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HARVARD UNIV
LIBRARY
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RAPPORT
A M. LE MINISTRE DES COLONIES
RICHESSES MINÉRALES
DE l\
NOUVELLE-CALÉDONIE
11. E. mSSEB,
Ingénieur au "Corps des Minei.
(Kxtrait des Annalis uis Mlies, 'î' semestre 1903
el 1" aeinestre 19114.)
PARIS
V" Ch. dunod, éditeur
49, QuMi des Qrands-Augustlns, 49
— m^.
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«APPORT A H. LE MINISTRE DES COLONIES
SUH
LES RICHESSES MINÉRALES
DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
bï Google
- IMPRIUBRIS DBSLIS FIlfcnRS.
bï Google
RAPPORT
A M. LE MINISTRE DES COLONIES
Sun LKS
RICHESSES MINÉRALES
DE LA
NOUVELLE-CALÉDONIE
M. B. QLASSER,
ingénieur au Corps des Hinei.
(Extrait dei AmuLis des Mikes, 2* lemeitre 1903
etl^iemestrelSOI.)
PARIS
V" Ch. DUNOD, EDITEUR
49, Quai des GrancU-Angiutlna, 49
bï Google
UtC 1 0 1986
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bï Google
RAPPORT A M. LE MINISTRE DES COLONIES
«en .
LES RICHESSES MINÉRALES
DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
M. Je Ministi'e des Colonies ayant bien voulu nous char-
ger d'iioo misaion en Noavelle-CalédoQÎe ayant pour objet
J'étude des principales richessee minérales connues dans
la colonie, nous avons rboaneur de rendre compte par le
présent raf^wrt des résultats de aos obso^aliuos au cours
da cetiâ mission, ainsi que de l'exaiDen auquel nous
avons procédé, à notre retour en fiance, des nombreux
Acbaatilkas de roches et de minerais rapportés par soos
des différentes régions de la colonie.
Notre séjour en Nouvelle-Calédonie, qui n'a. duré que
pendant les mois d'avril, mai, juin, et Juillet 1902, et
dont nous avons dû réserver une partie pour des études
d'ordre administratif, a été trop court pour nous per-
mettre de consacrer plus de trois mois à, nos tournées
dans les nombreuses régions minières de l'ile ; d'autre part,
l'absenre de tout chemin de fer, la rareté et la leutear
des services de navigation autom^ de l'fle, la restriction à
quelque 130 kilomètresseulenientdes routes carrossables,
l'état généralenient mauvais des sentiers muletiera, et leur
absence complète sitât que J 'on s'éloigne des mines actuelle-
ment exploitées, randoot toute totunée dans las districts
miniers aussi longue que pénible. Dans ces coodiliuis, an
cours des quatre-vingts et quelques journées qae bous
bï Google
6 RICHESSES MINEEALE8 DE LA' NOUVELLE-CALEDONIE
avons passées dans l'intérieur de la colonie, effectuant au
total des parcours de près de 2.000 kilomètres à cheval et
de 1.000 kilomètres à pied, et gravissant un très grand
nombre de fois les quelque 500 ou 600 mètres {et souvent
même plus) de dénivellation qui séparent du fond des val-
lées la majorité des gisements, c'est àpeine si nous avons
pu visiter presque toutes les mines actuellement exploi-
tées, examiner la plupart de celles qui l'ont été dans le
temps, et parcourir quelques-unes des régions qui sont ré-
putées'renfermer d'importantes richeasea encore vierges.
Nous n'avons d'ailleurs pas seulement porté notre
attention sur les conditions géologiques des gisements que
nous visitions, nous en avons également examiné les con-
ditions industrielles d'exploitation ou d'exploitabilité ;
nous avons enfin étudié les diverses questions générales
qui touchent à l'industrie minière de la colonie et à la
solution desquelles est lié l'avenir de cette industrie.
Après avoir fourni quelques indications générales sur
les formations géologiques auxquelles sont associés les
différents gisements de la Nouvelle-Calédonie, nous ferons
connaître, pour chaque catégorie spéciale de produits miné-
raux, quels en sont les gîtes connus, quel est le développe-
ment des travaux auxqueis ils donnent lieu, quelles sont
les conditions industrielles dans lesquelles leur exploita-
tion se poursuit, et de quel développement celle-ci paraît
susceptible. Nous passerons ainsi successivement en revue
les nombreuses richesses minérales de la colonie, c'est-à-
dire d'abord le nickel, puis le cobalt, le chrome, et le fer,
qui sont associés aux mêmes roches ; nous parlerons ensuite
du cuivre, de l'or, et de différents autres métaux, et enfin
des gisements de charbon. Nous ferons connaître en ter-
minant quelles sont les circonstances d'ordre général qui
sont de nature à influer sur le développement de l'indus-
trie minière du pays, et quelles sont les mesures qui
pourraient en augmenter l'essor.
D.D.t.zeabï Google
l-'ORMATIONS GBOLOaiQUES DE I.A NODVBLLE-CALÈDONIE
PREMIÈRE PARTIE.
LES SIFFÉKENTSS F0BKATI0H8 GiOLOaiQUIS
DE LA NOUVXLLZ-CALiOONIli.
CHAPITRE PREMIER.
INDICATIONS GËHËAALES SDR LA GÉOLOGIE DE L'ILE.
.4. — Études GÉOLOGIQUES antériedres.
La première étude d' ensemble qui ait été faite de la
ttéologie de la Nouvelle-Calédonie a été publiée en 1867;
elle est dtie à M. Jules Garnier, qui, chargé par M. le Mi-
nistre de la Marine des fonctions d'Jngénieur chef du
.service des Mines de la Nouvelle-Calédonie, parcourut
l'île de 1863 à 1866 dans presque toutes celles de
ses parties qui étaient alors accessibles aux Européens.
Cet auteur a donné (*) une description des différentes
formations de la colonie en même temps qu'un aperçu de
leur distribution géofcraphique; il a étudié pour la pre-
mière fois quelques-una des points signalés comme auri-
fères et une partie des affleurements houillers; il a signalé
l'abondance du fer chromé et des minerais de fer, ainsi
que la présence de plusieurs gisements de cuivre ; il a
enfin, le preuiier, fait connaître l'existoûce de silicates ma-
gnésiens nickéliferes en différents points de la colonie.
{*) Euai 8UI- la géologie et les reisourcet minérales de la Nouselle-
>iMonie,jiarM. Gahhieii. \ngÉa\eur ci\i\ (Annales des mine$, 6' aéne,
■-. XII, p. 1 i 9Ï, 1B67).
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8 R1CHBUB8 MIMÉBALB8 DB LA. NOUVELLE-CALEDONIE
Dix ans plus tard, M. Heurteau, Ingénieur au Corps de»
Mines, était chargé par M. le Ministre de la Marine et des
Colonies d'une mission en Nourelle-Cilédonie ayant pour
objet d'en faire connaître les richesBes minérales. Après
avoir étudié dans l'ensemble la constitation géologique
de rUe et examiné d'une façon approfondie les régions
qui paraissaient alors présenter le plus d'intérêt au point
de vue minier, M. Heurteau rédigeait un remarquable
« Rapport sur la constitution géologique et les richesses
minérales de la Nouvelle-Calédonie » {'). Cet important
travail contient de précieux renseignements sur un grand
nombre de points touchant h la géologie du pays et à
ses gisements miniers, tout particulièrement en ce qui
concerne l'or, le cuivre, et le charbon. L'insuffisance des
cartes topo^pbiqoes publiées à cette époque ne per-
mettait pas encore la condensation de ces nombreux
docoments en une esqmsse de carte géotogiqne.
En 1802, M. Pelatan, Ingénieur civil des Mines, profi-
tant de l'achèvement récent de la cart« dressée d'après
les travaux de la mission topt^^raphique militaire, publiait
une carte géologique de la Nouvelle-Calédonie accompa-
gnant une description géologique d'ensemble du pays et
de ses mines (") ; cet Ingénieur, « ajoutant aox observa-
tions des précédents explorateurs bon nombre d'observa-
tions personnelles », essayait de coordonner les anea et
les autres en une description, appuyée d'une carte, donnant
« une idée assez nette de l'allure générale des grandes-
masses géologiques qui ont concouru à la formation du soi
néo-calédonien ».
(*) Rapport à M. le Minitlit dt la Marine el des Colonie» aur ta cont-
Ktution géologique et le» riekesta minérales de la SoupetU-CaliJoiiit^
par M. Emile Hburtkki, logéDieuT du HioM [Aiautte* det mùiM,
1> série, t. tX, p. 332 t tM; 1E76],
(**) Letmine» delà Nouvelle-Calédonie, Esquiite géologique delà celo~
nie, Minet de charbon, par Louie Pilatah, iDgfiDieur civil dsi Hinei,
OBcien directeur de la Société le Nickel. Pui», pnUiestioBS do jonmaL
U Génie civil, 6, ras de la Chaussée-d'Antin (IStij.
bï Google
PORIU.TIOItB GÉOLOaiQtm DB LA IIODTIELU^<:!AIÂD0NIB 9
Ces divers auteurs, aidés des déterminations, faîtes en
Europe ou eo Australie, des fossiles recueillis au cours
de leurs explorations, ont essayé de fixer l'âge de»
différentes formations de la colonie, sans parvenir encoro
h des résnltats bien certains.
Enfin.en 1901, M. Maurice Piroutet, licencié es sciences,
entreprenait dans la moitié Sud-Est de l'ile ane série-
de recherches géologiques et paléontologiques qui lai
permettaient de préciser un certain nombre de points, et ii
vient de communiquer à la Société géologique de France
une a Note préliminaire sur la géologie d'une partie de
1» NouTelle-Calédonie »(').
En dehors de ces études d'ordre générai, il a été fait,
sur un certain nombre de gisements ou groupes de gise-
m«)ts, différentes étndes particulières que nous aoron»
l'occasion de citer dans ce qui suit.
Notre mission devant avoir, en raison des Instructions
de M. le Ministre des Colonies et des vœux, tant de
M. le Gouverneur que du Conseil général de la colonie,
qui l'avaient motivée, un but plus pratique et industriel
que scientifique, nous n'avons pas en le loisir de nous
livrer à des études géologiques d'ensemble, et nous ne
pouvons qu'apporter, par d'assez nombreuses observations
faites dans les régions plus spécialement minières, une
modeste contribution à la connaissance générale des for-
mations de la colonie. Nous ferons donc surtout emprunt,
dans les quelques indications que nous croyons devoir
donner ci-dessous sur la géologie de la Nouvelle-Calédonie,
anx observations de ceux qni nous ont précédé et dont
BOUS avons rappelé ci-dessus les travaux.
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10 RICHESSES MtNBHALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
B. — CONPIGDRATION DE LA NOUVELLE-CaLÉDONIE.
La Nouvelle-Calédonie constitue, avec les lies et Ilots
qui s'aligneat suivant sa direction au Nord-Ouest et au
Sud-Est, une arète, longue de plus de 500 kilomètres sur
une largeur maxima de 65 kiloniètrea, émergeant des
grandes profondeurs de l'océan Pacifique ; ces profondeurs
atteignent en effet plus de 2.000 mètres à très faible dis-
tance des côtes dans toutes les directions, même vers le
Nord-Est entre la Grande-Terre et le groupe des ties
Loyalty, qui sontdistants entre enx de 80 kilomètres seide-
nient. La Grande-Terre, dont la longueur est de 400 kilo-
mètres et la largeur moyenne de 40 kilomètres, sedêveloppe
entre 161° 43' et 164' 45' de longitude Est de Paris et
entre 20'5' et 22°2t' de latitude Sud ; sa superficie est de
l.GH.700 hectares.
Elle est exceptionnellement montagneuse, toute sa
partie centrale étant constituée par une série de massifs
s'élevant à plus de 1.000 mètres d'altitude. L'ensemble
de ces massifs est généralement désigné, d'une façon
assez impropre, sous le nom de chaîne centrale, qui
évoque l'idée d'une ligne de partage des eaux à peu près
rectiligne entre les versants des deux côtes, ligne qui
serait jalonnée par la série des sommets les plus élevés
de l'ile. Tel n'est pas du tout le caractère de l'orographie
de la colonie ; il suffit pour s'en rendre compte de jeter
un coup d'iiîil sur la carte hypsométriqiic de la Nouvelle-
Calédonie, publiée par M. A. Hernard à la suite de sa géo-
graphie de la Nouvello-Calédonie(*), et dont nous reprodui-
sons les indications sur la carte ci-jointe (fig. 1, PI. I) :
bï Google
FORMATIONS GÉOLOOIQDES DE LA NODVELLE-CALÉDONrE H
on constate d'abord que si, au Sud de la ligne de Bou-
loupari à Thio, tout rinténenr de l'jle est occupé par un
puissant mastsif montagneux qui s'abaisse en un plateau
Tors le Sud-Est, ce massif est loin d'avoir le caractère
d'une chaîne, puisqu'un grand nombre de ses plus
hauts sommets flanquent à une assez grande distance à
droite et à ganche la ligne de partage des eaux, dont
ils dépassent souvent l'altitude [mont Koghis('), mont
Mou, dent de Saint-Vincent, sommet dominant la
rivière de Kouakoué, sommet Nékando]. D'autre part,
au Nord de la ligne Bouloupari-Thio, la distributiou des
massifs montagneux devient tout h fait capricieuse : la
ligne de partage des eaux serpente du voisinage d'une
côte au voisinage de l'autre pour passer par le plus grand
nombre des massifs élev6s, et ceux-ci se ramifient et
s'étalent chacun isolément ; ils sont donc bien loin de former
quoi que ce soit qui ressemble à la barrière rectiligne dont
le nom de chaîne centrale évoque l'idée. Plusieurs cols
coupent d'ailleurs cette ligne do partage des eaux à des alti-
tudes relativement faibles (col de Kuentliio à 3o0 mètres
d'altitude, passages de Bourail et de Poja à Houaïlon, de
la rivière de Koné à la Tiwaka, et de la louanga à la
Ouaième, etc., tous à moins de 500 mètres d'altitude) . En
outre, de nombreux massifs très importants par leur puis-
sance et par leur altitude (sommet Nakada, M6-moa,
Sphinx, sommet Arago, Tchingou, Panié, sur le versant
Est;. Poilou, Kopéto, Koniambo, Taom, Kaala, au voisi-
(')Voirla carta (fig, 1, PI, I) annexée au présent rapport, sur laquelle
Boui avons reporté, loit d'nprts la carte à l'échelle i\e „ dreaflée
ûe lS79i 1386 par lei orSciers delamisaion topographique, soit d'après
lacarteau du commandant Laporte, publiée par l'C ni on agricole
1 ilédonienne, soit d'après les levés du service topographigue de la .
I >lonle, les indicaUons et les noms nécessaires k la lecture de ce qui
I lit. Nous y avoua égale ment reproduit les lignes de niveau de la carte
1 /paométrique de M. Bernard.
bï Google
12 RICHBSSBS mSÉRAlBS DE LA. NO U TELLE -CALÉOOKIE
na^ de la côte Ouest) sont complètement détachés de I»
li^ne de partage des eaux.
Ajoutons d'ailleurs qu'un grand nombre d'entre les-
sommets des diverses montagnes, surtout les sommets
serpentineuz des régions centrale et méridionale de-
l'ile, sont esc^pés et déchiquetés comme le sont sou-
vent les hauts sommets de cbaines ou de massifs d'alti-
tude considérable, et comme ne peuvent guère l'être,,
surtout dans des parages oii les actions atmosphériques
sont aussi actives, que des massifs d'un âge récent.
Si nous insistons sur ces caractères géographiques,
c'est qu'Us nous paraissent être en relation immédiate arec
l'histoire géologique de la contrée : différentes aulrea
coDsiiIérations, et en particulier celles qui sont relatives
à l'existence d'une bande corallienne presque continue ae-
développant tout autour de l'ile, ont conduit presque
tous les géologues et géographes qui se sont occupés d&
la Nouvelle-Calédonie à admettre que cette ile, relative*
ment petite, n'est que le reste .d'une terre plus vaste dis*
parue par suite d'effondrements, et dont il ne subsiste
plus aujourd'hui qu'une sorte d'arête. Cette arête com-
prend au Nord-Ouest, et par places dans le centre, les
restes assez importants d'un ancien massif montagneux
ayant peut-être affecte .la forme d'une chaîne unique,
mais elle se trouve complétéepardes amas de roches érup-
tives récentes ne s'alignant que grossièrement suivant la
direction de la longueur de la NouveUe-CaJédome. Cette
direction, qui est Sud-Est Nord-Ouest, parait, comme on.
sait, jouer un rôle important dans la structure générale
du g'.obe dans cette région du Pacrifique; c'est eu effet
non seulement celle suivant laquelle s'allongent diffé-
rentes lies ou différents groupes d'Iles voisines (iles-
Salomon, pointe méridionale de la Nouvelle-Guinée, et
péninsule d'Auckland), mais encore celle des traits capi-
taux de la configuration sous-marine de la portion dd-
bï Google
FORHATIOÎJS aÈOLOGlQDES DU LA NOUVELLE- CALÊDONIB 13
l'océan Pacifique qui sépare ces différentes terres {').
-Cette direction commune serait celle des cassures paral-
lèles suivant lesquelles ae serait produit l'effondrement
des anciennes terres du Pacifique Sud-Occidental.
Telle est la notion, admise d'une façon générale
-croyons-nous, qui parait dériver nécessairement de l'étude
■de la géographie physique de notre colonie et de ses en-
virons. Lorsqu'il s'agit de fixer l'époque géologique à
laquelle se sont produits les bouleversements qui ont
donné àcette lie sa situation et sa forme actuelles, on en
vient à des hypothèses encore quelque peu hasardeuses ;
suivant M. A, Bernard (**), les hypothèses les moins invrai-
semblables sont les suivantes :
La Nouvelle-Calédonie aurait été réunie à l'Australie
-orientale et à la Nouvelle-Zélande à une époque fort an-
cienne; elle aurait été séparée de la première de ces
terres avant la fin des temps secondaires, tandis qu'elle
serait restée réunie h la seconde jusqu'au crétacé supé-
rieur ou au début des temps tertiaires. Les éruptions ser-
peulineuses de la Nouvelle-Calédonie auraient été posté-
rieures à cette dernière époque.
C. — DiSTBIBUTION D'BNSBUBLE DES DIFFÉRENTS TBR&AINS
DE LA COLONIE.
Sans nous attacher plus longtemps à ces considérations,
sur lesquelles certaines questions intéressant directement
les richesses minérales de la colonie nous feront revenir
ultérieurement, nous passerons à une description rapide
des difi'érentes formations qu'on y rencontre; mais nous
C) Voir la carte des prorondeurs do Pacifique Sud-Oceidenlal jointe
à \m carte hypsom étriqué de la Nouvel le-Calédonie qui accompagne
l'ouvrage de M. Bernard ci-deHus cité.
(**) Loc. cil., p. ]0«-lO9.
bï Google
14 HICHESSBS MINÉRALES I>E LA NOCVELLE-CALËDONIE
mentionnerons d'abord quelle est, dans l'ensemble, leur
distribution géograpbique.
Ijes terrains primitifs, représentés surtout par des
micaschistes, ne sont guère connus que dans la partie
septentrionale de l'Ile dont ils forment le noyau, et dont
ils constituent même les plus hauts sommets. MM. Gar-
nier et Heurteau ne les signalent pas plus avant vers le
Sud-Est que les bords de laOuaième;M. Pelatan en note
la présence dans la partie centrale de l'île entre Houai-
lou et Bonrail, oii ni M. Piroutet ni nous-mème ne les
avons retrouvés; nous ne croyons pas qu'ils soient con-
nus plus au Sud. Mais nous avons eu l'occasion de consta-
ter dans deux régions de la partie méridionale de
l'tle la présence du granité pointant au milieu des serpen-
tines, et il est bien possible qu'il puisse être retrouvé
ultérieurement en quelques autres points; dans les deux
cas, nous n'avons pas observé que le granité fût accompa-
gné d'autres roches primitives, gneiss ou micaschistes.
Les différents terrains sédimentaires, dont l'âge parait
s'échelonner depuis le précambrien jusqu'au tertiaire,
sans constituer d'ailleurs une série bien complète,
flanquent de. part et d'autre les terrains primitifs; ils se
prolongent tout le long de la côte Ouest de l'ile, depuis
son extrémité septentrionale jusqu'au Mont Dore, formant
une bande d'épaisseur très variable qui atteint par places
toute la largeur de l'île ; ils ne bordent le rivage de la
côte Est qu'entre la Ouaième et Ponérihouen.
Des roches éruptives d'âges divers jouent en outre un
très grand rôle dans la constitution du sol calédonien;
la plupart, pour ne pas dire toutes les assises sédimen-
taires, comprennent des coulées ou <les filons de roches
éruptives, parmi lesquelles M. Pelatan distingue des
roches vertes anciennes ophitiques ou serpentineuses, des
roches dioiitiques, des roches mélaphyriques et por-
phyriques plus récentes, et enfin des roches serpenti-
bï Google
FORMATIONS GÉOLOOlQtlES DE LA KODVELLE-CALÉDOMIE 15
neuses modernes. Ces dernières, qui sont de beau-
coup les plus importantes au point de vue de la masse
qu'elles représentent, sont également les plus intéres-
santes au point de vue des richesses minières de la colo-
nie, puisque c'est à elles que sont associés fous les gites
lie nickel, de cobalt, et de chrome, et les plus importantes
accumulations de minerai de fer; tandis que, comme l'a fait
remarquer M. Heurteau, les autres métaux, c'est-à-dire
l'or et le cuivre, ainsi que, peut-on ajouter aujourd'hui,
le plomb argentifère, le zinc, l'antimoine, le mercure, le
tungstène, etc., se trouvent dans les terrains primitifs ou
anciens, et le charbon dans les sédiments récents.
Rappelons enfin que des formations coralliennes, les
unes plus ou moins modernes, les autres encore vivantes
actuellement, entourent l'Ile d'une ceinture presque
continue.
bï Google
lUNBBALES DB LA NODTSLUS-CALàoOHIB
CHAPITRE II.
DESCBIPnON SOMIUIIIE DBS FORMATIONS PRIIOTITES
ET SËOWEHTAIRES.
Avaat de décrire les différents gisements que nous ve-
nons d'énumérer, nous donnerons quelques indications sur
les terrains et les roches qui les renferment.
A . — Terrains primitifs.
Le granité, avons-nous dit, ne nous est connu qu'en
deux points de l'Ue : il apparaît, d'une part, aux sommets
du Petit Koiim etduGrandKoum, massifs situés dans l'in-
térieur des terres, à quelque 5 ou 6 kilomètres à l'Ouest de
Brindy (cAte Est) ; d'autre part, cette même roche se ren-
contre dans le fond des vallées de la rivière tie Saint-Louis
et de la rivière de la Coulée, à une quinzaine de kilomètres
à l'Est de Nouméa et à peu de distance du rivage de la
côte Ouest ; le dernier de ces gisements avait été soup-
çonné par M. Garnier, qui avait trouvé des cailloux roulés
de granité dans la rivière de Saint-Kouis ; mais la pré-
sence de granité en Nouvelle-Calédonie n'a été mention-
née ni par M. Heurteau, ni par M. Pelatan : celui-ci
déclarait même que les roches granitiques des âges an-
ciens sont exclues de la série des roches calédoniennes.
Les deux massifs arrondis du Petit et du Grand Koum,
situés sur la rive gauche de la basse vallée de la Comboui,
aux sources de son afAuent la Koua-Samy, s'élèvent à
des hauteurs respectives de 600 et 700 mètres; entourés
bï Google
FORMATIONS GÉULOGIQUES DE l,\ NOU VELLE-CAI.KUONIE 17
de sommets serpentineux plus oh moins déchiquetés, ils
s'en distinguent non seulement par leur formo, mais aut^si
par l'abondance et la richesse de la végétation des ravins
qui en descendent : c'est d'aitleurs en raison de cette
pai'ticularité que ces montagnes avaient été ^îignalées k
notre attention par les habitants de la région, et c'est ce
qui nous a conduit à aller reconnaître sur place la nature
(les roches qui les constituent. Le granité qui forme ces
deux sommets est un granité à mica noir à texture gra-
nulitique ; il ne se montre d'ailleurs que sur un espace
restreint, entouré qu'il est par une auréole de roches fort
altérées dont on reconnaît encore l'origino granitique,
mais qui ont subi dos actions, peut-être calorifiques, très
énergiques ; ces roches sont, on outre, souvent recou-
vertes de formations meubles de teinte claire où les pro-
duits d'origine granitique paraissent s'associer aux élé-
ments ferrugineux provenant de la décomposition dos
serpentines.
A 50 kilomètres au Sud-Est, le granité apparaît encore
à cûlé des serpentines, dans le massif montagneux, de
quelque 600 à 700 mètres d'altitude, d'oii sortent la ri-
vière de Saint-Louis et le ruisseau de la Coulée. Aux
sources de ce dernier il constitue les parois d'un profond
ravin : c'est un granité à structure granulitique, avec
mica noir dominant associé à du mica blanc, et à des mi-
néraux accessoires, parmi lesquels abondent de petits
cristaux d'apatite ; il diffère peu do celui que nous ve-
nons de signaler. On rencontre des filons do quartz avec
petites paillettes de molybdénile associés à ce granité. Il
est encaissé à droite et à gauche entre des serpentines
dont nous n'avons pas pu obser\-er le contact ; mais vers
le Sud, c'est-à-dire à l'aval du ruisseau, il est en contact
ivec des formations sédimentaires, et il est sous-jacent à
les bancs très redressés de schistes argileux noirs com-
■acts avec pointements d'une roche verte fort alléréo.
bï Google
18 RICHESSES MIKÉRALBS DE LA NODVBLLE-OALÉDONIE
Un peu plus au Nord-Ouest, dans le cirque des Grosses-
Gouttes, en plein massif serpentineux, réapparaissent des-
roches acides ; nous n'y avons trouvé un peu de granite-
dur et compact que dans le lit d© la rivière, sons forme
de galets roulés d'un granité semblable k celui de la
Coulée ; mais le sol est formé, de part et d'autre de la
rivière, d'une arène granitique qui paraît résulter de-
l'altération sur place, ou tout au moins d'un transport à
faible distance, des éléments d'un granité à mica blanc
dont on retrouve le quartz et le mica et dont les feld-
spathe son t kaolinisés ; ces éléments sont associés à de petits
cristaux de topaze ; par places ces arènes sont légèrement
aurifères. Il en est de même des sables de ta rivière où
l'on observe k la fois des débris de granité et de serpen-
tine, et oîi l'or s'associe, dans les produits lourds, à de
petits cristaux de topaze etau ferchromé provenant de la
destruction de cette dernière roche. On trouve également
du quartz à niolybdénite dans cette formation granitique.
Le contact des roches serpentineuses et granitiques
est ici, comme dans la région de la Comboui, dissimulé
par un manteau do produits décomposés : une ligne de
hauteurs serpentineuKâs domine le rivage au-dessus de
Saint-Louis, et les péridotilos y apparaissent plus ou
moins serpenliniaées avec leur faciès normal d'altéra-
tion superficielle, et accompagnées des puissantes forma-
tions d'argile rouge que nous décrirons ci-après ; lorsque,
franchissant cette ligue, on commence à descendre vers
le cirque des Grosses-Gouttes, on voit ces formations ar-
gileuses superficielles prendre des colorations moins
vives, se barioler de rouge plus clair et même de rose, et
l'on peut ramasser des blocs argileux où apparaissent de
petits noyaux blancs kaolinisés, en mémo temps que l'on
commence à rencontrer des débris quart^eux ; des (races
d'or apparaissent en outre ici ou là au lavage do ces terres
superficielles. On arrive ainsi insensiblement au cirque,
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FÛBMATtOHS QÉOL06IQUKS 1>K LA NOirVKLLBrCAlJUMlilE 19
oniquement «Htstitué d'arène granitique, que nous vânons
de décrire, sans avoir pu voir le ctmtact, qui serait pour-
tant fort intéressant à observer en détail» des serpentines
et du granité.
Les massifs do Grand et du Petit Koum, tout comme tes
aMenrements de la Coulée et des Grosses-Oouttes, nous
paraissent devoir être considérés comme des témoins de
rancienne ossature de l'ile, n'ayant pas disparu sous la
masse de péridotite. pourtant si continue, qui en a envahi
tonte la région méridionale; ou du moins, s'ils ont été à
une époque recouyerts par la roche érnptive récente, ne
l'ont-iis été que par une épaisseur suffisamment faible de
celle-ci pour que l'érosion leur fasse revoir le jour.
Si le granité est rare en N'ouvello-CalédoDio, io gneiss
l'est peut-être presque autant, puisqu'il ne parait exister
qu'au voisinage de l'arète culminante dit puissant mas^f de
micaschistes qui se développfi an Nonl ilo l'ilc entre la
■ côte orientale, la vallée du Diahot, et celle de la Ouaième.
Encore co sont, presqufi partout le long de cette arête, des
micaschistes dont on peut observer la présence, de même
que ce sont ces roches qui dominent parmi les galets rou-
lés par les ruisseaux qui en descendent, et le gneiss n'a
été signalé, à notre connaissance, qu'auprès des cas-
cades de Tao par M. Pelatau; il est d'ailleurs possible
qu'il se développe en outre sur une certaine étendue au
voisinage des sommets dos monts I^inambi, Panié et
Colnett, région encore à peu près inconnue.
Les micaschistes, au contraire, ont une extension des
plus importantes dans cette même partie de la colonie ;
ils y présentent des aspects divers, variant depuis des
types extrêmement chargés en mica ou en chiorite, avec
un développement considérable do minéraux secondaires
parmi lesquels dominent le grenat, l'amphibole, le glauco-
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21) RICHESSES HINÉaALES DE LA NODVBI.I.E-CALÉDONIE
phane, l'épidote, le rutile, la pjrite, etc., jusqu^à des
schistes argileux à peine micacés, en passant par l'inter-
médiaire de schistes ardoisiers et lustrés ; partout les
veines et filons de quartz sont fort abondants.
Ce sont ces rophes qui, apparaissant déjà dans l'ile de
Balabio et dans l'ilot de Pam, constituent à elles seules,
ou peu s'en fant, la puissante et haute barrière aux
raides escarpements qui s'étend le long de la côte Est
depuis Pam jusqu'à l'embouchure de la Ouaiënie, premier
tributaii-e important de l'Océan à partir de Pam sur la
côte orientale ; elles paraissent limitées vers le Sud-Ouest
par une ligne empruntant la majeure partie du cours du
Diahot et celui de la Ouaième. Cette barrière, longue de
70 kilomètres, et dont l'altitude se maintient au-dessus de
1.000 mètres sur une longueur de plus de 20 kilomètres
avec les sommets Panié {1.630 in. ) et Colnett (1.514 m.),
n'est entamée par aucune vallée de quelque importance.
Vers le Nord-Est, elle présente au voisinage immédiat de
la mer un ressaut de 300 à 400 mètres d'altitude, du bord
duquel se précipitent en hautes cascades les ruisseaux
qui prennent naissance dans les gorges boisées et presque
constamment arrosées des monts Panié et Colnett. Ce
ressaut, si accusé, correspond peut-être bien à une modi-
fication dans la nature des roches, c'est-à-dire sans doute
au passage des gneiss aux micaschistes. Vers le Snd-Ouest,
une série de petits ruisseaux s'écoulent vers le Diahot,
dont le cours sinueux paraît suivre à peu près la ligne
de séparation entre les micaschistes, roches relativement
dures conservant des contours accusés, et les schistes
argileux beaucoup plus tendres qui donnent lieu à la for-
mation de mamelons arrondis. Aucun chemin ne franchit
cette chaîne puissante ; elle est naturellement peu acces-
sible à partir des différentes localités colonisées du Nord-
Est, et l'on ne peut s'y enfoncer à partir du Diahot qu'en
remontant son cours d'abord, puis celui de ses affluents
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FORMATIONS QÉÛLOOIQUES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE 21
ensuite, dans des montagnes qui ne Bont habitées que par
quelques tribus canaques réputées pendant longtemps, et
aujourd'hui encore, peu hospitalières aux blancs. Aussi
toute cette région est-elle à peu près inconnue, non seule-
ment au point de vue géologique et minéralogique, mais
même au point de vue plus pratique des richesses miné-
rales ; si bien qu'il circule encore une sorte de légende
d'après laquelle l'or y serait abondant, sans qu'aucun ren-
seignement précis puisse être obtenu à ce sujet.
Mieux connue est l'extrémité septentrionale de cette
cbaine de micaschistes : à partir du mont Ignambi la ligne
(le crête s'abaisse, les pentes qui en descendent deviennent
notablement plus douces, surtout vers la côte, et des c^ls
d'altitudes faibles [col de Poraris, 450 m. ; col de Balade,
500 m., et col d'Amos, 376 m.) la découpent; le cours
inférieur dn Uiahot, à peu près navigable et peu encaissé,
donne un assez rapide accès aux. vallons des ruisseaux
qui en proviennent; enfin la découverte, déjà vieille
puisqu'elle remonte maintenant à plus de trente ans, de
mines de cuivre et d'or qui se sont montrées partiellement
exploitables, y a conduit bien des chercheurs et quelques
ingénieurs. Cette dernière région a été étudiée par
M. Heurteau, qui avait franchi la crête entre Balade et
Ouégoa par le col de Balade, et c'est celle à laquelle se
rapportent principalement les descriptions de M, Pelatan.
Nous avons pu nous-mème non seulement longer ce massif
SUT toute laloQgueurdeson flanc Nord-Est et sur la moitié
de la longueur de son flanc Sud-Ouest et en traverser la
crête au col d'Amos, mais nous avons encore pu remon-
ter et explorer plusieurs des vallons qui en descendent,
soit vers la mer, soit vers le Diahot.
Ainsi que l'a signalé M. Heurteau, les micaschistes
accusent en général une direction Nord-Est, variant du
N, 20" E. au N. 55" E., c'est-à-dire sensiblemont nor-
male à la direction suivant laquelle s'allonge l'Ile, direc-
bïGoot^lc
J
S2 RfCmSSBS HDtteALBS DB Là. NOOVELLE-CALKDONIB
tian qnî est eu mèine temps non seulMneot celle suivant
laquelle s'aligneat les grands massifs serfientiueux, mais
aussi celle snivaat laquelle se prolon^at les bandes sMi-
mestaires du trias, du lias, et du crétacé.
Le type de roche qui nous a paru être le plus fréquent
dans ce massif, tout au moins vers le Nord, est un mica-
schiste, ou plutôt un séricitoschiste, ânement feuilleté, sou-
vent cannelé par suite du plissement de ses feuillets,
extrêmement riche en mica blanc, et présentant une teinte
verdàtre ou bleu&tre due à la cJitorite dont il est générale-
mmt chargé. Telle est la roche qm est abondante au-
dessus de Balade sur la câte Est et aux environs d'Ouégoa
sur le versant du Diahot ; elle parait dominer également
plus haut dans la vallée de cette rivière, puisque c'est
encore elle qui forme la majenre partie non seulement
<les terrains que l'on rencontre en remontant la rive droite
dn biahot entre Bondé et le ruisseau d'Andam, mais encore
des galets roulés que l'on ramasse dans ce ruisseau.
Le long de la côte Est, se trouvent également des séri-
citoechistes, mais lis présentent généralement une couleur
rosée due à l'oxydation plus ou moins complète des élé-
ments fermgineux qu'ils renferment; ils sont en plu-
sieurs points riches en rutile; on rencontre d'ailleurs éga-
lement, associésàeux, des cUloritoschistes verts à larges
tables de chloHte avec cristaux de pyrite abondants.
An contraire, l'extrémité Sud-Est du massif de mica-
schistes est formée de roches où le mica est moins domi-
nant ; ce sont des schistes gris foncé, peeudo-ardoisiers, lus-
trés et semés de mica seulement en petites paillettes ; ils
consUtuent en particulier les escarpements qui dominent
l'embouchure de la Ouaiëme et qui se développent k
partir de là sur une assez grande étendue vers le Nord.
L'abondance exceptionnelle du quartz dans ces forma-
tions est à relever : il apparaît non senlement sous forme
d'/eax pins on moins volumineux entre les feuillets 4€S
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l'OHMATlONS sàOLOQIQUES DB LÀ NOCTBLLB-CALÉDONIB 23
loicascliistes, mais eocore en grosses masses d'un blanc
laiteux constituant soit des amygdales, soit des filons
.assez puissants; l'activité, toute particulière sous ces
•climats, des actions atmosphériques amenant la destruc-
tion rapide des micaschialea, ces éléments quartzeux
subsisteut comme témoins de cette destruction; ils
JoQchent le sol sous forme, tantôt de cailloutis, tantôt de
blocs énormes, qui, reluisant de loin sous les rayons du
soleil, donnent aux sommets des montagnes un aspect
•quelquefois comparable à celui de sommets neigeux ;
nous aurons d'ailleurs à mentionner un phénomène du
même genre, quoique moins marqué, dans les régions de
âcbistes argileux.
Quant aux nombreux minéraux, dont beaucoup sont
vraisemblablement d'origine métamorphique, que l'on
prouve dans la région, nous devons citer tout d'abord
l'amphibole : elle apparaît non seulement en cristaux plus
-ou moins abondants d'actinoteou de bornblendei mais auaii
«ous forme de masses d'amphibolite généralement grena-
tifëre, tout particulièrement abondantes au voisinage des
gisements de cuivre de Ouégoa, et que M. Garnier signale
-égalemeut à Pouébo. L'amphibole ay trouve d'ailleurs
«ouvent sous la forme d'une variété passant au glanco-
phane.
Mentionnons ensuite le glaucophane typique dont la
présence dans cette région, signalée(*) à une époque où
■on ue connaissait encore ce minéral que dans l'ile de Syra,
mais après laquelle on l'a retrouvé en beaucoup de points
•dans des roches métamorphiques, est très remarquable k
la fois par l'exteosioD et par la variété des roches où
elle se rencontre. Nous avons en effet recueilli, en dehors
(') Le gUaeophane B éUdMerDaloipar U. Ch. Friedeldani lu éekan-
ilÙôna rapportés par M. Heurteaiu,
bï Google
24 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
des amphiboliles grenatifèrcs <lont l'nmphibole passe au
glaucophaiie, des roches de même texture essentiellement
constituées de véritable glaiicophaiie et contenant en
outre des cristaux tantfit de grenat, tantAt d'^pidote, tan-
tôt de mica blanc ; puis des séricitoschistes dont la pâte
est criblée de très petites l)aguoftes cristallisées de glau-
copliane, et d'autres où cos cristaux s'isolent en indi^idus
volumineux ; enfin des agrégats de baguettes de glaiico-
phane à peine cimentées par une matière tantôt ferrugi-
nense, tantôt fcaolinique, et souvent associées à de petits
cristaux de grenat. Nous avons rencontré les premières
d'entre ces roclies au voisinage de la mine de enivre de
la Balade près d'Ouégoa, et les antres sur les gisements d'or
Rose et Bertlie près du col d'Araos ; nous avons en outre
trouvé des cristaux de glancophane dans les sables de la
rivière d'Andam au delà de Hondc, et dans ceux de Galarino ;
enfin M. Ileurteau a signalé des roches à glaucophane k
Oubatche ; l'ensemble de ces observations montre que la
formation à glaucophane s'étend sur presque toute la lon-
gueur (soit 50 kilomètres au moins sur TD) du massif de
micaschistes.
Le grenat almandin est fréquent en tous les points où
nous avons observé les micaschistes ; il est particulière-
ment abondantde part et d'autre de la crête entre Balade
et Pam, et nous en avons recueilli de volumineux échan-
tillons dans les micaschistes qui bordent la cftte Est entre
la rivière d'Anios et Pam; les roches à glaucophane,
tant celles du col d'Amos que les aniphibohtes plus ou
moins riches en glaucophane d'Onégoa, sont semées d'in-
dividus, parfois gros et toujours bien cristallisés, de gre-
nat. En outre, les sables lourds de la rivière d'Andam
contiennent de nombreux grenats.
I^ rutile est particulièrement abondant sur la c6tc Est
entre Galarino et la rivière de Pouébo;uousyavonsrecueilli
aussi bien du quartz traversé de baguettes de rutile que
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FORMATIONS QÉOLOQIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 25
de gros cristaux de rutile isolés provenant de sables de
rivière ; les sables d'Andam sont assez chargés de petits
rutiles ; enfin les roches à amphibole et à glaucophane
d'Ouégoa en contiennent des cristaux microscopiques.
La tourmaline se rencontrerait, d'après M. Garnier,
dans les ruisseaux des environs de Balade, et il y signale
également de l'andalousite.
La pj-rite est abondante un peu partout : k Galarino,
au-dessus de Balade, àOuégoa, etc.; elle parait d'ailleurs
généralement associée soit à l'or, soit au cuivre dont
elle contient des traces ; le fer magnétique existe de
même en assez grande abondance dans toutes ces roches ;
nous avons également rencontré du fer titane dans un
quartzite au voisinage d'Ouégoa.
Enfin le cuivre, l'or, et des traces de mercure et même
de platine sont associés à cette formation; l'or parait y
être dissémiflé sur presque tonte son étendue ; le cuivre n'a
guère été signalé qu'aux environs immédiats d'Ouégoa;
le cinabre n'existe à notre connaissance que dans les
sables de la rivière d'Andam; il en est de même du pla-
tine. Nous reviendrons en détail dans ce qui suivra sur
les conditions dans lesquelles se rencontrent ces différents
métaux,
B. — Schistes anciens.
Autour de ce massif de micaschistes apparaissent des
formations de schistes moins cristallins, auxquels on est
naturellement conduit à attribuer un flge plus récent :
c'est ainsi que snr la lisière Sud-Ouest du massif se
développent les innombrables mamelons arrondis de la
rive gauche du Diahot, constitués par des schistes argi-
leux noirs assez tendres criblés de filonnets quartzeux.
Aux affleurements, les actions atmosphériques, qui ont
désagrégé les schistes, ont laissé le sol comme saupoudré
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26 RICHESSES MINÉRALES DB LA. NODVELLB-CALEDONIB
de cailloux de quartz blanc, donnant lieu sur les sommets
À un effet analc^ue à celui que nous avons signalé pour
les micaschistes; cet effet est particulièrement marqué
pour La chaîne de mamelons qui s'allonge dans la pres-
qu'île d'Arama; d'autre part, les schistes ont été décolorés
par l'oxydation et présentent des toas qui varient du rose
p&le au vert pâle. Dans ces schistes apparaissent des
filons et des dykes de roches éruptives basiques qui
paraissent être en relation assez nette avec les gîtes
métallifères, cuivre et plomb argentifère, de la rive
gauche du Diahot. Il s'y rencontre également des bandes
'de calcaire cristallin sur lesquelles nous aurons à revenir.
Cette formation se développe, parallèlement à la c6te
-Ouest, depuis la presqu'île d'Arama jusqu'au delii de Vob ;
mais elle est presque partout séparée de la mer par le
t)ourrelet que constitue la succession des massifs serpeu-
tineuz de la presqu'île de Poume, du Tieltaghi/du Kaala, du
Taom, du Koniambo, du Kopéto, des aiguilles de Muéo
et enfin du Mé-Maoya.
Vers le Sud-Est, au contraire, le passage des schistes
cristallins aux schistes nettement sédimentaires se fait
sans temsition brusque : nous avons mentionné à l'em-
bouchure de la Ouaième l'existence de schistes fissiles
noirs à petites paillettes abondantes de mica, que noua
rangeons encore, avec MM. Garnier et Pelatan, dans les
micaschistes ; sur la rive droite de la Ouaième, le puis-
sant massif de la roche Ouaième est également cons-
titué par des schistes noirs à aspect satiné où l'on retrouve
encore des fiions de quartz et par places des cristaux de
pyrite et de grenat; ils sont cependant dans l'ensemble
moins cristallins, et ils passent d'une façon presque insen-
sible, entre la Ouaième et Hienghène, à des schistes noirs,
fissiles, presque ardoisiers, mais qui n'ont plus du tout
le caractère cristallin. Ces derniers se rapprochent déjà
beaucoup des schistes argileux noirs a filonnets de quartz
bï Google
rOR>U.TIO!1S GBOLOaigCBI DE Ui NOUVXLLB-GAliDONIB 27
-qae nooa avons vu constituer tous les massifs de la rive
.gauche du Dtabot, et qui offrent sur la cAte Est un déve-
loppuneat considérable enlie Touho et Pooénhouen ; ils
forment ici une c6te basse et souvent marécageusâ dont
l'aspect est tout différent de celui de la c6te abrupte
que l'on voit à quelque 50 kilomètres plus au Ncod.
-Ces schistes offrent presque les mèmee caractères que
ceux du Diahot, et les mêmes aspects aux aflleurements ;
-comme eux, ils sont coupés de dykes et de massifs de
rodies ^uptives basiques; on y trouve également quelques
pointements porphynques ; nous n'avons pas connaissance
■que la présence du cuivre y ait été tiignalée.
Plus loin vers le Sud, les massifs serpentinwix, puis les
fonnatioas triasiqnes, apparaissent le long de la cAte
orientale, et les schistes argileux anciens vont se termi-
ner en biseui à hauteur de Houa'ilou, non sans laisser
apparaître le noyau de schistes plus luétamorphisés que
nous avons déjà mentionné. M. Pelataii porte sur sa
carte une région de micaschistes; nous ne les avons pas
-observés personnellement, ainsi d'ailleurs que M. Piroutet;
mais nous avons trouvé, soit à la limite même que fixe
M. Pelatan entre les micaschistes et les schistes anciens
dans la vallée de la Pouéo, soit à l'intérieur du péri-
mètre qu'il assigne uus micaschistes dans la haute
vallée de la Douencheur, des schistes pliylladieos, noirs
et très quartzeux ici, bigarrés de rose ou de vert et légè-
rement micacés là.
Les schistes argileux reparaissent au-dessus de Ganala
-et de Nakety, oti ils forment un important massif, dans
lequel ils présentent exactement les mêmes caractères
que ceux que nous venons de décrire; ils se montrent
encore associés à des roches vertes ou l'on a trouvé du
■cuivre (vallée de la Négi-opo) ot près desquelles on a
même signdé la présence de l'or (rivière de fJakety et
région de Ciu).
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28 RICHESSES MINERAIJS DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
L'âge de cette formation schisteuse, qui occupe en
surface presque le quart do ta colonie, doit être considéré
comme inconnu ; on admet généralement qu'elle corres-
pond en tout ou partie à l'ère primaire, mais on n'en
a pas de preuve certaine ; néanmoins une partie de ces
schistes paraissent bien être sous-jacents à ceux dont
quelques fossiles ont permis de fixerl'àge comme triasique.
M. Piroutet les regarde comme paléozoïquea et considère
les phyilades de la base comme précambriens ; l'analogie
assez grande qu'ils présentent par endroits avec les puis-
santes formations de schistes siluriens que nous avons
vues en Nouvelle-Galles du Sud nous serait une raison
d'accepter une assimilation avec cette formation.
M. Heurteau, et aussi M. Garnier, ont décrit dans cette
formation des schistes serpenlineux et des serpentines :
mettant à part les zones de contact des schistes et des
massifs de péridotite, sur lesquelles nous fournirons
quelques indications dans ce qui suit, nous n"_v avons ren-
contré que quelques gisements de talcschistes plus ou
moins compacts avec baguettes d'actiuote, et, comme
nous l'avons dit plus haut, des filons et des dykes de
roches vertes qui sont des ophites, et des diabases ou
des h3'péntes, très fortement altérées, différant tout à fait
des serpentines par leur aspect et par leur constitution;
les serpentines, c'est-à-dire les roches dérivées des péri-
dolites de la puissante formation que nous définirons
ci-après, ne nous ont paru nulle part s'intercaler dans
les bancs de schistes ou les recouper à la manière de
filons ou d'intrusions, mais seulement s'y superposer
sous la forme de gros massifs, qui constituent la bordure
de la côte Ouest et une partie de la chaîne centrale à
partir du Oua-Tilou. Notons cependant que l'on nous a
signalé, sans qu'il nous ait été loisible de vérifier l'exac-
titude de ce renseignement, l'existence de quelques Ilots
de serpentine avec son cortège d'argiles rouges, de grains
bï Google
PORUATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOL'VELLË-CALÉUONIE 29
ferrugineusetfle quartz cariés, dans des massifs schisteux
et même dans le massif des micaschistes; ce ne pour-
raient être, suivant nous, que de petits massifs isolés de la
grande formation serpenlineuse, superposés auxschistes au
même titre que tous les massifs beaucoup plus impor-
tants de la même fonnation qui se rencontrent dans le
Nord de la colonie.
C. — Massifs calcaires.
Pour compléter cette série sédimeutaire ancienne, ap-
paraissent, au milieu des schistes, des calcaires cristal-
hns très siliceux, qui seraient même par places dolomi-
tiques suivant M. Pelatan, Encaissés dans les schistes
argileux- dont nous avuna mentionné le caractère peu
résistant, ces calcaires, beaucoup moins accessibles aux
effets des agents atmosphériques, doivent tout naturelle-
ment y faire saillie en présentant les formes escarpées
qu'affectent fréquemment les roches de semblable nature.
C'est ce qu'on observe avec beaucoup de netteté le long
de la côte Est, immédiatement au Sud de Hienghène
et jusque dans la baie même de Hienghène : uiig gigan-
tesque barrière de ces calcaires aux profils excessivement
escarpée, creusés par places de grottes et de cavernes,
et noircis par l'action de l'air, se dresse sur une grande
longueur h peu de distance de la côte; elle n'est coupée
que par des gorges ou des ravins étroits oii sont encais-
sés les cours d'eau qui descendent à la mer, tandis qu'à
quelques kilomètres plus au Sud, là oii les calcaires ne
bordent plus la côte, de petites rivières, comme la Tiouaé
et la Tiponîte, étalent leur embouchure en des marais
très étendus sur un sol uniquement schisteux.
A Hienghène, la ligne de ces calcaires, qui court un
peu obliquement au rivage, recoupe celui-ci pour se
prolonger en mer par les deux rochers pointus des tours
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30 RICHBSSBS MI-1ÈRA1.ES DH LA NOUVBLLE-CALÉDON»
Notre-Dame, qui forment deux Iles k l'entrée de la bua^
puis elle disparaît sous les eaux. Vers le Sud, la bar-
rière calcaire ionge le rivage à peu de distance sar Dne-
dizaine de kilomètres, puis elle parait s'enfoncer pins
, avant dans l'iniérienr des terres, dissimulée aux yeux dé-
celai qui longe la cfite par les massifs schisteux et énip-
tifs dont les contreforts s'avancent jusqu'au rivage. Mais,
en remontant le cours de la Tiwaka, M, Garnier a re-
trouvé, à quelque 20 kilomètres dans l'intérieur, des cal-
caires appartenant à la même formation, bien qu'ils pré-
sentent des colorations roses et vertes, notablement
différentes de celles que nous avons observées auprès de
la côte ; ils constituent dans le relief du terrain un res-
saut donnant lieu, sur le cours delà rivière, à une cascade
d'une vingtaine de mètres de hauteur. Le prolongement
vers le Sud-Est de cette ligne de calcaires paraît encore
être marqué par ceux que M. Pelatan signale h Hauaîlou
et par ceux que nous avons observés nons-même dans le
fond de la vallée de Kouaoua ; nous ne serions d'aillenrs
pas surpris que quelques-uns dos sommets escarpés de
cette région sédîmentaire, tels que le Sphinx par exemple, .
fussent égalf^ment calcaires.
A la bande schisteuse de la rive gauche du Diahot,
plus on moins parallèle à celle de la côte Est, à laquelle-
ellc vient d'ailleurs se souder, correspond également une
ligne de roches calcaires, dominant, avec des escarpe-
ments raides et des profils caractéristiques, les mamelons
schisteux. La plus remarquable de ces roches est la
roche Mauprat qui s'élève à peu de distance au-dessus-
de l'embcuchuro du Diahot; elle s'aligne avec plusieurs
autres roches de même caractère, dont une des plus con-
nues est la Corne de Kouniac qui domine la localité de-
même nom. Cetalignement calcaire se prolonge d'ailleurs-
sur une grande distance, d'abord sur la rive gauche de
la rivière de Koumac au flanc du mont Kuanio, puis der-
by Googic
FORMATIONS OÉDLOOIQDES DE LA NODVELLC-CALÉDOItlB 34
riëre le mont Kaala sur la rive gauche de la louanga ';
nous avons ensuite note ta présence du calcaire en un
très grand nombre de points de la cAte Ouest : ao-dessus
de Koné, dans la haute vallée de Népoui à Oua-Té, entre
Moindon et Boulonpari, k Saint-Vincent, et jusqu'à Nou-
méa même.
M. Heurteaa n'avait pas hésité à attribuer le même
âge k tons' ces calcaires qu'il avait observés semblables à
eux-mêmes d'on bout & l'autre de la colonie, et il en
faisait un niveau de comparaison à la base des schistes
feldspathiques. M. Pelatan, au contraire, sépare ces cal-
caires en deux groupes bien distincts : les uns, ceux du
Nord de l'tle, sont rangés par lui, avec les schistes argi-
leux an milieu desquels ils apparaissent, dans l'étage su-
périeur du terrain primitif ou peut-être dans le silurien;
les autres, au contraire, qui s'alignent le long de la côte
Ouest depuis Gomen jusqu'à l'Ile de Mato, seraient à la
partie inférieure de l'étage triasique, apparaissant eux
aussi à cêtéde schistes, qui tantêt sont argileux et noirs,
tantàt ferrugineux et à coloration brun foncé. Comme
M. Heurteau, nous avons remarqué l'uniforniité de carac-
tère que présentent les calcaires d'un bout à l'autre de
l'jle, qu'ils soient attribués au paléozoïque ou au trias
par M. Pelatan, de même que nous avons été frappé
par la régularité de leurs alignements; ils dessinent en
effet deux bandes, l'une très prolongée le long de la
c6te Ouest, et la seconde, plus restreinte, voisine de la
cêtcEst, se développant depuis Kouaoua jusqu'à Hienghène,
et ne constituant peut-être qu'une simple ramification de
la première ; ces alignements sont d'ailleurs parallèles
aux alignements géologiques généraux de la colonie.
Nous avons, d'autre part, observé que la démarcation à
faire dans ces calcaires pour suivre M. Pelatan conduit
précisément à distinguer comme Age des affleurements
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32 RICHESSES MINÉRALES LE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
voisins comme situation géograpliiquo et se ressemblant
beaucoup comme aspect ; il faudrait, en eflFet, séparer,
d'un cûté les calcaires de Houaïlou(paléozoïques) des cal-
caires de Kouaoua (triasiques), et, de l'autre côté, faire
une coupure du même genre dans l'alignement, pourtant
bien uniforme et bien net, des calcaires de la Corne de
Koumac, du flanc Nord du Kaala, etc.
La même difficulté se présente d'ailleurs lorsqu'il s'agit
de tracer la ligne de démarcation entre le paléozoïque et
le trias pour les schistes qui encaissent ces calcaires; si
la majeure partie de ceux de la région Nouméa-Bourail
ont un caractère feldspathique et ferrugineux bien net,
avec une division en gros bancs et une tendance à la
formation de rognons, ceux qui se développent si large-
ment dans les plaines de Paya, et de Gomen (triasiques
suivant M, Pelatan) en sont très différents, et se rap-
prochent beaucoup plus des schistes argileux que nous
venons de décrire, dont ils no se différencient guère que
par l'absence à peu près complète des filons quartzeux.
Nous en venons donc à nous demander si l'on n'esi pas en
présence d'une formation seule et unique dans l'en-
semble, dans laquelle il pourrait naturellement y avoir
lieu de distinguer, ici ou là, une série de périodes distinctes
dans le détail, et qui aurait subi des actions métamor-
phiques d'un caractère différent aux deux extrémités de
l'Ile : vers le Nord, les schistes se seraient trouvés injec-
tés de quartz ; vers le Sud, au contraire, il s'^- serait dé-
veloppé des cristaux de feldspath, et il s'y serait séparé
des enduits ferrugineux. Dès lors, la longue bande cal-
caire qui se prolonge depuis l'Ile Matojusqu'àl'emboitchure
du Diahot, avec un rameau latéral de Kouaoua à Hieng-
hène, n'appartiendrait peut-être bien qu'à une seule for-
mation ; des circonstances locales suffisant parfaitement
à expliquer qu'ici le calcaire soit plus siliceux et plus
dur, et là plus pur et à grain plus fin, tandis qu'ailleurs il
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FOBMATIONS QBOLOOIQUES DB LA NOUVBl.LE-CA.I.âD0MIE 33
serait coloré de vert ou de rose au lieu d'être gris clair.
La rareté des fossiles et l'espacement presque fatal des
■observations dans un pays oii l'on est loin de pouvoir ac-
céder partout ob on le souhaiterait, rendent la solution
-de cette question impossible, pour le moment du moins ;
quelques fossiles trouvés dans la partie sud-orientale de
la colonie ont conduit Jusqu'ici' à rapporter schistes et
•calcaires au trias ; le voisinage des schistes primitifs les a
fait attribuer vers le Nord au primitif ou tout au moins au
primaire ; mais il n'y a là que de simples hypothèses. Les
seuls fossiles décrits autrefois comme primaires sont,
suivantM. Garnier, une forme ayant quelque rapport avec
Orthisina anoma/a du silurien moyen ou supérieur, des
genres voisins de Leplxna, des S/jin/er, et des Ortkis du
groupe de VOrlhis /ynx, provenant tous de la grauwacke
■de l'ileDucos, ce qui lui faisait attribuer les calcaires qui
la surmontent au dévonien. M. Pelatan, au contraire,
classe tous ces terrains dans le trias. Enfin M. Piroutet
signale à Popidéry près de Moindou, dans les calcaires
mêmes, des Foraminifères {Fusutines et N^immaliles pris-
4ina) du calcaire carbonifère.
Cette dernière observation reporterait donc du trias au
-carbonifère les calcaires du Sud de la colonie, enlevant la
seule raison que M, Pelatan aitdc les séparer des calcaires
du Nord, considérés par lui comme palcozoïques. Nous
regardons donc comme très vraisemblable la contempo-
rancitéde tous les calcaires de la Nouvelle-Calédonie, ou
du moins de la série des massifs calcaires puissants que
nous TBDons de mentionner (car il peut bien y avoir,
comme l'indique M. Piroutet, quelques lentilles de cipolins
précambriens et quelques bancs calcaires jurassiques) ;
mais, en tous cas, nous répéterons, en terminant ce qui a
trait à ces calcaires, qu'il est loin d'être établi qu'ils
appartiennent les uns au primaire elles autres nusecon-
■dairc.
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^i richesses minérales de la modvblle-calbdonib
/>. — Assises triasiques.
A la puissante formation de schistes généralement argi-
leux que nous venons de décrire succède, ou plutôt s'associe,
vers le Sud, une autre formation schisteuse, trèspuisaante
également, qui, elle, se montre fossilifère; son âge a pu
être fixé approximativement parce qu'on a rencontré dans
certaines des couches qui y sont intercalées quelques
fossiles : Mytilim problematicus et Spririgera Wreyi
du trias inférieur, qui n'ont d'ailleurs été trouvés à
notre connaissance qu'à Moindou et Teremba et à l'ile
Ducos par M. Heurteau (*), et dont M. Piroutet conteste
la détermination (*■), et Pscudomonotis Hichmondiaita du
trias supérieur, signaléd'abordavec quelques autres fossiles
contemporains par M. Deslongchamps à l'ile Hugon("*K
retrouvé à Moindou par M. Heurteau, et observé égale-
ment en plusieurs points par M. Piroutet,
Quant aux roches qui constituent cette formation, ce
sont surtout des schistes : dans toute la partie sud-orien-
tale de l'ile, ce sont des schistes feldspatbiques à enduits
ferrugineux, disposés en gros bancs, se débitant souvent
en boules, et qui ont un aspect très caractéristique; on les
retrouve depuis Noumi'a jusqu'à Moindou ; mais, plus au
Nord, ils font place à des schistes dont le caractère parait
varier d'une façon assez progressive, devenant, aux
iiflleurements tout au moins, moins durs et plus accessibles
aux agents atmosphériques, et produisant par leur altéra-
tion une sorte de teirc noire très argileuse qui constitue
(*) Hevhte.\u, loc. cil., p. i09.
(") Pinru-TET, loc. cil., p. 163,
{'*') OESLosotHAMPs, DocHiiienU sur ta géologie de la Sotivelle-Calé-
donie [Hulletin de la Hociélé J.iiinéenae de Sormandie, VIU, p. 332-37S,
1863'. et [■'[scMEn, .Voies sur les roches fossilifères de l'archipel calédo-
nien (Muife/in de ta Sociêle géologique de France, 2- série. XXIV,
p. 4S7-t5S, 1B66-I»i'!).
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FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 36
en particulier lea bourbiers, si redoutables en temps de
pluie, de la plaine de Poya.
M, Pelatan n'hésite pas à ranger encore ces schistea-Ià
dans l'étage inférieur du trias, parce qu'Us sont associé»,
tout comme ceux des environs de Nouméa, àdes calcaires
ainsi qu'à des mélaphyres; mais ici encore, à notre avis,
la démarcation à faire entre les schistes argileux plus ou
moins micacés, attribués au primitif ou au primaire, et ces
schistes argileux du Nord de la côte Ouest, nous parait
très arbitraire : la seule circonstance qui puisse faire,
comme Va fait M. Pelatan, étendre la limite des terrains
triasiques jusque vers le Nord do l'Ile, c'est la présence,
jusque dans ces régions, de terrains à charbon classés
dans le crétacé ; dès lors on est tenté de rapporter au
trias les schistes qui leur sont sous-jacents pour les as-
similer aux schistes sous-jacents au terrain houiller des
bassins de Nouméa et de Moindou. Mais, comme les ter-
rains à charbon apparaissent jusqu'à Kouraac, nous ne
voyons aucune raison de ne pas classer également dans
le trias les schistes noirs qu'on rencontre à Kouraac môme,
et, par suite, de ne pas ranger aussi dans le trias, ou dans
un étage très voisin, les calcaires de la Corne de Koumac;
rien n'empêcherait plus alors d'admettre un prolonge-
ment des schistes triasiques jusqu'au Diahot ou même
jusqu'à la presqu'île d'Arama.
Sans parler des roches éruptives, sur lesquelles nous
ajonterons quelques mots ci-après, cette série schisteuse,
rapportée au' trias, s'associe à d'autres formations. Ce
sont d'abord les calcaires ; ils apparaissent tantôt sous la
forme des calcaires massifs en bancs plus ou moins
puissants que nous avons décrits ci-dessus (Koumac,
massif du Kaala, Koné, Népoui, Bouloupari, Nouméa),
parfois lithographiques (Bourail, ile Hugon, ile Mato), et
tantôt sous forme de calcaires en plaquettes ou mèmede
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36 KICHB88BB lUNBIULKS DS LA NOCVELl^-CALRDONIE
schislea calcarauz, comme entre Teremba et Moinduu oa
daas les iles Hugon et Ducos (ce sont eux qui sontfosai-
liieres). Les calcaires massifs Mit, comme nous l'avons dit
dé}k, étéaltribués au trias même par M. Pelatan, tandis
que M. Piroutet les rapporte au calcaire carbonifère ; quant
aux autres calcaires, en )>aiics beaucoup plus restreints
comme puissance et comme étendue, ils paraissent s'in-
tercaler comme Âge au milieu des formations schisteuses.
Outre la série nettement schisteuse, qui est de beau-
coup la plus puissante parmi les formations triasiques, on
a observé en plusieurs points des coucbes à Monolis, cons-
tituées surtout par des alternances de schistes argileux
un peu calcaires et plus ou moins jaunes, et de schistes
ferrugineux bruns ; ces bancs sont parfois très fossilifères
et ce sont eux, parmi les formations do la Nouvelle-Calé-
donie, dont l'âge a pu otre établi dès longtemps arec le
plus de certitude : ils avaient été particiilièreiuent bien
observés à l'Ile Hugon par M. Deslongchamps et au voi-
sinage de Moiodou par M. Hciirteau ; le fossile qui y
domineest, suivant cesauteurs, le Monolh Richmondiana;
il est associé à YHaiobia LomeUi et à quelques échan-
tillons de Spririfer, de Hpririf/ent {Spririgera Ptan-
chesi) , A' Aslarte , Bi Ae Turlto. M. Pirnote) i*j a obserré
ces mêmes bancs en jJusieurs points, principalement sous
forme d'argiles dures; mais, tandis que ses devanciers
les plaçaient au sommet de la puissante série schisteuse
que nous venons de mentionner, il en fait la base de cette
série, et il signale au-dessus sept zones, à faciès assez
variables, qu'il caractérise par des fossiles du trias supé-
rieur, du lias, et peut-être niéiiie du bajocien.
Enfin viendraient, suivant M. Pnlatan, les ailles ba-
riolées gypsifèrec. M. Piroutet les regarde au cofitraire
comme des dépôt** relevés récents, et nous nous rangeons
(*) PiHOUTRT, loc. cit., p. 163 et 161.
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FOMIAnONB OSOLOCIIQDES DE LA MOUrELLE-CALÂDONIE 37
de préf^enco k cette dendëre opinion, quenos obserra-
tkffts paraissent conânner. M. Pektan considère les
assises triasiques comme encore couronnées par de petits
bancs généralement schisteux, mais souvent marneux, se
rapprochant parfois du calcaire, tels que les calcaires eu
petites plaquettes du cap Guulvaio ; ces bancs sont sans
doute également récenta.
Comme le nuMitre un coup d'œiljeté sur la carte géo-
logique de M. Pelatan, cet ensenble triasi^œ etliaE&que (?)
coœpr^idrait la plue grande partie des terrains aédime»-
taires de la colonie ; mais son à^ «st somme toute mal
défini, puisque seul est bien connu celui des couches k
Monotis, formation dont la puissance et surtout l'exten-
sion sont en somme restreintes. Quant à Tàge des
schistes, il est déjà établi avec moins de certitude et de
précision, et surtout il ne l'est que pour qufiques gise-
ments aaxqaefs en as^mile non seulement des gisements
Toisins et de même faciès, mais encore des gisements
éloignés (font le faciès en diffère trèa notablement.
Les roches érupti^-es sont abondantes dans tonte cette
formation. Nombreux sont les massifs de roches basiques
qui apparaissent, accompagnés de tufs ou de brèches,
tout le kmg de la cfite Ouest, non seulement h Gomen, à
l'emboHcbnre de la Nessafion et an Nord de MomdoB,
comme le signale M. Pelatan, mais encore, etd'unefaçon
partîculi^ement abondante, parmi les mamelons qni se
développent entre Poya et Bourail, ainm qu'entre Moîndou
et Boulonpari. Les porphyres, orthophyres, et mélaphyres,
accompagnés de brèches, ne sont guère moins abondants ;
mais ils parussent être plus particulièrement assoc^
93a. roches crétacées.
A ces formations triasiques, on plutôt aux «fcfces ^p-
tires qui les traversent, se rapportent quelques gisements
de cuivre, de mercure, et même d'or,
n y a en outre à noter, surtout dans le Nord, la pn5-
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dS RICHESSES MINERALES DE LA NOnVELLB-CALBDOKlE
sence auprès des schistes (aussi bien de ceux classés
comme anciens que de ceux attribués au trias) de forma-
tions magnésiennes assez spéciales, constituées de rognons
de giobertite ; nous n'avons d'ailleurs observé ces formar
tions qu'au voisinage de massifs serpentineux, et elles nous
paraissent très évidemment devoir en être considérées
comme des produits secondaires de décomposition ; nous
en ferons une mention pins complète dans la suite. Enfin
c'est dans cette même zone de contact des schistes noirs
et des serpentines qu'ont été trouvées, près de Koumac,
des traces d'huile minérale.
E. — Assises jurassiques et crétacées
ET DÉPÔTS RÉCENTS.
Aux couches triasiques succèdent quelques assises juras-
siques, aussi peu importantes au point de vue de leur
extension qu'au point de vuedes gîtes qu'elles renferment;
elles ne présentent guère d'intérêt qu'au point de vue
de la succession des terrains des différents âges, et à celui
du classement relatif de la grande formation schisteuse et
de la formation à charbon. Ces assises ne comprennent
que de petits bancs de schistes, les uns ferrugineux et
brun&tres, les autres siliceux et verdâtres ; les premiers
contiennent, suivant M. Munier-Chalmas('} et M. Pelatan,
un assez grand nombre de fossiles, parmi lesquels on a
pu déterminer Ostrea sublamellosa, un Turbo et une
Posidonia ressemblant à Posidonia Bronni, ainsi que
Cardium Caledonicum et Pellaiia Garnieri. Les schistes
siliceux sont également fossilifères et renferment JVm-
ctila Hammeri, des débris de belemnites et une ammo-
nite voisine du Macrocephalites macrocephalus, ce qui
(*) /n GxHuniB, loc. cil., p. 45.
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FORMATIONS aÉOLOOIQUBS DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE 39
avait fait rapporter autrefois ces schistes à l'infralias.
M. Piroutet, qui y a trouvé un Cardhim, une Littorina, une
Auceila, puis une Nucula et un Nmitihis, les classe au
contraire dans le jurassique tout à fait supérieur ou
l'infracrétacé ; il y signale déjà quelques assises char-
bonneuses.
Enfin viennent les assises crétacées, qui sont celles qui
contiennent des couches de houille ; nous reviendrons
longuement dans ce qui suit sur la description de ces
assises, et nous serons amené à discuter en détail la
question de leur &ge ; nous nous conteutoroiis donc d'indi-
quer ici brièvement que les couches crétacées com-
prennent souvent à la base des grès grossiers passant
même aux poudingue», puis une formation importante de
grès arénacés feldspathîques aux couleurs claires dans
lesquels s'intercalent des lits schisteux noirs et des
couches de charbon; à ces roches sont parfois associées des
argiles violacées. Le charbon est souvent assez impur, et sa
teneur en matières volatiles est très variable depuis des
houilles très gazeuses jusqu'à des anthracites ; cette varia-
bilité est due moins, sans doute, à la diversité de la
nature primitive des couches qu'aux actions métamor-
phiques qu'elles ont ultérieurement subies. Ces diverses
couches crétacées se présentent en lambeaux formant
des cuvettes, plus ou moins bien dessinées et plus ou
moins continues, au milieu des sédiments triasîques et
jurassiques; plusieurs de ces cuvettes sont très res-
treintes(*) ; ce sont celles de Koumac, de Voh, de Pouem-
bout, do Muéo, etc.; trois d'entre elles, au contraire,
s'allongent, avec une forme très irrégulière d'ailleurs, sur
plusieurs dizaines de kilomètres : ce sont les bassins de
Poya, de Moindou et de Nouméa, Aux assises crétacées
sont encore associées des roches éruptives : d'une part,
(•} Voir la code n- 2 {PI. \) ci-jointe.
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40 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOOTBLLB-CALÉDOME
des mélaphyres, avec tufs tnélaphyriques, en coulées puis-
santes, paraissant immédiatement antérienres aux forma-
tions houillères; ensuile, des (iloDS et des dykea recou-
pant ces mêmes formations et se classant dans les
orthophyres et les porphyres.
■ Les sédiments postérieurs au crétacé sont rares et
peu Yariés ; on rencontre qnelques alluvions qua-
ternaires dans les basses vallées des grandes rÏTière»
de la colonie; ce ne sont généralement que des cail-
loutis plus ou moins empâtés d'argile. D'autre part,
nous avons à signaler, avec M. Piroutet, des dép/its de
rivages soulevés, tant sur la côte Est que sm la côte
Ouest, dépôts qui paraùsent tout à fait récents, sinon
contemporains. M. l'Ingénieur en chef des Mines Douvjllé,.
qui a bien voulu examiner quelques fossiles que nous
avons recueillis dans les dépôts de cette nature de la
pointe Chaleix près de Nouméa, y a reconnu une Orbito-
lite {Marginopora vert^ralis) et l'Arca holoceria Rive,.
toutes deux espèces existant encore actuellement. Parmi
ces formations, les plus intéressantes an point de vue
pratique sont les dépôts à caractère lagunaire, qui se
rencontrent en de nombreux points de la côte Ouest
depuis la pointe Ohaleix jusqu'à Gomen, et qui sont par-
ticulièrement développés dans la presqu'île de Uitoé et
auprès du cap Goulvain; ils contiennent des argile»
bariolées avec cristaux de gypse souvent très abondants ;
ce sont ces dépôts que M. Pelatan avait considérés
comme triasiques.
On trouve enfin tout autour de la colonie des construc-
tions coralliennes, dont les unes, d'Sge quaternaire, appar-
tiennent encore aux formations géologiques, tandis que
les autres, constituées par des colonies encore vivantes^
relèvent plutôt du règne animal que du règne minéral.
Les unes et les autres peuvent avoir un certain intérêt
comme gisements de calcaire : les constructions coral-
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V0RMATION8 OÉOLOOIQDES DE LA NODVELLB-CiJ.ÊDONlB 4!
tiennes anciennes, qu'on ne rencontre qu'aux Iles Loyalty,
autour de l'Ile des Pins, et sur une longueur assez restreinte
de l'extrémité méridionale des côtes de l'Ile, constituent
d'assez puissants bancs de carbonate de chaux; le»
coraux vivants donnent lieu à l'apport constant sur les-
plages d'abondants débris calcaires.
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CHAPITRE III.
LES ROCHES ËRDPTITES; LES SERPEHTinES.
A. — Les dikeérentek sbkies éruptivss
DE LA Nouvelle-Calédonie ,
Nous avons déjà eu l'occasion, en décrivant les diffé-
rentes assises géologiques de la Nouvelle-Calédonie, d'y
mentionner fréquemment la présence de roches éruptives
variées, et en outre de faire allusion à celle qui est de
beaucoup la plus importante parmi ces venues éruptives,
celle des péridotites qui se montrent aujourd'hui plus ou
moins serpeiitinisées. C'est dire que le géologue et le
mineur ne peuvent pas faire un pas dans la colonie sans
rencontrer do telles roches, et la connaissance de celles-ci
présente pour eus un intérêt d'autant plus capital que, si
les diverses formations éruptives anciennes de la colonie
paraissent déjà, comme dans beaucoup de pays, présenter
des relations plus ou moins directes avec les venues
métallifères, cuivre, or, plomb argentifère, etc., la
liaison étroite des gisements de nickel, de cobalt, de
chrome, et de fer avec la formation scrpentineuse est
d'une évidence absolue.
L'ensemble de ces roches constitue une série très
varice dont le classement rationnel ne laisse pas d'être
assez malaisé avec le petit nombre d'observations
dont nous disposons personnellement, et avec la difficulté
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FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NODVELLE-OALÉDONIE 43
qu'il y a pour nous à utiliser celles de nos devanciers,
dont la terminologie était quelque peu différente de celte
qui est en usage actuellement et était surtout assez mal
assurée, appuyée qu'elle était sur le seul examen macros-
copique des roches,
M. Garnier signale, en dehors des roches éruptives
magnésiennes, c'est-à-dire de celles qui appartiennent à
la grande formation serpentineuse, des mélaphyres asso-
ciés aux couches triasiques et des porphyres qui appa-
raissent dans la formation k charbon. M. Ueurteau relève
également, à côté des serpentines, la présence de méla-
phyres avec tufs et brèches mélaphyriques dans le trias,
et de porphyres dans le houiller ; il ne fait pas mention
de roches dioritiques.
M. Pelatan fait une énumération plus étendue de la
série éruptive calédonienne et la divise en cinq groupes :
les roches vertes anciennes, les roches dioritiques, les
roches mélaphyriques, les roches porphyriques et les
roches serpentineuses. Nous adopterons cette classifica-
tion, qui parait assez bien séparer les roches de types très
variés que Ion rencontre en différents points de la colo-
nie. Nous ne sommes cependant pas certain qu'elle suive
de très près « l'ordre chronologique probable des érup-
tions qui les ont amenées au joiu- », comme 1 indiquait
M. PelatanC).
Dans les micaschistes, nous n'avons pas rencontré de
roches éruptives paraissant avoir spécialement affecté
ceux-ci ; nous y avons, en effet, principalement relevé
coiume roches exceptionnelles : les roches à glaucophane,
qui sont à nos yeux pour la plupart, sinon toutes, d'ori-
gioe métamorphique [M. Lacroix ("') signale cependant
une roche à glaucophane de la Nouvelle-Calédonie qu'il
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44 RICHESSES MINÉRALES DE LA I10t]VKU.E-CAI.ÉD0KIE
regarde comme produite par la transformation totale d'un
gabbroj , les talcschistes, qui sont également à nos yeax
d'origine métamorphique, et peut-être quelques lambeaos
de roches sorpentineuncs, qne nous croyons devtàr rap-
porter k la grande fornintion récente des péridotîtes.
D'autre part, comme nous l'avon» dit, nous ne savons pas
faire de distinction précise entre les scliistes dite jvi-
maires du Nord et les schistes triasiques qui se res-
contrent plus au Sud, et pour cette raison nous ne aas-
rioDS séparer d'une façon certaine, au point de Tue de l^ir
âge, qui BOUS est totalement inconnu, les roches vertes
que l'on rencontre soit au voisinage des mines de cnivTe
et de plomb argentifère du Nord, soit dans la plaine de-
Poya, dans la vallée de la Négropo, etc...
Nous nous bornerons dmic à distinguer d'abcHxI, mais
fana lui attribuer d'&ge et sans pouvoir fixer sa véritable-
extension, une première s<^rie de roches éruptives, vrai-
semblablement la plus ancienne, constituée par des roches
très basiques, de structure ophitique, à feldspaths et sili-
cates magnésiens ; ces roches ont subi une altérati<« très-
avancée, qui porte surtout sur les éléments verts presque
I complètement transformés eu chlorite, ce qui rend leur
diagnostic incertain ; les feldspaths, le plus souveat voi-
sins de l'andésine, sont mieux conservés et à peu près
détermina Mes. Nous avons spécialement rencontré le»
roches de ce groupe dans la région du Diafaot : auprès des
mines de cuivre Pilou et Ao, nous avous recueilli des
échantillons qui constituent des types d'altération d'une
diabaso ophitique; les roches vertes exceptionnellement
altérées qui affleurent k côté du filon de plomb argentifère
de la mine Mérétrice paraissent corre^ondre à des hypé-
rites.
Plus vers le Sud, se montrent dans les schistes argileux
noirs de nombreuses têten de roches vertes moins altérées ;
on les retrouve aussi I ien sur la cMe Ouest, où elles cons-
bï Google
FORUATICWS GéOLOOtQDBS Dl LA NOCVKLLB-CALiDONIE 45
titveiit en particulter la plupart d'eatre lea nianietons qui
accâdenteot la plaine qui s'étead de Poya an cap Goul-
T&in, et oii elles appiU'aissent auprès du Moindou et de La
Foa, dans la plaine de Saint-Vincent, et mémo près de
Nouméa, que sur la c6te Est dans la vallée de Faja au
Sud de Konaoua, dans la vallée de la Né^opo au Sud de
'GanaU, etc. Elles sont accompagnées de tufs et de brèches
et présentent en somme des aspects assez varios. Quelques
■échantillons de ces roches, examinés au microscope, les
ont montrées composées d'une pAte à gmixi fin de feld-
spaths basiques et de pyrorènesclinorhombiques, et consti-
tuant des ophites typiques. Elles se rencontrent souvent,
avec les tufs et les brèches qui les accompagnent, immédia-
tement au-desBous des sédiments crétacés qui renferment
la houille, et elles ont généralement été décrites sous le
nom de mélaphyres par nos devanciers.
Ces formations paraissent, comme les précédentes,
présenter un assez grand intérêt au point de vue des
richesses minérales ; tandis qu'aux premières sont intime-
ment associés les gîtes minéraux du Nord de l'Ile, les
métaux divers que nous aurons k signaler n'apparaissent
guère, dans le centre de la colonie, qu'au voisinage de ces
dernières roches : tel est le cas du gite de cuivre de la
Négropo, des traces de cinabre de la vallée de Faja, du
gisement d'or de la mine Queyras, des tracés d'or
(4 grammes à la tonne) signalées dans les mélapbyres du
col de Tongoué, etc.
Le» sédiments houillers eux-mêmes sont recoupés par
un grand nombre de pointeinents porphvriques, dont
la venue au jour est certainement postérieure au <lép6t
de ces sédiments; ces pointements sont particulièrement
abnudants au voisinage des gisements de Moindou, oiiils
s<Mit constitués par un type dorthophyré très frais ; la
venue de ces roches parait avoir contribué pour une part
au moins à la dislocation de la formation houillère ; peut-
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46 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVËLLE-CALÉDONfb
être aussi ne serait-elle pas étrangère à la transformation
en anthracite que le charbon, qui semble avoir été origi-
nairement riche en matière!^ volatiles, subit en certains
points.
M. Pelatan signale encore, sans leur attribuer d'âge,
des pointements dioritiques médiocrement développés, qui
se rencontreraient notamment au cap Deverd, à l'embou-
chure de la Nessadiou, près de Moîndou, et à la Coulée
près de Nouméa. Nous n'avons pas eu l'occasion de les
observer en aucun de ces points, et nous ne connaissons
de diorites en Nouvelle-Calédonie que comme formations
accessoires, sans doute filoniennes, dans les massifs ser-
pentineux.
Enfin les terrains crétacés, et les porphyres qu'ils ren-
ferment, sont recouverts en un grand nombre de points
par une dernière formation éruptive, celle des péridotites,
B. — Les pékidotites.
A cAté des séries éruptives que nous avons passées en
revue ci-dessus, celle des péridotites, que nous venons de
mentionner en dernier lieu, se présente avec une impor-
tance tout à fait prédominante ; c'est même, nous n'hési-
tons pas à le dire, la plus importante de toutes les forma-
tions de la Nouvelle-Calédonie : sans le céder en rien aux
diverses séries sédimentaires comme extension, puis-
qu'elle recouvre à peu près un tiers de la superficie de la
colonie, soit 600.000 hectares, elle marque le trait le plus
caractéristique à la fois de la ('onâguration géographique
et de la constitution géologique du pays; enfin, c'est à
elle que sont associés, ou plutét c'est d'elle que dérivent
certainement, les minerais de nickel, de cobalt et de chrome,
ces richesses minérales qui se présentent en Nouvelle-
Calédonie d'une façon si exceptionnelle, et qui depuis
25 ans fournissent à l'industrie minière de notre colonie
bï Google
FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 47
la très grande majorité, lorsque ce n'est pas, comme
aujourd'hui, la totalité des produits qu'elle esploite. Cette
formation mérite donc à tous égards de fixer notre atten-
tion.
Les péridotites et les produits secoadaires qui en pro-
viennent constituent ensemble ce que nous avons déjà
appelé, et ce que nous continuerons à appeler, la for-
mation serpentineuse ; cette formation recouvre, avons-
nous dit, environ le tiers de la colonie : nous en avons
figuré les limites sur la jitj. 2 de la PI. I, en les
traçant, toutes les fois que nous l'avons pu, d'après nos
observations personnelles, et en y suppléant, lorsque
rela était nécessaire, à l'aide des indications de la carte
géologique de M. Polafan. Comme on le voit, les serpen-
tines apparaissent d'abord dans la région méridionale de
la colonie, au Sud d'une ligne sinueuse allant du mont
Dore jusqu'à la baie de Nakoty, sous la forme d'un massif
i-ompact d'une superficie de 350.000 hectares environ,
au milieu duquel nous n'avons pu noter la présence que
de deux pointements de roches étrangères à la forma-
tion, roches qui se sont trouvées être du granité dans les
deux cas. Elles se répartissent ensuite sur toute la lon-
gueur restante do l'Ile pour former, tantôt les traits les
plus marquants de la configuration du rivage oriental,
tantfit quelques-uns dos hauts sommets de la chaîne cen-
trale, et tantôt une série de pitons alignés le long de la
côte Ouest : elles constituent ainsi une qmnzaine ou une
vingtaine de massifs séparés, de dimensions très variables,
reposant sur les terrains sédimentaires des différents
âges. Leur extension dépasse même celle de la Grande-
Terre, puisque au Sud elles se montrent à l'Ile des Pins
et forment ensuite la totalité de l'Ile Ouen, et puis-
qu'elles jalonnent encore, assez loin au Nord de la
presqu'île d'Arama, l'alignement des iles Yandé et Belep.
Tous ces massifs ne présentent souvent que des escar-
bï Google
48 RICHESSES HINÉRALES DE LA HODVBLLB^AI£DONig
pements rocheux très abrupts ; la péridotite en coDsti-
tue alors presque uniquement les divers rontreforts et
les pointemcnts ; tel est le cas de plusieurs des pitoDs du
Nord de la côte Ouest : le mont Kaala, le Taom, les
aiguilles de Muéo, etc. ; d'autres fois, elle apparaît
en niasses arrondies s'étageant Jusqu'à la plaine ou jus-
qu'au rivage par des peates relativement douces, entre
lesquelles s'ouvrent en éventail des ravins profondément
découpés; dans ce cas, les pentes se recouvrent de pro-
duits d'altération plus ou moins meubles, tandis que la
roclie compacte et dure affleure sur les arêtes et le
long des parois abruptes des ravins ; le mont Dore près
de Nouméa et le mont Do au-dessus de Bouloupari en sont
des exemples typiques ; enfin, se rapprochant plus ou
moins du genre précédent avec lequel on peut établir pour
ainsi dire tontes les transitions, comme d'ailleurs entre
celui-là même et le premier que nous avons mentionné,
nous distinguerons un troisième type de massifs ser-
pentineux, celui des plateaux, auxquels on donne aussi
quelquefois dans la région le nom de dômes, nom que
nous aurions plus volontiers réservé pour dos montagnes
de la forme du mont Dore' ou <iu mont Do. De tels mas-
sifs sont généralement recouverts de produits d'altération
accumulés sur le plateau supérieur et envahissant encore
presque tous les contreforts à pente plus ou moins douce
qui en descendent. L'exemple le plus remarquable d'un
massif affectant cette configuration est celui du plateau
de Tiea, dont nous donnerons dans la suite un croquis en plan
avec lignes de niveau et ime coupe; le dôme de Tiebaghi
en est un autre exemple très net; enfin l'extrémité sud-
orientale de la colonie affecte dans l'ensemble une forme
de plateau assez bien marquée.
La variété de la forme de ces différentes montagnes ne
nous a pas paru tenir à une différence quelconque
euti'e la nature des roches qui constituent les unes et
bï Google
FORMATIONS OÉOLOGIQUES DE LA NOCVELLE-CALÉDONIE 49
les autres, et c'esf plutftt soit à la conâgu ration originaire
desdits massifs, soit a. leur position géographique dans
l'tle, que nous parait devoir être attribuée ïa différence
de leurs formes ; d'ailleurs cette différence se retrouve
souvent sur une petite échelle dans le même massif, si
bien qu'à peu de distance on peut noter la présence d'un
piton très escarpé et complètement dénudé, puis celle
d'un contrefort extrêmement aplati dans lequel la roche
sous-jacente, identique cependant à celle de l'escarpe-
ment, disparait complètement sous les formations super-
ficielles. Mais, si la nature de la roche ne parait pas avoir
donné lieu par elle-même à cette variété des ^'ormes
extérieures, ces formes ont eu nue inlUience extrême-
ment marquée et fort importante, sinon certainement sur
la formation, du moins sur la conservation des produits
de l'altération des péridotites, produits oii se sont pré-
cisément concentrées les richesses minérales qui offrent
l'intérêt que nous avons dit.
Toutes les fois que la roche serpentineusen'est pas dis-
simulée par ces produits d'altération, elle apparait sous
la forme de rochers déchiquetés, durs, h. arêtes vives,
dont la surface extérieure, exposée aux actions atmo-
sphériques, prend de loin une teinte générale d'un gris
rosé, et offre de près des colorations variant du rose
au jaunâtre ou au vert plus ou moins foncé et exception-
nellement au gris foncé. Entre les blocs rocheux poussent,
grâce aux petites quantités d'argile ferrugineuse et de
ten-e végétale qui peuvent s'y accumuler, une série d'ar-
brisseaux et de broussailles aux formes rabougries, an
feuillage maigre et peu coloré, qui contribuent à donner
aux escarpements ainsi constitués un aspect aussi carac-
téristique de loin que de près; cet aspect est d'ailleurs
complété par l'effet très spécial que produisent les
grandes masses d'argile rouge, toujours plu»< ou moins
bï Google
ry) RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
abondantes au voisinage de ces rochers; il ne saurait
tromper, niènie de fort loin, l'observateur qui a circulé
quelque peu dans la colonie.
Lorsque, s'approrhant des roches, on les attaque au
marteau, on est surpris de les voir offrir à l'examen à
l'œil nu ou à la loupe des aspects assez différents d'un
massif à l'autre : en effet, sans même parler des roches
tout à fait serpenlinisées et notoirement très altérées,
on rencoutrcdes péridotîtes saines ou à peu près, dcHit la
pâte présente des couleurs variant du jaune le plus clair
au vert le plus foncé en passant par des tons inleruié-
diaîres vert jaune et vert brunâtre, La cassure de la
masse est toujours grenue ou légèrement esquilleuse ;
elle montre d'ailleurs des pyroxènes, en nombre tautét trfe»
restreint et tantôt considérable; ces cristaux, de dimen-
sions variables, se distinguent par le miroitement de leur
clivage à éclat quelquefois argentin, mais le plus souvent
vitreux, et ils présentent des colorations générale-
ment d'im vert plus ou moins tendre, mais parfois aussi
d'un brun très accusé. Enfin l'œil, surtout aidé de la
loupe, y découvre toujours un grand nombre de cristaux
noirs et brillants, souvent en octaèdres bien formés, qui
sont du fer chromé.
Examinées sous le microscope en plaques minces, ces
roches so montrent toutes constituées de masses grenues,,
sans formes cristallines bien nettes, de péridot; rare-
ment très frais, le péridot est généralement plus ou moins-
altéré et sillonné de veinules d'antigorite ou serpentine
cristallisée; quehjuefois même il est complètement trans-
formé en une masse de cristaux enchevêtrés d'antigorite
à structure plus ou moins ralcédonieuse, masse dont on ne
devine plus alors l'origine que par la disposition des dif-
férents réseaux cristallins, qui reproduisent encore plus ou
moins nettement le réseau de craquelures que l'on a vu,
dans d'autres échantillons, envahir peu à peu le péridot
bï Google
FOBHAHONS GÉOLOOKtUSS DB LA MOUVBlXE'CALÛIWNIli; 51
arec développemeat de fibres d'anti^rite. Au milieu de
celte pâte de péridot se montreot, ptua ou moins nom-
breux suivant les échantillons, des cristaux nets, généra-
lement un peu allongés, d'un pyroxène orthorhombique
(silicate ferreux magnésien dépourvu de chaux) que ses
propriétés optiques classent le plus souvent nettement
dans le type enëtatite, mais qui passe parfois à la bron-
zite; ces cristaus, généralement beaucoup plus frais que
les grains de péridot, sont cependant quelquefois altérés :
ils laissent voir alors une série de petites lamelles de talc
se développant dans leurs clivages. Enfin on observe de
nombreux fragments de fer chromé, tantôt sans forme
définie, tantôt présentant des sections nettes d'octaèdre.
Soumises h. l'analyse chimique, ces roches se sont tou-
jours montrées ultrabasiques, très fortement chargées en
magnésie, et relativement peu ferreuses ; elles contenaient
en outre d'une façon constante des quantités plus ou
moins importantes de nickel, de cobalt, et de manganèse.
Les roches qui se montraient les plus fraîches comme
aspect extérieur, avec une coloration vert jaune relative-
ment pâle, et dans lesquelles le microscope laissait voir
des cristaux bien conservés, retenaient peu d'eau ; la partie
attaquable aux acides présentait une composition typique
d'olivine telle que la suivante (échantillon provenant de
la carrière Pierrette do la mine Reis n° 2, k Népoui) :
Silice «,27
Protoxyde de fer 7,9i
Magnésie *9,*4
Manganèse traces sensible»
Oxydes de nickel et de cobalt 0,1 1
Chaux Néant
L'échantillon analysé laissait, d'autre part, 20,5 p. 100
de matière inattaquée constituée par de l'enatatite et pai*
2 millièmes 1/2 du poids initial de réchantiHoa de fer
bï Google
52 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CAI.ÉDONIE
chromé. L'enstatite isolée de cette roche présentait
d'ailleurs la composition suivante :
Silice 35,3
Proloïyde de fer 8,2
Magnésie 31,4
Oxydes de nickel et de cobalt. ... 0,4
Chaux '. 2,5
Perteaufen 1,6
La proportion d'enstatite est d'ailleurs très variable
d'une roche à l'autre : nous avons recueilli sur la mine
Française, à Poro, des échantillons d'une roche à péridot,
finement grenue, jaune clair, dont l'examen, soit à la loupe
soit au microscope, ne permettait de déceler aucun cristal
d'enstatite, <?t qui, attaquée par l'acide chlorhvdrique, ne
laissait indissous que de nombreux petits cristaux de fer
chromé; elle était d'ailleurs déjà assez fortement serpeu-
tinisée, comme le montrait l'examen microscopique, el
comme le confirmait l'anal^'ae chimique, qui y révélait une
teneur en eau de 10,5 p. 100; cette analj'se donnait pour
cette roche la composition globale suivante :
''"'bniîi'""' 4|ir*iî*iluc1Joo
Perte au feu i0,50 »
Silice 37,80 ti,39
Protojcyde de fer 6,50 7,12
Magnésie 44,60 48,83
Manganèse traces sensibles traces
Oxydes de nickel et de cobalt. . . 2,43 2,66
Ciiaux traces traces
Inversement, bon nombre des échantiUoiis de péridotite
que nous avons recueillis en différents points de la colonie
contiennent des proportions très importantes d'enstatite,
dont les lamelles envahissent souvent toute la largeur des
cassures; l'enstatite s'isole même parfois en individus
bï Google
FORMATIONS GÉOLOaiQDES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE 53
de quelques centimètres de longueur au milieu de la péri-
dotite. Ces pyroiènes n"ont pas toujoiu-s les caractères
que nous avons indiqués ci-dessus; l'échantillon dont
nous avons rapporté l'analyse était d'un vert très pâle et
sa poussière complètement blanche ; souvent ils présentent
une coloration beaucoup plus brune avec un bel éclat
bronzé offrant l'aspect typique de la bronzite, on y
constate la présence d'inclusions ferrugineuses, et la
poussière en devient jaunAtre : l'analyse que nous avons
faite d'une échantillon de ce genre nous a donné les
résultats suivants :
Perte au feu 10,5
Silice 43,2
Protoxyde de fer 12,5
Magnf^sie 35,5
Chaux faibles traces
Nous ajouterons que, bien qu'ayant examiné sur
place la nature des roches qui se montrent sur un très
grand nombre d'entre les points oii apparaît la formation
serpentineuse, et qu'ayant recueilli des échantillons fort
nombreux que nous avons étudiés en détail à notre retour
en France, nous n'avons jamais rencontré dans la masse
même des péridotites que des cristaux de pyroxène
ortborhombique, c'est-à-dire pratiquement dépourvus de
chaux (enstatite ou bronzite) ; et nous ne connaissons
dans la colonie, comme pyroxènes clinorhombiques, que le
diallage constituant des âlons minces au milieu des
péridotites, soit seul, soit associé à des feldspaths pour for7
mer des gabbros, ou bien encore servant de gangue à des
filons ou à des amas de fer chromé. Nous rappellerons
d'autre part que les pyroxènes clinorhombiques tiennent
autant de chaux que de magnésie, et que cependant
toutes les analyses globales des roches de la formation
serpentineuse calédonienne que nous connaissons, soit
bï Google
5i RICHESSES MINÉRALES DE IJi NOUVBLLB-CALBDOKIE
celles que noas avons fait faire à l'ÉctJe des mines de
Saint-Éiieniie, soit celles qui ont été faites autrefois en
NouTelle-Galédonie, soit celles que l'on fait actuellement
snr les minerais de nickel qui contiennent toujours tue
proportion importante de stérile, ne décèlent jamais la
chaux qu'en très petite quantité, alors qne la magnésie y
est toujours très abondante. Nous pensons donc que ceux
de nos devanciers qui ont décrit la fomiatJOQ serpei^
neuse de la Nouvelle-Calédonie comme comprenant coo-
ramment du diallage ont peut-être confondu les deox
séries de pyroxènes dont la distinction n'est souvent
facile que par l'analyse chimique ou par l'examen des
propriétés optiques au microscope polarisant.
M. Garnier, d'ailleurs, ne parait pas s'être préoccupé
d'établir la distinction entre les deux séries, puisqu'il
emploie d'une façon courante le terme diallage-bronzite
pour désigner tes pyroxènes; et M. Heurteau, qui n'em-
ploie que le terme diallage pour caractériser, suivant sa
propre expression, h le minéral accidentel le plus fréquent
dans la formation serpentineuse », ne semble pas non
plus' avoir cherché à spécifier duquel d'entre les diffé-
rents pyroxènes il s'agissait. Enfin M. Pelatan distingue, en
dehors delà « serpentine noble *, qu'il nicnlkmne comme
relativement rare, des « serpentines pierreuses à texture
bien homogène », c'est-à-dire sans doute des péridotites
uniquement constituées de péridot comme nous en avons
rencontré des exemples, des " serpentines à bronzite »,
oii « à la bronzite se substituent quelquefois des masses
lamellaires d'un gris nacré presque blanc d'enstatite »,
et enfin des « serpentines à diallage « , oti celui-ci apparaît
en K lamelles brillantes et lustrées plus spécialement d'un
vert bouteille ou d'un brun verdâtre ", qui pourraient
bien, d'après nos observations répétées sur des échantillons
répondant tout à fait k cette définition, n'être que de
petits cristaux d'une bronzite plus ou moins ferrifère.
bï Google
TORHATIONS GâOLO<3IQDB8 DB LA NOUVBLLE-CALBDONIE 55
Du reste^ M. Lacroix (*), qui a examiné un certain
nombre de roches rapportées par M. Pelatan, ne signale
île diallage que dauB des. liions minces de gabbru, et men-
tionne, au contraire, l'enstatlte-brouzite comme abondante
<tan3 les péridotites.
Le plus souvent les roches que l'on rencontre sont,
-comme nous l'avons dit, altérées par hydratation et perte
d'uD peu de magnésie, le péridot 2MgO,SiO^ passant à
l'antigorite 3MgO.2Si0^2H-O, et l'enstatite MgO.SiO^
passant au talc 3MgO,4Si0^2H^O. Dans les échantillons
-od l'altération n'est pas très profonde, celle-ci ne se ma-
flifeste, en dehors de l'examen microscopique et de la
teneur en eau que décèle l'analyse chimique, que par
une modification de la teinte : la diminution de transpa-
rence des éléments cristallins, péridot principalement,
donne assez promptement à la masse une coloration
d'ensemble d'un vert souvent très foncé; lorsque les
pyroxènes sont assez fortement chargés en fer, ils com-
muniquent à la roche une tonalité générale bninfttre avec
reflets bronzés ; d'autres fois, au contraire, lorsque les cris-
taux d'enatatite sont abondants et quils se chargent de
lamelles talqueiises, ils prennent un aspect blanc argenté
qui tranche sur la coloration vert olive plus ou moins
foncée de la pâte; dans des échautilluns plus altérés, ils
prennent une couleur rousse due à l'oxydation du fer,
mais montrent encore le clivage caractéristique des py-
roxènes. Lorsque l'altération est plus avancée encore, et
que la transformation de la péridotite en serpentine est
-complète ou à peu près, la coloration de la masse rede-
vient plus claire, variant du jaune verdâtre au brunâtre
■et quelquefois au gris pâle ; elle est souvent zonée de
teintes plus foncées, brunes ou bleues, dues en général
à des bandes à cristallisation plus nette absorbant plus ou
1') toc. cit., t. I. p. 550 et SM.
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5^ RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCTELLE-CALÉDONIE
moins la lumière; la roche derient relativement tendre,
sa cassure est inégale et mate, et l'ensemble apparaît à
rwil nu comme complètement amorphe, on n'y distingue
gt^néralemeut plus que les petits cristaux de fer chromé.
Le microscope y reconnaît un agrégat confus de petits
cri-;taus d'anligorite parfois groupés en étoilement, avec
txiuvcnt de« zones constituées par des lamelles de talc.
L*an;ilyse de tels échantillons se rapproche beaucoup de
l'analyse typique de l'antigorite.
L'n échantillon de serpentine gris clair légèrement
veiné de bleu, provenant de la mine Francia près de
Népooi, contenait :
Eau 13,W
Silice 41,3
Magnésie 38,84
Protoxyde de fer 6,06
Insoluble 'principalement fer chromé). . . 0,3
D'une faç()n générale, le simple essai de la perte au feu
rloniie une indication assez nette sur le degré d'altération
des TOches : tandis que la péridotite pierreuse de Népoui,
dont nous avons donné l'analyse ci-dessus, ne contenait
pas tout à fait 1/2 p. tOO d'eau, une collection de dis
types plus ou moins altérés, depuis des roches assez
fraîches jusqu'à des serpentines comme celle ci-dessus
citée, nous a donné des teneurs en eau variant de 5 à
17,5 p. 100 et se rapprochant le plus souvent delOp. 100.
Nous définirons donc les roches qui constituent essen-
tiellement la grande formation serpentineuse de la Nou-
velle-Calédonie comme des péridotites gi-enues très ma-
gnésiennes et peu ferrifères, plus ou moins chargées,
suivant les cas, de cristaux d'un pyroxène uniquement
furro-magnésien passant de l'enstatite à la bronzite. Ce
seraient donc, suivant la classification de M. Rosenbuch,
dos Harzburgites ; on y rencontre d'ailleurs par places,
bï Google
FORMATIONS aÉOI.OGIQOES DE LA KODVELLB-CALÉDONIE 57
mais exceptionnellement, dea massifs de Dunite (divine
avec fer chromé et sans pjroxène). Ces péridotites pré-
sentent le pins souvent les traces d'une altération
avancée, qui comporte, d'une part, la transformation plus ou
moins complète du péridot en serpentine, et, d'autre part,
le développement de lamelles de talc aux dépens du py-
roiène. Parfois la transformation est assez complète pour
donner lieu à de véritables serpentines, uniquement cons-
tituées d'un agrégat de cristaux d'antigorite avec quelques
paillettes de talc.
Ces roches contiennent d'ailleurs toujours un peu de
manganèse, de nickel, et de cobalt, ces métanix paraissant
faire partie intégrante du péridot comme de l'enstatite;
les grains de fer chromé sont abondants dans tous les
échantillons.
Enfin ces roches sont assez souvent traversées par des
filons moins basiques : M. Garnier et après lui M. Heur-
tean signalent en différents points, à l'Ile Ouen, au cap
Deverd, etc., des filoiis d'euphotide (que l'on appellerait
aujourd'hui gabbro), c'est-à-dire de roches à feldspath et
pyroxèno ; nous avons, d'autre part, trouvé des diorites
tantôt à grain fin, tantét à très grands cristaux de horn-
blende, au milieu de différents massifs serpentineux.
Quant au mode de gisement de ces péridotites, nous
n'avons pas pu l'établir d'une façon certaine. De telles
roches, à pâte infusible, et présentant une cristaHisation
à grands éléments, sont généralement considérées comme
des roches qui auraient cristallisé en profondeur, c'est-à-
dire qui se seraient épanchées en masses intrusives dans des
terrains enfoncésdans ta profondeur du sol , ou qui se seraient
insinuées entre les différentes assises de ces terrains ;
elles n'apparaîtraient ensuite au jour que par l'effet de
mouvements orogéniques et d'érosions. Te! ne parait
guère être le cas en Nouvelle-Calédonie. Tout d'abord,
bï Google
'56 RI(»BS^S UINBRALES DE LA NOUVSLLB-Cii^DONIB
toutes les fois que nous avons pu observer le contact des
péridutitcs et des assises sédimentatres sous-jacentes,
nous avons vu les péridotites reposer sur une surface plane
ou à peu près, recoupant nettement les bancs et leurs
différents plissements; cela n'indique en aucune façon une
intrusion ou même une tendance à l'intrusion suivant des
plans de séparation facile, mais cela manifeste beaucoup
plutôt une superposition des serpentines au-dessus d'une
surface d'érosion des différentes strates sédimentaires ;
c'est d'ailleurs, croyons-nous, également comme cela qu'il
faut comprendre ce qu'en dit M. Piroutet dans la courte note
•que nous avons déjà citée, lorsqu'il déclare que l'épan-
cbement des serpentines est posténeur non seulement
aux dépdts du crétacé, mais encore au dernier plisse-
ment qui a formé la Nouvelle-Calédonie, M. Pelatan(*)
les considérait déjà comme des épancbements débordant
visiblement au-dessus des terrains stratifiés qui, u loin de
paraître soulevés par les roches magnésiennes, semblent
plutôt plonger sous elles et en être recouverts ».M. Ueur-
teau, qui, rappelons-le, n'avait pas été amené à examiner
d'une façon particulièrement détaillée cette formation
serpentineuse, dont l'exceptionnelle richesse minérale
n'était alors qu'à peine entrevue, avait cru, ^i contraire,
que les formations sédimentaires s'appuyaient sur les
serpentines.
Quoi qu'il en soit, nous considérons comme établi que
les péridotites sont venues se superposer aux terrains
sédimentaires, crétacé compris, et recouvrir la surface
qu'ils montraient au jour. Faut-il dès lors les considérer,
comme parait le faire M. Pelatan, comme de puissantes
coulées éruptives, au même titre que des coulées de lave
OH de basalte ? C'est ce que nous ne saurions dire ; ce se-
rait d'abord contraire aux idées généralement admises au
(•) Loe. cU., p. 36 et 37.
bï Google
TORUATIONB OBOLOGIQUES DE LA NOUVELLS-CALéDONlE 59
-aDJetde la genèse despéridotites; en outre, nulle part nous
n'avons pu obserrer les cheminées par lesquelles ces cou-
lées seraient venues au jour; nulle part non plus nous
n'avons relevé dans leur distribution quelque indication
dans ce sens. Nous aurions tout d'abord voulu tirer ensei-
gnement de l'étude des contacts de ces péridotites avec
les roches sous-jacentes, et nous y avons cherché les
traces des effets calorifiques qu'aurait d(i produire, senible-
t-il, l'épanchement de nappes aussi puissantes de roches
en fusion (rappelons que des massifs isolés et qui sont
sans nul doute entièrement constitués de péridotite,
comme le Kaala, le Taom, les aiguilles de Muéo, etc.,
s'élèveot d'un millier de mètres au-dessus de la surface,
presque horizontale et régulière, par laquelle ils reposent
sur les sédiroentssous-jacents); mais nous n'avons relevé
aucun argument décisif à ce sujet. La présence, au voisi-
nage de la limite des serpentines, de couches antbraci-
teuses, alors que l'on rencontre ailieurs des rouches de
-charbon du même âge très chargé en matières volatiles,
paraîtrait pouvoir être un argument ; mais, d'une part, il ne
semble pas qu'il y ait une relation constante entre la
proximité des serpentines et la pauvreté du charbon en
matières volatiles, et, d'autre part, les assises crétacées
qui contiennent le charbon sont traversées d'autres roches
^mptives, orthophyres ou mélaphyres, à l'effet desquelles
on peut tont aussi bien attribuer la transformation locale
■àa charbon en anthracite, si l'on croit devoir rapporter
cette transformation à une action calorifique.
D'un autre côté, en examinantles contacts, nous n'aviMis
rien relevé de net comme métamorphisme des schistes
soae-jacents, bien que M. Piroutet déclare avoir dûment
constaté en quelques endroits l'existence de schistes ser-
pentineux [Htivenant de dépôts sédimentaires métamor-
j)hisés; nous avons, au contraire, trouvé àla basede cer-
iains manifade péridotite des lits de roches complètement
bï Google
60 RICHESSES MINÉKAI.ES DE LA NonVEI.LB-CALBDONIB
laminéea, d'aspect pailleté ou fibreux, qui étaient consti-
tuées de fibres de serpentine paraissant s'être développées
aux dépens de péridot, tout comme dans les péridotites
normales, mais qui se montraient toutes contournées, ce
qui indique que la roche en question aurait subi un effet
de laminage après serpentinisation. Cela ne peut guère
s'expliquer que par une friction énergique de la roche
déjà serpentinisée sur son socle sédimentaire. Faudrait-il
y voir simplement la preuve qu'il y a eu récemment de
petits déplacements de ces massifs de péridotite sur leur
base à la faveur de quelque mouvement sismique, ou ne
pourrait-on pas, au contraire, y chercher l'indication que
ces masses de péridotite auraient été jetées, après solidi-
fication souterraine et serpentinisation plus ou moins
avancée, sur le sol de la Nouvelle-Calédonie par l'effet
d'une sorte de charriage au cours d'un des bouleverse-
ments formidables qui ont dû affecter cette région du Pa-
cifique ?
Nous n'oserions pas, d'observations éparses qui n'ont
pas pu être faites et refaites à loisir avec un contrôle
ultérieur sur le terrain des résultats de l'examen des
échantillons, tirer formellement une semblable conclusion.
Nous tenons seulement à attirer l'attention sur ce point,
en faisant remarquer combien une pareille explication de
l'origine des péridotites, rapprochée de ce fait certain
que, même très fraiches, elles renferment toujours une
proportion très notable de nickel, apporterait un argument
décisif en faveur de l'origine purement superficielle des
gîtes de nickel. C-es gftes seraient dès lors, à n'en pas
douter, des gites de sécrétion, puisque, pour leur attribuer
une origine profonde, il faudrait la rapporter à des venues
filoniennes qui seraient tout à fait indépendantes des pé-
ridotites et qui n'auraient dès lors plus aucune raison d'y
être indissolublement associées.
En terminant ce qui a trait aux formations qu'on ren-
zecbvGooglc
FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 61
contre au contact des serpentines et des terrains sédî-
mentaires sous-jacents, noua rappellerons que c'est dans
ces formations qu'ont été découvertes, il y a quelques
années, près de Koumac, des traces d'huile minérale.
C. — Les produits de l'altération superficielle
DES PÉRIDOTITES.
Après avoir décrit les péridotites et les l'ocliea serpenti-
neuses qui en dérivent par un procédé d'altération en somme
mal connu, comportant une hydratation sans oxydation,
puisque tout le fer reste à l'état de sel ferreux, il nous reste
à fournir quelques indications sur les produits qui nous
paraissent devoir être rapportés à l'altération superfi-
cielle, avec oxydation cette fois, des péridotites et ser-
pentines, et qui recouvrent une large portion de la super-
ficie occupée par la formation serpentineuse.
Des produits d'altération, généralement bréchoïdes et
noyés dans un magma magnésien complexe, qui occupent
les fentes et fissures ouvertes dans la roche au voisinage
plus ou moins immédiat de la surface ou qui en empâtent
les blocs superficiels désagrégés, nous ne parlerons pas
ici ; c'est là le gisement habituel du nickel, et nous y re-
viendrons dans la suite. Nous ne nous proposons de faire
connaître pour le moment que les formations de quartz
carié, les argiles rouges ferrugineuses, et les con<:rétion3
magnésiennes.
On ne peut parcourir aucun des massifs serpentioeux
de la colonie, sans rencontrer, pour ainsi dire k tous tes
pas, soit recouvrant les pentes douces, soit a'associant aux
blocs rocheux des escarpements, des fragments siliceux
extrêmement nombreux et d'aspect caractéristique : ils
se présentent soua la forme de débris plus ou moins volu-
mineux d'un réseau parallélipipédique de cloisons de
bï Google
62 RtCHERSeS MINEEtALES DE LA. NOUVELLE-CALBDONIB
quartz cristallin teinté de jaune; iantAi ce ne sont que-
deB morceaux ni»ius de plaquettes quartzetnes que l'on
peut ramaaser, tantôt au contraire on recueille plskieurs
de ces cloisons assemblées en parallélipipêde, et soureat
elles renferment encore une masse brunâtre plus ou moins
désagrégée chargée d'oxyde de fer et de magnésie. SI,
après avoir examiné de tels fragments, on reporte les
yeux sur les blocs serpentineux qui afUeurent au voisi-
nage et qui, bien qu'exposés aux actions atmosphériques,
ne sont pas encore complètement désagrégés, on voit se
dessiner sur leur surface une sorte de damier tracé par
des iïlonnets quartzeux, à l'intérieur desquels la roche se
montre plus, ou moins profondément altérée; et l'on ne
tarde pas à comprendre par quoi processus les agents
atmosphériques n'ont laissé, comme restes des roches
serpentiueuses qu'ils ont démantelées, que des squelettes
quartzeux après avoir emporté plus loin le fer et la magné-
sie. Il apparaît en effet comme constant que le premier
effet de désagrégation, qui parait affecter les péridutites
fraîches tout comme les roches serpentinisées, mais sans
doute pins facilement les secondes que les premières, est
une sorte de craquellcment ouvrant dans la roche des
plans de flssnraliun qui y dessinent nn réseau parallélipi-
pédique plus ou moins régulier. Dès loi-s les eaux qui
tiendront à imbiber la roche, sous l'effet de pluies souvent
extrêmement abondantes, dissoudront peu à peu le quartz
de la masse, pour le déposer ensuite le long de ces fissures
et former ces sortes de cloisons au milieu desquelles il ne
restera qu'une masse peu consistante de fer peroxyde et
de magnésie, pour autant que cette dernière n'aura pas
été dissoute par les eaux légèrement chargées d'acide
carbonique qui ont traversé la masse. Lorsque, ensuite, ces
têtes rocheuses viennent à se démanteler, il s'en détache
des plaquettes quartzeuses qui tombent sur le sol, tandis
que les eaux courantes entraînent les matières ferrugi-
bï Google
FORMATIONS GBOLOGIQUES DE LA NOUTRLLB-CALÉEKtNIS 63
noDsea et quelque peu magnésiennes qui subsistaient entre
ces plaquettes, pour aller les déposer plus loin et constituer
ainsi les argiles ronges, dont nous avons maintenant k faire-
mention.
Toutes les pentes douces qui Se développent au pied des
massifs serpentineux, et toutes les surfaces à faible pente
qui se rencontrent k leur sommet ou sur leurs arêtes et
leurs contreforts, sont recouvertes par une formation rouge
de consistance argileuse, qui présente un aspect très uni-
forme dans son ensemble, et tout àfait car»cténsti(iue des
massifs serpentineux de la colonie. Cette formation, qui
recouvre les tètes des roches serpentineuses, partout oit
elle a pu se fixer, soit grâce à une pente naturelle suffl-
samment faible des roches soufi-jacentes, soit à la faveur
de quelque dépression dans la surface de ces roches for-
mant une sorte de vasque, présente souvent nne épais-
seur de plusieurs mètres, atteignant même plusieurs
dizaines de mètres au centre de certaines vasques pro-
fondément découpées. Elle se montre d'ailleurs peu homo-
gène dans son ensemble, constituée par des Uts successifs
plus ou moins bien différenciés, dont la coolenr et la com-
position varient quelque peu.
Le plus généralement elle se présente sous forme d'une
terre grasse, imperméable, assez plastique, et s'agglnti-
nant sous la pression, avec une couleur très accentuée
variant du jaune rougeâtre au rouge violacé ; examinée de
près, elle apparait constituée d'une terre rouge emp&tant
des débris divers, parmi lesquels on distingue surtout de
petits cristaux de fer chromé et des fragments de cristaux
d'enstatite altérée, c'est-à-dire les restes des minéraux
les moins facilement attaquables des péridotites. On y
trouve parfois des lits plus ou moins complètement cons-
titués de sable quartzeux jaune; la surface en est géné-
ralement recouverte de grains ou de blocs d'oxyde de
bï Google
64 RICHESSES MINÉRALE» OE LA NOUVBLLE-CALÉDOHIE
fer; quelquefois les grains ferrugineux se concentrent
en outre dans certains lits intermédiaires de la formation :
enfin c'est là que s'intercalent les gisements de fer chromé
d'origine détritique et les traînées de minerai de cobalt
dont nous aurons à reparler, de même que les amas de
blocs et de grains d'oxyde de fer.
Nous reviendrons ultérieurement sur la composition chi-
mique de ces argiles rouges et nous en donnerons quelqucK
analyses (Voirci-après, troisième partie, cliap. m, B). Ce
qu'il importe pour lemoment d'en faire connaître, c'estqu 'on
dehors des formations minérales accidentelles .dont nous
venons de parler, ou des débris de minéraux que nous avons
mentionnés, elles sont essentiellement constituées par
dn sesquioxyde de fer légèrement chargé d'oxydes do
manganèse, de nickel, et de cobalt, ou même de chrome.
Ces oxydes métalliques interviennent généralement poul-
ies 2/3 ou les 3/4 dans la composition du mélange, et ils
ne sont associés à de ta silice, de l'argile et de la magné-
sie qu'en proportion toujours assez faible; l'argile, pai-
exemple, ne constitue pas plus de quelques centièmes de
la masse.
C'est donc à tort que l'on désigne ces formations souk
le nom d'argiles ferrugineuses, nom qui évoquerait l'idée
d'une prédominance de l'argile dans la composition de la
masse ; néanmoins cette expression rend assez bien compta
de l'apparence présentée par ces masses d'oxyde de fer:
aussi l'emploierons-nous avec les auteurs qui l'ont déjà
décrite, mais eu faisant bien remarquer que c'est là un
terme impropre.
Une telle formation nous a paru avec évidence devoir
être regardée comme constituée aux dépens des serpen-
tines désagrégées parles actions atmosphériques, et comme
résultant du transport d'une partie de leurs éléments par les
eaux courantes. M. Heurteau les avait déjà considérées
comme étant formées aux dépens des serpentines;
bï Google
T0BMAT10N9 OÉOLOOIQUES DE LA NOCVBLLE-CALKDONIE 65
H. Pelatan (*), tout «n reconnaissant qu'elles proviennent
priacqialemeat de la décomposition nur place des serpen-
tines h broDZite, ajoute que cette décomposition a dû être
proToquée par des émanationt> minérales et métallifères
■et être accompagnée du départ d'une forte proportion de
loagiiésie. Cette dernière idée est d'ailleurs à peu prèB
«elle qui avait été émise quelques années avant la publi-
-cation du travail de M. Pelatan par M. LeTat("), pour
lequel ces argiles rouges seraient des dépAts d'eaux
thermales ayant dissous en profondeur du fer, emprunté,
pense^t-il^aux roches serpentineuses, puis ensuite de l'ar-
gile, empruntée k des schistes, et qui auraient alors
déposé à la fois les argiles rouges et les grains ferru-
gineux qui lo9 recouvrent. Pour notre part, nous ne
Tojrais pas la nécessité d'invoquer ici des venues d'eaux
^ermales de la profondeur et des phénomènes de dissolu-
tion plus ou moins compliqués; nous ne voyonsdansla for-
mation des argiles rouges que l'effet du transport à courte
-distance d'une partie des élémenls détritiques provenant
de la décomposition superficielle des péridotites : celles-ci
sont constituées, comme nous l'avons dit, essentiellement
■de silice, de magnésie et de protoxyde de fer, avec acces-
iioirement de petites quantités d'alumine, d'oxyde de man-
ganèse, et d'oxydes de nickel et de cobalt : si l'on admet
que les eaux superficielles aient pu en dissoudre certains
éléments, puis déposer immédiatement la silice sous la
forme des plaquettes quartzeuses que nous connaissons
déjà, entraîner la majeure partie de la magnésie en solu-
tion sous forme de chlorures, sulfates, ou carbonates, et
laisser le fer à l'état de sesquioxyde désagrégé retenant
■en tout ou partie les petites quantités d'alumine et
t*) Loe. eil., p. 45.
(**) David Levât. Elude sur les gisemenla de itickel, de cobalt el de
chromt de la Soueelle-CaUdonie {Astociation française pour J'nuonce-
fntnl des acienct», GoDgrés de Toulouse. 1881).
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06 RICHESSES MINÉRALES UE LA NOUVELLE-CALEDONIE
d'oxydes de manganèse, de nickel, et de cobalt, il parait
tout naturel d'admettre, qu'une fois le squelette quartzeux
des roches brisé, ces matières désagrégées aient élé
charriées par les eaux et déposées, soit sur les pentes
douces, soit dans le fond des vasques formées par les
roches avoisinantes ; avec ces matières, principalement
ferrugineuses, étaient d'ailleurs entraînés soit des restes
non dissous de la roche même, fragments d'enstatile
(miDéral résistant beaucoup mieux à la décomposition
que le péridot) et de fer chromé, soit des débris des pla-
quettes quartzeuses qui, suivant les circonstances, se
répartissaient dans la masse du dépôt en formation ou se
concentraient dans des lits spéciaux. En même temps,
sous l'effet d'actions chimiques difficiles à préciser mais
t|ue l'on peut cependant imaginer, certains éléments se
dissolvaient pour se précipiter ensuite dans des conditions
spéciales : le nickel avec la magnésie, pour se déposer sur
les roches et dans leurs fentes et interstices sous la fonne
des hydrosilicates dont nous aurons à reparler; le cobalt
avec le manganèse, pour conslituer des rognons éparsdans
l'argile rouge.
De tous les éléments dos péridotites ainsi exposés à la
dissolution par les eaux superficielles, la magnésie est
certainement le plus sohihle à la faveur de peliles quan-
tités d'acide chlorhydriqne ou sulfurique, ou simplement
tl'acide carbonique; il u'o.^t donc pas surprenant que,
bien ((u'elle soit absolument dominante dans les roches
serpentineusos, elle n'apparaisse qu'en petite quantité
dans les argiles rouf^es, et qu'elle ne donne lieu qu'à des
formations beaucoup moins importantes que la silice ou
le fer. On peut d'ailleurs constater tous les jours les
importantes quantités de magnésie qui sont emportées i
la mer par les eaux des ton-enls qui descendent des mas-
sifs serpentineux ; ces eaux cmitiennenten effet constam-
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fORHATTONS OéoLOGIQOES DB I,A NOUVELLE-CALÉDONIE 67
ment une proportion très notable de magnésie. Néanmoins,
soit l'évaporation naturelle, soit le départ de l'acide car-
bonique à la faveur duqueL certaines eaux s'étaient
chargées de bicarbonate de magnésie, soit un effet de
précipitation chimique, amènent dans certains cas ledépAt
d'une partie de la magnésie ainsi entraînée : on le cons-
tate d'abord dans les gisements de nickel où la magnésie
s'est abondamment précipitée avec ce métal ; on le cons-
tate ensuite par la formation d'enduits blancs plus ou
moins importants à la surface du sol ou le long de
parois rocheuses. On l'observe enfin par la rencontre
d'effiorescences do carbonate de magnésie ou giobertite,
qui se forment souvent au pied tlea massifs serpentineux
au contact de ceux-ci et des terrains sédimentaires, peut-
ôtre par suite d'une double décomposition chimique. Ce
phénomène s'observe avec une netteté particulière au
pied des massifs serpentineux qui bordent la côte Ouest :
les schistes argileux noirs dos plaines qui s'étendent
outre Koumac et A'' oh sont semés, d'une façon spéciale-
ment abondante, de ces sortes d'efflorescences, souvent
assez épaisses, de carbonate de magnésie très pur.
,\vec l'énumération des produits secondaires dérivés des
pûridoUtes, nous avons achevé la description des forma-
i lions géologiques de ta Nouvelle-Calédonie : on peut,
sans exagération, dire qu'aucune d'entre elles n'est sté-
rile au point de vue des richesses minérales; les terrains
primitifs renferment une partie des mines de cuivre do la
colonie et quelques traces d'or; aux schistes sédimentaires
sont associés les autres minerais de cuivre et d'or et
quelques métaux divers ; les assises crétacées renferment
le charbon; enfin la formation serpentineuse contient le
nickel, le cobalt, etle chrome. Nous allons chercher à don-
ner successivement une idée des conditions dans lesquelles
se présentent les différents gisements, en commençant
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66 ai€H£3SB3 HiMBJULU DE LA NûlTVBUf-OALÂDONlB
par les derniers énumérés pour respecter l'ordre d'impor-
tance pratique; ce sont d'ailleurs les seuls exploitée
aigourdtiui. Nous passeront! ensuite aux métaux divers
dont quelques-UDs ont été exploités autrefois, et enân
TtouB examinerons le ebarbon, qui n'a jamais été ntilisé
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DEUXIÈUE PARTIE.
LES MIinES DE TXÎCSSL.
CHAPITRE PREMIER.
LSS MINERAIS BE HICUL SE NOUTELLE-CALËDORIE.
Â. — I.fDICATIONS QÉKÉBALES.
PfiDdaat de longues années le nickel n'a été connu dans
le monde que comme un des métaux relativement rares
se rencontrant acceasoirement dans les filoDS métalliiêres
complexes : ses minerais étaient des sulfures, ou des
salfo-arscniureBetantimoniureH, tenant, suivant les espèces,
de 25 à 65 0/0 de nickel, et se présentant en petites
quantités disséminées au milieu des roineraiB sulfurés et
Bulfo-arséniés ou antimoniée de l'argent, du cuivre, du
plomb et du zinc. On avait égalementexploitéen Suède et
en Amérique des sulfures de fer et de nickel, etdeschal-
copyrites nickelifères plus ou moins riches en nickel. On
ne connaissait guère, comme minerais oxydés du nickel,
que les produits d'oxydation de ces minerais, c'est-à-dire
lies hydrocarbonaies, arséniates et sulfates, rencontrés
(l'une façon exceptionnelle au chapeau de ces âl<uis com-
plexes. On avait cependant signalé les hydrosilicates,
mais seulement au point de Tue miiiéralogique, en Silésie
sous le nom dePiméIite(15 p. 100denickel),etpliistarden
Amérique (Pensylvanie et Idalio), puis en Espagne près de
Malaga, sous le nom Je Gentbite, tenant 3â p. 100 de
nickel.
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70 B1CHE.SSBS MINÊR.\LES DE LA NOCTELLE-CALÈOONIE
La Saxe, la Hongrie, la Suède, le Pieuioat et la Pensjl-
Tanie élaieut à celte époque les foiirnisseurs uniques des
quelques eentaînes de tonae.^ de nickel consommées dans
le monde entier.
C'est en Nouvelle-Calédonie que les hvdrosilicates de
nickel, que l'on a d'ailleurs retrouvés depuis plus ou moins
abondants en différents autres points du globe, ont été
signalés pour la première fuis comme minerais. M. Gar-
nier mentionne eneffet, dans son rapport de 1867 1*), l'exis-
tence, en différents points de lacolonie, d'enduits verts ou
d'imprégnations vertes sur les silicates magnésiens dont
la matière colorante est le nickel. Quelques années plus
lard, le professeur Liversidge de Svdney, y distinguait
deux espèces minérales, la Garniérite et la Nouniéitc,
que l'on tend actuellement à réuuir sous le seul nom de
Gamiérile. Lors de l'exploration géologique de M. Heur-
teau en Nouvelle-Calédonie, on avait déjà constaté la pré-
sence de silicates de magnésie plus ou moins colorés par le
nickel en un certain nombre de points de la formation
serpentineuse; et ion venait nu-me de découvrir, au mont
Dore, un filon de l'°,2ô de puissance rempU pour moitié
environ d'un silicate de nickel vert ou bleuâtre qui, trié
avec soin pour le séparer des argiles magnésiennes inco-
lores dans lesquelles il était empâté, donnait à l'analyse
la composition suivante (") :
Gangue qnarUeuM. . . 3
Silice 41
Alumine. 0.60
Proloxyde de nickel. . 19 soit, nickel mélalliqae : 14,95
Magnésie 16,30
Chaux traces
Eau 20
Total 99,90
{•) Loe. cil., p, SS et S6.
(**) Hechteau, loc. cit., p. 391-393.
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LES MINES DE NICKEL 71
Depuis lors se sont multipliées avec rapidité les décou-
vertes do filons et fllonnets de silicate vert de nickel au
milieu des serpentines ; ce sont ces minerais qui ont été
d'abord l'objet des exploitations, et c'est sur les échantil-
lons les plus pura d'entre eux qu'ont été faites les déter-
minations des espèces minérales désignées sous les noms
de Gamiérite et de Nouméito par Liversidge, et qu'ontété
exécutées les analyses que nous citerons ci-après.
Ce n'est que quelques années après le commencement
de ces exploitations que l'on s'est aperçu, qu'associés aux
silicates verts, existent dans beaucoup de gisements des
filonneta, plaquettes, ou enduits d'une matière presque
aussi riche en nickel et n'en différant guère que par sa
couleur, qui varie du brun chocolat foncé au jaune bnm ;
cette matière, àlaquelle a été donné le nom de nickel-cho-
colat, a dès lors été tout aussi recherchée que le nickel
vert.
A mesure que les exploitations se développaient et que
les essais se multipliaient, on apprenait à connaître d'autres
minerais de nickel, les uns pulvérulents ou terreux, tantôt
d'un vert franc, tantôt tirant sur le jaune ou le brun, les
autres présentant tous les caractères de concrétions sili-
ceuses et ne s'en distinguant que par une belle coloration
verte, d'autres enfin de consistance argileuse, tantôt d'un
vert plus ou moins foncé, tantôt très pâles et néanmoins
riches. En môme temps que l'on recueillait avec soin les
blocs, morceaux et poussières isolés de ces minorais, on
exploitait les péridotites auxquelles ils étaient associés,
et qui se montraient plus ou moins criblées de filonnets
de ces minéraux ou qui en retenaient des débris. Ces filon-
nets se distinguaient aisément dans les roches fraîches,
tandis que dans les roches altérées ils ne se laissaient
plus soupçonner que par des apparences quelque peu incer-
taines, que seul le mineur habitué réussissait à reconnaître
plus ou moins bien, mais qu'on a ensuite appris à déceler
bï Google
72 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUTKLI.B-CAI^DOME
par l'analyse chimîqae. Dès lors l'exploitatioD a pu porter
également sur des serpentines complètement altérées k
caractère terreux et oti aucune trace des mmerais que
nous venons de mentionner n'eatplus discernable; elle s'est
enâaétenduepeuà peu à des matières plus friables encore,
c'est-à-dire à de véritables terres dont la coloration varie
du brun rotigeàtre an brun jaunâtre, et qu'il est à peine
possible, dans un même gisement déterminé, de distinguer
à l'œil des terres stériles voisines, une fois que des ana-
lyses ont permis de les caractériser par leur coloratioii,.
par leur caractère plus ou moins grenu ou plus ou
moins agglutiné, parla facilité plus ou moins grande avec
laquelle elles absorbent l'humidité, etr..
Ajoutons que tous ces minerais sans exception se ren-
contrent, toujours et uniquement, dans les massifs depéri-
dotite ; ils ne paraissent pas d'ailleurs être associés spé-
cialement à tel ou tel type particulier de ces roches, oiï
- correspondre à un degré de décomposition on de serpenli-
uisation déterminé ; nous en avons vu des gisements
aussi bien dans des péridotites très fraîches que dans des-
péridutiles fortement serpentinisées, de même que nous
en avons noté la présence au voisinage dedunites et éga-
lement dans des péridotites chargées en enstatite;
notons néanmoins que c'est dans la région, pratiquement
dépourvue de minerais de nickel, de la baie du Sud qu&
nous avons trouvé les types de péridotite les plus riches
en enstatite. Le minerai de nickel est d'ailleurs toujours
nettement associé aux parties superficielles des massifs
de péridotite, c'est-à-dire aux parties ayant subi les.
altérations dues aux agents atmosphériques : c'est ua
point sur lequel nous reviendrons en détail.
bï Google
LIS MINKS DE mCKBL 73'
B. — Différents types de minerais de nickel
va LA Nouvbllb-Caléoome.
On Toit par ce qui précède qu'il est assez malaisé de
décrire les différents minerais de nickel de la Nouvelle-
Calédonie, et la difficulté d'une semblable description est
d'autant plus grande que l'on peut reucontrer pratique-
ment toQS les passages d'un type à l'autre. Nous essaie-
rons cependant de donner une idée de ce que sont
les types que l'on rencontre le plus fréquemment. Nous
les partagerons tout d'abord en deux catégories : les
minerais qui sont, ou qui paraissent tout au moins, homo-
gènes dans l'ensemble, et r.eux qui, constitués par des
portions de roches, des débris de roches, ou des terres,
sont dos masses minéralisées complètement inhomogènes,
et sont vraisemblablement plus ou moins chargés des pre-
miers. Mais ici déjà notre distinction est quelque peu
arbitraire, et, si elle peut avoir une certaine utilité pra-
tique, elle n'a aucune valeur scientifique, puisque nous
savons parfaitement que l'analyse chimique ou l'examen
microscopique montre le défaut d'homogénéité de la plu-
part des minerais que nous classerons dans le premier
groupe.
Parmi les minerais homogènes, ou paraissant tels, nous
distinguerons ceux qui sont compacts, ceux qui sont
pulvérulents, ceux qui sont quartzenx, et ceux qui sont
argileux.
Au premier et au second types appartiennent aj^arem-
fftent les seuls minerais véritablement homogènes et les
seuls qui constituent une ou deux espèces minérales dis-
tinctes.
La Oarniérite et la Nouméite, entre lesquelles noua ne
savons pas établir pratiquement de distinction, vraisem-
bï Google
74 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOCrBLLE-CALÉDONlE
blablemeiit parce qu'elles sont le plus souvent mélangées
en proportion quelconque, à supposer qu'elles constituent
bien «ieux espèces distinctes, sont décrites (*) comme des
minéraux amorphes, de f^hle dureté (2 à 3), friables,
s'écaillant aisément, ternes ou à éclat gras, de densité
2,87 (Damour), d'une couleur variant du vert pomme au
vert pâle ctparfois presque au blanc, onctueux au toucher,
et happant quelquefois à la langue ; ils répondraient, sui-
vant M. Lacroix, à la formule H'*'(NiMg)8SiW, où le
nickel et la magnésie peuvent s'échanger en toutes pro-
portions ; en supposant le rapport — égal à -' la composi-
tion centésimale serait la suivante :
Silice 41,8
Oityde de nickel 22,2
Magnésie 19,8
Eau 16,2
La teneur niaxima en oxyde de nickel pourrait
atteindre 48,6 p. 100. Nous donnerons, avec M. Lacroix,
les analyses suivantes de sept échantillons provenant de
différents points de la Nouvelle-Calédonie :
12 3 4 5 6 7
SiO> 42,Ci 35,45 44,10 37,78 38,35 37,49 47,90
NiO 21,91 45,13 38,61 33,91 32,52 29,72 24,00
MrO 18,27 2,47 3,45 10,66 )0,6I 14,97 12,51
AlîQS + FeW. 0,89 0,50 1,68 1,S7 0,55 0,11 3,00
FeO .. » 0,43
CaO .. " 1,07 .. « « trace
H»0 15,40 15.55 10,34 15,83 17,97 17,60 13,73
99,08 99,12 99,08 99,75 100 99,89 100,14
Au microscope, la nouméite présente la structure delà
calcédoine avec une disposition sphérolitique plus ou
{*) T/ie Si,3lem ofMineralog'j,i. D. Dana,6- édilion, 18n2; — et Lacboix.
Minéralogie <le li Franceel de set colonies, t. 1, p. 4:<B et suiv.
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LES MINES DE NICKEL 75
moins iiarfaite; la garniérite se montre cryplo-oristalline
ou amorphe.
Depuis la découverte de la garniérite en Nouvelle-
Calédonie, elle a été rencontrée, dans des gisements
tout à fait analogues, dans l'Orégon et dans la Caroline
du Nord. Dana donne des minerais du premier de ces
gisements, qu'il désigne sous le nom de Gentbite, les
analyses suivantes :
1 2 3
SiO' 48.21 40,55 44,73
NiO 23,88 29,66 27,57
MgO 19,90 21,70 10,58
Al*03 + Fe»03.. 1,38 1,33 1,18
H*0 6,63 7 15,86
La composition de ces minerais diffère donc peu de
celle de certains types de la Nouvelle-Calédonie ; cepen-
dant les échantillons analysés, qui étaient sans doute
choisis parmi les plus riches rencontrés, sont notable-
ment moins riches en nickel que plusieurs de c«ux prove-
nant de notre colonie.
Ces minerais verts apparaissent tantôt en filonnets rem-
plissant intégralement la largeur d'une cassure ou d'une
fente de la péridotite, tantôt en enduits écaiUeux sur les
parois de ces roches, d'autres fois en concrétions plus ou
moins mamelonnées et en croûtes très évidemment dépo-
sées par les eaux, affectant souvent en particulier la dis-
position eu nids d'abeilles typique des dépôts de sources
geysériennes . Ce sont ces minerais qui sont connus
comme empi!ltant parfois des restes d'insectes. ^
La coloration verte de ces minerais parait varier plus
largement encore que ne le mentionnent les descriptions
d'échantillons minéralogiques ; elle passe du vert pomme
vif au vert foncé et même parfois à un vert sombre
presque noïr, résultant d'une association intime de minerai
vert foncé et de minerai brnn foncé ; d'autres fois, au con-
bï Google
76 RICHESSE» MINÉRALES DE L* NODVELI.E-CALÉDOMIE
traire, la couleur s'éclaîrcit, devient vert d'eas et atteint
même le blanc par une suite continue d'intermédiaires de
moins en moins riches en nickel; c'est ainsi que, dans les-
péridotites rocheuses des « grandes crêtes ■> de la mine
Kataviti, nous avons trouvé, au voisinage les uns des autres^
plusieurs âlonneta dont le remplissage variait insensible-
ment, souvent dans le même âluunet, depuis la garniérite
à haute teneur du vert vif le plus caractéristique jusqu'à
un silicate presque parfaitement blanc, ressemblant beau-
coup à lastéatite, mais tenant encore 9,5 p. 100 de nickel.
Ajoutons que très souvent des teintes bleu violacé pâle
s'associent aux teintes vertes de ces minerais ; c'est
lorsqu'ils sont constitués par des concrétions empâtant
des matières étrangères, lesquelles sont généralement des
fragments de péridotite de couleur foncée. Ces teintes
sont, comme nous l'avons constaté, dues à des pellicules
très minces de garniérite déytosées sur les noyaux rocheux
de couleur foncée; la coloration verte propre à la garnie-
rite se trouve alors altérée par la translucidité de la
matière; mais les pellicules détachées reprennent lotir
couleur verte et présentent tous les caractères de la gar-
niérite.
Tous les minerais verts sont soiubles, difficilement, mai»
entièrement, dans l'acide chlorhydrique bouillant.
Le minerai « chocolat » se présente surtout en fiio»-
ncts, s'associant souvent au minerai vert et alternant fré-
quemment avec lui dans les zones successives d'un même
remplissage; il apparaît également en enduits ayant une
tendance particulière k s'écailler, et plus rarement en
concrétions mamelonnées. Dans les échantillons typiques
et foncés, il présente un éclat cireux assez vif , d'autres fois
il est terne et pourrait aisément se confondre avec des
matières ocreuses stériles; mais, frotté avec l'ongle, il
reprend son éclat, et c'est là nn caractère qui le décèle
1
bï Google
LES HINB8 DB IflCKKL 77
arec ceHîbide. Sa couleur varie du brun chorcrfat foncé
a» brtiR jatme clair; it ne présente qu'une dureté de 2
à 3, se polissant souvent à l'ongle ; il est cassant et friable;
sa densité n'est que de 2,4S ; souvent il présente un aspect
bien homogène, mais d'autres fois il a une rassure terreuse,
et on constate qull emp&te de petits grains d'^osyde
ide fer routés ou de petits cristaux de fer chromé.
A l'analyse chimique, son inhoraogénéité apparaît bien
nette, comme l'a constaté M. Moore {*), qui le considère
comme un agrégat de garniérite, de stéatite, de quartz,
de sesquioxyde de fer et de chromite ; ce chimiste a
d'ailleurs signalé que, traité par l'acide chlorhydrique
étendu, il laisse dissoudre ia majeure partie de son fer
et une faiblir partie seulement du nickel qu'il contient,
et qu'il donne lieu à un résidu vert. Nous avons répété
cette observation et constaté que, pour du minerai clu>-
colat réduit en poudre âne, la transformation est rapide-
ment complète, tandis que, pour du minerai en fragments,
celle-ci ne se produit, sans autre altération d'ailleurs,
que sur une faible épaisseur (quelques dixièmes de milli-
mètre) à la périphérie, et ne se propage ensuite à l'inté-
rieur des fragments que fort lentement; la matière verte
ainsi produite présente tous les caractères de la garnie-
rite, comme aspect, comme composition chimique, et
même comme propriétés optiques dans les rares fragments
qui se montrent cristallins.
Réduits en plaques minces et examinés au microscope,
ces rainerais conservent une coloration brun rouge,
passant au jaune doré dans les plus minces esquilles,
mais en ne laissant distinguer qu'un agrégat de fragments
amorphes plus ou moins colorés par l'oxyde de fer; c'est
du moins ce que l'on observe dans les échantillons d'as-
pect bien homogène.
i*) Chemical Sev.-'s, 1894.
bï Google
'9 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
La composition chimique des minerais chocolat varie
très sensiblement d'un échantillon h l'autre, comme
d'ailleurs leur coiilenr et leur consistance ; les analyses
faites par M, Moore,etque nous reproduisons ci-dessous,
montrent entre quelles limites elle oscille généralement;
la couleur des échantillons analysés variait du brun
chocolat foncé (échantillon n° 1) à l'ocre jaune (échan-
tillon n° 6).
12 a 4 a G
SiO* 33,"û 37,05 24,23 34,55 48,25 26,18
Fe*0» 19,09 16,93 42,90 10,tO 18,40 25,17
Al'Qï 1,40 0,63 » 0,21 0,10 »
NiO 31 ,28 17,36 24,S8 41 ,31 24,67 27,61
MgO 3,22 16,03 « 2,23 - 6,47
MnO 0,20 Néant 0,17 0,23 " 0,23
CaO 0,63 0,48 0,12 0,22 0,48 0,18
H*0 9,21 10,51 8,48 8,64 7,33 B,64
Fer chromé. 1,20 1,21 0,25 0,20 0,62 4,11
On remarquera que dans tous les échantillons, sauf le
numéro ô, la somme des quantités d'oxyde de nickel et de
magnésie d'une part, et la quantité de silice d'autre part,
sont entre elles dans un rapport correspondant à peu près
il la composition de la garniérite ci-dessus indiquée, c'est-à-
dire que la quantité de protoxydes est un peu plus forte
que colle qui constituerait un hisilicate ; ils sont relative-
ment peu chargés en eau. Il semble donc que les minerais
chocolat puissent 6tro considérés comme constitués par de
la garniérite, généralement riche en nickel et pauvre en
magnésie, qui aurait été comme imbibée de sesquioxyde de
fer, lequel ne lui serait pas chimiquement incorporé, puis-
qu'il peut Hre dissous sans altérer la garniérite. Au point
dp vue pratique, les minerais chocolat sont fort intéres-
-sauts eu raison de leur faible teneur en magnésie, com-
pensée par une forte teneur en fer.
bï Google
LBS MINES DE NICKEL 79
Comme minerais pulvërulents, nous n'avons recueilli
que (les échantillons verts ; les minerais pulvérulents
d'autres couleurs, s'il en existe, échappent à l'observation,
mélangés qu'ils sont aux matières terreuses complexes de
même coloration, qui accompagnent généralement les gise-
ments de nickel : nous avons trouvé des échantillons de
ces poudres vertes dans les iuterstices de blocs altérés
de serpentine an miHeii des magmas complexes qui
sont exploités pour nickel; souvent ces échantillons
étaient associés à des fragments menus de gamiérite
et de silicates magnésiens divers; mais parfois ils se
présentaient seuls. Nous en avons recueilli de petites
quantités à la mine Young Australia dans la vallée de la
rivière Comboui, à la mine Union a Ganala, et aux carrières
Pierrette de la mine Reis n° 2 îi Népoui. Un échantillon,
particulièrement homogène et pur, de cette dernière mine
se montrait constitué par une poudre nettement cristalline,
"ayant des propriétés optiques parfaitement définies ot
voisines de celles de certaines chloritea; il était d'une
couleur d'un vert clair cendré, et avait la composition
cliimique suivante :
Silice 34,2
Protoxyde de nickel. 4*,";
Magnésie 3,4
Alumine 4
Sescjuioxyde de fer.. 0,5
Chaux ;. 0,6
Perte nu feu feau), .. 12,3 apri'S dessiccation légùre prL'aiabi«
Cette composition se rapproche assez de la formule
dounée par M. Lacroix pour la garniérite, mais avec
absence presque complète de magnésie ; elle diffère peu
de celle qu'indique l 'analyse n" 2 que nous avons rapportée
ci-dessus (p. 74) ; mais les propriétés optiques de ce miné-
ral sont nettement différentes de celles <ie la garniérite,
ce qui ferait supposer qu'il s'agit là d'une espèce nouvelle.
bï Google
80 RICHESSES MINERALES DE LA KOCVELLE-CALEDOMIE
■qoi parait d'aiUeurs aafâsamment rare pour ne préseoter
Cju'uit intérêt piiroment minéralo^que.
Lee miaerais que nous séparons sous le nom de mine-
rais quarLzeux sont ceux qui se présentent sous la forme
(le rogooQS ou de concrétions au toucher rugueux, avec
une cassure à éclat souvent cristallin, et avec une dureté
de 7, tous caractères qui en fout plutôt des quartz colorés
par le nickel que de» minerais de nickel ; ils sont d'ailleurs
généralement assez pauvres, et d'autant plus décevants
pour le mineur que le quartz se colore vivement en rert
poui' des teneurs en nickel relativement très faibles. Ces
échantillons constituent souvent ce qu'on appelle des
minerais « peinU ». L'un d'eux, d'une coloration tout
aussi foncée que les meilleures garniérites, et qui pro-
venait du massif du Koungouhaou, nous a donné à l'ana-
lyse la composition suivante :
Silice 66,6
Sesquioxyde de fer et alumine ... 3,6
Magnésie 8,5t
Oxyde de nickel 12,00
Eau 8,8
ce qui correspond à une teneur en nickel de 9,4 p. 100.
Nous qualifions argileux des minerais qui devraient
plutôt être désignés sous le nom de rainerais plastiques, en
raison de leur état physique : ils constituent en effet une
pâte inconsistante, grasse au toucher, plastique, et absor-
bant facilement l'humidité. Ils sont parfois talqueux, se
montrant plus ou moins nettement constitués d'une infinité
de petites paillettes analogues au talc ; d'autres fois ils
forment une pâte paraissant bien homogène à l'œil nu.
Leur coloration est toujours claire à sec, variant du vert
pâle au vert d'eau presque blanc ; mais ils verdissent à
l'humidité ; leur teneur est néanmoins souvent élevée :
bï Google
LBS MINES 0£ NICKKL 81
c'est d'ailleurs ua fait coDsIant qu'une inêiiic proportion
de nickel communique à un minerai pauvre en silice et
relativement riche en mag;nésie et alumine, une coloration
verte incomparablement moins intense (ju'à un minerai
siliceux. Nous avons ramassé de tels échantillons, mais
généralement dans des poches d'étendue restreinte, dans
plusieurs mines.
L'un d'eus , qui provenait des carrières Hélène à Népoui,
était à sec d'un vert d'eau pâle à peine plus coloré que
l'échantillon à aspect de stéatite qui tenait 9,ô p. 100 de
nickel ci-dessus cité (p. 76), et beaucoup plus clair que
l'échantillon quartzeux que nous venons de mentionner ; il
indiquait ii l'analyse la composition suivante :
Silice 34,8
Sesquioxyde de fer 1,9
Alumine 3,S
Magnésie 4,10
Oxyde de nickel 42,1
Eau 13,18
Cet échantillon était d'ailleurs presque uniquement
constitué de plaquettes microscopiques de garniéritc, liées
par une petite quantité d'une pâte blanchâtre magnésienne
et alumineuse; en dissolvant cette pâte dans un peu
d'acide chlorhydrique 1res étendu, on faisait apparaître
très nettement la coloration vert vif de la ganiiérite, dont
le microscope distinguait alors aisément les fragnienls
accompagnés J*un peu des poudres vertes que nous avons
signalées ci- de s sus.
D'autres échantillons à aspect argileux, connus comme
moins riches en nickel, paraissent de même Hre com-
posés d'une pâte argileuse et magnésienne englobant
des paillettes de minerais plus ou moins riches. Il n'j- a
donc dans ces minerais argileux rien de spiVial au point
de vue minéralogique .
bï Google
8S RICHESSES MrNÉR&LBS DE LA IfOUVBLLB-CALÉDONIB
Les masses inbomogènes minér^sées par le nickel,
qui constitnent ce que l'on exploite pratiqaenient et cou-
ramment, peuvent Hre rattachées k quatre types princ»-
paox, dont la distinction est souvent encore plus difficile
à faire, lorsqu'on se trouve en face des gisements, que celle
des dJfTérents types de minerais qae nous venons d'in-
diquer.
{«es types que non» distinguerons, et que nous allons-
essayerde caractériser, sont : les masses à caractère filo-
nien, les masses bréchoïdes, les masses de s^^ntine
altérée imprégnée de nickel, et enfin les terres nickeli—
fères.
Les masses 'filonîennes se rencontrent généralement air
milieu de péridotites plus ou moins serpentinisées, mai»
de caractère rocheux encore bien net, dans lesquelles
s'ouvrent des cassures minéralisées, ces cassures, d'épais-
seurs très variables, et dont nous cbercberons ultérieure-
ment à préciser la nature géologique, sont souvent suffi-
samment minces pour être entièrement remplies d'une
seule veinule de minerai vert ou de minerai cbocolat;
d'autres fois elles sont un peu plus larges et comprennent
plusieurs zones de minerais de couleurs variées dans les
teintes vertes, bleuâtres ou brunes; parfois enfin leur lar-
geur est telle qu'elles contiennent non seulement ces
minerais, mais encfire, emp&tés par eux, des fragments
bréchoïdes de la roche encaissante; fréquemment, lorsque
la cassure est large, elle n'est pas entièrement remplie,
et les vides qui y subsistent sont tapissés de ces concré-
tions de minerai vert dont nous avons signalé déjà le
caractère très net de dépôts de solutions. Mais généra-
lement la minérahsalion ne se limite pas k un nombre
plus ou moins grand de telles cassures : tout d'abord
celles-ci se ramifient très souvent par des cassures
transversales également envahies de silicates de nickel.
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liBS UINE3 DB NICKEL 83
et ensuite la péridotite elle-même est imprégnée de
nickel sur une épaisseur pins ou moins grande à par-
tir des bords de la fente. Tantôt la surface de la roche
a subi ce craquellement en damier dont nous avons déjà
signalé la facilité, et laroche s'est trouvée comme incrustée
d'un réseau vert, qui suffit & lui donner sur une certaine
épaisseur une teneur en nickel de plnsieurs unités pour
cent; d'antres fois les lèvres de la cassure sont entière-
ment transformées en une matière quia l'éclat et la cou-
leur vert foncé d'une serpentine noble, mais qui contient
également du nickel en plus ou moins forte proportion :
snivant l'importance de cette pénétration du nickel dans
les roches on est amené à considérer comme minerai une
plus OH moins grande portion de celles-ci. Lorsque les
cassures qui s'y ramifient sont suffisamment nombreuses et
suffisamment larges, la masse tout entière de la roche peut
être bonne à exploiter; d'autres fois, des différents mor-
ceaux de péridotile que séparent ces cassures disposées
en toussons, le noyau seul est stérile, tandis que toute la
périphérie est bonne à fondre. Quelquefois, au contraire,
on a affaire à une cassure plus nette et plus large dont
on n'exploitera que le remplissage et, sur quelques déci-
mètres, les épontes plus ou moins bien définies. La miné-
ralisation des ca.'isitres larges et franches a gt-uéralement
une certaine permanence en direction et en profondeur;
colle des réseaux de cassures minces n'est, au contraire,
riche, tant par l'abondance des cassures que par la na-
ture même du remplissage, qu'au voisinage immédiat
de la surface actuelle du sol. L'ensemble des blocs de
péridotitesillonnésparcescassures et 'des matières qui les
remplissent constitue ce que l'on appelle couramment des
« minerais de blocage ».
Lorsqu'on examine au microscope ce type de minerais
rocheux, on constate un mode d'altération de la péridotile
peu différent de la serpentinisation habituelle; les grains
bï Google
84 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDOMtE
de péridot se montrent craquelés et envahis d'un réseau
de produits secondaires ; mais ici ce réseau, au lieu d'être
constitué par de la serpentine offrant généralement une
cristallisation confuse, est rempli d'une matière qui, en
lumière naturelle, se montre d'un vert jaune clair, et
qui, en lumière polarisée, parait complètement amorphe :
c'est vraiseniblablenienl de la gumicritc ; ou y voit égale-
ment des Xacules brunes opaques et amorphes, qui sont
sans doute du minerai chocolat.
Au point de vue chimique, ces minerais offrent la com-
position d'une péridotite plus ou moins serpentinisée, c'est-
à-dire qu'ils contiennent en gros de 10 à \ô p. iOO d'eau,
W p. iOO de silice, 5 à 10 p. 100 de sesquioxyde de fer
et 35 à 40 p. lOO de magnésie, cette composition étant
modifiée par l'addition d'une plus ou moins gi-ande quan-
tité des minerais de nickel dont nous avons indiqué ci-
dessus la composition ; ces minerais filonions sont donc
très magnésiens et peu ferreux.
Les masses bréchoïdes se rencontrent parfois, à cftté
des masses filoniennes, dans les cassures importantes de
la péridotite, mais elles se présentent surtout au voisinage
de la surface, remplissant les intervalles que laissent
entre eux les blocs démantelés de la roche. Dans ces
masses on rencontre non seulement tous les types de
minerais que nous avons essaye de définir ci-dessus,
mais encore une série de matières stériles : ici certains
blocs sont recouverts d'une pellicule ou d'une croûte de
silicate vert et sont partiellement injectés de nickel à
leur périphérie, ainsi que nous l'avons dit; là il s'ouvre
dans la masse une sorte de cheminée plus ou moins
voisine de la verticale, offrant un certain espace vide
dont les parois sont tapissées, et le vide souvent obstrué,
par des concrétions de silicate de nickel vert foncé
tirant souvent sur le noir, ou par de belles plaquettes
bï Google
LES MINES DE NICKEL 85
de nickel chocolat, tous minerais généralement très
riches. Phis loin, au contraire, se trouvent une aérie
de fragments de péridotite très altérée, ajant perdu
presque complètement sa consistance et ayant pris une
conteur jaunâtre due en grande partie à l'oxyde de fer;
ces fragments peuvent se trouver suffisamment imprégnés
de nickel pour être utilisables; ils le sont entièrement
s'ils ne sont pas trop gros, tandis que, s'ils sont plusvolu-
nuineux, on trouve au milieu un noyau de péridotite plus
ou moins serpentinîsée,mais encore dur, et stérile. Le tout
est noyé dans des formations argileuses et magnésiennes,
dont les unes ne sont que des portions de l'argile rouge
superficielle qui s'est enfoncée entre les blocs de roche
et qui présente parfois une teneur do 2 à 3 p. 100 de
nickel, et dont les autres sont plus jaiînAtres et souvent
assez riches; h côté se développent des lits magnésiens
blancs à consistance argileuse dont quelques portions sont
plus ou moins verdies ot parfois très riches ; plus loin on
rencontre éventuellement de petites poches de ces mine-
rais pulvérulents verts que nous avons mentionnés.
L'ensemble constitue un magma dont on peut, en éli-
minant les blocs de péridotite encore durs et rocheux et
certaines de ces traînées argileuses que l'expérience a
montré être stériles, retirer une proportion importante de
minerai marchand ; on passe d'ailleurs des fragments con-
sidérés comme bons aux fragments stériles par tous les
intermédiaires. Quant àla continuité des gisements, l'expé-
rience montre toujours qu'elle est faible, et qu'en s'éloignant
de la surface on tombe sur des masses oîi la magnésie
tend à remplacer le nickel ; plus profondément on trouve-
rait sans doute la péridotite compacte et stérile.
Des masses de serpentine altérée et imprégnée de
nickel se développent parfois en traînées ou en noyaux k
cûté ou au milieu des formations bréchoïdes dont nous
bv Google
86 RICHESSES HIXKKÂLES DK LA SOCVELLB-CALEDONIB
Tenons de parler. Le type le plus fréquent de ces minerais
se rencontre dans la partie septentrionale de la côte
Ouest : ce sont des rorlies ayant perdu toute dureté, mais
demeorées cependant agrégées ; elles se rompent à la
main arec un bniit sec et se coupent an couteau en don-
naot le plus souvent une trace brillante ; leur couleur
Tarie du gris jaun&tre au gris Terd&tre et quelquefois
jusqu'au rose ; à l'œil nu elles paraissent souvent assez
homogènes; parfois elles sont mouchetées on zébrées de
points on de lignes noirâtres, bleuâtres, ou verdàlres ;
leur deoRité est faible et leurs caractères extérieurs ne
les distinguent en rien de certains types de serpentines
amorphes ayant perdu la consistance rocheuse; ce n'est
absolument que l'analyse qui apprend, dans chaque
gisement, que telle apparence de ces roches décomposées
correspond à une teneur de "i, 6, 8, 10 p. 100 et excep-
tionaellement 15 et 20 p. 100 de nickel ; cependant l'at-
taqua par l'acide chlorhydrique faible d'un fragment
paraissant homogène fait apparaître à sa surface un réseau
de fïlonnets verts de garniérile.
Un échantillon richedc ce lypedonuait l'analyse suivante :
Silice et )iiflttaq«é 33,24
Seaquioxjde (le F«r et alumine (0,82
Magnésie 13,82
Oxyde de nickel 21
Eau 1B,3
Tenefuren oJckel après dessiccation (qoi
élimiaesensiblemeDlla moitié de l'eaa). 18,3 p. tW
Le résidu inattaqué par l'acide chlorhydrique était con-
stitué, outre la silice, par du fer chromé et par quelques
petites baguette» d'cnstatite. Comme on le voit, lacompo-
sition d'une semblable matière diffère peu de celle d'une
roche serpentinisée ordinaire, sous réserve de la substi-
tution du nickel à la magnésie.
D'autres types de serpentine altérée sont moins trom-
be Googic
LES UlNBft DB NICKEJ. 87
'peors, ce soot ceux qui s'observent presque uiiiquement,
mais d'une façon particulièrement abondante, sur la côte
■«rientale aa voisinage de Poro : la roche qu'elles rcm-
pUceat parait avoir été, tout comme celles auxquelles
sont associées les autres nasses nickelifëres que nous
avftus décrites, ua type très- comnian de péridotîte à ens-
latite, roche k pâte grenue vert jaun&tre avec cristaux
d'enstatite.
Cette roche s'est, coonne BfHis l'avoQS déjk mentionné,
trouvée divisée en élémeata généralement paraliélipipé-
-diques par un réseau de cassures;, niais ces cassures, au
Ueu de se remplir, comme cela arrive le plus fréquem-
ment, de cloisons de quartz, se trouvent ici occupées par
des plaquettes de silicate nickelifére vert ; en môme
temps sans doute que se déposaient ces enduits, la roche
-elle-même était altérée ; elle se transfennait en une masse
Jaune brunâtre de peu de consistance dont les péridots sont
•entièrement remplacés par une matière désagrégée, qui
semble colorée principalement par de la rouille, et dont
les pyroxènes, également oxydés, ne se manifestent plus
que par les clivages qui séparent les lamelles, jaunies par
l'oxyde de fer hydraté, auxquelles ils ont donné naissance.
Ainsi sont intégralement transformés les fragments dé-
K:oupés d'une façon menue par les cassures, tandis quo
les fragments dont les dimensions atteignent une dizaine
-de centîniètres présentent un noyau de péridotite encore
fraîche ; là teneur en nickel parait y varier progressive-
ment de la périphérie vers !e centre.
Pratiquement, et sauf exceptions, tout ce qui est
friaUe est sufRsamment riche pour ètr.e considéré comme
minerai, tout ce qui est resté dur et rompact est tenu
pour stérile ; nous donnerons ci-après, notamment au su-
jet de la mine Mécorouma (deuxième pai'tie, chap. II, A,
in fine), quelques indications sur les teneurs des différents
éléments qui constituent ces masses minéralisées.
bï Google
88 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
Ces minerais exceptionnels sont parfois associés à des
dunites assez riches en nickel ; mais ils n'en dérivent pas,
comme leprouyent les petits cristaux d'enstatite, qui se
décèlent pas leur clivage brillant, non seulement dans
les noyaux encore frais, mais encore dans les croûtes
altérées jaunes, où ils sont eux-mêmes pitis ou moins pé-
nétrés d'oxyde de fer.
Les masses qne nons désignons sous le nom de r
terreuses échappent pour ainsi dire à toute description :
ce sont des poudres essentiellement inhomogènes, à as-
pect plus ou moins terreux ou argileux, généralement
colorées en rouge jaunAtre ou brunâtre, qui n'ont rien du
tout de l'aspect homogène et bien défini des minorais en
poudre que nous avons décrits ci-dessus, qni sont
amorphes, et qni ne présentent aucune couleur caracté-
ristique. On a seulement constaté ici ou là que tel aspect
do terre correspond à une teneur en nickel suffisante, soif
pour constituer un minerai utilisable par hii-nième, soit
pour pouvoir être pris avec le reste un peu plus riche :
ici ce sont des terres rouges assez riches, d'aspect tout à
fait analogue aux argiles rouges de la puissante forma-
tion stérile que nous avons décrite ; là ce sont des terres
plus brunes ou plus jaunes, de même richesse ou à peu
près ; plus loin elles sont mouchetées de points verts
donnant à la masse un aspect spécial et attirant naturel-
lement l'attention. Ces terres, lorsqu'elles se rencontrent.
s'associent aux autres minerais pour les recouvrir, ou
quelquefois pour les empâter et pour concourir avec eus
au remplissage des intervalles de blocs rocheux. Ce n'est
guère que l'analyse chimique qui peut faire reconnaître si
des terres de ce genre sont riches ou stériles ; néanmoins
on a souvent observé que celles qui " ont du grain »,
c'est-à-dire qui, écrasées entre les doigts, font sentir de
petits grains anguleux, sont souvent riches {les grains
bï Google
LES MINES DE NICKEL 89
aQgiiIeux étant pour une part des fragments de gamîérite
qu'un lavage à l'acide chlorhydrîque faible permet sou-
vent de voir à l'œil nu); d'autre part, celles d'entre les
terres qui n'absorbent pas trop aisément l'eau sont sou-
vent plus riches que celles qui se montrent trop humides
au chantier.
Il nous reste h dire quelques mots des produits qui
sont livrés pratiquement par les mines : on n'exploite
guère aujourd'hui, et les exploitants ue trouvent à vendre,
que des minerais dont la teneur en nickel métallique
atteint au moins 7 p. 100 après dessiccation à 100 degrés
(c'est toujours après une telle dessici-ation que l'on évalue
la teneur, et, lorsque nous indiquerons dans la suite des
teneurs de minerais, ce sera toujours dans ces conditions
qu'elles seront calculées) ; comme les minerais tiennent
couramment de 20 à 30 p. 100 d'humidité, mémo lors-
qu'ils sont rocheux, et plus lorsqu'ils sont particulière-
ment terreux, la teneur réelle des matières exportées
ne dépasse pas en moj'enne 5 1/4 à 5 1/2 p. 100.
Cependant on descend quelquefois au-dessous de cette
limite de 7 p. 100, k laquelle il est difficile de se main-
tenir dans certains gisements, quitte àtompenser la teneur
un peu faible des minerais obtenus par celle de minerais
plus riches exploités sur une mine voisine. L'exploitation
de Népoui a même expédié récemment en Amérique des
chargements àteneurde 6 et 6 1/2 p. 100 seulement, et
cela n'a rien qui doive surprendre, puisque, comme nous
l'indiquerons ci-après plus en détail, la teneur de 7 p. 100
n'est nullement fixée par les exigences de la métallurgie,
mais simplement par les rtépenses exagérées qu'occasion-
nerait le transport à trop longue distance do masses tenant
pratiquement moins de 5 p. 100 de nickel.
Dès lors, dans les mines, la préoccupation constante
doit être de constituer, avec les matières extrêmement
bï Google
-^ RICHESSES MINÉRALES DE LA. NODVBU.B-CALÉ[>ONIB
diverses et de richesse très variable que l'on reDContre,
un mioerai dont la teneur alteigoe cette limite de 7 p. 100;
«t OD a'y parvient qu'à l'aide d'un échantilloonage soigné
des différentes catégories de matières dont on fait très
fréqueBiment l'analyse chimique. On est ainsi amené k
distingnerles minerais « d'enrichissement » dont la teneur
dépasse notablement 7 p. 100, les minerais « payants »
dont la teneur varie de 7 à 7 1 /2 p. 100, et les minerais
pauvres à teneur inférieure à 7 p. 100, que l'oo ae peut
vendre que grâce à l'addition d'une quantité sufSsaule
•de minerais d'enrichissement.
Les niasses ainsi constituées sont généralement suit en
petits morceaux, soit pulvérulentes, d'aspect plus ou moins
terreux, d'un jaune rougeàtre clair, et c'est k. peine si
l'on y distingue des fragments verts pouvant faire sup-
poser à celui qui n'est pas prévenu que c'est U du minerai
de nickel ; ces masses prennent très facilement l'humidité,
«t en conservent toujours une quantité importante, car
•elles sont toujours quelque peu argileuses.
L'analyse globale de ces minerais est à peu près la
âuivante, après dessiccation :
Silice i2
Magnésie 2Î
Ch«M 0,1
Alumine t
Sesquioxyde de fer 15
Oiyde de nickel 9
Oxyde de cobalt 0,f5
Oxyde de manganèse 0,1
Sesquioxyde de chrome traces
Elau combinée 10
La valeur d'un tel minerai sur place, ou du moins le
prix auquel il est payé à ceux qui l'exploitent, variait, au
moment de notre séjour, entre 60 et 70 centimes par
«haque kilogramme de métal contenu, ce qui donne pour
bï Google
LES MINBS DE NICKEL 91
le minerai sec à 7 p. lOU une valeur de 42 à 49 francs
la tonne ; la valeur du minerai humide, variable avec
son degré d'humidité, oscillait entre 30 et 40 francs, et
était en moyenne de 35 francs.
Les derniers marchés passés l'avaient été au prix de :
<i>,tS& par kilogramnede nétel conteno p»ap tes
raiBerais tenant de 7i7 ijt p. 100
■0',S7S par kilogramme de métal contenu pour lea
minerais tenant de 71/2à8p. 100
■0'',725parhil<^nn]niede métal conte nti pour les
minerais tensol 9 p. 100 et plua
Ces pris marquent d'ailleurs une légère baisse sur ceux
'qui avaient été pratiqués en 1901, et ils ont encore eu
une tendance à baisser depuis.
Nous ne donnerons pas ici plus de détails sur lea diffé-
reats types de minerais de nickel, devant être amené à en
jouter quelques-uns en décrivant un certain nombre de
gisements pris comme types parmi ceux que nous avons
-visités. Avant de passer à cette description et de faire
•connaître l'état actuel de l'exploitation du nickel, noua
-eroyona utile de donner encore quelques indications d'en-
semble sur l'historique de son développement dans la
■colonie, nous réservant au contraire de présenter après
■cette description quelques considérations sur le mo<le de
formation possible de ces gisements et les chances do
continuité qu'ils peuvent offrir au delà de ce qui est
«OIUUI.
C. — Historique sommaire dd développement
AB L'eXPLOITATIOS DU NICKEL EN NoDVELIX-CaLÉDONIE.
Signalés pour la première fois par M. Garnier en 186u,
les minerais de nickel ne furent connus en Nouvelle-
<JaIédonie qu'à titre d'échantillons minéralogîques jus-
<ïu'en 1874 ; on ne les avait observés en effet jusque-là
bï Google
92 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
qu'à l'état d'enduits peu épais sur les quartz ou les serpen-
tines, sans reconnaître aucune continuité dans leur for-
mation. A la fin do 1874, " on rencontra pour la première
fois en Nouvelle-Calédonie le silicate de nickel en filon
régulier constituant un gisement bien défini et susceptible
d'être exploité ., ainsi que le rapporte M. Heurteau ('), pen-
dant le séjour duquel eut lieu cette découverte ; après
examen de ce gisement, cet ingénieur envisageait la pos-
sibilité d'en extraire un minerai qui, par triage, pourrait
être aisément amené à une teneur moyenne d'environ
7 à 8 p. 100, ce qui aurait encore été, dit-il, " un magni-
fique produit » , en raison de la valeur du nickel à l'époque :
il indiquait en efl^et qu'un tel minerai trouverait acheteur
en France à raison de 100 francs par tonne et par 1 p. 100 de
nickel donné par l'analyse. M. Heurteau ajoutait dans son
rapport de 1876 (**) que, depuis !a découverte de ce pre-
mier filon, de nouvelles découvertes de minerai de nickel
avaient été annoncées en un grand nombre de points de
la colonie, tant au voisinage de Nouméa, dans le massif
du mont Dore et dans la vallée de la Dumbéa, que le long de
la côte Est, sur les territoires de Caiiala et de Houatlou ; il
faisait en outre connaître qu'à la fin de 1875 quelques cen-
taines do tonnes de minerai riche avaient été extraites
de la mine Bel-Air à Houaïlou, ainsi que d'un filon de 1
à 2 mètres de puissance rencontré sur les concessions
Mamouth et Boa-Kaine à Canala.
Une fois l'attention appelée sur les caractères du mine-
rai de nickel, dont ceux qui circulaient dans la colonie et
pouvaient éventuellement rencontrer des affleurements
nickelifères n'avaient jusque-là aucune connaissance, et
qu'ils prenaient quelquefois pour des indices cuivreux, les
découvertes se multiplièrent rapidement ; de même, avoir le
bï Google
LES MINES DE NICKEL 93
succès des premières tentatives d'exploitation, beaucoup
(le gens furent tentés d'en entreprendre aussi ou diffé-
rents points de la colonie. C'est ainsi que furent ouvertes
coup sur coup diverses exploitations, d'abord celle de la
mine Boa-KaineàCanala, au cours de laquelle on dépensa
sans compter, se croyant en possession d'un trésor iné-
puisable, et celle de lamine Bel-Air à Houaïlou, puis peu
de temps après celles du Plateau de Thio, de la mine Bien-
venue h. Nakety, du mont Dore, et enfin de différentes
mines plus éphémères sur la côte Ouest, entre la Dumbéa
et Saint-Vincent,
Entreprises par des mineurs australiens, ou à l'aide de
mineurs australiens, habitués à poursuivre souterrainement
les filons aurifères ou cuprifères, ces exploitations don-
nèrent lieu à des travaux par galeries souterraines assez
étendus, eu même temps que des travaux de recherches
étaient poursuivis par la même voie sur nombre d'autres
points; on en retrouve encore aujourd'hui les traces dans
bien des gisements. C'est l'époque où l'on ne recherchait
que les minerais verts et oii, préoccupé surtout d'expédier
en Europe des minerais riches (d'une teneur de 12 à
14 p. 100), on est allé jusqu'à essayer une préparation méca-
nique que la faible différence do densité entre la roche
encaissante et le minerfû et la grande friabilité de celui-
ci rendaient pratiquementiltusoire.
C'est dans ces conditions qu'à la fin de 1875, en 1876
et en 1877, il a été exporté, soit à destination de l'Aus-
tralie, soit surtout à destination du Havre, 8,000 tonnes
environdemiiieraisdenickelàl0oul2p. 100, qui valaient
un bon nombre de centaines de francs la tonne; en 1878-
1879 l'insurrection canaque arrêta presque complète-
ment les exploitations.
Cependant, trouvant déjà trop onéreux les frais de trans-
port en Europe, qui étaient d'une centaine de francs par
tonne pour un minefai qui en valait plusieurs centaines,
bï Google
94 RIUUBSiitiS MINÉRALES DE LA NO0TELLE-CALÉDONIB
on se décidait à installer à Nouméa une usine de première-
fusion du minerai de nickel; cette usine, qui a fonctïonné-
de la fin de 1879 an début de 1885, aurait exporté près de
4.000 tonnes de fontes ou mattesde nickel, obtenues avec
des minerais extraits pour une moitié environ des mines-
do Plateau de Thio et pour 1/4 de chacune des denx
mines de Bel-Air à Houaïlou et de la Boa-Kaine àCanala.
n était d'autre part exporté au cours de ces six années
quelques milliers de tonnes de minerai cru provenant de
différentes exploitations entreprises en une série de points
de la colonie.
Ce n'étaient jusque-là que les minerais très riches, uni-
quement les minerais verts d'abord, puis aussi les mine-
rais chocolat que l'on avait appris à connaître ensuite, qui
étaient exploités dans ces mines.
La valeur du métal baissait de plus en plus à me-
sure que la production se développait ; elle était tombée
à 8 francs le kilogramme dès la fin de 18S1 et à 6 francs
en fin 1884. D'ailleurs la production,, qui était de 400 tonnes
par an pour le monde entier avant la découverte des gise-
ments calédoniens, s'était trouvée plus que doublée an
cours des quelques dernières années, et avait vite dépassé
les besoins de la consommation.
Aussi, dès la fin de 1884, les stocks de minerai s'étant
accumulés en Nouvelle-Calédonie, aussi bien que le
métal en Europe, la demande de nickel baissait au point
d'entraîner l'arrêt de la plupart des exploitations, dont la
production s'était développée plus vite que la consomma-
tion du métal ; les hauts fourneaux do Nouméa durent
être éteints au début de 188.Ô.
Les exportations, déjà très faibles en 1885, s'abais-
saient à 920 tonnes de minerai en 1 886 ; il n'était, d'autre
part, plus exporté de mattes ; les cours des minerais étaient
en même temps tombés au point qu'à cette époque les
minerais à 10 p. 100, qui valaient, dix ans auparavant.
bï Google
LES MINBS DE NICKEL 95-
un miOier de francs la tonne, n'étaient déjàplu6 payés sur
place qne 200 francs.
Cependant, les usages du nickel se multipliant, lei^
exploitations ne tardèrent pas à 6tre reprises avec nne
certaine activité, non seulement sur les gisements qni
avaient déjà été exploités, mais encore sur de nouveaux ;
des mines furent alors ouvertes tout le long de la côte
occidentale entre Nouméa et Tomo, et même plus au
Nord, comme la mine Kataviti près de Koné, et celles-
de la côte Est,, réparties primitivement de Houatlou
à Thio, s'étendirent jusqu'à Brindy. Les conditions éco-
nomiques de l'exploitation commençaient également à se
transformer, et les teneurs auxquelles les minerai».
étaient exportés descendaient aux environs de 7 à 8 p. 100,,
tandi» que leur prix s'abaissait à 135 francs la tonne, soit
1 fr, 50 à 1 fr. 60 par kilogramme de métal contenu,
contre 2 francs en 1885 et 10 francs en 1876. Une nou-
velle ère de prospérité s'ouvrait, dans ces conditions nou-
velles, pour l'exploitation des mines de nickel, et l'expor-
tation passait rapidement de 10.000 tonnes à 20.000
tonnes, puis à 50.000 tonnes par an ; cela représentait une
consommation annuelle atteignant jusqu'à 3.0O0 tonnes
de nickel, consommation rendue possible par l'extension
des débouchés qui lui étaient assurés autrefois et par
l'ouverture de nouveaux débouchés grâce aux premiers
emplois des aciers an nickel. Ce fut l'époque d'une nou-
velle tentative en vue de la fusion du nickel sur place à
l'usine établie à Ouroué près de Thio,
Cette prospérité de quelques années fut brusquement
enrayée par la concurrence que les producteurs de nickel
du Canada ne tardèrent pas à faire au nickel de la Nou-
velle-Calédonie, sitôt les importants gisements de pyrro-
thine nîckelifère du district de Sudbury mis en exploi-
tation. Si les exportations n'ont pas, suivant les chiffres
de la statistique officielle (que nous reproduisons ci-après
bvGoogIc
96 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
deuxième partie, chap. iv, B), baissé dans une très
large mesure pendant la période de crise, puisqu'elles no
sont pas descendues au-dessous de 37.000 tonnes (1896),
du moins l'extraction, qui avait été poussée au delà même
desdemandes en 1890-1892, a-t-elle dft être réduite au point
d'être presque complètement arrêtée en 1896 (extraction
6.417 tonnes). En même temps la valeur du nickel en Europe
et en Amérique baissait très sensiblement, et, comme les
prix du fret et du traitement étaient susceptibles de peu de
variation, cette baisse se faisait sentir d'une façon particu-
lièrement lourde sur le prix d'achat du minerai sur place :
de 12r» francs en 1888, il était déjà tombé à 80 francs au
début de la crise, et descendait jusqu'à 35 francs en 1897
(minerai à 7 p. 100), ce qui ne représente plus que Ofr, 50
par kilogramme de métal.
Cependant une régularisation de l'extraction au Canada,
correspondant à une entente pour le maintien des cours,
permettait la reprise régulière des exportations, et par
suite aussi des extractions en Nouvelle-Calédonie, en
même temps que la valeur du minorai sur place se relo-
vait de 35 à 50 francs environ. Les exportations n'ont
plus dès lors subi qu'une ascension continue jusqu'en
1902, puisqu'elles ont été, au coursdes dernières années,
les suivantes, d'après la statistiqne officielle ;
1896 37.467 tonnes
1897 57.839 —
1898 74.61i —
1899 103.908 —
1900 100.319 —
1901 133.676 —
1902 129.653 —
Il est vraisemblable qu'en raison de la crise métallur-
gique qui sévit en Europe et de la restriction correspon-
dante des demandes de nickel, qui ont déjà, en 1902,
bï Google
LES MWES DE NICKEL 97
arrêté la progression des exportations, celles de 19(fâ
seront inférieures à celles îles deux années précédentes.
L'augmentation de la production des dernières années,
qui n'avait d'aîlleura pas été accompagnée comme précé-
demment d'une réduction de la teneur dos minerais,
limitée aujourd'hui d'une façon assez impérative par le
prix du fret, a été acquise non seulement grâce au dé-
veloppement de ceux des anciens centres de production
qiii subsistent encore, c'est-à-dire ceux de Thio, Canala,
Kouaoua, et Koné, et aussi dans une faible mesure ceux
du voisinage de Nouméa, mais encore par la création de
centres nouveaux ; ces centres se sont multipliés surtout
sur la côte Ouest, où les silicates verts et le minerai
chocolat sont relativement rares, mais uii les masses
nickelifères bréchoïdes et les serpentines altérées nicke-
lifères, qui sont abondantes, ont, depuis luie dizaine
d'années, été reconnues pour être exploitables souvent
avec plus de profit que les minerais recherchés autrefois.
Le plus considérable des centres ainsi créés fut celui de
Népoui; mais, en outre nombre de mines, jalonnant la côte
Ouest depuis le mont Kaala jusqu'à Népoui, se sont ou-
vertes peu à peu ; d'autre part, un groupe important d'ex-
ploitations a été créé sur les gîtes assez spéciaux de
Poro; enfin les gisement!* de minerai riche, mais peu
accessibles, du Sud de la cùte Est ont été exploités avec
une activité croissante.
La production de l'année 1901 s'est, dans ces condi-
tions, répartie comme suit entre les difTérenlea mines ou
les différents groupes do mines.
bï Google
08 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDOMCB
ToBiin.
!Hioe Etoile du Nord à Koomac SM>-
Mine Nou Telle-Espérance au mont Ouaungou. 18.000
Mine Kaljivili k Koné 13.689
Mines de Népoui 36.98r>
Hine des Barbouilleurs à laDnmbéa 3.0(3
I Mines Française et Fathma & Poro 9.69d
Hioes de Kouaona 3.390
Miues de Cauala S 800
Mines de Thio 41.900
Mine Bienvenue à Nakety 120
i33.67fr
Au début del902, l'exploitation de la mine Bienvennek
Nakety était auspendue ; mais il avait été oavert de nou-
velles exploitations snr la mine Kaala près de Gomen,
sur la mine Révélation à Voh, sur la mine Paragraphe à
Poro, sur les mines Paulat à la baie Ouango, sur la mine
Prise de Rivoa auprès de la rivière To-N'Deu, et aur les
mines les Roches et Puy-de-Dôme à Kouakoué.
Nous avons indiqué ci-dessus quels sont les prix aux-
quels le minerai était acheté sur place au moment de
notre séjour, aoit environ 35 francs par tonne de minerai
humide. Depuis lors les cours ont baissé, et cwtaines
exploitations ont dA être ralenties.
bï Google
LS8 FsmnaïAvx -annniffs be «ckel coHins
-SK -in»T£LLE'eAL£fi01IU.
Le tableau qae aousavona donné d-dessus, en terminant
Jes qoelques indications qui sont raUtÏTes au développe-
ment actuel de l'exploitation du nickel dan» la colonie,
montre que le nombre des mines ou des groupes de mines
«D aotivité est en.aarame reetreiat, taïK^s que la produc-
tion de «baque mine est presque toujours d'une certaine
importance. Acuité des. gisements aujourd'hui explraté^,
bèB nombrenx sont ceux qui l'ont été autrefois, princi-
palement dans les régions oii se rencontraient les mine-
rais vectset chocolat, c'eet^à-dire surtout entre Tomo ft
Nouméa, .à Nakety, dans -les vallées deJa Kagenjou et de
ia rivière de Kua, -à Uouaïlou, etc. ; maÏB très étendus
sont aussi les espaces sur lesquelsla présence du minefaî
de nickel a été reconnue d'une façon plus ou moins
^approfondie, aans qu'aucun travail d'exploitation y ait
jamais été entrepris, et qui paraissent renf^isN- encore
des réserves. Uoportantes de.niakel.
Nous fourmssons saccesaivement ci-après quelques
•iodications sur ohaoïme de ces trois- catégoriaS'degise-
' ments.
A . — LbS gisements exploités sur la CéTB ORIENTALE.
:Les gÏBomenis de la côte oïdeiitale de I-lle sont ceux
'iqtii,' auidébot et pendant -de longues années ensuit^jont
bï Google
100 RICHESSES MINÉRALES DE LA MOUVELLE-CALÉDONIE
été exploités avec le plus d'activité ; ils fournissent
eocore aujourd'hui la moitié de la production de la colo-
nie : c'est en effet à Houaïlou et à Canala qu'ont eu lieu
les premières exploitations, bientôt suivies de celle du
Plateau de Thio, laquelle s'est depuis lors poursuivie
presque sans interruption pendant vingt-cinq ans. Cette
dernière constitue, avec l'exploitation aujourd'hui reprise
de la mine Boa-Kaine et des mines voisines k Canala, et
avec celle des mines de Kouaoua, qui avait brillamment
débuté de 1888 à 1892, l'important groupe de travaux de
la société « le Nickel ><, groupe qui a produit à lui seul,
en 1901, 51.000 tonnes de minerai, soit près de la moitié
de la production delà colonie.
Les exploitations actuelles de Thio, qui ont livré plus
de 40.000 tonnes de minerai en 1901, se répartissent en
quatre groupes, dont l'importance relative au moment de
notre passage est indiquée par les cliiffres suivants :
le groupe du Plateau de Thio (production mensuelle
700 tonnes), la mine des Bornets (production mensuelle
1.850 tonnes), le groupe de la vallée de la Dothio (produc-
tion mensuelle 600 tonnes) et la mine Toumourou (pro-
duction mensuelle 350 tonnes).
Le gisement du Plateau de Thio peut être pris comme
type des gisements de minerais compacts, verts et bruns, se
rencontrant en filons ou en tilonnets dans les cassures,
tantôt larges, tantôt fort minces, qui se développent dans
les péridotîtes au voisinage de la surface. Le massif
montagneux dans lequel est situé le gisement s'élève, par
des pentes très rapides, jusqu'à plus de 650 mètres
d'altitude immédiatement au-dessus de l'embouchure de
la rivière de Thio et sur la rive gauche de celle-ci (Voir
PI. II, fig. 1); les différents sommets de ce massif
dessinent une sorte de fer à cheval irrégulier qui entoure
un plateau de même forme dominant la mer de 500 mètres
environ, tandis que, vers la base du fer à cheval, c'est-à-
bï Google
LES MINES DE NICKEL 101
dire vers le Nord, s'ouvre par des ravins très abrupts
l'écoulement des eaux du massif vers la mer. liO pla-
teau est entièremeot recouvert d'argile rouge ; mais tout
autour s'élèvent des pitons d'une péridotite relativement
peu serpentinisée et d'un vert franc avec petits cristaux
d'enstatite peu abondants. C'est sur les flancs et jusqu'au
sommet de ces pitons, qui d'un côté dominent le plateau
de 100 à 200 mètres et de l'autre côté tombent en pentes
rapides sur la vallée, que se rencontre le nickel : ses
minerais se présentent, avec une plus ou moins grande
irrégularité, tout le long des versants qui descendent
vers le plateau, tandis que sur c^ux qui s'abaissent vers
la vallée ils ne se retrouvent guère qu'au-dessus du
niveau du plateau.
Les différents pitons serpentineux sont sillonnés de
cassures. Quelques-unes d'entre ces cassures ont une
largeur assex sérieuse et pourraient peut-être être assi-
milées à des filons s'ouvrant jusque dans les profondeurs
de la croate terrestre, bien qu'elles ne présentent que
peu de continuité en longueur et qu'elles ne se groupent
que très imparfaitement dans une direction déterminée
(Voir PL II, fig. 2); la plupart de ces fractures princi-
pales se prolongent bien à travers un même mamelon, de
telle sorte que, trouvées sur un versant de l'un d'eux,
elles peuvent être retrouvées sur l'autre, mais il est
beaucoup plus rare qu'elles puissent être suivies d'un
mamelon jusqu'au voisin. Les autres cassures, au con-
traire, qui sont de beaucoup les plus nombreuses, ont des
épaisseurs qui ne dépassent pas quelques centimètres,
parfois seulement quelques millimètres, et ne présentent
aucune continuité en direction ; elles se succèdent cepen-
dant, dans une même région restreinte, parallèlement k
elles-mêmes, tout en étant d'ailleurs recoupées par une
série de fentes secondaires formant avec elles un réseau
très complexe; ce caractère d'une direction dominante
bï Google
10S RICHESSES MINBRALBK DIS LA NODVSLLE-CALÉDONIE
da» plans do caasure est assos net pour qu'un homme
habitué à l'exploitation des carrières de rochea sédimen-
taires puisse croire y distinguer « un lit de carrière » ;
mats la direction de ce prétendu lit varie non seulement
d'un mamelon k l'autre, mais encore souvent d'une face
à l'autre d'un même mamelon ; nous sommes tenté d'y
voir simplement des plans de fissure, qui se sont pro-
duits au moment du refroidissement de la roche, et qui
en chaque point ont pris plus aisément la direction d'un
plan déterminé par suite d'un phénomène du même ordce
que celui qui donne naissance aux orgues et aux colon-
nades basaltiques. Ce sont ces mille cassures, les unes
larges, le$ autres fort étroites, dans lesquelles s'est déposé
le minerai.
Dans les cassures larges, le remplissage est complexe :
souvent les fac«8 de la péridotite sont recouvertes de
concrétions zonéee de quelques centimètres d'épaisseur
de minerais vert ou chocolat alternant fréquemment entre
eux, tandis qu'au contact de ces enduits la péridotite elle-
même est soit craquelée et incrustée d'un réseau de sili-
cate vert, soit plus complètement imprégnée de nickel;
dans ce dernier cas, elle est parfois transformée eu une
roche paraissant homogène et rappelant la serpentine
noble, tantôt avec nne couleur foncée presque noire, tan-
tôt d'un vert plus clair et plus franc, et ayant une teneur
assez élevée en nickel. Au milieu même du remplissage,
on rencontre des blocs éboulés de péridotite recouverts eux
aussi de minerai, et plus ou moins pénétrés par le nickel ;
le remplissage est complété par des matières variées,
rognons siiliceux plus ou moins teintés de vert, silicates
magnésiens blanchâtres se rapprochant du chrysotile ou
de l'asbeste, et parfois en outre argiles rouges vraisem-
blablement entraînées par les eaux depuis la surface qu'elles
rerouvrent sur une plus ou moins grande épaisseur.
Lorsquelescassnres sont plus minces, elles sont occupées
bï Google
LES MINB3 DB NICKEL 103
sur une fraction plus importante de leur épaisseur par
■des concrétions silicatées, entre lesquelles un rencontre
souvent des plaquettes de roche serpentinisée et d'autres
fois des matières terreuses rouges ou brunes ; la frg. 3
■de la PI. l[, qui reproduit un croquis relevé sur place
■dans l'une des carrières, donne une idée de ce que peuvent
être de semblables fllonnets ; nous y avons indiqué les
teneurs en nickel des différentes matières qui en consti-
tuent te remplissage et dont nous avions pris des échan-
tillons.
Si les fissures de la roche n'ont que quelques centi-
mètres, ou moins, ce sont des filonnets de minerai vert
ou chocolat à peu près pur que l'on j rencontre ;
dans celles qui sont tout à fait minces, il se forme de
petites plaquettes vertes qui, lorsque l'on brise la roche,
restent généralement en enduit adhérent sur elle; cet
enduit est même parfois si mince qu'il ne saurait être
séparé de la péridotite, qui conserve alors une sm-face
d'une belle couleur verte trompeuse ; on dit dans ce cas
que le bloc est (< peint ». Il semble d'ailleurs que la péné-
tration du nickel dans la roche encaissante soit en raison
directe de la largeur des fissures : très notable et s'éten-
dant sur plusieurs centimètres d'épaisseur pour les cas-
sures importantes, elle devient à peu près, nulle pour les
plus minces, et, une fois enlevée la petite croûte verte qui
recouvre la péridotite, on la retrouve complètement saine
-et ^stérile.
C'est par l'attaque, à la manière dont on exploite les
filons métalliques, des remplissages des larges cassures
■que l'exploitation du nickel a débuté au Plateau deThio;
■de nombreuses galeries en direction, dont la fig. 2 de
la PI. II figure quelques-unes, ont été ouvertes sur les
affleurements qui paraissaient les plus beaux, et elles ont
■été poussées avec un succès variable sur des longueurs
-atteignant parfois plusieurs centaines de mètres.
bï Google
104 RICHESSES MINÉRALES DE I.A NODVELLE-CALÉDONIB
Mais, au bout d'un certain temps, on s'est aperçu, qu'en
«'enfonçant ainsi dans les cassures larges dont la miné-
ralisation était toujours un peu capricieuse et dont le
remplissage était en proportion très notable stérile, on
laissait tout à cMé nn grand nombre de filoiinets qu'il
était impossible de suivre individuellement, mais dont
l'ensemble renfermait une quantité importante de fort bon
minerai, qui demeurait de la sorte inutilisé. On fut donc
bientôt amené à ouvrir, à côté des galeries souterraines
suivant les larges cassures, des carrières (') sur les points
où les fissures étroites et les fentes étaient suffisamment
nombreuses. Peu à peu les exploitations souterraines se
sont montrées d'autant moins satisfaisantes que la miné-
ralisation y diminuait à mesure que l'on s'enfonçait dans
la montagne; d'autre part, la nécessité, pour suivre les
exigences du marché, de produire le minerai à uu prix
beaucoup plus bas, en même temps que la possibilité de le
livrer à moindre teneur, constituaient d'autres raisons
pour abandonner les exploitations souterraines et pour
chercher k poursuivre dos exploitations par carrières;
aussi les secondes furent- elle s peu à peu substituées aux
premières dans la période de 1888 à 1892.
C'est ainsi qu'aujourd'hui les différents mamelons qui
entourent le Plateau de Thio sont découpés par une série
de gradins, où ont été ouvertes des carrières s'avançant
avec un front plus ou moins large, suivant que la minérali-
sation de l'ensemble des cassures de la roche se montre
suffisante sur une plus ou moins grande largeur. L'expé-
rience montre que, lorsqu'elle était satisfaisante aux affleu-
rements mêmes, cette minéralisation diminue de plus en
(') Le ternie de « carrières » esl celui qui est cotiïtamiiicnt employé
en .Niiuvelie-Calédonie pour désigner un ensemble de travaux à ciel
ouvert pratiqués au flanc d'une colline ou «l'une montagne en vue de
l'nbatuge du minerai de nickel; nous emploierons dans la suite m
terme avec cette signirication.
bï Google
LES MINES DE NICKEL 1(B
plus après un avancement de 10, 15, ou 20 mètres
suivant les cas : le remplissage des cassures importantes
devient plus quartzeux nu surtout plus magnésien, quant
aux cassures plus petites, ou bien elles disparaissent ou
bien elles ne sont plus sillonnées que par des concrétions
magnésiennes stériles que l'on ne remarque plus. Quoi
qu'il en soit, il est un fait bien facile à observer, c'est
que, pour tous les mamelons qui ont été exploités, on a
été conduit à en enlever une partie qui, aux irrégularités
près que comporte toujours une semblable chose, dessine
assez bien une sorte de calotte telle que celle que
ligure en pointillé la fig. 4 de la PI. Il, qui représente
schématiquement en traits pleins la disposition des car-
rières telles qu'elles ont dCi être arrêtées.
Nous ajouterons que l'on a naturellement entrepris
l'exploitation d'abord sur les meilleures parties des gise-
ments ou sur les mieux situées, et qu'aujourd'hui on ne
peut plus que pousser jusqu'aux limites extrêmes de
l'exploitabilité les carrières ouvertes autrefois, ou bien en
attaquer de nouvelles sur les points moins richement mi-
néralisés. La pg. 2 de la PI . II figure approximativement
la disposition des différents travaux exécutés au Plateau
de Tliio ; les carrières actuellement en activité sont les car-
rières des groupes Santa-Maria, Sans-Culottes et Moulinet.
On en arrive ainsi actuellement à être obligé d'extraire
on moyenne 10 à 11 mètres cubes, comptés une fois abat-
tus, soit une quinzaine de tonnes de roche, pour en
retirer une tonne de minerai trié atteignant une teneur
de 6 1/2 à 7 p. 100. Le triage comprend, d'une part, un
scheidage à la main permettant de mettre à part les plus
beaux morceaux, qui constituent le minerai d'enrichisse-
ment, puis un criblage à une maille convenable (10, 15,
ou 20 millimètres suivant la nature du minerai) destiné
à séparer tous les morceaux volumineux, pratiquement
pauvres en nickel, des fragments minéralisés, qui, beau-
bï Google
103 RICHESSES MUIÉIU],BS DE. LA. NOCVELLB-CAIXDONIE
cou{i plus désagrégés et plus friables, se rencontrent en
proportion doininante parmi les plus petits morceaux.
Pour donner uneidoc do l'importance du gisement, nous^
renverrons à la /îj. 2 de la PI, II, qui indique l'étendue sur
laquelle se développent, ou se sont développées, les diffé-
rentes exploitations, et nous ajouterons qu'il résulte desreu-
seignemeuts que nous avons pu recueillir qu'elles auraient
produit jusqu'ici près de 350.000 tonnes de minerai au
total, soit une muj'enne de 10.000 tonnes environ par an,
et qu'elles auraient livré, au cours de certaines années de
prospérité de la période de 1890-1894, jusqu'à 25.000 et
30.000 tonnes. L'exploitation se poursuivait au moment
de notre passage sur le pied de 700 tonnes par mois.
La teneur des minerais produits était au début de
10 p. 100 et même de 12 p. 100, tandis que, pour conser-
ver une telle teneur au produit à expédier, ou était amené
à jeter beaucoup de minerai qui, aujourd'hui, serait consi-
déré comme excellent; cette teneur a, depuis lors, été
abaissée d'abord à 8 p. lOU, puis à 7 p. 100 et maintenant
aux environs de 6 1/2 p. 100.
Au cours des quelques dernières années, les extrac-
tions du Plateau de Tliio ont été en diminuant; elles se
poursuivent encore aujourd'hui, malgré la quantité consi-
dérable de stérile qu'il faut abattre et dont l'abatage en
roche dure est fort coûteux, grâce k l'existence de toutes
les installations de transport, de logement d'ouvriers, etc.,
qui peuvent être considérées comme déjà largement
amorties. Il semble que l'exploitation atteigne aujourd'hui
la limite à laquelle elle est rémuuérati'ice.
Les gisements de la vallée de. la Dothio appartiennent
au même type que ceux du Plateau de Thio ; situés siu- la
crête étroite qui s'élève à quelque 400 mètres d'altitude
entre le rivage de la mer et la rive gauche de la rivière
Dotliîo, et dans un massif de péridotite foncée très dure
4}| très cnstalline, ils sont, eux aussi, essentiellement
bï Google
LBS MISES DK NICKBI4 107
■cunstitués par des filoiinets et enduits de minerai com-
pact liche, mais très disséminé ; l'exploitation, relative-
ment pen active, qui s'y poursuivait au nioment de notre
passage, en extrayait avec peine de» minerais à teneux'
suffisante dans l'ensemble. La mioe Toumourou, située
sur la rive gauche de la rivière de Thio, et h quelque
.5 ou 6 kilomètres à l'amont de Thio, est dans des condi-
tions analogues.
Tout autre est le gisement do la mine des Bomets,
située entre 500 et 600 mètres d'altitude sur l'un des
contreforts du massif du mont Douétampo, qui domine la
rive gauche de la rivière Nembrou, à peu de distance
<!© son confluent avec la rivière de Thio. Là l'exploita-
tioD, entreprise depuis quelques années seulement, se
poursuit sur des minerais bréchoïdes complexes qui
appartiennent aux types que nous avons décrits sous ce
-qualificatif : de larges fronts de taille étages en gradins
abattent, immédiatement au-dessous des argiles superfi-
cielles, l'ensemble que constituent des blocs do péridotite
fortement serpentinisée, disloqués et isolés au milieu d'un
magma bréchoïde formé kla fois de fragments plus petits
de serpentine altérée, de terre argileuse et de mijierais
•divers, soit concrétions de silicate vert ou chocolat,
soit masses terreuses.
L& tout est aisément abattu à la pince et au pic ; les
blocs volumineux sont ensuite soigneusement dépouillés
<i^ croUtes friables qui les entourent, et qui sont cons-
tituées, pour une ]»art, de minerais déposés en minces
enduits sur les blocs et, pour l'autre part, de serpentine
altérée et minéralisée; quaut aux fragments plus petits,
mais encore assez gros, ils sont triés suivant leur aspect
plus ou moins altéré, quelquefois ils sont désliabillés de
leurs enduits à la manière des gros blocs; enfin tous
Jes petits débris de roche, les écailles de minerai-, les
poussières et les terres sont conservés. Nous devons
bï Google
^
108 RICHESSES HtliéBALBS DE LA NOl-VELLB-CALÉDONIE
d'ailleurs faire observer que ce fait que Ton n'est pas
obligé d'employer la poudre pour l'abatage fait que
tous les fragments un peu petits que l'on rencontre
avaient naturellement de telles dimensions, et se trouvent
de ce fait suffisamment minéralisés pour pouvoir être
conservés; au contraire, lorsque, dans d'autres gisements,
on emploie les explosifs, ceux-ci fragmentent les roches
inaltérées et stériles, de telle manière qu'il faut procéder
au triage à la main jusqu'à une dimension beaucoup plus
faible. Préalablement â l'exploitation, on a soin d'enlever
les ai^iles rouges de recouvrement ainsi que celles qui
ont pu se déposer entre les blocs et qui sont générale-
ment demeurées stériles ou à peu près ; enfin, an cours
même de l'exploitation, les remplissages de certaines
poches, particulièrement argileux ou magnésiens, sont, soit
rejelés au stérile, soit tout au moins mis de c6té pour
être analysés afin de reconnaître s'ils peuvent être incor-
porés ou non dans le minerai.
Les croquis reproduits par les fig. 5 et 6 de la PI, II, et
que nous avons relevés à l'un des chantiers de la mine
des Bornets, pourront donner une idée de ce que sont le»
minerais très complexes qu'on y exploite, et de la façon
dont ils se présentent. Bien que l'apparence de tels chan-
tiers soit beaucoup moins engageante que celle des bons
cliantiers du Plateau de Thio, et que les quantités un
peu notables de beau minerai vert ne s'y présentent
qu'exceptionnellement, le rendement de ces chantiers est
beaucoup plus élevé, puisqu'on ne produit guère que
8 mètres cubes de stéiile abattu pour 1 mètre cube, soit
1 .200 à 1.300 kilogrammes, de minerai, et que, d'autre part,
l'abatage peut y être fait à l'aide de la pince et de la
pioche, au lieu d'exiger l'emploi des explosifs; aussi la
production individuelle par ouvrier occupé à l'abatage
est-elle à la mine des Bornets plus du double de ce
qu'elle est au Plateau. L'éloignement de la mine par
bï Google
LES HINES DE NICKEL 109
rapport à la mer a d'ailleurs exigé la création de voies
de transport économiques : un transporteur aérien permet
de descendre le minerai depuis les carrières jusqu'au
bord de la rivière de Thio, et un chemin de fer do
10 kilomètres de développement le conduit ensuite au
point d'embarquement, La mine des Bornets produit
actuellementdel.ÔOOà 1.800 tonnes de minerai par mois,
et les carrières ouvertes aujourd'hui ont encore pour la
plupart des quantités importantes de minerai devant elles.
D'autre part des affleurements, dont le caractère parait
aassi satisfaisant que celui des atïleurements sur lesquels
ont étéonvertsles travaux quenous avons vus, se rencontrent
encore en nombre de points du puissant massif montagneux
auquel appartient le contrefort sur lequel a lieu aujour-
d'hui l'exploitation.
Nous ajouterons, pour en finir avec la région de Thio,
que la minéralisation ne se limite pas aux quelques massifs
sur lesquels se poursuivent les exploitations actuelles, et
que plusieurs autres mines ont été exploitées, avec un
certain succès, soit sur la rive gauche de la rivière de
Thio à l'amont du Plateau, soit sur la rive droite entre
la rivière Nembrou et le rivage. La fig. 1 de la PI. II
indique d'ailleurs la distribution autour de Thio des exploi-
tations actuelles et des différents périmètres miniers.
Les exploitations de la société le Nickel à Ganala sont
beaucoup moins importantes que celles de Thio, puisqu'elles
n'ont produit, en 1901, que 5.800 tonnes, et que leur acti-
vité n'avait été que légèrement accrue au début de 1903;
elles se partageaient en trois groupes au moment de notre
visite ; celui de la mine Boa-Kaine (production mensuelle
250 tonnes}, celui de la carrière du Sapin et des carrières
voisines (production mensuelle 250 tonnes), situés l'un et
l'autre dans le massif qui s'élève sur la rive gauche de la
Négropo entre celle-ci et l'aniuent qu'elle reçoit au voisî-
bï Google
liO RICHESSES MmÈRAI.ES DE LA fJODVELLE-CAI.ÉDOME
nage immédiat de son embouchnre, et enfin le groupe des^
mines Paulat et Kraisker, sar la rive droite de la riTière
Ouen-Ouaiigo (production mensuelle 100 tonnes).
La première de ces exploitations est constitnée par di-
verses carrières onvertes çà et lit surdes afflenrements pins
ou moins riches ; elle comprend en outre des glanages tont
autour de l'ancienne exploit-ation du célèbre fiton de la
Roa-Kaine. Ce gisement est l'nn des deux premies* qm
aient été exploités dans la colonie : signalé dès Vabofd »
l'attention des explorateurs par «n énorme glacis d'nn
vert vif, qui n'était qu'un enduit silicate sur une des
épontes mise k nu par l'énraion de son remplissage friable,
il une époque oii l'on ne soupçonnait pas la nature de cette
coloration, il a été mis en exploitation à la fin de 4875,
sitôt que la véritable composition et la valeur des minerais
verts de nickel fut bien connue. Des travaux souterrains-
assez développés y ont été poursuivis d'abord de la fin de
1875 à 1878, puis" de 1879 à 1881; ils auraient produit
environ 8.000 tonnes de minerai d'une teneur de 12 :i
14 p. 100. La fxg. 7 de la PL II représente ces ancisKs
travaux en plan et en coupe, et donne une idée assez notte
de l'allure du gîte, qui parait bien être une allure filo-
niemie; le filon a, comme ou le voit, été suivi sur oof
longueur dépassant 150 mètres, et sur une hauteur verti-
cale de plus de 100 mètres entre les cotes 190 et 30(>
environ; il paraît d'ailleurs se perdre complètement en
profondeur. Arrêtée au moment de la première crise du
nickel, l'oiploitation a été reprise, ("oujonrs -souterraine-
ment, de 1891 h 1894, et a pu encore Ôtte menée avec
profit, grâce à la possibilité d'utiliser des min^*ais iWta-
bleroent moins riches qu'au début. Enfin, après la denxi^c
crise, la société le Nickel y a repris, en 1 898, le» trHVa»ï
qui se poursuivent depuis fors à ciel ouvert et dont l'flbjet
est de rechercher, soit dans le filon même, soit dans^ses
épontea, les minerais trop pauvres, ou cetwés t^s'*
bï Google
LES MINSS DE NICKBl. lit
. l'époqne, pour avoir été pria autrefois ; on f n extrait encore
couramment aujourd'hui des minenus servant à enrichlp
("eux des carrières voisines, c'est-à-dire tenant de 7 i/2
à"^ 0/0 de nickel; il faut d'aîtlenrs, en moyenne, remaer-
10 mètres cubes de déblais pour obtenir une tonne de
minerai. Ce que l'on exploite est constitué, pour irtié large
part, par le remplissage même du filon, qnt avaît'^é laissé
lorsqu'il s'appauvrissait en silicate vert bien net : ce Bont
. des masaefs bréchoïdes contenant, 'avec des blocs stériles,
(les sortes de conglomérats de petits fragments de serpen-
tine empâtés dans des silicates verts, fréquemment teintés
(le bleu violacé, qui dans l'ensemble ont encore des teneurs
de7à8 p. lOOjugéesinsufflsantes autrefois; aussi retronve-
t-on par places dans le filon, souvent puissant de 3 à
4 mètres, nne galerie, de 60 à 80 centimètres de large tout
au plus, ayant suivi le longd'une des épontes des plaquettes
riches plus ou moins abondantes, mais ajant négligé systé-
matiquement les minerais qne nous venons de définir et par-
fois en outre, soit au milieu d'eux, soit sur l'autre éponte,
de riches flionnets de minerai vert ou (Chocolat. Enfin les
[fremiers mineurs avaient laissé intactes les épontes qui
sont souvent minéralisées à 6 et 8 p. 100 de nickel sur
«ne épaisseur atteignant plosiètirs décimètres, épaisseur
qui semble, comme nous l'avons déjà mentionné, d'autant
plfts importante qne la cassifl^ oit oht Circulé lès eamt
cbiirgées de nickel était plus large et ofiVait à ves eaux
un passage plus facile et demeuré plus longtemps
ouvert.
'A c6té deceUton principal, dit «filon anglais», ïl existe
dfttai le massif nombre d'autres cassures, sobrent d'une
iftfsez ttelle largeur, oti la minéralisation s'est trouvée
ntolns riche que daos celui-ci, mais où elle permet en-
coreparfaitement l'exploitation; on y rencontre surtout
des remplissages formés de MbCs minéraHsés à la surface
et cimentés pïu* des «ilicates nickelif^s plus ou moins
bvGoogIc
1
112 RIOHBSSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
pura ; la fig. 8 de la PI. Il représente un aspect assez fré-
quent dans ce gite.
Les autres gisements exploités k Caiiala sont fort
irréguliers; ils se rapprocheraient davantage du type de
la miue des Bornets, mais ils ne présentent aucun carac-
tère typique sur lequel il y ait lieu d'insister ici; il en
est de même de ceux qui sont exploités dans le massif
qui domine la baie Ouango, soit par la société le Nickel,
soit par une eatreprise particulière dont les travaux
débutaient au moment de notre passage.
Dans la vallée de la rivière de Kouaoua, qui s'ouvre au
milieu de la formation aerpentineuse sur une assez
grande longueur, soit 7 kilomètres environ pour la rive
droite et 10 kilomètres pour la rive gauche, le nickel se
montre en quantité considérable, et souvent avec une
belle richesse, sur un grand nombre de contreforts.
L'exploitation y a débuté sur le massif le plus voisin de
la mer, entre la rivière de Kouaoua et la Kagonjou,
avec les mines la Dorée, la Loire, etc..., et elle a pro-
duit jusqu'à 14.000 tonnes par an {en 1894) ; après
l'épuisement des ressources faciles à atteindre sur ce
massif, l'exploitation a été reportée sur la montag-ne
Méfao, située en face sur l'autre rive de la rivière de
Kouaoua. Épuisée à son tour, la mine Méfao a dû être
remplacée par les différentes mines (Irlandaise, Wool-
loomooloo, Toucamboï, etc..) que l'on vient d'ouvrii* au
fond de la vallée et sur la rive gauche de la rivière, Il la
suite de la création des moyens nécessaires pour le
transport des minerais jusqu'à la nier. Ce travail vient
seidement d'être terminé; aussi le gi'oupe de KoiM^a
n"a-t-il produit, en 1901, que 3.390 tonnes, mais a-^ff,
pendant le premier semestre de 1902, élevé sa production
jusqu'à 8.500 tonnes environ.
Sur les massifs situés à l'entrée de la vallée, on paraît
bï Google
Lsa UINBS DE NICKBL 113
avoir exploité, autant qu'il est possible d'en Juger au-
jourd'hui, des remplissages à caractère souvent terreux,
mais oii apparaissaient aussi des plaquettes de minerai
vert ou chocolat : le fout se rencontrait au milieu de
blocs éboulés et dans les anfractuosités des tètes en
place d'une péridotite d'un aspect un peu spécial. Dans
cette roche, dont nous avons cependant déjà trouvé des
types Toisios à Canala, la masse de Volivioe serpentîni-
:sée est remplie de petites lamelles brunes à éclat un
peu cireux de bronzite, ce qui donne à l'ensemble une
coloration foncée avec esquilles Jaune brun ; d'autre
part, au voisinage des parties nickelifêres, des enduits
très minces légèrement bleutés sont fréquents dans les
cassures, d'ailleurs très inégales, de la roche, et contri-
•buent à lui donner un aspect particulier; la coloration
brune de l'eusemble correspond à une richesse assez
notable en fer.
La mine la Loire s'est développée entre les altitudes
de 100 et 150 mètres sur un des contreforts inférieurs
d'un massif, sur les pentes duquel se trouvait également,
entre 400 et 450 mètres d'altitude, le gisement de
la mine la Dorée, et sur les crêtes duquel ont été faits,
entre 550 et 650 mètres d'altitude, les quelques travaux
-des mines le Loiret et le Béam : les gisements affectaient
ici nettement la forme de traînées d'une certaine lar-
gùur s'étalant à la surface des contreforts, dans les-
quelles la minéralisation, qui se poursuit sur quelques
mètres (6, 8, 10 mètres, parfois même 15 ou 20 mètres)
à partir de la surface, semble avoir pénétré de l'exté-
rieur vers le massif, comme si des solutions nickelifêres
avaient imbibé toutes les parties poreuses, remplissage
terreux, surface extérieure plus ou moins altérée des
blocs, etc., et avaient en outre déposé dans les vides
qu'elles rencontraient des concrétions plus ou moins
abondantes. Partout, lorsqu'on a cherché à s'enfoncer
bï Google
114 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÊDONIE
plus profondéiiit^nt au flanc de la montagne, on a vu la
minéralisation diminuer rapidement; quelques filonnets
verts paraissaient liien se prolonger plus avant dans les
tissures de la roche, mais les remplissages terreux, qui
fournissaient le minerai le plus abondant et le plus facile
a exploiter, diminuaient en raison de la diminution de
l'importance d^s vides subsistant au milieu des blocs en
place, en même temps quo leur teneur en nickel s'abais-
sait et que la magnésie temiait à devenir dominante.
D'après les renseignements qui nous ont été donnés, il
aurait été extrait de la mine la Loire une trentaine de
mille tonnes de minerai à teneur moyenne de 7 1/2 p. 100;
il en aurait été exploité 20.000 à 25.000 tonnes sur la mine
la Dorée.
Le gisement situé en face, et qui constitue la mine
Méfaa, présentait les mêmes caractères généraux; on
voit, s ctageant entre 400 et 300 mètres d'altitude, les
gradins d'une série de carrières aujourd'hui abandonnées,
dessinant une traînée minéralisée, que l'on n'a nulle part
pu suivre un peu profondément dans le flanc <le la mon-
tagne : l'exploitation a dû en être interrompue, faute de
minerai suffisamment riche, après avoir fourni environ
25.000 tonnes. Dans ce gisement, comme d'ailleurs aui
mines la Dorée et la Loire, (m trouvait, à cftté des lîones
à terres et poussières suffisamment riches, des matières
de môme nature et d'aspect peu différent dont la teneur
en nickel s'abaissait progressivement ; aussi n'a-t-on pas
été, au cours de l'exploitation, sans remuer des quanti-
tés importantes déminerai à 5 et 6 p. 100, abandonnées
sur place, et sans en laisser intactes, à cûtc des chantiers,
des quantités plus importantes encore, que l'on iio pouvait
exploiter faute de débouchés pour des minerais de telles
teneurs.
Les mines actuellement exploitées au fond de la vallée
de la rivière de Kouaoua sont à peu près du même type,
bï Google
LES MINES DE NICKEL l'15
constituant ici ou là entre les cotes 200 et 550 environ,
aar les différents contreforts et croupes qui descendent
Ters l'Est du massif du Mé-Moa, une série de traînées,
dont l'étendue parait généralement assez restreinte, et
sur lesquelles étaient répartis, au moment de notre pas-
sage, cinq ou six groupes de carrières produisant environ
1.500 tonnes par mois. Dans la plupart de ces groupes,
l'exploitation se poursuit, sans pouvoir d'ailleurs s'enfon-
cer de plus de quelques mètres dans la montagne, au
milieu de blocs détachés de serpentine, noyés, comme cela
parait avoir été le cas général pour les autres mines de
Kouaoua, dans des matières poudreuses et terreuses,
souvent jaune pâle, d'autres fois plus rouges, et assez
exceptionnellement verdàtres, qui, bien triées, ont dans
l'ensemble une teneur atteignant 7 à 7 1/2 p. 100; il en
est de même des croûtes friables, également de couleur
claire, qui recouvrent les blocs. L'exploitation comporte
dès lors l'enlèvement des argiles rouges de recouvre-
ment, qui sont généralement de faible épaisseur, puis
l'abatage, uniquement au pic et à la pince, des blocs ser-
pentineux naturellement détachés. On procède ensuite à
un triage assez minutieux du minerai, « piquant » les
gros blocs pour en détacher une enveloppe désagrégée et
minéralisée de quelques centimètres d'épaisseur, et recueil-
lant toutes les matières pulvérulentes, après y avoir
passé d'abord le râteau pour en enlever par un pro-
cédé expéditif les éléments de quelque dimension ; tout
ce qui n'est pas entraîné par le râteau est minerai, tandis
que la pierraille qu'il ramène est triée à la main, fournis-
sant le plus souvent peu de fragments utilisables. Cepen-
dant, dans quelques-unes des carrières que, ni te relief
du terrain autour d'elles, ni la nature des roches, ne pa-
raissent différencier d'une façon nette, les enduits com-
pacts de silicate vert sur les blocs et les fragments de
péridotite apparaissent plus nombreux, généralement aux
bï Google
116 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUTBLLE-CALÉDONIE
dépens de la mînéralisatioD des terreR. Le rendement de
ce» diverses carrières est trM variable de l'une k l'autre,
et même d'nn point à l'autre d'un même chantier : ici
(tel était le cas d'un groupe de chantiers de la mine
Florentine au moment de notre passage] , il suffit d'abattre 4
k 5 mètres cubes de rocher pour en extraire 1 mètre cube,
soit en moyenne 1,300 kilogrammes, de bon minerai; là,
au contraire, c'est 8 ou 10 mètres cabes de stérile au
milieu desquels on arrive seulement à recueillir la même
quantité de minerai.
A c6té des exploitations poursuivies par la société le
Nickel sur la côte Est, on en compte, le long de cette
même c6te, trois plus an Sud, et quelques-unes vers le
Nord. Celles du Sud sont celles des mines Pity-de-Ddme
et les Roches sur la rivière de Ni non loin de Kouakoué, et
de la mine Prise-de-Rivoa dans la vallée de la rivière
To-N'Deu : étant donnée l'absence de voies de communi-
cation de cette région, qui n'est accessible que par mer
et dont les rivages passent pour assez dangereux, ce qui
entraîne à la fois des difficultés d'approvisionnement, de
recrutement de main-d'œuvre, d'expédition du mine-
rai, etc.-., on n'y a jusqu'ici mis en exploitation, parmi
les nombreux gisements de nickel qui y ont été si-
gnalés et sur les surfaces considérables qui sont cou-
vertes par des concessions ou demandes de concessions,
que les affleurements les plus beaux fournissant facile-
ment des minerais riches ; ce sont les mines de cette
région qui produisaient, au moment de notre séjour, tes
minerais les plus riches de la colonie : la mine les Roches
en particulier faisait des livraisons à la teneur de H à
12 p. 100 do nickel. Les frais de transport et les dif-
férents frais accessoires rendent en effet plus avan-
tageux de n'expédier par an qu'un petit nombre de
milliers de tonnes de rainerai riche plutôt qu'une quantité
bï Google
hSS UINES DE NK3KBL 117
double, va ploa que double, d'un miserai légèrement
appauvri par l'additioii de déblais, qui soat aujourd'hui
considérés comme stériles, mais qw ont encore une teneui-
de 5 ou 6 p. 100.
Ces gisements, quelque peu escepticHinels aujourd'hui,
paraissent encore appartenir au type de ceux qui ont été
exploités au début dans d'autres points de la colonie. Le
croquis qui est reproduit par la fiff. 1 de la PI. III,
et que nous avons relevé au front d'avancement de l'un
des chantiers de la mine Prise-de-Rivoa, à la cote 480, eor
nn rnasaf dominant presqueàpicla vallée^ la To-N'Deu,
donnera me idée de ce que sont les plus belles parlas
d'un tel gisement : sur la droite du chantier, le massif de
péridotite est -coupé par un plan de fradure ou de glisse-
ment net recouvert d'un glacis de silicate vmt, qiû se
prolonge sur une certaiae épaisseur dans la roche par une
série d'ûcrustations du même minerai dans les fentes de
ceile-oi. Entre cette paroi d'une part, et soit le manteau
d'arfiâle rouge aupeRâoielle, soit d'autres tètes de péridotite
stériles d'autre part, se dévelo^ipe, sur une largeur attei-
gnant jusqu'à 2 mètres, une brèche essentiellement cons-
tituée de silicate vert riche cimentant des fragments géné-
ralement petits de péridotite, fragments qui se trouvent
bleuis à la surface et assez profondément niinéralisés ; ceue
8ont dès Ibrs, au milieu de cette brèche, que les rares mw-
ceaux rocheux un peu gros qui sont arrêter. L'exploitation
comprend simplement l'abatage, puis le cassage au mar-
teau, du minerai; tout ce qui est silicate de nickel ou
péridotite suffisamment minéralisée se réduit en petits
morceaux, tandis que les fragments rocheux, restés assez
frais pour être stériles, conservent des dimensions plus
considérables ; ils sont alors éliminés à la main. Dans
d'autres chantiers , on suit des cassures moine piiissantes,
mais toutes tapissées de concrétions de minerai vert ou
chocolat.
bï Google
us RICHESSES MINÉRAl^S DE LA NOnVELLE-CALÉDONIB
Tout autre est le type des minerais qu'il nous reste à
mentionner encore sur la côte Est, c'est-à-dire ceux qui
sont exploités autour de la baie de Poro ; trois mines y
étaient en activité au moment de notre passage : la mine
Paragraphe sur la crête qui sépare la vallée de la rivière
de Kua et celle de la rivière de Poro, la mine Fathma
sur un mamelon isolé de cette dernière vallée, et lamine
Française sur les hauteurs qui dominent vers l'Ouest la
baie de Poro, et qui la séparent du bassin de la rivière
Kamoui : la /ig. 2 de la PI. III en figure la dispo-
sition en amphithéâtre au-dessus de la baie de Poro;
nous y avons indiqué également la mine Mécorouma,
située sur la même crête que la première et qui appartient
au même amphithéâtre; elle est inexploitée aujourd'hui,
nous mentionnerons néanmoins ici les observations que
nous y avons faites, parce qu'elles complètent celles qui
sont relatives aux mines actuellement exploitées.
La raine Paragraphe s'étend de part et d'autre d'une
crête, élevée de 300 mètres environ au-dessus de la val-
lée, et fort étroite, puisque les anciens travaux de la
mine immédiatement voisine, la mine Melbourne, ont
percé cette crête , de part en part. Les travaux actuels
s'étagent surtout vers la vallée de la rivière de Kua;
plusieurs de leurs chantiers se développent dans des for-
mations bréchoïdes, autour de blocs superficiels do péri-
dotite d'un type qui diffère peu do ce que nous avons
eu l'occasion de décrire m;ûntes fois, mais où les concré-
tions de silicate vert et de minerai chocolat sont nom-
breuses ; ces chantiers sont d'ailleurs irréguliers, géné-
ralement étroits, suivant seulement les trahiées les plus
richement minéralisées. Dans deux ou trois d'entre eux
apparaissent des pointemeuts de péridotite décomposée
avec cloisonnements de silicate vert, type de minerai spé-
cial dont nous avons déjà fait mention et que nous
retrouverons dans les mines voisines; k la mine Para-
bï Google
LES MINES DE NICKEL 119
graphe, ce minerai est généralement laissé de côté, sa
teneur dépassant rarement 6 p. 100, et l'exploitant pré-
férant ici aussi, en raison des frais de transport, expé-
dier de petites quantités (400 ou 500 tonnes par mois) de
minerai assez riche (8 à 9p, 100}, plutôt que de les em-
ployer à enrichir des masses à teneur moindre en vue
d'augmenter la production de la mine. Il est d'aitlem's ii
noter qu'au voisinage do ces types spéciaux de minerai,
apparaissent des pointements de dunite, rocfie telle que
celle dont nous avons cité ci-dessus l'analyse (page 52),
eiqui paraît être notablement plus nickelifëre dans toute
sa masse que ne le sont généralement les harzburgites.
Ce n'est d'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, certai-
nement pas d'une dunite que dérive le minerai exceptionnel
que nous venons de signaler, puisque l'on distingue à
leur clivage net de petits cristaux d'cnstatite, aussi bien
dans les noyaux encore frais que dans les crofttes alté-
rées de ce minerai.
A la mine Falhma, qui se développe dans un petit mas->
sif isolé, de 200 mètres d'altitude, aux pentes relativement
douces, situé entre les deux bras de la rivière de Poro,
ce dernier type de minerai est assez constant, et c'est
avec peine que dans l'ensemble des travaux on peut trou-
ver une ou deux têtes de péridotite stérile, quoique plus
ou moins serpentlnisée natureUcmeut; la majeure partie
du mamelon parait être constituée, au-dessous d'un épais
manteau d'argile rouge, par plusieurs dizaines do mètres de
ces roches altérées dites « serpentines damier», que nous
avons déjà décrites; leur richcsseen nickel est d'ailleurs peu
régulière : là le réseau des cloisons de silicate vert (qui,
d'ailleurs, peut parfois être assez chargé en silice ou eu
magnésie pour ne constituer par lui-même qu'un minerai
de richesse très moyenne] est fort espacé, et entre ses
mailles il subsiste des morceaux de péridotite dont la
partie altérée représente trop peu de chose par rapport
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120 RICHESSES MINÉRALES DK LA NODVBLLE-CALÉDONIB
à l'ensemble de la masse pour qo'on juge avantagenx de-
les abattre et de les trier; ici, au contraire, le réseau des
cloisons se resserre suffisamment pour que l'on exploite
toute la masse, dont la consistance est d'ailleurs faible,
et pour que l'on se contente de passer le tout à on crible
grossier, en le secouant énergiquement ; les plaquettes
silicatées, toujours très fragiles, et la partie altérée
friable de la roche traversent le crible et constituent
le minerai; les noyaux durs sont rejetés; plus loin,
le réseau est si serré que l'espérience, c'est-à-dire le-
, résultat de l'analyse, a montré que tonte la masse est
bonne à prendre ; plus loin encore, c'est sans doute I&
même processus de décomposition, mais parvenu kun stade
plus avancé, qui a donné lieu à une masse jannerouge&tre
sans aucune consistance, mouchetée de petits débris verts,
dont l'ensemble a une teneur de7 à8 p. 100. On conçoit,
dans ces conditions, que l'exploitation soigneusement
limitée h. de tels minerais, dont on n'a d'ailleurs pas
reconnu l'extension, soit aisée et profitable : elle produit
de 250 à 300 tonnes par mois. Mentionnons enfin que-
la mine Fathma est une de celles où noue avons trouvé
du minerai de cobalt (en petite quantité, cela est vrai) ao
voisinage immédiat du minerai de nickel : dans une
poche d'argile ronge au contact du minerai » damier »,
nous avons recueilli de pétries crofttes cobaltiferes bleues,
reposant, par l'intermédiaire d'un lit de quelques centi-
mètres d'argile seulement, sur une masse de minerai de
nickel payant.
Dominant la baie do Poro vers l'Ouest, c'est-A-dire en
face de ces deux mines, s'élèvent les hauts contreforts-
sur lesquels sont situés, entre 300 et 420 mètres d'alti-
tude, les chantiers de la mine Française, dont la produc-
tion mensuelle atteignait 500 tonnes an moment de notre
passage. Dans les carrières inférieures, c'est-k-dire dans
celles qui s'étagent immédiatement au-dessus de la baie-
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LES MINES DE NICKEI. iHi
de Poro, le minerai do type « damier » domine ; cependant,
dans quelques fiamères, on a observé que, derrière pln-
sieors mètres d'épaisseur de cette fonnation sïip©rficieîle>
on retronve des blocs serpentinenx dors dans les cas-
sures desquels on peut encore exploiter des minerais •
riches verte ou chocolat. Dans les carrières supérieures
de la mine, qui se rapprochent davantage des crêtes qni
dominent la vallée du ruisseau Ouia et des tributaires de
la Kamoui, ce sont ces derniers types de minerais qni sont
les plus fréquents; ils sont exploités par quelques bons
chantiers, ouverts très étroitement ear de jolis affleure-
ments, sans chercher à prendre en même temps les
parties voisines, qui seraient peut-être utilisables, grftce
surtout au* minerais d'enrichissement que l'on trouve là.
Ce qui est !a caract^stique des exploitations de Poro,
c'est ta présence des minerais « damier » en masse ; ces
mêmes minerais ont autrefois été exploités sur la mine
Mécoraiima; reconnue par galeries souterraines vers 1876,
elle a été l'objet, en 1890-91, d'une exploitation à ciel
ouvert qui passe pour avoir été très fructueuse et pour-
avoir produit couramment des minerais à 13 p. 100 ; aussi
avons-nous tenu & la visiter. Située au sommet d'une paroi
rocheuse de 600 mètres d'altitude dominant presque k
pic, du moins sur les 300 derniers mètres de hauteur, la
vallée de la rivière de Kua, tandis qne, du côté de Poro»
la montagne s'abaisse par des pontes qui sont beaucoup plus
douces et se couvrent d'argilea rouges cl de blocs ferrugi-
neux, et qui donnent même lieu, dans la saison des pluies, à
la formation d'un petit lac. la mine Mécorouma ne montre
guère aujourd'hui, dans les différents fronts de taille qui
j avaient été ouverts, que des minerais « damier » en
grande abondance ; nous ne voulons revenir sur la des-
cription de ces minerais que pour ajouter quelques détails.
La roche altérée se rencontre en masses irréguliêres
au milieu des péridotites stériles, les recouvrant parpla ces
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122 RICHESSES MI^'ÉRALGS DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE
mais d'autres fois paraissant s'enfoncer comme une sorte
de colonne plus ou moins nette au milieu de la roche
stérile. Nous nous étions demandé, en examinant ce gise-
ment avant de connaître ceux de Poro, si ce type d'al-
tération en masse de la serpentine (qui nous paraissait
alors tout à fait spécial, du moins avec ce développement)
n'était peut-être pas en relation avec la configuration
exceptionnelle de la crête que nous avons mentionnée;
celle-ci marque en effet un ressaut brusque au bord d'une
sorte de plateau ; elle donne ainsi lien à nn mur le long
duquel les eaux se précipitent en cascades et qui paraît
devoir appeler à travers la paroi de la roche les eaux du
plateau qui, en certains points, n'ont même pas d'écoule-
ment naturel. Les observations ci-dessus rapportées, que
nous avons faites ultérieurement à Poro sur des massifs
à relief beaucoup moins accusé, montrent qu'il ne faut, en
tons cas, pas attacher à cette relation de position une
importance exagérée.
Nous avons cherché à nou:^ rendre compte de la distri-
bution de la minéralisation dans les minerais de ce type,
et, à cet effet, nous avons fait doser le nickel dans 5 échan-
tillons recueillis dans les anciens chantiers de la miue
Mécoronma parmi ce qu'avait laissé l'ancienne exploita-
tion : le premier était constitué par une péridotite
légèrement serpeutinisée, mais ne paraissant pas avoir
subi d'action minéralisatrice ; le deuxième était du type
damier, mais k large réseau, et présentait un important
noyau paraissant stérile; le troisième appartenait an
môme type avec réseau beaucoup pins serré et avec
absence à peu près complète de noyau réellement stérile ;
le quatrième était constitué par des plaquettes telles que
celles qui forment les réseaux et qui se détachent des pré-
cédents échantillons; le cinquième représentait le remplis-
sage d'une cassure un peu plus importante ; les teneurs
en nickel trouvées ont été respectivement de 0,45 p. Itm,
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LES MINES DE NICKEL 123
— 1,20 p. 100, — 3,71 p. 100, — 6,95 p. 100, — et
8,70 p. 100; elles correspondent très exactement au
degré d'altération que la roche manifestait à l'œil nu;
et, s'appliquant à des échantillons tout-venants pris avec
soin dans le but de représenter à peu près les teneurs
moyennes, elles paraissent indiquer combien il serait aisé
d'extraire encore des quantités importiuites de minerai à
6 ou 7 p. 100, et des quantités plus considérables encore
de minerai à plus faible teneur.
B. — Les gisements exploités sur la côte occidentale.
Des exploitations de nickel s'alignent également le long
de la côte occidentale de la Nouvelle-Calédonie, depuis le
mont Kaaia jusqu'à la vallée de la Dumbéa; ellesforment
dans la partie Nord de cet alignement im groupe très con-
tinu jusqu'à Népoui ; l'exploitation de la Dumbéa est, au
contraire, complètement isolée aujourd'hui, à l'extrémité
méridionale de cette ligne.
Le mont Kaala est un exemple typique de ces massifs
serpentineux isolés qui s'élèvent brusquement de plus de
1.000 mètres au-dessus do la côte Ouest, reposant sur une
base de terrains sédinientaires dont la surface légèrement
mamelonnée descend en pente relativement douce vers la
mer, et présentant assez bien, avec ses parois abruptes
dans teutes les directions, l'aspect d'un massif rapporté.
La présence du nickel parait avoir été constatée sur la
plupart d'entre ses différents contreforts, puisque presque
toute la surface qu'il occupe, soit environ 6.000 hectares,
est recouverte par une série de périmètres miniers ; deux
exploitations y sont en activité aujourd'hui : l'une sur le
contrefort le plus occidental et l'autre sur l'un des con-
treforts méridionaux. La première d'entre elles, qui a
lieu sur la mine Étoiie-du-Nord, en est à la période de
bï Google
iZi RICHESSES HtHBRALBS DE LA NODTELLB-GALÉDOTIIE
début des travaux ; on y ottrre une série de chantiers entre
les cotes 550 et 6f)0 environ; plusieursd'entreeux n'étaient
au moment de notre passage qu'à peine attaqués, olior-
chant à suivre ici on là des traces plus ou moins vertes^
Le minerai qui avait été abattu jusque-là était surtout
constitué par des masses poudreuses décomposées et
par des fragments et enduits verts. Nous avons noté
sur cette raine la présence, auprès des têtes rocheuse»
nickelifères, non seulement d'un peu de minerai de cobalt^
mais encore d'un bloc de minerai de chrome du t^pe dit
fer chromé " piqué ». Enmême temps que l'on commençait
les travaux d'exploitation de la mine, on arhevait la cons-
truction des moyens de transport pour le minerai; ils com-
prendront essentiellement un grand plan incliné aérien de
1.470 mètres de longueur, rachetant une différence de
niveau de 475 mètres, et une petite voie ferrée de 4 kilo-
mètres reliant le pied de ce plan au bord de la mer.
La mine Koala, que l'onrenctmtre un peu plus à l'Est,,
présente une minéralisation plus riche : les chantiers où
l'on suit, au milieu des blocs plus ou moins déchiquetés d»
la péridotite, des concrétions vertes épaisses et de belle
teneur, sont assez fréquents ; ces concrétions ont d'ail-
leurs toujours des allures peu régulières, et nulle part on
ne voit de Alons nets ; mais dans certains chantiers som-
avons observé l'indication de sortes de cheminées oii
semblent avoir circulé les eaux minéraliaantes, donnant
lieu à des concrétions ici plus ou moins stalactiformes,
là à structure en nid d'abeille. Mais, à c6té de ces
minerais bien définis, on exploite quelques masses de ces-
serpentines altérées nickelifères de couleur claire et de
consistance cireuse, spéciales aux gisements de la cdte
Ouest, que nous avons décrites ci-dessus. Elles apparaissent
ici en masses présentant souvent des dimensions de plu-
sieurs mètres, parfois même de plusieurs dizaine de
mètres dans tous les sens, qui se montrent au milieu des-
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LB8 HIMBS DE MICRBL 1S5
pnxhiitedécomposés plus OU moins friables, et qui tranchent
sur ceux-ci par une apparente homogénéité et par une
certaine coDsistaoce. C'est de la mine Kaaia que provenait
i'échantiUoD & teneur de 18,3 p. 100 à sec, dont noua avons
lionne l'aaalyso Cï-dessus (p. 86) ; rappelons cependant que
de tels mÎBeraie ont le sérieux inconvénient de retenir beau-
-coHp d'humidité, ce qui augmente le poids mort à trans-
porter. Au point de vue des transports du minerai, la mine
Kaals se trouve dans des conditions tout à fait analogues
à la précédente, dominant la mer de plus de 600 mètres,
«t située à une distance horizontale de 6 kilomètres seu-
Jement du rivage.
Mentionnons encore que l'un des contreforts orientaux
du KaaIa a été te siège d'une troisième exploitation, celle
-de la mine Asie, qui s'est poursuivie en 1899 et 1900 aux
environs de l.OOOmètres d'attitude. Les minerais que l'on
y rencontrait étaient, paratt-il, presque uniquement cons-
titués par des silicates veris en âlonnets et concrétions,
qu'il fallait aller chercher au milieu de blocs d'un ahatage
coAteux ; d'autre part, les frais de transport, tant par de
simples c&bles uux pentes très raides qui donnaient lieu à
de fréquentes pertes de minerai, qu'ensuite par des chars
à bœufs, étaient fort onéreux ; aussi l'exploitation a-t-elle
été suspendue après avoir donné lieu k l'extraction de
quelque 6.000 tonnes seulement do minerai kg p. 100.
Les montagnes serpentineuses, qui font suite au mont
Kaala pour constituer la ligne des sommets qui dominent
la côte occidentale de l'ile, sont les unes et les autres
couvertes par des concessions pour nickel: ce sont les
lieux puissants massifs de l'Homedéboaet du Taom, devant
lesquels se dressent les massifs moins importants du Oua-
zangou, du Ouala et du, Taiba, Seuls les gisementH du
Ouazangou sont aujourd'hui l'objet d'une exploitation, por-
tant sur le périmètre de la raine A^OM(;e//tf-EsperanceBfltne
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126 RICHESSES MINÉRALES DE LA MODVBLLB-CALÉDONIJB
le3 cotes 500 et 600. Les minerais que l'on y rencontre
se rapprochent de ceux de la mine Kaala ; ce sont tantôt
des concrétions vertes dans les fentes de la roche ou dana
des sortes de cheminées, et tantôt des produits décom-
posés, les uns encore consistants, les autres terreux, de
tons genres, de toutes couleurs, etc.; les serpentines
claires altérées dana toute leur masse sont ici particu-
lièrement abondantes et présentent une variété de teintes
frappante : tandis que les unes sont rose tendre, les
autres gris rerdâtre, gris jaunâtre ou d'un brun clair,
d'autres sont beaucoup plus foncées, et certaines sont
recouvertes d'enduits d'im noir bleuté qui rappellent tout
à fait les enduits cobaltiferes dont nous aurons à faire
mention à propos des exploitations de cobalt, et qui en sont
en effet, bien que considérées par erreur par les exploi-
tants comme de l'oxyde de nickel ('), Soit que la minéra-
lisation soit ici plus largement étalée qu'à côté, soit que
l'exploitation, conduite parles propriétaires du gisement,
au lieu d'être confiée à des 'amodiataires, soit poursuivie
avec plus de souci de la bonne utilisation de l'ensemble
du gite, les fronts de taille des carrières y sont ouverts
sur des étendues beaucoup plus larges, et il semble que
l'on tire un meilleur parti de la minéralisation, en somme
abondante, du massif. Des plans inclinés aériens, un tram-
way de 6 kilomètres 1/2 de développement et un petit
wharf de 50 mètres de longueur ont été installés pour per-
mettre la descente et l'embarquement du minerai, qui
est extrait à raison de près de 20.000 tonnes par an.
Crontinuant k longer la côte vers le Sud-Est, le voya-
geur rencontre ensuite l'énorme massif du mont Koniambo,
[*) Cela ne présente d'ailleurs pas d'ihiporlance pratique, parce que,
dani les minerctis de nickel, le cobalt est toujours dosé et payé comme
■icksl.
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LES MINES DE NICKEL 127
sur lequel sont également répartis un très grand nombre
de périmètres miniers : parmi eux, denx seulement sont
en exploitation il'un, celui de la mine Révélation, situé
dans la partie occidentale du massif, domine Voh ; l'autre,
placé vers l'extrémité orientale du même massif, est voi-
sin de Koné, c'est celui de la mine Kalaviti. La première
de ces mines n'a été mise en exploitation qu'àlaflndelQOl;
elle n'occupait encore au moment de notre passage que
30 ouvriers avec une production journalière de 30 à
35 toimes au maximum; élevée de 550 mètres au-dessus
du niveau de la mer, elle donne lieu k l'extraction démi-
nerais du même type que ceux de la mine Nouvelle-
Espérance, et les quelques carrières ouvertes paraissent
d'aspect assez favorable. Tout autour, d'autres exploita-
tions ont déjà eu lieu, soit eu face sur le massif du Kate-
pahic, soit un peu plus it l'Est sur la mine Confiance, soit
plus loin encore sur les mines Kataviti et Boum.
La mine Kataviti, encore en pleine exploitation aujour-
d'hui, mérite une mention spéciale : c'est l'une des plus
anciennement exploitées des mines de la région Nord de
la côte Ouest : ouverte en 1888, elle a d'abord été l'ob-
jet d'une extraction annuelle de 3.000 à 4.000 tonnes de
minerai riche; arrêtée pendant la crise de 1894-97, elle
a été reprise depuis, fournissant par an de 10.000 à
20.000 tonnes de mineraiàteneurmojenuede7à 8 p. 100;
au moment de notre passage, elle n'occupait pas moins de
quatre- vingts ouvriers, et assurait une production men-
suelle de 600 à 800 tonnes, à l'aide d'un nombre relative-
ment restreint de fronts de taille largement développés.
Ces chai\tiers sont ouverts entre les cotes 230 et 340,
sur les pentes d'un contrefort en forme de dôme recou-
vert de formations d'argile rouge, parfois assez puissantes,
sous lesquelles ou à côté desquelles on trouve de.s traî-
nées de roches décomposées et minéralisées ; de nom-
breux chantiers se développent dans des minerais terreux
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128 RICHKSSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
-qui constituent un remplissage abondant autour de blocs
-éboulés de péridotite ; mais les enduits et concrétioiis sur
ces blocs sont fréquents aussi, et nous avons, spéciale-
ment ici, noté la présence de péridotites roctteusea dures,
ne présentant pas l'aspect décomposé que noua avons si
souvent signalé, et toutes bariolées d'enduits fortement
colorés, verts, bleus, rouges parfois, qui constituent dans
l'ensemble un minerai ricbe, dans lequel les ag^ents nû-
néralisateurs sembleraient plutôt avoir recimeoté la roche
-que l'avoir désagrégée comme on le constate le plassou-
vent. Suivant une loi, que nous croyons pouvoir donner
comme une loi générale, cette minéralisation diminue
lorsque les chantiers s'enfoncent dans le flanc de la mon-
tagne, et, tantAtàparUr de 15 à20 mètres d'avancement,
tantôt seulement au bout de 40 mètres, la proportion des
blocs serpentineuz saine et stériles augmente, et les ma-
tières qui les emp&tent deviennent plus magnésiennes
et moins nickelifèrea. Néanmoins la largeur des chantiers
ouverts et la profondeur encore sérieuse sur laquelle ils
-ont pu être poussés ont déjà permis d'extraire, sur un.
espace qui, en plan, est en somme peu étendu, une
soixantaine de mille tonnes de bon minerai.
Le contrefort sur lequel se développent les travaux
, actuels est dominé par des crêtes rocheuses beaucoup
plus abruptes, qui se groupent en deux séries dites « les
petites crêtes » et « les grandes crêtes », et qui atteignent
respectivement des altitudes de 450 et de 650 mètres.
C'est sur ces crêtes qu'avait débuté l'exploitation et
qu'avaient été extraits les riches minerais à 11 et 12p. 100
en moyenne, qui avaient fait autrefois la réputation de
la mine Kataviti ; on constate encore aujourd'hui, au
front des anciens chantiers abandonnés, l'existeace de
veinules assez nombreuses de silicates compacts ; la
péridotite se montre en têtes d'aspect tout à fait
rocheux si escarpées qu'aucun amas de minerai terreui
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LES MINES DB NICKEL 129
«u de matièreB décomposées ne pourrait y rester accro-
-ché ; ces blocs sont sillonnés de petites fissures dont
l'épaisseur varie de un à quelques centimètres, et qui sont
remplies ici de garnit-rite d'aspect typique, là de raine-
rais de même consistance et en tout point de même as-
pect, sauf que leur couleur est beaucoup plus p&le, tantôt
vert d'eau, tantôt même complètement blanche, au point
que l'on ne songerait pas à prendre ces matières pour des
minerais de nickel si on ne voyait pas la garniérite y passer
-{trogressivement ; de tels minerais sont d'ailleurs encore
riches : c'estde ce gisement que provenaitréchantillon dont
nous avons rapporté l'analyse ci-dessus (p. 76) et qui tenait
0,5 p. 100 de nickel. A ces silicates plus ou moins décolo-
lés s'associent aussi de beaux types de minerai choco-
iat avec des couleurs variant du brun rouge au bnm foncé.
Le groupe des mines de Népoui, qu'il nous reste à
décrire pour terminer l'énumération des gisements de nic-
kel exploités dans cette région de la côte Ouest, est
:situé dans le puissant massif serpentineux qui fait face au
Koniambo de l'autre côté de la plaine de Koné-Pouem-
bout;de ce massif descendentauNord-Ouestquelques tri-
butaires de la rivière de Pouembout, au Sud la rivière de
Népoui et ses différents affluents, et au Sud-Est les tri-
butaires de la rivière Ouha ou rivière de Muéo. C'est par
le versant du premier de ces bassins que les exploitations
-ont débuté sur le mont Ivopéto ; elles ont ensuite été
reportées sur le vei-sant des tributaires de la rivière de
Népoui, dans la vallée de laquelle une voie ferrée a été
établie; les pentes du massif qui descendent vers la
rivière de Muéo, bien que couvertes par de nombreux
périmètres miniers, n'ont pas encore été exploitées. Grâce
au grand nombre de contreforts richement minéralisés
groupés tout autour du cirque qui forme le fond delà vallée
■de Népoui, la création d'une voie ferrée le long de cette
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130 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
valI<Se a permis de mettre en valeur à la fois un grand
nombre de gisements, et d'y développeren quelques années
imceutre d'exploitation qui est devenu aujourd'hui presque
aussi important que celui de Thio, puisqu'il n'a pas fourni
moins de 30.0fK) à 35.000 tonnes de minerai au cours de
chacune des trois dernières années, et puisque sa produc-
tion totale s'est élevée eu une dizaine d'années à plus
de lôO.OOO tonnes.
L'e.\ploitation a débuté, nous l'avons dit, sur le flanc
du mont Kopéto par les mines Mont-Vert et Mont-Krane
(Voir la fig. 3 de la PI. III) en 1891 ; quelques milliers de
tonnes de riche minerai vert ont ainsi été descendues
dans la vallée de la rivière de Pouembout, et transpor-
tées par charrettes à bœufs sur une distance de 15 kilo-
mètres jusqu'au bord de la mer, au prix de 10 à 12 francs
par tonne; c'est dans les mfimes conditions qu'a débuté
ensuite l'exploitation de la mine lieis n' 1 (Carrières de
la Oua-Mango sur le flanc Nord-Ouest du mont Paéoua ou
aiguille de Muéo). Durant la crise du nickel, qui avait
fait tomber l'exploitation àG. 000 tonnes seulement par an
(1896), les travaux de création de 12 kilomètres d'un
petit chemin de fer à voie de 60 centimètres, descendant
la vallée de la rivière depuis Népoui jusqu'au bord de la
mer, furent poussés activement; ils permirent de re-
prendre l'exploitation plus largement dès que, en 1897
et 1898, les demandes de minerai recommencèrent. Ce
chemin de fer sen'it d'abord à transporter les minerais
descendus à Népoui par des cùbles, souvent très nom-
■breux, qui allaient le chercher à fîOO et 8(X) mètres d'al-
titude sur le flanc du mont Kopéto; il fut ensuite prolongé
de 7 kilomètres 1/2 le long de la vallée de la Oua Paéoua
ou Péoué, pour chercher au pied même des mines les
produits des carrières ouvertes sur les contreforts occi-
dentaux du mont Paéoua, En 1899, un embranchement
de 5 kilomètres, porté ensuite à 6 kilomètres 1/2, fut
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LES MINES DE NICKEL 131
ouvert dans la vallée de la rivière de Népoiii (branche
orientale) pour mettre en valeur les gisements du flanc
Nord du mont Graunda (mine Surprise). Enfin, au mo-
ment de notre visite àNépoui, on prolongeait encore cette
ligne, toujours en remontant la vallée de la rivière de
Népoui, afin d'atteindre la localité de Oua-Té à 13 kilo-
mètres à l'amont de Népoui, et de pouvoir y prendre les
produits des carrières ouvertes sur les contreforts orien-
taux du mont Paéoua, et de celles à ouvrir éventuellement
en face, sur le flanc Ouest du massif du mont Boulinda.
La production des mines de Népoui, quelque peu ré-
duite au moment de notre passage, puisqu'elle ne dépas-
sait pas 1.500 tonnes par mois au total, était presque
uniquement concentrée sur les carrières du mont Graunda;
cependant quelques travaux avaient également lieu au-
dessus de Oua-Té, sur le flanc Est du mont Paéoua.
Le premier groupe était divisé en trois séries de car-
rières réparties sur le périmètre de la mine Surprise ': lea
plus imporiantes de ces carrières, dites carrières Yvette,
s'étagent sur les pentes relativement douces par les-
quelles le mont Graunda s'abaisse vers un col qui le
sépare du massif du mont Boulinda (Voir la /ig. 3 de la
PI. III) et qui permet de passer de la vallée de la rivière
de Népoui k celle de Muéo ; elles ont été ouvertes, sur
75 mètres de verticale environ, entre les cotes 425 et 500,
et ont enlevé une sorte de tache minéralisée dont le
croquis que reproduit la/!y. 4 de la PI. III indique à peu
prës la configuration, et qui atteignait une épaisseur
moyenne d'une quinzaine de mètres, permettant l'avance-
meDt des gradins sur une profondeur de 25 à 40 mètres
comptés horizontalement. La minéralisation s'étendait,
comme on le voit, sur 100 à 200 mètres de longueur et
a donné lieu à l'ouverture de gradins sur une semblable
largeur. Quant au minerai que l'on y rencontrait, il était
essentiellement constitué par des remplissages pulvéru-
bï Google
132 RICHESSES MINBRALEB DE LA HOUVELLE-CALÉDOMS
lents et terreux, tels que ceux que nous avons déjà sou-
vent décrits, se montrant particiUièreoient abondants au
milieu de blocs isolés de péridotite, dont une proportioa
importante était d'ailleurs transformée en scrpcntÎDe
claire entièrement minéralisée avec teneur de 5 et 6 p. 100;
aussi a-t-on pu, sur une étendue relativemeat restreinte,
extraire plus de 60.000 tonnes d'un minerai dont la teneur
moyenne a été de 6 1/2 à 7 1/2 p. 100. Aujourd'hui cette
teneur diminue, et pJusieurs carrières ont db être arrêtées,
comme dans tous les gisements de ce tjpe, en raison de
la rencontre de matières de même aspect que les minerais
précédemment exploités, mais plus riches en magnésie
et moins chargées do nickel. La quantité de stérile k
remuer au cours de l'exploitation s'est, dans de telles
conditions do gisement, toujours montrée faible et, par
suite, le rendement des ouvriers occupés sur les carrières
a été considérable.
Les pontes plus raides qui descendentdecemème massif
vers la rivière de Népoui, et qui sont découpées par les
ravins des tributaires do celle-ci, ont donné également lieu
àl'ouverture de carrières plus ou nioinsdéveloppées; mais
la minéralisation y est beaucoup plus capricieuse : nulle
part, aomble-t-il, il n'a pu se conserver un placage de
minerai aussi continu et aussi épais que celui des carrières
Yvette, et, si on retrouve i<i ou là des minerais du même
genre, c'est en traînées plus irrégulières; on rencontre
d'ailleurs, à côté de ces minerais terreux, des concrétions
de silicate vert; tel est déjà quelquefois le cas dans
les carrières dites du Camp; mais tel est surtout le cas
dans les carrières Colette supérieures oii apparaissent des
tètes rocheuses fendillées avec fllonnets verts irréguliers.
Sur le flanc Est du mont Paéoua (mine Beis n° 2), plu-
sieurs carrières (carrières Pierrette et Hélène) étaient
en activité au moment de notre passage; mais elles
n'étaient pas encore munies des plans inclinés aériens
bï Google
LES UINES DE ITICKBI, i3îi
tië<:essatres à la descente du minerai, de même que Fe
clieinin de fer qui derait desservir les recettes infi^
Heures de ces plans n'était pas achevé; aussi n'y faisait-
on que des travaux ayant plutôt pour objet la reconnaiïT-
sance des gîtes que leur exploitation active, et laissait-oii
le minerai produit entassé sur les mîaes tnèmea.
Dans les carrières Pierrette, la péritlotite qui, partout
aiffeurs aux environs de Néponi, appartient atii types
serpentinisés courants, présente un aspect exceptionnel :
elle est d'une dureté très grande, d'une couleur vert
jaune partJciiRèrement claire, a cassure nettement cria-
talline laissant voir h la fois deï ctÎTages d'enstatîte
parfaitement fraicRe et la cassure grenue efe la péridu^
tite é^Iemeirt inattaqt^; c'est (railleurs Pa rocbe de ce
gisement que nous avons citée ci-dessus (p. 5f ) comme
type de pérfdotite bien fraîche. A cette fraîcheur spéciale
de la roche parait correspondre un mode de mfnéralSsa-
trôn partScnlfer, par formation dfe couches' concentriques
très réguliSres et très nettes, toutes différentes de ce
que nous avons appelé jusqu'ici les crofttea minéralisées
, enveloppant les blocs plus ou moins serpentihisés, croittes
qoi constituent la surface extérieure des blocs avec pas-
sage gradtiel des parties les plus altérées aux parties
maltéréea, et qui forment une seule zone progressive-
ment variable et d'épaisseur assez irrégulîère. Les couches
concentriques altérées que l'on obserre ici sont consti-
ttiées par des plaquettes d'un jaune orangé avec points
ou stries noirs, séparées les unes des antres par des
enduits silicates verts ; les blocs ainsi altérés superilciel-
Hement sont d'ailleurs noyés, ici comme ailleurs, dans un
remplissage de poudres rougeâtres ou jaunâtres, plus ou
moins argileuses, uii les ft-agments de miiieraî* vert sont
assez abondants. Le croquis que reproduit la fi'g. 5 de
la PI. Iir montre la façon dont se représentent ces
minerais. On attaque de- telles masses- au pic et éven-
bï Google
13i BICHBSSES HINBIULB3 DB LA NODVBLLE-CALÉDONIB
tuellement k la pince; les blocs rocheux se dépouilleiu
aisément de leurs croûtes minéralisées et on les rejette
ensuite ; on se contente en outre de passer le râteau
dans les matières pulvérulentes qui sont abattues en mémo
temps, a&n d'éliminer les fragments rocheux de quelque
dimension qui pourraient y subsister. On arrive ainsi à
extraire environ une tonne de minerai à teneur voisine
de 7 p. 100 pour chaque 3 mètres cubes de matières
camjités en place avant l'abatage. Le gisement, tel du
moins qu'il était reconnu au moment de notre passage, ne
parait pas être très étendu ; il se développe au âanc d'une
montagne escarpée entre les cotes 725 et 835; iln'avait
été à aucun niveau suivi latéralement sur plus de 60 à
70 mètres, et il ne semblait pas que la minéralisation per-
sistât suffisante sur plus d'une quinzaine de mètres comp-
tés horizontalement en s'enfonçant dans le flanc de la
montagne.
Le groupe des carrières Hélène se trouve à peu près à
la même altitude sur un des contreforts du mont Paéoua
voisins vers le Sud de celui des carrières Pierrette ; il
occupe une sorte de saillie du contrefort s'étalant avec
des pentes relativement douces : la minéralisation s'y
montre particulièrement irrégulière et difficile à définir;
à cOté de blocs d'une péridotite d'aspect légèrement ser-
pentinisé, d'un vert assez foncé, qui sont particulièrement
décomposés et minéralisés à leur surface, se trouvent des
traînées ou des poches de minerais divers; ici, on ren-
contre des rognons et concrétions quartzeux, plus ou
moins vivement colorés en vert par le nickel, mais de
faible teneur; plus loin, c'est une traînée d'une matière
magnésienne, à consistance aFgileuse, d'une couleur vert
très pâle, et cependant chargée . en nickel (jusqu'à
34 p. 100, comme l'indique l'analyse rapportée ci-dessus,
p. 8) ; là, c'est une petite poche contenant quelques cen-
taines de grammes à peine de ces poudres vertes très
bï Google
LES MINES DE NICKEL ■ 135
fiches, dont nous avons donné l'analyse précédemment
{p. 79) et qui paraissent appartenir à une espèce miné-
rale particulière. Dans l'enserable, le rendement des
meilleures parties de ce gisement est satisfaisant, mais il
paraît très irrégulier comme étendue.
Au fond de la vallée de la rivière Péoué, et sur le mas-
sif qui s'avance vers le Sud entre cette vallée et celle ,
de la rivière de Népoui (branche gauche), s'étagent un
très grand nombre d'anciennes carrières sur lesquelles se <
sont principalement poursuivies les exploitations de
Népoui dans la période de 1897 à 19(KJ; la fiff. 3 de la
PI. in indique leur répartition. L'examen de ces car-
rières, aujourd'hui abandonnées, n'est pas sans int^>rèt : ■
il fait d'abord ressortir combien les traînées minéralisées,
les ânes particulièrement riches, les autres considérées
jusqu'ici comme de richesse moyenne ou môme trop faible,
sont nombreuses, et comment, lorsque l'on prend la peine
de les rechercher avec soin, elles se montrent réparties
sur un très grand nombre d'entre les contreforts; cet
examen fait voir ensuite combien peuvent être différents
les types de minerais que l'on rencontre dans un même
massif et à peu de distance en somme les nns des
autres, ces différences s'accompagnant d'ailleurs souvent
de différences assez nettes, sinon dans la nature origi-
nelle des roches, du moins dans les types d'altération
qu'elles font voir. Enfin, lorsque l'on examine les mon-
ceaux de déblais rejetés de certaines caiTJèrcs, comme
celle de la Oua-Mango par exemple, on constate sans
peine qu'ils sont très nettement minéralisés, et il est
aisé de supputer quelles sont les quantités de nickel con-
sidérables, plus importantes peut-être que celles qnel'ona
utilisées, qui ont été ainsi perdues en raison de l'obliga-
tion oii l'on était de n'expédier que des minerais dont
la teneur moyenne dépassât 7 p. 100.
Aux car.'ières de la Oua-Mango (cotes 580-630), les
bï Google
i36 RICHESSES HINBRALBS DB LA NOUrKLLE-CALÉDON'IB
chantiers ont pu être conduits sur de larges fronts et
s'avancer de bon nombre de mètres dans le flanc de la
montagne, quelquefois en tournant des piliers relativement
Btëriles; ils ontsartout exploité des rroûtes, généralement
épaisses, de serpentine jaune sillonnée de plaquettes
vertes, entourant les blocs de péridotite ; l'aspect de ces.
croûtes jaune rougeâtre avec des points, des stries, et
des taches foncés, plus ou moins régulièrement distri-
bués, les fait comparer par les mineurs à du liège, et
désigner sous le nom de n serpentine bouchon » ; sauf
rirrégnlarité de distribution des plaquettes vertes qui la
sillonnent, cette serpentine bouchon paraîtrait assez ana-
logue au minerai en " damier v de Poro. Il semble ici
que l'appauvrissement des minerais, en s'enfonçant dans
la montagne, se fasse principalement par substitution de-
plaquettes quartzeuses aux plaquettes de gamiérite dis-
séminées dans ces roches décomposées.
Dans les carrières Paéoua, situées tout à côté, ta
nature du minerai était peu différente, mais la minérali-
sation était moins largement étalée : le minerai n'a sou-
vent été suivi que par des fronts de taille étroits, se fau-
âlant entre les parties relativement stériles. Plus haut,
les carrières du Sapin, entre les cotes 800 et 900, ont
également été conduites d'une façon fort irrégulière ; les
minerais du type ci-dessus y alternent avec des mine-
rais voisins de ceux que nous avons signalés dans les car-
rières Pierrette ; on y rencontre aussi quelques filonnets-
verts et chocolat.
Plus au Sud, une série de carrières se développant sur
des crêtes secondaires ou sur des contreforts du mont
Paéoua, n'ont donné lieu qu'à des tentatives d'exploita-
tion peu fructueuses ; ces tentatives ont été interrompues,
laissant encore des étendues minéralisées assez impor-
tantes, mais fort irrégulières, et où les minerais riches,
nous ont paru clairsemés.
bï Google
LES mNBS DB NICKEL 137
Pour tennmer rénuméralion des mines de nickel qni
étaient exploitées au moment de notre séJoDr dans ïa
colonie, il ne nous reste à mentionner que celle des Bar-
bouilleurs, ooverte entre lea cotes 100 et 200, sur l'un des
contreforts du mont Mone dominant la riTe gaui'he de !a
Dumbéa; l'exploitation, entreprise en 1893 sans grand
succès, a été reprise en 1897 lorsque les demandes do-
nickel ont commencé à redeTenir actives : conduite
d'abord en vue d'une faible production, elle a livré jus-
qu'à 4.000 et 5.000 tonnesdans lea dernières années ; elle
se développe partie dans des minerais terreux qui, à condi-
tion d'être bienaéparés des parties argileuses ronges, attei-
gnent encore une teneur de 6 à7 p. 100, et partie dan»
des concrétions de silicate vert qui courent plus ou moins
régulièrement le long d'une sorte de sorface de cassure
gauche, que Ton ne saurait assimilera an véritable filon^
C. — Lna oisBHBNTS ancienheuent EXPLorrÉg
ET i.ajODBD'HDl ABANDONllBS.
A cMé des gisements, en somme peu nombreux, qui
sont actuellenient exploités dans la colonie, il en existe un
très grand nombre d'autres sur lesquels des tentatives
d'exploitation plus ou moins prolongées ont eu lieu, et qui
sont abandonnés aujourd'hui. Ce n'est pas d'ailleurs que-
l'on puisse dire qull y ait de ce fait présomption pour que
ces derniers gisements soient épuisés, ou bien pour que les
travaux ainsi abandonnés aiont été de nature à montrer
qn'Os étaient pratiquement inexploitables. Pour beaucoup
d'entre eux, l'abandon a été dû uniquement à l'une des
crises que noua avons signalées, et, une fois la cris»
passée, on n'a pas songé ensuite à les reprendre, ayant
ailleurs des ressources suffisantes prêtes à être exploi-
tées ; pour d'autres, après y avoir fructueusement exploité^
bï Google
138 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIB
autrefois des minerais riches vendus à un prix tel qu'ils
pouvaient supporter un transport onéreux, on n'a pas cru
devoircréerdepuislorsles moyens de transport économiques
qu'aurait exigés l'expédition de tonnages plus importants
à des teneurs moindres ; pour d'autres enân, des amodia-
taires à court tenne ont seulement exploité, ou souvent
gaspillé, une traînée do minerai qu'ils avaient reconnue,
sans même examiner s'il ne s'en trouvait pas d'autres à
côté ; parfois enfin une tentative a échoué en un point d'une
mine, alors qu'il y avait tout à côté un gisement fructueu-
sement exploitable.
Dans ces conditions, et malgré la difficulté qu'il y
a souvent aujourd'hui à parvenir sur des gisements dont
les sentiers d'accès, non entretenus depuis plusieurs années,
sont devenus à peu près impraticables, nous avons cru
utile de visiter un certain nombre de ces gisements, afin
de pouvoir fournir quelques indications générales sur les
conditions dans lesquelles ils se présentent; pour plusieurs
d'entre eux d'ailleurs, nous avons déjà donné les renseigne-
ments qui les concernent en parlant des gisements voi-
sins actuellement exploités.
Les mines rapprochées de Nouméa ont tout naturellement
été parmi celles qui ont été les premières l'objet de ten-
tatives d'exploitation ; mais elles ne semblent pas, d'une
façon générale, être parmi les plus favorisées comme con-
ditions naturelles. Au mont Dore, où le premier gSte utili-
sable, ou paraissant tel, avait été découvert, les travaux
entrepris alors n'ont pas été de bien longne durée ; on en
a tenté d'autres récemment ; mais, à en juger par ce que
laissent encore voir les anciens chantiers, il ne semble
pas que les filonnets verts y aient été bien riches, et les
matières décomposées du voisinage, qui forment si souvent
lopins clair du minerai exploitable, paraissent ici être très
magnésiennes et relativement pauvres en nickel.
bï Google
LES M1»ES DE NICKEL 139
Parmiles nombreuses mines instituées uudéclarées dans
les bassins inférieur et moyen de la Dumbéa, sur les flancs
du mont Erombéré et du mont Mou au Nord de Païta, sur
les deux rives de la Tontouta, et auprès du cours inférieur
de la Ouengbi, une seule est aujourd'hui en activité; plu-
sieurs autres ont été l'objet do tentatives encore récentes,
mais infructueuses; enfin un certain nombre ont été
exploitées au début avec plus on moins de profit. Sur
toutes celles que nous avons visitées, les exploitations
nous ont paru avoir été fort irrégulières, et nous n'avons
nulle part constaté l'existence de masses importantes
de minerai exploitable reconnues ; ce n'est d'ailleurs
paa à dire qu'il ne puisse pas on exister de plus ou moins
restreintes; mais, d'une façon générale, le type des
minerais qui s'y rencontrent est plutôt celui des enduits
et concrétions silicates relativement riches, mais peu
abondants, et nulle part les matières pulvérulentes et
terreuses ne se montrent bien riches; d'autre part, les
concrétions vertes sont souvent trop quartzeuses, et par
suite beaucoup moins riches que ne le ferait supposer leur
couleur. Néanmoins, bien que Ion Mt cherché à enlever les
meilleures parties, il doit vraisemblablement, comme paraît
l'indiquer le succès actuel de la petite exploitation des
Barbouilleurs, subsister, ici ou là, des gisements de quelque
étendue, mais sans doute irréguliers comme richesse, dont
on pourrait tirer parti un jour; peut-être même la créa-
tion du chemin de fer de Nouméa à Bourail, offrant aux
produits de ces gisements un moyen de transport qui
serait relativement économique et qui n'exigerait pas
pour les exploitants de frais de premier établissement
coûteux, facilitera-t-il des tentatives de reprise, sur-
tout pour des gisements de faible importance.
Sur la côte occidentale, nous n'avons à signaler plus
au Nord que quelques tentatives d'exploitation au Nord de
Bourail et du cap Goulvain, telles que celles de la mine
bï Google
{40 RICHESSES MINERALES DB LA NODTELLE-CALBDONIB
Vosgifinna dans la vallée de la Téné, de la mine Mé-Dona
dans la haute vallée de la Donencheur sur le ffaoc Est-
dn Mé-Boa, et de la mine Beair-SoMl daas les gorges d'oà
descend la rivière No-Moué, affluent de la rirrère de
Ciip. Partout on avait rencontré des filonnets de minerais
verts et chocolat à bonne teneur, mais capricieux comme
allure, et sans reconnaître de ces traînées de serpentine
décomposée, qui ont fait depuis le succès de la pluparl
des exploitations entreprises dans la région Nord de h
cflte Ouest; ce n'est pas à dire d'aîSeurs que de teltes
traînées n'existent pas, car pendant longtemps on n'a
même pas songé k analyser des matières à aspect aussi
peu indicatif. Quoi qu'il en soil, aucune des exploita-
tions de ce groupe, toutes fort éloignées de la mer, et
qui n'avaient pas été dotées de moyens de transporta^
économiques, n'a pu subsister avec les prix relativement
faibles qui liont actuellement pratiqués pour le minerai
de nickel même riche; nulle part on n'a sérieusement
étudié l'importance des ressources existantes et ta possi-
bilité de rémunérer les installations qu'il f^u(h^ît faire-
pour les desservir économiquement.
Des mines qui ont été ouvertes, puis abandonnées pins
loin vers le Nord, nous n'avons rien de plus à dire que
les quelques indications que nous avons fournies au fttr
et h mesure snr les anciennes exploitations du groupe
de Népoui, du Koniamho, du Kaala, etc.
Sur la cftte Est, h côté des trois exploitations qui ont
lieu actuellement au Sud de Thio, plusieurs autres ont été
en activité d'une façon intermittente depmV Kouakoué jti3^
qu'à Thio; les conditions particulièrement difficiles de
l'accès à celte partie de la côte n'ont jamais permis d'y
rechercher autre chose que les minerais riches à exploi-
ter par quantités relativement restreintes, e4 on en *
trouvé, comme nous l'avons dit, plusieurs besux gise^
bï Google
LES' MINES DE NICKEL 141
ment», qai peuveut faire penser qu'il existe là aussi une
régiou assez riclie^nenl minéralisée.
Au Nord de Thio, la baie de Nakety, dfrnt nous n'avons
jpas fait mention jusqu'ici, a été autrefois le siège d'une
production active ; plusieurs mines ont été exploitées avec
succès, entre 1890 et 1894, sur le promontoire de péri-
-dotite qui s'avance au bord de la mer sur la rive droite de
la rivièro de Nakety ; mais lo gisement le plus lutéressaot
■k meationner dans ce groupe est celui de la mine Bienve-
nue, situé dans la formation serpeutineuse de la rive
gauche de la rivière de Nakety : c'est là en effet que
BOUS avons eu l'occasioa d'observer l'apparence filonienne
la plus nette pour un gisement de nickel : ce filon affleure
sur les pentes du mont CîotainlK) qui regardent la mer ;
la trace en est connue entre les cotes 275 et 365, et il a
été suivi en direction sur une longueur atteignant jusqu'à
130 mètres. L'exploitation de ce fîlon, tentée plusieurs
fuis, n'a jamais été très fructueuse ; elle s'est néanmoins
poursuivie pendant les cinq dernières années, produisant
•environ 2,000 tonnes de minerai à 9 ou 10 p. 100; elle
était arrêtée depuis quelques mois au moment de notre
passage, et l'accès des galeries et chantiers n'était plus
partout possible. Nous avons néanmoins pu nous rendre
compte de la disposition des travaux qui y ont été
effectués et de l'allure du gite. La fig. 6 de la PI. III
indique grossièrement lo plan des artères principales :
cinq galeries d'allongement ont été tracées respective-
ment aux cotes 275, 300, 325, 335 et 350; une car-
rière a en outre été ouverte à la cote 365 sur la tète du
filon. A la première de ces cotes, le filon a pu être tracé
régulièrement sur 130 mètres de longueur, dans la direc-
tion du S.-O. ; son mur parait bien régulier et plan, avec
une plongée vers le N.-O. très raide et même voisine de la
verticale; son toit est au contraire assez vallonné, laissant
au filon une largeur variant de 30 centimètres à 1 mètre ;
bï Google
143 RICKBSSKS MINÉHÂLES DE LA :«OCTEIXB-CAli»OMIB
ï'aae et l'autre épontes sont constituées par de la péiido-
tite légèrement serpentinisée, mais dnre et saine ; le
remplissage est essentiellement formé de silicates verts
zones, alternant parfois avec des minerais chocolat, et
quelquefois associés à des produits argileux rouge&tres ;
cependant, lorsque le filon prend de l'épaisseur, on ren-
contre souvent dans le remplissage des blocs plus ou
moins volumineux de la roche encaissante, et il ne
subsiste que deux filonnets de 10 à 20 centimêtpes de
puissance le long de chacune des épontes. A 130 mètres
de l'affleurement, on a rencontré, à la cote 275, un filon
croiseur à peu près normal au premier avec plongée vers
le Mord-Est; le mur de ce filon parait parfaitement continu,
et l'on n'a pas retrouvé le filon principal an delà ; ce croi-
seur, puissant de tOcentimètres.présente au croisement une
riche minéralisation ; mais il s'atrophie à quelques mètres
de distance tant vers le Sud que vers le Nord, Aux
niveaux supérieurs, le filon n'a été suivi, comme l'indique
le croquis, que sur des longueurs beaucoup plus res-
treintes, il s'amincissait ensuite; on n'a d'ailleurs pas
fait de travaux réellement importants pour le rechercher
au delà de ces amincissements, autant que nous avons pu
en juger par l'examen des niveaux encore accessibles.
Le niveau de la cote 325, en particulier, long, parait-il,
d'une centaine de mètres, était obstrué par un éboulement
à 20 mètres du jour; nous ignorons sur quelle longueur
il a suivi le tilon et sur quelle longueur il a pu être pro-
longé dans sa trace ; nous n'avons en effet paa pu être
guidé dans notre visite par le propriétaire de la mine, et
il n'a pu nous être présenté aucun plan des travaux.
Au-dessous de la cote 275, l'aHleurement n'est plus
connu ; à la cote 220, on est entré dans la montagne par
une galerie à 45° sur la direction du filon ; cette galerie,
ouverte vraisemblablement au toit du filon, a été poussée
vers le murety a recoupé, après un parcours de 55 mètres.
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LB9 MINES DE NICKEL 143
une trace de filonnet certainement au mur du prolonge-
ment du filon principal; il n'a pas été fait d'autres tra-
vaux à cette cote. Aux cotes supérieures il a, en outre,
été pratiqué quelques grattages superficiels de fort peu
d'importance, pour examiner s'il n'existerait pas d'autres
filons au toit et au mur.
Entre les différents niveaux il a été poursuivi quelques
dépilages avec remblayage plus ou moins complet, et nous
avons vu quelques fronts de taillo arrêtés à des parties
encore belles du filon; nons n'avons d'ailleurs pas pu
nous rendre un compte exact de l'étendue des dépilages
déjà poursuivis.
Le gisement de la mine Bienvenue présente, comme
on le voit, un double intérêt, puisque, d'une part, c'est la
dernière exploitation de nickel qui ait été poursuivie sou-
terrainement en Nouvelle-Calédonie, et que, d'autre part,
bien que n'ayant, ou du moins n'étant connu pour avoir,
qu'une continuité assez faible tant en direction qu'en pro-
fondeur, il présente un caractère filonien beaucoup plus
net qu'aucun des gisements que nous ayons eu l'occasion
d'examiner. Il semble d'ailleurs que cet exemple d'un
flion net, assez régulier, et en somme d'une belle minéra-
lisation, dont l'exploitation n'a pas été réellement fruc-
tueuse malgré la dernière période d'activité du marché du
nickel, soit de nature à montrer une fois de plus que ce
n'est pas l'exploitation souterraine des filons même riches,
mais bien l'abatagc au jour de grandes masses de mine-
rai plus pauvre, qui doit constituer désormais l'exploitation
rémunératrice du nickel en Nouvelle-Calédonie. Nous
ajouterons d'ailleurs que le gîte était dans de très bonnes
conditions au point de vue des transports, puisqu'un seul
câble permettait de descendre le minerai au bord de la
mer où il était immédiatement embarqué.
Au sujet des mines exploitées autrefois à Canala et à
Kouaoua, nous n'avons rien à ajouter à ce que nous nvons
bï Google
144 RICHESSES MINÉRALES DS LA NOUVELLE-CALÉDONIE
rappelé ci-dessus; noas dirons au contraire quelqaes
mots de celles des vallées de la Kagenjou et de la rivière
de Kua. La vallée de la Kagenjou, qui s'ouvre toutentiëre
entre les serpentines, parait abondaiiioient mioéralisée sur
ses deux côtés ; il n'y a eu d'exploitation sérieuse que sur
la rive droite, au flanc du Mé-Moa sur l'antre versant
duquel se développent les travaux de Kouaoua. Cette
exploitation a porté sur la mine Renaissance eutre les
cotes 670 et 730; elle aurait eu une certaine importance
ert 1890; elle a ensuite été reprise sans succès en 1897-
1898 et a fourui alors 2.000 tonnes de minerai : aiîtant
qu'on peut en juger par ce que laisse voir l'état actuel
(les travaux, les concrétions de minerai vert ou chocolat
et les formations bréchoïdes empâtées dans des silicates
riches doivent y être assez abondantes; beaucoup de
chantiers ont naturellement été arrêtés là où les matières
riches disparaissaient, ou du moins là oti leur continuité
cessait; mais d'autres montrent encore de beaux minerais
évidemment exploitables. A côté de la raine Renaissance,
la mine Victoria n'a été l'objet que de travaux de
recherches ; ils ont mis à découvert de riches minerais en
quelques points.
Du côté de la rive gauche de la rivière Kagenjou, nous
avons également vu quelques belles têtes de minerai sur
le périmètre de la mine Eurêka. Plus à l'Ouest, sur le ver-
sant qui descend sur la rivièro de Kua, la mine Victorian
a été, en 1886, l'objet d'une petite exploitation par un
zmiodiataire ; celui-ci eu avait tiré un certain nombre de
tonnes de riclie minerai et les déblais produits, aussi bien
que les fronLs do taille encore accessibles, montrent qu'en
dehors des minerais riches, seuls recherchés alors, il
existe des quantité» vraisemblablement sérieuses de mine-
rai k teneur nioyciuie.
Remontant la valléo de la rivière de Kua en suivant les
ravins escarpés de sa rive droite, on reiKontre également
bï Google
LES MINES DE NICKEL 145
des affleurements importants de silicates verts; il en est
de même sur les contreforts successifs qui se développent
plus loin encore sur de larges étendues jusqu'à )iauteur
de la localité de Méré, contreforts beaucoup moins abrupts
que les précédents, et qui paraissent constituer le reste
tl'nn vaste plateau en pente douce reposant sur les schistes
sédimentaires et coupé par une série de ravins profonds.
Traversant la rivière de Kua, qui roule sur les schistes, et
gravissant les contreforts du massif serpentineux qui se
développe sur ja rive gauche, on retrouve des mines autre-
fois exploitées : ce sont les mines Union, Révolution, ei
Revanche, et, plus au Nord, la raine Afécorouma dont nous
avons déjà fait connaître le caractère spécial. Ces mines,
autrefois explorées souterrainement par les premiers mi-
neurs australiens, n'ontfaitl'objetd'une exploitation nn peu
étendue, de 1886 k 1889, que sur les deux versants de la
vallée qu'emprunte la route de Kouaoua à Houaïlou ; les frais
de transport, qui comportaient un charroi de 14 kilomètres
jusqu'au bord de la mer, étaient considérables, néanmoins
on â pu en extraire quelques mîlhers de tonnes de mine-
rai riche; les minerais qui restent en vue aujourd'hui,
constitués par des plaquettes au milieu de serpentines très
rocheuses et dures, paraissent fort siliceux.
Quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces gisements, qui se
développent sur quelque 10 kilomètres de longueur de
part et d'autre de la vallée, et qui n'ont été l'objet que
d'exploitations très restreintes, parait renfermer encore
pour l'avenir des ressources importantes.
Plus au Nord on rencontre, comme nous l'avons dit, les
gisements, actuellement exploités, de Poro; puis on par- ■
vient à Houa'ilou, oii les serpentines ne constituent plus
qïi'une étroite bande an bord de la mer ; elles forment '
néanmoins deux amphithéâtres au-dessus de l'embou-
chure des deux rivières Kamoui et Houaïlou, et le nickel
y présente, par places tout au moins, de beaux gisements;
D.D.t.zeabï Google
■146 RICHESSES UINÊRALRS Dl LA NODYBU-K-CALÉDONIE
la mine Bel-Àir, mise en exploitation à la fln de 1875, m
fourni à cette époque de riches minerais verts ; elle n'a
p^ été reprise depuis. Mentionnons enfin qu'en face de-
Houaïiou, de l'autre côté de la baie de B4, le massif ser-
ptntineux aujounl'hui exploité pour cobalt, a été l'objet
da travaux souterrains en vue de suivre des affleurement»-
de nickel qu'on y avait reconnus.
D. — Les massifs SICKEUFfeRBS ENCORE VIERGES.
Les nonibreuses exploitations et tentatives d'exploita-
tion du nickel que noufl venons de mentionner n'ont jus-
qu'ici eu lieu, en Nouvelle-Calédonie, qu'au voisinaje-
plus ou moins immédiat des deux eûtes; elles jalonnent
Tune et l'autre sur presque toute la longueur des forma-
tions aerpentineuses. Les dépenses prohibitives que com-
porterait le transport des minerais par les sentiws ou
chemina dont on dispose ou qu'on pourrait créer à peu de-
frais, ou bien les mises de fonds considérables qu'exigerait
l'établissement de voies ferrées onde transporteurs, ont,
au contraire, interdit jusqu'ici toute exploitation as
centre même de l'ile. On s'est cependant déjà engage
dans cette voie lorsque l'on a créé un chemin de fer de-
10 kilomètres le long de la nvière de Thio, ptùa 8 kilo-
mètres 1/2 de voie ferrée et un transporteur de 6 kilo-
n)ëtre8 de longueur dans la vallée de Kouaoua, et eofin-
nn réseau ferré de 28 kilomètres, que l'on porte aujour-
d'hui & 35, dans la vallée de la rivière de NépoQJ. U reste
néanmoins encore des étendues considérables de la for-
mation serpentineuse, soit au cœur du grand massif m^-
dional, soit dans les montagnes de la chaitie centrale «a
Centre, et au Nord de l'ile, pour lesquelles de semblablM
voies de transport n'existent pas, et pour lesquelles il ^
été jusqu'ici regardé comme trop coûteux d'en créer.
bï Google
Lss mam de mickbl 147
Cela a'a pas empêché les prospecteurs de parcourir ces
régions, et les mineurs, ou trop souvent les spéculateurs,
de chercher à s'assurer la propriété dea gisements qui y
étaient signalés; auesi, aujourd'hui, presque toute l'éten-
due de la formation serpentineuse est-elle jalonnée par
des périmètres miniers, dont la très grande majorité se
rapportent à. des gisements nickelifêresC), et n'avons-
nons à signaler que quelques zones à peine de cette for-
mation où le nickel ne paraisse pas exister, du moins h.
l'état de concentration suffisante. D'une part, l'extrémité
Sud de la colonie, à partir d'une ligne qui joindrait à peu
près la baie de Pluni à celle de Kouakoué, est connue
comme beaucoup plus riche en gisements de cobalt et sur-
tout de chrome que de nickel; d'antre part, une zone
d'une dizaine de kilomètres de largeur et d'une trentaine
de kilomètres de longueur, située en arrière de la chaîne
des munis Koghis, Erenibéré et Mou, de part et d'autre de
la rivière Koéalagoguamba, n'a été jusqu'ici l'objet d'au-
cune déclaration minière; enfin le massif du Oua-Tilou
n'en comprend qu'une seule de faible étendue, et ceux du
dAme de Tiebsghi et de la presqu'île de Poume ne pa-
raissent contenir, comme exploitables, que des minerais
de chrome et de cobalt à l'exclusion de ceux de nickel.
Parmi les régions encore vierges, mais qui sont consi-
dérées comme particulièrement riches en nickel, nous
citerons : la vallée de la Tontouta et les pentes du mont
Bumboldtqui descendent sur la vallée de son aMuent la
OSurles liS.389 bect&res coDcédéi de la rormntioD serjieDtineuse,
1M.«» ront ètâ pour nkkri; d'uutre part, ni.MB hectares sont
l'objet de dem&udea de conceflaiom ou de dËduatiou à» recherahes
pour nickel, cobalt ou chrome (sans que les ranseignamenls peisédés
par l'Administration permettent de préciser lequel de cei trois mélaui
ft été dgiMlé], «t il «Ht vraisec^altto que les 3/* oa Im t/S (to cette
superficie contieuneut des gisement* de njcksl, ce qui pAitorait la
■nperBcie totale des gisements de et idëIbI actuellement signaliij i
JM.eOO-b«etuM MI moiM.
bï Google
148 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLLE-CALfiDONIB
Kalouéhola, la haute vallée de la Ouenghî ou plus exac-
tement celle de sou affluent la Tootouet le massif oti cette
rivière prend sa source, massif qui se développe, égale-
ment avec des gisemeuts de nickel, sur le versant de la
rivière Koua, la hante vallée de la rivière Comboui, le
massif du Tchingou, etc. Nous n'avons pas eu le loisir
de visiter tous ces massifs, d'autant plus que, pour deux
d'entre eux, il ne nous a pas été possible de trouver,
auprès des concessionnaires ou des auteurs des déclara-
tions de recherches, personne qui fût en état de nous
guider jusqu'aux points oii les indices les plus sérieux de
la présence du minerai ont été relevés.
Ce n'est que dans les vallées de la Toutou et de la
rivière Koua, et dans la vallée de la Comboui, que nous
avons pu examiner avec quelque détail les affleurements
qui ont été découverts et les quelques travaux de re-
cherches qui ont été faits.
Nos observations, qui ont porté dans la première de
ces régions, comme l'indique la/îj. 7 de la PI. III, sur
un assez grand nombre de périmètres qui faisaient à ce
moment l'objet de demandes de concessions pendantes,
nous ont permis de reconnaître, eu un très grand nombre
de points situés généralement entre les cotes 500 et
1.000, la présence de riches minerais verts ou chocolat,
et parfois aussi de formations pulvérulentes à bonne
teneur; souvent de tels indices peuvent être relevés le
long d'une même croupe sur des hauteurs verticales im-
portantes et peuvent être retrouvés jusqu'à une certaine
distance à droite et à gauche. Ce sont là des indications
fort encourageantes, qui montrent que la . minéralisation
de ces massifs est considérable. Il parait dès lors fort à
espérer que d'importantes richesses existent, encore
vierges, dans la large étendue de ces massifs, et qu'il
pourrait y être fait des exploitations considérables, le jonr
oîi la question des moyens d'évacuation du minerai serait
bï Google
LES HJNBS DE NICKEL 149
résolue. Comment cette question devrait-elle être résolue,
quelles seraient les dépenses qu'une telle solution com-
porterait, et sur quels tonnages de minerai les frais de
premier établissement correspondants pourraient-ils être
répartis? C'est ce que personne n'a étudié sérieusement
jusqu'ici, et c'est ce que le caractère des plus sommaires
des recherches qui ont été faites ne permet pas d'appré-
cier aujourd'hui.
Dans la haute vallée de la Comboui, il semble égale-
ment exister des ressources d'une certaine importance,
bien que la minéralisation s'y montre généralement moins
riche et vraisemblablement plus irrégulière. Dans la val-
lée de la Tontouta et dans celle de la Kalouéhola, c'est-à-
dire sur l'autre flanc du massif du Humboldt, on aurait
également fait des recherches couronnées, assure-t-on,
d'un succès superbe; noua n'avons pas été mis à même
de vérifier par nous-méme l'exactitude de ces dires, et
nous avons tout heu de croire que, comme pour les autres
régions encore vierges, le développement des recherches
faîtes a été insuffisant pour pouvoir donner autre chose
que l'espérance qu'il existe là des ressources importantes.
Nous ne pouvons pas en dire davantage des gisements du
massif du Tchingou.
E. — Importance des réserves de minerai de nickel
CONTENUES DANS LE SOL DE LA NoDVELLE-CaLÉDONIB.
Après avoir cherché à donner une idée des exploita-
tions qui se poursuivent actuellement ou qui ont eu lieu
autrefois sur les difFérentes mines de la colonie, et après
avoir dit quelques mots des régions où l'on n'a encore
fait que signaler l'existence du nickel, nous croyons de-
voir présenter quelques considérations sur l'importance
que peuvent avoir les ressources en nickel qui subsistent
encore.
zecbvGoOgIC
iSO RICHESSES MINÉRALES DE LA NOL'VBLLE-CALRDONIB
La question capitale qui se pose pour celui qui cherche
à se faire une idée à ce sujet e»t celle-ci : quel est te véri-
table caractère des gisements calédoniens, on, en d'autres
termes, quelle a pu Atre leur genèse? En exaniiDant celte
question, un ne peut qu'être tout d'ahord frappé delà rela-
tion étroite qui existe entre les gisements de nickel et
les péridotites ; nous u'in«:isteronB pas sur ce fait que tous
les gisementa nickelifères de la Nouvelle-Calédonie, sans
aucune exception, sont situés sur des massifs de pérido-
tite, tant cela ressort de toutes les explications qui pré-
cèdent; nous ajouterons seulement que c'est là une
association qui est bien loin d'être spéciale à notre colonie.
Depuis longtemps on est habitué à considérer le nickel
comme un métal appartenant tout particulièrement à la
catégorie des métaux de profondeur, restant associé aux
magmas les plus basiques chargés de péridot, et tendant
à demeurer avec eux au fond du vaste creuset que cons-
titue le sous-sol. On connaît d'ailleurs aujourd'hui nombre
de points oii le nickel est associé en assez grande abon-
dance aux péridotites, aussi bien aux États-Unis d'Amé-
rique que dans l'Oural, et l'on a en outre signalé bien des
fois la présence de traces plus ou moins notables de
nickel dans des pmdotites, m<>me dans nos régions. Ce
qui est plus digne de remarque, c'est la constance avec
laquelle le nickel accompagne les péridotites en Nouvelle-
Calédonie, c'est-à-dire ce fait qu'il n'existe, croyons-nous,
pas un rocher de péridotite dans la colonie oii il ne se
rencontre quelque peu de nickel. C'est ce qu'ont nettement
confirmé les nombreuses analyses que nous avons faites ou
fait faire au laboratoire de l'École des raines de Saint-
Etienne; c'est ainsi, par exemple, qu'une série de 10 échan-
tillons de péridotite provenant des régions les plus variées
de ta colonie, les unes très fraîches, les autres plus ou
moins complètement serpentinisées, mais qui u'avaient
nullement le caractère de minerais même pauvres, con-
bï Google
LES UIN88 DB SICKSL 151
"tenaient toutes du nickel (et d« cobalt pesé en même temps
•que le nickel) en quantités parraitemeot pondérables,
variant de Q dis- millièmes à 24 millièmes de nickel métal.
Nous nous sommes d'ailleurs assuré que ce métal se ren-
•contre aussi bien dans le péridot et la serpentine à
laquelle il donne naissance, que dans Tenstatite même
très fraîche. C'est, d'antre part, ce que montre chaque
Jour de plus en pins la série sans cesse croissante des
découTertes de ^sements de nickel plus ou moins riches
dans les parties les pins diverses de la formation serpen-
tineuse. Nous répéterons d'ailleurs, comme nous l'avons
signalé bien des fois déjà; que parmi les différents types
■de péridolites, les unes imiquement constituées de péridot,
les autres plus ou moins chargées d'enstatite peu ferreuse,
-d'autres encore oîi l'enatatite est remplacée par de la
bronzîte, péridotites qui ici sont très fraîches et là presque
■complètement serpentinisées, aucune variété ne paraît
spécialement associée aux gisements nickelifères ; tout au
plus aemble-t-il que, dans la région méridionale de l'ile
■que nous avons signalée comme paraissant jusqu'ici dépour-
▼ne de gisements de nickel exploitables, l'alnmine et sm--
tout la chaux soient un peu moins rares que dans les
autres parties de la formation serpentineuse oii cette
dernière n'existe guère qu'à l'état de traces : c'est en effet
-dans le Sud de l'ile que nous avons rencontré le diallago
en filons dans les péridotites; c'est également là qu'il
apparaît comme gangue du fer chromé ; d'autre part, cer-
taines matières complexes, principalement talquenses,
associées au fer chromé, se montrent assez riches en chaux
-et en alumine; enfin c'est dans l'Ile Ouen qu'ont été tout
particulièrement signalées par MM, Garnier et Heurteau
des euphotides, ou plutAt des gabbros, contenant des
pyroxènes calciques. Néanmoins les péridotites mêmes
.de cette région ne contiennent, comme les antres, que
Jes traces de chaux, et renferment comme elles quelques
bï Google
153 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLE-CALÉDONIB
millièmes des <leux. métaux nickel et cobalt, avec pré-
dominance absolument nette du nickel.
Une fois constatée l'association constante des miuerais
de nickel aux péridotites, il reste à se demander s'ils
dérivent des péridotites ou bien si péridotites et minerais
de nickel ont tiré simultanément leur origine d'un même
magma profond riche en nickel ; c'est-à-dire, en d'autres
termes, si le nickel n'est venu dos profondeurs que dissé-
miné dans les péridotites, comme il l'est encore aujour-
d'hui pour une part, et si sa concentration dans les gise-
ments que nous connaissons n'est due qu'à des actions
superficielles ultérieures, ou bien si, au contraire, il s'était
partiellement ségrégé à l'origine dans des amas ou des
filons ayant, grâce à des transformations ultérieures peut-
être, donné lieu aux gîtes actuellement exploités. Une
troisième hypothèse pourrait cependant être faite, qui
serait en quelque sorte intermédiaire entre ces deux-là :
le nickel serait, posté rieureme ut à l'apparition des péri-
dotites, venu de la profondeur oh il serait primitivement
resté ségrégé, et d'où il aurait ensuite été amené au jour
par des sources thermales ; il se serait alors soit déposé
dans des filons et cheminées, soit épanché à la surface des
massifs.
Quelque intéressante que puisse être cette question au
point de vue géologique, elle ne l'est pas moins au
point de vue pratique, puisque, si c'était la première hypo-
thèse qui rendait compte de la réalité des faits, on ne
pourrait espérer rencontrer le nickel exploitable que dans
les gites superficiels que nous connaissons, et qu'il faudrait
se résigner à le voir partout disparaître à une certaine
profondeur au-dessous du sol, comme cela a été le cas
jusqu'ici dans presque toutes les exploitations, sinon dans
toutes; si, au contraire, on étaitconduit à reconnaître que
les gisements exploités actuellement ne doivent .être que
bï Google
LES UINES DE NICKEL 153
des formes superficielles de ségrégations qui se seraient
produites dans toute la masse de la péridotite, on pourrait
espérer retrouver dans celle-ci, et exploiter un jour
jusqu'à des profondeurs plus ou moins considérables, de
très importantes réserves de nickel ; il en serait de même,
ou au moins un peu de même, dans le cas où ce serait la
troisième hypothèse qui se trouverait être fondée.
Nous ne disposons pas d'observations sur le terrain
assez détaillées et assez précises, et contrôlées à loisir,
pour pouvoir discuter complètement une telle question et
présenter des arguments décisifs dans un sens ou dans
l'autre ; nous ne pouvons que faire part ici de l'impression
très nette que nous a laissée l'enseihble des faits que
nous avons pu observer.
Une première indication nous parait ressortir nette-
ment de tout ce que nous avons vu : c'est que la majeure
partie tout au moins d'entre les gisements n'ont certaine-
ment pas de racines profondes, c'est-à-dire qu'ils sont
uniquement de formation superficielle ; la constance avec
laquelle toutes les exploitations, poursuivies soit sur des
minerais terreux et sur des remplissages bréchoïdes de
fentes ou d'intervalles de blocs, soit sur des filonnets et
enduits dans les fractures de la roche, ont dû s'arrêter à
une certaine distance de la surface actuelle, semblele prou-
ver péremptoirement ; le plus grand nombre des gisements
nous apparaissent donc déjà comme ayant été soit formés,
soit tout au moins remaniés, par des actions superfi-
cielles. Mais il y a plus : nombre de gisements ont été
pratiquement épuisés sans que l'on y ait trouvé trace
d'une semblable racine ; on est dés lors, à notre avis, en
droit de conclure qu'ils n'en ont très vraisemblablement
pas; on pourrait toujours, nous n'en disconvenons pas,
nous objecter que ce que nous considérons comme un
gisement peut n'être qu'une portion remaniée et isolée
bï Google
-154 RICHESSES UlMÉRALEa DB LA NOÏVELLE-CALÉDONIB
-«nApruntée à quelque autre gisemeut dont l'origine pro-
fonde pourrait être décelée un jour ; c'est là une proba-
bilité que nous ne saiirionfi admettre, car il serait ponr
le moins bien étrange que pareille racine n'ait jamais pu
être observée, et nous croyons pouvoir dire qu'elle n'a
Jamais été observée jusqu'ici.
Où pourrait-on en effet en chercher dana ce que not»
avons eu l'occasion d'obserrer et de décrire : dans des filons
nets comme il s'en rencontre dans certains gisements en
roche, ou dans des cheminées comme nous en avons vu
quelques-unes au milieu de gisements de minerai hré-
«hoïde ou terreux ? Si nous avions vu un seul filon qui
eût quelque apparence de se prolonger en profondeur, nous
serions moins affînnatif ; mais nous n'en connaissons point;
les différenls filons du Plateau de Thio se sont pratique-
ment stérilisés lorsqu'on a cherché à s'enfoncer soit dans
le coeur des mamelons sur lesquels ils affleurent avec ite
riches minerais, soit vertiraieraent ; le filon de la Boa-
Kaine s'est atrophié et perdu assez rapidement eu pro-
fondeur, comme te fait voir la coupe reproduite par la
jig. 7 de la PI. II; le filon de la Bien-Venue, connu sur
une centaine de mètres de verticale, n'a plus du tout été
retrouvé k 50 luèlreR plus bas, et la disposition de sa zone
minéralisée parait, autant que nous avons pu en juger,
correi^pondre tout aussi bien, sinon même mieux, à une
formation per dencensum qu'à une formation per ascen-
stim. Quant aux autres indications de filons que nous avons
rencontrées, elles présentent encore beaucoup moins de
continuité et ne méritent certainement pas le nom de
filons. Ajoutons que tous ces fiions, là oii il s'en trouve, ne
paraissent nullement dessiner, mfme approximativement,
des champs de fractures profondes; si bien que nous
sommes beaucoup plntAt tenté de les considérer comme des
fractures accidentelles et locales, dans lesquelles le retrait
.a p:>ut-étre joué un rùle important, comme nous avons
bï Google
LES MINES DE NICKEL 155
■àéjà. eu l'occaiiioD de le dire. Quant aux « cheminées t>
■que l'on observe encore assez fréquemment dans les gise-
ments du genre de ceux de la côte Ouest, elles sont tou-
jours très limitées comme étendue, et nous ne connaissons
aucun exemple d'une telle cheminée qui ail paru ^e pro-
longerjusque dans la profondeur; elles ontdoncégalement
été beaucoup plnlAt formées par des eaux s'y précipitant
•depuis la surface que par des eaux montant des pro-
fondeurs.
A côté de ces arguments tirés du mode de gisement
des minerais de nickel, un autre, tout aussi sérieux, nous
paraît résulter delà nature même de ces minerais; les
hydro silicate s qui les constituent sont des minerais oxydés
■et dont le caractère de dépôt de dissolution parait attesté
de la façon la plus manifeste par leur constitution, qui est
très souvent avec évidence celle de dépôts par des eaux
ruisselantes, et qui est toujours plus ou moins nettement
-concrétiounée. Aucun des minerais que nous connaissons
ne peut donc passer pour avoir été formé par ségrégation
ignée ou par dos émanations minératîsatrices sulfurées,
.Arséniées, etc., telles qu'on les imagine généralement; des
tors, à moins d'admettre que des arsëniosulfures ou des
minerais analogues doivent se rencontrer à des profon-
.deurs oîi l'on n'est pas encore parvenu, on serait obligé
■d'en revenir soit à notre manière de voir, soit à l'hypo-
thèse des sources thermales. Or il parait bien difficile
aujourd'hui de croire encore à l'existence en profondeur
■de minerais d'une antre nature, après plus de 25 ans de
recherches de toutes sortes, dont beaucoup ont eu lieu par
galeries souterraines, et dont quelques-unes ont exploré
les gisements à plus de 100 mètres de profondeur (*}
(') Cea travaux sont, it est vrai, tous restés au-dessus du niveau bydro-
bï Google
156 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
{fllon de la Boa-Kaine suivi sur 108 mètres de verti-
cale, mine Bien-Venue explorée jusqu'à 145 mètres au-
dessous de la tète du âlou), sans qu'il ait été trouvé une
seule trace de ces minerais de profondeur.
Il est vrai de dire cependant que l'on a signait', il j a'
quelques années, en Nouvelle-Calédonie, quelques mouches
de sulfure de nickel (millerite tenant 46 p. 100 de nickel),
rencontrées — cela paraft établi d'une façon à peu près
certaine — dans les travaux souterrains fort peu dévelop-
pés de la mine de chrome Espérance.
Cette mine est constituée par un filon irrégulier, en
chapelet, de fer chromé plus ou moins pur, apparaissant
au milieu d'un très petit massif isolé d'une péridotite k
bronzite qui, rapporté sur les terrains sédimentaires
{schistes ph3'lladiens très quartzeux), forme, sur la rive
gauche de la rivière Pouéo, à 10 kilomètres au Nord de
Bourail, un piton isolé et élevé de 275 mètres.
Une galerie, longue de 9 mètres seulement, ajant été
ouverte sur l'affleurement de ce filou à la cote 235, dans
une direction Sud légèrement Ouest, aurait rencontré te
long des épontes quelques mouches de ce sulfure, associé
à de la pyrite, et qui aurait d'abord passé pour tel; mais,
analysé ultérieurement au laboratoire du service local k
Nouméa, il a montré la composition suivante :
Nickel «,33
Fer 0,44
Cuivre 0,06
Araenic Néant
11 n'a plus depuis lors été fait aucun travail sur le gise-
ment ; nous avons examiné avec beaucoup de soin ans»
bien le front d'avancement abandonné que les épontes
mises il nu, les affleurements, et les blocs rejetés, sans
trouver nuUe part la moindre trace de minerais sulfurés
quelconques ; il semble donc qu'il y en ait eu seulement
bï Google
LES MINES DE NICKEL 157
quelques mouches sporadiques ségrégées.eii même temps
que le fer chromé, au sein d'une masse qui est légèrement
nickelifère, on le sait bien. Mais il n'y a là aucune espèce
d'indication que l'origine des puissants gisements super-
ficiels de nickel que l'on connaît sur d'autres massifs, et
précisément pas sur celui-là, puisse ôtre due à la transfor-
mation (le tels minerais sulfurés.
Cette absence totale, en profondeur, des minerais sul-
furés du nickel, absence que plus de 25 années de tra-
vaux n'ont pas démentie, est, à notre avis, avec ce qui
est relatif aux conditions de gisement, un argument déci-
sif à opposer à ceux oui voudraient faire dériver les mine-
rais connus de l'altération de minerais de profondeur
d'une autre nature chimique, qui auraient été ségrégés au
milieu de la masse des péridotites. Mais cet argument n'est
pas opposable de même à cenx^ qui voudraient attribuer
la formation des minerais calédoniens à des sources ther-
males ; il faut d'ailleurs préciser le sens à donner à ce
terme, car toute différente, à notre avis, serait l'idée de
faire intervenir des eaux chaudes pour expliquer le rema-
niement du nickel primitivement disséminé dans les péri-
dotites, ou pour expliquer sa venue depuis les profon-
deurs.
Contre cette dernière hypothèse, nous avons tout d'abord
à renouveler les arguments déjà présentés ci-dessus au
sujet de l'absence de toute indication de racine des gise-
ments de nickel, et de toute disposition en véritable
réseau de fractures profondes des cassures de i-oche qui
contiennent souvent le minerai; nous avons, d'autre part,
à faire observer qu'en aucun point des régions oii les
fiEonnets disséminés dans les cassures de la roche dispa-
raissent pour faire place à des amas complexes de dépôts
superficiels, on n'a pu, à notre connaissance, localiser quoi
que ce soit qui ressemble à un émissaire autour duquel se
grouperaient en éventail des concrétions riches, rappe-
bï Google
158 RICHESSES MINÉEALES DE LA NODVKLI.R-CALÊDONIE
l&Dt en quelque sorte les dépôts qui ne produisent aatotB-
des orifices des gevsers. Enfin, àmoins que l'on ne reniUe
admettre que les énormes masses de péridotite souvrat
très fraîche que l'on rencontre sans aucune trace de con-
crétions de silicates nicketifères (surtout celles de la
région du Sud de l'Ile) aient été quelque peu imprégnées
par de semblables eaux thermales qui leur auraient donné
la légère teneur èa niokel constatée aujourd'hui, ce qui
personnellement nous parait bien invraisemblable, on serait
conduit à accepter l'idée de detix venues succesaives de
nickel de la profondeur, une première avec les pérido-
tites, et dont le nickel se serait disséminé irrégulière-
ment dans ces péridotites mais toujours avec une assez
faible teneur, et une deuxième, sons forme de sources
thermales, pour former directement les gisements de coa-
ceotration que nous connaissons. C'est là également une .
hypothèse que nous hésiterions à faire; et elle devien-
drait plus invraisemblable encore s'il venait à être établi,
comme nous en avons indiqué la possibilité, que les péri-
dotites ont été jetées en bloc sur le sol calédonien au
cours de quelque puissante convulsion de l'écorce terrestre,
et si l'un se trouvait alors amené à admettre que ce ne
serait plus que par une coïncidence vraiment extraordinaire
que ces péridotites, supposées déjà légèrement nickeli-
fères, auraient été ultérieurement le siège exclusif de la
circulation des eaux thermales amenant des profondeurs de
nouvelles quantités de nickel.
Pour nous donc, le nickel de la NouveUe-Oalédonie esl
venu de la profondeur disséminé dans la péridotite, tant
dans le péridot lui-même que dans l'enstatite, en petites
quantités, et associé d'ailleurs avec des traces de cobalt
et de manganèse, tous trois ntétaux très voisins du
fer, dont les protoxydes se sont vraisemblablement mélan-
gés en faible proportion au protoxyde de fer et à la
magnésie au moment de la cristalliaetion dee silicates-
bï Google
LES MINES DB KtCKBL 15^
ferreux magnésiens ; cette proportion peut, dans les-
érhantinons que nous avons examinés, atteindre jusqn'à
S 1/2 p. 100 de nickel et cobalt métalliques sur la totalité
de la roche, mais elle reste lo plus souvent de quelques
millièmes seulement {').
Ce ne seraient ensuite que des actions superficielles qui
auraient concentré le nickel sur certains massifs, ou
plutôt en certains points de certains massifs, et il ne
nous semble pas du tout nécessaire de faire même inter-
venir des eaux thermales pour expliquer cette concentra-
tion; eUe nous paraît pouvoir simplement être attribuée
aux eaux courantes superficielles que nous avons déjà vu,
avec une évidence quinous parait complète, donner nais-
sance aux masses d'argile rouge avec les concentration»
de cobalt et de chrome qu'elles contiennent et aux quartz
cariés qui jonchent le sol des massifs de péridotite. Nous nous
séparons donc sur ce point de M. Levat(**), qui fait appel
k des eaux thermales tout en paraissant bien admettre
d'ailleurs qu'elles n'ont fait qu'emprunter aux serpentines
le nickel que celles-ci contenaient préalablement.
Nous nous séparons encore de lui- en ce qui touche k
l'association des minerais de nickel aux vasques d'argile
rouge : sans doute, ils se rencontrent toujours au contact
DU au voisinage des argiles ronges, si l'on donne au mot
voisinage un sens suffisamment extensif, qui n'a d'ailleurs
pas besoin de l'être beaucoup, étant donnée l'extrême
fréquence desdites argiles dans la formation serpen-
tineuse : on trouve de ces argiles, nous l'avons déjà dit.
(*) SaÏTBBt H. Lerat (D. LiVAT, AstoeiatUm pour ravvcxitt <!•■
loûncM, loc.cit., p. 3), cette teniur pourrait atteindre 5 p. 100 pour dM
•erpBStiae» ne pr6i«Qtant paa de traces de fiaaures tapiaséei de min»- -
n4 ie Dicka). Nous ignorons si les éotentillons dont 11 ('agit, (pa)lfl4s
MrpaatlnM et non pâridotites, ttaïant aufOsamment iitallérta pour que
l'on puisse arânner qn'ile n'aient pas été soumis k l'action d'eanx su>--
MptlHe* d'y avoir produit une pmnière concentration dn nickel.
t;")Loc.ctl.,p.Tih B." "
bï Google
160 RICHBSSBB MINÉRALES DE LA. NODVBLLE-CALÉIKINIE
toutes les fois que la pente du terrain leur a permis de
se fixer et de ne pas être immùdiatement emportées par
les eaux courantes ; mais nous ue saurions admettre avec
M. Levât que le nickel ne s'est déposé que dans les fis-
sures produites sur les faces restées intactes de la ser-
pentine par le retrait des argiles rouges.' D'une part,
nous avons très souvent observé des gisements de nickel
à une distance très notable des argiles rouges, par
exemple dans des tètes rocheuses de pérîdotite formant
la Crète d'uu massif dont les pentes n'étaient recouvertes
qu'à plusieurs dizaines de mètres de là, parfois même à
des centaines de mètres seulement, d'un manteau d'ar-
gile; d'ailleurs, M. Pelatan (*) signalait, ce qui parait un
peu contradictoire avec l'indication de M. Levât, que
« les principaux gisements de nickel se développent pliiR
volontiers le long des crêtes montagneuses élevées »:
cette dernière remarque a aussi été faite maintes fois
par les mineurs de la colonie qui, par une généralisation
excessive, déclarent souvent que le nickel ne saurait èlro
trouvé à faible altitude. D'autre part, nous ne com-
prendrions pas comment le retrait d'argiles rouges repo-
sant dans le fond d'une vasque de péridotite aurait pu
produire dans cette roche des cassures de l'importance
de celles que manifestent certains des liions et fitonnets
du Plateau de Thio, le Slon de la Boa-Kaine, celui de la
Bien-Venue, etc. Enfin nous n'avons nullement été amené
à observer, comme l'a fait M. Levât, une répartition du
minerai sur les deux bords des vasques d'argile rouge,
soit d'une part au toit et d'autre part au mur de celles-ci ;
tantôt il apparaît dans les fentes de la péridotite, sur
l'un ou l'autre bord de ces vasques, dans lesquelles nous
ne savons d'ailleurs distinguer ni toit ni mur, et il peut,
aux affieurements, paraître déposé entre la péridotite et
l'argile ; mais, plus profondément, il reprend son gisement,
(*) Loc. cil., p. ÏG.
bï Google
LES UINE8 DB NICKEL idl
normal pour les minerais en roche, entre deux épontes
de péridotite {Voir, par exemple, notre croquis, fig. \ de
la PI. III, d'un front de taille de la mine Prise-de-Rivoa);
tantôt l'enlèvement de l'argile d'une telle vasque fait
■voir une tète de minerai au fond même de celle-ci ; tantôt,
«t c'est le cas le plus fréquent pour les affleurements
apparaissant sur des parois suffisamment abruptes pour ne
pas pouvoir retenir l'argile rouge, le minerai se rencontre
Join de tout amas d'argile.
Pour noua donc, c'est simplement l'altération superfi-
cielle des péridotites nickelifères qui a produit les gise-
ments de nickel de la Nouvelle-Calédonie ; nous avons
«spliqu^ déjà quel parait avoir été son processus : fendil-
lement des roches affleurant au jour, circulation des eaux
superficielles dans les masses ainsi fendillées, dissolution
d'une partie des éléments et oxydation des autres sur
place; recristallisation immé<liate des éléments les moins
solubles dans les conditions spéciales du milieu, et départ
des antres, puis altération mécanique des roches ainsi
transformées, et transport â plus ou moins grande distance
des éléments détritiques qui en résultaient.
Dans cette série d'aiHions successives, le nickel, dont
les sels sont, comme on le sait, généralement solubles, et
■qui manifeste par tous les caractères de ses gisements
une connexité très grande avec la magnésie, du moins
-dans les conditions spéciales qui ont été réalisées en
Nouvelle-Calédonie, a été entraîné avec la magnésie et
s'est dépoiîé avec elle sous forme d'hydrosilicates magné-
siens nickelifères : là cependant une différenciation a
commencé à se faire entre les deux métaux, le nickel
s'étant montré plus prompt à se précipiter et ayant ainsi
donné lieu à des formations dans lesquelles lo rapport
entre la quantité de nickel et celle de magnésie est infi-
niment pins élevé que dans les péridotites.
bï Google
162 RICHBSSSa MINÉRALES D8 LA NOnVBLLE-GALÉDOMS
Quant au lieu même oii il s'est déposé, tantôt cela
parait être dans les fisaures mêmes dea péridotites qui
a'altéraient, et c'est ce qui a donné lieu à ces n serpen-
tines damier »qui rappellent beaucoup comme constitution
les serpentines à cloisonnement de quartz que nous aTou)'
mentionnées comme constituant le premier stade de la
décomposition dés péridotites ; tantôt ce ne serait que
dans des fissures plus importantes d'un massif voisin
d'une péridotite restée plus fraîche, c'est-à-dire dans des
cassures de retrait plus ou moins parallèles entre elles,
quoique traversées par un réseau de cassures transver-
sales (type des minerais du Plateau de Thio), ou même
dans des fractures d'allure presque âlonienne, dues à un
effet mécanique plus important avec glissement des deux
lèvres de la cassure l'une sur l'autre et formation de
plans de glissement que le nickel est venu ensuite
comme vernir pour former des « glacis » verts ; ailleurs
les solutions iiickelifères auraient simplement imbibé des
masses plus ou moins terreuses qui recouvraient le sol.
Ajoutons d'ailleurs que ces actions, qui ont sans doute dû
être très prolongées pour produire des effets do l'impor-
tance de ceux que nous constatons, et qui remontent peut-
être il une époque géologique antérieure à la n&tre,
sont vraisemblablement encore actuelles. Il est aisé
d'ailleurs de se rend"re compte de leur possibilité en par-
courant les seides galeries souterraines encore accessibles,
celles de la mine Bien-Venue, où l'on voit, comme dans
toute mine métallique, des eaux légèrement minéralisées
suinter des parois et, en s'écoulant goutte à goutte,
former des dépôts atiilaciiformes de garniérite tout à faii
identiques à ceux que Ton trouve en abondance dans des
cheminées oii on ne les a pas vus se former. Rappelons
enfin que M. Pelatan a recueilli des coléoptères trans-
formés en minerai vert de nickel, qui appartiennent proha-
blemcut à des formes encore vivantes, « empâtés dans
bï Google
LB3 HINB8 DE HICKBL 163
des dêpAts contemporains provenant d'une redissolution
du minerai (') ».
Enfin des minerais terreux et argileux comme nous
en avons signalé, et qui doivent leur teneur en nickel à
la multitude des débris de gamiérite qu'ils contiennent,
tirent évidemment leur origine du remaniement des parties
superficielles des gîtes formés comme nous l'avons dit.
Les minerais de nickel de la Nouvelle-Calédonie sont
donc, à notre sens, de formation purement superficielle;
il faudrait dès lors, comme l'expérience l'a constamment
montré depuis 25 ans, compter les voir tous ne présenter
que peu de développement en profondeur. Mais, inverse-
ment, l'identité des actions superficielles qui se reproduisent
sur les difi'érents massifs de péridotite tous plus ou moins
nickelifères peut, et doit même, produire un peu partout
dans des conditions analogues des gisements du même
genre. Ici le nickel, déjà plus abondant dans la roche mère,
se sera plus aisément concentré jusqu'à une teneur
exploitable; là, au contraire, les minerais qu'il aura pu
former seront plus pauvres ; ici des fissures nombreuses
ouvertes dans les roches auront, pendant de longues
années, offert un passage auxdites solutions nickelifères
qui y auront déposé de riches et abondantes concrétions
de minerai, pouvant s'enfoncer jusqu'à plusieurs dizaines
ou même une centaine de mètres de profondeur; là, au
' contraire, les eaux auront ruisselé sur des roches serpen-
tinisées devenues poreuses et les auront imbibées de
nickel au point d'en faire des minerais exploitables ; plus
loin elles auront trouvé leur chemin tout autour de blocs
compacts de péridotite dans des matières terreuses et
désagrégées sur lesquelles elles auront déposé leur métal
(*) David Lavât, Mémoirt sur les progril de la mélatlurgU du nickel
et sur le» récente» applications de ce métal. (Annaiea des Mines, 9' série,
t. I,p. I4S;1892.)
bï Google
1^4 RICHESSES MINBItA.T.E8 DB LA NnDTELLE-CALlÎDOME
en même temps qu'elles minéralisaient pins ou moins la
superRcie des blocs. Mais partout le nickel, diitsous des
roches démantelées, parait s'être concentré dans les points
qwô la nature des roches ou la forme du terrain rendaient
le plus farorables k «on dépJït. On peut donc, k notre
avis, espérer le rencontrer en gisements plus ou moins
riches successiTementdane tous les massifs de péridotite
de la colonie, car, bien que nos analyses n'aient naturel-
lement porté que sur un nombre restreint d'échantillons,
mais provenant des régions les plus diverses de la forma-
tion serpentineuse, nous croyons pouvoir affirmer que
toutes les périilotites de la Nouvelle-Calédonie sont
nickelifêres.
Nous nous séparons donc encore sur ce dernier point
de M. Levât et aussi de M. Pelatan, qui, dans les mémoires
que nous avons déjk si souvent cités, signalent un cer-
tain nombre d'alignements de massifs niokelifères ; pour
M. Levât, ces alignements sont étroits, puisque la largeur
des lignes suivant lesquelles se répartissent les districts
nickelifêies ne serait en général que de 600 Ji SOOmfetres,
et qu'en dehors d'elles il n'y aurait que des enrichisse-
ments locaux et sans continuité ; M. Pelatan est déjà
moins afflrmatif. et fait simplement connaître que l'on a
remarqué que les principaux gisements de nickel c< se
troavent disposés suivant certains alignements spéciaux »,
mais que « les alignements nickelifêres déjà bien déter-
minés sont nombreux » et qu' « il s'en trouve de plus ou
moins notables dans tous les massifs serpentineux » ; pour
lui, ceux qui méritent le mieux de fixer l'attention sont :
1* L'immense alignement qui suit les limites vers
l'Ouest et vers le Nord du grand massif serpentineux du
Sud sur plus de 100 kilomètres depuis le mont Dore
jusqu'à Nakety, et qui englobe les mines de la Dumbéa,
de la Tontouta, de la Ouenghi et surtout le célèbre dis-
trict minier de Thio;
bï Google
LES HINBB DB MICKfiL lâQ
2° L'alignement allant de la baie de la Rencontra à
Tlûo sur la cftteËst, et que jaloonent leu BUnea de Ni,
de Brindy et de Port-Bouquet;
3° L'alignement de Naketyau mont Arembo,qui passe
par les mines de Ganala, de Konaona et de Méré;
4° L'alignement du mont Boa au mont Adio, dans le
centre de l'Ile, remarquable par les gîtes du mont Krapet;
5" L'alignement du mont Poya au mont Kopeto, avec
les riches sto<;kwerks, tout récemment découverte, des
mines de Muéo et de Poja;
6° L'alignement du mont Kouiambo au mont Katépahié.
11 su^t, à notre avis, de jeter un coup d'œil but la
fig. 2 de la PI. I pow voir combien ces alignements
s'écartent souvent d'une ligne droite et combien de gise-
ments signalés en sortent ; on est dès lors amené il renon-
cer à un semblable groupement, et à constater amplement,
qu'à part quelques exceptions que nous avons déjîi men-
tionnées (extrémité Sud de l'Ue, massif du dôme 4e
Tiebaghi et presqu'île de Poume), les minerais de nickel
paraissent abondamment répandus sur toute la fonnation
serpentineuso de la colonie.
En résumé, quoi qu'il en soit des réserves que nous
avons dû faire au sujet de la richesse des massifs encore
vierges, et quelque insuffisants même que soient les tra-
vaux de reconnaissance poursuivis soit sur les mines
aujourd'hui abandonnées, soit même sur les mines en
exploitation, pour pouvoir permettre de hasarder même
une évaluation très grossière de l'importance des res-
sources en nickel qui subsistent actuellement dans notre
colonie, nous n'hésitons pas à les considérer comme extrê-
mement considérables. Nous ne doutons pas d'ailleurs
que l'on ne soit frappé, avec nous, de constater par les
quelques indications qui précèdent combien il y a peu
«l'entre les régions oii s'étale la formation serpentineuse.
bï Google
166 RICHESSES UINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
régions qui couvrent un espace de 600,000 hectares rap-
pelons-le, où l'on n'ait trouvé ici ou Jà de riches minerais
de nickel, et où il ne soit parfaitement légitime, à notre
avis, de supposer que l'on puisse ouvrir des mines fruc-
tueusement exploitables. Dans beaucoup d'entre elles, on
a d'ailleurs déjà constaté, d'une façon plus ou moins
certaine et sur une étendue plus ou moins vaste, l'exis-
tence de beaux gisements.
Nous pensons donc que, si quelques-uns des amas les
plus riches ont aujourd'hui été déjà largement exploités,
et que si d'autres ont été plus ou moins complètement
gaspillés, il en subsiste vraisemblablement encore beau-
coup d'assez riches pour être fructueusement exploitables,
et qui sont susceptibles de fournir, pour un grand nombre
d'années encore, une active extraction.
Il nous reste à indiquer dans ce qui suit dans quelles
conditions ont lieu aujourd'hui, et pourraient avoir lieu
dans l'avenir, ces exploitations.
bï Google
CHAPITRE III.
CONDinOlfS ÉCONOMIQUES DE L'EXPLOITATION
DD NICKEL
Les indications qui précèdent suffisent à montrer qae
les différentes mines actiiellement exploitées, et aurtout
celles que l'on peut encore songer à mettre en exploita-
tion en Nouvelle-Calédonie, se trouvent dans des condi-
tions économiques très différentes, qui sont susceptibles
de faire varier du simple au double, souvent même sur
une plus large échelle encore, les différents facteurs du
prix de revient. Nous nous proposons de fournir mainte-
nant quelques indications un peu plus précises sur ces
différents facteurs ; nousles partagerons en trois groupes :
l'abatage, le triage et la manutention sur carrières, —
les transports et l'embarquement, — et enfin les dé-
penses d'installations et les frais généraux.
Tous les chiffres que nous avons pu recueillir à ce
sujet se rapportent toujours à la tonne de minerai iiu-
mide, tandis que les teneurs sont calculées sur le minerai
sec; il y a donc là une cause de confusion, puisque les
deux chiffres, relatifs l'un au prix de revient, l'antre à
la quantité de métal contenue, c'est-à-dire à la valeur du
minerai, se rapportent à des poids différents, et souvent
très différents, de ce minerai. Noua conserverons dans
ce qui suit les chiffres de prix de revient calculés par
tonne humide, tels qu'ils nous ont été fournis, mais noua
les ferons suivre des chiffres approximatifs relatifs à la
tonne de minerai sec.
bï Google
168 RICHBBSE6 HIN'ÉRALES DB LA ^0G^'EU.E-CALB1>0NIE
A. — AbATAOB, triage et HANCTESTION SDR CARRIÈRE»
Nous ne croyons pas avoir à revenir sur les exploita-
tions souterraines, qui ont été la règle dans les premiers
jours de l'extraction du nickel en Nouvelle-Calédonie,
mais auxquelles n'ont pas tardé à se sobstituer progres-
sivement les exploitations à ciel ouvert, qui seules se-
poursuivent aujourd'hui, et qni paraissent très certaine-
ment devoir être continuées à l'avenir à l'exclusion de
tous travaux souterrains. Les indications qui suivent 8e
rapporteront donc uniquement aux exploitations à cieE
ouvert.
Comme nous l'avons mentionné à maintes reprises, un»
telle exploitation ne va eu aucun cas sans l'abatage, en
même t«mps que du minerai, de quantités toujours con-
sidérables de stérile, qu'il faut non seulement abattre^
mais encore trier, puis évacuer ; il faut en outre, avant
de pouvoir atteindre les parties minéralisées du glte^
enlever des terres de recouvrement stériles {générale-
ment des argiles rouges); après le triage, il faut encore
grouper les minerais à la tête de l'engin à l'aide duquel
ils sont descendus au pied de la mine, d'où ils sont enfin
expédiés. Nous dirons donc d'abord quelques mots de
l'enlèïement des terres de recouvrement, puis de l'aba^
tage des masses minéralisées, du triage, de l'évacualjcm
du stérile, H enfin des transports accessoires du mine-
rai sur la mine même.
L'enlèvement des terres de recouvrement est une
charge essentiellement variable d'une mine à l'autre :
lorsqu'on exploite des minerais rocheux dont les escatTie-
ments affleurent au jour et ne peuvent d'ailleurs pas re-
tenir de masses terreuses ou argileuses, cette partie du
travail est supprimée ou peu s'en faut; dans d'autres-
bï Google
LB3 UINE8 DS NICKBL \&^
gisements, au coatraire, qui sont précisément ceux que
l'on tend à exploiter de plus en plus aujtHJrd'bui, le aol
est recouvert d'une couche plus du moins épaisse d'ar-
gile rouge de laquelle émergent seulement quelques-
tétes rocheuses ; il faut alors procéder à des découverts.
Ceux-ci ne se font d'ailleurs le plus souvent qu'au fur ot
à mesure de l'avancement des gradins des carrières : on
a seulement soin d'eoiever l'argile rouge à la couronne
des chantiers sur quelques mètres en avance, ou au
moins d'y pratiquer un talus à pente suffisamment douce
pour éviter que l'effritement de ces argiles au soleil ou-
au contraire leur entraînement par la pluie ne les-
amènent jusqu'au front de taille et ne salissent ainsi
le minerai. Dans ces conditions, l'enlèvement des terres
de recouvrement n'est souvent pas distingué de l'aba-
tage normal du stérile, et il est difficile d'en appré-
cier l'influence sur le prix de revient, d'autant plus qu'il
est impossible de donner aucun chiffre sur les épaisseurs,
toujours variables d'un point à l'autre, des terres de
recouvrement que l'on est amené k enlever dans les dif-
férents cas, et sur le rapport entre leur épaisseur et celle
dos traînées minéralisées que l'on exploite au-dessous
d'elles; tout ce que nous pouvons dire, c'est que nous
n'avons nulle part vu poursuivre d'exploitation sous des
épaisseurs quelque peu notables, c'est-à-dire dépassant
un petit nombre i!e moires, d'argiles rouges. Dans une
seule des exploitations que nous avons visitées, on tenait
un compte exact des journées de main-d'œuvre consacrées-
aux travaux improductifs, c't'st-à-dire non seulement à
l'enlèvement des terres de recouvrement, mais encore
aux terrassements, poses de voies sur les carrières, ins-
tallations diverses, etc. ; le nombre des Journées de main-
d'œuvre qu'ils nécessitaient variait, suivant les points, de
20 à ^ p. 100 du nombre total des journées de main-
d'œuvre consacrées, sur la mine mémo, à l'ensemble des-
bï Google
1
170 R1CHESSB8 I11NSRAI.es DB LA NODTELLB-CALÉDONIB
différents travaux que nous avons énomérés ci-dessus ;
cela correspond à une dépense que nous croyons pouvoir
évaluer grossièrement comme variant de 3 à 15 francs
par tonne de minerai humide, soît4 à 20 francs environ
pour le minerai sec.
L'abatage des masses minéralisées est parfois très aisé,
lorsqu'il s'agit de poches et de traînées de rainerais ter-
reux et pulvérulents qu'il suffitde désagrégera la pioche;
mais, le plus souvent, il comporte l'emploi du pic et de la
pince, pour dégager les blocs rocheux parfois très volu-
mineux du magma bréchoïde qui les empâte, ou pour
briser les concrétions qui les réunissent ; d'autres fois —
mais c'est là un cas qui devient un peu exceptionnel —
l'abatage se poursuit à l'aide de coups de mine dans des
roches serpentîneuses dures au milieu desquelles courent
des liloRnets plus ou moins riches. Ajoutons d'ailleurs que
l'abatage comprend en outre, dans les deux derniers cas
tout au moins, la séparation, à l'aide du pic générale-
ment, des parties minéralisées, enduits et fllonnets de
silicate oucro&tesde serpentine décomposée, qui adhèrent
aux blocs.
Dans de telles conditions, le rendement par ouvrier
occupé à l'abatage ne peut ^tre que très variable, et avec
lui le prix de revient d'abatage ; d'ailleurs, ni l'un ni
l'autre de ces deux éléments n'a une signification abso-
lue ; d'une part, le rendement individuel varie beaucoup
avec la catégorie des travailleurs employés, surtout
lorsqu'il s'agit de travaux de force, comme l'abatage, pour
lesquels tout le monde s'accorde à reconnaître qu'une
journée de travailleur blanc est notablement plus produc-
tive qu'une journée de travailleur jaune ou éventuelle-
ment de travailleur noir; d'autre part, les prix de journée
qui sont alloués à ces différentes classes d'ouvriers ne
sont pas toujours exactement en rapport, comme on
bï Google
LES UINBS DE NICKEL 171
serait tenté de le supposer, avec l'efficacité de leur tra-
vail. Sons réserve de ces observations, nous pouvons dire
que les frais d'abatage proprement dit varient généra-
lement entre 5 et 15 francs (') par tonne de minerw hu-
mide (7,50 à 20 francs par tonne sèche) ('*). La variation
de ces chiffres d'une mine à l'autre correspond non seu-
lement aux différences profondes dans l'état d'agrégation
des masses à abattre, mais encore à la minéralisation
plus on moins riche de ces masses. Nous avons fourni k
mesure, pour quelques mines, des chiffres permettant de
se faire une idée des limites entre lesquelles peut varier
la minéralisation ; sans s'arrêter à certaines carrières
particulièrement riches, et cela d'une façon qui n'est sou-
vent que momentanée, on peut dire qu'il est rare qu'il
ne faille pas en moyenne remuer au moins 3 ou 4 mètres
cubes de matières (cubées abattues, c'est-à-dire telles
qu'on les manipule) par tonne de minerai humide pro-
duit, ce qui laisse encore à un bon ouvrier uniquement
occupé à l'abatage la possibilité de produire par jour
plusieurs tonnes de minerai ; ce sont là des chiffres rela-
tifs aux mines les mieux partagées, et un chiffre moyen
nous parait être celui de 6 à 8 mètres cubes par tonne
de minerai ; ces chiffres sont d'ailleurs souvent dépassés,
même dans des mines oii l'abatage se poursuit en roche
dure, et nous rappellerons celui que nous donnions précé-
demment, comme une limite que des circonstances spéciales
(') Les frus que nous iadiquons ici et que nous indiquerons dans
la luite sont calculés en tenant cninpte des salaires nominaux des
ouvriers ; ils doiieut être en pratique diminués dani une large propor-
tion (variant Traiseoiblablement de 20 k 40 p. 100 suivant les exploita-
tions) en raison de la coutume, sur laquelle nous reviendrons dons
ta suite, du paiement de la majeure partie des salaires en vivres ou
Dtarchandises diverses, sur lesquels l'exploitant prélève un important
béneSce.
(**) Rappelons que, pour l«s minerais faciles à abattre, c'est-à-dire
les minerais terreux, la proportion d'bumidité est notablement plus
forte que pour les minerais rocheux, plus difOciles h exploiter.
bï Google
172 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIB
permettent seules d'atteindre, de 10 à il mètres cube»
de roche, généralement dure, abattus par toQue de mine-
rai produit ; il est bou d'ajouter que les chiffres les pha
faibles que nous citons ci-dessus doivent être majorés de
plus d'un tiers pour passer à la tonne de minerai sec.
tandis que les derniers n'ont guère à {>tre majorés dépits
d'un cinquième.
On peut donc dire que par tonne de minerai sec on abat
et on manipule, suivant les mines, de 4 mètres cubes 1/2 à
12 ou 13 mètres cubes de stérile (mesurés abattus), el
que, dans ces conditions, un ouvrier occupé uniquement à
l'abatage peut produire par journée depuis moins d'une
tonne jusqu'à 2 tonnes et demie de minerai sec.
Après l'abatage, il est procédé au triage du minerai, qui
est l'opération la plus minutieuse du travail; cette opéra-
tion commence d ailleurs avec l'abatage même, et tout
bon ouvrier doit apporter ses soins à ne pas abattre de»
parties que leur aspect indique comme richement minéra-
lisées eu même temps que d'autres qui sont pratiquement
stéiiles ; cela devient surtout essentiel dans les mines à
remplissage terreux. : tandis qu'ici l'analvse a montré que
tel aspectde matière pulvérulente correspond à une teneur
payante, là on sait que telle autrenaturede terre est d'une
teneur trop faible pour que la mas^e puisse être utilisée;
il importe donc d'abattre séparément ces portions qu'un
triage ultérieur ne saurait plus séparer. Cela est si néces-
f aire que c'est, pour une bonne part . en raÏMn de l'impos-
sibilité (le prendre de tels soins en cas de ploie violente
venant à délaver le front de taille, qu'il est d'usage cons-
tant de no pas travailler sur les mines les jours de pluie.
L'abatage k un même chantier comprend ainsi d'abord
celui de matières que l'on sait être pratiquement stériles-
et que l'on enlèvera de suite, en ayant souvent même
bï Google
Len HINES DE NICKEL 173
«oin de bien balayer le sol de la carrière sur lequel
tomberont ultérieurement les minerais ; on attaque ensuite,
s'il y a lieu, les parties réellement riches qui, soigneuse-
ment abattues, donneront, soit immédiatement, soit grâce
à un triage facile, du minerai d'enrichissement; enfin on
fera tomber en dernier lieu les minerais mélangés, tels que
les tilocs à enduits ou &«roûtes minéraiiséi^, qui seront alors
triés en détail ; tantftt le piqueur lui-même commence
le triage en détachant des blocs les parties riches qui
sautent sons le pic, tantôt ce sont des ouvriers spéciaux.
Presque toujours le triage est terminé par des ouvriers
spéciaux, et c'est là un travail auquel on emploie avec
beaucoup de succfes la main-d'œuvre jaune et surtout les
Japonais. On n'a en effet recours à aucun procédé de triage
mécanique, et de fait il no semble pas que, pour des ma-
tières aussi complexes et aussi variables, il soit possible
d'en adopter un. Presque toujours le triage débute par
an classement de grosseur plus ou moins soigné.
Dans certaines mines, surtout celles ofil'on ponrsuit de
petits fîlonnets de minerai riche dans les fractures de la
roche dure, le triage est très minutieux ; dans d'autres, an
contraire, oii Ton abat des masses terreuses très peu homo-
gènes, le triage se fait pour ainsi dire au front de taille on
abattant séparément les diverses catégories de matières
dont l'expérience, contrôlée par des analyses journalières
très nombreuses, permet de reconnaître à l'aspect la teneur
approximative. Dans le premier cas on procède d'abord à
un criblage: la maille du crible, appropriée aux conditions
spéciales du chantier, a' été choisie par expérience de
manière à ne laisser passer que des fragments qui, dans
l'ensemble, auront une teneur suffisante ; le refus de ces
rribles est alors soigneusement trié fc la main et cassé
au marteau par des oumers spéciaux : c'est l'opération
classique du acheidage. Elle produit généralement, en
même tempxquedes minerais mixtes, mais encore payants,
bï Google
174 RICHESSES MINÉRALES OB LA NOCVELLE-CALÂDOMIE
des minerais richea doDt la teneur peut atteindre etnaëioe
dépasser 9 et 10 p. 100.
C'est là un mode de triage nécessairement onéreux et
qui n'existe plus que dans un petit nombre d'exploitations;
plus souvent le classement de grosseur est fait beaucoup
plus sommairement au râteau : dans les chantiers à minerai
terreux, lorsque l'abatage est bien conduit, on peut
en effet se contenter d'éliminer des matières terreuses
paj'aiites les fragments rocheux qui peuvent y être noyés
ou ceux qui ont pu y tomber, le rfttcau suffit à cet usage ; dès
lors le triage se réduit à l'examen de ces fragments r^
cheux, au dépeçage des gros blocs dans les conditions que
nous avons indiquées, et éventuellement aux opérations
minutieuses que nous venons de dire, lorsque l'on tombe
sur une de ces cheminées à concrétions riches ou sur une
partie de gisement à allure fîlonienne.
Le triage ainsi pratiqué donne lieu k la séparation des
matières abattues en stérile immédiatement évacué, en
minerais riches généralement conservés pour enrichir les
lots pauvres, et enfin en une série de tas de minerais
moyens, que l'on a le plus souvent grand soin de mettre à
part suivant qu'ils proviennent d'un coin ou l'autre du
front de taille ou qu'ils ont des aspects différents ; chacun
ne sera incorporé h la masse du minerai marchand qu'après
qu'une analyse en aura vérifié la teneur ou que, si c'est
nécessaire, cette teneur aura été relevée au taux conve-
nable par addition de minerai d'enrichissement. Le minerai
est alors prêt à être descendu.
Comme nous l'avons dit, et comme cela résulte des expli-
cations qui précèdent, le triage n'est pas pratiquement
séparé de l'abatage, les mômes ouvriers sont souvent occu-
pés alternativement à l'un et l'autre travail ; aussi les
chiffres que nous avons pu recueiUir pour préciser les
frais qu'entrfUnent ces opérations ne se rapportent-ils qu'à
l'ensemble de l'abatage et du triage. Dans ces conditions,
bï Google
LBS MINES DB NICKEL 175
le rendeiueiU par homme occupé à l'abatage et au b*iage
éUitvoi3iiide225 kilogrammes seulement (175 kilogrammes
secs) pour tme exploitation de filonnets riches très dissé-
minés dans une roche dure ; ce chiffre s'élevait à 350 ki-
logrammes (280 kilogrammes secs) pour un gîte de mi-
nerai bréchoïde dur généralement concrétionné ; pour des
minerais terreux, il était de 425 kilogrammes (310 kilo-
grammes secs) dans une mine dont le gisement était assez
pauvre, tandis qu'il atteignait, an contraire, 1.050 kilo-
grammes (750 kilogrammes secs) dans un gisement du
même type, mais plus favorisé par les conditions naturelles,
et tandis qu'il peut même s'élever, pour des chantiers
d'une richesse exceptionnelle, jusqu'à 1 tonne 1/2 ou
même 2 tonnes de minerai humide. Les prix de revient
correspondants varient alors de 8 à 30 francs par tonne
de minerai sec.
L'évacuation des déblais ne laisse pas d'être une ques-
tion importante dans des mines qui produisent toujours
plusieurs fois autant de stérile que de minerai, et qui
arrivent parfois à en produire jusqu'à 10 fois autant et
même plus; c'est dès lors par 100.000 tonnes que se
chifTre annuellement le poids des déblais dont il faut se
débarrasser dans une exploitation importante. Le relief
du sol se prête d'ailleurs très aisément à l'évacuation
des déblais, car il n'est pratiquement pas de mine de nickel
en Nouvelle-Calédonie à peu de distance des chantiers de
laquelle ne se trouve quelque ravin à pente suffisamment
rapide pour que les déblais puissent y être précipités
presque indéâniraent. Une telle manière de faire ne serait
pas sans de graves inconvénients dans un pays plus habité
ou plus cultivé; mais, les montagnes de la formation ser-
pentioeuse n'étant généralement propres ni à la colonisa-
tion ni à la culture et n'étant habitées que par les mineurs,
as inconvénients sont rarement ressentis ; cependant il
bï Google
176 RICHESSES MtNBlULES DB LA KOOVELLE-CALÉDONIB
n'est pas sans exemple que, dan^t le désir d'éronomiser le
plus possible sur ces transports de déblais, on ait parfois
déversé le stérile de manière à renonvrir des portions
minéralisées de la surface, et, aujourd'hui encore, il arrive
fréquemment que les amodiataires de mines ne se préoc-
cupent nullement d'éviter pareil f^aspitla^e.
Dans ces conditions, les difféi-ents gradins des earriàres
<le chaqne mine sont presque toujours prc4ongés par ime
petite voie ferrée jusqu'au bord de quelque ravin suffisam-
ment abrupt pour servir de déchaîne; une plateforme est
ménagée dominant le ravin, et le déblai amené par des
wagonnets y est culbuté. Les frais, généralement assez
faibles, afférents à ces roulages, sont partout comptés avec
les frais de transport du minerai sur carrières, dont il
nous reste à parler.
Dans toutes les exploitations actuellement en activité,
sauf une seule, celle de Népoui, le transport des minerais
depuis les chantiers jusqu'au point d'embarquement se
fait en sacs. C'est là une pratique qui a été adoptée dès
le début de l'exploitation du nickel pour éviter que, dans
des manutentions successives de chargement et de dé-
chargement, le minerai ne fût sali par le contact avec le
sol plus ou moins argileux et souvent boueux ; les sacs
constituaient, en outre, un récipient assez commode à
i'éjioquc oii les installations de transport dont on dispo-
sait étaient des plus sommaires. Aujourd'hui, une telle
pratique a perdu beaucoup de son utilité pour toutes les
exploitations un peu importantes, et ime modifloation peu
cofiteuseau matériel de transport permettrait, comme on
l'a fait avec beaucoup de raison à Népoui, de supprimer
la dispendieuse oi)ération de l'eusachage. Donc, dans la
plupart des carrières, une fois le minerai trié et une
foislestas do différentes qualités analysés, afin de recon-
naître s'ils peuvent être expédiés tels que, s'ils doivent
bï Google
LES MINES DE NICKEL 177
être rejetés, ou bien enrichis, on procède à l'ensachage
dans des sacs de jute, qui sont ensuite cousus. C'est là
une opération encore minutieuse, et qui coûte de 0'',75 à
1 franc par tonne (1 franc à 1*',50 par tonne sèche) ;elle
est souvent exécutée à forfait par un groupe d'ouvriers,
qui reçoivent suivant le cas de 25à40francspar I.OOOsacs
remplis et cousus ; chaque sac tient de 30 à 40 kilogrammes
de rainerai humide. Il faut d'ailleurs, pour apprécier la
dépense totale d'ensachage, ajouter aux frais de main-
d'œuvre les dépenses correspondant à l'usure des sacs, qui
est extrêmement rapide ; celle-ci est variable suivant
l'importance et le nombre des manutentions subies par le
minerai entre le moment oti il est ensaché et celui ofi il
est sorti des sacs pour être entassé au boni de la mer,
elle représente au moins O^'-TS à i franc par tonne (') ;
si l'on tient en outre compte du surcroît de main-d'œuvre
à l'entassement que comporte cet ensachage, on arrive à
cette conclusion que l'ensachage charge rarement le prix
de revient de moins de 2 francs par tonne de minerai
(2", 50 à 3 francs par tonne sèche). On voit par là que,
pour une exploitation importante, la suppression de
l'ensachage justiRerait les frais de modification du ma-
tériel.
Une fois le minerai ensaché sur le sol même du gradin
de la carrière ob il a été abattu, il est transporté à ni-
veau sur wagonnets piafs circulant sur raits, puis descendu
jusqu'au point où il est groupé pour être expédié au pied
d(! la mine.
Cette première descente a quelquefois Heu a. dos
d'hommes ; d'autres fois elle se fait de gradin en gi-a<lin
dans des couloirs successifs en bois d'inclinaison conve-
nable; d'autres fois encore, on se sert de petits câbles.
(*) Les sacs coûtent, rendus sur place, entre 35 et M centimes pi^ce:
■ts Tout rarement plus de 10 à 12 voyages complets entre la mine et le
tas ; c'est dire qu'on en use au moins deux par tonne transportée.
bvGoogIc
iTS* BICHBSSES UINÉBALB8 im LA HOQVBLLB-CALÉDONIB
soit du type <Je8 c&bles à crochets, soitdu type des c&bles
à roulettes, doat nous ferons meation ci-après. Enfùi^
lorBtjue les différents gradins d'un même groupe da-
carrières sont coBveoablemeBt disposés, ob peut asvmr
recours à un jrfan ÎDcIiné à chabot porteur ordinaire, sur-
la plateforme duquel on charge les sacs ; tel est le ca»
de l'exploitation des Borsets à Thio.
A Népoui, oii l'on ne procède pas k l'ensachée, 1^
gradins d'une même carrière sont desservis par un large-
couloir en bois convenablement conditionné pour per-
mettre, sans danger de pert« ni de mélange à aucune-
matière étrangère, la descente spontanée du minerai tant
qu'il n'est pas trop humide ; dans ce dernier cas, un honune-
est quelquefois néreaeaire pour aider à la descente de la
masse, souvent argileuse, qiiitendàse coller aux parma^
le minerai, directement culbuté hors des wagonnets qui
circulent sur les voies des difTérents gradins, descend'
ainsi jusqu'au point de groupement, et y tombe dans des
trémies, d'où il est ensuite déchargé pour être descendu .
au fond de la vallée. La dépense de main-d'œuvre d'en-
sachage est ainsi évitée, en même temps que celle qui est
relative au transport des minerais sur carrière se trouve
diminuée; les frais de premier établissement ne sont
d'ailleurs pas sensiblement plus élevés que ceux que l'on
ferait, même dans des gisements aussi concentrés, pour-
permettre le même transport en sacs.
La dépense occasionnée par ces transporta secondaires-
des minerais sur carrières est naturellement variable sui-
vant la disposition du gite et suivant la position du point
cil l'on groupe les minerais; importante lorsque les
minerais doivent être descendus d'une série d» chantiers
disséminés et éloignés, elle devient beauconp plus res-
treinte lorsqu'un petit nombre de gradins à forte pro-
duction sont bien groupés.
Les frais globaux do main-d'œuvre pour l'évacuationL
bï Google
t^i HINB8 DE StOKEL 179
du sl^le, l'ensachag» s'il y a. lieu, at le transport sur
carrières, varient généralement entre 2",5Û et 4 francs par
fonne humide ; si Von en déduit la main-d'œuvre consacrée
à l'ensachage, dont noua avons déjà, tenu compte ci-des-
sus, ces chiffres peuvent être réduits à 2 ou 3 francs par
toane de mineni humide (3 francs à 4'',50 par tonne
■éche).
Les différents éléments du prix de revient du minerai
sur carrières, c'eftt-à-dire du minerai rendu au point où
les produits des différenla chantiers sont groupés pour être
descendus au pied de la mine, peuvent donc s'évaluer
comme suit pour une tonne de minerai sec :
Abatage el Iriafte 8,00 à 30,09
Transport sur carrières, y compris l'éïacuation du
aléiile 3,00 à 4,50
Travaux préparatoires, le rrassemenU divers, etc.. 4,00 à 20,00
Ensflchage(s'il y a lieu) 2,B0 è 3,0»
Il ne serait naturellement pas bien exact de totaliser
d'une part les chiffres minimum ci-dessus et d'autre part
les chiiTros maximum, pour en déduire les maximum et
minimum entre lesquels varient pratiquement les prix de
revient totaux. Cependant il est k peu près exact de
dire qœ, lorsque l'on exploite sans souci du lendemain les
plus riches portions d'un beau gîte, les frais courants
d'exploitation, sans tenir compte d'aucun amortissement,
ne représentent souvent pas plus d'une quinzaine de francs
par tonne de minerai sec, ce qui correspond à peu près
au chiffre de 10 francs par tonne humide qui nous a été
donné par plusieurs exploitants. Lorsque l'on cherche au
conù*Mre à tirer parti complètement de toutes les portions
pratiquement utilisables d'un gite déjà aménagé et pourvu
de moywts de transport éooooaiiques, on peut aUN* ;us-
bï Google
180 RICHESSES HIHAralES IX LA NOtrVELLB-CA.Lâl>OÏIlB
qu'à des prix de revient d'une cinquantaine de francs par
tonne de minerai sec à 7 p. 100.
B. — Transports et eubarqcbuent.
Toujours exploités à flanc de montagne, et le plus sou-
vent à des altitudes de plusieurs cent^nes de mètres, les
minerais peuvent généralemeat être amenés jusqu'au
rivage par le seul effet de la gravité ; c'est dire que les
frais de transport se réduisent, en dehors des dépenses de
premier établissement, à des frais de main-d'œuvre d'au-
tant moins élevés que les installations sont plus perfec-
tionnées et que les tonnages à transporter par les mêmes
engins sont plus considérables.
Le transport, à proprement parler, comprend presque
toujours deux phases successives, la descente jusqu'au
pied de la mine, c'est-à-dire jusqu'au fond de la vallée
ou jusqu'à un point de la cOte où la pente du terrain de-
vient très faible, puis un transport jusqu'au bord de la
mer ou d'une rivière flottable, le long d'une pente relati-
vement faible, qu'on peut appeler un transport horizontal
par comparaison avec le précédent. Au bord de l'eau, le
minerai est entassé; il est ultérieurement repris pour être
embarqué dans des chalands et amené au bateau qui doit
l'exporter, point oii a lieu la livraison à l'acheteur.
La descente du minerai se fait uniquement à l'aide de
câbles, engins relativement peu usités dans nos pa^s,
mais qui, en Nouvelle-Calédonie, sont les auxiliaires indis-
pensables du mineur, à tel point que nous pouvons dire
sans exagération que, sans les câbles, l'exploitation éco-
nomique des minerais de nickel de notre colonie serait à
peu près impossible. Comment, en eEfet, aller chercher,
sans dépenses excessives, au sommet de montagnes escar-
pées, hautes de plusieurs centaines de mètres, les milliers
de tonnes qui constituent les produits d'une exploitation.
bï Google
LES MINES OB NICKEL 181
pour les amener au pied de cea montagnes ; et comment
leur faire franchir des gorges profondes ob courent des
eaux sauvages, un jour en minces filets, et le lendemain
en torrents charriant des blocs énormes, et leur faire
côtoyer des mamelons couverts d'une brousse inextri-
cable?
Le câble seul, avec sa souplesse d'adaptation, est suscep-
tible de satisfaire à de semblables nécessités. Aussi est-
fl univers elle ment employësous l'une des trois formes que
distingue M. l'Ingénieur en Chef des Mines Babu, dans
le mémoire (') par lequel il a fait connaître les modes de
transport du minerai employés il y à dix ans en Nouvelle-
Calédonie, modes de transport qui n'ont guère subi de
modifications depuis lors. Ces trois formes sont le câble
unique, le plan incliné aérien, et la chaîne flottante
aérienne ou transporteur. Nous ne donnerons sur chacun
de ces engins que des renseignements très sommaires;
nous renvoyons pour les deux premiers au mémoire si
complet que nous venons de citer; quant au troisième, il
est trop connu, et d'un emploi trop générât dans divers
pays du monde, pour que nous ayons à en entreprendre
ici la description.
Le càble unique n'est qu'un câble d'acier, de 10 milli-
mètres de diamètre le plus souvent, tendu entre deux
chevalets en bois placés aux deux extrémités du par-
cours h effectuer; la charge, qui doit descendre le long du
câble par l'effet de son poids, y est suspendue tantôt par
un crochet en bois dur graissé qui supporte une élingne, et
tantôt par une roulette en fonte munie d'un crochet sup-
portant également l'élingue qui enserre le sac de minerai
{*) Lei plant iitelinét atriaa ds ta Société d'exploitation de» mine*
de nickel en Somietit-Catédonie, pat M. L. Babu, ingânieiu au Corps
des Mines, directeur de la Société d'axploitaliou des mines de nickel
[Annatta des Minet, 9* «érie, t. VI, p. SS3 et suiv. ; 18M).
bï Google
182 RICHESSES MINÈRALBS OE LA KODVÎLLE-CALÉDONIK
à transporter (ce mode fie transport n'est noployé que
ponr le minerai eneachà). A. la recette inférieure, on dis-
pose en avant du chevalet an épais matelas de brouasaUles,
de jonc, ou de foin, constituant on tampon an pied duquel
le sac vient tomber après amortissement de sa vitesse. La
suspension par crochets ne peut être utilisée que pour les
pentes dépassant 8 à 9 p. 100, arec des ] entes moindres
les sacs resteraient trop souvent en route ; pour les pentes
dépassant 20 p. tOO, il est employé à l'exclation de la
roulette, qui laisserait prendre k la charge ane vitesw
excessive, entraînant de trop fréquents déraillements; la
roulette fonctionne bien pour des pentes moyennes, avec
minimum de 5 ou 6 p. 100. La main-d'œuvre qu'exige lo
service d'un semblable engin est restreinte : deux bommei
au sommet suffisent à étitiguer les sacs et k les suspendre,
deux hommes à la base les reçoivent ; on atteint facile-
ment, dans ces conditions, un débit de 15 tonnes par jour-
née de 9 heures. Il faut ensuite remonter tes sacs, les
élingiies, et les ronlcUes ou crochets, quelquefois à do6
d'hommes, plus souvent à l'aide d'un ou de plusieurs
chevaux de bAt suivant le parcours à effectuer.
D'une installation peu roftteuse, puisqu'il n'y a guère
que la valeur du cAhIe et les frais do pose à compter,
soit en moyenne 1"',50 par mètre courant, nn tel cible
peut assurer au total, suivant M. Babu, la descente de
2.000 tonnes de minerai; il pont être utilisé sur des longueurs
considérables, dépassant 1 .OOOmètres, Mais il donne lieu à
des pertes importantes de minerai, car tout incident dans
la descente, déraillement ou arrêt dn sac au milieu de sa
course, aboutit nécessairement à la chute de la chaîne
au fond de quelque ravin, c'est-à-dire k la perte du mine-
rai, du sac, de l'élingue, et de la roulette. Un câble de
1.100 mètres do longueur et de 9' de pente moyenne
dounait ainsi lieu, tsuivant M. Babu, à une perte de mine-
rai de 6,5 p. 100.
bï Google
Les HINBS DE NICKEL 183
Le cftble unique est sitrtont employé pour franchir les
pelitea âielâiices qui séparent les cacrièr«s d'un m6me
groape : c'est l'engin le plus habituel de la concentration
■du minerai «ur carriëreE ; dans ce cas les pertes de mine-
Tai sont doublement réduites, à la fois en raison do peu
-de longueur des trajets et en raison de la possibilité de
retrouver, bien souvent intacts ou à peu prés, les sacs
tombés d'une faible hauteur but des pentes accessibles,
Cet engin est, en outre, employé parfois pour la descente
■du minerai jusqu'au ipied de la mine, c'est-à-dire pour
racheter des différences de niveau de plusieurs centaines
de mètres et des distances horizontales variant de quelques
■centaines de mètres à plusieurs kilomètres ; dans ce der-
nier cas, il faut avoir recours à plusieurs c&bles successifs
«autant d'un contrefort à l'autre de la montagne. C'est là
le mode de descente le plus fréquent pour les mines de
cobalt, où le tonnage produit est faible; il est néanmoins
•encore usité sur plusieurs mines de nickel ; l'exemple le
plus remarquable que nous en ayons rencontré est celui
•de la mine Prise-ile-Rivoa, où quatre câbles successifs
-descendent le minerai depuis la cote 480 jusqu'au bord
même de la mer; deux d'entre eux ont respectivement
1.100 et 1.200 mètres de longueur; la perte de minerai
& laquelle ce transport donne lieu atteindrait près de
15 p. 100.
Plus fréquents sont aujourd'hui les plans inclinés
■aériens comme engins principaux de descente des mine-
rais de nickel. î^eur principe est des plus simples et se
rapproche beaucoup de celui des plans inclinés à deux
voies de nos mines : deux cûbles porteurs, convenable-
ment tendus, tiennent lieu de vciies, et les deux bennes,
pleine et vide, qui devraient circuler sur ces deux voies
attachées aux deux extrémités d'un câble passant sur une
fwulie munie d'un frein, sont remplacées par deux chariots
bï Google
184 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
OU deux bennes suspendus au câble porteur par des rou-
lettes et remorqués par un c&ble tracteur qui passe sur
une poulie freinée. Tantôt le c&ble tracteur est unique, à
l'exemple de ce qui a lieu pour la plupart des plans incli-
nés de mines; tantôt, au contraire, il est doublé par un
câble de retour constituant avec lui un circuit sans fin et
venant passer sur une deuxième poulie établie à la base
du plan ; te principal avantage de cette dernière disposi-
tion est de permettre de réaliser une tension plus grande
ilu câble tracteur et d'éviter qu'il ue vienne à traîner sur
le sol, ce qui auf^mente très rapidement son usure; cela
permet en outre, comme on l'a fait quelquefois, mais ce
qui n'a pas grand intérêt à notre avis, de placer la pou-
lie de frein au pied du plan; mais, par contre, les résis-
tances passives étant augmentées, la pente miuima avec
laquelle peut fonctionner un plan à tracteur double est
plus forte que dans le cas du tracteur simple.
Le plan incliné aérien présente sur le câble unique des
avantages évidents : suppression de la remonte des sacs
vides, puisque h chaque cordée on remonte à vide le
chariot qui vient de descendre une série de sacs ou la
benne qui contenait le minerai en vrac, et que rien n'est
plus aisé que d'y charger du matériel; on en profite,
en outre, pour monter, par petites fractions, tous les
approvisionnements courants nécessaires sur la mine. Les
pertes de minerai par chutes sont, d'autre part, incompara-
blement moins considérables qu'avec le câble unique;
enfin, bien que les vitesses de circulation que l'on y réa-
lise soient moins considérables, le débit de ces engins est
pratiquement beaucoup plus élevé (une soixantaine de
tonnes par journée de 9 heures aisément), car ils sont
toujours munis d'un câble porteur pouvant supporter le
poids de plusieurs sacs à la fois. Inversement les frais de
premier établissement sont beaucoup plus importants,
puisque au lieu d'un câble porteur il en faut deux, plus
bï Google
LB8 MINES DE NICKEL 185
une longueur de câble tracteur, sinon deux, des chariots,
une ou deux poulies, dont l'une freinée, et eniin des
amarrages (qui, en pratique, sont toujours fixes et jamais
réglables par contrepoids) suffisamment solides; en de-
hors de ces frais de fournitures, la main-d'œuvre pour la
pose est souvent très coûteuse, surtout lorsqu'il s'agit de
transporter jusqu'à un point élevé et difficilement acces-
sible l'extrémité d'un câble d'un poids considérable (*).
Les devis de deux installations que nous avons vues se
montaient aux chiffres suivants (prix de revient des ma-
tières premières comptées au pied de la mine) :
1" Pour un plan de 850 mètres de longueur à tracteur
double :
2.000 mètres de câble porteur (150 mètres de réserve
pour chaque câble) de 18 millimètres de diamètre 3.600
1.750 mètres de câble tracteur de 8 millimètres de dia-
mètre "iOO
Main-d'œuvre pour monter tes câbles jusqu'au sommet
de la mine 300
Une poulie freinée à double gorge pour la tête du plan , 300
Une poulie de retour pour le câble tracteur & la-base du
plan 150
liain-d'œuvrepourlamiseeuplaceet la tension des câbles. 200
Fournitures pour les deux amarrages (bois, fer, etc.)--- ^OO
Deux chariots & roulettes 50
Total 4.500
Soit, par mètre, 5'' ,30,
2° Pour un plan de 1.200 mètres de portée, avec un
chevalet de support intermédiaire, muni d'un tracteur
double :
O Voir les indication! que donne à ce sujet M. Babu, loc. cil,, p. I
bï Google
i£6 RICHESSES aaVSBMjBt DB la IWUVELIX-CALÉDONIB
¥nmn.
2.500 mètres de cûbie exlra-forl de 35 miHimètrefi de
diamètre «."300
ÏJSOO mitres de cAUe trader d« le oiilliiuèUes de
diamèlre 1 . 800
Main-d'ceurre pour monter les cilbles au sommet de ta
mine S. 000
Daox p«i^ee, dont nne freinée 4&i)
Jlain-d'œuvi-e pour la mise en place et la laoaion âe»
cibles 300
Fournitures pour les deux amarrages 550
Seux charicris à rouleti«s disposées pour le passage sur
le chevalet iotermédiaire 300
Chevalet intermédiaire 250
Divers 20Q
ToT.lL 14.150
Soit, par mètre, H'',8Û;ce dernier exemple, d'un cAble
<lifficile à installer et très robuste, destiné au transport
^i'un tonnage important, peut être considéré comme repré-
sentant à peu près le maximum de la dépense par mètre
courant.
Quant aux frais d'exploitation, ils sont à peine plus éle-
vés que ceux des câbles uniques, si on les compte par
chaque engin, puisqu'il peut suf^re d'ajouter au persoDoel
du cable unique un homme à la poulie de frein et qu'il n'y
a à augmenter le personnel des manœuvres que si le tlé-
bit augmente très notablement ; celui-ci peut en effet être
accru sans dépasser ce que deux hommes peuvent aisément
manutentionner à chaque recette ;les frais de main-d'œuvre
par tonne se trouvent ainsi considérablement diminués.
Le débit d'un plan incliné aérien de portée moyenne est
couramment de 25 à 30 tonnes par journée de 9 heures
avoc 3 hommes à la tète du plan et 2 au pied ; il peut
sans difficulté être élevéjusqu'à 60 tonnes, et même 70,
en portant le personnel à 5 hommes à la tête et 4 an
j)ied du plan, et en donnant au càble une dimension suf-
fisante pour qu'il puisse supporter une charge utile
■de 300 à 4U0 kilogrammes. Les frais courants de deacente
bï Google
LES HRfGS DE NIOKflL 467
avec un tel en^ ne dépassent pas aleirs O'^bO par lonno
■(0",70 partonne sèche). Ajonlons qu'un plan incliné aérien
franchit plus aisément encore qu'un câble unique des dis-
tances considérables, jusqu'à 4.600 mètres actuellement,
-et que, s'il exige une pente un peu plus forte qu'un câble
A roulettes, soit an minintum 8 p. 100 pour un côble %
simple tracteur et 12 p. 100 pour uu câble à flouble trac-
teur, il se prête beaucoup mieux à des pentes très fortes
(30 OH 35 p. 100). Enfin l'entretien et les frais de renou-
TefUement du matériel sont beaucoup moindres ; les câbles
tracteurs peuvent servir pendant deux ou trois ans; les
-câbles porteurs durent un plus grand nombre d'an-
nées, assurant ainsi dans certEiirs cas le transport de
plusieurs dizaines de milliers de tonnes ; l'amortissement
de l'installation peut donc fetre réparti sur im nombre
de tonnes tel qu'il ne représente que quelques décimes
par tonne. De tels engins se prêtent parfaitement
au transport des minerais en vrac; il suffit, comme on
l'a fait à Néponî, de substituer au chariot destiné à rece-
Toir des sacs, une benne suspendue de même au cùblepar
l'intermédiaire de deux roulettes en fonte, benne qui
reçoit généralement environ 300 kilogrammes déminerai.
"Mentionnons enfin que parfois, an lieu de plans inclinés
aérions, on emploie des plans inclinés ordinaires avec
rails posés sur le sol convenablement aplani; une telK;
installation est plus coûteuse que celle d'un plan aérien,
■en outre il est généralement plus nécessaire que pour un
plan aérien de couper un tel plan en plusieurs tronçons
à raccorder par des voies horizontales, ce qui entraîne
4es frais d'exploitation considérables. De telles installa-
tions, existant par exemple au Plateau de Thio, ne pa-
raissent se justifier que par leur ancienneté (').
[*) Celle de Plateau du Thio v'ieal d'ailleurs d'âtre remplacée par un
jplan incliné aérien unique fubslilué k une série de trois pluis et d'une
"*oie (errée {loir la fig. 2 de la PI. II).
bï Google
lt$8 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
Les chaînes Qottantes aériennes, ou transporteurs, sont
d'une installation beaucoup plus coûteuse, puisque c'est par
plusieurs dizaines de milliers de francs par kiloniètre(envî-
ron 80.000 francs se partageant par moitié entre la dépense
dematérïei spécial rendu sur place, et les frais d'installation,
constructions diverses, terrassements, montage, etc.)
que se chiffrent les frais d'établissement de pareils engins
en Nouvelle-Calédonie ; ils ont l'avantage, par rapport
aux plans aériens, de fournir un débit beaucoup plus con-
sidérable encore et de permettre des économies de main-
d'œuvre importantes. Ces avantages ne sont réels que pour
des exploitations très productives, qui sont d'ailleurs les
seules qui puissent répartir sur un tonnage suffisant les
frais de premier établissement dont nous venons de parler.
Deux de ces installations existent actuellement en Nou-
velle-Calédonie ; ce sont celles qui ont été faites par la
société le Nickel à Thio et à Kouaoua.
L'installation de Thio, qui dessert la mine des Bornets,
assure le transport jusqu'à la cote 25, tète du chemin de
fer de la vallée de Thio (Voir la fig. \ de la PI. II et la
fig. 8 de la PI. III), des minerais produits par cette mine
et primitivement descendus à la cote 195 par un grand
plan aérien unique de 980 mètres de portée ; le minerai,
amené en sacs jusqu'à la tête du transporteur, y est dé-
versé dans des trémies, d'où il est chargé dans les bennes
du transporteur ; pour pouvoir utiliser tout le débit pos-
sible de celui-ci, il serait d'ailleurs nécessaire dédoubler
ce plan. Le transporteur, dont le parcours aérien est de
1.934 mètres, ne comporte pas moins de 14 pylônes de
hauteurs variées atteignant jusqu'à 26 mètres, avec une
portée maxima de 705 mètres pour franchir la profonde
vallée de la rivière Nembrou h. 70 mètres au-dessus de
son lit. Cette installation, susceptible de débiter 200 tonnes
par journée de 8 heures {bennes de 250 kilogrammes à vide
portantSSOkilogrammesde minerai chacune), venait d'être
bï Google
LES MINES DE NICKEL 189
terminée au luoment de notre séjour à Thio ; elle n'était
pas encore en fonctionnement, mais elle devait rempla-
cer incessamment le mode actuel de descente du minerai;
celui-ci comprenait, comme l'indique la/ig. 8 de la PI. ill:
un premier plan incliné aérien de 1.100 mètres de por-
tée franchissant la vallée de la Nembron, un deuxième
plan incliné aérien de 4O0 mètres, un roulage à niveau de
1 ,000 mètres de longueur à la cote 150, et enfin un dernier
plan incliné aérien de 400 mètres. Le service de ces plans
et voie ferrée n'exigeait pas moins de 54 hommes par
jour (pour un totfnage moyen de 60 tonnes à descendre) ;
celui des nouvelles voies de transport exigera le personnel
suivant :
Roulage du pieil des carrières k la télé du plan
incliné aérien : trois roanœuTres et quatre routeurs 7
Service de la tête du plan incliné : un freineur et
quatre manœuvres B
Service du pied du plan incliné et des .trémies 6
Service de la tSte du transporteur 4
Service de la recette inférieure du transporteur. . . 4
La substitution du nouveau mode de transport à l'ancien
amènera donc une économie journalière de 28 ouvriers
(ouvriers japonais), soit environ 140 francs, ce qui repré-
sente une économie annuelle de 35.000 francs, en comp-
tant sur 250 jours ouvrables seulement par an, et sans
parler des économies qu'on peut espérer réaliser sur
l'entretien de ces engins.
On voit par là que, pour peu que lamine à laquelle une
semblable installation est destinée offre des ressources de
minerai suffisamment importantes pour qu'on puisse comp-
ter qu'elle maintiendra son tonnage pendant plusieurs
aimées, l'économie des frais courants d'exploitation est
susceptible de compenser promptenient la dépense de
premier établissement ainsi faite.
bï Google
19& RICHESSES MlNiBALBS Bfl LA HOUTBLLE-CALÉDONIE
Le transporteur du méma type établi k Koaaona sert^
tnut (l'abord à descendre des mnea Eiituées au foudde la
vallée le minerai préalablement groupé à la cote 383, et-
ensnite à assurer iwh Iraasport horizontal le long de la
vallée jusqu'à, la tète du dwoiiii de fer qai dessert 1*
port; il comprend d'ullears deox tronçons, qu'on peut
considérer comme correspondant,!^ pnouer kla deHcenter
et le second au transport horizontal ; le pranûer eai aato-
moteur, taadis que le seccMid est ma par on moteur à
vapeur. Son (léveloppenient total est de ô kilomètres : il
présente au milieu de sa longueur une atatiOD intermé-
diaire où sont amenés, par un plan incliné aérien, les pro-
duits d'une cxploitatiun secondaire. Le personnel total
qu'exige le service du transporteur n'est que de 4 hommes
à la station supérieure, 3 à la station iutermédiaire et
3 à la station de recette, soit un personnel total de
10 hommes pour un débit qui peut atteindre facilement
20 tonnes à l'heure; dans ces conditions, les frais cou-
rants afféreuts à ce transport de 6 kilomètres peuvent
s'abaisser au-dessous de 1 franc par tonne humide {l'',30k
i'',40 par tonne sèche); il faut pour cela que le tonnage
à transporter soit important, comme il l'était au moment
de notre séjour en raison du chargement d'un bateau de
3.600 tonnes en rade de Kouaoua; mais le Iransport de
la production journalière du centre de Kouaoua, qui n'a
été que de 60 tonnes au cours du premier semestre 1902,
donne lieu d'habitude à des frais un peu plus élevés.
Ajoutons que, dans la plupart des mines, les opérations
do transport sont confiées aujourd'hui à des Canaques;
c'est là une des rares catégories de travaux auxquels ils
se livrent volontiers ; mais il est nécessaire de leur allouer
des salaires journaliers de 2 et 3 francs, une noarriture
assez abondante, et souvent une ration devin, ce qui fait
ressortir'cette main-d'œuvre à on prix encore élevé.
bï Google
LE* HINSB DB- NIGKHK 191
L« transport hori^ntal des minerais entre !& fiei de la
iiriBefli>ffriTag« a, pratiquement, toBJOQFS tieu aujonrd'btB^
powt )m miBCrai» de oielbel, par Tc»e ferrée. Dans ki;
plopart deB petites explottatioas, une ptnilà wa^nntetmt
ménagée poor qoe le transport depuia le pied àe la ranie-
juwpi'à la mer soit amwé par la gmtiH; il- » aîorv fhn-
plMneart tien au frein ; parfen U curopork» mèflMfr sur ms-
partie de son parcour», nn véntabte plan m«li»é ave«
cftble (cas oii lea nécesaités loealen s'ont pas permis d»
placer le point que nons avons appelé le pied de la mine-
assez près da rivage pour que les pentes j nsqu'à la mer soient
très faibles). Le transport se fait sm- des plateformes
montées snr trucs <pie l'on charge d'une quarantaine ou
d'une cinquantaine de sacs chacune (2 loonee); les plate-
formes et sacs vides sont ramenés an pied de la mine à
l'aide d'un ou de deux chevaux. Les voies ferrées établies-
dans ces conditions sont des voies DecauviUe de 60 centi-
mètres, légères (lails de? i 10 kilogrammes pw mètre
cotu'ant), et dont le tracé, sinueux s'il est nécessaire,
comporte généralement fort peu de travaoxd'art; le prix
de revient n'en atteignait pas moins, ces dernières années,
15.000à20.000 francs par kilomètre (8.000 àlO.OOO francs
de rails, 5.000 à 6.000 francs de terrassements daiis les
parties faciles du tracé, plus les ponts et travaux d'art
divers] ; elles ont rarement moins de 4 à 5 kilomètres de
développement.
Dans les exploitations pins importantes, le transport a
lien en vrac dans des wagons de une k plusieurs tonnes,
chargés aux trémies établies au pied de la mine et dé-
chargés au bord de la mer sur le tas qui constitue le
stock.
A Népoui, le réseau ferré a un développement beaucoup
pltis considérable, soit 35 kilomètres; nous l'avons repré-
senté sor la /ig. 3 de la PI. 111, et nous avons indiqué
déjàcommentilaété tracé. La voie est de 60 centimètre».
bï Google
193 RICHESSES MINERALES DE LA NODTBLLE-CALÉDON IS
avec des poids de rail de 7, iO et 12 kilogrammes par
mètre couraot suivant les sections; elle est parcourue par
des locomotives de 4 et 6 tonnes, suivant tes sections
(d'après réchaiitillon du rail), remorquant des trains de
15 à ^ wagons de 3 tonnes et demie eu charge (dont
2 tonnes et demie de poids utile), oii le minerai est trans-
porté en vrac. Les courbes ont des rajons variant de
30 à 50 mètres suivant les sections, et les pentes masima
sont de 2,88 p. 100 entre Népoui et la mer, 3 p. HX)entre
Népoui et Ouaté, et 4 p. 100 dans la vallée de la Péouë.
La capacité de trafic de cette ligne peut atteindre jusqu'»
250 tonnes par journée de 10 heures.
Le chemin de fer de Kouaoïia, long de 8 kilomètres el
demi, reliant le pied du transporteur au fond de la baie
de Kouaoua, est établi avec une voie de 50 centimètres
et des rails de 12 kilogrammes; chaque wagon porte
1.250 kilogrammes de minerai, et les trains comportent
20 wagons; les pentes ne dépassent pas 5 millimètres par
mètre. 11 assure facilement le transport de tout le mine-
rai descendu par le transporteur.
Le chemin de 'fer de Thio (Voir la /ïj. 1 de la PI. II),
qui reUe, d'une part le pied de la mine des Bomets, et
d'autre' part le pied du Plateau au port d'embarquement de
la Mission, et dont la longueur totale estde 13 kilomètres.
est étabh dans des conditions bien meilleures ; il est à voie
de 0^,71 avec rails de 12 kilogrammes et déclivités très
faibles ; il est parcouru par des locomotives de 12 tonnes
et des wagons de 5 tonnes, remorqués en trains de huit
à dix wagons.
Ajoutons qu'il existe en outre un petit chemin de fer de
3 kilomètres de développement à l'altitude de 490 mètre)<
sur le Plateau de Thio (Voir la fig. 2 do !a PI. Il),
pour grouper les minerais pris au pied des différentes
carrières et pour les amener au sommet du système des
plans inclinés qui te descendent jusqu'à Thio; exploité jus-
bï Google
I.BS HINBS DB NIOKSL lOCj
^n'ici avec ta traction ammale, il vient d'être muni de
petites locomotives de 3 tonnea et demie.
Le prix de revient de ces transporta, tant entre le» car-
rières et le pied des mines, qu'entre le pied des mines et
le bord de la mer, est difficile à préciser par des chiffres
'de quelque signification; les dépenses de naain-d'cBuvre
varient du tout au tout avec la perfection des installa-
■tifm» ; d'autre part, lacharge qu'elles constituent par tonne
de mino-ai tient essentiellement à l'activité de l'exploita-
tion. Souvent ces -transports sont faits d'une façon irré-
gnlière, à certaines heures de la journée, ou à certains
jours de la semaine, par des ouvriers employés normale-
ment à d'autres travaux, et il n'est pas tenu compte de ta
main-d'oeuvre consacrée aux transports. Quant aux autres
dépenses, il est déjà bien difficile, pour d'autres exploi-
tations que celles des sociétés importantes, de tenir compte
des frais d'entretien, qui se confondent, pour toutes les
Amodiations à court terme, avec les frais de premier
établissement ; ensuite l'aTuortissement de ces frais ne
pourrait être calculé qu'en connaissant le tonnage que les
installations serviront à transporter, or nulle part on ne
l'a évalué même approximativement, si bien que nous avons
vu de puissantes et coûteuses insttallatîons faites pour
un groupe de gisements, peut-être riche, mais reconnu
-d'une façon si insuffisante qu'il n'était pas possible de
dire, même avec une approximation du simple au double,
ce qu'il pouvait renfermer comme minerai exploitable.
Nous croyons cependant pouvoir évaluer entre û'',50
et 1 franc par tonne de minerai humide (0'',70 à 1",40
par tonne sèche) les frais de main-d'œuvre pour la des-
cente, suivant que cette descente comporte des parcours
plus ou moins complexes, tandis (|ue l'amortissement et
l'entretien des installations se monterait k peu près au
même chiffre. Pour ce qui est des transports horizontaux.
bï Google
194 RICHESSES MINÉRALES DE LA M0UVKLLB-CAI.ÉD0N1B
D0D8 rappelon» que les frais, de 0",75 à 1 franc par tonne
kilométrique, que comporte, à l'exclusion de toutes
dépenses de premier établissement, le transport par voi-
tures, sont considérés aujourd'hui comme trop élevés, en
même temps que l'on regarde comme insupportable la
gène résultant d'un charroi assuré d'une façon anssi
trrégulière; on y substitue, grâce au transport par voie
' ferrée, des frais courants d'exploitation généralement très
restreints (ne dépassant pas, croyons-nous, 10 centimes
par tonne kilométrique), augmentés de l'amortissement de
la voie ferrée ; cette voie coûte au minimum 15.000 i
20.000 francs par kilomètre, et son installation est,
avons-nous dit, généralement faite sans avoir reconnu des
tonnages importants de minerai exploitable et souvent
après la simple signature d'un contrat d'amodiation de
2 ou 3 ans comportant seulement la fourniture de quelques
dizaines de milliers de tonnes. Tel est le cas de plusieurs
des gisements de la côte Ouest, situés à 5 ou 6 kilomètres
de la mer. Les installations, plus coûteuses, de longues
voies ferrées descendant des vallées importantes, dont le
tracé comporte quelques travaux d'art, et qui exigent
l'achat de locomotives et de matériel roulant, ne sont
faites, au contraire, que lorsqu'on est assuré de pouvoir en
répartir les frais sur un grand nombre de mUliers de
tonnes. Quoi qu'il eu soit, les frais de transport par voie
ferrée ne peuvent être que rarement considérés comme
inférieurs, tout compris, à 3 ou 4 francs par tonne
humide (soit t à 6 francs par tonne sèche).
Une fois rendu au bord de la mer, en nu point où la
céte offre un abri suffisant pour qu'il puisse être procédé
au chargement des navires, le minerai est entassé, après
extraction hors des sacs s'il y a lieu, pour attendre
l'embarquement ; cette maimtention ne coûte pas moins
do O^^ôO par tonne humide (0"',65 à 0'',70 par tonne
bï Google
LB8 MINBa DB HICKBL 195
flèche). Il est ultériearament repris à l'aide de wagon-
- nets, embarqué dans des chalands par l'intermédiaire
d'estacades, et condaît au bord du bateau sur lequel il
doit être chargé; c'est là une Douvelle cause de dépense
qui n'est pas négligeable. Les grandes sociétés possèdent
des chalands dont la confection et l'entretien sont assez
coûteux ; la main-d'œuvre nécessaire pour la reprise du
minerai en tas, son embarquement dans les chalands, et
la remorque de ceux-ci jusqu'au bord, est également oné-
reuse, bien que ces travaux soient généralement conDés
à des Canaques des Iles Loyalty particuUèrement habiles
k cela. L'ensemble de ces opérations coûte de 3 à 4 francs
par tonne humide (4 à 6 francs par tonne sèche). Les
petits exploitants font souvent effectuer le chalandage de
leur minerai, au moment du chargement d'un navire, par
un entrepreneur spécial, auquel ils pajent alors 3 franca
par tonne humide, non compris la main-d'œuvre qu'ils
fournissent.
Les frais de transport et de chargement peuvent donc
varier entre les limites suivantes {chiffres rapportés à la
tonne de montrai sec) :
Fr. Tl.
Descente an pied l Hùn-d 'œuvre 0,70 i 1,40
d« lamine. ] Anwtisaement des installations 0,70à 1,40
Transport par l Frais Moranls 0,60 à 1 ,S0
voie ferrée. ) Amortissukeut des installalioDs 3,40 à 4,S0
Entassement 0,6B à 0,70
Chalandage 4,00 h. 6,00
Total appboiimatif 10,00 & 15,00
C. — Frais obnébadx, dépensks d'installations.
Dans tout ce qui précède, nous n'avons considéré que
les frais de main-d'eenvre en ce qui concerne l'exploita-
tion mAme; nous avons, au contraire, été nécessairement
bï Google
106 RICHESSES HINiftAI.B8 DB LA II0IITBLLE-<:ALÉD0KIB
aflkené k faire mention des frais de premier établissement,
en parlant des voies de transport et deR prix de revient
des transports. Pour compléter les indications que noos
noos proposons de donner sur les prix de revient des
exploitations de nickel de la colonie, nous devons «icore
dire quelques mots des frais généraux dÎTO^, dans les-
quels nous comprendrcHis les différentes fournitures
nécessaires à l'exfrfoitation, et nous devons en entre
revenir sur les dépenses de premier établissement.
Les fournitures consommées d'une façon courante pour
l'exploitation sont peu nombreuses : dans quelques cas on
a recours aux explosifs, on emploie partout dea outils
divers, barres à mine s'il y a lieu, pics, [ûoclies, pinces,
pelles; on use en outre une quantité importante de sacs,
CMnnie nous l'avons déjà mentionné ; enfin, dans des
exploitations importantes, l'entretien des différents engins
de transport sur carrières donne lieu à use consomma-
tion phiB ou moins régulière de fournitures diverses; il
y a donc à ajouter au prix de revient du minerai sur cai^
rières, que nous avons indiqué cï-dessua, im article foot^
niturea qui peut se monter à 3 ou 4 francs par tonne
(4 à 6 francs par tonne sèche). Pour les petites exploita-
tions, cet article disparait presque complëtenieut : les
explosifs y sont d'un emploi exceptionnel ; les outils ont
généralement fait l'objet d'un approvisionnement fait one
fois pour toutes au débnt de l'exploitation, que l'on porte
aux dépenses de premier établissement et dont il n'est
pas tenu compte ensuite, de mfrme pour 1ns engins de
transport.
Les frais généraux comprennent, en outre, des frais
plus ou moins importants de direction technique, d'études,
de comptabilité, etc., que de petits exploitants, travail-
lant à leiir compte (petits mineurs), ne font généralement
pas entrer en ligne de compt«, puisqu'ils assurent per-
sonnellement ces diiTérentes tAches, Les dépensée po«r
bï Google
LU HMES DI NICKBL 107
prises d'essai systématiques des différents lots, et pour
aomljse tant de ces prises d'essai que des échantillons
iréquemmeut prélevés an chantier pour guider le traTBÎl
des ouvriers, doivent iotervenir égalaient daiis les frais
généraux, et elles ne représentent pas moins de (y',20 k
0",^ par tonne pour une exploitation impurtante oti les
prises d'essai sont 3<»gneusen)ent faites, et où l'on procède
à des centaines de dosages (*} par semaine, pour surveiller
et guider le travail d'exploitation. £^&i les impAts de
toutes sortes, redevance sur les péiimètres miniers, droit
sur les rainerais exportés, etc. , sans compter les droits de
navigation, de phare et de balisage, qui pèsent iodiiBC-
tament sur les prix «le revient, constituent, an litre frais
généraux, une charge assez lourde, pouvant atteindre,
surtout pour une entreprise importante, [dusieurs francs
parloone.
Si nous passons maintenant aux frais de premier
établissMuent, nous n'avoua pas grand'chose à dire de
ceux qui peuvent être faits sur les carrières mêmes; nous
avons préféré les faire rentrer dans les frais d'ezploita-
tiou sous la rubrique : Travaux préparat^ùres. La création
des engins auxiliaires de transport et de descente pour la
concentration du minerai, l'achat des voies DecauviUc
volantes et du matériel de wagonnets nécessaires au roD-
lage sur carrières des minerais et déblais, rentrent au
oonbwre dans ces frais. Les engins de descente et de
transport boHzoatal ; rentrent également et ra constituant
le plus gros chiffre; nous ne reviendrons pas sur ce que
aous venons d'en dire. Mais nous devons mentionner ici
d'autres installations qu'il est indispensable de créer au
début de l'exploitation : ce sont d'abord des chemins
{*) Cea dosages te font d'une façon expéditive, grâce à une méthode
par Uqueura titrées qui a été iadiquée pu H. Uoore, dùmiate 4a aer-
' ^e local de la colonie, et dont on confie avec succès l'Application à dei
bï Google
198 aiCHBSSBS UINÉRALES DB LA NODrELLE^CALBDOMlB
d'accès depuis le bord de la mer ou depuis la localité voi-
nne jusqu'au pied de la mine, puis du pied de la mine
jusqu'aux travaux ; les premiers, tracés en terrain plat ou
à peu près, ne comportent pas de travaux importants, ils
doivent généralement être carrossables; les seconds, au
contraire, fieraient plus difficiles à pratiquer si l'on ne se
contentait de chemins muletiers gravissant en lacets
n'importe quels escarpements, grflce à des pentes attei--
gnant jusqu'à 10 p. 100; de tels chemina ne rerieoDent
pas & plus de 30 à 50 centimes par mètre, ce qui représente,
pour une dénivellation de 400 ou 500 mètres et un déve-
loppement de quelques kilomètres, 3.000 h 3.000 francs. Il
faut ensuite avoir des installations, toujours fort sommaires
d'ailleurs, pour abriter les ouvriers à recruter ; ce n'est là
qu'une modeste dépense, étant donné les conditions dans
lesquelles les ouvriers sont logés; nous reviendrons sur ce
point dans la soite.
Enfin l'exploitant doit se construire sa propre habita-
tion, à laquelle il annexe un magasin destiné à renfermer
à la fois les fournitures courantes nécessaires à i'explM-
tation et les vivres et fournitures diverses consommés par
les ouvriers.
L'ensemble de ces frais divers de premier établissement
n'est pas inférieur à 10.000 et souvent 20.000 francs
pour une petite exploitation; il s'élève naturellement
incomparablement plus pour une affaire plus importante,
lorsqu'il s'agit de créer de toutes pièces, comme l'a fait
la société le Nickel à Tbio, par exemple, les logements
d'un personnel important, des bureaux, un laboratoire,
des magasins considérables, un atelier, etc...
D. — Prix de ebvibnt qlobadx.
Poorrésumer en un tableau les indications, nécessaire-
ment vagues, que nous avons données ci-dessus, nous
bï Google
LES MINES DE NIOKEL iW
dirons que le prix d« revient d'une quantité de minerai dd
nickel équivalente à une tonne de miner&i aec, rendue
sous palans, comprend les éléments suivants, dont on peut
estimer que l'importance varie entre les chiffres ci-
dessous :
Frais
courants ]
carrières, i
I Abatage et triage 8,00 à 30,00
I Transports sur carrières, évacuation
du stérile 3,00 & 4,90
J T ra VBU X prépara toiresellerrassem et) ts
divers 4,00 k 20,00
Ensachage (s'il y a lieu), main-d'œuvre et matières. 2,50 à 3,00
Transporta, main-d'œurre et frais courants 1,30 à 2,90
Entassement, main-d'œuvre 0,6S à 0,70
Chalandage (y compris l'amortissement des instal-
lations s'il y a lieu] 4,00 k 6,00
Frais généraux, fournitures et entietieu 0,00 k 6,00
Frais généraux : direction, surveillance, prises
d'essai, analyses, impôts 0,00 à 5,00
I Matériel et outils 1,00 à a,00
Amortissement l „ . , , , „ ,„ , ,' .
} Engins de transport 3,40 k 4,50
' tallat' ) Installations diverses (cliemins,
[ constructions, etc.), essentiellement variable
Noua ne pouvons que répéter ici que ces chiffres ne
doivent être considérés que comme donnant des indica-
tions sur la façon dont se répartisîient les dépenses d'une
exploitation de nickel en Nouvelle-Calédonie : si l'on
considère les chiffres minimum que nous donnons et qui,
nous le répétons, se rapportent à l'exploitation, sans souci
du lendemain, de quelque riche traînée découverte çà ou
là, on peut dire que les frais courants par tonne sèche
rendue à bord peuvent ne pas dépasser 25 francs ; il faut,
en outre, y ajouter, comme nous l'avons dit, des frais géné-
raux fort minimes et ensuite une charge d'amortissement -
qu'on ne peut évaluer, avant la Rn de l'exploitation, que
d'une façon tout à fait incertaine ; on ne connaît en effet
nullement la quantité do minerai qui sera exploitée, tant
bï Google
200 RICHESSES HINKBALBI I» LA NOCVKLLB-CALKDOMB
pirce que l'exploitaot liii-iiiëine ua p«s recoanu Je gUe^
que parce qu'il a comm^icé sud explwtatioo a^«s-
avoir signé un contrat de vente de 30.000, W.OOO ou
50.000 ioBBes à livrer au cours <les deux on trois •BW'es
à venir, et qu'il ne peut nullement compter qu'au bout de
ce temps une restriction de la demaude de minerai ne
viendra pas l'obliger à abandonner mie mine encore pro-
ductive, et à perdre tout le bénéfice qu'il pourrait encore
retirer des installations qu'il a faites. Aussi, généralement,
celui qui entreprend pareille exploîtatioa cherche-t-il
simplement à voir s'il pneut espérer rémunérer tous ses-
frais sur l'exécution d'un prenier oontrat de vente de
minerai; il prend alors k crédit (*) les fournitures dont il
a besoin et emprunte un fonds de roulement, puis ses-
efforts tendent à réussir, grftce aux livraiiums de mÎDerai
qu'il fera, à rembourser sesemprunts, tout en cmuenrant
qaelque bénéfice.
Nous avons dit quefaraortissement des installatioDS de
transport ne peut que rarement représenter moins de 3'*,40-
à 4" ,50 par tonne ; celui de l'ensemble des antres instaUa-
tions et des approvisionnements divers ne peut guère être
inférieur. On arrive donc k un prix de revînt minimom
de 30 ou plutôt de 35 francs par tonne sèche.
Cela représente, en supposant du mineraî à la teneto'
normale de 7 p. 100, un prix de revient de 0",45 à 0^^
au minimum par kilogramme de métal contenu dans le-
minerai. Gomme les marchés qui couraient au moment de-
Dotre séjour avaient été le plus souvent conclus entre-
0",60 et 0",70 par kilogramme de métal, on voit que^
pour une exploitation ob auraient été réunies toutes les
conditions les plus favorables, facilités d'exploitation, voies-
(>) Dea achats faits doiu ota condUiom, par des ex|ilotlaAta qoi
n'offrent souvent d'autre* garanties que les cbaoces de succès de lenr
esptoilatioQ, sont naturellement faits ï des prir sâriensement majorétr
et qui contribue i aocnenter le* frais de premier établiMement.
bï Google
iSB MINES DB NIOKBL 20f
da tr^sport aisées k iottaUer, et tonnage important dé-
minerai à extraire sur lequel répartir les frais de premier
établusenient, il y avait une sérieuse mai^e pour la rému-
nératioB perammelle de l'exploitant et pour la réalisation^
d'un bénéflce iii^ortant. Il faut d'ailleurs ajouter à ce-
dernier celui qui résulte déjà de la rente aux ouvriers de»
vivres et mwrchaadises diverses, et qui n'est souvent pas-
le moindre, puisque plusieurs exploitants nous ont déclaré
que c'est en somme le seul qu'ils réalisent.
Mais bien souvent l'exploitation elle-même n'est pas-
aussi aisée; il y a des périodes tout au moins, où les tra-
nux au stérile sont nombreux et coûteux (il est rare qu'il
n'y ait pas à compter au d^ut de l'exploitation sur une telle-
période dont il faudra natureUemen't tenir compte ensuite) ;
les traasporU peuvent être plos difficiles à organiser, il
arrive que, faute d'avoir consacré au début une somme-
suffisante k la création d'engins bien disposés pour réduire-
la main-d'œuvre aux chiffres assez bas que nous avons
supposés, celle-ci est plus onéreuse; il se peut, au con-
traire, que les installationsaient dû être plus importante»
qne noua ne l'avons admis, ou ne se répartissent finale-
ment que sur on tonnage trop restreint; dans de telles
conditions, les béoéflcea de l'exploitation peuvent être
beaucoup moins importants. Parfois, nous l'avons déjà.
mentionné, il serait pratiquement trop onéreux, sinon
peut-être au point de vue absolu, du moins eu raison d<>»-
resBourcee ou du crédit dont dispose l'exploitant, de créer
des moyens de transport vraiment économiques ; d'autre
part, l'abatage du minerai peut être plus ou moins malaisé ;
dealers le prix de revient par tonne de minerai s'élève con-
sidérablement ; mais, si le gite permet de n'exploiter
qse des minerais riches, ii 8 p. 100 par example et méme-
phis, la valeur de la tonne s'élève aussi très notablement,
puisque non seulement la teneur en métal augmente,
mais encore en même temps le prix de basa par unité de-
bï Google
202 RICHESSES MINERALES DE LA NOOVBLLE-CALEDONIE
métal, et l'exploitation reste possible sur une petite échelle.
TeUes sont les conditions dans lesquelles ont été
créées toutes, ou à peu près toutes, les petites exploita-
tions de ta colonie, qui ont produit, en 1901, 45.000 tonnes,
soit 1/3 de la prodnction totale, et celles dans lesqueUes
était également conduite, il y a quelques années, l'exploi-
tation de Népoui. Des sociétés importantes disposant d'un
capital considérable, possédant, ou croyant posséder (car,
rappelons-le, il y a bien peu de gîtes réellement explorés
aujourd'hui), des réserves importantes de minerai dans
une même ré^on, procèdent naturellement d'une tout
autre façon : assurées d'une certaine permanence dans
leurs affaires, elles ont beaucoup plus d'intérêt à chercher
à épuiser systématiquement les gîtes qu'elles ont aména-
gés et pourvus de moyens de transport convenables; dès
lors leurs exploitations comportent tout natnrellement des
frais spéciaux sur carrières incomparablement plus élevés
qne ceux des mines dont nous venons de parler; la charge
des frais de premier établissement et d'amortissement
devient au contraire plus faible, tandis qu'il faut compter
une part de frais généraux très notable, et que les
dépenses de fournitures, qui se renouvellent d'une façon
périodique, constituent également un article du prix de
revient. On arrive ainsi à des prix de revient qui peuvent
s'élever jusqu'à 60 et même 70 francs par tonne de mine-
rai sec à 7 p. 100, portant le prix du kilogramme de mé-
tal àO^'iSS et exceptionnellement 1 franc. Ce sont là
des chiffres qui peuvent paraître paradoxaux, pour cette
raison qu'après tout ce que nous avon» dit de l'intérêt
considérable qu'il y a à munir les exploitations d'installa-
tions perfectionnées et coûteuses an besoin, dont les frais
de premier établissement soient destinés à se .répartir
sur un tonnage important, nous en arrivons à constater que
le prix de revient dans ces conditions est souvent beau-
bï Google
I.ES MINES DE NICKEL 203
coup plus élevé que dans les petites exploitations, oii il
est strictement limité (') par le prix auquel le minerai
peut être vendu, soit de 60 à 70 centimes par kilogramme
de métal. L'explication de ce paradoxe tient à deux cîT"
constances: d'une part, le» sociétés importantes exploitent
aujourd'hui, souvent après avoir, au début, épuisé les gise-
ments voisins de la mer, des mines situées àl2 kilomètres
(Thio) et même k 25 kilomètres (Népoui) de la mer, mines
qui seraient pratiquement inaccessibles pour les petits
mineurs; d'autre part, elles en tirent parfois un tout
autre parti que celui que de petits mineurs en auraient
tiré, et il n'est jias exagéré, à notre avis, de dire que là
où un petit mineur aurait peut-être extrait 50.000 ou
60-000 tonnes de minerai à 8 ou 9 p. 100, représentant seu-
lement quelques milliers de tonnes de métal, une telle so-
ciété pourra extraire quelques cent ai nés de mille tonnes de
minerai avec des teneurs de 6 4/2 ou 7 p. 100, utilisant
ainsi trois ou quatre fois plus du métal contenu dans le
gisement. Enfin il ne faut pas oublier que tous les prix de
revient que nous avons indiqués sont, en ce qui concerne
la main-d'œuvre, majorés du bénéfice retiré de la vente des
marchandises aux ouvriers ; ce bénéfice s'ajoute à celui des
petits mineurs, mais il ne diminue en rien les prix aux-
quels ils livrent leur minerai; ce même bénéfi<-e, plus
modeste il est vrai, se retranche au contraire des prix
de revient des sociétés importantes dont nous venons de
donner une évaluation, et, comme il atteint encore aux en-
virons de 20 p. 100 sur les marchandises vendues, c'est-
à-dire sur lamajorité des salaires, il doit diminuer le prix
de revient par kilogramme de métal que nous donnons
ci-dessus, d'une somme qui n'est pas moindre que 0",10.
Ajoutons que si, dans ces conditions, il semble qu'une
{*} Pour svoir la limite réelle h l&quelie le petit mineur peut exploi-
ter una perte, il f&udrait réduire son prix de refient, calculé comme
nous l'aTona (ait, de la part correspondant au béaéflce iju'il réalise (ur
let foumitnraa qu'il fait à mb ouvrien.
bï Google
204 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
société importantâ puisse souvent avoir avantage, ui
lieu de forcer sa production jiour faire face à une demande-
particuliërement active de minerai, à passer des marcbé»
avec de petits mineurs, comme cela est d'une pratiqua
constante lorsque la demande de nickel est active, cala-
n'est réellement avantageux, à son propre point de vue, que
lorsque le gisement exploité par le petit mineur n'ap-
partient pas à la société. Lorsque au contraire la DÙne-
lui appartient, c'est généralement le gaspillage presque-
définitif auquel elle consent pour un gisement qui, s'il a
tenté quelque petit mineur, n'est généralement pas parmi
les moins riches ou les moins avantageusement situ^.
Et c'est en insistant sur cette considération que nous
terminerons ce qui a trait aux conditions économiqoeg
actuelles de l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédo-
nie. Les prix de revient du kilogramme de métal, avec
l'obligation d'une teneur minimum de 7 p. 100 pour 1»
minerai sec, peuvent être considérés comme variant
aujourd'hui, tout com^s, de U",50 à i franc au grand
maximum ; mais le prix minimum, que nous cruj'onft
pouvoir fixer aux environs de O'',50, n'est pratiquement-
réalisé, dans la plupart des mines oùon l'obtient, pour ne pas-
dire dans toutes, qnepar un véritable gaspillage des gîtes;
ce n'est d'ailleurs pas du tout à dire que de tels prix ne
pourraient pas être obtenus tout en assurant une beaucoup
meilleure utilisation. Sans doute cette utilisation ne san-
rait élre parfaite ; elle ne saurait même être aussi com-
plète que lorsque l'on consent à des prix de revient plus
élevés; mais elle pourrait aisément, croyons-nous, être
souvent deux fois meilleure, pour peu que l'exploitation flkt
entreprise avec plus de souci de l'avenir, par des personne»
disposant des capitaux nécessaires (qui ne seraient d'ailleurs
pas énormes), moins hantées par l'idée de faire fortune en
quelques années, et, disons-le aussi, moins complètement
ignorantes de ce que peuvent être un gisement minéral
et les conditions dans lesquelles il devrait être exploité.
bï Google
CHAPITRE IV.
«TIUSÂTION DES UN£RAI8 DE HtCKEL DE U NODTELLE-
CALtDONIE. DÉBOUCHES QUI LEUR SONT OFFERTS.
A. — TRAITEMENT ACTUEL DES MINERAIS.
Les minerais de niptel actuellement exploités en
Nouvelle-Calédonie sont généralement expédiés en Europe,
80Jt au Havre, soit à Glasgow, soit à Rotterdam; au voi-
rôiage immédiat des deux premiers de ces ports existent
-deux usines de traitement appartenant à la société le
Nickel, l'usine du Havre et l'usine de Kirkintilloch, ayant
produit chacune, dans ces dernières années, de l.r>00à
l.SOOtonnesdenickel par an; de Rotterdam, les minerais
sont dirigés sur l'Allemagne, oii ils sont traités (produc-
tion 1.000 à 1.200 tonnes par an). Il a en outre été
récemment fait quelques expéditions de minerai sur
l'Amérique {30.000 tonnes environ en 1901).
Les frais de transport jusqu'en Europe sont naturelle-
ment variables avec les conditions générales du fret dans
le monde entier; ils oscillent généralement aux environs
de 30 à 40 francs par tonne, prix auquel il faut ajouter
une assurance de 3 p. 100 ad valorem. Ce prix e=it celui
-qui est fait par des voiliers français portant de 3.000 à
4,000 tonnes de minerai, qui viennent d'Europe en Nou-
velle-Calédonie par le cap de Bonne-Espérance et re-
tournent en Europe par le cap Horn, effectuant un voyage
d'une durée totale de 7 mois, le plus souvent sur lest à
l'aller. Un voyage leur rapporte, outre le fret qui s'élève
entre 100.000 et 150.000 francs, la prime à la naviga-
tion accordée par le gouvernement français, prime qui
bï Google
aW EICHKS8E3 MINÉRALES DB LA NOUVBLLB-CALÂDONtB
atteint 125-000 francs en moyenne par voyage et qtri
couvre dêjk pneque les frais du voyage. D'après les ren-
seignements que Bws avons pu recueillir, ces b&timents
ne pourraient guère acca^r de fret à moins de 50 francs
par tonne, si cette prime »« leur était pas allouée; des
b&tinniits anglais, qui n'en praêtont pas, accepteraient
parfois des frets d'noe '^urantaine ilftlnncs.
Quoi qu'il en soit, on voit qu'actneUem*^ le fret seul,
qui représente ainsi environ 48 à 55 francs par tonne de
minerai sec, soit 70 à 75 centimes par kilogramM de
métal, suffit à doubler, à l'airivée en Europe, la valeur Al
minerai de nickel pris sur place.
Le traitement que le minerai subit comporte actuelle-
ment une fusion pour matte au cubilot à water-jacket ;
fondu avec 20 p. 100 de calcaire, 10 p. iOO de gypse
(ou une quantité de charrée de soude équivalente au
point de vue de la richesse en soufre) et 37 1/2 p. 100
de coke, le minerai produit une matte tenant environ
45 p. 100 de nickel, 40 p. 100 de fer et 15 p. 100 de
aoufre, tandis que les matières réfractaires, silice, cbaux,
et magnésie, passent dans la scorie et n'entraînent qu'une
faible quantité de nickel. La matte obtenue est ensuite
déferrée au convertisseur, ce qui donne lieu k la produc-
tion d'un sulfure de nickel à 75 p. 100 de nickel, moins
de i p. 100 de fer, et 24 p. 100 de soufre; celui-ci est
finement broyé, puis il subit un double grillage très minu-
tieux, destiné & éliminer aussi complètement que possUile
le soufre ; enfin l'oxyde produit est réduit en présence de
charbon et de farine, ce qui donne du métal à peu près
pur et aggloméré par une demi-fusion. Nous n'avons pas
d'évaluation exacte des frais que comporte ce traitement ;
nous croyons néanmoins qu'ils ne dépassent pas 1 franc
par kilogramme de métal produit ; une moitié de ces frais
se rapporte à la première fusion.
Dans ces conditions, le nickel se vend en Europe, suivant
bï Google
LB8 MINES DB NICKEL 207
les circonstances, suivant l'importance des achats, etc.,
entre 3'^50 et 4 francs le kilogramme. Ajoutons que
le nickel qui est extrait des minerais calédoniens par le
traitement que nous venons d'indiquer est très pur : il
contient 99 à 99,5 p. 100 de nickel ; il est suffisamment
bien débarrassé du soufre qui y a été incorporé par la
première fusion, puisqu'il n'en tient que moins de 1 millième;
il est exempt d'arsenic et de phosphore, et ne contient que
des traces (moins de 1 millième) de cuivre, qui seraient,
paraît-il, introduites par le traitement, mais qui n'existent
pas dans les minerais de notre colonie.
B. — Les débouchés du nickel.
Le prix du nickel métallique a baissé depuis 26 ans
dans des proportions extrêmement considérables, puisque
au moment de la découverte des minerais de la Nouvelle*
Calédonie il était encore de 18 francs le kilogramme, et
qu'après s'être abaissé d'abord brusquement k 10 francs,
puis successivement à 8,6 et 5 francs (1892), à 4 francs
(1894), à 3 francs (18!fô), et puis même à 2'%40 (Un 1895)
par l'eÉFet de la concurrence du Canada, il oscille
maintenant entre 3"',50 et 4 francs le kilogramme.
Néanmoins le nickel est resté un métal demi-précieux,
coûtant à peu près deux fois plus que le cuivre; il ne
saurait donc être substitué à ce métal, de même que les
alliages à base de nickel ne sauraient être substitués au
lùton, que pour des usages de luxe ou à peu près; on
connaît les emplois du nickel métallique pour un certain
nombre d'objets usuels qn'il est intéressant de préserver
du vert-de-gris, ou comme revêtement, soit à l'état de
plaqué, soit à l'état de dépôts galvaniques, sur d'autres
métaux ; on connaît également les usages des alliages à
base de nickel : argentan, maillechort, métal anglais,
métal blanc, etc.; enfin le nickel, soit pur, soit à l'état d'al-
bï Google
'206 RICHESHGS HiniRALES DE LA. NOITVELLE-CALÉDONIB
liage, a été employé, et sera vraisemblablement employé
encore, par «lifférenta pays pour la fabrication de la mon-
naie de billon.
Bien que l'ensemble de ces usages, qui ne demandent
chacun individuellement que des quantités relativement
restreintes de nickel, finisse par représenter des cen-
taines et même quelques milliers de tonnes par an, et qoe
l'on puisse espérer vmr peo à peu adopter ce beau métal,
précieux par son inaltérabilité, pour d'autres usages do
même genre, il n'y aura là vraisemblablement qu'un
accroissement assez lent d'année en année, tant que le
prix du nickel restera notablement supérieur à celui du
<»ivre.
Un autre débouché'qui a été ouvert au nickel depuis
que son prix s'est abaissé est la fabricalion des aciers au
nickel, et celui-là, qui en a déjà aujourd'hui doublé les
usages dans le monde entier, paraît promettre, pour nn
avenir sans doute prochain, un large développement de
la consommation du nickel. La ténacité et l'augmentatiou
de la limite d'élasticité et de la charge de rupture qu'un
petit nombre d'unités de nickel coitiiiiuniquent à l'acier,
ont fait întniduîre ce nictid dans la composition de cei^
tains aciers spéciaux depuis une douzaine d'années envi-
ron ; employé d'abord avec succès pour les plaques de
blindage en proportion de 3 à 5 p. 100 (essais d'Anna-
polis, 1891], il a été introduit ensuite dans le métal à
canons (en proportion voisine de 2 p. 100), dans des tôles
destinées à des constructions métalliques oti l'on recherche
tout particulièrement la légèrelé (proportion de 3 p. JOO),
dans certains arbres dont on désire augmenter la limite
élastique (proportion de 1 p. 100), et l'on cherche aujour-
d'hui à employer les aciers au nickel pour faire des
tubes, des rivets, etc. Mais, si " les aciers au nickel plus
ou moins manganèses, carbures ou chromés, sont sem-
blables aux aciers ordinaires au carbone, tant que les pro-
bï Google
LES MINES DE NICKEL 2l>!)
portions de nickel, manganèse, chrome et carbone ne
dépassent pas une certaine limite (*) », et si, dans ces condi-
tions, ces divers cléments jouent simplement le rùle d'élt^'-
ments durcissants, « au delà d'une certaine limite, les
additions de œs éléments produisent une transformation
allotropique du fer contenu dans les aciers, qui fait
apparaître des propriétés physiques et mécaniques très
différentes de celles des aciers ordinaires ('!... » Avec une
composition répondant à cette dernière condition grâce
à une forte teneur en nickel, " les aciers s'adoucissent
considérablement par la trempe et ne durcissent que
par l'écrouîssage; les propriétés mécaniques de certains
d'entre eux sont très remarquables, particulièrement
au point de vue de l'allongement h la rupture, qui est
exceptionnel, et de la résistance au choc, qui dépasse
celle de tous les alliages ou métaux connus (') ». C'est
parmi ces aciers-lk, oii la proportion de nickel se compte
par dixièmes, que l'on a découvert des métaux présentant
des propriétés physiques extrêmement remarquables,
notamment au point de vue de la dilatabilité, ce qui est
de nature à leur ouvrir des débouchés, mais sans doute
restreints comme tonnage, pour la construction d'appa-
reils de physique, do géodésie, etc.; cependant certaines
de leurs propriétés mécaniques sont si précieuses que,
malgré leur prix élevé, ils ont déjà été employés dans
la construction en fer, notamment en assez grande quan-
tité par l'artillerie française au cours de la construction
lie son nouveau matériel (Mes à 2o p. 100 de nickel).
Aujourd'hui donc les usages des aciers au nickel sont
courants avec des teneurs de 1 à 5 p. 100 sous forme de
tôles, arbres, canons, obus, et surtout de blindages. Ce
ne sont encore là que des usages spéciaux correspondant
(*) Keehercht* tur U$ aciert au nicM à hauits ttiteui'i; j
U, L. Di'MAS {Annatts des Minei, 10*i«rie, t. I, p. 5S1 etsSS; 1902).
bï Google
210 RICHESSES HINBIUU8 SB LA ROUTSLLB-CALBDONIE
à des tonDRgee limités, et cola tient non senleiDeHt h cb-
qtw l'introduction de quelques unités pour oeat de ntckitf
dans l'acier atigiBente tr^s notabloneat son -prix (souverit
do simple au douUe) à la fois en raison de la valear nstai»
da métal tutrodint et en raison de la minutie phis gnnde
de la préparation métallargiqne de ces aciers spéctem,
mais cela tient encore & ce fsit que l'aDtélionitioB de cer-
tainos de leurs propriétés mécaniques ne r» pas -sonrest
sans des incmiTénientB, tels qoe la diftealté avec laqneHe
ik se laissent travailler, ne supportant pas l'écronissafer
Cliquant aisément, etc. Il est fort int^esaaat «ependnrt
de signaler on pas, paraissant très notaUe, qsi vîeHt
d'être fait aux États-Unis : après des essais multîpies
pCMir l'emploi de raits en acier an nickel sm* des sectiem-
de voies ferrées très fréquentées, en voe d'espacer nota-
Idement les réfections dévoies, ta Pensylvaman Railroad (^
vient de commander 9.000 toenes de rsits «■ acier
à S 1 /£ p. 100 de nidtel pemtt 65 et fOO Uvnes par jsi^
{skM 43 et 50 kilogrammes par raé^e), pour en munir le»
sections de voie tes plus diar^ées de «es lif«ias aOeai'
de Pittaburg : cette commande aurait éM faite aa frit
de &5 dollars la t^me (âOlfrancs par toiiM Métrjqae) (').
La tBBlCiplication de semblables ma^a «a aanqaémÉt-
pas d'aocTOttre oansidéraUement ta ooflMntaatim de
mctel, et «ata pocrTait bien ne pas 4»4ei4i«b plwluiwaw
lïoiir ce qui est de l'adeptien des aatws 'a« tridlel k
haute teneur, on pest dès au^ourd'lnii y ccNBpteîr poar la
COTffitructiML d'apparetls de pvécàsim ; -mâs '«Bte «rt peu:
de cdtoae, et oe qui nerait vraifBWBt •préaiWn» fn^r ^mOkm-
oeloiùa, ce -seraK de voir se déweloi^w éSK eÊH^iin 4iibi
qae oehti qm a été «lit par l'artttttrie fritàçtàs» tf 'aolsr fc<
25 p. lOO de nickel; il ne faudrait an effet pas JwaMcoap-
bï Google
iTosa^es exigeant dïacm annaellement <qu^fle« een-
txhies 'de tcnines 4e tola adera po«r «Hgwwnter 4»rs «ne
^tergK proportion ta CGnseimBation <ki «ickeâ ; 11 me vous
pSTiilt pas doeteas que ces nsa^es se writij^crMit d'au-
tntt ^os T-apideniePBt -q«e le pris et tiâdttA, q« àvierritint
potir tme Ittr^ part Ahs le prix ^evé de «we froMts
spéciaux, diminuers phn vite et pb» notaUennet.
Les Hsages TnétaSwgrqves Bout d«AC de «em ^si, exi-
geant anjeardliui k peu prés la moitié d« nickel coascHnmé
Ains te nonde, poorratent -h bref éé\tâ, et swtout ^ la
faveur d'un abaissement notable du prix da nlchel, tiag-
anoaler dans une très iarge prcportion. Us suivent aaiu-
Tt^i^ueBt utjon^Wi iaa fluctuati<nB de l'industne
nétaSnrgiqne, et en partiqulter lie l'tiHliHrtTte spéciale des
vaaemeaÉa; îh «ai *a leur yénode d'aceroîsseineiit
de 1898 à 1901, en même temps que cette industrie, H
sdjissentaiijoHrd'lnti avec elle «le crise ■qiU n'eetassuré-
flWQt que Jiaaangiigo
<iam ffa'H «n soit, rfaueMUe «ka imges ^ nickel «
déjà marqué une progression considérable depuis 25 ans,
•i iMMsvoi^ea Usa pcnMMdé fsa oatie pr<ywaiap ne
ivaipeooaÉiiitnrcwMivtl'aa&é» «a.«iittte. LM^i6li)«es
cdnffiva annaat» aMMtrsraat œ ^'•eUe a ^Aé juay'âà.
D'a^^ Û. IievaiC), la ^aaéBitiaa aaatMik tla aiafcel
Bit «Miée swmilétmml lid iiimiii i >m^m«i A«a,W.^e
aMnt««Htce«*Miiteàf«i(v«B ai flàiffnw wiwMit» .:
1878 400 tonnés
un...- i.aoo —
WTi,. 2.0W —
IWT 3.W» —
La NouvelIe-CalédemeinteiTeBait iTsaieurs pour la plus
large part dans cette production. Depuis 1889, la décou-
X^ D. "LiT»T, Frogrii de U mitaanrgû du nickel (Ann^u d4$-Wtài,
9> ȎnB,<t. I. f.an,Mn). .'
bï Google
213 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLB-CALÉDONIB
verte des riches mines de pyrrothine cupro-nickelifère
de Sudbury (Canada) a fait entrer en ligne, pour la produc-
tion du nickel, un redoutable concurrent de notre colonie;
ce sont les quantités considérables de métal que le Canada
a jetées sur le marché à des prix sans cesse décroissants
qui ont amené la crise subie par les exploitations de
nickel de notre colonie, en 1892-1897.
D'après les statistiques que nous avons entre les
mains (*], la production du nickel métal se serait, depuis
lors, répartie comme suit, au point de vue des pays d'ori-
1189
1890
ISOl
I89Ï
1893
1894
1S95
1898
1897
1898
,m
1800
1101
S,
310
1.633
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I.87B
2.US
*.70«
4.S2i
..„.
1.755
4.334
4.637
4.686
6.116
B.50H
7.892
10, w
Nous ajouterons que la consommation du nickel dans
le monde entier n'a pas exactement suivi les fluctuations
qu'indiqueraient les chiffres ci-dessus, «ztraits des statis-
tiques onicielles des différents pays; on aurait en effet,
d'après les renseignements que nous avons pu recueillir,
consommé les quantités suivantes de nickel au cours des
cinq dernières années.
*""*" de nickel méltl
1898 6.600 tonnes
18« 6.700 —
iWO 7.200 —
1901 7.400 —
1«02 6.800 —
(*) R.-P. RoTBwKLi., The minerai Indutlrg, années 1892 et niiv.
bï Google
LE» MINES DE NIOKBL 213
En r^ard de ces chiffres de production et de coosom-
mation du nickel, nous fournirons, d'après les statistiques
officielles, ceux de l'exportation des minerais de Nouvelle-
Calédonie avec l'indication approximative des quantités
de métal qu'ils contenaient, en faisant remarquer que,
même à supposer les statistiques de la colonie exactes,
non seulement il y a une certaine perte au traitement et
parfois des pertes en route par suite de sinistres de mer,
mais qu'en outre la nécessité de conserver ou de former en
Europe des stocks d'une certaine importance a pu donner
lieu, au cours de diverses années, à des exportations de
minerai notablement différentes de celles correspondant
à la production, et surtout à la consommation réelle, du
nickel d'origine calédonienne. Quoi qu'il en soit, voici les
chiffres que fournit la statistique officielle.
bï Google
2<4 RICHESSES MINÈUU^ DB. LA. NÛDVKLLE-CALÉDONIR
Nin<rili-CiMni*0
(7.9941
(1.0B6J
W.O»
1.703.(100
3.HT7.II»
f.StH.Mi»
C. — DÉVELOPPEMENT POSSIBLE DE L'iNItDSTRIE DU NICKEL
EN N01VE!,LE-CaLÉ1)0NIB.
Les chiffres qui précèdent siifUsent à montrer quelle a
été juscju'ici, pour la Nouvellii-Calédonie, l'importanoe de
(*) Les chiffre» de res trois colonnes annt Établis en supposant tout
le minerai exporte cru ; nous avons port* entre pirenlhéses, lbrs[]u'il y
avait lieu, les chiffres relatlFs au minerai fondu dans la rolonle.
("} Les valeur» de» yuantllés de minerai exportées, indiquées pour les
années antérieures â 1901. et en particulier pour les troi« dernières,
■ont rertainemenl exagéréci ; elles paraissent avoir été obtenues en
multipliant les tonnages de minerai huiiiid - par la valeur de la tonne de
minerai sec; elles seraient donc à réduire de 23 p. 100 environ.
bï Google
LBH UJNB& DB 1«H;KEL 215
9'iiitliietri» au tuËliel, et (iu«t6a4ria4érU«iui s'attacherait,
IK>w la prospérité de ootce colooie, à ce- que cette ÏQdu»-
trie se développe encore largement. Nous avoua sufâeam-
maot mootré dtuw ce qui précède combien grandes sont
les ressources ea métal £aeii£aient «xploilables coDteaues
■ dans le sol de la Nouvelle-Calédonie pour que chacun coni-
prenne (jue l'ou ne peut que wubalter de voir la demande
de Kiijierai augmenter, fùtrce au prix <I'ud abidssement
des cours; Iqs richesses lie notre cotooie peuvent en
-effet, pour peu qu'on les exploite d'une façon plus régu-
lière, plu& stable, et plus prévoyante, ce que ne manque-
^it pas de faciliter grandement une augmentation des
-débouchés, fournir à des demandes beaucoup plus impor-
tantes encore qu'aujourd'hui, et cela pendant de longues
Comme DousTavonsditiCetLeaugmeutaLiondesdébouchée
^parait assez étroitement liée aujourd'hui à une diminutlun
-dtt prix auquel le métal pourrait être offert au consom-
mateur, et les gisements que nous venons de faire con-
naître pourraient, nous n'en doutons point, satisfaire à
•cette nécessité. Nous voudrions le montrer en quelques
jnots.
Si l'on reprend un k un tes différents éléments du prix
■de revient du nickel que fournit la Nouvelle-Calédonie, on
est frappé, en écartant pour le moment les chaiges
importantes que comportent les difficultés de main-d'œuvre,
sur lesquelles nous reviendrons d'ailleurs, on est frappé,
■disons-nous, de l'iniluence sur ce prix de revient de trois
circonstances différentes. Ce sont : d'abord l'obligation
-d'abattre avec le minerai des quantités considérables de
matières plus pauvres en nickel qu'il faut séparer par un
minutieux triage et rejeter ensuite, puis, et surtout, l'aug-
mentation de prix du simple au double que comporte le
transport, depuis les Antipodes jusqu'en Europe, de miue-
raia qui oe iiconeut guère plus de 5 p. 100 de leur poids
bï Google
216 RICHESSES MméttALES DE l.A OUVELLE-CALBDONIB
du précieux métal, et enfiu la cherté, inhérente à sa cono-
plîcation, du traitement métaUurgique des minerais de
nickel.
Pourrait-on diminuer ces lourdes charges et dans quelle
mesure ? C'est ce que nous allons discuter.
La question du traitement métallurgique des minerais
de uickel, et en particulier de ceux de la Nouvelle-Calé-
donie, est de celles qui n'ont pas sans avoir été bien sou-
vent étudiées, mais qui n'ont jamais pu recevoir jusqu'ici
de solution plus satisfaisante que celle que nous avons
fait connaître en quelques mots ci-dessus. C'est de l'affi-
nité extrême du nickel pour le soufre queprocèdent essen-
tiellement les difficultés de la question ; tout traitement
par voie ignée, à moins qu'il n'ait lieu entièrement avec
le secours de combustibles végétaux, c'est-à-dire de char-
bon de bois, comporte nécessairement l'absorption d'une
certaine quantité de soufre par le métal, ce qui entraîne
ensuite l'obligation d'un grillage extrêmement soigné et,
par suite, fort onéreux ; le traitement du nickel unique-
ment au bois n'apparaissant commeguère possible aujour-
d'hui, il faut se résoudre à cette obligation ; dès lors la
première fusion sulfurante, plus aisée que la première
fusion pour fonte nickelifère, parait indiquée, et le reste
de la méthode actuellement usitée s'ensuit.
Ne pourrait-on pas tourner la difficulté par l'emploi
d'une méthode de voie humide ? C'est ce qui a souvent été
étudié, mais ce qui a toujours échoué, en particulier devant
les dépenses et les difficultés qu'entraînerait la dissolution,
en même temps que du nickel, des quantités considérables
de magnésie qui l'accompagnent, L'électrolyse. actuelle-
ment employée avec succès au Canada, pour répondre, il
est vrai, à des difficultés de traitement tout autres, ou le
procédé Mond, fondé sur la combinaison du nickel à l'oxyde
de carbone, procédé que l'on essaie aujourd'hui de faire
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LES MINES DE NICKEL 217
entrer dans la pratique industrielle {'), ne pourraient-ils
être appliqués avec économie au traitement des minerais
de nickel de notre colonie? C'est ce qui n'a pas paru pos-
sible jusqu'ici.
Nous pensons donc que, jusqu'au jour oti quelque nou-
velle invention aura permis la simplification de l'extrac-
tion du nickel des minerais de la Nouvelle-Calédonie, il
faut compter avec des frais de traitement élevés, comme
ils le sont aujourd'hui, c'est-à-dire pen inférieurs, tout
compris, ii 1 franc par kilogramme de métal produit.
Si nous passons maintenant à la question de l'abaisse-
ment possible de la («neur limite k laquelle le minerai est
exploité, nous constatons que c'est, beaucoup plutôt que les
nécessités du traitement métalliu-gique, l'élévation des
frets, augmentant le prix de revient du nickel en raison
inverse de cette teneur, qui fixe la limite de 7 p. 100 (pour
le minerai sec) à laquelle on s'arrête aujourd'hui. Sans
doute, chaque fois que l'on diminuera la teneur du mine-
rai à passer, on augmentera les frais de fusion par unité
de métal, et on diminuera un peu le rendement dcl'opéra-
tion. Si, en effet, l'on suppose une logère diminution de la
teneur du minerai en nickel, avec augmentation corres-
pondante du fer et de la magnésie, l'allure générale de
l'opération n'en sera pas grandement modiHée ; cependant
la richesse en nickel de la matte obtenue sera moindre et
sa teneur en fer plus forte, tandis que la quantité de sco-
rie produite sera un peu plus élevée ; dès lors, pour main-
tenir une température suffisante au creuset, il deviendrait
nécessaire, comme cela se fait déjà maintenant, mais dans
une mesure moins large, d'ajouter des matières riches en
nickel, soit scories de déferration, soit, à défaut, une
petite quantité des raattes produites par l'opération même,
('] Le procédé Mond pour l'extraction du nickel, par H. I>éoa Guillkt
(Génie cioil, t. XLI, 3* lemeitre iSOî, p. ^i).
bï Google
"218 RICHESSES HINÂEALSS OK LA. NODVELI.E-CALéDONIE
■et c«la n'irait pas saas exiger qiië augmentatioa de la
charge de coke. La scorie, qni contient uoe certaine quan-
tité de nickel, surtout on raison d'un entraînement méca-
nique de particules de malle, entraînerait à. peu prèa la
mime ^oportion de matte, puisque le rapport entre les
quantités des deux éléments serait maintenu en repassant
■des mattes, et il ay aurait guère d'augmeatatioa de la
perte en' nickel que du. fait du double passage à la pre>
mière fusion d'une {lartie de la matte; il pourrait d'ailleurs
aussi y avoir une légère augmentation du. fait de la petite
teneur en nickel combiné que peut présenter la scorie.
Dans ces conditions, si Ton suppose quel'on vienne àabais-
ser de 7 p. 100 à 5 p. 100 la teneur en nickel du minerai
sec, la teneur de la matte tomberait entre 35 et 40 p. lOO
-de nickel, et la perte au traitement, qui est évaluée a»
maximum à 10 p. 100 du métal contenu, pourraitatteindc»
Jusqu'à 30 p. 100 ; la consommation de coke pour ta pro^
mière fueion passerait vraisemblablement de 8 i 12 ou 13
par unité de métal.
Dès lors, les frais de première fusion, qui, comoie
.nous l'avons dit, peuvent être actuellemeat évalués aux
■environs de 45 à 50 centimes par kilogramme de métal,
.atteindraient vraisemblablement 66 à 70 centimes, en
-augmentation de 20 à 25 centimes, en même temps que la
consommation de minerai, au lieu d'être de 16 kilogrammes
■de minerai sec à 7 p. 100, s'élèverait aux environs de
25 kilogrammes de mineraisec à 5 p. 100, Ou voit, qu'en
tenant d'autre part compte du fret("}, qui revient aux
environs de 50 francs par tonne sèche, la dépense par
kilogramme de métal se trouverait accrue «u outre
de 45 centimes, soit au total 65 è 70 centimes, c'est-
à-dire assez exactement du prix que coûte actuelle-
(') Nous ne tenons pas compte ici de l'augmentation des Truis d'aril-
duge de la matte eu raison de s& moindre ricbetw, car eette augmcDta-
4ion serait vraUemblablemenl très faible.
bï Google
LKS UINES QB NICKEL 219
■oeot le mioerai sur place; il faudrait donc, pour pouvoir
^substituer le minerai à 5 p. 100 au minerai à 7 p. 100, que
son prix de revient, rendu à bord en Nouvelle-Calédonie,
fûtnuL
La nécessité du transport du minerai cru jusqu'en
Europe prohibe donc d'une façon absolue l'emploi du
minerai à teneur de 5 p. 100. Pour le minerai à la teneur
•de 6 p. 100, il n'en serait pas tout à fait de même ; néan-
iDoius il serait difficile à notre avis d'abaisser suffisaimnent
le prix de revient sur place du minerai à 6 p. 100 pour
qu'il y ait avantage à le substituer au minerai à 7 p. 100 ;
il est cependant bon de signaler ici que des expéditions
da minerai à teneur compriae entre 6 et 6 1/2 p. 100 ont
-été faites récemment en Amérique, et y auraient donné
lieu, en 1901 , à la production de 1.796 tonnes de nickel (*).
Il semble, au contraire, que rien ne s'opposerait à ce que
l'on fondit sur place des minerais k plus faible teneur
s'ils pouvaient être produits à des pris sufâsamment bas.
Il eat natiireUement fort difficile, en raison à la fois de
la très grande différence qui eidste d'un gisement k
l'autre et de l'absence totale de toute reconnaissance
Hjcatématique de ces gisements, de fixer quel serait
1.' abaisse m eat do prix de revient qui correspondrait à un
abaissement de la teneur limite des minorais exploitables ;
il serait en tout cas considérable. Si nous envisageons, par
i;xemple, le cas où l'on en tiendrait à exploiter jusqu'à
la. tenetu* de "> p. 100, noua ne craignons pas d'affirmer
que le prix de revient de la tonne de minerai pourrait
-être abaissé, dans beaucoup de cas, de moitié, peut-être
même des deux tiers. U ne faut pas oublier en eiîet qu'au-
Jpurd'hui on- abat forcément des quantités importantes
de minorai à plus faible teneur en même temps que les
nûnerais utilisables ; donc, sans augmenter les frais
(*] K. P. RoTBWiLL, Tht mintriU Indualry lo lAe end of 1901, p. W6.
bï Google
230 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
d'abatage, od aurait déjà un accroissement cont^i-
dérahle du tonnage utilisable; les frais de triage ne
seraient paa augmentés, ils seraient souvent m^me
diminués (il snffit pour en être persuadé d'avoir va
sur les carrières de presque toutes les mines des
quantités considérables de tas de matières prêtes à être
expédiées, mais qui ne pouvaient I^tre parce que l'ana-
l^-se y avait montré des teneurs de 4 p. 100, 4 l/~p- 100,
r> p. 100, et souvent même 5 1/2 p. 100 ou 6 p. 100, et
parce qu'on ne disposait pas d'assez de minerai riche pour
les porter à la teneur de 7 p. 100). Quant aux frais de
transport, ils ne seraient accrus que de bien peu, car la
plupart des câbles ou voies ferrées sont loin de trans-
porter non seulement le maximum de ce qu'ils peuvent dé-
biter, mais encore souvent le maximum de ce que pourraient
manutentionner les ouvriers qui en font le service. Si
doue nous admettons, ce qui n'est en moyenne pas supé-
rieur à la réalité, croyons-nous, que le triage des masses
abattues fait en vue d'en retirer du minerai à 5 p. 100,
en donnerait facilement doux fois à deux fois et demie
plus que de minerai à 7 p. 100, nous constatons que la
totalité de ce minerai descendu au bord de la mer (nous
ne comptons ici ni le chalandage, ni les droits d'ex-
portation, etc..., qui n'entreraient plus en ligne de
compte si le minerai était traité sur place) reviendrait à
peine plus cher que la petite quantité actnellemeut des-
cendue ; il n'est donc pas téméraire d'escompter que le
prix de revient de la tonne serait facilement diminué de
moitié, en même temps que l'on assurerait l'utilisation de
10 à 12 unités de métal au lieu de 7('). Mfds ce n'est
pas tout; à côté des masses que l'on abat aujourd'hui, on
laisse des masses minéralisées très faciles à exploiter et
(*) pour &tre tout à fait exact, it faudrait tenir compte de l'augmenta-
tion de la perte au traitement, ce qui revient k dire qu'on assurerait
l'utilisation de 8 à 9,6 unités de métal au lieu do S,3-
bï Google
LES UINES DE ÏJICKEL 221
pour lesquelles toutes les préparatioa^ et iDstallations
sont faites, uniquement parce qu'elles ne sauraient don-
ner une proportion rémunératrice de minerai à 7 p. 100,
alors que dans bien des cas elles pourraient parfaitement
en fournil" dans de bonnes conditions à 5 p. 100; il y aurait
là une modification très importante dans l'utilisation de»
gites et des installations faites pour les mettre en exploi-
tation. .Nous ne croyons donc pas exagérer en disant que
le prix de revient par kilogramme de métal contenu
dans le minerai pourrait, avec une bonne organisation,
être abaissé au moins de moitié, c'est-à-dire descendre à
30 ou 35 centimes.
L'abaissement de la teneur limite à laquelle les mine-
rais de nickel calédoniens sont utilisables nous apparaît
donc comme intimement liée, du moins si l'on se préoc'
cupe de réaliser un abaissement réellement sérieux de
cette teneur, à la question d'une première fusion du
minerai sur place, en vue de réduire considérablement la
proportion de matière stérile à transporter avec le nickel.
On transporte aujourd'hui, rappelons-le, de 945 à 950 ki-
logrammes de matière stérile pour 50 à 55 kilogrammes
de nickel métallique (minerai à 7 p. 100 à sec et tenant
de 20 à 25 p. 100 d'humidité), ce qui représente une
dépense de 80 centimes au moins par kilogramme de métal
(en ajoutant au fret les frais de chalandage et autres
frais accessoires) ; le jour où l'on pourrait substituer au
transport de tels minerais celui de mattes tenant de 35 à
45 p. 100 de nickel, la dépense par kilogramme de métal
tomberait à S ou 10 centimes, c'est-à-dire qu'elle s'abais-
serait de 70 centimes environ. Ne serait-il pas aisé de
réaliser tout ou partie de cette importante économie?
C'est ce qui semble tout indiqué au premier abord, et c'est
ce dont l'étude, sommaire il est vrai, que nous avons pu
faire de la question nous a donné la persuasion, bien que,
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2S2 RICHESSES BIKIÉRALES DE LA MOCTBLLE-CALËDONIE
nous devons le reconnaître^ l'économie en question ne scît
^ae aussi facile Ji réalis» qn'on pourrait le croire. Hà»
11 7 a plus; en même temps qne la fusion sur place des
minerais mêmes que Ton utilise actnellomeBt, et l'expor-
tation ultéiieure de mattes riches, penaettraît de réaliser
une réelle économie sur les errements actuels, die
ferait disparattre l'obstacle que nous signalKBB ci-demns-
h un abaissement sérieux de la tenenrttes imnerÙB.tnit^.
Ce sont ces deux points que nous nous proposons mtn-
tenant de mettre brièrement en tonnère.
La queutioR de la fusion sur place des BiinenDS 4e
nickel de la Nouvelle-Calédonie n'est pas neuve : elle-
s'est posée dès le début, et on n'avait p«s terdé à la
résoodre par TaiBtniatîve. Denx mMiaots fjm iieaitx
(hanteoT 7 mètres, volume 18 mètres cnbes) farent coas-
traits il la pointe Chaleix près de 'SoaHiéa, entSTÇ ; laft-
sion ent d'abord Keu prrar produire des fontes tiKSEeJSftres-
(à 05 p. I<t0 de nickel)-, elle fut ensmto réglée pour obte-
nir des mattes t«unt aux eirmoirs de 90 p. 100 4e-
nicfeel, et fat pr«ti(ioé« régulièrement josqu'M àSbnt 4e-
iS85, jpoqne où la prennère criée qni a 94m mr le nar-
cbé du nickel obligea, k mettre les lunrts fouruemni hors
feu. Cette lentxtwo «foit Stn eonsidérfe «OBHHe aynt
donné dcft r^sidtats satsrfhisants dam les cuuJHmioi eu
se troitvadl alors le marché èa mdiel et eft «e pnfiiqtnàt
fa métaftir^e <te ce inéta!'; les^Hdeiv'iMit de^pre-
nnère 'Ifasim, TÙnns de 1 franc ^nr kifognoDine 4e-
nK^ri m^tal, «nxqnéls on <ëtait arrH^,
effet rien d'excessif alors.
Si les resseignerneiits q«e news «Tens pa t
cette prenâdre tentative, déj^ ancieme, sont 'exacts, la
fasion pour foilte itt<^cd!fèn de miaenûs ii temur Teï-
sine de 19 f. 400 de akkel cmneMmadt, 'par^teMe 4e
inuenu tifnMQe, Wn? Vno^ranfiMns oe celte amflfaiseoi
bï Google
LES MINES DB mtiRXL SSï-
rctremilit à 80 francs la tonne, 110 lEilogramneB de
houîHe ,âe même prorenance à S7 francs, et BOO kilo-
gftimtnes de castine à 12 francs ; le prh de revient total
de la fusion ressortait ainsi k S7 francs ])ar tonne de
minerai, Boit 637 francs par tomw de fonte {rendement
en fonte de 13 1/2 p. 100), soit encore \ franc par kilo-
^amme de nickel (teneur de laTonte65p. 100).lSais,«A
présence des difficultés dn traitement de cette fonte, qui
tenait de 1 1/2 d 2 p. 100 de souft^, on dut en revenir à la
fusion pour matte ; ceUe-à eut liea du début de 1882 au
début de 18S5, soit pendant 3 ans ; elle a port(( snr-
16.000 tonnes de minerai; essayée d'abord en empToyairt
comme sulfurant le soufre, elle a été poursuivie grftce *
l'emploi du gypse de la colonie ; les ït» de fbsîon conte-
naient en moyenne, partonneilefRmerai,4451eile^rammeft
de coke, 80 kilogrammes de houîHe, 380 kilogrammes de
castine, et 75 kilogrammes de gypse rerenant à Wfrancs
la tonne -, te prix de revient total était de 79 francs par
tortne de nrinerai fondu, strtt 593 francs par tonne de
matte produite (Fondement en matte '13 1/3 p. lOO) et
^,95 par kflogramme de nickel (teneor de la matte
Si p. 100)(*}. Dans les derniers temps 4e murehe de
T'usine, on avait essayé la falirication Btrrîftace des cokes
nécessaires à la fusion ft l'aide de menas importés crus
d"A.nstràïe; cda paraissait devoir Téalhter «te éconr/tri»
impartante sur ta dépense de combustible.
Lorsqfu'en 1889 une nouvelle ère de prospérité s'ou-
vrît pour llndnstrie da nickel, on reconnrtt à nouvemt
la néiiesstté de la fbsîon 'sor' place, d'antaitt phts qoe %
friz do métal avatt notablement -baimé ot tendait à -se
ttxer aux environs de 5 "ftwics te tftogrswmie. Vnsine
de 'NsiBnéa n'était plus en marcke et exigeait ntrtnreBe-
bï Google
HrZi RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLLE-CALÉDONIE
ment quelques réfections ; la société le Nickel crut préfé-
rable, dans le but d'éviter lu transport encore asse2
oiiéreuï du rainerai depuis ses centres d'exploitation,
situés principalement à Thio, jusqu'à Nuuniéa, de la
transférer au pied même des mines ; on en profita d'ail-
leurs pour essayer la fusion au cubilot dans des condi-
tions analogues à celles qui avaient déjà fait leurs preuves
à Kirkintilloch. C'est alors que fut créée l'usine d'Ouroué,
à l'embouchure de la Dothio, soit à 4 kilomètres envi-
ron de Thio. Les cubilots, larges et très bas (diamètre
l^jTS, hauteur entre la porte de chargement et les
tuyères 1 mètre seulement), qui furent construits, pa-
raissent n'avoir Jamais fonctionné dans des conditions
satisfaisantes ; leur marche, entre les mains du personnel
dont on disposait, fut toujours très irrégulière; on chai^
geait, par tonne de minerai {à teneur de 7 à 8 p. 100),
jusqu'à 620 kilogrammes de coke, 220 kilogrammes de
charbon, 320 kilogrammes de corail et 22 kilogrammes
de soufre ; le prix de revient de la fusion avec de sem-
blables consommations ne pouvait 6tre que très élevé ; il
aurait atteint 1'*^ par kilogramme de nickel métal,
marquant ainsi un retour en arrière sur ce qui avait été
fait 10 ans auparavant. Aussi n'a-t-on pas tardé à mettre
hors feu l'usine d'Ouroué (au début de 189i) et à recom-
mencer à expédier tout le minerai cru en Europe. C«tte
deuxième tentative est la dernière qui ait été faite pour
la fusion du nickel sur place ; comme on le voit, elle a
été très malheureuse, et c'est évidemment à son échec
qu'est due l'hésitation, tant delà société le Nickel que de
tous autres exploitants, à entrer à nouveau dans une voie
qui parait cependant si indiquée. 11 est bon d'ailleurs
d'insister sur ce fait que l'on n'a pas renoncé à pour-
suivre la tentative faite à Onroué parce que l'on aurait
reconnu que, daiiH les meilleures conditions que Toq
puisse réaliser en Nouvelle-Calédonie, les frais restaient
bï Google
LES MINES DE NICKEL 325
encore plus élevés que les frais de fusion en Europe aug-
mentés du fret, mais bien parce que l'on n'a pas réussi à
faire marcher régulièrement une fabncation (^ui, ailleurs
et en d'autres mains, réussissait bien. L'insuccès de cette
tentative ne saurait donc condamner en aucune façon le
principe de la fusion sur place ; il montre tout au plus,
à uotre avis, qu'il ne faudrait pas en entreprendre une
nouvelle sans prendre grand soin de s'assurer le con-
cours d'un personnel parfaitement capable <Ie la mener à
bien.
Une nouvelle tentative de fusion sur place pourrait être
faite dans deux buts différents : le premier serait simple-
ment d'abaisser le prix de revient final du nickel métal
en partant des mêmes minerais; le second serait de
rendre possible l'utilisation de minerais à teneur infé-
rieure {5 p. 100, par exemple), utilisation aujourd'hui
impossible comme nous l'avons montré. En fait, la fusion
sur place devrait, à notre avis, tendre h ce double but ;
peut-être ne permettrait-elle pas dès le début la fusion
de minerais â 5 p. 100, tout en abaissant lo prix de re-
vient, miûs du moins permettrait-elle sans doute celle de
minerais à 6 p. 100, et ce serait déjà un joli résultat à la
fois au point de vue de la puissance de production dés
mines de la Nouvelle-Calédonie et de la bonne utilisation
de leurs richesses.
Nous ne pouvons songer à établir avec précision quels
seraient les frais d'une première fusion en Nouvelle-Calé-
donie, car cela dépendrait trop <les conditions dans les-
quelles on la tenterait ; et ces conditions mêmes varie-
raient pour chaque société, car c'estâ la fois de l'étendue
et de la richesse des concessions qu'elle posséderait, de
leur situation géographique, de l'importance de la pro-
daction qu'elle voudrait réaliser, etc., que dépendraient
•t la position à choisir pour son usine, position avec
bï Google
226 RICHESSES MINÉRALES DE LA KODVELLK-CALÉDONIB
laquelle varierait le prix dee matières premières, et te-
développennent k lui donner, développement qui iuHnerait
largement sur les frais de main-d'œuvre et plus encore-
sur les charges d'amortissement. Ce que nous pouvonB-
seulement dire, c'est que, pour se rendre compte de 1'*^
portunilé de la fusion sur place, il faudrait comparer,
d'une part le total des ftais de chalandage à l'embarque-
ment, des droits sur le minerai exporté, du fret jusqn'e»
Europe et des frais de débarquement et de première fusion
en Europe des minerais, au total des frais de fusion nmr
place des mêmes minerais et des frais d'embarquement
de transport en Europe et de débarquement àe la matte,.
d'autre part.
Le premier de ces totaux, rapporté au kilogramme de-
métal, peut être évalué comme suit :
Frais d'embarquement 0,05 k 0,08
Droits snr !e minerai exporté 0,005
Fret jusqu'en Europe 0,70 à 0,80
Frais de débarquement 0,02 à 0,03'
Frais de première fusion 0,40 & 9,W
Total environ 1,20 à 1,40
Les fraifl d'embarquement, de transport, et de débar-
qoement en Etirope de la matte à protluire ne représente-
raient pas plus d'une soixantaine de fi««CB par tonuo,
c'esirà-dire à peine 0'',i35 par kilogramme de métal; on-
voit donc que, raémç avec des unis de prettiière fsèioR
pour mattes de 0'',95, tels qu'ils étaient réalieéti à iat
pointe Oialeix en 1883-1884 (avec des mtnw'ais un peu-
plitl! riches, il est vrai), l'opération «ppvaMrait comme
devant être économique. Nous ne doutons ^«B d'ailletir»
que les frais de fttsioo d'autrefus poumùentétre targ^Hteai
abaissés anjotu^'hui. Si on examine «b effet te» frus de'
première fu«on, on voU qu'ik se parta^dot à peu pràa
bï Google
LES mnES va hickxl 221
par moitié entre les matières d'une part (coke, castine
et fondants) et la main-d'œuvre et les frais généraux,
d'autre part.
Sans vouloir compter ici sur l'utilisation possible des char-
bons néo-calédoniens, nous supposerons que l'on emploie
uniquement du charbon australien ; il fournit en effet
un coke de qualité parfaitement suffisante, comme le
montrent les analyses et essais de ce coke, et l'expérience
tant des fondeurs de la Nouvelle-Gatles du Sud que
des importantes usines de Port-Pirie (Australie du
Sud) où l'on traite les minerais de Broken-HUl, Pris à
l'état de coke à Newcastle, il coûterait de 16 i 20 shil-
lings la tonne, suivant les cours, soit 20 à 25 francs, il
serait, en outre, grevé do 10 à 12 francs de frais de trans-
port et d'une somme presque égale pour frais de débarque-
ment et pour tenir compte du déchet; il i-eviendrait donc
entre 40 et 50 francs la tonne rendue sur place ; si, au con-
traire on créait des fours à coke dans la colonie, on pour-
rait utiliser des charbons menus, qu'on trouve à acheter h
Newcastle au degré de pureté sufl^saut à des prix de 6 à
8 ahillinge la tomie, soit 7",50 à 10 francs, qm pourraient
éonc être rendus «n NoHvelle-CaJédonie k 20 francs la
tome environ, et qui pourraient ainsi fonmir do coke à
noins de 40 francs. La castine, empruntée soit aux cal-
caires de la cMe Ouest (qui tiennent 80 à:90 p. 1O0 de
carbo&ate de chaux, 2 à 5p. 100 de carbowaie de niKgné-
-sie-et 3 à iO p. 100 desttice), aoit aux coraux (ceux qui
«sit étéemployés kOtironé tenaient 90 p. 100 de carbonate
de chftHX, 5 i/2 p. 100 de cwbonatc de magnéoe et
4 1/2 p. 100 d'iKiporetésdiverseB. silice, sesquioxyd» de
fer, etc.), reviendrait à des {six un peu variables smvsnt
le pont où aesrait aitn^ l'iisme, mais n'excédant vraisem-
- WtiUeueBt pue 10 francs la tonne, QwiBt à la fmttêre
«nlfuranbe, le soufre (que l'tm pourrait faire venir «seez
misénentdii J^pon) serait d'oa emj^ ioujoara fort cob-
abï Google
228 SICHE8SBS MINÉRALES DB LA. NOUVBLLB-CALÉDONIG
teux, en raison de sa volatilisation partielle au gueulard; il
serait bien préférable d'employer le gypse calédonien {qui,
biendébourbé, tient jusqu'à 95 p. 100 de sulfate de chaux,
soit 17 1/2 p. 100 de soufre}, dont il existe, comme nous
nous en sommes assuré, des dépôts considérables, et qui,
bien qu'un peu ingrat à exploiter à cause de son gisement
en cristaux quelque peu empâtés d'argile, pourrait être ob-
tenu à assez bon compte ; il revenait, paralt-il, autrefois
à 40 francs la tonne rendue h la pointe Chaleix ; nous adop-
terons ce chiffre tout en mentionnant qu'il pourrait vrai-
semblablement être réduit dans une large proportion.
Dès lors les dépenses de combustible et fondants
pourraient s'évaluer au maximum ainsi qu'il suit:
Ptr kïlogTuinir
Biekïl ToiU.]
Coke. . . 400 kiiogr. à 40 francs la tonne : 16 francs 0'',32
Castiae. 300 10 2 0 ,0i
Gypse. . lUO , *0 4 0 ,08
Total 22 0'f,U
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer les dépenses de
main-d'œuvre et de frais généraux; elles seraient assuré-
ment plus élevées qu'en Europe, en raison principalement
de la nécessité de faire venir d'Europe quelques bons chefs
d'équipe auxquels on allouerai des salaires élevés; nous
pensons cependant que, si, en Europe, elles ne dépassent pas
25 centimes par kilogramme de métal, nous ne serions
pas au-dessous de la réahté en les majorant de moitié,
c'est-à-dire en les portant à 37 centimes 1/2. Cela ferait
ressortir les frais de fusion sur place au total de 81 cen-
times 1 /2 que nous croyons largement calculé.
Dès lors le prix de revient de la matte rendue en
Europe, rapporté au kUogramme de métal, ne compren-
drait, en plus .du prix de revient du minerai rendu an bord
de la mer en Nouvelle-Calédonie, qu'une somme de 0'',95
bï Google
LB8 MINES DB NICKEL 229
au lieu de l'',30 à 1",40, soit l'',55 à l'%60 minerai com-
liris, au lieu de l'',80 à 2 iraocs ; il y aurait là une diminu-
tion importante dans le prix de revient dit métal.
Mais il y a plus ; on pourrait aborder en Nouvelle-
Calédonie la fusion des minerais pauvres : nous n'en-
tendons pas naturellement en présenter une démonstra-
tion complète, aidé seulement de chiffres que nous ne
considérons pas comme étalilis avec une précision suffi-
sante ; nous voulons simplement en faire comprendre la
possibilité. Si, au lieu de fondre du minerai k7 p. iOO, on
venait à fondre du minerai à 5 p. 100, dont le prix de
revient par unité de métal serait, nous le supposons,
abaissé de moitié, c'est-à-dire réduit à 30 ou 32 centimes,
les dépenses de combustible seraient, comme nous l'avons
mentionné, augmentées dans le rapport de 8 à 13 ou 13,
c'est-à-dire portées do 32 centimes à 50, les frais de fon-
dants, de main-d'œuvre et les frais généraux seraient
seulement augmentés dans lerapport des poids de minerai
traités, c'est-à-dire dans le rapport de 6,3 (rendement du
minerai à 7 p. 100) à i (rendement du minerai à 5 p. 100} ;
ils seraient donc poi'tés de 50 à 78 centimes.
Dans cette nouvelle hypothèse, au lieu de pouvoir
amener en France une matte à 45 p. 100 de nickel
revenant à 1",55 ou 1",60 tout compris par kUogramme
de métal, on l'amènerait à la teneur de 35 à 40 p. 100
seulement et avec un prix de revient se décomposant
Valeur du minerai rendu à l'usine de fusion O'',30 à V,Z2
Dépense de combustible 0'',HO
Autres frais de première fusion (fondants, main-
d'œuvre, frais généraux) 0 ,18
Frais de transport en Europe 0,16
Total 1",14 à i'',n
n semble donc qu'on no reperdrait, à traiter le minerai à
bï Google
230 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE
5 p. iOO, qu'une partie du bénéfice de la fusion sur place,
inaifl on assnrerait en même temps une bien meilleure utili-
sation des gi tes de nickel de la colonie : on resterait d'ailleurs
vraisomhlatdemcnt au-dessous des prix de revient actuels.
Peiit-ôtre niême, ce que nous ne sommes pas éloi^é de
croire, nos évaluations ont-elles été supérieures à ce que
seraient en réalité les différentes dépenses, et Kerait-il tout
aussi avantageux de traiterRurplaci> des minerais pauxTes
que des minerais à 7 p. 100. En tous cas, si c'est vouloir
aller trop loin que de descendre jusqu'à la teneur de
5 p. 100, p.Hirrait-on sans doute aller avec profit jusqu'à
(3 p. 10") ou 5 l'2p. 100.
En quel point de la colonie devrai! être située une telle
usine de fusion du minorai? Oestre que nous ne saurions
préciser ici, car cela dépendrait essentiellement de la
situation des gisements destinés à fournir le minerai : la
société le Nickel étudie, croyons-nous, le projet d'une
usine do première fusion k Thio, et elle ne peut en effet
que la placer près de ses mines les plus productives ;
la société " Nickel Corporation Limite<l », qui possède sur-
tout des gisements sur la cWe Ouest, serait amenée à
construire son usine de préférence sur cette côte ; el telle
entreprise nouvelle qui viendrait à se fonder chercherait
tout naturellement à pi"océder k la fusion de ses minerais
en un point où elle pourrait amener à bon compte à la foi»
ceux-ci et les charbons et fondants qu'elle aurait besoin
de faire venir par mer.
On a également songé à fondre sur place le minerai de
Nouvelle-Calédonie pour fonte nickelifêre pure de soufre
et par suite directement utilisable <lans la métallurgie :
il faudrait pour cela avoir recours an charbon de bois
comme combustible, et nous ne voyons aucun point
de la colonie oti l'on pourrait l'obtenir en grande quantité
et k des prix suffisamment bas. Tout au plus une telle
fabrication pourrait-elle devenir une annexe de la fabri-
bï Google
J.BS MlNEa Ua NICKEL 231
«atioa principule dans les conditiuiis que iiousveuous d'in-
-iUqudr.
Nous ue mentionnerons ici que puui* méinuite d'autres
projets dont on a parlé et dont on parle encore : ils con-
sisteraient à utiliser les forces hydrauliques, qui ne seraient
peut-être pas trop difficiles à auiéuuger dans certains
points de la colonie, au traitement des minerais de nickel :
les minerais tels qu'on les exploilc ne sont pas arcessibles
aux procédés actuels de rélectro-niétallurgie, il faudrait
<ionc leur faire subir une première fusion ; mais alors le
.îiickel se trouverait déjà suffisamment concentré pour que
son expédition en Europe pour raflinage paraisse cire ta
meilleure solution. On a même parlé d'employer comme
fondants les rainerais sulfurés de cuivre du Nord de l'Ile,
■eu vue d'obtenir une matte cuprouickelifère dont on sépare-
rait ensuite les deux métaux par l'éleclrolyse, comme on
Je fait pour les minerais du Canada. C'esi Ik un projet
-hardi, et dont nous ne saurions prévoir. pour le moment et
dans la situation économique et industrielle générale de
la colonie, ui la réalisation ni le succès.
Quoi qu'il en soit, il nous paraît en tous points essen-
tiellement souhaitable pour la colonie que ta question de la
fusion sur place des minerais de nickel qu'elle produit soit
■enfin reprise ; c'est celui des progrès dans l'utilisation des
ressources eu nickel de la Nouvelle-Calédonie qui aurait
-<:ertaineiaent le plus heureux effet sur le développement
(le l'exploitation de ces richesses; il en résulterait pour
les producteurs du nickel calédonien la possibilité
d'abaisser notablement le prix de vente du métal, et par
suite de soutenir dans des couditiuna meilleures encore la
■toucurreuce des produits du Canada; cela permetti-ait en
-outre, et entraînerait certainement à ti'OS bref délai, une
utilisation beaucoup meilleure des réserves de nickel con-
jteaues dans le sol de la colonie. Aussi M. le Gouverneur
bï Google
232 RICHESSES MINBBALES DE LA HOOVELLE-CALÈDONIB
de la Nouvelle-Calédonie a-t-il été 1res heureusement
inspiré lorsque, voulant hâter la réalisation d'un projet
qui touche aussi directement aux intérêts généraux de la
colonie, il promettait la concession gratuite des terrains
nécessaires à l'érection de la première usine de fusion;
nous rappelons d'ailleurs que la redevance de 35 centimes
par tonne de rainerai de nickel extraite n'est perçue que
sur les minerais non transformés dans la colonie.
D. — Lus GISEMENTS. DE NICKEL CONCURRENTS.
Une dernière question se pose pour celui qui veut peser
les chances de développement de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie : c'est celle de la concurrence qui
peut être faite à cette industrie par les industries simi-
laires existant ou i\ créer dans d'autres pays du monde,
liien que nous n'a3'ons pas eu le loisir de procéder à une
l'tudc approfondie de celle question, au sujet de laquelle
seul l'examen sur place des autres gisements de nickel,
et en particulier de ceux du Canada, aurait pu nous per-
mettre de nous faire une opinion personnelle, nous ter-
minerons ce qui a trait aux gisements de nickel de la
Nouvelle-Calédonie par quelques indications sur les autres
gisements du monde.
Avant la mise en exploitation du nickel en Nouvelle-
Calédonie, la production de ce métal, qui était annuelle-
ment de 400 tonnes environ, se répartissait entre quelques
gisements de minerais sulfurés complexes situés en Alle-
magne, en Hongrie, en Suède et Norwëge et en Espagne
et le gisement de pyrrhotine nickelifère et chalcopyrite de
Lancasler Gap en Pensylvanie ; mais peu à peu la concur-
rence de ces différents gisements a été éteinte grftce aux
I)rix de plus en plus bas auxquels était livré le nickel de
la Nouvelle-Calédonie; si bien qu'en 1889, lorsque le
bï Google
LES MINES DE NICKEL 333
Canada a conimeacé à entrer en ligne, la production
annuelle du reste du monde ne s'élevait plus qu'à
187 tonnes, et elle est depuis tombée à quelques tonnes
seulement, pour se relever, il est vrai, à 167 tonnes
en 1901.
Le Canada s'est, au contraire, montré pour la Nouvelle-
Calédonie un concurrent redoutable, et, si les chiffres
que nous avons donnés ci-dessus montrent que, malgré
" cette concurrence, notre colonie est toujours resiée le
premier pays producfeiu- de nickel dans le monde entier,
cela n'a pas été sans une lutte acharnée au cours de
laquelle le prix du nickel était tombé jusqu'à 2",40
te kilogramme, amenant la fermeture de presque toutes
les mines do la colonie, et obligeant la société le Nickel,
le principal exploitant du nickel en Nouvelle-Calédonie,
à suspendre tonte distiibution de dividendes pendant
cinq ans.
Aujourd'hui les cours sont remontés, le marché s'est
régularisé et, grâce à une entente plus ou moins com-
plète entre les producteurs, la Nouvelle-Calédonie garde
sou rang; mais il n'en est pas moins vrai que l'industrie
du nickel se développe au Canada et que la production
des mines de ce pays s'est rapidement accrue dans ces
dernières années. Est-ce à dire que la Nouvelle-Calédonie
ait beaucoup à craindre de cette concun-ence? Nous ne le
pensons pas ; car. autant que nous pouvons en juger avec
les documents dont nous disposons, les conditions natu-
relles des gisements du Canada sont en elles-mêmes
beaucoup moins favorables que celles de notre colonie.
Le nickel se présente au Canada, comme on le sait,
sous forme de pyrrhotine nickelifère et cuprifère, c'est-à-
dire de sulfure magnétique de fer auquel sont associés du
nickel ainsi que du cuivre, ce dernier sous forme de chalco-
pjxite ; cette pyrrhotine existe en lentilles plus ou moins
épaisses interstratifiées dans le puissant massif de gneiss
bï Google
'234 RICHESSES HINBHALBS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
laurenlien» très mùtamoi'phiiiés de Sudbury (Ontario);
elle est associée à des épancbements de diorite, et c'est
cetteroche()uiformela gangue duininerai. Tantôt lapyrrfao-
ttne est pauvre en cuivre et en nickel et n'est guère uti-
lisable que lorsqu'elle peut ètic aI)aLtue à ciel ouvert en
grandes masses; ailleurs, elle forme un riche minerai de
cuivre; plu» loin elle contient à la foiaquelques ceutiëmes de
nickel et de cuivre, dont l'ensemble lui donne une valeur
suffisante pour juslifler une exploitation par travaux sou-'
terrains et un traitement métallurgique assez compliqué.
Daprès les statistiques ofÉIcielles du bureau des mines de
la province d'Ontario, la marche de l'exploitation de ces
minerais, au cours des deraiërcs années, serait caractéri-
sée par les quelques chiffres qui suivent ;
uug t90u iHOi
Minerai extrail 84.57K 112.510 184.431 196.700 S96 866
Minerai fondu 87.258 H0.70T IS9.*87 192.*W 216.504
p. lœ p. loo p. 100 p- 100 p. 100
Teneur en cuivre.. 2,86 3,4^ 1,6q 1,^9 1,38
Teneur en nickel.. 2,08 â,^B 1,68 1,67 1,6»
Foidsdu nicitel con-
tenu 1.815 a.524 2.608 3.214 4.032
Les ressources en nickel existant dans la région
paraissent considérables : dès 1890 un rapport officiel
adressé au secrétariat de la Marine des États-Unis (")
estimait la quantité de minerai alors reconnue au chiffre
considérable de 650 millions de tonnes, que nous ne repro-
duisons ici que sous réserves, et l'exploration de la
région parait avoir fait connaître depuis de nouvelles et
importantes réserves.
(*) In Levât, ffogrès de la métallurgie du nickel {Annniel des Hlin
■O- fé.ip. t. I. p. ifi6;l8e2).
bï Google
LBS MINKS DE IflCKEL 2%
Cependant les facilités de l'abatage do ces minerais ne
paraissent de loin pas être ce qu'elles sont en Nouvelle-
<!aiédonie pour des minerais notablement plus riches
id'autant plus que, dans l'état actuel des choses, une
unité de cuivre ne saurait guère ôtro comptée que pour
une demi-unité de nickel), et d'autre part le développe-
ment de l'extraction au Canada parait avoir été accompa-
gné, comme l'indiquent les cliilTres du tableau ci-dessus,
d'une tendance à la diminution delnteneurdu minerai traité.
Enfin le traitement du minerai, qui comporte d'abord nn
premier grillage, etune fusion pour raatte, puis un deuxième
grillage suivi d'une deuxième fusion, ou bien nne opéi-a-
tion à la cornue Bessemer, et entin uno séparation ôlectro-
lytique encore assez coûteuse du cuivre et du nickel, est
loin d'être plus facile que celui des minerais de Nouvelle-
Calédonie. En outre, le nickel obtenu est toujours moins
pur que le nickel calédonien ; il tiendrait, d'après les rensei-
gnements que nous avons pu obtenir, de 0,S k 0,9 p. 100
de cuivre, environ un millième d'arsenic et un demi-
millième de phosphore. 11 donnerait lieu pour les aciors,
et surtout pour les aciers à fortes teneurs en nickel, ii des
difficultés et à des irrégularités dans le traitement qu'on
n'observe pas avec le nickel provenant de notre colonie.
Par contre, la situation industrielle générale du Canada
parait être très favoralite et a permis dans ces dernières
années un développement important des exploitations et
des usines de traitement, développement à la faveur
duquel la production liu nickel au Canada est sans cesse
croissante. Il y a là une concurrence sérieuse pour l'in-
du.strie de notre colonie ; mais, bien que, nous le répé-
tons, nous ne puissions établir de comparaison que
d'après des documents plus ou moins incomplets, il nous
semble qu'au point de vue des conditions naturelles tout
l'avantage reste aux minorais de la Nonvelle-Galédonie,
les minerais canadiens étant moins riches, moins purs,
bï Google
23(1 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NODVELLB-CALÉDONIE
pJus cofiteux à abattre et plus difficiles à traiter; ce que
le C'anada a pour lui, ce sont dos conditions sur lesquelles
l'homme a la plus large action, à savoir l'abondance et la
bonne qualité de la main-tlVeuvre, la conduite de l'exploi-
tation sur une assez large échelle et dans des conditions
bien appropriées, <ieB moyens de transport économiques,
et (les usines de traitement bien aménagées établies
auprès des gîtes. Tout cela, nous no nous le dissimulons
. pas, est beaucoup plus difficile k réaliser dans une ile
aussi isolée que la Nouvelle-Calédonie que dans un pays
en plein développement, comme le Canada ; mais il serait
facile de faire à ces différents points de vue beaucoup
mieux que l'on ne fait aujourd'hui, et de réaliser des
progrès qui mettraient notre colonie dans de bien
meilleures conditions pour soutenir la concurrence du
nickel canadien. Rappelons d'ailleurs ici que la société
américaine " Nickel Corporation limited » a acquis un
domaine minier considérable en Nouvelle-Calédonie, décla-
rant vouloir l'exploiter pour approvisionner de nickel le
marché américain, et qu'elle a expédié en 1901 quelque
30.000 tonnes de minerai aux États-Unis ; il est d'ailleurs
difficile de dire aujourd'hui si elle continuera dans cette
voie et exploitera sérieusement ses mines, ou si elle ne se
servira pas plutôt de ses gisements de Nouvelle-Calédo-
nie comme d'une simple menace pour empêcher le gou-
vernement canadien de frapper de droits importants,
comme il veut le faire, l'exportation aux États-Unis des
mattes et des minerais de nickel.
En plus du Canada, on a récemment cherché à ouvrir
en Silésie une exploitation sur des minerais silicates
pauvres de nickel, connus dès longtemps comme associés
à une formation serpentineuse, restreinte d'ailleurs ; il ne
semble pas que cette exploitation ait eu un grand succès
jusqu'ici et soit appelée à se développer beaucoup.
Enfin, parmi les gisements de nickel assez nombreux
bï Google
LBS MINES DE NICKKL 237
qui existent aux États-Unis, ceux de l'Orégon (comté de
Douglas) se présenteraient dans des conditions géolo-
giques très analogues à celles de la Nouvelle-Calédonie,
On n'a pas jugé jusqu'ici que leur. extension puisse justi-
fier la création des coûteuses voies de transport que leur
mise en Valeur exigerait. Sans qu'on puisse dire qu'ils
ne sont pas utilisables, il semble que leur concurrence ne
Sioitpas fort à redouter pour nous, d'ici quelque temps.
Ce sont donc les gisements du t'auada seuls qui consti-
tuent aujourd'hui une concurrence pour ceux de notre
colonie, concurrence très sérieuse, cela est vrai, mais
qui ne doit pas empêcher l'essor de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie, si ceux qui en ont la charge savent
faire ce qui est nécessaire pour profiter des avantages
naturels considérables que réunissent les gisements de
notre colonie.
Pour nous donc, persuadé que nous sommes qu'au-
jourd'hui un large développement de la consommation du
nickel suivrait de près un notable abaissement du prix
auquel il peut être offert aux consommateurs, nous n'hé-
sitons pas k conclure qu'un essor considérable sera pos-
sible pour l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie le
jour cil, par la première fusion sur place du minerai, on
résoudra la double question d'un abaissement notable du
prix de revient et d'une utilisatioa bien meilleure des
gisements.
Lorsque ce problème capital aura reçu une solution
satisfaisante, les gisements aujourd'hui exploités pour-
ront l'être sur une beaucoup plus large échelle et d'une
façon beaucoup pins rationnelle, de nouveaux espaces
riches en minerai pourront être mis en valeur, une impor-
tante industiie de première fusion pourra être créée; et,
dans ces conditions, notre colonie continuera à tenir en
écbec la concurrence canadienne, ai même elle n'arrive
bï Google
238 RICHESSES MINÉRAI.B3 DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
pas à en ' triompher plus ou moins complètement. La
Nouvelie-Calédonie sera dès lors prête à livrer annuel-
lement,% bas prix, au monde entier les milliers de tonnes
de nickel dont il aura besoin en nombre sans doute rapi-
dement croissant.
bï Google
TROISIÈME PARTIE.
LIS HIITSBAIS ASSOCIÉS A LA TO&KATION
SIS szBPXirrtNXs vickblifIrk.
CHAPITRE PREMIER.
LES MIRERAIS DE COBALT.
A. — GÉNBRALnÉS. — UlSTORIQDE.
Comme noua l'avons déjà mentionné ci-dessus, le
cobali, ce compagnon presque inséparable <Ju nickel,
dont ses propriétés chimiques lo rapprochent si étroi-
tement, paraît avoir coexisté avec leuickel dans son gise-
ment primitif en Noavelle-Calédonie. En effet, d'une part
aacuQ des minerais de nickel de la colonie n'est exempt
de oobalt ; et, d'autre part, les péridotîtee dites stériles,
misM ou altérées, provenant des différents massifs r^r-
tis tout le long de l'Ile, ae sont toujours montrées à l'ana-
lyse contenir quelques dix-millièmes, et plus souvent
queues millièmes, ^es deux métaux mckeletcobaltpesés
«aseiable ; l'analyse qualitative du résidu ainsi pesé y
a^écelé souvent la présence simultanée des deux métaux,
1* nick^ paraissant d'aiUeurs toujours nettem^it domi-
BMt ; et il est, sinon certain, du moins fort probable, que,
dam les cas ob nous n'avMK pu caractériser d'une façon
Wrtaùe la préseu<% du cobalt, il accompagnait néan-.
bï Google
2¥) RICHESSES MINÉRALES DB LA NODVBLLB-CALÉDOME
moins on faible proportion les très petites quantités de
nickel contenues 'dans les roclics.
Mais, tandis que le plus souvent dans la nature les
agents minéralisateurs ont entraîné et déposé à la fois ce^
deux métaux, voisins, sous forme de sulfures et d'arsénio-
sulfures isomorphes, que l'oxydation transforme aux
affleurements en arséniatcs, phosphates, etc., qui de-
meurent étroitement associés entre eux, en Nonvelle-
Calédonie les eaux paraissent avoir dissous les deux
métaux, qui étaient contenus dans les péndotites sans se
trouver associés à leurs minéralisateurs habituels, et
avoir fait un départ du nickel et du cobalt assez avancé,
quoique incomplet. On rencontre ainsi, d'une part des
minerais de nickel contenant toujours plusieurs unités de
cobalt pour cent de nickel, et d'autre part des minerais
de cobalt tenant une plus ou moins forte proportion de
nickel. Le premier de ces deux métaux, obéissant à une
affinité marquée pour le magnésium, s'est déposé avec lui
sous forme dliydrosilioates magnésiens nickelifères ; le
second, au contraire, a été entraîné avec le manganèse,
également disséminé en faible quantité dans les pérido-
tites, et s'est concentré avec lui dans des rognons on des
concrétions d'oxydes, dont les gisements se séparent
nettement de ceux des hydrosilicatos de nickel et de ma-
gnésie. Le cobalt et le manganèse se sont en effet déposés
presque uniquement au sein des formations d'argile
rouge, tandis que le minerai de nickel se fixait sur les
péndotites plus ou moins serpcntinisées.
Tel est le résultat de presque toutes nos obserrations :
et ce n'est que tout à fait exceptionnellement, dans le
gisement du Kaféate et dans celui de la mine Prancia,
ainsi qu'à la mine de nickel Nouvelle-Espérance sur le
mont Ouazangou, que nous avons recueilli, au-dessous des
argiles rouges, quelques échantillons de péridotite alt^^e
snr la surface et dans les fentes de laquelle s'étaient
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 241
déposés en enduits concrétionaés des minerais cobalto-
mattganésifères [') du type courant ; nous avons rer,ueiili
également, à Pemby et auprès de Brind}', des serpentines
silicifiées et recouvertes d'enduits cobaltifères. Nous de-
vons en outre mentionner ici que M. Garnier(*") a trouvé
àl'lleOuen des roches feldspathiques en décomposition avec
tUonnets de silicate de magnésie imprégné de cobalt, ou
même avec dès âlons d'halloysite contenant des rognons
de rainerai tenant de 20 à 48 p. 100 d'oxyde rouge de
■manganèse, et de 10 à 21 p. 100 d'oxyde de cobalt.
Nous ajouterons que le cobalt ne nous a pas paru être
eu relation plutôt avec certainstvpesde péridotite qu'avec
d'autres, et nous serions presque tenté de dire que, par-
tout oii la forme du terrain a permis le dépôt des argiles
rouges provenant de la décomposition des péridotites,
on peut avoir des chances de rencontrer en plus ou moins
.grande quantité le minerai de cobalt.
C'est donc soit en enduits concrétionnés sur les roches
superficielles, soit, beaucoup plus souvent, sous la forme
•de rognons, parfois assez volumineux puisqu'ils atteignent
par places des dimensions de plusieurs décimètres dans
tous les sens, mais ordinairement de la grosseur du poing,
-ou même en grenailles, que se présentent les minerais de
cobalt. Ils ont toujours un aspect paraissant indiquer
qu'ils ont été déposés par les eaux; tantôt ils sont en
rogaoas caverneux ou en concrétions mamelonnées, tan-
(*] Oo pottiTsit se dcmajider si ce ne serait pas la un type cnurant
d« nitnefsï, qae Im lrBT(.ux des miiws de cobalt, praliquement UnûtCs
aux [ormsliuns argileuses, n'auraient ^as su atleimlre dans la plupart
.' des exploitations ; nous ne le pensons ps», car dans beaucoup d'entre
elles la serpentine en roche a été touchée en niiuibre dépeints, et asou-
, Tant inëme été suivie sur des éteadueH assez considérables, s&ns montrer
aucunes Iraces de cobalt, traces qui seraient cependant bien plus
aisées encore i discerner sur la couleur claire de la serpentine que celles
, des nainerais Dickelilères complexes.
{*■) Gausikk, toc, cit.. p. 67-B8; et Gahnlbb, Mémoire sur les gisemenlt
tlecoball, dtehfotn» eldt fer à la Nauiielle-CaMonU {Utaioàrts de ta So-
■ ciéli des Inijénieun civils de France, 18S1, 1" semestre, p. 217 et 2*8).
16
bï Google
194 RICHESSES MINÉRALES DB LA. NODVBLLE-CAlilDOmB
nous rappelons que les frais, de 0",75 à 1 franc par tonne
kilométrique, que comporte, à l'exclusion de toutes
dépenses de premier établissement, le transport par voi-
tures, sont considérés aujourd'hui comme trop éleTés, en
même temps que l'on regarde comme insupportable la
gène résultant d'un charroi assuré d'une façon aussi
irrégulière; on y substitue, grâce au transport par voie
. ferrée, des frais courants d'exploitation généralement très
restreints (no dépassant pas, croyons-nous, JO centimes
par tonne kilométrique] , augmentés de l'amortissement de
la voie ferrée ; cette voie coûte au minimum 15.000 à
20.000 francs par kilomètre, et son installation eat,
avons-nous dit, généralement faite sans avoir reconnu des
tonnages importants de minerai exploitable et souvent
après la simple signature d'un contrat d'amodiation de
2 ou 3 ans comportant senlementla fouraiture de quelques
dizaines de milliers de tonnes. Tel est le cas de plusieurs
des gisements de la côte Ouest, situés à 5 ou 6 kilomètres
de la mer. Les installations, plus coûteuses, de longues
voies ferrées descendant des vallées importantes, dont le
tracé comporte quelques travaux d'art, et qui exigent
l'achat de locomotives et de matériel roulant, ne sont
faites, au contraire, que lorsqu'on est assuré de pouvoir en
répartir les frais sur un grand nombre de milliers de
tonnes. Quoi qu'il en soit, les frais de transport par voie
ferrée ne peuvent être que rarement considérés comme
inférieurs, tout compris, à 3 ou 4 francs par tonne
humide (soit i' à 6 francs par tonne sèche).
Une fois rendu au bord de la mer, en un point oti la
côte offre im ai)ri suffisant pour qu'il puisse être procédé
au chargement des navires, le minerai est entassé, après
extraction hors des sacs s'il y a lieu, pour attendre
l'embarquement ; celte manutention ne coûte pas moÏDS
de 0'',50 par tonne humide (0",65 à 0",70 par tonne
bï Google
LBS HINU DB NICKBL 195
dàche). Il est ultériearenient repris k l'aide de wagon-
' nets, embarqué dans des chalands par l'intermédiaire
d'estacades, et conduit au bord da bateau sur lequel il
doit être chaîné; c'est là une nonvelle cause de dépense
qni n'est pas négligeable. Les grandes sociétés possèdent
des chalands dont la confection et l'entretien sont assez
coûteux ; la main-d'œuvre nécessaire pour la reprise du
minerai en tas, son embarquement dans les chalands, et
la remorque de ceux-ci jusqu'au bord, est également oné>
reuse, bien que ces travaux soient généralement confiés
à des Canaques des Uea Loyalty pariiculièrement habiles
à cela. L'ensemble de ces opérations coûte de 3 à 4 iranci
par tonne humide (4 à 6 francs par tonne sèche). Les
petits exploitants font souvent effectuer le chalandage de
leur minerai, au moment du chargement d'nn navire, par
un entrepreneur spécial, auquel ils payent alors 3 francs
par tonne humide, non compris la main-d'œuvre qu'ils
fournissent.
Les frais de transport et de chargement peuvent donc
varier entre les limites suivantes {chiures rapportés à la
tonne de mûnerai sec) :
et. tt.
Descente au pied j Ibiin-d'auvre 0,70 & t,40
de la mine. f Am»rtîsKnieDt des installations 0,70 à 1,40
Transport par 1 Frais oonrants O.tfO i t ,S0
voie ferrée. | AmortissMftent des installations 3,40 & 4,S0
Entassement 0,65 i 0,70
Chalandage 4,00 à 6,00
Total APPBOiiiuTi* 10,00à tS,00
C. — Frais oénéraux, dépenses d'installations.
Dans tout ce qui précède, nous n'avons considéré que
les frais de main-d'œuvre en ce qui concerne l'exploita-
tion mftme; nous avons, au contraire, été nécessairement
bï Google
106 RICHB88B3 UINÉ1UI.BS DB LA KODTBLLB-CALÉDONIE
anteoé h faire mention des frais de premier établissemeot,
en parlant des voies de transport et des prix de revient
des transpCH^s. Pour compléter les indications que sons
no«« proposons de donner sur les prix de revient des
exploitations de nickel de la colonie, nous devons «icore
dire quelqoes mots des frais généraux divo^, dans les-
quels nous comprendrons les différentes fournitareB
nécessaires à l'exploitation, et nous devons en ontre
revenir sur les dépenses de premier étaUisaemant.
Les fournitarea consommées d'une façon couraate pour
l'exploitation sont peu nombreuses : dans qnelqaes cas on
a- recours aux explosifs, on emploie partout des outils
divers, barres à inine s'il y a lieu, pics, i»oches, pinces,
pelles; on use en outre une quantité importante de sacs,
comme nous l'avons déjà monticMiQé ; enfln, . dans des
exploitations importantes, l'entretien des différents engins
de transport sur camères donne lieu à use consomma»
tion plus ou moins régulière de fournitures diverses; il
y a donc à ajouter au prix de revient du minerai sur rar-
nëres, que nous avons indiqué ci-dessus, un article four-
nitures qui peut se monter à 3 ou 4 francs par ionae
{4 à 6 francs par tonne sôclie). Pour les petites exploita-
tions, cet article disparaît presque (-«mplètenient : les
explosifs y sont d'un emploi exceptionnel ; les outils ont
généralement fait l'objet d'un approvrwonnement fait B»e
fois pour toutes au début de l'exploitation, que l'on porte
aux dépenses de premier établissement et dont il n'est
pas tenu compte ensuite, de même pour les engins de
transport.
Les frais généraux comprennent, en outre, des frais
plus ou moins importants de direction technique, d'études,
de comptabilité, etc., que de petits exploitants, travail-
lant à leiir compte (petits mhieunt) , ne font généralement
pas entrer en ligne de compte, puisqu'ils assurent per-
sonnellement ces différentes tâches. Les dépenses pour
bï Google
LU HUtBI Dl JMOKBL 197
prises d'essai systématiques des différents lots, et poDr
analyse tant de ces prises d'essai que des échaatUloBS
fréquemment prélevés au chantier pour guider le travail
des ouTriers, dmvent iotervenir également dauB les frais
généraux, et elles ne représentent pas moins de 0",20 k
0'',25 par tonne pour une exploitation impurtante ofa les
prises d'essai sont soigneusement faites, et où l'on procède
àdes centaines de dosages (*) par semaine.pour surveiller
et gnider le travail d'exploitation. EnSn les impôts de
toutes sortes, redevance sur les périmèbw miniers, drnt
SOT les rainerais eapoH.éB, etc., sans compter les droits de
narigatioB, de pliare et de balisage, qui pèsent indirec-
tament sur les prix de revient, constituent, an litre fraie
géaéraux, une charge asaez lourde, pouvant atteindre,
surtout pour une entreprise importante, plitâeurs firaïuis
partoone.
Si nous passons maintenant aux frais de premier
établissement, nous n'avons pas grand'chose à dire de
ceux qui peuvent être faits sur les carrières mômee ; bous
avMis préféré les faire ren^r dans les frais d'ezplnta-
ttou soufl la ruluique : Travaux préparatoires. La création
des engins auxiliaires de transport et de descente pour la
conceob-atÎMi do minerai, l'acbat des voies DecauviUc
volantes et du matériel de wagtxmetfl nécessaires au roo-
lage sur carrières des minerais et déblais, rentrei^ au
contraire dans ces frais. Les engins de descente et de
transport borïzonial y rentrent également et en coustituMit
le plus gros chiffre ; nous ne reviendrons pas sur ce que
BOUS venons d'en dire. Mais nous devons mentiouner ici
d'autres installatitMts qu'il est indispensable de «réer *u
début de l'exploitation : ce sont d'abord des chemins
(*) Cei dosages >e font d'ime Taçon expéditÎTe, grlce i uae méthode
par Uqueun lîtrËes qui a Ht indiquée par M. Uoore, chimiatc du ser-
vice local de la colonie, et dont on confie avec succès l'applicatiOD 4 dei
bï Google
198 KICBBSBBB MINÉRALES DE LA NODVBLLE-CAIiÉDONR
d'accès depuis le bord de la mer ou députa la localité t(»-
fine jusqu'au pied de la mine, puis du pied de la mine
jusqu'aux travaux ; les premiers, tracés eu terrain plat on
à peu près, ne comportent pas de travaux importants, ils
doivent généralement être carrossables; les seconds, au
contraire, seraient plus difficiles à pratiquer si l'on ne se
contentait de chemins muletiers gravissant en lacets
n'importe quels escarpements, gr&ce à des pentes attei--
gnant jusqu'à 10 p. 100; de tels chemins ne reviennent
pas à plus de 30 à 50 centimes par mëtre, ce qui représente,
pour une dénivellation de 400 ou 500 mètres et un déve-
loppement de quelques kilomètres, 2.000 à 3.000 francs. Il
faut ensuite avoir des installations, toujours fort sommaires
d'ailleurs, pour abriter les ouvriers à recruter ; ce n'est là
qu'une modeste dépense, étant donné les conditions dans
lesquelles les ouvriers sont logés; nous reviendrons sur ce
point dans la suite.
Enfin l'exploitant doit se construire sa propre habita-
tion, à laquelle il annexe un magasin destiné à renfermer
à la fois les fournitures courantes nécessaires à l'exploj-
tation et les vivres et fournitures diverses consommés par
les ouvriers.
L'ensemble de ces frais divers de premier établissement
n'est pas inférieur à 10.000 et souvent 20.000 franc»
pour une petite exploitation ; il s'élève naturellement
incomparablement plus pour une afi'aire plus importante,
lorsqu'il s'agit de créer de toutes pièces, comme l'a fait
la société le Nickel à Thio, par exemple, les logements
d'un personnel important, des bureaux, un laboratoire,
des magasins considérables, un atelier, etc..
^- — Prix de revient qlobadx.
Pour résumer en un tableau les indications, nécessaire-
ment vagues, que nous avons données ci-dessus, nous
bï Google
LES HIE4BS DB NICKEL 109
dirons que le prix de revient d'une quantité de minerai de
nickel équivalente à une tonne de minerai Bec, rendue
souB palans, comprend les éléments suivants, dont on peut
estimer que l'importance varie entre les chiffres ci-
dessous :
Frais l
courants ]
carrières.
Amortissement
des
installations.
Abatoge et triage 8,09 & 30,00
Transports sur carrières, évacuation
du stérile 3.00 à 4,50
Travauxpréparatoiresetterrassements
divers 4,00 A 20,00
Ensachage (s'il y a lieu), main-d'œuvre et. matières. 2,S0 & 3,00
Transports, main-d'œuvre et frais courants 1,30 à 2,00
Entassement, main-d'œuvre 0,95 à 0,70
Cbalandage (y compris l'amorti ssement des instal-
lations s'il y a lieu) 4,00 à 6,00
Frais généraux, fournitures et entretien 0,00 à 6,00
Frais généraux : direction, surveillance, prises
d'essai, analyses, impôts 0,00 à 5,00
Matériel et onUls 1,00 & 2,00
Engins de transport 3,40 à 4,S0
Installations diverses (chemins,
constructions, etc.), essentiellement variable
Nous ne pouvons que répéter ici que ces chiffres ne
doivent être considérés que comme donnant des indica-
tions sur la façon dont se répartissent les dépenses d'une
exploitation de nickel en Nouvelle-Calédonie : si l'on
considère les chiffres minimum que nous donnons et qui,
nous le répétons, se rapportent k l'exploitation, sans souci
du lendemain, de quoique riche traînée découverte çà ou
là, on peut dire que les frais courants par tonne sèche
rendue à bord peuvent ne pas dépasser 25 francs; il faut,
en outre, y ajouter, comme nous l'avons dit, des frais géné-
raux fort minimes et ensuite une charge d'amortissement -
qu'on ne peut évaluer, avant la fin de l'exploitation, que
d'une façon tout à fait incertaine; on ne connaît en effet
nullement la quantité de minerai qui sera exploitée, tant
bï Google
200 RICHESSES MlNÉRAIiBS DE LA. KOUVELLE-CALÊDONIE
parce que l'exploitaat lui-même n'a pas recoanu Je giter
que parce qu'il a commeocé soo ezplmtatioe après-
âvmr si^^ un contrat de vente de 30.000, 40.000 ou
50.000 touBes à livrer au cours des deux ou trois anaées
à venir, et qu'il no peut nullement compter qu'au bout de-
ce temps une restriction de la demande de minerai ne-
viendra pas l'obliger k abandouoer une mine «icore pro-
ductive, et à perdre tout le bénéfice qu'il pourrait encore^
retirer des installations qu'il a faites. Aussi, généralemeat.
celui qui entreprend pareille exploitation cherche-t-il
simplement à voir s'il peut espérer rémunérer loua ses-
frais sur l'exécutioa d'un premier contrat de v«Dto de
minerai; il prend alors à d'édité) '^ foumitores dont il
a besoin et emprunte un fonds de roulement, puis ses-
efforts tendent à réussir, grâce aux lîvraiHons de minerai
qu'il fern, à rembourser sesempruata, lout en conaârra&l
quelque bénéfice.
Nous avons dit queramortissemeat des installations dfr
transport ne peut qoe rarement représenter moins de 3'',40-
à 4'", 50 par tonne ; celui de l'ensemble des autres installa-
tions et des approvisionnements divers ne peut guère être
inférieur. On arrive donc à un prix de revient minimmn
de 30 ou plutôt de 35 francs par tonne sèche.
Gela reiffésente, en supposant du minerai k la ienbV
normale de 7 p. 100, un prix de revient de 0'%45 à Qf^,50-
au minimum par kilo^^amoie de métal oonteou dans le
minerai. Comme les marchés qui couraient au moment de-
ootre séjour avaient été le plus souvent conclus enbe-
0",60 ot 0",70 par kilogramme de métal, on voit que,
pour une exploitation où auraient été réunies toutes les
conditions les plus favorables, facilités d'exploitation, voiea^
(*) Des achats taiu duu ces conditims. par des expiaitaats qai
n'offrent souvent d'aulrei garanties que les chances de succès de leur
eiploitatioQ, sont naturellement faits à des prix sArieuMineiit majorétr
C< qui contribue à augmenter les trais de premier ét«blitKiDaBl.
bï Google
LS8 UINBS I« HIOKBL 20f
de traDsport aisées à iostaUer, et tonna^ tmporUnt de-
minerai à extraire sur lequel répartir les frais de premier
établissement, il y avait une sérieuse marge pour la rému-
nération personnelle de l'exploitant et pour la réalisation
d'un bénéfice important. li faut d'ailleurs ajouter à o«^
deroier celui qui résulte déjà de la vente aux ourriers des-
vivres et marcbaudises diverses, et qui n'est souvent pas-
le moindre, puisque plusieurs exploitants nous ont déclwé
que c'est en somme le 8e»\ qu'ils réalisent.
Mais bien souvent l'exploitation elle-même n'est pas-
aussi aisée; U y a des périodes tont au moins, oii les tra-
Taux au stérile sont nombreux et coûteux (il est rare qu'il
n'y^t pi^ à compter audébutde l'exploitation sur une telle-
période dont il faudra naturellemen't tenir compte ensuite) ;:
les transports peuvent être plus difficiles à oi^aniser, il
arrive que, faute d'avoir consacré au début une somme-
■uâsantâ à la création d'endos bien disposés pour réduire-
la main-d'œuvre aux chiffres assez bas que nous avons
supposés, celle-ci est plus onéreuse; il se peut, au con-
traire, que les installationsaient dû être plus importantes-
que nous ne l'avons admis, ou ne se répartissent finale-
ment que sur un t4HiDage trop restreint ; dans de telles
conditions, les bénéfices de l'oxploitatÛMi peuvent être
beaucoup moins importants. Parfois, nous l'avMis déjà.
mentionné, il serait pratiquement trop onéreux, sinon
peut-être au point de vue absolu, du moins eu raison des-
ressources ou du crédit dont dispose l'exploitant, de créer
des moyens de transport vraiment économiques; d'autre-
part, l'abatage du minerai peut être plus ou moins malaisé :
dès lors le prix de revient par tonne do minerai s'élève con-
sidérablement ; mais, si le gite permet de n'exploiter
qae des minerais riches, à 8 p. 100 par exemple et mta^
plus, la valeur de la tonne s'élëve aussi très notablement,
puisque non seulement la t«neur en métal augmente^
mais eucore en même temps le prix de base par unité de-
bï Google
20S RICHESSES UINÉEIALES DB LA NODVBLLB-CALBDONIB
métal, et l'exploitationrestepossiblesorune petite échelle.
Telles sont lea conditions dans lesquelles ont été
créées toutes, ou à peu près toutes, les petites exploita-
tions de la colonie, qui ont produit, en i9(H, 45.000 tonnes,
soit 1/3 de la production totale, et celtes dans lesquelles
était également conduite, il y a quelques années, l'exploi-
tation de Népoui. Des sociétés importantes disposant d'un
capital considérable, possédant, ou croyant posséder (car,
rappelons-le, il y a bien peu de gîtes réellement explorés
aujourd'hui), des réserves importantes de minerai dans
une même région, procèdent naturellement d'une tout
autre façon : assurées d'une certaine permanence dans
leurs affaires, elles ont beaucoup plus d'intérêt à chercher
à épuiser systématiquement les gîtes qu'elles ont aména-
gés et pourvus de moyens de transport convenables ; dès
lors leurs exploitations comportent tout naturellement de»
frais spéciaux sur carrières incomparablement plus élevés
que ceux des mines dont nous venons de parler; la chai^
des frais de premier établissement et d'amortissement
devient an contraire plus faible, tandis qu'il faut compter
une part de frais généraux très notable, et que les
dépenses de fournitures, qui se renouvellent d'une façon
périodique, constituent également un article du prix de
revient. On arrive ainsi à des prix de revient qui peuvent
s'élever jusqu'à 60 et même 70 francs par tonne de naioe-
rai sec à 7 p. 100, portant le prix du kilogramme de mé-
tal à 0'',85 et exceptionnellement 1 franc. Ce sont là
des chiffres qui peuvent paraître paradoxaux, pour cette
raieon qu'après tout ce que nous avons dit de l'intérél
considérable qu'il y a à munir les exploitations d'installa-
tions perfectionnées et coûteuses au besoin, dont les frais
de premier établissement soient destinés à se. répartir
sur un tonnage important, nous en arrivons à constater que
le prix de revient dans ces conditions est souvent bean-
bï Google
IfS MINES DE NICKBL 203
coup plus élevé que dans les petites exploitations, oti il
est strictement limité {') par le prix auquel le minerai
peut être vendu, soit de 60 à 70 centimes par kilogramme
de métal. L'explication de ce paradoxe tient à deux cir-
constances: d'une part, les sociétés importantes exploitent
aujourd'hui, souvent après avoir, au début, épuisé les gise-
ments voisins de la mer, des mines situées àl3 kilomètres
Cniio] et même & 25 kilomètres (Népoui) de la mer, mines
qui seraient pratiquement inaccessibles pour les petits
mineurs; d'autre part, elles en tirent parfois un tout
autre parti que celui que de petits mineurs en auraient
tiré, et il n'est pas exagéré, à notre avis, de dire que là
où un petit mineur aurait peut-être extrait 50.000 ou
60.000 tonnes de mineraià Sou 9p. 100, représentant seu-
lement quelques milliers de tonnes de métal, une telle sa*
ciété pourra extraire quelques centaines do mille tonnes de
minerai avec des teneurs de 6 t/2 ou 7 p. iOO, utilisant
ainsi trois ou quatre fois plus du métal contenu dans le
^sèment. Enfin il ne faut pas oublier que tous les prix de
revient que nous avons indiqués sont, en ce qui concerne
la main-d'œuvre, majorés du bénéfice retiré de la vente des
marchandises aux ouvriers ; ce bénéfice s'ajoute à celui des
petits mineurs, mais il ne diminue en rien les prix aux-
quels ils livrent leur minerai; ce même bénéfice, plus
modeste il est vrai, se retranche au contraire des prix
de revient des sociétés importantes dont nous venons de
donner une évaluation, et, comme il atteint encore aux en-
virons de 20 p. 100 sur les marchandises vendues, c'est-
à-dire sur lamajorité des salaires, il doit diminuer le prix
de revient par kilogramme de métal que nous donnons
ci-dessus, d'une somme qui n'est pas moindre que 0"',10.
Ajoutons que si, dans ces conditions, il semble qu'une
(■) Pour avoir la limile réelle à laquelle le petit mineur peut exploi
ter lana perte, il faudrait réduire ion prix de revient, calculé coma»
noua TsTons (oit, de la part correspondant au bénéfice qu'il rébliM lui
les foumiturm qu'il fait K si
bï Google
204 RICHESSES MINÉKA.LES DE LA. MOCVKLLB-CALéoONIE
société importante puisse souvent avoir avantage, au
lieu de forcer sa production pour faire face à une demande-
particuliêremeiit active de minerai, à passer des marcbéS'
avec de petits mineurs, comme cela est d'une pratiqua
constante loritque la demande de nickel est active, cela.
n'est réellement avantageux, k sou propre point de vue, qu»
lorsque le gisement exploité par le petit mineur n'ap-
partient pas à la société. Lorsque au contraire la mine
lui appartient, c'est généralement le gaspillage presque-
déônitif auquel elle consent pour un gisement qui, s'il a
tenté quelque petit mineur, n'est généralement pas parmi
les moins rirhes ou les moins avantageusement situés.
Et c'est en insistant sur cette considération que nous
terminerons ce qui a trait aux couditions économiques
actuelles de l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédo-
nie. Les prix de revient du kdogramme de métal, avec
l'obligation d'une teneur minimum de 7 p. 100 pour Ift
minerai sec, peuvent être considérés comme variant
aujourd'hui, tout compris, de 0'',5û à 1 franc au grand
maximmii ; mais le prix minimum, que nous croyons
pouvoir fixer aux environs de 0'',50, n'est pratiquement
réalisé, dans la plupart des mines oiion l'obtient, pour ne pas-
dire dans toutes, que par un véritable gaspillage desgites:
ce n'est d'ailleurs pas du tout à dire que de tels prix ne
pourraient pas être obtenus tout en assurant une beaucoi^^
meilleure utilisation. Sans doute cette utilisation ne sau*
rait être parfaite; elle ne saurait même être aus^ com-
plète que lorsque l'on consent à des prix de revient plu»
élevés; mais elle pourrait aisément, croyons-nous, être-
souvcntdeuxfois meilleure, pour peu que l'exploitation fut
entreprise avec plus de souci de l'avenir, par des personnes-
diaposant des capitaux nécessaires (qui ne seraient d'ailleurs
pas énormes), moins hantées par l'idée de faire fortune en.
quelques années, et, disons-le aussi, moins complètement
ignorantes de ce que peuvent être un gisement minéral
et les conditions dans lesquelles il devrait être exploité-
bï Google
CHAPITRE IV.
«miSinON DES nilBRAIS DE HICKEL DE LA NODTEUX-
CALÊDONIE. DÉBOUCHÉS QUI UQR SOHT OFFERTS.
A. — Traitement actoel des minerais.
Lea minerais de ni(;kel actuellement exploités en
Nouvelle-Calédonie sont généralement expédiés en Europe,
soit au Havre, soit à Glasgow, soit h. Rotterdam; au voi-
innage immédiat des deux premiers de ces ports existent
deux usines de traitement appartenant ^ la société le
Nickel, l'usine du Havre otrusîne de Kirkîntilloch, ayant
produit chacune, dans ces dernières années, de 1.500 à
1.800 tonnes de nickel par an; de Rotterdam, les minerais
sont dirigés sur l'Allemagne, oii ils sont traités (produc-
tion 1.000 à 1.200 tonnes par an). Il a en outre été
récemment fait quelques expéditions de minerai sur
l'Amérique {30.000 tonnes environ en 190t),
Les frais de transport jnsqu'en Europe sont naturelle-
ment variables avec les conditions générales du fret dans
ie monde entier; ils oscillent généralement aux environs
de 30 à 40 francs par tonne, prix auquel il faut ajouter
une assurance de 3 p. 100 ad valorem. Ce prix est celui
■qui est fait par des voiliers français portant de 3.000 à
4.000 tonnes de minenii, qui viennent d'Europe en Nou-
velle-Calédonie par le cap de Bonne-Espérance et re-
tournent en Europe par le cap Hom, effectuant un voyage
d'une durée totale do 7 mois, le plus souvent sur lest à
l'aller. Un voyage leur rapporte, outre le fret qui s'élève
entre 100.000 et 150.000 francs, la prime à la naviga-
tion accordée par le gouvernement français, prime qui
bï Google
3Q6 EICHB8SB3 HIKÉRA.LBS DE U NOtTVELLB-CALiDONIE
atteint 125.000 francs en moyenne par voyage et qui
couvre Aéjh ]ire6qae les frais du voyage. D'aprèa les ren.-
Beignements qu« bqos avons pu recueillir, ces b&tjments
ne pourraient guère ace^tter de fret k moins de 50 francs
par tonne, si cette prime Boleur était pas allouée; des
bâtiments anf^ais, qui n'en proftbant pas, accepteraient
parfois des frets d'âne -^tarantaine 4ftfr«ncs.
Quoi qu'il en soit, on voit qn'aciaelleitte^ le fret seul,
qui représente ainsi environ 48 à 55 francs par tonne de
minerai sec, soit 70 à 75 centimes par kilogran^M de
métal , suffit à doubler, à l'arrivée en Europe, la valeur 4b
minerai de nickel pris sur place.
Le traitement que le minerai subit comporte actuelle-
ment une fusion pour matte au cubilot à wateivjacket ;
fondu avec 20 p. 100 de calcaire, 10 p. 100 de gypse
(ou une quantité de charrée de soude équivalente au
point de vue de la richesse en soufre) et 37 i/2 p. 100
de coke, le minerai produit une matte tenant environ
45 p. 100 de nickel, 40 p. 100 de fer et 15 p. 100 de
soufre, tandis que les matières réfractaires, silice, cbaaz,
et magnésie, passent dans la scorie et n'entraînent qu'une
faible quantité de nickel. La matte obtenue est ensuite
déferrée au convertisseur, ce qui donne lieu à la [H^dac-
tion d'un sulfure de nickel à 75 p. 100 de nickel, moins
de 1 p. 100 de fer, et 24 p. 100 de soufre; celui-ci est
finement broyé, puis il subit un double grillage très minu-
tieux, destiné à éliminer aussi complètement que possible
le soufre ; enfin l'oxyde produit est réduit en présence de
charbon et de farine, ce qui donne du métal à peu près
pur et aggloméré par une demi-fusion. Noua n'avons pas
d'évaluation exacte des frais que comporte ce traitement ;
noua croyons néanmoins qu'ils ne dépassent pas 1 franc
par kilogramme de métal produit; une moitié de ces frais
se rapporte à la première fusion.
Dans ces conditions, le nickel se vend en Europe, suivant
bï Google
LB8 HINRS DB NIUKEL S07
les circonstances, suivant l'importance des achats, etc.,
entre 3"',50 et 4 francs le kilogramme. Ajoutons que
le nickel qui est extrait des raineraia calédoniens par le
traitement qne nous venons d'indiquer est très pur ; il
contient 99 à 99,6 p. 100 de nickel; il est suffisamment
bien débarrassé du soufre qui y a été incorporé par )a
première fusiou, puisqu'il n'en tient que moins de 1 millième;
il est exempt d'arsenic et de phosphore, et ne contient que
des traces (moins de 1 millième) de cuivre, qui seraient,
paralt-îl, introduites par le traitement, mais qui n'existent
pas dans les minerais de notre colonie.
B. — Les débouchés nu nickel.
Le prix du nickel métallique a baissé depuis 25 ans
ilans des proportions extrêmement considérables, puisque
au moment de la découverte des minerais de la Nouvelle-
Calédonie il était encore de 18 francs le kilogramme, et
qu'après s'être abaissé d'abord brusquement à 10 francs,
puis successivement à 8,6 et 5 francs (1892), à 4 francs
(1894), à 3 francs (1895), et puis même à 2",40 {fin 1895)
par l'effet de la concurrence du Canada, il oscille
maintenant entre 3" ,50 et 4 francs le kilogramme.
Néanmoins le nickel est resté un métal demi-précieux,
coûtant à peu près deux fois plus que le cuivre; il ne
saurait donc être substitué à ce métal, de même que les
alliages à base de nickel ne sauraient être substitués au
laiton, que pour des usages de Inxe ou à peu près; on
connaît les emplois du nickel métallique pour un certain
nombre d'objets usuels qu'il est intéressant de préserver
du vert-de-gris, ou comme revêtement, soit à l'état de
plaqué, soit à l'état de dép6t8 galvaniques, sur d'autres
métaux ; on connaît également les usages des alliages à
base de nickel : argentan, maillechort, métal anglais,
métal blanc, etc. ; enfin le nickel, soit pur, sott àl'état d'al-
bï Google
'208 RICHESilES HINÉRALES DE LA. NOITVELLE-CALéDONIB
liage, a été employé, et sera vraisemblablement employé
encore, par différents pays pour la fabrication de la mon-
naie de billon.
Bien que l'ensemble de ces usages, qui ne demandent
cbacuD individuellemuit que des quantités relatÏTemeot
restreintes de nickel, finisse par représenter des cen-
taines et même quelques milliers de tonnes par an, et qoe
l'on puisse espérer voir pen à peu adopter ce beau métal,
précieux par son inaltérabilité, pour d'autres usages du
même genre, il n'y aura là vraisemblablement qn'no
accroissement assez lent d'année en année, tant que le
pi-ix du nickel restera notablement supérieur & celui àa
niivre.
Un autre déboiicliéqui a été ouvert au nickel depuis
que son prix s'est abaissé est la fabrication des aciers au
nickel, et celui-là, qui en a déjà aujuurd'bai doublé les
usages dans le monde entier, parait promettre, pour un
avenir sans doute prochain, un large développement de
.la consommation du nickel. La ténacité et l'augmentation
de la limite d'élasticité et de la charge de rupture qu'on
petit nombre d'unités do nickel communiquent à l'acier,
ont fait introduire ic mêlai dans la composition de cer-
tains aciers spéciaux depuis une douzaine d'années envi-
ron ; employi? d'abord avec succès pour les plaques de
blindage en proportion de 3 à 5 p. 100 (essais d'Anna-
polis, 1891), il a été introduit ensuite dans le métal à
canons (en proportion voisine do 2 p. 100), dans des tôles
destinées à des constructions métalliques où l'un recherche
tout particulièrement la légèreté i proportion de 3 p. 100),
dans certains arbres dont on désire augmenter la limite
élastique (proportion do i p. 100), et l'on cherche aujour-
d'hui à employer les aciers au nickel pour faire des
tubes, des rivets, etc. Mais, si <• les aciers au nickel plus
ou moins manganèses, carbures ou chromés, sont sem-
blables aux aciers ordinaires au carbone, tant que les pro-
bï Google
LES MIMES DE NICKEL 2lJ9
portions de nickel, manganèse, chrome et carbone ne
dépassent pas une certaine limiteC) », et si, dans ces condi-
tions, ces divers éléments jouent simplement le r6lo d'élé-
ments durcissants, « au delà d'une certaine limite, tes
additions de ces éléments produisent une transformation
allotropique du fer contenu dans les aciers, qui fait
apparaître des propriétés physiques et mécaniques très
différentes de celles des aciers ordinaires (M... n Avec une
composition répondant à cette dernière condition grâce
à une forte teneur en nickel, « les aciers s'adoucissent
considérablement par la trempe et ne durcissent que
par l'écrouiasage; les propriétés mécanio|ues de certains
d'entre eux sont très remarquables, particulièrement
au point de vue de l'allongement k la rupture, qui est
exceptionnel, et de la résistance au choc, qui dépasse
celle de tous les alliages ou métaux connus (*) ». C'est
parmi ces aciers-là, oti la proportion de nickel se compte
par dixièmes, qne l'on a découvert des métaux présentant
lies propriétés physiques extrêmement remarquables,
notamment au point de vue de. la dilatabilité, ce qui est
de nature à leur ouvrir des débouchés, mais sans "doute
restreints comme tonnage, pour la construction d'appa-
reils de physique, de géodésie, etc. ; cependant certaines
de leurs propriétés mécaniques sont si précieuses que,
malgré leur prix élevé, ils ont déjà été employés dans
la construction en fer, notamment en assen grande quan-
tité par l'artillerie française au cours de la construction
de son nouveau matériel (tAles à 35 p. 100 de nickel).
Aujourd'hui donc les usages des aciers an nickel sont
courants avec des teneurs de 1 à 5 p. 100 sous forme de
tAles, arbres, canons, obus, et surtout de blindages. Ce
ne sont encore là que des usages spéciaux correspondant
(*) ttrchtrc/ui êur Ui acitrt au nickel à haute» teneufi~ par'
V.\..ÎH')iM[AnnaU» det Mintt, lO-tirie, L I, p. 5S1 ^tSSS; 1902).
bï Google
^0 RICHESSES MIN^UIAS DB LA frOTmLLB-CALBDONIB
à ées tutrages limités, et <m\a tient osa sealeneBt à d»
qoe l^troductkai de quelques noités pour oeat -de ràdUi
dans l'acier auginente tr^s QotabtemeDt scm-prir (sourwÉt
àa simple audouUe) à la fois en raison de lanJenr mên»
da métal introduit et en raison de la minutie ptns gnod»
de ta préparation m^tallargiqne de cee aàers ^^cJam,
maie cela tient encore à ce ftrit qse l'amélionitàon de esr-
tainoB de leurs pnqtriétés mécaniques tte Ta pas -sooTMit
sans des incoorénients, tels que la difficulté avec laqwfle
ils se laissent travailler, no snpporttmt pas l'écrooissa^r
criqaant aisément, etc. Il est fort intéressant cependant
de signaler un pas, paraissant très notable, qra •naît
d'être fait aux États-Unis ; après des essais multifAes
poor l'emploi de rails en acier au nickel sar des sedtie^
de Toies ferrées très fréquentées, en vue d'eapet^r BotiK
Idement tes réfections dévoies, hi Pensylwiian Raitroad C*
vient de commander 9.000 tonnes de raits en acier
à S i/2 p. 100-^ ntcàel peeant ft5 et 100 livres par yai4
(soit 43 et 50 kilogrammes par mètre), pour en nosir lov
sections de voie les plus chargées de ses ëgnee mtlmar
de Pittaborg : cette commande aurait été fcïte an fri*
de &5 dollars la tonne (âÔlfïvncs par toi»» «éb^qoe) f ).
La mnltiplicaticm 4e senblables osages m» imnqaenit-
pas d'aecrettm oensidérabtement la eoflMnmatim àm
nictel, et '«ita pean-art bien ne pas t»4er4ie pMdoibM^n
Pom- ce qui est -de l'adeptien des act«M an tridelli
haute teimir, on peot dès aujourd'hui y co^têfr-ponr la
CMmtniction d'appapeils de pnéoision ; maie '«i»lli '«at pen
de chose, et m qui serait Trsiraent préeMnx ^fmtrwati*-
o«jik>Rie, ce serait de voir se développer êSB .«ji^^Uu 4ifei
qae oeim qn a éié Mt ^hh* l'artjlhirrie ft-attçaïM 4'aeltB- V
25 p. lOO de nickel ; il a» faudrait en e£el -pas baaocoap
bï Google
un HWBS DB VKXaSL ^i
^tssfea exigeant dracm nimuelletnefBt quelqaeps cen-
tneea -èe tomes 4e tels aders poar «tigweDter 4ms one
Ixi^ proportion ta cossoiHiBatkni àa «ckci ; U se «eus
pBT^ pas doHtenx fjne ces orages se iMdti{Ji0r«it ii'«u-
tsnt ^os rapîAeiDeat -qse le prix àa làekti, qw interTiaot
ponr one lar^ pKrt Ans te prix Mevé de «w proMts
spéciaux, diDiinuent pl^ vtte et phw notahlotoBut.
Lee ti3ag«6 wétrfai giq»e3 wnt «Iwtc de «eux -^i, exi-
^•ant «njenrtl^ai k pea prà La «imtié du nickel coDsommé
4rii9 fe nonde, posmiest -k bref ééhi, et sartoui à la
faveur d'un abaissemest notable du prix du Dick«l, Mg-
uâfiter (IftBfi une très largi* itrQiiortiûu. Us suivent natu-
rettenest ««iaKrâ'iMii lus fluctuations de l'industrie
Tnétdfan-giqne, «t en particulier <4e l'Joënetrie epéciale des
armasoents; ita sot «a lasr fitioàe d'accroissement
de 1S9S h. 1901, en même temps qae cette industrie, H
snbissent anjoard'hui avec eile Hne cri3e<]ut n'est assura-
ssent CMBVtSS^BÔSÉ.
Qam ^Sl «a soit, r«iiMMUe àam usagas Àa nickel «
déjà marqué une progression considérable depuis 25 ans,
mea Umb pti-a— dé ^mi oaUe pn^eMMB ne
r «noare «l'Mnée aa. mmi». Las^iwJqaes
» UMtrTwt «e ^'leUe a ^té juay'âd.
fi'a^w M. I«Tai{*), la paadactiMi aaMMile duaickel
est »— tée iimiilii ■«■< driiwwii >m»'€>iA«?»,*t.^e
iWMwt «wt^ wuite àjM«pws «ax lèiffffM ■»■»■*» ;
18T8 400 tonnés
!«■ i.VIÙ —
W» S. MO —
ÏW7. ....... 3.W» ~
La Nourelle-Cidédefne interrenatt iT^leurs pour la plus
large part dans cette predut^on.De^s 1889, la décoit-
'^ D. Xkvit. frogrit ie la milaTtto'gia du nicket {AniUiU* dn'WtMt,
bï Google
212 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
verte des riches mines de pyrrothine cupro-nickelifëre
deSudbury (Canada) a fait entrer eRligne.poiir la produc-
tion da nickel, un redoutable concurrent de notre colonie;
ce sont les quantités considérables de métal que le Canada
a jetées sur le marché k des prix sans cesse décroissants
qui ont amené la crise subie par les exploitations de
nickel de notre colonie, en 1892-1897.
D'après les statistiques que nous avons entre les
main8(*), la production du nickel métal se serait, depuis
lors, répartie comme suit, au point de vue des pays d'ori-
gine des minerais :
1889
1890
1891
\m
1893
1894
I89&
1896
1897
1898
IR99
\m
UDI
Nou«llL-^>l*doi,ie.
Si
310
99
8S
Mm
«il
91
80
a?.
2.099
a.
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3.6W
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47
1.8T
3.3tî
"s
Ef.l.-i;nU d-A.é.
Uivgr» ,...
TOIABI
t.S78
2.4Ï5
4.706
4.8»
4.T1Ï
4.7i5
4.3*4
4.S3T
1.688
6.116
6.i0li
,4"i
Nous ajouterons que la consommation du nickel dans
le monde entier n'a pas exactement suivi les fluctuations
qu'indiqueraient les chiffres ci-dessus, extraits des statis-
tiques officielles des difTérents paya ; on aurait en effet,
d'après les renseignements que nous avons pu recueillir,
consommé les quantités suivantes de nickel au cours des
<-inq dernières années.
^''"*" da nickel miltl
189S 6.S00 tonnes
1899 6,700 —
1900 7,200 —
IMl 7.400 —
(902 6.800 —
<*) R.-P. RoTiwiLL, The minerai Indutlty, années 1892 et raiv.
bï Google
LES UINES DR NICKEL 213
En regard de ces chiffres de production et de consom-
mation du nickel, nous fournirons, d'après les statistiques
officielles, ceux de l'exportation des minerais de Nouvelle-
Calédonie avec l'indication approximative des quantités
de métal qu'ils contenaient, en faisant remarquer que,
même à supposer les statistiques de la colonie exactes,
non seulement il y a une certaine perte au traitement et
parfois des pertes en route par suite de sinistres de mer,
mais qu'en outre la nécessité de conserver ou de former en
Europe des stocks d'une certaine importance a pu donner
lieu, au cours de diverses années, h des exportations de
minerai notablement différentes de celles correspondant
à la production, et surtout à ta consommation réelle, du
nickel d'origine calédonienne. Quoi qu'il en soit, voici les
chiffres que fournit la statistique officielle.
bï Google
214 RICHESSES MINÉBJ.U». DB. LA tjODVKLLB-CALÉDONIB
Ha««U>-G>tMsii«<1
1^
w.am-
i.-m.im
ll.72a.UO0
i.iffà
T.îia
7.0i5
C. — DÉVELOPPEMENT POSSIBLE DE l'iSDCSTRIE DO NICKEL
EN Nouvelle-Calédonie.
IjCs chiffres qui précëiiont suffisent à montrer quelle a
ité jusqu'ici, pour la Nouvelle-Calédonie, l'importance de
{•) Leschiffreade cestroiïioloones sont eublis en supposant tout
le minerai eiportÉ cru ; nous avons porté entre parenIhÈses. lorsqu'il j
avait lieu, le. chiffres relatif» au minerai fondu <lans I» colonie.
( } Les valeurs des quantités de minerai exportées, indiquées pourles
années autérieuroift 1901, et en particulier pour les trois delriiére»,
m»l,i,?ii^rt"'? "'«*'*" ; «'les paraissent «voir été ol.tenues en
multipliant les tonnages de minerai humid ■ par la valeur de la tonne de
minerai sec; elle» seraient donc ft réduire de 23 p. 100 environ.
bï Google
LBS MINE» DB lOGlCBL 215
l'îadufitn» du nickel, et (^et est l'inAérftt qui s'attaclrarait,
poux la prospérité de notce colonie, à ce que cette iadus-
trie se développe encore largement. Nous avons suffisam-
taoni nututré dwas ce qui précède combieD grandes sont
.les 1*688011106» ea métal ^eiiemeut explwtabies contenues
dans le solde la Nouvelle-Calédonie pour que chacun coni-
prenae que l'on ne peut que souhaiter de voir la dem^uide
•de Biiaerai augmenter, fût-ce au prix d'un abaissement
-des cours ; les richesses 'de notre colonie peuvent en
•^et, pour peu qu'on les exploite d'une façou plus régu-
lière, plus stable, et plus prévoyante, ce que no manque-
rait p«8 do faciliter grandement une augmentation des
.'débouchéB, fournir à des demandes beaucoup plus impor-
tantes encore qu'aujourd'hui, et cela pendant de longues
aooées.
ComuienousTavons dit, cette augmentation desdébouchés
parait assez étroitement liée aujourd'hui à une diminution
-du prix auquel le métal pourrait être offert au consom-
mateur, et les gisements que nous venons de faire con-
naître pourraient, nous n'es doutons point, satisfaire à
-cette nécessité. Noua voudrions le montrer en quelques
jnots.
Si l'on reprend un à un les différents éléments du prix
■4e revient du nickel que fournit la Nouvelle-Calédonie, on
est frappé, en écartant pour le moment les ctiui'ges
importantes quecomportentles difficultés de main-d'œuvre,
»ur lesquelles nous reviendrons d'ailleurs, on est frappé,
■disons-nous, de l'inlluence sur ce prix do revient de trois
circonstances différentes. Ce sont : d'abord l'obligation
d'abattre avec le minerai des quantités considérables de
matières plus pauvres eo nickel qu'il faut séparer par un
miontieux triage et rejeter ensuite, puis, et surtout, l'aug-
.meutatiou de prix du simple au double que comporte le
transport, depuis les Antipodes jusqu'en Europe, de miue-
xais qui ne tiennent guère plus de 5 p. 100 de leur poids
bï Google
âl6 RICHESSES MINÉRALES DE LA ODVBLLE-CALÊDONIB
du précieux métal, et enfln la cherté, inhérente à sa com-
plication, du traitement métallurgique des minerais de
nickel.
Pourrait-on diminuer ces lourdes charges et dans quelle
mesure? C'est ce que nous allons discuter.
La question du traitement métallurgique des minerais
de nickel, et en particulier de ceux de la Nouvelle-Calé-
donie, est de celles qui n'ont pas sans avoir été bien sou-
vent étudiées, mais qui n'ont jamais pu recevoir jusqn'ici
(le solution plus satisfaisante que celle que nous avoas
fait connaître en quelques mots ci-dessus . C'est de l'affi-
nité extrême du nickel pour le soufre queprocèdent essen-
tiellement les difficultés de la question : tout traitement
par voie ignée, à moins qu'il n'ait lieu entièrement avec
le secours de combustibles végétaux, c'est-à-dire de char-
bon de bois, comporte nécessairement l'absorption d'une
(certaine quantité de soufre par le métal, ce qui entraîne
ensuite l'obligation d'un grillage extrêmement soigné et,
par suite, fort onéreux ; le traitement du nickel unique-
ment au boisn'apparaissant commeguère possible aujour-
d'hui, il faut se résoudre à cette obligation ; dès lors la
première fusion sulfurante, plus aisée que la première
fusion pour fonte nickelifére, paraît indiquée, et le reste
de la méthode actuellement usitée s'ensuit.
Ne pourrait-on pas tourner la difficulté par l'emploi
d'une méthode de voie humide? C'est ce qui a souvent été
étudié, mais ce qui a toujours échoué, en particulier devant
les dépenses et les difficultés qu'entraînerait la dissolution,
en même temps que du nickel, des quantités considérables
de magnésie qui l'accompagnent. L'électroljse , actuelle-
ment employée avec succès au Canada, pour répondre, il
est vrai, h des difficultés de traitement tout autres, ou le
procédé Mond, fondé surla combinaison du nickel à l'oxyde
de carbone, procédé que l'on essaie aujourd'hui de faire
bï Google
LES MINES DE NICKBI. 217
entrer dans la pratique industrielle (*), ne pourraient-ils
être appliqués avec économie au traitement des mineras
de nickel de notre colonie? C'est ce qui n'a pas paru pos-
aible jusqu'ici.
Nous pensons donc que, jusqu'au jour où quelque nou-
velle invention aura permis la simplification de l'extrac-
tion du nickel des minerais de la Nouvelle-Calédonie, il
faut compter arec des frais de traitement élevés, comme
ils le sont aujourd'hui, c'est-à-diro peu inférieurs, tout
compris, k i franc par kilogramme de métal produit.
Si nous passons maintenant à la question de l'abaisse-
ment possible de la teneur limite k laquelle le minerai est
exploité, nous constatons que c'est, beaucoup plutât que les
nécessités du traitement métallurgique, l'élévation des
frets, augmentant le prix de revient du nickel en raison
inverse de cette teneur, qui fixe la limite de 7 p. 100 {pour
le minerai sec) à laquelle on s'arrête aujourd'hui. Sans
doute, chaque fois que l'on diminuera la teneur du mine-
rai à passer, on augmentera les frais de fusion par unité
de métal, et on diminuera un peu le rendement de l'opéra-
tion. Si, en effet, l'on suppose une légère diminution de la
teneur du minerai en nickel, avec augmentation corres-
pondante du fer et de la magnésie, l'allure générale de
l'opération n'en sera pas grandement modifiée ; cependant
ta richesse en nickel de la matte obtenue sera moindre et
sa teneur en fer plus forte, tandis que la quantité de sco-
rie produite sera un peu plus élevée ; dès lors, pour main-
tenir une température suffisante au creuset, il deviendrait
nécessaire, comme cela se fait déjà maintenant, maisdans
une mesure moins large, d'ajouter des matières riches en
nickel, soit scories de déferration, soit, à défaut, une
petite quantité des mattes produites par l'opération même,
(') Le procédé Mond pour Vtxti-actioji du nickel, par M. l<éon Gvillet
(Génie eioil, l.XLI. a* semestre 1902, p. 1!).
bï Google
ISIS RICHESSES MmÉAlLES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
-«t cela n'irait pas sans esi^r une auf^entation de la
cbarge de coke. La scoriâ, (jniconUenl une certaine quao-
tilâ de nickel, surtout en raison d'un entraînement mi>ca-
nique de particules de matte, entraînerait à. peu près la
mâme proportion de matLe, puisque le rapport entre les
quantités des deux éléments serait maintenu en repaswint
■des mattes, et il n'y aurait guère d'augmentation de la
perte en nickel que du fait du double passage à la pre-
mière fusion d'une partie de la matte; il pourrait d'ailleurs
aussi j avoir une légère augmentation du. fait de la petite
teneur en nir.kel combiné que peut présenter la scorie.
Danâ ces conditions, ai l'on suppose quel'on vienne kabaîs-
ser de 7 p. IIX) à 5 p. 100 la teneur en nickel du minerai
sec, la teneur de la matte tomberait ^itre 35 et 40 p. lÛU
-da nickel, et la perte au traitement, qui est évaluée au
maximum à 10 p. 100 du métal contenu, pourrait atteiodi*
jusqu'à 20 p. 100 ; la consommation de coke pour la pre-
mière fufiioQ passerait vraisemblablement de 8 à 12 ou 13
par unité de métal.
Dès lors, les frais de première fusion, qui, comme
noua l'avons dit, peuvent être actuellement évalués aui
-environs de 45 à 50 centimes par kilogramme de métal,
.atteindraient vraisemblablement 65 à 70 centimes, en
augmentation de 2<) à 25 centimes, en même temps que la
consommation de minerai, au lieud'ëtre de 1 6 kilograouaea
■de minerai sec à 7 p. 100, s'élèverait aux. environs de
25 kilogrammes de mineraiser k 5 p. 100. On voit, qu'en
tenant d'autre part compte du fret('), qui revient aux
environs de 50 francs par tonne sèche, la dépense par
kilogramme de métal se trouverait accrue en outre
de 45 centimes, soit au total 65 à 70 centimes, c'est-
.^-dire assez exactement du prix que coûte actuelle-
(*) Nnu9 DB tenons pas compte ici de l'augmentai ion de^ Trais d'affi-
■fuge de la matte en raison de la Dioiodra ricbeiu, ov eettc augoicDla-
llou serait vraisemblablement Iré* Taible.
bï Google
L£S MINES QK NICKEL 21â
ment le minerai sur place; il faudrait donc, pour pouvoir
isubstituer le minerai à. 5 p. 100 au mioerai à 7 p. 100, que
saa prix de revient, rendu à bord en Nouvelle-Calédouie,.
fbtnuL.
La nécessité du transport <k minerai cru jusqii'ea
Europe prohibe donc d'une façon absolue remploi du
minerai à teneur de 5p. 100. Pour le minerai à la teneur
•de 6 p. 100, il n'en serait pas tout k fait de même ; néaa-
moio» 2 serait dif&nle à notre avis d'abaisser suffisamnient
le prix de revient sur place du miuerai à 6 p. lOO pour
qu'il y ait avantage à le substituer au minerai à. 7 p. 100 ;
il est cependant bon de signaler ici que des expéditions
(la minerai à teneur comprise entre 6 et 6 1/2 p. 100 ont
été faites récemment en Amérique, et y auraient donné
lieu, eu 1901, àlaproduction de 1.796tunuea de nickel (').
H semble, au contraire, que rien ne s'opposerait à ce que
l'on fondu sur place des minerais à plus faible teneur
s'ils pouvaient être produits à des prix suffisamment bas.
Il est naturellement fort difficile, en raison à la fois de
la très grande différence qui existe d'un gisement à.
l'autre ei de l'absence totale de toute reconnaissance
sjiatématique de ces gisements, de fixer quel aérait
l'abaissement de prix de revient qui correspondrait à un
abaissement delà teneur limite des minerais exploitables;
il serait eu tout cas considérable. Si nous envisageons, par
^ixemple, le caa oii Ton en viendrait k exploiter jusqu'à
la teneur de 5 p. 100, nous ne craignons pas d'affirmer
q,ue le prix de revient de la tonne de minerai pourrait
-être abaissé, daos beaucoup de cas, de moitié, peut-^tre
même des deux tiers. 11 ne faut pas oublier en effet qu'au-
jourd'hui on abat forcément des quantités importantes
^le minorai à plus faible teneur en même temps que les
minerais utilisables; donc, sans augmenter les frais
(*) H. P. Rdthweli^ Iht minerai Indualry lo Ihe tHdof\Wl, p. UG.
D.D.t.zeabï Google
220 RICHESSBS MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
d'abatage, on aurait déjà un accroissement consi-
dérable du tonnage utilisable; les frais de triage ne
seraient pas augmentés, ils seraient souvent même
diminués (il suffit pour en être persuadé d'avoir tb
sur les carrières de presque toutes les mines des
quantités considérables de tas de matières prèles à être
expédiées, mais qui ne pouvaient l'être parce que 1 ana-
lyse y avait montré des teneurs de 4 p. 100, 4 1/2 p. 100,
ri p. 100, et souvent même 5 1/2 p. 100 ou 6 p. 100. et
parce qu'on ne disposait pas d'assez de minerai riche pour
les porter à la teneur de 7 p. 100}. Quant aux frais de
transport, ils ne seraient accrus que de bien peu, car la
plupart des câbles ou voies ferrées sont loin de trans-
porter non seulement le maximum de ce qu'ils peuvent dé-
biter, mais encore souvent le maximum de ce que pourraient
manutentionner les ouvriers qui en font !e service. Si
donc nous admettons, ce qui n'est en moyenne pas supé-
rieur à la réalité, croyons-nous, que le triage des masses
abattues fait en vue d'en retirer du minerai à 5 p. îOO,
en donnerait facilement deux fois k deux fois et demie
plus que de minerai k 7 p. 100, nous constatons que U
totalité de ce minerai descendu au bord de la mer (nons
ne comptons ici ni le chalandage, ni les droits d'ex-
portation, etc..., qui n'entreraient plus en ligne de
compte si le minerai était traité sur place) reviendrait h
peine plus cher que la petite quantité actuellement des-
cendue ; il n'est donc pas téméraire d'escompter que le
prix de revient de la tonne serait facilement diminué de
moitié, en même temps que l'on assurerait l'utilisation de
10 à 12 unités de métal au lieu de 7(*). Mais ce n'est
pas tout ; à côté des masses que l'on abat aujourd'hui, on
laisse des masses minéralisées très faciles à exploiter et
(*) Pour être tout i tail eiacl, il laudralt leoir compte de l'augnienU-
tion de la perU au traitement, ce qui revient à dire qu'on assunrût
l'utilisation de 8 à 3,6 unités de métal an lieu de 6,3.
bï Google
LES HiNES DE NICKEL 221
pour lesquelles toutes les préparatiou» et installations
sont faites, uniquement parce qu'elles ne sauraient don-
ner une proportion rémunératrice de minerai à 7 p. 100,
alors que dans bien des cas elles pourraient parfaitement
en fournir dans de bonnes conditions à 5 p. ICiO ; il_v aurait
là une modification très importante dans l'utilisation des
gites et (tes installations faites pour les mettre en exploi-
tation. Nous ne croyons donc pas exagérer en disant que
le prix, de revient par kilogramme de métal contenu
dans le minerai pourrait, avec une bonne organisation,
être abaissé au moins de moitié, c'est-à-dire descendre à
30 ou 35 centimes.
L'abaissement de la teneur limite à laquelle les mine-
rais de nickel calédoniens sont utilisables nous apparaît
donc comme intimement liée, du moins si l'on se préoc-
cupe de réaliser un abaissement réellement sérieux de
cette teneur, à la question d'une première fusion du
minerai sur place, en vue de réduire considérablement la
proportion de matière stérile à transporter avec le nickel.
On transporte aujourd'hui, rappelons-le, de 945 à 950 ki-
logrammes de matière stérile pour 50 à 55 kilogrammes
de nickel métallique (minerai à 7 p. 100 à sec et tenant
de20à25p. 100 d'humidité), ce qui représente une
dépense de 80 centimes au moins par kilogramme de métal
(en ajoutant au fret les frais de chalandage et autres
frais accessoires) ; le jour où l'on pourrait substituer au
transport de tels minerais celui de mattes tenant de 35 à
45 p. 100 de nickel, la dépense par kilogramme de métal
tomberait à 8 ou 10 centimes, c'est-à-dire qu'elle s'abaî»-
Beraît de 70 centimes environ. Ne serait-il pas aisé de
réaliser tout ou partie de cette importante économie?
C'est ce qui semble tout indiqué au premier abord, et c'est
ce dont l'étude, sommaire il est vrai, que nous avons pu
faire de la question nous a donné la persuasion, bien que,
bï Google
%2â RICHESSES HII:IÉRB.IJ!S DE LA NOtTVELLE-CALÊDONIB
nous devons le reconn^ire^ l'économie en question ne «oit
-pm aassi farfle )i réaliser qn'on pourrait le croire. Uàs
n 7 a plus; en mfeme temps qne la fusion sur place des
minOTais mêmes qoe l'on utilise «ctoellOTnent, et l'expor-
tation ult-éiieure de mattes richee, pormettrait de réaliser
une réelle économie sur les errements actnels, elle
forait disparaître l'obstacle qne nous sig;naK<iBB ci-dcwns
à un abaissem'ent sérieux de la teneurdes nmm^K^aitét.
Ce aont res deux points qne nous nous proposons m«B-
tanant de mettre brièTement en Innnfere.
La queiition de la fusion sur place des minenRs et
nickel de la Nouvelle-Galôdonie n'est pas neuve : ell&
s'est posée dbe le début, et on n'avait pa? tardé â la
rémodre par l'afRrmatÎTe. Denx mMiants fumneai
(hauteur? mètres, volume 18 mètres ctrises) ferent cons-
truits i la pointe Chaleix près de Nooméa, en f919 ; la h-
sjon eut d'abord Ivtai pfltrr produire des fontes tRekeUfcre»
{■A fïS p. 100 de nickel); elle fut ensuite réglée pooreMe-
nir des mattes tenant aux environs de 00 p. lOO 4e
nickel, et fut pratiquée ré^Itèrement jtnqu*an dAmt de-
1885, époqiie où la première crise qro a «évi «or te amr-
ché du nickel obligea, à mettre les hasts faimiiiiiira. bora
feu. Cette ientfrtwo i!K>it être cmisidér^ «omne ay«it
donné dm résultats satî^isants dam les tiwnBftBua ^
se trouva ^cm le marché dn mckel «t eti «e prrtqmit
la loét^dlur^e de ce métal; les ^tn. ic imitiit de pre-
mière 'ftirim, TCTsrns de 1 frww car fcilwgriBiiH* ^e-
nickel métal, auxquels on iétait arri**, a'avMeat «n
effet rien d'excessif aient.
'Si les renseignememts qoe nms ftvens fn reixieiHb sBr
eeitte promît tentstive, déjÀ anciemie, sont e^Hits, ta
fusion pour fonte mck^Rre de minerais k teacnr veî-
sine de 10 "p. 4<00 <le atekel cemetnnait, ■par'tsMiede
muierei ciumide, vw info^^rvmwes oe 'i^'oBe afflnrtlieC'
bï Google
LBS MTNB8 DE TtlÛBXL tSS-
reveitaot à 80 'francs la tonne, HO Icilogramnies ètt
houîBe de même provenance & 37 francs, et SOO kilo-
gfamnies de castine h 12 francs ; le prix de revient total
de la fnsîon ressortait ainsi à S7 fi'anca par tonne de
minerai, soit 637 francs par tonne de fonte (rendement
en fonte de 13 1/2 p. 100), soit encore 1 ftTinc par kito-
gramme de nickel (teneur deîatonteTOp. 100). Mais, en
présence des difficultés dn traitement de cette ftnrte, qui
tenait de 1 1 /2 îi S p. 100 de soufre, on ^t en rwrenir à la
fusion pour matte ; celle-d eut Hen du début de 1882 au
début de 1^^, soit pendant 3 ans ; elle a porM sur-
16.000 tonnes de minerai; essayée d'alxïrd en employant
comme snlfm-ant le soufre, elle a été peursome gràf* *
l'emploi Al gypse de la colonie ; les Bt» de fbsîon conte-
naient en moyenne, partonnede«9iner8i,445ïïk>grammeB-
de coke, 80 kilogrammes de bonifie, 380 kilc^ammes de
castine. et 75 kilogram-mes de ^ypse revenant à 40 francs
la tonne ;'le prix de revient total était de 79 ft«»c« p«rr
tortne de minerai fondu, soit 993 francs par tonne de
matte produite (rendement en matte iS 1 /3 p. 1130) et
^,95 par kflogramme de nickel (teneor de ht matte
82 p. 100)(*). Dans les derniers temps âe tnarrhe de
rnsine, on avait essayé }a f alrrication 'sur pfece des cokes
nécessaires k la fusion i l'aide de menus îiirporMa eros
fl*Aosb-alte ; cela paraissait devoirTéaHsw «ne éctmmm
importante snrla dépense de combustible.
Lorsqu'on 1889 une nouvelle ère de prospérité s'ou-
vrît pour llndoïtrie du nickel, on recomitlt h nouvemi
h néfiesstté de la fusion 'sur place, d'antBift phis qve tte
prix du métal avaît notablement bwBsé et tendit ài»
ftter aux envintnâ de 5 ftvics le kRognmme. Vnsine
de I4»umé'& n'irait plos en mardn et exigeait natoreRe-
bï Google
g24 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDOME
ment quelques réfections ; la société le Nickel crut fréfé-
rable, dans le but d'éviter le transport encore assez
onéreux du minerai depuis ses centres d'exploitation,
situés principalement à Thio, jusqu'à Nouméa, de la
^ansférer au pied même des mines; on en profita d'ail-
leurs pour essuyer la fusion au cubilot dans des condi-
tions analogues à celles qui avaient déjà fait leurs preuves
à KirkintiUocb. (rest alors que fut créée l'usine d'Ouroué,
à l'embouchure de la Dothio, soit à 4 kilomètres envi-
ron de Thio, Les cubilots, larges et très bas (diamètre
1°',73, hauteur entre la porte de chargement et les
tuyères 1 mètre seulement), qui furent construits, pa-
raissent n'avoir jamais fonctionné dans des conditions
satisfaisantes ; leur marche, entre les mains du personnel
dont on disposait, fut toujours très irrégulière: on char-
geait, par tonne de minerai {à teneur de 7 à 8 p. 100),
jusqu'à 620 kilogrammes de coke, 220 kilogrammes de
charbon, 320 kilogrammes de corail et 2'3 kilogrammes
de soufre ; le prix de revient de la fusion avec de sem-
blables consommations ne pouvait être que très élevé; il
aurait atteint 1"50 par kilogramme de nickel métal,
marquant ainsi un retour en arrière sur ce qui avait été
fait 10 ans auparavant. Aussi n'a-t-on pas tardé à mettre
hors feu l'usine d'Ouroué (au début de 189i) et à recom-
mencer à expédier tout le minerai cru en Europe. Cette
deuxième tentative est la dernière qui ait été faite pour
la fusion du nickel sur place ; comme on le voit, elle a
été très malheureuse, et c'est évidemment à son éch«
qu'est due l'hésitation, tant de la société le Nickel que de
tous autres exploitants, à entrer à nouveau dans une voie
qui parait cependant si indiquée, U est bon d'ailleurs
d'insister sur ce fait que l'on n'a pas renoncé à pour-
suivre la tentative faite à Ouroué parce que l'on aurait
reconnu que, dans les meilleures conditions que l'on
puisse réaliser en Nouvelle-Calédonie, les frais restaient
bï Google
LES MINES DE NICKEL 325
encore plus élevés que les frais de fusion en Eurojie aug-
mentés du fret, mais bien parce que l'on n'a pas réussi à
faire marcher régulièrement une fabrication qui, ailleurs
et en d'autres mains, réussissait bien. L'insuccès de cette
tentative ne saurait donc OA)ndamner en aucune façon le
principe de la fusion sur place ; il montre tout au pUm,
à notre avis, qu'il ne faudrait pas en entreprendre une
nouvelle sans prendre grand soin de s'assurer le con-
cours d'un personnel parfaitement capable de )a mener à
bien.
Une nouvelle tentative de fusion sur place pourrait être
faite dans deux buts différents : le premier serait simple-
ment d'abaisser le prix de revient final du nickel métal
en partant des mêmes minerais; le second serait de
rendre possible l'utilisation de minerais à teneur infé-
rieure (5 p. 100, par exemple), utilisation aujourd'hui
impossible comme nous l'avons montré. Eu fait, la fusion
sur place devrait, à notre avis, tendre à ce double but ;
peut-être ne permettrait-elle pas dès le début la fusion
de minerais à 5 p. 100, tout en abaissant le prix de re-
vient, mais do moins permettrait-elle sans doute celle de
minerais à 6 p. 100, et ce serait déjà un joli résultat à la
fois au point de vue de la puissance de production des
mines de la Nouvelle-Calédonie et de la bonne utilisation
de leurs richesses.
Nous ne pouvons songer à établir avec précision quels
seraient les frais d'une première fusion en Nouvelle-Calé-
donie, car cela dépendrait trop <les ivtnditions dans les-
quelles on la tenterait ; et ces conditions mêmes varie-
ment pour chaque société, car c'est à la fois de l'étendue
et de la richesse des concessions qu'elle posséderait, de
leur situation géographique, de l'importance de la pro-
duction qu'elle voudrait réaliser, etc..., que dépendraient
et la position à choisir pour son usine, position avec
bï Google
, iroUVELLK-CALEDONtE
224 RICHESSES MINERA' ^''
f-'^/fê matières premières, et te-
"tj **d ."^ ' ,- ■^■;^. développement qui influerait
ra e, aP ^-.r'-yV^de main-d'œuvre et plus encore-
'^. ^"^ ^■"y*-^^!rHrt''rt'ssement. Ce que nous ponTOi»-
r " ^ '^^"'M^'fi'^ 'i""' P*""" ^® rendre compte de l'op-
^ fff^' "^ /"sion sur place, il faudrait comparai,
^/^^ total des frais de chalandage à l'embarque-
/^l'^'^ieoiis sur le minerai exporté, du tn>t jusqu'en.
■^f, ''^'^gs frais de débarquement et de première fusion
L/ii/^ Jes minerais, au total des frais de fusion 8«r
eo ^jes mêmes minerais et doa frais d'embarquement
/i/**^^ jport en Europe et de débarquement de la matte^
Ifi preniier de ces totaux, rapporté au kilogramme de-
rt^lal' p^^^ ^ti^ évalué comme suit :
FraiR d'embarquement 0,0S à 0,08
Droilâ sur le minerai exporté 0,005^
Fret .jusqu'en Europe 8,70 k 0,80
Frais de débarquement 0,02 A 0,M.
Frais de première fusion 0,46 k 4,60
Total environ 1 ,20 à t,*0
Les frais d'embarquement, de transport, et de défear^
qnement en Europe de la matte à produire ne représenie-
raient pas plus d'une soixantaine de franos par hmae,
c'est-à-dire à peine 0",135 par kilofi^amme de loétal; on-
TMt donc que, mémç avec des frais de {Hvmière fHsioB
pour mattes de 0'',95, tels qu'ils étaient réaliséti â la»
pointe Chaleix en 1883-i884 (avec des minerais un peu
plus riches, il est vrai), l'opératHMi -appu«Hrait comme
devant être économique. Nous ne doutons f» d'ailleun
que les frais de fusion d'autrefcHs pouiraientêtre tsrgenettt
abaissés aujourd'hui. Si on examine ea effet tes fni» de-
première foeion, on vMt qu'ils se pArtagebt à ^eu pnxt
bï Google
LES MINES DE NICKEL 227
par moitié entre les matières d'uue part (coke, castine
et fondants) et la main-d'œuvre et les frais géuéiaux
d'autre part.
San» vouloir compter ici sur l'utilisation possible des char-
bons néo-calédoniens, nous supposerons qne l'on emploie
uniquement du charboa australien ; il fournit en effet
un coke de qualité parfaitement suffisante, comme le
montrent les analyses et essais de ce coke, et l'expérieDce
tant des fondeurs de la Nouvelle-Galles du Sud que
des importantes usines de Port-Piric (Australie du
Sud) oii l'on traite les minerais de Broken-HUl. Pris à
l'état de coke à NewcasUe, il coûterait de 16 à 20 sliil-
Ungs la tonne, suivant les courte, soit 20 à 25 francs, il
serait, en outre, grevé do 10 à 12 francs de frais de trans-
port et d'une somme presque égale pour frais de débarque-
ment et pour tenir compte du déchet ; il reviendrait donc
eotre 40 et 50 francs la tonne remlue sur place ; si, au con-
traire on créait des fours à coke dans la colonie, on pour-
rait utiliser des charbons menus, qu'on trouve à acheter à
Newcastle au degré de pureté suffisant à des prix de 0 à
8 s^llingB la toime, soît 7",50 à 10 francs, qm pourraient
donc être rendux «n Nouvelle-Calédonie i 20 Eï-ancs la
tcome environ; et qui pourraient ainsi fournir du coke h
moins de 40 francs.. La castine, empruntée aoit aux (^al-
«liresde la cAte Ouest (qui tiennent 86 Â4K) p. i^tO de
carbonate -de chaux, 2 à 5p. 100 de carbonate de nvKgné-
-we -et 3 à 10 p. lOl) desîlice), soit aux coraux (ceux qui
«ait étéempkjyé« kOnrooé tenaient 90 p. 100 de carbonate
de chaux, 5 1/2 p. 100 de carbooate <le magnésie et
4 1/â p. 100 d'impuretés 'diT«^e8. silice, sesquiexyd» de
fer, etc.), reviendrait à des prix un peu variables s«imnt
lepoNit où serait située l'usine, mais n'excédant vraisem-
. ihUefoest pas IG francs la tonae. QwEuat Jt la matière
«dforaate, le soufre (que l'oa poiurait faire venir assez
ausérami d« Japon) serait d'an «oa^toi toujoara fort coù-
bï Google
228 RICHESSES UINÉKAL^S DE i.k NODVELLE-CALBDONIE
teiix, en raison de sa volatilisation partielle au gueulard ; il
serait bien préférable d'employer le gypse calédonien (qui,
biendébourbé, tient jusqu'àQS p. 100 de sulfate de chaux,
soit 17 1/2 p. 100 de soufre), dont il existe, comme nous
nous en sommes assuré, des députa considérables, et qui.
bien qu'un peu ingral à exploiter à cause de son gisement
en cristaux quelque peu empfttés d'argile, pourrait être ob-
tenu à assez bon compte; il revenait, parait-il, autrefois
à 40 francs la tonne rendue à la pointe Chateix ; nous adop-
terons ce chiffre tout en mentionnant qu'il pourrait vrai-
semblablement être réduit dans une large proportion.
Dès lors les dépenses de combustible et fondants
pourraient s'évaluer au maximum ainsi qu'il suit :
Coke. . . 400 kilogr. k 40 francs la tonne : 16 francs 0'%32
Castine, SOO 10 2 0 ,04
Gypse.. 100 . ^0 4 0 ,08
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer les dépenses de
main-d'œuvre et de frais généraux; elles seraient assuré-
ment plus élevées qu'en Europe, en raison principalement
de la nécessité de faire venir d'Europe quelques bons chefs
d'équipe auxquels on allouerait des salaires élevés; nous
pensons cependant que, si, en Europe, elles ne dépassent pas
25 centimes par kilogramme de métal, nous ne serions
pas au-dessous de la réalité en les majorant de moitié,
c'est-à-dire en les portant à 37 centimes 1/2. Cela ferait
ressortir les frais de fusion sur place an total de 81 cen-
times 1/2 que nous croyons largement calculé.
Dès lors le prix de revient de la matto rendue en
Europe, rapporté au kilogramme de métal, ne compren-
drait, en plus .du prix de revient du minerai rendu au bord
de la mer en Nouvelle-Calédonie, qu'une somme de 0'^,95
bï Google
LR8 MINES DE NICKBL '£Sè
au lieu de l'',20 àl",40, soit 1",55 à l'%60 minerai com-
pris, au lieu de l'',$Oà S francs; il y aurait là une diminu-
tion importante dans le prix de revient du métal.
Mais il y a plua ; on pourrait aborder en Nouvelle-
Calédonie la fusion des minerais pauvres : nous n'en-
tendons pas naturellement en présenter une démonstra-
tion complète, aidé seulement de chiffres que nous ne
considérons pas ('omme établis avec ime précision suffi-
sante ; nous voulons simplement en faire comprendre la
possibilité. Si, au lieu de fondre du minerai k7 p. 100, on
venait à fondre du minerai à 5 p. 100, dont le prix de
revient par unité de métal serait, nous le supposons,
abaissé de moitié, c'est-à-dire réduit à 30 ou 32 centimes,
les dépenses de combustible seraient, comme nous l'avons
mentionné, augmentées dans le rapport de 8 à 12 ou 13,
c'est-à-dire porfées de 32 centimes k 50, les frais de fon-
dants, de main-d'œuvre et les frais généraux seraient
seulement augmentés dans le rapport des poids de minerai
traités, c'est-à-dire dans le rapport de 6,3 (rendement du
minerai à 7 p. 100) à 4 (rendemeui du minerai à 5 p. 100) ;
ils seraient donc portés de 50 à 78 centimes.
Dans cette nouvelle hypothèse, au lieu de pouvoir
amener en France une matte à 45 p. 100 de nickel
revenant à l'%55 ou 1",60 tout compris par kilogramme
de métal, on l'amènerait à la teneur de 35 à 40 p. 100
seulement et avec un prix de revient se décomposant
Valeur du minerai rendu à l'usine de fusion O'',30 à 0",32
Dépense de combustible 0'',50
Autres frais de première fusion (fondants, main-
d'œuvre, frais généraux) 0 ,78
Frais de transport en Europe 0 ,<S
Total i'V* à IV»
nsembledonc qu'on ne reperdrait, à traiter le minerai à
bï Google
230 RICHESSES MINÉRALES DE I.A HOL-VHLLE-CALÉDOXIE
5 p. 100, (ju'uiie partie du béiiéflre de la fusion sur plape,
mais on assurerait en même temps une bien meilleure utili-
sation dfis gîtes de nirkel de la colimie : on resterait d'ailleurs
vraisemblalileinont au-dessous des prix de revient actuels.
Peut-f'tre môme, ce que nous ue sommes pas éloigné lie
croire, nos évaluations ont-elles été supérieures à ce que
seraient on réalité les différentes dépenses, et serait-il tout
aussi avantageux de traiter surplace des minerais pamTes
que des minerais à 7 p. 100. En tous cas, si c'est vouloir
aller trop loin que de descendre jusqu'à la teneur de
5 p. lOO, p.inrrait-on sans doute aller avec profit jusqu'à
0 p. 10<) ou 5 \ '■> p. 100.
En que! point de la colonie devrait Hra située une telle
usine de fusion du minerai? C'estre que nous ne saïu-ions
préciser ici, car cela dépendrait essentiellement de la
siliiation des {fisoments destinés à fournir le minerai : la
société le Nickel étudie, croyons-nous, le projet d'une
usine de première fusion à Tliio, ot elle ne peut en effet
que la placer prés de ses mines les plus productives;
la société " Nickel Corporation Limited », ((uî {ussède sur-
tout des glKements sur la cftie Ouest, serait amenée k
construire son usine de pT"éfércnco sur cette côte ; et teUe
entreprise nouvelle qui viendrait à se fonder chercherait
tout naturellement à procéder ii la fusion de ses minerais
en un point où elle pourrait amener à bon compte à la fois
ceux-ci et les charbons et fondants qu'elle aurait besoin
de faire venir par mer.
On a également .songé à fondre sur place le minerai de
Nouvelle-Calédonie pour fonte nickelifère pure de soufre
et par suite directement utilisable dans la métallut^e :
il faudrait pour cela avoir recoin-s au charbon de bois
comme combustible, et nous ne voyons aucun point
de ta colonie oii l'on pourrait l'obtenir on grande quantité
et à des pris suffisamment bas. Tout an plus une telle
fabrication pourrait-elle devenir une annexe de la fabri-
bï Google
I.BS MINES VE, mvKlth 231
«atioa principale dans les conditions que nousveuons d'in-
diquer.
Nous ae mentionnerons ici que \x>uv inÉmoire d'autres
projets dont on a parlé et dont on parln encore : ils con-
aisteraicnt à utiliser les forces hydrauliques, qui ne seraient
peut-être pas trop difficiles à aniéiiager dans certains
points de la colonie, ait traitement dus minerais de nickel :
les minerais tels qu'on les exploilcnesonl pas accessibles
aux prorédés actuels de l'cleclro-iiiétallurgie, il faudrait
<loiic leur faire subir une première funion; mais alors le
nickel se trouverait déjà suffisamment concentré pour que
non expédition en Europe pour raftînage paraisse être la
■nieilleure solution. Ou a même parlé demplover comme
fondants les minerai» sulfurés de cuivre du Nord de l'Ue,
•en vue d'obtenir une matte cupronickelifere dont ou sépare-
rait ensuite les deux métaux par l'électmljse, comme on
ie fait pour les minerais du Canada. C'esl là un projet
-hardi, et dont nous ne saurions prévoir.pour le moment et
dans la situation économique et industrielle géucrale de
la colonie, ni la réalisation ni le succès.
Quoi qu'il en soit, il nous parait en tous points essen-
tiellement souhaitable pour la colonie que la question de la
fusion sur place des minerais de nickel qu'elle produit soit
■enfin reprise ; c'est celui des progrès dans l'utilisation des
ressources en nickel de la Nouvelle-Calédonie qui aurait
■certainement le plus heureux effet sur le développement
de Texploitation de ces richesses; il eu résulterait pour
le.s producteurs du nickel calédonien la possibilité
d'abaisser notablement le prix de vente du métal, et par
suite de soutenir dans des conditions meilleures encore la
•cuocurrence des produits du Canada; cela permettrait en
-outre, et entraînerait certainement à très bref délai, une
utilisation beaucoup meilleure des réserves de nickel con-
tenues dans le sol de la colonie. Aussi M. le Gouverneur
bï Google
'£32 B1CHESSE8 MINÉRALES DE XA NOOVELLB-CALBUONIE
de la Nouvelle-Calédonie a-t-iî été très heureusement
inspiré lorsque, voulant hâter la réalisation d'un projet
qui touche aussi directement aux intérêts généraux de la
colonie, il promettait la concession gratuite des terrains
nécessaires à l'érection de la première usine de fusion;
nous rappelons d'ailleurs que la redevance de 25 centimes
par tonne de minerai de nickel extraite n'est perçue que
sur les minerais non transformés dans la colonie,
D. — Lks oisbmekts de nickel concurrents.
Une dernière question se pose pour celui qui veut peser
les chances de développement de l'industrie dn nickel
on Nouvelle-Calédonie ; c'est celle de la concurrence qui
peut être faite à cette industrie par les industries simi-
laires existant ou à créer dans d'autres pays du monde,
liien que nous n'ayons pas eu le loisir de procéder à une
l'tude approfondie de cetle question, au sujet de laquelle
seul Texanien sur place des autres gisements de nickel,
et en particulier de ceux du Canada, aurait pu nous per-
mettre de nous faire une opinion personnelle, nous ter-
minerons ce qui a trait aux gisements de nickel de la
Nouvelle-Calédonie par quelques indications sur les aub^s
gisements du monde.
Avant la mise en exploitation du nickel en Nouvelle-
Calédonie, la production de ce métal, qui était annuelle-
ment de 400 tonnes environ, se l'épartissait entre quelques
gisements de minerais sulfurés complexes situés en Alle-
magne, en Hongrie, en Suède ot Nonvège et en Espagne
et le gisement de pyrrliotine nickelifère et chalcopyrite de
Lancastcr Gap en Pensylvanic ; mais peu à peu la concur-
i-ence de ces différents gisements a été éteinte grâce aux
prix de plus en plus bas auxquels était livré le nickel do
la Nouvelle-Calédonie; si bien qu'en 1889, lorsque le
bï Google
LBS UII4B8 DE NICKEL 233
Canada a commencé à eutrer en ligne, la production
annuelle du reste du monde ne s'élevait plus qu'à
187 tonnes, et elle est depuis tombée k quelques tonnes
seulement, pour se relever, il est vrai, à 167 tonnes
en 1901.
Le Canada s'est, au contraire, montré pour la Nouvelle-
iMédonie un concurrent redoutable, et, si les chiffres
que nous avons donné.s ci-dessus montrent que, malgré
" cette concurrence, notre colonie est toujours restée le
premier pays producteur de nickel dans le monde entier,
cela n'a pas été sans une laU-e acharnée au oom's de
laquelle le prix du nickel était tombé jusqu'à 2",40
le kilogramme, amenant la fermeture de presque toutes
les mines de la colonie, et obligeant la société le Nickel,
le principal exploitant du nickel en Nouvelle-C^alédonie,
à suspendre toute distribution de dividendes pendant
cinq ans.
Aujourd'hui les cours sont remontés, le marché s'est
régularisé et, grâce à une entente plus ou moins com-
plète entre les producteurs, la Nouvelle-Calédonie garde
son rang; mais il n'en est pas moins vrai que l'industrie
du nickel se développe au Canada et que la production
des mines de ce pays s'est rapidement accrue dans ces
dernières années. Est-ce k dire que la Nouvelle-Calédonie
ait beaucoup à craindre de cette concun'once? Nous ne le
peusons pas ; car, autant que nous pouvons en juger avec
les documents dont nous disposons, les conditions natu-
relles des gisements du Canada sont en elles-mêmes
beaucoup moins favorables que celles de notre colonie.
Le nickel se présente au Canada, comme on le sait,
sous forme de pyrrhotine nickelifere et cuprifère, c'est-à-
dire de sulfure magnétique do fer auquel sont associés du
nickel ainsi que du cuivre, ce dernier sons forme de chalco-
pyrite; cette pyrrhotine existe en lentilles plus ou moins
épaisses interstratifîées dans le puissant massif de gneiss
bï Google
"234 RICHESSES HmBftÀLBS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
laurdiiiieiiM trèa mélaoïorphiaés de Su<lbur>' (Oatarioi;
elle est associée à des épancbements de diorite. et c'est
cett« roche qui forme la gangiie du minerai. Tantôt la-pyrrho-
tine est pauvre en cuivre et en nickel et n'est guère uti-
lisable que lorsqu'elle peut être abattue à ciel ouvert en
grandes masses; ailleura, ellelornie un riche rainerai de
cuivre; plus loin elle contient àlafoisquelques ceutièmea de
nickel et de cuivre, dont l'ensemble lui donne une valeur
suflisante pourjuslifler une exploitation par travaux ami-
terrains et un traitement métallurgique assez compliqué.
D'après loa statistiques officielles du bureau des mines de
la province d'Ontario, la marche de l'exploitation de ces
minerais, au cours des dernièros années, serait caractéri-
sée par les quelques chiffres qui suivent :
AiwMl mi I8W I SU» lyOU IMI
Minerai extrait.... 8i.S75 HS.SIO 18i.4:il IQejiïO S9fi SG6
Minerai.fondu 87.252 110.707 (55.(87 19S.460 215.504
p. 100 p. IDO p. lOO p. 100 p. 100
Teneur en cuivre. , 3,86 3,i3 1,6d 1,59 1,28
Teneur en nickel. . 2,08 2,?8 J,68 1,67 l,6V
i'oidfldu nickel con-
tenu 1.813 a.524 3.608 3.214 4.0.1^
Les ressources en nickel existant dans la région
paraissent considérables : dès 18Q0 un rapport officiel
adressé au secrétariat de la Marine des Ëtata-Unis(')
estimait la quantité de minerai alur» reconnue au chiffre
consiiiérabJe do 650 millions de tonnes, que nous ne repro-
duisons ici que sous réserves, et l'exploration de la
région parait avoir fait connaître depuis de nouvelles «t
importantes réserves.
(*) In Lbvat, Prof/rèt de ta mélaUurgit du nieM lAnnolf» de» Min
O-sé.'k-. I. I, p. lR6;lg93j.
bï Google
LES HINBa DE NICKEL 2!^
Cependant les facilités de l'abalage de ces minerais ne
paraissent de loin pas être ce qu'elles sont en Nouvelle-
Calédonie pour des minerais notablement plus riclies
(d'autant plus que, dans l'état actuel des choses, une
unité de cuivre ne saurait guère ôtro comptée que pour
une demi-unité de nickel), et d'autre part le développe-
ment de l'extraction au Canada parait avoir été accompa-
gné, comme l'indiquent les chiffres du tableau ci-dessus,
d'une tendance à la diminution delà teneur du minerai traité.
Enân le traitement du minerai, qui comporte d'abord un
premier grillage, et une fusion pour matte, puis un deuxième
grillage nulvi d'une deuxième fusion, ou bien une opéi-a-
tion h la cnrune Ressemer, et enfin une séparation éloctro-
h'tique encore assez cofiteuse du cuivre et du nickel, est
loin d'fttreplus facile que celui des minerais de Nouvelle-
Calédonie. En outre, le nickel obtenu est toujours moins
pur que le nickel calédonien ; il tiendrait, d'après les rensei-
gnements que nous avons pu obtenir, de 0,8 ii 0,9 p. 100
de cuivre, environ un millième d'arsenir et un demî-
milliëme de phosphore. Il donnerait Heu pour les aciers,
et surtout pour les aciers àfortes teneurs en nickel, k des
difficultés et à des irrégtdarltés dans le traitement qu'on
n'observe pas avec le nickel provenant de notre colonie,
l'ar contre, la situation industrielle générale du Canada
parait être tri's favorable et a permis dans ces deniiëres
années un développement im[>ortant des exploitations et
des usines de traitement, développement à la faveur
duquel la production du nickel au Canada est sans cesse
croissante. II y a là une concurrence sérieuse pour l'in-
dustrie de notre colonie ; mais, bien que, nous le répé-
tons, nous ne puissions établir de comparaison que
d'après des documents plus ou moins incomplets, il nous
semble qu'au point de vue des conditions naturelles tout
l'avantage reste aux minorais de la Nonvelie-Calé<lonie,
les minerais canadiens étant moins riches, moins purs,
bï Google
236 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLE-CALÉDONIB
plus cotiteux à abattre et plus difficiles à traiter; ce que
le Canada a pour Itii, ce sont des conditions sur ies<juelles
l'homme a la plus large action, k savoir l'abondance et la
bonne qualité de la main-d'œnvrf, la conduite de l'exploi-
tatiou sur une assez large éclielle et dans des conditions
bien appropriées, (les iiiovens de transport économiques,
et des usiues de traitement bien aménagées établies
auprès des gîtes. Tout cela, nous ne nous le dissimulons
. pas, est beaucoup plus difficile à réaliser dans une lie
aussi isolée que la Nouvelle-Calédonie que dans un pays
en plein développement, comme le Canada ; mais il serait
facile de faire à ces différents points de vue beaucoup
mieux que l'on ne fait aujourd'hui, et de réaliser des
progrès qui mettraient notre colonie dans de bien
meilleures conditions pour soutenir la concurrence du
nickel canadien. Rappelons d'ailleurs ici que la société
américaine « Nickel Corporation limited » a acquis un
domaine minier considérable en Nonvellc-Calédonie. dé<.-la-
rant vouloir l'exploiter pour approvisionner de nickel le
marché américain, et qu'elle a expédié eu 1901 quelque
30.000 tonnes de minerai aux États-Unis; il est d'ailleurs
difficile de dire aujourd'hui si elle continuera dans cette
voie et exploitera sérieusement ses mines, ou si elle ne ae
servira pas plutôt de ses gisements de Nouvelle-Calédo-
nie comme d'une simple menace pour empêcher le goa-
vemement canadien de frapper de droits importants,
comme il veut le faire, l'exportation aux États-Unis des
mattes et des minerais de nickel.
En plus du Canada, on a récemment cherché à ouvrir
en Siiésie une exploitation sur des minerais silicates
pauvres de nickel, connus dès longtemps comme associés
à une formation sorpentineuse, restreinte d'ailleurs ; il ne
semble pas que cette exploitation ait eu un grand succès
jusqu'ici et soit appelée à se développer beaucoup.
Enfin, parmi les gisements do nickel assez nombreux
bï Google
LES MINES DE NICKEL 237
qui existent aux Étals-Unis, ceux de l'Orégon (comté de
Douglas) se présenteraient (ians des conditions géolo-
giques très analogues k celles de la Nouvelle-Calédonie.
On n'a pas jugé jusqu'ici que leur, ex tension puisse justi-
fier la création des coftteuses voies de transport que leur
mise en Valeur exigerait. Sans qu'on puisse dire qu'ils
ne sont pas utilisables, il semble que leur concurrence ne
soit pas fort à redouter pour nous, d'ici quelque temps.
Ce sont donc les gisements du ("anada seuls qui consti-
tuent aujourd'hui une concurrence pour ceux de notre
colonie, concurrence très sérieuse, cela est vrai, mais
qui ne doit pas empêcher l'essor de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie, si ceux qui en ont la charge savent
faire ce qui est nécessaire pour profiter des avantages
naturels considérables que réunissent les gisements de
notre colonie.
Pour nous donc, persuadé que nous sommes qu'au-
jourd'hui un large développement de la consommation du
nickel suivrait de près un notable abaissement du prix
auquel il peut être offert aux consommateurs, nous n'hé-
sitons pas à conclure qu'un essor considérable sera pos-
sible pour l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie le
jour oii, parla première fusion sur place du minerai, on
résoudra la double question d'un abaissement notable du
prix de revient et d'une utilisation bien meilleure des
gisements.
Lorsque ce problème capital aura reçu une solution
satisfaisante, les gisements aujourd'hui exploités pour-
ront l'être sur une beaucoup plus large échelle et d'une
façon beaacoup plus rationnelle, de nouveaux espaces
riches en minerai pourront être mis en valeur, une impor-
tante industiie de première fusion pourra être créée; et,
dans ces conditions, notre colonie continuera à tenir en
échec la concoirence canadienne, si même elle n'arrive
bï Google
2aO RICHESSES MINERALES UË LA NOUVELLE-CALEDOMIB
pas à en' triompher plus ou moins complètement. La
Nouvelle-Galédonie aéra dès lors prête à livrer annuel-
lement,& bas prix, au monde entier les miUierB de tonnes
de nickel dont il aura besoin en nombre sans doute rapi-
dement croissant.
bï Google
TROISIÈME PARTIE.
LIS XIHSaAIS ASSOCIAS A LA IVSKATION
DK8 SZRPElTTtNlS Nn!KXLITtBXB.
CHAPITRE PREMIER.
LES MIRERAIS DE COBALT.
- GÉNÉRALITÉS. — HISTORIQUE.
Comme nous l'avons déjà menti(»më ci-deuos, 1&
cobalt, ce compagnon presque inséparable du nickel,
dont ses propriétés chimiques te rapprochent si étroi-
tement, paraît avcûr coexisté avec le uickel dans son gise-
ment primitif en NouTelle-CalédoDie. En effet, d'une part
aucun des minerais de nic^i de la colonie n'est exempt
de cobalt ; et, d'autre part, les j>érîdoUte6 dites stériles,
saines oualt^^a, provenant des différents massifs répar-
tû toat le long de l'iLe, ne sont toujours montrées à fana*
lyse contenir quelques dit-millièmeii, et plus souvent
qtielqneB millièmes, des deux métaux nicbeletcobaltpesés
«■semble ; l'aaalyae qtialitaUve du résidu ainsi pesé y
aidéceté souvent la présence simultanée des deux métaux,
le nickel paraissant d'ailleurs toujours nettement domi-
•Mit; et il est, anton certain, dv moioafortprobable, que,
éuMB les 088 oti BOUS n'avoM pn caractériser d'une façon
oorttôee la présence du cdbalt, il accompagnait néan-;
bï Google
340 S1CHBSSB8 MINÉRALES DE LA NODVBLLB-CALÈDON'IE
moins on faible proportion les très petites quantités de
nickel contenues 'dans les roches.
Mais, tandis que le plus souvent dans la nature les
agents minéralisateurs ont entraîné et déposé à la fois ces
deux métaux voisins, aous forme de sulfures et d'arscnit»-
sulfures isomorphes, que l'oxydatiim transforme aux
affleurements en arséniatea, phosphates, etc., qui de-
meurent étroitement associés eutre eux, en Noiivellc-
Calédonio les eaux paraisseut avoir dissous les deux
métaux, qui étaient contenus dans les péridotîtes sans se
tniuvor associés à leurs minéral isateurs liabituels, et
avoir fait un départ du nickel et du cobalt assez avancé,
quoique incomplet. On rencontre ainsi, d'une part des
minerais de nickel contenant toujours plusieurs unités de
cobalt pour cent de nickel, et d'autre part des rainerais
de cobalt tenant une plus ou moins forte proportion de
nickel. Le premier de ces deux métaux, obéissant à nue
affinité marquée pour le magnésium, s'est déposé avec lui
sous forme dliydroailicates magnésiens nickelitêres ; le
second, au contraire, a été entraîné avec le manganèse,
également disséminé en faible quantité dans les pérido*
tites, et s'est concentré avec lui dans des rognons ou des
concrétions doxydes, dont les gisements se séparent
nettement de ceux des hydrosilicates de nickel et de ma-
gnésie. Le cobalt et le manganèse se sont en effet déposés
presque uniquement au sein des formations d'argile
rouge, tandis que le minerai de nickel se fixait sur les
péridotites plus ou moins serpeulinisées.
Tel est le résultat de presque toutes nos observations ;
et ce n'est que tout à fait exceptionnellement, dans le
gisement du Kaféate et dans celui de la mine Prancia,
ainsi qu'à la mine de nickel Nouvelle-Espérance sur le
mont Ouazangou, que nous avons recueilli, au-dessous des
argiles rouges, quelques échantillons de péridotite altérée
sur la snrface et dans les fentes de laquelle s'étaient
bï Google
UINEIUIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 241
déposés en enduits concrétioanés des mioerais cobalto-
maogaaésifères ['} du type courant ; nous avons recueilli
également, à Pemby et auprès de Brindy, des serpentines
silicifiées et recouvertes d'enduits cobaltifères. Nous de-
vons en outre mentionner ici que M. Garnier('") a trouvé
àl'lle Ouen des roches feldspathiques en décomposition avec
tilonnets de silicate de magnésie imprégné de cobalt, ou
même avec des âlons d'halloysite contenant des rognons
de minerai tenant de 30 à 4S p. 100 d'oxyde rouge de
imanganèse, et de 10 à. 21 p. 100 d'oxyde de cobalt.
Nous ajouterons que le cobalt ne nous a pas paru Être
en relation plutôt avec certains types de péridotite qu'avec
d'autres, et nous serions presque tenté de dire que, par-
tout où la forme du terrain a permis le dépôt des argiles
rouges provenant de la décomposition des péridotites,
un peut avoirdes chances de rencontrer en plus ou moins
.grande quantité le minerai de cobalt.
C'est donc soit en enduits concrétionnés sur les roches
superficielles, suit, beaucoup plus souvent, suus la forme
-de rognons, parfois assez volumineux puisqu'ils atteignent
par places des dimensions de plusieurs décimètres dans
toue les sens, mais ordinairement de la grosseur du poing,
-ou même en grenailles, que se présentent les minerais de
cobalt. Ils ont toujours un aspect paraissant indiquer
qu'ils ont été déposés par les eaux; tantôt ils sont en
rognons caverneux ou en conQrétions mamelonnées, tan-
(*) Oa pourrait se demanJer si ce ne serait pna \k un type courant
d« minerai, que )e* travaux des mines de cobalt, pratiquement liiuiléi
aux formations argileuses, n'auraient gas su atteindre dans la plupart
' des eiploitationa : nous ne le pensi>ns [las, car dans beaucoup d'entre
elles la serpentineen roche a étû touchée en nombre de points, et asou-
- vent mâme âlë suivie sur de« étendut^s assez considérables, sans montrer
aucunes trai;es (te cubati, traces qui seraient cependant bien ptus
aisées encore à discerner sur la couleur claire de la serpentine que celles
, des minerais niultelilères complexes.
('•) Ci\a!(iï«, loc. cil., p 67-68; et Uahmeh, Mémoire sur les gisements
deeoball, de chromé et <l» fer à Ut Nouvelle-Calédonie {Mémairet delà So-
.ciélë dea Inyénieurs ch-iU de France, 1S81, 1"' semestre, p. 241 et 2*8).
16
bï Google
242 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
lAt ils présentent la disposition en nids d'abeilles qu'af-
fectent fréquemment les dépôts actuels de sources ruis-
selantes, tanlàt enfin ils ont la forme de débris divers,
brindilles de bois, etc., que le minerai aurait englobés.
Les rognons ainsi constitués se sont déposés en traî-
nées peu régulières : quelquefois ils dessinent une couche
plus ou moins continue qui pourrait provenir d'un dép6I
au fond d'un lac ou d'une mare ; d'autres fois ils reposent
dans l'argile, presque au contact des serpentines sous-
jacentes, dont les traînées de minorai suivent toutes les
aspérités et les contours; ailleurs, ils sont englobés en
pleine argile, souvent en plusieurs assises étagées, sans
qu'il soit aisé de discerner aucun lien dans la distribution
des différents rognons.
Ils ont une texture caverneuse ou écailleuse, et une
couleur noir bleuté, souvent à demi masquée par des
enduits de rouille ; un reflet bleu un peu violacé est géné-
ralement l'indice de la présence du cobalt dans ces
rognons, qui ressembleraient sans cela, à s'y méprendre,
soit à de simples rognons d'oxjde de fer stériles, soit à
des boules d'oxyde de manganèse ; mîds leur caractère le
plus net est la trace brillante que laisse le coup de
pic dans leur masse, qui n'est généralement pas très
dure.
Ces minorais sont en effet tendres et friables, tachant
les doigts, souvent sectilcs et donnant à la coupure te
même aspect métallique que sous le coup de pic ; quel-
quefois les fragments riches en silice se présentent en
écailles siliceuses, dures et cassantes.
Leur densité apparente est toujours faible; la densité
réelle des minerais ferreux atteint 4 ou 5; pour les mine-
rais quartzeux elle est notablement plus faible, et ils se
brisent souvent en écailles très minces tendant à flotter,
ou du moins à être entraînées très aisément par l'eau, ce
qui est une gène considérable pour le lavage.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 243.
Le cobalt est d'ailleurs loin d'être isoI4 dans ces mine-
rais, et même d'y avoir subi une concentration très
avancée, puisqu'il est réellement rare de rencontrer des
minerais qui, même soigneusement triés et lavés, tiennent
plus de 10 p. 100 d'oxj^e de cobalt; cet oxyde est tou'
Jours intimement associé k des proportions importantes
de fer peroxyde, et de manganèse se présentant sous
la forme de bioxyde ou d'oxyde rouge. La silice est en
outre constamment présente dans le minerai, mais elle
ne s'y trouve pas sous forme combinée pour constituer
des silicates; elle y est au contraire isolée au point de
vue chimique, généralement en petits rognons jaunâtres,
qui jouent peut-être bien le r6le de noyaux ou de sque^
lettes des dépôts cobaltifëres ; d'importantes formations
siliceuses au milieu des argiles rouges accompagnent
d'une façon très fréquente les gisements de cobalt, ainsi
que nous aurons l'occasion de le mentionner en détail en
décrivant quelques-uns d'entre eux. Les minerais de
cobalt comprennent donc, intimement liés k l'oxyde de
cobalt, des oxydes de fer et de manganèse, et ils sont
très souvent constitués en même temps par de la silice ;
d'autres fois ils tiennent une proportion importante d'alu-
mine, des échantillons provenant de la mine Persévé-
rance sont même associés à de belles concrétions de
gibbsite; enfin ils sont toujours imprégnés de produits
ferrugineux.
Il s'ensuit que la teneur des minerais bruts n'est qud
rarement un peu élevée, et est beaucoup plus souvent
voisine de 2 k 3 de protoxyde de cobalt pour cent de minerai
sec (c'est toujours ainsi que l'on évalue la teneur) ; un
lavage soigneux arrive k les débarrasser assez complète-
ment de l'argile ferrugineuse qui les souille et, lorsque le
mélange avec la silice n'est pas trop intime, d'une partie
de celle-ci; on produit ainsi des minerais marchands
dont la teneur en oxyde de cobalt varie généralement
bï Google
2^i TUCHBSSBS MtN^ALBS DE LA MODTBLLB-CALBDOHIB
(te 4 k 6 p. 100. Les quelques analyses que voici donnent
une îd^e de la compoaiUon chimique de ces minerais;
lés denx premières, rapportées par M. Oamierf*), ont
été faites Bor des minerais conrants fondas k l'usine de
Septèmes; les autres ont été faites à Nouméa, le nu-
méro 3 sur un minerai siliceux de la mine PerséFérance
(pr^ de Monéo), le numéro 4 sur un minerai alnminenx de
la haie du Sud, ei les numéros 5 et 6 sur des minerais
de nie Yandé.
t 2 3 i S 6
SiO» 50,-8 32,00 34,00 16,40 2.20 23,09
Pe»0» 11,5» 20,00 11,43 15,50 8,»1 16.06
Mii>0< H,00 36,50 19,0S 12,07 33,62 17,5»
AIKP. ■ « . ,. 14,M 14,2» 10,»
HgO etCaO.. 14,50 3,06 .< >. 2,3S 2,11
CoO 2,50 3,51) 3,80 3,00 7,76 5,5fi
NiO non dosé non dosé 1,0* 1,48 1,64 1,48
Eau, perte au
feu, el ma-
tières non
dosËea.... 6,80 15,50 30,68 36,95 29,30 33,69
Ces minerais se raltaclient au point de Tue minéralo-
gique à l'asbolite, variété de wad (oxyde de manganèse)
plus ou moins chargée en oxyde de cobalt. L'asbolite est
d'^lleurs loin d'être fréquente dans le monde ; on en cjte
la présence en Hesse et dans la Thuringe comme produit
d'oxydation accompagnant des minerais sulfurés du cobaJt,
et on l'a retrouvée associée k des gisements métalliques
complexes aux États-Unis ; mais âcluellement elle n'est, à
notre connaissance, exploitée sérieusement comme raine-
rai de cobalt, en dehors de la Nouvelle-Calédonie, qu'en
Nouvelle-Galles du Sud auprès de Port-Macquarie , où se
montre, au-dessus d'une tête de roche serpentineuse, une
formation d'argile rouge très ferrugineuse contenant des
(*] Gamieii, mémoire de IBBl ci-dcsras cil£, p. 2*R.
bï Google
HINEKAIS iSfiOClÉS A LÀ. FORMATION DIS 8EBPENT1NE8 2i5
rodons cobaltJfères d'asboUte très analogues à ceux des
gisements de notre colonie. Il a été extrait dans chacune
de ces deroiëres années un peu plus d'une centaine de
loones de ce gisement, qui parait être fort limité. D'autfu
part, si nous sommes bien informé, les petites quantités
de minerai de cobalt exportées actoellement du Glûli
seraient également des asbolites, qui seraient d'ailleurs
l^êrement aurifères.
Quoique existant en plus ou moiuB grande quantité
dans un très grand nombre d'entre les amas d'argjles
rouges qui se rencontrent partout dans la formation ser-
pentineuse de la colonie, les minerais de cobalt ont pen-
dant longtemps passé inaperçus, grâce à leur aspect peu
frappant, et à leur ressemblance avec des rognons ferra-
gineux ou manganésifères.
M. Garnier ne signalait point l'existence du cobalt dans
son étude de 1867 sur les ressoui'ces minérales de la
Nouvelle-Calédonie, et M. Heurteau l'ignorait également.
C'est en 1876 que le cobalt passe pour avoir été reconnu
pour la première fois c^mme utilisable en Nouvelle-Calé-
donie, au voisinage de la pointe de Bogota entre Nakety
et Canala; dès cette année-là, puis en 1877 et 1878, la
statistique des exportations indique l'expédilion d'un cer-
tain nombre de sacs de minerai de cobalt ; mais ce n'est
qu'à partir de 1883 que le cobalt figure d'une façon régu-
lière au nombre des minerais exportés, à raison de 2.000 à
3.000 tonnes par an. C'est autour de ces chiffres qu'ont
oscillé les exportations pendant longtemps; eJIes ont
néaniDoins pris récemment un essor assez marqué pour
que les expéditions de plusieurs d'entre ces dernières
années aient varié entre 4.000 et 5.000 tonnes. Au total,
la Nouvelle-Calédonie paraît avoir exporté en vingt ans
environ 4Î0.00O toimes de minerai de cobalt, dont la teneui'
moyenne pont être évaluée entre 4 et 5 p. 100 d'oxyde.
bï Google
246 RICHESSES MINÉRALES QB LA NOUVELLE-CALEDONIE
sans compter quelques centaines de tonnes de mattes k
10 ou 20 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, la hausse
continue des cours avait suscité un accroissement mar-
-qué de la production par suite de l'ouverture ou de la
réouverture d'un très grand nombre d'exploitations; au
cours du premier semestre 1902, 74 exploitations avaient
extrait 2.452 tonnes de minerai de cobalt, c'est-k-din
presque autant qu'il en avait été extrait pendant toute
l'année 1901, et l'extraction du deuxième semestre n'a
pas atteint moins de 5.060 tonnes, portant le total de
l'année à 7.512 tonnes.
La production de l'année 1901 avait été de 2.552 tonnes,
et s'était partagée entre 35 exploitations portant sur 41 péri-
mèires miniers. Le tableau ci-dessoua en donne la répar-
tition par régions de la colonie.
Dôme de Tiebaghi, versant Nord (4 ei- Toubm
ploitations) «00
Poume {4 exploiUtioDS) 498
Plateau de Tiea ;r exploiUtions) 215
Iles Yandé et Poil (2 exploitations) t89
Baie d'Oland, versant Sud du dôme de
Tiebaijhi (une exploiLation) 165
Baie du Sud (fi eiploilations 145
Baie de B&, près de UoualloQ {t exploi-
lalions) 136
lie des Pins (une exploilation) 12*
Ounîa et Yaté (3 exploitalions) 62
Thio (une exploitation) 37
Kaléale près de Koné (une exploita-
Ouinnâ {une explolutionj 18
Boulari (une exploitation) |5
Poro (une exploitation) 12
Baie Oui<! (une exploitaUon) 10
Baie des Pirogues (une exploitation) 5
Total 2.55a
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MINERAIS ASSOCIÉS A LA t'ORUATION DBS SERPENTINES 247
Nous avons visité une grand» pîirtie d'entre les esploU
tations de cobalt qui, sur lea deux côtes Est et Ouest,
Jaloanent la colonie sur presque toute sa longueur, depuis
l'ile des Pins au Sud-Est jusqu'à l'ile Pott à rextrëme
Nord-Ouest. Sur la cAte Ouest nous en avons vu à la
baie du Sud, àPlum, à Saint-Louis, à la Dumbéa, dans la
vallée de la Téné près de Bourail, sur lea deux bords de la
rivière de Népouî, au plateau de Tiea près de Pouembout,
au Kaféate près de Koiié, et au d6nie de Tiebaglii; nous
n'avons d'ailleurs pas eu la possibilité de visiter celles
de la presqu'île de Pounie et des iles Yandé et Pott. Sur la
c6te Est, sans avoir pu commencer vers le Sud par les
exploitations d'Ounia et Yaté, nous avons visité celles
de la rivière Comboui, de Brindy, de la presqu'île de
Neuméni, de Pemby entre les baies de Canala et de
Kouaoua, et de la baie de B& près de Houa'ilou; enfin,
dans le dernier massif serpentineux de la ci^te Est vers
le Nord, celui de Monéo, on s'apprêtait à reprendre une
exploitation au moment de notre passage dans la région.
Nous ajouterons que nous avons encore eu l'occasion
de ramasser de petites quantités de minerai de cobalt en
plusieurs points, et notamment au voisinage immédiat
d'exploitations de nickel, par exemple sur la mine des
Bomets à Thio, sur la mine Fathma à Poro, sur la mine
Rets n' 1 à Népoui, sur la mine Étoile du Nord au
Kaala, et qu'il n'est pas sans exemple qu'une mine con-
cédée pour nickel ait été, ou soit, exploitée pour cobalt.
D'autre part, le cobalt est souvent associé au fer chromé
ilans les ai'giles rouges, et les massifs du dàmedeTiebughi,
de la baie du Sud, de la baie Ngo, de Pourina, etc..
sont à la fois particulièrement riches en cobalt et en
chrome ; le cobalt se rencontre d'ailleurs parfois en enduits
sur le fer chromé.
bï Google
248 RICHESSES MINÊRALKS US LA NOUVELLB-CALhDONIB
B. — Description de quelques gisements.
Nous renoncerons ii décrire nn à un diacun de ces nom-
breux gisements de cobalt, qui ne présentent d'ailleiirs-
pas une très grande rariété, et nous noiis rootenierons de
donner ' quelques détails sur une série d'entre eax pris
comme types.
Les exploitations du dame de Tiebaghi sont parmi ceUes-
qui se sont poursuivies le plus longtemps, et elles ont eu
pendant toutes ces dernières années une sérieuse activité^
qui tend d'ailleurs aujourd'hui & se ralentir : trois exploita-
lions différentes extrayaient, an moment de notre passade,,
sur le périmètre des mines Tangadiou et Tamatave, nnc-
moyenne mensuelle de 40 à 5tl tonnes de minerai k
teneur de 4 à 4 1/2 p. 100 après lavage. \jb gîte se
trouve sur un des contreforts du d6me de Tiehaglii
qui s'allonge et s'étale largement vers l'Est enb« tes
cotes 300 et 200 environ ; ce contrefort, dont la pente
est peu accusée, est recouvert d'un épais manteau de-
ces formations rotigfs surtout ferrugineuses, mais un
peu magnésiennes et argileuses, que nous continuerons à
désigner sous le nom d'argiles ronges, et qui sont
semées de fragments d'oxyde de fer dont la dimension
varie de celle de blocs énormes jusqu'il celle de petit»
grains. Les travaux d'exploitation, et les sondages de-
recherches qui ont été poursuivis au voisinage, ont oiontrp-
qu'il existe dans les serpentine» sous-jacentes «ne pro-
fonde dépression, que nous appelons, avec M. Levât, nne
« vasque » ; cette vasque est comblée par la formation d'ar-
gile rouge, sur une épaisseur qui atteint jusqu'à 52 mètrec
en son centre et qui est encore de 10 et 20 mètres sur
ses bords.
C'est dans cette formation qu'apparaît, assez aboadant^
bï Google
MINERAIS Associés A LA FORMATIOX DBS 8BRPBMTTNKS '.^i^^
un minerai de cobalt de richesse moyenne, et se rappor-
tant an tTpe siliceux. La omcentration la ptns complète
du minerai parait s'être produite au centre de la rasqne
et preaqae an contact de la serpentine : un puits de
53 mètres de proftHidear, creusé en ce point, a recoupé
cette formation, puissante de 80 à 90 centimètres, et
présentant, paralt-il, une étendue notable; elle était «ms-
titoée par on amas de rognons et de grains, à squelette
qnartzeux recouvert d'enduite et de concrétions de man-
ganèse et de cobalt. On s'est empressé de dépiler tout
autour du puits cette sorte de lentille, qui n'était sans
doute qu'un dépét de fond de mare ; elle venait d'un cAté
mourir sur les serpentines qui se relevaient, tandis que
de l'autre elle s'appauvrissait au milieu des argiles; ces
travaux, qui, pendant quelque temps, ont fourni dans des
conditions fort économiqnes des quantités importantes de
minerai, ont été poursuivis sans remblayage et avec un
boisage insuffisant, aussi n'ont-ils pas tardé à s'ébouler r
ils étaient inaccessibles au moment de notre visite, et il
est vraisemblable qu'ils ont dil être aban4lonnés avant que-
tout le minerai exploitable en ait été extrait.
En dehors de cette formation principale, toute l'épais-
seur de l'argile rouge parait être irrégulièrement sillon-
née de traînées de minerai, tantôt sous forme de rognons-
siliceux, tantôt sous fonne de grains ferrugineux îi en-
duits de cobalt; une série de tranchées, galeries horizon-
tales, on petits puits, ont été poussés de tous rfttéa, ren-
contrant ici ou là de ces traînées qui fournissaient un
plus ou moins grand nombre de tonnes de minerai.
L'exploitation, qui en a été souvent confiée à de petits
<( contractants », a consisté le plus généralement, comme
dans la plupart des autres mines de cobalt de la colonie,
k battre au large à partir du puits ou de la galerie di^
recherches sitôt un peu de minerai rencontré, et à pous-
ser les travaux aussi loin et aussi longtemps qu'ils ne
bï Google
250 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIB
menaceraient pas trop de s'ébouler, puis & les abandonner
sans chercher plus profondément, quitte à aller recom-
mencer un peu plus loin le même travail.
Le minerai, mis en sacs sur les chantiers, est des-
cendu, par câbles et plans inclinés aériens, jusqu'au pied
du contrefort, en un point où il peut être procédé au
lavage destiné à éliminer les matières ferrugineuses qui
le sonillent et une partie des éléments siliceux auxquels
il est associé. Ce lavage a lieu sur toutes les mines dans
des conditions tout à fait analogues que nous ferons con-
naître ci-après. Ensaché à nouveau après lavage, le mine-
rai est transporté par charrettes jusqu'à Koumac, distant
de 6 kilomètres de la laverie ; il est ensuite expédié à
Nouméa par voie de mer.
Les minerais de la baie tTOiand, que se partagent une
série de mines, ont fait, en i901, l'objet d'une exploi-
tation assez importante, portant sur les périmètres de
trois d'entre elles; il y en avait cinq en exploitation pen-
dant le premier semestre de i902; les gisements se
trouvent être, sur le versant Ouest du dùme de Tieba-
ghi, symétriques de ceux que nous venons de mentionner.
Le dême serpentineux qui constitue la presqu'île de
Paume, et qui reproduit avec de plus petites dimensions
les formes et les circonstances géologiques du dôme de
Tiehaghi, renferme également des gisements de cobalt
importants; ils ont été à diverses reprises l'objet d'ex-
ploitations plus ou moins suivies; celles-ci avaient une
nouvelle période d'activité a» moment de notre séjour dans
la colonie, et six mines y étaient exploitées au cours du
premier semestre de 1902, contre quatre en 1901.
Au kaff'ate, longue croupe serpentîneuse qui s'avance
jusqu'au bord de la mer entre Voh et Koné, la ligne de
crête présente une largeur suffisante pour qu'une épaia-
seur, d'ailleurs faible, d'argile rouge y ait subsisté, tan-
bïGoOQlc
MINERAIS Associés A LA FORMATION DBS SERPENTINES 251
dis que les deux flancs de la croupe, dont les pentes sont
raides, sont presque uniquement rocheux. Cette argile
rouge contient quelques rognons de cobalt, et deux exploi-
tants y poursuivent des travaux de grattage de peu
d'importance. Les difféi-entes galeries, horizontales ou
inclinées, ouvertes dans l'argile viennent buter à peu de
distance sur des tètes de péridotite très altérée et com-
plètement fissurée, jusqu'au contact de laquelle se
retrouvent les concrétions cobaltifères. Ce qui est à
noter ici, c'est que ces concrétions se retrouvent sur la
surface même de quelques-uns de ces fragments de roche,
et que le dép6t métallifère envahit même par places leurs
assures ; c'est là un mode de gisement qui est exception-
nel pour le cobalt, et qui se rapproche assez de celui du
nickel, mais les enduits et concrétions en question sont,
comme les minerais de cobalt usuels, constitués d'oxydes
de cobalt, de manganèse, et de fer, ainsi que d^alumine
et de silice, et sont exempts de magnésie.
Les gisements du plateau de Tiea, entre Pouembout
et Xépoui, sont encore de ceux qui, depuis plusieurs
années, fournissent des quantités importantes de minerai
de cobalt. La forme spéciale de ce massif serpenfineux
explique d'elle-même qu'un important amas d'argile fer-
rugineuse ait pu s'y former, et dos minerais de cobalt s'y
déposer d'une façon particuhèremeni aisée. La /ig. 1,
PI. IV, représente eu plan et en coupe, d'après les levés
du service topographique, la configuration, en forme de
ti-onc de cône très surbaissé, do ce plateau entièrement
constitué de péridotite; il est recouvert d'un manteau
d'argile rouge. Ce manteau est très épais et très continu
sur la surface supérieure du plateau, qui est très peu
ondulée mais présente de légères dépressions centrales, il
est plus ou moins développé sur les arêtes des contre-
forts qui descendent vers sa base, et il disparaît complô-
bï Google
252 KICHBSSRS IUKERAr.B8 DX LA NOtlVBLLB-CALEDONOt
tentent, pour faire place à la péridotîte rocheuse, duts I9
fond des ravius abrupts qui se creusent en éTeotail dans
les différentes directions. Il n'j a pas moins de dix con-
cessions de mines de cobalt qui se partagent la surface,
de 800 hectares euriron, que présente le plateau avec ses
pentes orientales, occidentales, et mtéridionales. Nom tn
aTons tracé les périmètres sur la (ig. i de la PI. IV :
deux exploitiitions étaient en activité au moment de notre
passage, l'une était poursuivie sur la mine Ressource,
l'autre comprenait de nombreux chantiers ouverts en dif~
férents points des périmètres des mines Espérance, Baplis-
tine et Thia-Louise.
Le minerai se rencontre, tout comise au Atime de
'Hebagbi, en traînées k différents niveaux dans le massif
argileux dont la puissance atteint jusqu'à 30 nëtres; ces
traînées ne paraissent pas avoir ici une disposition rap-
pelant, même de loin, celles de couches plus ou moins
horizontales, elles ont plutAt l'allure de masses irrégn-
iièros se ramifiant en tous sens. Aussi a-t-on, tant à par-
tir de plusieurs pnits, dont les deux principaux ont 25 et
33 mètres de profondeur, que par des galeries ouveiles
ao Hanc des ravins qui desc^ident du plateau, pow^aîTi
des travaux souterrains un peu dans tmis les sens et k
tous les niveaux, an voisinage de l 'éperon que dessine vers
le Sud la surface supénenre du plateau. L'épuisement des
travaux était assuré, tant bien que mal, parles galeriesà
fianr de ravin ; mais, peu de mois avant notre visite sdt
les lieux, des plaies extrêmement violentes avaient en-
vahi la mine et provoqué l'obstruction par des éboule-
ments des galeries d'assèchement; wasm toute la partie
inférieure des travaux principaux était^elle encore inac-
cessible, et ne travaillait- on qu'à l'exploitation de diverse»
traînées superficielles de minerai, par une série de gale-
ries s'enfonçant peu profondément dans le sol.
La fig. 2 de la PI. IV, qui reproduit une coupe qui
bï Google
UINBRAa ASSOCIÉS A I^ FOKMATIOH DES SERPENTINES 2S3
ijouB a été remise sur place, indique quelle serait à peu
prëa l'allore de la formation rencontrée en profondeur, et
-quelle aurait été la disposition des travaux ; les deux
puits Roanne et Dauvergne, que nous avons indiqués sur
le plan de la^^. 1 , permettent de repérer cette coupe par
rapp<M^ au relief du sol. Les traînées de minerai seraient
-constituées en profondeur, tout comme celles que nous
avons vu exploiter plus près de ta surface, par une série
nte .rogDons caverneux, de couleur bleutée et d'éclat
demi-métallique, enrobés dans l'ar^le rouge, et accom-
pagnés parfois de lits de sable siliceux ; ces rognons
stHit, en général, concentrés sur des épaisseurs variant
de quelques centimètres à 60 et 80 centimètres et par-
fois même pins, pour atteindre, paratt-il, jusqu'à 8 mètres
4lans les plus beaux chantiers. C'est en suivant ces for-
mations qu'on ouvre des galeries horizontales ou incli-
Déee, tracées le plus souvent avec toutes les irrégularités
que comporte le gisement lui-même : ici elles se trouvent
trè» espacées et de petites dimensions; là, an contraire,
elles se groupent en grand nombre dans un même mas-
sif plus minéralisé. Boisées avec un certain soin, cela est
Vrai, mais avec peu de connaissance des conditions dans
lesquelles un boisage doit être établi pour offrir les meil-
leures garanties de solidité, ces galeries s'éboulent à la
loflgne, sinHout lorsque l'afflnx des eaux vient les décon-
s<Jider.
Les exploitations duplateaudeTiean'occupentpas moins
d'one centaine d'hommes; elles^ produisaient au début de
l'année jusqu'à 300 ou 400 tonnes de rainerai brut par
mois. Biais leur extraction était réduite aux environs de
150 B 200 tonnes au moment de notre passage. Le mine-
rai, descendu par des câbles et par un plan incliné aérien
jusqu'au pied du plateau, y est lavé, te qui réduit son
poids au tiers environ du poids brut, et amène sa teneur
en oxyd» de cobalt aux environs de 5 p. 100; il est
bï Google
25i RICKEBSBS HlKÉEtALES DB LA NODVELLB-CALÉDOHIB
ensuite expédié par charrettes jusqu'au bord de la mer,
où il est embarqué pour Nouméa par riotermédiaire de
chalands.
Les mines Couragt; et Francia, situées un peu plus à
l'Est, de part et d'autre de la rivière de Népoui et aui
environs assez immédiats de son embouchure, fournissent
ah minerai d'un caractère un peu spécial, et d'aiUenrs
riche : it ae pcésente en concrétions mamelonnées ou en
enduits, doués d'an lostre particulièrement métallique et
d'une couleur bleu violaeé, qui paraissent correspondre
à une pauvreté relative en mangaBëse et à une teeeur plus
forte en cobalt. Ces minerais se reaccntrent d'ailleurs
au voisinage immédiat des roches serpentinettses : quel-
quefois en enduits sur ces roches, d'autres fois dans leurs
fentes superficielles ; ils sont généralement associés à des
concrétions quartzeuses ou k des calcédoines. Les vasques
d'argile au fond desquelles ils se présentent sont ici par-
ticulièrement irrégulières, peu profondes, et constamment
découpées par des tètes de roche en place ; les minerais
paraissent donc être plus intimement associés au rocher
que partout ailleurs ; on rencontre assez souvent & leur
voisinage des enduits talqueux ou magnésiens.
Les deus gisements sont en outre remarquables par la
présence de masses de serpentine d'un caractère excep-
tionnel : ce sont des masses de couleur claire, dont U
pâte est blanche ou rosée, et qui sont sillonnées d'an
grand nombre de veinules ramifiées, quelquefois vertes
et plus souvent d'un bleu plus ou moins franc, conleor
que l'on serait tenté d'attribuer, à tort comme nous noos
en sommes assuré, au cobalt en raison de l'association de
ces serpentines au minerai de cobalt. Quelque exceptioa-
nela que soient en Nouvelle-Calédonie ces types de ser-
pentine, leur origine parait bien être, ici comme ailleurs,
l'altération des péridotites qui coustitueM Vxyo*^ '^
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPBNTIKBS 255
sous-sol; nous avons, en effet, pu ramasser une série
d'échantillons marquant tous les passages entre la péri-
(lotite assez fraîche, les roches serpentineuses que l'on
est habitué à rencontrer ailleurs, vertes ou légèrement
brunâtres et montrant au microscope les restes de cris-
taux de péridottout traversés de veinules de serpentine,
puis des roches plus altérées, déjà partiellement décolo-
rées, où les traces du péridot commencent à disparaître et
où l'on ne distinguo plus que les rristaux d'enstatite, et
enfin ces roches entièrement serpentinisées, qui, à l'œil
nu, semblent complètement amorphes : à l'analj'se leur
composition se rapproche beaucoup de celle de la ser-
pentine typique (2Si02,MgO-l-2H'0), avec une faible
teneur en fer(') ; examinées au microscope elles se montrent
presque entièrement constituées d'un agrégat de petits
cristaux d'antigorite à groupements complexes, générale-
ment étoiles, et traversées de quelques zones minces de
talc.
A la baie Bti, ou plus exactement dans la presqu'île
qui, située en face de Houaïlou, sépare la baie de B& de
la mer, les serpentines se développent sur 3 kilomètres
de largeur et ne présentent pas d'altitudes supérieures à
350 mètres ; c'est dire que leurs pentes sont relativement
douces, surtout à la partie supérieure, et qu'un épais
manteau d'argile niuge a pu s'y conserver. Cette forma-
tion, qui est ici, comme au d6me de Tiebaghi et dans
nombre d'autres régions k cobalt, toute parsemée de blocs
et de grains ferrugineux, renferme aussi d'assez nom-
breuse» traînées de minerai de cobalt; elle est partagée
entre les périmètres de 14 concessions, couvrant une su-
perficie de 900 hectares environ, dont plusieurs avaient
été sollicitées en vue de l'exploitation du nickel. Il sub-
O Voir tuprà, p. 56.
bï Google
"256 BICHBSSBB UtNÉRALBS DE LA NOavBLLB-CALBOONDI
siate tl'ailteure encore, dans les valloDB à pente assez
raide qui descendent vers la mer, des travaux souterrains
entrepris autrefois par les premiers exploitauta anglais
du nickel, pour suivre des filonoets d'hydrositicate vert.
Aujourd'hui il n'est plus fait de travaux que dans les
argiles rouges pour la recherche du minerai de cobalt; Us
appartiennent tous à la même entreprise et se développent
sur trois d'entre les concessicns existantes : ils occu-
paient, au moment de notre visite, une quarantaioe
d'ouvriers, et n'avaient pas produit, dans tes mois qui tmt
précédé notre passage, moins de 50 à 60 tonnes par
mois do minerai lavé, dont la teneur en oxyde de cobalt
variait de i à 4 1/2 p. 100, et qui était assez fortement
chaîné en manganèse.
Les types de minerais que l'on rencontre ici et leur
mode d'occurrence ne présentent de vraiment spécial que
leur association très nette avec d'importantes formations
siliceuses : l'exploitant a d'ailleurs remarqué depuis long-
temps que la présence dos formations siliceuses est un
bon indice de la proximité du cobalt; ces formations, qui
affectent une disposition en bancs parfois bien nets, se
présentent tantôt eu plaquettes légèrement jaunâtres à
grain très an, et tantôt en masses vacuolaires à structure
plus ou moins cellulaire où l'on croirait par places distin-
guer les moules de petites coquilles ou des empreintes de
débris végétaux ; nous n'en avons cependant nulle part
trouvé la trace d'une façon certaine. Cette association du
minerai de cobalt k des formations siliceuses, qui ont très
certainement été déposées par l'eau, et vraisemblablematit
au fond de lacs ou de Inares, nous parait fournir une
.raison de plus de considérer les concrétions cobaltîfères
qui les accompagnent comme ayant été déposées en
.même temps par des eaux qui avaient dissous le cobalt et
le manganèse des massifs de péridotite voisins. Nous
aurons d'ailleurs à signaler cette même association à
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 257
•Pembv et à Briiidy; nous l'avons également observée à
la mine Fanfare dans la vallée de la Téné près de Bourail,
oU les traînées cobaltifères suivent exactement un lit de
sable silice 11 ï assez régulier.
A Pemhif, dans la presqu'île qui sépare les baies de
Canala et de Kouaoua, le cobalt se rencontre snr la large
crête qui s'étale, à une altitude variant entre 500 et
600 mètres, au-dessus des pentes raides qui descendent
d'un côté sur la mer et de l'autre sur les ravins de la
rivière Karoupa. La presqu'île est tout entière consti-
tuée parune péridotite àenstatite, légèrement altérée, de
couleur vert foncé, qui no se montre, ni à l'œil nu, ni à
l'examen microscopique, ni à l'analyse chimique, différente
de plusieurs des roches associées aux gisements de nickel
voisins de Tliio et de Canala; d'ailleurs le nickel existe
en petite proportion dans la roche elle-même et a été
signalé sous forme de minerai à faible teneur en différents
points du massif; la roche est d'autre part chargée de
traces particulièrement sensibles de manganèse. Mais ici
c'est le cobalt qui s'est concentré , plus que le nickel , à la
faveur sans doute des conditions qui ont permis l'accumu-
lation snr la large crête que nous venons de définir d'im-
portants dép6ts d'argile rouge. Sur toute l'étendue de
ces dépôts sont disséminés des rognons cobaltifères, qui
avaient fait autrefois l'objet de travaux irréguliers et
sans suite. La Société le Nickel, à laquelle le gisement est
concédé, y a ouvert, en 1901, des travaux auxquels elle a
donné un certain développement et qu'elle a poussés plutôt
en vue de chercher à reconnaître s'il s'y trouve des
masses importantes et continues de minerai, que d'enlever
immédiatement, comme on le fait trop souvent, les petites
quantités de cobalt rencontrées auprès de la surface,
quitte à s'interdire ou à peu près l'accès jusqu'à celles
qui pourraient exister plus profondément enfoncées dans
bï Google
258 RICHESSES MméRALES DE LA KOUVBLLB-CALÂDONIE
la masse de l'argrile ronge. Ces travaux n'ont d'ailleurs-
pas complètement répondu au but poorsuiTi, et la plupart
des chantiers ouverts au moment de notre passage oo
rencontraient guère que des traînées irréguUères d»
petites concrétions fortement chargées en manganèse et
d'une richesse très moyenne en cobalt. Néanmoins, en on
point, on suivait une formation qui présentait assez nette-
ment l'allure d'un dépôt de fond de lac : c'était une
lentille relativement régulière, faiblement inclinée sur
l'horizontale, se développant sur plusieurs dizaines de
mètres en toutes directions dans une sorte de large
cavité encaissée entre des têtes de roche en place, et
venant mourir en s'efftiant au voisinage de ces serpen-
tines; la puissance de la formation variait de 40 centi-
mètres à 1 mètre, constituée par des grenailles et des
rognons enrobés .dans l'argile, en proportion d'ailleurs
assez variable d'un point à un antre.
L'association du cobalt et des ddpdts siliceux que nous
avons déjà signalée d'une façon très nette pour le gise-
ment de la baie de Râ, est aussi frappante en plusieurs
points du gisement de Pemby; c'est ainsi qu'au fond
d'un petit puits de 10 mètres de pnrfondeur on a
rencontré le cobalt en enduits entre des dépôts opalins
et une formation siliceuse très spéciale se développant au
contact même de la péridotite en roche : cette formation,
de couleur jaune brun clair, comprend d'une part des
zones de calcédoine de teintes jaunes variées, et d'autre
part une certaine épaisseur de silex dur, d'une couleur
brune plus foncée, qui se montre entièrement constitué
de petits grains qiiartzeux colorés et cimentés par des
enduits ferrugineux.
Comme nous l'avons dit, les travaux de Pemby ont
plutôt constitué jusqu'ici des recherches qu'une exploita-
tion; on n'en avaitencore extrait au moment de notre passage
qu'un petit nombre détonnes d'im minerai dont la teneur
bï Google
UINKRAIâ ASSOCIÉS A LA FORICATION DRS SKKPKNTINES '4^
en cobalt n'étsit pas très élevée et oii le maDgaoèse était
particulièremeat abondant.
Le cobalt est assez activement exploité en une série de
points de la région Sud de la c6te Est de l'Ile, et en par-
ticulier sur te plateau accidenté ({iii domine le rivage de
la mer au-dessus de Brindy, entre les rivières M'ba et
Codiboui; ce massif , dont les pentes vers la mer sont
fort raides, s'abaisse d'une façon beaucoup moins rapide
vers le Sud. 11 s'y développe de puissants amas d'agile
rouge qui viennent s'associer, dans le lit de la rivière
Koua-Samy, à des formations superficielles d'un carac-
tère tout différent, beaucoup moins colorées et moins
riches en sesquioxyde de fer; ces formations, dont nous
avons déjà fait mention, proviennent de la décomposition
des granités qui afSeurent, à S kilomètres plus à l'Ouest,
sur l'autre versant du bassin de ladite rivière, pour for-
mer les sommets du (îraud et du Petit Koum.
Le cobalt se rencontre sur les pentes Nord du plateau,
lorsque l'argile rouge s'y rencontre elle-même, ainsi que
sur la région culminante, dans des conditions très sem-
blables à celles.qnc nous avons déjà signalées ; il apparaît
également sur les pentes Sud et Ouest dans les forma-
tions siiperficioUes spéciales dont nous venons de parier.
Ceiles-ci recouvrent encore par places dos roches ser-
pentineuses de type normal, mais en d'autres points elles
laissent voir des tctes de granité décomposé qui semlilent
être en place ; elles paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
constituées elles-mêmes uniquement par des produits de
décomposition des serpentines, et se trouvent mélangée-f
de produits d'origine granitique ; l'ensemble de la forma-
tion n'est plus, en etfcl, rouge foncé, mais jaune orangé
plus ou moins clair, et parait par places renfermer des
produits voisins du kaolin; la silice y est abondante, non
plus en lits séparés comme ceux que nous avons signalés
bïGoogIc -^
260 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
à la baie de Bà par exemple, mais sous forme de quartz
répandu à peu près uniforménient dans la masse; enfin,
comme nous l'avons dit, on trouve au milieu de cette for-
mation de nombreux blocs de roches roses ou blanches,
montrant quartz feldspath et mica altérés, et silloimces
de âlonnets de quartz hyalin cristallisé, blocs parmi les-
quels quelques-uns semblent être en place. Le cobalt se
présente ici sous la forme de ses minerais ordinaires, gre-
nailles plus ou moins ferrugineuses et plaquettes siliceuses
à enduits cobaltifëres, mais il est à faible teneur sans
que le manganèse y soit abondant, le fer et la silice
y sont au contraire dominants. Du côté Nord, dans les
argiles rouges, nous avons noté la présence de minerais
en rognons au voisinage immédiat des serpentines, dont
nous avons trouvé plusieurs tètes siliciAées et enduites
de cobalt : ces dernières se présentent un peu sous l'as-
pect d'une de ces serpentines décomposées, cloisonnées,
que nous avons décrites, c'est-à-dire qu'elles ont un sque-
lette quartzeuï formant un réseau plus ou moins régulier
avec remplissage de roche altérée ; mais ici ce remplis-
sage altéré, au lieu d'être constitué par des produits ser-
pentineux envahissant toute la masse des anciens cristaux
de péridot, consiste uniquement en dépAts siliceux cobal-
tifëres qui semblent avoir épigénisé pour ainsi dire les
produits serpcntineux, sans cependant donner à l'ensemble
la cohésion de véritables roches siliciGées, et en formant
un minerai friable difficile à laver.
Des quatre exploitations que nous avons visitées sur ce
massif, nous n'avons rien de spécial à mentionner : elles
comportent de petits travaux de glanage qui, en plusieurs
points, ne font que rechercher ce qui a été laissé autrefois
à une époque où la valeur du minerai ne permettait
d'exploiter que des amas notablement plus riches que
ceux que l'on peut utiliser aujourd'hui.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 261
Les rivages de la àaie du Sud et des différentes baies
secondaires qui l'entourent, baie de la Somme, baie du
Carénage, Bonne-Anse, Port-Boisé, etc. (Voir la fig. 3 de
la PI. IV), sont entourés de dépôts d'argile rouge dans
lesquels les rognons cobaltifères ont été signalés dès
assez longtemps ; ils sont exploités par une trentaine d'ou-
Triers, dont la production annuelle peut varier de 150 à
200 tonnes ; nous avons visité ceux de ces travaux qui se
poursuivaient au moment de notre passage à l'entrée de
la baie du Carénage. Là les dépéta d'argile rouge sur la
péridotite sont généralement d'une faible épaisseur et
peu continus; ils forment souvent des cuvettes isolées de
dimensions restreintes au fond desquelles on rencontre
des traînées de rognons de minerai ou des terres bru-
nâtres contenant des grains fins cobaltifères ; dans l'en-
semble CCS formations suivent à peu près les irrégulari-
tés de la surface de la roche. Le croquis reproduit par la
/tg. 4 de la PI. IV, et que nous avons relevé dans une des
tranchées que nous avons visitées, donne une idée assez
nette de l'allure de ces gisements ; en pareil cas c'est à
ciel ouvert que se fait l'extraction, et l'on poursuit l'enlè-
vement du manteau argileux qui recouvre la roche en
place tant que la quantité de minerai trouvée est suffi-
sante. Quelquefois on fait une première reconnaissance à
l'aide d'une petite galerie souterraine, mais l'exploitation
a toujours lieu à une profondeur assez faible pour faire
préférer les travaux à ciel ouvert. On découvre ainsi des
tètes de péridotite altérée très semblables à celles qui se
montrent naturellement a» jour en d'autres points. Là en
particulier nous avons pu observer très nettement que ces
roches ne contiennent pas elle-mônies de dépôts cobalti-
fères et ne sont recouvertes d'aucun enduit métallifère ;
nous n'avons d'ailleurs pas connaissance que pareille
observation y ait jamais été faite.
Le minerai extrait des travaux épars sur les différents
bï Google
282 KICtmssKS STVKKALB DB la WtrrEIXB-CALSOOSK
promoDUwes tpà enuinrvat 1> bae. fart déeoapèe. est des-
«'«■da an bord île feaii, p énêraleacnt i do* li'hniiiT : il
est coodiiit en enibareatm jisqa'*ii petit aidiar de
lavage étaMi â l>mboackH« d'ai rnsMars. pois 0 est
«mmené de mèae à Proar, d'ut 3 est expédié.
LeK mgBons que Vtm rsamitre ki Mmt d'm raractèf*
très nettenMOt métalliqne. aseez foords. briOants. rides
en fer, et souillés seal^meet de débris argiieni toiles i
éUminer par le tarage : ils foomisneet des niaerais k5H
A p. 100 ; te< terres eobaltiières. oatarrilenienl jdtn
pativres. w>i)t difficiles h laver et prodoiseiil des imiterais
moins ri^'hes : néamnoÏDs. lorsque l'on a eoleré la coorw-
tnre d'at^le stérile sous laqneHe elles se trouvwt, on a
tout intérêt à les exploiter areo le reste.
C. — CoSDmOSS ÉCONOMIQCKS DE l'kXPLOITATIOS
DC COBALT.
Nous avons assez twiarent nentiooité dans ce qvi pr^
rède rirrégolnrité avec laquelle se présentent les gise-
ments de cottalt, tant an point de Tue de la continuité des
différentes traînées de minerai que de la paissance et de
la riirhesse Ac ces traînées, et qne de la tenevr du mine-
rai même, ponr qu'il ne noas soit pas nécessaire d*insia-
ter longtemps «nir l'imiiossibilité qu'il y a. k donner des
chiffres prériM snr tes conditions économiques générales de
l'exploitation du coha.lt. En un point d'un gisement le
miiienii est exploité à ciel ouvert au fond de tranchées
pou prfifondes ; à côlé il doit i^tre recherché à plusiears
mêtrps Kons terre, et il faut pratiquer des ptiits et des
paieries d'exploitation et d'assèchement, prwiéder à oa
hoisagc plus nu moins seiré, remonter le minerai par des
tienilii, etc. Dans un chantier on poursuit péniblement par
d'aussi petits boyaux que possible une trainée de simples
bï Google
KmERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATIOH DES SBHKENTlNtS 263
Togooas de minerai isolée, et dans le chantier voisin on
travaille dans un amas de booles on de grenailles cobal-
tifëres puissant de plasiears décimètrea, quelquefois même
de plusieurs mètres. LÀ, le minerai, chargé en manga-
nèse, est pauvre en cobalt, et an lavage soigneux n'arrive
-qu'avec peine à le porter à la teneur de 4 p. 100 en
ox^de de cobajt aa-dessotis de laquelle il est diiticile-
ment vendable ; ici, au otnitraire, les tenenrs atteignent
■couramioeilt 5 à 6p. 100 et même 7 p. 100.
Mais, si la nature des gisements dans lesquels se pour-
:snivent les travaux est très variée, les conditions dans
le.'<4]uelles ils ont lieq le sont moins à an autre point de
vue : elles sont, d'une façon générale, aussi peu satisfai-
santes que possible à tous égards. La sécurité des
■ouvriers y est assurée d'une façon fort imparfaite, en
raison de l'inexpérience tant des exploitants que de leurs
ouvriers, dont aucun ne sait ce que sont les travaux de
mines : boisage souvent insuffisamment robuste ou trop
■espacé, et toujours mal assemblé et très imparfaitement
-agencé pour résister à la pression des terrains qu'il est
•destiné à soutenir; travaux conduits au voisinage les
uns des autres sans aucune coordination et sans adopter
les précautions les plus élémentaires lorsqu'ils se rap-
prochent, circonstance que Ton ignore même souvent par
suite dn manque de toute espère de [dans, ou même de
■croquis, des travaux ; absence totale d'aérage, si bien que
■dans certains chantiers, poursuivis à l'extrémité de
longues galeries étroites et tortueuses, la lumière refuse
-de briller et l'ouvrier travaille dans une obscurité à peu
près absolue ; tels sont quelques-uns des graves défauts
■que nous avons relevés dans la conduite de ces travaux.
Le souci de la bonne utilisation du gîte n'intervient géné-
ralement pas plus que celui de la sécurité du personnel,
■et cela d'autant plus que la très grande majorité des
mines sont abandonnées par les concessionnaires à des
bï Google
264 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE
0 contractants », amodiataires à court baU ou même
sans aucun bail, qui viennent exploiter sur telle ou telle
mine ce qu'ils pouiroot en extraire au meilleur compte
possible, sans aucune espèce de souci du lendemain ;
beaucoup de concessionnaires, qui ont acquis différentes
mines en différents points de la colonie et qui ne les
exploitent pas, assurent d'ailleurs qu'ils ne peuvent guère
faire autrement que de consentir de semblables amodia-
tions, car, s'ils s'y refusaient, ils n'auraient aucun moyen
d'empêcher le premier venu de s'installer sur leurs con-
cessions et de les exploiter à sa guise. Il suffit d'avoir
parcouru la colonie pour se rendre compte que de sem-
blables craintes sont assez justifiées.
Dès lors la règle à peu près constante de l'exploitation
du cobalt est, après avoir ouvert une galerie ou une
tranchée de recherches, de battre au large dans la pre-
mière traînée de minerai rencontrée, et cela jusqu'à ce
que le vide réalisé amène l'éboulemeut des travaux,
- interdisant ainsi l'exploration de ce qui pourrait sub-
sister plus profondément enfoncé dans la formation
argileuse encaissante ; les gisements se trouvent donc
véritablement criblés de petites galeries, qui ont plus OQ
moins bien exploré le voisinage immédiat de la surface,
mais qui laissent complètement inconnues et à peu près
inaccessibles les régions plus profondes. Ainsi exploi-
tait-on déjà il y a vingt ans, et plusieurs des exploitations
actuelles glanent péniblement dans d'anciennes mines des
minerais qui eussent été aisés à prendre dans le gisement
vierge ; cela n'empêche pas d'ailleurs les nouveaux venus
de procéder encore aujourd'hui de la même façon. C'est
là une situation des plus fâcheuses, nous ne saurions
trop le dire, car parmi les gisements de cobalt très
nombreux, nous l'avons fait ressortir, qui jalonnent toute
la longueur de la colonie, plusieurs ont été déjà, sinon
entièrement exploités, du moins pratiquement épuisés,
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DE3 SERPENTINES 265
beaucoup sont aujourd'hui en exploitation dans des con-
ditions h peine moins déplorables, et le nombre de ceux
qui restent encore vierges pour l'avenir risque de dimi-
nuer de la sorte bien promptement.
Une fois abattu et extrait, le minerai doit presque
toujours être lavé, tantôt parce que cela est indispen-
sable pour le rendre marchand, d'autres fois parce que
l'augmentation de teneuret l'augmentation, plus que pro-
portionnelle, du prix de vente qui en résulte, rendent ré-
munérateur le lavage même de minerais tenant déjà plus
de 4 p. 100 d'oxyde de cobalt. Il n'y a donc pratiquement
pas une exploitation qui ne soit pourvue d'un lavoir ; celui-
ci est établi en un point oU l'on dispose de l'eau nécessaire,
c'est-à-dire presque toujours au pied de la montagne.
Du chantier au lavoir, le minerai brut est descendu,
après ensachage, par le moyen des c&bles à crochets,
c&bles à roulettes, ou plans inctinés aériens, que nous
avons déjà fait connaître; les deux premiers moyens, d'un
moindre débit, mais moins coûteux comme installation
que les plans aériens, sont bien plus souvent préférés que
pour le nickel, en raison des faibles tonnages qu'ils sont
généralement destinés à transporter; nous n'avons rien à
ajouter ici à ce que nous avons dit déjà au sujet de ces
moyens de. transport.
Nous fournirons au contraire quelques détails généraux
sur le lavage du minerai, qui est pratiqué partout de la
même manière ou à peu près.
Le minerai est d'abord finement concassé ; cette opé-
ration n'est pas sans être assez délicate : il est néces-
saire que les fragments soient assez petits, soit pour dé-
gager les matières argileuses qui salissent les rognons de
minerai, soit pour séparer les enduits cobaltifères d'une
partie du stérile qu'ils recouvrent; mais, surtout dans le cas
de minerais quartzeux, les concrétions cobaltifères sont sou-
bï Google
266 EICBBSSCa UUiiatALBS D& la MOnVSLLB-CALBDONIB
vent disposées en écailles successives très mioces, qa'Û
convient d'éviter autant que possible de sépaTO* les
unes des autres, afin qu'elles ne soient pas tropais^n^t
entraînées par les eaux. Ce travail de cassage se Eut tou-
joui-s à la main, et généralement à l'aide d'instnimeats
en bois afin que leur choc soit plus doux ; il a li«i sra-une
aire constituée par une pUqiie de t6le afin d'éviter cpe
le minerai ne vienne à être sali par la terre. C'est ua tn-
vail minutieux dont dépend le succès du lavage ; aussi,
surtout pour des minerais quartzeuz, est-il parfois tait ea
-deux fois. Le minerai est d'abord mis à sécher an aol«l
s'il est humide, car sans cela il s'agglutinerait sons le
choc, puis il subit un premier cassage à la main, fait à
l'aide de petits maillets en bois par l'ouvrir* qui «xamuie
un à un chaque fragment, et élimine le stérile tout conme
lorsque l'on procède au scheidage des minerais méial-
liques usuels; ensuite les fragments ainsi cassés soot ré-
duits à une grosseur variant généralement de 2 à 4 nil-
limètres k l'aide d'une dame en bois assez lourde. D'aulres
fois le cassage a lien en une seule opération, tantAt uni-
qucrocnt au maiUet, tantôt à la dame seulement ; qiie^
^uefois on termine par un criblage afin d'éviter l'envoi
;iu lavage de trop gros fragments.
Le lavage a partout lieu à main d'boiome, k l'aide de
la pelle ; il se fait dans une auge en bms de 2 mètres de
long sur 1 mètre de large, dont le fond est généraleoient
horizontal, et dont la profondeur est d'une vingtaine de
centimètreH, L'une des extrémités de l'auge est en rela-
tion, par un petit canal ou une rigole en bois, avec un
ruisseau assurant l'écoulement des eaux. L'eau claire est
débitée à l'extrémité d'amont au moyen de trous prati-
qués dans la paroi de l'auge, et que l'on peut obstruer
par des chevilles en Itois ; elle s'évacue à l'aval générale-
ment par trop-plein, afin d'éviter qu'elle n'entraîne autre
■chose que des matières légères eu suspension. La lavée,
bï Google
VINBIUIS A^Odis À. LA FORHÀTION DBS S&RPENTINBS S67
■4)ui est de 200 à 30O kilogrammes, qnelquefcùs même <la-
vaDtage, suivant la qualité du minerai, est introduite en
une fois dans l'auge; elle est d'abord remuée à la pelle
'dans l'eau donnante on dans ud faible coorant, puis,
kir8<)ue les matières légères commencent à être l»en sé-
parées, on aufpiieDte l'intensité du courant en continuant
À retonrner le minerai pour le ramener sans cesse dans
ie courant d'eau auquel il doit abandonna* les matières
terreuses, argileuses et siliceuses. L'opératicm est ter-
minée lorsque l'ean s'écoule à peu près rJaire, elle dure
de nn à trois quarte d'heure suivant la nature, argileuse
<m sableuse, des gangnes. Le minerai restant an fond de
l'auge, qui était au début fortement souillé de poudres et
«DdaitsBilic«nx jaunes, ou argileux rouges, en sortd'un noir
blenté assez franc ; il est séché, puis ensaché, et expédié.
Qoelquefms le lavage a lieu, pour des minerais parti-
-CB&remeot impurs et terreux, en deux fois, se divisant
ea un dégrossissage avec de l'eau déjà sale et un finis-
sage à l'ean claire; c'est ce que l'on fait en particulier
lorsque l'on manque d'ean, ce qui n'est pas sans exemple.
<k consomme, en effet, dans une semblable opéraUon,
une quantité d'eau considérable, soit à peu près 500 litres
à la minute par lavoir ; et l'on est parfois obligé d'établir
sur tes ruisseaux dont on dispose de petits barrages et
■•les réservoirs, dont l'exécution dans l'argile rouge imper-
méable est d'ailleurs facile.
Qsant au rendement industriel d'une semblable opéra-
tion, il est assez difficile à apprécier, d'autant plus que les
fliinerais sont constamment variables comme sature et
•comme teneur ; d'ailleurs aucun exploitant ne parait s'en
^«cnper et aucun d'entre eux n'a pu nous donner une
éraination de la teneur des parties dites stériles entraî-
nées par les eaux ; elle est certainement assez considé-
rable. Nous devons ceprindant signaler ici l'habitude, qui
«ommence à se répandre dans quelques mines, de diriger
bï Google
268 RICHESSES WKBRALES DE LA NOCrBLLB-CALBDOXtB
l'exploiution, et aussi parrois le travail de lavage, à l'aide
d'analvses colorimëtriqaes, 1res aisées à faire, ei qui per-
mettent avec de l'habitude d'apprécier à 1 / iO p. 100 près
la teneur des minerais de cobalt, dont l'appareuce estsoa-
vent très trompeuse même pour les gens les plus exercés.
On s'accorde généralement à dire que, sauf dans le cas
de minerais particulièrement riches on particulièrement
pauvres, le rendement au lavage est à peu près de ub
cinquièrae à un sixième en volume, c'est-à-dire qu'il faut
cinq à six sacs de minerai bnit pour eu faire un de minerai
lavé ; cela correspond à un rendement en poids de un
pour trois ou de un pour deux et demi, le poids des sacs
bruts, incomplètement remplis, et contenant beaucoup de
sti'rile, variant de i^ à 30 kilogrammes, tandis que celui
des sacs, bien remplis et cousus, de minerai lavé est d'une
cinquantaine. Les teneurs sont trop variables d'un cas i
l'autre, et souvent d'un jour à l'autre, pour qu'il soit pos-
sible de donner des chiffres ayant une réelle valeur ; ce-
pendant, on peut dire qu'on amène couramment des mine-
rais bruts à 2 l/~ P- *00 et 3 p. 100 d'oxyde à eu tenir
4 p. tOO ou légèrement plus; lorsqu'on lave des mine-
rais à 4 p. 100 ou au voisinage, ils rendent généralement
du rainerai à 6 p. 100. U semble donc qu'on puisse ad-
mettre que le lavage augmente généralement la teneur
dans le rapport de 1 à 1 1/2, 1 3/4 ou au maximum 2, tan-
dis que la réduction de poids varie de 2 1 /2 à 3 ; il y a
donc une perte en cobalt qui atteint parfois jusqu'à la
moitié de ce qui était contenu dans le minerai brut.
Dans les petites exploitations, la laverie occupe géné-
ralement deux ou trois hommes, quelquefois d'une façon
intermittente ; une telle équipe peut laver par journée
2 à 3 tonnes de minerai brut, et par suite en produire
k peine 1 de minerai lavé. Pour des exploitations plus
importantes le personnel qu'exige le lavage est natu-
rellement beaucoup plus nombreux ; c'est ainsi que, sur
bï Google
MISERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES 269
une mine qui produisait par jour au moment de notre
passage une quinzaine de tounes de minerai brut, soit
4 à 5 tonnes de minerai lavé, on avait installé trois auges
de lavage, dont l'une de dégrossissage alimentée par de
l'eau sale, et les deux autres fonctionnant à l'eau claire
pour terminer le lavage ; trois laveurs assuraient le ser-
vice de ceslavoirs, deux blancs aidésde deux. Canaques cab-
sajent le rainerai le criblaient et l'entassaient, trois blancs
et deux Canaques en assuraient l'enlèvement après lavage
et l'ensachage ; soit un personnel total de douze hommes.
Une partie d'entre eux étaient payés à la journée, les
autres à prix fait : les laveurs recevaient 12 francs par
tonne de minerai lavé sec, les casseurs 8 francs par mètre
cube cassé et criblé,
On peut se demander s'il n'y aurait pas un intérêt con-
sidérable à substituer à cette opération, onéreuse comme
main-d'œuvre, et peu satisfaisante comme rendement, le
lavage mécanique, qui réussit si bien pour les autres mi-
nerais métalliques.' Cela n'a jamais été tenté, en partie à
cause du peu d'initiative et d'instruction des mineurs en
général, et en particulier des mineurs qui exploitent le
cobalt d'une façon si souvent éphémère. Néanmoins la
qualité très variable du minerai à traiter et les difficultés
spéciales résultant de la tendance des concrétions cobal-
tifêres minces à surnager malgré leur densité, rendraient
peut-être bien le réglage d'une laverie mécanique très
difficile ; et l'opération faite à la main, qui, bien que cob-
tant une dizaine de francs par tonne de minerai lavé,
n'est pas une charge excessive pour un produit qui vaut
plusieurs centaines de francs, doit à notre avis être re-
gardée vAymme répondant assez bien aux conditions spé-
ciales de l'exploitation du cobalt.
Les prix de revient que comportent de semblables
exploitations sont naturellement très variables, suivant
bï Google
'^70 RICHESSES MINÉRALES DE LA nOUVBLLB-CALÉDOEtnt
que l'on n'exploite que les m«illeurea portions du gltew
(les portions un peu moins favorables , aussi dépen<teat-il»
sortout des cours dn minerai, chacun* condutaant ses
exploitation de manière à conserver entre son prii de
revient et le prix de vente nne mar^e suffisante.
D'après les renseignements qui boos ont été donnés, et
que nous avons pu partiellement v^riSo', le prii de
revient moyen d'une exploitation importante se décoio-
poseraît à peu près comme suit par tonne de mmeni
lavé :
Abalage 13 (Miii|»upr*« 5*.(»p«ci«mi«it
Transport, manutention et ea-
sachagR du minerai sur la
mine iO l<«llprupr*i13".33pvloiiDebnUi
I Main-d'œuvre 101
Matières prcmièrea (
,, . , ' _ , MilipBiprtt 6^68|»^lonM^Illl^i
(frais «le transport i
jusqu'à la mine).. 10)
Uesceiite du laioerai île lamiue
CoucQSsuK'' <:t criblage T.
I.aragp 12
Kusachage 3
Dépense rl'aclial île sacs 8
Charroi jusqu'au bord de la
Clialnndage 3
Transport à ^numéa 10
Suneillance 10
Total 141
Pour une petite exploitation, occupant seulement
quelques ouvrions, le prix de revient salaires attei-
gnait 140 à ir)0 francs par tonne, et l'exploitant estimait,
qu'à partir d'un prix de vente de 2LXJ francs, le rem-
boursement de ses quelques dépenses de founiitiuïs,
l'amortissement des installations très précaires qnil
bï Google
MINERAIS ABSOCIÉS A LA FORMATION DES SBRPBNTINES 27t
avait faites, et une rémunération suffisante de sa peine,
lui étaient assurés.
Les chiffres relatifs aussi bien à la première de ces
exploitations qu'à la deuxième doivent d'ailleurs, comme
toujours, être diminués de 30 à 50 p. 100 en ce qui con-
cerne les salaires, pour tenir compte de la ret«iue
détournée faite sur eux par l'exploitant au moyen de la
vente aux ouvriers de tous objets de consommation,
comme nous l'indiquerons en détail à la fin du présent
rapport.
Mentionnons enfin qu'au moment de notre séjour dans
la colonie, et à la favetir des cours élevés du cobalt, dos
groupes do ileni ou trois libérés prenaient souvent au
contrat à court terme l'exploitation df telle ou telle
mine ou de telle ou telle portion de mine moyennant un
prix global de SOO francs par tonne de minerai à 4 p. 100
(et avec augmentation de 6 francs par dixième d'unité
en plus) livrée, lavée s'il y avait lieu, au pieil de la mine ;
le matériel, cfihles, outils, sacs, etc., leiu- était fourni
par le concessionnaire, mais ils étaient presque toujours
payés ïK)ur une large part en vivres et boissons, sur
lesquels le concessionnaire faisait les bénéfices que nous
avons dits.
D. — Prix de vente. — Emplois et débouchés
DES MINERAIS DE COBALT.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le minerai de
cobalt rendn à Nouméa est couramment acheté à la
teneur de 4 p. 100 de protoxyde de cobalt fsoit
3,15 p. 100 de cobalt métallique) pour le minerai sec.
Lorsque la teneur dépasse ce chiffre, le prix bénéficie
d'une augmentation plus que proportionnelle, tandis qu'il
bï Google
273 RICHESSES MINÉRALES DE LA 1«0€TBLLE-CALÉD0NIB
subit une diminution très importante si la teneur s'abaisse
au-dessous de 4 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, les prix
pratiqués étaient les suivants :
Minerai à 4 p. 100 330 fr. la lonoe
Les minerais à 3 p. 100 et 3 1/3 p. 100 étaient
respectivement payés à raison de. 14B fr. et 195 tv. In Ioddg
avec plus-value de 0'',60 par chaque centième
d'unité en plus desdites teneurs.
De ( p. 100 à 5 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 4 p. 100 était payé à raison de. . 0'%fiO
I)e S p. 100 I» 6 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 5 p. 100 était payé à raison de. . 0",00
De 6 p. 100 à 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 6 p. 100 était payé k raison de. . . l'',00
A partir de 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 7 p. 100 était payé k raison de. . 1",50
Ce qui portail la tonne de minerai à 8 p. 100
au prix de 7S0 fr. la tonne
Ces cours élevés résultent d'ailleurs d'un accroisse-
ment très brusque des demandes depuis deux ans.
Tandis que, pendant de longues années jusqu'en 1890,
le minerai de cobalt à 4 p. 100 d'oxyde était acheta sur
la place do Nouméa à raison de 72',50 la tonne, son pris
s'élevait entre 1892 et 1894 jusqu'à 80 francs, il attei-
gnait 100 francs en 1897, et oscillait jusqu'au débnt
de 1900 entre 92' ,50 et 100 francs ; puis en dix-huit mois
son prix doublait; enfin, du mois de juin 1901 au mois de
mai 1902, chaque marché, ou peu s'en faut, a marqué
une augmentation de prix de quelques francs sur le pré-
cédent, si bien que les cours étaient, au mitien de 1902,
eeux que nous venons d'indiquer.
Ces variations des cours ne semblent nullement dues k
une hausse passagère de la valeur du cobalt en Europe,
valeur qui parait au contraire être restée k peu près
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION' DES SERPENTINES 373
constante, mais beaucoup plutôt à ce fait qu'au début
les acheteurs de minerai de cobalt en Nouvelle-Calédo-
nie réalisaient des bénéfices considérables, et que l'im-
portance de ces bénéflces les a amenés peu à peu à se
faire une active concurrence et à faire ainsi monter les
prix. La valeur du protoxyde de cobalt pur varie en effet
en Europe, depuis plusieurs années, entre 20 et 25 francs
le kilogramme (il valait en dernier lieu 23 francs d'après
les renseignements que nous avons obtenus) ; dans ces
conditions une tonne de minerai contenant 4 p. 100 de
protoxyde à sec, et qui tient généralement 20 p. 100
d'humidité, renfermerait 32 kilogrammes d'oxjde, et en
fournirait, après un traitement qui comporte une perte
maxinia de 15 p. 100 du cobalt contenu, 27 kilogrammes,
valant de 540 à 675 francs, ou, en prenant la valeur de
23 francs le kilogramme, 621 francs. D'autre part, le prix
de revient de cet oxjdc pourrait être estimé ainsi :
Prix d'aciial île In tonne à Nouméa 330
Frais d'embarquement 5
Fret et assurances 3S
Frais de débarquement et de transport à l'usine
{Tariablesl, environ 5
Frais de première fusion SS
Frais d'aliinage (rapportés h la tonne de minerai
brut) 60
Total *60
Cela laisse encore une large marge de bénéfice à l'im-
portateur.
Mais les débouchés du cobalt étant, comme nobs le
ferons connaître ci-dessous, très restreints, et la hausse
des prix ayant fait augmenter beaucoup la production, qui
au cours de l'année 1902 a atteint presque le triple de
celle de l'année 1901, on doit craindre que l'offre ne
=>Googlc
274 RICHESSES MINÉRALES DE 1^ NOUVBLLE-ÇALÈDOSIE
dépasse rapidement la demande et que les cours ue
viennent à s'abaisser de nouveau (*).
Cependant, l'oxyde de cobalt ayant des débouchés régu-
liers, quoique modestes comme quantité totale, au prii
que nous venons d'indiquer, il paraît vraisemblable que les
lours du minerai en Nouvelle-Calédonie doivent, non
sans subir encore des oscillations passagères, se maintenir,
sinon aux chiffres actueb, du moins à des chiffres lar-
gement rémunérateurs pour les exploitants, et doivent leur
permettre d'utiliser d'une façon durable et permanente
non seulement les amas particulièrement riches, mais
encore des gUes plus pauvres.
Le minerai de cobalt est aujourd'hui exporté uni-
quement à l'état cru : il a été autrefois, tout comme le
minerai de nickel, l'objet d'une tentative de traitement
sur place ; nous avons déjà mentionné les essais faits
entre I88U et 1884 k l'usine de la pointe Chaleix, soit
p<mr obtenir des mattcs de cobalt uniquement, soit pour
(ibtenir dos mattcs mixtes tenant à la fois nickel et
cobalt ; les premiers essais, qui étaient très justifiés du
moment que l'on avait installé une usine de fusion, ont
eu le même sort que ceux pour la fusion du nickel; les
seconds, qui consistaient à réunir les deux métaux dont
la nature avait commencé la séparation, paraissent peu
rationnels ; ils le seraient d'autant moins aujourd'hui que
le nickel doit pouvoir être produit par des opérations
luétallurgiques dont le prix de revient ne soit pas trop
élevé, et non pas ii la suite de séparations chimiques
délicatos et onéreuses. D'autre part, en 1891-1892, la
Société le Cul'alt avait fondé près de Nouméa une usine
destinée au traiteuiont des minerais pauvres do cobalt
par un procéilé assez complexe qui a, croyons-nous, subi
e lai'ge niesui'e d'après les
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DBS SERPENTINES 275
plusieurs variantes; on a, en particulier, essayé la fusion
des minerais de cobalt arec des pyrites cuivreuses comme
fondant pour obtenir des mattes riches à la fois ea cobalt
et en cuivre. Après avoir donné lieu à l'exportation de
quelque deux cents tonnes seulement de mattes, dont la
teneur aurait atteint jusqu'à 20 p. 100 de cobalt, et qui
auraient été d'une valeur de 3.500 francs la tonne, cette
tentative a échoué.
Sans vouloir condamner le principe de ces essais, qui
pourraient peut-être fitre repris utilement le jour où l'on
aurait monté dans la colonie une usine de fusion du
nickel, nous ferons remarquer que la fusion sur place est
beaucoup moins indiquée pour les minerais de cobalt que
pour ceux de nickel, pour diverses raisons. D'une part, le
minerai de richesse moyenne valant actuellement 6 fois
plus que le minerai de nickel, et étant destiné à valoir
vraisemblablement toujours an moins quatre ou cinq fois
plus, subit du fait des frais de transport en Europe une
charge relative beaucoup moins considérable. D'autre part,
il est susceptible d'un enrichissement par lavage, impar-
fait et d'uD faible rendement, nous le reconnaissons, mais
enfin cependant utile, que ne supporterait pas le minerai de
nickel. Enfin, la teneur à laquelle le cobalt est exporté est,
beaucoup plus que pour le nickel, voisine de la teneur à
laquelle les opérations métallurgiques deviennent d'un
rendement par trop faible; le traitement sur place per-
mettrait donc moins facilement l'abaissement de la teneur
limite du minerai.
Nous pensons donc que le minerai de cobalt sera encore
longtemps exporté brut en Europe ; et cela ne crée pas à
l'exploitation de ce minerai une charge qu'il serait
essentiel de voir disparaître à bref délai comme pour le
nickel.
La consommation du cobalt se réparfit par petites
quantités entre diverses industries dont la principale est
bï Google
27^ RICHGSSBS HINRBfALES DB LA NOUVKLLB-CALBDOMB
la poterie, oii la coloration blene qu'il tend k donner k ta
pftte est employée k compenser la teinte rouge que des
traces de fer lui communiquent trop souvent; fl sert
en outre k colorer la porcelaine et les émaux ', enfin il
fournit im grand nombre de matières colorantes variées.
Noos devons d'ailleurs mentionner ici qne les propriétés
da cobalt métallique paraissent fttre tout aussi remar-
quables, sinon plus, que celles du nickel, et que, s'il n'est
pas préféré À ce métal, c'est en raison de la dispro-
portion considérable (voisine de 1 k 10) qui existe entre
la valeur des deux métaux. Ces différents usages du
cobalt, qui absorbent annuellement environ 150à20U tonnes
d'oxyde, offrent des garanties de régularité telles qu'an
débouché semble assuré au minerai calédonien, jnsrtD'â
concurrence de 3 000 k 4 000 tennes par an, pour peu
qu'il conserve sur le marcIié le monopole à peu près
exclusif qu'il a aujourd'hui.
Si en effet ou consulte les statistiques publiées dans le
recueil TAf Minerai Indtistri/, que nous avons déjà mis
à contribution, on constate que la production desminerais
de cobalt, au cours des cinq dernières années, se serait
répartie comme suit entre lea différents pays du monde;
nous mentionnons, eu regard des tonnages, les valeurs snr
place, qui peuvent dtwiner une idée de la richesse des divers
minerais; il est bon d'ajouter qoe la valeur comptée pour
les minerais de Nouvelle-Calédonie est relativement beau-
coup trop faible, d'une part parce qu'ils subissent sur
place une dépréciation correspondant au fret josqu'en
Europe, et d'autre part parce que, comme nous l'avoiis
expliqué, ils ont été pendant fort longtemps vendus k un
prix très inférieur k leur véritable valeur. Sous réserve
de cette observation, voici les chiffres que noua avons
relevés :
bï Google
MIHBBAI8 ASSOCIÉS A LA VORHATJON DKS SEBPENTINBil 277
'-
t— p
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IMW
iKsrr
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39.750
10.000
SSï.:::::;:
'
5.05)
iil.HO
4.9»!
bsa.iM
Ï.i6i
«5.1(0
3.5f#
:«.1«7S
Î,8t4
ïîa.iio'
Ces totaux devraient 6tre aiigmentéa de qiK'Iqiiea tonnes
lie minerais complexes, extraits en difF6renls points de
l'Allemagne et de l'Autriche, et ayant produit un peu de
cobalt.
Comme on le voit, la Nouvelle-Calédonie n'a pratique-
ment anciin concurrent important pour la production du
cobalt, puisque pendant toutes ces dernières anuées elle
a fourni comme tonnage plus de 90 p. lOOdes minerais de
cobalt produits dans le monde entier, représentant comme
valeur environ 80 p. 100 du total, et cela d'après les chiffre»
ci-dessus qui, comme noua l'avons dit, sont relativement
beaucoup trop faibles pour la valeur des minerais de la
Nouvelle-Calédonie.
Nous opposerons à ces chiffres, beaucoup trop faibles,
ceux du 1" semestre 1902, aucoursduquel il aété exporté
2452 tonnes de minerai de cobalt représentant une valeur,
au cours du minerai à Nouméa, de 800.000 francs envi-
ron ; rappelons d'ailleurs qu'on ne peut guère espérer que
de tels chiffres se maintiennent complètement d'une fa^on
durable.
(*; Cliïffrea d'eïporli
bï Google
278 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODTBIXB-CALÉDOXtB
C'est donc un monopole presque absolu que détient
aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie pour la fourniture du
minerai de cobalt au monde entier. Les gisements de ce
minerai, quoique très capricieux, sont nombreux et
étendus ; aussi leur exploitation parait-elle devoir assurer,
pour bien des années encore, un chiffre d'affaires qui est
loin d'être négligeable. Mais, pour ne pas risquer de voir
cette branche de l'industrie minière décliner peu k peu
par suite du gaspillage des gîtes, il serait bien nécessaire
que l'exploitation en fût poursuivie d'une manière moins
imprévoyante.
bï Google
CHAPITRE II.
LE FER CHR0K£.
A. — Indications oënrrales et historiqies.
Le fer chromé se montre associé avec «ne constance
remarquable à la grande formation serpentineiise de la
Nouvelle-Calédonie : on le rencontre soit en' roclie dans
les péridotites fraîches ou plus ou moins complètement sei-
pentinisées, soit en grains séparés dans les argiles rouges
qui proviennent de leur décomposition. Nous n'avons pas
examiné au microscope une seule plaque mince de péri-
dotite ou de roche serpentineuse sans y apercevoir, inclus
dans la pâte, des cristaux ou des grains de fer chromé,
de même que noua n'avons pas analysé un seul fragment
de ces roches sans que la partie demeurée insoluble dans
les acides ne contint une quantité appréciable de fer
chromé, représentant généralement en poids plusieurs
millièmes. D'autre part, toutes les formations ferrugi-
neuses que nous avons désignées sous le nom d'argiles
rouges, qui doivent, comme nous l'avons indiqué, être
considérées comme un résidu de la décomposition des
péridotites, renferment une proportion notable {atteignant
parfois plusieurs centièmes) de grains de fer chromé, e1
les sables lourds des ruisseaux qui descendent des massifs
serpentineux sont très riches en fer chromé.
A ces deux modes d'occurrence normaux et constants
du fer chromé correspondent, lorsque des circonstances
spéciales en ont i>ermis la concentration m un même
zecbvGoogIc j
280 RICHESSES MINERALES DE LA KOCVELLB-CALEDONIE
point, deux types de gisements exploitables : les-gisc-
ments de fer chromé en roche ou primitifs, soit à l'état
de tilons, soit à l'état d'amas, et les gisements d'origine
détritique ou secondaires, désignés par l'expression usuelle
de « gisements de fer chromé d'alluvions ».
Dans les gisements ©n roche, le fftr chrr)mé apparail,.
tantôt en masses à cristallisation confuse et sans forme
extérieure nette, et tantôt en cristaux octaédriques pius
ou moins bien formés, disséminé dans une gangne sili-
catée. Dans la plupart des échantillons que nous avons-
rencontrés, qui provenaient, il est vrai, du voisinage des
affleurements, cette gangue paraissait amorphe et étaif-
conslituée par des silicates décomposés, alumineux et
magnésiens et légèrement ferrugineux ; au microscope elle
se montrait riche en produits serpentiaeux et talqueux.
Mais dans quelques échantillons, provenant les ufis de la
mine la Tchaux , les autres de la niine Joséphine à la baie
des Pirogues, cette gangue est constituée, tantôt par du
diallage parfois très frais et bien cristallisé, et tantôt pw
du péridot. Exceptionnellement on rencontre le fer chromé
massif sous forme d'un agrégat d'éléments on forme
d'écaillés, présentant un aspect presque apéculaire.
Dans les gisements d'origine détritique, il est le plus
souvent en fragments brisés, mais il est parfois sous-
forme d'octaèdres assez petits et plus ou moins intacts:
il se présente rarement en petits galets roulés. Dans ce^
derniers gisements, il est généralement recouvert d'un
léger enduit de rouille qui lui fait donner le nom de
H chrome rouge <i ; cet enduit parait être lo seid résidu de
la gangue qui était associée au minerai dans son gisement
primitif; le « chrome rouge » se trouve donc être très
pur, et le minerai connu sous ce uora est en conséquence
fort apprécié.
Avant d'entrer dans quelques détails au sujet des diffé-
rents gisements connus qui se rattachent à l'un ou à
bï Google
MIKERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES ^t
l'autre tlç ces deux type*., nous mentiomierons encore
que, le plus souvent, le fer chromé de la Nouvelle-Calé-
donie parait so rapprocher beaucoup de l'espèce minérale
que l'on appelle fer chromé ou cUromite, c'est-à-dire du
chroniite de fer Cr^O'FeO. qui doit contenir théorique-
ment 68 p. 100 de sesquioxyile de chrome; il ne parait
pas être mélangé ni à du fer ntagnétiqiie, ni à de la pico-
tite pauvre en chvonie, minéraux qu'on pourrait s'attendre
à rencontrer dans la formation serpentineuse, et qu'il
serait difficile de séparer du fer chromé, dont ils dimi-
nueraient beaucoup la teneur en sesquioxyde de chrome :
c'est ce que fait immédiatement supposer la facilité avec
laquelle on obtient, souvent sans lavage aucun, et d'autres
fois avec un lavage très sommaire, des produits courants
à 50 p. 100 ou même 55 p. 100 de sesquioxyde de chrome,
et quelquefois plus. C'est ce que confirment d'ailleurs nos
observations : les échantillons que nous avons recueillis
sur lus différente gisements que noua avons visités ne
contenaient pas de quantités notables de magnétîte, et
s'ils n'étaient pas tous constitués par de la cbromlte pure,
ils ne s'en éloignaient guère que par la substitutioB, par-
fois ea pro|>ortion importante, de magnésie au protoxyde
de fw pour s'associer au sesquioxyde de chrome, substi-
tution qui ne tendrait qu'A augmenter ta teneur du minerai
en clirooao; quelquefois cependant, une petite quantité de
sesquioxyde de chromo était remplacée par de l'alumine.
C'est' ainsi que deux échantillons provenant, l'un de la
mine Georges Pile à la baie Ngo (chrome d'alluvions), et
l'autre de la mine Auna-Madeleine à la baie du Sud
(chrome en i-ochel, que nous avons analysés après ks
avoir lavés à l'acide pour éliminer les matières étrangères,
ne se scmt montrés contenir ni l'un ni l'autre de frag-
ments attirables à l'aimant (fer magnétique), et ont donné
à l'analyse des teneurs en sesquioxyde de chromo respec-
tivement égales à 65,8 p. 101) et 68,9 p. tOO; le dernier
bï Google
282 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODTELLE-CALÉDONIB
était très chargé ea magnésie. Cependant, certaines ana-
lyses, se rapportant précisément à des échantillons de la
baie Ngo à faiWe teneur, nous ont été communiquées,
qui indiquaient d'une part des quantités d'alumine et tic
magnésie très supérieures à celles qui auraient pu être
combinées à la silice de la gangue, et, d'autre part, de»
teneurs en fer inférieures à celles qui correspondraient à
sa combinaison au chrome à l'état de chromite de fer:
cela ferait supposer qu'il existait dans ces échantillons
de la picotite plus ou moins pauvre en chrome ; néan-
moins, les quantités des différents éléments correspon-
daient assez mal à une semblable hypothèse, nous ne
pouvons donc pas considérer la chose comme étant bien
établie. C'est im point qui mérite cependant d'attirer l'at-
tention des chercheurs comme pouvant leur réserver
éventuellement des mécomptes.
L'abondance du fer chromé en Nouvelle-Calédonie est
telle que, dès la première exploration géologique de l'ile
faite par M. Garnier, celui-ci fut frappé de la fréquence
avec laquelle s'y montre ce minerai, qu'il déclare être
•< le lien commun et le compagnon constant (') >■ des
diverses roches magnésiennes : il mentionne sa présence
à la fois en grains dans les schistes serpentineux, en
cristaux dans les serpentines, en masses ou amas dans
les argiles, et enfin sous forme de sables sur les rivages
et dans le lit de certains niisseaux ; mais il ue retient,
comme étant exploitables avec profit, que les gîtes en
amas dans les argiles. II signale la possibilité d'exploiter,
à raison de H fr. 50 par tonne, un semblable araaa qui
existait au Mont-Dore, et dont le minerai aurait tenu
61,333 p. 100 de sesquioxyde de chrome. 11 ajoute qu'un
tel minerai aurait pu, à l'époque, être vendu en France à
raison de 200 francs la tonne.
(•) Loc. cil., p. SI.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 283
Lorsque, dix ans plus tard, M. Heurteau dressait un
inventaire des richesses minérales de la Nouvelle-Calé-
donie, il reconnaissait, aver. M. Garnier, l'abondance du
fer chromé, mais il regardait comme beaucoup trop faible
le prix de revient sur place, estimé à H fr. 50, pour le
minerai du gisement en question, et, tenant compte du
fret, qui était alors aux environs de tOO francs de Nou-
velle-Calédonie en Europe, il arrivait à cette conclusion
que le prix de vente de 150 à 160 francs, qui était celui
sur lequel il fallait chiffrer alors, laisserait sans doute
une marge suffisante pour pouvoir faire une exploitation
régulière et bien conduite. 11 exprimait l'espoir que l'ini-
tiative individuelle tenterait pareille entreprise, qui n'avait
pas été essayée jusque-là. D'après les indications de la
statistique des exportations, ce n'est qu'en 1880 que cette
tentative eut lieu pour la première fois : elle fut immé-
diatement couronnée de succès, puisque de 500 tonnes
en 1880 l'exportation s'est élevée l'année suivante à
2,300 tonnes, pour se maintenir pendant une dizaine d'an-
nées entre 2.000 et 3-000 tonnes par an, pour atteindre
dans les dernières années une moyenne de plus de
10-000 tonnes, et même pour s'élever à 17-600 tonnes
en 1901. Voici d'ailleurs comment elle s'est repartie
entre les différents gisements en 1901 :
Dôme de Tiebaghi (2 exploitalious) 2.450
BaieNgo(2 eitploi talions) 4.600
Bassin de la rivière îles Pirogues {une exploi-
tation avec évacuatioD du minerai par la
baie Ngo) 8. 533
Groupe de la rivière de Pourlna( 2 exploitât] on s).- 1.2S4
La Coulée (une exploitation) 300
Cap Goulvain (une exploitation) 280
Baie Ouié 202
Total 17,649
Ce ne sont guère jusqu'ici, sauf quelques exceptions pas-
bï Google
284 RICHESSES MINÉEALES DE LA H0UVELL£-C&i.ÉUOKlE
sagères, que les giijemeiits dits de chrome d'alluvious qui
onl fourni le fer ciiromé exporté de la colonie (soit près
de 150.000 tonnes en tout); il n'y a en effet jamais
eu sur les gisement» en roche que des tentatives d'exploi-
tation sans succès durable.
B. — Gisements de fer chromé en roche du sud
ET DU CENTRE D£ L'iLE.
Comme nous Tarons dit, le fer cliroioé est ua élément
qui se retrouve d'une façon absolument constante dans
les péridotitos plus ou moins .lerpentiiiisées qui occupent
une si large place dans les formations néo-calédonieoBes;
mais il n'y existe le plus souvent que sous forme de petits
cristaux de quelques dixièmes de millimètre de dimensiona,
disséminés d'une fa<;ou assez régulière dans toute h
masse de la roclie. Cependant, dans nn certain nombre
d'entre les massifs de péridotite, il s'est produit une ségré-
gation plus complète du fer chromé qui, tout en se retrou-
vant encore dissémine dans la masse de la roche, s?
montre en outre concentré parplaces soitdans des amas,
soit dans des filous : iJ y est quelquefois sensiblemeot
pur, mais le plus souvent il est associé à une gangue
constituée par dos silicates magnésiens. Assez peu nom-
breux jusqu'à ces dernières années étaient les gisemenis-
de fer chromé de cette nature connus, oii du moins un
peu explorés : quelques tentatives avaient été faites pour
en exploiter trois ou quatre sur la côte Est (au Sud de
Nouméa, près de Saint-Vincent, et près de Bourail) ; elles
avaient été peu fructueuses, et l'on avait préféré reporter
l'exploilation sur les gisements d'origine détritique. Dans
ces dernières années, l'attention a été rappelée sur les
gisements on roche, qui existent en particulier assez
nombreux dans la puissante formation serpentineuse (in
Sud de l'Ile; on ou a d'ailleurs encore signalé eu d'autre»
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 2Ô5
points de la colonie, jusques et y compris le massif du
(lAme de "Hebaghi au voisinage de l'extrémité Nord de Ttlc.
Bien que nulle part l'exploration de ces gisements ne
permette d'en définir exactement les limites et le carac-
tère, on peut néanmoins dire qne plusieurs d'entre eux
paraissent plutôt se rattacher au type des filons, ou au
moins des lentilles aplaties, qu'à celui des amas. Nous
avons visité un groupe important de ces gisements au
voisinage de la baie du Sud, plusieurs le long delà cAte
Est, à Plum, à Saint- Vincent, ot près de Bourail, et
enfin celui du dôme de Tiebaghi, qui est d'ailleurs associé
à d'importantes formations de fer chromé déiritique.
Autour de la baie du Sud, ou plus exactement au Hjulc
(les différents mamelons qui entourent la Plaine des Lacs,
sorte de plateau serpentineux d'une altitude moyenne
(le 200 mètres environ, les ségrégations de fer chromé
dans la roche paraissent particulièrement nombreuses; il
en a été signalé, entre autres, des gisements entre la baie
lies Kaoris et le Lac en 8 (mine Muriel) {Voir \s.fig. 3 de
la PI. IV}, sur les hauteurs qui dominent la rive gauche
de la rivière des Lacs (mine Anna-Madeleine), sur le
mamelon de la mine la Tchaux aux sources de la rivière
(lu Carénage, etc.. Aucun d'eux n'est exploité actuelle-
ment ;oun'y poursuit que quelques travaux de recherches,
mais on en étudie la mise en valeur en les reliant au
rivage de la baiedn Sud par une voie ferrée.
Dans cette région les péridolites apparaissent sous
des aspects divers : tantôt elles sont particulièrement
riches en péridot, dont elles se montrent pour ainsi dire
uniquement formées, elles en sont d'autant plus basiques
et en même temps plus accessibles à l'altération et à la
transformation en serpentine; par places, au contraire,
l'enstatite est abondante et s'étale en grands cristaux à
larges clivages au milieu du péridot finement grenu.
bï Google
286 RICHESSES lilNÈRALES DE LA NOCVELLB-CALÉDONIE
Cea péridoUtes constituent la totalité de tous les som-
mets qui eotourent la Plaine des Lacs; sur leurs flancs
reposent des ntnteauz de plusieurs mètres d'épaisseur
d'argile ronge, tandis qu'à leur pied se développe une
plaine, dont le sous-sol «st vraisemblablement constitué
également par de semblables argUes, mais dont la surface,
souvent marérageuse, est recouverte d'une couche de
grains de fer oxydé, enduits d'une pousaàwe de même
nature plus ou moins h}'dratée et jaunâtre. Ow mêmes
grains ferragineux se retrouvent tout autour des deux lacs
{Grand Lac et Lac en 8) et au fond de ceux-ci ; mais îJs
s'y trouvent débarrassés de semblables poussières et se
présentent en éléments noirs plus ou moins polis par les
eaux , ce qui les a parfois fait prendre pour du fer chromé,
et a fait dire, comme on le répète souvent à tort, que le?
bords et le fond des deux lacs sont uniquement constitués
de grains de fer chromé. Cet élément, qui existe dans les
roches des alentours, et qui y existe même avec une abon-
dance particulière, se retrouve bien à la fois dans les
argiles rouges et au milieu des grains ferrugineux, mais
on n'a pas encore, à notre connaissance, signalé de point
où il ait subi une concentration suffisante pour y être
exploitable, et c'est dans la roche même qu'il s'est trouvé
concentré par ségrégation, sans doute au moment de la
solidification.
Parmi les différents gisements qui se trouvent dans le
groupe ([ue nous avons défini ci-dessus, celui qui se
présente avec la plus belle apparence est celui de la mine
Anna-Madrle'ine, mine qui englobe, avec les périmètres
contigus qui en constituent des extensions, une longue
ligne de crêtes venant mourir au bord do la rivière des
Lacs. Bien que le périmètre de la concession ait, avec ses
extensions successives, une étendu© déplus dô2.000 hec-
tares, nous n'avons pu constater la présence d'un
gisement que dans une partie très restreinte de ce péri-
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 287
mètre, sur le contrefort iionl-oriental de la ligne de crêtes.
Il se signale dès le pied (versant Sud) de l'escarpement par
une traînée assez large, descendant la pente de la mon-
tagne, où le sol, constitué par des blocs séparés de péri-
dotite à enstatite et par les affleurements de cette même
péridotite en place, est abondamment parsemé de frag-
ments de fer chromé ; la dimension de ces fragments varie
depuis celle d'une noisette jusqu'à nne portion notable de
mètre cube et parfois même davantage; ce fer chromé
présente ici l'aspect de masse écaillense que nous avons
indiqué ci-dessus, il paratt être d'une pureté à peu près
parfaite, ne laissant voir que de très légers enduits ferru-
gineux entre les diverses écailles, enduits qui suffisent
cependant à hii enlever le caractère d'un minerai massif;
k l'analyse un échantillon ciioisi nous a donné les résultats
suivants :
Scsquioxydc île fer soluMe 1,09
' protoxyde de fer 16,70
. , . , ,, ' magnésie 11,10
^er chromé insoluble ... „ „„
1 alumine 3,00
' sesquioxyde de ctirome 88
Total 99,89
Lorsque l'on s'élève le long du flanc de la montagne
eu suivant cette traînée de for diromé, on voit les blocs
devenir de plus en plus gros et nombreux, et, lorsqu'on
parvient sur la crête, on y constate la présence, en saillie
très nette sur le reste du contrefort, d'un bloc énorme de
fer chromé de même nature, brillant au soleil, et émer-
geant tout dénudé au milieu des maigres broussailles qui
poussent dans les interstices des blocs de péridotite. En
examinant avec soin les lilocs voisins, nous en avons
trouvé d'autres, également de fort volume, paraissant, de
même que celui-ci, être des blocs en place; ils s'alignent
assez exactement avec le premier dans une direction Nord-
Sud sur une longueur représentant au total une centaine
bï Google
2âS RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLIjG-CALÉUOME
Je mètres ; en cherchant à suivre cette direction plus
li)in vers le Nord ou vers le Sud, noua avons trouvé la
orète coupée par deux ravins, et au delà de ceux-ci nous
n'avons pas pu, au cours d'un examen nécessairement un
peu sommaire, mais (|ue nous avons été suq)ris de ne pas
ti'ouver Tait à loisir par les concessionn^res de la mine,
retrouver de semblables blocs ; les pentes de la montagne
au Nord et au Sud delà traînée que nous avons mentionnée
cessent d'ailleurs assez promptement d'être recouvertes
de blocs de fer chromé. Ajoutons que les blocs en place
que nous avons observés ne présentent pcrpendîcu*
lairement à la direction Nord-Sud que des dimensions
ivstreinloM, de 1 à 2 mètres, et que, de pari et
d'autre de la saillie qu'ils constituent, on retrouve des
éboidis de péridotite; il semble donc qu'il y aurait li
l'indication, sur une centaine de mèlres de longueur, de
l'affleurement d'un filon de 1 à 2 mètres de puissance
de fer chromé pur, la résistance du minerai aux agents
atmosphériques ayant laissé, en saillie sur la radie moins
durd.deséi>ontds,line partie des affleurements. A en juger
par les apparences que nous avons relevées au cours de
iiutre examen rapide, ce filon n'aurait guère de conii-
nuilé en direction, ce qui amène naturellement à se
demander si ce n'est pas seulement un amas lenticu-
laire. Quant h la question du prolongement de cette for-
mation on profondeur, nous n'avons pu recueillir aucune
indication qui permette de la résoudre, et l'on ne peut
que s'étonner que les concessionnaires d'ui* afileurement
îuis.ei remarquable n'aient pas songé à on entreprendre
ime exploration, si superficielle fût-elle.
Plus loin vers le Sud-Ouest, le fer chrojné n'apparaît
qu'associéà des silicates magnésiens : kl& mian ta Tchatis
les atïleurenients ont un caractère assez nettement filonien,
autant qu'on peut juger de la chose par quelques obser-
bï Google
MINERAIS AS80CIEB A LA FORMATION DBS SERPENTINES 289
vationg isolées; ils m nioatrent sur le flanc d'une mon-
-tagne on pain de sucre surbaissé qui s'tiléve. Jusqu'à la
cote 450, au-dessus de la plaine dont l'altitude moyenne
est ici de 225 mètres. A lacote 315 on rencontre un pre-
mier anieiiremeiit présentant nettement une direction
Nord-Sud (la même que celle que noua avons notée à la
mine Anna-Madeleine à quelque 6 kilomètres an Nord-Est)
avec une plongée de 45 degrés vers l'Ouest; la formation,
puissante de 3 mètres, est constituée par du fer chromé
à larges facettes, assucié à des quantités variables d'une
matière amorphe tantâi blanche ou jaune pâle, tantôt rouge
(le rouille et tautftt verte, qui est un silicate alumineux
magnésien généralement décomposé et oxjdé au voisi-
nage des affleurements. C^^tte formation est comprise
entre des épootes de péridotite dans lesquelles le fer
chromé est encore iibondant, soit en mouches, soit
en petits filoimets. A quelques mètres plus haut un autre
affleurement de minerai analogue parait appartenir à une
sorte de ramification montante du premier filon; enfin, à
7 mètres au-dessus de celui-ci, semble en affleurer un
second suivant lequel a été amorcée une petite descente.
Plusieurs fouilles de faible importance ont été faites sur
cesaffleurement3,elle3 se répartissent à peine .sur 50 mètres
en direction et 10 mètres de verticale; un assez grand
nombre <le tonnes de minerai en ont été extraites ; ce
minerai contient, comme nfius l'avons dit, une pi-oportion
plus ou moins forte, mais très notable, de silicates alumi-
neux magnésiens. Le prolongement en direction de ces
affleurements n'est pas du tout connu ; la montagne étant
en formede cône, il semble qu'on devrait trouver aisément
des affleurements tout autour, y marquant à peu près la
trace d'une section oblique; ici encore les recherches
qu'il aurait été tout indiqué de poursuivre n'ont pas été
faites, et nous n'avons tien pu observer de plus, ilautani
plus que lu végétation est fort abondante sur ce mamelon ;
bï Google
290 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
au pied du mamelon, et à peu prës suivant les généra-
trices qui correspondent aux affleurements, on trouve des
sables chargés de fer chromé et des blocs éboulés.
D'après ce qui nous a été dit, le mamelon qui se trouve
immédiatement au Sud de celui-ci et k quelque 500 mètres
,1e distance seulement, c'est-à-dire dans le prolongeraenl
(hi filon supposé, a été exploré sans succès ; mais, en fran-
.-hissant vers l'Est un petit col, pour passer du bassin de
la rivière du Carénage dans celui de la rivière Bleue, on
retrouve le fer chromé sur le périmètre de la mine Bonne-
Vein'' : une carrière ouverte à la cote 210, à titre de
simple travail de recherche, a mis à découvert un affleu-
rement qui parait également être celui d'un filon de près
de 1 mètre de puissance dirigé Nord-Sud et plongeant
à 45 degrés environ vers l'Est ; mais ici les produits ma-
gnésiens associés au fer chromé sont abondants et la
teneur en chrome du minorai brut est relativement faible:
on y a trouvé cependant quelques beaux blocs de minerai
riche. A une soixantaine de mètres plus au Sud, et a
une cote d'une vingtaine de mètres inférieure, on aperçoit
un nouvel affleurement de caractère identique, et qui
parait bien correspondre au prolongement de la même
fr)rmation.
Notons enfin la présence, un peu plus loin vers TOuest
siu- le même périmètre Boime-Veine, d'une assez puis-
sante formation détritique de fer chromé. C«Ue-ci se ren-
contre dans les argiles rouges qui s'étalent sur la penle
d'uno croupe arrondie; au pied de cette pente la surface
de l'argile est soniée de débris de fer chromé ; plus haut,
de semblables débris se retrouvent, formant une couche
d'une certaine épaisseur; et, au voisinage de la crête
même, on arrive à des amas de cristaux ou de petites
niasses plus ou moins désagrégées avec taches d'oxyde
(le fer, paraissant provenir de la décomposition sur place
de minerais en roche tels que ceux que nous venons de
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 291
décrire. Le fer chromé fourni par ces derniers gisement!
est suffisamment pur pour être marchand tel quel, et or
l'exploite, sans grande activité d'ailleurs faute de moyen!
»le transport.
Nous aurons à signaler d'importants gisements du même
^enre plus à l'Ouest dans la vallée de la rivière Ngc
et des tributaires de gauche de la rivière des Pirogues,
mais nous les décrirons ci-après avec les gisements
d'origine détritique. Ajoutons qu'au moment oii nous avons
quitté la colonie, les découvertes de gisemontii de fei
chromé, en roche croyons-nous, paraissaient se mul-
tiplier beaucoup au Nord et à l'Est de ceux que noua
avons visités, et qu'un très grand nombre de déclarationa
lie recherches pour chrome ont été produites dans les
mois de juin et juillet 1902, se rapportant à cette région.
Un autre gisement de fer chromé en roche donnait lieu
à des travaux de recherches non loin de là au moment de
notre séjour en Nouvelle-Calédonie ; c'est celui de la
mine Lncky-hitt, près de Plum, qui avait été, en 1880,
l'objet de la première tentative sérieuse d'exploitation du
chrome dans la colonie. Après avoir fourni, en quelques
années, une dizaine de milliers de tonnes de minerai,
provenant vraisemblablement surtout d'un amas d'ori-
gine détritique, et après avoir été partiellement explorée
dans la partie du gisement qui se trouvait en roche, la
mine fut abandonnée. Le gisement en place, situé sur la
rive gauche du ravin de la petite rivière de Plum, se
présente au milieu de roches du même type que celles
que nous avons rencontrées à la baie du Sud, et le minera
est constitué par une association de fer chromé et dei
mêmes silicates alumineux magnésiens qu'à la Tchaux
tantôt c'est le premier de ces éléments qui domine, tantô
c'est le second, et l'on passe sur une faible distance d'un
qualité de minerai à l'autre. Quant à l'allure du gisement
bï Google
293 IUCHB!)»ES HINÉRALBS DE LA NODVELLE-IÏALÉDONIli
elle ne montre riea tie net : plusieurs afQeureiuents oui
été explorés présentant des puissances, des directicHis et
des peDflages variables ; il ne semble donc pas que l'on
ait ici affaire à des fiions nets, mais plutôt à des amas
irréguUei-a. Les travaux souterrains, assez déve1<^pés,
qui y ont été poursuivis, et que Ton y poursuit encore,
sont, de ee fait même, des plus irréguliers. Ils paraissent
oéanmoina avoir montré que le gisement est important ;
malheureusemeut la pureté du minerai laisse à désirer :
un triage soigneux peut fournir une certaine quantité de
minerai tenant aux environs de 50 p. 100 de sesquioxyde
de chrome, ce qui est actuellement k peu près la limite
d'exploitabilité, mais ou doit abattre eu même temps
des quantités beaucoup plus considérables de minerai
à 30 p. 100, inveudable tel quel, et exigeant par suite
une concentration iiécessairoment onéreuse. Aussi les
auteurs de la première tentative d'exploitation avaient-ils
dû installer au pied île la montagne uue petite laverie,
comprenant uu concasseur à m&choires, un broyeur à
meules et une table dormante pour la concentration du
fer cbromé, le tout actionné par une petite locomobile.
Gr&ce à ce dispositif, le minerai, descendu par câbles de
la mine h la laverie, était porté à une teneur suffisante
pour être marchand, mais on perdait des quantités consi-
dérables de fer cbromé ; aussi l'exploitation ne fut-elle
pas rémunératrice.
On parle aujourd'hui, si le résultat des travaux d'explo-
ration entrepris parait assez satisfaisant, d'installer une la-
verie mieux montée et assurant en particulier une perte
beaucoup moindre de minerai, ce qui serait aisé à réaliser
étant donné la très grande différence de densité entre le
fer chromé et sa gangue ; cette . laverie serait mise en
relation avec l'oriflce, ou les oriflces, de la mine par un
plan incliné aérien, et serait réunie au bord de la mer par
une petite voie ferrée. Au moment de notre visite, les
bï Google
MIHBRAIS AflSOCIBà A LA FORUAIION DB8 SERPBNTINKS 293
travaux d'exploration n'occupaient pas moins de vingt-
cinq ouvriers.
Une tentative d'exploitation du mAme genre, mais que
les mêmes circonstances ont rendne également infruc-
tueuse, a eu lieu, il y a quatre ans, sur la mine Chroniièn
près de Saint- Vincent. La mine, située dans le massif ser-
pentineux du mont Koungouauri, où le nickel existe éga-
lement et parait même plus abondant que le chrome, se
trouve à 330 mètres d'altitude sur le flanc Sud d'un con-
trefort séparant les deux bras de la haute Tamoa, préci-
sément en face d'une ancienne exploitation de nickel. On
avait d'abord rencontré, sur le flanc de la montagne, de
petites quantités de fer chromé détritique et naturelle-
ment enrichi ; mais, lorsqu'on a voulu attaquer le gisement
en roche, on s'est trouvé en présence de veines enche-
vêtrées, assez puissantes il est vrai, mais peu régulières,
d'un minerai " piqué « constitué par des mouches assez
abondantes de fer chromé dans une gangue silicatée, et
qu'il fallut laver pour le porter à une teneur commerciale ;
un échantillon, que nous avons recueilli au hasard, nous
a donné à l'analyse le résultat suivant :
j Eau (,l \
Partie soluble 1 „ , , , „„!.„,
, , .. < Sesquioxyde de fer 2,9 } 19,t
dans les acides. , ., . ' , „ (
i Alumine 3,0 I
' .Magnésie 8,4 /
. Sesquioxyde de chrome. 52 i
L Proloxyde de fer 24 j
Partie insoluble. ^''''^^.■■■■,-. V *'* } 80,1
j Sesquioxyde de fer 2,2 1
I Alumine 0,6
I Magnésie 0,2
On fut donc obligé de créer une laverie, aujourd'hui on
ruines, en même temps qu'il éiail nécessaire d'établir
.> Google
1
294 RICHESSES IdlNÉRALES DE LA NOnVBLLE-CALÉDONIB
jusqu'au bord de ia rivière un petit tramway. Ces frais
d6 premier établissement n'auraient pu être rémunérés
que par une extraction importante d'un minerai dont le
prix de revient n'eût paa été trop élevé ; c'est ce qui n'a
pu être réalisé, et cela a amené l'abandon du gisement,
dont les conditions naturelles n'avaient, en somme, rien
de particulièrement favorable.
Plus favorables étaient les conditions dans lesquelles se
présentait le fer cbromé à la mine Belle-Pluie, près
du cap Goulvain; c'est sous forme d'un filon net, dirigé
Ëat-Ouest, s'enfçnçant presque verticalement dans la mon-
tagne, et qui a pu être suivi avec régularité jusqu'à une
centaine de mètres du jour horizontalement; il a été pai^
tielleraent dépilé à trois niveaux espacés de 10 en
10 mètres. La puissance du filon était voisine de 1 mètre,
et la majeure partie du remplissage était du fer chromé
presque massif; aussi, sans laver le minerai extrait, et
en ne laissant au remblai que peu de produits pauvres,
pouvait-on réaliser une teneur de 50 p. 100 en sesquîoxyde
de chromo. Mais les transports étaient onéreux : quatre
câbles à roulettes successifs étaient nécessaires pour
descendre le minerai jusqu'au pied de la montagne; il
devait ensuite être charroyé, au prix de 10 à 12 francs la
tonne, jusqu'à l'embouchure de la rivière du Cap, puis il
étaitchargédana des chalands, et il était enfin transbordé
à bord du bateau qui l'emportait à Nouméa. Aussi deux
tentatives d'exploitation, qui ont eu lieu en 1898-1899
et au début de i90i, se sont-elle soldées par des pertes.
Nous ne reparlerons pas ici du gisement de fer chromé
de la mine Espérance, située dans la vallée de la Pouéo
près de Bourail, qui a été abandonné après exécution d'un
travail insignifiant, et qui ne présente d'intérêt, comme
nous l'avons dit, qu'en raison de la découverte de sulfure
de nickel qui aurait eu lieu dans le filon en question.
bï Google
UINEKAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION 1>BS SERPENTINES 395
C. — Gisements du dûme de Tiebaoki.
Nous citerons ensuite les beaux ^sements du dôme de
Tiebaghi.
Le puissant massif serpentineux qui forme ce » dftnie ■)
est constitué par une péridotite à enstatite, légèrement
serpentinisée dans son ensemble : le fer chromé et le
minerni de cobalt sont abondants dans ce massif, tout
particulièrement sur ses contreforts orientaux ; le premier
d'entre ces minerais y a été signalé en un grand nombre
de points; il était exploité, au moment lie notre passage,
sur les mines Vieille-Montagne , Bellacoscia et Tiehaghi.
Les gisements exploités actuellement sur ces trois
mines sont d'origine détritique; la dernière montre, en
outre, l'affleurement d'un massif, sans doute asse^ puis-
sant, de beau fer chromé en roche.
Ce gisement en roche apparaît sur la crête et sur les
pentes douces d'un contrefort serpentineux dont la roche
ne présente aucune particularité marquante; cette pérido-
tite montre, en quelques points, des têtes altérées légère-
ment nickelifères, et on peut noter également sur le contre-
fort qu'elle constitue la présence de blocs d'une diorite
finement grenue, à feldspaths très basiques, provenant
vraisemblablement d'un âlon on d'une amygdale dans la
péridotite ; on y ramasse eu outre des quartz, résultant,
comme d'habitude, de l'altération de la péridotite, quelques-
uns d'entre eux ont un aspect opalin. Entiu, la plupart des
pentes suffisamment douces sont recouvertes d'un manteau
d'argile rougn, oii le fer chromé est abondant et oii des
rognoQs cobaitifères sont connus en plus d'un point.
Le croquis reproduit par la fig. 5 de la PI. IV indique
la disposition de l'affleurement, qui rappoUo celui de la
mine Anna-Madeleine. C'est sur la crête d'un des nombreux
contreforts qui se ramifient tout autour du sommet allonge
bï Google
296 RICHESSES minérales de la nodvgllb-caléuonib
(lu dôme de Tiebaghî (cotes maxîma 600 it 650) que les
tètes de fer chromé font saillie ; cette crête ne présente
nullement une arête vive rocheuse, mais seulement uiie
ligne de changement de pente entre la surface à pea près
aplatie du dôme et les pentes plus ou moins adoucies qui
descendent sur la vallée de la N4houé ; de part et d'autre
de l'arête, le sol est couvert d'argiles rouges détritiques,
recoavertes elles-mêmes de grains et de blocs d'oxyde de
fer et de fer chromé errants; et ce n'est que sur la ligne
de crête que nous venons de définir qu'apparaissent des
blocs beaucoup plus gros, qui paraissent asfiez bien
marquer la ligne d'affleurement d'un filon ou d'une len-
tille d'une roche résistante aux agents atmosphériques;
les blocs de fer chromé s'alignent dan» une direction
N. 105' E. sur une centaine de mètres de longueur.
L'extrémité orientale de l'affleurement indiquerait pour
le filon une puissance de 6 à 8 mètres de.fer chromé pur.
A'ers l'Est, l'affleurement est interrompu par un petit
ravin qui est creusé dans tes argiles rouges sans s'enfoncer
jusqu'à la roche dure sous-jacente, et qui ne montre pas
la trace du passage d'un filon ; au delà du ravin, on
retrouve encore un bloc isolé, peut-être en place, de fer
chromé ; vers l'Ouest, on voit s'associer aux beaux blocs
de fer chromé pur, puis leur succéder, des blocs femi-
gineux renfermant des paillettes de fer chromé, ptii»
enfin de simples blocs ferrugineux scoriacés, tels que ceux
que nous avons déjà décrits comme constamment associé»
à la formation serpentineuse, et qui, comme eux, ne ren-
ferment plus de chrome qu'en faible proportion. Plusieurs
d'entre ces blocs sont assez volumineux et assez profondé-
ment enracinés pourqu'ii soit fort possiblequ'ils soient «i
place, comme s'ils faisaient suite vers l'Ouest aux blocs de
fer chromé avec lesquels ils s'alignent assez bten.ns sont
constitués presque entièrement d'hématite rouge et ne sont
pas magnétiques; ils ont une apparence scoriacée et
bï Google
MINERAI9 ASSOaÉS A LA FORMATION DES BERPENTISES 297
caverneuse, sans forme bien définie; rependant on j
relève parfois des inflications d'octaèdres plus ou moins
rongés qui feraient supposer qu'ils proviendraient do
l'oxydation de magnétite ; ceux qui contiennent des par-
celIsB de ferchroméproviendraient, dans celte hypothèse,
de l'oxydation de mélanges de magnétite et de fer
chromé.
On serait tlonc assez porté à croire que l'on est ici en
présence dex affleurements d'une ségrégation métallique
au milieu de la masse de lapéridotite; cette ségrégation
aurait originairement été constituée (et aérait peut-être
constituée encore aujourd'hui en profondeur) de magnétilo
et de fer chromé, et ce dernier se serait dans certaines
parties isolé sous la forme d'une sorte de noyau de fer
chromé pur.
Mais ici, comme à la haie du Sud, toute exploration du
gisement a été négligée par le concessionnaire, et nous
n'avons, pour appuyer notre opinion, que les quelques cons-
tatations que nous avons faites personnellement et qu'on
n'avait nnéme pas songé à faire jusqu'ici. Quant à savoir
ce que devient le gîte en profondeur, nous n'avons aucune
indication à ce sujet. Cependant, l'abondance du fer
chromé détritique déjà arraché à cet affleurement semble
montrer qu'il ne s'agit pas seulement de quelques blocs
bolés, mais bien d'une masse as<<ez puissante. Il est
presque superflu d'ajouter qu'étant aussi peu renseigné sur
son extension et sa consistance, on igiiure romplètemeni
les conditions dans lesquelle:* ce gisement pourra A(re
exploité; c'est seulement une réserve wr laquelle l'exploi-
tant compte, pour le moment o(i le fer chromé d'alInvionN
anra été épuisé.
Il nous reste à dire quelques mots de la façon dont se'
présente celui-ci. Le croquis de la /ig. 5, Pi. IV, fait voir
que la pente qui descend de l'arfleurement vers l'Est est
recouverte de giains et de blocs de fer chromé : le sol
bï Google
298 aicHEssBs minérales de la ngovelle-cai^domie
est en effet jonché, sur plus d'une centaine de mètres
suivant la pente, de ces éléments qui présentent des dimen-
sions variant de la grosseur d'une noisette à celle de
blocs de plusieurs centaines de kilogrammes ; un peu plus
vers l'Ouest, le fer chromé est mélangé de blocs ferru-
gineux {hématite plus on moins hydratée à la surface),
dont il ne pourrait être séparé que par un triage minutieux;
ici, au contraire, il est pratiquement pur et il n'y a qu'à le
ramasser. Mais, en outre, l'épaisse couche d'argile qui
recouvre cette pente contient un dépôt, de puissance el
d'allure irréguliëres, de débris de fer chromé qui paraissent
s'être concentrés en raison de leur forte densité, après
avoir éLé entrainés snr un court espace par les eaux
superficielles qui apportaient en nième temps les éléments
qui ont constitué ces masses argileuses.
Cette dernière partie du gisement est d'une exploita-
tion particulièrement aisée, puisqu'il suffit de découvrir le
lit chromifère, en enlevant quelques décimètres d'argile,
pour pouvoir ensuite ouvrir, sur des hauteurs atteignant
jusqu'à 1 mètre, des chantiers où l'abatage ne comporte
qu'un travail de terrassement presque sans triage. On
obtient ainsi immédiatement des produits dont la teneur en
ses'quioxyde de chrome varie deTiQ à 55 p. 100. Aussi est-ce
par là que l'exploitant du gisement, qui n'en est d'ailleurs
que l'amodiataire, en avait commencé l'exploitation, quitte,
s'il y a lieu, à attaquer plus tard le reste. Comptant pou-
voir réaliser, en quelques années, une extraction de
40.000 à 50.000 tonnes, il a établi les plans inclinés
aériens (2 plans principaux et en outre différents petits
plans auxiliaires] nécessaires pour descendre le minerai
jusque dans la vallée, et il construisait, au moment do
notre passage, une voie ferrée, longue do 8 kilomètres,
destinée à relier le pied de la mine à la baie de Néhou4, où
doit avoir lieu, par l'intermédiaire de chalands, rembar-
quement du minerai.
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FOKUATION DES SERPENTINES 299
Les gisements de fer chromé du dôme de Tiebaghi ne
sont pas limités à celui que nous venons de décrire, et,
comme nous l'avons indiqué, trois autres exploitations se
développent à l'Est de celle-ci ; elles portent toutes trois
uniquement sur des gites d'origine détritique : sur la niîne
Vieille-Montagne n' S, et à peu près dans le prolon-
gement de l'alignement des affleurements de la mine
Tiebaghi, un chantier a attaqué le tknc de la montagne
sur près de 20 mètres de hauteur : l'exploitation a consisté
d'abord à ramasser des grains et blocs eiTants sur le sol,
puis à chercher au milieu de l'argile rouge des masses
plus ou moins irrégulières de débris de fer chromé ; on est
ainsi parvenu jusqu'à une formation, sans consistance
aucune, de silicates alumineux magnésiens, décomposés
et friables, au milieu desquels se rencontraient, ici des
amas plus ou moins volumineux de fer chromé, et là des
grains de ce même minéral, tantôt très abondants, tantôt
plus clairsemés ; c'est évidemment là la tête profondément
altérée d'un gisement en roche tel que ceux que nous
avons décrits ci-dessus auprès de la haie du Sud. Un
triage à la main permet, à la condition de ne prendre que
les portions les plus minéralisées du gîte, et quitte a. perdre
le reste, qui serait sans doute parfaitement exploitable,
d'obtenir sans lavage un produit d'une teneur de 52
à 54 p. 100 de sesquioxyde de chrome. On a ainsi enlevé en
uii an de ce chantier 5.000 tonnes de minerai marchand,
non sans gaspiller en outre beaucoup de fer chromé. Dans
ces conditions, l'exploitation se solde encore par un béné-
fice, malgré la charge d'un transport par chars à bteufs
jusqu'à la mer, transport qui, à raison de 0 fr. 75 la
tonne kilométrique, ne grève pas le prix de revient de
moins de 6 francs par tonne, pour un minerai qui vaut,
rendu à bord, 50 francs la tonne.
C'est dans les mêmes conditions économiques peu favo-
rables que se poursuit l'exploitation de la mine voisine.
bï Google
300 RICHKSSBS HIN'i^SALBS DE LA HOnVBLLB-CALÉDOKIR
]a mine Bellacoscia. Avant d'y parreair, nous avons tra-
versé le périmètre de la mine HÊoracchini, inexploitée, ar
laquelle on trouve, comme noas l'avona motionné, un
bloc, peut-être en place, de fer chromé pur idenUqm à
celui dea affleurements de la mine Tiebagbi dont il
marque à peu près le prolongement, avec tontefoîs m»
légère inflexion vers le Sud; quelques petites fouilles de
recherches dans l'argile rouge qui recouvre, là comoie
partout, toutes les pentes douces du Sauc de la mon-
tagne, y ont découvert différentes traînées de fer cfaromp
en fragments irréguUers. Dans l'un des ravina qui dé-
coupent cette formation ai^leuse on trouve le fer chromé
sous une forme fort intéressante, et assez exceptionneUe
puisque c'est le seul point de la colonie où nous l'ayoït»
rencontrée : cette forme est celle de galets roulés, arron-
dis, présentant k peu près la dimension d'un œuf dp
pigeon; ils sont d'aillciu^ très friables et tombent sous le
moindre choc en grains sur les surfaces de séparation
desquels se trouvent des enduits ferrugineux ; il ne par^t
pas douteux que l'on soit là en présence de galets d'nne
r.iche à fer chromé, autrefois dure, qui a été démantelée,
et dont les débris ont été roulés; ces débris ont dû subir
ultérieurement, au point où ils s'étaient déposés, des
actions atmosphériques susceptibles de dissoudre les éK-
nients, sans doute silicates, qui cimentaient les différents
grains de for chromé, en n'en laissant comme résidu que
loxyde de fer.
L'exploitation de la mine Bellacoscia se poursuit en
tranchée dans l'argile rouge ; celle-ci était, comrao pour
les gisements voisins, recouverte, suivant une bande plu*
ou moins large, de menus débris de fer chromé ayant
cette apparence spéctilaire que nous avons déjà signalée.
En pénétrant dans la masse de l'argile on a rencontré
un gisement de fer chromé irrégulier, mais souvent
puissant, associé à des formations argileuses variée».
bï Google
MINBEAiS ASSOCIÉS A LA FORMATION DRS SBRPEN'nNES 301
La fig. 6 de la PI. IV reproduit un croquis que nous
âTODs relevé sur la face latérale de la tranchée d'un
^es chantiers, et donne une idée de l'allure de cette for-
mation : si quelques traînées telles que A et B paraissent
indiquer des dépOts alluvionnaires, la masse principale,
avec ses proéminences et ses parties rentrantes, et avec
9es différents éléments séparés par des pellicules d'oxyde
de fer qui leur donnent souvent une certaine adhérence
entre eux, parait plutôt correspondre à une déconiposi-
lioD d'une roche chromifère en place, ou tout au moins
(le gros blocs charriés sur une faible distance ; le fer
chromé est ici contigu h. une masse assez puissante d'une
argile blanche, très riche en magnésie, et tachée de
points rouges d'oxyde de fer, qui arrête d'ailleurs l'ex-
ploitation. Le tout est recouvert d'un manteau de la
formation ordinaire d'argile rouge, qui est parsemé de
•débris de fer chromé, et qui contient par places quelques
rognons cobaltiferes. C'est, rappelons-le, tout près de là
qu'ont lieu les exploitations de cobalt que nous avons
précédemment décrites.
D. — Gisements détritiques de fbe chromé
DU OROOPË de la BAIB NoO.
Au Sud-Est de Nouméa, les vallées de la rivière des
Pirogues et de la rivière Ngo se montrent encore parti-
culièrement riches en fer chromé, et des exploitations
s'y sont poursuivies d'une façon continue depuis près de
nngt ans.
Dans la première de ces vallées, elles étaient actives
il y a quelques années (sur les mines Joséphine, Chrome-
lîouge, etc.), mais aujourd'hui elles sont interrompues
l>arce que les minerais les plus riches, minerais du type
dit » chrome d'alluvions », sont épuisés, et parce que Ion
n'a pas cm devoir entreprendre jusqu'ici l'exploitation des
bï Google
302 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLLB-CALÉDOKrB
minerais en roche, paraît-il aasez riches, qui y sont encore
connus ; il ne reste qu'une exploitation aujourd'hui ouTerte
dans le bassin de la rivière des Pirogues, encore est-elle
si voisine du bassin de la rivière Ngo que c'est par la
vallée de celle-ci que ses produits sont évacués.
Dans cette demëre vallée it a également été fait déjà
lie.s extractions assez importantes, et les deux mines es
activité au moment de notre passage n'étaient pas loin
d'être épuisées. A la mine 14 Juillet, située à 5 kilo-
mètres de la mer sur la rire droite de la vallée, ob a
exploité, au milieu des argiles rouges, une sorte de banc
irrégulier de " chrome d'alluvions » d'une cinquantaine
de mètres de longueur et d'une largeur maxima de
40 mètres; il était constitué par des fragments juxta-
posés de fer chromé très pur avec interposition de très
peu d'éléments étrangers, si bien qu'il livrait du minerai
brut à 54 et 55 p. dOO de sesquioxyde de chrome.
Après avoir épuisé ce banc, on a encore trouvé par places
de petites traînées de minerai que l'on achève d'enlever;
on s'assure en outre, en exécutant de distance en dis-
tance des sondages à la main, qu'il n'existe pas d'autres
bancs semblables dans la couche d'argile qui est laissée
an-dessus des serpentines compactes, et qui dépasse
encore souvent 10 mètres d'épaisseur. Dans ces mêmes
argiles on a rencontré à peu de distance un peu de mine-
rai de cobalt dont on tente l'exploitation.
La mine Georges Pile, qui ost située tout au fond de
la vallée, dans le cirque où la rivière Ngo prend sa source,
a comporté des travaux plus développés, dont l'examen
est d'ailleurs instructif au point de vue du mode de for-
mation du gisement; le minerai s'étageait le long de la
pente assez raide de la montagne, entre les cotes 235 et
325, et sur une cinquantaine de mètres de largeur. Au
sommet de la montagne, ou du moins à fort peu de dis-
tance de la crête en descendant vers le versant de la
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DKS SERPENTINES 303
rÎTière Ngo, on voit affleurer, au-dessous de la couche
d'argile rouge qui recouvre le sol et au milieu des ser-
pentines qui constituent le massif, une tête de roche
chromifère constituée par des grains de fer chromé dis-
séminés dans une pÂte silicatée; descendant la pente et
parcourant ainsi de haut en bas les travaux de la mine,
on voit d'abord dominer, au-dessus de la serpentine en
place, les blocs, à peine décomposés et légèrement
friables, de cette roche chromifère, ils sont recouverts
d'une faible épaisseur d'argile rouge stérile; plus bas,
l'éboulis comprend à la fois des blocs serpentineux et
des blocs chromifères, mais à ces blocs s'associent ies
fragments plus petits de roche chromifère qui sont suffi-
samment altérés pour que le fer chromé en soit aisé à
séparer par lavage ; le tout est d'ailleurs empâté dans une
argile magnésienne grasse, bigarrée, dont certains lits
sonl liches en grains de fer chromé. Plus bas encore les
blocs éboulés que l'on rencontre reposant sur la roche
sous-jacente ne sont plus que des blocs de serpentine,
généralement altérés, et transformés en une sorte d'ar-
gile magnésienne qui garde encore la couleur et la con-
figuration de la péridotite serpentinisée, mais qui n'a plus
aucune consistance ; les blocs chromifères ne se retrouvent
plus, même à l'état friable, mais ils font place à une traî-
née très riche en grains de fer chromé au sein de l'argile
rouge, traînée dont l'épaisseur atteint par places i mètre
et même plus, et dans laquelle l'argile renferme souvent
plus de la moitié de son poids de grains de fer chromé.
En continuant encore à descendre le flanc de la mon-
tagne, on voit cette traînée chromifère s'effiler, se bifur-
quer, et se perdre en quelques petits amas de moins en
moins riches. Un tel gisement, que la fig. 7 de la PI. IV
représente, d'une manière schématique mais aussi fidèle
que nous avons pu, manifeste, d'une façon qui n'est nulle-
ment douteuse k nos yeux, quelle a été sa genèse. Tan-
bï Google
.^4 RICHESSES UINÉRALEB DE LA NOGVBLLE-CALÉOONIE
dù que l'érosioa et la décomposition de la péridotile
ilounaient lieu à l'éboiileinent le iong du flanc de la mon-
tagne de blocs serpeatineux, les uiy frais, les autfei
trausforniéB, ou devant se transformer ultérieurement, es
une pâte magnésien De, et à la fomiatioD d'un manteai
(l'argile rouge, les mêmes effets, ^'exerçant sur k tët«
lie roche chromifère que l'on voit en place, et qui semble
avoir été pai-ticulièreraent accessible aux actions destruc-
trices, n'ont laissé intacts, ou à peu près, que quelque)
blocs entraînés à peu de distance et rapidement englobas
liane l'argile, tandis que les autres se désagrégeaieet :
leum matières sillcatéos étaient partiellement dissoutes
et partiellement entraînées mécaniquement à plus oo
moins longue distance, les grains inattaquables et lourda
-<le fer chromé se précipitaient au contraire tels quels an
milieu des éléments qui formaient l'argile rouge, et j
constituaient une Irainée qui, puissante au voisinage
même du gisement de la roche mère, s'amincissait d'ao-
t&nt plus rapidement en descendant que le fer chromé,
en raison de sa densité, se précipitait et se fixait plus
vite. Ajoutoiu que la formation argileuse et magné-
sienne, loin d'être homogène comme elle le parait à
la surface, se montre toujours zonée et veinée de cou-
leurs variées, correspondant sans doute à 1^ préseoce
dominante de tel ou tel métal dans les matériaux qui se
déposaient; le plus souvent elle est rouge ou jaune, niaii
pai'fois aussi on y relève des traînées colorées en vert
p&le par un peu <Ic nickel ou bien noircies par de l'oxyile
(le manganèse; on y constate aussi la présence de traces
d'oxyde de cobalt; enân de minces traînées de produits
lalqueux y sont fréquentes.
Ce gisement, dont l'exploitation est presque terminée
aujourd'hui, a donné lieu à l'ouverture, sur toute la lar-
geur de la ti-ainée chromifère qui ne dépasse guère &0 à
00 mètres, d'une série de chantiers en gradins, qui, après
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 3(35
avoir enlevé la couche argileuse stérile, ont permis
l'exploitation de to^ites l^s parties chromifères friables.
On a ainsi obtenu nn minerai ronstilué de petits graine
de fer chromé, cristaux de 1 à 2 millimètres de c6té en
général, empâtés d'argile en proportion de moitié à peu
près. Dans ces conditions le complément indispensable de
l'exploitation était un atelier de lavage ; il a été établi, à
3 kilomètres plus bas dans la vallée, en un point où l'eau
était assez abondante pour suffire non seulement au
lavage, mais encore à la production, au moyen d'une roue
hydraulique, delà force motrice nécessaire, La mine est
réunie à la laverie, et celle-ci l'est au bord de la mer, par
deux sections de tramway, longues respectivement de 3
et 5 kilomètres, et qui ne sont munies que de rails en
bois ; le transport du minerai s'j' fait à l'aide de che-
vaux .
Le lavage comprend d'abord un criblage à la maille de
1/2 centimètre, à la suite duquel on rejette toutes les
matières qui refusent de traverser cette maille, et qui no
peuvent contenir que du fer chromé impur, en raison de la
tînesse de son grain; puis on procède à un débourbage
sur une sorte de << round-buddie '>■ auge circulaire à fond
incliné dans laquelle touiment des palettes conrluites par
un arbre vertical, et qui est parcourue par un abondant
courant d'eau; une vanne permet de faire tomber de
temps en temps les parties lourdes qui se rassemblent au
fond, et qui, après égouttage, constituent le minerai pur,
tenant souvent jusqu'à 55 p. 100 de sesquioxyde de
chrome ; les parties entraînées par l'eau passent dans un '
long sluice en bois oii elles déposent des produits mixtes
qui sont relavés. La laverie, qui comprend trois round-
buddle, peut laver environ i tonnes de minerai brut à
l'heure et produire ainsi 2 1 à 2ô tonnes de minerai lavé
par journée de douze heures. L'exploitation, autrefois
assez active, était en diminution marquée au moment di'
D.D.t.zeabï Google
306 RICHESSES HmékALBS DE LA NOVVBLLS-CALÂDOIfrB
notre passage, en raison de l'épuisement des ressources
connues ; elle n'employait que 23 hommes en tout.
Un échantillon du minerai produit que nous avons anH-
lysé contenait :
Perle an fta 0,1
„ , ,, , , .. \ SesquiozTde de fer «t alumine.. 3,8
Soluble dans les acides. { ,. , ■ „ ,
( Magnésie 0,4-
/ Silice 8,1
, ,, 1 Sesquioxyde de chrome 58,!
'°'»'""» Pr.lo>,dsd.rer K*
( Hagnésle et ahimine tfi
II ne reste en activité actuellement, comme exploitatioa
appartenant au bassin de la rÏTière des Pirogues, que la
■ raine Alice-Louise (Voir la fig. 3 de la PI. IV), sitnée-
dans la vallée de la rivière Naporérédjeîmé, non loin dea
sommets sur le versant sud-oriental desquels se trouvent
les mines Bonne- Veine, la Trhaux, etc., et ao pied d'un
col derrière lequel coule la rivière Ngo; c'est d'ailleurs
en franchissant ce col par un transporteur que les mine-
rais de cette mine sont descendus au bord de la mer te
long de la vallée de la rivière Ngo.
Le gisement de ta mine Alice-Louise est le ptas puis-
sant des gisements de fer chromé d'origine détritique que
nous ayons été à même d'examiner en Nouvelle-Calédonie;
il est surtout remarquable par la hauteiir verticale aur
laquelle se rencontre le minerai, comme si les fragments
entraînée par tes eaux s'étaient précipités dans quelque
gouffre profond ouvert sur leur passage. L'exploitation,
qui a lieu au voisinage du thalweg de la Vallée, s'est en
effet développée en carrière à ciel ouvert jusqu'à 22 mètres
de profondeur. Ouverte en 1895, elle se poursuit encore
aujourd'hui avec une production de 2.500 tonnes par au;
elle aurait livré depuis le début a).000 tonnes de minerai,
dont la teneur aurait varié de 50 à 52 p. 100.
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M[»8RAI8 ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERP&NTINBS S07
Le giBement, comme nowe l'aTonH dit, se trouve à peu
<le distance du tbiûweg d'une vallée qui, sans être large,
a'est cependant pas étroitement encaMsée, et les travaux
se développent dans un sol dont la surface présente uae
pente relativement faiMe. Ce sol eitt entièrement consti-
tué par Un puissant dépAt d'argile ronge, recouvert, le
plus souvent, de grains ferrugineux, mais parfois aussi,
comme bu point eu l'exploitation a lieu, de fragments de
fer chromé plus ou moins volumineux. En s'enfonçant
dans le sol, on a d'abord rencontré an mili«i de l'argile
rouge des pffches isolées de minerai en gros fragments ;
plus bas, mai» toujonrs <ians l'argile, dont la couleur varie
d'ailleurs du brun au rouge et au janne, apparaît une
couche assez constante de graine noirs ferrugineux et man-
ganésiféres plus ou moins agglomérés en rogncms ; puis
au-dessous viennent des traînées île fer chromé, en petits
gnrin» le plus Rouvent nctaédriques : ces traînées affectent
des formes peu régulières: tantôt elles sont de faibles
dîmuiBionK et de formes allongées, groupées en assez
grand nombre sur une hauteur de 2 à ;) mètres, comme le
montre la /!y. 8 de la PI. IV; tantôt ce sont des masses
plos puissantes. Plus bas la formation devient plus
irrégulière encore, et complètement bigarrée ; elle pré-
sente, d'une façon 4)ui ne peut guère laisser de doutes sur
l'interprétAtion à donner ï cette apparence, l'apparence
de blocs àe serpentine pins ou moins roulés qni auraient
subi sur place une décomposition complète, réduisant tous
les éléments en produits de connstance argileuse et diver-
senient colorés (je brun, de rouge, de noir, de verd&tre, etc.
Entre ces argiles bigairées se développttnt et se ramîfîeHt
<]«3 amas Hoirs de fer chromé, tantôt en grains absolu-
ment conligus qui semblent s'être déposés dans les inter-
v^les des Uoce rocheux cpù devaient ensuUe se trans-
fonaer en argile, toniét en fragments empitéa dans une
plas ou moins grande quantité de produits sUioatés
bï Google
308 RicHESsas minérales de la nodvelle-calédonik
friables, paraissant provenir de blocs de roche chromifère
qui auraient été transformés tout comme la seqientine.
Les quantités de fer chromé ainsi concentrées sont
généralement suffisamment importantes pour justifier
l'abatage du tout : on parvient de la sorte jusqu'à des
profondeurs d'une vingtaine de mètres, en atteignant
Boit la serpentine compacte, soit nn banc d'argile rouge
que des sondages ont montré être stérile ; d'autres fois
on s'arrête à une profondeur ofi l'épuisement des énormes
fosses creusées par l'exploitation devient trop difficile.
C'est dans ce gîte, fort irrégulier, comme on peut en
juger d'après ce que nous venons de dire, que se pour-
suit une exploitation non moins irrégidière ; elle comporte
le creusement dans l'argile do fosses de formes variées,
s'enfonçant par gradins dans tous les points où l'exploi-
tation est rémunératrice, c'est-à-dire dans les points ob
l'on arrive à extraire au moins 1 mètre cubo de minerai
brut pour 3 ou 4 mètres cubes de stérile. L'expltù-
tation est parvenue actuellement à 22 mètres de pro-
fondeur ; la nature grasse du terrain protège assez bien
les excavations contre l'afilux des eaux courantes, et
ce ne sont guère que les eaux de pluie qui s'y préci-
pitent ; l'assèchement des gradins supérieurs est assuré
par des tunnels ; mais, pour les gradins inférieurs, cela
n'est plus possible, et ils ne restent découverts que
lorsqu'il ne pleut pas trop. Le minerai, abattu à la pelle
et à la pioche, est ensaché et remonté au niveau de la
surface par un treuil àbras; puis il est roulé par tramway,
sur 800 mètres environ, jusqu'au pied d'un transporteur
aérien qui lui fait franchir le col qui sépare la mine
Alice-Louise de la vallée de la baie Ngo, par où se fait
l'expédition du minerai, et oii s'en fait le lavage à la
faveur d'un cours d'eau suffisamment abondant et sur-
tout suffisamment permanent. Le transporteur, long de
2.200 mètres, ne présente pas entre ses deux extrémités
bï Google
.MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 309
une HifTérence de niveau suffisante pour pouvoir être
automofeur; il est actionné par une petite machine h
vapeur placée à la laverie ; celle-ci assure, comme celle
delà mine Georges-Pile, un simple débourbage du minerai
brut, qui ne rend pas plus de 50 p. 100 en poids de
minerai marchand,» une teneur variant de 51 à 52p. 100.
Le minerai lavé est descendu, par le tramway dont nous
avons déjà mentionné l'existence, jusqu'à la baie Ngo, où
il est embarqué.
La mine occupait au moment de notre passage, avec
tous ses services accessoires, environ 55 ouvriers; elle
produisait en moyenne 220 tonnes par mois, soit à peu
près 10 tonnes par jour de travail.
E. — Autres gisements de fer chromé.
Fréqueuts sont, sur toute l'étendue de la formation
serpentineiise, les gisements de fer chromé d'origine
détritique que nous avons rencontrés en parcourant la
colonie, et fréquents aussi sont sans doute ceux, qui
seraient exploitables ; néanmoins, les seules exploitations
en activité au moment de notre passage étaient celles du
dôme de Tiebaghi, celles du groupe de la baie Ngo, celle
de la baie Ouié et enfin ceUes des environs de la rivière
de Pourina situées à une quarantaine de kilomètres au
Nord de ces dernières.
Après avoir donné quelques indications sur les premières
d'entre ces exploitations, qui sont de beaucoup les plus
importantes, puisque celles des deux derniers groupes
n'ont pas produit ensemble en 1901 plus de 1.500 tonnes
lie minerai, nous mentionnerons différents autres gise-
ments que nous avons pu examiner; cela montrera bien
que, si le fer chromé est particulièrement abondant dans
deux massifs qui sont précisément riches aussi en cobalt,
à savoir le massif du dôme de Tiebaghi, et le massif qui
bï Google
3t0 RIGHBS8B» WNBBALM DB LA. MOQ VlfLLB-OALÉDONIB
9e développe en étoile entre ies vallées de fa rivière dos
Hiro^ues, de la rivière Pigo, det< différeais rutaseftiix
qui 9e jetteat dans la baie' du Sud', et do le rîvièrs dm
Lacs, il existe égalemeot, et non pajs Bmitemeiiti à «tre
de minéral intéretsast an point de vite j;À>logiqtie, mak
bien comme miaerai éventuellemeot «i^jMtabtef daaa
beaucoup d'autres points ; et celii fera voir eu mèm» ten]^
qu'il peut également se reocotitrer àaa» les seqtentîBM
riches en nickel.
Nous rappelons d'abord que nous avorn signalé la pvé-
sence du chrome ea rodiâ, iieui-ètre susceptible d'ôtre
exploité, à Saint-Vincent daus hbo vattéeoii les giseneata
de nickel sont nombreux, et près de Bourail tout & cMé
de la mine de nickel Heau-Soleil, et que M. Gamier en
supputait l'exploitation au mont Dore dans le massif même
oii le minerai de nickel a été trouvé pour la première
îoÏH ; rexploilation du fer chntiné a d'ailleurs été tentée
autrefois ilrnis ce massif.
D' autre part, nous ntentionnoroiis que nous avoua trouvé
dtt fer cbromé en sbcHidance dans les saUea de la petite
rivière Poitentloii prèsde Népoui, fM^venaut apipareminent
de qi>elf|H« ^s^nent plus on tooins impoHânt, et que, daita
l'une doe carrières aujourd'lnii abandoanées de la mine
ta Dorée à Kouaoua, oti avait rencontré ua filon de fer
chnnn^ dont il avait été abattu quelques beaux blocs de
minerai. En parcourant les régions riches en nickel de la
haute vallée de la Oncnglii, nous avons observé, dans
l'une des traînées relativement peu fréquentes d'aigle
rouge qui se rencontrent dans i% massif oti les pentes d(»
montagnes sont fort raides. un dépôt de fer chromé du
même type que ceux que l'on exploite sous le uum de
chrome d'allnvions ; enfin, auprès de la Dumbéa, aoa^
avons vu poursuivre des recherches pour nickel, pour
(^obalt et pour chrome sur le même périmètre, et, si elles
u'waient pas abouti & des résultats satisfaisants, elles
bï Google
MlttBRAJB ASSOCIÉS ^ LA FORMATION DKS SBRPËNTIN^S 311
avaient néamnoins inootré l'çxisteiicQ simultanée de quai(>
4it4a QoLablçs de niiu^rai» dea trois métaux-
F. — SjTDAXlOM ^ONOMIQUIv DES EXPLOITATIONS
QS VBfi ÇUBO^É-
Lçs cimelquea détaij^ qu^e. i^m^ venoos tjje donaer montrent
-cornbieu août diverses les coudîUons économi<i,ues dans Les-
^u^lles ^ trouvent les différeuts gisements que nous
âvoDS signalés : que le fçi: chromé s'y rencontre en roche
ou 30US la forme d'élémçfits détritiques, les frais d'aba-
tage sont très variables avec la puissance et La régularité
-du gite, ils sont d'ailleurs toujours notablement plus
faibles d^s le deuxième ca^ qve dans le premier ; les
frais de lavage sont à ajouter aux frais d'abatage lorsque
Iç minerai n'est pas assez pur pour être marchand tel quel,
c'est-k-dire lorsqu'd ne tient pas au moins 50 p. 100 de
s^squioxydc de chromç. Les frais d'extraction proprement
dite n'existent généralement point, ils sont renjplacés,
-commç dans presque toutes les exploitatijpus de Ut colo-
t^^e. par des frais de descente au bord de la nier, frais qui,
£ràce à l'emploi de plana inclinés aériens, sont assez
faibbs ; il faut d'ailleurs y ajouter les frais d'ensachage.
Ëufin un élément capital du prix de revient est constitué
fBT les frais de transport du pied de la i^ine jusqu'au
tateau qui doit emporter le minerai : ceux-ci comprennent
presque toujours, d'une part, un trajet de plusieurs kdo-
mètres pai- voie de teire et, d'autre part, un clialan-
-dage ; ces dépenses varient naturellement du tout au tout
avec la situation géographique du gisement.
Malgré les variations que subissent tous ces éléments
-du prix de revient, nous fournissons à litre d'indication
les quelques chilîrcs qui suivent et qui sont relatifs à
l'exploitatiçn du <* chrome d'alluvions ». Pour les mines
<le fer chromé en roche noua n'avons aucune donnée :
bï Google
1
312 RICHESSES HINÉRALBS DE 1-A NODVELLK-CALBDOKIE
l'cxploitalioii n'en a été tentée que rarement et jamais
avec un succès durable, même au début alors que le
minerai valait à peu près le double de ce qu'il vaut aujour-
d'hui, mais aussi alors que les conditions générales d'ex-
ploitation étaient plus onéreuses. Il semble cependant que
l'on puisse dire qu'à moins de conditions réellement favo-
rables au point de vue du lavage du rainerai (installation
d'une laverie travaillant dans des conditions économiques
et donnant un bon rendement) et du transport (création
d'une voie ferrée dont les frais de premier établissement
ne seraient pas trop élevés et pourraient être répartis
sur uu tonnage très important), l'exploitation d'un mine-
rai en roche, qui n'aurait pas à l'état de tout venant une
teneur commerciale, n'apparaît guère comme devant être
rémunérai ri ce. Les frais d'abatage seront en effet tou-
jours assez élevés, d'autant pins que l'on manque de bons
mineurs et que l'on est obligé d'avoir recours k des
mineurs australiens que l'on paie fort cher ; s'ils devaient
se rapporter à un minorai ne rendant en fer chromé
marchand que moitié de leur poids, comme cela a été le
cas pour certaines tentatives, et cela après une dépense
plus ou moins importante de bi'oyage et de lavage, le
prix de re\icnt augmenterait immédiatement dans une
large proportion. Si, au contraire, on peut extraire immé-
iliatement, d'un amas ou d'un filon d'une puissance suffi-
sante pour éviter des travaux au stérile sérieux, du
minerai marchand qn'il n'y ait qu'à expédier, il semble
qu'une exploitation doive pouvoir prospérer, et il est
vraisemblable que pareille tentative sera faite à plus ou
moins bref délai sur les beaux affleurements que nous
avons signalés.
Dans les gisements dits « d'alluvions », oii l'exploita-
tion ne comporte que des travaux de teri'assement dans
(les terres de consistance argileuse, les frais d'abatage
sont généralement faibles, bien que la dépense d'abatage
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 313
du minerai proprement dit soit chargée des frais corres-
pondant à l'enlè-ienient des terres de recouvrement et
des parties stériles entre lesquelles se trouvent les traî-
nées riches. En pratique on n'hésite pas à abattre 3 ou
4 mètres cubes de ces terres pour extraire 1 mètre cube
de minerai, on va même parfois jusqu'à 5 ou 6 mètres
cubes de stérile pour 1 de minerai ; les frais d'aba-
tage du mètre cube variant entre 1 et 2 francs, on
voit que l'abatagc du minerai peut couler en moyenne
de 5 à 8 francs par mètre cube. Exceptionnellement
un tel mètre cube de minerai brut se trouve être
marchand tel quel, il constitue alors un poids de 3 à
4 tonnes de fer chromé ; le plus souvent il doit être
lavé et peut rendre de 1 à 2 tonnes de minerai mar-
chand. Les frais d'ensachage et de descente jusqu'au
pied de la mine sont très variables, ils représentent,
comme pour les minerais de nickel et de cobalt dont nous
avons parlé ci-dessus, assez peu de chose comme frais de
main-d'œuvre; mais ce qui intervient surtout, c'est l'amor-
tissement des installations, et celui-ci doit souvent être
réparti sur un petit nombre de milliers de tonnes, quand
le gisement est peu étendu, comme c'est le cas pour plus
d'un de ces gisements de fer chromé; en comptant une
charge moyenne de 10 francs par tonne de minerai mar-
chand tant pour les frais courants que pour l'amortisse-
ment et l'entretien des installations, ouest, à notre avis,
à peu près dans la moyenne. Le lavage dn minorai,
lorsqu'il a lieu, comporte des frais de main-d'œuvre
notables, fréquemment des dépenses de combustible
(généralement du bois que l'on peut se procurer sur place
à bas prix), et une charge d'amortissement souvent impor-
tante, surtout lorsque l'on est amené à dépenser plusieurs
dizaines de milliers de francs (nous avons déjà mentionne
combien est élevé le prix de la moindre installation méca-
nique) pour l'installation d'une modeste laverie. Il est donc
bïCiOoglc -^
assez rare qu« 1« Irtvq^ r^vioane ^ moios de 10 firaups
par toQoe eaviroi). Quwt au trafisport à La iper. s'il a
lieu par les i-outes de ten-^, lyii sont le plus souTeat d^fis
un état d'entreti9n déplo^abt^, U. ne cobte pas moiqs de
0",75 à. 1 franc par Utane kilométrique ; si, a^ contrée, il
a lieu par tcaqiway, 1^ s frais cou^aDts ea soiit très réduita,
aux dépens d'une charge d'araortissemact qui, évaluée
par tonne, varie eo raison inverse d& 1a quapUié deoiip^
rai à extraire ; en reprenant 1«8 chiffres que nous a¥oa£
-déjà donnés, dfi 1!) à 20.0CX) firaocs par kijuniètce, cenuae
représentant les friÙË d'instaliatioa d'un tramway, 4D vût
-qu'il a'y a ifitérêt à La création d'un tramway qu# lors-
qu'on doit extraire plusieurs disaipes de uiiiJieEs de
tonnes. Enfin Les Frais de cbalandage jusqu'au bateau qui
doit emporter le minerai représentent, nous l'avons dit
déjà, lie 3 à 5 frajics par tonne.
Dana ces couditiouB Le prix de revient par tonne de
minerai marchand peut vaher, pour une exploiiat^u taor
■deste pLacée dans dea conditicais moyennes, ^tre les
limites suivantes :
Abatage (par tonne de miserai tvarchand). 5 à 10 francs
Frais d'ensachage et de descente 10 —
Frais de lavage, s'il y a lieu tO & 15 —
Frais de transport et de chalaodage 10 —
Le prix d'actiat en Nouvelle-Calédonie dçs minerais de
■chronije variant actuellement entre 50 et 60 fraucs la
toune, suivant La teneur, on voit que, pour une exploita-
tion astreinte au lavage du minerai, il reste peu de marge
pour réaliser iia béné&ce, à moins que des conditions de
gisement favorables ne permettent d'abaisser Les frais
spéciaux, ou de diminuer les charges d'amortissement par
ime répariitior. des dépenses sur un grand nombre de
jnilliers de tonnes.
C* dernier point est, à notre avis, un <Ie ceux qui ne
bï Google
MINBBAiS Associés A LA fORHATIOM 0K& SSBPBNTnfCS 315
-devraient pas être perdus de vue, mais qui l'est trop sour
v.eot: U y aurait £Féqueœmeot intérêt pour le propriétaic»
■d'un« mine à elierctuir h ea tirer tout ce qu'elle peut
iloDaer, wi l'asiéBageaiit avec soin de manière à exploiter
B)Hi pas aeuletoeat ua>e petite région particuliëreaujot
riche, nuis enoore les autres parties qui, bien que laàaa
£a,vori9é«B par lea conditions naturellea, pouiraient 6tra
pnie» avec profit par ce seul fait qu'une partie des ins-
tallations serait déjà payée par l'exploitatiOD de k por-
tim la pbu riche, et 4)ue d'autres inatallatioaa, teUea que
■celles de moyens de transport écononùquea, seraient jua-
ti6éee par la perspective de leur utilisation pour un ton-
oage suffisant. Il faudrait, nous somoies encore une fois
«oocUiit à Le répéter, que les exploitations minières
fueseet précédées d'une étude un peu sérieuse du gise~
neftt, puis eatrefuiaes et poursuivies avec plue de pré-
voyance qu'elles ne le sont généralenkent, et cela par un
«aDCessiojRaaire soucieux d'exploiter eu bon père de fa-
DÛIle la richesse qui lui a été concédée, plutôt que par
un amodiataire jt court bail qui cherche seulement ii
réaliser dans le plus court délai poss^le un certain bé-
néfice.
Quant aux débouchés du fer chromé, ils paraisseut assez
bien aaauréH et, autant que l'on peut prévcûr quelque
-choae au sujet d'un minerai dont les gisements actuello-
flwat exjftloités sont peu iK>mbreux, sa valeur parait ap-
pelée à te mainteuir aux environs du chiffre qu'elle atteint
-actueUeneut.
Lorsque, il y a quarante ans bientôt, M. Gamier songeait
le premier h rutilisatiou du fer chixuaé de Nouvelle-Calé-
-ilonie, il eu Qiait la valeur à 200 francs la tonne rendue
«aFrance, et indiquait qu'il pourrait en être vendu plusieurs
nilli^n de tonnes par an; à cette époque les usages du
ferchromé étaient Ji peu près restreints à la fabrication des
bï Google
316 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOC^'BLLE-CALÉDONIB
produits chimiques. En 1875, M. Heurteau évaluait k
4.000 tonnes la consummation du fer chromé en France età
150 ou i 60 francs la tonne la valeur qu'aurait sur le marché
européen le minerai de Nouvelle-Calédonie. En 1880,
lorsque ont eu lieu les premières exploitations sérieuses, les
conditions du marché étaient à peu prés les mêmes, et la
statistique officielle fixe k 100 francs la valeur sur place
(le ce minerai, qui était grevé <le 50 à 60 francs de fret
jusqu'en Europe.
Depuis lors, la demande de fer chromé s'est notablement
accrue, non seulement en raison d'une augmentation delà
consommation des chromâtes comme oxydants, de l'alun
de chrome et des produits colorants à base de chrome,
mais surtout en raison de son double emploi dans la métal-
lurgie à la fois p(tur produire le ferro-chronie nécessaire à
la fabrication des aciers durs au chrome (pour blindages,
obus de rupture, aciers outils, etc.), et pour la fabrication
de certaines soles de fours basiques. On consomme actuel-
lement, croyons-nous, dans le monde entier, environ
20.00iJ à 25.000 tonnes de fer chromé riche pour la
fubricalion des produits chimiques, plusieurs milliers de
lonncsde ferro-chrome, tenant aux environs de 70 p. 100
de chrome métal, pour la fabrication des aciers durs, et
un assez grand nombre de milliers de tonnes de fer
chramé relativement impur pom- la fabrication des. soles.
A cet accroissement de consommation a correspondu
l'ouverture de diff'érentos exploitations, et un abaissement
des prix. La valeur du fer chromé calédonien sur place,
évaluée par la statistique de l'exportation, s'est rapidement
abaissée de 100 francs la tonne (en 1880) à 60 francs (en
1894), et s'est depuis lors maintenue assez régulièrement
entre 50 et 60 francs. I,c fer chromé vaut actuellement
en Europe aux environs de 120 francs la tonne pour une
teneur de 50 p. 100 de sesquioxyde de chrome. Ao
moment de notre séjour dans la colonie, les marchés J
bï Google
MtNESAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION D£S SERPENTINES 317
étaient conclus sur les bases suivantes pour le minerai
rendu sous palans et ensaché : la teneur minima à laquelle
te minerai était accepté était celle de 50 p. 100 de ses-
quioKvdc de chrome, la tonne était payée, suivant les
conditions de détail des marchés, de 48 à 50 francs;
d'autre part, une plus-value de 2^,û0 par tonne était ac-
cordée pour cliaque unité pour cent de sesquioxyde de
chrome en plus de 50.
Ce chiffre de 50 p. 100, regardé comme nécessaire
pour la fabrication de certains produits chimiques, n'est
pas une limite inférieure indispensable pour que le fer
chromé soit utilisable pour la fabrication des ferro-chromes
par exemple, mais c'est celle qui est pratiquement fixée
actuellement par tous les marchés en Nouvelle-Calédonie,
et l'on ne peut guère espérer la voir s'abaisser notable-
ment, étant donné que le minerai est ensuite grevé d"un
fret presque égal à sa valeur sur place. D'ailleurs, pour
UQ minerai relativement facile à trier et à laver, comme
le fer chromé ijalédonien, ce n'est, pour l'amener à cette
teneur, qu'une question de soin dans l'exploitation et de
création d'installations de lavage, peu compliquées d'ail-
leurs, puisque, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, le
minerai lourd contenu dans les gîtes, soit en roche, soit
d'alluvions, parait être du fer chromé très riche en chrome.
Quant aux impuretés qui le souillent, nous avons déjà
dit que, dans les gites dits d'alluvions, ce sont surtout des
pellicules d'oxyde de fer et des traces d'argile rouge,
qui, rappelons-le, est composée surtout d'oxyde de fer,
de magnésie et d'un peu d'argile, et que, pour les gise-
ments en roche, ce sont des silicates alumino-magnésiens.
Diverses analyses qui ont été publiées montrent que,
pour les minerais enrichis, ces impuretés se réduisent
surtout à de la silice et à de l'oxyde de fer. M. Gamier
donne dans son mémoire de 1867 (*), pour un minerai de
{•) £«c.ct(., p. 83.
bï Google
318 BICHB88ES U1.1BRALES DE LA NOOVBLLB-CAlilDOmB
choix, l'analyse que noua reproduisoM ci-desBoaH Bftc
le n" 1 ; noua eo rapprochons lea analyses que doue
aTona faites et que uoim avons citée» ci-demus ; elles se-
rapportent : le n* 2, à tin bel éfîbaDtillon de fer chromé
en roche, sensiblement pur, ramassa «ur raffleureunat
de la mine Anna-Madeleine (baie du Sud) ; le n* 8, à on
échantillon de fer chromé d'alluTÏon», lavé, produit par
la mine Georges-Pile (baie Ngo), et le n' 4, à un échan-
tillon de minerai impur {petits grains de -ttt chromé
noyés dans une gangue silicatée) proTenant d« la ma^
Oiromière, près de Saint-Vincent,
13 3 4
Sesquioxjde de chrome.... 01,333 «8,00 S8,10 52,00
Proloxyde de for 30,6 17,79 87,«0 M,(0
Alumine 0,114 3,00 3,60 4,50
Magnésie 0,018 11,10 3,20 8,00
Silice 4,025 » 5,10 4,80
On comprend par là qne les mineran actuellement pro-
duits et connus en Nouvelle-Calédonie, avec leur teneor
éicTée en chrome et leur faible proportion d'impuretés en
dehors du fer, soient très appréciés à la fiHs pour ta b-
bricfltien des produits chimiques et pour ceUe des fem-
chromes ; leur état pulrérulent les rend moins propres s
la fabrication des soles de fours hitsiqiies, où l'on n'em-
ploie qu'exceptionnellement des pisés et des briqWK
artificielles, préférant généralement ies bloos nat«p^.
11 nous reste à donner quelques indications sur les ceo-
ciirrenta ile la Nouvelle-CalédtHiie poor l'approTisionae-
ment du monde en fer ohi^omé.
D'après les tableaux statistiques publiés dans The
Minerai Industry, les quantités de fer chromé exploitées
dans les dernières années jusqu'en 1900 par les difféfi^ts
pays auraient été le» suivantes :
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DSB SEItPimTiH]88 319
...
».».
.....
ClLiHMJl
l-lDTï
du Sud
,..,...
.„,.
is-
^
TOTtOI
Wk=.
707
2.882
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8.014
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18.018
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M»
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1.796
4.'W
12.480
b.3Sl
kl
t-S38
IWU
Ï.118
a.600
10.174
m
I8.m
fl.HH
Kiul
49.777
Cette statistique n'est peut-être pas abeolument com-
plète, spécialement en ce qoi concerne la Turquie d'Asie,.
où une partie importante du minerai exploité échapperait
aux droit» et en même tempB à la statistique.
Quoi qu'il en soit, la Nouvelle-Calédonie a été pendant
toutes ces dernières années l'un des deux on trois plus
importants, lorsqu'elle n'était pas le plus important, dett
pays producteurs de fer chromé, et sa productidn a aug-
menté encore de plus de moitié de 1900 à 1901
(17.649 tonnes en 1901) pour retomber, il est vrai, à
10.28t tonnes en 1902; elle fournit à elle seule environ
le quart de la consoinmation totale du monde.
II semble, d'après les renseignements très incomplets
que nous possédons, que ce ne soit qu'en Asie Mineure et
dans l'Oural que l'on trouve des gisements de fer chromé
qui soient dans des conditions naturelles comparables à
celles des gisements de la Nouvelle-Calédonie; si ces der-
niers ont le désavantage de leur éloignement et des con-
ditions industrielles peu favorables du pays, ceux de
l'Oural sont astreints à de longs transports par voie de
terre, et ceux de l'Asie Mineure, situés dans un pays où
les entreprises industrielles sont singulièrement malaisées
à conduire d'une façon régulière, ont eux aussi leurs dif-
ficultés spéciales ; d'autre part, si pour la Nouvelle-
Calédonie on ne peut guère espérer voir le fret s'abais-
ser encore beaucoup, il y aurait beaucoup k faire pour
remédier aux difficultés résultant de la situation indus-
bï Google
320 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
trîelle générale de la colonie, comme nous le ferons
ressortir dans ce qui suit.
" Nous croyons avoir sufflsammeut montré combien
nombreux soat les gisements de fer chromé en Nouvelle-
Calédonie, combien beaucoup d'entre eux sont favorisés
parles conditions mêmes de gisement, et combien il serait
possible d'en tirer un meilleur parti le jour où on les
exploiterait avec des vues plus larges.
Nous ne doutons donc pas que l'industrie du fer clironié,
qui a pris un beau développement au cours de ces der-
nières années et qui a représenté un chiffre d'affaires do
plus de un demi-million, atteignant même près de un mil-
lion en 1901, ue soit appelée à un essor plus large, et ne
puisse, pendant de longues années encore, apporter un
important appoint à la prospérité de l'industrie minière
de la colonie.
bï Google
LES 1UHERAI8 DE FER.
A. — Indications générales.
Nous ne pouvons pas terminer ce qui a trait aux raine-
rais associés à la grande formation aerpentineuse de la
Nouvelle-Calédonie sans faire mention des quantités
énormes de minerais de fer qui sont associées à cette for-
mation ; leur abondance ne saurait passer inaperçue aux
veux de ceux qui circulent dans la colonie, et aussi bien
M. Gamier que M. Hourteau y ont consacré une partie de
leurs études sur les rirbesses minérales de la colonie.
M. Ganiier, dans son mémoire de 1867 (*), s'exprimait
ainsi ; « Lorsque l'on voit ces montagnes entières de fer
hydroxydé s'élever au bord de la mer, dans le fond de
ports aùrs, on se demande pourquoi les navires du com-
merce qui quittent toujours la Nouvelle-Calédonie sur
lest ne viennent pas chargés de ce Uiinerai, qui peut avoir
une valeur assez élevée « ; il ajoutait queTessai par voie
sèche de ce minerai avait donné un culot d'une fonte
blanche assez tenace indiquant une teneur de 51 ,30 p. 100
de fer; il mentionnait enfin que le minerai tient toujours,
disséminée dans sa masse, une. certaine quantité de chro-
raate de fer.
M. Heurteau ('*) signalait la présence en Nouvelio-
(•) I.OC. cit.. p. 13.
{••) Loc. cit.. p. 382 et aiiiv.
bï Google
i
322 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODTELLB-CALEDONIE
Calédonie du fer oxydé et hydroiydé sous diverses
formes, d'abord au milieu des terrains anciens du Nord
de l'ile, et surtout dans les serpentines ; il notait la forte
teneur en fer des argiles magnésiennes produites par la
déc-omposition des serpentines, mais s'arrêtait uniquement
aux amas do blocs scoriacés de fer hydroxydé chromifert
que l'on rencontre sur le flanc des montagnes. Faisant
obser\'er qu'on ne peut songer à installer des hauia
fourneaux et à fondre le minerai sur place, et constatant
que l'Australie ne peut lui offrir un débouché, et que, d'autre
part, " lin minerai de fer, quelles que soient sa richesse
ft sa pureté, ne peut supporter les frais de transport jus-
qu'en France que s'il possède quelque propriété spéciale
qui le fasse rechercher par les usines pour être employé
par elles en quelque sorte comme réactif et mélangé à
d'autres minerais », il insistait sur ce fait quelesminerms de
la Nouvelle-Calédonie qu'il avait fait analyser en France
tenaient dos proportions très notables de chrome, et il
concluait qu'il serait intéressant de faciliter des essais
d'emploi en France du minerai chromifêre de la Nouvelle-
Calédonie .
Nous n'avoua pas connaissance que de tels essais aient
Jamais été faits, et, si l'on a souvent parlé, depuis lors, des
richesses considérables que représentent ces amasdemine-
nii de fer, on n'a jamais rien fait pour tenter leur mise eu
valeur ; il a seulement, à une certaine époque, été pns
des peruds de recherches pour minerai dé fer sur des
élendues considérables au voisinage de la baie du Sud,
dans un but qui était vraisemblablement tout autre que
celui d'y faire des recherches ou d'étudier sérieusement
l'utilisation dos minerais qui s'y rencontrent.
Bien que nous ne voyions pas pour le moment, et même
pour un avenir assez lointain, la possibilité de tirer un
parti quelconque do ces minerais, nous en décrirons
brièvement les gisements.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 323
- Le fer ne constitue, en somme, qu'un élément presque
secondaire des péridotites et des roches serpentineuses
auxquelles elles donnent naissance, puisque l'analyse n'y
décèle que de 5 à 12 p. 100 de sesquioxyde de fer,
soit seulement de 3,5 à 8 p. 100 de fer métallique, îdors
que la magnésie constitue de 3 à 4 dixièmes du poids
total de ces roches, et la silice de 4 à 5 dixièmes; mais le
fer se concentre très fréquemment sous des formes que
nous pouvons ramener à trois types distincts : les blocs
scoriacés d'hématite rouge, les grains d'hématite plus ou
moins hydratée, et les amas de sesquioxyde de fer
hydraté pulvérulent associé à de la sihce, de l'argile et
de la magnésie, que nous désignons sous le nom d'argiles
rouges.
B. — Description des principaux types de minerais.
Les blocs scoriacés d'hématite rouge se rencontrent,
avec des dimensions très variables, sur le flanc et sur les
crêtes des massifs de péridotite, et parfois jusqu'à leur
pied. Us sont extérieurement d'une coloration foncée et
mate due aux actions atmosphériques ; brisés, ils donnent
une cassure irrégulière à aspect bleu métallique, quelque-
fois à reflets rouges, et leur poussière est rouge ; ils sont
peu ou pas magnétiques, et l'analyse montre qu'ils sont
essentiellement constitués d'hématite rouge ou sesquioxyde
de fer anhydre. Leur forme est irrégulière, et Ils se
montrent caverneux ou vacuolaires dans toute leur masse,
mais la matière dans laquelle s'ouvrent les vacuoles est
de l'hématite dure et compacte; leurs dimensions varient
de celle du poing, et même moins, à une fraction impor-
tante de mètre cube; les plus gros blocs se rencontrent
généralement au sommet des montagnes ou an voisinage
des sommets; ils sont tout partîcuhèrement abondants
sur les plateaux et sur les pentes douces recouvertes
bï Google
324 RiCHBSSBS MtMÈRAl.E8 DE LA NOUVELLES-CALÉDONiE
d'épaia manteaux d'argile. Leur présence est en particu-
lier si constante buf les crêtes que, depuis des temps
reculés, les Canaques ont coutume de s'en servir pour
élever sur les crêtes, aux croisements des sentiers, des
pyramides ou des amas de ces blocs servant à la fois de
repères et de fétiches. Nous avons noté la présence
d'amas particulièrement puissants de ce genre de mioe-
rais sur les pentes douces que suit la route de Nouméa k
Prony pour descendre vers Prony, dans le massif du mont
Kougouliaou, à la baie de Bà, au dôme de Tiebaghi, et
même sur presque toutes les montagnes de la formation
serpentin ou se. Nous ignorons d'ailleurs complèteaieut
quel peut être le développement de ces gisements en
profondeur, puisque nous ne pouvons même pas dire si
les blocs que l'on rencontre sont uniquement des blocs
volants, ou ai certains d'entre eux ne seraient pas les
tètes de filons uu d'amas.
Le mode de formatioi) qu'il convient d'attribuer à c«s
blocs d'hématite est, en effet, loin d'être certain :
M, Heurleau, rapprochiint la grande abondance de ces
blocs tout autour de la baie du Sud de l'existence encore
actuelle do sources thermales dans la région, déclare que
les minerais de fer paraissent y avoir été déposés par des
sources minérales ("); d'autre part, il indique que les
blocs de fer de l'ile Ouen pourraient bien provenir de la
destruction du chapeau ferrugineux d'un filon d'euphotide.
Nos observations personnelles, qui, en dehors de l'examen
même des gîtes de nickel, cobalt et chrome, et surtout
des gites exploités on vraisemblablement exploitables, ont
nécessairement d(i être très restreintes, faute de temps,
ne nous permettent pas de présenter d'argument décisif â
l'appui de l'une on de l'autre de ces théories ou de tonte
autre. Nous aurions cependant, pour notre part, beau-
n loc, cit.. p. 383,
bï Google
MISERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SBRPENTINHS 3^
coup de peine à admettre que cea énormes quantités
(ie blocs d'hématite puissent (irovenir de la simple alté-
ration superficielle d'une partie des roches de la for-
mation serpentineuse : c'est là une idée qui se présente
immédiatement k l'esprit, nous en convenons, mais, en
examinant les rhoses de plus près, on reconnait qu'il
est tieaucoup plus vraisemblable que ce soient les argiles
rouges qui représentent celui des éléments de la décom-
position actuelle des péridotiles oii s'est concentré le J'er
qui y était conlcnii : et il nous parait bien difficile d'ad-
mettre que des roches dont la teneur moyenne est de
8 à 9 p. 100 de seRquioxyde de fer, avec une densité
voisine de 3, aient pu, en perdant leurs éléments essen-
tiels, silice et magnésie, et sanslinterveniion d'importants
phénomènes métamorphiques, donner naissance à des blocs
souvent énormes ayant une densité apparente (cavités
comptées dans le volume] de 4 à 5 et constitués. Jusqu'à
concurrence d;i 80 àiK)p. 100enpoid»,pardusefiquioxyde
de fer. Une telle transforroation ne serait possible qu'en
supposant un déplacement complet du fer avec dissolution
de cet élément, ce qui revient à l'hypothèse de la formation
par des sources minérales sur laquelle nous reviendrons.
M. Heurteau invoque, il est vrai, non pas la décomposi-
tion des péridotites, qu'il désignait sous le nom de serpen-
tines, mais celle de filons d'euphotide ; mais, d'une part,
nous n'avons précisément pas rencontré 'Je filons d'eupho-
tide dans les points où les blocs d'hématite sont le plus
abondants, et, d'autre part, si l'euphotide peut contenir
des pyroxènes tenant plus de 8 à 9 p. 100 de sosquioxyde
de fer, la magnésie est vraisemblablement toujours domi-
nante dans ces pyroxènes comme elle l'est dans tous les
silicates ferro-magnésiens que nous avons rencontrés en
Nouvelle-Calédonie, et, en outre, la silice est d'autanl
plus abondante qu'elle apparaît aussi dans les feldspaths ;
il en résulte que les raisoiLs que nous donnons ci-dessus
bï Google
326 RICHBSSKS MINÉRALES DB LA NODVELLE-CAl.EDOKIE
pour ne pas admettre que les hématites en question pro-
viennent de l'altération de péridotites nous paraissent toal
aussi sérieuses pour n'en point faire chercher l'origine dans
la simple décomposition superficielle de roches moins
basiques, mais peut-être un peu plus ferrugineuses, qui
s'y rencontreraient en filons. Nous ne croyons pas d'ail-
leurs que de semblables formations d'hémaiiic aient jamais
été reconnues pour avoir une pareille origine ; les blocs
en question diffèrent en effet essentiellement de tout ce .
que l'on rencontre d'habitude dans les chapeaux de fer
des filons, même lorsque ceux-ci sont constitués par des
roches ou des minerais riches en fer.
L'hypothèse suivant laquelle ces minerais de fer auraient
été déposés par des sources minérales, chaudes on non,
serait assez séduisante, d'auUnt plus qu'on trouve parfois
ces blocs ferrugineux groupés autour de crevasses ou de
cheminées plus ou moins circulaires s'ouvrant dans les
argiles, et dans lesquelles on pourrait songer à voir la
trace des émissaires de sortes de geysers dont les eaux
auraient conteim le fer en dissolution. Mais l'aspect même
de ces minerais, qui, bien que présentant dans leur masse
de nombreuses va<'uoles, sont en somme formés d'hématit*
compacte et ne sont nullement concrétionoés, est loin de
confirmer pareille h3-pothè8e, et nous n'avons relevé nulle
part, comme pour les minerais de nickel et pour ceux de
cobalt, des apparences accusant nettement le caractère
de dépôts de sources, tels que ceux que nous voyons
actuellement se former sous nos yeux.
Nous avons dit au contraire que, du moins en certains
points (dôme de Tiebaghî, par exemple), les relations de
gisement entre l'hématite et le fer chromé nous ont fait
supposer que les blocs de l'un et de l'autre minerai pro-
venaient d'un même gisement, amas ou filon, constitué
originairement de fer chromé et de magnétite, avec ou
sans interposition de gangue, et que les blocs cavemeW
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 327
d"h^matile représenteraient siiuplemeiit les chapeaux plus
ou moins rongés et oxydés des amas de magnélite ; nous
avons en outre indiqué à l'appui de cette manière de voir
que les corrosions extérieures de ces blocs nous ont paru
parfois indiquer la forme d'anciens cristaux octaédriques
de magnétite, qu'on retrouve des fragments attirables à
Taimant au sein do ces blocs, et enfin ciue Tattaque par
l'acide rblorhydrique laisse inattai^ués des grains île
fer chromé qu'il serait difficile de regarder comme ayant
également été déposés par des eaux minérales. Tout cela
nous porte k attribuer la formation du gisement primitif
d'où dérivent ces blocs à une ségrégation ignéo beaucoup
plutôt qu'à des sources njinérales.
Les quelques analyses qui suivent montrent cnlre quelles
limites varie la composition de ces hématites : les deux
premières d'entre elles ont été exécutées à l'École des
Mines de Paris, par M. Moissenet, sur des échantillons
rapportés par M, Heiu-teau('}, la troisième a été faite
au laboratoire des forges de Saint- Nazaire sur un échan-
tillon de M. Garnier et que <elui-ci considérait conmie du
tout venant ('*), la quatiiéme se rapporte à un échantillon
typique que nous avons recueilli k la baie Bi au voisinage
du gisement de cobalt décrit ci-dessus et que nous avons
analysé au laboratoire de l'École ilos Mines île Saint-
Étienne.
{■) HEl-HTEAtl, loc.cil., p. 386,
(**) ûahmrh. Mémoire sur le) gisements de cobalt, île chrome et de fer
i< la Souvetle-CalHome {ffoci^/i ilts Ingénieurs ciiils de France, 18M1.
i" semestre, \i- 366).
bï Google
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328 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVBLLB-CALEDONIE
f'"-,;-: I MO 'm\'ÎZ\ '■«
Acide titanique \ ( o,8ti i
Peroxyde de fer 69,60 73 68 W.*
Oxjde rouge de manganfese. 2 0,60 2,08 "»«■
Oxyde vert de chrome 5,33
Alumine ir«'-»
Chaux —
Acide phosphorique non dot*
Chlorure de sodium ir. —oribi
Acide sulfurique 0,60
Perte par catcioalion IS,60
Nous ajouterons, en ce qui concerne le dernier échantil-
lon, qu'il semblait parfaitement pur de tout mélange d'ar-
gile ou d'autres matières étrangères, qu'il donnait une
cassure franche d'un bleu métalliquo, et qu'il se réduisait
en une poussière rouge. Attaqué par l'acide chlorhydrique
concentré et chaud, il laissait un résidu de 5,5 p. lOO
constitué essentiellement de silice et de fer chromé; son
analyse élémentaire pourrait être représentée ainsi qu'il
suit :
Hématite rouge S8,l p. 10»
Fer chromé 3,3 —
Oxyde de maDganèse traces
Oxyde de chrome soluble dans l'acide chlorhydrique. 4, S p. lOO
Silice, acide tilaoique, argile, chaux, etc 2,!tS —
Humidité 1 ,43 —
Les chiffres précédents montrent que les hématites de
Nouvelle-Calédonie constitueraient de bons et riches
minerais de fer, puisque leur teneur varie de 50 à 60p. lOO
de fer métallique ; elles présentent on outre la particula-
rité d'être chargées de chrome.
A côté des gros blocs d'hématite on rencontre, sur les
pentes des massifs sorpentioeux qui ne sont pas tro[>
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A I^ FORMATION DBS SERPENTINES 339"
abruptes pour empêcher là formation de tout dépôt le long-
de ces pentes, des lits soiivent très épais et extrêmement
étendus de grains de minerai de fer de la grosseur d'uo
pois a pou près; on a souvent désigné cette catégorie de
minerais flous le nom de fer pisolithique, nom que nous
ne croyons pas devoir adopter, car ces grains n'ont des
fers pisolithiques connus dans nos régions qne la dimen-
sion, n'en ayant ni la forme, ni l'aspect extérieur, ni la
composition. Rugueux à la surface et recouverts d'une
couche d'un millimètre environ de fer hydroxydé plus
ou moins pulvérulent, ils se montrent intérieurement cons-
titués d'hémalite rouge et paraissent très évidemment
être des débris de blocs d'hématite, descendus générale-
ment plus bas sur les pentes de la montagne que les blocs
intacts, et ayant, du fait de leur division, subi plus qu'eux
l'efTet de l'air humide qui a transformé extérieurement
l'hématite rouge en hématite brune.
L'analyse d'un échantillon de ces grains ferrugineux
provenant des pentes du massif de péridotite de la mine
Hasard à Tomo nous a donné les résultats suivants :
ANALYSE IMMÉDIATE
16,2
Perle au feu
I Silice
i Alumine
Insoluble dans 1 Sesquioxyde de fer 0,57
l'acide cfalorhydriquej Oxyde rouge de manga-
j nèse 0,9
1 Ma^ésie 0,25
i Silice 0,5S
i Peroxyde de fer 64,25
l Oxyde rouge Je inaDga-
1 nèae 0,2
< Sesquioxyde de chrome.
1 Oxyde de nickel
i Alumine 3,65
[ Chaux 0,8
', Magnésie... 0,15
Soluble dans
l'acide chlorhydrique
0,4
bï Google
330 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÈDÛSIE
ASALÏSK ÉLÉMBNTAIBE
Silice. .
16,73
[[[[ «,31
Manganèse "i^'
Chrome * '39
Oxygène combioé aux métaux 20,80
Alumine *-«
Chaux **'8
Magnésie ">*
Eau ^'^
Un tel minerai, tenant après calcination 49,75 p. ItX»
de fer métalliqne, serait encore un minerai d'une bonne
richesse ; aucune impureté ne s> montre en quantité plus
gênante que dans réchantillon a- 4 du tableau qui précède :
le chrome y est en quantité notable, c'est un point sur
lequel nous reviendrons.
Enfin des amas excessivement importants d'une forma-
tion rouge, pulvérulente, grasse, imperméable, etplusoii
moins plastique, s'étalent sur toutes les pentes doucos
des massifs serpentineux et sur tous les sommets qui ne
sont pas trop abrupts , et se développent en outre dans les
différentes « vasques >i qui se creusent entre les saillies
des rochers de péridotite plus ou moins altérée.
Ces amas, assez fortement hydratés, sont essentiellemenl
constitués d'oxydes de différents métaux parmi lesquels
domine le fer, accompagné d'un peu de manganèse, de
nickel et de cobalt ; ces oxydes sont associés à de la sîlice-
à de l'argile et à de la magnésie ; le tout englobe
en outre différents débris minéraux comprenant principale-
ment du fer chromé et de Vonstatite plus ou moins altérée.
Cette formation est d'ailleurs loin d'6lre homogène, elle
est parfois nettement bigarrée, d'autres fois elle présenic
(les couleurs variant du rouge orange an rouge vîolarc:
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 331
certains lita sont particulièrement riches en silice au point
de constituer plutôt des sables, d'autres sont particulière-
ment ocreux, d'autres enfin plus nettement argileus.
La formation est généralement recouverte, et partielle-
ment mélangée, des grains d'oxyde de fer que nous venons
de mentionner; elle contient souvent de véritables lits de
fer chromé, constituant non seulement les gisements
exploitables que nous avons décrits, mais aussi des con-
centrations beaucoup moins avancées; elle englobe en
outre les rognons cobaltifères et manganésifères qui
constituent les minerais de cobalt.
On aura une idée de la constitution chimique de ces
masses d'après les résultats des analyses suivantes : les
deux premières sont rapportées par M. Garland(*), la
troisième a été faite par M. Moore au laboratoire du ser-
vice local à Nouméa sur un échantillon d'un banc spéciale-
ment ocreux exploité comme ocre auprès de la baie du
Sud, les quatrième et cinquième ont été exécutées par
nous-même sur des échantillons provenant, l'un de la
mine Hasard h Tomo, choisi particulièrement argileux,
l'autre de la mine des Boniets à Thio, pris au voisinage
immédiat d'un gisement de nickel exploité.
Silice 18,42 12,45 S,88 37,1
Sesquioxyde de fer 69,30 66,36 13,66 36.5
Alumine 0,45 - 5,37 3,0
Oxydes de nickel et de
cobalt 1,64 3,14 0,98
Chaux " » » "
Magnésie et oxyde de man-
ganèse 0,39 5,35 0,74 2,6
Sesquioxyde de chrome.. " » 2,13 ><
Eau 9,80 12,70 1 1 ,02 20,5
(*) Traruacliont Inatiluie Mining and MetaUtti-gy, p. ISl à 148; 1X94.
bï Google
333 UCHB8SES HECÉKALES DE Lfc lïOCTELLB-CAlÂDOXiE
Le dernier échantillon présentait l'anal^'^se immédiate
suivante :
. Sesqnioijilp de fer 61 ,6
EUmenls solnbln < Haçnéâie 4,3
dans l«s Acides, i Silice 0,9
■ Oi;desde Dickelelde cobalL... 1,7
Erstalilc altéré* 2,8
Insoluble • Fer cbromé 3,1
' AreilehydraUe et silicates diven. 11,0
Eau élimiaée par calcinatioD légère 13,t
La teneur en fer métallique de ces différents échantil-
lons ressort respect! renient à 4A.ôl p. 100 — 46,4i>
p. M) — 51,J6 p. iw, — 25.55 p. 100 — et i4,tift
p. 100 à létot cru. et k 53,78 p. liO — 53,20 p. 100 —
57,94 p. 100 — 32.14 p. H» — et 51,39 p. 100 après
c»lcination ; ils constitueraient dunr encore le plus sou-
vent de véritables minerais de fer.
Ajoutons qu'il existe encore beaucoup de fer daos les
formations anciennes du Non! de la Nouvelle-Calédonie,
conime l'avait indiqué M. Heurleau, et que l'on y a ren-
contré certains affleurements qui signalent peut-être des
filons ou lies amas de minerai de fer d'une certaine
importance- C'est ainsi qu'on nous a montré des échan-
tillons provenant du sommet du Tanou (ligne de cr6te
entre le Dialiot et la rivière de Koumac) constitués de
belle hématite avec gangue de quartz.
C. — Utilisation iNnusTRrELLE des minerais db fïr
DE LA NoUVELLE-CALÉlWflIS.
Les indications qui précèdent suffisent k montrer
qu'il existe dans la colonie dos ressources très impor-
tantes en minerais de fer, d'une richesse parfaitemenl
suffisante, soit crus, soit après calcinalion, pour pouvoir
bï Google
MINERAIS ASSOCliS A LA FORMATION DES BGRraNTINBS 333
■*tre employés à la fabrication de la fonte ; les impuretés
généralement à redouter dans les minerais de fer ne
paraissent pas y exister en proportion nuisible, tout au
plus quelques-uns d'entre eux sont-ils chargés de magné-
sie. Mais ils renferment, d'une façon constante et en pro-
portion notable, du chrome et souvent un peu de nickel, ce
qui De serait pas sans être fort gênant pour une fabrica-
tion courante, si ces métaux ne s'éliminaient pas dans le
laitier : le chrome n'y manquerait sans doute pas, pnisqu'il
est toujours difficile dans la fabrication des ferro-chromes
d'éviter qu'il n'y passe en très grande abondance ;
pour le nickel il n'en serait peut-être pas de même. Une
telle question ne saurait d'ailleurs mieux être ëluci(1<^e
que par des essais dans les conditions de la pratique. Si
ces deux métaux passaient d'une façon sensible dans Ips
fontes, et de là dans tes fers et aciers, ils seraient sus-
ceptibles de donner à ces produits des qualités excep-
tioDnetles, très pn'Tieuses pour certains usages, mais fort
gênantes pour d'autres ; en outre, leur présence dans le
métal rendrait son travail beancoup plus difficile. 11 y
aurait donc peut-^lre déjà, du fait de la présence dû
chrome et du nickel dans les minerais de fer de la Nou-
velle-Calédonie, une gône pour leur emploi courant.
Si, laissant de a'ité cette difficulté, qui ne serait sans
doute pas un obstacle absolu à leur emploi, on exa-
mine quels sont les débouchés qui pourraient leur être
offerts, ou constate, comme le faisait il y a vingt-huit
ans M, Hourteau, qu'ils sont nuls. Malgré un certain
développement industriel pris par la colonie depuis cette
éffoque, on ne peut, pas plus aujourd'hui qu'alors, songer
à la création d'une industrie du fer en Nouvelle-Calé<lonîe ;
nous avons suffisamment fait ressortir la difficulté d'or-
ganiser la fusion sur place du minorai de nickel, pour
lequel il s'agit de réaliser une économie de fret de près
de 40 francs par tenue par une seule opération métallur-
bï Google
334 BICHESSBS MINÉRALES DB LA NOCVELLB-CALÉDONIB
gique, pour que l'on comprenne que U production des
fers et aciers commerciaux se heurterait à des difficuliés
très nombreuses; leur prix de revient serait donc vrai-
semblablement très supérieur à celui des produits imptw-
tés d'Europe; d'autre part, la fabricatioD d'un produit
dont la valeur n'est pas plus élevée que la fonte, en vue
de l'envoi en Europe, n'est pas non plub possible, surtoat
dans un pays oii le bon cbarbon sera toujours assez cb».
Pourrait-on expédier les minerais calédoniens en Au»-
tralie? Cela ne paraît pas davantage possible ; il n'existe
pas encore d'industrie du fer et de l'acier en Australie,
bien que l'on songe sérieusement à en créer une. Mais,
en vue d'une semblable création, des recherches ont été
faites, surtout en Nouvelle-Galles du Sud oîi se trouvent
de beaux gisements houillers, et elles ont abouti à U
découverte de nombreux et importants gisements de fer,
qui pourraient sans doute fournil' des minerais de qualité
suffisante à des prix notablement plus bas que ceux des
minerais que l'on pourrait amener de Nouvelle-Calédonie,
et qui seraient grevés d'un fret de 10 à 12 francs. Ajou-
tons d'ailleurs que, n'en fût-il pas ainsi, par exemple aa
cas on il deviendrait possible de combiner des expéiU-
tions de minerai de fer de Nouvelle-C-alédonie en NouvelJe-
Galles du Sud comme fret de retour pour lei bateaux y
apportant du charbon, il est très vraisemblable qu'avec
les tendances très protectionnistes du gouvernement de
la Confédération australienne, des droits de douane vien-
draient empèrhei' pareille concurrence aux gisements
australiens.
Quant au transport des minerais de Nouvelle-Calédo-
nie en France, il n'y faut pas songer, étant donné la va-
leui- qu'ont en Europe môme les meilleurs minerais de fer.
C'est d'ailleurs là la considération sur laquelle nous
devons insister en terminant : si des minerais à valeur
relativement élevée peuvent être exploités en Nouvelle-
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 335
Calédonie, non sans certaines difâcultés, puisque, malgré
les conditions de gisement souvent très faciles du nickel,
on a quelque peine à le produire à des prix suffisamment
modérés, des minerais à faible valeur commeles minerais
de fer, dont les meilleures qualités valent en Europe de
15 à 20 francs, ne sauraient même à notre avis, quelque
facile que soit leur exploitation, être actuellement rendus
sous palans dans la colonie à des prix inférieurs à une
semblable limite. Les chiffres que nous avons donnés ci-
dessus pour les frais de transport, d'embarquement, etc.,
suffisent k le montrer.
Dès lors, tout concourt à faire penser que, ni aujour-
d'hui, ni avant un avenir que l'on ne peut guère escompter,
les riches et abondants minerais de fer de la Nouvelle-
Calédonie ne pourraient 6tre utiliséK,
bï Google
QUATKlËyE PARTIE.
aiSEMINTa H^ALLIQTJ^ DIVIRS.
A côté du fer, du nickel, du cobalt, et du chrome,
dont les gisements sont en très étroite relation avec 1&
grande formation serpentineuse, on rencontre dans les
autres terrains qui constituent le sol de la Nouvelle-
Calédonie une grande variété de minerais métalliques:
sans nous arrêter pour l'instant à la question de l'utilisa-
tion possible des minerais en question, nous mentionne-
rons qu^ nous y avons recueilli nous-mème de l'or, da
platine, de largout, du mercure, du cuivre, du plomb,
du zinc, du manganèse, de l'antimoine, du tungslcne,
du titane, du molybdène ; nous ajouterons qu'on avait
cru autrefois rencontrer également de l'étain, mais qu il
parait bien établi que cotte indication était erronée.
De tous ces métaux divers, plusieurs ont été, dans le
temps, l'objet d'exploitations ou de tentatives d'exploi-
tation, ce sont l'or, le cuivre, le plomb argentifère et l'an-
timoine : mais, seul parmi eux, le cuivre a donné lieu.
il y a une vingtaine d'années, à une exploitation d'une
prospérité réelle et d'une certaine durée. Quant aui
autres métaux, ils n'ont été que signalés, et leurs gise-
ments n'ont jamais été, à notre connaissance, l'objet
d'aucun essai d'utilisation.
bï Google
CHAPITRE PREMIER.
LE CDITBfi.
- HiSTORIQCE.
Dès iS43, un missionnaire, le Père Monirouzicr, signa-
lait à Koumac une mine de cuivre, mais cette indication
parait être restée oubliée pendant bien des années.
Lorsqu'en 1863-66 M. fïarnier fit une première étude
des richesses minérales de la colonie, il mentionna l'exîs-
lence du cuivre h Tlle Ducos et rapporta(') au sujet
<Ies échantillons qu'il y avait recueillis une indication de
Rivot de nature à encourager des recherches en ce point;
il signala d'autre part que des indigènes lut avaient
affirmé qu'il existait dans la vallée de la rivière d'Amoi
du cuivre pyriteux associé à de la barvtine.
Mais ce n'est qu'à la fin de 1872, lorsque d'assez minu-
tieuses recherches poursuivies tout autour de la basse
vallée du Diahot par les chercheurs d'or firent découvrir
de beaux affleurements cuprifères auprès d'Ouégoa, que
l'on songea pour la première fois à exploiter le cuivre en
Nouvelle-Calédonie. Ces différents affleurements et les
quelques travaux qui y furent poursuivis dès le début ont.
été examinés en détail par M. Ueurteau, et décrits ave<-
soin dans son rapport à M. le Ministre de la Marine et
des Colonies : cet ingénieur mentionnait (") tout d'abord.
bï Google
338 RICHESSES UINBIULB8 DB LA NOCVEIXR-CALBDONIE
au Nord liu village de Ouégoa, et en relation étroite-
arec les roches à glaucuphaDe que nous avons si^alées
déjà, l'existence d'un groupe important d'affleurements,
parmi lesquels ceux de la mine de la Balsde avaient déjà
été l'objet de travaux derecbercbea assez développés et
d'un commencement d'ezploHatian ; il rapportait d' autre-
part la découverte de deux affleurements cuprifères à
une dizaine de kilomètres plus à l'Ouest au voisinage da
village de Pondolaï. Depuis lors, des travaux derecbercbe»
ont été poursuivis sur nombre de ces affleurements, mais
ils n'ont donné lieu à une exploitation importante et
durable qu'à la mine de la Balade ; cette exploitation s'est
poursuivie sans interruption jusqu'en 1884.
A côté des deux groupes de gisements d'Ooégoa et de
Pondolaï, situés sur la rive droite du Diahot, d'autre»
ont été signalés en grand nombre dans les schistes ardoi-
siers noirs de la rive gauche du Diahot et jusque dans la
presqu'île d'Arama. Los plus importants d'entre eux sont
ceux des mines Pilon et Ao, découverts en 1884 et 1887
et exploités par intermittence depuis lors jusqu'en 1901 :
mais im coup d'œil jeté sur la fig. 1 de la PI. V, oii
nous avons roprcsenté la région Nord de l'île, et où noos
avons figuré les différentes concessions, demandes de con-
cessions et périmètres de recherches pour cuivre, montre,
encore que l'existence de ces périmètres ne prouve pas
d'une façon absolument certaine que ce métal ae rencontre
dans leur étendue, que les gisements de cuivre sont
nombreux dans toute la région ; nous avons souligné les
noms des gisements où nous avons personnellement cons-'
taté la présence do minerais de cuivre.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le Nord de la
colonie que ce métal existe; il a été l'objet de tentatives
d'exploitation en 1883-85 à Koumac, eL vers 1876 dans
la vallée de la Négropo près de Canala ; sa présence a été
en outre signalée en nombre de points tout le long de la
bï Google
âiaBlKNTS M£TAl.LHiOSS DIVERS 399
otite Ouast et noUmiaent k Baui, [H-ès deOomen, «u Nord
de Pouembout, à l'ile Duoos, daas la pl&ine i» Saiot-
ViacAot, «te.
Nous djouteroBB <)ue, d'après les iodicatioa* de la
statistique, il a été exporté de îiloiiT«Jle-€alédoaie,
depuis 1873 jus^n'^n 19(^ plus àa .fiÛ.OÛO Utaa»» de
nÛBArai de cuivre dont la teneur n'aurak pas été infé-
rieure À 10 â 15 p. 100; et uo milUer de ttnmes de mattes
très BotaUemeiit plus riches.
Nous founûssons ci-dessous ^luelquee iodicatioua asr
les diff^^nts gisaioeots que aoiits veaoas de HientioanM'.
B. — GlseUENTS DC GROI^fV DE LA BaLAIHC.
Ces gisement», situés au flanc des différentes collioes
qui descendent de la crête de Tiari sur Ouégoa en
enserrant les vallées de la rivière do la Balade et de ses
affluents (Voir la /ig. 9 de la PI. IV), se présentent en
filons ou en amas dans les micaschistes qui constituent
tous ces contreforts.
Ces micaschistes, qui sont, rappelons-lc, généralement
très chargés à la fois en grandes paillettes de mica blanc
et en chlorite, et dont la teinte est verdàtre ou bleuâtre,
passent quelquefois au gris plus ou moins foncé; ils sont
associés par places, à la gendarmerie de Ouégoa notam-
ment, à des roches serpentineuses et talqueuses, qui
ne paraissent d'aîllours rien avoir de commun avec la
grande formation des péridotites qui, comme on le sait,
domine dans presque toute la colonie sauf précisément
dans cotte région nord-occidentale.
Les micaschistes sont en outre traversés, précisément
ail voisinage immédiat de Ouégoa, par une très impor-
tante formation de roches chargées d'amphibole et sur-
tout de glaucnphane, que nous croyons devoir considérer
comme attestant une activité toute spéciale du métamar-
bï Google
340 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
phisme dans cette région. C«9 roches, qui paraissent
occuper en particulier la majorité des ravina de la rivière
de la Balade et de ses affluents de droite au voisinage
des mines Murai, Balade, et Delaveuve, comprennent sm-
tout des amphiboliies vertes à grain fin d'un type spécial;
l'examen microscopique montre en effet que ces amphibo-
liies sont essentiellement constituées d'une amphibole
passant au glaucophaiie, associée à du mica blanc, à de
la chlorite, et à des grenats almandins; ces derniers sont
très nombreux par endroits, ils sontgénéralement visibles
à l'œil nu et présentent même souvent des dimensions
assez considérables. Acôté de cesrochesde couleur verte,
on trouve des tratnées d'une formation franchement bleue,
tirant un peu sur le gris, dont la pâte apparaît au micros-
cope comme entièrement constituée de glauoophane ; cette
pàto contient en outre tantôt des cristaux de pyroiène,
tantôt des cristaux isolés ou des veinules d'épidote vert
jaun&tre, et souvent des grenats almandins, et despaillett«s
de mica blanc ou de chlorite ; on rencontre en outre des
schistes onctueux plus ou moins micacés criblés de petites
baguettes de glaucophane. Enfin le mamelon de la mine
Delaveuve présente un puissant ressaut formé d'un quart-
zite gris verdatre foncé, à grain fin, très dur, qui se montre
presque uniquement constitué de quartz et d'abondants
petits fragments d'ilménite. Ces différentes roches con-
tiennent un grand nombre de cristaux secondaires et no-
tamment du sphène, du rutile, etc.
Cette très curieuse formation, qui avait été décrite par
M. Heurteau cxirame une formation érnptive, mais qui
parait plut^ït devoir être regardée comme d'origine méta-
morphique, avait été considérée par lui comme étant en
relation étroite avec la venue cuprifère. Quelque frappante
que soit la coexistence, auprès de Ouégoa, des minerais de
cuivre et du glaucophane, nous devons faire observer que
les formations k glaucophane se poursuivent vers le Nord
by Google
OIS8UBNTS UÉTALLIQUBS DEVERS 341
et vers l'Ëat sur une étendue assez considérable (jusqu'à
Oubatche), tandis que les gisements de cuivre ne paraissent
pas se prolonger dans cette direction, alors que l'or y
apparaît au contraire; et que, plus àl'Ouestetau Sud, le
cuivre se montre disséminé dans des formations oii le glau-
cophane, que nous avons recherché avec soin, ne parait
pas exister.
C'est, nous l'avons dit, au milieu de ces roches que se
montrent les gisements de cuivre du groupe de la Balade;
le métal s'y présente principalement sous la forme de
pyrite cuivreuse plus ou moins riche en cuivre, mais à
teneur généralement assez élevée (20 à 50 p. 100 pour la
pyrite bien séparée de sa gangue), formant tantôt des
masses interstratiâéeaassezpuissanteaet tan tôtdes mouches
ou des imprégnations entre les feuillets des schistes : le
cuivre pyriteux ne constitue d'ailleurs que la forme profonde
du minerai; aux affleurements et au voisinage immédiat
de ceux-ci on rencontre, associés à de l'oxyde de fer, du
cuivre natif, de l'oxyde noir, elles différentes variétés de
minerais oxydés, malachite, atacamite, azurite, etc.. en
masses généralement amorphes.
Le gisement même de la Balade est celui qui a été
découvert le premier, il affleure de part et d'autre du bras
gauche, assez encaissé, du ruisseau de la Balade, à peu de
distance à l'Est du village de Ouégoa, et à une centaine
de mètres à l'aval d'une haute paroi schisteuse qui paraît
marquer un accident géologique d'une certaine importance.
U se présente sous la forme d'un filon-couche de cuivre
pyriteux, ayant une puissance totale variable aux envi-
rons de 1",50, interstratifié dans des schistes cliloriteux
verts, et souvent séparé en deux bancs par une épaisseur
de 50 à60 centimètres de schistes stériles. Ce filon-couche
est dirigé Nord légèrement Ouest, et présente un pendage
assez raide (voisin de 45" aux affleurements, mais plus
bï Google
342 RICHESSES mitilULBS DB Là KOUmXB-OA.[.ÈDOMlB
raide ea profocdeur) ; i) se remiBe d'aEDenn pu- des im-
prégnations et itlonnets eoirreux qui euarent dans les
<:a83ures transversales des schistes. TeUes sont les seules
données k peu près certaines que nous ;^»8 pu retirer,
tant de la lecture d» rapport de M. Heurteau, que ât
l'examen que nous avons fait de» affleurements et de b
galerie ouverteen direction sur la rive gauche delà riTÎère
à quelques mètres au-dessus de son lit, galerie dont
les 10 ou 15 premiers mètres étaient encore accessibles.
Quant k l'allure détaillée de la formation soit en directitm,
soit en profondeur, nous n'avons pu obtenir h son sujet que
des indications fort vagues : il n'est pas douteux qu'une
exploitation ai.-tive, et longtemps rémunératrice, a été pous-
sée surce gisement parla Compagnie des mines de Balade,
sans interruption depuis 1874 jusqu'à i88i, fournissant à
peu de choses près toutes les quantités de minerai de
cuivre exportées de la colonie pendant ces onze années;
c'est-à-dire, d'après les statistiques officielles, environ
40.000 tonnes d'un rainerai qui aurait tenu en moyenne
près de i5 p. 100 de cuivre, ol dont la valeurtotalo aurait
représenté quelques millions de francs.
Nous n'avons d'ailleurs pu retrouver aucun document
sérieux relativement à cette exploitation ; ni le service des
mines, ni les ayants droit de l'ancienne société exploitante
n'ont conservé de registre des travaux, ni de plan les
figurant avec quelque précision; une coupe, qui existe
encore dans les archives du service des mines, etdont les
indications coïncident à peu près avec les renseignements
verbaux qui nous ont été fournis, semble indiquer que la
formation présentait peu de continuité en direction, puisque
les travaux ne se seraient développés que sur une cen-
taine de mètres à peine ; mais on se serait enfoncé jusqu'à
une profondeurde 150 mètres dans une colonne riche, affec-
tant d'ailleurs plus ou moins nettement une disposition en
chapelet.
bï Google
OI8EMœtT8 MÉTALHQDK8 DiVBRS 343
L'expIoitalKm a été ïsteFrompue en 1884, k un moment
■de crise du martAé du cuisre, et après que l'on eut dèpiU
loufc ce qui avait été reconnu en (ait de minerai riche.
D'après les indications qui nous ont été fournies par t'an-
-cien directeur de ces travaux, qui, avant de les diriger,
avait acquis en Australie i'expérieace des minea, et en
particulier celte des miBea de cuivre, le gisement aurait été
■alor» complètement épuisé, et des travaHX de recherches
:auraieHt été faits, avant de l'abandonner, pour s'assurer
■qu'il n'exifttait pas d'autres colonnes riches au voisinante.
Nous n'avons aucun élément pour apprécier Timportance
desdits travaux et le bien fondé de la conclusion qui a
été tirée de leur résultat négatif; il est cependant permis
de se demander si la Compagnie des mines de Balade a
tien fait, pour l'exploration de sa concession tant en pro-
fondeur qu'en direction, tous les sacritices qu'elle aurait
-dû faire.
Le minerai qui a été expédié en Australie passe pour
avoir eu une teneur moyenne en cuivre voisine de 15 p. 100,
il renfermait en outre un peu d'argent, il ne contenait ni
plomb ni zinc en quantité sensible. Une partie de ce
minerai avait été enrichi dans une petite laverie établie
sur place ; mais des quantités considérables de produits
à faible teneur ont été abandonnées en tas sur le carreau
■de la mine, en raison des frais élevés d'enrichissemonl
et de transport jusqu'aux usines de traitement austra-
liennes. Il en existe encore des amas qui, depuis de
longues années, donnent lieu à des dépôts cuivreux verts
daus le lit du ruisseau de la Balade.
Les minerais, transportés par un petit tramway jus-
qu'au Diahut, étaient descendus par chaloupes ou chalands
■dans la baie de Pam; ils ont tous été expédiés crus en
AustraHe.
Bn remontant la vallée au-dessus des affleurements de
bï Google
3ii BICHËSSES MINÉRALES DE LA NODVEIXE'CALÉDOMB
la Balade, on en rencontre d'autres encore, dont les plus
importants sont ceux de. la mine Mural, situés à quelque
600 mètres à l'amont, au voisinage de la cote 140. Deux
galeries de recherches y ont été ouvertes à deux aiveaui
distants verticaleinent d'une vingtaine de mètres. La pre-
mière a rencontré d'abord un amas de pyrite cuivreuse de
près de l mètre de puissance, dont la teneur moyenne en
ruivre serait supérieure à 10 p. 100, puis elle a suivi la
formation en direition, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est, sur
ime vingtaine de mètres. Cette formation a montré l'al-
lure d'un fllon-couche de 60 centimètres de puissance
environ, interstratifié dans les schistes chloriteux, et
plongeant comme eux vers le Sud avec un pendage d'une
quinzaine de degrés ; on y a procédé, sur une centaine de
mètres carrés de surface, à un dépilage qui a donné lieu
â l'extraction do minerais dont une partie a été expédiée
eu .Australie (nous avons ti-ouvé la mention de l'expédition,
eu 1884, de 325 tonnes de minorai provenant de la mine
Murât). La p^Tite cuivreuse se voit encore au front d'avance-
ment avec une puissance un peu variable, mais dépassant
presque partout rsO ceuthnètres ; nous y avons recueilli
au hasard de beaux échantillons de minerai massif à
9.6 p. 100 de cuivre.
La galerie inférieure, au contraire, n'a i-encontré la
formation qu'étranglée. Il parait donc vraisemblable que
celle-ci n'est pas bien régulière et qu'elle affecte comme
à la Balade une disposition en chapelet. Ce que nous
avons vu ne peut que nous faire regretter que les travaux
d'exploration n'aient pas été poursuivis d'une façon plus
sérieuse. Les premiers d'entre eux remontent déjà à une
vingtaine d'années, les derniers à cinq ou six ans ; depuis
lors la mine Murât a été complètement abandonnée. Le
minerai extrait des dernières reclicrches a été laissa
entassé sur place, faute d'un moyen de transport autre
qu'un chemin muletier jusqu'à Guégoa ; il y en a quelques
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 346
reataines de tonnes, dont une partie tout au moins paraît
assez riche.
Nombreuses sont encore les indications plus ou moins
nettes de la présence du cuivre non seulement dans le ra-
vin du ruisseau de la Balade, mais encore sur le mamelon
qui le limite au Nord-Ouest, et dans le ravin qui l'avoîsine
dans cette même direction ; le nombre dos concessions
l'ontiguës qui couvrent cette région en témoigne {Voir la
fig. 9 de la PI. IV), non pas que chacune d'elles ren-
ferme nécessairement des affleurements de quelque
valeur, mais tout au moins parce qu'elles n'ont généra-
lement été demandées qu'après la découverte de quelque
indice de minerai.
Le seul point de ce groupe où nous ayons encore eu
l'occasion de relever d'une façon nette la présence du
cuivre est la mine Delaveuve, oii il a été pratiqué plu-
sieurs puits et galeries de recherches. Le gisement s'y
montre dans des conditions assez intéressantes au point
tle vue géologique ; les chJoritoschistes qui forment la
roche dominante du mamelon où se trouve le gisement,
Gt qui y sont associés aux roches bleues h gtaucophane et
au massif de quartzite que nous avons mentionnés ci-des-
sus, sont découpés au flanc du ravin par un à-pic d'une
quinzaine de mètres de hauteur dont la paroi, orien-
tée à peu près Nord-Sud, laisse voir une faille de décro-
chement très nette; l'amplitude de la faille est sans
doute faible, et l'ouverture de la cassure ne dépasse pas
'î ou 3 décimètres. Vers le Sud, les schistes sont sté-
riles et présentent leur couleur gris verdàtre liabituelle,
ils sont sillonnés de veines quartzcnses ; vers le Nord, au
contraire, la paroi de schiste montre la coupe d'une demi-
lentille imprégnée de cuivre; le croquis reproduit par la
fig. 10 de la PI. IV rend compte do cet aspect ; au
milieu des micaschistes stériles apparaît une zone lenti-
bï Google
346 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
culaire oii ceux-ci sont tout imprégnés de petites luoucbet
d'azurïte et de malachite leur donnant, avec les ea<hiiti
ferrugineux rouges, uue coloration bigarrée ; l'épaisseur de
la zone imprégnéi- est de 80 centimètres environ au con-
tact même de la cassure, mais elle diminue progressive-
ment en s'en éloignant et cette zone vient mourir au voi-
sinage de la surface dn mametou, préseatant en tout une
longueur de S mètres environ. Une galerie ouverte en &-
rection, c'est-à-dire vers l'Est légèrement Sud, a stùvi, sur
16 mètres de longueur, cette même fonnation q^uî conser-
vait au début sapuissauce, mais qui s'effilait ensuite peu à
peu. Il n'y avait doue là qu'une petite lentille dont la faille
a déplacé la moitié Sud ; celle-ci n'a d'ailleurs pas été
retrouvée. En dehors de cette galerie, il n'a pas été fait,
à notre connaissance, d'autres travaux d'exploration que
ceux décrits autrefois par M. Heurteau (*) et actuellement
inaccessibles, ils u'avaieut mis à jour que des indices de
peu d'importance. II aurait été extrait do la galerie de
recherches ci-dessus mentionnée un certain nombre de
tonnes de minerai à teneur moyenne de 8 p. 100 de cuivre
sous forme de produits oxydés.
Mentionnons enfin les affleurements de la mine Salas,
située à 6 kilomètres à l'I^^st de Pam également dans lea
micaschistes ; on n'y relève que quelques enduits Meus
et verts sur les micaschistes altérés de la surface, cee
indices nous ont paru de peu d'importance.
Telles sont les observations que nous avons pu faira
dans le groupe des gisements de cuivre des environs de
OuégOH, c'e.st-à-dirc dos gisements qui se trouvent dans les
micaschistes et en relation plus ou moins étroite avec les
roches à glaucophanc ; elles se résument en quelques
taoU : bien que les indices de ia présence du métal soient
nombreux, ce n'est qu'en deux points seulement qu'U a
[•) fMC. eil.. p. 286-281.
bï Google
GISBUBNTS MÉTALLIQDGS DIVERS 347
■^té mis en évidence des amas de pyrite cuivreuse de
réelle importance ; dana le premier d'entre eux on paraît
avoir épuisé une colonne riche sans chercher d'une façon
suffisante s'il n'en existe point d'autres ; dans le second
■quelques travaux qui avaient donné des résultats plutôt
encourageants n'ont pas été poursuivis.
C. -^ GumiBNTa DU «aOQPB DB LA. PlLOQ.
Les schisttis ardoisiers de la rive gauche du Diahot,
^ui empiètent même par places sur la rive droite, ne
paraissent pas moins riches en imprégnations cuivreuses
■que les micaschistes ; celles-ci paraissent même se ré-
partir sur des étendues beaucoup plus considérables ici
que là.
Nous avons décrit déjii la puissante formation à laquelle
^appartiennent tous les mamelons qui se développent au
Sud du Diahot et nous avons déjà dit que son âge nous
paraît impossible à fixer avec certitude dans l'état actuel
de nos connaissances sur la géologie de la Nouvelle-Calé-
■donic. Ces schistes sont sillonnés de filons et fllonnets de
-quartz, et l'on y rencontre divers filons métallifferes, cuivre,
plomb argentifère, zinc, et mémo or; ces métaux sont le
plus souvent associés entre eux dans les différents gise-
ments, avec prédominance ici du cuivre, là du plomb et du
zinc, plus loin de l'or; ils paraissent tous être en relation
assez étroite avec des venues déroches vertes diabasiques,
■qnoVon rencontre en dykes dans les schistes au voisinage
plus ou moins immédiat des gisements.
Nous ne décrirons pour le moment que ceux d'entre les
.gisements ob le cuivre domine, ce sont de beaucoup lo^
plus nombreux d'ailleurs, puisque nous n'aurons à rap-
porter ensuite à cette formation qu'un seul gisement d'or
«t un seul de plomb et zinc argentifères.
bï Google
348 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
Le plus important d'entre eux, du moins à ce que l'ufl
peut en juger dans l'état actuel des travaux, est c^ni
de la mine Pilon, découvert en 1884, et exploité depuis 1886
Jusqu'à la fin de 190i avec des alternatives d'activité et
de chAmage.
Les travaux, qui n'ont été abandonnés en dernier lies
qu'àla fin de l'année 1901, présentent un développement
important ; l'épuisement en ayant été continué depuis
lors, et les galeries principales étant restées en état d'en-
tretien suffisant, nous avons pu les visiter; nous en avons
d'ailleurs trouvé sur place un plan à jour que reproduit
la fig. 11 de la PI. IV.
Le filon, car il s'agit ici d'un véritable filon de quartz
métallifère, recoupe presque verticalement les baocs de
sclii9te.s noirs, inclinés à 45' vers le Sud, qui l'en-
caissent; il affleure, au voisinage immédiat d'un puis-
sant dyke de diabase, sur les deux versants Ouest et Est
d'un mamelon schisteux arrondi en forme de dôme ; il
s'y signalait par de beaux échantillons de malachite et
d'azurite, tant6t en masses, tantôt en cristaux, dont
nous avons pu ramasser encore quelques fragments. La
partie du filon comprise dans ce mamelon, qui s'élève
d'une centaine de mètres au-dessus du sol légèrement
accidenté qui l'environne, a été promptemeot dépilée à
partir du mois de juin 1886 ; ces travaux ont été ceux
des niveaux désignés sous les numéros 1, 2 et 3, ils
se sont développés par places sur 80 mètres de hauteur.
Ils ont produit des minerais d'une belle richesse et d'au-
tant plus faciles à fondre qu'ils étaicntentièrement oxydés.
Ou a ensuite commencé l'exploitation par puits et gale-
ries : elle s'est d'abord poursuivie jusqu'au quatrième ni-
veau (profondeur 25 mètres au-dessous de l'orifice du puits)
dans des minerais encore oxydés, puis on est entré dans la
zone des minerais sulfurés ; les travaux s'y sont développés
jusqu'au mois d'avril 1891 , mais ils ont été arrêtés une
bï Google
GISEMENTS METALLIQUES DIVERS 349
première fois à cette date ; repris, sans grande activité,
en 1897, ils ont été abandonnés à nouveaa en sep-
tembre 1901, après que des traçages importants y eurent
été faits avec un certain succès, et sans que les dépi-
lagesjaieut été très étendus, à en croire les iodications
du plan que nous avons retrouvé.
Le puits a été foncé jusqu'à 150 mètres de profondeur
et des traçages ont été poursuivis de 30 en 30 mètres en
moyenne, jusquala profondeur de 145 mètres (8* niveau);
ils ont tous suivi, sur des longueurs dépassant générale-
ment 300 mètres, un filon d'une régularité d'allure satis-
faisante et d'une minéralisation qui. si elle est variable
d*un point à un autre et présente des colonnes alternati-
vement plus pauvres et plus riches comme dans presque
tous les âlons métallifères, nous a paru assez belle, au
cours de l'examen nécessairement rapide que nous eu
avons fait. Pour ne parler que des niveaux oii les dépi-
lages ne sont pas achevés ou presque achevés, nous y
avons reconnu l'existence d'un filon quartzeux, régulier
dans l'ensemble, dont la puissance varie généralement
de 1 mètre & l'',50, tantôt en une seule veine, tantùt
en plusieurs veinules englobant des passées schisteuses ;
dans ce quartz sont irrégulièrement réparties des masses
de sulfures métalliques: chalcosine, chaicopyrite, blende,
galène et pyrite, généralement mélangés d'une façon assez
intime, et dont la quîmtité varie depuis de simples
mouches jusqu'à des masses occupant l'épaisseur presque
entière du âlon.
Il nous a naturellement été impossible, au cours d'une
simple visite, d'évaluer la puissance réduite moyenne
du filon et la teneur moyenne en cuivre, plomb et zinc,
des minerais qu'il pourrait rendre. Nous ne pouvons que
donner à ce sujettes quelques indications suivantes : il a
été récemment prélevé par les propriétaires de lamine,
aux neuf points figurés en 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, sur
bï Google
3S0 RICHESSES UINKRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDOKIE
la fy. 11 de la PI. IV, neuf échantillons qui représ»-
taraieut ebaciiB la teneur moyenne d'un lot de 5 tonne»
de minerai tout ««aant, et qui auraient, aux dires it
ceux-ci, donné à Tanail^rse les résultats soivants :
t* grammes i la too».
p. 100
p. 100
p. 100
r. 10*
3,7
0,75
le.ee
5,40
5,12
0,50
Ï2.3B
«,35
4.W
2,90
)S
10
8.40
•,W
4«,7»
K
3,M
i,as
13,75
7,90
3,6â
0,7S
8,70
7.50
8,3fl
1,85
12,50
10,10
3,73
4,50
7,25
4,40
8,e4
3
I2.SS
6,45
Si les points oii ont 6té pris les échantillons n'ont pa»
été systématiquement choisis dans les rfidlleureR partit*
du filon, et si les prises d'essai et les analyses ont été
faites sincèrement, leurs indications doivent être CTnfi-
dérées comme satisfaisantes, La présence du rioc en
quantité importante dès qu'on est entré dans la rose
sulfurée, mais qui ne parait pas avoir de tendance a
s'accentner avec l'approfondissement, est évidemment itf
nature à gêner quelque peu le tr-iitement du minerai-
Néanmoins c'est \h. «ne difficulté métallui^ique que rm
résout bien aujourd'hui avec un traitement soigneux, el.
si les renseignements qui nous ont été fournis sont exacts,
les dernières mattes obtenues à la fonderie de Pam s
partir de concentrés dont la teneur en cuivre variait if
6 à 14 p. 10*J contenaient en moyenne :
Cuivre 30 à 25 p. 400
Plomb 8 à 40 p. 100
Argent 400 grammes il la timne.
Le zinc passait en majeure partie dans la scorie ou bien
bï Google
GISEMENTS MBTALLrQDBS OIVBSS 35r
éiait volatilisé. Ces mattes étaient achetées par les fonderies
australiennes, rendues à l'usine, en comptant tout le cuivre
an cours et le plomb à raison de l''',45 l'umté (cours du
milieu de 1901), et en faisant une déduction de 25 francs
par tonne pour frais de traitouieiit des maUes.
Gonme nous l'avone dit, le filon a été suivi en profon-
deur jusqu'à 150 mètres au-dessous de l'orifice du puits,
«oit jusqu'à près de 250 ntètres au-dessous des affleurc-
menta les plus élevés, et rien ne paraît indiquer qu'il ne
se prolonge pas encore plus profondément; en flirection,
les dépilf^es se sont développés aux niveaux supérieurs
sur une étendue de 350 mètres environ, non sans laisser
des colonnes pauvres ou stériles dont la largeur totale
représente de 70 à 80 mètres, ils ont été vraisemblalJe-
ment arrêtés à des zones relativement pauvres ; aux
niveaux inférieurs au sixième, il n'y a eu que fort peu
de dépilages, et cependant les traçages des septième et
huitième niveaux ont été faits resperlivemont sur 270 et
130 mètres ; ils ne paraissent pas avoir rencontré moins
de zones riches que les niveaux supérieurs, le huitième
niveau se trouvait arrêté en plein minerai k ses deux
extrémités, le septième, arrêté au stérile vers l'Ouest,
était encore au minerai à l'Est. Quant à la quahté du
minerai, rien ne parait de nature à faire redouter qu'eUe
ne devienne moins satisfaisante en profondeur. Bien qu'il
ait déjà été extrait, assure-t-ou, environ 20.000 tonnes
de minerai assez riche pour être expédié en Australie ou
traité à Pam, c'est-à-dire d'une teneur dépassant vrai-
semblablement 10 p. 100, et qu'il faille tenir compte en
outre de nombreux milhers de tonnes de minerai plus
pauvre laissé sur le carreau de la mine, il reste encore
des ressources reconnues, et il est permis d'espérer que
l'exploration, qui n'a en somme porté que sur 300 mètrefi
en direction et 260 mètres à peine en profondeur, n'a pas,
encore révélé tout ce que contient ce gisement.
bï Google
1
352 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Son exploitation, toile qu'elle a été comprise jusqu'ici,
n'est d'ailleurs pas sans prêter & la critique ; si les tra-
çages et dépilages dans la raine peiircut être regardés
comme ayant été faits d'une façon rationnelle, il n'en a
pas toujours été de même du traitement du minerai. On a
an début expédié les minerais crus à Swansea ; ensuite ou
les a dirigé» sur l'Australie, ce qui leur faisait encore
supporter un fret voisin de ISfrancs par tonne et des frais
de traitement aux usines de Dapto (Nouvelle-GaUes du
Sud) de 35 francs, soit une charge totale de 50 francs.
Lorsque, peu de temps après la mise en exploitation de
la mine Pilou, la société des mines du Nord, qui la pos-
sédait, voulut entreprendre l'exploitation de la niioe de
plomb argentifère Mérétriie, il devint presque indispen-
sable <le monter sur place une fonderie pour le plomb, doni
les minerais bruts avaient beaucoup moins de valeur. En
môme temps que cette fonderie fut créée, il parut ration-
nel d'y adjoindre des fours de première fusion du cuivre
(water-jackets) afin de transformer des minerais dont la
teneur variait de 10 à 15 p. 100 en mattes à 30 p. 100
au moins. Il était d'ailleurs devenu nécessaire de laver le
minerai, qui, des produits oxydés riches de la surface,
avait passé, au-dessous du quatrième niveau, à des sul-
fures encore beaux, mais où l'on rencontrait non seule-
ment un mélange de pyrite, blende et galène, mais en
outre beaucoup de quartz intimement associé aux sul-
fures. Une petite laverie avait été montée à cet effet, elle
livrait des minerais enrichis à plus de 10 p. 100 de cuivre,
mais elle produisait en même temps, h côté du stérile,
des produits mixtes (teneur 3 à 6 p. 100 de cuivre) qu'on
n'était pas outill»' pour traiter, et que l'on ontassait autour
de la mine.
Pour des raisons que nous ne sommes jias k même
d'apprécier, surtout après un intenalle de temps de
douze an», cette organisation ne put pas prospérer, et la
bï Google
GISEMENTS MÉTALLrODBS DIVERS 353
Compagnie des mines du Xord dut être liquidée au début
de 1891.
Ce n'est que six ans après qu'une société anglaise,
r « International Copper Corporation Limited ", à laquelle
s'est substituée en 1899 la société « Mines de cuivre Pilou
Umited », a repris l'exploitation de la mine Pilou. Conduite
d'abord dans des conditions modestes, cette entreprise a
fait ensuite des dépenses considérables et parfois inu-
tiles : tandis que les travaux souterrains étaient peu à
peu restreints, les dépenses d'installations superficielles
étaient faites sans compter; en dehors de l'utile instal-
lation d'une machine d'extraction et d'une puissante
pompe, de nouveaux appareils, dont une partie n'ont d'ail-
leurs jamais servi et qui étaient peu appropriés aux cir-
constances locales, étaient montés pour transformer la
laverie, de luxueux ateliers de réparations étaient installés
k côté de la raine, et l'ancienne fonderie de Pam était
reconstruite sur un nouveau plan (substitution de fours à
réverbère aux water-jackets pour ia première fusion) qui
ne parait pas avoir été sanctionné par l'expérience; entre
temps d'importantes dépenses avaient été faites, en
partie tout au moins mal à propos, pour la création de
deux voies ferrées différentes, ayant respectivement 3 kilo-
mètres 1/2 et 5 kilomètres 1/2, réunissant la mine Pilou
à la baie de Pam, et d'ime troisième voie ferrée la met-
tant en relation avec la mine Ao, que nous mentionnerons
ci-après. Dans ces conditions, des sommes considérables
ne tardèrent pas à être dépensées, absorbant le capital de
la Société ; d'autre part, les conditions onéreuses du trai^
tement des rainerais à l'usine de Pam faisaient ressortir
à plusieurs centaines de francs, nous a-t-il été affirmé,
les frais de première fusion d'une niatte qui se vendait
de 300 à 350 francs, alors que les frais de transport du
minerai jusqu'en Australie et de première fusion là-bas
n'auraient guère représenté que 50 francs par tonne de
bï Google
194 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVBLLE-CALÉOO^^E
nous rappelons que les frais, de 0",75 à i franc par tonne
kilométrique, que comporte, à l'exclusion de tontes
dépenses de premier établissement, le transport par voi-
tures, sont considérés aujourd'hui comme trop élevés, eo
même temps que l'on regarde comme insupportable la
gène résultant d'un charroi assuré d'une façon aussi
îrréguliëre; on y substitue, grâce au transport par voie
- ferrée, des frais courants d'exploitation généralement trèa
restreints (ne dépassant pas, croyons-nous, JO centimes
par tonne kilométrique] , augmentés de l'amortissement de
la voie ferrée ; cette voie coûte au minîmiun 15.000 i
20.000 francs par kilomètre, et son installation est,
avons-nous dit, généralement faite sans avoir reconnu des
tonnages importants de minerai exploitable et souvent
après la simple signature d'un contrat d'amodiation de
2 ou 3 ans comportant seulementla fourniture de quelques
dizaines de milliers de tonnes. Tel est le cas de plusieois
des gisements de la côte Ouest, situés à 5 ou 6 kilomètres
de la mer. Les installations, plus coûteuses, de longues
voies ferrées descendant des vallées importantes, dont le
tracé comporte quelques travaux d'art, et qui exigent
l'achat de locomotives et de matériel roulant, ne sont
faites, au contraire, que lorsqu'on est assuré de pouvoir en
répartir les frais sur un grand nombre de milliers de
tonnes. Quoi qu'il en soit, les frais de transport par voie
ferrée ne peuvent être que rarement considérés comme
inférieui-s, tout compris, à 3 ou 4 francs par tonne
humide (soit t à 6 francs par tonne sèche).
Une fois rendu au bord de la mer, en un point où la
côte offre nn abri suffisant pour qu'il puisse être procédé
au chargement des navires, le minerai est entassé, après
extraction hors des sacs s'il y a lieu, pour attendre
l'embarquement; cette manutention ne coAte pas moins
de 0",50 par tonne humide (0'',65 & 0",70 par tonne
bï Google
LB8 HINB8 DB NICKBL 195
flèche). U est ultérieurement repris il l'aide de wagon-
' nets, embarqué dans des chalands par l'intermédiaire
d'estacadea, et conduit au bord du bateau sur lequel il
doit être chargé; c'est là une nouTelIe cause de dépense
qui n'est pas négligeable. Les grandes sociétés possèdent
des chalands dont la confection et l'entretien sont assez
coûteux ; la main-d'œuvre nécessaire pour la reprise du
minerai en tas, son embarquement dans les chalands, et
la remorque de ceux-ci jusqu'au bord, est également oaé-
reuse, bien que ces travaux soient généralement confiés
k des Canaques des lies Loyalty particnUèrement habiles
à cela. L'ensemble de ces opérations coûte de 3 & 4 irancs
par tonne humide (4 à 6 francs par tonne sèche). Les
petits exploitants font souvent effectuer le chalandage de
leur minerai, au moment du chargement d'un navire, par
an entrepreneur spécial, auquel ils payent alors 3 francs
par tonne humide, non compris la main-d'oeuvre qu'ils
fournissent.
Les frais de transport et de chargement peuvent donc
varier entre les limites suivantes {chiffres rapportés à la
tonne de mùmerai sec) :
Fr. Ft.
Descente BU pied ( Hiin-d'œnTre 0,70 à 1,40
de la mine. j Amortissement des installations 0,70à 1,40
Transport par l Frais oearants 0,M à 1 ,50
voie ferrée. f Amortisautent des installations 3,40 à 4,B0
Entassement 0,65 à 0,70
Chalandage 4,00 à 6,00
Total APPaoïiMATir 10,00 à 15,00
C. — Frais généraux, dépenses d'installations.
Dans tout ce qui précède, nous n'avons considéré que
les frais de main-d'œuvre en ce qui concerne l'exploita-
tion même ; nous avons, au contraire, été nécessairement
bï Google
IM RICHESSES KINte&LB> DB LA IIOOVBLLE-CALÉDONIB
astené h faire mention des frais de (usinier établissemoit,
en parlant des voies de transport et des prix de revient
des transports. Pour compléter les indications que nous
noos proposons de donner sur les prix de revient d««
exploitations de nickel de la colonie, nous derons Micore
dire quelques mots des frais généraux dÎTers, dam les-
quels nons comprendrons les différentes founùtane
nécessaires à l'exploitation, et nous devons en outre
revenir sur les dépenses de premier établisseinmt.
Les foartaitores consommées d'une façon courante pour
l'exploitation sont peu nombrensee : dans quelques cas on
a recoiu^ aux explosifs, on emploie partout des outils
divers, barres à mine s'il y a lieu, pics, [ùochea, pinces,
pelles; on nsa en outre une quantité importante de sacs,
comme nous l'avons déjà mentionné ; enfin, dans des
exploitations importantes, l'entretien des différents engins
de transport sur carrières donne lieu à une consomma^
tion plus on moins régulière de fournitures diverses; il
y a donc à ajouter au prix de revient du minerai sur car-
rières, que nous avons indiqué ci-dessus, un article four-
nitures qui peut se monter à 3 on 4 francs par tonne
(4 à 6 francs par tonne sèche). Pour les petites exploita-
tions, cet article di'^parait presque <:omplètetneDt : les
explosifs y sont d'un emploi exceptionnel ; les outih ofil
généralement fait l'objet d'un approvisionnement fait n*e
fois pour toutes an déhnt de l'exploitation, que l'on porte
aux dépenses de premier établissement et dont il n'est
pas tenu compte enaiiite, rie même pour les engins de
transport.
Les frais généraux comprennent, en outre, des frais
plus on moins impoHanta do direction technique, d'études,
de comptabilité, etc., que de petits exploitants, travail-
lant k leiir compte ip^tifs mineurs), ne font généralement
pas entrer en ligne de compte, puisqu'ils assurent per-
sonnellement ces dilîérentes tùches. Les dépenses pour
bï Google
LU HQEBB DS BK»BL 107
prîMi d'essai systématiques des différents lots, «t ponr
analyse taat de ces prises d'essai qne des écàsDlillois
fréquemment prélevés au chautier pour guider le travail
des ouvriers, doivent intervenir également daai les frais
généraux, et elles ne représentent pas moins de 0",20 À
0'',25 par tonne pour une eiploitation importante ob les
prises d'essai stmt soigneusement fûtes, et où l'on procède
à des centaines de do&agesC) par semaine.pour surveiller
«i guider le travail d'exploitation. ËnSn les impMs de
toutes sortes, redevance sur les périmètres miniers, droit
sur les mineFais ezpwtés, etc., sans compter les droits de
navigation, de phare et de balisage, qui pment indirec-
tement sur les prix de revient, constituaut, an titre frais
géfléraux, une charge assez lourde, pouvant atteindre,
surtout pour une entreprise ûnportante, plusteurs francs
par tonne.
Si nous passons maintenant aux frais de premier
établisswaant, nous n'avons pas grand'choee à dire de
ceux qui peuvent être faits sur les carrières mômee ; Muas
avons préfwé les faire rentrer dans les frais d'expldta-
tion 80US la rubrique : Travaux préparatoires. 1^ création
des engins auxiliaires de transport et de descente pmir la
concentration du rainerai, l'ackat des voies Decauvillc
volantes et du matériel de wagonnets nécessaires au rou-
lage sur carrièrâs des minerais et déblais, rentrent au
contraire dans ces frais. Les engins de descente et de
transport horizontal j rentrent également et en constituant
le plus grtM chiffre; nous ne reviendrons pas sur ce que
Boas venons d'en dira. Mais noua devons menticHmer ici
d'autres installations qu'il est indispensable de créer au
début de l'exploitation : ce sont d'abord des chemins
(*) Ces dosages te font d'uiiB façon expéditîTe, grice à uoe méthode
par liqueun titrËes qui b été indiquée par U. Moore, cbimiite da ser-
' e local de la colonie, et dont on confie arec succès l'application à dei
bï Google
198 RICHES8B8 MINBRALB8 DB LA NOUVBLLB-CALBDOSIK
d'accès depuis le bord de la mer ou depuis la localité tm-
sine jusqu'au pied de la mine, puis du pied de la mine
jusqu'aux travaux; les premiers, tracés en terrain plat ou
à peu près, ne comportent pas de travaux importants, ils
doivent généralement être carrossables; les secooda, an
contraire, seraient plus difficiles à pratiquer si l'on ne se
contentait de chemins muletiers gravissant en lacets
n'importe quels escarpements, grôce à des pentes attei--
gnant jusqu'à 10 p. 100; de tels chemins ne reviennent
pas à plus de 30 à 50 centimes par mètre, ce qui représente,
pour une dénivellation de 400 ou 500 mètres et un déve-
loppement de quelques kilomètres, 2.000 à 3.000 francs- n
faut ensuite avoir des installations, toujours fort sommaires
d'ailleurs, pour abriter les ouvriers à recruter ; ce n'est là
qu'une modeste dépense, étant donné les conditions dans
lesquelles les ouvriers sont logés ; nous reviendrons sur ce
point dans la suite.
Enân l'exploitant doit se construire sa propre habita-
tion, à laquelle il annexe un magasin destiné à renfermer
à la fois les fournitures courantes nécessaires à l'exploi-
tation et les vivres et fournitures diverses consommés par
les ouvriers.
L'ensemble de ces frjûs divers de premier établisseroeat
n'est pas inférieur à 10.000 et souvent 20.000 francs
pour une petite exploitation; il s'élève naturellement
incomparablement plus pour une affaire plue importante,
lorsqu'il s'agit de créer de toutes pièces, comme l'a fait
la société le Nickel à Thio, par exemple, les logements
d'un personnel important, des bureaux, un laboratoire,
des magasins considérables, un atelier, eto...
^- — Prix de revient globaux.
Poorrésuraer en un tableau les indications, nécessaire-
ment vagues, que nous avons données ci-dessus, nom
bï Google
LES MINES DK NICKEL 199
dirons que le prix de revient d'une quantité de minerai dd
nickel équivalente à une tonne de minerai sec, rendue
BOUS palaus, comprend les éléments suivants, dont on peut
estimer que l'importance varie entre les chiffres ci-
dessous :
Frais 1
courants ]
carrières.
Abatoge et triage 8,00 h 30.00
Transporta sur carrières, éTacualiou
du stérile 3,00 à 4,90
T ravau KpréparatoiresetterrassenieDts
divers 4,00 k 20,00
Bosachage (s'il y a lieu), maio-d'œuvre et matières. 2,!i0 à 3,00
Transports, main-d'œuvre et frab courants 1,30 à 3,M
Entassement, main-d'œuvre 0,SS à 0,70
Ghalandage (y compris l'amortisBement des instal-
lations s'il y a lieu) 4,00 à 6,00
Frais généraux, fournitures et entretien 0,00 à 6,00
Frais généraux : direction, surveillance, prises
d'essai, analyses, impOts 0,00 à 5,00
Matériel et outils 1,00 à S,00
Engins de transport 3,40 à 4,$0
Installations diverses (chemins,
constructions, etc.), essentiellemeut variable
Amortissement
des
[nstal talions.
Nous ne pouvons que répéter ici que ces (chiffres ne
doivent être considérés que comme donnant des indica-
tions sur la façon dont se répartissent les dépenses d'une
exploitation de nickel en Nouvelle-Calédonie : si l'on
considère les chiffres minimum que nous donnons et qui,
nous le répétons, se rapportent à l'exploitation, sans souci
du lendemain, do quelque rirhe traînée découverte çà ou
là, on peut dire que les frais courants par tonne sèche
rendue à bord peuvent ne pas dépasser 25 francs; il faut,
en outre, y ajouter, comme nous l'avons dit, des frais géné-
raux fort minimes et ensuite une charge d'itmortissement-
qu'on ne peut évaluer, avant la fin de l'exploitation, que
d'une façon tout à fait incertaine; on ne connaît en effet
nullement la quantité do minerai qui sera exploitée, tant
bï Google
200 RICHESSES MlNBftjU,BS D8 LA NOUVELLE-CALBDOMIE
parce que l'exploitant loi-inënie n'a pas recoonu le gite,
que parce qu'il a commencé son exploitatïoa après-
avoir signé un contrat de vente de 30.000, 40.000 oa
50.000 tonses à livrer au cours des deux ou trois année»
à venir, et qu'il no peut nullement compter qu'au bout de-
ce temps une restriction de la demande de minerai ne
viendra pas l'obliger à abandouaer nne mine encore pro-
ductive, et à perdre tout le bénéfice qu'il pourrait encore
retirer des installations qu'il a faites. Aussi, généralement.
celui qui entreprend pareille exploitation. chercb©-t-il
simplement k voir s'il peut espérer rémunérer tous seft-
frais sur l'exécution d'un [H'emier contrat de vente de
minerai; il prend alors à crédit(') les fournitures <loDt il
a besoin et emprunte un fonds de roulement, puis ses-
efforts tendent k réussir, grâce aux livraisons de minerai
qu'il fera, fi rembourser sesempruuts, tout en cona^^ant
qnelque bénéfice.
Nous avons dit que l'amortissement des installations de
transport ne peut que rarement représenter moins de 3",4I>
k 4",50 par tonne ; celui de l'ensemble des autres installa-
tions et des approvisionnements divers ne peut guère être
inférieur. On arrive donc à un prix de renest minimmu
de 30 ou plutôt de 35 francs par tonne sèche.
Cela refo-ésente, en supposant du minerai k la tenear
normale de 7 p. 100, un prix de revient de 0",i5 k ©"'^SO
an minimum par kilogramme de métal contenu dans le-
minerai. Gomme les marchés qui couraient an moment de-
notre séjour avaient été le plus souvent conclus eolre-
0",60 et 0",70 par kilogramme de métal, on voit que,
pour une exploitation oix auraient été réunies toutes les
conditions les plus favorables, facilités d'exploitation, voies-
(*) Dm KchatB tait» dam ecB conditioiii, par des ezptoilut* qoi
n'olTrent souvent d'autre* garanties que les chances de succès de leur
exploitation, sont naturellement faits i des prii sAriensemeat majort».-
c« qol cmtrilHw à aof nenler les rnis de premier «l^iUsseinMt.
bï Google
us HINEd m MtCKBL 20f
de transport aiaéi» à installer, et toona^ important dé-
minerai à extraire sur lequel répartir les frais de premier
établissement, il y avait une sérieuse marge pour la rému-
nération persOTioelIe de l'exploitant et pour la réalisation
d'un bénéfice important. H faut d'ailleurs ajouter à ce
dernier celui qui résulte déjà de la vente aux ouvriers des-
TÏvres et marchandises diverses, et qui n'est souvent pas-
le moindre, puisque plusieurs exploitants nous ont déclaré
qne c'est en somme le seul qu'ils réalisent.
Mais bien souvent l'exploitation elle-oième n'est pas-
aussi aisée; il y a des périodes tout au moins, oii les tra-
vaux au stérile sont nombreux et coûteux (il est rare qu'il
n'y ait pas à compter audébutdoTexplutation sur une telle-
période dont il faudra naturellement tenir compte ensuite) ;:
les transports peuvent être pins difficiles à organiser, il
arrive que, faute d'avoir consacré au début une somme-
tu^sante à la création d'engins bien disposés pour réduire-
la main-d'œuvre aux chiffres assez bas que nous avons
supposés, celle-ci est plus onéreuse ; il se peut, au con-
traire, qne les installations' aient dâ être plus importante»
que nous ne l'avons admis, ou ne se répartissent finale-
ment que sur nn tonnage trop restreint; dans de telles
conditions, les bénéfices de l'exploitation peuvent être
beaucoup moins importants. Parfois, nous rav<mB déjà,
mentionné, il serait pratiquement trop onéreux, sinon,
peut-être au point da vue absolu, du moins en raison des-
ressources ou du crédit dont dispose l'exploitant, de créer'
des moyens de transport vraiment économiques; d'autre
part, l'abatage du minerai peut être plus ou moins malaisé ;
dès lors le prix de revicntpartonne déminerai s'élève con-
sidérablement ; mais, si le gite permet de n'exploiter
que des minorais riches, à S p. 100 par exemple et même
plus, la valeur de la tonne s'élève aussi très notablement,
puisque non seulement la teneur en métal augmente^
mais encore en même temps le prix de base par unité de-
bï Google
302 EICHBSSBS HINERALES DB LA HODTELLE-CÂLBDONIE
métal, et l'exploitation reste possible snrune petite échelle.
Telles sont les conditions dans lesquelles ont été
créées toutes, ou à peu près toutes, les petites exploita-
tions de la colonie, qui ont produit, en 1901 , 45.000 tonnes.
soit 1/3 de la production totale, et celles dans lesquelles
était également conduite, il j a quelques années, l'exploi-
tation de Népoui. Des sociétés importantes disposant d'nn
capital considérable, possédant, ou croyant posséder (car,
rappelons-le, il y a bien peu de gites réellement explorés
aujourd'hui), des réserves importantes de minerai dans
une même région, procèdent naturellement d'une tout
autre façon : assurées d'une certaine permanence dans
leurs affaires, elles ont beaucoup plus d'intérêt à chercher
& époiser systématiquement les gîtes qu'elles ont aména-
gés et pourvus de moyens de transport convenables ; dès
lors leurs exploitations comportent tout naturellement des
frais spéciaux sur carrières incomparablement plus élevés
que ceux des mines dont nous venons de parler ; la charge
des frais de premier établissement et d'amortissement
devient au contraire pins faible, tandis qu'il faut compter
une part de frais généraux très notable, et que les
dépenses de fournitures, qui se renouvellent d'une façon
périodique, constituent également un article du prix de
revient. On arrive ainsi à des prix de revient qui peuvent
s'élever jusqu'à 60 et même 70 francs par tonne de mine-
rai sec à 7 p. 100, portant le prix du kilogramme de mé-
tal fa 0",85 et exceptionnellement 1 franc. Ce sont là
des chiffre-s qui peuvent paraître paradoxaux, pour cette
raison qu'après tout ce que nous avons dît de l'intérêt
considérable qu'il y a à munir les exploitations d'installa-
tions perfectionnées et coûteuses au besoin, dont les frais
de premier établissement soient destinés à se .répartir
sur un tonnage important, nous en arrivons à constater que
le prix de revient dans ces conditions est souvent beau-
bï Google
LES MINES DE NICKEL 203
coup plus élevé que daus les petites exploitatioas, oii il
est strictement limité (*} par le prix auquel le minerai
peut être vendu, soit de 60 à 70 centimes par kilogramme
de métal. L'explication de ce paradoxe tient à deux cir-
constances: d'une part, le» sociétés importantes exploitent
aujourd'hui, souvent après avoir, au début, épuisé les gise-
ments voisins de la mer, des mines situées à 12 kilomètres
COiio) et même k 25 kilomètres (Népoui) de la mer, mines
qui seraient pratiquement ina<-cessibles pour les petits
mineurs ; d'autre part, elles en tirent parfois un tout
autre parti que celui que de petits mineurs en auraient
tiré, et U n'est pas exagéré, à notre avis, de dire que là
où un petit mineur aurait peut-être extrait 50.000 ou
60.000 tonnes de minerai à S ou 9 p. 100, représentant seu-
lement quelques millier!) de tonnes de métal, une telle so-
ciété pourra extraire quelques centaines de mille tonnes de
minerai avec des teneurs de 6 1 /2 ou 7 p. 100, utilisant
iùnsi trois ou quatre fois plus du métal contenu dans le
gisement. Enfin il ne faut pas oublier que tous les prix de
revient que nous avons indiqués sont, en ce qui concerne
la m ain-d 'oeuvre, majorés du bénéfice retiré de la vente des
marchandises aux ouvriers ; ce bénéfice s'ajoute à celui des
petits mineurs, mais il no diminue en rien les prix aux-
queb ils livrent leur minerai; ce môme bénétire, plus
modeste il est vrai, se retranche au contraire des prix
de revient des sociétés importantes dont nous venons de
donner une évaluation, et, comme il atteint encore aux en-
virons de 20 p. 100 sur les marchandises vendues, c'est-
à-dire sur la'majoritédes salaires, il doit diminuer le prix
de revient par kilogramme de métal que nous donnons
ci-dessus, d'une somme qui n'est pas momdre que 0'',10.
Ajoutons que si, dans ces conditions, il semble qu'une
(*) Pour BToir la limite réelle h laquelle te petit mineur peut exploi-
ter uns perte, il Taudrait réduire sou prix de rcTient, calculé comme
nous l'BTons Tait, de la part correspondant au bénéflce qu'il réalise lui
lei founiiturM qu'il fait 4 si '
bï Google
204 RICHESSES MINâRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
société importante puisse souvent avoir avantage, au
lieu de forcer sa production pour faire face à une demaode-
particulièrement active de minerai, à passer des marchés-
avec de petits mineurs, comme cela est d'une pratique
constante lorsque la demande de nickei est active, cela-
n'est réellement avantageux, à son propre point de vue, que
lorsque le gisement exploité par le petit mineur n'ap-
partient pas à la société. Lorsque au contraire la mine
lui appartient, c'est généralement le gaspillage presque
définitif auquel elle consent pour un gisement qui, s'il a
tenté quelque petit mineur, n'est généralement pas parmi
les moins riches ou les moins avantageusement situés.
Et c'est en insistant sur cette considération que nous
terminerons ce qui a trait aux conditions écoDomiqueB
actuelles de l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédo-
nie. Les prix de revient du kilogra^nme de métal, avec
l'obligation d'une teneur minimum de 7 p. 100 pour 1»
minerai sec, peuvent être considérés comme variaat.
aujourd'hui, tout compris, de O^^SO à 1 franc au grand
maximum; mais le prix minimum, que nous croirons-
pouvoir fixer aux environs de O'^ôO, n'est pratiquement
réalisé, dans la plupart des mines oùon l'obtient, pour ne pas-
dire dans toutes, que par un véritable gaspillage des gîtes;
ce n'est d'ailleurs pas du tout à dire que de tels prix ne
pourraient pas être obtenus tout en assurant une beaucoup-
meilleure utilisation. Sans doute cette utilisation ne sau-
rait être parfaite; elle ne saurait même être aussi com-
plète que lorsque l'on consent à des prix de revient plus
élevés; mais elle pourrait aisément, croyons-nous, être
souvent deux fois meilleure, pour peu qnerexpioitatioDfût
entreprise avec plus de souci de l'avenir, par des personnes-
disposant des capitaux nécessaires (qui ne seraient d'ailleurs
pas énormes), moins hantées par l'idée de faire fortune en
quelques années, et, disons-le aussi, moins complètement
ignorantes de ce que peuvent être un gisement minéral
et les conditions dans lesquelles il devrait être exploité..
bï Google
CHAPITRE IV.
«nus&tion dbs himbrus db xickel de la hodtblle-
uUdohib. Débouchés qui leub sokt offerts.
A. — Traitement actuel des minerais.
Les minerais de nk-Jcel actuellement exploités en
Nouvelle-Calédonie sont généralement expédiés en Europe,
soit an Harre, soit à Glasgow, soit à Rotterdam ; au voi-
sinage immédiat des deux premiers de ces ports existent
deux usines de traitement appartenant à la société le
Nickel, l'usine du Havre et l'usine de Kirkintilloch, avant
produit chacune, dans ces dernières années, de 1.500 à
1.800 tonnes de nicke! par an; de Rotterdam, les minerais
sont dirigés sur l'Allemagne, oii ils sont traités (produc-
tion 1.000 à 1.200 tonnes par an). Il a en outre été
récemment fait quelques expéditions de minerai sur
l'Amérique {^.000 tonnes environ en 1901).
Les frais de transport jusqu'en Europe sont naturelle-
ment variables avec les conditions générales du fret dans
le monde entier; ils oscillent généralement aux environs
de 30 à 40 francs par tonne, prix auquel il faut ajouter
une assurance de 3 p. 100 ad valorem. Ce prix es} celui
qui est fait par dos voiliers français portant de '3.000 à
4.000 tonnes de minerai, qui viennent d'Europe en Nou-
velle-Calédonie par le cap de Bonne-Espôrance et re-
tournent en Europe par le cap Horn, efferluant un vo.vage
d'une durée totale do 7 mois, le plus souvent sur lest à
l'aller. Un voyage leur rapporte, outre le fret qui s'élève
entre lOO.OOO et 150.000 francs, la prime à la naviga-
tion accordée par le gouvernement français, prime qui
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SÛft RICHESSES HINÉRALKS DB LA NOtJVELLE-CALiDOHIB
atteint 185.000 francs en moyenne par voyage et qui
couvre déjà pmsqae les frais du voyage. D'après les ren-
seigaeinents que noos avons pu recueillir, ces b&timenti
ne pourraient guère accepter de fret à moins de 50 franca
par tonne, si cette prime »• leur était pas allouée; des
b&timents anglais, qui n'en preCtoitt pas, accepteraient
parfois des frets d'one ^anntaine ifo francs.
Quoi qu'il en soit, on voit qu'actndlenMt le &et seul,
qui représente ainsi environ 48 à 55 francB par tonne de
minerai sec, soit 70 à 75 centimes par kilogranuM de
métal, suffit à doubler, àl'arrivée en Europe, la valeurAl
minerai de nickel pris aur place.
Le traitement que le minerai subit comporte actuelle-
ment une fusion pour matte au cubilot k water-jacket ;
fondu avec 20 p. 100 de calcaire, 10 p. 100 de gypse
(ou une quantité de charrée de soude équivalente an
point de vue de la richesse en soufre) et 37 1/2 p. 100
de coke, le rainerai produit une matte tenant environ
45 p. 100 de nickel, 40 p. 100 de fer et 15 p. 100 de
soufre, tandis que les matières réfractaires, silice, chaux,
et magnésie, passent dans la scorie et n'entraînent qu'une
faible quantité de nickel. La matte obtenue est ensuite
déferrée au convertisseur, ce qui donne lieu à la produc-
tion d'un sulfure de nickel à 75 p. 100 de nickel, moins
de 1 p. 100 de fer, et 24 p. 100 de soufre ; celui-ci est
finement broyé, puis il subit un double grillage très minu-
tieux, destiné à éliminer aussi complètement que possible
le soufre ; enfin l'oxyde produit est réduit en présence de
charbon et de farine, ce qui donne du métal k peu près
pur et aggloméré parune demi-fusion. Nous n'avons pas
d'évaluation exacte des frais que comporte ce traitement ;
noua croyons néanmoins qu'ih ne dépassent pas 1 franc
par kilogramme de métal produit ; une moitié de ces frais
se rapporte à la première fusion.
Dans ces conditions, le nickel se vend en Europe, suivant
bï Google
UtS MINES DB MICKBL 207
les circonstances, suivant l'importance des acfaats, etc.,
entre 3",50 et 4 francs le kilogramme. Ajoutons que
le nickel qui est extrait des minerais calédoniens par le
traitement qoe nous venons d'indiquer est très pur ; il
contient 99 à 99,5 p. 100 de nickel; il est suffisamment
bien débarrassé du soufre qui y a été incorporé par la
première fasion, puisqu'il n'en tient que moins de 1 millième;
il est exempt d'arsenic et de phosphore, et ue contient que
des traces (moins de 1 millième) de cuivre, qui seraient,
paralt-il, introduites par le traitement, mais qui n'existent
pas dans les minerais de notre colonie.
B. — Les dbbodchés i>u nickel.
Le prix du nickel métallique a baissé depuis 25 ans
dans des proportions extrêmement considérables, puisque
au moment de la découverte des minerais de la Nouvelle-
Calédonie il était encore de 18 francs le kilogramme, et
qu'après s'être abaissé d'abord brusquement à iO francs,
puis successivement à 8,6 et 5 francs (1S92), à 4 francs
(1894), à 3 francs (1895), et puis même à 2'%40 (fin 1895)
par l'effet de la concurrence du Canada, il oscille
maintenant entre 3'',50 et 4 francs le kilogramme.
Néanmoins le nickel est resté un métal demi-précieux,
coûtant à peu près deux fois plus que le cuivre; il ne
saurait donc être substitué à ce métal, de même que les
alliages à base de nickel ne sauraient être substitués au
laiton, que pour des usages de luxe ou à peu près; on
connaît les emplois du nickel métallique pour un certain
nombre d'objets usuels qu'il est intéressant de préserver
du vert-de-gris, ou comme revêtement, soit à l'état de
plaqué, soit à l'état de dépftts galvaniques, sur d'autres
métaux ; on connaît également les usages des alliages à
base de nickel : argentan, raaillechort, métal anglais,
métal blanc, etc. ; enfin le nickel, soît pur, soit à l'état d'al-
bï Google
'208 HICHESDBS HINArALES DE LA NOITVELLE-CAI.ÉDONIS
liage, a été employé, et sera vraiseniblablement employé
encore, par différents pays pour la fabrication de la mon-
naie de billon.
Bien que l'ensemble de cea usages, qui ne demandent
chacun indiTiduelIement que des quantités relatiremeDl
restreintes de nickel, finisse par représenter des cen-
taines et même quelques milliers de tonnes par an, et que
l'on puisse espérer voir pea à peu adopter ce beau métal,
précieux par son inaltérainlité, pour d'autres usages dn
même genre, il n'y aura là vraisemblablement qu'oo
accroissement assez lent d'année en année, tant que le
prix du nickel restera notablement supérieur à celui do
<niivre.
Un autre débouché "qui a été ouvert au nickel depuis
que son prix s'est abaissé est la fabrication de» aciers an
nickel, et celui-là, qui en a déjà aujourd'hui doublé les
usages dans le monde entier, parait promettre, pour un
avenir sans doute prochain, un large développement de
la consommation du nickel. La ténacité et l'augnientatioa
de la limite d'élasticité et <ie la charge de rupture qu'on
petit nombre d'imités de nickel communiquent à l'acier,
ont fait introduire ce métal dans la composition de cer-
tains aciers spéciaux depuis une dou;!ainc d'imnées (envi-
ron : emplojé d'abord avec succùs pour les plaques de
blindage on proportion de 3 à 5 p. 100 (essais d'Anna-
polis, 1891), il a été introduit ensuite dans le métal à
canons fen proportion voisine de 2 p. 100), dans des tôles
destinées à des constructions métalliques oîi l'on recherche
tout particulièrement lalégèrelé(pT-oportion de 3 p. 100),
dans certains arbres dont on désire augmenter la limite
élastique (proportion de 1 p. 100), et l'on cherche aujoniv
d'hui à employer les aciers au nickel pour faire des
tubes, des rivets, etc. Mais, si « les aciers au nickel plus
ou moins manganèses, carbures ou chromés, sont sem-
blables aux aciers ordinaires au carbone, tant que les pro-
bï Google
LES HINES DE NICKEL 209
portions do nickel, manganèse, chrome et carbone ne
dépassent pas une certaine Umlte(*) », et si, dans ces condi-
tions, ces divers éléments jouent sioiplcmeat le rôle d'éK-
ra^its durcissants, « au delà d'une certaine limite, les
additions de ces éléments produisent une transformation
allotropique du fer contenu dans les aciers, qui fait
apparaître des propriétés physiques et mécaniques très
différentes de celles des aciers ordinaires (M... » Avec une
composition répondant à cette dernière condition grâce
à une forte teneur en nickel, » les aciers s'adoucissent
considérablement par la trempe et ne durcissent que
par l'écrouissage ; les propriétés mécaniques de certains
d'entre eux sont très remarquables, particuhèremeat
au point de vue de rallongement à la rupture, qui est
exceptionnel, et de la résistance au choc, qui dépasse
celle de tous les alliages ou métaux connus (') ». C'est
parmi ces aciers-là, où la proportion de nickel se compte
par dixièmes, que l'on a découvert des métaux présentant
des propriétés physiques extrêmement remarquables,
not^nment au point de vue de. la dilatabilité, ce qui est
de nature à leur ouvrir dos débouchés, mais sans doute
restreints comme tonnage, poiu* la construction d'appa-
reils de physique, do géodésie, etc.; cependant certaines
de leurs propriétés mécaniques sont si précieuses que,
malgré leur prix élevé, ils ont déjà été employés dans
la construction en fer, notamment en assez grando quan-
tité par l'artillerie française au cours de la construction
de »OD nouveau matériel (télés à 25 p. 100 de nickel).
Aujourd'hui donc les usages des aciers au nickel sont
couraDts avec des teneurs de i à 5 p. JOO sous forme de
tdles, arbres, canons, obus, et surtout de blindages. Ce-
Be sont encore là que des usages spéciaux correspondant
bï Google
210 RICHESSES HINÂRALBe DB Li ITOOTW.LB-CALBDONIK
à des toonagea limités, et cela tient non »«ilemeirt h <»
qob IHntroductKMi de quelques TinitéB pour oeat de VitiaM
dans l'acier augmenta trës Botablement soniffii {souvent
dn simple auiooWe) à ia fois en rmisonde la yal^ff mêm»
da métal introduit et en raison de la minutie phis gnztdft
(te ta préparatïOTi m4tî^apgiqo© de ces aciers spédaHX,
mais cela tient encore à c« ftrit qoo l'améUorBrtioH de cm^
tainos de leurs propriétés mécaniqnes ne Ta pas «wneirt
sans des inoonréiûentB, tels qoe la difScalté avec laqiwAe
ila «e laissent traTaiiler, ne aupportaiït pas l'écronws^rer
criquant aisément, etc. Il est fort intéressant oep«B»d«i*
de signaler un pas, paraissant très notaWe, qoi Tieflt
d'être fait aux États-Unis : après des «ssais multir4w
pour l'emploi de rails en aciw aa nickel sur des sectiwia-
de voies ferrées très fréquentées, en vae d'eapacer ■arta-
Mement les réfectioiis dévoies, la Pensyivanian Railroad 0*
Tient de commwider 9.000 toanes de mts ea mitr-
àS 1/2 p. iOG^io ni(*el pesant «5 et 100 Krres paryai^
(seit 43 et 50 kilogrammes par métré), pour en murœ' hsa
sections de voie les plus (Aai^ées de aes ïgnme airtMO'
de I^tsbarg : cette commande aurait été faite aa ^Hs
de hb dollars la tonne (âOlfrancs par ionwe n&briKfm) (*).
La nraltiplication de semblables osagea «a tumffÊKnM-
pas d'aocrottre oensîdérabtememl la conwwnatiw (fa
nickel, et -o^poalraït bien ne pas^tsMerAae piailiÉfti»
efet.
I^oor oe qui est <le l'adeptine 'des &àll»t 'an «HkI fc
haute teneur, on peot dès au^urd'hai y coBptA* pmn* la
construction d'appareils ^e 'préoisien ; ra)ris "«Ala «at iteu
de cAwfle, et w qni serait vnôiffient -préoMoc fMt-wOtn-
otâonie, oe «ersit de votr se dév«(opp«n- êm •«•^Ms Ma^
qae oelai qm a éW tait 'pu- rartMarie "A-aHoaise d'aelw %'
25 p. tOO de nickel; il ne faudrait^a effet jmu baaHfftnp
(*) CRttMtfrfNff'OM «nh»*^ AnuiKd, 7 a»<rt4er«n, -p. «n.
bï Google
lAB BfllIBS im KHKKL j^l
€'xisscgtss exigeairt <AaciB «niniellem«(t iquriqties can-
tahm 'Ae tonies^le tels màevn -ptmr ««gwenter éma me
targe proportion la eansmamatioB <hi «ich^ ; il fte mus
-pHnSt pas doHieiix <!» oes wm^h «e nriti^^icrMit d'au-
tant ^bfs r&pMefDflMt tiAe le prix à» tâektA, qai nieprifint
pour vat ititffa part Ans le piiz ^evé de «te prodâts
spéciaux, diminuent ptm vite et fitm notaWeinmt.
Les aaages niét«H«rg«[«es soait émtc de «em ^i, exi-
gwmt «DJeiB'd'hui à peu •pre/e La mcritié àa n>ck«l conaecinié
4niT9 le «mnde, poarniieBt -à bref dé)», et swrtout à la
faveur d'un abaissement notable du prît 4a tiicàel, ang"
stsntor ^laufl une irëa largo imuior.tioii. Us suivfi&t uatii-
r^lraïad; MJjflKrd'iwi ks floctuatioas de l'industn»
laétaHni'gique, «t en particiriiM- ^ie l'inda strie spéciale des
anwnsnto; ik aot «a letrr période it'sccroissement
de 1808 à 1901, en même temps gtre oette industrie, et
si4>isaent nyoerd'itui arec eile une crise^iû n'est assuré-
Qftm 4)a'it «s aoii, f^raufailiie kIm uugas ia jûckel •
déjà marqué une progression considérable depuis 25 an!<,
mt ntms»oaÊme» Itien pur— dé qoe oatie pragrinwiii ne
farji^^petx3wliiiwr oiore 4'«»«ée «•.«xn^ l.e8^a(>l<|Mes
ckïfftva wiiwÉi inwiiniwt ee^'<ete a éé^ jaayi'icL
C'a^^ H. Lent{*), k pM*KtM« wwmri*» daaidiei
■mt iMtée MMiUeMMt«tatMun«jB^M'«iiM7«,«t.aUe
«BMÉt Bwtée iwuito àfawy<B »a» fflhiffTWi «wiwMta ;
1B78 400 tannes
La Nouvelle-CslédomeinterTenait «fsHleurs pour la plus
large part dans cett€ production. Depms 1889, ta décou-
"^D. Lkt*t, Fntgrêt d« ta mOallMrgi» du nicM (JnntflentM'SMu,
bï Google
212 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVBLLB-CALÉDONIB
verte des riches mines de pyrrothine cupro-nickelifere
do Sudbury {Canada) a fait entrer en ligne, pour la produc-
tion du nickel, un redoutable concurrent de notre colonie;
ce sont les quantités considérables de métal que le Canada
a jetées sur le marché à des prix, sans cesse décroissants
qui ont amené la crise subie par les exploitations de
nickel de notre colonie, en 1892-1897.
D'après les statistiques que nous avons entre les
mainsC), la production du nickel métal se serait, depuis
lors, répartie comme suit, au point de vue des pays d'ori-
gine des minerais :
tS94 18» 18» 1897 1S9B IW» '«»
Nous ajouterons que la consommatibn du nickel dans
le monde entier n'a pas exactement suivi les fluctuations
qu'indiqueraient les chiffres ci-dessus, extraits des statis-
tiques ofScielles des différents pays; on aurait en effet,
d'après les renseignements que nous avons pu recueillir,
consommé les quantités suivantes de nickel au cours des
<ùnq dernières années.
1898 6.600 tonnes
I8«9 6.700 —
1«W 7.200 —
i«Ol 7.400 —
1902 e.800 —
(•) R^P. RonwiLL, The miwrtU Indtalrg, anntfeB 1B92 et s
bï Google
-;-*f^il
LE8 MINES DE MICKEL 213
En regard de ces chiffres de production et de consom-
mation du nickel, nous fournirons, d'après les statistiques
officielles, ceux de l'exportation des minerais de Nouvelle-
Calédonie avec l'indication approximative des quantités
de métal qu'ils contenaient, en faisant remarquer que,
même à supposer les statistiques de la colonie exactes,
non seulement il y a une certaine perte au traitement et
parfois des pertes en route par suite de sinistres de mer,
mais qu'en outre la nécessité de conserver ou de former en
Europe des stocks d'une certaine importance a pu donner
lieu, au cours de diverses années, à des exportations de
minerai notablement différentes de celles correspondant
à la production, et surtout à la consommation réelle, du
nickel d'origine calédonienne. Quoi qu'il en soit, voici les
chiffres que fournît la statistique oftîcielle.
byCoOl^ll
214 RICHESSBS MINÉBULB» DB LA NOUVEL LB-CALÉDOMR
NaBnlle-CdMg^cf)
m
(fl.TflS
(I.2M)
{1.900}
III0..'>I9
i M .6.13
I. BU .000
flCO.WJ (:».fii;
S!
C. — Développement possible de l'inodstbie dd nickel
EN Nouvelle-Calédonie.
IjOS chiffres qui prérèdent suffisent à montrer (|uello a
été jusqu'ici, pour la Noiivolle-Calédonie, l'importance de
(■) Leschiffres de res troii colonncii snnl établis en supposanl loat
Le minemi eiporté cru ; nous avons porl* entre parenlhËBes, lorsqu'il y
avait lieu, les cliilîres relatifs au minerai fondu dans la rolonle.
("} l^es valeurs des quantités de minerai exportées, indiquées pouriM
années antérieures A 1901. et en particulier pour le« trois dernières,
«ont certainement exagérées ; elleii paraissent avoir été olitcnuei en
multipliant les tonnages de minerai humid ■ par ta valeur de la tonne de
minersi sec; elles seraient donc t réduire de Î5 p. lOO environ.
bï Google
LBS HIHE» DB HICKBL 215
S'iadiistn» ia nickel, et c^uet eei l'intérêt qui s'attacherait,
^us la prospérité de ootce colonie, à ce que cette iodus-
trie se développe encore largement. Nous iivoiis sufâsam-
na&t montré dans ce qui précède combîeu ^ruides aont
les ressources es métal CMÎlemeot expliMtables coatessee
■dans le sol de la Nouvelle-Calédonie pour que chacun com-
prenae que l'on oe peut que souUaiter de voir la demande
-de BiijKrai augmenter, fbt-ce au prix d'un abaissement
des cours ; les richesses 4e noti-e colonie peuvent en
■offet, pour peu qu'on les exploite d'une façon plua régu-
lière, plus stable, et pluâ prévoyanle, ce que ne manque-
Eait pas do faciliter grandement uue augmentation des
-Uéboucliés, fournir à îles demandes beaucoup plus impor-
tantes encore qu'aujourd'hui, et cela pendant de longues
. années.
Comuienousl'avonsditjCette augmentation des débouchée
parait assez étroitement liée aujourd'hui à une diminution
-du prix auquel le métal pourrait être offert au consom-
mateur, et les gisements que nous venons de faire con-
naître pourraient, nous n'en doutons point, satl-^faire à
-cette nécessité. Noua voudrions le montrer en quelques
.mots.
Si l'on reprend un à un leH (Ufférents éléments du prix
-de revient du nickel que fournît la Nouvelle-Calédonie, on
est frappé, en écartant pour le moment les cluu'gcs
importantes que comportent les difficultés de main-d'œuvre,
sur lesquelles nous reviendrons d'ailleurs, on est frappé,
.disons-nous, de l'influence sur ce prix de revient de trais
circonstances différentes. Ce sont: d'abord l'obligation
d'abattre avec le minerai des quantités considérables de
matières plus pauvres en nickel qu'il faut séparer par un
niiuiiticux triage et rejeter ensuite, puis, et surtout, l'aug-
mentation de prix du simple au double que comporte le
transport, depuis les Antipodes jusqu'en Europe, de mine-
rais qui ne tiennent guère plus de 5 p. iOO de leur poids
bï Google
216 RICHESSES MINÉRALES DE I.A OUVELLE-CALÈDONIB
du précieux métal, et enfln la cherté, inhérente à sa com-
plication, du traitement métallurgique des minerais de
nickel.
Pourrait-on diminuer ces lourdes charges et dans quelle
mesure? C'est ce que nous allons discuter.
La question du traitement métallurgique des minerais
de nickel, et en particulier de ceux de la Nouvelle-Calé-
donie, est de celles qui n'ont pas sans avoir été bien sou-
vent étudiées, mais qui n'ont jamais pu recevoir jusqu'ici
de solution plus satisfaisante que celle que nous avons
fait connaître en quelques mots ci-dessus. C'est de l'affi-
nité extrême du nickel pour le soufre queprocédent essen-
tiellement les difficultés de la question : tout traitement
par voie ignée, à moins qu'il n'ait lieu entièrement avec
le secours de combustibles végétaux, c'est-à-dire de char-
bon de bois, comporte nécessairement l'absorption d'une
certaine quantité de soufre par le métal, ce qui entraine
ensuite l'obligation d'un grillage extrêmement soigné et,
par suite, fort onéreux ; le traitement du nickel unique-
ment au bois n'apparaissant commeguère possible aujour-
d'hui, il faut se résoudre à cette obligation ; dès lors la
première fusion sulfurante, plus aisée que la première
fusion pour fonte nickelifëre, parait indiquée, et le reste
de la méthode actuellement usitée s'ensuit.
Ne pourrait-on pas tourner la difficulté par l'emploi
d'une méthode de voie humide? C'est ce qui a souvent été
étudié, mais ce qui a toujours échoué, en particulier devant
les dépenses et les difficultés qu'entraînerait la dissolution,
en même temps que du nickel, des quantités considérables
de magnésie qui l'accompagnent, L'électrolyse, actuelle-
ment employée avec succès au Canada, pour répondre, il
est vrai, à des difficultés de traitement tout autres, ou le
procédé Mond, fondé sur la combinaison du nickel à l'oxyde
de carbone, procédé que l'on essaie aujourd'hui de faire
bï Google
LES MINES DE NICKEL 217
entrer dans la pratique industrielle ('), ne puurraient-ils
être appliqués avec économie au traitement des minerais
de nickel de notre colonie? C'est ce qui n'a pas paru pos-
sible jusqu'ici.
Nous pensons donc que, jusqu'au jour oii quelque uou-
velie invention aura permis la simplification de l'extrac-
tion du nickel des minerais de la Nouvelle-Calédonie, il
faut compter avec des frais de traitement élevés, comme
ils le sont aujourd'hui, c'est-à-dire peu inférieurs, tout
compris, à 1 franc par kilogramme de métal produit.
Si nous passons maintenant à la question de l'abaisse-
ment possible de la teneur limite h laquelle le minerai est
exploité, nous constatons que c'est, beaucoup plutM que les
nécessités du traitement métallurgique, l'élévation des
frets, augmentant le prix de revient du nickel en raison
inverse de cette teneur, qui fixe la limite de 7 p. 100 {pour
le minerai sec) à laquelle on s'arrftte aujourd'hui. Sans
doute, chaque fois que l'on diminuera la teneur du mine-
rai à passer, on augmentera les frais de fusion par imité
de métal, etondiminuera un peu le rendement de l'opéra-
tion. Si, en effet, l'on suppose une légère diminution de la
teneur du minerai en nickel, avec augmentation corres-
pondante du fer et de la magnésie, l'allure générale de
l'opération n'en sera pas grandement modifiée ; cependant
la richesse en nickel de la matte obtenue sera moindre et
sa teneur en fer plus forte, tandis que la quantité de sco-
rie produite sera un peu plus élevée ; dès lors, pour main-
tenir une température suffisante au creuset, il deviendrait
nécessaire, comme cela se fait déjà maintenant, mais dans
une mesure moins large, d'ajouter des matières riches en
idckel, soit scories do déferration, soit, à défaut, une
petite quantité des mattes produites par l'opération même,
bï Google
~2iS RICHESSES MINBBALKS OE. LÀ. NOOVELLE-KIALéDONtE
-et cela n'irait pas sans exi^r une augmentatioa de la
charge dâ coke. La scoria, quicoatient une certaine quan-
tité de nickel, surtout en raison d'un entrainenieut méca-
nique de particules de matte, entraînerait à peu prèa la
même proportion de matte, puisque le report entre les
quantités des deux élémeats serait maintemi en repassant
-des mattes, et il n'y aurait guère d'augmentation de la
perte en nickel que du fait du double passage à la pre-
mière fusion d'une (lartie de la matte ; il pourrait d'fdlleurs
aussi y avoir une légère augmentation du fait de la petite
teneur en nirke! combiné que peut présenter la scorie.
Dana ces conditious, si l'on suppose que l'on vienne àabais-
-ser de 7 p. IIK) à 5 p. 100 La teneur en nickel du minerai
aec, la teneur de la matte tomberait entre 35 et 40 p. lÛU
-de nickel, et la perte au traitement, qui est évaluée au
maximum à 10 p. 100 du métal contenu, pourraitatteindn
jusqu'à 20 p. 100 ; la consommation de coke pour la pro^
miere fusion passerait vraisemblablement de 8 à 12 ou 13
par uoité de métal.
Dès lors, les frais de première fusion, qui, comme
.nous l'avons dit, peuvent être actuellement évalués aux
-environs de 45 à 50 centimes par kilogramme de métal,
.atteindraient vraisemblablement Ô5 à 70 centimes, en
augmentation de 20 à 25 centimes, en même temps que la
consommationde minerai, au lieud'ëtre de 16 kilogrammes
de minerai sec à 7 p. 100, s'élèverait aux environs de
25 kilogrammes de mineraisec à 5 p. 100. Ou voit, qu'en
tenant d'autre part compte du fret('), qui revient aux
-euviroDS de 50 francs par tonne sèche, la dépende par
kilogramme de métal se trouverait accrue eu outre
de ib centimes, soit au total 65 à 70 centimes, c'est-
-à-dire assez exactement du prix que coûte actuelle-
(*) Nnua ne tenons pas compte ici de l'augmentation des frais d'afC-
diAge de la nialte en raison de aa luojndre rictkâsu, caf oalte augiu«Dta-
iion serait v rui seuil) lab le meut très Tsible.
bï Google
LKS UINSS DE NICKEL 219
•oent le minerai sur place ; il faudrait donc, pour pouvoir
-substituer le niiDerai à. 5 p. 100 au mioerai à 7 p. 100, que
sou prix de revient, reodu abord en Nouvelle-Calédouie,
fbtnuL
La néceasité du transport du minerai cru jusqu'en
Europe prohibe donc d'nne façon absolue l'emploi du
loiaerai à teneur de 5 p. 100. Pour le minerai à ta teneur
.<le6 p. 100, il n'en serait pas tout à fait de même ; uéan-
moina il serait difficile à notre avis d'abaisser suffisamment
le prix de revient sur place du minerai à 6 p. 100 pour
qu'il y ait avantage à le substituer au minerai à 7 p. 100;
il. est cependant bon de signaler ici que des expéditions
de minerai à teneur comprise entre 6 et 6 1 /2 p. 100 ont
été faites récemment en Amérique, et y auraient donné
lieu, en t90l, à la production de 1.796 tonnes denickel(').
Il semble, au contraire, que rien ne s'opposerait à ce que
l'on fondit sur place des minerais à plus faible teneur
s'ils pouvaient être produits à des prix suffisamment bas.
Il est nattu'ellement fort difficile, en raison à la fois d«
la très grande différence qui existe d'un gisement k
l'autre et de l'absence totale de toute reconnaissance
»,jiatématique de ces gisements, de fixer quel serait
Cabaissemeot de prix de revient qui correspondrait à un
abaissement delà teneur limite desmineraisexploitables;
il aérait en tout cas considérable. Si nous envisageons, par
«exemple, le cas oii l'on eu viendrait à exploiter Jusqu'à
La tenetu- de 5 p. 100, nous ne craignons pas d'affirmer
que le prix de revient de la lonne de minerai pourrait
-être abaissé, dans beaucoup de cas, de moitié, peulr-être
même des deux tiers. Il ne faut pas oublier en ofi'et qu'au-
Jpurd'hui oa abat forcément des quantités importantes
de minerai à plus faible teneur en même temps que les
Biinerais utilisables; donc, sans augmenter les frais
(*] B. P. RoTHWBLL, The mintral Indiulry lo lAe end of 1901, p. U6.
bï Google
220 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLB-CALÉDONIE
(i'abatage, on aurait déjà un accroissement consi-
dérable du tonnage utilisable; les frais de triage ne
seraient pas augmentés, ils seraient souvent méra«
diminués {il suffit pour en être persuadé d'avoir va
sur les carrières de presque toutes les mines des
quantités considérables de tas de matières prêtes a être
expédiées, mais qui ne pouvaient Tétre parce que l'ana-
lyse y avait montré des teneurs de 4 p. 100, 4 1/2 p. 100,
f) p. 100, et souvent même 5 1/2 p. 100 ou 6 p. 100. et
parce qu'on ne disposait pas d'assez de minerai riche pour
les porter à la teneur de 7 p. 100). Quant aux frais de
transport, ils ne seraient accrus que de bien peu, car la
plupart des cables ou voies ferrées sont loin de trans-
porter non seulement le maximum de ce qu'ils peuvent dé-
biter, mais encore souvent le maximum de ce que pourraient
manutentionner les ouvriers qui en font le service. Si
donc nous admettons, ce qui n'est en moyenne pas supé-
rieur à la réalité, croyons-nous, que le triage des masses
abattues fait en vue d'en retirer du minerai à 5 p. 100,
en donnerait facilement deux fois à deux fois et demie
plus que de minerai k 7 p. 100, nous constatons que i*
totalité de ce rainerai descendu au bord de la mer {noni
ne comptons ici ni le chalandage, ni les droits d'ex-
portation, etc..., qui n'entreraient plus en ligne de
compte si lo minerai était traité sur place) reviendrait k
peine plus cher que la petite quantité actuellement des-
cendue ; il n'est donc pas téméraire d'escompter que le
prix de revient de la tonne serait facilement diminué de
moitié, en même temps que l'on assurerait l'utilisation de
10 à 12 unités de métal au lieu de 7{'). Mais ce n'est
pas tout; à côté des masses que l'on abat aujourd'hui, on
laisse des masses minéralisées très faciles à exploiter et
(■) Pour être tout à fait esacl, il faudrait tenir compte de l'augmeoU-
lion de la perte au traitement, ce qui reïienl à dire qu'on asiowi»
1 atiliMtion de 8 à 9,6 unités de méUl au lieu de 6,3.
bï Google
LES MINES DK NICKEL 221
pour lesquelles toutes les préparatioas et installations
sont faites, unii;|uement parce qu'elles ne sauraient dun-
ner une proportion rémunératrice Je minerai à 7 p. 100,
alors que dans bien des cas elles pourraient parfaitement
en fournir dans de bonnes conditions à 5 p. 100 ; ily aurait
là une modification très importante dans l'utilisation des
gîtes et des installations faites pour les mettre en exploi-
tation. Nous ne croyons donc pas exagérer on disant que
le prix de revient par kilogramme de métal contenu
dans le minerai pourrait, avec une bonne organisation,
être abaissé au moins de moitié, c'est-à-dire descendre à
30 ou 35 centimes.
L'abaissement de la teneur limite à laquelle les mine-
rais de nickel calédoniens sont utilisables nous apparaît
donc comme intimement liée, du moins si l'on se préoc-
cupe de réaliser un abaissement réellement sérieux de
cette teneur, à la question d'une première fusion du
minerai sur place, en vue de réduire considérablement la
proportion de matière stérile à transporter avecle nickel.
On transporte aujourd'hui, rappelons~le, de 945 à 950 ki-
logrammes de matière stérile pour 50 à 55 kilogrammes
de nickel métallique (minerai à 7 p. 100 à sec et tenant
de20à25p. 100 d'humidité), ce qui représente une
dépense de 80 centimes au moins par kilogramme de métal
(en ajoutant au fret les frais de chalandage et autres
frais accesBoires) ; le jour oîi l'on pourrait substituer au
transport de têts minerais celui de mattes tenant de 35 à
-45 p. 100 de nickel, la dépense par kilogramme de métal
tomberait à 8 ou 10 centimes, c'est-à-dire qu'elle s'abais-
serait de 70 centimes environ. Ne serait-il pas aisé de
réaliser tont ou partie de cette importante économie?
C'est ce qui semble tout indiqué au premier abord, et c'est
ce dont l'étude, sommaire il est vrai, que nous avons pu
faire de la question nous adonné la persuasion, bien que,
bï Google
^
222 RICHESSES iaSÈR.Kl£S DE LA NOOTBLLE-CALÉDONIE
nous devons le reconsaltoe^ l'économie en question ne soit
-pas aassi facfle h réaliser qn'on pourrait te croire. Uns
il j a plus; en niKme temps qne la fimon sur place des
minerais mêmes que Ton utilise actueltement, et l'expor-
tation nltërieure de mattes ricties, pcnnoettraTt de réaliser
nne réelle économie sur les errements actuels, elle-
ferait disparaître l'obstacle qne noos signalioas ci-densas
h un abaissement sérieux de la teneur des minenù&taitéi.
Ce 'sont ces deux points que nous nous proposons stt>-
tenant de mettre brièvement en hninfere.
La question de la fusion siu- place ima minerais 4e
nickel de la Nouvelle-Calédonie n'est pas neuve : elle-
s'est posée dès le début, et on n'avait pvs tsrdé à la
résoudre par l'afBrmative. Deux nn-^ants faaracmax
(hauteur? mètres, volume 18 mètres ctAes) forent ooas-
trutts k la pointe Ghaleix près de Nouméa, en 1*879 ; t« ts-
non eut d'abord Keu ponr produire des fontes nîckelîiÏTes-
(iifl5p, KW-de nickel)- elle fut ensuite réf^ée pour t>bte'
nir des mattes tenant anx environs de flO p. 100 4e
nickel, et Ait pratiquée ré^lièrement jnsqn'an dSmt ^
18^, époqiie où la premûre rnse fjtn a ?évî mir le nwr-
ché du nickel obligea, à mettre les haafes founioamt faors^
feu. Cette -ientatMro doit fttre eonsidérie oobrhb mywm.i
donné des rétnitats satîefaisanta dans l«s (.uniHàma «b
se trooraït «dors le marché du mcAtel «t oh «e pnAàq«ait
la métaHurgie de ce métal; les prix -fc ntrÎMit He pre-
mière ^ftirioB, vOTàns de 1 franc par hiRipMOBW 4e-
nickel métal, xoxqnels on était anfvé,
«ffet rien d'oxcessif alffra.
'S les renseignements qne vmis avons pu t
cette prendre tentative, déj^i aaciemie, sMt exacts, -la
ftision pour fonte ni<AceBftT« de minenirà ÀlBamr'VM-
aine dé W -p. 'ViO de nickel cowwwtw ait, fmr' towiD 4tt
iHÏueru nUMMe, toB kïfojfrMWseB wj wikc 'tnvtnlBéD.
bï Google
LBS MIMES Vt mCKBL S9S-
reTemnt à 80 francs la tonne, 110 kiIogi«TnneB 4e
houîBe.de Tnëme proTenance & 37 francs, et 900 kil(>-
grammes de casHne à 12 francs ; le prix de revient total
de la fosïon ressortait ainsi à 87 "frsncB par tonne *te
minerai, soft 6S7 francs par tonne de fonte (rendemeirt
en fonte de 13 1/2 p. 100), sait encore 1 t^anc par kflo-
gramme de nickel (tenenr de la fonte ^ p, 100]. Hais, en
présence des âifflcultés dn traitement 9e ceite fonte, qui
tenait de 1 1 /2 h 2 p. 100 de soufre, on ftut en revenir à la
fusion pour matte ; celle-ci eut Ken du d^but de 1882 m>
d^ut de 18^, soit pendant 3 ans ; elle a port^ sur
16.000 tonnes de minenri; essayée d'abord en employant
comme snlfurant le sonfre, elle a éié poursuivie grftm A
l'emploi (>u gypse de la colonie ; les Ht» de ftreîoti cont^-
niùent en moyenne, par tonne de «inerBi, 445 talogrammes-
de coke, 80 kilogrammes de honiHe, 380 kflr^ammes de
castine. et 75 feilogrammes de gypse revenant à 40 francs
la tonne ',16 prix de revient total était de 79 francs par
tonne de minerai fondu, soit 993 ft^ncs par tonne de
matte produite (rendement en matte iS 1 /3 p. WW) et
(P,95 par kflogrannne de nickel (tenenr de ta matte
88 p. 100)(*). Dans les dernière temps de marrhe de
rnsine, on avait eaeayé la f iArication 'sttr fAace des cokes
niïcessaires à la funon % Vaiâe de menas mrportiés cms
iTAustràSe ; cela paraissait devoir TéaHiter «ne éconemie
importante sur la dépense de combustible.
Lorsqu'on 1889 une Houveîle ère de TiTOspérité s'ou-
vrft poor nndnstrie du nickel, on rocOnntit k noHveatr
h n^srtté de la fusion sur place, d'antailt phra qoe 1*
prrx du mâtàl avait notablement baissé et tend^ à-^
ftnsr aux enviKftiô de 5 IVimcs le feBogrowme. 'L'wsfi»
de t^tmiéa n'était plus en roarcte tft exigeait natm^He-
bï Google
2*24 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
ment quelques réfections ; la société le Nickel crut préfé-
rable, dans le but d'éviter le transport encore assez
oùéreux du minerai depuis ses centres d'exploitation,
situés priucipalement & Thio, jusqu'à Nouméa, de la
transférer au pied même des mines; on en profita d'ail-
leurs pour essayer la fusion au cubilot dans des condi-
tions analogues à celles qui avaient déjà fait leurs preuves
à Kirkintilloch. C'est alors que fut créée l'usine d'Ouroué,
à l'embouchure de la Dothio, soit à 4 kilomètres envi-
ron de Thio. Les cubilots, larges et très bas (diamètre
1",73, liauteur entre la porte de chargement et les
tuyères 1 mètre seulement), qui furent construits, pa-
raissent n'avoir jamais fonctionné dans des conditions
satisfaisantes ; leur marche, entre les maius du personnel
dont on disposait, fut toujours très irrégulière: on char-
geait, par tonne de minerai (à teneur de 7 à 8 p. 100),
jusqu'à t)20 kilogrammes de coke, 220 kilogrammes de
charbon, ^^30 kilogrammes de corail et 22 kilogrammes
de Houfre ; le prix de revient de la fusion avec de sem-
blables consommations ne pouvait être que très élevé ; il
aurait atteint l'^ôO par kilogramme de nickel métal,
marquant ainsi un retour en arrière sur ce qui avait été
fait 10 ans auparavant. Aussi n'a-t-on pas tardé à mettre
hors feu l'usine d'Ouroué (au début de 189i) et à recom-
mencer à expédier tout lo minerai cm eu Europe. Cette
deuxième tentative est la dernière qui ait été faite poiu*
la fusion du nickel surplace; comme on le voit, elle a
été très malheureuse, et c'est évidemment à son échec
qu'est due l'hésitation, tant delà société le Nickel que de
tous autres exploitants, à entrer à nouveau dans une voie
qui parait cependant si indiquée. 11 est bon d'ailleurs
d'insister sur ce fait que l'on n'a pas renoncé à pour-
suivre la tentative faite à Ouroué parce que l'on aurait
reconnu que, dans les meilleures conditions que l'on
puisse réaliser en Nouvelle-Calédonie, les frais restaient
bï Google
LES MINES DE NICKEL 225
encore plus élevés que les frais de fusion eo Euroj»e aug-
mentés du fret, mais bien parce que l'on n'a pas réussi à
faire marcher régulièrement une fabrication qui, ailleurs
et en d'autres mains, réussissait bien. L'insuccès de cette
tentative ne saurait donc condamner en aucune façon le
principe de la fusion sur place ; il montre tont a» plus,
à notre avis, qu'il ne faudrait pas en entreprendre une
nouvelle sans prendre grand soin de s'assurer le con-
cours d'tm personnel parfaitement capable <!(% la mener à
bien.
Une nouvelle tentative de fusion sur place pourrait être
faite dans deux buts différents: le premier serait simple-
ment d'abaisser le prix de revient final du nickel métal
en partant des mêmes minerais ; le second serait de
rendre possible l'utilisation de minerais à teneur infé-
rieure {5 p. 100, par exemple), utilisation aujourd'hui
impossible comme nous l'avons montré. En fait, la fusion
sur place devrait, à notre avis, tendre à ce double but ;
peut-être ne permettrait-elle pas dès le début la fusion
de minerais k 5 p. 100, tout en abaissant le prix de re-
vient, mais da moins permettrait-elle sans doute celle de
minerais à 6 p. iOO, être serait déjà un joli résultat à la
fois au point de vue de la puissance de production des
mines de la Nouvelle-Calédonie et de la bonne utilisation
de lears richesses.
Nous ne pouvons songer à établir avec précision quels
seraient les frais d'une première fusion en Nouvelle-Calé-
donie, car cela dépendrait trop des conditions dans les-
quelles on la testerait ; et ces conditions mêmes varie-
raient pour chaque société, car c'est à la fois de l'étendue
et de la richesse dea concessîona qu'elle posséderait, de
leur situation géographique, de l'importance de la pro-
daction qu'elle voudrait réaliser, etc.,., que dépendraient
et la position à choisir pour son usine, position avec
bï Google
226 RICHESSES MINÉRALES DE LA NO DVEL LE-CALE DON lE
laquelle varierait le prix des matières première», et le-
développenient k lui donner, développement qui inflaerait
largement sur les frais de maîn-d'œavre et plas encore-
sur les charges d'amortissement. Ce qne nous pouvon»^
seulement dire, c'est que, pour se rendre compte de l'op-
portunité de la fusion sur place, il faudrait comparer,
d'une part le total des h'sis de chalandage à l'embarque-
ment, des droits sur le minerai exporté, du fret jusqu'en.
Europe et des frais de débarquement et de premi^ fuBkm
en Europe des minerais, au total des frais de fusion sur
place des mêmes minerais et dos frais d'embarquement
de transport en Europe et de débarquement de la matte^
d'autre part.
Le premier de ces totaux, rapporté an kit<^amme de-
métal, peut être évalué comme suit :
Frais d'embarquement 0,05 À 0,Oft
Droits sur le minerai exporté 0,O0S
Fret jusqu'en Eluropn 0,70 à 0,80
Frais de débarquemônt 0,02 à 0,03-
Friiis de première fasion «, W à «,60
ToT*i, en»iron 1,20 à 1,40
Les frais d'embarquement, de transport, et de Aéhut~
qaement en Europe de la matte à produire ne r^résente-
raient pas plus d'une soixantaine de francs par tonne,
c'est-k-dire à peiue O'^lSô par kilc^ramme de in^tal; on-
v<Mt donc que. mèmq avec des frais de première fumn
pour mattes deO'%95, tels qu'ils étaient ré&lisés à 1»
pointe Chaleix en i883-1884 (avec des BÙnenak un pe»
plus riches, il est vrai), l'opération «ppir^rait coinmft
devant être économique. Nous ne doutons ^«R d'ailleun
que les frais de fasion d'auU^fois pouiraientétre lar^eBitMt
abaissés aajoiu^l'liui. Si on «xamine es effet )«b frsis «to'
première fusion, on voit qu'ils se |MrtageU( à peu prês>
bï Google
LES MINES DK NICKKL 227
par moitié entre les matières d'uue part (coke, castine
et fondants] et la main-d'œuvre et les frais généi-aux
d'autre part.
Sans vouloir compter ici sur l'utilisation possible des char-
bons néo-calédoniens, nous supposerons que Ton emploie
uniquement du charbon australien; il fournit en effet
un coke de qualité parfaitement suffisante, comme le
montrent les analyses et essais de ce coke, et l'expériâDce
tant des fondeurs de la Nouvelle- Galles dn Sud que
des importantes usines de Port-Piric (AustraUe du
Suilj où l'on traite les minerais de Uroken-HUl. Pris k
l'état de coke à NewcasUe, il coûterait de 16 à 20 shil-
lings la tonne, suivant les cours, soit 20 à 2ô francs, il
serait, en outre, grevé de 10 à 12 francs de frais de trans-
port et d'une somme presque égale pour frais de débarque-
ment et pour tenir compte du déchet; il reviendrait donc
eDtre40et r>0 francs l;i tonne rendue sur place : si, au con-
traire on créait des fours à coke dans la colonie, on poar-
nât utiliser des charbons menus, qu'on trouve k acheter à
Newcastle au degré de pureté suffisant à de^ prix de 0 à
8 shiUingti la tomie, soit, 7'%50 à 10 francs, qin pourraient
donc être rendus en Nouvelle-Calédonie à 2U francs la
tonne environ, et qui pourraient ainsi fonmir dn coke à
moins de 40 francs. La castine, empruntée ^t aux <^al-
cairesde la cMe Ouest (qui tiennent 80 à^ p. 100 de
carbnoate 'de chaux, 2 kbp. 100de<rarbo«tatede HM^Dé-
BΫ et 3 à 10 p. 100 de silice), soit aux coraux (ceux qui
mat été«aifk>yt-8 à Ûiirooé tenaient 90p.l(X) de carbonate
de dianx, 5 1/2 p. 100 d« carbonate de magnésie et
i 1/2 p. 100 d'impuretés div^-ses, silice, sesquioxyde de
fer, etc.), reviendrait à des [h^x un pcw variables suivant
ie poist oii serait située l'usine, mais n'excédant vraisem-
- Uabieneat pas 10 francs la tonne. Qwant k la matière
-mlfurante, le soufre (que l'os pourrait faire venir assez
«i8énMB4.dii iapon) mrait d'an emploi toujoara fort coû-
abï Google
228 RICHESSES MINÉRALES DE I,A KODVBLLB-CALÉDONIB
teux, en raison de sa volatilisation partielle au gueulard ; il
serait bien préférable d'employer le gypse calédonien {qui,
biendébourbé, tient jii3qu'à95p. 100 de sulfate de chaux,
soit 17 1/2 p. 100 de soufre), dont il existe, comme nous
nous en sommes assuré, des dépôts considérables, et qui,
bien qu'un pou ingrat à exploiter k cause de son gisement
en cristaux quelque peu emp&tés d'argile, pourrait être ob-
tenu à assez bon compte ; il revenait, paralt-il, autrefois
à 40 francs la tonne rendue à la pointe Chaleix ; nous adop-
terons ce chiffre tout en mentionnant qu'il pourrait vrai-
semblablement être réduit dans une large proportion.
D&s lors les dépenses de combustible et fondants
pourraient s'évaluer au maximum ainsi qu'il suit:
nidirl uiu.\
Coke... 400 kilogr. à 40 francs ta tonne : lOTrancs 0^',3!
Castine. 300 10 3 0 ,Qi
Gypse. .100 , *" * 0 .C8
Total 22 0''M
11 est beaucoup plus difficile d'évaluer les dépenses de
main-d'œuvre et de frais généraux ; elles seraient assuré-
ment plus élevées qu'en Europe, en raison principalement
de la nécessité de faire venir d'Europe quelques bons chefs
d'équipe auxquels on allouerait des salaires élevés; nous
pensons cependant que, ai, en Europe, elles ne dépassent pas
25 centimes par kilogramme de métal, nous ne serions
pas au-dessous de la réalité en les majorant de mmtié,
c'eat-â-dire en les portant à 37 centimes 1/2. Cela ferait
ressortir les frais de fusion sur place au total de SI cen-
times 1/2 que non» croyons largement calculé.
Dès lors le prix de revient de la matte rendue en
Europe, rapporté au kilogramme de métal, ne compren-
drait, en plus âa prix de revient du minerai rendu an bord
de la mer en Nouvelle-Calédonie, qu'une somme de 0",95
bï Google
LES MINES DE NICKEL 239
au lieu de 1",20 àl",40, soit l'',55 à l'%60 minerai com-
pris, au lieu de i",80 à 2 francs ; il y aurait là une diminu-
tion importante dans le prix de revient du métal.
Mais il y a plus ; on pourrait aborder en Nouvelle-
Calédonie la Tusion des minerais pauvres : nous n'en-
tendons pas naturellement en présenter une démonstra-
tion complète, aidé seulement de chiffres que nous ne
considérons pas comme établis avec une précision suffi-
sante ; nous voulons simplement en faire comprendre la
possibilité. Si, an lieu de fondre du minorai it7 p. 100, on
venait à fondre du minerai à 5 p. 100, dont le prix de
revient par unité de métal serait, nous le supposons,
abaissé de moitié, c'est-à-dire réduit à 30 ou 32 centimes,
les dépenses de combustible seraient, comme nous l'avons
mentionné, augmentées dans le rapport de 8 à 12 ou 13,
c'est-à-dire portées do ^2 centimes à 50. les frais de fon-
dants, de main-d'œuvre et les frais généraux seraient
seulement augmentés dans le rapport des poids de minerai
traités, c'est-à-dire dans le rapport de 6,3 (rendement du
minerai à 7 p. 100) à l (rendement du minerai à 5 p. 100);
ils seraient donc portés de 50 à 78 centimes.
Dans cette nouvelle hypothèse, au lieu de pouvoir
amener en France une matte à 45 p. 100 de nickel
revenant à l'',55 ou l'',60 tout compris par kilogramme
de métal, on l'amènerait à la teneur de 35 à 40 p. 100
seulement et avec un prix de revient se (iécomposant
ainsi :
Valeur du minerai rendu à l'usine de fusion V",3Ù à 0'',32
Dépense de combustible 0'',50
Autres Trais de première fusion (tondants, main-
d'œuvre, frais généraux) 0 ,78
Frais de transport en Europe 0,16
Total i'',n à 1",16
n semble donc qu'on ne reperdrait, à traiter le minerai à
bï Google
230 RICHESSES HlNKftALES DE LA tlOL'Vf{LLE'CALÉDO?llE
5 p. 100, qu'une partie du béiiMre de la fusion sur place,
mai» on assurerait en même temps luie bien meilleure utili-
sa tion deagitesdenirkel de la colonie : on resterait d'ailleurs
vraisemblablement au-dessous des pris de revient arluels.
Peut-être même, ce que nous ne sommes pas éloigné <ie
croire, nos évaluations ont-elles été supérieures à ce que
seraient en réalité les différeutes dépenses, et serait-il tout
aussi avantageux de traiter surplace des minerais pauvres
que des minerais à 7 p. 100- En tous cas, si c'est vouloir
aller trop loin que de descondro jusqu à la teneur de
5 p. lOf», pi)urrait-on sans doute aller avec profit jusqu'à
ti p. lOiJ nu 5 1 '2 p. iOO.
En quel point de la colonie devrait être située une telle
usine de fusion du minerai? C'est ce que nous ne saurions
préciser ici, car cela dépendrait essentiellement de la
situation des gisements destinés à fournir le minerai : la
société le Nickel étudie, crovons-nous, le projet d'une
usine de prf^niiére fusion k Thio, et elle ne peut en effet
que la placer \irbn de ses mines les plus productives ;
la société " Nickel Corporation Limited », qui iwssêdesor-
tont des gÎMomonts sur la cftte Ouest, serait amenée i
construire son usine de préférence sur cette côte ; et telle
entreprise nouvelle qui viendrait à se fonder chercherait
tout nalurellemeut à procéder ii la fusion de ses minerais
en un pinnt oii elle pourrait amener à bon compte à la fois
ceux-ci et les charbons et fondants qu'elle aurait besoin
de faire venir par mer.
On a également songé à fondre sur place le minerai do
Nouvelle-Calédonie pour fonte nickelifère pure de soufre
et par suite direcieraent utilisable dans la métallurgie :
il faudrait pour cela avoir recours au charbon de bois
comme combustible, et nous ne voyons aucun point
de la colonie oii l'on pourrait l'obtenir en grande quantité
et à des prix suffisamment bas. Tout au plus une telle
fabrication pourrait-elle devenir une annexe de la fabri-
bï Google
I.BS MINES VË NICKEL 231
-«atloD principale dans los conditions que uous veuons d'in-
diquer.
Nous ne mentionnerons ici que imur mémuire d'aiiti-es
projets dont on a parlé et dont on parle encore : ils con-
sisteraient à utiliser les forces hydrauliques, qui ne seraient
peut-être pas trop difficiles à aiiiéiiuger dans certains
points de la colonie, au Iraileniciit des minorais de nickel :
les minerais tels qu'on los exploite ne sonl pus accessibles
aux procédés actuels de l'éleflro-niétallurgie, il faudrait
■<lonc leur faire subir une première fusion ; mais alors le
nickel se trouverait déjà suflisiimnient concentré pour que
aon expédition en Europe pour raffinage paraisse être la
meilleure solution. Ctn a même parlé d'omplovor comme
fondants les minerais sulfurés de cuivre du Nord de l'Ue,
«a vue d'obtenir une matto cupronickelilere dont on sépare-
rait ensuite les deux métaux par l'éleclruljse, comme on
le fait pour les minerais du Canada. C'osl là un pitijet
-iiardi, et dont nous ne saurions prévoir.pour le moment et
dans la situation économique et industrielle générale de
la colonio, ni la réalisation ui le succès.
Quoi qu'il en tsoit, il nous paraît en tous points essen-
tiellement souhaitable poui' la colonie que la question de la
fusion sur place des minerais de nickel qu'elle pi-oduil soit
-enfin reprise ; c'est celui des progrés dans l'utilisatiou des
ressources eu nickel de la Nouvelle-Calédonie qui aurait
-certainement le plus heureux effet sur le développement
du l'exploitation de ces richesses ; il en résulleniit pour
les producteui's du nickel calédonien la poesiblUté
d'abaisser notablement le prix de vente du métal, et par
suite de soutenir dans des conditions meilleures encore la
■concurrence des produits du Canada; cela permettrait en
•entre, et entraînerait certainement à ti'ès bref délai, une
utilisation beaucoup meilleure des réserves de nickel con-
tenues dans le sol de la colonie. Aussi M. le Gouverneur
bï Google
'£62, RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
de la Nouvelle-Calédonie a-t-il été très beureusemeul
inspiré lorsque, voulant hâter la réalisation d'un projet
qui touche aussi directement aux. intérêts généraux de la
colonie, il promettait la concession gratuite des terrains
nécessaires à l'érection de la première usine de fusion;
nous rappelons d'ailleurs que la redevance de 25 centimes
par tonne de minerai de nickel extraite n'est perçue que
sur les minerais non transformés dans la '.'olonie.
- LkS gisements, de MCKEL CONCURRENTS.
Une dernière question se pose pour celui qui veut peser
les chances de développement de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie : c'est celle de la concuirence qui
peut être faite à cette industrie par les industries simi-
laires existant ou k créer dans d'autres pays du monde.
Uien que nous n'ayons pas eu le loisir de procéder à une
étude approfondie de cette question, au sujet de laquelle
seul l'examen sur place des autres gisements de nickel,
et en particulier de ceux du Canada, aurait pu nous per-
mettre de nous faire une opinion personnelle, nous ter-
minierons ce qui a trait aux gisements de nickel de la
Nouvelle-Calédonie par quelques indications sur les autres
gisements du monde.
Avant la mise en exploitation du nickel en Nouvelle-
Calédonie, la production de ce métal, qui était annuelle-
ment de 4CH) tonnes environ, se répartissait entre quelques
gisements de minerais sulfurés complexes situés en Alle-
magne, en Hongrie, en Suède et Norwège et en Espagne
et le gisement de pyrrhotine nickelifere et chalcopyrite de
Lancaster Gap en Pensylvanie ; mais peu à peu la concur-
rence de ces différents gisements a été éteinte grâce aux
prix de plus en plus bas auxquels était livré le nickel de
ia Nouvelle-Calédonie; si bien qu'en 1889, lorsque le
bï Google
LES MIMES DB NICKSL 233
Caoada a commencé k entrer en ligne, la production
annuelle du reste du monde ne s'élevait plus qu'à
187 tonnes, étoile est depuis tombée à quelques tonnes
seulement, pour se relever, il est vrai, k 167 tonnes
en 1901.
Le Canada s'est, au contraire, montré pour la Nouvelle-
Calédonie un concurrent redoutable, et, si les chiffres
que nous avons donnés ci-dessus montrent que, malgré
cette concurrence, notre colonie est toujours restée le
()remier pays producteur de nickel dans le monde entier,
cela n'a pas été saiis une lutte acharnée au cours de
laquelle le prix du nickel était tombé jusqu'à 2",40
le kilogramme, amenant la fermeture de presque toutes
les mines de la colonie, et obligeant la société le Nickel,
le principal exploitant du nickel en Nouvelle-Calédonie,
a suspendre toute distiibulion de dividendes pendant
cinq ans.
Aujourd'hui les cours sont remontés, le marché s'est
i-égularisé et, grâce k une entente plus ou moins com-
plète entre les producteurs, la Nouvelle-Calédonie garde
son rang; mais il n'en est pas moins vrai que l'induatrie
iju nickel se développe au Canada et que la production
des mines de ce pays s'est rapidement accrue dans ces
dernières années. Est-ce k dire que la Nouvelle-Calédonie
ait beaucoup à craindre de cette concun-ence? Nous ne le
pensons pas ; car, autant que nous pouvons en juger avec
les documents dont nous disposons, les conditions natu-
relles des gisements du Canada sont en elles-mêmes
beaucoup moins favorables que celles de notre colonie.
Le nickel se présente au Canada, comme on le sait,
sous forme de pyrrhotino nickelifère et cuprifère, c'est-k-
dire de sulfure magnétique de fer auquel sont associés du
nickel ainsi que du cuivre, ce dernier sous forme de chalco-
pyrit«; cette pyrrhotine existe en lentilles plus ou moins
épaisses interstratifiées dans le puissant massif de gneiss
bï Google
'234 RICHESSES MINBKALES DE LA NOOVSLLB-CALKDOSIB
laurentiens très métamorphisés de Sudbun' (Ontario);
elle est associée à des épancbemenls de diorite. et c'est
cette roche qui furmela ffan^edu iniDerai. Tantôt lapyirho-
tine est pauvro en cuivre et en nickel et n'est gutr« uti-
lisable que lorsqu'elle peut être abattue à ciel ouvert en
{grandes masses ; ailleurs, elle forme un ricbe minerai de
cuivre; plus loin elle contient à la fois quelques centièmes de
nickel et de cuivre, dont l'ensemble lui donne une valeur
atifâaante pourjusiifler une exploitation par travaux sou-
terrains et un traitement métallurgique assez compliqué.
D'après les statistiques ofScielles du bureau des mines de
la province d'Ontario, la marcbe de l'eiploitation de ces
minerais, au cours des dernières années, serait caractéri-
sée par les quelques chiffres qui suivent :
AnotM. imr. tSM I^Ut 19UU IMI
Minerai exlrail 84.575 112.510 184.431 196.7^) 996 866
Hineraifondu 87.252 110.707 ISS. (87 192.460 2(5.504
p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 p. lOS
Teneur «a cuivre.. 2,86 3,43 1,66 i,^9 l.iS
Teneur en nickel.. 2,06 2,28 1,68 1,67 l,6>
Poids du nickel con-
lenu i.SlS 2.524 2.608 3.214 4.0,12
l<es ressources en nickel existant dans la région
paraiHseiit considérables : dès 1890 un rapport ofSciel
adressé au secrétariat de ta Marine des Étata-Unis(')
estimait la quantité de minerai alors reconnue au chiffre
considérable de 650 millions de tonnes, que noua ne repn>-
duitioiis ici que sons réser\es, et Texpluration de la
région parait avoir fait connaître depuis de nouvelles et
importantes réserves.
{•) In LiVAT, Pi-ogrès de la mélallurgie du nickel (Annales des «ibw.
Sffé.w. t. I,p. 166:IS92).
bï Google
LES MINES DB NICKEL 235
Cependant les facilités de l'abatage de cee minerais ne
paraissent de loin pas être ce qu'elles sont en Nouvelle-
Calédonie pour des minerais notablement plus riclies
(d'autant plus que, dans l'étal actuel des choses, une
unité de cuivre ne saurait guère 6tro comptée que pour
une demi-unité de nickel), et d'autre pari le développe-
ment de l'extraction au Canada paraît avoir été accompa-
gné, comme l'indiquent les cliiffres du lableau ci-dessus,
d'une tendance à la diminution delà teneurdu minerai traité.
Enfin le traitement du minerai, qui comporte d'abord un
premier grillape. et une fusion pour matte, puis un deuxième
grillage suivi d'une deuxième fusion, ou bien une opéra-
tion à la cornue Besaemer, et enfin une séparation électro-
lytique encore assez coftteuse du cuivre et du nickel, est
loin d'être plus facile que celui des minerai» de Nouvelle-
Calédonie, En outre, le nickel obtenu est toujours moins
pur que le nickel calédonien ; il tiendrait, d'après les rensei-
gnements que noua avons pu obtenir, de U,S à 0,9 p. 100
de cuivre, environ un millième d'arsenic et un demi-
millième de phosphore. Il donnerait lieu pour les aciers,
et surtout pour les aciers à fortes teneurs en nickel, à des
^lifftcultés et à des invgul.irités dans le traitement qu'on
n'observe pas avec le nickel provenant de notre colonie.
l'ar contre, la situation industrielle générale du Canada
parait être très favorable et a permis dans ces dernières
années un développement important des exploitations et
des usines de traitement, développement à la faveur
duquel la production du nickel au Canada est sans cesse
■croissante. Il y a là une concurrence sérieuse pour l'in-
dustrie de notre colonie ; mais, bien que, nous le répé-
tons, nous ne puissions établir de comparaison que
d'après des documents plus ou moins incomplets, il nous
semble qu'au point de vue des conditions naturelles tout
l'avantage reste aux minerais de la Nouvelle-Calédonie,
len minerais canadiens étant moins riches, moins purs,
bï Google
23ti KICHESSES HINÂRALES DE LA. NOUVELLE-CALBDONIE
plus cofiteux à abattrt! et plus difficiles à traiter; ce que
le Canada a pour lui, ce sont des conditions sur lesquelles
l'homme a la plus large action, à savoir l'abondance et la
bonne qualité de la mai n-d '(envie, la conduite de l'exploi-
tation sur une assez large échelle et dans des conditions
bien appropriées, des moyens de transport économiques,
et des usines de traitement bien aménagées établies
auprès des gltcs. Tout cela, nous ne nous le diesimuloDS
. pas, est beaucoup plus difficile à réaliser dans une Ile
aussi isolée que la Nouvelle-Calédonie que dans un pays
en plein développement, comme le Canada; mais il serait
facile de faire à ces différents points de vue beaucoup
mieux que l'on no fait aujourd'hui, et de réaliser des
progrès qui mettraient notre colonie dans de ■ bien
meilleures conditions pour soutenir la concurrence du
nickel canadien. Rappelons d'ailleurs ici que la société
américaine « Nickel Corporation limited » a acquis un
domaine minier considérable en Nonvelle-Calédonie, décla-
rant vouloir l'exploiter pour approvisionner de nickel le
marché américain, et qu'elle a expédié en 1901 quelque
30.00(3 tonnes de minerai aux États-Unis; il est d'ailleurs
difficile de dire aujourd'hui si elle continuera dans cette
voie et exploitera sérieusement ses mines, ou si elle ne se
ser\ira pas plutôt de ses gisements de Nouvelle-Calédo-
nie comme d'une simple menace pour empêcher le gou-
vernement canadien de frapper do droits importants,
comme il veut le faire, l'exportation aux États-Unis des
mattes et des minerais de nickel.
En plus du Canada, on a récemment cherché à ouvrir
en Silésie une exploitation sur des minerais silicates
pauvres de nickel, connus dès longtemps comme associés
à une formation seipentineuse, restreinte d'ailleurs; il ne
semble pas que cette exploitation ait eu un grand succès
jusqu'ici et soit appelée à se développer beaucoup.
Enfin, parmi les gisements de nickel assez nombreux
bï Google
LES MINES DE NICKEL 237
qui existent aux États-Unis, ceux Je l'Orégon (c^mté de
Douglas] se présenteraient dans des conditions géolo-
giques très analogues à celles de la Nouvelle-Calédonie.
On n'a pas jugé jusqu'ici qne lenr extension puisse justi-
fier la création des coCiteuses voies de transport que leur
mise en Valeur exigerait. Sans qu'on puisse dire qu'ils
ne sont pas utilisables, il semble que leur concurrence ne
soit pas fort à redouter pour nous, d'ici quelque temps.
Ce sont donc les gisements du ('anada seuls qui consti-
tuent aujourd'hui une concurrence pour ceux de notre
colonie, concurrence très sérieuse, cela est vrai, mais
qui ne doit pas empêcher l'essor de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie, si ceux qui en ont la charge savent
faire ce qui est nécessaire pour profiter des avantages
naturels considérables que réunissent les gisements de
notre colonie.
Pour nous donc, persuadé que nous sommes qu'au-
jourd'hui un large développement de la consommation du
nickel suivrait de près un notable abaissement du prix
auquel il peut être offert aux consommateurs, nous n'hé-
sitons pas à conclure qu'un essor considérable sera pos-
sible pour l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie le
jour où, par la première Fusion sur place du minerai, on
résoudra la double question d'un abaissement notable du
prix de revient et d'une utilisation bien meilleure des
^semants.
Ijorsque ce problème capital aura reçu une solution
satisfaisante, les gisements aujourd'hui exploités pour-
ront l'être sur une beaucoup plus large échelle et d'une
façon beaucoup plus rationnelle, de nouveaux espaces
riches en minerai pourront être mis en valeur, une impor-
tante industrie de première fusion pourra être créée; et,
dans ces conditions, notre colonie continuera à tenir en
échec la concurrence canadienne, si même elle n'arrive
bï Google
238 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE- CALÉ DONIB
paa k en > triompher plus ou moins complètement. U
Nouvelle-Calédonie sera dès lors prête à livrer annu^-
lement,^ bas prix, au monde entier les milliers de tonnes
de nickel dont il aura besoin en nombre sans doute ra^-
dement croissant.
bï Google
TROISIÈME PARTIE.
LES MinS&AIS ASSOCIÉS A LA TORMATIOH
DIS SERFXIfTINES VICKZLITtBXB.
CHAPrTRE PREMIER.
LES HIHERAIS DE COBALT.
A. — GÉNHIAUTBS. — HiSTOWODE.
Comme nous l'avons déjà mentiomié ci-dessas, le-
cobalt, ce compagnon presque inséparable du mckel,
dont ses propriétés chimiques le rapprochent si étroi-
tement, parait avon* coexisté avec le lùdcel dans s(H) gise-
ment primitif en Nouvelle-Calédonie. En effet, d'une part
aucun des minerais de nickel de la colonie n'est exempt
<je cobalt ; et, d'au^ part, les péridotites dites stériles,
saines ou altérées, provenant des différents massifs r^mr-
tis tout le long de l'tle, »e sent toujours montrées & l'ana*
lyse contenir quelques dit-millièmes, et plus souvent
qwelqaes milliëmee.des deux métaux rùckeletcobaltpesés
•«semble ; l'analyse qualitative du résidu ainsi pesé y
axiécelé souvent la présence simultanée des deux métaux,
ta nk^el paraissant d'ailleurs toujours nettement domi-
aaat; et il est, aînoo certain, du moins fort probable, que,
dam les cas oh nom n'avoBS pu caractériser d'une façon
(MiitiBe la présouce du oob^t, il acconipagoait uéan-.
bï Google
240 RICHESSES MINÉRALES DB LA XODVBLl.B-^ALÉDON'IB
moins en faible proportion fes très petites quantités de
nickel contenues 'dans les roches.
Mais, tandis que le plus souvent dans la nature les
agents minéralisateurs ont entraîné et déposé à la fois o^
deux métaux, voisins, sous forme de sulfures et d'arsénio-
sulfures isomorphes, que i'oiydation transforme aui
affleurements en arséniates, phosphates, etc., qui de-
meurent étroitement associés entre eux, en Nouvelle-
Calédonie les eaux paraissent avoir dissous les deux
métaux, qui étaient contenus dans les péridotîtes sans sp
tniuver associés à leurs minéralisateurs habituels, et
avoir fait un départ du nickel et du cobalt assez avancé,
quoique incomplet. On rencontre ainsi, d'une part des
minerais de nickel contenant toujours plusieurs unités de
cobalt pour cent de nickel, et d'autre part des mineras
de cobalt tenant une plus ou moins forte proportion de
nickel. Le premier de ces deux métaux, obéissant à une
affinité marquée pour le magnésium, s'est déposé avec lui
sous forme d'hydrosilicates magnésiens nickelifères ; le
second, au contraire, a été entraîné avec le manganèse,
également disséminé en faible quantité dans les pérido-
tites, et s'est concentré avec lui dans des rognons ou des
concrétions d'oxydes, dont les gisements se séparent
nettement de ceux des hydrosilicates de nickel et de ma-
gnésie. Le cobalt et le manganèse se sont en effet déposés
presque uniquement au sein des formations d'aigle
rouge, tandis que le minerai de nickel se fixait sur les
péridotites plus ou moins serpentinisées.
Tel est le résultat de presque toutes nos observations ;
et ce n'est que tout à fait exceptionnellement, dans le
gisement du Kaféate et dans celui de la mine Francia,
ainsi qu'à la mine <ie nickel Nouvelle-Espérance sur l(*
mont Onazangou, que nous avons recueilli, au-dessous des
argiles rouges, quelques échantillons depéridotite altérée
sur la surface et dans les fentes de laquelle s'étaient
bï Google
MINERAIS ASSOCISS A LA FOKMATION DES SBEPENTINES 241
déposés eo enduits concrétionoés des miaeraîs cobalto-
maaganésifères [') du type courant ; nous avons recueilli
également, à Pemby et auprès do Brindy, des serpentines
silicifiées et recouvertes d'enduits cobaltifëros. Nous de-
vons en outre mentionner ici que M. Garnier("} a trouvé
aille Ouen des roclies feldspathiques en décomposition avec
tiloonets do silicate de magnésie imprégné de cobalt, ou
môme avec dès âlons d'halloysite contenant des i-ognons
de minerai tenant de 20 à 48 p. 100 d'oxyde rouge de
■manganèse, et de 10 à 21 p. iOO d'oxyde de cobalt.
Nous ajouterons que le cobalt ne nous a pas paru être
en relation plutôt avec certains types de péridotite qu'avec
d'autres, et nous serions presque tenté de dire que, par-
tout oU la forme du terrain a permis le dépfttdes argiles
rouges provenant de la décomposition des périilotites,
on peut avoirdes chances de rencontrer en plus ou moins
grande quantité le minerai de cobalt.
C'est donc soit en enduits concrétiounés sur les ruches
superËcielles, soit, beaucoup plus souvent, sous la forme
-de rognons, parfois assez volumineux puisqu'ils atteignent
par places des dimensions de plusieurs décimètres dans
tous les sens, mais onlinairement de la grosseur du poing,
ou même en grenailles, que se présentent les minerais de
cobalt. Ils ont toujours un aspect paraissant indiquer
qu'ils ont été déposés par les eaux; tantôt ils sont en
rognons caverneux ou en concrétions mamelonnées, tan-
(*) On pourrait se dcmaailer si cr ne gera[l pn» \k un type cnuratit
de minerai, que Ie!< trav&ux des mines de robalt, praliqueuient limitée
aux formations argileuses, n'auraient pas su allein<lre dans la plupart
des exploitations: noiia ne le pensons pas, car il ans bcauroup d'entre
éUta la serpentiseen rocbea élr touchée en nombre de points, et aiou-
. vent mime été suivie sur des éteodues assez coiisidé râbles, sans moalrer
aucunes traces de cubait, traces qui seraient cependant bien plus
«iséescDCom àdiscemersaT la couleur claire de la serpentine que calles
des minerais nickelifères complexes.
(••) Gar^ihk. loc. cil., p 61-B8; et Uahmeh. Mémoire lur Ua glsemrnls
JeeobaU, dtchroin» ttdt fer à la .Souvrlie-Calr'danie (Mémoires ilt la So-
-eiélé det Ingéniturt civile de France, ISH?, 1" sementre, p. 217 cl 248].
16
bï Google
242 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLLB-CALBDOXIE
tôt ils présentent la disposition en nids d'abeilles qu'af-
fectent fréquemment les dépôts actaela de sources ruis-
selantes, tantôt enfin ils ont la forme de débris divers,
brindilles de bois. etc. , que le minerai aurait englobés.
Les rognons ainsi coni^titués se sont déposés en traî-
nées peu régulières : quelquefois ils dessinent une couche
plus ou moins continue qui pourrait provenir d'un dépftt
au fond d'un lac ou d'une mare ; d'autres fois ils reposent
dans l'argile, presque au contart des serpentines sous-
jacentes, dont les traînées de minerai suivent toutes les
aspérités et les contours; ailleurs, ils sont englobés eu
pleine argile, souvent en plusieurs assises étagées, sans
qu'il soit aisé de discerner aucun lien dans la distribution
des différents rognons.
Ils ont uno texture caverneuse ou écailleuse, et uns
couleur noir bleuté, souvent à demi masquée par des
enduits de rouille ; uu reflet bien un peu violacé est gêné-
ralement l'indice de la présence du cobalt dans ces
rognons, qui ressembleraient sans cela, à s'y méprendre,
soit à de simples rognons d'oijdc de fer stériles, soit à
des boules d'oxyde de manganèse ; mais leur caractère le
plus net est la trace brillante que laisse le coup de
pic dans leur masse, qui n'est généralement pas très
dure.
Ces minerais sont en effet tendres et friables, tachant
les doigts, souvent sectiles et donnant à la coupure le
même aspect métallique que sous le coup de pic ; quel-
quefois les fragments riches en silice se présentent en
écailles siliceuses, dures et cassantes.
Leur densité apparente est toujours faible; la densité
réelle des minerais feiTeux atteint 4 ou 5; pour les mine-
rais quartzeux elle est notablement plus faible, et ils se
brisent souvent en écailles très minces tendant à flotter,
ou du moins à être entraînées très aisément par l'eau, ce
qui est une gène considérable pour le lavage.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 243.
Le cobalt est d'ailleurs loia d'être isolé dans ces mine-
rais, et même d'y avoir subi une concentration très
avancée, puisqu'il est réellement rare de rencontrer des
minerais qui, même soigneusement triés et lavés, tiennent
plus de 10 p. 100 d'oxyde de cobalt; cet oxyde est tou-
jours intimement associé à des proportions importantes
de fer peroxyde, et de manganèse se présentant sous
la forme de bioxyde ou d'oxyde rouge. La silice est ea
outre constamment présente dans le minerai, mais elle
ne s'y trouve pas sous forme combinée pour constituer
des silicates ; elle y est au contraire isolée au point de
vue chimique, généralement en petits rognons jaunâtres,
qui jouent peut-être bien le rôle de noyaux ou de sque-
lettes des dépôts cobaltifêres ; d'importantes formations
siliceuses au milieu des argiles rouges accompagnent
d'une façon très fréquente les gisements de cobalt, ainsi
que nous aurons l'occasion de le mentionner en détail en
décrivant quelques-uns d'entre eux. Les minerais de
cobalt comprennent donc, intimement liés à l'oxyde de
cobalt, des oxydes de fer et de manganèse, et ils sont
très souvent constitués en même temps par de la silice ;
d'autres fois ils tiennent une proportion importante d'alu-
mine, des échantillons provenant de la mine Persévé-
r^ce sont même associés à de belles concrétions de
gibbaite; enfin ils sont toujours imprégnés de produits
ferrugineux.
Il s'ensuit que la teneur des minerais bruts n'est que
rarement un peu élevée, et est beaucoup plus souvent
voisine de 3 à 3 de protoxyde de cobalt pour cent de minerai
sec (c'est toujours ainsi que l'on évalue la teneur) ; un
lavage soigneux arrive h les débarrasser assez complète-
ment de l'aigle ferrugineuse qui les souille et, lorsque le
mélange avec la silice n'est pas trop intime, d'une partie
de celle-ci ; on produit ainsi des minerais marchands
dont la teneur en oxyde de cobalt varie généralement
bï Google
Ski RICHESSES MINÉRALES DB LA NODVBLLB-CALBDONIB
(te 4 à 6 p. 100. Les quelques analyses que voici donnât
une idée de la n>mpo8Îtion chimique de ces minerais:
léa deux premières, rapportées par M, Ganuer(*), ont
été faites sur des minerais conranta fondus k l'usine de
Reptèmes; les autres ont été faites à Nouméa, le nu-
méro 3 sur un minerai siliceux de la mine Persévérance
(près de Monéo), le numéro 4 sur un rainerai alamincax de
la baie du Sud, et les numéros 5 et 6 sur des minerais
de Tile Yandé.
SiO» SO.-ÎB 32,00 3i,00 16,40 2,21 23,09
Pe»0» f l,S« 20,00 11,« 15,50 8,»t (6,06
Mii>0' 14,00 2«,50 19,05 12,67 33,62 IT.SS
AIHP • « , » 14,60 14,2» 10,30
HgO etCaO.. 14,50 3,0e « « 2,38 2,23
CoO 2,50 3,50 3,80 3,00' 7,16 5,56
MO non dosé non dosé 1,04 1,48 1.04 1,48
Eau, perte an
f«u, «t ma-
tières noD
dosées .... 6,80 . 15,30 30,fi8 36,05 29,20 33,69
Ces minerais se rattachent au point de vue minéralo-
gique à t'asbolite, variété de wad (oxyde de mangauèse)
plus ou moins chargée en oxyde de cobalt. L'asbolite est
d'wlleurs loin d'être fréquente dans le monde; on en, cite
la présence en Hesse et dans la Thuringc comme produit
d'oxydation accompagnant des minerais sulfurés du cobalt,
et on l'a retrouvée associée à des gisements métalliques
complexes aux États-Unis ; mais àctuelleraeiit elle n'est, k
notre connaissanre, exploitée sérieusement comme mine-
rai de cobalt, en dehors de la Nouvelle-Calédonie, qu'en
Nouvelle-Galles du Sud auprès de Port-Macquarie, où se
montre, au-dessus d'une tête de roche serpentineuse, une
formation d'argile rouge très ferrugineuse contenant des
{*) OAKinK, mémoire dé 1887 ci-desma cité, p. 348. '
bï Google
MINSBAIS ASSOCIÉS A LÀ. FORMATION DKS SBKPBNTJMES 215
rodons cobaltifêres d'asbolile très analogues à ceux des
gisements de notre colonie. Il a été extrait dans chacune
de ces dernières années un peu plus d'une centaine de
tooDcs de ce gisement, qui parait être fort limité. D'autre
part, si nous sommes bien informé, les petites quantités
de minerai de cobalt exportées actuellement du Chili
seraient également des asbolites, qui seraient d'ailleurs
légèrement aurifères.
Quoique existant eu plus ou moins grande quantité
dans un très grand nombre d'entre tes amas d'argjles
rouges qui se rencontrent partout dans la forination ser-
pentineu»e de la colonie, les minerais de cobalt ont pen-
dant longtemps passé inaperçus, gr&ce à leur aspect peu
frappant, et à leur ressemblance avec des rognons ferru-
gineux ou manganésifères.
M. Garnier ne signalait point l'existence du cobalt dans
son étude de 18û7 eut les ressources minéi'ales de la
Nouvelle-Calédonie, et M. Heurleau l'igjaorait également.
C'est en 187ti que le cobalt passe pour avoir été reconnu
pour la première fois iwmme utilisable en Nouvelle-Calé-
donie, au voisinage de la pointe de Bogota entre Naketv
et Canala; dès celte année-là, puis en 1877 et 1878, l;i
statistique des exportations indique l'expédition d'un cer-
tain nombre de sacs de minerai de cobalt; mais ce n'est
qu'à partir de 1883 que le cobalt figure d'une façon régu-
lière au nombre des minerais exportés, à raison de 2,000 à
3.000 tonnes par an. C'est autour de ces chiffres qu'ont
oscillé les exportations pendant longtemps; elles ont
néanmoins pris récemment un essor assez marqué pour
que les expéditions de plusieurs d'enlre ces dernières
années aient varié entre 4.000 et 5.0J0 tonnes. Au total,
la Nouvelle-Calédonie paraît avoir exporté en vingt ans
environ 4M).000 tonnes de minerai de cobalt, dont la teneur
moyenne pont être évaluée entre i- et 5 p. 100 d'oxyde,
bï Google
246 RICHESSES MINÉRALES ÇB LA NOUVKLLE-CALÉDONIB
88118 compter quelques centaines de tonnes de mattes à
10 ou 20 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, la hausse
continue des cours avait suscité un accroissement mar-
ijué de la production par suite de l'ouverture ou de la
réouverture d'un très grand nombre d'exploitations; au
cours du premier semestre 1902, 74 exploitations avaient
extrait 2.452 tonnes de minerai de cflbalt, c'est-à-dire
presque autant qu'il en avait ét^ extrait pendant toute
l'année 1901, et l'extraction du deuxième semestre n'a
pas atteint moins de 5.060 tonnes, portant le total de
l'année à 7.512 tonnes.
La production de l'année 1901 avait été de 2.552 tonnes,
et s'était partagée entre 35 exploitations portant sur 41 péri-
mètres miniers. Le tableau ci-dessous en donne la répar-
tition par régions de la colonie.
DOme de Tiebaghi, versant Nord (* ei- toim
ploitations) BOO
Poume (+ esploitalioDs) *98
Plateau de Tiea (5 exploitations) 2t5
Iles YandéetPott (2eiploitaliona) (89
Baie d'OlanJ, versant Sud du ddme de
Tiebaghi (une exploitation) lOS
Baie du Sud [6 exptoilatioDs t45
Baie de Bâ, près de Houallou (2 exploi-
tations) 136
lie des Pins (une exploitation) 124
Ounia el ïal^ {'i exploitations). ....... 62
Thio [une exploitation) 37
Kalt'ate près de Konë (une exploita-
Uon) n
Ouinaé (une exploitation) 18
Boulari {une exploitation) 15
Poro [une exploitation) 12
Baie Ouî^i (une exploitalion) 10
Baie des Pirogues (une exploitation). ... 5
Total 2.552
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 247
Noua avons visité une grande partie d'entre les exploi-
tations de cobalt qui, sur les deux côtes Est et Ouest,
jalonnent la colonie sur presque toute sa longueur, depuis
l'fle dea Pins au Sud-Est jusqu'à l'Ile Pott à l'eitréme
Nord-Ouest. Sur la côte Ouest nous en avons vu à la
baie du Sud, à Plum, à Saint-Louis, à la Diimbéa, dans la
vallée de la Téné près de Bouraîl, sur les deux bords de la
rivière de Népoui, au plateau de Tiea près de Pouembout,
au Kaféate près de Koné, et au dôme de Tiebaglii; nous
n'avons d'ailleurs pas eu la possibilité de visiter celles
de la presqu'île de Poume et des iles Yandé et Pott. Sur la
côte Est, sans avoir pu commencer vers le Sud par les
exploitations d'Ounia et Yaté, nous avons visité celles
de la rivière Comboui, de Brindy, de la presqu'île de
Neuméni, de Peraby entre les baies de Canala et de
Kouaoua, et de la baie de Bà près de Houaïlou ; enfin,
dans le dernier massif serpentineux de la côte Est vers
le Nord, celui de Monéo, on s'apprêtait à reprendre une
exploitation au moment de notre passage dans la région.
Nous ajouterons que nous avons encore eu l'occasion
de ramasser de peliles quantités de minerai de cobalt en
plusieurs points, et notamment au voisinage immédiat
d'exploitations de nickel, par exemple sur la mine des
Bornets à Thio, sur la mine Fathma à Poro, sur la mine
Reis 11" i à Népoui, sur la mine Étoile du Nord au
Kaala, et qu'il n'est pas sans exemple qu'une mine con-
cédée pour nickel ait été, ou soit, exploitée pour cobalt.
D'autre part, le cobalt est souvent associé au fer chromé
dans les aigiles rouges, et les massifs du dôme de Tiebaghi,
lie la baie du Sud, de la baie Ngo, de Fourina, etc.,
sont à la fois particulièrement riches en cobalt et en
chrome ; le cobalt se rencontre d'ailleurs parfois en enduits
sur le fer chromé.
bï Google
248 RICHESSES MINÉRALES UE LA NOD^'ELLE-CALhDO»rE
B. — Description de qdelques gisements.
Nous renonceroBR à décrire «n à un diacun de ces nom-
breux gisements de cobalt, nui ne présentent d'ailleurs-
pas une très grande Tariété, et nous nous contenterons de-
donner quelques détails sur une série d'entre eux pris-
comme types.
Les exploitations du ddrne de Tiebaghi sont parmi odles^
qui se sont poiirsuiries le plus longtemps, et elles ont en
pendant toutes ces dernières années une sérieuse activité,
qui tend d'ailleurs aujourd'hui à se ralentir : trois eijJoita-
tions différentes extrayaient, au moment de notre passage,
sur ie périmètre des mines Tangadiou et Tamatave. nne^
moyenne mensuelle de 40 k 50 tonnes de mioerai à
teneur de 4 à 4 1/2 p. 100 après lavage. I* gtle se
trouve sur nn des contreforts du d6me de Ti«b«^i
qui s'allonge et s'étale largement vers l'Est entra tes
cotes 300 et 200 environ ; ce contrefort, dont Ut pente
est peu accusée, est recouvert d'un épais manteau de-
ces formations rougos surtout ferrugineuses, mais an
peu magnésiennes et argileuses, que nous continuerons à
désigner sons le nom d'argiles ronges, et qni sont
semées de fragments d'oxyde de fer dont la dimensiofi
varie de celle de blocs énormes jusqu'il celle de petits^
grains. Les travaux d'exploitation, et les sondages de-
recherches qui ont été poursuivis au voisinage, ont montré-
qu'il existe dans les serpentines sous-jacentes. nne pro-
fonde dépression, que nous appelons, avec M. Levât, one
« vasque » ; cette vasqne est comblée par la formation d'ar-
gîle rouge, sur une épaisseur qui atteint jusqu'à 52 mètreu
en son centre et qui est encore de 10 et 20 mètres sur
ses bords.
C'est dans cette formation qu'apparaît, assez abondant^
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORAIATION DSS SERPBNTINBS 24!^
un minerai de cohait de richesse moyenne, et se rappor-
tant an type silicenx. La concentration la pins complète
(lu rainerai paraît s'être produite au centre de la vasqne
et presque an contart de la serpentine : un puits de
52 mètres de profondenr, creusé en re point, a recoupé
cette formation, puissante de 80 à 90 centîmèk«8, et
[«^sentant, paralt-il, nne étendue notable; elle était cons-
tituée par on amas de rognons et de grains, k squelette
quartzeux recouvert d'enduits et de concrétions de man-
ganèse et de cobalt. On s'est empressé de dépiler tout
autour du puits cette sorte de lentille, qui n'était sans
doute qu'un dépôt de fond de mare ; elle venait d'un côté
mourir sur les serpenUnes qui se relevaient, tandis que
de l'autre elle s'appauvrissait au milieu des argiles ; ces
travaux, qui, pendant quelque temps, ont fourni dans des
conditions fort économiques des quantités importantes de
minerai, ont été poursuivis sans remblayage et avec un
boisage insuffisant, ansai n'ont-ils pas tardé k s'ébonler;
ils étaient inaccessibles au moment de notre visite, et il
est vraisemblable qu'ils ont du être Rhandonués avant que^
tout le minerai exploitable en ait été extrait.
En dehors de cette formation principale, toute l'épais-
seur de Targile rouge parait être irrégulièrement sillon-
née de traînées de minerai, tantôt sons forme de rognons
siliceux, tantôt sous forme de grains ferrugineux k en-
duits de cobalt: une série de tranchées, galeries horiBon-
tales, on petits puits, ont été poussés de tims côtés, ren-
contrant ici ou là de ces traînées qui fournissaient un
plus ou moins grand nombre de tonnes de minerai.
L'exploitation, qui en a été souvent confiée à de petits
B contractants », a consisté le plus généralement, comme
dans la plupart des autres mines de cobalt de la colonie,
à battre an large à partir du puits ou de la galerie de
recherches sitôt un peu déminerai rencontré, et à pous-
ser les travaux aussi loin et aussi longtemps qu'ils ne
bï Google
250 KICHE88B8 inVÉEALES DE LA HODVBLXB-CALÊDONIB
menaceraient pas trop de s'ébouler, puis à les abandonner
sans chercher plus profondément, quitte à aller recom-
mencer un peu plus loiu le même travail.
Le minerai, mis en sacs sur les chantiers, est des-
cendu, par câbles et plans inclinés aériens, jusqu'au pied
du contrefort, en un point où il peut être procédé au
lavage destiné à éliminer les matières ferrugineuses qui
le souillent et une partie des éléments siliceux anxqueli<
il est associé. Ce lavage a lieu sur toutes les mines dans
des conditions tout à fait analogues que nous ferons con-
naître ci-après. Ensaché à nouveau après lavage, le mine-
rai est transporté par charrettes jusqu'à Koumac, distant
de 6 kilomètres de la laverie ; il est ensuite expédié à
Nouméa par voie de mer.
Les minerais de la baie d'Oiand, que se partagent une
série de mines, ont fait, en 1901, l'objet d'une exploi-
tation assez importante, portant sur les périmètres de
trois d'entre elles; il y en avait cinq en exploitation pen-
dant le premier semestre de 1902; les gisements se
trouvent être, sur le versant Ouest du dùme de l'ieba-
ghi, symétriques de ceux que nous venons de mentionner.
Lo ddme serpentineux qui constitue la presqu'île de
Poume, et qui i-eproduit avec de plus petites dimensions
les formes et les circonstances géologiques du dôme de
Tiehaghi, renferme également des gisements de cobalt
important-s; ils ont été à diverses reprises l'objet d'ex-
ploitations plus ou moins suivies ; celles-ci avaient une
nouvelle période d'activité au moment de notre séjour dans
la colonie, et six mines y étaient exploitées au cours du
premier semestre de 1902, contre quatre en 1901.
Au Kaféale, longue crouiie serpentineuse qui s'avance
jusqu'au bord de la mer entre Voh et Koné, la ligne de
crête présente une largeur suffisante pour qu'une épais-
seur, d'ailleurs faible, d'argile rouge y ait subsisté, tan-
bï Google
MINBKAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 251
dis que les deux flancs de la croupe, dont les pentes sont
raides, sont presque uniquement rocheux. Cette argile
rouge contient quelques rognons de cobalt, et deux exploi-
tants y poursuivent des travaux de grattage de peu
d'importance. Les différentes galeiîes, horizontales ou
inclinées, ouvertes dans l'argile viennent buter à peu de
distance sur des têtes de péridotite très altérée et com-
plètement assurée, jusqu'au contact de laquelle se
retrouvent les concrétions cobaltifères. Ce qui est à
noter ici, c'est que ces concrétions se retrouvent sur la
surface même de quelques-uns de ces fragments de roche,
et que le dépôt métallifère envahit même par places leurs
fissures ; c'est là un mode de gisement qui est exception-
nel pour le cobalt, et qui se rapproche assez de celui du
nickel, mais les enduits et concrétions en question sont,
comme les minerais de cobalt usuels, constitués d'oxydes
de cobalt, de manganèse, et de fer, ainsi que d^alumine
et de silice, et sont exempts de magnésie.
Les gisements du plateau de Tiea, entre Pouembout
et Népoui, sont encore de ceux qui, depuis plusieurs
années, fournissent des quanlités importantes de minerai
de cobalt. La forme spéciale de ce massif serpenthieux
explique d'elle-même qu'un important amas d'argile fer-
rugineuse ait pu s'y former, et des minerais de cobalt s'y
déposer d'une façon particulièrement aisée. La fig. i,
PI. IV, représente en plan et en coupe, d'après les levés
du service topograpbique, la configuration, en forme de
tronc de cône très surbaissé, de ce plateau entièrement
constitué de péridotite; il est recouvert d'un manteau
d'argile rouge. Ce manteau est très épais et très continu
sur la surface supérieure du plateau, qui est très peu
ondulée mais présente de légères dépressions centrales, il
est plus ou moins développé sur les arêtes des contre-
forts qui descendent vers sa base, et il disparaît complè-
bï Google
352 RICHKSSSS MINERALES DE LA. NOCVELLE-CALSDONIB
tement, pour faire place à la péridotite rocheuse, dans \o
fond des ravins abrupts qui se creusent en éventail dans
les différentes directions. Il n'y a pas moins de dix con-
cessions de mines de cobalt qui se partagent la surface,
de 800 hectares environ, que présente le plateau avec ses
pentes orientales, occidentales, et méridionales. Nom en
avons tracé les périmètres sur la fig. 1 de la PI. IV :
deux exploitations étaient en activité au moment de notre
passage, l'une était poursuivie sur la mine Ressow'Ce,
l'autre comprenait de nomlnreux chantiers ouverts en dif-
férents points des périmètres des mines Espérance, Baptb-
tine et Thia- Louise.
Le minerai se rencontre, tout comme au à(aae de
l^ebaghi, en trainées k différents niveaux dans le mas&iT
argileux dont la puissance atteint jusqu'il 30 mètres; ces
trainées ne paraissent pas avoir ici une disposition rap-
pelant, même de loin, celles de couches plus ou moins
horizontales, elles ont plutAt l'allure de masses irrégo-
lières se ramifiant en tous sens. Aussi a-t-on, tant à par-
tir de plusieurs puits, dont les deux principaux ont S5 et
33 mètres de profondeur, que par des galeries ouvetles
au flanc des ravins qui descendent du plateau, poursuivi
des travaux souterrains un peu dsne tous les sens et i
tous les niveaux, an voisinage de l'éperon que dessise vers
le Sud la snrface supérienre du plateau. L'épuisem^it des
travaux était assuré, tantlnen que mal, parles galeries*
flanc de ravin ; mais, peu de nxns avant notre visite sur
les lieux, des ploies extrêmement violentes avaient en-
vahi la mine et provoqué l'obstruction par des éboule-
menta dos galeries d'assèchement ; ansn toute ta partie
inférieure des travaux principaux était-elle encore inic-
cessible, et ne travaillait- on qu'à l'exploitation de diverses
traînées superficielles de minerai, par une série de gale-
ries s'enfonçant peu profondément dans le sol.
La fiff. 2 de la PI. IV, qui reproduit une coupe qui
bï Google
MIMERAIS ASSOCIÎS A 1^ FORMATION DES SBRPBNTINBS 253
ijotu a été remise sur place, iadique quelle serait à peu
pcèa l'ailure de la forniatioa rencontrée en profondeur, et
quelle aurait été la disposition des travaux ; les deux
puits Roanne et Dauvergne, que nous avons indiqués sur
le plan dela^y. 1, permettent de repérer cette coupe par
rappcHrt au relief du scd. Les traînées de minerai seraient
-constituées en profondeur, tout comme celles que nous
«TORS TU exploiter plus près de la surface, par une série
<te .rognons caTemeux, de couleur bleutée et d'éclat
demi-métallique, enrobés dans Taille rouge, et accom-
pagnés parfois de lits de sable siliceux ; ces rognons
sont, en général, concentrés sur des épaisseurs variant
de quelques centimètres à 60 et 80 centimètres et par-
fois même plus, pour atteindre, paralt-il, jusqu'à 3 mètres
<tans les plus beaux chantiers. C'est en suivant ces for-
mations qu'on ouvre des galeries horizontales ou incli-
nées, tracées le plus souvent avec toutes les irrégularitéii
que comporte le gisement lui-même : ici elles se trouvent
très espacées et de petites dimensions; là, an contraire,
elles se groupent en grand nombre dans un même mas-
sif plus minéralisé. Boisées avec un certain soin, cela est
frai, mais avec peu de connaissance des conditions dans
lesquelles un boisage doit être établi pour ofîrir les meil-
leures garanties de solidité, ces galeries s'éboulent à la
longue, surtout lon<qi>e l'afflux des eaux vient les décon-
solider.
Les exploitations duplateaudeTiean'occupentpas moins
d'une centaine d'Iiunimes! ; elles produisaient au début de
l'année jusqu'à t^OO ou 400 tonnes de minerai brut par
mois, mais leur extraction était réduite aux environs de
tSOÀ 300 tonnes au moment de notre passage. Le mine-
rai, descendu par des cAbles et par un plan incliné aérien
jusqu'au pied du plateau, y est lavé, ce qui réduit son
poids au tiers environ du poids brut, et amène sa teneur
en oxyde de cobalt aux environs de 5 p. 100; il est
bï Google
254 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUTELLE-CALÂDONEE
ensuite expédié par charrettes jusqu'au bord de la mer,
où il est embarqué pour Nouméa par Tintermédiaire de
chalands.
Les mines Courage et Francia, situées uu peu plus à
l'Est, de part et d'autre de la rivière de Népoui et aux
environs assez immédiats de son embouchure, fournissent
UB minerai d'un caractère un peu spécial, et d'ailleurs
riche ; il se ^sente en concrétions mamelonnées ou en
enduits, doués d'im Isstre particulièrement métallique et
d'une couleur bleu violacé, qui paraissent correspondre
k une pauvreté relative en manguM»e et à une tenear plus
forte en cobalt. Ces minerais se ruicontrent d'ailleurs
au voisinage immédiat des roches serpentineasea : quel-
quefois en enduits sur ces roches, d'autres fois dans leurs
fentes superficielles; ils sont généralement associés kdes
concrétions quartzeuses ou k des calcédoines. Les vasques
d'argile au fond desquelles ils se présentent sont ici par-
ticulièrement irrégalières, peu profondes, et constamment
découpées par des tètes de roche en place ; les minerais
paraissent donc être plus intimement associés au rocher
que partout dlleurs ; on rencontre assez souvent à leur
voisinage des enduits talqueux ou magnésiens.
Les deux gisements sont en outre remarquables par la
présence de masses de serpentine d'un caractère excep-
tionnel : ce sont des masses de couleur claire, dont la
pâte est blanche ou rosée, et qui sont sillonnées d'un
grand nombre de veinules ramifiées, quelquefois vertes
et plus souvent d'un bleu plus ou moins franc, couleor
que l'on serait tenté d'attribuer, à tort comme nous nous
en sommes assuré, au cobalt en raison de l'association de
ces serpentines au minerai de cobalt. Quelque exception-
nels que soient en Nouvelle-Calédonie ces types de ser-
pentine, leur origine parait bien être, ici comme ailleurs,
l'altération des péridotites qui constituent Vxuonrs le
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPRNTINBS 255
sous-sol; nous avons, en effet, pu ramasser une série
d'échantillons marquant tous les passages entre la péri-
Jotite assez fraîche, les roches serpentineuses que l'on
est habitué à rencontrer ailleurs, vertes ou légèrement
brun&lres et montrant au microscope les restes de cris-
taux de péridot tout traversés de veiimles de serpentine,
puis des roche» plus altérées, déjà partiellement décolo-
rées, oii les traces du péridot commencent à disparaître et
oii l'on ne distinguo plus que les cristaux d'enstatite, et
euiin ces roches entièrement serpentinisées, qui, à l'œil
nu, semblent complètement amorphes : à l'analyse leur
composition se rapproche beaucoup de celle de la ser-
pentine typique (2SiOî,Mg042HîO), avec une faible
teneur en fer(*) ; examinées: an microscope elles se montrent
presque entièrement constituées d'un agrégat de petits
cristaux d'autigorite à groupements complexes, générale-
ment étoiles, et traversées de quelques zones minces de
talc.
A la baie Bà, ou plus exactement dans la presqu'île
qui, située en face do Uouaïlou, sépare la baie de 6â de
la mer, les serpentines se développent sur 3 kilomètres
de largeur et no présentent pas d'altitudes supérieures à
350 mètres ; c'est dire que leurs pentes sont relativement
douces, surtout à la partie supérieure, et qu'un épais
manteau d'argile rouge a pu s'y conserver. Cette forma-
tion, qui est ici, comme au Ahme de Tiebaghi et dans
nombre d'autres régions à cobalt, toute parsemée de blocs
et de grains ferrugineux, renferme aussi d'assez nom-
breuses traînées de minerai de cobalt; elle est partagée
entre les périmètres de 14 concessions, couvrant une su-
perficie de 900 hectares environ, dont plusieurs avaient
été sollicitées en vue de l'exploitation du nickel. H sub-
(■) Voir tuprà, p; S6.
bï Google
"256 BICHBSSB8 HINÉRALB8 DB LA MO0VBLLS-CU.K0ONIB
siste d'ailleors encore, dans les vallûos à peote asaw
raide qui descendent vers la mer, dea travaux souteiraùs
entrepris autrefois par les prenaiers exploitaots aDglaù
du nickel, pour suivre des filonnets d'hydrosiUcate vert.
Aujourd'hui il n'est plus fait de travaux que dans les
argiles rouges pour la recherche du minerai de cobalt ; ib
appartiennent tous à la même entreprise et se développent
sur trois d'entre les concessions existantes : ils occu-
paient, au moment de notre visite, une quarantaine
d'ouvriers, et n'avaient pas produit, dans les mois qtû onl
précédé notre passage, moins de 50 à 60 tonnes par
mois de minerai lavé, dont la teneur en oxyde de cobalt
variait de 4 à i 1/2 p. 100, et qui était assez fortement
chargé en manganèse.
Les types de minerais que l'on rencontre ici et leur
uK^de d'occurrence no présentent de vraiment spécial que
leur association très nette avec d'importantes formations
siliceuses : l'exploitant a d'ailleurs remarqué depuis long-
temps que la présence des formations siliceuses est un
bon indice de la proximité du cobalt; ces formations, qui
affectent une disposition en bancs parfois bien nets, se
présentent tantâl en plaquettes légèrement jaunâtres à
grain très an, et tantôt en masses vacuolaires à structure
plus ou moins cellulaire oii l'on croirait par places distin-
guer les moules de petites coquilles ou des empreintes de
débris végétaux ; nous n'en avons cependant nulle part
trouvé la trace d'une façon certaine. Cette association du
minerai de cobalt à des formations siliceuses, qui ont trèF
certainement été déposées pari'eau, et vraisemblablement
au fond de lacs ou de tnares, noutt parait fournir une
.raison de plus de considérer les concrétions cobaltiféres
qui les accompagnent comme ayant été déposées en
.même temps par dos eaux qui avaient dissous la cobalt et
le manganèse des massifs de péridotite voisins. Nous
aurons d'ailleurs à signaler cette même asBociation à
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 257
•Pemby età Brindy; nous l'avons également observée à
la mine Fanfare dans la vallé« de la Téné près de Bourail,
oii les traînées cobaltifères suivent exactement un lit de
sable siliceux assez régulier.
A Pfimht/, dans la presqu'île qui sépare les baies de
Canala et de Kouaoua, le cobalt se rencontre sur la large
crête qui s'étale, à une altitude variant entre 500 et
600 mètres, au-dessus des pentes raides qui descendent
d'un côté sur la mer et de l'autre sur les ravins de la
rivière Karoupa. La presqu'île est tout entière consti-
tuée par une péridotite à enstatite, légèrement altérée, de
couleur vert foncé, qui no se montre, ni à l'œil nu, ni à
l'examen microscopique, ni à l'analyse chimique, différente
de plusieurs dos roches associées aux gisements de nickel
voisins de Tliio et de Canala; d'ailleurs le nickel existe
en petite proportion dans la roche elle-même et a été
signalé sous forme de minerai à faible tenenr en différents
points du massif; la roche est d'autre part chargée de
traces particulièrement sensibles de manganèse. Mais ici
c'est le cobalt qui s'est concentré, plus que le nickel, à la
faveur sans doute des conditions qui ont permis l'accumu-
lation sur la large crête que nous venons de définir d'im-
portants dépôts d'argile rouge. Sur toute l'étendue de
ces dépôts sont disséminés des rognons cobaltifères, qui
avaient fait autrefois l'objet de travaux irréguliers et
Rans3uit«. La Société le Nickel, à laquelle le gisement est
concédé, y a ouvert, en 1901 , des travaux auxquels eUe a
donné un certain développement et qu'elle a poussés plutôt
en vue de chercher à reconnaître s'il s'y trouve des
masses importantes et continues de minerai, que d'enlever
immédiatement, comme on le fait trop souvent, les petites
quantités de cobalt rencontrées auprès de la surface,
quitte à s'interdire ou à peu près l'accès jusqu'à celles
qui pourraient exister plus profondément enfoncées dans
bïGoogIc — •
258 RICHESSBS MINÉRALES DE LA NOUVELLB-CALÊDONIB
la masse de l'arfile rouge. Ces travaux a'oût d'aillenre-
pas complètement répondu au but poursuivi, et la plupart
des chantiers ouverts au moment de notre passage ne
rencontraient guère que des traînées irrégulières de^
petites concrétions fortement chargées en manganèse et
d'une richesse très moyenne en cobalt. Néanmoins, en un
point, on suivait une formation qui présentait assez nette-
ment l'allure d'un dépôt de fond de lac : c'était une
. lentille relativement régulière, faiblement inclinée sur
l'horizontale, se développant sur plusieurs dizaines de
mètres en toutes directions dans une sorte de large
cavité encaissée entre des tf-tes de roche en place, et
venant mourir en s'effilant au voisinage de ce» 8eT)en-
tines; la puissance de la formation variait de 40 centi-
mètres à 1 mètre, constituée par des grenailles et des
rognons enrobés .dans l'argile, en proportion d'ailleurs
assez variable d'im point k im autre.
L'association dn cobalt et des dépMs siliceux que nous
avons déjà signalée d'une façon très nette pour le gise-
ment de la baie de Bâ, est aussi frappante en plusieurs
points du gisement de Pemby; c'est ainsi qu'au fond
d'un petit puits de 10 mètres de profondeur on a
rencontré le cobalt on enduits entre des dépdts opalins
et une formation siliceuse très spéciale se développant au
contact même de la péridotite en roche : cette formation,
de couleur jaune brun clair, comprend d'une part des
zones de calcédoine de teintes jaunes variéeis, et d'autre
part une certaine épaisseur de silex dur, d'une couleur
brune plus foncée, qui se montre entièrement constitué
de petits grains quartzeui colorés et cimentés par des
enduits ferrugineux.
Comme nous l'avons dit, les travaux de Pemby o»*
plutét constitué jusqu'ici des rerlierche.s qu'une exploita-
tion ; on n'en avait encore extrait au moment de notre passage
qu'un petit nombre de tonnes d'un minerai dont la teneur
bï Google
MIKBRAia ASSOCIÉS i. LA FORMATIOK DKS SBBPBMTINKS WS
en cobalt n'était pas très élevée et oit le ntaDgaoèse ét^t
particuliwemMit abondant.
Le cobalt est assez activement exploité eu une série de
points de la région Sad de la côte Est de l'Ile, et eo par-
ticulier sur le plateau accidenté qui domine le rivage de
la mer au-dessus de Brindif, entre les rivières M'ba et
Comboui; ce massif, dont les pentes vers la mer sont
fort raides, s'abaisse d'une façon beaucoup moins rapide
vers le Sud. 11 s'y développe de puissants amas d'argile
rouge qui viennent s'associer, dans le lit de la rivière
Kotia-Samy, à des formations superficielles d'un carac-
tère tout différent, beaucoup moins cxilorées et moins
riches en sesqnioxyde de fer; ces formations, dont nous
avons déjà fait mention, proviennent de la décomposition
des granités qui affleurent, à 3 kilomètres plus à l'Ouest,
sur l'autre versant du bassin de ladite rivière, pour for-
mer les sommets du Grand et du Petit Koura.
Le cobalt se rencontre sur les pentes Nord du plateau,
lorsque l'argile rouge s'y rencontre elle-même, ainsi que
sur la région culminante, dans des conditions très sem-
blables k celles.que nous avons déjà signalées ; il apparaît
également snr les pentes Sud et Ouest dans les forma-
tions superficielles spéciales dont nous venons de parler.
Ceiles-ci recouvrent encore par places dos roches ser-
pentineuses de type normal, mais en d'autres points elles
laissent voir des tètes de granité décomposé qui semblent
être en place; elles paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
constituées elles-mêmes uniquement par des produits de
décomposition des serpentines, et se trouvent mélangées
de produits d'origine granitique ; l'ensemble de la forma-
tion n'est plus, en effet, rouge foncé, mais jaune orangé
plus ou moins clair, et parait par places renfermer des
produits voisins du kaolin; la siUce y est abondante, non
plus en lits séparés comme ceux que nous avons signalés
bï Google
260 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NODVELLE-CALEDONIB
à la baie de Bâ. par exemple, mais sous forme de quartz
répandu à peu près uniforniéroent dans la masse; enfin,
comme nous l'avons dit, on trouve au milieu de cette for-
mation de nombreux blocs de roches roses on blanches,
montrant quartz feldspath et mica altérés, et sillonoées
de fllonnets de quartz hyalin cristallisé, blocs parmi les-
quels quelques-uns semblent être en place. Le cobalt se
présente ici sous la forme de ses rainerais ordinaires, gre-
nailles plus ou moins ferrugineuses et plaquettes siliceuses
à enduits cobaltifèrcs, mais il est à faible teneur sans
que le manganèse y soit abondant, le fer et la silice
y sont au contraire dominants. Du côté Nord, dans les
argiles rouges, nous avons noté la présence de minerais
en rognons au voisinage immédiat des serpentines, dont
nous avons trouvé plusieurs tètes ailicifiéea et enduites
de cobalt : ces dernières se présentent un peu sous l'as-
pect d'une de ces serpentines décomposées, cloisonnées,
que nous avons décrites, c'est-à-dire qu'elles ont un sque-
lette quartzeux formant un réseau plus ou moins régulier
avec remplissage de roche altérée ; mais ici ce remplis-
sage altéré, au lieu d'être constitué par des produits ser-
pentineux envahissant toute la masse des anciens cristaux
de péridot, consiste uniquement en dépôts siliceux cobal-
tifères qui semblent avoir épigénisé pour ainsi dire les
produits serpentineux, sans cependant donner à l'ensemble
la cohésion de véritables roches siliciflées, et en formant
un minerai friable difficile à laver.
Des quatre exploitations que nous avons visitées sur ce
massif, nous n'avons rien de spécial à mentionner ; elles
comportent do petits travaux de glanage qui, en plusieurs
points, ne font que rechercher ce qui a été laissé autrefois
à une époque ofa la valeur du minerai ne permettait
d exploiter que des amas notablement plus riches que
ceux que l'on peut utiliser aujourd'hui.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 261
Les rivages de la baie du Siid et des différentes baies
secondaires qui l'entourent, baie de la Somme, baie du
Carénage, Bonne-Anse, Port-Boisé, etc. (Voir la fig. 3 de
la PI. IV), sont entourés de dépôts d'argile rouge dans
lesquels les rognons cobalUîêres ont été signalés dés
assez longtemps ; ils sont exploités par une trentaine d'ou-
vriers, dont la production annuelle peut varier de 150 à
200 tonnes ; nous avons visité ceux de ces travaux qui se
poursuivaient au moment de notre passage à l'entrée de
la baie du Carénage. Là les dépôts d'argile rouge sur la
péridotite sont généralement d'une faible épaisseur et
peu continus ; ils forment souvent des cuvettes isolées de
dimensions restreintes au fond desquelles on rencontre
des traînées de rognons de minerai ou des terres bru-
nâtres contenant des grains fins cobaltifêres ; dans l'en-
semble ces formations sui\'ent à peu près les irrégulari-
tés de la surface de la roche. Le croquis reproduit par la
fiff. 4 de la PI. IV, et que nous avons relevé dans une des
tranchées que nous avons visitées, donne une idée assez
nette de l'allure de ces gisements ; en pareil cas c'est k
ciel ouvert que se fait l'extraction, et l'on poursuit l'enlè-
vement du manteau argileux qui recouvre la roche en
place tant que la quantité de minerai trouvée est suffi-
sante. Quelquefois on fait une prendère reconnaissance à
l'aide d'une petite galerie souterraine, mais l'exploitation
a toujours lieu à une profondeur assez faible pour faire
préférer les travaux à ciel ouvert. On découvre ainsi des
tètes de péridotite altérée très semblables à celles qui se
montrent naturellement au jour en d'autres points. Là en
particulier nous avons pu observer très nettement que ces
roches ne contiennent pas elle-mêmes de dépôts cobalti-
fferes et ne sont recouvertes d'aucun enduit métallifère ;
nous n'avons d'ailleurs pas connaissance que pareille
observation y ait jamais été faite.
Le minerai extrait des travaux épars sur les différents
bï Google
2S& RICHB3RBS IflNB&lIXS 1>B LA NOCVBLLI-CALÉDOKIB
promontoires qui entourentla bsie, fort découpée, est das-
c«Dda au bord de Teati, généralement à don d'honme ; il
est conduit en embarcation josqu'aa petit atelier de
lavage établi jt l'embondiare d'an ruitmem, puis il ert
emmené de même à Prony, d'oïl il est «xpédié.
Les rognons «jne l'on reaoontre ici sont d'un caractère
trèa nettement métallique, assez lourds, briDants, ridies
en fer, et aoailléa senlement de débris argïleax faciles à
éliminer par le lavage ; ils fournissent des miBerais k 5 et
a p. 100 ; les terre» cobaltifëres, naturellement {Jus
pauvres, sont tlifficiles àlaver et produisent des minerais
moins riches ; néanmoins, lorsque l'on a enlevé la conver-
tnre d'argile stérile sous laquelle elles se trouvent, on a
tout intérêt k les exploiter avec le reste.
C. — CONDmONS ÉCONOMIQDES DE L'EXPLOITATION
DO COBALT.
Nous avons assez sonveitt mentionné dans ce qai pré-
cède l'irrégriarité avec laquelle se présentent les gise-
ments de cobalt, tant au ]>oint de vne de la continuité des
différentes traînées de minerai que de la puissance et de
la richesse do ces traînées, et qoe de la teneur du mine-
rai ntême, poitr qu'il ne nous soit pas nécessaire d'ioMS-
ter longtemps sur l'impossibilité qu'il yak donoer des
chiffres précis sur les conditions économiques générales de
l'exploitation du cobalt. Kn un point d'un gisement le
minerai est exploité à ciel ouvert an fond de tranchées
peu profondes ', à côté il doit être recherché à plusienrs
mètres sous terre, et il faut pratiquer des puits et des
galeries d'exploitation et d'assèchement, procéder èi oo
boisage plus ou moins serre, remisier le minerai par des
treuils, etc. Dans un chantier on poursuit péniblement par
d'aussi petits boyaux que possible une traînée de simples
bï Google
bï Google
264 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVKLLB-CàLÉDONIK
« contractants », amodiataires à court baQ ou même
Kans aucun bail, qui viennent exploiter sur telle ou telle
mine ce qu'ils pourront en extraire au meilleur compte
possible, sans aucune espèce de souci du lendemain ;
beaucoup de concessionnaires, qui ont acquis différentes
mines on différents points de la colonie et qui ne les
exploitent pas, assurent d'ailleurs qu'ils ne peuvent guèn?
faire autrement que de consentir de semblables amodia-
tions, car, s'ils s'y refusaient, ils n'auraient aucun mojen
d'empêcher le premier venu de s'installer sur leurs con-
cessions et de les exploiter à sa guise. Il suffit d'avoir
parcouru la colonie pour se rendre compte que de sem-
blables craintes sont assez justifiées.
Dés lors la règle à peu près constante de l'exploitalioD
du cobalt est, après avoir ouvert une galerie ou une
tranchée de recherches, de battre au large dans la pre-
mière traînée de minerai rencontrée, et cela jusqu'à ce
que le vide réalisé amène l'éboulement des travaux,
, interdisant ainsi Texploration de ce qui pourrait sub-
sister plus profondément enfoncé dans la formation
argileuse encaissante ; les gisements se trouvent donc
véritablement criblés de petites galeries, qui ont plus on
moins bien exploré le voisinage immédiat de la surface,
mais qui laissent complètement inconnues et k peu près
inaccessibles les régions plus profondes. Ainsi oxploi-
tait-ou déjà il y a vingt ans, et plusieurs des exploitations
actuelles glanent péniblement dans d'anciennes mtues des
minerais qui eussent été aisés à prendre dans le gisement
vierge; cela n'empêche pas d'ailleurs les nouveaux venus
de procéder encore aujourd'hui de la même façon. C'est
là une situation dos plus fftcheuses, nous ne saurions
trop le dire, car parmi les gisements de cobalt tïès
nombreux, nous l'avons fait ressortir, qui jalonnent toute
la longueur de la colonie, plusieurs ont été déjà, sinon
entièrement exploités, du moins pratiquement épuisés,
bï Google
bï Google
266 RICHESSES UINERALBS CS. LA NOUVU^B-GALEDONK
vent (lispofiées au écailles successives très tainces, qu'il
<x>i)vieiit d'éviter Mitant que possible de séparer les
unes des autres, aUn qu'elles ne soient pas tix^ aisémeBt
entrainéespar les eaux. Ce travail decassage ae £ût tou-
jours à la main, et généralement à faide d'iastruraents
en bois afin que leur choc soit plus doux ; ii a lieu sur une
aire constituée par une plaque de tôle afin d'éviter que
le mioerai ne vienne à être sali par la terre. C'est un in-
vail minutieux dont dépend le succès du lavige ; ao»i,
snrtout pour des minerais quartzoux, est-il parfois fait «d
-deux fois. Le minerai est d'abord mis i sécher au aoleil
fi'il est humide, car sans cela il s'agglutiocs^t sous le
cboc, puis il subit uo premier c&ssage à la main, fait à
l'aide de petits maillets en bois par l'ouvrier qui examine
un à un chaque fragment, et élimine le stérile toot corame
lorsque l'on procède au scheidage des minerais métal-
liques usueist; ensuite les fragments ainsi cassés soat ré-
duits à une grosseur variant généralement de 2 à 4 niil-
limètres à l'aide d'une dame en bois assez lourde. D'autres
fois le cassage a lieu en une seule opération, tant6t uni-
quement au maillet, tantôt à la dame seulement ; quel-
quefois on termine par un criblage afin d'éviter l'envoi
lia lavage do trop gros fragments.
Le lavage a partout lieu h main d'bonune, h l'aide de
la pelle ; il so fait dans une auge on hais de 2 mètres de
long sur 1 mètre de large, dont le fond est généralement
horizontal, et dont la profondeur est d'une vingtaine de
centimètres. L'une des extrémités de l'auge est en rela-
tion, par un petit canal ou une rigole en bois, avec un
ruisseau assurant l'écoulement des eaux. L'eau claire est
débitée k l'extrémité d'amont au moyen de trous prati-
qués dans la paroi de l'auge, et que l'on peut obslroer
par des chevilles en bois ; elle s'évacue à l'aval générale-
ment par trop-plein, afin d'éviter qu'elle n'entraine autre
«hose que des matières légères en suspension. La lavée,
bï Google
UINERAIS ASS0C3ÂS À LA FORMATION DBS SERPENTIHKS 267
■qui est de 200 à 300 kilogrammes, quelquefois même da-
vantage, suiraut la qualité du miaerai.est introduite en
Hne fois dans l'auge ; elle est d'abord remuée k la pelle
-dans l'eau déniante on dans un faible courant, puia,
lorsqae les matières légères commencent à être bien sé-
parées, on augmente l'intensité du courant en continuant
À retourner le minerai pour le ramener sans cesse dans
Je courant d'eau auquel il doit abandonner les matières
terreuses, argileuses et siUceuses. L'opération est ter-
minée lorsque l'ean s'écoule à peu près claire, elle dure
-de uD à trois quarts d'heure suivant la nature, argileuse
-ou sableuse, des gangues. Le minerai restant au fond de
l'auge, qui était an début fortement souillé de poudres et
«ndoits siliceux jaunes, ou argileux rouges, en sort d'un noir
bleuté asB^ franc ; il est sécbé, puis ensaché, et expédié.
Quelquefois le lavage a lieu, pour des minerais parti-
culièrement impurs et terreux, en deux fois, se divisant
«R un dégrossissage avec de l'eau déjà sale et un Unis-
sage à l'eau claire ; c'est ce que l'on fait en particulier
lorsque l'on manque d'eau, ce qui n'est pas sans exemple.
Oq consomme, en effet, dans une semblable opération,
une quantité d'eau considérable, soit il peu prns 500 litres
À la minute par lavoir ; et l'on est parfois obligé d'établir
■sur les ruisseaux dont on dispose de petits barrages et
-iles réservoirs, dont l'exécution dans l'argile ronge imper-
méable est d'ailleurs facile.
Quant au rendement industriel d'une semblable opéra-
tion, il est assez difficile à apprécier, d'autant plus que les
minerais sont constamment variables comme nature et
■comme teneur ; d'ailleurs aucun exploitant ne parait s'en
occuper et aucun d'entre eux n'a pu nous donner une
«raiuation de la teneur des parties dites stériles entraî-
nées partes eaux: elle est certainement a.ssez considé-
rable. Nous devons cepfîndant signaler ici l'iiahitude, qui
•commence à se répandre dans quelques mines, de diriger
bïGooi^I __.il^
268 RICHESSES MINERALES DE LA. NOUVELLE-CALEDONIE
l'exploitation, et aussi parfois le travail de lavage, à l'aide
d'analyses colorimétriques, très aisées à faire, et qui per-
mettent avec del'liabitude d'apprécier à 1 /lO p. iOO près
la teneur des minerais de cobalt, dont l'apparence est sou-
vent très trompeuse même pour les gens les plus exercés.
On s'accorde généralement à dire que, sauf dans le cas
de minerais particulièrement riches on particulièrement
pauvres, le rendement an lavage est à peu près de us
cinquième à un sixième en volume, c'est-à-dire qu'il faut
cinq à six sacs de minerai brut pour en faire un de minerai
lavé ; cela correspond à un rendement en poids de un
pour trois ou de un pour deux et demi, le poids des sacs
bruts, incomplètement remplis, et contenant beaucoup de
stérile, variant de 25 à 30 kilogrammes, tandis que celni
des sacs, bien remplis et cousus, de minerai lavé est d'une
cinquantaine. Les teneurs sont trop variables d'un cas à
l'autre, et souvent d'un jour à l'autre, pour qu'il soit pos-
sible de donner des chiffres ayant une réelle valeur; ce-
pendant, on peut dire qu'on amène couramment des mine-
rais brnts à2 i/2 p. 100 et 3 p. 100 d'oxj^de à en tenir
4 p. 100 ou légèrement plus; lorsqu'on lave des raine-
rais à 4 p. 100 ou au voisinage, ils rendent généralement
du minerai à 6 p. 100. Il semble donc qu'on puisse ad-
mettre que le lavage augmente généralement la teneur
dans le rapport de 1 à 1 1 /2, 1 3/4 ou au maximum 2, tan-
dis que la réduction de poids varie de 2 1/2 à 3 ; il y *
donc une perte en cobalt qui atteint parfois jusqu'à la
moitié de ce qui était contenu dans le minerai brut.
Dans les petites exploitations, la laverie occupe géné-
ralement deux ou trois hommes, quelquefois d'une façon
intermittente; une telle équipe peut laver par journée
2 à 3 tonnes de minerai brut, et par suite en produire
à peine 1 de minerai lavé. Pour des exploitations plus
importantes le personnel qu'exige le lavage est natu-
rellement beaucoup plus nombreux ; c'est ainsi que, sur
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES 269
une mine qui produisait par jour au moment de notre
passage une quinzaine de toimes de minerai brut, soit
4 à 5 tonnes de rainerai lavé, on avait installé trois auges
de lavage, dont l'une de dégrossissage alimentée par de
l'eau sale, et les deux autres fonctionnant à l'eau claire
pour terminer le lavage ; trois laveurs assuraient le ser-
Tice de ces lavoirs, deux blancs aidésde deux Canaques cab-
sajent le minerai le criblaient et l'entassaient, troiti blancs
et deux Canaques en assuraient l'enlèvement après lavage
et l'ensachage ; soit un personnel total de douze hommes.
Une partie d'entre eux étaient payés à la journée, les
autres à prix fait: les laveurs recevaient 12 francs par
tonne de minerai lavé sec, les casseursS francs par mètre
cube cassé et criblé.
On peut se demander s'il n'y aurait pas un intérêt con-
sidérable à substituer à cette opération, onéreuse comme
main-d'œuvre, et peu satisfaisante comme rendement, le
lavage mécanique, qui réussit si bien pour les autres mi-
nerais métalliques.' Cela n'a jamais été tenté, en partie k.
cause du peu d'initiative et d'instruction des mineurs en
général, et en particulier des mineurs qui exploitent le
cobalt d'une façon si souvent éphémère. Néanmoins la
qualité très variable du minerai à traiter et les difficultés
spéciales résultant de la tendance des concrétions cobal-
tifères minces à surnager malgré leur densité, rendraient
peut-être bien le réglage d'une laverie mécanique très
difficile ; et l'opération faite à la main, qui, bien que coû-
tant une dizaine de francs par tonne de minerai lavé,
n'est pas une charge excessive pour un prodoit qui vaut
plusieurs centaines de francs, doit à notre avis être re-
gardée comme répondant assez bien aux conditions spé-
ciales de l'exploitation du cobalt.
Les prix de revient que comportent de semblables
exploitations sont naturellement très variables, suivant
bï Google
««'«'^^ ITr.:. .1* .„n.„„H ,l«i.àp.upr*. 8"..i8f«Lo.,>.bn«v
'270 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVKLLE-CALÉDOUIK
que l'on n'exploite que les meilleures portions du glteoo
des portions un peu moins favorables , ansai dépendent-iis
surtout des cours âa minerai, chacun* conduisafit tm
ex:ploitation de manière k conserver entre son prix de
revient et le prix de vente une marge suffisante.
D'après les renseignements qui omis ont été donnés, ei
que nous avons pu partiellement vt^rifter, le prix de
revient moyen d'une exploitation important» se décom-
poserait à peu près comme suit par tonne de minerai
lavé :
Fnnu
Abalage 15 (uilàpaupHa &''.OOpirlDUiknB
Transport, manutention et en-
sachage du minerai sur In
mine 40 (>i>it<pptipr*il3'',î3|»rloi«eWilf)
[ Main-d'œuvre... 10)
] Matières premières
(Frais (le transport
f jusqu'à la mine). . iol
Descente du minerai de lamine
à la laverie 10 (wiiàpeu|irt. ï",î3p.rionMM'!
Concassante et cribla^^e Ti
Lavage 12
Eusachage 3
Dépende d'achat de sacs 8
Charroi jusqu'au bord de la
Chalandage 3
Transport à Xouniéa 10
Surveillsnce 10
Total 14t
Ponr nnc petite exploitation, occupant seulement
quelques ouvriers, le prix de revient salaires attei-
gnait 140 à 150 francs par tonne, et l'exploitant estimait,
qu'à partir d'un prix de vente de 200 francs, lo rem-
boursement de ses quelques dépenses de fournitures,
l'amortissement des installntions très précaires qnil
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FOBHATION DBS SERPENTINES 27f
avait faites, et une rémunération suffisante de ea peine,
lui étaient assurés.
Les chiffres relatifs aussi bien à la première de ces
exploitations qu'à la deuxième doivent d'ailleurs, comme
toujours, être diminués de 30 à 50 p. 100 en ce qui con-
cerne les salaires, pour tenir compte de la retenue
détournée faite sur eux par l'exploitant au moyen de la
vente aux ouvriers de tous objets de consommation,
comme nous l'indiquerons en détail à la fin du présent
rapport,
Mentionnons enfin qu'au moment de notre séjour dans
la colonie, et à la faveur des cours élevés du cobalt, dos
groupes de deux ou trois libérés prenaient souvent au
contrat à court terme l'exploitation diy telle ou telle
mine ou de telle ou telle portion do miue moyennant un
prix global de 200 francs par tonne de minerai à 4 p. 100
(et avec augmentation de 6 francs par dixième d'unité
en plus) livrée, lavée s'il y avait lieu, au pidl de la mine;
le matériel, câldes, outils, sacs, etc., leur était fourni
par le concessionnaire, mais ils étaient presque toujours
payés pour une large part en vivres et boissons, sur
lesquels le concessionnaire faisait les bénéfices que nous
avons dits.
■ Prix de vente. — Emplois et débolthbs
des minerais de cobalt.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le minerai de
cobalt rendu k Nouméa est couramment acheté it la
teneur de 4 p. 100 de protoxyde de cobalt fsoit
3,15 p. 100 de cobalt métallique) pour le minerai sec.
Lorsque la teneur dépasse ce chiffre, le prix bénéficie
d'une augmentation plus que proportionnelle, tandis qu'il
bï Google
272 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
subit unâ diminution très importante si la teneur s'abaisse
au-dessous de 4 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, les prix
pratiqués étaient les suivants :
Minerai à 4 p. 100 330 fr. la tonne
Les minerais à 3 p. 100 et 3 1/2 p. lOO élaient
respectivemeot payés à raison de. 14S fr. et 195 fr. la tonne
avec plus-value de 0'',60 par chaque centième
d'unité en plus desdites teneurs.
De 4 p. 100 à 5 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 4 p. 100 était payé h laison de.. O'',80
De S p. 100 jt 6 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de S p. 100 était payé à raison de. . 0'^90
De 6 p. 100 à 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 6 p. lOO était payé à raison de. . . l'',00
A partir de 7 p, 100 chaque centième d'unité
en plus de 7 p. 100 était payé à raison de.. l'',S0
Ce qui porlalt la tonne de minerai à B p. 100
au prix de 7B0 fr. la tonne
Ces cours élevés résultent d'ailleurs d'un accroisse-
ment très brusque des demandes depuis deux ans.
Tandis que, pendant de longues années jusqu'en 189Ù,
le minerai de cobalt à 4 p. iOO d'oxyde était acheté sar
la place de Nouméa à raison de 72',50 la tonne, son'prix
s'élevait entre 1892 et 1894 jusqu'à 80 francs, il attei-
gnait 100 francs en 1897, et oscillait jusqu'au débnl
de 1900 entre 92' ,50 et 100 francs ; puis en dix-huit mois
son prix doublait; enfin, du mois de juin 1901 au mois de
mai 1902, chaque marché, ou peu s'en faut, a marqué
une augmentation de prix de quelques francs sur le pré-
cédent, si bien que les cours étaient, au milieu de 1902,
ceux que nous venons d'indî(iuer.
Ces variations des cours ne semblent nullement dues h
nne hausse passagère de la valeur du cobalt en Europe,
valeur qui parait au contraire être restée à peu près
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 273
-constante, mais beaucoup plutôt à ce fait qu'au début
les acheteurs de minerai de cobalt en Nouvelle-Calédo-
nie réalisaient des bénéfices considérables, et que l'im-
portance do ces bénéfices les a amenés peu à peu à se
faire une active concurrence et à faire ainsi monter les
prix, La valeur du protoxyde de cobalt pur varie en effet
eu Europe, depuis plusieurs années, entre 20 et 25 francs
Je kilogramme (il valait en dernier lieu 23 francs d'après
les renseignements que nous avons obtenus) ; dans ces
conditions une tonne de minerai contenant 4 p. 100 de
protoxyde à sec, et qui tient généralement 20 p. 100
d'humiditt-, renfermerait 32 kilogrammes d'oxyde, et en
fournirait, après un traitement qui comporte une perte
iiiaxima de 15 p. 100 du cobalt contenu, 27 kilogrammes,
valant de 540 à 675 francs, ou, en prenant la valeur de
23 francs le kilogramme, 621 francs. D'autre part, le prix
jle revient de cet oxyde pourrait être estimé ainsi :
Priï d'achat île In lonne à N^um^a
Frais ircnibarquemi^nt
Fret et assurances
Frais île débarquement et de transport & l'usine
(variables), environ
Frais de première Tusion
Frais d'nliînage (rapportée à ta tonne de minerai
brut)
Total
460
Cela laisse encore une large marge de i>éii6fice à l'im-
portateur.
Mais les débouchés du cobalt étant, comme nous le
ferons connaître ci-dessous, très restreints, et la hausse
des prix ayant fait augmenter beaucoup la production, qui
au coure de l'année 1902 a atteint presque le triple <le
celle de l'année ISKH, on doit craindre que l'offre ne
bvGoogIc
274 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOL'VELLB-CALÉDOSIE
dépasse rapidement la demande et que les cours ne
viennent à s'abaisser de nouveau (').
Cependant, l'oxyde de cobalt ayant des débouchés n'-gii-
liers, (luoique modestes comme quantité totale, au prii
(jne nous venons d'indiquer, il parait vraisemblable que les
cours du minerai en Nouvelle-Calédonie doivent, non
sans subir encore des oscillations passagères, se maintenir,
sinon aux chiffres actuels, du moins à des chiffres lar-
gement rémunérateurs pourles exploitants, et doivent leur
permettre d'utiliser d'une façon durable et permaneiife
non seulement les amas particulièrement riches, mais
encore des gites plus pauvres.
■obalt est aujourd'hui exporté uni-
quement à l'état cru : il a été autrefois, tout comme le
minerai ilc nickel, l'objet d'une tentative de traitemenl
sur place ; nous avons déjà mentionné les essais fait-'
Liitre 1880 et 1884 à l'usine de la pointe Gialeix, soit
jiour obtenir des mattes de cobalt uniquement, soit pour
• ibtenir des mattes mixtes tenant à la fois nickel et
cobalt ; les premiers essais, qui étaient très Justifiés du
moment que l'on avait installé une usine de fusion, ont
eu le même sort que ceux pour la fusion du nickel ; les
seconds, qui consistaient à réunir les deux métaux dont
\:\ nature avait commencé la séparation, paraissent peu
Tiitionncls ; ils le seraient d'autant moins aujourd'hui que
le nickel doit pouvoir être produit par des opéralions
iii(Haliurgiqurs dont le prix do revient ne soit pas trop
'.■levé, et non pas à la suite do séparations cliimiques
délicates ot onéreuses. D'autre part, en 1891-1802, la
Société le Cul'alt avait fondé près de Nouméa une usine
ilestinée au traitement des minerais pauvres do cobalt
par un procédé assez complexe qui a, croyons-nous, subi
t iléjà produit doua une large mesure d'après 1"
s renseigne II
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 275
plusieurs variantes; on a, en particulier, essayé la fusion
des minerais de cobalt avec des pyrites cuivreuses comme
fondant pour obtenir des mattes riches à la fois en cobalt
et en cuivre. Après avoir donné lieu à l'exportation de
quelque deux cents tonnes seulement de mattes, dont la
teneur aurait atteint jusqu'à 20 p. 100 de cobalt, et qui
auraient été d'une valeur de 3.500 francs la tonne, c^tta
tentative a échoué.
Sans vouloir condamner le principe de ces essais, qui
pourraient peut-être être repris utilement le jour oii l'on
aurait monté dans la colonie une usine de fusion du
nickel, nous ferons remarquer que la fusion sur place est
beaucoup moins indiquée pour les minerais de cobalt que
pour ceux de nickel, pour diverses raisons. D'une part, le
rainerai de richesse moyenne valant actuellement 6 fois
plus que le minerai de nickel, et étant destiné à valoir
vraisemblablement toujours au moins quatre ou cinq fois
plus, subit du fait des frais de transport en Europe une
charge relative beaucoup moins considérable. D'autre part,
il est susceptible d'un enrichissement par lavage, impar-
fait et d'un faible rendement, nous le reconnaissons, mais
enfin cepeiidant utile, que ne supporterait pas le minerai de
nickel. Enfin, la teneur à laquelle le cobalt est exporté est,
beaucoup plus que pour le aickel, voisine de la teneur à
laquelle les opérations métaDurgiques deviennent d'un
rendement par trop faible ; le traitement sur place per-
mettrait donc moins facilement l'abaissement delà teneur
limite du minerai.
Nous pensons donc que le minerai de cobalt sera encore
longtemps exporté brut en Europe ; et cela ne crée pas à
l'exploitation de ce minerai une charge qu'il serait
essentiel de voir disparaîtra à bref délai comme pour le
nickel.
La consommation du cobalt se répartit par petites
quantités entre diverses industries dont la principale est
bï Google
275 RICHE8SBS MINRR^ALBS DB Là NOUVBLLB-CALÉDOME
la poterie, oii la coloration bletic qu'il tend à donner à la
p&te e3t employée à compenser ia teinte rouge que des
traces de fer lui communiquent trop souvent; il sert
en outre il colorer la porcelaine et le3 émaux ; enfin il
fournît un ^rand nombre de matières colorantes variées.
Nous devons d'ailleurs mentionner ici que les propriétés
(In cobalt métallique paraissent être tout aussi remar-
quables, sinon plus, que celles du nickel, et que, s'il n'est
pas préféré à ce métal, c'est en raison de la dispro-
portion considérable (voisine de 1 à 10} qui existe entre
la valeur des deux métaux. Ces différents usages dti
cobalt, qui absorbent annuellement environ 150à 20Utonnes
d'oxyde, offrent des garanties de régularité telles qu'un
débonché semble assuré au minerai calédonien, jusqu'à
concurrence de 3 000 k 4 000 tonnes par an, pour peu
qu'il ronserve sur le marché le monopole à peu près
exclusif qu'il a aujourd'hui.
Si en effet on consulte les statistiques publiées dans le
recueil Thr Minerai Int/usirt/, que nous avons déjà mv
à contribution, on constate que la production des minerais
<le cobalt, au cours des cinq dernières années, se serait
répartie comme suit entre les différents pays du monde;
nous mentionnons, en regard des tonnages, les valeun sur
place, quipeuventdonnerune idée delà richesse des divers
minerais ; il est bon d'ajouter que ta valeur comptée pour
les minerais de Nouvelle-Calédonie est relativement beau-
coup trop faible, d'une part parce qu'ils subissent sut
place une dépréciation correspondant au fret jusqu'en
Europe, et d'autre part parce que, comme nous l'avons
expliqué, ils ont été pendant fort longtemps vendus à un
prix très inférieur k leur véritable valeur. Sous réserve
de cette observation, voici les chiffres que nous avons
relevés :
bï Google
MINBBAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SEKPBMTINBS 377
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;37.300
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2,1*1
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?,9U
■-•ii.SOo'
39-750'
«•,•■'---■■
Tmisi
ÎM.HO
Ces totaux tlevraiont Hre augmentés de quelques toniies
de minerais complexes, extraits en différents points de
l'Allemagne et de l'Autriche, et ayant produit un peu de
cobalt.
Comme on le voit, la Nouvelle-Calédonie n'a pratique-
ment aucun concurrent important pour la production du
cobalt, puisque pendant toutes ces dernières années elle
a fourni comme tonnage plus de 90 p. lOOdes minerais de
cobalt produits dans le monde entier, représentant comme
valeur environ 80 p. 100 dti total, et celad'après les chiffres
ci-dessus qui, comme nous l'avons dit, sont relativement
beauconp trop faibles pour la valeur dos minerais de la
Nouvelle-Calédonie.
Nous opposerons à ces chiffres, beaucoup trop faibles,
ceux du 1" semostref902,aucoursduquelil aété exporté
2 452 tonnes de minerai de cobalt représentant une valeur,
au cours du minerai à Nouméa, de 800.000 francs envi-
ron ; rappelons d'ailleurs qu'on ne peut f,niére espérer que
de tels chiffres se maintiennent complèlenient d'une fai:oii
durable.
['} Chiffres d'eïporlotioo et non Je prodiidiu
bï Google
;es hineralbs de la nocvelle-caledonib
ic un monopole presque absolu que détient
la Nouvelle-Calédonie pour la fourniture du
cobalt au monde entier. Les gisements de ce
uoique très capricieux, sont nombreux e1
assî leur exploitation parait-elle devoir assurer.
es années encore, un chiffre d'affaires qui est
négligeable. Mais, pour ne pas risquer de voir
he de l'industrie minière décliner peu à peu
I gaspillage des gites, il serait bien nécessaire
itation en fût poursuivie d'une manière moins
zecbvGoOgIC
CHAPITRE II.
LE FER CHROMÉ.
A.
- Indications oénérai^s et iiisToniQrEs.
Le fer chromé se montre associé avec une constance
remarquable à la grande formation serpentineuse de la
Nouvelle-Calédonie : on le rencontre soit on' loclie dans
les péridotites fraîches ou plus ou moins complètement ser-
pentinisées, soit en grains séparés dans les argiles rouges
qui proviennent de leur décomposition. Nous n'avons pas
examiné au microscope une seule plaque mince de péri-
dotite ou de roche serpentineuse sans y apercevoir, inclus
dans la pâte, des cristaux ou des grains de fer chromé,
de même que nous n'avons pas analysé un seul fragment
de ces roches sans que la partie demeurée insoluble dans
les acides ne contint une quantité appréciable de fer
chromé, représentant généralement en poids plusieurs
millièmes. D'autre part, toutes les formations ferrugi-
neuses que nous avons désignées sous le nom d'argiles
rouges, qui doivent, comme nous l'avons indiqué, être
considérées comme un résidu de la déi-omposition des
péridotites, renferment une proportion notable {atteignant
parfois plusieurs centièmes) de grains de fer chromé, e1
les sables lourds des ruisseaux qui descendent dos massifs
serpentineux sont très riches en fer chromé.
A ces deux modes d'occurrence normaux et constants
du fer chromé correspondent, lorsque des circonstances
spéciales en ont permis la concentratioïi en un mémo
bï Google
MINERALES DE LA HOUVELLE-CALEDONIE
pes de ^Hements exploitables ; les-gise-
rhromé en roche ou primitifs, soit à l'état
à l'état d'atitas, et les gisements d'origine
icondaires, désignés par l'expression usueilr
■ de fer chromé d'alluvioiis ».
sements en roche, le fer chromé apparaît „
ses à cristallisation confuse et sans forme
te, et tantôt en cristaux octaédriques plus
formés, disséminé dans une gangue sili-
i plupart des échantillons que nous avons-
i provenaient, il est vrai, du voisinage des
rette gangue paraissait amorphe et était
r des silicates décomposés, alnmiueux et
légèrement ferrugineux ; au microscope eUe
che en produits serpentineux et talqueux.
Iques échantillons, provenant les ims de la
X, les autres de la mine Joséphine à la baie
cette gangue est coostituée, tantôt par du
s très frais et bien cristallisé, et tantôt pai'
!eptionnellement on rencontre le fer chromé
orme d'un agrégat d'éléments en forme
sentant un aspect presque spécuiaire.
sements d'origine détritique, il est le plus
agnients brisés, mais Q est parfois sous-
Ires assez petits et plus ou moins intacts:
rarement en petits galets roulés. Dans ces
icnts, il est généralement recouvert d'un
ie rouille qui lui fait donner le nom de
e >i ; cet enduit parait être le seul résidu de
était associée au minerai dans son gisement
:lirome rouge » se trouve donc être très
srai connu sous ce nom est en conséquence
rer dans quelques détails au sujet des dilTé-
its connus qui se rattachent k l'un ou à.
DD.:eabï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION' DES SERPENTINES 2âl
l'autre ilç ces deux typeb, nous mentionaerons encore
)ue, le plus souvent, !e fer chromé de la Nouvelle-Calé-
ionie parait so rapprocher beaucoup de l'espèce minérale
lue l'on appelle fer chromé ou chromile, c'est-à-dire du
;bromite de fer Cr'OTeO. qui doii contenir théorique-
uent 68 p, 100 de sesquioxjde do chrome; il ne parait
las être mélangé ni à du fer magnétique, ni à de la pico-
;ite pauvre en chrome, minéraux qu'on pourrait s'attendre
i rencontrer dans la formation serpentineuse, et qu'il
serait difficile de séparer du fer chromé, dont ils dimi-
lueraieiit beaucoup la teneur en sesquioxyde de chrome :
■/est ce que fait immédiatement supposer la facilité avec
aquelle on obtient, souvent sans lavage aucun, et d'autres
'ois avec un lavage très sommaire, des produits courants
i 50 p. 100 ou même 55 p. 100 de sesquioxyde de chrome,
)t quelquefois plus. C'est ce que confirment d'ailleurs nos
ibservations ; les échantillons que nous avons recueillis
lur lus différents gisements que nous avons visités no
x>ntenaient pas de quantités notables de noagnétite, et
l'ils n'étaient pas tous constitués par de la chromite pure,
Is ne s'en éloignaient guère que par la 3ubstituti(»i, par-
ois ett proportion importante, de magnésie au protoxyde
le fer pour s'associer au sesquioxyde de chrome, substi-
ution qui ne tendrait qu'à augmenter la teneur du minerai
m chrome; quelquefois cependant, une petite quantité do
lesquioiyde de chmmo étnit remplacée par de l'alumine.
Test' ainsi que deux échantillons provenant, l'un de la
nine Georges Pile à la haie Ngo (chrome d'alluvions), el.
'autre de la mine Anna-Madeleine à la baie du Sud
chrome en roche), que nous avons analysés après les
ivoir lavés à l'acide pour éliminer les matières étrangères,
le se sont montrés contenir ni l'un ni l'autre de frag-
nents attirables à l'aimant (fer.magnétique), et ontdooné
i l'analyse des teneurs en sesquioxyde de chrome respec-
ivement égales il 65,8 p. 100 et 68,9 p. 100 ; le dernier
bvGoQc^I _■ ..i-g
282 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CALÉDONIE
était très chargé en magnésie. Cependant, certaines ana-
lyses, se rapportant précisément à des échantillons de h
baie Ngo à faible teneur, nous ont été communiquées,
qui indiquaient d'une part des quantités d'alumine et ili
magnésie très supérieures à celles qui auraient pu étrt
combinées à la silice de la gangue, et, d'autre part, de;
teneurs en fer inrérieures à celles qui correspondraient i
sa combinaison au chrome à l'état de chromtte de fer
cela ferait supposer qu'il existait dans ces échantillon:
de la picotite plus ou moins pauvre en chrome; néan
moins, les quantités des différents éléments coirespon
daient assez mal à une semblable hypothèse, nous m
pouvons donc pas considérer la chose comme étant biei
établie. C'est un point qui mérite cependant d'attirer l'al-
teiitiou des chercheurs comme pouvant leur réservei
éventuellement des mécomptes.
L'abondance du fer chromé eu Nouvelle-Calédonie esi
telle que, dès la première exploration géologique de l'ik
faite par M. Garnier, cchii-ci fut frappé de la fréquenct
avec laquelle s'y montre ce minerai, qu'il déclare êtn
<• le hen commun et le compagnon constant (*) » de:
diverses roches magnésiennes : il mentionne sa présencf
à la fois en grains dans les schistes serpentineux, et
cristaux dans les serpentines, en masses ou amas daitf
les argiles, et enfin sous forme de sables sur les riTage?
et dans le lit de certains ruisseaux ; mais il ne retient,
comme étant exploitables avec profit, que les gîtes et
amas dans les argiles. Il signale la possibilité d'exploiter,
à raison de il fr. 50 par tonne, uti semblable amas qui
existait au Mont-Dore, et dont le minerai aurait tenu
61,333 p. iOO de scsquioxyde de chrome. Il ajoute qu'un
tel minerai aurait pu, à l'époque, être vendu en France à
raison de 200 francs la tonne.
(') Loc. ci/., p. SI.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORUATION DES SERPENTINES 283
Lorsque, dix ans plus tard, M. Heurteau dressait un
inventaire des richesses minérales de la Nouvelle-Calé-
donie, il reconnaissait, avec M. Garnier, l'abondance du
fer chromé, mais il regardait comme beaucoup trop faible
le prix de revient sur place, estimé à H fr. 50, pour le
minerai du gisement en question, et, tenaut compte du
fret, qui était alors aux environs de 100 francs de Nou-
velle-Calédonie en Europe, il arrivait à cette conclusion
que le prix de vente de 150 à 160 francs, qui fêtait celui
sur lequel il fallait chiffrer alors, laisserait sans doute
une marge suffisante pour pouvoir faire une exploitation
régulière et bien conduite. II exprimait l'espoir que l'ini-
tiative individuelle tenterait pareille entreprise, qui n'avait
pas été essaj'ée jusque-là. D'après les indications de la
statistique des exportations, ce n'est qu'en 1880 que cette
tentative eut lieu pour la première fois : elle fut immé-
diatement couronnée de succès, puisque de 500 tonnes
en 1880 l'exportation s'est élevée l'année suivante à
2.300 tonnes, pour se maintenir pendant une dizaine d'an-
nées entre 2,000 et 3.000 tonnes par an, pour atteindre
dans les dernières années une moyenne de plus de
iO.OOO tonnes, et même pour s'élever à 17.600 tonnes
en 1901. Voici d'ailleurs comment elle s'est répartie
entre les différents gisements en 1901 :
Ddme de Tiebaghi (2 exploita lion s) 2 . 450
BaieNgo (2 «xploi talions) 4.600
Bassin de la rivière des Pirogues (une expiai-
talion avec évacuation du minerai par la
baie Ngo) 8.533
Groupe de la rivière de Pourina (2 exploitations). . 1 . 284
La Coulée (une exploilatiou) 300
Cap Goulvain (une exploitation) 280
Baie Ouié 202
Total 17.649
Ce ne sont guère jusqu'ici, sauf quelques exceptions pa^:-
..Google
284 RICHESSES MINBRAI.es de la NOt'VELL£-CAl£UOXlE
sagères, que les gisemenls dits de chrome d'alluvions qui
ont fourui le fer cliroiué exporté de la cnlouie (soit près
de 150.000 tonnes en tout); il n'y a en effet jamaù
eu sur les gisements en roche que des tentatives d'exploi-
tation sans succès durable.
B. — GlSBUEMTS DE PEK CHROMÉ EN ROCHE DD Sl'D
ET DU CENTRE DE l'iLE.
Comme nous l'avons dit, le fer chromé est un élénienl
qui se retrouve d'une façon absolument constaute dans
les péridotilcs plus ou moins serpentinis^cs qui occupent
une si large place dans les formations néo-calédoniennes;
mais il n'y existe le plus souvent que sous forme de petite
cristaux de quelques dixièmes de millimètre de dimensioiis,
disséminés d'une façon assez régulière dans toute la
masse de la roche. Cependant, dans un certain nombre
d'entre les massifs de péridotite, il a'eat produit une ségré-
gation plus complète du fer chromé qui, tout eo se retrou-
vant encore disséminé dans la mastte de la roche, sf
montre on outre concentré parplaces soitdans des amas,
soit dans des filons : il y est quelquefois seDsiblemeoi
pur, mais le plus souvent il est associé à une gaaguf
constituée par des silicates magnésiens. Assez pou nom-
breux jusqu'à ces dernières années étaient les gisements-
de fer chromé de cette nature connus, ou dunaoins un
peu explorés ; quelques tentatives avaient été faites pour
en exploiter trois ou quatre sur la côte Est (au Sud de
Noiiiiiéa, près de Saint-Vincent, et près de Bourailj ; elles
avaient été peu fructueuses, et Ton avait préféré reporter
l'exploitation sur les gisements d'origine détritique. Dans
ces dernières années, l'attention a été rappelée sur les
gisements en roche, qui existent en particulier assez
nombreux dans la puissante formation aerpentineuse du
Sud de l'ile; on eu a d'ailleurs encore signalé eu d'autres
bï Google
MINKRAfS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 205
t>oints de la colonie, jusques et y compris le massif du
dûmede"fiebaghiau voisinage de l'eitrémitéNord de Tile,
Bien que nulle part l'exploration de ces gisements ne
permette d'en définir exactement les limites et le carac-
tère, on peut néanmoins dire que plusieurs d'entre eux
paraissent plut6t se rattacher au type des filons, ou au
moins des lentilles aplaties, qu'à relui des amas. Nous
avons \'isité un groupe important de ces gisements au
voisinage de la baie du Sud, plusieurs le long delà cAte
Est, à Plum, h Saint-Vincent, et près de Bourail, et
enfin celui du dAme de "nebaghi, qui est d'ailleurs associé
à (l'importantes formations de fer chromé détritique.
Autonr de la baie du Sud, ou plus exactement au flanc
«les diff'ôrents mamelons qui entonrcut la Plaine des Lues,
sorte de plateau serpenlincux d'une altitude moyenne
«le 200 mètres enviroii, les ségrégations de fer chromé
dans l;i roche paraissent paiticuliérement nombreuses; il
en a été signalé, entre auties, des gisements entre la baie
des Kaoris et le Lac en 8 (mine Muriel) (Voir ïafig. 3 de
la PI. IV;, sur les hauteurs qui dominent la rive gauche
de la rivière des Lacs (mine Anna-Madeleine), sur le
mamelon de la mine la Tchaux aux sources de la rivière
du Carénage, etc... Aucun d'eux n'est exploité actuelle-
ment ; onn'y poursuit que quelques travaux de recherches,
mais on en étudie la mise en valeur en les reliant au
rivage de la baie du Sud par une voie ferrée.
Dans cette région les péridotites apparaissent sous
des aspects divers : tantôt elles sont particulièrement
riches en péridot, dont elles se montrent pour ainsi dire
uniquement formées, elles en sont d'autant plus basiques
et en même temps plus accessibles à l'altération et à la
transformation en serpentine; par places, au contraire,
Tensiatite est abondante et s'étale en grands cristaux à
larges clivages au milieu du péridot finement grenu.
..Google
286 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Ces përidotites constituent la totalité de tous les som-
mets qm «Dtourent la Plaine des Lacs; sur leurs flancs
reposent dos imnteaux de plusieurs mètres d'épaisseur
d'argile rouge, tamfis qu'à leur pied se développe une
plaine, dont le sous-sol est vraisemblablement constitué
également par de semblables argiles, mais dont la surface,
souvent marécageuse, esi recouverte d'une couche de
grains de fer oxydé, enduits d'une pousawre de même
nature plus ou moins hydratée et jaunâtre. 0» mêmes
grains ferrugineux se reti-ouvent tout autour des deux Ucs
(Grand Lac et Lac en 8) et au fond de ceux-ci; mais ils
s'y trouvent débarrassés de semblables poussières et se
présentent en éléments noirs plus ou moins polis par les
eaux, ce qui lésa parfois fait prendre pour du fer chromé,
et a fait dire, comme on le répète souvent à tort, que les
bords et le fond des deux lacs sont uniquement constitués
de grains de fer chromé. Cet élément, qui existe dans les
roches des alentours, et qui y existe même avec une abon-
dance particulière, se retrouve bien à la fois dans les
argiles rouges et au milieu des grains ferrugineux, mais
on n'a pas encore, à notre connaissance, signalé de poinl
011 il ait subi une concentration suffisante pour y être
exploitable, et c'est dans la roche même qu'il s'est trouvé
concentré par ségrégation, sans doute au moment de la
solidification.
Parmi les différents gisements qui se trouvent dans le
groupe que nous avons défini ci-dessus, celui qui se
présente avec la plus belle apparence est celui de la mine
Anna-Madeleine, mine qui englobe, avec les périmètres
conligus qui en constituent des extensions, une longue
ligne de crêtes venant mourir au bord de la rivière des
Lacs, Bien que le périmètre de la concession ait, avec ses
extensions successives, une étendue de plus de2.000 hec-
tares, nous n'avons pu constater la présence d'un
gisement que dans une partie très restreinte de ce péri-
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 287
mètre, sur le contrefort nord-oriental de la ligne de crêtes.
Il se signale dés le pied (versant Sud) de l'escarpement par
une irainée assez large, descendant la pente de la mon-
tagne, OLi le sol, constitué par des blocs séparés de péri-
ilotite à enstatite et par les affleurements de cette même
pcridotite en place, est abondamment parsemé de frag-
ments de fer chromé ; la dimension de ces fragments varie
depuis celle d'une noisette jusqu'à une portion notable de
mètre cube et parfois même davantage; ce fer chromé
présente ici l'aspect de masse écailleuse que nous avons
indiqué ci-dessus, il parait être d'une pureté à peu près
parfaite, ne laissant voir que de très légers enduits ferru-
gineux entre les diverses écailles, enduits qui suffisent
cependant à lui enlever le caractère d'un minerai massif;
il l'analyse un échantillon clioisi nous a donné tes résultats
suivants :
Sesfjuioxydc Je fer solublc 1,09
' protoxyde de fer 16,70
, , . , , , ' maenésie 11,10
ter chromé inso uli e , , ° . „' „
1 alumme 3,00
' sesquioxjrde de cbrorae §8
Total 99,89
Lorsque l'on s'élève le long du flanc de la montagne
en suivant cotte traînée de for chromé, on voit les blocs
devenir de plus en plus gros et nombreux, et, lorsqu'on
parvient sur la crête, on y constate la présence, en saillie
(rès netle sur le reste du contrefort, d'un bloc énorme de
fer chromé de même nature, brillant au soleil, et émer-
geant tout dénudé au milieu des maigres broussailles qui
poussent dans les interstices des blocs de péridotite. En
examinant avec soin les blocs voisins, nous en avons
trouvé d'autres, également de fort volume, paraissant, de
même que celui-ci, être des blocs en place ; ils s'alignent
assez exactement avec le premier dans une direction Nord-
Sud sur une longueur représentant au total une centaine
D.D.t.zeabï Google
1 RICHESSES MINERALES DE LA NOCVELliE-CALEDONlE
inètrea ; en cherchant k suivre cette direction plu
1 vers le Nord ou vers le Sud, nous avons trouvé I
te coupée par deux ravins, et au delà de ceux-ci non
vonspaspu, au cours d'un examen nécessairement u
[Sommaire, mais que nous avons été surpris de ne ps
iiver fait à loisir par les concessionnaii'es de la miat
rouver de semblables blocs ; les pentes de la roonlagn
Nord et au Sud de la traînée que nous avons mentionné
sent d'ailleurs assez promptement d'être recouverte
blocs de fer chromé. Ajoutons que les blocs en plac
! nous avons observés ne présentent perpendici
ement k la direction Nord-Sud que des dimension
freintes, de 1 à 2 mètres, et i|ue, de part <
uti'o de la saillie qu'ils constituent, on retrouve Jf
lulis de péridotite; il semble doue qu'il y aurait I
dication, sur une centaino de mèlres de longueur, à
■fleurement d'un lîlon de 1 à 2 mètres de puiasanc
fer chromé pur, la résistance du minerai aux agunt
losphériques ayant laissé, en saillie sur la i-ochenioii
-e.desépontds,'unepartiede3afneurements. A eu jugt
■ les apparences que nous avons relevées au cours d
,re oxamen rapide, ce filon n'aurait guère de coiit
té eu direction, ce qui amèue naturellement à f
nander si ce n'est pas seulement un atnas lentici
■c. Quant à la question du prolongement de cette foi
tion en prol^ondeur, nous n'avons pu recueillir aucuf
ication qui permette de la résoudre, et Ion ne pei
î s'étonner que les concessionnaires d"ui> afUeuremei
isi remarquable n'aient pas songé à en entrepreniii
3 exploration, si superficielle fût-elle.
Plus loin vers le Sud-Ouest, le fer chromé n'appara
associé à des silicates magnésiens ; à la mine ia Tchau
afflourenients ont un caractère assez nettement flioiiiei
lant qu'on peut juger do la chose par quelques obse
zecbvGoOgIC
MINBBAIS ASSOCIES A LA FORMATION DBS SERPENTINES 289
vatione isolées ; ils se montrent sur le flanc d'une mon-
-tagne en pain de sucre surbaissé qui s'élève, jusqu'à la
cot« 450, au-desfiua de la plaine dont l'altitude moyenne
«st ici de 235 mètres, A lacote 315 on rencontre un pre-
mier afUenrement présentant nettement une direction
Nord-Sud (la même que celle que noua avons notée à la
mine Anna-Madeleine à quelque 6 kilomètres au Nord-Est)
avec une plongée de 45 degrés vers l'Ouest; la formation,
puissante de 3 mètres, est constituée par du fer chromé
à larges facettes, associé à des quantités variables d'une
matière amorphe tantôt blancbeoujaune pAle, tantôt rouge
tle rouille et tantôt vert«, qui est un silicate alumineux
magnésien généralement décomposé et oxydé au voisi-
nage des afileuremeuts. Cette formation est comprise
entre des épontes de péridotite dans lesquelles le fer
chrome est encore abondant, soit en mouches, soit
en petits âlonoets. A quelques mètres plu!^ haut un autre
affleurement de minerai analogue parait appartenir à une
sorte de ramification montante du premier filon; enfin, à
T mètres au-dessus ilu celui-ci, semble en affleurer un
second suivant lequel a été amorcée une petite descente.
Plusieurs fouilles de faible importance ont été faites sur
ces affleurements, elles se répartissent à peine sur 50 mètres
en direction et 10 mètres de verticale ; un assez grand
nombre de toimes de minerai en ont été extraites ; ce
minerai contient, comme nous l'avons dit, une proportion
plus ou moins forte, mais très notable, de silicates alumi-
neux magnésiens. Le prolongement en direction de ces
affleurements n'est pas du tout connu ; la montagne étant
en forme de cône, il semble qu'on devrait trouver aisément
des affleurements tout autour, y marquant à peu près la
trace dune section oblique; ici encore les recherches
qu'il aurait été tout indiqué de poursuivre n'ont pas été
faites, et nous n'avons vien pu observer de plus, d'autani
plus que la végétation est fort abondante sur ce mamelon ;
bï Google
290 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
au pied du mamelon, et à peu près suivant lea généra
(rices qui correspondent aux affleurements, on trouve ie.
sables chargés de fer chromé et des blocs éboulés.
D'après ce qui nous a été dit, le mamelon qui se trouvi
iiiiinédiatcment au Sud de celui-ci et à quelque 500 mëtrei
lie distance seulement, c'est-à-dire dans le prolongemea:
ihi filon supposé, a été exploré aaus succès ; mais, en fraii'
(hissant vers l'Est un petit col, pour passer du bassin df
la rivière du Carénage dans celui de la rivière Bleue, or
retrou\e le fer chromé sur le périmètre de la mine Bonne-
Veine : une carrière ouverte à la cote 2i0, à titre de
simple travail de recherche, a mis à découvert un affieu-
icment qui parait également être celui d'un fîlon de prés
de 1 mètre de puissance dirigé Nord-Sud et plongeant
à 45 degrés environ vers l'Est ; mais ici les produits ma-
gnésiens associés au fer chromé sont abondants et l;i
teneur en chrome du minerai brut est relativement faible;
un _v a ti-ouvé cependant quelques beaux blocs de rainerai
riche. A une soixantaine de mètres plus an Sud, et «
une cote d'une vingtaine de mètres inférieure, on aperçoit
un nouvel affleurement de caractère identique, et qui
paraît bien correspondre au prolongement de la nième
formation.
Notons enfin la présence, un peu plus loin vers l'Ouest
sur le même périmètre Bonne- Veine, d'une assez pois-
sante formation détritique de fer chromé. Celle-ci se ren-
contre dans les argiles rouges qui s'étalent sur la pente
•l'une croupe arrondie ; au pied de cette pente la surface
'te l'argile est semée de débris de fer chromé ; plus haut,
de seiubiahlcs débris se retrouvent, formant une couche
(l'une certaine épaisseur; et, an voisinage de la crête
(néme, on arrive à des amas de cristaux ou de petites
niasses plus ou moins désagrégées avec taches d'oxyde
de fer, paraissant provenir de la décomposition sur place
(le minerais en roche tels que ceux que nous venons de
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 291
décrire. Le fer chromé fourni par ces derniers gisements
est suffisamment pur pour être marchand tel quel, et on
l'exploite, sans grande activité d'ailleurs faute de moyens
de transport.
Nous aurons à signaler d'importants gisements du même
genre plus à l'Ouest dans la vallée de la rivière Ngo
et des tributaires de gauche de la rivière des Pirogues,
mais nous les décrirons ci-après avec les gisements
d'origine détritique. Ajoutons qu'au moment oii nous avons
(jiiilté la colonie, les découvertes de gisements de fer
iliromé, en roche croyons-nous, paraissaient se mul-
liplier beaucoup au Nord et à l'Est de ceux que nous
avons visités, et qu'un très grand nombre de déclarations
de recherches pour chrome ont été produites dans les
mois de juin et juillet 1902, se rapportant à cette région.
Un autre gisement de fer chromé en roche donnait lieu
k des travaux de recherches non loin de là au moment de
notre séjour en Nouvelle-Calédonie; c'est celui de la
mine Lncky-hitt, près de Plum, qui avait été, en 1880,
lobjet de la première tentative sérieuse d'exploitation du
'hrome dans la colonie. Après avoir fourni, en quelques
innées, une dizaine de milliers de tonnes de minerai,
irovenant vraisemblablement surtout d'un amas d'ori-
jine détritique, et après avoir été partiellement explorée
tans la partie du gisement qui se trouvait en roche, la
iiine fut abandonnée. Le gisement en place, situé sur la
ive gauche du ravin de la petite rivière de Plum, se
irésente au milieu de roches du même type que celles
[lie nous avons rencontrées à la baie du Sud, et le minerai
ist constitué par une association de fer chromé et des
lèmes silicates alumineux magnésiens qu'à la Tohaui;
antôt c'est le premier de ces éléments qui domino, tantôt
est le second, et l'on passe sur une faible distance d'une
ualité de minerai à l'autre. Quant à l'allure du gisement,
bï Google
EtlCIIBSSBS MINERALES DE LA. NODVELLE-CALEUONIE
ne montre riea de net : plusieurs afdeurements ont
explorés préseatant des puissances, des directions el
lendages variables ; il ne semble donc pas que l'on
:i affaire à des filons nets, mais plutôt à des amas
uliers. Les travaux souterrains, assez dévelc^pés,
I ont élé poursuivis, et que l'on y poursuit encore,
de ce fait même, des plus irréguUers. Ils paraissent
moins avoir montré que le gisement est important;
eureusement la pureté du minerai laisse à désirer :
îag^e soigneux peut fournir une certaine quantité de
rai tenant aux environs de 50 p. 100 de sesquiosjde
irome, ce qui est actuellement à pou près la limite
)loitabililé, mais on doit abattre en même temps
quantités beaucoup plus considérables de minerai
p. 100, invendable tel quel, et exigeant par Buil«
concentration nécessairement onéreuse. Aussi les
irs de la première tentative d'exploitation avaient-ils
staller au pied de la montagne une petite laverie,
irenant un concasseur à mâchoires, un broyeur à
es et une table dormante pour la concentration du
hromé, le tout actionné par une petite locomobile.
e à ce dispositif, le minerai, descendu par câbles de
ne à la laverie, était porté à une teneur sui^sanle
6tre marchand, mais on perdait des quantités consi-
>les de fer chromé ; aussi l'exploitation ne fut-elle
émunératrice.
. parle aujourd'hui, si le résultat des travaux d'explo-
ti entrepris paraitassez satisfaisant, d'installer une la-
: mieux montée et assurant en particulier une perte
:oup moindre déminerai, ce qui serait aisé à réaliser
donné la très grande différence de densité entre le
ibromé et sa gangue; cette . laverie serait mise en
on avec l'orifice, ou les orifices, de la mine par un
incliné aérien, et serait réunie au bord de la mer par
petite voie ferrée. Au moment de notre visite, les
zecbvGoOgIC
MINBRAIS AS80GIBS A. LA FORMATION DBS SESPEMiraBS 293
travaux d'exploration n'occupaient pas moins de ringt-
cinq ouvriers.
Une tentative {l'exploitation du même genre, mais (\ae
les mêmes circonstances ont rendue également infruc-
tueuse, a eu lieu, il y a quatre ana, sur la mine Chromière
prés de Saint- Vincent. Lamine, ntuéeduH le massif ser-
pentineux du mont Koungouauri, oti le nickel existe éga-
lement et paraît même plus abondant que le chrome, se
trouve à 330 mètres d'altitude siir le flanc Sud d'un con-
trefort séparant les deux bras de la haute Tamoa, préci-
sément en face d'une ancienne exploitation de nickel. On
avait d'abord rencontré, sur le flanc de la montagne, de
petites quantités de fer chromé détritique et naturelle-
ment enrichi; mais, lorsqu'on a voulu attaquer le gisement
en roche, on s'est trouvé en présence de veines enche-
vêtrées, assez puissantes il est vrai, mais peu régulières,
d'un minerai « piqué u constitué par des mouches assez
abondantes de fer chromé dans une gangue silicatée, et
qu'il fallut laver pour le porter h. une teneur commerciale ;
un échantillon, que nous avons recueilli au hasard, nous
a donné à l'analyse le résultat suivant :
[ Eau 1,) \
„ _. , ., \ Silice 3,1 j
Partie solub e 1 „ . . * « „ I .„ ,
, ., / Sesquiozyde de fer 2,9 > 19,t
dans les acides. , . , . „ „ l
1 Alumine 3,9 l
I Magnésie 8,* '
ISesqui oxyde de chrome. 53 i
Protoxyde de fer 24 J
,
Sesquioxyde de fer 2,2/ '
Alumine 0,6 I
Magnésie 0,3 )
On fut donc obligé de créer une laverie, aujourd'hui on
niinen, en même temps qu'il était nécessaire d'établir
..Google
294 RtCHBSSES UINÉRALB8 DE LA ISOUVELLB-CALÉDONIE
jusqu'au bord de la rivière un petit tramway. Ces frais
de premier établissement n'auraient pu être rémunérés
que par une extraction importante d'un minerai dont le
prix de revient n'eût pas été trop élevé ; c'est ce qui n'a
pu être réalisé, et cela a amené l'abandon du gisement,
dont les conditions naturelles n'avaient, en somme, rien
de particulièrement favorable.
Plus favorables étaient les conditions dans lesquelles se
présentait le fer chromé à la mine Belle-Pluie, près
du cap Goulvain; c'est sous forme d'un filon net, dirigé
Est-Ouest, s'enfgnçant presque verticalement dans la mon-
tagne, et qui a pu être suivi avec régularité jusqu'à une
centaine de mètres du jour horizontalement ; il a été par-
tiellement dépilé à trois niveaux espacés de 10 en
10 motres. La puissance du filon était voisine de 1 mètre,
et la majeure partie du remplissage était du fer chromé
presque massif; aussi, sans laver le minerai extrait, et
en ne laissant au remblai que peu de produits pauvres,
pouvait-on réaliser une teneur de ôO p. 100 en sesquioxyde
de chrome. Mais les transports étaient onéreux : quatre
cflbles à i-oulettes successifs étaient nécessaires pour
dosoendre le minerai jusqu'au pied de la montagne" il
devait ensuite être charroyé, au prix de 10 à 12 francs la
tonne, jusqu'à l'embouchure de la rivière du Cap, puis il
éuit chargô dans des chalands, et il était enfin transbordé
à hvni du bateau qui remportait à Nouméa. Aussi deux
tentatives d'exploitation, qui ont eu lieu en 1898-1899
ei an doliul do UX'i, se sonl-elle soldées par des pertes.
Nous no ivp;irlon>ns pas ici du gisement de fer chromé
do la mine £,«/«■>««,■,■. située dans la vallée de la Pouéo
pri's do Eourail, «jui a éio aliandouné après exécution d'uD
lrav;»il insisuitiant, oi qui no pré.-^'nte d'intérêt, comme
niMis l avons dit, qu'.-u ntison de la dêoouverie de sulfure
do nivkol qui aur:Hi ou liou dans le filon en question.
bï Google
MISERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 295
- Gisements du dôme de Tibbaqhi.
Nous citerons eusuite les beaux, gisements du dôme de
Tiebaghi.
1.0 puissant massif sorpentineux qui forme ce » dftnic "
est constitué par une péridotite à enstatile, légèrement
serpentinisée dans son ensemble : le fer chromé et le
ruinerai de cobalt sont abondants dans ce massif, tout
particulièrement sur ses contreforts orientaux ; le premier
d'entre ces minerais y a été signalé en un grand nouibre
de points; il était exploité, au moment de notre passage,
sur les mines Vieille-Monlagne, Bellacoxcia et Tiebaijhi.
Les gisements exploités actuellement sur ces trois
mines sont d'origine détritique; la dernière montre, en
outre, l'affleurement d'un massif, sans doute assez puis-
sant, de beau fer chromé en roche.
Ce ^sèment en roche apparaît sur la crête et sur les
pentes douces d'un contrefort sorpentineux dont la roche
ne présente aucune particularité marquante ; cette pérido-
titc montre, en quelques points, des têtes altérées légère-
ment nickelifères, et on peut noter également sur le contre-
fort qu'elle constitue la présence de blocs d'une dioritc
finement grenue, à fcldspaths très basiques, provenant
vraisemblablement d'un filon ou d'une amygdale dans la
péridotite ; on y ramasse en outre des quartz, résultant,
comme d'habitude,deraltération de la péridotite, quelques-
uns d'entre eux ont un aspect opalin. Enfin, la plupart des
pentes suffisamment douces sont recouvertes d'un manteau
d'argile rouge, où le fer chromé est abondant et oii des
rognons cobaltifères sont connus en plus d'un point.
Le croquis reproduit par la fig. 5 de la PI. IV indique
la disposition de l'afHeurenient, qui rappelle celui de la
mine Anna-Madeleine . C'est sur la crête d'un des nombreux
contreforts qui se ramifient toutautourdu sommet allongé
bïGoQi^I
^6 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
d» dôme de Tiebaghi {cotes masima 600 à 650) que les
têtes de fer chromé font saillie ; cette crête ne présente
nullement une arête vive rocheuse, mais seulement une
ligne de changement de pente entre la surface à peu près
aplatie du dôme et les pentes plus ou moins adoucies qui
descendent sur la vallée de la Néhoué ; de part et d'autre
de l'arête, le sol est couvert d'argiles rouges détritiques,
recouvertes elles-mêmes de grains et de blocs d'oxyde de
fer et de fer chromé errants ; et ce n'est que sur la ligne
de crête que nous venons de définir qu'apparaissent des
blocs beaucoup plus gros, qui paraissent assez bien
marquer la ligne d'affleurement d'un filon on d'une len-
tille d'une roche résistante aux agents atmosphériques;
les blocs de fer chromé s'alignent dans une direction
N. 105* E. sur une centaine de mètres de longueur.
L'extrémité orientale de l'affleurement indiquerait pour
le filon une puissance de 6 à 8 mètres de.fer chromé pur.
Vers l'Est, l'affleurement est interrompu par un petit
ravin qui est creusé dans les argiles rouges sans s'enfoncer
jusqu'à la rodie dure sous-jacente, et qui ne montre pa»
la trace du passage d'un filon; au delà du ravin, on
retrouve encore un bloc isolé, peut-être en place, de fer
chromé; vers l'Ouest, on voit s'associer aux beaux blocs
de fer chromé pur, puis leur succéder, des blocs ferru-
gineux renfermant des paillettes de fer chromé, piùs
enfin de simples blocs ferrugineux scoriacés, tels que ceux
que nous avons déjà décrits comme constamment associés
à la formation serpentineuse, et qui, comme eux, ne ren-
ferment plus de chrome qu'en faible proportion. Plusieurs
d'entre ces blocs sont assez volumineux et assez profondé-
ment enracinés pour qu'il soit fort possible qu'ils soient en
place, comme s'ils faisaient suite vers l'Ouest aux blocs de
fer chromé avec lesquels ils s'ahgnent assez bien. Ils sont
constitués presque entièrement d'hématite rouge et ne sont
pas magnétiques; ils ont une apparence scoriacée et
bï Google
MINERAIS ASSOaÉS A LA FORMATION DBS SERPENTEfES 397
caverneuse, sans forme bien déânie; rependant on y
relève parfois des indications d'octaèdres plus ou moins
rongés qui feraient snpposer qu'ils proviendraient do
l'oxydation de magnélite ; ceux qui contiennent des par-
celtes de ferchromé proviendraient, dans cette hypothèse,
de l'oxydation de mélanges de mngnétît« et de fer
chromé.
On serait donc assez porté à croire que l'on est ici en
présence des affleurements d'une ségrégation métallique
au milieu de la masse de lapéridotite; cette ségrégation
aurait originairement été constituée (et serait peut-être
constituée encore aujourd'hui en profondeur) de ntagnétite
et de fer chromé, et ce dernier se serait dans certaines
parties isolé sons la forme d'nne sorte de noyau de fer
chromé pur.
Mais ici, comme h la baie du Snd, toute exploration du
gisement a été négligée par le concessionnaire, et nous
n'avons, pour appuyer notre opinion, que les quelques cons-
tatations que nous avons faites personnellement et qu'on
n'avait même pa.s songé à faire jusqu'ici. Quant à savoir
ce que devient le gtte en profondeur, nous n'avons aucune
indication à ce sujet. Cependant, l'abondance du fer
chromé détritique déjà arraché à cet affleurement semble
montrer qu'il ne s'agit pas seulement de quelques blocs
isolés, mais bien d'une masse a«sez puissante. Il est
presque superflu d'ajouter qu'étaiit;iussi peu renseigné sui'
son extension et sa consistance, on ignore romplèlenient
les conditions dans lesquelles ce gisement pourra être
exploité; c'est seulement une réserve surlaqueile l'exploi-
tant compte, pour le moment où le fer chromé d'altovions
aura été épuisé.
Il nous reste à dire quelques mots de la façon dont se
présente celuî-ci. Le croquis de la /ig. 5, PI. IV, fait voir
que la pente qui descend de l'affleurement vers l'Est est
recouverte de giains et de blocs de fer chromé : le sol
..Google
1
S9S RICHE8SBS MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
est en effet jonché, siir plus d'une centaine de mètres
suivant la pente, de ces éléments qui présentent des dimen-
sions variant de la grosseur d'une noisette à celle de
blocs de plusieurs centaines de kilogrammes ; un peu plus
vers rOuest, le fer chromé est mélangé de blocs ferru-
gineux (hématite plus on moins h}'dratée à la surface),
dont il ne pourrait être séparé que par un triage minutieui;
ici, au contraire, il est pratiquement pur et il n'y a qu'à le
ramasser. Mais, en outre, l'épaisse couche d'argile qui
recouvre cette pente contient im dépôt, de puissance et
d'allure irréguliëres, de débris de fer chromé qui paraissent
s'être concentrés en raison de leur forte densité, après
avoir été entraînés sur nn court espace par les eaui
superficielles qui apportaient en même temps les élémenls
qui ont constitué ces masses argileuses.
Cette dernière partie du gisement est d'une exploita-
tion particulièrement aisée, puisqu'il sufflt de découvrir le
lit chromifëre, en enlevant quelques décimètres d'argile,
pour pouvoir ensuite ouvrir, sur des hauteurs atteignant
jusqu'à 1 mètre, des chantiers oii l'abatage ne comporte
qu'un travail de terrassement presque sans triage. On
obtient ainsi immédiatement des produits dont la teneur en
sesquioxjde de chrome varie de 50 à 55 p. 100. Aussi est-ce
par là que l'exploitant dugisement, qui n'en est d'ailleurs
que l'amodiataire, on avait commencé l'exploitation, quitte,
s'il y a lieu, à attaquer plus tard le reste. Comptant pou-
voir réaliser, en quelques années, une extraction de
40.000 à 50.000 tonnes, il a étaWi les plans inchnés
aériens (2 plans principaux et en outre différents petits
plans auxiliaires) nécessaires pour descendre le minerai
jusque dans la vallée, ot il construisait, au moment de
notre passage, une voie ferrée, longue de 8 kilomètres,
destinéeà relier le pied de la mineàlabaie de Néhoué,oii
doit avoir lieu, par l'intermédiaire de chalands, l'embar-
quement du minerai.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 299
Les gisements de fer chromé du d6me de Tîebaghi ne
soot pas limités à celui que nous venons de décrire, et,
comme nous l'avons indiqué, trois autres exploitations se
développent à l'Est de celle-ci ; elles portent toutes trois
uniquement sur des gites d'origine détritique : sur lamine
Vieille-Montagne n" S, et à peu près dans le prolon-
gement de l'alignement des affleurements de la mine
Tiebaghi, un chantier a attaqué le liane de la montagne
sur près de 20 mètres de hauteur : l'exploitation a consisté
d'abord à ramasser des grains et i)iocs errants sur le sol,
puis à chercher au milieu de l'argile rouge des masses
plus ou moins irrégulières de débris de fer chromé ; on est
ainsi parvenu jusqu'à une formation, sans consistance
aucune, de silicates alumineux. magnésiens, décomposés
et friables, au milieu desquels se rencontraient, ici des
amas plus ou moins volumineux de fer chromé, et là des
grains de ce même minéral, tantôt très abondants, tantôt
plus clairsemés ; c'est évidemment là la tète profondément
altérée d'un gisement en roche tel que ceux que nous
avons décrits ci-dessus auprès de la baie du Sud. Un
triage à la main permet, à la condition de ne prendre que
les portions les plus minéralisées du gite, et quitte à perdre
le reste, qui serait sans doute parfaitement exploitable,
d'obtenir sans lavage un produit d'une teneur de 52
à 54 p. 100 de sesquioxyde de chrome. On a ainsi enlevé en
un an de ce chantier ô.OÛO tonnes de minerai marchand,
non sans gaspiller en outre beaucoup de fer chromé. Dans
ces conditions, l'exploitation se solde encore par un béné-
fice, malgré la charge d'un transport par chars à bteufs
jusqu'à la mer, transport qui, à raison de 0 fr. 75 la
tonne kilométrique, ne grève pas le prix de revient de
moins de 6 francs par tonne, pour un minerai qui vaut,
rendu à bord, 50 francs la tonne.
C'est dans les mêmes conditions économiques peu favo-
rables que se poursuit l'exploitation de la mine voisine.
bï Google
300 RtCHBSSES MINÉRALES DE LA MODVELLB-GALÉDOKIB
la mine Bellacoscia. Avant d'y parvenir, nous avons tra-
versé le périmètre de la mine Moracehini. inexploitée, mr
laquelle on trouve, comme nous l'avons mentionné, ub
bloc, peut-être en place, de fer chromé pur id^iiiqire a
relui des aflleurements de la mine Tiebaghi dont il
marque à peu près le prolongement, avec toutefois ai»
légère inflexion vers le Sud ; quelques petites fouillei de
recherches dans l'argile ronge qui recouvre, là comme
partout, tontes les pentes douces du Sanc de la mon-
tagne, y ont découvert différentes traînées de fer chromé
en fragments irréguliera. Dana l'un des ravins qui dé-
coupent cette formation argileuse on trouve le fer chromé
sous une forme fort intéressante, et assez exceptionnelle
puisque c'est le seul point de la colonie où nous Va.jm»
rencontrée ; cette forme est celle de galets roulés, uTon-
dis, présentant à peu près la dimension d'un œal de
pigeon; ils sont d'ailleurs très friables et tombent sous le
moindre choc en grains sur les surfaces de séparation
desquels se trouvent des enduits ferrugineux ; il ne parait
pas douteux que l'on soit là en présence de galets d'une-
r:>chc à fer chromé, autrefois dure, qui a été démantelée,
et dont les débris ont été roulés ; ces débris ont dû suIhi'
ultérieurement, au point oii ils s'étaient déposés, des
actions atmosphériques susceptibles de dissoudre les élé-
ments, sans doute silicates, qui cimentaient les différents
grains <te fer chromé, en n'en laissant comme résidu que
l'oxyde de fer.
L'exploitation de la mine Bellaeoscia se poursuit en
tranchée dans l'argile rouge ; celle-ci était, comme poor
les gisements voisins, recouverte, suivant une bande plus
ou moins large, de menus débris de fer chromé ayant
cette apparence spécnlaire que nous avons déjà sigualée-
En pénétrant dans la niasse de l'argile on a rencontré
un gisement de fer chromé irrégulier, mais souvent
puissant, associé à des formations argîlenses Vïmées.
bï Google
MINBBAIB ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS 8BRnniTmE8 301
La fig. 6 de la PI. IV reproduit un croquis que nous
avons relevé sur la face latérale de la tranchée d'un
des chantiers, et donne une idée de l'allure de cette for<
tnation : si quelques traînées telles que A et B paraissent
indiquer des dépôts alluvionnaires, la masse principale,
avec ses proéminences et ses parties rentrantes, et avec
ses différents éléments séparés par des pellicules d'oxyde
<le fer qui leur donnent souvent une certaine adhérence
entre eux, paraît plut&t correspondre à une décomposi-
tion d'une roche chroniifère en place, ou tout au moins
<le gros blocs charriés sur une faible distance ; le fer
chromé est ici contigu à une masse assez puissante d'une
argile blanche, très i-iche en magnésie, et tachée de
points rouges d'oxyde de fer, qui arrête d'ailleurs l'ex-
ploitation. Le tout est recouvert d'un manteau de la
formation ordinaire d'argile rouge, qui est parsemé de
iJébris de fer chromé, et qui contient par places quelques
■"Ognons cobaltiferes. C'est, rappelons-le, tout près de là
qu'ont lieu les exploitations de cobalt que nous avons
précédemment décrïtes.
i). — Gisements détritiques de fer chromé
DU orodpë de la bais Noo.
Au Sud-Est de Nouméa, les vallées de la rivière des
Pirogues et de la rivière Ngo se montrent encore parti-
culièrement riches en fer chromé, et des exploitations
N'y sont poursuivies d'une façon continue depuis près de
nngt ans.
Dans la première de ces vallées, elles étaient actives
il y a quelques années (snr les mines Joséphine, Chrome-
Rouge, etc.), mais aujourd'hui elles sont interrompues
parce que les minerais les plus riches, minerais du type
(lit « chrome d'alluvions », sont épuisés, et parce que l'on
n'a pas cru devoir entreprendre jusqu'ici l'exploitation des
bï Google
:j02 RICHESSES MINERALES DE LA NODVELLB-CAÛDOKIE
minerais en roche, paratt-il assez riches, qui j sont enccHV
connus ; il ne reste qu'une exploitation aujooni'hiu ouverte
dans le bassin de la rivière des Pirogues, encore est-elle
si voisine du bassin de la rivière Ngo que c'est par !a
vallée de celle-ci que ses produits sont évacués.
Dans cette demière rallée il a également été fait déjà
des extractions assez importantes, et les deux mines en
activité au moment de notre passage n'étaient pas loin
d'être épuisées, A la mine 14 Juillet, située k 5 kilo-
mètres de la mer sur la rive droite de la vallée, on a
exploité, au milieu des argiles rouges, une sorte de banc
irrégulier de " chrome d'alluTlons » d'une cinquantaïue
de mètres de longueur et d'une largeur maxima de
40 mètres; il était constitué par des fragments juxta-
posés de fer chromé très pur avec interposition de très
peu d'éléments étrangers, si bien qu'il livrait du minerii
brut à 54 et 55 p. 100 de sesquioxydo do chrome.
Après avoir épuisé ce hanc, on a encore trouvé par places
de petites traînées de minerai que l'on achève d'enlever;
on s'assure en outre, en exécutant de distance en dis-
tance des sondages à la main, qu'il n'existe pas d'autres
bancs semblables dans la couche d'aide qui est laissée
au-dessus des serpentines compactes, et qui dépasse
encore souvent 10 mètres d'épaisseur. Dans ces mêmes
argiles on a rencontré à peu de distance un peu de mine-
rai de cobalt dont on tente l'exploitation.
La mine Georges Pile, qui est située tout au fond de
la vallée, dans le cirque oii la rivière Ngo prend sa source,
a emporté des travaux plus développés, dont l'examen
est d'ailleurs instructif au point de vue du mode de for-
mation du gisement; le minerai s'étageait le long de la
pente assez raide de la montagne, entre les cotes 235 et
325, et sur une cinquantaine de mètres de largeur. Au
sommet de la montagne, ou du moins à fort peu de dis-
tance de la crête en descendant vers le versant de la
bï Google
tUNBRAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 303
rivière Ngo, on voit affleurer, au-dessous de la couche
l'argile rouge qui recouvre le sol et au milieu des ser-
pentines qui constituent le massif, une tète de roche
ihromifère constituée par des grains de fer chromé dis-
léminés dans une pâte silicatée; descendant la pente et
parcourant ainsi de haut en bas les travaux de la mine,
m voit d'abord dominer, au-dessus de la serpentine en
jlace, les blocs, à peine décomposés et légèrement
'riables, de cette roche chromifêre, ils sont recouverts
l'une faible épaisseur d'argile rouge stérile; plus bas,
'éboulis comprend à la fols des blocs serpentineux et
tes blocs chromifêres, mais à ces blocs s'associent des
fragments plus petits de roche chromifêre qui sont suW-
samment altérés pour que le fer chromé en soit aisé k
iéparer par lavage ; le tout est d'ailleurs empâté dans une
irgile magnésienne grasse, bigarrée, dont certains lits
(ont nches en grains de fer chromé. Plus bas encore les
îlocs éboulés que l'on rencontre reposant sur la roche
ious-jacente ne sont plus que des blocs de serpentine,
rénéralement altérés, et transformés en une sorte d'ar-
file magnésienne qui garde encore la couleur et la con-
iguration de la péridotite serpentinisée, maïs qui n'a plus
kucune consistance; les blocs chromifêres ne se retrouvent
ilus, même à l'état friable, mais ils font place à une tral-
lée très riche en grains de fer chromé au sein de l'argile
■ouge, traînée dont l'épaisseur atteint par places 1 mètre
;t même plus, et dans laquelle l'argile renferme souvent
plus de la moitié de son poids de grains de fer chromé.
En continuant encore îi descendre le flanc de la mon-
tagne, on voit cette traînée chromifêre s'effiler, se bifur-
luer, et se perdre en quelques petits amas de moins en
moins riches. Un tel gisement, que la fig. 7 de la PI. IV
représente, d'une manière schématique mais aussi fidèle
que nous avons pu, manifeste, d'une façon qui n'est nulle-
ment douteuse à nos veux, quelle a été sa genèse. Tan-
bï Google
^4 RICHfiSBBS U1NÉRALE8 l>B LA HOOVKLLK-C&LÉDONIB
dis que l'érosion et la décompoaitiOD de la péridtriitc
ilonnaieDl lieu k l'éboulement le long du flanc de U men-
tagne de blocs serpentûieux, les ua$ frais, les aotrei
transformés, ou devant se trausEorraer ultérieuremeDt, w
une pâte magnésienoe, et à la formation d'un mantou
il'argile rouge, les mêmes effets, s'exerçaut sur la tèt«
lie rocbe cbromifëre que l'on voit en place, et qui semble
avoir été particulièrement accessible aux actions destruc-
trices, n'oot laissé intacts, ou à peu près, que quetquet
blocs enti'slnés à peu de distance et rapidement englobés
<Iaii8 l'argile, tandis que les autres se désagrégeaient:
leurs matières silicatées étaient partiellement dissoDtei
ot partiellement entraînées mécaniquement à plus ou
moins longue distance, les griAns inattaquables et lourds
de fer chromé se précipitaient au contraire tels quels au
milieu des éléments qui formaient l'u^e rouge, et J
constituaient une traînée qui, puissante au Toisinagt
même du giRcmeut de la roche mère, s'amincissait d'au-
tant plus rapidement eu descendant que le fer chromé,
eu raison de sa densité, se précipitait et se axait plut
vite. Ajoutons que la formation argileuse et magoé-
KÎenne, loin d'être homogène comme elle le parait à
la surface, se montre boujourâ zonée et veinée de cos-
leurs variées, correspondant sans doute k 1^ présenct
dominante de tel ou tel métal dans les matériaux qui se
déposaient ; le plus souvent elle est rouge ou jauiie, mais
parfois aussi on y relève dos traînées coIch^s en vert
p&te par un peu de nickel ou bien noircies par <le l'oxyde
de manganèse; on y constate aussi la présence de traces
d'oxyde de cobalt; enfin de minces traînées de produits
Lalqueux y sont fréquentes.
Ce gisement, dont l'exploitation est presque terminée
aujourd'hui, a donné heu à l'ouverture, sur toute la Ui^
gourde la traînée chromifère qui ne dépasse guère 50 à
■60 mètres, d'une série de chantiers en gradins, qui, ^rès
bï Google
MISERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 305
avoir enlevé la couche argileuse stérile, ont permis
l'exploitation de foutes les parties chromifères friables.
On a ainsi obtenu un minerai constitué de petits grains
de fer chromé, cristaujt de 1 kg millimètres de côté en
général, empâtés d'argile en proportion de moitié à peu
près. Dans ces conditions le complément indispensable de
l'exploitation était un atelier de lavage ; il a été établi, à
3 kilomètres plus bas dans la vallée, en un point où l'eau
était assez abondante pour suffire non seulement au
lavage, mais encore à la production, au moyen d'une roue
liydraiilique, delà force motrice nécessaire, La mine est
réunie à la laverie, et celle-ci l'est au bord de la mer, par
deux sections de tramway, longues respectivement de 3
et 5 kilomètres, et qui ne sont munies que de rails en
bois ; le transport du minerai s'y fait à l'aide de che-
vaux.
Le lavage comprend d'aiiord un criblage à la maille de
J/2 centimètre, à la suite duquel on rejette toutes les
matières qui refusent de traverser cette maille, et qui ne
peuvent contenir que du fer chromé impur, en raison de la
finesse de son grain; puis on procède à un débourbage
sur une sorte de <i round-buddle », auge circulaire kfond
incliné dans laquelle touiTient des palettes conduites par
un arbre vertical, et qui est parcourue par im abondant
courant d'eau; une vanne permet de faire tombM" de
temps en temps les parties lourdes qui se rassemblent au
fond, et qui, après égouttage, constituent le minerai pur,
tenant souvent jusqu'à 55 p. 100 de sesquioxyde de
chrome ; les parties entraînées par l'eau passent dans un '
long sluice en bois où elles déposent des produits mixtes
qui sont relavés. La laverie, qui comprend trois round-
buddle, peut laver environ 4 tonnes de minerai brut à
l'heure et produire ainsi 2i' à 25 tonnes de minerai lavé
par journée de douze heures. L'exploitation, autrefois
assez active, était en diminution marquée au moment de
bï Google
306 RICHESSES MINÉBALEB DE LA NÔL'VBLLK-CALÉDOSIB
notre passage, en raison de l'épuisement des ressources
connues ; elle n'employait que 23 hommes en tout.
Un échantillon du minerai produit que nous ayons an»-
lyaé contenait :
Perte an feu 0,4
„ , . , . , ., \ Sesquioxyde de fer et alumine.. 3,8
Somme dans les acides, i ., , . „ ,
( Magnésie 0,k
i Silice S,(
, ., t Sesquioiyde de chrome M,l
'"»"""" î Prolnyd. dB ter !T.«
( Magnésie et alumine tfi
Il ne reste en activité actuellement, c<)nime exploitatioii
appartenant au bassin de la riTièire des Pirogues, que la
■ mine Alice-Lotme (Voir la /ig. 3 de la PI. IV), située
dans la vallée de la rivière Naporérédjeimé, non loin de»
sommets sur le versant sud-oriental desquels se tronvemt
les mines Bonne-Veine, la Tchaux, etc., et au pïed d'nn
col derrière leqiiol coule la rivière Ngo; c'est d'ailfenra
en franchissant ce col par nn transporteur que les mine-
rais de cette mine sont descendus au bord de la mer le
long de la vallée de larivlfere Ngo.
Le gisement de la mine Alice-Louise est le plus pas-
sant des gisements de fer chromé d'origine détritique que
nous ayons été h même d'examiner en Nouvelle-Calédonie;
il est surtout remarquable par ta hauteur verticale sur
laquelle se rencontre le minerai, comme si les fragmente
entraînés par les eaux s'étaient précipités dans quelque
gouffre profond ouvert sur leur passage. L'expIoitatitHi.
qui a lieu au voisinage du thalvceg de la vallée, s'est en
effet développée en carrière k ciel ouvert jusqu'à 28 mètres
de profondeur. Ouverte en 1895, elle se pourtuit encore
aujourd'hui avec une production de 2.500 tonnes par an;
elle aurait livré depuis le début 30.000 tonnes de minerai,
dont la teneur aurait varié de 50 ii 52 p. 100.
bï Google
MimiM» Associés A LA FORMATION DBS BEaPBWItSItë 807
Le gisement, comme nous l'aTons dit, se trouve à peu
<ie distance du thalweg d'une vallée qui, tans âtre large,
n'est cependant pas étroitement encaMsée, et les travaux
se développent dans un sol dont la surface présente une
pente Felativement faiUe. Ce sol ei^t entièrement consti-
tué par Un puissent dépôt d'argile rouge, recouvert, le
plus souvent, de grains ferrugineux, mais parfois aussi,
romme au point où l'exploitation a lieu, de fragments de
fer chromé plus ou moins volumineux. En s'enfonçant
dans le sol, en a d'abord rencoatré au mili«u de l'argile
rouge des poc^s isolées de minerai en gros fragments;
plus bas, mais toujours tians l'argile, dont la codeur varie
d'ailleurs du brun au rouge et au janne, apparaît une
couche assez constante de grain» noirs ferrugineux et man-
ganésifères plus ou moins agglomérés en rognons; puis
au-dessous viennent des traînées 4e fer chromé, en petits
grsin» le plus souvent ^ctaédriqu«s ; ces trstnées affectent
des formes peu régulières: tanMt elles sont de faibles
dimeDsions et de formes allongées, groupées en assez
grand nombre sur une hauteur de2à 3 mètres, comme le
montre la fig. 8 de la PI. IV ; tantôt ce sont des masses
plus puissantes. Plus bas la formation devient plus
ifrégulière encore, et complètement Ingarréê; elle pré-
sente, d'une façon qui ne peut guère laisser de doutes sur
l'interprétatioii à ilonner à cette apparence, l'apparence
de blo<-s de serpentine plus ou moins roulés qni auraient
subi s«r place une décomposition complète, réduisant toubi
les éléments cm produits de consistance argileuse et diver-
sement colorés de brun, de rouge, de noir, de verdAtre, etc.
Entre ces argiles bigarrées se développent et se rainitîeHt
•les amas noirs de fer chromé, tantôt en grains al»sol«-
ment coniiigus qui semblent s'être déposés dans les inter-
viJles des -Uocs rocbeex ^i devaient ensuite se trans-
former en argile, tantôt en fragments emp&té» dans une
plus ou moins grande quantité de produits siliostés
bï Google
308 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLE-CALÊDONIB
friables, paraissant provenir de blocs de roche cliromiTere
qui auraient été transformés tout comme la serpentine.
Les quantités de fer chromé ainsi concentrées sont
généralement suffisamment importantes pour justiaer
l'abatage du tout : on parvient de la sorte jusqu'à des
profondeurs d'une vingtaine de mètres, en atteignant
soit la serpentine compacte, soit un banc d'argUe rouge
que des sondages ont montré être stérile; d'autres fois
on s'arrête à une profondeur où l'épuisement des énormes
fosses creusées par l'eiploitation devient trop difficile.
C'est dans ce gite, fort irrégulier, comme on pent en
juger d'après ce que nous venons de dire, que se pour-
suit une exploitation non moins irrégulière; elle comporte
le creusement dans l'argile de fosses de formes variées,
s'enfonçant par gradins dans tous les points oii l'exploi-
tation est rémunératrice, c'est-à-dire dans les points ob
l'on arrive à extraire au moins 1 mètre cube de minerai
brut pour 3 ou 4 mètres cubes de stérile. L'exploi-
tation est parvenue actuellement à 22 mètres de pro-
fondeur-, la nature grasse du terrain protège asses bien
les excavations contre l'afflux des eaux courantes, et
ce ne sont guère que les eaux de pluie qui s'y préci-
pitent ; l'assèchement des gradins supérieurs est assnré
par des tunnels; maïs, pour les gradins inférieurs, cela
n'est plus possible, et ils ne restent découverts que
lorsqu'il ne pleut pas trop. Le minerai, abattu à la pelle
et à la pioche, est ensaché et remonté au niveau de la
surface par un treuil àbras; puisilestroulé par tramway,
sur 800 mètres environ, jusqu'au pied d'un transporteur
aérien qui lui fait franchir le col qui sépare la mine
Alice-Louise de la vallée de la baie Ngo, par oii se fait
l'expédition du minerai, et où s'en fait le lavage à la
faveur d'un cours d'eau suffisamment abondant et sur-
tout suffisamment permanent. Le transporteur, long de
2.200 mètres, ne présente pas entre ses deux extrémités
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 309
UDô difTérence de niveau suffisante pour pouvoir être
automoteur; il est actionné par une petite machine à
vapeur placée à la laverie ; celle-ci assure, comme celle
de la mine Georges-Pile, un simple débourbage du minerai
brut, qui ne rend pas plus de 50 p. 100 en poids de
minerai marchand, à une teneur variant de 51 à 52p. 100.
Le minerai lavé est descendu, par le tramway dont nous
avons déjà mentionné l'existence, jusqu'à la baie Ngo, où
il est embarqué.
La mine occupait au moment de notre passage, avec
tous ses services accessoires, environ 55 ouvriers ; elle
produisait en moyenne 230 tonnes par mois, soit à peu
près 10 tonnes par jour de travail.
E. — Autres gisements de fer chromé.
Fréquents sont, sur toute l'étendue de la formation
sorpentineuse, les gisements de fer chromé d'origine
détritique que noua avons rencontrés en parcourant la
colonie, et fréquents aussi sont sans doute ceux qui
seraient exploitables ; néanmoins, les seules exploitations
en activité au moment de notre passage étaient celles du
dôme de Tiebaghi, celles du groupe de la baie Ngo, celle
de la baie Ouié et enfin celles des environs de la rivière
de Pourina situées à une quarantaine de kilomètres au
Nord de ces dernières.
Après avoir donné quelques indications sur les premières
d'entre ces exploitations, qui sont de beaucoup les plus
importantes, puisque celles des deux derniers groupes
n"ont pas produit ensemble en 1901 plus de 1.500 tonnes
de minerai, nous mentionnerons différents autres gise-
ments que nous avons pu examiner; cela montrera bieu
que, si le fer chromé est particulièrement abondant dans
deux massifs qui sont précisément riches aussi en cobalt,
à savoir le massif du dôme de Tiebaghi, et le massif qui
bï Google
310 BfCHBsua iiiNBiU[.n db la nodvellb-«alédonib
98 dév^oppe en étoile Mitr« les vallées de b rÏTière dos
Pirogues, de la rivière tigo, dm différents ruisaaaux
qui ae jettent dans la bai» du Sud^, et de la rivïèro âœ
Lacs, it existe égademeat, «t non pas wulieinetitt à aitre
de minéral mtéressaot au point de vite g<^ogique, mais
làen comme tnînerai éTentueltemeat «xploitaMe, dans
beaucoup d'autres points ; et celii fera v<àr eu même tempK
qn'ii peut également se rencontrer dans lee eerpentioes
riches en nickel.
Nous rappelons d'abord que nous avons signalé la pvé-
sence du chrome «a roche, peut-être susceptible d'être
exploité, à Saint-Vincent dans use vaUéeoil les gisemeats
de nickel sont nombreux, et près de Bourail tout à cdtô
de la mine de nickel Iteau-Soleil, et que M. Gamier en
supputait l'exploitation au mont Dore dans le massif même
oii le minerai de nickel a ét6 trouvé pour la première
fois ; l'exploîlation du fer chromé a d'ailleurs été teott'o
autrefois iImis ce massif.
D'antre part, nous mentionnerons que nous aTons trouvé
du fer <-brofné en «bondaiice dans les saUes de la petite
ririère Pouendoti présde Népoui, {«'oveuant a^iaremiDent
de qoelque gisement plus oti moins important, et que, dans
l'une de« carrières aujoui^'lmi abandonnées de la mine
la Doni© k Kouaoua, o*i avait rencontré un filon de fer
chromé dont il avait été «battu quelques beaux blocs de
minerai. En parcourant los régions ricbos en nickel de la
haute vallée de la OtR-nglii, nous avons observé, dans
l'une des traînées relativement peu fn^quentee d'argile
pouge qui se rencontrent dans ce massif otl les pentea des
montagnes sont fort raides. un dépôt de fer chromé du
môme type que ceux que l'on expkfite sous le nom de
chrome d'alhivions ; eufln, auprès de la Dumbéa, nous
avons vu poursuivre des recherches pour nickel, pour
cobalt et pour chrome sur le môme périmètre, et, ai elles
n'avaient pas abouti à des résultats satisfaisants, elle»
bï Google
MIt49BAIS ASSOCIÉS A, LA FDBJiATlON D£S SERPENTIN^ 311
avaient néajinrfoios montré Vçxisteiice. simultanée de quaif-
tit^^ notables de minorai» des trois métaux.
F. — SjTDAXlON ^ONOHUJOl» DES EXFLOlTATIpNS
QE VSA CUfiOUB.
L@a i^Metques tlétaij^ ime i^ijs veaoas île doimer montreut
-combieu sont diverses les contons ^ao]qiq,ijes dans Les-
4},Ui^Ue8 3e trouvent les différente gisements que nous
avons signalés : «^ue le f^i; chrojné s'y repcoj^tre en roche
ou sous la forme d'éléments détritiques, les frais d'aba-
tago sont très variables avec la puissance et la régularité
4u gite, ils sont d'ailleurs toujours notablement plus
faibles d;^s le deuxième ça^ que dans le premier ; les
trais de lavage sont à ajouter aux frais d'abatage lorsque
le minerai n'est pas assez pur pour être marchand tel quel,
c'est-à-dire lorsqu'il ne lient pas au moins 50 p. 100 de
sesquioxyde de chrouiç. Les frais d'extraction proprement
dite n'existent généralement point, ils sont rçnjplacés,
comme (^us presque toutes les exploitatipus de la colo-
nie, par des frais de descente au bord de la mer, frais qui,
{;r&ce à l'emploi do plans ùiclinés aériens, sont assez
Mbles; il faut d'ailleurs y ajouter les frais d'ensarhage.
Eiiflo un élément capital du prix de revient est constitué
par les frais de transport du pied de la ipine jusqu'au
ibateau qui doit emporter le minerai : ceux-ci comprennent
presque toujours, d'une part, un trajet de plusieurs kilo-
mètres par voie de lerre et, d'autre part, un cbalan-
-da^e ; ces dépenses varient naturellement du tout au tout
■avec la situation géographique du gisement.
Malgré les variations que subissent tous ces éléments
-du prix de revient, uo^s fournissons à litre d'indication
les quelques chiBTres qui suivent et qui sont relatifs à
l'exploitation du <> chrome d'alluvions ». Pour les mines
4e fer chromé en roclie nous n'avons aucune donnée :
bï Google
312 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
l'exploitation n'en a été tentée que rarement et jamais
avec un succès durable, même au début alors ijue le
minerai valait à peu près le double de ce qu'il vaut aujaur-
d'hui, mais aussi alors que les conditions générales d'ex-
ploitation étaient plus onéreuses. Il semble cependant que
Ton puisse dire qu'à moins de conditions réellement favo-
ralbles au point de vue du lavage du minerai (înstallalion
d'une laverie travaillant dans des conditions économiques
et donnant un bon rendement) et du transport (création
d'une voie ferrée dont les frais de premier établissement
ne seraient pas trop élevés et pourraient être répartis
siu- un tonnage très important), l'exploitation d'un mine-
rai en roche, qui n'aurait pas à l'état de tout venant une
teneur commerciale, n'apparait guère comme devant être
rémunératrice. Les frais d'abatage seront en effet tou-
jours assez élevés, d'autant plus que l'on manque de bons
mineurs et que l'on est obligé d'avoir recours à des
mineurs australiens que l'on paie fort cher ; s'ils devaienl
se rapporter à un minorai ne rendant en fer chromé
marchand que moitié de leur poids, comme cela a été le
cas pour certaines tentatives, et cela après une dépense
plus ou moins importante de broyage et de lavage, le
prix de revient augmenterait immédiatement dans une
large proportion. Si, au contraire, on peut extraire immé-
diatement, d'un amas ou d'un filon d'une puissance suffi-
sante pour éviter des travaux au stérile sérieux, du
minerai marchand qu'il n'y ait qu'à expédier, il semble
qu'une exploitation doive pouvoir prospérer, et il est
vraisemblable que pareille tentative sera faite à plus ou
moins bref délai sur les beaux affleurements que nous
avons signalés.
Dans les gisements dits « d'allnvions », oii l'exploita-
tion ne comporte ([ue des travaux de terrassement dans
des terres de consistance argileuse, les frais d'abatage
sont généralement faibles, bien que la dépense d'abatage
bï Google
UINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 313
du minerai proprement dit soit chargëe des frais corres-
pondant à l'enlèveraent des terres de recouvrement et
des parties stériles entre lesquelles se trouvent les traî-
nées riches. En pratique on n'hésite pas à abattre 3 ou
i mètres cubes de ces terres pour extraire 1 mètre cube
de minerai, on va même parfois jusqu'à 5 ou 6 mètres
cubes de stérile pour i de minerai; les frais d'aba-
tage du mètre cube variant entre 1 et 2 francs, on
voit que l'abatage du minerai peut coûter en moyenne
de 5 à 8 francs par mètre cube. Exceptionnellement
un tel mètre cube de minerai brut se trouve être
marchand tel quel, il constitue alors un poids de 3 à
4 tonnes de fer chromé ; le plus souvent il doit être
lavé et peut rendre de 1 à 2 tonnes de minerai mar-
chand. Les frais d'ensachage et de descente jusqu'au
pied de la mine sont très variables, ils représentent,
comme pour les minerais de nickel et de cobalt dont nous
avons parlé ci-dessus, assez peu de chose comme frais de
main-d'œuvre ; mais ce qui intervient surtout, c'est l'amor-
tissement des installations, et celui-ci doit souvent être
réparti sur un petit nombre de milliers de tonnes, quand
le gisement est peu étendu, comme c'est le cas pourphis
d'un de ces gisements de fer chromé; en comptant une
charge moyenne de 10 francs par tonne de minerai mar-
chand tant pour les frais conrants que pour l'amortisse-
ment et l'entretien des installations, ouest, à notre avis,
à peu près dans la moyenne. Le lavage du minerai,
lorsqu'il a lieu, comporte des frais de main-d'œuvre
notables, fréquemment des dépenses de combustible
(généralement du bois que l'on peut se procurer sur place
à bas prix), et une charge d'amortissement souvent impor-
tante, surtout lorsque l'on est amené à dépenser plusieurs
dizaines de milliers de francs (nous avons déjà mentionne
combien est élevé le prix de la moindre installation méca-
nique) pour l'installation d'une modeste laverie. Ilest donc
^4 vcassau iiuiiiMUM os i^ i«oqvsL.i.B-cij.Éi>oiii£
asaâz rare que le I^v^b n^viâiuie à, vaQtoB de 10 frao^i
par tonne environ* Quant au transport à la iner. s'il a
lieu par iea routes de terr^, qtii août le plus souveat dafw
UD état d'entretien déployable, il ne colite pas moitié de
<y',75 k 1 franc par bonne kilométrique ; si, au contrée, il
alieu par tramway, I^a frais coupaD.ts es août très réduili.
aux dépens d'une charge d'aroortiasement qui, évaluée
par tonue, varie eu raison inverse de 1a quantité deniii^
rai à extraire ; en reprenant les chiffra que noua avou£
déjà donnés, de 15 â 20.UrX) francs par kilutniétEe, comme
représentant les frais d'iostallation d'uQ tran)way, Qfi voit
qu'il a y a ifUérèt k La création d'un traintiray que lors-
^lu'ou doit extraire plusieurs dizaipes de uiiUiere de
tonnes. Enfin les frais de chalandage jusqu'au bateau qui
doit emporter le minerai représentent, noua l'aTOUs dit
déjà, de 3 à5 francs par tonne.
Dans ces conditions le prix de revient par tenue de
minerai marchand peut varier, pour une exploitation nior
deste placée dans des ix>uditi<His moyennes, entre les
limites suivantes :
Abatoge (par touoe de minerai nmrcband). 5 à 10 francs
Frais d'ensachage et de descente 10 —
Frais de lavage, s'il y a lieu tO à 15 —
Frais de transport et de chalandage 10 —
Le prix d'achat en Nouvelle-Calédonie des minerais de
■chrome variant actuellement entre 50 et 60 francs la
toune, suivant la teneur, on voit que, pour une exploita-
tion astreinte au lavage du minerai, il reste peu de marge
pour réaliser un bénéfice, à moins que des conditions de
gisement favorables ne permettent d'abaisser les frais
spéciaux, ou do diminuer les charges d'amorUsaemeut par
une répartitior. des dépenses aur un grand nombre de
milliers de tonnes.
Cs dernier point est, à notre avis, un de ceux qui ne
bï Google
MINKBAIB AUOCIÈ* A LA FORMATION 0E& aBBPBNTINSS 316
-devraient pas Mxe perdus de vue, mais qui l'est trop soU"
v«iit : il y aurait fréquemment intiérët pour le propriétaire
-d'une mine à cbercher à en tirer tout ce qu'elle peut
donner, en l'aiuéBa^eaat avec soin de manière à exploiter
BMi poi seulemeoi. une petite région particuJiéreaiont
ricbe, mais ea«ore lea autres parties qui, bien que nuHus
favorisé»» par le> conditions naturelles^ pourraient être
prtae» nvec profit par ce seul fait qu'use partie dea ins-
tallations serait déjà payée par l'exploitation de la por-
tioo. \a pluericlte, et que d'autres itutallationa, teUea que
-celles de moyens de transport économiques, seraieut jus-
liMes par k' perspective de leur utilisation pour un ton-
nage aui^sant. Il faudrait, nous sommes encoi'e un» fois
«oodiiit à le répéter, que les exploitations minières
fuBseat précédées d'une étude un peu sériouve du gise-
nteat, puis efttre[»'iae3 et poursuivies avec plus de pré-
voyaoce qu'elles ue le sont géoéraleioeat, et c«la par un
■ooiQcessjioeaaire soucieux d'exploiter en bon père de fa^
mille la nchesse qui lui a été concédée, plutôt que par
un amodiataire à court bail qui cherche seulement k
réaliser dans le plus court délai possible un certain bé-
néfice.
Quant aux délK>ucliéa du ferclu-oinéiils paraissent assez
bien aaawéa et, autant <4ue l'on peut prévoir quelque
-choae au Kujet d'un minerai dont les gisements actuelle-
ment exploités sont peu nombreux, sa valeur parait ap-
pelée à se maintenir aux environs du cliiffre qu'elle atteiut
-actueUement.
Lorsque, il y a quai-anle ans bientôt, M. Gamier songeait
le premier à l'utilisation du fer chi'oiué de Nouvelle-Calê-
-donie, il en Hxait la valeur à 3iX) francs la tonne rendue
•eafrance, et indiquai! qu'il pourrait en être vendu plusieurs
anlUera de tonnes par an ; à cette époque les usages du
/er chromé étaient à peu près re^^treints à la fabrication des
bï Google
816 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOU\'BLLE-CALBI>ONIB
produits chimiques. En 1875, M. Heurt«au évaluait k
4.000 tonaes laconsommationdiifer chromëen France età
150 ou 1 60 fraacs la tonue la valeur qu'aurait sur le marché
européen le minerai de Nouvelle-Calédonie. En 1880,
lorsque ont eu heu les premières exploitations sérieuses, les
conditions du marché étaient à peu près les mêmes, et la
statistique officielle tïxe à 100 francs la valeur sur place
de ce minerai, qui était grevé de 50 à 60 francs de fret
jusqu'en Europe.
Depuis lors, la demande de fer chromé s'est notablement
acrnie, non seulement en raison d'une augmentation de la
consommation des chromâtes comme oxydants, de l'alim
de chrome et des produits colorants à hase de chrome,
mais surtout en raison de son double emploi dans la métal-
lurgie à la fois pour produire le ferro-chrome nécessaire i
la fabrication des aciers durs au chrome (pour blindages,
obus de rupture, aciers outils, etc.), et pour la fabrication
de certaines soles de fours basiques. On consomme actuel-
lement, croyons-nous, dans le monde entier, environ
20.000 à 25.000 tonnes de fer chromé riche pour la
fabrication des produits chimiques, plusieurs milliers de
tonnes de ferro-chrome, tenant aux environs de 70 p. 100
de chrome métal, pour la fabrication dos aciers durs, el
un assez grand nombre de milliers de tonnes de fer
chromé relativement impur pour la fabrication dos soles.
A cet accroissement de consommation a correspondu
l'ouverture de différentes explottntions, et un abaissement
des prix. La valeur du fer chromé calédonien sur place,
évaluée parla statistique de l'exportation, s'est rapidement
ahainsée de 100 francs la tonne (en 1880) à 60 francs (en
1894), et s'est depuis lors maintenue assez régulièrement
entre 50 et 60 francs. Le for chromé vaut actnellement
eu Europe aux environs de l:iO francs la tonne pour une
teneur de 50 p. 10<J de sesquioxyde de chrome. Au
moment de notre séjour dans la colonie, les marchés y
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 317
étaient conclus sur les bases suivantes pour le minerai
rendu rous palans et ensaché : la teneur minima à laquelle
Je minerai était accepté était celle de 50 p. lOOde ses-
quioxyde de chrome, la tonne était payée, suivant les
conditions de détail des marchés, de 48 à 50 francs;
d'autre part, une plus-value de 2'%50 par tonne était ac-
cordée pour chaque unité pour cent de sesquioxyde de
chrome en plus de 50,
Ce chiffre de 50 p. iOi3, regardé comme nécessaire
pour la fabrication de certains produits chimiques, n'est
pas une limite inférieure indispensable pour que le fer
chromé soit utilisable pour la fabrication des ferro-chromes
par exemple, mais c'est celle qui est pratiquement fixée
actuellement par tous les marchés en Nouvelle-Calédonie,
et l'on ne peut guère espérer la voir s'abaisser notable-
ment, étant donné que le minerai est ensuite grevé d'un
fret presque égal à sa valeur sur place. D'ailleurs, pour
un minerai relativement facile à trier et à laver, comme
le fer chromé calédonien, ce n'est, pour l'amener k cette
teneur, qu'une question de soin dans l'exploitation et de
création d'installations de lavage, peu compliquées d'ail-
leurs, puisque, comme nous l'avons indiqué ci-dessua, le
minerai lourd contenu dans les gUes, soit en roche, soit
d'alluvions, parait être du fer chromé très riche en chrome.
Quant aux impuretés qui le souillent, nous avons déjà
dit que, dans les gites dits d'alluvions, ce sontsurtout des
pellicules d'oxyde de fer et des traces d'argile rouge,
qui, rappelons-le, est composée surtout d'oxyde de fer,
de magnésie et d'un peu d'argile, et que, pour les gise-
ments en roche, ce sont des silicates alumino-magnésiens.
Diverses analyses qui ont été publiées montrent que,
pour les minerais enrichis, ces impuretés se réduisent
gurtout à de la silice et à de l'oxyde de fer. M. Garnier
donne dans son mémoire de 1867 (*), pour un minerai de
ntoc.c
., p. 83.
bïGoO<^l
318 ttlCHSWES UirtÉRALES DE LA NODVBLLB-CAlinMinB
choix, l'analyse que nous reproduisoDs ci-desaooB avor
le n* 1 ; nous en rapprochons lea aBalyses qoe noos
avons faites et que boos aTona citée» ci-dessus ; elles ae
rapportent : le n* 2, à on bel échantillon de fer chromé
en roche, sensiblement pur, ramasse sUr rafflenremeat
de la mine Anna-Madeleine (baie du Sud) ; le n' 3, â on
échantillon de fer chromé d'alluTÏoa», UTé, prodoit par
]a mine Georges-Pile (baie Ngo], et le n*4, à an écfau-
tillon de minerai impur (petits grains de -fiR* chromé
noyés dans une gangue silicatée) ftrorraant de te maet
Chromière, près de Saint-Vincent.
113 4
Sesquioiyde de chrome 61,333 «8,M S8,10 SZ,m
Protoxyde de fer 30,6 n,l« 27.» »,«
Alumine 0, 1 1 4 3,00 3,80 4^
Magnésie 0,012 11,10 3,20 8,60
Silice 4,625 » 5,10 4,»
On comprend par là que les minerais actaellement pn>~
duits et «mnus en Nonvelle-Calédoaîe, avec ieor tenear
élevée en chrome et leur faible proportion d'impuretés «a
dehors du fer, soient très appréciés à la fois poar la fa-
brication des produits chimiques et pour ceUe des fsm-
chromes ; leur étal palvéralent les rend mm^ propres à
la fabrication des soles de fours basîqnes, où l'on n'eut-
ploie qu'exceptionnellement des pisés et des briqw»
artificielles, pr^rant généralement les blocs natarsls.
11 nous reste à donner quelques int^catnns snr les con-
currents de la NouvelIe-Galéd<Miie potïr l'approviaiomBe-
ment du monde en fer chromé.
D'après tes tableaux statistiques publiés dans Tkt
Minerai Induslry, les quantités de fer chromé explutéee
dans tes dentièrea années jusqu'en 1900 par les différents
pays auraient été les sinvantes :
bï Google
UINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DiÉS SERPBfrrttmi 919
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!M«i.l
3.Sa
le
8.283
«.74H
Mm.1
48.777
Cette statistique n'eut petit-ôtre pas abiolutnent com-
plète, spécialement en ce qni concerne la Turquie d'Asie^
ob une partie importante du minerai exploité échbppeniit
aux droit» et en m&me temps à la statistique.
Quoi qu'il en soit, la Nourelle-Calédonie a été pendant
toutes ces dernières années l'un des deux on trois plus
importants, lorBqu'ellen'était pas le plus important, des-
pays producteurs de fer chromé, et sa production a aug-
menté encore de plus de moitié de i900 à 190f
{17.649 tonnes en 1901) pour retomber, il est vrai, à
10.28i tonnes en d902; elle fournit à elle seule environ
le quart de la consommation totale du monde.
Il semble, d'après les renseignements très incomplets
que nous possédons, que ce ne soit qu'en Asie Mineure et
dans l'Oural que l'on trouve des gisements de fer chromé^
qui soient dans des conditions naturelles comparables k
celles des gisements de la Nouvelle-Calédonie ; si ces der-
niers ont le désavantage de leur éloignement et des con-
ditions industrielles peu favorables du paya, ceux de
l'Oural sont astreints à de longs transports par voie de
terre, et ceux de l'Asie Mineure, situés dans un pays oii
les entreprises industrielles sont singulièrement malaisées
k conduire d'une façon régulière, ont eux aussi leurs dif-
ficultés spéciales ; d'autre part, si pour la Nouvelle-
Calédonie on ne peut guère espérer voir le fret s'abais-
ser encore beaucoup, il y aurait beaucoup k faire pour
remédier aux djftlcultés résultant de la situation indus-
bï Google
320 RICHESSBS MINÉEALBS DB LA NODVEI.LE-CALÉDONIB
trielle générale de la colonie, comme noua le ferons
ressortir dans ce qui suit.
' Nous croyons avoir suftîsanimeut montre combien
nombreux scot les gisements de fer chromé en Nouvelle-
Calédonie, combien beaucoup d'entre eux sont favorises
parles conditions mêmes de gisement, et combien il serait
possible d'en tirer un meilleur parti le jour où on les
exploiterait avec des vues plus larges.
Nous ne doutons donc pas que l'industrie du fer cliromé,
qui a pris un beau développement ait cours de ces der-
nières années et qui a représenté un chiffre d'affaires de
plus de un demi-million, atteignant même près de un mil-
lion en 1901, ne soit appelée à uu essor plus large, et ne
puisse, pendant de longues années encore, apporter un
important appoint à la prospérité de l'industrie minière
de la colonie.
bï Google
CHAPITRE III.
LES iaH£RAIS SE PEA.
' Indications générales.
Nous ne pouvons pas terminer ce qui a trait aax mine-
rais associés à la grande formation serpentineuse de la
Nouvelle-Calédonie sans faire mention des quantités
énormes de minerais de fer qui sont associées à cette for-
mation ; leur abondance ne saurait passer inaperçue aux
^eiix de ceux qui circulent dans la colonie, et aussi bien
M. Garnier que M. Hourteau y ont consacré une partie de
letirs études sur les rifliesscs minérales de la colonie.
M. Garnier, dans son mémoire de 1867 (*), s'exprimait
ainsi : « Lorsque l'on voit ces montagnes entières de fer
hvdroxydé s'élever au bord de la mer, dans le fond de
ports sûrs, on se demande pourquoi les navires du com-
merce qui quittent toujours la Nouvelle-Calédonie sur
lest ne viennent pas chargés de ce minerai, qui peut avoir
une valeur agsez élevée » ; il ajoutait que l'essai par voie
sèche de ce minerai avait donné un culot d'une fonte
blanche assez tenace indiquant une teneur dfc 51,30 p. 100
<le fer; il mentionnait enfin que le minerai tient toujours,
disséminée dans sn masse, une certaine quantité de chro-
raate de fer.
M. Heurteau (") signalait la présence en NouvcUf-
.vCîooglc
33S RICHESSES MINÉRALES DE LA NODYELLE-CALÈDONIE
Calédonie du fer oivdé et hydroxydé sons diverses
formes, d'abord au milieu des terrains anciens du Nord
de l'île, et surtout dans les serpentines ; il notait la forte
teneur en fer des argiles magnésiennes produites par la
décomposition des serpeiitines, mais s'arrêtait uniquement
aux amas de blocs scoriacés de fer hydroxydé chromifère
que l'on rencontre sur le flanc des montagnes. Faisant
observer qu'on ne peut songer à installer des hauts
fourneaux et à fondre le minerai sur place, et constatant
que l'Australie no peut lui offrir un débouché, et que, d'autre
part, » un minerai de fer, quelles que soient sa richesse
et sa pureté, ne peut supporter les frais de transport jus-
qu'en France que s'il possède quelque propriété spéciale
qui le fasse rechercher par les usines pour être employé
par elles on quelque sorte comme réactif et mélangé à
d'autres minerais " , il insistait sur ce fait que les minerais de
la Nouvelle-Calédonie qu'il avait fait analyser en France
tenaient des proportions très notables de chrome, et il
concluait qu'il serait intéressant de faciliter des essais
d'emploi en France du minerai chromifère de la Nouvelle-
Calédonie.
Nous n'avons pas connaissance que de tels essais aient
jamais été faits, et, si l'on a souvent parlé, depuis lors, des
richesses considérables que représentent ces amasde mine-
rai de fer, on n'a jamais rien fait pour tenter leur mise en
valeur; il a seulement, à une certaine époque, été pris
des peniiis de recherches pour minerai de fer sur des
étendues considérables au voisinage de la baie du Sud,
dans un Imt qui était vraisemblablement tout autre que
celui d'y faire des recherches ou d'étudier sérieusement
l'utilisation des minerais' qui s'y rencontrent.
Bien que nous ne voyions pas pour le moment, et raênie
pour un avenir assez lointain, la possibilité de tirer un
parti quelcoiupie de ces minerais, nous en décrirons
hricvenient les gisements.
bï Google
UINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 3S3
Le fer ne cunstitue, ea somme, qu'un élément presque
decondaire des péridotites et des roches serpentineusea
auxquelles elles donnent naissance, puisque l'analyse n'y
décèle que de 5 à 12 p. 100 de seaquioxyde de fer,
soit seulement de 3,5 à 8 p. 100 de fer métallique, alors
que ta magnésie constitue de 3 à 4 dixièmes du poids
total de ces roches, et la silice de 4 à 5 dixièmes; mais le
fer se concentre très fréquemment sous des formes que
nous pouvons ramener à trois types distincts : les blocs
scoriacés d'hématite rouge, les grains d'hématite plus ou
moins hydratée, et les amas de sesquioxyde de fer
hydraté pulvérulent associé à de la silice, de l'argile et
de la magnésie, que nous désignons sous le nom d'argiles
rougea,
B. — Descriition des principaux types de minerais.
Les blocs scoriacés d'hématite rouge se rencontrent,
avec des dimensions très variables, sur le flanc et sur les
crêtes des massifs de péridotite, et parfois jusqu'à leur
pied. Ils sont extérieurement d'une coloration foncée et
mate due aux actions atmosphériques ; brisés, ils donnent
une cassure irrégulière à aspect bleu métallique, quelque-
fois il reflets rouges, et leur poussière est rouge ; ils sont
peu ou pas magnétiques, et l'analyse montre qu'ils sont
essentiellement constitués d'hématite rouge ou sesquioxyde
de fer anhydre. Leur forme est irrégulièro, et ils se
montrent caverneux ou vacuolaires dans toute leur masse,
mais la matière dans laquelle s'ouvrent les vacuoles est
de l'hématite dure et compacte; leurs dimensions varient
de celle du poing, et même moins, à une fraction impor-
tante de mètre cube; les plus gros blocs se rencontrent
généralement au sommet des montagnes ou au voisinage
des sommets; ils sont tout particulièrement abondants
sur les plateaux et sur les pentes douces recouvertes
bï Google
324 RICHBSSB8 HINBBALB8 DB LA NODVELLE-CALSDOHIE
d'épais manteaux d'argile. Leur présence est en particu-
lier si constante sur les crêtes que, depuis des temps
reculés, les Canaques ont coutume de s'en servir pour
élever sur les crêtes, aux croisements des sentiers, des
pyramides ou des amas de ces blocs servant à la fois de
repères et de fétiches. Nous avons noté la présence
d'amas particulièrement puissants de ce genre de mine-
rais sur les pentes douces que suit la route de Nouméa à
Prony pour descendre vers Prony, dans le massif du mont
Kougouhaou, à la baie de Bâ, au dôme de Tieba^i, et
même sur presque toutes les montagnes de la formatioa
serpe ntineu se. Nous ignorons d'ailleurs complètemeut
quel peut être le développement de ces gisements en
profondeur, puisque nous ne pouvons même pas dire si
les blocs que l'on rencontre sont uniquement des blocs
volants, ou si certains d'entre eux ne seraient pas les
tètes de filons uu d'amas.
Le mode de formation qu'il cjjniient d'attribuer k cc-s
blocs d'hématite est, en effet, loin d'être certain :
M. Hourteau, rapprochant la grande abondance de ces
blocs tout autour de l;t baie du Sud de l'existence encore
actuelle de sources thermales dans la région, déclare que
les minerais de fer paraissent y avoir été déposés par des
sources minérales ('); d'autre part, il indique que les
blocs de fer do l'île Ouen pourraient bien provenir de la
destruction du chapeau ferrugineux d'un filon d'euphotide.
Nos observations personnelles, qui, en dehors de l'examen
même des gites de nickel, cobalt et chrome, et surtout
des gites exploités on vraisomblablementexploitaMes, ont
nécessairement dû être très restreintes, faute de fempi',
ne nous permettent pas de présenter d'argument décisif à
l'appui de l'une ou de l'autre de ces théories ou de tonte
autre. Nous aurions cependant, pour notre part, beau-
(•) toc. cU.. p. 38S.
bï Google
HIHERAI8 Al;SOCIB& 1 LA FORMATION DES SERPENTINES 325
coup de peine à admettre que ces énormes quantités
de blocs d'hématite puissent provenir de la simple alté-
ration superficielle d'une partie des roches de la for-
mation serpentineiise : c'est là une idée qui se présente
immédiatement à l'esprit, nous en convenons, mais, en
examinant les rhoses de plus près, on reconnait qu'il
est l>eaucoup plus vraisemblable qae ce soient les argiles
roupes qui représentent relui des éléments de la décom-
position actuelle des péridotites où s'est concentré ie fer
qui y était contenu : et il nous parait bien difficile d'ad-
mettre qoe des roches rfont la teneur moyenne est de
8 à 9 p. 100 de ses^uioxyde de fer, avec une densité
voisine de 3, aient pu, en perdant leurs éléments essen-
tiels, siliceet magnésie, et sans rint«rveniion d'importants
phénomènes métamorphiques, donner naissance k des blocs
souvent énormes ayant une densité apparente (cavités
comptées dans le volume) de 4 à 5 et constitués, jusqu'à
concurrence dii 80 ài(Op. 100enpoidB,pardusesquioxyde
de fer. Une telle transformation ne serait possible qu'en
supposant un déplacement canipletdu fer avec dissolution
de cet élément, ce qui revient à l'hypothèse de la formation
par des sources minérales sur laquelle nous reviendrons,
M. Heurteau invoque, il est vrai, non pas la décomposi-
tion des péridotites, qu'il désignait sous le nom de serpen-
tines, mais celle de filons d'euphotide^ mais, d'une part,
nous n'avons précisément pas rencontré 'Je filons d'eupho-
tide dans les points oii les blocs d'hématite sont le plus
abondants, et, daufre part, si l'ouphotide peut contenir
des pyroiénes tenant plus de 8 à 9 p. 100 de sosquioxydo
de fer, la magnésie est vraisemblablement toujours doini-
Bante dans ces pyroxènes comme elle l'est dans tous les
silicates ferro-magnésiens que nous avons rencontrés eu
Nouvelle-Calédonie, et, en outre, la silice est d'autani
plus abondante qu'elle apparaît aussi dans les feldspaths ;
il en résulte que les raison-s que nous donnons ci-dessus
bï Google
326 RICHESSES MINERALES DE LA NO0VBLLE-CA1,EDON1E
pour ne pas admettre que les hématites en questioa pro-
viennent de l'altération de péridotites nous paraissent toal
aussi sérieuses pourn'en point faire chercher l'ori^ÎDe dans
la simple décomposition superficielle de roches moin^
basiques, mais peut-être un peu plus ferrugineuses, qui
s'y rencontreraient en Dlons. Nous ne croyons pas d'ail-
leurs que de semblables formations d'hématite aient jamais
été reconnues pour avoir une pareille origine ; les blocs
en question diffèrent en effet essentiellement de tout ce .
que l'on rencontre d'habitude dans les chapeaux de fer
des filons, môme lorsque ceux-ci sont constitués par âe^
roches ou des minerais riches en fer.
L'hypothèse suivant laquelle ces minerais de fer auraient
été déposés par des sources minérales, chaudes ou non,
serait assez séduisante, d'autant plus qu'on trouve parfoi:'
ces blocs ferrugineux groupés autour de crevasses ou de
cheminées plus ou moins circulaires s'ouvrant dans les
argiles, et dans lesquelles on pourrait songer k voir la
trace des émissaires de sortes de geysers dont les eaiiï
auraient contenu le fer en dissolution. Mais l'aspect même
de ces minerais, qui, bien que présentant dans leur masse
de nombreuses vacuoles, sont en somme formés d'hématite
compacte et ne sont nullement concrétionnés, est loin de
confirmer pareille hypothèse, et nous n'avons relevé nulle
part, comme pour les minerais de nickel et pour ceux Jf
cobalt, des apparences accusant nettement le caractère
de dépôts de sources, tels que ceux que nous voyons
actuellement se former sous nos ^eux.
Nous avons dit au contraire que, du moins en certains
points {dôme de Tiebaghi, par exemple), les relations de
gisement entre l'hématite et le fer chromé nous ont fait
supposer que les blocs de l'un et de l'autre minerai pro-
venaient d'un même gisement, amas ou filon, constitué
originairement de fer chromé et de magnétite, avec ou
sans interposition de gangue, et que les blocs caverneux
bvGoogIc
UINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 327
d'hématite représenteraient simplement les chapeaux plus
on moins rongés et oxydés des amas de magnétite ; nous
avons en outre indiqué k l'appui de cet1« manière de voir
(jiie les ciirrosions extérieurt^s de ces blocs nous ont paru
parfois indiquer la forme d'anciens cristaux ocfaédriques
de magnélite, qu'on retrouve des fragments attirables à
l'aimant au sein do ces blocs, et enfin ([ne l'attaque par
l'acide chtorhydrique laisse inattaqiiés des grains de
fer cliromé qu'il serait difficile de regarder comme a^ant
également été déposés pjirdes eaux minérales. Tout cela
nous porte à attribuer la formation du gisement primitif
d'oii dériveni ces blocs à une ségrégation ignée beaucoup
plutôt qu'à des sources niinéndes.
Les quelques analyses qui suivonl monireni entre quelles
limites varie lu cDiiipusititin do ces hénialites : les deux
premières tronlre elles onl été exécutt'os à l'KcoIe des
Mines de Paris, par M. Moissenet, sur des échantillons
rapportés par M. Heurtcau{'), la troisième a été faite
au laboratoire des forges de Saint-Nazaire sur im échan-
l-illon de M. Garnier et que celui-ci considérait comme du
tout venant ("), laqualiième se rapporte à un échantillon
typique que nous avons re<-ueilli à la baie Bâ au voisinjige
<iu gisement de cobalt décrit ci-dessus et que nous avons
analysé au laboratoire de l'Kcole dcrf Mines de Sainl-
Étienne.
(') HtunTEAU, loc. fit,, p. Ï86.
('*) Garnibr, Mémoire sur tes ghemeiili de o
•1 la Nouvelle-Caléilonie {fiociéli 'les Ingénient
I" semestre, |i. 266).
bï Google
tSa KlCBEfrâES MLVÉBALIS DC LA NOCTELLB-CALÊOONIX
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^'-* 5^ :«0 »'*■*' 1.45
P«r4XTd« d« r^T 6*.W n M »,«
Okt<I« rouçe d»- ■MgtB^r*. £ 0.60 K.06 trw*
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Aiuoiine --«f" »»■ 1,10 0,7
Chaui — — 0.10 0,i
'■aïnêsie — — 0,10 t™»
Acide pbO^phoriqnC kc *mt mm 4Êaà 0,06 0.I3T
Cblomre de sodium a.imiàkL O.M — —
Aci Je iulfarique O.W 0."0 ««« O.OW
Perte par calcJDaliOD 16,60 14,30 10,30 1.15
Nous ajoiiteroDs. en ce qui concerne le dernier éohantii-
loii. '(u'il semblait parfaitement pur de tout mélange d'ar-
f[i]o. ou d'autres matières étrangères. qu*il donnait une
<-as!>ure franrlie d'un bleu métallique, et qu'il se réduisait
eu mie p'.ucsière rouge, .\ltaquéparracide chlorbydrique
concentré et chaud, il laissait un résidu de 5.5 p. 100
ronstitué essentiellement de silice et de fer chromé; son
anaivse élémentaire pourrait être représentée ainsi qu'il
suit :
Hématite ronge 88,1 p. iW
Fer chromé 3,3 —
Oxyde de manganèse traces
Oxyde de chrome soluble dans l'acide chlorbydrique. 4,2 p. 100
Silice, acide tilanique, argile, chaux, etc 3,55 —
Humidité 1,43 —
Les chiffres précédents montrent que les hématites de
Nouvelle-Cil lédotiie constitueraient de bons et riches
minerais de for, puisque leur teneur varie de 50 à 60 p. 100
de fer métallique ; elles présentent en outre la particula-
rité d'être chargées de chrome.
A côté des gros blocs d'hématite on rencontre, sur les
pentes des massifs serpentineux qui ne sont pas trop
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A [A. FORMATION DES SERPBNTIMES 329
abruptes pour empêcher la foriiiatioo de tout dépôt le long
de ces pentes, des lits sonventtrès épais et extrêmement
étendus de grains de minerai de fer de la grosseur d'un
pois a peu près; on a souvent désigné cette catégorie de
minerais sous le nom de fer pisolithique, nom que nous
ne croyons pas devoir adopter, car ces grains n'ont des
fers pisolithiques connus dans nos région» que la dimen-
sion, n'en ayant ni la forme, ni l'aspect extérieur, ni la
composition. Rugueux à la surface et recouverts d'une
couche d'un millimètre environ de fer hj'droxydé plus
ou moins pulvérulent, ils se montrent intérieurement cons-
titués d'hématite rouge et paraissent très évidemment
être des débris de blocs d'hématite, descendus générale-
ment plus bas sur les pentes de la montagne que les blocs
intacts, et ayant, du fait de leur division, subi plus qu'eux
l'effet de l'air humide qui a transformé extérieurement
l'hématite rouge en hématite brune.
L'analj'se d'un échantillon de ces grains ferrugineux
provenant des pentes du massif de péridotite de la mine
Hasard à Tomo nous a donné les résultats suivants :
Perte au feu
i Silice )6,2 \
Alumine 1,28 j
Sesquioxyde de fer 0,57 f
. i>viuci.»iviujuiiiju^ . Oxyde 1*00)» derasoga- i
j nèse 0,9 1
I Magnésie 0,25 I
; Silice 0,55 j
l PeroxyJe de fer 64,25 I
l Oxyde rouge de jiKunga- I
„ . . . , 1 ahaa 0,2 f
Solubl.d.n. / Se.,«io.id.d.chrm.. 2,0 \
'■"''""•'■''l'*"!»'J0.yde<l. Bick.l 0,» I
f Alumine 3,65 |
I Chaux 0,8 1
Magnésie 0,15 1
bï Google
330 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOtJVELLB-CALÉDONIE
AVALISE ËLilIBKTAlRE
Silice 16,73
Fer 45,37
Manganèse 0,79
Chrome 1,36
Oxygène combiné aux métaux 20,60
Alumine 4,93
Chaux 0,8
HagDésie 0,4
Eau 8,8
Un tel minerai, tenant après calcination 49,75 p. 4(W
de fer métallique, serait encore un minerai d'une bonne
richesse ; aucune impureté ne s'y montre en quantité plus
gênante que dans l'échantillcm n''4 du tableau qui précède;
le chrome y est en quantité notable, c'est un point sur
lequel nous reviendrons.
Enfin des amas excessivement importants d'une forma-
tion rouge, pulvérulente, grasse, imperméable, et pluson
moins plastique, s'étalent sur toutes les pentes douces
des massifs serpcntineux et sur tous les sommets qui no
sont pas trop abrupts, et se développent en outre dans les
différentes « vasques u qui se creusent entre les saillies
des rochers de péridotite plus ou moins altérée.
Ces amas, assez fortement hydratés, sont essentieliemeul
constitués d'oxydes de différents métaux parmi lesquels
domine le fer, accompagné d'un peu de manganèse, <Jp
nickel et de cobalt ; ces oxydes sont associés à de la silice,
à de l'argile et à de la magnésie ; le tout englobe
en outre différents débris minéraux comprenant principale-
ment du fer chromé et de l'enstatite plus ou moins altérée.
Cette formation est d'ailleurs loin d'être homogène, elle
est parfois nettement bigarrée, d'autres fois elle présenio
des couleurs variant du rouge orange au rouge violart' :
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 331
certains lits sont particulièrement riches en silice au point
de constituer plutôt des sables, d'autres sont particulière-
ment ocreux, d'autres enfin plus nettement argileux.
La formation est généralement recouverte, et partielle-
ment mélangée, des grains d'oxyde de fer que nous venons
de mentionner; elle contient souvent de véritables lits de
fer chroiné, constituant non seulement les gisements
exploitables que nous avons dt^crits, mais aussi des con-
centrations beaucoup moins avancées; elle englobe en
outre les rognons cobaltifères et manganésifêres qui
constituent les minerais de cobalt.
On aura une idée de la constitution chimique de ces
masses d'après les résultats des analyses suivantes : les
deux premières sont rapportées par M. Garland(*), la
troisième a été faite par M. Moore au laboratoire du ser-
vice local à Nouméa sur un échantillon d'un banc spéciale-
ment ocreux exploité comme ocre auprès de la baie du
Sud, les quatrième et cinquième ont été exécutées par
nous-mènie sur des échantillons provenant, l'un de la
mine Hasard à Tomo, choisi particulièrement argileux,
l'autre de la mine des Boniets à Tliio, pris au voisinage
immédiat d'un gisement de nickel exploité.
Silice
i8,42
12,45
5,88
37,1
8,9
Sesquioxyde
de fer
69,30
66,36
73,66
36,5
63,8
0,45
5,31
3,0
Oiydes de
nickel et de
cobalt . . .
1,64
3,14
0,98
"
1,7
"
■'
Magnésie et
»yde de man-
ganèse...
0,39
5,35
0,74
2,6
6,7
Sesquioxyde
de chrome..
,y
2,13
2,1
Eau
9,80
i2,:o
li,02
ïio.r,
13,9
e Mining and Mflallurgi/, p. 121 à 148; 1S94.
bïGoo<^L
332 RICHESSES UINEBALBB DE LA NODVBLLB-CALEDOXIE
Le dernier échautillon présentait l'analyse immédiale-
Buivante :
1 Sesquîoxyde de fer «l.fl
Eléments solubles i Magnésie 4,S
dans les acides. 1 Silice 0,9
' Oxydes de nickel et de coball 1,7
! Enslalile altérée !.8
iDSoluble [ Fer chromé 3,1
' Argile hydratée et silicates divers. 11,0
Eau éliminée par calcination légère 13,1
La teneur en fer métallique de ces différents échantil-
lons resstirt respectivement h 48,î)l p. iOO — 46,45
p. 100 — 51,56 p. ICM), — 25,55 p. 100 — et 44,G&
p. 100 à l'éUt cru, et à 53,78 p. 100 — 53,20 p. 100 —
57,94 p. 100 — 32,14 p. 100 — et 51,39 p. 100 après
calcination; ils constitueraient donc encore le plus sou-
vent de vcritables minerais de for.
Ajoutons qu'il existe encore beaucoup de fer dans les
formations ancionnes du Nord de la Nouvelle-Calédonie,
comme l'avait indiqué M. Heurteau, et que l'on y a ren-
contré certains affleurements qui signalent peut-Mre des
filons ou des amas de minerai de fer d'une certaine
importance. C'est ainsi qu'on nous a montré des échan-
tillons provenant du sommet du Tanou (ligne de (Tête
eiitro le Dialiot et la rivière de Koumac) constitués de
belle hématite avec gangue de quartz.
C. — Utilisation industrielle des minerais db fbf
DE LA NoUVELLE-OaLÉDONIB.
Les indications qui précèdent suffisent à montrer
qu'il existe dans la colonie des ressources très impor-
tantes en minerais de fer, d'une richesse parfaitement
suffisante, soit crus, soit après calcination, pour pouvoir
bï Google
MINERAIS ASSOaiS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 333
■être employée à la fabrication de la fonte; les impuretés
ffénéralement à redouter dans les minerais de fer ne
paraissent pas y exister en proportion nuiï^ible, tout au
pins quelques-uns d'entre eux sont-iU chargés de magné-
sie. Mais ils renferment, d'une façon constante et en pro-
portion notable, du chrome et souvent un peu de nickel, ce
qui ne serait pas sans être fort f^ènant pour une fabrica-
tion courante, si ces métaux ne s'éliminaient pas dans le
laitier : le chrome n'y manquerait sans doute pas, puisqu'il
est toujours difficile dans la fabrication des ferro-chromea
d'éviter qu'il n'y passe en très grande abondance ;
pour le nickel il n'en serait peut-être pas de même. Une
telle question ne saurait d'ailleurs mieux être élucidôe
que par des essais dans les conditions de la pratique. Si
ces deux métaux passaient d'une façon sensible dans les
fontes, el de là dans les fers et aciers, ils seraient sii-;-
ceptibles de donner à ces proilnits des qnaUtés excop-
tioDuelles, très précieuses pour certains usages, mais fort
gênantes pour d'autres ; en outre, leur présence dans le
métal rendrait son travail beaucoup plus difficile. Il y
aurait donc peut-^fre déjà, du fait de la présence du
chrome et du nickel dans les minerais de fer de la Nou-
yelie-Calédonie, une gône pour leur emploi courant.
Si, laissant de ci')té cette difficulté, qui ne serait sans
doute pas un obstacle absolu à leur emploi, on exa-
mÎDe quels sont les débouchés qui pourraient lenr élre
offerts, on constate, comme le faisait il y a vingt-huit
ans M. Hcurteau, qu'ils sont nuls. Malgré un certain
développement industriel pris par la colonie depuis cette
époque, on ne peut, pas plus aujourd'hui qu'alors, songer
à la création d'une industrie du fer en Nouvelle-Calédonie ;
nous avons suffisamment fait ressortir la difficulté d'or-
ganiser la fusion sur place du minorai de nickel, pour
lequel il s'agit de réaliser une économie de fret de près
de 40 francs par tonne par une seule opération métalhir-
bïGoQi^l'
334 RICHE8SBS MINÈKALBS DB LA. NOCVELLE-CALÉDONIB
gique, pour que l'on comprenne que la production dea
fers et aciers commerciaux se heurterait à des difficultés
très nombreuses; leur prix de revient serait donc vrsd-
semblablenient très supérieur à celui des produits impor-
tés d'Europe; d'autre part, la fabrication d'un produit
dont la valeur n'est pas plus élevée que la fonte, en vue
de l'envoi en Europe, n'est pas non plub possible, surtout
dans un pays où le bon charbon sera toujours assez cher.
Pourrait-on expédier les minerais calédoniens en Aus-
tralie? Cela ne parait pas davantage possible; il n'existe
pas encore d'industrie du fer et de l'acier en Australie,
bien que l'on songe sérieusement à en créer une. Mais,
en vue d'une semblable création, des recherches ont été
faites, surtout en Nouvelle-Galles du Sud oii se trouvent
de beaux gisements houillers, et elles ont abouti à la
découverte de nombreux et importants gisements de fer,
qui pourraient sans doute fournir des minerais de qualité
suffisante à des prix notablement plus bas que ceux des
minerais que l'on pourrait amener de Nouvelle-Calédonie,
et qui seraient grevés d'un fret de 10 à 12 francs. Ajou-
tons d'ailleurs que, n'en fût-il pas ainsi, par exemple au
cas oh il deviendrait possible de combiner des expédi-
tions de minerai de fer de Nouvelle-Calédonie en Nouvelle-
Galles du Sud comme fret de retour pour lei bateaux y
apportant du charbon, il est très vraisemblable qu'avec
les tendances très protectionnistes du gouvernement de
la Confédération australienne, des droits de douane vien-
draient empêcher pareille concurrence aux gisements
australiens.
Quant au transport des minerais de Nouvelle-Calédo-
nie en France, il n'y faut pas songer, étant donné la va-
leur qu'ont en Europe même les meilleurs minerais de fer.
C'est d'ailleurs Ik la considération sur laquelle nous
devons insister en terminant : si des minerais à valeur
relativement élevée peuvent être exploités en Nouvelle-
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 335
Oalédonie, non sans certaines difficultés, puisque, malgré
les conditions de gisement souvent très faciles du nickel,
on a quelque peine h le produire à des prix sufflsanimeut
modérés, des minerais à faible valeur comme les minerais
de fer, dont les meilleures qualités valent en Europe de
15 à 20 francs, ne sauraient même à notre avis, quelque
facile que soit leur exploitation, être actuellement rendus
sons palans dans la colonie à des prix inférieurs à une
semblable limite. Les chiffres que nous avons donnés ci-
dessus pour les frais de transport, d'embarquement, etc.,
suffisent à le montrer.
Dès lors, tout concourt à faire penser que, ni aujour-
d'hui, ni avant un avenir que l'on ne peut guère escompter,
les riches et abondants minerais de fer de la Nouvelle-
Calédonie ne pourraient Mro utilisés.
bï Google
QUATRIÈME PARTIE.
aiSXHZNTS HJTALLIQUXS DIVSAS.
A côté du fer. du nickel, du cobalt, et du chrome,
dont les gisements sont en très étroite relation stoc la
grande formation serpentineuse, on rencontre dans les
autres terrains qui constituent le sol de la Nouvelle-
Calédonie une grande variété de minerais métalliques:
sans nous arrêter pour l'instant à la question de l'utilisa-
tion possible des minerais en question, nous mentionne-
rons qui nous y avons recueilli nous-iaème de l'or, du
platine, de l'argent, du mercure, du cuivre, du plomb,
(lu zinc, du manganèse, de l'antimoine, du tungstène,
du titane, du molybdène; nous ajouterons qu'on avait
cm autrefois rencontrer égalcjneiit de l'étain, mais qu'il
parait bien établi que celte indication était erronée.
De tous ces métaux divers;, plusieurs ont été, dans le
temps, l'objet d'exploitations ou de tentatives d'exploi-
tation, ce sont l'or, le cuivre, le plomb argentifère et l'an-
timoine : mais, seul parmi eux, le cuivre a donné lieu.
il y a une vingtaine d'années, à une exploitation d'uae
prospérité réelle et d'une certaine durée. Quant aui
autres métaux, ils n'ont été que signalés, et leurs gise-
ments n'ont jamais été, à notre connaissance, l'objet
d'aucun essai d'utilisation.
bï Google
CHAPITRE PREMIER.
U COtTRE.
- HlSTORlQCE.
Dés 1843, un missionnaire, le P'cvo. Monli-ouzicr, signa-
lait à Koumac une mine de cuivre, mais cette indication
paraît être restée oubliée pendant bien des années.
Loraqu'en 1863-66 M. (iarnier fit une première étude
des richesses minérales de la colonie, il mentionna l'exis-
tence du cuivre à l'île Ducos et rapporta(') au sujet
ries échantillons qu'il _v avait recueillis une indication de
Rivot de naturel encourager des recherches en ce point;
il signala d'autre part que des indigènes lui avaient
affirmé qu'il existait dans la vallée de la rivière d'Amoi
du cuivre pyriteuï associé à de la barytine.
Mais ce n'est qu'à la fin de 1872, lorsque d'assez minu-
tieuses recherches poursuivies tout autour de la bassi-
vallée dn Diahot par les chercheurs d'or firent découvrir
de beaux affleurements cuprifères auprès d'Ouégoa, que
l'on songea pour la première fois à exploiter le cuivre en
Nouvelle-Calédonie. Ces différents affleurements et les
quelques travaux qui y furent poursuivis dès te début ont
été examinés en détail par M. Heurteau, et décrits avec-
soin dans son rapport à M. le Ministre de la Marine et
des Colonies ; cet Ingénieur mentionnait (") tout d'abord.
(•) toe.c«.,p. 31 et 38.
(") Loc. ci/., p. 362 et suiï.
bï Google
338 RICHESSES H1KBRALB8 DB LA NOCVElXK-CALÉDONrB
au Nord du vUIage de Ouégoa, et en relation étroite
avec les roches k glaacophane que nous avons signalées
déjà, l'existence d'un groupe important d'affleuremenfci,
parmi lesquels ceux de la mine de la Baïade avaient déji
été l'objet de travaux de recherches assez développés et
d'un commencement d'exploitation; il rapportait d'autre
part la découverte de deux affleurements cuprifères à
une dizaine de kilomètres plus h l'Ouest au voisinage du
village de Pondolaï. Depuis lors, des travaux de recherches
ont été poursuivis sur nombre de ces affleurements, mais
ils n'ont donné lieu à une exploitation importante et
dorable qu'à la mine de la Balade ; cette exploitation a'esl
poursuivie sans interruption jusqu'en 1884.
A côté des deux groupes de gisements d'Ouégoa et de
Pondolaï, situés sur la rive droite du Biahot, d'autre»
ont été signalés en grand nombre dans les schistes ardoi-
siers noirs de la rive gauche du Diahot et jusque dans la
presqu'île d'Arama. Les plus importants d'entre eux sont
ceux des mines Pilou ot Ao, découverts en 1884 et 1887
et exploités par intermittence depuis lors jusqu'en 1901 :
mais un coup d'œil jeté sur la fig. 1 de la PI. V, où
nous avons représenté la réfrion Nord de l'Ile, et oii non»
avons figuré les différenles concessions, demandes de con-
cessions et périmètres de recherches pour cuivre, montre,
encore que l'existence de ces périmètres ne prouve pas
d'une façon absolument certaine que ce métal se rencontre
dans leur étendue, que les gisements de cuivre sont
nombreux dans toute la région ; nous avons souligné les
noms des gisements où nous avons personnellement cons-'
tiité la présence de minerais do cuivre.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le Nord de la
colonie que ce métal existe; il n été l'objet de tentatives
d'exploitation en 1883-85 à Konmac, et vers 1876 dans
la vallée de la Négropo près de Canala; sa présence a été
en outre signalée en nombre de points tout le long de la
bï Google
OISBUBNTS HSTALUQOGS DIVBXfi 399
cAte Ouest et aoluameai k Baai, ^ès de Oomea, an Nord
(le Pauenbwii, k l'Ile Duoos, daas U plaine de Saint-
Vioceot, «te.
Nous Ajouterons <|ue, d'sprès les iodicatioas de la
statistique, il a été exporté de iVouTelle-Calédoiùe,
depuis 1S73 jus^D'en i9(k, fiua de .60.000 toiuM de
mÎMrM de CBivre deat la teneur o'aurait pas été infé-
rieure -à tO à 15 p. 100, et bq millier de touies de mattes
très iK>tabl«ateut plus ricbes.
Nous fournissons ci-desscHis quelques iodications sur
les différents ^^iseioeuts que uous venoas de mentionna.
B. — GlWHENTS DD OROUPE DE Ul BaIODC.
Ces giiMments, situés au flanc des différentes collines
qui descendent de la crête de Tiari sur Ouégtia en
enserrant les vallées de la rivière de la Balade et de ses
affluents (Voir la fig. S) de la PI. IV}, se présentent en
filons ou en amas dans les micaschistes qui constituent
tous cas contreforts.
Ces micaschistes, qui sont, rappelona-le, généralement
très chargés a. la fois en grandes paillettes de mica blanc
et en chlorite, et dont la teinte est verdàtre ou bleuâtre,
passent quelquefois au gris plus ou moins foncé; ils sont
associés par places, k la gendarmerie de Ouégoa notam-
ment, k des nx^hos serpentineuses et talqucuses, qui
ne paraissent d'ailleurs rien avoir de conuimu avec la
grande formation des péridotites qui, comme on le sail,
domine dans presque toute la colonie sauf précisément
dans cette région nord-occidentale.
Les micaschistes sont en outre traversés, précisément
an voisinage immédiat de Ouégoa, par une très impor-
tante formation de roches chargées d'amphibole et sur-
tout de glaucophane, que nous croyons devoir considérer
i attestant une activité toute spéciale du métamor-
bï Google
340 R1CHE8SBB HINÉRALBB DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
phisme dans cette région. Ces roches, qtii paraissent
occuper en particulier la majorité des ravius de la rivière
de la Balade et de ses affluents do droite au voisinage
des mines Murât, Balade, et Delaveuve, comprennent sur-
tout des amphibolites vertes à grain tin d'un type spécial;
l'examen mîcrcscopiqoe montre en effet que ces amphibo-
lites sont essentiellement constituées d'une amphibole
passant au glaucophane, associée à du mica blanc, à de
la chlorite, et à des grenats almandins; ces derniers sont
très nombreux par endroits, ils sont généralement visibles
à l'oBil nu et présentent mémo souvent des dimensioDB
assez considérables. Acôté de ces roches de couleur verte,
on trouve des traînées d'une formation franchement bleue,
tirant un peu sur le gris, dont la pAte apparaît au micro»-
cope comme entièrement constituée de glaucophane; cette
pàto contient en outre tantôt des cristaux de pyroxène,
tautflt des cristaux isolés on des veinules d'épidote vert
jaunAtre, et souvent des grenats almandins, et des paillettes
(le mica blanc ou do chlorite ; on rencontre en outre des
schistes onctueux plus ou moins micacés criblés de petites
baguettes de glaucophane. Enfin le mamelon de la mine
Delaveuve présente un puissant ressaut formé d'un quart-
zite gris verdàtre foncé, à grain fin, très dur, qui se montre
presque tmiquement constitué de qnartz et d'abondants
petits fragments d'ilménite. Ces différentes roches con-
tiennent un grand nombre de cristaux secondaires et no-
tamment du sphène, du rutile, etc.
Cette très curieuse formation, qui avait été décrite par
M. Ueurteau comme une formation éruptive, mais qui
parait plutôt devoir être regardée comme d'origine méta-
morphique, avait été considérée par lui comme étant en
relation étroite avec la venue cuprifère. Quelque frappante
que soit la coexistence, auprès de Ouégoa, des minerais de
cuivre et du glaucophane, nous devons faire observer que
les formations k glaucophane se poursuivent vers !e Nord
bï Google
GISBHBNTS UÉTALLIQUBB DH'BRS 341
et vers l'Est sur une étendue assez considérable (jusqu'à
Oubatche), tandis que les gisements de cuivre ne paraissent
pas se prolonger dans cette direction, alors que l'or y
apparaît au contraire ; et que, plus à l'Ouest et au Sud, le
cuivre se montre disséminé dans des formations où le glau-
cophane, que nous avons recherché avec soin, ne paraît
pas exister.
C'est, nous l'avons dit, au milieu de ces roches que se
montrent les gisements de cuivre du groupe de la Balade;
le métal s'y présente principalement sous la forme de
pyrite cuivreuse plus ou moins riche en cuivre, mais à
teneur généralement assez élevée (SOàSO p. 100 pour la
pyrite bien séparée de sa gangue), formant tantôt des
masses interstratifiéesassezpuissantes et tantAtdes mouches
ou des imprégnations entre les feuillets des schistes : le
cuivre pyriteux ne constitue d'ailleurs que la forme profonde
du minerai ; aux affleurements et au voisinage immédiat
de ceux-ci on rencontre, associés à de l'oxyde de fer, du
cuivre natif, de l'oxyde noir, et les différentes variétés de
minerais oxydés, malachite, atacamite, azurite, etc.. en
masses généralement amorphes.
Le gisement même de la Balade est celui qui a été
découvert le premier, il affleure de part et d'autre du bras
gauche, assez encaissé, du ruisseau de la Balade, & peu de
distance à l'Est du village de Ouégoa, et à une centaine
de mètres à l'aval d'une haute paroi schisteuse qui parait
marquer un accident géologique d'une certaine importance.
Il se présente sous la forme d'un filon-couche de cuivre
pyriteux, ayant une puissance totale variable aux envi-
rons de 1",50, interstratifié dans des schistes chloriteux
verts, et souvent séparé en deux bancs par une épaisseur
de 50 à60 centimètres de schistes stériles. Ce fllon-couche
estdirigé Nord légèrement Ouest, et présente un pendage
assez raide (voisin de 45° aux affleurements, mais plus
bï Google
343 RICHESSES mifilULBS DV LA NOOrBLLB-CAJ.ÉDONIB
raide en profondeiir) ; il se ramifle d'sOteim par des tm-
prégnations et fîlottnels «oirreux qui courait dans tes
cassures transreraalea des scbisles. TcJIea aumi les seules
données h peu près certaines que nous ayons pu retirer,
tant de la leetnre da rapport de M. Beurteau, que âe
l'examen que nous aT<H)s fait des afflenraments et de la
galerie ouverteen direction sur la rive gauche delà rivière
à quelques mètres au-dessus de son lit, galerie dont
lefl 10 ou 15 premiers mètres étaient encore accessibles.
Quant àl'âllure détaillée de la formation soit en direction,
soit en profondeur, nous n'avons pu obtenir k sou sujet que
des indications fort va(ïues : il n'est pas douteux qu'une
exploitation active, et longtemps rémunératrice, a été pous-
sée surce gisement parla Compagnie des mines de Balade,
sans interruption depuis 1874 jusqu'à 1884, fournissant â
peu de choses prés toutes les quantités de minerai de
cuivre exportées de la colonie pendant ces onze années ;
c'est-i-dire, d'après les statistiques officielles, environ
40.000 tonnes d'un minerai qui aurait tenu en moyenne
près de 15 p. 100 de cuivre, o( dont la valeur totale aurait
r^H-éaenté quelques millions de francs.
Nous n'avons d'ailleurs pu retrouver aucun document
sérieux relativementà cette exploitation; nile service des
mines, ni les ayants droit do l'ancienne société exploitante
n'ont conservé de registre des travaux, ni de plan les
Hgurant avec quelque précision; une coupe, qui existe
encore dans les archives du service des mines, etdont les
indications coïncident à peu près avec les renseignements
verbaux qui nous ont été fournis, semble indiquer que la
formation présentait peu de continuité en direction, puisque
les travaux ne se seraient développés que sur une cen-
taine de mètres à peine ; mais on se serait enfoncé jusqu'à
une profondeurde 150 mètres dans une colonne riche, affec-
tant d'ailleurs plus ou moins nettement une disposition en
chapelet.
bï Google
eiSBUœns METALLIQUES DiVERS
343
L'exploitatioQ a. été inteFrompue en 1SK4, à un moment
■de crise du marché ih» ciïiyre, et après que l'on eut dépité
tout ce qui avait été reconnu en fait de minerai riche.
D'après les indications qui nous ont été fournies par t'au-
■cien directeur de ces trayaux, qui, avant de les diriger,
avait acquis en Austrahe l'expérieBCe des mines, et en
particuKer cette des minea de cuivre, le gisement aurait été
-alors compiètement épuisé, et des travaux de recherches
^auraient été faits, avant de l'abandonner, pour s'assurer
■qu'il n'existait pas d'autres colonnes riches au voisinage.
Wous n'avons aucun élément pour apprécier l'importance
des^ts travaux et te bien fondé de la conclusion qui a
été tirée de leur résultat négatif; il est cependant pennis
de se demander si ta Compagnie des ntines de Balade a
bien fait, pour l'exploration de sa concession tant en pro-
fondeur qu'en direction, tous tes sacrifices qu'elle aurait
<lù faire.
Le minerai qui a été expédié en Australie passe pour
avoir eu une teneur moyenne en cuivre voisine de 15 p. 100,
il renfermait en outre un peu d'argent, il ne contenait ni
plomb ni zinc en quantité sensible. Une partie de ce
minerai avait été enrichi dans une petite laverie établie
âur place; mais des quantités considérables de produits
k faible teneur ont été abandonnées en tas sur le carreau
■<ie la mine, en raison des frais élevés d'enrichissenicni
et de transport jusqu'aux usines de traitement austra-
liennes. U en existe encore des amas qui, depuis de
longues années, donnent lieu à des dépôts cuivreux verts
dans le lit du ruisseau de la Balade.
Les minerais, transportés par un petit tramway jus-
qu'au Diahot, étaient descendus par chaloupes ou chalands
dans la baie de Pam; ils ont tous été expédiés crus en
Australie.
En remontant la vallée au-dessus des affleurements do
..Google
34i RICHESSES MINÉRALES DE LA MODVELLE-CALÉDON-IE
la Balade, on en rencontre d'autres encore, dont les plus
importants sont reux de. la mine Mural, situés à quelque
000 mètres à l'amont, au voisinage de la cote 140. Deux
galeries de recherches y ont été ouvertes à deux niveaux
distants verticalement d'une vingtaine de mètres. La pre-
mière a rencontré d'abord un amas de pyrite cuivreuse de
près de I mètre de puissance, dont la teneur moyenne en
ruivre serait supérieure à 10 p. 100, puis elle a suivi la
riirmalioQ eu direction, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est, sur
une viugtaine de mètres. Cette formation a montré l'al-
lure d'un filon-couche de 60 centimètres de puissance
environ, interstratilié dans les schistes chloriteux, et
plongeant comme eux vers le Sud avec un pendage d'une
((uinzaine de degrés ; on y a procédé, sur une centaine de
mètres carrés de surface, à un dépilage qui a donné iien
à l'extraction de minerais dont une partie a été expédiée
ni Australie (nous avons trouvé la mention de l'expédition,
eu 1884, de 325 tonnes de minerai provenant de la mine
Murât) . La pjTÎtc cuivreuse se voit encore au front d'avance-
ment avec une puissance un peu variable, mms dépassant
presque partout 50 ceutiniètres; nous y avons recueilli
au hasai-d de beaux échantillons de minerai massif à
9.6 p. 100 de ruivre.
La galerie inférieure, au contraire, n'a rencontré la
formation qu'étranglée. Il parait donc vraisemblable qoe
celle-ci n'est pas bien régulière et qu'elle affecte comme
a la Balade une disposition ou chapelet. Ce que nous
avons vu ne peut que nous faire regretter que les travaux
d exploration n'aient pas été poursuivis d'une façon plus
SL-rieuse. I^es premiers d'eiitj-e eux remontent déjà à «ne
vingtaine d'années, les derniers à cinq ou six ans; depuis
lors la mine Murât a été complètement abandonnée. Le
minerai extrait des dernières recherches a été laissé
entassé sur place, faute d'un moyen de transport autre
qu'un chemin muletier jusqu'à Ouégoa ; il y en a quelques
bï Google
GISEMENTS METALLIQUES DIVERS ."i-lO
rentaÏDes détonnes, dont une partie tout au moins paraît
assez riche.
Nombreuses sont encore les indications plus ou moins
nettes de la présence du cuivre non seulement dans le ra-
vin du ruisseau de la Balade, mais encore sur le mamelon
qui le limite au Nord-Ouest, et dans le ravin qui l'avoisine
dans cette même direction ; le nombre des concessions
contiguës qui couvrent cette région en témoigne (Voir la
jig. 9 de la PI, IV), non pas que chacune d'elles ren-
ferme nécessairement des affleurements de quelque
valeur, mais tout au moins pane qu'elles n'ont généra-
lement été demandées qu'après la découverte de quelque
indice de minerai.
Le seul point de <c groupe où nous ayons encore eu
l'occasion de relever d'une façon nette la présence du
cuivre est la mine Deiacewe, où il a été pratiqué plu-
sieurs puits et galeiies de recherches. Le gisement s'j'
montre dans des conditions assez intéressantes au point
de vue géologique : les chloritosrhistes qui forment la
roche dominante du mamelon où se trouve le gisement,
et qui y sont associés aux roches bleues à glaucophane et
au massif de quartzite que nous avons mentionnés ci-des-
sus, sont découpés au flanc du ravin par un à-pic d'une
quinzaine de mètres de hauteur dont la paroi, orien-
tée à peu prés Nord-Sud, laisse voir une faille de décro-
chement très nette; l'amplitude de la faille est sans
doute faible, et l'ouverture de la cassure ne dépasse pas
'i ou 3 décimètres. Vers le Sud, les schistes sont sté-
riles et présentent leur couleur gris verdàtre habituelle,
ils sont sillonnés de veines quartzcuses: vers le Nord, au
contraire, la paroi de schiste montre la coupe d'une demi-
lentille imprégnée de cuivre; le croquis reproduit par la
/ïy. 10 de la PI. IV rend compte de cet aspect ; au
milieu des micaschistes stériles apparaît une zone lenti-
bï Google
346 RICHESSES UINÂRALES DB LA NOUVEL LE- CALBD OMIS
culaîre oti ceux-ci sont tout imprégnés de petites mouchw
li'azurite et de malachite leur donnant, avec lee enduiu
ferrugineux rouges, une coloration bigarrée ; l'épaisseur de
la zone imprégnée est de 80 centimètres euviron au con-
tact même de la cassure, mais elle diminue progressive-
ment en s'en éloignant et cette zone vieut mourir au vot-
ijinage de la surface du mamelon, présentant en tout une
longueiur de 8 mètres enriron. Une galerie ouverte en d^
rection, c'est-à-dire vers l'Est légèrement Sud, a suivi, sur
16 mètres de longueur, cette même formation (jui coosw-
vait au début sa puissance, mais qui s'effilait ensuite peu à
peu. II n'y avait doEic là qu'une petite lentille dont la faille
il déplacé la moitié Sud ; celle-ci n'a d'ailleurs pas été
retrouvée. En dehors de cette galerie, il n'a pas été fait,
à notre connaissance, d'autres travaux d'exploration que
ceux décrits autrefois par M, Heurteau (*) et actuellement
inaccessibles, ils n'avaient mis à jour que des indices de
peu d'importance. Il aurait été extrait de la galerie de
recherches ci-dessus mentionnée un certain nombre de
tonnes de minerai à teneur moyenne de 8 p. 100 de cuivre
sous forme de produits oxydés.
Mentionnons enfin les affleurements de la raine Saiai,
située à 6 kilomètres à l'Est de Pam également dans tes
micaschistes ; on n'y relève que quelques enduits bleua
et verts sur les micaschistes altérés de la surface, ces
indices nous ont paru de peu d'importance.
Telles sont les observations que nous avons pu faira
dans le groupe des gisements de cuivre des environs de
Ouégoa, c'est-à-dire des gisements qui se trouvent dans les
micaschistes et en relation plus ou moins étroite avec les
roches à glaucophane; elles se résument en quelques
mots : bien que les indices do la présence du métal soient
nombreux, ce n'est qu'en deux points seulement qu'il a
(■) Loc. eil., p. 2M6-a81.
bï Google
GISBUBNTS HËTALLIQDES DIVERS 347
été mis en évidence des amas de pyrite cuivreuse de
réelle importance; dans le premier d'entre eux on paraît
avoir épuisé une colonne riche sans chercher d'une façon
suffisante s'il n'en existe point d'autres ; dans le second
quelques travaux qui avaient donné des résultats plutôt
encourageants n'ont pas été poursuivis.
ITB DV «ROOFS DE LA PtLOO-
Les schistes ardoiaiers de la rive gauche du Dîahot,
qui empiètent même par places sur la rive droite, ne
paraissent pas moins riches en imprégnations cuivreuses
que les micaschistes ; celles-ci paraissent môme se ré-
partir sur des étendues beaucoup plus considérables ici
que là.
Nous avons décrit déjà la puissante formation ii laquelle
appartiennent tous les mamelons qui se développent au
Sud du Diahot et nous avons déjà dit que son âge nous
parait impossible à fixer avec certitude dans l'état actuel
de nos connaissances sur la géologie de la Nouvelle-Calé-
donie. Ces schistes sont sillonnés de filons ot flionnets de
quartz, et l'on y rencontre divers filons métallifères, cuivre,
plomb argentifère, zinc, et même or ; ces métaux sont le
plus souvent associés entre eux dans les différents gise-
ments, avec prédominance ici du cuiiTe, là du plomb et du
zinc, plus loin de l'or; ils paraissent tous Hvo on relation
assez étroite avec des venues de roches vertes diabasiques,
que l'on rencontre en dykes dans les schistes au voisinage
plus on moins immédiat des gisements.
Nous ne décrirons pour le moment que ceux d'entre les
gisements oh le cuivre domine, ce sont de beaucoup les
plus nombreux d'ailleurs, puisque nous n'aurons à rap-
porter ensuite à cette formation qu'un seul gisement d'or
et un seul de plomb et zinc argentifères.
bï Google
348 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Le plus important d'entre eux, du moins à ce que I'ud
peut en juger dans l'état actuel des travaux, est celui
de la mine Pilou, découvert en 1884, et eiploité depuis 1886
Jusqu'à la fin de 1901 avec des alternatives d'activité et
de chômage.
Les travaux, qui n'ont été abandonnés en dernier lieu
qu'à la fin de l'année 1901 , présentent nn développemenl
important; l'épuisement en ayant été continué depni?
lors, et les galeries principales étant restées en état d'en-
tretien suMsant, nous avons pu les visiter; nous eu avons
d'ailleurs trouvé sur place un plan à jour que reproduit
la fig. 11 de la PI. IV.
Le filon, car il s'agit ici d'un véritable filon de quarti
métallifère, recoupe presque verticalement les bancs de
schistes noirs, inclinés à 45° vers le Sud, qui l'en-
caissent; il affleure, au voisinage immédiat d'un puis-
sant dyke de diabase, sur les deux versants Ouest et Est
d'un mamelon schisteux arrondi en forme de d6me ; il
s'y signalait par de beaux échantillons de malachite et
d'azurite, tantôt en masses, tantôt en cristaux, dont
nous avons pu ramasser encore quelques fragments. Lt
partie du filon comprise dans ca mamelon, qui s'élève
d'une centaine de mètres au-dessus du sol légèrement
accidenté qui l'environne, a été promptement dépilée i
partir du mois de juin 1886 ; ces travaux ont été ceui
des niveaux désignés sous les numéros 1, 2 et 3, ils
se sont développés par places sur 80 mètres de hauteur.
Ils ont produit des minerais d'une belle richesse et d'au-
tant plus faciles à fondre qu'ils étalent entièrement oxydés.
On a ensuite commencé l'exploitation par puits et gale-
ries ; elle s'est d'abord poursuivie jusqu'au quatrième ni-
veau (profondeur 25 mètres au-dessous de l'orifice du puits)
dans des minerais encore oxjdés,puis on est entré dans la
zone des minerais sulfurés ; les travaux s'y sont développés
jusqu'au mois d'avril 1891, mais ils ont été arrêtés une
bï Google
GISEMENTS METALLIQUES DIVKRS 34»
première fois à cette date ; repris, sans grande activité,
en 1897, ils ont été abandonnés à nouvean en sep-
tembre 1901, après que des traçages importants y eurent
été faits avec un certain succès, et sans que les dépi-
lagesyaieiit été très étendus, à eu croire les indications
du plan que nous avons retrouvé.
Le puits a été foncé jusqu'à 150 mètres de profondeur
et des traçages ont été poursuivis de 30 en 30 mètres en
moyenne, jusqu'à la profondeur de 145 mètres (8" niveau);
ils ont tous suivi, sur des longueurs dépassant géuérale-
ment 300 mètres, un filon d'une régularité d'allure satis-
faisante et d'une minéralisation qui, si elle est variable
d'un point à un autre et présente des colonnes alternati-
vement plus pauvres et plus riches comme dans presque
tous les filons métallifères, nous a paru assez belle, au
cours de l'examen nécessaiiement rapide que nous en
avons fait. Pour ne parler que des niveaux oîi les dépi-
lages ne sont pas aclievés ou presque achevés, nous y
avons reconnu l'existence d'un filon quartzeuz, régulier
dans l'ensemble, dont la puissance varie généralement
de 1 mètre à 1^,50, tantôt en une seule veine, tantôt
en plusieurs veinules englobant des passées schisteuses ;
dans ce quartz sont irrégulièrement réparties des masses
de sulfures métalliques: chalcosioe, chalcopyrite, blende,
galène et pyrite, généralement mélangés d'une façon assez
intime, et dont la quantité varie depuis de simples
mouches jusqu'à des masses occupant l'épaisseur presque
entière du filon.
11 nous a naturellement été impossible, au cours d'une
simple visite, d'évaluer la puissance réduite moyenne
du filon et la teneur moyenne en cuivre, plomb et zinc,
des minerais qu'il pourrait rendre. Nous ne pouvons que
donner à ce sujet les quelques indications suivantes: il a
été récemment prélevé par les propriétaires de la mine,
aux neuf points figurés en 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, sur
bï Google
p. 100
p. 100
p. 100
p-IM
3,1
0,75
16.66
5.40
«,72
0,50
12.35
«,3Ï
4,40
2.50
15
W
S, 40
«,SB
it,1S
S
3,90
«,»
13,75
7,90
3,62
0,75
8,70
7.50
8,34
1,95
12,50
10,10
3,13
i,r>o
7,25
4,10
350 RICHESSES MINKRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
lii Jtgt. tl de la PI. IV, neuf échantillons qui représeD-
teraient cbaeiui la teneur moyenne d'un lot de 5 tonnes
de minerai tout v«Bant, et qui auraient, aux dires de-
ceux-ci, donné à l'analyse les résultats suivants :
tt ^nmines 1 ta tanne.
« 8,64 3 12.45 6, 45 64 —
Si lea points oh ont été pris les échantillons n'ont pas
été systématiquemeiit choisis dans les nreilleures parties
du filon, et si les prises d'essai et les analyses ont été
faites sincèrement, leurs indications doivent être consi-
dérées comme satisfaisantes. La présence du zinc en
quantité importante dès qu'on est entré dans ta zone
sulfurée, mais qui ne parait pas avoir de tendance à
s'accentner avec l'approfondissement, est évidemment de
nature à gêner quelque peu le traitement do minerai.
Néanmoins c'est \k une difficulté njétallni^ique que Fon
résout bien aujourd'hui avec un traitement soigneux, et,
si les renseignements qui nous ont été fournis sont exacts,
les dernières mattes obtenues à la fonderie de Pam à
partir de concentrés dont la teneur en cuivre variait de
6 à 14 p. 10() cx)ntenaient en inoyemie :
Cuivre SO à 25 p. 100
l'Iomb S à 10 p. 100
Ai'geiil 400 grammes à la toDne,
Le zinc passait en majeure partie dans la scorie ou bien
bï Google
HKTÀLLIQDKS DIVERS 35r
était volatilisé . Ces mattes étaient achetées par les fonderies
australiennes, rendues k ruane, en comptant tout le cuivre
an cours et le plomb k raison de l'%45 l'unité (cours du
milieu de 1901), et en faisant une déduction de 25 francs
par toane pour frais de traitement des mattes.
Comme nous l'avons dit, le âlon a été suivi en profon-
deur jusqu'à 150 mètres au-dessous de l'orifice du puits,
soit jusqu'à près de 250 mètres au-dessous des affleure-
ments les plus élevés, et rien ne parait indiquer qu'il ne
se prolonge pas encore plus profondément; en direction,
les dépilages se sont développés aux niveaux supérieurs
sur une étendue de 250 mètres environ, non sans laisser
des colonnes pauvres ou stériles dont la largeur totale
représente de 70 à 80 mètres, ils ont été vraisemblalile-
ment arrêtés à des zones relativement pauvres ; aux
niveaux inférieurs au sixième, il n'y a eu que fort peu
de dépilages, et cependant tes traçages des septième et
huitième niveaux ont été faits respectivement sur 270 et
130 mètres ; ils ne paraissent pas avoir rencontré moins
de zones riclics que les niveaux supérieurs, le huitième
niveau se trouvait arrête en plein minerai à ses deux
extrémités, le septième, arrêté au stérile vers l'Ouest,
était encore au minerai à l'Est. Quant à la qualité du
rainerai, rien ne parait de nature à faire redouter qu'elle
ne devienne moins satisfaisante en profondeur. Bien qu'il
ait déjà été extrait, aasure-t-ori, environ 20.000 tonnes
de minerai assez riche pour être expédié en Australie ou
traité à Pam, c'est-à-dire d'une teneur dépassant vrai-
semblablemont 10 p. 100, et qu'il faille tenir compte en
outre de nombreux milUers de tonnes de minerai plus
pauvre laissé sur le carreau de la mine, il reste encore
des ressources reconnues, et il est permis d'espérer que
l'exploration, qui n'a en somme porté que sur 300 mètres
en direction et 250 mètres à peine en profondeur, n'a pas-
encore révélé tout ce que contient ce gisement.
bï Google
353 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Son exploitation, tcUe qu'elle a été comprise jusqu'ici,
n'est d'ailleurs pas sans prêter à la critique ; si les tra-
çages et dépilages dans la mine peuvcut être regardés
comme ayant été faits d'une façon rationnelle, il n'en a
pas toujours été de même du traitement du minerai. On a
au début expédié les minerais crus à Swansea ; ensuite on
les a dirigée sur l'Australie, ce qui leur faisait encore
supporter un fret voisin de 15 francs par tonne et des frais
de traitement aux usines de Dapto (Nouvelle-Galles du
Sud) de 35 francs, soit une charge totale de 50 francs.
Lorsque, peu de temps après la mise en exploitation de
la mine Pilou, In société des mines du Nord, qui la pos-
sédait, voulut entreprendre l'e'xploitation de la miue de
plomb argentifère Mérétrice, il devint presque indispen-
sable de monter sur place une fonderie pour le plomb, dont
les minerais bruts avaient beaucoup moins de valeur. En
môme temps que cette fonderie fut créée, il parut ration-
nel d'y adjoindre des fours de première fusion du cuivre
{water-jacketa) afin de transformer des minerais dont la
teneur variait de 10 à 15 p. 100 en mattes à 30 p. 100
au moins. Il était d'ailleurs devenu nécessaire de laver le
minerai, qui, des produits oxydés riches de la surface,
avait passé, au-dessous du quatrième niveau, à des sul-
fures encore beaux, mais où l'on rencontrait non seule-
ment un mélange de pyrite, blende et galène, mais en
outre beaucoup de quartz intimement associé aux sul-
fures. Une petite laverie avait été montée à cet effet, elle
livrait des minerais enrichis à plus de 10 p. 100 de cuivre,
mais elle produisait en même temps, à côté du stérile,
des produits mixtes {teneur 3 à 6 p. 100 de cuivre) qu'on
n'était pas outillé pour traiter, et que l'on entassait autoiu*
de la mine.
Pour des raisons que nous ne sommes pas à même
d'apprécier, surtout après un intenalle de temps de
douze ans, cette organisation ne put pas prospérer, et la
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 353
Corapiigilie des mines du Nord dut dtre lirjiiidée au début
de 1891.
Ce n'est que six ans après qu'une société anglaise,
I' H International Copper Corporation Limited ", à laquelle
s'est substituée en 1899 la société » Mines de cuivre Pilou
Limited », a repris l'exploitation de la mine Pilon. Conduite
d'abord dans des conditions modestes, cette entreprise a
fait ensuite des dépenses considérables et parfois inu-
tiles : tandis que tes travaux souterrains étaient peu à
peu restreints, les dépenses d'installations superficielles
étaient faites sans compter; en dehors de l'utile instal-
lation d'une machine d'extraction et d'une puissante
pompe, de nouveaux appareils, dont une partie n'ont d'aîN
leurs jamais servi et qui étaient pen appropriés aux cir-
constances locales, étaient montés pour transformer la
laverie, do luxueux ateliers de réparations étaient installés
k côté de la mine, et l'ancienne fonderie de Pam était
reconstruite sur un nouveau plan (substitution de fours à
réverbère aux water-jackots pour la première fusion) qui
ne parait pas avoir été sanctionné par l'expérience; entre
t«mps d'importantes dépenses avaient été faites, en
partie tout au moins mal à propos, pour la création <le
deus voies ferrées différentes, ayant respectivement 3 kilo-
mètres 1/2 et 5 kilomètres 1/2, réunissant la mine Pilou
à la baie de Pam, et d'une troisième voie ferrée la met-
tant en relation avec la raine Ao, que nous mentionnerons
ci-après. Dans ces conditions, des sommes considérables
ne tardèrent pas à être dépensées, absorbant le capital de
la Société ; d'autre part, les conditions onéreuses (lu trai-.
tement des minerais à l'usine de Pam faisaient ressortir
à plusieurs centaines de francs, nous a-t-il été affirmé,
les frais de première fusion d'une matte qui se vendait
de 300 à 350 francs, alors que les frais de transport du
minerai jusqu'en Australie et de première fusion là-bas
n'auraient guère représenté que 50 francs par tonne de
bï Google
351 RICHESSES HiyÉBALBS DK LA NODVBLLB-CALBDONIB
minerai (soit 150 à SOO francs par tonne de mattds). Ainsi
conduite l'exploitation d'une mine, même très riche, ne
pouvait guère aboutir qu'à un désastre financier ; c'est ce
qui n'a pas manqué de se produire dans les premiers jours de
l'année 1902. La société « les Mines de cuivre Pilou Limi-
ted », qui n'était d'ailleurs qu'une filiale de la « Londonand
Globe Finance Corporation » de Londres, est tombée
c«mme elle en déconfiture. La liquidation de ses biens
n'était pas encore terminée au moment de notre séjour
dans la colonie, et la mine Pilou était en chômage com-
plet. Cette liquidation a, parait-il, eu lieu à la fin de
l'année 1002, et le nouveau propriétaire de la mine s'occu-
perait, nous a-t-il affirmé, de l'organisation d'une nonvelle
société qui en reprendrait l'exploitation.
La mine de cuivre Ao, découverte trois ans après la
mine Pilou, h 2.500 mètres h l'Ouest de celle-ci, dans la
même formation de schistes noirs k filonnets quaptMBX.
qui d'ailleurs se montrent aux affleurements complète-
ment décolorés et seméis de débris de quiirtz, se trouve
au bord du ravin du ruisseau Ao, tributaire de la baie
de Néhoué. Nous n'avons pas relevé la présence de roches
vertes an voisinage immédiat de la mine Ao, comme pour
la Pilou, cependant nous en avons noté un massif pai»-
sant dans l'une des tranchées du chemin de fer qui rehe
les deux mines.
Le gisement se manifeste aux aMeurements par une
série d'imprégnations de malachite fibreuse et d'azurite
en jolis cristaux au sein de filons de quartz carié qui
courent très nombreux dans les schistes de couleor
rosâtre : ces affleurements se retrouvent de part et d'autre
du ruisseau, ils apparaissent en particulier dans son lit et
sur ses berges, qui présentent des à-^ ic de quelques mètres ;
le croquis reproduit par la fig. 12 de la PI. IV, résul-
tant de nos observations et complété d'api^ des plans
bï Google
aOBllENTS MÉTALLIQDSS IHVCBA 355
«Misenrés sur place, fait voir qoe ces affleurements
sont assez innltiidiéa ; une fn^mière galerie ourerie stir
la live gauche du ruisseau dirait rencontré des traces
cuivreuses sur une longueur de 21 mètres avec plusieurs
zones minéralisées, une deuxième ouverte sur la rive droite
a recoupé trois fitonsets sur une longueur de 10 mètres
environ. En profondenr on a suivi deux veines, l'une de
l',20 de paÏBsaDce et l'autre, à une vingtaine de mètres
au mur, de Û",40 à 0",60 d'épaisseur. Ces deux veines
étaient dirigées Nord 75° £^t et ploogeaient vers le Sud
avec rai pendage assez voisin de lii verticale, elles recou-
paient des bancs de schistes noirs lustrés. Leur remplis-
sage était du quartz blanc avec mouches ou amas de
chalcosine, chakopvfite, pyrite et galène; la Uende y
était peu abondante. On retrouve d'ailleurs encore d'assez
bons échantillons de ce minerai sur les tas subsistant à la
surface : la pyrite cuivreuse provenant d'un de res échan-
tillons et séparée avec soin de sa gangue uoiis a donné &
l'analyse une teneur en cuivre de 28 p. 100. L'exploration
de la mine, découverte en octobre 1887, a été commencée
dès le mois de décembre de la môme année et poursuivie
d'abord avae peu de développement par la Société des mines
dn Nord. L<»«dela reprise de la mine Pilou en 1897, les
j^priétaires de cette mine, qui avaient acquis en même
temps la mine Ao, y réprirent des travaux ; un puits fut
foncé jusqu'à 80 mètres de profiondear et deux galeries
furent poussées k 40 métras au-dessous du sol ; la mine
fut ensuite pourvue d'une machine d'extraction et de
diiF^entes installations ; elle fut ea même temps reliée à la
mine Pilou par une voie ferrée de 4 kilomètres de longueur
qui, par oiie conception peu explicable (à moins quUl ne
s'agisse simplement, comnae il nous a été dit, d'une étrange
erreurdetracé), comprenait successivement, à partir de la
mine Ao, unesection légêrenkent montante, puis un double
rebroussement rachetant une différence de niveau de
bï Google
194 RICHESSES UINÉRALES DB LA. NODVBLLB-CALÈDONIB
noQB rappelons que les frais, de 0'%75 à 1 fruic par tonne
kilométrique, que comporte, & l'exclusiou de tontes
dépenses de premier établissement, le transport par voi-
tures, sont considérés aujourd'hui comme trop élevés, en
même temps que l'on regarde comme insupportable U
gène résultant d'un charroi assuré d'une façon aussi
irrégulière; on y substitue, grâce au transport par voie
-ferrée, des frais courants d'exploitation généralement tm
restreints (ne dépassant pas, croyons-nous, 10 centimes
par tonne kilométrique), augmentés de l'amortissement de
la voie ferrée ; cette voie coûte au minimum 15.000 i
20.000 francs par kilomètre, et son installation eat,
avons-nous dit, généralement faite sans avoir reconnu des
tonnages importants de minerai exploitable et souvent
après la simple signature d'un contrat d'amodiation de
2 ou 3 ans comportant seulement la fourniture de quelques
dizaines de milliers de tonnes. Tel est le cas de plusieurs
des gisements de la càte Ouest, situés à 5 on S kilomètres
de la mer. Lch installations, pins coûteuses, de longues
voies ferrées descendant des vallées importantes, dont le
tracé comporte quelques travaux d'art, et qui exigent
l'achat de locomotives et de matériel roulant, ne sont
faites, au contraire, que lorsqu'on est assuré de pouvoir en
répartir les frais sur un grand nombre de milliers de
tonnes. Quoi qu'il en soit, les frais de ti-ansport par voie
ferrée ne peuvent être que rarement considérés comme
inférieurs, tout compris, h 3 ou 4 francs par tonne
humide (soit i n 6 francs par tonne sèche).
Une fuis rendu au boitl de la mer, en un point oU la
côte offre un ai»ri suffisant pour qu'il puisse être procédé
au rhargemenl des navires, le minerai est entassé, après
exti'action hors des sacs s'il y a lieu, pour attendre
l'embarquement; cette manutention ne coûte pas moins
do 0'',50 par tonne humide {0",65 à 0",70 par tonne
bï Google
LKS lUNH DB NICEEl. 195
âèche). Il est ultérieurement repris à l'aide de wagon-
' nets, embarqué dans des chalands par rintermédiaira
d'estacades, et conduit au bord du bateau sur lequel il
doit être chargé; c'est là une nouvelle cause de dépense
qui n'est pas négligeable. Les grandes sociétés possèdent
des chalands dont la confection et l'entretien sont assez
coûteux ; la main-d'œuvre nécessaire pour la reprise du
minerai en tas, son embarquement dans les chalands, et
la remorque de ceux-ci jusqu'au bord, est également oné-
reuse, bien que ces travaux soient généralement confiés
à des Canaques des lies Loyalty particulièrement habiles
à cela. L'ensemble de ces opérations coûte de 3 à 4 francs
par tonne humide (4 à 6 francs par tonne sèche). Les
petits exploitants font souvent effectuer le chalandage de
leur minerai, au moment du chargement d'an navire, par
on entrepreneur spécial, auquel ils payent alors 3 francs
par tonne humide, non compris la main-d'œuvre qu'ils
fournissent.
Les frais de transport et de chargement peuvent donc
varier entre les limites suivantes {chiffres rapportés à la
tourte de miitierai see) :
Fr. Fr.
Descente an pied l Nun-d 'œuvre 0,10 i 1,40
de la mine. | Ameitissemeat des installations 0,70 ft 1,40
Transport par ( Frais ooorants 0,60 à 1 ,S0
voie ferrée. j Amortisauftent des installations 3,40 à 4,90
Satassement 0,65 à 0,10
Chalandage 4,00 & 6,00
Total «ppaoïiiiATiv 10,00 à 15,00
C. — Frais qbnéracx, dépenses d'installations.
Dans toDt ce qui précède, nous n'avons considéré que
les frais de main-d'œuvre en ce qui concerne l'exploita-
tion mAme ; nous avons, au conkaire, été nécessairement
bï Google
196 RICHESSES HINÂRAI^aS DB HA HOnTELLE-CALÉDONIB
anteaé h faire mention des fraie de premier établiBSem^it,
en parlant des voies de transport et den prix de revient
des transports. Pour compléter les indications que aoas
noos proposons de donner sur les prix de revieiit des
exploitations de nickel de la colonie, nous devons micore
dire quelques mots des frais généraux divers, dans les-
quels nous comprendrons les différentes fournitaree
néceasaires à l'exploitation, et nous devons en outre
revenir sur les dépenses de premier étaUissemsit.
Les fonriiitores consommées d'une façon courante pour
l'exploitation sont peu nombreuses : dans quelques cas on
a recours aux explosifs, on emploie partout des outils
divers, barres b mine s'U y a lieu, pics, pioclies, pincée,
pelles; on use en outre une quantité importante de sacs,
comme nous Tavons déjtt mentionné ; enfin, ■ dans des
exploitations importantes, l'entretien des différents engins
de transport sur carrières donne lieu à une consomma^
tion pins ou moins régulière de fournitures diverses; il
y a donc k ajouter au prix do revient du minerai sur car-
rières, que nous avons indiqué ci-dessus, un article four-
nitures qui peut se monter à 3 ou é- francs par tonne
{4 à 6 francs par tonne sèche). Pour les petites exploita*
tions, cet article disparaît presque (-«mplêtemuit : les
explosifs y soat d'un emploi exceptionnel; les outils otit
généralement fait l'objet d'un approvisionnement fait nBe
fois pour toutes an débnt de l'exploitation, que l'on porte
aux dépenses de premier établissement et dont il n'est
pas tenu compte ensuite, de même pour les engins de
transport.
Les frais généraux comprennent, en outre, des frais
plus ou moins importants de direction technique, d'études,
de comptabilité, etc., que de pelits exploitanls, travail-
lant à leur compte (petits mineurs), ne font généralement
pas entrer en ligne de compte, puisqu'ils assurent per-
sonnellement ces différentes tâches. Les dépenses pour
bï Google
LU lOKBS DB NICSK. 107
prises d'essai sjrstématiqoes des différents lots, et pour
analTse tant de ces prises d'essai que des écluuitUIoBs
fréquemment prélevés au chantier pour guider le travail
des ouTriers, doiveot iaterrenir égal^ent dans les frais
généraux, et elles ne représentent pas moins de 0",20 à
0'%25 par tcHine pour une exploitation importante ob les
prises d'essai sont soigneusement faites, et où l'on procéda
kdes centaines de dosages (*) par semaine, pour surveiller
et guider le travail d'exploitation. Ën&i les impôts de
tootes sortes, rederaDce sur les périmètres miniers, dixnt
BUT las minerais exportés, etc., sanscompter les droits de
navigation, de phare et de balisage^ qni pèsent indirec-
tement Bar ies pdx de revient, constituent, an tifare frais
généraux, une charge assez lourde, pouvant atteindre,
surtout pour une eatre{Kise importante, plusieurs francs
par tooi».
Si nous passons maintenant aux frais de premier
ètabtisswneni, nous n'avons pas grand'chose à dire de
ceux qui peuvent être faits sur les carrières mômes ;Boa8
avofis préfô^ les faire rentrer dans les frais d'exploita-
tion 80OS ia rubrique : Travaux préparatoires. La création
des engins auxiliaires de transport et de descente pour lu
coDceob«tion du minerai, l'achat des voies Decauvillc
volantes et du matériel de wagonnets nécessaires au ron-
Uge sur carrièreB des minerais et déblais, rentrent ati
contraire dans ces frais. Les engins de descente et de
transport horizontal j rouirent également et en constituât
le plus gros chiffre; noua ne reviendrons pas sur ce que
MUS venons d'en dire. Mais niHis devons mentitHiner ici
d'autres installations qu'il est indispensable de créer au
début de l'exploitation : ce sont d'abord des chemins
(*) Ces dosages le toDt d'une taçon e^ip^itive, grâce i une méthode
par Uqueun titrées qui k été iodiquée par U. Uoore, cbimiite dn ser-
Tic« local de U colonie, et dont on conDe arec succès l'application à dei
bï Google
198 HICBESBBS UmBRALES DB LA NOUTBLLE-CALBDONIB
d'accès depuis le bord de la mer ou depuis la localité T(H-
aine jusqu'au pied de ta mine, puis du pied de la mine
jusqu'aux travaux ; les premiers, tracés en terrain plat ou
à peu près, ne comportent pas de travaux importants, ils
doivent généralement être carrossables; les seconds, au
contraire, seraient plus difficiles à pratiquer si l'on ne se
contentait de chemins muletiers gravissant en lacets
n'importe quels escarpements, grÂce à des pentes attei-.
gnant jusqu'à 10 p. 100; de tels chemins ne reviennent
p^ à plus de 30 à 50 centimes par mètre, ce qui représente,
pour une dénivellation de 400 ou 500 mètres et un déve-
loppement de quelques kilomètres, 2.000 k 3.000 francs. H
faut ensuite avoir des installations, toujours fort sommaires
d'ailleurs, pour abriter les ouvriers k recruter ; ce n'est \k
qu'une modeste dépense, étant donné les conditions dans
lesquelles les ouvriers sont logés; nous reviendrons sur ce
point dans la suite.
Enfin l'exploitant doit ae construire sa propre habita-
tion, à laquelle il annexe un magasin destiné à renfermer
à la fois les fournitures courantes nécessaires à l'exploi-
tation et les vivres et fournitures diverses consommés par
les ouvriers.
L'ensemble de ces frais divers de premier établissement
n'est pas inférieur à 10.000 et souvent 20.000 francs
pour une petite exploitation ; il s'élève naturellement
incomparablement plus pour une affaire plus importante,
lorsqu'il s'agit de créer de toutes pièces, comme l'a fait
la société le Nickel à Thio, par exemple, les logements
d'un personnel important, des bureaux, un laboratoire,
des magasins considérables, un atelier, etc.
D. — Prix de revient globadx.
Poorrésumeren un tableau les indications, nécessaire-
ment vaguM, que nous avons données ci-dessus, nous
bï Google
LES UINBS DB NICKBL 199
diroDs que le prix de revient d'une quantité de minerai dé
nichel équivalente à une tonne de minerai sec, rendue
80U3 palans, comprend les éléments suiTanta, dont on peut
estimer que l'importance varie entre les chiffres ci-
dessous :
courants '
carrières, i
Abatage et triage 8,00 & 30,00
Transports sur carrières, éracualiou
du stérile 3,00 à 4,50
Travauxpréparatoireset terrassements
divers 4,00 à 20,00
Ensachage (s'il y a lieu), main-d'œuvre et matières. 2,50 A 3,00
Transports, main-d'œuvre et frais courants 1 ,30 à S, M
Entassement, main-d'œuvre 0,65 A 0,70
Chaloadage (y compris l'amortissement des instal-
lations s'il y a lieu) 4,00 A 6,00
Frais généraux, fournitures et entretien 0,00 A 6,00
Fnjs généraux : direction, surveillance, prises
d'essai, analyses, impAts 0,00 A 5,00
Hatériel et outils 1,00 A 3,00
Engins de transport 3,40 A 4,90
installations diverses (chemins,
constructions, etc.), essentiellement variable
Amortissement
des
installations.
Nous ne poavons que répéter ici que ces chiffres ne
doivent être considérés que comme donnant des indica-
tions sur la fa^n dont se répartissent les dépenses d'une
exploitation de nickel en Nouvelle-Calédonie : si l'on
considère les chiffres minimum que nous donnons et qui,
noas le répétons, se rapportent à l'exploitation, sans souci
du lendemain, de quelque riche trainée découverte çà ou
là, on peut dire que les frais courants par tonne sèche
rendue à bord peuvent ae pas dépasser 25 francs; il faut,
en outre, y ajouter, comme nous l'avons dit, des frais géné-
raux fort minimes et ensuite une charged'amortissement-
qu'on ne peut évaluer, avant la fin de l'exploitation, que
d'une façon tout à fait incertaine; on ne connaît en effet
nullement la quantité do minerai qui sera exploitée, tant
bï Google
200 RICHESSES HUiÉRALBS DB LA NOCVSLLK-CALBDONIB
parce que l'explutaut liù-méme n'a pas recoonu la gîte,
que parce qu'il a eomm^tcé soa explmlatioa après-
avoir BigDé UD coatral de vente de 30.000, 40.000 ou
50.000 toanes à livrer au cours des deux ou trois anoée»
à venir, et qu'il ne peut nullement compter qu'au bout de-
ce temps une restriction de la demande de minerai De-
viendra pas l'obliger à abandonner one mine encore pro-
ductive, et à perdre tout le bénéfice qu'il pourrait encore-
retirer des installations qu'il a faites. Aussi, généralement^
celui qui entreprend pareille exploitation chercbe-t-il
simplement k voir s'il p«ut espérer rémunérer tooM «es-
frais sur l'esécutioD d'uu premiw oootrat de T«ate de
minerai; il prend alors à crédit(*] les foumitureB dwit il
a besoin et emprunte un fonds de roulement, pois se»
efTorts tendent à réussir, grâce aux livraisons de minersi
qu'il fera, à rembourser se^empruats, tout en coDservaat
quelque bénétice.
Nous avons dit queTamortis^mest des installations de-
transport ne peut que rarement représenter moins de 3",40
à 4" ,50 par tonne ; celui de l'ensemlile des autres installa-
tions et des approvisionnements divers ne peut guère être
inférieur. On anive donc k un prix de revient minimum
de 30 ou plutAt de 35 francs par tonne sèdie.
Cela représente, en supposant du mineru à la teneur
normale de 7 p. 100, un prix de revient de 0"',46 k 0^,50
au minimum par kilogramme de métal contenu dans le-
minerai. Comme les marchés qui couraient au moment de-
notre séjour avaient été le plus souvent conclus entre-
0",6Û et 0'',70 par kilogramme de métal, on voit que,.
pour une exploitation où auraient été réunies toutes les
conditions les plus favorables, facilités d'exploitation, voies
(*) Dm Mhftte Taiti dans «a coaditioiis, par des eiploilsats qui
n'offrent souvent d'autrei garenlieg que les chvices de luccès de leur-
czploil&tion, sont naturellement faits ft dei prix sériensement majorés^
ce qai contribue à angEneoler let tnii de premier AtaUiMeaieBl.
bï Google
LU MINES DB NIOKtL 20f
de tr^sport aisées à installer, et toonage important de-
minerai à extraire sur lequel répartir les frais de premier
établiMemeot, il y avait une sérieuse mai^e pour la rému-
fiératioii personnelle de l'exploitant et pour la réalisation
d*UQ bénéfice in^ortant. Il faut d'ailleurs ajouter k ce-
dernier celui qui résulte déjà de la rente aux ouvriers des-
vivres et marchandises diverses, et qui n'est souvent pas-
to moindre, puisque plusieurs exploitants nous ont déclaré
que c'est en somme le »eiil qu'ils réalisent.
Mais bien souvent l'exploitation elle-même n'est pas-
atiBsi aisée; il y a des périodes ttnit au moins, ob les tra-
vaux au stérile sont nombreux et coûteux (il est rare qu'il
n'y ait pas à compter audébutde l'exploitation sur une telle-
période dont il faudra oaturellemeol tenir compte ensuite) ;:
lee transports peuvent être pins difÔcitës à organiser, il
arrive qae, faute d'avoir consacré au début une sommtt-
iufîlsante k la création d'engins bien disposés pour réduire-
la main-Kl'oeuvre aux chiffres assez bas que nous avons
supposés, celle-ci est plus onéreuse; il se peut, au con-
tndre, que les installatiocsaient dû 6tre plus importantes-
qoe oous ne l'avons admis, ou ne se répartissent finale-
ment que sur an tonnage trop restreint; dan^ de telles
conditions, les bénéfices de l'exploitation peuvent être
beaucoup moins importants. Parfois, nous l'avcms déjà,
mentionné, il serait pratiquement trop onéreux, sinon,
peut-être au point de vue absulu, du moins en raison des.
ressources ou du crédit dont dispose l'exploitant, de créer
des moyens de transport vraiment économiques; d'autre-
part, l'abatage du minerai peut être plus ou moins malaisé ;
dès lors le prix de revient par tonne de minerai s'élève con-
sidérablement ; m^s, si le gîte permet de n'exploiter
qœ des minerais riches, à â p. 100 par exemple et môme
phis, la valeur de la tonne s'élève aussi très notablement,
puisque non seulemeut la teneur en métal augmente,,
mais encore en même temps le prix de base par unité de-
bï Google
202 RICHESSES MINÉRALES DB LA HODTSLLB-CALSDONtE
métal, et l'exploitation reste possible sur une petite échelle.
Telles sont les conditions dans lesquelles ont été
créées toutes, ou à peu près toutes, les petites exploita-
tions de la colonie, qui ont produit, en 1901 , 45.000 tonnes,
soit 1/3 de la production totale, et celles dans lesquelles
était également conduite, il y a quelques années, l'exploi-
tation de Népoai. Des sociétés importantes disposant d'un
capital considérable, possédant, ou croyant posséder (car,
rappelons-le, il y a bien peu de gîtes réellement explorés
aujourd'hui), des réserves importantes de minerai dans
une même région, procèdent naturellement d'une tout
autre façon : assurées d'une certaine permanence dans
leurs affaires, elles ont beaucoup plus d'intérêt & chercher
h épuiser systématiquement les gîtes qu'elles ont aména-
gés et pourvus de moyens de transport convenables ; dès
lors leurs exploitations comportent tout natorellement des
frais spéciaux sur carrières incomparablement plus élevés
que ceux des mines dont nous venons de parler ; la charge
des frais de premier établissement et d'amortissement
devient au contraire plus faible, tandis qu'il faut compter
une part de frais généraux très notable, et que les
dépenses de fournitures, qui se renouvellent d'une façon
périodique, constituent également un article du prix de
revient. On arrive ainsi à des prix de revient qui peuvent
s'élever jusqu'à 60 et même 70 francs par tonne de mine-
rai sec à 7 p. 100, portant le prix du kilogramme de mé-
tal à 0'',85 et exceptionnellement 1 franc. Ce sont Ik
des chiffres qui peuvent paraître paradoxaux, pour cette
raison qu'après tout ce que nous avons dit de l'intérêt
considérable qu'il y a à munir les exploitations d'installa-
tions perfectionnées et coûteuses au besoin, dont les frais
de premier établissement soient destinés & se. répartir
sur un tonnage important, nous en arrivons à constater que
le prix de revient dans ces conditions est souvent bean-
bï Google
LES MINES DE NICKEL 203
coup plus élevé que dans les petites exploitations, oii il
est strictement limité (*} par le prix auquel le minerai
peut être vendu, soit de 60 à 70 centimes par kilogramme
de métal. L'explication de ce paradoxe tient à deux cir-
constances: d'une part, les sociétés importantes exploitent
aujourd'hui, souvent après avoir, au début, épuisé les gise-
ments voisina de la mer, des mines situées àl2 kilomètres
(niio) et même à 25 kilomètres {NépouiJ de la mer, mines
qui seraient pratiquement inac-cessibles pour les petits
mineurs; d'autre part, elles en tirent parfois un tout
antre parti que celui que de petits mineurs en auraient
tiré, et il n'est pas exagéré, à notre avis, de dire que là
ob un petit mineur aurait peut-être extrait 50.000 ou
60.000 tonnes de minerai à S ou 9 p. 100, représentant seu-
lement quelques milliers de tonnes de métal, une telle so-
ciété pourra extraire quelques centaines de mille tonnes de
minerai avec des teneurs de 6 1/2 ou 7 p. 100, utilisant
ainsi trois ou quatre fois plus du métal contenu dans le
gisement. Enfin il ne faut pas oublier que tous les prix de
revient que nous avons indiqués sont, en ce qui concerne
la main-d'œuvre, majorés du bénéfice retiré de la vente des
marchandises aux ouvriers ; ce bénéfice s'ajoute à celui des
petits mineurs, mais il ne diminue en rien les prix aux-
quels ib livrent leur minerai ; ce même bénéfi<'e, plus
modeste il est vrai, se retranche au contraire des prix
de revient des sociétés importantes dont nous venons de
donner une évaluation, et, comme il atteint encore aux en-
virons de 20 p. 100 sur les marchandises vendues, c'est-
à-dire sur lamajorité des salaires, il doit diminuer le prix
de revient par kilogramme de métal que nous donnons
ci-dessus, d'une somme qui n'est pas moindre que 0",10.
Ajoutons que si, dans ces conditions, il semble qu'une
(*] Pour avoir la limile réelle à laquelle le petit mineur peut exploi'
ter Rana perte, il faudrait réduire ion prix de revient, calculé comme
nouB l'avons fait, de la part correspondant au bénéflce qu'il rËalise lur
lu fournitures qu'il fait à ses ouTrien.
bï Google
204 BICHE88E3 HIHiltALBS DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
société iinportantâ puisse souvent avoir avantage, au
lieu de forcer sa production pour faire face à une demanda
particulièrement active de minerai, à passer des marcbé»
avec de petits mineurs, comme cela est d'une pratique
constante lorsque la demande de nickel est active, cela
n'est réellement avantageux, à son propre point de vue, qne-
lorsque le gisement exploité par le petit mineur n'q>-
partient pa» à la société. Lorsque au contraire la min»
lui appartient, c'est généralement le gaspillage presque-
dëSnitif auquel elle consent pour un gisement qui, s'il a
tenté quelque petit mineur, n'est généralement pas parmi
les moins riches ou les moins avantageusement situés.
Et c'est eu insistant sur cette considération que nous
terminerons ce qui a trait aux conditions écoDomiques
actuelles de l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédo-
nie. Les prix de revient du kilogramme de métal, avec
l'obligation d'une teneur minimum de 7 p. 100 pour 1»
minerai sec, peuvent être considérés comme variant
aujourd'hui, tout compris, de 0'',50 k 1 franc au grand
maximum; mais le prix minimum, que nous croj'Oii*
pouvoir fixer aux environs de 0'',5Û, n'est pratiquem<»it
réalisé, dans la plupart des mines oiion l'obtient, pour ne pas-
dire dans toutes, que par un véritable gaspillage deagiles;
ce n'est d'ailleurs pas du tout à dire que de tels prix ne
pourraient pas être obtenus tout eu assurant une beaucoup
meilleure utilisation. Sans douto cette utilisation ne sau-
rait être parfaite; elle ne saurait même être aussi com-
plète que lorsque l'on consent à des prix de revient plus
élevés; mais elle pourrait aisément, crojons-nous, être
souvent deux fois meilleure, pour peu que l'exploitation fût
entreprise avec plus de souci de l'avenir, par des personnes-
disposant des capitaux nécessaires (qui ne seraient d'ailleurs
pas énormes), moins hantées par l'idée de faire fortune eiv
quelques années, et, disons-le aussi, moins complètement
ignorantes de ce que peuvent être un gisement minérU
et les conditions dans lesquelles il devrait *tre exploité.
bï Google
CHAPITRE IV.
«nUUTIOH DES UHBRAIS DS NICKEL DE LA NOIITELLE-
CILËDOMIE. DÊBODCH£S QUI LEUR SORT OFFERTS.
A . — TRAtTKMENT ACTUEL DES MINERAIS.
Les minerais de nickel aRtuelIement exploités en
Nouvelle-Calédonie soûl généralement expédiés en Europe,
soit an Havre, soit à Glasgow, soit à Rotterdam ; au voi-
sinage immédiat des deux premiers de ces ports existent
deax usines de traitement appartenant à la société le
Nickel, l'usine du Havre et l'usine de Kiritintilloch, ayant
produit chacune, dans ces derniferes années, de 1.500 a
1.800 tonnes de nickel par an; de Rotterdam, tes minerais
sont dirigés sur l'Allemagne, où ils sont traités (produc-
tion 1.000 à 1.200 tonnes par an). 11 a en outre été
récemment fait quelques expéditions de minerai sur
l'Amérique (30,000 tonnes environ en 1901).
Les frais de transport jusqu'en Europe sont naturelle-
ment variables avec les conditions générales du fret dans
le monde entier; ils oscillent généralement aux environs
de 30 à 40 francs par tonne, prix auquel il faut ajouter
une assurance de 3 p. iOO ad valorem. Ce prix est celui
qui est fait par dos voiliers français portant de 3.000 à
4.000 tonnes de minerai, qui viennent d'Europe en Nou-
velle-Calédonie par le cap de Bonne-Espérance et re-
tournenten Europe par le cap Horn, effectuant un voyage
d'une durée totale de 7 mois, le plus souvent sur lest à
l'aller. Un voyage leur rapporte, outre le fret qui s'élève
entre 100.000 et 150.000 francs, la prime à la naviga-
tion accordée par le gouvernement français, prime qui
bï Google
aOft RICHESSES MINÉRALES. DB LA NOUVELLE- CALÈDONIB
atteint 125.000 francs en moyenne par voyage et qui
couvre (iéjk pneqoe les frais du voyage. D'après les rrai-
seignements que whb avons pu recueillir, ces b&timeats
ne pourraient guère acospter de fret à moins de 50 francs
par tonne, si cette prime b« leur était pas allouée; des
b&timcmts aagl^s, qui n'en prcAbaot pas, accepteraient
parfois des freia d'une -qnanntaine dkfruics.
Quoi qu'il en soit, on voit qa'acim^mMi le fret seul,
qui représente ainsi environ 48 à 55 tr&nes par bonne de
minerai sec, soit 70 à 75 centimes par kilogramn* de
métal, suffit k doubler, à l'arrivée en Europe, la valeur i»
minerai de nickel pris sur place.
Le traitement que le minerai subit comporte actuelle-
ment une fusion pour niatte au cubilot à vater-jacket ;
fondu avec 20 p. 100 de calcaire, 10 p. 100 de gypse
(ou une quantité de charrée de soude équivalente au
point de vue de la richesse en soufre) et 37 1/2 p. 100
de coke, le minerai produit une matte tenant environ
45 p. 100 de nickel, 40 p. 100 de fer et 15 p. 100 de
soufre, tandis que les matières réfractaires, silice, chaux,
et magnésie, passent dans la scorie et n'entraînent qu'une
faible quantité de nickel. La matte obtenue est ensuite
déferrée au convertisseur, ce qui donne lieu à la produc-
tion d'un sulfure de nickel à 75 p. 100 de nickel, moins
de 1 p. 100 de fer, et 24 p. 100 de soufre; celui-ci est
finement broyé, puis il subit un double grillage très minu-
tieux, destiné k éliminer aussi complètement que possible
le soufre ; enfin l'oxyde produit est réduit en présence de
charbon et de farine, ce qui donne du métal à peu près
pur et aggloméré par une demi-fusion. Nous n'avons pas
d'évaluation exacte des frais que comporte ce traitement ;
noua croyons néanmoins qu'ils ne dépassent pas 1 franc
par kilogramme de métal produit ; une moitié de ces frais
se rapporte à la première fusion.
Dans ces conditions, le nickel se vend en Europe, suivant
bï Google
LB8 HINB8 DE NICKEL 207
les circonstances, suivant l'importance des achats, etc.,
eotre 3'',50 et 4 francs le kilogramme. Ajoutons que
le nickel qui est extrait des minerais calédoniens par le
traitement que nous venons d'indiquer est très pur : il
contient 99 à 99,5 p. 100 de nickel ; il est suffisamment
bien débarrassé du soufre qui y a été incorporé par la
première fusion, puisqu'iln'en tient que moins de 1 millième;
il est exempt d'arsenic et de phosphore, et ne contient que
des traces (moins de 1 millième) de enivre, qui seraient,
parait-il, introduites par le traitement, mais qui n'existent
pas dans les minerais de notre colonie.
B. — Les débodchés nu nickel.
Le prix du nickel métallique a baissé depuis 25 ans
dans des proportions extrêmement considérables, puisque
au moment de la découverte des minerais de la Nouvelle-
Calédonie il était encore de 18 francs le kilogramme, et
qu'après s'être abaissé d'abord brusquement à 10 francs,
puis successivement à 8,6 et 5 francs (1892), à 4 francs
(1894), à 3 francs (1895), et puis même à 2",40 (fin 1895]
par l'effet de la concurrence du Canada, il oscille
maintenant entre 3^' ,50 et 4 francs le kilogramme.
Néanmoins le nickel est resté un métal demi-précieux,
coûtant à peu près deux fois plus que le cuivre; il ne
saurait donc être substitué à ce métal, de même que les
alliages à base de nickel ne sauraient être substitués au
lûton, que pour des nsages de luxe ou à peu près; on
connaît les emplois du nickel métallique pour un certain
nombre d'objets usuels qu'il est intéressant de préserver
du vert-de-gris, ou comme revêtement, soit à l'état de
plaqué, soit à l'état de dépôts galvaniques, sm- d'autres
métaux ; on connaît également tes usages des alliages à
base de nickel : argentan, maillecbort, métal anglais,
métal blanc, etc. ; enfin le nickel, soit pur, aoit à l'état d'al-
bï Google
'206 RICHESSES UIHÂBALES DE LA NOWELLE-CALÉDONIB
liage, a été employé, et sera vraisemblablement employé
encore, par différents paya pour la fabrication de la mon-
naie de billon.
Bien que l'ensemble de ces usages, qui ne demandent
4-bacun individuellement que des quantités relatiremeot
restreintes de nickel, finisse par représenter des cen-
taines et même quelques milliers de tonnes par an, et que
l'on puisse espérer rcnr peu a. peu adopter ce beau métal,
précieux par son inaltérabilité, pour d'autres usages du
même genre, il n'y aura là vraisemblablement qu'on
accroissement assez lent d'année en année, tant que le
prix du nickel restera notablement supérieur à celui du
niivre.
Un aulre déboucbéqui a été ouvert au nickel depuis
que son prix s'est abaissé est la fabrication des aciers au
nickel, cl celui-là, qui en a déjà aujourd'hui doublé lei
usages dans le monde entier, parait promettre, pour un
avenir sans doute prochain, un large développement de
la consommation du nickel, La ténacité et l'augmentatioa
de ta limite d'élasticité et de la charge de rupture qu'un
petit nombre d'unités de nickel communiquent à l'acier,
ont fait introduire ce métal dans la composition de cer-
tains aciers spéciaux depuis une douzaine d'années envi-
ron : employé d'abord avec succès pour les plaques Je
blindage en proportion de 3 à 5 p. iOO (essais d'Anna-
polis, 1891), il a été introduit ensuite dans le métal à
canons (en proportion voisine de 2 p. 100), dans des tôles
destinées à des constructions métalliques oli l'on recherche
tout particulièrement la légëred' (proportion de 3 p. 100),
dans cerLaina arbres dont on désire augmenter la limite
élastique (proportion de 1 p. 100), et l'on cherche aujoui^
d'hui a. employer les aciers au nickel pour faire des
tubes, des rivets, etc. Mais, si « les aciers au nickel plus
ou moins mauf^anésés, carbures ou chromés, sont scm-
a aux aciers ordinaires au carbone, tant que les pro-
bï Google
LES UINBS DE NICKEL 209
portious de nickel, manganèse, chrome et caibone ue
dépassent pas une certaine limite (') », et si, dans ces condi-
tions, ces divers éléments jouent simplement le rôle d'élé-
mmis durcissants, << au delà d'une certaine limite, les
additions de ces éléments produisent une transformation
allotropique du fer contenu dans les aciers, qui fait
^paraître des propriétés physiques et mécaniques très
différentes de celles des aciers oi-dinaires {')... » Avec une
composition répondant à cette dernière condition grâce
à une forte teneur en nickel, « les aciers s'adoucissent
considérablement par la trempe et ne durcissent que
par l'écrouissage ; les propriétés mécaniques de certains
d'entre eux sont très remarquables, particulièrement
au point de vue de l'allongement à la rupture, qui est
exceptionnel, et de la résistance au choc, qui dépasse
celle de tous les alliages ou métaux connus (*) », Cest
parmi ces aciers-là, oii la proportion de nickel se compte
par dixièmes, que l'on a découvert des métaux présentant
des propriétés physiques extrêmement remarquables,
notamment au point de vue de. la dilatabilité, ce qui est
de nature à leur ouvrir des débouchés, mais sans doute
restreints comme tonnage, pour la construction d'appa-
reils de physique, de géodésie, etc.; cependant certaines
de leurs propriétés mécaniques sont si précieuses que,
malgré leur prix élevé, ils ont déjà été employés dans
la construction en fer, notamment en assez grande quan-
tité par l'artillerie française au cours de la construction
de 80D nouveau matériel (tâles à 25 p. 100 de nickel).
Aujourd'hui donc les usages des aciers au nickel sont
courants avec des teneurs de 1 à 5 p. 100 sous forme de
tftles, arbres, canons, obus, et surtout de blindages. Cè-
ne sont encore là que des usages spéciaux correspondant
(*) Recherchai lur let acien au nickel à hauUi ttneui'ST [W"
U. L. Di-MAB (Annalti det Mines, 10- itrie, t. I, p. 551 e.t SSa ; 1902).
bï Google
310 RICHESSES HINÂRAIXS DB L& ITOTrraLLE-CALBIWNIB
à des tMimiges limités, et c«la tient non sMÛemetft k t»
qW introduction de quelques unités poiD* œst da tàMI
dans l'adu' augmente tr^s notftblement son^x (sDimMt
(fa simple au double] à la fois en raison de la Taievr raèo»
da métal introduK et en raison de Is minutie pins gnsde
de la préparation métaHurgiqoe de ces aciers epédwa,
maîB cela tientencore k ce ftdt que l'amé^orstâoB de oer-
tainoB de leurs propriétés mécaniques ne va -pas vottmA
sans des inconvénients, tels que la difficulté avec Isqneâe
ite se laissent trarailler, ne supportant jms récrooiBsa^er
criquant aisément, etc. Il est fort intéressaat oepemdnt
de signaler nn pas, paraissant très notaUe, qei vî^
d'Atre fait aux États-Unis : après des essais multipSes
pour l'emploi de rùts en aoier an nickel e»r des sectiw»
de voies ferrées très fréquentées, en Tue d'espat^rnst»-
blenient les réfectioiis dévoies, la Pensylvanian Railroad ^
vient de commander {).000 tonnes de nùts bb «ckr
à S 1 /â p. 100 de nickel pcnant S5 et 100 tivres pu jaH
(soit 43 et 50 kilogrammes par mMre), pour en moBÉ-lff
sections de voie les plus diargées de «es figniee mHtmu
de Pittsbarg : cette commande attrait été &)te an frit
de !% dollars ta t«Hte (361 fï«nes par ionae méti înjmi) (')■
La maltipUcwtioii de ^enblabloB osages «e ■mMnjwenÉ-
pas d'accrottre oonsidéraUement la coriMnnalMB ér.
nictol, et -oria posrrsift bien ne pas !taFder4iv praduiM'Mi
efiht.
Poor oe qui est de l'ad^tïM ^les aoiws m niekelfc
haute teneur, on peuit dès aujourd'hiii y compter ftew It
cooetnictioii d'appniwls de faié(àsion ; mâb '«el* «st 'peu
de chose, et oe qui serait vraimieiit TirétsMat "pMT'aotn
o«ik>nie, oe -serait de voïr se dé^velopper Ane UM^lufa Mb'
qw œlvi qm a éié Mt par l'irrtfllerie frimçmtt^'iatsrtf
25 p. lOO de nickel ; il ne faudrait en effet j
(*) «^«iMpfttp'dMMMnr JtMniia, 7«»rtl«r«MS,v-*n-
bï Google
lAB MniBS vm mOKEL 311
^rtstigva exigeant dncia «nnn^lemcnt «fudqaes cen-
tnaes ée ttmies 4« tels aders poer •sgMeatH' 'èma one
far^ proportion la oonsoianatkm du «tck«t ; il me mus
pBrsH pas dooteoK <i«e ces UBigtiS w iMdtq^MTMrt d'au-
tant ^tis rapidentoBt -qse le pris 4t Meked, qn «torricnt
pour ime lar|;e part Ans le prix ^evé de «wb proMts
spéciaux, dinÛDuera plus vite et phw notnMouwnt.
Les Bsagcs métsfin-grifaes sont énnc de «eux ifai, exi-
g«ant -aBJearclliat il peu prèe La «loilié d« nickel cansommé
4en8 )e «londe, poairmeHt 'À t>i<ef (Mai, et sartout A la
faveur d'un abaissemeDt notable du prix 4a nicfael, t/ug-
iDâBtdr daos une ic6» large fiTAportioa. Us suivent uatu-
reètemeat aujaBrd'àai les fluctuati(Ai de l'industrie
métdhirgique, et en particulier ■in l'induatrie spéciale des
ameanents; ils «nt «a leor fihoàe d'accroissemeut
de 1898 k 1901, en même temps gne cette inda^ne, ft
sobissenta^onrd'hui arec edle-Bne crisequi n'ectassoré-
M8At Q<tP Tfllf?tlBfF''irft
QiHi (^"tA «n soit, fcmufihhi «ks UMfM 4a -oickel *
déjà marqué une progression considérable depuis 25 ans,
■t iMHHsoiMMa bim pavHidé 9/»» oatte pwywniw ne
tfva'lpwooatiaaar>e«oac»d'«a»ée «maciarée. i.«8-fiMl(|«es
cdàffiea ■iimIiiii iii—tiniiiat eei^'«Ue a ééé jas^'ià.
itVn lii'- i«v>t{')^ ia pwéwtwi lawidir da akkel
s« «Mftée BiiwiMiiMt ■(■tii—àii >i^M'«ia7a,<t«ile
•Hoit aiaidéB «Muite à^aa|ne twi lAiffrii «mibU;
1878 400 tonnés
UM. — l.WO —
ÎIR 8.M0 —
TW7......... T.O» —
La NouveUe-Cdédomeinterrenait J^leura pour la plus
large part dans cette production. Depuis 1889, la décou-
X*)Il-t.tviT, Progril de la métûUurgit da nUrket (ÂntuOtë dêfWIMt,
bï Google
n
212 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
verte des riches mines de pyrrothine cupro-nickeiifëre
deSudbury (Canada) a fait entrerenligne, pour la produc-
tion du nickel, un redoutable concurrent de notre colonie;
ce sont les quantités considérables de métal que le Canada
a jetées sur le marché à des pnx sans cesse décroissants
qui ont amené la crise subie par les exploitations de
nickel de notre colonie, en 1892-1897.
D'après les statistiques que nous avons entre les
mains(*), la production du nickel métal se serait, depuis
lors, répartie comme suit, au point de vue des pays d'ori-
gine des minerais :
IBB9 IS90 IS» 18»!
im 1897 ISsa 1X39 19i»
KUIl-Unii &/iBlt.
î.4â& 4.706 4.823 4.TI3 iJSA 4.3H 4.537 4.
II6 6.MR7.89Î (0.
Nous ajouterons que la consommation du nickel dans
le monde entier n*a pas exactement suivi les fluctuations
qu'indiqueraient les chiffres ci-dessus, extraits des statis-
tiques officielles des différents pays; on aurait en efl'et,
d'après tes renseignements que nous avons pu recueillir,
consommé les quantités suivantes de nickel au cours des
<^inq dernières années.
Anni*d ConuiDBftUso
""""' dt nioke] mtM
1898 6.600 tonnes
i89fl 6.700 —
1»00 7,200 —
1901 7.400 —
i«a 6.SO0 —
(•) R.-P. ROTMWBLL, The mintrat Induttrji, uin«e« 1S9S et Wit.
bï Google
LB8 MINES SE NICKEL 2t3
En regard de cea chiffres de production et de consom-
mation du nickel, nous fournirons, d'après les statistiques
officielles, ceux de l'exportation des minerais de Nouvelle-
Calédonie avec l'indication approximative des quantités
de métal qu'ils contenaient, en faisant remarquer que,
même à supposer les statistiques de la colonie exactes,
non seulement il y a une certaine perte au traitement et
parfois des pertes en route par suite de sinistres de mer,
mais qu'en outre la nécessité de conserver ou de former en
Europe des stocks d'une certaine importance a pu donner
lieu, au cours de diverses années, à des exportations de
minerai notablement différentes de celles correspondant
à la production, et surtout à la consommation réelle, du
nickel d'origine calédonienne. Quoi qu'il en soit, voici les
chiffres que fournit la statistique officielle.
bï Google
314 RICHESSES HINÈBAUa DB I4A SOUVKLLB-CALÉDOKIK
S. an. «Kl
Ï.G78.IJI»
a.îïâ.mxi
■i.ifn.m
BCO.aW (:M).HI7)
Bn.G93 (3.607}
C. — DEVELOPPEMENT POSSIBLE DE l'iNDCSTRIB DO NICKEL
BS Nouvelle-Calédonie.
Les chiffres qui précédent suffisent à montrer quelle a
été jusqu'ici, pour la Nouvelle-Caléilonie, l'importance do
» colonnes sont Établis en supposant tout
is port* entre parentbdHCs, lorsqu'il y
{•) Les chiffres de et
le minerai exporté rru
avait lieu, les cliiffres relatif» an minerai fondu lians la rolonie.
(") Les valeurs des (|uantités de minerai exportées, indiquée!) pouriM
années «ntérienres A 1901. et en particulier pour le» trois dernières,
•ont certainement eiogéréei; elles paraissent avoir été oliteaues en
mulUpliant les tonnages de minerai buruid ■ par la valeur de la toane de
minerai sec; elles seraient donc à réduire de 2,1 p. 100 environ.
bï Google
LKS MJNKS. DB lOCKKL 215
l'ioduBtn» «lu oijckel, «t qiist est l'iaiérftt qui s' attacherai,
^uB la prospérité de nolce colonie, à ce que cette indu»-
trie se développe encore largement. Nous avons suffisam-
awot m«atré duts ce qui précède combieu gruides sont
les ressources ea laétal CMilement expbntables conteauee
dans le sol de la Nouvelle-Calédonie pour que chacun coni-
greaoe que Toaue peut queaoutuûter de voir la demande
'de uijMrai augmenter, fat-ce au prix d'un abaissemeat
'des cours; les richesses <le notre colonie peuvent eu
•effet, j^ur peu qu'on les exploite d'une façon plus régu-
lière, plus stable, et plus prévoyante, ce que ne manque-
cait pas de faciliter grandement une augmentation des
-débouchés, fournir il des demandes beaacoup plus impor-
tantes encore qu'aujourd'hui, et cela peodant de longues
années.
Comuienousl'avonsditjCette augmentation desdébouchés
parait assez étroitement Uée aujourd'hui à une diminution
-du prix auquel le métal pourrait être offert au cousoin-
mateur, et les gisements que nous venons de faire con-
naître pourraient, nous a'^ doutons point, sati^aire à
-cette nécessité. Noua voudrions le montrer en quelques
jnots.
Si l'on reprend un à un les différents éléments du prix
-de revient du nickel que fournit la Nouvelle-Calédonie, on
est fi'appé, en écartant pour le moment les cliarges
importantes que comportentles difUcultës de main-d'œuvre,
sur lesquelles nous reviendrons d'ailleurs, on est frappé,
disons-nous, de l'influence sur ce prix de revient de 11*018
circonstances différentes. Ce sont : d'abord l'obligatioa
d'abattre avec le minerai des quantités considérables de
matières plus pauvres en nickel qu'il faut séparer par un
minutieux triage et rejeter ensuite, puis, et surtout, l'aug-
mentatiou de prix du simple au double que comporte le
transport, depuis les Antipodes jusqu'en Europe, de mine-
rais (jui ae tiennent guère plus de 5 p. 100 de leur poid^
bï Google
216 RICHESSES MINÉRALES DB LA ODVELLE-CALÉDONIR
du précieux métal, et enfin la cherté, inhérente à aa com-
plication, du Iraitomeut métallurgique des minerais de
nickel.
Pourrait-on diminuer ces lourdes charges et dans quelle
mesure? C'est ce que nous allons discuter.
Lu question du traitement métallurgique des minerais
de nickel, et en particulier de ceui de la Nouvelle-Calé-
donie, est de celles qui n'ont pas sans avoir été bien sou-
vent étudiées, mais qui n'ont jamais pu recevoir jusqu'ici
de solution plus satisfaisante que celle que nous avons
fait cumialtre en quelques mots ci-dessus. C'est de l'affi-
nité extrême du nickel pour le soufre queprocèdent essen-
tiellement les difficultés de la question : tout traitement
par voie ignée, à moins qu'il n'ait lieu entièrement avec
le secours de combustibles végétaux, c'est-à-dire de char-
bon de bois, comporte nécessairement l'absorption d'une
certaine quantité de soufre par le métal, ce qui entraîne
ensuite l'obligation d'un grillage extrêmement soigné et,
par suite, fort onéreux ; le traitement du nickel unique-
meut au boiau'apparaissant comme guère possible aujour-
d'hui, il faut se résoudre à cette obligation ; dès lors la
première fusion sulfurante, plus aisée que la première
fusion pour fonte nickelifère, parait indiquée, et le reste
de la méthode actuellement usitée s'ensuit.
Ne pourrait-on pas tourner la difficulté par l'emploi
d'une méthode de voie humide? C'est ce qui a souvent été
étudié, mais ce quia toujours échoué, en particulier devant
les dépenses et les difficultés qu'entraînerait la dissolution,
en même temps que du nickel, des quantités considérables
de magnésie qtd l'accompagnent. L'électroljse, actuelle-
ment employée avec succès au Canada, pour répondre, il
est vrai, à des difficultés de traitement tout autres, ou te
procédé Mond, fondé sur la combinaison du nickel à l'oxyde
de carbone, procédé que l'on essaie aujourd'hui de faire
bï Google
LES MINES DE NICKEL 217
entrer dans la pratique industrielle (*), ne pourraient-ils
être appliqués avec économie au traitement des minerais
<Ie nickel de notre colonie? C'est ce qui n'a pas paru pos-
dble jusqu'ici.
Nous pensons donc que, jusqu'au jour oîi quelque nou-
velle invention aura permis la simplification de l'extrac-
lion du nickel des minerais de la Nouvelle-Calédonie, il
faut compter avec des frais de traitement élevéR, comme
ils le sont aujourd'hui, c'est-à-dire peu inférieurs, tout
compris, k 1 franc par kilogramme de nictal produit.
Si nous passons maintenant à la question de l'abaisse-
ment possible de la teneur limite k laquelle le minerai est
exploité, nous constatons que c'est, beaucoup plu tM que les
nécessités du traitement métallurgique, l'élévation des
frets, augmentant le prix de revient du nickel en raison
inverse de cette teneur, qui fixe la limite de 7 p. 100 (pour
le minerai sec) à laquelle on s'arrête aujourd'hui. Sans
doute, chaque fois que l'on diminuera la teneur du mine-
rai à passer, on augmentera les frais de fusion par unité
de métal, et on diminuera un peu le rendement de l'opéra-
tion. Si, en effet, l'on suppose une légère diminution de la
teneur du minerai en nickel, avec augmentation corres-
pondante du fer et de la magnésie, l'allure générale de
l'opération n'en sera pas grandement modiflée ; cependant
la richesse en nickel de la matte obtenue sera moindre et
sa teneur en fer plus forte, tandis que la quantité de sco-
rie produite sera un peu plus élevée ; dès lors, pour main-
tenir une température suffisante au creuset, il deviendrait
nécessaire, comme cela se fait déjà maintenant, mais dans
une mesure moins large, d'ajouter des matières riches en
nickel, soit scories de déferration, soit, à défaut, une
petite quantité des mattes produitespar l'opération même,
(*) Le procédé Mond pour Vexlraclion du nickel, par M. I.éon Gl-illit
(«nie eioil, t.XLl, S- Mmestre 1902, p. 72).
bï Google
"2^8 RICHESSES MINÉaUJS OB LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
-«t cela s'irait pas aans exi^r mie augnientatioD de la
charge de coke. La sourie, qui contient une certaine quao-
Uté de nickel, surtout en raison d'un entraînement méca-
nique de particules de matte, entraînerait ^peu près la
même proportion de matte, puisque le rapport entre les
quantités des deux élément» serait mainteau en repassant
■des maties, et il n'j aurait g:uère â'^gmentaUon de la
perte en nickel que du fait du double passage à la pre>
miâre fusion d'une partie de la matte ; il pourrait d'ailleurs
aussi y avoir une légère augmentation du fait de la petite
teneur en nickel combiné que peut présenter la scorie.
Dane ces conditions, si l'on suppose quel'on vienne rabais-
ser de 7 p. 1^)0 à 5 p. 100 la teneur en nickel du minerai
sec, la teneur de la matte tomberait outre 35 et 40 p. lOU
de nickel, et la perte au traitement, qui est évaluée au
maximum à 10 p. 100 du métal contenu, pourrait atteindn
jusqu'à 20 p. 100 ; la consommation de coke pour la pn>-
mière fusion passerait vraisemblablement de 8 à 12 ou 13
par unité de métal.
Dés lors, les b-ais de première fusion, qui, comme
.nous l'avons dit, peuvent être actuellement évalués aux
-environs de 45 à 50 centimes par kilogramme de métal,
.atteindraient vraisemblablement 65 à 70 centimes, en
augmentation de 20 à 25 centimes, en même temps que la
consommationde minerai, au lieud'étre de 16 kilogrammes
-de minerai sec à 7 p. 100, s'élèver^t aux environs de
35 kilogrammes de mineraisec à 5 p. 100. On voit, qu'en
tenant d'autre part compte du fret('), qui revient aux
environs de 50 francs par tonne sèche, la dépense par
kilogramme de métal se trouverait accrue en outre
de 45 centimes, soit au total 05 à 70 centimes, c'est-
ànlire assez exactement du prix que coûte aetuelle-
(') Nnus ne tenons pas compte ici de l'augmentsIioD des frais d'aHi-
Aage de la malte eo raisoa de la. nioindra ricbesae, (W Mite augmenta*
JioD serait vraiieuiblabJcinent trèi Taible.
bï Google
LKS UINES DB HICKBL 2id
loenl le miofirai sur place ; il faudrait donc, pour pouvoir
:8ubsiUuer le minerai à. 5 p. lOO au minerai à 7 p. 10(), que
soa pris de revient, reodu à bord en Nouvelle-Calcdouie,
mnuL
La bécessité du transport du minerai cru jusqu'en
Europe prohibe donc d'une façon iU)solue l'emploi du
minerai à teneur de 5 p. 100. Pour le minerai à la teneur
'de 6 p. 100, il n'en serait pas tout k fait de même ; nëon-
raoÎDS il serait difficile à notre avis d'abaisser suffisanuiient
le prix de revient sur place du minerai à 6 p. 100 pour
qu'il y ait avantage à le substituerai] minerai à 7 p. 100;
il est cependant bon de signaler ici que des expéditions
Ja minerai à trieur comprise entre 6 et 6 1 /2 p. 100 ont
■été faites récemment en Amérique, et y auraient donné
Iieu,enl901, à taproduction de 1.796 tonnes de nickel (*).
Il semble, au contraire, que rien ne s'opjK)seraitàce que
l'on fondit sur place des minerais à plus faible teneur
s'ils pouvaient être produits à des prix auffisamnient bas.
Il est natiu^llement fort difficile, eu raison à la fois de
la très grande différence qui existe d'un gisement à
l'autre et de l'absence totale de toute reconnaissance
sjBtématique de ces gisements, de fixer quel serait
l'abaissement de prix de revient qui correspondrait à un
abaissement delà teneur limite des minerais exploitables;
ri aérait en tout cas considérable. Si nous envisageons, par
exemple, le cas on l'on en viendrait à exploiter jusqu'à
la teneur de .j p. 100, nous ne craignons pas d'affirmer
que le prix de revient do la lonne de minerai pourrait
être abaissé, dans beaucoup de cas, de moitié, peut-être
mémo des deux tiers. 11 ne faut pas oublier en effet qu'au-
jpurd'hui on abat forcément des quantités importantes
de uinerai à plus faible teneur en même temps que les
minerais utilisable!! ; donc, sans augmenter les frais
(*) R. P. RoTHWELL, The minerai Indualry to lAe end of 1901, p. UG.
bï Google
220 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLB-CALéDONIB
d'abatage, on aurait déjà un accroissement consi-
dérable du tonnage utilisable; les frais de triage ne
seraient pas augmentés, ils seraient souvent même
diminués (il suffit pour en être persuadé d'avoir vn
sur les carrières de presque toutes les mines des
quantités considérables de tas de matières prêtes à être
expédiées, mais qui ne pouvaient l'être parce que l'ana-
lyse y avait montré des teneurs de4 p. 100, 4 1/2 p. 100,
T) p. 100, et souvent même 5 1/2 p. 100 ou 6 p. 100, et
parce qu'on ne disposait pas d'assez de minerai riche pour
les porter à la teneur de 7 p. 100). Quant aux frais de
transport, ils ne seraient accrus que de bien peu, car la
plupart des cSbles on voies ferrées sont loin de trans-
porter non seulement le maximum de ce qu'ils peuvent dé-
biter, mais encore souvent le maximum de ce que pourraient
manutentionner les ouvriers qui en font le service. Si
donc nous admettons, ce qui n'est en moyenne pas supé-
rieur à la réalité, croyons-nous, que le triage des masses
abattues fait en vue d'en retirer du minerai à 5 p. 100,
en donnerait facilement deux fois k doux fois et demie
plus que de minerai k 7 p. 100, nous constatons que la
totalité de ce minerai descendu au bord de la mer (nous
ne comptons ici ni le chalandage, ni les droits d'ex-
portation, etc..., qui n'entreraient plus en ligne de
compte si le minerai était traité sur place) reviendrait 4
peine plus cher que la petite quantité actuellement des-
cendue ; il n'est donc pas téméraire d'escompter que le
prix de revient de la tonne serait facilement diminué de
moitié, en même temps que l'on assurerait l'utilisation de
10 à 12 unités do métal au lieu de 7{*). Mais ce n'est
pas tout; à côté des masses que l'on abat aujourd'hui, on
laisse des masses minéralisées très faciles k exploiter et
(*) Pour fttre tout i Tait exact, il hudreit tenir compte de raugmoata-
tion de la perte au traitemeDt, ce qui revient t dire qu'on asiurerait
l'utilUation de 8 â 9,6 unités de mêlai au lieu de fi, 3.
bï Google
LBS MINES DK NICKEL 221
pour lesquelles toutes les préparatioas et installations
sont faites, uniquement parce qu'elles ne sauraient don-
ner une proportion rémunératrice de minerai à 7 p. 100,
alors que dans bien des cas elles pourraient parfaitement
en fournir dans de bonnes conditions à 5 p. 100 ; ily aurait
là une modilicatiun très importante dans l'utilisation des
gîtes et des installations faites pour les mettre en exploi-
tation. Nous ne croyons donc pas exagérer en disant que
le prix de revient par kilogramme de métal contenu
dans le minerai pourrait, avec une bonne organisation,
être abaissé au moins de moitié, c'est-à-dire descendre à
30 ou 35 centimes.
L'abaissement de la teneur limite à laquelle les mine-
rais de nickel calédoniens sont utilisables nous apparait
donc comme intimement liée, du moins si l'on se préoc-
cupe de réaliser un abaissement réellement sérieux de
cette teneur, à la question d'une première fusion du
minerai sur place, en vue de réduire considérablement la
proportion de matière stérile à transporter avec le nickel.
On transporte aujourd'hui, rappelons-le, de 945 à fôO ki-
logrammes de matière stérile pour 50 à 55 kilogrammes
de nickel métallique (minerai à 7 p. 100 à sec et tenant
de 20 à 25 p. iOO d'humidité), ce qui représente une
dépense de 80 centimes au moins par kilogramme de métal
(en ajoutant au fret les frais de chalandage et autres
frais accessoires) ; le jour oii l'on pourrait substituer au
transport de tels minerais celui de mattes tenant de 35 à
45 p. 100 de nickel, la dépense par kilogramme de métal
tomberait à 8 ou 10 centimes, c'est-à-dire qu'elle s'abais-
serait de 70 centimes environ. Ne serait-il pas aisé de
réaliser tout ou partie de cette importante économie?
C'est ce qui semble tout indiqué au premier abord, et c'est
«e dont l'étude, sommaire il est vrai, que nous avons pu
faire de la question nous adonné la persuasion, bien que.
bï Google
S22 RICHESSES MnrÉR&LES DB LA NOUYSLLE-CALÉDONIB
nous devons le reconn^tre^ l'économie en question ne soit
pas aossi facile h réaliser qn'on poorraît le croire. Mus
il j a plus; en même temps qoe la fusion «or place <1bs
minerais mêmeR que l'on utilise actaeltement, et l'expor-
tation nltérieTire de mattes riches, pennettrait de réaliser
une réelle économie snr les errements actuels, elle
ferait disparaître l'obstacle qne nous signaliaoB ci-desaus
h uQ abaîssenient sérieux de la teneurdes minerÙK'bkaif^-
Ce ?ont ces deux pointe qne nous nous proposons shék-
tenant de mettre brièvement en hmriîfre.
La question de la fusion sur place des mmei^ es
nickel de la Nouvelle-Calédonie n'est pas neuve : elle
s'est posée dès le début, et on n'avait pvs tatrdé à la
réBOodre par l'afftnnaiive. Deux nti-liants fuai'iienux
(hauteur 7 mètres, volume 18 mètres crf>es} ftrrent coits-
tmits i la pointe Chaleix près de Nouméa, en l'879 ; bkf»-
sion eut d'abord heii peor produire des fontes aKk^ftovs
{k "65 p. lOO de nickel); eHo fut ensuite réglée ponr obte-
nir des mattes tenant aux environs i*e (W p. 100 4e
nickel, et fat pratiquée ré^ltèrement josqu'an ASbat é^
4885, époque où la pr«m»re crise qm a «évi mr le nv-
dié dn niekel obligea, à mettre les haMts fuui uuuix bars
feu. Ortte tentativo doit fttre «oBsidérfe «omme ^mt
donné des r^Bultats sadt^Faisants àtaia les «onifilâem «ù
ae tronvMt «lors te marché dn nickel et ofc ae ptMlitpnit
la métaîlorgie de ce métal'; les yfa;jefwtoit fe"pne-
nnère ïmmni, votsins de 1 franc par fctfBgL'JMiw 4e-
nickel métal, «nxqneb on #tait aitliiié, n'avaierii «n
effet rien d'excessif aters .
Si les renseigiKmerits qoe news wnm pn TcuieilBi — r
ratte premîère tentative, déj* anciemie, 8(»t exacts, la
fnaion pom- fonte mdk^ftre de minenùs À tBoear'Vaà-
line de 10 p. 100 de ntcfeel comonmaait, -pw-'ImMie 4e
nrinerù hnmae, tSB fcitegrwHBBB 4te o«ke aiHtriftto.
bï Google
LES BUKBS DB KICECL ZsS-
rereimat h 80 'francs la tonne, HO kilogrammes te
houîDe ,3e mëoie prorenance à S7 francs, et tSOO fcïio-
gPamines de castme ii 12 francs ; le prix de revient total
de la fusion ressortait ainsi à 87 francs par tonne «le
minerai, soit 637 francs par tonne de fonte (rendement
en fonte de 13 1/2 p. 100), soK encore ) ft^nc par kilo-
gramme de nirftel (teneur de la fonte 65 p. 100). Mais, en
présence des difficultés dit traitement de ceite funte. qui
tenait de 1 1 /2 li î p. 100 de souft:*, on dut en revenir à la
fusion pour matte ; celle-d eut lien fta début de 1882 au
début de 1SS5, soit pendant 3 ans ; elle a porM siir-
iS.tKX) tonnes de minerai; essayée d'abord en emplf^nt
comme snifurant le soufre, eîle a été poursnÎTie grtce *
l'emploi du gypse de la colonie ; les lits de fUsicm conte-
naient en moyenne, partonne de minerai, 445 fcik>gramme«-
de coke, 80 kilogrammes de honille, 380 kilt^ammes de
castine, et 75 kilogrammes de gypse reTenant à 40franc8
hi tonne ; le prix de revient total était de 79 francs par-
tonne de minerai fondu, soH 993 ftrancs par tonne do
matte produit© (ïendement en matte 18 1 /3 p. WîO) et
(f',95 par kilogramme de nickel (teneur de h matte
82 p. Ï00)(*). Dans les derniers temps et marrî» *&
rnsine, on avait ewayé la fatrrication'sorjtace des cokes
nftcesBaires itla funon Ht l'tdâe de memss importés en»
d*A.nstràKe ; cete paraissait devoir réaliirR-'itne ^omnme
intpertante sur la dépense de combustible.
Lorsqu'on 1880 une nouvelte ère de prospérité s'ou-
vrit pour [Industrie du nickel, on reconndt li nouvemt
la nééesstté de la fbsion 'sur place, d'antsttt plus qœ to
prix du métal avaK notablement bmmé tft tend»! à -m
ftrer aux enTircfli& de 5 "francs le kfiogramme. Vnstm
de fïwiniiêa n'était iHas en mardm et exigeait nirtmreHie-
bï Google
224 RICHESSES HINBHALES DE LA HODVELLB-CALÉDONIE
meot quelques réfections ; la société lo Nickel crut préfé-
rable, dans le but d'éviter le transport encore assez
oAéreux du minerai depuis ses centres d'exploitation,
situés principalement à Thio, jusqu'à Nouméa, de la
transférer au pied raèine des mines ; on en profita d'ail-
leurs pour essayer la fusion au cubilot dans des condi-
tions analogues à celles qui avaient déjà fait leurs preuves
à KirkintiUoch, C'est alors que fut créée l'usine d'Ouroué,
à l'embouchure de la Dothio, soit à 4 kilomètres envi-
ron de Thio. Les cubilots, larges et très bas (diamètre
l^.TS, hauteur entre la porte de chargement et les
tuyères 1 mètre seulement), qui furent construits, pa-
raissent n'avoir jamais fonctionac dans des conditions
satisfaisantes ; leur marche, entre les raaius du personnel
dont on disposait, fut toujours très irrégulière: on char-
geait, par tonne de rainerai (à teneur de 7 à 8 p. 100),
jusqu'à 620 kilogrammes de coke, 220 kilogrammes de
charbon, 320 kilogrammes de corail et 23 kilogrammes
de soufre ; le prix de revient de la fusion avec de sem-
blables consommations ne pouvait être que très élevé ; il
aurait atteint 1^50 par kilogramme de nickel métal,
marquant ainsi un retour en arrière sur r* qui avait été
fait 10 ans auparavant. Aussi n'a-t-on pas tardé à mettre
hors feu l'usine d'Ouroué (au début de 1891) et à recom-
mencer à expédier tout le minerai cru en Europe. Cette
deuxième tentative est la dernière qui ait été faite pour
la fusion du nickel sur place ; comme on le voit, elle a
été très malheureuse, et c'est éndemment à son échec
qu'est due rhésitatinn, tant delà société le Nickel que de
tous autres exploitants, à entrer à nouveau dans une voie
qui parait cependant si indiquée. Il est bon d'ailleurs
d'insister sur ce fait que l'on n'a pas renoncé à pour-
suivre la tentative faite à Ouroué parce que L'on aurait
reconnu que, dans les meilleures conditions que Ton
puisse réaliser en Nouvelle-Calédonie, les frais restaient
bï Google
LES MINES DE NICKEL 225
encore plus élevéa que les frais de fusion eu Eiiroi)e aug-
niButés du fret, mais bien parce que l'on n'a pas réussi à
faire marcher régulièrement uoe fabrication cjui, ailleurs
et en d'autres mains, rénssissaît bien. L'insuccès de cette
tentative ne saurait donc condamner en aucune façon le
principe de la fusion sur place ; il montre tout au plu»,
à notre avis, qu'il ne faudrait pas en entreprendre une
nouvelle sans prendre grand soin de s'assurer le con-
cours d'impersonnel parfaitement capable de la mènera
bien.
Une nouvelle tentative de fusion sur place pourrait être
faite dans deux buts différents : le premier serait simple-
ment d'abaisser le prix de revient final du nickel métal
en partant des mêmes minerais; le second serait de
rendre possible l'utilisation de minerais à teneur infé-
rieure {5 p. 100, par exemple), utilisation aujourd'hui
impossible comme nous l'avons montré. En fait, la fusion
sur place devrait, à notre avis, tendre à ce double but ;
peut-être ne permettrait-elle pas dès le début la fusion
de minerais à 5 p. 100, tout en abaissant le prix de re-
vient, mais dn moins permettrait-elle sans doute celle de
minerais à 6 p. 100, et ce serait déjà un joli résultat à la
fois au point de vue de la puissance de production des
mines de la Nouvelle-Calédonie et de la bonne utilisation
de leurs richesses.
Nous ne pouvons songer à établir avec précision quels
seraient les frais d'une première fusion en Nouvelle-Calé-
donie, car cela dépendrait trop des conditions dans les-
quelles on la tenterait; et ces conditions mêmes varie-
raient pour chaque société, car c'esth la fois de l'étendne
et de la richesse des concessions qu'elle posséderait, de
leur situation géographique, de l'importance de la pro-
duction qu'elle voudrait réaliser, etc., que dépendraient
et la position k choisir pour son usine, position avec
bï Google
'.£2R RICHESSES MINÉRALES DB LA NODVBLLK-CALÉDONtE
laquelle varierait le prix des matières premières, et le-
déreloppement k Itii donner, déroloppement i)ui influerait
largement sur les frùs de main-d'oeoTre et plus encore-
snr les charges d'amortissement. Ce que nous pouTow-
seulement dire, c'est que, pour se rendre compte de l'op-
portunité de la fusion sur place, il faudrait comparer,
d'ane part le total des frais de chalandage à l'embarque-
ment, des droits sur le minerai exporté, du fret jnsqn'en-
Europe et des frais de débarquement et de première fusion
en Europe des minerais, au total des frais de fusion «ir
place des mêmes minerais et dos frais d'embarquement
de transport en Europe et de débarquement de la matte,.
d'autre part.
Le premier do ces totaux, rapporté au kilogramme de-
métal, peut être évalué comme suit :
Fr. fr.
Frais d'embarquemenl 0,05 k 0,08
Droits sur le miaerai exporté O,O0S
Fret jusqu'en Europe 6,70 à 0,80
Frais de débarquement 0,02 k 0,03'
Frais de première fusion 9,49 k 0,B0
TwT«i. environ 1,20 à 1,W
Les frais d'embarquement, de transport, et de d*ar-
quement en Europe de la matte à produire ne roprésonto-
raient pas plus d'une soixantaine de franos par tonue,
c'est-à-dire à peine 0'',f35 par kilogramme de métal; on-
voit donc que, mém^ avec des frais de première fmi^
pour mettes de 0'',95, tels qu'ils étaient réalisé» k i»
pointe Chaleix en 1883-1884 (avec des minerais un peu.
plus riches, U est \Tai), l'opération «ppMttltraM comme
devant être économique. Nous ne doutons fM d'&iUeur»
qse les frais de fusion d'autrefois pouiraieiitétre IttrgouioQt
abaissés aujourd'hui. Si on examine ea effet les frais fl«-
premièpe f«eion, on voit qu'ils se fi«rtaget)t à peu piè».
bï Google
LBS MINKS DU NICKSL 227
par moitié entre les matièret) d'uue part (coke, castine
et fondaDts) et la maiu-d'iBUTre et les frais généraux
d'autre part.
Sans vouloir compter ici sur l'utilisation possible des char-
bons néo-calédoniens, noua supposerons que l'on emploie
uniquement du charbon australien; il fournit en effet
un coke de qualité parfaitement suffisante, comme le
montrent les analyses et essais de ce coke, et l'expérioDce
tant des fondeurs de la Nouvello-Galles du Sud que
des importantes usines de Port-Pirîc (Australie du
Sud) où l'on traite les minerais de Uroken-HUl. Pris à
l'état de coke à Newcaslle, il coûterait de 16 à 20 shil-
lings la tonne, suivant les cours, soit 20 à 25 francs, il
serait, en outre, grevé de 10 ii 12 francs do frais de trans-
port et d'une somme presque égale pour frais de débaniue-
raent et pour tenir compte du déchet; il i-eviendraît donc
entre 40 et 50 francs la tonne rendue sur place ; si, au con-
traire on créait des fours à coke dans la colonie, on pour-
rait utiliser des charbons menus, qu'on trouve à acheter à
Newcastle au degré de pureté suffisant à des prix de (i à
8 shillings la tonne, soit T',50 k 10 francs, qtii pourraient
donc être renduB en Nouvelle-Calédonie k 20 francs la
tonae environ, et qui pourraient ainsi foomir du coke à
moins de 4U francs. La castine, empruntée smt aux cal-
caires de ta cMe Ouest (qui liesnent 80 à^ p. 100 de
cai^Mwto -decbaus, 2 à 5p. 100 de carbonate de ««furté-
ùe «t 3 à iO p. lt)tJ de silice), soit aux coraux (ceux qui
wit étéem^yés k Ouroué tenaient 90 p.llNJ de cai4)onate
de chaux, 5 1/2 p. ItX) de carbonate de magnésie et
i 1/â P- 100 d'impuretés diverses, silire, sesquioxy^ de
fer, etc.], reviendrait k des prix un peu variables asivsnt
le point oii serait située l'usine, mais n'excédant vraisem-
- ètehiMoeat pas 10 fr-ancs la tcHise. Quant i la mattêre
«dfarante, ks soufre (que l'on pourrait faire venii- assez
•isânMot da iapon) serait d'un emploi toujosrt fort coû-
bï Google
228 RICHESSES MINÉRALES DE I,A NODVELLE-CALBDOHIE
teux, en raisonde sa volatilisation partielle au gueulard ; it
serait bien préférable d'employer le gypse calédonien {qui,
biendébourbé, tient jusqu'à 95 p. 100 de sulfate de chaux,
soit 17 1/2 p. 100 de soufre), dont il existe, comme nous
nous en sommes assuré, des dépôts considérables, et qui,
bien qu'un peu ingrat k exploiter il cause de son gisement
en cristaux quelque peu empâtés d'argile, pourrait être ob-
tenu à assez bon compte; il revenait, paraît-il, autrefois
â 40 francs la tonne rendue à la pointe Chaleix ; nous adop-
terons ce chiffre tout en mentionnant qu'il pourrait vrai-
semblablement être réduit dans une large proportion.
Dès lors les dépenses de combustible et fondants
pourraient s'évaluer a» maximum ainsi qu'il suit:
Coke. . . 400 kilogr. h 40 francs la tonne : 16 francs 0",3S
Castine. 300 10 2 0 ,04
Gypse.. 100 40 4 0 ,08
Total 22 0",M
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer les dépenses de
main-d'œuvre et de frais généraux; elles seraient assuré-
ment plus élevées qu'en Europe, en raison principalement
de la nécessité de faire venir d'Europe quelques bons chefs
d'équipe auxquels on allouerait des salaires élevés; nous
pensons cependant que, si, en Europe, ellesne dépassent pas
^ centimes par kilogramme de métal, nous ne serions
pas au-dessous de la réalité en les majorant de mcHtié,
c'eal-à-dire en les portant à 37 centimes 1/2. Cela ferait
ressortir les frais de fusion sur place au total de 81 cen-
times 1/2 que nous croyons largement calculé.
Dès lors le prix de revient de la matte rendue eu
Europe, rapporté au kilogramme de métal, ne compren-
drait, eu plusxlu prix de revient du minerai rendu au bord
de la mer en Nouvelle-Calédonie, qu'une somme de 0'',95
bï Google
LES MINES DE NICKEL 229
au lieu de 1"',20 à 1",40, soit l'',55 à t'',60 minerai com-
pris, au lieu de l'^SO à 2 francs ; il y aurait là une diminu-
tion importante dans le prix de revient du métal.
Mai» il y a plus ; on pourrait aborder en Nouvelle-
Calédonie la fusion des minerais pauvres : nous n'en-
tendons pas naturellement en présenter une démonstra-
tion complète, aide seulement de chiffres que nous ne
considérons pas comme établis avec une précision suffi-
sante ; nous voulons simplement en faire comprendre la
possibilité. Si, au lieu de fondre du minerai kl p. 100, on
venait à fondre du minerai à 5 p. 100, dont le prix de
revient par unité de métal serait, nous le supposons,
abaissé de moitié, c'est-à-dire réduit à 30 ou 32 centimes,
les dépenses de combustible seraient, comme nous l'avons
mentionné, augmentées dans le rapport de 8 à 12 ou 13,
c'est-à-dire portées do 32 centimes à 50, les frais de fon-
dants, de main-d'œuvre et les frais généraux seraient
seulement augmentés dans le rapport des poids do minerai
traités, c'est-k-dire dans le rapport de 6,3 (rendement du
minerai à 7 p. 100) à 4 (rendement du minerai à 5 p. 100) ;
ils seraient donc portés de 50 à 78 centimes.
Dans cette nouvelle hypothèse, au lieu de pouvoir
amener en France une matte à 45 p. 100 de nickel
revenant à 1",55 ou l'',ti0 tout compris par kilogramme
de métal, on l'amènerait à la teneur de 35 à 40 p. 100
seulement et avec un prix de revient se décomposant
ainsi :
Valeur du minerai rendu à l'usine de fusion 0",30 k 0'^32
Dépense de combuatible 0'',50
Autres frais de première fusion (tondants, main-
d'œuvre, frais généraux) 0 ,78
Frais de transport en Europe 0 ,16
Total l'',74 à IV6
n semble donc qu'on ne reperdrait, à traiter le minerai à
bï Google
330 RICHESSES MINERALES DB LA NOTJVKLLE-CALBDONIE
5 p, 100, qu'une partie du bénéfice de la fusion sur pla^e,
mais on assurerait en même temps une bien meilleure utili-
sation desgitesde nickel de la colonie : on resterait d'ailleurs
vraisemblablement au-dessous des prix de revient actuels.
Peut-être même, ce que nous ne sommes pas éloigné de
croire, nos évaluations ont-elles été supérieures à ce que
seraient eu réalité les différentes dépenses, el serait-il tout
aussi avantageux de traiter surplaro des minerais pauvres
que des minerais à 7 p. iOO. En tous cas, si c'est vouloir
aller trop loin que de descendre jusqu'h la teneur de
5 p. 100, puiirrait-on sans doule aller avec profit jusqu'à
Op. iO<)ou 5 l,'2p. 100.
Eu quel point île la colonie devrait être située une telle
usine de fusion du minerai'? C'estce que nous ne saurions
préciser ici, car cela dépendrait essentiellement de la
siiuation des (ïîsementK destinés à fournir le minerai : la
société le Nickel étudie, croyons-nous, le projet d'une
usine de première fusion à Thio, et elle ne peut en effet
que la placer pri^s de ses mines les plus productives ;
la société " Nickel Corporation Limited », qui jiossède sur-
tout des gisements sur la cftte Ouest, serait amenée k
construire son usine de pi-éférence sur cette côte ; et telle
entreprise nouvelle qui viendrait à se fonder chercherait
tout naturellement à procéder ii la fusion de ses minerais
en un point oii elle pourrait amener à bon compte à la fois
ceux-ci et les charbons et fondants qu'elle aurait t)e8oin
de faire venir par mer.
On a éfçalonient songé à fondre sur place le minerai de
Nouvelle-Calédonie pour fonte nirkelifère pure de soufre
et par suite directement utilisable dans la métallurgie :
il faudrait pour cela avoir recours au charbon de bois
comme combustible, et noiis ne voyons aucun point
de la colonie oEi l'on pourrait l'obtenir on grande quantité
el à des prix suffisamment bas. Tout au plus une telle
fabrication pourrait-elle devenir une annexe de la fabri-
bï Google
I.as MINES V& NICKEL 231
-catioo principale dans Iob condiliuiis qu e noua veuons d'in-
■diquer.
Nous ne mentioanerons ici que ^kour inéiiiuire d'autres
jtrojela dont on a parlé et dont oh parla encore : ils cou-
sbteraient à utiliser les forces hydrauliques, qui ne seraient
peut-être pas tmp difficiles à aiiiéiiuger dans certains
points de la colonie, au iraiteuicut dos minerais de nickel :
les minerais tels qu'on les exploilc ne sont pas accesaihles
aux procédés actuels de rélectro-uiétallurgie, il faudrait
<lonc leur faire subir une première fusion ; mais alors le
nickel se trouverait déjà suffisamment coucenlré pour que
son expédition en Europe pour ruflinage pai-aisse être la
meilleure solution. On a nièiue parlé d'employer comme
fondants les minerai» sulfurés de cuivre du Nord de l'Ile,
■«n vue d'obtenir uno matto cuprouickelifêre dont on sépare-
rait ensuite les deux njétaux par l'électrolyse, comme on
le fait pour les minerais du Canada. C'est \k uu projet
-hardi, et dont nous ne saurions prévoir.pour le moment et
dans la situation économique et industrielle générale de
la colonie, ni la réalisation ni le succès.
Quoi qu'il en soit, il nous parait en toua points essen-
tiellement souhaitable pour la colouie que la question do la
fusion sur place des minerais de nickel qu'elle produit soit
enfin reprise ; c'est celui des progrès dans l'utilisation des
ressources eu uickel de la Nouvelle-Calédonie qui aurait
■certaine ment le plus heureux effet sur le développement
de l'exploitation de cea richesses; il eu résulterait pour
les producteurs du nickel calédonien la possibilité
d'uhaisser notablement le prix de venta du métal, et par
suite de soutenir dans des conditions meilleures encore la
-concurrence des pioduits du Canada; cela pernietti'ait en
-outre, et entraînerait certainement à très bref délai, uue
utilisation beaucoup uicilleure des réserves de nickel con-
ieaues dans le sol de la colonie. Aussi M. le Gouverneur
bï Google
"i'dS, RICHESSES MtNBBALES DE lA NOUVELLE-CALÉDONIE
de la Nourelle-Galédonie a-t-il été très heureusemeut
inspiré lorsque, voulant hâter la réalisation d'un projet
qui touche aussi directement aux intérêts généraux de la
colonie, il promettait la concession gratuite des terrains
nécessaires à l'érection de la première usine de f asion ;
nous rappelons d'ailleurs que la redevance de 25 centimes
par tonne de rainerai de nickel extraite n'est perçue que
sur les minerais non transformés dans la colonie.
I). — Lks gisements, de nickel concdrrents.
Une dernièi'e question se pose pour celui qui veut peser
les chances de développement de l'industrie du nickel
(Ml Nouvelle-Calédonie : c'est celle de la concurrence qui
peut être faite k cette industrie par les industries simi-
laires existant ou à créer dans d'autres pays du monde.
Bien que nous n'ayons pas eu le loisir de procéder à une
étude approfondie de cette question, au sujet de laquelle
^eul l'examen sur place des antres gisements de nickel,
et en particulier de ceux du Canada, aurait pu nous per-
mettre de nous faire une opinion personnelle, nous ter-
minerons ce qui a trait aux gisements de nickel de la
Nouvelle-Calédonie par quelques indications sur les autres
gisements du monde.
Avant la mise en exploitation du nickel en Nouvelle-
Calédonie, la production de ce métal, qui était annuelle-
ment de 400 tonnes en\-iron, se répartissait entre quelques
gisements de minerais sulfurés complexes situés en Alle-
magne, en Hongrie, on Suède ot Norwège et en Espagne
et le gisement de pyrrhotine nickelifère et chalcopyrite de
Lancaster Gap en Pensylvanic ; mais peu à peu la concur-
rence de ces différents gisements a été éteinte grAce aux
))rix de plus en plus bas auxquels était livré le nickel do
la Nouvelle-Calédonie; si bien qu'en 1889, lorsque le
bï Google
LES MINES DE NICKEL 333
Canada a commencé à eutrer en ligne, la productton
annuelle du reste du monde ne s'élevait plus qu'à
187 tonnes, et elle est depuis tombée à quelques tonnes
seulement, pour se relever, il est vrai, à 167 tonnes
en 1901.
Le Canada s'est, au contraire, montré pour la Nouvolle-
(Médonie un concurrent redoutable, et, si les chiffres
que nous avons donnés ci-dessus montrent que, malgré
cette concurrence, notre colonie est toujours restée le
premier pays producteiu- de nickel dans le monde entier,
cela n'a pas été sans une lutte acharnée au cours de
laquelle le prix du nickel était tombé jiiscin'à 2",40
le kilogramme, amenant la fermeture de presque toutes
les mines de la colonie, et obhgeant la société le Nickel,
le principal exploitant du nickel en Nouvelle-Calédonie,
à s\ispendre toute distribution de dividendes pendant
cinq ans.
Aujourd'luii les cours sont remontés, le marché s'est
régularisé et, grâce à une entente plus ou moins com-
plète entre les producteurs, la Nouvelle-Calédonie garde
son rang; mais il n'en est pas moins vrai que l'industrie
du nickel se développe au Canada et que la production
des mines de ce pays s'est rapidement accrue dans ces
dernières années. Est-ce à dire que la Nouvelle-Calédonie
ait beaucoup à craindre de cette concunence ? Nous ne le
pensons pas ; car, autant que nous pouvons en juger avec
tes documents dont nous disposons, les conditions natu-
relles des gisements du Canada tsont en elles-mêmes
beaucoup moins favorables que celles de notre colonie.
Le nickel se présente au Canada, comme on le sait,
sous forme de pyrrhotine nickelifere et cuprifère, c'est-à-
dire de sulfure magnétique de fer auquel sont associés du
nickel ainsi que du cuivre, ce dernier sous forme de chalco-
pyrite; cette pyirhotine existe en lentilles plus ou moins
épaisses interstratifiées dans le puissant massif de gneiss
bï Google
'23i RICHBS3E8 HINÙULIS DE LA NODVELLB-CALÉDONtB
laurentieo» très métamorpliiiiés de Sudbury [Octarioi;
elle est associée à des épanchements dediorite. et c'est
cetterochequi forme la gangue du minerai. TantàtlapyrrhO'
tine est pauvre en cuivre et en nickel et n'est guère uti-
lisable que lorsqu'elle peut être abatlite à ciel ouvert en
grandes masses ; ailleurs, elle forme un riche minerai de
cuivre; plus loin elle contient à la foiaquelques centièmes de
nickel et de cuivre, dont l'ensemble lui donne une valeur
suTAsante pour justifier une exploitation par travaux sou-'
terrains et un traitement métallurgique assez compliqué.
D'après les statistiques officielles du bureau des mines de
la province d'Ontario, la marche de l'exploitation de ces
minerais, au cours des dernières années, serait caractéri-
sée par les quelques chiffres qui suivent ;
Au«» ism 1»N I^H« 1900 iwi
.Minerai extrait 84.575 1I2.SI0 184.4:11 196.700 !»6 866
Minerai rondu ST.âSâ 110.707 15S.t87 193.460 215.304
p. 100 p. 100 r. 100 p. toQ p- 100
Teneur en cuivre.. 2,86 3,43 l,6à 1,39 i.28
Teneur en nickel.. 2,08 2,28 1,68 l,d7 1,6»
i'oidsdu nicliel con-
tenu I.8IS %.^U 3,608 3.214 4.032
Les ressources en nickel existant dans la région
paraissent considérables : dès 1890 un rapport officiel
adressé au secrétariat de la Marine des États-Unis (*|
estimait la quantité de minerai alors reconnue au chiffre
considérable de 650 millions de tonnes, que nous ne repro-
duisons ici que sous réserves, et l'exploration de la
région parait avoir fait connaître depuis de nouvelles et
importantes réserves.
(*) In Levât, t'i-ogrè» de la inétallurait ilu nicktt {Annale* des Minf,
9*eé.ie, t. I, p. 166:1862).
bï Google
LES HINES DE NICKEL 2%
Cependant les facilités de l'abalage de cea minerais ne
paraissent de loin pas être ce qu'elles sont en Nouvelle-
{^lédonie pour des minerais notablement pins riches
id'aut^int plus que, dans l'état actuel des choses, une
mité de cuivre ne saurait guère être comptée que pour
une demi-unité de nickel), et d'autre part le développe-
ment de l'extraction au Canada parait avoir été accompa-
gné, comme l'indiquent les chiffres du tableau oi-deasus,
d'une tendanceà la diminution del'i teneur du minerai traité.
Enfin le traitement du minerai, qui comporte d'abord un
premier grtllape, ctune fusion pour ma tte, puis un deuxième
grillage suivi d'une deuxième fusion, ou bien une opéra-
tion à la cornue Bessemer, et enfin une séparation électro-
lytique encore assez coûteuse dn cuivre et du nickel, est
loin d'être plus facile que celui des minerais de Nouvelle-
Talédonie. En outre, le nickel obtenu est toujours moins
pur que le nickel calédonien; il tiendrait, d'après les rensei-
gnements que nous avons pu obtenir, de 0,S k0,9 p. 100
de cuivre, environ un millième d'arsenic et un demi-
millième (le phosphore. Il donnerait lieu pdur les aciers,
et surtout pour les aciers à fortes teneurs en nickel, à des
difficultés et à des invgularités dans le traitement qu'on
M'observe pas avec le nickel provenant de notre colonie.
Par contre, la situation industrielle générale du Canada
parait être très favorable et a permis dans ces deniîères
années un déi'eloppeineiit im]iortant des exploitations et
des usines de traitement, développement à la faveur
duquel la production ilu nickel au Canada est sans cesse
croissante. Il y a là une concurrence sérieuse pour l'in-
dustrie de notre colonie ; mais, bien que, nous le répé-
tons, nous ne jmissions établir de comparaison que
d'après des documents plus ou moins incomplets, il nous
semble qu'au point de vue des conditions naturelles tout
l'avantage reste aux minerais de la Nouvelle-Calédonie,
les minerais canadiens étant moins riches, moins purs,
bï Google
23(t RICHESSES HINÂSALES DE LA KODVELLB-CALKDONIE
plu» cotiteux à abattn; et plus difiîciles à traiter; ce que
le Canada a pour lui, ce »oiil des conditions sur lesquelles
rfaomme a la plus large action, k savoir raboudance et la
bonne qualité de la main-d'œuvre, la conduite de l'expici-
tation sur une assez large éclielle et dans des conditions
bien appropriées, des moyens de transport économiques,
et (les usines de traitement bien aménagées établies
auprès des gites. Tout cela, nous ne nous le disstniuIoDs
. pas, est beaucoup plus difficile à réaliser dans aae fie
aussi isolée que la Nouvelle-Calédonie que dans un pays
en plein développement, comme le Canada ; mais il serait
facile de faire à ces différents points de vue beaucoup
mieux que l'on ni' fait aujourd'hui, et de réaliser des
progrès qui mettraient notre colonie dans de bien
meilleures conditions pour soutenir la concurrence du
nickel canadien. Rappelons d'ailleurs ici que la société
américaine •' Nickel Corporation liniitcd " a acquis un
domaine minier considérable en NouTelle-Calédonie, décla-
rant vouloir l'exploiter pour approvisionner de nickel le
marché américain, et qu'elle a expédié en 1901 quelque
30.0(X) tonnes de minerai aux États-Unis ; il est d'ailleurs
difficile de dire aujourd'hui si elle continuera dans cette
voie et exploitera sérieusement ses mines, ou si elle ne se
servira pas plutôt de ses gisements de Nouvelle-Calédo-
nie comme d'une simple menace pour empêcher le gou-
vernement canadien de frapper de droits importants,
comme il veut le faire, l'exportation aux Etats-Unis des
mattes et des minerais de nickel.
En plus du Canada, on a récemment cherché à ouvrir
en Silésie une exploitation sur des minerais silicates
pauvres de nickel, connus dès longtemps comme associés
à une formation serpcntineiise, restreinte d'ailleurs; il ne
semble pas que cette exploitation ait eu un grand sucf:ès
jusqu'ici et soit appelée à se développer beaucoup,
Entin, parmi les gisements de nickel assez nombreui
bï Google
LBS MINES DE NICKEL 237
qui existent aux États-Unis, ceux de l'Orégon (c«mté de
Douglas) se présenteraient dans des conditions géolo-
giques très analogues à celles de la Nouvelle-Calédonie.
On n'a pas jugé jusqu'ici que leur extension puisse justi-
fier la création des coûteuses voies de transport que leur
mise en Valeur exigerait. Sans qu'on puisse dire qu'ils
ne sont pas utilisables, il semble que leur concurrence ne
soit pas fort à redouter pour nons, d'ici quelque temps.
Ce sont donc les gisements du ('anada seuls qui consti-
tuent aujourd'hui une concurrence pour ceux de notre
colonie, concurrence très sérieuse, cela est vrai, mais
qui ne doit pas empêcher l'essor de l'industrie du nickel
en Nouvelle-Calédonie, si ceux qui enont ta charge savent
faire ce qui est nécessaire pour profiter des avantages
naturels considérables que réunissent les gisements de
notre colonie.
Pour nous donc, persuadé que nous sommes qu'au-
jonrd'hui un large développement de la consommation du
nickel suivrait de près un notable abaissement dn prix
auquel il peut être offert aux consommateurs, nous n'hé-
sitons pas h conclure qu'un essor considérable sera pos-
sible pour l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie le
joaroù, parla première fusion sur place du minerai, on
résoudra la double question d'un abaissement notable du
prix de revient et d'une utilisation bien meilleure des
giseinenta.
Lorsque ce problème capital aura reçu une solution
Batisfaisante, les gisements aujourd'hui exploités pour-
ront l'être BUT une beaucoup plus large échelle et d'une
façon beaucoup plus rationnelle, de nouveaux espaces
riches en minerai pourront être mis en valeur, une impor-
tinte industrie de première fusion pourra être créée; et,
( ans ces conditions, notre colonie continuera à tenir en
i ;hec la concorrence canadienne, si même elle n'arrive
bï Google
23o RICHESSES MlNKtALBS DE LA NOD%'BLLE-CAL£DONIE
pas à en triompher plus ou moins complètement. La
Nouvelle-Caiédonie sera dèa lors prête à livrer annud-
lement,li bas prix, au raoude entier les milliers de tonnes
de nickel dont il aura besoin en nombre sans doute n^ri-
dement croissant.
bï Google
TROISIÈME PARTIE.
LIS MnriBAlS ASSOCdbB A LA rORKATIOK
SIS sxRPXNTnfis ncBJiLinkiuEs.
CHAPITRE PREMIER.
LSS MINERAIS DE COBALT.
' GÉNÉRALITÉS. — HISTORIQUE.
Comme nous l'avons déjà mentionné ci-deuas, le
cebalt, ce compagnon presque inséparable du nickel,
dont ses propriétés chimiques le rapprodient ai éh'oi-
temeut, pandt avoir coexisté avec le uïdcel dans smi gise-
ment primitif en Nouvelle-Calédonie. En effet, d'une part
aucun des minerais de nickel de la colonie n'est exempt
de cobalt ; et, d'autre part, les péridotites dites stériles,
nines ou altérées, provenant des différents massifs répar-
tis tout le long de l'Ile, se sont toujours montrées à l'ana-
lyse contenir quelques dii-roillitoes, et plus souvent
qv^nes millièmes, des deux métaux lùck^etcobaltpesés
Msemble ; l'analyse qualitative du résidu ainsi pesé y
a^écelé souvent la présence simultanée des deux métaux,
le nick^ paraissant d'ailleurs toujours nettement domi-
Hit; et il est, aiaon certain, du moina fort probable, que,
iÊM tes cas ofa nous n'avons pu caractériser d'une façon
la présence du cobalt, il accompagnait néan-.
bï Google
240 RICHESSES MINÉRALES DR Ui NOCVELLS-CALÉDOS'tB
moins en faible proportion les très petites quantités de
nickel conteimes 'dans les roclics.
Mais, tandis que le plus souvent dans ta nature les
agents minéralisateurs ont entraîné et déposé à la fois ce»
deux métaux, voisins, sous forme de sulfures et d'arsénin-
sulfures isomorphes, que l'oxydatiiin transforme aui
affleurements en arséniates, phosphates, etc., qui de-
meurent étroitement associés entre eux, en Nouvelle-
Calédonie les eaux paraissent avoir dissous les deux
métaux, qui étaient contenus dans les péridotites sans se
trouver associés à leurs minéralisateurs habituels, et
avoir fait un départ du nickel et du cobalt assez avancé,
quoique incomplet. On rencontre ainsi, d'uoe part des
minerais de nickel contenant toujours plusieurs unités de
cobalt pour cent de nickel, et d'autre part des minerais
de cobalt tenant une plus ou moins forte proportion de
nickel. Le premier de ces deux métaux, obéissant â une
affinité marquée pour le magnésium, s'est déposé avec lui
sous forme d'hydroailirates magnésiens nîckelifères ; le
second, au contraire, a été entraîné avec le manganèse,
également disséminé en faible quantité dans les pérido-
tites, et s'est concentré avec lui dans des rognons ou des
concrétions d'oxydes, dont les gisements se séparent
nettement de ceux des hydrosilicates de nickel et de ma-
gnésie. Le cobalt et le manganèse se sont en effet déposés
presque uniquement au sein des formations d'argile
rouge, tandis que le minerai de nickel se fixait sur les
péridotites plus ou moins serpontinisées.
Tel est le résultat de presque toutes nos observations;
et ce n'est que tout à fait exceptionnellement, dans le
gisement du Kaféate et dans celui de la mine Francia,
ainsi qu'à la mine <ie nickel Nouvelle-Espérance sur le
mont Ouazangou, que nous avons recueilli, au-dessous des
argiles rouges, quelques échantillons de péridotite altérée
sur la surface et dans les fentes de laquelle s'étaient
bï Google
UINEJUIS ASSOCIÉS A LA FOKUATION DES SBRfENTINES 241
déposés es eiuluits concrétioonés des niioerais cobalto-
maagaaésiferes [') du type courant ; nous avons rerueilli
également, à Pecnby et auprès de Brindy, des serpentines
silicifiées et recouvertes d'enduits cobaltifères . Nous de-
vons en outre mentionner ici que M. Garnier(") a trouvé
aille Ouen des roches feldspatliiques en décomposition avec
KloDiiets do silicate de nuagnésie imprégné de cobalt, ou
môme avec des SIods d'halloysite contenant des rognons
■de minerai tenant de 20 à 48 p. tOO d'oxyde rouge de
■manganèse, et de 10 k 21 p. 100 d'oxyde de cobalt.
Nous ajouterons que le cobalt ne nous a pas paru être
en relation plutôt avec certains types de péridotite qu'avec
d'autres, et nous serions presque tenté de dire que, par-
tout où la forme du terrain a permis le dépôt des argiles
rouges provenant de la décomposition des péridotites,
on peut avoir des chances de rencontrer en plus ou moins
.grande quantité le minerai de cobalt.
C'est donc soit en enduits concrétionnés sur les roches
superficielles, Boit, beaucoup plus souvent, sous la forme
-de rognons, parfois a^sez volumineux puisqu'ils atteignent
par places des dimensions de plusieurs décimètres dans
tous les sens, mais ordinairement de la grosseur du poiug,
ou même en grenailles, que se présentent les minerais de
cobalt. Ils ont toujours un aspect paraissant indiquer
qu'ils ont été déposés par les eaux; tantôt ils sont en
rognons caverneux ou en conci'étioQS mamelonnées, tan-
(*) On pODirait se demander si ce ne serait pn» U un lype cnurant
de rainerai, que 1er travuix des mimes de robalt, praliqueiuenl limités
aui formatiuns argileuseï, n'auraient pas su atteindre dans la plupart
'dea etploitatioDs: nous ne Je pensons pa», car Ma n^ bcaiiroup d'entre
tiStK la serpentiiMieii rotbs a élïtoivhée en nuinbre de pointe, et asou-
' Tant même 6ié suît^ sur des tlendues assez considérables, san» montrer
aucunes traces de cobalt, traces qui seraient cependant bien plus
ats£«s encore a discemersur la couleur claire de la serpentine que celles)
, ies minerais DlckeliFèreti complexes,
(") Gakmieii, toc. cil., p 61-6S: el lifuTHiLK, .Vémoire sur les gisements
deeeball, deekroint et de fer à ta Noai/eile-Calfdoaie lUimoires delà So-
■ciili det IngéniMui-t civili de Fnince, I8«7, 1" semestre, p. 247 cl 248].
16
bï Google
242 RICHESSES. MINÉRALES DE LA. NODVELLE-CALÉDOMB
tôt ils présentent la disposition en nids d'aboitles qn'at-
fectent fréquemment lea dépôts actuels de sources ruis-
selantes, tantôt enân ils ont la forme de débris divers,
brindilles de bois, etc., que le minerai aurait englobés.
Les rognons ainsi constitués se sont déposés en traî-
nées peu régulières : quelquefois ils dessinent une couche
plus ou moins continue qui pourrait provenir d'un dépôt
au fond d'un lac oii d'une mare; d'antres fois ils reposeot
dans l'argile, presque au contact des serpentines sous-
jacentes, dont les traînées de minerai suivent toutes les
aspérités et les contours; ailleurs, ils sont englobés en
pleine argile, souvent en plusieurs assises étagées, sans
qu'il soit aisé de discerner aucun lien dans la distribution
des différents rognons.
ils ont une texture caverneuse ou écailleuse, et ime
couleur noir bleuté, souvent à demi masquée par des
enduits dérouille; un reflet bien un peu violacé est géné-
ralement l'indice de la présence du cobalt dans ces
rognons, qui ressembleraient sans cela, à s'y méprendre,
soit à de simples rognons d'oxyde de fer stériles, soit à
des boules d'oxyde de manganèse ; mais leur caractère le
plus net est la trace brillante que laisse le coup de
pic dans leur masse, qui n'est généralement pas très
dure.
Ces minerais sont en effet tendres et friables, tachant
les doigts, souvent sectiles et donnant à la coupure le
même aspect métallique que sous le coup de pic : quel-
quefois les fragments riches en silice se présentent en
écailles siliceuses, dores et cassantes.
Leur densité apparente est toujours faible; la densité
réelle des minerais ferreux atteint 4 ou 5; pour les raine-
rais quartzetix elle est notablement plus faible, et ils se
brisent souvent en écailles très minces tendant à flotter,
ou du moins à être entraînées très aisément par l'eau, ce
qui est une gène considérable pour le lavage.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES S43^
Le cobalt est d'ailleurs loin d'être isolé dans ces mine-
rais, et même d'y avoir subi une concentration très
avancée, puisqu'il est réellement rare de rencontrer des
minerais qui, même soigneusement triés et lavés, tiennent
plus de 10 p. 100 d'oxytie de cobalt; cet oiyde est tou-
jours intimement associé à des proportion»* importantes
de fer peroxyde, et de manganèse se présentant sous
la forme de bioxyde ou d'oxyde rouge. I^a silice est en
outre constamment présente dans le minerai, mais elle
ne s'y trouve pas sous forme combinée pour" constituer
des silicates ; elle y est au contraire isolée au point de
vue chimique, généralement en petits rognons jaunâtres,
qui jouent peut-être bien le rôle de noyaux ou de sque-
lettes des dépôts cobaltifères ; d'importantes formations
siliceuses au milieu des argiles rouges accompagnent
d'une façon très fréquente les gisements rie cobalt, ainsi
que nous aurons l'occasion de le mentionner en détail en
décrivant quelques-uns d'entre eux. Les minerais de
cobalt comprennent donc, intimement liés à l'oxyde de
cobalt, des oxydes de fer et de manganèse, et ils sont
très souvent constitués en même temps par de la silice ;
d'autres fois ils tiennent une proportion importante d'alu-
mine, des échantillons provenant de la mine Persévé-
nmce sont même associés à de belles concrétions de
gibbsite; enfin ils sont toujours imprégnés de produits
ferrugineni.
II s'ensuit que la teneur des minerais bruts n'est que
rarement un peu élevée, et est beaucoup plus souvent
voisine de 2 à 3 de protoxyde de cobalt pour cent de minerai
sec (c'est toujours ainsi que l'on évalue la teneur); un
lavage soigneux arrive à les débarrasser assez complète-
ment de l'argile ferrugineuse qui les souille et, lorsque le
mélange aTec la silice n'est pas trop intime, d'une partie
de celle-ci ; on produit ainsi des minerais marchands
dont la teneur en oxyde de cobalt varie généralement
bï Google
2ii RICHBSSES MINÊSALBS DE LA NOCVBLLB-CALBDONIB
(te 4 à 6 p. 10?. Les qnelques analjses que Toici donnent
one idée de la composition cbimiqne de ces minerais:
les deas pramiëres, rapportées par M. Oamier(*), ont
été faites snr des minerais conrants fondas k l'usine de
fteptèmes; les antres ont été faites à Nouméa, le »n-
méro 3 sur un minerai siliceux de la mine PerséiréraDce
(près de Monéo), le numéro 4 sur un rainerai alumineux de
la haie du Sud, et les numéros 5 et 6 sur des minerais
de rHe Yandé.
SiO» 30,75 32.00 34,00 )6,W 2,20 23,M
PeHf 1 (,50 20,00 1 1 ,43 15^ 8,»1 16,06
UnHi* I4,M 26.50 I9,0S (2,07 33,«2 Ci.M
Al*0» . ...» U.W (4,» (0,M
HgO et CaO.. 14,50 3,06 » ' 2,38 2,33
CoO 2,50 3,50 3,80 3,00 7,76 5,56
NiO Don dosé noD dosé 1,04 1,48 1.64 l,4H
Eau, perle an
feu, et ma-
tières noD
dosées.... 6,80 (5,50 30,«8 3«,9S 29,20 23,«9
Ces minerais se rattachent au point de vue minéralo-
gique à l'asbolîle, variété de wad {oxvde de manganèse)
plus ou moins chargée en oxyde de cobalt. L'asbolite est
d'ailleurs loin d'être fréquente dans le monde; on en cite
la présence en Hesse et dans laThuringe comme produit
d'oxydation accompagnant des minerais Rulfuréa du cobidt,
et on l'a retrouvée associée à des gisements métalliques
complexes aux États-Unis: mais actuellement elle n'est, à
notre connaissance, exploitée sérieusement comme mine-
rai de cobalt, en dehors de la Nouvelle-Calédonie, qu'en
Nouvelle-Galles du Sud auprès de Port-Macquarie , où se
montre, au-dessus d'une tèfe de roche serpentineuse, une
formation d'argile rouge très ferrugineuse contenant des
(•) GAmnn, mémoire de 1881 ci-dessàs cil*, p. a*t«, ' '
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MIMERAIS AMOClÉa A LA. FOSHATION DXS SEKPBNTINES 215
rognons cobaltifères d'asbolile très aiiaiogoes à ceux dûs
gisements de notre colonie. Il a été extrait dans chacune
de cea dernières années un peu plus d'une centaine de
tonnes de ce gisement, qui parait être fort limité. D'autre
part, si nous sommes bien informé, les petites quantités
de minerai de cobalt exportées actuellement du Chili
seraient également des asbolite?, qui seraient d'ailleurs
l^èrement aurifères.
Quoique existant en plus ou moins grande quantité
dans un très grand nombre d'être tes amas d'argjlea
rouges qui se rencontrent partout dans la formation ser-
pentineuse de la colonie, les minerais de cobalt ont pen-
dant longtemps passé inaperçus, ^Ace à leur aspect peu
frappant, et à leur ressemblance avec des rognons ferru-
gineux ou manganésifères.
M. Garnier ne signalait point l'existence du cobalt dans
son étude de 18C7 sur les ressources minérales de ia
Nouvelle-Calédonie, et M. Heurleau l'igaorait également.
C'est en 187B que le cobalt passe pour avoir été reconnu
pour la première fois i:omme utilisable en Nouvelle-Calé-
donie, au voisinage de la pointe de Bogota entre Naketv
et Canalfl; dès cette année-là, puis en 1877 et 1878, la
statistique des exportalio&s indique l'expéditioa d'un cer-
tain nombre de sacs de minerai de cobalt; mais ce n'est
qu'à partir de 1883 que le cobalt figure d'une façon régu-
lière au nombre des minerais exportés, k raison de 2.000 à
3.000 tonnes par an. C'est autour de ces chiffres qu'ont
oscillé les exportations pendant longtemps; elles ont
néanmoins pris récemment un essor assez marqué pour
que les expéditions de plusieurs d'entre ces dernières
années aient varié entre 4.000 et o.OJO toimes. Au total,
la Nouvelle-Calédonie parait avoir exporté en vingt ans
environ tJO.OOO tonnes de minorai de cobalt, dont la teneuf
moyenne peut être évaluée entre 4 et 5 p. l'")0 d'oxjde,
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S46 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
sans compter quelques centaines de tonnes de mattes à
10 ou 20 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, la hausse
continue des cours avait suscité un accroissement mar-
-qué de la production par suite de l'ouverture ou de li
réouverture d'un très grand nombre d'exploitations ; au
cours du premier semestre 1902, 74 exploitations avaient
extrait 2.453 tonnes de minerai de cobalt, c'est-à-dire
presque autant qu'il en avait ét^ extrait pendant toute
l'année 1001, et l'extraction du deuxième semestre ni
pas atteint moins de 5.060 tonnes, portant le total de
l'année à 7.512 tonnes.
La production de l'année 1901 avait été de 2.5S2 tonnes,
et s'était partagée entre 35 exploitations portant sur 41 péri-
mètres miniers. Le tableau ci-dessous en donne la répar-
tition par régions de la colonie.
Dôme de Tiebaghi, versant Nord (i ex- Tnmi
ploilations) WO
Poume (4 exploitations) 49S
Plateau de Tiea (S exploitations) Sla
lies Yandé et Pott [2 ezploitalioDs) (89
Baie d'Oland, versant Sud du dame de
Tiebaghi (une exploitation) I6S
Baie du Sud [ô exploitations 14S
Baie de Bù., près de HoubïIou (â explol-
Ulions) 136
Ile des Pins (une exploitation) 12*
OuDia et Yaté (3 exploitations) 62
Thio (une exploitation) 37
Kaféale près de Koné (une exploita-
tion) il
Ouinné (une exploilationj 18
Boulari (une exploitation] 15
Poro (une exploitation) 13
Baie Ouië [une exploitation) 10
Baie des Pirogues (une exploitation). ... 5
Total 2.552
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MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DBS SERPENTINES 247
Nous avons visité une grande partie d'entre les exploi-
tations de cobalt qui, sur les deux côtes Est et Ouest,
jalonnent la colonie sur presque toute sa longueur, depuis
rUe des Pins au Sud-Est jusqu'à l'ile Pott k l'extrême
Nord-Ouest. Sur la c6te Ouest nous en avons vu à la
baie du Sud, àPlum, à Saint-Louis, âlaDumbéa, dans la
vallée de la Téné près de Bourail, sur les deux bords de la
rivière de Népoui, au plateau de Tiea près de Pouembout,
au Kaféate près de Koné, et au dôme de Tiebaglii; nous
n'avons d'ailleurs pas eu la possibilité de visiter celles
(le la presqu'île de Poume et des fies Yandé et Pott. Sur la
côte Est, sans avoir pu commencer vers le Sud par les
exploitations d'Ounia et Yaté, nous avons visité celles
de la rivière Comboui, de Brindy, de la presqu'île de
Neuméni, de Pemby entre les baies de Gaiiala et de
Kouaoua, et de la baie de Bâ près de Houaïlou ; enân,
dans le dernier massif serpentineux de la côte Est vers
le Nord, celui de Monéo, on s'apprêtait à reprendre une
exploitation au moment de notre passage dans la région.
Nous ajouterons que nous avons encore eu l'occasion
de ramasser de petites quantités de minerai de cobalt en
plusieurs points, et notamment au voisinage immédiat
d'exploitations de nickel, par exemple sur la mine des
Bomets à Thio, sur la mine Pathma à Poro, sur la mine
Reis n' 1 à Népoui, sur la mine Étoile du Nord au
Kaala, et qu'il n'est pas sans exemple qu'une mine con-
cédée pour nickel ait été, ou soit, exploitée pour cobalt.
D'autre part, le cobalt est souvent associé an fer chromé
dans les argiles rouges, et les massifs du <l6uiedeTiebaghi,
de la baie du Sud, de la baie Ngo, de Pourina, etc..
sont à la fois particulièrement riches en cobalt et en
chrome ; le cobalt se rencontre d'ailleurs parfois en enduits
sur le fer chromé.
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248 RICHESSES MINÉIULES UE LA NOTl^'ELLB-CALtDONIR
B. — Description de qcelqdgs gisements.
Noua renoncerons à décrire «n à un chacun de ces nom-
breui gisements de cohalt, cjui ne présentent d'ailleurs,
pas une très grande variété, et nous nous contenterons de
donner quelques détails sur nne série d'entre eux pris-
comme types.
Les exploitations du dôme de TiebagfU sont parmi cdies'
qui se sont poursuivies le plus longtemps, et elles ont eu
pendant toutes ces dernières années une sérieuse activité,
qui tend d'ailleurs aujourd'hui à se ralentir : trois exptoita-
lions différentes extrayaient, au moment de notre passafçe.
sur le périmètre dos mines Tangadiou et Tamatave, iine-
moyenne mensuelle de 40 à 50 tonnes de minerai À
teneur de 4 à 4 1/2 p. 100 après lavage. Ije gîte se
trouve sur un des contreforts du dôme de Tieia^i
qui s'allonge et s'étale largement vers l'Est en^ les
cotes 300 et 200 environ; ce contrefort, dont la penl«'
est peu accusée, est recoïtvert d'un épais manteau de
ces formations rouges surt-out femigineases, mais un
peu magnésiennes et argileuses, que nous continuerons à
désigner sous le nom d'argiles ronges, et qui aoni
semées de fragments d'oxyde de fer dont la dimejision
varie de celle de blocs énormes jusqu'à celle de petits-
grains. Les travaux d'exploitation, et les sondages de-
recherches qui ont été poursuivis an voisinage, ont montré
qu'il existe dans les serpentines sous-jacentes une pro-
fonde dépression, que nous appelons, avec M. Levât, nne
« vasque » ; cette vasque est comblée par la formation d'ar-
gile rouge, sur une épaisseur qui atteint jusqu'à 52 mètreB
en son centre et qui est encore de 10 et 20 mètres sur
ses bords.
C'est dans cette formation qu'apparaît, assez abondant^
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DKS 8SB«NTIS«8 24*
un minerai de cobalt de richesse moyenne, et se rappor*
tant xn tjpe silicenx. La concentration la plos complète
du minerai parait s'être produite au centre de la yasqne
et presqae aa contact de la serpentine ; un puits de
52 mètres de profondenr, creusé en re point, a recoupé^
cette formation, puissante de 80 à 90 centimètres, et
présratant, paraft-il, nne étendue notable; elle était cons-
tituée par an amas de rognons et de ^ains, à squelette
qaart^ux recouvert d'enduits et de concrétions de man-
^nëse et de cobalt. On s'est empressé de dépiler tout
autour du puits cette sorte de lentille, «^ui n'était sans
doute qu'un dépAt de fond de mare ; elle venait d'un cAté
mourir sur les serpentines qui se relevaient, tandis que
de l'autre elle s'appauvrissait au miKeo des argiles ; ces
travaux, qui, pendant quelque temps, ont fourni dans des
conditions fort économiques des quantités importantes de
minerai, ont été poursuivis sans remblayage et avec un
boisage însnfRsant, anssi n'ont-ils pas tardé à s'ébouler;
ils étaient inaccessibles au moment de notre visite, et il
est vraisemblable qu'ils ont dû être abandonnés avant que
tout le minerai exploitable en ait été extrait.
En dehors de cette formation principale, toute l'épais-
seur de l'argile ronge paraft être irrégulièrement sillon-
née de traînées de minerai, tantôt sous forme de rognons
siliceux, tantôt sous forme de grains ferrugineux k en-
duits de cobalt; une série de tranchées, galeries horiimn-
tales, on petits piiits, ont été poussés de tous côtés, ren-
contrant ici ou là de ces traînées qui fournissaient un
pins ou moins grand nombre de tonnes de minerai.
L'exploitation, qui en a été souvent confiée à de petits
« contractants », a consisté le plus généralement, comme
dans la plupart des autres mines de cobalt de la colonie,
à battre au large k partir du puits ou de la galerie de
recherches sitôt un peu déminerai rencontré, et k pous-
ser les travaux aussi loin et aussi longtemps qu'ils no
bï Google
250 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLB-CALéDONIB
menaceraient pas trop de s'ébouler, puis à les abandonner
sans chercher plus profondément, quitte à aller recom-
mencer un peu plus loin le même travail.
Le minerai, mis en sacs sur les chantiers, est des-
cendu, par câbles et plans inclinés aériens, jusqu'au pied
du contrefort, en un point où il peut être procédé au
lavage destiné à éliminer les matières ferrugineuses qui
le souillent et une partie des éléments siliceux auxquels
il est associé. Ce lavage a lieu sur toutes les mines dans
des couditions tout à fait analogues que nous ferons con-
naître ci-après. Ensaché à nouveau après lavage, le mine-
rai est transporté par charrettes jusqu'à Koumac, distant
de 6 kilomètres de la laverie ; il est ensuite expédié à
Nouméa par voie de mer.
Les minerais de la ùaie WOland, que se partagent une
série de mines, ont fait, en 1901, l'objet d'une exjJoi-
tation assez importante, portant sur les périmètres de
trois d'entre elles; il y en avait cinq en exploitation pen-
dant le premier semestre de 1902; les gisements se
trouvent être, sur le versant Ouest du dôme de Tieba-
ghi, symétriques de ceux que nous venons de mentionner.
Le dême serpcntineux qui constitue la presguite dr
Poume, et qui reproduit avec de plus petites dimensions
les formes et les circonstances géologiques du dôme do
Tiehaglii, renferme également des gisements de cobalt
importants; ils ont été à diverses reprises l'objet d'ex-
ploitations plus ou moins suivies; celles-ci avaient une
nouvelle période d'activité au momenlde notre séjour daiis
la colonie, et six mines y étaient exploitées au cours du
premier semestre de 1902, contre quatre en 1901.
Au Ka/éale, longue croupe serpentineuse qui s'avance
jusqu'au bord de la mer entre Voli et Koné, la ligne dp
crête présente une largeur suffisante pour qu'une épais-
seur, d'ailleurs faible, d'argile ronge y ait subsisté, tan-
bï Google
MmeRAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPBNT1NK8 251
dia que les deux flancs de la croupe, dont les pentes sont
raides, »ont presque uniquement rocheux. Cette argile
rouge contient quelques rognons de cobalt, et deux exploi-
tants y poursuivent des travaux de grattage de peu
d'importance. Les différentes galeries, horizontales ou
inclinées, ouvertes dans l'argile viennent buter à peu de
distance sur des tètes de péridotite très altérée et com-
plètement Assurée, Jusqu'au contact de laquelle se
retrouvent les concrétions cobaltifêres. Ce qui est à
noter ici, c'est que ces concrétions se retrouvent sur la
surface même de quelques-uns de ces fragments de roche,
et que le dépôt métallifère envahit même par places leurs
fissures ; c'est là un mode de gisement qui est exception-
nel pour le cobalt, et qui se rapproche assez de celui du
aickel, mais les enduits et concrétions en question sont,
comme les minerais de cobalt usuels, constitués d'oxydes
de cobalt, de manganèse, et de fer, ainsi que d'alumine
et de silice, et sont exempts de magnésie.
Les gisements du plateau de Tiea, entre Pouenibout
et Népoui, sont encore de ceux qui, depuis plusieurs
années, fournissent des quantités imi;ortantes de minerai
de cobalt. La forme spéciale de ce massif serpenlrneux
explique d'elle-même qu'un important amas d'argile fer-
rugineuse ait pu s'y former, et des minerais de cobalt s'y
déposer d'une façon particulièrement aisée, La fig. 1,
PI. IV, représente en plan et en coupe, d'après les levés
du service topographiqne, ta configuration, en forme de
tronc de cône très surbaissé, do ce plateau entièrement
constitué de péridotite; il est recouvert d'un manteau
d'argile rouge. Ce manteau est très épais et très continu
sur la surface supérieure du plateau, qui est très peu
ondulée mais présente de légères dépressions centrales, il
est plus ou moins développé sur les arêtes des contre-
forts qui descendent vers sa base, et il disparaît complè-
bï Google
262 RICHESSES HlIfÉKAI.G8 DB LA NOUVBLLB-CALÉDONIS
tement, pour faire place h la péridotite rocheuse, dans le
fond des ravius abrupts qui se creusent en éTentail dus
les différentes directions. II n'y a pas ntoins de dix con*
cessions de mines de cobalt qui se partagent la surûce,
de 800 hectares enTiron, que présente le plateaa avec se»
pentes orientales, occidentales, et méridionales. Nous «a
BTons tracé les périmètres sur la fig. i de la PI. IV :
deux exploitations étaient en activité au moment de Dotre
passage, l'une était poursuivie sur la mine Ressonrce,
l'autre comprenait de nombreux chaotien ouverts en dif-
férents points des périmètres des mines Espérance, Bapds-
tine et Thia- Louise.
Le minerai se rencontre, tout comme au dôme de
llebaghi, en traînées k différents nÎTeaux dans le massif
argileux dont la puissance atteint jusqu'à 30 mètres; ces
traînées ne paraissent pas avoir ici une disposition rap-
pelant, même de loin, celles de couches plus ou moins
horizontales, elles ont plutAt l'allure de masses irrégn-
lières se ramifiant en tous sens. Aussi a-t-on, tant à par-
tir de plusieurs puits, <Jont les deux principauz ont 25 et
32 mètres de profondeur, que par des galeries ouverte»
an flanc des ravins qui descendent du plateau, pouramn
des travaux souterrains un peu dans to»s les sens et à
teus les niveaux, au voisinage de l'éperon que dessine vers
le Sud la surface supérieure du plateau. L'épuiswnent des
travaux était assuré, tant bien que mal, par les galeriesà
flanc de ravin ; mais, peu de mois avant notre visite sur
les lieux, des pltdes extrêmement violentes avaient en-
vahi k mine et provoqué l'obstruction par des éboule-
menta des galeries d'assèchement; amsn toute la partie
inférieure des travaux principaux était-elle encore in«c-
cessible, et ne travaillait- on qu'à rexploitation de diverse»
traînées superficielles de minerai, par une série de gale-
ries s'enfonçant peu profondément clans le sol.
La fiff. 2 de la PI. IV, qui reproduit une coupe qui
bï Google
HINBRAB ASSOCIÉS A l.A FORMATION DES SERPENTINES 253
1)008 a été remise sur place, indique quelle serait k peu
près l'allure de la formation rencontrée en profondeur, et
quelle aurait été la disposition des travaux ; les deux
puits Roanne et Dauvergne, que nous avons indiqués sur
le plan dela^^. 1, permettent de repérer cette coupe par
rapport au relief du sol. Les traînées de minerai seraient
«unstituées en profondeur, tout comme celles que nous
avons vu exploiter plus près de la surface, par une série
de rognons caTemeux, de couleur hleutée et d'éclat
demi-métallique, enrobés dans Taille rouge, et accom-
pagnés parfois de lits de sable siliceux ; ces rognons
sont, en général, concentrés sur des épaisseurs variant
de quelques centimètres à 60 et 80 centimètres et par-
fois même plus, pour atteindre, parait-il, jusqu'à 3 mètres
dans les plus beaux chantiers. C'est en suivant ces for-
mations qu'on ouvre des galeries horizontales ou incli-
nées, tracées le plus souvent avec toutes les irrégularités
que comporte le gisement hii-mème : ici elles se trouvent
très espacées et de petites dimensions ; là, au contraire,
elles se groupent en grand nombre dans un même mas-
sif plus minéralisé. Boisées avec «n certain soin, cela est
Vrai, mais avec peu de connaissance des conditions dans
lesquelles un boisage doit être établi pour offrir les meil-
leure» garanties de solidité, ces galeries s'éboulent à la
longue, surtout lorsque t'afflnx des eaux vient les décon-
s(rfideT.
Les exploitations du plateau deTtea n'occupent pas moins
d'une centaine d'hommes ; elles produisaient au débtit de
l'année jusqu'à 300 ou 400 tonnes de minerai brut par
mois, mais leur extraction était réduite aux environs de
150 à 200 tonnes au moment de notre passage. Le mine-
rai, descendu par des câbles et par un plan incliné aérien
jnsqn'an pied du plateau, y est lavé, ce qui réduit son
poids au tiers environ du poids brut, et amène sa teneur
en oxydio de cobalt aux environs de ,5 p. iOO; il est
bï Google
254 RICHESSES UINÉRALGS DB LA NOUVELLS-CALÉDOKIB
ensuite expédié par charrettes jusqu'au bord de la mer,
oh il est embarqué pour Nouméa par l'intermédiaire de
chalands.
Les mines Courage et Francia, situées un peu plus à
l'Est, de part et d'autre de la rivière de Népoui et ani
euvirons assez immédiats de son embouchure, fournissent
\m HÙnerai d'irn caractère un peu spécial, et d'ailleurs
riche : il se (wésente en concrétions mamelonnées ou en
enduits, doués d'an lastre particulièrement métallique et
d'une couleur bleu T»dacé. qui paraissent correspondre
à une pauvreté relative en m&ngaaèse et à une teneur pins
forte en cobalt. Ces minerais se rencuatrent d'ailleurs
au Toisinaf^e immédiat des roches serpcntîneusea : quel-
quefois en enduits sur ces roches, d'autres fois dans leurs
fentes superficielles; ils sont généralement associés itdes
concrétions quartzeuses ou k des calcédoines. Les vasques
d'argile au fond desquelles ils se présentent sont ici par-
ticulièrement irréguiières, peu profondes, et constamm^it
découpées par des têtes de roche en place ; les minerais
paraissent donc être plus intimement associés au rocher
que partout ailleurs ; on rencontre assez souvent à leur
voisinage des enduits talqueux ou magnésiens.
Les deux gisements sont en outre remarquables par la
présence de masses de serpentine d'un caractère exc^
tionnel : ce sont des masses de couleur claire, dont la
pâte est blanche ou rosée, et qui sont sillonnées d'un
grand nombre de veinules ramifiées, quelquefois vertes
et plus souvent d'un bleu plus ou moins franc, couleur
que l'on serait tenté d'attribuer, à tort comme nous noos
en sommes assuré, au celait en raison de l'association de
ces serpentines au minerai de cobalt. Quelque exception-
nels que soient en Nouvelle-Calédonie ces types de ser-
pentine, leur origine parait bien être, ici comme ailleurs,
l'altération des péridotites qui constituent iotyoun le
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SBRPBNTISBS 255
sous-sol; nous avons, en effet, pu ramasser nne série
d'échantillons marquant tons les passages entre ta përi-
Jolite assez fraîche, les roches serpentineuses que l'on
est habitué à rencontrer ailleurs, vertes ou légèrement
lirun&tres et montrant au microscope les restes de cris-
taux de péridottout traversés de veinules de serpentine,
puis des roches plus altérées, déjà partiellement décolo-
rées, où les traces du péridot commencent à disparaître et
oii l'on ne distinguo plus que les cristaux d'enstatite, et
enfin ces roches entièrement serpentinisées, qui, à l'œil
nu, semblent complètement amorphes : à l'analyse leur
composition se rapproche beaucoup de celle de la ser-
pentine typique (2SiO^,MgO-|-2H^O), avec une faible
teneur en fer(') ; examinées au microscope elles se montrent
presque entièrement constituées d'un agrégat de petits
cristaux d'antigorite à groupements complexes, générale-
ment étoiles, et traversées de quelques zones minces de
laïc.
A la baie Bù, ou plus exactement dans la presqu'île
qui, située en face de Houaïlou, sépare la baie de Bà de
la mer, les serpentines se développent sur 3 kilomètres
de largeur et ne présentent pas d'altitudes supérieures à
350 mètres; c'est dire que leurs pentes sont relativement
douces, surtout it la partie supérieure, et qu'un épais
manteau d'argile rouge a pu s'y conserver. Cette forma-
tion, qui est ici, comme au d'')me de Tiebaghi et dans
nombre d'autres régions à cobalt, toute parsemée de blocs
et de grains ferrugineux, renferme aussi d'assez nom-
breuses trajnéès de minerai de cobalt; elle est partagée
entre les périmètres de 14 concessions, couvrant une su-
perficie de 900 hectares environ, dont plusieurs avaient
été sollicitées en vue de l'exploitation du nickel. Il sub-
(■) Voir luprà, p. M.
bïGoogIc ,■'
256 BICHBSSB8 HINÉRALBS DB LA MOnVELLB-<:U,KOONIB
siste d'aillears encore, dans les valloas k pente asMz
raide qui descendent vers la mer, des travaux soutemios
entrepris autrefois par les premiers explolUnts uglais
du nickel, pour stiivre des filonnets d'hydrosilicate vert.
Aujourd'hui il n'est plus fait de travaux <)ue dans Im
argiles rouges pour la recherche du minerai de cobalt; ib
appartiennent tous à la même entreprise et se développent
stir trois d'entre les coDeessi<His existantes : ib occo-
paient, au moment de notre Tisit«, une quarantaiM
«l'oiiTriers, et n'avaient pas produit, dans les mois qui ont
précédé notre passage, moins de 50 à 60 tonnes par
mois de minerai lavé, dont la teneur en oxyde de cobalt
variait de 4 à i 1/2 p. 10», et qui était aasez fortemeal
chaîné en manganèse.
Les types de rainerais que l'on rencontre ici et leur
iiiode d'occurrence ne préfsentent de vraiment spécial que
leur association très nette avec d'importantes formations
siliceuses : l'exploitant a d'ailleurs remarqué depuis long-
temps que la présence des formations siliceuses est un
bon indice de la proximité du cobalt; ces formations, qui
afTeotent une disposition en bancs parfois bien nets, se
présentent tantôt eu plaquettes légèrement jaun&trea a
grain très fin, et tantôt en masses vacuolaires k structure
plua ou moins cellulaire où l'on croirait par places distin-
guer les moules de petites coquilles ou des empreintes de
débris végétaux ; nous n'en avons cependant nulle part
trouvé la trace d'une façon certaine. Cette association du
minerai de cobalt à des formations siliceuses, qui ont très
certainement été déposées par l'eau, et vraisemblablement
au fond de lacs ou de tnares, nous parait fournir uDe
.raison de plus de considérer les concrétions cobaltifêres
qui les accompagnent comme ayant été déposées en
même temps par des eaux qui avaient dissous le cobalt et
le manganèse (Lus massifs de péridotite voisins. Nom
aurons d'ailleurs à signaler cette même association à
bï Google
MINBKAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 257
Pemby et à Brindy ; nous l'avons également observée à
la mine Fanfare dans la vallée de la Téné près de Bourail,
ob les traînées cobaltîfères suivent exactement un lit de
sable siliceux assez régulier.
A Pemht/, dans la presqu'île qui sépare les baies de
Canala et de Kouaoua, le cobalt se rencontre snr la large
crête qui s'ëtale, à une altitude variant entre 500 et
600 mètres, au-dessus des pentes raides qui descendent
d'un c*té sur la mer et de l'autre sur les ravins de la
rivière Karoupa. La presqu'île est tout entière consti-
tuée par une péridotite à enstatite, légèrement altérée, de
couleur vert foncé, qui ne se montre, ni à l'œil nu, ni à
l'examen microscopique, ni à l'analyse chimique, différente
de plusieurs des roches associées aux gisements de nickel
voisins de Thio et de Canala; d'ailleurs le nickel existe
en petite proportion dans la roche elle-même et a été
signalé sous forme de minerai à faible teneur en différents
points du massif; la roche est d'autre part chargée de
traces particulièrement sensibles de manganèse. Mais ici
c'est le cobalt qui s'est concentré, plus que le nickel, à la
faveur sans doute des conditions qui ont permis l'accumu-
lation sur la large crête que nous venons de définir d'im-
portants dépôts d'argile rouge. Sur toute l'étendue de
ces dépôts sont disséminés des rognons cobaltifères, qui
avaient fait autrefois l'objet de travaux irréguliers et
sans suite. La Société le Nickel, à laquelle le gisement est
concédé, y a ouvert, en 1901 , des travaux auxquels elle a
donné un certain développement et qu'elle a poussés plutôt
en vue de chercher à reconnaître s'il s'y trouve des
masses importantes et continues de minerai, que d'enlever
immédiatement, comme on le fait trop souvent, les petites
quantités de cobalt rencontrées auprès de la surface,
quitte à s'interdire ou à peu près l'accès Jusqu'à celles
qui pourraient exister plus profondément enfoncées dans
n
bï Google
25â RICHESSES MINBRAl.BS DE LA NOUVBLLB-CALÈDOKIB
la masse de l'argile rouge. Ces travaux n'ont d'ailleurs-
pas complètement répondu au but poursuivi, et la plupart
des chantiers ouverts au moment de notre passage ne
rencontraient guère que des traînées irrégulières de-
petites concrétions fortement chargées en manganèse et
d'une richesse très moyenne en cobalt. Néanmoins, en un
point, on suivait une formation qui présentait assez nette-
ment l'allure d'un dépAt de fond de lac : c'était une
lentille relativement régulière, faiblement inclinée sur
l'horizontale, se développant sur plusieurs diziùnes de
mètres en toutes directions dans une sorte de large
cavité encaissée entre des tèles de roche en place, et
venant mourir en s'effllant au voisinage de ces serpen-
tines; la puissance de la formation variait de U) centi-
mètres à 1 mètre, consitituée par des grenailles et des
rognons enrobés .dans l'argile, en proportion d'ailleurs
assez variable d'un point à un autre.
L'association du cobalt et des dépAts siliceux que nous
avons déjà signalée d'une façon très nette pour le gise-
ment de la baie <le Bâ, est aussi frappante en plusieurs
points du gisement de Pembv; c'est ainsi qu'au fond
d'un petit puits de 10 mètres de profondeur on a
rencontré le cobalt on enduits entre des dépôts opalins
et une formation siliceuse très spéciale se développant au
contact même delà péridotite on roche ; cette formation,
de couleur jaune brim clair, comprend d'une part des
zones de calcédoine de teintes jaunes variées, et d'autre
part une certaine épaisseur de silex dur, d'une couleur
brune plus foncée, qui se montre entièrement constHué
de petits grains qiiartzeux colorés et cimentés par des
enduits ferrugineux.
Comme nous l'avons dît, les travaux de Pembj' ont
plutôt constitué jusqu'ici des recherches qu'une exploita-
tion; on n'en avait encore ex trait an moment de notre passage
qu'un petit nombre détonnes d'un minerai dont la teneur
bï Google
ItIKSRAIS ASSOCIÉS A. LA FORMATION DBS SBSPXMTIMBS :%9
en cobalt n'était pas très élevée et où le manganèse était
particulièrement abondant.
Le cobalt est assez activement exploité en une série de
points de la région Sad de la côte Est de l'Ile, et en par-
ticulier sur le platean accidenté qui domine le rivage de
la mer au-dessus de Brind^, entre les rivières M'ba et
Gomboui; ce massif, dont les pentes vei's la mer sont
fort raides, s'abaisse d'une façon beaucoup moins rapide
vers le Sud. Il s'y développe de puissants amas d'argile
rouge qui viennent s'associer, dans le lit de la rivière
Koua-Samy, à des formations superficielles d'un carac-
tère tout différent, beaucoup moins colorées et moins
riches en sesquioxyde de fer; ces formations, dont nous
avons déjà fait mention, proviennent de la décomposition
des granités qui affleurent, à S kilomètres plus à l'Ouest,
sur l'autre versant du boswin de ladite rivière, pour for-
mer les sommets du Grand et du Petit Koum.
Le cobalt se rencontre sur les pentes Nord du plateau,
lorsque l'argile rouge s'y rencontre elle-même, ainsi que
sur la région culminante, dans des conditions très sem-
blables à celles, que nous avons déjà signalées; il apparaît
également sur les pentes Sud et Ouest dans les forma-
tions superficielles spéciales dont nous venons de parler.
Celles-ci recouvrent encore par places di-s roclies ser-
pentineuses de type normal, mais en d'aulres points elles
laissent voir des têtes de granité déc<mipo8é qui semblent
être en place ; elles paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
constituées elles-niêmes uniquement par des produits de
décomposition des serpentines, et se trouvent mélangées
de produits d'origine granitique ; l'enaenible du la forma-
tion n'est plus, en eSci, rouge foncé, mais jaune orangé
plus ou moins clair, et parait par places renfermer des
produits voisins du kaolin; la silice y est abondante, non
plus en lits séparés coiniiie ceux que nous avons signalés
bï Google
260 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
à la baie de B& par exemple, mais sous forme de quartz
répandu k peu près uniformément dans la masse; enfin,
comme nous l'avons dit. on trouve au milieu de cette for-
mation de nombreux blocs de roches roses ou blanches,
montrant quartz feldspath et mica altérés, et sillonnées
de filonnets de quartz hyalin cristallisé, blocs parmi les-
quels quelques-uns semblent être en place. Le cobalt se
présente ici sous la forme de ses minerais ordinûres, gre-
nailles plus ou moins ferrugineuses et plaquettes siUceuses
à enduits cobaltifêrcs, mais il est à faible teneur sans
que le manganèse y soit abondant, le fer et la silice
y sont au contraire dominants. Du cCité Nord, dans les
argiles rouges, nous avons noté la présence de minerais
en rognons au voisinage immédiat des serpentines, dont
nous avons trouvé plusieurs tètes silicifiées et enduites
de cobalt : ces dernières se présentent un peu sous Tas-
pect d'ime de ces serpentines décomposées, cloisonnées,
que nous avons décrites, c'est-à-dire qu'elles ont un sque-
lette quartzeux formant un réseau plus ou moins régulier
avec remplissage de roche altérée ; mais ici ce remplis-
sage altéré, au lieu d'être constitué par des produits ser-
pentineux envahissant toute la masse des anciens cristaux
de péridot, consiste uniquement en dépôts siliceux cobal-
tifères qui semblent avoir épigénisé pour ainsi dire les
produits serpentineux, sans cependant donner a l'ensemble
la cohésion de véritables roches silicifiées, et en formant
un minerai friable difficile à laver.
Des quatre exploitations que nous avons visitées sur ce
massif, nous n'avons rien de spécial à mentionner : elles
comportent de petits travaux de glanage qui, en plusieurs
points, ne font que rechercher ce qui a été laissé autrefois
à une époque oh la valeur du minerai ne permettait
d'exploiter que des amas notablement plus riches que
ceux que l'on peut utiliser aujourd'hui.
bï Google
MINERAIS Associas A LA. FORMATION DES SERPENTINES 261
Les rivages de la baie du Sud et des différentes baies
secondaires qui l'entourent, baie de la Somme, baie du
Carénage, Bonne-Anse, Port-Boisé, etc. (Voir la fig, 3 de
la PI. IV), sont entourés de dépôts d'argile rouge dans
lesquels les rognons cobaltifères ont été signalés dès
assez longtemps ; ils sont exploités par une trentaine d'ou-
vriers, dont la production annuelle peut varier de 150 à
200 tonnes ; noua avons visité ceux de ces travaux qui se
poursuivaient au moment de notre passage à l'entrée de
la baie du Carénage. Là les dépôts d'argile rouge sur la
péridotite «ont généralement d'une faible épaisseur et
peu continus ; ils forment souvent des cuvettes isolées de
dimensions restreintes au fond desquelles on rencontre
des traînées de rognons de minerai ou des terres bru-
nâtres contenant des grains fins cobaltifères ; dans l'en-
semble ces formations suivent à peu près les irrégulari-
tés de la surface de la roche. Le croquis reproduit par la
fiff. 4 de la PI. IV, et que nous avons relevé dans une des
tranchées que nous avons visitées, donne une idée assez
nette de l'allure de ces gisements ; en pareil cas c'est à
ciel ouvert que se fait l'extraction, et l'on poursuit l'enlè-
vement dn manteau argileux qui recouvre la roche en
place tant que la quantité de minerai trouvée est suffi-
sante. Quelquefois on fait une première reconnaissance h
l'aide d'une petite galerie souterraine, mais l'exploitation
a toujours lieu k une profondeur assez faible pour faire
préférer les travaux k ciel ouvert. On découvre ainsi des
iHea de péridotite altérée très semblables à celles qui se
montrent naturellement an jour en d'autres points. Là en
particulier nous avons pu observer très nettement que ces
roches ne contiennent pas elle-mêmes de dépôts cobalti-
fères et ne sont recouvertes d'aucun enduit métallifère;
nous n'avons d'ailleurs pas connaissance que pareille
observation y ait jamais été faite.
Le minerai extrait des travaux épars sur les différents
bï Google
26S RICRBSfiflS HTNÉIIALES M LA. NOUVELLI-CALÉDONIS
promontoires qui entourent 1k tude, fort découpée, estdas-
oenda au bord de l'ean, généraïement à dm d'homnte ; il
est c<Hiduit en embarcation jusqu'au petit aielîM- de
laxage établi À l'emboHchare d'an ruisseaw, puis U est
emmeni de même à Prony, d^ob il est expédié.
Les mgnona qoe l'on retiocmtre ici sont d'un caractère
tr&s nettement métallique, xsseK tourds, brillants, ricbes
en fer, et souillés sealement de débris ai^itoux fociles à
éliminer par le lavage ; ils fournissent des miMrais à 5 et
a p. 100 ; les terres cobaltifères, naturellement {dus
pauvres, sont difficiles Jtlarer et produisent des min^iùs
moins riches ; néanmoins, lorsque l'on a enlevé la couver-
ture d'ar^le stérile sons laquelle elles se trouvent, on a
tout intérêt h les exploiter avec le reste.
C — Conditions économiques de l'exploitation
DO COBALT,
Nous avons assez sonrent meiit)oni>ë dans ce qoi pré-
rbAe Tirpégulnrité avec laquelle se présentent les gise-
ments de collait, tant an point de vue de ta continuité des
différentes traînées de minerai q«e de la puissance et de
la richesse de ces traînées, et qoe de la teneur du mine-
rai même, pour qu'il ne nous soit pas nécessah-e d'insis-
ter longtemps sur rîmpossibilité qu'il y a à donner des
chiffres précLs sur les oonditifws économiques générales de
lexplottation du cobalt. Rn un point d'un gisement le
minerai et«t exploité k ciel oiirert au fond de tranchées
peu profondes ; k cf»é il doit ^tre recherché à plusieurs
mètres sous terre, et il faut pratiquer des puits et des
galeries d'exploitation et d'assèchement, proc^er k lu
boisage plus ou moins serré. rem<mler le minerai par des
treuils, etc. Dans un chantier on poursuit péniblement par
d'aussi petits boyaux que possible une traînée de simples
bï Google
MINBBAI8 JLSSOOIÉB A LA FORMATION DES 8BIU'ENT»tS 263
rogQoQs de mioerai isolés, et ilana le chantier v<Hfiin on
travaille dans un atots de booles on de grenaîllee cobai-
tifwes puissant de phinears décimètres, quelquefois même
de plusieurs mëtree. Lk, le minerai, chaîné en manga-
nèse, est pauvre en cobalt, et no lavage soigneux n'arrive
■qu'avec, p^ne k le porter à la teoeur de 4 p. 100 en
oxyde de cobaJt au-dessous de laquelle il est diffidle-
meut vendable ; ici, au otHitraire, les tenenrs atteignent
•conranuoent 5 à 6p. 100 et même 7 p. 100.
Mais, si la nature des gisements dans lesquels se pour-
suivent les travaux est très variée, les conditions dans
lesquelles ils ont lieu le sont nioins k un autre point de
vue : elles sont, d'une façon générale, aussi peu satisfai-
santes que poitsibie k tous égards. La sécurité des
-ouvriers j est assurée d'une façon fort imparfaite, en
raison de l'inexpérience tant des exploitants que de leurs
ouvriers, dont aucun ne sait ce que sont les travaux de
-mines : boisage souvent insuffisamment robuste ou trop
-espacé, et toujours mal assemblé et très imparfaitement
agencé pour résister à la pression des ternûns qu'il est
-<ie8tiné à soutenir ; travaux conduits au voisinage les
uns des autres sans aucune cx>ordination et sans adopter
les précautions les plus élémentaires lorsqu'ils se rap-
prochent, circoDstance que Ton ignore même souvent par
stùte du manque de tonte espèce de plans, ou même do
croquis, des travaux ; absence iot^e d'aérage, si bien que
-dans certains chantiers, poursuivis à l'exti-émité de
loagoes galeries étroites et tortueuses, la lumière refuse
-de brûler et l'ouvrier travaille dans une obscurité à peu
près absolue ; tels sont quelques-uns des graves défauts
.que nous avons relevés dans la conduite de c«s travaux.
Le souci de la bonne utilisation du gite n'intervient géné-
ralement pas plus que celui de la sécurité du personne),
.et cela d'autant plus que la très grande majorité des
mines sont abandonnées par tes concessionnaires à des
bï Google
264 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
H contractants », amodiataires à court bail ou même
sans aucun bail, qui viennent exploiter sur telle ou telle
mine ce qu'Us pourront en extraire au meilleur compte
possible, saDS aucune espèce de souci du lendemain ;
beaucoup de concessionnaires, qui ont acquis différentes
mines en différents points de la colonie et qui ne les
cxploitont pas, assurent d'ailleurs qu'ils ne peuvent guère
faire autrement que de consentir de semblables amodia-
tions, car, s'ils s'y refusaient, ils n'auraient aucun moyen
d'empêcher le premier venu de s'installer sur leurs con-
cessions et de les exploiter à sa guise, n suffit d'avoir
parcouru la colonie pour se rendre compte que de sem-
blables craintes sont assez justifiées.
Dés lors la règle à peu près constante de l'exploitation
ilu cobalt est, après avoir ouvert une galerie ou une
tranchée de recherches, de battre au large dans la pre-
mière traînée de minerai rencontrée, et cela jusqu'à ce
que le vide réalisé amène l'éboulemen,t des travaux,
. interdisant ainsi l'exploration de ce qui pourrait sub-
sister plus profondément enfoncé dans la formation
argileuse encaissante ; les gisements se trouvent donc
véiitablement criblés de petites galeries, qui ont plus on
moins bien exploré le voisinage immédiat de la surface,
mais qui laissent couiplètement inconnues et à peu près
inaccessibles les régions plus profondes. Ainsi exploi-
tait-on déjà il y a vingtans, et plusieurs des exploitations
actuelles glanent péniblement dans d'anciennes mines des
minerais qui eussent été aisés à prendre dans le gisement
vierge; cela n'empêche pas d'ailleurs les nouveaux venus
de procéder encore aujourd'hui de la même façon. C'est
là une situation des plus fâcheuses, nous no saurionii
trop le dire, car parmi les gisements de cobalt tiès
nombreux, nous l'avons fait ressortir, qui jalonnent toute
la longueur de la colonie, plusieurs ont été déjà, sinon
entièrcmoni exploités, du moins pratiquement épuisés.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 265
beaucoup sont aujourd'hui en exploitation dans des con-
ditions à peine moins déplorables, et le nombre de ceux
qui restent encore vierges pour l'avenir risque de dimi-
nuer de la sorte bien promptement.
Une fois abattu et extrait, le minerai doit presque
toujours être lavé, tantôt parce que cela est indispen-
sable pour le rendre marchand, d'autres fois parce que
l'augmentation de teneur et l'augmentation, plus que pro-
portionnelle, du prix de Tente qui en résulte, rendent ré-
munérateur le lavage même de minerais tenant déjà plus
de 4 p. 100 d'oxyde de cobalt. U n'y a donc pratiquement
pas une exploitation qni ne soit pourvue d'un lavoir ; celui-
ci est établi en un point où l'on dispose de l'eau nécessaire,
c'est-à-dire presque toujours au pied de la montagne.
Du chantier au lavoir, le minerai brut est descendu,
après ensachage, par le moyen des câbles k crochets,
câbles à roulettes, ou plans inclinés aériens, que nons
avons déjà fait connaître ; les deux premiers moyens, d'un
moindre débit, mais moins cofttoux comme installation
que les plans aéHens.sont bien plus souvent proférés que
pour le nickel, en raison des faibles tonnages qu'ils sont
généralement destinés à transporter; nous n'avons rien à
ajouter ici à ce que nous avons dit déjà au sujet de ces
moyens de transport.
Nous fournirons au contraire quelques détails généraux
sur le lavage du minerai, qui est pratiqué partout de la
même manière ou à peu près.
Le minerai est d'abord finement concassé ; cette opé-
ration n'est pas sans être assez délicate : il est néces-
saire que les fragments soient assez petits, soit pour dé-
gager les matières argileuses qui salissent les rognons de
minerai, soit pour séparer les enduits cobaJtiferes d'une
partie du stérile qu'ils recouvrent ; maLs, surtout dans le cas
de minerais quartzeux, le.s concrétions cobaltiféres sont sou-
bï Google
266 RICHB3SBB UINÈBAI.B8 DK LA K0nvSU.B-CAL&DONlB
Tent disposées en écailles successires très minces, qs'îl
convient d'éditer »utant que possible de aépar^ les
unes <les autres, afin qu 'elle* ne soient pas trc^ aÎBément
entraînées par les eaux. Ce travail de cassage se fait tou-
jours à la main, et généralement à l'aide d'instruments
eo bois afin que leur choc soit plus doux ; il a lieu sur une
aire constituée par une plaque de t61e afin d'évUer tpK
le minerai ne vienne à être sali par la terre. C'est un tra-
vail minutieux dont dépend le succès du lavage ; aussi,
surtout pour des minerais quartzoux, est-il parfois fait eo
<ieux fois. Le minerai est d'abord mis à sédier au boInI
s'il est humide, car sans cela il s'agglutinerait sons le
choc, puis il subit un premier cassage à la main, im à
l'aide de petits maillets en bois par TouTrier qui examine
im à un chaque fragment, et élimine le stérile tout coiane
lorsque l'nn procède au scheidage des minerais métal-
liques usuels ; ensiiiie les fragments aiusi cassés sont ré-
duits à une grosseur variant généralemeoit de 2 à 4 mil-
limètres à l'aide d'une dame en bois assez lourde. Û'anlres
fois le cassage a lieu en une seule opération, tantôt oni-
4)uement au maillet, tantôt à la dame seulement ; quel-
-quet'ois on termine par un criblage afin d'éviter l'envoi
au lavage de trop gros fragments.
Le lavage a partout lieu à main d'honune, k l'aide ik
la pelle ; il se fait dans une auge en bois de 2 mètres de
long sur 1 mètre de large, dont le fond est généralement
horizontal, et dont la profondeur est d'une vingtaine de
centimètres. L'une des extrémités de l'auge est en rela-
tion, par un petit canal ou une rigole en bois, avec uo
ruisseau assurant l'écoulement de» eaus. -L'eau claire est
débitée à l'extrémité d'amont au moyen de trous prati-
qués dans la paroi de l'auge, et que l'on peut obstruer
par des chevilles en bois ; elle s'évacue à l'aval générale-
ment par trop-plein, afin d'éviter qu'elle n'entraîDe autre
•chose que des matières légères en suspension. La lavée,
bï Google
BINERAIS ASaoaiS * Là FORUATION DBS SBRPBNTOIES 267
^ui est de 300 à 300 kilogrammes, qoelquefois même da-
vantage, suivant la qualité du minerai, est introduite en
une fois dans l'auge; elle est d'abord remuée à la pelle
-dans l'eau dcsmante ou dans un Faible courant, puis,
lorsque les matières légères commencent à être bien sé-
parées, on augmente l'intensité du courant en continuant
À retourner le minerai pour le ramener sans cesse dans
je courant d'eau auquel il doit abandonuM* les matières
terreuses, argileuses et stUceuses. L'opération est ter-
minée Ifvsque l'eau s'écoule à peu près cJaîre, elle dure
de un à trois quarts d'heure suivant la nature, argileuse
on sableuse, des gangues. Le minerai restant au fond de
l'auge, qui était an début fortement souillé de poudres et
endaits siliceux jaunes, ou argileux rouges, en sort d'un noir
bleuté aaaex franc ; il est séché, puis ensaché, et expédié.
Quelquefois le lavage a lieu, pour des minerûs parti-
■entièrement impurs et terreux, en deux fois, se divisant
en un dégrossissage avec de l'eau déjà saie et un finis-
sage k l'eau claire ; c'est ce que l'on fait en particulier
lorsque l'on manque d'eau, ce qui n'est pas sans exemple.
Ou consomme, en efi'et, dans une semblable opération,
«ne quantité d'eau considérable, soit à peu près 500 litres
à la minute par lavoir ; et l'on est parfois obligé d'établir
sur les ruisseaux dont on dispose de petits barrages et
■des réservoirs, dont l'exécution dans l'argile rouge imper-
méable est d'ailleurs facile.
Quant au rendement industriel d'une semblable opéra-
tion, il est assez difficile k apprécier, d'autant plus que les
minerais sont constamment variables comme nature et
comme teneur ; d'ailleurs aucun exploitant ne parait s'en
occuper et aucun d'entre eux n'a pu nous donner une
évaluation de la teneur des parties dites stériles entrai-
aées par les eaux : elle est certainement a.^sez considé-
rable. Nous devons cepf^ndant signaler ici l'habitude, qui
commence à se répandre dans quelques mincR, de diriger
bï Google
268 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
l'exploitation, et aussi parfois letravail de lavage, àl'aide
d'analyses colorimétriques, très aisées à faire, et qui per-
mettent avec del'habitude d'apprécier à 1/10 p. 100 près
la teneur des minerais de cobalt, dont l'apparence est sou-
vent très trompeuse même pour les gens les plus exercés.
On s'accorde généralement à dire que, sauf dans le caa
de minerais particulièrement riches ou particulièrenieot
pauvres, le rendement an lavage est à peu près de un
cinquième à un sixième en volume, c'est-à-dire qu'il faut
cinq k six sacs de minerai brut pour en faire un de minerai
lavé ; cela correspond à un rendement en poids de un
pour trois ou de un pour deux et demi, le poids des sacs
bruts, incomplètement remplis, et contenant beaucoup de
stérile, variant de 25 à 30 kilogrammes, tandis que celui
des sacs, bien remplis et cousus, de minerai lavé est d'une
cinquantaine. Les teneurs sont trop variables d'un cas à
l'autre, et souvent d'un jour à l'autre, pour qu'il soit pos-
sible de donner des chiffres ayant une réelle valeur ; ce-
pendant, ou peut dire qu'on amène couramment des mine-
rais bruts à 2 1/2 p. 100 et 3 p. 100 d'oxyde à en tenir
4 p. 100 ou légèrement plus; lorsqu'on lave des mine-
rais à 4 p. 100 ou au voisinage, ils rendent généralement
du minerai à 6 p. 100. 11 semble donc qu'on puisse ad-
mettre que le lavage augmente généralement la teneur
dans le rapport de 1 à 1 1 /2, 1 3/4 ou au maximum 2, tan-
dis que la réduction de poids varie de 2 1/2 à 3 ; il y a
donc une perte en cobalt qui atteint parfois jusqu'à Is
moitié de ce qui était contenu dans le minerai brut.
Dans les petites exploitations, la laverie occupe géné-
ralement deux ou trois hommes, quelquefois d'une façon
intermittente; une telle équipe peut laver par journée
2 à 3 tonnes de minerai brut, et par suite en produire
à peine 1 de minerai lavé. Pour des exploitations plus
importantes lo personnel qu'exige le lavage est natu-
rellement beaucoup plus nombreux; c'est ainsi que, sur
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FOKUATION DES SERPENTINES 269
une mine qui produisait par jour au iDoment de notre
passage une quinzaine de tonnes de minerai brut, soit
4 à 5 tonnes de minerai lavé, on avait installé trois auges
de lavage, dont l'une de dégrossissage alimentée par de
l'eau sale, et les deux autres fonctionnant à l'eau claire
pour terminer le lavage ; trois laveurs assuraient le ser-
vicedeceslavoirSfdeux blancs aidésde deux Canaques cab-
salent le minerai le criblaient et l'entassaient, trois blancs
et deux Canaques en assuraient l'enlèvement après lavage
et l'ensachage ; soit un personnel total de douze hommes.
Une partie d'entre eux étaient payés à la journée, les
autres à prix fait : les laveurs recevaient 12 francs par
tonne de minerai lavé sec, les casseurs 8 francs par inètre
cube cassé et criblé.
On peut se demander s'il n'y aurait pas un intérêt con-
sidérable à substituer à cette opération, onéreuse comme
main-d'œuvre, et peu satisfaisante comme rendement, le
lavage mécanique, qui réussit si bien pour les autres mi-
nerais métalliques.' Cela n'a jamais été tenté, en partie à
cause du peu d'initiative et d'instruction des mineurs en
général, et en particulier des mineurs qui exploitent le
cobalt d'une façon si souvent éphémère. Néanmoins la
qualité très variable du minerai à traiter et les difficultés
spéciales résultant de la tendance des concrétions cobal-
tifères minces à surnager malgré leur densité, rendraient
peut-être bien le réglage d'une laverie mécanique très
difficile ; et l'opération faite îi la main, qui, bien que coû-
tant une dizaine de francs par tonne de minerai lavé,
n'est pas une charge excessive pour un produit qui vaut
plusieurs centaines de francs, doit à notre avis être re-
gardée comme répondant assez bien aux conditions spé-
ciales de l'exploitation du cobalt.
Les prix de revient que comportent de semblables
exploitations sont naturellement très variables, suivant
bï Google
Boisage {,,.,. . ,i»>.iUpeiipi*i 6",«ai>«to
^^ I ffi-Bia iln tr»n«nnrl i
270 RICHESSBS MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
que l'on n'exploite qae les meilleures portions du gtte oo
(les portions un peu moins favorables , aussi dépeiHleiit4k
surtout des cours âa minerai, chacun* coodoisaiit aon
exploitation de manière k conserver entre son prà de
revient et le prix de vente une marge sursaute.
D'après les renseignements qui bous ont été donnés, tt
que nous avons pu partiellement v^rifiw, le prix de
revient moyen d'une exploilation importanio so déceœ-
poserait à peu près comme suit par tonne de minem
lavé :
Frina
AbaUge 13 [wiliproiK*. 5*,00piirl«Dili™ii
Transport, manutention eten-
sachage du minerai sur la
mine 40 i'i>wUp'"pr*«lï^^p»rioii»bnii';
1 Main-d'œuvre 10]
1 Matières première
(frais lie transport
f jusqu'il la mine]. . lOl
llescentt! du minerai de la mine
à la laverie 10 (soi
Concasïage et criblage Ti
l.avagc 12
Kusachag*? . : 3
Dépense d'achat de sacs 8
Charroi jusqu'au bord de la
Ctialandage 3
Transport à Nouméa 10
Surveillance 10
Pour une petite exploitation, occupant seulemeni
quelques ouvriers, le prix de revient salaires attei-
gnait 140 à 150 francs par tonne, et l'exploitant estimait,
qu'à partir d'un prix de veiUe de 200 francs, le rem-
boursement de ses quelques dépenses de foumitaros,
l'amortissement des installations très précaires qu'il
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS BBBPRNTIMBS 37 1
aratt faites, et uoe rémunération sufflsante de sa peine,
lui étaient assurés.
Les chiffres relatifs aussi bien à la première de ces
exploitations qu'à la deuxième doivent d'ailleurt;, comme
toujours, être diminués de 30 à 50 p. 100 en ce qui con-
cerne tes salaires, pour tenir compte de la retenue
détournée faite sur eux par l'exploitant an mojen de la
vente aux ouvriers de tous objets de consommation,
comme nous l'indiquerons en détail ^ la fin du présent
rapport.
Mentionnons eoâu qu'au moment de notre séjour danij
la colonie, et à la faveur des cours élevés du cobalt, des
groupes de deux- ou trois libérés prenaient souvent au
contrat à court tenue l'exploitation dv telle ou telle
mine ou de telle ou telle portion de miue moyennant un
prix global de 200 francs par tonne de minerai à 4 p. iUO
(e( avec augmentation de 6 francs par dixième d'imité
en plus) livrée, lavée s'il y avait lieu, au pied de la mine ;
le matériel, cflbies, outils, sacs, etc., leur était fourni
par le concessionnaire, mais ils étaient presque toujours
payés pour une large part en vivres et boissons, sur
lesquels le concessionnaire faisait les bénéfices que nous
avons dits.
D. — Prix de vente. — Emplois et débolthés
DBS MIN'ERAIR DE COBALT.
Comme nons l'avons déjà mentionné, le minerai de
cobalt rendu à Nouméa est couramment acheté à la
teneur de 4 p. 100 de protoxyde de cobalt fsoit
3,15 p. 100 do cobalt métallique) pour le minerai ser.
Lorsque la teneur dépasse ce chiffre, le prix bénéficie
d'une augmentation plus que proportionnelle, tandis qu'il
bï Google
272 BICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE
subit uno diroinctioQ très importante si la teneur s'abaisse
au-dessous de 4 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, les prix
pratiqués étaient les suivants :
Minerai à 4 p. 100 330 fr. la tonne
Les minerais à 3 p. 100 et 3 1/2 p. 100 étaient
respectivement payés à raison de. 145 fr. et 195 fr. la tonne
avec plus-value de Of',60 par chaque centième
d'unité en plus desdites teneurs.
De 4 p. 100 à 5 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 4 p. 100 était payé h raison de. . C'.AO
De S p. 100 ï S p. 100 chaque cenlième d'unité
en plus de 5 p. 100 était payé à raison de. . O'^fiO
De 6 p. 100 à 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 6 p. 100 était payé à raison de... l'',00
A partir de 7 p, 100 chaque centième d'unilé
en plus de 7 p. 100 était payé k raison de.. I'',50
Ce qui portait la tonne de minerai à 8 p. 100
au prix de 750 fr. la toane
Ces cours élevés résultent d'ailleurs d'un accroisse-
ment très brusque des demandes depuis deux ans.
Tandis que, pendant de longues années jusqu'en 1890,
le minerai de cobalt à 4 p. 100 d'oxyde était acheté sur
la place de Nouméa à raison de 72',50 la tonne, sonprix
s'élevait entre 1892 et 1894 jusqu'à 80 francs, il attei-
gnait 100 francs en 1897, et oscillait jusqu'au débat
de 1900 entre 92',50 et 100 francs ; puis en dix-huit mois
son prix doublait; enfin, du mois de juin 1901 au mois de
mai 1902, chaque marché, ou peu s'en faut, a marqué
une augmentation de prix de quelques francs sur le pré-
cédent, si bien que les cours étaient, au milieu de 1902,
eeux que nous venons d'indiquer.
Ces variations des cours ne semblent nullement dues à
une hausse passagère de la valeur du cobalt en Europe,
valeur qui parait au contraire fitre restée à peu près
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION' DES SERPENTINES 273
-constante, mais beaucoup plulôt à ce fait qu'au début
•les acheteurs de minerai de cobalt en Nouvelle-Calédo-
nie réalisaient des bénéfices considérables, et que l'im-
portance do ces bénéfices les a amenés peu à peu à se
faire une active concurrence et à faire ainsi monter les
prix. La valeur du protoxyde de cobalt pur varie en effet
en Europe, depuis plusieurs années, entre 20 et 25 francs
le kilogramme {il valait en dernier lieu 23 francs d'après
les renseignements que nous avons obtenus); dans ces
condition!* une tonne de minerai contenant 4 p. 100 de
protosjde à sec, et qui tient généralement 20 p. 100
d'humidité, renfermerait 32 kilogrammes d'oxjde, et en
fournirait, après un traitement qui comporte une perte
maxima de 15 p. 100 du cobalt contenu, 27 kilogrammes,
valant de 540 à 675 francs, ou, en prenant la valeur de
23 francs le kilogramme, 6ïil francs. D'autre part, le prix
de revient de cet oxyde pourrait être estimé ainsi :
Prix d'achat île In tonne à Nouméa
Frais <l'eml)arquement
Fret el assurances
Frais de débai-quement et de transport à l'iis
(variables), environ
Frais de première fusion
Frais d'aHinagn (rapportés i, la tonne de mini
brni)
Total
Cela laisse encore une large marge de bénéfice k l'im-
portateur.
Mais les débouchés du cobalt étant, comme nolis le
ferons connaître ci-dessous, très restreints, et la hausse
des prix ayant fait augmenter beaucoup la production, qui
au cours de Tannée 1902 a atteint presque le triple de
celle de l'année 1901, on doit craindre que l'offre ne
bï Google
274 RICHESSES MINÉRALES DE IJ. NOUVELLE-CALÉDONIE
dépasse rapidement la demande et que les cours ue
viennent à s'abaisser de nouveau {*}.
Cependant, foxyde de cobalt ayant des débouchés régu-
liers, quoique modestes comme quantité totale, au prix
que nous venons d'indiquer, il parait vraisemblable que les
l'Ours du minerai en NouvoUe-Calédonio doivent, non
sans subir encore des oscillations passagères, se maintenir,
sinon aux chiffres actuels, du moins à des chiffres lar-
gement rémunérateurs pour les exploitants, et doivent leur
permettre d'utiliser d'une façon durable et permanente
non seulement les amas particulièrement riches, mais
encore des gites plus pauvres.
Le minerai de cobalt est aujourd'hui exporté uni-
iinement à l'état cru : il a été autrefois, tout comme le
minerai de nickel, l'objet d'une tentative de traitemeiil
sur place ; nous avons déjà mentionné les essais faits
entre 188U et 1884 à l'usine de la pointe Chaleix, soit
Iiour obtenir des niattes de cobalt uniquement, soit pour
obtenir des matles mixtes tenant à la foia nickel et
cobalt; les premiers essais, qui étaient très justifiés du
moment que l'on avait installé une usine de fusion, ont
eu le même sort que ceux pour la fusion du nickel; les
seconds, qui consistaient à réunir les deux métaux dont
la nature avait commencé la séparation, paraissent peu
rationnels ; ils le seraient d'autant moins aujourd'hui que
lo nickel doit pouvoir être produit par des opérations
iiiétallurgiques dont le prix do revient ne soit pas trop
élevé, et non pas à la suite do séparations chimiques
délicates ot onéreuses. D'autre part, en 1891-1892, la
Société le Cobalt avait fondé près de Nouméa une usine
destinée au traitement des minerais pauvres de cobalt
par un procédé assez complexe qui a, croyons-nous, subi
(*} C'est ce t]ui s'est déjà produit dans une large mesure d'après lei
bï Google
lONERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SESPBNTINBS 275
plusieurs variantes; on a, en particulier, essayé la fusion
(les minerais de cobalt avec des pyrites cuivreuses comme
fondant pour obtenir des mattes riches à la fois en cobalt
et en cuivre. Après avoir donné lieu à rexpori.ation de
quelque deux cents tonnes seulement de mattes, dont la
teneur aurait atteint jusqu'à 20 p. 100 de cobalt, et qui
auraient été d'une valeur de 3.500 francs la tonne, cette
tentative a échoué.
Sans vouloir condamner le principe de ces essais, qui
pourraient peut-être être repria utilement le jour où l'on
aurait monté dans la colonie une usine de fusion du
nickel, nous ferons remarquer que la fusion sur place est
beaucoup moins indiquée pour les minerais de cobalt que
poJir ceux de nickel, pourdiverses raison!). D'une part, le
minerai de richesse moyenne valant actuellement 6 fois
pluâ que le minerai de nickel, et étant destiné à valoir
vraisemblablement toujours au moins quatre ou cinq fois
plus, subit du fait des frais de transport en Europe une
charge relative beaucoup moins considérable. D'autre part,
il est susceptible d'un enrichissement par lavage, impar-
fait et d'un faible rendement, nous le reconnaissons, mais
enfin cependant utile, que ne supporterait pas le minerai de
nickel. Enfin, la teneur à laquelle le cobalt est exporté est,
beaucoup plus que pour le nickel, voisine de la teneur à
laquelle les opérations métallurgiques deviennent d'un
rendement par trop faible; le traitement sur place per-
mettrait donc moins facilementrabaissement de la teneur
limite du minerai.
Nous pensons donc que le minerai de cobalt sera encore
longtemps exporté brut en Europe ; et cela ne crée pas à
l'exploitation de ce minerai une charge qu'il serait
essentiel de voir disparaître à bref délai comme pour le
nickel.
La consommation du cobalt se répartit par petites
quantités entre diverses industries dont la principale est
bï Google
Z1& RicHesfiRS mikrrIai.bs de la nouvkllb-calédome
la poteri«, ob la oiloratioD bleae qii'il tend à donner k b
pftte est employée k compenser la teinte rouge que des
traces de fer lui communiquent trop souvent; il sert
en outre h colorer la porcelaine et les émaux ; enfin il
fournit un grand nombre de matières colorantes variées.
Noos devons d'ailleurs mentionner ici que les propriété
dn cobalt métallique paraissent Mre tout aussi remar-
quables, sinon plus, que celles du nickel, et que, s'il n'est
pas préféré à ce métal, c'est en raison de la dispro-
portion considérable (voisine do i à iO) qui existe entre
la valeur des deux métaux. Ces différents nsages do
cobalt, qui absorbent annuellement environ 150à20U tonnes
d'oxyde, offrent deft garanties de régularité telles qu'an
débonrhé semble assuré au minerai calédonien, ju8((U%
concurrence de 3 000 k 4 000 tonnes par an, pour peu
qu'il conserve sur le marché lo monopole à peu près
exclusif qu'il a aujourd'hui.
Si en effet on consulte les statistiques publiées dans le
recueil TAf Minerai Jndtistry, que nous avons déjà mis
il contribution, on constate que la production desminerais
lie cobalt, au cours des cinq dernières années, se serait
répartie comme suit entre tes différents paya du monde;
nous mentionnons, en regard des tonnages, les valeurs sur
place, qui peuvent dtmner une idée de la richesse des divers
minerais ; il est bon d'ajouter que la valeur comptée pour
les minerais de Nouvelle-Calédonie est relativement beau-
coup trop faible, d'une part parce qu'ils subissent sur
place une dépréciation correspondant au fret jnsqn'en
Europe, et d'autre part parce que, comme nous lavons
expliqué, ils ont été pendant fort longtemps vendus à un
prix très inférieur à leur véritable valeur. Sous réserve
de cette observation, voici les chiffres que nous avons
relevés :
bï Google
KimBBAlS ASSOCIES A LA FORMATION DBS SBBPENTtNES 277
A».ii 18B6
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;w«ro
Î,8H
/rmrs ^
■J75.500'
S'
t«»B»
Âii-WG
3». HO
Ces totaux devraient Gtre augmentés de quelques tonnes
(Je minerais complexes, extraits en différents points de
l'Allemagne et de l'Aiitricho, ot ayant produit iin peu de
cobalt.
Comme on le voit, la Nouvelle-Calédonie n'a pratique-
ment anciin concurrent important pour la production du
cobalt, puisque pendant toutes ces dernières années elle
a fourni comme tonnage plus de 90 p. lOOdes minerais de
cobalt produits dans le monde entier, représentant comme
valeur environ 80 p. 100 du total, et celad'après les chiffres
ci-dessus qui, comme nous l'avons dit, sont relativement
beaucoup trop faibles pour la valeur des minerais de la
Nouvelle-Calédonie.
Nous opposerons à ces chiffres, beaucoup trop faibles,
ceux du 1" semestre 1902, aucoursduqirel il aété exporté
2 452 tonnes de minerai de cobalt représentant unts valeur,
au cours du minorai k Nouméa, de 800.000 francs envi-
ron ; rappelons d'ailleurs qu'on ne peut fîuëre espérer que
de tels chiffres se maintiennent complètement d'une fat;oii
durable.
{■) ChilTres iI'eipurlntioD et non de produc
bï Google
278 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE'CAli:[K>NIB
C'est donc un monopole presque absolu que détient
aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie pour la fourniture du
minerai de cobalt au monde entier. Les gisements de ce
minerai, quoique très capricieiii, sont nombreui et
étendus ; aussi leur exploitation paratt-elle devoir assurer,
pour bien des années encore, un chiffre d'affaires qui est
loin d'être négligeable. Maïs, pour ne pas risquer de voir
cette branche de l'industrie minière décliner peu à peo
par suite du gaspillage des gîtes, il serait bien nécessaire
que l'exploitation en fût poursuivie d'une manière moins
imprévoyante.
bï Google
CHAPITRE II.
LE FER CHROMÉ.
A. — Indications générales et iiistoriqies.
Le fer chromé se montre associé avec une constance
remarquable à la grande formation serpentincuse de la
Nouvelle-Calédonie : on le rencontre soit en- roclie dans
les pêridotites fraîches ou plus ou moins complètement ser-
pentinisées, soit en grains séparés dans les argiles rouge»
qui proviennent de lenr décomposition. Nons n'avons pas
examiné au microscope une seule plaque mince de péri-
dotite ou de roche serpentinense sans y apercevoir, incluK
dans la pâte, des cristaux ou des grains de fer chromé,
de même que nous n'avons pas analysé un seul fragment
de ces roches sans que la partie demeurée insoluble dans
les acides ne contint une quantité appréciable de fer
chromé, représentant généralement en poids plusieur.i
millièmes. D'autre part, toutes les formations ferrugi-
neuses que nous avons désignées sous le nom d'argiles
rouges, qui doivent, comme nous l'avons indiqué, être
considérées comme un résidu de la décomposition des
pêridotites, renferment une proportion notable (atteignant
parfois plusieurs centièmes) de grains de fer chromé, et
les sables lourds des ruisseaux (jui descendent dos massifs
serpentineux sont très riches en fer chromé.
A ces deux mo<les d'occurrence normaux et constants
du fer chromé correspondent, lorsque des circonstances
spéciales en ont permis la concentra tioïi i-n tm même
bï Google
280 RICHESSES MINERALES DE LA NO0VELLE- CALE DON lE
point, deux types de gisements exploitables : lea-gise-
ments de fer chromé en roche ou primitifs, soit à l'état
de filons, soit à l'état d'amas, et les gisements d'origine
détritique ou secondaires, désigoés par l'expression usuelle
de (i gisements de fer chromé d'alluvions ».
Dans les gisements en roche, le fer chn)mé apparaii,.
tantôt en masses à cristallisation confuse et sans forme
extérieure nette, et tantôt en cristaux octaédriques plus
ou moins bien formés, disséminé dans une gangue sili-
catée. Dans ta plupart des échantillons que nous avons-
rencontrés, qiti provenaient, il est vrai, du voisinage des
affleurements, cette gangue piaraissait amorphe et était,
constituée par des silicates décomposés, altimiaeux et
magnésiens et légèrement ferrugineux ; au microscope elle
se montrait riche en produits serpentineux et talqueux-
Mais dans quelques échantillons, provenant les iws de ta
mine ta Tchaus, les autres de la mine Joséphine à la baie
des Pirogues, cette gangue est constituée, tantôt par du
diallage parfois très frais et bien cristallisé, et tantôt par
du péridot. Exceptionnellement on rencontre le fer chromé
massif soua forme d'uu agrégat d'éléments en foi-ine
d'écaillés, présentant un aspect presque apéculaire.
Dans les gisements d'origine détritique, 11 est le plus
souvent en fragmenta brisés, mais il est parfois sous>
forme d'octaèdres assez petits et plus ou moins intacts:
il se présente rarement en petits galets roulés. Dans ces
derniers gisements, il est généralement recouvert d'un
léger enduit de rouille qui lui fait donner le nom de
11 chrome rouge » ; cet enduit parait être te seul résidu de
ta gangue qui était associée au minerai dans son gisement
primitif; le « chrome rouge » se trouve donc étro très
pur, et le minerai connu sous ce nom est en conséquence
fort apprécié.
Avant d'entrer dans quelques détails au sujet des diffé-
rents gisements connus qui se rattachent à l'un ou k
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 281
l'autre Ue ces deux types, nous mentionnerons encore
que, le plus souvent, le fer chromé de la Nouvelle-Calé-
donie parait se rapprocher beaucoup de l'espèce minérale
que l'on appelle fer chromé ou chroiiiite, c'est-à-dire du
chromite de fer Cr-OTeO, qui doit contenir théorique-
naent 68 p. 100 de sesquioxvde de chrome; il ne parait
pas être niélangt' ni à du fer magnétique, ni k de la pico-
tite pauvre en chrome, minéraux qu'on pourrait s'attendre
à rencontrer dans la formation serpe ntiueuse, et qu'il
serait difficile do séparer du fer chromé, dont ils dimi-
nueraient beaucoup la teneur en sesquioxyde de chrome :
c'est ce que fait immédiatement supposer la facilité avec
laquelle on obtient, souvent sans lavage aucun, et d'autres
fois avec un lavage très sommaire, des produits courants
à 50 p. 100 ou même 55 p. 100 Je sesquioxyde de chrome,
et quelquefois plus. C'est ce que confirment d'ailleurs nos
observations : les échantillons que nous avons recueillis
sur les différents gisements que nous avons visités ne
contenaient pas de quantités notables de magnétite, et
s'ils n'étaient pas tons constitués par de la chromite pure,
ils ne s'en éloignaient guèi-e que par la substitution, par-
fois en proportion importante, de magnésie au protoxyde
lie fer pour s'associer an sesquioxyde de chi-ome, substi-
tution qui ne tendrait qu'à augmenter la teneur du minerai
en chrome; quelquefois cependant, une petite quantité do
sesquioxyde de chiximt: était remplacée par de Talumine.
C'est' ainsi que deux échantillons provenant, l'un de la
raine Georges Pile à la haie Ngo (chrome d'alluvions), et
l'autre de la mine Aiiua-Madeleine à la baie du Sud
(chrome en roche), que nous avons analysés après ks
avoir lavés à l'acide pour éliminer les matières étrangères,
ne se sont montrés contenir ni l'un ni l'autre de frag-
ments attirables à l'aimant (fer magnétique), et ont donné
à l'analyse des teneurs en sesquioxyde de chromo respec-
tivement égales à 65,8 p. 100 et 68,9 p. lOO; le dernier
bï Google
282 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CALÉDONIE
était très chargé en magaésie. Cependant, certaines ana-
lyses, se rapportant précîsénieat à des échantillons de la
baie Ngo à faible teneur, nous ont été communiquées,
qui indiquaient d'une part des quantités d'alumine et dv
magnésie très supérieures à celles qiii auraient pu être
combinées à la silice de la gangue, et, d'autre part, des
teneurs en fer inférieures à celles qui correspondraient à
sa combinaison au chrome à l'état de chromîte de fer;
cela ferait supposer qu'il existait dans ces échantillons
de la picotite plus ou moins pauvre en chrome ; néan-
moins, les quantités des différents éléments correspon-
daient assez mal à une semblable hypothèse, nous ne
pouvons donc pas a>nsidérer la chose comme étant bien
établie. C'est un point qui mérite cependant d'attirer l'al-
tcntion des chercheurs comme pouvant leur réserver
éventuellement des mécomptes.
L'abondance du fer chromé en Nouvelle-Calédonie est
telle que, dès la première exploration géologique de l'île
faite par M. Garnier, celui-ci fut frappé de la fréquence
avec laquelle s'y montre ce minerai, qu'il déclare être
« le lien commun et le compagnon constant {*) » des
diverses roches magnésiennes : il mentionne sa présence
à ta fois en grains dans les schistes serpentineux, en
cristaux dans les serpentines, on masses ou amas dans
les argiles, et enfin aous forme de sables sur les rivages
et dans le lit de certains ruisseaux; mais il ne retient,
comme étant exploitables avec profit, que les gites en
amas dans les argiles. Il signale la possibilité d'exploiter,
à raison de 11 fr. 50 par tonne, un semblable amas qui
existait au Mont-Dore, et dont le minerai aurait lenti
6t,333 p. 100 de sesquioxyde de chrome. Il ajoute qu'un
tel minerai aurait pu, à l'époque, être vendu en France à
raison de 200 francs la tonne.
(') toc. ci/., p. 81.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPEN'HNES 283
Lorsque, dix ans plus tard, M. Heurteau dressait un
inventaire des richesses minérales de la Nouvelle-Calé-
donie, il reconnaissait, avec M. Garnier, l'abondance du
fer chromé, mais il regardait comme beaucoup trop faible
le prix de revient sur place, estimé à H fr, 50, pour le
minerai du gisement eu question, et, tenant comjite du
fret, qui était alors aux environs de 100 francs de Nou-
velle-Calédonie en Europe, il arrivait à cette coDcliision
que le prix de vente de 150 à 160 francs, qui était celui
sur lequel il fallait chiffrer alors, laisserait sans doute
une marge suffisante pour pouvoir faire une exploitation
régulière et bien conduite. Il exprimait l'espoir que l'ini-
tiative individuelle tenterait pareille entreprise, qui n'avait
pas été essa^-ée jusque-là. D'après les indications de la
statistique des exportations, ce n'est qu'en 1880 que cette
tentative eut lieu pour la première fois ; elle fut immé-
diatement couronnée de succès, puisque de 500 tonnes
en 1880 l'exportation s'est élevée l'année suivante à
2.300 tonnes, pour se maintenir pendant une dizaine d'an-
nées entre 2,000 et 3.000 tonnes par an, pour atteindre
dans les dernières années une moyenne de plus de
10.000 tonnes, et même pour s'élever à 17.600 tonnes
en 1901. Voici d'ailleurs comment elle s'est répartie
entre les différents gisements en 1901 :
D4me de Tiebaghi (2 exploitations) 2.4S0
Baie Ngo (2 exploitations) 4.600
Bassio de la rivière «les Pirogues (une exploi-
tation avec ëvacuatioQ du minerai par la
baie Ngo) 8.533
Groupe de la rivière de Pourina (Sexploitatious). . 1 . 28*
La Coulée (une exploitation) 300
Cap Goulvain (une exploitation) 280
Baie Ouié 202
Total 17.649
C« ne sont guère jusqu'ici, sauf quelques exceptions pa»
bï Google
284: RICHESSES MINÉRALES DE LA NOVVKLLE-CALÉbOSIK
sagères, que les gisements dits de chrome d'alluvîoas qui
ont fourni le fer chromé exporté de la colome (soit prèe
de 150.000 tonnes en tout); il n'y a en effet j&maù
eu sur les gisements en roche que des tentatives d'explt»-
talion sans succès durable.
B. — Gisements de fer chromé en roche du sdd
ET DU CENTRE DE l'iLE.
Comme nous l'avons dit, le fer chromé est un élément
qui se retrouve d'une façon absolument c^instaiite dans
les péridotites plus ou moins serpentinisées qui occupent
une si large place dans les formations néo-calédonienoes ;
mais il n'y existe le plus souvent que sous forme de petits-
cristaux de quelques dixièmes de millimètre de dimeosioDS,
disséminés d'une façon assez régulière dans toute la
masse de la roche. Cependant, dans im certjiin iiombre
d'entre les massifs de péridotite, il s'est produit une ségré-
gation plus complète du fer chromé qui, tout en se retrou-
vant encore disséujiné dans la masse de la roche, se
montre en outre concentré parplaces soitdans des amas,
soit dans des filous ; il y est quelquefois sensiblemeni
pur, mais le plus souvent il est associé à une gangue
t'onstituée par des silicates magnésiens. Assez peu nom-
breux jusqu'à ces dernières années étaient les gisements
de fer chromé de cette nature connus, ou du moins un
lieu explorés : quelques tentatives avaient été faîtes ponr
en exploiter trois ou quatre sur la côte Est (au Sud de
Nouméa, près de Saint- Vincent, et près de Bourail) ; elles
avaient été peu fructueuses, et l'on avait préféré reporter
l'exploitation sur les gisements d'origine détritique. Dans
ces dernières années, l'attention a été rappelée sur les
gisements en roche, qui existent en particulier assez
nombreux dans la puissante formation serpentineuse du
Sud de rUe; on en a d'ailleurs encore signalé ûa d'autres
bï Google
MINERAtS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINKS 285
points de la colonie, jusques et y compris le massif du
«lOmedeTîebaghiau voisinage de l'extrémité Nord de Tile.
Bien que nulle part l'exploration de ces gisements ne
permette d'en définir exactement les limites et le carac-
tère, on peut néanmoins dire qne plusieurs d'entre eux
paraissent plutôt se rattacher au type des filons, ou au
moins des lentilles aplaties, qu'à celui des amas. Nous
avons \îsité un groupe important de ces gisements au
voisinage de la baie du Sud, plusieurs le long delà c/^te
Est, à Plum, à Saint^Vîncent, et près de Dourail, et
entin celui du dfime de Tiebaghi, qui est d'ailleurs associé
k d'importantes formations de fer chromé détritique.
Autour de la baie du Sud, ou plus exactement au flanc
des différents mamelons qui entourent la Plaine des Lacs,
sorte de plateau serpentineux d'une altitude moyenne
de 200 mètres enviroii, les ségrégations de fer chromé
dans la roche paraissent particulièrement nombreuses ; il
en a été signalé, entre autres, des gisements entre la haie
'les Kaoris et le Lac eu 8 (mine Muriel) (Voir la^^, 3 de
la PI. IV}, sur les hauteurs qui dominent la rive gauche
de la rivière des Lacs (mine Anoa-Madeleine), sur le
mamelon de la mine la Tchaux aux sources de la rivière
du Carénage, etc... Aucun d'eux n'est exploité actuelle-
ment ; on n'y poursuit que quelques travaux de recherches,
mais on en étudie la mise en valeur en les reliant au
rivage de la baie du Sud par une voie ferrée.
Dans cette région les péridotites apparaissent sous
des aspects divers : tantél elles sont particulièrement
riches en péridot, dont elles se montrent pour ainsi dire
uniquement formées, elles en sont d'autant plus basiques
et en même temps plus accessibles à l'altération et à la
transformation en serpentine; par places, au contraire,
t'enstatite est abondante et s'étale en grands cristaux à
larges clivages au milieu du péridot finement grenu.
bï Google
286 RICHESSES UINéRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Ces péridotites constituent la totalité de toua les som-
mets qtn entourent la Plaine des Lacs; sur leurs flancs
reposent dos manteaux de plusieurs mètres d'épaisseur
d'argile rouge, tamfis qu'à leur pied se développe une
plaine, dont le sous-sol est vraisemblablement constitué
également par de semblables argiles, mais dont la surface,
souvent marécageuse, est recouverte d'une couche de
grains de fer oxydé, enduits d'une pousaànre de même
nature plus ou moins hydratée et jaunâtre. Om mêmes
grains fcniigineux se retrouvent tout autour des deux bcs
(Grand Lac et Lac en 8) et au fond de ceux-ci; mais ils
s'y trouvent débarrassés de semblables poussières et se
présentent en éléments noirs plus ou moins polis par les
eaux, ce qui les a parfois fait prendre pour du fer chromé,
et a fait dire, comme on le répète souvent à tort, que les
bords et le fond des deux lacs sont uniquement constitués
de grains de fer chromé. Cet élément, qui existe dans le?
roches des alentours, et qui y existe même avec une abon-
dance particulière, se retrouve bien h la fois dans les
argiles niuges et au milieu des grains ferrugineux, mais
on n'a pas encore, à notre connaissance, signalé de point
oti il ait subi une concentration suffisante pour y être
exploitable, et c'est dans la roche même qu'il s'est trouvé
concentré par ségrégation, sans doute au moment de la
solidification.
l'armi les difl'érents gisements qui se trouvent dans le
groupe que nous avons défini ci-dessus, celui qui se
présente avec la plus belle apparence est celui de la mine
Anna-Madelrine , mine qui englobe, avec les périmètres
coniigus qui en constituent des extensions, une longue
ligne de crêtes venant mourir au bord de la ririère des
Lacs. Bien que le périmètre de la concession ait, avec ses
extensions successives, une étendue de plus de 2.000 hec-
tiires, nous n'avons pu constater la présence d'un
gisement que dans une partie très restreinte deccpéri-
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES
mètre, sur le contrefort iionl-oriental de
Il se signale dès le pied (versant Sud) de
une traînée assez large, descendant la
tagne, où le sol, constitué par des bloc:
dotite à enstatite et par les affleuremen
péridotite en place, est abondamment
inents de fer chromé ; la dimensioQ de ce
depuis celle d'une noisette jusqu'à une
mètre cube et parfois même davantag
présente ici l'aspect de niasse écailleus
indiqué ci-dessus, il paraH être d'une
parfaite, ne laissant voir que de très lég
gineux entre les diverses écailles, end
cependant à lui enle^er le caractère d'ti
il l'analyse lui échantillon choisi nous a d
suivants :
Sesquioxydc ilc Ter soluWe
' protoxydede fer..
, , . , . , I magnésie
Fer chromé insoluble : , .
j alumine
' sesquioxyde de chi
Total. , ,
Lorsque l'on s'élève le long du flan
en suivant cotte traînée de fer chromé
devenir de plus en plus gi'os et nombn
parvient sur la crête, on y constate la p
très nette sur le reste du contrefort, d'i
fer chromé de même nature, brillant ai
géant tout déHudé au milieu des maigre
poussent dans les interstices des blocs
examinant avec soin les blocs voisins
trouvé d'autres, également de fort volu
même que celui-ci, être des hlocs en pi;
assez exactement avec le premierdans u
Sud sur une longueur représentant au I
bï Google
^88 KICUËSSBS MINÉRALES DE LA NoaVELlyE-CALÉUONlB
de mètres; en cherchant à suivre cette direction plus
loin vers le Nord ou vers le Sud, nous avons trouvé !a
crête coupée par deui ravins, et au delà de ceux-ci nous
n'avons pas pu, au cours d'un examen nécessairement un
peu sommaire, mais que nous avons été surpris de ne pas
li-ouver fait à loisir par les concessionnaires de la miae,
retrouver de semblables blocs ; les pentes de la montagne
au Noni et au Sud de la traînée que nous avons mentionnée
cessent d'ailleurs assez promptement d'être recouvertes
de blocs de fer chromé. Ajoutons que les blocs en place
que nous avons observés ne présentent perpendicu-
lairement k la direction Nord-Sud que des dimensions
i-ostreiulea, de 1 à 2 mètres, et que, de part et
d'autre de la saillie qu'ils constituent, on retrouve des
éboidis de péridotite; il semble donc qu'il y aurait là
l'indication, sur une centaine de mèlres de longueur, de
l'affleurement d'un lilon de l à 3 mètres de puissance
de fer chrome pur, la résistance du minerai aux agents
atmosphériques ayant laissé, en saillie sur la roche mnins
ihir&-desépontd9,'unepartiedes affleurements. A en juger
par les apparences que nous avons relevées au cours de
iintre examen rapide, ce filon n'aurait guère de comi-
nuitc en direction, ce qui amène naturellement à se
demander si ce n'est pas seulement un amas lenticu-
laire. Quant à la question du prolongement de cette for-
mation en profondeur, nous n'avons pu recueillir aucune
indication qui permette de la résoudre, et l'on ne peut
que s'étonner que les concessionnaires d"ui> affleurement
aussi remarquable n'aient pas songf' à en entreprendre
une exploration, si superficielle fflt-elle.
Plus loin vers le Sud-Ouest, le fer chromé n'apparail
qu'associé à dos silicates magnésiens : klamine/a Tchatu
les affleurements ont un caractère assez nettement tilonieu,
autant qu'on peut juger de la chose par quelques obser^
bï Google
:»1XBRA1S ASSOCIES A LA FORUATION DBB SERPENTINES 289
valions isolées ; ils se montrent sur le Aanc d'une mon-
^gne en pun de sucre surbaissé qui s'élève, jusqu'à la
oote 450, au-dessus de la plaine dont l'altitude moyenne
«st ici de 225 mètres, A la cote 315 on rencontre nu pre-
mier affleurement présentant nettement une direction
Nord-Sud (la même que celle que nous avons notée à la
mine Anna- Madeleine à quelque 6 kilomètres au \ord-Est)
avec une plongée de 45 degrés vers l'Ouest; la formation,
puissante de 3 mètres, est constituée par du fer chromé
à larges facettes, associé à des quantités variables d'une
matière amorphe tantôt blanche ou jaune pâle, tantôt rouge
lie rouille et tautôt verte, qui est un silicate aluniiueux
magnésien généralement d<:composé et oxydé au voisi-
nage des affleurements, Oette formation est comprise
entre des épontes de péridotite dans lesquelles le fer
chromé est encore abondant, soit en mouches, soit
en petits âlonnets. A quelques mètres plus haut un autre
affleurement de minerai analogue parait appartenir à une
aorte de ramification montante du premier filon; enfin, à
7 mètres au-dessus de celui-ci, semble en affleurer un
second suivant lequel a été amorcée une petite descente.
Plusieurs fouilles de faible importance ont été faites sui-
ces affleurements, elles se répartissent à peine sur 50 mètres
«n directioii et 10 mètres de verticale; un assez grand
nombre de toimes de minerai en ont été extraites ; ce
minerai contient, comme nous l'avons dit, une proportion
plus ou moins forte, mais très notable, de silicates alumi-
neux magnésiens. Le prolongement en direction de ces
affleurements n'est pas du tout connu ; la montagne étant
en formede cône, il semble qu'on devrait trouver aisément
des affleurements tout autour, y marquant à peu près la
trace dune section olilique; ici encore les recherches
qu'il aurait été tout indiqué de poursuivre n'ont pas été
faites, et nous n'avons tien pu observer de plus, d'autant
plus que la végétation est fort abondante sur ce mamelon;
bï Google
290 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CALÂDONIE
au pied du mamelon, et à peu prës suivant tes généra-
trices qui correspondent aux affleurements, on trouve des
sables chargés de fer chromé et des blocs ébouléa.
D'après ce qui noua a été dit, le mamelon qui se trouve
immédiatement au Sud de cehiî-ci et à quoique 500 méires
de distance seulement, c'est-à-dire dans le prolongement
du filon supposé, a été exploré sans succès ; mais, en fran-
chissant vers l'Est un petit col, pour passer du bassin de
la rivière du Carénage dans celui de la rivière Bleue, on
retrouve le fer chromé sur le périmètre de la mine Bonne-
Veine : une carrière ouverte à la cote 210, à titre de
simple travail de recherche, a mis à découvert un affleu-
rement qui paraît également être celui d'un filon de près
de 1 mètre de puissance dirigé Nord-Sud et plongeant
à 45 degrés environ vers l'Est ; mais ici les produits ma-
gnésiens associés an fer chromé sont abondants et la
teneur en chrome du minerai brut est relativement faible:
on y a trouvé cependant quelques beaux blocs de minerai
riche. A une soixantaine de mètres plus au Sud, et à
une cote d'une vingtaine de mètres inférieure, on aperçoit
u» nouvel affleurement de caractère identique, et qui
parait bien correspondre au prolongement de la même
formation.
Notons enfin la présence, un peu plus loin vers l'Ouest
«ur le même périmètre Bonne-Veine, d'une assez puis-
sante formation détritique de fer chromé. Colle-ci se ren-
contre dans les argiles rouges qui s'étalent sur la penle
d'une croupe arrondie; au pied de cette pente la surface
do l'argile est semée de débris de fer chromé ; plus haut.
de semblables débris se retrouvent, formant une couche
d'une certaine épaisseur; et, au voisinage de la crête
môme, on arrive à des amas de cristaux ou de petites
niasses plus ou moins désagrégées avec taches d'osyde
do fer, paraissant provenir de la décomposition sur place
de minerais en roche tels que ceux que nous gênons de
bïGoogU
■^
HINEBAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SBRPENTINES 291
décrire. Le fer chromé fourni par ces derniers gisements
est suffisamment pur pour être marchand tel quel, et on
l'exploite, sans grande activité d'ailleurs faute de moyens
de transport.
Nous aurons à signaler d'importants gisements du même
genre plus à l'Ouest dans la vallée de la rivière Ngo
et des tributaires de gauche de la rivière des Pirogues,
mais nous les décrirons ci-après avec les gisements
d'origine détritique. Ajoutons qu'au moment oii nous avons
quitté la colonie, les découvertes de gisements de fer
chromé, en roche croyons-nous, paraissaient se mul-
tiplier beaucoup au Nord et à l'Est de ceux que nous
avons visités, et qu'un très grand nombre de déclarations
de recherches pour chrome eut été produites dans les
mois de juin et juillet 1902, se rapportant à cette région.
Un autre gisement de fer chromé en roche donnait lieu
k des travaux de recherches non loin de là au moment de
notre séjour en Nouvelle-Calédonie ; c'est celui de la
mine Lucky-hitt, près de Plum, qui avait été, en 1880,
Tohjet de la première tentative sérieuse d'exploitation du
chrome dans la colonie. Après avoir fourni, en quelques
années, une dizaine de milliers de tonnes de minerai,
provenant vraisemblablement surtout d'un amas d'ori-
gine détritique, et après avoir été partiellement explorée
dans la partie du gisement qui se trouvait en roche, la
mine fut abandonnée. Le gisement en place, situé sur la
rive gauche du ravin de la petite rivière de Plum, ae
présente au milieu de roches du même type que celles
que nous avons rencontrées à la baie du Sud, et le minerai
est constitué par une association de fer chromé et des
mêmes siUcates alumineux magnésiens qu'à la Tchaux;
tantôt c'est le premier de ces éléments qui domine, tantôt
c est le second, et l'on passe sur une faible distance d'une
qualité de minerai à l'autre. Quant à l'allure du gisement,
V
\
bï Google
292 tUCIlBdSGS MINÉRALES DE LA r>0DVELLEl?ALÉDOKie
elle ne montre rien ée net : plusieurs aflleureiiientâ oot
été explorés présentant des pnissances, tiea directions et
des pendages variables ; il ne semble donc pas que I'od
ait ici afTaire à des filons nets, mais plutàt à des amas
irréguUers. Les travaux souterrains, assez développés,
qui y oui été poursuivis, et que l'on y poursuit encrae,
suot, de ce fait même, des plus irréguliers. Ils paraissent
néanmoins avoir montré que le gisement est important ;
malbeureusement la pureté du minerai laisse à désirer :
UD triage soigneux peut fournir une certaiuc quantité de
minerai tenant aux environs de 50 p. 100 de sesquioxjde
de chrome, ce qui est actuellement à peu près la limite
d'exploitabilité, mai» on doit abattre en même teiD}S
des quantités beaucoup plus considérables de minerai
à 30 p. 100, invendable tel quel, et exigeant par suite
une concentration uéceaaairoment onéreuse. Aussi les
auteurs de la proiiiièrc tentative d'exploitation avaient-ils
dû installer au pied de la montagne une petite laverie,
comprenant un concasseur à mâchoires, un broyeur à
meules et une table dormante pour la concentration da
fer chromé, le tout actionné par une petite locomobile.
Grâce à ce dispositif, le minerai, descendu par câbles de
la mine à la laverie, était porté à une teneur sufGsaote
pour être marchand, mais ou perdait des quantités consi-
dérables de fer chromé ; aussi l'exploitation ne fut^Ue
pas rémunératrice.
On parie aujourd'hui, si le résultat des travaux d'explo-
ration entrepris parait assez satisfaisant, d'installer une la-
verie mieux montée et assurant en particulier une perte
beaucoup moindre de minerai, ce qui serait aisé à réalifler
étant donné la très grande différence de densité entre le
fer chromé et sa gangue; cette . laverie aérait mise en
relation avec l'orifice, ou les orifices, de la mine par un
plm incliné aérien, et serait réunie au bord de la mer par
une petite voie ferrée. Au moment de notre visite, les
bï Google
MINBBAIS AâSOCIBS A LA FOBUATION DK8 SEBPBNTINBS 293
travaux d'exploration n'occupaient pas moins de vingt-
cinq ouvriers.
Une tentative d'exploitation dn même genre, mais ijoe
les mêmes circonstances ont rendue également infruc-
tueuse, a eu lieu, il y a quatre ans, sur la mine Chromtire
près de Saint- Vincent. La mine, située dans le masûf ser^
pentineux du mont Koungouauri, oîi le nickel existe éga-
lement et parait même plus abondant que le chrome, se
trouve à 330 mètres d'altitude sin* le flanc Sud d'im con-
trefort séparant les deux bras de la haute Tamoa, préci-
sément en face d'une ancienne exploitation de nickel. On
avait d'abord rencontré, sur le flanc de la montagne, de
petites quantités de fer chromé détritique et naturelle-
ment enrichi ; mais, lorsqu'on a voulu attaquer le gisement
en roche, on s'est trouvé en présence de veines enche-
vêtrées, assez puissantes il est vrai, mais peu régulières,
d'un minerai " piqué » constitué par des mouches assez
abondantes de fer chromé dans une gangue silicatée, et
qu'il fallut laver pour le porter à une teneur commerciale ;
un échantillon, que nous avons recueilli au hasard, nous
a donné à l'analyse le résultat suivant :
\ Silice 3,t \
Sesquioxyde de fer 2,9 ï 19,*
Partie sotuble
dans les acides. \ ., . „ „ •
I Alumine 3,8 l
f Mognésie 8,4 /
iSesquioxyde de chrome. 53 \
Protoxyde de fer 34 i
Silice 1,1 f „„ ,
Sesquioxyde de fer 2,2 i
Alumine 0,6 1
Uagnésie 0,2 |
On fut donc obligé de créer une laverie, aujourd'hui on
ruines, en même temps qu'il élait nécessaire d'établir
bv Google
294 RICBESSK8 MINÉRALES DK LA NODVBLLB-CiLBOONIB
jusqu'au boni de la rivière un petit tramway. Ces frais
de premier étabUssement n'auraient pu être rémunérés
que par une extraction importante d'un minerai dont le
prix de revient n'eût pas été trop élevé ; c'est ce qui n"a
pu être réalisé, et cela a amené l'abandon du gisement,
dont les conditions naturelles n'avaient, en somme, rien
de particulièrement favorable.
Plus favorables étaient les conditions dans lesquelles se
présenUit le fer chromé à la mine Selle-Pluie, près
du cap Goulvain ; c'est sous forme d'un filon net, dirigé
Est-Ouest, s'enfçnçant presque verticalement dans la mon-
tagne, et qui a pu être suivi avec régularité jusqu'à une
centaine de mètres du jour horizontalement; il a été par-
tiellement dépilé à trois niveaux espacés de 10 en
10 mètres. La puissance du filon était voisine de 1 mètre,
et la majeure partie du remplissage était du fer chromé
presque massif; aussi, sans laver le minerai extrait, el
en ne laissant au remblai que peu de produits pauvres,
pouvait-on réaliser une teneur de 50 p. 100 en sesqmoxyde
de chrome. Mais les transports étaient onéreux : quatre
câbles à roulettes successifs étaient nécessaires pour
descendre le minerai jusqu'au pied de la montagne; il
devait ensuite être charroyé, au prix de 10 à 12 francs la
tonne, jusqu'à l'embouchure de la rivière du Cap, puis il
était chargé dans des chalands, et il était enfin transbordé
à bord du bateau qui l'emportait à Nouméa. Aussi deux
tentatives d'exploitation, qui ont eu lieu en 1898-1899
et au début de 1901, se sont-elle soldées par des pertes.
Noua ne reparlerons pas ici du gisement de fer chromé
de la raine Espérance, située dans la vallée de la Pouéo
près de Bourail, qui a été abandonné après exécution d'un
travail insignifiant, et qui ne présente d'intérêt, comme
nous l'avons dit, qu'en raison de la découverte de sulfure
de nickel qui aurait eu lieu dans le filon en question.
bï Google
MINEKAIS ASSOCIÉS A l.A FORMATION DES SERPENTINES 295
G, — Gisements du dôme de Tiebaqhi.
Nous citerons cusuite les beaux gisements du dôme de
Tiebaghi.
Le puissant massif sorpentineux qui forme ce " dAmc »
est constitué par une péridotite à enstatite, légèrement
serpeotinisée dans son ensemble : le for chromé et le
rainerai de cobalt sont abondants dans ce massif, tout
particulièrement sur ses contreforts orientaux; le premier
d'entre ces minerais y a été signalé en un grand nombre
de points; il était exploité, au moment de notre passage,
sur les mines Vieille- Montagne, Bellacoacia et Tiebaghi.
Les gisements exploités actuellement sur ces trois
mines sont d'origine détritique; la dernière montre, en
outre, l'affleurement d'un massif, sans doute assez puis-
sant, de beau fer chromé en roche.
Ce gisement en roche apparaît sur la crête et sur les
pentes douces d'un contrefort serpentineux dont laroclie
ne présente aucune particularité marquante; cette pérido-
tite montre, en quelques points, des têtes altérées légère-
ment nickelifères, et on peut noter également sur le contre-
fort qu'elle constitue la présence de blocs d'une diurite
finement grenue, à feldspaths très basiques, provenant
vraisemblablement d'un filon on d'une amygdale dans la
péridotite ; on y ramasse en outre des quartz, résultant,
comme d'habitude, derultération delà péridotite, quelques-
uns d'entre eux ont un aspect opalin. Entiu, laplupartdes
pentes suffisamment douces sont recouvertes d'un manteau
d'argile rouge, oîi le fer chromé est abondant et où des
rognons cobaltifères sont connus en plus d'un point.
Le croquis reproduit par la fig. 5 de la PI. IV indique
la disposition de l'aflleurenient, qui rappelle celui de la
mine Anna-Madeleine. C'est sur la crête d'un des nombreux
contreforts qui se ramifienttoutautour du sommet allongé
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296 KICItKSSBS MINÉRALES DB LA MOOVBLLK-CALÉDONIB
(lu dôme de Tiebaghi (cotes maxima 600 à 650] que les
têtes de fer chromé font saillie ; cette crête ne présente
nullement une arête vive rocheuse, mais seulement nue
ligne de changement de pente entre la surface à peu près
aplatie du dôme et les pentes plus ou moins adoucies qm
descendent sur la vallée de la Néhoué; de part et d'autre
de l'arête, lo sol est couvert d'argiles rouges détritiques,
recouvertes elles-mêmes de grains et de blocs d"oxyde de-
fer et de fer chromé errants ; et ce n'est que sur la ligne
de crête que nous venons de définir qu'apparaissent des
blocs beaucoup plus gros, qui paraissent asfiez bien
marquer la ligne d'affleurement d'un filon ou d'une len-
tille d'une roche résistante aux agents atmosphériques;
les blocs de fer chromé s'alignent dans une direction
N. 105" E. sur une centaine de mètres de longueur.
L'extrémité orientale de l'affleurement indiquerait pour
le filon une puissance de 6 à 8 mètres de.fer chromé par.
Vers l'Est, l'affleurement est interrompu par un petit
ravin qui est creusé dans les ailles rouges sans s'enfoncer
jusqu'à la roche dure sous-jacente, et qui ne montre pa»
la trace du passage d'un filon; au delà du ravin, on
retrouve encore un bloc isolé, peut-être en place, de fer
chromé; vers l'Ouest, on voit s'associer aux beaux blocs
de fer chromé pur, puis leur succéder, des blocs ferru-
gineux renfermant des paillettes do fer chromé, puis
enfin de simples blocs ferrugineux scoriacés, tels que ceux
que nous avons déjà décrits comme constamment associés
à la formation serpentineuse, et qui, comme eux, ne ren-
ferment plus de chrome qu'en faible proportion. Plusieurs
d'entre ces blocs sont nssez volumineux et assez profondé-
ment enracinés pour qu'il soit fort possiblequ'ils soient^
place, comme s'ils faisaient suite vers l'Ouest aux blocs de
fer chromé arec lesquels ils s'alignent assez bien. Ils sont
constituéspresque entièrement d'hématite rouge et ne sont
pas magnétiques; ils ont une apparence scoriacée «t
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS 8ERPENTI!fES 297
caverneuse, sans forme bien déSnie; rependant on y
relève parToîs des indications d'octaèdres plus ou moin»
rongés qui feraient supposer qu'ils proviendraient de
l'oxydation de magnétite ; ceux qui contiennent des par-
celles de fer chromé proviendraient, dans rettehypothèse,
de l'oxydation de mélanges de magnétite et de fer
chromé.
On serait donc assez porté à croire que l'on est ici en
présence des affleurements d'une ségrégation métallique
au milieu de la masse de la péridotite; cette ségrégation
aurait originairement été constituée (et serait peutr-ètre
constituée encore aujourd'hui en profondeur) de magnétite
et de fer chromé, et ce dernier se serait dans certaines
parties isolé sous la forme d'une sorte de noyau de fer
chromé pur.
Mais ici, comme à la haie du Sud, toute exploration du
gisement a été négligée par le concessionnaire, et nous
n'avons, pour appuyer notre opinion, que les quelques cons-
tatations que nous avons faites personnellement et qu'on
n'avait même pas songé k faire jusqu'ici. Quant à savoir
ce que devient le gîte en profondeur, nous n'avons aucune
indication à ce sujet. Cependant, l'aBondance du fer
chromé détritique déjà arraché à cet affleurement semble
montrer qu'il ne s'agit pas seulement de quelques blocs
isolés, mais bien d'une masse assez puissante. 11 est
presque superflu d'ajouter qu'étnnt.iussi peu renseigné sur
son extension et sa consistaïue, on ignare complètement
les conditions dans lesquelles ce gisement pourra éfre
exploité ; c'est seulement une réserve sur laquelle l'exploi-
tant compte, pour le moment oii le fer chromé ti'allnvions
aura été épuisé.
Il nous reste à dire quelques mots de la façon dont se
présente celui-ci. Le croquis de la /igi. 5, PI. IV, fait voir
que la pente qui descend de l'affleurement vers l'Est est
recouverte de grains et de blocs de fer chromé : le sol
bï Google
298 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLB-CALÉDOMB
est eQ effet jonché, sur plus d'une centaine de mètres
suivant la pente, de cea éléments qui présentent des dimen-
sions variant de la grosseur d'une noisette à celle de
blocs de plusieurs centaines de kilogrammes ; un peu plus
vers l'Ouest, le fer chromé est mélangé de blocs ferru-
gineux (hématite plus ou moins hydratée à la surface),
dont il ne pourrait être séparé que par un triage minutieux;
ici, au contraire, il est pratiquement pur et il n'y a qu'à le
ramasser. Mais, en outre, l'épaisse couche d'argile qui
recouvre cette pente contient un dépôt, de puissance et
d'allure irréguliëres, de débris de fer chromé qui paraissent
s'être concentrés en raison de leur forte densité, après
avoir été entraînés sur nn court espace par les eaux
superficielles qui apportaient en même temps les éléments
qui ont constitué ces masses argileuses.
Cette dernière partie du gisement est d'une exploita-
tion particuHèrement aisée, puisqu'il suffit de découvrir le
lit chromifère, en enlevant quelques décimètres d'argile,
pour pouvoir ensuite ouvrir, sur des hauteurs atteignant
jusqu'à 1 mètre, des chantiers oU l'abaiage ne comporte
qu'un travail de tôirassement presque sans triage. On
obtient ainsi immédiatement des produits dont la teneur en
sesquioxyde de chrome varie de 50 à 55 p. 100. Aussi est-ce
par là que l'exploitant du gisement, qui n'en est d'ailleurs
que l'amodiataire, en avait commencé l'exploitation, quitte,
s'il y a lieu, à attaquer plus tard le reste. Comptant pou-
voir réaliser, en quelques années, une extraction île
40.000 à 50.000 tonnes, il a étabU les plans inclinés
aériens (â plans principaux et en outre différents petits
plans auxiliaires) nécessaires pour descendre le minerai
jusque dans la vallée, et il construisait, au moment de
notre passage, une voie ferrée, longue de 8 kilomètres,
destinée à relier le pied de la mine à la baie de Néhoué, oii
doit avoir lieu, par l'intermédiaire de chalands, l'embar-
quement du minerai.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 299
Les gisements de fer chromé du dôme de Tiebaghî ne
sont pas limités à celui que nous venons de décrire, et,
comme nous l'avons indiqué, trois autres exploitations se
développent à l'Est de celle-ci; elles portent toutes trois
uniquement sur des gîtes d'origine détritique : sur lamine
Vieille-Montagne n' S, et à peu près dans le prolon-
gement de l'alignement des affleurements de la mine
Tiebaghi, un chantier a attaqué le tlanc de la montagne
sur près de 20 mètres de hauteur : l'exploitation a consisté
d'abord à ramasser des grains et blocs errants sur le »ol,
puis à chercher au milieu de l'argile rouge des masses
plus ou moins irrégulières de débris de fer chromé ; on est
ainsi parvenu jusqu'à une formation, sans consistance
aucune, de silicates alumineux magnésiens, décomposés
et friables, au milieu desquels se rencontraient, ici des
amas plus ou moins volumineux de fer chromé, et là des
grains de ce même minéral, tantôt très abondants, tanttH
plus clairsemés ; c'est évidemment là la tète profimdément
altérée d'un gisement en roche tel que ceux que nous
avons décrits ci-dessus auprès de la baie du Sud. Un
triage à la main permet, à la condition de ne prendre que
les portions les plus minéralisées du gîte, et quitte à perdre
le reste, qui serait sans doute parfaitement exploitable,
d'obtenir sans lavage un produit d'une teneur de 52
à 54 p.lOOde sesquioxydede chrome. Ona ainsi enlevé en
un an de ce chantier 5.000 tonnes de minerai marchand,
non sans gaspiller en outre beaucoup de fer chromé. Dans
ces conditions, l'exploitation se solde encore par un béné-
fice, malgré la charge d'un transport par chars à bceufs
jusqu'à la mer, transport qui, à raison de 0 fr. 75 la
tonne kilométrique, ne grève pas le prix de revient de
moins de 6 francs par tonne, pour un minerai qui vaut,
rendu à bord, 50 francs la tonne.
C'est dans les mêmes conditions économiques peu favo-
rables que se poursuit l'exploitation de la mine voisine,
bï Google
300 HtCHBSSBS MINERALES DE LA N0DVELLB-CALÉD0NI8
la mine Bellacoacia. Avant d'y parvenir, nous aTons tra-
versé le périmètre de la mine Moracehini, inexploitée, sa*
laquelle on trouve, comme nous l'avons m«itionné, m
bloc, peut-être en place, de fer chromé pur id^iqm à
celui des affleurements de la mine Ttebaghi dont il
marque à peu près le prolongement, avec tontefois une
légère inflexion vers le Sud ; quelques petites fouiUei de
recherchea dans l'argile rouge qui recouvre, là oomme
partout, toutes les pentes doDces du Sanc de la mon-
tagne, y ont découvert différentes traînées de fer chromé
en fragments irréguliera. Dans l'un des ravina qui dé-
coupent cette formation argileuse on trouve le fer chromé
sous une forme fort intéressante, et assez exceptionnelle
puisque c'est le seul point de lu colonie où nous l'avon»
rencontrée : cette forme est celle de galets roulés, antm-
dis, présentant à peu près la dimension d'un œuf de
pigeon ; ils sont d'ailleurs très friables et tombent sous le
moindre choc en grains sur les surfaces de séparaUon
desquels se trouvent des enduits ferrugineux ; il ne parait
pas douteux que l'on soit )à en présence do galets d'une
r;iche à fer chromé, autrefois dnre. qui a été démantelée,
et dont les débris ont été roulés; ces débris ont dO subir
ultérieurement, au point oti ils s'étaient déposés, des
actions atmosphériques susceptibles de dissoudre les élé-
ments, sans doute silicates, qui cimentaient les différent»
grains de fer chromé, en n'en laissant comme résidu que
l'oxyde de fer.
L'exploitation de la mine Bellacoscia se poursnit en
tranciiée dans l'argile rouge; celle-ci était, comme pour
les gisements voisins, recouverte, suivant une bande pliu-
ou moins large, de menus débris de fer chromé ayant
cette apparence spéculaire que nous avons déjà signalée.
En pénétrant dans la masse de l'argile on a rencontré
un gisement de fer chromé irrégulier, maïs souvent
poissant, associé à des formations argileuses variée*.
bï Google
MINBBAie ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SBRPENITNBS 301
La fig. 6 de là PI. IV reproduit un croquis que nous
avons relevé sur la face latérale de la tranchée d'un
-des chantiers, et donne une idée de l'allure de cette for-
niation : si quelques traînées telles que A et B paraissent
indiquer des dépôts alluvionnaires, la masse principale,
avec ses proéminences et ses parties rentrantes, et avec
368 différents éléments séparés par des pelliculeB d'oxyde
<le fer qui leur donnent souvent une certaine adhérence
entre eux, parait plut6t correspondre à une décomposi-
tion d'une roche chromifère en place, ou tout au moins
de gros blocs charriés sur une faible distance ; le fer
chromé est ici contigu à une masse assez puissante d'une
argile blanche, très riche en magnésie, et tachée de
points rouges d'oxyde de fer, qui arrête d'ailleurs l'ex-
ploitation. Le tout est recouvert d'un manteau de la
formation ordinaire d'argile rouge, qui est parsemé de
-débris de fer chromé, et qui contient par places quelques
rognons cobaltifères. C'est, rappelons-le, tout près de là
qu'ont lieu les exploîLatioiis de cobalt que nous avons
précédemment décrites.
/>. — Gisements détritiques de fkb cheumé
DU GROUPE DE LA BAIE Noo.
Au Sud-Kst de Nouméa, les vallées de la rivière des
Pirogues et de la nvière Ngo se montrent encore parti-
culièrement riches en fer chromé, et des exploitations
s'y sont poursuivies d'une façon continue depuis près de
vingt ans.
Dans la première de ces vallées, elles étaient actives
il y a quelques années (sur les mines Joséphine, Chrome-
liouge, etc.), mais aujuurd'hui elles sont interrompues
parce que les minerais les plus riches, minerais du type
dit 11 chrome d'allnvions », sont épuisés, et parce que l'on
n'a pas cru devoir entreprendre jusqu'ici l'exploitation des
bï Google
302 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLE-CALÉDOKIE
minerais en roche, parait-il assez riches, qui y sont encore
connus ; il ne reste qu'une exploitation aujourd'hui ouverte
dans le bassin de la rivière des Pirogues, encore est-elle
si voisine du bassin de la rivière Ngo que c'eat par la
vallée de celle-ci que ses produits sont évacués.
Dans cette dernière vallée il a également été fait déjà
des extractions assez importantes, et les deux mines en
activité au moment de notre passage n'étaient pas loin
d'être épuisées. A la mine i4 Juillet, située à 5 kilo-
mètres de la mer sur la rive droite de la vallée, on a
exploité, au milieu des argiles rouges, une sorte de banc
irrégulier de « chrome d'alluvions » d'une cinquantaine
de mètres de longueur et d'une largeur maxima de
40 mètres; il était constitué par des fragments juxta-
posés de fer chromé très pur avec interposition de très
peu d'éléments étrangers, si bien qu'il livrait du minerai
brut à 54 et 55 p. 100 de sesquioxyde de chrome.
Après avoir épuisé ce banc, on a encore trouvé par places
de petites traînées de minerai que l'on achève d'enlever;
on s'assure en outre, en exécutant de distance en dis-
tance des sondages à la main, qu'il n'existe pas d'autres
bancs semblables dans la couche d'aigle qui est laissée
au-dessus des serpentines compactes, et qui dépasse
encore souvent 10 mètres d'épaisseur. Dans ces mêmes
argiles on a rencontré à peu de distance un peu de mine-
rai do cobalt dont on tente l'exploitation.
La mine Georges Pile, qui est située tout au fond de
la vallée, dans le cirque oii la rivière Ngo prend sa source,
a comporté des travaux plus développés, dont l'examen
est d'ailleurs instructif au point de vue du mode de for-
mation du gisement; le minerai s'étageait le long de la
pente assez raide de la montagne, entre les cotes 235 et
325, et sur une cinquantaine de mètres de largeur. Au
sommet de la montagne, ou du moins à fort peu de dis-
tance de la Crète en descendant vers le versant de la
bï Google
MINBRAIS Associés A LA FORMATION DES SERPBNTINB8 303
rivière Ngo, on voit affleurer, au-dessous de la couche
d'argile rouge qui recouvre le sol et au milieu des ser-
pentines qui constituent le massif, une tète de roche
chromifère constituée par des grains de fer chromé dis-
séminés dans une p&te silicatée; descendant la pente et
parcourant ainsi de haut en bas les travaux de la mine,
on voit d'abord dominer, au-dessus de la serpentine en
place, les blocs, à peine décomposés et légèrement
friables, de cette roche chromifère, ils sont recouverts
d'une faible épaisseur d'argile rouge stérile; plus bas,
Téboulis comprend à la fois des blocs serpentineux et
des blocs chromifères, mais à res blocs s'associent ^es
fragments plus petits de roche chromifère qui sont suffi-
samment altérés pour que le fer chromé en soit aisé à
séparer par lavage ; le tout est d'ailleurs empâté dans une
argile magnésienne grasse, bigarrée, dont certains lits
sont riches en grains de fer chromé. Plus bas encore les
biocs éboulés que l'on rencontre reposant sur la roche
Mous-jacente ne sont plus que des blocs de serpentine,
généralement altérés, et transformés en une sorte d'ar-
gile magnésienne qui garde encore la couleur et la con-
figuration de la péridotite serpentinisée, mais qui n'a plus
aucune consistance; les blocs chromifères ne se retrouvent
plus, même à l'état friable, mais ils font place à une traî-
née très riche en grains de fer chromé au sein de l'argile
ronge, traînée dont l'épaisseur atteint par places 1 mètre
et même plus, et dans laquelle l'argile renferme souvent
plus de la moitié de son poids de grains de fer chromé.
En continuant encore à descendre le flanc de la mon-
tagne, on voit cette traînée chromifère s'effiler, se bifur-
quer, et se perdre en quelques petits amas de moins en
moins riches. Un tel gisement, que la p.g. 7 de la PI. IV
représente, d'une manière schématique mais aussi fidèle
que nous avons pu, manifeste, d'une façon qui n'est nulle-
ment douteuse à nos yeux, quelle a été sa genèse. Tan-
bï Google
304 aïOHBSSES UINÉRALES DE LA NODVBLLB-CALÉDOMB
iUs que l'érosioa et la itécomposition de la péridoiito
iloanaieut lieu à l'éboulemeiit le long du flanc de la men-
t^De de blocs eerpentineux, les uiy frais, lea autrei
truisformés, ou deyaot se transformer ultérieurement, en
une pâte magoésieDoe, et à la fonoatioit d'un maateaa
li'argile rouge, les tnênieii effets, «'exerçant aur U léte
<lo roche chromifère que l'on voit en place, et qui semble
avoir ét^ particulièrement accessible aux actions destruc-
trices, n'ont laissé îatacts, ou à peu près, que quelquei
blocs entraînés à peu de distance et rapidement englobée
<Ian& l'argile, tandis que les autres se désaigrégeaient :
leurs matières silicatées étaient partiellement dissoutes
<^t partiellement entraînées mécaniquement à plus on
moins longue distance, les grillas inultaquablcs et lourd)
(le fer chromé se précipitaient au contraire tels quels an
milieu des éléments qui formaient l'agile rouge, et J
constituaient une traînée qui, puissante an voisinage
môme du gisement de la roche mère, s'amincissait d'au-
tant plus rapidement en descendant que le fer chromé,
eu raison de sa densité, se précipitait et se âxail plos
vite. Ajoutons que la formation argileuse et magné-
sienne, loin d'être homogène comme elle le parait à
la surface, se montre tonjour» zonée et veinée de cou-
leurs variées, correspondant sans doute à 1^ présence
dominante de tel ou tel métal dans les matériaux qui se
déposaient ; le plus souvent elle est rouge ou jauiie, mais
parfois aussi on y relève des traînées colorées en vert
pâle piu* un peu de nickel ou bien noircies par de l'oiyde
(le mauganèse ; on y constate aussi la présence de traces
iroxyde de cobalt; enfin de minces traînées de produits
talqueux y sont fréquentes.
Ce gisement, dont l'exploitation est presque terminée
aujourd'hui, a donné lieu à l'ouverture, sur toute la lar-
geur de la traînée chromifère qui ne dépasse guère 50 à
(iO mètres, d'une série do chantiers en gradins, qui, après
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 305
avoir enlevé la couche argileuse stérile, ont permis
l'exploitation de fontes les parties chromifères friables.
On a ainsi obtenu un rainerai constitué de petits grains
de fer chromé, cristauji de 1 k2 millimètres de côté en
général, empâtés d'argile en proportion de moitié à peu
près. Dans ces conditions le complément indispensable de
l'exploitation était un atelier de lavage ; il a été établi, à
3 kilomètres plus bas dans la vallée, en un point où l'eau
était assez abondante pour suffire non seulement au
lavage, mais encore k la production, au moyen d'une roue
hydraulique, delà force motrice nécessaire, La mine est
réunie a. la laverie, et colle-ci l'est au bord de la mer, par
deux sections de tramway, longues respectivement de 3
et 5 kilomètres, et qui ne sont munies que de rails en
bois ; le transport du minerai s'j' fait à l'aide de che-
vaux.
Le lavage comprend d'abord un criblage k la maille de
i/2 centimètre, à la suite duquel on rejette toutes les
matières qui refusent de traverser cette maille, et qui ne
peuvent contenir que du fer chromé impur, en raison de la
finesse de son grain; puis on procède à im débourbage
sur une sorte de « round-buddle », auge circulaire à fond
incliné dans laquelle tournent des palettes conduites par
un arbre vertical, et qui est parcourue par un abondant
courant d'eau; une vanne permet de faire tomber de
temps en temps les parties lourdes qui se rassemblent au
fond, et qui, après égouttage, constituent le minerai pur.
tenant souvent jusqu'à 55 p. 100 de sesquioxyde de
chrome ; les parties entraînées par l'eau passent dans un '
long sluice en bois oii elles déposent des produits mixtes
qui sont relavés. La laverie, qui comprend trois rouiid-
buddle, peut laver environ -i tonnes de minerai brut à
l'heure et produire ainoi ii k2ï'y tonnes de minerai lavé
par journée de douze heures. L'eiploitation, autrefois
?s8ez active, était en diminution marquée au moment de
bï Google
306 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOVVBLLB-CALÂDONIB
notre passage, en raison de répuisement des ressource»
connues ; elle n'employait que 23 hommes en tout.
Un échantillon dû minerai prodnit que nous avons ana-
lysé contenait :
Perte an feu 0,*
_ , . , . , .. ( SflsquiokTde de fer et alumine.. 3,8
Soluble aanK les acides. ) .. , .
j Magnésie 0,(
i Silice 5,1
, ,, I Sesquioxvde de chrome M,t
'»"'"''" IProloJjd.defer n.t
\ Magnésie et alumtne %J^
11 ne reste en activité actuellement, comme ezploitatioit
appartenant au bassin de la rivière des Pirogues, que ta
■ mine Alice-Louise (Voir la /ig. 3 de la PI. IV), sitaée
dans la vallée de la rivière Naporérédjeimé, non loin des
sommets sur le versant sud-oriental desquels se trouvent
les mines Bonne-Veine, la Trhaux, etc., et au pied d'nn
col derrière lequel roule la rivière Ngo; c'est d'aillêiiTS
en franchissant ce col par tm transporteur que les mine-
rais de cette mine sont desc«ndus au bord de la mn- le
long de la vallée de ta rivière Ngo.
Le gisement de la mine Alice-Louise est le plus pais-
sant des gisements de fer chromé d'origine détritique que
nous ayons été à même d'examiner en Nouvelle-Calédonie;
il est surtout remarquable par la hauteur verticale sur
laquelle se rencontre le minerai, comme si les fragments
entraînés par les eaux s'étaient précipités dans quelque
gouffre profond ouvert sur leur passage. L'exploitation,
qui a lieu au voisinage dn thalveg de la vallée, s'est en
effet développée en carrière il ciel ouvertjusqu*^ 22 mètres
de profondeur. Ouverte en 1895, elle se poursuit encore
anjourd'hui avec une production de 2.500 tonnes par an;
elle aurait livré depuis le début 30.000 tonnes de minerai,
dont la teneur aurait varié de 50 i 52 p. 100.
bï Google
MUfBRAIS A8SOCISS A LA FORMATION DBS SKSPBUTIN&S S07
Le giaement, c^mme noM l'aTonB dit, se trouve à peu
(le disianee du thalwftg d'une vallée qui, ians être large,
D'«et c«[)eRdant pas étroitetnaat encaîieée, etlee travaux
se développent dans un sol dont la surface présente uoe
pente Felativement faiUe. Ce 5ol esut entièrement conati-
toé par un puissant dépftt d'argile ronge, recouvert, le
plus souvent, de grains ferrugineux, mais parfois ausai,
cfrnime au point où l'exploitation a lieu, de. fragments de
fer chromé plus ou moins volumineux. En s'enfonçant
dans le sol, on a d'abord rencontré au milîMi de l'argile
rouge des poches isolées de minerai en gros fragments ;
plus bas, mai» Mnijonrs dans l'argiie, dont la cooleur varie
d'ailleurs du brun au rouge et au janne, apparaît use
couche assez constante de grain» neira ferrugineux et man-
g^nésifères pkis ou moins agglomérés en rogn<m8 ; puis
au-dessous viennent des traînées 4e fer chromé, en petits
gnrins leplos soiivent 'octaédriques : ces trafnées affectent
des formes peu régulières: lanMit elles sont de faible
dimensione et de formes allongées, groupées en assez
graind nombre sur une hauteur de 3 k 3 mètres, comme le
moB^ la fig. 8 de la PI. IV ; tantôt ce sont des masses
plus puissantes. Plus bas la formation devient plos
irrriguliére encore, et complètement Wgarrée ; elle pré-
sente, d'une faç^n qui ne peut gnère laisser de doutes sur
l'int^^irétation à donner k cette apparence, l'apparence
de blocs de serpentine plus ou moms roulés qui auraient
5ubi B«r place une décomposiUon complète, réduisant tons
les éléments en produits de connstance argileuse et diver-
sement colorés de brun, de rouge, de ncnr, de verditre, etc.
Entre ces argiles bigarrées ae développent et se ramiâent
ties amas w»v» de fer chromé, tantAt en grains absola-
mant contigus qui semblent s'être déposés dans les inter-
vidles des 'Uoes ro(Jieax qui devaient ensuite se trans-
forioer en argile, tantôt en fragments emp&tés d«is une
plus oti moins grande quantité de produits silicates
bï Google
308 RICHESSES HIKÉRALBS DE LA NODVELI^-CALBDONIB
friables, paraissant provenir de blocs de roche cliromifère
qui auraient été transformés tout comme la serpentine.
Les quantités de fer chromé ainsi concentrées sont
généralement suffisamment importantes pour justifier
l'abatage du tout : on parvient de la sorte jusqu'à des
profondeurs d'une vingtaine de mètres, en atteignant
soit la serpentine compacte, soit un banc d'argile rouge
que des sondages ont montré être stérile ; d'autres fois
on s'arrête à une profondeur où l'épuisement des énormes
fosses creusées par l'exploitation devient trop difficile.
C'est dans ce gîte, fort irrégulier, comme on peut en
juger d'après ce que nous venons de dire, que se pour-
suit une exploitation non moins irréguhère; elle comporte
le creusement dans l'argile de fosses de formes variées,
s'enfonçant par gradins dans tous les points oii l'exploi-
tation est rémunératrice, c'est-à-dire dans ies points où
l'on arrive à extraire an moins 1 mètre cube de minerai
brut pour 3 ou 4 mètres cubes de stérile. L'exploi-
tation est parvenue actuellement à 23 mètres de pro-
fondeur ; la nature grasse du terrain protège assez bien
les excavations contre l'afflux des eaux courantes, et
ce ne sont guère que les eaux de pluie qui s'y préà-
pitent ; l'assèchement des gradins supérieurs est assuré
par des tunnels ; mais, pour les gradins inférieurs, cela
n'est plus possible, et ils ne restent découverts que
lorsqu'il ne pleut pas trop. Le minerai, abattu à la pelle
et à la pioche, est ensaché et remonté au niveau de la
surface par un treuil àbras; puis ilestroulé par tramvay,
sur 800 mètres environ, jusqu'au pied d'un transporteur
aérien qui lui fait franchir le col qui sépare la mine
Alice-Louise de la vallée de la baie Ngo, par oii se fait
l'expédition du minerai, et où s'en fait le lavage à la
faveur d'un cours d'eau suffisamment abondant et sur-
tout suffisamment permanent, Le transporteur, long de
2.300 mètres, ne présente pas entre ses deux extrémité
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 309
une difTérence de niveau suffisante pour pouvoir ôtre
automoteur; U est actionné par une petite machine à
vapeur placée à la laverie ; celle-ci assure, comme celle
(le la mine Georges-Pile, un simple débourbage du minerai
brut, qui ne rend pas plus de 50 p. 100 en poids de
minerai marchand, à une teneur variant de51 à 52p. 100.
Le minerai lavé est descendu, par le tramway dont nous
avons déjà mentionné l'existence, jusqu'à la baie Ngo, oii
il est embarqué.
La mine occupait au moment de notre passage, avec
tous ses services accessoires, environ 55 ouvriers ; elle
produisait en moyenne 220 tonnes par mois, soit à peu
près 10 tonnes par jour de travail.
E. — Autres gisements de fer chromé.
Fréquents sont, sur toute l'étendue de la formation
serpentineuse, les gisements de fer chromé d'origine
détritique que nous avons rencontrés en parcourant la
colonie, et fréquents aussi sont sans doute ceux qui
seraient exploitables ; néanmoins, les seules exploitations
en activité au moment de notre passage étaient celles du
dôme de Tiebagbi, celles du groupe de la baie Ngo, celle
de la baie Ouié et enfin celles des environs de la rivière
de Pourina situées à une quarantaine de kilomètres au
Nord de ces dernières.
Après avoir donné quelques indications sur les premières
d'entre ces exploitations, qui sont de beaucoup les plus
importantes, puisque celles des deux derniers groupes
n'ont pas produit ensemble en 1901 plus de 1.500 tonnes
de minerai, nous mentionnerons différents autres gise-
ments que noua avons pu examiner ; cela montrera bien
que, si le fer chromé est particulièrement abondant dans
deux massifs qui sont précisément riches aussi on cobalt,
à savoir le massif du dôme de Ticbaghi, et le massif qui
bï Google
310 RtCHBSSBS- mNKRALM DB LA N0[9V£LLB-CAI.ftD0NIB
ae dév^oppe en étoile «ntre les valtéeade la rÎTiére doB
PiroguM, de la rivière Kgo, dw diftéreais ruissaaux
qui se jettent dam la bsi» du Sud^, et de U rivièro dos
Lacs, il existe paiement, et «on paji •etUementi a. titre
de minéral intéressé va point de -nm géologique, mais
bien comme minem éventuellemeot «x^rà^bte, dans
beaucoup d'autree points ; «t celu fers voir en même temps
qu'il peut égalem«ut se rencontrer dans les serpentiBes
riches en nickel.
Nous rappelons d'abord que nous avons signalé la pré-
sence du chrome en rocfae, peut-être susceptible d'dtre
exploité, à Saint-Vincent daus use rallée où les gisements
de nickel sont nombreux, et près de Bourail tout à cdté
de la mine de nickel Heau-Soleil, et que M. Gamier en
supputait l'exploitation au nKmt Dore dans le massif même
oîi le minerai de nickel a été trouvé pour la première
fois; l'exploitation du fer chromé a d'ailleurs été tesWe
autrefois iIars ce uiMeif.
D'autre part, nous nt^rtionnerons que nous aTona trouvé
in fer cbromé en shondaiure dans les saUes de la petite
rivière Fouendou prèsde Néjmui, provenant apftaremmeni
de quelque gisement plus on moins impoKànt, et que, dans
l'une dev carrières aujourd'lnii abandoanées de la raine
la Durée k Kouaoua, oti avait rencontré un filon de fer
chromé dont il avait été abattu quelques beaux blocs de
minerai. En parcourant W régions riches en nickel delà
haute vallée de la Oitonghî, nous avons observé, dans
l'une des traînées relativement peu fréquentes d'aide
rouge qui se rencontrent dans ce massif oii los pentes des
montagnes sont fort raides, un dépôt de fer chromé du
même type que ceux que l'on exploite sous le nom de
chrome d'alluvions ; enfin, auprès de la Dumbéa, noos
avons vu poursuivre des recherches pour nickel, pour
cobalt et pour chrome sur le même périmètre, et, si elles
n'avaient pas abouti à des résultats satisfaisants, elles
bï Google
MIHSIUJS ASSOCUtS 4 LA FOBliATION DSS SBBPENTINBS 311
a,vaÂenb néaffmoina mcuitré IVxisteoc«, siioultanée de quaif-
4it43 ûotabl^s de mioiM'aiA. des trois oiétaux.
i)". — SiTDATlÛN IfÇONOMIQCli DES EXPLOITATIONS
QE Smt CHfiOUB.
L^ qi^lqitôs détaijff qu/s oç.ua veouos i)fi donoer montrent
■çoRibiei) sont diverses le^i conditions économitiueB dans les-
x^u^Ues se trouvent les différents gisements que nous
avons signalés : i^ue le fçi: cbronié s'y rencontre en roche
ou sous la forme d'élémçnts déteitiques, les frais d'aba-
tage sont très variables avoc la puissance et la régularité
■du gite, ils sont il'aUleurs toujours notablement plus
faibles d^ns le deuxième cas q.ue dans le premier ; les
frais de lavage sont à ajouter aux frais d'abatage lorsque
Iç minerai n'est pas assez pur pour être marchand tel quel,
c'est-à-dire lorsqu'il ae tient pas au moins 50 p. 100 de
seaquiozyde de chromç. Les frais d'extraction proprement
dite n'existent généralement point, ils sont reuipLacés,
•comme d^ns presque toutes les exploitations de la colo-
pje. par des frais de descente au bord de la mer, frais qui,
gràcB à l'emploi <lo plans inclinés aériens, sont assez
faibles; il faut d'ailleurs y ajouter les frais d'eiisachage.
Euân un élément capital du prix de revient est constitué
par les frais de transport du pied de la miiie jusqu'au
i>ateau qui doit emporter le minerai : ceux-ci comprennent
presque toujours, d'une part, un trajet de plusieurs kilo-
mètres par voie de terre et, d'autre part, un chalan-
■dage ; ces dépenses varient naturellement du tout au tout
avec la situation géographique du gisement.
Malgré les variations que subissent tous ces éléments
-du prix de revient, nous fournissons à litre d'indication
les quelques chififrcs qui suivent et qui sont relatifs à
J'expWitatiçm du « chrome d'alluvions ». Pour les mines
<le fer chromé en roche nous n'avons aucune donnée :
bï Google
312 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE
rexploitaliou n'en a été tentée que rarement et jamais
avec un succès durable, mémo au début alors que le
minerai valait à peu près le double de ce qu'il vaut aujour-
d'hui, mais aussi alors que les conditions générales d'ex-
ploitation étaient plus onéreuses. Il semble cependant que
l'on puisse dire qu'à moins de conditions réellement favo-
rables au point de vue du lavage dn minerai {installation
d'une laverie travaillant dans des conditions économiques
et donnant un bon rendement) et du transport (création
d'une voie ferrée dont les frais de premier établissement
ne seraient pas trop élevés et pourraient être répartis
siu- un tonnage très important), l'exploitation d'un raine-
rai on roche, qui n'aurait pas à l'état de tout venant une
teneur commerciale, n'apparaît guère comme devant être
rémunératrice. Les frais d'abatage seront en effet tou-
jours assez élevés, d'autant plus que l'on manque de bons
iiiineura et que l'on est obligé, d'avoir recours à des
mineurs australiens que l'on paie fort cher ; s'ils devaienl
se rapporter à im minerai ne rendant en fer chromé
marchand que moitié de leur poids, comme cela a été le
cas pour certaines tentatives, et cela après une dépense
plus ou moins importante de broyage et de lavage, lo
prix de revient augmenterait immédiatement dans une
large proportion. Si, au contraire, on peut extraire immé-
diatement, d'un amas ou d'un filon d'une puissance suffi-
sante pour éviter des travaux au stérile sérieux, du
minerai marchand qu'il n'y ait qu'à expédier, il semble
qu'une exploitation doive pouvoir prospérer, et il est
vraisemblable que pareille tentative sera faite à plus ou
moins bref délai sur les beaux affleurements que nous
avons signalés.
Dans les gisements dits " d'alluvions », oii l'exploita-
tion ne comporte ([ue des travaux de terrassement dans
lies terres de consistance argileuse, les frais d'abatage
sont généralement faibles, bien que la dépense d'abatage
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 313
du minerai proprement dit soit chargée des frais corres-
pondant a. l'enlèvement des terres de recouvrement et
des parties stérifes entre lesquelles se trouvent les traî-
nées riches. En pratique on n'hésite pas à abattre 3 ou
i mètres cubes do ces terres pour extraire 1 mètre cube
de minerai, on va mèipe parfois jusqu'à 5 ou 6 mètres
cubes de stérile pour 1 de minerai; les ^ais d'aba-
tage du mètre cube variant entre 1 et 3 francs, on
voit que l'abatage du minerai peut coûter en moyenne
de 5 à 8 francs par mètre cube. Exceptionnellement
un tel mètre cube de minerai brut se trouve être
marchand tel quel, il constitue alors un poids de 3 à
4 tonnes de fer chromé ; le plus souvent il doit être
lavé et peut rendre de 1 à 2 tonnes de minerai mar-
chand. Les frais d'ensachage et de descente jusqu'au
pied de la mine sont très variables, ils représentent,
comme pour les minerais de nickel et de cobalt dont nous
avons parlé ci-dessus, assez peu de chose comme frais do
main-d'œuvre; mais ce qui intervient surtout, c'est l'amor-
tissement des installations, et celui-ci doit souvent être
réparti sur un petit nombre de milliers de tonnes, quand
le gisement est peu étendu, comme c'est le cas pour plus
ij'un de ces gisements de fer chromé; en comptant nno
charge moyenne de 10 francs par tonne de minerai mar-
chand tant pour les frais courants que pour l'amortisse-
ment et l'entretien des installations, on est, k notre avis,
ù peu près dans la moj'enne. Le lavage du minerai,
lorsqu'il a lieu, comporte des frais de main-d'œuvre
notables, fréquemment des dépenses de combustible
(généralement du bois que l'on peut se procurer sur place
a. bas prix), et une charge d'amortissement souvent impor-
tante, surtout lorsque l'on est amené à dépenser plusieurs
dizaines de milliers de francs (nous avons déjà mentionné
combien est élevé le prix de la moindre installation méca-
nique) pour l'installation d'une modeste laverie. II est donc
bï Google
^4 BJCHISSBIl UUjKBjVLRS 9B là HOQVSLLK-CâLÉDONIB
assez rare que le If^vqge rovi^nne h. moiQs de 10 fraiif^
par tonus environ. QuMit au transport à la qoer, 9,'U *
lieu par les routes de terr^, qui suQt le plus aouvenjt d^
UD état d'entretien déplorable, il ne coûte pas luoiq^. de
C'iîo à. 1 &ai)c par Umae kilométrique ; si, ag coubraire, il
a lieu par tramway, 1ibs frais coupants en août très ré<luiu.
aux dépens d'une charge d'aroorUssemapt qui, éYaiaée
par tonne, varie en raison iuv^rse de La. quiifîtité dç.nitfi^
rai à ex(raii-e ; en reptrenont les cbiffres que nous avoiu
déjà donnés, de 15 à 20.ÛOO francs par lulunièbre, comue
représentant les fnùs d'installation d'un trainwa^', on toit
-qu'il n'y a ijitérèt à La création d'un tramway que lors-
^^u'on doit extraire plusieurs dizaines de oiijiiers de
tonnes. Ënân Les frais de cbalandage jusqu'au bateau qui
-doit emporter le minerai représentent, nous l'avons #
déjà, de 3 à 5 fraAC* par tonne.
Dans ces conditions le prix de revient par tonne de
minerai marchand peut varier, pour une ezploitatioo mor
-deste placée dans des conditions moywnes, çntre les
limites suivantes :
Abalage (par loane de miaerai wardjand). S à 10 fr&ncs
Frais d'ensachoge et de descente 10 —
Frais de lavage, s'il y a lieu 10 à 15 —
Praia de transport et de chataDdage 10 —
Le prix d'achat en Nouvelle-Calédonie des minerais de
■chrome variant actuelle luçut entre 50 et 60 francs la
tonne, suivant la teneur, on voit que, pour une explyiu-
tion astreinte au lavage du minerai, il reste peu de marge
pour réaliser un bénéfice, à moins que des conditions de
gisement favorables ne permettent d'abaisser les frais
spéciaux, ou de diminuer les charges d'amortissement par
une répartition des dépenses «ur un grand nombre de
milliers de tonnes.
C; dernier point est, à notre avis, un de ceux qui ne
bï Google
MISBRAIS Associés A LA FORUATION DBE SEBPBNTINBS 315
-devraieat paa Atre perdus de vue, mais qui l'est trop aour
vent: U y aurait fpéquennnent intérêt pour le prupriétaice
4'un» HÙne à chercher à en tirer tout ce qu'elle peut
(lonaer, wi l'aaiéœigeant avec soin de manière à exploiter
B0n pafl aeuleio«Qt aae petite région particuJièreweDt
riche, «ws eaeore les witrea partie» qui, bien qoa moios
fovMriséee par le* conditioBs natureUea, pourraieut être
prise» avec proât par ce seul fait qu'une partie des ins-
tallations serait déjà payée par l'exploitatioa de la por-
tioii: la phw riche, et que d'autres ioatallatioas, telles que
-celles de moyeus de transport économiques, seraient jus-
li&éee par la' perspective de Leur utilisation poiur un too-
oagQ suffisant. Il faudrait, nous sommes encore une fois
-OHiduit à le répéter, que Les exploitatioos sùaières
{uBsest précédées d'une étude ua peu séi'iouse du giso-
weat, puis eatrepriaes et pourtuivies avec plus de pré-
voyance qu'eltes ne le sont généralement, et cela par un
«oncessioiaAaife soucieux d'exploiter en boa père de fa-
uâlle la nchesse qui lui a été concédée, plutôt que par
un amodiataire ii court bail qui cherche seulement à
réaliser dans le plus court délai pt^whle hd certain bé-
néfice.
Quant aux délMHicbésdu fer cliromé, ils paraissent assez
bien asavrés et, autant que l'on peut prévoii- quelque
-cbose au sujet d'un minerai dont les gisements actuelle-
ment exj^ojtés sont peu nombreux, sa valeur parait ^-
pieiée k se aiaioteair aux environs du chiffre qu'elle atteint
-ac^MeUement.
Lorsque, 11 y a quarante ans bientôt, M. Gamier songeait
le premier h l'utilisation du fer chi'omé de Nouvetle-Calé-
-donie, il en fixait la valeur à 2(X) francs la tonne rendue
-«»Fnince,et indiquai! qu'il pourrait en éti-e vendu plusieurs
■nlliers de tonnes par an; à cette époque les usages du
ier chromé étaient à peu près restreints à la fabrication des
bï Google
316 RICHESSES MINERALES DE LA NOD'l'ELLE-CALEDONIE
produits chimiques. En 1875, M. Heurteau évaluait à
4.000 tonnes laconsommaLiondit fer chromé en France etâ
150 ou 160 francs la tonne la valeur qu'aurait snr le marché
européen le minerai de NouTelle-Caiédonie. En 1880,
lorsque ont eu lieu les premières exploitations sérieuses, les
conditions du marché étaient à peu près les mêmes, etU
statistique officielle tixo à 100 francs la valeur sur place
de ce minerai, qui était grevé de 50 â 60 francs de fret
jusqu'en Europe.
Depuis lors, la demande de fer chromé s'est notablement
arcnie, non seulement en raison d'une augmentation delà
consommation des chromâtes comme oxydants, de l'alun
de chrome et des produits colorants à base de chrome,
mais surtout en raison de son double emploi dans la métal-
lurgie à la fois pour produire le ferro-chrome nécessaire à
la fabrication des aciers durs au chrome (pour blindages,
obus de rupturo, aciers outils, etc.), et pour la fabrication
de certaines soles de fours basiques. On consomme actuel-
lement, croyons-nous, dans le monde entier, environ
20.000 il 25.000 tonnes de fer chromé riche pour la
fabrication des produits chimiques, plusieurs milliers de
tonnes de ferro-chromc, tenant aux environs de 70 p. 100
de chrome métal, pour la fabrication des aciers durs, et
un assez grand nombre de milliers de tonnes de fer
cliromé relativement impur pour la fabrication des. soles-
A cet accroissement de consommation a correspondu
l'ouverture de diff^entes exploitations, et un abaîssemeai
des prix. La valeur du fer chromé calédonien sur place,
évaluée parla statistique de l'exportation, s'est rapidement
abaissée de 100 francs la tonne (en 1880) à 60francs(en
1894), et s'est depuis lors maintenue assez régiilièremeat
cnlre 50 et 60 francs. Le fer chromé vaut actuellement
en Europe aux environs de 120 francs la tonne pour une
teneur de 50 p. 100 de sesquioxjde de chrome. Au
moment <le notre séjour dans la colonie, les marchés y
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 317
étaient conclus sur les bases suivantes pour le minerai
rendu sous palans et ensaché : la teneur minîmaà laquelle
te minerai était accepté était celle de 50 p. 100 de ses-
quiosyde de chrome, la tonne était payée, suivant les
conditions de détail des marchés, de 48 à 50 francs;
d'autre part, une plus-value de 2",E)0 par tonne était ac-
cordée pour chaque unité pour cent de sesquioxyde de
chrome en plus de 50.
Ce chiffre de 50 p. 100, regardé comme nécessaire
pour la fabrication de certains produits chimiques, n'est
pas une limite inférieure indispensable pour que le fer
chromé soit utilisable pour la fabrication des ferro-chromes
par exemple, mais c'est celle qui est pratiquement fixée
actuellement par tous les marchés en Nouvelle-Calédonie,
et l'on ne peut guère espérer la voir s'abaisser notable-
ment, étant donné que le minerai est ensuite grevé d'un
fret presque égal à sa valeur sur place. D'ailleurs, pour
un minerai relativement facile à trier et à laver, comme
le fer chromé calédonien, ce n'est, pour l'amener à cette
teneur, qu'une question de soin dans l'exploitation et de
création d'installations de lavage, peu compliquées d'ail-
leurs, puisque, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, le
minerai lourd contenu dans les gîtes, soit en roche, soit
d'alluvîons, paraît être du fer chromé très riche en chrome.
Quant aux impuretés qui le souillent, nous avons déjà
dit que, dans les gîtes dits d'a1luvions,ce aontsurtontdes
pellicules d'oxyde de fer et des traces d'argile rouge,
qui, rappelons-le, est composée surtout d'oxyde de fer,
de magnésie et d'un pea d'argile, et que, pour les gise-
ments en roche, ce sont des silicates alumino-magnésîens.
IMverses analyses qui ont été publiées montrent que,
pour les minerais enrichis, ces impuretés se réduisent
surtout à de la silice et à de L'oxyde de fer. M. Gamier
donne dans son mémoire de 1867 (*), pour un minerai de
{•)I*c.ci(., p. 83.
bï Google
vtl8 RICHESSES HISBRALRS DK LA KODVBLLK-CAIJKDOmE
cboix, l'analyse que nous reproduisons cMeMons anr
le n* 1 ; noua eo rapprochons les aDalyses qne nom
avons faîtes et que nom avons citée» ci-de«fiu9 ; elles te^
rapportent : le n* -2, à nn bel échantillon de fer chromé
en roche, sensiblement pur, ramassé sur l'affleareBM»!
de la mine Anna-Madeleine (baie du Sud) ; le a* 3, à no
échantillon de fer chromé d'alluvionsi, lavé, produit par
la mine Georges-Pile (baJe Npo], et le n^ 4, à un échan-
tillon de minerai impur (petits graias de fin* chromé
noyés dans une gangue silicates) provenant de 1» ■ine-
Ghromiëre, près de Saint- Vincent.
i i 3 i
Sesquir>xyt(« de chrome.... «1,339 «8,00 88,10 5Z,M
Protoxfde de fer 30,fi 47,79 37,M M,40
Alumine 0,114 3,00 3,80 4,S0
Magnésie 0,012 11,40 3,20 ft,60
Silice *,«25 » S,10 *,20
On comprend par là que les minerais actaeliement pro-
duite et connus en Nonvelle-Calédoiùe, avec leur toaenr
i^loTée en chrome et leur faible proportion d'impuretés Mi
dehors du fer, sment très appréciés à la fois poar la fa-
brication des produits chimiqaes et pour ceiie des ferro-
chromes : leur état pulvéï-ulent les rend moins propres à
la fabrication des soles de fours basiques, où l'on n'«Fn-
ploic qu'exceptionnellement des pisés et des biiqtc
artittcielles, préférant généralement \es blocs natarek.
11 nous reste à domter quebjues indications Mr les coe-
currents de la Nouvelle-Calédonie pour l'approvisÏMiBe-
ntent du monde en fer ofaromé.
D'après les tableaux statistiques publiés dans TMe
Minerai ïnduslry, les quantités de fer chromé expl<Mtées
dans les demiéres années jusqu'en 1900 par les différeat»
pays auraient été les suivantes :
bï Google
MINERAIS
ISSOC
IBS A L>
FORMATION DBS
BESPENTINSS SID
rÉB
™„.
......
...
=^.
=■
•lu Sud
laaVMt
....
Viu,ur.)
tiin-
.„...
m
707
;«
9 m
».0I4
160
,ÏS
(S
m
Ï.3K
9,054
3.IIH4
1!S
Cette statistique n'evt peut-être pM absolument com-
plète, spécialement en ce qni concerne la Turquie d'Asie^
ob une partie importante du minerai exploité échbppertiit
aux droits et en ml^me temps i la statistique.
Quoi qu'il en soit, la NouTelle-Calédooie a été pendant
toutes ces dernières années l'un des deux on trois plus
importants, lorsqu'ellen'était pas le plus important, des
pays producteurs de fer chromé, et sa production a aug-
menté encore de plus de moitié de 1900 à 1901
(17.649 tonnes en 1901) pour retomber, il est vrai, a
10.281 tonnes en 1902; elle fournit k elle seule environ
le quart de la consommation totale du monde.
Il semble, d'après les renseignements très incomplets
que nous possédons, que ce ne soit qu'en Asie Mineure et
dans l'Oural que l'on trouve des gisements de fer chromé
qui soient dans des conditions naturelles comparables k
celles des gisements de la Nouvelle-Calédonie; si ces der-
niers ont le désavantage de leur éloignement et des con-
ditions industrielles peu favorables du pays, ceux de
l'Oural sont astreints à de longs transports par voie de
terre, et ceux de l'Asie Mineure, situés dans un pays oii
les entreprises industrielles sont singulièrement malaisées
à conduire d'une façon régulière, ont eux aussi leurs dif-
ficultés spéciales ; d'autre part, si pour la Nouvelle-
Calédonie on ne peut guère espérer voir le fret s'abais-
ser encore beaucoup, il y aurait beaucoup k faire pour
remédier aux difficultés résultant de la situation indus-
bï Google
320 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVEI.LE-CALÉDONIE
trielle générale de la colonie, comme nous le ferons
rossortir dans ce qui suit.
' Nous crayons avoir suffisamment montré combien
nombreux sont les gisements de fer chromé en Nouyelle-
Calédonie, combien beaucoup d'entre eux sont favorisfe
parles conditions mêmes de gisement, et combien il serait
possible d'en tirer un meilleur parti le jour où on les
exploiterait avec des vues plus larges.
Nous ne doutons donc pas que l'industrie du fer cbromé,
qui a pris un beau développement au cours de ces der-
nières années et qui a représenté un chiffre d'affaires de
plus de un demi-million, atteignant même près de un mil-
lion en 1901 , ne soit appelée à un essor plus large, et ne
puisse, pendant de longues années encore, apporter mi
important appoint à la prospérité de l'indu-strie minière
de la colonie.
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CHAPITRE III.
LES IUNEBAI8 DE FER.
Indications oéNÂRALBs.
Nous ne pouvons pas terminer ce qui a trait aux raine-
rais asaociés à la grand© formation serpentineuse de la
Nouvelle- Calédonie sans faire mention des quantités
énormes de minerais de fer qui sont associées à cette for-
mation ; leur abondance ne saurait passer inaperçue aux
^euxde ceux qui circulent dans la colonie, et aussi bien
M. Garnier que M. Heurteau y ont consacré une partie de
leurs études sur les richesses minérales de la colonie.
M. Garnier, dans son mémoire de 1867 ('), s'exprimait
ainsi : « Lorsque l'on voit ces montagnes entières de fer
liydroxydé M'élever au bord de la mer, dans le fond de
ports sûrs, on se demande pourquoi les navires du com-
merce qui quittent toujours la Nouvelle-Calédonie sur
lest ne viennent pas chargés de ce minerai, qui peut avoir
une valeur a^sez élevée » ; il ajoutait que l'essai par voie
sèche de ce minerai avait donné un culot d'une fonte
hlanche assez tenace indiquant une teneur de 51,30 p. 100
de fer; il mentionnait enfin que le minerai tient toujours.
disséminée dans sa masse, une. certaine quantité de chru-
ntiate de fer.
M. Heurteau ('*) signalait la présence en Nouvellc-
.vCîooglc
'622 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLH-CALÉDONIE
Calédonie du fer oxydé et hydroxydé sous diverses
formes, d'abord an milieu des terrains anciens du Nonl
de l'ile, et surtout dans les serpentines : 11 notait la forte
teneur en fer des argiles magnésiennes produites par la
décomposition des serpeatines, mais s'arrêtait uniquement
aux amas do blocs scoriacés de fer hydroxydé chroraifère
(^uo l'on rencontre sur le flanc des montagnes. Faisant
observer qu'on ne peut songer à installer des hauts
fourneaux et à fondre le minerai sur place, et constatant
que l'Australie no peut lui offrir un débouché, et que, d'autre
part, i< un minorai de fer, quelles que soient sa richesse
et sa pureté, ne peut supporter les frais de transport jus-
qu'en France que s'il possède quelque propriété spéciale
qui le fasse rechercher parles usines pour être emploi'é
par elles en quelque sorte comme réactif et mélangé à
d'autres minerais >> , il insistait sur ce fait que les minerais de
la Nouvelle-Calédonie qu'il avait fait analyser en France
tenaient des proportions très notables de chrome, et il
concluait qu'il serait intéressant de faciliter des essais
d'emploi en France du minerai chromifère de la Nouvelle-
Calédonie .
Nous n'avons pas connaissance que de tels essais aient
jamais été faits, et, si l'on a souvent parlé, depuis lors, des
ricliesses consiilérables que représentent ces amasdeinine-
rui lie fer, on n'a jamais rien fait pour tenter leur mise en
valeur ; il a seulement, à une certaine époque, été pris
des permis de recherches pour rainerai de fer sur des
étendues considérables au voisinage de la baie du Sud,
dans un but qui était vraisemblablement tout autre que
celui d'y faire des recherches ou d'étudier sérieusemeni
l'utilisation des minerais qui s'y rencontrent.
Bien que nous ne voyions pas pour le moment, et mémo
pour un avenir assez lointain, la possibilité de tirer un
parti quelconque de ces minerais, nous en décrirons
brièveniont les gisonients.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SEKPBNTIKES 323
Le fer ne constitue, en somme, qu'un élément presque
secondaire des péridotites et des roches serpentîneuaea
auxquelles elles donnent naissance, puisque l'analyse n'y
décèle que de 5 à 12 p. 100 de sesquioxyde de fer,
soit seulement de 3,5 à 8 p. 100 de fer métallique, alors
que la magnésie constitue de 3 à 4 dixièmes du poids
total de ces roches, et la silice de 4 à 5 dixièmes ; mais le
fer se concentre très fréquemment sous des formes que
nous pouvons ramener k trois types distincts : les blocs
scoriacés d'hématite rouge, les grains d'hématite plus ou
moins hydratée, ot les amas de sesquioxyde de fer
hydraté pulvérulent associé à de la silice, de l'argile et
de la magnt'sio, que nous désignons sous le nom d'argiles
rouges.
S. — Description des principaux types de minerais.
Les blocs scoriacés d'hématite rouge se rencontrent,
avec des dimensions très variables, sur le Banc et sur les
crêtes des massifs de péridotite, et parfois jusqu'à leur
pied. Ils sont extérieurement d'une coloration foncée et
mate due aux actions atmosphériques ; brisés, ils donnent
une cassure irrégulière à aspect bleu métallique, quelque-
fois à reflets rouges, et leur poussière est rouge ; ils sont
peu ou pas magnétiques, et l'analyse montre qu'ils sont
essentiellement constitués d'hématite rouge ou sesquioxyde
de fer anhydre. Leur forme est irrégulière, et ils se
montrent caverneux ou vacuolaîres dans toute leur masse,
mais la matière dans laquelle s'ouvrent les vacuoles est
de l'hématite dure et compacte ; leurs dimensions varient
lie celle du poing, et même moins, à une fraction imiior-
tanto de mètre cube; les plus gros blors se rencontrent
généralement au sommet des montagnes ou au voisinage
lies sommets; ils sont tout particulièrement alionJants
sur les plateaux et sur les pentes douces recouvertes
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324 RiCHBSSES MISBKALES DE LA NODV&LLE-CALÉUONIB
d'épais manteaux d'argile. Leur présence est en parUcu-
lier si constante sur les crêtes que, depuis des temps
reculés, les Canaques ont coutume de s'eu servir pour
élever sur les crêtes, aux croisements des sentiers, des
pyramides ou des amas de ces blocs servant à la fois de
repères et de fétiches. Nous avons noté la présence
d'araaa particulièrement puissants de ce genre de miue-
rais sur les pentes douces que suit la route de Nouméa à
Prony pour descendre vers Prony, dans le massif du mont
Kougouhaou, à la baie de Bà, au d6me de Tiebaghi, et
même sur presque toutes les montagnes de la formation
serpentineuse. . Nous ignorons d'ailleurs comptètemeut
quel peut Otre le développement de ces gisements en
profondeur, puisque nous ne pouvons même pas dire si
les blocs que l'on rencontre sont uniquement des blocs
volants, ou si certains d'entre eux ne seraient pas les
tètes (le filons ou damas.
Le mode de formation qu'il convient d'attribuer à ces
blocs d'iiématito est, en effet, loin d'être certain :
M. Heurteau, rapprochant la grande abondance de ces
blocs tout autour de la baie du Sud de l'existence encore
actuelle do sources theriuales dans la région, déclare que
les minerais de fer paraissent y avoir été déposés par des
sources minérales ('); d'autre part, il indique que les
blocs de fer do l'de Ouen pourraient bien provenir de la
destruction du chapeau ferrugineux d'un filon d'eupbotide.
Nos observations pcrs(tnnelles, qui, en dehors de l'examen
même des gites de nickel, cobalt et chrome, et surtout
des gites exploités ou vraisemblablementexploitables, ont
nécessairement dCi être très restreintes, faute de temps,
ne nous permettent pas de présenter d'argument décisif à
l'appui de l'une ou de l'autre de ces théories ou de toute
autre. Nous aurions cependant, pour Dotre part, beau-
(*) Loc. cit., p. 383.
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MISERAIS AftSOClBS à LA FORMATION DES SKRPENTINES 325
coup de peine à a<Imettro que ces énormes quantités
(le blocs (l'hématite puissent provenir de la simple alté-
ration saperficielle d'une partie des roches de la for-
mation serpentineiise : c'est là une idée qui se présente
immédiatement à l'esprit, nous en convenons, mais, en
examinant les choses de plus près, on reconnaît qu'il
est l>eaucoup plus vraisemblable qae ce soient les argiles
roupes qui représentent celui des éléments de la décom-
position actuelle des péridotitea où s'est concentré le fer
qui y était contenu : et il nous parait bien difficile d'ad-
mettre qae des roches dont la teneur moyenne est de
8 à 9 p. 100 de sesquioxyde de fer, avec un« densité
voisine de 3, aient pn, en perdant leurs éléments essen-
tiels, silice et magnésie, et sans l'intcrventicm d'importants
phénomènes métamorphiques, donner naissance k des blocs
souvent énormes ayant une densité apparente (cavités
comptées dans le volume) de 4 à 5 et constitués, jusqu'à
concurrenco dn 80 àttOp. l(X)enpoidB,parduse6qnioxyde
de fer. Une telle transformation ne serait possible qu'en
supposant un déplacement complet du fer avec dissolution
de cet élément, ce qui revient à l'hypothèse de la formation
par des sources minérales sur laquelle nous reviendrons.
M. Heurteau invoque, il est vrai, non pas la décomposi-
tion des péridotites, qu'il désignait sous le nom de serpen-
tines, mais celle de liions d'euphotide; mais, d'une part,
BOUS n'avons précisément pas rencontré 'Je filons d'eupho-
tide dans les points oii les blocs d'hématite sont le plus
abondants, et, d'autre part, si l'euphotide peut contenir
des pyroxènes tenant plus de 8 à 9 p. iOO de sesquioxyde
de fer, !a magnésie est vraisemblablement toujours domi-
Bante dans ces pyroxènes comme elle l'est dans tons les
silicates ferro-magnésiens que nous avons rencontrés eu
Nouvelle-Calédonie, et, en outre, la silice est d'autani
plus abondante qu'elle apparaît aussi dans les feldspaths ;
il en résulte que les raisons que nous donnons ci-dessus
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326 RICHESSES MrNERAI.ES DE LA NOUTBLLE-CAl.EDOMB
pour De pas admettre que les hématites en question pro-
viennent de l'altération de péridotites nous paraissent toul
aussi sérieuses pour n'en point faire chercher l'origine dans
la simple décomposition superficielle de roches moins
basiques, mais peut-être un peu plus ferrugineuses, qui
s'y rencontreraient en filons. Nous ne croyons pas d'ail-
leurs que de semblables formations d'hcmatilc aient jamais
été reconnues pour avoir une pareille origine ; les blocs
en question diffèrent en effet essentiellement de tout ce .
que l'on rencontre d'habitvide dans les chapeaux de fer
des filons, même lorsque ceux-ci sont constitués par de»
roches ou des minerais riches en fer.
L'hypothèse suivant laquelle ces minerais de fer auraient
été déposés par des sources minérales, chaudes ou non,
serait assez séduisante, d'autant plus qu'on trouve parfuii-
ces blocs femigineui groupés autour de crevasses ou àe
cheminées plus ou moins circulaires s'ouvrant dans les
argiles, et dans lesquelles on pourrait songer h voir U
trace des émissaires de sortes de geysers dont les eaax
auraient contenu le fer en dissolution. Mais l'aspect mèmr
de ces minerais, qui, bien que présentant dans leur masse
de nombreuses vacuoles, sont en somme formés d'hématite
compacte et ne sont nullement concrétionnés, est loin de
confirmer pareille hjpothèse, et nous n'avons relevé mille
part, comme pour les minerais de nickel et pour ceux ilf
cobalt, des apparences accusant nettement le caractère
de dépôts de sources, tels que ceux que nous voyons
actuellement se former sous nos yeux.
Nous avons dit au contraire que, du moins en certains
points (dôme de Tiebaghi, par exemple), les relations de
gisement entre l'héniatite et le fer chromé nous ont fait
supposer que les blocs de l'un et de l'autre minerai pro-
venaient d'un même gisement, amas ou filon, constitué
originairement de fer chromé et de magnétite, avec ou
sans interposition de gangue, et que les blocs caverneux
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MINERAIS ASSOCIÉS A lA FORMATION DES SERPENTINES 327
d'hématite représenteraient simplement les chapeaux, plus
ou moins rongés et oxydés des amas de magnétite ; nous
avons en outre indiqué à l'appui de cette manière de voir
que les corrosions extérieures de ces blocs nous ont paru
parfois indiquer la forme d'anciens cristaux octaédriques
de magnétite, qu'on retrouve des fragments attirables à
l'aimant au sein de ces blocs, et enfin que l'attaque par
l'acide chlorhydrique laisse inattaqués des grains do
fer chromé qu'il serait difficile de regarder comme ayant
également été déposés par des eaux minérales. Tout cela
nous porte h attribuer la formation du gisement primitif
d'où dérivent ces blocs à une ségrégation ignée beaucoup
plutôt qu'à des sources minérales.
Les quelques analyses qui suivent montrent entre quelles
limites varie la composition de ces hématites : les <leux
premières d'entre elles ont été exécutées à l'École des
Mines de Pai-is, p;ir M. Moissenct, sur des échantillons
rapportés par M, Heiirteau('), la troisième a été faite
au laboratoire des forges de Saint-Nazaire sur un échan-
tillon do M, Garnier et que celui-ci considérait comme du
tout venant ("), la quatrième se rapporte à un échantillon
typique que nous avons recueilli à la baie Bâ au voisinage
(lu gisement de cobalt décrit cî-desstis et que noua avons
analysé au laboratoire de l'École des Mines de Saint-
Etienne.
(•) Heikteau, lac. cit., p. 386.
{**) G.tn^iiEii, Mémoire sur tes gisements île cobalt, tle chroir,
Il la Nouvelle-Calédonie [iiociéli /les Ini/énieurs cirîts île Fi-n
l" semestre, |i. 366).
zecbvGoOgIC
115,20
) 0,80
<,«s
«S
89,1
2,08
ln««
2
6.4
1,10
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0,4
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l»«.
0,0«
328 RICBES8KS MINÊKALKB DB LA NOCTBLLEHrALÊDONlB
f"':::-. ' 5,m -,»
Acide litaoïqae \
Peroxyde de fer $0,60 73
Oxyde ronge de isanganèse. 2 0,60
Oxyde *ert de chrome 5,33 2,85
Alumine uvh umm
Chaux — —
Acide pbosphoriqne ■»■ *»* h* 4«i
Cblomre de sodium ir. MHiU. 0,40
Acide suif urique 0,S0 0,70
Perte par calcinatîon 16,60 14,30 10,30 l.tS
Nous ajouterons, en ce qui concerne le demipr échantil-
lon, qu'il semblait parfaitement pur de tout mélange d'ar-
gile ou d'autres matières étrangères, qu'il donnait une
cassure franche d'un bleu métallique, et qu'il se réduisait
en une poussière rouge. Atlaqué par l'acide chlorhydrique
concentré et chaud, il laissait un résidu de 5,5 p. 100
constitué essentiellement de silice et de fer chromé ; son
analyse élémentaire pourrait être représentée ainsi qu'il
suit :
Hématite rouge 88,1 p. 11»
Fer chromé 3,3 —
Oxyde de manganiee traces
Oxyde de chrome solubte dans l'acide chlorhydriqne. 4,2 p. lOO
Silice, acide titaaique, argile, chaux, etc 2,!Kt —
Humidité 1 ,45 -
Les chiffres précédents montrent que les hématites de
Nouvelle-Calédonie constitueraient de bons et riches
minerais de fer, puisque leur teneur varie de 50 à 60 p. 100
de fer métallique ; elles présentent en outre la particula-
rité d'être chargées de chrome.
A côté des gros blocs d'hématite on rencontre, sur les
pentes des massifs serpentioeux qui ne sont pas trop
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MINERAIS ASSOCIÉS A IJl FORMATION DES SERPENTINES 329
abruptes pour empêcher la formation de tout dépôt le long
de ces pentes, des lits souvent très épais et extrêmement
étendus de grains de minerai de fer de la grosseur d'un
pois a peu prés; on a souvent désigné cette catégorie de
minerais sous le nom de fer pisolithique, nom que nous
ne croyons pas devoir adopter, car ces grains n'ont des
fers pisolithiques connus dans nos régions que la dimen-
sion, n'en ayant ni la forme, ni l'aspecl extérieur, ni la
composition. Rugueux à la surface et recouverts d'une
couche d'un millimètre environ de fer hydroxydé plus
ou moins pulvérulent, ils se montrent intérieurement cons-
titués d'hématite rouge et paraissent très évidemment
être des débris de blocs d'hématite, descendus générale-
ment plus bas sur le» pentes de la montagne que les blocs
intacts, et ayant, du fait de leur division, subi plus qu'eus
l'effet de l'air humide qui a transformé extérieurement
l'hématite rouge en hématite brune.
L'analyse d'un échantillon de ces grains ferrugineux
provenant des pentes du massif de péridotite de la mine
Hasard k Tomo nous a donné les résultats suivants :
Perle au feu 8,8
j Silice 16,2 1
l Alumine 1,38 J
lasoiuble dans ) Sesquioxyde de fer. . ... 0,57 1 .^
t'acidechlorhydrique j Oxy<le rouge de manga- i
I nèae 0,9 I
[ Magnésie 0,i5 )
; Silice 0,55 j
I Peroxyde de fer 64,25 j
I Oxyde rouge de manga- I
I nèse 6,2 |
1- .f°'"^'*_/»''» / Sesquioxyde de chrome. 2,0 i 72,0
1 acide chlorhydnque | q^^j^ ^^ ^j^^^, ^^ ,
j Alumine 3,65 I
I Chaux 0,8 I
' Magnésie 0,IS |
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330 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOCVBLLE-CALÉDONIB
ANALYSE I^LfiiaNTAInE
Silice 16,73
Fer 45,37
Hanganëse 0,79
Chrome 1 ,36
Oxygëae combiné aux métaux 20,80
Alumine 4,93
Chaux 0,8
Magnésie 0,4
Eau 8,8
Un tel minerai, tenant après calcination 49,75 p. KW
(le fer métallique, serait encore un minerai d'une bonne
richesse ; aucune impureté ne s'y montre en quantité plus
^nante que dans l'écliantillon n" 4 du tableau qui précède ;
le chrome y est en quantité notable, c'est un point sur
lequel nous reviendrons.
Enfin des amas eiccssiveinent importants d'une forma-
tion rouge, pulvérulente, grasse, imperméable, et plus ou
moins plastique, s'étalent sur toutes les pentes douces
des massifs aerpcntineux et sur tous les sommets qui ne
sont pas trop abrupts, et se développent en outre dans les
différentes « vasques » qui se creusent entre les saillies
des rochers de péridotite plus ou moins altérée.
Ces amas, assez fortement hydratés, sont essentiellement
constitués d'oxydes de différents métaux parmi lesquels
domine le fer, accompagné d'un peu de manganèse, do
nickel et de cobalt ; ces oxydes sont associés à de la silice,
à do Vargile et à de la magnésie ; le tout englobe
en outre différents débris minéraux comprenant principale-
ment du fer chromé et de l'enstatite plus ou moins altérée.
Cette formation est d'ailleurs loin d'être homogène, elle
est parfois nettement bigarrée, d'autres fois elle présenic
des couleurs variant du rouge orange au rouge violacé:
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MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 331
certains lits sont particulièrement riclies en silice au point
de constituer plutôt des sables, d'autres sont particulière-
ment ocreux, d'autres enfin plus nettement argileux.
La forination est généralenif^nt recouverte, et partielle-
ment mélangée, des grains d'oxyde de fer que nous venons
de mentionner; elle contient souvent de véritables lits de
fer chromé, constituant non seulement les gisements
exploitables que nous avons décrits, mais aussi des con-
centrations beaucoup moins avancées ; elle englobe en
outre les rognons cobaltifëres et manganésifères qui
constituent les minerais de cobalt.
On aura une idée de la constitution chimique de ces
masses d'après les résultats des analyses suivantes: les
deux premières sont rapportées par M. Garland('), la
troisième a été faite par M. Moore au laboratoire du ser-
vice local à Nouméa sur un échantillon d'un banc spéciale-
ment ocreux exploité comme ocre auprès de la baie du
Sud, les quatrième et cinquième ont été exécutées par
nous-mème sur des échantillons provenant, l'un de la
mine Hasard à Tomo, choisi particulièrement argileux,
l'autre de la mine des Bornets à Thio, pris au voisinage
immédiat d'un gisement de nickel exploité.
Silice i8,*2 12,45 5,88 37,i
Sesquioxyde de fer 69,30 66,36 73,66 36,5
Alumine 0,45 -■ 5,37 3,0
Oxydes de nickel et de
cobalt f ,61 3,14 0,98
.Magnésie et oxyde de man-
ganèse 0,39 5,35 0,74 2,6
Sesquioxyde de chrome,, » » 2,13 >•
Eau 9,80 12,70 1 1,02 20,5
(') Traniaclioiu ImlUuce Minini/ and MetaUurgy, p. lïl à 148; 1894.
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334 RICHESSES HINÉRALBS DE LA NODVELLE-CALÉDOMIB
gique, pour que l'on comprenne que la production des
fers et aciers commerciaux se hearteraît à des difficultés
très nombreuses; leur prix de retient serait donc vrai-
semblablement très supérieur à celui des produits impor-
t<^s d'Europe; d'autre part, la fabrication d'un produit
dont la valeur n'est pas plus élevée que la fonte, en vue
de l'envoi en Europe, n'est pas nonplub possible, swlout
dans un pays oti le bon charbon sera toujours assez cher.
Pourrait-on expédier les minerais c^édoniens en Aus-
tralie? Cela ne parait pas davantage possible ; il n'existe
pas encore d'industrie du fer et de l'acier en Australie,
bien que Ton songe sérieusement à en créer une. Mais,
en vue d'une semblable création, des recherches ont été
faites, surtout en Nouvelle-Galles du Sud ob se trouvent
de beaux gisements houillers, et elles ont abouti à la
découverte de nombreux et importants gisements de fer,
qui pourraient sans doute fournil' des minerais de qualité
suffisante à des prix notablement plus bas que ceux des
minerais que l'on pourrait amener de Nouvelle-Calédonie,
et qui seraient grevés d'un fret de 10 à 12 francs. Ajou-
tons d'ailleurs que, n'en fût-il pas ainsi, par exemple au
cas oh il deviendrait possible do combiner des expédi-
tions de minerai de fer de Nouvelle-Calédonie en Nouvelle-
Galles du Sud comme fret de retour pour les bateaux y
apportant du charbon, il est très vraisemblable qu'avec
les tendances très protectionnistes du gouvernement de
la Confédération australienne, des droils de douane vien-
draient empêcher pareille concurrence aux gisements
ausiraliens.
Quant au transport des minerais de Nouvelle-Calédo-
nie en France, il n'y faut pas songer, étant donné la va-
leur qu'ont en Europe môme les meilleurs minerais de fer.
C'est d'ailleurs là la coiirtidération sur laquelle nous
devons insister en terminant : si des minerais à valeur
relalivemcnt élevée peuvent être exploités en Nouvelle-
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MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 335
Galédonie, non sans certaines difficultés, puisque, malgré
les conditions de gisement souvent très faciles du nickel,
on a quelque peine à le produire à des prix suffisamment
modérés, des minerais à faible valeur comme les minerais
de fer, dont les meilleures qualités valent en Europe de
15à 20 francs, ne sauraient même â notre avis, quelque
facile que soit leur exploitation, être actuellement rendus
sous palans dans la colonie k des prix inférieurs à une
semblable limite. Les chiffres que nous avons donnés ci-
deasua pour les frais de transport, d'embarquement, etc.,
suffisent à le montrer.
Dés brs, tout concourt à faire penser que, ni aujour-
d'hui, ni avant un avenir que l'on ne peut guère escompter,
les riches et abondante minerais de fer de la Nouvelle-
Culédonie ne poun'aiont être utilisés.
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QUATRIÈME PARTIE.
aiSBIQENTS UËTALLIQUISS DITXSS.
A côté du fer, du nickel, du cobalt, et du chrome,
ilout les gisements sont en très étroite relation avec U
grande formation serpentineuse, on rencontre dans les
autres terrains ((ui constituent le sol de la Nourelle-
Calédonie une grande variété de minerais métalliques:
sans nous arrêter pour l'instant à la question de l'utilisa-
tion possible des minerais en question, nous mentionne-
rons quT nous y avons recueilli nous-mème de l'or, da
platine, de l'argent, du mercure, du cuivre, du plorab,
du zinc, du manganèse, de l'antimoine, du tungstène,
du titane, du molybdène; nous ajouterons qu'on avait
cru autrefois rencontrer également de l'étain, mais qu'il
parait bien établi que cette indication était erronée.
De tous ces métaux divers, plusieurs ont été, dans le
temps, l'objet d'exploitations ou de tentatives d'exploi-
tation, ce sont l'or, le cuivre, le plomb argentifère et l'an-
timoine : mais, seul parmi eux, le cuivre a donné lieu,
il y a une vingtaine d'années, à une exploitation d'une
prospérité réelle et d'uiio certaine durée. Quant aui
autres métaux, ils n'ont été que signalés, et leurs gise-
ments n'ont jamais été, à notre connaissance, l'objet
d'aucun essai rl'utilisation.
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CHAPITRE PREMIER.
LE CDITRE.
A. — HisTOKIQCE.
Dès i 843, un missionnaire, le Ppio Moiilnnizici", signa-
lait à Koumac une mine de cuivre, mais cette iitclicatioii
parait être restée oubliée pondant bien de» années.
Lorsqu'en ^863-66 M. fîarnicr fit une première étude
des richesses minérales de la colonie, il mentionna l'exis-
tence du cuivre à l'Ile Ducos et rapporta(') au sujet
des échantillons qu'il _v avait recueillis une indication de
Rivot de natureà encourager des recherches en ce point;
i! signala d'autre part que des indigènes lui avaient
affirmé qu'il existait dans la vallée de la rivière d'Amoi
du cuivre pyriteux associé à de la barytine.
Mais ce n'est qu'à la fin de 1872, lorsque d'assez minu-
ticuses recherches poursuivies tout autour de la basse
vallée du Diahot par les chercheurs d'or firent découvrir
de beaux affleurements cuprifères auprès d'Ouégoa, que
l'on songea pour la première fois à exploiter le cuivre tn
Nouvelle-Calédonie. Ces différents affleurements et les
quelques travaux qui y furent poursuivis dès le début ont
été examinés en détail par M. Ueurteau, et décTÎts avec
soin dans son rapport à M. le Ministre de la Marine et
des Colonies : cet Ingénieur mentionnaitC*) tout d'abord,
(*) ioc. cii.,p. 31 et 38.
('•) toc. cil., p. Mi et luiT.
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d.iS RICHESSES H1NBRALBS DE LA NOUVBIXE-OALBDONIE
au Nord du village de Ouégoa, et en relation étroite-
avec lea roches à glaucophane que noua avons signalées
déjà, l'existence d'un groupe important d'affleurements,
parmi lesquels ceux de la mine de la Balade avaient déji
été l'objet de travaux de recherches assez développés et
d'un commencement d'erploitatitfn ; il rapportait d'autrd
part la découverte de deux affleurements cuprifères k
une dizaine de kilomètres plus à l'Ouest au voisinage du
village de Pondolaï. Depuis lors, des travaux de recherches-
ont été poursuivis sur nombre de ces affleurements, mais
ils' n'ont donné lieu k une exploitation importante et
durable qu'à la mine de la Balade ; cette exploitation s'est
poursuivie sans interruption jusqu'en 1884.
A côté des deux groupes de gisements d'Onégoa et de
Pondolaï, situés sur la rive droite dti Diahot, d'autres
ont été signalés en grand nombre dans les schistes ardoi-
sîers noirs de la rive gauche du Diahot et jusque dans la
presqu'île d'Arama. Les plus importants d'entre eux sont
ceux des mines Pilou et Ao, découverts on 1884 et 1887
et exploités par intermittence depuis lors jusqu'en 1901;
mais un coup d'œit jeté sur la fig. l de la PI. V, ob
nous avons représenté la région Nord de l'Ile, et où non»
avons figuré les différent es concessions, demandes de con-
cessions et périmètres de recherches pour cuivre, montre,
encore que l'existence de ces périmètres ne prouve pas
d'une façon absolument certaine que ce métal se rencontre
dans leur étendue, que les gisements de cuivre sont
nombreux dans toute la région ; nous avons souligné les
noms des gisements où nous avons personnellement cons^
tâté la présence de minerais do cuivre.
Ce n'est d'ailleurs pas seulomeiit dans le Nord de la
colonie que ce métal existe; ii a été l'objet de tentatives
d'exploitation en 1883-85 à Koumac, et vers 1876 dans
la vallée de la Négropo près de Canala ; sa présence a été
en outre signalée en nombre do points tout le long de la
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«ISBUBNTS UaTAJ.LKtOes DIVBM 3SS
cAte OviOat et n»tainiaent à Bani, près de tiomâa, «i Nord
de Poueiaboiit, k l'Ile Ducos, dans la^aioe 4e Suot-
Viaccat, «te.
Nous «jouterons <jue, d'après les iodicaliûBt de la
statistique, il a ét^ exporté de NouT^te-Calédouie,
depuis 1^73 jusqn'en 19(^ plus da .£0.000 tom»% de
nÛMTM de cuivre dent la tesetir n'aurait pas été ii^-
rieure Ji 10 à lo p. 100, et un millier de tonnes de mattes
très RotaUeineot plus ricbes.
Nous foumissoos ci-dessous quelques iodicationa mit
les différents gisaiiieats que nous vanoBS de luentioiiner.
B. — GiSBUENTS DD OROUPE I>B I.A BaLADI.
Ces gisements, situés au ilanc des différentes collines
qui descendent de la crête de Tiari sur Oué^oa en
enserrant les vallées do l;i rivière de la Balade et de ses
affluents (Voir la /ig. 9 de la PI. IV), se présentent en
filons ou en amas dans les micaschistes qui constituent
tous ces contreforts.
Ces micaschistes, qui sont, rappelons-le, généralement
très chargés à la fois en grandes paillettes de mica blanc
et en chlorite. et dont la leinte est vei-dâtre ou bleuâtre,
passent quelquefois au gris plus on moins foncé; ils sont
associés par places, à lu gendarmerie de Ouégoa notam-
ment, à des ro<'hes sorpentineuses et talqueuses, qui
ne paraissent (t'aillours rien avoir de commua avec la
grande formation des péridotites qui, comme on le sait,
domine dans presque toute la ccdonie sauf précisément
dans cette région nord-occidcntale.
Les [nicaschistes sont en outre traversés, précisément
au voisinage immédiat de Ouégoa, par une très impor-
tante formation de roches chargées d'amphibole et sur-
tout de glaucophane, que nous croyons devoir considérer
comme attestant une activité toute spéciale du métamor-
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340 RICHE88BS MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONTE
phisme dans cette région. Ces roches, qui paraissent
occuper en particulier la majorité des ravins de la riviëre
de la Balade et de ses affluents de droite au voisinage
des mines Marat, Balade, et Delaveuve, comprennent sm^
tout des amphibolites vertes à grain fln d'un type spécial ;
l'examen micrcscopiqiie montre en effet que ces amphibo-
lites sont essentiellement constituées d'une amphibole
passant au glaucophune, associée à du mica blanc, à de
la chlorite, et à des grenats almandins ; ces derniers sont
très nombreux par endroits, ils sontgénéralement visibles
à l'œil nu et présentent même souvent des dimensions
assez considérables. Acôté de ces roches de couleur verte,
on trouve des traînées d'une formation franchement bleue,
tirant un peu sur le gris, dont la pâte apparaît au micros-
cope comme entièrement constituée de glaucophane ; cette
pâto contient en outre tantôt des cristauï de pyroxène,
tantftt des cristaux isolés ou des veinules d'épidote vert
Jaun&tre, et souvent des grenats almandins, et des paillettes
de mica blanc ou de chlorite ; on rencontre en outre des
schistes onctueux plus ou moins micacés criblés de petites
baguettes de glaucophane. Enfin le mamelon de la mine
Delaveuve présente un puissant ressaut formé d'un quart-
zite gris verdâtre foncé, à grain fin, très dur, qui se montre
presque uniquement constitué de quartz et d'abondanta
petits fragments d'ilménîte. Ces différentes roches con-
tiennent un grand nombre de cristaux secondaires et no-
tamment du sphène, du rutile, etc.
Cette très curieuse formation, qui avait été décrite par
M. Heurteau comme une formation éruptivc, mais qui
parait plutôt devoir être regardée comme d'origine méta-
morphique, avait été considérée par lui comme étant en
relation étroite avec la venue cuprifère. Quelque frappante
que soit la coexistence, auprès de Ouégoa, des miaerais de
cuivre et du glaucophane, nous devons faire observer que
les formations à glaucophane se poursuivent vers le Nord
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GISEMENTS UÂTALLIQUEB DIVERS 341
et vers l'Est sur uae éLendue aeeez considérabifl (jusqu'à
Oubatche), tandis que les gisements de cuivre ne paraissent
pas se prolonger dans cette direction, alors que l'or y
apparaît au contraire ; et que, plus à l'Ouest et au Sud, le
cuivre se montre disséminé dans des formaliona oii le glau-
eophane, que nous avons recherché avec soin, ne parait
pas exister.
C'est, nous l'avons dit, au milieu de ces roches que se
montrent les gisements de cuivre du groupe de la Balade ;
le métal s'y présente principalement sous la forme de
pyrite cuivreuse plus ou moins riche en cui\Te, mais à
teneur généralement assez élevée (20 à 50 p. 100 pour la
pyrite bien séparée de sa gangue], formant tantôt des
masses interstratifiées assez puissantes et tantôt des mouches
ou des imprégnations entre les feuillets des schistes : le
cuivre pyriteux ne constitue d'ailleurs que laforrae profonde
du minerai ; aux affleurements et au voisinage immédiat
de ceux-ci on rencontre, associés à de l'oxyde de fer, du
cuivre natif, de l'oxyde noir, et les différentes variétés de
minerais oxydés, malachite, atacamite, azurite, etc. en
masses généralement amorphes.
Le gisement même de la Balade est celui qui a été
découvert le premier, il affleure de pari; et d'autre du bras
gauche, assez encaissé, du ruisseau de la Balade, à peu de
distance à l'Est du village de Ouégoa, et à une centaine
de mètres à l'aval d'une haute paroi schisteuse qui parait
marquer un accident géotogiqucd'unecertaine importance,
n se présente sous la forme d'un tilon-couche de cuivre
pyriteux, ayant une puissance totale variable aux envi-
rons de 1°',50, interstratific dans des schistes chloriteux
verts, et souvent séparé en deux bancs par une épaisseur
de 50 à 60 centimètres de schistes stériles. Ce fllon-coucbe
estdirigé Nord légèrement Ouest, et présente un pendage
assez raide (voisin de 45° aux affleurements, mais plus
bï Google
343 RICHESSES HmAllA.LB8 DR LA NOUTSLLH-CALÉDONIB
raide en profondeur) ; il ae rsmiâe d'silleiira par des im-
prégnations et fflonnels enirreux qui euarent dans t«e
cassures transversales des schistes. Telle» sont les seules
données k peu près certanies que nous ayons pa retirer,
tant de la lectore du rapport do M. Beurteau, que de
l'examen que nous avons fïùt des affleurements et de k
galerie ouverteen direction sur la rive gauche delà rivière
il quelques mètres au-dessus de son lit, galerie dont
les 10 ou 15 premiers mètres étaient encore accessibles.
Quant à l'allure détaillée de la formation soit en direcUon,
soit en profondeur, nous n'avons pu obtenir k son sujet que
des indications fort vagues : il n'est pas douteux qu'une
exploitation active, et longtemps rémunératrice, a été pous-
sée sur ce gisement parla Compagnie des mines de Balade,
sans interruption depuis 1874 jusqu'à 1884, fournissant h
peu de choses près toutes les quantités de minerai de
cuivre exportées de la colonie pendant ces onf e années ;
c'est-à-dire, d'après les statistiques officielles, environ
40.000 tonnes d'un minerai qui aurait tenu en moyenne
près de 15 p. JOO de cuivre, et dont la valeurtolale aurait
r^wésenté quelques millions do francs.
Nous n'îivons d'ailleurs pu retrouver aucun document
sérieux relativement à cette exploitation ; ni le service des
mines, ni les ayants droit de l'ancienno société exploitante
n'ont conservé de registre îles travaux, ni de plan les
figurant avec quelque précision ; une coupe, qui existe
encore dans les archives du service des mines, et dont les
indications coïncident à peu priss avec les renseignements
verbaux qui nous ont été fournis, semble indiquer que la
formation présentait peu de continuité en direction, puisque
les travaux ne se seraient di^velopjiës que sur une cen-
taine de mètres à peine ; mais on se serait enfoncé jusqn'à
une profondeurde 150 mètres dans une colon ne riche, affec-
tant d'ailleurs plus ou moins nettement une disposition en
rhapelot .
bï Google
EIISBMBNTS MÉTALLKtOES DIVERS 343
L'exploitation a été iaten^mpae en 1884, à un moment
^ criae du marché âa cuÏTre, et après que l'on eut dépité
tout ce qui avait été reconnu en fait de minerai riche.
D'après les indications qui nous ont été fournies par l'an-
cien directeur de ces travaux, qui, avant de les diriger,
avait acquis en Australie l'expérieBce des mines, et en
particulier celte des mines de cuivre, le gisement aurait été
-alor» complètement épuisé, et des travaux de recherches
lauraient éié faits, avant de l'abandonner, pour s'assurer
•qu'il n'existait pas d'autres colonnes riches au voisinage.
Noua n'avons aucun élément pour apprécier l'importance
(iesdits travaux et le bien fondé de la conclusion qui a
été tirée de leur résultat négatif; il est cependant permis
de se demander si la Compagnie des mines de Batade a
bieu fait, pour l'exploration de sa concession tant en pro-
fondeur qu'en direction, tous les sacrifices qu'elle aurait
■dû faire.
Le minerai qui a été expédié en Australie passe pour
■avoir eu une teneur moyenne en cuivre voisine de 15 p. iOO,
il renfermait en outre un peu d'argent, il ne contenait ni
plomb ni zinc eu quantité sensible. Une partie de ce
minerai avait été enrichi dans une petite laverie établie
iUT place; mais des quantités considérables de produits
■à faible teneur ont été abandonnées en tas sur le carreau
•de la mine, en raison des frais élevés d'enrichissement
et de transport jusqu'aux usines de traitement austra-
liennes. II en existe encore des amas qui, depuis de
longues années, donnent lieu à des dépôts cuivreux verts
dans le lit du ruisseau de la Balade.
Les minerais, transportés par un petit tramway jus-
qu'au Diahot, étaient descendus par chaloupes ou chalands
■dans la baie de Pain; ils ont tous été expédiés crus en
Australie.
En remontant la vallée au-dessus des affleurements do
bï Google
341: BICHËSSES MINÉRALES DB LA NODVBLLBH^ALÉDONIE
la Balade, an en rencontre d'autres encore, dont les plus
importants sont ceux de. la mine Murât, situés à quelque
600 mètres à l'amont, au voisinage de la cote 140. Deux
galeries de recherches y ont été ouvertes k deux niveaux
distants verticalement d'une vingtaine de mètres. La pre-
mière a rencontré d'abord un amas de pyrite cuiiTeuse de
près de 1 mètre de puissance, dont la teneur moyenne en
cuivre serait supérieure à 10 p. 100, puis elle a suivi b
formation en direction, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est, sur
ime vingtaine de mètres. Cette formation a montré l'al-
lure d'un filon-couche de 60 centimètres de puissance
environ, interstratifié dans les schistes cbloriteux, et
plongeant comme eux vers le Sud avec un pendage d'une
quinzaine de degrés ; on y a procédé, sur une centaine de
mètres carrés de surface, à un dépilage qui a donné lieu
à l'extraction de minerais dont une partie a été expédiée
eu Australie {nous avons trouvé la mention de l'expédition,
eu 1884, do 325 tonnes de minerai provenant de la mine
Murât) . La p.iTite cuivreuse se voit encore au front d'avance-
ment avec une puissance un peu variable, mais dépassant
presque partout r)0 centimètres ; nous y avons recueilli
au hasard de beaux échantillons de minerai massif à
9.6 p. 100 de cuivre.
La galerie inférieure, au contraire, n'a rencontré la
formation qu'étranglée. 11 paraît donc vraisemblable que
celle-ci n'est pas bien régulière et qu'elle affecte comme
k la Balade une disposition en chapelet. Ce que nous
avons vu ne peut que nous faire regretter que les travaux
<rexploration n'aient pas été poursuivis d'une façon plus
Hérieuse. Les premiers d'entre eux remontent déjà à une
vingtaine d'années, les derniers à cinq ou six ans; depuis
lors la mine Murât a été complètement abandonnée. Le
minerai extrait des dernières recherches a été laisst-
entassé sur place, faute d'un moyen de transport autre
qu'un chemin muletier jusqu'à Ouégoa ; il y en a quelques
bvGoogIc
GISEMENTS METALLIQUES DIVERS 346
centaines de tonnes, dont une partie tout an moins parait
assez riche.
Nombreuses sont encore les indications plus ou moins
nettes de la présence du cuivre non seulement dans le ra-
vin du ruisseau de la Balade, mais encore sur le mamelon
([ui le limite au Nord-Ouest, et dans lo ravin qui l'avoisine
dans cette même direction ; le nombre des concessions
contiguës qui couvrent cette région en témoigne (Voir la
(ig. 9 de la PI, IV), non pas que chacune d'elles ren-
ferme nécessairement des affleurements de quelque
valeur, mais tout au moins parce qu'elles n'ont généra-
lement été demandées qu'après la découverte de quelque
indice de minerai.
Le seul point de ce groupe oii nous ayons encore en
l'occasion de relever d'une façon nette la présence du
cuivre est la mine Dr/avetive, oîi il a été pratiqué plu-
sieurs puits et galènes de recherches. Le gisement s'j'
montre dans des conditions assez intéressantes au point
de vue géologique : les chloritoschistes qui forment la
roche dominante du mamelon où se trouve le gisement,
et qui y sont associés aux roches bleues à glaucophaue et
au massif de quartzite que nous avons mentionnés ci-des-
sus, sont découpés au Hanc du ravin par un à-pic d'une
(|uinzaine de mètres de hauteur dont la paroi, orien-
tée à peu près Nord-Sud, laisse voir une faille de décro-
chement très nette; l'amplitude de la faille est sans
doute faible, et l'ouverture de la cassure ne dépasse pas
- ou 3 décimètres. Vers le Sud, les schistes sont sté-
riles et présentent leur couleur gris verdàtre habituelle,
ils sont sillonnés de veines quartzeiises ; vers le Nord, au
contraire, la paroi de schiste montre la coupe d'une demi-
lentille imprégnée de cuivre; le croquis reproduit par la
fig. 10 de la PI. IV rend compte de cet aspect ; au
milieu des micaschistes stériles apparaît une zone lenti-
bï Google
34Ô RICHESSES UINËRALES DE LA NOCTBLLB-CALÈDOMIB
culaii'e où ceux-ci sont tout imprégnés de petites mouches
il'azurite et de malachite leur donnant, avec les endultt
fernigineux rouges, une coloration bigarrée ; l'épaisseur de
la zone imprégnée est de 80 centimètres environ au con-
tact même de la cassure, mais elle diminue progressive-
ment en s'en éloignant et cette zone vient mourir au voi-
sinage de la surface du mamelon, présentant en tout une
longueur de 8 mètres environ. Une galerie ouverte en di-
rection, c'est-à-dire vers l'Est légèrement Sud» a suivi, sur
16 mètres de longueur, cette même formation (4ui conser-
vait au début sa puissance, mais qui s'effilait ensuite peu à
peu. Il n'y avait donc là qu'une petite lentille dont la faille
a déplacé la moitié Sud; celle-ci n'a d'ailleurs pas été
retrouvée. En dehors de cette galène, il n'a pas été fait,
à notre connaissance, d'autres travaux d'exploration que
ceux décrits autrefois par M. Heurteau [') et actuellement
inaccessibles, ils n'avaient mis à jour que des indices de
peu d'importance. Il aurait été extrait de la galerie de
recherclies ci-dessus mentionnée un certain nombre de
tonnes de minerai à teneur moyenne de 8 p. 100 de cuivre
sous forme de produits oxydés.
Mentionnons enfin les aMeurements de la mine Salas,
située à 6 kilomètres à l'Ei^st de Pam également dans les
micaschistes ; on n'y relève que quelques enduits bleus
et verts sur les micascliistes altérés de la surface, ces
indices nous ont paru de peu d'importance.
Telles sont les observations que nous avons pu faira
dans le groupe des gisements de cuivre des envii-ons de
Ouégoa, c'est-à-dire des gisements qui se trouvent dans les
micaschistes et en relation plus ou moins étroite avec les
roches à glaucophane; elles se résument en quelques
mot-î : bien que les indices de la présence du métal soient
nombreux, ce n'est qu'en deux points seulement qu'il a
(*) Loc. eil.. p. 286-387.
bï Google
QiSEHBNTS MÉTALLIQUES DIVERS 347
^té mis en évidence dea amaa de pyrite cuivreuse de
réelle importance ; dans le premier d'entre eux on parait
.avoir épuisé une colonne riche sans chercher d'une façon
suffisante s'il n'en existe point d'autres ; dans le second
■quelques travaux qui avaient donné des résultats plutôt
encourageants n'ont pas été poursuivis,
C. -" OiSaMBHTa DU (IRODPB DB LA PiLOD.
Les schistes ardoisiers de la rive gauche du Diahot,
<qui empiètent même par places sur la rive droite, ne
paraissent pas moins riches en imprégnations cuirreuses
-que les micaschistes ; celles-ci paraissent môme se ré-
partir sur des étendues beaucoup plus considérables ici
que là.
Nous avons décrit déjà la puissante formation ii laquelle
appartiennent tous les mamelons qui se développent au
Sud du Diahot et nous avons déjà dit que son âge nous
paraît impossible à fixer avec certitude dans l'état actuel
■de nos connaissances sur la géologie de la Nouvelle -Calé-
-donie. Ces schistes sont sillonnés de Hlons ot flionnets de
■quartz, et l'on y rencontre divers filons métallifères, cuivre,
plomb argentifère, zinc, et môme or; ces métaux sont le
pins souvent associés entre eux dans les différents gise-
ments, avec prédominance ici du cuivre, là du plomb et du
zinc, plus loin de l'or ; ils paraissent tous ftre on relation
assez étroite avec des venues de roches vertes dîabasiques,
■quel'on rencontre en dykes dans les schistes au voisinage
plus ou moins immédiat des gisements.
Noua ne décrirons pour le moment que ceux d'entre les
gisements où le cuivre domine, ce sont de beaucoup les
plus nombreux d'ailleurs, puisque nous n'aurons à rap-
porter ensuite à cette formation qu'un seul gisement d'or
■et un seul de plomb et zinc argentifères.
bï Google
1
348 RICHESSES MINÉHALE8 DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Le plus important d'entre eux, d\\ moins à ce que Voa
peut en juger dans l'état actuel des travaux, est celui
de la mine Pilou, découvert en 1884, et exploité depuis 1886
Jusqu'à la fin do 1901 avec des alternatives d'activité et
de chfimage.
Les travaux, qui n'ont été abandonnés en dernier lieu
qu'à la fin de l'année 1901, présentent un développement
important ; l'épuigenient en ayant été continué depuis
lors, et les galeries principales étant restées en état d'en-
tretien suffisant, nous avons pu les visiter; nous en avons
d'ailleurs trouvé sur place un plan à jour que reproduit
la /ig. 11 de la PI. IV.
Le filou, car il s'agit ici d'un véritable filon de quartz
métallifère, recoupe presque verticalement les bancs de
schistes noirs, inclinés à 45° vers le Sud, qui l'en-
caissent ; il affleure, au voisinage immédiat d'un pais-
sant dyke de diabasc, sur les deux versants Ouest et Est
d'un mamelon schisteux arrondi en forme de d6me ; il
s'y signalait par de beaux échantillons de malachite et
d'azurite, lantAt en masses, tantôt en cristaux, dont
nous avons pu ramasser encore quelques fragments. La
partie du filon comprise dans ce mamelon, qui s'élève
d'une centaine de mètres au-dessus du sol légèrement
accidenté qui l'environne, a été promptement dépilée è
partir du mois de juin 1886 ; ces travaux oni été ceui
des niveaux désignés sous les numéros 1, 2 et 3, ils
se sont développés par places sur 80 mètres de hauteur.
Ils ont produit des minerais d'une belle richesse et d'au-
tant plus faciles à fondre qu'ils étaient entièrement oxydés.
On a ensuite commencé l'exploitation parpuits etgale-
ries : elle s'est d'abord poursuivie jusqu'au quatrième ni-
veau (profondeur 25 mètres au-dessous de l'orifice du puits)
dans des minerais encore oxydés, puis on est entré dans la
7X)ne des minerais sulfurés ; les travaux s'y sont développés
jusqu'au mois d'avril 1891, mais ils ont été arrêtés une
bï Google
OISEUENTS METALLIQUES DIVERS 349
première fois à cette date ; repris, sans grande activité,
en 1897, ils ont été abandonnés à nouveaa en sep-
tembre 1901 , après que des traçages importants y eurent
été faits avec un certain succès, et sans que les dépl-
lagesyaient été très étendus, à en croire les indications
du plan que nous avons retrouvé.
Le puits a été foncé jusqu'à 150 mètres de profondeur
et des traçages ont été poursuivis de 30 en 30 mètres en
moyenne, jusqu'à la profondeur de 145 mètres (8° niveau);
ils ont tous suivi, sur des longueurs dépassant générale-
ment 300 mètres, un filon d'une régularité d'allure satis-
faisante et d'une minéralisation qui, si elle est variable
d'un point à un autre et présente des colonnes alternati-
vement plus pauvres et plus riches comme dans presque
tous les filons miétaUifères, nous a paru assez belle, au
cours de l'examen nécessairement rapide que nous e»
avons fait. Pour ne parler que des niveaux ob les dépi-
lages ne sont pas achevés ou presque achevés, nous y
avons reconnu l'existence d'un filon quartzeux, i-égulier
dans l'ensemble, dont la puissance varie généralement
de I mètre à 1",50, tantôt en une seule veine, tantàt
en plusieurs veinules englobant des passées schisteuses ;
dans ce quartz sont irrégulièrement réparties des masses
de sulfures métalliques: chalcosine, chalcopyrite, blende,
galène et pyrite, généralement mélangés d'une façon assez,
intime, et dont la quantité varie depuis de simples
mouches jusqu'à des masses occupant l'épaisseur presque
entière du filon.
Il nous a naturellement été impossible, au cours d'une
simple visite, d'évaluer la puissance réduite moyenne
du filon et la teneur moyenne en cuivre, plomb et zinc,
des minerais qu'il pourrait rendre. Nous ne pouvons que
donner à ce sujet les quelques indications suivantes ; il a
été récemment prélevé par les propriétaires de la mine,
aux neuf points figurés en 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, sur
bï Google
350 RICHESSES MINERALES DE LA NOCVELLE-CALÉDONIE
la fif. il de la PI. IV, neuf échantillons qui représen-
teraient chacHii la teneur moj'eniie d'un lot de 5 tonnes
de minerai tout Tenant, et qui auraient, aux dires de
ceux-ci, (I0D116 à ranà^yae les résultats suivants :
Cu<m
Plonb
F«r
BM
Al««it
p. too
P- 100
p. too
^ t»
2.7
0.7S
16,66
5,40
H giammes à la Umm.
«,72
0,50
Ï2,3Ï
6,35
n
—
4.40
2,»
15
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Ï3
■—
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9,»
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K
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—
3,M
1,28
13,7S
7,»
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—
3,62
0,75
8,-0
7,50
33
_
8,3«
1,88
12,50
10,10
SO
—
3,73
i,r.o
7,85
4,10
20
—
8,»*
3
12,86
«,4S
64
—
Si les points oii ont été pris les échantillons n'ont pas
été systématiquement choisis dans les meilleures parties
du filon, et si les prises d'essai et les analyses ont été-
faites sincèrement, leurs indications doivent être consi-
dérées comme satisfaisantes. La présence du zinc ea
quantité importante dès qu'on est entré dans la Jone
sulfurée, mais qui ne parait pas avoir de tendance à
s'accentuer avec l'approfondissement, est évidemment de
nature à gêner quelque peu le traitement du minerai.
Néanmoins o'cst là une difficulté métailui^ique que Fo»
résout bien aujourd'hui avec un traitement soigneux, et.
si les renseignomeuts qui nous ont été fournis sont exacts.
les dernières mattes obtenues à la fonderie de Pam à
partir de concentrés dont la teneur en cuivre variait de
6 à 14 p. 100 contenaiOnt en moyenne :
Cuiïre 80 à 2S p. 100
Plomb e à 10 p. 100
Argent 400 grammes à la tonne.
Le Kine passait en majeure partie dans la scorie ou hien
bï Google
QISBltBNTS HKTALLIQUKS DIVERS 35r
éiait volatilisé. Ces niattesétaîeiitaclietéeai>ar les fonderie»
ausiralieiines, rendues à l'usine, en comptant tout le cuivre
an cours et le plomb à raison de l'%45 l'unité (cours du
milieu de 1901), et en faisant une déduction de 25 francs
par tonne pour frais de traitemeht des mattes.
Conune nous l'avons dit, le filon a été suivi en profon-
deur jusqu'k 150 mètres au-dessous de l'orifice du puits,
soit jusqu'à près de 350 mètres au-dessous des affleure-
ments les plus élevés, et riea ne paraît indiquer qu'il ne
se prolonge pas encore plus profoniiément ; en direction,
les dépilages se sont développés aux niveaux supérieurs
sur une étendue de 350 mètres environ, non sans laisser
des colonnes pauvres ou stériles dont la largeur totale
représente de 70 à 80 mètres, ils ont été vraisemblable-
ment arrêtés à des zones relativement pauvres ; aux
niveaux inférieurs au sixième, il n"y a eu que fort peu
de dépilages, et cependant les traçages des septième et
huitième niveaux ont été faits respectivement sur 270 el
130 mètres ; ils ne paraissent pas avoir rencontré moins
de zoues riches que les niveaux supérieurs, le huitième
niveau se trouvait arréti!' on plein minerai à ses deux
extrémités, le septième, arrêté au stérile vers l'Ouest,
était encore au minerai à l'Est. Quant à la qualité du
minerai, rien ne parait de nature à faire redouter qu'elle
ne devienne moins satisfaisante en profondeur. Bien qu'il
ait déjà été extrait, aasiire-t-on, environ 20.000 tonnes
de minerai assez riche pour être expédié en Australie ou
traité à Pam, c'est-à-dire d'une teneur dépassant vrai-
semblablement 10 p. 100, et qu'il faille tenir compte en
outre de nombreux milliers de tonnes de minerai plus
pauvre laissé sur le carreau de la mine, il reste encore
des ressources reconnues, et il est permis d'espérer que
l'exploration, qui n'a en somme porté que sur 300 mètres
en direction et 350 mètres à peine en profondeur, n'a pas.
encore révélé tout ce que contient ce gisement.
bï Google
352 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELI.E-CALÈDOHIE
Son exploitation, telle qu'elle a été comprise jusqu'ici,
n'est d'ailleurs pas sans prêter à la critique; si les tra-
çages et dépilages dans la mine peuvent être regardés
comme ayant été faits d'une façon rationnelle, il n'en a
pas toujours été de même du traitement du minerai. On a
au début expédié les minerais crus à Swansea ; ensuite on
les a dirigés sur l'Australie, ce qui leur faisait encore
supporter un fret voisin de 15 francs par tonne et des frais
de traitement aux: usines de Dapto (Nouvelle-Galles dn
Sud) de 35 francs, soit une charge totale de 50 francs.
Lorsque, peu de temps après la mise en exploitation de
la mine Pilou, la société des mines du Nord, qui la pos-
sédait, voulut entreprendre l'exploitation de la raine de
plomb argentifère Mérétrice, il devint presque indispen-
sable de monter sur place une fonderie pour le plomb, dont
les minerais bruts avaient beaucoup moins de valeur. En
même temps que cette fonderie fut créée, il parut ration-
nel d'y adjoindre des fonrs de première fusion du cuivre
(water-jackets) afin <Ie transformer des minerais dont la
teneur variait de 10 à 15 p. 100 eu mattes à 30 p. 100
au moins. 11 était d'ailleurs devenu nécessaire de laver te
minerai, qui, des produits oxydés riches de la surface,
avait passé, au-dessous du quatrième niveau, à des sul-
fures encore beaux, mais où l'on rencoutrait non seule-
ment un mélange de pyrite, blonde et galène, mab en
outre beaucoup de quartz intimement associé aux sul-
fures. Une petite laverie avait été montée à cet effet, elle
livrait des minerais enrichis k plus de 10 p. 100 de cuivre,
mais elle produisait en même temps, à côté dn stérile,
dos produits mixtes (teneur 3 à 6 p. 100 de cuivre) qu'on
n'était pas outillé pour traiter, et que l'on entassait autour
do la mine.
Pour des raisons que nous ne sommes pas à même
d'apprécier, surtout après un intenalle de temps de
douze ans, celte organisation ne put pas prospérer, et la
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQOBS DIVERS 353
Compagnie des minea du Nord dut être liquidée au début
de 1891.
Ce tt'est que six ans après qu'une société anglaise,
)' « International Copper Corporation Limited », à laquelle
s'est substituée en 1899 la société " Mines de cuivre Pilou
Limited », a repris l'exploitation de la mine Pilou. Conduite
d'abord dans des conditions modestes, cette entreprise a
fait ensuite dos dépenses considérables et parfois inu-
tiles : tandis que les travaux souterrains étaient peu à
peu restreints, les dépenses d'installations superficielles
étaient faites sans compter; en dehors de l'utile instal-
lation d'une machine d'extraction et d'une puissante
pompe, de nouveaux appareils, dont une partie n'ont d'ail-
leurs jamais servi et qui étaient peu appropriés aux cir-
constances locales, étaient montés pour transformer la
laverie, de luxueux ateliers de réparations étaient installés
à côté de la mine, et l'ancienne fonderie de Pam était
reconstruite sur un nouveau plan (substitution de fours à
réverbère aux watfir-jackots pour la première fusion) qui
ne parait pas avoir été sanctionné par l'expérience; entre
temps d'importantes dépenses avaient été faites, en
partie tout au moins mal à propos, pour la création de
deux voies ferrées différentes, ayant respectivement 3 kilo-
mètres 1/2 et 5 kilomètres 1/2, réunissant la mine Pilou
à là baie de Pam, et d'une troisième voie ferrée la met-
tant en relation avec la mine Ao, que nous mentionnerons
ci-après. Dans ces conditions, des sommes considérables
ne tardèrent pas à être dépensées, absorbant le capital de
la Société ; d'autre part, les conditions onéreuses du trai-p
temeat des minerais à l'usine'de Pam faisaient ressortir
8 plusieurs centaines de francs, nous a-t-it été affirmé,
les frais de première fusion d'une mâtte qui se vendait
de 300 à 350 francs, alors que les frais de transport du
minerai jusqu'en Australie et de première fusion là-bas
n'auraient guère représenté qne 50 francs par tonne de
bï Google
364 RICHESSES HIKBBALES de Li. NOUVEUJ-CALÉDONIB
minerai (soit 150 à 200 firancs par tonne de mattes). Ainn
conduite l'exploitation d'une mine, même très riche, ne
pouvait guère aboutir qu'à un désastre financier ; c'est ce
qui n'a pas ni:mqué de se produire dans lea premiers jours de
l'année 1902. La société « les Mines de cuivre Pilou Limi-
ted M, qui n'était d'ailleurs qu'une filiale de la « Londonand
Globe Finance Corporation » de Londres, est tombée
comme elle en déconfiture. La liquidation de ses biens
n'était pas encore terminée au moment de notre séjour
dans la colonie, et la mine Pilou était en chômage com-
plet. Cette liquidation a, parait-il, eu lieu à la fin de
l'année 1902, et le nouveau propriétaire de la mine s'occu-
perait, nous a-t-il affirmé, de l'organisation d'une noavelle
société qui en reprendrait rexploîtation.
La mine de cuivre Ao, découvert* trois ans aprèa la
mioe Pilou, à 2.500 mètres à l'Ouest de relle-ci, dans la
môme formation de schistes noirs à fttonnets quartseax,
qui d'ailleurs se montrent anx affleurements coroptëte-
ment décolorés et semés de débris de quartz, se trouve
au bord du ravin du ruisseau Ao, tributaire de la baie
de Néhoué. Nous n'avons pas relevé la présence de roche»
vertes au voisinage immédiat de la mine Ao, comme ponr
la Pilou, cependant nous en avons noté un massif paiS'
sant dans l'une des tranchées du chemin de fer qui relie
les deux mines.
Le gisement se manifeste aux affleurements par une
série d'imprégnations de malachite fibreuse et d'azurite
en jolis cristaux au sein de Alons de quartz carié qui
courent très nombreux dans les schistes de couleur
rosàb-e : ces affleurements se retrouvent de part et d'autre
du ruisseau, ils apparaissent an particulier dans son lit et
sor ses berges,quiprésent6ntdesà-pic de quelques m&tres;
le croquis reproduit par la fig. 12 de la PL IV, résul-
tant de nos observations et complété d'après des plans
bï Google
MÊTALUQDKS DIVEB* 35f>
conservés sur place, fait voir que ces afâeurements
sont assez multipUés : une première galerie ouverte sur
la rive gauche du misseaii aurait rencontré des traces
cnivreuses bdf ane longueur de 21 mèU'es avec plusieurs
zones minéralisées , une deuxième ouverte sor la rive droite
a recoupé trois filonnets sur une longueur de 10 mètres
environ. En {Hvfondeiir on a suivi deux veines, l'une de
l'*,20 de pnissance et l'autre, à une vingtaine de mètres
au mur, de O'',40 à 0*,60 d'épaisseur. Ce» deux veines
étaient dirigées Nord 75° Est et plongeaient vers le Sud
avec on pendage assez voisin de U verticale, elles recou-
paient des bancs de schistes noirs lustrés. Leur remplis-
sage était du quartz blanc avec mouches ou amas de
cbalcosine, chalcopTrite, pyrite et galène; la blemie y
était peu abondante. On retrouve d'ailleurs eiicore d'assez
bons échantillons de ce minerai sur les tas subsistant à la
surface : la pyrite cuivreuse provenant d'un de ces échan-
tillons et séparée avec soin de sa gangue nous a donné à
l'analyse une teneur en cuivre de 28 p. ICtO. L'exploration
(le lamine, découverte en octobre 1887, a été commencée
d«s le mois de décembre de la même année et poursuivie
d'abord arec peu de développement par la Société des mines
dn Nor-d. Lors de la reprise de la mine IHlou en t S97, les
^prïétaires de cette mine, qui avaient acquis en même
temps la mine Ao, y reprirent des travaox : un puits fut
foncé jusqu'à 80 mètres de profondeur et deux galeries
furent poussées à 40 mèbras au-dessous du 84mI ; la mine
fut ensuite pourvue d'une machine d'extraction et de
différentes ûtatallations ; elle fut es même temps reliée à la
mine Pilon par une vue ferrée de 4 kilomètres de longueur
qui, par une conception peu explicable (à moins qu'd ne
s'agisse simplement, comme il nous a été dit, d'une étrange
erreur de tracé), comprenait successivement, à partir de la
mise Ao,unesection légèrement montante, puis un double
rebroussement rachetant une différence de niveau de
bï Google
356 RICHESSES UINÉRAI.BS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
10 mètres, un tunnel de 200 mètres environ, puis un plan
incliné d'une hauteur verticale de 4)3 mètres exigeant ua
transbordement du minerai, et enfin une nouvelle voie
ferrée gagnant en pente douce la mine Pilou ; le tran^
bordement a d'ailleurs été ultérieurement supprimé par le
tracé d'une longue rampe sinueuse remplaçant le plan
incliné ; il ne semble pas que cette voie ferrée, construite à
grands frais avant que les travaux de reconnaissance de
la mine l'aient justifiée, ait jamais servi à transporter un
tonnage tantsoit peu notable de minerai.
Au moment de notre visite, la mine Ao était complète-
ment abandonnée et le puits plein d'eau ; nous n'avons pu
" qu'examiner les affleurements visibles au voisinage du lit
du ruisseau et les quelques échantillons de minerai subsis-
tant sur des tas de déblais k la surface ; nous avons en
outre retrouvé deux plans qui ne paraissent d'ailleurs pas
avoir été au courant des derniers travaux ; d'après leura
indications, ceux-ci auraient eu peu d'extension, et nous
n'avons pu nous faire aucune idée de la valeur au point do
vue industriel de cette mine, qui passe pour avoir montré
de belles apparences.
Les minerais qui en ont été extraits auraient été assez
riches et plus purs, surtout au point de vue du zinc, qoe
ceux de la Pilou : d'après les indications du registre
d'analyses de l'usine de Pam, ils auraient tenu de 10 à
20 p. 100 de cuivre, 1/2 à 1 p. 100 de plomb, et 60 à
100 grammes d'argent à la tonne.
Plus vers l'Est, et s'alignant grossièrement entre eux
' dans une direction Nord-Sud, existent une série d'auU*es
affleurements cuivreux qui paraissent moins importants,
du moins si l'on en juge par les modestes indications
fournies par des travaux de recherches peu développés,
souvent inaccessibles, et au sujet desquels personne ne
parait avoir gardé de documents précis.
bï Google
0I8BMENTS METALLIQUES DIVERS 357
De cette série d'affleurements noua avons examiné im
assez grand nombre, que nous mentionnons brièvement
A PoTirfo/aï, où, comme nous l'avons déjà dit, affleurent
des schistes décolorés qui indiquent l'existence en pro-
fondeur des schistes noirs, on a signalé dès 1873 la pré-
sence du cuivre : une galerie de quelques mètres de lon-
gueur avait, comme l'indique M, Heurteau{*), suivi un
filon de 30 centimètres de puissance orienté au Non! 70'
Est et plongeant de 40° vers le Sud ; le remplissage du
filon se composait de enivre carbonate bleu et de cuivre
sulfuré avec de petites veinules de cuivre oxydulé dans
une gangue quartzeuse ; une veine de quartz courant au
toit du filon contenait même de belles cristallisations de
cuivre natif. Bien que M. Heurteau eût déclaré que ces
affleurements étaient très importants, et que l'on pouvait
bien augurer du succès des travaux de recherches entre-
pris dans cette région, il ne semble pas qu'il y ait rien
été fait pendant de longues années. Tout récemment, en
1900, on y a ouvert de part et d'autre de l'ancien puits
deux petites tranchées d'une dizaine de mètres de longueur
chacune; elles n'ont mis à découvert que des traces cui-
vreuses et nous n'avons pu y recueillir que quelques frag-
ments de schistes avec imprégnations de minerais oxydés
de cuivre.
A la mine Trimas, située sur la rive gauche du Diahot
dans la région qu'entoure la boucle dessinée par cette
rivière en face de Ouégoa, on constate l'existence d'un
filon quartzeux cuprifère au milieu de schistes argileux.
On y a creusé à flanc de coteau un travers-bancs qui va
recouper le filon, celui-ci a été ensuite suivi en direction,
c'est-à-dire de l'Est à TOuest, sur une dizaine de mètres,
puis un puits incliné a été foncé suivant son pendage : ce
(•) Loc. cit., p. 291.
bï Google
358 RICHESSES HIHBKALBS DE LA NODVBLLB-CALÉDONIB
dernier est noyé et par suite isACceesible ; il paraîtrait
qu'il aurait reconan «pie le âloa s'eafonce avec une certaine
puissance ot une tiunne minéralisation, constituée par de la
pyrite cuivreuse. Dans la galerie en direction, très voïsnie
de la surface, que nous avoDS seule pu examiner, le âlon
est brouillé et on trouve seulement des fragments de
minerais oxydés dans une terre argileuse ; ce sont prin-
cipalement des agrégats arrondis en {ùttos de boules de
cristaux bleus d'azurite. On aurait tiré de ces travaux
quelques tonnes de minerai marchand.
A 3 kilomètres plus à l'Ouest, les deux mines conliguës
Folle et Montagnat se partagent un autre fllon de même
caractère et de même direction Est-Ouest. Dans la mine
Montagnat, qui est le pins à l'Est, U a été creusé on
puits, mais nous n'avons pu obtenir aucun renseignemeat
sûr les indications qu'il a fournies, et nous n'avons relrouré
autour de son (uifice aucun déblai de quelque intérêt ; k
une centaine de mètres plus à l'Est, une galerie à travera-
buics ouverte au liane il'uik mamelon a retrouvé le filon,
mais fort mince, sous fonn*<d'in^égnation8 et de boules
d'azurite dans une argile grise talqueuse ; ce filon a été
suivi sur 9 mètres de longueur avec use puissance de
10 à 20 centimètres seulement.
. Dans le périmètre cootigu du c6té de l'Ouest, qui cons-
titue la mine Folle, il a été creusé un puits, aujourd'hui
noyé, qui avait, paralt-il, suivi sur 18 mètres de veri.i-
cale le filon dirigé Est-Ouest et s'enfonçant presque verti-
calè^nent. Différents niveaux y auraient été tracés, et
poursuivis sur' quelques mètres seulement en direction,
dans un filon quartzeiix d'une puissance variant de 30 à
80 centimètres; ce filon aurait fourni, après simple triage,
un minerai de chalcopyrite tenant de 25 à 30 p. 100 de
cuivre. Il nous a été affirmé que ces quelques travaux
auraient produit une centaine de tonnes de minerai qui.
auraient été vendues pour la somme de 49.000 francs.
bï Google
G1B£MBMT8 HÂTALIJItDU DlTERa 359
La mine Charlotte appartient encore à ce même ali-
tement, qu'elle jalonae à une dizaine de kilomètres plus
au Sud. \a roche encaissante est toujours constituée par
les schistes satinés nnirs, mais le gisement se présente
sous forme d'imprégnations cuivreuses dans les schistes
mêmes, associées à des filonnets quartzeux insignifiants,
et non bous [a forme d'un Bien de quarts bien défini
comme précédemment. C'est d'ailleurs peut-être ce qui
explique le peu de continuité en direction que paraît pré-
senter ce gisement. Sur le lK>rd d'un mamelon arrondi se
montraient des affleurements cuivreux : ils ont été suivis
sur 20 mètres de longueur par une galerie dirigée à peu
près exactement vers le Nord, un puits a en outre été
foncé à l'entrée de cette galerie, et ces travaux ont
permis d'extraire des schistes noirs imprégnés de mala-
chite, d'azurite en cristaux groupés en houppes, de
cuprite et, plus en profondeur, de pyrite plus ou moins
riche en cuivre. Sur lo flanc Est du même mamelon et à
nue centaine de mètres plus au Nord, une petite galerie a
retrouvé des traces cuivreuse» peu abondantes : [Jus loin
vers le Nord, une autre galerie de iJO mètres de longueur
pénètre dans le mamelon qui est voisin du précédent vers
l'Est et que la formation cuprifère devrait recouper ei
elle se prolongeait en direction ; cette galerie n'a rien
trouvé qui offrit quelque intérêt, il parait en avoir été de
même d'un puits foncé à partir du sommet de ce dernier
mamelon.
Des traces de cmrre reparaissent encore notablement
plus loin vers l'Ouest dans la presqu'île d'Arama, oii se
l»ti)onge ta même formation schisteuse ; plusieurs conces-
sions y ont été instituées sur des affleurements qui
auraient, paralt-il, une certaine importance ; nous n'avons
pas pu les visiter.
bï Google
vl60 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOOTEU.E-CALÉDON'IE
D. — Gisements de la côte Odest.
La présence du cuivre a été notée en un assez grand
nombre de points de la cAte Ouest, généralement dau;
les sctiistes noirs du trias, qui, comme nous l'aTons dit
déjà, sont parfois difficiles à distinguer des schislea argi-
leux noirs de la vallée du Diahot, et dont ils ne différent
peut-être pas comme âge.
Le seul d'entre ces gisements qui ait été exploité eat
celui de Koumac (mine Boinoitmala) ; il l'a été entre
1882 et 18S4, mais sans succès, et n'a jamais été repris
depuis ; quelques tonnes de minerai en auraient été expé-
fiiées à cette époque. Le gisement est encore dans les
schistes noirs, mais, loin d'être un filon quartzeux régu-
lier, il parait être constitué, autant que nous avons pu en
juger d'après les traces qui subsistent de l'exploitation,
par des amygdales d'une sorte de silex gris imprégné de
chalropyrite légèrement argentifère et même aurifère.
Les travaux avaient comporté l'exécution de deux puits,
dont l'un atteignait 52 mètres do profondeur, et de
quelques galeries qui, poussées en direction, étaient rapi-
dement sorties de la partie utilisable du gîte.
Des échantillons nous ont d'autre part été remis comiue
provenant de Bani au Nord de la Corne de Koumac : ce
sont des quartz bruns à éclat cireux, avec enduits d'azu-
rite et de malachite et cristaux de pyrite cuivreuse ; ils
tiennent de 5 àlO p. lOOde cuivre avec 5 ou 6 grammes
d'or à la tonne. D'autres, qui nous ont été dits provenir de
h'otiijfofi au bord de la rivière louanga près de Gomen, con-
tenaient également des taches vertes de malachite et des
grains de pyrite cuivreuse dans des quartz à enduits fer-
rugineux ; ce sont des échantillons de chapeaux de giles
cuivreux (dus ou moins riches, mais dont l'examen ne
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 361
peut naturellement permettre de tirer aucune conclusion
au point de vue pratique.
Nons n'en pouvons pas dire davantage des minerais de
cuivre qui ont été signalés au Nord de Pouembout, ainsi
i^ue dans la plaine de Saint-Vincent.
Ceux de l'ile Ducos, tant en imprégnations dans les
porphyres qu'en filons dans les grauwackes, mentionnés
par M. Garnier, et que Rivot{*) n'avait pas hésité à «em-
parer à ceuï du Lac Supérieur, n'ont, malgré un rapproche-
ment aussi enconrageant, été depuis lors l'objet d'aucune
tentative d'exploitation,
E. — Gisements de la côte Est.
Le cuivre existe également sur la côte Est : M. Garnier
indique, d'une façon peu certaine il est vrai, sa présence
dans la vallée de la rivière d'Amoi, sous forme de cuivre
pyriteux associé à de la barytine. D'autre part, deux con-
cessions pour cuivre et zinc ont été demandées, l'une h
l'embouchure de la rivière de Hieughène, et l'autre à
l'embouclnire de la rivière Tipindié.
Enfin, une tentative d'exploitation a eu lieu sur un
gisement situé dans la vallée supérieure de la Négropo, au
Sud de Ganala ; le gisement, qui paraît être d'allure
filonieune, est encaissé dans un massif de diorite associée
à des filoniiets d'épidote massive, apparaissant lui-même
an milieu de l'importante formation de schistes anciens qui
se développe au mdieu de l'ile, entre les serj)entines de
Ganala et de Nakety et les assises triasiques et crétacées
de la Table Unio et des environs de Moindou . Son afîleure-
mentse retrouve <le part et d'autre du bras de la Négropo
désigné sous le nom de Ouen-Ko, au pied de la Table
n In GAnNiER, loc. cit., p. 31 et 38.
bï Google
^2 BICHESSKB MlNéSAlfS UE LA NOUVKLLIi-CALKUONIB
Unici et & 7 ou 8 kilomètres Beuleiuent à vol d'oiseau de
-Tion sommet. Sur la rive gauche, une galerie en directioii
(Est-Ouest) a été ouverte sur l'affleurement presque au
uiveau itu lit de la rivière, et a été poussée de quelques
mèti-ea seulement : elle a suivi tin ftlon de quarte
imprégné de pyrite cuivreuse. Sur la rive droite, une
■autre guérie d'allongement d'une dizaine de mètres de
longueur a suivi un âlon quartzeux d'une puissance voisine
4e 1 mètre, englobant à la fois des débrisde la roche dio-
ritique des épontes et des mouches, souvent assez belles,
■de chalcopyrite partiellementoxydée; un puits, aujourd'hui
noyé, a été foncé dans le filon, qui s'enfonce presque ver-
ticalement ; nous avons retrouvé à l'orifice de la galerie
un tas de minerai de qualité moyenne. Ces travaux, pour-
suivis vers 1876, au moment de la découverte du gise-
ment qui avait eu lieu peu deterop» après l'onvertore des
«xploitaticns de nickel de Canala, furent promp(«nieDl
abandonnés. î\y a quatre ans, on avait songé à repreiidrp
l'exploration de la mine, qni passait pour renfermer, asso-
ciées au cuivre, des quantités assez notables d'argent et
-d'or; l'étude faite dans re but a montré que le» minerais
ne présentaient pas, tout au moin» d'une façon constante,
une teneur notable en métaux précieux, et, en présence
■de la situation défavorable du gisement, situé au fond de
]a vallée très encaissée d'un misseau de montagne, et
relié au rivage par près de 20 kilomètres d'im chemin
muletier escaq>é et étroit, il n'a été <tunné ancttne suite A
■ce projet.
Telles sont les indications que nous avouK pu recueillir
ourles différents gisements de cni\Te de la colonie, tous
inexploités aujourd'hui. Comme on le voit, ils apparaissent
nombreux dans différentes formations géologiques, et
tout particulière nie ut dans les schistes noirs anciens ;'ub
certain nombre d'entre eux ont été explorés, plusieurs
bï Google
OfUHBHTS MÉTALLIQUES DITKR8 363
:aiitres n'ont été que signalés, et, surtout en raison de la
CaçoD incoraptètedont est connue tot)te la partie centrale
■du Nord de l'Ue, il n'est pas tém^ire de penser qu'il en
existe d'autres encore iasoupçoonés. Lesquels parmi
eux seraient exj^lutahles ? C'est ce qu'il est malasé de
décider en présence des renseignements incomplet», et
souvent încertaiDs, que nous avons pu recueillir. Ce qui est
-certain, c'est que l'un d'entre eux a donné lieu, peodaat
nombre d'années, k une exploitation assez ftori^ante; an
autre a produit déjà des quantités importantes de ricbes
minO'ais, et son ex|duttation a dâètre suspendue en der-
nier lieu dans des conditions où l'ais-ait sans doute été
celte de toute mine, quelque riche qu'elle fàt; plusieurs
autres ont fourni, à la suite de recbercbes ou de tenta-
tives d'exploitation malheureusement trop restreintes, des
iadicatio»s encourageantes.
Dans ces conditions, nous sommes persuadé que le jour
ob des industriels actifs, plas préoccupés ée poursuivre
une exploitation sérieuse que de lancer ane » affaire »,
voudraient i-eprendre l'exploitation du cuivre dans la
■colonie, il sg tnmverait plus d'un gisement qui pourrait
être exploité avec fruit, et cela malgré l'inconvénient,
■que l'on s'est trop souvent exagéré, que présentent cer-
tains des gisements de renfermer, intimement associée
au cuivre, une forte proportion de zinc. Le lavage sur
place des minerais pauvres, trop souvent complètement
délaissés jusqu'ici, puiï^ la première fusion dans la colonie
parles méthodes et avec les appareils d'un usage universelle-
ment admis aujourd'hui, et sous la direction d'un homme vrai-
ment compétent, paniltraient constituer la solution la plus
rationnelle, etcelie qui permettrait la meilleure utilisation
des minerais. Une fois le cuivre suffisamment concentré
dans une matte de richesse moyenne, le transport jusqu'aux
usines de Nouvelle-Galles du Sud et les fraisde traitement
■à ces usines ne représenteraient plus qu'une charge faible
bï Google
361 RICHESSES MINÉRALES DE l.A MOUVBLLE-CALÉDOHIE
et parfaitement acceptable. Telle est la voie dans laquelle
il serait souhaitable de voir s'engager les détenteurs des
différents gisements cuprifères de la colonie, plutôt que
d'attendre, en les laissant inexploités, qu'ils puissent Tendre
à des prix fort élevés des gisements, peut-être de réelle
valeur, mais généralement trop peu connus pour que celle-
ci soit certaine. Il ne faut pas oublier en effet qu'une
société qui se créerait [jour exploiter ces gisement<t ne
saurait asiumcr, surtout au début, du fait de l'achat des
gisements, une charge qui serait hors de proportion avec
les bénéfices que pourrait produire l'exploitation de mines
oti presque tous les travaux de reconnaissance et de pré-
paration devraient être tout d'abord exécutés.
Sous reserve de cette observation, nous pensons que
l'exploitation du cuivre, dont l'essor a été trop longtemps
retardé en raison de l'attitude que la plupart des pro-
priétaires des mines ont gardée jusqu'ici, i la faveur, il
faut bien le dire, des imperfections du régime administratif,
pourrait peut-être bien apporter à la prospérité de la
colonie un appoint imijortant.
bï Google
CHAPITRE II.
L'OR.
A. — Historique.
Située au voisinage des colonies anglaises d'Australie
et de Nouvelle-Zélande, oii l'or s'est rencontré en de si
nombreuses régions, et a donné lieu, au moment même
où nous nous établissions auprès d'elles, k des découvertes
fabuleuses et à des fortunes édifiées en peu de jours par
les chercheurs d'or que le hasard favorisait, la Nonvelle-
Calédoaie devait naturellement attirer de même ceux-ci.
C'est ce qui n'a pas manqué de se produire, puisque,
dès 1863 époque de l'arrivée de M. Garnierdans la colo-
nie, les sables d'un assez grand nombre de rivières avaient
été lavés pour y recliercher le précieux métal, et puisque
quelques gites où il se rencontrait avaient été signalés,
dont le plus important était celui de Potiébo.
Quelques années plus tard, en 1869, l'espoir de voir
découvrir dans notre colonie des gisements aurifères
comparables à ceux de ses riches voisines n'était pas
abandonné ; à cette date, un chercheur australien ayant
demandé au gouvernement quelle aérait, suivant la cou-
tume australienne, la récompense réservée au premier
inventeur d'un gisement d'or exploitable, un arrêté fut
pris pour promettre à celui-ci une concession gratuite
de ^ hectares et une somme de 50.000 francs. Un an
et demi plus tard, quati'e prospecteurs australiens décou-
vraient, au bord du Diahot, près de Ouégoa, la mine
Fern-hUl. Un arrêté du 14 décembre 1870 leur accorda
sur ce gisement la concession gratuite de 25 hectares
bï Google
366 RICHBSSHS MINÉRALES DE LA SOUVELLB-CALKDONIE
qui avait été promisâ, et l'exploitation en fut entreprise-
sans Urder ; elle ne fut réalteinent prospère que
pendant troia ajia; interrompue en 187i, puis reprise
en 1876, 1877 et 1878, eile fut arrêtée de nouveau an
début de 1879; la mÎM o'a plus été l'objet depuis que
de tentatives infructueuses 4« reprise eu 1882 et 1888.
De nombreuses recherches fur«oA, à divcraes époques^
faites tout autour de la mine Fem-hati celles qui ont
eu lieu tout d'abord au voisinage iramédia* tt'oat été cou-
ronnées d'aucun succès ; plus tard, au contraire, dtf érenls
gisements d'or en roche ont été signalés dans les -met-
schistes de la chaîne de Tiari ; il a été fait quelque»
recherches sur ces gisements, mais elles n'ont nalle part
été suivies de tentatives d'exploitation.
En même temps, les sables des rivières qui descendent
de cette chaîne, tant sur son versant Sud vers le Diabot
que sur son versant Nord vers la mer, étaient l'objet de
nombreux essais par lavage à la battée ou même an
sluice; l'or y était assez fréquemment rencontré, mais
toujours en quantité très faible. Cependant, à Galarîno,.
près d'Oubatche, une tentative de lavage au siuice faite
vers 1877 permettait de recueillir une certaine quantité
d'or assez gros ot faisait même découvrir une pépite
d'une quarantaine de grammes ; mais pas pins ce premier
essai qu'une tentative faite de nouveau sur ce raëme-
gisement il y a deux ans n'aboutissaient à des résultats-
rémunérateurs.
Fréquentes semblent encore avoir été les recherches
faîtes, snrtout par des libérés k l'esprit aventnrtDX,,
dans l«fl différents contreforts de ce massif primitif ; mais,
si l'une ou l'antre de ces recherches a permis de recneilfir-
quelqnes grammes d'or, cela n'a jamais été, semHe-t-il,
qu'au prix d'nn travail hors de proportion avec-le résultat
obtenu. On continue cependant à répéter dan» la colonie'
qu'au cœur môme de ce massif, dans la hante vallée dvi
bï Google
OI8BUBST8 MBTAI.LIQDB8 DIVBR9 36T
Diahot, la tribu encore fort sauvage des Ouébias occupe-
une région, pratiquement presque inconnue, ob le précieux
métal serait plus abondant.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le Nord de la
colonie que l'or a été recherché et découvert; sans citer
tous les points oti l'on a déclaré avoir rent^ontré de l'or,
et où il n'y en avait parfois pas trace, comme nous avons-
eu l'occasion de le constater personnellement, nous men-
tionnerons qu'il eu aurait.été trouvé, il y a une vingtaine
d'années, en petite quantité dans les sables de ta rivière
de Nakety, et vers 1866 dans ceui du cirque des Grosses-
Gouttes, oti l'on en a tenté l'exploitation vers 1875. En
outre, sans revenir sur ce que nous avons dit de ta pré-
sence de traces d'or dans quelques-uns des gisements de
cuivre que nous avons énuméréa ci-dessus, nous devons
mentionner ici qu'on a signalé comme légèrement auri-
fères les schistes noirs des environs de Pouembont et les
tnélapbyres du col de Tongoué (4 k 5 grammes d'or il la
tonne). Enfin un gisement d'or en roche a été découvert
en 1897 auprès de La Foa dans des conditions qui avaient
au début fait espérer qu'il aérait exploitable ; des travaux
de recherches d'une certaine importance y ont été entre-
pris alors, mais ils ont été abandonnés sans avoir abouti
h aucun résultat décisif.
Mentionnons en termintmt qu'il a été plusieurs fois
questioa de tenter, à l'imitatÎMi' de ce qui a été fait avec-
«iccès en Nouvelle-Zélande et en Australie, le dragage-
des rivières dont les sables sont légèrement aurifères, et
du Diàhot en particulier ; aucune étude sérieuse n'a-
d'ailleurs été entreprise dans ce but.
11 n'existe donc aujourd'hui aucune exploitation d'<»~
dansla colonie, et il. n'y en a eu -en activité, de vraiment
digne de ce nom, qu'entre 1871 et 1873 d'une part, et
Qotre 1876- et 1878 d'autre part ; la quantité d'or pro-
duite dans ces six années aurait été, d'après, les statLs-
bï Google
368 RICHESSES MINERALES DE LA NODTELLE-CALEDONIE
tiques officielles, dont les chiffres sont plutôt inférieurs
^ue supérieurs à la réalité, de 213 kilogrammes 1 /2,
représentant une valeur totale de 650.000 francs environ.
B. —Gisement de la Fbhhj-hill.
Le gisement fie la mine Fern-hill a été décrit en détail
par M. Heurteau ('), qui en a visité les premiers travaux;
nous résumerons ci-dessous les indications qu'il adonnées
à ce sujet, et nous les compléterons d'après les observa-
tions que nous avons pu faire sur place, bien que les tra-
vaux souterrains en fassent inaccessibles, et avec l'aide
des renseignements que nous avons pu recueillir sur les
dernières recherches faites eu 1888.
Le gisement apparaît au voisinage du contact des
schistes noirs qui constituent, nous l'avons déjà dit, tous
les mamelons de la rive gauche du Dîahot et des mica-
schistes qui, limités presque partout à la rive droite du
fleuve, forment cependant sur sa rive gauche une partie
du contrefort de Manghine, contrefort qui fait faire au Dia-
hotla boucle au sommet de laquelle se trouve Onégoa 1 les
schistes noirs sont, comme toujours, phis ou moins ardoi-
siers et sillounéR de filonnets de quartz blanc laiteux, ils
.sont d'une couleur rouge pflleaux affleurements ; les mica-
schistes sont ici particulièrement riches en quartz, ils
contiennent en outre du mica blanc et des produits ferru-
gineux, sans doute chloriteui eu profondeur, mais qui, au
voisinage de la surface, sont transformés en oxjde de
fer communiquant aux micaschistes une teinte rouge très
accusée; ils ne paraissent pas contenir de minéraux
accessoires spéciaux ; le glaucophane, associé aux gise-
ments de cuivre de Ouégoa, et aussi aux gisements auri-
fères de la crête de Tiari, ne s'y rencontre point.
(') Loe.cil.. p. M8 à 316. xl.
bï Google
QISEM£NTS METALLIQUES DIVERS 360
A peu de distance de leur contact avec les inicascbisteg,
les schistes noirs sont, suirant une direction sensiblement
Nord':i5''-Ë3t presque parallèle au contact, et sur une
largeur qui oscille autour de 1 mètre et varie depuis
50 centimètres Jusqu'à 2 ou 3 mètres, tout imprégnés
de gros grains de quartz hyalin auxquels l'or paridt
associé. A la surface, l'altération et la décomposition des
parties ichisteuses ne laisse apparaître qu'une sorte de
filon de quartz carié ou un faisceau de veines minces de
quartz, que M. Heurteau décrit comme <« un quartz carié
blanc ou légèrement coloré en rouge de fer, à structure
cellulaire, contenant des petits grains d'or libre, les uns
visibles, mais les autres imperceptibles à l'œil nu, la
majeure partie du métal étant très finement disséminée
dans te quartz ». L'ur se rencontrait d'ailleurs aussi
dans la roche schisteuse elle-même, qui est abondamment
imprégnée de quartz.
Ce sont ces affleurements, qui montraient ici et là de
beaux échautillous de quartz riche en or visible, et au
voisinage desquels les débris schisteux et quartzeux de
la surface donnaient au lavage au plat des traces d'or
assez abondantes (il est facile d'en déceler encore au-
jourd'hui par ce procédé dans les schistes décomposés
restant à la surface), qui ont signalé le gisement à l'at^
tention des prospecteurs par lesquels il a été découvert à
la fin de 1870. L'exploitation, entreprise sans tarder, eut
vite fait d'enlever en deux ou trois ans toute ta zone du
filon qui avait été reconnue dès l'abord comme riche ; le
quartz fut ainsi exploité verticalement jusqu'à 25 mètres
de la surface, profondeur à laquelle il devenait pyriteux
et où l'or disparaissait, du moins étant donné les procé-
dés dont on disposait alurs pour le déceler ou plutôt pour
l'extraire; suivant la direction, les travaux avaient été
limités à une région de 40 mètres de longueur, com-
prise entre le point oii le filon vient buter au Nord
bï Google
370 RICHLSSBS MINÉRALES DE LA NODVELLE-C.4LÉ1>OKIE
contre les mtcuiichistes et celui oii il est recoupé au Sud
par un petit vallon ; dans cette zone étroite il s'était
trouvé quelques colonnes particulièrement riches à la
rencontre de âlons croiseurs de quailz brun femigineuï.
Cette première exploitation avait permis l'extraction de
900 tonnes de quartz qui, soumis au broyage et à l'amal-
gauiation diins une petite usine créée au bord du Diahot à
8Û<3 mètres de la mine, n'avait pas rendu moÎDs de
468 francs d'or à la tonne, ce qui correspond à une te-
neur de 5 onces environ d'or brut (celui-ci contenaii
7.5 0/0 de son poids d'argent}.
Telles sont, succinctement résumées, les indications
fournies par M. Heurteausur les premiers travaux efifec-
tués à la mine Forn-hill de 1871 à la fin de 1873 ; à
cette dernière date, la mine ne produisait plus que des
pyrites pauvres, et l'exploitation dut être abandonnée;
elle avait donné lieu, d'après les statistiques officielles, â
l'expiirtatiou des quantités d'or suivantes (comptées sans
doute en or fin) :
1873 ««"'.ooe
1873 51 ,772
Total DES TROIS pnKMiÊHEs années. , I28'',576
En 1876, l'exploitation fut reprise dans des conditions
sur lesquelles nous n'avons pu recueillir aucun rensei-
gnement précis ; il semble, cependant, d'après ce qui nous
a été rapporté, que l'on ait commencé à exploiter des
schistes pyriteux qui, traités par broyage et amalgamation,
rendaient une certaine quantité d'or, probablement très
inférieure, d'ailleurs, à la quantité totale contenue dans le
minerai.
Il semble cependant que cette reprise de l'exploitation
ait ou un certain succès, puisque les statistiques officielles
bï Google
OlSBMBIfTS MÉTALLIQUES DIVERS 371
de la colonie accusent, de 1876 à 1878, l'exportation des
quantitéa d'or suivantes:
1876 18'',676
1877 32 ,433
1878 33 ,264
Total des tbois ans., . 8i",373 valant 280.000 francs bnviron.
Ces quantités ne pouvaient d'ailleurs provenir, à notre
connaissance, que de la mine Fem-hill, sauf exception
pour les 3 ou 3 kilogrammea extraits en 1877 du ^sè-
ment de Galarino.
En 1882 et en 1884, des travaux furent repris pour
explorer la mine en profondeur, ils ne rencontrèrent que
des minerais pyriteux tenant, parait-il, de 15 à30 grammes
d'or à la tonne ; en vue d'essayer de les traiter on avait
entrepris la remise en état de l'ancienne usine d'amalga-
mation. L'arrêt des travaux de la mine de cuivre de la
Balade, amenant \me suspension complète de toute acti-
vité industrielle dans la région, fut immédiatement suivi
de l'arrêt de cptte tentative. En 1888, à l'époque où la
mise en exploitation de la mine de cuivre Pilou et de la
mine de plomb argentifère Meretrice eut rappelé l'atten-
tion sur les mines métalliques du Nord de la colonie, des
travaux d'une certaine importance furent repris sur la
mine Fem-hill; le croquis reproduit par la fig. 2 de la
PI. y, et dressé à l'aide d'un plan datant de cette
époque ainsi que de nos constatations sur le terrain, in-
dique grossièrement la disposition des travaux qui ont
été exécutés aux différentes époques. Ceux de 1888 ont
comporté le fonçage, jusqu'à 115 mètres de profondenr,
dn puits Scott, et l'exploration du filon en direction par
une galerie d'allongement, à la profondeur de 90 mètres
qui aurait été poursuivie sur 130 mètres de longueur à
partir du puits Hill, en même temps qu'une autre galerie
à 125 mètres de profondeur était poussée vers le Nonl
bï Google
1
37â RICHESSES HiMÂRALBS DE LA NODVBU.B-CALÉDOMB
jusqu'au coBtact dee micaschistes ; des rameaux latéraux
étaient en outre ainorc6s suivant «liETéreirts croiseurs. £n
1897, on se serait préocnipé à nouveau de la possibilité
de remettre la mine en exploitation, et 50 tonnes de
mineraient été exportées, qui provenaient sans doute des
recherches de 1888-89. Nous ignorons quels ont été les
résultats obtenus par l'essai île traitement auquel il a été
procédé, vraisemblablement en Australie, sur ces minerais.
D'après les indications qui nous ont été fournies sur
les résultats donnés par ces travaux aujourd'hui noyés
et inaccessibles comme tant d'autres dans la région, ou
avait suivi, encaissé tians les schistes ardoiaiers noirs, un
filon plus ou moins ramifié, le long duquel les schistes, de
«ouleur gris clair et fortement micacés, se montrent tout
injectés de quartz, généralement en baguettes allongées
qui leur donnent un aspect cannelé ; ces schistes sont en
, outre criblés de cristaux de pyrite. Ces cristaux de
pyrite, qui se retrouvent non seulement dans la forma-
tion quartzeuse, dont la puissance oscillerait autour de
1 mètre, mais encore plus ou moins abondants dans les
schistes noirs des épontes, paraissent être le plus souvent
aurifères, mais avec une teneiu* irrégulière et quelque
peu (-apncieuse ; si bien que la richesse de la roche varie-
rait assez rapidement de quelques grammes seulement
par tonne, teneur à laquelle elle est inexploitable dans
les conditions actuelles de la région, jusqu'à 4 onces k la
tonne, ce qui pourrait donner lieu, pourvu -qu'il y en eût
quelques milliers de tonnes, aune exploitation fructueuse.
Les tas de minerai extrait de ces redierches subsistent
encore aujourd'hui, et, si l'on recueille à leur surface les
^bris altérés et oxydés par la succession des chutes de
fduie et des ardeurs du soleil, le lavage au plat y décèle
des traces d'or libre très netlâs. D'autre pEfft, en fouA-
lant les tas extraite des différentes sonee' pauvres -et
riches, noua avons pu recueillir quelques échantillons ctea
bï Google
GISRMeNTS MÉTALLIQUES DIVERS 373
schistes qiiartzenx cannelés que non» décrivions ci-de»-
sua et qui noua ont montré, à l'analyse, des t«neui>s
atteignant jnsqn'à 9 grammes d'or k la tonne.
Qnui qu'il en soit, les recherches de 1888 paraissent
avoir été faites avec im certain esprit de suite, et «voir
reçu un sérieux développement ; eUes auraient, parait-il,
conduit à cette époque à la conclusion que la répartition
de l'or était trop capricieuse et que les zones riches y
pantissaient trop restreintes, pour que l' exploitation pût
en être reprise dans des conditions avantageuses.
Faut-il regarder la conclusion à laquelle on est arrivé
en 1888 comme définitive ? Nous l'ignorons, n'ayant
recueilli sur les travaux fait» à cette époque que des ren-
seignements trop incertains. Tel n'avait peut-être pas été
l'avis de ceux qui, au moment de la reprise des mines
Pilou et Aoon 1897, avaient cru devoir former une société
spéciale, la « Fern-hill Golfl Mines Limite<l » remplacée
bientôt par la « Caledonian Mining Corporation Limited »,
filiale, comme la « Pilou Limited », de la » Londonaod
Globe Finance Coi^ioration », pour reprendre l'exploitation
de la mine Fern-hill. Cette société est d'ailleurs tombée
en déconfiture avant d'avoir fait aucun travail sérieux.
II n'en reste pas moins certain qu'il existait à la Fern-
hill un gisement d'or, montrant aux affleurements des
minerais d'une très belle richesse, mais probablement
assez restreint en direction, puisque, rappelons-le d'après
M. Henrteau, les divers travaux entrepris sur le prolon-
gement supposé du filon de Fern-hill vers le Sud, n'ont
abouti qu'à des échecs, et qu'il bute à peu de distance
vers le Nord contre les micaschistes.
Il paratt non moins certain que l'or libre fait place en
profondeur à des pyrites aurifères qui, en quelques points,
sont riches. Ces pyrites no seraient-elles pas parfaitement
exploitables aujourd'hui, alors que les procédés très per-
fectionnés du traitement par cyamiralion, pratiquement
bï Google
374 RICHESSES MINÉRALES DB LA NODTEIXB-CAI£OOME
inconnus en 18S8, permettent d'exploiter et de traiter
avec profit des minerais pyriteux dont la teneur descend â
10 grammes à la tonne, et même moins pour les puis-
santes installations? C'est là une question qu'il serait
Bouhaitable de voir sérieusement étudiée à nouveau par
les propriétaires du gisement.
C. — Gisements d'or des micaschistes dd hassik
DB TtARI.
Ce n'est pas seulement sur la rive gauche du Diahot
que l'or a été recherché à la suite de la découverte de la
mine Fern-hill, on a exploré également le massif de
micaschistes de Tiari ; les recherches y ont été an peu plus
fructueuses, et leurs résultats ne laissent pas d'être fort
intéressants, sinon au point de vue industriel, du moins
au point de vue géologique.
La carte de la région Nord de l'ile, que reproduit la
fig. i de la PI. V où nous avons reporté tous les péri-
mètres actuellement déclarés comme aurifères, est de
nature à faire supposer que la présence de l'or y a été
signalée en nombre de points. T^ous n'avons eu le loisir
d'examiner que les gisements des mines Rose, Berihe et
Galarino.
Les mines Rose et Berthe sont situées au cœur du
massif de micaschistes de Tiari, à peu de distance au
Nord-Ouest du col d'Amos ; elles aont l'une et l'autre sur
le versant de la mer, mais non loin delà crête qui sépare
ce versant de celui du Diahot. Ce massif est constitué
par des micaschistes d'aspect très uniforme, qui sont
presque uniquement formés de quartz avec larges paillettes
de séricite et souvent de la chlorite ; leur couleur, quand
ils sont frais, est d'un grisverdAtreuu bleuâtre; lorsqu'ils
bï Google
GISEMENTS MÉTALUQUES DIVERS ^^75
sont oxydas, elle passe aurouge de rouille ; comme miné-
raux associés, ils renferment de la pyiite, du grenat
almandin d'un rose clair, quelques petites baguettes de
rutile, et une abondance remarquable de glaucophaiie .
Le plus souvent ce dernier minéral est en baguettes
microscopiques enveloppées dans les lamelles de mica, et
ne se révèle à l'œil nu que par la couleur particulière-
ment bleue qu'il donne a. la roche ; d'autres fois il y ap-
paraît en prismes de quelques millimètres de longueur
et de 1 ou 2 millimètres d'épaisseur criblant la rocbe
d'une manière plus ou moins abondante; plus rarement,
au col d'Amos eu particulier, il se développe en individus
de plusieurs centimètres de longueur et de près d'un cen-
timètre d'épaisseur. C'est là un aspect des roches à glau-
cophane très différent de celui que nous avoRS signalé au
voisinage des gisements de cuivredugi'oupe delà Balade.
Ces micaschistes sont d'ailleurs recoupés, avec uneabon-
daiire toute particulière, par les filons de quartz blanc
laiteux à éclat gras dont nous avons déjà fait mention.
A la mine /(osp, l'or se rencontre dans une sorto de
cassure remplie de schistes oxydés ronges, au milieu de
micaschistes à glaucophane qui se présontent ici avec un
aspect cannelé spécial dil à un plissement régulier des
feuillets. La zone oxydée parait avoir «ne certaine conti-
nuité, puisqu'elle a été retrouvée par cinq recherches
étagéea sur une hauteur verticale de 80 mètres environ
[entre les cotes 2i0 et 290) dans le haut d'un petit ravin ;
sa direction s'est montrée en tous ces points constam-
ment Est-Ouest; cette zone est constituée, comme nous
l'avons dit, par des micaschistes rouilles dont les uns
sont essentiellement formés de quartz et do mica blanc
et présentent un aspect argenté à refletsjauuei"ougeâtre,
tandis que les autres montrent un agrégat de baguettes
de glaucophane, parfois cxtr^mement abondantes, dans
une masse plus ou moins quartzeuse et chargée d'oxyde
bï Google
376 lUCHESSES UII4BRALES DE LA NOnTBU.B-CALBDONIB
de fer ; il s'y rencontre fréquemment des mises talqoeuses.
An voisinage de la surface, ces matières contiennent un pen
d'or libre, qui n'apparait généralement pas à Pceil no,
mais que le lavage au plal décèle sans difflcnlté : d'après
les indications qui nous ont été fournies, les teneurs
aux affleurements auraient varié de 14 k 8 grammes
d'or à la tonne, avec des proportions assez variables
d'argent ; nous nous sommes assuré, par plusieitrs essais
au plat, que l'or se rencontre en quautité très sensible,
souvent enrobé dans de l'oxyde de fer; il est accompagné
de glaucophane abondant et de rutile. Mais, lorsqu'on a
voulu suivre la formation en direction, en pénétrant
dans la montagne, on a constaté à tous les niveaux une
diminution assez rapide de la teneur, sans qu'elle paraisse
so relever en s'onfonçant plus avant ; c'est ainsi que la
galerie 8ui)érieure de recherches, longue de 26 mètres,
aurait donné les résultats suivants :
Diituce du j<,ur
«Dr
en ugat
5 mètres
7 —
e grammes
13 —
4 grammes
5 —
9 —
Il —
8 —
Il —
7 —
U —
iô —
22-,M
traces
[i.r*ritirH i 1 ïr.)
traces
"
U mitres
traces
'•
U n'a pas été observé qu'en s'éloignant de la surfac»
le caractère de la formation s'altère ni qu'elle se montre
plus abondamment imprégnée de pyrite ; il y apparaissait
cependant par places des noyaux de quartz stérile ; on
n'est d'ailleurs pas sorti de la zone oxydée. A la suite de
l'exécution, vers la fin de 1900, de ces quelques recherches
sur un gisement qui avait été signalé depuis plusieurs
bï Google
GisEMtntra métalliudes ■ divsr» 377
années déjà, le propriétaire paraît avoir renoncé k le
mettre en exploitation pour le moment ilu moins.
Si l'on suit la crête vers l'Ouest dans le prolongement
de la direction du gisement de la Rose, on retroare, ît 2
ou 3 kilomètres de distance, des afflenrements de mica-
schistes oxydés de même aspect oii ■'.'analyse aurait indiijué
des teneurs atteignant 6 grammes à la tonne; unpeni^u»
loin encore, soit à 4 kilomètreïf de la mine Rose, et ea
se dé])laçant légèrement vers le Sud, on parvient à la
mine Berihe, oîi le lavage au plat des roches décomposées
de la surface montrait, parait-il, de l'or en certains pointa,
et cil l'on aurait recueilli des échantillons à 8 grammes
d'or à la tonne. Les roches parmi lesquelles l'or aurait
ainsi été rencontré ont un caractère as^ez intéressant,
elles sont, comme une partie de celles de la mine Rose,
très riches en baguettes de glaucophane visibles à l'œil
nu, mais les grenats roses y sont également Tort abon-
dants ; -les uns et les antres de ces cristaux sont inclus
dans une pâte kaolinique blanche, ce qui constitue une
roche tricolore, d'aspect esceptionnel. A cette roche sont
associées des pyrites légèrement cuivreuses et les traces
d'or dont nous venons de faire mention. Il n'a été ouvert
SOT ce gisement que deux petites tranchées InsigniftaDtes.
Le gisement dit de Galarino est situé au voisinage du
débouché à la mer du ravin dnn des petits ruisseaux qui
descendent des derniers contreforts orientaux du mont
Colnett, à 15 kilomètres au Sud-Est d'Oubatche. L'or y a
été Mgnalé en 1877 et y a é(é l'objet d'une petite exploi-
tation qui passe pour avoir produit 2 ou 3 kilogrammes
de métal ; tout récemment, il y a deux ans environ, à la
suite d'une mutation de lu propriété de ce gisement, 1©
nouveau propriétaire en a tenté à nouveau l'exploitation ;
il en aurait retiré quelques centaines de grammes d'or
seulement, pour rémunérer un très grand nombre de jour-
bï Google
378 SICMESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
nées de travail ; il n'a pas persévéré. On nous a cepeudaot
parlé de teneurs voisines de 1 peiiny-weight, soit 1^,6
ou près de 5 fraucsd'or à la tonne, teneurs qui sont géné-
ralement considérées comme payant le lavage ; ce u'étaient
peut-être pas, il est vrai, des teneurs moyennes.
Là l'or ne paraît plus se présenter dans une formation
unique plus uu moins nettement filonienne, il semble
au contraire être réparti dans l'ensemble du terrain. Ce
terrain est d'ailleurs constitué, tout autour du ravin, par les
produits de la décomposition, sans doute sur place, d'un
micaschiste rosé qui contenait vraisemblablement un grand
nombre de veinules de quartz, ainsi qu'en attestent les
très nombreux débris que l'on en rencontre, et des cris-
taux de nitile dont on retrouve les fragments. En lavant
cette masse, essentiellement composée de grains de quartz
et de paillettes de mica sans consistance, on a recueilli
une certaine quantité d'or affectant un aspect tout parti-
culier, qui n'a été, croyons-nous, obsené nulle part
ailleurs dans la colonie : les fragments eu sont souvent
d'une certaine dimension, de forme généralement aplatie,
et se présentant en jolies dendrites dont la frnicfaeur
atteste que l'or n'a nullement été roulé ; il parait vrai-
semblable que, lorsqu'il s'est déposé, il a dû tapisser les
fentes fines de la roche où s'est concentré également le
quartz en lllonnets ; d'ailleurs l'or se rencontre parfois
encore attaché à ce quartz, et la pépite de 40 grammes
qui a été trouvée à Galarino il y a une vingtaine d'années
se présente sous la forme d'un fragment aplati de quartz
tout pénétré de dendrites d'or.
Nous n'avons pu examiner le gisement qu'an voisinage
du point oii ont eu lieu les lavages, point oii ceux-ci
avment fortement boulevei-sé le terrain ; les sables que
nous avons lavés, qui n'étaient peut-être que les résidus
de lavages antérieurs, ne nous ont pas donné trace d'or,
le rutile s'^^ est au contraire montré assez abondant.
bï Google
6ISEUENTS MÉTALLIQUES DIVERS 379
Rappelons d'ailleurs que dana le ruisseau voisin, celui de
Oiiékanié, le rutile a pu 6tre recueilli en abondance suffi-
sante pour que l'on ait songé à en faire l'exploitation ; le
manque de débouchés pour ce minéral a d'ailleurs fait
abandonner cette idée.
Nous croyons qu'aucune recherche réellement sérieuse
n'a été faite en vue de reconnaître l'étendue de cette for-
mation aurifère ; il semble bien établi que, même aux
points qui ont pani les plus favorisés, la teneur en or
n'était pas suffisante pour rémunérer l'exploitation à la
main ou le lavage au sluice qui ont éiA tentés en petit.
N'y aurait-il pas, au contraire, place, si toutefois le
gisement avait une réelle extension, pour une exploita-
tion par des procédés puissants, tels que l'emploi des
« géants » californiens, emploi qui ne serait sans doute
pas difficile à réaliser dans un pays aussi accidenté et où
l'eau est aussi abondante, et qui, au voisinage immédiat
de la mer, n'aurait guère d'inconvénient? C'est ce que
personne ne parait avoir étudié, et ce que nous n'avons
naturellement pas pu rechercher avec le peu de temps
dont nous disposions.
D. — Saules aurifères du Nord
DU LA Nouvelle-Calédonie.
Si l'or existe, en quantité faible il est vrai, dans cer-
taines roches du Nord de la Nouvelle-Calé«ionie, il doit
se trouver également dans les alUivions des rivières, et
c'est ce qu'ont montré, même en premier lieu, les
recherches des laveurs d'or. Il est peu d'entre les rivières
qui descendent du massif schisteux du Nord de Vile, soit
vers la mer, soit vers le Diahot, oii il n'ait été trouvé
quelques paillettes d'or; mais nulle part jusqu'ici on n'a
découvert d'alluvions suffisamment riches pour que l'ex-
ploitation en fût entreprise. Sans accepter d'une façon
bï Google
I RICKESSSS UINEEULBS DB LA NOQVKLLB-CALEDONIB
complète l'explication qui a été donnée de cette s
de sables aurifères riches dans cette ré^on, par ceux
qui ne voulaient pas la chercher tout Biinplemenl dans la
pauvreté même de la région en gisements primitifa de
l'or, nous devons la mentionner ici. M. Gamier n'bésitaît
pas à déclarer(*) « qu'à cause du manque de plaines en
Nûuveiie-Calédonie l'or ne pouvait y être qu'en fiions h;
M. Heurteau(*'), au contraire, tout en constatant qu'os
ne connaît pas en Nouvelle-Calédonie d'iilluvions anté-
rieures à l'époque actuelle, déclarait qu'où ne doit cepen-
dant pas renoncer à l'espoii' d'y rencontrer des ailuvioos de
formation récente qui, sans être très étendues, pourraient
cependant donner lieu à des exploitations importautea.
Pour notre part, nous pensons avec M. Heurteau que^ >>
l'absence d'alluvionfl anciennes, que les études postérieure»
à son exploration n'ont fait que confirmer, écarte la pos-
sibilité de trouver en Nouvelle-Calédonie des gîtes parti-
culièrement étendus du genre de ceux découverts dans
les alluvions anciennes en Anslralie, les conditions géo-
graphiques de la contrée n'auraient pas uécessairem«t(
empêché la fonnalion de riches alluvions modernes, a'il
avait existé des gisements en roche dont l'or efit pu être
arraché en quantité suffisante ; mais c'est cette dernière
circonstance qui ne paraît pas avoir été réalisée.
Comme nous l'avons dit, l'or a été trouvé dans les
sables que roulent actuellement les diverses rivières do
Nord de l'Ile : M. Gamier(*'*) le signalait en paillettes
aplaties et ruffueuses associées au rutile dans les sables
de la rivière de Pouébo au milieu de micaschistes grena-
tifères, et il mentionnait également sa présence en petites
quantités dans les alluvions de quelques-uns des ruis-
seaux qui se jettcul dans la mer entre Pouébo et Balade ;
(*) Loc. cil., p. n.
bï Google
oisëhents métalliques ditsks 381
M. Heiirteau {") ooUùt sa présence, aous forme de rimplés
coolenre d'or il est vrai, dans le lit <lc la plupart des
niÏMeauz qui descendent de la chainfi des micaschistes
vers la mer sur les temtoirefl de Poiiébo et d'Oabatche,
et aussi dans le cours supérieur de la rivière de Hienghène ; -
H. Pelatan("} Ta rencontré dans la Tiwaka et dans le
ruisseau d'Andam au delà de Bondé ; sa présence nous a
été signalée, sans que nous ayons d'ailleurs pu Térifior le
fait, dans les sables de la rivière Thien et en plusieurs
points du cours du Diahot et de ses différents affluents de
rire droite. Rappelons enfin que la région peu accessible
des Ouébias (haute vallée du Diahot) passe, à tort ou à
raison, pour contenir des sables aurifères riches.
En un seul de tous ces points, les sables étaient, au
moment de notre séjour dans la colonie, censés être
exploitables : c'est dans le lit de la Ténéole ou ruisseau
d'Andam, tribataire de droite du I^ahot, qui descend
du mont Ignambi et se jette dans le Diahot à 15 kilo-
mètres au-dessus de Bondé. Quatre libérés passaient pour
y avoir fait, quelques mois avant notre visite, une petite
exploitation clandestine plus ou moins fructueuse : c'est
d'ailleurs la vallée oii M. Pelatan avait signalé non seu-
tement la présence de l'or, mais aussi colle d'un métal
plus précieux encore aujourd'hui, le platine. Aussi n'avons-
nous pas voulu manquer, malgré la difficulté d'accéder à
cette vallée déjà assez reculée, d'aller examiner par
nous-méme ce qui en est.
Le point qui nous a élé signalé comme le plus riche en
or «et celui où le ruisseau d'Andam, encaissé entre deux
rives abruptes de schistes, fait un coude très prononcé
vers l'Ouest pour aller se jeter dans le Diahot à 1 kilo-
bï Google
383 RICHESSES HHfiRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
mètre plus bas, Ce ruisseau, dont le caractère est nette-
ment torrentiel, coule i^ur ub lit de schistes dana les
strates successives desquels il découpe une sorte d'esca-
lier dont les crenx retiennent des d^Ats de sables; do
part et d'autre de ce lit, et souvent au mitna même du lit,
existent d'assez puissants dépôts de graviers et de galets
que le ruisseau charrie en temps de crue ; nous kvons
successivement examiné les sables recueillis, d'abord u
milieu même du lit de la rivière dans les anfractuositës
des schistes, puis dans les tlots, et enfln sur les berges; les
premiers ne nous ont donné aucune trace d'or, les seconds
en ont donné de très faibles, mais les troisièmes, surtout
lorsqu'ils étaient recueillis à une profondeur voisine de
i mètre dans une couche de graviers rougefttres, mon-
traient à chaque plat des couleurs d'or très manifestes
et dos grains d'or légôrement roulés atteignant même
parfois des dimensions très appréciables. Ce sont \k des
indications qui sont généralement considérées, dans les
pays oii les conditions d'exploitation ne sont pas trop
onéreuses, comme signalant un gite vraisemhlableinert
exploitable pour peu qu'il ait de ta continuité. Ces allu-
vions étaient formées principalement de galets et de
débris de chlorito-schistes d'un bleu grisâtre tels que ceux
que nous avons rencontrés plus à l'Ouest; ils contenaient
en outre des débris de quartz, du mica, du glaucophane,
du rutile, du fer magnétique et du fer chromé ; avec l'or
se concentraient quelques petits grains de cinabre et du
. platine en très petite quantité ; nous reviendrons sur ce
dernier point dans ce qui suit.
Nous ajouterons qu'ultérieurement de petites pépites
d'or de plusieurs centigrammes nous ont été remises
comme provenant d'un point plus élevé du cours du rois-
seau d'Andam, celui où se réunissent les deux ruisseaux
Ténéole et Cinale; nous ne saurions affirmer que cette
provenance soit exacte.
bvGoogIc
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 383
Qiioi qu'il en soit, il est certain qu'il existe, au moins
en certains points du ruisseau d'Andam, des sables auri-
fères qui auraient une richesse suffisante pour être
lavés avec profit par les procédés dont on dispose actuel-
lement; l'étendue sur laquelle ces sables se rencontrent
serait-elle suffisante pour justifier l'installation de sem-
blables procédés, c'est ce qui est beaucoup plus douteux,
mais ce qui n'a jamais été étudié eu détail.
Dans le même ordre d'idées, nous mentionnerons ici
l'intérêt qu'il y aurait, ii examiner soigneusement la ques-
tion, qui a été posée quelquefois, mais qui n'a jamais été
lobjot d'aucuno étude, de l'exploitation par dragage des
sablesdu lit du Dîahot. Si, comme cela paraitétabli, il existe
de l'or trits divisé dans le bassin de nombre d'entre les
afduentsdu Diahot,etsi,commeonnou8 l'a affirmé àdi verses
l'éprises, des couleurs d'or apparaissent lorsqu'on lave au
plat les sables qu'on peut recueillir en différents points du
cours du fleuve, il y auraitlieu de s'assurer parquelques
sondages si les dépôts alluvionnaires plus ou moins puis-
sants qui garnissent le fond de son lit ne présenteraient
pas, sur une étendue un peu considérable, une légère
teneur en or. S'il en était ainsi, il serait peut-être possible
d'en tenter l'exploitation àl'aide dedragues, comme on l'a
fait avec succès dans plusieurs des rivières de la Nouvelle-
Zélande et comme on commence à le faire également en
Australie : les frais de premier établissement àfaire pour une
telle entreprise ne dépassent pasSOO.OOO à 400.000 francs
et on arrive, grâce à cela, à laver avec profit des sables
dont le rendement moyen en or à la tonne n'atteint pas
1/2 décigramme, soit une valeur de 15 centimes.
Ce n'est guère que dans de telles conditions qu'il semble
que l'on puisse espérer \oir un jour tirer parti de l'or qui
existe, mais dans un état de grande dissémination, dans les
sables du Nord de la Nouvelle-Calédonie,
bï Google
384 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVBUX-CALEDOSIK
E. — Gisements dd Centre et dd Sdd db la colosib.
Les traces d'or ne sont pas uniquement limitées à la
rc'gion des micaschistes du Nord et des schistes ardoisiers
qui les avoisinent : on a en effet signalé la présence du
précieux métal en plusieurs autres points de la colonie :
néanmoins il n'a jamais été trouvé dans la formation ser-
pentineuse, ce qui restreint k une moitié seulemeot de
leur superficie les parties du Centre et dn Sud de l'ile où il
y ait lieu d'espérer rencontrer de l'or.
Il a été fait des recherches de quelque importance en
trois points de ces régions : dans la haute vallée de la
rivière do Nakety, à la mine Que}raM près de La Foa, et
danslecirquedcsGrosses-Gouttes prés de Saint-Louis. Noos
avons visité ces trois gisements. On a en outre mentionné
la présence de quelques grammes d'or à la tonne dans
diverses roches dclacoloiiie, en particulier daoslesschîstes
noirs de Pouembout et dans les mélaphyres du col de
Tongoué ; on n'y a d'ailleurs fait aucune recherche.
L'or se présentait, parait-il, en poussière fine, associé
k des grains de cinabre, dans la haute vallée de la rivière
de Nakety et dans celle de son aflluentla Nimboui quides-
ccnd des fiancs du mont Canala. Signalé il y a longtemps
déjà, U a donné lieu à une tentative, d'ailleurs infructueuse,
de lavage au sluice. Le gisement se trouvait au fond d'une
vallée encaissée entre deux collines de schistes ar^euz
noirs criblés de filonnets de quartz blanc laiteux, rocbee
qui, comme toujours, donnent lieu à la surface à des pro-
duits de décomposition rouge clair très argileux semés
d'un cailloutis de quart?, blanc. Les berges assez faautea
de la rivière sont constituées par des argUea jaune nm-
ge&tre résultant évideounent d'un cemani^ent de cm
produits décomposés; c'est là qu'aurait été trouvé, par
bï Google
OISËMEXTS METALLIQUES DIVERS 385
places, un peu d'or provenant iieut-être du déinantôlement
den fîlonnets quartzeux que nous avons mentionnéH ; nous
avons retrouvé un tunnel ouvert dans une des berges de la
rivière Nimboni et la canalisation du sluîoe ; mais les essais
de lavage que nous avons faits, en différents points soit
dti tunnel, soit du lit mtnie du ruisseau, sont demeurés
infructueux, ce qui nous laisse suiiposer que lo gisement
était soit bien panvre, soit fort peu étendu. Il paraîtrait
que, sur l'autre versant du même massif schisteux, dans
la vallée qui descend vers Ciu , on aurait également trouvé
un 2>eu d'or.
A la mine Quei/ras, près de La Foa, le mode de gisement
de l'or est tout différent : il apparaît dans un massif
ophitique qui se déveIop|iesurlarive gauche de laPoque-
reux entre les vallons 6U coulent les deux ruisseaux Oua-
Mengon et Oua-Zinda, au milieu des formations de grès
jauDÙtre du crétacé, qui ont un large développement dans
cette partie du bassin houiller de Moindou, comme nous
l'indiquerons en détail dans ce qui suit.
Signalé à l'attention, à la fin de 189H, par suite de la
rencontre fortuite d'uu bloc éboulé de quartz carié impré-
gné d'oxyde de fer et qui contenait, paratt-il, 40 grammes
d'or k la tonne, il a été l'objet de travaux de reconnais-
sance d'une certaine importance, d'abord au début de 1807,
puis à la fin de cette même année ei dans les premiers
moisde 1898- Ces travaux n'auraient pascoflté, nousa-t-ilété
affirmé par les représentants du concessionnaire, moins de
70.000 francs ; ils ont clé brusquement interrompus sans
avoir donné aucnn résultat d<K-isif dans un sens ou dans
l'autre, faute de vouloir y consacrer encore les sommes
nécessaires. 11 n'est pas inutile d'ajouter que, peu de temps
auparavant, une société australienne auraitoffertd'acheter
le gisement au concessionnaire moyennant 175.000 francs;
celui-ci a repoussé cette offre, mais n'en a pas moins
bï Google
388 RICHESSES HINBBALBS m LA NOUVlLI^-CALiDONIE
lûasé te ^sèment iRexi^tnté et incoraplètement recooDB.
A la suite de la découverte du bloc ferrugineux doBt
Q0U9 venoDS de parler et de la constatation de aa richesse
en or, le mamelon au {ned duquel U avait été rencontré a
été soigneusement exploré, et on y a trouvé, en unesériede
pointa, raffteorement de roches oxydées du même genre
et plus ou moins aurifères. On a commencé à creuser à
partir de ces affleurements quatre petits puits verlicanx,
dont deux de quelques mètres seulement, et deux autres
de If) et 20 mètres de profondeur; les échantiUona qui bd
cmt été extraits auraient eu des teneurs variant de 0 à
70 grammes à ta tonne (cette dernière teneur pour de»
(létnis oxydés plus ou moins argileux), il en aurait même
été extrait h une certaine époque 97 sacs, représentant à
peu près 6 tonnes, qui, expédiés pour être tfaités à la fon-
derie d'Aldenhot près de Sydney, auraient rendu 12*',9
d'or et 25 grammes d'argent à la tonne, représentant nna
valeur de 4f( francs de métaux précieux. Dans le bat à*
recouper en profondenr les formations suivies à partir d«
la surface, on entreprit au pied du mamelon la galm»
figurée en AB par la /ig. 3 de la PI. V, qui reprorinit les
[Hincipalea indications conservées sur ces recherches ; la
galerie fut poussée de 40 mètres dans une opfaite extrême-
ment dure et fut abandonnée sans en être sortie ; elle parait
avoir mis en évidence, tout comme le puits, une direc-
tion dominante des cassures de la roche, ori«itée à peu
jures Est-Ouest, et inclinée aux environs de 33 degrés vers
le Sud.
Quelques mois plus tard les travaux furent rejuis sou*
la direction d'un contremaître australien; ils ont o>mp(Mié
principalement l'exécution d'un puits incliné suivant une
formation de quartz rouillé ; ce puits aurait été poursuivi
sur 3i mètres de longueur en fournissant des minerai»
plutêt pauvres et les travaux auraient été arrêtés là.
Nons n'avons pas pu pénétrer dans les travaux éboulés.
bï Google
OiSSHBHTS ItETALLlQUBS DIVERS 387
OU remplis «l'eau, mais nous avons examiné las a&leure-
ineate et les tas de minerai sortis de ces travaux ; noue
avons constaté que le ^sèment ent constitué, au milieu
d'an massif ophitique, par plusieurs tètes de rochee
quartzeuses et ferrugineuses oxydées, comme il s'en ren-
contre à l'a/tleuFement de massifs de quartz chargé de
p3Tite ou de mispidiel par exem{de. Ces roches se pré-
seoteiit sous deux types assez distinct» : le plus souventce
sont des quartz caverneux, Mables, brunis par des impré-
gnations d'oxyde de fer, et doat les vides sont tapissés
d'oxyde de fer terreux ; mais on rencontre aussi des mor-
ceaux de quartz dur, brun ou rouge, très compact, passaot
au <|uartzite; enfin, dans les interstices de ces roches, ou
au contact du quartz et de l'ophite, il existe des produits
argileux rougeàtres dont quelques-uns auraient étéexcep-
tionnellâmont riches (72 grammes d'or à la tonne).
Nous avons recueilli personnellement sur place uo
certain nombre d'échantillons tant de quartz que des
matières argileuses associées; on nous a, d'autre part,
rmaols des échantillons semblables de richesse variée.
Ceux ée l'une ou de l'autre provenance que nous avons
asalysés teuaioit tous de l'or (2 à 10 grammes à la
ttmoe).
Quant à l'allure du gite, nous n'avons pas pu la discer-
MT avec exactitude les difTérents puits creusés oe
s'alignent pas sur une seule direction et sont séparés {)ar
des affleurements d'ophite, on n'est donc pas en présence
d'un iïlon unique et continu, mais peut-être d'un groupe
de iîlons iiréguliers, ou plus probablement d'un noyau
quartzeux plus ou moins continu et plus ou moins puis-
sant.
Ce quartz, très chargé en oxyde de fer, et légèrement
aurifère, ne parait pouvoir provenir que de l'altération
superâcielle de quartz chargé en profondeur de pyrite ou
de mispickel aurifère, formation qui n'a d'ailleurs pas été
bï Google
1
388 RICHESSES MINERALES DE LA NOtTVELLE-CALEDONIB
rencontrée faute de Tavoir recherchée jusqu'à une dis-
tance suffisante de la surface. Quelle serait la teneur en or
de cette roche, quelle serait la régularité de cette teneur
et quelle serait l'extension du gisement de ladite
roclie? C'est ce que rien népermet de dire aujourd'hui,
et l'on ne peut que regretter que l'on n'ait pas
exploré d'une façon complète ce gisement qui se signalait
par des affleurements réellement remarquables; ces affleu-
rements ont en effet pu rappelerk certaines personnes, bien
que dans des dimensions plus restreintes, les affleurements
de la célèbre mine de Mount-Morgan dans le Queensland, oli
une puissante colonne de quartz imprégné de mispickel
tenant en moyenne de 15 à 20 grammes d'or à la tonne,
associée à nue venue dioritique, s'est signalée à l'attention
des prospecteurs par des blocs de quartz ferrugineux
aurifères d'im aspect asse;; analogue à celui des quartz de
la mine Queyras."
Dans le cirque des Grosnes-Gotil/es, à la source de la
rivière de Saint- Louis, l'or est associé il l'un des deux seuls
massifs granitiques de la colonie; nous avons déjà fait
connaître dans quelles conditions se présente ce massif
granitique. En lavant les sables de la rivière qui descend
du cirque des Grosses-Gouttes, dont le granité forme les
parois, associé d'ailleurs k quelques pointements de ser-
pentine, on trouve régulièrement des couleurs d'or ; elles
s'observent dans des sables granitiques avec topaze,
accompagnés de produits serpentineux qui laissent dans
le résidu lourd des cristaux de fer chromé. Sur le flanc
du ravin, on trouve en outre des arènes granitiques
décomposées, peu ou ]>oint charriées, dans lesquelles le
lavage au plat décèle également, en petite quantité d'ail-
leurs, de l'or d'un jaune très pâle, sans doute par ce
qu'il est allié à une assez forte proportion d'argent ; avec
lui restent au fond du plat de nombreux cristaux micros-
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 389
<;opiques de topaze. Cette formation ne parait d'ailleurs
pas présenter beaucoup d'étendue.
Le lavage des sables de la rivière a été tenté, à plu-
sieurs reprises croyons-nous, et principalement en 1877
et 1878. D'après les renseignemeots que nous avons pu
recueillir de la bouche de l'un de ceux qui avalent parti-
cipe à cette tentative, le lavage au sluîce fournissait
régulièrement de petites quantités d'or, mais trop faibles
pour rémunérer la main-d'œuvre à employer. Quelques
centaines de grammes d'or seulement en auraient été tirées
(la statistique des exportations accuse, pour le premier
trimestre de 1878, une exportation de 600 grammes d'or
provenant des Grosses-Gouttes).
Ce gisement parait malheureusement être trop restreint
comme étendue pour qu'il y ait lien d'en tenter l'exploi-
tation par des procédés en grand, susceptibles de réduire
suffisamment les frais d'exploitation pour que les petites
quantités d'or qu'il contient payent les frais d'extraction.
Des données qui précèdent, et qui constituent toutes
celles que nous avons pu recueillir sur les gisements au-
rifères de la colonie, ou ne saurait, comme on le voit,
tirer une conclusion aussi favorable que pour les métaux
que nous avons passés en revue jusqu'ici. Sans doute il
ne faut pas désespérer de voir tel ou tel des gisements
que nous avons mentionnés exploité avec succès le jour
otil'on essaierait, ici les méthodes modernes de traite-
ment chimique des minerais réfractaires, et là les pro-
cédés hydrauliques d'abatage et de lavage des sables, si
l'importance des gisements était reconnue le justifier ;
sans doute aussi est-il permis d'espérer que, le jour où
tels ou tels affleurements, hâtivement accaparés sans y
avoir fait aucune recherche et_délaissés depuis lors, se-»
raient fouillés avec soin, de nouveaux gisements exploi-
tables pourraient être reconnus ; peut-être même en décou-
bï Google
390 RICHESSES HINXItALBS I» LA NOCFTBLLB-CALéDONIE
Tnra-tMin qui sont encore complètement insoupçonoéa.
Mais, quoi qu'il en soit, il faut reconnxltre que notre colo-
nie, si bien partagée comme ridiesses minérales k beau-
coup de points de voe, ne l'a pas été en ce qoi conceroe
l'or d'une façon qoi puisse permettre de la comparer,
même de loin, à ses puissantes roisines.
bï Google
CHAPITRE m.
JUlIBBàlS HCTlLUttBEB DITZB8.
A. — GuraiBKTS ÀBÛBNTIFfeRES.
Nom ne croyons pas quVncun giaeioent ait été ^gnalé-
en Noavelle-Calédonie comme contenant des minerais pu-
rement argentifères : la présence de l'argent a, an oon-
tr«Tr«, été reconnue dans un assez grand nombre de gise-
ments d'autres métaux.
, Toujours associé îi l'or, il se trouve en particulier en
■quantité notable dans l'or de Fem-hiïï (7,5 p. 100 en
poids) comme dans celui de la mine Rose (voir les résul-
tats d'analysesci-dessus rapportés). Dans la même forma-
tion de micascMstes qui contient la mine ïlo^e, M. Hcur-
toftu signale, dans la vallée de Pomieu, on fflon qui avait
été eipîoré pour or, «t qui, constitué par duqnartz chargé
-de pyrite, contenait des traces d'or et 50 grammes
d'argent & la tonne. Enfin l'or du gisement des Grosses-
■Gonttes [H^sente une couleur si claire qu'il renferme
-certainement une proportion notable d'argent.
L'argent est de même associé, comme nous l'avons
dit, an enivre dans les différents gisements connus de
-ce métal, mais il n'ajoute en général qu'un bien f&ible
-appoint à la valeur des minerais.
Enfin l'argent est encore connu en Nouvelle-Calédonie,
«ssocié, comme il l'est presque Constamment, au plomb
«t au zinc, et il s'y est montré par endroits en proportion
suffisante pour augmenter d'une façon considérable
bï Google
392 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CALEDONIB
la valeur des minerais de ces métaux dont nous allons
décrire les gîtes.
B. — Gisements de plomb.
Le plomb a été signalé en plusieurs points de la région
septentrionale de l'ile ; il est, conune nous l'avons vu,
abondant k la mine do cuivre Pilou ; mais il existe en
outre différentK gisements où il domine, associé il est
Trai, à des quantités importantes de zinc, et ne contenant
que de iïimples traces de cuivre.
h-Afig. i de la PI. V représente les différents périmètre*
miniers du Nord de l'Ile qui sont censés renfermer des
minerais de plomb argentifère.
En dehors des gisements du Nord, il n'a été signalé ii
notre connaissance qu'un seul filon de plomb argentifère
dans tout le reste de la colonie; il se trouve dansTélrpii
lambeau île terrains secondaires situé au Nord du massif
serpentineux du Mont Dô, non loi» de Kuenthio; nous
n'avons pas eu le loisir de visiter ce gisement et noos
n'avons pu recueillir aucune indication précise à son sujet.
Parmi les gisements découverts dans le Nord de l'ile, le
seul qui ait été l'objet d'une tentative d'exploitation est
celui de la Mérétrice sur la rive gauche du Diahot.
Découverte à la tin de 1884, la mine Mérétrice a été
l'objet de travaux de préparation, puis d'exploitation, à
partir de 1886-i887; les minerais qui' en provenaient, et
qui étaient d'une fusion facile, étaient d'une valeur un peu
trop faible pour pouvoir supporter -les frais de transport
jusqu'aux fonderies australiennes, aussi furent-ils traités k
la fonderie créée à cet effet à Pam. Ce n'est qu'au début
de 1890 que cette fonderie put livrer des produits mar-
chands; les minerais exploités jusque-là avaient été en-
tassés, aussi n'est-ce que dans les années 1890 à 1893
qu'il a été exporté du plomb argentifère de la colonie ;
bï Google
GISEMENTS METALUQOES DIVERS 393
d'après les statistiques de la douane, ces exportations
n'auraient guère dépassé 1.500 tonnes au total, représen-
tant une valeur voisine de 600.000 francs; la teneur en
argent aurait été de plus de i kilogramme d'argent par
toimo de plomb d'(«uvre.
Interrompus il la fin de 1891, les travaux <Ie la mine
Mérétrice ne paraissent jamais avoir été repris sérieuse-
ment depuis lors, bien qu'il y ait eu une tentative dans
ce but en 1897-1898.
Le gisement se trouve, comme celui de la mine Pilou
et de la plupart des autres mines de cuivre que nous
avons décrites, encaissé dans des schistes ardoisiers noirs,
et en relation très immédiate avec un dvke de roche
verte; il affleure sur la rive gauche du petit ruisseau
Djavei, au flanc d'un des très nombreux mamelons ovoïdes
«lue ces schistes forment entre le Diahot et ta ligne des
calcaires de la Roche Mauprat, dont la mine Mérétrice
est d'ailleurs voisine.
L'affleurement se présente sous la forme d'un énorme
massif, de 10 mètres environ de puissance, presque uni-
quement constitué d'un agrégat de fragments de céru-
site empâtés dans de l'oxyde de fer; souvent la cénisite
apparaît en jolis petits cristauxtabulaires, etl'onenaren-
<-0!itré autrefois nombre d'échantillons recouverts de fila-
ments d'iu-gent natif ; par places la cérusite est associée
4 des enduits cuivreux bleus et verts, et à des minéraux
oxydés du zinc,
Lue tranchée, ouverte sur une dizaine de mètres de
verticale et une cinquantaine de mètres en direction, n'a
pas tardé à découvrir des minerais sulfurés, peu ou point
altérés, qui se présentent en trois bandes grossièrement
parallèles, orientées à peu près Nord-110*-Est et plongeant
au Sud-Ouest, paraissant constituer trois filous distincts,
mais voisins, avec des puissances de i k 2 mètres chacun,
et séparés par des schistes pratiquement stériles.
bï Google
'394 R1CHB88B8 WNÉRALn DE LA mtTmXB-CALÉDOME
La (ig. 4 de la PI. T tntlique quel est l'état actoel des
)i«HX et reitrésente grossièrement les traTsax qm ont été
faits sar le gitteinent.
Celui-ci est à peine connu sur 220 mètres de longoen*,
bien qu'il ait été retrouvé sur la rive droite du nrissea»
Djavel : ime galerie d'allongement x s'est enftutcée de
linéiques mètres dans un fllon(?} mince, et une tranchée
a trouvé un filet de minerai ; mais plus à l'Est il n'a pins
été reconnu d'affleurements sur le mamelon qui se déve-
loppe sur la rive droite du ruisseau. Le mamelon de larire
gauche, qni renferme sur son flanc Est le puissant afllen-
rement que nous venons de décrire, n'a montré de mine-
rai que de ce cAté, sur son flanc Ouest il n'a rien é*é
trouvé et les fllonsn'ontétésuivis en direction an delhde
l'extrémité de la tranchée que par une galerie d'allonge-
ment d'une qoamutaiue de mètres de longueur qui est u-
jowd'hui inaccessible : elle s'enfonce dans le minerai
sulfuré. L'allure de la formation sur cette faihle longuew
«et d'ailleurs ftH'tement contournée.
En profondeur, la seule donnée dequelque importance qnr
l'on ait est cellequi est résultée du ftmçage, en 1897-1898,
par r« International Corporation Limitod » devenue pro-
priétaire (le ta mine à cette époque, d'im nonvean poita,
profonddeSO mètres, qui aurait recoupé ï STi mèU-es de U
8<irface un filon de 2 mètres de puissance très abondam-
ment minéralisé en galène avec pvrite et blende, tenant
de 3 à 4 onces (9t à 12ô grammes) d'argent k la t«nne ;
au mur de ce filon, le puits, foncé jusque-là dans les
schistes noirs, est entré dans un dylce de roche verte
très dure dont on connaît d'ailleurs les affleurements au
mur des aflleurements des filons ; il y a été poursuivi sur
25 mètres de hauteur.
De l'ensemble de ces indications, quelque peu incon-
plètes, il semble résulter que l'on est en présence, k la
Mérétrice, soit d'une formation lenticulaire, soit d'une
bï Google
QISIHBNra MBTALLIQDBS DITKR8 395
zonad'enrichisseiaeDt ezceptioDiield'un filon nornaalement
assez pauvre ; il ne parait en effet pas douteux qu'il ne m
prolonge en direction que sur 200 mètres au plus, ou
•que, s'il se prolonge au delà, c'est avec une puissance el
une minéralisation bien moindres. En proToncIeur il parait
•également s'amincir, puisque aux affleurements il com-
porte trois reines métallifères d'une puissance totale (le
i à 5 mètres au moins, tandis qu'à 35 mètres de la sur-
iace il n'a plus qu'une épaisseur de 2 mètres. Ko outre,
•comme cela arrive trop fréquemment, la teneur en argent
•diminue considérablement lorsque Ton passe de la zone
oxj'dée à la zone sulfurée. Comme nous l'avons mentionné,
ies échantillons de cérusite parsemés d'argent natif ont
■été assez fréquents aux aflleurements et la teneur des
iminerais y était, nous a-t-on affirmé, couramment de
12 à 15 onces, soit 370 à 170 grammes, par tonne de
iminerai à 15 ou 20 p. 100 de plomb, ce qui correspondrait
À des plombs d'œuvre à près de 2 kilogrammes d'argent à
la tonne. Au contraire, les minerais sulfurés ne tenaient,
:même tout près de la surface, que des quantités variant -
.généralement de 6 onces (200 grammes) à la tonne à
3 ou 4 onces.
Nous avons eu comiaissanced'uneséried'analyses effec-
tuées en 1898 en vue de chercher à so rendre compte
■de la teneur moyenne que pouvaient avoir les différents
minerais, et nous en donnons ci-dessous les résultats, que
aous n'avons d'aiUeursnullement été en mesure de vérifier.
Douze analyses de minerais sulfurés avaient donné
■comme teneurs :
Flomb de 24.40 p. «10 à 8 p. 100
Cuivre 4 Iraces
Zinc 28,95 8,41 p. 100
Fer 26.98 8,55
Silice 27 0,89
Aident Je 370 gr. à la l. à 94 gr. h la tonne
bï Google
396 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
La composition des minerais les plus riches était d'ail-
leurs la suivante :
Plomb 2*,49 p. 100
Cuivre traces
ZÎQc 2a,M p. 100
Fer 8,H»
Silice 10,54
Argent 370 grammes à ta tonne
Neuf analyses de minerais oxydés avaient donné les
résultats suivants :
Plomb.. de 38,44 p. iW à 5,68 p. 100
Cuivre. . 9,76 traces
Zinc... 4,14 1,05 p. 100
Fer .... 31 10,60
Silice... 49,31 20,25
Argent. de SOO gr, à la tonne i 128 gr, à la toune
L'échantillon le phis riche en ploinb contenait :
Plomb 38,4i p. 100
Cuivre 0,20
Zinc 2,39
Fer 14,32
Silice 20,80
Argent 420 grammes à la tonne
Les minerais do surface étaient, comme on le voit,
compliitement oxydés et pauvres en zinc (maximum
4 p. ItK) pour un minerai tenant 30 p. 100 da plomb);
ils étaient donc d'un traitement aisé, et étaient en outre
assez riches en argent, puisqu'ils étaient de nature adon-
ner du plombd'œuvre tenant plus de l kilogramme d'ar-
gent à la tonne ; ce ne sont guère que ces minerais qui ont
été fondus à Pani, il en reste d'ailleurs encore des tas
impor|.ant3 (quelques milhers de tonnes) sur le caireau de
la mine.
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 397
Les minerais sulfurés ont au contraire beaucoii)) moins
de valeur : contenant une forte proportion de zinc, à
peine inférieure à la proportion de plomb, ils exigeraient
un lavage minutieux qui entraînerait vraisemblable-
ment la perte de toute la blende et, avec elle, sans doute
celle d'une notable partie de l'argent, livrant du plomb
d'oeuvre tenant seulement quelques centaines de grammes
à la tonne.
Il ne semble donc pas que, même si le gisement de la
Mérétrice montrait plus de continuité que ne paraissent en
indiquer les quelques travaux de recherches qui y ont été
poursuivis, sou exploitation puisse être bien rémunéra-
trice, tant du moins que les conditious industrielles de la
région resteront difficiles, c'est-k-dire que la main-d'œuvre
y sera rare, le combustible coflteux et les moyens dont
on dispose restreints. La puissance apparente de l'affleu-
rement et sa belle richesse en argent en avaient fait au-
gurer autrement, mais on connaît aujourd'hui assez flu
gisement pour être porté à dire que ces apparences étaient
trompeuses.
Nous ne croyons pas qu'aucun des autres gisements de
plomb argentifère du voisinage, que nous n'avons d'ail-
leurs pas pu examiner, ait présenté à beaucoup près de
semblables apparences.
C. — Gisements de zinc
Le zinc est abondamment associé non seulement à
quelques minerais de cuivre ot. surtout à ceux de la mine
Pilou, mais encore, comme uous venons de le dire, aux
minerais de plomb argentifère de la Mérétrice.
Ici comme \k, il constitue une gêne notable pour la mé-
tallurgie et, dans l'état actuel des choses, loin de pouvoir
dans ces conditions être considéré comme une richesse, il
bï Google
39S KICHBSSBS HINÉRAUtS DE LA NOOVEIXB-C&LÉDONIB
déprécie plus ou moins sérieusement ies gisemenU ok il se
rencontre. Noms n'avons pas connaissance que des uinerais
de zinc seul aient jamais été signalés dans la colooie. Il*
yseraient d'ailleurs prstiquenwnt inutilisables étaatdonité
en particulier le prix dti charbon, et il faudrait qu'il*
fussent bien riches, et surtout ^'ils aient use teneur très
notable en argent, pour qu'ils putssmt valoir le tras^ort
Jusqu'aux usines établies sur les bassins houiUers de 1*
Nouvelle-Galles du Sud.
D. — GisEiieNTS d'ahtiuoinb.
L'antimoine n'est connu, en Nouvelle-Calédonie, qo'ei»
un seul point, k Nakety. Les conditions dans lesquelles il
s'y présente avaient paru dans le temps assez favorables
pour que l'exploitation en fût tentée en 1883-1884; maïs
elle ne parait pas avoir eu un succès suffisant. Abandonnée
au début de 1885, elle n'a pas été reprise depuis.
Le gisement sur lequel cette tentative a eu lieu est
situé au voisinage de Nakety, dans l'un des contreforts
qui s'élèvent sur la rive gauche de la rivière de Nakety
i peu de distance au Sud-Ouest du village : ces contreforts^
situés au voisinage immédiat des mas.sifs scrpeutineux
qui s'élèvent au bord de la mer, sont constitués principale-
ment par des schistes argileux noirs décolorés aux affleu-
rements. Dans ces schistes courent une série de veines
de quart/, presque verticales et dirigées au Nord-HC-Est;
l'une de CCS veines, puissante de 2 à3 mètres, est miné-
ralisée sur une bonne partie de sa largeur par de la sti-
Inne : par places on rencontre du minerai massiX eu quan-
tité plus ou moins considérable; en d'autres peints U
stibine constitue seulement un remplissage dass-las inter-
valles de spbérolites quartzcux.
I>ea travaux d'une certaine importance, tnn«»-^itc»
bï Google
eiSIMBHTt UÉIALLIQUES DtVBBS 38^
et galeries d'allongement, ont été pratiqués, s'étageant
jusqu'au sommet de la colline, entre les cotes 165 et 300;
ils paraissent avoir suivi un filon d'une certaine conti-
nuité.
Quant à la riclieMe moyenne de la minéralisation nous
fl'aroDs pu nous ea faire qu'une idée approximative;
d'a{H-è8 les renseignements que nous avons pu retrouver,
le minerai aurait été amené, après triage, à une teneur^
moyenne de 35 p. 100 de stibine.
Descendu jusqu'au pied de la colKne par un plan incliné,
il était concassé, puis trié ; il aurait, au début, été exporté
tel queljusqu'àconcuri-encedequelques cent ai nés de tonnes.
Ultérieurement on aurait construit un petit four de liqua-
tion pour produire sur place le sulfure fondu, mais il
n'aurait été obtenu que quelques tonnes seulement de celui-
ci, l'exploitation ayant dû être aljandonnée à la suite d'une
baisse de la valeur du métal.
Différents autres affleurements de stibine ont été signa-
lés au voisinage, et il n'a pas été institué moins d'une
douzaine de concesaions d'antimoine à Nakety; mais le»
travaux que nous venons de mentionner sont, à notre
connaissance, les seuls sérieux qui aient jamais été faits.
ht fiioa aor lequel ils ont porté serut, à n'en pas douter,
considéré comme d'une belle richesse en France, et serait
exploitable avec protit si l'on se trouvait dans des condi-
tions économiques analogues à celles de notre pays; si,
au contraire, ou veut comparer l'exploitation à laquelle il
pourrait donner lieu à des exploitations de paya loin-
tains, telles que celles du Japon, par exemple, qui est un
[Voducteur assez important d'antimoiue, on ne peut que
constater l'infériorité du gisement calédonien, et conserver
peu d'espoir qu'il puisse être de longtemps l'objet d'une-
utiliaation fructueuse, surtout avec le& «ours actuels de-
l'antimoine.
bï Google
400 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÈDONtE
E. — Gisements de ubrcure.
Le cinabre, et même le mercure natif, ont été trouTés
en plusieurs points de ia colonie : des gisements en roche
sont connus à Nakcty, à Kouaoua, et à Bourail : des
fragments de cinabre ont en outre été rencontrés dans le
lavage des sables île plusieurs rivières et en partipolJer
dans la haute vallée de Nakety et dans la rivière d'Aiidam.
A Nakety, le cinabre a été signale il y a d'assez longues
années déjà : il apparait en cristaux dans les fentes d'un
grès jaunâtre en plusieurs i>oints situés de part et <rautre
du village, d'une part sur un escarpement élevé qui
domine la route <le Thio à Nakety à quelque distance avant
d'arriver aux premières maisons de ce village, et d'autre
part à 2 kilomètres environ à l'Ouest du gisement de
stibine que nous venons de mentionner. Ces deux points
s'alignent exactement avec ce gisement dans la direction
Xord-HO°-Est qui est celle du filon d'antimoine, comme
si le cinabre et la stibine s'étaient déposés le long iruao
même cassure : ce serait un exemple de plus de l'associa-
tion si fréquente ilc ces deux minerais. Sur les uns et les
autres de ces affleurements il n'a été fait que des grat-
tjiges insignifiants, ayant consisté essentiellement à en-
lever les quelques jolis échantillons de cinabre qui se
montraient, ai liien qu'aujourd'hui ce que l'on en peut
voir ne saurait donner une haute idée de la richesse des
gisements en question.
Près de Kouaoua, dans la vallée de la Faja, affluent de
droite de la rivière de Kouaoua, on trouve, au sehid'nl
massif do roches vertes diabasiques apparaissant au milieu
des schistes argileux noirs qui se développent derrîèrele
bourrelet sorpentinenx de la cftte, des filons et veinules
de quartz avec mouches fines de cinabre ; ce que nous en
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 401
avons vu ne présente d'intérêt qu'an seul point de vue
iDÏnéralogique.
Enfin, il y a quelques années, un autre gisement de
mercure a été signalé dans la vallée d'un des petits ruis-
seaux qui forment la Douencheur, à 15 kilomètres environ
au Nord de Bourail, non loin de la route de Bourail à
Houailou ; les quelques fouilles qui ont été faites sur
l'affleurement ont permis d'en retirer de Jolis échantillons
de cinabre et une petite quantité de mercure natif; mais
ces fouilles, ayant été uniquement localisées en un point
et n'ayant eu qu'une profondeur de 3 à 4 mètres, n'ont
fourni auenne indication sur l'importance du gisement et
par suite sur la possibilité de son exploitation. Celui-ci est
encaissé dans des phyllades violacées légèrement bario-
lées, qui affleurent dans la chafne centrale de l'île entra
Bourail et Houailou lorsqu'elles ne sont pas recouvertes
par les serpentines; dans les cassures transversales de
ces phyllades se rescontre une argile grisâtre imprégnée
de nombreux grains de pyrite avec cristaux de cinabre ;
par places ceux-ci remplissent toute la largeur de la cas-
sure (c'eat-k-dire quelques millimètres seulement), et se
développent en outre entre les feuillets ries phyllades.
C'est dans le lit du ruisseau que le gisement a été dé-
couvert grâce à quelques gouttelettes <le mercnre pro-
duites par l'oxydation du cinabre qui s'étaient réunies dans
les cavités de la roche. Les affleurements ont été fouillés
au Riilieu même du ruisseau par un petit puits aujourd'hui
noyé, et sur la rive gauche par une amorce de tranchée au
front de taille de laquelle nous avons rncore trouvé des
cristaux de cinabre et des gouttelettes de mercure. Il pa-
raîtrait que plus bas sur le cours du ruisseau on aurait
«teore relevé quelques traces de cinabre. Gomme nous
l'avons dit,cesont là des indications tout k fait insuffkantes
poïir permettre de formuler une opinion sur la valeur d'un
tel gisement, mais le concessionnaire a préféré s'en tenir là.
bï Google
40â RICHESSES MINKRALES HE LA NODVF.LLE-CALÉDONIE
Nous ne pouvons donc que constater la présence do
cinabre sur plusieurs points de la colonie, ignorant com-
plètement s'il ne s'y trouve qu'en moucliea isolées, comme
on le rencontre dans beaucoup de pays, oit si au contraire
l'un ou l'autre des gisements signalés pourrait être utile-
ment exploité.
Nous terminerons ce qui a trait au mercure en rappe-
lant que M. Heurteau avait, à la suite de la découverle
encore récente du nickel en Nouvelle-Calédonie, signalé (')
l'association en Californie du cinabre k des silicates de
nickel au milieu de serpentines et de schistes serpentineux.
et qu'il avait appelé l'attention sur la possibilité de trou-
ver aussi dans notre colonie le mercure associé au nickel.
L'événement n'a pas confirmé cette hypothèse, le mercure
n'ayant jamais été rencontré jusqu'ici qu'en dehors de la
formation serpentineuse nickelifère.
F. — Gisements db platine.
Autant qu'il est permis de conclure de la présence dans
une région de telle ou telle roche à la possibilité d'y ren-
contrer tel ou tel métal, on ])ourrait penser que la Nou-
velle-Calédonie, ou les serpentines sont aussi exception-
nellement abondantes que nous l'avons dit, pourrait
renfermer des gisements de platine, tout comme l'Oural où
dominent ces mêmes roches. Il ne paraît pas en être ainsi.
car le platine n'a été signalé, et en quantités infimes,
qu'en un seul point de la colonie, le ruisseau d'Andam.
C'est, à notre connaissance, M. Pelàtan qui l'a découverte*)
et nous avons constaté personnellement l'exactitude de
l'indication qu'il donne à ce sujet : le platine se rencontre
en très faible proportion au milieu de l'or, qui est iui-
bï Google
GI8EUENTS MÉTALLIQUES DfVBEtS 403
même peu abondant, dans les sables du ruisseau d'Andam.
A queues roches ce platine est-il arraché, c'est ce que
personne n'a recherché : provient-il, comme provient
vraisemblablement l'or, des micaschistes en relation avec
les roches à glaucophane dont on retrouve des débris dans
ces sables aurifères, ou bien au contraire était-il associé
aux roches qui contenaient les cristaux de magnétite et
de fer chromé qui se trouvent accompagner ici l'or, alors
qu'ils ne l'accompagnent généralement pas dans les autres
sables aurifères du Nord de la colonie? Kt ces roches à
fer chromé ne seraient-elles pas des serpentines dont il
existe quelques petits massifs au milieu des micaschistes?
Ce sont là des questions auxquelles nous ne pouvons
répondre, n'ayant en aucune façon eu les loisirs prolongés
qu'il eût fallu pour en entreprendre l'étude sur place. Il
serait fort intéressant, sinon au point de vue industriel,
tout au moins au point de vue géologique, que des
recherches minutieuses fussent faites dans ce but, en
essayant de remonter la rivière d'Andam et ses af^uents
jusqu'aux points d'oii provient le platine.
Ajoutons que, si le soin avec lequel ont été examinés
les sables des différentes rivières du Nord de la colonie,
où les chercheurs savent pouvoir trouver de l'or, rend
peu vraisemblable qu'un gisement de platine de quelque
importance qui y existerait soit demeuré inaperçu, il n'en
est pas de même pour les sables des rivières descendant
des grands massifs de serpentine, qui depuis longtemps
passent aux yeux des laveurs d'or pour certainement
stériles.
G. — Gisements de manganèse.
La présence du manganèse a été signalée à difTérentes
reprises dans la colonie. Sans parler de son association
constante au cobalt, il existe, en particidier au pied de la
bï Google
401 SICHKSSBS HTCCBALES DE LA !(0rTKLL.B-CU.BDONm
T^le ITbîo, des blocs de pTrolusite, qoïne paraissent d'ail-
lean guère exister qu'à fétat de blocs isolée. Ce même
minerai a en oatre été signalé en plnsienr? points de la cAte
Ouest, tantôt dans le trias et tantôt dans le crétacë, près
de Bourail, dans la vallée de la Bognen, k Bouloapari, à
Saint-Tincent, etc., toujours sons Tonne de blocs isolés:
son gisement primitif n'est donc pas ronnu. On a néan-
moins prétendu qa'tl proviendrait de filons on d'amas dans
les serpentines ; mais nous n*aTODs pas connaissance qa'on
en ait donné aucune preave. et nous crorons devoir tenir
la chose comme très douteuse, bien que. rappeloos-le,
tontes les péridotites de la colonie contiennent des traces
plus ou moins marquées de manganèse.
La valeur en Enrope des bioxydes de manganèse même
les pins riches (une cinquantaine de francs la tonne) est
trop faible pour que l'on puisse songer à en expédier de
Nouvelle-Calédonie. Le jour où la métallurgie de l'acier
viendrait à être créée en Australie, il en serait peut-être
autrement; mais ce jour-là ne trouverait-on pas sur le
vaxte continent australien le manganèse dont on vien-
drait k avoir besoin? Cela est fort possible.
n n'j a donc gnère il fompter sur le manganèse
comme sur une des richesses minérales utilisables de la
colonie.
H. — GlSUlHTS DE TUI40STèKK, TITAKB, MOLTBDàNK, BTC.
Le tungstène, sous la forme de sclieelite, ou tungstate
de chaux, a été rencontré au voisinage de Kouaoua; il
existe peut-être bien en d'autres points encore de la
colonie, car on a trouvé entre les mains de Canaques un
certatn nombre de pierres de frondes faites de ce minénl
particulièrement dense. Le gisement de Konaotia est situé
dans la vallée de Faja : il est intimement associé an
bï Google
OISUMENTS MÉTAUJQUES DJVEK5 405
gisement de mercure que nous avons menUonné ci-dessus,
car il se présente dans ua filou de datholite qui recoupe
lu même formation diabasique. Ce SloQ de datholite, puia-
saot de 50 à tK) centimètres environ, forme, en raison de
sa dureté, un ressaut du terrain, et l'une de ses faces est
découverte sur une assez grande étendue; l'érosion et
l'action chimique des agents atmosphériques ont détruit
une partie de la datholite et ont laissé apparaître en sail-
lie sur sa surface des rognons de scbeelite qui étaient
vraisemblablement inclus dans la datholite ; au pied de ce
ressaut on trouve, au fond du ruisseau qui le recoupe,
des fragments de scheelite que leur poids a empêché
d'être entraînés. 11 n'est d'ailleurs loisible de recueillir de
l'une et l'autre façons que quelques échantillons seulement,
et, à examiner le Hlou massif de datholite, il semble que la
scheelite y soit en somme rare. Dès lors, malgré la valeur
élevée (800 à 900 francs la tonne) de ce minéral qui
présente une teneur importante en tungstène, et qui est
particulièrement recherché aujourd'hui pour la métallur-
gie, il ne Femble pas que ce gisement soit exploitable, à
moins que le filon de datholite ne soit exploitable par lui-
même pour en retirer les 21 p. 100 d'acide borique qu'il
contient. C'estlà une question qui n'a jamais été envisagée
nulle part à notre connaissance, la datholite ne se présen-
tant d'habitude qu'en niasses trop peu considérables pour
que l'on puisse même songer à l'exploiter, et nous ne
mentionnons cette question comme pouvant être étudiée
que sous les plus expresses réserves au sujet de la possi-
bilité de créer dans notre colonie une semblable industrie.
Le titane existe, nous l'avons déjà signalé, sous
forme de rutile, de sphène, de fer titane; mais ce sont là
des minéraux et non des minerais; si nous le citons ici,
c'est que l'abondance avec laquelle le rutile se rencontre
à Galarino et la facilité avec laquelle il peut être séparé
par lavage des sables de la rivière avaient fait songer à en
bï Google
406 RICHESSES MINÉRALES DE LA N0CVELLEh:ALÈ1H)NIK
entreprendre l'exploitation. Malheureusement le prix assez
faible auquel il aurait pu 6tre vendu en Europe et surtout
les débouchés très restreints offerts au titane, qui n'a
que des emplois dos plus limités dans l'industrie chimique,
ont vite montré l'inutilité d'une semblable tentative.
Le molybdène, qui existe sous forme de paillettes de
molybdénite dans les filons de quartz du massif granitique
de la Coulée, n'a guère plus d'emplois, et ne doit de
même être mentionné qu'au point de vue niinéralogique
et non au point de vue industriel.
Quoi qu'il en soit, les indications qui précèdent sufâseot
à établir que ce n'est pas seulement en nickel, en cobalt,
en chrome, et en fer que notre colonie est riche; nous
croyons avoir montré que le cuivre devrait pouvoir y èlre
exploité d'une façon régulière et continue, et qu'il ne
serait pas du tout impossible que l'or le fût de même un
jour en quelque point do l'Ile; d'autre part, il serait fort
à souhaiter que quelques autres gisements métalliques
signalés, mais non encore explorés, le fussent sérieuse-
ment pour reconnaître s'ils ne pourraient pas égalemeot
être exploités avec fruit.
bï Google
CHAPITRE IV.
AUTRES GISEMENTS MINÉRAUX CONNUS DANS LA COLONIE
Avant de passer à l'étude des affleurements houillers
de la colonie, nous avons encore à citer un certain
nombre de gisements minéraux utilisables, ou qui pour-
raient le devenir.
Si l'on consulte la liste des concessions {'), et demandes
de concessions présentées à diverses époques, classées
d'après la nature des substances qui sont censées s'y
trouver, on y relève, en dehors des métaux que nous
avons énumérés précédemment ou du charbon, les
quelques produits minéraux suivants : létain, la plomba-
gine, l'opale, l'amiante, la pierre lithographique, le
gypse, l'huile minérale. Il est en outre vraisemblable qu'il se
rencontre dans le sol de la Nouvelle-Calédonie quelques
autres substances éventuellement utilisables, qui n'ont
encore fait l'objet d'aucune demande de concession ; tel
est par exemple le cas de ia giohertite, dont nous avons
àéjk signalé des dépôts assez étendus dans le Nonl de
l'Ile.
A. — Produits minéraux divers.
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons tout lieu de
penser que c'est par suite d'une erreur grossière, comme
(*) Rappelons qu'en vertu du Jécret du 11 octobre 1S36, portant
organiiition du rêgime des mines en Nouvelle-Calédonie, et meoie en
vertu des régleiueuls antérieurs, sont concessibles » les ^ites naturels
des substances minérnles ou fossiles susceptibles d'une utilisation spé-
ciale, à l'exception des mnlt't-inui de constructions et des amendements
ou engrais e.
bï Google
408 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLB-CALÉDONIK
en commettent souvent les chercheurs de mines sans
aucune instruction, que l'on a cru rencontrer autrefois de
l'étain dans le \ord do la colonie: non seulement il n'en
jamais été exploité, mais encore noua ne croyons pas
qu'aucun échantillon en soit connu.
Il en est vraisemblablement à peu pma de même de la
plombagine ; des schistes noirs plus ou moins graphiteux,
comme il s'en trouve dans l'abondante formation schis-
teuse du Nord de Vûe, oui sans doute été pris pour du
graphite ; mais nous n'avons connaissance d'aucune masse
de ce minéral signalée en quelque point de la colonie.
Les quartz opalins sont assez fréquents dans les nom-
breux gisements de quartz secondaire de la Nouvelle-
Calédonie, et nous en avons ramassé nous-mèroe des
échantillons, mais on n'a encore nulle part rencontré de
l'opale noble utilisable pour la bijouterie.
De beaux échantillons d'amiante nous ont au contraire
été montrés provenant des hauteurs qui dominent la rive
droite du Diahot à l'Est do Ouégoa, et qui paraissent
appartenir h la formation de talcschisles à amphibole que
l'on retrouve à Ouégoa même; les échantillons qui nous
ont été présentés montraient de longues fibres soyeuses
et flexibles qui seraient parfaitement textiles, mais nous
ne pensons pas que l'on ait trouvé autre chose que de
jolis échantillons, et que l'on ait reconnu aucune conti-
nuité à ce gisement.
B. — Carbonates de chaux et de magnésie.
Une concession de pierre lithographique a été accor-
dée, il y a une dizaine d'années, dans l'Ile Mato ; elle por-
tait sur un des massifs du grand alignement calcaire de
la colonie, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, se
présente par places avec un grain particulièrement Sn.
Ou avait cm pouvoir utiliser ces calcaires pour la litho-
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 409
graphie et l'on en avait expédié une dalle en France
pour être examinée k ce point de vue ; nous n'avons pas
connaissance du résultat de cet examen, il parait cepen-
dant vraisemblable qu'il n'a pas été favorable, puisque
l'exploitation n'a pas été entreprise, et que la concession
est tombée en déchéance.
Mais, si la formation calcaire si étendue dont on re-
trouve des lambeaux d'un bout à l'autre <]e la colonie ne
peut pas donner lieu à des emplois de ce genre, elle n'en
constitue pas moins une précieuse ressource pour le
pays, et elle est activement exploitée, surtout autour de
Nouméa, comme pierre à bâtir et comme pierre à
chaux. Elle serait en outre d'un précieux secours pour
les usines de fusion du nickel que l'on voudrait établir
sur la cAte Ouest, comme elle l'a été dansle temps pour
l'usine de la pointe Chaleix. Le calcaire se présente en
masses suffisamment puissantes pour que son exploitation
soit extrêmement aisée, et pour qu'il ne coftte guère que les
frais d'aliatage à la poudre et de transport jusqu'au point
oii il est utilisé : on en évaluait le prix de revient à la
pointe Chaleix à 13 francs la tonne, il est vraisemblable
que ce prix pourrait être notablement abaissé. Les
quatre analy&ea suivantes des produits de diverses car-
rières des environs de Nouméa donnent une idée de ce
qu'est la composition de cea calcaires,, du moins dans la
région méridionale de l'Ile.
Silice ia,45 3,18 3.15 17.05
Sesquioxyde de fer 2 1,I4 2,73 2,70
Carbonate de chaux 83,93 Oi,IO 9|,10 78.15
Carbonate de magnésie 1,M traces 3,13 1,4S
Eau " 1,58 0,27 ••
Nous ne terminerons pas ce. qui a trait aux cal-
caires sans rappeler que, soit les anciens récifs de
bï Google
410 RICHBSSBS MINÉRjLLES DE LA. NOCVELLB-CALÈDONŒ
coraux qui existent en quelques points, principalement
le long de la côte sud-orientale de l'Ile, soit les
coraux artuellenient vivants dont les débris sont sans
cesse apportés sur toutes les grèves, constituent une autre
importante réserve de calcaire : on s'en sert parfois poiir
faire de la chaux sur la câte orientale, et ce sont égale-
ment les coraux qui ont fourni la castine à l'usine de pre-
mière fusion du nickel d'Ouroué ; c'est vraisemblablement
à cette réserve de calcaire que l'on s'adressera de nou-
veau le jour oii on montera une nouvelle usine de première
fusion sur la cAte Est. L'analyse suivante indique quelle
était la composition dos calcaires coralligènes employés
à Ouroué :
Silice 0,75
SegquioxydK de fer 1,70
Carbonate de chaux 90, SO
Carbonate de magnésie 5,44
Eau 2,06
Nous avons déjii mentionné l'existence de sortes d"ef-
florescences de giobertito ou carbonate de magnésie le
long de la ligne de contact des schistes noirs dn Nord de
la côte Ouest et tles massifs serpentineux qui reposent sur
ces schit^tes. Ces -dépôts, qui ne sont sans doute que
superliciels, ont une assez grande extension, en particu-
lier entre Koumac et A''oh. Un échantillon de cette gi*-
bertite, que nous avons ramassé auprès de Koumac, pré-
sentait la composition suivante ;
Magnésie 42,i p. 100
Acide carbonique 51,S
Sesquioxyde de fer 0,8
Chaux 3,3
Silice et insoluble 0,8
Humidité 0,4
n,2 p. fOO
bï Google
GISEMENTS MÉTALI.IQCES DIVERS 4H
C'est là un minéral' d'une certaine rareté, utilisé en
quantité encore assez considérable pour la fabrication des
produits réfractaires basiques nécessaires à la métallur-
gie, et qui vaut en Europe de 50 à 60 francs la tonne
brute; cette valeur dépassede trop peu le prix du fret pour
que Ton puisse songer pour le moment à utiliser les gise-
ments abondants qui en existent en Nouvelle-Calédonie.
C. — Gypse.
Plus intéressants sont les dépôts de gypse de la côte
Ouest, puisqu'ils ont déjà été mis à profit loi's des pre-
mières tentatives de fusion des minerais de nickel en
Nouvelle-Calédonie, et puisqu'ils seront vraisemblable-
ment exploités de nouveau le jour oti ces tentatives
seront reprises.
On en trouve depuis Nouméa jusqu'à Gomen : les plus im-
portants sont ceux de la presqu'île de Uitoé, du cap Goul-
vain,et de Beaupré entre le cap Goutvain et Poya : nous
avons examiné les deux derniers d'entre ces gisements.
Dans un cas comme dans l'autre, le gypse apparaît en
agrégats de cristaux, tantôt blancs, tantôt grisâtres,
tantôt rosés, au milieu d'argiles bariolées grises, rouges
et vertes. Ces formations se développent sur des
centaines de mètres et même des kilomètres de lon-
gueur et sur un assez grand nombre de mètres d'épais-
seur le long de côtes basses, et dessinent a.'îsez bien
d'anciennes baies s' enfonçant plus ou moins avant dans
les terres; elles font d'ailleurs immédiatement suite à
des régions envahies par les palétuviers, ob la mer
s'avance plus ou moins régulièrement à marée haute, et
où demeurent à marée basse, plus ou moins rares suivant
la saison, des eaux saumâtres; ce sont là des conditions
de gisement qui nous paraissent devoir faire adopter
sans hésiter, comme nous l'avons déjà dit, la manière de
bï Google
il3 RICHESSES HINÉULIS DE LA MOUVSLLB-CAJLÉDONIB
voir de M. Piroiitet, qui considère ces dépôts comme des
dépôts de rivages soulevés.
Quoiqu'il en soit, nous u'avoos nulle part observé, et
personne n'a pu nous désigner, de gisenieiils de gypse en
bancs compacts (qui seraient d'une exploitation beauco(q>
plus aisée), et nous ue l'avons renconb'é qu'en igrégais
cristallins disséminés dans l'argile, tantôt très abondant,
tantôt plus rare, ou bien enrore isolé à la surface du sol,
mais provenant directement de tels gisements. Il serait
ingrat d'aller chercher le. gypse au milieu de cette argile
très grasse et collante; mais, à la surface du sol et le
long de tous les petits ravins qui la découpent, les eux
superficielles ont accompli ce travail, laissant le sol jon-
ché d'innombrables plaquettes cristaltines de gypse qn
reluisent au soleil.
Étant donné les espaces importalits sur lesquels se
développe cette formation, il ue serait pas malaisé à'j
ramasser k peu de frais des tonnes de gypse. Le jour
oii la consommation en deviendrait réellement très im-
portante, il deviendrait peut-être nécessaire d'aller le
chercher au milieu de l'argile, et cela ne laisserait pas
d'exiger un débourbage pénible. Si donc il apparaît
qu'au début il serait très aisé de se procurer le gypse à
bas prix, et de l'avoir rendu à l'usine de fusion à un prix
inférieur à celui de 40 francs par tonne donné autrefois
et que nous avons cependant adopté pour nos évaluations
de frais de fusion, il pourrait ultérieurement devenir un
peu plus onéreux d'exploiter ces gisements de gypse.
Un échantillon bien débourbé, provenant de ces gisa-
ments, et analysé par M. Moore, a montié la composi-
tion suivante :
Sulfate de chaus 98,82 p. 100 Soufre I7,5p.l00
Silice 2,20
Sesquioxj'de de fer.. 1,61
Alumine . . 1,09
bï Google
aisEMBirrs métaixtqobb ditsus
D. — HCILB HI!<ÊItALE.
Il nous reste enfin à mentionner une constatation inté-
ressante faite, il y a cinq ans, aux environs de Koum&c.
Au fond d'un trou de quelques mètres de profondeur creusé
au pied du massif serpontineux du Piton de Pandop, au
milieu des schistes serpcntineia, c'est-à-dire au milieu des
prodoila serpentineni laminés qui se rencontrent au contact
des péridotites et de leur soubassement schisteux, on a
trouvéfortuitementdel'ean recouverte d'une légère couche
d'huile minérale; en creusant un peu plus profondément,
on a découvert de petites fissures du terrain J'oii suin-
tait un peu d'huile. Le puits de 7 mètres de profondeur
qtri avait été ainsi foncé s'étant rempli d'eau, on entreprit
de pratiquer une tranchée pour l'assécher, mais ce
travail n'a pas été terminé; on a en outre commencé,
dans des conditions ob il ne pouvait aboutir à rien, un son-
dage arrêté après un très petit nombre de mètres. Au-
jourd'hui le puits est plein d'une eau à la surface de la-
quelle se montrent des pellicules huileuses émettant une
odeur très caractéristique; agitant les matières qui re-
posent au fond du puits, on voit s'élever quelques bulles
d'bmle.
Cette huile est un liquide d'une couleur jaune brun et
d'ime odeur forte; elle brflle facilement lorsqu'on en
imprègne une mèche ou un papier. Examinée par
M. Moore, elle a été reconnue comme aj-ant une den-
sité de 0,93; distillée à 400 degrés, eUe donne 80 0/0
d'buSe lonrde de densité 0,9!^8, et elle ne fournit aux tem-
pératures inférieures que fort peu d'huile lampante. Telle
qu'elle est, elle constitue une huile très lourde (elle le
serait peut-être moins un peu plus loin de la surface),
bonne seulement comme huile de graissage, usage pour
bï Google
414 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODTBLLB-CALBDOMIE
lequel elle a, parait-il , été essayée avec succès, ou peut-être
pour l'éclairage avec des lampes spéciales (type Wells),
ou encore pour le chauffage des chaudières avec de
bons pulvérisateurs. Malheureusement, après uiie cons-
tatation aussi intéressante il n'a rien été fait pour recon-
naître le gisement.
En terminant la revue que nous venons de faire des
gisements de minerais métalliques et de produits miné-
raux divers signalés jusqu'ici en Nouvelle-Calédonie, nous
ne pouvons que déplorer que beaucoup de ces gisements
n'aient pas été étudiés et explorés d'une façon suffisamment
avisée on suffisamment complète, et que plus nombres
encore soient ceux qui demeurent pratiquement complète-
ment inconnus. Trop de gens en effet savent proflterdes
imperfections du régime administratif des mines de la
colonie pour accaparer les gisements sitOt signalés,
sans autre but que la spéculation : à peine une consta-
tation de quelque intérêt a-t-elle été faite, et a-t-elle été
suivie dg quelques semblants de travaux de recherches,
qu'une concession est demandée sur le gisement, puis
accordée parl'administration, sur des étendues de plusieurs
dizaines d'hectares, lorsque ce n'est pas sur des centaines,
autour du point où avait eu lieu une maigre constatation.
Dès lors ceux qui sont ainsi devenus propriétaires du gise-
ment, et qui ne disposent souvent pas de la moindre res-
source pour y poursuivre les recherches utiles, se gardent
de l'explorer, mais ils enempêclient toute exploration par
des tiers, attendant simplement que l'on vienne leur acheter
à un prix considérable une découverte, sans doute intéres-
sante, mais dont personne no peut en l'état escompter la
valeur.
Avec un régime minier différent, il ue nous paraît pas
douteux que depuis longtemps des chercheurs, encouragés
par la perspective de l'obtention de concessions si les
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 415
gisements se montraient utilisables, auraient entrepris
des recherches pour éclaircîr quelques-unes des ques-
tions posées par les découvertes que nous avons signalées,
et dont la solution dans un sens favorable pourrait éven-
tuellement avoir un grand intérêt pour la colonie.
bï Google
Cff(Q(ITÉII!R PARTIE.
Bit^n que n'aj'ant jamais été exploitée et bien que ta
question de son utilisation industrielle passe encore pour
douteuse aux yeux de bien des gens, la houille est celle
des richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie qui a
été connue la première, avant été signalée dès avant la
prisede possession. Les terrains qui contiennent les couches
de houille s'étendent en effet, pour une grande par-
tie tout au moins, dans des régions cAtières d'un accès
relativement aisé ; ils se développent en particulier à
très peu de distance de Nouméa, et là ils se signalent
même à l'attention d'une façon toute particulière par la
bande noire que les couches de charbon tracent sur cer-
tains escarpements abrupts. L'existence du combustible
minéral ne devait donc pas rester inaperçue des pre-
miers explorateurs, et c'est ce qui n'a pas manqué de
se produire; mais longtemps ons'en esttenuâcettesimple
constatation, et les travaux de recherches qui ont été
entrepris plus tard sur différents affleurements n'ont
jamais été poussés avec assez de suite et de méthode
pour permettre aujourd'hui de porter un jugement défi-
nitif sur une question dont la solution présenterait
cependant un intérêt des plus sérieux pour notre colonie.
Nous résumerons ci-dessous les observations que nous
avons pu faire par nous-même au cours de la visite des
principaux gisements qui ont été signalés, nous les com-
pléterons à l'aide de quelques résultats que l'on peut
considérer comme acquis par les constatations et les
travaux faits autrefois, et nous chercherons à en dégager
les conclusions pratiques que l'on est en droit d'en tirer
dans l'état actuel des choses.
bï Google
CHAPITRE PREMIER.
INDICATIONS GÉNÉRALES.
A. — A«E DES COUCHES.
Les couches auxquelles la houille est associée en
Nouvelle-Calédonie sont constituées, comme dans la
plupart des bassins liouillers connus, par des alternances
de schistes et de grès : ce» formations paraissent appar-
tenir à la partie supérieure de la série la plus récente
des formations sédimeiitaires quelque peu développées de
la colonie, c'est-à-dire au crétacé. Rapportées d'abord au
lias par M, Garnier('), d'après trois espèces de coquilles
fossiles,recueilliesd'ailIeurs presque toutes dans lesscbistes
feldspathiquesKOus-jacenlsklaformation houillère, et con-
sidérées comme secondaires par M. Heurteau("), qui
acceptait la détermination de M. Garnierj tout en présumant
leur contemporanéité plus ou moins complète avec les for-
mations à charbon de la province de Nelson, district de
Westport (côte Ouest de l'ile méridionale de la Nouvelle-
Zélande), les couches de houille de la Nouvelle-Calédonie
ont ensuite été reconnues comme appartenant au crétacé
à la suite de l'examen, fait en 1889 par M. l'Inspecteur
général des Mines Zeillei'("*), d'un certain nombre d'échan-
tillons de plantes fossiles venant du gisement des Portes-
(*) loc. cit., p. M.
(•■) Loc. cit., p. M3.
(*") R. Zeilur, Sole iUf quelques empreintea végétale» dti coucHet de
cAorfron de la Noueelle-Calédonie (Bullelin île la Sociiti géologique
de France, 3* lerïe, t. XVII, p. 4t3-tt6 ; 1889].
bï Google
418 RlCifESSBS MINÉRALES DE LA NOUVBLLE-CALBDONtB
de-Fer; parmi ces plantes se trouvaieot de nombreux frag-
ments de feuilles de dicotylédones (Cinnamonum, et sans-
doute auseiSfUsa/Vos et ^/ntfps) qui ne paraissent pas pou-
voir être antérieures an crëtaré, en même temps que des-
folioles de Podozamites et un ramule de Podocarpittm
(/'orfocarpiumrcnut/o/iHm du charboncrétacédeNouTelIe-
Zélande) appartenant au crétacé. Cet examen a d'ailleurs
été complété par celui qu'a fait en même temps M, ITii-
génieur en Chef des Mines Douvillé de coquilles fossiles
recueillies dans le terrain bouiller de la région de MoiD-
dou, coquilles comprenant un gastropode du genre fJatitke-
nia caractéristique du crétacé supérieur de nos régions et
un cardium du groupe du Cardium Ùabuchense. Ces
couches ont dès lors été considérées comme contempo-
raines des formations à charbon néo-zélandaises qui sont
classées dans le crétacéo-tertiaire de J. Hector. C'est en-
les rapportant k cet 4ge que M. Pelatan les décrit (*).
M. Pirontet {*") les attribue au Gault et au Oénomanien
inférieur, il y signale des Holcostephanus, des BaetUites,
quelques Desmoceras, des fragments d'Acanthoeeras et
de nombreux lamellibranches, Cardium, CrassaieUs.
Pttnopea, Venm, Uosinia, otc Les rares échaatiUoBS-
qne nous avons pu rapporter à la soHe de nos visites sur
des travaux presque tous abandonnés depuis longtemps,
et les observations que nous avons pu faire paraissent
confirmer cette détermination de l'ftge de la houille calé-
donienne. Comme restes de plantes, nous n'aTons rien
pu recueillir qui pût être déterminé et foomir quelque
indication nouvelle sur la flore; comme coquilles fossiles,
l'examen que M. l'Ingénieur en (3ief Douvillé a bien
voulu faire des échantillons en mauvais état, provemaat
de la Nondoué, que nous lui avons présentés, lui a fait
bï Google
J.ES aiSEMEHTS HOUILLEAS 419
rï^porter : les unes aux espèces qu'il avait déjà déter-
minées ea 1889, à savoir Haatkenia dans les schistes
faouillers, Cardium d'appareoce tertiaire {Tt) dans les
grès arénacés associés, et les autres, provenant des
scbîstca houiUera, à des Anomies (*) (crétacé ou tertiaire)
et (pour des formes analogues à celles qui avaient été
autrefois déterminées comme Nucules du lias supérieur)
à des Cyrena qui, faute de détermination d'espèce, ne
peuvent fournir d'indication sur l'&ge des coucbes.
D'autre part, les observations sur le terrain confirment,
«ans cependant fournir de preuves absolues qui ne pour-
raient guère être tirées que d'une étude stratigraphique
de détail, étude particulièrement difficile dans ces régions,
que les couches de houille paraissent presque partout
couronner la série sédimentaire et être recouvertes par
les serpentines; c'est nettement le cas au mont Dore,
dans la vallée de la Dumbéa. à Voh, etc..
Ces couches seraient donc bien d'Age crétacé supérieur
et, par suite, plus ou moins exactement du même âge que
celles do Westport (Nouvelle-Zélande); de cette proïi-
mité, et peut-être même de cette identité d'ftge de deux
bassins éloignés, rappelons-le, de près de 2.500 kilo-
mètres, il ne faudrait pas conclure, comme on a voulu le
faire parfois, à l'identité des formations géologiques, et
par suite à l'analogie de richesse des bassins (**). Rien
(*) L'échuililliHt qui a donné lieu à cette dMermioaiioa ait celui qm
avait Até dénommé Producta», au maaée de Nouméa, ce qui avait con-
duit quelques personnes & considérer les couches de houille correspon-
dantes comme étuit d'Age primaire, ige qu'il ae peut plut être qvwslkiii
de leur attribuer anjourirhui stsc la connaissance que l'on a, tant des
fossiles qui s'yrencontrent.que de la etratiRraptiie générale delà colonie.
(**) On sait «n effet combien on peut conataler en Burope de diffé-
r«nce3, comme conditions de gisement, comme nature des charbons,
connue puissance relative des formations stériles et des coucbes de
bouille, etc., entre des bassins hooillers séparât par ^mlqnes een-
taines de kilomètre* eeBlement.etdoBt le* iges ne présent eut parfoia
que dea diffère dm s peut-être moin» importunes (autant que l'on peut
bï Google
421) RIOHBSSBS HINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
ne se montre en effet plus dissemblable que ces deux bas-
sins aux yeux de celui qui examine d'un peu près le
charbon et ses conditions de gisement, d'une part sur la
côte occidentale de l'ile Sud de la Nouvelle-Zélande, et
d'autre part en Nouvelle-Calédonie; tout les différencie : la
nature même du combustible, qui présente ici un caractère
bitumineux tout à fait spécial, et qui offre au contraire dans
notre colonie une analogie d'aspect très marquée avec les
charbons de nos pays ; le mode de gisement, comportant
ici des masses puissantes, phis ou moins lenticulaires, et
là au contraire des couches plutôt minces d'un caractère
nettement sédimentaire ; enfin les terrains encaissants,
constitués d'un côté presque uniquement par de gros bancs
de grès dur, cristallin, vert et brun, tandis que de l'autre
ils présentent l'alteraance habituelle de grès et de schistes,
grès arénacés aux couleurs bariolées jaune clair, rose,
lilas, schistes friables noirs ou gris plus ou moins argileux
ou micacés.
11 faut moins encore songer aujourd'hui, comme on l'avait
tait autrefois (*), à rapprocher les charbons de notre colo-
nie de ceux de la Nouvelle-Galles du Sud, qui en sont éga-
lement très différents comme mode de gisement, et qui
sont définitivement rapportés à la période permo-carbo-
nifère . M. Heurteau indiquait enfin (") leur contemporanéité
plus ou moins complète avec ceux de l'Etat de Victoria
(Australie) ; bien que noua n'ayons pas visité ces derniers
psements, qui sont de l'époque de l'oolithe, nous pouvons
■a taire une notion exacte de l'importance de la difTirence d'Age du
formations géologiques succeBsivea) que celle qui peut exister enbt
l«i formations & charbon néo-zélandaiaes et néo-calédoniennes mal-
gré la coexistence dans ces deux groupes de fonnatjons de deux on
trois espèces de plantes ou de coquilles fossiles. Oo sait même que des
assises rigoureusement contemporaines peuvent être en certains points
trts riclies en excellent charbon et à quelques centaines, ou même i
quelques diiaines de kilomètres plus loin, pratiquement ioexploilables.
(*)Gaiuiibk, ioe. cit., p. 46.
(**) Lflc. cij.,p. «i.
bï Google
LES GISEMENTS H0DILLEK8 421
aninner que la nature même àes charbons de ceux-ci, qui
se rapprochent des li^^niteB bruns, est toute différente
de la nature de ceux de notre colonie, et nous ferons en
outre remarquer que la distance qui les sépare de la
Nouvelle-Calédonie (qui n'est pas de moins de 2-500 kilo-
mètres) rendrait une assimilation tout anssi hasardée que
pour la Nouvelle-Zélande.
U nous reste encore un mot à ajouter au sujet de
cette question de l'âge de la houille néo-calédonienne :
en présence des déterminations divergentes en appa-
rence qui ont été faites dos fossiles qui y auraient été
trouvés et de la richesse en matières volatiles extrême-
ment variable des échantillons de charbon provenant de
divers points de ia colonio, on pourrait penser que les dif-
férentes couches de houille ne sont pas toutes de même Âge.
Rien n'autorise, à notre avis, une telle hypothèse : tout
d'abord, les fossiles déterminés comme infra-liasiques par
M. Munier-Chalmas {in Gamier) provenaient des schistes
feldspathiques sous-jacents aux couches de houille et
peuvent par suite être d'un âge très différent ; d'autre
part, les déterminations des coquilles de Moindou et des
plantes des Portes-de-Fer tendent à faire rapporter au
même âge deux gisements éloignés de plus de 100 kilo-
mètres, tandis que le seul fossile attribué au lias prove-
nant de la houille, et qui a été déterminé (*) comme
Nticula Hammeri, a été recueilli à Koé, c'est-à-dire a
quelque iO kilomètres à peine des Portes-de-Fer, et
plus près encore de la Nondoué d'oti proviennent les
quelques échantillons que M. Douvillé a rapprochés de
ceux de Moindou qu'il avait déterminés dans le temps.
Nous ajouterons enfin que, sur les 290 kilomètres sur les-
bï Google
422 RICHESSES MINÉRALES DB LA. NOOVBLLB-CALÈDONIR
quels s'échefonnent les affleurements houillers néo-
calédoniens, ïe fades dti terrain qui les contient ne varie
guère, caractérisé toujours par l'aspect tout spécial des
grësarénacésqiienousdécrironsci-dessoua; et si la nature
du c&arbon se montre très variable d'un point à un autre,
c'eat d'une façon tout à fait irrégulîëre, et cela est tr&s
certainement db à des circonstances purement locales. Nous
croyons donc pouvoir regarder comme établi aujourd'hui
que l'ensemble de la formation houillëre de notre colonie
est d'âge crétacé supérieur (') ; nous tenons à ajouter que
cela ne comporte pas, a priori, une condamnation d* la
qualité de ce rharbon : longtemps on a pensé que seuls
les gisements remontant aux époques primaires pouvaient
contenir do ISons charbons, complètement formés, et que
les charbons plus récents n'étaient nécessairemeat que
des lignites, ou des charbons du même genre, de qualité
médiocre ; cela était en effet le cas dans la plupart des
gisements d'Europe, et en diff'érents points de l'Asie oii
les charbons indiens, japonais, etc., rapportés au juras-
sique ou an crétacé, sont de qualité inférieure ; mais on a
reconnu aujourd'hui qu'il n'y a pas là une loi générale,
surtout pour (les régions très éloignées des nôtres : on
exploite déjà des cliarbons tnfra-liasiques ou liasiquesde
très bonne qualité, à 70 ou 80 p. 100 de carbone fixe, à
Fùnf-Kirchen en Hongrie et à Steierdorf dans le Banat;
et en Amérique du Nord, oii bon nombre des nieiUeurs
charbons sont d'âge primaire, on connaît cependant, dans
l'Ouest pt en Colombie britannique, des houilles crétacées
qui passent pour très bonnes ; enfin en Australasie les char-
bons crétacés du district de Westport (Nouvelle-Zélande)
sont plus appréciés même que les charbons de l'époque
(*) M. Pimutet signale cependant, sans en préciser )e gisentent,
des coucbet charbon neuie» dans l'înfra-crélacé ; noua ne penaoai pas
qu'elles appartïenaeni i la véritable Tannatioa houillère susceptible
d'uliliastion indus trie Ile.
bï Google
LB8 0ISBHBNT6 HOtJILLBRS 423
permo-houillfere de NewcasUe (Nouvelle-Galles du Sud).
D'ailleurs la qualité intrinsèque des échantillons bien purs
du cliarboa calédonien parait être parfaitement bonne :
les différentes analyses publiées y indiquent des teneurs
«n matières volatiles variant de 6 à 7 p. 100 jusqu'à
36 ©t 37 p. 100.
B. — DbSCRIPTION D'eNSEMBLB de la formation HOtlILLÈRE.
Comme l'ont fait connaître les différents auteurs qui
ont écrit sur les formations houillères de la Nouvelle-Calé-
ilonie, celles-ci succèdent à une puissante formation
schisteuse, décrite par M. Gamier comme constituée
par des schistes feldspathîques, et que M. Heurteau ca-
ractérise tantôt par le même terme de schistes feldspa-
thîques qu'il qualifie en outre métamorphisés {gisements de
la Oumbéa), et tantôt par celui de schistes argileux et mar-
neux plus ou moins altérés (gisements de Moindou). M, Pela-
tan les sépare en deux groupes : le plus puissant appartenant
au trias, et l'autre au jurassique dans lequel il distingue
-des schistes ferrugineux et des schistes siliceux en pla-
4]uette6, caractérisés les ims et les autres par dos fossiles
Basiques. Tous ces auteurs s'accordent pour signaler la
présence, en relation étroite avec ces couches, de méla-
phyres et de tufs mélaphyriques antérieurs aux formations
houillères, ainsi que de porphyres qui paraissent bien au
contraire leur être postérieurs. En fait, partout oii nous les
avons observés, les gisements houitlers reposent en
discordance plus on moins nette sur les schistes feldspa-
thîques en gros bancs qui paraissent caractériser le trias
néo-calédonien, et le plus souvent on peut observer entre
■Cette formation et celle des terrains houillcrs proprement
-dits des couches partiellement schisteuses, plus ou moins
métamorphisées par des circonstances locales dont les
renues de roches éruptives sont certainement les plus
bï Google
424 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVKLLE-CALÈDOSIE
importantes ; ces formations correspondent, comme l'in-
dique la faune, soit au lias, soit au jurassique supé-
rieur ; leurs caractères sont assez variables en raison
de ce métamorphisme plus ou moins accentué et leur
détermination certaine ne peut être faite qu'à l'aide des
fossiles là oii il s'en rencontre.
Beaucoup plus nets sont au contraireles caractères litho-
logiques des terrains qui contiennent la bouille, lesquels sont
d'âge crétacé , comme nous l'avons dit : suivant les descrip-
tions assez concordantes des différents auteurs que nous
avons eu à citer déjà, et suivant nos propres obser-
vations, cette formation crétacée comporte générale-
ment : à la base, des grés grossiers, passant parfois
anx poudingnes, mais dont l'aspect et l'importance n'ont
rien de commun avec ce que nous connaissons à la base
de nos bassins houillers à caractère lacustre du Centre de
la France ; puis vient une puissante, formation de grès
aréoacés à ciment feldspathique et à coloration vive,
dans lesquels s'intercalent d'une part quelques couches
d'argile violacée et d'autre part îles lianes de schistes ar-
gileux à grain fin, bien lifés et fissiles, de couleur noire
ou gris foncé, souvent micacés, accompagnés, presque
partout oii nous les avons l'us, de couches ou de filon-
nets charbonneux, et constituant les roches encm-
santes, toit et mur, do la plupart des couches de
houille. On ne trouve qu'exceptionnellement des grès
gris ou noirâtres comme il s'en rencontre dans beaucoup
de bassins houillers.
De cette formation, la partie la plus puissante est cons-
tituée par les grès arénacés dont le faciès se montre,
comme nous l'avons dit, très constant d'un bout à l'autre
de la formation houillère de la colonie; tantôt blancs, plus
souvent teintés de jaune, de rose, ou même de lilas, par
l'effet de l'oxydation due à l'air des concrétions ferru-
gineuses qui s'y montrent généralement avec abondance,
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLEKS 425
ils forment des ligues de coUînea présentant d'un cdté une
pente plus ou moins douce suivant les bancs et de l'autre
uD escarpement assez raide recoupant ceux-ci. Ces es-
carpements, toujours dénudés en raison du caractère par-
ticulièrement friable de cette roche à ciment feldspathique
kaolinisé, offrent un caractère, et surtout une coloration,
tout à fait particuliers qui permettent de les distinguer
lie loin au milieu du reste du paysage très verdoyant.
Cela est si marqué que celui qui, parcourant la colonie,
s'élève (le distance en dislance sur les sommets qu'il ren-
contre, peut assez exactement reconnaître de loin les
régions où il y aura lieu de rechercher le charbon, et
même tracer sur une carte géologique l'étendue du ter-
rain houiller. C'est là une observation que nous avons ré-
pétée bien souvent entre Koumac et Nouméa, et qui ne
nous a jamais trompé, croyons-nous, car nous avons été à
même d'en vérifier bien souvent l'exactitude.
Ces grés sont caractérisés par la présence de quelques
fossiles mal conservés parmi lesquels dominent des moules
de Cardùim qui doivent les faire rapporter, tout comme les
schistes houillers et la houille, au crétacé supérieur.
En quelques points cependant, ces grès changent de
caractère ; c'est ce que nous avons observé avec netteté
au contact immédiat de la serpentine dans la partie sep-
tentrionale du bassin de la Oumbéa, ainsi que nous l'indi-
querons en détail à propos de ce bassin.
Au milieu de ces couches sont intercalés soit des filets,
soit des couches de charbons qui doivent être qualifiés
houille dans l'ensemble; les échantillons que nous avons
recueillis se classent tantôt dans les houilles maigres,
tant6t dans les demi-grasses et tantôt dans les houilles
grasses passant presque au lignite; ils ont tous l'aspect
brillant, la cassure prismatique, et la coloration d'un noir
franc des véritables houilles. Cependant, en plusieurs
bï Google
'4â6 RICHESSES UINÉRALB8 DB LA M0DVKLLB-CAX.ÉDONIB
points, le charbon est très pauvre en matières volatiles
«t se range, ou à peu près, dans les anthracites ; c'est le
czs d'une partie des gisementa du Mont-Dore, de ceox
des Bruyères (Col de Tongoué), d'Yahoué, et de Koé,
d'une partie de ceux de Moindou (Couche Levât), des
affleupementfl de Voh, etc.
Bien qu'il soit fréqnent que dans un même bassin les dif-
férentes couches superposées contiennent des proportiuBS
^rrès Tariabtes de matières volatiles et fournissent toutes
les sortes de charbon depuis ceux qui sont anthraciteuz
jusqu'aux plus gazeux, on peut se demander s'il en est
bien de même en Nouvelle-Calédonie, surtout dsos
•des bassina aussi étroits que ceux qui s'y rencontrent
-et dont les couches sont aussi évidemment toutes du
même âge, et s'il ne faut pas plutôt attribuer ta pao-
'vreté en matières volatiles de certaines couches, ou de
-certaines parties de couches, qui se trouvent être pré«-
sément toujours très voisines de massifs de roches érup-
tives plus récentes, k l'influence de celles-ci, de même
que Ton connaît plus d'un exemple de couches de houiBe
traversées par des basaltes et transformées en anthra-
cite au voisinage de ceux-ci.
Notons enfin qu'inversement les charbons de la mon-
tagne de Moméa se classent à la limite des lignites et
des houilles sèches.
C. — EXTE-NUON DE LA FORMATION HOUILLÂRB.
L'extension exacte de la formation houillère ne peut
pas encore être considérée comme bien déterminée, ot
nous n'avons pas eu le loisir de nous attacher à en fixw
les limites, bien que l'aspect des grès arénacés qui
accompagnent toujours le charbon doive beaucoup faci-
liter cette détermination, ainsi que nous Tarons indiqué.
bï Google
LES OISBUENTS HODrLLERS 437
■Si l'on consulte la carte géologique (te M, Pelatan, on y
Toît, figuré approximatirement par une inAïue teints
bnineC}, l'enaemble des formations jurassiques et créta-
cées, qni, d'une part, ne sont pas toujours aisées à dis-
■tingner avec précision des schistes liasîques sous-jacents,
-et qui, d'autre part, comprennent non seulement des
lambeaux, généralement restreints, de lias et de Juras-
sique supérieur stérites, mais encore d'importantes masses
■éruptives. Si l'on roulait donc, par l'inspection de cette
«arte, se faire une idée de l'étendue des formations dans
lesquelles on a rencontré, ou peut espérer rencontrer, le
•charbon, on s'exagérerait Timportaure des richesses qui
peuvent exister dans le sol de la colonie, et cela d'autant
plus que les assises contenant le charbon sont les plus
récentes des assises sédimentaires et ne peuvent donc pas
-aeprolonger sous d'autres terrainsquiles recouvriraient (**).
Nous ne pensons pas d'autre part, encore que la chose soit
théoriquement possible, qu'il faille espérer que les couches
-de houille se prolongent d'une façon sérieuse sous les
massifs de serpentine qui, en bien des points, viennent se
poser snr le sédimentaire, et surtout qu'il paisse exister
jia-deasous de ces massifs des réserves pratiquement
■exploitables.
Nous ne saurions donc accepter l'évaluation de M. Pela-
tan, qui estime à plus de 1,200 kilomètres carrés l'éten-
■due de la formation houillère calédonienne. Nous rappel-
lerons d'ailleurs qu'il ne faut pas nécessairement une
"telle étendue de terrains houillers réellement riches en
charbon pour constituer un important bassin, susceptible
■de fournir une production considérable : le seul bassin
Ci Nous BTODt reproduit eea indicatiuas sur la fi)/. 2 de le, PI. I.
('*) NuuB éiMirtons ici implicilemcnt l'hypollièse de renversements
complets des couches ow de chtiriages, circonstansea qui pourraient
Wi doato K présenter dans un pays accidenté comme l'est la Mon-
^elle-Calédonie, mais qui ne semblent ccpeDilant pas jouer <<aDS sa
«tsctonique un rôle important.
bï Google
428 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALKDONIB
houiller de la Loire, avec sa superficie de 500 kilomfetrea
carrés, a bien déjà produit près de 200 millions de tonnes
de houille et en produira sans doute encore pendant
de longues années près de 4 millions par an. Mais les
terrains liouillers de la Nouvelle-Calédonie sont-ils réelle-
ment riches? Telle est la question que nous avons h exa-
miner.
Quoi qu'il en soit, les terrains crétacés dans lesquels se
rencontre la houille s'étendent le long de la côte Ouest
depuis le Mont-Dore jusqu'au pied du mont Kaala, soit sur
290 kilomètres de longueur à peu près ; ils se prolonge-
raient même, suivant M. Garnîer, jusque dans la vallée
du Diahot, mais personne, à notre connaissance, n'a con-
firmé l'indication, d'ailleurs très vague, de M. Garnier, et
nous pensons qu'elle doit être tenue pour erronée, l*s
assises de cette formation crétacée ont une direction
générale S. E.-N. 0. et paraissent avoir un pendage pré-
dominant vers le N. E. Bien que, comme nous l'avons dit,
le groupe des terrains jurassiques et crétacés que nous
avons représentés ensemble sur la fig. 2 de la PI. I.
représente plus que l'ensemhle des terrains houillers, les
grès arénacés, qui sont partout caractéristiques del'étage
à charlioii, se montrent en un grand nombre de points de
la longue bande que nous avons figurée ; nous les
avons observés personuellenient à Koumac, à Voh, i
Pouenibout, en arrière de Poya, à Moindou, à La Foa, à
Tomo, à Païta, dans le bassin de laDumWa, et au Mont-
Dore-. Enfin le charbon lui-même a été signalé, dans des
conditions qui ne nous paraissent pas appeler le doute,
aux différents points suivants ; à Voh, au pied du mont
Katepoinda, à Moniéa,à Moindou, à La Foa, à la Ouenghi,
à Saint-Vincent, à Païta, à la Nondoué, à la Dumbéa, i
Nouméa, à Saint-Louis, au Mont-Dore et à Tilot N'dé.
Nous en avons nous-méme constaté la présence dans
la plupart do ces points.
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS 129
Nous avons reporté les diverses indkations que nous pos-
sédons à ce snjet sur ia carte minière ci-jointe de la colonie
(/îj.2dela PI. I); nous y avons tout d'abord reproduit les
indications (légèrement corrigées grâce à nos obsenations
personnelles) de la carte géologique do M. Pelatan rela-
tivement à l'extension des terrains jurassique et crétacé;
nous y avons en outre indiqué les différente points oii
l'on a constaté l'existence du charbon ; enfin nous y avons
reporté l'ensemble des étendues couvertes par des con-
cessions, des demandes de concessions, ou des périmètres
de recherches pour houille (•); nous rappelons d'ailleurs que
l'existence de ces différentes concessions, demandes, ou
périmètres, ne peut constituer qu'une présomption de la
présence d'affleurements de combustible minéral sur tout-
ou partie de ces étendues, et non pas du tout une preuve
de son existence, et qu'inversement quelques gisements
découverts, et même partiellement explorés naguère, ne
sont plus compris aujourd'hui dans de tels périmètres.
D. — Historique des gisements kocillers
DE Nouvelle-Calédonie.
Avant de donner des indications de détail sur les diffé-
rents gisements houiUers, nous indiquerons encore som-
mairement l'historique de la découverte et de la recherche
du charbon en Nouvelle-Calédonie.
Dès avant l'occupation de la Nouvelle-Calédonie par la
France, le Père Montrouzier, l'un des missionnaires qui
s'y sont succédé à partir ded843, déclarait avoir trouvéà
I' t3 concetBions de mlnea de houille
portant sur B.857 hectares
S deiuandea de concetsions de
miaes de bouUle portant «or. 3.787
■u w juiQ tsuz I g périmètres de recherches de
i houille portant sur 50,892
I Soit un total de 57.536 hectare»
bï Google
430 RICHESSES 1IINB1UJ.B8 SK LA NOOVELLE-CALÉDONIE
KouRiac « une mine d« cuivre, des tr&ces de fer et lie-
cbarboD, et une source mintfnile ». L'indicatioD relatire
au chai'bon se rapporte TraisembUblement au taassif àer
grès houiller dont nous avons contiaté l'existencâ an
pied du mont Kaala à 12 kilomètres de Kouinac ; nous
n'avons pas conouissanceque personne, depuis le Père Mao-
trouzier, y ait signalé la présence du charbon.
La houille ne devait d'ailleurs pas tarder à être recon-
nue arec beaucoup plus de certitude dans la baiede Bou-
lari, au voisinage immédiat de Nouméa, oîi un affleure-
ment apparaît sous la forme d'une bande uoire à mi-hauteur
de l'escaqiement rocheux que forme auprès de la cAte
l'Ilot N'dé, appelé depuis " Ilot au charbon ".Ua premier
essai d'utilisation pratique de ce combustible eut lieo
peu de temps après ; l'aviso de l'État le Prony embarqua
un peu plus de 2 tonnes de charbon abattu sur l'affleure-
ment de cet îlot et fit de ce combustible, évîdenuneni
altéré par une longue exposition à l'air, un usage suffi-
samment utile pour que le fait ait été signalé au ministre
de la Marine afin d'appeler S'tn attention sur l'existence
dans la colonie d'une richesse peut-Mre utilisable.
Ces affleurements ne furent pas d'ailleure sans tenter,
au moins momentanément, quelque chercheur, puisqu'en
1858 une concession de 500 hectares fut instituée sur les
gisements du Mont-Dore ; mais, en 1862, la déchéance dn
concessionnaire, fut prononcée par arrêté du gouverneur ,-
en raison de l'insuffisance manifeste et de l'abandon des
travaux.
Ce n'est qu'en 1863-65 qu'une première étude sommaire
des gisements houillers alors coouua dans la colonie fut
faite par M. Gamier ; cet ingénieur examina successive-
ment les gisements du Mont-Dore et de la baie de Boulari,
ceux de Koé et du haasia de la Dumbéa, «t ceux de Moinâou ^
il mentionna en outre la prolongation du bassin houîUer de
Nouméa jusqu'à Saint- Vincent, signala U réapparition dn.
bï Google
LES eiSEHUNTS HOOIUABS tôif
charbon daiiR la vallé* de la Oiieughi et indlqaa eafin soib
ezi8t«nce dans la vallée da Diahot;cette dernière observa-
tion paratt, comme aous l'avonsdit, fort sujette à caution.
Un seul des gisements a été décrit par lui avec «linéiques.,
détails, c'est le gisement d'anthracite du Karigou, sur
lequel il IH pratiquer quelques travaux, fort restreints
d'ailleurs, et dont il signala l'irrégularité en même temps .
que l'impureté du charbon. La conclusion de cette pre-
mière étude fut nettement défavra'able, du moins en ce
qui concerne l'ensemble des gisements situés entre le
Moat-Dore et Saint-Vincent ; » la conséquence fatale de
ces faits, disait M. Garnier(*), est que l'on doit actuelle-
ment abandonner en Nouvelle-Calédonie l'espoir de ren-
contrer une houille exploitable ».
C'était généraliser, peut-être bien b&tirement, les con-
clusions tirées de travaux fort restreints poursuivis sur
im seul affleurement, qui était, il est vrai, celui d'entre
les affleurements de la région de Koé qui avait paru avoir
la plus belle a^arence.
AQ3Bi,dixans après, M. Heurteau^ envoyé en missiou par
M. le ministre de la Marine et des Colonies, pour étudier
les richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie, ne s'en
liai-il pas k ce jugement sommaire, et ne manqua-t-il pas
d'examiner avec une attention particulière les gisements
bouillers alors connus (baie de Boulari, vallée de la Oum-
béa, et Moinâon), et même de faire faire quelques travaux
de reconnaissance sur un groupe nouveau que l'on venait
de découvrir près de Moindou.
Le résultat de ses observations et de ses recherches
est consigné dans son rapport, que nous avons déjà eu
l'occasion de citer si souvent, et qu'il termineainsi(*'}.
« Nous estimons donc en résumé : en premier lieu, que
(*) Loc. cit., p. SB.
(■*) litiniTiitv, lae. dt., p. Hi.
bï Google
432 RICHESSES MINERALES DB LA NODVELLE-CALBDONIE
la possibilité d'exploiter lea gisements de charbon en
Nouvelle-Calédonie, et particnlièrement sur le territoire
d'Ouarail (région de Moindou), est subordonnée aux
résultats de travaux de recherches à entreprendre sur
les points que nous avons désignés, résultats que rien ne
permet actuellement de prévoir; en second lieu, qu'en
supposant les circonstances les plus favorables, l'exploi-
tation du charbon en Nouvelle-Calédonie serait une entre-
prise des plus aléatoires. La Nouvelle-Calédonie contieiiï
des gisements de charbon étendus, c'est un fait acquis.
Mais, en admettant que ces gisements soient de bonne qua-
lité, et assez réguliers pour donner lieu à une exploitation
entreprise dans dos conditions favorables, oe que nous
ignorons encore, on doit les considérer comme une
réserve pour l'avenir plutôt que comme devant faire
l'objet d'une exploitation immédiate. »
Sinoustenonsàcitertoutatilougcesconchisionsc'estque,
bien que vingt-septaus so soient écoulés entre le moment
où M. Heurteau a visité les gisements houillers de notre
colonie et celui ofi nous les avons examinés nous-mème,
iious sommes amené presque exactement aux mêmes con-
clusions que M. Heurtean, et que les questions Ma solution
desquelles il ssbordonnait son avis n'ont pas été depuis
lors suffisamment éclaircies pour nous permettre d'élre
plus catégorique que lui dans nos affirmations.
En dehors de ces études d'ensemble, différents travaux
de recherches, consistant surtout en l'exécution de tran-
chées, de galeries, et même de petits puits, ont été poussés
depuis lors, d'une façon fort peu méthodique d'ailleurs, sur
différents gisements, fout autour de la baie de Boulari, dans
la vallée de la Dumbéa, à Paita, à Moindou, et même à
Voh; si bien que, lorsqu'en 1885, 1886, et 1887, la com-
mission instituée par le gouverneur de la Nouvelle-
Calédonie en vue .. d'étudier et de formuler un a\-is sur la
valeur des gisements houillers signalés sur plusieurs
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS 433
points de la colonie » , Toalat remplir- sa mission, elle eut à
TÎsîter an assez grand nombre de recherches : le recueil
des travaux de cette commission jusqu'au début de
1887 (*) ne mentionne pas nioins de 15 concessions on
gisements différents, sur lesquels quelques fouilles étaient
ouvertes ; les études de la commission, qui prescrivit
d'ailleurs des travaux d'exploration complémentaires sur
quelques gisements, n'ont abouti à aucune conclusion
bien nette et n'ont gnère jeté de lumière sur la question
■dans SOTi ensemble. Quelques recherches furent, en suite
de ses avis, poursuivies en différents points ; quelques son-
dages furent même exécutés n l'aide d'une sonde au dia-
mant dont le gouvemement avait fait l'acquisition à la 1^
•de 18S9, mais cet appareil a cessé de fonctionner au bout
de peu de temps sans avoir fourni aucune indication utile ;
les recherches furent alors reportées sur les gisements
de la Nondoué, récemment découverts.
Entre temps, M. Porte, pharmacien de la Marine, qui
s'était déjà activement occupé de la question de la houille
pendant unpremierséjourdans la colonie, y fut renvoyé par
M. le ministre de la Marine et des Colonies à la fin de 1887
pour continuer, conformément au vœu du gouverneur et
du Conseil général de la colonie, l'exploration des gise-
ments houillers dans toute l'étendue de la colonie. Les
résultats de ses études furent consignés 'dans un rapport
au Ministre en date du 28 février 1889, et ils furent résu-
més dans une brochure publiée plus tard(").
En 1892, M. Pelatan consacrait, dans son étude sur les
mines de la Nouvelle-Calédonie, un assez long chapitre
. aux gisements houillers, surtout à ceux du bassin de
(*) Brochure autographiëe aux presiei a.utogr«pbiquea de l'Adminia-
tration péDiteDtlaire k Moutrarel (iaS7],
(**) NouvtUe» Ttehtfchu «ur Iti ghetntnlt houillers d» la Nouuellt-
càlidonit, pur M. A. Hortk, pharmacien principal de la Marine. Nou-
ni«a, 30 juin 1890. Imprimerl* Noumdenne.
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484 RICHESSES MIN'ÊRALES DE I.A NOUVELLE-CALÉDONIE
Nouméa, et il alioutissait à la conclusion suivante (*) : « En
résumé: bassins carbonifères étendus, affleurements nom-
breux, combustibles de bonne qualité, conditions d'ei-
ploitation écunouiiqiioment possibles, tout concourt |x>ar
faire augurer favorablement de l'avenir des charboos néo-
calodouicns... >i
Les recherches exécutées par les soins de l'Adminis-
tration sous le contrôle de la commission des recherches
houillères se poursuivirent, non sans quelques interrui)-
tioiis, et le plus souvent avec peu d'artirilé, jusqu'au
début do 1896. Concentrées dès la fin de 1890 sur les
gisements de la Nondoné, elles y avaient pris un petit
développement et avaient déjà abouli à l'extraction d'une
certaine quantité de charbon, lorsque l'ordre, venu du
Ministère des Colonies, de retirer les condamnés qui
étaient employés à ces travaux, en amena la brusque
interruption au mois de février 1896.
Ce n'est qu'à la fin de 1901 et au début de 1902 qu'une
nouvelle tentative fut faite pour assurer la mise en valeur
des gisements houillcrs de la colonie, et en particulier de
ceux de la Nondoué, en s 'adressant résolument cette fois
à l'initiative de particuliers. C'est ce qui a conduit, à la
fin de juin et au début de juillet i902, à pi-océder au dé-
i)layage de quelques-unes des anciennes recherches et an
débroussage des cliemins d'accès, nous ]>ermettant, lors
de notre deuxième visite sur les lieux faite quelques jours
avant de nous réembarquer, d'examiner avec plus de profit
les nombreux affleurements de la région. D'après ce qui
noua a été dit dojdiis notre i-ctour en France, quelques
travaux auraient encore été effectués après notre départ
et d'autres devraient l'être à bref délai. Nous ne pouvons
que souhaiter qu'ils soient poursuivis avec une réelle acti-
vité et avec méthode.
Otoc. ci/., p. 8*.
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CHAPITRE II.
D^CRIPTION DES DIFfÊRENTS BASSIHS.
Les gisements hoiiillers de la Nouvelle-Calédonie sont
partagés en plusieurs bassins différents ; ce sont (voir la
/ïff.2dela PI. 1):
V Le bassin do Nouméa, qui s'étend du Mont-Dore k
Saint-Vincent;
3° Le bassin de Moindou, qui s'étend de la Ouenghi
jusqu'au-delà de Moindou ;
3* Le bassin de Poya, qui s'étend depuis le cap Gonl-
vain jusqu'en arrière de Pouembout;
4* Une série de petits bassina isolés, à savoir les bas-
sins de Muée, de Pouembout, de Koué, de Voh, de
Oatope et de Koumac, parmi lesquels celui de Voh pré-
sente seul une étendue notable.
A. — Bassin de Nodmba.
Ce bassin, bien que n'étantpeut être pas le plus étendu de
la colonie, est celui qui a appelé le plus tôt l'attention
et qui la retient encore aujourd'hui le plus sérieusement:
son faible éloignement de Nouméa, en même temps que la
proximité dans laquelle les affleurements houillers «e
trouvent de la céte, l'ont fait, sinon découvrir, du moins
examiner, le premier, et la distance restreinte sur la-
quelle les combustibles en provenant auraient dû ôtre
transportés pour parvenir au point principal d'utilisation
a longtemps fait songer à la mise en exploitation de ce
bassin, de préférence à tous autres ; enfin, tout récen>
bï Google
254 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLB-CALéDOMIB
ensuite expédié par charrettes jusqu'au bord de la mer,
o(i il est embarqué pour Nouméa par l'intermédiaire de
chalands.
Les mines Courage et Francia, situées uu peu plus à
l'Est, de part et d'autre de la rivière de Népoui et aux
emirons assez immédiats de son embouchure, fournissent
utt Btinerai d'un caractère un peu spécial, et d'ailleurs
riche : il se présente en concrétions mamelonnées ou en
enduits, doués d'an lostre particulièrement métallique et
d'une couleur bleu violacé, qui paraissent correspondre
à une pauvreté relative en manganèse et à une teneur plus
forte en cobalt. Ces minerais se rencontrent d'ailleurs
au voisinage immédiat des roches serpontineuses : quel-
quefois en enduits sur ces roches, d'autres fois dans leurs
fentes superficielles ; ils sont généralement associés à des
concrétions quartzeuses ou à des calcédoines. Les vasques
d'argile au fond desquelles ils se présentent sont ici par-
ticulièrement irrégulières, peu profondes, et constammwit
découpées par des têtes de roche en place ; les minerais
paraissent donc être plus intimement associés au rocher
que partout ailleurs; on rencontre assez souvent & leur
voisinage des enduits talqueux ou magnésiens.
Les deux gisements sont en outre remarquables par la
présence de masses de serpentine d'un caractère excep-
tionnel : ce sont des masses de couleur claire, dont la
pâte eat blanche ou rosée, et qui sont sillonnées d'un
grand nombre de veinules ramifiées, quelquefois vertes
et plus souvent d'un bleu plus ou moins franc, couleur
que l'on serait tenté d'attribuer, à tort comme noua nous
en sommes assuré, au cobalt en raison de l'association de
ces serpentines au minerai de cobalt. Quelque excepUon-
nels que soient en Nouvelle-Calédonie ces types de ser-
pentme, leur origine parait bien être, ici comme ailleure,
1 altération des péridotites qui conatitueirt toiyou™ le
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 255
sous-sol; nous avons, en effet, pu ramasser une série
d'échantillons marquant tous les passages entre la pén-
ilotite assez fraîche, les roches serpentineuses que l'on
est habitué à rencontrer ailleurs, vertes ou légèrement
lirunàtres et montrant au microscope les restes de cris-
taux de péridot tout traversés de veinules de serpentine,
puis des roches plus altérées, déjà partiellement décolo-
rées, où les traces du péridot commencent à disparaître et
où l'on ne distinguo plus que les cristaux d'enstatile, et
enfin ces roches entièrement serpentinisées, qui, à l'œil
nu, semblent complètement amorphes : à l'analj'se leur
composition se rapproche beaucoup de celle de la ser-
pentine typique (2SiO^,MgO -]- 2H"'0) , avec une faible
teneur en fer(') ; examinées an microscope elles se montrent
presque entièrement constituées d'un agrégat de petits
cristaux d'autigorite à groupements complexes, générale-
ment étoiles, et traversées de quelques zones minces de
(air.
A la baie Bà, ou plus exactement dans la presqu'île
qui, située en face de Houailou, sépare la baie de B& de
la mer, les serpentines se développent sur 3 kilomètres
de largeur et ne présentent pas d'altitudes supérieures à
350 mètres ; c'est dire que leurs pentes sont relativement
douces, surtout à la partie supérieure, et qu'un épais
manteau d'argile nnige a pu s'y conserver. Cette forma-
tion, qui est ici, comme au dôme de Tiebaghi et dans
nombre d'antres régions à cobalt, toute parsemée de blocs
et de grains ferrugineux, renferme aussi d'assez nom-
breuses traînées de minerai de cobalt; elle est partagée
entre les périmètres de 14 concessions, couvrant une su-
perficie de 900 hectares environ, dont plusieurs avaient
été sollicitées en vue de l'exploitation du nickel. Il sub-
(*) Voir ruprà, p. S6.
bï Google
HÔQ BICUBSSBS HINÉBALBS DB lA NOnVBLLB-CALBOONIB
aiste d'ailleure encore, dans les ralloDS k pente aasu
raide qui descendent vers la mer, dea travaux souterraÎBS
entrepris autrefois par les premiers exploitants anglais
'du nickel, pour suivre des filonnets d'hydrosilicate vert.
Aujourd'hui il n'est plus fait de travaux que dans les
argiles rouges pour la recherche du minerai de cobalt; ik
appartiennent tous à la même entreprise et se dév6lot^>eiit
sur trois d'entre les coneessioas existantes : ils occu-
paient, au moment de notre visite, une quarantaine
d'ouvriers, et n'avaient pas produit, dans les mois qui ont
précédé notre passage, moins de 50 à 60 tonnes par
mois de minerai lavé, dont la teneur eu oxyde de cobalt
variait de 4 k 4 1/2 p. JOO, et qui était assez fortement
chargé en manganèse.
Les types de minerais que l'on rencontre ici et leur
minie d'occurrence ne présentent de vraiment spécial que
leur association très nette avec d'importantes formations
siliceuses : l'exploitant a d'ailleurs remarqué depuis long-
temps que la présence des formations siliceuses est un
bon indice de la proximité du cobalt; ces formations, qui
affectent une disposition en bancs parfois bien nets, se
présentent tantôt en plaquettes légèrement jaunâtres à
grain très fin, et tant^ten masses vacuolaires à structure
plus ou moins cellulaire oh l'on croirait par places distio-
guer les moules de petites coquilles ou des empreintes de
débris végétaux ; nous n'en avons cependant nulle part
trouvé la trace d'une façon corUtine. Cette assocjation du
minerai de cobalt à des formations siliceuses, qui ont trèc
certainement été déposées par l'eau, et vraisembiablenient
au fond de lacs ou de mares, nous parait fournir UM
.raison de plus de considérer les concrétions coballiferes
qui les accompagnent comme ayant été déposées en
.même temps par dea eaux qui avaient dissous le cobalt el
le manganèse des massifs de péridotite voisins. Nous
aurons d'ailleurs à signaler cotte même association à
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SBSPBNTINES 257
•Pemby et à Brindy; nous l'avons également observée k
la mine Fanfare dans la vallée de la Téné près de Bourail,
ofi les traînées cobaltifères suivent exactement un lit de
sable siliceux assez régulier.
A Pemhy, dans la presqu'île qui sépare les baies de
Canala et de Kouaoua, le cobalt se rencontre sur la large
crête qui s'étale, à une altitude variant entre 500 et
600 mètres, au-dessus des pentes raîdes qui descendent
d'un côté sur la mer et de l'antre sur les ravins île la
rivière Karoupa. La presqu'île est tout entière consti-
tuée par une péridotite à enstatite, légèrement altérée, de
couleur vert foncé, qui no se montre, ni à l'œil nu, ni k
l'examen microscopique, ni à l'analyse chimique, différente
de plusieurs des roches associées aux gisements de nickel
voisins de Thio et de Canala; d'ailleurs le niciiel existe
en petite proportion dans la roche elle-même et a été
s^nalé sous forme de minerai à faible teneur en différents
points du massif; la roche est d'autre part chargée de
traces particulièrement sensibles de manganèse. Mais ici
c'est le cobalt qui s'est concentré, plus que le nickel, à la
faveur sans doute des conditions qui ont permis l'accumu-
lation sur la large crête que nous venons de définir d'im-
portants dépôts d'argile rouge. Sur toute l'étendue de
ces dépôts sont disséminés des rognons cobaltifères, qui
avaient fait autrefois l'objet de travaux îrréguliers et
sans suite. La Société le Nickel, à laquelle le gisement est
concédé, y a ouvert, en 1901 , des travaux auxquels elle a
donné un certain développement et qu'elle a poussés plutôt
en vue de chercher à reconnaître s'il s'y trouve des
masses importantes et contiimes de minerai, que d'enlever
immédiatement, comme on le fait trop souvent, les petites
quantités de cobalt rencontrées auprès de la surface,
quitte à s'interdire ou à peu près l'accès jusqu'à celles
qui pourraient exister plus profondément enfoncées dans
bï Google
258 RICHESSES MmÂKALBS DE LA NOUTBLLK-CALÂDOHIB
la masae de l'argile rouge. Ces travaux n'ont d'ailleurs-
pas complètement répondu au but poursuiri, et la plupart
des chantiers ouverts au moment de notre passage ne
rencontraient guère que des traînées irréguUères de-
petites concrétions fortement chaînées en manganèse et
d'une richesse très moyenne en cobalt. Néanmoins, en un
point, on suivait une formation qui présentait assez nette-
ment fallure d'un dépôt de fond de lac : c'était nne
lentille relativement régulière, faiblement inclinée sur
l'borizontale, se développant sur plusieurs dizaines de
mètres en toutes directions dans une sorte de large
cavité encaissée entre des tftes de roche en place, et
venant mourir en s'effîlant au voisinage de ces serpen-
tines; la puissance de la formation variait de 40 centi-
mètres à 1 mètre, constituée par des grenailles et des
rognons enrobés .dans l'argile, en proportion d'ailleurs
assez variable d'un point à un autre.
L'association du cobalt et des dépAts siliceux que nons-
avons déjà signalée d'une façon très nette pour le gise-
ment de la baie de Bâ, est aussi frappante en plusieurs
points du gisement de Pembv; c'est ainsi qu'au fond
d'un petit puits de 10 mètres de profondeur on a
rencontré le cobalt en enduits entre des dépôts opalins
et une formation siliceuse très spéciale se développant au
contact même de la péridotite en roche : cette formation,
de couleur jaune brnn clair, comprend d'une part des
zones de calcédoine de teintes jaunes variées, et d'autre
part une certaine épaisseur de silex dur, d'une couleur
brune plus foncée, qui se montre entièrement constitué
de petits grains qiiartzeux colorés et cimentés par des
enduits ferrugineux.
Comme nous l'avons dit, les travaux de Pemby oat
plutôt constitué jusqu'ici des recherches qu'une exploita-
tion; on n'en avaitencore extrait au moment de Dotre passage
qu'un petit nombre détonnes d'un minerai dont la teneur-
bï Google
HlNSRAIf! ASSOCIÉS i. LA FORMATION DKS SBfVKNTlNBS 259
en cobalt n'était pas très élevée et oti le man^aoèse était
particulièrement abondant.
Le cobalt eet assez activement exploité en une série de
points de la région Sud de la c6te Est de l'Ile, et en par-
ticulier sur le plateau accidenté qui domine le rivage de
la mer au-dessus de Brindy, entre les rivières M'ba et
Comboui; ce massif, dont les pentes vers la mer sont
fort raides, s'abaisse d'une façon beaucoup moins rapide
vers le Sud. Il s'y développe de puissants amas d'argile
rouge qui viennent s'associer, dans le lit do la rivière
Koua-Samy, à des formations superficielles d'un carac-
tère tout différent, beaucoup moins colorées et moins
riches en sesquioxyde de fer; ces formations, dont nous
avons déjà fait mention, proviennent de la décomposition
des granités qui affleurent, à 3 kilomètres plus à l'Ouest,
sur l'autre versant du bassin de ladiie rivière, pour for-
mer les sommets du Grand et du Petit Koum.
Le cobalt se rencontre sur les pentes Nord du plateau,
lorsque l'argile rouge s'y rencontre elle-inème. ainsi que
sur la région culminante, dans des conditions très sem-
blables à celles.quc nous avons déjà signalées ; il apparaît
également sur les pentes Sud et Ouest dans les forma-
tions superlkielles spéciales dont nous venons de parler.
Celles-ci recouvrent encore par places des roches ser-
pentineuses de type normal, mais en d'autres points elles
laissent voir des tètes de granité décomposé qui semblent
être en place ; elles paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
constituées eUes-mcmes uniquement par des produits de
décomposition des serpentines, et se trouvent mélangée.s
de produits d'origine granitique ; l'ensemble de la forma-
tion a' est plus, en effet, rouge foncé, mais jaune orangé
plus ou moins clair, et parait par places renfermer des
produits voisins du kaolin; la silice y est abondante, non
plus en lits séparés comme ceux que nous avons signalés
bï Google
260 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CAIiEDONIB
à la baio de B& par exemple, mais sous forme de quartz
répandu h peu près uniforniément dans la masse; enfin,
comme nous l'avons dit, on trouve au milieu de cette for-
mation de nombreux blocs de roches roses ou blanches,
montrant quartz feldspath et mica altérés, et sillonnées
de Slonnets de quartz hyalin cristallisé, blocs parmi les-
quels quelques-uns semblent être en place. Le cobalt se
présente ici sous la forme de ses minerais ordinaires, gre-
nailles plus ou moins ferrugineuses et plaquettes siliceuses
à enduits cobaltifercs, mais il est à faible teneur sans
que le manganèse y soit abondant, le fer et la silice
y sont au contraire dominants. Du côté Nord, dans les
argiles rouges, nous avons noté la présence de minerais
en rognons au voisinage immédiat des serpentines, dont
nous avons trouvé plusieurs tètes silicifiéea et enduites
de cobalt : ces dernières se présentent un peu sous l'as-
pect d'une de ces serpentines décomposées, cloisonnées,
que nous avons décrites, c'est-à-dire qu'elles ont un sque-
lette quartzeux formant un rcseait plus ou moins régulier
avec remphssage de roche altérée ; mais ici ce remplis-
sage altéré, au lieu d'être constitué par des produits ser-
pentineux envahissant toute la masse des anciens cristaux
de péridot, consiste uniquement en dépôts siliceux cobal-
tifères qui semblent avoir épigénisé pour ainsi dire les
produits serpentineux, sans cependant donner à l'ensemble
la cohésion de véritables roches siliclliées, et en formant
un minerai friable difticile à laver.
Des quatre exploitations que nous avons visitées sur ce
massif, nous n'avons rien de spécial à mentionner : elles
comportent de petits travaux de glanage qui, en plusieurs
points, ne font que rechercher ce qui a été laissé autrefois
à une époque oh la valeur du minerai ne permettait
d'exploiter que des amas notablement plus riches que
ceux que l'on peut utiliser aujourd'hui.
bï Google
MINERAIS Associés A LA FORMATION DES SERPENTINES 261
Les rivages de la baie du Sud et des différentes baies
secondaires qui l'entourent, baie de la Somme, baie du
Carénage, Bonne-Anse, Port-Boisé, etc. (Voir la /ig. 3 de
la PI. IV), sont entourés de dépôts d'argile rouge dans
lesquels les rognons cobaltifêres ont été signalés dès
assez longtemps ; ils sont exploités par une trentaine d'ou-
vriers, dont la production annuelle peut varier de 150 à
200 tonnes ; nous avons visité ceux de ces travaux qui se
poursuivaient au moment de notre passage à l'entrée de
la baie du Carénage. Là les dépôts d'argile rouge sur la
péridotite sont généralement d'une faible épaisseur et
peu continus ; ils forment souvent des cuvettes isolées de
dimensions restreintes au fond desquelles on rencontre
des traînées de rognons de minerai ou des terres bru-
nâtres contenant des grains fins cobaltifêres ; dans l'en-
semble ces formations suivent à peu près les irrégulari-
tés de la surface de la roche. Le croquis reproduit par la
fi(/. 4 de la PI. IV, et que nous avons relevé dans une des
tranchées que nous avons visitées, donne une idée assez
nette de l'allure de ces gisements ; en pareil cas c'est à
ciel ouvert que se fait l'extraction, et l'on poursuit l'enlè-
vement du manteau argileux qui recouvre la roche en
place tant que la quantité de minerai trouvée est suffi-
sante. Quelquefois on fait une première reconnaissance à
l'aide d'une petite galerie souterraine, mais l'exploitation
a toujours lieu à une profondeur assez faible pour faire
préférer les travaux à ciel ouvert. On découvre ainsi des
tètes de péridotite altérée très semblables à celles qui se
montrent naturellement an jour en d'autres points. Là en
particulier nous avons pu observer très nettement que ces
roches ne contiennent pas elle-mèmes de dépôts cobalti-
fêres et ne sont recouvertes d'aucun enduit métallifère ;
nous n'avons d'ailleurs pas connaissance que pareille
observation y ait jamais été faite.
Le minerai extrait des travaux épars sur les différents
bï Google
26& RICn&3fiBS UINÉKALES D8 LA NODVELLX-CALÉDONIB
promontoires qai entourent la baie, fort doeoupée, eat des-
oenda au bord de Teati, généraletMmt k don d'homme ; il
est conduit en embarcation jusqu'au p«tit atetier de
lavage établi À l'emboodnire d'un rui9tiea<H, puis il est
emmené de Tnëme à Prony, S'ab il «at «xpédîé.
Les rrygnons que l'on reBoontre ici sont d'un caractère
trëa nettement métallique, assez lourds, briSaoïts, ricties
en fcT, et sMiillés senleioent de débris argfleax faciles fc
étiminer par le lavage ; ils fournissent des miBerais k 5 M
8 p. iOO ; les terres cobaltifères, natiireilement plus
pauvres, sont difficiles àlaver et produisent des minM^s
moins riches ; néanmoins, lorsque l'on a enlevé ta coQver-
tnre d'argile stérile sous laquelle elles se trouvent, on a
tout intérêt à les exploiter avec le reste.
C . — Conditions économiques de L'EXPLorPATiON
DD COBALT.
Nous avons assez sonvent neiitioni)é dans ce qai pré-
cède l'irrégolarité avec laquelle se présentent les gise-
ments de cohalt, tant au point de vue de la continuité des
différentes traînées de minerai q«e de la puissance et de
la richesse de ces traînées, et qie de la tenear du mine-
rai même, poor qu'il ne nous soit pas nécessaire d'insis-
ter lo«gt«raps sur l'impossibilité qu'il y a à donoer des
chiffres précis sur lescnnditi<ms économiques générales de
l'exploitation dn cobalt. Kn un point d'un gisement le
minerai est exploité à ciel ouvert an fond de tranchées
peu profondes; à côté il doit être recherché à pluaîenrs
mètres sous terre, et il faut pratiquer des puits et des
galeries d'exploitation et d'assèchement, procéder k &■
boisage plus ou mcuns serre, remonter le minerai par des
treuils, etc. Dans un chantier on poursuit péniblement par
d'aussi petits boyaux que possible une tr^née de simples
bï Google
-umBRAIS ASSOCaÉS A LA FORUATION DES SBRPENTlNSfi 263
rognons de mioerM isolés, et <lans le chantier voisin on
travaille <lans un aniM de boales on de grenailles c<^al-
tifëres ptiusant de plustears décimètres, que^uefois même
de plnsieurs métrés. Là, le aiineni, chargé en manga-
nèse, e«t pauvre en cobalt, et no lavage soigneux n'arrive
-qu'avec peine K la porter à la teneur de 4 p. 100 en
ox^iie de cohadt acKlessotiR de laquelle il est difflcile-
me&t vendable ; ici, au contraire, les tenenrs atteignent
-couramioent 5 k 6{>. 100 et même 7 p. 100.
Mais, si la nature des gisements dans lesquels se pour-
suivent les travaux est très variée, les conditions dans
lesquelles ils ont lieu le sont moins à un autre point de
vue : elles sont, d'une façon générale, aussi peu satisfai-
santes que possible à tous égards. La sécurité des
■ouvriers y est assurée d'une façon fort imparfaite, en
raison de l'inexpérience tant des exploitants que de leurs
^^uvrie^s, dont aucun ne sait c« que sont les travaux de
mines : boisage souvent insuffisamment robuste ou trop
espacé, et toujours mal assemblé et très imparfaitement
agencé pour résister à la pression des terrains qu'il est
■destiné à soutenir ; travaux conduits an voisinage les
uns des autres sans aucune coordination et sans adopter
les précautions les plus élémentaires lorsqu'ils se rap-
prochent, circonstance que l'on ignore même souvent par
suite du manque de tonte espèce de plans, ou même do
croquis, des travaux; absence l^itale d'aérage, si bien que
-dans certains chantiers, poursuivis à l'extrémité de
loognes galeries étroites et tortueuses, la lumière refuse
<le brûler et l'ouvrier travaille dans une obscurité à peu
près absolue ; tels sont quelques-uns des graves défauts
■que nous avons relevés dans la conduite de ces travaux.
Le souci de la bonne utilisation du gite n'intervient géné-
ralement pas plus que celui de la sécurité du personnel,
■et cela d'autant plus que la très grande majorité des
raines sont abandonnées par les conceNsionnaires à des
bï Google
264 RICHESSES MINÉRALES DK LA NOUVELLE-CALÉDONIE
0 contractants », amodiataires à court baU. ou même
sans aucun bail, qui viennent exploiter sur telle ou telle
mine ce qu'ils pourront en extraire au meilleur compte
possible, saos aucune espèce de souci du lendemain ;
beaucoup de concessionnaires, qui ont acquis différentes
mines en dififérents points de la colonie et qui ne les
exploitent pas, assurent d'ailleurs qu'ils ne peuvent guère
faire autrement que de consentir de semblables amodia-
tions, car, s'ils s'y refusaient, ils n'auraient aucun moyen
d'empêcher le premier venu de s'installer sur leurs con-
cessions et de les exploiter à sa guise. Il suffit d'avoir
parcouru la colonie pour se rendre compte que de sem-
blables craintes sont assez justifiées.
Dès lors la règle à peu près constante de l'exploitation
du cobalt est, après avoir ouvert une galerie ou une
tranchée de recherches, do battre au large dans la pre-
mière traînée de minerai rencontrée, et cela jusqu'à ce
que le vide réahsé amène l'ébouleraent des travaux,
. interdisant ainsi l'exploration de ce qui pourrait sub-
sister plus profondément enfoncé dans la formation
argileuse encaissante ; les gisements se trouvent donc
véritablement criblés de petites galeries, qui ont plus ou
moins bien exploré le voisinage immédiat de la surface,
mais qui laissent complètement inconnues et à peu près
inaccessibles les régions plus profondes. Ainsi exploi-
tait-on déjà il y a vingtans, et plusieurs des exploitations
actuelles glanent péniblement dans d'anciennes mines des
minerais qui eussent été aisés à prendre dans le gisement
vierge ; cela n'empêche pas d'ailleurs les nouveaux venus
de procéder encore aujourd'hui de la même façon. C'est
lii une situation des plus fâcheuses, nous ne saurions
trop le dire, car parmi les gisements de cobalt très
nombreux, nous l'avons fait ressortir, qui jalonnent toute
la longueur de la colonie, plusieurs ont été déjà, sinon
entièrement exploités, du moins pratiquement épuisés,
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 265
beaucoup sont, aujourd'hui en exploitation dans des con-
ditions à peine moins déplorables, et le nombre de ceux
qui restent encore vierges pour l'avenir risque de dimi-
nuer de la sorte bien promptement.
Une fois abattu et extrait, le minerai doit presque
toujours être lavé, tantôt parce que cela est indispen-
sable pour le rendre marchand, d'autres fois parce que
l'augmentation de teneur et l'augmentation, plus ijuepro-
portioanelle,du prix de vente qui en résulte, rendent ré-
munérateur le lavage même de minerais tenant déjà plus
de 4 p. 100 d'oxyde de cobalt. Il n'y a donc pratiquement
pas une exploitation qui ne soit pourvue d'un lavoir ; celui-
ci est établi en un point oii l'on dispose de l'eau nécessaire,
c'est-à-dire presque toujours au pied de la montagne.
Du chantier au lavoir, le minerai brut est descendu,
après ensachage, par le moyen des câbles à crochets,
(tables à roulettes, ou plans inclinés aériens, que nous
avons déjà fait connaître; les deux premiers moyens, d'un
moindre débit, mais moins coûteux comme installation
que les plans aériens, sont bien plus souvent préférés que
pour le nickel, en raison des faibles tonnages qu'ils sont
généralement destinés à transporter; nous n'avons rien à
ajouter ici à ce que nous avons dit déjà au sujet de ces
moyens de, transport.
Nous fournirons au contraire quelques détails généraux
sur le lavage du minerai, qui est pratiqué partout de la
même manière ou à peu près.
Le minerai est d'abord finement concassé; cette opé-
ration n'est pas sans être assez délicate : il est néces-
saire que les fragments soient assez petits, soit pour dé-
gager les matières argileuses qui salissent les rognons de
minerai, soit pour séparer les enduits cobaltifêres d'une
partie du stérile qu'ils recouvrent ; mais, surtout dans le cas
de minerais quartzeux, les concrétions cobaltifêres sont sou-
bï Google
266 RICHESSES UINÉBALBB DE LA MODVEU^B-CÀLBOONIE
vent disposées au écailles successives très mioces, qn'il
convient d'éviter Mitant que possible de déparer les
unes des autres, aâo -qu'elles ne soient pas trc^ aiaémmt
entraînées par leR eaux. Ce travail de cassage se fait loo-
jours k la main, et généralement à l'aide d'instruments
en bois afin que leur cboc soit f^us doux ; il a ben sur uoe
aire constituée par une plaqua de tôle «fin d'évilw qoe
le minerai ne vienne à être sali par la terre. C'est un tra-
vail minutieux dont dépend le succès du lavage ; aossi,
surtout pour des minerais quarteeux, est-il parfcÀs tùt en
4eux fois. Le minerai est d'abord mis à sécha- au soleil
s'il est humide, car sans cela il s'agglutin«-ait sous le
choc, puis il subit un premier cassage k la main, Mt à
l'aide de petits maillets en bois par l'ouvrier qui examme
un à un chaque fraj^ment, et élimine le stérile tout coraine
lorsque l'on procède au scheidage des minerais métal-
liques usuels; ensuite les fragments ainsi CAssés sont ré-
duits à une grosseur variant généralement de 3 à 4 mil-
limètres à l'aide d'une dame en bois assez lourde. D'autres
fois le cassage a lieu en une seule opération, tantôt uni-
quement au maillet, tantôt k la dame seulement ; qu^
-quefois on termine par un criblage afin d'éviter l'eavoî
<iu lavage de trop gros fragments.
Le lavage a partout lieu à main d'homme, à l'aide de
la pelle ; il se fait dans une auge en bras de 2 mètres de
long sur 1 mètre de large, dont le fond est généralement
horizontal, et dont la profondeur est d'une vingtaine de
centimètres. L'une des extrémités de t'auge est en rela-
tion, par un petit canal ou une rigole en bois, avec un
ruisseau assurant l'écoulement des eaux. L'eau claire est
débitée à l'extrémité d'amont au moyen de trous prati-
qués dans la paroi de l'auge, et que l'on peut obstruer
par des chevilles en bois ; elle s'évacue à l'aval générale-
ment par trop-plein, afin d'éviter qu'elle n'entraine autre
«hose que des matières légères en suspension. La lavée,
bï Google
-UINBRAIS ISSOais À LA PORlfl.TION DB8 SERPENTINES 267
-qui est de 200 à 300 kilogrammes, quelquefois même da-
vantage, suivant la qualité du minerai, est introduite en
une fois dans l'auge; elle est d'abord remuée à la pelle
-dans l'eau dormante on dans un faible courant, puis,
lorsque les matières légères commencent à être Inen sé-
parée, on au^ente l'intensité du courant en continuant
à retourner le minerai pour le ramener sans cesse dans
4e courant d'eau auquel il doit abandonner les matières
terreuses, argileuses et siliceuses. L'opération est tea:-
minée lorsque l'eau s'écoule à peu près cJaire, elle dure
de an à trois quarts d'heure suivant la nature, argileuse
-ou sableuse, des gangnes. Le minerai restant au fond de
l'auge, qui était au début fortement souillé de poudres et
«nduits siliceux jaunes, ou argileux rouges, en sort d'un noir
bWlé assez franc ; il est séché, pais ensaché, et expédié.
Quelquefois le lavage a lieu, pour des minerais parti-
■colièrement impure et terreux, en deux fois, se divisant
■en un dégrossissage avec de l'eau déjà sale et un finis-
sage à l'eau claire ; c'est ce que l'on fait en particulier
lorsque l'on manque d'eau, ce qui n'est pas sans exemple.
<ki consomme, en effet, dans une semblable opération,
une quantité d'eau considérable, soit h peu près 500 litres
à la minute par lavoir ; et l'on est parfois obligé d'établir
sur les ruisseaux dont on dispose de petits barrages et
4e* réservoirs, dont l'exécution dans l'argile rouge imper-
méable est d'ailleurs facile.
Quant au rendement industriel d'une semblable opéra-
tion, il est assez difficile à apprécier, d'autant plus que les
ininM-ais sont constamment variables comme nature et
«omme teiwur ; d'ailleurs aucun exploitant ne parait s'en
occiqier et aucun d'entre eux n'a pu nous donner une
érabation de la teneur des parties dites stériles entraî-
nées par les eaux : elle est certainement assez considé-
rable. Nous devons cependant signaler ici l'habitude, qui
ocanroence à se répandre dans quelques mines, de diriger
bï Google
268 RICHESSES MINÉRALES DE LA, XOCVELLE-CALÉDONŒ
l'exploitation, et aussi parfois le travail de lavage, àl'aide
d'analyses colorimétriques, très aisées à faire, et qui per-
mettent avec del'habitude d'apprécier à 1/iO p. 100 près
la teneur des minerais de cobalt, dont l'apparence est sou-
vent très trompeuse même pour les gens les plus exercés.
On s'accorde généralement à dire que, sauf dans le cas
de minerais particulièrement riches on particulièrement
pauvres, le rendement au lavage est à peu près de un
cinquième à un sixième en volume, c'est-à-dire qu'il faut
cinq à six sacs de minerai brut pour en faire un de minerai
lavé ; cela correspond à un rendement en poids de un
pour trois ou de un pour deux et demi, le poids des sacs
bruts, incomplètement remplis, et contenant beaucoup de
stérile, variant de 25 à 30 kilogrammes, tandis que celui
des sacs, bien remplis et cousus, de minerai lavé est d'une
cinquantaine. Les teneurs sont trop variables d'un cas à
l'autre, et souvent d'un jour à l'autre, pour qu'il soit pos-
sible de donner des chiffres ayant une réelle valeur ; ce-
pendant, on peut dire qu'on amène couramment des mine-
rais bruts à 2 1/2 p. 100 et H p. 100 d'oxyde à eu tenir
4 p. 100 ou légèrement plus; lorsqu'on lave des mine-
rais à 4 p. 100 ou au voisinage, ils rendent généralement
du minerai à 6 p. 100. 11 semble donc qu'on puisse ad-
mettre que le lavage augmente généralement la teneur
dans le rapport de 1 à 1 1 /2, 1 3/4 ou au maximum 2, tan-
dis que la réduction de poids varie de 2 1/2 à 3 ; il y a
donc une perte en cobalt qui atteint parfois jusqu'à la
moitié de ce qui était contenu dans le minerai brut.
Dans les petites exploitations, la laverie occupe géné-
ralement deux ou trois hommes, quelquefois d'une façon
mterraittente ; une telle équipe peut laver par journée
2 à 3 tonnes de minerai brut, et par suite en produire
à peine 1 de minerai lavé. Pour des exploitations plus
importantes le personnel qu'exige le lavage est natu-
rellement beaucoup plus nombreux ; c'est ainsi que, sur
bï Google
UINERAI8 ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 269
une mine qui produisait par jour au moment de notre
passage une quinzaine de tonnes de minerai brut, soit
4 à 5 tonnes de minerai lavé, on avait installé trois auges
de lavage, dont l'une de dégrossissage alimentée par de
l'eau sale, et les deux autres fonctionnant à l'eau claire
pour terminer le lavage ; trois laveurs assuraient le ser-
vice de ces lavoirs, deux blancs aidésde deux Canaques cab-
sajentle minerai le criblaient et l'entassaient, trois blancs
et deux Canaques en assuraient l'enlèvement après lavage
et l'eusachage ; soit un personnel total de douze hommes.
Une partie d'entre eux étaient payés à la journée, les
autres k prix fait: les laveurs recevaient 12 francs par
tonne de minerai lavé sec, les casseurs 8 francs par mètre
cube cassé et criblé.
On peut se demander s'il n'y aurait pas un intérêt con-
sidérable à substituer à cette opération, onéreuse comme
main-d'œuvre, et peu satisfaisante comme rendement, le
lavage mécanique, qui réussit si bien pour les autres mi-
nerais métalliques.' Cela n'a jamais été tenté, en partie à
cause du peu d'initiative et d'instruction des mineurs en
général, et en particulier des mineurs qui exploitent le
cobalt d'une façon si souvent éphémère. Néanmoins la
qualité très variable du minerai à traiter et les difficultés
spéciales résultant de la tendance des concrétions cobal-
tifères minces à surnager malgré leur densité, rendraient
peut-être bien le réglage d'une laverie mécanique très
difficile ; et l'opération faite k la main, qui, bien que cofl-
tant une dizaine de francs par tonne de minerai lavé,
n'est pas une charge excessive pour un produit qui vaut
plusieurs centaines de francs, doit à notre avis être re-
gardée comme répondant assez bien aux conditions spé-
ciales de l'exploitation du cubait.
Les prix de revient que comportent de semblables
exploitations sont naturellement très variables, suivant
bï Google
y7U RICHESSES MINÉRALES DE L\ NOUVELLE-CALEOOSm
que l'on n'eiploite que \ea meilleurea portions do gltew
(les portions un peu moins favorables , aossi dépendent4b
surtout des cours do minerai, chacuo* conduisant »mi
exploitation de manière à conserver entre sot prit de
revient et le prix de vente une marge suffisante.
D'après les renseignements qui bous ont été donnés, ei
que nous avons pu partiellement vAifcr, le prix de
revient moyen d'une exploitation important» se décom-
poserait à peu près oomme suit par tonne de muerai
lavé :
Fruici
Abatage 15 («itiiiiMiiT*" 5*,00p«i«»«*^
Transport, manutention elen-
sachage du minerai sur la
mine 40 iwiUprupr*.l3".S3(«Tto.ot(ni':
SMaÎD-d'oenvre (01
■ -^- , Matières premières l^,,,^,^^ &r,r^^u...^^>
1 (rrais de transport l
' jusqu'à la mine]. . 101
Descente du minerai de lamine
ùlalaverie 10 [»oiii|>*u|.r*t 3",:iïp"ri<««i""i':
Concaasago vt criblage S
Lavage j5
Kusnchflge . : 3
Dépense d'achat de sacs 8
Cliarroi jusqu'au bord de la
Chalundage 3
Transport à Nonniéa 10
Surveillance 10
Total 141
Pour «ne petite exploitation, occupant seuIemMlt
quelques ouvriei^, le prix do revient salaires attei-
gnait 140 k 150 francs par tonne, ert l'exploitant estJinul.
qu'à partir d'un prix de vente de 200 francs, le rem-
boursement de ses quelques dépenses de fournitures,
l'amortissement des installations très précaires qu'il
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A. LA FORMATION DBS SBRPKNTINBS 271"
arait faites, et uae rémitnératiun aiifflsante de sa peine,
lui étaient assurés.
Les chiffres relatifs aussi bien à la premià:^ de ces
exploitations qu'à la deuxième doivent d'ailleurs, comme
toujours, être diminués de 30 à 50 p. iOO en ce qui con-
cerne les salaires, pour tenir compte de la retenue
détournée faite snr eux par l'exploitant au moyen de la
vente aux ouvriers de tous objets de consommation,
comme nous l'indiquerons en détail à la fin du présent
rapport.
Mentionnons enfin qu'au moment de notre séjour dans
la colonie, et à la faveur des cours élevés du cobalt, des
groupes do deux, ou trois libérés prenaient souvent au
contrat à court terme l'exploitation du telle ou telle
mine ou de telle ou telle portion de miue moyennant un
prix global de 200 francs par lonno de minerai à 4 p. 100
{et avec augmentation de 6 francs par dixième d'unité
en plus) livrée, lavée s'il y avait lieu, au pied de la tnine ;
le matériel, cables, outils, sacs, etc., lem* était fourni
par le concessionnaire, mais ils étaient presque toujours
payés pour une large part en vivres et boissons, sur
lesquels le concessionnaire faisait les bénéfices que nous
avons dits.
■ Prix de vente. — Emplois et débouchés
des minerais de cobalt,
Comme nous l'avons déjà mentionné, le minerai de
cobalt rendu à Nouméa est couramment acheté h la
teneur de 4 p. 100 de protoxyde de cobalt (soit
3,15 p. 100 de cobalt métallique) pour le minerai sec.
Lorsque la teneur dépasse ce chiffre, le prix bénéficie
d'une augmentation plus que proportionnelle, tandis qu'il
bï Google
272 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLB-CALEDONIE
subit une diminution très importante si la teneur s'abaisse
au-dessous de 4 p. 100.
Au moment de notre séjour dans la colonie, les priï
pratiqués étaient les suivants :
Minerai à 4 p. 100 330 fr. la tonne
Les minerais à 3 p. fOO et 3 1/2 p. 100 étaient
respectivement payés à raison de. 149 fr. et 195 fr. la tonne
avec plus-value de 0'^,60 par chaque centième
d'unité en plus desdites teneurs.
De 4 p. 100 à 5 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 4 p. 100 était payé à raison de.. O'',80
De 5 p. 100 à 6 p. 100 chaque centlËme d'unité
en plus de 5 p. 100 était payé à raison de. . O",fl0
De 6 p. 100 à 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 6 p. 100 était payé h raison de. . . l'',00
A partir de 7 p. 100 chaque centième d'unité
en plus de 7 p. 100 était payé à raison de.. l'^SO
Ce (]ui portait la tonne de minerai h. S p. 100
au prix de 750 fr. la tonne
Ces cours élevés résultent d'ailleurs d'un accroisse-
ment très brusque des demandes depuis deux ans.
Tandis que, pendant de longues années jusqu'en 1890,
le minerai de cobiilt à 4 p. 100 d'oxyde était acheté sur
la place de Nouméa à raison de 72',50 la tonne, son'prii
s'élevait entre 1892 et 1894 jusqu'à 80 francs, il attei-
gnait 100 francs en 1897, et oscillait jusqu'au début
de 1900 entre 92',50 et 100 francs ; puis en dix-huit mois
son prix doublait; enfin, du mois de juin 1901 au mois de
mai 1902, chaque marché, ou peu s'en faut, a marqué
une augmentation de prix de quelques francs sur le pré-
cédent, si bien que les cours étaient, au milieu de 190S,
eeux que nous venons d'indiquer.
Ces variations des cours ne semblent nullement dues »
nne hausse passagère de la valeur du cobalt en Europe,
valeur qui parait au contraire être restée à peu près
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 273
constante, mais beaucoup plutôt à ce fait qu'au début
les acheteurs de minerai de cobalt en Nouvelle-Calédo-
nie réalisaient des bénéfices considérables, et que l'im-
portance do ces béoéfices les a amenés peu à peu à se
faire une active concurrence et à faire ainsi monter les
prix. La valeur du protoxyde de cobalt pur varie en effet
en Europe, depuis plusieurs années, entre 20 et 25 francs
le kilogramme (il valait en dernier lieu 23 fr9ncs d'après
les renseignements que nous avons obtenus) ; dans ces
conditions une tonne de minerai contenant 4 p. 100 de
protoxyde à sec, et qui tient généralement 20 p. 100
d'humidité, renfermerait 32 kilogrammes d'oxyde, et en
fournirait, après un traitement qui comporte une perte
inaxima de 15 p. 100 du cobalt contenu, 21 kilogrammes,
valant de 540 a 075 francs, ou, en prenant la valeur de
23 francs le kilogramme, 621 francs. D'autre part, le prix
<le revient de cet oxyde pourrait être estimé ainsi :
Priï «l'achat Up In lonne à Nnuméa 330
Frais d'om barque ment 5
Frel et assurances 35
Frais de débarquement At de transport à l'usine
(variables), eaviron S
Frais de première fusion 2S
Frais d'atttnege (rapportés i la tonne de minerai
brnt) «0
Total *60
Cela laisse encore une large marge de bénéfice à l'im-
portateur.
Mais les débouchés du cobalt étant, comme noiis le
ferons connaître ci-dessous, très restreints, et la hausse
des prix ayant fait augmenter beaucoup la production, qui
au cours de Tannée 1902 a atteint presque le triple de
celle de l'année lOf^l, on doit craindre que l'offre ne
bï Google
274 RICHESSES MINÉRALES DE lA NOUVELLB-ÇALÉDOSIE
dépasse rapidement la demande et que les cours ne
viennent à s'abaisser de nouveau (').
Cependant, foxyde de cobalt ayant des débouchés régu-
liers, (quoique modestes comme quantité totale, au prix
que nous venons d'indiquer, il parait vraisemblable que les
cours dn rainerai en Nouvelle-Calédonie doivent, non
sans subir encore des oscillations passagères, se maintenir,
sinon aux cliiffres actuels, du moins k des chiffres lar-
gement rémunérateurs pour les exploitants, et doivent leur
permettre d'utiliser d'une façon durahle et permanente
non seulement les amas particulièrement riches, mais
encore des gites plus pauvres.
Le minerai de cobalt est aujourd'hui exporté uni-
quement à l'état cru : il a été autrefois, tout comme le
minerai de nickel, l'objet d'une tentative de traitement
sur place; nous avons déjà mentionné les essais faits
entre i880 et 1884 à l'usine de la pointe Chaleîx, soit
pour obtenir des mattes de cobalt uniquement, soit pour
obtenir des mattes mixtes tenant à la fois nickel el
cobalt ; les premiers essais, qui étaient très justifiés du
moment que l'on avait installé une usine de fusion, ont
eu le même sort que ceux pour la fusion dn nickel; les
seconds, qui consistaient à réunir les deux métaux dont
la nature avait commencé la séparation, paraissent peu
rationnels ; ils le seraient d'autant moins aujourd'hui que
K> nickel doit pouvoir être produit par des opérations
HitHallurgiques dont le prix do revient ne soit pas trop
élevé, et non pas à la suite do séparations chimiques
délicates et onéreuses. D'autre part, en 1891-1892, la
Société le Cubait avait fondé près de Nouméa une usine
destinée au triiitemcnt des minerais pauvres do cobalt
par un procédé assez complexe qui a, croyons-nous, subi
e mesure d'apri-s les
bï Google
HINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES 275
plusieurs variantes; on a, en particulier, essayé la fusion
des minerais de cobalt avec des pyrites cuivreuses comme
fondant pour obtenir des mattes riches à la fois en cobalt
et en cuivre. Après avoir donné lieu à l'exportation de
quelque deux cents tonnes seulement de mattes, dont la
teneur aurait atteint jusqu'à 20 p. 100 de cobalt, et qui
auraient été d'une valeur de 3.500 francs la tonne, cette
tentative a échoué.
Sans vouloir condamner le principe de ces essais, qui
pourraient peut-être être repris utilement le jour où l'on
aurait monté dans la colonie une usine de fusion du
nickel, nous ferons remarquer que la fusion sur place est
beaucoup moins indiquée pour les minerais de cobalt que
pour ceux de nickel, pour diverses raisons. D'une part, le
minerai de richesse moyenne valant actuellement 6 fois
plus que le minerai de nickel, et étant destiné à valoir
vraisemblablement toujours au moins quatre ou cinq fois
plus, subît du fait des frais de transport en Europe une
charge relative beaucoup moins considérable. D'autre part,
il est susceptible d'un enrichissement par lavage, impar-
fait et d'un faible rendement, nous le reconnaissons, mais
enfin cepeiidant utile, que ne supporterait pas le minerai de
nickel. Enfin, la teneur à laquelle le cobalt est exporté est,
beaucoup plus que pour le nickel, voisine de la teneur à
laquelle les opérations métallurgiques deviennent d'un
rendement par trop faible; le traitement sur place per-
mettrait donc moins facilement l'abaissement de la teneur
limite du minerai.
Nous pensons donc que le minerai de cobalt sera encore
longtemps exporté brut en Europe ; et cela ne crée pas à
l'exploitation de ce minerai une charge qu'il serait
essentiel de voir disparaître à bref délai comme pour le
nickel.
La consommation du cobalt se répartit par petites
quantités entre diverses industries dont la principale est
bï Google
2l6 RICHeBSI» MIM!I<fALB3 DK LA TfOUVBLLB-CALÈDONIB
la poterie, oii la coloration blene qu'il tend à donner à !»
pâte est employée à compenser la teinte rouge que des
traces do fer lui communiquent trop sonvent; il sert
en outre à colorer ta porcelaine et lea émaux ; enfin il
fournit un grand nombre de mattèren colffl-antes variées.
Noas devonB d'ailleurs mentionner ici que les propriétés
du cobalt métallique paraissent être tout aussi remar-
quables, sinon plus, que celles du nickel, et que, s'il n'est
pas préféré à ce métal, c'est en raison de la dispro-
portion considérable (voisine de 1 à 10) qui existe entre
la valeur des deux métaux. Cea différents nsages dn
cr^lt, qui absorbent annuellementenviron 150à 20Utonnes
d'oxyile, offrent des garanties de régularité telles qu'un
débouché semble assuré au minerai calédonien, jus((u'ii
concurrence de 3 000 k 4 000 tonnes par an, pour peu
qu'il conaerA'e sur le marché le monopole à peu près
exclusif qu'il a aujourd'hui.
Si en pffet on consulte les statistiques publiées dans h
recueil TAc Minera/ Induslri/, que noua avons déjà mis
k contribution, on const-ate que la production desmincrai'
de cobalt, au cours des cinq dernières années, se serait
répartie comme suit entre les différents pays d« monde;
nous mentionnons, en regard des tonnages, les valeurs sur
place, qui peuvent donner une idée de la richesse des divers
minerais ; il est bon d'ajouter qne la valeur comptée poor
les minerais de Nouvelle-Calédonie est relativement beau-
coup trop faible, d'une part parc© qu'ils subissent sur
place une dépréciation correspondant au fret jnsqn'en
Europe, et d'autre part parce que, comme nous l'aronc
expliqué, ils ont été pendant fort longtemps vendus h un
prix très inférieur à leur véritable valeur. Sons réserve
de cette observation, voici les chiffres que nous avons
relevés ;
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DBS
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du Sud
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3Î8.H0'
Ces totaux devraient être augmentés de quelques tonnes
(le minerais complexes, extraits en différents points do
l'Allemagne ot de l'Autriche, et ayant produit un peu de
cobalt.
Comme on le voit, la Nouvelle-Calédonie n'a pratique-
ment aucun concurrent important pour la production du
cobalt, puisque pendant toutes ces dernières années elle
a fourni comme tonnage plus de 90 p. lOOdes minerais de
cobalt produits dans le monde entier, représentant comme
valeur environ 80 p. 100 du total, et cela d'après les chiffres
ci-dessus qui, comme nous l'avons dit, sont relativement
beauconp trop faibles pour la valeur des minerais de la
N OH vel le-Ca lédonie .
Nous opposerons à ces chiffres, beaucoup trop faibles,
ceux du i" semeslrel902, aucoursduquel il aété exporté
2 452 tonnes de minerai de cobalt représentant une valeur,
au cours du minorai à Nouméa, de BOO-OO*) francs envi-
ron ; rappelons d'ailleurs qu'on ne peut guère espérer que
de tels chiffres se maintiennent complètement d'une fa(;ou
durable.
(*; CliilTres dexporlalion
bï Google
278 KICHBSSES UmÉBALBS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
C'est donc un monopole presque absolu que détieot
aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie pour la fourniture du
minerai de cobalt au monde entier. Les gisements de ce
minerai, quoique très capricieux, sont nombreui el
étendus; aussi leur exploitation paraît-elle devoir assurer,
pour bien des années encore, un chiffre d'affaires qoi est
loin d'être négligeable. Mais, pour ne pas risquer de voir
cette branche de l'industrie minière décliner peu à peu
par suite du gaspillage des gites, il serait bien nécessaire
que l'exploitation en fût poursuivie d'une manière moins
imprévoyante.
bï Google
CHAPITRE II.
LE FER CHROMÉ.
■ Indications générales et «rsTOHiQiE;
Le fer chromé se montre associé avec une cotistaiico
remarquable à la grande formation serpentineuse de la
Nouvelle-Calédonie : on le rencontre soit en' roche dans
les péridotites fraîches ou plus ou moins complètement ser-
pentinîsées, soit en grains séparés dans les argiles rouget
qui proviennent de leur décomposition. Nous n'avons pas
examiné au microscope une seule plaque mince de péri-
dotite ou de roche serpentineuse sans y apercevoir, inclus
dans la pâte, des cristaux ou des grains de fer chromé,
de même que nous n'avons pas analysé un seul fragment
de ces roches sans que la partie demeurée insoluble dans
les acides ne contint une quantité appréciable de fer
chromé, représentant généralement en poids plusieurs
millièmes. D'autre part, toutes les formations ferrugi-
neuses que nous avons désignées sous le nom d'argiles
rouges, qui doivent, comnje nous l'avons indiqué, être
considérées comme un résidu de la dé<'omposition des
péridotites, renferment une proportion notable (atteignant
parfois plusieurs centièmes] de grains de fer chromé, et
les sables lourds des ruisseaux qui descendent dos massifs
serpentineux sont très riches en fer chromé.
A ces deux modes d'occurrence normaux et constants
du fer chromé correspondent, lorsque des circonstances
spéciales en ont permis la concentration l'U im m^mo
zecbvGoOgIC
280 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
point, deuï types de gisements exploitables : Jes-gise-
tnents de fer chromé en roche ou primitifs, soit à l'ëtat
de filons, soit à l'état d'amas, et les gisements d'origine
détritique ou secondaires, désignés par l'expression usuelle
de (1 gisements de fer chromé d'alluvions ».
Dans les gisements en roche, le fer chn)mé apparaît.,
tantôt en masses à cristallisation confuse et sans forme
extérieure nette, et tantôt en cristaux octaédriques plus
ou moins bien formés, disséminé dans une gangue sili-
catée. Dans la plupart des échantillons que nous avons
rencontrés, qui provenaient, il est vrai, du voisinage des
affleurements, cette gangue paraissait amorphe et était
constituée par des silicates décomposés, alnmineux et
magnésiens et légèrement ferrugineux ; au microscope elle
se montrait riche en produits serpentineux et talqueux.
Mais dans quelques échantillons, provenant les iws de la
mine la Tchaux, les autres de la mine Joséphine â la baie
des Pirogues, cotte gangue est constituée, tantôt par du
diallage parfois très frais et bien cristallisé, et tantôt par
du péridot. Exceptionnellement on rencontre le fer chromé
massif sous forme d'un agrégat d'élémeats en forme
d'écaillés, présentant un aspect presque spéculaire.
Dans les gisements d'origine détritique, il est le plus
souvent en fragments brisés, mais il est parfois aous-
forme d'octaèdres assez petits et plus ou moins mtacts:
il se présente rarement en petits galets roulés. Dans ce*
derniers gisements, il est généralement recouvert d'un
léger enduit de i-ouille qui lui fait donner le nom de
i< chrome rouge » ; cet enduit parait être le seul résidu de
la gangue qui était associée au minerai dans sou gisement
primitif; le «chrome rouge» se trouve donc être très
pur, et le minerai connu sous ce nom est en conséquence-
fort apprécié.
Avant d'entrer dans quelques détails au sujet des diffé-
rents gisements connus qui se rattachent à l'un ou k
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION' DES 6ERPGNTINBS 28t
l'autre dç ces deux typeb, nous luentionaerons encore
que, le plua souvent, le fer chromé de la Nouvelle-Calé-
donie parait se rappi-ocher beaucoup de l'espèce minérale
que l'on appelle fer chromé ou chromite, c'est-à-dire du
chroinite de fer Cr'O'FeO, qui doit contenir théorique-
ment 68 p. 100 de sesquioxyde de chrome; il ne parait
pas être mélangé ni a du fer magnétique, ni à de la pico-
tite pauvre en chrome, minéraux qu'on pourrait s'attendre
à rencontrer dans la formation serpentineuse, et «in'il
serait difficile de séparer du fer chromé, dont Us dimi-
nueraient beaucoup la teneur eu sesquios^de de chrome :
c'est ce que fait immédiatement supposer la facilité avec
laquelle on obtient, souvent sans lavage aucun, et d'autres
fois avec un lavage très sommaire, des produits courants
à 50 p. 100 ou même 55 p. 100 de sesquioxyde de chrome,
et quelquefois plus. C'est ce que confirment d'ailleurs nos
obser\'ations : les échantillons que nous avons recueillis
sur les différents gisements que nous avons visités no
contenaieDt pas de quantités notables de magnétite, et
s'ils n'étaient pas tous constitués par de la cbromite pure,
ils ne s'en éloignaient guère que par la substitution, par-
fois en proportion importante, de magnésie au protoxyde
de fer pour s'associer au sesquioxyde de chrome, substi-
tution qui ne tendrait qu'à augmenter la teneur du minerai
en chrome; quelquefois cependant, une petite quantité de
sesqtûoxyde de chrome était remplacée par de l'alumine.
C'est' ainsi que deux érhanlillons provenant, l'un de la
mine Georges Pile à la baie Ngo (chrome dalluvions), el.
l'antre de la mine Anna-Madeleine à la baie du Sud
(chrtMue en roche), que nous avons analysés après les
avoir lavés à l'acide pour éliminer les matières étrangères,
ne se sont montrés contenir ni l'un ni l'autre de frag-
ments attirables à l'aimant (fer magnétique), et ontdonné
à l'analyse des teneurs en sesquioiyde de chromo respec-
tivement égales k 65,8 p. 100 et 68,9 p. tOO ; le dernier
bï Google
282 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
était très chargé en magnésie. Cependant, certaines ana-
lyses, se rapportant précisément h des échantillons de la
baie Ngo à faible teneur, nous ont été communiquées,
qui indiquaient d'une part des quantités d'alumine et de
magnésie très aupérieures à celles qui auraient pu être
combinées à la silice de la gangue, et, d'autre part, des
teneurs en fer inférieures à celles qui correspondraient il
sa combinaison au rhrome à l'état de chromîte de fer;
cela ferait supposer qu'il existait dans ces échantillons
de la picotite plus ou moins pauvre en chrome ; néan-
moins, les quantités des différents éléments correspon-
daient assez mal à une semblable hypothèse, nous ne
pouvons donc pas considérer la chose comme étant bien
établie. C'est un pohtt qui mérite cependant d'attirer l'al-
tention des chercheurs comme pouvant leur réserver
éventuellement des mécomptes.
L'abondance du fer chromé on Nouvelle-Calédonie esl
telle que, dès la première exploration géologique de Tile
faite par M. Gamier, celui-ci fut frappé de la fréquence
avec laquelle s'y montre ce minerai, qu'il déclare être
(i le lien commun et le compagnon constant (') » des
diverses roches magnésiennes : il mentionne sa présence
k la fois en grains dans les schistes serpentineux, en
cristaux dans les serpentines, en masses ou amas dan::
les argiles, et enfin sous forme de sables sur les rivages
et dans le lit de certains ruisseaux ; mais il ne relient,
comme étant exploitables avec profit, que les gîtes en
amas dans les argiles. Il signale la possibilité d'exploiter,
à raison de H fr. 50 par tonne, un semblable amas qni
existait au Mont-Dore, et dont le minerai aurait tenu
61,333 p. 100 de eesquioxyde de chrome. Il ajoute qu'un
tel minerai aurait pu, à l'époque, être vendu en France à
raison de 200 francs la tonne.
(•) Loc. cit., p. Si.
bï Google
MISERAIS ASSOCIÉS A LA FORUATION DES SERPENTINES 283
Lorsque, dix ans plus tard, M. Heurteau dressait un
inventaire des richesses minérales de la Nouvelle-Calé-
donie, il reconnaissait, avec M. Garnier, l'abondance du
fer chromé, mais il regardait comme beaucoup trop faible
le prix de revient sur place, estimé à H fr. 7)0, pour le
minerai du gisement en question, et, tenant compte du
fret, qui était alors aux environs de 100 francs de Nou-
velle-Calédonie en Europe, il arrivait à cette conclusion
que le prix de vente de 150 à 160 francs, qui était celui
sur lequel il fallait chiffrer alors, laisserait sans doute
une marge suffisante pour pouvoir faire une exploitation
régulière et bien conduite. Il exprimait l'espoir que l'ini-
tiative individuelle tenterait pareille entreprise, qui n'avait
pas été essayée jusque-là. D'après les indications de la
statistique des exportations, ce n'est qu'en 1880 que cette
tentative eut lieu pour la première fois : elle fut immé-
diatement couronnée de succès, puisque de 500 tonnes
en 1880 l'exportation s'est élevée l'année suivante à
2,300 tonnes, pour se maintenir pendant une dizaine d'an-
nées entre 2.000 et 3.000 tonnes par an, pour atteindre
dans les dernières années une moj'enne de plus de
10.000 tonnes, et même pour s'élever à 17.600 tonnes
en 1901. Voici d'ailleurs comment elle s'est répartie
entre les différents gisements en 1901 :
Ddme de Tiebaghi (2 exploitations) 3.450
Baie Ngo (2 exploitations) 4.600
Bassin de la rivière des Pirogues (une exploi-
tation avec évacuation du miaerai par la
baie Ngo) 8 .533
Groupe de la rivière de PouriQa(2exptoilatioDs). . 1.284
La Coulée (une exploitation) 300
Cap Goulvain (une exploitation) 280
Baie Onié 202
Total 17.649
Ce ne sont guère jusqu'ici, sauf quelques exceptions pas-
D.D.t.zeabï Google
284 KICHESS&S MINÉRALES DS U NOrVELLE-CALEbOXlE
sagères, que les gisements dita de chrome d'alluvions qui
ont fourni le fer chromé exporté de U coloole (soit près
de 150.000 tonnes en tout); il n'y a en effet jamaw
eu sur les gisements en roche que des tentatives d'eiplu-
tation sans succès durable.
B. — Gisements de fbr chromé ex roche du scd
ET DO CENTRE DE LILE.
Comme n<H]8 l'avons dit, le fer chromé est un élément
qui se retrouve d'une façon absolument constante dans
les péridolites plus ou moins serpentinisées qui occupent
une si large place dans les formations néo-calédoDiennes;
mais il n'y existe le plus souvent que sous forme de petits
cristaux de quelques dixièmes de millimètre de dimenâûms,.
disséminés d'une façon assez régulière dans toute la
masse de la niche. Cependant, dans \m certain nombre
d'entre les massifs de péridotite, il s'est produit une ségré-
gation plus complète du fer chromé qui, tout en se retrou-
vant encore disséminé dans la masHO de la roche, tt
montre en outre concentré parplaces soitdans des amas,
soit dans des filons : il y est quelquefois sensiblemeol
pur, mais le plus souvent il est associé à une gangue
constituée par dos silicates magnésiens. Assez peu nom-
breux jusqu'il ces dernières années étaient les gisemcBlii
de fer chromé de cette nature connus, ou du moins un
peu explorés ; quelques tentatives avaient été faites pour
en exploiler trois ou quatre sur la côte Est (au Sud de
Nouméa, près de Saint-Vincent, et près de Bonrail); elles
avaient été peu fructueuses, et l'on avait préféré reporter
l'exploitation sur les gisements d'origine détritique. Dans
ces dernières années, l'attention a été rappelée sur les
gisements on roche, qui existent en particulier assez
nombreux dans la puissant© formation serpentineuse du
Sud de l'île; on en a d'ailleurs encore signalé eu d'autres
bï Google
MINERAS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINKS 285
points de la colonie, jusques et y compris le massif du
(lômede"nebaghiau voisinage de l'extrémité Nord de l'île.
Bien que nulle part l'exploration de ces gisements ne
permette d'en définir exactement les limites et le carac-
tère, on peut néanmoins dire que plusieurs d'entre eux
paraissent plutôt se rattacher au type des filons, ou au
moins des lentilles aplaties, qu'à celui des amas. Nous
avons Miailé un groupe important de ces gisements au
voisinage de la baie du Sud, plusieurs lo long delà cMe
Est, à Plum, à Saint-Vincent, et près de Bourail, et
enfin celui du dôme de Tiebaghi, qui est d'ailleurs associé
à (l'importantes formations de fer chromé détritique.
Autour de la baie du Sud, ou plus exactement au flanc
des différents mamelons qui entourent la Plaine des Lacs,
sorte de plateau serpentineux d'une altitude moyenne
de 200 mètres environ, les ségrégations de fer chromé
dans la roche paraissent particulièrement nombreuses ; il
■en a été signalé, entre autres, des gisements entre la baie
des Kaoria et le Lac en 8 (mine Muriel) {Voir \a-/>g. 3 de
la PI. IV;, snr les hauteurs qui dominent la rive gauche
de la rivière des Lacs (mine Anna-Madeleine), sur le
mamelon de la mine la Tchaux aux sources de la rivière
du Carénage, etc... Aucun d'eux n'est exploité actuelle-
ment ; on n'y poursuit que quelques travaux de recherches,
mais on en étudie la mise en valeur en les reliant au
rivage de la baie du Sud par une voie ferrée.
Dans cette région les përidoHIes apparaissent sous
des aspects divers : tantôt elles sont particulièrement
riches en péridot, dont elles se montrent pour ainsi dire
uniquement formées, elles en sont d'autant plus basiques
et en même temps plus accessibles à l'altération et à la
transformation en serpentine; par places, au contraire,
l'enslatite est abondante et s'étale en grands cristaux à
larges clivages au milieu du péridot finement grenu.
bïGoogIc -^
286 RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
Cea péridotites constituent la totalité de tous les som-
mets qui entourent la Plaine des Lacs ; sur leurs flancs
reposent des muiteaux de plusieurs mètres d'épaisseur
d'argile rouge, tam&i qu'à leur pied se développe une
plaine, dont le sous-sot «et vraisemblablement constitué
également par de semblables argues, mais dont la surface,
souvent marécageuse, est recouverte d'une couche de
grains de fer oxydé, enduits d'une poussin de même
nature plus ou moins hydratée et jaunâtre. CM mêmes
grains fenugineux se retrouvent tout autour des demi Itcs
{Grand Lac et Lac en 8) et au fond de ceux-ci; mais ils
s'y trouvent débarrassés de semblables poussières et se
présentent en éléments noirs plus ou moins polis par les
eaux, ce qui les a parfois fait prendre pour du fer chromé,
et a fait dire, comme on le répète souvent à tort, que les
bords et le fond des deux lacs sont uniquement constitués
de grains de fer chromé. Cet élément, qui existe dans les
roches des alentours, et qui y existe même avec une abon-
dance particulière, se retrouve bien à la fois dans les
argiles rouges et au milieu des grains ferrugineux, mais
on n'a pas encore, à notre connaissance, signalé de point
où il ait subi une concentration suffisante pour y être
exploitable, et c'est dans la roche même qu'il s'est trouvé
concentré par ségrégation, sans doute au moment de la
solidification.
Parmi les différents gisements qui se trouvent dans le
groupe que nous avons défini ci-dessus, celui qui se
présente avec la plus belle apparence est celui de la niiue
Anna-Madeleine , mine qui englobe, avec les périmètres
contigus qui en constituent des extensions, une longne
ligne de crêtes venant mourir au bord de la rivière des
Lacs. Bien que le périmètre delà concession ait, avec ses
extensions successives, une étendue déplus deS.OOO hec-
tares, nous n'avons pu constater la présence d'un
gisement que dans une partie très restreinte de ce péri-
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 287
mètre, sur le contrefort iionl-oriental de la ligne de crêtes.
Il se signale dès le pied (versant Sud) de l'escarpement par
une traînée assez large, descendant la pente de la mon-
tagne, oii le sol, constitué par des blocs séparés de péri-
ilotite à enstatite et par les affleurements de cette même
péridotite en place, est abondamment parsemé de frag-
ments de fer chromé; la dimension de ces fragments varie
depuis celle d'une noisette jusqu'à une portion notable de
mètre cube et parfois môme davantage; ce fer chromé
présente ici l'aspect de masse ccailleuse que nous avons
indiqué ci-dessus, il parait être d'une pureté à peu près
parfaite, ne laissant voir que de très légers enduits ferru-
gineux entre les diverses écailles, enduits qui suffisent
cei)en(lant à lui enlever le caractère d'un minerai massif;
à l'analyse uii é<'hantilloM clioisi nous a donné les résultats
suivants :
Sesif uioxydc de fer solulile ) ,09
/ proloxyde de fer 16,70
, ,. , ,, 1 magnésie H, 10
h er chromé nisolutile : , " . „' „
i alumine 3,00
' sesquioxyde de chrome fiS
Total. 99,89
Lorsque l'on s'élève le long du flanc de la montagne
eu suivant cette traînée de fer chromé, on voit les blocs
devenir de plus on plus gros et nombreux, et, lorsqu'on
parvient sur lu crête, on y constate la présence, en saillie
1res nette sur le reste du contrefort, d'un bloc énorme de
fer chromé de même nature, brillant au soleil, et émer-
geant tout dénudé au milieu dos maigres broussailles qui
poussent dans les interstices des blocs de péridotite. En
exanïinant avec soin les blocs voisins, nous en avons
trouvé d'autres, également de fort volume, paraissant, de
même que celui-ci, être des blocs en place ; ils s'alignent
assez exactement avec le premier dans une direction Nord-
Sud sur une longueur représentant au total une centaine
bï Google
mu RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELbË-CALÉUONIB
do mètres ; en cherchant à suivre cette direction plus
loin vers le Nord ou vers le Sud, nous avons trouvé la
crête coupée par deux ravins, et au delà de ceux-ci nous
n'avons pas pu, au cours d'un examen nécessairement un
peu sommaire, mais que nous avons été surpris de ne pas
trouver fait à loisir par tes concessionnaires de la mine,
IV trouver de semblables blocs ; les pentes de la montagne
au Nord et au Sud de la traînée que nous avons mentionnée
cessent d'ailleurs assez promptement d'être recouvertes
de blocs de fer chromé. Ajoutons que les blocs en place
que nous avons observés ne présentent perpendicu-
lairement à la direction Nord-Sud que des dimensions
lestreinfes, de 1 à 2 mètres, et que, de part et
d'autre de la saillie qu'ils constituent, on retrouve des
éboulis de péridotite; il semble donc qu'il y aurait U
l'indication, sur une centaine de mèlres de longueur, de
l'affleurement d'un filon de i à 2 mètres de puissance
Je fer chromé pur, la résistance du minerai aux agents
atmosphériques ayant laissé, en saillie sur la rache moins
{lure.desépontes.line partie des affleurements, A en juger
par les apparences que nous avons relevées au cours de
notre examen rapide, ce filon n'aurait guère de coiiti-
nuité en direction, ce qui amène naturellement à se
demander si ce n'est pas seulement un amas lenticu-
laire. Quant à la question du prolongement de cette for-
mation en profondeur, nous n'avons pu recueillir aucune
indication qui permette de la résoudre, et l'on ne peut
que s'étonner que les concessionnaires d'un affleurement
aussi remarquable n'aient pas songe à en entreprendre
une exploration, si supei'flcielle fût-elle.
Plus loin vers le Sud-Ouest, le fer chromé n'apparait
qu'associé à des silicates magnésiens : kiammelaTchaiu
les affleurements ont un caractère assez nettement filonien,
autant qu'on peut juger de la chose par quelques obser-
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DBS SERPENTINES 289
valions isoJées ; ils se montrent sur le flanc d'une mon-
tagne en pain de sucre surbaissé qui s'élève, jusqu'à la
cote 450, au-dessus de la plaine dont l'altitude mo^'enne
est ici de 225 mètres. A la cote 315 on rencontre un pre-
mier aftleuremeut présentant nettement une direction
Nord-Sud (la même que celle que nous avons notée à la
mine Anna-Madeleine à quelque 6 kilomètres au Nord-Est)
avec une plongée de 45 degrés vers l'Ouest ; la formation ,
puissante de 3 mètres, est constituée par du fer chromo
à larges facettes, associé k des quantités variables d'une
matière amorphe tantôt blanche ou jaune pâle, tantôt rouge
<le rouille et tautAt verte, qui est un silicate alumiueux
magnésien généralement décomposé et oxydé au voisi-
nage des affleurements. Cette formation est comprise
entre des épontes de péridotite dans lesquelles le fer
chromé est encore abondant, soit en mouches, soit
on petits filonnets. A quelques mètres plus haut un autre
afïleurement de minerai analogue parait appartenir à une
sorte de ramification montante du premier filou; enfin, à
7 mètres au-dessus de celui-ci, semble en affleurer un
-second suivant lequel a été amorcée une petite descente.
Plusieurs fouilles de faible importance ont été faites sur
ces affleurements, elles serépartissentàpeinesur50 mètres
en direction et 10 mètres de verticale; un assez grand
nombre de tonnes de minerai en ont été extraites ; ce
minerai contient, comme nous l'avons dit, une proportion
plus ou moins forte, mais très notable, de silicates aiumi-
neux magnésiens. Le prolongement en direction de ces
affleurements n'est pas du tout connu ; la montagne étant
eu formede cône, il semble qu'on devrait trouver aisément
des affleurements tout autour, y marquant à peu près la
trace d'une section oliliqne; ici encore les recherches
qu'il aurait été tout indiqué de poursuivre n'ont pas été
faites, et nous n'avons rien pu observerde plus, d'aulanl
plus que la végétation es-t fort abondante sur ce niameloi] ;
bïGoogIc L
290 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDOHIE
au pied du mamelon, et h peu près suivant les généra-
trices qui correspondent aux affleurements, on trouve des
sables chargés de fer chromé et des blocs éboulés.
D'après ce qui nous a été dit, le mamelon qui se trouve
immédiatement au Sud de celui-ci et à quelque 500 mètres
de distance seulement, c'est-à-dire dans le prolongemeni
ilu filon supposé, a été exploré sans succès ; mais, en fraii-
(^hissant vers l'Est un petit col, pour passer du bassin de
la rivière du Carénage dans celui de la rivière Bleue, on
retrouve le fer chromé sur le périmètre de la mine Bonne-
Veine : une carrière ouverte à la cote 210, à titre de
simple travail de recherche, a mis à découvert un affleu-
rement qui parait également être celui d'un filon de près
de 1 mètre de puissance dirigé Nord-Sud et plongeant
à 45 degrés environ vers l'Est; mais ici les produits ma-
gnésiens associés au fer chromé sont abondants et la
teneur en chrome dumineraibnit est relativement faible;
on y a trouvé cependant quelques beaux blocs de minerai
riche. A une soixantaine de mètres plus au Sud, et à
une cote d'une vingtaine de mètres inférieure, on aperçoit
un nouvel affleurement de caractère identique, et qui
paraît bien correspondre au prolongement de la même
formation.
Notons enfin la présence, un peu plus loin vers l'Ouest
sur le même périmètre Bonne-Veine, d'une assez puis-
sante formation détritique de fer chromé. Celle-ci se ren-
contre dans les argiles rouges qui s'étalent sur la pente
d'une croupe arrondie ; au pied de cette pente la surface
do l'argile est semée de débris de fer cliromé; plus haut,
de semblables débris se retrouvent, formant une couche
d'une certaine épaisseur; et, au voisinage de la crête
même, on arrive k des amas de cristaux ou de petites
niasses plus ou moins désagrégées avec taches d'oxyde
de for, paraissant provenir de la décomposition sur place
de minerais en roche tels que ceux que nous venons de
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 291
décrire. Le fer chromé fourni par ces derniers gisements
est suffisamment pur pour être marchand tel quel, et on
l'exploite, sans grande activité d'ailleurs faute de moyens
de transport.
Nous aurons à signaler d'importants gisements du même
genre plus à l'Ouest dans la Tallée de la rivière Ngo
et des tributaires de gauche de la rivière des Pirogues,
mais nous les décrirons ci- après avec les gisements
d'origine détritique. Ajoutons qu'au moment où nous avons
quitté la colonie, les découvertes de gisement» de fer
chromé, en roche croyons-noua, paraissaient se mul-
tiplier beaucoup au Nord et à l'Est de ceui que nous
avons visités, et qu'un très grand nombre de déclarations
<le recherches pour chrome ont été produites dans les
mois de juin et juillet 1902, se rapportant à cette région.
Un autre gisement de fer chromé en roche donnait lieu
■A des travaux de recherches non loin de là au moment de
notre séjour en Nouvelle-Calédonie; c'est celui de la
mine Lucky-hitt, près de Pium, qui avait été, en 1880,
l'objet de la première tentative sérieuse d'exploitation du
chrome dans la colonie. Après avoir fourni, en quelques
années, une dizaine de milliers de tonnes de minerai,
provenant vraisemblablement surtout d'un amas d'ori-
gine détritique, et après avoir été partiellement explorée
dans la partie du gisement qui se trouvait en roche, la
mine fut abandonnée. Le gisement en place, situé sur la
rive gauche du ravin de la petite rivière de Plum, se
présente au milieu de roches du même type que celles
que nous avons rencontrées à la baie du Sud, et le minerai
est constitué par une association de fer chromé et des
mêmes silicates aluniineux magnésiens qu'à la Tchaux;
tantôt c'est le premier de ces éléments qui domine, tantftt
c'est le second, et l'on passe sur une faible distance d'une
qualité de minerai à l'autre. Quant à l'allure du gisement,
bï Google
293 tUCIlBiJSBS MINÉRALES DE LA. KODVELLE-l^ALÉDONIE
elle ne montre riea de net : plusieurs affleurements ont
été explorés présentant des puissances, des directiong et
des pendages variables; il ne semble donc pas que l'oa
ait ici afTaire à des filons nets, mais plutôt à des ainaa
irrê^liei's. Les travaux souterrains, assez dévelt^pés,
qui y ont é(é poursuivis, et que l'on y poursuit enc<we,
atint, de ce fait même, des plus irréguUers. Ils paraissent
néanmoins avoir montré que le gisement est important ;
malheureusement la pureté du minerai laisse k désirer :
un triage soigneux peut fournir une certaine quantité de
minerai tenant aux enviFons de 50 p. 100 de sesquiosyde
de chrome, ce qui est actuellement & peu près la limite
d'exploitabilité, mais on doit abattre en même ten^
des quantilcs beaucoup plus considérables de uiinerai
à 30 p. 100, invendable tel quel, et exigeant par suite
une concentration nécessairement onéreuse. Aussi les
auteurs de la première tentative d'exploitation avaient-ils
dâ installer au pied de la montagne une petite laverie,
comprenant un concassour à mâchoires, un broyeur à
meules et une table dormante pour la concentration du
fer chromé, te tout actionné par une petite locoroobile.
Gr&ce à ce dispositif, le mioerai, descendu par c&bles de
la mine à la laverie, était porté à une teneur suffisante
pour être nurcliand, mais on perdait des quantités consi-
dérables de fer chromé : aussi l'exploitation ne fut-elle
pas rémunératrice.
On parle aujourd'hui, si le résultat des travaux d'explo-
ration entrepris paraitassez satisfaisant, d'installer une la-
verie mieux montée et assurant en particulier une perte
beaucoup moindre de minerai, ce qui serait aisé à réaliser
étant donné la très grande différence de densité entre le
fer chromé et sa gangue ; cette . laverie serait mise eu
relation avec l'orifice, ou les orifices, de la mine par un
plan incliné aérien, et serait réunie au bord de la mer pac
une petite voie ferrée, Au moment de notre visite, les
bï Google
MINBBAIS AS80CIBS A. LA FORUAnOX DX8 SBBPENTINBS 393
traraux d'exploration n'occupaient pas moins de vingt-
cinq ouvriers.
Une tentative d'exploitation da même genre, mai» que
les mêmes circonstances ont rendne également infruc-
tueuse, a en lieu, il y a quatre ans, sur la mine Chromière
près de Saint- Vincent. La mine, située daos le masnf ser-
pentineux du mont Kuungouauri, où le nickel existe éga-
lement et paraît même plus abondant que le chrome, se
trouve à 330 mètres d'altitude sur le flanc Sud d'un con-
trefort séparant les deux bras do la haute TamOa, préci-
sément en face d'une ancienne exploitation de nickel. On
avait d'abord rencontré, sur le liane de la montagne, de
petites quantités de fer chromé détritique et naturelle-
ment enrichi; mais, lorsqu'on a voulu attaquer le gisement
en roche, on s'est trouvé en présence de veines enche-
vAtrées, assez puissantes il est vrai, mais peu régulières,
d'un minerai « piqué » constitué par des mouches assez
abondantes de fer chromé dans une gangue silicatée, et
qu'il fallut laver pour le porter à une teneur commerciale ;
un échantillon, que nous avons recueilli au hasard, nous
a donné à l'analyse le résultat suivant :
' Eau..
1.' \
_ _. , . , \ Silice 3,t J
Partie soluble l „ ... „„(.«,
, . , / Sesquioxyde de fer 2,9 > 19,4
dans les acides. \ ., . ' „ „ {
I AmmiDe 3,9 l
1 Magnésie 8,4 /
! Sesquioxyde de chrome. 53 \
Protoxyde de fer 24 i
Silice 1,1 ' „„ ,
c ■ j j f on' 80,1
Sesquioxyde de fer 2,2 i
Alumine 0,6 t
Magnésie 0,2 '
On fut donc obligé de créer une laverie, aujourd'hui en
mines, en même temps qu'il était nécessaire d'établir
bvGoogIc
294 RICHESSES WINÉRALR8 DB LA NOUVBLLB-CALÉDONIB
jusqu'au bord de la rîvifere un petit tramway. Ces frais
de premier établissement n'auraient pu être rémunérés
que par une extraction importante d'un minerai dont le
prii de revient n'eût pas été trop élevé ; c'est ce qui o'a
pu être réalisé, et cela a amené l'abandon du gisement,
dont les conditions naturelles n'avaient, en somme, rien
de particulièrement favorable.
Plus favorables étaient les conditions dans lesquelles se
présentait le fer chromé à la mine Belle-Pluie, près
du cap Gouivain ; c'est sous forme d'un filon net, dirigé
Est-Ouest, s'enf^nçant presque verticalement dans la mon-
tagne, et qui a pu être suivi avec régularité jusqu'à une
centaine de mitres du jour horizontalement ; il a été par-
tiellement dépilé à trois niveaux espacés de 10 en
10 mètres. La puissance du filon était voisine de 1 mètre,
et la majeure partie du remplissage était du fer chromé
presque massif; aussi, sans laver le minerai extrait, et
en ne laissant au remblai que peu de produits pauvres,
pouvait-on réaliser une teneur de 50 p. 1 00 en sesquiox jde
de chrome. Mais les transports étaient onéreux : quatre
câbles à roulettes successifs étaient nécessaires j>our
descendre le minerai jusqu'au pied de la montagne; il
devait ensuite être charroyé, au prix de 10 à 12 francs la
tonne, jusqu'à l'embouchure de la rivière du Cap, puis il
étaitchargédans des chalands, et il était enfin transbordé
à bord du bateau qui l'emportait à Nouméa. Aussi deux
tentatives d'exploitation, qui ont eu lieu en 1898-189!*
et au début de 1901, se sont-elle soldées par des pertes.
Nous ne reparlerons pas ici du gisement de fer chromé
de la mine Espérance, située dans la vallée de la Pouéo
près de Bourail, qui a été abandonné après exécution d*un
travail insignifiant, et qui ne présente d'intérêt, comme
nous l'avons dit, qu'en raison de la découverte de sulfure
de nickel qui aurait eu lieu dans le filon en question.
bï Google
MINEKAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION UE8 SERPENTINES 295
C. — Gisements du dAme de Tibbaohi.
Nous citerons ensuite le» beaux gisements du d6me de
Tiebaghi.
Le puissant massif serpentiiieux qui forme ce « dôme ■>
est constitué par une péridotite à enstatite, légèrement
serpentinisée dans son ensemble : le for chromé et le
minerai de cobalt sont abondants dans ce massif, tout
particulièrement sur ses contreforts orientaux ; le premier
d'entre ces minerais y a été signalé en un grand nombre
de points; il était exploité, au moment de notre passage,
sur les mines Vieille- Montagne, Bellacoacta et Tiehaijhi.
Les gisements exploités actuellement sur ces trois
mines sont d'origine détritique; la deniière montre, ou
outre, l'affleurement d'un massif, sans donte assez puis-
sant, de beau fer chromé en roche.
Ce gisement en roche apparaît sur la crête et sur les
pentes douces d'un contrefort serpentineux dont la roche
ne présente aucune particularité marquante ; cette pérido-
tite montre, en quelques points, des têtes altérées légère-
ment nickelifères, et on peut noter également sur le contre-
fort qu'elle constitue la présence de blocs d'une diorite
finement grenue, à feldspaths très basiques, provenant
vraisemblablement d'un filon ou d'une amygdale dans la
péridotite ; on y rainasse en outre des quartz, résultant,
comme d'habitude, de l'altération de la péridotite, quelques-
uns d'entre eux ont uu aspect opalin. Enfin, la plupart des
pentes suffisamment douces sont recouvertes d'un manteau
d'argile rouge, oii le fer chromé est abondant et où des
["Ognons cobaltifères sont connus en plus d'un point.
Le croquis reproduit par la fig. 5 de la PI. IV Indique
la disposition de l'aflleurement, qui rappelle celui de la
mine Anna-Madeleine. C'est sur la crête d'un des nombreux
contreforts qui se ramifient tout autour du sommet allongé
t,ï Google
296 RICHESSES hinéralbs de la nocvbllb-calédomib
(lu dôme de Tiebaghi (cotes maxima 600 à 650) que les
têtes de fer chromé font saillie; cette crête ne présente
nullement une arête vive rocheuse, mais seulement une
ligne de changement de pente entre la surface à peu près
aplatie du d6me et les pentes plus ou moins adoucies qui
descendent sur la vaitée de la Néboué; de part et d'autn>
de l'arête, le sol est couvert d'argiles rouges détritiques,
recouvertes elles-mêmes de grains et de blocs d'ozjde de
fer et de fer chromé errants ; et ce n'est que sur la I%ne
de Crète que nous venons de déânir qu'apparaissent des
blocs beaucoup plus gros, qui paraissent assez bien
marquer la ligne d'affleurement d'un fllon ou d'une len-
tille d'une roche résistante aux agents atmosphériques;
les blocs de fer chromé s'alignent dans une direction
N. 105* E. sur une centaine de mètres de longueur.
L'extrémité orientale de l'affleurement indiquerait pour
te filon une puissance de 6 à 8 mètres de. fer chromé pur.
Vers l'Est, l'affleurement est interrompu par un petit
ravin qui est creusé dans les argiles rouges sans s'enfoncer
jusqu'à la roche dure sous-jacente, et qui ne montre pas
la trace du passage d'un fllon; au delà du ravin, on
retrouve encore un bloc isolé, peut-être en place, de fer
chromé ; vers l'Ouest, on voit s'associer aux beaux blocs
de fer chromé pur, puis leur succéder, des blocs ferru-
gineux renfermant des paillettes de fer chromé, ptii»
enfin de simples blocs ferrugineux scoriacés, tels que ceux
que nous avons déjà décrits comme constamment associés
à la formation serpentineuse, et qui, comme eux, ne ren-
ferment plus do chrome qu'en faible proportion. Plusieurs
d'entre ces blocs sont assez volumineux et assez profondé-
ment enracinés pourqu'il soit fort possible qu'ils soient en
place, comme s'ils faisaient suite vers l'Ouest aux blocs de
fer chromé avec lesquels ils s'alignent assez bien. Ds sont
constituéspresque entièrement d'hématite rouge et ne sont
pas magnétiques; ils ont une apparence scoriacée et.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DBS SERPENTINES 29T
caverneuse, sans forme bien définie; rependant on r
rel^TO parfois des indîpations d'octaèdres plus ou moinA
rongés qui feraient supposer qu'ils proviendraient de
l'oxydation de magnétite; ceux qui contiennent des par-
celles de ferchromé proviendraient, dans cellehypothèse,
de l'oxydation de mélangex de magnétite et de fer
chromé.
On serait donc assez portt^ à croire que l'on est ici en
présence des affleurements d'une ségrégation métallique
au milieu de la masse de la péridotite ; cette ségrégation
aurait originairement été constituée (et serait peut-être
constituée encore aujourd'hui en profondeur) de magnétite
et de fer chromé, et ce dernier se serait dans certaines
parties isolé sous ta forme d'une aorte de noyau de fer
chromé pur.
Mais ici, comme k la baie du Snd, toute exploration du
gisement a été négligée par le concessionnaire, et nous
n'avons, pour appuyer notre opinion, que les quelques cons-
tatations que nons avons faites personnellement et qu'on
n'avait même pas songé à faire jusqu'ici. Quant à savoir
ce que devient le gîte en profondeur, nous n'avons aucune
indication à ce sujet. Cependant, l'abondance du fer
chromé détritique déjà arraché à cet affleurement semble
montrer qu'il ne s'agit pas seulement de quelques blocs
isolés, mais bien d'une masse assez puissante. Il esf
presque supertl a d'ajouter qu'étniitjiussi peu renseigné sur
son extension et sa conaistaiice, on ignure complèlenient
les conditions dans lesquelles ce gisement pourra être
exploité; c'est seulement une réserve sur laquelle l'exploi-
tant compte, pour le monientofi leferctiromé d'allnvion»
anra été épuisé.
n nous reste à dire quelques mots de la façon dont ce-
présente celui-ci. Le croquis de la fig. 5, PI. IV, fait voir
fiue la pente qui descend de l'anieurenient vers l'Est est
recouverte de grains et de blocs de fer chromé : le so!
bï Google
298 RICHB6SBS MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE
est en effet jonché, sur plus d'une centaine de mètres
suivant la pente, de ces éléments qui présentent des dimen-
sions variant de la grosseur d'une noisette à celle de
blocs de plusieurs centaines de kilogrammes ; un peu plus
vers l'Ouest, le fer chromé est mélangé de blocs ferru-
gineux (hématite plus ou moins hydratée à la surface),
dont il ne pourrait être séparé que par un triage minutieux;
ici, au contraire, il est pratiquement pur et il n'y a qu'à le
ramasser. Mais, en outre, l'épaisse couche d'argile qui
recouvre cette pente contient un dépôt, de puissance et
d'allure irrégulières, de débris de fer chromé qui paraissent
s'être concentrés en raison de leur forte densité, après
avoir été entraînés sur un court espace par les eaux
superficielles qui apportaient en même temps les élémeut»
qui ont constitué ces masses argileuses.
Cette dernière partie du gisement est d'une exploita^
tion particulièrement aisée, puisqu'il sufHt de découvrir le
lit chromifëre, en enlevant quelques décimètres d'argile,
pour pouvoir ensuite ouvrir, sur des hauteurs atteignant
jusqu'à 1 mètre, des chantiers où l'abatage ne comporte
qu'un travail de terrassement presque sans triage. On
obtient ainsi immédiatement dos produits dont la teneur en
sesquioxyde de chrome varie de 50 à 55 p. 100. Aussi est-ce
par là que l'exploitant du gisement, qui n'en est d'ailleurs
que l'amodiataire, en avait commencé l'expluitatioD, quitte,
s'il y a lieu, à attaquer plus tard le reste. Comptant pou-
voir réaliser, en quelques années, une extraction de
40.000 à 50.000 tonnes, il a établi les plans inclinés
aériens [2 plans principaux et en outre différents pelits
plans auxiliaires) nécessaires pour descendre le minerai
jusque dans la vallée, et il construisait, au moment de
notre passage, une voie ferrée, longue de 8 kilomètres,
destinée à relier le pied de la mine à la baie de Néhoué, oii
doit avoir lieu, par l'intermédiaire de chalands, l'embar-
quement du minerai.
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES ZVV
"Les gisements de fer chromé du dôme de Tiebaghi ne
sont pas limités à celui que nous venons de décrire, et,
comme nous l'avons indiqué, trois autres exploitations se
développent à l'Est de celle-ci ; elles portent toutes trois
uniquement sur des gîtes d'origine détritique : sur la mine
Vieille-Monlagne n' 3, et à peu près dans le prolon-
gement de l'alignement des affleurements de la mine
Tiebaghi, un chantier a attaqué le tianc de la montagne
sur près de 20 mètres de hauteur : l'exploitation a consisté
d'abord à ramasser des grains et blocs errants sur le sol,
puis à chercher au milieu de l'argile rouge des masses
plus ou moins irrégulières de débris de fer chromé; on est
ainsi parvenu jusqu'à une formation, sans consistance
aucune, de silicates alumineux magnésiens, décomposés
et friables, au milieu desquels se rencontraient, ici des
amas plus ou moins volumineux de fer chromé, et là des
grains de ce même minéral, tantôt très abondants, tantftt
plue clairsemés ; c'est évidemment là la tête profondément
altérée d'un gisement en roche tel que ceux que nous
avons décrits ci-dessus auprès de la baie du Sud. Un
triage à la main permet, à la condition de ne prendre que
les portions les plus minéralisées du gîte, et quitte à perdre
le reste, qui serait sans doute .parfaitement exploitable,
d'obtenir sans lavage un produit d'une teneur de 52
à 54 p. 100 de sesquioxyde de chrome. On a ainsi enlevé en
un an de ce chantier 5.000 tonnes de minerai marchand,
non sans gaspiller en outre beaucoup de fer chromé. Dans
ces conditions, l'exploitation se solde encore par un béné-
fice, malgré la charge d'un transport par chars à bœufs
jusqu'à la mer, transport qui, à raison de 0 fr. 75 la
tonne kilométrique, ne grève pas le prix de revient de
moins de 6 francs par t^inne, pour un minerai qui vaut,
rendu à bord, 50 francs la tonne.
C'est dans les mêmes conditions économiques peu favo-
rables que se poursuit l'exploitation de la mine voisine,
bï Google
300 RICRBSfiES UINÈRA.LBS DE LA NODVELLB-CALÉDONIB
la mine Bellacoscia. Ayant d'y parvenir, noua avons tra-
versé le périmètre de la mine Moraeehini, inexploitée, sor
laquelle on trouve, comme nous l'avons mmtiofmé, on
hloc, peut-être en place, de fer chromé pur id^itiq» i
relui des afflenrementa de la mine Tiebaghi dmit S
marque à peu près le prolongement, avec toutefois vat
légère inflexion vers le Sud ; quelques petites fouillei de
recherches dans l'argile ronge qui recouvre, là crame
partout, toutes les pentes douces du Qanc de la mon-
tagne, y ont découvert différentes traînées de fer chroné
en fragments irréguliera. Dans l'un des ravins qui dé-
coupent cette formation argileuse on trouve le fer chrcnté
souB une forme fort intéresBante, et assez exceptionnslle
puisque c'est le seul point de la coloDie oii nous l'anm»
rencontrée : cette forme est celle de galets rouies, arron-
dis, présentant à peu près la dimension d'un ceiif Jp^
pigeon ; ils sont d'ailleurs très friables et tombent sous Ir
moindre choc en gnûns sur les surfaces de séparation
desquels se trouvent des enduits ferrugineux ; il se panSt
pas douteux que l'on soit Ifa en présence de galets d'une
r.iche à fer chromé, autrefois dure, qui a été démantelé*,
et dont les débris ont été roulés ; ces débris ont dû subir
ultérieurement, au point où ils s'étaient déposés, des
actions atmosphériques susceptibles de dissoudre les élé-
ments, sans doute silicates, qui cimentaient les différentî
grains de for chromé, en n'en laissant comme résidu qi»
l'oxyde de fer.
L'exploitation de la mine Bellacoscia se poursuit en
trancliée dans l'argile rouge; celle-ci était, comme ponr
les gisements voisins, recouverte, suivant une bande pli»
ou moins large, de menus débris de fer chromé ayasi
cette apparence spéculaire que nous avons déjà signalée.
En i)énctrant dans la niasse de l'argile on a rencontré
un gisement de fer chromé îrréguUer, mais souvent
puissant, associé k des formations argileuses VKni^'
bï Google
MIMBBAIB 1£8001SS A LA FOBUATiON DBS SEEtPENtlNES 301
La fig. 6 de la PI. IV reproduit un croquis que noiu
avons relevé sur la face latérale de la traachée d'un
<le8 chantiers, et donne une idée de l'allure de cette for-
coation : si quelques traînées telles que A et B paraissent
indiquer des dépôts alluvionnaires, la masse principale,
avec ses proéimoences et ses parties rentrantes, et avec
ses différents élémeats séparés par des pellicules d'oxyde
de fer qui leur donnent souvent une certaine adhérence
entre eux, parait plutôt correspondre à une déconiposi-
UoQ d'une roche chromifëre en place, ou tout au moins
lie gros blocs charriéB sur une faible distance ; le fer
chruœé est ici continu à une masse assez puissante d'une
argile blanche, très riche en magnésie, et tachée de
(KÔnts i-ouges d'oxyde de fei", qui arrête d'ailleurs l'ex-
ploitation. Le tout est recouvert d'un manteau de la
formation ordinaire d'argile rouge, qui est parsemé de
débris de fer chromé, et qui contient par places quelques
rogiioDS cobaltifères. C'est, rappelons-le, tout près de là
qu'ont heu les exploitations de cobalt que nous avons
précédemment décrites.
D. — GiSBMBNTS DETRITIQUES DE FBR CHROMA
DC ORODPE DE LA BAIB NGO.
Au Sud-Est de Nouméa, les vallées de la rivière des
Pirogues et de la rivière Ngo se montrent encore parti-
culièrement riches en fer chromé, et des exploitations
s'y sont poursuivies d'une façon continue depuis près de
vingt ans.
Dans la première de ces vallées, elles étaient actives
il y a quelques années {sur les mines Joséphine, Chrome-
Kouge, etc.), mais aujourd'hui elles sont interrompues
parce que les minerais les plus nches, minerais du type
(lit i< chrome d'alhivions », sont épuisés, et parce que l'on
n'a pas cni devoir entreprendre jusqn 'ici l'exploitation des
bï Google
302 RICHESSES MINERALES DE LA NODVELLE-CALBDOKIE
minerais en roche, paraît-il a«sez riches, qui y sont encore
conaus ; il ne reste qu'une exploitation aujourd'hui ouverte
dans le bassin de la rivière des Pirogues, encore est-elle
si voisine du bassin de la rivière Ngo que c'est par la
vallée de celle-ci que ses produits sont évacués.
Dans cette dernière vallée il a également été fait déjà
des extractions assez importantes, et les deux mines en
activité au moment de notre passage n'étaient pas loin
d'être épuisées. A la mine 44 Juillet, située à 5 kilo-
mètres de la mer sur la rive droite de la vallée, on a
exploité, au milieu des argiles rouges, une sorte de banc
irrégulier de « chrome d'alluvions >< d'une cinquantaine
de mètres de longueur et d'une largeur maxima de
40 mètres; il était constitué par des fragments juxta-
posés de fer chromé très pur avec interposition de très
peu d'éléments étrangers, si bien qu'il livrait du minerai
brut à 54 et 55 p. dOO de sesquioxyde de chrome.
Après avoir épuisé ce banc, on a encore trouvé par places
de petites traînées de minerai que l'on achève d'enlever;
on s'assure en outre, en exécutant de distance en dis-
tance des sondages à la main, qu'il n'existe pas d'autres
bancs semblables dans la couche d'argile qui est laissée
au-dessus des serpentines compactes, et qui dépasse
encore souvent iO mètres d'épaisseur. Bans ces mêmes
argiles on a rencontré k peu de distance un peu de raine-
rai de cobalt dont on tente l'exploitation.
La mine Georges Pile, qui est située tout au fond de
la vallée, dans le cirque o(i la rivière Ngo prend sa source,
a comporté des travaux plus développés, dont l'eramen
est d'ailleurs instructif au point de vue du mode de for-
mation du gisement; le minerai s'étageait le long de la
pento assez raide de la montagne, entre les cotes 235 et
325, et sur une cinquantaine de mètres de largeur. Au
sommet de la montagne, ou du moins à fort peu de dis-
tance de la crête en descendant vers le versant de la
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DKS SERPENTINES SO^-t
rivière Ngo, on voit affleurer, au-dessous de la couche
d'argUe rouge qui recouvre le sol et au milieu des ser-
pentines qui constituent le massif, une tète de roche
chromifère constituée par des grains de fer chromé dis-
séminés dans une pâte silicatée; descendant la pente et
parcourant ainsi de haut en bas les travaux de la mine,
on voit d'abord dominer, au-dessus de la serpentine en
place, les blocs, à peine décomposés et légèrement
friables, de cette roche chromifère, ils sont recouverts
d'une faible épaisseur d'argile rouge stérile; plus bas,
l'éboutis comprend à la fois des blocs serpentineux et
des blocs chromifères, mais à ces blocs s'associent des
fragments plus petits de roche chromifère qui sont suffi-
samment altérés pour que le fer chromé en soit aisé à
séparer par lavage ; lo tout est d'ailleurs empâté dans une
argile magnésienne grasse, bigarrée, dont certains lits
sont riches en grains de fer chromé. Plus has encore les
blocs éboulés que l'on rencontre reposant sur la roche
sous-jacento ne sont plus que des blocs de serpentine,
généralement altérés, et transformés en une sorte d'ar-
gile magnésienne qui garde encore la couleur et la con-
figuration de la péridotite serpentinisée, mais qui n'a plus
aucune consistance; les blocs chromifères ne se retrouvent
plus, même à l'état friable, mais ils font place à une traî-
née très riche en grains de fer chromé au sein de l'argile
rouge, traînée dont l'épaisseur atteint par places 1 mètre
et même plus, et dans laquelle l'argile renferme souvent
plus de la moitié de son poids de grains de fer chromé.
En continuant encore h descendre le flanc de la mon-
tagne, on voit cette traînée chromifère s'effiler, se bifur-
quer, et se perdre en quelques petits amas de moins en
moins riches. Un tel gisement, que la fig. 7 de la PI, IV
représente, d'une manière schématique mais aussi fidèle
que nous avons pu, manifeste, d'une façon qui n'est nulle-
ment douteuse à nos veux, quelle a été sa genèse. Tan-
bï Google
^j04 RICHESSES UINÉRALBS DB LA HOUVSLt.K-CALÈDOMlE
-dis que l'érosion et la décomposition de la péridotile
donruùeot lieu à l'éboulement le long du flanc de la moD*
tagoe de bioc^ serpentineux, les uog frais, les autre*
trausfonués, ou devant se transformer ultérieureineat, en
une p&te magnésieDoe, et à la formation d'un manteao
d'argile rouge, les mênaes effets, s'exercant sur la ibie
<lu roche chromifère que l'on voit en place, et qui semble
avoir été particulièrement acc«s8ibie aux actions destruc-
trices, n'ont laissé intacts, ou k peu près, que quelque*
blot^s entraiaés à peu de distance et rapidement englobés
dans l'argile, tandis que les autres se désagrégeaient:
leurs matières silicatées étaient partiellement dissoutes
(>t partiellement entraînées mécaniquemrat à plus on
moins longue distance, les grains inattaquables et lourds
<le fer chromé ae précipitaient au contraire tels quels as
milieu des éléments qui formaient l'argile rouge, et y
constituaient une trainée qui, puissante au voisinage
même du gisemeut de la roche nière, s'amincissait d'ao-
tant plus rapidement eu descendant que le fer chromé,
eu raison de sa densité, se précipitait et se axait plus
vite. Ajoutons que la formation argileuse et magné-
Hienne, loin d'être homogène comme elle le parait ï
la surface, se montre toujours zonée et veinée de cou-
leurs variées, correspondant sans doute à U présence
dominante de tel ou tel métal dans les matériaux qui se
déposaient ; le plus souvent elle est ruuge ou jaune, nuis
parfois aussi on y relève des traînées colorées en vert
pâle par un peu de nickel ou bien noircies par de l'oxyde
do manganèse ; on y constate auasi la présence de trace*
(l'oxyde de cobalt; enfin de minces traînées de produits
talqueux y sont fréquentes.
Ce gisement, dont l'exploitation est presque terminée
aujourd'hui, a donné lieu à l'ouverture, sur toute la lar-
geur de la traînée chromifère qui ne dépasse guère 50 à
60 mètres, d'une série de chantiers en gradins, qui, après
bï Google
MINERA.IS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 305
avoir enlevé la couche argileuse stérile, ont permis
l'exploitation de Toutes les parties ehromifères friables.
On a ainsi obtenu un minerai constitué <le petits grains
de fer chromé, cristaux de 1 à 2 millimètres de côté en
général, empâtés d'argile en proportion de moitié à peu
près. Dans ces conditions le complément indispensable de
l'exploitation était un atelier de lavage ; il a été établi, k
3 kilomètres plus bas dans la vallée, en un point oii l'eau
était assez abondante pour suffire non seulement au
lavage, mais encore à la production, a» moyen d'une roue
hydraulique, delà force motrice nécessaire. La mine est
réunie à la laverie, et celle-ci l'est au bord de la mer, par
deux sections de tramway, longues respectivement de 3
et 5 kilomètres, et qui ne sont munies que de rails en
bois ; le transport dn minerai s'y fait à l'aide de che-
vaux.
Le lavage comprend d'abord un criblage à la maille de
ij2 centimètre, à la suite duquel on rejette toutes les
matières qui refusent de traverser cette maille, et qui ne
peuvent contenir que du fer chromé impur, en raison de la
finesse de son grain; puis on procède à un débourbage
sur une sorte de ■< round-buddle », auge circulaire à fond
incliné dans laquelle tournent des palettes conduites par
un arbre vertical, et qui est parcourue par un abondant
courant d'eau; une vanne permet de faire tomber de
temps en temps les parties lourdes qiii se rassemblent au
fond, et qui, après égouttage, constituent le minerai pur.
tenant souvent jusqu'à ."iô p. 100 de sesquio.^yde de
chrome ; les parties entraînées par l'eau passent dans un '
long sluice en bois oîi elles déposent des produits mixtes
qui sont relavés. La laverie, qui comprend trois round-
buddle, peut laver environ 't tonnes de minerai brut à
l'heure et produire ainsi 2i à 2ô tonnes de minerai lavé
par journée de douze heures. L'exploitation, autrefois
assez active, était en diminution marquée au moment de
bï Google
3116 RICHESSES M1NÉRALB9 DE LA NOUVBLLS-CALÉDOMIE
notre passage, en raison de répuîsement des ressource»
connues; elle n'employait qne 23 hommes en toat.
Un échantillon du minerai produit que nous avons anS-
Ijsé contenait :
Perte an fen O.t
( Sesquioxyde de Ter et alumine.. 3,8
e 0,t
; Silice S,l
1 Sesquioxyde de chrome SS,t
j Proloxyde de fer tJfi
\ Magnésie et alumine t.*
Soluble danH les acides. }
Insoluble .
Il ne reste en activité acttiellement, comme exploitatiort
appartenant au bassin de la rivière des Pirogties, que la
■ mine Alice-Louise (Voir la fig. 3 de la PI. IV), située
dans la vallée de la rivière Naporérédjeimé. non loin des
sommets sur le versant sud-oriental desquels se tronvent
les mines Bonne-Veine, la Tchaux, etc., et au pied d'un
col derrière lequel roule la rivière Ngo; c'est d'aiilenrs
en franchissant ce col par un transporteur que les mine-
rais de cette mine sont descendus au bord de ta mer te
long de la vallée de larivftre Ngo.
Le gisement de la mine Alice-Louise est le plas pois-
sant des gisements de fer chromé d'origine détritique qu&
nous ayons été à même d'examiner en Nouvelle^^lédome;
il est surtout remarquable par la hauteur verticale sur
laquelle se rencontre le minerai, comme si les fra^ents
entraînés par les eaux s'étaient précipités dans quelque
gouifre profond ouvert sur leur passage. L'exploitation,
qui a lieu au voisinage du thalweg de la vallée, s'est en
effet développée en carrière à ciel ouvert jusqu'à 28 raètres
de profondeur. Ouverte en 1895, elle se poursuit encore
aujourd'hui avec une production de 2.500 tonnes par aa;
elle aurait livré depuis le début 30.000 tonnes de minerai,
dont la teneur aurait varié de 50 Ji 62 p. 100.
bï Google
MtlMItAIS ASSOCIÉS A LA FOKHATION DBS SKttWimN^ 807
Le giienient, nMnme boos l'arons dit, se trouve à peu
de dtstaoee du ttutlveg d'une vallée qui, sans être large,
c'est cependant pas étroitement enraisBée, et les travaux
se développent dans un sol dont la surface présente une
pente Felativemeot faible. Ce ^61 est entièrement conati-
toé par an puissant dépôt d'argile rouge, recouvert, le
plue souvent, de grains ferrugineux, mais parîots auni,
comme au point oit l'exploitation a lieu, de fragments de
fer chromé plus ou moins volumineux, ëb s'enfonçant
dans le sol, on a d'abord rencontré an milî«i de l'arg^
ronge des pocbes isolées de minerai en gros fragments ;
plus bas, maiatoujonrBdansl'at^ile, dont la couleur varie
d'ailleurs du bron au rouge et au jaune, ^>par«tt une
couebe assez constante de grains noirs ferrugineux et man-
ganésifêres {Ans ou moins agglomérés en rognons ; puis
au-dessous viennent des traînées ^de fer chromé, en petits
gpains le plus souvent octaédriques : ces traînées affectent
des fomies peu régulières: tanMt elles sont de faibles
dimeosiOTie et de formes allongées, groupées en assez
grand nombre sur une hauteur de 3 à 3 mètres, comme le
montre la /ï^*. 6 de la PI. IV; tantôt ce sont des niasses
fim puissantes. Plus bas la formation devient pins
irrégnlière encore, et complètement bigarrée; elle pré-
sente, d'une façon <|ui ne peut gu^ laisser de doutes sur
l'intM'prétatioh à -donner k cette apparence, l'apparence
de bloos de serpentine pins ou moins roulés qoi auraient
atibi sur place une décomposition complète, réduisant tons
les éléments eo produits de connstance argileuse et diver-
sement colorés de brun,de rouge, de noir,de verd&tre, etc.
fintre ces argiles bigarrées se développent et se ramifient
(les amas noirs de fer chromé, tantôt en grains absola-
tnent c^ntigus qui semblent s'être déposés dans les inter-
v^es des -blocs rocheax qui devaient ensuite se trans-
former en argile, tantôt en fr-agnneats empilés diois une
plus ou moins grande quantité de produits silicates
bï Google
308 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLE-CALÉDOSIB
friables, paraissant provenir de blocs de roche chromifère
qui auraient été transformés tout comme la serpentine.
Les quantités de fer chromé ainsi concentrées sont
généralement suffisamment importantes pour justifier
l'abatage du tout ; on parvient de la sorte jusqu'à des
profondeurs d'une vingtaine de mètres, en atteignant
soit la serpentine compacte, soit un banc d'argile rouge
que des sondages ont montré être stérile; d'autres fois
on s'arrête aune profondeur où l'épuisement des énormes
fosses creusées par l'exploitation devient trop difficile.
C'est dans ce gîte, fort irrégulier, comme on peut en
juger d'après ce que nous venons de dire, que se pour-
suit une exploitation non moins irrégiilièrc; elle comporte
le creusement dans l'argile de fosses de formes variées,
«'enfonçant par gradins dans tous les points où l'exploi-
tation est rémunératrice, c'est-à-dire dans les points oii
l'on arrive à extraire au moins 1 mètre cube de minerai
brut pour 3 ou 4 mètres cubes de stérile. L'exploi-
tation est parvenue actuellement à 22 mètres de pro-
fondeur ; la nature grasse du terrain protège assez bien
les excavations contre l'afflux des eaux courantes, et
ce ne sont guère que les eaux de pluie qui s'y préci-
pitent ; l'assèchement des gradins supérieurs est assuré
par des tunnels ; mais, pour les gradins inférieurs, cela
n'est plus possible, et ils ne restent découverts que
lorsqu'il ne pleut pas trop. Le minerai, abattu à la pelle
et à la pioche, est ensaché et remonté au niveau de U
surface par un treuil àbras; puis il est roulé par tram'way,
sur 800 mètres environ, jusqu'au pied d'un transporteur
aérien qui lui fait franchir le col qui sépare la mine
Alice-Louise de la vallée de la baie Ngo, par o(i se fait
l'expédition du minerai, et oii s'en fait le lavage à la
faveur d'un cours d'eau suftisamment abondant et sur-
tout BufSsamment permanent. Le transporteur, long de
2.200 mètres, ne présente pas entre ses deux extrémités
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 309
une dUTérence de niveau suffisante pour pouvoir être
automoteur; il est actionné par une petite machine à
vapeur placée à la laverie ; celle-ci assure, comme celle
delà mine Georges-Pile, un simple débourbagedu minerai
brut, qui ne rend pas plus de 50 p. 100 en poids de
minerai marchand, à une teneurvariant de51 à 52p. 100.
Le minerai lavé est descendu, par le tramway dont nous
avons déjà mentionné l'existence, jusqu'à la baie Ngo, oii
il est embarqué.
La mine occupait au moment de notre passage, avec
tous ses services accessoires, environ 55 ouvriers ; elle
produisait en moyenne 220 tonnes par mois, soit à peu
près 10 tonnes par jour de travail.
E.
- Autres gisements de fer chromé.
Fréquents sont, sur toute l'étendue de la formation
serpentineuse, les gisements de fer chromé d'origine
détritique que nous avons rencontrés en parcourant la
colonie, et fréquents aussi sont sans doute ceux qui
seraient exploitables ; néanmoins, les seules exploitations
en activité au moment de notre passage étaient celles du
dôme de Tiebaghi, celles du groupe de la baie Ngo, celle
de la baie Ouié et eti6n celles des environs de la rivière
de Pourina situées à une quarantaine de kilomètres au
Nord de ces dernières.
Après avoir donné quelques indications sur les premières
d'entre ces exploitations, qui sont de beaucoup les plus
importantes, puisque celles des deux derniers groupes
n'ont pas produit ensemble en 1901 plus de 1.500 tonnes
de minerai, nous mentionnerons différents autres gise-
ments que nous avons pu examiner; cela montrera bien
que, si le fer chromé est particulièrement abondant dans
•Jeux massifs qui sont précisément riches aussi en cobalt,
à savoir le massif du dôme de Tiebaghi, et le massif qui
bï Google
3t0 OICMBSSBS MINBRA.UBB DB LA NOOVELLB-OALÊDONIB
ae développe en étoile anir» les valties de h rivière dos
PirogiMB, de la rivîêpe Sgo, d««) différents ruisseaux
(pâ 3& jettoat dam la baie- du Sud^, et ds la rivière des
Lacs, ii existe ^aleineo4, et non pajs ssutefocali à litre
de minéral intéressiuat a» priai de mte g^olog^qiie, mais
bien comme mineru éTentueUemeot ra^oitabte, dass
beaucoup d'autres points ; et oeta fera voir ea mènie temps
qu'il peut égaleiB«at se rencontrer dans les eerpeuliBes
riches en nickel.
Nous rappelons d'abord que dous avoits signalé la pté-
aerte» du chrome en rocfao, peut-être susceptible d'être
ex^oité, k Saint-Vincent dans use Talléeoîi les ^semests
de nickel sont nomhreux, et près de Bourail tout à côté
de la mine de nickel Heau-Soleil, et que M. Gamier en
supputait l'exploitation au mont Dore dans le maswf m6ine
oii le minerai de nickel a été trouvé pour la première
fois ; l'exploitation du fer chromé a d'aillenrs été teRt/o
autrefois dnns ce massif.
D'atitre part, nous mMttionnerons que nous avons trouvé
du fer cfaromé en i^wdance dans les saUes de la petite
rivièpe Pouenitoii présde Né^wni, provenant apparemoMnt
de qoelque finement plus oti moins important, et que, dans
l'une dee carrières aujour>d'lnii abandoBuéen de la myie
la Dorée it Kouaoua, on avait rencontré un fllœ de fer
chromé dont il avait été abattu quelques beaux blocs d*
minerai. Eu parcourant les régions riches en nickel de la
haute vallée de la Oueng)iî, nous avons observé, dans
l'une des trahiées relativement peu fréquentes d'arête
rouge qui se rencontrent dans ce massif oii les prîtes des
montagnes sont fort raides. uu dépôt de fer chromé du
même type que ceux que l'on exploite sous le nom de
chrome d'alluvions ; enfin, auprès de la Dumbéa, ncjus
avons vu poursuivre des i-echerchea pour nickel, pour
cobalt et pour chrome sur le même périmètre, et, si elles
n'avaient pas abouti k des résultats satisfaisants, elles
bï Google
HlNBRAlg ASSOOIÊLS ^ LA. FOBJUATIOti DES SERPEMTU4E|8 311
^ivaj^nt néa^if^oiDs montré r^xistepce. simultanée de <)uajf-
titéa notables de iniQ.erais, des trois métaux.
F. -^ SjTDAISON ^OMOMIQOIï DES BXPLOITATlpNS
QE MUA ÇUBO^É.
L^s «quelques détail lu^ i^jua venons t]È dooaer montrent
-combien sont diverses les condiliions économîtines dans Ics-
^u^Ujea ae trouvent les différents gisements que nous
avons signalés ; que le fçç chromé s'y rencontre en roche
(ju sous la forme d'élémefits détritiques, les frais d'aba-
1^0 sont très variables avec la puissance et la régularité
-du gite, ils sont d'ailleurs toujours notablement plus
faibles d^s te deuxième ça^ qi^e dans le premier ; les
trais de lavage sont à ajouter aux frais d'abatage lorsque
le minerai n'est pas assez pur pour être marchand tel quel,
c'est-à-dire lorsqu'il ne lient pas au moins 50 p. 100 de
aesquioxyde de chromç. Les frais d'extraction proprement
dite n'existent généralement point, ils sont renipl^cés,
«omme daus presque toutes les exploitations de la colo-
we. par des frais de descentç au bord de la mer, frais qui,
£ràce à l'emploi de plans inclinés aériens, sont assez
faibles ; il faut d'ailleurs y ajouter les frais d'ensachage.
Enfin ua élément capital du prix de revient est constitué
j)ar les frais de transport du pied de U ipine jusqu'au
■bateau qui doit empofter le minerai : ceux-ci comprennent
presque toujours, d'une part, un trajet de plusieurs kilo-
njètrea par voie de terre et, d'autre part, un chalan-
4a|^e ; ces dépenses varient naturellement du tout au tout
avec la situation géographique du gisement.
Malgré les variations que subissent tous ces éléments
•du prix de revient, nous fournissons à titre d'indication
les quelques cbifTrcs qui suivent et qui sont relatifs à
l'exploitation du « chrome d'alluvions ». Pour les mines
<ie fer chromé en rocbe nous n'avons aucune donnée ;
bï Google
312 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDOSrB
l'exploitation n'en a été tentée qae rarement et jamais
avec nn succès durable, même au début alors que le
minerai valait à peu près le double de ce qu'il vaut aujour-
d'hui, mais aussi alors que les conditions générales d'ex-
ploitation étaient plus onéreuses. Il semble cependant que
l'on puisse dire qu'à moins de conditions réellement favo-
rables au point de vue du lavage dn minerai (installation
d'une laverie travaillant dans des conditions économiques
et donnant un bon rendement) et du transport {création
d'une voie ferrée dont les frais de premier établissement
no seraient pas trop élevés et pourraient être répartis
sur un tonnage très important), l'exploitation d'uu mine-
rai en roche, qui n'aurait pas à l'état de tout venant une
teneur commerciale, n'apparatt guère comme devant être
rémunératrice. Les frais d'abatage seront en effet tou-
jours assez élevés, d'autant plus que Ion manque de bons
mineurs et que l'on est obligé d'avoir recours à des
mineurs australiens que l'on paie fort cher ; s'ils devaient
se rapporter à un minerai ne rendant en fer chromé
marchand que moitié de leur poids, comme cela a été le
cas pour certaines tentatives, et cela après une dépense
plus ou moins importante de broyage et de lavage, If
prix de revient augmenterait immédiatement dans une
large proportion. Si, an contraire, on peut extraire immé-
diatement, d'un amas ou d'un filon d'une puissance suffi-
sante pour éviter des travaux au stérile sérieux, du
minerai marchand qu'il n'y ait qu'à expédier, il semble
qu'une exploitation doive pouvoir prospérer, et il est
vraisemblable que pareille tentative sera faite à plus ou
moins bref délai sur les beaux affleurements que nous
avons signalés.
Dans les gisements dits « d'alluvions », oii l'exploitii-
tion ne comporte (^ue des travaux de terrassement dans
des terres de consistance argileuse, les frais d'abatage
sont généralement faibles, bien que la dépense d'abatage
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 313
du minerai proprement dit soit chai^ëe des frais corres-
pondant à l'enlèvement des terres de recouvrement et
des parties stériles entre lesquelles se trouvent les traî-
nées riches. En pratique on n'hésite pas à abattre 3 ou
4 mètres cubes de ces terres pour extraire 1 mètre cube
de minerai, on va mâme parfois jusqu'à 5 ou 6 mètres
cubes de stérile pour 1 de minerai; les frais d'aba-
tage du mètre cube variant entre 1 et 2 francs, on
voit que l'abatage du minerai peut coûter en moyenne
de 5 à 8 francs par mètre cube. Ëxccptionaellement
UD tel mètre cnbe de minerai brut se trouve être
marchand tel quel, il constitue alors un poids de 3 à
4 tonnes de fer chromé ; le plus souvent il doit ôtre
lavé et peut rendre de 1 à 2 tonnes de minerai mar-
chand. Les frais d'ensachage et de descente jusqu'au
pied de la mine sont très variables, ils représentent,
comme pour les minerais de nickel et de cobalt dont nous
avons parlé ci-dessus, assez peu de chose comme frais de
main-d'œuvi-e ; mais ce qui intervient surtout, c'est l'amor-
tissement des installations, et celui-ci doit souvent être
réparti sur un petit nombre de milliers de tonnes, quand
le gisement est peu étendu, comme c'est le cas pour plus
d'un de ces gisements de fer chromé; en comptant une
charge moyenne de 10 francs par tonne de minerai mar-
chand tant pour les frais courants que pour l'amortisse-
ment et l'entretien des installations, on est, a notre avis,
à peu près dans la moyeime. Le lavage du minerai,
lorsqu'il a lieu, comporte des frais de main-d'œuvre
notables, fréquemment des dépenses de combustible
(généralement du bois que l'on peut se procurer sur place
à bas prix), et une charge d'amortissement souvent impor-
tante, surtout lorsque l'on est amené à dépenser plusieurs
•lizaines de milliers de francs (nous avons déjà mentionné
combien est élevé le prix de la moindre installation méca-
nique) pour l'installation d'une modeste laverie. Il est donc
bï Google
assez rare qw ie li^vqge rovi^iuiB k aiQUfa de 10 francs
par lonad euviroQ. Quant au transport k La qier. s'il t
lieu par les routes de Loire, qiii sont le plus aouveot daps
UQ état d'entretien déplorable, il ne coûte pas moio^. de
'0'^75 à. 1 franc par tonne kilométrique ; ai, ^ coaUraire, il
a lieu par tram vay, l^s frais coupants ea sont très réduits.
aux dépens d'une charge d'aniorUaaemeot <iui, évaluée
par tonne, varie en raison iuv^se de I& quantité diç.Qiîa^
rai à extraire ; en reprenant les chiâ'reB que nous avilis
-déjà donnés, de ir» k 2O.IX>0 francs par ^iJoBi.être, comnie
représentant les frais d'installation d'un traipwaj, op voit
qu'il n'y a iftlôrët à la création d'un tramway qu^ lon»-
-<lu'oii duil extraire plusieurs dizaines de milliers de
tonnes. Enfin Les frais de rbalandage jusqu'au bateau qui
<k>it emporter le minerai représentant, nous l'avons dit
déjà, de 3 à 5 francs par tonne.
Dans ces conditions le prix de revient par tonne de
minerai marchand peut varier, pour une exploitation ntOr
■deste placée dans des (.-«nditiona moywnes, entre les
limiles suivantes :
AbiiUge (par lonue de minerai marchand]. 5 À iO francs
Frais d ensachage et de descente iO —
Frais de lavage, s'il y a lieu 10 à 15 —
Frais de transport et de chalandage 10 —
Le prix d'achat eu Nuuvelle-Calùdonie des minerais de
■chrome variant actuellemeat entre 50 et 60 francs la
tonne, suivant la teneur, on voit que, pour une exploita-
tion astreinte au lavage du minerai, il reste pou de marge
pour réaliser un bénéfice, à moins que des conditions de
gisement favorables ne permettent d'abaisser les frais
spéciaux, ou de diminuer les charges d'amortissement p»*
ime répartitior. des dépenses sur un grand nombre de
milliers de tonnes.
C'. dernier point est, à nutre avis, un tle ceux qui ne
bï Google
MINERAIS AUOOtB» A LA FORMATION 08& SEBPBNTWU 315
-devraùni pas être perdus de vue, mais qui l'est trop sour-
veat: il y aurait fFéquemment iolérét pour le propriétaic»
-<l'ua« mine à cbarcfasr à en tirer tout ce qu'elle peut
donner, en l'aj^âasgeaut avec soin de manière h exploiter
nen paa seuleioeojt une petite région partîciilièFMieai:
l'iche. HUM encore les autres parties qui, bieo que moine
laveriséee pat les conditions naturelles, pourraient être
pnses. avec profit par ce seul fait qu'une partie des ins-
tallations serait déjà payée par l'exploitation de k por-
tion la fim riclke, et que d'auiree installations, telles que
-celles de meyens de transport économiques, seraient jus-
tiSéeB par la perspective de Leur utilisation pow un ton-
iiage aufSwDt. Il Taudrait, nous sommes encore une foie
«ooduit à le répéter, que les ezploitatioaa minières
fusées^ précédées d'une étude un peu sérieuse du gi^e-
n»eB.t, puis «fttrepmes et poursuivie» avec plus d« pré-
voyance qu'elles ne le sont géoéralemeat, et cela par un
«aocessKNBj&aire soucieux d'exploiter en bon père de fa-
mille la ricbesse qui lui a été concédée, plutôt que par
un amodiataire à court bail qui cherche seulemrat i.
réalisa' dans le plus court délai possiUe un certain bé-
néfice.
Quant aux délwucbés du fer chromé, ils paraissent assez
bten asewés et, autant que l'on peut prévoir quelque
-ckoee au sujet d'un minerai dont les gisements actuolle-
meni eiploiitéa sont peu nombireux, sa valeur parait ap-
pelée à se maintenir aux environs du chiffre qu'elle atteint
dotueUeioent.
Lorsque, il y a quarante ans bientôt, M. Garnier songeait
le premier h l'utilisation du fer chi'omé de Nouvelle-Calé-
^10016, il en fixait la valeur à 200 francs la tonne rendue
««France, et indiquait qu'il pourrait en être vendu plusieurs
Kâilium de tonnes par an; à cette époque les usages du
fer chromé étaient à peu prés restreints à la fabrication des
bï Google
316 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIB
produits chimiques. En 1875, M. Heurteau évaluait à
4.000 tonnes la consommation du fer chromé en France età
150 ou 160 francs la tonne la valeur qu'aurait sur le marché
etiropéeo le minerai de Nouvelle-Calédonie. En 1880,
lorsque ont eu lieu les premières exploitations sérieuses, les
conditions du marché étaient à peu près les mêmes, et la
statistique officielle fixe à 100 francs la valeur sur place
de ce minerai, qui était grevé de 50 à 60 francs de fret
jusqu'en EiuY)pe.
Depuis lors, la demande de ferchromés'est notahlemenl
accrue, non seulement en raison d'une augmentation delà
consommation des chromâtes comme oxydants, de l'alun
de chrome et des produits colorants à base de chrome,
mais surtout en raison de son double emploi dans la métal-
lurgie à la fois pour produire le ferro-ehrome nécessaire à
la fabrication des aciers durs au chrome (pour blindages,
obus de rupture, aciers outils, etc.), et pour la fabrication
de certaines soles de fours basiques. On consomme actuel-
lement, cro_vons-nous, dans le monde entier, environ
20.001) à 25.000 tonnes de fer chromé riche pour U
fabrication des produits chimiques, plusieurs milliers de
tonnes de ferro-chrome, tenant aux environs de 70 p. 100
de chrome métal, pour la fabrication des aciers durs, et
nu assez grand nombre de milliers de tonnes de fer
cln-omé relativement impur pour la fabrication des soies.
A cet accroissement de consommation a correspondu
l'ouverture de différentes exploitations, et un abaisseineni
des prix. La valeur du fer chromé calédonien sur place,
évaluée par la statistique de l'exportation, s'est rapidement
abaissée de 100 francs la t<mne {en 1880) à 60 francs (en
1894), et s'est depuis lors maintenue assez réguhèrenient
entre 50 et 60 francs. Le fer chromé vaut actuellement
eu Europe aux environs de 1^ francs la tonne pour une
teneur do 50 p. 100 de sesquioxyde de chrome. An
moment de notre séjour dans la colonie, les marchés J
bï Google
UINERAIS ASSOCIES A lA FORMATION DES SERPENTINES 317
étaient condus sur les bases suivantes pour le miiierai
rendu sous palans et ensaché : la teneur minima à laquelle
le mifierai était accepté était celle de 50 p. 100 de ses-
quioxyde de chrome, la tonne était payée, suivant les
conditions de détail des marchés, de 48 à 50 francs;
d'autre part, une plus-value de 2", 50 par tonne était ac-
cordée pour chaque unité pour cent de sesquioxyde de
chrome en plus de 50.
Ce chiffre de 50 p. 100, regardé comme nécessaire
pour la fabrication de certains produits chimiques, n'est
pas une limite inférieure indispensable pour que le fer
chromé soit utilisable pour la fabrication des ferro-chromes
par e:xe{nple, mais c'est celle qui est pratiquement fixée
actuellement par tous les marchés en Nouvelle-Calédonie,
et l'on ne peut guère espérer la voir s'abaisser notable-
ment, étant donné que le minerai est ensuite grevé d'un
fret presque égal à sa valeur sur place. D'ailleurs, pour
un rainerai relativement facile à trier et à laver, comme
le fer chromé calédonien, ce n'est, pour l'amener à cette
teneur, qu'une question de soin dans l'exploitation et de
création d'installations de lavage, peu compliquées d'ail-
leurs, puisque, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, le
minerai lourd contenu dans les gîtes, soit en roche, soit
d'alluvions, paraît être du fer chromé très riche en chrome.
Quant aux impuretés qui le souillent, nous avons déjà
dit que, dans les gttes dits d'alluvioDs, ce sont surtout des
pellicules d'oxyde de fer et des traces d'argile rouge,
qui, rappel0D»-le, est composée surtout d'oxyde de fer,
de magnésie et d'un peu d'argile, et que, pour les gise-
ments en roche, ce sont des silicates alumino-magnésiens.
Diverses analyses qui ont été publiées montrent que,
pour les minerais enrichis, ces impuretés se réduisent
surtout à de la silice et à de l'oxyde de fer. M. Garnier
donne dans son mémoire de 1867 (*}, pour un minerai de
(•) toc. ci/., p. 83.
bï Google
318 BI0HBS8ES MINÉRALES DK LA NODVBLLB-CAI.kDOinB
choix, l'analyse que nous reproduisonB cndeaBons m.'nc
le n' i ; noua en rapprochons les aBaljrfies qne nous
avons faites et que nooi avons citée» cî-demus ; elles se
rapportent : le n" -2, à un bel échantillon de fer chromé
en roche, sensiblement pur, ramassé sur t'afflenreoMsit
de la mine Anna-Madeleine (baie du Sud] ; le n° 8, à un
échantillon de fer chromé d'alluvion», lavé, prodoit par
la mine Georges-Pile (baie Ngo), et le n* 4, à un échan-
tillon de minerai impur (petits grains de fiR- chroma
noyés dans une gangue silicatée) provenant de la nùe
Chromière, près de Saint-Vincent.
19 3 4
Sesqaf oxyde de chrome.... (H, 333 «8,00 38,10 S£,00
Protosyde de f«r ao,« t7,79 37,00 M,IO
Alumine 0,114 3,00 3,80 4,50
Magnésie 0,D1E 11,10 3,20 ft.M
Silice 4,688 » 8,10 *.»
(hi comprend par là qnc les minerais actaellement pro-
duits et connus en Nouvelle-Calédonie, avec lear tenear
élevée en chrome et leur faible proportion d'impuretés en
dehors du fer, soient très appréciés à la fois po»r la h-
bricetion des produits chimiques et pour celle des fem-
chromes ; leur étal pulvérulent les iwid moins propres à
la fabrication des soles de fours basiqttea, où Ton n'em-
ploie qu'oxcoptionneltèment des pisés et des briq«PP
artificieUes, préférant généralement les bkica nat«r«U.
Il nous reste à donner quelques indlc^ttons fwr les con-
currents de la Nouvelle-CalédMiie pour l'approvisioniie-
ment du monde en fer nhromé.
D'après les tableaux statistiques puUiés dans ï"**
Minerai Indttstry, les quantités de fer chromé expioitéw
dans les dernières années jusqu'en 1900 par les différeate
pays auraient été les suivantes :
bï Google
UINKRAI8 ASSOCIÉS A LA rORHATtON DEB SESPENTIttlM 319
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4.W7
190
ît OU
31.050
1 S78
S!. île
iS
Mnl
Cette statistique n'est peut-être pas absolument com-
plète, spécialement en ce qui concerne la Turquie d'Asie^
oh une partie importante du minerai exploité échltppeniit
aux droits et en m6me temps & la statistique.
Quoi qu'il en soit, la Nouvelle-Calédonie a été pendant
toutes ces dernières années l'un des deux on trois plus
importants, lorsqu'elle n'était pas le plus important, deR
pays producteurs de fer chromé, et sa production a aug-
menté encore de plus de moitié de 1900 à 1901
{17.649 tonnes en 1901) pour retomber, il est vrai, à
10.281 tonnes en 1902; elle fournit à elle seule environ
le quart de la consommation totale du monde.
Il semble, d'après les renseignements très incomplets
que nous possédons, que ce ne soit qu'en Asie Mineure et
dans l'Oural que l'on trouve des gisements de fer chromé
qui soient dans des conditions naturelles comparables à
celles des gisements de la Nouvelle-Calédonie; si ces der-
niers ont le désavantage de leur éloignement et des con-
ditions industrielles peu favorables do pays, ceux de
l'Oural sont astreints à de longs transports par voie de
terre, et ceux de l'Asie Mineure, situés dans un pays oii
les entreprises industrielles sont singulièrement malaisée.s
à conduire d'une façon régulière, ont eux aussi leurs dif-
ficultés apéciaies ; d'autre part, si pour la Nouvelle-
Calédonie on ne peut guère espérer voir le fret s'abais-
ser encore beaucoup, il y aurait beaucoup à faire pour
remédier aux difficultés résultant de la situation indus-
bï Google
320 RICHESSES HmÊRALES DE t.A NODVELLEH^ALÉDONIB
trielle générale de la colonie, comme nous le ferons
ressortir dans ce qui suit,
' Nous croyons avoir suflisammeiit montré combien
nombreux sont les gisements de fer chromé en NouTellc-
Calédonie, combien beaucoup cf'entre eux sont favorisés
parles conditions mêmes de gisement, et combien il serait
possible d'en tirer un meilleur parti le jour oii on les
exploiterait avec des vues plus larges.
Nous ne doutons donc pas que l'industrie du fer chromé,
qui a pris un beau développement au cours de ces der-
nières années et qui a représenté un chiffre d'affaires de
plus de un demi-million, atteignant même près de un mil-
lion en 1901 , ne soit appelée à un essor plus large, et ne
puisse, pendant de longues années encore, apporter un
important appoint à la prospérité de l'indiLstrie minière
(le la colonie.
bï Google
CHAPITRE III.
LES IUKERAI8 DE FER.
' Indications obnérales.
Nous no pouvons pas terminer ce qui a trait aux raine-
rais associés à la grande formation serpentineuse de la
Nouvelle-Calédonie sans faire mention des quauUtés
énormes de minerais de fer qui sont associées à cette for-
mation ; leur abondance ne saurait passer inaperçue aux
yeux de ceux qui circulent dans la colonie, et aussi bien
M. Garnier que M. Hourteau y ont consacré une partie de
leurs éludes sur les richesses minérales de la colonie,
M. Garnier, dans son Tnémoire de 1867 (*), s'exprimait
ainsi : >< Lorsque l'on voit ces montagnes entières de fer
hydroxydé s'élever au bord de la mer, dans le fond de
ports sûrs, on se demande pourquoi les navires du com-
merce qui quittent toujours la Nouvelle-Calédonie sur
lest ne viennent pas chargés de ce minerai, qui peut avoir
une valeur assez élevée >' ; il ajoutait que l'essai par voie
sèche de ce minerai avait donné un culot d'une fonte
hlanche assez tenace indiquant une teneur db 51,30p, 100
de fer; il mentionnait enfin que le minerai tient toujours.
disséminée dans sa masse, une certaine quantité de chro-
mate de fer.
M. Heurteaii (*") signalait la présence en Nouvello-
bï Google
322 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLB-CAI^DONIE
Calédonie du fer oxydé et hydroxydé sous diverses
formes, d'abord au milieu dos terrains anciens du Nord
do file, et surtout dans les serpentines : il notait la forte
teneur en fer des argiles magnésiennes produites par la
déromposition des serpentines, mais s'arrêtait uniquement
aux amas de hlocs scoriacés de fer hydroxydé chnïmifère
ijuc l'on rencontre sur le flanc des montagnes. Faisant
observer qu'on ne peut songer h installer des hauts
fourneaux et à fondre le minerai sur place, et constatant
que l'Australie ne peut lui offrir un débouché, et que, d'autre
part, « un minerai de fer, quelles que soient sa richesse
et sa pureté, ne peut supporter les frais de transport jus-
((u'en France que s'il possède quelque propriété spéciale
qui le fasse rechercher par les usines pour être employé
par elles en quelque sorte comme réactif et mélangé k
d'antres minerais ", il insistait sur ce faitqueles minerais de
la Nouvelle-Calédonie qu'il avait fait analyser en France
tenaient des proportions très notables de chrome, et il
concluait qu'il serait intéressant de faciliter des essais
d'emploi en France du minerai ehromifère de la Nouvelle-
Calédonie,
Nous n'avons pas connaissance que de tels essais aient
jamais été faits, et, si l'on a souvent parlé, depuis lors, des
richesses considérables que représentent ces amasdemine-
rai do fer, on n'a jamais rien fait pour tenter leur mise en
valeur ; il a seulement, à une certaine époque, été pris
(les permis de recherches pour minorai dfe fer sur des
étendues cousidéraMes au voisinage de la baie du Sud,
dans un but qui était vraisemblablement tout autre que
ccUii d'y faire des rechei-ches ou d'étudier sérieusement
l'utilisation dos minorais qui s'y rencontrent.
Bien que nous ne voyions pas pour le moment, et même
pour un avenir assez lointain, la possibilité de tirer un
parti quelconque de ces minerais, nous en décrirons
hrii'veincnt les gisements.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 323
Le fer ne cunsliliie, en somme, qu'un élément presque
secondaire des péridotites et des roches serpentineuses
auxquelles elles donnent naissance, puisque l'analyse n'y
décèle que de 5 à 12 p. 100 de sesquioxyde de fer,
soit seulement de 3,5 à 8 p. 100 de fer métallique, alors
que la magnésie constitue de 3 à 4 dixièmes du poids
total de ces roches, et la silice de 4 à 5 dixièmes ; mais le
fer se concentre très fréquemment sous des formes que
nous pouvons ramener à trois types distincts : les blocs
scoriacés d'hématite rouge, les grains d'hématite plus ou
moins hydratée, et les amas de sesquioxyde de fer
hydraté pulvérulent associé à de la silice, de l'argile et
de la magnésie, que nous désignons sous le nom d'argiles
rouges.
H. — Description des principaux types de minerais.
Les blocs scoriacés d'hématite rouge se rencontrent,
avec des dimensions très variables, sur le flanc et sur les
crêtes des massifs de péridotite, et parfois jusqu'à leur
pied. Ils sont extérieurement d'une coloration foncée et
mate due aux actions atmosphériques; brisés, ils donnent
une cassure irrégulière à aspect bleu métallique, quelque-
fois à reflets rouges, et leur poussière est rouge ; ils sont
peu ou pas magnétiques, et l'analyse montre qu'ils sont
essentiellement constituésd'hématite rouge ou sesquioxyde
de fer anhydre. Leur forme est irrégulière, et ils se
montrent caverneux ou vacuolaires dans toute leur masse,
mais la matière dans laquelle s'ouvrent les vacuoles est
de l'hématite dure et compacte ; leurs dimensions varient
de celle du poing, et même moins, ii une fraction imiior-
taitte de mètre cube; les plus gros blocs se rencontrent
généralement au sommet des montagnes ou au voisinage
des sommets; ils sont tout particulièrement abondants
sur les plateaux et sur les pentes douces recouvertes
bï Google
324 RIUHBSSBa HINBBALËS de la M0UVBLLS-CALÉDO.N1B
d'épais manteaux d'argile. Leur présence est en particu-
lier si constante sur les crêtes que, depuis des temps
reculés, les Canaques ont coutume de s'en servir pour
élever sur les crêtes, aux croisements des sentiers, des
pyramides ou des amas de ces blocs servant à la fois de
repères et de fétiches. Nous avons noté la présence
d'amas particulièrement puissante de ce genre de mine-
rais sur les pentes douces que suit la route de Nouméa à
Prony pour descendre vers Prooy, dans le massif du mont
Kougouhaou, à la baie de Bâ, au d6me de Tiebaghi, et
même sur presque toutes les montagnes de la formation
serpentinoiise. . Nous ignorons d'ailleurs complètement
quel peut être le développement de ces gisements en
profondeur, puisque nous ne pouvons même pas dire si
les blocs que l'on rencontre sont uniquement des blocs
volants, ou si certains d'entre eux ne seraient pas les
têtes de filons ou d'amas.
Le mode de formation qu'il convient d'attribuer à ces
blocs d'Iiématite est, en effet, loin d'être rertaiii ;
M. Heurteau, rapprochant la grande abondance de ces
blocs tout autour de la baie du Sud de l'existence encore
actuelle de sources thermales dans l.i région, déclare que
les minerais de fer paraissent y avoir été déposés par des
sourres minérales ("); d'autre part, il indique que les
blocs de fer de l'île Ouen pourraient bien provenir de la
destruction du chapeau ferrugineux d'im filon d'enpholide.
Nos observations personnelles, qui, en dehors de l'examen
même des gites de nickel, cobalt et chrome, et surtout
des gîtes exploités ou vraisemblablementexploitables, ont
nécessairement dû être (rès restreintes, faute de temps,
ne nous permettent pas de présenter d'argument décisifs
l'appui de l'une ou de l'autre de ces théories ou de tout«
autre. Nous aurions cependant, pour notre part, beau-
(*) Loc. cit., p, 38Ï.
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SBRPENTINBS 325
coup de peine à ailmettro que ces énormes quantités
lie blocs d'hématite puissent provenir de la Bimple alté-
ration superficielle d'une partie des roches de la for-
mation serpentineiise : c'est là une idée qui se présente
immédiatement k l'esprit, noi:s en convenons, mais, en
examinant les choses de plus près, on reconnaît qu'il
est lieaucoup plus vraisemblable que ce soient les argiles
rouges qui représentent celui des éléments de la décom-
position actuelle dos péridotites oii s'est concentré le fer
qui y était contenu : et il nous parait bien difficile d'ad-
mettre qae des roches dont la teneur moyenne ost de
8 à 9 p. 100 de sesquioxyde de fer, avec une densité
voisine de 3, aient pu, en perdant leurs éléments essen-
tiels, silice et magnésie, et sansTintcrveuiion d'importants
phénomènes métamorphiques, donner naissance à des blocs
souvent énormes ayant une densité apparente (cavités
comptées dHUS le volume) de 4 à 5 et constitués, jusqu'à
concuiTence dt-. 80 àltOp. IWen poids, par du sesqnioxyde
de fer. Une telle transformation ne serait possible qu'en
supposant un déplacement cnmpletdu fer avec dissolution
de cet élément, ce qui revient à l'hypothèse de la formation
par des sources minérales sur laquelle nous reviendrons.
M. Heurteau invoque, il est vrai, non pas la décomposi-
tion des péridotites, qu'il désignait sous le nom de serpen-
tines, mais celle de liions d'euphotide ; mais, d'une part,
nous n'avons précisément pas rencontré de filons d'eupho-
tide dans les points oii les blocs d'hématite sont le pkis
abondants, et, d'autre part, si l'euphotide peut contenir
des pyroxènes tenant plus de 8 à 9 p. 100 de sosqiiioxydr
de fer, la magnésie est vraisemblablement toujours doini-
oante dans ces pyroxènes comme elle l'est dans tous lew
silicates ferro-magnésiens que nous avons rencontrés en
Nouvelle-Calédonie, et, en outre, la silice est d'autant
plus abondante qu'elle apparaît aussi dans les feldspatbs ;
il en résulte que 1rs raisons que nous donnons ci-dessiis
bï Google
326 RICHESSES MINERALES DB LA NODTELL&-CALBDONIB
pour ne pas admettre que les hématites en question pro-
viennent de l'altération de péridotites nous paraissent tout
aussi sérieusespourn'enpoint faire chercher l'origine dans
la simple décomposition superficielle de roches moinii
basiques, mais peut-être un peu plus ferrugineuses, qui
s'y rencontreraient en filons. Nous ne croyons pas d'ail-
leursquede semblables formations d'hématite aient jamais
été reconnues pour avoir une pareille origine ; les blocs
en question diffèrent en effet essentiellement de tout c* .
que l'on rencontre d'habitude dans les chapeaux de fer
des filons, même lorsque ceux-ci sont constitués par des
roches ou des rainerais riches en fer.
L'hypothèse suivant laquelle ces minerais de fer auraient
été déposés par des sources minérales, chaudes ou non,
serait assez séduisante, d'autant plus qu'on trouve parfois
ces blocs ferrugineux groupés autour do crevasses ou de
cheminées plus ou moins circulaires s'ouvraut dans les
argiles, et dans lesquelles on pourrait songer à voir la
trace des émissaires de sortes de geysers dont les eaux
auraient contenu lo fer en dissolution. Mais l'aspect même
de ces minerais, qui, bien que présentant dans leur masse
de nombreuses vacuoles, sont en somme formés d'hématite
compacte et ne sont nullement concrétionnés, est loin de
confirmer pareille hypothèse, et nous n'avons relevé nulle
part, comme pour les minerais de nickel et pour ceux de
cobalt, des apparences accusant nettement le caractère
de dépôts de sources, tels que ceux que nous voyons
actuellement se former sous nos yeux.
Nous avons dit au contraire que, du moins en certains
points (dôme de Tiebaghi, par exemple}, les relations de
gisement entre l'hématite et le fer chromé nous ont fait
supposer que les blocs do l'un et de l'auti-e minerai pro-
venaient d'un même gisement, amas ou filon, constitué
originairement de fer chromé et de roagnétite, avec ou
sans interposition de gangue, et que les blocs caverneux
bï Google
MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 327
d'hématite représenteraient simplement les chapeaux plus
ou moins rongés et oxydés des amas de magnélite; nous
avons en outre indiqué k l'appui de cette manière de voir
que les corrosions extérieures de ces blocs nous ont paru
parfois indiquer la forme d'anciens cristaux octaédnquc:s
de magnétite, qu'on retrouve des fragments attirables à
l'aimant au sein do ces blocs, ot enfin (pic l'attaque par
l'acide rhlorhydrique laisse inattaqués des grains <lo
fer chromé qu'il serait difficile de regarder comme ayant
également été déposés par des eaux minérales. Tout cela
nous porte k attribuer la formation du gisen>ont primitif
d'où dérivent ces blocs à une ségrégation ignée beaucoup
plutôt qu'à des sources minérales.
Les quelques analyses qui suivent uiontieiil entre quelles
limites varie la composition de ces héuiatilcs ; les doux
premières d'entre elles oui été exécutées à l'École des
Mines de Pm-is, pur M. Moissenet, sur des échantillons
rapporiés par M. Heurteau(*), la troisième a été faite
au laboratoire des forges de Saint-Nazaire sur un érhan-
tilloii de M. Garnier et que celui-ci considérait comme du
tout venant ("), la quatrième se rapporte à un échantillon
typique que nous avons recueilli à la baie Bâ au voisinage
«lu gisement de cobalt décrit ci-ilessus et que nous avons
analysé au laboratoire de l'Kcolc des Mines de Saîut-
Étienne.
(•) HE[:RTE.tu, loc.ciL, p. 386,
(**) Gah:iier. Mémoiff sur Us giseinenU de eobalt^ lU chroin
Il la Nouvrllr-Cnlêtlonie {Socîi'li des liigi'iiieitra rii-ilii île Frn
1" semestre, p. 266).
bï Google
328 RICBESSE3 MtSÈRALES DE LA NOCVELU-^ALKDOHIB
ff;.--: 1 s!» l«o\'ÎZ\ '■«
Acjde litanique ) ( "t"»' i
Peroiyde de rer 69,60 13 «8 «9,*
Oxyde roage de manganèse. % 0,60 2,0B >r«*»
Oiydft »ert de chrome 5,33 8,89 2 6,t
Alumine i™.. i™«. 1,10 0,7
Chaux - ~~ 0.10 *>.*
* Magnésie — — 0,f 0 in-«
Acide phospborique non <i«* ■»• ^«* 0,08 0,15T
Chlorure de sodium t/. «..ibi. 0,40 - —
Acide sulfurique 0,60 0,10 t™«. 0,WÏ
Perte par calcinalion 16,60 14,30 10,20 1,45
Nous ajouterons, en ce qui concerne le dernier échantil-
lon, qu'il semblait parfaitement pur de tout mélange d'ar-
gilo ou d'autres matières étrangères, qu'il donnait une
cassure franche d'un bleu métallique, et qu'il se réduisait
en une poussière rouge. Atlaquéparl'acide chlorhydrique
concentré et chaud, il laissait un résidu de 5,5 p. 100
constitué essentiellement de silice et de fer chromé; son
analyse élémentaire pourrait élre représentée ainsi qu'il
suit :
Uémalite rouge 88,1 p. It»
Fer chromé , 3,3 —
Oiyde de manganèse traces
Oiyde de chrome soluble dans l'acide chlorhydrique. 4,4 p. 100
Silice, acide titanique, argile, chaux, etc 2,SS —
Humidité 1 ,43 —
Les chiffres précédenta montrent que les hématites de
Nouvelle-Calédonie constitueraient de bons et riches
minerais de fer, puisque leur teneur varie de 50 à 60 p. 100-
de fer métallique ; elles présentent en outre la particula-
rité d'être chargées de chrome.
A côté des gros blocs d'hématite on rencontre, sur les
pentes des massifs serpentineux qui ne sont pas trop
bï Google
MINBRAI8 ASSOCIÉS A l.A t'ORUATION DES SERPENTINES 329
abruptes pour empêcher la formation de tout dépôt le long
de ces pentes, dos lits souvent très épais et extrêmement
étendus de grains de minerai de fer de la grosseur d'un
pois a peu pri^s; on a souvent désigné cette catégorie de
minerais sous le nom de fer pisolithique, nom que nous
ne croyons pas devoir adopter, car ces grains n'ont des
fers pisolitliiques connus dans nos régions que la dimen-
sion, n'en ayant ni la forme, ni l'aspecl extérieur, ni la
composition. Rugueux à la surface et recouverts d'une
couche d'un millimètre environ de fer liydroxydé plus
ou moins pulvérulent, ils se montrent intérieurement cons-
titués d'hématite rouge et paraissent très évidemment
être des débris de blocs d'hématite, descendus générale-
ment plus bas sur les pentes de la montagne que les bloce
intacts, et ayant, du fait <le leur division, subi plus qu'eux
l'effet de l'air humide qui a transformé extérieurement
l'hématite rouge en hématite brune.
L'analyse d'un échantillon de ces grains ferrugineux
provenant des pentes du massif de péridotite de la mine
Hasard à Tomo nous a donné les résultats suivants:
AN.tLVSE IMM^DrATE
Perte au feu 8,8
j Silice 16,2 j
l Alumine 1,28 i
Insoluble dans 1 Sesquioxyde de fer 0,57 1
l'acid«chlorbydriqiie j Oxyde rouxe demnuga- i
I nèse 0,9 I
( Magnésie 0,25 I
; Silice 0,55 j
i l'eroxyJe de fer 64,25 J
l Oxyde rouge de inanga- I
„ , . , , 1 nèse 0.2 f
Solubledans / Seaquioxyde de chrome. 2,0 \ "ï,*
l'acde chlorhydnque j ^^^^^ ^^ ^j^j^^, „ ^ ,
i Alumine 3,65 I
f Chaux 0,8 I
, Magnésie 0,15 1
bï Google
330 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
riL^BNTAlHE
Silice i»,T5
Fer 45,37
Manganèse 0,79
Chrome (,36
Oxygène combiné aux métaux 20,80
Alumine M3
Chaux O.B
Magnésie 0,4
Un tel minerai, tenant après calcination 49,75 p. lOU
de fer métallique, serait encore un minerai d'une bonne
richesse ; aucune impureté ne s'y montre en quantité plus
gênante que dans l'échantillon n" 4 du tableau qui précède ;
le chrome y est en quantité notable, c'est un point sur
lequel nous reviendrons.
Enfin des amas excessivement importants d'une forma-
tion rouge, pulvérulente, grasse, imperméable, et plus ou
moins plastique, s'étalent sur toutes les pentes douc*s
des massifs serpcntjneux et sur tous les sommets qui ne
sont pas trop abrupts, et se développent en outre dans les
différentes « vasques » qui se (Teusent entre les saillies
des rochers de péridotite plus ou moins altérée.
Ces amas, assez fortement hydrates, sont essentiellement
constitués d'oxydes de différents métaux parmi lesquels
domine le fer, accompagné d'un peu de manganèse, ào
nickel et de cobalt ; ces oxydes sont associés à de la silice,
à de l'argile et à de la magnésie ; le tout englobe
en outre différents débris minéraux comprenant principale-
ment du fer chromé et de l'enstatite plus ou moins altérée.
Cette formation est d'ailleurs loin d'être homogène, elle
est parfois nettement bigarrée, d'autres fois elle présente
des couleurs variant du rouge orange au rouge violacé;
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MiSERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES 331
certains lits sont particulièrement riches en silice au point
de constituer plutôt des sables, d'autres sont particulière-
ment ocreux, d'autres enfin plus nettement argileux.
La formation est généralemont recouverte, et partielle-
ment mélangée, des grains d'oxyde de fer que nous venons
de mentionner; elle contient souvent de véritables lits de
fer chromé, constituant non seulement les gisements
exploitables que nous avons décrits, mais aussi des con-
centrations beaucoup moins avancées ; elle englobe en
outre les rognons cobaltifères et manganésifères qui
constituent les minerais de cobalt.
On aura une idée de la constitution chimique de ces
masses d'après les résultats des analyses suivantes : les
deux premières sont rapportées par M, Garland('), la
troisième a été faite par M. Moore au laboratoire du ser-
vice local à Nouméa sur un échantillon d'un banc spéciale-
ment ocreux exploité comme ocre auprès de la baie du
Sud, les quatrième et cinquième ont été exécutées par
noiis-même sur des échantillons provenant, l'un de la
mine Hasard à Torao, choisi particulièrement argileux,
l'autre de la mine des Bornets à Thio, pris au voisinage
immédiat d'un gisement de nickel exploité.
Silice.. 18,*2 12,43 5,88 37,1
Sesquioxyde de fer 69,30 66,36 73,66 36,5
Alumine 0,45 " 5,37 3,0
Oxydes de nickel et de
cobalt t,6i 3,14 0,98
Chaux " " "
Magnésie et oxyde de man-
ganèse 0,39 5,35 0,74 2,6
Sesquîoxyde de chrome.. •> » 2,13 »
Eau 9,80 12,70 11,02 20,5
2,1
13,9
{*) Tranaaclioiu IniUluie Mining and Melullwgi/, p. 121 à 148; 189*.
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332 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLB-CALÉOONIE
Le dernier échantillon présentait l'analyse imnnédiate
suivante :
1 Sesquioxyde de fer «1,6
Eléments solubles 1 Magnésie 4,5
dans les acides, j Silice 0,0
( Oxydes de nickel etde cobalt.... 1,7
/ Eoslarile altérée 2,8
Insoluble t Fer chromé 3,1
' Argile hydralée et silicates divers. 11,0
Eau éliminée par calcinution légère 13,1
La teneur en fer métallique de oes différents échantil-
lons rcss(trt respectivement à 48,.M p. 100 — 46,4^
p. 100 — 51,56 p. 100, — 25,55 p. 100 — et 4i.6ft
p. 100 à l'état cru, et à 53,78 p. 100 — 53,20 p. 100 —
57,94 p. 100 — 32,14 p. 100 — et 51,39 p. 100 après
calcination ; ils constitueraient donc encore le plus sou-
vent de véritables minerais de fer.
Ajoutons qu'il existe encore beaucoup de fer dans les
formations anciennes du Non! de la .Nouvelle-Calédonie,
comme l'avait indiqué M, Ueurteau. et que l'on y a ren-
contré certains aflleurements qui signalent peut-être des
filons ou des amas de minerai de fer d'une certaine
importance. C'est ainsi qu'on nous a montré des échan-
tillons provenant du sommet du Tanou {ligne de crète
entre le Diahot et la rivière de Koumac) constitués de
belle hématite avec gangue de quartz.
C. — Utilisation industrielle des minerais di fer
DE LA NoL'VELLE-CaLÉDONIÏ.
Les indications qui précèdent suffisent à montrer
qu'il existe dans la colonie des ressources très impor-
tantes en minerais de fer, d'une richesse parfaitemenl
sui^ant«, soit crus, soit après calcination, pour pouvoir
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MINBRAI8 ASSOCliS A LA FORMATION DBS SBRraNTINBS 333
'^tre employés à la fabrication de la fonte; les impuretés
généralement k redouter dans lea minerais de fer ne
paraissent pas y exister en proportion nuisible, tout au
plus quelques-uns d'entre eux sont-ils chargés de magné-
sie. Mais ils renferment, d'une façon constante et en pro-
portion notable, du chrome et souvent un peu de nickel, ce
qui ue serait pas sans être fort gênant pour use fabrica-
tion courante, si ces métaux ne s'éliminaient pas dans le
laitier : le chrome n'y manquerait sans doute pas, puisqu'il
est toujours difficile dans la fabrication des ferro-chromea
d'éviter qu'il n'y passe en très grande abondance;
pour le nifkel il n'en serait peut-être pas de même. Une
telle question ne saurait d'ailleurs mieux être éluridf'e
que par des essais dans les conditions de la pratique. Si
ces deux métaux passaient d'une façon sensible dans les
fontes, e1 de là dans les fers et aciers, ils seraient ^tu-;-
ceptibles de donner à ces produits des qualités excep-
tionnelles, très proi'ienses pour certains usages, mais fort
gênantes pour d'autres ; en outre, leur présence dans le
métal rendrait stm tnivail beaucoup plus difficile. Il y
aurait donc peut-être déji», du fait de la présence dû
chrome et du nickel dans les minerais de fer de la Nou-
velle-Calédonie, une gène pour leur emploi courant.
Si, laissant de c/ité cette difficulté, qui ne serait sans
doute pas un obstacle absolu à leur emploi, on exa-
mine quels sont les déiMîuchés qui pourraient leur être
■ offerts, on constate, comme le faisait il y a vingt-huit
ans M. Hcurteaii, qu'ils sont nuls. Malgré un certain
développement industriel pris par la colonie depuis cette
époque, on ne peut, pas plus aujourd'hui qu'alors, songer
à la création d'une industrie du fer en Nouvolle-Calédonie ;
00U.1 avons suffisamment fait ressortir la difficulté d'or-
ganiser la fusion sur place du minerai de nickel, pour
lequel il s'agit <te réaliser une économie de fret de près
-de 40 francs par tonne par une seule opération métallur-
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334 RICHESSES MIMÉBALBS DE LA NODVELLE-CALÉUONIB
gique, pour que l'on comprenne que la production dea
fers et aciers commerciaux se heurterait à des difficultés
très nombreuses-, leur prix de revient serait donc vrai-
semblablement très supérieur à celui des produits impOT-
(és d'Europe; d'antre part, la fabrication d'un produit
dont la valeur n'est pas plus élevée que la fonte, en vue
de l'envoi en Europe, n'est pas nonplub possible, surtout
dans un pays oii le bon cliarbon sera toujours assez cher.
Pourraitr-on expédier les minerais calédoniens en Aus-
tralie? Cela ne parait pas davantage possible; il n*exisle
pas encore d'industrie du fer et de l'acier en Australie,
bien que l'on songe sérieusement à en créer une. Mais,
en vue d'une semblable création, des recherches ont été
faites, surtout eu Nouvelle-Galles du Sud oii se trouvent
de beaux gisements houillers, et elles ont abouti à la
découverte de nombreux et importants gisements de fer,
qui pourraient sans doute fournir dos rainerais de qualité
suffisante àdes prix notablement plus bas que ceux des
minerais que l'on pourrait amener de Xouvelle-Calédonie,
et qui seraient grevés d'un fret de 10 à 12 francs. Ajou-
tons d'ailleurs que, n'en fût-il pas ainsi, par exemple au
cas oh il deviendrait possible de combiner des expédi-
tions de minerai de fer de Nouvelle-Calédonie en Nouvelle-
Galles du Sud comme fret do retour pour les bateaux y
apportant du charbon, il est très vraisemblable qu'avec
les tendances très protectionnistes du gouvernement de
la Confédération australienne, des droits de douane vien-
draient empêcher pareille concurrence aux gisements
auslratiens.
Quant au transport des minerais de Nouvelle-Calédo-
nie en France, il n'y faut pas songer, étant donné la va-
leur qu'ont en Europe même les meilleurs minerais de fer.
C'est d'ailleurs là la considération sur laquelle nous
(levons insister on terminant : si des minerais k valeur
relalivoment élevée peuvent être exploités en Nouvelle-
bï Google
MINERAIS ASSOCIES A LA FORMATION DES SERPENTINES 335
Calédonie, non sans certaines difficultés, puisque, maigre
les conditions de gisement souvent très faciles du nickel,
on a quelque peine à le produire à des prix suffisaniment
modérés, des minerais à faible valeur comme les minerais
(le fer, dont les meilleures qualités valent en Europe de
15 à 20 francs, ne sauraient même à notre avis, quelque
facile que soit leur exploitation, être actuellement rendus
sous palans dans la colonie k des prix inférieurs k une
semblable limite. Les chiffres que nous avons donnés ci-
dessus pour les frais de transport, d'embarquement, etc.,
suffisent à le montrer.
Dès lors, tout concourt k faire penser que, ni aujour-
d'hni, ni avant un avenir que l'on ne peut guère escompter,
les riclies et abondants minerais de fer de la Nouvelle-
Cîilédonie ne pourraient ^tre utilisés.
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QUATRIËUE PARTIE.
aiBBHlNTS KiTALUQUSS DIV1B8.
A côté dn fer, du nickel, du cobalt, et du chrome,
dont les gisements sont en très étroite relation avec la
grande formation serpentineuse, on rencontre dans les
autres terrains qui constituent le sol de la Nouvelie-
Calédonie une grande variété de minerais métalliques;
sans noua arrêter pour l'instant à la question de l'utilisa-
tion possible des minerais en question, nous mentionne-
rons qu* nous y avons recueilli nous-même de l'or, du
platine, de l'argent, du mercure, du cuivre, du plomb,
du zinc, du manganèse, de l'antimoine, du tungstène,
<lu titane, du molybdène; nous ajouterons qu'on avait
cru autrefois rencontrer également de l'élain, mais qu'il
parait bien élabli que cette indication était erronée.
De tous ces rnétaun divers, plusieurs ont été, daus le
temps, l'objet d'exploitations ou de tentatives d'exploi-
tation, ce sont l'or, le cuivre, le plomb argentifère et l'an-
timoine : mais, seul parmi eux, le cuivre a donné lieu,
il y a une vingtaine d'années, à une exploitation d'une
prospérité réelle ot d'une certaine durée. Quant aui
autres métaux, ils n'ont été que sigmdés, et leurs gise-
ments n'ont jamais été, à notre connaissance, l'objet
il'aucun essai d'utilisation.
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CHAPITRE PREMIER.
LE CUIVRE.
Dès 1843, (in missionnaire, le Pi>ro Moutniiizior, signa-
lait à Koumac une mine de cuivre, mai-s cette indication
paraft être restée oubliée pendant bien dos années.
Lorsqu'en 1863-66 M. fîarnier fit une première étude
des richesses minérales de la colonie, il mentionna l'exis-
tence du cuivre à file Ducos et rapporta(') au sujet
des échantillons qu'il _v avait recueillis une indication de
Rivot de natureà. encourager des recherches en ce point;
il signala d'autre part que des indigènes lui avaient
affirmé qu'il existait dans la vallée de la rivière d'Amoi
du cuivre pyriteux associé à de la barytine.
Mais ce n'est qu'à la fin de 1872, lorsque d'assez minu-
tieuses recherches poursuivies tout autour île la basse
vallée du Diahot par les chercheurs d'or firent découvrir
de beaux affleurements cuprifères auprès d'Ouégoa, que
l'on songea pour la première fois à exploiter le cuivre eu
Nouvelle-Calédonie. Ces différents affleurements et les
quelques travaux qui y furent poursuivis dès le début ont
clé examinés en détail par M. Heurteau, et décrits avec
soin dans son rapport à M. le Ministre de la Marine et
des Colonies : cet Ingénieur mentionnait (") tout d'abord.
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338 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVEIXE-CALBDONIB
au Nord du vUlage de Ouégoa, et en relation étroite-
avec lea roches à glaucophane que nous avons signalées^
déjà, l'existence d'un groupe important d'affleurements,
parmi lesquels ceux de la mine de la Baiade avaient déjà
été l'objet de travaux de recherches assez développés et
d'un commencement d'exploitati*) ; il rapportait d'autre
part la découverte de deux affleurements cuprifères à
une dizaine de kilomètres plus à l'Ouest au voisinage du
village de Pondolaï. Depuis lors, des travaux de recherche»
ont été poursuivis sur nombre de ces affleurements, mais
ils n'ont donné lieu k une exploitation importante^ et
durable qu'à la mine de la Balade; cette exploitation s'est
poursuivie sans interruption jusqu'en 1884.
A côté des deux groupes do gisements d'Ooégoa et de
Pondolaï, sdtués sur la rive droite du Diahot, d'antrw
ont été signalés en grand nombre dans les schistes ardoi-
siers noirs de ia rive gauche du Diahot et jusque dans la
presqu'île d'Arama. Les plus importants d'entre eux sont
ceux des mines Pilou et Ao, découverts on 1884 et 1887
et exploités par intermittence depuis lors jusqu'en 1901 :
mais un coup d'oeil jeté sur la /iff. 1 de la PI. V, où
nous avons représenté la région Nord de l'Ile, et oii nona
avons figuré les différentes concessions, demandes de con-
cessions et périmètres de recherches pour cuivre, montre.
encore que l'existence de ces périmètres ne prouve pas
d'une façon absolument certaine que ce métal se renconlre
dans leur étendue, que les gisements de cuivre sont
nombreux dans toute la région ; nous avons souligné les
noms des gisements oit nous avons personnellement cons'
talé la présence de minerais de cuivre.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le Nord de la
colonie que ce métal existe; il a été l'objet de tentatives
d'exploitation en 1883-85 à Konmac, et vers 1876 dans
la vallée de la Négropo près de Canala; sa présence a été
en outre signalée en nombre de points tout le long de la
bï Google
cAte Ouest et notamiaent k Baui, près <ie (Bornéo, «i Nord
de Poaenbout, k l'Ile Ducos, daiu U ^ioe de Suiit-
Vincent, etc.
Nom 4>joutâroB8 qua, «l'après les iodieatioBB de la
statistique, il a été exporté de Xotir^le-Calédooie,
depuis iSlS jus^a'-en 19^ plus da .5Û.000 touaei de
nÙBCrai de cuivre dont la teneur n'aurait pas été infé-
rieure -à tO à 15 p. 10(X, et UQ millier de tonnes de uuttes
très ctotaUeaaent plue ricbes.
Nous founùssoas ci-dessous quelques indications sur
les différents giseioents que nous venons de raeniicuiner.
B. — Gisements dd osocpk Mt u Balu».
Ces gisements, situés au flanc des différentes collines
qui descendent de la crête de Tiari sur Ouégoa en
enserrant les vallées do la rivière de la Balade et de ses
affluents (Voir la /îff. î) de la PI. IV), se présentent en
filons ou en amas dans les micaschistes qui constituent
tous res contreforts.
Ces micaschistes, qui sont, rappelons-Ic, généralement
très chargés à la fois ea grandes paillettes de mica blanc
et en rblorite, et dont la teinte est verdàtre ou bleuâtre,
passont quelquefois an gris plus ou moins fnnré;ils sont
assoriés par places, À la gendarmerie de Ouégoa notam-
ment, à des roches serpentineuses et talqucuscs, qui
ne paraissent d'ailleurs rien avoir de commun avec la
grande formation des péridotites qui, comme on le sait,
domine dans presque toute la colonie sauf précisément
dans cette région nord -occidentale.
Les micaschistes sont en outre traversés, précisément
au voisinage immédiat de Ouégoa, par une très impor-
tante formation de roches chargées d'amphibole et sur-
tout de glaucophane, que nous croyons devoir considérer
comme attestant une activité toute spéciale du métamor-
bï Google
3iO RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
pbisme dana cette région. €«8 roches, qui paraissent
occuper en particulier la majorité des ravins de la rivière
de la Balade et de ses affluents de droite au voisinage
des mines Murât, Balade, et Delaveuve, comprennent sur-
tout des amphibolites vertes à grain fin d'un type spécial;
l'examen micrcacopique montre en effet que ces amphibo-
lites sont essentiellement constituées d'une amphibole
passant au giaucophane, associée à du mica blanc, à de
la chlorite, et à des grenats almandins ; ces derniers sont
très nombreux par endroits, ils sont généralement visibles
h l'œU nu et présentent même souvent des dimeasîons
assez considérables. Acôté de ces roches de couleur verte,
on trouve des traînées d'une formation franchement bleue,
tirant un peu sur le gris, dont la pâte apparaît au micros-
cope comme entièrement constituée de glaucophane ; celle
pâte contient en outre tantôt des cristaux de pyroxène,
tautftt des cristaux isolés on des veinules J'épidote vert
jaunâtre, et souvent des grenats almandins, et despaillettes
de mica blanc ou de chlorite ; ou rencontre en outre des
schistes onctueux plus ou moins micacés criblés de petites
baguettes de glaucophane. Enfin le mamelon de la mine
Delaveuve présente un puissant ressaut fonné d'un quari-
zite gris verdâtre foncé, à grain fin, très dur, qui se montre
presque uniquement constitué de quartz et d'abondants
petits fragments d'ilménite. Ces différentes roches con-
tiennent un grand nombre de cristaux secondaires et no-
tamment du spbène, du rutile, etc.
Celte très curieuse formation, qui avait été décrite par
M. Hourteau comme une formation éruptive, mais qaî
parait plutôt devoir être regardée comme d'origine méU-
morphique, avait été considérée par lui comme étant en
relation étroite avec la venue cuprifère. Quelque frappante
que soit la coexistence, auprès de Ouégoa, des minerais de
cuivre et du glaucophane, nous devons faire observer que
les formations î» glaucophane se poursuivent vers le Non!
D.D.t.zeabï Google
QISBMENTB MÉTALLIQUES DIVERS 341
et vers l'Est but une étendue assez considérable (jusqu'à
Oubatcbe), taodisqueles gisements de cuivre ne paraissent
pas se prolonger dans cette direction, alors que l'or y
apparaît au contraire ; et que, plus à l'Ouest et au Sud, le
cuivre se montre disséminé dans des formations où le glau-
copbane, que nous avons recherché avec soin, ne parait
pas exister.
C'est, nous l'avons dit, au milieu de ces roches que se
montrent les gisements de cuivre du groupe de la Balade ;
le métal s'y présente principalement sous la forme de
pyrite cuivreuse plus ou moins riche en cuivre, mais à
teneur généralement assez élevée (20à50 p. 100 pour la
pyrite bien séparée de sa gangue), formant tantôt des
massesinterstratifiéesassezpuissantea et tantdtdes mouches
ou des imprégnations entre les feuillets des schistes : le
cuivre pyriteuxne constitue d'ailleurs que la forme profonde
du minerai; aux affleurements et au voisinage immédiat
de ceux-ci on rencontre, associés à de l'oxyde de fer, du
cuivre natif, de l'oxyde noir, et les différentes variétés de
minerais oxydés, malachite, atacamite, azurite, etc. en
masses généralement amorphes.
Le gisement même de la Balade est celui qui a été
découvert le premier, il affleure de part et d'autre du bras
gauche, assez encaissé, du ruisseau de la Balade, à peu de
distance à l'Est du village de Ouégoa, et à une centaine
de mètres à l'aval d'une haute paroi schisteuse qui parait
marquer un accident géologique d'une certaine importance.
11 se présente sous la forme d'un dlon-couche de cuivre
pyriteux, ayant une puissance totale variable aux envi-
rons de 1",50, interstratifié dans des schistes chloriteui
verts, et souvent séparé en deux bancs par une épaisseur
de 50 à 60 centimètres de schistes stériles. Ce filon-couche
est dirigé Nord légèrement Ouest, et présente unpendage
assez raide {voisin de 45° aux affleurements, mais plus
bï Google
342 RICHESSES MINBIULBS D» LA NOCVBLLBHSAI.EDONIE
raide eu profraidwir) ; il se rsmifle d'silIearB p^ des im-
prégnations et filMinets coirreux qui eoarent daaa les
<as8ures transversales dea schistes. Trfle» sont les seole»
données k peu près certames que nous ayoas po retirer^
tant de la lectnre du rapport de M. Heurteau, que de
l'examen que noua avons fait des afflenrements et de fe
galerie ouvertoen direction sur la rive gaucho delà rivière
à quelques mètres au-dessus de son lit, galerie dont
les 10 ou 15 premiers mètres étaient encore accessibles.
Quant à l'allure détaillée de la formation soit en directioB,
soit en profondeur, nous n'avons pu obtenir k son sujet que
des indications fort vagues ; il n'est pas douteux qu'une
exploitation active, et longtemps rémunératrice, & été pous-
sée sur ce gisement parla Compagnie des mines de Balade,
sans interruption depuis 1874 jusqu'à 1884, fournissant à
peu de choses près toutes les quantités de minerai de
cuivre exportées de la colonie pendant ces onze années ;
c'est-à-dire, d'après les statistiques officielles, environ
40.000 tonnes d'un minerai qui aurait tenu en moyenne
près de 15 p. iOO de cuivre, et dont la valeur totale aurait
représenté quelques millions de francs.
Nous n'avons d'ailleurs pu retrouver aucun document
sérieux relativementà cette exploitation; nile service des
mines, ni les ayants droit de l'ancienne société exploitante
n'ont conservé de registre des travaux, ni de plan les
figurant avec quelque précision; une coupe, qui existe
encore dans les archives du service des mines, et dont les
indications coïncident à pou près avec les renseignements
verbaux qui noua ont été fournis, semble indiquer que la
formation présentait peu de continuité en direction, puisque
les travaux ne se seraient développés que sur une cen-
taine de mètres k peine ; mais on se serait enfoncé jusqu'à
une profondeurde 150 mètres dans «ne colonne riche, affec-
tant d'ailleurs plus ou moins nettement une disposition en
chapelet.
bï Google
ei8BM»fT8 MÉTALLfQCBS DIVERS 343
L'exploitation a été iateprompae en 1884, à un moment
^ crise du marché (tu cuiyre, et après que Ton eut dépité
(oui ce qui avait été reconnu en fait de mioerai riche.
D'après les indications qui nous ont été fournies par t'au-
>cien directeur de ces travaux, qui, avant de les diiiger,
avait acquis en Australie l'ezpérieBce des mines, et en
particulierceHedes minée de cuivre, le gisement aurait été
-alor» complètement épuisé, et des travaux de recherches
lauraient été faits, avant de l'abandonner, pour s'assurer
•qu'il n'existait pas d'autres colonnes riches au voisinage.
Nous n'avons aucun élément pour apprécier l'importance
tlescMts travaux et le bien fondé de la conclusion qui a
été tirée de kup résultat négatif ; il est cependant permis
de se demander si la Compagnie des mines de Batade a
bien fait, poiu- l'exploration de sa concession tant eu pro-
fï>ndeur qu'en direction, tous les sacrifices qu'elle aurait
•dû faire.
Le minerai qui a été expédié en Australie passe pour
-avoir eu une teneur moyenne en cuivre voisine de 15 p. 100,
il renfermait en outre un peu d'argent, il ne contenait ni
plomb ni zinc en quantité sensible. Une partie de ce
minerai avait été enrichi dans une petite laverie établie
sur place ; mais des quantités considérables de produits
à faible teneur ont été abandonnées en tas sur le carreau
.de la mine, en raison des frais élevés d'enrichissemcnl
et de transport jusqu'aux usines de traitement austra-
:Jiennes. Il en existe encore des amas qui, depuis de
longues années, donnent lieu à des dé^iôts cuivreux verts
dans le lit du ruisseau de la Balade.
Les minerais, transpm-tés par un petit tramway jus-
■qu'au Diahut, étaient descendus pai- chaloupes ou chalands
■dans la baie de Pam; ils ont tous élé expédiés crus eu
Australie.
En remontant la vallée au-dessus des affleurements de
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34i RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLEKIALÊDONIB
la Balade, on en rencontre d'autres encore, dont les plus
importants sont ceux de, la mine Mural, situés à quelque
600 mètres à l'amont, au voisinage de la cote 140. Deux
galeries de recherches y ont été ouvertes à deux niveaux
distants verticalement d'une vingtaine de mètres. La pre-
mière a rencontré d'abord un amas de pi'rite cuivreasede
près de 1 mètre de puissance, dont la teneiu- moyenne eu
cuivre serait supérieure à 10 p. 100, puis elle a suivi la
formation eu direction, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est, sur
une vingtaine de mètres. Cette formati(m a montré l'al-
lure d'un filon-couche de 60 centimètres de puissance
environ, interstratifié dans les schistes chloriteux, el
plongeant comme eux vers le Sud avec un pendage d'une
quinzaine de degrés ; on y a procédé, sur une centaine de
mètres carrés de surface, à un dépilage qui a donné lien
à rextraclion de minerais dont une partie a été expédiée
eu Australio {nous avons trouvé la mpution de l'expédition,
eu 1884, de 325 tonnes de minerai provenant de la mine
Murât) . La pjTÎte cuivreuse se voit encore au front d'avance-
ment avec une puissance un peu variable, mais dépassant
presque partout 'yO centimètres ; nous y avons recueilli
au hasard de beaux échantiUons de minerai massif à
9,6 p. 100 de cuivre.
La galerie inférieure, au contraire, n'a i-encontré la
formation qu'étranglée. Il parait donc vraisemblable que
celle-ci n'est pas bien régulière et qu'elle affecte comme
il la Balade une disposition en chapelet. Ce que nous
avons vu ne peut que nous faire regretter que les travaux
d'exploration n'aient pas été poursuivis d'une façon plus
sérieuse. Les premiers d'entre eux remontent déjà à une
vingtaine d'années, les derniers à cinq ou six ans; depuis
lors la mine Murât a été complètement abandonnée. Le
minerai extrait dos dernières recherches a été laissa
entasse sur place, faute d'un moyen de transport autre
qu'un chemin muletier jusqu'à Ouégoa ; il y en a quelques
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 845
reataioes de tonnes, dont une partie tout au moins parait
assez riche.
Nombreuses sont encore les indications plus ou moins
nettes de la présence du cuivre non seulement dans le ra-
vin du ruisseau de la Balade, mais encore sur le mamelon
qui le limite au Nord-Ouest, et dans le ravin qui l'avoisine
dans cette même direction ; le nombre dos concessions
contiguës qui couvrent cette région en témoigne ("Voir la
(ig. 9 de la PI. IV), non pas que chacune d'elles ren-
ferme nécessairement des affleurements de quelque
valeur, mais tout au moins parce qu'elles n'ont généra-
lement été demandées qu'après la découverte de quelque
indice de minerai.
Le seul point de ce groupe où nous ayons encore eu
l'occasion de relever d'une façon nette la présence du
cuivre est la mine Df/avetive, où il a été pratiqué plu-
sieurs puits et galènes de recherches. Le gisement s'y
montre dans des conditions assez intéressantes au point
lie vue géologique : les chloritoschistes qui forment la
roche dominante du mamelon oii se trouve le gisement,
et qui y sont associés aux roches bleues à glaucophane et
au massif de quartzite que nous avons mentionnés ci-des-
sus, sont découpés au flanc du ravin par un à-pic d'une
quinzaine de mètres de hauteur dont la paroi, orien-
tée à peu près Nord-Sud, laisse voir une faille de décro-
chement très nette; l'amplitude de la faille est sans
doute faible, et l'ouverture de la cassure ne dépasse pas
- ou 3 décimètres. Vers le Sud, les schistes sont sté-
riles et présentent leur couleur gris verdfltre habituelle,
ils sont sillonnés de veines quartzouses; vers le Nord, au
contraire, la paroi de schiste montre la coupe d'une demi-
lentille imprégnée de cuivre ; le croquis reproduit par la
/ig. 10 de la PI, IV rend compte de cet aspect ; au
milieu des micaschistes stériles apparaît une zone lenti-
D.D.t.zeabï Google
346 RICHESSES MINERALES DB LA NOtTVBLLB-CALBDONIB
culaire oEi ceux-ci sont tout imprégnés de petites mouches
d'azurite et de malachite leur donnant, avec les enduit»
ferrugioeux rouges, une coloration bigarrée; l'épaisseur de
la zone imprégnée est de 80 centimètres environ au con-
tact même de la cassure, mais elle diminue progressive-
ment en s'en éloignant et cette zone vient mourir au voi-
sinage de la surface du mamelon, présentant en tout une
longueur de 8 mètres environ. Une galerie ouverte en (t
rection, c'est-à-dire vers l'Est légèrement Sud, a suivi, wir
16 mètres de longueur, cette même formation qui codsw-
vait au début sa puissance, mais qui s'effîlait ensuite peu à
peu. 11 n'y avait donc là qu'une petite lentille dont la faille
a déplacé la moitié Sud ; celle-ci n'a d'ailleurs pas été
retrouvée. En dehors de cette galerie, il n'a pas été fait,
a notie connaissance, d'autres travaux d'exploration que
ceux décrits autrefois par M. Heurteau (*) et actuellement
inaccessibles, ils n'avaient mis à jour que des indices de
peu d'importance. Il aurait été extrait de la galène de
recherches ci-dessus mentionnée un certain nombre de
tonnes de minerai à teneur moyenne de 8 p. 100 de cuivre
sous forme de produits oxydés.
Mentionnons enfin les ameuremeuts de la mine Salas,
située à 6 kilomètres à l'Est de Pam également dans les
micaschistes ; on n'y relève que quelques enduits bleus
et verts sur les micaschistes altérés de la surface, ces
indices nous ont paru de peu d'importance.
Telles sont les observations que nous avons pu faira
dans le groupe des gisements de cuivre des environs de
Ouégoa, c'est-à-dire des gisements qui se trouvent dans les
micaschistes et en relation plus ou moins étroite avec les
roches à glaucopliano ; elles se résument en quelques
mots : bien que les indices de la présence du métal soient
nombreux, ce n'est qu'en deux points seulement qu'il a
{•) Loc. vil„ p. 286-287.
bï Google
0ISEHENT8 HÊTALLIQUEB DIVERS 347
4té mis en évidence des amas de pyrite cuivreuae de
réelle importance; dans le premier d'entre eux on paraît
avoir épuisé une colonne riche sans chercher d'une façon
suffisante s'il n^en existe point d'autres; dans le second
■c|iielque3 travaux qui avaient donné des résultats plutôt
encourageants n'ont pas été poursuivis.
C. — GlSBUBKTS DU r>RODPB DK LA Pu^O-
Les schistes ardoîsiers de la rive gauche du Dîahot,
-qui empiètent même par places sur la rive droite, ne
paraissent pas moins riches en imprégnations cuivreuses
-que les micaschistes ; celles-ci paraissent même se ré-
partir sur des étendues beaucoup plus considérables ici
que là.
Nous avons décrit déjà la puissante formation à laquelle
-appartiennent tous les mamelons qui se développent au
-Sud du Diahot et nous avons déjà dit qne son âge nous
paraît impossible à fixer avec certitude dans l'état actuel
de nos connaissances sur la géologie de la Nouvelle-Calé-
donie. Ces schistes sont sillonnés de filons ot fllonnets de
■quartz, et l'on y rencontre divers filons métallifères, cuivre,
plomb argentifère, zinc, et même or; ces métaux sont le
plus souvent associés entre eux dans les différents gise-
ments, avec prédominance ici du cuivre, là du plomb et du
zinc, plus loin de l'or ; ils paraissent tous être en relation
assez étroite avec des venues déroches vertes diabasiques,
quelon rencontre en dykes dans les schistes au voisinage
plus ou moins immédiat des gisements.
Nous ne décrirons pour le moment que ceux d'entre les
gisements oti le cuivre domine, ce sont de beaucoup les
plus nombreux d'ailleurs, puisque nous n'aurons à rap-
porter ensuite à cette formation qu'un seul gisement d'or
■et un seul de plomb et zinc argentifères.
bï Google
348 RICHESSES MIMÉKALES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE
Le plus important d'entre eux, du moins à ce que l'on
peut en juger dans l'état actuel des travaux, est celui
de la miae Pilou, découvert en 1884, et exploité depuis 1886
jusqu'à la fin de 1901 avec dos alternatives d'activité ef
de chômage.
Les travaux, qui n'ont été abandonnés en dernier lien
qu'à la tin de l'année 1901 , présentent un développement
important; l'épuisement en ayant été continué depuis
lors, et les galeries principales étant restées en état d'en-
tretien suffisant, nous avons pu les visiter; nous en avons
d'ailleurs trouvé sur place un plan à jour que reproduit
la/îff- 11 <lela PI. IV.
Le filon, car il s'agit ici d'un véritable filon de quarix
métallifère, recoupe presque verticalement les bancs de
schistes noirs, inclinés à 45" vers le Sud, qui l'en-
caissent; il affleure, au voisinage immédiat d'un puis-
sant dyke de diabase, sur les deux versants Ouest et Est
d'un mamelon schisteux arrondi en forme de ddme ; il
s'y signalait par de beaux échantillons de malachite et
d'azurite, tantôt en masses, tantôt en cristaux, dont
nous avons pu ramasser encore quelques fragments. La
partie du filon comprise dans ce mamelon, qui s'élève
d'uue centaine de mètres au-dessus du sol légèrement
accidenté qui l'environne, a été promptement dépitée i
partir du mois do juin 1886 ; ces travaux ont été ceux
des niveaux désignés sous les numéros j, 2 et 3, ils
se s<)nt développés par places sur 80 mètres de hauteur.
Ils ont produit des minerais d'une belle richesse et d'au-
tant plus faciles à fondre qu'ils étaient entièrement oxydés.
On a ensuite commencé l'exploitation par puits et gale-
ries : elle s'est d'abord poursuivie jusqu'au quatrième ni-
veau (profondeur 25 mètres au-dessous de l'orifico du puits]
dans des minerais encore oxjdé5,puis on est entré dans la
zone des minerais sulfurés ; les travaux s'y sont développés
jusqu'au mois d'avril 1891, mais ils ont été arrêtés une
bï Google
QI8EUENTS MKTALLIQCES DIVERS 349
première fois à cette date ; repris, sans grande activité,
en 1897, ils ont été abandonnés à nouvean en sep-
tembre 1901, après que des traçages importants y eurent
été fiuts avec un certain succès, et sans que les dépi-
lagesyaieut été très étendus, à eo croire les indications
du plan que nous avons retrouvé.
Le puits a été foncé jusqu'à 150 mètres de profondeur
et des traçages ont été poursuivis de 30 en 30 mètres en
moyenne, jusqu'à la profondeur de 145 mètres (8° niveau) ;
ils ont tous suivi, sur des longueurs dépassant générale-
ment 300 mètres, un ftlon d'une régularité d'allure satis-
faisante et d'une minéralisation qui, si elle est variable
d'un point à un autre et présente des colonnes alternati-
vement plus pauvres et plus riches comme dans presque
tous les filons métallifères, nous a paru assez belle, au
cours de l'examen nécessaiiement rapide que nous en
avons fait. Pour ne parler que des niveaux où les dépi-
lages ne sont pas achevés ou presque achevés, nous y
avons reconnu l'existence d'un filon quartzeux, régulier
dans l'ensemble, dont la puissance varie généralement
de 1 mètre à 1°',50, tantât en une seule veine, tantôt
en plusieurs veinules englobant des passées schisteuses;
dans ce quartz sont irrégulièrement réparties des masses
de sidfures métalliques: chalcosine, chalcopyrite , blende,
galène et pyrite, généralement mélangés d'une façon assez
intime, et dont la quantité varie depuis de simples
mouches jusqu'à des masses occupant l'épaisseur presque
entière du filon.
Il nous a naturellement été impossible, au cours d'une
simple visite, d'évaluer la puissance réduite moyenne
du filon et la teneur moyenne en cuivre, plomb et zinc,
des minerais qu'il pourrait rendre. Nous ne pouvons que
donner à ce sujet les quelques indications suivantes : il a
été récemment prélevé par les propriétaires de lamine,
aux neuf points figurés en 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, sur
bï Google
%û RICHESSES MtKKRALES DB LA NOliVELLB-CALÉDONlB
la fif. 11 de la PI. IV, neuf écliantillons qui représea-
taraient chaeiiB la teneur moyenne d'un lot de 5 tonnes
de minerai tout rwant, et qui auraient, aux dires At
ceux-ci, donné à l'anslvse les résultats suivants :
Cuin^
PIoBib
Vtl
Bm
Al»«»
p. 100
p. 100
p. lOO
p-iO»
2,7
0,75
16,66
5,40
{•grammes à la lonnc-
S.TS
0,50
12,35
6,35
32
_
4,«
2.»
15
10
«3
»
S,«
«.(M
<»,7»
%
22
—
3,«
l,3il
13,76
7,90
W
—
3,62
0,75
8,70
7,90
32
—
8,38
1,35
12,50
10,10
50
—
3,73
1,50
7,8b
4,10
20
—
8,64
3
12,85
6,45
«4
—
Si les points oh ont été pris les échantillons n'ont pas
été systématiquement rboisis dans les meilleures parties
ilu filon, et si les prises d'essai et les analyses ont été
faites sincèrement, leurs indications doivent être consi-
dérées comme satisfaisantew. La présence du zin*" en
quantité importante dès qu'on est entré dans la zone
sulfurée, mais qui ne paraît pas avoir do tendance à
s'accentner avec l'approfondissement, est évidemment de
nature à gêner quelque peu le traitement du minerai.
Néanmoins c'est Ik une difficulté métallui^que que Ton
résout bien aujourd'hui avec un traitement soigneux, et,
si les renseignements qui nous ont été fournis sont exacts.
les dernières mattes obtenues à la fonderie de Pam à
partir de concentrés dont la teneur en cuivre variait de
6 à 14 p. 100 contenaient en moyenne ;
Cuivre 30 à 25 p. 100
Plomb 8 à 10 p. 100
Argent 400 grammes à la tonne.
Le zinc passait en majeure partie dans la scorie on bien
bï Google
OISEHKNTS MliTjU.LlQUE8 DIVEBS 35r
éiait volatilisé . Ces mattes étaient achetées par les fonderie»
australiennes, rendues à l'usiDe, en comptant tout le cuivre
an cours et le plomb à raison de l''',45 l'unité (cours du
milieu de 1901), et en faisant une déduction de 25 francs
par tonne pour frais de traitemetat des mattes.
CoBuoe nous l'avons dit, le filon a été suivi en profon-
deur jusqu'à 150 laètres au-dessous de l'orifice du puits,
soit jusqu'à près de 250 mètres au-dessous des affleure-
ments les plus élevés, et rien ne parait indiquer qu'il ne
se prolonge pas encore plus profondément; en direction,
les dépilages se sont développés aux niveaux supérieurs
sur une étendue de 250 mètres environ, non sans laisser
des colonnes pauvres ou stériles dont la largeur totale
représente de 70 à 80 mètres, ils ont été vraisemblalile-
ment arrêtés à des zones relativement pauvres ; aux
niveaux inférieurs au sixième, il n'y a en que fort peu
de dépilages, et cependant les traçages dos septième et
huitième niveaux ont été faits respeclivement sur 270 e(
130 mètres ; ils ne paraissent pas avoir rencontré moins
de zones riches que les niveaux supérieurs, le huitième
niveau se trouvait arrêté en plein minerai à ses deux
extrémités, le septième, arrêté au stérile vers l'Ouest,
était encore au minerai à l'Est. Quant à la qualité du
minerai, rien ne parait de nature à faire redouter qu'elle
ne devienne moins satisfaisante en profondeur. Bien qu'il
ait déjà été extrait, assure-t-ou, environ 20,000 tonnes
de minerai assez riche pour être expédié en Australie ou
traité à Pam, c'est-à-dire d'une teneur dépassant vrai-
semblablement 10 p. 100, et qu'il faille tenir compte en
outre de nombreux milliers de tonnes de minerai plus
pauvre laissé sur le carreau de la mine, il reste encore
des ressourcoK reconnues, et il est permis d'espérer que
l'exploration, qui n'a en somme porté que sur 300 mètre;*
en direction et 250 mètres à peine en profondeur, n'a pas.
encore révélé tout ce que contient ce gisement.
bï Google
1
352 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOtJVELI.E-CALÉDONIE
Son exploitation, toile qu'elle a éié comprise jusqu'ici,
n'est d'ailleurs pas sans prêter à la critique ; si les tra-
çages et dépilages dans la raine peuvent être regardés
comme ayant été faits d'une façon rationnelle, il n'en a
pas toujours été de même du traitement du minerai. On a
au début expédié les minerais crus à Swansea ; ensuite on
les a dirigée sur l'Australie, ce qui leur faisait encore
supporter un fret voisin de 15 francs par tonne ot des frais
de traitement nux usines de Dapto (Nouvelle-Galles du
Sud) de 30 francs, soit une charge totale de 50 francs.
Lorsque, peu de temps après la mise en exploitation de
la mine Pilou, la société des mines du .Nord, qui la pos-
sédait, voulut entreprendre l'e'xploitation de la mine de
plomb argentifère Mérétrice, il devint presque indispen-
sable de monter sur place une fonderie pour le plomb, dont
les minerais bruts avaient beaucoup moins de valeur. £n
même temps que cette fonderie fut créée, il parut ration-
nel d'y adjoindre des fours de première fusion du cuivre
{water-jackets) afin de transformer des minerais dont la
teneur variait de 10 à 15 p. 100 en niattes à 30 p. 100
au moins. Il était d'ailleurs devenu nécessaire de laver le
minerai, qui, des produits oxydés riches de la surface.
avait passé, au-dessous du quatrième niveau, à des sul-
fures encore beaux, mais où l'on rencontrait non seule-
ment un mélange de pyrite, blende et galène, mais en
outre beaucoup de quartz intimement associé aux. sul-
fures. Une petite laverie avait été monléc à cet effet, elle
livrait des minerais enrichis à plus de 10 p. 100 de cuivre,
mais elle produisait en même temps, à eûlé du stérile,
dos produits mixtes (teneur 3 à 6 p. 100 de cuivre) qu'on
n'était pas outillé pour traiter, et que l'on enta-ssait autour
de la mine.
Pour des raisons que nous ne sommes pas à même
d'apprécier, surtout après un intervalle do temps de
douze ans, cotto organisation ne put pas prospérer, et la
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 353
Compagnie des mines du Nord dut ôtre liquidée au début
de 1891.
Ce u'est que six ans après qu'une société anglaise,
}' << International Copper Corporation Limited n, à laquelle
s'est substituée en 1899 la société « Mines de cuivre Pilou
Limited », a repris l'exploitation de la mine Pilou. Conduite
d'abord dans des conditions modestes, cette entreprise a-
fait ensuite des dépenses considérables et parfois inu-
tiles : tandis que les travaux souterrains étaient peu à
peu restreints, les dépenses d'installations superficielles
étaient faites sans compter; en dehors de l'utile instal-
lation d'une macliine d'extraction et d'une puissante
pompe, de nouveaux appareils, dont une partie n'ont d'ail-
leurs jamais servi et qui étaient peu appropriés aux cir-
constances locales, étaient montés pour transformer la
laverie, de Luxueux ateliers de réparations étaient installés
k côté de la mine, et l'ancienne fonderie de Pam était
reconstruite sur un nouveau plan (substitution de fours à
réverbère aux water-jacketw pour la première fusion) qui
ne parait pas avoir été sanctionné par l'expérience ; entre
i«mps d'importantes dépenses avaient été faites, en
partie tout au moins mal à propos, pour la création de
deux voies ferrées différentes, ayant respectivement 3 kilo-
mètres 1/2 et 5 kilomètres 1/2, réunissant la mine Pilou
à la baie do Pam, et d'une troisième voie ferrée la met-
tant en relation avec la raine Ao, que nous mentionnerons
ci-après. Dans ces conditions, des sommes considérables
ne tardèrent pas à être dépensées, absorbant le capital de
la Société ; d'autre part, les conditions onéreuses du trai^
tement des minerais à l'usine de Pam faisaient ressortir
à plusieurs centaines de francs, nous a-t^il été affirmé,
les frais de première fusion d'une matte qui se vendait
de 300 à 350 francs, alors que les frais de transport du
minerai jusqu'en Australie et de première fusion là-ba«
n'auraient guère représenté que 50 francs par tonne de
bï Google
351 RICHESSES HIMÉKALE8 DE LA NODTELLB-CALÉDOMIB
minerai (soit 150 à 200 firancs par tonne de matte»), Ain»
conduite l'exploitation d'une mine, même très riche, ne
pouvait guère aboutir qu'à un déaastre ânaacier ; c'est ce
qui n'apas manqué de se produire dane les premiers jours de
l'année 1902. La société » les Mines de cuivre Pilou Limi-
ted », qui n'était d'ailleurs qu'une Sliale de la « Londonand
Globe Finance Corporation >> de Londres, est tombée
comme elle en déconfiture. La liquidation de ses biens
n'était pas encore terminée au moment de notre séjour
dans la colonie, et la mine Pilou était en chômage com>
plet. Cette liquidation a, parait-il, eu lieu à la fin de
l'année 1902, et le nouveau propriétaire de la mine s'occu-
perait, nous a-t-il affirmé, de l'organisation d'une nouvelle
société qui en reprendrait l'exploitation.
La mine de cuivre Ào, découverte trois ans après la
mine Pilou, à 2,500 mètres à l'Ouest de celle-ci, dans la
même formation de schistes noirs k fllonnets quartzenx,
qui d'ailleurs se montrent aux affleurements complète-
ment décolorés et semés de débris de quartz, se troiiTe
au bord du ravin du ruisseau Ao, tributaire de la baie
de Néhoué. Nous n'avons pas relevé la présence de roches
vertes au voisinage immédiat de la mine Ao, comme pour
la Pilou, cependant nous en avons noté un massif pnô-
sant dans l'une des tranchées du chemin de fer qui reHe
les deux mines.
Le gisement ee manifeste aux affleurements par nne
série d'imprégnations de malachite fibreuse et d'aziirite
en joUs cristaux au sein de filons de quartz caiié qm
courent très nombreux dans les schistes de couleur
rosàtre : ces affleurements se retrouvent de part et d'aotre
du ruisseau, ils apparaissent en particulier dans son lit et
sur ses berges, qui présentent des à-pic de quelques mètres;
le croquis reproduit par la fig. 12 de la PI. IV, résul-
tant de nos observations et complété d'après des plans
bï Google
GimUEinS HBTALUQDBS IHV£B« 355
<30oservég sur place, fait voir qoe ces affleurements
soDt assez multipliés : une première galerie ouverte sur
la rive gauche du niiijseati aurait rencontré des traces
cm^reuses sur une longueur de 21 mètres avec plusieurs
zones minéralisées, une deuxièmeouvertesor la rive droite
a recoupé trois âlonnets sur une longueur de 10 mètres
enTÎTOD. Kn profondeur on a suivi deux veines, l'une de
t~,20 de puissance et l'autre, à une vingtaine de mètres
au ronr, de 0",40 â 0",60 d'^aisseur. Ce» deux veines
étaient dirigées Nord 75° Est et plongeaient vers le Sud
avec un pendage assez voisin de U verticale, elles recou-
paient des bancs de schistes noirs lustrés. Leur remplis-
sage était du quartz blanc avec owuches ou amas de
chalcosine, chakopyfîte, pj^te et galène ; la bifide y
était peu abondante. On retrouve d'ailleurs encore d'assez
bons échantiUooB de ce minerai sur les tas subsistant à la
surface : la pyrite cuivreuse provenant d'un de ces échan-
tillons et 8éf>arée avec soin de sa gangue nous a donné à
l'analyse nne teneur en cuivre de 28 p. lOO. L'exploration
(te ht mine, découverte en octobre 1887, a été commencée
dès le mois de décembre de la même année et poursuivie
d'abord av«c peu de développement par la Société des mines
du Nord. Lorsdela reprise de lamine I^ilou en 1897, les
propriétures de cette mine, qui avaient acquis en même
temps la mine Ast, j reprirent des travaux : un puîta fut
foncé jusqni'à 80 mètres de profondeur et deux galeries
furent poussées à 40 métras au-dessous du sol; la mine
fut ensuite pourvue d'une machine d'extraction et de
(ËfT^rentes installations ; elle fut en même temps reliée à la
mine Pitou par une voie f«-rée de 4 kilomètres de longueur
qui, par une CMiception peu explicable (à moins qu'il ne
s'agisse amplement, comme il nous a été dit, d'une étrange
erreur de tracé), comprenait successivement, à partà: de la
mine Ao.nnesection légèrement montante, puis un double
rebroussement rachetant une différence de niveau de
bï Google
356 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODV£LLE-CALÉDONIB
10 mètres, un tunnel de 200 mètres environ, puis un plan
incliné d'une hauteur verticale de iO mètres exigeant un
transbordement du minerai, et enfin une nouvelle voie
ferrée gagnant en pente douce la mine Pilou ; le trans-
bordement a d'ailleurs été ultérieurement supprimé parle
tracé d'une longue rampe sinueuse remplaçant le plan
incliné ; il ne semble pas que cette voie ferrée, construite à
grands frais avant que les travaux de reconnaissance de
la mine l'aient justifiée, ait jamais servi à transporter an
tonnage tant soit peu notable de minerai.
Au moment de notre visite, la mine Ao était complète-
ment abandonnée et le puits plein d'eau; nous n'avons pn
qu'examiner les affleurements visibles au voisinage du lit
du ruisseau et les quelques échantillons de minerai subsis-
tant sur des tas de déblais à la surface ; nous avons en
outre retrouvé deux plans qui ne paraissent d'ailleurs pas
avoir été au courant des derniers travaux; d'après leur»
indications, ceux-ci auraient eu peu d'extension, et nous
n'avons pu nous faire aucune idée de la valeur au point de
vue industriel de cette mine, qui passe pour avoir montré
de belles apparences.
Les minerais qui en ont été extraits auraient été assez
riches et plus purs, surtout au point de vue du zinc, que
ceux de la Pilou : d'après les indications du registre
d'analyses de l'usine de Pam, ils auraient tenu de 10 à
20 p. 100 de cuivre, 1/2 à 1 p. 100 de plomb, et 60 à
100 grammes d'argent à la tonne.
Plus vers l'Est, et s'alignant grossièrement entre eux
dans une direction Nord-Sud, existent une série d'autres
affleurements cuivreux qui paraissent moins importants,
du moins si l'on en juge par tes modestes indication»
fournies par des travaux de recherches peu développés,
souvent inaccessibles, et au sujet desquels personne ne
paraît avoir gardé de documents précis.
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 357
De cette série d'affleurements nous avons examiné un
assez grand nombre, que nous mentionnons brièvenient
A Ponrfo/oïjOii, comme nous l'avons déjà dit, affleurent
des schistes décolorés qui indiquent l'exislence en pro-
fondeur des schistes noirs, on a signalé dès 1873 la pré-
sence du cuiiTe : une galerie de quelques mètres de lon-
gueur avait, comme l'indique M. Henrteau(*), suivi un
filon de 30 centimètrps de puissance orienté au Nord 70"
Est et plongeant de 40° vers le Sud; le remplissage du
lilon se composait de enivre carbonate bleu et de cuivre
sulfuré avec de petites veinules de cuivre oxydulé dans
une gangue quartzeuse ; une veine de quariz courant au
toit du 61on contenait même de belles cristallisations de
cuivre natif. Bien que M. Heurtean eût déclaré que ces
affleurements étaient très importants, et que Ton pouvait
bien augurer du succès des travaux de recherches entre-
pris dans cette région, il »e semble pas qu'il y ait rîen
été fait pendant de longues années. Tout récemment, en
1900, on y a ouvert de part et d'autre de l'ancien puits
deux petites tranchées d'une dizain» de mètres de longueur
chacune ; elles n'ont mis k découvert que des traces cui-
vreuses et nous n'avons pu y recueillir que quelques frag-
ments de schistes avec imprégnations de minerais oxydés
de cuivre.
A la mine Trimas, située sur la rive gauche du Diîdiot
dans la région qu'entoure la boucle dessinée par cette
rivière en face de Ouégoa, on constate l'existence d'un
Alon quartzeux cuprifère au mihcu de schist«s argileux.
On y a creusé à flanc de coteau un travers-bancs qui va
recouper le filon, celui-ci a été ensuite suivi en direction,
c'est-à-dire de l'Est à l'Ouest, sur une dizaine de mètres,
puis un puits incliné a été foncé suivant son pendage : ce
(•)Ioc. ci(.,p.S9I.
bï Google
358 RICHESSES MINBRâLBS INI LA NODVBLLBHIALÊDONIE
dernier est iw^é et par suite LHaccessible ; il paraîtrait
qu'il aurait recoasu <{ue le Sloa s'eofonce avec une certaine
puissance et une bonne minéralisation, constituée par delà
pyrite cuivreuse. Dans ta galerie eu direction, trè» voinne
de la surface, que nous aTons seule pu examiner, le filon
est brouillé et on trouve seulement des fragments de
minerais oxvdés dans une terre argileuse ; ce sout prîD-
cipalement des affrégats arrondis en forme de boules de
cristaux bleus d'azurite. On aurait tiré de ces travaux
quelques tonnes de minerai marchand.
A 3 kilomètres plus à l'Ouest, les deux mioes conUgoës
Folle et MoTUagnat se partagent un autre filou de mèote
caractère et de même direction Est-Ouest. Dans la mine
Montagnat, qui est le pins à l'Est, it a été creusé an
puits, mais nous n'avons pu obtenir aucun renseignemeat
sur les indications qu'il a fournies, et nous n'avoBS retrouvé
autour de son oritice aucun déblai de quelque intérêt ; k
une centaine de mètres plus à l'Est, une galerie à travers-
bancs ouverte au flanc d'un munelon a retrouvé le filon,
mais fort mince, sous forme-d'in^^gnations et de bcHto
d'azurite dans une argile grise talqueuse ; ce alun a été
suivi sur ft mètres de longueur avec uoe puissance (te
10 à 20 centimètres seulement.
' Dans le périmètre contigu du cAté de l'Ouest, <{ui cons-
titue la mine Folle. Il a été creusé un puits, aiyourd'hui
Doyé, qui avait, paralt-il, suivi sur 18 mètres de verti-
cale le filon dirigé Eat^Ouest et s'enfonçant presque verti-
calement. Différents niveau y auraient été tracés, et
poursuivis sur quelques mètres seulement en directio»,
dans un filon quartzeux dune puissance variant de 30 à
80 centimètres ; ce filon aurait fourni, après simple triage,
un minerai de chalcopyrite tenant de 25 à 30 p. 100 de
cuivre. Il nous a été affirmé que ces quelques travaux
auraient produit une centaine de tonnes de minerai qui
auraient été vendues pour la somme de 49.000 francs.
D.D.t.zeabï Google
OUBMENTS HiTALIJQCBI DIVERS 309
La mine Charlotte appartient encore à ce même ali-
gnement, qu'elle jalonne à une dizaine de kilomètrea plus
au Sud. I>a roche encaissante est toujours constituée par
las schistes satinés noirs, mais le gisement se présente
sous forme d'imprégnations cuivrenses dans les schistes
mêmes, atysociées à des fiionnels quartzeux insignifiants,
«t non sous la forme d'un filon de quartz bien défini
comme précédemment. C'est d'ailleurs peut-être ce qui
explique le peu de continuité en direction que parait pré-
senter ce gisement. Sur le bord d'un mamelon arrondi se
montraient des affleurements cuivreux : ils ont été suivis
sur 20 mètres de longueur par une galerie dnigée à peu
près exactement vers le Nord, un puits a en outre été
foncé à l'entrée de cette galerie, et cei travaux ont
permis d'extraire des schistes noirs imprégnés de mala-
chite, d'azurite en cristaux groupés en houppes, de
cuprite et, plutt en profcmdeur, de pyrite plus ou moins
riche en cuivre. Sur le flanc Est du même mamelon et à
une centaine de mètres plus au Nord, une petite galerie a
retroavé des (races cuivreuses peu abondantes : plus loin
vers le Nord, une antre galerie de 50 mètres de longueur
pénètre dans le mamelon qui est voisin du précédent vers
l'Est et que la formation cuprifère devrait recouper si
elle se prolongeait en direction ; cette galerie n'a rien
trouvé qui offrit quelque intérêt, il paraît en avoir été de
même d'un puits foncé à partir du sommet de ce demim*
mamelon.
Des traces de cuivre reparaissent encore notablement
plus loin vers l'Ouest dans ta presqu'île d'Araraa, oli se
irolonge la même formation schi^tteusc : plusieurs conces-
sions y ont été instituées sur des aftleurements qui
auraient, paraît-il, une certaine importance ; nous n'avons
pas pu les visiter.
bï Google
360 RICHESSES MINERALES DE LA NODVELl.E-CALÈDOSIB
B. — Gisements de la côte Odbst.
La présence du cuivre a été notée en au assez grand
nombre de points de la cflte Ouest, généralement dans
les sc>iistes noirs du tiias, qui, comme nous l'âTons dit
déjà, sont parfois difficiles à distinguer des schistes argi-
leux noirs do la vallée du Diahot, et dont ils ne diflerenl
peut-f'tre pas comme âge.
Le seul d'entre ces gtsements qui ait été expluité eât
celui de Koumac (mine Boinottmala) ; il Ta été enlrP
1882 et 1884, mais sans surcès, et n'a jamais été repris
depuis ; quelques tonnes de minerai en auraient été cxpé-
iliéos à cette époque. Le gisement est encore dans les
schistos noirs, mais, loin d'être un filon quartzeiix régu-
lier, il parait être constitué, autant que nous avons pu en
juger d'api'ès les traces qui subsistent de l'exploitation,
par des amygdales d'une sorte de silex gris imprégné de
chalcopyrite légèrement argentifère et même aurifère.
Les travaux avaient comporté l'exécution de deux puits,
dont l'un atteignait 52 métros do profondeur, et de
quelques galeries qui, poussées en direction, étaient rapi-
dement sorties de la partie utilisable du gtte.
Des échantillons nous ont d'autre part été remis connue
provenant de Bani au Nord de la Corne de Koumac : ce
sont des quartz bruns à éclat cireux, avec enduit» d'azu-
rite et de malachite et cristaux de pyrite cuivreuse ; Us
tiennent de 5 ii 10 p. 100 do cuivre avec 5 ou 6 grammes
d'or à la tonne. D'autres, qui nous ont été dits provenir de
Koligùk au bord de la rivière louanga près de Gomen, con-
tenaient également des taches vertes de malachite et des
grains de pjTite cuivreuse dans des quartz à endaits fei^
ruginenx ; ce sont des échantillons de chapeaux de glles
cuivreux plus ou moins riches, mais dont l'examen ne
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVEBS 361
peut naturellement permettre de tirer aucune conclusion
au point àe vue pratique.
Nous n'en pouvons pas dire davantage des minerais de
cuivre qui ont été signalés au Nord de Pouembout, ainsi
que dans la plaine de Saint-Vincent.
Ceux de l'ile Ducos, tant en imprégnations dans les
porphyres qu'en filons daiis les prauwackes, mentionnés
par M, Garnier, et que Rivet (*) n'avait pas hésité à «om-
parer à ceux du Lac Supérieur, n'ont, malgré un rapproche-
ment aussi encourageant, été depuis lors l'objet d'aucune
tentative d'exploitation.
E. — Gisements de la côte Est.
Le cuivre existe également sur la cûte Est : M. Gamier
indique, d'une façon peu certaine il est vrai, sa présence
dans la vallée de la rivière d'Amoi, sous forme de cuivre
pyriteux associé à de la barytine. D'autre part, deux con-
cessions pour cuivre et zinc ont été demandées, l'une it
l'embouchure de la rivière de Hienghène, et l'autre à
l'embouchure de la rivière Tipindié.
Euâu, une tentative d'exploitation a eu lieu sur un
gisement situédans la vallée supérieurede la Négropo, au
Sud <le Canala ; le gisement, qui parait être d'allure
filonieune, eut encaissé dans un massif de dîorite associée
à des fUonnets d'épidote massive, apparaissant lui-même
au milieu de l'importante formation de schistes anciens qui
lie développe au milieu de l'ile, entre les serpentines de
Canala et de Nakety et les assises triasiques et crétacées
de la Table Unio et des environs de Moindou. Son affleure-
ment se retrouve de part et d'autre du bras de la Négropo
désigné sous le nom de Ouen-Ko, au pied de la Table
O In Gaujikii, loc. cil., p. 31 et 38.
bï Google
302 RICHESSIiS UINBBAI.E3 DE LA NOUVKLLIi-CALliUUNIB
Unie et à 7 ou 8 kilomètres seulement à vol d'oiseau de
-Tioii sommet. Sur la rive gauche, une galerie en directïoo
(Est-Ouest) a été ouverte sur l'affleurement presque au
niveau ilu lit Je la rivière, et a Hé poussée de quelque*:
mètres; seulement : elle a suivi un fllon de quarte
imprégné de pyrite cuivreuse. Sur la rive droite, une
autre galerie d'allongement d'une dizaine de mètres de
longueur a suivi un fllttn quartzeux d'une puissance veisiae
-de 1 mètre, englobant à la fois des débris de la roche dk>-
ritique des épontes et des mouches, souvent assez belles,
^le chalcopyritc partiellement oxydée ; un puits, aujourd'hui
noyé, a été foncé dans le filon, qui s'enfonce presque ver-
ticalement ; nous avons retrouvé à l'orifice de la galerie
un tas de minerai de qualité moyenne. Ces travaux, pour-
suivis vers 1876, au moment de la découverte du gise-
ment qui avait eu lieu peu detemp» après l'ouverture «les
exploitations de nickel de Canala, furent promptemeut
abandonnés, tt y a quatre ans, on avait songé à reprendre
l'expbration de la mine, qui passait pour renfermer, asso-
■ciées au enivre, des quantités assez notables d'ar^rent el
■d'or ; l'étude faite {Uns ce but a montré que les fflinerai»
no présentaient pas, tout au moin» d'une façon coRfltante,
«ne teneur notable en métaux précieux, et, en préBenct»
<le la situation défavorable du gisement, situé a« foml de
la vallée très encaissée d'un rnisseau de montagne, et
relié au rivage par prés de 20 kilomètres d'un chemin
muletier escarpé et étroit, il n'a été donné aucune suite i
■ce projet.
Telles sont les indications que nous avons pu recueillir
«ur les différents gisements de cuivre de la colonie, tous
inexploités aujourd'hui. Comme on ie voit, ils apparaissant
nombreux dans différentes formations géolegiquea, et
tout particulièrement dans les schistes noirs ancien» ; un
■certain nombre d'entre eux ont été exploré»» plusieurs
bï Google
GUSUBNTS HSTALLIQOKS DIVERS 963
antres ii'<ml été que signalés, et, surtout eu raison de la
façon incomplète dont est connue toute la partie centrale -
-iiu Nord de l'Ile, ii n'est pas tém^aire de penser qu'il en
existe d'autres encore iosoupçoonés. Lesquels parmi
eux seraient exploitahles ? C'est ce qu'il est malaisé de
décider en présence des renaeignements incomplets, et
souvent inc«-taiDs,qQe nous avons pu recueillir. Ce qui est
-certain, c'est que l'an d'entre eux a donné lieu, pendant
nombre d'années, k une exploitation assez floridbante; un
autre a produit déjà des quantités importantes de riches
minerais, et son expluîtatton a dû être suspendue en der-
nier lieu dans des conditions où l'aïu-ait sans doute été
celle de toute mine, quelque riche qu'elle fAt; plusieurs
-aoires ont fourai, à la suite de recherches ou de tenta-
itives d'exploitation malheureusenient trop restreintes, des
indications encoirageanles.
Dana ces conditions, notw sommes persuadé que le jour
■ob des indmtridtB actifs, pins préoccupé» de poursuivre
une exploitation sérieuse que de lancer une « affaire ■>,
voudraient reprendre l'exploîtaliou du cuivre dans la
■colonie, il se trouverait plus d'un gisement qui pourrait
éfre exploité avec fruit, et cela malgré l'inconvénient,
que l'on s'est trop souvent exagéré, que présentent cer-
tains des gisements rie renfermer, intimement associée
au cuivre, une forte proportion de zinc. Le lavage sur
place des minerais pauvres, trop souvent complètement
délaisses jusqu'ici, puis la première fusion dans la colonie
parles métliorieaet avec les appareils d'un usage universelle-
ment admis aujourd'hui, et sous la direction d'un homme vrai-
ment compétent, paraîtraient constituer la solution la plus
rationnelle, et celle qui permettrait la meilleure utilisation
des minerais. Une fois le cuivre suffisamment coiicontré
dans une matte de richesse moyenne, le transport jusqu aux
usines de Nouvelle-Galles du Sud et les fraiade traitement
à ces usines ne représenteraient plus qu'une charge faible
bï Google
36i RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALEDONIE
et parfaitement acceptable. Telle est la voie dans laquelle
il serait souhaitable de voir s'engager l«s détenteurs des
différents gisements cuprifères de la colonie, plutùt que
d'attendre, en les laissant inexploités, qu'ils puissent vendre
à des prix fort 61evés des gisements, peut-être de réelle
valeur, mais généralement trop peu connus pour que c«Ue-
ci soit certaine. Il ne faut pas oublier en effet qu'une
société qui se créerait pour exploiter ces gisements ne
saurait assumer, surtout au début, du fait de l'achat des
gisements, une charge qui serait hors de proportion avec
les bénéftooa que pourrait produire l'exploitation de mines
où presque tous les travaux de reconnaissance et de pré-
paration devraient être tout d'abord exécutés.
Sous résen-e de cette observation, nous pensons que
l'exploitation du cuivre, dont l'essor a été trop longtemps
retardé en raison de l'attitude que la plupart des pro-
priétaires des mines ont gardée jusqu'ici, à la faveur, il
faut bien le dire, des imperfections du régime administratif,
pourrait peut-être bien apporter k la prospérité de la
colonie un appoint imjiortAnt.
D.D.t.zeabï Google
A. — ■ Historique.
Située au voiRinage des colonies anglaises d'Australie
et de Nouvelle-Zélande, oîi l'or s'est rencontré en de si
nombreuses régions, et a donné lieu, au moment même
oii nous nous établissions auprès d'elles, à des découvertes
fabuleuses et à des fortunes édifiées en peu de jours par
les chercheurs d'or que le hasard favorisait, la Nouvelle-
Calédonie devait naturellement attirer de même ceux-ri.
C'est ce qui n'a pas manqué de se produire, puisque,
dès 1863 époque de l'arrivée de M. Garnier dans la colo-
nie, les sables d'un assez grand nombre de rivières avaient
été lavés pour y rechercher le précieux métal, et puisque
quelques gites où il se rencontrait avaient été signalés,
dont le plus important était celui de Pouébo.
Quelques années plus tard, en 1869, l'espoir de voir
découvrir dans notre colonie des gisements aurifères
comparables à ceux de ses riches voisines n'était pas
abandonné : à cette date, un chercheur australien ayant
demandé au gouvernement quelle serait, suivant la cou-
tume australienne, la récompense réservée au premier
inventeur d'un gisement d'or exploitable, un arrêté fut
pris pour promettre à celui-ci une concession gratuite
de 85 hectares et une somme de 50.000 francs. Un an
et demi plus tard, quatre prospecteurs australiens décou-
vraient, au bord du Diahot, près de Ouégoa, la mine
Fern-hill. Un arrêté du 14 décembre 1870 leur accorda
sur ce gisement la concession gratuite de 25 nectarea
bï Google
366 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CAI.ÉDONIE
qui iTait été promise, et l'expluitation en fut entreprise-
sans larder; elle ne fat réalleinent prospère que
pendant trois ans; interrompue en 1874, puis reprise
en 1876, 1877 et 1878, eUe fut arrêtée «ie nouveau an
début de 1879; la mÎM ft'a plus été l'objet depuis que
de tentatives infructueuses il« reprise en 1882 et 1888.
De nombreuses recherches furaot, à direrses époques,.
faites tout autour de ta mine Feru-lùtt; celles qui ont
eu lieu tout d'abord au voisinage immédiat m'vaf. été cou-
ronnées d'aucun succès ; plus tard, au contraire, dtférents
gisements d'or en roche ont été si^alés dans les wa-
schistes de la chaîne de TWi; il a été fait quelque*
recherches sur ces gisements, mais elles n'ont nalle part
été suivies de tentatives d'exploitation.
En même temps, les sabler des rivières qui descendent
de cette chaîne, tant sur son versant Sud vers le Dtabot
que sur son versant Nord vers la mer, étaient l'objet de
nombreux essais par lavage à la battée on même an
slaice; l'or y était assez fréquemment rencontré, mais
toujours en quantité très faible. Cependant, k i3alarino,,
près d'Oubatche, une tentative de lavage au sluice faite
vers 1877 permettait de recueillir une certaine quantité
d'or assez gros et faisait même découvrir une pépite
d'une quarantaine de grammes ; mais pas plus ce premier
essai qu'une tentative faite de nouveau sur ce mème>
gisement il y a deux ans n'aboutissaient à. des résultats,
rémunérateurs .
Fréquentes semblent encore avoir été les recherche»
faites, surtout par des libérés k l'esprit aventunmi,.
dans fe« diflTérents contreforts de ce massif primitif ; mMs,.
si l'une on l'antre de ces recherches à permis de recoeiffir
quelques grammes d'or, cela n'a jamais été, semHe-t-U,
qu'au prix d'un travail hors de proportion avec-le résultat
obtenu. On continue cependant à répéter dans la colorae-
qu au cœnr même de ce massif, dans la hante vallée Ai.
bï Google
OISEMENTS MÉTAI,UQDB8 D1VBR3 36T
Diahot, la tribu encore fort sauvage <1es Ouébias occupo-
une région, pratiquement presque inconnue, oii le précieux
métal serait plus abondant.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le Xord de la
colonie que l'or a été recherché et découvert; sans citer
tous les points oti l'on a déclaré avoir rencontré de l'or,
et oii il n'y en avait parfois pas trace, comme nous avons-
eu l'occasion de le constater personnellement, nous men-
tionnerons qu'il en aurait-oté trouvé, il y a une vingtaine
d'années, en petite quantité dans les sables de la rivière-
de Nakety, et vers 1866 dans ceux du cirque des Grosses-
Gouttes, oii l'on en a tenté l'exploitation vers 1875. En
outre, sans revenir sur ce que nous avons dit de ta pré-
sence de trace» d'or dans quelques-uns des gisements de-
cuivre que nous avons énuméréa ci-dessus, nous devons
mentionner ici qu'on a signalé comme légèrement auri-
fères les schistes noirs des environs de Pouembout et les
mélaphyres du col de Tongoué (4 à 5 grammes d'or à la
tonne]. Enfin un gisement d'or en roche a été découvert
en 1897 auprès de La Foa dans des conditions qui avaient
au début fait espérer qu'il serait exploitable ; des travaux
de recherches d'une certaine importance y ont été entre-
pris alors, mais ils ont été abandonnés sans avoir abouti,
à aucun résultat décisif.
Mentionnons en terminant qu'il a été plusieurs fois
question de tenter, à l'imitatioD' de ce qui a été fait avec-
succès en Nouvelle-Zélande et en Australie, le dragage-
dea rivières dont les sables sont légèrement aurifère», et
du Diâhot en particulier ; aucune étude s^euse n'a-
d'ailleurs été entre^nise dans ce but.
Il n'existe donc aujourd'hui aucune exploitation d'or
(lansla colonie, et il. n'y en a eu -en activité, de vraiment
digne de ce nom, qu'entre 1871 et 1873 d'una part, et
«ntre 1876. et 1878 d'autre part; la quantité d'or pro-
duite dans ces six années aurait été, d'après, les statis-
bï Google
368 RICHESSES MINERALES DE LA NOOTELLE-CALEDONIE
tiques officiellea, dont les chiffres sont plutôt inférieurs
que supérieurs à k réalité, de 313 kilogrammes 1/3,
représentant une valeur totale de 650.000 francs environ.
B. — Gisement de la Fern-hili..
Le gisement de la mine Ftrn-hill a été décrit en détail
par M. Heurteau {*), qui en a visité les premiers travaux;
nous résumerons ci-dessous les indications qu'il a données
à ce sujet, et nous les compléterons d'après les observa-
lions que nous avons pu faire sur place, bien que les tra-
vaux souterrains en fassent inaccessibles, et avec l'aide
dos renseignements que nous avons pu recueillir sur les
dernières recherches faites en 1888.
Le gisement apparaît au voisinage du contact des
schistes noirs qui constituent, nous lavons déjà dit, tous
les mamelons de la rive gauche du Diahot et des mica-
schistes qui, Hmités presque partout à la rive droite du
fleuve, forment cependant sur sa rive gauche une partie
du contrefort de Manghine, contrefort qui fait faire au Dia-
hot la boucle au sommet de laquelle se trouve Ouégoa : les
schistes noirs sont, comme toujours, plus ou moins ardoi-
siers et sillonnés de filonnets de quartz blanc laiteux, ils
sont <rune couleur rouge pAleaux affleurements ; les mica-
schistes sont ici particulièrement riches en quartz, ils
contiennent en outre du mica lilanc et des produits ferru-
gineux, sans doute chloriteux en profondeur, mais qui, au
voisinage de la surface, sont transformés en oxjde de
fer communiquant aux micaschistes une teinte rouge très
accusée; ils ne paraissent pas contenir de minéraux
accessoires spéciaux ; le glaucophane, associé aux gise-
ments de cuivre de Ouégoa, et aussi aux gisement!? auri-
fères de la crête de Tiari, ne s'y rencontre point,
(») toc. ci/., p. 30g k 31S. Xi..
bï Google
GISEMENTS yÉTALLfQUES DIVBRS 369
A peu de distance de leur coutact avec les micaschistes,
les schistes noirs sont, snirant uae direction sensibiemeat
Nord-35°-Ëst presque parallèle au contact, et sur une
largeur qui oscille autour de 1 mètre et varie depuis
50 centimètres jusqu'à 2 ou 3 mètres, tout imprégnés
de gros grains de quartz hjalin auxquels l'or parait
associé. A la surface, l'altération at la décomposition des
parties schisteuses ne laisse apparaître qu'une sorte de
âlon de quartz carié ou un faisceau de veines minces de
quartz, que M. Ueurteau décrit comme « un quartz carié
blanc ou légèrement coloré en rouge de fer, à structure
cellulaire, contenant des petits grains d'or libre, les uns
visibles, mais les autres imperceptibles à l'œil nu, la
majeure partie du métal étant très finement disséminée
dans le quartz ». L'ur se rencontrait d'ailleurs aussi
dans la roche scliisleuse elle-même, qui est abondamment
imprégnée de quartz.
Ce sont ces aflleuremeuts, qui montraient ici et là de
beaux échantillons de quartz riche en or visible, et au
voisinage desquels les débris schisteux et quartzeux de
la surfjwe donnaient au lavage au plat des traces d'or
assez abuudantes (il est facile d'en déceler encore au-
jourd'hui par ce procédé dans les schistes décomposés
restant à la surface), qui ont signalé le gisement à l'at-
tention des prospecteurs par lesquels il a été découvert à
la fin de 1870. L'exploitation, entreprise sans tarder, eut
vite fait d'enlever en deux ou trois ans toute la zone du
filon qui avait été reconnue dès l'abord cximme riche; le
quartz fut ainsi exploité verticalement jusqu'à 2û mètres
de la surface, profondeur à laquelle il devenait pyriteux
et où l'or diqwraissait, du moios étant donné les procé-
dés dont on disposait alors pour le déceler ou plutôt pour
l'extraire; suivant la direction, les travaux avaient été
limités à une région de 40 mètres de longueur, com-
prise entre le poiot oh le filon vient buter au Nord
bv Google
370 RICHESSES MISÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE
contre les micaschistes et celui oîi il est recoupé au Sud
par un petit vallon ; dans cette zone étroite il s'était
tronvé quelques colonnes particulièrement riches à la
rencontre de filons croiseurs de quartz bnm feirugineux.
Cette première exploitation avait permis l'extraction de
900 tonnes de quartz qui, soumis au broyage et à Tamal-
gamation dans une petite usine créée au bord dn Diahoi à
80'J mètres de la mine, n'avait pas rendu moins de
468 francs d'or à la tonne, ce qui correspond à une te-
neur de 5 onces environ d'or brut (celui-ci contenaii
7,5 0/0 de son poids d'argentl.
Telles sont, succinctement résumées, les indications
fournies par M. Heurteausur les premiers travaux effec-
tués à la mine Fcrn-hill de t871 h la fin de 1873; à
cette dernière date, la mine ne produisait plus rjue des
pyrites pauvres, et l'exploitation dut être abandonnée:
elle avait donné lieu, d'après les statistiques officielles, k
l'expiirtation des quantités d'or suivantes (comptées sans
doute en or fin) :
1872 68",096
isia 51 ,?■«
1874 9 ,708
TOIAL DES TBOl.S PnElIlÈIIES ASNÉE9. . 128'',576
En 1876, l'exploitation fut reprise dans des conditions
sur lesquelles nous n'avons pu recueillir aucun rensei-
gnement précis; il semble, cependant, d'après c« qui nous
a été rapporté, que l'on ait commencé à exploiter des
schistes pyriteux qui, traités par broyage et amalgamation,
rendaient une certaine quantité d'or, probablement très
inférieure, d'ailleurs, à la quantité totale contenue dans le
minerai.
n semble cependant que cette reprise de l'exploitation
ait eu un certain succès, puisque les statistiques officielles
bï Google
GISEMENTS UÉTALLIQOBS DIVERS 371
de la colonie accusent, de 1876 à 1878, l'exportation des
quantités d'or suivantes :
18Î6 I8'',676
1677 32 .433
1878 33 ,264
Total dbs trois ans,. , 8i'',373 valant 280.000 FRA.NCa environ.
Ces quantités ne pouvaient d'ailleurs provenir, à notre
connaissance, que de la mine Fern-hill, sauf exception
pour les 2 ou 3 kilogrammes extraits en 1877 du gise-
ment de Galarino.
En 1882 et en 1884, des travaux furent repris pour
explorer la mine en profondeur, ils ne rencontrèrent que
des minerais pyriteux tenant, paraît-il, de 15 à30 grammes
d'or à la tonne ; en vue d'essayer de les traiter on avait
entrepris la remise en état de l'ancienne usine d'amalga-
mation. L'arrêt des travaux de la mine de cuivre de ta
Balade, amenant une suspension complète de toute acti-
vité industrielle dans la région, fut immédiatement suivi
de l'arrêt de cette tentative. En 1888, à l'époque où la
mise en exploitation de la mine de cuivre Pilou et de la
mine de plomb argentifère Meretrice eat rappelé l'atten-
tion sur les mines métalliques du Nord de la colonie, des
travaux d'une certaine importance furent repris sur la
mine Fem-hill; le croquis reproduit par la fig. 2 de la
PI. V, et dressé à l'aide d'un plan datant de cette
époque ainsi que de nos constatations sur le terrain, in-
dique grossièrement la disposition des travaux qui ont
été exécutés aux différente» époques. Ceux de 1888 ont
comporté le fonçage, jusqu'à 115 mètres de profondeur,
dn puits Scott, et l'exploration du filon en direction par
une galerie d'allongement, à la profondeur de 90 mètres
qBÎ aur^t été poursuivie sur 130 mètres de longueur à
partir du puits Hill, en même temps qu'une autre galerie
à 125 mètres de profondeur était poussée vers le Nord
bï Google
372 RICHESSES HiHÊRALBS DE LA NODVSLLS-CALÉDONIB
jusqu'au coolaci: des niicaschistes ; des rameaux latéraux
étaient en outre amorcés suivant «lîfféreirta croiseors. En
1897, on 86 serait préoccupé à nouveau de la possibilité
de remettre la mine en exploitation, et 50 tonnes de
minerai ont été exportées, qui provenaient sans doute des
recherches de 1888-89, Nous ignorons quels ont été les
résultats obtenus par l'essai de traitement auquel il a été
procédé, vraisemblablement en Australie, sur ces mioerais.
D'après les indications qui nous ont été fournies sur
les résultats donnés par ces travaux aujourd'hui noyés
et inaccessibles comme tant d'autres dans la région, on
avait suivi, encaissé dans les schistes ardoisiers noirs, un
Slon plue ou moins ramifié, le long duquel les schistes, de
couleur gris clair et fortement micacés, se montrent loat
injectés de quartz, généralement eu baguettes aUongées
qui leur donnent un aspect cannelé ; ces schistes sont en
, outre criblés de cristaui de pyrite. Ces cristaux de
pyrite, qui se retrouvent non seulement dans la forma-
tion quartzeuse, dont la puissance oscillerait autour de
1 mètre, mais encore plus ou moins abondants dans les
schistes noirs des épontes, paraissent être le plus souvent
aurifères, mais avec une teneiu- irrégulière et quelque
peu capricieuse ; si bien que la richesse de la roche varie-
rait assez rapidement de quelques grammes seulement
par tonne, teneur à laquelle elle est inexploitable dans
les conditions actuelles de la ré^n, jusqu'à 4 onces à la
tonne, ce qui pourrait donner lieu, pourvu i^u'il y en eût
quelques milliers de tonnes, à une exploitation fructueuse.
Les tas de minerai extrait de ces recberches subsistent
encore aujourd'hui, et, ai l'on recueille à leur surface les
4ébris altérés et oxydés par la succession des chutes de
phiie et des ardeurs du soleil, le lavage au plat y décèle
des traces d'or libre très nettes. D'antre part, an foufl-
lant ies tas extraits des différentes aooee' pauvres et
riches, nous avons .pu recueillir quelques echantiUons 4es
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 373
schistes qiiartzeus cannelés que nous décrivions cî-dew-
sus et qui nous ont montré, à l'analyse, des teneurs
atteignant jusqa'à 9 grammes d'or à la tonne.
Qnoi qu'il en aoit, les recherches rie 1888 paraissent
avoir été faites avec un certain esprit de suite, et «voir
reçu un sérieux développement ; elles auraient, parait-ii,
conduit à cette époque à la conclusion que la réparlilioD
de l'or était trop capricieuse et que les zones riches y
paraissaient trop restreintes, pour que l'eïLploitation pût
en être reprise dans des conditions avantageuses.
Faut-il regarder la conclusion à laquelle on est arrivé
en 1888 comme définitive? Nous l'ignorons, n'ayant
recueilli sur les travaux faits à cette époque que des ren-
seignements trop incertains. Tel n'avait peut-èlre pas été
l'avis de ceux qui, au moment de la reprise des mines
Pilou et Aoen 1897, avaient cru devoir former une société
spéciale, la « Fern-hill Gold Mines Limited » remplacée
bientôt par la " Caledonian Mining Corporation Limited »,
filiale, comme la « Pilou Limited «, de la « London-and
Globe Finance Corpora tion « , pour i-eprendre l'exploitation
de la mine Fem-hill. Cette société est d'ailleurs tombée
en déconfiture avant d'avoir fait aucun travail sérieux,
II n'en reste pas moins certain qu'il existait à la Pem-
hill un gisement d'or, montrant aux affleurements des
minerais d'une très belle richesse, mais probablement
assez restreint en direction, puisque, rappelons-le d'après
M. Henrteau, les divers travaux entrepris sur le prolon-
gement supposé du filon de Fern-hill vers le Sud, n'ont
abouti qu'à des échecs, et qu'il bute à peu de distance
vers le Nord contre les micaschistes.
Il paraît non moins certain que l'or libre fait place en
profondeur à des pyrites aurifères qui, en quelques pointa,
sont riches. Ces pyrites ne seraient-elles pas parfaitement
exploitables aujourd'hui, alors que les procédés très per-
fectionnés du traitement par cyannration, pratiquement
bï Google
374 RICHESSES MINÉRALES DE LA NtlDVELLE-CALÉDOKIE
inconnus en 1888, permettent d'exploiter et de traiter
avec profit des minerais pyriteux dont la teneur descend à
10 grammes à la tonne, et même moins pour les puis-
santes installations? C'est là une question qu'il serait
souhaitable de voir sérieusement étudiée à nouveau psr
les propriétaires du gisement.
C. — GrSBMENTS D'oa DES MICASCHISTES DC MASSIF
DE TiARI.
Ce n'est pas seulement sur la rive gauche du Diahot
que l'or a été recherché k la suite de la découverte de la
mine Fern-hill, on a exploré également le massif de
micaschistes de Tiari ; les recherches y ont été un peu plus
fructueuses, et leurs résultats ne laissent pas d'être forl
intéressants, sinon au point de vue industriel, du moins
au point de vue géologique.
La carte de la région Nord de l'Ile, que reproduit la
fig. 1 de la PI. V oîi nous avons reporté tous les péri-
mètres actuellement déclarés comme aurifères, est de
nature à faire supposer que la présence de l'or y a été
signalée en nombre de points. Nous n'avons eu le loiàr
d'examiner que les gisements des mines Rose, Berthe et
Oalarino.
Les mines Bose et Berthe sont situées au cœur du
massif de micaschistes de Tiari, à peu de distîuice ao
Nord-Ouest du col d'Amos; elles sont l'une et l'autre sur
le versant de la mer, mais non loin delà crête qui sépare
ce versant de celui du Diahot. Ce massif est constitué
par des micaschistes d'aspect très uniforme, qui sont
presque uniquement formés de quartz avec larges paillettes
de séricite et souvent de la chlorite ; leur couleur, quand
ils sont frais, est d'un gris verd&tre ou bleuâtre ; lorsqu'ils
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oisëhents métalliques divers 875
sont oxydés, elle passe au rouge de rouille ; comme miaé-
rauK associés, ils renferment de la pyrite, du grenat
almandin d'un rose clair, quehjues petites baguettes de
rutile, et une abondance remarquable de glaucophaue.
Le plus souvent ce dernier minéral est en baguettes
microscopiques enveloppées dans les lamelles de mica, et
ne se révèle à l'œil nu que par la couleur particulière-
ment bleue qu'il donne k la roche ; d'autres fois il j ap-
paraît en prismes de quelques millimètres de longueur
et de 1 ou 2 millimètres d'épaisseur criblant la roche
d'une manière plus ou moins abondante ; plus rarement,
au col d'Amos en particulier, il se développe en individus
de plusieurs centimètres de longueur et de près d'un cen-
timètre d'épaisseur. C'est là un aspect des roches àglau-
cophane très différent de celui que nons avons signalé au
voisinage des gisements de cuivre du groujic de la Balade.
Ces micaschistes sont d'ailleurs recoupés, avec uneabon-
dance toute particulière, par les filons de (juartz blanc
laiteux à éclat gras dont nous avons déjà fait mention.
X la mine Hose, l'or se rencontre dans une sorte de
cassure remplie de schistes oxydés ronges, au milieu de
micaschistes <i glaucophane qui se présentent ici avec un
ajpect cannelé spécial dû h un plissement rogulier des
feuillets. La zone oxydée parait avoir une certaine conti-
nuité, puisqu'elle a été retrouvée par cinq recherches
étagéea sur une hauteur verticale de 80 mètres environ
[entre les cotes 210 et 290) dans le haut d'un petit ravin;
sa direction s'est montrée cji tous ces points constam-
ment Est-Ouest; cette zone est constituée, comme nous
l'avons dit, par des micaschistes rouilles dont les uns
sont essentiellement formés de quartz et de mica blanc
et présentent un aspect argenté àreflets jaune rougeâtre,
tandis que les autres montrent un agrégat de baguettes
de glaucophane, parfois extrêmement abondantes, dans
une masse plus ou moins quartzeuse et chargée d'oxyde.
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376 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOnTELLB-CALÉDONIR
de fer ; il s'y rencontre fréquemment des mises talqueases.
Au voisinage de la surface, ces matières contiennent un peu
d'or libre, qui n'apparaft généralement pas à l'œil nu,
mais que le lavage au plat décèle sans dînioiilté ; d'après
les indications qui nous ont été fournies, les t«Beiin
aux affleurements auraient varié de 14 k S grammes
d'or à la tonne, avec des proportions assez variables
d'argent; nous nous sommes assuré, par plusieurs essais
au plal, que l'or se rencontre en quantité très sensible,
souvent enrobé dans del'oxyde de fer- il est accompagné
de glancophane abondant ef de rutile. Mais, lorsqu'on a
voulu suivre ta formation en direction, en pénétrant
dans la montagne, on a constaté à tous les niveaux une
diminution assez rapide de la teneur, sans qu'elle paraisse
se relever en s'cufonçant plus avant; c'est ainsi que la
galerie sui>érieure de recherches, longue de 26 mètres,
aurait donné les résultats suivants :
8 graroraes
13 —
7 —
1 races
(iirtritlM i I tr.)
traces
traces
2a",so
S6 mètres
U n'a pas été observé qu'en s'éloiguant de la surface
le caractère de la formation s'altère ni qu'elle se montre
plus abondamment imprégnée de pyrite ; il y apparaissait
cependant par places des noyaux de quartz stérile; on
n'est d'ailleurs pas sorti de la zone oxydée. A la suite de
l'exécution, vers la fin de 1900, de ces quelques recherche»
ttir an gisement qui avait été signalé depuis plusieurs
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OISEUKNTS MÉTALLIQUES DIVERS 377
années déjà, le propriétaire parait avoir renoncé k le
mettre en expIoitatîoD pour le moment du moins.
Si l'on suit ia crête vers l'Ouest dans te prolongeneat
de la direction du gisement de la Rose, on retrooTe, à 2
ou 3 kilomètres de distance, des affleurements de mica-
schistes oxydés de même aspectoii l'iinalyse aurait indiqué
des teneurs atteignant 6 grammes à la tonne; nn peu plus
loin encore, soit à 4 kilomètres de la mine Rose, et en
se déplaçant légèrement vers le Sud, on parvient à la
naine Berttie, où le lavage a» plat des n)clies décomposées
de la surface montrait, parait-il, de l'or en certains points,
et où l'on aurait recueilli des échantillons à 8 grammefi
d'or à la tonne. Les roclies parmi lesquelles l'or aurait
ainsi été rencontré ont un caractère assez intéressant,
elles sont, comme une partie de celles de la mine Rose,
très riches en baguettes <le glaucophaae visibles à l'oeil
uH, mais les grenats roses y sont également fort abon-
dants ; -les uns et les autres de ces cristaux sont inclus
dans une pftte kaoliniqae blanche, ce qui constitue une
roche tricolore, d'aspect escepliomiel. A cette roche sont
associées des pyrites légèrement cuivreuses et les traces
d'or dont nous venons de faire mention. Il n'a été ouvert
sur c6 gisement que deux petites tranchées insignifiantes.
Le gisement dit de Gatarino est situé au voisinage du
débouché à la mer du rnvin il'un des petits ruisseaux qui
descendent des derniers contreforts orientaux du mont
Golnett, à \ô kilomètres au Sud-Est d'Oubatche. L'or y a
été signalé en 1877 ot y a élé l'objet d'un»; petite exploi-
tation qui passe pour avoir produit 2 ou 3 kilogrammes
de métal ; tout récemment, il y a deux ans environ, à la
suite d'une mutation de la propriété de ce gisement, 1»
nouveau propriétaire en a tenté à nouveau l'exploitation ;
il en aurait retiré quelques centaines de grammes d'or
seulement, pour rémunérer un très grand nombre de jour-
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378 RICHESSES UIMÉRALES DE LA NOUVEL1£-CALÉD0ME
nées de travail ; il n'a pas peraévéré. On nous a cependant
parlé do teneurs voisines de 1 peiiny-weight, aoit 1^,6
ou près de 5 francs d'or à la tonne, teneurs qui sont géné-
ralement considérées comine payant le lavage ; ce n'étaient
peut-être pas, il est vrai, des teneurs moyennes.
Là l'or ne paraît plus se présenter dans une formation
unique plus ou moins nettement filonienne, il semble
au contraire être réparti dans l'ensemble du terrain. Cf
terrain est d'ailleurs constitué, tout autour du ravin, par les
produits de la décomposition, sans doute sur place, d'un
micascbiste rosé qui contenait vraisemblablement un grand
nombre de veinules de quartz, ainsi qu'en attestent les
très nombreux débris que l'on en rencontre, et des cris-
taux de mtile dont on retrouve les fragments. En lavant
cette masse, essentiellement composée de grains de quartz
et de paillettes de mica sans consistance, on a recueilli
une certaine quantité d'or affectant un aspect tout pîirti-
culier, qui n'a été, croyons-nous, observé nulle part
ailleurs dans la colonie : les fragments en sont souvent
d'uue certaine dimension, de forme généralement aplatie,
et se présentant en jolies deudritos dont la fraicheuv
atteste que l'or n'a nullement été roulé; il paratt vrai-
semblable que, lorsqu'il s'est déposé, il a dû tapisser les
fentes fines de la roche oii s'est concentré égaleinent le
quartz en tilonnets ; d'ailleurs l'or se rencontre parfois
encore attaché à ce quartz, et la pépite de 40 grammes
qui a été trouvée à Galarino il y u une vingtaine d'années
se présente sous la forme d'un fragment aplati de quartz
tout pénétré de dendrites d'or.
Nous n'avons pu examiner lo yisoment qu'au voisinage
du point oit ont eu lieu les lavages, point où ceux-ci
avaient fortement bouleversé lo terrain; les sables que
nous avons lavés, qui n'étaient peut-être que les résidus
de lavages antérieurs, ne nous ont pas donné trace d*or,
le rutile s'y est au contraire montré assez abondant.
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GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 379
Rappelons d'ailleurs que dans le ruisseau voisin, celui de
Ouékamé, le rutile a pu être recueilli en abondance suffl-
sante pour que l'on ait songé à en faire l'exploitation ; le
manque de débouchés pour ce minéral a d'ailleurs fait
abandonner cette idée.
Nous croyons qu'aucune recherche réellement sérieuse
n'a été faite en Tue de reconnaître l'étendue de cette for-
mation aurifère ; il semble bien établi que, même aaz
points qui ont para les plus favorisés, la teneur en or
n'était pas suffisante pour rémunérer l'exploitation à la
main ou le lavage au sluice qui ont été tentés en petit.
N'y aurait-il pas, au contraire, place, si toutefois le
gisement avait une réelle extension, pour une exploita-
tion par des procédés puissants, tels qoe l'emploi des
« géants » californiens, emploi qui ne serait sans doute
pas difficile à réaliser dans un pays aussi accidenté et oh
l'eau est aussi abondante, et qui, au voisinage immédiat
de la mer, n'aurait guère d'inconvénient? C'est ce que
personne ne parait avoir étudié, et ce que nous n'avons
naturellement pas pu rechercher avec le peu de temps
dont nous disposions.
D. — Sables aurifères du Nord
DE LA Nouvelle-Calédonie.
Si l'or existe, en quantité faible il est vrai, dans cer-
taines roches du Nord de la Nouvelle-Calédonie, il doit
se trouver également dans les alluvions des rivières, et
c'est ce qu'ont montré, même en premier lieu, les
recherclies des laveurs d'or. Il est peu d'eutre les rivières
qui descendent du massif schisteux du Nord de l'Ile, soit
vers la mer, soit vers le Diahot, oii il n'ait été trouvé
quelques paillettes d'or; mais mille part jusqu'ici on n'a
découvert d'alluvions suffisamment riches pour que l'ex-
ploitation en fût entreprise. Sans accepter d'une façon
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380 RicHESsas uiséralks db la nouvblle-calédonie
complète l'explication qui a été dounée de cette ^weace
de sables aurifèrea riches dans cette région, par cani
qui ne voulaient pas la chercher tout aiinplemeot àans la
pauvreté môme de la région en giaemenU primitif» de
l'or, nous devons la mentionner ici. H. Garnier n'hésUaU
pas à déclarer(*) ■< qu'à caiiseiki macque de plaines en
Nouvelle-Calédonie l'or ne pouvait y être qu'en fiions ".;
M. Heurteau("), au contraire, tout en constatant qnoa
ne connaît pas en Nourelle-Calédonie d'aliuvions anié-
rieures à l'époque actuelle, déclarait qu'on ne doit cepen-
dant pas renoncer à l'eapoir d'y rencontrer des aUuvwos de
formation récente qui , sans être très étendues, pourraiert
cependant donner lien à des exploitations importantes.
Pour notre part, nous pensons avec M. Heurteau que, si
l'absence d'alluTione aocienuea, nueleaétudesiKJSténeures
à aon exploration n'ont fait que cimitrmer. écarte la pos-
sibilité de trouver en Nouvelle-Calédonie des gites parti-
culièrement étendus du genre de ceux découverts dans
les alhivions anciennes en Anstralie, les conditions géo-
graphiques de la contrée n'auraient pas nécessairement
empêché la fornialion do riches allnvions modernes, sil
avait existé des gisements en roche dont l'or efit pu être
arraché en quantité suffisante; mais c'est cette dernière
ch-constance qui ne paraît pas avoir été réalisée.
Comnje nous l'avons dit, l'or a été trouvé dans les
sables que roulent actuellement les diverses rivières du
Nord de l'Ue ; M, GamierC") le signalait en paillettes
aplaties et ruineuses associées au rntilc dans les saWes
de la rivière de Pouébo au milieu de micaschistes grena-
tifêres, et il mentionnait également sa présence en petites
quantités dans les alluvions de quelques-uns des ruis-
seaux: qui se jettent dans la mer entre Pouébo et Balade;
(*) Loe. cit.. p. n,
i"l Loc. ait., p. ÎGO.
("•) Loc. eil., p. 19.
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QISEUENTS MÉTALLIQUES DtTBRS 381
M. Heiirteau(']aotmt sa présence, sous forme de simples
oonleors d'or il est vrai, dans le lit de la plupart des
rmaseauz qui descendent de la chatne des micaBchistes
rers la mer aur les territoires de Poiiébo et d'Oubatche,
et aussi dans le cours supérieur de la rivière de Hienghëne : -
M. Pelatan(") l'a reucoatré daus la Ttwaka et dans le
ruisseau d'Andam au delà de Bondé ; sa présence nous a
été signalée, sans que nous ayons d'ailleurs pu Térifiorle
fait, dans les sables de la rivifare Thieu et en plusieurs
points du cours du Diahot et de ses différents affluents de
rive droite. Rappelons enfin que la région peu accessible
des Ouébias (haute vallée du Diahot) passe, à tort ou h
raison, pour contenir des sables aurifères riches.
En un seul de tous ces points, les sables étaient, au
moment de notre séjour dans la colonie, censés être
exploitables : c'est dans le lit de la Téuéole ou ruisseau
d'Andam, tributaire de droite du Uahot, qui descend
do mont Iguambi et se jette dans le Diahot à 15 kilo-
mètres au-dessus de Bondé. Quatre libérés passaient pour
y avoir fait, quelques mois avant notre visite, une petite
exploitation clandestine plus on moins fructueuse : c'est
d'ailleurs la vallée oii M. Pelatan avait sig:na]é non seu-
lement la présence de l'or, mais aussi celle d'un métal
plue précieux encore aujourd'hui, le platine. Aussi n'avons-
Qoiis pas voulu manquer, malgré la difficulté d'accéder à
cette vallée déjà assez reculée, d'aller examiner par
Dous-mème ce qui en est.
Le point qui nous a été signalé comme le plus riche en
or «at celui oU le ruisseau d'Andam, encaissé entre deux
rives abruptes de schistes, fait un coude b-ès prononcé
veca l'Ouest pour aller se jeter dans le Itiabot à 1 kilo-
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383 RICHESSES MOtiRALBS DE LA NODVBLLG-CALÉDOHIB
mètre plus bas. Ce ruisseau, dont le caractère est nette-
ment torrentiel, coule sur un lit de schistes dans les
strates successiyes desquels il clActmpe une sorte d'esca-
lier dont les creus retiennent des d^rfkts de sables; de
part et d'autre de ce lit, et souvent au milîoB mÈme du lit,
existent d'assez puissants dépôts de graviers et de galets
que le ruisseau charrie en temps de crue ; nous mTons
succesaivement examiné les sables recueillis, d'abord u
milieu même du lit de la rivière dans les anfractuosités
des schistes, puis dans les Ilots, et enfin sur les berges; les
premiers ne nous ont donné aucune trace d'or, les seconds
en ont donné de très faibles, mais les troisièmes, surtout
lorsqu'ils étaient recueillis à une profondeur voisine de
1 mètre dans une couche de graviers rougeâtres, mon-
traient à chaque plat des couleurs d'or très manifestes
et dcH grains d'or légèrement roulés atteignant même
parfois des dimensions très appréciables. Ce sont là des
indications qui sont généralement considérées, dans les
pays où les conditions d'exploitation ne sont pas trop
onéreuses, comme signalant un gite vraisemMableinept
exploitable pour peu qu'il ait de la continuité. Ces allu-
vions étaient formées principalement de galets et de
débris de chlorito-schistes d'un bleu grisâtre tels que ceux
que nous avons rencontrés plus à l'Ouest ; Us contenaient
en outre des débris de quartz, du mica, du glaucophane,
du rutile, du fer magnétique et du fer chromé; avec l'or
se concentraient quelques petits grains de cinabre et do
, platine en très petite quantité; nous reviendrons sur ce
dernier point dans ce qui suit.
Nous ajouterons qu'ultérieurement de petites pépites
d'or de plusieurs centigrammes nous ont été remises
comme provenant d'un point plus élevé du cours du mis-
seau d'Andam, celui oii se réunissent les deux ruisseaux
Ténéole et Cinale; nous ne saunons a^nner que cette
provenance soit exacte.
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QISGMBNTS HETALLtQUKN DIVERS 383
Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il existe, au moins
en certains points du ruisseau d'Andam, des sables auri-
fères qui auraient une richesse suffisante pour être
lavés avec profit par les procédés dont on dispose actuel-
lement; l'étendue sur laquelle ces sables se rencontrent
serait-elle suffisante pour justifier l'installation de sem-
blables procédés, c'est ce qui est beaucoup plus douteux,
mais ce qui n'a jamais été étudié en détail.
Dans le même ordre d'idées, nous mentionnerons ici
l'intérêt qu'il y auraii, ii examiner soigneusement la ques-
tion, qui a été posée quelquefois, mais qui n'a jamais été
l'objet d'aucune étude, de l'exploitation par dragage des
sablosdu lit du Diahot. Si, comme cela parait établi, il existe
(le l'or très divisé dans le bassin de nombre d'entre les
affluentsflu Diahot, etsi.commeon nous l'a affirmé à diverses
reprises, des couleurs d'or apparaissent lorsqu'on lave au
plat les sables qu'on peut recueillir en difi'érents points du
cours du fleuve, il y aurait lieu de s'assurer par quelques
sondages si les dépôts alluvionnaires plus ou moins puis-
sants qui garnissent le fond de son lit ne présenteraient
pas, sur une étendue un peu considérable, une légère
teneur en or. S'il en était ainsi, il serait peut-être possible
(l'eu tenter l'exploitation à l'aide de dragues, comme on l'a
fait avec succès dans plusieurs des rivières de la Nouvelle-
Zélande et comme on commence à le faire également en
Australie : les frais de premier établissement àfairepouruoe
telle entreprise ne dépassent pas300.000 à 400.000 francs
et on arrive, grâce à cela, à laver avec profit des sables
dont le rendement moyen en or à la tonne n'atteint pas
l/2décigramme, soit une valeur de 15 centimes.
Ce n'est guère que dans de telles conditions qu'il semble
que l'on puisse espérer voir un jour tirer parti de l'or qui
existe, mais dans un état de grande dissémination, dans les
sables du Nord de la Nouvelle-Calédonie.
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384 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVEU^-CALÉDONIK
E. — Gisements DU Cbntrb et du Sdd db lacolokib.
Les traces rl'or ne sont pas uniquement limitées à la
région des micaschistes du Nord et des schistes ardoisiers
qui les avoisinent : on a en effet signalé la présence du
précieux métal en plusieurs autres points de la colonie;
néanmoins il n'a jamais été trouvé dans la formation ser-
pentineusc, ce qui restreint à une moitié seulement de
leur superficie les parties du Centre et dn Sud de l'Ile oii il
y ait lieu d'espérer rencontrer de l'or.
Il a été fait des recherches de quelque importance en
trois points de ces régions : dans la haute vallée de la
rivière de Nakety, à la mine Queyrae près de La Foa, et
dansle cirque des Grosses-Gouttes près de Saint- Louis. Nom
avons visité ces trois gisements. On a en outre mentionné
la présence de quelques grammes d'or à la tonne duie
diverses roche» de lacolouie, en particulier dans lesschistes
noirs de Pouembout et dans les mélaphyres du col de
Tongoué ; on n'y a d'ailleurs fait aucune recherche.
L'or se présentait, parait-il, en poussière fine, associé
à des grains de cinabre, <lans la haute vallée de la rivièrt.
de Nakety et dans celle de son aiïluentla Nimboui quides-
cend des Sancs du mont Canala. Signalé il y a longtemps
déjà, U a donné lieu à une tentative, d'ailleurs infructueuse,
de lavage au sluice. Le gisement se trouvait au fond d'une
vallée encaissée entre deux collines de schistes argileux
noirs criblés de âlonnets de quartz blanc laiteux, roches
qui, comme toujours, donnent lieu à la sur&ce à des pro-
duits de décomposition rouge clair très argileux semés
d'un cailloutis de quartz blanc. Les beiges watz hautes
de la rivière sont constituées par des argiles jaune ron-
geàtre résultant éfideaunent d'un remaaiement de cm
produits décomposés; c'est là qu'aurait été trouvé, par
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GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 385
places, un peu (J'or provenant peut-être du «léniantèlement
dea filoiinets quartzeux que nous avons mentionnés ; nous
avons retrouvé un tunnel ouvert dans une des berges de la
rivière Nimbouî et lacanalisationdu sluice; mais les essais
de lavage que nous avons faits, en différents points soit
du tunnel, soit du lit mùme dn ruisseau, sont demeurés
infructueux, ce qui nons laisse supposer que le gisement
était soit bien pauvre, soit fort peu ëtendu. 11 paraîtrait
que, sur l'autre versant dn même massif schisteux, <lans
la vallée qui descend vers Ciu, on aurait également trouvé
un peu d'or,
A la mine Quetjras, près de La Foa, le mode de gisement
de l'or est tout différent : il apparaît dans un massif
ophitique qui se développe sur la rive gauche de laPoque-
reux entre les vallons où coulent les deux ruisseaux Oua-
Mengou et Ona-Zinda, au milieu des formations de gréa
jaunâtre du crétacé, qui ont nu large développement dans
cette partie du bassin houiller de Moimiou, comme nous
l'indiquerons en détail dans ce qui suit.
Signalé à l'attention, à la fin de 1896, par suite de la
rencontre fortuite d'un bloc éboulé de quartz carié impré-
gné d'oxyde defer et qui contenait, paralt-il, 40 grammes
d'or k la tonne, il a été l'objet de travaux de reconnais-
sance d'une certaine importance, d'abord au débutde 1897,
puis à la fin de cette même année et dans les premiers
moisde 1898. Ces travauxu'auraientpascoûté, nous a-t-il été
affirmé par les représentants du concessionnaire, moins de
70.000 francs ; ils ont él« brusquement interrompus sans
avoir donné aucun résultat décisif dans un sens ou dans
l'autre, faute de vouloir y consacrer encore les sommes
nécessaires. !1 n'est pas inutile d'ajouter que, peu de temps
auparavant, une société australienneauraitoffertd'acheter
le gisement au concessionnaire moyennant 175.000 francs ;
celui-ci a repoussé cette offre, mais n'en a pas moins
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380 RICHESSES MINÉBALBS DE LA FOUTlLLS-CALÉDOmE
laissé le gisement ineiploité et inconiplèteKient reconnu.
A la suite de la découverte du bloc femiginenx dont
neua venons de parler et delà constatation de sa richesae
en or, le mamelon au pied duquel il avait été rencontré a
été soigneusement exploré, et on y a trouvé, en une série de
point», l'affleurement de roche» oxydées du même genre
et plus on moins aurifères. On a commencé à creuser à
partir de ces affleurements quatre petits puits verlicaoi,
dont deux de quelques mètres seulement, et detix autre»
de ib et 20 mètres de profondeur ; les écliantillons qui en
ont été extraits auraient en des teneurs variant de 0 à
70 grammes à la tonne {celte dernière teneur pour des
débris oxydé» plus ou moins argileux), il en aurait même
été extrait h une certaine époque 97 sacs, représentant h
peu prèsfl tonnes, qui, expédiés pour être traité» à la fon-
derie d'AIdenhot prfes de Sydney, auraient rendu 12^,8
d'or et 25 grammes d'argent k la tonne, représentant un«
valeur de 4« francs de métaux précieux. Dans le bot de
recouper en profondew les formation» suivie» à partir de
la surface, on entreprit au pied du mamelon la galerie
figurée en AB par la fig. 3 de la PI. V, qui reproduit les
principales indications conservées sur ces recherches ; la
galerie fut poussée de 40 mètre» dans une ophite extrême-
ment dure et fut abandonnée sans en être sortie ; elle paraît
avoir mis en évidence, tout comme le puits, une direc-
tion dominante des cassures de la roche, orientée à pe«
près Est-Ouest, et inclinée aux environs de 30 degré» ver»
le Sud.
Quelques mois plus tard les travaux furent repris sous
la direction d'un contremaître australien ; ils ont compMié
principalement l'exécution d'un puits incliné snirant une
formation de quartz rouillé ; ce puits aurait été poursuivi
sur 31 mètres de longueur en fournissant des minera»
plutôt pauvres et les travaux auraient été arrêtés là.
Nons n'avons pas pu pénétrer dans le» travaux éboulés
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QHBHBKTS BIÊTALLlQt^Bfi DtVMtM 'i87
oa remplis (l'eau, nuis oous avons exanûné las&CQeure-
inaots et les tas de mioerai sortis de ces travaux ; nous
avoDB constaté que le gisement est constitué, au milieu
d'un massif ophitique, par plusieurs tâtes de roches
quartzeuseg et ferrugineuses oxytlées, comme il s'en ren-
contre à l'affleurement de massifs de quartz chargé de
pyrite ou de mispi(itel par exemple. Ces roches se pré-
sentent sous deux types assez distincts : le plus souventce
sont des quartz caverneux, friables, brunis par des impré-
gnations d'oxyde de fer, ot dont les vides sont tapissés
d'oxyde de fer terreux ; mais on rencontre aussi des mor-
ceaux de quartz dur, brun ou rouge, très compact, passant
au quartzite; enfin, dans les intwstices de ces roches, ou
au contact du quartz et de l'ophite, il existe des produite
argileux rouge&trea dont quelques-uns auraient étéexc«p-
tionnellemen triches (72 grammes d'or à la tonne).
Nous avons recueilli personne llemeot sur place un
certain nombre d'échantillons tant de quartz que des
matières argileuses associées; on nous a, d'autre part,
ronis des échantillons semblables de richesse variée.
Ceux de l'une ou de l'autre provenance que nous avons
analysés tenaient tous de l'or {Z à 10 grammes à la
HHiDe).
Quant à l'allure du gîte, nous n'avons pas pu la discer-
ner avec exactitude les dilTérents puits creusés ne
s'alignent pas sur une seule direction et sont séparés par
<les affl^rements d'ophite, on n'est donc pas en présence
d'un fUoD unique et continu, mais peut-être d'uu groupe
de filons irréguliers, ou plus probablement d'un noyau
qnartzeux plus ou moins continu «t plus ou moins puis-
sant.
Ce quartz, très chargé en oxyde de fer, et légèrement
aurifère, ne parait pouvoir provenir que de l'altération
superficielle de quartz chargé en profondeur de pyrite ou
de miapickd aurifère, formation qui n'a d'ailleurs pas été
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388 RICHESSES UINBRALES DB LA N017VELLE-CALED0ME
rencontrée faute de l'avoir recherchée jusqu'à une dis-
tance suffisante de la surface. Quelle serait la teneur en or
de cette roche, quelle serait la régularité de cette teneur
et quelle serait l'extension du gisement de ladite
roclie? C'est ce que rien ne permet de dire aujourd'hui,
et l'on ne peut que regretter que l'on n'ait pas
exploré d'une façon complète ce gisement qui se signalait
par des affleurements réellement remarquables; ces affleu-
rements ont en effet pu rappelerk certaines personnes, bien
que dans des dimensions plus restreinles, les affleurements
de ta célèbre mine de Mount-MorgandansleQueensland.oii
une puissante colonne de quartz imprégné de mîspîekel
tenant en moyenne de 15 à 20 grammes d'or à la tonne,
associée à une venue diori tique, s'est signalée à l'attention
des prosiiecteurs par des blocs de quartz feirugineux
aurifères d'un aspect assez analogue à celui des quartz de
la mine Queyras,'
Dans le cirque des Grosses-GoiUfes, à la source de la
rivière de Saint- Louis, l'or est associé à l'un des deux seuls
massifs granitiques de la colonie; nous avons déjà fait
connaître dans quelles conditions se présente ce massif
granitique. En lavant les sables de la rivière qui descend
du cirque des Grosses-Gouttes, dont le granité forme les
parois, associé d'ailleurs à quelques pointements de ser-
pentine, on trouve régulièrement des couleurs d'or ; elles
s'observent dans des sables granitiques avec topaze,
accompagnés de produits serpentinenx qui laissent dans
le résidu lourd des cristaux de fer chromé. Sur le flanc
du ravin, on trouve en outre des arcnea granitiques
décomposées, peu ou point charriées, dans lesquelles le
lavage au plat décèle également, en petite quantité d'ail-
leurs, de l'or d'un jaune très pâle, sans doute par ce
qu'il est allié à une assez forte proportion d'argent; avec
lui restent an fond du plat de nombreux cristaux micros-
1
bï Google
G1SEMBNT3 MÉTALLIQUES DIVERS 389
çopiques de topaze. Cette formation ne parait d'ailleurs
pas présenter beaucoup d'étendue.
Le lavage des sables de la rivière a été tenté, à plu-
sieurs reprises croyons-nous, et principalement en 1877
et 1878. D'après les renseignements que nous avons pu
recueillir de la bouche de l'un de ceux qui avaient parti-
cipé à cette tentative, le lavage au sluice fournissait
régulièrement de petites quantités d'or, mais trop faibles
pour rémunérer la main-d'œuvre à employer. Quelques
centaines de grammes d'or seulement en auraient été tirées
(la statistique des exportations accuse, pour le premier
trimestre de 1878, une exportation de 600 gi-ammes d'or
provenant des Grosses-Gouttes).
Ce gisement parait malheureusement être trop restreint
comme étendue pour qu'il y ait lieu d'en tenter l'exploi-
tation par des procédés en grand, susceptibles de réduire
suffisamment les frais d'exploitation pour que les petites
quantités d'or qu'il contient payent les frais d'extraction.
Des données qui précèdent, et qui constituent toutes
celles que nous avons pu recueillir sur les gisements au-
rifères de la colonie, ou ne saurait, comme on le voit,
tirer une conclusion aussi favorable que pour les métaux
que nous avons passés en revue jusqu'ici. Sans doute il
ne faut pas désespérer de voir tel ou tel des gisements
que nous avons mentionnés exploité avec succès le jour
otil'on essaierait, ici les méthodes modernes de traite-
ment chimique des minerais réfractaires, et là les pro-
cédés hydrauliques d'ahatage et de lavage des sables^ si
l'importance des gisements était reconnue le justifier;
flans doute aussi est-il permis d'espérer que, le jour oii
tels ou tels affleurements, hâtivement accaparés sans y
avoir fait aucune recherche etdélaissés depuis lors, se-*
raient fouillés avec soin, de nouveaux gisements exploi-
tables pourraient être reconnus ; peut-être môme en décou-
bï Google
HlNintALRS tm LA NO0WLLft-CALBI>OMIE
Trira-t-on qui sont encore complètenMiit insoupçcmBés.
Mais, quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que notre colo-
nie, si bien partagée comme ridienea minérales h beau*
coup <le points de Tue, no l'a pas été en ce qni concen»
l'or d'nne façon qni puisse permettre de la comparer,
même de loin, à bos puissaates voisines.
bï Google
CHAPITRE m.
A. — GlSraiEHTS ABeBNTIPfaBBS.
Noos se croyons pas qn'aacon giseiDeot ait été signalé-
en Noavelie-Calédonie comme contenant de» mineraig pti-
rement argentifères : la présence de l'argent a, an con-
traire, été reconnue dans nn assez grand nombre de gise-
ments d'autres métaux.
. Toujonrs associé à l'or, il se trouve en parfîcnlier en
xjuantité notable dans l'or de Fem-hill (7,5 p. 400 -en
ftoids) comme dans celui de la mine Rose (voir les résnl-
tàts d'analyses ci-dessus rapportés). Dans la même forma-
lion de micascliistes qm contient lamine Rose, M. Heur-
tean signale, dans la vallée de Pomïen, nn filon qui avait
étéeTfdorépouror, et qui, constitué par dn quartz chaîné
-de pyrite, contenait des traces d'or et 50 grammes
d'argent à la tonne. Enfin l'or du gisement des Grosses-
-Gonttes ^H^sente une couleiir si claire qu'il renferme
■certainement une proportion notable d'argent.
L'argent est de même associé, comme nous l'avons
dit, an enivre dans les différents gisements connus de
ce métal, mais il n'ajoute en général qu'un bien faible
appoint à la valeur des minerais.
Enfin l'argent est encore connu en Nouvelle-Calédonie,
associé, comme il l'est presque constamment, au plomb
«t au zinc, et il s'y est montré par endroits en proportion
««fusante pour augmenter d'une façon considérable
bï Google
393 RICHESSES MINERALES DB LA NOCVELLE-CALEDONIB
la valeur des minerais de ces métaux dont nous allons
décrire les gttea,
B. — Gisements de plomb.
I,e [ilomb a été signait^ en plusieurs i>oints de la région
septentrionale de i'ile ; il est, conune nous l'avons vu,
abomlant k la mine de cuivre Pilou ; mais il existe en
outre différents gisements où il domine, associé il est
vrai, it des quantités importantes de zinc, et ne contenant
que de simples traces de cuivre.
La fig. 1 de la PI. V représente les différents périmètres
miniers du Nord de l'île qui sont censés renfermer des
minerais de jtlomb argentifère.
En dehors des gisements du Nord, il n'a été signalé à
notre connaissan(;e qu'un seul filon de plomb argentifère
dans tout le reste de la colonie; il se trouve dansl'étrpil
lambeau de terrains secondaires sitné au Nonl du massif
serpentineux du Mont D6, non loin de Kuentliio; nous
n'avons pas eu le loisir de visiter ce gisement et nous
n'avons pu recueillir aucune indication précise ii son sujet.
Parmi les gisement» découverts dans le Nord de I'ile, le
seul qui ait été l'objet d'une tentative d'exploitation est
celui de la Méi-étrice sur la rive gauche du Dialiot.
Découverte k la fin de 18S4, la mine Mérélrice a été
l'objet de travaux de préparation, puis d'exploitation, k
partir de 1886-1887; les minerais qui' en provenaient, ot
quiétaient d'une fusion facile, étaient d'une valeur un pou
troj) faible pour pouvoir supporter -les frais de transport
jusqu'aux fonderies australiennes, aussi furent-ils traités à
la fonderie créée k cet effet k Pam. Ce n'est qu'au début
de 1890 que cette fonderie put livrer des produits mar-
cliands; les minerais exploités jusque-lk avaient été en-
tassés, aussi n'est-ce que dans les années 1890 à 1893
qu'il a été exporté du plomb argentifère de la colonie;
bï Google
GISEMENTS METALLIQUES DIVERS 393
d'api'ès les statistiques de la douane, ces exportations
n'auraient guère dépassé 1 .500 tonnes au total, représen-
tant une valeur voisine de 600.000 francs; la teneur en
iirgent aurait été de plus de 1 kilogramme d'argent par
tonne de plomb rt'œuvre.
Interrompus à la fin de 1891, les travaux de la raine
Mérétrice ne paraissent jamais avoir été repris sérieuse-
ment depuis lors, bien qu'il y ait eu une tentative dans
re but cri 1897-1898.
Le gisement se trouve, comme celui de la mine Pilou
et de la plupart des autres mines de cuivre que nous
avons décrites, encaissé dans des schistes ardoisiers noirs,
et en relation très immédiate avec un dyke de roche
verte; il affleure sur la rive gauche du petit ruisseau
Djavel,au flanc d'un des très nombreux mamelons ovoïdes
que ces schistes forment entre le Diahot et la ligne des
calcaires de la Roche Mauprat, dont la mine Mérétrice
est d'ailleurs voisine.
1/affleurement se présente sous la forme d'un énorme
massif, de 10 mètres environ de puissance, presque uni-
quement constitué d'uu agrégat de fragments de céru-
site empâtés dans de l'oxyde de fer; souvent la cérusite
apparaît en jolis petits cristaux tabulaires, et l'on en a ren-
contré autrefois nombre d'échantillons recouverts de fila-
ments d'argent natif ; par places la cérusite est associée
à des enduits cuivreux bleus et verts, et à des minéraux
oxydés du zinc.
Une tranchée, ouverte sur une dizaine de mètres de
verticale et une cinquantaine de mètres en direction, n'a
pas tardé à découvrir des minerais sulfurés, peu ou point
altérés, qui se présentent en trois bandes grossièrement
parallèles, orientées à peu jirès \ord-l lO'-Est et plongeant
au Sud-Ouest, paraissant constituer trois filons distincts,
mais voisins, avec des puissances de 1 à 2 mètres chacun,
et séparés par des schistes pratiquement stériles.
bï Google
"394 RICHESSES M1NÈRALK8 DE LA ITOtrVHLlJ-CALÉDONlK
La fig. 4 de la PI. V îndiqBe quel est l'état actuel des
lieiiï et représente grossièrement les trayaux qni ont été
faits sur le gisement.
Celui-ci est à peine connu sur 220 mètres de longoeor,
bien qu'il ait été retrouvé sur la rive droite du ruisseau
Djavel : une galerie d'allongement a s'est enfoncée de
quelques mitres dans un filon (?) mince, et «ne tranchée
a trouvé un filet de minerai ; mais plus à l'Est il n'a plos
été reconnu d'affleurements sur le mamelon qni se déve-
loppe sur la rive droite du ruisseau. Le mamelon de la rive
gauche, qui renferme sur son flanc Est le puissant afflen-
rentent que noiis venons de décrire, n'a rawitré de mine-
Tai que de ce côté, sur son flanc Ouest il n'a rien été
trouvé et les filonan'ontétésuivis en direction an deikde
l'estrémité de la tranchée que par une galerie d'alloïige-
roent d'une quarantaine de mètres de kmpieor nui est u-
jowd'huî inaccessible : elle s'enfonce dans le minerai
sulfuré. L'allure de la formation sur cette faible kmgo^
«et d'ailleurs fortement contournée.
En profondeur, ta seule donnée de quelque importance qw
l'on ait est cellequi est résultée du fonçage, en 1897-1888,
par r « International Corporation Limited n devenue pro-
priétaire de la mine à cette époque, d"nn Bonvea« puH«.
ppofonddeSO mètres, qui aurait recoupé à a'S mètres de la
8in^c« un filon de 2 mètres de puissance très abondam-
ment minéralisé en galène avec pyrite et blende, tenait
de 3 k 4 onces (94 à 125 grammes) d'argent à la tonne ;
au mur de ce filon, le puits, foncé jusque-là dans les
schistes noirs, est entré dans un dyke de roche verte
très dure dont on connaît d'ailleurs les affleurements an
mur des affleurements de« filons; il y a été poursuivi sur
25 mètres de hauteur.
De l'ensemblo de ces indications, quelque peu incom-
plètes, il semble résulter que l'on est en présence, k )*
Mérétrice, soit d'une formation lenticulaire, aott d'nac
bï Google
QKBUBim HÉTALUQOBS DIVBBS 305
zoBed'enricbissemeDt exceptî(»t&el d'un filon BormalemeQt
Assez pauvre ; il ne parait en effet pas douteux qu'il ne se
prolonge en direction que sur 200 mëtrea au plus, ou
•que, s'il se prolonge au delà, c'est avec une puissance et
une minéralisation bien moindres. En profondeur il parait
■également s'amincir, puisque aux aflleureoients il com-
porte trois reines métallifères d'une puissance totale de
4 à 5 mëtres aa moins, tandis qu'à 35 mètres de la sur-
face il n'a plus qu'uDe épaisseur de 2 mètres. En outre,
■comme cela arrive trop fréquemment, la teneur en argent
•diminue considérablement lorsque l'on pas^e de la zone
■oxydée à la zone sulfurée. Comme nous l'avons mentionné,
Jes échantillons de céruaite parsemés d'argent natif ont
été assez fréquents aux aflleurements et la teneur des
iminerais y était, nous a-t-on affirmé, couramment de
12 à 15 onces, soit 370 h i70 grammes, par tonne de
sntQorai à 15 ou 20 p. 100 de piomh, ce qui correspondrait
à des plombs d'œuvre à près de 2 kilogrammes d'argent à
la tonne. Au contraire, les minerais sulfurés ne tenaient,
:mème tout près de la surface, que des quantités variant -
généralement de 6 onces (200 grammes) à la tonne à
3 ou 4 onces.
Nous avons eu connaissance d'une série d'analyses effec-
tuées en 1898 en vue de chercher k so rendre compte
■de la teneur moyenne que pouvaient avoir les différents
minerais, et nous en donnons ci-dessous les résultats, que
Jionsn*avon8 d'ailleurs nullement élé en mesure de vérifier.
Douze analyses de minerais sulfurés avaient donné
«omme teneurs :
Plonb <]e ».49 p. 1(10 à 8 p. 100
Cuivre 4 Iraces
Zinc â8,»5 8,41 p. 100
Fer 26.98 8,55
Silice 27 6,M
Argent de 370 gr. à Ja t. à 91 gr. h la toone
bï Google
306 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALEDONIE
La cumposition àes minerais les plus riches était d'ail-
leurs la suivante :
Plomb 24,46 p. 100
Cuivre traces
Zinc 22,26 p. 100
Fer 8,55
Silice 10.54
Arffent 370 grammes à la loune
Neuf auaiyses de minerais oxydés avaient donné les
résultats suivant» :
Plomb.. de 38,44 p. H'O à 5,68 p. tOO
CuivK. . ?,7S traces
Zinc... 4,i4 l,6o p. tOO
Fer 31 10,60
Silice... 49,31 20,35
Argent. de liOO gr. h la tonne à 125 gr. à la tonne
L'échantillon le plus riche en plomb contenait ;
Plomb 38,44 p. 100
Cuivre 0,S0
Zinc 2,39
Fer 14,32
Silice 20,80
Argent 420 grammes à la tonne
Les minerais de surface étuient, comme on le voit,
complètement oxydés et pauvres en zîuc (maximum
4p. KHt pour un minerai tenant 30 p. 100 da plomb);
ils étaient donc d'un traitement aisé, et étaient en outre
assez riches en argent, puisqu'ils étaient de nature à don-
ner du plombd'œuvre tenant plus de 1 kilogramme d'ar-
gent k la tonne ; ce ne sont guère que ces minerais qui ont
été fondus à Pani, il en reste d'ailleurs encore des tas
importants (quelques miUiera de tonnes) sur le carreau de
la mine.
bï Google
GISEMENTS MBTAXLIQDES DIVERS 397
Les mioerais sulfurés ont au contraire beaucpup moins
de valeur : contenant une forte proportion de zinc, à
peine inférieure à la proportion do plomb, ils exigeraient
un lavage minutieui qui entraînerait vraisemblable-
ment la perte de toute la blende et, avec elle, sans doute
celle d'une notable partie de l'argent, livrant du plomb
d'œuvre tenant seulement quelques centaines de grammes
à la tonne.
Il ne semble donc pas que, même si le gisement de la
Mérétrice montrait plus de continuité que ne paraissent en
indiquer les quelques travaux de recherches qui y ont été
poursuivis, son exploitation puisse être bien rémunéra-
trice, tant (lu moins que les conditions industrielles de la
région resteront difficiles, c'est-à-dire que la main-d'œuvre
y sera rare. le combustible cofiteux et les moyens dont
on dispose restreints, La puissance apparente de l'affleu-
rement et sa belle richesse en argent en avaient fait au-
gurer autrement, mais on connaît aujourd'hui assez du
gisement pour être porté à dire que ces apparences étaient
trompeuses .
Nous ne croyons pas qu'aucun des autres gisements de
plomb argentifère du voisinage, qne nous n'avons d'ail-
leurs pas pu examiner, ait présenté à beaucoup près de
semblables apparences.
C. — Gisements de zinc.
Le zinc est abondamment associé non seulement à
quelques minerais de cuivre et, surtout à ceux de la mine
Pilou, mais encore, comme nous venons de le dire, aux
minerais de plomb argentifère de la Mérétrice.
Ici comme là, il constitue une gène notable pour la mé-
tallurgie et, dans l'état actuel des choses, loin de pouvoir
dans (;es conditions être considéré comme une richesse, il
bï Google
398 B1CHESSE8 MINÉRALES DE LA NOttVBLIf-GALÉDONIB
déprécie |^s ou moins sérieusement les gisements oh il se-
rencontre. Xow n'avons pasconnaissaDcequedesminerws
de zinc seul aient jamais été signalés dans la agonie. Il»
y seraient d'ailleurs pntiqueineat inutilisables étant donaé
en particulier le prix <)« charbon, et il faudrait qa'ik
fussent bien riches, et surtout «qu'ils aient use teneur trèft
notable en argent, pour qu'ils putsMot valur le traospwi
jusqu'aux usine^^ établies sur les basons houiUers de la
Nouvelle-Galles du Sud.
D. — Gisements d'antimoine.
L'antimoine n'est coiinu, en Nouvelle-Calédonie, qo'eo
un seul point, à Nakety. Les conditions dans lesquelles il
s'y présente avaient paru dans le temps assez favorables
pour que l'exploitation en fût tentée en 1883-1884; mais
elle ne parait pas avoir eu un succès suffisant. Abandonnée
au début de 1885, elle n'a pas été reprise depuis.
Le gisement sur lequel cette tentative a eu lieu est
situé au voisinage de Nakety, dans l'un des contreforts
qui s'élèvent sur la rive gauche de la rivière <ie Nakety
à peu de distance au Sud-Ouest du village : ces contreforts,
situés au voisinage immédiat des massifs serpeniineai
qui s'élèvent au bord dcf la mer, sont constitués principale-
ment par des schistes argileux noirs décolorés aux affleu-
rements. Dans ces schistes courent une série de veines
do quartz presque verticales et dirigées au Nord-UCC-Est;
l'une de ces veines, puissante de 2 à3 mètres, est miné-
ralisée sur une bonne partie de sa largeur par de la sti-
bine : par places on rencontre du minerai massif en qaan-
tité plus ou moins considérable ; en d'aub'es peints 1»
stibine constitue seulwnent un remplissage dams-les inter-
valles de sphérolitea quartieux.
Des travaux d'une certaine importance, travwrs-baïc»
bï Google
ai»UBllT» UBTALUQCES DrVBES 30f>
et galeries d'allongement, ont élé pratiqués, s'étageant
jusqu'au sommet de la colline, entre les cotes 165 et 300;
ils paraissent avoir suivi un filon d'une certaine conti-
nuité.
Quant à la ricbeMQ moyenne de la minéralisation nous
n'avons pu nous en faire qu'une idée approximative;
d'après les renseignements que nous avons pn retrouver»
le minerai aurait été amené, après triage, a une teneur
moyenne de 35 p. 100 de stibine.
Descendu jusqu'au pied de la colHne par un plan incliné,
il était concassé, puis trié ; il aurait, au début, été exporté
telqueljnsqn'àconcurrence dequelques cent ainesde tonnes.
Ultérieurement on aurait construit un petit four de liqua-
tion pour produire sur place le sulfure fondu, mais il
n'aurait été obtenu que quelques tonnes geulemeot de celui-
ci, l'exploitation ayant dû être abandonnée à la suite d'une
baisse de la valeur du métal.
Différents autres affleurements de stibine ont été signa-
lés au YtHsinage, et il n'a pas été institué moins d'une
douzaine de concessions d'antimoine à Nakety ; mais les
travaux que nous venons de mentionner sont, h notre
connaissance, les seuls sérieux qui aient jamais été faits.
Le filon sur lequel ils ont porté serait, à n'en pas douter,
considéré comme d'une belle richesse en France, et serait
exploitable avec profit si l'on se trouvait dans des condi-
tions économiques analogues à celles de notre pays ; ai,
au contraire, on veut comparer l'exploitation à laquelle il
pourrait donner lieu à des exploitations de pays loin-
tains, telles que celles du Japon, par exemple, qui est un
producteur assez important d'antimoine, on ne peut que
constater l'infériorité du gisement calédonien, et conserver
peu d'eepoir qu'il puisse être de longtemps l'objet d'une-
utilisation fructueuse, surtout avec l^s- «ours actuels de-
l'antimoine.
bï Google
400 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÈDOSIB
E. — Gisements de mkrcdbe.
Lo cinabre, et même le mercure natif, ont été trouvés
en plusieurs points de la colonie : des gisements en roche
sont connus à Nakety, à Kouaoua, et à Bonrail ; des
fragments de cinabre ont en outre été rencontrés dans le
lavage des sables de plusieurs rivières et en particulier
dans la haute vallée de Nakety et dans la rivière d'Andam,
A Nakety, le cinabre a été signalé il y a d'assez longues
années déjà : il apparaît en cristaux dans les fentes d'un
grès jaunâtre en plusieurs points situés de part et d'autre
dn village, d'une part sur un escarpement élevé (jui
domine la route deThiok Nakety à quelque distance avant
d'arriver aux premières maisons de ce village, et d'autre
part à 2 kilomètres environ à l'Ouest du gisement de
stibine que nous venons de mentionner. Ces deux points
s'alignent exactement avec ce gisement dans la direction
\ord-H()"-Est qui est celle du filon d'antimoine, comme
si le cinabre et la stibine s'étaient déposés le long d'une
même cassure : ce serait un exemple de plus de Tassocia-
tion si fréquente île ces deux minerais. Sur les uns et les
autres de ces aflleurements il n'a été fait que des grat-
tages insignifiants, ayant consisté essentiellement à en-
lever les quelques jolis écliantillons do cinabre qui se
montraient, si bien qu'aujourd'hui ce que l'on en jieut
voir ne saurait donner une haute idée de la richesse des
gisements en (jnestion.
Priis de Konaoua, dans la vallée de la Faja, affluent de
droite de la rivière de Kouaoua, on trouve, au sein d'un
massif de roches vertes diabasiques apparaissant au milieu
des schistes argileux noirs qui se développent derrîèrelc
bourrelet serpentinenx de la côte, des filons et veinules
de quartz avec mouches fines de cinabre ; ce que nous en
bï Google
QISEMBN'TS MÉTALLIQUES DIVERS 401
avons vu ne présente d'intérêt qu'au seul point de vue
minéralogique.
Enfin, il y a quelques années, un autre gisement de
mercure a été signalé dans la vallée d'un des petits ruis-
seaux qui forment la Douencheur,à 15 kilomètres environ
au Nord de Bourail, non loin de la route de Bourail à
Houaïlou ; les quelques fouilles qui ont été faites sur
l'âflleurement ont permis d'en retirer de Jolis échantillons
de cinabre et une petite quantité de mercure natif; mais
ces fouilles, ayant été uniquement localisées en un point
et n'ajant eu qu'une profondeur de 3 à 4 mètres, n'ont
fourni aucune indication sur l'importance du gisement et
par suite sur la possibilité de son exploitation. Celui-ci est
«Dcaissé dans des phyllades violacées légèrement bario-
lées, qui aOleurent dans la chaîne centrale de l'ile entre
Bourail et Houaïlou lorsqu'elles ne sont pas recouvertes
par les serpentines ; dans les cassures transversales de
ces phyllades se reacontre une argile grisâtre imprégnée
de nombreux grains de pyrite avec cristaux de cinabre ;
par places ceux-ci remplissent toute la largeur de la cas-
sure (c'est-à-dire quelques millimètres seulement), et se
développent en outre entre les feuillets ries phyllades.
C'est dans le lit du ruisseau que le gisement a été dé-
couvert gr&ce à quelques gouttelettes de mercnre pro-
duites par l'oxydation du cinabre qui s'étaient réunies dans
les cavités de la roche. Les affleurements ont été fouillés
au milieu même du ruisseau par un petit puits aujourd'hui
noyé, et sur la rive gauche par une amorce de tranchée au
front de taille de laquelle nous avons encore tronvé des
cristaux de cinabre et des gouttelettes de mercure. Il pa-
raîtrait que plus bas sur le cours du ruisseau on aurait
1 eiieors relevé quelques traces de cinabre. Comme nom
I l'avons dit, cesont là des indications tout à fait însuflîflftRtes
I pour permettre de formuler une opinion sur la valeur d'un
I tel gisement, mais le concessionnaire a préféré s'en tenir là.
bï Google
402 RICHESSES MISKRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE
Nous ne pouvons donc que constater la présence dn
cinabre sur plusieurs points de la colonie, ignorant com-
plètement s'il ne s'y trouve qu'en mouclies isolées, cumme
on le rencontre dans beaucoup de pays, ou si au contraire
l'uu ou l'autre des gisements signalés pourrait être utile-
ment exploité.
Nous terminerons ce qui a trait au mercure en rappe-
lant que M. Heurteau avait, à la suite do la découverte
encore récente du nickel en Nouvelle-Calédonie, sigcalé (*J
l'association en Californie du cinabre à des silicates de
nickel au milieu de serpentines et de schistes serpentineui.
et qu'il avait appelé l'attention sur la possibilité de trou-
ver aussi dans notre colonie le mercure associé au nickel.
L'événement n'a pas confirmé cette hypothèse, le mercure
n'ayant jamais été rencontré jusqu'ici qu'en dehors de la
formation serpentineuse nickelifère.
F. — Gisements de platine.
Autant qu'il est permis de conclure de la présence dans
une région de telle ou telle roche à la possibilité d'y ren-
contrer tel ou tel métal, on pourrait penser que la Nou-
velle-Calédonie, où les serpentines sont aussi exception-
nellement abondantes que nous l'avons dit, pourrait
renfermer des gisements de platine, tout comme l'Oural où
dominent ces mêmes roches. Il ne parait pas en être ainsi,
car le platine n'a été signalé, et en quantités infimes,
qu'en un seul [joint de la colonie, le ruisseau d'Andam.
C'est, à notre connaissance, M. Pelàtan qui l'a découvert (*')
et nous avons constaté personnellement l'exactitude de
l'indication qu'il donne à ce sujet : le platine se rencontre
en très faible proiwrtiou au milieu de l'or, qui est lui-
bï Google
QI8EUENTS MÉTALLIQUES DIVERS 403
même peu abondant, dans les sables du ruisseau d'Andam.
A quelles roches ce platine est-il arraché, c'est ce que
personne n'a recherché : provient-il, comme provient
vraisemblablement Tor, des micaschistes en relation avec
les roches k glaucophane dont on retrouve des débris dans
ces sables aurifères, ou bien au contraire était-il associé
aux roches qui contenaient les cristaux de magnétite et
de fer chromé qui se trouvent accompagner ici l'or, alors
qu'ils ne l'accompagnent généralement pas dans les autres
sables aurifères du Nord de la colonie? Et ces roches à
fer chromé ne seraient-elles pas des serpentines dont il
existe quelques petits massifs au milieu des micaschistes?
Ce sont là des questions auxquelles nous ne pouvons
répondre, n'ayant en aucune façon eu les loisirs prolongés
qu'il eût fallu pour en entreprendre l'étude sur place. Il
serait fort intéressant, sinon au point de vue industriel,
tout au moins au point de vue géologique, que des
recherches minutieuses fussent faites dans ce but, en
essayant de remonter la rivière d'Andam et ses affluents
jusqu'aux points d'ofi provient le platine.
Ajoutons que, si le soin avec lequel ont été examinés
les sables des diflférentes rivières du Nord de la colonie,
oti les chercheurs savent pouvoir trouver de l'or, rend
peu vraisemblable qu'un gisement de platine de quelque
importance qui y existerait soit demeuré inaperçu, il n'en
est pas de môme pour les sables des rivières descendant
des grands massifs de serpentine, qui depuis longtemps
passent aux yeux des laveurs d'or pour certainement
stériles.
G. — Gisements de manganèsb.
La présence du manganèse a été signalée à différentes
reprises dans la colonie. Sans parler de son association
constante au cobalt, il existe, en particulier au pied de la
bï Google
404 RICHESSB8 MINÉRALES DE LA NOnTBLLB-ClLBOONlB
Table Unio, des blocs do pyrolusitâ, qnine paraissent d'afl-
letïTB gtière exister qu'à Tétat de blocs isolés. Ce même
minerai a en outre été signalé en plusieurs points de la cdte
Ouest, tantôt dans le trias et tantôt dans le crétacé, près
de Bourail, dans la vallée de laBoguen, à Bouloupari, k
Saint- Vincent, etc., toujours sous fonne de blocs isolés;
son gisement primitif n'est donc pas connu. On a néan-
moins prétendu qu'il proviendrait de fiions ou d'amas dans
les serpentines ; mais nous n'avons pas connaissance qu'on
en ait donné aucane preuve, et nous crovons devoir tenir
la chose comme très douteuse, bien que. rappelous-le,
toutes les péridotites de la colonie contiennent des trace?
plus ou moins marquées de manganèse.
La valeur en Europe des hioxydes de manganèse même
les plus riches (une cinquantaine de francs la tonne) est
trop faible pour que l'on puisse songer h en expédier de
Nouvelle-Calédonie. Le jour où la métallurgie de l'acier
viendrait à être créée en Australie, il en serait peut-être
autrement; mais ce jour-là ne trouverait-on pas sur le
vaste continent australien le manganèse dont on vien-
drait à avoir besoin? Cela est fort possible.
n n'y a donc guère à compter sur le manganèse
comme sur une des richesses minérales utilisables de la
colonie.
H. — GiSniENTSDETDNaSTÈMB, TITANE, UOLTBDàHB, BTC.
Le tungstène, sous la forme de scheelite, ou tungstate
de chaux, a été rencontré au voisinage de Kouaoua; il
existe peut-être bien en d'autres pointe encore de la
colonie, car on a trouvé entre les mains de Canaques un
certain nombre de pierres de frondes fkites dé ce minéral
particulièrement dense. Le gisement de Kotraoaa est situé
dans la vallée de Faja : il est intimement associé an
bï Google
aiKEUfiNTS MÉTALLIQUE Dl^'ERS 405
gisement de mercure que nous avoDs meotionné ci-dessus,
car il se présente dans ua fîloa de dathoUte qui recoupe
la même formation diabasique. Ce filon de datholite, puis-
sant de 50 à 60 centimètres environ, forme, en raison de
sa dureté, un ressaut du terrain, et l'une de ses faces est
découverte sur une assez grande étendue; l'érosion et
l'action chimique des agents atmosphëriques ont détruit
une partie de la datholite et ont laissé apparaître en sail-
lie sur sa surface des rognoos de scheelite qui étaient
vrfiisemblablement inclus dans la datholite ; au pied de ce
ressaut on trouve, au fond du ruisseau qui le recoupe,
des fragments de scheelite que leur poids a empêché
d'ôlre entraînés. Il n'est d'ailleurs loisible de recueillir de
l'une et l'autre façons que quelques échantillons seulement,
et, à examiner le filon massif de datholite, il semble que la
scheelite y soit en somme rare. Dès lors, malgré la valeur
élevée (800 à 900 francs la tonne) de ce minéral qui
présente une teneur importante en tungstène, et qui est
particulièrement recherché aujourd'hui pour la métallur-
gie, il ne semble pas que ce gisement soit exploitable, à
moins que le filon de datholite ne soit exploitable par lui-
même pour en retirer les 21 p. 100 d'acide borique qu'il
contient. C'estlà une question qui n'a jamais été envisagée
nulle part à notre connaissance, la dathohte ne se présen-
tant d'habitude qu'en niasses trop peu considérables pour
que l'on puisse même songer à l'exploiter, et nous ne
mentionnons cette question comme pouvant être étudiée
que sous les plus expresses réserves au sujet de la possi-
bilité de créer dans notre colonie une semblable industrie.
Le titane existe, nous l'avons déjà signalé, sous
forme de rutile, de sphène, de fpi' titane; mais ce sont \k
des minéraux et non des minerais; si nous le citons ici,
c'est que l'abondance avec laquelle le rutile se rencontre
à Galarino et la facilité avec laquelle il peut être séparé
par lavage des sables de la rivière avaient fait songer à en
bï Google
406 RICHBSSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
entreprendre l'exploitation. Malheureusement le prix assez
faible auquel il aurait pu être vendu en Europe et surtout
les débouchés très restreinia ofFerta au titane, qui n'a
qnedes emplois des plus limités dans l'industrie chimique,
ont vite montré l'inutihté d'une semblable tentative.
Le molybdène, qui existe sous forme de paillettes de
molybdénite dans les filons de quartz du massif granitique
de la Coulée, n'a guère plus d'emplois, et ne doit de
même être mentionné qu'au point de vue minéralogiqne
et non au point de vue industriel.
Quoi qu'il en soit, les indications qui précèdent suffisent
k établir que ce n'est pas seulement en nickel, en cobalt,
en chrome, et en fer que notre colonie est riche ; nous
croyons avoir montré que le cuivre devrait ïMJUvoîry èire
exploité d'une façon régulière et continue, et qu'il ne
serait pas du tout impossible que l'or le fût de môme un
jour en quelque point de l'ile ; d'autre part, il serait fort
à souhaiter que quelques autres gisements métalliques
signalés, mais non encore explorés, le fussent sérieuse-
ment pour reconnaître s'ils ne pourraient pas également
être exploités avec fruit.
bï Google
CHAPITRE IV.
AUTRES GISEMENTS IIINÉRAOX CONHUSDANS LA COLONIE
Avant de passer à l'étude des affleurements houillers
de la colonie, nous avons encore à citer un certain
nombre de gisements minéraux utilisables, on qui pour-
raient le devenir.
Si Ton consulte la liste des concesaions ('), et demandes
de concessions présentées à diverses époques, classées
d'après la nature des substances qui sont censées s'y
trouver, on y relève, eu dehors des métaux que nous
avons énumérés précédeninient ou du charbon, les
quelques produits minéraux suivants : Tétain, la plomba-
gine, l'opale, l'amiante, la pierre lithographique, le
gypse, l'huile minérale. Il est en outre vraisemblable qu'il se
rencontre dans le sol de la Nouvellc-Calédcmie quelques
autres substances éventuellement utilisables, qui n'ont
encore fait l'objet d'aucune demande de concession ; tel
est par exemple le cas de la giobertite, dont nous avons
déjà signalé des dcpflts assez étendus dans le Nord de
l'Ile.
.4, — Produits minér.^ux divers.
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons tout lieu de
penser que c'est par suîle d'une erreur grossière, comme
(•) Unppclons qu'en vertu du décret ilu 11 oclolire IR%, portant
organisation du régime des mines en Nouvelle-llalédonie, et même en
vertu des règleiuenls antérieurs, sont concessibles » les ftites naturels
des substances ininérnles ou fossiles susceptibles d'une utilisntion spé-
ciale, à l'e-tceplion des miilL'rinux de constructïnns et des amendements
bï Google
408 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLB-CALRDONIK
en commettent souvent les chercheurs de mines sans
aucune instruction, que l'on a cru rencontrer autrefois de
l'étain dans le Nord de la colonie ; non seidemeot il n'en
jamais été exploité, mais wicore bous ne croyons pas
qu'aucun échantillon en soit connu.
Il en est TraisemblaUeiaent à peu près de même de la
plombagine; des schistes noirs plus ou moins graphit«ui.
comme il s'en trouve dans l'abondante formation schis-
teuse du Nord de l'ile, ont sans doute été pris pour du
graphite ; mais nous n'avons connaissance d'aucune masse-
de ce minéral signalée en quelque point de la colonie.
Les quarts opalins sont assez fréquents dans les nom-
breux gisements de quartz secondaire de la Nouvelle-
Calédonie, et nous en avons ramassé nous-mème des
échantillons, mais on n'a encore nulle part rencontré de
l'opale noble utilisable pour la bijouterie.
De beaux érhantilions d'amiante nous ont au contraire
été montrés provenant des hauteurs qui dominent la rive
droite du Diahot à l'Est de Ouégoa, et qui paraissent
appartenir h la formation de talcschistcs à amphibole que
l'on retrouve il Ouégoa même ; le.s échantillons qui nous
ont été présentés montraient de longues fibres soyeuses
et flexibles qui seraient parfaitement (extiles, mais nous
ne pensons pas que l'on ait trouvé autre chose que de
jolis échautillona, et que l'on ait reconnu aucune conti-
nuité k ce gisement.
B. — CARnONATES DE CHA03C ET DE MAGNÉSIE.
Une concession de pierre lithographique a été accor-
dée, il y a une dizaine d'années, dans l'ile Mato ; elle por-
tait sur un des massifs du grand alignement calcaire de
la colonie, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, se
présente par places avec un grain particub'èrement fin.
On avait cru pouvoir utiliser ces calcaires pour la litho-
bï Google
QISEMEMTS UÉTALLIQDES DIVERS 409
graphie et l'on en avait expédié une dalle en France
pourèti-e examinée k ce point de vue; nous n'avons pas
connaissance du résultat de cet examen, il parait cepen-
dant vraisemblable qu'il n'a pas été favorable, puisque
l'exploitation n'a pas été entreprise, et que la concession
est tombée en déchéance.
Mais, si la formation calcaire si étendue dont on re-
trouve des lambeaux d'un bout à l'autre de la colonie ne
peut pas donner lieu à des emplois de ce genre, elle n'en
constitue pas moins une précieuse ressource pour le
pays, et elle est activement exploitée, surtout autour de
Nouméa, comme pierre à bâtir et comme pierre à
chaux. Elle serait en outre d'un précieux secours pour
les usines de fusion du nickel que l'on voudrait étabhr
surlacéte Ouest, comme elle l'a été dansle temps pour
l'usine de la pointe Chaleix. Le calcaire -se présente en
masses suffisamment puissantes pour que son exploitation
soit extrêmement aisée, et pour qu'il ne coftte guère que les
frais d'ahatage à la poudre et de transport jusqu'au point
où il est utilisé : on en évaluait le prix do revient à la
pointe Chaleix à !2 francs la tonne, il est vraisemblable
que ce prix pourrait être notablement abaissé. Les
quatre analyses suivantes des produits de diverses cai^
rièrea des environs de Nouméa donnent une idée de ce
qu'est la composition de cen calcaires,, du moins dans la
région méridionale de l'ile.
I s 3 t
Silice (2,45 3,18 3,15 17.05
Sesquioxyde de rer 2 1,14 3,7S 3,70
CarboBftle de cbaux 83,93 94,10 91,10 76.15
Carbonate de magnésie 1,48 traces 2,t3 1,46
Eau " 1,68 0,27
Nous ne terminerons pas ce qui a trait aux cal-
caires sans rappeler que, soit les anciens récifs de
bï Google
410 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVBLLB-CALÉDONIB
coraux qui existent en quelques points, principalement
le lon^ de la côte sucl-orientale de Tfle, soit les
coraux actuellement vivants dont les débris sont sans
cesse apportés sur toutes les grèves, constituent une autre
importante réserve de calcaire ; on s'en sert parfois poiir
faire de la chanx sur la cAte orientale, et ce sont égale-
ment les coraux qui ont fourni lacastine k l'usine de pre-
mière fusion du nickel d'Ouroué ; c'est vraiseniblablemenl
à cette réserve de calcaire que l'on s'adressera de nou-
veau le jour oii on montera une nouvelle usine de première
fusion sur la côte Est. L'analyse suivant© indique quelle
était la composition des calcaires coralligènes employés
à Ouroué :
Silice 0,-5
Sesquioxyd»^ de for 1,70
Carbonate de chaux 90,30
Carbonate de magnésie 5,44
Nous avons déjà mentionné l'exifitence de sortes d'ef-
florescences de giobertîte ou carbonate de magnésie le
long de la ligne de contact dos schistes noirs du Nord de
la côte Ouest et des massifs serpentineux qui reposent sur
ces schistes. Ces -dépôts, qui ne sont sans doute que
superficiels, ont une assez grande extension, en particu-
lier entre Koumac et Voh. Un échantillon de cette gio-
bcrtite, que nous avons nimassé auprès de Koumac, pré-
sentait la composition suivante :
Magnésie 42,4 p. 100
Acide carbonique 31,5
Sesquioxydâ de fer 0,8
Chaux 3,3
Silice et insoluble 0,8
Humidité 0,4
J9,2 p. 100
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 411
C'est là un minéral d'une certaine rareté, utilisé en
quantité encore assez considérable ponr ta fabrication des
produits réfractaires basiques nécessaires à la métallur-
gie, et qui vaut en Europe de 50 à 60 francs la tonne
brute; cette valeur dépasse de trop peu le prix du fret pour
que l'on puisse songer pour le moment à utiliser les gise-
ments abondants qui en existent en Nouvelle-Calédonie.
C. — Gypse.
Plus intéressants sont les dépôts de gj-p^* ^^ ^^ ^^^^
Ouest, puisqu'ils ont déjà été mis à profit lors des jire-
mières tentatives de fusion des minerais de nickel en
Nouvelle-Calédonie, et jiuisqu'ils seront vraisemblable-
ment exploités de nouveau le jour où ces tentatives
seront reprises.
On en trouve depuis N'ouniéajusqu'à Gomcn : les plus im-
portants sont ceux de la presqn'ile de Uitoé, du cap Goul-
vain,et de Beaupré entre le cap Goulvain et Poya : nous
avons examiné les deux derniers d'entre ces gisements.
Dans un cas comme dans l'autre, le gvpse apparaît en
agrégats de cristaux, tantftt blancs, tantôt grisâtres,
tantôt rosés, au milieu d'argiles bariolées grises, rouges
et vertes. Ces formations se développent sur des
centaines de mètres et même des kilomètres do lon-
gueur et sur un assez grand nombre de mètres d'épais-
seur le long de côtes basses, et dessinent assez bien
d'anciennes baies s'enfonçaiit plus ou moins avant dans
les terres; elles font d'ailleurs immédiatement suite à
des régions envahies par les palétuviers, où la mer
s'avance plus ou moins régijièrement à marée haute, et
où demeurent à marée basse, pins ou moins rares suivant
la saison, des eaux saumâtres; ce sont là des conditions
de gisement qui nous paraissent devoir faire adopter
sans hésiter, comme nous l'avons déjà dît, la manière de
bï Google
412 RICHESSES HiNÉOiLIS DE LA NOUVBU^-CjLLÈDONIB
voir de M. Piroiitet, qui cooaidàre ces dépbtx coDome des
dépôts de rivages soulevés.
Quoiqu'il en soit, nous n'avons nulle part observé, et
personne n'a pu uous désigner, de gisemeuts de g^pse eo
bancs compacts (qui seraient d'une exploitation beaucoq»
plus aisée], et nous ne l'avons rencontré qu'an agrégats
cristallins disséminés dans l'argile, Uut6t très abondant.
tant()t plus rare, ou bien encore isolé à la surface du sol.
mais provenant directement de tels gisements. Il serait
ingrat d'aller chercher le. gypse au milieu de cette argile
très grasse et collante; mais, à la surface du sol et le
long de tous les petils ravins qui la découpent, les easx
superficielles ont accompli ce travail, laissant le sol jon-
cbé d'innombrables plaquettes cristallines de gypsfi qui
reluisent au soleil.
Étant donné les espaces importdtits sur lesquels se
développe cette formation, il ne serait pas malaisé d'j
ramasser à peu de frais des tonnes de gypse. Le jour
oii la consommation en deviendrait réellement très im-
portante, il deviendrait peut-être nécessaire d'aller h
chercher au milieu de l'argile, et cela ue laisserait pas
d'eiiger un débourbage pénible. Si donc il appartlt
qu'au début il serait très aisé de se procurer le gypse ^
bas prix, et de l'avoir rendu à l'usine de fusion à un prii
inférieur à celui de 40 francs par tonne donné autrefoi*
et que nous avons cependant adopté pour nos évaluation»
de frais de fusion, il pourrait ultérieurement devenir ua
peu plus onéreux d'exploiter cea gisements de gypse.
Un échantillon bien débourbé, provenant de ces gise-
ments, et analysé par M. Moore, a montré la composi-
tion suivante :
Sulfale de chaux g5,î2 n. iOO Soufre 17,8 p. 100
î,20
Sesquioxyde de Ter.,
Alumine
I,0S
bï Google
GISEMENTS HÈTAI.UQCES DIVERS
D. — HCILE MINÉRALE.
n noDS reste enfln à mentionner ane constatation inté-
ressante faite, il y a cinq ans, aux environs de Koumac.
Au fond d'un trou de quelques mètres de profondeur creusé
an pied du massif aerpentinenx du Piton de Pandrjp, au
milieu des schistes serpc;ntineus, c'est-h-dire au milieu des
prodtritB serpentinens laminés qui se rencontrent au contact
des péridotites et de leur soubassement schisteux, on a
trouvéfortuitementde l'eau recouverted'une légère couche
d'bnfle minérale; en creusant un peu plus profondément,
on a découvert de petites Assures du terrain d'oii suin-
tait un peu d'huile. Le puits de 7 mètres de profondeur
qaî aTait été ainsi foncé s'étant rempli d'eau, on entreprit
de pratiquer une tranchée pour l'assécher, mais ce
travail n'a pas été terminé; on a en outre commencé,
dans des conditions ot il ne pouvait aboutir à rien, on son-
dage arrêté après un très petit nombre de mètres. Au-
jourd'hui le puits est plein d'une eau h la surface de la-
quelle se montrent des pellicules huileuses émettant une
odeur très caractéristique ; autant les matières qui re-
posent an fond du puits, on voit s'élever quelques bulles
d'huile.
Cette hmle est nn liquide d'une couleur jaune brun et
d'une odeur forte; elle brûle facilement lorsqu'on en
imprègne une mèche ou un papier. Eiaminéo par
M. Moore, elfe a été reconnue comme ayant une den-
sité de 0,93; distillée à 400 degrés, eUe donne 80 0/0
dlmile lourde de densité 0,9^8, et elle ne fournit aux tem-
pératures inférieures que fort peu d'huile lampante. TeDe
qu'elle est, elle constitue une huile très lourde (elle le
serait peut-être moins un peu plus loin de la surface),
bonne seulement comme hnile de graissage, nsage pour
bï Google
414 RICHESSES UINÉaALES DE LA NOOTBLLB-CALÉDONIB
lequel elle a, parait-il, été essayée avec succès, ou peut-être
pour l'éclairage avec des lampes spéciales (type Wells},
ou encore pour le chauffage des chaudières avec de
bons pulvérisateurs. Malheureusement, après uue cons-
tatation aussi intéressante tl n'a rien été fait pour recon-
naitre le gisement.
El) terminant la revue que nous venons de faire des
gisements de minerais métalliques et de produits miné-
raux divers signalés jusqu'ici en Nouvelle-Calédonie, nous
ne pouvons que déplorer que beaucoup de ces gisements
n'aient pas été étudiés et explorés d'une façon suffisamment
avisée ou suffisamment complète, et que plus nombreni
encore soient ceux qui demeurent pratiquement complète-
ment inconnus. Trop de gens en effet savent profiter des
imperfections du régime administratif des mines de la
colonie pour accaparer les gisements sitât signalés,
sans autre but que la spéculation : k peine une consia-
tation de quelque intérêt a-t-eUe été faite, et a-t-elle été
suivie dç quelques semblants de travaux de recherches,
qu'une concession est demandée sur le gisement, puis
accordée par l'administration, surdes étendues de plusieurs
dizaines d'hectares, lorsque ce n'est pas sur des centaines,
autour du point ob avait eu lieu une maigre constatation.
Dès lors ceux qui sont ainsi devenus propriétaires du gise-
ment, et qui ne disposent souvent pas de la moindre res-
source pour y poursuivre les recherches utiles, se gardeul
do l'explorer, mais ils en empêchent toute exploration par
des tiers, attendant simplement quel'on vienne leur acheter
h un prix considérable uue découverte, sans doute intéres-
sante, mais dont personne ne peut en l'état escompter la
valeur.
Avec un régime minier différent, il ne nous paraît pas
douteux que depuis longtemjis des chercheurs, encouragés
par la perspective de l'obtention de coucessious si les
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 415
gisements se montraient utilisables, auraient entrepris
des recherches pour éclaircir quelques-unes des ques-
tions posées par les découvertes que nous avons signalées,
et dont la solution dans un sens favorable pourrait éven-
tuellement avoir un grand intérêt pour la colonie.
bï Google
CfJfQCrftBE PARTIE.
LIS fflSHfBMtB HOVILIiffiS.
Bien que n'ayant jamais été exploitée et bien que la
question de son utilisation industrielle passe encore pour
douteuse aux yeux de bien des gens, la houille est celle
des richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie qui a
été connue la première, avant été signalée dès avant la
prisede possession. Les terrains qui contiennent les couches
de houille s'étendent en effel, pour une grande pai^
lie tont au moins, dans des régions c6tières d'un accès
relativement aisé; ils se développent en particulier à
très peu de distance de Nouméa, et là ils ae signalent
même à l'attention d'une façon toute particulière par la
bande noire que les couches de charbon tracent sur cer-
tains escarpements abrupts. L'existence du combustible
minéral ne devait donc pas rester inaperçue des pre-
miers explorateurs, et c'est ce qui n'a pas manqué de
se produire; mais longtemps on s'en est tenu àcette simple
constatation, et les travaux de recherches qui ont été
entrepris plus tard sur différents affleurements n'ont
jamais été poussés avec assez de suite et de méthode
pour permettre aujourd'tini de porter un jugement défi-
nitif sur une question dont la solution présenterait
cependant un intérêt des plus sérieux pour notre colonie.
Sons résumerons ci-dessous les observations que nous
avons pu faire par nous-même au cours de la visite des
principaux gisements qui ont été signalés, nous les com-
pléterons à l'aide de quelques résultats que l'on pent
considérer comme acquis par les constatations et les
travaux faits autrefois, et nous chercherons k en dégager
les conclusions pratiques que l'on est en droit d'en tirer
dans l'état actuel des choses.
bï Google
CHAPITRE PREMIER.
INDICATIONS OÊHËRALES.
A. — AOB DES C0CCHE8.
Les couches auxquelles la houille est associée en
NouveUe-Galédonie sont constituées, comme dans la
plupart des bassins houillers connus, par des alternances
de schistes et de grès : ces formations paraissent appar-
tenir à la partie supérieure de la série la plus récente
des formations sédimeiitaires quelque peu développées de
la colonie, c'est-à-dire au crétacé. Rapportées d'abord au
lias par M. Garnier{*), d'après trois espèces de coquilles
fossiles, recueillies d'ailleurs presque toutesdanslesscbistes
feldspathiquessous-jacentsàlaformation houillère, et cod-
sidérées comme secondaires par M. Heurteau("), qui
acceptait la détermination de M. Garnier, tout en présumant
leur contemporanéité plus ou moins complète avec les for-
mations à charbon de la province de Nelson, district de
Westport (côte Ouest de l'île méridionale de ta Nouvelle-
Zélande), les couches de houille do la Nouvelle-Calédonie
ont ensuite été reconnues comme appartenant au crétacé
à la suite de l'examen, fait en 1889 par M. l'Inspecteur
général des Mines ZeiUer{"*), d'un certain nombre d'échan-
ttlIODS de plantes fossiles venant du gisement des Portes-
(•) Loc. et/., p. *6.
{") Loc. cil., p. *!3.
("*} R. ZiiLLEH, yole tui- quelques empreintes végëtalee des couches de
chai-bon de la NouoelU-CaUdonie [Bulletin 'le la Société géologique
de France, 3- tCric, t. XV[I, p. il3-tt6 ; ISSS).
bï Google
418 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBU.B-CALBDOMIE
de-Fer ; parmi ces plantes se trouvaient de aombrenx frag-
ments de feuilles de dicotylédones (Ctn/uimonum, et sans
doute aussi Sassafras et Ainites) qui ne paraissent pas pou-
voir être antérieures au crétar^, en mftnie temps que des-
folioles de Podozamites et un ramule de Podocarpiui»
{Porfocorpî«»i/fn«t/oft«»i du charbon crétacéde Nouvelle-
Zélande) appartenant au crétacé. Cet examen a d'aîlleui^
été complété par celui qu'a fait en même temps M. l'in-
génieur en Chef dos Mines Douvillé de coquilles fossiles
recueillies dans le terrain houiller de la région de Moin-
don, coquilles comprenant un gastropode du genre Baiitke-
nia caractéristique du crétacé supérieur de nos régions et
un cardium du groupe dn Cardium Dnbuchcnse. Ce*
couches ont dès lors été considérées comme contempo-
raines des formations à charbon néo-zélandaises qui sont
classées dans le cTétacéo-tertiaire de J. Hector. C'est ea
les rapportant k cet &ge que M. Pelatan les décrit (*}.
H. Pîrontet(") les attribue au Gault et au Oénomanien
inférieur, il y signale Ae^ Holcostephanus , des BactUites,
quelques Desmoceras, des fragmenta d'Acanthoeeres et
de nombreux lamellibranches, Carditim, CrassaieHM,
Panopea, Venus, Dosinia, etc Les rares échantilkn»
qne nous avons pu rapporter à la enûte de nos visites sur
des travaux presque tous abandonnés depuis longtwnps,
et les observations que nous avons pu faire paraissent
confirmer cette détermination de l'ftge de la houille calé-
donienne. Comme restas de plantes, nous n'avons rien
pu recueillir qui pût être déterminé et foomir quelque
îiidication nouvelle sur ia flore; comme coquilles fossiles,
l'examen que M. l'Ingénieur en Oief Doovillé a Wen
voulu faire des échantillons en mauvais état, prorenut
de ta Nondoué, que nous lui avons présentés, lut a fait
bï Google
liBS Q18EMEMTS HOtlILLEBS 419
rapporter ; les unes aux espèces qu'il avait déjà déter-
minées en 1889, à savoir Hantkenia dans les schistes
houillers, Cardium d'apparence tertiaire {?/) dans les
grès arénacés associés, et les autres, provenant des
schistes houillère, à des i4nomtes(') (crétacé ou tertiaire)
et {pour des formes analogues à celles qui avaient été
autrefois déterminées comme Nncules du lias supérieur)
&des Cyrena qui, faute de détermination d'espèce, ne
peuvent fournir d'indication sur l'âge des couches.
D'autre part, les observations sur le terrain confirment,
sans cependant fournir de preuves absolues qui ne pour^
raient guère être tirées que d'une étude stratigraphique
de détail, étude particulièrement difficile dans ces régions,
que les couches de houille paraistient presque partout
couronner la série sédimentaire et être recouvertes par
les serpentines; c'est nettement le cas au mont Dore,
dans la vallée de la Dumbéa, à Voh, etc..
Ces couches seraient donc bien d'Age crétacé supérieur
et, par suite, plus ou moins exactement du même âge que
celles do Westport (Nouvelle-Zélande); de cette proxi-
mité, et peut-être même de cette identité d'âge de deux
bassins éloignés, rappelons-le, de près de 2.500 kilo-
mètres, il ne faudrait pas conclure, comme on a voulu le
faire parfois, à l'identité des foi-mations géologiques, et
par suite h l'analogie de richesse des bassins (**). Rien
(*} L'échanlillon cpii a donné lieu a cette dâlermiuaiioa eit celui qui
avait été dénommé Produclu*, au mutiée di; Nouméa, ce qui avait con-
duit quclquei perflonnes & considérer les couches de houille coireapon-
daiktM comme étaot d'Age primaire, ige qu'il ae peuIpluiMre ^«estioB
de leur attribuer anjounThui avec la eoDuaissance que l'oa a, tant des
fosslletqui g'yrencontrent, que delà itratigrapbie générale detoeolonie-
(**) On sait en eCTet combien on peut cooilater en Barope de difé-
renoes, cotnme couditioni de giienaent, comme nature des charlMDs,
comme puiteanee relative dea formationf «térilei et dei conchee da
boullten elc..., entra de* boMias hcmlllen séparés par ^ueique* can-
taiaes de kilomètre* MBleatent, et dont let Ages ne présentent parfoia
que dea différencea peut-6tra moins importanlea (autant ([n« r«n peut
bï Google
420 RICHESSES MINÉRALBS DE LA NOUVBLLE-CALBDONIB
ne se montre en effet plus dissemblable que ces deux bas-
sins aux. yeux de celui qui examine d'un peu près le
charbon et ses conditions de gisement, d'une part sur la
côte occidentale do l'Ue Sud de la Nouvelle-Zélando, et
d'autre part en Nouvelle-Calédonie ; tout les différencie : la
nature même du combustible, qui présente ici un caractère
bitumineux tout k fait spécial, et qui offre au contraire dans
notre colonie une analogie d'aspect très marquée avec les
charbons de nos pays ; le mode de gisement, comportant
ici des masses puissantes, plus on moins lenticulaires, et
là au contraire des couches plutôt minces d'un caractère
nettement sédimentaire ; enfin les terrains encaissants,
constitués d'un côté presque uniquement par de gros bancs
de grès dur, cristallin, vert et brun, tandis que de l'autre
ils présentent l'alternance habituelle de grès et de schistes,
grès arénacés aux couleurs bariolées jaune clair, rose,
lilas, schistes friables noirs ou gris plus ou moins argileux
ou micacés.
Il faut moins encore songer aujourd'hui, comme on l'avait
fait autrefois (*), à rapprocher les charbons de notre colo-
nie de ceux de la Nouvelle-Galles du Sud, qui en sont éga-
lement très différents comme mode de gisement, et qui
sont définitivement rapportés à la période permo-carbo-
nifère. M. Heurteau indiquait enfin {") leur cent emporanéité
plus ou moins complète avec ceux de l'Etat de Victoria
(Australie) ; bien que nous n'ayons pas visité ces derniers
gisements, qui sont de l'époque de l'oolithc, nous pouvons
«e r»ire une notion exacte de l'importance de la différence d'Age étt
[ormationi géologiques successÎTes) que celle qui peut exister eotre
les formations & charbon néo-iélandaiaes et néo^alédoDienDes mal-
gré la coexistence dans ces deux groupée de rannations de deux on
trois espèces de plantes ou de coquilles ToBsiles. Ou sftil même que des
assises rigoureusement contemporaines peuvent être en certains poinla
très riches en excellent charbon et a quelques centaines, ou même ■
quelque* ditatnes de kilomètres plus loin, pratiquement inexploitables.
OGahmib, loc. cit., p. U.
(**) toc. fi/,, p. *I4.
bï Google
LES OISEUENTS H0C1LLER3 421
affirmer que ta nature même des charbons de ceux-ci, qui
se rapprochent des iignites bruns, est toute différente
de la nature do ceux de notre colonie, et nous ferons en
outre remarquer que la distance qui les sépare de la
Nouvelie-Calédonie (qui n'est pas de moins de 2.500 kilo-
mètres) rendrait nue aasimilatiou tout aus»i hasardée que
pour la Nouvelle-Zélande.
II nous reste encore un mot à ajouter au sujet de
cette question <le l'âge de la houille néo-calédonienne :
en présence des déterminations divergentes en appa-
rence qui ont été faites des fossiles qui y auraient été
trouvés et de la richesso en matières volatiles extrême-
ment variable des échantillons de charbon provenant de
divers points de la colonie, on pourrait penser que les dif-
férentes couches de houille ne sont pas toutes de mètneàge.
Rien n'autorise, à notre avis, une telle hypothèse ; tout
d'abord, les fossiles déterminés comme infra-liasiques par
M. Munier-Chalmas {in Gamier) provenaient des schistes
feldspathiques sous-jacents aux couches de houille et
peuvent par suite être d'un ftge très différent ; d'autre
part, les déterminations des coquilles de Moindou et des
plantes des Portes-de-Fer tendent à faire rapporter au
même âge deux gisements éloignés de plus de 100 kilo-
mètres, tandis que le seul fossile attribué au lias prove-
nant de la houille, et qui a été déterminé (') comme
Niicula Hammeri, a été recueilli à Koé, c'est-à-dire à
quelque 10 kilomètres à peine des Portes-de-Fer, et
plus près encore de la Nondoué d'où proviennent les
quelques échantillons que M. Douvilié a rapprochés de
ceux de Moindou qu'il avait déterminés dans le temps.
Nous ajouterons enfin que, sur les 290 kilomètres sur les-
bï Google
4âS RICHESSES MI5ÊEALES DE LA NODVBI.LB-CALÉDONIR
quels s'écheronnent lea affleurements houillers néo-
calédoniens, ïe faciès àa terrain qui lea contient ne rarie
guère, caractérisé toujours par l'aspect toat spécial des
grès arénacés que nous décrirons ci-dessous ; et si la nature
du charbon se montre très variable d'un point à un autre,
c'est d'une façon tout à fait irrégulière, et cela est très
certainement dû à des circonstances purement locales. Nons
croyons donc pouvoir regarder comme établi aujourd'hui
que l'ensemble de la formation houillère de notre colonie
est d'âge crétacé 3upérieur(*) ; nous tenons à ajouter que
cela ne comporte pas, a priori, une condamnation de la
qualité de ce rharbon : longtemps on a pensé que seuls
les gisements remoiitnnt aine époques primaires pouvaient
contenir de bous charbjns, complètement formés, et que
les charbons plus récents n'étaient nécessairemcat que
des lignîtes, ou des charbons du même genre, de qualité
médiocre ; cela était en effet le cas dans la plupart des
gisements d'Europe, et en différents points de l'Asie oii
les charbons indiens, japonais, etc., rapportés au juras-
sique ou an crétacé, sont de qualité inférieure ; mais on a
reconnu aujourd'hui qu'il n'y a pas là une loi générale,
surtout pour des régions très éloignées des adtres : on
exploite déjà des charbons infra-liasiques ou liasiqaes de
très bonne qualité, à 70 ou 80 p. 100 de carbone flie, à
Funf-Kirchen en Hongrie et à Steierdorf dans le Banat;
et en Amérique du Nord, où bon nombre des meilleurs
charbons sont dâge primaire, on connaît cependant, dans
l'Ouest et en Colombie britannique, des houilles crétacées
qui passent pour très bonnes ; eniîn en Australasie les char-
bons crétacés du district de Weatport (Nouvelle-Zélande)
sont plus appréciés même que les charbons de l'époque
(*) M. Piroulet signale cependant, sans en préciser le gisement,
des couche» charbon ne uies dans ttofra-crétacâ ; noua ne pcDson* pM
quelles appartiennent à la véritable formation houillère su sc«ptib)a
d utilisation induatrifills '
bï Google
LES QISBMRNTS HOUILLERS 423
permo-houillère de NewcasUe (Nouvelle-Galles du Sud).
D'ailleurs la qualité intrinsèque des échantillons bien purs
du charbon calédonien parait être parfaitement bonne ;
les différentes analyses publiées y indiquent des teneurs
-en matières volatiles variant de 6 à 7 p. 100 jusqu'à
36 et 37 p. 100.
B. — Description d'ensemble de la formation houili,èhe.
Gomme l'ont fait connaître les différents auteurs qui
ont écrit sur les formations houillères de la Nouvelle-Calé-
ilonie, celles-ci succèdent à une puissante formation
schisteuse, décrite par M. Gamier comme constituée
par des schistes feldspathiques, et que M, Heurteau ca-
ractérise tantôt par le même terme de schistes feldspa-
thiques qu'il qualifie en outre métamnrphisés (gisements de
la Dumbéa), et tantét par celui de schistes argileux et mar-
neux plus ou moins altérés (gisements de Moindou). M. Pela-
tan les sépare en deux groupes : le plus puissant appartenant
au trias, et l'autre au jurassique dans lequel il distingue
•des schistes ferrugineux et des schistes siliceux en pla-
■quettes, caractérisés les ims et les autres par des fossiles
Kasiques. Tous ces auteurs s'accordent pour signaler la
présence, en relation étroite avec ces couches, de raéla-
phyres et de tufs mélaphyriques antérieurs aux formations
houillères, ainsi que de porphyres qui paraissent bien au
contraire leur être postérieurs. En fait, partout oii nous les
avons observés, les gisements houitlers reposent en
discordance plus ou moins nette sur les scliistes feldspa-
thiques en gros bancs qui paraissent caractériser le trias
néo-calédonien, et le plus souvent on peut observer entre
-cette formation et celle des terrains houillers proprement
dits d.es couches partiellement schisteuses, plus ou moins
métamorphisées par des circonstances locales dont les
venues de roches éruptives sont certainement les plus
bï Google
424 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOnVBLLE-CALÈDOKtB
importantes ; ces formations correspondent, comme l'in-
dique la faune, soit au lias, soit au jurassique supé-
rieur ; leurs caractères sont assez variables en raison
de ce métamorphisme plus ou moins accentué et leur
détermination certaine ne peut être faite qu'à l'aide des
fossiles là oii il s'en rencontre.
Beaucoup plus nets sont au contraire les caractères litho-
logiques des terrains qui contiennent la houille, lesquels sont
d'âge crétacé, comme nousl'avons dit :suivantles descrip-
tions assez concordantes des différents auteurs que nous
avons eu à citer déjà, et suivant nos propres obser-
vations, cette formation crétacée comporte générale-
ment : à la base, des grès grossiers, passant parfois
aux poudingiies, mais dont l'aspect et l'importance n'ont
rien de commun avec ce que nous connaissons à la base
de nos bassins houillers à caractère lacustre du Centre de
la France ; puis vient une puissante formation de gré»
arénacés à ciment feldspathîquo et à coloration vive,
dans lesquels s'intercalent d'une part ({uelqucs couches
d'argile violacée et d'autre part des bancs de schistes ar-
gileux à grain fin, bien lîtés et fissiles, de couleur noire
ou gris foncé, souvent micacés, accompagnés, presque
partout oii nous les avons vus, de couches ou de filon-
nets charbonneux, et constituant les roches encais-
santes, toit et mur, de la plupart des couches de
houille. On ne trouve qu'exceptionnellement des grès
gris ou noirâtres comme il s'en rencontre dans beaucoup
de bassins houillers.
De cette formation, la partie la plus puissante est cons-
tituée par les grès arénacés dont le faciès se montre,
comme nous l'avons dit, très constant d'un bout à l'autre
de la formation houillère de la colonie; tantôt blancs, plus
souvent teintés de jaune, de rose, ou môme de lilas, par
l'effet de l'oxydation due à l'air des concrétions ferru-
gineuses qui s'y montrent généralement avec abondanco,
bï Google
LES dlSEHEN'TS HODILLBES 425
ils forment (les lignes de collines présentant d'un côté une
pente plus ou moins douce suivant les bancs et de l'autre
un escarpement assez raide recoupant ceux-ci. Ces ea-
carpemonta, toujours <lénudés en raison du caractère par-
liciilièremcnt friable de cette roche à ciment feldspathique
kaotinisé, offrent un caractère, et surtout une coloration,
tout à fait particuliers qui permettent de les distinguer
de loin au milieu du reste du paysage très verdoyant.
Cela est si marqué que celui qui, parcourant la colonie,
s'élève de distance en distance sur les sommets qu'il ren-
contre, peut assez exactement reconnaître de loin les
régions où il y aura lieu de rechercher le charbon, et
uième tracer sur une carte géologique l'étendue du ter-
rain houiller. C'est là une observation que nous avons ré-
pétée bien souvent entre Koumac et Nouméa, et qui ne
nous a jamais trompé, crorons-nous, car nous avons été à
même d'en vérifier bien souvent l'exactitude.
Ces grès sont caractérisés par la présence de quelques
fossiles mal conservés parmi lesquels dominent des moules
de Cardium qui doivent les faire rapporter, tout comme les
schistes houiUers et la houille, au crétacé supérieur.
Kn quelques points cependant, ces grès changent de
caractère ; c'est ce que nous avons obsen'é avec netteté
au contact immédiat de la serpentine dans la partie sep-
tentrionale du bassin de la Dumbéa, ainsi que nous l'indi-
querons en détail à propos <le ce bassin.
Au milieu de ces couches sont intercalés soit des filets,
soit des couches de charbons qui doivent être qualifiés
houille dans l'ensemble; les échantillons que nous avons
recueillis se classent tantôt dans les houilles maigres,
tantôt dans les demi-grasses et tantôt dans les houilles
grasses passant presque au lignite; ils ont tous l'aspect
briUant, la cassure prismatique, et la coloration d'un noir
franc des véritables houilles. Cependant, en plusieurs
bï Google
436 RICHB88B8 MINERALES DB LA HODVtLLE-CALBDONlB
points, te charbon eat très pauvre en matières Tt^lilM
«t Se range, ou k peu près, dans lee anthracites; c'est k
cas d'une partie des gisements du Mont-Dore, àa ceux
des Bruyères (Col de Tongoaé), d'Yahoué, et de Koé,
d'une partie de ceux de Moindou (Couche Levai), dei
affleurements de Voh, etc.
Bien qu'il soit fréquent que dans un même bassin les dif-
férente» couches superposées rontîennent des proportitas
*rè8 variables de matières volatiles et fournissent toutes
les sortes de charbon depuis ceux qui sont anthraciteux
jusqu'aux plus gazeux, on peut se demander s'il en est
bi«i de même en Nouvelle-Calédonie, surtout dm»
■des bassins aussi étroits que ceux qui s'y rencontreat
■et dont les couches sont aussi évidemment toutes (hi
même âge, et s'il ne faut pas plutôt attribuer la paa-
'Treté en matières volatiles de certaines couches, ou de
-certaines parties de couches, qui se trouvent être préei-
sèment toujours très voisines de massifs de roches énip-
tives plus récentes, à l'influence de celles-ci, de mtae
que l'on connaît plus d'un exemple de couches de houîfl»
traversées par des basaltes et transformées en anthra-
cite au voisinage de ceux-ci.
Notons enfln qu'inversement les charbons de la mon-
tagne de Moméa se classent à ta limite îles lignites et
des houilles sèches.
C. — Extension db la foruation houillère.
L'extension exacte de la formation houillère ne peat
pas encore être considérée comme bien déterminée, et
nous n'avons pas eu te loisir de nous attacher à en fii«"
les limites, bien que l'aspect des grès arénacés qui
accompagnent toujours le charbon doive beaucoup faci-
liter cette détermination, ainsi que nous l'avons indiqu*'
bï Google
LES OlSBHIUfTS HODILLBftS 4S7
"Si l'on consulte la carte géologique de M. Pelatan, on y
Toit, figuré approximatÏTement par une même teinte
*rune(*), l'ensemble des formations jurassiques et créta-
«éee, qui, d'une part, ne sont pas toujours aisées à dis-
tinguer avec précision des schistes Ijasiques sous-jacents,
-et qui, d'autre part, comprennent non seulement des
lambeaux, généralement restreints, de lias et de juras-
sique supérieur stériles, mais encore d'importantes masses
■értiptives. Si l'on voulait donc, par l'inspection de cette
«arte, se faire une idée de l'étendue des formations dans
lesquelles on a rencontré, ou peut espérer rencontrer, le
-charbon, on s'exagérerait l'importance des richesses qui
peuvent exister dans le sol de la colonie, et cela d'autant
plus que les assises contenant le charbon sont les plus
récentes des assises sédimentaires et ne peuvent donc pas
se prolonger sous d'autresterrainsquilesrecouvrîraient(**).
Nous ne pensons pas d'autre part, encore que la chose soit
théoriquement possible, qu'il faille espérer que les couches
-de bouille se prolongent d'une façon sérieuse sous les
massif de serpentine qui, en bien des points, viennent se
jK>ser sur le sédimentaire, et surtout qu'il paisse exister
Au-dessous de ces massifs des réserves pratiquement
-exploitables.
Nous ne saurions donc accepter l'évaluation de M. Pela-
tan, qui estime à plus de 1.200 kilomètres carrés l'éten-
-<hie de la formation houillère calédonienne. Nous rappel-
lerons d'ailleurs qu'il ne faut pas nécessairement une
"telle étendue de terrains houiliers réellement riches en
charbon pour constituer un important bassin, susceptible
■de fournir une production considérable : le seul bassin
(*) Nous xoDi reprodait ees indicatiuaD sur la fig. 2 de la PI. 1.
[") NouB écartons ici implicitement l'hypotliëse de renversements
complets des couctaeg ou de charriages, eirconstanses qui pourraient
Hos doute K présenter dans un pays accidenté comme l'est la Nau-
Telle-Calidonia, mais qui ne semblent cependant pas jouer dans sa
itîctonique un rôle important.
bï Google
428 RICHESSES MINÉRALES DE lA NODVELLE-CALÉDONIE
houiller de la Loire, avec sa superficie de 500 kilomètres
carrés, a bien déjà produit près de 200 millions de tonnes
de bouille et en produira sans doute encore pendant
de longues années près de 4 millions par an. Mais les
terrains houillers de la NouTelle-Calédonie sont-ils réelle-
ment riches ? Telle est la question que nous aToiis à exa-
miner.
Quoi qu'il en soit, les terrains crétacés dans lesquels se
rencontre la houille s'étendent le long de la côte Ouest
depuis le Mont-Doro jusqu'au pied du mont Kaala, soit sur
290 kilomètres de longueur à peu près ; ils se prolonge-
raient même, suivant M. Garnier, jusque dans la vallée
du Diatiot, mais personne, à notre connaissance, n'a con-
firmé l'indication, d'ailleurs très vague, de M. Garnier, et
nous pensons qu'elle doit être ternie pour eironée. Les
assises de cette fonaatinn crétacée ont une direction
générale S. E.-N. 0. et paraissent avoir un pendage pré-
dominant vers le N. E. Bien que, comme nous l'avons dit.
le groupe (les terrains jurassiques et crétacés que nous
avons représentés ensemble sur la fig. 2 de la PL L
représente plus que l'ensemble des terrains houillers, ïes
grès aréiiacés, qui sont partout caractéristiques de l'otage
à charbon, se montrent en un grand nombre de points de
ta longue bande que nous avons figurée ; nous les
avons observés personnellement à Koumac, à Voli, i
Pouembout, en arrière de Poya, à Moindou, à La Foa, i.
Tomo, à Païta, dans le bassin de la Dumbéa, et au Mont-
Dore-. Enfin le charbon lui-niénio a été signalé, dans des
conditions qui ne nous paraissent pas appeler le doute,
aux. différents points suivants : à Voh, au pied du moni
Katepoinda, à Moméa, à Moindou, à La Foa, à la Ouenghi.
à Saint-Vincent, à Païta, à la Nondoué, à la Dumbéa, à
Nouméa, à Saint-Louis, au Mont-Dore et à Tiloi N'dé.
Nous en avons nous-méme constaté la présence dans
ia plupart de ces points.
bï Google
LES GISEMENTS HODILLERS i29
Nous avons reporté les diverses indications que nous pos-
sédons à ce sujet sur la carte minière ci-jointe de la colonie
{fig. 2 de la PI, I); nous y avons tout d'abord reproduit les
indications (légèrement corrigées grâceànosobsen'ationa
personnelles) de la carte géologique de M. Pelatan rela-
tivement à l'extension des terrains jurassique et crétacé;
nous y avons en outre indiqué les différents points oh
l'on a constaté l'existence du charbon ; enfin nous j avons
reporté l'ensemble des étendues couvertes par des con-
cessions, des demandes de concessions, ou des périmètres
de recherches pour bouille (") \ nous rappelons d'ailleurs que
l'existence de ces différentes concessions, demandes, ou
périmètres, ne peut constituer qu'une présomption de la
présence d'affleurements de combustible minéral sur tout
ou partie de ces étendues, et non pas du tout une preuve
de son existence, et qu'inversement quelques gisements
découverts, et même partiellement explorés naguère, ne
sont plus compris aujourd'hui dans de tels périmètres.
/>. — Historique des gisements hocillers
DE Nouvelle-Calédonie.
Avant de donner des indications de détail sur les diffé-
rents gisements houillers, nous indiquerons encore som-
mairement l'historique de la découverte et de la recherche
du charbon en Nouvelle-Calédonie.
Dès avant l'occupation de la Nouvelle-Calédonie par la
France, le Père Montrouzier, l'un des missionnaires qui
s'y sont succédé à partir de 1843, déclarait avoir trouvé à
. 13 conceuions de mines de houille
[ portant sur 2.857 hectares
1 5 demandes de concesEtona dé
(•) Il exjftait 1 mine* de houiUe portant sur. 3.7S7
•u 30 juin 1902 \ % périmètres de recherches de
I houille portant sur 50.S92
\ Soit un total de 07.536 hectares
bï Google
430 RICHESSES MINiKAUtS DK LA NODVKLLE-CAI^DONIB
Koumac « une mine de cuivre, des traces do fer et de-
charboD, et une source iuin{r«le ». L'indication raUtive
au chai'boa se rapporte TraisemUablement au massif de
grès bouiller dont nous avons constaté l'existeace u
pietl du mont Kaala à 12 kilomètres de Koumac; nous
n'avons pas conoaissanceque personne, depuis le Père Mon-
trouzier, y ait signalé la pi-ésence du charbon.
La houille ne devait d'ailleurs pas tarder à être recoB-
nue avec beaucoup plus de certitude dans la baiede Bou-
lari, au voisinage immédiat de Nouméa, oit un affleure-
ment apparaît sous la forme d'une bande noire à mi-hauteur
de l'escarpement rocheux que forme auprès de la cAto
l'Ilot N'dé, appelé depuis « Uot au charbon ». Un premier
essai d'utilisation pratique de ce combustible eut lieu
peu de temps après : l'aviso de l'Ëtat le Prony embarqua
UD peu plus de 2 tonnes de charbon abattu sur l'affleure-
meut de cet Jlot et fît de ce combustible, évidemment
altéré par nue longue exposition à l'air, un usage buCB-
sammetit utile pour que le fait ait été signalé au ministre
de la Marine afin d'appeler son attention sur l'existence
dans la colonie d'une richesse peut-être utilisable.
Ces affleurements ne furent pas d'ailleurs sans teoter,-
au moins momentanément, quelque chercheur, puisqu'on
1858 une concession de 500 hectares fut instituée sur les
gisements du Mont^Dore ; mais, en 1862, la déchéance du
concessionnaire, fut prononcée par arrêté du gouvemeuTr
en raison de l'insuffisance manifeste et de rabamioa des
travaux.
Ce n'est qu'en 1863-65 qu'unepremièreétudesommûre'
des gisements houiliers alors connua dans la colonie fut
faite par M. Garoier; cet ingénieur examina successive-
ment les gisements du Mont-Dore et de la Kaie de Boulari,
ceux de Koé etdu bassin de la Dumbéa.et ceuxdeMoînaou;.
il mentionna en outre la prolongation dn bsesin houiller de
Nouméa jusqu'à Saint- Vincent, signala la réapparition du.
bï Google
LES eiSEBUiNTS HOOIUJAS 43^
charboa dans la vaUé* de la Ouenghi et indiqua eit&i so»
existence dans la vallée dn Diahot ; cette dernière obeerva-
tton psra!t, comioe noua l'aTonsdit, f^t sujette à caution.
Un seul des fpBeoients a été décrtt par lui avec ^nelques-.
détails, c'est le gisement d'anthracite du Karigou, sur
lequel il Ht pratiquer quelques travaux, fort restreints
d'ailleurs, et dont il signala rirrégolarité on même temps
que l'impureté du charbon. La conclusion de cette pre-
mière étude fut nettement défavorable, du moins en ce
qui concerne l'ensemble des gisements situés entre le
Mont-Dore et Siùnt-Vincent ; <> la conséquence fatale de
ces faits, disait M. Garnier('), est que l'on doit actuelle-
ment abandonner en Nouvelle-Calédonie l'espoir de ren-
contrer une houille exploitable ».
C'était généraliser, peut-être bien h&tivement, les con-
clusions tirées de travaux fort restreints poursuivis sur
un seul affleurement, qui était, il est vrai, celui d'entre
les affleurements de la région de Koéqui avait paru avoir-
la plus belle a]^>arence.
Anasi, dix ans après, M. Ueurteau, envoyé en mission par
M. le ministre de la Marine et des Colonies, pour étudier
les richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie, ne s'en
tbt-il pas à ce jugement sommaire, et ne manqua-t-il pas
d'examiner avec une attention parUculière les gisements
houillers alors connus (baie de Boulari, vallée de la Dum-
béa, et Moindou), et même de faire faire quelques travaux
de rectmnaissance sur ua groupe nouveau que l'on venait
dedécouvrir près de Moindou.
Le résultat de ses observations et de ses recherches
ast consigné dans son rapport, que nous avons déjà eu
l'ooeasion de citer si souvent, et qu'il termine ainsi (*').
« Nous estimons donc en résumé : en premier lieu, qu»
(*) loc. cit., p. M.
{'*) HnmTMD, lac. cit., p. Hi.
D.D.t.zeabï Google
432 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
la possibilité d'exploiter les gisements de charbon en
Nouvelle-Calédonie, et particiiUèrement sur le territoire
d'OuaraO (région de Moindou), est subordonnée aux
résultats de travaux de recherches à entreprendre sur
les points que nous avons désignés, résultiits que rien ne
permet actuellement de prévoir ; eu second lieu, qu'en
supposant les circonstances les plus favorables, l'exploi-
tation du charbon en Nouvelle-Calédonie serait une entre-
prise des plus aléatoires. La Nouvelle-Calédonie contient
des gisements de charbon étendus, c'est un fait acquis.
Mais, en admettant que ces gisements soient de bonne qua-
lité, et assez réguliers pour donner lieu a une exploitation
entreprise dans dos conditions favorables, ce que nous
ignorons encore, on doit les considérer comme une
réserve ijonr l'avenir plutôt qne comme devant faire
l'objet d'une exploitation immédiate. »
Sinousteuonskcitertontaulongcesconclusionsc'est que,
bien que vingt-sept ans se soient écoulés entre le moment
oii M. Heurteau a visité les gisements houîllers de notre
colonie et celui oii nous les avons examinés nous-mème,
nous sommes amené presque exactement aux mêmes con-
clusions que M. Heurteau, et que les questions à la solution
desquelles il snbordonnait son avis n'ont pas été depuis
lors suffisamment éclaircics pour nous permettre d'être
plus catégorique que lui dans nos affirmations.
En dehors de ces études d'ensemble, différents travaux
de recherches, consistant surtout en l'exécution de tran-
chées, de galeries, et même de petits puits, ont été poussés
depuis lors, d'une façon fort peu méthodique d'ailleurs, sur
différents gisements, tout autour de la baie de Boulari, dans
la vallée de la Dumbéa, à Païta, à Moindou, et même à
Voh; si bie» que, lorsqu'en 1885, 1886, et 1887, la com-
mission instituée par le gouverneur de la Nouvelle-
Calédonie en vue " d'étudier et de formuler un aiis sur la
valeur des gisements houîllers signalés sur plusieurs
bï Google
LES GISEMENTS HOCILLERS 433
points delà colonie », voulut remplir sa mission, elle eut à
visiter an assez grand nombre de recherches : le recuefl
des travanx de cette commission jusqu'au début de
1887 (*) ne mentionne pas nwins de 15 concessions on
gisements différents, sur lesquels quelques Touilles étaient
ouvertes ; les études de la commission, qui prescrivit
d'ailleurs des travaux d'exploration complémentaires sur
quelques gisements, n'ont abouti à aucune conclusion
bien nette et n'ont guère jeté de lumière sur la question
dans son ensemble. Quelques recherches furent, en suite
de ses avis, poursuivies en différents points ; quelques son-
dages furent même exécutés h l'aide d'une sonde au dia-
mant dont le gouvernement avait fait Vacquisition à la fîn
■de 1889, mais cet appareil a cessé de fonctionner au bout
^e peu de temps sans avoir fourni aucune indication utile;
les recherches furent alors reportées sur les gisements
de la Nondoué, récemment découverts.
Entre temps, M. Porte, pharmacien de la Marine, qui
s'était déjà activement occupé de la question de la houille
pendant un premierséjour dans la colonie, y fut renvoyé par
M. le ministre de la Marine et des Colonies à la fin de 1887
pour continuer, conformément au vœu du gouverneur et
du Conseil général de la colonie, l'exploration des gise-
ments houillers dans toute l'étendue de la colonie. Les
résultats de ses études furent consignés 'dans un rapport
au Ministre en date du 28 février 1889, et ils furent résu-
més dans une brochure publiée plus tard('*).
En 18&2, M. Pelatan consacrait, dans son étude sur les
mines de la Nouvelle-Calédonie, un assez long chapitre
. aux gisements houillers, surtout à ceux du bassin de
[*) Brochare aulographiée aux presies autogrspbiques de 1'
tratioa pénitentiaire i Hontravel (18B7),
(**) NotmtUM rteherehti tur les giittntnU houUltis dt la Nouvelle-
Calidoni*, pu M. A. Porth, pharmacien principal de la Marine. Nou-
méa, 30 juin 1390. Imprimerie Nouméenne.
28
bï Google
434 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Nouméa, et il alioutissait k la conclusion suivante (') : >< En
résumi^ : hasKius carbonifères élciidus, affleurements nom-
breux, combustiltles de bonne qualité, conditions «l'ex-
liloitation économiquement possibles, tout concourt pour
faire augurer favorablement do l'avenir des charbons néo-
calédoniens... »
Les recherches exécutées par les soins de l'AdmiDis-
tratioii sous le contrôle de la commission des recherches
houillùres se pDursuivirent, non sans quelques interru]»-
tions, et le plus souvent avec peu d'activité, jusqu'au
début de 1896. Concentrées <lès la tin de 1890 sur les
gisements do la Nondoué, elles y avaient pris un petit
développement et avaient déjà abouti à l'extraction d'une
certaine quantité do charbun, lorsque l'ordre, venu du
Ministère des Colonies, de retirer les condamnés qui
étaient employés à ces travaux, en amena la brusqae
interruption au mois de fé^iier 1896.
Ce n'est qu'à la fin de 1901 et au début de 1902qu'uQO
nouvelle tentative fut faite pour assurer la mise en valeur
des fîisements houillers de la colonie, et en particulier de
ceux de la Nondoué, en s'adressant résolument cette fais
à l'initiative de particuliers. C'est ce qui a conduit, à la
fin de juin et au début de juillet 1902, à procéder au dé-
blajage de quelques-unes des anciennes recherches et au
débroussage des cliemius d'accès, nous permettant, lors
lie notre deuxième visite sur les lieux faite quelques jours
avant de nous réembarquer, d'examiner avec plus de profit
les nombreux affleurements do la rt'gion. D'après ce qui
nous a été dit depuis notre retour en France, quelques
travaux auraient encore été effectués après notre départ
et d'autres devraient l'être à bref délai. Nous ne iJouvons
que souhaiter qu'ils soient poursuivis avec une réelle acti-
vité et avec méthode.
(•) toc, cil., p. 8i.
bï Google
CHAPITRE II.
DESCRIPTIOH DES DIFF£REHT8 BASSINS.
Les gisements hoaillers de la Nouvelle-Calédonie sont
partagés en plusieurs bassins différents ; ce sont (voir la
yîy. Sdela PI. I):
1* Le bassin tie Nonméa, qui s'étend du Mont-Dore à
Saint-Vincent;
2* Le bassin do Moindoii, qui s'étend de la ûuenghi
jusqu'au-delà de Moindou ;
3° Le bassin de Poya, qui s'étend depuis le cap Goul-
vain jusqu'en arrière de Pouembout;
4" Une série de petits bassins isolés, à savoir les bas-
sins de Muéo, de Pouembout, de Koné, de Yoh, de
Gatope et de Koumac, parmi lesquels celui de Voh pré-
sente seul une étendue notable.
A. — Bassin db Nodmba.
Ce bassin, bien que n'étantpeut être pas le plus étendu de
la colonie, est celai qui a appelé le plus t6t l'attention
et qui la retient encore aujourd'hui le plus sérieusement:
son faible éloignement de Nouméa, en m6me temps que la
proximité dans laquelle les affleurements bouillers -ae
trouvent de la côte, l'ont fait, sinon découvrir, du moins
examiner, le premier, et la distance restreinte sur la-
quelle les combustibles en provenant auraient dû être
transportés pour parvenir au point principal d'utilisation
a longtemps fait songer k la mise en exploitation de ce
bassin, de préférence k tous autres; enfin, tout récem»
bï Google
436 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLE-CALÉDOMIB
ment, le début des travaux de la voie ferrée de Nouméa
à Bourail.dont la|»-emièrasectîondoitparpenii-à bref délai
jusqu'aux points vraisemblablement les plus riches de ce
bassin, a appelé l'attention sur lui d'une façon (oute spé-
ciale, autant en raison ilu client ét^entuel que le chemin de
fer constitue pour les combustibles à. en extraire que du
moyen de transport qu'il doit offrir h ces mêmes produits.
Ce bassin constitue l'étage, supérieur du liséré de
terrains eédimentaires qui se prolonge de Tomo au Moût
Dore, le long de la côte Ouest, entre la mer et le puis-
sant joasslfsw^ntineox du Sud de l'Ile, Ces sédiments com-
prennent à la base, c'est-à-dire le long de la côle, toute
une âérie triasique et même liasique aseez variée associée
à des mélaphyres et tufs mélaphyriquea, et, à la partie
supérieure, un lambeau crétacé ; ce lambeau présente une
certaine largeur dans la plaine de Saint-Vincent, et il se
termine vers le Sud-Est par deux pointes, l'une venant se
coincer contre le massif serpentineux du Mont Dore, et
l'autre s'allongeant dans la presqu'île de Nouméa. On
connaît dans ces deux pointes, d'une part les gisements
«le la baie de Boulari, et d'autre part ceux des Portes-de-
Fer près de Nouméa et d'Yahoué, tandis que dans la partie
un peu plus large du bassin se développent les formations
k charbon du groupe de la Dumbéa, de Païta, ctde Saint-
Vincent.
Au sujet des caractères géolopques généraux de ce
bassin nous n'avons rien à ajouter à ce que noua arons
dit en général des terrains houillers de la colonie; ce sont
d'ailleurs les observations faites sur ce bassin, qui est le
mieux connu de tous, qui ont le plus contribué à la con-
naissance de ces terrains, et il ne nous reste qu'À donner
les indications de détail qui suivent sur les différents
gisements reconnus.
* i* -Gisemvnis de ta baie 4e Boulari. — Le terrain jtotâ-
bï Google
Utt QUSMBMTS ttOGlLLEBâ 437
Iv, dont une bande étroite entoiu^e eomplètement la. bu»
de Boulari, danne lieu en différents endrrats m des
falaises ou à des escarpementa f^éaeux le Ioq^ demiaels
on voit affleurer le ch&rbon; tel est le cas, d'abwd eu
quriques points de la roule de Nouméa k la Coulée (joi
longe le rivage de la baie, puÎBlelongde la rive oneirtale
de la baie de Morari et au pied du Mont Dore, et e&ân
à l'ilot N'dé situé éfçalemeut au. pied, de ce maBsif.
11 n'a pas été institué aur cet ensemble de gisemeotB
moins de 6 concessions, dont quelques-unes oat d'ailleurs
été abandonnées ; ce sont : au fond de la baie de Boulari,
les concessions Aiigelo et Treizième ; sur le rivage (»iental
de la baie de Morari, les concessions Bulli, République et
Alpha: et enfin, à l'îlot N'dé, la concesBiou HuUa. Les
travaux faits autrefois sur quatre de ces coaceasions ont
été décrits en détail dans an rapport de la commission
des recherches houillères du 15 octobre 1885, ils u'out
été développés depuis, à notre connaissance, que dans la
concession Bulli. Dans cette dernière quelques travaux sont
re^tivement récents (ISS^-OO), et nous avon» pu ea eza-
iDiner personnellement les restes.
De l'ensemble des indications que nous avons recueillies,
il résulte que la formation bouiUëre est ici did«M(uée en
une série de lambeaux d'allure discordante ; à~la Répu-
blique, les couches plongent vers l'Ouest, â l'Angelo et à
BuÛi vers le Sud, et à l'Ilot N'dé vers le Nord; la série
assez complète de couches sédimentaires plus ancienne»
qui repose sur le granité du fond de la vallée de la Cou-
lée, et qui se trouve au mur du terrain houiller, accuse
les mêmes dislocations, montrant ici un pendage ratde
vers le Sud et là, à quelques centaines de mètres plus
loin, des couches sensiblement horizontales.
On n'est donc là qu'en présence de lambeaux épars de
la formation houillère subsistant à la suite d'accidents
orogéniques sans doute importants ; et, à défaut de plus
bï Google
438 RICHESSES M1NÉKALE8 DS LA NOCVBLLE-CALÉDONIB
amples constatations sur la continuité des couches de
combustible eUes-mèmes, on peut hardiment déclarer que
ce n'est pas là qu'il y a à espérer créer une exploitation
de quelque importance. C'est d'ailleurs la conclusion à
laquelle la commission des recherches houillères était
arrivée dès 1885, puisqu'elle déclarait ;
1' Que le terrain carbonifère qui s'étend au pied du
grand massif serpentineux du Mont Dore n'est qu'un
étroit bourrelet suivant le rivage de la mer';
2* Que les couches de charbon trouvées, au nombre de
trois, ont pratiquement peu d'étendue ;
3* Que, même si elles avaient de l'étendue, les couches
observées seraient inexploitables, à moins de grandes amé-
liorations en profondeur.
La commission ajoutait qu'en résumé le lambeau de
terrain carbonifère du Mont Dore n'offre aucun intérêt au
point de vue de l'industrie houillère.
Les caractères que présente cette formation sont les
suivants ;
Les terrains encaissants sont constitués essentielle-
ment par des grès arénacés généralement assez ferrugi-
neux, k coloration jauneorange foncée, mais dont quelques
bancs sont bleutés ; ils reposent sur les assises assez peu
dévelojjpées des schistes triasiques nettement métamor-
phiques, lesquels s'appuient à leur tour avec un pendage
très raide sur le massif granitique, très restreint d'ail-
leurs, de la Coulée.
Dana ces grès sont interstratifiés quelques horizons de
schistes noirs ferrugineux avec couches de charbon : le
nombre des couches différentes qui existent dans cette
région ne peut être fixé exactement en raison de l'incohé-
rence des différents gisements examinés ; la commission
des recherches houUlères a cru pouvoir en compter trois
distinctes. Ce qui nous paratt établi, c'est qu'il existe au
moins, d'une part, une couche assez puissante que l'on
bï Google
LES QISEMRNTS HODILLERS
peut définir plutôt comme un groupe <lc veines minces
de cliarbon séparées par des filets d'argile on do schistes
charbonneux (Ilot N'dé, mine liulii, et différents affleure-
ments brouillés sur la route de Nouméa à la Coulée), et,
d'autre part, deux ou plusieurs couches minces séparées
entre elles par des intervalles stériles importants.
Le premier aspect est celui qui se présente d'une façon
particulièrement nette à l'Ilot N'dé : ta commission des
recherches houillères y avait relevé en 1S85 les deux
coupes reproduites par les fig. 1 et 2de la PI. VI, piises
l'une à l'extrémité Est, l'autre à l'Ouest, d'une falaise de
200 mètres de longueur, le long de laquelle l'affleurement
trace une barre continue avec plongée vers le Nord. En
ce qui touche la deuxième de ces coupes, qui représente
un affleurement de 4 mètres de puissance, il est bon
d'ajouter que, d'après le texte même du rapport de la
commission, « la couche se révèle comme composée d'une
série de veines minces et fort irrégulières de charbon
intercalées entre des couches d'argile noire imprégnée
de matières charbonneuses. Les deux ou trois plus impor-
tantes veines de charbon observées n'ont pas 30 centi-
mètres d'épaisseur chacune et sont séparées par de fortes
épaisseurs d'argile « ; quant à la première coupe, elle
figure un groupe de trois coudies distinctes dont la puis-
sance totale atteindrait environ 2 uiMies à 2° ,50.
En 1875, M. Heurteau signalait à l'ilot N'dé une couche
de 6 mètres de puissance, mais cela était y compris deux
bancs d'argile ayant chacun environ 0",80d'épaifseur, Le
charbon de ce gisement se montrait fragile et très sulfu-
reux, nous n'en connaissons pas d'analysf^; c'est lui qui a
été essayé par le Prony en 18."J2.
Différents affleurements, que nous avons relevés dans
quelques tranchées de la route de Nouméa à la Coulée ou
sur des escarpements naturels qui la dominent, paraissent
présenter un caractère analogue, mais le cliarbon y est
bï Google
440 RICHESSES HIXÉRiUtB DS LA NODVBIXS-CALÈDONIE
particulièrement brouillé et sale ; on a c«pendaat extrait
de ia mine Treiziènie «les érliaiitîlloiis authraciteux "k 10
et 12 p. 100 (le cendres.
Enfin, dans la concession BuUi, on aurait, d'après
M. Porte (•), trouvé, à la fin de 1888, à 13 mètres d»
profondeur, une rouclie de 6 mètres de puissance, donnant
du charbon dont los essais et analyses ont été ■< très
concluants et favorables ». Ce charbon aurait été soumù
avec succès k un essai de consommation iodiistrielle a bord
du paquebot Océanien lies Messageries Maritimes. Trois
analyses citées par M. Porte, indiquant des teneurs en
matières volatiles très discordantes (32p. 100, 12 p. 100,
et 8,5 p. 100), laissent te doute le plus completsur la nature
de ce charbon. Une recherche poursuivie en 1890 par son-
dage à une distance de 150 mètres vers l'aval-pendage
dft cette couche ne l'a pas retrouvée.
Ce sont au contraire des couches minces qui ont été
signalées dans la concession République (couches de
1 mètre de charbon paraissant assez pur avec plongement
de 50° environ vers l'Ouest), dans la concession Angelo
(trois veines antliraciteuses assez pures et peu pyriteuses
de 0'',25, 0'°,25, et 0'°,40 k 0'°,45 de puissance, plongeani
de ^° environ vers le Sud, c'est-à-dire vers les serpen-
tines, sans qu'on puisse dire si elles viennent buter contre
ou si elles se prolongent au-dessous) et dans une partie de
la concession BuUi. C'est dans cette dernière seule que
nous avons pu faire quelques observations persoimelles ;
le sentier qui longe de très près le bord de la baie de
Morari recoupe successivement à quelques dizaines de
mètres l'une do l'autre deux couches de charbon d'une
puissance voisine de 1 mètre et dont les pendages ne sont
-pas concordants ; la i)remièro plonge vers le Nord-Ouest ;
la deuxième, an contraire, montre un pendage vers le
Ci loc. cit., p. H.
bï Google
LES GISEMENTS HODILLBES 441
Sud légèrecoeiit Est ; une galerfe a été pratiquée en direo
tiou dans cette dernière à partir de son affleurement au
bord du sentier ; il y a môme été fait quelques travaux en
descente qui sont d'ailleurs noyés et qu'il nous a été im-
possible d'explorer, et nous u'aTons pu que nous avancer
de quelques mètres à niveau : la couche, de charbon
maigre, présente une puissance peu régulière qu'on peut
fixer en moyenne à 1 mètre, elle est barrée de forma-
tions schisteuses en chapelets qui réduisent très notable-
ment sa puissance utile ; elle se rencontre sous un tùt
de schistes en boules la séparant des grès arénacés, et
elle reptise sur un mur également schisteux, mais assez
bien lité; son pendage, qui ne dépasse pas 20°, est dirigé
vers le Sud légèrement Est, c'est-à-dire vers la mer.
Les gisements de la baie de Boularï se présentent, comme
on le voit, dans des conditions d'irrégularité et de discon-
tinuité qui paraissent exclure toute idée d'utilisation indus-
bielle d'une importance sérieuse.
2" Gisement des Porte s-de-Fer. — Le gisement de»
Portes-de-Fer, qui se trouve dans la pointe de terrain
huuiller qui s'avance vers la presqu'île de Nouméa, est
situé aux portes mêmes de la ville. Cette circonstance
avait fait espérer dès sa découverte qu'il serait possible
d'en tirer parti d'une façon particulièrement aisi^e. Dé-
couvert fortuitement en 1885 par un propriétaire qui avait
creusé un puits de 22 mètres de profondeur pour chercher
de l'eau, il a été l'objet, en 1888, 1887, et 1888, de
recherches souteirainea d'une certaine importance pour-
suivies par la commission des recherches houillères; il y
aété en outre exécuté en 1890 un sondage jusqu'à99mètres
de profondeur.
Les recherches de la commission, aujourd'hui complè-
tement inaccessibles, ont comporté l'exécution d'un puits
de 30 mètres de profondeur et de plusieurs centaines de
bï Google
442 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
mètres de galeries, soit en direction, soit en travers-bancs,
aux profondeurs de 14 et de 26 mètres ; elles mettent en
évidence que les formations de <'c lambeau de tciTain
houiller sont irrégulières et mouvementées ; c'est ce nn'a
constamment révélé l'observation du pendagc des bancs,
mal accusé et sans cesse variable, et c'est ce que
montrent plus nettement encore les essais qui ont été
faits pour suivi'e la couche en direction. La /iff. 5 de
la PI. V fait voir, d'après un plan de M, Pelatan, l'éial
dans lequel les travaux se trouvaient à la date du
12 juin 1888, date au delà de laquelle ils paraissent avoir
encore été poussés quelque temps, sans que nous ayons pu
trouver aucun renseignement précis à a sujet. La coupe,
qui figure en pointillé l'allure supposée de la couche, montre
qu'elle n'a été trouvée, ni dans le fonçage du puits, ni dans
le percement du travers-bancs, aux points où elle l'aurait
été si elle présentait quelque continuité; cette couche, ou
du moins sa trace, a été suivie, entre toit de schistes et
mur de grès, snr 8o mètres en direction, mais avec une
irrégularité de puissance très marquée, puisqu'on a
passé sur cette longueur par tous les intermédiaires entre
un filet de 10 centimètres et un amas, d'ailleurs très res-
treint comme étendue, de près de 10 mètres de puis-
sance ; le charbon y est d'aillenrs barré de veines schis-
teuses.
Ajoutons qu'un sondage au diamant, exécuté en I89l,>
et au début de 1891 jusqu'à 99 mètres de profondeur au
voisinage immédiat de ces travaux, n'a rencontré qu'une
alternance de grès et de schistes jilus on moins argileux
on plus ou moins diarbonneux, mais point de charbon. II
semble donc résulter de tout cela que, comme l'admet
M. Pelatan (■), on ne soit, aux Portes-de-Fer, qu'en pré-
sence d'une cuvette li-ès restreinte de terrain houiller,
{') t.oe. cit.. |>. G5 et fiC, et croquis des pnpei 7! et lî.
bï Google
LES OtSBUBXTS HOUILLBRS 443
affectée par d'importants bouleversements géologiques.
La qualité du charbon, là oii il existe, parait être assez
satisfaisante après triage; ils'était montré d'abord friable,
mais, d'après une lettre do M. Felataii, on tirait au mois
de juin 1888 de superbes blocs de charbon. C'est d'ailleurs
du charbon des Portes-de-Fer qui a été l'objet, sur les
bâtiments de l'État, des essais suivis au sujet desquels
un rapport de M. l'Ingénieur de la Marine Ausrher donne
des indications satisfaisantes ; nous reviendrons sur ce
point dans la suite. Nous mentionnerons seulement ici
que le charbon des Portes-de-Fer est un charbon demi-
gras (17 à 20 p. 100 de matières volatiles), susceptible
de donner du coke, et qu'on a pu retirer de la mine une
certaine quantité de combustible assez pur (7 à 9 p. 100
de cendres).
Dans ces conditions, la couche «nique de houille que
contient le gisement des Portes-de-Fer ne peut, en raison
des circonstances géologiques, exister que sur une éten-
due restreinte, réduite sans doute encore beaucoup par
des failles et des serrées ; il semble donc que, malgré la
qualité satisfaisante du charbon, ce gisement ne puisse
guère donner lieu à une exploitation fructueuse.
Rappelons que c'est du gisement des Portes-de-Fer que
proviennent les échantillons de plantes fossiles qui ont
été déterminées comme d'âge crétacé par M. l'Inspecteur
général des Mines Zeiller.
Des afileurements anthraciteui ont encore été signalés
non loin des Portes-de-Fer, à Yahoué et à Koutio-Kouéta,
ils ne paraissent pas présenter une importance sérieuse ; on
aurait cependant mis à jour, en ce dernier point, une
Cfluche de 2 mètres de puissance grftce à quelques
travaux exécutés en 1890.
3* Gisements du bassin de la Dumbéa. — Au delà du
col de Tongoué, qui sépara la presqu'île de Nouméa du
bï Google
444 RICHESSES MlNBiULBa Mi LA. NOCVHJ.E-CALBDOHIB
basain de la ririère Dumbéa, le t^raîii crétacé pwhtirte
uu» largeur notablement plus coosidÂndile, «t la f<Misa~
tioa houillère qu'il renferme offre «n déraloppemeat jbm
important. Des afdeurementa de couches nomla^ux ont
éié successivement découverts dana le» vallonii qu'arrosait
les différents tributaires de cette rivière : ceux du Talion
de la Karigou ont été examinés dés 1S65 par M. Oamier.
ou a fait ensuite quelques fouilles sur le gi»emeni des
Bruyères en 1875, et sur celui de la mine CoUigwm
(vallée de là Karifirou) en 1887; puis, à la fin de lâSÛ,
une première série de travaux de recherches cmt ^é
commencés par là commÎHaiou des recherches houillèn*
sur les affleurementa du bras gauche de la Nondoué;
reporti'S ensuite sur son bras droit, il» ont été poor-
suivis d'abord Jusqu'au début de janvier 1894, puia ib ont
été repris au milieu de 1895 pour 6tre brusquement inter-
rompus au mois do février 1896. C'est en ee dernier poiat
que l'on rouvre quelques travaux.
Nous suivrons ces gisements dans l'ordre où oa les ren-
contre en venant de Nouméa, et eu longeant la ligne
sinueuse de contact des terrains sédimentaires avec le
puissant massif i^erpentineux qui forme la masse des monte
Koghis et Kouvelé, ligne qui présente à peu près tootes^
les sinuosités d'une ligne de niveau voisine de ta cote 200.
Au pied mente du col Tongoué, dans le fond de la
vallco dp la Ouanéoué et sur le flanc du contrefort qui
s'élève sur la rive gauche de cette rivière, se trouvent,
constituant le gisement des Bruyères, quelques bancs de
gioa verdâtrea dans lesquels sont intercalés des couches
schisteusets et de l'anthracite ; les travaux, vraîsemblaUe-
meut restreints, qui y ont été faits autrefois ne laissent
]ilus voir aujourd'hui qu'un affleurement sur la rive gauche
de la rivière : il romprend, entre toit et mur de schistes
argileux noirs, trois veines de charbon anthraciteux dont
l'aspect n'est pas mauvais; au tett, la veine principale a
bï Google
1.88 ai»EUBNT6 HOUtLLBRS 445
L 0',5Ô de piiÎAsauoe, et k peu de diotance au
BHir «e retrooTOnt deux 'veines de 30 centimètres, le
tout sur an e^ace de 3 mètres environ; le pendape,
usez raîde, a lien rere le Nord-20''-EBt, c'est-à-dire vers
le massif serpentinenx ; au moment de notre visite, la
fouille avait été rafraîchie par l'enlèveinent d'un peu de
diarbon potir des usages domestiques; le caractère anthra-
cileux de ce charbon ert à rapprocher, ici comme au
Mont Dore, de la proximité tout ii fait immédiate (100 h
âOÛ mètres à peine) des roches éruptives; les condieci
~ pècogeDt vers le massif -dans des conditions que l'abon-
dance de la végétation et l'absence de tout sentier ne
nous ont pas permis d'observer.
Le ruisseau -qve l'on rencontre immédiatement au Noi<d
ast eelui de Karigniu, oii furent exécutée» les recherches
de M. Gamier : d'après cet Ingénieur, qui avait, rappe-
lons-le, choisi ce point d'attaque comme étant celui oft
les affleurements avaient la plue belle apparenœ, « le char-
bon de Karïgon est un anthracite intercalé dans un grê«
fîeklspathiqiie identique au grès du terrain carbonifère »*;
le pendage des couches varie, au pasxage d'une faille, du
voisinage de la verticale à une faible ii^clinaison , la direc-
tion est Nord-45*-OueBt , peu différente de celle du giae-
nwnrt voisin, qui est Nord-TCf-Ouest. Là, comme aux
Bruyères, le caractère anthraciteux du charbon doit tenir
à la proximité des roches éruptives; M. Garnier l'attri-
bsait au voisinage d'un filon de porphyre euritique. L'exé-
cution d'nne galerie en direction de 40 mètres et d'un
petit travers-bancs fit reconnaHre à M. Garnier que la
formation charttonneuBe avait 1",40 de puissance, pré-
sentant trois bancs anthraciteux de 0^,20, séparés par des
bancs «cHnieux, entre toit et mur de schistes. En direc-
tion, les bancs charbonneux s'étranglaient; d'ailleurs l'an-
thracite se montrait toujours mélangé à une tr-ès grande
quantité de schistes et de matières terreuses qui le ren-
bï Google
416 RICHESSES MIMÉRA.LBS DE LA. NOCVS(J.B-CAI.ÉDO>'IB
(laîeBt trop impur pour être utilisé. M. Ileurteaii signale
encore dans cette région quelques afSeuremeiits alignes
dans une directioii N.N.E.-S.S.Û., avec une direction de
couches constamment N.O.-S.Ë-, et mentionne que ces
couches paraissent avoir été disloquées et rejetées vers
> le Sud-Ouest. Cette cii'coustaoGeT et la faible distance
f qui sépare vers l'Est le lit de la Dambéa des rocbeS)
éruptives vers lesquelles plongent les couches et sous
lesquelles il est au moins douteux qu'elles se probuigent
régulièrement, font qu'il ne semble pas que les gisements
de la rive gauche de la Dumbéa puissent présenter quelt^ue
avenir.
Les travaux repris en 1887 sur les affleurements de
cette même vallée de Karigou auraient néanmoins permis
de suivre une couche régulière d'anthracite sur 30 mètres
de longueur, et d'en extraire 50 tonnes de charbon qui
fnrent employées au chauffage des chaudières de l'usiae
& sucre voisine. Rappelons également que M. Pelatan (*),
paraissant faire allusion à des travaux ou k des découvertes
au sujet desquels nous n'avons retrouvé aucun document
original, donne sur la richesse et la continuité de ces gise-
ments une appréciation plus optimiste que la n6tre,
appréciation que justifierait l'examen des coupes qu'il a
présentées si celles-ci ne contenaient pas beaucoup d'in-
dications hypothétiques.
Sur la rive droite de la Dumbéa, principalement dans
le bassin des deux branches de la rivière Nondoué, la
largeur de la formation houillère, et surtout-de la fonaa-
tion houillèi*e contenant des couches de charbon, parait
notablement plus considérable, et l'on observe l'affleu-
rement de couches de combustible non seulement au voi-
sinage immédiat des serpentines, mais encore à une
OLac.cit., p. 81 et 68.
bï Google
LBS GISEMENTS HODILLBRS 447
distance suffisante pour qu'Q ne soit pas défendu d'espérer
que ces couches présentent un aral-pendage d'une cer-
taine étendue. La fig. 3 de la PI. VI montre la disposi-
tion des affleurements qui auraient été mis à jour au
cours des travaux de recherches exécutés sur ces gise-
ments entre 1890 et 1896. Tous les travaux faits à cette
époque ont été abandonnés depuis, ils se sont soit ébouléb,
soit remplis d'eau, et une végétation touffue et inextri-
i-able les avait partiellement dissimulés; aussi n'avons-
nons, lors de notre première visite sur les lieux (début
d'avril 1902), pu retrouver qu'avec peine l'indication de
ces divers affleurements. Au cours d'une deuxième visite,
effectuée à la fin de juillet, peu de jours avant notre
départ de la colonie, après l'exécution de quelques travaux
qui avaient surtout consisté à <lébrou3ser les sentiers
d'accès aux différents points intéressants et à rafraîchir
({uelques tranchées pour mettre en évidence les affleu-
rements, nous avons pu examiner de plus près les diffé-
rentes couches.
Des constatation.s que nous avons faites sur place et des
renseignements que nous avons pu recueillir sur lesrésultats
des travaux exécutés autrefois, il résulte ce qui suit :
Le terrain houiller est ici presque exclusivement formé,
à part quelques bancs de conglomérats fortement ferru-
gineux, par les grès arénacés de couleur claire que nous
avons pris pour type de la description d'ensemble que
nous avons donnée dans ce qui précède des formations
houillères du bassin de Nouméa ; ces grès forment, entre la
route de li Dumbéa à Païta, qui longe d'assez près les
schistes feidspatliiques du lias, et les massifs serpenti-
neux des sommets Ouamourou et Erembéré, une ligne de
collines dont l'altitude atteint et dépasse même 250 mètres ;
leur relief, quoique bien accentué, est généralement
arrondi en raison du caractère friable et aisément déconx-
I de ces grès arénacés ; ceux-ci donnent lieu k
bï Google
446 RICHESSES UntÉRALEfi DE LA ROCVCLLE-CALÈDONIE
on sol <le sable grossier, peu coiisit;tant ei maigre, snr
leqnet la brausse ne poiMse ^êre en dehors <hi fond
des TalWes, et qui est sealement Mmvert Je nom-
breux Niaoulis [Mélaleuca viriflora et MèltUeaca len-
cadendron), petits arbres de la famille îles mjr-
tacées k feiûllage court et clairaemé, laissant aisément
aperccToir la nature du sol, et permettant de discerner.
par les tache« noires qu'ils y forment, des affleurement»
nombreux de schistes charbonneux ou de charbon.
Cette bande de tnrain houîller présente une lon^ear
de 2 à 3 kilomètres, son pendage général parait être
vers le Nord ou le Nord-Est ; lorsqu'on la traverse suivant
«a largeur, comme nous l'avons fait pour gagner les gis^
meots da groupe Maurice h partir de la route de Païta,
on rencontre d'assez nombreux affleurements charbon-
neux, mais ils paraissent isolés les uns des autres et nous
n'avons pu nulle part, malgré des ^attages superficiels,
très restreints d'ailleurs, constater la présence d'aucune
couche de charbon nettement définie.
Dans les ravins Maurict, des Cerisiers, et des Fougères
(Voir la fig. 3 de la PL VI), il en est aotremeot ; les
affleurements se groupent beaucoup plus nombreux 'et
paraissent bien correspondre Ji de véritables couches,
plus ou moins régulières et plus ou moinspares. C'est ainà
que,lorsde notre seconde visite sur les Ueux.il n'y avait
pas moins de deux séries d'affleurenlents vimbles sur les
pentes orientales fiu ravin Maurice, de trois ou quatre
sur ses pentes occidentales, et d'une an fond même du raxin.
Nous devons cependant mettre ici en garde contre
l'exagération à laquelle on s'est laissé aller lorsque, pour
donner une idée de la richesse de la formation houillère
dans cette région, on n'a pas craint de totaliser les
épaisseurs de toutes les couches dont on avait observé
les affleurements sur les deux flancs d'un mamelon on
d'un mémo ravin et à différentes hauteurs sur le même
bï Google
LES GISEUBKTS IIOL'ILI.ERK 449
liane ; c'est ainsi que, sans même écarter quelques aflleu-
rements dont la puissance est trop réduite ou dans
lesquels la proportion des bancs de charbon pur pai- rap-
port aux lits schisteux est trop faible, nous no pouvons
reproduire ici sans les plus expresses réserves le chiffre de
l^'',60 qui a été donné comme puissance totale en char-
bon pur (schistes charbonneux déduits) des couches qui
affleurent dans le ravin Maurice.
De tous ces affleurements, un seul, celui du fond du
ravin, parait avoir donné lieu k un travail de reconnais-
sance d'une certaine importance; ony voit encore l'entrée,
aujourd'hui éboulée, d'une galerie eu direction G qui
avait suivi la couche sur une longueur qui parait avoir
été de 12",50, et qui avait ensuite rencontré une faille.
La couche offre à l'affleurement une puissance de 60 à
70 centimètres, barrée (le quelques lits schisteux; elle
repose sur un mur de grès et présente au toit des schistes
charbonneux tendant à se débiter en boules ; son incli-
naison est de 30 à 30° vers le Sud-Ouest.
Au mur de cette couche paraissent en exister au
moins deux autres, représentées vers l'Est par les deux
groupes d'affleurements A et B, et vers l'Ouest par les
affleurements qui, situés k différentes hauteurs sur la col-
line, ne pourraient être mis en correspondance entre eux
et avec ceux de l'Est que grftce à un relèvement soigneux
de leur altitude, de leur i)endage et de leur direction ;
cette dernière devrait d'ailleurs être suivie sur une cer-
taine longueur pour pouvoir être exactement repérée.
Quoi qu'il en soit, le groupe des affleurements A parait
de peu d'importance industrielle ; la formation charbon-
neuse qu'ils montrent présente un pendage, semblant
zasez raîde, vers le Sud-Ouest; elle a environ 2 mètres
de puissance, mais on n'y relève guère qu'une alter-
nance de passées de schiste et de charbon, ne pouvant
fournir dans l'ensemble qu'un combustible très sale, dont
bï Google
450 RICHESSES HINÉBALBS DE LA NOQVBLLE-CALÉDONIS
le triage ou le lavag^e serait sans doute difficile, et eo
tous cas d'un rendement peu avantageux.
L'afHeureiQeiit B se présente dans de meilleuroB con-
ditions : nous y avons relevé la présence d'un banc de
cliarltoii de 00 centimètres de puissance assez pur ; sa
direction et son pendage conconlent av»c celui <ie la.
première couche mentionnée eu G.
Les affleurements a et g, situés à peu près en face
des affleurements A et B et qui leur correspondent plus
ou moins exactement comme pendage et direction,
montrent d'assez jolis morceaux de charbon ; ils ne sont
pas suffisamment découverts pour que l'on puisse
caractériser l'allure et la composition des couches qu'ils
représentent. A une vingtaine de mètres plus haut, une
tranchée plus importante y a mis à jour la succession de
trois couches assez voisines, l'une, au toit, de 60 cen-
timètres de puissance, et les deux autres, plus an mur,
voisines de 30 centimètres, le tout reposant sur un banc
de grès dur ; la première de ces couches corresp<md
peut-être à celle qui a été suivie par la galerie de ni-
veau G.
Enfin, lorsqu'on explore, à mi-hauteur, le fond même
du cirque, on retrouve deux ou trois affleurements char-
bonneus 3, appartenant à des formations paraissant peu.
importantes qui sont situées au toit des précédentes.
Toutes ces couches semblent, comme nous Tavons dit,
avoir plus de régularité comme allure et comme pen-
dage qu'on n'en constate aux points que nous avons pré-
cédemment décrits, et elles plongent dans la direction
où le terrain houiller se développe sur une certaine lar-
geur; mais leur pendage est inverse du pendage gé-
néral Nord-Est des terrains <ie la région ; il est donc
probable que ces couches vont former un synclinal ou,
plus vraisemblablement, buter à plus ou moins grande
profondeur contre quelque accident important, maie-
bï Google
LES aiSElKNTS HOUILLBBB 451
nous n'avons pan pu releTer sur le terrain la trace soit
d'un semblable accident, soit d'un synclinal, et aucun
travail n'a été fait qui puisse permettre d'émettre une
opinion quelconque sur leur position et par suite sur le
développement, considérable ou restreint, que peuvent
présenter les couches à l'aval-pendage des affleurements
constatés.
Vers le Nord on relève, avant d'atteindre le débouché
du ravin Maurice dans la vallée principale, l'existence
d'une faille f,f. produisant sur quelques dizaines de
mètres de largeur un brouillage complet des terrains et
des traces charbonneuses qu'il contient; mais plus loin
les bancs montrent à nouveau un pendage régulier veri
le Sud-Ouest ; c'est le pendage d'un dernier affleurement i
voisin du débouché du ravin, c'est aussi celui que
paraissent présenter à peu près les couches mises à jour
autrefois dans le ravin de.x Cerisiers et dans celui dei
Fougères,
Dans le premier d'entre eux nous n'avons pu que
constater la présence de traces charbonneuses au milieu
de schistes argileux délités; on y a néanmoins compté
deux affleurements, que nous figurons en I et J, et qui
présenteraient respectivement des puissances de j",SO
et 0",80 avec direction S.E.-N.O et pendage assez raide
vers le Sud-Ouest-
Dans le deuxième les afSearements sont plus visiMee ;
l'un d'eux L, qui paraît présenter une puissance utile de
i mètre, a été fouiUé sur une certaine profondeur, on
en aurait, à ce qui nous a été affirmé, tiré une dieniie
de tonnes de charbon parfaitement utilisable pour la
forge en particulier. De l'autre côté du ruisseau, un autre
affleurement À montre près de 2 mètres de charbon plus
ou moins pur ; on a donné h ces deux affleurements les
noms, de Claire n* \ et n* 2, ce ne sont peut-être bien
que les affleurements d'une seule et même couche.
bï Google
452 SICHE88ES MINÉRALES DB LA KOOVBLLE-CALÉDONIB
On peut également noter dans ce mâme ravin deux
autres affleurements, assez puissants, mais oit le charbon
pur est peu abondant, et qui sont loin d'être certai-
nement utilisables, du moins d'après ce que nous avons
pu constater. C'est encore dans ce ravin {ravin des
Fougères) qu'a été poursuivi le travail le plus important
qui ait été exécuté jusqu'ici dans toute la région; c'est le
fonçage d'un puits de recherches P. Exécuté par les soins
de l'Administration de la colonie à l'aide de la main-
d'œuvre pénale, ce puits avait été commencé en 1893;
abandonné une première fois, il fut repris en 1895, puis
de nouveau abandonné brusquement, sur un ordre venu de
Paris dans les premiers jours de 1896 ; il n'a pas tardé k
se remplir d'eau, puis à s'efTondrer, aussi ne nous a-t-il été
possible d'y faire aucune espèce de constatations person-
nelles; nous n'avons non plus retrouve aucun document
officiel à son sujet, sinon la mention delà visite qui en
fut faite par M. le Général Doods au cours de son inspec-
tion de 1895-1896.
A en croire les renseignements verbaux qui nous ont
été fournis, ce puits, foncé à quelques mètres â l'Est de
l'affleurement dit couche Laffon figuré en K (lequel offre
une plongée raide vers le Sud-Ouest et comprendrait
deux veines de charbon de l'°,20 et O^iTO dans une for-
mation schisto-charbonneuse de 7 mètres de puissance),
aurait d'abord été poussé jusqu'à 23 mètres de profondeur,
moitié dans des terrains superficiels et moitié dans des
roches consistantes, grès et schistes. Un travers-l>aQC8
attaqué vers le Sud à 23 mètres de profondeur a succès,
sivement recoupé trois couches : la couche Laffon avec
2 mètres de puissance, une autre couche à 3 mètres vers le
mur présentant une puissance do 1 ",20 et, enfln, à quelques
mètres au toit, une couche de bon charbon de l'',10 de
puissance, presque verticale, entre grès et schistes, dont
le charbon était particulièrement massif, solide, et pur;
bï Google
LES GISEMENTS HODIIXBSS 453
les tleiix premières couches n'ont été que reconnues, leur
rencontre a d'ailleurs donné lieu à une venue d'eau assez
importante ayant exigé l'emploi d'une petite pompe â
vapeur placée au fond ; maia la dernière couche aurait été
suivie sur 80 mètres de longuenr, présentant comme
puissance et comme allure inie régularité satisfaisante ; ce
dernier traçage aurait donné lieu à l'extraction de près
de 150 tonnes de bon charbon. En présence de ces
indications satisfaisantes (toujours d'après ce qui nous a
été rapporté), on avait foncé le puits jusqu'à 35 mètres
de profondeur afin de tracer, puis de dépiler, nn pan-
neau de couche de 12 mètres de hauteur; au moment
où ce fonçage s'achevait, les condamnés employés à ce
travail ont été brusquement retirés. C'est là ce qui a amené
l'abandon de travaux en somme un peu développés et dont
les résultats passent pour avoir été encourageants.
Nous n'avons pu retrouver qu'une analyse des charbons
extraits de ce puits. Le charbon produit par ce travail a,
parait-il, été en partie consommé sur place à la forge et
pour la cuisson des aliments, et en partie expédié à Nou-
méa, où il aurait été employé pour les chaudièresdes cha-
loupes de l'Administration pénitentiaire. Des renseigne-
ments, peu précis d'ailleurs, que nous avons recueillis
auprès de celui qui en a fait usage, il semble résulter qoe
ce charbon a pu être employé avec succès pour la produc-
tion de la vapeur.
Des échantillons provenant des couches du ravin des
Fougères (échantillons tout-venants, affirme-t-on) ont été
adressés par le gouverneur de la colonie à l'Ecole des
Mines de Paria, oii ils ont été analysés; ils ont donné les
résultats suivants :
Ban , i
Matières volatiles 15
Carbone flie 66,40
Cendres 17,60
bï Google
451 RtCHESSBS HIKÉitAI^S DB LA NOOVSLLE-CALÉDONIB
C'est àoof. du charbon detni-gras, et platU impur. Il
donnait du coke bien aggloméré, très dur,, non boursouflé.
Nous ajouterons que ce ravin se trouve à proximité immé-
diate du massif serpentineui du mont Ererabéré. et que
le pendago si accentué des couches est de nature à faire
craindre que les terrains ue soient plus ou moins boulever-
tés en ces points.
On rencontre encore un affleurement assez important M,
en descendant la Nondoué, après le conûuent des ruis-
seaux des Fougères et des Cerisiers, mais il ne présente,
parait-il, auninecontinuité en direction.
La deuxième branche de la Nondoué, descendant du
flanc Est du mont Erembéré, traverse également dee
affleurements bonillers nombreux, mais les serpentines,
dont la proximité est au moins aussi grande qu'au der-
nier point que nous venons de signaler, et qui, antonrant
le vallon de trois côtés, doivent limiter très promptement
tes couches en direction, empochent que leur allure puîsae-
ètre régulière sur une étendue suffisante pour qu'elloB
soient utilisables ; c'est d'ailleurs ce que paraissent avoir
confirmé les travaux de recherches auxquels il a été pro-
cédé, également par les soins de l'Administration et gr&ce
à la main-d'œuvre pénale, en 1891 et 1892, sous ta direc-
tion de la commission des recherches houillères.
Les documents présentés à cette commission, soit par
le contrôleur- des mines chargé spécialement de suivre ces
travaux, soit par sou président, mentionnent l'existeace
des différents affleurements portés s\ir\a/ig. 3delaPl. VI,
et relatent l'exécution des travaux suivants, dans l'ordre
oii on les rencontre en descendant le cours de la rivière :
A partir do l'affleurement de la couche Amiral, une
galerie à travers bancs de 34 mètres de longueur, n'ayant
rencontré que des filets de charbon et ayant buté contre
un soulèvement disloquant les terrains ; les baui» y pré-
bï Google
LES OISBMRHTB H001LLXE8 405
«entaient one direction Nord-Siid et on peiidage de 40*
Ters l'Est.
Sur l'affleurement de la couche Salouet, «ne galerie
^tui suivait U couche en direction et dont le trac4 était
remarquable par ses siniiosités; sa direction générale
-s'infléchissait dès l'entrée de l'Est vers le Nord-Ëst ; cette
^lerio fut arrêtée & 100 mètres dans un brouillage des
«ouches.
Enfin une série de tranchées sur difTérents affleure-
ments se montrant soit dans le lit de la Nondoué, soit sur
les Mamelons-Rouges, soit dans le Ut de la rivière de la
Forftt-Noire ; toutes ces attaques furent abandonnées après
■<]uelques mètres en raison de l'irrégularité des couches;
« la veine Georgette elle-même, de 6 mètres de puissance
à l'affleurement, et dont nu avait extrait au début du
charbon utilisable, tombait également dans nn brouil-
Ces travaux, aiHuellement en fort mauvais état et peu
accessibles comme les précédents, ont é^alementété visi-
tés par nous: ils sont ouverts au milieu de gros bancs de
grès présentant un pendage assez régulièrement dirigé
vers le Nord-Est, c'est-à-dire un pendage voisin du pen-
dage général de ta formation houillère (exception faite du
panneau que nous venons de meiitiomier) ; ces grès, qui
paraissent particulièrement chargés en éléments ferrugi-
neux, les uns verts, les autres d'un rouge de rouille, nous
-avaient d'abord amené à nous demander s'ils ne conte-
naient pas de débris de roches serpentineuses, et s'il ne
fallait pas dès lors considérer les serpentines comme anté-
rieures aux formations de houille du crétacé (comme
ravait admis M. Heurteauj ; l'ensemble de nos autres
observations a, depuis, contredit cette idée, et l'examen
bï Google
456 RtCHGSSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÈDONIF
détaillé de ces grès ne nous y a fait reconnaître aucun
débris des minéraux caractérisliques delà formation ser-
pentineuse.
Au milieu de ces grès nous avons noté la présence d'ur>
assez grand nombre de bancs schisteux et charbonneux ;
noiiii avoiiH en particulier retrouvé l'aflleurenieiit de la
couche Amiral, avec phis de 1 mètre de charbon sur un
mur de schistes gris partiellement cUarhoimeux et, sons
un toit de grès; nous avons pu y ramasser quelques mor-
ceaux de charbon assez joli, bien qu'altéré par lesactioos
atmosphériques. Nous avons égalemeut retrouvé l'orifice
de la galerie Siilouet, mais il avait donné lieu à un ébou-
lement qui rendait impossible t'examcn des caractères de
l'affleurement, et qui permettait de constater seulement
un pendage assez raide dirigé sensiblement vers le Nord :
sur les affleurements représentés parla^y. 3 do la PI. VI.
vers l'aval de la rivière, nous n'avons relevé que Teris-
tenco de schistes charbomieux avec filets de charbon sauâ
doute inutilisables.
Nous ne connaissons pas d'analyse des combustibles de
ce groupe, qui paraissent assez maigres, et qui le sont
peut-être bien en raison de leur situation; nous u'avoiis
d'ailleurs pas pu y prélever nous-mème des échantillons
assez peu altérés pour qu'il p(it y avoir intérêt à les
analyser.
En résumé, il n'est pas douteux que la vallée de la Non-
doué est occupée par une formation houillère, sinon très
étendue, du moins d'une certaine extension, et riche dan»
l'ensemble en veines charbonneuses. Combien, pamii ces
veines, auraient nue puissance et une pureté suffisantes
pour qu'on puisse tenter leur exploitation, c'est ce qu'il
nous est impossible de fixer avec l'exigu'ité des observa-
tions personnelles que nous avons pu faire, et l'incertitude
des reus.eignements fournis par des travaux de recherches.
(,ï Google
LES 0ISBMBI4TS HODILLEBS 457
d'une certaine importance il est vrai, mais qui ont été
conduits avec peu de méthode, et dont il n'a été gardé
trace que d'une façon tout à fait iusiiffisante. Il semble
cepeudant qu'il ne serait pas imjwssible d'envisager l'ez-
ploitabilité, au seul point de vue de la pureté et de la puis-
sance, d'une ou deux des couches du ravin Maurice et de
l'une au moins de celles rencontrées par le puits du ravin
des Bruyères, ainsi que delà couche Amiral, et peut-être
même de la couche Salouet ; mais il reste ensuite la ques-
tion tout aussi capitale de ta régularité de ces couches,
(juestion sur laquelle nous sommes moins éclairé encore ;
les couches du groupe Amiral sont dans une situation
bien jwu favorable et les recherches effectuées ont con-
tirniécequecettesituation fait présager ; celles du groupe
Maurice sont mieux situées, bien qu'il paraisse difficile
d'espérer les rencoutrer avec une régularité et une con-
tinuité parfaites. L'exécution de recherches vraiment
sérieuses pourrait seule préciser ces|>oints, r^mme aussi
ce qui estrelatif aux difficultés de soutènement, à l'impor-
tance des épuisements, qui seraient vraisemblablement
sérieux, aux sujétions qui pourraient résulter de la présence
du grisou (dont ou déclare n'avoir pas vu trace au puits
du ravin des Brnyères), toutes choses qui peuvent influer
d'une façon capitale sur les frais d'extraction du charbon.
4° Gisenienls i/e la région de Païla et Saint-Vin-
cent. — Le bassin crétacé'de Nruniéa, qui présente un
épanouissement aU voisinage de la Dnmbéa, conserve une
largeur presque aussi considérable entre Païta et Saint-
Vincent, comme le fait voir un coup d'ceil jeté sur la carte
géologique de la colonie ou sur la /ig. 2 de notre PI. I.
Les formations de grès houiller y existent également avec
une certaine extension, se manifestant comme toujours
de loin par des collines à relief assez accentué couvertes
d'une végétation plutôt rare, et donnant lieu à des pentes
bï Google
iSS RICHESSES IHnÉRALEe DE LA ITOUVELLE-CÀLÉDONIB
'ravinées aux cotoratione claires. Ces formations se pro'
longent, comme à la Nondou4, dans le fond de vallées plos
'On moins resserrées entre les massifs serpentioeux du mont
Mou et de ses voisins ; elles sont parfois recouTertes par
'des alluvions j^centes. Tel est le cas de la Plaine des
-Cailloux on vallée de la rivière Cancoaié et de la vallée
de son affluent la rivière Carignan, entre le mont Erembéré
'«t le mont Mou ; on j' a reconnu, suivant un rapport à la
commission des recherches houillères (*), au milieu d'une
formation particulièrement riche en schistes et pauvre ea
grès, trois couches charbonneuses présentant un pendage
Nord-Est, mais constituées par « du charbon tellement
impur qu'il a été impossible d'y recueillir un seul échan-
itillon de charbon net et non mélangé de schistes ». On a
-également rencontré au Nord-Ouest de ces coucbes des
affleurements charbonneux dans le grée, mais Ha ne
paraissent non plus avoir aucune importance. Nom
n'avons pas connaissance qu'aucun travail soit, dans ces
•dernières années, venu donner sur ces gisemente des
indications plus favorables.
Ëndu, M. Porte a signalé (") des affleurements de
•charbon très nets situés sur la rive droite de la Tamoa,
-au pied du mont Koungouauri.
On peut donc simplement dire que l'on a constaté noa
iseuleriient le prolongement du bassin crétacé jusqu'à
Saint- Vincent, mais encore l'existence du charbon dans
ses assise». Sans qu'on paraisse avoir exploré sérieuse-
ment les étendues encore importantes sur lesquelles
s'étendent ces formations, les quelques indications que I'm
■a recueillies à ce sujet sont en somme peu favorables.
On voit donc que, de l'ensemble du bassin de Noaméa,
(*) Recueil ilei li-arauje île ta Commiaaion ci-desaui cit*, p. IS,
(••) toc. cil., p. 29.
bï Google
un eUKHlKTS HÛCILLBBS 4S0
la région de U Nondoué peut seule Mre considérée
■comme ayant déjà donné des indications de nature
-il eoconrager l'exécutHm de b^vaux de recherches réel-
lement sérieux, travaux qui se jostifieraient d'autant plus
«lyoard'hui que le cheroiii de fer, que l'on doit mettre en
•exploitation jusque-là à plus ou moins bref délai, doit
passer à proximité immédiate des gisements en question.
B. — Bassin db Moindod.
luterrompue entre Saint-Vincent et Tonto, par le cmi-
tact direct des serpentines avec les assises du trias
que l'on voit se développer assez \(Àn en rémontaat la
vallée de la Tontuuta, la formation liouillère reparait
4t Tomo pour se prolonger vers le Nord-Ouest, non saiu
quelques intemiptiona, jusqu'au delà de Moindou, soit
SOT 75 kilomètres de longueur, formant une série de bas-
sins très voisins que nous grouperons, comme on l'a fait
Jusqu'ici, sous le nom un^ue de bassin de Moindou.
D'abord étranglées entre Ws terrains triasiques et 1«
massif serp^itineux tout comme dans la partie orientale
dn bassin de Nouméa, les assises crétacées se développent
-ensuite plus laidement en une sorte de synclinal encaissé
de part et d'autre dans le trias qui, suivant la ligne
Nakety-La Foa, prend un développement tel que les ter-
rains aétlimentaircs occupent toute la largeur de l'Ile ; le
bassin crétacé arrive ainsi à présenter une largeur attei-
gnant jusqu'à 15 kilomètres ; mais il ne semble pas, du
iDoins dans l'état actuel de nos connaissances, que ce
bassin crétacé soit partout riche en formations houillères;
ce n'est guère que son extrémité Nord-Ouest qui a été
jusqu'ici reconnue comme telle.
Sa constitution géologique diffère peu de celle du bas-'
sin houiller de Nouméa ; les grès arénacés aux couleurs
claires, mais surtout jaunâtres, y sont toujours dominants
bï Google
386 RICHESSES HIMÉRALKS UB LA NODTILU-CALÉDONIB
laissé le giaeroent inexi4«té et incotDpléteinwit reconnn.
A la suite de la découverte du bloc ferrugineux dont
oeus venons de parler et de la constatation de sa richesse
en or, le mamelon au jned duquel il avait été rencontré a
été soigneusement exploré, et on y a trouvé, en une série de
points, l'affleurement de roches oxydées rlu même genre
et plus ou moins aurifères. On a commencé à creuser k
partir de ces affleurements quatre petits puits verliranx,
dont deux de quelques mètres seulement, et deux autres
de 15 et 30 mètres <Ie profondeur ; les édiantîllona qui en
ont été extraits auraient eu des teneurs variant de 0 à
70 grammes à la tonne (cette dernière teneur pour des
dét»is oxydés pins ou moins argileux), il en aurait même
été extrait h une certaine époque 97 sacs, représentant h
peu prèR6 tonnes, qui, expédiés pour Être traités k la fon-
derie d'Aldenhot près de Sydney, auraient rendu 12"',ft
d'or et 35 grammes d'argent à la tonne, représentant use
valeur de 4H francs de métaux précieux. Dana le bat ds
recouper en profondeur les formations suivies à partir de
la surface, on entre[»it au pied du mamelon la gal»îe
%urée en AB par la /ïjr. 3 de la PI. V, qui reproduit les
principales indications conservées sur ces recherches ; la
galerie fut poussée de 40 mètres dans une ophite extrême-
ment dure et fut abandonnée sans en être sortie ; elle parait
avoir mis en évidence, tout comme le puits, une direc-
tion dominante des cassures de la roche, orientée k peu
près Est-Ouest, et inclinée aux environs de 30 degrés ver»
le Sud.
Quelques mois plus tard les travaux furent repris sous-
la direction d'uncontremaitre australien; ils ont compwtë
principalement l'exécution d'un puits incliné suivant une
formation de quartz rouillé ; ce puits aurait été poursuivi
sur 31 mètres de longueur en fournissant des miner»»
plutôt pauvres et les travaux auraient été arrêtés là.
Nous n'avons pas pu pénétrer dans les travaux éboulés
bï Google
QiaSHBKTS ltÉTALI,lQ[JBS DIVBRS 387
OQ remplis «l'e«u, mais nous avons examiné las afûeure-
ineats et les tas de minerai sortis de ces travaux ; nous
avoDS constaté ijue le gisement est constitué, au milieu
d'au massif of^itique, par plusieurs tàtas de roch^
quartzeuses et ferrugineuses oxydées, comme il s'en ren-
contre à l'affleurement de massifs de quartz chargé de
pyrite ou de mispiclcel par exemple. Ces roches se pré-
sentent sous deux types assez distincts : le plus souventce
sont des quartz caverneux, friables, brunis par des impré-
gnations d'oxyde de fer, ot dont les vides sont tapissés
d'oxyde de fer terreux ; mais on rencontre aussi des mor-
ceaux de quartz dur, brun ou rouge, très compact, passant
au quartzite; enfin, dans les interstices de ces roches, ou
au omtact du quartz et de l'ophite, il existe des produits
argileux rouge&tres dont quelques-uns auraient étéexcep-
tionnellemeot riches (72 grammes d'or à la tonne).
Nous avons recueilli personnellement sur place un
certain nombre d'échantillons tant de quartz que des
matières ai^deuse^ associées; on sous a, d'autre part,
remis des échantillons semblables de richesse variée.
Ceux de l'une ou de l'autre provenance que nous avons
analysés tenaient tous de l'or (2 à 10 grammes à la
boane).
Quant àl'allure du gîte, nous n'avous pas pu la discer-
ner avec exactUtide les différents puits creusés se
s'alignent pas sur une seule direction et sont séparés {lar
<les affleurements d'ophite, on n'est donc [»s en présence
d'un filon unique et continu, mais peut-être d'un groupe
de filons irréguliers, ou plus probablement d'un noyau
quartzeux plus ou moins continu et plus ou moins puis-
sant.
Ce quartz, très chargé en oxyde de fer, et légèrement
aurifère, ne parait pouvoir provenir que de l'altération
superâcielle de quartz chargé en profondeur de pyrite ou
de mispiclcd aurifère, formation qui n'a d'ailleurs pas été
bï Google
388 RICHESSES MINERALES DE LA. NOUVELLE-CALEDONIE
rencontrée faute de l'avoir recherchée jusqu'à une dis-
tance suffisante de la surface. Quelle serait la teneur en or
de cette roche, quelle serait la régularité de cette teneur
et quelle serait l'extension du gisement de ladite
roche? C'est ce que rien ne permet de dire aujourd'hui,
et l'on ne peut que regretter que l'on n'ait pas
exploré d'une façon complète ce gisement qui se signalait
par des affleurements réellement remarquables; ces affleu-
rements ont en effet pu rappelerà certaines personnes, bien
que dans des dimensions plus restreintes, les affleurements
de la célèbre mine de Mount- Morgan dansle Qneensland, (A
une puissante colonne de quartz imprégné de mispickel
tenant en moyenne de 15 à 20 grammes d'or à la tonne,
associée à une venue dioritique, s'est signalée à l'attention
des prospecteurs par des blocs de quartz ferrugineux
aurifères d'un aspect assez analogue à celui des quart/ de
îa mine QuejTas."
Dans le cirque des Grosses-GoïKles, à la source de la
rivière de Saint-Louis, l'or est associé à l'un desdeui seuls
massifs granitiques de la colonie; nous avons déjà fait
connaître dans quelles conditions se présente ce massif
granitique. En lavant les sables de la rivière qui descend
du cirque des Grosses-Gouttes, dont le granité forme les
parois, associé d'ailleurs à quelques pointements de ser-
pentine, on trouve régulièrement des coulews d'or ; elles
s'observent dans des sables granitiques avec topaze,
accompagnés de produits serpentineux qui laissent dans
le résidu lourd des cristaux de fer chromé. Sur le flanc
du ravin, on trouve en outre des arènes granitiques
décomposées, peu ou point charriées, dans lesquelles le
lavage au plat décèle également, en petite quantité d'ail-
leurs, de l'or d'un jaune très pâle, sans doute par ce
qu'il est allié à une assez forte proportion d'argent ; avec
lui restent au fond du plat de nombreux cristaux micros-
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 389
çopiques de topaze. Cette formation De parait d'ailleurs
pas présenter beaucoup d'étendue.
Le lavage des eables de la rivière a été tenté, à plu*
sieurs reprises croyons-nous, et principalement en 1877
et 1878. D'après les renseignements que nous avons pu
recueillir de la bouche de l'un de ceux qui avaient parti-
cipé à cette tentative, le lavage au sluice fournissait
régulièrement de petites quantités d'or, mais trop faibles
pour rémunérer la main-d'œuvre à employer. Quelques
centaines de grammes d'or seulement en auraient été tirées
(la statistique des exportations accuse, pour le premier
trimestre de 1878, une exportation de 600 grammes d'or
provenant des Grosses-Gouttes).
Ce gisement parait malheureusement être trop restreint
comme étendue pour qu'il y ait lieu d'en tenter l'exploi-
tation par des procédés en grand, susceptibles de réduire
suffisamment les frais d'exploitation pour que les petites
quantités d'or qu'il contient payent les frais d'extraction.
Des données qui précèdent, et qui constituent toutes
celles que nous avons pu recueillir sur les gisements au-
rifères de la colonie, on ne saurait, comme on le voit,
tirer une conclusion aussi favorable que pour les métaux
que nous avons passés en revue jusqu'ici. Sans doute il
ne faut pas désespérer de voir tel ou tel des gisements
que nous avons mentionnés exploité avec succès le jour
oiil'ou essaierait, ici les méthodes modernes de traite-
ment chimique des minerais réfractaires, et là les pro-
cédés hydrauliques d'abatage et de lavage des sables, si
l'importance des gisements était reconnue le justifier;
sans doute aussi est-il permis d'espérer que, le jour oti
tels ou tels affleurements, hâtivement accaparés sans y
avoir fait aucune recherche et délaissés depuis lors, se-*
raient fouillés avec soin, de nouveaux gisements exploi-
tables pourraient être reconnus ; peut-être même en décou-
bï Google
390 RICHESSES MINBKALBS I» LA NOCVBLLB-CALBDONIB
Tiira-t-on qai sont encore complètemeDt iRsoupçoonés.
Mais, quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que notre colo-
nie, si bien partagée comme richesses minérales k beau-
coup lie points de vue, ne l'a pas ét^ en ce qui concerne
l'or d'nne façon qui puisse permettre de la comparer,
même de loin, k ses puissantes voisines.
bï Google
CHAPITRE III.
JUmftAIg KeriLLIQDSS SfTCBS.
A. — GuraiEHTB ABOENTIVÈKBB.
Nons se croyons pas qu'sDcun gisement ait été signalé-
«n NooTelle-Calédonie comme contenant des mineras pa-
rement argentifères : la présence de l'argent a, an con-
traire, été reconnue dans an assez grand nombre de gise-
ments â'&utres métaux.
. Toujours associé à l'or, il se tronve en particolier en
quantité notable dans l'or de Fem-hill (7,5 p. 100 -en
poids) comme dans celui de la mine Rose (voir les résnl-
tats d'andysesci-dessuG rapportés). Dans la même forma-
iàfm de micaschistes qui contient larrrine Kose, M. Heur-
toaa signale, dans la vallée de Pomien, un fFlon qui avait
^é «xploré pour or, et qui, constitué par du quartz chargé
■de pyrite, contenait des traces d'or et 50 grammes
d'argent k la tonne. Enfin l'or du gisement des Grosses-
Oouttes ]H^sente une conlenr si claire qu'il renferme
«Mlainement une proportion notable d'argent.
L'argent est de même associé, comme nous l'avons
dit, au enivre dans les différents gisements connus de
ce métal, mais il n'ajoute en général qu'un bien faible
appoint à la valeur des minerais.
Ënfln Targent est encore connu en Nouvelle-Calédonie,
associé, comme il l'est presque Constamment, au plomb
«I au zinc, et il s'y est montré par endroits en proportion
snffisante pour augmenter d'ime façon considérable
bï Google
392 RICHESSES MraÉRALES DE LA .NOUVELLE- CALÉDOSIE
la valeur des minerais de ces mélaiiz dont nous allons
décrire les gites.
B. — Gisements de plomb.
Le plomb !i ^té signalé en plusieurs points de la i-égion
septentrionale de l'Ile ; il est, comme nous l'avons vu,
abondant k la mine de cuivre Pilou ; mais il existe en
outi'e différents gisements oit il domine, associé il esl
vrai, à des quantités importantes de zinc, et ne contenant
que de simples traces de cui\Te,
La fig. l de la PI. V l'oprésente les différents périmètres
miniei's du Nord de l'Ile qui sont censés ronfemier dos
minerais de plomb argentifère.
Eu dehors des gisements du Noi-d, il n'a été signalé à
notre connaissance qu'un seul filon de plomb argentifère
dans tout le reste do la colonie; il se trouve daiisTélrpil
lambeau de terrains secondaires siuié au Nord du massif
seriientineuK <lu Mont Dû, non loin de Kuentliio ; nous
n'avons pas eu le loisir «le visiter ce gisement et nous
n'avons pu recueillir aucune indication précise à son sujet.
Parmi les gisetuents découverts dans le Nord de î'ile, le
seul qui ait été l'objet d'une tentative d'exploitation est
celui de la Mérétrice sur la rive gauclie du Diahot.
Découverte à la fin de 18Si, la mine Mérétrice a été
l'objet lie travaux de préparation, puis d'exploitation, à
partit' de 1886-1887; les minerais qui' en provenaient, et
qui étaient d'une fusion facile, étaient d'une valeur un peu
trop faillie pour iiouvoir supporter -les frais do transport
jusqu'aux fonderies australiennes, aussi furent-ils traités à
la fonderie créée à cet effet à Pam. Ce n'est qu'au début
de 1890 que cette fondei-ic put livrer des produits mar-
cliands; les minerais exploités jusque-là avaient été en-
tassés, aussi n'est-ce que dans les années 1890 à 1893
qu'il a été exporté du plomb argentifère de la colooie;
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 393
d'après le.s statistiques de la douane, ces exportations
n'auraient guère dépassé 1 ,500 tonnes au total, représen-
tant une valeur TOÎsine de 600.000 francs; la teneur en
argent aurait été de plu» de i kilogramme d'argent par
tonne de plomb d'œuvre.
Interrompus à la fin de 1891, les travaux de la mine
Méréirice ne paraissent jamais avoir été repris sérieuse-
ment depuis lors, bien qu'il y ait eu une tentative dans
ce but eiil897-i898.
Le gisement se trouve, comme celui de la mine Pilou
et de la plupart des autres mines de cuivre que nous
avons décrites, encaissé dans des schistes ardoisiers noirs,
et en relation très immédiate ave<' un dyke de roche
verte: il aflleure sur la rive gauche du petit ruisseau
Djavel, au flanc d'undes très nombreux mamelonsovoides
que ces schistes forment entre le Diahot et la ligne des
calcaires de la Roche Mauprat, dont la mine Mérétrice
est d'ailleurs voisine.
L'affleurement se présente sous la forme d'un énorme
massif, de 10 mètres environ de puissance, presque uni-
quement constitué d'un agrégat de fragments de céru-
site empâtés dans de l'oxyde de fer; souvent la cérusitc
apparaît en jolis petits cristaux tabulaires, et l'on en a ren-
i-ontré autrefois nombre d'échantillons recouverts de fila-
ments d'argent natif ; par places la cérusite est associée
à des enduits cuivreux bleus et verts, et à des minéraux
oxydés du zinc.
Une tranchée, ouverte sur une dizaine de mètres de
verticale et une cinquantaine de mètres en direction, n'a
pas tardé à découvrir des minerais sulfurés, peu ou point
altérés, qui se présentent en trois bandes grossièrement
parallèles, orientées à peu près Nord-HO°-Est et plongeant
au Sud-Ouest, paraissant constituer trois filons distincts,
mais voisins, avec des puissances de 1 à 2 mètres chacun,
et séparés par des schistes pratiquement stériles.
bï Google
'364 RicHEssBe innÉHALn vb la koiivells-calédonie
La /iff. 4 de la PI. V indique quel est l'état actael des
lieux et représente groseièreraent le« traTMix qui ont été
fait» BUT le gisement.
Celui-^ eat à peine connu sur 320 mètres de longuen-,
bien qu'il ait été retrouvé sur la liv^ droite du ririssemi
Djavel : une galerie d'allongement a s'est enfoncée de
quelques mitres dans un filon (?) mince, et ane tranchée
a trouvé an filet de minerai ; mais plus à l'Est il n'a pins
été reconnu d'affleurements sur le mamelon qni se déve-
loppe sur la rive droite dn ruisseau. Le mamelon de la lire
gauche, qui renferme sur son Ranc Est le puissant affien-
rement que nous venons de décrire, n'a montré de mine-
rai que de ce cété, sur son flanc Ouest il n'a rien Hé
trouvé et les fUonsn'ontétésuivis en direction an d^àde
l'extrémité de la tranchée que par une galerie d'allonge-
meirt d'une quaruitaine de mètres de longueur qui est «•-
jowd'hui inaccessible : elle s'enfonce dans le minerai
sulfuré. L'allure de U formation sur cette faible kMiguear
«st d'ailleurs foKement contournée.
En profondeur, la seule donnée dequelque importance que
l'on ait est cellequi est résultée du fonçage, en 1897-1898.
par r fl International Corporation Limited » devenue pro-
priétaire de la mine à cette époque, d'im nouveau p«iU,
jHtifond de 50 mètres, qui aurait recoupé à 2^ mèti-es de la
snrface un filon de 2 mètres de puissance très abondam-
ment minéralisé en galène avec pyrite et blende, tenanl
de 3 à 4 onces (94 à 125 grammes) d'argent à ta tonne ;
Ml mur de ce filon, le puits, foncé jusque-là dans les
ecliistes noirs, est entré dans un dyke de roche verte
très dure dont on connaît d'ailleurs les affleurements an
mur des affleurements des filons ; il y a été pourstùri «w
25 mètres de hauteur.
De l'ensemble de ces indications, quelque peu incom-
plètes, il semble résulter que l'on est en présence, à la
Mérétrice, soit d'une formation lenUculaire, soit d'ime
bï Google
QISBUBNTS HETALUQCBS DITUtS 395
.-zoned'enncbissemeDi ezceptioDBeld'un 8Ion aormalement
assez pauvre ; il ne parait ea effet pas douteux qu'il ne se
prolonge en direction que sur 200 mètres au plus, ou
■que, s'il se prolonge au delà, c'est avec une puissance el
une minéralisation bien moindres. En profondeur il parait
•également s'amincir, puisque aux affleurements il com-
porte trois veines métallifères d'une puissance totale de
■4 à 5 mètres au moins, tandis qu'à 25 mètres de la sur-
iace il n'a plus qu'une épaisseur de 2 mètres. En outre,
comme cela arrive trop fréquemment, la teneur en aident
-diminue considérablement lorsque l'on passe de la zone
oxydée à la zone sulfurée. Comme nous l'avons mentionné,
Jes échantillons de cérusite parsemés d'argent natif ont
■été assez fréquents aux aflleurements et la teneur des
minerais y était, nous a-t-on affirmé, couramment de
12 à 15 onces, soit 370 à 470 grammes, par tonne de
minerai à 15 ou 20 p. 100 de plomb, ce qui correspondrait
ji des plombs d'oeuvre à près de 2 kilogrammes d'argent à
la tonne. Au contraire, les minerais sulfurés ne tenaient,
imème tout près de la surface, que des quantités variant •
généralement de 6 onces (200 grammes) à ta tonne à
3 ou 4 onces.
Nous avons eu conuaiss&nced'une série d'analyseseffec-
tuées en 1898 en vue de chercher à se rendre compte
■de la teneur moyenne que pouvaient avoir les différents
minerais, et nous en donnons ci-dessous les résultats, que
Jious n'avons d'ailleurs nullement été en mesure de vérifier.
Douze analyses de minerais sulfurés avaient donné
«omme teneurs :
(00
Plomb ...
.. d«
24,49 p. (00 à 8 p.
Cuivre ....
4 iraces
Zinc
28,93 8,41 p
Fer
26,98 8,55
Silice
27 6,88
Argent
ae3TO gr. à la l. à 94 gr. ù I
bï Google
396 RICHESSES MISÉRALES DE LA NODTEI-LE-CALÈDONiE
- La composition des minerais les plus riches était d ail-
leurs la suivante :
Plomb 24,49 p. 100
Cuivre traces
ZiQC 22,26 p. 100
Fer 8,55
Silice 10.54
Argent 3Î0 grammes à la lonne
Neuf analyses de minerais oxydés avaient donné les
résultais suivants :
Plomb.. de 38,44 p. 100 à 5,68 p. 100
Cuivre. . 2,76 traces
Zinc... 4,14 1,63 p. 100
Fer .... 31 10,60
Silice... 49,31 20,25
Argent. de 500 gr. à la tonne à 125 gr. à la tonne
L'échantillon le pins riche en plomb contenait :
Plomb 38,44 p. 100
Cuivre 0,20
Zinc 2,38
Fer 14,32
Silice 20,80
Argent 420 grammes à la tonne
Les minerais de surface étaient, comme on le voit,
complètement oxydés et pauvres en zinc {maxirauin
4 p. IWl pour un minerai tenant 30 p. 100 da plomb);
ils étaient donc d'un traitement aisé, et étaient eu outre
assez riches en argent, puisqu'ils étaient de nature à don-
ner du plomb d'œuvre tenant plus de 1 kilogramme d'ar-
gent à la tonne ; ce ne sont guère que ces minerais qui ont
été fondus à Pam, il en reste d'ailleurs encore des tas
importants (quelques milliers de tonnes) sur le carreau de
la mine.
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DIVERS 397
Les minerais sulfurés ont au contraire beaucou)) moins
de valeur : contenant une forte proportion de zinc, à
peine inférieure à la proportion de plomb, ils exigeraient
un lavage minutieux qui entraînerait vraisemblable-
ment la perte de toute la blende et, avec elle, sans doute
celle d'uoe notable partie de l'argent, livrant du plomb
d'œuvre tenant seulement quelques centaines de grammes
à la tonne.
Il ne semble donc pas que, même si le gisement de la
Mérétrice montrait plus de continuité que ne paraissent en
indiquer les quelques travaux de recherches qui y ont été
poursuivis, son exploitation puisse être bien rémunéra-
trice, tant du moins que les conditions industrielles de la
région resteront difficiles, c'est-à-dire que la main-il'œuvre
y sera rare, le combustible cofiteux et les moyens dont
on dispose restreints. La puissance apparente de l'affleu-
rement et sa belle richesse en argent en avaient fait au-
gurer autrement, mais on connaît aujourd'hui assez du
gisement pour être porté à dire que ces apparences étaient
trompeuses.
Nous ne croyons pas qu'aucun des autres gisements de
plomb argentifère du voisinage, que nous n'avons d'ail-
leurs pas pu examiner, ait présenté à beaucoup près de
semblables apparences.
C. — Gisements de zinc.
Le zinc est abondamment associé non seulement à
quelques minerais do cuivre et, surtout à ceux de la mine
Pilou, mais encore, comme nous venons de le dire, aux
minerais de plomb argentifère de la Mérétrice.
Ici comme là, il constitue une gène notable pour la mé-
tallurgie et, dans l'état actuel des choses, loin de pouvoir
dans ces conditions être considéré comme une richesse, il
bï Google
398 KICHES&ES HINÉRALBS DE LA KOCVaU^CALÉDONIB
déprécie {das ou moins sérieuseiBent les ^aements ofa il se
rencontre, Nowin'avons pas connaissance que des cameruB
de zinc seul aient junais été signalés dans la colonie. Il»
y servent d'ailleurs pratiquement inuUlisables étant domé
en particulier le prix <t« charbon, et il faudrait qu'ib
fussent bien riches, et suHoot qu'ils aient use teseurtr»
notabte en argent, p<Mir qu'ils puissent valoir le transport
jusqu'aux usines établies sur les bassins houiU«rs de la
Nouvelle-Galles du Sud.
D. — Gisements d'antimoinb.
L'antimoine n'est copnu, en Nouvelle-Calédoaie, qu'es
un seul point, à Nakety. Les conditions dans lesquelles il
s'y présente avaient paru dans le temps assez favorables
pour que l'exploitation en fût tentée en 1883-1884; mais
elle ne parait pas avoir eu un succès suffisant. Abandonnée
au début de 1885, elle n'a pas été reprise depuis.
Le gisement sur lequel cette tentative a eu lieu est
situé au voisinage de Nakety, dans l'un des contreforts
qui s'élèvent sur la rive gauche de la rivière de Nakety
à peu de distance au Sud-Ouest du village : ces contreforts,
situés au voisinage immédiat des massifs serpeatineus
qui a'élèventau bord delà mer, sont constitués principale-
ment par des schistes argileux noirs décolorés aux affleu-
rements. Dans ces schistes conrent une série de veines
de quartz presque verticales et dirigées au Nord-110°-Estr
l'une de ces veines, puissante de 2 à 3 mètres, est niné-
ralisée sur une bonne partie de sa largeur par de la sti-
Une : par places on rencontre du mioerEÛ massif en quan-
tité plus ou moins considérable ; en d'autres peints la
stibine constitue seul«nent un remplissage daas-les inter-
valles de sphéroiites quartzeux.
Des travaux d'une certaine importance, travecs-banc»
bï Google
eUWHBHTi UÉTALUQCES DIVBBS 38&
et galeries d'allongement, ont été pratiqués, s'étageant
jusqu'au sommet de la colline, entre les cotes 165 et 300;
ils paraissent avoir suivi un filon d'une certaine conti-
nuité.
Quant à la richesse mo^'enne de la minéralisation nous
n'avons pu nous en faire qu'une idée approximative;
d'aiH-ës les renseignements que nous avons pu retrouver,
le minerai aurait été amené, après triage, à une teneur-
moyenne de 35 p. 100 de stibine.
Descendu jusqu'au pied de la colline par un plan incliné,
il était concassé, puis trié ; il aurait, au début, été exporté
telquoljusqu'àcoflcurrence de quelques ceutainesde tonne».
Ultérieurement on aurait construit un petit four de liqua-
tion pour produire sur place le sulfure fondu, mais il
n'aurait été obtenu que quelques tonnes seulement de celui-
ci, l'exploitation ajant dû être abandonnée k la suite d'une
baisse de la valeur du métal.
Différents autres affleurements de stibine ont été signa-
lée au voisinage, et il n'a pas été institué moins d'une
douzaine de concessions d'antimoine à Nakety ; mats les
travaux que nous venons de mentionner sont, à notre
connaissance, les seuls sérieux qui aient jamais été faits.
Le filon sur lequel ils ont porté serait, à n'en pas douter,
coDsidéré comme d'une belle richesse en France, et serait
exploitable avec profit si l'on se trouvait dans des coudi-
tions économiques analogues a celles de notre pays; si,
au contraire, on veut comparer l'exploitation à laquelle il
pourrait donner lieu à des exploitations de pays loin-
tains, telles que celles du Japon, par exemple, qui est un
[Htiducteur assez important d'antimoiue, on ne peut que
oonstater l'infériorité du gisement calédonien , et conserver
peu d'espoir qu'il puisse être de longtemps l'objet d'une-
ulilîsation fructueuse, surtout avec les- cours actuels de-
l'antimoine.
bï Google
400 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOnVBLLR-CALRDONIB
E. — Gisements de mbrcdre.
Lo cinabre, et même le mercure natif, ont été trourés
en plusieurs points de la colonie ; des gisements en roche
sont connus à Nakety, à Kouaoua, et k Bourail ; des
fragments de cinabre ont en outre 6té rencontrés dans le
lavage des sables de plusieurs rivières et en particulier
dans la haute vallée de Nakety et dans la rivière d'Audant.
A Nakety, le cinabre a été signalé il y a d'assez longues
années déjà : il apparaît en cristaux dans les fentes d'un
grès jaunâtre en plusieurs points situés de part et <l'autre
du village, d'une part sur un esearpenient élevé qui
domine lai-oute deThio à Nakety k quelque distance avant
d'arriver aux premières maisons de ce village, et d'autre
part à 2 kilomètres environ à l'Ouest du gisement de
stibine que nous venons de mentionner. Ces deux points
s'alignent exactement avec ce gisement dans la direction
Nor<i-ilH°-Est qui est celle du filon d'antimoine, comme
si le cinabre et la stibine s'étaient déposés le long d'une
même cassure : ce serait un exemple de plus de l'associa-
tion si fréquente île ces deux minerais. Sur les uns et les
autres do ces affleurements il n'a été fait que des grat-
tages insignifiants, ayant consisté essentiellement à en-
lever les quelques jolis échantillons de cinabre qni se
montraient, si bien qu'aujourd'hui ce que l'on en peut
voir ne saurait donner une haute idée de la richesse des
gisements en question.
Près de Kouaoua, dans la vallée de la Faja, affluent de
droite de la rivière de Kouaoua, on trouve, an sein d'un
massif <le roches vertes diabasiqucs apparaissant au milieu
des schistes argileux noirs qui se développent derrièrele
bourrelet serpentineux do la cûle, des filons et veinules
de quartz avec mouches fines de cinabre ; ce que nous en
bï Google
GISEMENTS HÉTALLIQDES DIVERS 401
avons vu ne présente d'intérêt qu'au seul point de vue
minéralogique.
Enfin, il 7 a quelques années, un autre gisement de
mercure a été signalé dans la vallée d'uu des petits ruis-
seaux qui forment la Douencheiir, à 15 kilomètres environ
au Nord de Bourail, non loin de la route de Bourail à
Houailou ; les quelques fouilles qui ont été faites sur
l'afUeurement ont permis d'en retirer de jolis échantillons
de cinabre et une petite quantité de mercure natif; mai»
ces fouilles, ayant été uniquement localisées en un point
et n'ayant eu qu'une profondeur de 3 à 4 mètres, n'ont
fourni aucime indication sur l'importance du gisement et
par suite sur la possibilité de son exploitation. Celui-ci est
encaissé dans des phyllades violacées légèrement bario-
lées, qui affleurent clans la chaîne centrale de l'ile entre
Bourail et Houaïlo» loi-squ'elies ne sont pas recouvertes
par les serpentines; dans les cassures transversales de
ces phyllades se reacontre une argile grisâtre imprégnée
de nombreux grains de pyrite avec cristaux de cinabre;
par places ceux-ci remplissent toute la largeur de la cas-
sure (c'est-à-dire quelques millimètres seulement), et se
développent en outre entre les feuillets des phyllades.
C'est dans le lit du ruisseau que le gisement a été dé-
couvert grâce a quelques gouttelettes de mercure pro-
duites par l'oxydation du cinabre qui s'étaient réunies dans
las cavités de la rocbe. Les affleurements ont été fouillés
an milieu même du ruisseau par nn petit puits aujourd'hui
noyé, et sur la rive gauche par une amorce de tranchée au
front de taille de laquelle noua avons encore trouvé des
cristaux de cinabre et des gouttelettes de mercure. Il pa-
raîtrait que plus bas sur le cours du ruisseau on aurait
e«eors relevé quelques traces de cinabre. Comme nous
l'avoDs dit, cesont là des indications tout à fait insuffisantea
pour permettre de formuler une opinion sur la valeur d'un
tel gisement, mais le concessionnaire a préféré s'en tenir là.
bï Google
402 RICHESSES MINKRALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
Noua ne pouvons donc que coustater la présence du
cinabre sur plusieurs points de la colonie, ignorant com-
plètement s'il ne s'y trouve qu'en mouches isolées, comme
on ic rencontre dans beaucoup de pays, ou si au contraire
l'un ou l'autre des gisements signalés jKiurrait être utile-
ment exploité.
Nous terminerons ce qui a trait au mercure en rappe-
lant que JI. Heurteau avait, à la suite de la découverle
encore récente du nickel en Nouvelle-Calédonie, signalé('}
l'association en Californie du cinabre à des silicates de
nickel au milieu de serpentines et de schistes serpentineui.
et qu'il avait appelé l'attention sur la possibilité de trou-
ver aussi dans notre colonie le mercure associé au nickel.
L'événement n'a pas confirmé cette li3'pothèse, le mercure
n'ayant jamais été rencontré jusqu'ici qu'en dehors de la
formation serpentineuse nickeliiere.
F. — Gisements de platine.
Autant qu'il est permis de conclure de la présence dans
une région de telle ou telle roche à la possibilité d'y ren-
contrer tel ou tel métal, on pourrait penser que la Noo-
velle-Calédonie, oii les serpentines sont aussi exception-
nellement abondantes que nous l'avons dit, pourrait
renfermer des gisements de platine, tout comme l'Oural où
dominent ces mêmes roches. Il ne parait pas en être ainsi,
car le platine n'a été signalé, et en quantités inâmes,
qu'en un seul point de la colonie, le ruisseau d'Andani-
C'est, ànotre connaissance. M, Felatan qui l'a découvert [")
et nous avons constaté personnellement l'exactitude de
l'indication qu'il donne à ce sujet : le platine se renconu*
en très faible proportion au milieu de l'or, qui est lui-
bï Google
GISEMENTS UÈTALUQUES DIVERS 403
même peu aboadanl, dans tes sables du ruisseau d'Andam.
A quelles roches ce platine est-il arraché, c'est ce que
personne n'a recherché : provienUl, comme provient
Traisemblablement l'or, des micaschistes en relation avec
les roches à glaucophane dont on retrouve des débris dans
ces sables aurifères, ou bien au contraire était-il associé
aux roches qui contenaient les cristaux de magnétite et
de fer chromé qui se trouvent accompagner ici l'or, alors
qu'ils ne l'accompagnent généralement pas dans les autres
sables aurifères du Nord de la colonie? Kt ces roches à
fer chromé ne seraient-elles pas des serpentines dont il
existe quelques petits massifs au milieu des micaschistes?
Ce sont là des questions auxquelles nous ne pouvons
répondre, n'ayant en aucune façon eu les loisirs prolongés
qu'il eût fallu pour en entreprendre l'étude sur place. Il
serait fort intéressant, sinon au point de vue industriel,
tout au moins au point de vue géologique, que des
recherches minutieuses fussent faites dans ce but, en
essayant de remonter la rivière d'Andam et ses afduents
jusqu'aux points d'oii provient le platine.
Ajoutons que, si le 6oin avec lequel ont été examinés
les sables des différentes rivières du Nord de la colonie,
oii les chercheurs savent pouvoir trouver de l'or, rend
peu vraisemblable qu'un gisement de platine de quelque
importance qui y existerait soit demeuré inaperçu, il n'en
est pas de même pour les sables des rivières descendant
des grands massifs de serpentine, qui depuis longtemps
passent aux yeux des laveurs d'or pour certainement
stériles. •
G. — Gisements de manganèse.
La présence du manganèse a été signalée à différentes
reprises dans la colonie. Sans parler de son association
constante au cobalt, il existe, en particulier au pied de la
bï Google
40i RICH^SBS VINÉRALES DB LA ?lonTSLLR-Ci.LÊDONIB
Table Unio, dés blocs do pTrolusite, qtrin« paraissent d'atl-
letiTB gnère exister qn'à l'état de blocs isolés. Ce même
nrioerai a en ontre été signalé en plnsienrs pointa de la cAte
Ouest, tantôt dans le trias et.tantôt dans le crétacé, près
de Bourail, dans la vallée de la Boguen, & Boutoopari, à
Saint-Vincent, etc., toujours sous forme de blocs isolés:
son gisement primitif n'est donc pas connu. On a néan-
moins prétendu qn'il proviendrait de filons ou d'amas dans
les serpentines ; mais nous n'avons pas connaissance qu'on
en ait donné aucnne preuve, et nous croyons devoir tenir
la chose comme très douteuse, bien qne, rappelons-le,
toutes les péridotites de la colonie contiennent de*»; traces
plus ou moins marquées de manganèse.
La valeur en Europe des bioiydes de manganèse mAme
les plus riches (une cinquantaine de francs la tonne) est
trop faible pour que l'on puisse songer h en expédier de
Nouvelle-Calédonie. Le jour oh la métallurgie de l'acier
viendrait à être créée en Anstralie, il en serait peut-être
aatrement; mais ce jour-là ne trouverait-on pas sur le
vaste continent australien le manganèse dont on vien-
drait k avoir besoin? Cela est fort possible.
n n'y a donc guère à compter sur le manganèse
comme sur une des richesses minérales utilisabl{>s de la
colonie.
H. — GiaïUBNTS DE TUNOSTÈNE, TITANE, HOLTBDàNB, ETC.
Le tungstène, aous la forme de scheelite, ou tungstate
de chaux, a été rencontré au voisinage de Kouaoua; il
existe peut-être bien en d'autres points encore de la
colonie, car on a trouvé entre les mains de Canaques un
certain nombre de pierres de ftijndes fkites de ce nmérti
particutibrement dense. Le gisement de Konaona est situ*
dans la vallée de Faja : il est intimement assocW m
bï Google
QISEUEMS UÉTAUJQUES OIVEBS 405
gisement île mercure que nous avons mentionné ci-dessus,
car il se présente dans un filon de datboUte ç^ui recoupe
la iDème formation diabasique. Ce filon de dalholite, puis-
sant de 50 à 60 centimètres environ, forme, en raison de
sa dureté, un ressaut du terrain, et l'une de ses faces est
découverte sur une assez grande étendue; l'érosios et
l'action chimique des agents atmosphériques ont détruit
une partie de la datholite et ont laissé apparaître en sail-
lie sur sa surface des rognons de scheelite qui étaient
vraisemblablement inclus dans la datholite; au pied de ce
ressaut on trouve, au fond du ruisseau qui le recoupe,
des fragments de scheelite que leur poids a empêché
d'être entraînés. Il n'est d'ailleurs loisible de recueillir de
Tune et l'autre façons que quelques échantillons seulement,
et, à examiner le filon massif de datliolite, il semble que la
scheelite y soit en somme rare. Dès lors, malgré la valeur
élevée (800 à 900 francs la tonne) de ce minéral qui
présente une teneur importante en tungstène, et qui est
particulièrement recherché aujourd'hui pour Ja métallur-
gie, il ne semble pas que ce gisement soit exploitable, à
moins que le filon de datholite ne soit exploitable par lui-
même pour en retirer les 21 p. 100 d'acide borique qu'il
contient. C'estlà une question qui n'a jamais été envisagée
nulle part à notre connaissance, la datholite ne se présen-
tant d'habitude qu'en masses trop peu considérables pour
que l'on puisse même songer à l'exploiter, et nous ne
mentionnons cette question comme pouvant être étudiée
que sous les plus expresses réserves au sujet de la possi-
bilité de créer dans notre colonie une semblable industri».
Le titane existe, nous l'avons déjà signalé, sous
forme de rutile, de sphène, de fer titane ; mais ce sont là
des minéraux et non des minerais; si nous le citons ici,
c'est que l'abondance avec laquelle le rutile se rencontre
^ Calarino et la facilité avec laquelle il peut être séparé
par lavage des sables de la rivière avaient fait songer à en
bï Google
406 RICHESSES MINÉRALES DE LA KOCVELLB-CALÉDONIB
entreprendre l'exploitation. Malheureusement le prix assez
faible auquel il aurait pu être vendu en Europe et surtout
les débouchés très restreints offerts au titane, qui na
que des emplois des plus limités dans l'industrie chimique,
ont vite montré l'inutilité d'une semblable tentative.
Le molybdène, qui existe sous forme de paillettes de
molybdénite dans les filons de quartz du massif granitique
de la Coulée, n'a guère plus d'emplois, et ne doit de
même être mentionné qu'au point de vue minéralogique
et non au point de vue indufitriel.
Quoi qu'il en soit, les indications qui précèdent suffisest
à établir que ce n'est pas seulement en nickel, en cobalt,
en chrome, et en fer que notre colonie est riche; nous
croyons avoir montré que le cuivre devrait pouvoir y être
exploité d'une façon régulière et continue, et qu'il ne
serait pas du tout impossible que l'or le fût de même un
jour en quelque point de l'ile; d'autre part, il serait fort
à souhaiter que quelques autres gisements métalliques
signalés, mais non encore explores, le fussent sérieuse-
ment pour reconnaître s'ils ne pourraient pas également
être exploités avec fruit.
bï Google
CHAPITRE IV.
iOTRES GISEMENTS ■INÉRAOX CONNUS DAMS LA COLONIE
Avant de passer à l'étude des affleurements houillers
de la colonie, nous avons encore à citer un certain
nombre de gisements niinéranx utilisables, on qui pour-
raient le devenir.
Si l'on consulte la liste des concessions ('), et demandes
de concessions présentées à diverses époques, classées
d'après la nature des substances qui sont censées s'y
trouver, on y relève, en dehors des métaux que nous
avons énumérés précédemment ou du charbon, les
quelques produits minéraux suivants : letain, la plomba-
gine, l'opale, l'amiante, la pierre lithographique, le
gypse, l'huile minérale. Il est en outre vraisemblable qu'il se
rencontre dans le sol de la Nouvelle-Calédonie quelques
autres substances éventuellement uiihsables, qui n'ont
encore fait l'objet d'aucune demande de concession ; tel
est par exemple lo cas de la giohertite, dont nous avons
déjà signalé des dépôts assez étendus dans le Nord do
l'ile.
.4. — Produits minéraux divers.
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons tout lieu de
penser que c'est par suite d'une erreur prossièrc. <'oinme
(*) llnppelODs qu'en vertu du Jécrct du 17 octobre 1R%, portant
orgaaisation du régime des mines en Nouvelle-Calédonie, et [iieme en
vertu dei règlements antérieurs, sont concessïbles i les gîtes naturels
des Bubatances mini'rnles ou Tossiles susceptibles d'une utilisation spé-
ciale, à l'exception des mnli-riaux de constructions et des auicnitemenls
ou engrais >.
bï Google
408 RICHESSES Mt!<ÉRALBS DE LA NOUVELLE-CALÊDONIK
en commettent souvent les chercheurs de mines sans
aucune instruction, que l'on a cru rencontrer autrefois de
Tétain dans le Nord de la colonie : non seulement il n'es
jamais été exploité, mais encore noua ne croyons pas
qu'aucun échantillon en soit connu.
li en est TraisemblaUement à peu ^b de même de la-
plombagine; des schistes noirs plus ou moins graphiteux,
comme il s'en trouve dans l'abondante formation schis-
teuse du Nord de l'Ile, ont sans doute été pris pour d»
graphite; mais nous n'avons connaissance d'aucune masse
de ce minéral signalée en quelque point de la colonie.
Les quartz opalins sont assez fréquents dans les nom-
breux gisements de quartz secondaire de la Nouvelle-
Calédonie, et nous en avons ramassé nous-raème des
échantillons, mais on n'a encore nulle part rencontré de
l'opale noble utilisable pour la bijouterie.
De beaux échantillons d'amiante nous ont au contraire
été montrés provenant des hauteurs qui dominent la rive
droite di< Diabot à l'Est de Ouégoa, et qui paraissent
appartenir à la formation de talcschistes à amphibole que
l'on retrouve à Ouégoa même; les échantillons qui nous
ont été présentés montraient de longues fibres soyeuses
et flexibles qui seraient parfaitement textiles, mais nous
ne pensons pas que l'on ait trouvé autre chose que de
jolis échantillons, et que l'on ait reconnu aucune conti-
nuité k ce gisement.
B. — Carbonates de chaux et de haqnésib.
Une concession de pierre lithographique a été accor-
dée, il y a une dizaine d'années, dans l'île Mato ; elle por-
tait sur un des massifs du grand alignement calcaire de
la colonie, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, so
présente par places avec un grain particulièrement fin-
On avait cru pouvoir utiliser ces calcaires pour la litho-
bï Google
GISEMENTS UÉTALLIQUES DIVERS 409
graphie et l'on en avait expédié une dalle en France
pour être examinée k ce point de vue; nous n'avons pas
connaissance du résultat de cet examen, il parait cepen-
dant vraisemblable qu'il n'a pas été favorable, puisque
l'exploitation n'a pas été entreprise, et que la concession
est tombée en déchéance.
Mais, si la formation calcaire si étendae dont on re-
trouve des lambeaux d'un bout à l'autre de la colonie no
peut pas donner lit^u à des emplois de ce genre, elle n'en
constitue pas moins une précieuse ressource pour le
pays, et elle est activement exploitée, surtout autour de
Nouméa, comme pierre à bâtir et comme pierre h
chaux. Elle serait en outre d'un précieux secours poul-
ies usines de fusion du nickel que l'on voudrait établir
sur la côte Ouest, comme elle l'a été dans- le temps pour
l'usine de la pointe Ghaleix, Le calcaire se présente en
masses snfllsamment puissantes pour que son exploitation
soit extrèmementaisée, et pour qu'il ne cofite guère que les
frais d'altatage à la poudre et de transport jusqu'au point
011 il est utilisé ; on en évaluait le prix de rerient à la
pointe Chaleix k 13 francs la tonne, il est vraisemblable
que ce prix pourrait être uotablement abaissé. Les
quatre analyses suivantes des protluits de diverses car-
rières des environs de Nouméa donnent une idée de ce
qu'est la composition de ces calcaires,, du moins dans la
région méridionale «le l'Ile.
Silice (2,45 3,18 3,15 17,05
Sesquioxyde de fer i 1,14 3,1S i,lù
Carbonale de Cbaux 83,95 S4,10 91,70 76.15
Carbonate de magnésie... . 1,49 traces 3,(3 1,46
Eau " 1,58 0,27
Nous ne terminerons pas ce qui a trait aux cal-
caires sans rappeler que, soit les anciens récifs de
bï Google
410 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLB-CALÈDONIE
coraux qui existent en quelques points, principalemeot
le long de la côte suii-orientalo, de l'ile, soit les
coraux actuellement vivants dont les débris sont sans
cesse apport.es sur toutes les grèves, constituent une autre
importante réserve de calcaire ; on s'en sert parfois pour
faire de ta chaux sur la côte orientale, et ce sont égale-
ment les coraux qui ont fourni la castine à l'usine de pre-
mière fusion du nickel d"Ouroué ; c'est vraisemblablenien!
à cette réserve de calcaire que l'on s'adressera de nou-
veau le jour où on montera une nouvelle usine de première
fusion sur la côte Est. L'analyse suivante indique quelle
était la composition des calcaires coralligènes employés
à Ourouë :
Silice 0,"5
Sesquioiyiie de fer 1,"0
Carbonate de chaux 90,50
Carbanate de magnésie 5,4+
Eau 2,06
Nous avons déjà mentionné l'existence de sortes d'et-
florescences de giobertito ou carbonate de niagnésif îe
long de la ligne de contact des schistes noirs du Nord de
la côte Ouest et dos massifs serpentineux qni reposent sur
ces schistes- Ces. dépôts, qui ne sont sans doute que
superficiels, ont une assez grande extension, en particu-
lier entre Kuumac et Voh. Un échantillon de cette po-
bertite, que nous avons ramassé auprès de Koumac. pré-
sentait la composition suivante :
Magnésie 42,t p. 100
Acide carbonique 51,5
Sesquioxyde de fer o,8
Chaux 3^3
Silice et insoluble o 8
Humidil^ .
0,4
99,2 p.
bï Google
GISEMENTS MÉTALLIQUES DJVERS 411
C'est là un minéral' d'une certaine rareté, utilisé en
quantité encore assez, considérable pour la fabrication des
produits réfractaires basiques nécessaires à la métallur-
gie, et qui vaut eu Europe de 50 à 60 francs la tonne
brute ; cette valeur dépasse de trop peu le prix du fret pour
que l'on puisse songer pour le moment à utiliser les gise-
ments abondants qui en existent en Nouvelle-Calédonie.
C. — Gypse.
Plus intéressants sont les dépôts de gypse de la côte
Ouest, puisqu'ils ont déjà été mis à profit lors des pre-
mières tentatives de fusion des minerais de nickel en
Nouvelle-Calédonie, et puisqu'ils seront vraisemblable-
ment exploités de nouveau le jour où ces tentatives
seront reprises.
On en trouve depuis Nouméa jusqu'à Gomen : les plus im-
portants sont ceux delà presqu'île deUitoé,du cap Goul-
vain.et de Beaupré entre le cap Goulvain et Poya : nous
avons examiné les deux derniers d'entre ces gisements.
Dans un cas comme dans l'autre, le gypse apparaît en
agrégats île cristaux, tantôt blancs, tantôt grisâtres,
tant'it rosés, au milieu d'argiles bariolées grises, rouges
et vertes. Ces formations se développent sur des
centaines de mètres et même des kilomètres de lon-
gueur et sur un assez grand nombre de mètres d'épais-
seur le long de côtes basses, et dessinent asse?; bien
d'anciennes baies s'enfonçaut plus ou moins avant dans
les terres; elles font d'ailleurs immédiatement suite à
des régions envahies par les palétuviers, oii la mer
s'avance plus ou moins régijièrement à marée haute, et
oii demeurent à marée basse, plus ou moins rares suivant
la saison, des eaux saumâtres; ce sont là des conditions
de gisement qui nous paraissent devoir faire adopter
sans hésiter, comme nous l'avons déjà dît, la manière de
bï Google
il2 RICHESSBS NINÉKILKS OE LA N0UVSLLE^AJ.ÈDON18
voir dâ M. Piroutet, qui considère ces dépota comme des
dépôts de rivages soulâvés.
Quoi qu'il en soit, nous n'avons nuUe part obseiré, et
personne n'a pu noua désigner, de gisentenis de gypse en
bancs compacts (qui seraient d'une exploitation beaucoq»
plus aisée), et noua ne l'avons rencontré qu'en agrégats
cristallins disséminés dans l'argile, tantôt très abondant,
tantôt plus rare, ou bien encore isolé à la surface du sol,
mais provenant directement de tels gisements. Il serait
ingrat d'aller chercher le. gypse au milieu de cette argile
très grasse et collante; mais, k la surface du sol et le
long de toua les petits ravina qui la découpent, les eao
superficielles ont accompli ce travail, laissant le sol jon-
ché d'innombrables plaquettes cristallines de gj'pse qn
reluisent au soleil.
Étant donné les espaces importa'hts sur lesquels se
développe cette formation, il ne serait pas malaisé d'r
ramasser à peu de frais des toinies de gypse. Le jour
où la consommation en deviendrait réellement très im-
portante, il deviendrait peut-être nécessaire d'aller te
chercher au milieu de l'argile, et cela ne laisserait pw
d'exiger un débourbage pénible. Si donc il apparaît
qu'au début il serait très aisé de se procurer le gypse k
bas prix, et de l'avoir rendu k l'usine de fusionà un prix
inférieur à celui de 40 francs par tonne donné autrefoù
et que nous avons cependant adopté pour nos évaluatioQE
de frais de fusion, il pourrait ultérieurement devenir un
peu plus onéreux d'exploiter ces gisements de gypse.
Un échantillon bien débourbé, provenant de ces gise-
nienls, et analysé par M. Moore, a moatié la compoû-
tion suivante :
Sulfate de chaux »S.2a p. 100 Soufre t7,» p. 100
Silice S,20
Sesquioxyde de fer.. 1,61
bï Google
STSEUENTS HéTAI.LTQOES DITEKS
D. — HCILE UINÊRALE.
n nOD3 reste enfin à mentionner une constatation inté-
ressante faite, ii y a cinq ans, aux environs de Koumac.
Au fond d'un trou de quelques mètres de profondeur creusé
an pied dn massif serpcntinetix du Piton de Pandop, au
milieu des schistes serpentineux, c'est-à-dire au milieu des
produits serpentineox laminés qui se rencontrent au contact
des péridotites et de leur soubassement schisteux, on a
trouvé fortuitement de l'eau recouverte d'une légère couche
d'huile minérale; en creusant un peu plus profondément,
on a découvert do petites Assures du terrain d'oEi suin-
tait un peu d'huile, l^e puits de 7 mètres de profondeur
qni avait été ainsi foncé s'étant rempli d'eau, on entreprit
de pratiquer une tranchée pour l'assécher, mais ce
travail n'a pas été terminé; on a en outre commencé,
dans des conditions oîi il ne pouvait aboutir à rien, on son-
dage arrêté après un très petit nombre de mètres, Au-
jourd'hni le puits est plein d'une eau à la surface de la-
quelle se montrent des pellicules huileuses émettant une
odeur très caractéristique; agitant les matières qui re-
posent an fond do puits, on voit s'élever quelques bulles
d'huile.
Cette hnîle est un liquide d'une couleur jaune brun et
d'une odeur forte ; elle brille facilement lorsqu'on en
imprègne une mèche ou un papier. Examinée par
M. Moore, elle a été reconnue comme aj'ant une den-
sité de 0,93; distillée à 400 degrés, elle donne 80 0/0
d'huile lourde de densité 0,9Ï8, et elle ne fournit aux tem-
pératures inférieures que fort peu d'huile lampante. Telle
qu'rfle est, elle constitue une huile très lourde (elle le
serait peut-être moins un peu plus loin de la surface),
bonne seulement comme huile de graissage, usage pour
bï Google
414 RICHESSES MINÉRALES DB LA NODrBLLE-CALRDO>iIB
lequel elle a, parait-il, été essayée avec succès, ou peut-être
pour l'éclaîrago arec des lampes spéciales (type WellsJ,
ou encore pour le chauffage des chaudières avec de
bons pulrérisatâiirs. Malheureusement, après une cons-
tatation aussi intéressante il n'a rien été Tait pour recon-
naître le gisement.
En terminant la revue que nous venons de faire des
gisements de minerais métalliques et de produits miué-
raux divers signalés jusqu'ici en Nouvelle-Calédonie, nous
ne pouvons que déplorer que beaucoup de ces gisements
n'aient pas été étudiés et explorés d'une façon suffisamment
avisée ou suffisamment complète, et que plus nombreux
encore soient ceux qui demeurent pratiquement complète.-
ment inconnus. Trop do gens en effet savent profiter <ies
imperfections du régime administratif des raines de U
colonie pour accaparer les gisements sitât signalés,
sans autre but que la spéculation : à peine une consla-
tation de quelque intérêt a-t-elle été faite, et a-t-elle été
suivie dç quelques semblants de travaux de recherches,
qu'une concession est demandée sur le gisement, pois
accordée par l'administration, sur des étendues deplusieun
dizaines d'hectares, lorsque ce n'est pas sur des centaines,
autour du point oii avait eu lieu une maigre constatation.
Dès lors ceux qui sont ainsi devenus propriétaires du gise-
ment, et qni ne disposent souvent pas de la moindre res-
source pour y poursuivre les recherches utiles, se gardent
de l'explorer, mais ils en empêchent toute exploration pw
des tiers, attendant simplement que l'on vienne leur acheter
& un prix considérable une découverte, sans doute mtéres-
sante, mais dont personne ne peut en l'état escompter li
valeur.
Avec un régime minier différent, il ne noua parait pas
douteux que depuis longtemps des chercheurs, encouragés
par la perspective de l'obtention de concessions si les
bï Google
aiSEMENTS HÉTALLIQOES DIVERS 415
gisements se montraient utilisables, auraient entrepris
des recherches pour éclaircir quelques-unes des ques-
tions posées par les découvertes que nous avons signalées,
et dont la solution dans un sens favorable pourrait éven-
tuellement avoir un grand intérêt pour la colonie.
bï Google
ClNQUrÈMI: PARTIE.
Bien que n'ayant Jamais été exploitée et bien que la
question de son utilisation industrielle passe encore pour
douteuse aux veux de bien des gens, la houille est celle
des richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie qui a
été connue ta première, ayant été signalée dès avant la
prisede possession. LesteiTains quicontiennentlescouches
de houille s'étendent en effet, pour une grande par-
tie tout au moins, dans des régions cAtiëres d'uu accès
relativement aisé ; ils se développcut en particulier à
très peu de distance de Nouméa, et là ils se signalent
même à l'attention d'une façon toute particulière par la
bande noire que les couches de charbou tracent sur cer-
tains escarpements abrupts. L'existence du combustible
minéral ne devait donc pas rester inaperçue des pre-
miers explorateurs, et c'est ce qui n'a pas manque de
se produire ; mais longtemps on s'en est tenu àcelte simple
constatation, et les travaux de recherches qui ont été
entrepris plus tard sur différents affleurements n'ont
jamais été poussés avec assez de suite et de méthode
pour permettre aujourd'hui de porter mi jugement défi-
nitif sur une question dont la solution présenterait
cependant un intérêt dos plus sérieux pour notre colonie.
Nous résumerons ci-dessous les observations que nous
avons pu faire par nous-môme au cours de la visite des
principaux gisements qui ont été signalés, nous les com-
pléterons à l'aide de quelques résultats que l'on peut
considérer comme acquis par les constatations et les
travaux faits autrefois, et nous chercherons à en dégager
les conclusions pratiques que l'on est en droit d'en tirer
dans l'état actuel des choses.
bï Google
CHAPÎTKE PREMIER.
INDICATIONS GËHËRALES.
,4. — Age des couches.
Les couclies auxquelles la houille est associée en
Nouvelle-Calédonie sont constituées, comme dans la
plupart des bassins houillers connus, par des alternances
de schistes et de grés : ces formations paraissent appar-
tenir à la partie supérieure de la série la plus récente
des formations sédimentaires quelque peu développées de
la colonie, c'est-à-dire au crétacé. Rapportées d'abord au
lia.s par M. Garnier(*), d'après trois espèces de coquilles
fossiles, recueillies d'ailleurs presque toutes dans les schistes
feldspathiquessous-jacenlsàlaformation houillère, et con-
sidérées comme secondaires par M. Heurteau("), qui
acceptait la détermination de M. Garnier, tout en présumant
leur contemporanéité plus ou moins complète avec les for-
mations à charbon dii la province de Nelson, district de
Westport (côte Ouest de l'ile méridionale de la Nouvelle-
Zélande), les couches de houille de la Nouvelle-Calédonie
ont ensuite été reconnues comme appartenant au crétacé
à la suite de l'examen, fait en 1889 par M. l'Inspecteur
général des Mines Zeiller (*"), d'un cerlain nombre d'échan-
tillons de plantes fossiles venant du gisement des Portes-
(*) Loc. cil., p. 48.
i'*)Loc. cit., p. 413.
(•'•) R. ZeiLLEH, .Voie tur quelques emprtinte.
charbon de la Nouvelle-Calédonie (Bulletin
de France, 3* lérie, t. XVII, p. 413-446 ; 1889).
bï Google
418 lUCHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLB-CALBDOItlB
de-Fer ; parmi ces plantes s© trouvaient de nombreux frag^
ments de feuilles de dicotylédones {Cinnamonum, etsans^
doute aaaai Sassafras et Alnites) qui ne paraissent pas pou-
voir être antérieurefl au crét&cÂ, en roAme temps que des
folioles de Podozamites et un ramule de Podocarptum
(Porfoc(jrpiM»i/M«i/"o/iH»i du charbon cr^tacédeNouvelle-
Zélande) appartenant au crétacé. Cet examen a d'ailleurs
été complété par celui qu'a fait en même temps M. l'Li-
géniour en Chef des Mines Doiivillé de coquilles fossiles
recueillies dans le terrain houiller de la région de Moin-
dou, coquilles comprenant un gastropode du genre BatUte-
nia caractéristique du crétacé supérieur de nos régions et
un cardium dii groupe du Cardium Babuchense. Ces
couches ont dès Ico^ été considérées comnw contempo-
raines des formations à charbon néo-zélandaises qui scmt
classées dans le crétacéo-tertiaire de J. Hector. C'ef=ten
les rapportant à cet ftge que M. Pelatan les décrit (').
H. Pirontet (**) les attribue au G&ult et an C-éDotnaineH
inférieur, il y signale des Holcostephanus, des Bacviiles,
quelques Destnoceras, des fragments d' Acant/tocera» et
d© nombreux lamellibranches, Cardium, CrassateUm,
Panopea, Venux, Dosinia, ctc I^es rares échautiUonS'
que nous avons pu rapporter à la suite de nos visites sor
des travaux presque tous abandonnés depuis longtempSt
et les observations que nous avons pu faire paraisseat
confinner cette détermination de l'ftge de la houille calé-
donienne. Comme restes de plantes, nous n'avons rien
pu recueillir qui pût être déterminé et fournir queIctM
iiidication nouvelle sur la flore ; comme coquilles fossiles,
l'examen que M. rrngénieur en Chef Donyillé a bi«i
voulu faire des échantillons es manvais état, proTeo&Bt
de la Nondoué, que nous lui avons présentés, lui a fait
bï Google
X£â ÛiSBMKMTS UOnLLBBS 419
reporter : [es uneB aux espèces qu'il avait déjà déter-
minées eo 1889, à savoir Haiitkenia dans les schistes
houillers, Cardium d'appareace tertiaire (Tî) dans les
grès arénacés associés, et les autres, provenaDt des
schistes houillers, à des Anomies (') (crétacé ou tertiaire)
et (pour des formes analogues à celles qui avaient été
autrefois déterminées comme Nucules du lias supérieur]
à des Cyrrna qui, faute de détermination d'espèce, ne
peuvent fournir d'indication sur l'Age des couches.
D'autre part, les observations sur le terrain confirment,
sans cependant fournir de preuves absolues qui ne pour-
raient guère être tirées que d'une étude stratigraphique
de détail, étude particulièrement difficile dans ces régions,
que les couches de houille paraissent presque partout
couronner la série sédimentaire et être recouvertes par
les serpentines; c'est nettement le cas au mont Dore,
dans la vallée de la Dumhéa, à Vob, etc.
Ces couches seraient donc bien d'âge crétacé supérieur
et, par suite, plus ou moins exactement du même âge que
celles do Westport (Nouvelle-Zélande); de cette proxi-
mité, et peut-être même de cette identité d'âge de deux
bassins éloignés, rappelons-le, de près de 2.500 kilo-
mètres, il ne faudrait pas conclure, comme on a voulu le
faire parfois, à l'identité des fonnations géologiques, et
par suite a l'analogie de richesse des bassins (**). Rien
(*) L'échulilloa qui a donné lieu ■ cette dAleroiiiiAtioD est celui qui
avait été dénommé Pi-oducta», au miiaée de NoumËa, ce qui avait con-
duit quelques pereoonea k considérer les couches de houiUe correspoa-
dantes comme étant d'Age primaire, Age qu'il ne peut plus Mre ^seMiOD
de lenr attribuer aajourtfbul avec la connaissance que l'on •, tant des
fossile* qui s'y rencontrent, que de la Btratlgraphie générale deiacolonie-
(") On sait en effet combien on peut constater «n Europe de diffé-
rences, cotnme conditions de gisement, oomms nature des charbons,
comme puiMance relative des formations stériles et des couehes de
boollle, etc..., entre des bueias taonillera stparéi par ^nelques oen-
laiaflB de kilomètres senisatenl, et dont les tgei ne prlsanlent parfois
que des différeoMS peut-être moins importantea (antent qae l'on peut
bï Google
42Û RIOHBSSBS MIKÉRA.LBS DE LA NOCVELLK-CALKDONIB
ne 86 montre en effet plus dissemblable que ces deux bas-
sins aux yeux de celui qui examine d'un peu près le
charbon et ses conditions de gisement, d'une part sur la
côte occidentale de l'Ile Sud de la Nouvelle-Zélande, et
d'autre part en Nouvelle-Calédonie ; tout les différencie : la
nature même du combustible, qui présente ici un caractère
bitumineux tout à fait spécial, et qui offre au contraire dans
notre colonie une analogie d'aspect très marquée avec les
charbons de nos pays ; le mode de gisement, comportant
ici des masses puissantes, plus ou moins lenticulaires, et
là au contraire des couches plutftt minces d'un caractère
nettement sédimentaire ; enfin les terrains encaissants,
constitués d'un côté presque uniquement par de gros bancs
de grès dur, cristallin, vert et brun, tandis que de l'autre
ils présentent l'altei-nance habituelle de grès et de schistes,
grès arénacés aux couleurs bariolées jaune clair, rose,
lilas, schistes friables noirs ou gris plus ou moins argileux
ou micacés.
Il faut moins encore songer aujourd'hui, comme on l'avait
fait autrefois (*}, à rapprocher les charbons de notre colo-
nie de ceux de la Nouvelle-Galles du Sud, qui en sont éga-
lement très différents comme mode de gisement, et qui
sont définitivement rapportés à la période permo-carbo-
nifère. M. Heurteau indiquait enfin {")leurcon(emporanéité
plus ou moins complète avec ceux de l'Etat de Victoria
(Australie) ; bien que nous n'ayons pas visité ces derniers
gisements, qui sont de l'époque de l'oolithe, nous pouvons
■e faire une notion exacte de l'importance de la différence à'ige dei
tormatioDs géologiquei SQCceaaiTes) que celle qui peut exister «Bttf
te» fonnationi k charbon néo-ïélandaiaea et néo-calédoniennes mal-
fré la coexistence dam ces deux groupée de form&tians de deux oo
trois espèces de plantes ou de coquilles fossiles. On sait mâme que de»
assises rigoureusement contemporaines peuvent être en certains points
très riebes en excellent charbon et à quelques centaines, ou même i
quelques diiaiD«s de kilomètres plus loin, pratiquement inesploî tables.
(*) Garnibr, loe. cit., p. t6.
{**) loe. cit., p. «4.
bï Google.
LES GISEMENTS HODILLBRS 421
affirmer que la nature même des charbons de ceux-ci, qui
se rapprochent des lignites bru&s, est toute différente
de la nature de ceux de notre colonie, et nous ferons en
outre remarquer que la distance qui les sépare de la
Nouvelle-Calédonie {qui n'est pas de moins de 2.500 kilo-
mètres) rendrait une assimilation tout aussi hasardée que
pour la Nouvelle-Zélande.
II nous reste encore un mot à ajouter au sujet de
cette question de l'âge de la houille néo-calédonienne :
en présence des déterminations divergentes en appa-
rence qui ont été faites des fossiles qui y auraient été
trouvés et de la richesse en matières volatiles extrême-
ment variable des échantillons de charbon provenant de
divers points de la colonie, on pourrait penser que les dif-
férentes couches de houille ne sont pas toutes de même âge.
Rien n*autorise, à notre avis, une telle hypothèse : tout
d'abord, les fossiles déterminés comme infra-liasiques par
M. Munier-Chalmaa (m Garnier) provenaient des schistes
feldspathiqucs sous-jacents aux couches de houille et
peuvent par suite être d'un ftge très différent ; d'autre
part, les déterminations des coquilles de Moindou et des
plantes des Portes-de-Fer tendent à faire rapporter au
même âge deux gisements éloignés de plus de 100 kilo-
mètres, tandis que le seul fossile attribué au lias prove-
nant de la houille, et qui a été déterminé (') comme
Nucu/a Hammeri, a été recueilli à Koé, c'est-à-dire à
quelque 10 kilomètres à peine des Portes-de-Fer, et
plus près encore de la Nondoué d'où proviennent les
quelques échantillons que M. Douvillé a rapprochés de
ceux de Moindou qu'il avait détenninés dans le temps.
Nous ajouterons enfin que, sur les 290 kilomètres sur les-
(') Celle délermination esl d'ailleurs conteslée par M. Piroutet
[loc. cit., p. 161), en note).
bï Google
4â3 RICHB8SK8 HINÉRALBS DE LA NOUVRI.LE-CALéDONlK
quels s'écheronaent les afflenrement!; hoiiiners oëo*
calédoniens, te faciès du terrain qui les contient ne varie
guère, caractérisé toujours par l'aspect tout spécial des
grès arénacés que nuHsdécrironscï-dessous; et si la nature
du charbon se montre très variable d'un point à un autre,
c'eat d^une façon tout à fait irrégulière, et cela eat très
certainement dû à des circonstances purement locales. Nous
croyons donc pouvoir regarder comme établi aujourd'hui
que l'ensemble de la fonnation houillère de notre colonie
est d'&ge crétacé supérieiir(*] ; nous tenons à ajouter que
cela ne comporte pas, a priori, une condamnation de la
qualité de ce charbon : longtemps on a pensé que seuls
les gisements remontant auT époques primaires pouvaient
contenir de hons charbjns, complètement formés, et que
les charbons plus récents n'étaient nécessairement que
des lignitoa, ou des charbons du même genre, de qualité
médiocre ; cela était en effet le cas dans la plupart des
gisements d'Europe, et en différents points de l'Asie oii
les charbons indiens, japonais, etc..., rapportés au juras-
sique ou an crétacé, sont de qualité inférieure ; mais on a
reconnu aujourd'hui qu'il n'j a pas là une loi générale,
surtout pour des régions très éloignées dea nôtres : on
exploite déjà des diarbons infra-liasiqaes ou liasiquea de
très bonne qualité, à 70 ou 80 p. iOO de carbone fixe, à
Funf-Kirchen on Hongrie et k Steierdorf dans le Banat;
et en Amérique du Nord, où bon nombre des meilleurs
charbons sont d'âge primaire, on connatt cependant, dans
l'Ouest et en Colombie britannique, des houilles crétacées
qni passent pour très bonnes ; enfin en Australasie les char-
bons crétacés du district de Westport (Nouvelle-Zélande)
sont plus appréciés même que les charbons de l'époqne
(*) M. Piroulet signale cependant, «uds on préciser le gisement,
des couchei charbooneutei dans l'iarra-crâtacé ; nou» ne pensons pu
qu'elles appartiennent à la véritable tormalion houillère lusceptilile
d'utilisation industrielle.
bï Google
LBfi GISBMBNTS HOUILLBRB 423
permo-houillère de NewcasUe (Nouvelle-Gallea du Sud).
D'ailleurs la (qualité intrinsèque des échantillons bien purs
du charbon calédonien parait être parfaitement bonne ;
les différentes analyses publiées y indiquent des teneurs
■en matières volatiles variant de 6 à 7 p. 100 jusqu'à
36 et 37 p. 100.
B. — D88CE1PTION d'eSSEMBLB DE LA FORMATION H0UI1.I.ÈBE.
Comme l'ont fait connaître les différent» auteurs qui
ont écrit sur les formations houillères de la Nouvelle-Calé-
donie, celles-ci succèdent à une puissante formation
schisteuse, décrite par M. Gamier comme constituée
par des schistes feldspathiques, et que M. Heurteau ca-
ractérise tantôt par le même terme de schistes feldspa-
thiques qu'il qualifie en outre métamorphisës (gisements de
la Oumbéa), et tantêt par celui de schistes argileux et mar-
neux plus ou moinsaltérés (gisements deMoindou). M. Pela-
tan les sépare en deux groupes : le plus puissant appartenant
au trias, et l'antre au jurassique dans lequel il distingue
■Aes schistes ferrugineux et des schistes siliceux en pla-
■<)uette6, caractérisés les uns et les autres par des fossiles
Kasïques. Tous ces auteurs s'accordent pour signaler la
présence, en relation étroite avec ces couches, de méla-
phyres et de tufs mélaphyriques antérieurs aux formations
houillères, ainsi que de porphyres qui paraissent bien au
contraire leur être postérieurs. En feit, partout oii nous les
avoua observés, les gisements houillers reposent en
discordance plus ou moins nette sur les schistes feldspa-
thiques en gros bancs qui paraissent caractériser le trias
néo-calédonien, et le plus souvent on peut observer entre
«ette formation et celle des terrains houitlers proprement
■dits des couches partiellement schisteuses, plus ou moins
métamorpbisées par des circonstances locales dont les
venues de roches éruptives sont certainement les plus
bï Google
424 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALKDOSIB
importantes; ces formations correspondent, comme l'in-
dique la faune, soit au lias, soit au jurassique supé-
rieur ; leurs caractères sont assez variables en raison
de ce niétaniorphisme plus ou moins accentué et leur
détermination certaine ne peut être faite qu'à l'aide des
fossiles là oii il s'en rencontre.
Beaucoup plus nets sont au contraireles caractères litho-
logiques des terrains qui contiennent la houille, lesquels sont
d'âge crétacé, comme nousl'avons dit : suivant les descrip-
tions assez roncoiilantcs des différents auteurs que nous
avons eu à citer déjà, et suivant nos propres obser-
vations, cette formation crétacée comporte générale-
ment ; à la base, des grès grossiers, passant parfois
am poudingnes, mais dont l'aspect et l'importance n'ont
rien de comniim avec ce que nous connaissons à la base
de nos bassins houillers à caractère lacustre du Centre de
la France ; puis vient une puissante formation de grès
arénacés à ciment feldspathique et à coloration vive,
dans lesquels s'intercalent d'une part quelques couches
d'argile ™iacée et d'autre part des bancs de schistes ar-
gileux à grain fin, bien lités et flssiles. de couleur noire
ou gris foncé, souvent micacés, accompagnés, presque
partout oii nous les avons vus, de couches ou de filon-
nets charbonneux, et constituant les roches encais-
santes, toit et mur, de la plupart des couches de
houille. On ne trouve qu'exceptionnellement des grès
gris ou noirâtres comme il s'en rencontre dans beaucoup
de bassins houillers.
De cette formation, la partie la plus puissante est cons-
tituée par les grès arénacés dont Je faciès se montre,
comme nous l'avons dit, très constant d'un bout à l'autre
de la formation houillère de la colonie; tantôt blancs, plus
souvent teintés do jaune, de rose, ou même de lilas, par
l'efTet de l'oxydation due à l'air des concrétions ferru-
gineuses qui s'y montrent généralement avec abondance,
bï Google
LES 0I3EMENTS HODILLERS 425
ils forment des ligaes de collines présentant d'un côté une
pente plus ou moins douce suivant les bancK et de l'autre
un escarpement assez raide recoupant ceux-ci. Ces es-
carpements, toujours dénutlés en raison du caractère par-
ticulièrement friable de cette roche à ciment feldspathique
kaolinisé, offrent un caractère, et surtout une coloration,
tout à fait particuliers qui permettent de los distinguer
de loin au milieu du reste du paysage très verdoyant.
Cela est si marqué que celui qui, parcourant la colonie,
relève de distance en distance sur les sommets qu'il ren-
contre, peut assez exactement reconnaître de loin les
répons oii il y aura lieu de rechercher le charbon, et
même tracer sur une carte géologique l'étendue du ter-
rain houillor. C'est là une observation que nous avons ré-
pétée bien souvent entre Koumac et Nouméa, et qui ne
nous a jamais trompé, croj'ons-nous, car nous avons été &
même d'en vérifier bien souvent l'exactitude.
Ces grès sont caractérisés par la présence de quelques
fossiles mal conservés parmi lesquels dominent des moules
de Cardittm qui doivent les faire rapporter, tout comme tes
schistes houillers et la houille, au crétacé supérieur.
En quelques points cependant, ces grès changent de
caractère ; c'est ce que nous avons obsené avec netteté
au contact immédiat de la serpentine dans la partie sep-
tentrionale du bassin de la Dumbéa, ainsi que nous l'indi-
querons en détail à propos de ce bassin.
Au milieu de ces couches sont intercalés soit des fllets,
soit des couches de charbons qui doivent être qualifiés
houille dans l'ensemble; les échantillons que nous avons
recueillis se classent tantôt dans les houilles maigres,
tantôt dans les demi-grasses et tantôt dans les houilles
grasses passant presque au lignite; ils ont tous l'aspect
brillant, la cassure prismatique, et la coloration d'un noir
franc des véritables houOles. Cependant, en plusieurs
bï Google
'436 RICHB6SBE HOtBRALBS DE LA MODVSLLE-CALËDOÏIIB
points, le charbon eat très pauvre en matières volalilH
et 9« range, ou à peu près, dans les anthracites; c'est le
Ras d'une partie des gisementa du Moat-Dore, de cem
des Bruyères (Col de Tongoué), d'Yahoué, et de Ko*,
d'une partie de ceux de Moindou (Couche Levai], dei
affleurements de Voh, etc.
Bien qu'il soit fréquent que dans un même baBsin les ifif-
féreute» couches superposées contiennent des proportioni
■très variables de matières volatiles et fournissent toutM
les sortes de charbon depuis ceux qui sont anthraciteox
Jusqu'aux plus gazeux, on peut se demander s'il en est
biwi de même en Nouvelle-Calédonie, surtout dam
■des bassins aussi étroits que ceux qui s'y rencœitreat
et dont les couches sont aussi évidemment toutes du
même &ge, et s'il ne faut pas plutôt attribuer la pan-
'vreté en matières volatiles de certaines ctHiches, ou ife
certaines parties de couches, qui se trouvent être pr^
sèment toujours très voisines de massifs de roches érup-
tives plus récentes, à l'influence de celles-ci, de même
que l'on connaît plus d'un exemple de couches de houîBi
traversées par des basaltes et transformées en anthra-
cite au voisinage de ceux-ci.
Notons enfln qu'inversement tes charbons de ht mon-
tagne de Moméa se classent k la limite des ligoites ei
des houilles sèches.
C. — KXTENSION DE LA FORMATION HOUlLLÈtlB.
L'extension exacte de la formation houillère ne pent
pas encore être considérée comme bien déterminée, et
nous n'avons pas eu le loisir de nous attacher à en fiiar
les limites, bien que l'aspect des grès arénacés qœ
accompagnent toujours le charbon doive beaucoup fsci-
Jiter cette détermination, ainsi que nous l'avons indiqué-
bï Google
LES GISEMENTS H001LLER8 437
Si Ton consulte la carte géologique de M. Pelatan, on y
Toit, figuré approximatiTement par une même teinte
^brane('), l'ensemble des formations jurassiques et cr4ta-
«ées, qui, d'tme part, ne sont pas toujours aisées à dis-
-tingner avec précision des schistes liasiques sous-jacents,
-«t qni, d'autre part, comprennent non seulement des
lambeaux, généralement restreints, de lias et de juras-
sique supérieur stériles, mais encore d'importantes masses
-éruptives. Si l'on voulait donc, par l'inspection de cette
■carte, se faire une idée de l'étendue des formations dans
lesquelles on a rencontré, ou peut espérer rencontrer, le
-charbon, on s'exagérerait l'importance des richesses qui
peuvent exister dans le sol de la colonie, et cela d'autant
plus que les assises contenant le charbon sont les plus
récentes des assises sédimentaires et ne peuvent donc pas
-se prolonger sous d'autresterrainsquîle9recouvriraient{").
Nous ne pensons pas d'autre part, encore que la chose soit
théoriquement possible, qu'il faille espérer que les couches
-de houille se prolongent d'une façon sérieuse sous les
massif de serpentine qui, en bien des points, viennent se
j>oser sur le sédîmentaîre, et surtout qu'il puisse exister
-au-dessous de ces massifs des réserves pratiquement
-exploitables.
Nous ne saurions donc accepter l'évaluation de M. Pela-
tan, qui estime à plus de 1.200 kilomètres carrés l'éten-
due de la formation houillère calédonienne. Nous rappel-
lerons d'ailleurs qu'il ne faut pas nécessairement une
"telle étendue de terrains houillers réellement riches en
charbon pour constituer un important bassin, susceptible
■de fournir une production considérable : le seul bassin
(*) Noua avoa* reproduit cm indicaliuns sur la fig. a de ts PI. I.
[*') Nom écartuni ici implicitement l'hypotLéie de rcnvereemeiits
■complets des couches ou de charriages, circonslaDïes qai pourraient
HO* doute ae présenter dans un pa7« acciitenté comme l'est la Nou-
vetle-Calédonie, maïs qui ne semblent cepemlanl pas jouer dans sa
<t»toiiique un rôle important.
bï Google
42S RICHESSES MINÉRALES DE LA MODVELLB-CALÊDONIE
houiller de la Loire, avec sa superficie de 500 kiiomëtrei
carrés, a bien déjà produit près de 200 millions de tonna
de houille et en produira sans doute encore pendaol
de longues années près de 4 millions par an. Mais les
terrains houillers de la Nouvelle-Calédonie sont-ils réelle-
ment riches? Telle est la question que nous avons àesa-
miner.
Quoi qu'il en soit, les terrains crétacés dans lesquels se
rencontre la houille s'étendent le long de la cûte Ouest
depuis le Mont-Dore jusqu'au pied du mont Kaala.soit sur
290 kilomètres de longueur à peu près ; ils se prolonge-
raient même, suivant M. Garnier, jusque dans la vallée
du Diahot, mais personne, à notre connaissance, n'acoD-
fimié l'indication, d'ailleurs très vague, de M. Garnier, et
nous pensons qu'elle doit être tenue pour erronée. I*s
assises de cotte formation crétacée ont une direction
générale S. E.-N. 0, et paraissent avoir un pendage pré-
dominant vers le N. E. Bien que, comme nous l'avons dit,
le groupe des terrains jurassiques et crétacés que nous
avons représentés ensemble sur la p.g. 2 de la PI. 1,
représente plus que l'ensemUe des terrains houillers, les
grés arénacés, qui sont partout caractéristiques deVétsge
à charbon, se montrent en un grand nombre de points de
la longue bande que nous avons figurée ; nous les
avons observés personnellement à Koumac, à Voh, i
Pouembout, en arrière de Poya, à Moindou, à La Foa, i
Tomo, à Paita, dans le bassin do la Dumbéa, et au Mont-
Dore. Enfin le charbon lui-même a été signalé, dans des
conditions qui ne nous paraissent pas appeler le doute,
aux difi'érents points suivaiits ; à Voh, au pied du mont
Katepoiuda, à Moméa, à Moindou, à La Foa, à la Ouenghi
à Saint-Vincent, à Païta, à la Nondoué, k la Dumbéa, »
Nouméa, à Saint-Louis, au Mont-Dore et à l1lol N'dé.
Nous en avons nous-mème constaté la présence dans
la plupart de ces jmints.
bï Google
LES GISEMENTS HOOILLERS 429
Nous avons reporté les diverses indications que nous pos-
sédons k ce sujet sur la carte minière ci-jointe de la colonie
{fig. 2 de la PI. I); nous y avons tout d'abord reproduit les
indications (légèrement corrigées grâce à nos obser^'ations
personnelles) de la carte géologique de M. Pelatan rela-
tivement k l'extension des terrains jurassique et crétacé;
nous y avons en outre indiqué les différents points où
l'on a constaté l'existence du charbon ; enfin nous y avons
reporté l'ensemble des étendues couvertes par des con-
cessions, des demandes de concessions, ou des périmètres
de recherches pour houille (') ; nous rappelons d'aillenrsque
l'existence de ces différentes concessions, demandes, ou
périmètres, ne peut constituer qu'une présomption de la
présence d'affleurements de combustible minéral surtout
ou partie de ces étendues, et non pas du tout une preuve
de son existence, et qu'inversement quelques gisements
découverts, et même partiellement explorés naguère, ne
sont plus compris aujourd'hui dans de tels périmètres.
D. — Historique des oisbmbnts houillers
DE Nouvelle-Calédonie.
Avant de donner des indications de détail sur les diffé-
rents gisements houillers, nous indiquerons encore som-
mairement l'historique de la découverte et de la recherche
du charbon en Nouvelle-Calédonie.
Dès avant l'occupation de la Nouvelle-Calédonie par la
France, le Père Montrouzier, l'un des missionnaires qui
s'y sont succédé à partirdel843, déclarait avoir trouvék
: 13 conceaiioDi de miaes de houillo
i portant sur S.BS7 hectares
1 S demandes de conceisioni de
(•) Il exiftait I mine» de bouille portant sur. 3.781
ha 30 Juin 1902 \ 9 périmètres de recherches de
f houille portant sur S0.S9S
\ Soit UD total de SI. 536 hectarei
bï Google
430 RICHESSES lUKÈKAlJU I>B LA NODVELLE-CALéDONlE
Koumac » ane mine de cuivre, des traces de fer et de-
charboo, et une source minéntle ». L mdîcatioQ relatiTe
au cbai'boa se rapporte vraisemblablemeot au laassif de-
grès houiller dont nous avons constaté l'existeoce an
pieil du mont Kaala à 12 kilomètres de Koumac; qous^
n'avons pas conauissanceque personne, depuis le Père Mon-
trouzier, y ait signalé la présence du ctiarbon.
La houille ne devait d'ailleurs pas tarder à être recoa-
nue avec beaucoup plus de certitude dans la baiede Bou-
lari, au voisinage immédiat de Noiiméa, où un affleure-
ment apparaît sous la forme d'une baudc noire à mi-liauteBr
de l'escarpement rocheux que forme auprès de la côte
l'ilot N'dé, appelé depuis « Ilot au charbon ». Un premier
essai d'utilisation pratique de ce combustible eut lieu
peu de temps après : l'aviso de l'Ëtat le Prony embarqua
un peu plus de 2 tonnes de charbon abattu siu- l'affleure-
meut de cet ilôt et fit de ce combustitito, é>îderaiDeot
altéré par une longue exposition à l'air, un usage euffl-
sarament utile pour que le fait ait été signalé au ministre
de la Marine afin d'appeler son attention sur l'existence
dans la colonie d'une richesse peut-être utilisable.
Ces affleurements ne furent pas d'ailleurs sans tooter,-
au moins momentanément, quelque chercheur, puisqu'on
1858 une concession de 5(X) hectares fut instituée sur les
gisements du Mont-Dore ; mais, en 1862, la déchéance du
roncessionnaire fut prononce par arrêté du gouverawjTr
en raison de l'insuffîsance manifeste et de l'abandon des
travaux.
Ce n'est qu'en 1863-65 qu'une première étude sommaire'
des gisements houillers alors connus dans la colonie fut
faite par M. Gamîer ; cet ingénieur examina successive-
ment les gisements du Mont-Dore et de la baie de Boulari,
ceux de Koé etdu bassin de la Durabéa, et ceuide Moinfloar
il mentionna en outre la prolongati<m du bassin houiller de
Nouméa jusqu'à Saint- Vincent, signala la réapparition du. 1
bï Google
LBS SiSEHIiNTS H0UIU.KB8 43^
cbarboa dann la valiez de la Oiie^bi et in(lii)na eafio son
existence dans la vallée du Diahot; cette dernière obe^-va-
UoQ paraît, comme aous l'avons dit, fort sujette à caution.
Uo seul des giswnents a été décrit par lui avec quelques-
détails, c'est le ^sèment d'anthracite du Karigou, sur
lequel il Ht pratiquer quelques travaux, fort restreints
d'ailleurs, et dont il signala l'irrégularité en même temps
que rimpureté du charbon. La conclusion de cette pre-
mière étude fut nettement défavorable, du moins en ce
qui concerne l'ensemble des gisements situés entre le
Mont-Dore et Suint-Vincent ; •• la conséquence fatale de
ces faits, disait M. Garnier(*), est que l'on doit actuelle-
ment abandonner en Nouvel le-Ca]é<lonie l'espoir de ren-
contrer une houille exploitable».
C'était généraliser, peut-être bien b&tivement, les con-
clusions tirées de travaux fort restreints poursuivis sur
im seul aftleorement, qui était, il est vrai, ceJui d'entre
les affleurements de la région de Koéqui avait paru avoir
la plus belle «{carence.
Aussi, dix ans après, M. Heurteau, envoyé en mission par
M. le ministre de la Marine et des Colonies, pour étudier
les richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie, ne s'en
tint-i] pas à ce jugement sommaire, et ne manqua-t-il pas
d'examiner avec une attention particulière les gisements
houillers alors connus (baie de Boulari, vallée de la Ouoi-
béa, et Moindon), et même de faire faire quelques travaux
de reciHinaîssance sur no groupe nouveau que l'on venait
de découvrir près de Moindou.
Le résultat de ses observations et de ses recherches
est consigné dans son rapport, que nous avons déjà eu
l'occasion de citer si souvent, et qu'il termineainai(").
M Nous estimons donc en réuimé ; en premier lieu, que
bï Google
43S RICHESSES UINÉRALES DE LA NOtJVELLE-CALÉDONIE
la possibilité d'exploiter les gisements de charbon en
Nouvelle-Calédonie, et particulièrement sur le territoire
d'Ouarail {région de Moindou) , est subordonnée aux
résultats de travaux de recherches à entreprendre snr
les points que nous avons dési|^nés, résultats que rien ne
permet actuellement de prévoir ; en second lien, qu'en
supposant les circonstances les plus favorables, l'exploi-
tation du charbon en Nouvelle-Calédonie serait une entre-
prise des plus aléatoires. La Nouvelle-Calédonie contient
des gisements de charbon étendus, c'est un fait acquis.
Mais, en admettant que ces gisements soient de bonne qua-
lité, et assez réguliers pour donner lieu à une exploitation
entreprise dans des conditions favorables, ce que nons
ignorons encore, on doit les considérer comme une
réserve pour l'avenir plutôt qne comme devant faire
l'objet d'une exploitation immédiate. >■
Si nons tenons à citer tout au long ces conclusions c'est que,
bien que vingt-sept ans se soient écoulés entre le moraeni
ob M. Heurtean a visité les gisements houillers de notre
colonie et celui oii nous les avons examinés nous-mème,
nous sommes amené presque exactement aux mêmes con-
clusions que M. Heurtean, et que les questions à la solution
desquelles il sHbordoniiait son avis n'ont pas été depuis
lors suffisamment éclaircies pour nous permettre d'être
plus catégorique que lui daiis nos afflrmations.
En dehors de ces études d'ensemble, différents travaux
de recherches, consistant surtout en rexécution de tran-
chées, de galeries, et même de petits puits, ont été poussés
depuis lors, d'une façon fort peu méthodique d'ailleurs, sur
différents gisements, tout autour de la baiedeBonlari, dans
la vallée de la Dumbéa, à Paita, à Moindou, et même à
Voh ; si bien que, lorsqu'on 1885, 1886, et 1887, la com-
mission instituée par le gouverneur de la Nouvelle-
Calédonie en vue « d'étudier et de formuler un a^is sur la
valeur des gisements houillers signalés sur plusieurs
bï Google
LES OI8EMESTS HODILLERS 433
points de la colonie », voulut remplir sa mission, elle eut It
visiter an assez grand nombre de recherches : le recneï!
des travaux de cette commission jusqu'au début de
1887 (*) ne mentionne pas moins de 15 concessions on
gisements différents, sur lesquels quelques fouilles étaient
ouvertes ; les études de la commisaion, qui prescrivit
'd'ailleurs des travaux d'exploration complémentaires sur
quelques gisements, n'ont abouti à aucune conclusion
bien nette et n'ont guère jeté de lumière sur la question
^ans son ensemble. Quelques recherches Curent, en suite
de ses avis, poursuivies en différents points ; quelques son-
dages furent même exécutés h l'aide d'une sonde au dia-
mant dont le gouvernement avait fait l'acquisition à la fin
■de 18R9, mais cet appareil a cessé de fonctionner au bout
de peu de temps sans avoir fourni aucune indication utile;
les recherches furent alors reportées sur les gisements
de la Nondoué, récemment découverts.
Entre temps, M. Porte, pharmacien de la Marine, qui
s'était déjà activement occupé de la question de la houille
pendant un premierséjour dans la colonie, y fut renvoyé par
M. le ministre de la Marine et des Colonies à la Un de 1887
pour continuer, conformément au vœu du gouverneur et
du Conseil général de la colonie, l'exploration des gise-
ments houillers dans toute l'étendue de la colonie. Les
résultats de ses études furent consignés 'dans un rapport
au Ministre en date du 28 février 1889, et ils furent résu-
més dans une brochure publiée plus tard (").
En 1892, M. Pelatan consacrait, dans son étude sur les
mines de la Nouvelle-Calédonie, un assez long chapitre
. anx gisements houillers, surtout à ceux du bassin de
(*) Brochure aulograpbiée aux presses autographiqucB de l'Adminii-
tration pénitentiaire à Monirarel (1331).
(") Notmelitt rechtrchu iur les giitmtnli houilleit d» ta NomtlU-
càudonU, par M. A. PoKTK, pharmacien principal de la Marine. Nou-
méa, 30 Juin i890. Imprimerie Nouméenne.
bï Google
1
434 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOi;VELLB-CALÉDONtE
Nouméa, et il aboutissait à la conclusion suivante (*) : « En
résumé : bassins carbonifères étendus, affleurements nom-
breux, combusti))les de bonne qualité, conditions <I'ex-
ploitation économiquement possibles, tout coucourt poar
faire augurer favorablement de l'avenir des charbons néo-
calédoniens... ■>
Les recherches esémtées par les soins de l'AiliDinis-
tration sous le contrôle do la commission des recherches
houillères se poursuivirent, non sans quelques intemijH
lions, et le plus souvent avec peu d'activité, jusqu'au
début de 181M). Concentrées dès la fin de 1890 sur les
gisements de la Nondoné, elles y avaient pris un petit
développement et avaient déjà abouti à l'extraction d'une
certaine quantité de charbon, lorsque l'ordre, venu du
Ministère des Colonies, de retirer les condamnés qoi
étaient emidoyés à ces travaux, on amena la brusque
înterru[)tion au mois de février 1896.
Ce n'est qu'à latin de 1901 et au début de 19<.t3 qu'une
nouvelle tentative fut faite pour assurer lamise en valeur
des gisements houiilers de la colonie, et en particulier de
ceux de la Nondoué, en s'adressaut résolument cette fois
k l'initiative de particuliers. Cest ce qui a conduit, à la
Un de juin et au début de Juillet 1902, à pi-océder au dë-
blayage de quelques-unes des anciennes recherches et au
liébroussage dos chemins d'accès, nous permettant, lors
de notre deuxième visite sur les lieux faite quelques jours
avant de nous réembarquer, d'examiner avec plus de profil
les nombreux affleurements de la région. D'après ce qui
nous a été dit depuis notre l'ctour en France, quelques
travaux auraient encore été effectués après notre départ
et d'autres devraient l'ôtre à bref délai. Nwis ne iKmvons
que souhaiter qu'ils soient ]ioursHivis avec une réelle acti-
vité et avec méthode.
(•) Loc. cit.. p. 84.
bï Google
CHAPITRE II.
DESCRIPnON DES DIFFÉRENTS BASSINS.
Les gisements hotiillers de ta Nouvelle-Calédonie sont
partagés en plusieurs bassins différents ; ce sont (voir la
^j. 3 de la PI. I):
1* Le bassia de Nonméa, qui s'étend du MonUDore à
Saint-Vincent ;
2° Le bassin do Moindou, qui s'étend de la Onenghj
jusqu'au-delà de Moindou;
3' Le bassin de Poya, qui s'étend depuis le cap Goul-
vain jusqu'en arrière de Pouemboiit;
4' Une série de petits bassins isolés, à savoir les bas-
sins de Muéo, de Pouembout, de Koué, de Voh, de
Gatope et de Koumac, parmi lesquels celui de Voh pré-
sente seul une étendue notable.
A. — Bassin de Nouuéa.
Ce bassin, bien que n'étant peut être pas le plus étendu de
la colonie, est celui qui a appelé le plus tAt l'attention
et qui la retient encore aujourd'hui le plus sérieusement:
son faible éloignement de Nouméa, en même temps que la
proximité dans laquelle les affleurements houillers 4e
trouvent de la cdte, l'ont fait, sinon découvrir, du moins
examiner, le premier, et la distance restreinte sur la-
quelle les combustibles en provenant auraient dû être
transportés pour parvenir au point principal d'utilisation
a longtemps fait songer à la mise en exploitation de ce
bassin, de préférence à tons autres; enfin, tout récem*
bï Google
436 RICHESSES MINERALES DE LA NOOrBLLE-CALEDOSlE
ment, le début des travaux de la voie ferrée de Nouméa
à Bourail, dont la première section doit parreDÎrà bref délai
jusqu'aux points vraisemblaUenient les plus riches de ce
bassin, a appelé l'attention sur lui d'une façon toute spé-
ciale, autant en raison du client éventuel que le chemin de
fer constitue pour les combustibles à en extraire que du
moyen de transport qu'il doit olTrir à ces mêmes produits.
Ce bassin constitue l'étage, supérieur du liséré de
terrains eédimentaires qui se prolonge de Toiuo au Moot
Dore, le long de la cAte Ouest, entre la mer et le puis-
santJuassifsffl^Butineux du Sud de l'Ile. Ces sédiments com-
prennent à la base, c'est-k-dire le long de la côte, toute
ujie série triaaique et môme liasique aseez variée associée
à des mélaphyres et tufs mélaphyriques, et, à la partie
supérieure, un lambeau crétacé ; ce lambeau présente une
certaine largeur dans la plaine de Saint- Vincent, et il se
tei-Tuine vers te Sud-Estpar deux pointes, l'une venant se
coincer contre le massif serpentineux du Mont Dch%, et
ï'autre s'allongeant dans la presqu'île de Nouméa. Ob
connaît dans ces deux pointes, d'une part les gisements
«le la baie de Boulari, et d'autre part ceux des Portes-de-
Fer près de Nouméa et d'Yahoué, tandis que dans la partie
un peu plus large du bassin se développent les formations
il charbon du groupe de la Dumbéa, de Païta, et de Saint-
Vincent.
Au sujet des caractères géologiques généraux de ce
bassin nous n'avons rien h ajouter k ce que nous avons
dit en général des terrains honiUers de la colonie ; ne scmt
d'ailleurs les observations faites sur oe basein, qui est le
mieux connu de tous, qui ont le plus contribué à la con-
naissance de res teiTaiuB, et il ne noua reste qu'à donner
les indications de 'létail qui suivent sur tes différenV
gisements recenros.
' i* •Gisements de la baie de So»lan. — lie'tea-rainhmâl-
bï Google
IJ» QUEMBNTS HODILLKaa 437
1-r, dont une bande étroite entoure complètement 1&. baie
de Boulari, daane lieu en différents endroits m de»
falaises ou à des escarpements gréaeux le long des^ekt
on voit affleurer le charbon ; tel est le cas, d'aluwd en
qudques points de la roule de Nouméa à la Coulée f^ià
longe le rivage de la baie, puïe leloug de la rive orientale
de la baie de Morari et au pied du Meut Dore, et endn
à l'îlot N'dé situé également au. pied, de ce massif.
11 n'a pas été institué sur cet enseoable de giaernents
moins de 6 concessions, dont ({uelques-aiies ont d'ailleur»
été abandonnées; ce sont : au fond de la baie de Boulari,
les coacessions Angelo et Treizième ; sur le rivage oriental
de la baie do Morari, les concessions BuUi, République et
Alpha; et enfin, à l'Ilot N'dé, la coaceasion HuIXa. Les
travaux faits autrefois sur quatre de ces concessions ont
été décrits eu détail dans un rapport de la commission
des recherches houillères du 15 octobre 188&, il» a'out
été développés depuis, à notre connaissance, que dans la
concession Bulli. Dans cette dernière quelques travaux sont
relativement récents (1888-90), et nous avou» pu ea exa-
miner personnelle meut les restes.
De l'ensemble des indications que nous avons recHeilliea,
il résulte que la formation boiûUèFe est ici disloquée eo
une série de lambeaux d'allure discordante : à la Répu-
blique, tes couches plongent vers l'Ouest, â l'Angelo et à
BuÛi vers le Sud, et à l'ilot N'dé vers le Nord ; la série
assez complète de couches sédimentaires plus ancienues
qui repose sur le granité du fond de la vallée de la Cou-
lée, et qui se trouve au mur du terrain houiller, accuse
les mêmes dislocations, montrant ici un pendage raide
vers le Sud et là, à quelques centaines de mètres plus
loin, (les couches sensiblement horizontales.
On n'est donc là qu'en présence de lambeaux éparsde
la formation houillère subsistant à la suite d'accidents
orogéniques sans doute importants ; et, à défaut de plus
bï Google
438 RICHESSES MINERALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
amples constatations sur la continuité des couches de
combustible elles-mêmes, on peut hardiment déclarer que
ce n'est pas là qu'il y a à espérer créer une exploitalioii
de quelque importance. C'est d'ailleurs la conclusion i
laquelle la commission des recherches houillères était
arrivée dès 1885, puisqu'elle déclarait :
1' Que le terrain carbonifère qui s'étend au pied Jo
grand massif serpentineux du Mont Dore n'est qu'un
étroit bourrelet suivant le rivage de la mer;
2° Que les couches de charbon trouvées, au nombre it
trois, ont pratiquement peu d'étendue ;
3" Que, raème si elles avaient de l'étendue, les couches
observées seraient inexploitables, à moins de grandesamé-
liorations en profondeur.
La commission ajoutait qu'en résumé le lambeau de
terrain carbonifère du Mont Dore n'offre aucun intérêt an
point de vue de l'industrie houillère.
Les caractères que présente cette formation sont les
suivants :
Les terrains encaissants sont constitués esaentiellD-
ment par des grès arénacés généralement assez ferrugi-
neux, à coloration jaune orange foncée, mais dont quelques
bancs sont bleutés ; ils reposent sur les assises assez peu
développées des schistes triasiques nettement métamor-
phiques, lesquels s'appuient k leur tour avec un pendage
très raide sur le massif granitique, très restreint d'ail-
leurs, de la Coulée.
Dans ces grès sont interstratifiés quelques horizons de
schistes noirs ferrugineux avec couches de charbon : le
nombre des couches différentes qui existent dans cette
région ne peut être fixé exactement en raison de l'incobé-
reuco des différents gisements examinés ; la commission
dos recherches houillères a cru iK>uvoir en compter trois
distinrtos. Ce qui nous parait établi, c'est qu'il existe au
moins, d'une part, une couche assez puissante que l'on
bï Google
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440 RICHESSES HIXÉRALBS I>B LA NOUVKLLE-CALÉDONIE
particulièrement brouUlé et xale ; on a cependant extrait
de la mine Treizième des échantillons antbraciteux % 10
et 12 p. 100 de cendres.
Enfin, dans la roocession BuUi, on aurait, d'après
M. Porte {•), trouvé, à la fin de i888, à 12 mètres de
profondeur, une couclie de 6 mètres de puissance, donnant
du charbon dont les essais et analyses ont été << trè»
concluants et favorables ». Ce charbon aurait été soumi.'t
avec succès à un essai de consommation industrielle à bord
du paquebot Océanien des Messageries Maritimes. Trois
analyses citées par M. Porte, indiquant des teneurs en
matières volatiles très discordantes (32 p. 100, 12 p. 100.
et R,5p.l00), laissent le doute le pluscomplotsurlanature
de ce charbon. Une recherche poursuivie en 1890 par son-
dage à une distance de 150 mètret vers l'aval-pendage
do celte couche ne l'a pas retrouvée.
Ce sont au contraire des couches minces qui ont ét^
signalées dans la concession République (couches de
1 mètre de charbon paraissant assez pur avec plongement
do bO° environ vers l'Ouest), dans la concession Angelo
{trois veines aiithraciteuses assez pures et peu pjTiteuses
de 0",25, 0",25, et 0",4Û à 0",45 de puissance, plongeani
de 25" environ vers le Sud, c'est-à-dire vers les serpen-
tines, sans qu'on puisse dire si elles viennent buter contre
ou si elles se prolongent au-deesous) et dans une partie de
la concession Bulli. C'est ilans cette dernière seule que
nous avons pu faire cjuelques observations persouoelles;
le sentier qui longe de très près le bord de la baie de.
Morari recoupe succcs.sivement k quelques dizaines de
mètres l'une de l'autre deux couches de charbon d'une
puissance voisine do 1 mètre et dont les pendagea ne sont
-I)as concordants : la première plonge vera le Nord-Ouest;
la deuxième, au contraire, montre un pendage vers le
bï Google
LES GISEMENTS HOCILLBES 441
Sud légèrement Est ; une galerîe a été pratiquée en direc-
tion dans cette dernière à partir de son afAeurement au
bord du sentier ; il y a même été fait quelques travaux en
descente qui sont d'ailleurs noyés et qu'il nous a été im-
possible d'expliH-er, et nous n'avons pu que nous avancer
de quelques mètres Jt niveau : la couche, de charbon
maigre, présente une puissance peu régulière qu'on peut
Sxer en moyenne à 1 mètre, elle est barrée de forma-
tions schisteuses en chapelets qui réduisent très notable-
ment sa puissance utile ; elle se rencontre sous un toit
de schistes en boules la séparant des grès arénacés, et
elle repose sur un mur également schisteux, mais asse^
bien lité; son pendage, qui ne dépasse pas 20*, est dirigé
vers le Sud légèrement Est, c'est-à-dire vers la mer.
Les gisements de la baie de Boulari se présentent, comme
on le voit, dans des conditions d'irrégularité et de discon-
tinuité qui paraissent exclure toute idée d'utilisation indus-
trielle d'une impcurtauce sérieuse.
2° Gisement des Porte s-ile-Fer. — Le gisement de»
Portes-de-Fer, qui se trouve dans la pointe de terrain
houiJler qui s'avance vers la presquHe de Nouméa, est
situé aux portes mêmes de la ville. Cette circonstance
avait fait espérer dès sa découverte qu'il serait possible
d'en tirer parti d'une façon particulièrement aisf^e. Dé-
couvert fortuitement eu 1885 par un propriétaire qui avait
creusé un puits de 2i mètres de profondeur poiw chercher
de l'eau, il a été l'objet, en 1886, 1887, et 1888, de
recherches souterraines d'une certaine importance pour-
suivies par la commission des recherches houillères ; il y
aété en outre exécuté en 1800 un sondage jusqu'à 99mètres
de profondeur.
Les recherches de la commission, aujourd'hui complè-
tement inacce lisibles, out comporté l'exécution d'un puits
de 30 mètres de profondeur et de plusieurs centaines de
bï Google
442 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLK-CALÉDONIB
mètres de galeries, soit en direction, soit en travers-bancs,
aux [irofoTideiirs de 1 i et de 26 nièires ; elles mettent en
évidence que les formations de ce lambeau de terrain
houiller sont irrégulières et mouvementées ; c'est ce (jn'a
constamment révélé l'observation du pendage des bancs,
mal accusé et sans cesse variable, et c'est ce que
montrent plus nettement encore les essais qui ont été
faits pour suivre la couche en direction. La /îy. 5 de
la PI. V fait voir, d'après un plan de M. l'elatan, létat
dans lequel les tra^'aux se trouvaient à la date du
IS juin 1888, date au delà de laquelle ils paraissent avoir
encore été poussés quelque temps, sans que nous ayons pu
trouver aucun renseignement précis à cî sujet. La coupe,
qui figure en poinlilléralluresupposée de la couche, montre
qu'ellen'aété trouvée, ni dans le fonçage du puits, ni dans
le percement du travers-bancs, aui points où elleî'auraii
été si elle présentait quelque continuité; cette couche, ou
du moins sa trace, a été suivie, entre toif de schistes et
mur de grès, sur 85 mètres en direction, mais avec une
irrégularité de puissance très marquée, puisqu'on a
passé sur cette longueur par tous les intermédiaires entre
un filet de 10 centimètres et un amas, d'ailleurs très res-
treint comme étendue, de près de 10 mètres de puis-
sance ; le charbon y est d'ailleurs barré de veines schis-
teuses.
Ajoutons qu'un sondage au diamant, esécuté en 1891.1
et au début de 1891 jusqu'à 99 mètres de profondeur au
voisinage imméiliat de ces travaux, n'a rencontré qu'une
alternance de grès et de schistes plus on moins argileux
ou plus ou moins charbonneux, mais point de charbon. Il
semble donc résulter de tout cela que, comme l'admet
M. Pelatan ('), on ne soit, aux Portes-de-Fer, qu'en pré-
sence d'une cuvette très restreinte de terrain houiller,
{■) Lac cil., p. es et fiG, et croquis des pages 12 et 73.
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS 443
affectée par d'importants bouleversements géologiques.
La qualité du charbon, là oii il existe, parait être assez
satisfaisante après triage; il s'était montré d'abord friable,
mais, d'après une lettre de M. Pelatan, on tirait au mois
de juin 1888 de superbes blocs de charbon. C'est d'ailleurs
du charbon des Portes-de-Fer qui a été l'objet, sur les
bâtiments de l'État, des essais suivis au sujet desquels
un rapport de M. l'Ingénieur de la Marine Auscher donne
des indications satisfaisantes ; nous reviendrons sur ce
point dans la suite. Nous mentionnerons seulement ici
que le charbon des Portes-de-Fer est nn charbon demi-
gras (17 à ^ p. 100 de matières volatiles), susceptible
de donner du coke, et qu'on a pu retirer de la mine une
certaine quantité de combustible assez pur (7 à 9 p. 100
de cendres). ■
Dans ces conditions, la couche unique de houille que
contient le gisement des Portes-de-Fer ne peut, en raison
des circonstances géologiques, exister que sur une éten-
due restreinte, réduite sans doute encore beaucoup par
des failles et des serrées; il semble donc que, malgré la
qualité satisfaisante du charbon, ce gisement ne puisse
guère donner lieu k une exploitation fructueuse.
Rappelons que c'est du gisement des Portes-de-Fer que
proviennent les échantillons de plantes fossiles qui ont
été déterminées comme d'âge crétacé par M. l'Inspecteur
général des Mines Zeiller.
Des afileurements anthraciteux ont encore été signalés
non loin des Portes-de-Fer, à Yahoué et h Koutîo-Kouéta,
ils ne paraissent pas présenter une importance sérieuse ; on
aurait cependant mis à jour, en ce dernier point, une
couche de 2 mètres de puissance grâce à quelques
travaux exécutés en 1890.
3" Gisements du bassin de la Dumbéa. — Au delà du
col de Tongoué, qui sépare la presqu'île de Nouméa du
bï Google
4(4 RICHESSES MINKiULBB DB LA NOCVBLLR-CALÉDONIB
bassin de la rivière Dumbéa, le toraia crétacé présente
uiui largeur aotablement plus considérable, «t la forma-
iioa liouiUèrd qu'il renferme offre un développement pis*
important. Dea affleurements de couches nombreux oot
été snccessiTemeot découverts dans 1«» Talloiiïr qu'arrosoit
les différent» tributaires de cette rivière : ceux du vallon
(le kKarigou ont été examinés dès 19^ par M. Oarnier,
on a fait ensuite quelques fouilles sar le fpaemeni des
Bruyères en 1875, et sur celui de la mine Collign^
(vallée de la Karif^ou) eu 1887; puis, à la &n de 1800,
une première série de travaux de recherches ont été
commencés par la commission des recherches houillères
sur les affleurements du bras gauche de la Nondooé;
reporti:-8 ensuite sur son bras droit, ils ont été potv
suivis d'abord jusqu'au début de janvier 1894, puis ils oni
été repris au milieu de 1895 pour être bmaquement inter-
rompus au mois de février 1896. C'est en ee dernier poiai
que l'on rouvi'e quelques travaux.
Nous suivrons ces gisements dans l'ordre oii on les rea-
coutre en veuaut de Nouméa, et eu longeant la ligne
sinueuse de contact des terrains sédimentaîros avec le
puissant masmf serpeiilhieux qui forme la masse des mmils
Koghis et Konvelé, ligne qui présente à peu prés tontes
les sinuosités d'une ligne de niveau voisine de la cote 200.
Au pied même du col Tongoué, dans le fond de la
vulloe do la Ouanéoné et sur le flanc du rontrefwt qui
s'élève sur la Hve gauche de cette rivière, ae trouvent,
constituant le gisement des Bruyères, quelques bancs de
grés verdâtres dans lesquels sont intercalés des couches
schisteuses et de l'anthracile; les travaux, vraisemblaUe-
ment restreints, qui y ont été faits autrefois ne laissent
plus voir aujourd'hui qu'un affleurement sur la rive guiefae
de la rivière : il comprend, entre toit et mur de schistes
argileux noirs, trois veines de charbon antiiracitcux dont
l'aspect n'est pas mauvais; aa toit, la veine principale a
bï Google
LB8 CHWUENTS HOQILLKBS 445
1 0"^ de pitiasanoe, et à peu de disUnce au
Btur se retronvent deux veines de HO ceiitimètrea, le
tout mtr an espace de 3 mètres environ; le pendape,
atsez raide, a lieu Tera le Nord-âO*-Eflt, c'eet-â-dire vers
]e massif serpenthteiix ; au moment de notre visite, la
fouille avait été rafraîchie par l'enlèTeineiit d'an peu de
i±ai4)on pour des usages domestiquée ; le caractère anthra-
citeux de ce charbon eet A rapprocher, ici comme au
Ment Dore, de la proximité tout à fait immédiate (100 à
800 mètres à peine) des roches éniptives; les coocbes
- )d(mgeat vers le mamtf ilans des conditions que l'abon-
dance de la végétation et l'absence de tout sentier ne
nous ont pas permis d'observer.
Le ruisseau ifoe l'on rencontre tmntédiatement au NoT>d
wt celui de Karigou, oii furent exécutées les recherefaes
de M. Gamier : d'après cet Ingénieur, qui avait, rappe-
lons-le, choisi ce point d'attaque comme étant celui oii
les affleurements avaiwtt la plus belle apparence, « le char-
bon de Karigou est un anthracite intercalé dans un grés
fddepathiqite identique au ^s du terrain carbonifère »i
le pendage des couches varie, au passage d'une faille, du
voisinagB de la verticale à une faible inclinaison, la direc-
Mon eet Nord-45*-Oueet, peu différente de celle du gise-
nienrt voisin, qui est Nord-70*-Onest. Lk, comme aux
Bruyères, le caractère anthraciteux du chari3on doit tenir
à la proximité des roches éruptives; M. Oarnier l'attri-
bsait au voisinage d'un filon de porphyre eurîtique. L'exé-
cution d'nne galerie en direction de 40 mètres et d'un
petit travers-bance fit reconnaître à M. Garnier que la
formation ciiarbonneuse avait 1",40 de puissance, pré-
sentant trois bancs anthraciteux de 0",20, séparés par des
bancs schisteux, eufo-e toit et mur de schistes. En direc-
tion, les bance cbai^nneux s'étranglaient; d'ailleurs l'an-
tfaracite se montrait toujours mélangé à une très grande
quantité de schistes et de matières terreuses qui le ren-
bï Google
416 E1CHE83E8 UlKéfULES QB LA. NODVBU.E-CALÉDOHIK
(laiônt trop impur pour être utilisé. M. Heurteau signale
encore dans cette région quelques affieurementa alignés
dans une directioii N.N.E.-S.S.O., avec une direction de
couches conslamm«it N.O.-S.E., et mentionne que ces
Couches paraissent avoir été disloquées et rejetées vers
— ^ le Sud-Ouest. Cette circonstaoce, et la faible distance
^^V qui sépare vers l'Est le lit de la Dambéa des roches;
^^^ éruptives vers lesquelles plongent les eoaches et sous
lesquelles il est au moins douteux qu'elles se proloDgenl
réguhèremeat, font qu'il ne semhle pas que les gisaneots
de la rive gauche de la Dumbéa puissent présenter quelque
avenir.
Les travaux repris en 1887 sur les affleurements de
cette môme vallée de Karigou auraient néanmoins permis
de suivre une couche régulière d'antlu'acite sur 30 mètres
de longueur, et d'en extraire 50 tonnes de charbon qui
furent employées au chauffage des chaudières de l'usine
à sucre voisine. Rappelons également que M. Pelatan (*),
paraissant faire allusion à des travaux ou k des découvertes
au sujet desquels nous n'avons retrouvé aucun documeul
original, donne sur la richesse et la continuité de ces gise-
ments une appréciation plus optimiste que la nAtre,
appréciation que justifierait l'examen des coupes qu'il a
présentées si celles-ci ne contenaient pas beaucoup d'in-
dications hypothétiques.
Sur la rive droite de la Dumbéa, principalement dans
le bassin des deux branches de la rivière Nondoué, la
largeur de la formation houillère, et surtout-de la forma-
tion houillèi-e contenant des couches de charbon, parait
notablement plus considérable, et l'on observe l'affleu-
rement de couches de combustible non seulement au voi-
sinage immédiat des serpentines, mais encore k une
Otoc. «■(.. p. 67Bt68,
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LES GISEMENTS H0UILLBR3 417
distance suffisante pour qu'il ae soit pas défendu d'espérer
que ces couches présentent un aral-pendage d'une cer-
taine étendue- La fig. 3 de la PI. VI montre la disposi-
tion des affleurements qui auraient été mis à jour au
cours des travaux de recherches exécutés sur ces gise-
ments entre 1800 et 1896. Tous les travaux faits à cette
époque ont été abaDdonués depuis, ils se sont soit ébouléb,
soit remplis d'eau, et une végétation touffue et ineitri-
• able les avait partiellement dissimulés; aussi n'avons-
nous, lors de notre première visite sur les lieux (début
d'avril 1902), pu retrouver qu'avec peine l'indication de
ces divers affleurements. Au cours d'une deuxième visite,
efTectuée à la fin de juillet, peu de jours avant notre
départ de la colonie, après l'exécution de qnelques travaux
qui avaient surtout consisté à débrousser les sentiers
d'accès aux différents points intéressants et à rafraîchir
quelques tranchées pour mettre eu évidence les affleu-
rements, nous avons pu examiner de plus prés les diffé-
rentes couches.
Des constatations que nous avons faites sur place et des
renseignements que nous avons pu recueillir sur les résultats
des travaux exécutés autrefois, il résulte ce qui suit :
Le terrain honiller est ici presque exclusivement formé,
il part quelques bancs de conglomérats fortement ferru-
gineux, par les grès arénacés de couleur claire que nous
avons pris pour type de la description d'ensemble que
nous avons doimée dans ce qui précède des formations
houillères du bassin de Nouméa ; ces grès forment, entre la
route de la Oumbéa à Païta, qui longe d'assez près les
schistes feldspathiques du lias, et les massifs serpenti-
neux des sommets Ouamourou et Erembéré, une ligne de
collines dont l'altitude atteint et dépasse même 250 mètres ;
leur relief, quoique bien accentué, est généralement
arrondi eu raison du caractère friable et aisément décom-
posable de ces grès arénacés; ceux-ci donnent lieu à
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448 RICHESSES UrrÉRALES DE LA KOOrSLLK-CALÉDONIB
un sol de sable (grossier, peu consistant et maigre, sur
lequd la brousse ne potinse gtiére en dehors (hi fond
des Tallées, et qui est setilement couvert de nom-
inaux Niaoïilis [Utélaleuca vtri/lora et Mélaletica tett-
cadendron), petits arbres de la famille des rayr-
tacéea à feuillage nouH et clairsemé, laissant aisément
apercevoir la nature du sol, et permettant de discerner,
par lee taches noires qu'ils y forment, des affleurements
nombreux de scliistes charbonneux ou de charbon.
Cette bande do terrain liouiller présente une longoeur
de 2 à 3 kilomètres, son pendage général parait être
vers le Nord ou le Nord-Est; lorsqu'on la traverse suivant
«a largeur, comme nous l'avons fait pour gagner les gise-
ments du groupe Maurice k partir de la ronte de Paîta,
on rencontre d'assez nombreux affleurements charbon-
neux, mais ils paraissent isolés les uns dos autres et nous
n'avons pti nulle part, malgré des grattages superficiels,
très restreints d'ailleurs, constater la présence d'aucune
couche de charbon nettement définie.
Dans les ravins Maurice, des Cerisiers, el rfes Fougères
{X<nr la /ïj. 3 de la PI. VI}, il en est autrement; les
aflleurements se groupent beaucoup plus nombreux ' et
paraissent bien correspondre à de véritables couches,
plus ou moins régulières et plus ou moins pare». C'est ainsi
que. lors de notre seconde visite sur les Heux, il n'y avait
pas moins de deux séries d'affleurenlents visibles sur les
pentes orientales du ravin Maurice, de trois ou quatre
sur «es pentes occidentales, et d'une au fond même du ravin.
Nous devons cependant mettre ici en garde contre
l'exagération à laquelle on s'est laissé aller lorsque, ponr
lionner une idée de la richesse de la formation houillère
dans cette région, on n'a pas craint de tntaiiser les
épaisseurs de toutes les couches dont on avait observé
les aflleurements sur les deux flancs d'un mamelon on
d'un même ravin et à différentes hauteurs sur le même
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1,ES (IISEMENTS HOCILl.ERS 449
liane ; c'est ainsi que, sans même écarter quelques affleu-
rements dont la puissance est trop réttuite ou dans
lesquels la proportion des bancs de charbon pur pai- rap-
port aux lits schisteux est trop faible, nous ne pouvons
reproduire ici sans les plus expresses réserves le chiffre de
11",60 qui a été donné comme puissance totale en char-
bon pur (schistes charbonneux déduits) des couches qui
affleurent dans le ravin Maurice.
De tous ces affleurements, un seul, celui du fond du
ravin, parait avoir donné lieu à un travail de reconnais-
sance d'une certaine importance; ony voit encore l'entrée,
aujourd'hui éboulée, d'une galerie en direction G qui
avait suivi la couche sur une longueur qui parait avoir
été de IS^jSO, et qui avait ensuite rencontré une faille.
La couche offre k l'aflleurement une puissance de 60 à
70 centimètres, barrée de quelques lits schisteux; elle
repose sur un mur de grès et présente au toit des schistes
charbonneux tendant à se débiter en boules ; son incli-
naison est de 30 à 35° vers le Sud-Ouest.
Au mur de cette couche paraissent en exister au
moins deux autres, représentées vers l'Est par les deux
{Troupes d'affleurements A et B, et vers l'Ouest par les
affleurements qui, situés à différentes hauteurs sur la col-
hiie, ne pourraient être mis en correspomlance entre eux
et avec ceux de l'Est que grftce k un relèvement soigneux
de leur altitude, de leur pendagc et de leur direction ;
cette dernière devrait d'ailleui-s être suivie sur une cer-
taine longueur pour jtouvoir être exactement repérée.
Quoi qu'il en soit, le groupe des affleurements A parait
de peu d'importance industrielle : la formation charbon-
neuse qu'ils montrent présente un pendage, semblant
assez raide, vers le Sud-Ouest ; elle a environ 2 mètres
de puissance, maie on n'y relève guère qu'une alter-
nance de passées de schiste et <le charbon, ne pouvant
foiu-nir dans l'ensemble qu'un combustible très sale, dont
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450 KICHESSES UINÉBALBS DR LA NOOVBLLB-CALÉDONIE
le triage ou le lavage serait sans dout« difficile, et en
tous cas d'un rendement peu avantageux.
L'affleurement B se présente dans de meilleurea con-
ditions : nous y avons relevé la présence d'un banc de
charbon de 90 centimètres de puissance assez pur ; u
direction et son pendage concordent avec celui de U
première couche mentionnée eu G.
Les afileurements x et ^, situés k peu près en fac«
des affleurements A et B et qui leur correspondeot plus
ou moins exactement comme pendage et direction,
montrent d'assez jolis morceaux de charbon ; ils no sont
pas suffisamment diicouverts pour que l'on puisse
caractériser l'allure et la composition des couches qu'ils
représentent. A une nngtaine de mètres plus haut, tue
tranchée plus importante -^ & luis ^ jo^^ ^ succession de
trois couches assez voisines, l'une, au toit, de 60 cen-
timètres de puissance, et les deux autres, plu» au mur,
voisines de 30 centimètres, le tout reposant sur un baoc
de grès dur ; la première de ces couches correspond
peut-être à celle qui a été suivie par la galerie de m*
veau Cl.
Enfin, lorsqu'on explore, à mi-hauteur, le fond même
du cirque, on retrouve deux ou trois affleurements chaiv
bcHineux B, appartenant à des formations paraissant peu.
impcu^antes qui sont situées au toit des précédentes.
Toutes ces couches semblent, comme nous l'avons dît,
avoir plus de régularité comme allure et comme pen-
dage qu'on n'en constate aux points que nous avons pré-
cédemment décrits, et elles plongent dans la direction
oii le terrain houiller se développe sur une certaine lar^
geur; mais leur pendage est inverse du pendage gé-
néral Nord-Est des terrains de la région ; il est donc
probable que ces couclies vont former un synclinal ou,
plus vraisemblablement, buter à plus ou moins grande
profondeur contre quelque accident important, maÏB-
bï Google
LBS «mHGNTS RODILLBM' 45i
nous n'avons pas pn relerer sur le terrain la trace soit
d'un semblable accident, soit d'un synclinal, et auoon
travail n'a été fait qni puisse permettre d'émettre une
opinion quelconque sur leur position et par suite sur le
développe m ont, considérable ou restreint, que peuvent
présenter les couchée à l'aval-^endage des affleurements
constatés.
Vers le Nord on relève, avant d'atteindre le débouché
du ravin Maurice dans la vallée principale, l'existence
d'une faille /./. produisant sur quelques dizaines de
mètres de largeur un brouillage complet des terrains et
des traces charbonneuses qu'il contient; mais plus loin
les bancs montrent à nouveau un peudage régulier vera
le Sud-Ouest ; c'est le peudage d'un dernier affleurement t
voisin du débouché du ravin, c'est aussi celui que
paraissent présenter à pou près les coucheB mises à jour
autrefois dans le ravin {les Cerisiers et dans celui des
Fougères.
Dans le premier d'entre eux nous n'avons pu que
constater la présence de traces charbonneuses au milieu
de schistes ar^leux délités ; on y a néanmoins compté
deux affleurements, que nous figurons en I et J, et qui
présenteraient respectivement des puissances de {'',80
et 0~,80 avec direction S.E.-N.O et pendage assez raide
vers le Sud-Ouest.
Dans le deuxième les affleurements sont plus visibtes ;
l'un d'eux L, qui parait présenter une puissance utile de
1 mètre, a été fouillé sur une certaine profondeur, on
en aurait, k ce qui nous a été affirmé, tiré «ne diewne
de tonnes de charbon parfaitement utilisable pour la
forge en particulier. De l'autre cfité du ruisseau, un autre
affleurement À montre près de 2 mètres de charbon plu»
ou moine pur; on a douné ii ces deux affleurements les
noms de Cîlaire n' \ et n" 2, ce ne sont peuWtre bien
que les afBeorements d'une seule et même couche.
bï Google
452 RICHESSES HINÈRALKS DE LA NODVBLLE-CALÉDONIB
On peut également noter dans ce même ravin deux
autres affleurements, assez puissants, mais oii le charbon
pur est peu abondant, et qui sont loin d'être certai-
nement utilisables, du moins d'après ce gue nous avons
pu constater. C'est encore dans ce ravin (ravin des
Fougères) qu'a été poureuivi le travail le plus important
qui ait été exécuté jusqu'ici dans toute la région; c'est le
fonçage d'un puits de recherches P. Exécuté par les soins
de l'Administratiou de la colonie à l'aide de la main-
d'œuvre pénale, ce puits avait été commencé en 1893;
abandonné une première fois, il fut repris en 1S95, puis
de nouveau abandonné brusquement, sur un ordre venu de
Paris dans les premiers jours de 1896; il n'a pas tardé à
se remplir d'eau, puis à s'effondrer, aussi ne nous a-t-il été
possible d'y faire aucune espèce de c-onstatations person-
nelles; nous n'avons non plus retrouvé aucun document
officiel à son sujet, sinon la mention delà visite qui en
fut faite par M. le Général Doods au cours de son inspec-
tion de 1895-1896.
A en croire les renseignements verbaux qui nous ont
été fournis, ce puits, foncé à quelques mètres à l'Est de
l'aflleurement dit couche Laffon figuré en K (lequel offre
une plongée raide vers le Sud-Ouest et comprendrait
deux veines de charbon de 1",20 et 0",70 dans une for-
mation schisto-charbonneuse de 7 mètres de puissance),
aurait d'abord été poussé jusqu'à 23 mètres de pi-ofondeiir,
moitié dans des terrains superficiels et moitié dans des
roches consistantes, grès et schistes. Un travers-bancB
attaqué vers le Sud à 23 mètres de profondeur a succes-
sivement recoupé trois couches : la couche Laffon avec
2 mètres de puissance, une autre couche àSmètres vers le
mur présentant une puissance do l'°,20 et, enfin, à quelques
mètres au toit, une couche de bon charbon de l^jlO de
puissance, presque verticale, entre grès et schistes, dont
le charbon était particulièrement massif, solide, et pur;
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LES GISEMENTS HODIIXBRS 45!^
les deux priemières couches n'ont été que reconnues, leur
rencontre a d'ailleurs donné lieu à une venue d'eau assez
importante ayant exigé l'emploi d'une petite pompe à
vapeur placée au fond ; mais la dernière couche aurait été
suivie sur 80 mètres de longueur, présentant comme
puissance et comme allure mie régularité satisfaisante; ce
dernier traçage aurait donné lieu à l'extraction de près
de 150 tonnes de bon charbon. En présence de ces
indications satisfaisantes (toujours d'après ce qui nous a
été rapporté), on avait foncé le puits jusqu'à 35 mètres
de profondeur afin de tracer, puis de dépiler, un pan-
neau de couche de 12 mètres de hauteur; au moment
où ce fonçage s'achevait, les condamnés employés à ce
travail ont été brusquement retirés. C'est là ce qui a amené
l'abandon de travaux en somme un peu développés et dont
les résultats passent pour avoir été encourageants.
Nous n'avons pu retrouver qu'une analyse des charbons
extraits de ce puits. Le charbon produit par ce travail a,
parait-il, été en partie consommé sur place à la forge et
pour la cuisson des aliments, et en partie expédié à Nou-
méa, oii il aurait été employé pour les chaudières des cha-
loupes de l'Administration pénitentiaire. Des renseigne-
ment:4, peu précis d'ailleurs, que nous avons recueillis
auprès de celui qui en a fait usage, il semble résulterque
ce charbon a pu être employé avec succès pour la produc-
tion de la vapeur.
Des échantillous provenant des couches du ravin des
Fougères (échantillons tout-venants, afflnne-t-on) ont été
adressés par le gouverneur de la colonie à l'Ecole des
Mines de Paris, où ils ont été analysés; ils ont donné les
résultats suivants ;
Eau 1
Matières volatiles 15
Carbone Die 66,40
Cendres 17,60
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45& StCHESSES HIHÈRAUU QB lA NODVKLLE-CALBDOSIB
C'est doOR du charboD dMni-gras, et plutât impar. 11
donnait du coke bien aggloméré, très dur, non booraouflé.
Nous ajouterons que ce ravin se trouve à proximité immé-
diate du massif serpentiueux du mont Erembéré, et qiM
le pendage si accentué des couches est de nature à taàre
craindre que les terrains ne soient plus ou moius boulever-
sés en ces points.
On rencontre encore un affleurement assez important M,
an descendant la Nondoué, après le conQuent des ruift-
seaux des Fougères et des Cerisiers, mais il ne présente,
parait'il, aucune continuité en direction.
La deuxième branche de la Nondoué, descendant dn
flanc Est du mont Erembéré, traverse également des
affleurements houillers nombreux, mais les serpealines,
dont la proximité est au moins aussi grande qu'au der-
nier point que nous venons de signaler, et qui, entouraot
le vallon de trois c6tés, doivent limiter très promptement
les couches en direction, empèchuit que leur allure puisse
être ré^lière sur une étendue suffisante pour qu'elles
soient utilisables; c'est d'ailleurs ce que paraissent avoir
conflrmé les travaux de recherches auxquels il a été pro-
eédé, également par les soins de l'Administration et ^râce
k la main-d'œuvre pénale, en 1891 et 1892, sous la dii:ec-
tion (le la commission des recherches houillères.
Les documents présentés à cette commission, soit par
!e contrôleur des mines chargé spécialement de suivre ces
travaux, soit par son président, mentioiment l'existence
desdifTcrentsaffleurements portés saclafig. 3delaPL VI,
et relatent l'exécution des travaux suivants, dans l'ordre
oii on les rencontre en descendant le cours de la rivière :
A partir de l'aflleurement de la couche Amiral, une
galerie à travers bancs de 34 mètres de longueur, n'ayant
rencontré que des filets de cliarboii et ayant buté contre
un soulèvement disloquant les terrains ; les baui» y pré-
bï Google
LES SISEHEKTB H0DILLBR8 405
^tentaient une direction Norrl-Sud et on pendage de 40*
Ters l'Est.
Sur l'affleurement de la couche Salouet, une galerie
'<juî suivait la couche en direction et dont le trac4 était
remarquable par ses sinuosités ; sa direction générale
-s'infléchissait dès l'entrée de l'Est vera le Nord-Est ; cette
g^alerio fut arrêtée à 100 mètres dans an bronillage des
couches.
Enfin une série de tranchées sur différents affleure-
ments se montrant soit dans te lit de k Nondoué, soit sur
les Mamelons-Rouges, soit dans le ht de la rivière de la
Forét-Noire ; toutes ces attaques furent abandonnées après
^luelques mètres en raison de l'irrégularité des couches;
Il la reine Georgetie elie-mèrae, deflmètres de puissance
à l'affleurement, et dont on avait extrait au début du
-charbon utilisable, tombait également dans un brouïl-
u^n ».
Ces travaux, actuellementen Fort mauvais état et peu
accessibles comme les précédents, ont égalementété visi-
tés par nous: ils sont ouverts au milieu de gros bancs de
grès présentant un pendage assez réguhèrement dirigé
Ters le Nord-Est, c'est-à-dire un pendage voisin du pen-
<lage général de la formation houillère [exception faite du
pauneau que nous venons de mentionner); ces grès, qui
paraissent particulièrement chargés en éléments ferrugi-
neux, lea uns verts, les autres d'un rouge do rouille, nous
-avaient d'abord ameué à nous demander s'ils ne conte-
naient pas de débris de roches serpeutineuses, et s'il ne
fallait pas dès lors considérer les serpentines comme anté-
rieures aux formations de houille du crétacé (comme
l'avait admis M. Heurteau); l'ensemble de nos autres
observations a, depuis, contredit cette idée, et l'examen
bï Google
4;>6 RICHESSES tUNÉRALES DE LA NOCVEI.I^-CALÉDONIR
détaillé de ce» grès ne noua y a fait reconnaître aucun
débri» lies minéraux caractéristiques de la formation ser-
pentineuse.
Au milieu de ces grès nous avons noté la présence d'un
assez grand nombi'e de bancs schisteux et charbonneux ;
nous avons en particulit^r retrouvé l'affleurement de la
couche Amiral, avec plus de 1 mètre de charbon sur un
mur de schistes gris partiellement cliarbonneux et soua
uu toit de grès; nous avons pu y ramasser quelques mor-
ceaux de charbon assez joli, bien qu'altéré par lesactions
atmosphéi'iqties. Nous avons également retrouvé l'orifice
delà galerie Salouet, mais il avait donné lieu à un ébou-
lement qui rendait impossible l'examen des caractère» de
rafOeuremenl, et qui permettait de constater seulemeii'
un pendagc assez raide dirigé sensiblement vers le Nord:
sur les afileurements représentés par la^t/. 3 de la PI, VI,
vers l'aval de la rivière, nous n'avons relevé que l'exis-
tence de schistes charbonneux avec filets de charbon sans
doute inutilisables.
Nous ne connaissons pas d'analyse des combustibles de
ce groupe, qui paraissent assez maigres, et qui le sont
peut-être bien en raison de leur situation ; nous u' avons
d'ailleurs pas pu y prélever nous-mème des échantillons
assez peu altérés pour qu'il pftt y avoir intérêt k les
analyser.
En résumé, iln'estpas douteux que la vallée delà Non-
doué est occupée par une formation houillère, sinon très
étendue, du moins d'une certaine extension, et riche dans
l'ensemble en veines charbonneuses. Combien, parmi ces
veines, auraient une puissance et une pureté suffisantes
pour qu'on puisse tenter leur exploitation, c'est ce qu'il
nous est impossible de fixer avec l'exiguïté des observa-
tions personnelles que nous avons pu faire, et l'incertitude
des rens^eignemeiits fournis par des travaux de recherches,
Bï Google
LES GISEMENTS HODILLERS 457
d'une certaine importance il est vrai, mais qui ont été
conduits avec peu de inétho<te, et dont il n'a élé gardé
trace que d'une façon tout à fait insuffisante. Il semble
cependant qu'il ne serait pas impossible d'envisager l'ex-
ploitabilité, au seul point de vue de la pureté et de la puis-
sance, d'une ou deux des couches du ravin Maurice et de
l'une au moins de celles rencontrées par le puits du ravin
des Bruyères, ainsi que delà couche Amiral, et peut-être
même de la cuurhe Salouet ; mais il reste ensuite la ques-
tion tout aussi capitale de la régularité de ces couches,
question sur laquelle nous sommes moins éclairé encore ;
les couches <lu groupe Amiral sont dans une situation
bien {len favorable et les recherches effectuées ont cou-
firniécequecetlesituation fait présager ; celles du groupe
Maurice sont mieux situées, bien qu'il paraisse difficile
d'espérer les rencontrer avec une régularité et une cou~
tiuuitë parfaites. L'exécution de recherches vraiment
sérieuses pourrait seule préciser ces|>oints, rumine aussi
ce qui est relatif aux dif ficiùtés de soutènement, à l'impor-
tance des épuisements, qui seraient vraisemblablement
sérieux, aux sujétions qui i>ouiTaient résulter de la présence
du grisou (dont on déclare n'avoir pas vu trace au puits
«lu ravin des Bruyères), toutes choses qui peuvent influer
d'une façon capitale sur les frais d'extraction du charbon.
4° Gisement:/ de la région de Païta et Saint-Vin-
cent. — Le bassin crétacé de Nfuméa, qui présente un
épanouissement au voisinage de la Dumbéa, conserve une
largeur presque aussi considérable entre Pa'tta et Saint-
Vincent, comme le fait voir un coup d'oeil jeté siu" la carte
géologique de la colonie ou sur la fig. 2 de notre PI. I.
Les formations de grès houiller yexistent également avec
une certaine extension, se manifestant comme toujours
de loin par des collines à relief assez accentué couvertes
d'une végétation plutât rare, et donnant lieu à des pentes
bï Google
'438 RICHESSES IHflBRALBS DE LA HODVBLLE-CALBDONIB
'ravinées aux colorations claires. Ces ftH'matîODs se pro-
longent, comme k laNoQdou4,daiis le fond de vallées pins
-on moins resserrées entre les massifs serpentiaeux du nHMt
Mou et de ses voisins ; elles sont parfois recouvertes par
•deH alluvions récentes. Tel est le cas de la Plaine des
-Cailloux ou vallée de la rivière Caricouié et de la vallée
■de son afSuent la rivière Garignan, entre le montBrembéré
-et le mont Mou; on v a reconnu, suivant un rapport ait
commission des recherches houillères (*), au milieu d'une
formation particulièrement riche en schistes et pauvre en
gr^^ trois couches charbonneuses présentant [in pendage
Nord-Est, mais constituées par « du charbon teDement
impur qu'il a été impossible d'y recueillir un seul échan-
itillOR de chariKin net et non mélangé de schistes ». On a
■également rencontré an Nord-Ouest de ces couches das
sfÛeurem^its cbarbonr>eux dans le grès, mais ils ite
paraissent non plus avoir aucune importance. Nom
n'avons pas connaissance qu'aucun travail soit, dans ces
•dernières années, venu donner sur ces gisements des
indications plus favorables.
EnAn, M, Porte a signalé (**) des affleurements de
«harbon trè« nets situés sur la rive droite de la Taœos,
jui pied du mont Koungouauri.
On peut donc simplement dire que l'on a constaté non
seulement le prol^^ngement du bassin crétacé jusqu'à
Saint- Vincent, mais encore l'existence du charbon dans
«es assises. Sans qu'on paraisse avoir exploré sérieuse-
ment les étendues encore importantes sur lesquelles
s'étendent ces formations, les quelques indications que l'oB
-a recueillies à ce sujet sont en somme peu favorables.
On voit donc que, do l'ensemble du bassin de Nouméa,
ii-des«ua cité, p. S6.
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LIS OISEMINTS HODtLLUfl 466
la région de la Nondoué peut seule èlre considérée
comme ayant déjà donné des indications de nature
■ï eocourager l'exécution de ^vaux de recherches réel-
lement sérieux, travaux qui se justifieraient d'autant plus
4iujourd'hui que le chemin de fer, que l'on doit mettre en
■exploitation jusque-là à plus ou moins bref délai, doit
passer k proximité immédiate des gisements en question.
B. — Bassin db Moindod.
Interrompue entre Saint-Vincent et Tomo, par le con-
tact direct des serpentines avec les assises du bias
que l'on voit se développer assez loin en rémontaot la
vallée de la Tontuuta, la formation houillère reparait
^ Tomo pour se prolonger vers le Nord-Ouest, non sans
quelques interruptions, jusqu'au delà de Moindou, aoït
sur 75 kilomètres de longueur, formant une série de bas-
sins très voisins que nous grouperons, comme on l'a fait
Jusqu'ici, sous le nom unique de bassin de Moindou.
D'abord étranglées entre les terrains triasiques et le
massif serp^itineux tout comme dans la partie orientale
du bassin do Nouméa, les assises crétacées se développent
«Dsuite plus largement en une sorte de synclinal encaissé
de part et d'autre dans le trias qui, suivant la ligne
Naketj-La Foa, prend iin développement tel que les ter-
rains sédimentaires occupent toute la largeur de l'Ile ; le
bassin crétacé arrive ainsi à présenter une largeur attei-
gnant jusqu'à 15 kilomètres ; mais il ne semble pas, du
moins dans l'état actuel de nos connaissances, que ce
bassin crétacé soit partout riche en formations houillères;
ce n'est guère que son extrémité Nord-Ouest qui a été
jusqu'ici reconnue comme telle.
Sa coostitutiou géologique diffère peu de celle du bas-'
sin houiUer de Nouméa ; les grès arénacés aux couleurs
claires, mais surtout jannMres, y sont toujours dominants
bï Google
460 RICHESSES HINÉRALES DB LA NOUVBIiLE-CALÉDONIB
et jalonnent, tout comme entre Nouméa et Saint- VincenI,
les assises houillères depuis Tomo jusqu'à la vallée de h
Bogiien : ils paraissent néanmoins laisser jdus de plac«.
entre eux et les schistes triasiques, tant à des foFTnations
plus grossières se rapprochant des conglomérats qu'à nne
imi)ortante assise des schistes gris ferrugineux qu'il faut
sans doute rapjmrler an lias et qui est tout particulière-
ment développée sur les hauteurs qui séparent les valléc!
de la Boguen et de la Nessadiou (roi de Bogueu), ainsi
qu'à Aloindou. Les roches oniptives ne sont pas moinï
fréquentes dans ce deuxième bassin que dans le premier,
et d'importants massifs de ces roches viennent augmenter
l'étendue des terrains nécessairement stériles.
Quant à l'allure générale des couches, elle est, Jà comme
ailleurs, et l'on peut même dire comme dana toute la
Nouvelle-Calédonie, malaisée à préciser, au milieu d'im
grand nombre d'accidents donnant lieu à des pendages
très variés ; il semble néanmoins que l'on soit dans l'en-
semble en présence d'un s_vnclinal crétacé dont le fond
a été ronsené entre deux bordures de terrains pins
anciens ; on doit donc voir dominer au voisinage de U mer
le pendage Nord-Est, tandis qu'au pied de la chaîne cen-
trale c'est le pendage Sud-Ouest qui devrait être le plna
fréquent.
L'importance de ce bassin a été plus longtemps mécon-
nue que ceUe du bassin de Nouméa, tant en raison de
son éloignement du chef-lieu que de son écartcment plus
grand de la cûte. et que de sa situation dans des régions
longtemps occupées par dos tribus canaques peu accueil-
lantes aux Européens. L'extrémité Sud-Est en a été
aperçue par M. Garnier dans la vallée de la Ouenghi, tandîa
qu'il ne fait qu'en mentionner l'épanouissement Nord-Onest
a Ouaraï (Teremba-Moindou), sans même indiquer que le
charbon y ait élé signalé. Ce n'est, sembÉe-t-il, qu'en
1870 que les travaux de construction de la route de
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS 461
Teremba à Canala mirent en évidence des affleurements
de charbon non loin de la vallée de la rivière de Moindou
et que de premières recherches furent faites ; elles furent
reprises en 1874, à l'époque dw séjour de M. Heurteau
en Nouvelle-Calédonie : c'est également à cette époque '
que furent découverts les affleurements du groupe de
Moméa. Explorés alors avec quelque détail, et ayant
paru à cet ingénieur être les gisements do la colonie qui
se présentaient sous Tasepct le plus favorable, ils
semblent avoir été oubliés à la suite de l'insurrection
de 1878, jusqu'au jour (i886-87) où la commission des
recherches houillères fit exécuter de nouvelles recherches
dans la vallée de la rivière de Moindou. Enfin, récemment
(1899), quelques travaux, ont été repris dans le groupe de
Moniéa, d'abord sur le versant des collines qui descend vers
la mer, et ensuite dans le fond de la vallée de la N'essa^
diou ; ces recherches ont été promptemeut abandonnées.
Nous indiquerons successivement ci-dessous quelles
sont les régions oii l'existence du charbon a été signalée
et quelles sont les indications que nous avons pu recueil-
lir à leur sujet.
l' Vallée de la Ouenghi. — Cette partie du bassin
forme, comme nous l'avona dit, un étroit bourrelet entre
les assises triasiques qui occupent la plaine de Bouloupari
et les serpentines de la dent de Saint-Vincent et du
Koungouhaou ; ce bourrelet parait s'effiler le long du
massif serpentineux et disparaître avant le col de Kuenthio
où les terrains secondaires ne forment plus qu'une bande
resserrée entre les serpentines du mont I>6 et les schistes
anciens du Centre de l'ile.
Ce premier lambeau du bassin, ou plutôt ce premier
bassin isolé, est donc très restreinte), ^^ ^- Garaiev
<*) Voir l'esqnisse géologique d'une partie de la Nonoelle-Calédonie
jointe à 1& note de M. Piroutet, p. ISO, dans laquelle l'aut«ur, con-
bï Google
MS lUOaSSSES UUfBRALBS Dl LA BODVBLLE-CALÈDOKœ
parait a'étr» trompé en peusant que là, « gr&ce k l'éloi-
gneatent des én^tions magnésiennes «t à la momi gruul*
abondance des porpbyres, on aurait des cliaaecB fotw
trouver la houille non (nBBforroée et des couches ré^-
■ Uére«(*) ».
Le charbon n'y a été sî^alé que par M. Gamïer eai
un point qu'il ne précise pas siiffisaHuoent et que noos-
n'avona pu figurer que très approximatÎTeaient sur la
carte; nous ne croyons pas qu'il ait été lignalé par
d'autres explorateurs. A,yant remonté nous-mèna la
vallée de la Ouen^i jusqu'aux massifs aerpentio^ux,
noua n'avons, depuis les environs immédiats de Tom»
(Ouinané) oit se trouvent des collines de grëe luniiller
avec leurs formes caractéristiques, rencontré que de
{^'08 bancs de schistes métamorphiques durs, donoaotliea
à des escarpements abnipts entre lesquels la rïTière
est souvent profondéfflent encaissée, et que noa»
croyons plutôt devoir rapporter au trias qu'au crétacé,
comme le fait d'ailleurs M. Piroutet, bien que nous nV
ayons pas recueilli de fossiles ; nous n'avons nulle-
part relevé aucune trace île charbon. Un peu plus k
l'Ouest, nous avons parcouru la route de lîouloupari à
Thio par Kuenthio, et nous avons constaté la présence, de
part et d'autre de Kuenthio entre les cotes 250 et ^iO,
de grès et de schistes souvent noir&tres, mais sans
observer nulle part de charbon; nous avons répété les
mêmes obse^^'ations sur la rive gauche de la rivière Koua
jusqu'à quelque 3 kilomètrea au-dessus du point oii elle
se jette dans la Thio, région oti l'étendue des terrain»
sédimentairea est très faible, puisqu'ils n'occupent qne le-
triiremBDl à ce que nom sTons f«it d'après M. Petataji dans U fy. t
a« 1b pi. 1, a réuni le tria» et le jurassique, «épamt la JvraaBÎtrw «ta
ci4Ucé, et a aîiui cousidérabieuMnt réduit, pMit-4tM tai
«l« la rtaliu, l'élaaiiye <!•■ tenaiua dits honillen.
(*) Garaiar, laa, oit., p. 64.
bï Google
LBS eiBJEHINTS H0DILLBR8 463:
fond d'une vallée ëtroiteioeDt encaissée entre les deux
puissants massifs serpeatineiix du Kouagotihaon et du-
l'Ungua; les formations atidimentaires de cette ôtroite-
cavette c<Hn{irenneat d'ailleurs ici, comme noos l'avons
observé, des terrains plus anciens marqués en particv-
li«r par plusieurs tètes calcaires telles que celle du petit
pic Koufala. Les terrains crétacés, s'ils existaient là, ne-
seraient donc certainement que très peu développés et
sans doute stériles. Nous n'avons d'ailleurs pas de raison
de mettre en doute l'exactitude des observations de-
M. Piroutet, d'après lequel les terrains crétacés feraient
complètement défaut depuis la Ouenghi jusqu'à la vallée-
de la Poquereux.
2° Groupe de La Foa. — Les vallées des différentes
rivières Fcmimoulou, Poquereux. La Foa et Foawhary,
qui, venant se réunir aux environs de la localité de La
Foa, traversent toutes sur une certaine étendue la for-
>iuition houillère, mettent nettement en évidence, du
moins au voiainage de leur confluent, les afSeurements
d«s différentes roches qnî la constituent. C« sont surtout
des grès, quelque peu grossiers comme éléments, colorée
en jaune souvuit assez foncé, et coupés par d'aSBez nom-
breux massifs de roches éruptives.
Bien qu'ayant remonté les vallées de la rivière de La
Foa et de la Poquereux, et qu'ayant observé avec soin
les afSeuremenis discernables, nous n'avons noté dans les-
bancs de grès que la présence de parties schisteuses-
phu ou moins noirâtres, donnant lieu à une boue grasee,
mais point de couches de charbon. Ce n'est que dans la
partie inf^eure du cours de la Fonwhary que nous avons
vu des affleurements bouillers nets au milieu de bancs
de grès brunis par l'oxyde de fer et associés à des for-
mations schisteuses d'une certaine importance : l'incli-
naison générale des bancs est dirigée vers l'Est, mais le-
bï Google
464 RICHBSSK8 MINBRALES DK LA NOl^VELLE-CALÉDONIB
pendâge s'y montre peu régulier dans le détail. Un affleu-
rement de charbon assez important, qui est visible sur la
route de l.a Foa à Bourail, immédiatement à l'Ouest des
établissements de l'administration pénitentiaire de Fon-
whary, a, paralt-il, donné lien an fonçage d'un petit puits
qni n'y aurait rien trouvé en fait de charbon de bonne
qualité .
3* Ba^xin de la rivière de Aîoindou. — Comme nous
l'avons dit, les premiers affleurements de charbon décou-
verts dans ce baasin sont ceux mis à joiu' en i870 par
les travaux de construction de la route d'Onrail à Canala.
nu point tlésigné par la lettre M sur la fiff. i de la
PI. YI (d'après les indications du croquis annexé au
rapport de M. Heurteau); puis les travaux entrepris à
l'époque ilo la mission de M. Henrteau, soit par des
chercheurs particuhers, soit par l'Administration locale,
mirent en évidence de nombreux affleu"'ements tant sur
le massif de grès et schistes qui sépare la roule de
Moindou à La Foa de la rivière de Moindou, que sur la
rive gauche d^ cette rivière. M. Heurteau releva d'autre
part plusieurs affleurements sur la rive droite <Ie cette
même rivière; une tranchée fut ultérieurement ouverte
sur ces derniers affleurements. Dans le courant des années
1886 et 1887, la commission des recherches houillères fil
faire quelques travaux sur la principale des couches de la
rive gauche de la Moindou, dite couche Ix)yalty, et sur les
(guelques couches voisines ; la rive droite de la rivière fut
également explorée. Ces travaux paraissent avoir été
définitivement abandonnés au début de 1888.
Nous n'en avons retrouvé que des vestiges qui ne nous
ont permis de faire qu'un petit nombre d'observations
personnelles.
Quoi qu'il en soit, voici ce qui résulte tant de ces
observations que des données fournies par les études
bï Google
LES OIBEMëNTS HOUILLEHS 465
précédem tuent faites sur ce groupe de coucbes. Les for-
mations en question appartiennent, comme d'ailleurs
cetle de Motnéa et de la Nessadiou qu'il nous reste i
<iÉcrire, au l)ord Sud-Ouest de l'aiiliclinal crétacé que
nous avons défini; elles reposent vers le Sud-Ouest sur
des couches triasiques qui se développent tout le lon^ du
littoral, apparaissant d'abord dans la presqu'île de Teremba
oii les couches à Monotis JiicAmondiana reposent sur
des assises métamorphiques renfermant Spirigera Wreyi
et Mijlilus Probiematiciis, puis se prolongeant le long de
la baie Mara et au delà par des mamelons formés de
coiirhes à Monolis, non sans laissor d'ailleurs apparaître
des pointeraents <lo calcaire crisfallin, sans doute plus
ancien, à une vingtaine de kilomètres de Muindou. Lorsque
l'on cherche à traverser le bas:>in suivant sa largeur, on
est arrêté vers le Nord-Est, à 5 kilomètres de Moindou,
par la remontre dun massif éruplif de roches vertes, qui
ont été décrites jusqu'ici, (aut par M. Heurloau que par
la commission dos recherches houillères, comme des ser-
pentines, c'est-à-dire comme appartenant à la dernière
et à la plus importante des formations érupiivcK calédo-
niennes, celle à laquelle sont constamment associés les nd-
nerais de nickel, de cobaltet de chrome. 11 n'en est rien,
comme Le révèlent de loin l'aspect aiToiidî des montagnes
et la nature de la végétation qui les recouvre, lesquels
n'ont rien de commun avec les caractères si nets et si cons-
tants que présente à ce point de vue la grande formation
serpentiaeuse ; c'est ce que confirme d'ailleurs l'examen
dies roches, beaucoujt plus Ëneiuent grenues et plus
foncées que des péndodites plus ou moins altérées, et
c'est également ce qu'indique l'étude microscopique, qui
lâs fait reconnaître comme essentiellement constituées
d'éléments chloriteux très menus englobés dans des ré-
seaux de quartz, et comme traversées en outre dans leur
masse par des filoiinets de quartz de formation postérieure.
bï Google
466 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVKLLB-CALBDONIE
Ce sont d'ailleurs des roches de même caractère que celles
qui se retrouvent eu masses importantes dans cette régioD
(le la colonie, tan t dans les couches triasiques de la vallée de
la Négropo, tiii elles sont associées an cuivre, que dans les
couches crétacées de la vallée de la Poquereui, oii elles
contiennent un gisement d "or ; elles ne renferment nulle
part, à notre connaissance, ni nickel, ni cobalt, ni fer
chromé, les compagnons habituels de péridotites. Le
contact de ces roches, i)Gnt-être post-crétacées, avec les
formations crétacées est marqué par la présence de ma-
tières altérées constituées principalement par do la serpen-
tine au sens minéralogiqne du mot.
Derrière ces massifs éniplifs qui sont restreints comme
étendue, il est possible que l'on puisse retrouver avec
pins ou moins d'extension les assises crétacées formant
l'autre bord du synclinal, comme semble l'indiquer la carte
géologique lie M. Pelatan. Le fait n'a cependant pas été
vérifié en détail et l'esquisse géologique de M. Pirontel
ne le confirme pas ; nous ne croyons pas d'ailleurs que ta
présence de couches de charbon ait été relevée d'une
façon nette dans cette région, bien que l'on y ait tracé au
moins deux routes, celli> de La Foa à Canala par le col de
Coindé, et celle de Moindou à Canala par le col d'Amieu.
M. Porte signale cependant des grès houillers et des
schistes charbonneux assez haut dans la vallée de la ri-
vière de LaFoa au pied de Mé-Amèle et jusqu'au roisinage
du plateau de Dogny.
Les assises crétacées elles-mêmes sont constituées,
comme toujours, par des alternances degrés are nacés parti-
culièrement riches en éléments ferrugineux et de schistes
gris riches, eux aussi, en enduits ferrugineux rougeàtres :
ces derniers sont tout particulièrement développés, avec
pendage Nord-Est, dans le village de Moindou (où ils appar-
tiennent peut-être bien on partie au lias), on les retrouve
en lits fréqnents, qnoiqne moins puissants, dans la montagne
bï Google
LES aiSEHENTS HOUILl^RS 467
de Moméâ, on en constate également la présence dans
les travaux de là nouvelle route de Moindou à Bouraïl par
la vallée de la Boguen, d'une part au point où cette route
coupe la ligne de collines qui sépare la vallée de la
Moindou de celle de la Nessadiou, et d'autre part sur les
hauteurs qui s'élèvent entre la vallée de la Nessadiou et
celle de la Boguen (col de Boguen) . Enflo des roches érup-
tives se rencontrent fréquemment en d^kes traversant
ces formations (dykes d'orthophyre puissants à quel((uea
kilomètres à l'Ouest de Moindou sur ta route de Bou-
rail), tandis que l'on trouve, tant sur la rive gauche que
sur la rive droite de la Moindou, des tufs mélapliyriques
coquilliers intercalés dans les grès arénacés ; M. Heurteau
les signale aux sommets Mé-Onalib et Mé-Oayoli et sur la
li^ie de crêtes qui s'étend de Moindou à la tribu de
Moméa(*); nous les avons encore suivis au Sud de ce vil-
lage, ce qui montré qu'il y a là une formation importante
et continue, qui paraît être à peu près immédiatement
subordonnée aux couches de houille.
Quant aux couches de houille qui sont intercalées dans
ces formations, il nous est impossible d'essayer d'en défi-
nir le nombre et la succession : les travaux épars qui
ont été faits sur les unes et sur les autres ne permettent
pas d'établir une coordination entre les différents affleu-
rements, coordination d'autant plus difficile à fixer que
iea accidents secondaires sont nombreux, ainsi que l'at-
testent non seulement les brouillages reconnus en de
nombreux points par les tranchées pratiquées pour l'ou-
verture des routes, mais encor« les variations de pendage
souvent très brusques d'un point à un autre très voisin.
Quoiqu'il en soit, lesafSeurements connus sont nombreux;
ils paraissent indiquer l'existence de plusieurs couches se
rangeant dans la catégorie des couches moyennes et même
(*) toc. cii., p. *M.
bï Google
468 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOCVELLE-CALÉDONIB
puissantes ; certaines d'entre ellee donneraient des char-
bons assez purs et d'une bonne qualité.
CoB affleurements, que nous avons représentés sur la
/ïj. 4 de la PI. VI d'après les indications de M. Heurtean
«t de la commission des recherches houillères et d'après
nos propres observations, paraissent former deux groupes
bien distincts s'alignantgrossièrement Sud-Est, Nord-Ouesl
parallèlement à la direction générale des bancs ; nous n©
saurions dire, faute d'observations stratigrapliiques dé-
taillées, s'il faut les considérer comme signalant deux
séries de coucheij superposées les unes aux auli-es, ou au
contraire comme présentant deux fois la même succes-
sion de couches en raison de l'existence, entre Moméa
et Moindou, d'un anticlinal; nous serions plutftt porté à
admettre la deuxième hypothèse, tant er. raison de l'allure
des couches à Moméa, où on rencontre à faible distance
les uns des autres des pendages exactement inversés,
qu'en raison de l'existence, aussi bien ^u mur des couches
de Moméa qu'au mur de celles de la rivière de Moindou,
des mêmes tufs mélaphjriques.
Dans le premier groupe, où les alHeureuieots i^e pour-
suivent sur près de 7 kilomètres de longueur, les coucha
ont toutes aux deux extrémités des directions sensiblement
Sud-Est, Nord-Ouest, tandis qu'au centre, âupassaf^e de
la vallée de la Momdou qui parait correspondre àuu acci-
dent géologique, faille ou plissement accusé des couches,
leur direction s'infléchit sensiblement pour devenir à peu
près Est-Ouest, en même temps que leur pendage, qui aux
extrémités est voisin de 45* avec direction Nord-Est,
devient à peu près vertical.
La principale d'entre les couches de c« groupe, tant
comme puissance que comme qualité, est celle qui a été
dénommée en 1886 couche Loyaltj par la commission des
recherches houillères ; elle parait être la couche la plus
importante de la formation qui a été suivie avec beaucoup
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS ' 469
de soin et étuiliée avei- détail par M. Heurteau (*) :
cette formation contient une coHche dont la puissance
varie de 3 à 6 mètres, avec, au mur et au toit, des
passées charbonneuses qui sont peu puissantes et peu
régulières, et qui ne seraient vraisemblablement pas sus-
ceptibles d'utilisation pratique. M. Heurteau n'a reconnu
la couche qu'à très faible distance du sol; il l'a partout
décrite comme constituée par du charbon friable, parfois
terreux, et eu outre, maigre, brûlant difficilement sans
flamme, et ne donnant pas de coke ; mais il ajoute que
l'on peut attribuer ces mauvaises qualités au voisinage
immédiat de lasurface.
C'est l'affleurement de cette couche au voisinage de la
rivière de Moindou et sur la rive gauche de celle-ci qui a
fait l'objet principal des travaux de la commission des
recherches houillères en 1886-1888: la couche, dont la
direction semblaitôtre Nord-415°-Est et lependage vertical,
avait, au premier examen, paru pouvoir être aisément
suivie aux affleurements sur 200 mètres de longueur, oc
qui faisait présumer sa régularité sur cette longueur
tout au moins ; mais, lorsqu'on a cherché à la tracer
souterrainement par une galerie en direction vers l'Est,
OQ a reconnu qu'elle ne tardait pas à s'infléchir vers !e
Sud et qu'elle se divisait en deux bancs dont la puissance
tendait à diminuer au fur et à mesure de l'avancement
de la galerie; c'est ce que constate un rapport à la com-
mission en date du 24 décembre 1886 (*■), signalant un avan-
cement de 53 mètres ; il ne semble pas que les travaux qui
ont été poursuivis depuis, bien que prolongés, nousa-t-on
dit, jusqu'à 70 mètres de l'orifice, aient eu plus de succès ;
ils ont été assez promptement abandonnés; l'entrée de la
galerie est aujourd'hui obstruée par un éboulenient, et
bï Google
470 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVBLLE-CALÉDONIB
celle-ci est rempilé d'eau. Il est bon de faire observer
que, la couche a^aat été précisément explorée dans la
région de l'infléchissement général des bancs, cette
exploration ne peut pas être regardée comme aiaiit défi-
nitivement éclairci la question de savoir si l'irrégularité
d'allure et la mauvaise quaUté du charbon révélée par
lestravaux.de M. Heurteau tiennent oui ou non au voisinage
de la surface, comme il en indiquait lui-même la possiln-
lité.
Cependant, celte couche affleure à moins de 1 kilomètre
des roches ëruptives vers lesquelles a lieu son pendage, il
est donc douteux qu'elle puisse présenter un aval-peodage
très étendu. Les affleurements paraissent se prolonger
d'autre part, avec une certaine puissance, vers l'Ouesi
jusqu'au coude de la Moindou, c'est-à-dire sur près de3 kilo-
mètres, mais aucun travail n'a été fait de ce côté.
Cette couche se présentait, comme nous l'avons cons-
taté noua-mfjme, entre grès et schistes ; elle était,
paratt-il, constituée par du charbon friable, mais de bonne
qualité. Si sa puissance se montrait régulière sur une
étendue un peu notable, elle ne serait peut-être pas
inexploitable le jour oti les produits pourraient en être
expédiés sans trop de frais aux points de consommation;
mais cela ne serait guère le cas aujourd'hui, car il ne faut
pas oublier que l'affleurement est à quelque 5 kilomètres
du village de Moindou, auquel il n'est relié que par un
mauvais chemin.
Au mur de la couche Lojalty en existent encore plusieurs
autres, dont nous avons pu retrouver plus ou moins exac-
tement les affleurements ; ce sont en particulier la
couche Carret, de 1 mètre de puissance, la couche Levât,
de puissance variable jusqu'à 2 mètres, et la couche
Bctchel ; une galerie de 33 mètres de longueur, dont
l'entrée se voit encore à une centaine de mètres au Sud-
Ouest des autres travaux, et qui avait été ouverte pour
bï Google
LES GISEMENTS HODILLERS 471
recouper ces couches, a âoaaé des résultats dont nous
n'avous pas retrouvé l'indication précise, mais qui ont
sans doute été peu favorables.
Plus au Sud, sur le versant Sud de la chaîne de coUiuea
qui sépare la vallée de la Moiudou de la route de La Foa,
M. Ueurteau avait relevé de nombreux affleurements indi-
quant une direction Sud-Est, Xord-Oueet et une plongée
vers le Nord-Est, c'est-à-dire parallèles à la direction géné-
rale des haiics ; mais ils étaient partout de puissance res-
treinte et la qualité de leur charbon paraissait médiocre ; il
ne semble pas que depuis lors personne y ait fait aucune
recherche nouvelle.
Sur la rive droite de la rivière de Moindou, M. Heur-
teau avait également signalé plusieurs affleurements, tou-
joursdo même direction N'onl-ûuest, Suil-Est, les uns seule-
ment de schiste charbonneux , les autres de charbon ; ils se
divisent en deux groupes : les premiers se montrent dans
les vallées de la Foni-Roi et de la Foni-Toudé, à peu près
dans le prolongement des derniers affleurements décrits
sur la rive gauche, mais ils pourraient également corres-
pondre à ceux du groupe Loyalty si on suppose une inflexion
générale des couches vers l'Ouest; les autres, qui avaient
paru plus importants et plus riches en charbon {trois
couches de 0",40, 1 mètre et 1 mètre, sur une épaisseur
totale de grès et de charbon de 5 mètres), sont notable-
ment plus à l'Est, c'est-à-dire presque dans le prolonge-
ment des affleurements du groupe de la i-ive gauche, et
sont encore plus voisins qu'eux du massif de roche érup-
tive.
Les affleurements de la Ffmi-Toudé ont seuls été, de-
puis le passage de M. Heurtt-au, l'objet d'un petit travail
de reconnaissance; suivant ce qu'a constaté la commis-
sion des recherches houillères en 1886, une tranchée
d'une trentaine de mètres de longueur a recoupé trois
courhe.s, <le direction Noiil-H5°-Est et de peudage 35* vem
bï Google
47S RICHE88ES MINÉRALES UB LA NOCVBI.LE-CALÉDONIB
le Nord, ayant respet^tivement des épaisseurs de 1",50,
2 mètres et 2'~,W, et présentant du charbon d'un bon as-
pect bien que friable aux afileurements ; mais il n'a rien
été fait do plus depuis lors, et nous n'avons pu recueillir
aucune indication k ajouter à la connaissance de cette
partie du gisement qui pourrait présenter un certain int^
rtt, d'autant plus que les affleurements en question
paraissent se prolonger dans la vallée do la Nessadiou.
4* Groupe de la montagne de Moméa rt de la vallée dr
la Nessadiou. — Ce groujie, qui appartient peut-être bien
exactement à Ja même formation que le groupe précé-
dent, se trouve dans des conditions géologiques tout à
fait analogues et nous n'avons rien à ajouter comme indi-
cations générales sur cette formation; noua n'avons qu'k
donner ci-dessous quelques détails sur la façon dont K
présentent les différents affleurements. Lorsqu'on cherche
à les suivre dans la direction dn Sud-Est au Nord-Ouesl,
qui est de nouveau celle suivant laquelle ils s'alignent à
peu prés, on les trouve d'abord au flanc des contreforts
dépendant du sommet Mé-Aoui qui s'étalent vers la mer
en séparant les vallons oii coulent les différents lribulain>s
de la rivière de Moméa ; ou les retrouve ensuite sur ta
crête de ces contreforts, sur leur versant Nord-Ouest, et
enlln dans le fond assez encaissé de la vallée de la Nes-
sadiou, oii ils ont été mis en évidence par différentes
recherches poursuivies au voisinage immédiat de la boucle^
très prononcée que le cours île la rivière fait en ce jwint
autour d'un mamelon de grès et schistes houillers. Plu»
loin vers l'Ouest, on ne retrouve plus d'anieurements cré-
tacés avec couches de charbon; sur la même ligne, on
voit au contraire reparaître, comme l'avîrii déjà constaté
M. Heurteau, les couches triasiques à Monotis Richmott-
diana.
Le premier de ces groupes d'affleurements, celui de la
bï Google
LES GISEMENTS HOCILLERS 475
montagne de Moméa, a ét^ (Ircouvert peu de temps avant
la visite de M, Hetirleaii, qui a décrit lea travaux de recon-
naissance, très restreints d'ailleurs, quiy avaient été pour-
suivis il y a une trentaine d'années. Laissés de côté depuis,
en particulier parla commission des recherches houillères,
ces affleurements ont do nouveau été l'objet de quelques
fouilles en 1894; pnis, en 1900, ils ont, été rafraîchis, et
quelques blocs de chardon en ont été extraits, c'est ce qui
nous a permis d'y faire quelques observations.
Le second groupe d'aflleuremcnts n'a, à notre connais-
sance, pas encore élé décrit; nous ignorons à quelle époque
il a été signalé pour la première fois; mais, d'après les
renseignements que nous avons pu recueillir, c'est égale-
ment en 1900 que l'on y a fait les quelques travaux de
recherohos dont nous avons retrouvé les traces.
La fig. 5 de la PI. VI indique en détail la position des
affleurements que nous avons pu examiner sur les deux
versants de ta montagne de Moméa; ils se rapprochent
assez nettement de ceux que M. Heurleau avait figurés sur
son croquis {').
Les fouilles a, b, c, rf, e, situées sur le flanc Sud-Est
de la montagne, montront les unes (a. 6, e) des affleure-
ments puissants (aux environs de 3 mètres) appartenant
peut-être à une couche unique , peut-être aussi à plusieurs
couches différentes, et les iuilres des affleurements plus
minces; ils sont hpeu juvs concordants comme allure, avec-
un pendage Nord ou .\onl-Est et une inclinaison de 30 à
■40" ; les deux affleurements é et c en particulier, exac-
tement parallèles, appartiennent manifestement à deux
couches successives d'une même formation. Eu b une
fouille encore fratche nous a montré une couche de 3 mètres
de puissance, de belle apparence, présentant du charbon
brillant et léger d'une dureté suffisante ; la couche est
O Uc. cit., p. *34 à 437, et PI. IX.
bï Google
474 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
interstratifiée eiitre tuit et mur de schistes friables, aux
affleuremeats tout au moins; lecharbon n'en parait d'ail-
leurs pas très bien lité. Quelques tonoes en avaient élé
extraites et entassées ^ur le sol eu beaux blocs qui, malgré
une exposition assez prolongée à l'air, ne s'étaient nî déli-
tés ni altérés, mais avaient pu prendre plus ou moins
d'humidité ; deux échantillons prélevés au hasard parmi
ces blocs et analysés à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne
ont donné le résultat suivant :
Humidit* 7,08
Matiferes volatiles 3S,S3
Carbone fixe 4*,Î5
Gendres H ,84
Proportion de mulières volaliles ( humidilé comprise 5i
p. 100 de charbon pur | humidité déduite.. 47,9
Les produits de la distillation sont légèrement acides.
ce charbon se classe donc plutôt dans la catégorie des
lignites que dans celle des houilles sèches, oii les analyse::
antérieures (Voir le tableau ci-après, p. 488 et 489) ran-
geraient les charbons deMoméa.
Il serait assurément fort intéressant de vérifier si cette
couche conserve ses caractères de puissance, de pureté,
et de solidité du charbon, vraiment encourageants, sur
quelque étendue tant eu direction que suivant le pen-
dage. Sa direction est à peu près Est-Ouest et son pendage
de 25" vers le Nord.
A 10 mètres au mur, la fouille c a mis en évidence une
couche de plus de 1 mètre, également interstratifiéo dans
dos schistes friables ; sa puissance est de f.lO ; mais, si
les 60 premiers centimètres à partir du mur paraissent
constitués par du bon charbon dur et brillant, la portion
dn toit présente des alternances de petites bandes char-
bonneuses et schisteuses qui rendraient sans doute toni
bï Google
LES GISEMENTS HODILLBRS 475
triage impossible et ne donneraient que du charbon sale.
Le caractère de la petite couche mise en évidence un peu
plus loin par la fouiUe d est encore moins satisfaisant ; il
ne s'y montre guère que des bandes minces de charbon
dans une formation de schistes charbonneux.
Les fouilles a etf, au contraire, ont mis à jour des af-
fleurements à peu près aussi puissants qu'en b, quoique
de moins belle apparence (peut-être seulement, il est vrai,
parce que ces fouilles sont beaucoup moins importantes] ;
en a la couche, puissante de 3 mètres, est entre toit de
schistes et mur de grès [ce qui la différencierait de la
couche b), sa direction est du Sud-Est au Nord-Ouest et
son pendage, vers le Nord, est assez raîde (40° envi-
ron); te charbon que nous avons pu y ramasser était
quelque peu sale ; en e la couche que l'on observe présente
à peu près la même allure et les mêmes caractères que
la couche h, on en a tiré une certaine quantité de char-
bon d'assez bel aspect.
Sur le versant Nord de la montagne, c'est-à-dire sur
celui qui regarde la vallée de la Nessadiou, on trouve
encore une tranchée / et une fouille g : la fouille g fait
voir une conche barrée de 1°',20 environ de puissance,
dont 70 centimètres de bon charbon; mais cette conche
présente une plongée raide (45° environ) vers le Sud-
Ouest, c'est-à-dire sensiblement inverse de celle que
l'on constate à quelque 100 mètres de distance dans la
fouille e\ cette couche e^t interstratifiée dans des schistes
bien lités.
A 200 mètres environ vers TOuest la tranchée /, diri-
gée vers le Sud-Ouest, nous a montré, bien que ses pare-
ments fussent quelque peu éboulés, la trace bien nette
d'une couche puissante, voisine de 3 mètres, interstratifiée
dans des schistes dont le pendage est manifestement <Iirigé
vers le Sud-Ouest (Ouest-20°-Sud), et est voisin d'une tren-
taine de degrés.
bï Google
476 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALEDONIB
Si l'on cherche à rapprocher de nos constatations celles
qui ont été faites par M. Heurteau, il semble bien certain
que les afîleui-enients qu'il signale au point U appar-
tiennent au même système que ceux que nous avons
relevés en a, A, c, </, e ; ils se rapportent à deux petites
couches sans doute du même faisceau, mais distinctes do
celles que nous avons observées.
La fouille V de M. Heurleau, dont nous n'avons pas
retrouvé la trace, est sana doute peu distante delà fouille
que nous notons g ; elle accusait le même pendage ; mais,
au lieu d'une petite couche, elle mettait en évidence
une couche puissante comme celles que nous avons vues
en a. A, r/.
Enfin la tranchée que nous désignons par la lettre f
parait, à nVn pas douter, étro la tranchée Yde M. Heur-
teau, d'autant plus que l'iudigèue qui nous accompagnait
nous a affirmé que son exécution remontait à une époque
anlérieure à l'insurrection de 1878.
La formation de la montagne de Moméa comprend donc
une (sinon plusieurs) belle couche puissante, mais consti-
tuée par de la houille sèche ou même du lignite, au mur
de laquelle existent au moins une couche peu puisaanle
(l^ilO à f.SO) et moins pure, ainsi que différents filets
charbonneux dans les argiles ferrugineuses. Cotte fonna-
tiou parait avoir subi une dislocation extrêmement éner-
gique, par suite d'une sorte de refoulement ou de char-
riage sans doute, puisque vers le Sud-Ouest, c'est-à-dîre
vers le bord du bassin, elle présente un pendage Nord-Est
correspondant à l'allure générale du bassin, puis, qu'en
passant la crête de la montagne, on tombe à très faible
distance des premiers affleurements sur d'autres présen-
tant une plongée raide sensiblement inverse. Il y a évi-
demment là une indication inquiétante au point de vue de
la continuité en profondeur do l'une au moins des deux
séries découches qu'on voit affleurer.
bï Google
I-ES GISEMENTS HOUILLERS 477
Ajoutons que, si ce charbon est de valeur un peu infé-
rieure à cause de sa trop grande richesse en matières
volatiles, son transport jusqu'à la mer serait aisé, la
pesaoteiir devant permettre sa descente Jusqu'au rivage
par câbles comme puur les minerais de nickel.
Dans la vallée de la Nessadiou tes travaux ont été si
restreints que noua n'avons pu recueillir que bien peu
d'iodications sur l'allure dfiB couches, la /ig. 4 de la PI. VI
indique la disposition de ces travaux.
Eu a l'affleurement d'une couche sensiblement horizon-
tale et parallèle au lit de la Nessadiou, c'est-à-dire cou-
rant Nord-Sud, est jalonné sur 200 mètres de longueur
par trois petites tranchées et par une amorce de tunnel ;
la couche, autant qu'elle est dégagée, ne parait pas pré-
senter plus de 1 mètre de puissance, et le charbon en
est peu propre ; elle est associée à des grès jaunes et à
des schistes friables ; sa direction est à peu près Nord-
Sud et son pendage, peu accentué, est vers l'Ouest légè-
rement Sud. Au point ^ une tranchée a mis à découvert
l'affleurement d'une couche sensiblement parallèle comme
direction et pendage, mais de puissance plus considérable,
soit 3 mètres environ, et paraissant constituée par de
meilleur charbon ; elle est interstratiâée dans des schistes
noirs friables. Enfin en y. au voisinage immédiat du som-
met de la boucle de la Nessadiou, il a été creusé un puits
qui a atteint, parait-il, jusqu'à la profondeur de 9 mètres
et qui n'aurait, d'après les renseignements qui nous ont
été fournis et les indications que nous avons relevées,
traversé que des alternances de grès jaunes et de psam-
mites micacés gris, iHeii lités, sans trouver du tout de
charbon.
On peut donc dire qu'on a seulement constaté dans
cette région l'existence de charbon, mais qu'aucune doo-
née ne permet aujourd'hui d'apprécier l'importance du
gisement, sa continuité, sa régularité, etc..., ni même la
bï Google
478 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDOSIB
qualité du charbon qu'il contient. Nous devons cependant
ajouter qa«, situé au fond de la vallée très encaissée
d'une rivière bob navigable, il ne se trouve pas dans des
conditions favoraMes au point de vue de l'évacuation des
produits qu'on en extrairait éventuellement.
Telles sont les données que noa& avons pu recueillir sur
le bassin houiller de Moindou; elles sost, comme on voit,
fort minces et ne nous permettent pas de dÎMsi les affleu-
rements qui ont été reconnus, et dont plusieurs saut assez
beaux, correspondent oui ou non à des couches indus-
triellement exploitables.
C. — Autres bassins mouillbrs.
Des autres bassins houiilers de la Nouvelle-Calédonie,
le seul qui ait été, à notre connaissance, l'objet de quelqnes
recherches, est celui de Voh ; c'est d'ailleurs le seul en
dehors îles deux précédents où nous ayons pu constater
la présence du charbon.
Ce bassin se développe, sur une longueur de 25 kilo-
mètres environ, derrière les deux puissants massifs ser-
pentineux du Katepahié et du Koniambo; il présente une
largeur moyenne de 3 à 4 kilomètres et repose, par l'intei^
médiaire d'une bande étroite de terrain triasique, sur les
schistes micacés et métamorphiques, qui dans cette région
forment la plus grande partie de l'ile.
Cette formation houillère est essentiellement constituée
par des grès arénacés, qui se présentent ici avec le faciès
caractéristique que nous avons décrit ; ils se développent
en une bande à peu près parallèle à la côte depuis la
vallée de la Fatenaoué, affluent de la Temala, jusqu'à la
vallée de Koné, où ils apparaissent bien visibles au pied
de la roche calcaire d'Até, dominée elle-même par le
massif serpentineux du Tandji.
bï Google
LES UtSEMBNTS HODILLERS 479
Le charbon n'y a éU; signalé que dans une seule région ;
c'est celle du col qui sépare les deux coudes voisins,
distants de 2 kilomèti:es à peine, de la rivière de Voh
et de la Fatenaoué ; c'est dans le voisinage du Ut du
ruisseau qui descend de ce col vers la rivière de Voh et
qui débouche à la tribu de Tiéta, que ces grès, qui se
mélangent de schistes, ont été reconnus contenir de la
houillo. Cette découverte, qui remonte, croyons-nous, à
1882 ou 1883, a été faite en trois points du lit de la
rivière espacés de l.HX) mètres au total, et a mis en évi-
dence aux deux points extrêmes une couche de charbon
de 1 mètre àl",20 de puissance, tandis quedansl'inter-
valle on n'en signale qu'une veine mince. La direction
des couches est Nord-Sô'-Est avec un penilage presque
vertical vers le Nord-Ouest ; une galerie en direction de
10 mètres de longueur a été creusée sur Vnn des affleu-
rements et aurait (d'après un rapport de la Commission
des recherches houillères du 24 décembre 1886) {*) mis
à découvert sur toute sa longueur une couche saine et
régulière, iuterstratifiée dans des schistes argileux, et
constituée par du charbon assez consistant et de bonne
qualité.
Ces quelques travaux, loin d'être poursuivis comme
l'avait demandé la Commission, ont été complètement
abandonnés depuis lors, et ta galerie ci-dessus mentionnée,
dont on nous a montré les traces, est complètement ébou-
lée et inaccessible; nous' n'avons pu qu'examiner le long
du lit du ruisseau la nature et l'allure des roches encais-
santes, et constater, dans un trou existant encore, la
présence de charbon d'assez bonne apparence.
L'ensemble de la formation, qui ne s© trouve d'ailleurs
làqu'k quelques centaines de mètres du massif serpenti-
neux du Katepahié, est formé de grès arénacés qui
{*) Loc. cit., p. 47 k 49.
bï Google
480 RICHESSES MI,SÈaAI,ES DE LA SOLVELLE-CALéDOSIE
prennent des couleurs particulièroment vives dans les
tooB roses eL violacés; mais ces banrs contiennent, au
voisinage du diarbon, des grès houillorsgrisâtres légère-
ment micacés et des schistes argileux gris, également un
peumicacéB.avecdébrisvégétaux informes; l'allure de ce»
bancs est très irrégulière; leur direction passe, sur
quelques centaine» de mètres de distance, du Noni-Sud à
l'EstrOuest ; le pendage est également irrégulier, mais
généralement raide. Nous n'avons, comme nous l'avons
dit, pu constater la présence du charbon qu'en un seul
point; il^ présente une direction Est-Ouest avec un pen-
dage raide que nous n'avons pu définir exactement, le
charbon étant plutôt en boules qu'en couche; il repose
sur un mui- de grès et sous un toit de schistes argileux ;
il est très friable. Nous avons pu néanmoins, avecquelquea
coupa de pic, en détacher des morceaux sains que nou»
avons faitanalyser k lÉroIe des Mines de Saint-Étienne;
ils contenaient :
Humidit* 1,26
MatiÈrea Tolatiles 12,06
Carbone fixe 78,86
Cendres 9,32
Proportion de matières volatiles
p. 100 de charbon pur 14,10
Ce charbon est donc maigre ; les autres analyses qui en
ont été données (Voir le tableau des pages tSS et 489) le
feraient plutôt classer dans les houilles anthracîteiises,
Omime on le voit, le charbon duhassin de Voh n'a été
que signalé; il n'a été l'objet d'aucune étude et, tout en
constatant qu'au point oii il a été reconnu les terrains
paraissent peu réguliers, nous pouvons dire que nous
ignorons tout ce qui serait de nature à permettre de i>oi^
ter un jugement quelconque sur la valeur industrielle du
gisement.
bï Google
LB8 aiSEHEHTS H0UII.LBI18 481
Pour ce qui est des autres bassins houillers, c'est-à-
dire ceux de Gatope, Pouemhout, Muéo et Poya, figurés
par M. Pelataii sur sa carte avec des dimensions parfois
exagérées, que nous avons reproduites faute de pouvoir
assigner un contourexactàcea bassins, nousavonseuperson-
nellement l'occasion de relever la présence des formatioDS
houillères caractéristiquesdans ceux de Pouembout et de
Poya; nous devons également signaler la présence de
CCS fonnations non loin de Koumac au Nord du massif
serpentineuz du Kaala, oti elles forment des coUines au
pied des escarpements calcaires qui s'alignent N.O.-S.E. à
partirde la corne de Koiimac.
Quant au charbon, sa présence n'a été signalée à notre
connaissance que dans le bassin de Poya, au pied du mont
Katépoinda, par M. Porte, qui, au cours de sa mission de
1888, déclare(*) avoir exploré d'abord sans succès la
plaine de Poya, et avoir été plus heureux en tournant le
grand massif situé au Nord et au Nord-Est de Muéo et
désigné par les Canaques sous le nom de Manéouendi (Pic
Poya, Mont Graunda, et Mont Boulindadescarteg actuelles),
en remontant la rivière de Népoui jusqu'à Oua-Té, et en
franchissant le col qui sépare ce point des sources de la
Ponerihouen (branche désignée sur les cartes actuelles
sous le nom de Nounin); c'est sur le flanc du Mont Pané-
toui (sans doute un des contreforts orientaux du Katé-
poinda) qu'il a trouvé, au milieu de grés et schistes, un
affleurement de charbon gras (Voir le tableau des ana-
lyses, p. 488 et 499).
Ajoutons qu'on nous a déclaré, mais sans que nous
ayons pu en aucune façon le vérifier, que du charbon a
' été trouvé dans la vallée du ruisseau de Nérin, affluent
j de la Poya, en un point qui est d'ailleurs en dehors du
I bassin bouiller tel que le délimite M. Pelatan.
1 (*) Loc. cil., p. 35 et S6.
bï Google
48S R1CHBSSB8 MIMÂKALES DE LA NOQTKLUt-CALÉDONIS
Ces maigrea indications nitMitreiit que TexploraticMi de
la colonie mt encore beaucoup trop imparfaite povt qnll
soit possibie d'émettre une opinion sot l'intérêt qne pré-
sentent cetr derniers bassins hooillers, et il est à noti»
aris an moins tout aussi exagéré de vouloir compter
comme terrains houillers richefl toutes les étendues qne l'an
croît devoir aujourd'hui assigner aux fc^mations crétacées,
c'est-à-dire houillères, qu'il serait prématuré de déclarer
qu'elles ne pearent contenir aucune rtebesse otifisaM»
daRft l'arenir.
bï Google
UTILISATION INDUSTRIELLE DES GISEHENTS H0DILLBR3
DE LA NOÏÏTELLE-CALÉDONIE.
Trois questions essentielles doirent être examiaéM
lorsque l'on vent apprécier si des ^sements hauiUers
sont exploitables ou non ; la question des conditions natu-
relles des gisements, qui déterminent la qualité du char-
bon qui peut être produit et le prix auquel il peut Mrs
tirré sur le carreau de la mine ; ceUe de la situation'
géographique des gisements, dont dépendent les fraia et
transport jnsqu'aux points de consommation ; etenân celle
des débouchés offerts aux combostil^es, qui fixent les
prix auxquels ils peuvent être vendus et les quantités
qui peuvent en être livrées à la consommatioD .
Ce sont ces trois points sur lesquels il nous reste b
feomir quelques indications.
A. — Rbsdhb dis motions acquises sur lks conditions
NATUEBLLBS DIS SI8BUENTS.
Ainsi que le montre l'exposé qui précède, de l'étendue
de i .200 kilomètres carrés qui parait être recouverte par
les formations crétacées et jurassiques de la Nouvelle-
Calédonie, une très importante partie n'a jamais donné
lieu à la constatation de l'existence du charbon ; cette
partie comprend les bassins de Konmac, Galope, Pouem-
bout et Muéo, la plus grande fraction du bassin de Poya,
et la portion médiane du bassin de Moindou. Sur nne
bï Google
1
484 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOrTBLLB-CALBDOXIB
bonne portion des étendues restantes, la houille n'a été
que signalée : tel est le cas des bassins de Voh et de
Poya, de la région de La Foa et de celle de la Oaenghi
dans le bassin de Moindou.et delarégiondeSaint-Vinceot
et Paita dans celui de Nouméa. Enfin, parmi les régions
où Ton a réellement reconnu l'existence de couches ou
de séries de couches de charbon, plusieurs, restreintes
comme surface 11 est vrai, ont donné, au cours de l'exé-
cution de quelques travaux de recherches, des indica-
tions peu favorables sur la pureté du comboslible ou sur
la régularité des couches ; tel est le cas des gisement*
du Mont Dore, de la presqu'île de Nouméa, de la branche
gauche de ta Nondoué, et aussi un peu de la couche
Loy<y près de Moindou (tout au moins pour cette der-
nière dans la région peu étendue où elle a été explorée).
Ajoutons que presque partout oit les couches se sont
montrées aussi brouillées, le charbon était antbraciteui,
c'est-à-dire d'un emploi un peu difficile au point de vue
industriel, l'une et l'autre circonstances tenant apparem-
ment k la proximité trop immédiate de roches éruptives
diverses. Quelques recherches poursuivies plus loin de ces
roches éruptives ont donné sinon des résultats, du moins
des indications, plus favorables, soit au pointde vue de la
régularité possible des couches, soit à celui de la qualité
même du charbon ; tel est le cas de la branche droite de
la Nondoué, de la montagne de Moméa, et jusqu'à un
certain point de la rivière de Moindou.
Dans ces conditions, il nous faut tout d'abord faire ré-
serve de la majeure partie des terrains houillers Je la colo-
nie pour lesquels nous ne possédons presque aucune
indication : sans doute, dans les plus petits d'entre les
bansins qui sont, sur toute leur étendue, au contact ou au
voisinage des serpentines, il est vraisemblable qu'on ne
pourrait trouver que des couches tourmentées; mais, pour
le bassin de Poya par exemple, pour une bonne partie de
bï Google
LBS 01SEHEHT3 HODIU^RS 485
celui de Moindou (') et pour une partie même de celui de
Nouméa, nous ne pouTons rien dire. Sont-ils riches en
couches de houille oui ou non, nul ne le sait ; et l'ou ne
saurait prévoir quelle serait la nature des couches qui y
pourraient exister. Dans un pays qui serait mieux ezploré, et
surtout dans un pays oii les affleurements de toute nature
seraient moins complètement dissimulés par la végétation
qu'ils ne le sont en Nouvelle -Calédonie, on pourrait con-
clure de l'absence de toute découverte d'affleurements
houillers à la probabilité de leur absence ou tout au moins
à leur rareté {") ; mais, pour notre colonie, nous n'oserions
raisonner de la sorte.
Cette réserve faite, nous avons d'autre part à écarter
des étendues vraisemblablement intéressantes au point de
vue industriel quelques régions, que nous avons énumé-
rées ci-dessus, pour ne retenir, non pas comme les seules
dont il soit possible d'espérer quelque chose, mais comme
les seules dont il nous soit possible de dire quelque chose,
que les régions de la Nondoué, de Moméa et de la rivière
de Moindou.
Des différentes questions techniques que l'ingénieur
doit se poser en face de couches de houille qu'il examine
au point de vue de leur exploitabilité, à savoir nature
chimique du charbon, pureté des produits à extraire,
puissance et régularité des couches, et difficultés d'exploi-
tation, aucune n'est aujourd'hui complètement résolue.
i' Nature chimique dn charbon. — En dehors des nom-
(*) Rappelons qu'il semble bien établi aujourd'hui que, dans la partie
centrale du bauude Moindou, tel quenous l'avons figuré d'après M.Pe-
latao, les terraini crétacés, c'est-à-dire les terrajna i charbon, n'existent
mSme pas.
{•*) II faut pratiquement écarter d'une façon presque complète, nous
l'avons déjà expliqué, l'hypothèse de couches de houille exploitables se
développant sous des terrains ou des massifs érupUfs plus récents en
N onvelle-Calé doni s.
bï Google
i86 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
TABLEAU DBS AnAlTSKS EFFBCTCW I
1» ■■>dT«.
■Dan, m>D( Bulli ' S* iil. .
'.3- a. .
S^dIOobU, DiBt TniiMnt } î* >d. .
)3- id .
I I" iiiily».
S- id. .
la- w. .
\i- u. .
lia, PorltMlt-Ffr , ^' ?J- ■
17- »: :
: ::
,0* ni. .
Vahout, mine le TiaumiiT
1 l"««li«.
oui, mina da BcaWni il- id. .
Nondout, RiTin du Bruyéiei
S(iii^ VuKDl, nwi Ji GuFiTiVn". !! 1 !".!',!!!!!!!!! i
Oui pHpirreDi, Bine Rouudo 1^ j^'
' 4- id. :
rbtr]r< <4Up d'Atia {«niclia Ctotgtt)....^
' Moindaa (Poiil 0 éfU. UivrlMa et de aot» eroquii)
Uoiclts, «HebaLiyally 1 J/ •"^I"'
Hundvo, eonthe Uial j ^' "j^ll"*-
Moindag, puiu B*lcb*l
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Porte, 1 Hoini«i,
Ëule dte niiiu de Puie,
M. ParK. à I1i>iib«ii.
Qderi* di 77 n
de proroadenr.
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M. Porte, t Hou
lioniUt gnue miN
Houille (ruH à eo
M. Ch. Wett, i Sydiieï.
M. W. A. DiioB. l Sydney.
Ecole dei mioei dt Ptrii.
H. Porte. àNoBDti.
bï Google
488 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
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dyH..
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B"
Ml
21.50
s.œ
breiises analyses qui ont été effectuées h diverses époques
par M. Porte, pharmacien principal <le la Marine, et dont
nous n'avons pas de raison de mettre en doute l'exactitude,
encore que certaines différences considérables entre les
résultats d'analyses de charbons donnés comme de mÔme
provenance (mine Bulli an Mont Dore en particulier)
paraissent bien singulières, quelques analyses ont été
faites en Europe ou en Australie ; nous aurions noos-
même désiré pouvoir en faire faire quelques* unes, mais,
faute de recherches en activité sur les différents gise-
ments, nous n'avons presque partout pu recueillir que
des échantillona trop manifestement altérés pour qu'ils
puissent fournir des données de quelque valeur. Quoi qu'il
on soit, M. Porte (*) rapporte 45 analyses de charbons
(*) toc. ci/., p. «.
bï Google
LES GISEMENTS HOUILIJÎRS
de la NouTelle-Calédonie, dont 35 lui sont dues ; nous
reproduisons dans le tableau ci-dessus les résultats de
ces analyses, p^upés par gisement, en y joignant les
résultats: 1* de l'analyse effectuée en 1895 à l'Ecole des
mines de Paris sur des charbons de la Nondoué, et 2''de
deux analyses faites en 1903 à l'Écoledes mines de Saint-
Ëtienne snr des échantillons peu altérés que nous avons
rapportés nous-mème.
L'examen de la cinquième colonne de ce tableau, od
nous avons porté les teneurs en matières volatiles pour
cent de charbon pur de cendres et la moyenne de ces
teneurs pour les charbons d'un même gisement, fait con-
naître la catégorie dans laquelle se classent les diffé-
rents charbons, catégorie que nous avons mentionnée dans
la sixième colonne en adoptant la classification de
Gruner,
bï Google
400 atCHBSSBS lUNÉBALES DE LA HOCVBLLB-CALBOOXIK
On voit que l'on a tronré en NoaTelle-Galédonis dm
-charbons répondant aux six cat^ories de Gruner, depuis
l'anthracite typique jusqu'à des honiOefl sèches se r^
prochaut des lignites. Comme nous avons déjà en l'occa-
sion de le mentionner, nons serions a»sez porté à croire
-que ce n'eet pour ainsi dire qu'accidentellement, par l'ef-
fet d'altérations locales, que s'est trouvée constituée une
série aussi complète; et, bien que l'on soit encore loia
de pouvoir faire des études de détail de ce genre, nous
■ne serions pas surpris que l'on arrive à montrer que le^
anthracites et peut-être même les houilles maigres ne
sont dues qu'à la transformation locale de charbons jilm
gras par l'effet de roches éruptives de venue postérieure
à la houille, roches qui seraient soit les serpentines elies-
mèmes, soit plutôt, à notre avis, les porphyres que l'on
rencontre fréqnemnieat associés an\ giftem«ifai houiUers.
et dont la vernie ne parait pas être antérieure à la for-
mation de ces gisements.
Mais, bien que les houilles rencontrées appartienneni
aux tv-pes le-s plus variés, on peut dire qu'aujourd'hui on
n'a reconnu de gisements do qu'^Ique importance qno
d'anUiracite, de houille grasse à courte fLimme et iJe
houille grasse à longue llamme pasBautàla bouille sèche.
Dans le premier groupe so rangent une partie Lout un
moins des gisements du Mont Dore et de la baie de Bou-
lari, ceux d'Vahoué, du col de Tongoué, et de Koc, les
■couches Levât et lïstchel àMoindou, et enfin le gisement de
Voh; on sait que de tels combustible» sont d'un emploi
un peu malaisé pour le chauffage des chaudières, mais
qu'ils peuvent généralement être substitués au coke pour
les usages métallurgiques; d'ailleurs tous ceux d'entre
•ces gisements qui ont été explorés ont paru présenter
peu de continuité, peut-être par suite des effets de la
même cause qui a transfonué le charbon en anthracite.
Dans le deuxième groupe se rangent les charbons des
bï Google
LES GISEMENTS HOUIU.ERS 491
Portea-de-Fer et ceux de la Nondoué (autant qu'on peut
«n juger pour caîs derniers par une seule analyse); ce
sont (les charbons également propres an chauffage des
chaudières et à la fabrication du coke.
Daus le troisième groupe se classent la majeure par-
tie des charbons de Moindou : une partie d'entre eux
seraient sans doute bons pour la fabrication du gaz; maïs
les houilles sèches (*) (grande couche de Moniéa) sont
d'un emploi malaisé ; elles ne donnent pas do coke et ne
sont pas appréciées pour les chaudières; cependant, dans
les pays oii ces charbons tiont abondants (Ecosse et
HauLe-Silésie, par exemple), on arrive à les employer d'une
façon satisfaisante pour bien des usages.
Quant aux qualités industrielles qui correspondent à la
nature chimique de ces divers charbons, les essais ci-
dessous énumérés ont fourni quelques indications:
1° En 185.Î, du charbon de l'Ilot N'dé fut embarqué à
bord du bâtiment de l'État le Prony; il passe pour
avoir été utiliRÔ avec succès; nous ignorons à quel usage
il a été employé; nous ferons seulement remarquer que,
vu la date, il n'était pas question du chauffage de chau-
dières marines;
2* En 1875, un essai du charbon du gisement des
Bruyères (col de Tongoué), fait à bord du bâtiment de l'État
le Coetlogon, donnait un résultat peu favorable ; le procès-
verbal de cet essai, en date du 2S octobre 187ô, conclut
en effet que le cliarbou en question (luithracito) » a paru
à la commission d'essai complètement inacceptable pour
Je service de la marine et avec des foyers onlinaires " ;
3° En 1886, la commission des recherches houillères a
fait essayer à bord de l'aviso Loijally une tonne de charbon
des affleurements de la veine Loyalty (Moindou) ; mais <i le
[*) Si les échanlilloiLs que nous avon>! fuit analyser n'avaient pas
■nbt nne looguo expnailion h l'air et  la pluie, nous les qualiHeriiins
pluMt lignitei d'aprË» los résultais de celte analjse.
bï Google
492 RICHESSES MINÉRALES DE LA NODVELLE-CALÉDONIE
charbon, déjà très friable par lui-même, et très malmené
pendant le transport, est tombé en poussière, rendant ainsi
tout essai sur grille illusoire. Quelques morceaux jetés sur
les foyers des chaudières ont pourtant bien brûlé (*) » ;
4° En 1887 {19 janvier, 27 janvier et 24 mars), des
essais exécutés à bord du Duchaffaut et du Loyally, de la
marine de l'ÉUt, sur du charbon du gisement des Portes-
de-Fer, ont donné des résultats aussi satisfaisants que
ceux donnés par les charbons de provenance australienne ;
la commission d'essai a déclaré ce charbon « suffisant
pour le service de la flotte » et a ajouté qu'il serait â
désirer qu'il fût l'objet d'une exploitation sérieuse (*') ;
5" En 1887, une cinquantaine d© tonnes de houille
extraites de la mine Coligoon, à Koé, ont servi à chauffer
les chaudières de l'usim; à sucre de Koé (**");
6° Le 7 mars 1888, des essais de vaporisation ont été
faits par M. l'Ingénieur de la marine Auscher, à bord du
Diiqjiesne, sur du charbon provenant des Portes-de-F©r ;
ces essais l'ont conduit à la conclusion suivante : « Le
charbon de la Nouvelle-Calédonie, employé pour le chauf-
fage des chaudières à vapeur, présente certaines qualités.
II donne très peu de fumée, n'encrasse pas les tubes,
est dépourvu de pyrites, donne un mâchefer léger et
non adhérent. Mais il offre les inconvénients des houille
grasses à courte flamme : utilisation imparfaite des sur-
faces de chauffe, emploi fréquent du crochet. En le
mélangeant en proportions convenables avec de la houiBe
maigre, on obtiendrait pi-obahlement un combustible de
très bonne qualité. »
(*) Rapport de M. Pelstan i la ConiDiission des recherches houlilèrci
en date du ÎS février 1K86, loc. cil., p. 39.
(") Comptes Rendus des essais faiUpar Ua navirti de la atalion loealt
(Ordre du gouverneur eu date du 17 jaovier 1887), annexés au Recutit
des Iravaiix de la Coiiimisaion dos recherches houillères ci-deasus cité,
p. 89 à 96.
("') Porte, lue. cil., p, 22.
bï Google
LBS GISEMENTS KOUILLERS 493
Au cours des essais, ce charbon avait vaporisé 6"',62
d'eau contre 8"',5 pour du charbon d'Anzin et 6'", 5 pour
du Decazeville ;
7" En 1889, le charbon de la mine Bulli a été essayé
à la forge du paquebot Océanien des Messageries Mari-
times ; les résultats ont éttr, d'après M. Porte, « très con-
cluants et favorables (*} « ;
8° En 1895-96, le charbon extrait, à la quantité de
plusieurs tonnes, et même, nous a-t-on afôrmé, de plu-
sieurs dizaines de tonnes, du puits du ravin des
Bruyères (Nondoué), a été employé avec succès tant
aux usages domestiques et à la forge qu'au chauffage
des chaudières d'une locomobile et des chaloupes de
l'Administration pénitentiaire. D'après une note que nous
avons retrouvée dans les archives de cette administration,
on aurait, avec 100 kilogrammes de charbon de la Non-
doué, donnant 27 kilogrammes de cendres, vaporisé
471 litres d'eau dans la chaudière d'une locomobile,
tandis que le charbon de Newcastle {Australie) vaporisait
468 litres en donnant 20 kilogrammes de cendres. Deux
essais avec la chaloupe auraient .exigé des consommations
de 78 et 89 kilogrammes par heure, tandis qu'avec du
Newcastle de belle qualité on consommait 90 kilo-
grammes. La note ajoute que le charbon de la Nondoué
brùle lentement et tient très bien le feu.
De l'ensemble de ces indications il résulte avec certitude
que le charbon des Portes-de-Fer est une houille grasse
à courte flamme, parfaitement susceptible d'un emploi
industriel et en particulier d'emploi pour le chauffage des
chaudières ; il ne le cède en rien à ce point de vue aux
charbons australiens, avec lesquels les charbons calédo-
niens devraient entrer en concurrence; il est susceptible de
donner du coke bien aggloméré. Il parait en résulter éga-
(•) ioe. ci(., p. «.
bï Google
494 RICHESSES MINÉRALBS DB LA NOOVBLLE-CALÉDONIB
lement que le charbon de la Nondoué, qui est aussi une
houOle grasse à courte flamme, est de qualité suffisant»
pour la production de la vapeur, qu'il peut être employé
à la forge et qu'il donne du coke dur et bien aggloméré.
Le charbon de la mine Bulli serait également suscep-
tible d'un emploi à la forge; celui de la mine CoH^oa
pourrait être employé à chauffer des chaudières; il n'en
serait pas de même de celui de la mine des Bruyères^ qui
est un anthracite. Enfin la composition chimique tles
charbons de Muindou, et surtout de ceux de Moméa, doit
faire craindre qu'ils ne soient d'uiueniploi un peu difficfle.
2* Ptireté du charbon à extraire. — Les analyses et
essais ci-dessus rapportés ne donnait que peu d'indica-
tions sur la pureté des charbons qu'il serait possible
d'extraire pratiquement des différents gisements : si
quelques analyses mentionnent des teneurs en cendres très
basses et montrent, qu'avec un triage beaucoup plus soigné
sans doute que celui qu'on pourrait faire industriellement,
on peut obtenir parfois des produits remarquablement pnrs
(en particulier pour les charbons grasdeMoindou), d'antres
analyses, au contraire (La Foa, Oua-Té, Voh, Nondoué],
faîtes à n'en pas douter sur des échantillons plutdt pins
purs que moins purs que la moyenne du charbon extrait,
montrent, qu'au moins aux affleurements, certaines
couches donnent des charbons sales.
D'autres indications sont plus intéressantAs au point tf»
vue industriel, ce nont celles qui résultent des quantités
de cendres obtenues au cours d'essais d'utilisation ;
nous avons retrouvé à ce sujet les chiffres suivants : les
essais de 1887 à bord du Dncha/faut et du fMyoHy
(cîiarbon des Portes-de-Fer) ont donné iO, 12 et 13 p. 100
de mâchefer et escarl^Ues; les essais faits sur le mfime
charbon par M. l'Ingénieur de la marine Auscher, à bord
du Duqvesne, ont donné 16 p. 100 de mâchefer. Tous ces
bï Google
LES OISBMEITTS H0DILLER8 495<
chiffres indiquent nn cfcarftoa (Tane pureté trfes suffisante..
Au contraire, les essais de ('Administration pénitentiaire
SOT le charbon de la Nondoûé ont conduit au chiffre fort
éleTé de 27 p. 100 de cendres, el l'analyse faite à l'École
des Mines de Paris, sur des échantillons paraissant
correspondre à dn tout-venant, a donné 17,6 p. 100 de
cendres, ce qui classe le charbon à peine dans la deuxième -
qualité.
n semble donc en résumé que, si quelqnes-ane» des-
coaches de charbon de la Nouvelle-Calédonie {Moindou
et Portes-de-Fer) penvent fournir, grâce sans doute à nO'
triage soigTië, dn charbon bien pur de cendres, la majo-
rité des condies donne, au voisinage des afHearements-
tout au moins, des charbons assez sales; ce serait en
particulier le cas des gisements de la Nondoué.
3* Puissance et régularité des couches. — La puis-
sance des couches est généralement malaisée à apprécier -
auT affleurements, où une partie da charbon, moins résis-
tant aux agents atmosphériques que les roches encais-
santes, a pa (Ksparaltre, et où surtout le charbon pur-
et les schistes stériles ont pu subir des brouillages. Quoi
qu'il en soit, on a constaté dans presque tous les gise-
ments l'existence simultanée de formations charbon-
neuses d'épaisseurs très variables, depuis des filets de char-
bon jnsqn'à des couches de 5 et 6 mètres de puissance.
Malheureusement presque toutes les couches puissantes qui
ont été signalées se montrent plus ou moins barrées de bancs
de schistes, dont l'épaisseur est le plus souvent telle-
qu'ils diminuent considérablement la puissance utile des
couches, et qu'ils obligeraient sans doute à n'exploiter,
dans tme formation de 5 à 6 mètres, qu'un ou deux bancs-
plus on moins minces.
Tel paraît être tout particulièrement le cas pour bon
nombre des couches du gisement de la Nondoué; nous-
bï Google
496 RICHESSES MINÉRALES DB LA NOUVELLE-CALÉDONIE:
avons pu le constater nous-mème sur les affleurements
plus ou moins biea découverts que nous avoua vus, et
c'est ce qui paraît résulter des rapports rédigés à l'époque
oii les recherches se poursuivaient : dans l'un de ces
rapports, le Contrôleur des Mines signale, dans le ravin
des Fougères, une couche de 3 mètres comprenaDt
1 mètre de charbon absolument pur et 2 mètres de
schistes fortement imprégnés de liouille, puis, en conti-
nuant à remonter la rivière, une couche de 3°* ,50 com-
prenant au toit une couche pure de 0",T0 et 2",80 de
schistes noirs riches eu houille, eoJin, à quelques mètres
plus haut, une couche de 7 mètres de puissance compre-
nant deux couches de houille pure de 0~,70 et 1",20
séparées pai- des schistes noirs que l'on retrouve au toit
et au mur ; » ces schistes forment un combustible très
passable ('] », est-il ajouté.
Il semble cependant qu'il existe dans le ravin des Fou-
gères une couche (couche LafTon) de charbon à peu près
pur ayant 2 mètres de puissance ; la couche Loyalty (Moin-
dou) parait être assez puissante et être constituée par du
charbon excellent; enfin l'une des couches de la Montagne
de Muméa atteint 3 mètres de puissance et est formée
presque uniquement par du charbon pur. Rappelons
d'ailleurs que, si des couches de 2 à 3 mètres de puis-
sance sont d'une exploitation généralement aisée, des
couches plus puissantes donnent lieu à de sérieuses diffi-
cultés et k des frais souvent considérables, tandis que
des couches de i à 2 mètres de puissance, et parfois
même des couches plus minces, permettent, lorsqae le
toit est bon, des exploitations économiques.
La régularité <les couches, c'est-à-dire la permanence
d'une puissance sufAsante sur de grandes étendues tant
(') Nous ne pouvoD* mentionner une ararmation de ce genre sans
1b contredire ; des ichiitet même Iris charbonneux doivent £tre lenut
pour absolument inexploitables en Noavelle'Calédonie,
bï Google
LES QISraiENTS ROOILrsKS 497
«n direction qu'en profondeur, et leur contlDuité, c'est-
à-dire l'absence, ou tout au moins la rareté, de failles et
accidenta les découpant en petits panneaux tels qu'on ne
puisse passer de l'un h l'autre que par l'exécutiou de
travaux au rocher toujours coOteux, constituent )i notre
avis tes deux questions les ploe graves qui se posent au
sujet dee conditions naturelles des gisements houillers de
la NouTelIe-Galédonie.
Cea questions n'ont encore été résolues à notre con-
naissance que dans un sens défavorable ponr certains
^sements; pour les autres, elles ne l'ont pas été.
Les travaux qui ont été faits pour les résoudre n'ont'
d'ailleurs eu nulle part une importance suffisante : M. Pela-
tan (') déclare avoir suivi à la surface les affleurements
•de la couche Loyalty (Moindou) sur 20*3 mètres de len-
teur; mais, lorsqu'on a voulu tracer cette couche par
une gal^e de niveau, elle s'est montrée irrégiiliëre et
discontinue an bout d'une quinsaîne de mètres ; le travail
-souterrain le plus long dont nous ayons retrouvé la men-
tion est ta galerie en direction de 100 mètres de long
tracée dans la Couche Salouet (branche gauche du la
Nondoué), qui a suivi une couche très tourmentée et est
venue se heurter à un accident géologique fort important.
Notons enfin qu'au puits du ravin des Bruyères la couche
aurait été régulièrement suivie sur 80 mètres de longueur.
La continuité des couches en profondeur est encore
moins t;onnue : les travaux poursuivis à 14 et 26 mètres
de profondeur aux Port es- de-Fer n'ont montré aucune con-
tinuité entre les lambeaux de couche découverts à ces
deux étages ; quant aux travaux du puits de la Nondoué,
ils ont comporté un traçage à 23 mètres de profondeur;
mais celui que l'on se proposait de faire à 35 mètres pour
(*] Rapport ilu 28 Tévrier 1BS6 i la Commitsioa dei recherche*
iionillèrBi, toc. cU., p. 31.
.vGooglc
498 RICHESSBS MINÉRALES DE I^ NOL'VELLB-CALÉDONIB
reconnaitre l'aTal-pendage sur une douzaine de mètres de
verticale n'a malheureusement pas été poursuivi.
On peut seulement dirn aujourd'hui que les travaux
exécutés au Mont Dore, aux Portes-de-Fer, sur la rive
gauche de la Dunibéa, sur la branche gauche delà Non-
doué, et au voisinage immédiat des bords de la rivière de
Moindou, sont de ceux qui n'ont rencontré que des couches
irrégulièros et discontinues, ainsi que cela résulte des
indications de détail que nous avons données dans ce qui
précède ; tandis qu'au contraire, si les renseignements
verbaux qui nous ont étt- fournis ne sont pas trop opti-
mistes, les couches du ravin des Bruyères (Nondoué)
paraîtraient présenter un peu de régularité et de conti-
nuité en direction.
Pour les beaux affleurements de Moindou et de la
montagne de Moniéa, il est à craindre, d'après les
indications géologiques générales, que la continuité et la
régularité des couches ne laissent à désirer.
4* Difficultés d exploitation, — Les difficultés qui
peuvent se présenter dans l'exploitation de couches de
houille sont nombreuses ; la plupart d'entre elles ne se
révèlent que peu à peu, à mesure que l'exploitation pro-
gresse, et los prévoir à la simple vue des affleurements
est chose singulièrement malaisée. Aussine saurions-noua
nous hasarder, comme on a cru pouvoir le faire, à indi-
quer aujourd'hui un prix de revient probable du charbon
à extraire.
La question des soutènements qui seront nécessaires,
boisage, et éventuellement remblayage pour les couches
puissantes, est une des premières à envisager, mais elle
est de celles sur lesquelles les affleurements, dont les tei>
rains sont toujours quelque peu effrités et disloqués, tendent
à donner des indications géuéralcnient pessimistes. Tel est
d'ailleurs tout pailiculièrcnient le ras en Nouvelle-C-alé-
bï Google
LES GISEMENTS ROUILLBBS 49^
doriîe, oii la plupart des couches sont associées àdes forma-
tions de schistes argileux, qui se montrent très peu
consistants à la anrface ; il y aurait de ce fait une difficulté
sans doute notable pour celles des couches, et ce sont les
plus nombreuses, qui n'ont pas un toit de grès (Voir les
indications de détail ci-dessus), et spécialement pour les
veines de charbon qu'il y aurait à exploiter au milieu d'une
formation schisto-charbonneuse plus ou moins puissante.
Pour ce qui est de l'organisation générale de l'exploi-
tation, et en particuher des roulages, il n'j a pas à espé-
rer trouver nulle part, dans un pays bouleversé comme la
Nouvelle-Calédonie, des couches assez plates et régulières
pour y avoir les facilités qu'ont à ce point de ^'ue les
houillères australiennes ; il faut au contraire compter sur
des pendages assez raides et sans doute changeants.
L'épuisement, dans un pays oii les chutes de pluie
sont aus.si abondantes, serait, à certains moments de
l'année tout au moins, une sérieuse difficulté, et c'est ce
qu'on a reconnu déjà dans l'exécution des quelques petits
puits de recherches qui ont été creusés. Sans doute
pourrait-on, au début, chercher à s'en affranchir en dépi-
lant d'abord les panneaux de couches situés à flanc de
coteau au-dessus du niveau des vallées; mais il ne
semble pas qu'il y ait nulle part de très grosses réserves
que l'on puisse exploiter dans ces conditions.
Quant aux autres difficultés spéciales réstdtant du gri-
sou, des incendies spontanés, etc., ce n'est que par des
recherches étendues que l'on pourrait se faire une idée
de celles qui sont à redouter, et ce n'est qu'au cours de
l'exploitation qu'elles se révéleraient avec leur impor-
tance réelle.
On ne saurait donc nullement espérer pour les exploi-
tations à ouvrir en Nouvelle-Calédonie des conditions
naturelles aussi favorables qu'en Austrahe; mais cela
n'est pas a priori -ane raison suffisante pour que, grâce à
bï Google
500 RICHESSES MUI£&Ai.B8 DS 1>À IW0V1UJ.E-CALÉD0NIE
lour jiroxiiDité beaucoup {Jos grande du lien de consona-
uatioo, elles ne puissent lutter avec les cliarbeDnag'a*
aH^rilùns pour l'apjHxiTÎsJonBeœeiit de notre ooloiûa
B, — TraNSPOHT JO&Qu'aDX points du CONSOlUIATiaN.
La question du transport des produits de toute exploi-
tation néo-calédonienne jusqu'aux points de consomma-
tion, et en particulier d'un produit de faible valeur comme
le charbon, est une question capitale en rûson de l'état
précaire des moyens de communication d'un point à l'autre
de la colonie.
Aussi était-il tout naturel, la consommation du charbon
ayant en Heu jusqu'ici presque uniquement & Nouméa, de
jeter les yeux d'abord sur des gisements comme celui des
Portes^le-Fer.distant de Nouméa de 4 kilomètres seulement
et relié à cette ville par une route oii les charrois auraient
été aisés, ou comme ceux de la baie de Boulari, d'oii
l'expédition à Nouméa par petits bateaux eût été très faiâie
et peu onéreuse. Ces gisements n'ayant pas paru pouvoir
donner lieu à une entreprise de quelque importance, il a
fallu songer à d'aulres plus éloignés de Nouméa, sur les-
quels ont été poursuivies les recherches que nous aToos
dites.
Les frais de transport apparaissaient J usqu ici pour les uns
et pour les autres comme devant être d'une cei'taine impor-
tance. Du gisement de la Nondoué, les charbons auraient d&
subir, soit 25 kilomètres de charroi sans transhordement
ni manutention, soit au contraire, avec deux transborde-
ments, un charroi de S à 10 kilomètres jusqu'au bord de
la Dumbéa, puis un chalandage quelque peu difficile et
soumis à des interruptions plus ou moins longues jusqu'au
milieu de la baie de la Dumbéa, et euAn un transport par
bateau jusqu'à Nouméa, Avec le premier système, les
bï Google
LES GISEMENTS HOOILLBRS 501
frais de transport auraient vraisemblablemeiit constitué
une charge tout à fait comparable au fret des charbons aus-
traliens depuis Newcastle jusqu'à Nouméa, ce qoî eût été,
en fait, prohibitif; arec le deuxième, les frais n'auraient
pas été beaucoup moindres, et le charbon, qui s'est tou-
jours montré friable, auraitsubinnedépréciationitiiportante; ■
il est donc douteux que cette seconde solution eht été plus
satisfaisante que l'autre. Pour les gisements de la rivière
de Moindoti, les conditions soiit k peine plus favorables, puis-
qu'il faudrait nn chant)] de plusieurs kilomètres jusqu'au
voisinage de la mer, et ensuite vraisemblablement nn
chalandage avant embarquement sur les bateaux destinés
a transporter le charbon à Nouméa. Ceui de la montagne
de Moméa se présentent mieux en ce sens que le charbon
serait extrait à une altitude et à une proximité de la côte
suffisantes pour qu'il soit possible de l'amener au bord de
la mer par le simple effet de la gravité, à l'aide soit de
câbles comme ceux qui sont employés couramment poiu-
le minerai de nickel, soit de plans inclinés et de voies
ferrées, évitant ainsi tout charroi. Quant à l'embarquement,
il nécessiterait probablement encore un chalandage, c'est-
à-dire des frais de quelques francs par tonne. Néanmoins,
tout compris, le transport jusqu'à Nouméa, organisé
(l'une façon un peu perfectionnée et pour un tonnage
notable, poun'ait sans doute 6tre effectué pour 5 ou 6 francs
par tonne, dépense qui, bien qu'élevée, n'interdirait pas
nécessairement \à concurrence, sur le port de Nouméa,
avec le charbon d'Australie.
Aujourd'hui que la construction du chemin de fer de
Nouméa k Beurail est chose décidée, et que les travaux
en sont déjà entrepris, la question change de face, non
pas seulement parce qu'il y aurait de ce fait un nouvel
acheteur sur place pour le charbon, mais encore pa:ce
que le chemin de fer lui offrira un moyen de transport
qui, s'il n'est pas très économique, sera cependant nota-
bï Google
â02 RICHESSES lUNÉRALES DE LA, NODVELLE-CALÉDOSIE
blement moins coûteux que tout autre procédé de trans-
port pai- terre. Cette différence sera d'ailleurs surtout
très marquée pour le gisement de la Nondoué; le dernier
tracé proposé pour le chemin de fer, et qui a été adopté,
si nous sommes bien informé, remonte en effet la vallée
. de la Nondoué en en empruntant la branche droite ; il
passera donc à proximité immédiate des gisements de
cette région et de tout centre d'extraction qui pourrait y
être créé; dans ces conditions, même en supposant le
tarif élevé de 0", 10 par tonne kilométrique, qui a été
proposé, mais qui serait vraisemblablement réduit le
jour oii il s'agirait d'un tonnage quelque peu notable de
charbon, les frais de transport jusqu'à Nouméa seraient
de 2", 50 environ, c'est-à-dire à peu près 1/5 du fret
dont sont grevés les charbons australiens; cela laisserait
une différence très notable eu faveur des charbons de la
colonie, pour compenser les conditions de gisement défa-
vorables dans lesquelles ils se trouvent par rapport à leurs
concurrents.
Les gisements de Moindou bénéficieront beaucoup moins
de la création du chemin de fer : tout d'abord ce n'est
que dans un avenir éloigné que la voie ferrée pourra
être achevée jusqu'à Moindou, et ensuite, tant qu'une
industrie consommant du charbon n'aura pas été créée au
voisinage de Moindou, ce serait, à moins de l'adop-
tion de tarifs très réduits, un moyen de transport trop
coûteux pour pouvoir être utilisé jusqu'à Nouméa; quant
à l'utilisation du chemin de fer pour transporter les char-
bons de la mine à un bon point d'embarquement, elle
n'appàralt pas comme aisée.
Il semble donc qu'avant l'ouverture de toute voie ferrée
ce ne soient guère, pai'mi les gisements houillers que
nous avons retenus comme devant être examinés par
nous, que ceux de la montagne de Moméa qui seraient
dans une situation géographique permettant le transport
bï Google
LES GISEMENTS HODILLERS 503
jusqu'à Nouméa des charbons qu'ils produiraient, et cela
dans des conditions qui ne seraient pas sans charger déjà
sérieusement leur prix de revient. Une fois le chemin de
fer circulant jusqu'à la Nondoué, les gisements de ce
bassin se trouveront au contraire dans une situation assez
favorable à ce point de vue. L'ouverture complète de la
ligne de Nouméa à Bourail n'apportera vraisemblable-
ment aux gisements de Moindou et de Moméa qu'un
faible secours qu'il nous est d'ailleurs difficile de pré-
ciser dans l'ignorance oti nous sommes de son tracé
déÔnitif; s'il passait k proximité immédiate de l'un des
gisements, le chemin de fer même pourrait être pour lui
un client important.
Nous ajouterons d'ailleurs que, le jour où la question
de la fusion sur place du minerai de nickel aurait été
résolue par l'affirmative, la création d'une fonderie au
voisinage plus ou moins immédiat de tel ou tel de ces
gisements houillers pourrait, surtout le <-hemin de fer
aidant, changer les conclusions auxquelles! nous sommes
conduit aujourd'hui.
C. — DÉBOUCHÉS OFFERTS ADX CHARBONS
DE LA Nouvelle-Calédonie.
Comme le font voir les indications qui précèdent, l'es
gisements houillers de la Nouvelle-Calédonin ne sont
dans des conditions naturelles suffisamment favorables
ni au point de vue de la nature et de la pureté du com-
bustible, ni surtout au point de vue des conditions de
gisement, ni même à celui des facilités de transport jus-
qu'à la mer, pour que le charbon eu provenant puisse
jamais, à notre avis, arriver à être rendu à bord à des
prix qui ne soient pas notablement pins élevés que ceux
qui sont réalisés eu Australie au port de Newcastle et en
Nouvelle-Zélande à celui de WcKtport, etcela malgré les
bï Google
504 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOOVELLE-CALÉDONIE
frais de maÎB-d'œuvre, notablement plus élevés qoe dans
notre colonie, qu'entraîne la situation politique toute spé-
ciale des colonies anglaises d'Australasie.
Il faut donc renoncer complètement à l'espoir de voir
le charbon néo-calédonien concurrencer dans l'océan
Pacifique celui qui provient des cfdooiea anglaises tm-
siaes, et nous devons nousbomer à soHhaitw qu'il puiwe
satisfaire tant à la consommation intérieure de notre
colonie qu'à celle du cabotage autour de tile et aussi aux
, rares besoins des bateaux qui ont éventuellement à faire du
cLarbou à Nouméa (y compris ceux de la Uarine de gnerre).
Peut-^tre cependant pourrait-on espérer que, le jour où
le prix du charbon au port de Nouméa aurait diminué
plus ou moins sensiblement, ce dernier article de la con-
sommation vienne à augmenter ; peut-être aussi certains
bateaux, comme les paquebots de messageries maritimes,
qui apportent aujourd'hui k Nouméa, en même temps qae
des marchandises, le charbon qui leur est nécessaire pour
retourner jusqu'à Sj'dney ou Brisbane, se décideraient-
ils à s'approvisionner en tout ou partie à Nouméa, afiu
d'augmenter le tonnage de marchandises qu'ils pourraient
y apporter.
Quoi qu'il en soit, le total des conbomntations actuelles
est encore bien faible ; il s'est élevé, d'après les relevés de
la douane des vingt dernières années, aux chiffres suÎTants :
bï Google
LBS OISEHSKTS HOCILLBRS 505
Quant à la décomposition de ces chiffres entre les dif-
férents consommateurs, nous n'avons pu recueillir d'indi-
cations complète» et certaines pour aucune des années;
nous rappellerons simplement qu'on a procédé k la fusion
du minerai de nickel à Nouméa entre les années 1881
et 1885. qu'on a fondu du cuivre tt du plomh k Pam de
1888 k 1891, et en 1900 et 1901 (avec emploi de fours
chauffés à la houille), enfin qu'on a fondu du minerai de
nickel k Ouroué près de Thio en 1889, et du minerai de
cobalt k Nouméa vers ta même époque.
Au cours des dernières années, si l'on fait abstractioD
des usages métallurgiques nuis aujourd'hui, la consom-
mation delà colonie en houille (consommation correspcm-
dant en grande partie à la navigation) s'est maintenue k
une moyenne voisine de 10 à12.000 tonnes par an, repré-
sentant une valeur de 250.000 à 3iX>.000 francs. Sans
doute on peut et on doit même espérer voir ce chiffre, qui
est un peu une mesure de l'artivité industrielle et com-
merciale du pays, se développer régulièrement avec cette
activité même; cela ne peut d'ailleurs être qu'assez lent.
Mais une augmentation sérieuse de ta consommation
résultf^ra évidemment de la mise en marche du chemin de
fer. Quelque restreint» que soient, comme ils le seront
évidemment au début tout au moins, les transports de mar-
chandises et même la circulation des voyageurs, il parait
vraisemblable que hi consommation annuelle, surtout
dans un pays accidenté comme la Nouvelle-Calédonie,
ne sera pas inférieure à 25 ou 30 tonnes par kilo-
mètre exploité, ce qui ne représenterait qu'un millier de
tonnes par an lors(|ue le chemin de fer ira jusqu'à Païta,
mais ce qui s'éléveraà 2.000, puis à 3.000 tonnes par an,
lorsqu'il atteindra Saint-Vincent, puis Bouloupari, et enfin
à 5.000 ou 6.000 tonnes par an lorsqu'il aura été prolongé
jusqu'à Bourail.
D'autre part, les mines de cuivre du Nord de l'île, dont
bï Google
503 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDOME
la fermâture, on doit t'esp6rer, o'eat pas définitive, peuvent
d'un jour à l'autre recommencer à consommer une
certaine quantité de charbon, tant pour leurs machines
diverses que pour des fours de première fusion, si on eo
remonte.
Un accroissement de consommation bien plus impor-
tant serait obtenu le jour oîi les exploitants de nickel se
décideraient à adopter la solution, qui parait rationnelle,
de la première fusion du minerai de nickel sur place ; ce
serait, en se basant sur les chiffres de la production de
minerai des dernières années, et en supposant tout le mine-
rai fondu eu Nouvelle-Catédonie, une consommation
annuelle de 40.000 à 50.000 tonnes de coke correspondant
à 60.000 à 70.000 tonnes de bonne houille à coke. Il est
même vraisemblable que, le prix du métal venant à bais-
ser à la faveur d'une semblable amélioration des condi-
tions du traitement des minerais de nickel, et le déve-
loppement de k consommation du nickel venant k
s'accentuer, comme on est en droit de l'espérer aujour-
d'hui, ces derniers chiffres ne tarderaient pas. h être
notablement dépassés.
Ajoutons enfin que, si les plans de défense de nos celo-
nies comportaient, comme il on a été question, la créa-
tion d'un point d'appui de la flotte à Nouméa et le séjour
dans la colonie do plusieurs bâtiments de guerre, il y aurait
là, pour son charbon, un nouveau débouché au sujet
duquel nous ne pouvons d'ailleurs donner aucun chiffre.
En résumé donc, ou peut compter sur une consomma-
tion annuelle de houille en Nouvelle-Calédonie de 10.000 à
12.000 tonnes, qui s'élèvera peu à peu à 15.000 ou
IS.OOtJ tonnes lorsque le iliemin de fer aura commencé i
circuler jusqu'à Bimrail {ce qui représente, il faui le dire,
un avenir vraiseiublablomcnt éloigné) ; il y a lieu,
d'autre [Kirt, <le prévoir une augmentation de plusieurs
dizainos de milliers de tonnes pour le jour où Ton se
bï Google
LES GISEMENTS HOUILLERS 51)7
déciderait à fondre le minerai de nickel sur place, et où
on recomineiiceraît à traiter en NonvelJe-Calédonie les
minerais de cuivre du Nord.
Quant aux prix auxquels ces combustibles pourraient
être vendus sur les lieux de consommation, leur maxi-
mum est uniquement réglé par les prix auxquels les char-
bons australiens y parviennent ; ces prix sont sensiblement
les mêmes pour tous les points de la colonie ; ils comportent
deux facteurs également variables, le prix des com-
bustibles au port d'embarquement, Newcastleou WooUon-
gong tons deux en Nouvelle-Galles du Sud, et le fret de
ces ports jusqu'au port de débarquement en Nouvelle-
Calédonie. Le premier de ces facteurs a subi des varia-
tions assez importantes au cours de ces dernières années ;
le gros première qualité s'est vendu k Newcastle :
En 1892 12'f,50 la tonne
1893 H ,25
t8S4 10 ,00
■1893 9 ,37
1896, 1897 et 189S 8 ,7S
1899 10 ,00
1900 H'',25 à 12 ,50
1901 13- ,7a
A Woollongong, oii le charbon est moins riche eu
matières volatiles et est meilleur à la fois pour le chauf-
fage dos chaudières et pour la carbonisation, les prix
étaient généralement plus élevés de 1 sliilling, soit l'',25.
Les menus ont longtemps été 'notablement meilleur mar-
ché, ne coûtant guère que 4 à 5 shillings, soit 5 francs à
6"',25; aujourd'hui, en présence des progrès qui ont été
faits pour leur emploi, soit dans les fours gazogènes, soit
pour la fabrication du coke, leur prix s'est notablement
élevé, et, sauf en vue de la carbonisation, il y aurait
peu d'intérêt à les faire venir de préférence à du gros,
puisqu'ils seraient grevés d'un fret supérieur à leur valeur.
bï Google
508 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Le fret est, comme on sait, nn éléntent très variable sui-
vant les conditions des échanges dans le monde entier; néan-
moins, comme il est certain que longtemps encore l'Aus-
tralie enverra plus de marchandises en NouveUe-Catédonie
que la Nouvelle-Calédonie n'eu enverra en Australie, ce
fret restera vraisemblablement assez élevé ; toutes les
indications que nous avons pu recueillir tendent à nons
le faire évalaer comme moyenne entre 10 et 12 francs.
Si on ajoute à ce prix celui du combustible pris au port
d'embarquement, qne nous compterons également comme
Tariantde 10 à 12 francs, et si on tient compte des droits
de donane à l'entréedela Nouvelle-Ca!édonie{l franc par
tonne), des droits de quai à Nonniéa (1 franc par tonne),
et des frais de déchargement, on arrive à cette conclu-
sion que l'on ne peut guère compter, comme prix de
revient du charbon australien rendu en Noavelle-Calédo-
nie,- moins de 25 à 30 francs par tonne.
Tel est le prix maximum auquel les charbons de la
Nouvelle-Calédonie pourraient être vendus sur les lieux
de consommation, en ^supposant leur qualité égale à celle
des charbons australiens. Happeloiui d'ailleurs que ceux-ci,
et surtout ceux de Newcaslle, bien qu'assez pi'opres (10
à 12 p. 100 de cendres), sont loin d'être parfaits pour le
chauffage des chaudières, et que l'on compte qu'il en faut
à peu près 20 p. 100 de plus que de bon charbon vapeur
pour produire la même vaporisation.
bï Google
<MAprrRB IV.
Comme nous Tavons déjà indiqué, il ne nous est pas
posdble de présenter k la suite de notre élude des charbons
néo-calédoniens une conclusion formelle, ni de répondre oni
ou non h cette queEtion, pourtant si intéressante au point
de vue de la richesse minérale de la colonie et de son
développement industriel : y a-t-il en Nouvelle-Calédonie
des gisements bouillers utilisables actuellement ou à bref
délai?
Nous avons dit, et nous répétons ici, que nous ne pou-
vons guère fâre plus que de reprendre les conclusions
présentées par M. Heurteau il ^' a vingt-sept ans, àla suite
d'une étude semblable : à savoir que la possibilité d'exploi-
ter les gisements de charbon de la Nouvelle-Calédonie est
subonlonnée aux résultats de travaux de recherches à
poursuivre avec assez de méthode pour reconnaître si, ici
ou là, le charbon est de suffisamment bonne qualité et les
gisements d'une régularité satisfaisante.
Et cependant depuis lors, bien qu'on l'ait perdue de vue
pendant assez longtemps, on n'a pa.s complètement oublié
cette intéressante question; on a même fait plus que
l'agiter, puisqu'on a exécuté des travaux qui semble-
raient au premier abord avoir eu une réelle importance et
avoir dû conduire à des résultats décisifs.
n n'eu est rien : sans doute quelque» particuliers ont
fait ici ou là des fouilles ; mais elles n'ont jamais été de
quelque importance, la plupart de nos compatriotes ayant
montré jusqu'ici, en Nouvelle-Calédonie, plus de goût
bï Google
510 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIB
pour les entroprises devant leur assurer un bénéfice cer-
tain sans aventurer de capitaux, que pour une tentative
telle que des recherches de mines vraiment sérieuses, com-
portant naturellement lin aléa.
En matière de recherches houillères, chacun s'est jus-
qu'ici tourné vers le gouvernement : tant qu'il s'est agi
de prendre des permis de recherches ou de demander des
concessions pour s'assurer la propriété d'une part des
richesses de la colonie, si véritables richesses il y a, les
amateurs ont été nombreux ; mais, lorsqu'il s'est agi de
débourser quelque argent pour y faire des recherches, ils
n'ont su qu'en appeler au gouvernement ; et nombreuses
ont dû être les démarches telles que celle dont nous avons
trouvé la trace dans la lettre d'un propriétaire d'une con-
cession de houille, qui expose au président do la commission
des recherches houillères qu'il vient d'exécuter quelque 20
ou 30 mètres de galerie dans sa concession et qu'il a
trouvé 5 mètres de charbon, mal'? «qu'étant donné l'im-
portance que prend sa mine, il lui est difficile de conti-
nuer avec ses propres moyens, et qu'en conséquence il
demande qu'il soit mis à sa disposition 40 condamnés,
comme cela a été fait pour telle ou telle autre mine de
houille»; il demande également que l'Administration fasse
des sondages dans sa concession.
Il n'j' a donc eu d'un peu notables parmi les travaux
exécutés que ceux qui l'ont été grflce à la main-d'œuvre
pénale et sous la direction de la commission des recherches
houillères. Ainsi qu'il résulte des indications que nous
avons données ci-dessus, cette commission a fait amorcer
pas mal de travaux ; ils n'ont cependant nullement eu
l'importance réelle que l'on pourrait croire, bien qu'ils se
soient prolongés sans interruption complète depuis 1886
jusqu'à la fin de 1893, et ensuite pendant quelques mois
en fin 1895 et au début de 1896, et bien qu'il semble qu'ils
auraient dû avoir entre 1889 et 1892 un assez large
a bï Google
LES GISEMENTS HODILLERS 5H
développement. Nous avons eu par exemple sona les yeux
un état des journées de condamnés fournies pour les
recherches houillères du 31 janvier 1889 au 1" avril 1891,
s'étevant au total k 14.825 journées, et nous aTons
retrouvé un arrêté du gouverneur du 10 avril 1891 affec-
tant aux recherches houillères un crédit de 10.000 francs
et 15.000 journées de condamnés.
Mais ces chiffres seraient fort trompeurs si l'on ne
donnait pas quelques indications sur la façon dont ces
recherches étaient poursuivies.
Elle avai^tt li«n sons l'atrtorité de la commission des
recherches houillères, qui n'a compris comme membres
ayant une compétence technique que deux ou trois ingé-
nieurs civils des mines, et un contrôleur des mines, lequel
a d'ailleurs eu pendant un certain temps comme seul ser-
vice celui desdites recherches. Mais ce contrôleur n'a
fait, comme la commission même, que visiter de temps
en temps les gisements et donner aux agents locaux des
indications sur les travaux k exécuter, sans pouvoir
jamais en suivre au jour le jour les détails, puisqu'il ne
se trouvait pas sur place. Celui qui dirigeait sur place les
travaux était un surveillant militaire de l'Administration
pénitentiaire, qui, malgré toute la bonne volonté dont
il pouvait faire preuve, n'avait naturellement aucune
espèc* de compétence technique, et qui ne pouvait que
se conformer aveuglément à des instructions données des
mois auparavant, au cours d'une visite plus ou moins
rapide des travaux. Un exemple frappant des résultats
obtenus ainsi est donné par l'exploration de la couche
Loyalty à Moindou : à la suite d'une première visite de la
commission , au cours du mois de février 1886, celle-ci avait
prescrit l'exécution d'une galerie d'allongement dans la
couche ; le 17 juillet, soit 5 mots après, au moment de la
deuxième visite de la commission, celle-ci constatait que :
H après avoir suivi la couche Loyalty -sur une certaine
bï Google
I>12 RICUBSSIiS 1UKÉIUJ.SS DE LA NOCVELLE-CAI£I>0Mfc:
« longueur, cette galerie (qui avait alors atteint 53 mëtrei
u de longueuer) en étaitsortie coniplèteaieatet^/ai//Miitr-
« suivie tans but aucun{') ».
Un coup (l'œil jeté sur la /E^. 5 de la PI. V, repréw»-
tant les recherches poursuivies penduit plus de trois Mat
À la mine des Pories-de-Fer, m<H)tre combiâii elles oat
^té peu syslématiques et combien faible a été le résaltal
obtenu.
Undécompte Aee travaux exécutés par les soins de l'Admi-
nistration pénitentaire à la Nondoué, du 16 octobre 1890
aul"septembrel893, avecuueffectif moyeu de 31 hommes
sous les ordres de deux surveillants, est bien sigoiâcatif ; il
mentionne l'exécution de: 2 kilomèlresde route, use route-
tranchée de I9(t mètres de long, 20 mètres de ponts, une
caserne pour les surveillants, deux cuisines pour les sDireil-
laats, un magasin à outils, une forge, un blockhaus, une
cuisine pour les condamnés, et une case, et, à côté de cda,
seulement 179 mètres de galeries souterraines, 12 mètres
de puits, plus divers décapelage» et tranchées. On x<Ài
par là combien peu productifs étaient «les travaux aux-
quels on consacrait cependant pas mal de main-d'œuvre.
En dehors du peu d'ardeur que les coodamués app(«-taieot
au travail et du peu de compétence spéciale de leurs sur-
veillants pour le diriger, <-«rtaine8 raisons particulières
rendaient l'ef&caoité de celui-ci encore plus faible, pu-
exemple l'obligation, dont on ne s'est affranchi que tout à
fait exceptionnelkmeut, de ne travailler qu'à un poste de
jour, obligation qui, lorsqu'il s'est agi de creuser des
puits oii les épuisements avaient une certaine importance,
devenait un obstacle presque absolu à l'exécution du
fonçage.
11 n'est donc pas surprenant que de tels travaux aieiU
(*) Rapport à la commiiiion dei recharcbes hooillèrva 4n St dé-
cembre 1IS6, toe. cit., p. U.
bï Google
LES GISEMENTS H0U1U.ERS 513
conduit à des résultats qiielfiiie peu insignifiants; ajou-
tons d'ailleurs que, ainsi que cela ressort des indications
que nous avons fournies au fur et à mesure, il n'a souvent
été conservé aucun document faisant connaître leur résul-
tat avec précision, et que même ceux qui ont été conser-
vés à ce sujet ne sont pas toujours exempts d'un certain
optimisme systématique.
Telles sont les circonstances qui, rapprochées du
nombre, en somme restreint, des observations person-
nelles que nous ont permis de faire soit l'état inaccessible
dés travaux exécutés autrefois, soit la dissimulation de
presque tous les affleurements sous une épaisse végéta-
tion, font comprendre que nos conclusions ne puissent
pas être formelles pour les différents gisements de la
colonie. Le jour où des particuliers ou bien une société
voudront éclaircir définitivement la question de Texploi-
tabilité de tel ou tel gisement, il faudra qu'ils procèdent
d'abord à de très sérieux travaux de recherches systéma-
tiques sur le gisement en question.
Nous devons donc limiter nos conclusions à ceci :
La Nouvelle-Calédonie comprend des étendues impor-
tantes oii se développent les assises houillères ; celles-ci
paraissent présenter, au point de vue du nombre et de la
puissance des couches, une certaine richesse, qui n'a
cependant, cela est certain, rien d'exceptionnel. Elles
sont d'autre part affectées par une partie tout au moins
des nombreux et importants accidents géologiques qui
ont concouru à la formation du relief calédonien, ce qui
doit faire redouter que les couches à exploiter ne soient
dans des conditions plus ou moins difficiles au point de
vue de leur régularité et de leur continuité.
La nature du charbon- et aa-pureté varient considéra-
blement d'une couche h une autre, et l'on peut seule-
ment dire que certaines d'entre les couches signalées
bï Google
514 RICHESSES MtNÈK^l^!,^ DE IJi NOUVEU^-OALBDONIB
seraient d'une utilisatiou difficile, tandia que d'autres s»
présentent sous un meilleur aspect.
Pour ce qui est des condîtiona naturelles spéciales aux
différents gisement», nous avons fait ressortir que la
noajeure partie des bassins houilleni d^it être tenue pour
coniplètement inconnue aujourd'hui. Des rares régionS'
un peu explorées, qtielques-unes (UoQt Ikœ, Portes-de-
Fer, Yahoué, bras gauche de la Nondoué) le sont assez
pour qu'il soit peroûs de dire qu'il y a peu de chances
pour qu'elles renferment aucun gisement exploitable ;
d'autres, au contraire, ont fourni des indications plus oit
iQoinâ encoura^antes au point de vue de i'exploitabtli^
(le certaii^es couches (bras droit de la Nondoué, rivière d«
Moindou, montagnje de Moméa).
Enfin ou doit ajouter que le charbon, plus encore qve
les autres produits minéraux de la NouTeUe-Calédooiei
Hsque d'être grevé, à. moins de circonstances exc^tîoa-
nellement favorables, d'une loiu~de charge du fait des
frais de transport jusqu'aux pointa de consommation ; mais
il pourrait y être vendu à un prix pouvant atteindre
Jusqu'à 25 à 30 fraaca la tonne, s'il était de bonne qualUé.
Les débouchés qui lui seraient offerte atgourd'hui ne
dépasseraient pas 10.000 à 12.000 tfonues ; mai» il j« »
bout lieu d'espérer que, pour des raisons diverses, ils
croîtraient soua peu dans une large mesure.
Sans ces conditions, l'Administration n^ peut que sou-
haiter de voir entreprendre à bref délai des travs^ux de
pecherches systématiques sérieux, prélude nécessaire de
tpute exploitation houillère; elle ne saurait oiieux ffùr»
& notre avis que de les encouraf^r et les &cilitw dan»
la plus large mesure.
bï Google
SIXJËHË PABTIË.
CONDinONB AC0M9MI4finiB QÉHâBAUSS DE L'IITOTTS-
TBIH HINliaX EN HOOVELLE-GAlJiDOniE.
Gomme nous arons déjà eu l'occasion de le mention-
ner dans ce qui précède, et comme cela ressort de quel-
ques-uns' des chiffres que nous avons cités au fur et à
mesure, les conditions économiques générales de l'indus-
trie minière en Nouvelle-Calédonie sont- loin- d'être ftrvo-
rables. Nous allons exposer en quelques mots ce qu'elles
sont, et nous chercherons à faire ressortir ce qu'il' y
aurait à faire pour y apporter les améliorations utiles,
améliorations qui ne pourraient avoir que le plus heu-
reux effet sur le développement de cette industrie, et
par suite aussi sur la prospérité générale de la colonie.
Cestla maiii-d'œuvre qui est, au point de Tue de cette
situation économique, la question capitale : nous en par-
lions donc tout d'abord, réservant pour le chapitre
suivant ce qui a trait aux difficultés d'approrisionneifiMit
et aux frais qui s'ensuivent, aax transports, aux chargea
diverses qai pèsent sur tes exploitatàons, etc..
bï Google
1
CHAPITRE PREMIER.
U MAIR-D'SDTHB.
A. — Historique de la question.
Les natureîs de la Nouvelle-Calédonie, les Canaques,
constituent comme on sait une population de faible den-
sité ; ils n'étaient vraisemblablement que 45.000 environ
dans l'ensemble de Tarchipel au début de notre occapa-
tion, et ils ne sont plus aujourd'hui que 29.106{*), cfi qui
représente des densités de population de 2 1/2 habi-
tants par kilomètre carré autrefois et de 1,6 seulement
aujourd'hui; leurnombre tend d'ailleurs à diminuer asseï
promptement. D'autre part, les Canaques, habitués à
vivre de peu, utilisant les produits de la nature, exécutant
quelques cultures traditionnelles qui ne semblent pas
exiger d'efforts bien considérables, chassant et péchant
avec passion, se procurent ainsi aisément la nourriture
dont ils sont habitués à se contenter ; ils ne sont donc pas,
comme cela a lieu dans les colonies oii l'indigène a de la
peine h produire ce qui est nécessaire à sa nourriture,
tentés d'offrir leur travail aux blancs moyennant salaire; et
ce n'est souvent que par une contrainte plus ou moins
déguisée, lorsque ce n'est pas par surprise ou grâce à U
tentation del'alcool, que l'on est arrivé à faire travailler
les Canaques. Pour toutes ces raisons, ce n'est pas dan^la
(') Receniement génfral de la popul&tion de la Nouvelle-Calédonie,
du 3 novambra 1901 (Journal officiel d« la Colonie du S «Tril I90S).
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE l'cNDOSTRIB MINIÈRE 517
population autochtone que l'exploitation des mines peut
trouver les nombreux bras dont elle a besoin, soit plue
de 3.000 ouvriers actuellement.
Aussi, des le début de la recherche et de l'exploita-
tion des différents métaux, sont-ce les blancs, secondés
seulement dans une mesure très restreinte par les Ca-
naques, qui ont dn se livrer aux travaux des mines': ce
Hontdes Australiens qui ont fait les premières découvertes
d'or et de cuivre dans le Nord, et ce sont encore des
ouvriers venus d'Australie, où ils avaient arquis l'habi-
tude des travaux souterrains, qui ont été les premiers
mineurs tant du cuivre dans le Nord (à partir de 1873)
que du nickel (à partir de 1875); ils n'ont été aidés au
début que par quelques libérés du bagne et par un petit
nombre d'indigènes.
Mais, lorsqu'on a voulu développer l'une et l'antre
exploitations, le nombre des ouvriers dont on disposait
s'est rapidement trouvé insuffisant, en même temps que
les salaires élevés nécessaires pour attirer les Australiens
en Nouvelle-Calédoniedevenaientpar trop onéreux. C'est
alors que l'on a tout naturellement été amené, suivant en
cela une vieille tradition des bagnes, à songer à l'emploi
pour le travail des mines de l'abondante réserve de main-
d'œuvre dont disposait l'administration pénitentiaire, avec
son effectif de 6.000à8.000condamnés. Un premier con-
trat, passé le 18 février 1878, entre le directeur de l'ad-
ministration pénitentiaire et M. Higginson, agissant
comme propriétaire des mines du Diahot, mettait à la dis-
position de celui-ci pendant une période de 20 ans un
effectif de 300 condamiiés pour être employés sur lesdites
mines : ces condamnés devaient être entretenus par l'ad-
ministration, la mine n'ayant à payer que leurs salaires
suivant un tarif déterminé ; M. Higginson cédait en
échange à l'administration divers domaines et concessions
de terre. Pendant une dizaine d'années, c'est-à-dire jus-
bï Google
518 RICHESSES MINÉRALES DE I.A NODTBLLE-CALéDOMIB
qu'à la fermeture de la mine de la Balade en 1885, puis
ensuite au début de l'exploitation des mines Pilou et Méré-
trice, ces condamnés assurèrent, avec le concours de
quelques Canaques, l'exploitation du cuÎTre, et accessoi-
rement du plomb argentifère, dans le Nord delà colonie;
ce n'est qu'à partir de la fin de 1887 que les condamnés
furent employés à l'exploitation du nickel, par suite tant
de la signature d'un contrat direct entre la Société le
Nickel et l'administration que du transfert de ce premier
contrat ainsi que de deux autres à cette même société.
L'exploitation du nickel avait eu lieu jusqu'en 1883,
c'est-à-dire jusqu'à concurrence de 25,000 à 30.000 tonnes
de minerais très riches provenant de trataux souteiralDS,
avec le concours presque exclusif de mineurs australiens,
aidés, comme nous l'avons dit, de quelques libérés et Ca-
naques. C'est alors qu'à défaut de main-d'œuvre indigène
pratiquement utilisable, ci en présence de Huterdictitai
prononcée par l'administration d'employer sur les mines Jes
Néo- Hé bridais, que l'expérience avait montrés impropres
aux travaux des mines proprement dits, auxquels ils ne
peuvent se livrer sans être promptement atteints de
maladies mortelles, on se préoccupa pour la première
fois de l'importation de main-d'œuvre asiatique; 166 Chi-
nois, déplorablement recrutés d'ailleurs, furent introduits ■
à cette époque après signature d'un contrat d'embauchage
pour cinq ans. Pendant cette durée, on s'en servit tant bien
que mal sur les mines de la Société le Nickel; les autres
exploitations tant de nickel, presque inactives d'ailleurs
depuis 1885, que de cobalt et de chrome, se servaient
des libérés, dont le nombre atteignait déjà de i.OOO
à 5.000.
Le 12 septembre 1887, la Société le Nickel obtenait
de l'administration pénitentiaire, dont l'effectif de con-
damnés, sans cesse croissant, dépassait alors 7.000, un
contrat de fourniture de main-d'œuvre pour une durée de
bï Google
ÔONDlTlONS ÈCONOMtQDES bÈ L'INDUSTRIE MIWIÈRB D19
■dix années : des transportes, dont le notnbre était fixé à
iOO au moina et à 200 au plus, devaient être mis k la dis-
position de la société pour être employéâ sur les mines de
Thio à un travail de 8 heures par joof : celle-ci paierait le
aalaire de chaque condamné suirant sa Classe et son emploi,
plus nne redevance de 10 !i 20 centimes par jour et par
homme ; elle leur fouPiiirait le logement, la nourriture, les
soins médicaux, etc. La Société te Nickel s'assura en outre
successivement le bénéfice de 3 autres contrats passés
avec l'administration pour la fourniture de main-d'œuvre
pénitentiaire : celui de 1878, que nous venons de citer,
et deux autres; le premier d'entre ces deux derniers
prévoyait la fourniture pendant 10 Ans, h partir dli
1" avril 1888, de 70.032 journées de condamnés par ah
(effectif moyen d'environ 250 hommes) que l'employeur
aurait seulement It loger; ces journées étaient évaluées au
prix de 1",30 l'une et devaient servir k payer une somme
de 865.000 francs due par l'État au bc-néfidaire du con-
irat; l'autre stipulait, k partir du début de 1888 et pen-
■dant 12 ans, la fourniture annuelle de 210,000 journées
■de condamnés (soit un effectif de 700 hommes) entretenus
«t salariés par l'État et pouvant travailler 8 heures par
jour, le tout moyennant un prix de 50 centimes par jour,
dont la modicité était destinée à rémunérer une série
d'avantages consentis au gouvernement en vue de faciliter
Ja colonisation française aux Nouvelles-Hébrides.
Mise à même de bénéficier simultanément de tons
-ces contrats à des prix variant de l",ijO à 2",25 pa^
journée d'ouvrier, non compris les charges diverses, ce
■qui correspondait à un prix de revient moyen, tout com-
pris, de 2'',50 par journée, la Société le Nickel devait
pouvoir disposer d'un effectif de 1.350 à 1.450 condamnés :
-c'est grâce à cela qu'elle put pousser activement ses exploi-
tations du Plateau de Thio et ouvrir celles de Kouaoua,
«t c'est alors en particulier qu'elle créa au Plateau de
bï Google
530 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
Thio les importantes installations du Camp, où elle logea
et employa jusqu'à près d'un millier de condamnés.
Un contrat du mftme genre fut passé, en 1891, avec la
" Société d'exploitation » pour ses mines de Nakety, où
elle eut jusqu'à 150 condamnés. Enfin les exploitations de
Népoui employèrent dans des conditions analogues, de
1898 à IflOi, un effectif de condamnés atteignant jus-
qu'à 200.
Ces différents contrats sont venus k échéance entre 1898
et la fin de 1900 ; aussi les condamnés ont-ils été peu àpeu
retii'és des mines, en même temps d'ailleurs que leur envoi
dans la colonie cessait; cette source de main-d'œuvre
économique, et qui était somme toute assez productive
lorsque les condamnés étaient bien dirigés et surveillés
et lorsqu'on savait stimuler leur zèle, est donc aujour-
d'hui complètement tarie; elle a représenté à peu près
300.000 journées pour l'exploitation du cuivre et près de
4.000.000 de journées pour celle du nickel.
Ajoutons, en ce qui concerne la main-d'œuvre pénale,
que depuis un certain nombre d'années l'administration
pénitentiaire a mis à la disposition tant des exploitants
de mines que de particuliers divers quelques centaines
de relégués engagés.
Cette main-d'œuvre pénale, employée en majeure partie
par la Société le Nickel, ne lui a d'ailleurs pas suffi, et,
lors de la reprise active de l'exploitation du nickel
en 18S9, elle s'est de nouveau préoccupée de l'importa-
tion de travailleurs jaunes; n'ayant pas réussi pour des
Chinois, elle s'adressa k une société d'émigration japo-
naise qui lui fournit, sous le régime de l'arrêté local du
26 mars 1874 sur l'immigration ('), ot pour cinq ans, un
Cl Cet ari'Alé soumet l'engagement des travailleurs asiatiques et
océaniens au cnntrâle tie l'Administration et h un certain nombra
de riigles liitélaires pour l'engagé ; il fixe notamment la durée de l'en-
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQDBS DE L'INDDSTRIB MINIÈRE 521
convoi de 600 travailleurs ; ceux-ci devaient recevoir un
salaire de 40 francs par mois, le logement et la nourri-
ture; la Société le Nickel avait à sa charge les frais de
recrutement, de voyage, et de rapatriement. Arrivés à
Thio en janvier 1892, ces Japonais donnèrent lieu h des
mécomptes plus graves encore que les Chinois huit ans
auparavant; ils refusèrent tout d'abord le travail, et l'on
fiut recourir à de sévères mesures répressives; on se
décida d'ailleurs k rapatrier, au début de 1894, ceux qui
furent reconnus incapables de rendre des services, soit
une centaine, et ceux qui demandèrent à rentrer préma-
turément dans leurs foyers, si bien qu'au début de 1897,
lorsque le contrat vint h échéance, il n'en restait plus
qu'une centaine à rapatrier; ce n"est donc qu'un sixième
de l'effectif qui a rendu des services sérieux et continus.
Néanmoins, lorsque, trois ans plus tard, une nouvelle
ère de prospérité s'ouvrit pour les exploitations de la
colonie, en même temps que la main-d'œuvre pénale
faisait défaut et que les autres catégories de main-
d'œuvre, blanche libre, libérée, et canaque, restaient
fort rares, parut-il de toute nécessité à la Société le
Nickel de tenter un nouvel essai de la main-d'œuvre japo-
naise ; un nouveau contrat, plus onéreux que le précédent,
fut signé avec la société d'émigration pour un effectif
de 1.000 Japonais pendant cinq ans. Geux-ci arrivèrent
en Nouvelle-Calédonie à la fin de 1900 et au début
de 1901 et furent répartis entre les centres île Thio et de
Kouiioua : bien qu 'illeur fût assuré non seulement un salaire
de 38 francs par mois, mais encore le logement, des bains
à la manière japonaise, la nourriture, les vêtements, les
gageroent àdeux ans au moins et a cinq ans au plus, et it n'en admet
t« rââliation que du coneentempnl exprés de l'engageur et de l'engagé ;
il édicté d'autre part des dispositions pénales à rencontre de l'engagé
qui reruserait de travailier ou s'évaderait, en mËme temps qu'il
rencontre de celui qui engagerait un individu qui ne'seraitpas lÛire
de son précédent engagement.
bï Google
^?2 RICHESSES MINÉRALES DE LA N00VBLLE-CALâl>ONlE
-soins médicaux, etc., dans des conditions minutieusemeot
précisées par le contrat et destinées à respecter leurs
habitudes et à assurer autant que possible le maintien
-de leur santé, ils ne tardèrent pas à manifester leur mé-
contentement. Une grève éclata qui dura pendant un
mois et demi, et des évasions se produisirent, et se pro-
duisent encore, en nombre d'autant plus considérable
qu'elles peuvent avoir lieu impunément, puisque leur
gouvernement a refusé cette fois que ces Japonais soient
soumis à l'arrêté du 26 mars 1874. Au moment de notr»
séjour en Nouvelle-Calédonie, leur effectif était réduit de
plus d'un quart, tant par suite de rapatriemeats jugés
nécessaires à la suite de la grève (54 hommes) que de
«lécfes (66 hommes) et que d'évasions {138 hommes).
Pour l'exploitation de l'important centre de Népoui, on
a dû recourir également, au début de 1901, à Temploi de
Japonais, importes au nombre de 200 dans des conditions
analogues. Enfin beaucoup de petits mineurs ont été heu-
reux d'embaucher les évadés de Tliio ou de Népoui. Il y
a donc aujourd'hui plus d'un millier de travailleurs japo-
nais sur les mines calédoniennes.
Mentionnons ensuite une importation d'Annamites et
Tonkinois faite en 1891 par un colon qui fut autorisé,
dans des conditions dont nous ne connaissons pas le
détail, à emmener d1ndo-Chine un convoi de 768 individus,
dont 745 étaient des condamnéïi du pénitencier de Poulo-
Condore (*) ; à leur arrivée dans la colonie, tous ces Anna-
miles et Tonkinois ont été régulièrement engages, dans
les conditions prévues par l'arrêté du 26 mars 1874,
devant un représentant de l'Administration; ils ont reçu
au début, outre la nourriture et le logement, 15 francs
('] Si no[is sommes bien renseigné, le transport en NooTelle-CalMonie
«vait éle autorisé exclu sire ment pour des condama^j politiques, et
avait ensuite été étendu sans aulorisalioD à dei coaivaaia de droit
bï Google
CONDmoNS éCOnOMIQDES DE l'industrie MtînfeRB 523
par mois, dont 3 étaient remis à l'Administration en vne
-de leur rapatriement ultérieur ; en outre une somme de
'quelques centaines de francs était versée par celui qtti
les engageait au colon qui avait assuré les frais de recru-
tement et de transport. Beaucoup d'entre eux sont enrore
employés aujourd'hui dans diverses mines. Trois convois
•comprenant chacun en moyenne 150 Tonkinois libres ont
ensuite été amenés, en 1895, 1896, et 1898, avec des
-contrats de cinq ans, par les soins d'une des principales
maisons de commerce de Nouméa, en vue d'être engagés
par des particuliers dans les conditions que nous venons
d'indiquer, et moyennant des salaires mensuels de 15 k
20 franca non compris leur nourriture ; un certain nombre
^Tentre eui travaillent encore dans ces conditions ; d'autres
reçoivent, après s'être trouvés libérés de semblables
engagements, des salaires de 3 et 4 francs par joui'.
Citons encore, pour mémoire, un dernier convoi de
■200 Tonkinois importé au milieu de 1902 par les soins de
l'administration de la colonie pour concourir aux travaux
publics. Plusieurs convois d'Hindous de Pondichéry, au
nombre de 600 au total, et enfin un nombre h peu prëi
'égal de Javanais, dont 350 destinés au travail des mines
.avec des salaires de 30 francs par mois en plus de la
nourriture, ont en outre été amenés par les soins de
l'Administration pour être engagés par des particuliers
-comme domestiques ou pour concourirà la culture ou même
pour travailler sur les mines.
Comme nous l'avons indiqué ci-dessus, l'importation des
Néo-Hébridais en vue du travail des mines, qui avait
■d'ailleurs donné lieu à de ^ives protestations en raison des
pratiques, dignes des négriers d'autrefois, qui auraient
-été employées pour leur recrutemsnt, avait été interdite
A partir de 1885; depuis 18iJ3, elle a été autorisée à
nouveau sous réserve d'un contrôle sévère de l'Adminis-
iration, et elle n'a lieu aujourd'hui qu'en vertu de cou-
bï Google
524 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
trats librement acx;eptés par les indigènes et dont l'exécu-
tion est soigneusement surveillée. Il en est de même des
naturels des lies Lovalty. Ce ne sont guère que ces
derniers qui travaillent aux mines : partinultcremeat bons
marins, ils sont tout spécialement affectés aux opérations
d'embarquement, de débarquement et de chalandage du
minerai; parfois aussi ils sont employés, concurremment
avec les Canaques de la Grande-Terre, aux transports par
câbles.
En outre on a réussi de tout temps à engager, pour 1«
travail des mines, un petit nombre d'indigènes de la
Grande-Terre. Leur engagement a toujours lieu à court
terme, ce qui est essentiel pour les y décider, par l'in-
termédiaire des chefs de tribus et nous le contrôle de
l'Administration ; celle-ci prélève d'ailleurs depuis quelque
temps sur leur salaire une part destinée à la caisse de
l'immigration, ce qui n'est pas sans provoquer de leur part
un assez vif mécontentement, et. sans gêner naturellement
beaucoup le recrutement de ces travailleurs. Us reçoivent
la nourriture, le logement et le salaire; ce dernier était
autrefois uniformément de 1 franc par jour; aujourd'hui,
il est plus souvent de 2 francs et même 2'' ,50.
Quant aux blancs, nous avons dit déjà que les libérés
ont dès l'origine apporté un sérieux appoint au personnel
des mines ; on a souvent clierché à attirer en outre des
travailleurs libres français, mais cela a été jusqu'ici sans
grand succès : la Société le Nickel a en particulier tenté,
en 1898, de faire venir de France des ouvriers colons;
elle promettait à ceux-ci de les mettre en possession d'une
concession de terrain de 5 hectares propres h la culture
et d'une maison, moyennant l'engagement de lui fournir
au moins 1.5œ journées de travail, avec un minimum de
250 journées par an, en échange d'un salaire journalier
de3'',50;8;i ouvriers ont immigré on Nouvelle-Calédonie
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQDES DE l'iNDCSTRIB MINTÈRE 525
dans ces conditions, mais ils ont ensuite renoncé au béné-
fice de ces concessions, qui s'appliquaient à des terres
insuffisaniment fertiles, et ils ont repris leur liberté. En
dernier lieu, l'administration de la colonie a provoqné le
départ de France pour la Nouvelle-Calédonie de 124 ou-
vriers libres, dont quelques-uns ont pris du travail sur
les mines à raison de 6 à 7 francs par jour.
Signalons enfin une immigration spontanée de 300 Dal-
mates environ, qui s'est produite par petits groupes au
cours des deui dernières années ; un premier convoi de
ces ouvriers, qui avaient quitté leur pa3's, trop pauvre
pour les nourrir, en vue d'aller s'établir en Nouvelle-
Zélande, et qui n'y avaient pas trouvé l'accueil qu'ils
espéraient, fut dirigé de Sydney sur la Nouvelle-Calé-
donie par un des commerçants de Nouméa; les ouvriers
qui le composaient, ayant trouvé à être occupés comme
mineurs dans des conditions rémunératrices, ont fait depuis
les venir plusieurs groupes de leurs compatriotes, et ils cons-
tituent aujourd'hui le plus clair de l'élément blanc libre
travaillant aux mines.
B. — La main-d'œovre dont on dispose actuellement
POUR LES MINES DR LA NoCVBLLE-CaLÉDONIE.
Il y a actuellement plus de 3.000 ouvriers occupés aux
travaux des mines de la Nouvelle-Calédonie, soit près de
1.500 blancs, un nombre à peu près égal de jaunes, et
quelques centaines à peine de noirs.
Avant de donner quelques détails surles services qu'ils
rendent et les salaires qu'ils reçoivent, nous devons faire
mention ici des conditions peu satisfaisantes de leur exis^
tence au voisinage des mines. Que les exploitations soient
groupées autour de centres, comme Thio, Kouaoua,
Népoui, etc., ou soient éparpillées comme le sont plu-
sieurs des exploitations de nickel et toutes les exploita-
bï Google
526 RICUBSSES M"'^''fl"' DE LA XÛinrEIXE-CiiJDOHIE
tioQs de cobalt et de cbnune, lea travaux formeat tou-
jours des groupes disticcts, relativcmeat restreiAts. séparé»
par des distances importantes (importantes surtout par 1*
déoiveUation à francbir pmur parveair de l'un à L'autre).
Les ouvriers sont donc totd natureilemeot amenés à.
habiter, ou plutôt k camper, puisque le climat permet-
des installations très sommaires, ha Toisiiiage immédiat
de la toîne, de façon à éviter d'avoir à faire un trop long-
parcours et surtout une ascension trop péiâble pour se-
reodre cliaque jour au travail; tantdt ils cai^st au
pied de la mine lorsqu'elle n'est pas trop élevée, taolât-
au sonunet même de la montagne si l'on y trouve de-
l'eau ou si l'on peut en amener en suffisance, tantôt à
mi-cûte au point le plus élevé oii l'on rencontre des
sources. Ces can^uents, généralement déàgnés sous Ifi-
nom do » villages », ne sont que des groupes de buttes^
axceptionnellement eu bois, quelquefois en tùle ondulée,.
et plus souvent en paille, dont le confort laisse fort à
désirer, et où ta vie lia serait guère séduisante pour des-
ouvriers mariés et pères de famille ; aucune distracticui-
ne s'offre an travailleur une fois la journée faite, et lo-
seul plaisir qu'il coimaisse est, nous en avons trop sou-
vent fait la triste constatation, celui de la boisson. Au
point de vue matériel, ces campements doivent se suffir»
à. eux-mêmes k l'aide d'approvisionuenients reçus de-
tetnps en temps de la capitale ; aussi exîste-t-il daos cha-
cun d'eux lui magasin, universeUement désigné sons le-
nom anglais de » store », assurant la. fouroiLure a»»
ouvriers des aliments, boissons, vêtements et objets d'un
usage journalier qui leur sont nécessaires ; k cûté d'un
tal magasin, il u'y aurait généralement pas place pout de?-
laaganins concurrents,, ai bien que les ouvriers de la min»
ta, SAot les clients obligés, et y apportent r^guliàrenenl
des sommée importantes t^ia l'exploitant de k. ijvw n'a
garde de laiaaer aller à d'autres mains que les «ieonee,-
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQUES pÈ l'iNDUSTRIR MINIÈRE 527~
d'autant plus (^u'ildéUâDtjjfénéralement les voies de trans-
port propres à approvisionner le magasin en question.
Le « store » est £Ùnsi pour l'exploitant une source d4-
bénéftces, qui, loin déjà d'être négligeable dans les
^andes exploitations, dont les prix ne sont généralement
majorés que dans une proportion raisonnable, est souvent
la principale dans de plus petites entreprises, oii cette-
majoration atteint 30 et 40 p. 100, souvent mêm*» plus.
Dès lors l'exploitant de mine est en même temps un débi- .
tant qui n'a qu'un d^sir, celui de voir le doit de chaque
ouvrier au magasin égaler le total des salaires qui lui sont
dus, et qui va souvent jusqu'à pousser ses ouvriers à la
boisson ; U a d'ailleurs soin de ne leur débiter au prix du
vin pur qu'un breuvage suffisamment allongé d'eau pour-
que la tète de ses clients n'en souffre pas trop, en même
temps que sa bourse en profite largement.
Telles sont les conditions matérielles et morales déplo-
rables dans lesqueUes vit l'ouvrier mineur calédonien ;
il est d'ailleurs triste de constater que les libérés, qui
constituent une large proportion de ce personnel, s'en
accommodent bien. Mais on comprendra que, tant que de-
semblables conditions n'auront pas été modifiées radica-
lement, l'ouvrier libre soit peu tenté par le travail des
mines, et qu'il soit môme ilifftcile d'engager d'Iionnêtcs-
pères de famille à aller vivre, et faire vivre les leurs, de
cette vie.
Parmi les ouvriers blancs, l'élément libre français est-
donc extrêmement restreint : il ne constitue, sauf races
exceptions, que le personnel des contcemaitres, personaeL
trop souvent recruté parmi des colons ilont les tentatives
de culture ont échoué et qui manquent de toute espèca
d^ connaissances pour diriger le travail dont ils ont la
charge. Cependant , dans les derniers mois, quelques ouvriers
arrivant de France ont été embauchés comme miuMirs.
L'élément étranger est presque uni<iuement représentè-
bï Google
528 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOWELLB-CALÈDOHIB
par les deux ou trois cents Dalmates dont dous avoos
signalé l'arrivée dans la colonie il y a deux ans enriron.
Bous traTailleurs et robustes, ils sont quelque peu exi-
geants et ne se contentent pas, pour une journée de
9 heures de travail, de salaires inférieurs à 7 francs ou
7^', 50, quelquefois même 8 francs, suivant la situation
des mines et les difâcultés de la vie ; ils sont en outre
très sobres, cherchant à économiser la majeure partie de ce
qu'ils gagnent pour l'envoyer dans leur pays d'origine.
Généralement appréciés on raison de la somme de travail
qu'ils fournissent et qui est en rapport avec les salaires
qu'ils exigent, ils sont cependant assez mal vus par
nombre de petits mineur)!, à, cause de leur sobriété et du
peu de bénéfices qu'ils laissent au « store ».
Enfin, quelques bons mineurs australiens ont été em-
ployés aux travaux souterrains des mines du Nonl, pen-
dant toute leur période d'activité, et il en reste quelques-
uns, occupés aujourd'hui à des recherches souterraines de
fer chromé. Ils touchent des salaires de 350 francs par
mois.
Les libérés, c'est-à-dire les condamnés qui ont fini leur
temps principal de peine, mais sont encore astreints au
séjour de la colonie, échappent au reproche de sobriété
que l'on fait aux Dalmates, et il est rare que si, au bout
de la quinzaine, ils ont quelque argent à toucher, ils ne
l'échangent pas immédiatement contre quelques bou-
teilles; aussi les lendemains de paye, souvent même les
surlendemains, le travail est-il suspendu dans bien des
petites exploitations ; maisle manque à gagner sur l'exploi-
tation de la mine est largement rattrapé par les béné-
fices du magasin. Si l'on passe sur cette irrégularité dans
le travail et sur l'esprit inquiet qui leur fait constamment
changer de raine, les libérés fournissent, en somme, une
main-d'œuvre relativement précieuse; leurs salaires ne
sont que de peu inférieurs k ceux des Dalmates {5",50 à
bï Google
CONDITIONS BCONOHlQOeS DE L'iNDOflTRIB HEHIÉRE 529
7'' ,50 par joBFoée de 9 heures) ; mais, tandis que ces der-
niers touchent eo num^aàre une bonae partie de leurs
salaires, ceux des libérés ae reMoi>leflt aoyv^it pas b
plus des 2/3 de leur valew uomiiiaie{*). Une ppo]>orti(m
importaate d'entjre les libérés, qui sont actuellement au
nombre de 5.179('*} dans la «olooie, travaffleHt aujour-
d'hui daas les miaes ; m^ds leur nombre deTant «lécessai-
rement aller eo décroissant rapidement d'twnée en année,
puisque la transpiration a été suapendue dass la colonie,
ils sercHit certainement de Jour en jour moins «omlHreuK
k venir offrir leur travail aux exploitants de nmies.
EnHn les relégué», c'est-à-dire les récidivistes qui ne
sont pas condamnés aux tj^viiux forcés, mais sent seu-
lement ast««ints au séjour de la colonie, et qui s'y
trouvent actuellemrat au nombre de 2.305, wA été dep«HB
quelque tempe, etsont encore, faute de mieux, «is en un
certain nombre {169 au 30 avril 1902) à la disposition
des exploitants de mines; il n'y en avait pas moins de
SO à Thio au moment de ftotre passage, et noue en avons
ru quelques groupes sur diff^«ntes petites mines. La
Société le Nickel estime le prix de revient de cette main-
d'œuvre à ■3'',50 ; les relégués reçoivent, en effet, le loge-
ment, la nourriture, un salaire minimiun de 9 francs par
mois à verser entre les mains de l'adimmstration péni-
tentiaire, plus un supplément qui leur est payé directe-
ment et qui est destiné à stimuler leur zèle au travail;
^•kcG à une allocation de 2 à 3 francs par jour, mi en
obtient quelquefois une somme de travail à peu prés com-
^rable à celle que fournissent les libérés.
Au nombre des ouvriers de race jaune, nous avons
(*} La petit miaeur ne nom s pas caché qu'il prtfâriUt payer un
•alaire de B'',SO ou 1 Tranci à un libéré qu'un aalaire de i fraocs ou
4'' ,00 i uo Japonais qui ne coDBomme presque rien.4>iBn (|uc la somme
4e travail Tournie par le second ne lui pareiese pas, dans biep des CM,
inférieure à celle fournie par le premier.
{*■] Receaiement du 3 novembre 1901.
bï Google
530 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
d'abord à compter les 1.000 Japonais introduits par la
Société le Nickel et les 200 introduits par la « Nickel
Corporation» à Népoui; leur nombre est d'ailleurs réduit
à 700 travaillant sur les mines de la Société le Nickel,
150 à Népoui, et environ 150 évadés des travaux de ces
sociétés pour aller s'engager à plus haut pris chez des
exploitants voisins ; ceux-ci ne se font d'ailleurs pas
scrupule de les attirer par des salaires relativement éle-
vés, qu'ils peuvent Facilement leur payer, n'ayant eu à
faire pour eux aucuns frais généraux. Le contrat de la
Société le Nickel assure aux Japonais tin salaire men-
suel de 38 francs en dehors de la nourriture e( des dififé-
rents avantages que nous avons énumérés ; ils devaient
primitivement fournir 10 heures de travail; on ne leur en
demande aujourd'hui que 9; le contrat de la Société de
Népoui a été conclu dans des conditions analogues ; mais
l'une et l'autre sociétés estinaent qu'en tenant compte de
tous les frais généraux occasionnés par leur recrutement,
leur rapatriement ultérieur, leur installation, etc., et des
déchets par l'uite de rapatriement prématuré, de maladie,
et d'évasion, le prix de revient de la journée du tra-
vailleur japonais ressort aux environs de 5 francs. Les
Japonais évadés, qui s'engagent sur des mines voi-
sines, reçoivent généralement 4 francs k 4'',50 net par
jour; ils travaillent ordinairement 9 heures. Leur ren-
dement, lorsqu'ils sont employés aux travaux pénibles,
comme l'est parfois l'abatage, paraît notablement inférieur
à celui des ouvriers blancs; pour des travaux exigeant an
contraire plus de minutie ou d'ailresse que de force (triage
du minerai, sen'ice des câbles, etc.), ils rendent autant
de services que dos blancs.
Les Tonkinois, importés à diverses reprises comme nous
l'avons dit, constituent des ouvriers qui valent à peu prè/
les Japonais ; le prix de revient de leurs journées est gêné
ralemeni assez faible (voisin de 2'^50) quand ils ti-a
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE l'iNDDSTRIE MINIÈRE 531
Taillent en vertu des engagements initiaux; mais beau-
coup d'entre eux, arrivés au terme de ces engagements,
reçoivent aujourd'hui des salaires voisins de 5 francs,
qu'ils semblent gagner par leur travail. Il paraîtrait que le
gouvernement de l'Indo-Chine hésiterait à se prêter à de
nouveaux enr61ements.
Les Javanais et les Hindous n'ont été employés jusqu'ici
qu'exceptionnellement sur les mises ; ils ne constitueraient
pas, croyons-nous, des travailleurs suffisamment robustes
pour les travaux d'abatage. Ils reçoivent un salaire de
1 franc par jour, non compris la nourriture, et une rede-
vance de 50 centimes par jour est payée au service de
l'immigration pour les frais d'importation.
Les travailleurs noirs ne sont guère qu'au nombre
de 200 ou 300 sur l'ensemble des exploitations de la
colonie ; un assez grand nombre d'entre eux sont des
hommes des lies Loyalty, mais quelques exploitants ont
réussi à diverses reprises, moyennant entente avec les
chefs indigènes, à engager des équipes de Canaques de la
Grande-Terre pour six mois ou un an.
Ces hommes reçoivent toujours le logement, la ration
représentant à peine 1 franc par jour, et un salaire qui
n'était au début que de 250 à 350 francs pour trois ans,
mais qui a été ensuite porté à 1 franc par jour et atteint
aujourd'hui 40, 50 ou 60 francs par mois, suivant les
régions, quelquefois même 75 francs, surtout pour les
Loyaltiens.
Ce n'est qu'exceptionnellement que nous les avons vu
employer an travail des carrières mêmes ; cependant, dans
une mine ils paraissent s'acquitter assez bien d'une partie
de ce travail ; plus souvent occupés au transport du mine-
rai, c'est presque toujours à eux que l'on confie les opé-
rations du chalaodage, pour lesquelles ils excellent.
bï Google
53S KICRB8SES XIHBUXBS DB LA MOQTBLLB-C&LSDONIE
Pour doQQer tue idée de ce que peut être l'importance
des différents éléments que nous veDous de mentionner
comme constituant la main-d'oeavi^ empiojée dans les
■Bines, nous indiquons ci-dessous la répartition par catégo-
ries du nombre des ouvriers employés et dn nombre des
journées faites au mois de mai 1902 dans les différentes
exploitations du groupe de Iliio, le plus important des
CMitres minirav de ta colonie.
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D'autre part, on peoi dire qu'aujourd'hui les prix de
revient de la main-d'œuvre par journée de neuf heures
bï Google
CONDITIONS KC0N0M1QDE8 DE L'iNDOBTEm MlNlàllE 533
sont, pour les diverses catégories, les suivants :
Ponr les traTailleurs blaDcs libres T',00 à 8'^00
Pour l«s libères 5 ,50 4 7 ,S(r
Pour les relégwés 3 ,S0 4 * ,»
Pour les Japonais régulièrement engsgfa 4 ,19 4 S ,2S
Ponr les Japonais éTadéa 4 ,00 4 4 fiù
Pour les Tonkinois, Annamites et Javanais
engagés 2 ,50 4 3 ,00
Pour les noirs S ,50 4 3 ,50
Il faut ajouter que ces salaires nominaux, se trouvent
presque toujours réduits, dans une plus ou moins large
mesure suivant la catégorie des travailleurs et suivant
les conditions dans lesquelles sout exploités les magasios
des mines, par le bénéfice prélevé sur les marchandises
fourmes aux ouvriers.
Quoi qu'il en soit, et sous réserve de l'application d'un
coefficient de réduction pour tenir compte de cette cir-
constance, le prix moyen de la journée d'ouvrier est éva-
lué, sur différentes exploitations o(i le personnel comprend
plus ou moins d'ouvriers de ces diverses catégories, & des
chiffres variant de 4*%80 à 6'',60.
€. — Mbsdrbs proprbs a paciutbb kt a améliorer
LB BBCRUTEUENT UB LA HAIN-D'ŒDVBE.
Ainsi qu'on le voit par les quelques indications qui pré-
cèdent, la main-d'œuvre en Nouvelle-Calédonie est rare,
cbère, et d'assez médiocre qualité. Longtemps, grâce aux
contrats dont nous avons fait mention, la main-d'œuvre
pénale était, pour les exploitants qui avaient su s'assurer
le bénéfice de ces contrats, sinon une ressource suffisante
(puisque la Société le Nickel faisait venir des Japonais
dès 1889), du moins un important et précieux appoint. En
io6me temps les libérés, dont le bagne alimentait régulière-
ment la colonie, constituaient des travailleurs volontaires en
bï Google
1
534 RICHESSES MINÉRALES DB LA NODTBLLE-CALÉDONIE
assez grand nombre. Depuis quelques années le travail des
condamnés en cours de peine a été complètement supprimé,
et le recrutement des libérés est aujourd'hui tari ; aussi le
maintien de l'activité des mines n'a-t-il pu , être assuré
que gr&ce à des importations, assez peu satisfaisantes
en somme dans l'ensemble, de travailleurs jaunes, gr&ce
& l'allocation de salaires très élevés, qu'on rattrape en
partie par des procédés souvent bien peu honorables, aui
libérés et à quelques travailleurs blancs, et grâce aussi aux
engagements volontaires, souvent diMciles à obtenir, des
Canaques. C'est là une situation difficile créée à l'industrie
minière de la colonie, situation h laquelle on n'a encore
trouvé aucun remède satisfaisant et qui risque de devenir
plus difficile de jour en jour ; le prix de revient moyen de
la journée d'ouvrier se trouve déjà au moins doublé par
rapport à ce qu'il était il y a seulement quatre ou cinq ans,
et il suffirait que l'ère d'activité des demandes des divers
minerais produits par la colonie se maintint un certain temps
pour que les salaires continuent à s'élever encore.
Aussi, celui qui, comme nous, envisage uniquement les
intérêts de l'industrie minière, qui est d'ailleurs la plus
importante et presque la seule sérieuse ressource de la
colonie, ne peut que regretter que, avant qu'une solution
satisfaisante ait été trouvée à la difficile question du
recrutement d'une autre main-d'œuvre, le concours de la
main-d'œuvre pénale ait été brusquement retiré aux
exploitants démines, en même temps que le recrutement
des libérés était définitivement compromis.
Si, comme on l'a fait jusqu'ici, on ne juge pas devoir
réserver pour l'exécution de grands travaux publics, tan-
tôt dans une de nos colonies, tantôt dans une autre, les
, ressources en main-d'œuvre que l'on peut trouver chez
les condamnés aux travaux forcés, leur mise à la disposi-
tion des exploitants des mines de telle ou telle de nos pos-
sessions, sons telles conditions qui seraient jugées convo-
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE L'INDUSTRIE MINIÈRE 535
iiables, constituerait une solution qui pourrait faciliter dans
une très large mesure la mise en valeur des richessea de
notre empire colonial. Dès lors, du moment que le hasard
avait fait choisir comme lieu de transportation précisément
celle des colonies françaises qui s'est montrée jusqu'ici la
mieux partagée, ou peut s'en faut, au point de vue des
richesses minérales (*), celle qui paraît avoir le plus besoin
de main-d'œuvre' pour les exploiter, et celle dont le climat
permet de compter sur le meilleur rendement moyen pour
le travail des condamnés, nous ne pouvons, toujours à
notre point de vue spécial, que trouver qu'il est dommage
que l'on ait enlevé à cette colonie une ressource aussi pré-
cieuse dans l'état de son développement industriel, avant
que Ton ait été certain de pouvoir y suppléer. Nous ne
pouvons d'ailleurs que nous incliner devant les raisons
majeures, tirées tant des nécessités de l'administration
pénitentiaire que des intérêts généraux de la Nouvelle-
Calédonie, qui ont évidemment dicté cette détermination
à l'Administration supérieure ; nous croyons cependant de
notre devoir de signaler le contre-coup qu'elle a déjà eu
et qu'elle aura vraisemblablement encore dî>ns l'avenir pur
l'industrie minière de notre colonie.
Que pourrait-on faire pour en diminuer les inconvé-
nients, si, comme nous le croyons, la mesure est défini-
tive? Il faudrait avant tout persévérer dans la voie
des tentatives faites jusqu'ici pour limportation de
(*) RnppeloDS que, d'après la slatistique orOcielle de l'îsUuslrie iiiiné-
TBle publiée par le Ministère des Travaux publics, C|uï donne d'ailleurs
un chiffre exagéré de plus de 2 millions de Francs pour la iNouvelle-
CalËdonie, ia valeur sur place des produits minéraux extraits en 1^2
aurait Été de :
9.995.01)0 fronça pour la Nouvetlc-Calédonie.
3.(i-29.000 francs pmir l'Indo-Cliine.
i. 123. 000 ffuni-a pour Madagascar.
Elle n'aurait été supérieure que pour la Guyane, oiil'un a exirait pour
12.545.(H)0 francs dor.
bï Google
1
536 RICHBSSES UINÉBALES HE LA MOGTBIXB-CALBIKWIB
main-d 'œuvre. Attirer de bons ouvriers français auxquels
leur capacité de travail et leur habileté permettraient d'al-
louer des salaires élevés, dans un pays où lea condition»
de l'existence pourraient être, et somme, assez facileSf
serait une solution très tentaote; et si, comme non»
l'avons dit, les conditions dans lesquelles ils seraient
appelés h vivre aujourd'hui sont peu engageantes, alors
que l'élément libéré constitue encore une large portion
du personnel des mines, il n'est pas déf«Mlu d'espérer
qu'elles s'amélioreront de j(Hir en jour, et qu'un moment
viendra où l'on n'aura plus h hésiter à ponsew de bon»
ouvriers français k aller chercher du travail dans notre
colonie du Pacifique.
Jusque-lk la Nouvelle-Calédonie n'aurait qu'à gagner
à voir des ouvriers de pays peu fortunés craitinuer à
venir y passer quelques années pour amasser des écono-
mies, en même temps qu'ils fournissent aux exploitant»
le travail indispensable à la mise en valeur de leurs
mines.
D'autre part, bien que les tentatives d'importatitmd'on-
vriers des races jaunes n'aient pas donné pleine satis-
faction jusqu'ici, le gouvernement de la colonie loi-indnie
est, comme nous l'avons dit, entré dans la voie qui con-
siste k faire venir des convois d'ouvriers asiatiques pour
être engagés par des particuliers, exploitants de mines
ou autres. C'est là une heureuse initiative dans laquelle
il persistera, il faut l'espérer, cherchant, s'il n'était plu»
possible d'avoir des Tonkinois ou des Annamites, à faire
venir des Chinois, tout en leur imposant des contrats de
nature à éviter qu'amenés comme ouvriers, ils ne s'éta-
blissent les concurrents de nos commerçants, comme il»
l'ont si souvent fait dans d'autres pays.
Enfin il serait à souhaiter que l'administration local©
fit tout ce qui dépend d'elle pour faciliter aux exploitants
de mines l'engagement des indigènes soit de la Grande-
bï Google
CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE l'iMDDSTKIB HINIÈRB 537
Terre, soit dea îles Loyalty, qui, s'ils ne sont pas aptes à
tous les travaux de mines, s'acquittent très bien de cer-
taina d'entre eux, et peuvent aiuBi fournir un sérieux
appoint à la main-d'œuvre qu^l est nécessaire de re-
cruter.
bï Google
1
CHAPITRE II.
FACTEURS DIVERS DES PRIX SE REVIENT.
A. — Les approvisionnements.
Si la cherté <lo la main-d'œuvre est le facteur essentiel
de l'élévation (les frais d'exploitation en Nouvelle-Caié-
flonio, et si cette cherté tient essenUellenienl à la rareté
des ouvriers, le prix élevé de tous les approvisionnements
n'en pèse pas moins d'une façon très importaDte aussi
sur les entreprises des mines.
D'une part, la cherté des vivres sur les exploitations
minières, qui n'est pas duc uniquement aux bénéfices
prélevés par les ci stores » (bénéfices qui ne doivent pas
être considérés comme majorant réellement les pris de
revient), contribue sérieusement à l'élévation du taux des
salaires; d'autre part, les prix exagérés que coûtent les
rails pour voies ferrées, les cûbles, le matériel de trans-
port, les outils, etc., interviennent dans le même sens,
et doublement, nous serions même tenté de dire à la
deuxième puissance, dans les prix de revient. En effet,
les frais généraux et l'araortisseraent des frais d'ins-
tallation sont des charges directement proportionnelles
aux frais d'achat du matériel; maïs, en outre, plus ces
charges sont élevées et plus le mineur hésite, non pas
parce qu'il n'y trouverait pas une véritable économie,
mais simplement parce qu'il ne dispose pas des capitaux
indispensables, à faire les installations nécessaires à l'ex-
ploilalion économique do sa mine ; et c'est précisément
pour ceux qui n'ont pas de gros capitaux que la cherté
bï Google
CONDITIONS ÉCONOHIQDBS DE l'iNDUSTRIE MINIERE 539
de toutes choses est le plus marquée. Une société impor-
tante a le loisir de faire venir d'Europe les approvisiou-
nemeuts dont elle a besoin, et elle peut en outre écono-
miser tout ou partie du fret,, qui pour de petits envoie
revient ans environs de 80 à 100 francs la tonne, en
confiant ses transports par chargements importants aux
bateaux qui viennent chercher son minerai et qui
peuvent lui apporter le matériel au point même ob elle
en a besoin ; il n'y a donc à ajouter dans ce cas au
prix des matières en France que ces frais de transport
réduits et les frais généraux correspondant à la néces-
sité d'avoir un certain approvisionnement. Le petit mi-
□eur, qui ne peut guère que s'adresser aux commerçants
de Nouméa, a k supporter indirectement les frais de
transport depuis l'Europe, que le commerçant en question
paye à un taux élevé, les frais généraux correspondant
à la nécessité pour le commerçant d'avoir des approvi-
sionnements, et les bénéfices de celui-ci; il paye en
outre des frais de manutention et de transport supplé-
mentaires depuis Nouméa jusqu'à sa mine. Ajoutons que
le bénéfice prélevé par le commerçant de Nouméa est
d'autant moiqs modeste qu'il n'a pas à craindre la con-
currence des autres maisons de la place, car il est
presque toujours, en mèiue temps, le bailleur de fonds du
petit mineur, qui est dès lors obligatoirement son client
pour toutes choses.
On no sera donc pas surpris si nous disons que le ma-
tériel de mines revient aux mineurs calédoniens deux ou
trois fois plus cher qu'il ne reviendrait en France : nous
avons d'ailleurs déjà mentionné combien coûteuse est
l'installation de la moindre voie ferrée de tracé facile,
en raison surtout du prix des rails, qui ne reviennent pas
à moins de 400 à .ôOO francs la tonne, soit, pour une voie
de 10 kilogrammes au mètre courant, 8.iX)0 h 10.000 francs
par kilomètre.
bï Google
540 RICRKSBKS HINBRALBS DE LA NOOTeLLB-CALilSmiE
Nous ne nous attard«^ns pas à multiplier ces esemjàem,
noua mentionnerons senlemeot que la nourritnre n'est ]ms
à des prix moins excessifs : le pain est coarammesi venàm
Bor les exploitations de 40 & 60 centimes le kilogmm— ,
et il semble bien résulter des renseignements que domb
avons pu recueillir qu'il revient à enTÏroa 35 CMitimes
alors que les farines employées proviennent d'Austrafier
ot elles sont, c(Mnme oii te sait, vendues k très bas pox :
le vin le plus ordinaire ne coûte pas moins de 1 franc k
1",25 le ûtre, et cependant il est directement importé de
France, où son prix a été très bas toutes ces dernières
années ; il n'en revient pas moins, en raison des iirtermé-
diaires et des faux frais, h 140 on 150 francs la barrique
de 336 litres rendue sur place.
B. — Lb8 frais me TBANSPaerr.
Nous avons déjà fait mention de l'importance ca|HtaIe
des frais de transport dans les prix de revient.
Nous ne reviendrons pas id sur ce qui est des frais de
transport snr carrières ou de descente au pied des mines;
dans toute es[dottation et dans tout pays, c'qat «ax ex{JjM-
tants qu'il appartient d'organiser tes transporta de ce genre
de la façon la plus économique. Mais, en Nouvelle-Calé-
donie, lorsque le minerai est descendu dans la vallée on
dans la plaine (si l'on peut appeler ainsi l'étroite bande de
terrain relativement peu accidenté qui sépare lea mon-
tagnes de la mer), l'exploitant ne trouve, en général,
aucun moyen de communication pour le conduire à un
point d'embarquement quelconque ni aucune facilité d'em-
barquement. C'est à un tel point que, lorsqu'on a vouln,
au début de l'exploitation du nickel, et lorsqu'on veut
encore aujourd'hui pour les exploitations de cobalt,
transporter le minerai par les sortes de pistes, qu'on
désigne sous le nom de routes, faisant le tour de la colo-
bï Google
CCHtOmONS ÉCOSOUIQDBS DE l'iNDUSTRIR HINlèRB 541
nie, il faut assurer soi-même l'entretien de ces pistes,
renoncer à y circuler par le;; temps trop hamides, et enfin
payer, dans un pays oti les chevaux et les bœnis sont
iMKnbrenx et reiativement de peu de valeur, des frais de
0*',75 à i ^anc par toniiB kilométrique. Cette situation
oUige, comme nous l'avons dît, tout mineur qui veut
exploiter une mine de nickel à faire les frais d'un petit
tramway; ces frais élevas coastituent le plus clair de ses
dépenses de premier éUblissement, et le conduiseat
presque toujours à l'emprunt aux commerçants de Nou-
méa, dont noue avons signalé les incxHivéments. Sans
doate, pooT répondre pleinement aux besoins des exploi-
tants, répartis, comme on sait, tout le long des deux
cMes, ce qni swait le }rin8 souhaitable ce serait que l'oa
put doter la colonie d'une Toie feirée qui en ferait le tonr
et aurait des embran^ements remontant pins ou moins
knn dans les difT^ntes vallées. Mais c'est là no rère
que ie min^ luMnème ne doit pas faire ; le trafic total
t^m l'easeinUe des mines pourraient offrir à nue telle voie
ferrée, surtout si l'on n'oublie paa que l'objectif doit tou-
jours être de conduire le plus promptement possible le
nllDerai à un point d'^nbarquement, ne saurait, en effet,
rémunérer les frais de construction d'un tel réseau; et,
éês krrs, le mineur serait, tout naturellement, le premier
à en supporter la lourde charge sous fonne d'impôts.
Ce que l'on peut seulement souhaiter, c'est de voir an
système de routes praticables entretenu tout le long de
la colonie; cela faciliterait déjà, les transports dans une
ass«e large mesure. Il continuera donc encore long-
temps, à notre avis, à appartenir aux exploitants de
er6er les voies ferrées dont ils ont bescàn ; ils devraient
Molement le faire d'une façon plus )»*éToyante, en con-
nrissant mieux l'importance des ressovrces qu'elles sont
appelées à desservir, et en appropriant mieux leur tracé
et lenr équipement aax services à en attandre non seu-
bï Google
542 RICHBSSBB HINBRALES I)B LA NOOVELLE-CALÈDONIB
lement h court délai, mais dans un avenir uq pen plas
largement escompté.
Nous avons déjà fait allusion aux frais de premier éta-
blissement et aux frais courants importanls qu'entraîne
l'embarquement des minerais : sans doute, si la colonie
était outillée à ce point de vue comme l'est un pays en
plein développement industriel et commercial, il ne de-
vrait pas en être ainsi, mais on ne pourrait, guère plus
que pour les voies ferrées, lui demander de faire en une
série de points des installations coûteuses et destinées à
desservir chacune une seule exploitation ou deux. Enfin,
lorsque le minerai n'est pas produit en assez grande quan-
tité en un point donné pour pouvoir être directement em-
barqué sur les voiliers qui l'exportent, il doit être con-
fié aux bateaux qui font le sen'ice du tour des c6tes, et la
dépense qui en résulte n'est pas inférieure à S à 10 francs ;
c'est là encore une charge bien forte que justifie peut-être
aujourd'hui le peu d'activité des transports autour de l'Ile,
mais qui est de nature à diminuer avec le développement
même de ces transports.
C. — Ghasoes diverses.
Diverses lourdes charges viennent encore peser sur les
exploitations minières de la colonie : ce sont tout d'abord,
pour celles des exploitations tout au moins qui ont la pré-
voyance de les assumer, les frais généraux de direction
technique et de surveillance. L'impossibilité de recruter
un personnel technique quel qu'il soit, même de contre-
maîtres, en Nouvelle-Calédonie, oblige à y suppléer par des
agents amenés d'Europe, au prix de dépenses d'autant
plus grandes qu'ils séjournent rarement longtemps dans
la colonie. La création à Nouméa d'un enseignement, moitié
technique moitié pratique, en vue de former les con-
tremaîtres nécessaires à la conduite d'un persounel qui
bï Google
CONDITIONS ÉCOKOUIQCES DE l'iNDUSTRIB MINIÈRE 543
est aujourd'hui de plus de 3.000 ouvriers et qui ne fera
que s'accroître avec le développement de l'industrie, créa-
tion que réclame la Société le Nickel et que les exploi-
tants de la colonie ne manqueraient sans doute pas de
subventionner, pourrait ctre fort utile à ce point de vue;
elle serait cependant de nature à se heurter à de sérieuses
difficultés d'organisation.
Enfin lesimpAts divers perçus sur les exploitations de
mines, soit h titre direct, soit à titre indirect, sont élevés.
Rappelons que tout périmètre minier est soumis à une
redevance annuelle de 50 centimes par hectare s'il est
conrédé, et de 40 centimes s'il est l'objet d'une déclara-
tion de recherches ou d'une demande de concession; c'est
iâ un taux qui parait très modique, mais qui Test moins
qu'on ne le supposerait, étant donné les étendues énormes
sur lesquelles portent généralement ces périmètres. Sans
doute ces étendues sont presque toujours exagérées, faute
par les intéressés d'y avoirfaitles reconnaissances utiles;
mais il n'en est pas moins vrai qu'une exploitation qui
veut avoir devant elle les ressources importantes qui
seules peuvent justifier des installations cofitenses, est
amenée à s'assurer des périmètres miniers très considé-
rables.
Le droit de 25 centimes par tonne sur les minerais
exportés n'a nen d'exagéré non plus, puisqu'il ne repré-
sente pas plus d'un demi-centime par kilogramme d'un
métal qui vaut plus de 3 francs le kilogramme, et puis-
qu'il ne correspond actuellement qu'à moins de 1 p. 100
de la valeur du minerai sur place. Les droits de douane et
d'octroi de mer assez élevés qui chargent toute importa-
tion de matériel et d'objets de consommation grèvent
assez notablement les exploitations minières ; nous
avons sous les yeux l'exemple de l'une d'elles, qui a ac-
quitté de la sorte, au cours de l'exercice 1900-1901,
presque 3 francs de droits par tonne de minerai produit;
bï Google
544 EIOKHIBI MIHÙALES DE LA VOCrMU-E^OàLiDOVlB
cela «tt considér^le, et cela serait éviddiamAot exagéré
«i ces droits ne se rappoHcûeDt pas pour une sérieuse
part à des mairbaDdisM revendues aux ooTriers ou ai
penoonel de la mioe, et ne devaient par suite être ooor
sidérés comme payée par ceux-ci et ao& par les mioes.
Ëfiân lac droits de phare et d« balieage, les dratt« sani-
taires et le' droit de navigation intérieure (droit de l'',50
par toaae perça «or les savires étrangenBeuleiuMit), qui
sont icqdttéji, il est vrai, par Les bateaux eux^nëraes, mais
qui chargent indirecbeaient les esplcHiants de mines, et
dont le total pMit attendre enc<x'e en ino^enae 50 cea-
times par bonne de rainera, paraissent quelque peu élevés ;
c'est surtout le cas lorsqu'il s'a^^t, par exemple, de droits
de phare et de baiisage perçus sur des naTires qai ne
fréquentent qa« des baies ou des ports, ei même uae cAte.
qui ne sont pourvus ni d'un pliare ni d'tiae balise.
Qaoi qu'ion Koît, il n'est pas douteux que l'iaduetne
minière, à laquelle se rattachent, on peut le dire, Les seolet
<ni presque les seoles entreprises florissantes de la oaAia'
oie, doîre éqoitablMaeat prendre sa part contribotive des
d^enses du budget, «t par suite supptH^rdes iiap6t« qtà.
ferçag d'une manière os de l'autre, devront tiMijovre
représenter -des sommes assez importantes. Mais ce que
«ont ea droit de sovàùter ceux qm pranneat en maia les
véritables wiéréle de cette iodiudrie, c'est que, par une
JQHte cQQipeBfiaJion, il soit dans les dépenses publiques
Cait une large part à celles qid, kiut en étant d'un iutérM
fierai, MiitspédaleiaeBtdeBature À favoriser le dévelo|>-
t de l'exploitation des mines de La colonie.
bï Google
SEPTIÈME PA.RTIS.
00N0LU8I0H.
A. — RÉSOHÉ fis LA SITUATION ACTDBLLB
DE l'industrie MISIBRB DE LA COLONIE.
Le soi de la Nouvelle-Calédonie est exceptionnellement
favoriséaupoinlde vue des richesses minérales, cela n'est
pas douteux : il l'est non seulement par la variété des
minerais qu'on y rencontre et par les conditions natu-
relles de beaucoup d'entre les gisements, conditions qui les
rendraient fructueusement exploitables dans des itégions
dont le développement industriel serait plus avancé, mais
encore par le caractère tout èi fait spécial de plusieurs
d'entre eux : le nickel y constitue, sur une étendue con-
sidérable, des réserves énormes à un état de concentra-
tion et avec des facilités d'exploitation inconnus partout
ailleurs; le cobalt s'y rencontre dans des minerais qui
n'ont pas d'équivalent dans le monde entier ; le fer chromé
y est souvent d'une pureté et d'une teneur en chrome remar-
quables, et plusieurs de ses gisements sont très aisément
exploitables. Le cuivre parait y constituer quelques beaux
filons ; l'or, le plomb argentifère et quelques autres métaux
se montrent dans des gisements qui seraient vraisembla-
blement utilisables dans une contrée moins reculée. Le
charbon existe lui-même dans la colonie sur des étendues
assez considérables.
Malheureusement l'éloignement extrême de notre colo-
nie, située à près d'un millier de milles marins de tonte
autre terre, l'exiguïté do sa superficie, et la modicité de
bï Google
546 RICHESSES HIN'BRALES DE LA SOCVELI.E-CALRDONIB
ses autres ressources naturelles y rendent les conditions
industrieUes difficiles, et n'ont jusqu'ici permis d'y exploi-
ter avpc fruit que des gisements d'une richesse exception-
nelle.
Parmi eux se rangent en première ligne les gisements
de nickel dont la découverte a fait passer celui-cidu rang
d'un métal réellement précieux au rang d'un métal d'usage
presque courant; ces gisements ne sont concurrencés par
ceux du Canada que grûre aux conditions industrielles
iiicom[)arahlcment plus favorables du pays dans lequel
ceux-ci se rencontrent. Ils n'en ont pas moins fourni
jusqu'ici plus de 900.000 tonnes de minerai valant sur
place une soixantaine de millions de francs et renfermant
environ 60. tMK) tonnes de métal; ils ont donné lieu, dans
chacune de ces dernières années, à une extraction de plus
lie 100.0<Xi tonnes représentant une valeur sur place de
4 à 5 millions de francs.
Si c'esl là déjà un beau résultat, nous avons le ferme
espoir que, sous réserve des fluctuations inévitables dn
marelle d'un métaldonlles emplois sont encore restreints,
il sera encore largement liépassé dans les années qui
vont "venir. La circonstance qninouH paraît la plus propre
à donner une telle impulsion à la consommation du nickel
est son emploi, de jour en jour plus fréquent, dans les
aciers spéciaux ; et, lo jour où le dévelop])emeQt de c«s
emplois se sera encore nettement accusé, nous ne doutons
pas que les industriels s<iucieux de leurs véritables inté-
rêts, qui se confondent d'ailleurs en cela avec ceux de la
colonie, ne fassent enfin le sacrifice que comporterai! l'ina-
tallatiou d'usines de première fusion en Nouvelle-Calé-
donie, pour s'affranchir des frais de transport énormes
qu'ontruine l'envoi de miner;iis relativement pauvres
jusqu'à des usines de fusion situées en Europe.
A la faveur d'une semblable amélioration dans les con-
bï Google
CONCLUSION 547
ditions de l'industrie du nickel calédonien, amélioration
qui ne serait pas sans en entraîner d'autres dans l'exploi-
tation même des gîtes, le prix auquel le métal est livré
aux consommateurs pourrait être abaissé en vue d'en
multiplier les usafjes ; et l'on obtiendrait ainsi une utili-
sation bien meilleure des richesses enfouies dans le sot
de la colonie, que l'on n'est pas aujourd'hui sans gaspiller
quelque peu k notre avis.
Dès lors le nickel provenant de la Nouvelle-Calédonie
pourrait aborder dans des conditions meilleures que jamais
la concurrence 'avec le métal moins pur que produit le
Canada; il réussirait peut-être à lui enlever une partie
du marché du nouveau monde, marché qui représente
près d'une moitié de la clientèle que se disputent les deux
pays producteurs de nickel.
Le cobalt, dont les applications sont beaucoup moins
nombreuses, et dont la production est par suite néces-
sairement beaucoup plus faible, provient aujourd'hui d'une
façon presque exclusive de la Nouvelle-Calédonie : Textrac-
tion de ses minerais se raoute, depuis de longues années,
à une moyenne de 3 à 4.000 tonnes, soit une valeur de
plusieurs centaines de mille francs, correspondant à
150 tonnes de métal environ. Tout récemment, l'établis-
sement d'une plus juste proportion entre les prix d'achat
du minerai sur place et la valeur du métal aux points de
consommation a produit une élévation considérable des
cours; en raison de cette élévation, l'extraction s est déve-
loppée peut-être un peu plus que ne le comportent les
besoins de l'industrie, et cela a entraîné un nouveau
fléchissement des coiu-s. D'autre part, les procédés
d'exploitation actuels devraient être radicalement réfor-
més, si l'on veut éviter qu'ils ne compromettent l'avenir
de cette branche de l'industrie minière de la colonie.
Malgré cela il n'est pas douteux que l'exploitation du
bï Google
548 RICHESSES MINBRALB8 DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
cobalt ne continue pendant longtemps encore à apporter
chaque année au produit des mines de la colonie nn
appoint d'un bon nombre de centaines de raille francs.
Le fer chromé a des appiicationR pins nombreuses que
le cobalt, et son marché est plus large ; les minerais de
la Nouvelle-Galédonie se partagent ce marché avec ceux
(le plusieurs antres provenances, malgré la lourde charge
que constitue pour eux un fret presque égal à leur valeur
sur place. Néanmoins les conditions faciles de l'exploi-
tation des gisements dits d'alluvion qui ont été mis en
valeur jusqu'ici ont permis la création d'une industrie
florissante, donnant lieu à une extraction qui a varié, dans
les dernières années, dans d'assez larges proportioDS,
entre 8.000 et 16.000 tonnes, valant sur place de 400.000
 800.000 francs.
Aujourd'hui quelques-uns des gites exploités jusqu'ici
sont épuisés, mais d'autres sont encore en pleine exploi-
tation ; et Ton se prépare à attaquer des gisements en
roche qui, si la réalité des choses répond aux belles appa-
re[ices dont on n'a pas encore examiné la réelle signifi-
cation, promettraient à l'exploitation du fer chromé en
Nouvelle-Calédonie une ère de prospérité continue.
Le cuivre se montre dans quelques beaux filons et a
d'ailleurs donné lieu autrefois à une exploitation fruc-
tueuse : s'il n'en a plus été de même dans ces dernières
années, nous ne craignons pas d'affirmer que la faute en
est pour une large part aux conditions dans lesqueUes on
a voulu en organiser l'exploitation, et l'on ne peut que
souhaiter vivement qu'elle soit tentée à nouveau, mais
d'une façon plus sérieuse cette fois, sur les uns ou les autres
d'entre les nombreux affleurements qu'on a signalés dans
le Nord de la colonie.
Pour ce qui est des autres métaux, les tentatives faites
bï Google
coNGLnsioN 549
jusqu'ici n'ont jamais été bien heureuses : faut-il consi-
dérer qu'elles ont déAnitivement montré l'inexploitabilîté
des ^tes dans lesquels ces métaux se présentent ? Nous
ne te pensons pas, et il n'est pas impossible qu'étudiés de
plus près ils puissent un jour, à la faveur de conditions
industrielles meilleures, être reconnus exploitables.
Enfbi des affleurements de charbon nombreux et éten-
dus se rencontrent tout le long de la côte occidentale de
la colonie. Examinés souvent, mais d'une façon très
superficielle, ils ont fourni en certain» points des échan-
tillons d'une qualité très suffisante, mais ils ont paru géné-
ralement offrir peu de continuité dans l'allure des couches.
Cette absence de continuité est-elle partout telle que les
gisements soient inutilisables? Une telle conclusiou ne
peut pas être tirée, à notre avis, des résultats des
recherches dont nous avons eu connaissance ; et il s©
pourrait qu'à la faveur de l'isolement de la colonie, oii le
charbon étranger ne peut guère parvenir à moins de
25 francs la tonne, et grâce au chemin de fer, dont le pre-
mier tronçon doit passer à proximité d'une partie des
affleurements houillers, le charbon puisse être exploité
sur une plus on moins large échelle dans la colonie. Ce
serait là un résultai des plus intéressants en lui-même,
et qui ne laisserait pas de favoriser à la fois l'améliora-
tion de [a situation industrielle générale de la colonie et
la solution de la question de la fusion sur place des mine-
rais de nickel. Aussi ne peut-on que faire des voeux
ardents pour le succès des recherches entreprises sur les
gisements houillers.
bï Google
550 RICHESSES MINÉRALES DE LA N0DVBLLE-CALÉI>O!IIE
B. — MeSDRES Qi;i PODRRA[BNT ÊTRE PRISKS
POUR FAVORISER LE DÉVELOPPE sIBNT DE l'iNDCSTRIB MINIÈRE.
Telle est actuellemenl l'iiii[>ortaDre ilc l'industrie mi-
nière pour la NouTelle-Calédonie; elle est considérable,
puisqu'elle a permis en 191)1 l'exportation de 153. 387 tonnes
de produits minéraux (') valant sur place 6.354.000 francs
{chiffres statistiques fournis par le service des mines). Sans
doute ces quelques millions peuvent ne pas paraître cons-
tituer une somme bien forte; mais il ne faut pas oublier
que notre colonie est restreinte comme superficie et que
l'importance de son commerce est modeste.
Si l'on compare la valeur des minerais qu'elle produit
actuellement à sa superficie, qui n'est, rappelons-le, que
de 18.2<)0 kilomètres carrés en y comprenant toutes ses
dépendances, cette valeur ressort à plus de 4iX) francs
par kilomètre carré, c'est-k-dire à un chiffre égal à
celui que réahsent les États-Unis d'Amérique, pourtant
réputés si riches au point de vue minier, avec une pro-
duction minérale valant 3 milliards 750 millions de francs
environ {") pour une superficie de 9.200.000 kilomètres
carrés ; ce chiffre apparaîtrait même comme supérieur à
celui des États-Unis si nous n'avions pas d(t établir ce
dernier en comptant pour la plupart des métaux {cuivre,
plomb, argent, or) la valeur des métaux produits et non
celle des rainerais extraits.
Si, d'autre part, on met la valeur des minerais exportés
en regard de celle des exportations totales des produits ori-
ginaires de la colonie, on constate qu'elle représente, pour
(•) Ce total s'est élevé, enlSOÏ, à 141.450 tonnes valaat près de 8 mtl-
lions de fraocs sur place (9,995.000 fr&ncs suivant les indications de la
slfttistique orOciells qui Bont erronnées comme noua l'avous déjii dit).
[**) D'après le tableau comparalif de la production minérale et [uélil-
luTgique dea principaux paye, annexé à la statistique officielle de riQ'
duslrie minérale française pour l'année 1901.
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CONCLDSION 551
1901, 84 p. 100 de ce total. Dès lors il n'est peut-être
pas exagéré de dire que, sans négliger d'encourager la
création ou le développement de toutes autres industries
ou cultures dans la coloaie, c'est à juste titre que les
pouvoirs publics se préoccuperont avant tout de faciliter
et de hâter dans tonte la mesure possible l'essor déjà si
sérieux de l'exploitation des mines, en même temps
qu'ils veilleront à la meilleure utilisation des ressources
considérables, mais cependant épuisables, que cette
exploitation met en valeur.
Nous avons, dans un autre rapport, examiné en détail
le régime administratif des mines de la colonie et indi-
qué quelles sont les modifications qu'il nous parait y avoir
lieu d'y apporter dans ce but. Elles comporteraient, nous
le rappelons en quelques mots, une réorganisation du ser-
vice des mines destinée à le mettre à même d'assurer
une plus saine application des lois et règlements en
vigueur au sujet des recherches de mines et de la créa-
tion de la propriété minière, en même temps que de sur-
veOler l'exploitation et éventuellement d'aider à en amé-
liorer les conditions techniques. Quelques modifications,
plus ou moins importantes suivant les conditions dans
lesquelles serait organisé le service des mines, pourraient
d'ailleurs être utilement apportées dans le môme but au
décret du 17 octobre 1896 réglementant la matière des
mines.
Nous venon«, en outre, de faire connaître quelles
sont les charges qui pèsent actuellement sur l'exploitation
des mines et comment elles pourraient à notre avis être
allégées : les premières mesures à prendre seraient des-
tinées k remédier au grave trouble que la suppression
de la transportation pénale en Nouvelle-Calédonie a
apporté, et apportera encore, au recrutement de la
main-d'œuvre, par le double effet de la suppression du
travail des conrtamnés sur les mines et de la diminution
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552 RICHESSES MIHÉRALBS DE LÀ NOUVBLLE-CALKDOMIE
ultérieure du nombre des libérés, qui constituaieDt la
majeure partie des travailleurB blancs. It r aurait eosuile
intérêt à ce que les travaux publica, création et entretien
deB rouies, créatioo, s'il y a lieu, de voies ferrées, amé-
lioration des conditions de la navigation, etc.. soient
poursuivis avec la préoccupation d'aider à l'essor de la
plus importante des industries de la colonie, en même
temps qu'on éviterait de trop la surcharger d'impôts.
Le jour oti de semblables améliorations auraient été
réalisées, ou du moins résolument commencées, les capi-
taux français, trop lents à émigrer vers nos colonies,
seraient peut-être enfin convaîncusde la très gran<ie richesse
minérale du sol de la Nouvelle-Calédonie et se verraient
en outre assez encouragés par les actes de l'administra-
tion pour se tourner vers les affaires minières de celte
colonie française de préférence à celles des pays étran-
gers. Dès lors l'exploitation des différentes mines pour-
rait être plus largement conduite à la fois pour le plus
grand profit des exploitants du temps présent et pour la
sauvegarde de l'avenir; les installations de transport
nécessaires pourraient être créées avec toute l'ampleur
que des reconnaissances systématiques des gisements
auraient montré être justifiée, et les usines de traitement
sur place des minerais pourraient être établies dans des
conditions satisfaisantes.
Grâce à cela, notre petite colonie, qu'on a déjà si heu-
reusement dénommée la perle du Pacifique en ne considé-
rant que le charme de son climat et la beauté des sites
qu'elle ofTre à la vue du voyageur, pourrait à juste titre en
être également appelée le trésor, pour rappeler la richesse
vraiment exceptionnelle des mines qu'elle contient.
Saint-ËUenne, mai 1903.
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TABLE DES MATIERES.
PREUEËRE PARTIE.
LES DIFFtREIlTBS FORMATIONS GÊOLOOIQOBS
DE U MOmŒLLB-MLËDONŒ.
CHAPITRE PREMIER.
iBdicBtioiii géntralei vit la géologie de l'Ile.
A. — Éludes géologiques antérieures 1
B. — Configuration de la Nouvelle-Calédonie lu
C. — Distribution d'ensemble des dilTéreDUterr&inB de la colonie. 13
CHAPITRE II.
Deuription lommaire de* foraïaUoB* primitÎTe* et eédlHentaiNe.
A. — Terrains primitils 16
B. — Scbiites anciens ,. 25
C. — Massifs calcaires Ï3
D. — Assises triasiques 34
E. — Assises jurassiques et crétacées et dépôts récents 38
CHAPITBE m.
Léo rocliei (npUTe* ; lei Mtpentiiie*.
A. — Les difféTentea séries éruptives de la NouveBe-Calédonie. . . 41
B. — Les péridotites 46
C. — Les produits de l'altération superdcielle des péridotites ... 6t
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554 RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
DEUXIÈME PARTIE.
LES HDIBS DE HICKEL.
GHAPtTRE PREMIER,
Ln miBeroU de aicksl de MmiTeUe-CaUdi»ie.
A. — Indications générales 69
B. — Différents types de minerais de nickel de la Nourelle-
Calédonie -3
C. — Historique sommaire du ilÉveloppemenl de l'exploitation
du nickel en Nouvelle-Calédonie 9f
CHAPITRE II.
Lm prindpMiz itiMmenU da lickel coanni an nmiTdl»-4Uédaoie.
A. — Les gisements exploités sur la cûle orientale 9«
B. — Les gisements exploités sur la côte occidentale 123
C. — Les gisements anciennement exploit^^ et aujourd'hui
abandonnes IS*;
D. — Les massils nlckelilères encore vierges «6
E. — Importance des réserves de rainerai de nickel contenues
dans le soi de la Nouvelle-Calédonie U3
CHAPITRE 111.
ConditiOBt éeonomlqnes de l'ezplottatioD dn nkkeL
A. — Abatage, triage, et manutention sur carrières 168
B. — Transports et embarquement 180
C. — Frais généraux, dépenses d 'in sln Hâtions 193
D. — Prix de revient globaux 198
CHAPITRE IV.
DtiUaation dei minerai* de nickel de la HonreUe-Calédonie.
Débonchés qni lenr annt offerts.
A. — Traitement octuel des minerais Ma
B. — Us débouchés du nickel ÎOÏ
C. — Développement possible de l'industrie du nickel en Nou-
vel le-CsIéd on le âi*
D. — Les gisements de nickel concurrents £3!
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TABLE DES MATIÈRES
TBOEStÊHE PARTIE.
LES imiEItUS A8S0CIÉ8 A LA PORHATIOlf
DES SBBPEimitES RICKELIFÈUS.
CHAflTRE PREMIER.
Lm nîiwraia de cobalt.
PNT"-
A. — Généralités. Historique Ï3»
H. — Description de quelques (gisements US
C. — Conditions économiques de l'exploilBlion ilu cobalt 362
D. — Prix de vente. Emplois et débouchés des minerais de
cobalt 211
CHAPITRE II.
Le fer cbromé.
A. — Indications générales et historiques 279
H. — Giaemenlï de fer chromé en roche du Sud et du Centre de
nie. 284
C. — Gisements du dAme de Tiebaubi 295
D. — Gisements délHIiques de fer chromé du groupe de la beie
Ngo 301
E. — Autres gisements de Ter chromé 309
P. — Situation économique des exploilatioDi de Ter chromé 311
CHAPITRE III.
Les mineraie de Eer.
A. — Indications générslen Hîl
B. — Description des principaui types de minernis 323
C. — Utilisation industrielle des minerais de fer de la Nouvelle-
Calédonie 33!
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556 RICHBSSBS MINÉRALES DE LA NOCVELLB-CALBDOMIB
QUATRIEME PARTIE.
SUEHBMTS HtiTAUlffUES DITEU.
CHAPITRE PREMIER.
Le ctdvn.
A. — Historique îTI
B. — Gisements du groupe de la Balade MS
C. — Gisement > du groupe de la Pilou Ml
D. — GisemeDU de la côte Ouest 3M
E. — Gisements de la côte Est 361
CHAPITRE II.
L'ot,
A. — Historique 36Î
R, — Gisement de la Fern-liill 36t
C. — Gisements d'or des mieascliistes du massif de "fiari 314
D. — Sables aurifères du Nord de la Nouvelle-Calédonie SU
E. — Gisements du Centre et du Sud de la colonie 33i
CHAPITRE III.
MineraU'métalliqttes diven.
A. — Gisements argentifères 3SH
B. — Gisements de plomb 39î
C. — Gisements de linc 391
D. — Gisements d'antimoine 39!
E. — Gisements île mercure 4Mi
F. — Gisements de platine 40a
G. — Gisements de manganèse 46)
H. — Gisements de tungstène, titane, molybdène, elc 4M
CHAPITRE IV.
Antres giieements minéraux -coiuiaa dent le colonie.
A. — Produits minéraux divers 401
B. — Carbonates de chauiet de magnésie 408
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TABLE DBS MATIÈRES
CINQUIEME PARTIE.
LES S^HEIITS HOmLLBHS.
CHAPITRE PHEUIER.
IndkmtiDu géséraks.
A. — Age dea couchei *n
B. — Deacription d'enieinble de ta formation houillère 423
C. — Extension de la rormation houillère Ht
D. — Historique des gisemeats houillers de Nouvelle-Calédonie. 439
CHAPITRE II.
Deicriptioii dei dUKrentt butinj.
A. — B&aain de Nouméa 435
B. — Baiiin de Moinrlou 459
C. — Aulrea basiios bouillera 47S
CHAPITRE III.
DtllisBtioii Induttialle les glsementa lumUleTS
de ]» HotiTeUv-CalÉdonie.
A. — Réinmé des notions acquises lur les conditions naturelle!
det gisements 483
B. ~ Transport jusqu'aux points de contommation SM
C. — Débouchés offerts aux cliarbons de la Nouvelle-Calédonie, . t03
CHAPITRE tV.
Conclusion S09
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558 RICHBSSBS MINÉRALES DB LA NOUVBLLB-CALBDOSIB
SIXIËHE PARTIE.
«RfOmONS fiCOHOWODBS GËNÉRiLES DE L'INSUSTSIB KBlKlE
EH MOUTELU-CUÉDOIIE.
CHAPITRE PREUIEH.
P»gM.
A. — Historique de la question, . ,, SIC
B. — La main-d'œuvre dont on dispose actuellemeDt pour les
mines de la Nouvelle-Calédonie SX
C. — Mesure» propres il raciliter et à améliorer le reerutemeot
de la main-d'œuvre 53Î
CHAPITRE 11.
FutMm dÏTOn dM pris de rerlent.
A. — Les approvisJonDements S3S
B. — Les frai» de transport .1*0
C. — Charges diverses 5*S
SEPTIÈME PARTIE.
A. — Résuma de la situation actuelle de l'industrie minière de
la colonie ■.
B. — Mesures qui pourraient être prises pour favoriser le déye-
loppement de l'indualrie minière
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TABLE DES PLANCHES.
f 19. 1. — Groupe des miaea de Thio.
Fiff. i. — DispuiitioQ d'ensemble des principaux travaux du Plateau
da Tbio.
Fig, 3 à 6. — Croquii de divers chantier» d'exploitations de nickel,
à Thio.
Fig. 1. — Coupe et plan partiel des anciens travaux de In mine Boa-
Kaint, à Canal a.
Fig. H. — Type d'un des 6long riches du ^oupe de la mine Boa-Kaine.
Fig. I. — Croquis d'un chantier de la mine Prise-de-Rivoa.
Fig. 2. — Crosquis des mines de Poro.
Fig, 3. — Région minière de Népouj.
Fig. i. — Hine Surprise, à Népoui. Disposition d'ensemble des car-
rières Yvette.
Fig. 5. — Minerai des carrières Pierrelle, à Nèpoui.
Fig. 6. — Croquis approximatif des travaux de la mine Bien-Venue, à
Nakèty.
Fig. 1. — Région minière de la Ouenghi.
Fig. 8. — Transport du minerai de la mine des Bomets, à Tbio.
Plancha IT.
Fig. l. — Plateau de Tiéa (plan et coupe).
Fig. ï Bt 4. — Croquis de gisements de cobalt.
Fig. 3. — Région miniire de la baie du Sud.
Fig. 5 & 8. — Croquis de divers ginements de fer chromé.
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560 RICHESSES HIHAr&LBS de la N0UTELLB-GAI.BDOMiB
Fig. 9. ■
Fig. 10
Rigion des mines de cuivre de Oaéfioa.
13. — Croquis de diffirentos mines de cuiTre du Nord.
Pbndw T.
Fig. 1.
fig. !-
Aff. 3.
Fig. 4.
Fig. 3.
— RégioD des minas du Nord.
— Croquis des tr&vsux de la miDS Pera-blll.
— Croquis des Iravaus de la. mioe Queyras.
— Mine Hérétrice (Croquis des lieux).
— Croquis des travaux exécutas aux Portes-de-Fer (Recherche!
Iiouiliires).
Pluche TL
Fig. I et 2. — ArOeuremenU houilleri de l'Ilot N'dé.
Fig. 3. — Région de la Nondoué. Croquis des affleurements houilleri.
Fig. 4. — Bassin houlllerde Moiudou.
Fig. S. — Arneurements houillers de ta. montagne de HomÉa.
Tours. — Imprimerie Dbslih Faiais.
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□mes IV
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