à  une  tr-ès  grande 
quantité  de  schistes  et  de  matières  terreuses  qui  le  ren- 


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416  RICHESSES  MIMÉRA.LBS   DE   LA.  NOCVS(J.B-CAI.ÉDO>'IB 

(laîeBt  trop  impur  pour  être  utilisé.  M.  Ileurteaii  signale 
encore  dans  cette  région  quelques  afSeuremeiits  alignes 
dans  une  directioii  N.N.E.-S.S.Û.,  avec  une  direction  de 
couches  constamment  N.O.-S.Ë-,  et  mentionne  que  ces 
couches  paraissent  avoir  été  disloquées  et  rejetées  vers 
>  le  Sud-Ouest.  Cette  cii'coustaoGeT  et  la  faible  distance 
f  qui  sépare  vers  l'Est  le  lit  de  la  Dambéa  des  rocbeS) 
éruptives  vers  lesquelles  plongent  les  couches  et  sous 
lesquelles  il  est  au  moins  douteux  qu'elles  se  probuigent 
régulièrement,  font  qu'il  ne  semble  pas  que  les  gisements 
de  la  rive  gauche  de  la  Dumbéa  puissent  présenter  quelt^ue 
avenir. 

Les  travaux  repris  en  1887  sur  les  affleurements  de 
cette  même  vallée  de  Karigou  auraient  néanmoins  permis 
de  suivre  une  couche  régulière  d'anthracite  sur  30  mètres 
de  longueur,  et  d'en  extraire  50  tonnes  de  charbon  qui 
fnrent  employées  au  chauffage  des  chaudières  de  l'usiae 
&  sucre  voisine.  Rappelons  également  que  M.  Pelatan  (*), 
paraissant  faire  allusion  à  des  travaux  ou  k  des  découvertes 
au  sujet  desquels  nous  n'avons  retrouvé  aucun  document 
original,  donne  sur  la  richesse  et  la  continuité  de  ces  gise- 
ments une  appréciation  plus  optimiste  que  la  n6tre, 
appréciation  que  justifierait  l'examen  des  coupes  qu'il  a 
présentées  si  celles-ci  ne  contenaient  pas  beaucoup  d'in- 
dications hypothétiques. 

Sur  la  rive  droite  de  la  Dumbéa,  principalement  dans 
le  bassin  des  deux  branches  de  la  rivière  Nondoué,  la 
largeur  de  la  formation  houillère,  et  surtout-de  la  fonaa- 
tion  houillèi*e  contenant  des  couches  de  charbon,  parait 
notablement  plus  considérable,  et  l'on  observe  l'affleu- 
rement de  couches  de  combustible  non  seulement  au  voi- 
sinage  immédiat  des    serpentines,  mais    encore  à  une 

OLac.cit.,  p.  81  et  68. 


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LBS   GISEMENTS   HODILLBRS  447 

distance  suffisante  pour  qu'Q  ne  soit  pas  défendu  d'espérer 
que  ces  couches  présentent  un  aral-pendage  d'une  cer- 
taine étendue.  La  fig.  3  de  la  PI.  VI  montre  la  disposi- 
tion des  affleurements  qui  auraient  été  mis  à  jour  au 
cours  des  travaux  de  recherches  exécutés  sur  ces  gise- 
ments entre  1890  et  1896.  Tous  les  travaux  faits  à  cette 
époque  ont  été  abandonnés  depuis,  ils  se  sont  soit  ébouléb, 
soit  remplis  d'eau,  et  une  végétation  touffue  et  inextri- 
i-able  les  avait  partiellement  dissimulés;  aussi  n'avons- 
nons,  lors  de  notre  première  visite  sur  les  lieux  (début 
d'avril  1902),  pu  retrouver  qu'avec  peine  l'indication  de 
ces  divers  affleurements.  Au  cours  d'une  deuxième  visite, 
effectuée  à  la  fin  de  juillet,  peu  de  jours  avant  notre 
départ  de  la  colonie,  après  l'exécution  de  quelques  travaux 
qui  avaient  surtout  consisté  à  <lébrou3ser  les  sentiers 
d'accès  aux  différents  points  intéressants  et  à  rafraîchir 
({uelques  tranchées  pour  mettre  en  évidence  les  affleu- 
rements, nous  avons  pu  examiner  de  plus  près  les  diffé- 
rentes couches. 

Des  constatation.s  que  nous  avons  faites  sur  place  et  des 
renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  lesrésultats 
des  travaux  exécutés  autrefois,  il  résulte  ce  qui  suit  : 

Le  terrain  houiller  est  ici  presque  exclusivement  formé, 
à  part  quelques  bancs  de  conglomérats  fortement  ferru- 
gineux, par  les  grès  arénacés  de  couleur  claire  que  nous 
avons  pris  pour  type  de  la  description  d'ensemble  que 
nous  avons  donnée  dans  ce  qui  précède  des  formations 
houillères  du  bassin  de  Nouméa  ;  ces  grès  forment,  entre  la 
route  de  li  Dumbéa  à  Païta,  qui  longe  d'assez  près  les 
schistes  feidspatliiques  du  lias,  et  les  massifs  serpenti- 
neux  des  sommets  Ouamourou  et  Erembéré,  une  ligne  de 
collines  dont  l'altitude  atteint  et  dépasse  même  250  mètres  ; 
leur  relief,  quoique  bien  accentué,  est  généralement 
arrondi  en  raison  du  caractère  friable  et  aisément  déconx- 
I  de  ces  grès  arénacés ;  ceux-ci  donnent  lieu  k 


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446  RICHESSES  UntÉRALEfi  DE  LA  ROCVCLLE-CALÈDONIE 
on  sol  <le  sable  grossier,  peu  coiisit;tant  ei  maigre,  snr 
leqnet  la  brausse  ne  poiMse  ^êre  en  dehors  <hi  fond 
des  TalWes,  et  qui  est  sealement  Mmvert  Je  nom- 
breux Niaoulis  [Mélaleuca  viriflora  et  MèltUeaca  len- 
cadendron),  petits  arbres  de  la  famille  îles  mjr- 
tacées  k  feiûllage  court  et  clairaemé,  laissant  aisément 
aperccToir  la  nature  du  sol,  et  permettant  de  discerner. 
par  les  tache«  noires  qu'ils  y  forment,  des  affleurement» 
nombreux  de  schistes  charbonneux  ou  de  charbon. 

Cette  bande  de  tnrain  houîller  présente  une  lon^ear 
de  2  à  3  kilomètres,  son  pendage  général  parait  être 
vers  le  Nord  ou  le  Nord-Est  ;  lorsqu'on  la  traverse  suivant 
«a  largeur,  comme  nous  l'avons  fait  pour  gagner  les  gis^ 
meots  da  groupe  Maurice  h  partir  de  la  route  de  Païta, 
on  rencontre  d'assez  nombreux  affleurements  charbon- 
neux, mais  ils  paraissent  isolés  les  uns  des  autres  et  nous 
n'avons  pu  nulle  part,  malgré  des  ^attages  superficiels, 
très  restreints  d'ailleurs,  constater  la  présence  d'aucune 
couche  de  charbon  nettement  définie. 

Dans  les  ravins  Maurict,  des  Cerisiers,  et  des  Fougères 
(Voir  la  fig.  3  de  la  PL  VI),  il  en  est  aotremeot  ;  les 
affleurements  se  groupent  beaucoup  plus  nombreux 'et 
paraissent  bien  correspondre  Ji  de  véritables  couches, 
plus  ou  moins  régulières  et  plus  ou  moinspares.  C'est  ainà 
que,lorsde  notre  seconde  visite  sur  les  Ueux.il  n'y  avait 
pas  moins  de  deux  séries  d'affleurenlents  vimbles  sur  les 
pentes  orientales  fiu  ravin  Maurice,  de  trois  ou  quatre 
sur  ses  pentes  occidentales,  et  d'une  an  fond  même  du  raxin. 

Nous  devons  cependant  mettre  ici  en  garde  contre 
l'exagération  à  laquelle  on  s'est  laissé  aller  lorsque,  pour 
donner  une  idée  de  la  richesse  de  la  formation  houillère 
dans  cette  région,  on  n'a  pas  craint  de  totaliser  les 
épaisseurs  de  toutes  les  couches  dont  on  avait  observé 
les  affleurements  sur  les  deux  flancs  d'un  mamelon  on 
d'un  mémo  ravin  et  à  différentes  hauteurs  sur  le  même 


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LES    GISEUBKTS    IIOL'ILI.ERK  449 

liane  ;  c'est  ainsi  que,  sans  même  écarter  quelques  aflleu- 
rements  dont  la  puissance  est  trop  réduite  ou  dans 
lesquels  la  proportion  des  bancs  de  charbon  pur  pai-  rap- 
port aux  lits  schisteux  est  trop  faible,  nous  no  pouvons 
reproduire  ici  sans  les  plus  expresses  réserves  le  chiffre  de 
l^'',60  qui  a  été  donné  comme  puissance  totale  en  char- 
bon pur  (schistes  charbonneux  déduits)  des  couches  qui 
affleurent  dans  le  ravin  Maurice. 

De  tous  ces  affleurements,  un  seul,  celui  du  fond  du 
ravin,  parait  avoir  donné  lieu  k  un  travail  de  reconnais- 
sance d'une  certaine  importance;  ony  voit  encore  l'entrée, 
aujourd'hui  éboulée,  d'une  galerie  eu  direction  G  qui 
avait  suivi  la  couche  sur  une  longueur  qui  parait  avoir 
été  de  12",50,  et  qui  avait  ensuite  rencontré  une  faille. 
La  couche  offre  à  l'affleurement  une  puissance  de  60  à 
70  centimètres,  barrée  (le  quelques  lits  schisteux;  elle 
repose  sur  un  mur  de  grès  et  présente  au  toit  des  schistes 
charbonneux  tendant  à  se  débiter  en  boules  ;  son  incli- 
naison est  de  30  à  30°  vers  le  Sud-Ouest. 

Au  mur  de  cette  couche  paraissent  en  exister  au 
moins  deux  autres,  représentées  vers  l'Est  par  les  deux 
groupes  d'affleurements  A  et  B,  et  vers  l'Ouest  par  les 
affleurements  qui,  situés  k  différentes  hauteurs  sur  la  col- 
line, ne  pourraient  être  mis  en  correspondance  entre  eux 
et  avec  ceux  de  l'Est  que  grftce  à  un  relèvement  soigneux 
de  leur  altitude,  de  leur  i)endage  et  de  leur  direction  ; 
cette  dernière  devrait  d'ailleurs  être  suivie  sur  une  cer- 
taine longueur  pour  pouvoir  être  exactement  repérée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  groupe  des  affleurements  A  parait 
de  peu  d'importance  industrielle  ;  la  formation  charbon- 
neuse qu'ils  montrent  présente  un  pendage,  semblant 
zasez  raîde,  vers  le  Sud-Ouest;  elle  a  environ  2  mètres 
de  puissance,  mais  on  n'y  relève  guère  qu'une  alter- 
nance de  passées  de  schiste  et  de  charbon,  ne  pouvant 
fournir  dans  l'ensemble  qu'un  combustible  très  sale,  dont 


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450   RICHESSES   HINÉBALBS  DE   LA   NOQVBLLE-CALÉDONIS 

le  triage  ou  le  lavag^e  serait  sans  doute  difficile,  et  eo 
tous  cas  d'un  rendement  peu  avantageux. 

L'afHeureiQeiit  B  se  présente  dans  de  meilleuroB  con- 
ditions :  nous  y  avons  relevé  la  présence  d'un  banc  de 
cliarltoii  de  00  centimètres  de  puissance  assez  pur  ;  sa 
direction  et  son  pendage  conconlent  av»c  celui  <ie  la. 
première  couche  mentionnée  eu  G. 

Les  affleurements  a  et  g,  situés  à  peu  près  en  face 
des  affleurements  A  et  B  et  qui  leur  correspondent  plus 
ou  moins  exactement  comme  pendage  et  direction, 
montrent  d'assez  jolis  morceaux  de  charbon  ;  ils  ne  sont 
pas  suffisamment  découverts  pour  que  l'on  puisse 
caractériser  l'allure  et  la  composition  des  couches  qu'ils 
représentent.  A  une  vingtaine  de  mètres  plus  haut,  une 
tranchée  plus  importante  y  a  mis  à  jour  la  succession  de 
trois  couches  assez  voisines,  l'une,  au  toit,  de  60  cen- 
timètres de  puissance,  et  les  deux  autres,  plus  an  mur, 
voisines  de  30  centimètres,  le  tout  reposant  sur  un  banc 
de  grès  dur  ;  la  première  de  ces  couches  corresp<md 
peut-être  à  celle  qui  a  été  suivie  par  la  galerie  de  ni- 
veau G. 

Enfin,  lorsqu'on  explore,  à  mi-hauteur,  le  fond  même 
du  cirque,  on  retrouve  deux  ou  trois  affleurements  char- 
bonneus  3,  appartenant  à  des  formations  paraissant  peu. 
importantes  qui  sont  situées  au  toit  des  précédentes. 

Toutes  ces  couches  semblent,  comme  nous  Tavons  dit, 
avoir  plus  de  régularité  comme  allure  et  comme  pen- 
dage  qu'on  n'en  constate  aux  points  que  nous  avons  pré- 
cédemment décrits,  et  elles  plongent  dans  la  direction 
où  le  terrain  houiller  se  développe  sur  une  certaine  lar- 
geur; mais  leur  pendage  est  inverse  du  pendage  gé- 
néral Nord-Est  des  terrains  <ie  la  région  ;  il  est  donc 
probable  que  ces  couches  vont  former  un  synclinal  ou, 
plus  vraisemblablement,  buter  à  plus  ou  moins  grande 
profondeur    contre   quelque    accident    important,    maie- 


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LES   aiSElKNTS   HOUILLBBB  451 

nous  n'avons  pan  pu  releTer  sur  le  terrain  la  trace  soit 
d'un  semblable  accident,  soit  d'un  synclinal,  et  aucun 
travail  n'a  été  fait  qui  puisse  permettre  d'émettre  une 
opinion  quelconque  sur  leur  position  et  par  suite  sur  le 
développement,  considérable  ou  restreint,  que  peuvent 
présenter  les  couches  à  l'aval-pendage  des  affleurements 
constatés. 

Vers  le  Nord  on  relève,  avant  d'atteindre  le  débouché 
du  ravin  Maurice  dans  la  vallée  principale,  l'existence 
d'une  faille  f,f.  produisant  sur  quelques  dizaines  de 
mètres  de  largeur  un  brouillage  complet  des  terrains  et 
des  traces  charbonneuses  qu'il  contient;  mais  plus  loin 
les  bancs  montrent  à  nouveau  un  pendage  régulier  veri 
le  Sud-Ouest  ;  c'est  le  pendage  d'un  dernier  affleurement  i 
voisin  du  débouché  du  ravin,  c'est  aussi  celui  que 
paraissent  présenter  à  peu  près  les  couches  mises  à  jour 
autrefois  dans  le  ravin  de.x  Cerisiers  et  dans  celui  dei 
Fougères, 

Dans  le  premier  d'entre  eux  nous  n'avons  pu  que 
constater  la  présence  de  traces  charbonneuses  au  milieu 
de  schistes  argileux  délités;  on  y  a  néanmoins  compté 
deux  affleurements,  que  nous  figurons  en  I  et  J,  et  qui 
présenteraient  respectivement  des  puissances  de  j",SO 
et  0",80  avec  direction  S.E.-N.O  et  pendage  assez  raide 
vers  le  Sud-Ouest- 
Dans  le  deuxième  les  afSearements  sont  plus  visiMee  ; 
l'un  d'eux  L,  qui  paraît  présenter  une  puissance  utile  de 
i  mètre,  a  été  fouiUé  sur  une  certaine  profondeur,  on 
en  aurait,  à  ce  qui  nous  a  été  affirmé,  tiré  une  dieniie 
de  tonnes  de  charbon  parfaitement  utilisable  pour  la 
forge  en  particulier.  De  l'autre  côté  du  ruisseau,  un  autre 
affleurement  À  montre  près  de  2  mètres  de  charbon  plus 
ou  moins  pur  ;  on  a  donné  h  ces  deux  affleurements  les 
noms,  de  Claire  n*  \  et  n*  2,  ce  ne  sont  peut-être  bien 
que  les  affleurements  d'une  seule  et  même  couche. 


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452  SICHE88ES   MINÉRALES   DB   LA   KOOVBLLE-CALÉDONIB 

On  peut  également  noter  dans  ce  mâme  ravin  deux 
autres  affleurements,  assez  puissants,  mais  oit  le  charbon 
pur  est  peu  abondant,  et  qui  sont  loin  d'être  certai- 
nement utilisables,  du  moins  d'après  ce  que  nous  avons 
pu  constater.  C'est  encore  dans  ce  ravin  {ravin  des 
Fougères)  qu'a  été  poursuivi  le  travail  le  plus  important 
qui  ait  été  exécuté  jusqu'ici  dans  toute  la  région;  c'est  le 
fonçage  d'un  puits  de  recherches  P.  Exécuté  par  les  soins 
de  l'Administration  de  la  colonie  à  l'aide  de  la  main- 
d'œuvre  pénale,  ce  puits  avait  été  commencé  en  1893; 
abandonné  une  première  fois,  il  fut  repris  en  1895,  puis 
de  nouveau  abandonné  brusquement,  sur  un  ordre  venu  de 
Paris  dans  les  premiers  jours  de  1896  ;  il  n'a  pas  tardé  k 
se  remplir  d'eau,  puis  à  s'efTondrer,  aussi  ne  nous  a-t-il  été 
possible  d'y  faire  aucune  espèce  de  constatations  person- 
nelles; nous  n'avons  non  plus  retrouve  aucun  document 
officiel  à  son  sujet,  sinon  la  mention  delà  visite  qui  en 
fut  faite  par  M.  le  Général  Doods  au  cours  de  son  inspec- 
tion de  1895-1896. 

A  en  croire  les  renseignements  verbaux  qui  nous  ont 
été  fournis,  ce  puits,  foncé  à  quelques  mètres  â  l'Est  de 
l'affleurement  dit  couche  Laffon  figuré  en  K  (lequel  offre 
une  plongée  raide  vers  le  Sud-Ouest  et  comprendrait 
deux  veines  de  charbon  de  l'°,20  et  O^iTO  dans  une  for- 
mation schisto-charbonneuse  de  7  mètres  de  puissance), 
aurait  d'abord  été  poussé  jusqu'à  23  mètres  de  profondeur, 
moitié  dans  des  terrains  superficiels  et  moitié  dans  des 
roches  consistantes,  grès  et  schistes.  Un  travers-l>aQC8 
attaqué  vers  le  Sud  à  23  mètres  de  profondeur  a  succès, 
sivement  recoupé  trois  couches  :  la  couche  Laffon  avec 
2  mètres  de  puissance,  une  autre  couche  à  3  mètres  vers  le 
mur  présentant  une  puissance  do  1  ",20  et,  enfln,  à  quelques 
mètres  au  toit,  une  couche  de  bon  charbon  de  l'',10  de 
puissance,  presque  verticale,  entre  grès  et  schistes,  dont 
le  charbon  était  particulièrement  massif,  solide,  et  pur; 


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LES   GISEMENTS   HODIIXBSS  453 

les  tleiix  premières  couches  n'ont  été  que  reconnues,  leur 
rencontre  a  d'ailleurs  donné  lieu  à  une  venue  d'eau  assez 
importante  ayant  exigé  l'emploi  d'une  petite  pompe  â 
vapeur  placée  au  fond  ;  maia  la  dernière  couche  aurait  été 
suivie  sur  80  mètres  de  longuenr,  présentant  comme 
puissance  et  comme  allure  inie  régularité  satisfaisante  ;  ce 
dernier  traçage  aurait  donné  lieu  à  l'extraction  de  près 
de  150  tonnes  de  bon  charbon.  En  présence  de  ces 
indications  satisfaisantes  (toujours  d'après  ce  qui  nous  a 
été  rapporté),  on  avait  foncé  le  puits  jusqu'à  35  mètres 
de  profondeur  afin  de  tracer,  puis  de  dépiler,  nn  pan- 
neau de  couche  de  12  mètres  de  hauteur;  au  moment 
où  ce  fonçage  s'achevait,  les  condamnés  employés  à  ce 
travail  ont  été  brusquement  retirés.  C'est  là  ce  qui  a  amené 
l'abandon  de  travaux  en  somme  un  peu  développés  et  dont 
les  résultats  passent  pour  avoir  été  encourageants. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  qu'une  analyse  des  charbons 
extraits  de  ce  puits.  Le  charbon  produit  par  ce  travail  a, 
parait-il,  été  en  partie  consommé  sur  place  à  la  forge  et 
pour  la  cuisson  des  aliments,  et  en  partie  expédié  à  Nou- 
méa, où  il  aurait  été  employé  pour  les  chaudièresdes  cha- 
loupes de  l'Administration  pénitentiaire.  Des  renseigne- 
ments, peu  précis  d'ailleurs,  que  nous  avons  recueillis 
auprès  de  celui  qui  en  a  fait  usage,  il  semble  résulter  qoe 
ce  charbon  a  pu  être  employé  avec  succès  pour  la  produc- 
tion de  la  vapeur. 

Des  échantillons  provenant  des  couches  du  ravin  des 
Fougères  (échantillons  tout-venants,  affirme-t-on)  ont  été 
adressés  par  le  gouverneur  de  la  colonie  à  l'Ecole  des 
Mines  de  Paria,  oii  ils  ont  été  analysés;  ils  ont  donné  les 
résultats  suivants  : 

Ban , i 

Matières  volatiles 15 

Carbone  flie 66,40 

Cendres 17,60 


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451   RtCHESSBS   HIKÉitAI^S    DB   LA   NOOVSLLE-CALÉDONIB 

C'est  àoof.  du  charbon  detni-gras,  et  platU  impur.  Il 
donnait  du  coke  bien  aggloméré,  très  dur,,  non  boursouflé. 
Nous  ajouterons  que  ce  ravin  se  trouve  à  proximité  immé- 
diate du  massif  serpentineui  du  mont  Ererabéré.  et  que 
le  pendago  si  accentué  des  couches  est  de  nature  à  faire 
craindre  que  les  terrains  ue  soient  plus  ou  moins  boulever- 
tés  en  ces  points. 

On  rencontre  encore  un  affleurement  assez  important  M, 
en  descendant  la  Nondoué,  après  le  conûuent  des  ruis- 
seaux des  Fougères  et  des  Cerisiers,  mais  il  ne  présente, 
parait-il,  auninecontinuité  en  direction. 

La  deuxième  branche  de  la  Nondoué,  descendant  du 
flanc  Est  du  mont  Erembéré,  traverse  également  dee 
affleurements  bonillers  nombreux,  mais  les  serpentines, 
dont  la  proximité  est  au  moins  aussi  grande  qu'au  der- 
nier point  que  nous  venons  de  signaler,  et  qui,  antonrant 
le  vallon  de  trois  côtés,  doivent  limiter  très  promptement 
tes  couches  en  direction,  empochent  que  leur  allure  puîsae- 
ètre  régulière  sur  une  étendue  suffisante  pour  qu'elloB 
soient  utilisables  ;  c'est  d'ailleurs  ce  que  paraissent  avoir 
confirmé  les  travaux  de  recherches  auxquels  il  a  été  pro- 
cédé, également  par  les  soins  de  l'Administration  et  gr&ce 
à  la  main-d'œuvre  pénale,  en  1891  et  1892,  sous  ta  direc- 
tion de  la  commission  des  recherches  houillères. 

Les  documents  présentés  à  cette  commission,  soit  par 
le  contrôleur-  des  mines  chargé  spécialement  de  suivre  ces 
travaux,  soit  par  sou  président,  mentionnent  l'existeace 
des  différents  affleurements  portés  s\ir\a/ig.  3delaPl.  VI, 
et  relatent  l'exécution  des  travaux  suivants,  dans  l'ordre 
oii  on  les  rencontre  en  descendant  le  cours  de  la  rivière  : 

A  partir  do  l'affleurement  de  la  couche  Amiral,  une 
galerie  à  travers  bancs  de  34  mètres  de  longueur,  n'ayant 
rencontré  que  des  filets  de  charbon  et  ayant  buté  contre 
un  soulèvement  disloquant  les  terrains  ;  les  baui»  y  pré- 


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LES   OISBMRHTB  H001LLXE8  405 

«entaient  one  direction  Nord-Siid  et  on  peiidage  de  40* 
Ters  l'Est. 

Sur  l'affleurement  de  la  couche  Salouet,  «ne  galerie 
^tui  suivait  U  couche  en  direction  et  dont  le  trac4  était 
remarquable  par  ses  siniiosités;  sa  direction  générale 
-s'infléchissait  dès  l'entrée  de  l'Est  vers  le  Nord-Ëst  ;  cette 
^lerio  fut  arrêtée  &  100  mètres  dans  un  brouillage  des 
«ouches. 

Enfin  une  série  de  tranchées  sur  difTérents  affleure- 
ments se  montrant  soit  dans  le  lit  de  la  Nondoué,  soit  sur 
les  Mamelons-Rouges,  soit  dans  le  Ut  de  la  rivière  de  la 
Forftt-Noire  ;  toutes  ces  attaques  furent  abandonnées  après 
■<]uelques  mètres  en  raison  de  l'irrégularité  des  couches; 
«  la  veine  Georgette  elle-même,  de 6  mètres  de  puissance 
à  l'affleurement,  et  dont  nu  avait  extrait  au  début  du 
charbon  utilisable,  tombait  également    dans  nn  brouil- 

Ces  travaux,  aiHuellement  en  fort  mauvais  état  et  peu 
accessibles  comme  les  précédents,  ont  é^alementété  visi- 
tés par  nous:  ils  sont  ouverts  au  milieu  de  gros  bancs  de 
grès  présentant  un  pendage  assez  régulièrement  dirigé 
vers  le  Nord-Est,  c'est-à-dire  un  pendage  voisin  du  pen- 
dage général  de  ta  formation  houillère  (exception  faite  du 
panneau  que  nous  venons  de  meiitiomier)  ;  ces  grès,  qui 
paraissent  particulièrement  chargés  en  éléments  ferrugi- 
neux, les  uns  verts,  les  autres  d'un  rouge  de  rouille,  nous 
-avaient  d'abord  amené  à  nous  demander  s'ils  ne  conte- 
naient pas  de  débris  de  roches  serpentineuses,  et  s'il  ne 
fallait  pas  dès  lors  considérer  les  serpentines  comme  anté- 
rieures aux  formations  de  houille  du  crétacé  (comme 
ravait  admis  M.  Heurteauj  ;  l'ensemble  de  nos  autres 
observations  a,  depuis,  contredit  cette  idée,  et  l'examen 


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456   RtCHGSSES  MINÉRALES   DE   LA  NODVELLE-CALÈDONIF 
détaillé  de    ces  grès   ne  nous  y  a  fait  reconnaître  aucun 
débris  des  minéraux  caractérisliques  delà  formation  ser- 
pentineuse. 

Au  milieu  de  ces  grès  nous  avons  noté  la  présence  d'ur> 
assez  grand  nombre  de  bancs  schisteux  et  charbonneux  ; 
noiiii  avoiiH  en  particulier  retrouvé  l'aflleurenieiit  de  la 
couche  Amiral,  avec  phis  de  1  mètre  de  charbon  sur  un 
mur  de  schistes  gris  partiellement  cUarhoimeux  et,  sons 
un  toit  de  grès;  nous  avons  pu  y  ramasser  quelques  mor- 
ceaux de  charbon  assez  joli,  bien  qu'altéré  par  lesactioos 
atmosphériques.  Nous  avons  égalemeut  retrouvé  l'orifice 
de  la  galerie  Siilouet,  mais  il  avait  donné  lieu  à  un  ébou- 
lement  qui  rendait  impossible  t'examcn  des  caractères  de 
l'affleurement,  et  qui  permettait  de  constater  seulement 
un  pendage  assez  raide  dirigé  sensiblement  vers  le  Nord  : 
sur  les  affleurements  représentés  parla^y.  3  do  la  PI.  VI. 
vers  l'aval  de  la  rivière,  nous  n'avons  relevé  que  Teris- 
tenco  de  schistes  charbomieux  avec  filets  de  charbon  sauâ 
doute  inutilisables. 

Nous  ne  connaissons  pas  d'analyse  des  combustibles  de 
ce  groupe,  qui  paraissent  assez  maigres,  et  qui  le  sont 
peut-être  bien  en  raison  de  leur  situation;  nous  u'avoiis 
d'ailleurs  pas  pu  y  prélever  nous-mème  des  échantillons 
assez  peu  altérés  pour  qu'il  p(it  y  avoir  intérêt  à  les 
analyser. 

En  résumé,  il  n'est  pas  douteux  que  la  vallée  de  la  Non- 
doué  est  occupée  par  une  formation  houillère,  sinon  très 
étendue,  du  moins  d'une  certaine  extension,  et  riche  dan» 
l'ensemble  en  veines  charbonneuses.  Combien,  pamii  ces 
veines,  auraient  nue  puissance  et  une  pureté  suffisantes 
pour  qu'on  puisse  tenter  leur  exploitation,  c'est  ce  qu'il 
nous  est  impossible  de  fixer  avec  l'exigu'ité  des  observa- 
tions personnelles  que  nous  avons  pu  faire,  et  l'incertitude 
des  reus.eignements  fournis  par  des  travaux  de  recherches. 


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LES   0ISBMBI4TS   HODILLEBS  457 

d'une  certaine  importance  il  est  vrai,  mais  qui  ont  été 
conduits  avec  peu  de  méthode,  et  dont  il  n'a  été  gardé 
trace  que  d'une  façon  tout  à  fait  iusiiffisante.  Il  semble 
cepeudant  qu'il  ne  serait  pas  imjwssible  d'envisager  l'ez- 
ploitabilité,  au  seul  point  de  vue  de  la  pureté  et  de  la  puis- 
sance, d'une  ou  deux  des  couches  du  ravin  Maurice  et  de 
l'une  au  moins  de  celles  rencontrées  par  le  puits  du  ravin 
des  Bruyères,  ainsi  que  delà  couche  Amiral,  et  peut-être 
même  de  la  couche  Salouet  ;  mais  il  reste  ensuite  la  ques- 
tion tout  aussi  capitale  de  ta  régularité  de  ces  couches, 
(juestion  sur  laquelle  nous  sommes  moins  éclairé  encore  ; 
les  couches  du  groupe  Amiral  sont  dans  une  situation 
bien  jwu  favorable  et  les  recherches  effectuées  ont  con- 
tirniécequecettesituation  fait  présager  ;  celles  du  groupe 
Maurice  sont  mieux  situées,  bien  qu'il  paraisse  difficile 
d'espérer  les  rencoutrer  avec  une  régularité  et  une  con- 
tinuité parfaites.  L'exécution  de  recherches  vraiment 
sérieuses  pourrait  seule  préciser  ces|>oints,  r^mme  aussi 
ce  qui  estrelatif  aux  difficultés  de  soutènement,  à  l'impor- 
tance des  épuisements,  qui  seraient  vraisemblablement 
sérieux,  aux  sujétions  qui  pourraient  résulter  de  la  présence 
du  grisou  (dont  ou  déclare  n'avoir  pas  vu  trace  au  puits 
du  ravin  des  Brnyères),  toutes  choses  qui  peuvent  influer 
d'une  façon  capitale  sur  les  frais  d'extraction  du  charbon. 

4°  Gisenienls  i/e  la  région  de  Païla  et  Saint-Vin- 
cent. —  Le  bassin  crétacé'de  Nruniéa,  qui  présente  un 
épanouissement  aU  voisinage  de  la  Dnmbéa,  conserve  une 
largeur  presque  aussi  considérable  entre  Païta  et  Saint- 
Vincent,  comme  le  fait  voir  un  coup  d'ceil  jeté  sur  la  carte 
géologique  de  la  colonie  ou  sur  la  /ig.  2  de  notre  PI.  I. 
Les  formations  de  grès  houiller  y  existent  également  avec 
une  certaine  extension,  se  manifestant  comme  toujours 
de  loin  par  des  collines  à  relief  assez  accentué  couvertes 
d'une  végétation  plutôt  rare,  et  donnant  lieu  à  des  pentes 


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iSS   RICHESSES   IHnÉRALEe  DE   LA  ITOUVELLE-CÀLÉDONIB 

'ravinées  aux  cotoratione  claires.  Ces  formations  se  pro' 
longent,  comme  à  la  Nondou4,  dans  le  fond  de  vallées  plos 
'On  moins  resserrées  entre  les  massifs  serpentioeux  du  mont 
Mou  et  de  ses  voisins  ;  elles  sont  parfois  recouTertes  par 
'des  alluvions  j^centes.  Tel  est  le  cas  de  la  Plaine  des 
-Cailloux  on  vallée  de  la  rivière  Cancoaié  et  de  la  vallée 
de  son  affluent  la  rivière  Carignan,  entre  le  mont  Erembéré 
'«t  le  mont  Mou  ;  on  j'  a  reconnu,  suivant  un  rapport  à  la 
commission  des  recherches  houillères  (*),  au  milieu  d'une 
formation  particulièrement  riche  en  schistes  et  pauvre  ea 
grès,  trois  couches  charbonneuses  présentant  un  pendage 
Nord-Est,  mais  constituées  par  «  du  charbon  tellement 
impur  qu'il  a  été  impossible  d'y  recueillir  un  seul  échan- 
itillon  de  charbon  net  et  non  mélangé  de  schistes  ».  On  a 
-également  rencontré  au  Nord-Ouest  de  ces  coucbes  des 
affleurements  charbonneux  dans  le  grée,  mais  Ha  ne 
paraissent  non  plus  avoir  aucune  importance.  Nom 
n'avons  pas  connaissance  qu'aucun  travail  soit,  dans  ces 
•dernières  années,  venu  donner  sur  ces  gisemente  des 
indications  plus  favorables. 

Ëndu,  M.  Porte  a  signalé  (")  des  affleurements  de 
•charbon  très  nets  situés  sur  la  rive  droite  de  la  Tamoa, 
-au  pied  du  mont  Koungouauri. 

On  peut  donc  simplement  dire  que  l'on  a  constaté  noa 
iseuleriient  le  prolongement  du  bassin  crétacé  jusqu'à 
Saint- Vincent,  mais  encore  l'existence  du  charbon  dans 
ses  assise».  Sans  qu'on  paraisse  avoir  exploré  sérieuse- 
ment les  étendues  encore  importantes  sur  lesquelles 
s'étendent  ces  formations,  les  quelques  indications  que  I'm 
■a  recueillies  à  ce  sujet  sont  en  somme  peu  favorables. 

On  voit  donc  que,  de  l'ensemble  du  bassin  de  Noaméa, 


(*)  Recueil  ilei  li-arauje  île  ta  Commiaaion  ci-desaui  cit*,  p.  IS, 
(••)  toc.  cil.,  p.  29. 


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un  eUKHlKTS   HÛCILLBBS  4S0 

la  région  de  U  Nondoué  peut  seule  Mre  considérée 
■comme  ayant  déjà  donné  des  indications  de  nature 
-il  eoconrager  l'exécutHm  de  b^vaux  de  recherches  réel- 
lement sérieux,  travaux  qui  se  jostifieraient  d'autant  plus 
«lyoard'hui  que  le  cheroiii  de  fer,  que  l'on  doit  mettre  en 
•exploitation  jusque-là  à  plus  ou  moins  bref  délai,  doit 
passer  à  proximité  immédiate  des  gisements  en  question. 

B.  —  Bassin  db  Moindod. 

luterrompue  entre  Saint-Vincent  et  Tonto,  par  le  cmi- 
tact  direct  des  serpentines  avec  les  assises  du  trias 
que  l'on  voit  se  développer  assez  \(Àn  en  rémontaat  la 
vallée  de  la  Tontuuta,  la  formation  liouillère  reparait 
4t  Tomo  pour  se  prolonger  vers  le  Nord-Ouest,  non  saiu 
quelques  intemiptiona,  jusqu'au  delà  de  Moindou,  soit 
SOT  75  kilomètres  de  longueur,  formant  une  série  de  bas- 
sins très  voisins  que  nous  grouperons,  comme  on  l'a  fait 
Jusqu'ici,  sous  le  nom  un^ue  de  bassin  de  Moindou. 

D'abord  étranglées  entre  Ws  terrains  triasiques  et  1« 
massif  serp^itineux  tout  comme  dans  la  partie  orientale 
dn  bassin  de  Nouméa,  les  assises  crétacées  se  développent 
-ensuite  plus  laidement  en  une  sorte  de  synclinal  encaissé 
de  part  et  d'autre  dans  le  trias  qui,  suivant  la  ligne 
Nakety-La  Foa,  prend  un  développement  tel  que  les  ter- 
rains aétlimentaircs  occupent  toute  la  largeur  de  l'Ile  ;  le 
bassin  crétacé  arrive  ainsi  à  présenter  une  largeur  attei- 
gnant jusqu'à  15  kilomètres  ;  mais  il  ne  semble  pas,  du 
iDoins  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  que  ce 
bassin  crétacé  soit  partout  riche  en  formations  houillères; 
ce  n'est  guère  que  son  extrémité  Nord-Ouest  qui  a  été 
jusqu'ici  reconnue  comme  telle. 

Sa  constitution  géologique  diffère  peu  de  celle  du  bas-' 
sin  houiller  de  Nouméa  ;  les  grès  arénacés  aux  couleurs 
claires,  mais  surtout  jaunâtres,  y  sont  toujours  dominants 


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386  RICHESSES   HIMÉRALKS  UB  LA  NODTILU-CALÉDONIB 

laissé  le  giaeroent  inexi4«té  et  incotDpléteinwit  reconnn. 

A  la  suite  de  la  découverte  du  bloc  ferrugineux  dont 
oeus  venons  de  parler  et  de  la  constatation  de  sa  richesse 
en  or,  le  mamelon  au  jned  duquel  il  avait  été  rencontré  a 
été  soigneusement  exploré,  et  on  y  a  trouvé,  en  une  série  de 
points,  l'affleurement  de  roches  oxydées  rlu  même  genre 
et  plus  ou  moins  aurifères.  On  a  commencé  à  creuser  k 
partir  de  ces  affleurements  quatre  petits  puits  verliranx, 
dont  deux  de  quelques  mètres  seulement,  et  deux  autres 
de  15  et  30  mètres  <Ie  profondeur  ;  les  édiantîllona  qui  en 
ont  été  extraits  auraient  eu  des  teneurs  variant  de  0  à 
70  grammes  à  la  tonne  (cette  dernière  teneur  pour  des 
dét»is  oxydés  pins  ou  moins  argileux),  il  en  aurait  même 
été  extrait  h  une  certaine  époque  97  sacs,  représentant  h 
peu  prèR6  tonnes,  qui,  expédiés  pour  Être  traités k  la  fon- 
derie d'Aldenhot  près  de  Sydney,  auraient  rendu  12"',ft 
d'or  et  35  grammes  d'argent  à  la  tonne,  représentant  use 
valeur  de  4H  francs  de  métaux  précieux.  Dana  le  bat  ds 
recouper  en  profondeur  les  formations  suivies  à  partir  de 
la  surface,  on  entre[»it  au  pied  du  mamelon  la  gal»îe 
%urée  en  AB  par  la  /ïjr.  3  de  la  PI.  V,  qui  reproduit  les 
principales  indications  conservées  sur  ces  recherches  ;  la 
galerie  fut  poussée  de  40  mètres  dans  une  ophite  extrême- 
ment dure  et  fut  abandonnée  sans  en  être  sortie  ;  elle  parait 
avoir  mis  en  évidence,  tout  comme  le  puits,  une  direc- 
tion dominante  des  cassures  de  la  roche,  orientée  k  peu 
près  Est-Ouest,  et  inclinée  aux  environs  de  30  degrés  ver» 
le  Sud. 

Quelques  mois  plus  tard  les  travaux  furent  repris  sous- 
la  direction  d'uncontremaitre  australien;  ils  ont  compwtë 
principalement  l'exécution  d'un  puits  incliné  suivant  une 
formation  de  quartz  rouillé  ;  ce  puits  aurait  été  poursuivi 
sur  31  mètres  de  longueur  en  fournissant  des  miner»» 
plutôt  pauvres  et  les  travaux  auraient  été  arrêtés  là. 

Nous  n'avons  pas  pu  pénétrer  dans  les  travaux  éboulés 


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QiaSHBKTS  ltÉTALI,lQ[JBS   DIVBRS  387 

OQ  remplis  «l'e«u,  mais  nous  avons  examiné  las  afûeure- 
ineats  et  les  tas  de  minerai  sortis  de  ces  travaux  ;  nous 
avoDS  constaté  ijue  le  gisement  est  constitué,  au  milieu 
d'au  massif  of^itique,  par  plusieurs  tàtas  de  roch^ 
quartzeuses  et  ferrugineuses  oxydées,  comme  il  s'en  ren- 
contre à  l'affleurement  de  massifs  de  quartz  chargé  de 
pyrite  ou  de  mispiclcel  par  exemple.  Ces  roches  se  pré- 
sentent sous  deux  types  assez  distincts  :  le  plus  souventce 
sont  des  quartz  caverneux,  friables,  brunis  par  des  impré- 
gnations d'oxyde  de  fer,  ot  dont  les  vides  sont  tapissés 
d'oxyde  de  fer  terreux  ;  mais  on  rencontre  aussi  des  mor- 
ceaux de  quartz  dur,  brun  ou  rouge,  très  compact,  passant 
au  quartzite;  enfin,  dans  les  interstices  de  ces  roches,  ou 
au  omtact  du  quartz  et  de  l'ophite,  il  existe  des  produits 
argileux  rouge&tres  dont  quelques-uns  auraient  étéexcep- 
tionnellemeot  riches  (72  grammes  d'or  à  la  tonne). 

Nous  avons  recueilli  personnellement  sur  place  un 
certain  nombre  d'échantillons  tant  de  quartz  que  des 
matières  ai^deuse^  associées;  on  sous  a,  d'autre  part, 
remis  des  échantillons  semblables  de  richesse  variée. 
Ceux  de  l'une  ou  de  l'autre  provenance  que  nous  avons 
analysés  tenaient  tous  de  l'or  (2  à  10  grammes  à  la 
boane). 

Quant  àl'allure  du  gîte,  nous  n'avous  pas  pu  la  discer- 
ner avec  exactUtide  les  différents  puits  creusés  se 
s'alignent  pas  sur  une  seule  direction  et  sont  séparés  {lar 
<les  affleurements  d'ophite,  on  n'est  donc  [»s  en  présence 
d'un  filon  unique  et  continu,  mais  peut-être  d'un  groupe 
de  filons  irréguliers,  ou  plus  probablement  d'un  noyau 
quartzeux  plus  ou  moins  continu  et  plus  ou  moins  puis- 
sant. 

Ce  quartz,  très  chargé  en  oxyde  de  fer,  et  légèrement 
aurifère,  ne  parait  pouvoir  provenir  que  de  l'altération 
superâcielle  de  quartz  chargé  en  profondeur  de  pyrite  ou 
de  mispiclcd  aurifère,  formation  qui  n'a  d'ailleurs  pas  été 


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388   RICHESSES   MINERALES   DE  LA.   NOUVELLE-CALEDONIE 

rencontrée  faute  de  l'avoir  recherchée  jusqu'à  une  dis- 
tance suffisante  de  la  surface.  Quelle  serait  la  teneur  en  or 
de  cette  roche,  quelle  serait  la  régularité  de  cette  teneur 
et  quelle  serait  l'extension  du  gisement  de  ladite 
roche?  C'est  ce  que  rien  ne  permet  de  dire  aujourd'hui, 
et  l'on  ne  peut  que  regretter  que  l'on  n'ait  pas 
exploré  d'une  façon  complète  ce  gisement  qui  se  signalait 
par  des  affleurements  réellement  remarquables;  ces  affleu- 
rements ont  en  effet  pu  rappelerà  certaines  personnes,  bien 
que  dans  des  dimensions  plus  restreintes,  les  affleurements 
de  la  célèbre  mine  de  Mount- Morgan  dansle  Qneensland,  (A 
une  puissante  colonne  de  quartz  imprégné  de  mispickel 
tenant  en  moyenne  de  15  à  20  grammes  d'or  à  la  tonne, 
associée  à  une  venue  dioritique,  s'est  signalée  à  l'attention 
des  prospecteurs  par  des  blocs  de  quartz  ferrugineux 
aurifères  d'un  aspect  assez  analogue  à  celui  des  quart/  de 
îa  mine  QuejTas." 

Dans  le  cirque  des  Grosses-GoïKles,  à  la  source  de  la 
rivière  de  Saint-Louis,  l'or  est  associé  à  l'un  desdeui  seuls 
massifs  granitiques  de  la  colonie;  nous  avons  déjà  fait 
connaître  dans  quelles  conditions  se  présente  ce  massif 
granitique.  En  lavant  les  sables  de  la  rivière  qui  descend 
du  cirque  des  Grosses-Gouttes,  dont  le  granité  forme  les 
parois,  associé  d'ailleurs  à  quelques  pointements  de  ser- 
pentine, on  trouve  régulièrement  des  coulews  d'or  ;  elles 
s'observent  dans  des  sables  granitiques  avec  topaze, 
accompagnés  de  produits  serpentineux  qui  laissent  dans 
le  résidu  lourd  des  cristaux  de  fer  chromé.  Sur  le  flanc 
du  ravin,  on  trouve  en  outre  des  arènes  granitiques 
décomposées,  peu  ou  point  charriées,  dans  lesquelles  le 
lavage  au  plat  décèle  également,  en  petite  quantité  d'ail- 
leurs, de  l'or  d'un  jaune  très  pâle,  sans  doute  par  ce 
qu'il  est  allié  à  une  assez  forte  proportion  d'argent  ;  avec 
lui  restent  au  fond  du  plat  de  nombreux  cristaux  micros- 


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GISEMENTS  MÉTALLIQUES  DIVERS  389 

çopiques  de  topaze.  Cette  formation  De  parait  d'ailleurs 
pas  présenter  beaucoup  d'étendue. 

Le  lavage  des  eables  de  la  rivière  a  été  tenté,  à  plu* 
sieurs  reprises  croyons-nous,  et  principalement  en  1877 
et  1878.  D'après  les  renseignements  que  nous  avons  pu 
recueillir  de  la  bouche  de  l'un  de  ceux  qui  avaient  parti- 
cipé à  cette  tentative,  le  lavage  au  sluice  fournissait 
régulièrement  de  petites  quantités  d'or,  mais  trop  faibles 
pour  rémunérer  la  main-d'œuvre  à  employer.  Quelques 
centaines  de  grammes  d'or  seulement  en  auraient  été  tirées 
(la  statistique  des  exportations  accuse,  pour  le  premier 
trimestre  de  1878,  une  exportation  de  600  grammes  d'or 
provenant  des  Grosses-Gouttes). 

Ce  gisement  parait  malheureusement  être  trop  restreint 
comme  étendue  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  tenter  l'exploi- 
tation par  des  procédés  en  grand,  susceptibles  de  réduire 
suffisamment  les  frais  d'exploitation  pour  que  les  petites 
quantités  d'or  qu'il  contient  payent  les  frais  d'extraction. 

Des  données  qui  précèdent,  et  qui  constituent  toutes 
celles  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les  gisements  au- 
rifères de  la  colonie,  on  ne  saurait,  comme  on  le  voit, 
tirer  une  conclusion  aussi  favorable  que  pour  les  métaux 
que  nous  avons  passés  en  revue  jusqu'ici.  Sans  doute  il 
ne  faut  pas  désespérer  de  voir  tel  ou  tel  des  gisements 
que  nous  avons  mentionnés  exploité  avec  succès  le  jour 
oiil'ou  essaierait,  ici  les  méthodes  modernes  de  traite- 
ment chimique  des  minerais  réfractaires,  et  là  les  pro- 
cédés hydrauliques  d'abatage  et  de  lavage  des  sables,  si 
l'importance  des  gisements  était  reconnue  le  justifier; 
sans  doute  aussi  est-il  permis  d'espérer  que,  le  jour  oti 
tels  ou  tels  affleurements,  hâtivement  accaparés  sans  y 
avoir  fait  aucune  recherche  et  délaissés  depuis  lors,  se-* 
raient  fouillés  avec  soin,  de  nouveaux  gisements  exploi- 
tables pourraient  être  reconnus  ;  peut-être  même  en  décou- 


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390   RICHESSES  MINBKALBS   I»  LA   NOCVBLLB-CALBDONIB 

Tiira-t-on  qai  sont  encore  complètemeDt  iRsoupçoonés. 
Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  reconnaître  que  notre  colo- 
nie, si  bien  partagée  comme  richesses  minérales  k  beau- 
coup lie  points  de  vue,  ne  l'a  pas  ét^  en  ce  qui  concerne 
l'or  d'nne  façon  qui  puisse  permettre  de  la  comparer, 
même  de  loin,  k  ses  puissantes  voisines. 


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CHAPITRE  III. 
JUmftAIg  KeriLLIQDSS  SfTCBS. 


A.  — GuraiEHTB  ABOENTIVÈKBB. 

Nons  se  croyons  pas  qu'sDcun  gisement  ait  été  signalé- 
«n  NooTelle-Calédonie  comme  contenant  des  mineras  pa- 
rement argentifères  :  la  présence  de  l'argent  a,  an  con- 
traire, été  reconnue  dans  an  assez  grand  nombre  de  gise- 
ments â'&utres  métaux. 

.  Toujours  associé  à  l'or,  il  se  tronve  en  particolier  en 
quantité  notable  dans  l'or  de  Fem-hill  (7,5  p.  100  -en 
poids)  comme  dans  celui  de  la  mine  Rose  (voir  les  résnl- 
tats  d'andysesci-dessuG  rapportés).  Dans  la  même  forma- 
iàfm  de  micaschistes  qui  contient  larrrine  Kose,  M.  Heur- 
toaa  signale,  dans  la  vallée  de  Pomien,  un  fFlon  qui  avait 
^é  «xploré  pour  or,  et  qui,  constitué  par  du  quartz  chargé 
■de  pyrite,  contenait  des  traces  d'or  et  50  grammes 
d'argent  k  la  tonne.  Enfin  l'or  du  gisement  des  Grosses- 
Oouttes  ]H^sente  une  conlenr  si  claire  qu'il  renferme 
«Mlainement  une  proportion  notable  d'argent. 

L'argent  est  de  même  associé,  comme  nous  l'avons 
dit,  au  enivre  dans  les  différents  gisements  connus  de 
ce  métal,  mais  il  n'ajoute  en  général  qu'un  bien  faible 
appoint  à  la  valeur  des  minerais. 

Ënfln  Targent  est  encore  connu  en  Nouvelle-Calédonie, 
associé,  comme  il  l'est  presque  Constamment,  au  plomb 
«I  au  zinc,  et  il  s'y  est  montré  par  endroits  en  proportion 
snffisante    pour    augmenter    d'ime    façon    considérable 


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392   RICHESSES   MraÉRALES   DE   LA   .NOUVELLE- CALÉDOSIE 

la  valeur  des  minerais  de  ces  mélaiiz  dont  nous  allons 
décrire  les  gites. 

B.  —  Gisements  de  plomb. 

Le  plomb  !i  ^té  signalé  en  plusieurs  points  de  la  i-égion 
septentrionale  de  l'Ile  ;  il  est,  comme  nous  l'avons  vu, 
abondant  k  la  mine  de  cuivre  Pilou  ;  mais  il  existe  en 
outi'e  différents  gisements  oit  il  domine,  associé  il  esl 
vrai,  à  des  quantités  importantes  de  zinc,  et  ne  contenant 
que  de  simples  traces  de  cui\Te, 

La  fig.  l  de  la  PI.  V  l'oprésente  les  différents  périmètres 
miniei's  du  Nord  de  l'Ile  qui  sont  censés  ronfemier  dos 
minerais  de  plomb  argentifère. 

Eu  dehors  des  gisements  du  Noi-d,  il  n'a  été  signalé  à 
notre  connaissance  qu'un  seul  filon  de  plomb  argentifère 
dans  tout  le  reste  do  la  colonie;  il  se  trouve  daiisTélrpil 
lambeau  de  terrains  secondaires  siuié  au  Nord  du  massif 
seriientineuK  <lu  Mont  Dû,  non  loin  de  Kuentliio  ;  nous 
n'avons  pas  eu  le  loisir  «le  visiter  ce  gisement  et  nous 
n'avons  pu  recueillir  aucune  indication  précise  à  son  sujet. 

Parmi  les  gisetuents  découverts  dans  le  Nord  de  î'ile,  le 
seul  qui  ait  été  l'objet  d'une  tentative  d'exploitation  est 
celui  de  la  Mérétrice  sur  la  rive  gauclie  du  Diahot. 

Découverte  à  la  fin  de  18Si,  la  mine  Mérétrice  a  été 
l'objet  lie  travaux  de  préparation,  puis  d'exploitation,  à 
partit'  de  1886-1887;  les  minerais  qui' en  provenaient,  et 
qui  étaient  d'une  fusion  facile,  étaient  d'une  valeur  un  peu 
trop  faillie  pour  iiouvoir  supporter  -les  frais  do  transport 
jusqu'aux  fonderies  australiennes,  aussi  furent-ils  traités  à 
la  fonderie  créée  à  cet  effet  à  Pam.  Ce  n'est  qu'au  début 
de  1890  que  cette  fondei-ic  put  livrer  des  produits  mar- 
cliands;  les  minerais  exploités  jusque-là  avaient  été  en- 
tassés, aussi  n'est-ce  que  dans  les  années  1890  à  1893 
qu'il  a  été  exporté  du  plomb  argentifère  de  la  colooie; 


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GISEMENTS  MÉTALLIQUES   DIVERS  393 

d'après  le.s  statistiques  de  la  douane,  ces  exportations 
n'auraient  guère  dépassé  1 ,500  tonnes  au  total,  représen- 
tant une  valeur  TOÎsine  de  600.000  francs;  la  teneur  en 
argent  aurait  été  de  plu»  de  i  kilogramme  d'argent  par 
tonne  de  plomb  d'œuvre. 

Interrompus  à  la  fin  de  1891,  les  travaux  de  la  mine 
Méréirice  ne  paraissent  jamais  avoir  été  repris  sérieuse- 
ment depuis  lors,  bien  qu'il  y  ait  eu  une  tentative  dans 
ce  but  eiil897-i898. 

Le  gisement  se  trouve,  comme  celui  de  la  mine  Pilou 
et  de  la  plupart  des  autres  mines  de  cuivre  que  nous 
avons  décrites,  encaissé  dans  des  schistes  ardoisiers  noirs, 
et  en  relation  très  immédiate  ave<'  un  dyke  de  roche 
verte:  il  aflleure  sur  la  rive  gauche  du  petit  ruisseau 
Djavel, au  flanc  d'undes  très  nombreux  mamelonsovoides 
que  ces  schistes  forment  entre  le  Diahot  et  la  ligne  des 
calcaires  de  la  Roche  Mauprat,  dont  la  mine  Mérétrice 
est  d'ailleurs  voisine. 

L'affleurement  se  présente  sous  la  forme  d'un  énorme 
massif,  de  10  mètres  environ  de  puissance,  presque  uni- 
quement constitué  d'un  agrégat  de  fragments  de  céru- 
site  empâtés  dans  de  l'oxyde  de  fer;  souvent  la  cérusitc 
apparaît  en  jolis  petits  cristaux  tabulaires,  et  l'on  en  a  ren- 
i-ontré  autrefois  nombre  d'échantillons  recouverts  de  fila- 
ments d'argent  natif  ;  par  places  la  cérusite  est  associée 
à  des  enduits  cuivreux  bleus  et  verts,  et  à  des  minéraux 
oxydés  du  zinc. 

Une  tranchée,  ouverte  sur  une  dizaine  de  mètres  de 
verticale  et  une  cinquantaine  de  mètres  en  direction,  n'a 
pas  tardé  à  découvrir  des  minerais  sulfurés,  peu  ou  point 
altérés,  qui  se  présentent  en  trois  bandes  grossièrement 
parallèles,  orientées  à  peu  près  Nord-HO°-Est  et  plongeant 
au  Sud-Ouest,  paraissant  constituer  trois  filons  distincts, 
mais  voisins,  avec  des  puissances  de  1  à  2  mètres  chacun, 
et  séparés  par  des  schistes  pratiquement  stériles. 


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'364  RicHEssBe  innÉHALn  vb  la  koiivells-calédonie 

La  /iff.  4  de  la  PI.  V  indique  quel  est  l'état  actael  des 
lieux  et  représente  groseièreraent  le«  traTMix  qui  ont  été 
fait»  BUT  le  gisement. 

Celui-^  eat  à  peine  connu  sur  320  mètres  de  longuen-, 
bien  qu'il  ait  été  retrouvé  sur  la  liv^  droite  du  ririssemi 
Djavel  :  une  galerie  d'allongement  a  s'est  enfoncée  de 
quelques  mitres  dans  un  filon  (?)  mince,  et  ane  tranchée 
a  trouvé  an  filet  de  minerai  ;  mais  plus  à  l'Est  il  n'a  pins 
été  reconnu  d'affleurements  sur  le  mamelon  qni  se  déve- 
loppe sur  la  rive  droite  dn  ruisseau.  Le  mamelon  de  la  lire 
gauche,  qui  renferme  sur  son  Ranc  Est  le  puissant  affien- 
rement  que  nous  venons  de  décrire,  n'a  montré  de  mine- 
rai que  de  ce  cété,  sur  son  flanc  Ouest  il  n'a  rien  Hé 
trouvé  et  les  fUonsn'ontétésuivis  en  direction  an  d^àde 
l'extrémité  de  la  tranchée  que  par  une  galerie  d'allonge- 
meirt  d'une  quaruitaine  de  mètres  de  longueur  qui  est  «•- 
jowd'hui  inaccessible  :  elle  s'enfonce  dans  le  minerai 
sulfuré.  L'allure  de  U  formation  sur  cette  faible  kMiguear 
«st  d'ailleurs  foKement  contournée. 

En  profondeur,  la  seule  donnée  dequelque  importance  que 
l'on  ait  est  cellequi  est  résultée  du  fonçage,  en  1897-1898. 
par  r  fl  International  Corporation  Limited  »  devenue  pro- 
priétaire de  la  mine  à  cette  époque,  d'im  nouveau  p«iU, 
jHtifond  de  50  mètres,  qui  aurait  recoupé  à  2^  mèti-es  de  la 
snrface  un  filon  de  2  mètres  de  puissance  très  abondam- 
ment minéralisé  en  galène  avec  pyrite  et  blende,  tenanl 
de  3  à  4  onces  (94  à  125  grammes)  d'argent  à  ta  tonne  ; 
Ml  mur  de  ce  filon,  le  puits,  foncé  jusque-là  dans  les 
ecliistes  noirs,  est  entré  dans  un  dyke  de  roche  verte 
très  dure  dont  on  connaît  d'ailleurs  les  affleurements  an 
mur  des  affleurements  des  filons  ;  il  y  a  été  pourstùri  «w 
25  mètres  de  hauteur. 

De  l'ensemble  de  ces  indications,  quelque  peu  incom- 
plètes, il  semble  résulter  que  l'on  est  en  présence,  à  la 
Mérétrice,  soit  d'une   formation  lenUculaire,  soit  d'ime 


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QISBUBNTS  HETALUQCBS   DITUtS  395 

.-zoned'enncbissemeDi  ezceptioDBeld'un  8Ion  aormalement 
assez  pauvre  ;  il  ne  parait  ea  effet  pas  douteux  qu'il  ne  se 
prolonge  en  direction  que  sur  200  mètres  au  plus,  ou 
■que,  s'il  se  prolonge  au  delà,  c'est  avec  une  puissance  el 
une  minéralisation  bien  moindres.  En  profondeur  il  parait 
•également  s'amincir,  puisque  aux  affleurements  il  com- 
porte trois  veines  métallifères  d'une  puissance  totale  de 
■4  à  5  mètres  au  moins,  tandis  qu'à  25  mètres  de  la  sur- 
iace  il  n'a  plus  qu'une  épaisseur  de  2  mètres.  En  outre, 
comme  cela  arrive  trop  fréquemment,  la  teneur  en  aident 
-diminue  considérablement  lorsque  l'on  passe  de  la  zone 
oxydée  à  la  zone  sulfurée.  Comme  nous  l'avons  mentionné, 
Jes  échantillons  de  cérusite  parsemés  d'argent  natif  ont 
■été  assez  fréquents  aux  aflleurements  et  la  teneur  des 
minerais  y  était,  nous  a-t-on  affirmé,  couramment  de 
12  à  15  onces,  soit  370  à  470  grammes,  par  tonne  de 
minerai  à  15  ou 20  p.  100 de  plomb,  ce  qui  correspondrait 
ji  des  plombs  d'oeuvre  à  près  de  2  kilogrammes  d'argent  à 
la  tonne.  Au  contraire,  les  minerais  sulfurés  ne  tenaient, 
imème  tout  près  de  la  surface,  que  des  quantités  variant  • 
généralement  de  6  onces  (200  grammes)  à  ta  tonne  à 
3  ou  4  onces. 

Nous  avons  eu  conuaiss&nced'une série d'analyseseffec- 
tuées  en  1898  en  vue  de  chercher  à  se  rendre  compte 
■de  la  teneur  moyenne  que  pouvaient  avoir  les  différents 
minerais,  et  nous  en  donnons  ci-dessous  les  résultats,  que 
Jious  n'avons  d'ailleurs  nullement  été  en  mesure  de  vérifier. 

Douze  analyses  de  minerais  sulfurés  avaient  donné 
«omme  teneurs  : 

(00 


Plomb   ... 

..      d« 

24,49     p.  (00    à    8       p. 

Cuivre .... 

4                          iraces 

Zinc 

28,93                        8,41  p 

Fer 

26,98                        8,55 

Silice 

27                             6,88 

Argent 

ae3TO  gr.  à  la  l.  à  94  gr.  ù  I 

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396   RICHESSES   MISÉRALES  DE  LA  NODTEI-LE-CALÈDONiE 

-     La  composition  des  minerais  les  plus  riches  était  d  ail- 
leurs la  suivante  : 

Plomb 24,49  p.  100 

Cuivre traces 

ZiQC 22,26  p.  100 

Fer 8,55 

Silice 10.54 

Argent 3Î0  grammes  à  la  lonne 

Neuf  analyses  de  minerais  oxydés  avaient  donné  les 
résultais  suivants  : 

Plomb..  de    38,44    p.  100    à      5,68    p.  100 

Cuivre. .  2,76  traces 

Zinc...  4,14  1,63    p.  100 

Fer  ....  31  10,60 

Silice...  49,31  20,25 

Argent.  de  500  gr.  à  la  tonne  à  125  gr.  à  la  tonne 

L'échantillon  le  pins  riche  en  plomb  contenait  : 

Plomb 38,44  p.  100 

Cuivre 0,20 

Zinc 2,38 

Fer 14,32 

Silice 20,80 

Argent 420  grammes  à  la  tonne 

Les  minerais  de  surface  étaient,  comme  on  le  voit, 
complètement  oxydés  et  pauvres  en  zinc  {maxirauin 
4  p.  IWl  pour  un  minerai  tenant  30  p.  100  da  plomb); 
ils  étaient  donc  d'un  traitement  aisé,  et  étaient  eu  outre 
assez  riches  en  argent,  puisqu'ils  étaient  de  nature  à  don- 
ner du  plomb  d'œuvre  tenant  plus  de  1  kilogramme  d'ar- 
gent à  la  tonne  ;  ce  ne  sont  guère  que  ces  minerais  qui  ont 
été  fondus  à  Pam,  il  en  reste  d'ailleurs  encore  des  tas 
importants  (quelques  milliers  de  tonnes)  sur  le  carreau  de 
la  mine. 


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GISEMENTS  MÉTALLIQUES   DIVERS  397 

Les  minerais  sulfurés  ont  au  contraire  beaucou))  moins 
de  valeur  :  contenant  une  forte  proportion  de  zinc,  à 
peine  inférieure  à  la  proportion  de  plomb,  ils  exigeraient 
un  lavage  minutieux  qui  entraînerait  vraisemblable- 
ment la  perte  de  toute  la  blende  et,  avec  elle,  sans  doute 
celle  d'uoe  notable  partie  de  l'argent,  livrant  du  plomb 
d'œuvre  tenant  seulement  quelques  centaines  de  grammes 
à  la  tonne. 

Il  ne  semble  donc  pas  que,  même  si  le  gisement  de  la 
Mérétrice  montrait  plus  de  continuité  que  ne  paraissent  en 
indiquer  les  quelques  travaux  de  recherches  qui  y  ont  été 
poursuivis,  son  exploitation  puisse  être  bien  rémunéra- 
trice, tant  du  moins  que  les  conditions  industrielles  de  la 
région  resteront  difficiles,  c'est-à-dire  que  la  main-il'œuvre 
y  sera  rare,  le  combustible  cofiteux  et  les  moyens  dont 
on  dispose  restreints.  La  puissance  apparente  de  l'affleu- 
rement et  sa  belle  richesse  en  argent  en  avaient  fait  au- 
gurer autrement,  mais  on  connaît  aujourd'hui  assez  du 
gisement  pour  être  porté  à  dire  que  ces  apparences  étaient 
trompeuses. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'aucun  des  autres  gisements  de 
plomb  argentifère  du  voisinage,  que  nous  n'avons  d'ail- 
leurs pas  pu  examiner,  ait  présenté  à  beaucoup  près  de 
semblables  apparences. 

C.  —  Gisements  de  zinc. 

Le  zinc  est  abondamment  associé  non  seulement  à 
quelques  minerais  do  cuivre  et, surtout  à  ceux  de  la  mine 
Pilou,  mais  encore,  comme  nous  venons  de  le  dire,  aux 
minerais  de  plomb  argentifère  de  la  Mérétrice. 

Ici  comme  là,  il  constitue  une  gène  notable  pour  la  mé- 
tallurgie et,  dans  l'état  actuel  des  choses,  loin  de  pouvoir 
dans  ces  conditions  être  considéré  comme  une  richesse,  il 


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398   KICHES&ES  HINÉRALBS  DE   LA   KOCVaU^CALÉDONIB 

déprécie  {das  ou  moins  sérieuseiBent  les  ^aements  ofa  il  se 
rencontre,  Nowin'avons  pas  connaissance  que  des  cameruB 
de  zinc  seul  aient  junais  été  signalés  dans  la  colonie.  Il» 
y  servent  d'ailleurs  pratiquement  inuUlisables  étant  domé 
en  particulier  le  prix  <t«  charbon,  et  il  faudrait  qu'ib 
fussent  bien  riches,  et  suHoot  qu'ils  aient  use  teseurtr» 
notabte  en  argent,  p<Mir  qu'ils  puissent  valoir  le  transport 
jusqu'aux  usines  établies  sur  les  bassins  houiU«rs  de  la 
Nouvelle-Galles  du  Sud. 


D.  —  Gisements  d'antimoinb. 

L'antimoine  n'est  copnu,  en  Nouvelle-Calédoaie,  qu'es 
un  seul  point,  à  Nakety.  Les  conditions  dans  lesquelles  il 
s'y  présente  avaient  paru  dans  le  temps  assez  favorables 
pour  que  l'exploitation  en  fût  tentée  en  1883-1884;  mais 
elle  ne  parait  pas  avoir  eu  un  succès  suffisant.  Abandonnée 
au  début  de  1885,  elle  n'a  pas  été  reprise  depuis. 

Le  gisement  sur  lequel  cette  tentative  a  eu  lieu  est 
situé  au  voisinage  de  Nakety,  dans  l'un  des  contreforts 
qui  s'élèvent  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de  Nakety 
à  peu  de  distance  au  Sud-Ouest  du  village  :  ces  contreforts, 
situés  au  voisinage  immédiat  des  massifs  serpeatineus 
qui  a'élèventau  bord  delà  mer,  sont  constitués  principale- 
ment par  des  schistes  argileux  noirs  décolorés  aux  affleu- 
rements. Dans  ces  schistes  conrent  une  série  de  veines 
de  quartz  presque  verticales  et  dirigées  au  Nord-110°-Estr 
l'une  de  ces  veines,  puissante  de  2  à  3  mètres,  est  niné- 
ralisée  sur  une  bonne  partie  de  sa  largeur  par  de  la  sti- 
Une  :  par  places  on  rencontre  du  mioerEÛ  massif  en  quan- 
tité plus  ou  moins  considérable  ;  en  d'autres  peints  la 
stibine  constitue  seul«nent  un  remplissage  daas-les  inter- 
valles de  sphéroiites  quartzeux. 

Des  travaux  d'une  certaine  importance,  travecs-banc» 


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eUWHBHTi   UÉTALUQCES   DIVBBS  38& 

et  galeries  d'allongement,  ont  été  pratiqués,  s'étageant 
jusqu'au  sommet  de  la  colline,  entre  les  cotes  165  et  300; 
ils  paraissent  avoir  suivi  un  filon  d'une  certaine  conti- 
nuité. 

Quant  à  la  richesse  mo^'enne  de  la  minéralisation  nous 
n'avons  pu  nous  en  faire  qu'une  idée  approximative; 
d'aiH-ës  les  renseignements  que  nous  avons  pu  retrouver, 
le  minerai  aurait  été  amené,  après  triage,  à  une  teneur- 
moyenne  de  35  p.  100  de  stibine. 

Descendu  jusqu'au  pied  de  la  colline  par  un  plan  incliné, 
il  était  concassé,  puis  trié  ;  il  aurait,  au  début,  été  exporté 
telquoljusqu'àcoflcurrence  de  quelques ceutainesde  tonne». 
Ultérieurement  on  aurait  construit  un  petit  four  de  liqua- 
tion  pour  produire  sur  place  le  sulfure  fondu,  mais  il 
n'aurait  été  obtenu  que  quelques  tonnes  seulement  de  celui- 
ci,  l'exploitation  ajant  dû  être  abandonnée  k  la  suite  d'une 
baisse  de  la  valeur  du  métal. 

Différents  autres  affleurements  de  stibine  ont  été  signa- 
lée au  voisinage,  et  il  n'a  pas  été  institué  moins  d'une 
douzaine  de  concessions  d'antimoine  à  Nakety  ;  mats  les 
travaux  que  nous  venons  de  mentionner  sont,  à  notre 
connaissance,  les  seuls  sérieux  qui  aient  jamais  été  faits. 
Le  filon  sur  lequel  ils  ont  porté  serait,  à  n'en  pas  douter, 
coDsidéré  comme  d'une  belle  richesse  en  France,  et  serait 
exploitable  avec  profit  si  l'on  se  trouvait  dans  des  coudi- 
tions  économiques  analogues  a  celles  de  notre  pays;  si, 
au  contraire,  on  veut  comparer  l'exploitation  à  laquelle  il 
pourrait  donner  lieu  à  des  exploitations  de  pays  loin- 
tains, telles  que  celles  du  Japon,  par  exemple,  qui  est  un 
[Htiducteur  assez  important  d'antimoiue,  on  ne  peut  que 
oonstater  l'infériorité  du  gisement  calédonien ,  et  conserver 
peu  d'espoir  qu'il  puisse  être  de  longtemps  l'objet  d'une- 
ulilîsation  fructueuse,  surtout  avec  les-  cours  actuels  de- 
l'antimoine. 


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400  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOnVBLLR-CALRDONIB 

E.  —  Gisements  de  mbrcdre. 

Lo  cinabre,  et  même  le  mercure  natif,  ont  été  trourés 
en  plusieurs  points  de  la  colonie  ;  des  gisements  en  roche 
sont  connus  à  Nakety,  à  Kouaoua,  et  k  Bourail  ;  des 
fragments  de  cinabre  ont  en  outre  6té  rencontrés  dans  le 
lavage  des  sables  de  plusieurs  rivières  et  en  particulier 
dans  la  haute  vallée  de  Nakety  et  dans  la  rivière  d'Audant. 

A  Nakety,  le  cinabre  a  été  signalé  il  y  a  d'assez  longues 
années  déjà  :  il  apparaît  en  cristaux  dans  les  fentes  d'un 
grès  jaunâtre  en  plusieurs  points  situés  de  part  et  <l'autre 
du  village,  d'une  part  sur  un  esearpenient  élevé  qui 
domine  lai-oute  deThio  à  Nakety  k  quelque  distance  avant 
d'arriver  aux  premières  maisons  de  ce  village,  et  d'autre 
part  à  2  kilomètres  environ  à  l'Ouest  du  gisement  de 
stibine  que  nous  venons  de  mentionner.  Ces  deux  points 
s'alignent  exactement  avec  ce  gisement  dans  la  direction 
Nor<i-ilH°-Est  qui  est  celle  du  filon  d'antimoine,  comme 
si  le  cinabre  et  la  stibine  s'étaient  déposés  le  long  d'une 
même  cassure  :  ce  serait  un  exemple  de  plus  de  l'associa- 
tion si  fréquente  île  ces  deux  minerais.  Sur  les  uns  et  les 
autres  do  ces  affleurements  il  n'a  été  fait  que  des  grat- 
tages insignifiants,  ayant  consisté  essentiellement  à  en- 
lever les  quelques  jolis  échantillons  de  cinabre  qni  se 
montraient,  si  bien  qu'aujourd'hui  ce  que  l'on  en  peut 
voir  ne  saurait  donner  une  haute  idée  de  la  richesse  des 
gisements  en  question. 

Près  de  Kouaoua,  dans  la  vallée  de  la  Faja,  affluent  de 
droite  de  la  rivière  de  Kouaoua,  on  trouve,  an  sein  d'un 
massif  <le  roches  vertes  diabasiqucs  apparaissant  au  milieu 
des  schistes  argileux  noirs  qui  se  développent  derrièrele 
bourrelet  serpentineux  do  la  cûle,  des  filons  et  veinules 
de  quartz  avec  mouches  fines  de  cinabre  ;  ce  que  nous  en 


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GISEMENTS    HÉTALLIQDES    DIVERS  401 

avons  vu  ne  présente  d'intérêt  qu'au  seul  point  de  vue 
minéralogique. 

Enfin,  il  7  a  quelques  années,  un  autre  gisement  de 
mercure  a  été  signalé  dans  la  vallée  d'uu  des  petits  ruis- 
seaux qui  forment  la  Douencheiir,  à  15  kilomètres  environ 
au  Nord  de  Bourail,  non  loin  de  la  route  de  Bourail  à 
Houailou  ;  les  quelques  fouilles  qui  ont  été  faites  sur 
l'afUeurement  ont  permis  d'en  retirer  de  jolis  échantillons 
de  cinabre  et  une  petite  quantité  de  mercure  natif;  mai» 
ces  fouilles,  ayant  été  uniquement  localisées  en  un  point 
et  n'ayant  eu  qu'une  profondeur  de  3  à  4  mètres,  n'ont 
fourni  aucime  indication  sur  l'importance  du  gisement  et 
par  suite  sur  la  possibilité  de  son  exploitation.  Celui-ci  est 
encaissé  dans  des  phyllades  violacées  légèrement  bario- 
lées, qui  affleurent  clans  la  chaîne  centrale  de  l'ile  entre 
Bourail  et  Houaïlo»  loi-squ'elies  ne  sont  pas  recouvertes 
par  les  serpentines;  dans  les  cassures  transversales  de 
ces  phyllades  se  reacontre  une  argile  grisâtre  imprégnée 
de  nombreux  grains  de  pyrite  avec  cristaux  de  cinabre; 
par  places  ceux-ci  remplissent  toute  la  largeur  de  la  cas- 
sure (c'est-à-dire  quelques  millimètres  seulement),  et  se 
développent  en  outre  entre  les  feuillets  des  phyllades. 
C'est  dans  le  lit  du  ruisseau  que  le  gisement  a  été  dé- 
couvert grâce  a  quelques  gouttelettes  de  mercure  pro- 
duites par  l'oxydation  du  cinabre  qui  s'étaient  réunies  dans 
las  cavités  de  la  rocbe.  Les  affleurements  ont  été  fouillés 
an  milieu  même  du  ruisseau  par  nn  petit  puits  aujourd'hui 
noyé,  et  sur  la  rive  gauche  par  une  amorce  de  tranchée  au 
front  de  taille  de  laquelle  noua  avons  encore  trouvé  des 
cristaux  de  cinabre  et  des  gouttelettes  de  mercure.  Il  pa- 
raîtrait que  plus  bas  sur  le  cours  du  ruisseau  on  aurait 
e«eors  relevé  quelques  traces  de  cinabre.  Comme  nous 
l'avoDs  dit,  cesont  là  des  indications  tout  à  fait  insuffisantea 
pour  permettre  de  formuler  une  opinion  sur  la  valeur  d'un 
tel  gisement,  mais  le  concessionnaire  a  préféré  s'en  tenir  là. 


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402  RICHESSES   MINKRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

Noua  ne  pouvons  donc  que  coustater  la  présence  du 
cinabre  sur  plusieurs  points  de  la  colonie,  ignorant  com- 
plètement s'il  ne  s'y  trouve  qu'en  mouches  isolées,  comme 
on  ic  rencontre  dans  beaucoup  de  pays,  ou  si  au  contraire 
l'un  ou  l'autre  des  gisements  signalés  jKiurrait  être  utile- 
ment exploité. 

Nous  terminerons  ce  qui  a  trait  au  mercure  en  rappe- 
lant que  JI.  Heurteau  avait,  à  la  suite  de  la  découverle 
encore  récente  du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie,  signalé('} 
l'association  en  Californie  du  cinabre  à  des  silicates  de 
nickel  au  milieu  de  serpentines  et  de  schistes  serpentineui. 
et  qu'il  avait  appelé  l'attention  sur  la  possibilité  de  trou- 
ver aussi  dans  notre  colonie  le  mercure  associé  au  nickel. 
L'événement  n'a  pas  confirmé  cette  li3'pothèse,  le  mercure 
n'ayant  jamais  été  rencontré  jusqu'ici  qu'en  dehors  de  la 
formation  serpentineuse  nickeliiere. 

F.  —  Gisements  de  platine. 

Autant  qu'il  est  permis  de  conclure  de  la  présence  dans 
une  région  de  telle  ou  telle  roche  à  la  possibilité  d'y  ren- 
contrer tel  ou  tel  métal,  on  pourrait  penser  que  la  Noo- 
velle-Calédonie,  oii  les  serpentines  sont  aussi  exception- 
nellement abondantes  que  nous  l'avons  dit,  pourrait 
renfermer  des  gisements  de  platine,  tout  comme  l'Oural  où 
dominent  ces  mêmes  roches.  Il  ne  parait  pas  en  être  ainsi, 
car  le  platine  n'a  été  signalé,  et  en  quantités  inâmes, 
qu'en  un  seul  point  de  la  colonie,  le  ruisseau  d'Andani- 
C'est,  ànotre  connaissance.  M,  Felatan  qui  l'a  découvert  [") 
et  nous  avons  constaté  personnellement  l'exactitude  de 
l'indication  qu'il  donne  à  ce  sujet  :  le  platine  se  renconu* 
en  très  faible  proportion  au  milieu  de  l'or,  qui  est  lui- 


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GISEMENTS  UÈTALUQUES  DIVERS  403 

même  peu  aboadanl,  dans  tes  sables  du  ruisseau  d'Andam. 
A  quelles  roches  ce  platine  est-il  arraché,  c'est  ce  que 
personne  n'a  recherché  :  provienUl,  comme  provient 
Traisemblablement  l'or,  des  micaschistes  en  relation  avec 
les  roches  à  glaucophane  dont  on  retrouve  des  débris  dans 
ces  sables  aurifères,  ou  bien  au  contraire  était-il  associé 
aux  roches  qui  contenaient  les  cristaux  de  magnétite  et 
de  fer  chromé  qui  se  trouvent  accompagner  ici  l'or,  alors 
qu'ils  ne  l'accompagnent  généralement  pas  dans  les  autres 
sables  aurifères  du  Nord  de  la  colonie?  Kt  ces  roches  à 
fer  chromé  ne  seraient-elles  pas  des  serpentines  dont  il 
existe  quelques  petits  massifs  au  milieu  des  micaschistes? 
Ce  sont  là  des  questions  auxquelles  nous  ne  pouvons 
répondre,  n'ayant  en  aucune  façon  eu  les  loisirs  prolongés 
qu'il  eût  fallu  pour  en  entreprendre  l'étude  sur  place.  Il 
serait  fort  intéressant,  sinon  au  point  de  vue  industriel, 
tout  au  moins  au  point  de  vue  géologique,  que  des 
recherches  minutieuses  fussent  faites  dans  ce  but,  en 
essayant  de  remonter  la  rivière  d'Andam  et  ses  afduents 
jusqu'aux  points  d'oii  provient  le  platine. 

Ajoutons  que,  si  le  6oin  avec  lequel  ont  été  examinés 
les  sables  des  différentes  rivières  du  Nord  de  la  colonie, 
oii  les  chercheurs  savent  pouvoir  trouver  de  l'or,  rend 
peu  vraisemblable  qu'un  gisement  de  platine  de  quelque 
importance  qui  y  existerait  soit  demeuré  inaperçu,  il  n'en 
est  pas  de  même  pour  les  sables  des  rivières  descendant 
des  grands  massifs  de  serpentine,  qui  depuis  longtemps 
passent  aux  yeux  des  laveurs  d'or  pour  certainement 
stériles.  • 

G.  —  Gisements  de  manganèse. 

La  présence  du  manganèse  a  été  signalée  à  différentes 
reprises  dans  la  colonie.  Sans  parler  de  son  association 
constante  au  cobalt,  il  existe,  en  particulier  au  pied  de  la 


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40i  RICH^SBS   VINÉRALES   DB   LA   ?lonTSLLR-Ci.LÊDONIB 

Table  Unio,  dés  blocs  do  pTrolusite,  qtrin«  paraissent  d'atl- 
letiTB  gnère  exister  qn'à  l'état  de  blocs  isolés.  Ce  même 
nrioerai  a  en  ontre  été  signalé  en  plnsienrs  pointa  de  la  cAte 
Ouest,  tantôt  dans  le  trias  et.tantôt  dans  le  crétacé,  près 
de  Bourail,  dans  la  vallée  de  la  Boguen,  &  Boutoopari,  à 
Saint-Vincent,  etc.,  toujours  sous  forme  de  blocs  isolés: 
son  gisement  primitif  n'est  donc  pas  connu.  On  a  néan- 
moins prétendu  qn'il  proviendrait  de  filons  ou  d'amas  dans 
les  serpentines  ;  mais  nous  n'avons  pas  connaissance  qu'on 
en  ait  donné  aucnne  preuve,  et  nous  croyons  devoir  tenir 
la  chose  comme  très  douteuse,  bien  qne,  rappelons-le, 
toutes  les  péridotites  de  la  colonie  contiennent  de*»;  traces 
plus  ou  moins  marquées  de  manganèse. 

La  valeur  en  Europe  des  bioiydes  de  manganèse  mAme 
les  plus  riches  (une  cinquantaine  de  francs  la  tonne)  est 
trop  faible  pour  que  l'on  puisse  songer  h  en  expédier  de 
Nouvelle-Calédonie.  Le  jour  oh  la  métallurgie  de  l'acier 
viendrait  à  être  créée  en  Anstralie,  il  en  serait  peut-être 
aatrement;  mais  ce  jour-là  ne  trouverait-on  pas  sur  le 
vaste  continent  australien  le  manganèse  dont  on  vien- 
drait k  avoir  besoin?  Cela  est  fort  possible. 

n  n'y  a  donc  guère  à  compter  sur  le  manganèse 
comme  sur  une  des  richesses  minérales  utilisabl{>s  de  la 
colonie. 


H.   —  GiaïUBNTS  DE  TUNOSTÈNE,  TITANE,  HOLTBDàNB,  ETC. 

Le  tungstène,  aous  la  forme  de  scheelite,  ou  tungstate 
de  chaux,  a  été  rencontré  au  voisinage  de  Kouaoua;  il 
existe  peut-être  bien  en  d'autres  points  encore  de  la 
colonie,  car  on  a  trouvé  entre  les  mains  de  Canaques  un 
certain  nombre  de  pierres  de  ftijndes  fkites  de  ce  nmérti 
particutibrement  dense.  Le  gisement  de  Konaona  est  situ* 
dans  la  vallée  de  Faja  :  il  est  intimement  assocW  m 


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QISEUEMS   UÉTAUJQUES  OIVEBS  405 

gisement  île  mercure  que  nous  avons  mentionné  ci-dessus, 
car  il  se  présente  dans  un  filon  de  datboUte  ç^ui  recoupe 
la  iDème  formation  diabasique.  Ce  filon  de  dalholite,  puis- 
sant de  50  à  60  centimètres  environ,  forme,  en  raison  de 
sa  dureté,  un  ressaut  du  terrain,  et  l'une  de  ses  faces  est 
découverte  sur  une  assez  grande  étendue;  l'érosios  et 
l'action  chimique  des  agents  atmosphériques  ont  détruit 
une  partie  de  la  datholite  et  ont  laissé  apparaître  en  sail- 
lie sur  sa  surface  des  rognons  de  scheelite  qui  étaient 
vraisemblablement  inclus  dans  la  datholite;  au  pied  de  ce 
ressaut  on  trouve,  au  fond  du  ruisseau  qui  le  recoupe, 
des  fragments  de  scheelite  que  leur  poids  a  empêché 
d'être  entraînés.  Il  n'est  d'ailleurs  loisible  de  recueillir  de 
Tune  et  l'autre  façons  que  quelques  échantillons  seulement, 
et,  à  examiner  le  filon  massif  de  datliolite,  il  semble  que  la 
scheelite  y  soit  en  somme  rare.  Dès  lors,  malgré  la  valeur 
élevée  (800  à  900  francs  la  tonne)  de  ce  minéral  qui 
présente  une  teneur  importante  en  tungstène,  et  qui  est 
particulièrement  recherché  aujourd'hui  pour  Ja  métallur- 
gie, il  ne  semble  pas  que  ce  gisement  soit  exploitable,  à 
moins  que  le  filon  de  datholite  ne  soit  exploitable  par  lui- 
même  pour  en  retirer  les  21  p.  100  d'acide  borique  qu'il 
contient.  C'estlà  une  question  qui  n'a  jamais  été  envisagée 
nulle  part  à  notre  connaissance,  la  datholite  ne  se  présen- 
tant d'habitude  qu'en  masses  trop  peu  considérables  pour 
que  l'on  puisse  même  songer  à  l'exploiter,  et  nous  ne 
mentionnons  cette  question  comme  pouvant  être  étudiée 
que  sous  les  plus  expresses  réserves  au  sujet  de  la  possi- 
bilité de  créer  dans  notre  colonie  une  semblable  industri». 
Le  titane  existe,  nous  l'avons  déjà  signalé,  sous 
forme  de  rutile,  de  sphène,  de  fer  titane  ;  mais  ce  sont  là 
des  minéraux  et  non  des  minerais;  si  nous  le  citons  ici, 
c'est  que  l'abondance  avec  laquelle  le  rutile  se  rencontre 
^  Calarino  et  la  facilité  avec  laquelle  il  peut  être  séparé 
par  lavage  des  sables  de  la  rivière  avaient  fait  songer  à  en 


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406  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  KOCVELLB-CALÉDONIB 
entreprendre  l'exploitation.  Malheureusement  le  prix  assez 
faible  auquel  il  aurait  pu  être  vendu  en  Europe  et  surtout 
les  débouchés  très  restreints  offerts  au  titane,  qui  na 
que  des  emplois  des  plus  limités  dans  l'industrie  chimique, 
ont  vite  montré  l'inutilité  d'une  semblable  tentative. 

Le  molybdène,  qui  existe  sous  forme  de  paillettes  de 
molybdénite  dans  les  filons  de  quartz  du  massif  granitique 
de  la  Coulée,  n'a  guère  plus  d'emplois,  et  ne  doit  de 
même  être  mentionné  qu'au  point  de  vue  minéralogique 
et  non  au  point  de  vue  indufitriel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  indications  qui  précèdent  suffisest 
à  établir  que  ce  n'est  pas  seulement  en  nickel,  en  cobalt, 
en  chrome,  et  en  fer  que  notre  colonie  est  riche;  nous 
croyons  avoir  montré  que  le  cuivre  devrait  pouvoir  y  être 
exploité  d'une  façon  régulière  et  continue,  et  qu'il  ne 
serait  pas  du  tout  impossible  que  l'or  le  fût  de  même  un 
jour  en  quelque  point  de  l'ile;  d'autre  part,  il  serait  fort 
à  souhaiter  que  quelques  autres  gisements  métalliques 
signalés,  mais  non  encore  explores,  le  fussent  sérieuse- 
ment pour  reconnaître  s'ils  ne  pourraient  pas  également 
être  exploités  avec  fruit. 


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CHAPITRE  IV. 
iOTRES  GISEMENTS  ■INÉRAOX  CONNUS  DAMS  LA  COLONIE 

Avant  de  passer  à  l'étude  des  affleurements  houillers 
de  la  colonie,  nous  avons  encore  à  citer  un  certain 
nombre  de  gisements  niinéranx  utilisables,  on  qui  pour- 
raient le  devenir. 

Si  l'on  consulte  la  liste  des  concessions  ('),  et  demandes 
de  concessions  présentées  à  diverses  époques,  classées 
d'après  la  nature  des  substances  qui  sont  censées  s'y 
trouver,  on  y  relève,  en  dehors  des  métaux  que  nous 
avons  énumérés  précédemment  ou  du  charbon,  les 
quelques  produits  minéraux  suivants  :  letain,  la  plomba- 
gine, l'opale,  l'amiante,  la  pierre  lithographique,  le 
gypse,  l'huile  minérale.  Il  est  en  outre  vraisemblable  qu'il  se 
rencontre  dans  le  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  quelques 
autres  substances  éventuellement  uiihsables,  qui  n'ont 
encore  fait  l'objet  d'aucune  demande  de  concession  ;  tel 
est  par  exemple  lo  cas  de  la  giohertite,  dont  nous  avons 
déjà  signalé  des  dépôts  assez  étendus  dans  le  Nord  do 
l'ile. 

.4.  —  Produits  minéraux  divers. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  nous  avons  tout  lieu  de 
penser  que  c'est  par  suite  d'une  erreur  prossièrc.  <'oinme 

(*)  llnppelODs  qu'en  vertu  du  Jécrct  du  17  octobre  1R%,  portant 
orgaaisation  du  régime  des  mines  en  Nouvelle-Calédonie,  et  [iieme  en 
vertu  dei  règlements  antérieurs,  sont  concessïbles  i  les  gîtes  naturels 
des  Bubatances  mini'rnles  ou  Tossiles  susceptibles  d'une  utilisation  spé- 
ciale, à  l'exception  des  mnli-riaux  de  constructions  et  des  auicnitemenls 
ou  engrais  >. 


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408   RICHESSES   Mt!<ÉRALBS  DE  LA  NOUVELLE-CALÊDONIK 

en  commettent  souvent  les  chercheurs  de  mines  sans 
aucune  instruction,  que  l'on  a  cru  rencontrer  autrefois  de 
Tétain  dans  le  Nord  de  la  colonie  :  non  seulement  il  n'es 
jamais  été  exploité,  mais  encore  noua  ne  croyons  pas 
qu'aucun  échantillon  en  soit  connu. 

li  en  est  TraisemblaUement  à  peu  ^b  de  même  de  la- 
plombagine;  des  schistes  noirs  plus  ou  moins  graphiteux, 
comme  il  s'en  trouve  dans  l'abondante  formation  schis- 
teuse du  Nord  de  l'Ile,  ont  sans  doute  été  pris  pour  d» 
graphite;  mais  nous  n'avons  connaissance  d'aucune  masse 
de  ce  minéral  signalée  en  quelque  point  de  la  colonie. 

Les  quartz  opalins  sont  assez  fréquents  dans  les  nom- 
breux gisements  de  quartz  secondaire  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  et  nous  en  avons  ramassé  nous-raème  des 
échantillons,  mais  on  n'a  encore  nulle  part  rencontré  de 
l'opale  noble  utilisable  pour  la  bijouterie. 

De  beaux  échantillons  d'amiante  nous  ont  au  contraire 
été  montrés  provenant  des  hauteurs  qui  dominent  la  rive 
droite  di<  Diabot  à  l'Est  de  Ouégoa,  et  qui  paraissent 
appartenir  à  la  formation  de  talcschistes  à  amphibole  que 
l'on  retrouve  à  Ouégoa  même;  les  échantillons  qui  nous 
ont  été  présentés  montraient  de  longues  fibres  soyeuses 
et  flexibles  qui  seraient  parfaitement  textiles,  mais  nous 
ne  pensons  pas  que  l'on  ait  trouvé  autre  chose  que  de 
jolis  échantillons,  et  que  l'on  ait  reconnu  aucune  conti- 
nuité k  ce  gisement. 

B.  —  Carbonates  de  chaux  et  de  haqnésib. 

Une  concession  de  pierre  lithographique  a  été  accor- 
dée, il  y  a  une  dizaine  d'années,  dans  l'île  Mato  ;  elle  por- 
tait sur  un  des  massifs  du  grand  alignement  calcaire  de 
la  colonie,  qui,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  so 
présente  par  places  avec  un  grain  particulièrement  fin- 
On  avait  cru  pouvoir  utiliser  ces  calcaires  pour  la  litho- 


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GISEMENTS  UÉTALLIQUES   DIVERS  409 

graphie  et  l'on  en  avait  expédié  une  dalle  en  France 
pour  être  examinée  k  ce  point  de  vue;  nous  n'avons  pas 
connaissance  du  résultat  de  cet  examen,  il  parait  cepen- 
dant vraisemblable  qu'il  n'a  pas  été  favorable,  puisque 
l'exploitation  n'a  pas  été  entreprise,  et  que  la  concession 
est  tombée  en  déchéance. 

Mais,  si  la  formation  calcaire  si  étendae  dont  on  re- 
trouve des  lambeaux  d'un  bout  à  l'autre  de  la  colonie  no 
peut  pas  donner  lit^u  à  des  emplois  de  ce  genre,  elle  n'en 
constitue  pas  moins  une  précieuse  ressource  pour  le 
pays,  et  elle  est  activement  exploitée,  surtout  autour  de 
Nouméa,  comme  pierre  à  bâtir  et  comme  pierre  h 
chaux.  Elle  serait  en  outre  d'un  précieux  secours  poul- 
ies usines  de  fusion  du  nickel  que  l'on  voudrait  établir 
sur  la  côte  Ouest,  comme  elle  l'a  été  dans-  le  temps  pour 
l'usine  de  la  pointe  Ghaleix,  Le  calcaire  se  présente  en 
masses  snfllsamment  puissantes  pour  que  son  exploitation 
soit  extrèmementaisée,  et  pour  qu'il  ne  cofite  guère  que  les 
frais  d'altatage  à  la  poudre  et  de  transport  jusqu'au  point 
011  il  est  utilisé  ;  on  en  évaluait  le  prix  de  rerient  à  la 
pointe  Chaleix  k  13  francs  la  tonne,  il  est  vraisemblable 
que  ce  prix  pourrait  être  uotablement  abaissé.  Les 
quatre  analyses  suivantes  des  protluits  de  diverses  car- 
rières des  environs  de  Nouméa  donnent  une  idée  de  ce 
qu'est  la  composition  de  ces  calcaires,,  du  moins  dans  la 
région  méridionale  «le  l'Ile. 


Silice (2,45      3,18        3,15    17,05 

Sesquioxyde  de  fer i          1,14       3,1S     i,lù 

Carbonale  de  Cbaux 83,95    S4,10      91,70    76.15 

Carbonate  de  magnésie... .  1,49    traces      3,(3      1,46 

Eau "          1,58       0,27 

Nous    ne    terminerons    pas   ce   qui   a    trait  aux    cal- 
caires   sans  rappeler    que,  soit   les    anciens    récifs  de 


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410   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NOOVELLB-CALÈDONIE 

coraux  qui  existent  en  quelques  points,  principalemeot 
le  long  de  la  côte  suii-orientalo,  de  l'ile,  soit  les 
coraux  actuellement  vivants  dont  les  débris  sont  sans 
cesse  apport.es  sur  toutes  les  grèves,  constituent  une  autre 
importante  réserve  de  calcaire  ;  on  s'en  sert  parfois  pour 
faire  de  ta  chaux  sur  la  côte  orientale,  et  ce  sont  égale- 
ment les  coraux  qui  ont  fourni  la  castine  à  l'usine  de  pre- 
mière fusion  du  nickel  d"Ouroué  ;  c'est  vraisemblablenien! 
à  cette  réserve  de  calcaire  que  l'on  s'adressera  de  nou- 
veau le  jour  où  on  montera  une  nouvelle  usine  de  première 
fusion  sur  la  côte  Est.  L'analyse  suivante  indique  quelle 
était  la  composition  des  calcaires  coralligènes  employés 
à  Ourouë  : 

Silice 0,"5 

Sesquioiyiie  de  fer 1,"0 

Carbonate  de  chaux 90,50 

Carbanate  de  magnésie 5,4+ 

Eau 2,06 


Nous  avons  déjà  mentionné  l'existence  de  sortes  d'et- 
florescences  de  giobertito  ou  carbonate  de  niagnésif  îe 
long  de  la  ligne  de  contact  des  schistes  noirs  du  Nord  de 
la  côte  Ouest  et  dos  massifs  serpentineux  qni  reposent  sur 
ces  schistes-  Ces.  dépôts,  qui  ne  sont  sans  doute  que 
superficiels,  ont  une  assez  grande  extension,  en  particu- 
lier entre  Kuumac  et  Voh.  Un  échantillon  de  cette  po- 
bertite,  que  nous  avons  ramassé  auprès  de  Koumac. pré- 
sentait la  composition  suivante  : 

Magnésie 42,t  p.  100 

Acide  carbonique 51,5 

Sesquioxyde  de  fer o,8 

Chaux 3^3 

Silice  et  insoluble o  8 


Humidil^ . 


0,4 
99,2  p. 


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GISEMENTS   MÉTALLIQUES   DJVERS  411 

C'est  là  un  minéral'  d'une  certaine  rareté,  utilisé  en 
quantité  encore  assez,  considérable  pour  la  fabrication  des 
produits  réfractaires  basiques  nécessaires  à  la  métallur- 
gie, et  qui  vaut  eu  Europe  de  50  à  60  francs  la  tonne 
brute  ;  cette  valeur  dépasse  de  trop  peu  le  prix  du  fret  pour 
que  l'on  puisse  songer  pour  le  moment  à  utiliser  les  gise- 
ments abondants  qui  en  existent  en  Nouvelle-Calédonie. 

C.  —  Gypse. 

Plus  intéressants  sont  les  dépôts  de  gypse  de  la  côte 
Ouest,  puisqu'ils  ont  déjà  été  mis  à  profit  lors  des  pre- 
mières tentatives  de  fusion  des  minerais  de  nickel  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  puisqu'ils  seront  vraisemblable- 
ment exploités  de  nouveau  le  jour  où  ces  tentatives 
seront  reprises. 

On  en  trouve  depuis  Nouméa  jusqu'à  Gomen  :  les  plus  im- 
portants sont  ceux  delà  presqu'île  deUitoé,du  cap  Goul- 
vain.et  de  Beaupré  entre  le  cap  Goulvain  et  Poya  :  nous 
avons  examiné  les  deux  derniers  d'entre  ces  gisements. 
Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  le  gypse  apparaît  en 
agrégats  île  cristaux,  tantôt  blancs,  tantôt  grisâtres, 
tant'it  rosés,  au  milieu  d'argiles  bariolées  grises,  rouges 
et  vertes.  Ces  formations  se  développent  sur  des 
centaines  de  mètres  et  même  des  kilomètres  de  lon- 
gueur et  sur  un  assez  grand  nombre  de  mètres  d'épais- 
seur le  long  de  côtes  basses,  et  dessinent  asse?;  bien 
d'anciennes  baies  s'enfonçaut  plus  ou  moins  avant  dans 
les  terres;  elles  font  d'ailleurs  immédiatement  suite  à 
des  régions  envahies  par  les  palétuviers,  oii  la  mer 
s'avance  plus  ou  moins  régijièrement  à  marée  haute,  et 
oii  demeurent  à  marée  basse,  plus  ou  moins  rares  suivant 
la  saison,  des  eaux  saumâtres;  ce  sont  là  des  conditions 
de  gisement  qui  nous  paraissent  devoir  faire  adopter 
sans  hésiter,  comme  nous  l'avons  déjà  dît,  la  manière  de 


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il2   RICHESSBS  NINÉKILKS   OE   LA   N0UVSLLE^AJ.ÈDON18 

voir  dâ  M.  Piroutet,  qui  considère  ces  dépota  comme  des 
dépôts  de  rivages  soulâvés. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  n'avons  nuUe  part  obseiré,  et 
personne  n'a  pu  noua  désigner,  de  gisentenis  de  gypse  en 
bancs  compacts  (qui  seraient  d'une  exploitation  beaucoq» 
plus  aisée),  et  noua  ne  l'avons  rencontré  qu'en  agrégats 
cristallins  disséminés  dans  l'argile,  tantôt  très  abondant, 
tantôt  plus  rare,  ou  bien  encore  isolé  à  la  surface  du  sol, 
mais  provenant  directement  de  tels  gisements.  Il  serait 
ingrat  d'aller  chercher  le.  gypse  au  milieu  de  cette  argile 
très  grasse  et  collante;  mais,  k  la  surface  du  sol  et  le 
long  de  toua  les  petits  ravina  qui  la  découpent,  les  eao 
superficielles  ont  accompli  ce  travail,  laissant  le  sol  jon- 
ché d'innombrables  plaquettes  cristallines  de  gj'pse  qn 
reluisent  au  soleil. 

Étant  donné  les  espaces  importa'hts  sur  lesquels  se 
développe  cette  formation,  il  ne  serait  pas  malaisé  d'r 
ramasser  à  peu  de  frais  des  toinies  de  gypse.  Le  jour 
où  la  consommation  en  deviendrait  réellement  très  im- 
portante, il  deviendrait  peut-être  nécessaire  d'aller  te 
chercher  au  milieu  de  l'argile,  et  cela  ne  laisserait  pw 
d'exiger  un  débourbage  pénible.  Si  donc  il  apparaît 
qu'au  début  il  serait  très  aisé  de  se  procurer  le  gypse  k 
bas  prix,  et  de  l'avoir  rendu  k  l'usine  de  fusionà  un  prix 
inférieur  à  celui  de  40  francs  par  tonne  donné  autrefoù 
et  que  nous  avons  cependant  adopté  pour  nos  évaluatioQE 
de  frais  de  fusion,  il  pourrait  ultérieurement  devenir  un 
peu  plus  onéreux  d'exploiter  ces  gisements  de  gypse. 

Un  échantillon  bien  débourbé,  provenant  de  ces  gise- 
nienls,  et  analysé  par  M.  Moore,  a  moatié  la  compoû- 
tion  suivante  : 

Sulfate  de  chaux »S.2a  p.  100    Soufre  t7,»  p.  100 

Silice S,20 

Sesquioxyde  de  fer..         1,61 


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STSEUENTS  HéTAI.LTQOES  DITEKS 
D.   —   HCILE    UINÊRALE. 


n  nOD3  reste  enfin  à  mentionner  une  constatation  inté- 
ressante faite,  ii  y  a  cinq  ans,  aux  environs  de  Koumac. 
Au  fond  d'un  trou  de  quelques  mètres  de  profondeur  creusé 
an  pied  dn  massif  serpcntinetix  du  Piton  de  Pandop,  au 
milieu  des  schistes  serpentineux,  c'est-à-dire  au  milieu  des 
produits  serpentineox  laminés  qui  se  rencontrent  au  contact 
des  péridotites  et  de  leur  soubassement  schisteux,  on  a 
trouvé  fortuitement  de  l'eau  recouverte  d'une  légère  couche 
d'huile  minérale;  en  creusant  un  peu  plus  profondément, 
on  a  découvert  do  petites  Assures  du  terrain  d'oEi  suin- 
tait un  peu  d'huile,  l^e  puits  de  7  mètres  de  profondeur 
qni  avait  été  ainsi  foncé  s'étant  rempli  d'eau,  on  entreprit 
de  pratiquer  une  tranchée  pour  l'assécher,  mais  ce 
travail  n'a  pas  été  terminé;  on  a  en  outre  commencé, 
dans  des  conditions  oîi  il  ne  pouvait  aboutir  à  rien,  on  son- 
dage arrêté  après  un  très  petit  nombre  de  mètres,  Au- 
jourd'hni  le  puits  est  plein  d'une  eau  à  la  surface  de  la- 
quelle se  montrent  des  pellicules  huileuses  émettant  une 
odeur  très  caractéristique;  agitant  les  matières  qui  re- 
posent an  fond  do  puits,  on  voit  s'élever  quelques  bulles 
d'huile. 

Cette  hnîle  est  un  liquide  d'une  couleur  jaune  brun  et 
d'une  odeur  forte  ;  elle  brille  facilement  lorsqu'on  en 
imprègne  une  mèche  ou  un  papier.  Examinée  par 
M.  Moore,  elle  a  été  reconnue  comme  aj'ant  une  den- 
sité de  0,93;  distillée  à  400  degrés,  elle  donne  80  0/0 
d'huile  lourde  de  densité  0,9Ï8,  et  elle  ne  fournit  aux  tem- 
pératures inférieures  que  fort  peu  d'huile  lampante.  Telle 
qu'rfle  est,  elle  constitue  une  huile  très  lourde  (elle  le 
serait  peut-être  moins  un  peu  plus  loin  de  la  surface), 
bonne  seulement  comme  huile  de  graissage,  usage  pour 


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414  RICHESSES  MINÉRALES   DB   LA   NODrBLLE-CALRDO>iIB 

lequel  elle  a,  parait-il,  été  essayée  avec  succès,  ou  peut-être 
pour  l'éclaîrago  arec  des  lampes  spéciales  (type  WellsJ, 
ou  encore  pour  le  chauffage  des  chaudières  avec  de 
bons  pulrérisatâiirs.  Malheureusement,  après  une  cons- 
tatation aussi  intéressante  il  n'a  rien  été  Tait  pour  recon- 
naître le  gisement. 

En  terminant  la  revue  que  nous  venons  de  faire  des 
gisements  de  minerais  métalliques  et  de  produits  miué- 
raux  divers  signalés  jusqu'ici  en  Nouvelle-Calédonie,  nous 
ne  pouvons  que  déplorer  que  beaucoup  de  ces  gisements 
n'aient  pas  été  étudiés  et  explorés  d'une  façon  suffisamment 
avisée  ou  suffisamment  complète,  et  que  plus  nombreux 
encore  soient  ceux  qui  demeurent  pratiquement  complète.- 
ment  inconnus.  Trop  do  gens  en  effet  savent  profiter  <ies 
imperfections  du  régime  administratif  des  raines  de  U 
colonie  pour  accaparer  les  gisements  sitât  signalés, 
sans  autre  but  que  la  spéculation  :  à  peine  une  consla- 
tation  de  quelque  intérêt  a-t-elle  été  faite,  et  a-t-elle  été 
suivie  dç  quelques  semblants  de  travaux  de  recherches, 
qu'une  concession  est  demandée  sur  le  gisement,  pois 
accordée  par  l'administration,  sur  des  étendues  deplusieun 
dizaines  d'hectares,  lorsque  ce  n'est  pas  sur  des  centaines, 
autour  du  point  oii  avait  eu  lieu  une  maigre  constatation. 
Dès  lors  ceux  qui  sont  ainsi  devenus  propriétaires  du  gise- 
ment, et  qni  ne  disposent  souvent  pas  de  la  moindre  res- 
source pour  y  poursuivre  les  recherches  utiles,  se  gardent 
de  l'explorer,  mais  ils  en  empêchent  toute  exploration  pw 
des  tiers,  attendant  simplement  que  l'on  vienne  leur  acheter 
&  un  prix  considérable  une  découverte,  sans  doute  mtéres- 
sante,  mais  dont  personne  ne  peut  en  l'état  escompter  li 
valeur. 

Avec  un  régime  minier  différent,  il  ne  noua  parait  pas 
douteux  que  depuis  longtemps  des  chercheurs,  encouragés 
par  la  perspective  de  l'obtention  de  concessions  si  les 


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aiSEMENTS    HÉTALLIQOES    DIVERS  415 

gisements  se  montraient  utilisables,  auraient  entrepris 
des  recherches  pour  éclaircir  quelques-unes  des  ques- 
tions posées  par  les  découvertes  que  nous  avons  signalées, 
et  dont  la  solution  dans  un  sens  favorable  pourrait  éven- 
tuellement avoir  un  grand  intérêt  pour  la  colonie. 


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ClNQUrÈMI:   PARTIE. 


Bien  que  n'ayant  Jamais  été  exploitée  et  bien  que  la 
question  de  son  utilisation  industrielle  passe  encore  pour 
douteuse  aux  veux  de  bien  des  gens,  la  houille  est  celle 
des  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  a 
été  connue  ta  première,  ayant  été  signalée  dès  avant  la 
prisede  possession.  LesteiTains  quicontiennentlescouches 
de  houille  s'étendent  en  effet,  pour  une  grande  par- 
tie tout  au  moins,  dans  des  régions  cAtiëres  d'uu  accès 
relativement  aisé  ;  ils  se  développcut  en  particulier  à 
très  peu  de  distance  de  Nouméa,  et  là  ils  se  signalent 
même  à  l'attention  d'une  façon  toute  particulière  par  la 
bande  noire  que  les  couches  de  charbou  tracent  sur  cer- 
tains escarpements  abrupts.  L'existence  du  combustible 
minéral  ne  devait  donc  pas  rester  inaperçue  des  pre- 
miers explorateurs,  et  c'est  ce  qui  n'a  pas  manque  de 
se  produire  ;  mais  longtemps  on  s'en  est  tenu  àcelte  simple 
constatation,  et  les  travaux  de  recherches  qui  ont  été 
entrepris  plus  tard  sur  différents  affleurements  n'ont 
jamais  été  poussés  avec  assez  de  suite  et  de  méthode 
pour  permettre  aujourd'hui  de  porter  mi  jugement  défi- 
nitif sur  une  question  dont  la  solution  présenterait 
cependant  un  intérêt  dos  plus  sérieux  pour  notre  colonie. 

Nous  résumerons  ci-dessous  les  observations  que  nous 
avons  pu  faire  par  nous-môme  au  cours  de  la  visite  des 
principaux  gisements  qui  ont  été  signalés,  nous  les  com- 
pléterons à  l'aide  de  quelques  résultats  que  l'on  peut 
considérer  comme  acquis  par  les  constatations  et  les 
travaux  faits  autrefois,  et  nous  chercherons  à  en  dégager 
les  conclusions  pratiques  que  l'on  est  en  droit  d'en  tirer 
dans  l'état  actuel  des  choses. 


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CHAPÎTKE  PREMIER. 
INDICATIONS   GËHËRALES. 


,4.   —  Age   des    couches. 

Les  couclies  auxquelles  la  houille  est  associée  en 
Nouvelle-Calédonie  sont  constituées,  comme  dans  la 
plupart  des  bassins  houillers  connus,  par  des  alternances 
de  schistes  et  de  grés  :  ces  formations  paraissent  appar- 
tenir à  la  partie  supérieure  de  la  série  la  plus  récente 
des  formations  sédimentaires  quelque  peu  développées  de 
la  colonie,  c'est-à-dire  au  crétacé.  Rapportées  d'abord  au 
lia.s  par  M.  Garnier(*),  d'après  trois  espèces  de  coquilles 
fossiles,  recueillies  d'ailleurs  presque  toutes  dans  les  schistes 
feldspathiquessous-jacenlsàlaformation  houillère,  et  con- 
sidérées comme  secondaires  par  M.  Heurteau("),  qui 
acceptait  la  détermination  de  M.  Garnier,  tout  en  présumant 
leur  contemporanéité  plus  ou  moins  complète  avec  les  for- 
mations à  charbon  dii  la  province  de  Nelson,  district  de 
Westport  (côte  Ouest  de  l'ile  méridionale  de  la  Nouvelle- 
Zélande),  les  couches  de  houille  de  la  Nouvelle-Calédonie 
ont  ensuite  été  reconnues  comme  appartenant  au  crétacé 
à  la  suite  de  l'examen,  fait  en  1889  par  M.  l'Inspecteur 
général  des  Mines  Zeiller  (*"),  d'un  cerlain  nombre  d'échan- 
tillons de  plantes  fossiles  venant  du  gisement  des  Portes- 

(*)  Loc.  cil.,  p.  48. 

i'*)Loc.  cit.,  p.  413. 

(•'•)  R.  ZeiLLEH,  .Voie  tur  quelques  emprtinte. 
charbon  de  la  Nouvelle-Calédonie  (Bulletin 
de  France,  3*  lérie,  t.  XVII,  p.  413-446  ;  1889). 


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418   lUCHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NOUVBLLB-CALBDOItlB 

de-Fer  ;  parmi  ces  plantes  s©  trouvaient  de  nombreux  frag^ 
ments  de  feuilles  de  dicotylédones {Cinnamonum,  etsans^ 
doute  aaaai  Sassafras  et  Alnites)  qui  ne  paraissent  pas  pou- 
voir être  antérieurefl  au  crét&cÂ,  en  roAme  temps  que  des 
folioles  de  Podozamites  et  un  ramule  de  Podocarptum 
(Porfoc(jrpiM»i/M«i/"o/iH»i  du  charbon cr^tacédeNouvelle- 
Zélande)  appartenant  au  crétacé.  Cet  examen  a  d'ailleurs 
été  complété  par  celui  qu'a  fait  en  même  temps  M.  l'Li- 
géniour  en  Chef  des  Mines  Doiivillé  de  coquilles  fossiles 
recueillies  dans  le  terrain  houiller  de  la  région  de  Moin- 
dou,  coquilles  comprenant  un  gastropode  du  genre  BatUte- 
nia  caractéristique  du  crétacé  supérieur  de  nos  régions  et 
un  cardium  dii  groupe  du  Cardium  Babuchense.  Ces 
couches  ont  dès  Ico^  été  considérées  comnw  contempo- 
raines des  formations  à  charbon  néo-zélandaises  qui  scmt 
classées  dans  le  crétacéo-tertiaire  de  J.  Hector.  C'ef=ten 
les  rapportant  à  cet  ftge  que  M.  Pelatan  les  décrit  ('). 
H.  Pirontet  (**)  les  attribue  au  G&ult  et  an  C-éDotnaineH 
inférieur,  il  y  signale  des  Holcostephanus,  des  Bacviiles, 
quelques  Destnoceras,  des  fragments  d' Acant/tocera»  et 
d©  nombreux    lamellibranches,    Cardium,    CrassateUm, 

Panopea,  Venux,  Dosinia,  ctc I^es  rares  échautiUonS' 

que  nous  avons  pu  rapporter  à  la  suite  de  nos  visites  sor 
des  travaux  presque  tous  abandonnés  depuis  longtempSt 
et  les  observations  que  nous  avons  pu  faire  paraisseat 
confinner  cette  détermination  de  l'ftge  de  la  houille  calé- 
donienne. Comme  restes  de  plantes,  nous  n'avons  rien 
pu  recueillir  qui  pût  être  déterminé  et  fournir  queIctM 
iiidication  nouvelle  sur  la  flore  ;  comme  coquilles  fossiles, 
l'examen  que  M.  rrngénieur  en  Chef  Donyillé  a  bi«i 
voulu  faire  des  échantillons  es  manvais  état,  proTeo&Bt 
de  la  Nondoué,  que  nous  lui  avons  présentés,  lui  a  fait 


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X£â   ÛiSBMKMTS   UOnLLBBS  419 

reporter  :  [es  uneB  aux  espèces  qu'il  avait  déjà  déter- 
minées eo  1889,  à  savoir  Haiitkenia  dans  les  schistes 
houillers,  Cardium  d'appareace  tertiaire  (Tî)  dans  les 
grès  arénacés  associés,  et  les  autres,  provenaDt  des 
schistes  houillers,  à  des  Anomies  (')  (crétacé  ou  tertiaire) 
et  (pour  des  formes  analogues  à  celles  qui  avaient  été 
autrefois  déterminées  comme  Nucules  du  lias  supérieur] 
à  des  Cyrrna  qui,  faute  de  détermination  d'espèce,  ne 
peuvent  fournir  d'indication  sur  l'Age  des  couches. 

D'autre  part,  les  observations  sur  le  terrain  confirment, 
sans  cependant  fournir  de  preuves  absolues  qui  ne  pour- 
raient guère  être  tirées  que  d'une  étude  stratigraphique 
de  détail,  étude  particulièrement  difficile  dans  ces  régions, 
que  les  couches  de  houille  paraissent  presque  partout 
couronner  la  série  sédimentaire  et  être  recouvertes  par 
les  serpentines;  c'est  nettement  le  cas  au  mont  Dore, 
dans  la  vallée  de  la  Dumhéa,  à  Vob,  etc. 

Ces  couches  seraient  donc  bien  d'âge  crétacé  supérieur 
et,  par  suite,  plus  ou  moins  exactement  du  même  âge  que 
celles  do  Westport  (Nouvelle-Zélande);  de  cette  proxi- 
mité, et  peut-être  même  de  cette  identité  d'âge  de  deux 
bassins  éloignés,  rappelons-le,  de  près  de  2.500  kilo- 
mètres, il  ne  faudrait  pas  conclure,  comme  on  a  voulu  le 
faire  parfois,  à  l'identité  des  fonnations  géologiques,  et 
par    suite  a  l'analogie  de  richesse  des  bassins  (**).  Rien 

(*)  L'échulilloa  qui  a  donné  lieu  ■  cette  dAleroiiiiAtioD  est  celui  qui 
avait  été  dénommé  Pi-oducta»,  au  miiaée  de  NoumËa,  ce  qui  avait  con- 
duit quelques  pereoonea  k  considérer  les  couches  de  houiUe  correspoa- 
dantes  comme  étant  d'Age  primaire,  Age  qu'il  ne  peut  plus  Mre  ^seMiOD 
de  lenr  attribuer  aajourtfbul  avec  la  connaissance  que  l'on  •,  tant  des 
fossile*  qui  s'y  rencontrent,  que  de  la  Btratlgraphie  générale  deiacolonie- 

(")  On  sait  en  effet  combien  on  peut  constater  «n  Europe  de  diffé- 
rences, cotnme  conditions  de  gisement,  oomms  nature  des  charbons, 
comme  puiMance  relative  des  formations  stériles  et  des  couehes  de 
boollle,  etc...,  entre  des  bueias  taonillera  stparéi  par  ^nelques  oen- 
laiaflB  de  kilomètres  senisatenl,  et  dont  les  tgei  ne  prlsanlent  parfois 
que  des  différeoMS  peut-être  moins  importantea  (antent  qae  l'on  peut 


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42Û   RIOHBSSBS   MIKÉRA.LBS  DE  LA   NOCVELLK-CALKDONIB 

ne  86  montre  en  effet  plus  dissemblable  que  ces  deux  bas- 
sins aux  yeux  de  celui  qui  examine  d'un  peu  près  le 
charbon  et  ses  conditions  de  gisement,  d'une  part  sur  la 
côte  occidentale  de  l'Ile  Sud  de  la  Nouvelle-Zélande,  et 
d'autre  part  en  Nouvelle-Calédonie  ;  tout  les  différencie  :  la 
nature  même  du  combustible,  qui  présente  ici  un  caractère 
bitumineux  tout  à  fait  spécial,  et  qui  offre  au  contraire  dans 
notre  colonie  une  analogie  d'aspect  très  marquée  avec  les 
charbons  de  nos  pays  ;  le  mode  de  gisement,  comportant 
ici  des  masses  puissantes,  plus  ou  moins  lenticulaires,  et 
là  au  contraire  des  couches  plutftt  minces  d'un  caractère 
nettement  sédimentaire  ;  enfin  les  terrains  encaissants, 
constitués  d'un  côté  presque  uniquement  par  de  gros  bancs 
de  grès  dur,  cristallin,  vert  et  brun,  tandis  que  de  l'autre 
ils  présentent  l'altei-nance  habituelle  de  grès  et  de  schistes, 
grès  arénacés  aux  couleurs  bariolées  jaune  clair,  rose, 
lilas,  schistes  friables  noirs  ou  gris  plus  ou  moins  argileux 
ou  micacés. 

Il  faut  moins  encore  songer  aujourd'hui,  comme  on  l'avait 
fait  autrefois  (*},  à  rapprocher  les  charbons  de  notre  colo- 
nie de  ceux  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  qui  en  sont  éga- 
lement très  différents  comme  mode  de  gisement,  et  qui 
sont  définitivement  rapportés  à  la  période  permo-carbo- 
nifère.  M.  Heurteau  indiquait  enfin  {")leurcon(emporanéité 
plus  ou  moins  complète  avec  ceux  de  l'Etat  de  Victoria 
(Australie)  ;  bien  que  nous  n'ayons  pas  visité  ces  derniers 
gisements,  qui  sont  de  l'époque  de  l'oolithe,  nous  pouvons 

■e  faire  une  notion  exacte  de  l'importance  de  la  différence  à'ige  dei 
tormatioDs  géologiquei  SQCceaaiTes)  que  celle  qui  peut  exister  «Bttf 
te»  fonnationi  k  charbon  néo-ïélandaiaea  et  néo-calédoniennes  mal- 
fré  la  coexistence  dam  ces  deux  groupée  de  form&tians  de  deux  oo 
trois  espèces  de  plantes  ou  de  coquilles  fossiles.  On  sait  mâme  que  de» 
assises  rigoureusement  contemporaines  peuvent  être  en  certains  points 
très  riebes  en  excellent  charbon  et  à  quelques  centaines,  ou  même  i 
quelques  diiaiD«s  de  kilomètres  plus  loin,  pratiquement  inesploî tables. 

(*)  Garnibr,  loe.  cit.,  p.  t6. 

{**)  loe.  cit.,  p.  «4. 


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LES   GISEMENTS   HODILLBRS  421 

affirmer  que  la  nature  même  des  charbons  de  ceux-ci,  qui 
se  rapprochent  des  lignites  bru&s,  est  toute  différente 
de  la  nature  de  ceux  de  notre  colonie,  et  nous  ferons  en 
outre  remarquer  que  la  distance  qui  les  sépare  de  la 
Nouvelle-Calédonie  {qui  n'est  pas  de  moins  de  2.500  kilo- 
mètres) rendrait  une  assimilation  tout  aussi  hasardée  que 
pour  la  Nouvelle-Zélande. 

II  nous  reste  encore  un  mot  à  ajouter  au  sujet  de 
cette  question  de  l'âge  de  la  houille  néo-calédonienne  : 
en  présence  des  déterminations  divergentes  en  appa- 
rence qui  ont  été  faites  des  fossiles  qui  y  auraient  été 
trouvés  et  de  la  richesse  en  matières  volatiles  extrême- 
ment variable  des  échantillons  de  charbon  provenant  de 
divers  points  de  la  colonie,  on  pourrait  penser  que  les  dif- 
férentes couches  de  houille  ne  sont  pas  toutes  de  même  âge. 
Rien  n*autorise,  à  notre  avis,  une  telle  hypothèse  :  tout 
d'abord,  les  fossiles  déterminés  comme  infra-liasiques  par 
M.  Munier-Chalmaa  (m  Garnier)  provenaient  des  schistes 
feldspathiqucs  sous-jacents  aux  couches  de  houille  et 
peuvent  par  suite  être  d'un  ftge  très  différent  ;  d'autre 
part,  les  déterminations  des  coquilles  de  Moindou  et  des 
plantes  des  Portes-de-Fer  tendent  à  faire  rapporter  au 
même  âge  deux  gisements  éloignés  de  plus  de  100  kilo- 
mètres, tandis  que  le  seul  fossile  attribué  au  lias  prove- 
nant de  la  houille,  et  qui  a  été  déterminé  (')  comme 
Nucu/a  Hammeri,  a  été  recueilli  à  Koé,  c'est-à-dire  à 
quelque  10  kilomètres  à  peine  des  Portes-de-Fer,  et 
plus  près  encore  de  la  Nondoué  d'où  proviennent  les 
quelques  échantillons  que  M.  Douvillé  a  rapprochés  de 
ceux  de  Moindou  qu'il  avait  détenninés  dans  le  temps. 
Nous  ajouterons  enfin  que,  sur  les  290  kilomètres  sur  les- 


(')  Celle    délermination    esl    d'ailleurs   conteslée  par    M.  Piroutet 
[loc.  cit.,  p.  161),  en  note). 


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4â3   RICHB8SK8   HINÉRALBS  DE  LA  NOUVRI.LE-CALéDONlK 

quels  s'écheronaent  les  afflenrement!;  hoiiiners  oëo* 
calédoniens,  te  faciès  du  terrain  qui  les  contient  ne  varie 
guère,  caractérisé  toujours  par  l'aspect  tout  spécial  des 
grès  arénacés  que  nuHsdécrironscï-dessous;  et  si  la  nature 
du  charbon  se  montre  très  variable  d'un  point  à  un  autre, 
c'eat  d^une  façon  tout  à  fait  irrégulière,  et  cela  eat  très 
certainement  dû  à  des  circonstances  purement  locales.  Nous 
croyons  donc  pouvoir  regarder  comme  établi  aujourd'hui 
que  l'ensemble  de  la  fonnation  houillère  de  notre  colonie 
est  d'&ge  crétacé  supérieiir(*]  ;  nous  tenons  à  ajouter  que 
cela  ne  comporte  pas,  a  priori,  une  condamnation  de  la 
qualité  de  ce  charbon  :  longtemps  on  a  pensé  que  seuls 
les  gisements  remontant  auT  époques  primaires  pouvaient 
contenir  de  hons  charbjns,  complètement  formés,  et  que 
les  charbons  plus  récents  n'étaient  nécessairement  que 
des  lignitoa,  ou  des  charbons  du  même  genre,  de  qualité 
médiocre  ;  cela  était  en  effet  le  cas  dans  la  plupart  des 
gisements  d'Europe,  et  en  différents  points  de  l'Asie  oii 
les  charbons  indiens,  japonais,  etc...,  rapportés  au  juras- 
sique ou  an  crétacé,  sont  de  qualité  inférieure  ;  mais  on  a 
reconnu  aujourd'hui  qu'il  n'j  a  pas  là  une  loi  générale, 
surtout  pour  des  régions  très  éloignées  dea  nôtres  :  on 
exploite  déjà  des  diarbons  infra-liasiqaes  ou  liasiquea  de 
très  bonne  qualité,  à  70  ou  80  p.  iOO  de  carbone  fixe,  à 
Funf-Kirchen  on  Hongrie  et  k  Steierdorf  dans  le  Banat; 
et  en  Amérique  du  Nord,  où  bon  nombre  des  meilleurs 
charbons  sont  d'âge  primaire,  on  connatt  cependant,  dans 
l'Ouest  et  en  Colombie  britannique,  des  houilles  crétacées 
qni  passent  pour  très  bonnes  ;  enfin  en  Australasie  les  char- 
bons crétacés  du  district  de  Westport  (Nouvelle-Zélande) 
sont  plus  appréciés  même  que  les  charbons  de  l'époqne 

(*)  M.  Piroulet  signale  cependant,  «uds  on  préciser  le  gisement, 
des  couchei  charbooneutei  dans  l'iarra-crâtacé  ;  nou»  ne  pensons  pu 
qu'elles  appartiennent  à  la  véritable  tormalion  houillère  lusceptilile 
d'utilisation  industrielle. 


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LBfi   GISBMBNTS   HOUILLBRB  423 

permo-houillère  de  NewcasUe  (Nouvelle-Gallea  du  Sud). 
D'ailleurs  la  (qualité  intrinsèque  des  échantillons  bien  purs 
du  charbon  calédonien  parait  être  parfaitement  bonne  ; 
les  différentes  analyses  publiées  y  indiquent  des  teneurs 
■en  matières  volatiles  variant  de  6  à  7  p.  100  jusqu'à 
36  et  37  p.  100. 

B.  —  D88CE1PTION  d'eSSEMBLB  DE  LA  FORMATION  H0UI1.I.ÈBE. 

Comme  l'ont  fait  connaître  les  différent»  auteurs  qui 
ont  écrit  sur  les  formations  houillères  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, celles-ci  succèdent  à  une  puissante  formation 
schisteuse,  décrite  par  M.  Gamier  comme  constituée 
par  des  schistes  feldspathiques,  et  que  M.  Heurteau  ca- 
ractérise tantôt  par  le  même  terme  de  schistes  feldspa- 
thiques qu'il  qualifie  en  outre  métamorphisës  (gisements  de 
la  Oumbéa),  et  tantêt  par  celui  de  schistes  argileux  et  mar- 
neux plus  ou  moinsaltérés  (gisements  deMoindou).  M.  Pela- 
tan  les  sépare  en  deux  groupes  :  le  plus  puissant  appartenant 
au  trias,  et  l'antre  au  jurassique  dans  lequel  il  distingue 
■Aes  schistes  ferrugineux  et  des  schistes  siliceux  en  pla- 
■<)uette6,  caractérisés  les  uns  et  les  autres  par  des  fossiles 
Kasïques.  Tous  ces  auteurs  s'accordent  pour  signaler  la 
présence,  en  relation  étroite  avec  ces  couches,  de  méla- 
phyres  et  de  tufs  mélaphyriques  antérieurs  aux  formations 
houillères,  ainsi  que  de  porphyres  qui  paraissent  bien  au 
contraire  leur  être  postérieurs.  En  feit,  partout  oii  nous  les 
avoua  observés,  les  gisements  houillers  reposent  en 
discordance  plus  ou  moins  nette  sur  les  schistes  feldspa- 
thiques en  gros  bancs  qui  paraissent  caractériser  le  trias 
néo-calédonien,  et  le  plus  souvent  on  peut  observer  entre 
«ette  formation  et  celle  des  terrains  houitlers  proprement 
■dits  des  couches  partiellement  schisteuses,  plus  ou  moins 
métamorpbisées  par  des  circonstances  locales  dont  les 
venues  de  roches  éruptives  sont  certainement  les  plus 


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424  RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA   NODVELLE-CALKDOSIB 

importantes;  ces  formations  correspondent,  comme  l'in- 
dique la  faune,  soit  au  lias,  soit  au  jurassique  supé- 
rieur ;  leurs  caractères  sont  assez  variables  en  raison 
de  ce  niétaniorphisme  plus  ou  moins  accentué  et  leur 
détermination  certaine  ne  peut  être  faite  qu'à  l'aide  des 
fossiles  là  oii  il  s'en  rencontre. 

Beaucoup  plus  nets  sont  au  contraireles  caractères  litho- 
logiques des  terrains  qui  contiennent  la  houille,  lesquels  sont 
d'âge  crétacé, comme  nousl'avons  dit  :  suivant  les  descrip- 
tions assez  roncoiilantcs  des  différents  auteurs  que  nous 
avons  eu  à  citer  déjà,  et  suivant  nos  propres  obser- 
vations, cette  formation  crétacée  comporte  générale- 
ment ;  à  la  base,  des  grès  grossiers,  passant  parfois 
am  poudingnes,  mais  dont  l'aspect  et  l'importance  n'ont 
rien  de  comniim  avec  ce  que  nous  connaissons  à  la  base 
de  nos  bassins  houillers  à  caractère  lacustre  du  Centre  de 
la  France  ;  puis  vient  une  puissante  formation  de  grès 
arénacés  à  ciment  feldspathique  et  à  coloration  vive, 
dans  lesquels  s'intercalent  d'une  part  quelques  couches 
d'argile  ™iacée  et  d'autre  part  des  bancs  de  schistes  ar- 
gileux à  grain  fin,  bien  lités  et  flssiles.  de  couleur  noire 
ou  gris  foncé,  souvent  micacés,  accompagnés,  presque 
partout  oii  nous  les  avons  vus,  de  couches  ou  de  filon- 
nets  charbonneux,  et  constituant  les  roches  encais- 
santes, toit  et  mur,  de  la  plupart  des  couches  de 
houille.  On  ne  trouve  qu'exceptionnellement  des  grès 
gris  ou  noirâtres  comme  il  s'en  rencontre  dans  beaucoup 
de  bassins  houillers. 

De  cette  formation,  la  partie  la  plus  puissante  est  cons- 
tituée par  les  grès  arénacés  dont  Je  faciès  se  montre, 
comme  nous  l'avons  dit,  très  constant  d'un  bout  à  l'autre 
de  la  formation  houillère  de  la  colonie;  tantôt  blancs,  plus 
souvent  teintés  do  jaune,  de  rose,  ou  même  de  lilas,  par 
l'efTet  de  l'oxydation  due  à  l'air  des  concrétions  ferru- 
gineuses qui  s'y  montrent  généralement  avec  abondance, 


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LES   0I3EMENTS  HODILLERS  425 

ils  forment  des  ligaes  de  collines  présentant  d'un  côté  une 
pente  plus  ou  moins  douce  suivant  les  bancK  et  de  l'autre 
un  escarpement  assez  raide  recoupant  ceux-ci.  Ces  es- 
carpements, toujours  dénutlés  en  raison  du  caractère  par- 
ticulièrement friable  de  cette  roche  à  ciment  feldspathique 
kaolinisé,  offrent  un  caractère,  et  surtout  une  coloration, 
tout  à  fait  particuliers  qui  permettent  de  los  distinguer 
de  loin  au  milieu  du  reste  du  paysage  très  verdoyant. 
Cela  est  si  marqué  que  celui  qui,  parcourant  la  colonie, 
relève  de  distance  en  distance  sur  les  sommets  qu'il  ren- 
contre, peut  assez  exactement  reconnaître  de  loin  les 
répons  oii  il  y  aura  lieu  de  rechercher  le  charbon,  et 
même  tracer  sur  une  carte  géologique  l'étendue  du  ter- 
rain houillor.  C'est  là  une  observation  que  nous  avons  ré- 
pétée bien  souvent  entre  Koumac  et  Nouméa,  et  qui  ne 
nous  a  jamais  trompé,  croj'ons-nous,  car  nous  avons  été  & 
même  d'en  vérifier  bien  souvent  l'exactitude. 

Ces  grès  sont  caractérisés  par  la  présence  de  quelques 
fossiles  mal  conservés  parmi  lesquels  dominent  des  moules 
de  Cardittm  qui  doivent  les  faire  rapporter,  tout  comme  tes 
schistes  houillers  et  la  houille,  au  crétacé  supérieur. 

En  quelques  points  cependant,  ces  grès  changent  de 
caractère  ;  c'est  ce  que  nous  avons  obsené  avec  netteté 
au  contact  immédiat  de  la  serpentine  dans  la  partie  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Dumbéa,  ainsi  que  nous  l'indi- 
querons en  détail  à  propos  de  ce  bassin. 

Au  milieu  de  ces  couches  sont  intercalés  soit  des  fllets, 
soit  des  couches  de  charbons  qui  doivent  être  qualifiés 
houille  dans  l'ensemble;  les  échantillons  que  nous  avons 
recueillis  se  classent  tantôt  dans  les  houilles  maigres, 
tantôt  dans  les  demi-grasses  et  tantôt  dans  les  houilles 
grasses  passant  presque  au  lignite;  ils  ont  tous  l'aspect 
brillant,  la  cassure  prismatique,  et  la  coloration  d'un  noir 
franc   des   véritables  houOles.  Cependant,  en  plusieurs 


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'436  RICHB6SBE   HOtBRALBS  DE  LA   MODVSLLE-CALËDOÏIIB 

points,  le  charbon  eat  très  pauvre  en  matières  volalilH 
et  9«  range,  ou  à  peu  près,  dans  les  anthracites;  c'est  le 
Ras  d'une  partie  des  gisementa  du  Moat-Dore,  de  cem 
des  Bruyères  (Col  de  Tongoué),  d'Yahoué,  et  de  Ko*, 
d'une  partie  de  ceux  de  Moindou  (Couche  Levai],  dei 
affleurements  de  Voh,  etc. 

Bien  qu'il  soit  fréquent  que  dans  un  même  baBsin  les  ifif- 
féreute»  couches  superposées  contiennent  des  proportioni 
■très  variables  de  matières  volatiles  et  fournissent  toutM 
les  sortes  de  charbon  depuis  ceux  qui  sont  anthraciteox 
Jusqu'aux  plus  gazeux,  on  peut  se  demander  s'il  en  est 
biwi  de  même  en  Nouvelle-Calédonie,  surtout  dam 
■des  bassins  aussi  étroits  que  ceux  qui  s'y  rencœitreat 
et  dont  les  couches  sont  aussi  évidemment  toutes  du 
même  &ge,  et  s'il  ne  faut  pas  plutôt  attribuer  la  pan- 
'vreté  en  matières  volatiles  de  certaines  ctHiches,  ou  ife 
certaines  parties  de  couches,  qui  se  trouvent  être  pr^ 
sèment  toujours  très  voisines  de  massifs  de  roches  érup- 
tives  plus  récentes,  à  l'influence  de  celles-ci,  de  même 
que  l'on  connaît  plus  d'un  exemple  de  couches  de  houîBi 
traversées  par  des  basaltes  et  transformées  en  anthra- 
cite au  voisinage  de  ceux-ci. 

Notons  enfln  qu'inversement  tes  charbons  de  ht  mon- 
tagne de  Moméa  se  classent  k  la  limite  des  ligoites  ei 
des  houilles  sèches. 


C.  —   KXTENSION  DE  LA  FORMATION  HOUlLLÈtlB. 

L'extension  exacte  de  la  formation  houillère  ne  pent 
pas  encore  être  considérée  comme  bien  déterminée,  et 
nous  n'avons  pas  eu  le  loisir  de  nous  attacher  à  en  fiiar 
les  limites,  bien  que  l'aspect  des  grès  arénacés  qœ 
accompagnent  toujours  le  charbon  doive  beaucoup  fsci- 
Jiter  cette  détermination,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué- 


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LES   GISEMENTS   H001LLER8  437 

Si  Ton  consulte  la  carte  géologique  de  M.  Pelatan,  on  y 
Toit,  figuré  approximatiTement  par  une  même  teinte 
^brane('),  l'ensemble  des  formations  jurassiques  et  cr4ta- 
«ées,  qui,  d'tme  part,  ne  sont  pas  toujours  aisées  à  dis- 
-tingner  avec  précision  des  schistes  liasiques  sous-jacents, 
-«t  qni,  d'autre  part,  comprennent  non  seulement  des 
lambeaux,  généralement  restreints,  de  lias  et  de  juras- 
sique supérieur  stériles,  mais  encore  d'importantes  masses 
-éruptives.  Si  l'on  voulait  donc,  par  l'inspection  de  cette 
■carte,  se  faire  une  idée  de  l'étendue  des  formations  dans 
lesquelles  on  a  rencontré,  ou  peut  espérer  rencontrer,  le 
-charbon,  on  s'exagérerait  l'importance  des  richesses  qui 
peuvent  exister  dans  le  sol  de  la  colonie,  et  cela  d'autant 
plus  que  les  assises  contenant  le  charbon  sont  les  plus 
récentes  des  assises  sédimentaires  et  ne  peuvent  donc  pas 
-se  prolonger  sous  d'autresterrainsquîle9recouvriraient{"). 
Nous  ne  pensons  pas  d'autre  part,  encore  que  la  chose  soit 
théoriquement  possible,  qu'il  faille  espérer  que  les  couches 
-de  houille  se  prolongent  d'une  façon  sérieuse  sous  les 
massif  de  serpentine  qui,  en  bien  des  points,  viennent  se 
j>oser  sur  le  sédîmentaîre,  et  surtout  qu'il  puisse  exister 
-au-dessous  de  ces  massifs  des  réserves  pratiquement 
-exploitables. 

Nous  ne  saurions  donc  accepter  l'évaluation  de  M.  Pela- 
tan, qui  estime  à  plus  de  1.200  kilomètres  carrés  l'éten- 
due de  la  formation  houillère  calédonienne.  Nous  rappel- 
lerons d'ailleurs  qu'il  ne  faut  pas  nécessairement  une 
"telle  étendue  de  terrains  houillers  réellement  riches  en 
charbon  pour  constituer  un  important  bassin,  susceptible 
■de  fournir  une  production  considérable  :  le  seul  bassin 

(*)  Noua  avoa*  reproduit  cm  indicaliuns  sur  la  fig.  a  de  ts  PI.  I. 
[*')  Nom  écartuni  ici  implicitement  l'hypotLéie  de  rcnvereemeiits 
■complets  des  couches  ou  de  charriages,  circonslaDïes  qai  pourraient 
HO*  doute  ae  présenter  dans  un  pa7«  acciitenté  comme  l'est  la  Nou- 
vetle-Calédonie,  maïs  qui  ne  semblent  cepemlanl  pas  jouer  dans  sa 
<t»toiiique  un  rôle  important. 


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42S   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   MODVELLB-CALÊDONIE 

houiller  de  la  Loire,  avec  sa  superficie  de  500  kiiomëtrei 
carrés,  a  bien  déjà  produit  près  de  200  millions  de  tonna 
de  houille  et  en  produira  sans  doute  encore  pendaol 
de  longues  années  près  de  4  millions  par  an.  Mais  les 
terrains  houillers  de  la  Nouvelle-Calédonie  sont-ils  réelle- 
ment riches?  Telle  est  la  question  que  nous  avons  àesa- 
miner. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  terrains  crétacés  dans  lesquels  se 
rencontre  la  houille  s'étendent  le  long  de  la  cûte  Ouest 
depuis  le  Mont-Dore  jusqu'au  pied  du  mont  Kaala.soit  sur 
290  kilomètres  de  longueur  à  peu  près  ;  ils  se  prolonge- 
raient même,  suivant  M.  Garnier,  jusque  dans  la  vallée 
du  Diahot,  mais  personne,  à  notre  connaissance,  n'acoD- 
fimié  l'indication,  d'ailleurs  très  vague,  de  M.  Garnier,  et 
nous  pensons  qu'elle  doit  être  tenue  pour  erronée.  I*s 
assises  de  cotte  formation  crétacée  ont  une  direction 
générale  S.  E.-N.  0,  et  paraissent  avoir  un  pendage  pré- 
dominant vers  le  N.  E.  Bien  que,  comme  nous  l'avons  dit, 
le  groupe  des  terrains  jurassiques  et  crétacés  que  nous 
avons  représentés  ensemble  sur  la  p.g.  2  de  la  PI.  1, 
représente  plus  que  l'ensemUe  des  terrains  houillers,  les 
grés  arénacés,  qui  sont  partout  caractéristiques  deVétsge 
à  charbon,  se  montrent  en  un  grand  nombre  de  points  de 
la  longue  bande  que  nous  avons  figurée  ;  nous  les 
avons  observés  personnellement  à  Koumac,  à  Voh,  i 
Pouembout,  en  arrière  de  Poya,  à  Moindou,  à  La  Foa,  i 
Tomo,  à  Paita,  dans  le  bassin  do  la  Dumbéa,  et  au  Mont- 
Dore.  Enfin  le  charbon  lui-même  a  été  signalé,  dans  des 
conditions  qui  ne  nous  paraissent  pas  appeler  le  doute, 
aux  difi'érents  points  suivaiits  ;  à  Voh,  au  pied  du  mont 
Katepoiuda,  à  Moméa,  à  Moindou,  à  La  Foa,  à  la  Ouenghi 
à  Saint-Vincent,  à  Païta,  à  la  Nondoué,  k  la  Dumbéa,  » 
Nouméa,  à  Saint-Louis,  au  Mont-Dore  et  à  l1lol  N'dé. 
Nous  en  avons  nous-mème  constaté  la  présence  dans 
la  plupart  de  ces  jmints. 


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LES   GISEMENTS   HOOILLERS  429 

Nous  avons  reporté  les  diverses  indications  que  nous  pos- 
sédons k  ce  sujet  sur  la  carte  minière  ci-jointe  de  la  colonie 
{fig.  2  de  la  PI.  I);  nous  y  avons  tout  d'abord  reproduit  les 
indications  (légèrement  corrigées  grâce  à  nos  obser^'ations 
personnelles)  de  la  carte  géologique  de  M.  Pelatan  rela- 
tivement k  l'extension  des  terrains  jurassique  et  crétacé; 
nous  y  avons  en  outre  indiqué  les  différents  points  où 
l'on  a  constaté  l'existence  du  charbon  ;  enfin  nous  y  avons 
reporté  l'ensemble  des  étendues  couvertes  par  des  con- 
cessions, des  demandes  de  concessions,  ou  des  périmètres 
de  recherches  pour  houille  (')  ;  nous  rappelons  d'aillenrsque 
l'existence  de  ces  différentes  concessions,  demandes,  ou 
périmètres,  ne  peut  constituer  qu'une  présomption  de  la 
présence  d'affleurements  de  combustible  minéral  surtout 
ou  partie  de  ces  étendues,  et  non  pas  du  tout  une  preuve 
de  son  existence,  et  qu'inversement  quelques  gisements 
découverts,  et  même  partiellement  explorés  naguère,  ne 
sont  plus  compris  aujourd'hui  dans  de  tels  périmètres. 

D.  —  Historique  des  oisbmbnts  houillers 
DE  Nouvelle-Calédonie. 

Avant  de  donner  des  indications  de  détail  sur  les  diffé- 
rents gisements  houillers,  nous  indiquerons  encore  som- 
mairement l'historique  de  la  découverte  et  de  la  recherche 
du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie. 

Dès  avant  l'occupation  de  la  Nouvelle-Calédonie  par  la 
France,  le  Père  Montrouzier,  l'un  des  missionnaires  qui 
s'y  sont  succédé  à  partirdel843,  déclarait  avoir  trouvék 

:  13  conceaiioDi  de  miaes  de  houillo 

i           portant  sur S.BS7  hectares 

1  S  demandes    de    conceisioni    de 

(•)  Il  exiftait  I  mine»  de  bouille  portant  sur.  3.781 

ha  30  Juin  1902  \  9  périmètres    de    recherches    de 

f          houille  portant  sur S0.S9S 

\                    Soit  UD  total  de SI. 536  hectarei 


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430   RICHESSES   lUKÈKAlJU  I>B  LA  NODVELLE-CALéDONlE 

Koumac  »  ane  mine  de  cuivre,  des  traces  de  fer  et  de- 
charboo,  et  une  source  minéntle  ».  L  mdîcatioQ  relatiTe 
au  cbai'boa  se  rapporte  vraisemblablemeot  au  laassif  de- 
grès  houiller  dont  nous  avons  constaté  l'existeoce  an 
pieil  du  mont  Kaala  à  12  kilomètres  de  Koumac;  qous^ 
n'avons  pas  conauissanceque  personne,  depuis  le  Père  Mon- 
trouzier,  y  ait  signalé  la  présence  du  ctiarbon. 

La  houille  ne  devait  d'ailleurs  pas  tarder  à  être  recoa- 
nue  avec  beaucoup  plus  de  certitude  dans  la  baiede  Bou- 
lari,  au  voisinage  immédiat  de  Noiiméa,  où  un  affleure- 
ment apparaît  sous  la  forme  d'une  baudc  noire  à  mi-liauteBr 
de  l'escarpement  rocheux  que  forme  auprès  de  la  côte 
l'ilot  N'dé,  appelé  depuis  «  Ilot  au  charbon  ».  Un  premier 
essai  d'utilisation  pratique  de  ce  combustible  eut  lieu 
peu  de  temps  après  :  l'aviso  de  l'Ëtat  le  Prony  embarqua 
un  peu  plus  de  2  tonnes  de  charbon  abattu  siu-  l'affleure- 
meut  de  cet  ilôt  et  fit  de  ce  combustitito,  é>îderaiDeot 
altéré  par  une  longue  exposition  à  l'air,  un  usage  euffl- 
sarament  utile  pour  que  le  fait  ait  été  signalé  au  ministre 
de  la  Marine  afin  d'appeler  son  attention  sur  l'existence 
dans  la  colonie  d'une  richesse  peut-être  utilisable. 

Ces  affleurements  ne  furent  pas  d'ailleurs  sans  tooter,- 
au  moins  momentanément,  quelque  chercheur,  puisqu'on 
1858  une  concession  de  5(X)  hectares  fut  instituée  sur  les 
gisements  du  Mont-Dore  ;  mais,  en  1862,  la  déchéance  du 
roncessionnaire  fut  prononce  par  arrêté  du  gouverawjTr 
en  raison  de  l'insuffîsance  manifeste  et  de  l'abandon  des 
travaux. 

Ce  n'est  qu'en  1863-65  qu'une  première  étude  sommaire' 
des  gisements  houillers  alors  connus  dans  la  colonie  fut 
faite  par  M.  Gamîer  ;  cet  ingénieur  examina  successive- 
ment les  gisements  du  Mont-Dore  et  de  la  baie  de  Boulari, 
ceux  de  Koé  etdu  bassin  de  la  Durabéa,  et  ceuide  Moinfloar 
il  mentionna  en  outre  la  prolongati<m  du  bassin  houiller  de 
Nouméa  jusqu'à  Saint- Vincent,  signala  la  réapparition  du.   1 


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LBS  SiSEHIiNTS    H0UIU.KB8  43^ 

cbarboa  dann  la  valiez  de  la  Oiie^bi  et  in(lii)na  eafio  son 
existence  dans  la  vallée  du  Diahot;  cette  dernière  obe^-va- 
UoQ  paraît,  comme  aous  l'avons  dit,  fort  sujette  à  caution. 
Uo  seul  des  giswnents  a  été  décrit  par  lui  avec  quelques- 
détails,  c'est  le  ^sèment  d'anthracite  du  Karigou,  sur 
lequel  il  Ht  pratiquer  quelques  travaux,  fort  restreints 
d'ailleurs,  et  dont  il  signala  l'irrégularité  en  même  temps 
que  rimpureté  du  charbon.  La  conclusion  de  cette  pre- 
mière étude  fut  nettement  défavorable,  du  moins  en  ce 
qui  concerne  l'ensemble  des  gisements  situés  entre  le 
Mont-Dore  et  Suint-Vincent  ;  ••  la  conséquence  fatale  de 
ces  faits,  disait  M.  Garnier(*),  est  que  l'on  doit  actuelle- 
ment abandonner  en  Nouvel le-Ca]é<lonie  l'espoir  de  ren- 
contrer une  houille  exploitable». 

C'était  généraliser,  peut-être  bien  b&tivement,  les  con- 
clusions tirées  de  travaux  fort  restreints  poursuivis  sur 
im  seul  aftleorement,  qui  était,  il  est  vrai,  ceJui  d'entre 
les  affleurements  de  la  région  de  Koéqui  avait  paru  avoir 
la  plus  belle  «{carence. 

Aussi,  dix  ans  après,  M.  Heurteau,  envoyé  en  mission  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies,  pour  étudier 
les  richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie,  ne  s'en 
tint-i]  pas  à  ce  jugement  sommaire,  et  ne  manqua-t-il  pas 
d'examiner  avec  une  attention  particulière  les  gisements 
houillers  alors  connus  (baie  de  Boulari,  vallée  de  la  Ouoi- 
béa,  et  Moindon),  et  même  de  faire  faire  quelques  travaux 
de  reciHinaîssance  sur  no  groupe  nouveau  que  l'on  venait 
de  découvrir  près  de  Moindou. 

Le  résultat  de  ses  observations  et  de  ses  recherches 
est  consigné  dans  son  rapport,  que  nous  avons  déjà  eu 
l'occasion  de  citer  si  souvent,  et  qu'il  termineainai("). 

M  Nous  estimons  donc  en  réuimé  ;  en  premier  lieu,  que 


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43S   RICHESSES  UINÉRALES   DE   LA  NOtJVELLE-CALÉDONIE 

la  possibilité  d'exploiter  les  gisements  de  charbon  en 
Nouvelle-Calédonie,  et  particulièrement  sur  le  territoire 
d'Ouarail  {région  de  Moindou) ,  est  subordonnée  aux 
résultats  de  travaux  de  recherches  à  entreprendre  snr 
les  points  que  nous  avons  dési|^nés,  résultats  que  rien  ne 
permet  actuellement  de  prévoir  ;  en  second  lien,  qu'en 
supposant  les  circonstances  les  plus  favorables,  l'exploi- 
tation du  charbon  en  Nouvelle-Calédonie  serait  une  entre- 
prise des  plus  aléatoires.  La  Nouvelle-Calédonie  contient 
des  gisements  de  charbon  étendus,  c'est  un  fait  acquis. 
Mais,  en  admettant  que  ces  gisements  soient  de  bonne  qua- 
lité, et  assez  réguliers  pour  donner  lieu  à  une  exploitation 
entreprise  dans  des  conditions  favorables,  ce  que  nons 
ignorons  encore,  on  doit  les  considérer  comme  une 
réserve  pour  l'avenir  plutôt  qne  comme  devant  faire 
l'objet  d'une  exploitation  immédiate.  >■ 

Si  nons  tenons  à  citer  tout  au  long  ces  conclusions  c'est  que, 
bien  que  vingt-sept  ans  se  soient  écoulés  entre  le  moraeni 
ob  M.  Heurtean  a  visité  les  gisements  houillers  de  notre 
colonie  et  celui  oii  nous  les  avons  examinés  nous-mème, 
nous  sommes  amené  presque  exactement  aux  mêmes  con- 
clusions que  M.  Heurtean,  et  que  les  questions  à  la  solution 
desquelles  il  sHbordoniiait  son  avis  n'ont  pas  été  depuis 
lors  suffisamment  éclaircies  pour  nous  permettre  d'être 
plus  catégorique  que  lui  daiis  nos  afflrmations. 

En  dehors  de  ces  études  d'ensemble,  différents  travaux 
de  recherches,  consistant  surtout  en  rexécution  de  tran- 
chées, de  galeries,  et  même  de  petits  puits,  ont  été  poussés 
depuis  lors,  d'une  façon  fort  peu  méthodique  d'ailleurs,  sur 
différents  gisements,  tout  autour  de  la  baiedeBonlari,  dans 
la  vallée  de  la  Dumbéa,  à  Paita,  à  Moindou,  et  même  à 
Voh  ;  si  bien  que,  lorsqu'on  1885,  1886,  et  1887,  la  com- 
mission instituée  par  le  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  en  vue  «  d'étudier  et  de  formuler  un  a^is  sur  la 
valeur  des  gisements    houillers   signalés    sur  plusieurs 


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LES   OI8EMESTS   HODILLERS  433 

points  de  la  colonie  »,  voulut  remplir  sa  mission,  elle  eut  It 
visiter  an  assez  grand  nombre  de  recherches  :  le  recneï! 
des  travaux  de  cette  commission  jusqu'au  début  de 
1887  (*)  ne  mentionne  pas  moins  de  15  concessions  on 
gisements  différents,  sur  lesquels  quelques  fouilles  étaient 
ouvertes  ;  les  études  de  la  commisaion,  qui  prescrivit 
'd'ailleurs  des  travaux  d'exploration  complémentaires  sur 
quelques  gisements,  n'ont  abouti  à  aucune  conclusion 
bien  nette  et  n'ont  guère  jeté  de  lumière  sur  la  question 
^ans  son  ensemble.  Quelques  recherches  Curent,  en  suite 
de  ses  avis,  poursuivies  en  différents  points  ;  quelques  son- 
dages furent  même  exécutés  h  l'aide  d'une  sonde  au  dia- 
mant dont  le  gouvernement  avait  fait  l'acquisition  à  la  fin 
■de  18R9,  mais  cet  appareil  a  cessé  de  fonctionner  au  bout 
de  peu  de  temps  sans  avoir  fourni  aucune  indication  utile; 
les  recherches  furent  alors  reportées  sur  les  gisements 
de  la  Nondoué,  récemment  découverts. 

Entre  temps,  M.  Porte,  pharmacien  de  la  Marine,  qui 
s'était  déjà  activement  occupé  de  la  question  de  la  houille 
pendant  un  premierséjour  dans  la  colonie,  y  fut  renvoyé  par 
M.  le  ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  à  la  Un  de  1887 
pour  continuer,  conformément  au  vœu  du  gouverneur  et 
du  Conseil  général  de  la  colonie,  l'exploration  des  gise- 
ments houillers  dans  toute  l'étendue  de  la  colonie.  Les 
résultats  de  ses  études  furent  consignés  'dans  un  rapport 
au  Ministre  en  date  du  28  février  1889,  et  ils  furent  résu- 
més dans  une  brochure  publiée  plus  tard  ("). 

En  1892,  M.  Pelatan  consacrait,  dans  son  étude  sur  les 

mines  de  la  Nouvelle-Calédonie,  un   assez  long  chapitre 

.  anx  gisements  houillers,  surtout  à  ceux  du    bassin  de 


(*)  Brochure  aulograpbiée  aux  presses  autographiqucB  de  l'Adminii- 
tration  pénitentiaire  à  Monirarel  (1331). 

(")  Notmelitt  rechtrchu  iur  les  giitmtnli  houilleit  d»  ta  NomtlU- 
càudonU,  par  M.  A.  PoKTK,  pharmacien  principal  de  la  Marine.  Nou- 
méa, 30  Juin  i890.  Imprimerie  Nouméenne. 


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1 


434    RICHESSES    MINÉRALES    DE    LA    NOi;VELLB-CALÉDONtE 

Nouméa,  et  il  aboutissait  à  la  conclusion  suivante  (*)  :  «  En 
résumé  :  bassins  carbonifères  étendus,  affleurements  nom- 
breux, combusti))les  de  bonne  qualité,  conditions  <I'ex- 
ploitation  économiquement  possibles,  tout  coucourt  poar 
faire  augurer  favorablement  de  l'avenir  des  charbons  néo- 
calédoniens...  ■> 

Les  recherches  esémtées  par  les  soins  de  l'AiliDinis- 
tration  sous  le  contrôle  do  la  commission  des  recherches 
houillères  se  poursuivirent,  non  sans  quelques  intemijH 
lions,  et  le  plus  souvent  avec  peu  d'activité,  jusqu'au 
début  de  181M).  Concentrées  dès  la  fin  de  1890  sur  les 
gisements  de  la  Nondoné,  elles  y  avaient  pris  un  petit 
développement  et  avaient  déjà  abouti  à  l'extraction  d'une 
certaine  quantité  de  charbon,  lorsque  l'ordre,  venu  du 
Ministère  des  Colonies,  de  retirer  les  condamnés  qoi 
étaient  emidoyés  à  ces  travaux,  on  amena  la  brusque 
înterru[)tion  au  mois  de  février  1896. 

Ce  n'est  qu'à  latin  de  1901  et  au  début  de  19<.t3 qu'une 
nouvelle  tentative  fut  faite  pour  assurer  lamise  en  valeur 
des  gisements  houiilers  de  la  colonie,  et  en  particulier  de 
ceux  de  la  Nondoué,  en  s'adressaut  résolument  cette  fois 
k  l'initiative  de  particuliers.  Cest  ce  qui  a  conduit,  à  la 
Un  de  juin  et  au  début  de  Juillet  1902,  à  pi-océder  au  dë- 
blayage  de  quelques-unes  des  anciennes  recherches  et  au 
liébroussage  dos  chemins  d'accès,  nous  permettant,  lors 
de  notre  deuxième  visite  sur  les  lieux  faite  quelques  jours 
avant  de  nous  réembarquer,  d'examiner  avec  plus  de  profil 
les  nombreux  affleurements  de  la  région.  D'après  ce  qui 
nous  a  été  dit  depuis  notre  l'ctour  en  France,  quelques 
travaux  auraient  encore  été  effectués  après  notre  départ 
et  d'autres  devraient  l'ôtre  à  bref  délai.  Nwis  ne  iKmvons 
que  souhaiter  qu'ils  soient  ]ioursHivis  avec  une  réelle  acti- 
vité et  avec  méthode. 

(•)  Loc.  cit..  p.  84. 


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CHAPITRE  II. 
DESCRIPnON  DES  DIFFÉRENTS  BASSINS. 


Les  gisements  hotiillers  de  ta  Nouvelle-Calédonie  sont 
partagés  en  plusieurs  bassins  différents  ;  ce  sont  (voir  la 
^j.  3  de  la  PI.  I): 

1*  Le  bassia  de  Nonméa,  qui  s'étend  du  MonUDore  à 
Saint-Vincent  ; 

2°  Le  bassin  do  Moindou,  qui  s'étend  de  la  Onenghj 
jusqu'au-delà  de  Moindou; 

3'  Le  bassin  de  Poya,  qui  s'étend  depuis  le  cap  Goul- 
vain  jusqu'en  arrière  de  Pouemboiit; 

4'  Une  série  de  petits  bassins  isolés,  à  savoir  les  bas- 
sins de  Muéo,  de  Pouembout,  de  Koué,  de  Voh,  de 
Gatope  et  de  Koumac,  parmi  lesquels  celui  de  Voh  pré- 
sente seul  une  étendue  notable. 

A.  — Bassin  de  Nouuéa. 

Ce  bassin,  bien  que  n'étant  peut  être  pas  le  plus  étendu  de 
la  colonie,  est  celui  qui  a  appelé  le  plus  tAt  l'attention 
et  qui  la  retient  encore  aujourd'hui  le  plus  sérieusement: 
son  faible  éloignement  de  Nouméa,  en  même  temps  que  la 
proximité  dans  laquelle  les  affleurements  houillers  4e 
trouvent  de  la  cdte,  l'ont  fait,  sinon  découvrir,  du  moins 
examiner,  le  premier,  et  la  distance  restreinte  sur  la- 
quelle les  combustibles  en  provenant  auraient  dû  être 
transportés  pour  parvenir  au  point  principal  d'utilisation 
a  longtemps  fait  songer  à  la  mise  en  exploitation  de  ce 
bassin,  de  préférence  à  tons  autres;  enfin,  tout  récem* 


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436    RICHESSES    MINERALES    DE    LA    NOOrBLLE-CALEDOSlE 

ment,  le  début  des  travaux  de  la  voie  ferrée  de  Nouméa 
à  Bourail,  dont  la  première  section  doit  parreDÎrà  bref  délai 
jusqu'aux  points  vraisemblaUenient  les  plus  riches  de  ce 
bassin,  a  appelé  l'attention  sur  lui  d'une  façon  toute  spé- 
ciale, autant  en  raison  du  client  éventuel  que  le  chemin  de 
fer  constitue  pour  les  combustibles  à  en  extraire  que  du 
moyen  de  transport  qu'il  doit  olTrir  à  ces  mêmes  produits. 

Ce  bassin  constitue  l'étage,  supérieur  du  liséré  de 
terrains  eédimentaires  qui  se  prolonge  de  Toiuo  au  Moot 
Dore,  le  long  de  la  cAte  Ouest,  entre  la  mer  et  le  puis- 
santJuassifsffl^Butineux  du  Sud  de  l'Ile.  Ces  sédiments  com- 
prennent à  la  base,  c'est-k-dire  le  long  de  la  côte,  toute 
ujie  série  triaaique  et  môme  liasique  aseez  variée  associée 
à  des  mélaphyres  et  tufs  mélaphyriques,  et,  à  la  partie 
supérieure,  un  lambeau  crétacé  ;  ce  lambeau  présente  une 
certaine  largeur  dans  la  plaine  de  Saint- Vincent,  et  il  se 
tei-Tuine  vers  te  Sud-Estpar  deux  pointes,  l'une  venant  se 
coincer  contre  le  massif  serpentineux  du  Mont  Dch%,  et 
ï'autre  s'allongeant  dans  la  presqu'île  de  Nouméa.  Ob 
connaît  dans  ces  deux  pointes,  d'une  part  les  gisements 
«le  la  baie  de  Boulari,  et  d'autre  part  ceux  des  Portes-de- 
Fer  près  de  Nouméa  et  d'Yahoué,  tandis  que  dans  la  partie 
un  peu  plus  large  du  bassin  se  développent  les  formations 
il  charbon  du  groupe  de  la  Dumbéa,  de  Païta,  et  de  Saint- 
Vincent. 

Au  sujet  des  caractères  géologiques  généraux  de  ce 
bassin  nous  n'avons  rien  h  ajouter  k  ce  que  nous  avons 
dit  en  général  des  terrains  honiUers  de  la  colonie  ;  ne  scmt 
d'ailleurs  les  observations  faites  sur  oe  basein,  qui  est  le 
mieux  connu  de  tous,  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  con- 
naissance de  res  teiTaiuB,  et  il  ne  noua  reste  qu'à  donner 
les  indications  de  'létail  qui  suivent  sur  tes  différenV 
gisements  recenros. 

'  i*  •Gisements  de  la  baie  de  So»lan.  —  lie'tea-rainhmâl- 


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IJ»  QUEMBNTS   HODILLKaa  437 

1-r,  dont  une  bande  étroite  entoure  complètement  1&.  baie 
de  Boulari,  daane  lieu  en  différents  endroits  m  de» 
falaises  ou  à  des  escarpements  gréaeux  le  long  des^ekt 
on  voit  affleurer  le  charbon  ;  tel  est  le  cas,  d'aluwd  en 
qudques  points  de  la  roule  de  Nouméa  à  la  Coulée  f^ià 
longe  le  rivage  de  la  baie,  puïe  leloug  de  la  rive  orientale 
de  la  baie  de  Morari  et  au  pied  du  Meut  Dore,  et  endn 
à  l'îlot  N'dé  situé  également  au.  pied,  de  ce  massif. 

11  n'a  pas  été  institué  sur  cet  enseoable  de  giaernents 
moins  de  6  concessions,  dont  ({uelques-aiies  ont  d'ailleur» 
été  abandonnées;  ce  sont  :  au  fond  de  la  baie  de  Boulari, 
les  coacessions  Angelo  et  Treizième  ;  sur  le  rivage  oriental 
de  la  baie  do  Morari,  les  concessions  BuUi,  République  et 
Alpha;  et  enfin,  à  l'Ilot  N'dé,  la  coaceasion  HuIXa.  Les 
travaux  faits  autrefois  sur  quatre  de  ces  concessions  ont 
été  décrits  eu  détail  dans  un  rapport  de  la  commission 
des  recherches  houillères  du  15  octobre  188&,  il»  a'out 
été  développés  depuis,  à  notre  connaissance,  que  dans  la 
concession  Bulli.  Dans  cette  dernière  quelques  travaux  sont 
relativement  récents  (1888-90),  et  nous  avou»  pu  ea  exa- 
miner personnelle  meut  les  restes. 

De  l'ensemble  des  indications  que  nous  avons  recHeilliea, 
il  résulte  que  la  formation  boiûUèFe  est  ici  disloquée  eo 
une  série  de  lambeaux  d'allure  discordante  :  à  la  Répu- 
blique, tes  couches  plongent  vers  l'Ouest,  â  l'Angelo  et  à 
BuÛi  vers  le  Sud,  et  à  l'ilot  N'dé  vers  le  Nord  ;  la  série 
assez  complète  de  couches  sédimentaires  plus  ancienues 
qui  repose  sur  le  granité  du  fond  de  la  vallée  de  la  Cou- 
lée, et  qui  se  trouve  au  mur  du  terrain  houiller,  accuse 
les  mêmes  dislocations,  montrant  ici  un  pendage  raide 
vers  le  Sud  et  là,  à  quelques  centaines  de  mètres  plus 
loin,  (les  couches  sensiblement  horizontales. 

On  n'est  donc  là  qu'en  présence  de  lambeaux  éparsde 
la  formation  houillère  subsistant  à  la  suite  d'accidents 
orogéniques  sans  doute  importants  ;  et,  à  défaut  de  plus 


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438  RICHESSES  MINERALES  DE  LA  NOUVELLE-CALEDONIE 
amples  constatations  sur  la  continuité  des  couches  de 
combustible  elles-mêmes,  on  peut  hardiment  déclarer  que 
ce  n'est  pas  là  qu'il  y  a  à  espérer  créer  une  exploitalioii 
de  quelque  importance.  C'est  d'ailleurs  la  conclusion  i 
laquelle  la  commission  des  recherches  houillères  était 
arrivée  dès  1885,  puisqu'elle  déclarait  : 

1'  Que  le  terrain  carbonifère  qui  s'étend  au  pied  Jo 
grand  massif  serpentineux  du  Mont  Dore  n'est  qu'un 
étroit  bourrelet  suivant  le  rivage  de  la  mer; 

2°  Que  les  couches  de  charbon  trouvées,  au  nombre  it 
trois,  ont  pratiquement  peu  d'étendue  ; 

3"  Que,  raème  si  elles  avaient  de  l'étendue,  les  couches 
observées  seraient  inexploitables,  à  moins  de  grandesamé- 
liorations  en  profondeur. 

La  commission  ajoutait  qu'en  résumé  le  lambeau  de 
terrain  carbonifère  du  Mont  Dore  n'offre  aucun  intérêt  an 
point  de  vue  de  l'industrie  houillère. 

Les  caractères  que  présente  cette  formation  sont  les 
suivants  : 

Les  terrains  encaissants  sont  constitués  esaentiellD- 
ment  par  des  grès  arénacés  généralement  assez  ferrugi- 
neux, à  coloration  jaune  orange  foncée,  mais  dont  quelques 
bancs  sont  bleutés  ;  ils  reposent  sur  les  assises  assez  peu 
développées  des  schistes  triasiques  nettement  métamor- 
phiques, lesquels  s'appuient  k  leur  tour  avec  un  pendage 
très  raide  sur  le  massif  granitique,  très  restreint  d'ail- 
leurs, de  la  Coulée. 

Dans  ces  grès  sont  interstratifiés  quelques  horizons  de 
schistes  noirs  ferrugineux  avec  couches  de  charbon  :  le 
nombre  des  couches  différentes  qui  existent  dans  cette 
région  ne  peut  être  fixé  exactement  en  raison  de  l'incobé- 
reuco  des  différents  gisements  examinés  ;  la  commission 
dos  recherches  houillères  a  cru  iK>uvoir  en  compter  trois 
distinrtos.  Ce  qui  nous  parait  établi,  c'est  qu'il  existe  au 
moins,  d'une  part,  une  couche  assez  puissante  que  l'on 


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440  RICHESSES   HIXÉRALBS  I>B  LA  NOUVKLLE-CALÉDONIE 

particulièrement  brouUlé  et  xale  ;  on  a  cependant  extrait 
de  la  mine  Treizième  des  échantillons  antbraciteux  %  10 
et  12  p.  100  de  cendres. 

Enfin,  dans  la  roocession  BuUi,  on  aurait,  d'après 
M.  Porte  {•),  trouvé,  à  la  fin  de  i888,  à  12  mètres  de 
profondeur,  une  couclie  de  6  mètres  de  puissance,  donnant 
du  charbon  dont  les  essais  et  analyses  ont  été  <<  trè» 
concluants  et  favorables  ».  Ce  charbon  aurait  été  soumi.'t 
avec  succès  à  un  essai  de  consommation  industrielle  à  bord 
du  paquebot  Océanien  des  Messageries  Maritimes.  Trois 
analyses  citées  par  M.  Porte,  indiquant  des  teneurs  en 
matières  volatiles  très  discordantes  (32  p.  100, 12  p.  100. 
et  R,5p.l00),  laissent  le  doute  le  pluscomplotsurlanature 
de  ce  charbon.  Une  recherche  poursuivie  en  1890  par  son- 
dage à  une  distance  de  150  mètret  vers  l'aval-pendage 
do  celte  couche  ne  l'a  pas  retrouvée. 

Ce  sont  au  contraire  des  couches  minces  qui  ont  ét^ 
signalées  dans  la  concession  République  (couches  de 
1  mètre  de  charbon  paraissant  assez  pur  avec  plongement 
do  bO°  environ  vers  l'Ouest),  dans  la  concession  Angelo 
{trois  veines  aiithraciteuses  assez  pures  et  peu  pjTiteuses 
de  0",25, 0",25,  et  0",4Û  à  0",45  de  puissance, plongeani 
de  25"  environ  vers  le  Sud,  c'est-à-dire  vers  les  serpen- 
tines, sans  qu'on  puisse  dire  si  elles  viennent  buter  contre 
ou  si  elles  se  prolongent  au-deesous)  et  dans  une  partie  de 
la  concession  Bulli.  C'est  ilans  cette  dernière  seule  que 
nous  avons  pu  faire  cjuelques  observations  persouoelles; 
le  sentier  qui  longe  de  très  près  le  bord  de  la  baie  de. 
Morari  recoupe  succcs.sivement  k  quelques  dizaines  de 
mètres  l'une  de  l'autre  deux  couches  de  charbon  d'une 
puissance  voisine  do  1  mètre  et  dont  les  pendagea  ne  sont 
-I)as  concordants  :  la  première  plonge  vera  le  Nord-Ouest; 
la  deuxième,  au  contraire,  montre  un  pendage  vers  le 


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LES  GISEMENTS  HOCILLBES  441 

Sud  légèrement  Est  ;  une  galerîe  a  été  pratiquée  en  direc- 
tion dans  cette  dernière  à  partir  de  son  afAeurement  au 
bord  du  sentier  ;  il  y  a  même  été  fait  quelques  travaux  en 
descente  qui  sont  d'ailleurs  noyés  et  qu'il  nous  a  été  im- 
possible d'expliH-er,  et  nous  n'avons  pu  que  nous  avancer 
de  quelques  mètres  Jt  niveau  :  la  couche,  de  charbon 
maigre,  présente  une  puissance  peu  régulière  qu'on  peut 
Sxer  en  moyenne  à  1  mètre,  elle  est  barrée  de  forma- 
tions schisteuses  en  chapelets  qui  réduisent  très  notable- 
ment sa  puissance  utile  ;  elle  se  rencontre  sous  un  toit 
de  schistes  en  boules  la  séparant  des  grès  arénacés,  et 
elle  repose  sur  un  mur  également  schisteux,  mais  asse^ 
bien  lité;  son  pendage,  qui  ne  dépasse  pas  20*,  est  dirigé 
vers  le  Sud  légèrement  Est,  c'est-à-dire  vers  la  mer. 

Les  gisements  de  la  baie  de  Boulari  se  présentent,  comme 
on  le  voit,  dans  des  conditions  d'irrégularité  et  de  discon- 
tinuité qui  paraissent  exclure  toute  idée  d'utilisation  indus- 
trielle d'une  impcurtauce  sérieuse. 

2°  Gisement  des  Porte s-ile-Fer.  —  Le  gisement  de» 
Portes-de-Fer,  qui  se  trouve  dans  la  pointe  de  terrain 
houiJler  qui  s'avance  vers  la  presquHe  de  Nouméa,  est 
situé  aux  portes  mêmes  de  la  ville.  Cette  circonstance 
avait  fait  espérer  dès  sa  découverte  qu'il  serait  possible 
d'en  tirer  parti  d'une  façon  particulièrement  aisf^e.  Dé- 
couvert fortuitement  eu  1885  par  un  propriétaire  qui  avait 
creusé  un  puits  de  2i  mètres  de  profondeur  poiw  chercher 
de  l'eau,  il  a  été  l'objet,  en  1886,  1887,  et  1888,  de 
recherches  souterraines  d'une  certaine  importance  pour- 
suivies par  la  commission  des  recherches  houillères  ;  il  y 
aété  en  outre  exécuté  en  1800  un  sondage  jusqu'à  99mètres 
de  profondeur. 

Les  recherches  de  la  commission,  aujourd'hui  complè- 
tement inacce lisibles,  out  comporté  l'exécution  d'un  puits 
de  30  mètres  de  profondeur  et  de  plusieurs  centaines  de 


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442   RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   NOUVBLLK-CALÉDONIB 

mètres  de  galeries,  soit  en  direction,  soit  en  travers-bancs, 
aux  [irofoTideiirs  de  1  i  et  de  26  nièires  ;  elles  mettent  en 
évidence  que  les  formations  de  ce  lambeau  de  terrain 
houiller  sont  irrégulières  et  mouvementées  ;  c'est  ce  (jn'a 
constamment  révélé  l'observation  du  pendage  des  bancs, 
mal  accusé  et  sans  cesse  variable,  et  c'est  ce  que 
montrent  plus  nettement  encore  les  essais  qui  ont  été 
faits  pour  suivre  la  couche  en  direction.  La  /îy.  5  de 
la  PI.  V  fait  voir,  d'après  un  plan  de  M.  l'elatan,  létat 
dans  lequel  les  tra^'aux  se  trouvaient  à  la  date  du 
IS  juin  1888,  date  au  delà  de  laquelle  ils  paraissent  avoir 
encore  été  poussés  quelque  temps,  sans  que  nous  ayons  pu 
trouver  aucun  renseignement  précis  à  cî  sujet.  La  coupe, 
qui  figure  en  poinlilléralluresupposée  de  la  couche,  montre 
qu'ellen'aété  trouvée, ni  dans  le  fonçage  du  puits,  ni  dans 
le  percement  du  travers-bancs,  aui  points  où  elleî'auraii 
été  si  elle  présentait  quelque  continuité;  cette  couche,  ou 
du  moins  sa  trace,  a  été  suivie,  entre  toif  de  schistes  et 
mur  de  grès,  sur  85  mètres  en  direction,  mais  avec  une 
irrégularité  de  puissance  très  marquée,  puisqu'on  a 
passé  sur  cette  longueur  par  tous  les  intermédiaires  entre 
un  filet  de  10  centimètres  et  un  amas,  d'ailleurs  très  res- 
treint comme  étendue,  de  près  de  10  mètres  de  puis- 
sance ;  le  charbon  y  est  d'ailleurs  barré  de  veines  schis- 
teuses. 

Ajoutons  qu'un  sondage  au  diamant,  esécuté  en  1891.1 
et  au  début  de  1891  jusqu'à  99  mètres  de  profondeur  au 
voisinage  imméiliat  de  ces  travaux,  n'a  rencontré  qu'une 
alternance  de  grès  et  de  schistes  plus  on  moins  argileux 
ou  plus  ou  moins  charbonneux,  mais  point  de  charbon.  Il 
semble  donc  résulter  de  tout  cela  que,  comme  l'admet 
M.  Pelatan  ('),  on  ne  soit,  aux  Portes-de-Fer,  qu'en  pré- 
sence d'une  cuvette  très   restreinte  de  terrain  houiller, 

{■)  Lac  cil.,  p.  es  et  fiG,  et  croquis  des  pages  12  et  73. 


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LES   GISEMENTS   HOUILLERS  443 

affectée  par  d'importants  bouleversements  géologiques. 

La  qualité  du  charbon,  là  oii  il  existe,  parait  être  assez 
satisfaisante  après  triage;  il  s'était  montré  d'abord  friable, 
mais,  d'après  une  lettre  de  M.  Pelatan,  on  tirait  au  mois 
de  juin  1888  de  superbes  blocs  de  charbon.  C'est  d'ailleurs 
du  charbon  des  Portes-de-Fer  qui  a  été  l'objet,  sur  les 
bâtiments  de  l'État,  des  essais  suivis  au  sujet  desquels 
un  rapport  de  M.  l'Ingénieur  de  la  Marine  Auscher  donne 
des  indications  satisfaisantes  ;  nous  reviendrons  sur  ce 
point  dans  la  suite.  Nous  mentionnerons  seulement  ici 
que  le  charbon  des  Portes-de-Fer  est  nn  charbon  demi- 
gras  (17  à  ^  p.  100  de  matières  volatiles),  susceptible 
de  donner  du  coke,  et  qu'on  a  pu  retirer  de  la  mine  une 
certaine  quantité  de  combustible  assez  pur  (7  à  9  p.  100 
de  cendres).    ■ 

Dans  ces  conditions,  la  couche  unique  de  houille  que 
contient  le  gisement  des  Portes-de-Fer  ne  peut,  en  raison 
des  circonstances  géologiques,  exister  que  sur  une  éten- 
due restreinte,  réduite  sans  doute  encore  beaucoup  par 
des  failles  et  des  serrées;  il  semble  donc  que,  malgré  la 
qualité  satisfaisante  du  charbon,  ce  gisement  ne  puisse 
guère  donner  lieu  k  une  exploitation  fructueuse. 

Rappelons  que  c'est  du  gisement  des  Portes-de-Fer  que 
proviennent  les  échantillons  de  plantes  fossiles  qui  ont 
été  déterminées  comme  d'âge  crétacé  par  M.  l'Inspecteur 
général  des  Mines  Zeiller. 

Des  afileurements  anthraciteux  ont  encore  été  signalés 
non  loin  des  Portes-de-Fer,  à  Yahoué  et  h  Koutîo-Kouéta, 
ils  ne  paraissent  pas  présenter  une  importance  sérieuse  ;  on 
aurait  cependant  mis  à  jour,  en  ce  dernier  point,  une 
couche  de  2  mètres  de  puissance  grâce  à  quelques 
travaux  exécutés  en  1890. 

3"  Gisements  du  bassin  de  la  Dumbéa.  —  Au  delà  du 
col  de  Tongoué,  qui  sépare  la  presqu'île  de  Nouméa  du 


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4(4  RICHESSES   MINKiULBB  DB   LA   NOCVBLLR-CALÉDONIB 

bassin  de  la  rivière  Dumbéa,  le  toraia  crétacé  présente 
uiui  largeur  aotablement  plus  considérable,  «t  la  forma- 
iioa  liouiUèrd  qu'il  renferme  offre  un  développement  pis* 
important.  Dea  affleurements  de  couches  nombreux  oot 
été  snccessiTemeot  découverts  dans  1«»  Talloiiïr  qu'arrosoit 
les  différent»  tributaires  de  cette  rivière  :  ceux  du  vallon 
(le  kKarigou  ont  été  examinés  dès  19^  par  M.  Oarnier, 
on  a  fait  ensuite  quelques  fouilles  sar  le  fpaemeni  des 
Bruyères  en  1875,  et  sur  celui  de  la  mine  Collign^ 
(vallée  de  la  Karif^ou)  eu  1887;  puis,  à  la  &n  de  1800, 
une  première  série  de  travaux  de  recherches  ont  été 
commencés  par  la  commission  des  recherches  houillères 
sur  les  affleurements  du  bras  gauche  de  la  Nondooé; 
reporti:-8  ensuite  sur  son  bras  droit,  ils  ont  été  potv 
suivis  d'abord  jusqu'au  début  de  janvier  1894,  puis  ils  oni 
été  repris  au  milieu  de  1895  pour  être  bmaquement  inter- 
rompus au  mois  de  février  1896.  C'est  en  ee  dernier  poiai 
que  l'on  rouvi'e  quelques  travaux. 

Nous  suivrons  ces  gisements  dans  l'ordre  oii  on  les  rea- 
coutre  en  veuaut  de  Nouméa,  et  eu  longeant  la  ligne 
sinueuse  de  contact  des  terrains  sédimentaîros  avec  le 
puissant  masmf  serpeiilhieux  qui  forme  la  masse  des  mmils 
Koghis  et  Konvelé,  ligne  qui  présente  à  peu  prés  tontes 
les  sinuosités  d'une  ligne  de  niveau  voisine  de  la  cote  200. 

Au  pied  même  du  col  Tongoué,  dans  le  fond  de  la 
vulloe  do  la  Ouanéoné  et  sur  le  flanc  du  rontrefwt  qui 
s'élève  sur  la  Hve  gauche  de  cette  rivière,  ae  trouvent, 
constituant  le  gisement  des  Bruyères,  quelques  bancs  de 
grés  verdâtres  dans  lesquels  sont  intercalés  des  couches 
schisteuses  et  de  l'anthracile;  les  travaux,  vraisemblaUe- 
ment  restreints,  qui  y  ont  été  faits  autrefois  ne  laissent 
plus  voir  aujourd'hui  qu'un  affleurement  sur  la  rive  guiefae 
de  la  rivière  :  il  comprend,  entre  toit  et  mur  de  schistes 
argileux  noirs,  trois  veines  de  charbon  antiiracitcux  dont 
l'aspect  n'est  pas  mauvais;  aa  toit,  la  veine  principale  a 


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LB8    CHWUENTS    HOQILLKBS  445 

1  0"^  de  pitiasanoe,  et  à  peu  de  disUnce  au 
Btur  se  retronvent  deux  veines  de  HO  ceiitimètrea,  le 
tout  mtr  an  espace  de  3  mètres  environ;  le  pendape, 
atsez  raide,  a  lieu  Tera  le  Nord-âO*-Eflt,  c'eet-â-dire  vers 
]e  massif  serpenthteiix ;  au  moment  de  notre  visite,  la 
fouille  avait  été  rafraîchie  par  l'enlèTeineiit  d'an  peu  de 
i±ai4)on  pour  des  usages  domestiquée  ;  le  caractère  anthra- 
citeux  de  ce  charbon  eet  A  rapprocher,  ici  comme  au 
Ment  Dore,  de  la  proximité  tout  à  fait  immédiate  (100  à 
800  mètres  à  peine)  des  roches  éniptives;  les  coocbes 
-  )d(mgeat  vers  le  mamtf  ilans  des  conditions  que  l'abon- 
dance de  la  végétation  et  l'absence  de  tout  sentier  ne 
nous  ont  pas  permis  d'observer. 

Le  ruisseau  ifoe  l'on  rencontre  tmntédiatement  au  NoT>d 
wt  celui  de  Karigou,  oii  furent  exécutées  les  recherefaes 
de  M.  Gamier  :  d'après  cet  Ingénieur,  qui  avait,  rappe- 
lons-le, choisi  ce  point  d'attaque  comme  étant  celui  oii 
les  affleurements  avaiwtt  la  plus  belle  apparence,  «  le  char- 
bon de  Karigou  est  un  anthracite  intercalé  dans  un  grés 
fddepathiqite  identique  au  ^s  du  terrain  carbonifère  »i 
le  pendage  des  couches  varie,  au  passage  d'une  faille,  du 
voisinagB  de  la  verticale  à  une  faible  inclinaison,  la  direc- 
Mon  eet  Nord-45*-Oueet,  peu  différente  de  celle  du  gise- 
nienrt  voisin,  qui  est  Nord-70*-Onest.  Lk,  comme  aux 
Bruyères,  le  caractère  anthraciteux  du  chari3on  doit  tenir 
à  la  proximité  des  roches  éruptives;  M.  Oarnier  l'attri- 
bsait  au  voisinage  d'un  filon  de  porphyre  eurîtique.  L'exé- 
cution d'nne  galerie  en  direction  de  40  mètres  et  d'un 
petit  travers-bance  fit  reconnaître  à  M.  Garnier  que  la 
formation  ciiarbonneuse  avait  1",40  de  puissance,  pré- 
sentant trois  bancs  anthraciteux  de  0",20,  séparés  par  des 
bancs  schisteux,  eufo-e  toit  et  mur  de  schistes.  En  direc- 
tion, les  bance  cbai^nneux  s'étranglaient;  d'ailleurs  l'an- 
tfaracite  se  montrait  toujours  mélangé  à  une  très  grande 
quantité  de  schistes  et  de  matières  terreuses  qui  le  ren- 


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416  E1CHE83E8   UlKéfULES   QB   LA.  NODVBU.E-CALÉDOHIK 

(laiônt  trop  impur  pour  être  utilisé.  M.  Heurteau  signale 
encore  dans  cette  région  quelques  affieurementa  alignés 
dans  une  directioii  N.N.E.-S.S.O.,  avec  une  direction  de 
couches  conslamm«it  N.O.-S.E.,  et  mentionne  que  ces 
Couches  paraissent  avoir  été  disloquées  et  rejetées  vers 
— ^  le  Sud-Ouest.  Cette  circonstaoce,  et  la  faible  distance 

^^V  qui  sépare  vers  l'Est  le  lit  de  la  Dambéa  des  roches; 

^^^  éruptives  vers  lesquelles  plongent  les  eoaches  et  sous 
lesquelles  il  est  au  moins  douteux  qu'elles  se  proloDgenl 
réguhèremeat,  font  qu'il  ne  semhle  pas  que  les  gisaneots 
de  la  rive  gauche  de  la  Dumbéa  puissent  présenter  quelque 
avenir. 

Les  travaux  repris  en  1887  sur  les  affleurements  de 
cette  môme  vallée  de  Karigou  auraient  néanmoins  permis 
de  suivre  une  couche  régulière  d'antlu'acite  sur  30  mètres 
de  longueur,  et  d'en  extraire  50  tonnes  de  charbon  qui 
furent  employées  au  chauffage  des  chaudières  de  l'usine 
à  sucre  voisine.  Rappelons  également  que  M.  Pelatan  (*), 
paraissant  faire  allusion  à  des  travaux  ou  k  des  découvertes 
au  sujet  desquels  nous  n'avons  retrouvé  aucun  documeul 
original,  donne  sur  la  richesse  et  la  continuité  de  ces  gise- 
ments une  appréciation  plus  optimiste  que  la  nAtre, 
appréciation  que  justifierait  l'examen  des  coupes  qu'il  a 
présentées  si  celles-ci  ne  contenaient  pas  beaucoup  d'in- 
dications hypothétiques. 

Sur  la  rive  droite  de  la  Dumbéa,  principalement  dans 
le  bassin  des  deux  branches  de  la  rivière  Nondoué,  la 
largeur  de  la  formation  houillère,  et  surtout-de  la  forma- 
tion houillèi-e  contenant  des  couches  de  charbon,  parait 
notablement  plus  considérable,  et  l'on  observe  l'affleu- 
rement de  couches  de  combustible  non  seulement  au  voi- 
sinage  immédiat  des    serpentines,  mais    encore  k  une 

Otoc.  «■(..  p.  67Bt68, 


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LES  GISEMENTS   H0UILLBR3  417 

distance  suffisante  pour  qu'il  ae  soit  pas  défendu  d'espérer 
que  ces  couches  présentent  un  aral-pendage  d'une  cer- 
taine étendue-  La  fig.  3  de  la  PI.  VI  montre  la  disposi- 
tion des  affleurements  qui  auraient  été  mis  à  jour  au 
cours  des  travaux  de  recherches  exécutés  sur  ces  gise- 
ments entre  1800  et  1896.  Tous  les  travaux  faits  à  cette 
époque  ont  été  abaDdonués  depuis,  ils  se  sont  soit  ébouléb, 
soit  remplis  d'eau,  et  une  végétation  touffue  et  ineitri- 
•  able  les  avait  partiellement  dissimulés;  aussi  n'avons- 
nous,  lors  de  notre  première  visite  sur  les  lieux  (début 
d'avril  1902),  pu  retrouver  qu'avec  peine  l'indication  de 
ces  divers  affleurements.  Au  cours  d'une  deuxième  visite, 
efTectuée  à  la  fin  de  juillet,  peu  de  jours  avant  notre 
départ  de  la  colonie,  après  l'exécution  de  qnelques  travaux 
qui  avaient  surtout  consisté  à  débrousser  les  sentiers 
d'accès  aux  différents  points  intéressants  et  à  rafraîchir 
quelques  tranchées  pour  mettre  eu  évidence  les  affleu- 
rements, nous  avons  pu  examiner  de  plus  prés  les  diffé- 
rentes couches. 

Des  constatations  que  nous  avons  faites  sur  place  et  des 
renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  les  résultats 
des  travaux  exécutés  autrefois,  il  résulte  ce  qui  suit  : 

Le  terrain  honiller  est  ici  presque  exclusivement  formé, 
il  part  quelques  bancs  de  conglomérats  fortement  ferru- 
gineux, par  les  grès  arénacés  de  couleur  claire  que  nous 
avons  pris  pour  type  de  la  description  d'ensemble  que 
nous  avons  doimée  dans  ce  qui  précède  des  formations 
houillères  du  bassin  de  Nouméa  ;  ces  grès  forment,  entre  la 
route  de  la  Oumbéa  à  Païta,  qui  longe  d'assez  près  les 
schistes  feldspathiques  du  lias,  et  les  massifs  serpenti- 
neux  des  sommets  Ouamourou  et  Erembéré,  une  ligne  de 
collines  dont  l'altitude  atteint  et  dépasse  même  250  mètres  ; 
leur  relief,  quoique  bien  accentué,  est  généralement 
arrondi  eu  raison  du  caractère  friable  et  aisément  décom- 
posable  de  ces  grès  arénacés;  ceux-ci  donnent  lieu  à 


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448   RICHESSES   UrrÉRALES   DE   LA  KOOrSLLK-CALÉDONIB 

un  sol  de  sable  (grossier,  peu  consistant  et  maigre,  sur 
lequd  la  brousse  ne  potinse  gtiére  en  dehors  (hi  fond 
des  Tallées,  et  qui  est  setilement  couvert  de  nom- 
inaux Niaoïilis  [Utélaleuca  vtri/lora  et  Mélaletica  tett- 
cadendron),  petits  arbres  de  la  famille  des  rayr- 
tacéea  à  feuillage  nouH  et  clairsemé,  laissant  aisément 
apercevoir  la  nature  du  sol,  et  permettant  de  discerner, 
par  lee  taches  noires  qu'ils  y  forment,  des  affleurements 
nombreux  de  scliistes  charbonneux  ou  de  charbon. 

Cette  bande  do  terrain  liouiller  présente  une  longoeur 
de  2  à  3  kilomètres,  son  pendage  général  parait  être 
vers  le  Nord  ou  le  Nord-Est;  lorsqu'on  la  traverse  suivant 
«a  largeur,  comme  nous  l'avons  fait  pour  gagner  les  gise- 
ments du  groupe  Maurice  k  partir  de  la  ronte  de  Paîta, 
on  rencontre  d'assez  nombreux  affleurements  charbon- 
neux, mais  ils  paraissent  isolés  les  uns  dos  autres  et  nous 
n'avons  pti  nulle  part,  malgré  des  grattages  superficiels, 
très  restreints  d'ailleurs,  constater  la  présence  d'aucune 
couche  de  charbon  nettement  définie. 

Dans  les  ravins  Maurice,  des  Cerisiers,  el  rfes  Fougères 
{X<nr  la  /ïj.  3  de  la  PI.  VI},  il  en  est  autrement;  les 
aflleurements  se  groupent  beaucoup  plus  nombreux  '  et 
paraissent  bien  correspondre  à  de  véritables  couches, 
plus  ou  moins  régulières  et  plus  ou  moins  pare».  C'est  ainsi 
que.  lors  de  notre  seconde  visite  sur  les  Heux,  il  n'y  avait 
pas  moins  de  deux  séries  d'affleurenlents  visibles  sur  les 
pentes  orientales  du  ravin  Maurice,  de  trois  ou  quatre 
sur  «es  pentes  occidentales,  et  d'une  au  fond  même  du  ravin. 

Nous  devons  cependant  mettre  ici  en  garde  contre 
l'exagération  à  laquelle  on  s'est  laissé  aller  lorsque,  ponr 
lionner  une  idée  de  la  richesse  de  la  formation  houillère 
dans  cette  région,  on  n'a  pas  craint  de  tntaiiser  les 
épaisseurs  de  toutes  les  couches  dont  on  avait  observé 
les  aflleurements  sur  les  deux  flancs  d'un  mamelon  on 
d'un  même  ravin  et  à  différentes  hauteurs  sur  le  même 


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1,ES   (IISEMENTS   HOCILl.ERS  449 

liane  ;  c'est  ainsi  que,  sans  même  écarter  quelques  affleu- 
rements dont  la  puissance  est  trop  réttuite  ou  dans 
lesquels  la  proportion  des  bancs  de  charbon  pur  pai-  rap- 
port aux  lits  schisteux  est  trop  faible,  nous  ne  pouvons 
reproduire  ici  sans  les  plus  expresses  réserves  le  chiffre  de 
11",60  qui  a  été  donné  comme  puissance  totale  en  char- 
bon pur  (schistes  charbonneux  déduits)  des  couches  qui 
affleurent  dans  le  ravin  Maurice. 

De  tous  ces  affleurements,  un  seul,  celui  du  fond  du 
ravin,  parait  avoir  donné  lieu  à  un  travail  de  reconnais- 
sance d'une  certaine  importance;  ony  voit  encore  l'entrée, 
aujourd'hui  éboulée,  d'une  galerie  en  direction  G  qui 
avait  suivi  la  couche  sur  une  longueur  qui  parait  avoir 
été  de  IS^jSO,  et  qui  avait  ensuite  rencontré  une  faille. 
La  couche  offre  k  l'aflleurement  une  puissance  de  60  à 
70  centimètres,  barrée  de  quelques  lits  schisteux;  elle 
repose  sur  un  mur  de  grès  et  présente  au  toit  des  schistes 
charbonneux  tendant  à  se  débiter  en  boules  ;  son  incli- 
naison est  de  30  à  35°  vers  le  Sud-Ouest. 

Au  mur  de  cette  couche  paraissent  en  exister  au 
moins  deux  autres,  représentées  vers  l'Est  par  les  deux 
{Troupes  d'affleurements  A  et  B,  et  vers  l'Ouest  par  les 
affleurements  qui,  situés  à  différentes  hauteurs  sur  la  col- 
hiie,  ne  pourraient  être  mis  en  correspomlance  entre  eux 
et  avec  ceux  de  l'Est  que  grftce  k  un  relèvement  soigneux 
de  leur  altitude,  de  leur  pendagc  et  de  leur  direction  ; 
cette  dernière  devrait  d'ailleui-s  être  suivie  sur  une  cer- 
taine longueur  pour  jtouvoir  être  exactement  repérée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  groupe  des  affleurements  A  parait 
de  peu  d'importance  industrielle  :  la  formation  charbon- 
neuse qu'ils  montrent  présente  un  pendage,  semblant 
assez  raide,  vers  le  Sud-Ouest  ;  elle  a  environ  2  mètres 
de  puissance,  maie  on  n'y  relève  guère  qu'une  alter- 
nance de  passées  de  schiste  et  <le  charbon,  ne  pouvant 
foiu-nir  dans  l'ensemble  qu'un  combustible  très  sale,  dont 


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450  KICHESSES   UINÉBALBS  DR   LA    NOOVBLLB-CALÉDONIE 

le  triage  ou  le  lavage  serait  sans  dout«  difficile,  et  en 
tous  cas  d'un  rendement  peu  avantageux. 

L'affleurement  B  se  présente  dans  de  meilleurea  con- 
ditions :  nous  y  avons  relevé  la  présence  d'un  banc  de 
charbon  de  90  centimètres  de  puissance  assez  pur  ;  u 
direction  et  son  pendage  concordent  avec  celui  de  U 
première  couche  mentionnée  eu  G. 

Les  afileurements  x  et  ^,  situés  k  peu  près  en  fac« 
des  affleurements  A  et  B  et  qui  leur  correspondeot  plus 
ou  moins  exactement  comme  pendage  et  direction, 
montrent  d'assez  jolis  morceaux  de  charbon  ;  ils  no  sont 
pas  suffisamment  diicouverts  pour  que  l'on  puisse 
caractériser  l'allure  et  la  composition  des  couches  qu'ils 
représentent.  A  une  nngtaine  de  mètres  plus  haut,  tue 
tranchée  plus  importante  -^  &  luis  ^  jo^^  ^  succession  de 
trois  couches  assez  voisines,  l'une,  au  toit,  de  60  cen- 
timètres de  puissance,  et  les  deux  autres,  plu»  au  mur, 
voisines  de  30  centimètres,  le  tout  reposant  sur  un  baoc 
de  grès  dur  ;  la  première  de  ces  couches  correspond 
peut-être  à  celle  qui  a  été  suivie  par  la  galerie  de  m* 
veau  Cl. 

Enfin,  lorsqu'on  explore,  à  mi-hauteur,  le  fond  même 
du  cirque,  on  retrouve  deux  ou  trois  affleurements  chaiv 
bcHineux  B,  appartenant  à  des  formations  paraissant  peu. 
impcu^antes  qui  sont  situées  au  toit  des  précédentes. 

Toutes  ces  couches  semblent,  comme  nous  l'avons  dît, 
avoir  plus  de  régularité  comme  allure  et  comme  pen- 
dage qu'on  n'en  constate  aux  points  que  nous  avons  pré- 
cédemment décrits,  et  elles  plongent  dans  la  direction 
oii  le  terrain  houiller  se  développe  sur  une  certaine  lar^ 
geur;  mais  leur  pendage  est  inverse  du  pendage  gé- 
néral Nord-Est  des  terrains  de  la  région  ;  il  est  donc 
probable  que  ces  couclies  vont  former  un  synclinal  ou, 
plus  vraisemblablement,  buter  à  plus  ou  moins  grande 
profondeur    contre   quelque    accident    important,    maÏB- 


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LBS   «mHGNTS   RODILLBM'  45i 

nous  n'avons  pas  pn  relerer  sur  le  terrain  la  trace  soit 
d'un  semblable  accident,  soit  d'un  synclinal,  et  auoon 
travail  n'a  été  fait  qni  puisse  permettre  d'émettre  une 
opinion  quelconque  sur  leur  position  et  par  suite  sur  le 
développe  m  ont,  considérable  ou  restreint,  que  peuvent 
présenter  les  couchée  à  l'aval-^endage  des  affleurements 
constatés. 

Vers  le  Nord  on  relève,  avant  d'atteindre  le  débouché 
du  ravin  Maurice  dans  la  vallée  principale,  l'existence 
d'une  faille  /./.  produisant  sur  quelques  dizaines  de 
mètres  de  largeur  un  brouillage  complet  des  terrains  et 
des  traces  charbonneuses  qu'il  contient;  mais  plus  loin 
les  bancs  montrent  à  nouveau  un  peudage  régulier  vera 
le  Sud-Ouest  ;  c'est  le  peudage  d'un  dernier  affleurement  t 
voisin  du  débouché  du  ravin,  c'est  aussi  celui  que 
paraissent  présenter  à  pou  près  les  coucheB  mises  à  jour 
autrefois  dans  le  ravin  {les  Cerisiers  et  dans  celui  des 
Fougères. 

Dans  le  premier  d'entre  eux  nous  n'avons  pu  que 
constater  la  présence  de  traces  charbonneuses  au  milieu 
de  schistes  ar^leux  délités  ;  on  y  a  néanmoins  compté 
deux  affleurements,  que  nous  figurons  en  I  et  J,  et  qui 
présenteraient  respectivement  des  puissances  de  {'',80 
et  0~,80  avec  direction  S.E.-N.O  et  pendage  assez  raide 
vers  le  Sud-Ouest. 

Dans  le  deuxième  les  affleurements  sont  plus  visibtes  ; 
l'un  d'eux  L,  qui  parait  présenter  une  puissance  utile  de 
1  mètre,  a  été  fouillé  sur  une  certaine  profondeur,  on 
en  aurait,  k  ce  qui  nous  a  été  affirmé,  tiré  «ne  diewne 
de  tonnes  de  charbon  parfaitement  utilisable  pour  la 
forge  en  particulier.  De  l'autre  cfité  du  ruisseau,  un  autre 
affleurement  À  montre  près  de  2  mètres  de  charbon  plu» 
ou  moine  pur;  on  a  douné  ii  ces  deux  affleurements  les 
noms  de  Cîlaire  n'  \  et  n"  2,  ce  ne  sont  peuWtre  bien 
que  les  afBeorements  d'une  seule  et  même  couche. 


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452  RICHESSES  HINÈRALKS   DE   LA   NODVBLLE-CALÉDONIB 

On  peut  également  noter  dans  ce  même  ravin  deux 
autres  affleurements,  assez  puissants,  mais  oii  le  charbon 
pur  est  peu  abondant,  et  qui  sont  loin  d'être  certai- 
nement utilisables,  du  moins  d'après  ce  gue  nous  avons 
pu  constater.  C'est  encore  dans  ce  ravin  (ravin  des 
Fougères)  qu'a  été  poureuivi  le  travail  le  plus  important 
qui  ait  été  exécuté  jusqu'ici  dans  toute  la  région;  c'est  le 
fonçage  d'un  puits  de  recherches  P.  Exécuté  par  les  soins 
de  l'Administratiou  de  la  colonie  à  l'aide  de  la  main- 
d'œuvre  pénale,  ce  puits  avait  été  commencé  en  1893; 
abandonné  une  première  fois,  il  fut  repris  en  1S95,  puis 
de  nouveau  abandonné  brusquement,  sur  un  ordre  venu  de 
Paris  dans  les  premiers  jours  de  1896;  il  n'a  pas  tardé  à 
se  remplir  d'eau,  puis  à  s'effondrer,  aussi  ne  nous  a-t-il  été 
possible  d'y  faire  aucune  espèce  de  c-onstatations  person- 
nelles; nous  n'avons  non  plus  retrouvé  aucun  document 
officiel  à  son  sujet,  sinon  la  mention  delà  visite  qui  en 
fut  faite  par  M.  le  Général  Doods  au  cours  de  son  inspec- 
tion de  1895-1896. 

A  en  croire  les  renseignements  verbaux  qui  nous  ont 
été  fournis,  ce  puits,  foncé  à  quelques  mètres  à  l'Est  de 
l'aflleurement  dit  couche  Laffon  figuré  en  K  (lequel  offre 
une  plongée  raide  vers  le  Sud-Ouest  et  comprendrait 
deux  veines  de  charbon  de  1",20  et  0",70  dans  une  for- 
mation schisto-charbonneuse  de  7  mètres  de  puissance), 
aurait  d'abord  été  poussé  jusqu'à  23  mètres  de  pi-ofondeiir, 
moitié  dans  des  terrains  superficiels  et  moitié  dans  des 
roches  consistantes,  grès  et  schistes.  Un  travers-bancB 
attaqué  vers  le  Sud  à  23  mètres  de  profondeur  a  succes- 
sivement recoupé  trois  couches  :  la  couche  Laffon  avec 
2  mètres  de  puissance,  une  autre  couche  àSmètres  vers  le 
mur  présentant  une  puissance  do  l'°,20  et,  enfin,  à  quelques 
mètres  au  toit,  une  couche  de  bon  charbon  de  l^jlO  de 
puissance,  presque  verticale,  entre  grès  et  schistes,  dont 
le  charbon  était  particulièrement  massif,  solide,  et  pur; 


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LES   GISEMENTS   HODIIXBRS  45!^ 

les  deux  priemières  couches  n'ont  été  que  reconnues,  leur 
rencontre  a  d'ailleurs  donné  lieu  à  une  venue  d'eau  assez 
importante  ayant  exigé  l'emploi  d'une  petite  pompe  à 
vapeur  placée  au  fond  ;  mais  la  dernière  couche  aurait  été 
suivie  sur  80  mètres  de  longueur,  présentant  comme 
puissance  et  comme  allure  mie  régularité  satisfaisante;  ce 
dernier  traçage  aurait  donné  lieu  à  l'extraction  de  près 
de  150  tonnes  de  bon  charbon.  En  présence  de  ces 
indications  satisfaisantes  (toujours  d'après  ce  qui  nous  a 
été  rapporté),  on  avait  foncé  le  puits  jusqu'à  35  mètres 
de  profondeur  afin  de  tracer,  puis  de  dépiler,  un  pan- 
neau de  couche  de  12  mètres  de  hauteur;  au  moment 
où  ce  fonçage  s'achevait,  les  condamnés  employés  à  ce 
travail  ont  été  brusquement  retirés.  C'est  là  ce  qui  a  amené 
l'abandon  de  travaux  en  somme  un  peu  développés  et  dont 
les  résultats  passent  pour  avoir  été  encourageants. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  qu'une  analyse  des  charbons 
extraits  de  ce  puits.  Le  charbon  produit  par  ce  travail  a, 
parait-il,  été  en  partie  consommé  sur  place  à  la  forge  et 
pour  la  cuisson  des  aliments,  et  en  partie  expédié  à  Nou- 
méa, oii  il  aurait  été  employé  pour  les  chaudières  des  cha- 
loupes de  l'Administration  pénitentiaire.  Des  renseigne- 
ment:4,  peu  précis  d'ailleurs,  que  nous  avons  recueillis 
auprès  de  celui  qui  en  a  fait  usage,  il  semble  résulterque 
ce  charbon  a  pu  être  employé  avec  succès  pour  la  produc- 
tion de  la  vapeur. 

Des  échantillous  provenant  des  couches  du  ravin  des 
Fougères  (échantillons  tout-venants,  afflnne-t-on)  ont  été 
adressés  par  le  gouverneur  de  la  colonie  à  l'Ecole  des 
Mines  de  Paris,  où  ils  ont  été  analysés;  ils  ont  donné  les 
résultats  suivants  ; 

Eau 1 

Matières  volatiles 15 

Carbone  Die 66,40 

Cendres 17,60 


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45&   StCHESSES   HIHÈRAUU   QB   lA   NODVKLLE-CALBDOSIB 

C'est  doOR  du  charboD  dMni-gras,  et  plutât  impar.  11 
donnait  du  coke  bien  aggloméré,  très  dur,  non  booraouflé. 
Nous  ajouterons  que  ce  ravin  se  trouve  à  proximité  immé- 
diate du  massif  serpentiueux  du  mont  Erembéré,  et  qiM 
le  pendage  si  accentué  des  couches  est  de  nature  à  taàre 
craindre  que  les  terrains  ne  soient  plus  ou  moius  boulever- 
sés en  ces  points. 

On  rencontre  encore  un  affleurement  assez  important  M, 
an  descendant  la  Nondoué,  après  le  conQuent  des  ruift- 
seaux  des  Fougères  et  des  Cerisiers,  mais  il  ne  présente, 
parait'il,  aucune  continuité  en  direction. 

La  deuxième  branche  de  la  Nondoué,  descendant  dn 
flanc  Est  du  mont  Erembéré,  traverse  également  des 
affleurements  houillers  nombreux,  mais  les  serpealines, 
dont  la  proximité  est  au  moins  aussi  grande  qu'au  der- 
nier point  que  nous  venons  de  signaler,  et  qui,  entouraot 
le  vallon  de  trois  c6tés,  doivent  limiter  très  promptement 
les  couches  en  direction,  empèchuit  que  leur  allure  puisse 
être  ré^lière  sur  une  étendue  suffisante  pour  qu'elles 
soient  utilisables;  c'est  d'ailleurs  ce  que  paraissent  avoir 
conflrmé  les  travaux  de  recherches  auxquels  il  a  été  pro- 
eédé,  également  par  les  soins  de  l'Administration  et  ^râce 
k  la  main-d'œuvre  pénale,  en  1891  et  1892,  sous  la  dii:ec- 
tion  (le  la  commission  des  recherches  houillères. 

Les  documents  présentés  à  cette  commission,  soit  par 
!e  contrôleur  des  mines  chargé  spécialement  de  suivre  ces 
travaux,  soit  par  son  président,  mentioiment  l'existence 
desdifTcrentsaffleurements  portés  saclafig.  3delaPL  VI, 
et  relatent  l'exécution  des  travaux  suivants,  dans  l'ordre 
oii  on  les  rencontre  en  descendant  le  cours  de  la  rivière  : 

A  partir  de  l'aflleurement  de  la  couche  Amiral,  une 
galerie  à  travers  bancs  de  34  mètres  de  longueur,  n'ayant 
rencontré  que  des  filets  de  cliarboii  et  ayant  buté  contre 
un  soulèvement  disloquant  les  terrains  ;  les  baui»  y  pré- 


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LES    SISEHEKTB   H0DILLBR8  405 

^tentaient  une  direction  Norrl-Sud  et  on  pendage  de  40* 
Ters  l'Est. 

Sur  l'affleurement  de  la  couche  Salouet,  une  galerie 
'<juî  suivait  la  couche  en  direction  et  dont  le  trac4  était 
remarquable  par  ses  sinuosités  ;  sa  direction  générale 
-s'infléchissait  dès  l'entrée  de  l'Est  vera  le  Nord-Est  ;  cette 
g^alerio  fut  arrêtée  à  100  mètres  dans  an  bronillage  des 
couches. 

Enfin  une  série  de  tranchées  sur  différents  affleure- 
ments se  montrant  soit  dans  te  lit  de  k  Nondoué,  soit  sur 
les  Mamelons-Rouges,  soit  dans  le  ht  de  la  rivière  de  la 
Forét-Noire  ;  toutes  ces  attaques  furent  abandonnées  après 
^luelques  mètres  en  raison  de  l'irrégularité  des  couches; 
Il  la  reine  Georgetie  elie-mèrae,  deflmètres  de  puissance 
à  l'affleurement,  et  dont  on  avait  extrait  au  début  du 
-charbon  utilisable,  tombait  également    dans  un  brouïl- 

u^n  ». 

Ces  travaux,  actuellementen  Fort  mauvais  état  et  peu 
accessibles  comme  les  précédents,  ont  égalementété  visi- 
tés par  nous:  ils  sont  ouverts  au  milieu  de  gros  bancs  de 
grès  présentant  un  pendage  assez  réguhèrement  dirigé 
Ters  le  Nord-Est,  c'est-à-dire  un  pendage  voisin  du  pen- 
<lage  général  de  la  formation  houillère  [exception  faite  du 
pauneau  que  nous  venons  de  mentionner);  ces  grès,  qui 
paraissent  particulièrement  chargés  en  éléments  ferrugi- 
neux, lea  uns  verts,  les  autres  d'un  rouge  do  rouille,  nous 
-avaient  d'abord  ameué  à  nous  demander  s'ils  ne  conte- 
naient pas  de  débris  de  roches  serpeutineuses,  et  s'il  ne 
fallait  pas  dès  lors  considérer  les  serpentines  comme  anté- 
rieures aux  formations  de  houille  du  crétacé  (comme 
l'avait  admis  M.  Heurteau);  l'ensemble  de  nos  autres 
observations  a,  depuis,  contredit  cette  idée,  et  l'examen 


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4;>6   RICHESSES  tUNÉRALES   DE  LA  NOCVEI.I^-CALÉDONIR 

détaillé  de  ce»  grès  ne  noua  y  a  fait  reconnaître  aucun 
débri»  lies  minéraux  caractéristiques  de  la  formation  ser- 
pentineuse. 

Au  milieu  de  ces  grès  nous  avons  noté  la  présence  d'un 
assez  grand  nombi'e  de  bancs  schisteux  et  charbonneux  ; 
nous  avons  en  particulit^r  retrouvé  l'affleurement  de  la 
couche  Amiral,  avec  plus  de  1  mètre  de  charbon  sur  un 
mur  de  schistes  gris  partiellement  cliarbonneux  et  soua 
uu  toit  de  grès;  nous  avons  pu  y  ramasser  quelques  mor- 
ceaux de  charbon  assez  joli,  bien  qu'altéré  par  lesactions 
atmosphéi'iqties.  Nous  avons  également  retrouvé  l'orifice 
delà  galerie  Salouet,  mais  il  avait  donné  lieu  à  un  ébou- 
lement  qui  rendait  impossible  l'examen  des  caractère»  de 
rafOeuremenl,  et  qui  permettait  de  constater  seulemeii' 
un  pendagc  assez  raide  dirigé  sensiblement  vers  le  Nord: 
sur  les  afileurements  représentés  par  la^t/.  3  de  la  PI,  VI, 
vers  l'aval  de  la  rivière,  nous  n'avons  relevé  que  l'exis- 
tence de  schistes  charbonneux  avec  filets  de  charbon  sans 
doute  inutilisables. 

Nous  ne  connaissons  pas  d'analyse  des  combustibles  de 
ce  groupe,  qui  paraissent  assez  maigres,  et  qui  le  sont 
peut-être  bien  en  raison  de  leur  situation  ;  nous  u' avons 
d'ailleurs  pas  pu  y  prélever  nous-mème  des  échantillons 
assez  peu  altérés  pour  qu'il  pftt  y  avoir  intérêt  k  les 
analyser. 

En  résumé,  iln'estpas  douteux  que  la  vallée  delà  Non- 
doué  est  occupée  par  une  formation  houillère,  sinon  très 
étendue,  du  moins  d'une  certaine  extension,  et  riche  dans 
l'ensemble  en  veines  charbonneuses.  Combien,  parmi  ces 
veines,  auraient  une  puissance  et  une  pureté  suffisantes 
pour  qu'on  puisse  tenter  leur  exploitation,  c'est  ce  qu'il 
nous  est  impossible  de  fixer  avec  l'exiguïté  des  observa- 
tions personnelles  que  nous  avons  pu  faire,  et  l'incertitude 
des  rens^eignemeiits  fournis  par  des  travaux  de  recherches, 


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LES    GISEMENTS    HODILLERS  457 

d'une  certaine  importance  il  est  vrai,  mais  qui  ont  été 
conduits  avec  peu  de  inétho<te,  et  dont  il  n'a  élé  gardé 
trace  que  d'une  façon  tout  à  fait  insuffisante.  Il  semble 
cependant  qu'il  ne  serait  pas  impossible  d'envisager  l'ex- 
ploitabilité,  au  seul  point  de  vue  de  la  pureté  et  de  la  puis- 
sance, d'une  ou  deux  des  couches  du  ravin  Maurice  et  de 
l'une  au  moins  de  celles  rencontrées  par  le  puits  du  ravin 
des  Bruyères,  ainsi  que  delà  couche  Amiral,  et  peut-être 
même  de  la  cuurhe  Salouet  ;  mais  il  reste  ensuite  la  ques- 
tion tout  aussi  capitale  de  la  régularité  de  ces  couches, 
question  sur  laquelle  nous  sommes  moins  éclairé  encore  ; 
les  couches  <lu  groupe  Amiral  sont  dans  une  situation 
bien  {len  favorable  et  les  recherches  effectuées  ont  cou- 
firniécequecetlesituation  fait  présager  ;  celles  du  groupe 
Maurice  sont  mieux  situées,  bien  qu'il  paraisse  difficile 
d'espérer  les  rencontrer  avec  une  régularité  et  une  cou~ 
tiuuitë  parfaites.  L'exécution  de  recherches  vraiment 
sérieuses  pourrait  seule  préciser  ces|>oints,  rumine  aussi 
ce  qui  est  relatif  aux  dif ficiùtés  de  soutènement,  à  l'impor- 
tance des  épuisements,  qui  seraient  vraisemblablement 
sérieux,  aux  sujétions  qui  i>ouiTaient  résulter  de  la  présence 
du  grisou  (dont  on  déclare  n'avoir  pas  vu  trace  au  puits 
«lu  ravin  des  Bruyères),  toutes  choses  qui  peuvent  influer 
d'une  façon  capitale  sur  les  frais  d'extraction  du  charbon. 

4°  Gisement:/  de  la  région  de  Païta  et  Saint-Vin- 
cent. —  Le  bassin  crétacé  de  Nfuméa,  qui  présente  un 
épanouissement  au  voisinage  de  la  Dumbéa,  conserve  une 
largeur  presque  aussi  considérable  entre  Pa'tta  et  Saint- 
Vincent,  comme  le  fait  voir  un  coup  d'oeil  jeté  siu"  la  carte 
géologique  de  la  colonie  ou  sur  la  fig.  2  de  notre  PI.  I. 
Les  formations  de  grès  houiller  yexistent  également  avec 
une  certaine  extension,  se  manifestant  comme  toujours 
de  loin  par  des  collines  à  relief  assez  accentué  couvertes 
d'une  végétation  plutât  rare,  et  donnant  lieu  à  des  pentes 


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'438   RICHESSES   IHflBRALBS  DE  LA  HODVBLLE-CALBDONIB 

'ravinées  aux  colorations  claires.  Ces  ftH'matîODs  se  pro- 
longent, comme  k  laNoQdou4,daiis  le  fond  de  vallées  pins 
-on  moins  resserrées  entre  les  massifs  serpentiaeux  du  nHMt 
Mou  et  de  ses  voisins  ;  elles  sont  parfois  recouvertes  par 
•deH  alluvions  récentes.  Tel  est  le  cas  de  la  Plaine  des 
-Cailloux  ou  vallée  de  la  rivière  Caricouié  et  de  la  vallée 
■de  son  afSuent  la  rivière Garignan,  entre  le  montBrembéré 
-et  le  mont  Mou;  on  v  a  reconnu,  suivant  un  rapport  ait 
commission  des  recherches  houillères  (*),  au  milieu  d'une 
formation  particulièrement  riche  en  schistes  et  pauvre  en 
gr^^  trois  couches  charbonneuses  présentant  [in  pendage 
Nord-Est,  mais  constituées  par  «  du  charbon  teDement 
impur  qu'il  a  été  impossible  d'y  recueillir  un  seul  échan- 
itillOR  de  chariKin  net  et  non  mélangé  de  schistes  ».  On  a 
■également  rencontré  an  Nord-Ouest  de  ces  couches  das 
sfÛeurem^its  cbarbonr>eux  dans  le  grès,  mais  ils  ite 
paraissent  non  plus  avoir  aucune  importance.  Nom 
n'avons  pas  connaissance  qu'aucun  travail  soit,  dans  ces 
•dernières  années,  venu  donner  sur  ces  gisements  des 
indications  plus  favorables. 

EnAn,  M,  Porte  a  signalé  (**)  des  affleurements  de 
«harbon  trè«  nets  situés  sur  la  rive  droite  de  la  Taœos, 
jui  pied  du  mont  Koungouauri. 

On  peut  donc  simplement  dire  que  l'on  a  constaté  non 
seulement  le  prol^^ngement  du  bassin  crétacé  jusqu'à 
Saint- Vincent,  mais  encore  l'existence  du  charbon  dans 
«es  assises.  Sans  qu'on  paraisse  avoir  exploré  sérieuse- 
ment les  étendues  encore  importantes  sur  lesquelles 
s'étendent  ces  formations,  les  quelques  indications  que  l'oB 
-a  recueillies  à  ce  sujet  sont  en  somme  peu  favorables. 

On  voit  donc  que,  do  l'ensemble  du  bassin  de  Nouméa, 

ii-des«ua  cité,  p.  S6. 


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LIS  OISEMINTS   HODtLLUfl  466 

la  région  de  la  Nondoué  peut  seule  èlre  considérée 
comme  ayant  déjà  donné  des  indications  de  nature 
■ï  eocourager  l'exécution  de  ^vaux  de  recherches  réel- 
lement sérieux,  travaux  qui  se  justifieraient  d'autant  plus 
4iujourd'hui  que  le  chemin  de  fer,  que  l'on  doit  mettre  en 
■exploitation  jusque-là  à  plus  ou  moins  bref  délai,  doit 
passer  k  proximité  immédiate  des  gisements  en  question. 

B.  —  Bassin  db  Moindod. 

Interrompue  entre  Saint-Vincent  et  Tomo,  par  le  con- 
tact direct  des  serpentines  avec  les  assises  du  bias 
que  l'on  voit  se  développer  assez  loin  en  rémontaot  la 
vallée  de  la  Tontuuta,  la  formation  houillère  reparait 
^  Tomo  pour  se  prolonger  vers  le  Nord-Ouest,  non  sans 
quelques  interruptions,  jusqu'au  delà  de  Moindou,  aoït 
sur  75  kilomètres  de  longueur,  formant  une  série  de  bas- 
sins très  voisins  que  nous  grouperons,  comme  on  l'a  fait 
Jusqu'ici,  sous  le  nom  unique  de  bassin  de  Moindou. 

D'abord  étranglées  entre  les  terrains  triasiques  et  le 
massif  serp^itineux  tout  comme  dans  la  partie  orientale 
du  bassin  do  Nouméa,  les  assises  crétacées  se  développent 
«Dsuite  plus  largement  en  une  sorte  de  synclinal  encaissé 
de  part  et  d'autre  dans  le  trias  qui,  suivant  la  ligne 
Naketj-La  Foa,  prend  iin  développement  tel  que  les  ter- 
rains sédimentaires  occupent  toute  la  largeur  de  l'Ile  ;  le 
bassin  crétacé  arrive  ainsi  à  présenter  une  largeur  attei- 
gnant jusqu'à  15  kilomètres  ;  mais  il  ne  semble  pas,  du 
moins  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  que  ce 
bassin  crétacé  soit  partout  riche  en  formations  houillères; 
ce  n'est  guère  que  son  extrémité  Nord-Ouest  qui  a  été 
jusqu'ici  reconnue  comme  telle. 

Sa  coostitutiou  géologique  diffère  peu  de  celle  du  bas-' 
sin  houiUer  de  Nouméa  ;  les  grès  arénacés  aux  couleurs 
claires,  mais  surtout  jannMres,  y  sont  toujours  dominants 


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460   RICHESSES   HINÉRALES  DB   LA   NOUVBIiLE-CALÉDONIB 

et  jalonnent,  tout  comme  entre  Nouméa  et  Saint- VincenI, 
les  assises  houillères  depuis  Tomo  jusqu'à  la  vallée  de  h 
Bogiien  :  ils  paraissent  néanmoins  laisser  jdus  de  plac«. 
entre  eux  et  les  schistes  triasiques,  tant  à  des  foFTnations 
plus  grossières  se  rapprochant  des  conglomérats  qu'à  nne 
imi)ortante  assise  des  schistes  gris  ferrugineux  qu'il  faut 
sans  doute  rapjmrler  an  lias  et  qui  est  tout  particulière- 
ment développée  sur  les  hauteurs  qui  séparent  les  valléc! 
de  la  Boguen  et  de  la  Nessadiou  (roi  de  Bogueu),  ainsi 
qu'à  Aloindou.  Les  roches  oniptives  ne  sont  pas  moinï 
fréquentes  dans  ce  deuxième  bassin  que  dans  le  premier, 
et  d'importants  massifs  de  ces  roches  viennent  augmenter 
l'étendue  des  terrains  nécessairement  stériles. 

Quant  à  l'allure  générale  des  couches,  elle  est,  Jà  comme 
ailleurs,  et  l'on  peut  même  dire  comme  dana  toute  la 
Nouvelle-Calédonie,  malaisée  à  préciser,  au  milieu  d'im 
grand  nombre  d'accidents  donnant  lieu  à  des  pendages 
très  variés  ;  il  semble  néanmoins  que  l'on  soit  dans  l'en- 
semble en  présence  d'un  s_vnclinal  crétacé  dont  le  fond 
a  été  ronsené  entre  deux  bordures  de  terrains  pins 
anciens  ;  on  doit  donc  voir  dominer  au  voisinage  de  U  mer 
le  pendage  Nord-Est,  tandis  qu'au  pied  de  la  chaîne  cen- 
trale c'est  le  pendage  Sud-Ouest  qui  devrait  être  le  plna 
fréquent. 

L'importance  de  ce  bassin  a  été  plus  longtemps  mécon- 
nue que  ceUe  du  bassin  de  Nouméa,  tant  en  raison  de 
son  éloignement  du  chef-lieu  que  de  son  écartcment  plus 
grand  de  la  cûte.  et  que  de  sa  situation  dans  des  régions 
longtemps  occupées  par  dos  tribus  canaques  peu  accueil- 
lantes aux  Européens.  L'extrémité  Sud-Est  en  a  été 
aperçue  par  M.  Garnier  dans  la  vallée  de  la  Ouenghi,  tandîa 
qu'il  ne  fait  qu'en  mentionner  l'épanouissement  Nord-Onest 
a  Ouaraï  (Teremba-Moindou),  sans  même  indiquer  que  le 
charbon  y  ait  élé  signalé.  Ce  n'est,  sembÉe-t-il,  qu'en 
1870  que  les  travaux  de  construction   de  la  route  de 


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LES  GISEMENTS   HOUILLERS  461 

Teremba  à  Canala  mirent  en  évidence  des  affleurements 
de  charbon  non  loin  de  la  vallée  de  la  rivière  de  Moindou 
et  que  de  premières  recherches  furent  faites  ;  elles  furent 
reprises  en  1874,  à  l'époque  dw  séjour  de  M.  Heurteau 
en  Nouvelle-Calédonie  :  c'est  également  à  cette  époque  ' 
que  furent  découverts  les  affleurements  du  groupe  de 
Moméa.  Explorés  alors  avec  quelque  détail,  et  ayant 
paru  à  cet  ingénieur  être  les  gisements  do  la  colonie  qui 
se  présentaient  sous  Tasepct  le  plus  favorable,  ils 
semblent  avoir  été  oubliés  à  la  suite  de  l'insurrection 
de  1878,  jusqu'au  jour  (i886-87)  où  la  commission  des 
recherches  houillères  fit  exécuter  de  nouvelles  recherches 
dans  la  vallée  de  la  rivière  de  Moindou.  Enfin,  récemment 
(1899),  quelques  travaux,  ont  été  repris  dans  le  groupe  de 
Moniéa,  d'abord  sur  le  versant  des  collines  qui  descend  vers 
la  mer,  et  ensuite  dans  le  fond  de  la  vallée  de  la  N'essa^ 
diou  ;  ces  recherches  ont  été  promptemeut  abandonnées. 
Nous  indiquerons  successivement  ci-dessous  quelles 
sont  les  régions  oii  l'existence  du  charbon  a  été  signalée 
et  quelles  sont  les  indications  que  nous  avons  pu  recueil- 
lir à  leur  sujet. 

l'  Vallée  de  la  Ouenghi.  —  Cette  partie  du  bassin 
forme,  comme  nous  l'avona  dit,  un  étroit  bourrelet  entre 
les  assises  triasiques  qui  occupent  la  plaine  de  Bouloupari 
et  les  serpentines  de  la  dent  de  Saint-Vincent  et  du 
Koungouhaou  ;  ce  bourrelet  parait  s'effiler  le  long  du 
massif  serpentineux  et  disparaître  avant  le  col  de  Kuenthio 
où  les  terrains  secondaires  ne  forment  plus  qu'une  bande 
resserrée  entre  les  serpentines  du  mont  I>6  et  les  schistes 
anciens  du  Centre  de  l'ile. 

Ce  premier  lambeau  du  bassin,  ou  plutôt  ce  premier 
bassin  isolé,  est  donc  très  restreinte),  ^^  ^-  Garaiev 

<*)  Voir  l'esqnisse  géologique  d'une  partie  de  la  Nonoelle-Calédonie 
jointe  à  1&  note  de  M.  Piroutet,  p.  ISO,  dans  laquelle  l'aut«ur,  con- 


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MS   lUOaSSSES   UUfBRALBS   Dl  LA   BODVBLLE-CALÈDOKœ 

parait  a'étr»  trompé  en  peusant  que  là,  «  gr&ce  k  l'éloi- 
gneatent  des  én^tions  magnésiennes  «t  à  la  momi  gruul* 
abondance  des  porpbyres,  on  aurait  des  cliaaecB  fotw 
trouver  la  houille  non  (nBBforroée  et  des  couches  ré^- 
■  Uére«(*)  ». 

Le  charbon  n'y  a  été  sî^alé  que  par  M.  Gamïer  eai 
un  point  qu'il  ne  précise  pas  siiffisaHuoent  et  que  noos- 
n'avona  pu  figurer  que  très  approximatÎTeaient  sur  la 
carte;  nous  ne  croyons  pas  qu'il  ait  été  lignalé  par 
d'autres  explorateurs.  A,yant  remonté  nous-mèna  la 
vallée  de  la  Ouen^i  jusqu'aux  massifs  aerpentio^ux, 
noua  n'avons,  depuis  les  environs  immédiats  de  Tom» 
(Ouinané)  oit  se  trouvent  des  collines  de  grëe  luniiller 
avec  leurs  formes  caractéristiques,  rencontré  que  de 
{^'08  bancs  de  schistes  métamorphiques  durs,  donoaotliea 
à  des  escarpements  abnipts  entre  lesquels  la  rïTière 
est  souvent  profondéfflent  encaissée,  et  que  noa» 
croyons  plutôt  devoir  rapporter  au  trias  qu'au  crétacé, 
comme  le  fait  d'ailleurs  M.  Piroutet,  bien  que  nous  nV 
ayons  pas  recueilli  de  fossiles  ;  nous  n'avons  nulle- 
part  relevé  aucune  trace  île  charbon.  Un  peu  plus  k 
l'Ouest,  nous  avons  parcouru  la  route  de  lîouloupari  à 
Thio  par  Kuenthio,  et  nous  avons  constaté  la  présence,  de 
part  et  d'autre  de  Kuenthio  entre  les  cotes  250  et  ^iO, 
de  grès  et  de  schistes  souvent  noir&tres,  mais  sans 
observer  nulle  part  de  charbon;  nous  avons  répété  les 
mêmes  obse^^'ations  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  Koua 
jusqu'à  quelque  3  kilomètrea  au-dessus  du  point  oii  elle 
se  jette  dans  la  Thio,  région  oti  l'étendue  des  terrain» 
sédimentairea  est  très  faible,  puisqu'ils  n'occupent  qne  le- 

triiremBDl  à  ce  que  nom  sTons  f«it  d'après  M.  Petataji  dans  U  fy.  t 
a«  1b  pi.  1,  a  réuni  le  tria»  et  le  jurassique,  «épamt  la  JvraaBÎtrw  «ta 
ci4Ucé,  et  a  aîiui  cousidérabieuMnt  réduit,  pMit-4tM  tai 
«l«  la  rtaliu,  l'élaaiiye  <!•■  tenaiua  dits  honillen. 
(*)  Garaiar,  laa,  oit.,  p.  64. 


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LBS  eiBJEHINTS  H0DILLBR8  463: 

fond  d'une  vallée  ëtroiteioeDt  encaissée  entre  les  deux 
puissants  massifs  serpeatineiix  du  Kouagotihaon  et  du- 
l'Ungua;  les  formations  atidimentaires  de  cette  ôtroite- 
cavette  c<Hn{irenneat  d'ailleurs  ici,  comme  noos  l'avons 
observé,  des  terrains  plus  anciens  marqués  en  particv- 
li«r  par  plusieurs  tètes  calcaires  telles  que  celle  du  petit 
pic  Koufala.  Les  terrains  crétacés,  s'ils  existaient  là,  ne- 
seraient  donc  certainement  que  très  peu  développés  et 
sans  doute  stériles.  Nous  n'avons  d'ailleurs  pas  de  raison 
de  mettre  en  doute  l'exactitude  des  observations  de- 
M.  Piroutet,  d'après  lequel  les  terrains  crétacés  feraient 
complètement  défaut  depuis  la  Ouenghi  jusqu'à  la  vallée- 
de  la  Poquereux. 

2°  Groupe  de  La  Foa.  —  Les  vallées  des  différentes 
rivières  Fcmimoulou,  Poquereux.  La  Foa  et  Foawhary, 
qui,  venant  se  réunir  aux  environs  de  la  localité  de  La 
Foa,  traversent  toutes  sur  une  certaine  étendue  la  for- 
>iuition  houillère,  mettent  nettement  en  évidence,  du 
moins  au  voiainage  de  leur  confluent,  les  afSeurements 
d«s  différentes  roches  qnî  la  constituent.  C«  sont  surtout 
des  grès,  quelque  peu  grossiers  comme  éléments,  colorée 
en  jaune  souvuit  assez  foncé,  et  coupés  par  d'aSBez  nom- 
breux massifs  de  roches  éruptives. 

Bien  qu'ayant  remonté  les  vallées  de  la  rivière  de  La 
Foa  et  de  la  Poquereux,  et  qu'ayant  observé  avec  soin 
les  afSeuremenis  discernables,  nous  n'avons  noté  dans  les- 
bancs  de  grès  que  la  présence  de  parties  schisteuses- 
phu  ou  moins  noirâtres,  donnant  lieu  à  une  boue  grasee, 
mais  point  de  couches  de  charbon.  Ce  n'est  que  dans  la 
partie  inf^eure  du  cours  de  la  Fonwhary  que  nous  avons 
vu  des  affleurements  bouillers  nets  au  milieu  de  bancs 
de  grès  brunis  par  l'oxyde  de  fer  et  associés  à  des  for- 
mations schisteuses  d'une  certaine  importance  :  l'incli- 
naison générale  des  bancs  est  dirigée  vers  l'Est,  mais  le- 


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464   RICHBSSK8   MINBRALES   DK  LA  NOl^VELLE-CALÉDONIB 

pendâge  s'y  montre  peu  régulier  dans  le  détail.  Un  affleu- 
rement de  charbon  assez  important,  qui  est  visible  sur  la 
route  de  l.a  Foa  à  Bourail,  immédiatement  à  l'Ouest  des 
établissements  de  l'administration  pénitentiaire  de  Fon- 
whary,  a,  paralt-il,  donné  lien  an  fonçage  d'un  petit  puits 
qni  n'y  aurait  rien  trouvé  en  fait  de  charbon  de  bonne 
qualité . 

3*  Ba^xin  de  la  rivière  de  Aîoindou.  —  Comme  nous 
l'avons  dit,  les  premiers  affleurements  de  charbon  décou- 
verts dans  ce  baasin  sont  ceux  mis  à  joiu'  en  i870  par 
les  travaux  de  construction  de  la  route  d'Onrail  à  Canala. 
nu  point  tlésigné  par  la  lettre  M  sur  la  fiff.  i  de  la 
PI.  YI  (d'après  les  indications  du  croquis  annexé  au 
rapport  de  M.  Heurteau);  puis  les  travaux  entrepris  à 
l'époque  ilo  la  mission  de  M.  Henrteau,  soit  par  des 
chercheurs  particuhers,  soit  par  l'Administration  locale, 
mirent  en  évidence  de  nombreux  affleu"'ements  tant  sur 
le  massif  de  grès  et  schistes  qui  sépare  la  roule  de 
Moindou  à  La  Foa  de  la  rivière  de  Moindou,  que  sur  la 
rive  gauche  d^  cette  rivière.  M.  Heurteau  releva  d'autre 
part  plusieurs  affleurements  sur  la  rive  droite  <Ie  cette 
même  rivière;  une  tranchée  fut  ultérieurement  ouverte 
sur  ces  derniers  affleurements.  Dans  le  courant  des  années 
1886  et  1887,  la  commission  des  recherches  houillères  fil 
faire  quelques  travaux  sur  la  principale  des  couches  de  la 
rive  gauche  de  la  Moindou,  dite  couche  Ix)yalty,  et  sur  les 
(guelques  couches  voisines  ;  la  rive  droite  de  la  rivière  fut 
également  explorée.  Ces  travaux  paraissent  avoir  été 
définitivement  abandonnés  au  début  de  1888. 

Nous  n'en  avons  retrouvé  que  des  vestiges  qui  ne  nous 
ont  permis  de  faire  qu'un  petit  nombre  d'observations 
personnelles. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  ce  qui  résulte  tant  de  ces 
observations  que   des   données  fournies   par  les   études 


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LES   OIBEMëNTS   HOUILLEHS  465 

précédem tuent  faites  sur  ce  groupe  de  coucbes.  Les  for- 
mations en  question  appartiennent,  comme  d'ailleurs 
cetle  de  Motnéa  et  de  la  Nessadiou  qu'il  nous  reste  i 
<iÉcrire,  au  l)ord  Sud-Ouest  de  l'aiiliclinal  crétacé  que 
nous  avons  défini;  elles  reposent  vers  le  Sud-Ouest  sur 
des  couches  triasiques  qui  se  développent  tout  le  lon^  du 
littoral,  apparaissant  d'abord  dans  la  presqu'île  de  Teremba 
oii  les  couches  à  Monotis  JiicAmondiana  reposent  sur 
des  assises  métamorphiques  renfermant  Spirigera  Wreyi 
et  Mijlilus  Probiematiciis,  puis  se  prolongeant  le  long  de 
la  baie  Mara  et  au  delà  par  des  mamelons  formés  de 
coiirhes  à  Monolis,  non  sans  laissor  d'ailleurs  apparaître 
des  pointeraents  <lo  calcaire  crisfallin,  sans  doute  plus 
ancien,  à  une  vingtaine  de  kilomètres  de  Muindou.  Lorsque 
l'on  cherche  à  traverser  le  bas:>in  suivant  sa  largeur,  on 
est  arrêté  vers  le  Nord-Est,  à  5  kilomètres  de  Moindou, 
par  la  remontre  dun  massif  éruplif  de  roches  vertes,  qui 
ont  été  décrites  jusqu'ici,  (aut  par  M.  Heurloau  que  par 
la  commission  dos  recherches  houillères,  comme  des  ser- 
pentines, c'est-à-dire  comme  appartenant  à  la  dernière 
et  à  la  plus  importante  des  formations  érupiivcK  calédo- 
niennes, celle  à  laquelle  sont  constamment  associés  les  nd- 
nerais  de  nickel,  de  cobaltet  de  chrome.  11  n'en  est  rien, 
comme  Le  révèlent  de  loin  l'aspect  aiToiidî  des  montagnes 
et  la  nature  de  la  végétation  qui  les  recouvre,  lesquels 
n'ont  rien  de  commun  avec  les  caractères  si  nets  et  si  cons- 
tants que  présente  à  ce  point  de  vue  la  grande  formation 
serpentiaeuse  ;  c'est  ce  que  confirme  d'ailleurs  l'examen 
dies  roches,  beaucoujt  plus  Ëneiuent  grenues  et  plus 
foncées  que  des  péndodites  plus  ou  moins  altérées,  et 
c'est  également  ce  qu'indique  l'étude  microscopique,  qui 
lâs  fait  reconnaître  comme  essentiellement  constituées 
d'éléments  chloriteux  très  menus  englobés  dans  des  ré- 
seaux de  quartz,  et  comme  traversées  en  outre  dans  leur 
masse  par  des  filoiinets  de  quartz  de  formation  postérieure. 


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466   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NODVKLLB-CALBDONIE 

Ce  sont  d'ailleurs  des  roches  de  même  caractère  que  celles 
qui  se  retrouvent  eu  masses  importantes  dans  cette  régioD 
(le  la  colonie,  tan  t  dans  les  couches  triasiques  de  la  vallée  de 
la  Négropo,  tiii  elles  sont  associées  an  cuivre,  que  dans  les 
couches  crétacées  de  la  vallée  de  la  Poquereui,  oii  elles 
contiennent  un  gisement  d "or  ;  elles  ne  renferment  nulle 
part,  à  notre  connaissance,  ni  nickel,  ni  cobalt,  ni  fer 
chromé,  les  compagnons  habituels  de  péridotites.  Le 
contact  de  ces  roches,  i)Gnt-être  post-crétacées,  avec  les 
formations  crétacées  est  marqué  par  la  présence  de  ma- 
tières altérées  constituées  principalement  par  do  la  serpen- 
tine au  sens  minéralogiqne  du  mot. 

Derrière  ces  massifs  éniplifs  qui  sont  restreints  comme 
étendue,  il  est  possible  que  l'on  puisse  retrouver  avec 
pins  ou  moins  d'extension  les  assises  crétacées  formant 
l'autre  bord  du  synclinal,  comme  semble  l'indiquer  la  carte 
géologique  lie  M.  Pelatan.  Le  fait  n'a  cependant  pas  été 
vérifié  en  détail  et  l'esquisse  géologique  de  M.  Pirontel 
ne  le  confirme  pas  ;  nous  ne  croyons  pas  d'ailleurs  que  ta 
présence  de  couches  de  charbon  ait  été  relevée  d'une 
façon  nette  dans  cette  région,  bien  que  l'on  y  ait  tracé  au 
moins  deux  routes,  celli>  de  La  Foa  à  Canala  par  le  col  de 
Coindé,  et  celle  de  Moindou  à  Canala  par  le  col  d'Amieu. 
M.  Porte  signale  cependant  des  grès  houillers  et  des 
schistes  charbonneux  assez  haut  dans  la  vallée  de  la  ri- 
vière de  LaFoa  au  pied  de  Mé-Amèle  et  jusqu'au  roisinage 
du  plateau  de  Dogny. 

Les  assises  crétacées  elles-mêmes  sont  constituées, 
comme  toujours,  par  des  alternances  degrés  are  nacés  parti- 
culièrement riches  en  éléments  ferrugineux  et  de  schistes 
gris  riches,  eux  aussi,  en  enduits  ferrugineux  rougeàtres  : 
ces  derniers  sont  tout  particulièrement  développés,  avec 
pendage  Nord-Est,  dans  le  village  de  Moindou  (où  ils  appar- 
tiennent peut-être  bien  on  partie  au  lias),  on  les  retrouve 
en  lits  fréqnents,  qnoiqne  moins  puissants,  dans  la  montagne 


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LES   aiSEHENTS    HOUILl^RS  467 

de  Moméâ,  on  en  constate  également  la  présence  dans 
les  travaux  de  là  nouvelle  route  de  Moindou  à  Bouraïl  par 
la  vallée  de  la  Boguen,  d'une  part  au  point  où  cette  route 
coupe  la  ligne  de  collines  qui  sépare  la  vallée  de  la 
Moindou  de  celle  de  la  Nessadiou,  et  d'autre  part  sur  les 
hauteurs  qui  s'élèvent  entre  la  vallée  de  la  Nessadiou  et 
celle  de  la  Boguen  (col  de  Boguen) .  Enflo  des  roches  érup- 
tives  se  rencontrent  fréquemment  en  d^kes  traversant 
ces  formations  (dykes  d'orthophyre  puissants  à  quel((uea 
kilomètres  à  l'Ouest  de  Moindou  sur  ta  route  de  Bou- 
rail),  tandis  que  l'on  trouve,  tant  sur  la  rive  gauche  que 
sur  la  rive  droite  de  la  Moindou,  des  tufs  mélapliyriques 
coquilliers  intercalés  dans  les  grès  arénacés  ;  M.  Heurteau 
les  signale  aux  sommets  Mé-Onalib  et  Mé-Oayoli  et  sur  la 
li^ie  de  crêtes  qui  s'étend  de  Moindou  à  la  tribu  de 
Moméa(*);  nous  les  avons  encore  suivis  au  Sud  de  ce  vil- 
lage, ce  qui  montré  qu'il  y  a  là  une  formation  importante 
et  continue,  qui  paraît  être  à  peu  près  immédiatement 
subordonnée  aux  couches  de  houille. 

Quant  aux  couches  de  houille  qui  sont  intercalées  dans 
ces  formations,  il  nous  est  impossible  d'essayer  d'en  défi- 
nir le  nombre  et  la  succession  :  les  travaux  épars  qui 
ont  été  faits  sur  les  unes  et  sur  les  autres  ne  permettent 
pas  d'établir  une  coordination  entre  les  différents  affleu- 
rements, coordination  d'autant  plus  difficile  à  fixer  que 
iea  accidents  secondaires  sont  nombreux,  ainsi  que  l'at- 
testent non  seulement  les  brouillages  reconnus  en  de 
nombreux  points  par  les  tranchées  pratiquées  pour  l'ou- 
verture des  routes,  mais  encor«  les  variations  de  pendage 
souvent  très  brusques  d'un  point  à  un  autre  très  voisin. 
Quoiqu'il  en  soit, lesafSeurements connus  sont  nombreux; 
ils  paraissent  indiquer  l'existence  de  plusieurs  couches  se 
rangeant  dans  la  catégorie  des  couches  moyennes  et  même 

(*)  toc.  cii.,  p.  *M. 


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468   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOCVELLE-CALÉDONIB 

puissantes  ;  certaines  d'entre  ellee  donneraient  des  char- 
bons assez  purs  et  d'une  bonne  qualité. 

CoB  affleurements,  que  nous  avons  représentés  sur  la 
/ïj.  4  de  la  PI.  VI  d'après  les  indications  de  M.  Heurtean 
«t  de  la  commission  des  recherches  houillères  et  d'après 
nos  propres  observations,  paraissent  former  deux  groupes 
bien  distincts  s'alignantgrossièrement  Sud-Est,  Nord-Ouesl 
parallèlement  à  la  direction  générale  des  bancs  ;  nous  n© 
saurions  dire,  faute  d'observations  stratigrapliiques  dé- 
taillées, s'il  faut  les  considérer  comme  signalant  deux 
séries  de  coucheij  superposées  les  unes  aux  auli-es,  ou  au 
contraire  comme  présentant  deux  fois  la  même  succes- 
sion de  couches  en  raison  de  l'existence,  entre  Moméa 
et  Moindou,  d'un  anticlinal;  nous  serions  plutftt  porté  à 
admettre  la  deuxième  hypothèse,  tant  er.  raison  de  l'allure 
des  couches  à  Moméa,  où  on  rencontre  à  faible  distance 
les  uns  des  autres  des  pendages  exactement  inversés, 
qu'en  raison  de  l'existence,  aussi  bien  ^u  mur  des  couches 
de  Moméa  qu'au  mur  de  celles  de  la  rivière  de  Moindou, 
des  mêmes  tufs  mélaphjriques. 

Dans  le  premier  groupe,  où  les  alHeureuieots  i^e  pour- 
suivent sur  près  de  7  kilomètres  de  longueur,  les  coucha 
ont  toutes  aux  deux  extrémités  des  directions  sensiblement 
Sud-Est,  Nord-Ouest,  tandis  qu'au  centre,  âupassaf^e  de 
la  vallée  de  la  Momdou  qui  parait  correspondre  àuu  acci- 
dent géologique,  faille  ou  plissement  accusé  des  couches, 
leur  direction  s'infléchit  sensiblement  pour  devenir  à  peu 
près  Est-Ouest,  en  même  temps  que  leur  pendage,  qui  aux 
extrémités  est  voisin  de  45*  avec  direction  Nord-Est, 
devient  à  peu  près  vertical. 

La  principale  d'entre  les  couches  de  c«  groupe,  tant 
comme  puissance  que  comme  qualité,  est  celle  qui  a  été 
dénommée  en  1886  couche  Loyaltj  par  la  commission  des 
recherches  houillères  ;  elle  parait  être  la  couche  la  plus 
importante  de  la  formation  qui  a  été  suivie  avec  beaucoup 


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LES   GISEMENTS   HOUILLERS  '    469 

de  soin  et  étuiliée  avei-  détail  par  M.  Heurteau  (*)  : 
cette  formation  contient  une  coHche  dont  la  puissance 
varie  de  3  à  6  mètres,  avec,  au  mur  et  au  toit,  des 
passées  charbonneuses  qui  sont  peu  puissantes  et  peu 
régulières,  et  qui  ne  seraient  vraisemblablement  pas  sus- 
ceptibles d'utilisation  pratique.  M.  Heurteau  n'a  reconnu 
la  couche  qu'à  très  faible  distance  du  sol;  il  l'a  partout 
décrite  comme  constituée  par  du  charbon  friable,  parfois 
terreux,  et  eu  outre,  maigre,  brûlant  difficilement  sans 
flamme,  et  ne  donnant  pas  de  coke  ;  mais  il  ajoute  que 
l'on  peut  attribuer  ces  mauvaises  qualités  au  voisinage 
immédiat  de  lasurface. 

C'est  l'affleurement  de  cette  couche  au  voisinage  de  la 
rivière  de  Moindou  et  sur  la  rive  gauche  de  celle-ci  qui  a 
fait  l'objet  principal  des  travaux  de  la  commission  des 
recherches  houillères  en  1886-1888:  la  couche,  dont  la 
direction semblaitôtre  Nord-415°-Est  et  lependage vertical, 
avait,  au  premier  examen,  paru  pouvoir  être  aisément 
suivie  aux  affleurements  sur  200  mètres  de  longueur,  oc 
qui  faisait  présumer  sa  régularité  sur  cette  longueur 
tout  au  moins  ;  mais,  lorsqu'on  a  cherché  à  la  tracer 
souterrainement  par  une  galerie  en  direction  vers  l'Est, 
OQ  a  reconnu  qu'elle  ne  tardait  pas  à  s'infléchir  vers  !e 
Sud  et  qu'elle  se  divisait  en  deux  bancs  dont  la  puissance 
tendait  à  diminuer  au  fur  et  à  mesure  de  l'avancement 
de  la  galerie;  c'est  ce  que  constate  un  rapport  à  la  com- 
mission en  date  du  24  décembre  1886  (*■),  signalant  un  avan- 
cement de  53  mètres  ;  il  ne  semble  pas  que  les  travaux  qui 
ont  été  poursuivis  depuis,  bien  que  prolongés,  nousa-t-on 
dit,  jusqu'à  70  mètres  de  l'orifice,  aient  eu  plus  de  succès  ; 
ils  ont  été  assez  promptement  abandonnés;  l'entrée  de  la 
galerie  est  aujourd'hui  obstruée  par  un  éboulenient,  et 


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470   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA  NOUVBLLE-CALÉDONIB 

celle-ci  est  rempilé  d'eau.  Il  est  bon  de  faire  observer 
que,  la  couche  a^aat  été  précisément  explorée  dans  la 
région  de  l'infléchissement  général  des  bancs,  cette 
exploration  ne  peut  pas  être  regardée  comme  aiaiit  défi- 
nitivement éclairci  la  question  de  savoir  si  l'irrégularité 
d'allure  et  la  mauvaise  quaUté  du  charbon  révélée  par 
lestravaux.de  M.  Heurteau  tiennent  oui  ou  non  au  voisinage 
de  la  surface,  comme  il  en  indiquait  lui-même  la  possiln- 
lité. 

Cependant,  celte  couche  affleure  à  moins  de  1  kilomètre 
des  roches  ëruptives  vers  lesquelles  a  lieu  son  pendage,  il 
est  donc  douteux  qu'elle  puisse  présenter  un  aval-peodage 
très  étendu.  Les  affleurements  paraissent  se  prolonger 
d'autre  part,  avec  une  certaine  puissance,  vers  l'Ouesi 
jusqu'au  coude  de  la  Moindou,  c'est-à-dire  sur  près  de3  kilo- 
mètres, mais  aucun  travail  n'a  été  fait  de  ce  côté. 

Cette  couche  se  présentait,  comme  nous  l'avons  cons- 
taté noua-mfjme,  entre  grès  et  schistes  ;  elle  était, 
paratt-il,  constituée  par  du  charbon  friable,  mais  de  bonne 
qualité.  Si  sa  puissance  se  montrait  régulière  sur  une 
étendue  un  peu  notable,  elle  ne  serait  peut-être  pas 
inexploitable  le  jour  oti  les  produits  pourraient  en  être 
expédiés  sans  trop  de  frais  aux  points  de  consommation; 
mais  cela  ne  serait  guère  le  cas  aujourd'hui,  car  il  ne  faut 
pas  oublier  que  l'affleurement  est  à  quelque  5  kilomètres 
du  village  de  Moindou,  auquel  il  n'est  relié  que  par  un 
mauvais  chemin. 

Au  mur  de  la  couche  Lojalty  en  existent  encore  plusieurs 
autres,  dont  nous  avons  pu  retrouver  plus  ou  moins  exac- 
tement les  affleurements  ;  ce  sont  en  particulier  la 
couche  Carret,  de  1  mètre  de  puissance,  la  couche  Levât, 
de  puissance  variable  jusqu'à  2  mètres,  et  la  couche 
Bctchel  ;  une  galerie  de  33  mètres  de  longueur,  dont 
l'entrée  se  voit  encore  à  une  centaine  de  mètres  au  Sud- 
Ouest  des  autres  travaux,  et  qui  avait  été  ouverte  pour 


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LES   GISEMENTS   HODILLERS  471 

recouper  ces  couches,  a  âoaaé  des  résultats  dont  nous 
n'avous  pas  retrouvé  l'indication  précise,  mais  qui  ont 
sans  doute  été  peu  favorables. 

Plus  au  Sud,  sur  le  versant  Sud  de  la  chaîne  de  coUiuea 
qui  sépare  la  vallée  de  la  Moiudou  de  la  route  de  La  Foa, 
M.  Ueurteau  avait  relevé  de  nombreux  affleurements  indi- 
quant une  direction  Sud-Est,  Xord-Oueet  et  une  plongée 
vers  le  Nord-Est,  c'est-à-dire  parallèles  à  la  direction  géné- 
rale des  haiics  ;  mais  ils  étaient  partout  de  puissance  res- 
treinte et  la  qualité  de  leur  charbon  paraissait  médiocre  ;  il 
ne  semble  pas  que  depuis  lors  personne  y  ait  fait  aucune 
recherche  nouvelle. 

Sur  la  rive  droite  de  la  rivière  de  Moindou,  M.  Heur- 
teau  avait  également  signalé  plusieurs  affleurements,  tou- 
joursdo  même  direction  N'onl-ûuest,  Suil-Est,  les  uns  seule- 
ment de  schiste  charbonneux ,  les  autres  de  charbon  ;  ils  se 
divisent  en  deux  groupes  :  les  premiers  se  montrent  dans 
les  vallées  de  la  Foni-Roi  et  de  la  Foni-Toudé,  à  peu  près 
dans  le  prolongement  des  derniers  affleurements  décrits 
sur  la  rive  gauche,  mais  ils  pourraient  également  corres- 
pondre à  ceux  du  groupe  Loyalty  si  on  suppose  une  inflexion 
générale  des  couches  vers  l'Ouest;  les  autres,  qui  avaient 
paru  plus  importants  et  plus  riches  en  charbon  {trois 
couches  de  0",40,  1  mètre  et  1  mètre,  sur  une  épaisseur 
totale  de  grès  et  de  charbon  de  5  mètres),  sont  notable- 
ment plus  à  l'Est,  c'est-à-dire  presque  dans  le  prolonge- 
ment des  affleurements  du  groupe  de  la  i-ive  gauche,  et 
sont  encore  plus  voisins  qu'eux  du  massif  de  roche  érup- 
tive. 

Les  affleurements  de  la  Ffmi-Toudé  ont  seuls  été,  de- 
puis le  passage  de  M.  Heurtt-au,  l'objet  d'un  petit  travail 
de  reconnaissance;  suivant  ce  qu'a  constaté  la  commis- 
sion des  recherches  houillères  en  1886,  une  tranchée 
d'une  trentaine  de  mètres  de  longueur  a  recoupé  trois 
courhe.s,  <le  direction  Noiil-H5°-Est  et  de  peudage  35*  vem 


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47S  RICHE88ES   MINÉRALES   UB   LA  NOCVBI.LE-CALÉDONIB 

le  Nord,  ayant  respet^tivement  des  épaisseurs  de  1",50, 
2  mètres  et  2'~,W,  et  présentant  du  charbon  d'un  bon  as- 
pect bien  que  friable  aux  afileurements  ;  mais  il  n'a  rien 
été  fait  do  plus  depuis  lors,  et  nous  n'avons  pu  recueillir 
aucune  indication  k  ajouter  à  la  connaissance  de  cette 
partie  du  gisement  qui  pourrait  présenter  un  certain  int^ 
rtt,  d'autant  plus  que  les  affleurements  en  question 
paraissent  se  prolonger  dans  la  vallée  do  la  Nessadiou. 

4*  Groupe  de  la  montagne  de  Moméa  rt  de  la  vallée  dr 
la  Nessadiou.  —  Ce  groujie,  qui  appartient  peut-être  bien 
exactement  à  Ja  même  formation  que  le  groupe  précé- 
dent, se  trouve  dans  des  conditions  géologiques  tout  à 
fait  analogues  et  nous  n'avons  rien  à  ajouter  comme  indi- 
cations générales  sur  cette  formation;  noua  n'avons  qu'k 
donner  ci-dessous  quelques  détails  sur  la  façon  dont  K 
présentent  les  différents  affleurements.  Lorsqu'on  cherche 
à  les  suivre  dans  la  direction  dn  Sud-Est  au  Nord-Ouesl, 
qui  est  de  nouveau  celle  suivant  laquelle  ils  s'alignent  à 
peu  prés,  on  les  trouve  d'abord  au  flanc  des  contreforts 
dépendant  du  sommet  Mé-Aoui  qui  s'étalent  vers  la  mer 
en  séparant  les  vallons  oii  coulent  les  différents  lribulain>s 
de  la  rivière  de  Moméa  ;  ou  les  retrouve  ensuite  sur  ta 
crête  de  ces  contreforts,  sur  leur  versant  Nord-Ouest,  et 
enlln  dans  le  fond  assez  encaissé  de  la  vallée  de  la  Nes- 
sadiou, oii  ils  ont  été  mis  en  évidence  par  différentes 
recherches  poursuivies  au  voisinage  immédiat  de  la  boucle^ 
très  prononcée  que  le  cours  île  la  rivière  fait  en  ce  jwint 
autour  d'un  mamelon  de  grès  et  schistes  houillers.  Plu» 
loin  vers  l'Ouest,  on  ne  retrouve  plus  d'anieurements  cré- 
tacés avec  couches  de  charbon;  sur  la  même  ligne,  on 
voit  au  contraire  reparaître,  comme  l'avîrii  déjà  constaté 
M.  Heurteau,  les  couches  triasiques  à  Monotis  Richmott- 
diana. 

Le  premier  de  ces  groupes  d'affleurements,  celui  de  la 


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LES   GISEMENTS   HOCILLERS  475 

montagne  de  Moméa,  a  ét^  (Ircouvert  peu  de  temps  avant 
la  visite  de  M,  Hetirleaii,  qui  a  décrit  lea  travaux  de  recon- 
naissance, très  restreints  d'ailleurs,  quiy  avaient  été  pour- 
suivis il  y  a  une  trentaine  d'années.  Laissés  de  côté  depuis, 
en  particulier  parla  commission  des  recherches  houillères, 
ces  affleurements  ont  do  nouveau  été  l'objet  de  quelques 
fouilles  en  1894;  pnis,  en  1900,  ils  ont,  été  rafraîchis,  et 
quelques  blocs  de  chardon  en  ont  été  extraits,  c'est  ce  qui 
nous  a  permis  d'y  faire  quelques  observations. 

Le  second  groupe  d'aflleuremcnts  n'a,  à  notre  connais- 
sance, pas  encore  élé  décrit;  nous  ignorons  à  quelle  époque 
il  a  été  signalé  pour  la  première  fois;  mais,  d'après  les 
renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir,  c'est  égale- 
ment en  1900  que  l'on  y  a  fait  les  quelques  travaux  de 
recherohos  dont  nous  avons  retrouvé  les  traces. 

La  fig.  5  de  la  PI.  VI  indique  en  détail  la  position  des 
affleurements  que  nous  avons  pu  examiner  sur  les  deux 
versants  de  ta  montagne  de  Moméa;  ils  se  rapprochent 
assez  nettement  de  ceux  que  M.  Heurleau  avait  figurés  sur 
son  croquis  {'). 

Les  fouilles  a,  b,  c,  rf,  e,  situées  sur  le  flanc  Sud-Est 
de  la  montagne,  montront  les  unes  (a.  6,  e)  des  affleure- 
ments puissants  (aux  environs  de  3  mètres)  appartenant 
peut-être  à  une  couche  unique ,  peut-être  aussi  à  plusieurs 
couches  différentes,  et  les  iuilres  des  affleurements  plus 
minces;  ils  sont  hpeu  juvs  concordants  comme  allure,  avec- 
un  pendage  Nord  ou  .\onl-Est  et  une  inclinaison  de  30  à 
■40"  ;  les  deux  affleurements  é  et  c  en  particulier,  exac- 
tement parallèles,  appartiennent  manifestement  à  deux 
couches  successives  d'une  même  formation.  Eu  b  une 
fouille  encore  fratche  nous  a  montré  une  couche  de  3  mètres 
de  puissance,  de  belle  apparence,  présentant  du  charbon 
brillant  et  léger  d'une  dureté  suffisante  ;  la  couche  est 

O  Uc.  cit.,  p.  *34  à  437,  et  PI.  IX. 


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474   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

interstratifiée  eiitre  tuit  et  mur  de  schistes  friables,  aux 
affleuremeats  tout  au  moins;  lecharbon  n'en  parait  d'ail- 
leurs pas  très  bien  lité.  Quelques  tonoes  en  avaient  élé 
extraites  et  entassées  ^ur  le  sol  eu  beaux  blocs  qui,  malgré 
une  exposition  assez  prolongée  à  l'air,  ne  s'étaient  nî  déli- 
tés ni  altérés,  mais  avaient  pu  prendre  plus  ou  moins 
d'humidité  ;  deux  échantillons  prélevés  au  hasard  parmi 
ces  blocs  et  analysés  à  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne 
ont  donné  le  résultat  suivant  : 


Humidit* 7,08 

Matiferes  volatiles 3S,S3 

Carbone  fixe 4*,Î5 

Gendres H  ,84 

Proportion  de  mulières  volaliles  (  humidilé  comprise  5i 

p.  100  de  charbon  pur  |  humidité  déduite..  47,9 


Les  produits  de  la  distillation  sont  légèrement  acides. 
ce  charbon  se  classe  donc  plutôt  dans  la  catégorie  des 
lignites  que  dans  celle  des  houilles  sèches,  oii  les  analyse:: 
antérieures  (Voir  le  tableau  ci-après,  p.  488  et  489)  ran- 
geraient les  charbons  deMoméa. 

Il  serait  assurément  fort  intéressant  de  vérifier  si  cette 
couche  conserve  ses  caractères  de  puissance,  de  pureté, 
et  de  solidité  du  charbon,  vraiment  encourageants,  sur 
quelque  étendue  tant  eu  direction  que  suivant  le  pen- 
dage.  Sa  direction  est  à  peu  près  Est-Ouest  et  son  pendage 
de  25"  vers  le  Nord. 

A  10  mètres  au  mur,  la  fouille  c  a  mis  en  évidence  une 
couche  de  plus  de  1  mètre,  également  interstratifiéo  dans 
dos  schistes  friables  ;  sa  puissance  est  de  f.lO  ;  mais,  si 
les  60  premiers  centimètres  à  partir  du  mur  paraissent 
constitués  par  du  bon  charbon  dur  et  brillant,  la  portion 
dn  toit  présente  des  alternances  de  petites  bandes  char- 
bonneuses et  schisteuses  qui  rendraient  sans  doute  toni 


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LES   GISEMENTS   HODILLBRS  475 

triage  impossible  et  ne  donneraient  que  du  charbon  sale. 
Le  caractère  de  la  petite  couche  mise  en  évidence  un  peu 
plus  loin  par  la  fouiUe  d  est  encore  moins  satisfaisant  ;  il 
ne  s'y  montre  guère  que  des  bandes  minces  de  charbon 
dans  une  formation  de  schistes  charbonneux. 

Les  fouilles  a  etf,  au  contraire,  ont  mis  à  jour  des  af- 
fleurements à  peu  près  aussi  puissants  qu'en  b,  quoique 
de  moins  belle  apparence  (peut-être  seulement,  il  est  vrai, 
parce  que  ces  fouilles  sont  beaucoup  moins  importantes]  ; 
en  a  la  couche,  puissante  de  3  mètres,  est  entre  toit  de 
schistes  et  mur  de  grès  [ce  qui  la  différencierait  de  la 
couche  b),  sa  direction  est  du  Sud-Est  au  Nord-Ouest  et 
son  pendage,  vers  le  Nord,  est  assez  raîde  (40°  envi- 
ron); te  charbon  que  nous  avons  pu  y  ramasser  était 
quelque  peu  sale  ;  en  e  la  couche  que  l'on  observe  présente 
à  peu  près  la  même  allure  et  les  mêmes  caractères  que 
la  couche  h,  on  en  a  tiré  une  certaine  quantité  de  char- 
bon d'assez  bel  aspect. 

Sur  le  versant  Nord  de  la  montagne,  c'est-à-dire  sur 
celui  qui  regarde  la  vallée  de  la  Nessadiou,  on  trouve 
encore  une  tranchée  /  et  une  fouille  g  :  la  fouille  g  fait 
voir  une  conche  barrée  de  1°',20  environ  de  puissance, 
dont  70  centimètres  de  bon  charbon;  mais  cette  conche 
présente  une  plongée  raide  (45°  environ)  vers  le  Sud- 
Ouest,  c'est-à-dire  sensiblement  inverse  de  celle  que 
l'on  constate  à  quelque  100  mètres  de  distance  dans  la 
fouille  e\  cette  couche  e^t  interstratifiée  dans  des  schistes 
bien  lités. 

A  200  mètres  environ  vers  TOuest  la  tranchée  /,  diri- 
gée vers  le  Sud-Ouest,  nous  a  montré,  bien  que  ses  pare- 
ments fussent  quelque  peu  éboulés,  la  trace  bien  nette 
d'une  couche  puissante,  voisine  de  3  mètres,  interstratifiée 
dans  des  schistes  dont  le  pendage  est  manifestement  <Iirigé 
vers  le  Sud-Ouest  (Ouest-20°-Sud),  et  est  voisin  d'une  tren- 
taine de  degrés. 


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476   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   NODVELLE-CALEDONIB 

Si  l'on  cherche  à  rapprocher  de  nos  constatations  celles 
qui  ont  été  faites  par  M.  Heurteau,  il  semble  bien  certain 
que  les  afîleui-enients  qu'il  signale  au  point  U  appar- 
tiennent au  même  système  que  ceux  que  nous  avons 
relevés  en  a,  A,  c,  </,  e  ;  ils  se  rapportent  à  deux  petites 
couches  sans  doute  du  même  faisceau,  mais  distinctes  do 
celles  que  nous  avons  observées. 

La  fouille  V  de  M.  Heurleau,  dont  nous  n'avons  pas 
retrouvé  la  trace,  est  sana  doute  peu  distante  delà  fouille 
que  nous  notons  g  ;  elle  accusait  le  même  pendage  ;  mais, 
au  lieu  d'une  petite  couche,  elle  mettait  en  évidence 
une  couche  puissante  comme  celles  que  nous  avons  vues 
en  a.  A,  r/. 

Enfin  la  tranchée  que  nous  désignons  par  la  lettre  f 
parait,  à  nVn  pas  douter,  étro  la  tranchée  Yde  M.  Heur- 
teau, d'autant  plus  que  l'iudigèue  qui  nous  accompagnait 
nous  a  affirmé  que  son  exécution  remontait  à  une  époque 
anlérieure  à  l'insurrection  de  1878. 

La  formation  de  la  montagne  de  Moméa  comprend  donc 
une  (sinon  plusieurs)  belle  couche  puissante,  mais  consti- 
tuée par  de  la  houille  sèche  ou  même  du  lignite,  au  mur 
de  laquelle  existent  au  moins  une  couche  peu  puisaanle 
(l^ilO  à  f.SO)  et  moins  pure,  ainsi  que  différents  filets 
charbonneux  dans  les  argiles  ferrugineuses.  Cotte  fonna- 
tiou  parait  avoir  subi  une  dislocation  extrêmement  éner- 
gique, par  suite  d'une  sorte  de  refoulement  ou  de  char- 
riage sans  doute,  puisque  vers  le  Sud-Ouest,  c'est-à-dîre 
vers  le  bord  du  bassin,  elle  présente  un  pendage  Nord-Est 
correspondant  à  l'allure  générale  du  bassin,  puis,  qu'en 
passant  la  crête  de  la  montagne,  on  tombe  à  très  faible 
distance  des  premiers  affleurements  sur  d'autres  présen- 
tant une  plongée  raide  sensiblement  inverse.  Il  y  a  évi- 
demment là  une  indication  inquiétante  au  point  de  vue  de 
la  continuité  en  profondeur  do  l'une  au  moins  des  deux 
séries  découches  qu'on  voit  affleurer. 


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I-ES  GISEMENTS   HOUILLERS  477 

Ajoutons  que,  si  ce  charbon  est  de  valeur  un  peu  infé- 
rieure à  cause  de  sa  trop  grande  richesse  en  matières 
volatiles,  son  transport  jusqu'à  la  mer  serait  aisé,  la 
pesaoteiir  devant  permettre  sa  descente  Jusqu'au  rivage 
par  câbles  comme  puur  les  minerais  de  nickel. 

Dans  la  vallée  de  la  Nessadiou  tes  travaux  ont  été  si 
restreints  que  noua  n'avons  pu  recueillir  que  bien  peu 
d'iodications  sur  l'allure  dfiB  couches,  la  /ig.  4  de  la  PI.  VI 
indique  la  disposition  de  ces  travaux. 

Eu  a  l'affleurement  d'une  couche  sensiblement  horizon- 
tale et  parallèle  au  lit  de  la  Nessadiou,  c'est-à-dire  cou- 
rant Nord-Sud,  est  jalonné  sur  200  mètres  de  longueur 
par  trois  petites  tranchées  et  par  une  amorce  de  tunnel  ; 
la  couche,  autant  qu'elle  est  dégagée,  ne  parait  pas  pré- 
senter plus  de  1  mètre  de  puissance,  et  le  charbon  en 
est  peu  propre  ;  elle  est  associée  à  des  grès  jaunes  et  à 
des  schistes  friables  ;  sa  direction  est  à  peu  près  Nord- 
Sud  et  son  pendage,  peu  accentué,  est  vers  l'Ouest  légè- 
rement Sud.  Au  point  ^  une  tranchée  a  mis  à  découvert 
l'affleurement  d'une  couche  sensiblement  parallèle  comme 
direction  et  pendage,  mais  de  puissance  plus  considérable, 
soit  3  mètres  environ,  et  paraissant  constituée  par  de 
meilleur  charbon  ;  elle  est  interstratiâée  dans  des  schistes 
noirs  friables.  Enfin  en  y.  au  voisinage  immédiat  du  som- 
met de  la  boucle  de  la  Nessadiou,  il  a  été  creusé  un  puits 
qui  a  atteint,  parait-il,  jusqu'à  la  profondeur  de  9  mètres 
et  qui  n'aurait,  d'après  les  renseignements  qui  nous  ont 
été  fournis  et  les  indications  que  nous  avons  relevées, 
traversé  que  des  alternances  de  grès  jaunes  et  de  psam- 
mites  micacés  gris,  iHeii  lités,  sans  trouver  du  tout  de 
charbon. 

On  peut  donc  dire  qu'on  a  seulement  constaté  dans 
cette  région  l'existence  de  charbon,  mais  qu'aucune  doo- 
née  ne  permet  aujourd'hui  d'apprécier  l'importance  du 
gisement,  sa  continuité,  sa  régularité,  etc...,  ni  même  la 


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478  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NODVELLE-CALÉDOSIB 
qualité  du  charbon  qu'il  contient.  Nous  devons  cependant 
ajouter  qa«,  situé  au  fond  de  la  vallée  très  encaissée 
d'une  rivière  bob  navigable,  il  ne  se  trouve  pas  dans  des 
conditions  favoraMes  au  point  de  vue  de  l'évacuation  des 
produits  qu'on  en  extrairait  éventuellement. 

Telles  sont  les  données  que  noa&  avons  pu  recueillir  sur 
le  bassin  houiller  de  Moindou;  elles  sost,  comme  on  voit, 
fort  minces  et  ne  nous  permettent  pas  de  dÎMsi  les  affleu- 
rements qui  ont  été  reconnus,  et  dont  plusieurs  saut  assez 
beaux,  correspondent  oui  ou  non  à  des  couches  indus- 
triellement exploitables. 

C.  —  Autres  bassins  mouillbrs. 

Des  autres  bassins  houiilers  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
le  seul  qui  ait  été,  à  notre  connaissance,  l'objet  de  quelqnes 
recherches,  est  celui  de  Voh  ;  c'est  d'ailleurs  le  seul  en 
dehors  îles  deux  précédents  où  nous  ayons  pu  constater 
la  présence  du  charbon. 

Ce  bassin  se  développe,  sur  une  longueur  de  25  kilo- 
mètres environ,  derrière  les  deux  puissants  massifs  ser- 
pentineux  du  Katepahié  et  du  Koniambo;  il  présente  une 
largeur  moyenne  de  3  à  4  kilomètres  et  repose,  par  l'intei^ 
médiaire  d'une  bande  étroite  de  terrain  triasique,  sur  les 
schistes  micacés  et  métamorphiques,  qui  dans  cette  région 
forment  la  plus  grande  partie  de  l'ile. 

Cette  formation  houillère  est  essentiellement  constituée 
par  des  grès  arénacés,  qui  se  présentent  ici  avec  le  faciès 
caractéristique  que  nous  avons  décrit  ;  ils  se  développent 
en  une  bande  à  peu  près  parallèle  à  la  côte  depuis  la 
vallée  de  la  Fatenaoué,  affluent  de  la  Temala,  jusqu'à  la 
vallée  de  Koné,  où  ils  apparaissent  bien  visibles  au  pied 
de  la  roche  calcaire  d'Até,  dominée  elle-même  par  le 
massif  serpentineux  du  Tandji. 


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LES  UtSEMBNTS   HODILLERS  479 

Le  charbon  n'y  a  éU;  signalé  que  dans  une  seule  région  ; 
c'est  celle  du  col  qui  sépare  les  deux  coudes  voisins, 
distants  de  2  kilomèti:es  à  peine,  de  la  rivière  de  Voh 
et  de  la  Fatenaoué  ;  c'est  dans  le  voisinage  du  Ut  du 
ruisseau  qui  descend  de  ce  col  vers  la  rivière  de  Voh  et 
qui  débouche  à  la  tribu  de  Tiéta,  que  ces  grès,  qui  se 
mélangent  de  schistes,  ont  été  reconnus  contenir  de  la 
houillo.  Cette  découverte,  qui  remonte,  croyons-nous,  à 
1882  ou  1883,  a  été  faite  en  trois  points  du  lit  de  la 
rivière  espacés  de  l.HX)  mètres  au  total,  et  a  mis  en  évi- 
dence aux  deux  points  extrêmes  une  couche  de  charbon 
de  1  mètre  àl",20  de  puissance,  tandis  quedansl'inter- 
valle  on  n'en  signale  qu'une  veine  mince.  La  direction 
des  couches  est  Nord-Sô'-Est  avec  un  penilage  presque 
vertical  vers  le  Nord-Ouest  ;  une  galerie  en  direction  de 
10  mètres  de  longueur  a  été  creusée  sur  Vnn  des  affleu- 
rements et  aurait  (d'après  un  rapport  de  la  Commission 
des  recherches  houillères  du  24  décembre  1886)  {*)  mis 
à  découvert  sur  toute  sa  longueur  une  couche  saine  et 
régulière,  iuterstratifiée  dans  des  schistes  argileux,  et 
constituée  par  du  charbon  assez  consistant  et  de  bonne 
qualité. 

Ces  quelques  travaux,  loin  d'être  poursuivis  comme 
l'avait  demandé  la  Commission,  ont  été  complètement 
abandonnés  depuis  lors,  et  ta  galerie  ci-dessus  mentionnée, 
dont  on  nous  a  montré  les  traces,  est  complètement  ébou- 
lée et  inaccessible;  nous'  n'avons  pu  qu'examiner  le  long 
du  lit  du  ruisseau  la  nature  et  l'allure  des  roches  encais- 
santes, et  constater,  dans  un  trou  existant  encore,  la 
présence  de  charbon  d'assez  bonne  apparence. 

L'ensemble  de  la  formation,  qui  ne  s©  trouve  d'ailleurs 
làqu'k  quelques  centaines  de  mètres  du  massif  serpenti- 
neux  du   Katepahié,   est  formé  de   grès  arénacés   qui 

{*)  Loc.  cit.,  p.  47  k  49. 


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480  RICHESSES   MI,SÈaAI,ES   DE   LA   SOLVELLE-CALéDOSIE 

prennent  des  couleurs  particulièroment  vives  dans  les 
tooB  roses  eL  violacés;  mais  ces  banrs  contiennent,  au 
voisinage  du  diarbon,  des  grès  houillorsgrisâtres  légère- 
ment micacés  et  des  schistes  argileux  gris,  également  un 
peumicacéB.avecdébrisvégétaux informes;  l'allure  de  ce» 
bancs  est  très  irrégulière;  leur  direction  passe,  sur 
quelques  centaine»  de  mètres  de  distance,  du  Noni-Sud  à 
l'EstrOuest  ;  le  pendage  est  également  irrégulier,  mais 
généralement  raide.  Nous  n'avons,  comme  nous  l'avons 
dit,  pu  constater  la  présence  du  charbon  qu'en  un  seul 
point;  il^  présente  une  direction  Est-Ouest  avec  un  pen- 
dage raide  que  nous  n'avons  pu  définir  exactement,  le 
charbon  étant  plutôt  en  boules  qu'en  couche;  il  repose 
sur  un  mui-  de  grès  et  sous  un  toit  de  schistes  argileux  ; 
il  est  très  friable.  Nous  avons  pu  néanmoins,  avecquelquea 
coupa  de  pic,  en  détacher  des  morceaux  sains  que  nou» 
avons faitanalyser  k  lÉroIe  des  Mines  de  Saint-Étienne; 
ils  contenaient  : 

Humidit* 1,26 

MatiÈrea  Tolatiles 12,06 

Carbone  fixe 78,86 

Cendres 9,32 

Proportion  de    matières    volatiles 

p.  100  de  charbon  pur 14,10 

Ce  charbon  est  donc  maigre  ;  les  autres  analyses  qui  en 
ont  été  données  (Voir  le  tableau  des  pages  tSS  et  489)  le 
feraient  plutôt  classer  dans  les  houilles  anthracîteiises, 

Omime  on  le  voit,  le  charbon  duhassin  de  Voh  n'a  été 
que  signalé;  il  n'a  été  l'objet  d'aucune  étude  et,  tout  en 
constatant  qu'au  point  oii  il  a  été  reconnu  les  terrains 
paraissent  peu  réguliers,  nous  pouvons  dire  que  nous 
ignorons  tout  ce  qui  serait  de  nature  à  permettre  de  i>oi^ 
ter  un  jugement  quelconque  sur  la  valeur  industrielle  du 
gisement. 


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LB8   aiSEHEHTS   H0UII.LBI18  481 

Pour  ce  qui  est  des  autres  bassins  houillers,  c'est-à- 
dire  ceux  de  Gatope,  Pouemhout,  Muéo  et  Poya,  figurés 
par  M.  Pelataii  sur  sa  carte  avec  des  dimensions  parfois 
exagérées,  que  nous  avons  reproduites  faute  de  pouvoir 
assigner  un  contourexactàcea  bassins,  nousavonseuperson- 
nellement  l'occasion  de  relever  la  présence  des  formatioDS 
houillères  caractéristiquesdans  ceux  de  Pouembout  et  de 
Poya;  nous  devons  également  signaler  la  présence  de 
CCS  fonnations  non  loin  de  Koumac  au  Nord  du  massif 
serpentineuz  du  Kaala,  oti  elles  forment  des  coUines  au 
pied  des  escarpements  calcaires  qui  s'alignent  N.O.-S.E.  à 
partirde  la  corne  de  Koiimac. 

Quant  au  charbon,  sa  présence  n'a  été  signalée  à  notre 
connaissance  que  dans  le  bassin  de  Poya,  au  pied  du  mont 
Katépoinda,  par  M.  Porte,  qui,  au  cours  de  sa  mission  de 
1888,  déclare(*)  avoir  exploré  d'abord  sans  succès  la 
plaine  de  Poya,  et  avoir  été  plus  heureux  en  tournant  le 
grand  massif  situé  au  Nord  et  au  Nord-Est  de  Muéo  et 
désigné  par  les  Canaques  sous  le  nom  de  Manéouendi  (Pic 
Poya,  Mont  Graunda,  et  Mont  Boulindadescarteg  actuelles), 
en  remontant  la  rivière  de  Népoui  jusqu'à  Oua-Té,  et  en 
franchissant  le  col  qui  sépare  ce  point  des  sources  de  la 
Ponerihouen  (branche  désignée  sur  les  cartes  actuelles 
sous  le  nom  de  Nounin);  c'est  sur  le  flanc  du  Mont  Pané- 
toui  (sans  doute  un  des  contreforts  orientaux  du  Katé- 
poinda) qu'il  a  trouvé,  au  milieu  de  grés  et  schistes,  un 
affleurement  de  charbon  gras  (Voir  le  tableau  des  ana- 
lyses, p.  488  et  499). 

Ajoutons  qu'on   nous  a   déclaré,   mais   sans  que  nous 

ayons  pu  en  aucune  façon  le  vérifier,  que  du  charbon  a 

'  été  trouvé  dans  la  vallée  du  ruisseau  de  Nérin,  affluent 

j   de  la  Poya,  en  un  point  qui  est  d'ailleurs  en  dehors  du 

I   bassin  bouiller  tel  que  le  délimite  M.  Pelatan. 

1        (*)  Loc.  cil.,  p.  35  et  S6. 


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48S  R1CHBSSB8   MIMÂKALES   DE   LA   NOQTKLUt-CALÉDONIS 

Ces  maigrea  indications  nitMitreiit  que  TexploraticMi  de 
la  colonie  mt  encore  beaucoup  trop  imparfaite  povt  qnll 
soit  possibie  d'émettre  une  opinion  sot  l'intérêt  qne  pré- 
sentent cetr  derniers  bassins  hooillers,  et  il  est  à  noti» 
aris  an  moins  tout  aussi  exagéré  de  vouloir  compter 
comme  terrains  houillers  richefl  toutes  les  étendues  qne  l'an 
croît  devoir  aujourd'hui  assigner  aux  fc^mations  crétacées, 
c'est-à-dire  houillères,  qu'il  serait  prématuré  de  déclarer 
qu'elles  ne  pearent  contenir  aucune  rtebesse  otifisaM» 
daRft  l'arenir. 


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UTILISATION    INDUSTRIELLE   DES    GISEHENTS  H0DILLBR3 
DE  LA  NOÏÏTELLE-CALÉDONIE. 


Trois  questions  essentielles  doirent  être  examiaéM 
lorsque  l'on  vent  apprécier  si  des  ^sements  hauiUers 
sont  exploitables  ou  non  ;  la  question  des  conditions  natu- 
relles des  gisements,  qui  déterminent  la  qualité  du  char- 
bon qui  peut  être  produit  et  le  prix  auquel  il  peut  Mrs 
tirré  sur  le  carreau  de  la  mine  ;  ceUe  de  la  situation' 
géographique  des  gisements,  dont  dépendent  les  fraia  et 
transport  jnsqu'aux  points  de  consommation  ;  etenân  celle 
des  débouchés  offerts  aux  combostil^es,  qui  fixent  les 
prix  auxquels  ils  peuvent  être  vendus  et  les  quantités 
qui  peuvent  en  être  livrées  à  la  consommatioD . 

Ce  sont  ces  trois  points  sur  lesquels  il  nous  reste  b 
feomir  quelques  indications. 

A.  —  Rbsdhb  dis  motions  acquises  sur  lks  conditions 

NATUEBLLBS   DIS  SI8BUENTS. 


Ainsi  que  le  montre  l'exposé  qui  précède,  de  l'étendue 
de  i  .200  kilomètres  carrés  qui  parait  être  recouverte  par 
les  formations  crétacées  et  jurassiques  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  une  très  importante  partie  n'a  jamais  donné 
lieu  à  la  constatation  de  l'existence  du  charbon  ;  cette 
partie  comprend  les  bassins  de  Konmac,  Galope,  Pouem- 
bout  et  Muéo,  la  plus  grande  fraction  du  bassin  de  Poya, 
et  la  portion  médiane  du  bassin  de  Moindou.  Sur  nne 


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1 


484  RICHESSES   MINÉRALES  DB  LA  NOrTBLLB-CALBDOXIB 

bonne  portion  des  étendues  restantes,  la  houille  n'a  été 
que  signalée  :  tel  est  le  cas  des  bassins  de  Voh  et  de 
Poya,  de  la  région  de  La  Foa  et  de  celle  de  la  Oaenghi 
dans  le  bassin  de  Moindou.et  delarégiondeSaint-Vinceot 
et  Paita  dans  celui  de  Nouméa.  Enfin,  parmi  les  régions 
où  Ton  a  réellement  reconnu  l'existence  de  couches  ou 
de  séries  de  couches  de  charbon,  plusieurs,  restreintes 
comme  surface  11  est  vrai,  ont  donné,  au  cours  de  l'exé- 
cution de  quelques  travaux  de  recherches,  des  indica- 
tions peu  favorables  sur  la  pureté  du  comboslible  ou  sur 
la  régularité  des  couches  ;  tel  est  le  cas  des  gisement* 
du  Mont  Dore,  de  la  presqu'île  de  Nouméa,  de  la  branche 
gauche  de  ta  Nondoué,  et  aussi  un  peu  de  la  couche 
Loy&lty  près  de  Moindou  (tout  au  moins  pour  cette  der- 
nière dans  la  région  peu  étendue  où  elle  a  été  explorée). 
Ajoutons  que  presque  partout  oit  les  couches  se  sont 
montrées  aussi  brouillées,  le  charbon  était  antbraciteui, 
c'est-à-dire  d'un  emploi  un  peu  difficile  au  point  de  vue 
industriel,  l'une  et  l'autre  circonstances  tenant  apparem- 
ment k  la  proximité  trop  immédiate  de  roches  éruptives 
diverses.  Quelques  recherches  poursuivies  plus  loin  de  ces 
roches  éruptives  ont  donné  sinon  des  résultats,  du  moins 
des  indications,  plus  favorables,  soit  au  pointde  vue  de  la 
régularité  possible  des  couches,  soit  à  celui  de  la  qualité 
même  du  charbon  ;  tel  est  le  cas  de  la  branche  droite  de 
la  Nondoué,  de  la  montagne  de  Moméa,  et  jusqu'à  un 
certain  point  de  la  rivière  de  Moindou. 

Dans  ces  conditions,  il  nous  faut  tout  d'abord  faire  ré- 
serve de  la  majeure  partie  des  terrains  houillers  Je  la  colo- 
nie pour  lesquels  nous  ne  possédons  presque  aucune 
indication  :  sans  doute,  dans  les  plus  petits  d'entre  les 
bansins  qui  sont,  sur  toute  leur  étendue,  au  contact  ou  au 
voisinage  des  serpentines,  il  est  vraisemblable  qu'on  ne 
pourrait  trouver  que  des  couches  tourmentées;  mais, pour 
le  bassin  de  Poya  par  exemple,  pour  une  bonne  partie  de 


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LBS  01SEHEHT3  HODIU^RS  485 

celui  de  Moindou  (')  et  pour  une  partie  même  de  celui  de 
Nouméa,  nous  ne  pouTons  rien  dire.  Sont-ils  riches  en 
couches  de  houille  oui  ou  non,  nul  ne  le  sait  ;  et  l'ou  ne 
saurait  prévoir  quelle  serait  la  nature  des  couches  qui  y 
pourraient  exister.  Dans  un  pays  qui  serait  mieux  ezploré,  et 
surtout  dans  un  pays  oii  les  affleurements  de  toute  nature 
seraient  moins  complètement  dissimulés  par  la  végétation 
qu'ils  ne  le  sont  en  Nouvelle  -Calédonie,  on  pourrait  con- 
clure de  l'absence  de  toute  découverte  d'affleurements 
houillers  à  la  probabilité  de  leur  absence  ou  tout  au  moins 
à  leur  rareté  {")  ;  mais,  pour  notre  colonie,  nous  n'oserions 
raisonner  de  la  sorte. 

Cette  réserve  faite,  nous  avons  d'autre  part  à  écarter 
des  étendues  vraisemblablement  intéressantes  au  point  de 
vue  industriel  quelques  régions,  que  nous  avons  énumé- 
rées  ci-dessus,  pour  ne  retenir,  non  pas  comme  les  seules 
dont  il  soit  possible  d'espérer  quelque  chose,  mais  comme 
les  seules  dont  il  nous  soit  possible  de  dire  quelque  chose, 
que  les  régions  de  la  Nondoué,  de  Moméa  et  de  la  rivière 
de  Moindou. 

Des  différentes  questions  techniques  que  l'ingénieur 
doit  se  poser  en  face  de  couches  de  houille  qu'il  examine 
au  point  de  vue  de  leur  exploitabilité,  à  savoir  nature 
chimique  du  charbon,  pureté  des  produits  à  extraire, 
puissance  et  régularité  des  couches,  et  difficultés  d'exploi- 
tation, aucune  n'est  aujourd'hui  complètement  résolue. 

i'  Nature  chimique  dn  charbon.  —  En  dehors  des  nom- 


(*)  Rappelons  qu'il  semble  bien  établi  aujourd'hui  que,  dans  la  partie 
centrale  du bauude Moindou,  tel  quenous  l'avons  figuré  d'après  M.Pe- 
latao,  les  terraini  crétacés,  c'est-à-dire  les  terrajna  i  charbon,  n'existent 
mSme  pas. 

{•*)  II  faut  pratiquement  écarter  d'une  façon  presque  complète,  nous 
l'avons  déjà  expliqué,  l'hypothèse  de  couches  de  houille  exploitables  se 
développant  sous  des  terrains  ou  des  massifs  érupUfs  plus  récents  en 
N  onvelle-Calé  doni  s. 


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i86   RICHESSES   MINÉRALES  DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

TABLEAU    DBS    AnAlTSKS    EFFBCTCW I 


1»  ■■>dT«. 

■Dan,  m>D(  Bulli '  S*       iil.      . 

'.3-     a.    . 

S^dIOobU,  DiBt  TniiMnt }  î*  >d.      . 

)3-  id       . 

I    I"  iiiily». 

S-  id.      . 

la-    w.   . 

\i-      u.     . 
lia,  PorltMlt-Ffr ,  ^'       ?J-      ■ 

17-   »:  : 

:  :: 

,0*         ni.        . 

Vahout,  mine  le  TiaumiiT 

1  l"««li«. 
oui,  mina   da   BcaWni il-       id.      . 

Nondout,  RiTin  du  Bruyéiei 

S(iii^ VuKDl,  nwi  Ji  GuFiTiVn".  !!  1  !".!',!!!!!!!!!  i 

Oui  pHpirreDi,  Bine  Rouudo 1^       j^' 

'  4-   id.  : 

rbtr]r<  <4Up  d'Atia  {«niclia  Ctotgtt)....^ 

'   Moindaa  (Poiil  0  éfU.  UivrlMa  et  de  aot»  eroquii) 

Uoiclts,  «HebaLiyally 1  J/  •"^I"' 

Hundvo,  eonthe  Uial j  ^'  "j^ll"*- 

Moindag,  puiu  B*lcb*l 


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us  OISUCBMTS 
■  OHÀBBONB  M  t^  mnrmxE-CAiJBOHni. 


Hniilh  ETUM  k  lui|1i*  luDID*. 


HoniUa  ^ruH  i  eonrU  lion». 


K.  Aiucber  t  iKird  iu  Duoati 
■■    II,  libortloin  de  1>  Ifirii 

Porte,  1  Hoini«i, 


Ëule  dte  niiiu  de  Puie, 
M.  ParK.  à  I1i>iib«ii. 


Qderi*  di  77  n 
de  proroadenr. 
iJir^  de   16  ■ 


Tr 


M.  Porte,  t  Hou 


lioniUt  gnue  miN 


Houille  (ruH  à  eo 


M.  Ch.  Wett,  i  Sydiieï. 
M.  W.  A.  DiioB.  l  Sydney. 

Ecole  dei  mioei  dt  Ptrii. 
H.  Porte.  àNoBDti. 


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488    RICHESSES    MINÉRALES    DE   LA    NOUVELLE-CALÉDONIE 


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breiises  analyses  qui  ont  été  effectuées  h  diverses  époques 
par  M.  Porte,  pharmacien  principal  <le  la  Marine,  et  dont 
nous  n'avons  pas  de  raison  de  mettre  en  doute  l'exactitude, 
encore  que  certaines  différences  considérables  entre  les 
résultats  d'analyses  de  charbons  donnés  comme  de  mÔme 
provenance  (mine  Bulli  an  Mont  Dore  en  particulier) 
paraissent  bien  singulières,  quelques  analyses  ont  été 
faites  en  Europe  ou  en  Australie  ;  nous  aurions  noos- 
même  désiré  pouvoir  en  faire  faire  quelques*  unes,  mais, 
faute  de  recherches  en  activité  sur  les  différents  gise- 
ments, nous  n'avons  presque  partout  pu  recueillir  que 
des  échantillona  trop  manifestement  altérés  pour  qu'ils 
puissent  fournir  des  données  de  quelque  valeur.  Quoi  qu'il 
on  soit,  M.  Porte  (*)  rapporte  45  analyses  de  charbons 


(*)  toc.  ci/., p.  «. 


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LES  GISEMENTS   HOUILIJÎRS 


de  la  NouTelle-Calédonie,  dont  35  lui  sont  dues  ;  nous 
reproduisons  dans  le  tableau  ci-dessus  les  résultats  de 
ces  analyses,  p^upés  par  gisement,  en  y  joignant  les 
résultats:  1*  de  l'analyse  effectuée  en  1895  à  l'Ecole  des 
mines  de  Paris  sur  des  charbons  de  la  Nondoué,  et  2''de 
deux  analyses  faites  en  1903  à  l'Écoledes  mines  de  Saint- 
Ëtienne  snr  des  échantillons  peu  altérés  que  nous  avons 
rapportés  nous-mème. 

L'examen  de  la  cinquième  colonne  de  ce  tableau,  od 
nous  avons  porté  les  teneurs  en  matières  volatiles  pour 
cent  de  charbon  pur  de  cendres  et  la  moyenne  de  ces 
teneurs  pour  les  charbons  d'un  même  gisement,  fait  con- 
naître la  catégorie  dans  laquelle  se  classent  les  diffé- 
rents charbons,  catégorie  que  nous  avons  mentionnée  dans 
la  sixième  colonne  en  adoptant  la  classification  de 
Gruner, 


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400  atCHBSSBS   lUNÉBALES  DE  LA  HOCVBLLB-CALBOOXIK 

On  voit  que  l'on  a  tronré  en  NoaTelle-Galédonis  dm 

-charbons  répondant  aux  six  cat^ories  de  Gruner,  depuis 
l'anthracite  typique  jusqu'à  des  honiOefl  sèches  se  r^ 
prochaut  des  lignites.  Comme  nous  avons  déjà  en  l'occa- 
sion de  le  mentionner,  nons  serions  a»sez  porté  à  croire 
-que  ce  n'eet  pour  ainsi  dire  qu'accidentellement,  par  l'ef- 
fet d'altérations  locales,  que  s'est  trouvée  constituée  une 
série  aussi  complète;  et,  bien  que  l'on  soit  encore  loia 
de  pouvoir  faire  des  études  de  détail  de  ce  genre,  nous 
■ne  serions  pas  surpris  que  l'on  arrive  à  montrer  que  le^ 
anthracites  et  peut-être  même  les  houilles  maigres  ne 
sont  dues  qu'à  la  transformation  locale  de  charbons  jilm 
gras  par  l'effet  de  roches  éruptives  de  venue  postérieure 
à  la  houille,  roches  qui  seraient  soit  les  serpentines  elies- 
mèmes,  soit  plutôt,  à  notre  avis,  les  porphyres  que  l'on 
rencontre  fréqnemnieat  associés  an\  giftem«ifai  houiUers. 
et  dont  la  vernie  ne  parait  pas  être  antérieure  à  la  for- 
mation de  ces  gisements. 

Mais,  bien  que  les  houilles  rencontrées  appartienneni 
aux  tv-pes  le-s  plus  variés,  on  peut  dire  qu'aujourd'hui  on 
n'a  reconnu  de  gisements  do  qu'^Ique  importance  qno 
d'anUiracite,  de  houille  grasse  à  courte  fLimme  et  iJe 
houille  grasse  à  longue  llamme  pasBautàla  bouille  sèche. 

Dans  le  premier  groupe  so  rangent  une  partie  Lout  un 
moins  des  gisements  du  Mont  Dore  et  de  la  baie  de  Bou- 
lari,  ceux  d'Vahoué,  du  col  de  Tongoué,  et  de  Koc,  les 
■couches  Levât  et  lïstchel  àMoindou,  et  enfin  le  gisement  de 
Voh;  on  sait  que  de  tels  combustible»  sont  d'un  emploi 
un  peu  malaisé  pour  le  chauffage  des  chaudières,  mais 
qu'ils  peuvent  généralement  être  substitués  au  coke  pour 
les  usages  métallurgiques;  d'ailleurs  tous  ceux  d'entre 
•ces  gisements  qui  ont  été  explorés  ont  paru  présenter 
peu  de  continuité,  peut-être  par  suite  des  effets  de  la 
même  cause  qui  a  transfonué  le  charbon  en  anthracite. 

Dans  le  deuxième  groupe  se  rangent  les  charbons  des 


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LES   GISEMENTS   HOUIU.ERS  491 

Portea-de-Fer  et  ceux  de  la  Nondoué  (autant  qu'on  peut 
«n  juger  pour  caîs  derniers  par  une  seule  analyse);  ce 
sont  (les  charbons  également  propres  an  chauffage  des 
chaudières  et  à  la  fabrication  du  coke. 

Daus  le  troisième  groupe  se  classent  la  majeure  par- 
tie des  charbons  de  Moindou  :  une  partie  d'entre  eux 
seraient  sans  doute  bons  pour  la  fabrication  du  gaz;  maïs 
les  houilles  sèches  (*)  (grande  couche  de  Moniéa)  sont 
d'un  emploi  malaisé  ;  elles  ne  donnent  pas  do  coke  et  ne 
sont  pas  appréciées  pour  les  chaudières;  cependant,  dans 
les  pays  oii  ces  charbons  tiont  abondants  (Ecosse  et 
HauLe-Silésie,  par  exemple),  on  arrive  à  les  employer  d'une 
façon  satisfaisante  pour  bien  des  usages. 

Quant  aux  qualités  industrielles  qui  correspondent  à  la 
nature  chimique  de  ces  divers  charbons,  les  essais  ci- 
dessous  énumérés  ont  fourni  quelques  indications: 

1°  En  185.Î,  du  charbon  de  l'Ilot  N'dé  fut  embarqué  à 
bord  du  bâtiment  de  l'État  le  Prony;  il  passe  pour 
avoir  été  utiliRÔ  avec  succès;  nous  ignorons  à  quel  usage 
il  a  été  employé;  nous  ferons  seulement  remarquer  que, 
vu  la  date,  il  n'était  pas  question  du  chauffage  de  chau- 
dières marines; 

2*  En  1875,  un  essai  du  charbon  du  gisement  des 
Bruyères  (col  de  Tongoué),  fait  à  bord  du  bâtiment  de  l'État 
le  Coetlogon,  donnait  un  résultat  peu  favorable  ;  le  procès- 
verbal  de  cet  essai,  en  date  du  2S  octobre  187ô,  conclut 
en  effet  que  le  cliarbou  en  question  (luithracito)  »  a  paru 
à  la  commission  d'essai  complètement  inacceptable  pour 
Je  service  de  la  marine  et  avec  des  foyers  onlinaires  "  ; 

3°  En  1886,  la  commission  des  recherches  houillères  a 
fait  essayer  à  bord  de  l'aviso  Loijally  une  tonne  de  charbon 
des  affleurements  de  la  veine  Loyalty  (Moindou)  ;  mais  <i  le 

[*)  Si  les  échanlilloiLs  que  nous  avon>!  fuit  analyser  n'avaient  pas 
■nbt  nne  looguo  expnailion  h  l'air  et  Â  la  pluie,  nous  les  qualiHeriiins 
pluMt  lignitei  d'aprË»  los  résultais  de  celte  analjse. 


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492  RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NODVELLE-CALÉDONIE 

charbon,  déjà  très  friable  par  lui-même,  et  très  malmené 
pendant  le  transport,  est  tombé  en  poussière,  rendant  ainsi 
tout  essai  sur  grille  illusoire.  Quelques  morceaux  jetés  sur 
les  foyers  des  chaudières  ont  pourtant  bien  brûlé  (*)  »  ; 

4°  En  1887  {19  janvier,  27  janvier  et  24  mars),  des 
essais  exécutés  à  bord  du  Duchaffaut  et  du  Loyally,  de  la 
marine  de  l'ÉUt,  sur  du  charbon  du  gisement  des  Portes- 
de-Fer,  ont  donné  des  résultats  aussi  satisfaisants  que 
ceux  donnés  par  les  charbons  de  provenance  australienne  ; 
la  commission  d'essai  a  déclaré  ce  charbon  «  suffisant 
pour  le  service  de  la  flotte  »  et  a  ajouté  qu'il  serait  â 
désirer  qu'il  fût  l'objet  d'une  exploitation  sérieuse  (*')  ; 

5"  En  1887,  une  cinquantaine  d©  tonnes  de  houille 
extraites  de  la  mine  Coligoon,  à  Koé,  ont  servi  à  chauffer 
les  chaudières  de  l'usim;  à  sucre  de  Koé  (**"); 

6°  Le  7  mars  1888,  des  essais  de  vaporisation  ont  été 
faits  par  M.  l'Ingénieur  de  la  marine  Auscher,  à  bord  du 
Diiqjiesne,  sur  du  charbon  provenant  des  Portes-de-F©r ; 
ces  essais  l'ont  conduit  à  la  conclusion  suivante  :  «  Le 
charbon  de  la  Nouvelle-Calédonie,  employé  pour  le  chauf- 
fage des  chaudières  à  vapeur,  présente  certaines  qualités. 
II  donne  très  peu  de  fumée,  n'encrasse  pas  les  tubes, 
est  dépourvu  de  pyrites,  donne  un  mâchefer  léger  et 
non  adhérent.  Mais  il  offre  les  inconvénients  des  houille 
grasses  à  courte  flamme  :  utilisation  imparfaite  des  sur- 
faces de  chauffe,  emploi  fréquent  du  crochet.  En  le 
mélangeant  en  proportions  convenables  avec  de  la  houiBe 
maigre,  on  obtiendrait  pi-obahlement  un  combustible  de 
très  bonne  qualité.  » 

(*)  Rapport  de  M.  Pelstan  i  la  ConiDiission  des  recherches  houlilèrci 
en  date  du  ÎS  février  1K86,  loc.  cil.,  p.  39. 

(")  Comptes  Rendus  des  essais  faiUpar  Ua  navirti  de  la  atalion  loealt 
(Ordre  du  gouverneur  eu  date  du  17  jaovier  1887),  annexés  au  Recutit 
des  Iravaiix  de  la  Coiiimisaion  dos  recherches  houillères  ci-deasus  cité, 
p.  89  à  96. 

("')  Porte,  lue.  cil.,  p,  22. 


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LBS  GISEMENTS   KOUILLERS  493 

Au  cours  des  essais,  ce  charbon  avait  vaporisé  6"',62 
d'eau  contre  8"',5  pour  du  charbon  d'Anzin  et  6'", 5  pour 
du  Decazeville  ; 

7"  En  1889,  le  charbon  de  la  mine  Bulli  a  été  essayé 
à  la  forge  du  paquebot  Océanien  des  Messageries  Mari- 
times ;  les  résultats  ont  éttr,  d'après  M.  Porte,  «  très  con- 
cluants et  favorables  (*}  «  ; 

8°  En  1895-96,  le  charbon  extrait,  à  la  quantité  de 
plusieurs  tonnes,  et  même,  nous  a-t-on  afôrmé,  de  plu- 
sieurs dizaines  de  tonnes,  du  puits  du  ravin  des 
Bruyères  (Nondoué),  a  été  employé  avec  succès  tant 
aux  usages  domestiques  et  à  la  forge  qu'au  chauffage 
des  chaudières  d'une  locomobile  et  des  chaloupes  de 
l'Administration  pénitentiaire.  D'après  une  note  que  nous 
avons  retrouvée  dans  les  archives  de  cette  administration, 
on  aurait,  avec  100  kilogrammes  de  charbon  de  la  Non- 
doué,  donnant  27  kilogrammes  de  cendres,  vaporisé 
471  litres  d'eau  dans  la  chaudière  d'une  locomobile, 
tandis  que  le  charbon  de  Newcastle  {Australie)  vaporisait 
468  litres  en  donnant  20  kilogrammes  de  cendres.  Deux 
essais  avec  la  chaloupe  auraient  .exigé  des  consommations 
de  78  et  89  kilogrammes  par  heure,  tandis  qu'avec  du 
Newcastle  de  belle  qualité  on  consommait  90  kilo- 
grammes. La  note  ajoute  que  le  charbon  de  la  Nondoué 
brùle  lentement  et  tient  très  bien  le  feu. 

De  l'ensemble  de  ces  indications  il  résulte  avec  certitude 
que  le  charbon  des  Portes-de-Fer  est  une  houille  grasse 
à  courte  flamme,  parfaitement  susceptible  d'un  emploi 
industriel  et  en  particulier  d'emploi  pour  le  chauffage  des 
chaudières  ;  il  ne  le  cède  en  rien  à  ce  point  de  vue  aux 
charbons  australiens,  avec  lesquels  les  charbons  calédo- 
niens devraient  entrer  en  concurrence;  il  est  susceptible  de 
donner  du  coke  bien  aggloméré.  Il  parait  en  résulter  éga- 

(•)  ioe.  ci(.,  p.  «. 


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494   RICHESSES  MINÉRALBS  DB   LA   NOOVBLLE-CALÉDONIB 

lement  que  le  charbon  de  la  Nondoué,  qui  est  aussi  une 
houOle  grasse  à  courte  flamme,  est  de  qualité  suffisant» 
pour  la  production  de  la  vapeur,  qu'il  peut  être  employé 
à  la  forge  et  qu'il  donne  du  coke  dur  et  bien  aggloméré. 
Le  charbon  de  la  mine  Bulli  serait  également  suscep- 
tible d'un  emploi  à  la  forge;  celui  de  la  mine  CoH^oa 
pourrait  être  employé  à  chauffer  des  chaudières;  il  n'en 
serait  pas  de  même  de  celui  de  la  mine  des  Bruyères^  qui 
est  un  anthracite.  Enfin  la  composition  chimique  tles 
charbons  de  Muindou,  et  surtout  de  ceux  de  Moméa,  doit 
faire  craindre  qu'ils  ne  soient  d'uiueniploi  un  peu  difficfle. 

2*  Ptireté  du  charbon  à  extraire.  —  Les  analyses  et 
essais  ci-dessus  rapportés  ne  donnait  que  peu  d'indica- 
tions sur  la  pureté  des  charbons  qu'il  serait  possible 
d'extraire  pratiquement  des  différents  gisements  :  si 
quelques  analyses  mentionnent  des  teneurs  en  cendres  très 
basses  et  montrent,  qu'avec  un  triage  beaucoup  plus  soigné 
sans  doute  que  celui  qu'on  pourrait  faire  industriellement, 
on  peut  obtenir  parfois  des  produits  remarquablement  pnrs 
(en  particulier  pour  les  charbons  grasdeMoindou),  d'antres 
analyses,  au  contraire  (La  Foa,  Oua-Té,  Voh,  Nondoué], 
faîtes  à  n'en  pas  douter  sur  des  échantillons  plutdt  pins 
purs  que  moins  purs  que  la  moyenne  du  charbon  extrait, 
montrent,  qu'au  moins  aux  affleurements,  certaines 
couches  donnent  des  charbons  sales. 

D'autres  indications  sont  plus  intéressantAs  au  point  tf» 
vue  industriel,  ce  nont  celles  qui  résultent  des  quantités 
de  cendres  obtenues  au  cours  d'essais  d'utilisation  ; 
nous  avons  retrouvé  à  ce  sujet  les  chiffres  suivants  :  les 
essais  de  1887  à  bord  du  Dncha/faut  et  du  fMyoHy 
(cîiarbon  des  Portes-de-Fer)  ont  donné  iO,  12  et  13  p.  100 
de  mâchefer  et  escarl^Ues;  les  essais  faits  sur  le  mfime 
charbon  par  M.  l'Ingénieur  de  la  marine  Auscher,  à  bord 
du  Duqvesne,  ont  donné  16  p.  100  de  mâchefer.  Tous  ces 


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LES  OISBMEITTS   H0DILLER8  495< 

chiffres  indiquent  nn  cfcarftoa  (Tane  pureté  trfes  suffisante.. 
Au  contraire,  les  essais  de  ('Administration  pénitentiaire 
SOT  le  charbon  de  la  Nondoûé  ont  conduit  au  chiffre  fort 
éleTé  de  27  p.  100  de  cendres,  el  l'analyse  faite  à  l'École 
des  Mines  de  Paris,  sur  des  échantillons  paraissant 
correspondre  à  dn  tout-venant,  a  donné  17,6  p.  100  de 
cendres,  ce  qui  classe  le  charbon  à  peine  dans  la  deuxième  - 
qualité. 

n  semble  donc  en  résumé  que,  si  quelqnes-ane»  des- 
coaches  de  charbon  de  la  Nouvelle-Calédonie  {Moindou 
et  Portes-de-Fer)  penvent  fournir,  grâce  sans  doute  à  nO' 
triage  soigTië,  dn  charbon  bien  pur  de  cendres,  la  majo- 
rité des  condies  donne,  au  voisinage  des  afHearements- 
tout  au  moins,  des  charbons  assez  sales;  ce  serait  en 
particulier  le  cas  des  gisements  de  la  Nondoué. 

3*  Puissance  et  régularité  des  couches.  —  La  puis- 
sance des  couches  est  généralement  malaisée  à  apprécier - 
auT  affleurements,  où  une  partie  da  charbon,  moins  résis- 
tant aux  agents  atmosphériques  que  les  roches  encais- 
santes, a  pa  (Ksparaltre,  et  où  surtout  le  charbon  pur- 
et  les  schistes  stériles  ont  pu  subir  des  brouillages.  Quoi 
qu'il  en  soit,  on  a  constaté  dans  presque  tous  les  gise- 
ments l'existence  simultanée  de  formations  charbon- 
neuses d'épaisseurs  très  variables,  depuis  des  filets  de  char- 
bon jnsqn'à  des  couches  de  5  et  6  mètres  de  puissance. 
Malheureusement  presque  toutes  les  couches  puissantes  qui 
ont  été  signalées  se  montrent  plus  ou  moins  barrées  de  bancs 
de  schistes,  dont  l'épaisseur  est  le  plus  souvent  telle- 
qu'ils  diminuent  considérablement  la  puissance  utile  des 
couches,  et  qu'ils  obligeraient  sans  doute  à  n'exploiter, 
dans  tme  formation  de  5  à  6  mètres,  qu'un  ou  deux  bancs- 
plus  on  moins  minces. 

Tel  paraît  être  tout  particulièrement  le  cas  pour  bon 
nombre  des  couches  du  gisement  de  la  Nondoué;  nous- 


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496  RICHESSES   MINÉRALES  DB   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE: 

avons  pu  le  constater  nous-mème  sur  les  affleurements 
plus  ou  moins  biea  découverts  que  nous  avoua  vus,  et 
c'est  ce  qui  paraît  résulter  des  rapports  rédigés  à  l'époque 
oii  les  recherches  se  poursuivaient  :  dans  l'un  de  ces 
rapports,  le  Contrôleur  des  Mines  signale,  dans  le  ravin 
des  Fougères,  une  couche  de  3  mètres  comprenaDt 
1  mètre  de  charbon  absolument  pur  et  2  mètres  de 
schistes  fortement  imprégnés  de  liouille,  puis,  en  conti- 
nuant à  remonter  la  rivière,  une  couche  de  3°* ,50  com- 
prenant au  toit  une  couche  pure  de  0",T0  et  2",80  de 
schistes  noirs  riches  eu  houille,  eoJin,  à  quelques  mètres 
plus  haut,  une  couche  de  7  mètres  de  puissance  compre- 
nant deux  couches  de  houille  pure  de  0~,70  et  1",20 
séparées  pai-  des  schistes  noirs  que  l'on  retrouve  au  toit 
et  au  mur  ;  »  ces  schistes  forment  un  combustible  très 
passable  (']  »,  est-il  ajouté. 

Il  semble  cependant  qu'il  existe  dans  le  ravin  des  Fou- 
gères une  couche  (couche  LafTon)  de  charbon  à  peu  près 
pur  ayant  2  mètres  de  puissance  ;  la  couche  Loyalty  (Moin- 
dou)  parait  être  assez  puissante  et  être  constituée  par  du 
charbon  excellent;  enfin  l'une  des  couches  de  la  Montagne 
de  Muméa  atteint  3  mètres  de  puissance  et  est  formée 
presque  uniquement  par  du  charbon  pur.  Rappelons 
d'ailleurs  que,  si  des  couches  de  2  à  3  mètres  de  puis- 
sance sont  d'une  exploitation  généralement  aisée,  des 
couches  plus  puissantes  donnent  lieu  à  de  sérieuses  diffi- 
cultés et  k  des  frais  souvent  considérables,  tandis  que 
des  couches  de  i  à  2  mètres  de  puissance,  et  parfois 
même  des  couches  plus  minces,  permettent,  lorsqae  le 
toit  est  bon,  des  exploitations  économiques. 

La  régularité  <les  couches,  c'est-à-dire  la  permanence 
d'une  puissance  sufAsante  sur  de  grandes  étendues  tant 

(')  Nous  ne  pouvoD*  mentionner  une  ararmation  de  ce  genre  sans 
1b  contredire  ;  des  ichiitet  même  Iris  charbonneux  doivent  £tre  lenut 

pour  absolument  inexploitables  en  Noavelle'Calédonie, 


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LES   QISraiENTS  ROOILrsKS  497 

«n  direction  qu'en  profondeur,  et  leur  contlDuité,  c'est- 
à-dire  l'absence,  ou  tout  au  moins  la  rareté,  de  failles  et 
accidenta  les  découpant  en  petits  panneaux  tels  qu'on  ne 
puisse  passer  de  l'un  h  l'autre  que  par  l'exécutiou  de 
travaux  au  rocher  toujours  coOteux,  constituent  )i  notre 
avis  tes  deux  questions  les  ploe  graves  qui  se  posent  au 
sujet  dee  conditions  naturelles  des  gisements  houillers  de 
la  NouTelIe-Galédonie. 

Cea  questions  n'ont  encore  été  résolues  à  notre  con- 
naissance que  dans  un  sens  défavorable  ponr  certains 
^sements;  pour  les  autres,  elles  ne  l'ont  pas  été. 

Les  travaux  qui  ont  été  faits  pour  les  résoudre  n'ont' 
d'ailleurs  eu  nulle  part  une  importance  suffisante  :  M.  Pela- 
tan  (')  déclare  avoir  suivi  à  la  surface  les  affleurements 
•de  la  couche  Loyalty  (Moindou)  sur  20*3  mètres  de  len- 
teur; mais,  lorsqu'on  a  voulu  tracer  cette  couche  par 
une  gal^e  de  niveau,  elle  s'est  montrée  irrégiiliëre  et 
discontinue  an  bout  d'une  quinsaîne  de  mètres  ;  le  travail 
-souterrain  le  plus  long  dont  nous  ayons  retrouvé  la  men- 
tion est  ta  galerie  en  direction  de  100  mètres  de  long 
tracée  dans  la  Couche  Salouet  (branche  gauche  du  la 
Nondoué),  qui  a  suivi  une  couche  très  tourmentée  et  est 
venue  se  heurter  à  un  accident  géologique  fort  important. 
Notons  enfin  qu'au  puits  du  ravin  des  Bruyères  la  couche 
aurait  été  régulièrement  suivie  sur  80  mètres  de  longueur. 

La  continuité  des  couches  en  profondeur  est  encore 
moins  t;onnue  :  les  travaux  poursuivis  à  14  et  26  mètres 
de  profondeur  aux  Port  es- de-Fer  n'ont  montré  aucune  con- 
tinuité entre  les  lambeaux  de  couche  découverts  à  ces 
deux  étages  ;  quant  aux  travaux  du  puits  de  la  Nondoué, 
ils  ont  comporté  un  traçage  à  23  mètres  de  profondeur; 
mais  celui  que  l'on  se  proposait  de  faire  à  35  mètres  pour 


(*]  Rapport    ilu   28   Tévrier   1BS6  i   la   Commitsioa   dei   recherche* 
iionillèrBi,  toc.  cU.,  p.  31. 


.vGooglc 


498  RICHESSBS   MINÉRALES   DE   I^  NOL'VELLB-CALÉDONIB 

reconnaitre  l'aTal-pendage  sur  une  douzaine  de  mètres  de 
verticale  n'a  malheureusement  pas  été  poursuivi. 

On  peut  seulement  dirn  aujourd'hui  que  les  travaux 
exécutés  au  Mont  Dore,  aux  Portes-de-Fer,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Dunibéa,  sur  la  branche  gauche  delà  Non- 
doué,  et  au  voisinage  immédiat  des  bords  de  la  rivière  de 
Moindou,  sont  de  ceux  qui  n'ont  rencontré  que  des  couches 
irrégulièros  et  discontinues,  ainsi  que  cela  résulte  des 
indications  de  détail  que  nous  avons  données  dans  ce  qui 
précède  ;  tandis  qu'au  contraire,  si  les  renseignements 
verbaux  qui  nous  ont  étt-  fournis  ne  sont  pas  trop  opti- 
mistes, les  couches  du  ravin  des  Bruyères  (Nondoué) 
paraîtraient  présenter  un  peu  de  régularité  et  de  conti- 
nuité en  direction. 

Pour  les  beaux  affleurements  de  Moindou  et  de  la 
montagne  de  Moniéa,  il  est  à  craindre,  d'après  les 
indications  géologiques  générales,  que  la  continuité  et  la 
régularité  des  couches  ne  laissent  à  désirer. 

4*  Difficultés  d exploitation,  —  Les  difficultés  qui 
peuvent  se  présenter  dans  l'exploitation  de  couches  de 
houille  sont  nombreuses  ;  la  plupart  d'entre  elles  ne  se 
révèlent  que  peu  à  peu,  à  mesure  que  l'exploitation  pro- 
gresse, et  los  prévoir  à  la  simple  vue  des  affleurements 
est  chose  singulièrement  malaisée.  Aussine  saurions-noua 
nous  hasarder,  comme  on  a  cru  pouvoir  le  faire,  à  indi- 
quer aujourd'hui  un  prix  de  revient  probable  du  charbon 
à  extraire. 

La  question  des  soutènements  qui  seront  nécessaires, 
boisage,  et  éventuellement  remblayage  pour  les  couches 
puissantes,  est  une  des  premières  à  envisager,  mais  elle 
est  de  celles  sur  lesquelles  les  affleurements,  dont  les  tei> 
rains  sont  toujours  quelque  peu  effrités  et  disloqués,  tendent 
à  donner  des  indications  géuéralcnient  pessimistes.  Tel  est 
d'ailleurs  tout  pailiculièrcnient  le  ras  en  Nouvelle-C-alé- 


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LES    GISEMENTS    ROUILLBBS  49^ 

doriîe,  oii  la  plupart  des  couches  sont  associées  àdes  forma- 
tions de  schistes  argileux,  qui  se  montrent  très  peu 
consistants  à  la  anrface  ;  il  y  aurait  de  ce  fait  une  difficulté 
sans  doute  notable  pour  celles  des  couches,  et  ce  sont  les 
plus  nombreuses,  qui  n'ont  pas  un  toit  de  grès  (Voir  les 
indications  de  détail  ci-dessus),  et  spécialement  pour  les 
veines  de  charbon  qu'il  y  aurait  à  exploiter  au  milieu  d'une 
formation  schisto-charbonneuse  plus  ou  moins  puissante. 

Pour  ce  qui  est  de  l'organisation  générale  de  l'exploi- 
tation, et  en  particuher  des  roulages,  il  n'j  a  pas  à  espé- 
rer trouver  nulle  part,  dans  un  pays  bouleversé  comme  la 
Nouvelle-Calédonie,  des  couches  assez  plates  et  régulières 
pour  y  avoir  les  facilités  qu'ont  à  ce  point  de  ^'ue  les 
houillères  australiennes  ;  il  faut  au  contraire  compter  sur 
des  pendages  assez  raides  et  sans  doute  changeants. 

L'épuisement,  dans  un  pays  oii  les  chutes  de  pluie 
sont  aus.si  abondantes,  serait,  à  certains  moments  de 
l'année  tout  au  moins,  une  sérieuse  difficulté,  et  c'est  ce 
qu'on  a  reconnu  déjà  dans  l'exécution  des  quelques  petits 
puits  de  recherches  qui  ont  été  creusés.  Sans  doute 
pourrait-on,  au  début,  chercher  à  s'en  affranchir  en  dépi- 
lant d'abord  les  panneaux  de  couches  situés  à  flanc  de 
coteau  au-dessus  du  niveau  des  vallées;  mais  il  ne 
semble  pas  qu'il  y  ait  nulle  part  de  très  grosses  réserves 
que  l'on  puisse  exploiter  dans  ces  conditions. 

Quant  aux  autres  difficultés  spéciales  réstdtant  du  gri- 
sou, des  incendies  spontanés,  etc.,  ce  n'est  que  par  des 
recherches  étendues  que  l'on  pourrait  se  faire  une  idée 
de  celles  qui  sont  à  redouter,  et  ce  n'est  qu'au  cours  de 
l'exploitation  qu'elles  se  révéleraient  avec  leur  impor- 
tance réelle. 

On  ne  saurait  donc  nullement  espérer  pour  les  exploi- 
tations à  ouvrir  en  Nouvelle-Calédonie  des  conditions 
naturelles  aussi  favorables  qu'en  Austrahe;  mais  cela 
n'est  pas  a  priori -ane  raison  suffisante  pour  que,  grâce  à 


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500   RICHESSES    MUI£&Ai.B8    DS  1>À  IW0V1UJ.E-CALÉD0NIE 

lour  jiroxiiDité  beaucoup  {Jos  grande  du  lien  de  consona- 
uatioo,  elles  ne  puissent  lutter  avec  les  cliarbeDnag'a* 
aH^rilùns  pour    l'apjHxiTÎsJonBeœeiit  de  notre  ooloiûa 

B,    —   TraNSPOHT    JO&Qu'aDX   points   du    CONSOlUIATiaN. 

La  question  du  transport  des  produits  de  toute  exploi- 
tation néo-calédonienne  jusqu'aux  points  de  consomma- 
tion, et  en  particulier  d'un  produit  de  faible  valeur  comme 
le  charbon,  est  une  question  capitale  en  rûson  de  l'état 
précaire  des  moyens  de  communication  d'un  point  à  l'autre 
de  la  colonie. 

Aussi  était-il  tout  naturel,  la  consommation  du  charbon 
ayant  en  Heu  jusqu'ici  presque  uniquement  &  Nouméa,  de 
jeter  les  yeux  d'abord  sur  des  gisements  comme  celui  des 
Portes^le-Fer.distant  de  Nouméa  de  4  kilomètres  seulement 
et  relié  à  cette  ville  par  une  route  oii  les  charrois  auraient 
été  aisés,  ou  comme  ceux  de  la  baie  de  Boulari,  d'oii 
l'expédition  à  Nouméa  par  petits  bateaux  eût  été  très  faiâie 
et  peu  onéreuse.  Ces  gisements  n'ayant  pas  paru  pouvoir 
donner  lieu  à  une  entreprise  de  quelque  importance,  il  a 
fallu  songer  à  d'aulres  plus  éloignés  de  Nouméa,  sur  les- 
quels ont  été  poursuivies  les  recherches  que  nous  aToos 
dites. 

Les  frais  de  transport  apparaissaient  J  usqu  ici  pour  les  uns 
et  pour  les  autres  comme  devant  être  d'une  cei'taine  impor- 
tance. Du  gisement  de  la  Nondoué,  les  charbons  auraient  d& 
subir,  soit  25  kilomètres  de  charroi  sans  transhordement 
ni  manutention,  soit  au  contraire,  avec  deux  transborde- 
ments, un  charroi  de  S  à  10  kilomètres  jusqu'au  bord  de 
la  Dumbéa,  puis  un  chalandage  quelque  peu  difficile  et 
soumis  à  des  interruptions  plus  ou  moins  longues  jusqu'au 
milieu  de  la  baie  de  la  Dumbéa,  et  euAn  un  transport  par 
bateau  jusqu'à  Nouméa,  Avec  le  premier   système,  les 


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LES    GISEMENTS    HOOILLBRS  501 

frais  de  transport  auraient  vraisemblablemeiit  constitué 
une  charge  tout  à  fait  comparable  au  fret  des  charbons  aus- 
traliens depuis  Newcastle  jusqu'à  Nouméa,  ce  qoî  eût  été, 
en  fait,  prohibitif;  arec  le  deuxième,  les  frais  n'auraient 
pas  été  beaucoup  moindres,  et  le  charbon,  qui  s'est  tou- 
jours montré  friable,  auraitsubinnedépréciationitiiportante;  ■ 
il  est  donc  douteux  que  cette  seconde  solution  eht  été  plus 
satisfaisante  que  l'autre.  Pour  les  gisements  de  la  rivière 
de  Moindoti,  les  conditions  soiit  k  peine  plus  favorables,  puis- 
qu'il faudrait  nn  chant)]  de  plusieurs  kilomètres  jusqu'au 
voisinage  de  la  mer,  et  ensuite  vraisemblablement  nn 
chalandage  avant  embarquement  sur  les  bateaux  destinés 
a  transporter  le  charbon  à  Nouméa.  Ceui  de  la  montagne 
de  Moméa  se  présentent  mieux  en  ce  sens  que  le  charbon 
serait  extrait  à  une  altitude  et  à  une  proximité  de  la  côte 
suffisantes  pour  qu'il  soit  possible  de  l'amener  au  bord  de 
la  mer  par  le  simple  effet  de  la  gravité,  à  l'aide  soit  de 
câbles  comme  ceux  qui  sont  employés  couramment  poiu- 
le  minerai  de  nickel,  soit  de  plans  inclinés  et  de  voies 
ferrées,  évitant  ainsi  tout  charroi.  Quant  à  l'embarquement, 
il  nécessiterait  probablement  encore  un  chalandage,  c'est- 
à-dire  des  frais  de  quelques  francs  par  tonne.  Néanmoins, 
tout  compris,  le  transport  jusqu'à  Nouméa,  organisé 
(l'une  façon  un  peu  perfectionnée  et  pour  un  tonnage 
notable,  poun'ait  sans  doute  6tre  effectué  pour  5  ou  6  francs 
par  tonne,  dépense  qui,  bien  qu'élevée,  n'interdirait  pas 
nécessairement  \à  concurrence,  sur  le  port  de  Nouméa, 
avec  le  charbon  d'Australie. 

Aujourd'hui  que  la  construction  du  chemin  de  fer  de 
Nouméa  k  Beurail  est  chose  décidée,  et  que  les  travaux 
en  sont  déjà  entrepris,  la  question  change  de  face,  non 
pas  seulement  parce  qu'il  y  aurait  de  ce  fait  un  nouvel 
acheteur  sur  place  pour  le  charbon,  mais  encore  pa:ce 
que  le  chemin  de  fer  lui  offrira  un  moyen  de  transport 
qui,  s'il  n'est  pas  très  économique,  sera  cependant  nota- 


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â02  RICHESSES   lUNÉRALES  DE   LA,   NODVELLE-CALÉDOSIE 

blement  moins  coûteux  que  tout  autre  procédé  de  trans- 
port pai-  terre.  Cette  différence  sera  d'ailleurs  surtout 
très  marquée  pour  le  gisement  de  la  Nondoué;  le  dernier 
tracé  proposé  pour  le  chemin  de  fer,  et  qui  a  été  adopté, 
si  nous  sommes  bien  informé,  remonte  en  effet  la  vallée 
.  de  la  Nondoué  en  en  empruntant  la  branche  droite  ;  il 
passera  donc  à  proximité  immédiate  des  gisements  de 
cette  région  et  de  tout  centre  d'extraction  qui  pourrait  y 
être  créé;  dans  ces  conditions,  même  en  supposant  le 
tarif  élevé  de  0",  10  par  tonne  kilométrique,  qui  a  été 
proposé,  mais  qui  serait  vraisemblablement  réduit  le 
jour  oii  il  s'agirait  d'un  tonnage  quelque  peu  notable  de 
charbon,  les  frais  de  transport  jusqu'à  Nouméa  seraient 
de  2", 50  environ,  c'est-à-dire  à  peu  près  1/5  du  fret 
dont  sont  grevés  les  charbons  australiens;  cela  laisserait 
une  différence  très  notable  eu  faveur  des  charbons  de  la 
colonie,  pour  compenser  les  conditions  de  gisement  défa- 
vorables dans  lesquelles  ils  se  trouvent  par  rapport  à  leurs 
concurrents. 

Les  gisements  de  Moindou  bénéficieront  beaucoup  moins 
de  la  création  du  chemin  de  fer  :  tout  d'abord  ce  n'est 
que  dans  un  avenir  éloigné  que  la  voie  ferrée  pourra 
être  achevée  jusqu'à  Moindou,  et  ensuite,  tant  qu'une 
industrie  consommant  du  charbon  n'aura  pas  été  créée  au 
voisinage  de  Moindou,  ce  serait,  à  moins  de  l'adop- 
tion de  tarifs  très  réduits,  un  moyen  de  transport  trop 
coûteux  pour  pouvoir  être  utilisé  jusqu'à  Nouméa;  quant 
à  l'utilisation  du  chemin  de  fer  pour  transporter  les  char- 
bons de  la  mine  à  un  bon  point  d'embarquement,  elle 
n'appàralt  pas  comme  aisée. 

Il  semble  donc  qu'avant  l'ouverture  de  toute  voie  ferrée 
ce  ne  soient  guère,  pai'mi  les  gisements  houillers  que 
nous  avons  retenus  comme  devant  être  examinés  par 
nous,  que  ceux  de  la  montagne  de  Moméa  qui  seraient 
dans  une  situation  géographique  permettant  le  transport 


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LES   GISEMENTS   HODILLERS  503 

jusqu'à  Nouméa  des  charbons  qu'ils  produiraient,  et  cela 
dans  des  conditions  qui  ne  seraient  pas  sans  charger  déjà 
sérieusement  leur  prix  de  revient.  Une  fois  le  chemin  de 
fer  circulant  jusqu'à  la  Nondoué,  les  gisements  de  ce 
bassin  se  trouveront  au  contraire  dans  une  situation  assez 
favorable  à  ce  point  de  vue.  L'ouverture  complète  de  la 
ligne  de  Nouméa  à  Bourail  n'apportera  vraisemblable- 
ment aux  gisements  de  Moindou  et  de  Moméa  qu'un 
faible  secours  qu'il  nous  est  d'ailleurs  difficile  de  pré- 
ciser dans  l'ignorance  oti  nous  sommes  de  son  tracé 
déÔnitif;  s'il  passait  k  proximité  immédiate  de  l'un  des 
gisements,  le  chemin  de  fer  même  pourrait  être  pour  lui 
un  client  important. 

Nous  ajouterons  d'ailleurs  que,  le  jour  où  la  question 
de  la  fusion  sur  place  du  minerai  de  nickel  aurait  été 
résolue  par  l'affirmative,  la  création  d'une  fonderie  au 
voisinage  plus  ou  moins  immédiat  de  tel  ou  tel  de  ces 
gisements  houillers  pourrait,  surtout  le  <-hemin  de  fer 
aidant,  changer  les  conclusions  auxquelles!  nous  sommes 
conduit  aujourd'hui. 

C.  —  DÉBOUCHÉS  OFFERTS  ADX   CHARBONS 

DE  LA  Nouvelle-Calédonie. 

Comme  le  font  voir  les  indications  qui  précèdent,  l'es 
gisements  houillers  de  la  Nouvelle-Calédonin  ne  sont 
dans  des  conditions  naturelles  suffisamment  favorables 
ni  au  point  de  vue  de  la  nature  et  de  la  pureté  du  com- 
bustible, ni  surtout  au  point  de  vue  des  conditions  de 
gisement,  ni  même  à  celui  des  facilités  de  transport  jus- 
qu'à la  mer,  pour  que  le  charbon  eu  provenant  puisse 
jamais,  à  notre  avis,  arriver  à  être  rendu  à  bord  à  des 
prix  qui  ne  soient  pas  notablement  pins  élevés  que  ceux 
qui  sont  réalisés  eu  Australie  au  port  de  Newcastle  et  en 
Nouvelle-Zélande  à  celui  de  WcKtport,  etcela  malgré  les 


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504   RICHESSES   MINÉRALES  DE   LA   NOOVELLE-CALÉDONIE 

frais  de  maÎB-d'œuvre,  notablement  plus  élevés  qoe  dans 
notre  colonie,  qu'entraîne  la  situation  politique  toute  spé- 
ciale des  colonies  anglaises  d'Australasie. 

Il  faut  donc  renoncer  complètement  à  l'espoir  de  voir 
le  charbon  néo-calédonien  concurrencer  dans  l'océan 
Pacifique  celui  qui  provient  des  cfdooiea  anglaises  tm- 
siaes,  et  nous  devons  nousbomer  à  soHhaitw  qu'il  puiwe 
satisfaire  tant  à  la  consommation  intérieure  de  notre 
colonie  qu'à  celle  du  cabotage  autour  de  tile  et  aussi  aux 
,  rares  besoins  des  bateaux  qui  ont  éventuellement  à  faire  du 
cLarbou  à  Nouméa  (y  compris  ceux  de  la  Uarine  de  gnerre). 
Peut-^tre  cependant  pourrait-on  espérer  que,  le  jour  où 
le  prix  du  charbon  au  port  de  Nouméa  aurait  diminué 
plus  ou  moins  sensiblement,  ce  dernier  article  de  la  con- 
sommation vienne  à  augmenter  ;  peut-être  aussi  certains 
bateaux,  comme  les  paquebots  de  messageries  maritimes, 
qui  apportent  aujourd'hui  k  Nouméa,  en  même  temps  qae 
des  marchandises,  le  charbon  qui  leur  est  nécessaire  pour 
retourner  jusqu'à  Sj'dney  ou  Brisbane,  se  décideraient- 
ils  à  s'approvisionner  en  tout  ou  partie  à  Nouméa,  afiu 
d'augmenter  le  tonnage  de  marchandises  qu'ils  pourraient 
y  apporter. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  total  des  conbomntations  actuelles 
est  encore  bien  faible  ;  il  s'est  élevé,  d'après  les  relevés  de 
la  douane  des  vingt  dernières  années,  aux  chiffres  suÎTants  : 


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LBS   OISEHSKTS   HOCILLBRS  505 

Quant  à  la  décomposition  de  ces  chiffres  entre  les  dif- 
férents consommateurs,  nous  n'avons  pu  recueillir  d'indi- 
cations complète»  et  certaines  pour  aucune  des  années; 
nous  rappellerons  simplement  qu'on  a  procédé  k  la  fusion 
du  minerai  de  nickel  à  Nouméa  entre  les  années  1881 
et  1885.  qu'on  a  fondu  du  cuivre  tt  du  plomh  k  Pam  de 
1888  k  1891,  et  en  1900  et  1901  (avec  emploi  de  fours 
chauffés  à  la  houille),  enfin  qu'on  a  fondu  du  minerai  de 
nickel  k  Ouroué  près  de  Thio  en  1889,  et  du  minerai  de 
cobalt  k  Nouméa  vers  ta  même  époque. 

Au  cours  des  dernières  années,  si  l'on  fait  abstractioD 
des  usages  métallurgiques  nuis  aujourd'hui,  la  consom- 
mation delà  colonie  en  houille  (consommation  correspcm- 
dant  en  grande  partie  à  la  navigation)  s'est  maintenue  k 
une  moyenne  voisine  de  10  à12.000  tonnes  par  an,  repré- 
sentant une  valeur  de  250.000  à  3iX>.000  francs.  Sans 
doute  on  peut  et  on  doit  même  espérer  voir  ce  chiffre,  qui 
est  un  peu  une  mesure  de  l'artivité  industrielle  et  com- 
merciale du  pays,  se  développer  régulièrement  avec  cette 
activité  même;  cela  ne  peut  d'ailleurs  être  qu'assez  lent. 
Mais  une  augmentation  sérieuse  de  ta  consommation 
résultf^ra  évidemment  de  la  mise  en  marche  du  chemin  de 
fer.  Quelque  restreint»  que  soient,  comme  ils  le  seront 
évidemment  au  début  tout  au  moins,  les  transports  de  mar- 
chandises et  même  la  circulation  des  voyageurs,  il  parait 
vraisemblable  que  hi  consommation  annuelle,  surtout 
dans  un  pays  accidenté  comme  la  Nouvelle-Calédonie, 
ne  sera  pas  inférieure  à  25  ou  30  tonnes  par  kilo- 
mètre exploité,  ce  qui  ne  représenterait  qu'un  millier  de 
tonnes  par  an  lors(|ue  le  chemin  de  fer  ira  jusqu'à  Païta, 
mais  ce  qui  s'éléveraà  2.000,  puis  à  3.000  tonnes  par  an, 
lorsqu'il  atteindra  Saint-Vincent,  puis  Bouloupari,  et  enfin 
à  5.000  ou  6.000  tonnes  par  an  lorsqu'il  aura  été  prolongé 
jusqu'à  Bourail. 

D'autre  part,  les  mines  de  cuivre  du  Nord  de  l'île,  dont 


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503   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDOME 

la  fermâture,  on  doit  t'esp6rer,  o'eat  pas  définitive,  peuvent 
d'un  jour  à  l'autre  recommencer  à  consommer  une 
certaine  quantité  de  charbon,  tant  pour  leurs  machines 
diverses  que  pour  des  fours  de  première  fusion,  si  on  eo 
remonte. 

Un  accroissement  de  consommation  bien  plus  impor- 
tant serait  obtenu  le  jour  oîi  les  exploitants  de  nickel  se 
décideraient  à  adopter  la  solution,  qui  parait  rationnelle, 
de  la  première  fusion  du  minerai  de  nickel  sur  place  ;  ce 
serait,  en  se  basant  sur  les  chiffres  de  la  production  de 
minerai  des  dernières  années,  et  en  supposant  tout  le  mine- 
rai fondu  eu  Nouvelle-Catédonie,  une  consommation 
annuelle  de  40.000  à  50.000  tonnes  de  coke  correspondant 
à  60.000  à  70.000  tonnes  de  bonne  houille  à  coke.  Il  est 
même  vraisemblable  que,  le  prix  du  métal  venant  à  bais- 
ser à  la  faveur  d'une  semblable  amélioration  des  condi- 
tions du  traitement  des  minerais  de  nickel,  et  le  déve- 
loppement de  k  consommation  du  nickel  venant  k 
s'accentuer,  comme  on  est  en  droit  de  l'espérer  aujour- 
d'hui, ces  derniers  chiffres  ne  tarderaient  pas.  h  être 
notablement  dépassés. 

Ajoutons  enfin  que,  si  les  plans  de  défense  de  nos  celo- 
nies  comportaient,  comme  il  on  a  été  question,  la  créa- 
tion d'un  point  d'appui  de  la  flotte  à  Nouméa  et  le  séjour 
dans  la  colonie  do  plusieurs  bâtiments  de  guerre,  il  y  aurait 
là,  pour  son  charbon,  un  nouveau  débouché  au  sujet 
duquel  nous  ne   pouvons  d'ailleurs  donner  aucun  chiffre. 

En  résumé  donc,  ou  peut  compter  sur  une  consomma- 
tion annuelle  de  houille  en  Nouvelle-Calédonie  de  10.000  à 
12.000  tonnes,  qui  s'élèvera  peu  à  peu  à  15.000  ou 
IS.OOtJ  tonnes  lorsque  le  iliemin  de  fer  aura  commencé  i 
circuler  jusqu'à  Bimrail  {ce  qui  représente,  il  faui  le  dire, 
un  avenir  vraiseiublablomcnt  éloigné)  ;  il  y  a  lieu, 
d'autre  [Kirt,  <le  prévoir  une  augmentation  de  plusieurs 
dizainos  de  milliers  de  tonnes  pour  le  jour  où  Ton  se 


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LES   GISEMENTS   HOUILLERS  51)7 

déciderait  à  fondre  le  minerai  de  nickel  sur  place,  et  où 
on  recomineiiceraît  à  traiter  en  NonvelJe-Calédonie  les 
minerais  de  cuivre  du  Nord. 

Quant  aux  prix  auxquels  ces  combustibles  pourraient 
être  vendus  sur  les  lieux  de  consommation,  leur  maxi- 
mum est  uniquement  réglé  par  les  prix  auxquels  les  char- 
bons  australiens  y  parviennent  ;  ces  prix  sont  sensiblement 
les  mêmes  pour  tous  les  points  de  la  colonie  ;  ils  comportent 
deux  facteurs  également  variables,  le  prix  des  com- 
bustibles au  port  d'embarquement,  Newcastleou  WooUon- 
gong  tons  deux  en  Nouvelle-Galles  du  Sud,  et  le  fret  de 
ces  ports  jusqu'au  port  de  débarquement  en  Nouvelle- 
Calédonie.  Le  premier  de  ces  facteurs  a  subi  des  varia- 
tions assez  importantes  au  cours  de  ces  dernières  années  ; 
le  gros  première  qualité  s'est  vendu  k  Newcastle  : 

En  1892 12'f,50  la  tonne 

1893 H   ,25 

t8S4 10  ,00 

■1893 9  ,37 

1896, 1897  et  189S 8  ,7S 

1899 10  ,00 

1900 H'',25  à  12  ,50 

1901 13- ,7a 

A  Woollongong,  oii  le  charbon  est  moins  riche  eu 
matières  volatiles  et  est  meilleur  à  la  fois  pour  le  chauf- 
fage dos  chaudières  et  pour  la  carbonisation,  les  prix 
étaient  généralement  plus  élevés  de  1  sliilling,  soit  l'',25. 
Les  menus  ont  longtemps  été  'notablement  meilleur  mar- 
ché, ne  coûtant  guère  que  4  à  5  shillings,  soit  5  francs  à 
6"',25;  aujourd'hui,  en  présence  des  progrès  qui  ont  été 
faits  pour  leur  emploi,  soit  dans  les  fours  gazogènes,  soit 
pour  la  fabrication  du  coke,  leur  prix  s'est  notablement 
élevé,  et,  sauf  en  vue  de  la  carbonisation,  il  y  aurait 
peu  d'intérêt  à  les  faire  venir  de  préférence  à  du  gros, 
puisqu'ils  seraient  grevés  d'un  fret  supérieur  à  leur  valeur. 


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508   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

Le  fret  est,  comme  on  sait,  nn  éléntent  très  variable  sui- 
vant  les  conditions  des  échanges  dans  le  monde  entier;  néan- 
moins, comme  il  est  certain  que  longtemps  encore  l'Aus- 
tralie enverra  plus  de  marchandises  en  NouveUe-Catédonie 
que  la  Nouvelle-Calédonie  n'eu  enverra  en  Australie,  ce 
fret  restera  vraisemblablement  assez  élevé  ;  toutes  les 
indications  que  nous  avons  pu  recueillir  tendent  à  nons 
le  faire  évalaer  comme  moyenne  entre  10  et  12  francs. 

Si  on  ajoute  à  ce  prix  celui  du  combustible  pris  au  port 
d'embarquement,  qne  nous  compterons  également  comme 
Tariantde  10  à  12  francs,  et  si  on  tient  compte  des  droits 
de  donane  à  l'entréedela  Nouvelle-Ca!édonie{l  franc  par 
tonne),  des  droits  de  quai  à  Nonniéa  (1  franc  par  tonne), 
et  des  frais  de  déchargement,  on  arrive  à  cette  conclu- 
sion que  l'on  ne  peut  guère  compter,  comme  prix  de 
revient  du  charbon  australien  rendu  en  Noavelle-Calédo- 
nie,- moins  de  25  à  30  francs  par  tonne. 

Tel  est  le  prix  maximum  auquel  les  charbons  de  la 
Nouvelle-Calédonie  pourraient  être  vendus  sur  les  lieux 
de  consommation,  en  ^supposant  leur  qualité  égale  à  celle 
des  charbons  australiens.  Happeloiui  d'ailleurs  que  ceux-ci, 
et  surtout  ceux  de  Newcaslle,  bien  qu'assez  pi'opres  (10 
à  12  p.  100  de  cendres),  sont  loin  d'être  parfaits  pour  le 
chauffage  des  chaudières,  et  que  l'on  compte  qu'il  en  faut 
à  peu  près  20  p.  100  de  plus  que  de  bon  charbon  vapeur 
pour  produire  la  même  vaporisation. 


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<MAprrRB  IV. 


Comme  nous  Tavons  déjà  indiqué,  il  ne  nous  est  pas 
posdble  de  présenter  k  la  suite  de  notre  élude  des  charbons 
néo-calédoniens  une  conclusion  formelle,  ni  de  répondre  oni 
ou  non  h  cette  queEtion,  pourtant  si  intéressante  au  point 
de  vue  de  la  richesse  minérale  de  la  colonie  et  de  son 
développement  industriel  :  y  a-t-il  en  Nouvelle-Calédonie 
des  gisements  bouillers  utilisables  actuellement  ou  à  bref 
délai? 

Nous  avons  dit,  et  nous  répétons  ici,  que  nous  ne  pou- 
vons guère  fâre  plus  que  de  reprendre  les  conclusions 
présentées  par  M.  Heurteau  il  ^' a  vingt-sept  ans,  àla  suite 
d'une  étude  semblable  :  à  savoir  que  la  possibilité  d'exploi- 
ter les  gisements  de  charbon  de  la  Nouvelle-Calédonie  est 
subonlonnée  aux  résultats  de  travaux  de  recherches  à 
poursuivre  avec  assez  de  méthode  pour  reconnaître  si,  ici 
ou  là,  le  charbon  est  de  suffisamment  bonne  qualité  et  les 
gisements  d'une  régularité  satisfaisante. 

Et  cependant  depuis  lors,  bien  qu'on  l'ait  perdue  de  vue 
pendant  assez  longtemps,  on  n'a  pa.s  complètement  oublié 
cette  intéressante  question;  on  a  même  fait  plus  que 
l'agiter,  puisqu'on  a  exécuté  des  travaux  qui  semble- 
raient au  premier  abord  avoir  eu  une  réelle  importance  et 
avoir  dû  conduire  à  des  résultats  décisifs. 

n  n'eu  est  rien  :  sans  doute  quelque»  particuliers  ont 
fait  ici  ou  là  des  fouilles  ;  mais  elles  n'ont  jamais  été  de 
quelque  importance,  la  plupart  de  nos  compatriotes  ayant 
montré  jusqu'ici,  en    Nouvelle-Calédonie,  plus  de  goût 


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510   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIB 

pour  les  entroprises  devant  leur  assurer  un  bénéfice  cer- 
tain sans  aventurer  de  capitaux,  que  pour  une  tentative 
telle  que  des  recherches  de  mines  vraiment  sérieuses,  com- 
portant naturellement  lin  aléa. 

En  matière  de  recherches  houillères,  chacun  s'est  jus- 
qu'ici tourné  vers  le  gouvernement  :  tant  qu'il  s'est  agi 
de  prendre  des  permis  de  recherches  ou  de  demander  des 
concessions  pour  s'assurer  la  propriété  d'une  part  des 
richesses  de  la  colonie,  si  véritables  richesses  il  y  a,  les 
amateurs  ont  été  nombreux  ;  mais,  lorsqu'il  s'est  agi  de 
débourser  quelque  argent  pour  y  faire  des  recherches,  ils 
n'ont  su  qu'en  appeler  au  gouvernement  ;  et  nombreuses 
ont  dû  être  les  démarches  telles  que  celle  dont  nous  avons 
trouvé  la  trace  dans  la  lettre  d'un  propriétaire  d'une  con- 
cession de  houille,  qui  expose  au  président  do  la  commission 
des  recherches  houillères  qu'il  vient  d'exécuter  quelque  20 
ou  30  mètres  de  galerie  dans  sa  concession  et  qu'il  a 
trouvé  5  mètres  de  charbon,  mal'?  «qu'étant  donné  l'im- 
portance que  prend  sa  mine,  il  lui  est  difficile  de  conti- 
nuer avec  ses  propres  moyens,  et  qu'en  conséquence  il 
demande  qu'il  soit  mis  à  sa  disposition  40  condamnés, 
comme  cela  a  été  fait  pour  telle  ou  telle  autre  mine  de 
houille»;  il  demande  également  que  l'Administration  fasse 
des  sondages  dans  sa  concession. 

Il  n'j'  a  donc  eu  d'un  peu  notables  parmi  les  travaux 
exécutés  que  ceux  qui  l'ont  été  grflce  à  la  main-d'œuvre 
pénale  et  sous  la  direction  de  la  commission  des  recherches 
houillères.  Ainsi  qu'il  résulte  des  indications  que  nous 
avons  données  ci-dessus,  cette  commission  a  fait  amorcer 
pas  mal  de  travaux  ;  ils  n'ont  cependant  nullement  eu 
l'importance  réelle  que  l'on  pourrait  croire,  bien  qu'ils  se 
soient  prolongés  sans  interruption  complète  depuis  1886 
jusqu'à  la  fin  de  1893,  et  ensuite  pendant  quelques  mois 
en  fin  1895  et  au  début  de  1896,  et  bien  qu'il  semble  qu'ils 
auraient  dû  avoir  entre  1889  et  1892   un  assez  large 


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LES  GISEMENTS  HODILLERS  5H 

développement.  Nous  avons  eu  par  exemple  sona  les  yeux 
un  état  des  journées  de  condamnés  fournies  pour  les 
recherches  houillères  du  31  janvier  1889  au  1"  avril  1891, 
s'étevant  au  total  k  14.825  journées,  et  nous  aTons 
retrouvé  un  arrêté  du  gouverneur  du  10  avril  1891  affec- 
tant aux  recherches  houillères  un  crédit  de  10.000  francs 
et  15.000  journées  de  condamnés. 

Mais  ces  chiffres  seraient  fort  trompeurs  si  l'on  ne 
donnait  pas  quelques  indications  sur  la  façon  dont  ces 
recherches  étaient  poursuivies. 

Elle  avai^tt  li«n  sons  l'atrtorité  de  la  commission  des 
recherches  houillères,  qui  n'a  compris  comme  membres 
ayant  une  compétence  technique  que  deux  ou  trois  ingé- 
nieurs civils  des  mines,  et  un  contrôleur  des  mines,  lequel 
a  d'ailleurs  eu  pendant  un  certain  temps  comme  seul  ser- 
vice celui  desdites  recherches.  Mais  ce  contrôleur  n'a 
fait,  comme  la  commission  même,  que  visiter  de  temps 
en  temps  les  gisements  et  donner  aux  agents  locaux  des 
indications  sur  les  travaux  k  exécuter,  sans  pouvoir 
jamais  en  suivre  au  jour  le  jour  les  détails,  puisqu'il  ne 
se  trouvait  pas  sur  place.  Celui  qui  dirigeait  sur  place  les 
travaux  était  un  surveillant  militaire  de  l'Administration 
pénitentiaire,  qui,  malgré  toute  la  bonne  volonté  dont 
il  pouvait  faire  preuve,  n'avait  naturellement  aucune 
espèc*  de  compétence  technique,  et  qui  ne  pouvait  que 
se  conformer  aveuglément  à  des  instructions  données  des 
mois  auparavant,  au  cours  d'une  visite  plus  ou  moins 
rapide  des  travaux.  Un  exemple  frappant  des  résultats 
obtenus  ainsi  est  donné  par  l'exploration  de  la  couche 
Loyalty  à  Moindou  :  à  la  suite  d'une  première  visite  de  la 
commission ,  au  cours  du  mois  de  février  1886,  celle-ci  avait 
prescrit  l'exécution  d'une  galerie  d'allongement  dans  la 
couche  ;  le  17  juillet,  soit  5  mots  après,  au  moment  de  la 
deuxième  visite  de  la  commission,  celle-ci  constatait  que  : 
H  après  avoir  suivi  la  couche  Loyalty  -sur  une  certaine 


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I>12  RICUBSSIiS   1UKÉIUJ.SS  DE   LA   NOCVELLE-CAI£I>0Mfc: 
«  longueur,  cette  galerie  (qui  avait  alors  atteint  53  mëtrei 
u  de longueuer) en  étaitsortie  coniplèteaieatet^/ai//Miitr- 
«  suivie  tans  but  aucun{')  ». 

Un  coup  (l'œil  jeté  sur  la  /E^.  5  de  la  PI.  V,  repréw»- 
tant  les  recherches  poursuivies  penduit  plus  de  trois  Mat 
À  la  mine  des  Pories-de-Fer,  m<H)tre  combiâii  elles  oat 
^té  peu  syslématiques  et  combien  faible  a  été  le  résaltal 
obtenu. 

Undécompte  Aee  travaux  exécutés  par  les  soins  de  l'Admi- 
nistration pénitentaire  à  la  Nondoué,  du  16  octobre  1890 
aul"septembrel893,  avecuueffectif  moyeu  de  31  hommes 
sous  les  ordres  de  deux  surveillants,  est  bien  sigoiâcatif  ;  il 
mentionne  l'exécution  de:  2  kilomèlresde  route,  use  route- 
tranchée  de  I9(t  mètres  de  long,  20  mètres  de  ponts,  une 
caserne  pour  les  surveillants,  deux  cuisines  pour  les  sDireil- 
laats,  un  magasin  à  outils,  une  forge,  un  blockhaus,  une 
cuisine  pour  les  condamnés,  et  une  case,  et,  à  côté  de  cda, 
seulement  179  mètres  de  galeries  souterraines,  12  mètres 
de  puits,  plus  divers  décapelage»  et  tranchées.  On  x<Ài 
par  là  combien  peu  productifs  étaient  «les  travaux  aux- 
quels on  consacrait  cependant  pas  mal  de  main-d'œuvre. 
En  dehors  du  peu  d'ardeur  que  les  coodamués  app(«-taieot 
au  travail  et  du  peu  de  compétence  spéciale  de  leurs  sur- 
veillants pour  le  diriger,  <-«rtaine8  raisons  particulières 
rendaient  l'ef&caoité  de  celui-ci  encore  plus  faible,  pu- 
exemple  l'obligation,  dont  on  ne  s'est  affranchi  que  tout  à 
fait  exceptionnelkmeut,  de  ne  travailler  qu'à  un  poste  de 
jour,  obligation  qui,  lorsqu'il  s'est  agi  de  creuser  des 
puits  oii  les  épuisements  avaient  une  certaine  importance, 
devenait  un  obstacle  presque  absolu  à  l'exécution  du 
fonçage. 

11  n'est  donc  pas  surprenant  que  de  tels  travaux  aieiU 


(*)  Rapport  à  la  commiiiion  dei  recharcbes  hooillèrva  4n  St  dé- 
cembre 1IS6,  toe.  cit.,  p.  U. 


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LES  GISEMENTS   H0U1U.ERS  513 

conduit  à  des  résultats  qiielfiiie  peu  insignifiants;  ajou- 
tons d'ailleurs  que,  ainsi  que  cela  ressort  des  indications 
que  nous  avons  fournies  au  fur  et  à  mesure,  il  n'a  souvent 
été  conservé  aucun  document  faisant  connaître  leur  résul- 
tat avec  précision,  et  que  même  ceux  qui  ont  été  conser- 
vés à  ce  sujet  ne  sont  pas  toujours  exempts  d'un  certain 
optimisme  systématique. 

Telles  sont  les  circonstances  qui,  rapprochées  du 
nombre,  en  somme  restreint,  des  observations  person- 
nelles que  nous  ont  permis  de  faire  soit  l'état  inaccessible 
dés  travaux  exécutés  autrefois,  soit  la  dissimulation  de 
presque  tous  les  affleurements  sous  une  épaisse  végéta- 
tion, font  comprendre  que  nos  conclusions  ne  puissent 
pas  être  formelles  pour  les  différents  gisements  de  la 
colonie.  Le  jour  où  des  particuliers  ou  bien  une  société 
voudront  éclaircir  définitivement  la  question  de  Texploi- 
tabilité  de  tel  ou  tel  gisement,  il  faudra  qu'ils  procèdent 
d'abord  à  de  très  sérieux  travaux  de  recherches  systéma- 
tiques sur  le  gisement  en  question. 

Nous  devons  donc  limiter  nos  conclusions  à  ceci  : 
La  Nouvelle-Calédonie  comprend  des  étendues  impor- 
tantes oii  se  développent  les  assises  houillères  ;  celles-ci 
paraissent  présenter,  au  point  de  vue  du  nombre  et  de  la 
puissance  des  couches,  une  certaine  richesse,  qui  n'a 
cependant,  cela  est  certain,  rien  d'exceptionnel.  Elles 
sont  d'autre  part  affectées  par  une  partie  tout  au  moins 
des  nombreux  et  importants  accidents  géologiques  qui 
ont  concouru  à  la  formation  du  relief  calédonien,  ce  qui 
doit  faire  redouter  que  les  couches  à  exploiter  ne  soient 
dans  des  conditions  plus  ou  moins  difficiles  au  point  de 
vue  de  leur  régularité  et  de  leur  continuité. 

La  nature  du  charbon-  et  aa-pureté  varient  considéra- 
blement d'une  couche  h  une  autre,  et  l'on  peut  seule- 
ment dire  que  certaines  d'entre  les  couches    signalées 


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514  RICHESSES  MtNÈK^l^!,^   DE  IJi   NOUVEU^-OALBDONIB 

seraient  d'une  utilisatiou  difficile,  tandia  que  d'autres  s» 
présentent  sous  un  meilleur  aspect. 

Pour  ce  qui  est  des  condîtiona  naturelles  spéciales  aux 
différents  gisement»,  nous  avons  fait  ressortir  que  la 
noajeure  partie  des  bassins  houilleni  d^it  être  tenue  pour 
coniplètement  inconnue  aujourd'hui.  Des  rares  régionS' 
un  peu  explorées,  qtielques-unes  (UoQt  Ikœ,  Portes-de- 
Fer,  Yahoué,  bras  gauche  de  la  Nondoué)  le  sont  assez 
pour  qu'il  soit  peroûs  de  dire  qu'il  y  a  peu  de  chances 
pour  qu'elles  renferment  aucun  gisement  exploitable  ; 
d'autres,  au  contraire,  ont  fourni  des  indications  plus  oit 
iQoinâ  encoura^antes  au  point  de  vue  de  i'exploitabtli^ 
(le  certaii^es  couches  (bras  droit  de  la  Nondoué,  rivière  d« 
Moindou,  montagnje  de  Moméa). 

Enfin  ou  doit  ajouter  que  le  charbon,  plus  encore  qve 
les  autres  produits  minéraux  de  la  NouTeUe-Calédooiei 
Hsque  d'être  grevé,  à.  moins  de  circonstances  exc^tîoa- 
nellement  favorables,  d'une  loiu~de  charge  du  fait  des 
frais  de  transport  jusqu'aux  pointa  de  consommation  ;  mais 
il  pourrait  y  être  vendu  à  un  prix  pouvant  atteindre 
Jusqu'à  25  à  30  fraaca  la  tonne,  s'il  était  de  bonne  qualUé. 
Les  débouchés  qui  lui  seraient  offerte  atgourd'hui  ne 
dépasseraient  pas  10.000  à  12.000  tfonues  ;  mai»  il  j«  » 
bout  lieu  d'espérer  que,  pour  des  raisons  diverses,  ils 
croîtraient  soua  peu  dans  une  large  mesure. 

Sans  ces  conditions,  l'Administration  n^  peut  que  sou- 
haiter de  voir  entreprendre  à  bref  délai  des  travs^ux  de 
pecherches  systématiques  sérieux,  prélude  nécessaire  de 
tpute  exploitation  houillère;  elle  ne  saurait  oiieux  ffùr» 
&  notre  avis  que  de  les  encouraf^r  et  les  &cilitw  dan» 
la  plus  large  mesure. 


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SIXJËHË  PABTIË. 

CONDinONB  AC0M9MI4finiB  QÉHâBAUSS  DE   L'IITOTTS- 
TBIH  HINliaX  EN   HOOVELLE-GAlJiDOniE. 


Gomme  nous  arons  déjà  eu  l'occasion  de  le  mention- 
ner dans  ce  qui  précède,  et  comme  cela  ressort  de  quel- 
ques-uns' des  chiffres  que  nous  avons  cités  au  fur  et  à 
mesure,  les  conditions  économiques  générales  de  l'indus- 
trie minière  en  Nouvelle-Calédonie  sont-  loin-  d'être  ftrvo- 
rables.  Nous  allons  exposer  en  quelques  mots  ce  qu'elles 
sont,  et  nous  chercherons  à  faire  ressortir  ce  qu'il'  y 
aurait  à  faire  pour  y  apporter  les  améliorations  utiles, 
améliorations  qui  ne  pourraient  avoir  que  le  plus  heu- 
reux effet  sur  le  développement  de  cette  industrie,  et 
par  suite  aussi  sur  la  prospérité  générale  de  la  colonie. 

Cestla  maiii-d'œuvre  qui  est,  au  point  de  Tue  de  cette 
situation  économique,  la  question  capitale  :  nous  en  par- 
lions donc  tout  d'abord,  réservant  pour  le  chapitre 
suivant  ce  qui  a  trait  aux  difficultés  d'approrisionneifiMit 
et  aux  frais  qui  s'ensuivent,  aax  transports,  aux  chargea 
diverses  qai  pèsent  sur  tes  exploitatàons,  etc.. 


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1 


CHAPITRE  PREMIER. 
U  MAIR-D'SDTHB. 


A.  —  Historique  de  la  question. 

Les  natureîs  de  la  Nouvelle-Calédonie,  les  Canaques, 
constituent  comme  on  sait  une  population  de  faible  den- 
sité ;  ils  n'étaient  vraisemblablement  que  45.000  environ 
dans  l'ensemble  de  Tarchipel  au  début  de  notre  occapa- 
tion,  et  ils  ne  sont  plus  aujourd'hui  que  29.106{*),  cfi  qui 
représente  des  densités  de  population  de  2  1/2  habi- 
tants par  kilomètre  carré  autrefois  et  de  1,6  seulement 
aujourd'hui;  leurnombre  tend  d'ailleurs  à  diminuer  asseï 
promptement.  D'autre  part,  les  Canaques,  habitués  à 
vivre  de  peu,  utilisant  les  produits  de  la  nature,  exécutant 
quelques  cultures  traditionnelles  qui  ne  semblent  pas 
exiger  d'efforts  bien  considérables,  chassant  et  péchant 
avec  passion,  se  procurent  ainsi  aisément  la  nourriture 
dont  ils  sont  habitués  à  se  contenter  ;  ils  ne  sont  donc  pas, 
comme  cela  a  lieu  dans  les  colonies  oii  l'indigène  a  de  la 
peine  h  produire  ce  qui  est  nécessaire  à  sa  nourriture, 
tentés  d'offrir  leur  travail  aux  blancs  moyennant  salaire;  et 
ce  n'est  souvent  que  par  une  contrainte  plus  ou  moins 
déguisée,  lorsque  ce  n'est  pas  par  surprise  ou  grâce  à  U 
tentation  del'alcool,  que  l'on  est  arrivé  à  faire  travailler 
les  Canaques.  Pour  toutes  ces  raisons,  ce  n'est  pas  dan^la 

(')  Receniement  génfral  de  la  popul&tion  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
du  3  novambra  1901  (Journal  officiel  d«  la  Colonie  du  S  «Tril  I90S). 


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CONDITIONS   ÉCONOMIQUES   DE   l'cNDOSTRIB  MINIÈRE   517 

population  autochtone  que  l'exploitation  des  mines  peut 
trouver  les  nombreux  bras  dont  elle  a  besoin,  soit  plue 
de  3.000  ouvriers  actuellement. 

Aussi,  des  le  début  de  la  recherche  et  de  l'exploita- 
tion des  différents  métaux,  sont-ce  les  blancs,  secondés 
seulement  dans  une  mesure  très  restreinte  par  les  Ca- 
naques, qui  ont  dn  se  livrer  aux  travaux  des  mines':  ce 
Hontdes  Australiens  qui  ont  fait  les  premières  découvertes 
d'or  et  de  cuivre  dans  le  Nord,  et  ce  sont  encore  des 
ouvriers  venus  d'Australie,  où  ils  avaient  arquis  l'habi- 
tude des  travaux  souterrains,  qui  ont  été  les  premiers 
mineurs  tant  du  cuivre  dans  le  Nord  (à  partir  de  1873) 
que  du  nickel  (à  partir  de  1875);  ils  n'ont  été  aidés  au 
début  que  par  quelques  libérés  du  bagne  et  par  un  petit 
nombre  d'indigènes. 

Mais,  lorsqu'on  a  voulu  développer  l'une  et  l'antre 
exploitations,  le  nombre  des  ouvriers  dont  on  disposait 
s'est  rapidement  trouvé  insuffisant,  en  même  temps  que 
les  salaires  élevés  nécessaires  pour  attirer  les  Australiens 
en  Nouvelle-Calédoniedevenaientpar  trop  onéreux.  C'est 
alors  que  l'on  a  tout  naturellement  été  amené,  suivant  en 
cela  une  vieille  tradition  des  bagnes,  à  songer  à  l'emploi 
pour  le  travail  des  mines  de  l'abondante  réserve  de  main- 
d'œuvre  dont  disposait  l'administration  pénitentiaire,  avec 
son  effectif  de  6.000à8.000condamnés.  Un  premier  con- 
trat, passé  le  18  février  1878,  entre  le  directeur  de  l'ad- 
ministration pénitentiaire  et  M.  Higginson,  agissant 
comme  propriétaire  des  mines  du  Diahot,  mettait  à  la  dis- 
position de  celui-ci  pendant  une  période  de  20  ans  un 
effectif  de  300  condamiiés  pour  être  employés  sur  lesdites 
mines  :  ces  condamnés  devaient  être  entretenus  par  l'ad- 
ministration, la  mine  n'ayant  à  payer  que  leurs  salaires 
suivant  un  tarif  déterminé  ;  M.  Higginson  cédait  en 
échange  à  l'administration  divers  domaines  et  concessions 
de  terre.  Pendant  une  dizaine  d'années,  c'est-à-dire  jus- 


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518   RICHESSES  MINÉRALES   DE   I.A   NODTBLLE-CALéDOMIB 

qu'à  la  fermeture  de  la  mine  de  la  Balade  en  1885,  puis 
ensuite  au  début  de  l'exploitation  des  mines  Pilou  et  Méré- 
trice,  ces  condamnés  assurèrent,  avec  le  concours  de 
quelques  Canaques,  l'exploitation  du  cuÎTre,  et  accessoi- 
rement du  plomb  argentifère,  dans  le  Nord  delà  colonie; 
ce  n'est  qu'à  partir  de  la  fin  de  1887  que  les  condamnés 
furent  employés  à  l'exploitation  du  nickel,  par  suite  tant 
de  la  signature  d'un  contrat  direct  entre  la  Société  le 
Nickel  et  l'administration  que  du  transfert  de  ce  premier 
contrat  ainsi  que  de  deux  autres  à  cette  même  société. 

L'exploitation  du  nickel  avait  eu  lieu  jusqu'en  1883, 
c'est-à-dire  jusqu'à  concurrence  de  25,000  à  30.000  tonnes 
de  minerais  très  riches  provenant  de  trataux  souteiralDS, 
avec  le  concours  presque  exclusif  de  mineurs  australiens, 
aidés,  comme  nous  l'avons  dit,  de  quelques  libérés  et  Ca- 
naques. C'est  alors  qu'à  défaut  de  main-d'œuvre  indigène 
pratiquement  utilisable,  ci  en  présence  de  Huterdictitai 
prononcée  par  l'administration  d'employer  sur  les  mines  Jes 
Néo- Hé  bridais,  que  l'expérience  avait  montrés  impropres 
aux  travaux  des  mines  proprement  dits,  auxquels  ils  ne 
peuvent  se  livrer  sans  être  promptement  atteints  de 
maladies  mortelles,  on  se  préoccupa  pour  la  première 
fois  de  l'importation  de  main-d'œuvre  asiatique;  166  Chi- 
nois, déplorablement  recrutés  d'ailleurs,  furent  introduits  ■ 
à  cette  époque  après  signature  d'un  contrat  d'embauchage 
pour  cinq  ans.  Pendant  cette  durée,  on  s'en  servit  tant  bien 
que  mal  sur  les  mines  de  la  Société  le  Nickel;  les  autres 
exploitations  tant  de  nickel,  presque  inactives  d'ailleurs 
depuis  1885,  que  de  cobalt  et  de  chrome,  se  servaient 
des  libérés,  dont  le  nombre  atteignait  déjà  de  i.OOO 
à  5.000. 

Le  12  septembre  1887,  la  Société  le  Nickel  obtenait 
de  l'administration  pénitentiaire,  dont  l'effectif  de  con- 
damnés, sans  cesse  croissant,  dépassait  alors  7.000,  un 
contrat  de  fourniture  de  main-d'œuvre  pour  une  durée  de 


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ÔONDlTlONS   ÈCONOMtQDES  bÈ   L'INDUSTRIE  MIWIÈRB  D19 

■dix  années  :  des  transportes,  dont  le  notnbre  était  fixé  à 
iOO  au  moina  et  à  200  au  plus,  devaient  être  mis  k  la  dis- 
position de  la  société  pour  être  employéâ  sur  les  mines  de 
Thio  à  un  travail  de  8  heures  par  joof  :  celle-ci  paierait  le 
aalaire  de  chaque  condamné  suirant  sa  Classe  et  son  emploi, 
plus  nne  redevance  de  10  !i  20  centimes  par  jour  et  par 
homme  ;  elle  leur  fouPiiirait  le  logement,  la  nourriture,  les 
soins  médicaux,  etc.  La  Société  te  Nickel  s'assura  en  outre 
successivement  le  bénéfice  de  3  autres  contrats  passés 
avec  l'administration  pour  la  fourniture  de  main-d'œuvre 
pénitentiaire  :  celui  de  1878,  que  nous  venons  de  citer, 
et  deux  autres;  le  premier  d'entre  ces  deux  derniers 
prévoyait  la  fourniture  pendant  10  Ans,  h  partir  dli 
1"  avril  1888,  de  70.032  journées  de  condamnés  par  ah 
(effectif  moyen  d'environ  250  hommes)  que  l'employeur 
aurait  seulement  It  loger;  ces  journées  étaient  évaluées  au 
prix  de  1",30  l'une  et  devaient  servir  k  payer  une  somme 
de  865.000  francs  due  par  l'État  au  bc-néfidaire  du  con- 
irat;  l'autre  stipulait,  k  partir  du  début  de  1888  et  pen- 
■dant  12  ans,  la  fourniture  annuelle  de  210,000  journées 
■de  condamnés  (soit  un  effectif  de  700  hommes)  entretenus 
«t  salariés  par  l'État  et  pouvant  travailler  8  heures  par 
jour,  le  tout  moyennant  un  prix  de  50  centimes  par  jour, 
dont  la  modicité  était  destinée  à  rémunérer  une  série 
d'avantages  consentis  au  gouvernement  en  vue  de  faciliter 
Ja  colonisation  française  aux  Nouvelles-Hébrides. 

Mise  à  même  de  bénéficier  simultanément  de  tons 
-ces  contrats  à  des  prix  variant  de  l",ijO  à  2",25  pa^ 
journée  d'ouvrier,  non  compris  les  charges  diverses,  ce 
■qui  correspondait  à  un  prix  de  revient  moyen,  tout  com- 
pris, de  2'',50  par  journée,  la  Société  le  Nickel  devait 
pouvoir  disposer  d'un  effectif  de  1.350  à  1.450  condamnés  : 
-c'est  grâce  à  cela  qu'elle  put  pousser  activement  ses  exploi- 
tations du  Plateau  de  Thio  et  ouvrir  celles  de  Kouaoua, 
«t  c'est  alors  en  particulier  qu'elle  créa  au  Plateau  de 


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530   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALEDONIE 

Thio  les  importantes  installations  du  Camp,  où  elle  logea 
et  employa  jusqu'à  près  d'un  millier  de  condamnés. 

Un  contrat  du  mftme  genre  fut  passé,  en  1891,  avec  la 
"  Société  d'exploitation  »  pour  ses  mines  de  Nakety,  où 
elle  eut  jusqu'à  150  condamnés.  Enfin  les  exploitations  de 
Népoui  employèrent  dans  des  conditions  analogues,  de 
1898  à  IflOi,  un  effectif  de  condamnés  atteignant  jus- 
qu'à 200. 

Ces  différents  contrats  sont  venus  k  échéance  entre  1898 
et  la  fin  de  1900  ;  aussi  les  condamnés  ont-ils  été  peu  àpeu 
retii'és  des  mines,  en  même  temps  d'ailleurs  que  leur  envoi 
dans  la  colonie  cessait;  cette  source  de  main-d'œuvre 
économique,  et  qui  était  somme  toute  assez  productive 
lorsque  les  condamnés  étaient  bien  dirigés  et  surveillés 
et  lorsqu'on  savait  stimuler  leur  zèle,  est  donc  aujour- 
d'hui complètement  tarie;  elle  a  représenté  à  peu  près 
300.000  journées  pour  l'exploitation  du  cuivre  et  près  de 
4.000.000  de  journées  pour  celle  du  nickel. 

Ajoutons,  en  ce  qui  concerne  la  main-d'œuvre  pénale, 
que  depuis  un  certain  nombre  d'années  l'administration 
pénitentiaire  a  mis  à  la  disposition  tant  des  exploitants 
de  mines  que  de  particuliers  divers  quelques  centaines 
de  relégués  engagés. 

Cette  main-d'œuvre  pénale,  employée  en  majeure  partie 
par  la  Société  le  Nickel,  ne  lui  a  d'ailleurs  pas  suffi,  et, 
lors  de  la  reprise  active  de  l'exploitation  du  nickel 
en  18S9,  elle  s'est  de  nouveau  préoccupée  de  l'importa- 
tion de  travailleurs  jaunes;  n'ayant  pas  réussi  pour  des 
Chinois,  elle  s'adressa  k  une  société  d'émigration  japo- 
naise qui  lui  fournit,  sous  le  régime  de  l'arrêté  local  du 
26  mars  1874  sur  l'immigration  ('),  ot  pour  cinq  ans,  un 

Cl  Cet  ari'Alé  soumet  l'engagement  des  travailleurs  asiatiques  et 
océaniens  au  cnntrâle  tie  l'Administration  et  h  un  certain  nombra 
de  riigles  liitélaires  pour  l'engagé  ;  il  fixe  notamment  la  durée  de  l'en- 


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CONDITIONS  ÉCONOMIQDBS   DE   L'INDDSTRIB   MINIÈRE  521 

convoi  de  600  travailleurs  ;  ceux-ci  devaient  recevoir  un 
salaire  de  40  francs  par  mois,  le  logement  et  la  nourri- 
ture; la  Société  le  Nickel  avait  à  sa  charge  les  frais  de 
recrutement,  de  voyage,  et  de  rapatriement.  Arrivés  à 
Thio  en  janvier  1892,  ces  Japonais  donnèrent  lieu  h  des 
mécomptes  plus  graves  encore  que  les  Chinois  huit  ans 
auparavant;  ils  refusèrent  tout  d'abord  le  travail, et  l'on 
fiut  recourir  à  de  sévères  mesures  répressives;  on  se 
décida  d'ailleurs  k  rapatrier,  au  début  de  1894,  ceux  qui 
furent  reconnus  incapables  de  rendre  des  services,  soit 
une  centaine,  et  ceux  qui  demandèrent  à  rentrer  préma- 
turément dans  leurs  foyers,  si  bien  qu'au  début  de  1897, 
lorsque  le  contrat  vint  h  échéance,  il  n'en  restait  plus 
qu'une  centaine  à  rapatrier;  ce  n"est  donc  qu'un  sixième 
de  l'effectif  qui  a  rendu  des  services  sérieux  et  continus. 
Néanmoins,  lorsque,  trois  ans  plus  tard,  une  nouvelle 
ère  de  prospérité  s'ouvrit  pour  les  exploitations  de  la 
colonie,  en  même  temps  que  la  main-d'œuvre  pénale 
faisait  défaut  et  que  les  autres  catégories  de  main- 
d'œuvre,  blanche  libre,  libérée,  et  canaque,  restaient 
fort  rares,  parut-il  de  toute  nécessité  à  la  Société  le 
Nickel  de  tenter  un  nouvel  essai  de  la  main-d'œuvre  japo- 
naise ;  un  nouveau  contrat,  plus  onéreux  que  le  précédent, 
fut  signé  avec  la  société  d'émigration  pour  un  effectif 
de  1.000  Japonais  pendant  cinq  ans.  Geux-ci  arrivèrent 
en  Nouvelle-Calédonie  à  la  fin  de  1900  et  au  début 
de  1901  et  furent  répartis  entre  les  centres  île  Thio  et  de 
Kouiioua  :  bien  qu 'illeur  fût  assuré  non  seulement  un  salaire 
de  38  francs  par  mois,  mais  encore  le  logement,  des  bains 
à  la   manière  japonaise,  la  nourriture,  les  vêtements,  les 

gageroent  àdeux  ans  au  moins  et  a  cinq  ans  au  plus,  et  it  n'en  admet 
t«  rââliation  que  du  coneentempnl  exprés  de  l'engageur  et  de  l'engagé  ; 
il  édicté  d'autre  part  des  dispositions  pénales  à  rencontre  de  l'engagé 
qui  reruserait  de  travailier  ou  s'évaderait,  en  mËme  temps  qu'il 
rencontre  de  celui  qui  engagerait  un  individu  qui  ne'seraitpas  lÛire 
de  son  précédent  engagement. 


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^?2  RICHESSES  MINÉRALES   DE   LA   N00VBLLE-CALâl>ONlE 

-soins médicaux, etc., dans  des  conditions  minutieusemeot 
précisées  par  le  contrat  et  destinées  à  respecter  leurs 
habitudes  et  à  assurer  autant  que  possible  le  maintien 
-de  leur  santé,  ils  ne  tardèrent  pas  à  manifester  leur  mé- 
contentement. Une  grève  éclata  qui  dura  pendant  un 
mois  et  demi,  et  des  évasions  se  produisirent,  et  se  pro- 
duisent encore,  en  nombre  d'autant  plus  considérable 
qu'elles  peuvent  avoir  lieu  impunément,  puisque  leur 
gouvernement  a  refusé  cette  fois  que  ces  Japonais  soient 
soumis  à  l'arrêté  du  26  mars  1874.  Au  moment  de  notr» 
séjour  en  Nouvelle-Calédonie,  leur  effectif  était  réduit  de 
plus  d'un  quart,  tant  par  suite  de  rapatriemeats  jugés 
nécessaires  à  la  suite  de  la  grève  (54  hommes)  que  de 
«lécfes  (66  hommes)  et  que  d'évasions  {138  hommes). 

Pour  l'exploitation  de  l'important  centre  de  Népoui,  on 
a  dû  recourir  également,  au  début  de  1901,  à  Temploi  de 
Japonais,  importes  au  nombre  de  200  dans  des  conditions 
analogues.  Enfin  beaucoup  de  petits  mineurs  ont  été  heu- 
reux d'embaucher  les  évadés  de  Tliio  ou  de  Népoui.  Il  y 
a  donc  aujourd'hui  plus  d'un  millier  de  travailleurs  japo- 
nais sur  les  mines  calédoniennes. 

Mentionnons  ensuite  une  importation  d'Annamites  et 
Tonkinois  faite  en  1891  par  un  colon  qui  fut  autorisé, 
dans  des  conditions  dont  nous  ne  connaissons  pas  le 
détail,  à  emmener d1ndo-Chine  un  convoi  de  768  individus, 
dont  745  étaient  des  condamnéïi  du  pénitencier  de  Poulo- 
Condore  (*)  ;  à  leur  arrivée  dans  la  colonie,  tous  ces  Anna- 
miles  et  Tonkinois  ont  été  régulièrement  engages,  dans 
les  conditions  prévues  par  l'arrêté  du  26  mars  1874, 
devant  un  représentant  de  l'Administration;  ils  ont  reçu 
au  début,  outre  la  nourriture  et  le  logement,  15  francs 

(']  Si  no[is  sommes  bien  renseigné,  le  transport  en  NooTelle-CalMonie 
«vait  éle  autorisé  exclu  sire  ment  pour  des  condama^j  politiques,  et 
avait  ensuite  été  étendu  sans  aulorisalioD  à  dei  coaivaaia  de  droit 


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CONDmoNS  éCOnOMIQDES  DE   l'industrie  MtînfeRB   523 

par  mois,  dont  3  étaient  remis  à  l'Administration  en  vne 

-de  leur  rapatriement  ultérieur  ;  en  outre  une  somme  de 
'quelques  centaines  de  francs  était  versée  par  celui  qtti 
les  engageait  au  colon  qui  avait  assuré  les  frais  de  recru- 
tement et  de  transport.  Beaucoup  d'entre  eux  sont  enrore 

employés  aujourd'hui  dans  diverses  mines.  Trois  convois 

•comprenant  chacun  en  moyenne  150  Tonkinois  libres  ont 
ensuite  été  amenés,  en  1895,  1896,  et  1898,  avec  des 

-contrats  de  cinq  ans,  par  les  soins  d'une  des  principales 
maisons  de  commerce  de  Nouméa,  en  vue  d'être  engagés 
par  des  particuliers  dans  les  conditions  que  nous  venons 
d'indiquer,  et  moyennant  des  salaires  mensuels  de  15  k 
20  franca  non  compris  leur  nourriture  ;  un  certain  nombre 

^Tentre  eui  travaillent  encore  dans  ces  conditions  ;  d'autres 
reçoivent,  après    s'être  trouvés    libérés  de    semblables 
engagements,  des  salaires  de  3  et  4  francs  par  joui'. 
Citons  encore,  pour  mémoire,   un  dernier  convoi  de 

■200  Tonkinois  importé  au  milieu  de  1902  par  les  soins  de 
l'administration  de  la  colonie  pour  concourir  aux  travaux 
publics.  Plusieurs  convois  d'Hindous  de  Pondichéry,  au 
nombre  de  600  au  total,  et  enfin  un  nombre  h  peu  prëi 

'égal  de  Javanais,  dont  350  destinés  au  travail  des  mines 

.avec  des  salaires  de  30  francs  par  mois  en  plus  de  la 
nourriture,  ont  en  outre  été  amenés  par  les  soins  de 
l'Administration  pour  être  engagés  par  des  particuliers 

-comme  domestiques  ou  pour  concourirà  la  culture  ou  même 
pour  travailler  sur  les  mines. 

Comme  nous  l'avons  indiqué  ci-dessus,  l'importation  des 
Néo-Hébridais  en  vue  du  travail  des  mines,  qui  avait 

■d'ailleurs  donné  lieu  à  de  ^ives  protestations  en  raison  des 
pratiques,  dignes  des  négriers  d'autrefois,  qui  auraient 

-été  employées  pour  leur  recrutemsnt,  avait  été  interdite 

A  partir  de  1885;  depuis  18iJ3,  elle  a  été  autorisée  à 
nouveau  sous  réserve  d'un  contrôle  sévère  de  l'Adminis- 

iration,  et  elle  n'a  lieu  aujourd'hui  qu'en  vertu  de  cou- 


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524   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

trats  librement  acx;eptés  par  les  indigènes  et  dont  l'exécu- 
tion est  soigneusement  surveillée.  Il  en  est  de  même  des 
naturels  des  lies  Lovalty.  Ce  ne  sont  guère  que  ces 
derniers  qui  travaillent  aux  mines  :  partinultcremeat  bons 
marins,  ils  sont  tout  spécialement  affectés  aux  opérations 
d'embarquement,  de  débarquement  et  de  chalandage  du 
minerai;  parfois  aussi  ils  sont  employés,  concurremment 
avec  les  Canaques  de  la  Grande-Terre,  aux  transports  par 
câbles. 

En  outre  on  a  réussi  de  tout  temps  à  engager,  pour  1« 
travail  des  mines,  un  petit  nombre  d'indigènes  de  la 
Grande-Terre.  Leur  engagement  a  toujours  lieu  à  court 
terme,  ce  qui  est  essentiel  pour  les  y  décider,  par  l'in- 
termédiaire des  chefs  de  tribus  et  nous  le  contrôle  de 
l'Administration  ;  celle-ci  prélève  d'ailleurs  depuis  quelque 
temps  sur  leur  salaire  une  part  destinée  à  la  caisse  de 
l'immigration,  ce  qui  n'est  pas  sans  provoquer  de  leur  part 
un  assez  vif  mécontentement,  et.  sans  gêner  naturellement 
beaucoup  le  recrutement  de  ces  travailleurs.  Us  reçoivent 
la  nourriture,  le  logement  et  le  salaire;  ce  dernier  était 
autrefois  uniformément  de  1  franc  par  jour;  aujourd'hui, 
il   est  plus  souvent  de  2  francs  et  même  2'' ,50. 

Quant  aux  blancs,  nous  avons  dit  déjà  que  les  libérés 
ont  dès  l'origine  apporté  un  sérieux  appoint  au  personnel 
des  mines  ;  on  a  souvent  clierché  à  attirer  en  outre  des 
travailleurs  libres  français,  mais  cela  a  été  jusqu'ici  sans 
grand  succès  :  la  Société  le  Nickel  a  en  particulier  tenté, 
en  1898,  de  faire  venir  de  France  des  ouvriers  colons; 
elle  promettait  à  ceux-ci  de  les  mettre  en  possession  d'une 
concession  de  terrain  de  5  hectares  propres  h  la  culture 
et  d'une  maison,  moyennant  l'engagement  de  lui  fournir 
au  moins  1.5œ  journées  de  travail,  avec  un  minimum  de 
250  journées  par  an,  en  échange  d'un  salaire  journalier 
de3'',50;8;i  ouvriers  ont  immigré  on  Nouvelle-Calédonie 


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CONDITIONS  ÉCONOMIQDES   DE   l'iNDCSTRIB   MINTÈRE  525 

dans  ces  conditions,  mais  ils  ont  ensuite  renoncé  au  béné- 
fice de  ces  concessions,  qui  s'appliquaient  à  des  terres 
insuffisaniment  fertiles,  et  ils  ont  repris  leur  liberté.  En 
dernier  lieu,  l'administration  de  la  colonie  a  provoqné  le 
départ  de  France  pour  la  Nouvelle-Calédonie  de  124  ou- 
vriers libres,  dont  quelques-uns  ont  pris  du  travail  sur 
les  mines  à  raison  de  6  à  7  francs  par  jour. 

Signalons  enfin  une  immigration  spontanée  de  300  Dal- 
mates  environ,  qui  s'est  produite  par  petits  groupes  au 
cours  des  deui  dernières  années  ;  un  premier  convoi  de 
ces  ouvriers,  qui  avaient  quitté  leur  pa3's,  trop  pauvre 
pour  les  nourrir,  en  vue  d'aller  s'établir  en  Nouvelle- 
Zélande,  et  qui  n'y  avaient  pas  trouvé  l'accueil  qu'ils 
espéraient,  fut  dirigé  de  Sydney  sur  la  Nouvelle-Calé- 
donie par  un  des  commerçants  de  Nouméa;  les  ouvriers 
qui  le  composaient,  ayant  trouvé  à  être  occupés  comme 
mineurs  dans  des  conditions  rémunératrices,  ont  fait  depuis 
les  venir  plusieurs  groupes  de  leurs  compatriotes,  et  ils  cons- 
tituent aujourd'hui  le  plus  clair  de  l'élément  blanc  libre 
travaillant  aux  mines. 

B.  —  La  main-d'œovre  dont  on  dispose  actuellement 

POUR    LES    MINES   DR   LA  NoCVBLLE-CaLÉDONIE. 

Il  y  a  actuellement  plus  de  3.000  ouvriers  occupés  aux 
travaux  des  mines  de  la  Nouvelle-Calédonie,  soit  près  de 
1.500  blancs,  un  nombre  à  peu  près  égal  de  jaunes,  et 
quelques  centaines  à  peine  de  noirs. 

Avant  de  donner  quelques  détails  surles  services  qu'ils 
rendent  et  les  salaires  qu'ils  reçoivent,  nous  devons  faire 
mention  ici  des  conditions  peu  satisfaisantes  de  leur  exis^ 
tence  au  voisinage  des  mines.  Que  les  exploitations  soient 
groupées  autour  de  centres,  comme  Thio,  Kouaoua, 
Népoui,  etc.,  ou  soient  éparpillées  comme  le  sont  plu- 
sieurs des  exploitations  de  nickel  et  toutes  les  exploita- 


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526   RICUBSSES   M"'^''fl"'   DE  LA   XÛinrEIXE-CiiJDOHIE 

tioQs  de  cobalt  et  de  cbnune,  lea  travaux  formeat  tou- 
jours des  groupes  disticcts,  relativcmeat  restreiAts.  séparé» 
par  des  distances  importantes  (importantes  surtout  par  1* 
déoiveUation  à  francbir  pmur  parveair  de  l'un  à  L'autre). 
Les  ouvriers  sont  donc  totd  natureilemeot  amenés  à. 
habiter,  ou  plutôt  k  camper,  puisque  le  climat  permet- 
des  installations  très  sommaires,  ha  Toisiiiage  immédiat 
de  la  toîne,  de  façon  à  éviter  d'avoir  à  faire  un  trop  long- 
parcours  et  surtout  une  ascension  trop  péiâble  pour  se- 
reodre  cliaque  jour  au  travail;  tantdt  ils  cai^st  au 
pied  de  la  mine  lorsqu'elle  n'est  pas  trop  élevée,  taolât- 
au  sonunet  même  de  la  montagne  si  l'on  y  trouve  de- 
l'eau  ou  si  l'on  peut  en  amener  en  suffisance,  tantôt  à 
mi-cûte  au  point  le  plus  élevé  oii  l'on  rencontre  des 
sources.  Ces  can^uents,  généralement  déàgnés  sous  Ifi- 
nom  do  »  villages  »,  ne  sont  que  des  groupes  de  buttes^ 
axceptionnellement  eu  bois,  quelquefois  en  tùle  ondulée,. 
et  plus  souvent  en  paille,  dont  le  confort  laisse  fort  à 
désirer,  et  où  ta  vie  lia  serait  guère  séduisante  pour  des- 
ouvriers mariés  et  pères  de  famille  ;  aucune  distracticui- 
ne  s'offre  an  travailleur  une  fois  la  journée  faite,  et  lo- 
seul  plaisir  qu'il  coimaisse  est,  nous  en  avons  trop  sou- 
vent fait  la  triste  constatation,  celui  de  la  boisson.  Au 
point  de  vue  matériel,  ces  campements  doivent  se  suffir» 
à.  eux-mêmes  k  l'aide  d'approvisionuenients  reçus  de- 
tetnps  en  temps  de  la  capitale  ;  aussi  exîste-t-il  daos  cha- 
cun d'eux  lui  magasin,  universeUement  désigné  sons  le- 
nom  anglais  de  »  store  »,  assurant  la.  fouroiLure  a»» 
ouvriers  des  aliments,  boissons,  vêtements  et  objets  d'un 
usage  journalier  qui  leur  sont  nécessaires  ;  k  cûté  d'un 
tal  magasin,  il  u'y  aurait  généralement  pas  place  pout  de?- 
laaganins  concurrents,,  ai  bien  que  les  ouvriers  de  la  min» 
ta,  SAot  les  clients  obligés,  et  y  apportent  r^guliàrenenl 
des  sommée  importantes  t^ia  l'exploitant  de  k.  ijvw  n'a 
garde  de  laiaaer  aller  à  d'autres  mains  que  les  «ieonee,- 


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CONDITIONS  ÉCONOMIQUES   pÈ   l'iNDUSTRIR  MINIÈRE   527~ 

d'autant  plus  (^u'ildéUâDtjjfénéralement  les  voies  de  trans- 
port propres  à  approvisionner  le  magasin  en  question. 
Le  «  store  »  est  £Ùnsi  pour  l'exploitant  une  source  d4- 
bénéftces,  qui,  loin  déjà  d'être  négligeable  dans  les 
^andes  exploitations,  dont  les  prix  ne  sont  généralement 
majorés  que  dans  une  proportion  raisonnable,  est  souvent 
la  principale  dans  de  plus  petites  entreprises,  oii  cette- 
majoration  atteint  30  et  40  p.  100,  souvent  mêm*»  plus. 
Dès  lors  l'exploitant  de  mine  est  en  même  temps  un  débi-  . 
tant  qui  n'a  qu'un  d^sir,  celui  de  voir  le  doit  de  chaque 
ouvrier  au  magasin  égaler  le  total  des  salaires  qui  lui  sont 
dus,  et  qui  va  souvent  jusqu'à  pousser  ses  ouvriers  à  la 
boisson  ;  U  a  d'ailleurs  soin  de  ne  leur  débiter  au  prix  du 
vin  pur  qu'un  breuvage  suffisamment  allongé  d'eau  pour- 
que  la  tète  de  ses  clients  n'en  souffre  pas  trop,  en  même 
temps  que  sa  bourse  en  profite  largement. 

Telles  sont  les  conditions  matérielles  et  morales  déplo- 
rables dans  lesqueUes  vit  l'ouvrier  mineur  calédonien  ; 
il  est  d'ailleurs  triste  de  constater  que  les  libérés,  qui 
constituent  une  large  proportion  de  ce  personnel,  s'en 
accommodent  bien.  Mais  on  comprendra  que,  tant  que  de- 
semblables  conditions  n'auront  pas  été  modifiées  radica- 
lement, l'ouvrier  libre  soit  peu  tenté  par  le  travail  des 
mines,  et  qu'il  soit  môme  ilifftcile  d'engager  d'Iionnêtcs- 
pères  de  famille  à  aller  vivre,  et  faire  vivre  les  leurs,  de 
cette  vie. 

Parmi  les  ouvriers  blancs,  l'élément  libre  français  est- 
donc  extrêmement  restreint  :  il  ne  constitue,  sauf  races 
exceptions,  que  le  personnel  des  contcemaitres,  personaeL 
trop  souvent  recruté  parmi  des  colons  ilont  les  tentatives 
de  culture  ont  échoué  et  qui  manquent  de  toute  espèca 
d^  connaissances  pour  diriger  le  travail  dont  ils  ont  la 
charge.  Cependant ,  dans  les  derniers  mois,  quelques  ouvriers 
arrivant  de  France  ont  été  embauchés  comme  miuMirs. 

L'élément  étranger  est  presque  uni<iuement  représentè- 


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528   RICHESSES  MINÉRALES   DE  LA  NOWELLB-CALÈDOHIB 

par  les  deux  ou  trois  cents  Dalmates  dont  dous  avoos 
signalé  l'arrivée  dans  la  colonie  il  y  a  deux  ans  enriron. 
Bous  traTailleurs  et  robustes,  ils  sont  quelque  peu  exi- 
geants et  ne  se  contentent  pas,  pour  une  journée  de 
9  heures  de  travail,  de  salaires  inférieurs  à  7  francs  ou 
7^', 50,  quelquefois  même  8  francs,  suivant  la  situation 
des  mines  et  les  difâcultés  de  la  vie  ;  ils  sont  en  outre 
très  sobres,  cherchant  à  économiser  la  majeure  partie  de  ce 
qu'ils  gagnent  pour  l'envoyer  dans  leur  pays  d'origine. 
Généralement  appréciés  on  raison  de  la  somme  de  travail 
qu'ils  fournissent  et  qui  est  en  rapport  avec  les  salaires 
qu'ils  exigent,  ils  sont  cependant  assez  mal  vus  par 
nombre  de  petits  mineur)!,  à,  cause  de  leur  sobriété  et  du 
peu  de  bénéfices  qu'ils  laissent  au  «  store  ». 

Enfin,  quelques  bons  mineurs  australiens  ont  été  em- 
ployés aux  travaux  souterrains  des  mines  du  Nonl,  pen- 
dant toute  leur  période  d'activité,  et  il  en  reste  quelques- 
uns,  occupés  aujourd'hui  à  des  recherches  souterraines  de 
fer  chromé.  Ils  touchent  des  salaires  de  350  francs  par 
mois. 

Les  libérés,  c'est-à-dire  les  condamnés  qui  ont  fini  leur 
temps  principal  de  peine,  mais  sont  encore  astreints  au 
séjour  de  la  colonie,  échappent  au  reproche  de  sobriété 
que  l'on  fait  aux  Dalmates,  et  il  est  rare  que  si,  au  bout 
de  la  quinzaine,  ils  ont  quelque  argent  à  toucher,  ils  ne 
l'échangent  pas  immédiatement  contre  quelques  bou- 
teilles; aussi  les  lendemains  de  paye,  souvent  même  les 
surlendemains,  le  travail  est-il  suspendu  dans  bien  des 
petites  exploitations  ;  maisle  manque  à  gagner  sur  l'exploi- 
tation de  la  mine  est  largement  rattrapé  par  les  béné- 
fices du  magasin.  Si  l'on  passe  sur  cette  irrégularité  dans 
le  travail  et  sur  l'esprit  inquiet  qui  leur  fait  constamment 
changer  de  raine,  les  libérés  fournissent,  en  somme,  une 
main-d'œuvre  relativement  précieuse;  leurs  salaires  ne 
sont  que  de  peu  inférieurs  k  ceux  des  Dalmates  {5",50  à 


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CONDITIONS   BCONOHlQOeS  DE  L'iNDOflTRIB   HEHIÉRE   529 

7'' ,50  par  joBFoée  de  9  heures)  ;  mais,  tandis  que  ces  der- 
niers touchent  eo  num^aàre  une  bonae  partie  de  leurs 
salaires,  ceux  des  libérés  ae  reMoi>leflt  aoyv^it  pas  b 
plus  des  2/3  de  leur  valew  uomiiiaie{*).  Une  ppo]>orti(m 
importaate  d'entjre  les  libérés,  qui  sont  actuellement  au 
nombre  de  5.179('*}  dans  la  «olooie,  travaffleHt  aujour- 
d'hui daas  les  miaes  ;  m^ds  leur  nombre  deTant  «lécessai- 
rement  aller  eo  décroissant  rapidement  d'twnée  en  année, 
puisque  la  transpiration  a  été  suapendue  dass  la  colonie, 
ils  sercHit  certainement  de  Jour  en  jour  moins  «omlHreuK 
k  venir  offrir  leur  travail  aux  exploitants  de  nmies. 

EnHn  les  relégué»,  c'est-à-dire  les  récidivistes  qui  ne 
sont  pas  condamnés  aux  tj^viiux  forcés,  mais  sent  seu- 
lement ast««ints  au  séjour  de  la  colonie,  et  qui  s'y 
trouvent  actuellemrat  au  nombre  de  2.305,  wA  été  dep«HB 
quelque  tempe,  etsont  encore,  faute  de  mieux, «is  en  un 
certain  nombre  {169  au  30  avril  1902)  à  la  disposition 
des  exploitants  de  mines;  il  n'y  en  avait  pas  moins  de 
SO  à  Thio  au  moment  de  ftotre  passage,  et  noue  en  avons 
ru  quelques  groupes  sur  diff^«ntes  petites  mines.  La 
Société  le  Nickel  estime  le  prix  de  revient  de  cette  main- 
d'œuvre  à  ■3'',50  ;  les  relégués  reçoivent,  en  effet,  le  loge- 
ment, la  nourriture,  un  salaire  minimiun  de  9  francs  par 
mois  à  verser  entre  les  mains  de  l'adimmstration  péni- 
tentiaire, plus  un  supplément  qui  leur  est  payé  directe- 
ment et  qui  est  destiné  à  stimuler  leur  zèle  au  travail; 
^•kcG  à  une  allocation  de  2  à  3  francs  par  jour,  mi  en 
obtient  quelquefois  une  somme  de  travail  à  peu  prés  com- 
^rable  à  celle  que  fournissent  les  libérés. 

Au  nombre  des   ouvriers  de  race  jaune,  nous   avons 

(*}  La  petit  miaeur  ne  nom  s  pas  caché  qu'il  prtfâriUt  payer  un 
•alaire  de  B'',SO  ou  1  Tranci  à  un  libéré  qu'un  aalaire  de  i  fraocs  ou 
4'' ,00  i  uo  Japonais  qui  ne  coDBomme  presque  rien.4>iBn  (|uc  la  somme 
4e  travail  Tournie  par  le  second  ne  lui  pareiese  pas,  dans  biep  des  CM, 
inférieure  à  celle  fournie  par  le  premier. 

{*■]  Receaiement  du  3  novembre  1901. 


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530  RICHESSES  MINÉRALES  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 
d'abord  à  compter  les  1.000  Japonais  introduits  par  la 
Société  le  Nickel  et  les  200  introduits  par  la  «  Nickel 
Corporation»  à  Népoui;  leur  nombre  est  d'ailleurs  réduit 
à  700  travaillant  sur  les  mines  de  la  Société  le  Nickel, 
150  à  Népoui,  et  environ  150  évadés  des  travaux  de  ces 
sociétés  pour  aller  s'engager  à  plus  haut  pris  chez  des 
exploitants  voisins  ;  ceux-ci  ne  se  font  d'ailleurs  pas 
scrupule  de  les  attirer  par  des  salaires  relativement  éle- 
vés, qu'ils  peuvent  Facilement  leur  payer,  n'ayant  eu  à 
faire  pour  eux  aucuns  frais  généraux.  Le  contrat  de  la 
Société  le  Nickel  assure  aux  Japonais  tin  salaire  men- 
suel de  38  francs  en  dehors  de  la  nourriture  e(  des  dififé- 
rents  avantages  que  nous  avons  énumérés  ;  ils  devaient 
primitivement  fournir  10  heures  de  travail;  on  ne  leur  en 
demande  aujourd'hui  que  9;  le  contrat  de  la  Société  de 
Népoui  a  été  conclu  dans  des  conditions  analogues  ;  mais 
l'une  et  l'autre  sociétés  estinaent  qu'en  tenant  compte  de 
tous  les  frais  généraux  occasionnés  par  leur  recrutement, 
leur  rapatriement  ultérieur,  leur  installation,  etc.,  et  des 
déchets  par  l'uite  de  rapatriement  prématuré,  de  maladie, 
et  d'évasion,  le  prix  de  revient  de  la  journée  du  tra- 
vailleur japonais  ressort  aux  environs  de  5  francs.  Les 
Japonais  évadés,  qui  s'engagent  sur  des  mines  voi- 
sines, reçoivent  généralement  4  francs  k  4'',50  net  par 
jour;  ils  travaillent  ordinairement  9  heures.  Leur  ren- 
dement, lorsqu'ils  sont  employés  aux  travaux  pénibles, 
comme  l'est  parfois  l'abatage,  paraît  notablement  inférieur 
à  celui  des  ouvriers  blancs;  pour  des  travaux  exigeant  an 
contraire  plus  de  minutie  ou  d'ailresse  que  de  force  (triage 
du  minerai,  sen'ice  des  câbles,  etc.),  ils  rendent  autant 
de  services  que  dos  blancs. 

Les  Tonkinois,  importés  à  diverses  reprises  comme  nous 
l'avons  dit,  constituent  des  ouvriers  qui  valent  à  peu  prè/ 
les  Japonais  ;  le  prix  de  revient  de  leurs  journées  est  gêné 
ralemeni  assez   faible  (voisin  de  2'^50)   quand   ils  ti-a 


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CONDITIONS   ÉCONOMIQUES   DE   l'iNDDSTRIE   MINIÈRE   531 

Taillent  en  vertu  des  engagements  initiaux;  mais  beau- 
coup d'entre  eux,  arrivés  au  terme  de  ces  engagements, 
reçoivent  aujourd'hui  des  salaires  voisins  de  5  francs, 
qu'ils  semblent  gagner  par  leur  travail.  Il  paraîtrait  que  le 
gouvernement  de  l'Indo-Chine  hésiterait  à  se  prêter  à  de 
nouveaux  enr61ements. 

Les  Javanais  et  les  Hindous  n'ont  été  employés  jusqu'ici 
qu'exceptionnellement  sur  les  mises  ;  ils  ne  constitueraient 
pas,  croyons-nous,  des  travailleurs  suffisamment  robustes 
pour  les  travaux  d'abatage.  Ils  reçoivent  un  salaire  de 
1  franc  par  jour,  non  compris  la  nourriture,  et  une  rede- 
vance de  50  centimes  par  jour  est  payée  au  service  de 
l'immigration  pour  les  frais  d'importation. 

Les  travailleurs  noirs  ne  sont  guère  qu'au  nombre 
de  200  ou  300  sur  l'ensemble  des  exploitations  de  la 
colonie  ;  un  assez  grand  nombre  d'entre  eux  sont  des 
hommes  des  lies  Loyalty,  mais  quelques  exploitants  ont 
réussi  à  diverses  reprises,  moyennant  entente  avec  les 
chefs  indigènes,  à  engager  des  équipes  de  Canaques  de  la 
Grande-Terre  pour  six  mois  ou  un  an. 

Ces  hommes  reçoivent  toujours  le  logement,  la  ration 
représentant  à  peine  1  franc  par  jour,  et  un  salaire  qui 
n'était  au  début  que  de  250  à  350  francs  pour  trois  ans, 
mais  qui  a  été  ensuite  porté  à  1  franc  par  jour  et  atteint 
aujourd'hui  40,  50  ou  60  francs  par  mois,  suivant  les 
régions,  quelquefois  même  75  francs,  surtout  pour  les 
Loyaltiens. 

Ce  n'est  qu'exceptionnellement  que  nous  les  avons  vu 
employer  an  travail  des  carrières  mêmes  ;  cependant,  dans 
une  mine  ils  paraissent  s'acquitter  assez  bien  d'une  partie 
de  ce  travail  ;  plus  souvent  occupés  au  transport  du  mine- 
rai, c'est  presque  toujours  à  eux  que  l'on  confie  les  opé- 
rations du  chalaodage,  pour  lesquelles  ils  excellent. 


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53S    KICRB8SES  XIHBUXBS  DB  LA  MOQTBLLB-C&LSDONIE 

Pour  doQQer  tue  idée  de  ce  que  peut  être  l'importance 
des  différents  éléments  que  nous  veDous  de  mentionner 
comme  constituant  la  main-d'oeavi^  empiojée  dans  les 
■Bines,  nous  indiquons  ci-dessous  la  répartition  par  catégo- 
ries du  nombre  des  ouvriers  employés  et  dn  nombre  des 
journées  faites  au  mois  de  mai  1902  dans  les  différentes 
exploitations  du  groupe  de  Iliio,  le  plus  important  des 
CMitres  minirav  de  ta  colonie. 


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D'autre  part,  on  peoi  dire  qu'aujourd'hui  les  prix  de 
revient  de  la  main-d'œuvre  par  journée  de  neuf  heures 


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CONDITIONS   KC0N0M1QDE8   DE  L'iNDOBTEm  MlNlàllE   533 

sont,  pour  les  diverses  catégories,  les  suivants  : 

Ponr  les  traTailleurs  blaDcs  libres T',00  à  8'^00 

Pour  l«s  libères 5  ,50  4  7  ,S(r 

Pour  les  relégwés 3  ,S0  4  *  ,» 

Pour  les  Japonais  régulièrement  engsgfa 4  ,19  4  S  ,2S 

Ponr  les  Japonais  éTadéa 4  ,00  4  4  fiù 

Pour  les  Tonkinois,  Annamites  et  Javanais 

engagés 2  ,50  4  3  ,00 

Pour  les  noirs S  ,50  4  3  ,50 

Il  faut  ajouter  que  ces  salaires  nominaux,  se  trouvent 
presque  toujours  réduits,  dans  une  plus  ou  moins  large 
mesure  suivant  la  catégorie  des  travailleurs  et  suivant 
les  conditions  dans  lesquelles  sout  exploités  les  magasios 
des  mines,  par  le  bénéfice  prélevé  sur  les  marchandises 
fourmes  aux  ouvriers. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  sous  réserve  de  l'application  d'un 
coefficient  de  réduction  pour  tenir  compte  de  cette  cir- 
constance, le  prix  moyen  de  la  journée  d'ouvrier  est  éva- 
lué, sur  différentes  exploitations  o(i  le  personnel  comprend 
plus  ou  moins  d'ouvriers  de  ces  diverses  catégories,  &  des 
chiffres  variant  de  4*%80  à  6'',60. 

€.  —  Mbsdrbs  proprbs  a  paciutbb  kt  a  améliorer 

LB  BBCRUTEUENT  UB  LA   HAIN-D'ŒDVBE. 

Ainsi  qu'on  le  voit  par  les  quelques  indications  qui  pré- 
cèdent, la  main-d'œuvre  en  Nouvelle-Calédonie  est  rare, 
cbère,  et  d'assez  médiocre  qualité.  Longtemps,  grâce  aux 
contrats  dont  nous  avons  fait  mention,  la  main-d'œuvre 
pénale  était,  pour  les  exploitants  qui  avaient  su  s'assurer 
le  bénéfice  de  ces  contrats,  sinon  une  ressource  suffisante 
(puisque  la  Société  le  Nickel  faisait  venir  des  Japonais 
dès  1889),  du  moins  un  important  et  précieux  appoint.  En 
io6me  temps  les  libérés,  dont  le  bagne  alimentait  régulière- 
ment  la  colonie,  constituaient  des  travailleurs  volontaires  en 


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1 


534  RICHESSES   MINÉRALES   DB   LA  NODTBLLE-CALÉDONIE 

assez  grand  nombre.  Depuis  quelques  années  le  travail  des 
condamnés  en  cours  de  peine  a  été  complètement  supprimé, 
et  le  recrutement  des  libérés  est  aujourd'hui  tari  ;  aussi  le 
maintien  de  l'activité  des  mines  n'a-t-il  pu ,  être  assuré 
que  gr&ce  à  des  importations,  assez  peu  satisfaisantes 
en  somme  dans  l'ensemble,  de  travailleurs  jaunes,  gr&ce 
&  l'allocation  de  salaires  très  élevés,  qu'on  rattrape  en 
partie  par  des  procédés  souvent  bien  peu  honorables,  aui 
libérés  et  à  quelques  travailleurs  blancs,  et  grâce  aussi  aux 
engagements  volontaires,  souvent  diMciles  à  obtenir,  des 
Canaques.  C'est  là  une  situation  difficile  créée  à  l'industrie 
minière  de  la  colonie,  situation  h  laquelle  on  n'a  encore 
trouvé  aucun  remède  satisfaisant  et  qui  risque  de  devenir 
plus  difficile  de  jour  en  jour  ;  le  prix  de  revient  moyen  de 
la  journée  d'ouvrier  se  trouve  déjà  au  moins  doublé  par 
rapport  à  ce  qu'il  était  il  y  a  seulement  quatre  ou  cinq  ans, 
et  il  suffirait  que  l'ère  d'activité  des  demandes  des  divers 
minerais  produits  par  la  colonie  se  maintint  un  certain  temps 
pour  que  les  salaires  continuent  à  s'élever  encore. 

Aussi,  celui  qui,  comme  nous,  envisage  uniquement  les 
intérêts  de  l'industrie  minière,  qui  est  d'ailleurs  la  plus 
importante  et  presque  la  seule  sérieuse  ressource  de  la 
colonie,  ne  peut  que  regretter  que,  avant  qu'une  solution 
satisfaisante  ait  été  trouvée  à  la  difficile  question  du 
recrutement  d'une  autre  main-d'œuvre,  le  concours  de  la 
main-d'œuvre  pénale  ait  été  brusquement  retiré  aux 
exploitants  démines,  en  même  temps  que  le  recrutement 
des  libérés  était  définitivement  compromis. 

Si,  comme  on  l'a  fait  jusqu'ici,  on  ne  juge  pas  devoir 
réserver  pour  l'exécution  de  grands  travaux  publics,  tan- 
tôt dans  une  de  nos  colonies,  tantôt  dans  une  autre,  les 
,  ressources  en  main-d'œuvre  que  l'on  peut  trouver  chez 
les  condamnés  aux  travaux  forcés,  leur  mise  à  la  disposi- 
tion des  exploitants  des  mines  de  telle  ou  telle  de  nos  pos- 
sessions, sons  telles  conditions  qui  seraient  jugées  convo- 


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CONDITIONS  ÉCONOMIQUES  DE  L'INDUSTRIE  MINIÈRE  535 
iiables,  constituerait  une  solution  qui  pourrait  faciliter  dans 
une  très  large  mesure  la  mise  en  valeur  des  richessea  de 
notre  empire  colonial.  Dès  lors,  du  moment  que  le  hasard 
avait  fait  choisir  comme  lieu  de  transportation  précisément 
celle  des  colonies  françaises  qui  s'est  montrée  jusqu'ici  la 
mieux  partagée,  ou  peut  s'en  faut,  au  point  de  vue  des 
richesses  minérales  (*),  celle  qui  paraît  avoir  le  plus  besoin 
de  main-d'œuvre' pour  les  exploiter,  et  celle  dont  le  climat 
permet  de  compter  sur  le  meilleur  rendement  moyen  pour 
le  travail  des  condamnés,  nous  ne  pouvons,  toujours  à 
notre  point  de  vue  spécial,  que  trouver  qu'il  est  dommage 
que  l'on  ait  enlevé  à  cette  colonie  une  ressource  aussi  pré- 
cieuse dans  l'état  de  son  développement  industriel,  avant 
que  Ton  ait  été  certain  de  pouvoir  y  suppléer.  Nous  ne 
pouvons  d'ailleurs  que  nous  incliner  devant  les  raisons 
majeures,  tirées  tant  des  nécessités  de  l'administration 
pénitentiaire  que  des  intérêts  généraux  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  qui  ont  évidemment  dicté  cette  détermination 
à  l'Administration  supérieure  ;  nous  croyons  cependant  de 
notre  devoir  de  signaler  le  contre-coup  qu'elle  a  déjà  eu 
et  qu'elle  aura  vraisemblablement  encore  dî>ns  l'avenir  pur 
l'industrie  minière  de  notre  colonie. 

Que  pourrait-on  faire  pour  en  diminuer  les  inconvé- 
nients, si,  comme  nous  le  croyons,  la  mesure  est  défini- 
tive? Il  faudrait  avant  tout  persévérer  dans  la  voie 
des    tentatives    faites    jusqu'ici    pour   limportation   de 

(*)  RnppeloDS  que,  d'après  la  slatistique  orOcielle  de  l'îsUuslrie  iiiiné- 
TBle  publiée  par  le  Ministère  des  Travaux  publics,  C|uï  donne  d'ailleurs 
un  chiffre  exagéré  de  plus  de  2  millions  de  Francs  pour  la  iNouvelle- 
CalËdonie,  ia  valeur  sur  place  des  produits  minéraux  extraits  en  1^2 
aurait  Été  de  : 

9.995.01)0  fronça   pour  la   Nouvetlc-Calédonie. 
3.(i-29.000  francs  pmir  l'Indo-Cliine. 
i. 123. 000  ffuni-a  pour  Madagascar. 
Elle  n'aurait  été  supérieure  que  pour  la  Guyane,  oiil'un  a  exirait  pour 
12.545.(H)0  francs  dor. 


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1 


536   RICHBSSES   UINÉBALES   HE  LA   MOGTBIXB-CALBIKWIB 

main-d 'œuvre.  Attirer  de  bons  ouvriers  français  auxquels 
leur  capacité  de  travail  et  leur  habileté  permettraient  d'al- 
louer des  salaires  élevés,  dans  un  pays  où  lea  condition» 
de  l'existence  pourraient  être,  et  somme,  assez  facileSf 
serait  une  solution  très  tentaote;  et  si,  comme  non» 
l'avons  dit,  les  conditions  dans  lesquelles  ils  seraient 
appelés  h  vivre  aujourd'hui  sont  peu  engageantes,  alors 
que  l'élément  libéré  constitue  encore  une  large  portion 
du  personnel  des  mines,  il  n'est  pas  déf«Mlu  d'espérer 
qu'elles  s'amélioreront  de  j(Hir  en  jour,  et  qu'un  moment 
viendra  où  l'on  n'aura  plus  h  hésiter  à  ponsew  de  bon» 
ouvriers  français  k  aller  chercher  du  travail  dans  notre 
colonie  du  Pacifique. 

Jusque-lk  la  Nouvelle-Calédonie  n'aurait  qu'à  gagner 
à  voir  des  ouvriers  de  pays  peu  fortunés  craitinuer  à 
venir  y  passer  quelques  années  pour  amasser  des  écono- 
mies, en  même  temps  qu'ils  fournissent  aux  exploitant» 
le  travail  indispensable  à  la  mise  en  valeur  de  leurs 
mines. 

D'autre  part,  bien  que  les  tentatives  d'importatitmd'on- 
vriers  des  races  jaunes  n'aient  pas  donné  pleine  satis- 
faction jusqu'ici,  le  gouvernement  de  la  colonie  loi-indnie 
est,  comme  nous  l'avons  dit,  entré  dans  la  voie  qui  con- 
siste k  faire  venir  des  convois  d'ouvriers  asiatiques  pour 
être  engagés  par  des  particuliers,  exploitants  de  mines 
ou  autres.  C'est  là  une  heureuse  initiative  dans  laquelle 
il  persistera,  il  faut  l'espérer,  cherchant,  s'il  n'était  plu» 
possible  d'avoir  des  Tonkinois  ou  des  Annamites,  à  faire 
venir  des  Chinois,  tout  en  leur  imposant  des  contrats  de 
nature  à  éviter  qu'amenés  comme  ouvriers,  ils  ne  s'éta- 
blissent les  concurrents  de  nos  commerçants,  comme  il» 
l'ont  si  souvent  fait  dans  d'autres  pays. 

Enfin  il  serait  à  souhaiter  que  l'administration  local© 
fit  tout  ce  qui  dépend  d'elle  pour  faciliter  aux  exploitants 
de  mines  l'engagement  des  indigènes  soit  de  la  Grande- 


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CONDITIONS  ÉCONOMIQUES   DE   l'iMDDSTKIB   HINIÈRB   537 

Terre,  soit  dea  îles  Loyalty,  qui,  s'ils  ne  sont  pas  aptes  à 
tous  les  travaux  de  mines,  s'acquittent  très  bien  de  cer- 
taina  d'entre  eux,  et  peuvent  aiuBi  fournir  un  sérieux 
appoint  à  la  main-d'œuvre  qu^l  est  nécessaire  de  re- 
cruter. 


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1 


CHAPITRE  II. 
FACTEURS   DIVERS  DES  PRIX  SE  REVIENT. 


A.  —  Les  approvisionnements. 

Si  la  cherté  <lo  la  main-d'œuvre  est  le  facteur  essentiel 
de  l'élévation  (les  frais  d'exploitation  en  Nouvelle-Caié- 
flonio,  et  si  cette  cherté  tient  essenUellenienl  à  la  rareté 
des  ouvriers,  le  prix  élevé  de  tous  les  approvisionnements 
n'en  pèse  pas  moins  d'une  façon  très  importaDte  aussi 
sur  les  entreprises  des  mines. 

D'une  part,  la  cherté  des  vivres  sur  les  exploitations 
minières,  qui  n'est  pas  duc  uniquement  aux  bénéfices 
prélevés  par  les  ci  stores  »  (bénéfices  qui  ne  doivent  pas 
être  considérés  comme  majorant  réellement  les  pris  de 
revient),  contribue  sérieusement  à  l'élévation  du  taux  des 
salaires;  d'autre  part,  les  prix  exagérés  que  coûtent  les 
rails  pour  voies  ferrées,  les  cûbles,  le  matériel  de  trans- 
port, les  outils,  etc.,  interviennent  dans  le  même  sens, 
et  doublement,  nous  serions  même  tenté  de  dire  à  la 
deuxième  puissance,  dans  les  prix  de  revient.  En  effet, 
les  frais  généraux  et  l'araortisseraent  des  frais  d'ins- 
tallation sont  des  charges  directement  proportionnelles 
aux  frais  d'achat  du  matériel;  maïs,  en  outre,  plus  ces 
charges  sont  élevées  et  plus  le  mineur  hésite,  non  pas 
parce  qu'il  n'y  trouverait  pas  une  véritable  économie, 
mais  simplement  parce  qu'il  ne  dispose  pas  des  capitaux 
indispensables,  à  faire  les  installations  nécessaires  à  l'ex- 
ploilalion  économique  do  sa  mine  ;  et  c'est  précisément 
pour  ceux  qui  n'ont  pas  de  gros  capitaux  que  la  cherté 


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CONDITIONS   ÉCONOHIQDBS   DE  l'iNDUSTRIE  MINIERE   539 

de  toutes  choses  est  le  plus  marquée.  Une  société  impor- 
tante a  le  loisir  de  faire  venir  d'Europe  les  approvisiou- 
nemeuts  dont  elle  a  besoin,  et  elle  peut  en  outre  écono- 
miser tout  ou  partie  du  fret,,  qui  pour  de  petits  envoie 
revient  ans  environs  de  80  à  100  francs  la  tonne,  en 
confiant  ses  transports  par  chargements  importants  aux 
bateaux  qui  viennent  chercher  son  minerai  et  qui 
peuvent  lui  apporter  le  matériel  au  point  même  ob  elle 
en  a  besoin  ;  il  n'y  a  donc  à  ajouter  dans  ce  cas  au 
prix  des  matières  en  France  que  ces  frais  de  transport 
réduits  et  les  frais  généraux  correspondant  à  la  néces- 
sité d'avoir  un  certain  approvisionnement.  Le  petit  mi- 
□eur,  qui  ne  peut  guère  que  s'adresser  aux  commerçants 
de  Nouméa,  a  k  supporter  indirectement  les  frais  de 
transport  depuis  l'Europe,  que  le  commerçant  en  question 
paye  à  un  taux  élevé,  les  frais  généraux  correspondant 
à  la  nécessité  pour  le  commerçant  d'avoir  des  approvi- 
sionnements, et  les  bénéfices  de  celui-ci;  il  paye  en 
outre  des  frais  de  manutention  et  de  transport  supplé- 
mentaires depuis  Nouméa  jusqu'à  sa  mine.  Ajoutons  que 
le  bénéfice  prélevé  par  le  commerçant  de  Nouméa  est 
d'autant  moiqs  modeste  qu'il  n'a  pas  à  craindre  la  con- 
currence des  autres  maisons  de  la  place,  car  il  est 
presque  toujours,  en  mèiue  temps,  le  bailleur  de  fonds  du 
petit  mineur,  qui  est  dès  lors  obligatoirement  son  client 
pour  toutes  choses. 

On  no  sera  donc  pas  surpris  si  nous  disons  que  le  ma- 
tériel de  mines  revient  aux  mineurs  calédoniens  deux  ou 
trois  fois  plus  cher  qu'il  ne  reviendrait  en  France  :  nous 
avons  d'ailleurs  déjà  mentionné  combien  coûteuse  est 
l'installation  de  la  moindre  voie  ferrée  de  tracé  facile, 
en  raison  surtout  du  prix  des  rails,  qui  ne  reviennent  pas 
à  moins  de  400  à  .ôOO  francs  la  tonne,  soit,  pour  une  voie 
de  10  kilogrammes  au  mètre  courant,  8.iX)0  h  10.000  francs 
par  kilomètre. 


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540   RICRKSBKS  HINBRALBS   DE  LA   NOOTeLLB-CALilSmiE 

Nous  ne  nous  attard«^ns  pas  à  multiplier  ces  esemjàem, 
noua  mentionnerons  senlemeot  que  la  nourritnre  n'est  ]ms 
à  des  prix  moins  excessifs  :  le  pain  est  coarammesi  venàm 
Bor  les  exploitations  de  40  &  60  centimes  le  kilogmm— , 
et  il  semble  bien  résulter  des  renseignements  que  domb 
avons  pu  recueillir  qu'il  revient  à  enTÏroa  35  CMitimes 
alors  que  les  farines  employées  proviennent  d'Austrafier 
ot  elles  sont,  c(Mnme  oii  te  sait,  vendues  k  très  bas  pox  : 
le  vin  le  plus  ordinaire  ne  coûte  pas  moins  de  1  franc  k 
1",25  le  ûtre,  et  cependant  il  est  directement  importé  de 
France,  où  son  prix  a  été  très  bas  toutes  ces  dernières 
années  ;  il  n'en  revient  pas  moins,  en  raison  des  iirtermé- 
diaires  et  des  faux  frais,  h  140  on  150  francs  la  barrique 
de  336  litres  rendue  sur  place. 

B.  —  Lb8  frais  me  TBANSPaerr. 

Nous  avons  déjà  fait  mention  de  l'importance  ca|HtaIe 
des  frais  de  transport  dans  les  prix  de  revient. 

Nous  ne  reviendrons  pas  id  sur  ce  qui  est  des  frais  de 
transport  snr  carrières  ou  de  descente  au  pied  des  mines; 
dans  toute  es[dottation  et  dans  tout  pays,  c'qat  «ax  ex{JjM- 
tants  qu'il  appartient  d'organiser  tes  transporta  de  ce  genre 
de  la  façon  la  plus  économique.  Mais,  en  Nouvelle-Calé- 
donie, lorsque  le  minerai  est  descendu  dans  la  vallée  on 
dans  la  plaine  (si  l'on  peut  appeler  ainsi  l'étroite  bande  de 
terrain  relativement  peu  accidenté  qui  sépare  lea  mon- 
tagnes de  la  mer),  l'exploitant  ne  trouve,  en  général, 
aucun  moyen  de  communication  pour  le  conduire  à  un 
point  d'embarquement  quelconque  ni  aucune  facilité  d'em- 
barquement. C'est  à  un  tel  point  que,  lorsqu'on  a  vouln, 
au  début  de  l'exploitation  du  nickel,  et  lorsqu'on  veut 
encore  aujourd'hui  pour  les  exploitations  de  cobalt, 
transporter  le  minerai  par  les  sortes  de  pistes,  qu'on 
désigne  sous  le  nom  de  routes,  faisant  le  tour  de  la  colo- 


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CCHtOmONS  ÉCOSOUIQDBS   DE  l'iNDUSTRIR  HINlèRB  541 

nie,  il  faut  assurer  soi-même  l'entretien  de  ces  pistes, 
renoncer  à  y  circuler  par  le;;  temps  trop  hamides,  et  enfin 
payer,  dans  un  pays  oti  les  chevaux  et  les  bœnis  sont 
iMKnbrenx  et  reiativement  de  peu  de  valeur,  des  frais  de 
0*',75  à  i  ^anc  par  toniiB  kilométrique.  Cette  situation 
oUige,  comme  nous  l'avons  dît,  tout  mineur  qui  veut 
exploiter  une  mine  de  nickel  à  faire  les  frais  d'un  petit 
tramway;  ces  frais  élevas  coastituent  le  plus  clair  de  ses 
dépenses  de  premier  éUblissement,  et  le  conduiseat 
presque  toujours  à  l'emprunt  aux  commerçants  de  Nou- 
méa, dont  noue  avons  signalé  les  incxHivéments.  Sans 
doate,  pooT  répondre  pleinement  aux  besoins  des  exploi- 
tants, répartis,  comme  on  sait,  tout  le  long  des  deux 
cMes,  ce  qni  swait  le  }rin8  souhaitable  ce  serait  que  l'oa 
put  doter  la  colonie  d'une  Toie  feirée  qui  en  ferait  le  tonr 
et  aurait  des  embran^ements  remontant  pins  ou  moins 
knn  dans  les  difT^ntes  vallées.  Mais  c'est  là  no  rère 
que  ie  min^  luMnème  ne  doit  pas  faire  ;  le  trafic  total 
t^m  l'easeinUe  des  mines  pourraient  offrir  à  nue  telle  voie 
ferrée,  surtout  si  l'on  n'oublie  paa  que  l'objectif  doit  tou- 
jours être  de  conduire  le  plus  promptement  possible  le 
nllDerai  à  un  point  d'^nbarquement,  ne  saurait,  en  effet, 
rémunérer  les  frais  de  construction  d'un  tel  réseau;  et, 
éês  krrs,  le  mineur  serait,  tout  naturellement,  le  premier 
à  en  supporter  la  lourde  charge  sous  fonne  d'impôts. 

Ce  que  l'on  peut  seulement  souhaiter,  c'est  de  voir  an 
système  de  routes  praticables  entretenu  tout  le  long  de 
la  colonie;  cela  faciliterait  déjà,  les  transports  dans  une 
ass«e  large  mesure.  Il  continuera  donc  encore  long- 
temps, à  notre  avis,  à  appartenir  aux  exploitants  de 
er6er  les  voies  ferrées  dont  ils  ont  bescàn  ;  ils  devraient 
Molement  le  faire  d'une  façon  plus  )»*éToyante,  en  con- 
nrissant  mieux  l'importance  des  ressovrces  qu'elles  sont 
appelées  à  desservir,  et  en  appropriant  mieux  leur  tracé 
et  lenr  équipement  aax  services  à  en  attandre  non  seu- 


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542   RICHBSSBB    HINBRALES   I)B    LA   NOOVELLE-CALÈDONIB 

lement  h  court  délai,  mais  dans  un  avenir  uq  pen  plas 
largement  escompté. 

Nous  avons  déjà  fait  allusion  aux  frais  de  premier  éta- 
blissement et  aux  frais  courants  importanls  qu'entraîne 
l'embarquement  des  minerais  :  sans  doute,  si  la  colonie 
était  outillée  à  ce  point  de  vue  comme  l'est  un  pays  en 
plein  développement  industriel  et  commercial,  il  ne  de- 
vrait pas  en  être  ainsi,  mais  on  ne  pourrait,  guère  plus 
que  pour  les  voies  ferrées,  lui  demander  de  faire  en  une 
série  de  points  des  installations  coûteuses  et  destinées  à 
desservir  chacune  une  seule  exploitation  ou  deux.  Enfin, 
lorsque  le  minerai  n'est  pas  produit  en  assez  grande  quan- 
tité en  un  point  donné  pour  pouvoir  être  directement  em- 
barqué sur  les  voiliers  qui  l'exportent,  il  doit  être  con- 
fié aux  bateaux  qui  font  le  sen'ice  du  tour  des  c6tes,  et  la 
dépense  qui  en  résulte  n'est  pas  inférieure  à  S  à  10  francs  ; 
c'est  là  encore  une  charge  bien  forte  que  justifie  peut-être 
aujourd'hui  le  peu  d'activité  des  transports  autour  de  l'Ile, 
mais  qui  est  de  nature  à  diminuer  avec  le  développement 
même  de  ces  transports. 

C.  —  Ghasoes  diverses. 

Diverses  lourdes  charges  viennent  encore  peser  sur  les 
exploitations  minières  de  la  colonie  :  ce  sont  tout  d'abord, 
pour  celles  des  exploitations  tout  au  moins  qui  ont  la  pré- 
voyance de  les  assumer,  les  frais  généraux  de  direction 
technique  et  de  surveillance.  L'impossibilité  de  recruter 
un  personnel  technique  quel  qu'il  soit,  même  de  contre- 
maîtres, en  Nouvelle-Calédonie,  oblige  à  y  suppléer  par  des 
agents  amenés  d'Europe,  au  prix  de  dépenses  d'autant 
plus  grandes  qu'ils  séjournent  rarement  longtemps  dans 
la  colonie.  La  création  à  Nouméa  d'un  enseignement,  moitié 
technique  moitié  pratique,  en  vue  de  former  les  con- 
tremaîtres nécessaires  à  la  conduite  d'un  persounel  qui 


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CONDITIONS  ÉCOKOUIQCES   DE   l'iNDUSTRIB   MINIÈRE  543 

est  aujourd'hui  de  plus  de  3.000  ouvriers  et  qui  ne  fera 
que  s'accroître  avec  le  développement  de  l'industrie,  créa- 
tion que  réclame  la  Société  le  Nickel  et  que  les  exploi- 
tants de  la  colonie  ne  manqueraient  sans  doute  pas  de 
subventionner,  pourrait  ctre  fort  utile  à  ce  point  de  vue; 
elle  serait  cependant  de  nature  à  se  heurter  à  de  sérieuses 
difficultés  d'organisation. 

Enfin  lesimpAts  divers  perçus  sur  les  exploitations  de 
mines,  soit  h  titre  direct,  soit  à  titre  indirect,  sont  élevés. 
Rappelons  que  tout  périmètre  minier  est  soumis  à  une 
redevance  annuelle  de  50  centimes  par  hectare  s'il  est 
conrédé,  et  de  40  centimes  s'il  est  l'objet  d'une  déclara- 
tion de  recherches  ou  d'une  demande  de  concession;  c'est 
iâ  un  taux  qui  parait  très  modique,  mais  qui  Test  moins 
qu'on  ne  le  supposerait,  étant  donné  les  étendues  énormes 
sur  lesquelles  portent  généralement  ces  périmètres.  Sans 
doute  ces  étendues  sont  presque  toujours  exagérées,  faute 
par  les  intéressés  d'y  avoirfaitles  reconnaissances  utiles; 
mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'une  exploitation  qui 
veut  avoir  devant  elle  les  ressources  importantes  qui 
seules  peuvent  justifier  des  installations  cofitenses,  est 
amenée  à  s'assurer  des  périmètres  miniers  très  considé- 
rables. 

Le  droit  de  25  centimes  par  tonne  sur  les  minerais 
exportés  n'a  nen  d'exagéré  non  plus,  puisqu'il  ne  repré- 
sente pas  plus  d'un  demi-centime  par  kilogramme  d'un 
métal  qui  vaut  plus  de  3  francs  le  kilogramme,  et  puis- 
qu'il ne  correspond  actuellement  qu'à  moins  de  1  p.  100 
de  la  valeur  du  minerai  sur  place.  Les  droits  de  douane  et 
d'octroi  de  mer  assez  élevés  qui  chargent  toute  importa- 
tion de  matériel  et  d'objets  de  consommation  grèvent 
assez  notablement  les  exploitations  minières  ;  nous 
avons  sous  les  yeux  l'exemple  de  l'une  d'elles,  qui  a  ac- 
quitté de  la  sorte,  au  cours  de  l'exercice  1900-1901, 
presque  3  francs  de  droits  par  tonne  de  minerai  produit; 


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544  EIOKHIBI   MIHÙALES   DE  LA  VOCrMU-E^OàLiDOVlB 

cela  «tt  considér^le,  et  cela  serait  éviddiamAot  exagéré 
«i  ces  droits  ne  se  rappoHcûeDt  pas  pour  une  sérieuse 
part  à  des  mairbaDdisM  revendues  aux  ooTriers  ou  ai 
penoonel  de  la  mioe,  et  ne  devaient  par  suite  être  ooor 
sidérés  comme  payée  par  ceux-ci  et  ao&  par  les  mioes. 

Ëfiân  lac  droits  de  phare  et  d«  balieage,  les  dratt«  sani- 
taires et  le' droit  de  navigation  intérieure  (droit  de  l'',50 
par  toaae  perça  «or  les  savires  étrangenBeuleiuMit),  qui 
sont  icqdttéji,  il  est  vrai,  par  Les  bateaux  eux^nëraes,  mais 
qui  chargent  indirecbeaient  les  esplcHiants  de  mines,  et 
dont  le  total  pMit  attendre  enc<x'e  en  ino^enae  50  cea- 
times  par  bonne  de  rainera,  paraissent  quelque  peu  élevés  ; 
c'est  surtout  le  cas  lorsqu'il  s'a^^t,  par  exemple,  de  droits 
de  phare  et  de  baiisage  perçus  sur  des  naTires  qai  ne 
fréquentent  qa«  des  baies  ou  des  ports,  ei  même  uae  cAte. 
qui  ne  sont  pourvus  ni  d'un  pliare  ni  d'tiae  balise. 

Qaoi  qu'ion  Koît,  il  n'est  pas  douteux  que  l'iaduetne 
minière,  à  laquelle  se  rattachent,  on  peut  le  dire,  Les  seolet 
<ni  presque  les  seoles  entreprises  florissantes  de  la  oaAia' 
oie,  doîre  éqoitablMaeat  prendre  sa  part  contribotive  des 
d^enses  du  budget,  «t  par  suite  supptH^rdes  iiap6t«  qtà. 
ferçag  d'une  manière  os  de  l'autre,  devront  tiMijovre 
représenter -des  sommes  assez  importantes.  Mais  ce  que 
«ont  ea  droit  de  sovàùter  ceux  qm  pranneat  en  maia  les 
véritables  wiéréle  de  cette  iodiudrie,  c'est  que,  par  une 
JQHte  cQQipeBfiaJion,  il  soit  dans  les  dépenses  publiques 
Cait  une  large  part  à  celles  qid,  kiut  en  étant  d'un  iutérM 
fierai,  MiitspédaleiaeBtdeBature  À  favoriser  le  dévelo|>- 
t  de  l'exploitation  des  mines  de  La  colonie. 


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SEPTIÈME  PA.RTIS. 
00N0LU8I0H. 


A.    —    RÉSOHÉ  fis    LA    SITUATION     ACTDBLLB 
DE  l'industrie  MISIBRB  DE  LA  COLONIE. 

Le  soi  de  la  Nouvelle-Calédonie  est  exceptionnellement 
favoriséaupoinlde  vue  des  richesses  minérales,  cela  n'est 
pas  douteux  :  il  l'est  non  seulement  par  la  variété  des 
minerais  qu'on  y  rencontre  et  par  les  conditions  natu- 
relles de  beaucoup  d'entre  les  gisements,  conditions  qui  les 
rendraient  fructueusement  exploitables  dans  des  itégions 
dont  le  développement  industriel  serait  plus  avancé,  mais 
encore  par  le  caractère  tout  èi  fait  spécial  de  plusieurs 
d'entre  eux  :  le  nickel  y  constitue,  sur  une  étendue  con- 
sidérable, des  réserves  énormes  à  un  état  de  concentra- 
tion et  avec  des  facilités  d'exploitation  inconnus  partout 
ailleurs;  le  cobalt  s'y  rencontre  dans  des  minerais  qui 
n'ont  pas  d'équivalent  dans  le  monde  entier  ;  le  fer  chromé 
y  est  souvent  d'une  pureté  et  d'une  teneur  en  chrome  remar- 
quables, et  plusieurs  de  ses  gisements  sont  très  aisément 
exploitables.  Le  cuivre  parait  y  constituer  quelques  beaux 
filons  ;  l'or,  le  plomb  argentifère  et  quelques  autres  métaux 
se  montrent  dans  des  gisements  qui  seraient  vraisembla- 
blement utilisables  dans  une  contrée  moins  reculée.  Le 
charbon  existe  lui-même  dans  la  colonie  sur  des  étendues 
assez  considérables. 

Malheureusement  l'éloignement  extrême  de  notre  colo- 
nie, située  à  près  d'un  millier  de  milles  marins  de  tonte 
autre  terre,  l'exiguïté  do  sa  superficie,  et  la  modicité  de 


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546   RICHESSES   HIN'BRALES   DE   LA   SOCVELI.E-CALRDONIB 

ses  autres  ressources  naturelles  y  rendent  les  conditions 
industrieUes  difficiles,  et  n'ont  jusqu'ici  permis  d'y  exploi- 
ter avpc  fruit  que  des  gisements  d'une  richesse  exception- 
nelle. 

Parmi  eux  se  rangent  en  première  ligne  les  gisements 
de  nickel  dont  la  découverte  a  fait  passer  celui-cidu  rang 
d'un  métal  réellement  précieux  au  rang  d'un  métal  d'usage 
presque  courant;  ces  gisements  ne  sont  concurrencés  par 
ceux  du  Canada  que  grûre  aux  conditions  industrielles 
iiicom[)arahlcment  plus  favorables  du  pays  dans  lequel 
ceux-ci  se  rencontrent.  Ils  n'en  ont  pas  moins  fourni 
jusqu'ici  plus  de  900.000  tonnes  de  minerai  valant  sur 
place  une  soixantaine  de  millions  de  francs  et  renfermant 
environ  60. tMK)  tonnes  de  métal;  ils  ont  donné  lieu,  dans 
chacune  de  ces  dernières  années,  à  une  extraction  de  plus 
lie  100.0<Xi  tonnes  représentant  une  valeur  sur  place  de 
4  à  5  millions  de  francs. 

Si  c'esl  là  déjà  un  beau  résultat,  nous  avons  le  ferme 
espoir  que,  sous  réserve  des  fluctuations  inévitables  dn 
marelle  d'un  métaldonlles  emplois  sont  encore  restreints, 
il  sera  encore  largement  liépassé  dans  les  années  qui 
vont  "venir.  La  circonstance  qninouH  paraît  la  plus  propre 
à  donner  une  telle  impulsion  à  la  consommation  du  nickel 
est  son  emploi,  de  jour  en  jour  plus  fréquent,  dans  les 
aciers  spéciaux  ;  et,  lo  jour  où  le  dévelop])emeQt  de  c«s 
emplois  se  sera  encore  nettement  accusé,  nous  ne  doutons 
pas  que  les  industriels  s<iucieux  de  leurs  véritables  inté- 
rêts, qui  se  confondent  d'ailleurs  en  cela  avec  ceux  de  la 
colonie,  ne  fassent  enfin  le  sacrifice  que  comporterai!  l'ina- 
tallatiou  d'usines  de  première  fusion  en  Nouvelle-Calé- 
donie, pour  s'affranchir  des  frais  de  transport  énormes 
qu'ontruine  l'envoi  de  miner;iis  relativement  pauvres 
jusqu'à  des  usines  de  fusion  situées  en  Europe. 

A  la  faveur  d'une  semblable  amélioration  dans  les  con- 


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CONCLUSION  547 

ditions  de  l'industrie  du  nickel  calédonien,  amélioration 
qui  ne  serait  pas  sans  en  entraîner  d'autres  dans  l'exploi- 
tation même  des  gîtes,  le  prix  auquel  le  métal  est  livré 
aux  consommateurs  pourrait  être  abaissé  en  vue  d'en 
multiplier  les  usafjes  ;  et  l'on  obtiendrait  ainsi  une  utili- 
sation bien  meilleure  des  richesses  enfouies  dans  le  sot 
de  la  colonie,  que  l'on  n'est  pas  aujourd'hui  sans  gaspiller 
quelque  peu  k  notre  avis. 

Dès  lors  le  nickel  provenant  de  la  Nouvelle-Calédonie 
pourrait  aborder  dans  des  conditions  meilleures  que  jamais 
la  concurrence  'avec  le  métal  moins  pur  que  produit  le 
Canada;  il  réussirait  peut-être  à  lui  enlever  une  partie 
du  marché  du  nouveau  monde,  marché  qui  représente 
près  d'une  moitié  de  la  clientèle  que  se  disputent  les  deux 
pays  producteurs  de  nickel. 

Le  cobalt,  dont  les  applications  sont  beaucoup  moins 
nombreuses,  et  dont  la  production  est  par  suite  néces- 
sairement beaucoup  plus  faible,  provient  aujourd'hui  d'une 
façon  presque  exclusive  de  la  Nouvelle-Calédonie  :  Textrac- 
tion  de  ses  minerais  se  raoute,  depuis  de  longues  années, 
à  une  moyenne  de  3  à  4.000  tonnes,  soit  une  valeur  de 
plusieurs  centaines  de  mille  francs,  correspondant  à 
150  tonnes  de  métal  environ.  Tout  récemment,  l'établis- 
sement d'une  plus  juste  proportion  entre  les  prix  d'achat 
du  minerai  sur  place  et  la  valeur  du  métal  aux  points  de 
consommation  a  produit  une  élévation  considérable  des 
cours;  en  raison  de  cette  élévation,  l'extraction  s  est  déve- 
loppée peut-être  un  peu  plus  que  ne  le  comportent  les 
besoins  de  l'industrie,  et  cela  a  entraîné  un  nouveau 
fléchissement  des  coiu-s.  D'autre  part,  les  procédés 
d'exploitation  actuels  devraient  être  radicalement  réfor- 
més, si  l'on  veut  éviter  qu'ils  ne  compromettent  l'avenir 
de  cette  branche  de  l'industrie  minière  de  la  colonie. 
Malgré   cela   il  n'est  pas   douteux  que  l'exploitation  du 


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548    RICHESSES    MINBRALB8    DE   LA    NOUVELLE-CALEDONIE 

cobalt  ne  continue  pendant  longtemps  encore  à  apporter 
chaque  année  au  produit  des  mines  de  la  colonie  nn 
appoint  d'un  bon  nombre  de  centaines  de  raille  francs. 

Le  fer  chromé  a  des  appiicationR  pins  nombreuses  que 
le  cobalt,  et  son  marché  est  plus  large  ;  les  minerais  de 
la  Nouvelle-Galédonie  se  partagent  ce  marché  avec  ceux 
(le  plusieurs  antres  provenances,  malgré  la  lourde  charge 
que  constitue  pour  eux  un  fret  presque  égal  à  leur  valeur 
sur  place.  Néanmoins  les  conditions  faciles  de  l'exploi- 
tation des  gisements  dits  d'alluvion  qui  ont  été  mis  en 
valeur  jusqu'ici  ont  permis  la  création  d'une  industrie 
florissante,  donnant  lieu  à  une  extraction  qui  a  varié,  dans 
les  dernières  années,  dans  d'assez  larges  proportioDS, 
entre  8.000  et  16.000  tonnes,  valant  sur  place  de  400.000 
  800.000  francs. 

Aujourd'hui  quelques-uns  des  gites  exploités  jusqu'ici 
sont  épuisés,  mais  d'autres  sont  encore  en  pleine  exploi- 
tation ;  et  Ton  se  prépare  à  attaquer  des  gisements  en 
roche  qui,  si  la  réalité  des  choses  répond  aux  belles  appa- 
re[ices  dont  on  n'a  pas  encore  examiné  la  réelle  signifi- 
cation, promettraient  à  l'exploitation  du  fer  chromé  en 
Nouvelle-Calédonie  une  ère  de  prospérité  continue. 

Le  cuivre  se  montre  dans  quelques  beaux  filons  et  a 
d'ailleurs  donné  lieu  autrefois  à  une  exploitation  fruc- 
tueuse :  s'il  n'en  a  plus  été  de  même  dans  ces  dernières 
années,  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer  que  la  faute  en 
est  pour  une  large  part  aux  conditions  dans  lesqueUes  on 
a  voulu  en  organiser  l'exploitation,  et  l'on  ne  peut  que 
souhaiter  vivement  qu'elle  soit  tentée  à  nouveau,  mais 
d'une  façon  plus  sérieuse  cette  fois,  sur  les  uns  ou  les  autres 
d'entre  les  nombreux  affleurements  qu'on  a  signalés  dans 
le  Nord  de  la  colonie. 

Pour  ce  qui  est  des  autres  métaux,  les  tentatives  faites 


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coNGLnsioN  549 

jusqu'ici  n'ont  jamais  été  bien  heureuses  :  faut-il  consi- 
dérer qu'elles  ont  déAnitivement  montré  l'inexploitabilîté 
des  ^tes  dans  lesquels  ces  métaux  se  présentent  ?  Nous 
ne  te  pensons  pas,  et  il  n'est  pas  impossible  qu'étudiés  de 
plus  près  ils  puissent  un  jour,  à  la  faveur  de  conditions 
industrielles  meilleures,  être  reconnus  exploitables. 

Enfbi  des  affleurements  de  charbon  nombreux  et  éten- 
dus se  rencontrent  tout  le  long  de  la  côte  occidentale  de 
la  colonie.  Examinés  souvent,  mais  d'une  façon  très 
superficielle,  ils  ont  fourni  en  certain»  points  des  échan- 
tillons d'une  qualité  très  suffisante,  mais  ils  ont  paru  géné- 
ralement offrir  peu  de  continuité  dans  l'allure  des  couches. 
Cette  absence  de  continuité  est-elle  partout  telle  que  les 
gisements  soient  inutilisables?  Une  telle  conclusiou  ne 
peut  pas  être  tirée,  à  notre  avis,  des  résultats  des 
recherches  dont  nous  avons  eu  connaissance  ;  et  il  s© 
pourrait  qu'à  la  faveur  de  l'isolement  de  la  colonie,  oii  le 
charbon  étranger  ne  peut  guère  parvenir  à  moins  de 
25  francs  la  tonne,  et  grâce  au  chemin  de  fer,  dont  le  pre- 
mier tronçon  doit  passer  à  proximité  d'une  partie  des 
affleurements  houillers,  le  charbon  puisse  être  exploité 
sur  une  plus  on  moins  large  échelle  dans  la  colonie.  Ce 
serait  là  un  résultai  des  plus  intéressants  en  lui-même, 
et  qui  ne  laisserait  pas  de  favoriser  à  la  fois  l'améliora- 
tion de  [a  situation  industrielle  générale  de  la  colonie  et 
la  solution  de  la  question  de  la  fusion  sur  place  des  mine- 
rais de  nickel.  Aussi  ne  peut-on  que  faire  des  voeux 
ardents  pour  le  succès  des  recherches  entreprises  sur  les 
gisements  houillers. 


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550   RICHESSES   MINÉRALES   DE  LA   N0DVBLLE-CALÉI>O!IIE 

B.   —   MeSDRES   Qi;i  PODRRA[BNT  ÊTRE   PRISKS 
POUR  FAVORISER  LE  DÉVELOPPE sIBNT  DE  l'iNDCSTRIB  MINIÈRE. 

Telle  est  actuellemenl  l'iiii[>ortaDre  ilc  l'industrie  mi- 
nière pour  la  NouTelle-Calédonie;  elle  est  considérable, 
puisqu'elle  a  permis  en  191)1  l'exportation  de  153. 387  tonnes 
de  produits  minéraux  (')  valant  sur  place  6.354.000  francs 
{chiffres  statistiques  fournis  par  le  service  des  mines).  Sans 
doute  ces  quelques  millions  peuvent  ne  pas  paraître  cons- 
tituer une  somme  bien  forte;  mais  il  ne  faut  pas  oublier 
que  notre  colonie  est  restreinte  comme  superficie  et  que 
l'importance  de  son  commerce  est  modeste. 

Si  l'on  compare  la  valeur  des  minerais  qu'elle  produit 
actuellement  à  sa  superficie,  qui  n'est,  rappelons-le,  que 
de  18.2<)0  kilomètres  carrés  en  y  comprenant  toutes  ses 
dépendances,  cette  valeur  ressort  à  plus  de  4iX)  francs 
par  kilomètre  carré,  c'est-k-dire  à  un  chiffre  égal  à 
celui  que  réahsent  les  États-Unis  d'Amérique,  pourtant 
réputés  si  riches  au  point  de  vue  minier,  avec  une  pro- 
duction minérale  valant  3  milliards  750  millions  de  francs 
environ  {")  pour  une  superficie  de  9.200.000  kilomètres 
carrés  ;  ce  chiffre  apparaîtrait  même  comme  supérieur  à 
celui  des  États-Unis  si  nous  n'avions  pas  d(t  établir  ce 
dernier  en  comptant  pour  la  plupart  des  métaux  {cuivre, 
plomb,  argent,  or)  la  valeur  des  métaux  produits  et  non 
celle  des  rainerais  extraits. 

Si,  d'autre  part,  on  met  la  valeur  des  minerais  exportés 
en  regard  de  celle  des  exportations  totales  des  produits  ori- 
ginaires de  la  colonie,  on  constate  qu'elle  représente,  pour 

(•)  Ce  total  s'est  élevé,  enlSOÏ,  à  141.450  tonnes  valaat  près  de  8  mtl- 
lions  de  fraocs  sur  place  (9,995.000  fr&ncs  suivant  les  indications  de  la 
slfttistique  orOciells  qui  Bont  erronnées  comme  noua  l'avous  déjii  dit). 

[**)  D'après  le  tableau  comparalif  de  la  production  minérale  et  [uélil- 
luTgique  dea  principaux  paye,  annexé  à  la  statistique  officielle  de  riQ' 
duslrie  minérale  française  pour  l'année  1901. 


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CONCLDSION  551 

1901,  84  p.  100  de  ce  total.  Dès  lors  il  n'est  peut-être 
pas  exagéré  de  dire  que,  sans  négliger  d'encourager  la 
création  ou  le  développement  de  toutes  autres  industries 
ou  cultures  dans  la  coloaie,  c'est  à  juste  titre  que  les 
pouvoirs  publics  se  préoccuperont  avant  tout  de  faciliter 
et  de  hâter  dans  tonte  la  mesure  possible  l'essor  déjà  si 
sérieux  de  l'exploitation  des  mines,  en  même  temps 
qu'ils  veilleront  à  la  meilleure  utilisation  des  ressources 
considérables,  mais  cependant  épuisables,  que  cette 
exploitation  met  en  valeur. 

Nous  avons,  dans  un  autre  rapport,  examiné  en  détail 
le  régime  administratif  des  mines  de  la  colonie  et  indi- 
qué quelles  sont  les  modifications  qu'il  nous  parait  y  avoir 
lieu  d'y  apporter  dans  ce  but.  Elles  comporteraient,  nous 
le  rappelons  en  quelques  mots,  une  réorganisation  du  ser- 
vice des  mines  destinée  à  le  mettre  à  même  d'assurer 
une  plus  saine  application  des  lois  et  règlements  en 
vigueur  au  sujet  des  recherches  de  mines  et  de  la  créa- 
tion de  la  propriété  minière,  en  même  temps  que  de  sur- 
veOler  l'exploitation  et  éventuellement  d'aider  à  en  amé- 
liorer les  conditions  techniques.  Quelques  modifications, 
plus  ou  moins  importantes  suivant  les  conditions  dans 
lesquelles  serait  organisé  le  service  des  mines,  pourraient 
d'ailleurs  être  utilement  apportées  dans  le  môme  but  au 
décret  du  17  octobre  1896  réglementant  la  matière  des 
mines. 

Nous  venon«,  en  outre,  de  faire  connaître  quelles 
sont  les  charges  qui  pèsent  actuellement  sur  l'exploitation 
des  mines  et  comment  elles  pourraient  à  notre  avis  être 
allégées  :  les  premières  mesures  à  prendre  seraient  des- 
tinées k  remédier  au  grave  trouble  que  la  suppression 
de  la  transportation  pénale  en  Nouvelle-Calédonie  a 
apporté,  et  apportera  encore,  au  recrutement  de  la 
main-d'œuvre,  par  le  double  effet  de  la  suppression  du 
travail  des  conrtamnés  sur  les  mines  et  de  la  diminution 


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552    RICHESSES    MIHÉRALBS   DE    LÀ   NOUVBLLE-CALKDOMIE 

ultérieure  du  nombre  des  libérés,  qui  constituaieDt  la 
majeure  partie  des  travailleurB  blancs.  It  r  aurait  eosuile 
intérêt  à  ce  que  les  travaux  publica,  création  et  entretien 
deB  rouies,  créatioo,  s'il  y  a  lieu,  de  voies  ferrées,  amé- 
lioration des  conditions  de  la  navigation,  etc..  soient 
poursuivis  avec  la  préoccupation  d'aider  à  l'essor  de  la 
plus  importante  des  industries  de  la  colonie,  en  même 
temps  qu'on  éviterait  de  trop  la  surcharger  d'impôts. 

Le  jour  oti  de  semblables  améliorations  auraient  été 
réalisées,  ou  du  moins  résolument  commencées,  les  capi- 
taux français,  trop  lents  à  émigrer  vers  nos  colonies, 
seraient  peut-être  enfin  convaîncusde  la  très  gran<ie  richesse 
minérale  du  sol  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  se  verraient 
en  outre  assez  encouragés  par  les  actes  de  l'administra- 
tion pour  se  tourner  vers  les  affaires  minières  de  celte 
colonie  française  de  préférence  à  celles  des  pays  étran- 
gers. Dès  lors  l'exploitation  des  différentes  mines  pour- 
rait être  plus  largement  conduite  à  la  fois  pour  le  plus 
grand  profit  des  exploitants  du  temps  présent  et  pour  la 
sauvegarde  de  l'avenir;  les  installations  de  transport 
nécessaires  pourraient  être  créées  avec  toute  l'ampleur 
que  des  reconnaissances  systématiques  des  gisements 
auraient  montré  être  justifiée,  et  les  usines  de  traitement 
sur  place  des  minerais  pourraient  être  établies  dans  des 
conditions  satisfaisantes. 

Grâce  à  cela,  notre  petite  colonie,  qu'on  a  déjà  si  heu- 
reusement dénommée  la  perle  du  Pacifique  en  ne  considé- 
rant que  le  charme  de  son  climat  et  la  beauté  des  sites 
qu'elle  ofTre  à  la  vue  du  voyageur,  pourrait  à  juste  titre  en 
être  également  appelée  le  trésor,  pour  rappeler  la  richesse 
vraiment  exceptionnelle  des  mines  qu'elle  contient. 

Saint-ËUenne,  mai  1903. 


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TABLE  DES  MATIERES. 


PREUEËRE   PARTIE. 

LES  DIFFtREIlTBS  FORMATIONS  GÊOLOOIQOBS 
DE  U  MOmŒLLB-MLËDONŒ. 


CHAPITRE  PREMIER. 
iBdicBtioiii  géntralei  vit  la  géologie  de  l'Ile. 

A.  —  Éludes  géologiques  antérieures 1 

B.  —  Configuration  de  la  Nouvelle-Calédonie lu 

C.  —  Distribution  d'ensemble  des  dilTéreDUterr&inB  de  la  colonie.        13 

CHAPITRE  II. 
Deuription  lommaire  de*  foraïaUoB*  primitÎTe*  et  eédlHentaiNe. 

A.  —  Terrains  primitils 16 

B.  —  Scbiites  anciens ,. 25 

C.  —  Massifs  calcaires Ï3 

D.  —  Assises  triasiques 34 

E.  —  Assises  jurassiques  et  crétacées  et  dépôts  récents 38 

CHAPITBE  m. 
Léo  rocliei  (npUTe*  ;  lei  Mtpentiiie*. 

A.  —  Les  difféTentea  séries  éruptives  de  la  NouveBe-Calédonie. . .       41 

B.  —  Les  péridotites 46 

C.  —  Les  produits  de  l'altération  superdcielle  des  péridotites ...       6t 


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554   RICHESSES   MINÉRALES   DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 

DEUXIÈME  PARTIE. 
LES  HDIBS    DE  HICKEL. 

GHAPtTRE  PREMIER, 
Ln  miBeroU  de  aicksl  de  MmiTeUe-CaUdi»ie. 

A.  —  Indications  générales 69 

B.  —  Différents  types   de  minerais  de   nickel  de  la  Nourelle- 

Calédonie -3 

C.  —  Historique  sommaire  du  ilÉveloppemenl  de  l'exploitation 

du  nickel  en  Nouvelle-Calédonie 9f 

CHAPITRE  II. 
Lm  prindpMiz  itiMmenU  da  lickel  coanni  an  nmiTdl»-4Uédaoie. 

A.  —  Les  gisements  exploités  sur  la  cûle  orientale 9« 

B.  —  Les  gisements  exploités  sur  la  côte  occidentale 123 

C.  —  Les  gisements    anciennement    exploit^^    et    aujourd'hui 

abandonnes IS*; 

D.  —  Les  massils  nlckelilères  encore  vierges «6 

E.  —  Importance  des  réserves  de  rainerai  de  nickel  contenues 

dans  le  soi  de  la  Nouvelle-Calédonie U3 

CHAPITRE   111. 
ConditiOBt  éeonomlqnes  de  l'ezplottatioD  dn  nkkeL 

A.  —  Abatage,  triage,  et  manutention  sur  carrières 168 

B.  —  Transports  et  embarquement 180 

C.  —  Frais  généraux,  dépenses  d 'in sln Hâtions 193 

D.  —  Prix  de  revient  globaux 198 

CHAPITRE  IV. 

DtiUaation  dei  minerai*  de  nickel  de  la  HonreUe-Calédonie. 
Débonchés  qni  lenr  annt  offerts. 

A.  —  Traitement  octuel  des  minerais Ma 

B.  —  Us  débouchés  du  nickel ÎOÏ 

C.  —  Développement  possible  de  l'industrie  du  nickel  en  Nou- 

vel le-CsIéd  on  le âi* 

D.  —  Les  gisements  de  nickel  concurrents £3! 


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TABLE   DES   MATIÈRES 


TBOEStÊHE  PARTIE. 

LES  imiEItUS  A8S0CIÉ8  A  LA  PORHATIOlf 
DES  SBBPEimitES  RICKELIFÈUS. 


CHAflTRE  PREMIER. 
Lm  nîiwraia  de  cobalt. 

PNT"- 

A.  —  Généralités.  Historique Ï3» 

H.  —  Description  de  quelques  (gisements US 

C.  —  Conditions  économiques  de  l'exploilBlion  ilu  cobalt 362 

D.  —  Prix   de  vente.  Emplois  et   débouchés    des  minerais  de 

cobalt 211 

CHAPITRE  II. 

Le  fer  cbromé. 

A.  —  Indications  générales  et  historiques 279 

H.  —  Giaemenlï  de  fer  chromé  en  roche  du  Sud  et  du  Centre  de 

nie. 284 

C.  —  Gisements  du  dAme  de  Tiebaubi 295 

D.  —  Gisements  délHIiques  de  fer  chromé  du  groupe  de  la  beie 

Ngo 301 

E.  —  Autres  gisements  de  Ter  chromé 309 

P.  —  Situation  économique  des  exploilatioDi  de  Ter  chromé 311 

CHAPITRE  III. 
Les  mineraie  de  Eer. 

A.  —  Indications  générslen Hîl 

B.  —  Description  des  principaui  types  de  minernis 323 

C.  —  Utilisation  industrielle  des  minerais  de  fer  de  la  Nouvelle- 

Calédonie 33! 


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556  RICHBSSBS   MINÉRALES   DE  LA   NOCVELLB-CALBDOMIB 


QUATRIEME  PARTIE. 
SUEHBMTS  HtiTAUlffUES  DITEU. 


CHAPITRE  PREMIER. 
Le  ctdvn. 

A.  —  Historique îTI 

B.  —  Gisements  du  groupe  de  la  Balade MS 

C.  —  Gisement  >  du  groupe  de  la  Pilou Ml 

D.  —  GisemeDU  de  la  côte  Ouest 3M 

E.  —  Gisements  de  la  côte  Est 361 

CHAPITRE  II. 
L'ot, 

A.  —  Historique 36Î 

R,  —  Gisement  de  la  Fern-liill 36t 

C.  —  Gisements  d'or  des  mieascliistes  du  massif  de  "fiari 314 

D.  —  Sables  aurifères  du  Nord  de  la  Nouvelle-Calédonie SU 

E.  —  Gisements  du  Centre  et  du  Sud  de  la  colonie 33i 

CHAPITRE  III. 
MineraU'métalliqttes  diven. 

A.  —  Gisements  argentifères 3SH 

B.  —  Gisements  de  plomb 39î 

C.  —  Gisements  de  linc 391 

D.  —  Gisements  d'antimoine 39! 

E.  —  Gisements  île  mercure 4Mi 

F.  —  Gisements  de  platine 40a 

G.  —  Gisements  de  manganèse 46) 

H.  —  Gisements  de  tungstène,  titane,  molybdène,  elc 4M 

CHAPITRE    IV. 
Antres  giieements  minéraux -coiuiaa  dent  le  colonie. 

A.  —  Produits  minéraux  divers 401 

B.  —  Carbonates  de  chauiet  de  magnésie 408 


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TABLE    DBS    MATIÈRES 


CINQUIEME  PARTIE. 
LES  S^HEIITS  HOmLLBHS. 


CHAPITRE  PHEUIER. 
IndkmtiDu  géséraks. 

A.  —  Age  dea  couchei *n 

B.  —  Deacription  d'enieinble  de  ta  formation  houillère 423 

C.  —  Extension  de  la  rormation  houillère Ht 

D.  —  Historique  des  gisemeats  houillers  de  Nouvelle-Calédonie.  439 

CHAPITRE  II. 
Deicriptioii  dei  dUKrentt  butinj. 

A.  —  B&aain  de  Nouméa 435 

B.  —  Baiiin  de  Moinrlou 459 

C.  —  Aulrea  basiios  bouillera 47S 

CHAPITRE   III. 

DtllisBtioii  Induttialle  les  glsementa  lumUleTS 
de  ]»  HotiTeUv-CalÉdonie. 

A.  —  Réinmé  des  notions  acquises  lur  les  conditions  naturelle! 

det  gisements 483 

B.  ~  Transport  jusqu'aux  points  de  contommation SM 

C.  —  Débouchés  offerts  aux  cliarbons  de  la  Nouvelle-Calédonie, .      t03 

CHAPITRE  tV. 
Conclusion S09 


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558   RICHBSSBS   MINÉRALES   DB  LA   NOUVBLLB-CALBDOSIB 


SIXIËHE  PARTIE. 

«RfOmONS  fiCOHOWODBS  GËNÉRiLES  DE  L'INSUSTSIB  KBlKlE 
EH  MOUTELU-CUÉDOIIE. 


CHAPITRE  PREUIEH. 


P»gM. 

A.  —  Historique  de  la  question, . ,, SIC 

B.  —  La  main-d'œuvre  dont  on  dispose  actuellemeDt  pour  les 

mines  de  la  Nouvelle-Calédonie SX 

C.  —  Mesure»  propres  il  raciliter  et  à  améliorer  le  reerutemeot 

de  la  main-d'œuvre 53Î 

CHAPITRE  11. 
FutMm  dÏTOn  dM  pris  de  rerlent. 

A.  —  Les  approvisJonDements S3S 

B.  —  Les  frai»  de  transport .1*0 

C.  —  Charges  diverses 5*S 


SEPTIÈME  PARTIE. 


A.  —  Résuma  de  la  situation  actuelle  de  l'industrie  minière  de 

la  colonie ■. 

B.  —  Mesures  qui  pourraient  être  prises  pour  favoriser  le  déye- 

loppement  de  l'indualrie  minière 


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TABLE  DES  PLANCHES. 


f  19.  1.  —  Groupe  des  miaea  de  Thio. 

Fiff.  i.  —  DispuiitioQ  d'ensemble  des  principaux  travaux  du  Plateau 

da  Tbio. 
Fig,  3  à  6.  —  Croquii  de  divers  chantier»  d'exploitations  de  nickel, 

à  Thio. 
Fig.  1.  —  Coupe  et  plan  partiel  des  anciens  travaux  de  In  mine  Boa- 

Kaint,  à  Canal  a. 
Fig.  H.  —  Type  d'un  des  6long  riches  du  ^oupe  de  la  mine  Boa-Kaine. 


Fig.  I.  —  Croquis  d'un  chantier  de  la  mine  Prise-de-Rivoa. 

Fig.  2.  —  Crosquis  des  mines  de  Poro. 

Fig,  3.  —  Région  minière  de  Népouj. 

Fig.  i.  —  Hine  Surprise,  à  Népoui.  Disposition  d'ensemble  des  car- 
rières Yvette. 

Fig.  5.  —  Minerai  des  carrières  Pierrelle,  à  Nèpoui. 

Fig.  6.  —  Croquis  approximatif  des  travaux  de  la  mine  Bien-Venue,  à 
Nakèty. 

Fig.  1.  —  Région  minière  de  la  Ouenghi. 

Fig.  8.  —  Transport  du  minerai  de  la  mine  des  Bomets,  à  Tbio. 

Plancha  IT. 

Fig.  l.  —  Plateau  de  Tiéa  (plan  et  coupe). 

Fig.  ï  Bt  4.  —  Croquis  de  gisements  de  cobalt. 

Fig.  3.  —  Région  miniire  de  la  baie  du  Sud. 

Fig.  5  &  8.  —  Croquis  de  divers  ginements  de  fer  chromé. 


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560  RICHESSES   HIHAr&LBS   de   la   N0UTELLB-GAI.BDOMiB 


Fig.  9.  ■ 
Fig.  10 


Rigion  des  mines  de  cuivre  de  Oaéfioa. 
13.  —  Croquis  de  diffirentos  mines  de  cuiTre  du  Nord. 


Pbndw  T. 


Fig.  1. 
fig.  !- 
Aff.  3. 

Fig.  4. 
Fig.  3. 


—  RégioD  des  minas  du  Nord. 

—  Croquis  des  tr&vsux  de  la  miDS  Pera-blll. 

—  Croquis  des  Iravaus  de  la.  mioe  Queyras. 

—  Mine  Hérétrice  (Croquis  des  lieux). 

—  Croquis  des  travaux  exécutas  aux  Portes-de-Fer  (Recherche! 

Iiouiliires). 

Pluche  TL 


Fig.  I  et  2.  —  ArOeuremenU  houilleri  de  l'Ilot  N'dé. 

Fig.  3.  —  Région  de  la  Nondoué.  Croquis  des  affleurements  houilleri. 

Fig.  4.  —  Bassin  houlllerde  Moiudou. 

Fig.  S.  —  Arneurements  houillers  de  ta.  montagne  de  HomÉa. 


Tours.  —  Imprimerie  Dbslih  Faiais. 


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