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RECUEIL DE RAPPORTS
SDR
L'ÉTAT DES LETTRES ET LES PROGRÈS DES SCIENCES
EN FRANCE.
PARIS.
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C,K,
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, N° 77.
RECUEIL DE RAPPORTS
SDR
L'ÉTAT DES LETTRES ET LES PROGRÈS DES SCIENCES
EN FRANCE.
RAPPORT SUR LES PROGRÈS
DE
LA STRATIGRAPHIE
M. L. ÉLIE DE BEAUMONT,
SÉNATEUR, MEMBRE DE L'INSTITUT ,
PROFESSBCR À L'ECOLE DES MINES ET AL' COLLEGE DE FRANCE.
PUBLICATION FAITE SOUS LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
PARIS.
IMPRIMÉ PAR AUTORISATION DE SON EXC. LE GARDE DES SCEAUX
A L'IMPRIMERIE IMPÉRIALE.
M DCCC LXIX.
MA1* 1 6 1974
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AVERTISSEMENT.
La stratigraphie est la partie de la géologie qui s'occupe de
la description géométrique et du figuré graphique des masses
minérales. Ces masses ont très-souvent la forme de couches,
en latin strata, mot dont on a généralisé le sens dans le mot
stratigraphie.
La stratigraphie comprend tout ce qui est susceptible dune
définition précise dans les formes et dans l'ajustage des masses
minérales dont se compose l'écoree terrestre. Elle est sœur de
la géographie, et elle contient la quintessence de la topogra-
phie. Elle part des grands traits orographiques de la surface
du globe, dont la détermination a illustré les plus célèbres
voyageurs, et elle descend aux dernières ramifications des
gîtes métallifères, observables dans les mines à l'aide d'une
lampe et d'une boussole.
Cet enchaînement naturel traçait à l'auteur la marche à
suivre dans son travail. Commençant par les systèmes de mon-
tagnes, qui sont les traits fondamentaux de la configuration ex-
térieure du globe, et par les systèmes stratigraphiques , qui sont
l'expression géométrique de leur structure intérieure, il a ré-
servé pour la fin du Rapport la distribution et la disposition
intérieure des gîtes minéraux.
Il ne pouvait songer à remonter à la notion première des
systèmes de montagnes, qui est devenue élémentaire depuis
il AVERTISSEMENT.
longtemps. Ayant publié, en 1 85 2, un ouvrage intitulé Notice
sur les systèmes de montagnes, dans lequel il avait parlé de tous
les systèmes qui lui étaient connus, il a cru devoir se borner à
reprendre la science au point où il l'avait laissée dans ce tra-
vail et ne s'occuper que des accroissements qu'elle a reçus de-
puis lors. Chaque fois que la nécessité s'en est fait sentir, il a
renvoyé explicitement le lecteur à sa précédente publication,
à laquelle il n'a emprunté que certaines définitions qu'il était
difficile de ne pas reproduire.
Le rapport est divisé en cinq parties.
La première est consacrée aux nouveaux systèmes de mon-
tagnes, c'est-à-dire à ceux qui ont été découverts, ou mieux for-
mulés, depuis i85a.
La seconde partie a pour objet la corrélation des directions
des différents systèmes de montagnes. On y trouve la définition
du réseau pentagonal, figure qui représente la loi géométrique
suivant laquelle les positions des divers systèmes stratigraphiques
sont liées les unes aux autres.
Pour faciliter la lecture de la suite du Rapport, où il est
souvent question du réseau pentagonal, l'auteur a cru devoir
la faire précéder d'une analyse, abrégée et simplifiée autant
que possible, de ce qui se rapporte au réseau dans la Notice sur
les systèmes de montagnes, à laquelle, pour cette fois seulement,
il ne s'est pas borné à renvoyer.
La troisième partie, intitulée Installation du réseau pentago-
nal sur la surface du globe terrestre, fait connaître l'existence et
l'origine des données numériques au moyen desquelles on peut
aujourd'hui tracer le réseau pentagonal avec autant de facilité
que de précision, soit sur un globe terrestre grand ou petit,
soit sur des cartes géographiques ou topographiques d'une
échelle et d'une projection quelconques.
WERTISSEMENT. m
La quatrième pahtie du Rapport, qui est la plus étendue,
s'occupe des relations existantes entre le réseau pentagonal et les
inégalités de Fécorce terrestre. L'auteur y a fait entrer, dans la
mesure qui lui a paru nécessaire pour dissiper tous les doutes,
les résultats des études auxquelles il n'a pas cessé de se livrer,
pour constater le degré de précision avec lequel le réseau pen-
tagonal s'applique aux accidents géologiques, orographiques
et topographiques de la surface de la terre.
En étudiant dune manière uniforme le cours des différents
cercles du réseau, il a été conduit à faire entrer dans son
exposé des remarques et des considérations géologiques du ne
nature variée.
La cinquième partie du Rapport comprend les applications
de la stratigraphie , représentée par le réseau pentagonal, à la
topographie , à la distribution des substances minérales et à la struc-
ture intérieure des gîtes métallifères. Elle renferme le précis de
différents travaux dus aux savants distingués qui se sont asso-
ciés aux vues de l'auteur et les ont fécondées par leurs propres
inspirations. Une vaste et utile carrière semble ouverte aux
travaux de ce genre; en se multipliant, ils formeront un en-
semble d'études qui conduira à l'exploitation la mieux enten-
due du globe terrestre, dont toutes les formes, tant intérieures
qu'extérieures, sont soumises aux lois établies par la strati-
graphie.
Paris, le 1 6 décembre 1868.
L. E. D. B.
RAPPORT SUR LES PROGRES
DE LA STRATIGRAPHIE
EN FRANCE
DEPUIS VINGT ANS.
PREMIERE PARTIE.
NOUVEAUX SYSTÈMES DE MONTAGNES.
L'étude de l'âge relatif des montagnes et de leur répartition en
systèmes, formés de chaînons contemporains et parallèles entre
eux, a continué pendant les vingt dernières années à fixer l'atten-
tion des géologues. D'habiles observateurs, français pour la plupart,
s'en sont occupés dans l'un et dans l'autre hémisphère.
EUROPE.
M. Alexandre Vézian , aujourd'hui professeur de minéralogie et
de géologie à la Faculté des sciences de Besançon, après une étude
approfondie du sol de la Catalogne, y a signalé, dans les environs
de Barcelone, deux systèmes de soulèvement encore inédits qu'il
a désignés sous les noms de système du mont Seny et de système du
mont Sen^at l .
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, I. \LFll,
p. 753, 20 octobre 1 856.
Stratigraphie. • 1
S R VPPORT SUR LES PROGRÈS
Le système du mont Serrât est celui dont l'empreinte dans les en-
virons de Barcelone est la plus nette. Son influence est considé-
rable sur la stratigraphie proprement dite de cette contrée, c'est-
à-dire sur la direction des couches redressées, ainsi que sur la
constitution topographique. Il se compose d'accidents stratigra-
phiques, dirigés, près de Barcelone, vers le N. /i2°0., et qui com-
prennent en particulier la célèbre montagne du Mont Serrât. Ces
accidents sont postérieurs aux terrains nummulitique et miocène
qu'ils ont soulevés. Ils correspondent chronologiquement à l'inter-
valle des deux étages dont se compose, d'après M. Vézian, le terrain
pliocène dans le bassin de la Méditerranée. Par son âge et par sa
direction, le système du mont Serrât se placerait ainsi entre les deux
systèmes des Alpes occidentales et des Alpes principales : sa direction
partage en deux parties presque égales l'angle obtus de i3s degrés
formé par les directions de ces deux derniers systèmes transportées
à Barcelone.
Le système du mont Seny n'est représenté, aux environs de Bar-
celone, que par une seule ligne stratigraphique; mais cette ligne
est remarquable par son vaste développement. Elle se prolonge
sans solution de continuité depuis Castell de Tels, à 12 kilomètres
sud-ouest de Barcelone, jusqu'au massif granitique du mont Seny,
qui s'élève sur la rive droite du Ter, à une hauteur de près de
1,700 mètres. Cette ligne ne quitte pas les terrains granitiques et
schisteux. Son orientation est au N. 34° E. Elle est loin de consti-
tuer un accident local. Sa direction prolongée, qui peut être adop-
tée comme grand cercle de comparaison provisoire1 de tout le sys-
li'iiic passe par les îles Columbrètes, qui forment sans doute, dit
M. Vozian, le point culminant d'une chaîne sous-marine placée sur
son prolongement Elle coïncide avec le littoral de l'Espagne de-
puis Dénia jusqu'à Carthagène, et conserve un parallélisme assez
1 Voyez, pour le sens de cette exprès- 897 et autres indiquées dans la table des
simi , la Notice sur les systèiitcs de mon- matières de l'ouvrage.
. par M. E lie de Beaumont, p. 19,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 3
marqué avec toute la côte ibérique, depuis Tarragoue jusqu'au
cap de Gates.
Le soulèvement de ce système est antérieur au terrain nummuli-
tique et se place probablement entre les terrains liassique et ooli-
thique, ce qui est enharmonie, comme le remarque M. Vézian,
avec la circonstance que sa direction coupe perpendiculairement
celle du système du Thiïringerwald.
M. Alexandre Vézian, qui s'est beaucoup occupé de la mise en
évidence des systèmes de montagnes, à laquelle il a appliqué des
procédés cartographiques ingénieux, a signalé en France même
plusieurs systèmes nouveaux , tels que :
Le système du mont Ventoux ou du littoral du Languedoc1, orienté à
Montpellier de l'O. 36°S. à l'E. 36° N., qui se serait produit, d'après
M. Vézian , entre le dépôt du diluvium alpin et celui des alluvions
modernes, et qui par conséquent serait plus récent que le système
des Alpes principales, mais plus ancien que le système de l'axe
volcanique de la Méditerranée ;
Le système de la vallée du Doubs et de l'Alpede laSouabe'2, dirigé à
Besançon E. 3o° 3o' N., qui se serait produit entre le dépôt de
l'oolithe inférieure et celui du terrain oxfordien, mais au sujet du-
quel on a remarqué que son orientation ne diffère que de i° 10'
de celle du système du Hundsriick, dont il pourrait n'être qu'une
reproduction ;
Le système de la Margeride, orienté dans les Cévennes N. 33°
1 5' îh" 0. et le système des Vosges, orienté dans les Vosges N. i 5°E. ;
systèmes dont les directions seraient respectivement perpendicu-
laires à celles des systèmes du Hundsriick et des Ballons 3.
Ces indications et plusieurs autres, que M. Vézian n'a données
d'abord que d'une manière très-sommaire, sont reproduites avec
1 Comptes rendus hebdomadaires des ~ Comptes rendus , t. XLVIII, p. 107,
séances de l'Académie des sciences, séance du 10 janvier 1859.
t. XLIV, p. 139, séance du 26 janvier 3 Comptes rendus, t. L, p. 89, séance
1857. du 9 janvier 1860.
!i RAPPORT SUR LES PROGRÈS
plus de détails dans l'ouvrage que le savant professeur a publié en
trois volumes, de 1 863 à 1 867, sous le titre de Prodrome de Géologie.
M. Elie de Beaumont, dans un travail qu'il a exécuté et publié
avec M. de Chancourtois sur les accidents stratigraphiques du dépar-
tement de la Haute-Marne ', a fait connaître un système stratigra-
phique qui lui avait échappé jusqu'alors, celui d'un groupe de failles
dans la Haute-Marne, qu'il a désigné aussi (par des raisons qui trou-
veront leur place plus loin) sous la dénomination d'homologue du
Sancerrois (Hccla). L'orientation de ce système, dont la date, pro-
bablement récente, n'est pas encore complètement déterminée, est
à Buxières-lez-Bclmont (Haute-Marne) S. 3i°i5' E., IN. 3i°i5' 0.
M. le comte de Villeneuve-Flayosc, ingénieur en chef des mines,
a publié en 1 856 une carte géologique du département du Var,
accompagnée d'un volume de texte intitulé Description minéralo-
gique et géologique du Var. Dans cet important ouvrage, où la cons-
titution géologique du département du Var, et même de la Pro-
vence en général, est envisagée sous toutes ses faces et dans ses
rapports avec celle des contrées voisines, M. de Villeneuve si-
gnale un certain nombre de lignes de dislocation et d'accidents
orographiques qui ne se rapportent à aucun des systèmes de
montagnes reconnus jusqu'à présent, et qui pourraient devenir les
premiers linéaments de systèmes nouveaux. L'auteur spécifie même
sous des noms particuliers neuf de ces systèmes, mais il ne for-
mule peut-être pas encore ces indications d'une manière assez
précise pour que les systèmes dont il s'agit puissent être enregis-
trés ici concurremment avec les systèmes de montagnes complète-
ment définis.
M. Durocber, ingénieur des mines, correspondant de l'Institut,
professeur de minéralogie et de géologie à la Faculté des sciences
de Rennes, qu'une mort prématurée a ravi à la science au milieu
de ses travaux les plus actifs, avait présenté à l'Académie, le 10 juin
Comptée rendus, 1. LV, p. 76, n3 et 168, séances des 1/1, 91 et s>8 juillet
1862.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 5
i85o, un mémoire où il faisait connaître les systèmes de mon-
tagnes que ses observations dans la Scandinavie l'avaient conduit
à établir. L'année suivante, il avait, présenté un nouveau mémoire
intitulé Observations sur les systèmes de soulèvement de la France occi-
dentale et des Pyrénées1, et il est encore revenu sur ce sujet clans un
travail subséquent intitulé Etudes sur l'orographie et la géologie de la
Norvège, de la Suède et de la Finlande2.
Sur la Carte jointe à mon mémoire, j'ai indiqué, dit M. Duro-
cher ce les principaux systèmes de dislocation qui ont redressé les
terrains azoïques et paléologiques et qui ont produit la configura-
tion des contrées Scandinaves. J'ai reconnu les traces de plusieurs
des systèmes qu'a fondés M. Elie de Beaumont, et j'ai été conduit
par mes observations stratigraphiques et l'examen des accidents oro-
graphiques à créer plusieurs nouveaux systèmes * Les douze
systèmes de M. Durocher, neuf pour la Scandinavie et trois pour
la France occidentale, ont été énumérés par M. Elie de Beaumont
dans sa Notice sur les systèmes de montagnes, publiée en 1 862. II serait
inutile de les récapituler ici : on se bornera à exprimer le regret
que M. Durocher n'ait pas ajouté à la suite de son travail de 1 856
certains compléments auxquels sa mort, survenue peu de temps
après, l'a empêché de revenir, et auxquels on ne saurait suppléer
aujourd'hui sans un assez long travail, dont on ne pourra peut-
être pas même retrouver les éléments.
M. Victor Raulin, professeur de minéralogie et de géologie à la
Faculté des sciences de Bordeaux, auquel on devait déjà l'éiablis-
sement du système du Sanceirois*, ayant été chargé, en 18/1 5,
d'une mission scientifique dans l'ile de Crète (Candie), y a re-
cueilli les éléments d'un important ouvrage, accompagné d'une
carte géologique rectifiée, pour le contour des côtes, d'après la
1 Comptes rendus , t. XXXIII , p. t6i, 3 Voir la Notice sur les systèmes de
séance du 11 août 1861. montagnes, par M. Elie de Beaumont,
2 Comptes rendus, t. XLI1I, p. iti4, p. 523 et suiv.
séance du i5 décembre i856.
6 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
triangulation intérieure, exécutée par lui-même. Après l'achève-
ment de ce grand travail, M. Raulin a présenté à l'Académie des
sciences une notice sur les différentes révolutions de la surface du globe
qui ont façonné le relief de l'île de Crète \ et il la termine par les
lignes suivantes : «En résumé, il semble bien probable que c'est
aux systèmes des Pyrénées ou achaïque et du Sancerrois ou de l'Ery-
manthe, que la Crète doit les traits principaux de son relief, les
extrémités surtout ayant été façonnées par d'autres systèmes, peut-
être ceux de la Corse et du Vercors. Le système des Alpes principales
ou argolique, enfin, aurait occasionné une dernière élévation en
masse , qui a donné à l'île son unité (mais en empruntant la direc-
tion du système du Tatra, du Rilo dagh, de l'Hœmus, plus ancien que
les assises tertiaires qui constituent les parties plates de l'île), n
M. Raulin signale aussi dans les montagnes de la Crète de pro-
fondes fissures dans la direction du système du Ténare.
AFRIQUE.
Ainsi qu'on peut le voir dans la Notice sur les systèmes de montagnes ,
le rôle que jouent dans la structure du sol de l'Afrique septen-
trionale les systèmes de montagnes les plus fortement prononcés
dans le midi de l'Europe avait été esquissé au moment même où
l'armée française faisait la conquête de l'Algérie. Peu d'années
après, M. Puillon-Boblaye , comme ingénieur géographe, et surtout
M. Ëmilien Renou, comme membre de la Commission scientifique
de l'Algérie, avaient perfectionné ces premiers essais et assigné
aux systèmes des Pyrénées, des Alpes occidentales, des Alpes prin-
cipales, le rôle qui leur a appartenu dans la formation du relief
algérien.
Mais ces importants travaux, dont le plus récent remonte à
l'année 1 838, avaient été entravés par l'état alors précaire de notre
Compte* rendue, I. LU, p. Gç)0. séance du 8 avril t8(h.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 7
domination dans la contrée, qui interdisait encore aux explorateurs
l'accès d'un grand nombre de localités et ne leur permettait de
parcourir la plupart des autres que d'une manière rapide, à la suite
des colonnes expéditionnaires. Il restait donc encore beaucoup à
faire aux ingénieurs et aux gardes-mines qui seraient chargés de
dresser plus tard des cartes géologiques des différentes subdivisions
de nos possessions africaines.
M. A. Pomel, connu déjà par des travaux d'un mérite distingué
Mir lostéologie et les gisements des animaux fossiles de France,
s'est fixé depuis quinze ans en Algérie, d'abord comme l'un des di-
recteurs des mines de plomb de Gar-Rouban, sur la frontière du
Maroc, et ensuite comme garde-mines attaché alternativement à
l'exploration géologique des provinces d'Alger et d'Oran.
A portée d'approfondir des détails que ses devanciers n'avaient
pu qu'effleurer, M. Pomel a signalé en Algérie la présence d'un
certain nombre de systèmes de montagnes qui n'avaient pas été
aperçus avant lui , et dont plusieurs même sont nouveaux et n'avaient
été signalés nulle part. Il en a donné un exemple remarquable dans
une notice qu'il a adressée à l'Académie des sciences sur le pays
des Deni-Bou-Saïd, près de la frontière du Maroc1. L'auteur a re-
connu dans les schistes anciens des traces plus ou moins développe es
des systèmes du Finistère, du Morbihan, du Hundsriick, du nord
de l'Angleterre, du Rhin, du Thùriugerwald, de la Côte-d'Or, du
mont Viso, des Pyrénées, des îles de Corse et de Sardaigne, des
Alpes occidentales et de la chaîne principale des Alpes. Dans une
première l\ote sur la constitution géologique de quelques parties de la
province d'Oran'2, il y avait déjà signalé des évents éruptifs dans un
terrain gypseux. La date de ces phénomènes ne peut remonter,
disait-il, à une époque bien ancienne; elle est postérieure évidem-
ment à celle des dislocations du système des Alpes principales; elle
ne peut concorder qu'avec celles de l'apparition du système du
1 Comptes rendus, t. XL. p. 88a, * Comptes rendus, t. \\\\ lit. p. 836,
séance du i(i avril i855. séance du 8 mai 1 854.
8 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ténor* ou de Xaxe volcanique méditerranéen. Plus tard, dans une
nouvelle série d'Observations sur la structure géologique de VAlgérie\
M. Pomel signalait aux environs des mines de Gar-Rouban le sys-
tème du Forez, déjà reconnu dans le Maroc par M. Coquand, et
aux environs de Milianali (province d'Alger) les systèmes du mont
Viso, du Tatra, des Alpes occidentales, des Alpes principales, et un
système particulier postérieur aux mollasses, qu'il a nommé plus
tard système de ÏÉrymanthe et du Mermoucha.
C'était confirmer d'une manière péremptoire les premiers
aperçus d'après lesquels on avait cherché dès l'abord, dans l'action
des forces qui avaient produit les systèmes de montagnes euro-
péens, l'explication des formes si fortement accentuées des reliefs
algériens. Mais M. Poniel ne s'en est pas tenu là, car les observa-
tions qu'il a faites en Algérie sur les prolongations des systèmes
européens ont complété la détermination encore incertaine de l'âge
relatif de quelques-uns de ceux-ci, notamment pour le système du
Vercors.
M. Poniel avait retrouvé en Algérie le système du Vercors, ca-
ractérisé d'une manière très-précise par sa direction; mais, en
France, l'âge relatif du système du Vercors était resté en partie
indéterminé. On savait seulement qu'il était plus récent que le
terrain crétacé inférieur2. M. Pomel, en réunissant ses observations
en Algérie aux observations faites en Europe , est arrivé à un nou-
veau mode de division de l'étage miocène des terrains tertiaires,
et a trouvé que le système du Vercors correspond à l'une des sub-
divisions qu'il a établies.
M. Elie de Beaumont, dans sa Notice sur les systèmes de montagnes,
avait réuni le système de VEnjmavtihe, établi en Grèce par MM. Bo-
blaye et Virlet, au système du Sancerrois, établi en France par M. Vic-
tor Raulin, et il avait adopté un système de ÏErymanthe et du Sancer-
rois3. M. Pomel a découvert en Algérie un système nouveau et
1 Comptes rendus, t. XL1II . p. 880, 2 Notice sur les systèmes de monta-
•ëmee du 3 novembre i856. gnes, p. 53 1 . — s Ibid. p. 520.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 9
très-développé dont l'empreinte est, dit-il, fortement accentuée
dans le mont Mermoucha, près de Milianah, et il a reconnu l'op-
portunité d'y réunir le système de l'Érymanthe. Il a constitué
ainsi le système de l'Erymanthe et du Mermoucha, système très-
bien caractérisé, dont il a trouvé la date dans la série des dépôts
miocènes.
Dans quatre notices adressées par lui à l'Académie sur les soulè-
vements du massif de Milianah ', M. Pomel classe dans l'ordre sui-
vant les systèmes qui s'y observent :
Système du mont liso;
Système des Pyrénées ;
Système des îles de Corse et de Sardaigne, immédiatement antérieur
au dépôt du grès de Fontainebleau ;
Système du Tatra, immédiatement antérieur au terrain cartenien.
qui serait, d'après If, Pomel, la base de l'étage miocène;
Système du Vercors, immédiatement antérieur aux mollasses ma-
rines ;
Système de ïErymanthe et du Mermoucha, immédiatement anté-
rieur au terrain saliélien , dernier dépôt de l'étage miocène.
Le système du Sancerrois , qui est cependant très-bien caractérisé,
n'a pas de place distincte dans cette série , ce qui paraît laisser en-
core un desideratum dans l'important et consciencieux travail de
l'auteur.
Subséquemment, dans un mémoire sur quelques-unes des révo-
lutions du globe qui on t construit les reliefs de l'Algérie-, M. Pomel a
complété cette série de la manière suivante :
Système des Alpes occidentales, postérieur au terrain saliélien et
antérieur au terrain subapennin;
Système du Nador. Par son âge, comme par la direction que
M. Pomel lui assigne, ce système se rapproche beaucoup du système
1 Comptes rendus de Y Académie des bre. -2 y novembre et 1 3 décembre 1 858.
sciences, t. XLVII. p. 900. /179, 802 et 2 Comptes rendus, t. XLVIII, p. 992,
969. séances des 19 juillet, 'jo septem- séance du 2 3 mai 1809.
10 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
du mont Seirat de M. Vézian, déjà indiqué précédemment. Peut-être
doit-on le rapprocher d'un système de rides dirigé N. 3o° 0. envi-
ron, indiqué par M. Renou entre Medeah et Saïda, et d'un système
de dislocations signalé par M. Le Play sur les confins de l'Estra-
madure et du Portugal1. Il y a là aussi matière à des rapproche-
ments d'âge et de direction avec le système des Açores, mais la
distance transversale est bien grande!
Système des Alpes principales , antérieur au terrain de transport et
aux dépôts marins côtiers;
Système de VEbre (?), antérieur aux dépôts marins côtiers à Elephas
meridionalis et au terrain des sebhas;
Système du Ténare et de Vaxe volcanique de la Méditerranée, antérieur
aux alluvions de grandes plaines et aux alluvions modernes.
Les hardis voyageurs qui, au milieu de tant de dangers, ont
exploré les contrées inhospitalières de l'intérieur de l'Afrique, n'ont
fourni jusqu'à présent aucune donnée précise sur la décomposi-
tion en systèmes des montagnes qui s'y élèvent. Il faut aller jusqu'à
Madagascar pour retrouver des notions de ce genre.
On les doit à M. Edouard Guillemin, qui, dans un voyage d'ex-
ploration entrepris pendant l'année 1 863, a parcouru les côtes nord-
est et nord-ouest de Madagascar et observé la direction des prin-
cipaux soulèvements du nord de cette grande île.
En rangeant ces directions dans l'ordre d'ancienneté des soulè-
vements, on a, dit M. Guillemin2 :
i° Système du Morbihan. Granités anciens de la presqu'île d'An-
tongil, dirigés N. 33° 0. Us appartiennent au système du Morbihan,
dont la direction prolongée traverse ces parages avec cette même
orientation.
2° Systètne des Ballons? limite du terrain houiller. La limite du
bassin houiller de la côte nord-ouest est dirigée N. Ii6° 3o' 0.
Voyages m Espagne, Annules des âagascar, Comptes rendus de ï Académie
'tunes, .;• série, t. IV (i 834). des sciences, t. XLIX, p. 99.'), séance du
a Etudes sur les soulèvements de Ma i •> décembre 186/i.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 11
Cette direction coïncide presque exactement avec celle du système
des Ballons transportée dans les parages de Madagascar; mais il est
à remarquer que la direction prolongée du système des Ballons
passe à une grande distance au nord, à 3o degrés environ, de
Madagascar.
3° Système central de Madagascar. Le soulèvement central (axe
de Madagascar), à en juger par les chaînes parallèles situées près
de la côte est, et par l'île Sainte-Marie, serait dirigé IN. 2/i°3o' E.
Le soulèvement central est celui qui a joué le plus grand rôle dans
l'orographie générale du pays. L'ensemble des chaînes qu'il a pro-
duites se prolonge vers le sud jusqu'à l'extrémité de l'île. Il est
parallèle aux montagnes de la côte orientale de l'Afrique et à la
direction générale du canal de Mozambique. La masse soulevante
est granitique. Les basaltes se sont fait jour en grandes masses et
postérieurement par les dislocations de ce système.
h° Système des granités et des poiyhyres, en relation avec les pé-
trosilex et les quartzites, dirigé N. 3° 0.
5° Système des dioriles. Le système dioritique de la Réunion et des
Comores, qui traverse Madagascar, en y laissant des accidents oro-
graphiques et topographiques assez tranchés, est dirigé N. k& à k(fO.
6° Système de l'axe basaltique de la côte nord-ouest, dirigé N. h 2°
3o' E. Il se jalonne sur plus de 200 kilomètres de longueur.
70 Système de Taxe basaltique de la côte nord-est, formé par une
série de chaînons parallèles affectant la direction N. ik° 0.
AMÉRIQUE.
Sous le rapport de la répartition des montagnes en systèmes d'âges
différents, le nouveau monde est soumis aux mêmes lois que l'an-
cien, et la Notice sur les systèmes de montagnes lait connaître les nom-
breux essais déjà faits il y a quinze ans pour leur classification. L'au-
teur de la Notice avait même signalé dans l'Amérique du Nord la
prolongation de trois des principaux systèmes de l'Europe.
12 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
M. Jules Marcou, après avoir explore une partie considérable de
ce continent, qu'il a traversé d'un océan à l'autre, a repris ce sujet
dans son ensemble dans un mémoire intitulé Esquisse d'une classifi-
cation des montagnes d'une partie de l'Amérique du Nord, qu'il a présenté
à l'Académe des Sciences l.
<r Essayer de classer géologiquement, c'est-à-dire d'après leur
ordre chronologique, les différentes chaînes de montagnes qui se
trouvent aux États-Unis et dans les provinces anglaises de l'Amé-
rique du Nord, est un travail qui, actuellement, dit M. Marcou, ne
peut être que provisoire, vu le petit nombre des observations et
l'immense étendue de pays que comprend cette partie du nouveau
monde. Dans l'Europe occidentale, M. Elie de Beaumont a reconnu
et classé vingt et un systèmes de chaînes de montagnes, et, de plus,
ce savant a prolongé plusieurs de ces systèmes dans les autres par-
ties du monde. Deux de ces prolongements coïncident de la manière
la plus complète avec deux systèmes de montagnes qui se trouvent
dans la partie de l'Amérique du Nord embrassée dans cette Es-
quisse : l'un, désigné sous le nom de système des Ballons et des Col-
lines du Bocage et qui a disloqué les couches de terrain carboni-
fère dans la Bretagne, le Westmoreland, les Vosges et les montagnes
du Hartz, coïncide exactement avec le système des Alleghanys, qui a
redressé aux Etats-Unis les couches carbonifères des États de Pen-
sylvanie, Maryland, Virginie, Kentucky, Tennessee, etc.; l'autre,
connu sous le nom de système du Thiiringerwald et du Morvan, pro-
longé en Amérique, se trouve y coïncider en tout avec le système de
la pointe Keewenah et du cap Blomidon.
cr En m'appuyant sur les méthodes inventées et exposées parM. Élie
de Beaumont dans son dernier ouvrage intitulé Notice sur les thèmes
de montagnes, cl en me servant de quelques excellentes observations
faites par MM. Jackson et Hitchcock sur les directions des roches
brisées et redressées de la Nouvelle- Angleterre, de la Nouvelle
Comptes vendus, I. \\\l\ |>. i 19- sranee du o T» décembre 18M.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 13
Ecosse et du lac Supérieur, je suis parvenu, dit M. Marcou, à re-
connaître treize systèmes de chaînes de montagnes dans une partie
de l'Amérique du Nord. En déduisant de ce nombre les deux sys-
tèmes que M. Elie de Beaumont a reconnus antérieurement pour
la prolongation de deux de ses systèmes de l'Europe occidentale,
il me reste onze systèmes de montagnes que je viens ajouter à ce
que nous connaissions sur cette période de la géologie. Cependant,
je le répète, cette classification n'est que provisoire, et je la donne
sous toutes réserves, vu le petit nombre, la difficulté et l'insuffi-
sance des observations, v
I. Système des montagnes Laurenlines, dirigé E. 5° N.-O. 5° S. Ce
système correspond à la discordance de stratification reconnue au
Canada par sir William Logan entre les schistes cristallins anciens
et le terrain silurien, et au système du lac Supérieur de MM. For-
ster et Whitney. Ce sont les dislocations les plus anciennes que
M. J. Marcou ait observées dans l'Amérique du Nord. Elles sont
antérieures au dépôt des couches les plus anciennes du terrain silu-
rien inférieur.
II. Système des Deux- Montagnes et de Montmorency, dirigé E. ko°
N.-O. &o°S. Ce système a été produit à la fin du dépôt des couches
du terrain silurien inférieur.
III. Système de Montréal, dirigé E.-O. Ce système est postérieur
au groupe des couches siluriennes de Trenton.
IV. Système des monts Noire-Dame, dirigé à Gaspé E. 2O°N.-0.
2 0° S. Soupçonné par M. Rogers, indiqué par sir William Logan,
il avait déjà été reconnu par MM. Forster et Whitney, qui l'ont
nommé système de l'île Royale, et il paraît être le prolongement
en Amérique du système du Morbihan.
V. Système des montagnes Vertes ou système méridien de la Nouvelle-
Angleterre, dirigé N. 70 E.-S. 70 0. Ce système a été produit immé-
diatement après le dépôt du terrain silurien supérieur.
VI. Système des monts Catskill, dirigé E. i5°S.-0. i5°N. comme
les systèmes n05 3 et 6 de M. Hitchcock. Ce système a été produit
1/, |{ APPORT SUR LES PROGRÈS
postérieurement à la période dévonienne et au dépôt de Yold red
tmditom.
VII. Système des Alleganhys et des monts Ozarks, dirigé N. E.-S.
0. Il est postérieur à la formation des anthracites et des houil-
les, et paraît être le prolongement en Amérique du système des
Ballons.
VIII. Système de la pointe Keewenah et du cap Blomidon, dirigé
E. 35°N.-0. 35° S. Il est postérieur au dépôt de la partie inférieure
du trias de l'Amérique du Nord : c'est peut-être le prolongement
en Amérique du système du Thûringerwald.
IX. Système de la sierra de Mogoyon ou Blanca, près des sources
du Rio-Gila et du Rio-Brieta, dirigé N. 6o° O.-S. 6o°E. Il a été pro-
duit après le dépôt de la partie supérieure du trias de l'Amérique
du Nord.
X. Syslètne des montagnes Rocheuses et de la sierra Madré. Proba-
blement postérieur aux terrains crétacés de la vallée du Mississipi.
XI. Système du coasl rouge de Californie, dirigé à peu près
N. N. O.-S. S. E.
XII. Système de la sierra Nevada, dirigé N.-S. Il a été produit
longtemps après la période éocène, et cependant avant la période
quaternaire.
XIII. Système de la sierra de San-Francisco et du mont Taylor. Il se
compose de deux bandes volcaniques dirigées à peu près E.-O.
et N.-S. Elles ont été produites à la fin de la période quaternaire,
probablement en même temps et suivant les directions de dislo-
cations préexistantes.
M. .1. Durocher, déjà bien connu par les explorations géologi-
ques (|iul avait faites dans le nord de l'Europe et dans plusieurs
parties de la France , fut appelé, en 1 855, à étudier le sol de l'État
de Nicaragua, dans l'Amérique centrale. Son travail devait servir
de base au projet du canal de navigation maritime qu'il était ques-
tion alors d'établir entre les deux océans. Pacifique et Atlantique,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 15
en prenant pour bief de partage la magnifique nappe d'eau inté-
rieure du lac de Nicaragua.
Peu de temps après son retour, M. Durocher présenta à l'Aca-
démie des sciences un premier mémoire intitulé Etudes sur l'oro-
graphie et la géologie de l'Amérique centrale l.
Dans ce résumé des résultats jd'une étude qui avait duré plu-
sieurs mois, M. Durocher trace en traits généraux, mais avec la
précision et la lucidité qui lui étaient propres, le tableau de toute
l'Amérique centrale, depuis le golfe de Tehuantepec jusqu'au golfe
de Darien , et il termine en disant :
rrDans une autre communication, je ferai connaître les systèmes
de montagnes qui ont marqué leur empreinte sur le sol de l'Amé-
rique centrale. v
Cette seconde communication, qui ne se fit pas longtemps at-
tendre, était intitulée Recherches sur les systèmes des montagnes de
l'Amérique ce?itrale 2.
M. Durocher y résout la structure orographique et géologique
de l'Amérique centrale en quatre systèmes, savoir:
i° Système longitudinal de l'Amérique centrale. Ce système croise
sous un angle de 55° à l'O. le 90e méridien de longitude occiden-
tale, ou, en d'autres termes, il se dirige, sous cette longitude, de
l'O. 35° N. à l'E. 35° S.
On en reconnaît l'empreinte dans la disposition de la côte occi-
dentale, ainsi que dans l'orientation de la Cordillère centrale ou
sierra Madré. Cette direction coïncide aussi avec celle de la zone
formée de terrains volcaniques et avec celle des principales files de
volcans dont elle est hérissée. . . D'ailleurs, les directions 0. 2 5° à
0. ko0 N. s'observent très-fréquemment dans les roches anciennes
de grauwacke et de schiste de l'Amérique centrale. Il est fort pro-
bable qu'il y a eu, à une époque géologique assez reculée, un
système de dislocations dirigé 0. 3o° à 0. 35° N. , et que ce sys-
1 Comptes rendus , t. L, p. 1170, 2 Comptes rendus, t. LI, p. 43, séance
séance du 2 5 juin 1860. du 9 juillet 1860.
16 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
tème s'esl reproduit à aile époque récente, et alors qu'a pris nais-
sance la chaîne volcanique de l'Amérique centrale. Celle-ci s'est
formée au pied d'une chaîne plus ancienne et suivant la même
direction.
Le système de l'Amérique centrale est représenté exactement par
un grand cercle de comparaison joignant les deux volcans les plus
élevés du Mexique et de la Nouvelle-Grenade, savoir : le volcan
d'Orizaba, haut de 5,4oo mètres, et le volcan de Tolima, élevé de
5,5^0 mètres. Il est remarquable de voir que la ligne de jonction
de ces deux cônes gigantesques, éloignés l'un de l'autre de près
de sept cents lieues, coïncide avec l'axe de la chaîne volcanique
centre-américaine, longue elle-même de plus de trois cents lieues.
Prolongé vers le S.-E., ce grand cercle traverse l'intérieur du
Brésil, parallèlement à la côte qui s'étend de l'île de la Trinité
jusqu'au cap San-Roque ; ensuite il rase l'extrémité méridionale de
l'Afrique, puis il coupe l'île de Sumatra près du mont Ophir, qui
est de nature volcanique; il traverse l'île de Bornéo, parallèlement
à sa cote N.-O.; au delà, il coupe l'île de Mindanao, passe au N. de
l'archipel des Mariannes, parallèlement à la partie S.-E. de la grande
île de Niphon; enfin il traverse le Mexique, suivant une direction
parallèle à sa côte S.-O. Ce grand cercle de la sphère terrestre est
remarquable par les régions volcaniques qu'il comprend et par la
multiplicité des volcans qui sont alignés suivant sa direction.
i° Système de Segovia. Il y a un second système dont la trace
est profondément marquée dans les régions porphyro- schisteuses
et métallifères de l'Amérique centrale. Il a imprimé des directions
comprises entre l'E. i5° et l'E. 3o° N. à un grand nombre de
chaînes de montagnes et de rivières qui aboutissent à la côte de la
mer des Antilles, entre le cap Gracias-a-Dios et la baie d'Amatique,
au fond du golfe de Honduras ... On peut représenter ce système
par un grand cercle joignant le volcan de Goseguina au cap Gra-
cias-a-Dios, qui rencontre le 90e degré de longitude occidenlale
sous un angle de G 3° à l'E. (direction E. 27°!!) En se prolongeait
DE LA STRATIGRAPHIE E\ FRANCE. 17
vers le N.-E., il coupe l'île d'Haïti, passe par les Canaries, près
d'Aden et du cap Guardafui... par l'archipel Pomotou.
3° Système du Venezuela et des volcans du Mexique. Dirigé E.-O. Il a
produit plusieurs chaînes de montagnes et des vallées courant de
l'E. à l'O. Il a imprimé cette orientation à la côte septentrionale
du Honduras, depuis la baie d'Arnatique jusqu'au cap Gracias-a-
Dios. Les isthmes de Tehuantepec et de Panama, l'axe montagneux
de la province de Veragua, la vallée de l'Orénoque, sont dirigés
moyennement de l'E. à l'O. Ce système, dont on reconnaît l'em-
preinte dans l'orientation des montagnes de Venezuela, paraît
avoir aussi contribué à la configuration des Grandes-Antilles, sur-
tout des îles de Haïti et de Porto-Rico. C'est sans doute à lui qu'il
tant rapporter la série des volcans du Mexique, laquelle s'étend
d'un océan à l'autre, suivant la ligne E.-O.
k° Système méridien de la \ouvelle-Grenade et de T Amérique cen-
trale. Ce système est à peu près perpendiculaire au système du
Venezuela et des volcans du Mexique. H a imprimé la direction N.-S.
à la côte des Indiens Mosquitos, depuis l'embouchure du Rio-San-
Juan jusqu'au cap Gracias-a-Dios. La même direction s'observe dans
la partie de la côte du Yucatan qui avoisine la colonie anglaise de
Bélize. La côte du Pacifique et la rive occidentale du lac de Nica-
ragua offrent des parties orientées de la même manière, mais d'une
«tendue plus restreinte. On doit rattacher à ce système de dislo-
cations beaucoup de vallées de l'Amérique centrale, et surtout du
Honduras, qui courent du sud au nord, ainsi que les montagnes
qui les séparent. Il en est de même du Rio-Atrato, du Rio-Cauca
el du Rio-Magdalena, dans la Nouvelle-Grenade et des parties de
la Cordillère qui encaissent ces rivières.
Aucun des quatre systèmes de l'Amérique centrale ne touche,
dans sa prolongation, le sol de 1 Europe. Les deux premiers re-
montent à des époques géologiques un peu anciennes ; ils ont
fortement affecté les terrains porphyro- schisteux du nouveau
monde.
Stratigraphie. ;!
18 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Le système longitudinal de f Amérique centrale s'est reproduit à une
époque géologiquement récente, lorsque s'est formée la chaîne vol-
canique centro-américainr.
Le système des volcans du Mexique me paraît être le plus moderne,
dit M. Durocher, mais il n'est probablement que la reproduction
de fractures parallèles à un système plus ancien, qui avait façonné
les montagnes de Venezuela.
De même que dans l'Amérique septentrionale et dans l'Amé-
rique centrale, la dissection et le classement des montagnes de
l'Amérique méridionale ont été, de la part de savants distingués,
l'objet de travaux très-importants.
La science a perdu, presque en même temps que M. Durocher,
un voyageur plein d'ardeur et d'activité, M. Alcide d'Orbigny, qui
avait consacré une partie de sa vie à l'exploration et à la descrip-
tion de la Bolivie et du bassin du Rio-de-la-Plata. H avait inséré,
dans le grand ouvrage qu'il avait publié sur ces vastes contrées,
un essai de coordination de leurs montagnes en différents systèmes,
qui a été analysé dans la Notice sur les systèmes de montagnes, après
avoir été, de la part de M. Elie de Beaumont l, l'objet d'un rapport
à l'Académie.
Mais M. d'Orbigny avait pour émule dans ce travail M. Aimé
Pissis, qui le continue encore avec un zèle et une constance dignes
du succès complet qu'il paraît être sur le point d'obtenir.
M. A. Pissis, depuis près de trente ans, a passé la plus grande
partie de sa vie dans les régions montagneuses de l'Amérique mé-
ridionale. Après un premier séjour au Brésil, il a présenté à l'Aca-
démie des sciences un mémoire sur la géologie d'une partie de
ce vaste empire. Ce mémoire, qui, à la suite d'un savant rapport
de M. Dufrénoy, a été imprimé, par ordre de l'Académie, dans
son recueil des Savants étrangers, contient une classification des
chaînes du Brésil en un certain nombre de systèmes qui ont été
1 Compta rciithis, i. XVII. p>. 379, séance du a8 août i843.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 19
enregistrés avec soin dans la Notice sur les systèmes de montagnes .
par M. Elie de Beaumont, où sont analysées aussi d'autres publica-
tions importantes du même auteur.
Après avoir livré ces différents travaux à l'impression, M. À.
Pissis est retourné en Amérique, et il a séjourné d'abord pendant
quelques années en Bolivie, pour se fixer ensuite au Chili, où il a
été nommé professeur de minéralogie et de géologie à l'université
de Santiago. Le gouvernement du Chili l'a chargé en même temps
de l'exécution d'une carte à la fois topographique et géologique de
tout le territoire de la république, et lui a assuré les ressources et
les aides nécessaires pour la conduite de cette vaste entreprise,
comparable à ce qu'était en France, un siècle auparavant, celle de
Cassini.
M. Pissis est resté chargé personnellement de la partie géodé-
sique et de la partie géologique de l'opération. Il a envoyé presque
annuellement à l'Académie des sciences des résumés de ses travaux .
qui comprennent les mesures des hautes cimes de la Cordillère
chilienne, et la décomposition des montagnes de cette vaste con-
trée en différents systèmes, qu'il a pu caractériser, quant à leur
direction, autant du moins qu'ils en sont susceptibles, avec une
précision géodésique.
D'après ses communications successives à l'Académie des sciences.
et en tenant compte des modifications graduelles auxquelles il a
été conduit par le développement de ses observations, M. Pissis
reconnaît aujourd'hui, dans la partie australe de l'Amérique du
sud, onze systèmes de montagnes.
i° Dans son mémoire sur le Brésil, M. Pissis avait signalé comme
l'un des plus anciens de ces contrées le système brésilien, antérieur
aux terrains de transition et dirigé de l'E. 38° N. à 1*0. 38° S.
2° 11 reconnaît aussi comme remontant à une date très-ancienne
le redressement des couches de gneiss suivant la direction 0. 2 5°
à 3o° N.-E. a 5 à 3o° S. dans les collines qui s'élèvent dans les
pampas, entre le cap Corrientes et la sierra de Tapalquen ainsi
20 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
. I in- dans les collines de Montevideo, redressement qui constitue
le sèstème pampéen de M. d'Orbigny1.
3° Enfin M. Pissis, en explorant les provinces méridionales du
Chili, a reconnu que la ligne qui sépare dans ces contrées les ter-
rains cristallisés (granité et schistes talqueux) des formations plus
récentes n'est pas parallèle aux strates, qui sont généralement
orientés du N.-E. au S.-O., mais qu'elle court à très-peu près du
N. au S., ce qui semblerait indiquer l'existence d'un système stra-
tigraphique très-ancien se rapportant peut-être au système méridien
le plus ancien du professeur Hitchcock 2.
L'ordre chronologique des trois systèmes brésilien, pampéen et
méridien , que leurs directions ne permettent pas de confondre, reste
encore indéterminé.
/i° Système du Hundsrùck. M. Pissis croit avoir retrouvé au Chili
comme au Brésil des accidents stratigraphiques appartenant au
système du Hundsrùck , dont la direction prolongée depuis l'Eu-
rope traverserait en effet le Brésil et le Chili.
cr J'ai parcouru, dit-il, les provinces du sud pour y étudier les
lignes stratigraphiques des terrains cristallisés, qui s'y trouvent
plus développés que dans les autres parties du Chili. Ces terrains
ont la plus grande analogie avec ceux du Brésd, et leur soulève-
ment paraît devoir se rapprocher de celui du Hundsrùck , dont la
direction au Chili est à peu près N.-E. — S.-O., comme celle des
couches de granité et de schistes talqueux3. w
5° Système de la Cordillère de Nahuelvuta. Les explorations faites
on 1869. par M. Pissis, dans les parties méridionales du Chili, lui
oui lait découvrir un nouveau système stratigraphique correspon-
de ni à une chaîne granitique qui remplit une longue boutonnière
ouverte au milieu des schistes et des grès anciens, et qui s'étend
depuis l'Araucanie jusqu'au Rio-Bapel. Les couches de schiste ar-
1 Notice sur les systèmes de montagnes, Chili, Comptes rendus , t. XLV, p. 971,
p. y.'Si-y.'i-). sé.ince du 7 décembre 1867.
Exploration de quelques parties «lu :1 Ihid.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 21
doisier, de grès et de psammite, sont relevées parallèlement à Taxe
de cette chaîne et en suivent toutes les ondulations. L'orientation
moyenne est N. 260 20' 12" E*1. M. Pissis a reconnu subséquem-
ment que cette masse granitique se prolonge au sud du Rio-Bio,
où elle forme Taxe de la chaîne maritime connue sous le nom de
Cordillère de Nahucluitta, et que, dans cette partie, sa direction ne
diffère que de quelques minutes de celle qu'il avait déterminée
en premier lieu.
Les dernières couches relevées parallèlement à cette direction
sont des psammites qui alternent avec le schiste ardoisier , et dans
lesquels M. Pissis a trouvé quelques empreintes de fucus et de fou-
gères , ce qui le porterait à admettre qu'ils ne sont pas plus anciens
que le terrain dévonien. Bien que M. Pissis n'ait pu découvrir
aucun fossile caractéristique dans les grès et dans les schistes
maclifères qui sont en contact avec le granité, la comparaison de
ces roches avec celles du terrain dévonien de la Bolivie , leur situa-
tion au-dessous non-seulement du grès rouge, mais encore d'une
petite formation carbonifère qui lui est inférieure, font croire à
M. Pissis qu'ils appartiennent à la même époque dévonienne. Ce
soulèvement viendrait ainsi se placer entre ceux du Hundsruck
et de l'Itacolumi, le premier correspondant aux schistes satinés
du Chili , et le second aux couches carbonifères du sud du
Brésil2.
6° Système de Yltacolumi. M. Pissis, dans son mémoire sur le
Brésil, a signalé, dans le grand massif de l'Itacolumi, un système
de dislocations dirigé à peu près de l'E. à l'O., qu'il regarde
Gomme immédiatement postérieur à la formation du calcaire car-
bonifère et que M. d'Orbigny a adopté sous le nom de système
itacolumien 3. M. Pissis n'a pas encore signalé au Chili l'exis-
tence de ce système qu'il regarde comme postérieur au calcaire
1 Comptes rendus de l'Académie des * Comptes rendus, t. LIX , p. 1081.
sciences, t. LVIII, p. ia5, séance du séance du -26 décembre i864.
1 1 janvier i864. 3 Notice sur les syst. de mont. p. 733.
±2 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
carbonifère et antérieur à la formation du grès rouge d'Amé-
rique.
y0 Système de la Cordillère occidentale du Chili. Ce système est
postérieur au grès rouge et antérieur aux masses salifères. Il est
dirigé à peu près IN. 8° 3o' 0. et contient des roches syénitiques
accompagnées de pyrites aurifères.
8° Système de la chaîne orientale des Andes. Ce système correspond
au système bolivien de M. d'Orbigny, et comprend le grand massif
granitique qui s'élève au nord-est du lac de Titicaca, couronné
par les pics devenus célèbres, depuis les mesures de M. Peutland,
sous les noms de Nevado de Hlimani et de Nevado de Sorata. Sa
direction est à peu près du N.-O. au S.-E. Sa formation est con-
temporaine de l'éruption des porphyres quartzifères qui a eu lieu
en Amérique pendant la période jurassique.
Les failles qui se rapportent à la direction du système des Andes
orientales, et dont M. Pissis n'avait indiqué en premier lieu l'exis-
tence que dans la province d'Atacama , continuent à se montrer,
plus au sud, dans celle de Coquimbo, où leur limite paraît être la
vallée de Choapa1; et l'auteur, en continuant ses travaux, a pu
constater dans cette province, jusque près du 3 ie parallèle, l'exis-
lence de plusieurs chaînes parallèles au système des Andes orientales,
qui croiseraient les Andes du Chili, à peu de distance de la mon-
tagne d'Aconcagua. Le terrain du lias se trouve relevé suivant
«clic direction, sur plusieurs points de la contrée, et ses couches
sont coupées par des porphyres quartzifères entièrement sem-
blables à ceux de l'IUimani, d'Oruro et de Potosi; ainsi la simi-
litude existe non-seulement dans la direction des strates, mais
encore dans la nature des roches qui se sont épanchées à cette
époque'-.
9° Système des chaînes transversales du Chili. Ce système est carac-
térisé par l'éruption des roches labradoriques accompagnées de
Compta rendue, I. Ml. p. m '17, 2 Comptes rendus, I. M, p. 6ô3, soinin'
séance du 3 juin 1861. du 1 5 octobre 1860.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 23
gîtes cuprifères. Sa direction est à peu près de l'E. à 10. (E. 6°
à i o° N.) l. M. Pissis est resté longtemps incertain sur ia date pré-
cise de l'apparition de ce système, mais, en 1 86 4, il a rencontré
dans la partie inférieure du terrain à lignites de la province de
Goncepcion une grande quantité de bacuhtes. Ces fossiles se trouvent
disséminés dans une couche de grès très-friable qui forme la base
du terrain à lignites. La stratification du grès ne diffère en rien de
celle des couches tertiaires qui le recouvrent, de telle manière qu'il
faut nécessairement admettre que le tout a été soulevé en même
temps. Si, dune autre part, on considère les baculites comme
appartenant aux parties supérieures des terrains crétacés, il en
résulterait que le soulèvement des chaînes transversales du Chili ,
que M. Pissis n'avait pu fixer qu'entre des limites assez éloignées,
correspondrait au milieu de la période crétacée, puisque les cou-
ches fossilifères des provinces d'Aconcagua et de Coquimbo, ca-
ractérisées par les fossiles du terrain néocomien, sont relevées
suivant cette direction, dont on ne trouve aucune trace dans les
assises à baculites et à lignites2.
Ce système, observé surtout à l'O. de la crête des Andes, ne
paraît pas s'y arrêter. Le tremblement de terre qui a détruit la
ville de Mendoza (à l'est des Andes), le 20 mars 1861 , à 8 heures
65 minutes du soir, s'est fait sentir à Santiago (à l'ouest des Andes)
à 8 heures US minutes. D'après tous les renseignements que
M. Pissis a pu recueillir, le mouvement parait s'être propagé dans
la direction de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O., c'est-à-dire à peu près pa-
rallèlement à la direction des chaînes transversales du Chili. Un
fait semblable s'était déjà manifesté dans la direction du trem-
blement de terre qui, wrs la fin de l'année 1869, détruisit une
partie de la ville de Copiapo. Enfin les crevasses qui se sont
ouvertes en 1861 dans le sol à Mendoza, et dont quelques-unes
ont plus d'une lieue de longueur, suivent encore la même direc-
Comptes rendus, t. XLII, p. 39-2, * Comptes rendus, t. LX. p. 1096,
séance du aS février i856. séance <lu -2-2 mai j 865.
%h RAPPORT SUR LES PROGRÈS
tion l. Ce l'ait remarquable a confirmé M. Pissis dans le projet de
consacrer quelque temps à l'exploration des chaînes qui, partant
de la base orientale des Andes, s'étendent vers les pampas de la
République Argentine et qu'il croit n'être que la continuation des
chaînes transversales du Chili, ce qui lui permettrait d'en fixer
la direction d'une manière beaucoup plus exacte. Les mines de
cuivre exploitées dans les environs de San-Luiz de la Punta et dans
la province de San^Juan lui donnent lieu de penser qu'il y ren-
contrera les roches de labradorite signalées comme étant en rap-
port avec le système des failles qui, au Chili, accompagnent
toujours les minerais de cuivre2.
io° Système de la chaîne principale des Andes du Chili. Ce système
est caractérisé par le soulèvement des trachytes accompagnés de
filons argentifères. Sa direction est presque méridienne (N. 8°3o' E.).
11 est postérieur aux dépôts tertiaires lacustres et marins de la
Bolivie, du Chili et de la Patagonie3. On peut surtout en prendre
une idée exacte dans la partie des Cordillères du Chili comprise
entre les sources des rivières de Copiapo et de Choapa.
La structure géologique de cette partie des Andes est beaucoup
moins compliquée que celle qui correspond aux provinces du sud4.
Un axe syénitique s'étend dans tout cet intervalle parallèlement à la
ligne de faîte, et est placé un peu plus à l'ouest. De part et d'autre
de cet axe se présentent d'abord les roches trachy tiques, puis les
terrains stratifiés embrassant toute la série, depuis le gneiss jus-
qu'au lias. Ce dernier terrain, qui ne se montre guère qu'à i'E.
de l'axe syénitique , forme seulement des lambeaux de peu d'étendue ,
situés sur les sommets les plus élevés; c'est le seul qui renferme
des restes organiques. M. Pissis a pu s'assurer (pie les failles qui
ont donné passage aux roches syénitiques et celles par où se sont
1 Comptes rewhs, l. Lil, p. 10/18, ùmptM rendus, t. XL1I, p. 39a,
sr.ince du 3 juin 1861. séance du a5 février i856.
' Comptée rendus, f. XLHI. p. 686, 4 Comptes rendus, t. LIL p. 11/17,
séance do 6 octobre 1 856. s<;;inn> du 3 juin 1861.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 25
épanchés les trachytes sont exactement parallèles : ainsi il y a une
récurrence dans les directions correspondant au soulèvement de la
Cordillère occidentale du Chili et à celui de la chaîne principale
des Andes. J'ai pu reconnaître, dit-il, sur une étendue de près
de 8°, l'une de ces failles qui s'étend, sans interruption, depuis le
volcan de Tuiguiririca jusqu'au désert d'Atacama, et partout les
trachytes accompagnent les syénites.
rr On aperçoit, ajoute M. Pissis dans ses Recherches sur les produits
de la vulcanicité correspondant aux différentes époques géologiques1, une
suite non interrompue de phénomènes volcaniques commençant en
même temps que les grandes dislocations de l'écorce terrestre , qui
ont produit la chaîne principale des Andes, et se continuant jusqu'à
l'époque actuelle. L'injection des matières fluides qui ont formé
les masses trachytiques commence cette série, et la puissante for-
mation des conglomérats qui les recouvrent montre qu'avant d'at-
teindre la surface du sol elles ont dû éprouver de puissants mou-
vements d'oscillation qui ont broyé les roches situées sur leur
passage Des fluides élastiques s'échappaient avec violence,
projetant au loin tout ce qui leur opposait quelque résistance,
et couvrant le sol de débris qui forment aujourd'hui les con-
glomérats ponceux Il arrivait un moment où la température
n'était plus suffisante pour porter l'eau à l'état de vapeur, et ces
évents se changeaient alors en sources thermales dont les dépôts
successifs finissaient par obstruer entièrement les issues, laissant
ainsi un filon métallifère comme dernier résultat de l'action suc-
cessive de toutes les forces mises en jeu.
ii° Système chilien. C'est le plus moderne de tous les systèmes
du Chili. Il est postérieur, dit M. Pissis , aux sables marins et au
terrain de transport2 qui couvre les plaines, et il correspond à
l'ouverture des bouches volcaniques des Andes. Le soulèvement
graduel des côtes du Chili, qui a si fort attiré de nos jours l'at-
1 Comptes rendus, t. LIV. |>. 109, 2 Comptes rendus, t. XLII. p. 39-2.
séance du 37 janvier 186-2. séance do a5 février i856.
26 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
tention des géologues, a commencé après l'ouverture de ces vol-
cans l.
La direction du système chilien est la même que celle de la
chaîne principale des Andes, et par conséquent la même que celle
du système de la Cordillère occidentale du Chili, caractérisé par les
syénites, et du système méridien le plus ancien du professeur Hitch-
cock, retrouvé au Chili par M. Pissis. On rencontre là un des
exemples les plus remarquables qu'on puisse citer du phénomène
de la récurrence des directions. Les volcans actuellement en ignition
au Chili ont tous apparu dans la zone occupée par la chaîne prin-
cipale des Andes, en s'alignant entre eux, par petits groupes de
deux ou de trois volcans, suivant les directions d'autres systèmes
plus anciens, tels que le système de la Cordillère de Nahuelvuta.
Dans la suite de ses Recherches sur les produits de la vulcanicité
correspondant aux différentes époques géologiques2, M. Pissis dit que
dans le sud du Chili, à partir du 3ie degré de latitude, la chaîne
des Andes change d'aspect; elle ne présente plus ces longues crêtes
dirigées parallèlement à l'axe qui la caractérisent plus au nord ,
mais une suite de massifs isolés dont les points culminants sont
formés par des cônes volcaniques. De vastes plateaux, formés par
la superposition de plusieurs nappes de roches trachy tiques, oc-
cupent l'intervalle qui sépare ces massifs, et leur surface s'élève
graduellement jusqu'à la base des cônes éruptifs. Ces plateaux
sont découpés par de profondes vallées, dans le fond desquelles
il existe souvent des courants de laves, qui doivent être très-an-
ciens, si l'on en juge par les épaisses forêts qui les recouvrent.
Le sol de cette partie de l'Amérique a donc éprouvé de grandes
dislocations à une époque postérieure au soulèvement de la chaîne
principale des Andes, et qui paraît correspondre à la formation
des premiers cônes volcaniques. Le résultat de ce soulèvement a
été une suite (ïétoilements situés sur de longues lignes parallèles à
1 Comptes rendus, l. LVI1I, |>. 1*2/1, ' Comptes rendus, l. UV. p. 11 85,
séance <lu s5 février iHM. séance du o juin i8C>->.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 27
l'axe des Andes, et dont le centre est occupé soit par des cônes
volcaniques, tels que le Descabezado, le Lungavi, etc., soit par de
vastes cratères de soulèvement, comme celui de la lagune deMaule,
qui n'a pas moins de cinq lieues de diamètre. Ces derniers cratères
n'ont point produit de laves, mais ils ont projeté une immense
quantité de ponces qui forment souvent à elles seules d'assez
hautes montagnes. Les vallées qui partent de ces centres pré-
sentent trois directions différentes : les unes sont parallèles à l'axe
de la chaîne principale des x\ndes, d'autres au système des chaînes
transversales du Chili, mais les plus nombreuses et les plus éten-
dues courent, à très-peu près, de l'O.-N.-O. à l'E.-S.-E. J'attends
seulement, dit M. Pissis, d'avoir calculé les positions des points où
elles convergent, pour fixer plus exactement leur direction et re-
chercher à quel système elles se rapportent, r»
M. Pissis a donc été conduit, comme M. Durocher et M. Marcou,
à admettre que les volcans des Andes ont apparu à l'époque de la
dernière catastrophe géologique, en s'alignant entre eux suivant
les directions de systèmes antérieurs, ce qui viendrait à l'appui des
idées que M. Elie de Beaumont avait émises de son côté à ce sujet'.
Les grands cercles de comparaison provisoires, donnés par l'ob-
servation, pour les systèmes de l'axe volcanique de la MéditeiTanée , du
Ténare et de la grande traînée volcanique des Andes et du Japon (dont
les volcans du Chili ne sont qu'un appendice), constituent, à très-
peu près, un système trirectangulaire. De légères modifications
ont suffi pour les amener exactement à cette condition de perpen-
diculaire réciproque qui établit entre eux une connexion toute
particulière. D'après les idées auxquelles s'était arrêté l'auteur de
la Notice sur les systèmes de montagnes - , les volcans situés dans le
voisinage de ces trois grands cercles remonteraient à une même
date. Leur apparition simultanée aurait été un événement considé-
rable dans l'histoire du globe : c'aurait été l'avénemcnt de la vol-
1 \otirc sur li:s si/stcmcs fie montagnes , p. j 61 pI suiv. — ' lbid. \). 1 1 10.
28 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
canicité dans sa forme actuelle. La question posée depuis longtemps
par M. Elie de Beaumont, de savoir si cet événement n'appartien-
drait pas déjà à l'histoire de l'homme, recevra peut-être quelque
éclaircissement des débats animés qui se sont élevés récemment
parmi les géologues au sujet du gisement des plus anciens restes
de l'industrie humaine. Déjà les observations faites par M. d'Or-
bigny dans les plaines de Moxos, sur les bords du Rio-Securi,
fournissent à ce sujet une première et précieuse indication l.
REMARQUES GENERALES SUR LES SYSTEMES DE MONTAGNES.
En résumé, les travaux qui viennent d'être passés très-rapide-
ment en revue ont eu pour résultat, d'abord, de constater ou de
mieux préciser, dans un grand nombre de pays, l'existence de sys-
tèmes de montagnes déjà admis , et de faire mieux connaître
quelques-uns d'entre eux, comme par exemple le système du Vercors,
dont l'âge relatif, encore indéterminé, a été fixé en Algérie par
M. Pomel.
Ces travaux ont fait connaître, en outre, un grand nombre de
systèmes de montagnes nouveaux, qui, abstraction faite de ceux
qui avaient déjà été indiqués, soit sous les mêmes noms, soit sous
des noms différents, peuvent difficilement être réduits à moins de
trente-deux, savoir :
1 . Système du mont Serrai.
2. du mont Seny.
3. du mont Ventoux.
Ix. de la vallée du Doubs.
5. de la Margeride.
6. des Vosges.
7. de failles dans la Haute-Marne (Hécla).
8. de l'Erymanlhe et du Mermoucha.
Notice sur les systèmes de montagnes . p. /ii/i, séance du ->8 août i843, fifip-
p. 762, et Comptes rendus, t. XVII, port sur un mémoire de M. d'Orbigoy.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 29
9. Système du Nador.
10. centrai de Madagascar.
11. des granités et porphyres de Madagascar.
12. des diorites de Madagascar.
13. de Taxe basaltique de la côte nord-ouest de Madagascar.
\à. de Taxe basaltique de la côte nord-est de Madagascar.
15. des montagnes Laurentines.
16. des Deux-Montagnes et de Montmorency.
17. de Montre'al.
18. des monts Catskill.
19. de la sierra de Mongoyon.
20. des montagnes Rocheuses.
21. — - — du coast rouge de Californie.
22. de la sierra Nevada.
23. de la sierra de San-Francisco et du mont Taylor.
2/i. de l'Ame'rique centrale.
25. de Segovia.
26. de Venezuela.
27. méridien de l'Amérique centrale.
28. duHundsrûck, peut-être différent du système d'Europe.
29. de la Cordillère de Nahuelvuta.
30. de la Cordillère occidentale du Chili.
31. des chaînes transversales du Chili.
32. de la chaîne principale des Andes du Chili.
Dans ce catalogue ne sont pas comprises plusieurs indications
qui ne paraissent pas avoir encore une précision suffisante, et
peut-être même pourrait-on discuter l'admission définitive de quel-
ques-uns des trente-deux systèmes qui viennent d'être énumérés;
mais il est probable que vingt-cinq au moins de ces systèmes pren-
dront rang dans les listes définitives.
En présentant à l'Académie sa Notice sur les systèmes de monta-
gnes1, M. Élie de Beaumont annonçait, en i85a, qu'en réunissant
à ses recherches personnelles sur les différents systèmes de mon-
tagnes qui traversent l'Europe une indication abrégée des travaux
1 Comptes rendus, t. XXXV, p. 298, séanco du 3o août i852.
:ju RAPPORT SUR LES PROGRÈS
faits sur le même sujet, soit en Europe, soit dans d'autres parties
du monde, par différents géologues, il avait enregistré les noms
de quatre-vingt-quinze systèmes de montagnes, et qu'il aurait même pu
y en joindre quelques autres. Ces désignations sont dues à vingt
auteurs différents. Elles n'indiquent pas, disait-il encore, quatre-
vingt-quinze systèmes essentiellement distincts, parce que, dans la
liste nominale que j'ai formée, il y a évidemment des doubles et
même des triples emplois; mais j'estime que, toute réduction faite,
le nombre des systèmes de montagnes réellement distincts qui ont été
étudiés jusqu'à présent n'est pas inférieur à une soixantaine. Dans
le premier mémoire, ajoutait-il, que j'ai eu l'honneur de soumettre
à l'Académie sur ces matières, le 22 juin 1829, je n'avais étudié
en Europe que quatre systèmes de montagnes. Peu après , j'ai pu en
indiquer neuf, puis douze, puis vingt et un. En admettant qu'on
puisse en compter déjà, en tout, une soixantaine, il y a lieu de pen-
ser que, si l'étude ne se ralentit pas sur ce point , le nombre des
systèmes de montagnes s'élèvera, avant peu d'années, à plus de cent.
En ajoutant vingt -cinq à soixante, on trouverait que le
nombre des systèmes de montagnes passablement définis s'élève
actuellement à quatre-vingt-cinq, nombre qui déjà se rap-
proche beaucoup de cent. Mais il est probable que le nombre cent
sera considérablement dépassé, car les parties de la surface du
globe où on a étudié le partage des montagnes en systèmes ne
forment pas la moitié des surfaces terrestres émergées, et en étu-
diant la seconde moitié de ces surfaces, lorsque la possibilité de
les parcourir existera, on ne se bornera certainement pas à y recon-
naître la prolongation des systèmes de montagnes déjà connus, et
on en découvrira de nouveaux. On en trouvera même de nouveaux
dans des contrées déjà étudiées, mais dont l'étude sous ce rapport
est peut-être moins avancée, pour le moment, que ne l'était celle
de l'Europe occidentale lorsque M. Elle de Beaumont, en 1829,
n'y signalait encore que quatre systèmes de montagnes.
En France même, plusieurs systèmes strati graphiques, mon-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 31
tionnés plus haut comme indiqués par différents auteurs en termes
encore un peu généraux, seront sans doute formulés avec plus de
précision et prendront place dans la liste des systèmes définitive-
ment admis; notamment, suivant toute apparence, plusieurs des
systèmes signalés par M. de Villeneuve, dans sa Description minéra-
logique et géologique du Var.
Cette multiplication, disait l'auteur de la Notice, n'est pas indif-
férente, car elle tend naturellement à prouver que le groupement
des montagnes en systèmes se présente à l'observation , d'une ma-
nière également facile, dans toutes les parties de la surface du
globe. La comparaison des différents systèmes entre eux tend à
préciser davantage les lois auxquelles ils sont assujettis. Ainsi, à
mesure que le nombre des systèmes de montagnes augmente, on
voit augmenter aussi le nombre des exemples de la récurrente des
directions1, c'est-à-dire des systèmes d'âges différents ayant néan-
moins des orientations semblables. Ces exemples de récurrence
demeurent cependant des cas exceptionnels, comparables, sous
quelques rapports, aux cas iïisomoi'phisme des minéraux de com-
position différente.
En voyant se multiplier ainsi les systèmes de montagnes, plusieurs
personnes ont pensé que, par cette multiplication même, la notion
du soulèvement des montagnes et des révolutions du globe sem-
blait en quelque sorte s'égrener, et perdait ainsi de sa grandeur.
Elle ne perd cependant que le vague dont elle était d'abord en-
tourée. Le système des Pyrénées, celui des Alpes occidentales, celui
des Alpes principales et de l'Himalaya, restent ce qu'ils étaient de
prime abord. Ils ne perdent rien de leur grandeur propre pour
avoir été précédés ou accompagnés d'autres systèmes analogues,
tels que ceux du mont Seny, du Tatra, du mont Viso, de Mada-
gascar, des montagnes Rocheuses, des Andes du Chili, etc. etc.
Mais la similitude de structure de tous ces systèmes précise de
1 Notice sur 1rs systèmes de montagnes, p. £78, ^199 . 5q5 et autres. (Voir la table
<\c louvragrO
33 PROGRÈS DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE.
plus en plus nettement la notion du système de montagnes, à mesure
que les exemples s'en multiplient, et en fait de plus en plus l'unité
fondamentale de l'analyse stratigraphique de l'écorce terrestre. Le
phénomène de la production d'un système de montagnes, quand
on le voit répété près de cent fois, perd de plus en plus le carac-
tère d'un accident fortuit et amène de plus en plus à l'idée d'une
cause constante et régulière, dont l'action est d'une nature inter-
mittente.
Mais la multiplication des systèmes de montagnes a conduit d'une
manière plus positive encore à l'unification de leur ensemble, car
elle a permis de reconnaître que leurs directions sont corrélatives les
unes aux autres; d'où il résulte qu'ils forment un tout dont les diffé-
rentes parties, produites successivement, sont cependant connexes
entre elles.
DEUXIEME PARTIE
CORRÉLATION DRS DIRECTIONS DES DIFFÉRENTS SYSTÈMES
DE MONTAGNES.
RESEAI PElfTAGONAL.
tsotr
De létude attentive des grands cercles de comparaison prov
des différents systèmes de montagnes de l'Europe s'est dégagé peu
à peu un principe de régularité qui, du moment où il existe, ne
peut manquer de dominer complètement la matière ; et la recherche
des lois qui président à leur coordination a été depuis quinze ans
l'objet d'une série de travaux dont le présent Rapport doit donner
une idée.
La découverte du principe dont il s'agit a consisté à mettre en
évidence, par de simples rapprochements numériques, les bases
d'un dessin régulier qui existe sur la surface du globe, mais qui
ne pouvait être aperçu à cause de la grandeur des traits qui le
composent et du défaut de précision des représentations du globe
terrestre.
Ce principe a pris la forme d'une sorte de lemme géométrique
qui s'est formulé par l'étude des positions respectives des grands
cercles de comparaison provisoires des différents systèmes de mon-
tagnes, et qui paraît appelé à donner plus de précision et de solidité
à leur étude.
La constatation d'une loi de coordination parmi les grands cer-
cles que l'auteur avait adoptés provisoirement , pour représenter
les vingt et un systèmes de montagnes qu'il admettait alors dans
l'Europe occidentale, leur donnait une sorte de consécration qui
Stratigraphie. 3
3û R LPPORT SOB LES PROGRÈS
s'étendait aux systèmes de montagnes eux-mêmes et aux considé-
rations fonda mentales qui avaient guidé dans leur étude; car il est
évident qu'aucune corrélation n'aurait pu exister entre des cercles
choisis au hasard, d'après des considérations imaginaires, et qui
n'auraient pas été la représentation de phénomènes réels. L'auteur
n'avait jamais songé à soumettre les cercles qu'il déterminait à une
pareille coordination; la nature seule pouvait l'avoir produite, et
elle exprimait une des conditions de son action.
La loi de cette coordination est très-simple dans son essence,
quoique, dans son développement, elle conduise à une complexité
assez grande pour s'harmoniser avec la complication, extrême en
apparence , des formes orographiques et stratigraphiques. Elle a pour
base la division de la surface de la sphère en vingt triangles équi-
latéraux dont les angles sont de 720 et les côtés de 63° 26' 5", 8/i.
Ces vingt triangles équilatéraux embrassent la surface entière de
la sphère. Ils y sont disposés avec un genre de symétrie tout parti-
culier, auquel s'associent, d'une manière plus ou moins absolue, un
grand nombre d'autres cercles liés aux grands cercles primitifs dont
font partie les côtés des triangles, par des conditions particulières,
susceptibles d'être élargies et généralisées, de manière à pro-
duire un réseau aussi serré que les questions à résoudre puissent
l'exiger.
CONSTITUTION^ DU RESEAU PENTAGONAL.
La constitution de ce réseau, dont le nom sera justifié plus loin,
se rattache à des considérations fort analogues à celles dont s'occupe
la cristallographie. Elles en ont la rigueur, mais aussi l'aridité. Les
pages suivantes, qui sont nécessaires pour l'enchaînement et l'ordre
logique des idées, devront malheureusement s'en ressentir. Les per-
sonnes qui les passeraient éprouveraient l'inconvénient d'avoir laissé
derrière elles un nuage qui obscurcirait, pour elles, la suite du
Rapport, sans la leur rendre cependant complètement inintelligible.
La division en triangles de la surface de la sphère à laquelle
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 35
ou est le plus accoutumé n'est pas la division en vingt triangles
équilatéraux, mais la division en huit triangles seulement, équilaté-
raux eux-mêmes et trirectangles, produits par trois plans rectan-
gulaires qui se croisent au centre. Il y a aussi un mode de division
en quatre grands triangles à angles de 1200; mais celui-ci n'est
qu'une dérivation du précédent, et il n'y a pas à s'en occuper ici
spécialement.
Des cercles, dont les positions se déduisent de celles des trois
grands cercles primitifs qui forment le système des huit triangles
trirectangles, constituent aussi un réseau empreint dans toutes ses
parties du genre de symétrie qui lui est propre et aussi serré qu'on
le désire. Cela fait deux réseaux empreints de deux genres de sy-
métrie différents et même incompatibles entre eux, et il n'y en a
pas d'autre que ces deux-là.
En effet, les huit triangles trirectangles du second mode de divi-
sion s'assemblent quatre à quatre autour de six points différents,
par leurs angles de 900, qui donnent les 36o° nécessaires pour oc-
cuper tout l'espace angulaire autour du point de réunion.
Les vingt triangles équilatéraux du premier mode de division
s'assemblent cinq à cinq autour de douze points différents, par
leurs angles de 712°, et, comme 5 fois 72 font 3 60, ils remplissent
aussi tout l'espace angulaire autour du point de réunion.
Mais on ne peut aller plus loin; on ne peut assembler autour d'un
point six triangles sphériques équilatéraux, parce que, le triangle
sphérique équilatéral ayant toujours un excès sphérique, son angle
est nécessairement supérieur à 6o°, ce qui fait qix on n'en peut
jamais faire tenir six autour $mi point. Les choses se passent autre-
ment sur un plan, où l'angle du triangle équilatéral est exactement
de 6o°, ce qui permet à six de ces angles de s'assembler autour d'un
point. On ne peut donc sur la sphère assembler autour d'un point
plus de cinq triangles équilatéraux : il s'ensuit que le triangle équi-
latéral à angles de 720 est le plus petit de ceux dont la réunion
peut embrasser la sphère, et il en résulte qu'au point de vue de la
3.
;j(i RAPPORT SUR LES PROGRÈS
mécanique terrestre il jouit de certaines propriétés qui sans doute ont
joué un rôle important dans l'histoire de ia terre.
Mais ce ne sont pas ces propriétés qui ont attiré sur ia division
de la sphère en vingt triangles équilatéraux l'attention de l'auteur
de la Notice sur les systèmes de montagnes; il a été conduit à s'en
occuper par une voie beaucoup plus directe, par l'analyse pure et
simple des résultats de l'observation.
L'ouvrage expose en détail comment M. Eiie de Beaumont, après
avoir calculé, pour en composer un tableau, les deux cent dix angles
que formaient entre eux les grands cercles de comparaison provi-
soires des vingt et un systèmes de montagnes de l'Europe occiden-
tale, trouva que ces angles étaient loin de se répartir uniformément
dans les 900 du quart de la circonférence. Par une sorte de caprice
apparent, ils se groupaient autour de certains points du quadrant,
laissant presque vides les espaces intermédiaires. En voyant ce grou-
pement, que le hasard seul ne pouvait expliquer, l'auteur comprit
immédiatement qu'il avait sous les yeux l'indice d'une loi de corré-
lation entre les positions des grands cercles de comparaison des
différents systèmes de montagnes, et il s'occupa des moyens de
déduire cette loi des chiffres donnés par le calcul des observations.
Il pensa que , si les grands cercles de comparaison des différents
systèmes de montagnes n'étaient pas placés au hasard sur la sur-
face de la sphère, cela devait tenir à ce qu'ils faisaient partie d'un
réseau assujetti à un certain principe de symétrie.
Il crut d'abord que ce principe de symétrie pourrait n'être autre
chose que celui qui existe dans le réseau ayant pour base huit trian-
gles trirectangles , et composé de trois grands cercles perpendicu-
laires entre eux et d'une série d'autres grands cercles coordonnés
aux premiers. Mais, ayant calculé un grand nombre d'angles du ré-
seau ainsi formé, il remarqua que les points du quadrant dont ils
se rapprochaient de préférence n'avaient pas de rapport avec ceux
qui semblaient attirer les angles déduits de l'observation. H dut en
conséquence renoncer à cette première tentative.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 37
Ce fut alors qu'il se demanda s'il n'existerait pas sur la sphère
un autre réseau régulier, et si des triangles équilatéraux qui s'as-
sembleraient, non plus quatre à quatre, mais cinq à cinq autour
d'un point ne pourraient pas en fournir la base. Il fut ainsi conduit
à s'occuper des vingt triangles équilatéraux qui embrassent la
sphère et du réseau auquel ils servent de base.
Avec les grands cercles primitif* dont font partie les côtés des
vingt triangles équilatéraux, il en considéra un certain nombre
d'autres liés aux premiers par les relations les plus simples, et il
calcula les angles que tous ces grands cercles forment entre eux
dans leurs intersections mutuelles. Il ne tarda pas à reconnaître
que ces angles ne sont pas distribués indifféremment dans tous les
points du quadrant, mais qu'ils ont une propension marquée à se
grouper autour de certains points, et que ces points coïncident à
peu près avec ceux dont tendent à se rapprocher les deux cent
dix angles déduits des observations. Les différences pouvaient être
attribuées aux petites erreurs inévitables dans la détermination des
grands cercles de comparaison provisoires des différents systèmes de
montagnes, et au choix incomplet des cercles adaptés aux grands
cercles primitifs dont les côtés des vingt triangles équilatéraux font
partie.
Dès lors, le secret du caprice apparent qui rapprochait de certains
points du quadrant les angles formés par les grands cercles de com-
paraison provisoires pouvait être considéré comme dévoilé et comme
n'étant autre chose que l'existence, dans l'agencement réciproque
de ces grands cercles, de la loi de symétrie qui existe dans l'ordon-
nance des vingt triangles équilatéraux. L'auteur fut ainsi conduit à
penser que cette loi de symétrie méritait d'être étudiée et analysée
en vue de l'application qu'on pourrait probablement en faire à la
stratigraphie, et que le temps qu'il pourrait y consacrer ne serait
pas perdu pour la science.
Mais le système des vingt triangles équilatéraux qui embrassent
la sphère n'était pas généralement connu. Peut-être n'en avait-on
38 RAPPORT SU II LES PROGRES
jamais l'ait aucune application. 11 se trouvait dans des conditions
bien différentes du système des huit triangles trirectangles qui em-
brassent aussi la sphère entière : ce dernier sert de base au système
cristallin régulier, et même, avec de certaines modifications, à la
cristallographie tout entière; les cristallographes en ont l'ait une
étude aussi détaillée qu'approfondie; il s'agissait d'étudier sur un
plan analogue le système des vingt triangles équilatéraux.
L'auteur a consigné cette étude dans sa Notice sur les systèmes de
montagnes, et dans quelques autres écrits qui seront mentionnés
ultérieurement. Le présent Rapport ne comporte naturellement
qu'une analyse générale et sommaire de ces travaux, faite en vue
de leurs résultats.
Les grands cercles primitifs auxquels appartiennent les côtés des
vingt triangles équilatéraux sont au nombre de quinze. Chacun
d'eux fournit deux côtés de triangles placés en opposition l'un par
rapport à l'autre; et, comme chaque côté appartient à deux triangles
contigus et doit être compté deux fois, cela donne les soixante côtés
des vingt triangles. Les soixante angles de ces mêmes triangles se
réunissent cinq à cinq en douze points, dont chacun est l'antipode
d'un point semblable.
En chacun de ces points de réunion d'un nombre impair d'angles
égaux, chaque côté se trouve opposé à un angle que sa prolongation
divise en deux parties égales, en formant l'apothème du triangle au-
quel cet angle appartient, et ensuite l'apothème d'un autre triangle
contigu au premier; chacun des quinze cercles primitifs qui con-
tient deux côtés de triangle contient aussi quatre apothèmes, ce
qui donne les soixante apothèmes des vingt triangles équilatéraux.
Les trois apothèmes de chacun des vingt triangles se croisent à
son centre sous des angles de 6o°, et le divisent en six triangles
rectangles scalènes égaux et symétriques deux à deux, dont les
angles sont de 900, de 6o° et de 36°. La sphère entière est parta-
gée en cent vingt de ces triangles rectangles scalènes.
Chacun des Imil triangles Irireetangles qui embrassent aussi la
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 39
sphère entière peut également être partagé en six triangles rec-
tangles scalènes égaux, et symétriques deux à deux. Chacun de ces
triangles a des angles de 900, de 6o° et de /|5°, et leur nombre
total est de quarante-huit au lieu de cent vingt. Ils sont deux fois
et demie moins nombreux et deux fois et demie plus grands que
dans le système des vingt triangles équilatéraux.
Ces quarante-huit triangles peuvent, sans changer de place,
être groupés par la pensée en huit triangles équilatéraux , qui sont
trirectangles, en six quadrilatères à angles de 1200 et en douze
losanges.
Les cent vingt triangles scalènes du système des vingt triangles
équilatéraux peuvent de même, sans déplacement, être groupés
en vingt triangles équilatéraux, en douze pentagones sphériques
réguliers à angles de 1200, et en trente losanges.
On voit que les deux systèmes se ressemblent en beaucoup
de points; mais ils présentent cette différence essentielle et ca-
ractéristique, que le quadrilatère de l'un est remplacé par le pen-
tagone de l'autre; cette circonstance a donné à l'auteur l'idée de
désigner l'un par le nom de réseau quadrilatéral et l'autre par celui
de réseau pentagonal.
Le réseau pentagonal, composé en principe de vingt triangles
équilatéraux et de cent vingt triangles rectangles scalènes, est une
figure assez complexe pour qu'il soit peut-être difficile au premier
abord de se la représenter sans figure. Mais une figure en per-
spective tracée sur le papier serait un auxiliaire fort imparfait. Le
lecteur ferait bien de tracer le réseau pentagonal sur un corps
sphérique , ne fut-ce qu'une bille de billard , ou même une orange ,
ou mieux encore d'avoir sous les yeux le globe terrestre, sur lequel
M. Laugel a tracé, comme on le dira plus loin, le réseau pentagonal.
Il est aisé de voir, même sur une figure imparfaite, que les cent
vingt triangles rectangles scalènes du réseau pentagonal peuvent,
sans aucun déplacement, être groupés par la pensée de manière
à donner un système trirectangulaire. Ce groupement peut s'effec-
/,() RAPPORT SUR LES PROGRÈS
hier de cinq manières différentes, et on obtient ainsi cinq systèmes
trirectangulaires indépendants les uns des autres et assemblés sui-
vant les lois de la symétrie pentagonale.
Cette propriété remarquable du réseau pentagonal peut aussi
se déduire des énoncés donnés ci-dessus. Chacun des trente arcs
qui forment les côtés des vingt triangles équilatéraux est coupé
perpendiculairement dans son milieu par un autre grand cercle
primitif, qui y passe sous la forme de deux apothèmes réunis
par leurs pieds. Le nombre de ces intersections rectangulaires
est de trente, mais, comme chacune d'elles se trouve sur deux
grands cercles primitifs, on en trouvera soixante, si on suit les
grands cercles primitifs l'un après l'autre en comptant les inter-
sections rectangulaires qu'on y rencontre. Chaque grand cercle pri-
mitif en renferme quatre, qui sont placées à des intervalles égaux
chacun à un apothème augmenté d'un demi-côté de triangle équi-
latéral; réunion qui forme exactement un quart de circonférence.
On voit d'après cela que chacun des grands cercles primitifs est
conjugué avec deux autres pour former un système trirectangu-
laire. Les quinze grands cercles primitifs donnent cinq systèmes
semblables, contenant chacun six intersections rectangulaires, ce
qui en fait trente comme on l'a déjà dit.
Pour trouver ces cinq systèmes trirectangulaires sans ambiguïté,
il suffit de considérer les milieux des cinq côtés de l'un des douze
pentagones. Chacun de ces milieux présente une intersection rec-
tangulaire appartenant à un système trirectangulaire différent de
ceux auxquels appartiennent les quatre autres.
La manière dont s'assemblent les cent vingt triangles rectangles
scalènes, dans lesquels la surface de la sphère est divisée par les
quinze grands cercles primitifs du réseau, permet de mettre en
évidence, avec la plus grande facilité, les principales propriétés de
la symétrie pentagonale. 11 suffit pour cela d'étudier les différentes
ligures auxquelles ils donnent naissance par leurs divers modes
de groupement.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 41
Les cordes des trois côtés de chacun des vingt triangles sphéri-
ques équilatéraux, composés respectivement de six triangles rec-
tangles scalènes, forment un triangle éqnilatéral plan, et les vingt
triangles plans ainsi obtenus constituent un icosaèdre régulier inscrit
dans la sphère et dont les sommets coïncident avec les centres des
douze pentagones.
Les cordes des cinq côtés de chacun des douze pentagones sphé-
riques réguliers, composés respectivement de dix triangles rectan-
gles scalènes, forment un pentagone régulier plan, et les douze
pentagones plans ainsi engendrés constituent un dodécaèdre régulier
inscrit dans la sphère et dont les sommets coïncident avec les
centres des vingt triangles équilatéraux.
Chacune des trente intersections rectangulaires des grands cercles
primitifs du réseau occupe le milieu de l'un des trente losanges
sphériques résultant de l'assemblage quatre à quatre des cent
vingt triangles rectangles scalènes. Si par chacun de ces trente
points on mène un plan tangent à la sphère, on formera un solide
terminé par trente losanges égaux entre eux et régulièrement
assemblés. Ce solide est circonscrit à la sphère, mais il peut être
remplacé par un autre semblable et un peu plus petit, qui serait
inscrit dans la sphère de manière à ce que les sommets quintuples
coïncident avec les centres des douze pentagones et à ce que ses
sommets triples se trouvent sur les rayons aboutissant aux centres
des vingt triangles équilatéraux.
Chacun des cinq systèmes trirectangulaires conduit d'une manière
analogue à un cube, à un octaèdre, aux deux tétraèdres qui en
dérivent par hémiédrie, et à un dodécaèdre rhomboïdal. Ainsi le
réseau pentagonal renferme cinq cubes , cinq octaèdres , dix tétraè-
dres et cinq dodécaèdres rhomboïdaux assemblés suivant les lois de
la symétrie pentagonale.
La considération de ces différents solides met sur la voie de
trouver les grands cercles qui peuvent concourir avec les quinze
grands cercles primitifs pour représenter la symétrie pentagonale.
A*2 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ou même les remplacer dans son expression; de même que, dans
le système cubique, l'octaèdre et le dodécaèdre rhomboïdal peuvent
remplacer le cube.
On peut d'abord mener par le centre de la sphère six plans
respectivement parallèles aux douze faces du dodécaèdre régulier.
Ces six plans détermineront six grands cercles dont chacun aura
pour pôles les centres de deux des douze pentagones sphériques
réguliers. Ces six grands cercles seront seuls de leur espèce dans le
réseau et constitueront l'expression la plus simple et la plus con-
centrée, la plus quintessenciée pour ainsi dire, de la symétrie pen-
tagonale. L'auteur de la Notice leur a donné le nom de dodécaedriques
réguliers.
On peut aussi mener par le centre de la sphère dix plans res-
pectivement parallèles aux vingt faces de l'icosaèdre régulier. Ces
dix plans détermineront dix grands cercles qui auront pour pôles
les centres des vingt triangles équilatéraux. Ils constitueront, après
les précédents , l'expression la plus concentrée de la symétrie penta-
gonale. L'auteur leur a donné le nom à'icosaédriques.
On pourrait également mener par le centre de la sphère quinze
plans respectivement parallèles aux faces du solide terminé par
trente losanges; mais il est aisé de voir que ces plans ne seraient
autre chose que les plans mêmes des quinze grands cercles primitifs.
On pourrait aussi mener par le centre de la sphère quinze plans
respectivement parallèles aux six faces de chacun des cinq cubes ,
mais ces quinze plans reproduiraient encore ceux des quinze grands
cercles primitifs.
On pourrait songer, en outre, à mener par le centre de la sphère
des plans parallèles aux faces des cinq octaèdres, ou, ce qui revient
au même, des plans perpendiculaires aux diagonales des cinq sys-
tèmes trirectangulaires : chaque système trirectangulaire ayant
quatre diagonales, il semble qu'il devrait y avoir, en tout, vingt
plans de cette espèce; mais il n'y en a réellement que dix, parce
que chaque diagonale est commune à doux des cinq systèmes hi-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 43
rectangulaires, qui se superposent l'un à l'autre en tournant, soit
de kk°-2W %Ç)",ok, soit de 75°3i'W,96, autour de la diagonale
qui leur est commune. De plus, ces dix diagonales des systèmes
trirectangulaires ne sont autre chose que les diamètres de la sphère
qui joignent deux à deux les centres des vingt triangles équilaté-
raux, de sorte que les dix plans qui leur seraient respectivement
perpendiculaires rentrent dans ceux des icosaédriques.
Cette construction ne donne donc pas de nouveaux cercles, mais
elle augmente l'importance des icosaédriques , et, pour constater leur
condition privilégiée, l'auteur les a nommés icosaédriques ou octaédri-
ques, ou même simplement octaédriques , nom plus facile à prononcer.
On peut enfin , pour compléter l'opération , mener par le centre
de la sphère des plans respectivement parallèles aux faces des cinq
dodécaèdres rhomboïdaux, faces dont on compte soixante parallèles
deux à deux. Ces plans, qui sont au nombre de trente et perpen-
diculaires deux à deux aux plans des quinze grands cercles pri-
mitifs, déterminent trente grands cercles que l'auteur nomme dodé-
caédriques rh omboïdaux .
Les constructions qui viennent d'être définies donnent en tout
Gi grands cercles, savoir:
6 dodécaédriques réguliers ;
y o icosaédriques ou octaédriques ;
1 5 grands cercles primitifs ;
3o dodécaédriques rhomboïdaux.
Ces grands cercles, surtout les seize premiers, sont évidemment
dans les rapports les plus intimes avec la symétrie pentagonale, et
l'auteur les a nommés les grands cercles principaux du réseau pen-
tagonal.
M. Elie de Beaumont a donné dans la Notice sur les systèmes de
montagnes une figure exacte (pi. Y) de l'un des douze pentagones
du réseau, sur laquelle tous les grands cercles principaux sont re-
présentés par des lignes pleines ou diversement ponctuées, de ma-
nière à en rendre les quatre classes distinctes à première vue et à
M RAPPORT SUR LES PROGRÈS
montrer comment ces grands cercles s'ajustent les uns aux autres.
On le voit mieux encore sur le globe où M. Laugel a dessiné le
réseau pentagonaî.
Mais ces soixante et un grands cercles principaux ne forment pas
encore un réseau assez serré pour qu'on puisse y trouver les grands
cercles de comparaison de tous les systèmes de montagnes. La
stratigraphie ne peut pas plus s'y arrêter que la cristallographie
ne s'arrête aux laces du cube, de l'octaèdre et du dodécaèdre
rhomboïdal. Elle doit chercher des grands cercles auxiliaires parmi
ceux qui dérivent des grands cercles principaux, lorsqu'on supprime
une des conditions qui fixait ces derniers dans la position limite
qui leur appartient. On obtient ainsi des grands cercles qui reflè-
tent encore d'une manière très-marquée la symétrie pentagonale.
L'auteur s'est laissé guider à cet égard par ce qui a été fait dans
la cristallographie, non pas parce que la cristallographie est une
science familière à beaucoup de géologues, mais parce qu'elle re-
pose sur une analyse exacte et approfondie des rapports géométri-
ques de tous les plans qui peuvent se rattacher au système trirec-
tangulaire ou quadrilatéral , analyse dont on peut reporter l'esprit
dans l'étude du réseau pentagonaî.
Le réseau quadrilatéral divisant la surface de la sphère en qua-
rante-huit triangles sphériques rectangles scalènes égaux et symé-
triques deux à deux, les plans des arcs qui forment les côtés de
ces triangles divisent l'espace en quarante-huit angles trièdres,
ayant pour sommet commun le centre de la sphère. Si dans l'un de
ces angles trièdres on place un plan d'une manière quelconque, et
qu'on en place un semblablement dans chacun des quarante-sept
autres angles trièdres, ces quarante-huit plans formeront un solide
à quarante-huit faces, qui jouira dans son ensemble de la symétrie
quadrilatérale, mais qui s'y rattachera le moins possible, puisque
le premier plan choisi ne s'y rattache en aucune façon. Mais \v
premier plan peut être choisi de manière à remplir une condition
particulière par rapport à la symétrie quadrilatérale. Le solide s<>
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 45
rattache alors plus intimement à cette symétrie, et il s'y rattachera
d'autant plus (pie le premier plan choisi y sera plus étroitement lié.
Le réseau pentagonal donne naissance de la même manière à un
système de cent vingt angles trièdres qui conduisent à un solide à
cent vingt faces doué dans son ensemble de la symétrie pentago-
nale, et d'autant plus lié à cette symétrie que le premier plan choisi
s'y rattache plus étroitement.
Les cinq systèmes trirectangulaires que renferme le réseau pen-
tagonal donnent naissance à cinq solides à quarante-huit faces,
présentant 5 fois 48 plans, ou 2 ko plans, qu'on peut, d'après leur
symétrie, considérer comme formant un solide à deux cent qua-
rante faces; deux fois autant qu'en compte le solide dérivé du ré-
seau pentagonal. Mais ce solide se dédouble en deux autres dont
chacun présente cent vingt faces et jouit de la symétrie pentagonale.
Pour le concevoir, il suffit de remarquer que les deux triangles
rectangles scalènes, qui dans le réseau quadrilatéral aboutissent
par leurs angles de 45° à l'angle d'un triangle trirectangle ,
s'y trouvent dans des conditions de parfaite symétrie, mais que,
lorsque ce même triangle trirectangle est considéré comme faisant
partie du réseau pentagonal, l'un des côtés de chaque angle droit
appartient à un petit côté et l'autre à un grand côté de l'un des
triangles rectangles scalènes du réseau pentagonal, de sorte que les
triangles du réseau quadrilatéral qui leur sont accolés jouent dans
la symétrie pentagonale des rôles différents; ce qui conduit au dé-
doublement du système de 260 plans en deux systèmes de 1 20 plans
chacun, 120 d'une espèce, symétriques deux à deux, et 120 d'une
autre espèce, également symétriques deux à deux. Dans chacun des
deux systèmes les cent vingt plans sont également parallèles deux à
deux, et ils répondent à deux séries, chacune de soixante cercles,
appartenant généralement à deux espèces différentes.
On voit par là que les deux réseaux, dans leur assemblage, s'en-
grènent d'une manière à la fois gauche et parfaitement régulière,
et ce qu'ils présentent de similaire conduit naturellement à pro-
',<; li kPPORT SU H LES PROGRÈS
céder dans l'analyse du réseau peu tagoml comme la cristallographie
a procédé dans l'analyse du réseau quadrilatéral.
Dans le système cristallin régulier, les faces qui ont les rapports
les plus directs avec la symétrie générale sont, après les faces du
cube, de l'octaèdre et du dodécaèdre rhomboïdal, celles qui, en
termes de cristallographie, s'appuient sur les arêtes de ces solides,
et qui peuvent être engendrées par les plans de leurs faces tournant
autour des arêtes qui les terminent; c'est-à-dire les faces des hexa-
tétraèdres ou dodécaédriques pentagonaux, celles des trapézoèdres
ou des solides à faces triangulaires qui en continuent la série , et
celles des solides à quarante-huit faces formés de douze pyramides
ayant pour bases les faces du dodécaèdre rhomboïdal. Ces faces
peuvent toutes être engendrées par celles du dodécaèdre rhom-
boïdal tournant autour de leur petite diagonale, de leur grande
diagonale, et des quatre arêtes qui les terminent.
Transportés dans le réseau pentagonal, les plans qui corres-
pondent aux hexatétraèdres des cinq systèmes trirectangulaires sont
représentés par les grands cercles, en nombre infini, qu'on peut
faire passer par les trente intersections rectangulaires des grands
cercles primitifs, et les plans qui correspondent aux trapézoèdres
sont représentés par les grands cercles, en nombre infini, qu'on
peut faire passer par les points de la surface sphérique , au nombre
de soixante, où aboutissent les diagonales des angles plans des
systèmes trirectangulaires. Ces points sont les milieux des arcs de
90°qui, sur les grands cercles primitifs, joignent les intersections
où ils se coupent à angle droit. Enfin les plans qui correspondent
aux faces des pyramides ayant pour bases les faces en forme de lo-
sange du dodécaèdre rhomboïdal sont représentés par les grands
cercles, en nombre infini, qu'on peut faire passer par les points
de la surface de la sphère où aboutissent les diagonales des cinq
systèmes trirectangulaires. Ces points sont au nombre de vingt seu-
lement, ainsi qu'on l'a déjà vu, et il en résulte que les cercles qui
sont assujettis à y passer éprouvent par cela même une sorte de
DE LA STRATIGRAPHIE EiN FRANCE. kl
concentration qui leur imprime dune manière particulière le ca-
chet de la symétrie pentagonale.
L'auteur a nommé hexatétraédriques ou dodécaédriques pentagonaux
les grands cercles qui passent aux trente intersections rectangu-
laires des cercles primitifs du réseau. Par des motifs déjà signalés
à l'occasion des solides de deux cent quarante et de cent vingt faces,
les soixante hexatétraédriques', qui correspondent à chaque système
de cinq hexatétraèdres, forment deux séries, chacune de trente
cercles, appartenant généralement à deux espèces différentes.
L'auteur a nommé par le même motif trapézoédriques les grands
cercles qui passent aux soixante points de la surface sphérique où
aboutissent les diagonales des angles droits des cinq systèmes tri-
rectangulaires.
Quant aux cercles qui passent par les vingt points où aboutissent
les diagonales des cinq cubes , il les a nommés diagonaux en raison
de ce que les points auxquels ils sont assujettis à passer constituent
les angles des pentagones sphériques réguliers, que ces cercles tra-
versent diagonalement.
Passant ensuite aux trois solides qui dérivent directement de la
symétrie pentagonale, on peut également concevoir des faces, en
nombre infini, appuyées sur les arêtes du dodécaèdre régulier, sur
celles de l'icosaèdre ou sur celles du solide terminé par trente lo-
sanges, et mener par le centre de la sphère des plans parallèles
à ces faces.
Les plans menés par le centre de la sphère, parallèlement aux
faces appuyées sur les arêtes du dodécaèdre régulier, passent tous
par l'un ou l'autre des axes de l'un des cinq systèmes trirectangu-
laires, et les grands cercles, qu'ils déterminent, en nombre infini,
passent tous par l'un ou l'autre des trente points où les grands
cercles primitifs du réseau se coupent à angle droit.
Il en est exactement de même des cercles déterminés par des
plans menés par le centre de la sphère, parallèlement aux faces
appuyées sur les arêtes de l'icosaèdre régulier.
Û8 RAPPORT SUR LES PROGRES
Ainsi Ions ces cercles rentrent dans la classe i\v* hexatétra&-
driques.
Il en est autrement des plans parallèles aux laces qu'on peut
concevoir comme s'appuyant sur les arêtes du solide terminé par
trente losanges, et formant sur chacun de ces losanges une pyra-
mide à quatre faces. Les cercles déterminés par ces plans passent
par les points de la surface de la splière où les grands cercles pri-
mitifs se coupent sous des angles de 36°, c'est-à-dire par les centres
des douze pentagones sphériques réguliers. Par suite de cette cir-
constance, l'auteur a donné aux cercles dont il s'agit le nom de
diamétraux.
En résumé, les cercles qu'on est conduit à introduire, comme
auxiliaires les plus directs, dans le réseau pentagonal, passent par
quatre sortes de points, savoir : par les centres des douze penta-
gones, par les centres des vingt triangles équilatéraux, par les
centres des trente losanges, et par les points situés au milieu des
arcs de 900 qui joignent l'une à l'autre les intersections rectangu-
laires des grands cercles primitifs. Ils sont de quatre sortes : les
hexatétraédriques , les trapézoédriques , les diagonaux et les diamétraux ,
de même qu'il y a aussi quatre espèces de grands cercles principaux.
Les points où les grands cercles auxiliaires sont assujettis à passer
sont évidemment ceux qui jouent le rôle prépondérant dans l'or-
donnance des cercles du réseau, et ils doivent ce privilège à la
circonstance qu'ils constituent les pôles des cercles principaux.
En effet, les centres des douze pentagones sont, comme on la
déjà dit, les pôles des six dodécaédriques réguliers; les centres des
vingt triangles équilatéraux sont les pôles des dix icosaédriques ou
octaédriques ; les trente points où les grands cercles primitifs se ren-
contrent perpendiculairement sont les pôles de ces mêmes cercles,
et enfin les soixante points où les diagonales des angles droits des
cinq systèmes trirectangulaires rencontrent la surface de la sphère
sont les pôles des trente dodécaédriques rltomboïdaux.
Les cercles auxiliaires que nous avons choisis, passant toujours
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 49
par les pôles de l'un des grands cercles principaux, coupent néces-
sairement ce grand cercle à angle droit; ainsi les grands cercles
auxiliaires que nous avons introduits sont tout simplement les per-
pendiculaires aux grands cercles principaux, et le réseau, limité à
ces cercles, est composé simplement des grands cercles principaux
et de tous leurs perpendiculaires.
Les pôles des grands cercles principaux étant tous situés sur les
grands cercles primitifs , on voit que tous les cercles introduits dans
le réseau peuvent être engendrés par les grands cercles primitifs
tournant autour de ceux de leurs diamètres qui aboutisssent aux
pôles des grands cercles principaux, et les grands cercles princi-
paux eux-mêmes sont compris dans ce mode de génération.
Tous ces cercles sont évidemment en connexion très-étroite les
uns avec les autres et avec la symétrie du réseau. Ils forment un
ensemble très-rationnellement limité, et dans l'ordre des rapports
de symétrie ils occupent un rang supérieur à tous ceux dont la
liaison avec le système des vingt triangles équilatéraux permettrait
encore d'y chercher de nouveaux cercles auxiliaires. Sans proscrire
en aucune façon l'emploi de ces derniers, l'auteur de la Notice a
pensé que, pour un premier essai de la symétrie pentagonale, on
pourrait se limiter à la série de cercles qui vient d'être définie.
L'auteur a pensé aussi qu'il serait utile d'avoir une notation
simple pour désigner les pôles des cercles principaux où les cercles
auxiliaires sont assujettis à passer, et il a désigné par D les pôles
des dodécaédriques réguliers qui répondent aux centres des faces
du dodécaèdre régulier, par I les pôles des icosaédriques ou octaé-
driques qui répondent aux centres des faces de l'icosaèdre régulier,
par H les pôles des grands cercles primitifs qui répondent aux centres
des faces du solide de trente losanges et où passent les hexatétraé-
driques, et parT les points où aboutissent les diagonales des angles
droits des cinq systèmes trirectangulaires, points où les trapézoé-
driques sont assujettis de même à passer. Il a donné collectivement
à tous ces points le nom de points principaux du réseau , mais il
Stratigraphie. 4
50 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
a aussi considéré comme points principaux d'un ordre secondaire
les soixante points a où les octaédriques coupent perpendiculai-
rement les grands cercles primitifs, les soixante points b où les dodé-
caédriques réguliers coupent perpendiculairement les mêmes grands
cercles primitifs, et les cent vingt points c où les dodécaédriques rhom-
boïdaux coupent perpendiculairement les octaédriques.
Ces derniers points sont ceux où la surface sphérique est traversée
par des droites menées du centre de la sphère, parallèlement aux
apothèmes des faces de l'icosaèdre, du dodécaédrique régulier et
des cinq octaèdres. Déjà les lignes menées par le centre de la sphère,
parallèlement aux axes, aux diagonales, aux arêtes de l'icosaèdre, du
dodécaèdre régulier, du solide de trente losanges, des cinq cubes,
des cinq octaèdres, des cinq dodécaédriques rhomboïdaux, et aux
diagonales des faces du solide de trente losanges, des cinq cubes et
des cinq dodécaédriques rhomboïdaux, aboutissent aux points D, I ,
H et T. Les points principaux représentent donc les lignes les plus
symétriquement placées dans la charpente rectiligne du réseau
pentagonal, et, dans l'ordre hiérarchique basé sur la symétrie,
ils sont supérieurs à tous ceux avec lesquels on pourrait les com-
parer.
Il y a ainsi en tout 36 s points principaux, tant du premier
que du second ordre, savoir :
19 points D
20 points I
3o points H
6o points T
6o points a
6o points /;
<'l 120 points c
362
La disposition de ces points sur la surface de la sphère est
beaucoup plus simple que leur grand nombre ne pourrait le faire
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 51
supposer de prime abord. Si on les considère sur la planche V de
la Notice, ou mieux encore sur le globe où M. Laugel a tracé le
réseau pentagonal, on verra qu'ils sont disposés avec une symétrie
facile à saisir et qui permet de les retrouver aisément. Ils donnent
lieu à certaines configurations très-simples qui sont indiquées en
détail dans l'ouvrage, mais dont la description ne peut trouver
place dans ce rapport. On citera seulement le petit pentagone que
forment autour du centre de chacun des douze grands pentagones
les cinq octaédriques qui le traversent. Le petit pentagone est con-
centrique au grand. Il a pour sommets cinq points T, et un pointa
se trouve au milieu de chacun de ses côtés.
Dans le réseau ainsi constitué, le nombre des cercles auxi-
liaires est infini; mais, dans chaque catégorie, ces cercles, quoique
engendrés d'une manière uniforme, n'ont pas une égale impor-
tance. En effet, parmi les hexatétraédriques, par exemple, dont
chacun passe par un point H, ceux qui passent en même temps
par un autre des points principaux du premier ordre D, I, T, ou
même seulement par un point principal du second ordre a, b ou c,
ont évidemment une liaison plus étroite avec la symétrie penta-
gonale que ceux qui ne jouiraient pas d'un pareil privilège. Le
nombre des cercles auxiliaires qui passent par deux points princi-
paux, dont l'un au moins du premier ordre, étant encore de plu-
sieurs milliers, l'auteur a pensé que provisoirement, et pour faire
un premier essai de la symétrie pentagonale, on pourrait se bor-
ner à ces cercles privilégiés, sauf à revenir plus tard, si le besoin
s'en faisait sentir, à des cercles assujettis à des conditions moins
étroites.
Les cercles principaux et les cercles privilégiés qui viennent
d'être signalés forment en quelque sorte la quintessence du ré-
seau pentagonal, et il a paru très-probable à l'auteur que, si le
réseau a des rapports avec la structure orographique et strati-
graphique de l'écorce terrestre, ces rapports doivent se manifester,
par l'intermédiaire de ces cercles d'ordre supérieur, d'une manière
52 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
assez générale déjà pour ne laisser aucun doute. En effet, dans tous
les essais qu'il a faits, il n'a jamais senti le besoin de recourir à
des cercles auxiliaires d'un ordre inférieur; cependant quelques-
unes des personnes qui se sont occupées de l'application du réseau
pentagonal y ont eu recours dans des cas exceptionnels, qui pour-
ront peut-être se multiplier.
Les cercles auxiliaires du réseau pentagonal correspondent à
peu près aux décaissements de la cristallographie, et, par leur
moyen, le réseau pentagonal devient aussi flexible pour repré-
senter une direction observée que l'est un système cristallin pour
reproduire approximativement une incidence mesurée. La limi-
tation du nombre des cercles auxiliaires ressemble à ce qui se
pratique dans la cristallographie, où, par exemple, pour l'inci-
dence d'un hexatétraédrique sur la face du cube, on peut adapter
un angle dont la tangente soit le rapport de deux nombres entiers
quelconques, mais où, par le fait, on n'emploie jamais que des
angles dont la tangente est exprimée par le rapport de deux nom-
bres peu considérables, tels que 1, 2, 3, h. . .
La possibilité de se servir toujours de pareils nombres montre
les rapports intimes de la cristallographie avec la structure réelle
des corps cristallisés , et de même la possibilité de s'en tenir presque
toujours à des cercles auxiliaires déterminés par les points princi-
paux du réseau montre les rapports intimes qui existent entre le
réseau pentagonal et la structure de l'écorce terrestre.
Les notations adoptées pour les points principaux fournissent
des notations très-simples pour les cercles qui y passent; car il est
naturel de désigner par IT un cercle qui passe par un point I et
un point T, par Ta un cercle qui passe par un point T et un
point a. Il est à remarquer cependant que, réduite à ce degré de
simplicité, la notation a quelque chose d'ambigu, parce qu'il y a
des cercles IT et des cercles Ta de plusieurs espèces, qui traversent
dans le réseau des régions très-différentes. Pour faire disparaître
cet inconvénient, il suffît de remarquer qu'an cercle qui passe par
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 53
deux points principaux passe très-souvent par plusieurs autres qui
peuvent également servir à le désigner et dont on peut faire entrer
les lettres indicatives dans sa désignation. On arrive ainsi à des
notations telles que TIa, TTbbc, etc. 11 suffit de tenir compte des
points qu'un cercle rencontre dans une demi-circonférence, ceux
de l'autre moitié du cercle étant nécessairement les antipodes des
premiers.
Le nombre des cercles dune même espèce est variable. Les
dudécaédriques réguliers sont au nombre de 6, les octaédriques au
nombre de 10, les primitifs au nombre de i5, et les dodécaédri-
ques rhomboïdaux au nombre de 3o. Quant aux cercles auxiliai-
res, ceux dont les pôles tombent sur les primitifs sont au nombre
de 3o dune même espèce, et ceux dont les pôles sont en dehors
des primitifs sont au nombre de 6o, aussi d'une même espèce.
6o est le nombre normal, car le nombre des triangles rectangles
scalènes étant de 120, ce nombre est aussi en général le nombre
des faces d'un solide du système pentagonal , tel que celui qui
résulte d'une pyramide à quatre faces placée sur chacune des
faces du solide terminé par trente losanges; mais, si deux faces
deviennent perpendiculaires au plan d'un primitif, les cercles qui
leur correspondent se confondent deux à deux, et de 60 leur
nombre se réduit à 3o, parce que leurs pôles viennent se placer
respectivement sur le grand cercle primitif, auquel ils sont perpen-
diculaires. C'est par des combinaisons du même genre, mais plus
spéciales, que le nombre des primitifs se réduit à i5, celui des
octaédriques à 1 o, et celui des dodécacdriques réguliers à 6. En général ,
plus le nombre des cercles d'une même espèce est réduit, plus les
cercles de cette espèce sont étroitement liés à la symétrie penta-
gonale. Les six dodécaédriques réguliers sont, comme on l'a déjà re-
marqué, l'expression la plus concentrée de la symétrie penta-
gonale.
Dans l'étude qu'il fit du réseau pentagonal pour arriver à le
constituer ainsi, M. Elie de Beaumont fut naturellement conduit à
54 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
calculer les valeurs d'un grand nombre d'angles formés par les
cercles du réseau dans leurs intersections mutuelles, et les ampli-
tudes d'un grand nombre d'arcs résultant aussi de la manière don!
les cercles se subdivisent, en se coupant les uns les autres. Ces cal-
culs, nécessairement assez longs, ne le sont cependant pas autant
qu'on pourrait le supposer au premier abord, parce que les cent
vingt triangles rectangles scalènes, dans lesquels les grands cercles
primitifs du réseau divisent la surface de la splière, renfermant
tous exactement les mêmes choses , il suffit de calculer ce qui se
rapporte à l'un d'eux pour connaître ce qui se rapporte à tous les
autres. Les angles et les arcs qui ne sont pas renfermés dans un
seul des cent vingt triangles s'obtiennent en ajoutant les unes aux
autres les parties qui se trouvent dans plusieurs.
Les valeurs des angles et celles des arcs forment deux séries qui
ont beaucoup de rapports l'une avec l'autre, et souvent on trouve
des valeurs d'angles égales à celles d'arcs déjà calculés, et vice versa,
ce qui donne des moyens de vérification toujours précieux dans
une longue série de calculs; car, du moment où on retrouve les
mêmes valeurs pour certains angles et certains arcs, on doit les
retrouver identiques jusque dans les dernières fractions.
L'accumulation des valeurs des angles formés par les cercles du
réseau pentagonal mettait de plus en plus en évidence leur ten-
dance à se grouper de préférence autour de certains points du
quadrant, peu différents de ceux autour desquels se groupaient
aussi les angles formés par les grands cercles de comparaison provi-
soires des vingt et un systèmes de montagnes de l'Europe occidentale
établis d'après les observations. Par là, il devenait de plus en plus
probable que la corrélation qui existe entre ces grands cercles de
comparaison consiste en ce qu'ils sont soumis très-approximative-
ment aux lois de la symétrie pentagonalc. Mais il restait un pas
important à faire, c'était de désigner, parmi les cercles principaux
ou auxiliaires du réseau pentagonal, celui qui devait représenter
chaque système de montagnes.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 55
La considération des valeurs des angles ne suffisait pas pour y
parvenir, car chaque valeur d'angle des cercles donnés par l'obser-
vation pouvait être rapprochée en général de plusieurs valeurs
d'angles tirées du réseau, qui en différaient toutes de quantités
inférieures aux erreurs possibles des observations. Ces valeurs se
rapportaient à des parties du réseau très- différentes les unes des
autres, et leur adoption aurait placé le réseau dans des positions
tout à fait dissemblables sur la surface du globe. 11 aurait fallu
trouver entre les angles déduits de l'observation et ceux tirés du
réseau deux cent dix rapprochements suffisamment approximatifs
et qui s'accordassent pour donner au réseau une seule et même
position. C'était un dédale à peu près inextricable, et dont il aurait
été très-difficile de sortir, même après avoir calculé un nombre
extrêmement considérable d'angles formés par les cercles du
réseau.
TROISIEME PARTIE.
INSTALLATION DU RÉSEAU PENTAGONAL SUR LA SURFACE
DU GLORE TERRESTRE.
Il y avait là une donnée première à chercher, qui n'était com-
prise ni explicitement ni implicitement dans la notion abstraite du
réseau pentagonal.
H fallait trouver, au milieu des irrégularités infinies des accidents
orographiques, un point de départ assuré pour placer la figure par-
faitement régulière du réseau pentagonal dans la position précise
où elle a présidé à leur production.
M. Elie de Beaumont, arrêté d'abord par cette difficulté, imagina
de la tourner par un expédient en quelque sorte mécanique. Il pensa
que, si les lois de la symétrie pentagonale étaient réellement em-
preintes dans les formes orographiques qui accidentent l'écorce
terrestre, les quinze grands cercles primitifs du réseau devaient
en représenter en quelque sorte la forme primitive, et les autres
grands cercles principaux les formes dérivées les plus importantes,
et que, si on mettait en regard l'un de l'autre un globe terrestre et
un réseau pentagonal réduit à ses cercles principaux, on devrait
pouvoir, à la simple vue, saisir entre eux des rapports qui condui-
raient à trouver la position dans laquelle le réseau est réellement en
harmonie avec les configurations géographiques; que, si une repré-
sentation du réseau pentagonal était promenée sur la surface d'un
globe terrestre, on parviendrait bientôt à saisir, entre les cercles
principaux du réseau et les grandes configurations orographiques,
des relations qui permettraient de mettre le réseau à sa place, à la
suite de quelques essais.
En conséquence, il plaça sur un globe de 5o centimètres de dia-
mètre un filet mobile (on fils do soie), composé en principe de vingt
58 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
mailles ayant chacune la forme d'un triangle équilatéral de la
grandeur voulue pour que le filet s'applique exactement sur la sur-
face sphérique et l'embrasse avec une rigoureuse précision. Puis,
sans compléter d'abord entièrement le réseau, il y ajouta les cercles
et portions de cercles nécessaires pour en rendre la forme et les
principales applications faciles à comprendre et à exécuter.
H y figura, outre les grands cercles primitifs auxquels appar-
tiennent les côtés des vingt triangles équilatéraux, une partie des
autres cercles principaux du réseau, des octaédriques , des dodécaé-
driques réguliers, des dodécaédriques rhomboïdauœ, et même quelques
cercles auxiliaires. Les cercles étaient liés entre eux d'une manière
invariable, mais leur ensemble était mobile sur la surface du globe.
Quelques tâtonnements préliminaires le conduisirent à installer
tout simplement le réseau sur le triangle trirectangle , ou à peu
près tel, qu'il avait trouvé être formé par les grands cercles de
comparaison provisoires des systèmes du Ténare, de ïaœe volca-
nique de la Méditerranée et de la grande traînée volcanique des Andes
et du Japon. Ce triangle se trouvait représenté par un grand cercle
primitif (Ténare) et par deux dodécaédriques rhomboïdauœ. Un point T
coïncidait avec l'Etna, un centre de pentagone tombait vers le mi-
lieu de l'Allemagne, et le grand cercle primitif qui passait à l'Etna
allait passer aussi au Mouna-Roa, dans les îles Sandwich. On pou-
vait voir d'un coup d'œil qu'installé de cette manière le réseau
s'adaptait assez heureusement, et même avec des circonstances d'une
précision singulière, qu'il était difficile de considérer comme for-
tuites, à la structure de la surface entière du globe.
M. Elie de Beaumont présenta ce réseau ainsi installé à l'Aca-
démie des sciences dans la séance du 9 septembre i85o, accom-
pagné d'une Note sur la corrélation des directions des différents systèmes
de montagnes, qui a été imprimée dans les Comptes rendus, t. XXXI,
p. 3 2 5, et qui a été développée dans la Notice sur les tvêêèmes de
montagne*.
I ne étude attentive, poursuivie au moyeu de réseaux funiculaires
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 59
établis sur différents globes et de constructions correspondantes
exécutées sur un grand nombre de cartes, ayant confirmé M. Elie
de Beaumont dans le choix de l'installation qui vient d'être indi-
quée, il n'hésita plus à la traduire en chiffres.
La position du réseau était déjà fixée par la coïncidence d'un
point T avec l'Etna et par la direction du grand cercle primitif qui
de ce point allait passer au Mouna-Roa , mais il la fixa plus expli-
citement encore, en annonçant que le centre du pentagone qui
embrasse l'Europe était situé par
lat. 5o°46'3",o8 N.
long. 8°53'3iff,o8E. de Paris,
et que l'orientation, en ce point, de l'un des côtés des vingt triangles
équilatéraux était N. i3°o/Zii",o3 O.1.
Ces trois chiffres déterminaient implicitement la position de tous
les points du réseau pentagonal. Ils permettaient de calculer pour
chacun d'eux sa latitude, sa longitude et l'orientation des cercles
qui y passent, en se servant des valeurs , déjà calculées pour beau-
coup d'entre eux, des arcs et des angles qui lient mutuellement
de proche en proche tous les points du réseau.
L'auteur calcula bientôt après et consigna dans la Notice sur les
systèmes de montagnes les données correspondantes pour les centres
des douze pentagones du réseau et pour tous les points principaux
du pentagone européen. Il put aussi calculer avec une égale facilité
les positions d'autant de points principaux des autres pentagones
qu'il le jugea utile , et les intersections avec les méridiens ou avec
les parallèles de tous les cercles dont il voulut s'occuper, de ma-
nière à pouvoir construire le réseau sur des cartes de toutes les
parties du globe.
Il constata ainsi une harmonie générale et très-précise entre le
1 Note contenant les données qui fixent p. 1 34 , séance du 1 1 août 1 85 1 .) — Voyez
la position du réseau pantagonal sur la sur- aussi Notice sur les systèmes de montagnes j
face du globe. (Comptes rendus, t. XXXIII . p. 1 098.
60 H APPORT SUR LES PROGRES
réseau peu tagonal et les formes orographiques de toutes les parties
de la terre, aux détails desquelles il s'adaptait souvent avec une
étonnante exactitude. Le but était donc atteint. Sans doute l'instal-
lation actuelle du réseau n'est qu'approximative et provisoire, puis-
qu'elle n'est établie que d'après l'Etna et le Mouna-Roa. Beaucoup
d'autres points auraient eu le même droit à servir de points de
départ, et, pour satisfaire à ces exigences, la position provisoire ac-
tuelle devra certainement être corrigée. Mais il y a lieu de penser
que les corrections devront être peu considérables, car les recher-
ches ultérieures de l'auteur ne lui ont pas encore appris dans quel
sens elles devront être faites.
Toute provisoire et approximative quelle était, cette position du
réseau était suffisamment définie pour être mise en rapport avec
les grands cercles de comparaison provisoires des vingt et un sys-
tèmes de montagnes, de manière à trouver quels étaient les grands
cercles principaux ou les grands cercles auxiliaires du réseau qui
devaient les représenter. Pour procéder à cette détermination,
l'auteur ne se contenta pas des secours qu'il trouvait dans les ré-
seaux funiculaires qu'il avait établis sur des globes terrestres; il se
procura un instrument beaucoup plus commode et plus précis,
une carte d'Europe sur laquelle le réseau pentagonal était tracé.
L'auteur avait construit l'épure du pentagone européen projeté
sur le plan qui était tangent à la sphère au centre du pentagone
par la prolongation des plans des différents cercles. Chacun de ces
cercles était représenté sur l'épure par une ligne droite. Leur
agencement, leurs points de concours étaient conservés; une partie
des angles qu'ils forment entre eux était seulement modifiée par
l'effet de la projection ; sur la même épure il traça aussi les con-
tours géographiques, projetés de la même manière par des lignes
droites partant du centre de la sphère, et il eut ainsi la carte inti-
tulée Le Pentagone européen en projection gnomonique sur l'horizon
de son centre, qui constitue la planche V de la Notice sur les systèmes
de montagnes.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. (il
Pour exécuter cette projection, il calcula, d'après les formules
données clans l'ouvrage, les projections des méridiens, qui étaient
toujours des lignes droites, et celles des parallèles, qui étaient tou-
jours des courbes du second degré, pour un plan tangent à la sphère ,
à la latitude du centre du pentagone; et, pour rattacher avec pré-
cision la projection de ce canevas à l'épure du pentagone européen ,
il se servit des latitudes et longitudes déjà calculées de vingt-six
des points principaux du pentagone européen. H ne resta plus qu'à
taire dessiner une carte d'Europe sur ce canevas de projection. La
petitesse de l'échelle, dont il dut se contenter, put introduire quel-
ques inexactitudes dans le tracé de la carte, mais elles ne sont pas
assez considérables pour avoir fait naître des inconvénients très-
sensibles.
Muni de cette carte et de beaucoup de tracés préliminaires exé-
cutés sur d'autres cartes, muni aussi de ses réseaux funiculaires
pour suivre les cercles dans les régions éloignées de l'Europe , l'au-
teur put procéder méthodiquement au choix des cercles principaux
ou auxiliaires du réseau pentagonal qui devaient remplacer les
grands cercles de comparaison provisoires donnés par l'observation.
Cette opération assez longue ne peut être rapportée en détail
dans ce rapport. Il suffira de dire que pas un des cercles cherchés
ne fit défaut. Il fallut seulement modifier les orientations et les
points de départ des cercles donnés par l'observation , de quantités
plus ou moins grandes , mais toujours comprises dans les limites
de l'incertitude résultant de la manière même dont les grands ceixles
de comparaison provisoires avaient été originairement choisis.
L'auteur avait toujours été animé, dans ses travaux, de la pensée
de ne pas viser à une précision imaginaire que la matière ne com-
portait pas. A l'époque déjà éloignée où il commença à s'occu-
per des directions des systèmes de montagnes , il croyait , comme
tous les géologues, que la direction des accidents stratigraphiques
ne pouvait être assignée avec beaucoup de rigueur, et il pensait
qu'en la fixant en nombres ronds et à deux ou trois degrés près
(h> RAPPORT SU! LES PROGRÈS
on oe négligeait rien d'essentiel. Il regardait aussi comme peu im-
portant de faire partir de tel point plutôt que de tel autre le grand
cercle qui représentait l'orientation indiquée. 11 cherchait à le placer
vers le milieu de la région dans laquelle avaient été observés les
accidents stratigraphiques auxquels il se rapportait, sauf à le dé-
placer plus tard dans un sens transversal à son orientation , si la
nécessité s'en faisait sentir. Plus d'une fois, à mesure que le champ
des observations s'étendait, il avait, comme l'indique la Notice,
déplacé transversalement, de quatre à cinq degrés, certains grands
cercles de comparaison.
Il était donc naturel qu'on fût obligé, pour trouver dans le ré-
seau pentagonal le représentant d'un système de montagnes donné ,
de faire subir à ce dernier un changement d'orientation allant dans
certains cas jusqu'à deux ou trois degrés, et un déplacement trans-
versal de plusieurs degrés. Cependant, dans le plus grand nombre
des cas, les changements ont été beaucoup moindres et les choix
que l'auteur a faits parmi les cercles du réseau ont tous été sanc-
tionnés par des circonstances qui seront mentionnées plus tard.
Mais c'est ici le lieu de remarquer que l'obligation, dans laquelle
il s'est trouvé, de modifier quelquefois notablement les grands cercles
de comparaison provisoires déduits de l'observation , répond à une
objection qui lui a été faite par quelques personnes et qui a paru
plausible à un grand nombre. On a dit que, vu le grand nombre
des cercles du réseau pentagonal, on devait toujours en trouver qui
passassent dans une région donnée avec une orientation déter-
minée. Or c'est là précisément ce qui n'a pas lieu. L'auteur, dans
chaque région, n'a eu généralement à choisir qu'entre des cercles
très-peu nombreux ayant approximativement une orientation dé-
terminée, et il a été obligé de se soumettre à la nécessité de mo-
difier plus ou moins les grands cercles de comparaison provisoires;
mais on verra par la suite que c'était là une nécessité motivée par
la nature des choses et qui ne faisait que lui imposer de grands
cercles jalonnés à l'avance par les phénomènes géologiques.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 63
Dans l'idée première des systèmes de montagnes, le grand cercle
de comparaison était simplement une ligne idéale, abstraite; on ne
supposait en aucune façon qu'elle pût avoir sur la surface du globe
une existence matérielle. Or l'application du réseau pentagonal a
mis en lumière le fait que le grand cercle de comparaison d'un
système de montagnes, lorsqu'il remplit bien la condition d'être
la véritable représentation de tout l'ensemble, a joui du privilège
d'être choisi de préférence pour devenir le théâtre des phénomènes
de dislocation et d'éruption, et la propriété du réseau pentagonal
est de faire découvrir ces cercles privilégiés.
Ce n'est pas que tous les points remarquables de l'écorce ter-
restre se trouvent sur les grands cercles fournis par le réseau pen-
tagonal pour représenter les différents systèmes de montagnes. On
sait depuis longtemps qu'un système de montagnes se compose d'un
nombre plus ou moins grand d'accidents stratigraphiques qui
courent parallèlement à son grand cercle de comparaison. Le cercle
donné par le réseau coïncide avec l'une de ces lignes qui est ordi-
nairement la plus continue ; les autres s'y rattachent par leur pa-
rallélisme.
Les grands cercles du réseau qui représentent des systèmes de
montagnes ne sont pas les seuls qui prennent en enfilade une longue
série de points orographiquement ou géographiquement remar-
quables. Les grands cercles principaux du réseau et les grands
cercles auxiliaires les plus symétriquemeut placés jouissent très-
souvent de la même propriété, ainsi qu'on en verra des exemples
plus loin. On peut remarquer aussi que les chaînes de montagnes
ne sont pas en rapport, par leurs directions seulement, avec les
cercles de la sphère géologique; elles le sont aussi par leurs ter-
minaisons. Elles s'arrêtent presque toujours à la rencontre de l'un
des cercles principaux ou auxiliaires du réseau , de sorte qu'un sys-
tème de montagnes est composé de chaînons parallèles à un grand
cercle du réseau et terminés à la rencontre d'autres cercles qui
coupent le premier; à peu près comme un fdon est composé de
G'j RAPPORT S LU LES PROGRÈS
tronçons terminés et rejetés transversalement à la rencontre de
filons croiseurs ou de simples fissures.
Les lignes stratigraphiques, parallèles aux cercles du réseau,
qui entrent dans la constitution des systèmes de montagnes, jouent
un rôle analogue dans leurs rencontres mutuelles ou dans leurs ren-
contres avec d'autres cercles du réseau. Les accidents orographiques
sans longueur, comme les pics bien détachés sur les chaînes de
montagnes, les volcans isolés, les îles éparses au milieu de l'Océan,
se trouvent très-souvent aux points d'intersection des cercles du
réseau pentagonal et de leurs parallèles.
Les caps et les fonds des golfes anguleux se trouvent être très-
habituellement les points par lesquels les cercles du réseau et leurs
parallèles passent de la terre sur la mer, et souvent ils sont mar-
qués par les intersections de ces cercles.
De là il résulte que les points remarquables de l'écorce ter-
restre, loin d'y être jetés pêle-mêle et au hasard, y forment une
sorte de quinconce soumis directement ou indirectement à la sy-
métrie pentagonale et qu'on peut appeler le quinconce pentagonal.
Dans ce quinconce, les intersections des cercles du réseau entre
eux jouent le rôle principal. Les intersections de leurs parallèles ne
se rattachent qu'indirectement à la symétrie pentagonale et peu-
vent être qualifiés de points du second ordre.
Mais la nature, en marquant tous ces points en nombre immense,
n'a pas pris soin d'accentuer plus fortement les points du premier
ordre que ceux du second. De très-hautes montagnes marquent
souvent les points de cette dernière classe. Dans l'Europe occiden-
tale, le mont Blanc, le mont Rose, le Cantal, le mont Dore, la
Maladetta, etc. se trouvent en dehors des grands cercles principaux
du réseau et de tous les cercles auxiliaires étudiés jusqu'à présent,
et ne correspondent qu'aux croisements de leurs parallèles; tandis
que d'autres montagnes moins hautes, quoique très-remarquables
aussi, la Miedje en Dauphiné, le ballon de Guebwiller et le Ghamp-
du-Feii (huis les Vosges, le Ghaumont et la Dole dans le Jura,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 65
se trouvent placées , avec une précision singulière , sur le cours des
cercles du réseau et souvent même à leurs intersections.
Une chose curieuse à remarquer, c'est que les lieux où la popu-
lation est concentrée se trouvent, sous ce rapport, dans le même
cas que les hautes montagnes, dont les cimes sont désertes. Les
hommes, dans l'origine, ont sans doute disséminé partout leurs
habitations , mais ils ne les ont agglomérées de manière à former
des villes que dans des points où ils trouvaient des conditions d'exis-
tence exceptionnellement favorables. Ces points étaient particuliè-
rement ceux que les formes orographiques ont destinés à être dans
plusieurs directions des lieux de passage habituels. Ces points-là
se sont rencontrés de préférence sur les lignes stratigraphiques
et à leurs croisements. Il en a été de même de beaucoup de rochers
qui, sans être assez élevés pour être inhabitables, étaient assez
escarpés pour être facilement défendus.
Les confluents et les coudes des rivières se trouvent de même
assez souvent sur les cercles du réseau ou à leur croisement, et
dans beaucoup de cas les populations s'y sont agglomérées.
Plus loin, on verra de nombreuses applications de ces re-
marques. A ces divers égards, aucune partie du globe n'a d'avan-
tage ou de désavantage sur les autres, et les côtes de la Nouvelle-
Hollande ou de l'Amérique russe sont aussi bien partagées que
l'Europe occidentale et les côtes de la Méditerranée.
M. Elie de Beaumont, pour composer la dernière partie de la
Notice sur les systèmes de montagnes, dont tout ce qui vient d'être
dit sur le réseau pentagonal a été extrait , s'était servi de globes sur
lesquels étaient établis des réseaux funiculaires, de nombreuses
cartes sur lesquelles il avait tracé des cercles et des parties du ré-
seau, et de la carte d'Europe en projection gnomonique qui forme
la planche V de l'ouvrage.
Il avait exprimé le regret de ne pouvoir joindre un globe à cet
ouvrage, car il était impossible de publier un globe avec un réseau
funiculaire; mais beaucoup de lecteurs avaient trouvé qu'un globe
Stratigraphie. 5
66 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
avec le roseau pcntagonal tracé, de manière ou d'autre, sur sa sur-
face, leur serait presque aussi nécessaire pour lire le livre qu'il
l'avait été pour le composer.
M. Auguste Laugel voulut bien se charger de combler cette lacune.
En se servant des chiffres que M. Elie de Beau mont avait calculés
et qu'il possédait déjà en grand nombre, il traça et fit graver le
réseau pentagonal sur un globe de M. Ch. Dieu, de 3o centimètres
de diamètre. De profondes connaissances en mathématiques et en
géographie et une grande dextérité dans le maniement des instru-
ments graphiques permirent à M. Auguste Laugel de surmonter heu-
reusement toutes les difficultés de cette opération, et le globe parut,
à la fin de l'année i855, chez M. Sauret-Andriveau, géographe-
éditeur, et chez M. P. Bertrand, libraire, éditeur de la Notice sur les
systèmes demontagnes. M. Laugel y traça non-seulement les soixante et
un grands cercles principaux du réseau, mais encore plusieurs séries
complètes de cercles auxiliaires choisis parmi les plus symétriques,
et tous les cercles auxiliaires qui avaient été adoptés comme grands
cercles de comparaison de différents systèmes de montagnes. Les
cercles de différentes classes sont figurés par des lignes pleines ou
diversement ponctuées, qui permettent de les distinguer aisément
les uns des autres, comme sur la planche V de l'ouvrage. Les trois
cent soixante-deux points principaux sont indiqués par leurs lettres
désignatives, après avoir été marqués, pour la plupart, d'après leurs
latitudes et leurs longitudes calculées. Enfin des teintes plates di-
verses, appliquées sur les cent vingt triangles rectangles scalènes,
permettent d'en saisir les contours à la première vue et de se rendre
compte de leur assemblage en douze pentagones, en vingt triangles
équilatéraux et en trente losanges.
Ce globe est beaucoup plus commode que ceux sur lesquels le
réseau pentagonal était figuré par des fils tendus, et il met en évi-
dence les rapports entre le réseau pentagonal et les configurations
orographiques et géographiques avec une précision qui n'a d'autres
limites que la petitesse de l'échelle.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 67
Mais les inconvénients de cette petitesse de l'échelle, qui n'est
q11^ de 133i33'3i333 , se font sentir dès qu'on cherche à entrer dans les
détails.
Gomme l'emploi d'un globe beaucoup plus grand serait dispen-
dieux et embarrassant, on ne peut guère remédier à cet inconvé-
nient qu'en traçant les cercles du réseau sur des cartes d'une
échelle suffisante.
Afin de faciliter cette opération aux personnes qui voudraient
l'exécuter, M. Elie de Beaumont compléta les chiffres qu'il avait
réunis progressivement pour son usage personnel.
Il les présenta à l'Académie des sciences et ils furent imprimés
dans les Comptes rendus sous le titre de Tableau des données numé-
riques qui firent i5 g cercles du réseau pentagonal1.
Les données que l'auteur fournit pour chaque cercle sont la lon-
gitude L, rapportée au méridien de Paris, du méridien auquel le
cercle est perpendiculaire , la distance b du point d'intersection au
pôle, c'est-à-dire le complément de sa latitude, et enfin la distance c
de ce même point d'intersection à l'un des points principaux com-
pris dans le cercle que l'on considère. Pour chacun des cercles
principaux, ces trois quantités ont pu être calculées par la résolu-
tion d'un seul triangle sphérique rectangle, en partant des points
principaux que l'auteur avait déjà déterminés en latitude, en lon-
gitude et dans l'orientation de l'un des cercles principaux qui y
passent, et en se servant des valeurs déjà connues des angles que
forment entre eux les cercles principaux du réseau et des arcs dans
lesquels ils se subdivisent.
L'indication de la valeur de l'arc c a pour objet de fournir les
moyens de calculer les positions des points qui se trouvent à des
distances déterminées les uns des autres sur le cercle auquel cet
arc appartient. Pour les cercles auxiliaires assujettis seulement à
passer par deux des points principaux du réseau , il a souvent été
1 Comptes rendus, t. LVH, p. 121, séance du 20 juillet i863.
C,8 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
nécessaire de résoudre un premier triangle pour déterminer leur
orientation aux points où ils doivent passer.
Les cent cinquante-neuf cercles auxquels se rapportent les don-
nées numériques sont les soixante et un grands cercles principaux,
les trente bissecteurs I H des angles de 6o°, les trente bissecteurs
D H des angles de 30°, et trente-huit autres cercles auxiliaires de
diverses espèces déjà employés ou essayés pour représenter diffé-
rents systèmes de montagnes.
Les grands cercles principaux et les deux espèces de bissecteurs,
qui forment pour chaque espèce de cercles des séries complètes,
sont groupés et rangés dans la portion des tableaux relative à
chaque espèce , conformément au rôle qu'ils jouent dans les cinq
systèmes trirectangulaires que renferme le réseau pentagonal.
Cette disposition facilite les moyens de suivre sur la surface de la
sphère les cinq systèmes trirectangulaires assemblés suivant les lois
de la symétrie pentagonale et de voir comment ils se pénètrent
mutuellement.
Les trente-huit cercles auxiliaires, autres que les bissecteurs,
ne formant pas de séries complètes, sont réunis dans la der-
nière section du tableau, où on remarque seulement que plu-
sieurs d'entre eux sont, deux à deux ou trois à trois, homologues
l'un de l'autre.
Les trois chiffres inscrits sur une ligne horizontale , à la suite de la
désignation de chaque cercle, permettent de calculer, par la résolu-
tion d'un triangle sphérique rectangle, le point où chaque cercle
coupe un méridien ou un parallèle déterminé, ce qui donne les
moyens de les construire, avec la plus grande précision, sur toutes
les cartes où le canevas des méridiens et des parallèles n'a pas été
omis.
Les trente-huit cercles auxiliaires du dernier tableau sont sans
doute destinés à se multiplier beaucoup dans la suite. Les per-
sonnes qui s'occuperont d'étudier les systèmes de montagnes dans
diverses régions de la terre, et de trouver leurs représentants dans
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. o*
le réseau pentagonal, sentiront la nécessité de calculer les don-
nées numériques relatives aux cercles auxiliaires auxquels ils
auront recours.
Les cercles auxiliaires admis actuellement dans le réseau étant
déterminés par la condition de passer par deux des points princi-
paux, il est nécessaire, pour calculer les données numériques qui
les fixent sur la surface du globe, de connaître les latitudes et les
longitudes de chacun des points principaux du réseau et l'orienta-
tion en ce point de l'un des cercles principaux qui y passent.
Afin de donner à toutes les personnes, à qui ces matières sont
familières, les moyens de calculer ces données pour tous les cercles
auxiliaires dont elles voudraient suivre le cours avec précision,
M. Elie de Beaumont compléta celles qui fixent chacun des points
principaux du réseau, et il les réunit dans une note qu'il a pré-
sentée à l'Académie et qui a été imprimée dans les Comptes rendus,
sous le titre de Tableau des données numériques qui fixent les 36ù points
principaux du réseau pentagonal1.
Par suite des lois de la symétrie, les points principaux du réseau
sont deux à deux aux antipodes l'un de l'autre, c'est-à-dire aux
deux extrémités d'un même diamètre de la sphère. Il en résulte
qu'on peut omettre les données numériques relatives à la moitié
de ces points, et ne donner que celles des cent quatre-vingt-un
points principaux compris dans un même hémisphère, ou, ce qui
revient au même, dans six des douze pentagones du réseau.
L'auteur les a distribués méthodiquement dans six tableaux cor-
respondant chacun à un pentagone : on y trouve pour chaque point
sa latitude, sa longitude et l'orientation en ce point de l'un des
cercles principaux qui y passent, orientation dont on peut déduire
celles de tous les autres cercles principaux qui s'y croisent avec le
premier.
Au moyen de ces données, on peut, avec la plus grande facilité,
1 Comptes rendus t. LVIII. p. 3o8. 34i et 3q4, séances des q5. -2-?. et j3 février
1864.
70 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
placer soit sur un globe, soit sur des cartes, tous les points princi-
paux du réseau et des amorces de tous les cercles principaux ainsi
que des bissecteurs des angles de 36 et de 6o°.
Les points D, I et H sont particulièrement précieux à cause du
grand nombre de cercles dont on peut y tracer immédiatement un
premier élément. Ainsi de chaque point D divergent dix rayons
formant entre eux des angles de i8°; de chaque point I diver-
gent douze rayons disposés symétriquement et sous des incidences
déterminées dans les trois angles de 6o°; de chaque point H diver-
gent également douze rayons disposés symétriquement dans les
angles de 900, sous des incidences variées, mais connues.
En plaçant sur une bonne carte, d'une échelle convenable, l'un
de ces points, d'après les chiffres donnés dans le tableau cité, et
en traçant les dix ou les douze rayons principaux qui en partent,
d'après leurs incidences mutuelles données dans la Notice sur les
systèmes de montagnes, on peut souvent, en peu d'instants, constater
un grand nombre de coïncidences curieuses entre les cercles du
réseau pentagonal et les accidents orographiques les plus irréguliers
en apparence. Ces cercles, qui sur les cartes forment générale-
ment des courbes, ne peuvent être représentés exactement que sur
une petite étendue, par les lignes droites ainsi déterminées; mais
il est facile d'en compléter le tracé en recourant, s'il est nécessaire,
à quelques calculs exécutés au moyen des données qui fixent les
cercles eux-mêmes.
Cet ensemble de données numériques imprimées est beaucoup
plus complet que ne l'étaient les données manuscrites que l'auteur
avait mises en i855 à la disposition de M. Auguste Laugel. Elles
permettraient de tracer le réseau pentagonal sur d'autres globes.
Peut-être quelques personnes seront-elles bien aises de voir le ré-
seau installé sur un globe de grandes dimensions et présentant
beaucoup de détails géographiques et même géologiques. On a
parlé plus d'une fois de publier un globe géologique. Cela ne serait
pas, en soi-même, plus difficile qu'il ne l'a été de publier des pla-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 71
nisphères géologiques, comme l'ont fait MM. Boue et Jules Marcou,
et la science possède aujourd'hui toutes les données nécessaires
pour y tracer le réseau pentagonal.
11 pourrait être fort utile aussi , pour l'étude , de tracer le réseau
pentagonal sur de très-petits globes. Un globe de 3o centimètres
de diamètre est déjà un objet quelque peu embarrassant et dis-
pendieux; mais sur un globe de 10 centimètres de diamètre, ou
même seulement de la grosseur d'une orange, on pourrait tracer
très-distinctement les soixante cercles principaux du réseau pen-
tagonal, et sur un pareil globe on saisirait, au moins aussi bien
que sur un globe plus gros, l'ajustage des cercles du réseau, des
cent vingt triangles rectangles scalènes, etc. surtout si, comme le
permettrait le bon marché de ces petits globes, on en avait plu-
sieurs enluminés à des points de vue différents. Les embarras
inhérents à la forme sphérique seraient dissipés; l'application aux
détails géographiques pourrait se compléter sur des cartes. Per-
sonne n'étudierait plus le réseau sans avoir un globe sous les yeux,
ce qui diminuerait singulièrement les premières difficultés d'une
étude nécessairement un peu ardue.
M. de Ghancourtois a mis à l'Exposition de 1867 des instru-
ments de sphérodésie imaginés par lui, qui faciliteront beaucoup le
tracé du réseau pentagonal sur des globes de toute dimension.
M. Elie de Beaumont, qui possédait, longtemps avant de les
publier, une grande partie des données numériques dont il vient
d'être question, a pu, après la publication de sa Notice sur les sys-
tèmes de montagnes, continuer à tracer sur des cartes géographiques
ou géologiques des cercles ou diverses parties du réseau pentago-
nal, et obtenir ainsi des résultats qui n'ont reçu d'autre publicité
que celle de son enseignement, mais dont quelques-uns pourront
trouver leur place dans la suite de ce Bapport.
Différentes personnes ont commencé des publications en ce genre.
On a pu voir à l'Exposition de 1867 un grand travail intitulé
Carte géologique de l'Europe, essai de coloriage synthétique, avec le
72 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
pointage des gîtes minéraux et le tracé du réseau pentagonal,
faisant ressortir les rapports d'alignement, exécuté, sous la direction
de M. A.-E. B. de Chancourtois , par M. E. Sarrasin, avec la colla-
boration de M. Jedlinski, par un report des contours de la carte
de M. André Dumont, employé à titre provisoire; le système des
cartes géologiques générales devant être établi sur des projections
gnomoniques, sur lesquelles tous les grands cercles sont représentés
par des droites.
Quelques-uns des faits géologiques que la carte de M. de Chan-
courtois met en évidence pourront eux-mêmes trouver place dans
la suite de ce Rapport.
Une carte de l'Algérie, où les cercles du réseau pentagonal sont
tracés par M. Pomel, avec la plus grande précision, a de même
figuré à l'Exposition de 1867, et a été récompensée par une mé-
daille.
M. Elie de Beaumont avait fait lui-même, depuis longues années,
de nombreux tracés des cercles du réseau pentagonal sur des cartes
de différentes parties de l'Europe et particulièrement de la France.
Il désirait rendre son travail pour la France aussi complet que
possible, et la chose lui était facile : il ne s'agissait que de calculer,
comme il a été dit ci-dessus, au moyen des données numériques
relatives aux différents cercles du réseau, les intersections de ces
cercles avec un certain nombre de méridiens ou de parallèles; mais,
au moment d'entreprendre ce travail de longue haleine, il pensa
qu'à l'aide d'un travail, à la vérité un peu plus long encore, il
pourrait renfermer, dans une étendue à peu près égale, un résultat
plus utile et plus fécond, en calculant, non les intersections des
cercles du réseau avec les méridiens ou les parallèles, mais leurs
intersections mutuelles.
Ces intersections sont répandues sur la surface de la France en
assez grand nombre pour suffire , au moyen de raccordements faciles
à exécuter, au tracé des cercles du réseau.
Le calcul du point d'intersection de deux cercles du réseau est
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 73
plus long que celui de leurs intersections avec un méridien ou un
parallèle; mais ce calcul sert pour deux cercles à la fois ou même
pour un plus grand nombre, et comporte des moyens de vérification
qui font disparaître les fautes de calcul. En outre, le point d'inter-
section de deux cercles a plus de valeur que deux points quelconques
de ces cercles, parce que ces points sont souvent les plus importants
de leur cours, sous le rapport des relations que ces cercles pré-
sentent avec les figurations orographiques et géologiques. De plus,
en calculant ces points, on reconnaît quels sont ceux où se croisent
plus de deux cercles, points qui ont plus d'importance que les
intersections simples.
Il n'est pas toujours facile de voir si trois cercles se coupent en un
seul et même point. Le tracé graphique appuyé sur les méridiens
et les parallèles peut laisser des doutes, parce que le tracé gra-
phique peut difficilement être assez parfait pour décider si trois
cercles se coupent en un seul et même point, ou s'ils forment un
très-petit triangle. En outre, quand on calcule directement l'inter-
section de deux cercles du réseau , on détermine l'angle sous lequel
ils se coupent, tandis que, si on se borne à la construction gra-
phique, on n'obtient la valeur de cet angle que d'une manière
approximative, à laide d'une construction graphique.
Un autre motif qui a déterminé M. Elie de Beaumont à s'attacher
de préférence aux intersections mutuelles des cercles, c'est que
chaque point devait être l'objet de deux calculs.
En effet, indépendamment des cartes de France ordinaires, sur
lesquelles les méridiens et les parallèles sont tracés, et de la nou-
velle carte de France, dite Carte (V état-major, publiée par le Dépôt
de la guerre, sur laquelle on les trace avec le plus grand soin,
il en existe d'autres sur lesquelles les méridiens et les parallèles
ne sont pas tracés. Telle est la carte de Gassini, et telle est aussi
la carte géologique de la France, dont la base est une réduction
de celle de Gassini. Beaucoup d'excellentes cartes de France sont
dans le même cas.
74 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Pour reporter sur une pareille carte un point donné en latitude
et en longitude, avec des orientations, il faut une transformation de
coordonnées qui exige d'assez longs calculs. On n'aime pas, en
général, à s'entourer de l'appareil qu'exige cette transformation,
lorsqu'on n'a qu'un petit nombre de points à construire, et on est
alors réduit à des procédés approximatifs, dont l'exactitude est
médiocre. M. Élie de Beaumont a pensé qu'il serait bon de pré-
senter à la fois, pour chacun des points dont il s'occuperait, les
coordonnées relatives aux méridiens et aux parallèles et les coor-
données relatives à la projection de Gassini.
Mais devant faire ainsi pour chaque point une double série de
calculs, il a pensé qu'il valait mieux les appliquer immédiatement
aux points les plus importants, c'est-à-dire aux intersections mu-
tuelles des cercles du réseau, d'autant plus que probablement,
après s'être contenté d'abord de déterminer graphiquement ces
intersections , on aurait senti plus tard l'utilité d'en calculer direc-
tement une partie.
Après avoir exécuté les calculs nécessaires, dont le détail ne
peut trouver place dans ce rapport, M. Élie de Beaumont en a
réuni l'exposé et les résultats dans un mémoire qu'il a présenté à
l'Académie des sciences, et qui a été imprimé dans ses Comptes
rendus, sous le titre de Tableau des données numériques qui fixent,
sur la surface de la France et des contrées limitrophes, les points où
se coupent mutuellement a g cercles du réseau pentagonal l.
Ces vingt-neuf cercles se coupent mutuellement en 812 points,
£06 dans chaque hémisphère; mais, des Zio6 points d'intersection
compris dans l'hémisphère boréal, i83 seulement tombent dans
l'étendue du cadre de la carte géologique de la France et dans les
parages de la Corse. C'est à ces cent quatre-vingt-trois intersec-
tions seulement que l'auteur a consacré ses calculs, et il a dé-
terminé pour chacune d'elles sa latitude, sa longitude, les orien
1 Comptes rendus, t. LXII, p. 1957, séance du 1 1 juin 1866.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 75
tations des deux cercles au point où ils se coupent et l'angle qu'ils
forment entre eux; puis, par une opération subsidiaire, la distance
de chacun de ces points à la méridienne et à la perpendiculaire de
Paris, et l'angle formé par le méridien du lieu et la perpendiculaire
à la méridienne de Paris. Les quantités, calculées au nombre de
huit pour chaque point, forment huit colonnes dans le tableau,
dont une ligne est consacrée à chacun des cent quatre-vingt-trois
points.
L'auteur a calculé aussi et consigné dans un tableau à part les
intersections des cercles avec le méridien de Paris.
Les données contenues dans les trois dernières colonnes du
tableau précédent permettaient de construire les cent quatre-vingt-
trois intersections sur la carte de Cassini et sur celles qui dérivent
de sa réduction , par exemple sur la carte géologique de France ,
aussi facilement que sur toute autre carte.
La construction a été effectuée sur le tableau ^assemblage des
six feuilles de la carte géologique de la France, et tirée en couleurs ,
avec le tableau, à l'Imprimerie impériale. Malgré la petitesse de
l'échelle , on peut y prendre un aperçu de la précision des rapports
qui existent entre les cercles du réseau pentagonal et la structure
géologique de la France. La difficulté de préciser ces rapports,
sans le secours d'une figure, a engagé à joindre au présent Rapport
la carte qui vient d'être mentionnée.
QUATRIÈME PARTIE.
ÉTUDE DES RELATIONS EXISTANTES ENTRE LE RÉSEAU PENTAGONAL
ET LES INÉGALITÉS DE L'ÉCORCE TERRESTRE.
Il est temps de passer à l'application du réseau pentagonal à la
structure orographique et stratigrapliique de l'écorce terrestre, et
à la question vitale de savoir si ce réseau est une simple fantaisie
géométrique, ou s'il représente quelque chose de réel et de maté-
riellement existant sur la surface du globe.
Pour constater les relations qui existent entre le réseau penta-
gonal et les accidents de l'écorce terrestre, je suivrai un à un ceux
des cercles du réseau qui ont été le plus étudiés sous ce rapport,
en faisant connaître les remarques principales auxquelles chaque
cercle a donné lieu.
Je placerai les cercles dans un ordre qui me fera procéder de
l'ensemble aux détails, c'est-à-dire à peu près comme l'étude elle-
même a procédé. Je commencerai par des côtes et des contrées
lointaines sur lesquelles on ne peut faire quelquefois que des re-
marques un peu générales, et je terminerai par la France, qui peut
fournir, surtout aujourd'hui, des rapprochements beaucoup plus
précis.
Une grande partie des remarques que je rapporterai ont été
faites sur des cartes de différentes contrées , sur lesquelles les cer-
cles du réseau ont été tracés à la main, avec le plus grand soin,
mais auxquelles je ne puis renvoyer le lecteur afin qu'il les y trace
pour son propre usage, parce que ce serait le supposer entouré
d'un appareil cartographique que peu de personnes ont pu réunir.
Je ne pourrai cependant éviter de supposer souvent que le lecteur
a sous les yeux, outre la carte géologique réduite de la France, le
78 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
globe sur lequel M. Auguste Laugel a tracé le réseau pentagonal
et la carte du pentagone européen en projection gnomoniquc sur
l'horizon de son centre qui forme la planche V de la Notice sur les
systèmes de montagnes, objets qui sont dans le commerce depuis
douze et quinze ans, et qu'on rencontre assez fréquemment.
LES SIX DODECAEDRIQUES REGULIERS.
Les cercles du réseau pentagonal, dont je m'occuperai en pre-
mier lieu, seront les six dodécaédriques réguliers, dont le système
est, comme on l'a vu précédemment, l'expression la plus concen-
trée de la symétrie pentagonale.
Chacun des dodécaédriques réguliers a pour pôles deux centres
de pentagone situés aux antipodes l'un de l'autre. L'un d'eux, par
conséquent, a pour pôles le point D, centre du pentagone européen
qui tombe près de Remda, en Saxe, et un autre point D, antipode
du premier, situé dans l'océan Austral, au sud-est de la Nouvelle-
Zélande. D'après les points près desquels il passe, M. Élie de
Beaumont a désigné ce cercle sous le nom de dodécaédrique régu-
lier du cap Corrientes et de Singapour.
Ce grand cercle, qui passe au point H, près de Tehuantepec,
côtoie, dans un intervalle de plus de quinze cents kilomètres, les
côtes sud-ouest du Mexique , en passant très-près du cap Saint-
Lucas, extrémité de la Californie, ainsi que du cap Corrientes, et
à une faible distance du célèbre port d'Acapulco. Il aborde le con-
tinent de l'Amérique méridionale par le massif avancé de la pointe
Galera et du cap San-Francisco , près d'Esmeraldas.
Dans l'intérieur de ce continent il coupe la chaîne des Andes ,
en passant à une faible distance au nord du volcan de Pichincha et
de la ville de Quito, c'est-à-dire vers l'extrémité septentrionale
de la chaîne volcanique de l'équateur; puis, après avoir traversé
un point H, situé à l'est des Andes, il côtoie à une faible distance
de longues parties du cours du Guapore et de celui de Teite, et il
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 79
sort enfin du continent par le fond du golfe situé au sud-ouest de
Rio-Janeiro , en coupant le nœud montagneux qui s'approche de la
côte du Brésil, entre les villes de Saint-Paul et de Santos.
Traversant ensuite l'océan Atlantique méridional, il rase l'île de
Tristan-d'Acunha, qu'il laisse au sud à quelques minutes de distance,
passe à l'emplacement actuellement assigné au banc du Télémaque,
situé au sud de la colonie du Cap , et aux rochers de l'Union , situés
au sud de Madagascar. D'autres roches sont encore signalées sur
cette ligne. Plusieurs sont indiquées comme douteuses, et leur
existence est probablement assez difficile à constater, mais il y a à
parier que plusieurs d'entre elles existent réellement. Ainsi l'île de
Tristan-d'Acunha aurait une sorte de très-long cortège , placé pré-
cisément de manière à marquer, au milieu des mers de l'hémis-
phère austral , le cours de notre dodécaédrique régulier.
Ce grand cercle traverse ensuite l'océan Indien, dans une partie
complètement dépourvue d'îles, puis il coupe l'île de Sumatra à
peu près au milieu de sa longueur, en passant approximativement
au mont Ophir ou Berapi, qui est un volcan considérable, et ensuite
la presqu'île de Malaca, près de sa pointe sud-est, à très-peu de
distance de Singapour.
Après avoir traversé la mer de la Chine, où il passe à un point H ,
il aborde l'île de Luçon par sa saillie sud-ouest, la pointe Subec,
et la traverse en passant approximativement au mont Arayat ou
Aringuay, qui est un volcan actif, et en laissant la ville de Manille
à assez faible distance au sud-est; puis il va passer à un point H,
placé d'une manière remarquable à l'extrémité septentrionale du
petit archipel des îles Bonin-Sima, situé au sud-est du Japon.
Dans le long intervalle de Singapour aux îles Bonin-Sima, ce
grand cercle court parallèlement à la terminaison sud-est des terres
asiatiques.
Plus loin, il traverse l'océan Pacifique dans une vaste étendue
dépourvue d'îles, et rejoint, sur les côtes américaines, le cap Saint
Lucas.
80 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ce grand cercle est singulièrement favorisé sous le rapport de
l'importance naturelle ou sociale des points près desquels il passe.
Pour le faire sentir, il suffit de le comparer à un autre grand cercle
qui semble appelé à rivaliser avec lui.
Dans beaucoup d'atlas de géographie, on trouve une mappe-
monde en projection stéréographique sur l'horizon de Paris et de
son antipode. Cette manière de diviser le globe est à peu près celle
qui donne les deux hémisphères les plus inégaux sous le rapport
de la quantité de terres qu'ils contiennent, car les terres se trou-
vent presque toutes dans l'hémisphère dont Paris est le centre,
tandis que l'hémisphère opposé ne contient que l'Australie et la
partie méridionale de l'Amérique du Sud.
Mais, sous ce rapport, le cercle auquel le point D, près de
Remda, sert de pôle, jouit à peu près des mêmes propriétés, tandis
que près du cercle dont Paris est le centre on ne trouve pas une
suite de jalons isolés au milieu des mers, comme l'île de Tristan-
d'Acunha et son cortège, trois volcans comme le Pichincha, le
Berapi et le mont Aringuay, et quatre villes aussi remarquables
qu'Acapulco, Quito, Singapour et Manille.
Un second dodécaédrique régulier, celui du Sénégal et de la Nou-
velle-Guinée, a pour pôles le point D, centre du pentagone de l'A-
mérique russe , et un autre point D , antipode du premier, situé
dans les régions australes , près de la terre d'Enderby.
Ce dodécaédrique régulier aborde le continent de l'Amérique mé-
ridionale à une petite distance au nord de Lima, et coupe les
Andes du Pérou au nœud de Pasco, qui renferme la région mé-
tallifère du même nom et les sources de l'Amazone. Après avoir
coupé le dodécaédrique précédent au point H, situé à l'est des
Andes, il traverse la grande dépression de l'Amazone en s'adap-
tant au cours de ce fleuve, dans la partie où il reçoit le Rio-Negro
et le Madeira, et il sort du continent américain en passant au
bord des terres élevées de la Guyane, qui limitent au nord la
large embouchure de l'Amazone.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 81
Ce grand cercle traverse l'océan Atlantique un peu au sud des
iles du cap Vert, et aborde le continent de l'Afrique entre le cap
Vert et l'embouchure du Sénégal. Il coupe le cours de ce fleuve
vers Podor, puis, comme le montre la carte planche V de la Notice
sur les systèmes de montagnes, il traverse le grand désert de Sahara
et le désert de Libye, d'où il sort par le mont Djebel-Ramlah. Tracé
sur la belle carte géologique de l'Egypte par M. Russegger, il coupe
la vallée du Nil près du coude remarquable qu'elle forme aux en-
virons de Keneh, où elle est profondément creusée dans les cal-
caires du terrain crétacé. Notre cercle suit presque exactement, sur
trente lieues de longueur, un escarpement calcaire au pied duquel
se trouve Denderah. Passant ensuite à Maksur el Benat, il s'adapte
à certains contours des roches cristallines de la chaîne qui borde
la mer Rouge, et il en sort par l'éperon montagneux qui borde,
au nord, la vallée sèche à l'issue de laquelle se trouve le port
de Kosseier.
Après avoir passé au point H situé au N.-O. de Médine, le dodé-
caédrique régulier traverse l'Arabie et les anfractuosités méridio-
nales du golfe Persique, où le besoin d'abréger m'empêche de
m'arrêter, puis la partie septentrionale de l'océan Indien, où il
court parallèlement à la côte du Béloutchistan. Enfin, passant au
large des bouches de l'Indus, il va aborder la côte de l'Inde par
la presqu'île de Cutch, dont il rase le contour méridional en l'en-
tamant légèrement.
On sait qu'il existe d'excellentes cartes topographiques de l'Inde ,
dressées et publiées à Londres aux frais de la Compagnie des
Indes orientales. Ces cartes, basées sur la grande triangulation du
colonel Lambton, méritent toute confiance, particulièrement quant
à la position géographique des points et aux orientations. M. Gree-
nough , le célèbre auteur de la carte géologique de l'Angleterre ,
a profité des cartes publiées par YEast India Company, et des do-
cuments géologiques recueillis par ses agents, pour dresser et
publier en 1 856 une Carte physique et géologique de l'Inde britannique
Stratigraphie. 6
82 RAPPORT SUR LES PROGRES
(dencral sketch ofthe physical and geologicalfea turcs of British Imita),
dont il s'est empressé de faire hommage à l'Académie des sciences1.
Cette carte est sur une échelle de 1800'000 , c'est-à-dire un peu plus
grande que celle du tableau d'assemblage de la carte géologique de la
France, qui est de j^s.
L'auteur a placé sur l'une des marges une rose des directions
des différents systèmes de montagnes de l'Europe , tirée de la No-
tice sur les systènes de montagnes, sans tenir compte des modifica-
tions que ferait subir à ces directions leur transport dans une con-
trée aussi éloignée que l'Inde : c'était une invitation tacite à M. Elie
de Beaumont de faire à l'Inde l'application du réseau pentagonal;
application qu'il s'est empressé de réaliser sur l'exemplaire de la
carte de l'Inde que M. Greenough avait bien voulu lui envoyer à
lui-même. Il l'a présentée plus d'une fois dans ses leçons, avec les
cercles du réseau tracés exactement, comme on l'a fait depuis lors
pour d'autres contrées plus ou moins lointaines.
Un point II du réseau pentagonal tombe presque au milieu de
la presqu'île occidentale de l'Inde, au midi de la grande rivière
Nerbudda, dans l'angle formé parle confluent des rivières Taptv
et Poorna. Les cercles du réseau qui se croisent à ce point H, et
d'autres, qu'il a été également facile de figurer, s'adaptent avec une
précision singulière à certains traits de la géologie indienne, ainsi
qu'on le verra dans la suite de ce Rapport. Ici je ne parlerai que du
dodécaédrique régulier dont nous suivons le cours, et qui passe lui-
même au point H, dont il s'agit.
La cote de la presqu'île de Gutch, que rase, en l'entamant légè-
rement, le dodécaédrique régulier, est formée, d'après la carte de
M. Greenough, de dépôts tertiaires, au milieu desquels s'élèvent,
un peu plus au nord, parallèlement à notre cercle, les collines
Irappéeunes des Doura Hills. Plus loin, dans la presqu'île de Gujo-
rat, il effleure l'extrémité septentrionale de la crête granitique dos
1 Comptes rendus, t. XXXfX, p. 79O; séance du ç>3 octobre i85/i..
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 83
Granier Mountains, en laissant au nord d'autres protubérances
granitiques moins importantes. Il atteint ensuite près de son em-
bouchure le cours du Nerbudda, et s'adapte à la courbe que forme
cette rivière autour de l'extrémité méridionale de la chaîne grani-
tique du Salamber Range.
Après avoir traversé le Nerbudda, il entre sur le vaste plateau
trappéen du Malwa et du Deccan , dont le point H occupe à peu
près le centre. Avant d'atteindre le point H , il passe tout juste au
coude que forme, au bord du Tapty, la chaîne trappéenne des
Sautpoor Mountains, et, au delà du point H, il va couper avec la
même précision le massif trappéen des Berar Ghauts. 11 arrive fina-
lement à la côte d'Orissa, au milieu du massif granitique qui s'élève
au midi des bouches du Mahanuddy.
Vprès avoir traversé le golfe du Bengale, notre dodécaédrique
régulier coupe la presqu'île orientale de l'Inde, où le défaut d'espace
m'empêche de la suivre , et il atteint le point H de la mer de la
Chine, où il croise le dodécaédrique régulier du cap Consentes el de
Singapour, que nous avons déjà étudié.
Ici commence la partie la plus remarquable peut-être du cours
de notre cercle. Tracé avec précision sur la belle carte de l'océan
Pacifique par M. Vincendon-Dumoulin, il traverse l'appendice
montagneux de la partie septentrionale de Bornéo, parallèlement à
ses principales lignes de contour, en passant près de l'une des cimes
principales; il rase la pointe nord de Célèbes, qui renferme le
volcan de Kemas, en touchant les écueils qui la défendent; il coupe
l'île de Gilolo, un peu au sud du volcan de Gammacanore, par le
point de concours des singulières ramifications qui la composent,
touche les petites îles Guebé et Gagy, et aborde la Nouvelle-Guinée
par sa pointe O.-N.-O. formée par les îles qui bordent au sud le
détroit de Dampier. Il constitue ensuite, pour ainsi dire, l'axe de
la Nouvelle-Guinée, passe au point H qui se trouve dans son inté-
rieur, au nord du détroit de Torres, et dont j'aurai à parler plus
d'une fois, et, poursuivant son cours entre le mont Aird et le
8/» RAPPORT SUR LES PROGRÈS
mont Astrolabe, il sort de ce petit continent par sa pointe orien-
tale, près des îles Duperré, pour suivre, jusque vers sa pointe
orientale, la direction de l'archipel de la Louisiade, dont il rase,
au sud, les derniers écueils. Plus loin, il traverse obliquement l'ar-
chipel des Nouvelles-Hébrides, en touchant l'extrémité nord de
l'île Sandwich.
Ensuite le dodécaédrique régulier suit sa direction jusqu'à la
côte du Pérou , sans rencontrer aucune terre ; mais il passe très-prés
de l'île de Pylstaart et des îles Bass, qu'il laisse au sud, de l'île
Pitcairn et de l'île Ducie, qu'il laisse au nord, à une si petite dis-
tance qu'on pourrait dire qu'elles jalonnent son cours, et il forme
la limite entre les vastes archipels polynésiens, situés au nord, et
l'océan Pacifique austral, dans lequel s'élèvent seulement un petit
nombre d'îlots isolés, tels que Waihou et Salas y Gomez.
Un troisième dodécaédrique régulier, celui des Açores et de h tare
de Van-Diemen, a pour pôles le point D, centre du pentagone de la
Chine, et son antipode le point D, centre du pentagone du Chili.
Ce cercle traverse de vastes mers dépourvues d'îles et des conti-
nents peu explorés, ce qui n'empêche pas qu'on puisse signaler sur
son cours certains repères remarquables.
Il aborde l'Afrique par sa côte S.-E., en déterminant, par son
intersection avec un grand cercle primitif, un point b qui marque
avec une précision singulière le fond du golfe où se trouve So-
fala. Il traverse ensuite les parties les moins connues du conti-
nent africain, en passant à un point H situé, dans l'intérieur du
Congo, près du plateau de Dcmbo et peu éloigné de la région des
grands lacs découverts depuis quelques années dans l'intérieur de
l'Afrique. Après avoir passé, de même, au point H du Sahara, il
sort de l'Afrique un peu au nord du cap Noun, en passant, d'après
la belle carte du Maroc par M. Emilien Renou, à la ville d'Ofran.
bâtie sur le sommet de l'une des dernières ramifications qui se dé-
tachent de l'Atlas vers le S.-O. pour aller expirer dans le désert,
près de la côte.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 85
Entrant alors dans l'océan Atlantique et passant au point b situé
près de Porto-Santo, il côtoie à une petite distance le groupe de
Madère et l'archipel des Açores. Il est parallèle à l'une des direc-
tions qui se dessinent le mieux dans l'orographie de ces îles vol-
caniques, et il constitue le grand cercle de comparaison le plus
naturel à adopter pour le système des Açores.
Notre cercle tombe un peu au nord des Açores; mais, comme il
existe des roches et des bas-fonds plus au nord encore, on peut le
considérer comme représentant l'axe d'un barrage qui traverse
obliquement l'océan Atlantique. Ce barrage, ébréché à l'endroit
où passe le Gulf Stream, se dirige vers le banc de Terre-Neuve et
vers l'île du même nom, qui, réunis, forment une sorte d'avant
corps du continent américain, placé de manière à venir à sa ren-
contre et à déterminer avec lui, dans l'océan Atlantique, un véri-
table étranglement. Certains détails de la structure de l'île de
Terre-Neuve s'harmonisent avec notre dodécaédrique régulier, qui la
traverse, suivant une des lignes principales de sa figure générale.
Il y entre en coupant à sa base le cap Bonavista, non loin de la
station électrique de Hearts-Content, où aboutit le câble trans-
atlantique, et il en sort par le promontoire qui termine au nord
la baie des Iles. Pénétrant ensuite dans la vaste embouchure du
Saint-Laurent, il rase au nord, parallèlement à l'une des directions
orographiques qui s'y dessinent, la longue île d'Anticosti, comme
il a rasé les Açores, dans la prolongation desquelles se trouve cette
île, aussi bien que la bande méridionale de Terre-Neuve.
Dans l'intérieur du Canada, notre dodécaédrique régulier suit
la côte septentrionale du lac Supérieur. Il y passe à un point H,
dont les douze rayons s'engrènent avec une précision singulière
dans les anfractuosités des contours des grands lacs.
Fidèle à son rôle de barrage peu proéminent, il sépare à peu
près exactement les bassins de ces grands lacs de ceux de la baie
d'Hudson et du lac Winnepeg, et le bassin de ce dernier lac de
celui du Mississipi, et, poursuivant son cours à travers les mon-
80 RAPPORT SUR LES PROGRES
tagnea Rocheuses, il va encore jouer un rôle du même genre dans
la Californie.
Il rase, en effet, l'extrémité septentrionale du vaste port de Sau-
Francisco, et il entre dans l'océan Pacifique par la pointe los Reys,
à très-peu de chose près, en coupant le promontoire qui horde
au nord l'entrée de la passe.
Dans l'océan Pacifique, il traverse les archipels polynésiens, et
on pourrait signaler la proximité où il passe de plusieurs îles;
mais ce qu'il présente de plus remarquable dans la continuation
de son cours, c'est la manière dont il traverse la Tasmanie ou
terre de Van-Diemen. 11 y entre par la presqu'île Freycinet,
pour en sortir par le mont de Witt, placé sur la saillie de la côte
occidentale, près de laquelle tombe un point H, dont les douze
rayons s'adaptent avec une précision remarquable aux anfractuo-
sités des terres voisines.
Ce grand cercle, suivant lequel les deux continents de l'Afrique
et de l'Amérique septentrionale se relient par une sorte de barrage
transatlantique, joue, par rapport à eux, un rôle assez remar-
quable par sa symétrie, en réunissant la région des grands lacs de
l'Amérique septentrionale à celle des grands lacs de l'Afrique , et en
sortant de l'un des continents par le port de San-Francisco , après
avoir traversé les montagnes Rocheuses, comme il sort de l'autre
par le port de Sofala, après avoir traversé la grande chaîne qui
borde le canal de Mozambique.
Un quatrième dodécaédrique régulier, celui du Brésil et du Japon, a
pour pôles le point D, centre du pentagone des îles Seychelles, et
son antipode le point D, qui tombe dans l'océan Pacifique, au N.-E.
des îles Marquises.
Tracé avec précision sur la belle carte de l'océan Pacifique par
M. Vincendon-Duinoulin, ce grand cercle, partant des régions voi-
sines du pôle austral, où il passe à une distance de t° 20' 5-2", o3
seulement, laisse à l'ouest la terre Adélic, et à l'est, à moins d'un
degré, l'île de la Compagnie royale; puis, traversant le poinl H.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 87
situé près de l'angle S.-O. de la terre de Van-Diemen, il aborde
cette grande ile au pied du mont Heemskerk, et en sort par la
pointe nord de l'île Three-Hummok, qui se projette dans le détroit
de Bass.
Au delà du détroit il entre dans la Nouvelle-Hollande par le cap
Shank, qui sépare l'entrée du port Western de celle du havre de
Melbourne , et passe près de cette grande ville et au pied du mont
Macedon. Il se prolonge ensuite dans les parties peu connues de l'in-
térieur du continent jusqu'à la terre de Carpentarie, où il touche le
mont Long et d'où il sort par la baie de la Princesse-Charlotte, à
l'ouest du cap Melville, limite orientale du détroit de Torres.
Traversant ce large bras de mer, il coupe la Nouvelle-Guinée
suivant son petit axe, en passant au point H, déjà signalé plus haut.
Il y entre par le fond d'une baie et en sort par une autre baie, en
passant près de l'île Boissy.
Poursuivant son cours presque droit au nord, il passe à l'extré-
mité occidentale des îles Carolines, laisse à l'est les îles Mariannes
et à l'ouest l'île de Soufre, et, avant d'atteindre un nouveau point H,
déjà mentionné, longe, parallèlement à sa direction, l'archipel
rectiligne des îles Bonin-Sima, qu'il laisse à quelques minutes
seulement vers l'ouest.
Plus au nord, il côtoie à une faible distance la côte orientale de
la grande ile de Niphon, partie principale de l'empire du Japon,
puis il traverse la terre de Yeso parallèlement à la chaîne de mon-
tagnes qui joint son cap méridional à son cap septentrional, et,
franchissant le détroit de la Pérouse, il va enfin couper longitu-
dinalement la longue ile Seghalien ou Tarraikaï, en suivant la di-
rection de ses accidents orographiques les plus remarquables.
Il atteint ensuite la mer d'Okhotsk, puis la Sibérie orientale,
où je n'essaye plus de le suivre pas à pas, et dont il sort en for-
mant dans la mer Glaciale l'axe de l'une des îles de la Nouvelle-
Sibérie.
Plus loin dans les régions glaciales, il passe à i02o'52*,o3 du
88 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
pôle boréal, en coupant perpendiculairement le méridien situé à
5i° 2o/2o/,82 à l'est de Paris, méridien qui passe un peu à l'est
de la mer Caspienne et de Madagascar.
Notre dodécaédrique régulier sort des contrées polaires par le
Groenland, traverse dans sa longueur l'océan Atlantique boréal
sans y toucher à aucune terre, rencontre le Brésil, dont il dé-
tache un petit segment, en y pénétrant par l'extrémité occidentale
de la baie de San-Roque, et en en sortant par l'embouchure du
Rio-San-Francisco, où tombe un point b.
Enfin, dans l'océan Atlantique austral, il traverse par son milieu
la grande île de Géorgie, et va ensuite rejoindre notre point de
départ dans les glaces du pôle austral.
Ce dodécaédrique régulier n'a, comme on le voit, que peu de points
de repère dans sa partie occidentale; mais dans sa partie orientale,
depuis la terre de Van-Dicmen jusqu'à la mer d'Okhotsk, il s'adapte
à une série d'accidents topographiques fortement caractérisés, avec
une précision qui a quelque chose de surprenant.
Un cinquième dodécaédrique régulier, celui du Spitzberg cl du lac
Supérieur, a pour pôles le point D de l'océan Atlantique, centre du
pentagone de Sainte-Hélène, et son antipode le point D, situé dans
l'océan Pacifique, près des îles Marshall.
Ce cercle passe au point H, situé dans l'océan Pacifique, près
de Tehuantepec, et traverse le Mexique dans sa partie étroite. Il y
entre par la saillie qui limite à l'ouest le golfe de Tehuantepec,
pour en sortir par la pointe qui s'avance dans le golfe du Mexique ,
entre la Vera-Cruz et Alvarado, et il passe à quelques kilomètres
seulement du rocher de San-Juan-d'Ulloa.
Au delà du golfe du Mexique, il aborde le territoire des États-
Unis par les dunes et les lagunes, à contours incertains, qui bordent
la côte plate du Texas. Il s'avance vers le nord en traversant la
région des monts Osark, coupant le Missouri et le Mississipi un
peu au-dessus de leur confluent, et il traverse l'état de Wisconsiu
parallèlement aux accidents statigraphiques qui s'y dessinent, el
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 89
qui eux-mêmes sont presque parallèles à la direction générale du
lac de Micliigan.
Il entre ensuite dans le lac Supérieur par la région cuprifère de
la pointe Kewenah, en sort par le point H de sa côte septen-
trionale, et entre dans la baie d'Hudson, à quelques minutes du
cap Lookout, pour en sortir par la large ouverture qui conduit au
détroit d'Hudson.
Poursuivant son cours à travers la baie de Baffin, il traverse le
Groenland par le point H déjà mentionné, et plus loin il aborde le
Spitzberg, où il s'adapte à plusieurs des accidents orographiques
que les meilleures cartes y figurent.
Entrant dans l'ancien continent par le pays des Samoyèdes et
la vallée de la Petchora, il coupe l'Ural ou coude que forme cette
chaîne en s'articulant avec celle des monts Obdores, près du mont
Sablin , passe au point H situé à son pied oriental , et atteint l'Hima-
laya à travers le Turkeslan.
Toutes ces contrées sont peu riches en points de repère précis,
mais il n'en est plus de même de l'Inde, où pénètre ensuite notre
dodécaédrique régulier, qui passe au point H situé au sud de la
rivière de Nerbudda, où il coupe le dodécaédrique régulier du Sénégal
et de la Nouvelle-Guinée.
En le traçant sur la carte de M. Greenough , on voit qu'il tra-
verse la grande arête montagneuse de l'Asie, à l'ouest de Karako-
rum et de Cachemire, près du point où l'Himalaya devient l'Indoo-
Kosh. Il coupe le cours de l'Indus à sa sortie des gorges profondes
dans lesquelles ce grand fleuve traverse la chaîne granitique, et à
peu près au point où le coupe lui-même l'auxiliaire Wbaab, qui
représente le système de la chaîne principale des Alpes et de
l'Himalaya occidental.
Il sort de la région montueuse près de la terminaison orientale
de la chaîne salifère, qui borde au nord les plaines du Punjab.
Dans ces vastes plaines il coupe le cours du Sutleje près du point
où viennent le couper l'auxiliaire X)ac, qui représente le système
90 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
des Pays-Bas, et le dodécaédrique rhomboïdal qui représente Taxe
volcanique de la Méditerranée.
Il est curieux sans doute de voir deux cours d'eau aussi puis-
sants que l'Indus et le Sutleje, et qu'on pourrait croire capricieux,
s'astreindre à passer aussi approximativement par des points de
croisement des cercles du réseau pentagonal.
Le dodécaédrique régulier sort des plaines du Punjab et du désert
de Bicanair en coupant la chaîne granitique qui les borde au S.-E.,
près du point où il est coupé lui-même par l'auxiliaire rïb, qui re-
présente le système du Tatra; puis il s'adapte à des coudes et à
des confluents de diverses rivières d'un ordre secondaire et à des
contours compliqués de terrains figurés sur la carte de M. Gree-
nough. Plus au sud il aborde l'angle N.-O. des trapps du Malwa par
le cap moutueux de Roondee, qui sans doute a frappé d'une manière
spéciale l'attention des anciennes populations de l'Inde et qui a été
peut-être le siège d'une grande ville, car M. Greenougb y signale,
par des notes gravées sur sa carte, des palais, de belles ruines, des
statues d'éléphants, de chevaux, etc., de grandeur naturelle.
Plus loin encore il traverse la rivière Nerbudda dans une de
ses inflexions, située un peu au-dessus de Mundlesir, localité cé-
lèbre elle-même par des ruines indiennes, et, après avoir traversé
la chaîne des montagnes de Sautpoor dans une de ses dépressions,
il atteint le point H situé dans l'angle formé par le confluent des
rivières Tapty et Poorna.
Il poursuit ensuite son cours sur la surface uniforme du plateau
trappéen du Deccan, dont il ne sort que pour parcourir la surface
non moins monotone des terrains de granité et de schistes cristal-
lins qui s'étendent vers le cap Comorin ; mais dans ce dernier in-
tervalle il rase avec une précision remarquable le contour arrondi
des grès et des calcaires diamantifères de Golconde. Il sort enfin de
la presqu'île occidentale de l'Inde par un point remarquable de sa
côte S.-E., celui où vient s'attacher la ligne de bas-fonds appelée I'1
Ptmt <ï [dam, qui la relie à l'île de Ceylan.
DE LA STRATIGRAPHIE EiN FRANCE. 91
Une fois entré dans l'océan Indien, le dodécaédrique régulier
poursuit son cours à travers les mers, sur une longueur de deux
cents et quelques degrés, jusqu'au point H, près de Tehuantepec,
sans rencontrer aucune terre actuellement connue. Il laisse seule-
ment à une faible distance à l'ouest, dans l'océan Pacifique, au
midi de l'équateur, la petite île de Salas-y-Gomez, qui est comme la
garde la plus avancée des îles polynésiennes.
Le sixième dodécaédrique régulier, celui de la mer Caspienne et de
la terre Graham, a pour pôles le point D, centre du pentagone des
Antilles, et son antipode le point D, qui tombe dans la terre d'En-
dracht, près de l'angle nord-ouest de la Nouvelle-Hollande.
Ce grand cercle entre en Afrique par la pointe Ilheo, au nord
du pays des Hottentots, et traverse d'abord des contrées peu con-
nues. Il passe bientôt après dans l'intérieur du Congo, à un point
H voisin du plateau de Dembo et peu éloigné de la région des
grands lacs nouvellement découverts dans l'intérieur de l'Afrique.
Après avoir traversé les parages où on place les montagnes de
la Lune, il rencontre un point b situé par lat. o,°iio/55",96 N. et
long. -27° 1 7' 1 3", 67 E., qui tombe dans la vallée du Babr-el-Abiad
ou Nil-Blanc, et il côtoie ce fleuve mystérieux pendant plus de
1 100 kilomètres. Tracé sur la belle carte géologique de la Nubie
par M. Russegger, il passe à 2 2 kilomètres seulement à l'ouest de
Chardun, où se réunissent les eaux du Nil-Blanc et du Nil-Bleu.
Plus loin, près du Gebel-Gaerry, il se rapproche plus encore du
défilé granitique dans lequel coule le grand fleuve, et, après s'en
être un peu écarté, il va finalement le couper à Abu-Egli, vers
le milieu de la grande courbe qu'il décrit dans le Sennar et à
l'entrée du défilé, creusé dans les roches schisteuses et granitiques,
qui le ramène à Merau et dans lequel se trouve la quatrième
cataracte.
Traversant ensuite des montagnes de roches schisteuses, grani-
tiques et métamorphiques, où, d'après la carte de M. Russegger, il
passe à plusieurs cimes, il atteint la côte de la mer Rouge près du
92 RAPPORT SUR LES PROGRES
point où il est coupé lui-même par un cercle \cb, qui, par son
intersection avec un primitif dont il sera parlé plus loin, construit
approximativement la position de l'entrée du défilé aboutissant à
la cataracte de Syène.
Sortant de la mer Rouge, d'après la grande carte anglaise pu-
bliée à Y Hydrographical Office de Londres (Charl of ihc Red Sea),
par l'ancrage de Wogliadee, où les eaux profondes, dégagées d'é-
cueils, se rapprochent de la côte arabique, il atteint le point II,
situé au N.-O. de Médine.
II traverse ensuite les terres vénérables, mais assez médiocre-
ment relevées, de la Chaldée et de l'Arménie, entourées par cinq
mers intérieures, la mer Méditerranée, la mer Capienne, la mer
Noire et le golfe Persique, et, passant entre le lac Van et le lac
d'Urmiah, il franchit la chaîne du Caucase, pour atteindre le
point b situé près de Derbend. Il coupe la partie septentrionale
de la mer Caspienne en rasant la pointe du cap Tuk-Karagan qui
s'y projette du côté asiatique. La position de ce cap est construite
sur le dodécaédrique régulier par un grand cercle auxiliaire Dac,
qui représente le système des Pays-Bas. Notre cercle sort enfin
de la Caspienne par un point de sa côte nord, dont la position
est construite approximativement par son intersection simulta-
née avec l'auxiliaire TTbbc, qui représente le système du San-
cerrois, et avec l'auxiliaire TDb, qui représente le système du
Finistère.
Plus loin, notre dodécaédrique régulier traverse la chaîne de l'Ural,
dans le large épanouissement qu'elle présente avant sa terminaison
brusque près de la rivière Ural. Il s'y étend obliquement, dans un
espace de plus de ^100 kilomètres, parallèlement à une série d'acci-
dents orographiques dont la direction contraste avec la direction gé-
nérale de la chaîne, et, d'après la belle carte géologique spéciale de
l'Ural publiée par sir Roderick Murchison1, il y rencontre plusieurs
1 Russia m Europe and the Ural Mounlains , by sir Roderick Murchison and MM. de
Verneuil et de Keyserlinjj.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 93
accidents orographiques et géologiques, tels que le confluent des
rivières Blau et Tchelalcla, les masses de serpentine et le dépôt
jurassique près Baigazakova, le mont Tarât, les inflexions de la
rivière Tanalvsk, le massif de calcaire carbonifère d'Urtazinsk, les
inflexions de la rivière Kart-Kairalcka , les masses granitiques et
calcaires de Troitsk, etc.
Après avoir passé au point H situé au pied oriental de l'Ural,
il rencontre le confluent des rivières Tobolsk et Irtish, où se trouve
la ville de Tobolsk, capitale de la Sibérie. Parcourant ensuite les
grandes plaines sibériennes, il coupe l'Obi au confluent de la rivière
Tram-Tugan, dont la ville de Surgut est peu éloignée, le Jénisséi
près de son confluent avec la Tunguska, où se trouve la ville de
Turuchansk, puis la Lena près de la ville de Gigansk; c'est-à-dire
que les points où il coupe les quatre grands cours d'eau de la Si-
bérie présentent ces privilèges spéciaux qui ont déterminé le grou-
pement des populations.
Il traverse bientôt après l'extrémité de la mer d'Okhotsk, puis
la presqu'île du Kamtschatka, vers l'extrémité septentrionale de la
chaîne volcanique qui s'y élève, et enfin la mer du Kamtschatka,
dont il sort en passant à l'extrémité de la chaîne volcanique des
îles Aleutiennes et en touchant l'île Attou, la plus occidentale et
l'une des plus grandes de ces îles.
Entrant ensuite dans l'océan Pacifique, il passe très-près de l'île
Neker et à l'extrémité occidentale de l'archipel des îles Pomotou,
et atteint la terre Graham sous le cercle polaire antarctique, sans
avoir touché aucune autre terre. Il n'en rencontre aucune non plus
de la terre Graham à la pointe Ilheo, où il entre en Afrique.
On voit que ce dodécaédrique régulier, quoique très-peu favorisé
sous le rapport de la connaissance topographique, acquise jusqu'à
présent, des contrées qu'il traverse, rencontre cependant dans celles
qui sont mieux connues un certain nombre de repères assez précis
pour qu'on puisse le compter au nombre des grands cercles dont
le cours est jalonné par des phénomènes naturels.
9* RAPPORT SUR LES PROGRÈS
En résumé, les six dodécaédriques réguliers sont des cercles en par-
faite harmonie avec les faits géologiques. Partout où ils traversent
des contrées un peu connues, on constate qu'ils rencontrent des
repères précis et d'autant plus nombreux que le sol a été mieux
étudié. On peut remarquer, en outre, qu'ils présentent des rap-
ports curieux avec la distribution générale des terres et des mers.
Le dodécaédrique régulier du cap Corrienles et de Singapour divise
le globe en deux hémisphères aussi inégaux que possible, sous le
rapport des quantités de terres et de mers qu'ils renferment.
Celui du Brésil et du Japon divise également le globe en deux
hémisphères qui méritent d'être signalés, en ce que l'un est
aussi près que possible de renfermer tout l'ancien continent
et l'océan Atlantique, l'autre le nouveau continent et l'océan
Pacifique.
Ces deux cercles, qui se croisent au point H, près des îles Bonin-
Sima, et à son antipode le point H situé dans l'océan Atlantique
austral, au S.-E. de Rio-Janeiro, ont leur cours presque entier sur
la surface de différentes mers, et ne traversent les terres que dans
des étendues peu considérables et discontinues.
Le dodécaédrique régulier du Sénégal et de la Nouvelle-Guinée divise
l'océan Pacifique en deux parties, dont l'une est presque dépourvue
de toute terre, tandis que l'autre, peuplée par les archipels poly-
nésiens, se présente comme un vaste continent submergé. Ce grand
cercle divise aussi la surface du globe d'une manière très-remar-
quable, mais sans produire des hémisphères aussi contrastants que
les deux précédents.
Le dodécaédrique régulier des Açores et de la terre de Van-Diemen
divise de son côté l'océan Atlantique en deux parties au moyen du
barrage des Açores.
Ces deux cercles, qui se croisent au point H du Sahara et à
son antipode le point H voisin des îles Viti, partagent leurs cours
entre les mers et les (erres. Chacun d'eux a deux grands tronçons
marins, l'un dans l'océan Atlantique et l'autre dans l<> grand Océan,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 95
et deux grands tronçons continentaux, l'un dans l'ancien et l'autre
dans le nouveau continent.
Enfin les deux derniers dodécaédriques réguliers, celui du Spitzberg
rt du lac Supérieur el celui de la mer Caspienne et de la terre Graham,
qui se croisent au point H situé au pied oriental de l'Ural, et à son
antipode le point H situé dans le grand océan Austral, sous un
angle de 63° 26' 5",8/i, c'est-à-dire exprimé par le même nombre
que la longueur des côtés des vingt triangles équilatéraux , coupent
l'un et l'autre l'ensemble des terres émergées dans sa partie pour
ainsi dire la plus condensée. Abstraction faite de quelques mers
intérieures (car la mer Glaciale n'est qu'une mer intérieure), cha-
cun d'eux ne présente que deux grands tronçons, l'un continental
et l'autre maritime, ce dernier étant toujours le plus étendu.
L'un des deux arcs continentaux coupe la mer glaciale comme
l'autre coupe la région des cinq mers intérieures (Caspienne, mer
Noire, Méditerranée, mer Rouge et golfe Persique), et le premier
s'adapte aux grands lacs de l'Amérique septentrionale, comme
le second s'approche des grands lacs de l'Afrique. Ces deux
arcs, qui, sous plus d'un rapport, sont comme le pendant l'un
de l'autre, forment pour ainsi dire les deux axes de l'ensemble
des terres continentales, et conduisent à y remarquer (abstraction
faite toutefois de l'Amérique méridionale et de la Nouvelle-Hol-
lande) une sorte d'écartèlement se rapportant à quatre grandes
saillies qui sont : la pointe N.-E. de l'Asie, la presqu'île occiden-
tale de l'Inde, la partie méridionale de l'Afrique et la partie méri-
dionale de l'Amérique du Nord, près de Tehuantepec.
Les deux derniers dodécaédriques réguliers s'attachent à ces
grandes pointes, prises deux à deux, en sautoir, et ils sont reliés
entre eux, avec une parfaite symétrie, par le dodécaédrique régulier
des Açares et de la terre de Van-Diemen, qui joint la région des grands
lacs de l'Amérique du Nord à celle des grands lacs de l'Afrique.
Ces trois grands cercles laissent l'Amérique méridionale en
dehors de leur combinaison, mais les trois antres dodécaédriques
96 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
réguliers, qui s'identifient d'une manière si remarquable avec de
grandes lignes de contours, s'adaptent en même temps à ce der-
nier continent avec une symétrie toute particulière. Ils forment
un triangle équilatéral qui a pour centre le point I situé dans le
nord du Brésil, sur les bords du Rio-Tocantins, triangle où le
point b de l'embouchure du Rio-San-Francisco occupe le milieu
de l'un des côtés.
On entrevoit, dans cette adaptation si spéciale d'une simple
ligure géométrique aux grandes configurations géographiques,
quelque vagues et confuses qu'elles paraissent, une sorte de com-
pensation et d'équilibre qui exclurait l'idée d'une simple rencontre
fortuite, si déjà cette idée n'était mise hors de cause par le jalon-
nement naturel des cercles que nous avons suivis et de ceux que
nous allons suivre à leur tour.
LES DIX OCTAEDRIQUES.
Après les six dodécaédriques réguliers, le groupe de cercles dans
lequel la symétrie pentagonale est le plus concentrée est celui des
dix icosaédriques ou octaédriques.
Ils en sont une expression d'autant plus intime que le réseau,
comme il a été dit précédemment, les donne de deux manières
différentes.
Cinq de ces octaédriques traversent le pentagone européen, et
cinq s'en tiennent constamment éloignés. Je commencerai par ces
derniers, qui ont pour pôles les cinq sommets du pentagone euro-
péen et leurs antipodes.
Un premier icosaédrique ou octaédrique, celui que M. Élic de
Beaumont désigne sous le nom iïoctaédrique de Cochabamba cl du
golfe de Pechely\ a pour pôles le point I, sommet de pentagone
et centre de triangle équilatéral qui tombe près du lac Tchad, dans
1 Comptes rendus, l. LVH, p. ia5, séance du 20 juillet i8G3.
DE LA STRATIGRAPHIE E\ FRANCK. 97
l'intérieur de l'Afrique, et son antipode situé dans l'océan Pacifique,
à l'ouest des îles Pomotou.
Ce grand cercle aborde la côte du continent américain par la
pointe de Saint-Hermengildo, située au sud de Buenos-Ayres, et il
traverse, dans la direction du nord-nord-est, les vastes plaines des
Pampas. Il atteint ensuite la région montagneuse de Cochabamba,
contre-fort des Andes boliviennes, et il passe approximativement
par la ville de ce nom. Poursuivant toujours son cours vers le nord-
nord- est il passe au point H, sommet du triangle trirectangle
formé par les trois grands systèmes volcaniques, et, après avoir
traversé les plaines de l'Amazone et de l'Orénoque, il coupe la
Cordillère delà Nouvelle-Grenade dans une partie peu élevée, près
du mont Grita, auquel M. de Humboldt ne donne que 770 toises
de bauteur.
Il entre enfin dans la mer des Antilles un peu à l'est du Rio-
Hacha, après avoir rasé à l'ouest la grande lagune de Maracaïbo,
et, passant dans l'intervalle que laissent entre elles les pointes
extrêmes des îles de la Jamaïque et d'Haïti, il aborde l'île de Cuba
par le port de Santiago. Il franchit au nord de cette ville les mon-
tagnes schisteuses où se trouvent des mines de cuivre connues
depuis longtemps, et, après avoir coupé l'île- Nassau, il sort enfin
de l'archipel des Mes Lucayes par son extrémité nord-ouest, où il
rencontre un point T.
Plus loin, il pénètre dans le continent de l'Amérique du Nord
par le havre de Charleston, coupe les Alleghanys dans la région
où commencent à prévaloir les roches primitives qui dominent
vers l'extrémité sud-ouest de cette chaîne, rase ou entame légè-
rement les pointes sud-ouest du lac Erie et du lac Huron, puis,
s'adaptant aux anfractuosités des contours du lac Michigan, il le
coupe à sa terminaison nord-est, près du point où ses eaux se dé-
chargent dans le lac Huron par le canal Makinaw. Traversant
obliquement le lac Supérieur, il arrive enfin au point H déjà in-
diqué près de sa côte septentrionale.
Slraligrnphie. 7
98 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
hoctaédrique traverse ensuite les territoires de la baie d'Hudson,
en rasant les extrémités des golfes les plus profonds de cette mer
intérieure, près des forts York et Churchill. Il sort du continent
par l'une des pointes du cap Kroken et par la presqu'île de Kent,
en passant aux trois petites montagnes qu'y figure la carte de
l'Amirauté1, et va joindre le point T situé sur la côte méridionale
de l'île Victoria.
Après avoir parcouru les terres et les mers polaires, notre cercle
va aborder la côte nord de la Sibérie orientale, où je ne le suivrai
pas de point en point, quoique, sur les cartes telles qu'elles existent,
il paraisse s'adapter très-heureusement à la structure de cette vaste
contrée.
Plus loin, il entre en Chine, en coupant le golfe de Pe-che-l\
et en s'adaptant, avec une précision singulière, à la péninsule mon-
tueuse et au barrage rocheux qui divisent ce golfe en deux parties
presque distinctes et qui constituent le trait caractéristique de sa
forme bizarre. 11 coupe les deux grands fleuves de la Chine à peu
de distance de leurs embouchures, le fleuve Jaune près d'Hoin-
gan-fou, et le fleuve Bleu à Nanking, deux grandes villes dont les
positions justifient une remarque faite précédemment, sur la pré-
férence donnée par les agglomérations de population aux points
voisins des cercles du réseau pentagonal.
En continuant son cours, il coupe dans sa longueur la région
montueuse des parties sud-est de la Chine , dont il sort par les an-
fractuosités de la côte méridionale, un peu à l'ouest de la petite
île Tche-lang-Siu.
H coupe ensuite la saillie occidentale de l'île de Bornéo, près de
laquelle s'élève un volcan, suivant une direction parallèle à cer-
taines parties de ses côtes, ainsi qu'à la côte orientale de l'île Billi-
ton, qu'il laisse à l'ouest. Après avoir coupé l'île de Java, près du
célèbre volcan de Papandayang, il entre finalement dans l'océan
Indien, en laissant à l'est, à une faible distance, les rochers Trval.
1 Arche America, slieet H.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 99
Plus au sud, notre octacdrique traverse tout l'océan Indien sans y
rencontrer une seule terre; puis il parcourt les mers et probable-
ment quelques-unes des terres antarctiques dont les contours ne
sont qu'imparfaitement connus, et entre dans l'océan Atlantique
austral, où il touche l'île Melville, la plus orientale de celles de
l'archipel des Nouvelles- Orcades. 11 revient ainsi au cap Saint-
Hermengildo, où nous avons commencé à le suivre.
Ce cercle traverse de grandes étendues de surfaces émergées.
Près de la moitié de son cours se trouve sur diverses terres. Il
coupe le continent américain dans sa longueur, suivant une ligne
qu'on pourrait considérer jusqu'à un certain point comme en for-
mant l'axe de figure. H s'adapte avec beaucoup de précision à plu-
sieurs formes orographiques remarquables, et il est en outre
jalonné par des villes importantes, Nanking, Hoin-gan-fou , Char-
leston, Santiago de Cuba, Cochabamba, et par plusieurs caps et
autres accidents orographiques, qu'on pourrait peut-être citer en
plus grand nombre si les cartes des contrées qu'il traverse avaient
plus de précision.
Un second octaédrique, celui du lac Baïkal et de h'Ie du Prince-
Edouard, a pour pôles le point I, sommet de pentagone qui tombe
dans l'océan Atlantique, au sud-est des îles Canaries, et son anti-
pode situé à Test de la Nouvelle-Hollande, près du cap Sandy.
Ce grand cercle aborde la presqu'île occidentale de l'Inde à l'en-
trée de la baie de Murmagon, sur laquelle se trouve Goa, et tra-
verse la crête des Gates de Malabar, à l'angle sud-ouest du grand
plateau trappéen du Deccan. Après avoir rasé le pied oriental de
la protubérance granitique de Kolapoor, que les trapps environnent
déjà de toutes parts, et traversé le plateau trappéen où il rencontre
quelques-unes des protubérances qui en interrompent la mono-
tonie, il coupe le Godavery à l'une de ses inflexions, pour arriver
au point H situé dans l'angle formé par le confluent des rivières
Tapty et Poorna.
H octaédrique coupe ensuite les montagnes de trapp qui séparent le
100 RAPPORT SUR LES PROGRES
Tapty du Nerbudda et celles de Bhopal dans leurs parties les plus
accidentées, puis, côtoyant, à peu de distance à l'est, la rivière
Bctwa, il traverse le grand district des roches schisteuses cristallines
du Bundelcund, et en sort en coupant la même rivière Betwa à sa
principale inflexion.
Plus loin, notre grand cercle traverse la grande vallée du Gange,
au nord de laquelle il aborde l'Himalaya par la vallée du Sardou,
située dans l'intervalle compris entre les colosses blancs de neige
du Javahir et du Dhavalagiri. Cet intervalle, quoique présentant
aussi des montagnes neigeuses, est cependant moins élevé et moins
accidenté que les parties de l'Himalaya situées à l'est et à l'ouest.
L'axe granitique paraît y être interrompu, le relief y devient plus
monotone, et, en arrière, dans le Thibet, ce district se rattache à
la région, d'une pente incertaine, où se trouve le lac sacré de Ma-
nasarwar et d'où les eaux s'écoulent dans quatre directions diffé-
rentes, vers le Gange, vers l'Indus, vers le Brahmapoutra et vers
le lac Tarogh-Youmtso, situé dans l'intérieur du Thibet. Uoctaé-
driqtte passe ponctuellement à ce nœud de l'orographie thibétaine,
et même il y est coupé par un dodécaédriquc rhomboïdal et par l'auxi-
liaire Hbaab, qui représente le système des Alpes principales et de l'Hi-
malaya occidental.
Je ne suivrai pas en détail notre grand cercle à travers le Thibet ,
le Kobi et la Sibérie orientale, où l'élément topographique fait
trop souvent défaut. Je me bornerai à remarquer que dans la partie
la mieux connue de ces vastes régions, dans la province sibérienne
d'Irkutsk, il passe à proximité du lac Baïkal, qu'il laisse un peu à
l'est, en suivant la direction générale de cette petite mer d'eau
douce et des crêtes montagneuses qui la bordent.
Sortant du continent de l'Asie par la baie d'Anadir, il traverse la
mer du Kamtschatka, où de bonnes cartes marines permettent de
constater qu'il rase le cap Nevvenham , pointe la plus saillante vers le
sud-ouest de la ci-devant Amérique Busse, et qu'il coupe à sa base,
dans lune des articulations de son contour, la presqu'île \laska.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 101
De là, notre octaédrique va raser, au midi de F Amérique, la côte
sud-ouest de la Terre de Feu, en formant la corde de la longue
courbe sinueuse des côtes américaines et en traversant des mers
profondes où il ne s'élève aucune île.
Plus loin, il traverse l'archipel des Nouvelles Shetland, et il va
rencontrer la petite île du Prince-Edouard, perdue au sud de
l'Afrique dans les solitudes de l'océan Austral. Il traverse ensuite
l'océan Indien en rangeant la côte sud-est de l'île de la Réunion,
sur laquelle s'élève le volcan célèbre de ce nom , et va gagner, près
de Goa, la côte de Malabar, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle, bien jalonné par plusieurs repères remar-
quables, se divise en deux parties : Tune qui traverse, suivant une
de ses lignes principales, le continent de l'Asie; l'autre, beaucoup
plus étendue, qui ne traverse que des mers où elle coupe seulement
quelques îles ou presqu'îles de très-peu de largeur.
In troisième octaédrique, celui des Garrow-Hills , a pour pôles un
point I, sommet de pentagone qui tombe dans le détroit de Davis,
entre le Groenland et le Labrador, et son antipode le point I situé
au sud-ouest de la terre de Van-Diemen.
Ce grand cercle aborde le continent asiatique par la partie sep-
tentrionale de la côte de Malabar, un peu au nord de Bombay, et
traverse les Gates (Ghauts) dans les hautes montagnes trappéennes
où le Godavery prend sa source.
Il se dirige vers le point H situé dans l'angle formé par le con-
fluent des rivières Tapty et Poorna , en traversant le plateau trap-
péen aux accidents duquel il s'adapte. Au delà du point H, il s'a-
dapte mieux encore aux montagnes de trapp des Northern-Ghauts,
aux montagnes de grès de Mahader-Phar et du Mittoor-Range ,
ainsi qu'à plusieurs autres dont le détail serait trop long, et, après
avoir traversé le Nerbudda près de sa source, il arrive à une pro-
tubérance de schistes cristallins, entourée d'autres formations, dont
la carte de M. Greenough n'indique pas le nom , et qui se trouve déjà
assez près du Gange, à l'ouest-sud-ouest de Rajmahal.
109 I! APPORT SUR LES PROGRÈS
Notre grand cercle coupe le cours du Gange un peu au-dessous de
Rajmahal, puis il traverse, dans une étendue de plus de cinquante
lieues, les terrains plais et marécageux qui séparent le Gange du
Brahmapoutre , et, franchissant ce dernier fleuve, il atteint sur sa
rive gauche le pied des montagnes de schistes cristallins et de gra-
nités appelées Garrow-Hills, élevées de 2000 mètres.
C'est un des traits les plus frappants de la géologie de l'Inde,
telle que la figure la belle carte de M. Greenough, que cette large
embrasure par laquelle toutes les eaux descendant de l'Himalaya
se déversent avec leurs alluvions vers le golfe du Bengale. Les deux
pitons de roches anciennes, qui forment comme les jambages de
cette porte gigantesque, sont deux des repères les plus remarqua-
bles que présente le sol de l'Inde. Il est curieux de voir que notre
oclaédrique passe par l'un et par l'autre; mais ce qui rend ce fait plus
significatif encore, c'est que ces deux points ne sont pas des points
quelconques du cours de notre grand cercle.
La protubérance de roches anciennes située à l'ouest-sud-ouest
du Rajmahal coïncide en elfetavec le point où Y oc taédrique est coupé
par un dodécaédrique rhomboïdal et par un bissecteur HI, et le pied
des Garrow-Hills coïncide pareillement avec le point où le même
octaédrique est coupé par un autre dodécaédrique rhomboïdal, par un
autre bissecteur HI et, en outre, par l'auxiliaire Wbaab, qui repré-
sente le système des Alpes principales et de ¥ Himalaya, et par l'auxi-
laire TD/>, qui représente le système du Finistère.
C'est pour l'appeler cette dernière coïncidence que M. Élie de
Beauinont a nommé le cercle dont nous suivons le cours octaé-
driquc des GaiTow-Hills. Ce grand cercle suit pendant quelque temps
Ja direction des Garrow-Hills et des montagnes qui forment à leur
suite le flanc méridional de la vallée du Brahmapoutre; puis il
coupe la contrée peu connue où passent près les uns <U>* autres
les fleuves d'Ava et de la Cochinchine. traverse ensuite la Chine
(Mi suivant la vallée du llenvc Bleu, cl en sort par l<> cap Tchang-
Kiwe-Wei, au sud de l'île Chusang.
. DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 103
V oetaédrique passe ensuite au point H situé au nord des îles
Bouin-Sima , traverse tout l'océan Pacifique sans y rencontrer une
seule terre, puis l'Amérique méridionale, qu'il coupe un peu au
nord de Coquimbo et de Porto-Alegre, et l'Afrique australe, où il
entre par l'embouchure du Teté, pour en sortir un peu au sud du
cap Guardafui et de l'ile de Socotora. Franchissant enfin le nord
de l'océan Indien, il revient à la côte de Malabar, où nous avons
commencé à le suivre.
Ce grand cercle présente trois arcs terrestres, formant une somme
comparativement peu considérable. La plus grande partie de son
cours se trouve sur la surface des mers. Là où il traverse des con-
trées connues, nous avons trouvé son cours jalonné par des acci-
dents géographiques et géologiques remarquables.
Un quatrième oetaédrique, celui du cap Walsh et des îles Sous-
le-Vent , a pour pôles le point I, sommet de pentagone qui
tombe, comme le montre la carte planche V de la Notice, près de
l'extrémité nord-est de la Nouvelle-Zemble, et son antipode le
point I situé dans l'océan Glacial austral , à peu près au sud de
l'ile Peter.
Ce grand cercle passe au point H, près de Tehuantepec, où son
orientation est peu éloignée de la ligne est-ouest. Il traverse l'Amé-
rique centrale et ensuite la mer des Antilles, où il est sensiblement
parallèle à la chaîne des îles Sous-le-Vent et à la Cordillère littorale
de Venezuela , et dont il sort en rasant au sud les derniers rochers
de l'île de la Grenade, qui termine la chaîne des Petites-Antilles.
M. Durocher, qui l'a adopté pour représenter l'un des quatre
systèmes de montagnes qu'il a établis dans l'Amérique centrale,
s'exprime au sujet de ce cercle de la manière suivante : crLe
cr système de Venezuela et des volcans du Mexique se trouve exactement
<r représenté , sur la sphère géologique de M. Élie de Beaumont,
<r par le grand cercle oetaédrique qui passe près de la ville de Gua-
rr temala, longe la côte septentrionale du Venezuela, coupe le centre
crde l'Afrique australe au plateau de Dembo, puis, après avoir rasé
104 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
«la pointe nord de Madagascar, passe entre le nord du continent
ce australien et l'archipel de la Sonde, et au delà coupe la Nouvelle-
tr Guinée et la Nouvelle-Bretagne *.»
Cet octaédrique aborde la Nouvelle-Guinée en rasant au sud, à
dix ou douze minutes de distance, le cap Walsh , qui semble
s'avancer à sa rencontre comme un doigt indicateur. Il passe au
point H situé dans le centre de ce petit continent, dont il sort par
le cap opposé au premier, celui qui termine au nord le golfe Huon.
Il coupe ensuite les pointes méridionales de la Nouvelle-Bretagne,
passe au sud de l'extrémité méridionale de la Nouvelle-Irlande et
rase le cap nord de l'île de Bouga inville, la plus occidentale de
l'archipel de Salomon. Son rôle, au milieu de ces terres acciden-
tées, n'est guère moins remarquable ni moins précis que celui des
deux dodécaédriqiœs réguliers que nous y avons déjà suivis.
Il se prolonge ensuite dans l'océan Pacifique, en traversant
l'archipel des îles Gilbert et en limitant vers le nord la partie
principale des archipels polynésiens, puis il revient au point H, près
de Tehuantcpec, à travers une mer complètement déserte.
Ce cercle est remarquable en ce que son cours, presque entier,
reste sur la surface des mers. Il ne rencontre d'autres terres de
quelque étendue que l'isthme de l'Amérique centrale , l'Afrique
australe, dans une partie où sa largueur est déjà très-réduite, et la
Nouvelle-Guinée.
Un cinquième octaédrique, Y octaédrique du cap Cod, a pour pôles
le point T, sommet de pentagone situé en Perse, près de Mesched,
et son antipode qui tombe dans l'océan Pacifique méridional.
Ce grand cercle aborde le continent de l'Amérique septentrionale
par la saillie que constituent les bas-fonds de l'île de Nantucket, cl
coupe la côte de l'Etat de Bhode-Island au point où s'en détache
le cap Cod, ce qui a conduit M. Elie de Beaumonl à le nommer
Y octaédrique du cap Cod.
1 Comptes renthu, i. IJ, p. 15, séance du g juillet iSOo.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 105
Dans l'intérieur du continent, il passe approximativement au
point de partage des eaux entre la rivière Hudson et le lac Cham-
plain, traverse dans le Canada le lac Nipissing et va passer au
point H situé au nord du lac Supérieur. Plus loin, il rase l'extré-
mité méridionale du lac Winnepeg. Il sort du continent en coupant
l'île de la Reine-Charlotte.
Il traverse ensuite l'océan Pacifique sans rencontrer aucune terre
jusqu'à l'archipel des Carolines, où il passe au milieu des îles
Mortlock. Plus loin, il laisse un peu à l'est l'île de l'Amirauté, et,
après avoir coupé l'île Dampier, il aborde la Nouvelle-Guinée par
le cap Croisilles, qui termine à l'est du golfe de l'Astrolabe.
Après avoir passé au point H de la Nouvelle-Guinée, où il coupe
ïoctaédrique précédent et deux des dodécaédriques réguliers étudiés
antérieurement, il sort de cette grande île par le cap qui resserre
le détroit de Torres. Il atteint ce cap après avoir suivi, à quelque
distance dans l'intérieur, une ligne de côtes qui, avec la côte occi-
dentale du golfe de l'Astrolabe aboutissant au cap Croisilles et avec
l'île de Dampier, forme une des lignes remarquables de la Nou-
velle-Guinée, ligne sur laquelle s'élève le mont Aird. Ce cercle
s'adapte donc aux formes géographiques de la Nouvelle -Guinée
avec le même bonheur que les trois autres cercles qui viennent
d'être cités.
Après avoir coupé obliquement le détroit de Torres, il aborde
la Nouvelle-Hollande par la côte sud-ouest du golfe de Carpentarie ,
et il en ressort vers le midi par la terre de Nuyts, en rasant, à une
faible distance, l'île Rocky et la pointe Hood.
A partir de ce point, notre oclaédrique traverse l'océan Austral,
puis l'océan Atlantique dans sa longueur, sans rencontrer aucune
terre, dans un intervalle de plus de 190 degrés, pour revenir au
cap Cod.
Ce grand cercle n'est pas moins remarquable que le précédent
par la faible étendue des terres qu'il traverse et par la persistance
avec laquelle il se maintient, dans la plus grande partie de son
100 RAPPORT SUR LES PROGRES
cours, sur des mers dépourvues d'îles et probablement très-pro-
fondes.
Les cinq autres octaédriques ont pour pôles les dix points I, qui
n'appartiennent ni au pentagone européen ni à son opposé, et qui
se trouvent dans la zone intermédiaire, entre l'un et l'autre.
Ces cinq octaédriques traversent le pentagone européen en pas-
sant chacun à deux points H de son contour, comme le montre
la carte planche V de la Notice.
Ainsi un sixième octaédrique, Xoctaédriuue de Nijney-Taglisk , a
pour pôles le point I, centre de triangle équilatéral et sommet de
pentagone qui tombe dans l'Afrique australe, et son antipode
situé dans l'océan Pacifique, au nord-nord-est des îles Sandwich.
Ce grand cercle rase la côte sud-ouest de la Tasmanie ou terre
de Van Diemen, en passant au point H qui tombe dans son voi-
sinage. Il aborde ensuite la Nouvelle- Hollande en coupant l'île
Kangurou et en rasant le cap Spencer et le pied des monts Gawler,
et il en sort par la baie Collier, sur la côte de la terre de Witt.
Plus loin, après avoir effleuré la petite île Benjour, il traverse les
îles de la Sonde en coupant la pointe occidentale de l'île Flores,
où il rase le cap Tower, puis la grande île de Bornéo, où il entre
en rasant le cap Ragged-Point, à l'entrée du golfe de Passir, et
d'où il sort par la pointe Tanjong-Barram. Il pénètre ensuite dans
la Gochinchine par le golfe situé entre les pointes Camraigne et
Hone-Hohe, et il côtoie, à quelque distance dans l'intérieur, toute
la côte d'Annam.
Je ne le suivrai pas dans l'intérieur de l'Asie, dont la topogra-
phie est trop peu connue; je me bornerai à dire qu'en s'en éloi-
gnant il passe au point H, situé au pied oriental de TU rai. Noire
grand cercle entre alors dans le pentagone européen, où on peut
suivre son cours sur la carte planche V de la Notice sur les sijsièmcs
de montagnes.
Il coupe d'abord obliquement Filial , où il rencontre divers acci-
dents orographiques cl géologiques remarquables, qu'on reconnaît
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 107
en traçant ïoclaédrique sur la carte géologique de l'Ural publiée
par sir Roderick Murchison et déjà citée précédemment. On peut
y constater qu'en traversant la chaîne il construit, approximati-
vement, par son intersection avec le diamétral IT, qui représente
le système presque méridien de l'Ural, ïa position des mines im-
portantes de Nijney-Tagilsk, l'une des capitales minérales de cette
grande région métallifère, ce qui l'a fait nommer par M. Elie de
Beaumont octaédrique de Nijney-Tagilsk.
En parcourant la Russie d'Europe, il coupe plusieurs rivières
à des confluents ou à des points d'inflexion. Il passe au point T
de la Finlande, rase en Suède le bord septentrional de la grande
masse porphyrique de la Dalécarlie, passe au mont Stadjen, tra-
verse en Norwége la masse porphyrique du Jotun-Field, où il passe,
à quelques minutes près, par le mont Ymœsfield ou Storegahlhœpig-
gen, élevé de 2 60 5 mètres et point culminant de toute la Scandi-
navie. On aurait pu lui en donner le nom, si la circonstance de
passer par Nijney-Tagilsk n'avait paru plus remarquable encore. H
entre enfin dans la mer du Nord par la pointe septentrionale de
l'ouverture du Sogne Fiord.
Dans les parages de l'Ecosse il rase exactement, à la pointe mé-
ridionale des îles Shetland, le pied du phare de Sumburgh-Head,
range à une petite distance l'île Fair, les pointes septentrionales
des Orcades et l'île Sule-Skerry. 11 suit exactement la côte si remar-
quablement rectiligne que présente vers le N.-O. la grande île
Lewis, et en coupe seulement les caps les plus saillants. Plus loin,
il passe au point T, qui tombe dans la mer, vers l'angle N.-O. de
la plate-forme sous-marine qui supporte les îles Britanniques et sur
le saillant de laquelle s'élève l'îlot trappéen de Saint-Kilda. Enfin,
après avoir laissé cet îlot au sud, à peu près à la même distance que
l'île Sule-Skerry, il pénétre dans l'océan Atlantique, en rasant à
quelque distance le bord S.-E. de la plaie-forme sous-marine qui
supporte l'îlot de Rockall.
Tracé, d'après les chiffres du tableau . p. 10/11 de la Notice, sur la
108 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
carte du capitaine Vidal (Banks of soundings , Hydrographical Office,
i833), notre octaédrique représente évidemment, et avec une remar-
quable précision, une des grandes lignes de la charpente britan-
nique. L'autre octaédrique, qui passe aussi au même point T, près
des îles Hébrides, forme à cet égard son pendant. Ce sont comme
les bases de deux combles qui se réunissent sous un angle obtus ,
dont l'arête saillante repose sur le grand cercle primitif qui repré-
sente le système du Thùringerwald.
Parcourant ensuite l'océan Atlantique sans y rencontrer aucune
terre, notre grand cercle entre dans le continent de l'Amérique
méridionale , à l'extrémité orientale du delta de l'Orénoque , tra-
verse la région montueuse des Guyanes , les plaines de l'iVinazone ,
et coupe enfin la chaîne des Andes, entre les villes de Guzco et
d'Aréquipa.
Entrant alors dans l'océan Pacifique, il y passe bientôt entre les
deux îlots, voisins l'un de l'autre, de Saint-Ambpoise et de Saint-
Félix; puis, après avoir traversé l'océan Austral sans rencontrer
aucune autre terre, il revient à la terre de Van-Diemen, où nous
avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle se partage presque également entre les terres
et les mers : les deux cinquièmes de son cours se trouvent sur des
continents ou sur de grandes îles. Malheureusement, la topogra-
phie de beaucoup de ces contrées est peu connue; mais on a vu
que, dans celles dont on possède de bonnes cartes, son cours est
jalonné par beaucoup d'accidents orographiques ou géologiques
remarquables.
Un septième octaédrique, celui de l'île d'Hindoë, a pour pôles le
point I, sommet de pentagone qui tombe dans la partie N.-E. du
Brésil, et son antipode situé dans l'océan Pacifique, près des îles
Pelew.
Ce grand cercle aborde les terres de l'ancien continent par
l'angle S.-E. de l'île de Madagascar. Tracé sur la carte de celle
grande île publiée au dépôt de la marine d'après les travail! du
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 109
capitaine Owen, il y pénètre, un peu au nord du fort Dauphin,
par le port de Mananibalou , s'adapte avec beaucoup de précision
à certains traits particuliers du relief figuré dans son intérieur, et
en sort par la baie Cagembi.
Dans le canal de Mozambique , il coupe le groupe des îles Comores
en passant entre Anjouan et Mayotte, puis il aborde la côte d'Afri-
que, près de Jubo, et traverse le Zanguebar et l'Abyssinie dont il
effleure vers l'est les dernières montagnes pour atteindre enfin la
mer Rouge.
Tracé sur la carte marine de la mer Rouge, en plusieurs feuilles,
publiée par YHydrographical Office de Londres (Chart of the Red
Sea), notre octaédriquc y entre par le fond d'un golfe très-prononcé,
l'ancien golfe d'Adulis, appelé par les habitants du pays Dockno ou
Goob Duenoo. Ce golfe, que les cartes anglaises désignent sous le
nom d'Ansley-Bay, et à l'entrée duquel se trouvent l'île de Massowah
et le port d'Argeego ou Arkiko, doit aujourd'hui une célébrité im-
prévue au débarquement de l'expédition anglaise d'Abyssinie. L'oc-
taédriquc en sort en rasant plusieurs petites îles, et, après avoir tra-
versé obliquement la partie centrale de la mer Rouge, il aborde
la côte arabique par le Sherm-1 embo , entrée profonde située au
N.-O. d'Yembo, port de Médine; de sorte que deux des découpures
les plus profondes des côtes de la mer Rouge jouent le rôle de
deux mortaises naturelles destinées à recevoir et à assujettir Yoctaé-
drique, comme une pièce de charpente qui y trouverait ses appuis.
Ce grand cercle passe ensuite au point H situé au N.-O. de Mé-
dine, où il entre dans le pentagone européen, dans lequel on peut
le suivre sur la carte planche V de la Notice.
11 traverse les contrées montueuses situées à l'est de la mer
Morte, dont il ne fait probablement que côtoyer la dépression, et il
coupe la vallée du Jourdain à sa naissance, au-dessus du lac de
Tibériade. Plus loin, il rase au S.-O. , au pied du Sanin, l'extrémité
du Liban. Un point c, formé par l'intersection rectangulaire de
Yoctacdriqiir avec un dodécaédrique rhomboïdal, tombe sur la proton-
J 10 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
gation méridionale de Taxe de la chaîne, de telle manière que le
Liban et l'Anti-Liban, avec la Cœlésyrie et les ruines de Balbek,
sont compris et encadrés dans celui des quatre angles droits for-
més par les deux cercles qui s'ouvre vers le N.-O.
Notre grand cercle pénètre dans la Méditerranée, entre Bey-
routh et Tripoli, un peu au nord du cap Djebbel (Byblos). Lais-
sant à quelque distance à l'ouest le cap Saint-André, pointe N.-E.
de l'île de Chypre, il aborde l'Asie Mineure par le golfe de Tarsus
et par la montagne qui domine cette ville vers le nord, suit pen-
dant longtemps dans son intérieur le cours du Kisil-Ermak et en
sort par la pointe de Kidros pour entrer dans la mer Noire.
Il s'éloigne de cette mer par le fond du golfe, où elle reçoit le
Dnieper et le Bug, entre dans la masse granitique de l'Ukraine
par l'angle qu'elle présente au point T près d'Olviopol, et trace
en Bussie la grande articulation de l'Orient et de l'Occident.
La masse des terres de l'Europe occidentale est séparée de la
grande masse des terres russes et asiatiques par un étranglement
que déterminent la mer Noire et la mer Baltique en se rapprochant
l'une de l'autre. Cet étranglement est rendu beaucoup plus étroit
par les cours du Dnieper et de la Dana, qui ne laissent l'Occident
se rattacher à l'Orient que par l'espèce d'isthme méditerranéen
sur lequel s'élève la ville de Smolensk. Voctaédrique d'Hindoë, qui
forme de la mer Noire à la Finlande le contour du petit penta-
gone européen, s'approprie la disposition caractéristique que je
viens de signaler, par le fait même de la position qu'il occupe rela-
tivement au Dnieper et à la Duna.
Il traverse la Livonie et l'Esthonie parallèlement à la longueur du
lac Piepus, coupe le golfe de Finlande dans sa partie la plus
étroite, près d^ Bevel, passe en Finlande au point T, qui y occupe
une position remarquable topograpliiquement, traverse le golfe de
Bothnie à l'étranglement qu'il présente près de Vasa, et, après avoir
passé à nue assez petite distance du Sulilelma. l'une «les montagnes
les plus proéminentes, le mont Blanc, puni- ainsi dire, de la La-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 111
ponie , il sort enfin de la Scandinavie par Yile (FHindoè, remarquable
par sa position à la naissance de la chaîne des îles Loffoden, par
sa forme rayonnée et par le concours, figuré sur la carte planche V
de la Notice, de plusieurs des cercles qui représentent les systèmes
de montagnes de l'Europe occidentale.
Notre oclaédrique s'engage ensuite dans la mer Glaciale et dans
les terres polaires, pour reparaître au point T situé à la partie mé-
ridionale de l'île Victoria.
Il traverse la partie N.-O. de l'Amérique septentrionale en pas-
sant au petit lac que traverse la rivière de Mackenzie après être
sortie du grand lac de l'Esclave, et il s'éloigne de ce continent en
coupant l'île de Vancouver, à quelques kilomètres d'une montagne
notée comme ayant été vue couverte de neige en juillet 1792, et
qui est par conséquent fort élevée.
Dans l'océan Pacifique, il traverse l'archipel des îles Marquises
ou de Nouka-Hiva, où il passe à l'île Roua-Houga, et il s'adapte
presque exactement à la chaîne des îles Manou, où il touche ou
rase de très-près les îles Predpriatié, Humphrey, Manou, Heïou,
Toui-Toui et Cumberland; puis, sans rencontrer d'autre terre que
la terre Victoria du sud, il va par l'océan Austral rejoindre la côte
S.-E. de Madagascar, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle coupe beaucoup plus souvent les mers que les
terres, et, parmi ces dernières, une partie sont à peine explorées
dans leur intérieur. Mais, dans les contrées mieux connues, il ren-
contre, comme on l'a vu, un grand nombre de repères très-précis,
et il s'adapte à des configurations remarquables.
Un huitième octaédrique, celui de Yîle Trinidad, a pour pôles le
point I, sommet de pentagone qui tombe dans le Nouveau-Mexique,
et son antipode situé dans l'océan Indien, au N.-E. des îles Saint-
Paul et Amsterdam.
Ce grand cercle rase, à peu de distance , dans l'océan Atlantique
méridional, la petite île Trinidad, qui forme l'extrémité S.-O. d'une
chaîne d'îlots dont fait également partie la petite île de Martin-
tiS RAPPORT SUR LES PROGRÈS
\;iz. Le célèbre navigateur sir James Ross a constaté dans l'Océan,
à peu de distance de ces petites îles, une profondeur de près de
10000 mètres. Elles doivent, par conséquent, former le sommet
d'une proéminence considérable de l'écorce terrestre, et Yoctaé-
drique qui rase à peu de distance vers l'ouest l'île Trinidad passe
probablement, à peu de chose près, par l'extrémité occidentale de
cette proéminence, ce qui a conduit M. Eïie de Beaumont à lui
donner le nom à'octaédrique de Vile Trinidad1.
Ce grand cercle aborde l'Afrique septentrionale par sa saillie
S.-O. à peu de distance au N.-O. de la rivière Mesurado. Il traverse
les montagnes qui séparent le haut Sénégal du haut Niger, en lais-
sant à une très- faible distance la ville célèbre de Tombouctou;
après quoi il passe au point H du Sahara, où il entre dans le
pentagone européen, dans l'intérieur duquel on peut le suivre sur
la carte planche V de la Notice.
On aperçoit sur cette carte, et on constate sur des cartes plus
détaillées, qu'après avoir traversé le grand désert de Sahara,
Yoctaédrique sort du continent africain par le fond du golfe de Ka-
bès, et côtoie les petites îles qui s'y élèvent; qu'après avoir passé
à l'Etna il sort de la Sicile par le cap Pelore, à très-peu de chose
près, en laissant à une petite distance les dangers de Charybde et
de Scylla et la ville de Messine; qu'il coupe les pointes extrêmes
de l'Italie parallèlement à leur ligne terminale; qu'il coupe la
Turquie d'Europe en passant à peu près par les monts Gabar et
S tara-Plan ina, et en suivant une direction près de laquelle les
différentes lignes géologiques, qu'on peut remarquer sur l'intéres-
sante carte de M. Boue, viennent généralement se briser; qu'il
rase le pied des montagnes de la Transylvanie, et qu'il entre dans
la grande masse granitique de l'Ukraine par un de ses angles, au
point T près d'Olviopol.
Construit d'après les chiffres du tableau, p. 1061 de la Notice,
sur la belle carte de sir Boderick Murchison, il entre dans l'Oural
1 Notice *w les systèmes de mmtagnes , |>. i<>->f>.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 113
par le promontoire montueux du Karatau et coupe la chaîne dans
les brisures que présentent, à l'ouest de Kilitimsk, la bande du
vieux grès rouge et la bande granitique.
Enfin on peut remarquer que, dans tout son cours à travers le
continent de l'Europe et de l'Asie , depuis les côtes de l'Adriatique
jusqu'à Tomsk en Sibérie, cet octaédrique rencontre une foule de
rivières, et qu'il n'en rencontre presque pas une seule dans un point
indifférent. Il les coupe généralement près d'un coude ou d'un
confluent, ce qui annonce qu'il suit une inflexion du sol plus ou
moins prononcée, mais toujours assez sensible, à l'extérieur, pour
influer sur le cours des eaux.
M octaédrique, poursuivant son cours à travers la Sibérie, où il
coupe le lac Baïkal, en passant approximativement à ïrkoutsk, puis
à travers la Mongolie, la Mandchourie, la mer du Japon, traverse
enfin la grande île de Niphon, dont il sort par le cap qui termine
au S.-O. le golfe de Nagasaki, célèbre par ses éruptions volcaniques.
Il va passer ensuite au point H, situé à l'extrémité septentrio-
nale des îles Bonin-Sima, et traverse les archipels polynésiens, en
passant au S.-O. des îles Viti, qu'il ne touche pas.
Après avoir coupé la pointe méridionale du continent améri-
cain, où il pénètre par l'entrée occidentale du détroit de Magel-
lan, et dont il sort par le cap Saint-François-de-Paule, il entre
dans l'océan Atlantique méridional où il va raser le massif sous-
marin de l'île Trinidad, à partir duquel nous avons commencé à
le suivre.
Ce grand cercle présente un arc terrestre fort étendu, qui en
occupe à peu près le tiers. Dans le reste de son cours il traverse
de vastes mers, la plupart dépourvues d'îles et probablement très-
profondes.
Un neuvième octaédrique, celui du mont Sinaï, a pour pôles le
point I, sommet de pentagone, qui tombe dans l'océan Atlantique
austral au S.-O. de l'île de Tristan d'Acunha, et son antipode situé
dans l'océan Pacifique, au midi du Kamtschatka.
Stratigraphie. 8
11 A RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ce grand cercle aborde le contaient de l'Asie par la côte mé-
ridionale de l'Arabie, après avoir rasé à une faible distance la pointe;
orientale de l'île de Socotora, qui elle-même peut être considérer
*
comme la pointe orientale des terres africaines. Il traverse les déserts
de l'Arabie parallèlement à la grande vallée de la Mésopotamie et
du golfe Persique et passe approximativement à Médine.
En sortant de l'Arabie, il coupe, au point où il se détache de la
mer Rouge, le golfe d'Akabah, qui en forme la pointe orientale,
puis il traverse la région montagneuse de l'Arabie Pétrée.
D'après la carte orographique de M. Russegger et la carte géo-
logique de M. Figari-Rey, cartes qui diffèrent un peu dans les dé-
tails, l' octaédrique coupe le massif de roches porphyroïdes du mont
Sinaï, en passant à très-peu près, sinon exactement par la cime
de cette montagne imposante, dont il a reçu le nom, et par la
fontaine de Moïse.
Ce grand cercle, dont la direction se dessine dans quelques-uns
des accidents orographiques de l'Arabie Pétrée, sort de cette
contrée en passant à une petite distance de la source thermale voi-
sine du cap Hammam, et, après avoir traversé la branche occi-
dentale de la mer Rouge, près de sa pointe extrême, qui aboutit à
X isthme de Suez et où le récit biblique fait passer les Israélites pour-
suivis par Pharaon, il entre en Egypte en rasant au 1N.-E. le pied
du Dschebbel Deradje, montagne escarpée formée par le terrain
crétacé.
Plus loin, il passe près du Caire, entre cette grande ville et la
cime du Dschebbel el Mokaltam, qui la domine à l'est, et, après
avoir coupé le Nil dans un des points les plus remarquables de son
cours, le ventre de la vache, où il se partage en deux branches pour
former le Delta, X octaédrique côtoie au N.-E. la vallée des lacs ÎNatron ,
(Mi marquant à peu près la limite entre le désert et les terres culti-
vables de la basse Egypte; un point c tombe dans ce dernier inter-
valle, entre les lacs INatron et les plaines du Delta.
Sélendant ensuite sur la Méditerranée, Xoctaédri<iur va passer à
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 115
l'Etna, où, dans l'installation du réseau pentagonal, on a placé un
point T, intersection des deux oclaédriques de File Trinidad et du
mont Sinaï. Ce dernier aborde la base de l'Etna près de Riposto; il
pénètre dans le massif du monte Gibello par le célèbre val de Bove,
passe par l'axe de Colonne du ciel, comme l'appelle Pindare, et,
après avoir traversé les montagnes calcaires du Bosco di Caronia,
il sort de la Sicile par l'embouchure de la rivière Orto, en passant
au large de Païenne et du mont Pellegrino.
Il traverse ensuite 1p midi de la Sardaigne, où il pénètre en rasant
la petite île di Cirri, pour en sortir par la pointe la plus saillante
vers l'ouest du cap San-Marco, après avoir traversé l'île suivant
une direction oblique, en harmonie avec sa structure géologique,
telle qu'elle est figurée sur la belle carte de M. le général Albert
de la Marmara.
Laissant au sud l'île de Minorque, il entre enfin en Espagne par
le fort de Mongat. placé à l'extrémité méridionale du massif gra-
nitique de la Catalogne, près de Barcelone, dont il laisse la cathé-
drale à 12 kilomètres dans le sud. H passe au mont Serrai, et,
après avoir suivi le pied des Pyrénées, bordées au nord, elles-
mêmes, par la dépression où est établi le canal des deux mers et
qu'on pourrait appeler l'isthme du Languedoc, il entre dans l'océan
Atlantique, entre le cap Villano et le cap Ortégal, en rasant le cap
qui fait face aux petites îles Sisargas et qui est la pointe de l'Es-
pagne la plus saillante vers le N.-N.-O.
Au delà de l'océan Atlantique, notre octaédrique, sur les côtes
américaines, passe au point T, situé près de la terminaison N.-O.
des îles Lucayes, et. après avoir coupé les plaines basses de la Flo-
ride, dont il sort par le cap Romano, et celles de la côte septentrio-
nale du lucatan, il traverse le Mexique, par l'isthme de Tehuan-
tepec, pour aller passer près de l'entrée de ce port aujourd'hui
célèbre, et atteindre le point H qui en est voisin.
Parcourant ensuite toute la largeur de l'océan Pacifique sans y
rencontrer aucune terre, il traverse l'une des grandes îles qui com-
8.
110 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
posent la Nouvelle-Zélande, Tavaï-Pounammou, en y entrant à la
baie Pegasus, au nord delà presqu'île de Banks, et en sortant par
le cap situé au sud de la baie Totara.
Plus loin, il rase avec une grande netteté la partie méridionale
de la Tasnianie, ou terre de Van-Diemen, dont il coupe seulement
les deux caps les plus avancés, le cap sud, à l'entrée du canal
d'Entrecasteaux, et le cap sud-ouest, dont il sort pour passer au
point H qui en est voisin. Enfin, après avoir rasé à une faible
distance le cap Leuvin, angle S.-O. de la Nouvelle-Hollande, il
revient, à travers l'océan Indien, à la pointe orientale de l'île de
Socotora.
Sauf les parties de l'Arabie dont la topographie n'est pas en-
core connue, ce grand cercle est jalonné avec une étonnante pré-
cision par les accidents orographiques et géologiques. Il est re-
marquable, en même temps, par la grande étendue des mers
et la petite étendue comparative des terres qu'il traverse. H y a,
il est vrai, une assez grande distance de la côte S.-E. de l'Arabie,
par laquelle il entre dans l'ancien continent, et l'angle N.-O. de
l'Espagne, par lequel il en sort; mais il chemine dans près de
la moitié de cet intervalle sur les eaux profondes de la Méditer-
ranée.
Il est curieux en même temps de lui voir lier entre eux les pa-
rages des trois isthmes célèbres de Suez, du Languedoc et de
Tehuantepec. Une mappemonde dont ce grand cercle formerait
l'horizon serait une de celles qui diviseraient le globe de la manière
la plus caractérisée.
Un dixième octaédrique, celui du Mulehacen, a pour pôles le
point I, sommet de pentagone, qui tombe dans le golfe du Bengale,
et son antipode le point I, situé au sud des lies Galapagos.
Ce grand cercle, après avoir parcouru l'océan Atlantique méri-
dional, aborde le continent de l'Afrique par la côte septentrionale
du golfe de Guinée, entre Accra etCoumasie, et, traversant le pays
des Ashanlis et autres régions peu connues, il va passer au point H
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 117
du Sahara, où il entre dans le pentagone européen ligure dans la
carte planche V de la Notice.
Voctaédrique traverse ensuite le Maroc, et, en le traçant sur la
belle carte de cet empire publiée par M. E. Renou, on a pu
constater qu'il s'y adapte approximativement à beaucoup d'accidents
topographiques, tels que les défilés de l'Ouad-Guir, à l'est d'El-
Hammad, et, plus au nord, la dépression située entre le massif
montagneux du Tafilelt et le DjebekAntar, le défilé de la Mlouia ,
à l'ouest de l'Àduare, etc.
Il sort du Maroc pour entrer dans la Méditerranée, en passant
au pied occidental du cap Tres-Forcas ou Raz-ud-Deir, promon-
toire montueux qui forme une des saillies les plus considérables de
la côte; puis il rase, à une faible distance vers l'ouest, l'île d\\l-
boran, formée de roches éruptives, et qui s'élève isolément, au
milieu d'eaux très-profondes, en face du détroit de Gibraltar.
Ce même grand cercle aborde l'Espagne par le massif monta-
gneux qui s'élève entre Motril et Adra. Tracé, d'après les chiffres du
tableau de la page îo/ii de la Notice, sur des cartes d'Espagne, et
notamment sur la carte géologique d'Espagne de M. Esquerra de!
Bayo, publiée en i85o, à Stuttgart, par M. Gustave de Léonhard,
il traverse la Sierra Nevada de Grenade, entre ses deux cimes prin-
cipales, le Mulehacen et le Veleta; c'est-à-dire qu'il passe au pied
occidental de lune et au pied oriental de l'autre, et par conséquent
vers le milieu de la masse granitique qui a probablement soulevé
ces deux masses schisteuses.
Plus loin, il passe au milieu des roches éruptives de Ciudad-Real
et de Linares, et il traverse ensuite le massif des montagnes de
Guadarama dans son centre, entre le Prado et l'Escurial. Il coupe
enfin la chaîne côtière du nord de l'Espagne au point où elle se
brise et où elle commence à perdre le caractère pyrénéen, et il
pénètre dans le golfe de Gascogne par la côte de la province de
Santander, un peu à l'ouest du cap Hoyambre.
Sans se rattacher dans toute la péninsule à aucune crête cou-
118 RAIMMJHT SU II LES PROGRÈS
tinue, son cours y est jalonné par une foule de points remar-
quables.
Dans l'Océan , notre octaédrique laisse à de faibles distances l'ex-
trémité de la chaussée de Sein, prolongation, en partie sous-marine,
de la pointe du Raz, et la pointe occidentale de l'île d'Ouessant, qui
sont les pointes extrêmes de la Bretagne, et plus loin il rase, eu la
touchant presque, la pointe occidentale du Gornouailles.
Il aborde ensuite l'Irlande par sa pointe S.-E., en passant entre
le massif granitique du cap Garnsoreet le Tuscar-Ilock, qui s'élève
un peu à l'est comme une sentinelle avancée. Passant à quelques
kilomètres à l'ouest de Dublin, il sort de l'Irlande, vers le nord,
par le promontoire de micaschiste qui se termine à la pointe d'In-
nishowen-Head, à l'entrée de la lagune appelée Lough-Foyle. Il
traverse ce promontoire en suivant la dépression qui sépare les
deux montagnes appelées Squires-Carn et Crignamaddy.
Tracé avec exactitude sur la belle carte géologique de l'Irlande
publiée par M. Griffith, ce cercle passe par plusieurs points géo-
graphiquement et géologiquement remarquables, notamment par
la haute montagne granitique, couronnée de roches métamorphi-
ques, de Lugnaquilla, dans le comté de Wiclovv. Il est visiblement
en rapport avec le contour général que présenterait la côte occi-
dentale de l'Irlande si elle était dépouillée des assises de nouveau
grès rouge, de lias, de craie et de trapp qui forment lo sol du
comté d'An tri m.
Sorti de l'Irlande par la pointe d'Innishowen-IIead, notre grand
cercle poursuit son cours vers le nord quelques degrés ouest, pour
atteindre le point T des Hébrides, en suivant le contour extérieur
de l'archipel de ce nom. Construit sur la carte du capitaine Vidal,
sur les autres cartes plus récentes de X Hydrograpkical OJUô et sur
celles du Dépôt de In marine, d'après les chiffres du tableau de la
page i o/i i de la Notice, il laisse un peu à l'ouest le phare de Bara-
Head, eu rasant l'angle N.-E. de l'Ile Mingaly; il range les ilols
qui s'élèvent «mi avanl de l'île Bara, puis il passe parmi les der-
DE LA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE. 119
nières roches qui défendent à l'ouest ies côtes de l'ile de Xortli-
Uist et dans le groupe d'ilôts nommé Hiskere Islands.
De là il résulte que la forme polygonale des Hébrides se trouve
exactement encadrée, comme on l'a déjà annoncé, par les deux
ortaeilriques qui se croisent au point T, situé dans leur voisinage.
Laissant les îles Fœroë à l'est et l'Islande à l'ouest, notre cercle
aborde la côte du Groenland par les îles Pendulum, peu éloignées
de 1 ile SJiannon, passe au point H du Groenland, laisse le pôle
nord à droite , à la distance de 5°i o/5o",o,6, et va aborder la côte de
1 Amérique boréale au cap Lisburne, à l'entrée du détroit de Behring.
Il coupe les pointes du cap Lisburne et du cap Hope, en s'adap-
tant aux accidents du massif montueux qui s'élève dans l'intérieur,
et dont il sort par le cap Thompson; puis, au lieu de s'insérer dans
le détroit de Behring, qui est un large bras de mer de plus de
90 kilomètres, il laisse à quelques minutes, à l'ouest, la pointe du
cap du Prince-de-Galles, terminaison occidentale de l'Amérique,
formé par une montagne conique entourée d'un terrain plat peu
élevé, et il passe entre les cimes des montagnes assez considérables
(de 8oom) qui s'élèvent dans l'intérieur et auxquelles se rattache
probablement l'existence même du détroit.
Notre octaédrique se conduit ainsi, relativement au détroit de
Behring, à peu près de la même manière qu'en Irlande par rapport
au canal Saint-Georges , en passant dans les montagnes qui le
bordent à une petite distance.
Il sori du massif montagneux attenant au détroit de Behring par
le cap Aork, et bientôt après, dans la mer du Kamstchatka, il rase
à l'est l'ile King et à l'ouest la pointe orientale de l'ile Lawrence. H
sort enfin de cette mer en traversant la chaîne des îles Aleu-
tiennes, à l'inflexion qu'elle présente à l'est de l'île Amlai.
Poursuivant ensuite son cours à quelques degrés à l'ouest du
sud , il traverse tout l'océan Pacifique sans rencontrer d'autres
terres que l'archipel des îles Viti, aux formes duquel il s'adapte
avec une remarquable précision, en coupant l'extrémité occidentale
120 RAPPORT SUR LES PROGRES
de l'île Vanoua-Lebou et en rasant les pointes des îles Viti-Lebou
et Kandabou.
Plus loin, il rencontre l'île septentrionale delà Nouvelle-Zélande
Ika-INa-Mawi, qu'il coupe dans son milieu, en y entrant par le havre
de Tauronga, situé au fond de la baie d'Abondance, et dont il sort
par le cap appelé Pointe-Qbtuse, à l'entrée du détroit de Cook.
Plus loin, il traverse encore la terre Victoria et peut-être d'autres
terres polaires antarctiques restées inconnues, et, entrant dans
l'océan Atlantique austral, il va atteindre, sans rencontrer aucune
autre terre, la côte de la Guinée, où nous avons commencé à le
suivre.
Uoclaédrique du Mulehucen est encore du nombre des cercles dont
le cours s'étend en grande partie sur la mer et qui se font remar-
quer par la petite étendue comparative des terres qu'ils traversent.
Pour celui-ci, une partie des terres traversées est peu connue; mais
les autres, l'Espagne, l'Irlande, les îles Hébrides, et même une
partie du Maroc, le sont assez bien, et, dans ces dernières, le cours
de notre cercle est jalonné avec précision par un grand nombre de
points caractérisés.
Il jouit, comme Yoclaédrique du mont Sinaï, de la propriété de
diviser la surface du globe d'une manière remarquable. Il ne dé-
tache de l'ancien continent qu'une partie relativement peu impor-
tante de l'Afrique septentrionale, la moitié environ de l'Espagne et
les trois quarts de l'Irlande, et il passe très-sensiblement par le
détroit de Behring. De là il résulte qu'une mappemonde dont il
lormerait l'horizon contiendrait dans un hémisphère l'ancien con-
tinent presque entier, et dans l'autre tout le nouveau continent et
la presque totalité de l'océan Atlantique.
En résumé, les dix octaédriques sont tous très-bien jalonnés par
les accidents orographiques et géologiques de l'écorce terrestre, et
tous présentent dans leur adaptation aux grandes configurations
géographiques des circonstances particulières, mais très-variées <•!
propres à établir cnlrc <mi\ des contrastes prononcés.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. \~2Y
Quatre octaédriques se font remarquer par la petite étendue
comparative des surfaces terrestres qu'ils traversent; leur cours
est en très-grande partie sur la surface des mers et même de mers
dépourvues d'iles et probablement très-profondes : ce sont les oc-
taédriques du cap Wahh et des îles Sous-le-Vent , du cap Cod, du mont
Sinm et du Mulehacen; et les deux derniers ont en outre la propriété
de diviser le globe en hémisphères remarquables par la simplicité
avec laquelle les continents se partagent entre eux.
Trois autres octaédriques, ceux du lac Baïkal et de nie du Prince-
r
Edouard, des Garrow-Hills et de Vile dHindoè, traversent encore
beaucoup plus de surfaces maritimes que de surfaces terrestres,
mais la disproportion est moins considérable. Ils forment dans
l'océan Pacifique un triangle dont les trois sommets sont le point
H au S.-O. de San-Francisco , le point H au N.-E. de Waihou et
le point T au nord des lies Marquises. Ce triangle ne renferme
pas d'autres terres que les petites îles Copper et Henderson, per-
dues dans le N.-E. de l'océan Pacifique, ce qui pourrait faire sup-
poser qu'il recouvre des eaux très-profondes.
Enfin, dans les trois derniers octaédriques, celui de iMjney-Tagilsk,
celui de l'île Trinidad et celui de Cochabamba et du golfe de Pechely,
la proportion des surfaces terrestres et des surfaces maritimes tra-
versées se rapproche de l'égalité ; plus du tiers de la circonfé-
rence de chacun d'eux se trouve sur des terres émergées. Le der-
nier de ces trois cercles forme en quelque sorte l'axe longitudinal
du nouveau continent ; les deux autres ont , sur le sol de l'ancien
continent, des arcs d'une très-grande longueur.
Il est à remarquer que ces derniers passent l'un et l'autre au
point H, situé au pied oriental de lTral, où passent aussi les deux
dodécaédriques réguliers qui se distinguent de même par la grande
longueur de leurs arcs terrestres, circonstance qui signale le point
H de TUral comme occupant dans l'ensemble des terres émergées
une sorte de position centrale, qui rivalise avec celle du point D
près de Remda, en Saxe.
123 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Les oclaédriques du mont Sinaï ai du Muleluicen, dont nous avons re-
marqué la propriété de donner des hémisphère* remarquables ca-
ractérisés, se croisent au point ï, situé en Espagne, au nord-ouest
de Burgos. De ce point, l'un va passer à portée des trois isthmes
remarquables de Tehuantepcc , du Languedoc et de Suez, tandis que
l'autre va passer au détroit de Behring, qui pourrait être considéré
comme le détroit le plus important du globe, puisqu'il séparé les
deux continents. Cette double circonstance donne au point T de
l'Espagne une importance particulière, et peut le l'aire considérer
aussi comme occupant une sorte de position centrale.
Et ces trois points H, D et T sont placés sur un même grand
cercle primitif qui forme l' axe de l'Europe considérée comme une
pointe de l'Asie s'avançant entre l'Océan et la Méditerranée.
En général, les conditions que nous présentent les dix octaédriques
ressemblent à celles que nous ont déjà présentées les six dodécaé-
dr •iques réguliers, mais elles sont cependant moins fortement accusées.
Les dodécaédriques réguliers, par cela même qu'ils sont au nombre
de six seulement, sont comme les princes de la symétrie pentagonale,
et les grandes positions leur sont naturellement échues.
L'étude du rôle orographique et géologique des quinze grands
Gardes primitifs va confirmer et développer ces remarques.
LES QUINZE GRANDS CERCLES PRIMITIFS.
Les quinze grands cercles primitif s du réseau pentagonal peuvent,
relativement au pentagone européen, se diviser en (rois séries; cinq
d'entre eux ont pour pôles les cinq points II qui occupent les mi-
lieux des côtés du pentagone européen, et ils restent constam-
ment éloignés de ce pentagone; cinq autres passent par ces mêmes
points H en formant les cotés du pentagone; enfin les cinq der-
niers passent encore à ces mêmes points H. en se dirigeant vers le
centre du même pentagone.
Je commence par la première série.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 131
[ 11 premier grand code primitif a pour pôles le point H, qui
tombe sur le contour du pentagone européen, dans le Groenland,
et son antipode situé dans la zone glaciale antarctique, au S.-O.
de la terre Victoria.
Ce grand cercle , désigné sous le nom de primitif équalorial,
aborde la côte de l'Amérique méridionale par la pointe Aguja, tra-
verse les Andes près de Mecuipampa, puis les plaines de l'Amazone,
en coupant ses principaux affluents près de leurs confluents et de
leurs inflexions, et sort de la côte du Brésil par l'embouchure du
Rio San-Francisco , où tombe un point b, ainsi qu'on l'a déjà vu.
Le primitif coupe ensuite l'océan Atlantique dans une partie
dépourvue d'îles, aborde l'Afrique un peu au nord de Loanda
pour en sortir un peu au sud de Melinde, après avoir traversé le
plateau de Dembo et d'autres régions peu connues.
Notre cercle traverse ensuite tout l'océan Indien sans rencontrer
d'autres terres que l'extrémité méridionale de la chaîne des îles
Maldives, puis il rase près d'Achem la pointe nord de l'île de Su-
matra, et, après avoir coupé la presqu'île de Malacca et les îles
Philippines, où il rase la pointe nord de l'île de Mindanao, il longe
au nord l'archipel des îles Garolines et va rejoindre, sans rencon-
tre!' aucune terre, la côte de l'Amérique méridionale.
Ce grand cercle est remarquable par la très-petite étendue de
terres émergées qu'il traverse, et par la manière dont il divise le
globe en deux hémisphères extrêmement inégaux par la quantité
des terres qu'ils renferment.
On a remarqué maintes fois que les deux hémisphères détermi-
nés par l'équateur sont déjà très-inégaux sous ce rapport, l'hémi-
sphère austral renfermant beaucoup moins de terres que l'hémi-
sphère boréal. Dans les deux hémisphères déterminés par \e primitif
équatoriaL la disproportion est plus grande encore à cause de la lati-
I nde plus méridionale dans laquelle il coupe l'Amérique et l'Afrique.
Un deuxième grand cercle primitif, celui de la Floride et de la terre
d'Arnhem, a pour pôles le point H. qui tombe sur le contour du
124 RAPPORT SUR LES PROGRES
pentagone européen, au pied oriental de l'Ural, et son antipode
situé dans l'océan Pacifique, à l'ouest du Chili.
Ce grand cercle aborde l'Afrique australe par le port Natal et en
sort par la baie Wolwich, puis il traverse tout l'océan Atlantique
sans rencontrer aucune terre et en passant au point T, situé à l'ex-
trémité nord-ouest des îles Lucayes.
En Amérique, il traverse les plaines de la Floride et de la Loui-
siane, en rasant à Saint-Marc la côte du golfe du Mexique et en
coupant le Mississipi à l'embouchure de la rivière Rouge, près de
Natchez, localité célèbre par la fréquence des tremblements de
terre. Plus loin, il traverse le nouveau Mexique, et il sort du. con-
tinent par la côte de la Californie.
Dans l'océan Pacifique, il rencontre l'île Necker, au N.-O. des îles
Sandwich, et plus loin il longe l'extrémité S.-E. de l'archipel des
Carolines, en passant à 1 île Oualan.
Au delà de l'équateur, il coupe l'extrémité occidentale de la
Nouvelle-Irlande, passe à l'île Sandwich et à l'île longue, et aborde
la Nouvelle-Guinée par le cap qui correspond à l'extrémité occi-
dentale des montagnes que nos marins ont appelées Monts du Fi-
nistère. Passant au point H déjà cité plusieurs fois, il sort de la
Nouvelle-Guinée par un point non relevé encore de la côte du dé-
troit de Torres.
Notre primitif aborde ensuite la terre d'Arnhem, avec une re-
marquable précision, par le cap Wilberforce, qui en forme l'angle
N.-E., suit intérieurement la côte N.-O. de la Nouvelle-Hollande,
et en sort approximativement par l'une des saillies principales de
la terre d'Endracht, le cap Cuvier, après quoi il va rejoindre le
port Natal, à travers l'océan Indien.
Ce grand cercle est remarquable, comme le précédent, par la
petite étendue des terres qu'il traverse.
Un troisième grand cercle primitif , celui du lac Supérieur et du cap
San-Thomé, a pour pôles le point H, qui tombe au N.-O. de Médiin1.
et son antipode situé dans l'océan Pacifique, près des îles Rass.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 125
Ce grand cercle aborde la côte S.-E. du Brésil par le cap San-
Thomé, cap élevé, formé de roches granitiques, en avant duquel
notre cercle passe à l'emplacement d'une vigie que certaines cartes
marquent à 1 ko lieues marines au large. Dans l'intérieur du Brésil,
il traverse les régions aurifères et diamantifères de Minas-Geraes,
et passe à un point I qui tombe dans la vallée du Bio-Tocantins. Il
la suit à une faible distance, sur une assez grande longueur, et se
montre en harmonie avec les formes topographiques, les coudes et
les confluents des rivières. H sort du continent de l'Amérique du
Sud par la côte de la Guyane, près de l'embouchure de la rivière
de Surinam, et rase ensuite extérieurement la chaîne des petites
\ntilles, en passant à vingt minutes environ de l'île Barbouda.
Il aborde la côte des Etats-Unis par la pointe qui ferme à l'ouest
la baie de Delawarre, coupe l'extrémité de la baie de Chesapeake,
et dans l'intérieur la pointe orientale du lac Erié, rase la pointe
occidentale du lac Ontario et traverse le lac Huron en longeant à
une petite distance la langue de terre qui en sépare la baie Géor-
gienne, ainsi que l'île Manitouline. Dans cet intervalle, d'après la
remarque de M. de Chancourtois \ il passe à proximité de la région
des sources de pétrole de la Pensylvanie et du Canada parallèle-
ment à leurs alignements. Plus loin, il rase la côte N.-E. du lac
Supérieur, dans une baie duquel il pénètre par le cap Gargantua,
pour arriver au point H, situé sur le rivage septentrional de cette
mer d'eau douce.
Poursuivant son cours à travers toute l'Amérique septentrionale,
il s'adapte à l'extrémité méridionale du lac de l'Esclave et au cours
de la rivière de Mackenzie, qui en reçoit les eaux, et il sort du con-
tinent au sud du détroit de Behring, par le cap Bomanzoff.
Dans la mer du Kamtschatka, il traverse l'île Gore, et il sort de
cette mer par l'ouverture à laquelle se termine vers l'ouest la chaîne
des îles Aleutiennes.
1 Comptes rendtis , t. LVII. p. 4ai. séance du 26 août i863.
126 RAPPORT SUR LES PROGRES
Dans l'océan Pacifique;, il, passe ;i l'île Vloor, puis au point H
situé à l'extrémité du petit archipel des îles Bonin-Sima. Dans tout
l'intervalle depuis le cap Romanzoiï jusqu'à ce point, il est très-
sensiblement parallèle au contour extérieur des terres asiatiques.
Il touche ensuite à l'île de Soufre, et, après avoir rasé l'île Morty,
il traverse l'île de Gilolo, en passant au point de concours des
ramifications qui la composent, point qui se trouve déjà sur le
dodécaédrique régulier du Sénégal et de la Nouvelle-Guinée, et qui est
un des points b du réseau pentagonal.
Plus loin, notre cercle traverse les îles Moluques en suivant le
canal qui lui permet de raser de part et d'autre à une petite dis-
tance les îles Bourou et Xula-Bessy, puis la chaîne des îles de la
Sonde, en passant de même entre Lemblen et Solor.
Il coupe enfin la terre d'Endracht, angle N.-O. de la Nouvelle-
Hollande, en s'adaptant aux îles Legendre; puis il parcourt, sans
rencontrer aucune terre, tout le grand océan Austral, pour aller
passer, comme on l'a déjà vu, au cap San-Thomé, sur la côte du
Brésil.
Ce grand cercle traverse une plus grande étendue de terres que
les précédents, quoiqu'elles n'occupent encore qu'une faible partie
de sa circonférence, et il est remarquable par son adaptation à cer-
taines formes géographiques et par la manière dont il est jalonné
ou accompagné par certains gîtes minéraux ou par d'autres points
caractérisés.
Un quatrième grand cercle primitif, celui des montagnes Rocheuses
et des îles Galapagos, a pour pôles le point H, qui tombe dans le
grand désert de Sahara, et son antipode situé dans l'océan Paci-
fique, près des îles Vitit.
Ce grand cercle aborde l'Amérique méridionale par la baie Des-
velos, au sud du cap Blanco, traverse les plaines de la Palagonie,
pour aller couper les Andes du Chili, par les volcans de Llelxan
et de Quellaype, passe au point D, centre de pentagone, qui tombe
sur le territoire du Chili, près de Valdivia, et entre ensuite dans
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 127
1 océan Pacifique par le cap situé au sud de la baie de Chauchan,
en suivant une direction parallèle à celle de la crête montagneuse
<lo lile de la Mocha, qu'il laisse un peu à l'ouest.
En traversant l'océan Pacifique, où il forme la corde d'une
partie des contours des cotes américaines, il rase tout l'archipel
des îles Galapagos, en passant au volcan de Narborough, qui est
le point caractéristique de ce groupe volcanique.
Il sort de l'océan Pacifique en passant au point H, situé près de
Tehuantepec, et aborde, par le port Galera, la saillie que présente
la côte du Mexique entre Tehuantepec et Acapulco.
Plus loin, il rencontre la ville de Mexico, et, après s'être adapté
à un tronçon considérable de la vallée du Rio del Norte, il suit sur
une longueur beaucoup plus grande encore la direction générale
des montagnes Rocheuses; il sort enfin du continent américain par
le cap Glacé, situé au N. du détroit de Behring.
Franchissant ensuite la pointe méridionale de la mer Glaciale,
notre primitif traverse la Sibérie orientale en s'adaptant à plu-
sieurs de ses traits géographiques, notamment à la longue vallée
de l'Amga, affluent de la Lena. En Chine, il passe au point D,
centre de pentagone , situé dans l'Ortous , sur les bords du
Hwang-ho ou fleuve Jaune, au cours duquel, d'après la carte de
M. Edouard Biot, il parait s'adapter assez exactement sur une
longueur de près de cent lieues, et il quitte finalement le continent
asiatique par la saillie que présente la côte de l'empire des Bir-
mans, à l'embouchure de l'Irawaddy.
Pour sortir du golfe de Martaban, il rase au sud File du Petit-
Adaman, la plus méridionale du groupe des Adamans, et dans
l'océan Indien il passe à l'île Saint-Paul, cratère volcanique qui,
accompagné de la petite île Amsterdam, s'élève solitairement au
milieu de ces vastes mers. Il va ensuite, sans toucher aucune
nouvelle terre, aborder comme on l'a déjà vu les côtes de la Pa-
t agonie.
A IVncontre des primitifs précédents, ce grand cercle présente
128 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
un arc terrestre à peu près continu, d'une très-grande ('tendue
(plus de i5o°, ou 2/6 de sa circonférence), depuis son entrée
dans le Mexique jusqu'à sa sortie du delta de l'Jrawaddy. Il s'adapte
en même temps à plusieurs traits géographiques importants, et il
est jalonné par plusieurs points remarquables, le volcan de Narbo-
rough, la ville de Mexico, Y île Saint-Paul.
Un cinquième grand cercle primitif, celui du cap Castle ou Paler-
noster, a pour pôles le point H, qui tombe dans l'océan Atlantique
au N.-O. des Açores, et son antipode situé près de l'angle S.-O.
de la terre de Van-Diemen.
Ce grand cercle aborde l'Amérique méridionale par la côte du
Chili, passe au point D, centre de pentagone, situé près de Val-
divia, et, après avoir franchi la chaîne des Andes et les plaines de
la Patagonie, il sort du continent américain par la remarqnable
presqu'île de Saint-Joseph.
Traversant ensuite l'océan Atlantique méridional, il aborde l'A-
frique au nord du cap de Bonne-Espérance, par le cap Castle ou
Paternoster, à l'entrée de la baie de Sainte-Hélène, cap granitique
dont il rase la pointe de très-près. Puis, après avoir traversé l'in-
térieur de la colonie du Cap et le pays des Hottentots, il atteint à
Sofala la côte du canal de Mozambique, qu'il suit avec une remar-
quable précision sur une longueur de plus de cent lieues.
Dans le canal de Mozambique, il traverse l'archipel desComores
en touchant l'île Comore, et, après avoir traversé l'océan Indien, il
aborde la côte de Malabar par le havre de Bankote, au sud de
Bombay.
Tracé sur la carte géologique de M. Greenough , notre grand
cercle primitif entre sur le plateau trappéen du Deccan par les an-
fracluosités des Ghauts situées à 10. de Poonah. Sur la surface
monotone de ce plateau, il rencontre, au sud de Dawtutabad, une
roebe pointue de 5oo pieds de hauteur (peut-être un dyke), que
M. Greenough a trouvée assez remarquable pour la signaler par une
note gravée sur sa carte; plus loin, au sud d'EHora, localité célèbre
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 129
par ses antiquités indiennes , il rase le pied d'une protubérance de
granité en forme de ruche d'abeilles, qui s'élève au milieu des trapps
et que M. Greenough signale également.
Ensuite il traverse , dans l'un de ses coudes , la chaîne trappéenne
de l'Ajunta-Range, et arrive bientôt au point H situé dans l'angle
formé par les rivières Tapty et Poorna. Plus loin, il sort de la région
trappéenne par l'extrémité du Calabheat-Range, et, après avoir
traversé une région accidentée de grès et de calcaires dont les con-
figurations s'harmonisent avec son cours, il franchit le Gange à
Allahabad, près de son confluent avec la Jumna.
Bientôt après il aborde l'Himalaya par la vallée du Gunga et
rencontre presque exactement l'axe de la majestueuse montagne
de Gossam-than, élevée de 2/1,700 pieds anglais (7,529 mètres).
Traversant d'abord le Thibet, il va passer en Chine au lac Sihai,
puis au point D, centre de pentagone, situé dans l'Ortous, et pour-
suit son cours à travers la Mantchourie.
Après avoir coupé l'île Saghalien au point du croisement des
accidents orographiques de sa partie méridionale, il traverse la
chaîne des îles Kuriles par les îlots de Tschirpoi, entre Ouroup
et Simusir ou Marekan, et parcourt ensuite l'océan Pacifique tout
entier, sans y rencontrer aucune terre, pour aller aborder la côte
du Chili, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle contient trois arcs terrestres, dont deux sont
assez courts, et leur somme n'occupe, dans son développement
total, qu'une médiocre étendue; une partie des terres qu'il tra-
verse est très-peu connue, mais il n'en rencontre pas moins un
certain nombre de repères très-précis.
Le cinq grands cercles primitifs que nous venons de parcourir se
tiennent constamment éloignés de l'Europe. Nous allons nous occuper
maintenant des cinq grands cercles primitifs auxquels appartiennent
les cinq côtés du pentagone européen figuré sur la carte planche V
de la Notice.
Un sixième grand cercle primitif, celui du Groenland et du Chili,
Stratigraphie. 9
130 RAPPORT SUK LES PROGRES
le premier des cinq que nous allons maintenant examiner, a pour
pôles le point H, qui tombe dans l'Afrique méridionale près du pïa-
leau de Dembo, et son antipode situé dans l'océan Pacifique, au sud
des îles Sandwich.
, Ce grand cercle primitif aborde l'Amérique méridionale au nord
de l'entrée du détroit de Magellan, par l'île de Monte-Corso, la plus
septentrionale de l'archipel de la Madre-de-Dios, et il suit les îles
nombreuses qui bordent la côte et dont la dernière est l'île de
Chiloë, d'où il entre sur le continent, pour passer au point D,
centre de pentagone, qui tombe dans le Chili, près de Valdivia.
Plus au nord, il rencontre de nouveau la côte, là où elle devient
à peu près rectiligne dans son ensemble, et la suit avec une éton-
nante précision jusque vers la latitude d'Arica. Ensuite, sur le
grand plateau bolivien, il coupe le lac de Titicaca, en s'adaptant
à la pointe qui le divise en deux parties.
Après avoir passé au point H, situé à l'E. des Andes, près du
Rio Béni, il traverse le bassin de l'Amazone et passe à 10. de la
Guyane, dans la Sierra de la Parime, en côtoyant à une faible dis-
tance une partie du cours da l'Orénoque; puis il sort du conti-
nent à quelques minutes seulement à l'O. du cap Codera, en
touchant l'île Orchila et une vigie placée plus au nord.
Le grand cercle primitif franchit ensuite la mer des Antilles, dont
il sort en rasant à l'est les derniers îlots qui font suite à l'île de
Porto-Rico. Poursuivant son cours à travers l'Océan Atlantique, il va
raser aussi, à une petite distance, la pointe orientale de la Nouvelle
Ecosse, puis il coupe une partie de l'île du Cap-Breton, suit
avec une étonnante précision la côte de sa prolongation septen-
trionale, et passe enfin à une très-faible distance de la petite île
Saint-Paul.
Traversant le Labrador, où il entre par l'île Little Mecallina.
et d'où il sort par le cap Webuck, il va passer au point I silué
dans le détroit de Davis, à partir duquel il appartient aux cou-
leurs du pentagone européen jusqu'au point I situé au N.-E. de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 131
la Nouvelle-Zemble. Dans l'intervalle de ces deux points I , il ne
traverse que le Groenland et des régions glacées où on ne peut
le suivre.
Pénétrant ensuite dans le continent de l'Asie un peu à l'E. de
l'embouchure du Jenisseï, il parcourt la Sibérie en s'adaptant sur
une assez grande longueur à la vallée de l'Angara, et il en sort par
les environs d'Irkutsk en coupant l'extrémité occidentale du lac
Baïkal. Son prolongement dans l'empire chinois, où il passe au
point D, centre de pentagone, est dans un rapport étonnamment
précis avec les principaux traits géographiques de la contrée, tels
qu'ils sont figurés sur la carte publiée par M. Edouard Biot. Il en
sort en passant, vers l'entrée du golfe de Tonquin, à la pointe de la
presqu'île de Loit-cheoo et au cap qui lui répond dans l'île Haynan,
dont il sort par lav petite île adjacente à la pointe Lieong-Soy.
Au delà de la mer de la Chine, où il passe au point H déjà cité,
notre primitif traverse l'île de Bornéo, en passant à l'extrémité oc-
cidentale de la chaîne volcanique du N.-O., et plus loin il coupe
les îles de Madura et de Java près des volcans de Tachem et de
Talaga-Vurung. Il pénètre ensuite dans la Nouvelle-Hollande, dont
il côtoie intérieurement la côte occidentale. Il traverse enfin l'océan
Austral pour arriver à l'entrée du détroit de Magellan, où nous
avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle est un de ceux dont l'adaptation aux formes géo-
graphiques, surtout à celles du nouveau continent, est la plus propre
à frapper à première vue, et il a été le premier guide de M. Elie
de Beaumont pour trouver la position qu'il a assignée au réseau
pentagonal. Il est aussi du nombre des cercles qui rencontrent une
assez grande étendue de terres, qu'on ne peut cependant assigner
avec précision, à cause de l'incertitude où l'on est de savoir si
l'arc de plus de 3o° qui s'adapte à la côte occidentale du Chili doit
être compté comme terrestre ou comme marin : une incertitude
analogue s'attache, pour une autre cause, à l'arc de plus de 200
qui s'étend du Groenland à la Sibérie en traversant les glaces
132 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
polaires. Ce cercle rencontre d'ailleurs beaucoup de repères très-
précis.
Un septième grand cercle primitif, celui du mont Saint-Elie, a
pour pôles le point H, qui tombe dans l'océan Atlantique au S.-O.
des îles du Cap-Vert, et son antipode situé dans la Nouvelle-Guinée.
Ce grand cercle primitif aborde la côte de l'Amérique septentrio-
nale par la baie de Behring, et rase le pied oriental de la grande
montagne volcanique appelée le Mont Saint-Elie, avant d'atteindre
le point D, centre de pentagone, qui tombe dans la ci-devant
Amérique russe, sur les bords de la rivière Youcou. Il entre dans
la mer Glaciale par le cap Anxiety, et il en sort par le point I situé
près de l'extrémité de la Nouvelle-Zemble. Là il commence à faire
partie des contours du pentagone européen, auquel il appartient
jusqu'au point I situé en Perse près de Mesched.
Dans cet intervalle il pénètre en Sibérie en coupant la pointe
qui ferme à l'est le golfe de l'Obi. Il suit la vallée de ce grand fleuve
et celle de son affluent, la rivière de Tobolsk, jusque dans les
steppes des Kirgbis, en côtoyant, mais à distance et un peu obli-
quement, le pied oriental de l'Ural. Construit sur la belle carte
géologique de cette chaîne, publiée par sir Roderick Murchison,
il représente assez exactement la direction fondamentale des roches
anciennes qui constituent la base de son versant asiatique.
Plus au sud, il s'adapte à la côte orientale du lac Aral, et, plus
loin encore, aux accidents des contours de l'entrée du golfe Per-
sique, et il sort de la côte S.-E. de l'Arabie par le cap Madrake.
Dans l'océan Indien, il passe très-près de l'île Juan-de-Nova, et
côtoie ensuite à un ou deux degrés de distance toute la côte orien-
tale de l'île de Madagascar, pour aller enfin rencontrer la petite île
Caverne, du groupe des îles Marion et Crozet, perdu dans la \aste
étendue du grand océan Austral. Parcourant ensuite cet océan et
l'océan Pacifique, il va gagner la baie de Behring en laissant à
l'ouest l'île Ducie, déjà citée comme l'extrémité des archipels po-
lynésiens, et passant très-près de l'île Ilenderson.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 133
Ce grand cercle ne traverse qu'une étendue comparativement
assez restreinte de surfaces terrestres, et presque uniquement des
régions peu connues; il s'adapte cependant à plusieurs repères
assez précis (lac Aral, golfe Persique, île Caverne).
I n huitième grand cercle primitif, celui de Valdivia et des cataractes
du Ml, a pour pôles le point H, qui tombe sur les rives Septen-
trionales du lac Supérieur, et son antipode situé dans l'océan In-
dien, au S.-O. de la Nouvelle-Hollande.
Ce grand cercle primitif aborde la côte du Chili très-près du port
de Valdivia. Il traverse ensuite la Cordillère chilienne et les plaines
des Pampas, pour entrer dans l'océan Atlantique méridional, au
midi de la vaste embouchure du Rio de la Plata, en passant ap-
proximativement au cap Saint-Antoine.
II aborde la côte d'Afrique au fond du golfe de Guinée, sur la
lisière S.-O. du delta du Niger, et traverse les régions peu connues
de l'intérieur de l'Afrique , en passant au point I , voisin du lac Tchad ,
où il commence à faire partie des contours du pentagone européen.
Ainsi qu'on peut le voir sur la carte planche V de la Notice, il
suit en Nubie, à une faible distance, un long segment du cours du
Nil, et, tracé sur la carte géologique de cette contrée publiée par
M. Russegger, il représente l'une des grandes directions géolo-
giques qui s'y dessinent, les deux autres étant figurées par deux
auxiliaires \cb, homologues l'un de l'autre, qui le coupent en un
même point en donnant lieu à une combinaison curieuse signalée
dans la Notice sur les systèmes de montagnes, p. 1 i5o. Cette inter-
section triple tombe dans la vallée même du Nil près de T. Decke,
et, un peu plus loin, le primitif coupe le grand fleuve à Girsche,
c'est-à-dire à l'entrée du long défilé creusé d'abord dans le terrain
crétacé inférieur et ensuite dans les roches granitiques qui s'éten-
dent jusqu'à la grande cataracte d'Assuan ou de Syène.
Notre grand cercle traverse ensuite la mer Rouge , où il entre en
passant approximativement au Djebel Olak, montagne des Eme-
raudes, et au cap Ras-Oomul Abbas, et d'où il sort en passant un
134 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
peu au S. de l'île Mushabeah, et il rencontre le point H situé au
N.-O. de Médine (mais il ne passe pas à Médine, comme on l'a
imprimé par erreur).
Au delà des déserts de l'Arabie, il traverse la Mésopotamie, où il
coupe l'Euphrate et le Tigre un peu au-dessus de leur confluent,
puis la Perse, où il passe à peu de distance des villes de Christen
et d'Ispahan, qu'il laisse Tune au nord, l'autre au sud. Il arrive enfin
au point I situé près de Mesched, ville près de laquelle se trouve,
comme on sait, le gisement principal des turquoises. Là il cesse
d'appartenir au pentagone européen.
Dans la Grande-Boukharie il passe près de Sarnarkande; dans
la Petite-Boukharie, à Kachgar, et il suit à peu près les cours d'eau
que les cartes dessinent dans ces contrées.
Après avoir atteint le point D, centre de pentagone, qui tombe
en Chine dans l'Ortous, il sort de l'Empire Céleste en s'adaptant
aux accidents des contours du golfe de Petchely et de la mer Jaune
avec non moins de précision que l'octaédrique de Cochabamba et
du golfe de Petchely, qu'il y coupe en un point a.
Traversant ensuite la pointe méridionale de la Corée, notre
grand cercle 'primitif aborde le Japon, en coupant le détroit de Corée
par l'île Tsou-Siuna, au milieu des îlots qui en obstruent la partie
la plus étroite. H coupe aussi les pointes septentrionales de l'île
Kiukiu, traverse l'île Sikokf, et, après avoir laissé au nord à une
faible distance la petite île Penafidin, il va passer au point H situé
au N. des îles Bonin-Snia.
Poursuivant son cours dans l'océan Pacifique, sans y faire aucune
rencontre importante, il va enfin aborder la côte du Chili, où nous
avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle primitif contient un arc terrestre très-étondu , de-
puis le golfe de Guinée jusqu'au Japon. Une grande partie des
contrées qu'il traverse sont peu connues quant à leur topographie,
mais, dans celles qui ont été mieux explorées, il s'adapte avec beau-
coup de précision à des accidents géographiques I > î*m i définis.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 135
Un neuvième grand cercle primitif, celui de Vile de Cuba et du
<<i l> Sandy, a pour pôles le point H, qui tombe dans la Sibérie
orientale», et son antipode situé dans l'océan Atlantique méridional ,
au S.-O. des Nouvelles-Orcades.
Ce grand cercle primitif passe au point H situé dans l'océan Paci-
fique, près de Tehuantepec, et coupe le grand isthme de l'Amérique
centrale en passant dans la partie méridionale du Yucatan, d'où il
sort par le port de Belize, en effleurant l'île de Turneffe. Dans les
Antilles, il passe entre les récifs Mysteriosa et Viciosas, rase avec
précision les îlots du Grand et du Petit-Caïman et aborde l'île de
Cuba par la baie d'Esperanza, pour en sortir par celle qui lui
correspond sur la côte opposée. Il coupe ainsi l'île de Cuba dans
I étranglement qu'elle présente au N. des montagnes cuprifères de
Santiago, en s'identifiant avec l'une des directions qui s'y dessinent.
II traverse ensuite les îles Lucayes en s'adaptant avec une éton-
nante précision aux petites îles Caicos, qui, avec les Caïmans déjà
cités, dessinent un alignement bien défini de plus de deux cents
lieues de longueur.
Ce grand cercle primitif ', qui, dans l'île même de Cuba , coupe per-
pendiculairement Yoctaédrique de Cochabamba et du golfe de Pelcliehj
en un point a, et qui représente très-naturellement l'un des sys-
tèmes stratigraphiques de l'archipel des Antilles, appartient aux
contours du pentagone européen depuis le point I situé au S.-O.
des îles Canaries jusqu'au point I situé près du lac Tchad. Il tra-
verse l'Afrique dans sa plus grande largeur, mais en même temps
dans des parties où la topographie est peu ou point connue.
Il parcourt ensuite tout l'océan Indien , en passant au milieu de
l'archipel Ethiopien, où il rencontre quelques îlots ou récifs peu
caractérisés; mais, avant d'aborder la Nouvelle-Hollande, il coupe
le groupe des rochers Trval, dont l'isolement est un des faits
curieux de ces mers.
Il entre dans la Nouvelle-Hollande par la terre d'Endracht, pour
passer au point D qui v tombe, et, après avoir traversé ce con-
136 RAPPORT SLR LES PROGRÈS
tinent par son centre encore peu connu, il en sort par ia base du
cap Sandy, qui est un des points remarquables de sa côte orien-
tale. Il parcourt ensuite tout l'océan Pacifique, pour atteindre le
point H de Tehuantepec, où nous avons commencé à le suivre, en
laissant au nord la Nouvelle-Calédonie et en traversant les archipels
polynésiens, où il ne rencontre que le petit groupe de Vavoa et la
petite île Sowarov.
Ce grand cercle 'primitif présente une assez forte somme d'arcs
terrestres situés presque exclusivement dans des contrées peu con-
nues; mais, dans les parages de Cuba, dans les rochers Tryal et
au cap Sandy, il se trouve jalonné d'une manière remarquable.
Un dixième grand cercle 'primitif, celui de la presqu'île Alaska et
de la terre de Van-Diemen, a pour pôles le point H, qui tombe dans
l'Inde près des rives du Tapty, et son antipode situé dans l'océan
Pacifique, au N.-N.-E. de la petite île Salas y Gomez.
Ce grand cercle passe au point I situé dans l'océan Atlantique,
au S.-O. des îles Canaries, et au point I situé dans le détroit de
Davis, et dans l'intervalle de ces deux points il fait partie du
contour du pentagone européen.
Il sort du détroit de Davis en pénétrant dans l'entrée du For-
bisher, dont il suit la direction, et, parcourant des terres et des
bras de mer dont les contours ne sont pas complètement connus, il
arrive au point T, situé dans la partie méridionale de l'île Victoria.
Passant ensuite approximativement au cap Krusenstern, il Ira verse
la ci-devant Amérique russe, où il rencontre un point D, centre de
pentagone, et, après avoir rasé l'extrémité de l'entrée de William
et l'entrée de Cook, il s'adapte, sur une longueur de près de cenl
lieues, à la côte S.-E. de la presqu'île Alaska, dont il mi s'écarte
que pour aborder l'île Schoumagins, par laquelle il pénètre dans
I Océan Pacifique.
Dans ce vaste océan, notre cercle rencontre seulemenl recueil
Wnke et quelques îlots on récits de l'archipel des îles Marslial.
e! il coupe la pointe extrême du <';i|) Snrville, extrémité orientale
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 137
de lile de Saint-Christoval, qui termine au S.-E. l'archipel de
Salomon.
Parcourant ensuite les récifs de la mer de Corail, il va raser avec
beaucoup de précision la côte S.-E. de la Nouvelle-Hollande, à la-
quelle il s'adapte sur une longueur d'environ cent cinquante lieues,
depuis le port Macquarie jusqu'au cap Howe, dont il coupe la pointe.
Plus loin, il entre dans le détroit de Bass, où il rase la pointe N. de
lile Grande et pénètre dans la Tasmanie ou terre de Van-Diemen
par le port de Dalrymple et George-Town. Il sort enfin de cette
grande île par le cap Rocky, pour passer au point H, qui tombe
près de son angle S.-O. et dont il a déjà été question plus d'une
fois.
A partir de la Tasmanie, notre grand cercle parcourt l'océan
Austral et l'océan Atlantique jusqu'à l'entrée du Forbisher, sur une
longueur de plus de 200 degrés, sans rencontrer aucune autre terre
que la terre d'Enderby, mais en laissant à une petite distance à
l'est l'île de Sainte-Hélène, l'île de Saint-Matthieu, le cap Rouge, le
cap Vert et l'île de Flores, la plus occidentale des Açores.
Ce grand cercle primitif, qui se trouve très-nettement déterminé
par son adaptation à certaines côtes rectilignes et par la rencontre
de plusieurs points isolés, est particulièrement remarquable par la
très-petite étendue des terres qu'il traverse. Il l'est aussi par la
manière dont il divise la surface du globe en deux hémisphères,
dont l'un renferme tout l'ancien continent, et l'autre le nouveau
continent, à l'exception des terres polaires et d'un segment de
l'Amérique russe.
Parmi les quinze grands cercles primitifs , il nous en reste encore
cinq à étudier; ce sont ceux qui se croisent au point D, centre du
pentagone européen, situé près de Remda en Saxe.
Lu onzième grand cercle primitif , celui de l'Etna, le premier des
cinq dont nous allons encore suivre le cours, a pour pôles le
point H, qui tombe dans la mer de la Chine, et son antipode situé
au pied oriental des Andes, dans les plaines de Rio-Beni.
138 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ce grand cercle aborde le continent de l'Afrique par la côte S.-E.
de la colonie du Cap, en passant approximativement au cap Cave-
Rock. Il parcourt toute l'Afrique australe, en passant au point I de
la Cafrerie, au point H du Congo, situé près du plateau de Dembo
et de la région des grands lacs récemment découverts, et au point 1
situé près du lac Tchad. Après avoir traversé le Fezzan, il entre
dans la Méditerranée par le golfe de la Syrte.
11 aborde ensuite la Sicile près du cap di Loguina, au sud de
Syracuse , rencontre approximativement la ville de Catane et passe
par l'axe de l'Etna. Tracé sur la carte géologique de l'Italie par
M. H. de Collegno, il traverse les îles Ëoliennes entre Vulcano et
Lipari, d'un côté, et Salina, de l'autre, en laissant Stromboli à en-
viron 35 kilomètres à l'est. Il coupe en Italie la presqu'île de Sorente
par la pointe di Montalto, passe au pied occidental du Vésuve,
(Mitre Naples et Portici, traverse les Abruzzes en laissant à l'ouest, à
'j8 kilomètres de distance, le lac Fucino ainsi que le Gran-Sasso
d'Italia, et entre enfin dans l'Adriatique en rasant à l'est le petil
massif jurassique auquel la ville d'Ancône est adossée du côté
opposé, et qui forme l'un des accidents les plus remarquables de
la côte italienne.
Plus loin, il franchit les Alpes, sur les confins du Tyrol et de la
Carinthie, entre le Drei-Herren-Spitz et le Gross-Glocker, puis il
coupe le Danube au confluent de l'AItmuhl, près de Kelhem, et suif
dans sa longueur le plateau calcaire de la Bavière et de la Franconie.
Coupant ensuite les terrains schisteux du Frankenwald , par Grae-
fenthal, il atteint, près de Remda, dans le grand-duché de Saxe-
Weimar, le point D, centre du pentagone européen.
En poursuivant son cours vers le nord, il coupe le Hartz à peu
près par le milieu, entre la Rosstrappe et le Brocken, traverse la
banlieue de Hambourg, un peu à l'E. de la ville, et suit dans sa
longueur la presqu'île du Jutland, où il coupe- près de Flcnsburg.
les protubérances de craie qui en forment comme h; noyau. Il \;i
traverser ensuite la région montagneuse occidentale de la Norwége,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 139
dont il sort précisément par l'angle obtus formé par la rencontre
de la côte voisine de Bergen, qui se dirige au Nv, et de la côte
voisine de Ghristiansand, qui se dirige au S.-O.
Dans les régions glaciales, il passe au point H du Groenland, et
il aborde la côte septentrionale du continent américain à 10. de la
rivière Mackenzie, en passant entre l'île Garry et la base du mont
Fitton. Après avoir traversé le point D, centre du pentagone de
l'Amérique russe, il sort du continent vers le S. en rasant la pointe
orientale de l'île Kaye.
Dans l'océan Pacifique , il passe par l'axe du Mouna-Roa , dans l'île
d'Havvaï, mais il ne rencontre aucune autre île.
Dans- les régions polaires antarctiques, il coupe la terre Victoria
au voisinage du mont Erèbe, volcan que sir James Ross a trouvé
en éruption. Il sort ensuite des terres australes par la terre d'En-
derby, et va joindre la côte méridionale de l'Afrique, où nous avons
commencé à le suivre.
Ce grand cercle est assujetti, en principe, ainsi qu'on l'a déjà vu,
à passer à l'Etna et au Mouna-Roa, et il passe en même temps
par plusieurs autres points remarquables. Il contient un arc ter-
restre fort étendu, du midi de l'Afrique à l'angle N.-O. de la Nor-
wége, et traverse dans les régions arctiques et antarctiques des
étendues de terres encore indéterminées. On peut aisément tracer
ce cercle d'une manière approximative sur une carte d'Europe
quelconque, en tirant une ligne rasant à l'est les signes qui repré-
sentent les villes de Naples et de Hambourg.
Un douzième grand cercle primitif, celui de la Nouvelle-Zemble, a
pour pôles le point H, qui tombe dans l'océan Indien, au S. de l'île
de Ceylan, et son antipode situé dans l'océan Pacifique, près de
Tehuantepec.
Ce grand cercle aborde en Afrique la côte septentrionale du
golfe de Guinée par la côte d'Ivoire, et, franchissant les montagnes
peu connues de l'intérieur, va côtoyer, jusqu'à la latitude de Tom-
lioucfou, la partie supérieure du cours du Niger ou Joliba. Traver-
140 RAPPORT SUR LES PROGRES
sant le grand désert de Sahara et l'Algérie, il sort de l'Afrique
par les anfractuosités de la côte située à l'O. de Bougie.
Il aborde ensuite l'Europe centrale en rasant le pied oriental
des montagnes de l'Esterel. et, traversant les Alpes maritimes, le
Piémont, la Suisse et la Souabe, avec des circonstances de préci-
sion sur lesquelles je reviendrai dans la suite, il coupe le Franken-
wald en laissant un peu à l'ouest l'extrémité du Thùringerwald, et
atteint près de Remda le point D, centre du pentagone européen.
Plus loin, laissant Weimar à une petite distance à l'ouest, il va
couper l'Elbe au coude qu'il forme au-dessous de Dessau , entre les
confluents de la Mulde et de la Saale, et, traversant les sables du
Brandebourg, il entre dans la mer Baltique en rasant l'extrémité
orientale des falaises crayeuses de l'île de Riïgen.
En poursuivant son cours, notre grand cercle 'primitif passe entre
lile de Bornholm et la pointe S.-E. de la Suède près d'Ystad, et,
sortant un moment de la Baltique par le port de Garlscrona pour
y rentrer bientôt après, il trace avec une précision remarquable
l'une des grandes lignes de cette mer intérieure.
Il traverse ensuite la Nouvelle-Zemble dans la direction de son
axe longitudinal, et, coupant la pointe la plus septentrionale de la
Sibérie, il parcourt dans le nord de l'Asie des régions peu connues
pour entrer dans la mer d'Okhotsk par le cap situé au S.-O. de
Taunska.
11 sort de cette mer presque fermée en coupant l'île Poremushir,
la plus septentrionale des îles Kurdes, et, traversant tout l'océan
Pacifique, il s'adapte à une série de récifs, de petites îles et de petits
archipels, depuis Gaspar-Rico jusqu'au grand archipel des îles Viti.
Dans cet archipel, il coupe l'île Viti-Lebou en passant aux deux
petites montagnes qu'y ligure la carte générale de l'océan Paci-
fique par M. Vincendoii-Dumoulin, et il effleure la pointe occi-
dentale de l'île Kandabou.
Plus loin, il rase à de faibles dislances les petits archipels Raoul
et fiurtis, cl, traversant ton! l'océan Austral, il va encore côtoyer,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. U\
dans le midi de l'océan Atlantique, le petit archipel des îles Saun-
ders, puis, jusqu'à la côte d'Ivoire, où nous avons commencé à le
suivre, il ne rencontre plus aucune terre.
Ce grand ceirle primitif présente, depuis le golfe de Guinée jus-
qu'à la mer d'Okhotsk , un arc terrestre très-étendu , interrompu .
seulement sur de petites longueurs, par la Méditerranée, la mer
Baltique, la mer Blanche et la mer Glaciale. Dans les parties où il
traverse des contrées suffisamment connues, on constate qu'il est
jalonné par beaucoup de points remarquables.
Un treizième grand cercle primitif, celui de Lisbonne, a pour pôles
le point H, qui tombe dans l'océan Indien au S. de l'île de Mada-
gascar, et son antipode situé dans l'océan Pacifique, au S.-O. de
San-Francisco.
Ce grand cercle aborde le continent de l'Amérique méridio-
nale par l'embouchure du Rio-Bueno, sur la côte du Chili, passe
à \aldivia, puis au point D, centre de pentagone voisin de cette
ville, et coupe la chaîne des Andes près du volcan de Collaqui. Il
traverse ensuite les plaines de Buenos-Ayres et du Paraguay, puis
1 intérieur du Brésil, et sort de cet empire un peu à l'O. de la
rivière Parnaïba, après avoir suivi une direction à peu près paral-
lèle à son cours.
Dans l'océan Atlantique il rencontre le point b, voisin de l'île
de Porto-Santo, après avoir traversé le groupe des petites îles
Dezertas, placé comme un appendice terminal dans le prolonge-
ment de l'île de Madère, et il va aborder l'ancien continent au N.
de l'embouchure du Tage,par le large promontoire sur le flanc
méridional duquel s'élève la ville de Lisbonne. Il passe à une très-
faible distance au N.-O. du petit port d'Ericeira et de la ville de
Torres-Yedras, en suivant, au milieu du grès rouge, une direction
parallèle à celle que jalonnent les protubérances de roches an-
ciennes du cap Roca, d'Areas, de San-Sebastiano, de Sobral, qui
s'en trouvent à 1 o ou 12 kilomètres dans le S.-E.
Ce grand cercle primitif traverse le Portugal et l'Espagne, puis la
1/i2 RAPPORT SUH LES PROGRÈS
France et l'Allemagne, en s'adaptant à un certain nombre d'acci-
dents orographiques et géologiques avec une précision sur laquelle
je reviendrai plus tard.
Construit sur la belle carte géologique du Thiïringcrwald, pu-
bliée en îSkk par M. Bernard Cotta, il passe exactemeut à la
pointe N.-O. de la bande de zechstein relevée au milieu du trias
à lllstadt et Eshberg, puis vers l'extrémité N.-O. d'un très-petit
lambeau de zechstein relevé sur le bord même du Thûringerwald.
H traverse ensuite cette chaîne en coupant dans sa longueur la
masse transversale de granité amphibolique du Schiniderfeld ; puis , à
sa pointe méridionale, la masse granitique située au N.-O. d'Hitzen-
bach, et enfin le soulèvement compliqué de granités, de porphyre,
de diorite et de grauwacke de Hammer, et arrive ainsi au point D,
centre du pentagone européen, situé près de Rcmda, suivant une
route jalonnée d'une manière toute spéciale par le savant profes-
seur de géologie de l'Académie des mines de Freiberg.
Au delà du point D, il passe encore, d'après M. B. Cotta, à la
pointe S.-E. du relèvement de grès bigarré de Blankenhain; puis,
traversant à Ammelshain la pointe nord de la masse de porphyre
et de mélaphyre de Grimma, il va rencontrer l'Elbe au coude que
(orme ce fleuve lorsqu'il est rejeté au nord par le petit massif de
terrain à lignite de Belgern, et il le coupe à Stehla, au somme!
de l'une de ses inflexions. ■
Dans les plaines de la Prusse, de la Lithuanie et de la Russie,
où il serait trop long de le suivre en détail, il s'adapte encore, avec
une précision que la carte planche V de la Notice met suffisamment en
évidence, aux inflexions des principales rivières, l'Oder, la Waiilia.
la Vistule, le Niémen, la Duna, le Volga, etc., et il passe approxi-
mativement à Vilna; de sorte qu'on le tracerait dune manière à
peu près exacte sur une carte d'Europe en joignant par une ligne
droite Lisbonne à Vilna.
Il aborde ensuite l'Ural, et, tracé sur la belle carte géologique de
cette cliaîue par sir Roderick Murchison, dont la précision ne faii
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 163
jamais défaut, il s'adapte approximativement à la principale in-
flexion de la rivière Silva, près de Tisovsk, et à l'inflexion la plus
prononcée des bandes carbonifère et devonienne près de Grobovsk.
Plus loin, il traverse la chaîne proprement dite un peu au S. d'Eka-
terinenbourg, dans la dépression par laquelle communiquent l'Eu-
rope et l'Asie, en passant avec une sorte de prédilection aux extré-
mités méridionales ou septentrionales des bandes de roches de
diverses natures, granitiques, serpentineuses, porphyriques, devo-
niennes, carbonifères, qui viennent s'y terminer, et à la montagne
granitique située au S. d'Elizavetzki. H atteint enfin le point H, si-
tué au pied oriental de la chaîne, et d'où partent plusieurs autres
grands cercles principaux, jalonnés de même par les accidents oro-
graphiques, géologiques ou métallifères qu'ils rencontrent dans la
région montagneuse.
Notre cercle traverse ensuite l'intérieur de l'Asie, passe au
point D, centre de pentagone situé vers le N. de la Chine dans
l'Ortous, et sort de cet empire par le cap Fooning, pour aller
couper l'extrémité septentrionale de la grande île de Formose.
Dans l'océan Pacifique, il rencontre le petit archipel des îles Pe-
lew, puis il va aborder la Nouvelle-Guinée, où il entre par le cap
qui ferme à l'est la baie Humboldt, et d'où il sort à l'entrée orien-
tale du détroit de Torres par la pointe Risk, après avoir passé au
point H, situé dans son intérieur, qui a déjà été cité plusieurs fois.
Il traverse ensuite la mer de Corail parallèlement à la côte N.-E.
de la Nouvelle-Hollande, puis il coupe la Nouvelle-Zélande, un peu
au S. du détroit de Cook, en entrant dans la grande île Tavaï-Pou-
nammou par le havre Barré, qui entame la base du cap Farewell,
et, rasant la plage méridionale de la baie du Massacre, il en sort
par la pointe située un peu au S. du cap Campbell.
Enfin notre cercle traverse l'océan Austral pour aller aborder la
cote du Chili, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle primitif est remarquable par la grande étendue
des arcs terrestres qu'il contient et qui occupent près de la moitié
Wt RAPPORT SUR LES PROGRÈS
de sa circonférence. La topographie de la plupart des contrées qu'il
traverse est peu connue; mais, dans celles qui ont été bien explo-
rées, il rencontre un grand nombre de points définissables, dont je
compléterai plus loin l'indication.
Un quatorzième grand ceixle primitif, celui du Land's End, a
pour pôles le point H, qui tombe dans l'océan Pacifique, au S. des
îles Aleutiennes, et son antipode situé dans l'océan Atlantique
méridional, au S.-O. du cap de Bonne-Espérance.
Ce grand cercle aborde le continent américain par le fond du
golfe de Panama, et il coupe l'isthme célèbre du même nom dans
une de ses parties les plus étroites. Après avoir traversé la mer
des Antilles, il coupe la partie orientale de l'île d'Haïti, d'où il sort
par le cap Raphaël.
Au delà de l'océan Atlantique , le primitif du Land's End va abor-
der le Gornouailles entre les pointes de Pencarn et de Trevase-
Head, sans passer précisément au Land's End, qui n'est qu'un
point du second ordre dans le système qu'il représente1. De même
que plusieurs autres cercles du réseau, celui-ci a été désigné par
l'un des points les plus connus dans le voisinage desquels il passe,
mais sans sous-entendre qu'il y passe rigoureusement. Dans l'inté-
rieur des terres, il coupe par le milieu les masses granitiques du
Bodminmoor et du Darlmoor, qui forment le noyau de la presqu'île
du Cornouailles, et il représente l'une des directions prédominantes
des filons d'EIvan.
Il traverse ensuite la Belgique et le nord de l'Allemagne avec
des circonstances de précision que je détaillerai plus loin.
Je dirai seulement ici que, tracé sur la belle carte géologique
publiée en îSkk par M. Bernard Cotta, il entre dans le Thuringer-
wald par la saillie que forme à Beyroe la ceinture de zechstein qui
l'entoure; que, plus loin, passant entre Laulerbach etKlein-Schmal-
kalden, il s'adapte avec un certain caractère de précision aux petits
1 Notice sur les système» de montagnes, p. iuf><| cl 1 i<|<|.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 145
accidents produits par les éruptions de granité et de porphyre, et
qu'il sort enfin du massif montagneux par l'ouverture que le torrent
de Langenburg détermine dans la ceinture de zechstein. Plus loin
il s'harmonise assez exactement avec les légers accidents du plateau
de muschelkalk et. de grès bigarré, et, passant à Plauen et à Stadt-
Hm, il arrive non moins heureusement que le primitif de Lisbonne
au point D, près de Remda.
Franchissant ensuite la plaine de grès bigarré où se déploie la
vallée de la Saale, il aborde l'Erzgebirge par la légère saillie que
présente près de \eustadt, d'après la carte géologique de la Saxe,
la ceinture de zechstein.
Notre primitif parcourt toute la région montagneuse de Neustadt
à Dux, en Bohème; il coupe le petit terrain houiller de Zwickau,
le bassin de grès rouge de Chemnitz dont il suit la direction, à
une faible distance de sa limite méridionale, et il chemine à tra-
vers l'Erzgebirge au milieu d'une nombreuse série de petites masses
éruptives de granité, de porphyre, de diorite, de serpentine, qui
semblent se presser sur son passage.
Au pied sud-est de la chaîne il rencontre, dans sa partie la
plus large, la zone des basaltes et autres roches éruptives de la
Bohème, et franchit l'Elbe à Libochovan, au point où il sort du
plaenerkalk, après avoir traversé la protubérance granitique de
Lichtowitz.
Ce même grand cercle coupe ensuite les montagnes du Riesen-
gebirge, en conservant une harmonie très-marquée avec les con-
tours des masses minérales de diverses nature qui occupent les
confins de la Bohême et de la Silésie, et il va s'adapter un peu
au S. de Cracovie au cours de la Vistule, dans la partie où cette
rivière suit les limites du muschelkalk et des dépôts modernes.
Plus loin il passe à une petite distance au sud des masses tertiaires
de sel gemme de Wieliczka et de Bochnia.
Poursuivant son cours vers l'est, il effleure le pied septen-
trional des Carpathes, puis, sur une assez grande longueur, il
Slraligrapliie. 10
146 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
s'identifie, pour ainsi dire, avec la vallée du Dniester, et, pas-
sant au point T situé près d'Olviopol. il marque à peu près la
limite méridionale des steppes granitiques de l'Ukraine. Sa pro-
longation entame la lisière septentrionale du Caucase , passe
au point b situé dans le Daghestan, et entre dans la mer Cas-
pienne en passant à une petite distance au nord de la presqu'île
d'Àpscheron, célèbre par ses volcans de boue, ses sources de bi-
tume, et ses dégagements de gaz combustibles, objet du culte des
Guèbres.
Ce cercle est peu éloigné de la ligne que M. Elie de Beaumont
a signalée dans sa Notice sur les systèmes de montagnes ^l) comme
marquant la limite entre l'Europe septentrionale et l'Europe mé-
ridionale, et comme formant la terminaison des plaines baltiques,
sarmates et russes. 11 est seulement situé un peu plus au sud, et, en
sa qualité de ligne de soulèvement, il est engagé dans le bord de la
région comparativement montueuse du midi de l'Europe , puisqu'il
laisse au nord la protubérance waldienne de l'Angleterre, le Hartz,
les montagnes de Sandomir et de Kielce, les granités de l'Ukraine
et la lisière septentrionale du Caucase.
Au delà de la mer Caspienne, notre grand cercle primitif tra-
verse la Perse en passant au point I près de Mesched, puis l'Af-
ghanistan. Il entre dans les plaines du Punjaub en passant ap-
proximativement par les défilés de Bholun, et il traverse l'Indus
à l'une de ses inflexions au-dessous de son confluent avec le
Sutlej.
Tracé sur la carte géologique de l'Inde par M. Greenough, le
primitif du Land's End traverse d'abord le grand désert des Sykes, où
il coupe la rivière Loony près de l'une de ses inflexions, et aborde
ensuite la région des montagnes de roches cristallines de l'Inde
centrale par le cap granitique de Sirohi, extrémité S.-O. de la chaîne
granitique d'Oravelly. Il poursuit son cours sur des terrains de
(1) Notice sur les systèmes de montagnes, p. 5 08 et suiv. et p. 1069.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 147
schistes cristallins, entre deux crêtes granitiques, auxquelles il est
parallèle, de même qu'à d'autres accidents géologiques. Il l'est
aussi aux affluents supérieurs de la rivière Mhye, qu'il suit jusqu'aux
points où ils prennent leur source sur l'un des caps du plateau
trappéen du Malwa.
Sur le grand plateau trappéen du Malwa et du Deccan, notre
cercle passe au point H situé dans l'angle formé par le confluent
des rivières Tapty et Poorna, et il s'adapte à plusieurs autres points
remarquables de cette région monotone; d'abord, comme nous
venons de le voir, à l'un de ses angles nord-ouest, puis à l'extré-
mité occidentale des monts Yindhya , plus loin à une inflexion des
Payen-Ghauts , et enfin à l'un des contours les plus prononcés de
la rivière Paîn-Gunga, à laquelle les trapps se terminent près de
Mahoor.
Il parcourt ensuite la région de roches granitiques et de roches
cristallines schisteuses qui s'étend entre le Godavery et la Kistna ,
et il en sort précisément par l'angle rentrant que présente son con-
tour extérieur entre les deltas des deux rivières qui viennent d'être
citées. C'est là un point remarquable dans la structure de ces
contrées, parce que c'est celui où se brise la direction générale de
la côte de Goromandel, qui, en prenant une direction plus oblique
par rapport au méridien, devient la côte d'Orissa.
Dans l'océan Indien, ce même cercle côtoie parallèlement, mais
à environ 3 degrés de distance, la côte S.-O. de l'île de Sumatra
et les petits archipels qui la bordent; puis il entre dans la terre
d'Endracht, angle N.-O. de la Nouvelle-Hollande, en passant ap-
proximativement au cap Vlaming, qui limite à l'ouest le golfe d'Ex-
mouth. Plus loin il passe au point H, qui tombe près de l'angle
S.-O. de la terre de Van-Diemen, et il rase à une faible distance
les derniers écueils qui protègent les pointes méridionales de cette
grande île.
A partir de la Tasmanie, notre grand cercle primitif traverse
l'océan Austral et l'océan Pacifique sans rencontrer aucune terre,
148 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
et va aborder l'isthme de Panama, où nous avons commencé à le
suivre.
Ce grand cercle renferme un arc terrestre fort étendu, de plus
de 75 degrés, depuis la pointe du Cornouailles jusqu'à la côte de
Coromandel, et deux autres plus petits; mais plus des trois quarts
de sa circonférence sont placés sur la surface des mers. Il suffit de
nommer l'isthme de Panama, le Cornouailles, les plaines baltiques,
sarmates et russes, la péninsule d'Apscheron et la terre de Van-
Diemen, pour faire comprendre qu'il joue un rôle important dans
l'ordonnance générale de la surface du globe. Il est jalonné en outre
avec une grande précision par beaucoup de points remarquables.
J'en ai cité quelques-uns seulement, mais j'en accroîtrai le nombre
ultérieurement.
Enfin un quinzième grand cercle primitif, celui de Saint-Kiîda,
a pour pôles le point H, qui tombe dans l'océan Pacifique au N.
des îles Bonin-Sima, et son antipode situé dans l'océan Atlantique,
au S.-E. de Rio-Janeiro.
Ce grand cercle aborde l'Amérique septentrionale par le cap
San-Lazaro, l'un des points remarquables de la côte océanique de
la Vieille-Californie découverte par Cortez. Il coupe cette étroite
presqu'île en passant approximativement à la montagne qui domine
à l'ouest le port de Loreto, traverse la mer Vermeille, parallèle-
ment à la direction de l'île Carmen, et entre dans le Mexique par
l'embouchure du Rio-Yaqui.
Il coupe ensuite les régions montagneuses du Nouveau-Mexique,
en passant au point T, qui tombe dans la vallée du Rio-Grande,
près de Fra-Cristoval, et, après avoir traversé les plaines de l'Ar-
kansas, du Missouri et du haut Mississipi, il entre dans le lac Su-
périeur en rasant les îles de la Madeleine. Il coupe les saillies de
la côte qui fait face à l'île Royale, parallèlement à l'une des séries
de filons trappéens cuprifères et à l'axe de la pointe de Kevvenaw,
et atteint enfin le point H situé sur la rive septentrionale.
De ce point notre grand cercle primitif va couper la pointe méri-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 149
dionale de la baie d'Hudson, où il entre par l'embouchure de la
rivière d'Albany, où il rase la pointe méridionale de l'île Agoomska
et les petites îles Twines, et d'où il sort par l'embouchure du
Big-River. Plus loin, après avoir traversé le Labrador et passé au
point l, situé dans le détroit de Davis, il coupe la pointe méri-
dionale du Groenland, en s'adaptant à la dentelure prononcée que
termine à l'ouest le cap Désolation.
Ce même grand cercle va ensuite aborder l'Ecosse en passant
à l'angle de la plate -forme sous-marine qui supporte les îles Hé-
brides et sur le saillant de laquelle se trouve l'îlot trappéen de
Saint-Kilda. Notre cercle ne le rencontre pas, mais on lui en a
donné le nom comme propre à indiquer d'une manière générale
sa position en Europe. Après avoir entamé légèrement les extré-
mités de l'île Lewis et de l'île de Sky, il traverse l'Ecosse en s'a-
daptant aux soulèvements granitiques qui encaissent le Loch-Ness
près du fort Augustus, et en coupant la chaîne des Grampians près
du Ben-Dhu, point le plus élevé de l'Ecosse (438o, pieds anglais
ou 1 338 mètres d'altitude). Il sort enfin des îles Britanniques eu
passant près de la pointe d'Arbroth et du rocher sur lequel s'élève,
en pleine mer, le phare de Bell-Rock, rendu célèbre par les tra-
vaux et les controverses de l'illustre physicien sir David Brewster.
Au delà de la mer du Nord, il aborde le continent de l'Europe
par le sommet de la courbe saillante que forme la côte de la Frise
près de l'île d'Ameland, et, passant entre le Teutoburgerwald et
la Porta Westphalica, il s'adapte à la courbe que décrit le Weser
au-dessous du confluent de la Werra.
Tracé sur la carte géologique du Thuringerwald par M. Bernard
Cotta, son cours, qui est parallèle, mais extérieur, à cette chaîne,
se trouve en harmonie avec les contours du muschelkalk et du grès
bigarré entre Erfurth et Gotha, ainsi qu'aux environs de Remda,
où il atteint le point D, centre du pentagone européen.
Au delà du point D, le grand cercle primitif, après avoir traversé
la Saale à l'angle aigu que forme son cours au-dessus de Rudol-
150 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
stadt, et coupé dans sa longueur le petit lambeau du muschelkalk
de Schloss-Culm, passe à la saillie que forme le contour de la
bande de zechstein à l'E. de Saalfeld et à la saillie correspondante
que présente le contour du terrain schisteux. Plus loin, au milieu
des petites principautés qui se pressent dans ces parages d'une
topographie indécise, et suivant une partie des frontières de la
Bavière et de la Saxe, il franchit la région montagneuse, avec une
sorte d'adresse, entre l'extrémité du Fichtelgebirge et celle de
l'Erzgebirge. Il s'adapte, dans ce trajet, à plusieurs masses érup-
tives, notamment au grand filon de Greisen d' Ascii, et il sort enfin
des montagnes par le cap de micaschiste qui s'avance , près d'Eger,
dans les terrains modernes dont sont couvertes de ce côté les
parties basses de la Bohême.
Ce grand cercle se tient en dehors du Bœhmerwaldgebirge,
comme précédemment du Thùringerwald, en côtoyant de même
à quelque distance le pied de la chaîne, et son cours s'harmonise,
par diverses rencontres, avec les contours des roches cristallines
variées dont le sol est composé.
Franchissant enfin la ligne de faîte qui sépare le bassin de l'Elbe
de celui du Danube, il coupe ce dernier fleuve dans la courbure
qui le ramène vers le nord au-dessus de Krems , et s'enfonce dans
la saillie granitique qui envahit sa rive droite sur une petite
étendue.
Passant ensuite près de Saint-Polten, il coupe les plaines de la
basse Autriche ainsi que le Wienerwald, extrémité de la zone sep-
tentrionale des Alpes, et, traversant Wiener-Neustadt, il va raser
l'extrémité orientale des masses granitiques de la chaîne centrale,
au point où elles se terminent, en s'approchant d'QEdenburg et
du lac de Neusiedel.
Plus loin, notre cercle coupe le lac Balaton dans son milieu, en
côtoyant la masse basaltique de sa rive septentrionale, et il va
passer aux pointes des protubérances de roches carbonifères et
métallifères de Fiinfkirchen et de Garlowilz.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 151
Après avoir franchi la Save et le Danube à leur confluent,
près de Semlin et de Belgrade, il s'adapte approximativement à
la ligne que suit le Danube au-dessous de ces deux villes. Il
constitue même la corde de toutes les inflexions que présente le
cours de ce grand fleuve depuis Neusatz et Peterwardein jusqu'à
Semendria.
Traversant ensuite la Turquie d'Europe, où il passe à un point a
près de Nissa, il en sort en rasant le pied du Rhodope, passe aux
îles de Samothrace, dlmbros et de Tenedos, et aborde l'Asie Mi-
neure près des lieux où fut Troie. Coupant largement le cap Baba,
il suit le canal qui sépare Mytilène de la terre ferme, s'adapte aux
montagnes qui dominent la ville de Smyrne, et, après avoir passé
à la sommité méridionale du Boz-Dagh, il entre dans la Médi-
terranée par l'une des saillies principales de la côte de la Lycie,
en passant entre le port d'Andiphilo et l'île de Meïs ou Castel-
Rosso.
Il sort de cette mer près d'El-Arich, par le sommet à peine
émoussé de l'angle que forment entre elles les côtes de la Syrie et
de l'Egypte.
En Arabie, il rase la pointe du golfe d'Akabah, qui se détache de
la mer Rouge vers le nord, et il s'adapte avec une précision singu-
lière aux gisements de roches plutoniques que la carte géologique
de M. Russegger figure à la jonction de ce golfe et du Waddi el
Traba, qui en forme le prolongement. Sa continuation suit pa-
rallèlement et à une médiocre distance la côte de la mer Rouge ,
en restant constamment dans la chaîne arabique et en passant
approximativement par les deux villes de la Mecque et de Sana.
Traversant ensuite l'entrée du détroit de Bab el Mandeb, il coupe
la pointe du continent africain qui se termine au cap Guar-
dafui.
Dans l'océan Indien, notre cercle coupe l'archipel des îles Sey-
chelles et laisse à l'ouest, à une faible distance, la petite île de
Diego-Ruys; après quoi, à travers l'océan Austral et l'océan Paci-
152 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
fique, il va rejoindre la côte de la Californie, au cap San-Lazaro,
où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle primitif présente deux arcs terrestres considé-
rables , l'un dans l'ancien et l'autre dans le nouveau monde , ce qui
n'empêche pas que plus des deux tiers de sa circonférence ne se
trouvent sur différentes mers. Il s'adapte à des configurations géo-
graphiques importantes, et son cours est jalonné avec précision
par une foule de points choisis.
Sous ce dernier rapport, les quinze grands cercles primitifs sont
tous dans le même cas. De même que les dodécaédriques réguliers
et les octaédriques , ils s'harmonisent constamment avec les configura-
tions géographiques des contrées qu'ils traversent, et, dans toutes
celles dont on possède de bonnes cartes topographiques, ou mieux
encore des cartes géologiques, ils rencontrent ou ils rasent de près
des points remarquables qu'on peut regarder comme leurs jalons
ou leur cortège.
Considérés dans les rapports moins susceptibles de précision
qu'ils peuvent offrir avec la disposition générale des continents
et des mers, ces quinze cercles donnent lieu aux remarques sui-
vantes.
Trois d'entre eux, savoir, le primitif éqnatorial, celui du mont
Saint-Elie et celui de la presqu'île Alaska et de la terre de Va?i-Diemen,
sont remarquables par la petite étendue comparative des surfaces
terrestres qu'ils traversent. Ils le sont aussi par la manière dont
chacun d'eux divise le globe en deux hémisphères.
Le primitif éqnatorial donne deux hémisphères extrêmement iné-
gaux sous le rapport des quantités de terres qu'ils renferment,
presque toutes les terres étant renfermées dans l'hémisphère qui
contient le pôle boréal.
Le primitif du mont Saint-Elie divise le globe en deux hémisphères
dont l'un renferme la totalité de l'océan Atlantique et des terres qui
le bordent de part et d'autre, et semble destiné à mettre en évi-
dence toutes les conditions géographiques de cet océan.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 153
Le primitif de la presqu'île Alaska et de la terre de Van-Diemen
embrasse presque exclusivement et presque complètement le con-
tinent américain , sauf quelques parties qui se rattachent aux terres
polaires arctiques, et semble destiné de son côté à encadrer ce
continent et à en faire ressortir les relations géographiques, mieux
encore peut-être que ne le fait la mappe-monde ordinaire dressée
sur le méridien de l'île de Fer, parce qu'il embrasse le pôle sud
et la presque totalité des terres polaires antarctiques.
En rapprochant ces trois grands cercles primitifs des deux dodé-
caédriques réguliers et des deux octaédriques qui ont été signalés sous
le même point de vue , on voit que , parmi les trente et un grands
cercles principaux que nous avons étudiés, il s'en trouve sept, for-
mant à peu près le quart de la totalité, qui divisent le globe en
hémisphères adaptés d'une manière remarquable à la disposition
générale des continents et des mers.
Le primitif du Land's End renferme une plus grande somme d'arcs
terrestres que les trois précédents, mais il n'en divise pas moins la
surface du globe d'une manière très-remarquable. En Europe, il
marque la limite méridionale de la vaste étendue des plaines bal-
tiques, sarmates et russes; en Asie, il laisse au nord les vastes
plaines du Turkestan, une grande partie de celles du Punjaub et
du Bengale : en même temps il coupe le nouveau continent dans
l'isthme de Panama, qui réunit les deux Amériques par un lien
de peu de largeur.
Parmi les autres grands cercles primitifs, on peut en signaler
particulièrement trois qui, à l'encontre des précédents, se font
remarquer par la grande étendue des arcs terrestres qu'ils con-
tiennent.
Le primitif des montagnes Rocheuses et des îles Galapagos entre
dans le continent de l'Amérique septentrionale par la saillie que
forme la côte du Mexique à l'ouest de Tehuantepec. 11 sort du
continent de l'Asie par la saillie que forment dans la mer des
Indes les bouches de l'Irawaddy. Il est à peine interrompu
154 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
dans ce long intervalle par le bras de la mer Glaciale qui aboutit
au détroit de Behring, et il forme une des grandes lignes de l'en-
semble des terres continentales.
Le 'primitif du Groenland et du Chili est une des grandes lignes
du continent américain, et il forme en même temps, depuis l'em-
bouchure de l'Obi jusqu'à l'île d'Hainan, un des principaux dia-
mètres de l'Asie.
Le primitif de Lisbonne forme, de son côté, depuis l'embouchure
du Tage jusqu'à l'île de Formose, un des plus grands diamètres de
l'ancien continent tout entier, et il constitue en même temps une
des grandes lignes de l'Amérique méridionale, depuis le nord du
Brésil jusqu'au midi du Chili.
Ces trois grands cercles, de même que le primitif du cap Castle et
de Valdivia et celui des cataractes du Nil, qui, sans présenter d'aussi
grands arcs terrestres, forment eux-mêmes en Asie et en Afrique
des lignes remarquables, se coupent au point D, centre de penta-
gone, qui tombe au nord de la Chine dans l'Ortous. Par là ce
point D se trouve rivaliser en importance avec le point D près de
Remda, centre du pentagone européen, sans parler de l'impor-
tance que lui donne le dodécaédrique régulier des Açores, dont il
forme l'un des pôles.
Cette double circonstance paraît plus frappante encore quand
on remarque que le primitif de Lisbonne, qui passe aux deux points
D dont nous venons de parler, passe au milieu de l'intervalle qui
les sépare, par le point H de l'Ural, où il partage symétriquement
les angles qu'y forment les deux dodécaédriques réguliers et les deux
octaédriques signalés précédemment.
Mais le primitif de Lisbonne passe aussi au point T de l'Espagne ,
où il divise de même symétriquement l'angle formé par les octaé-
driques du Mulehacen et du mont Sinaï, dont le rôle remarquable
a été indiqué. Il passe au point b près de Porto-Santo, où il coupe
perpendiculairement le dodécaédrique régulier des Açores, axe du
barrage transatlantique. Enfin il passe au point I du Brésil, centre
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 155
du triangle équilatéral déjà mentionné qu'y forment trois dodé-
caédriques réguliers.
On voit ainsi comment ceux des cercles principaux du réseau qui
tracent de grandes lignes dans les continents se donnent en quel-
que sorte la main pour en dessiner la charpente, et comment le
primitif de Lisbonne devient, dans une certaine mesure, l'axe de
symétrie de cette charpente.
Ce grand cercle est peut-être, parmi les cercles principaux du
réseau pentagonal , celui qui approche le plus de diviser le globe en
deux hémisphères contenant des quantités égales de surfaces ter-
restres. Pour vérifier ce point, il faudrait exécuter de longs calculs,
dont M. de Humboldt a pris soin de réunir depuis longtemps les
principaux éléments ; mais on ne pourrait les achever complètement
quant à présent, faute de connaître exactement les contours, ni par
conséquent les superficies des terres polaires, australes et boréales.
Dans tous les cas, le primitif de Lisbonne divise le globe en deux
hémisphères qui méritent d'être comparés, et il pourrait, comme
les sept autres cercles qui ont été signalés précédemment, devenir
la base d'une mappemonde remarquable.
Il pourrait aussi devenir la base d'un planisphère dressé sur la
projection réduite de Mercator, appliquée à ses perpendiculaires en
guise de méridiens, et ce planisphère mettrait en relief une cer-
taine symétrie grossière des formes continentales , avec laquelle on
est peu familier.
Les sept autres cercles déjà désignés pourraient eux-mêmes de-
venir les bases d'autant de planisphères, et la réunion des huit
mappemondes et des huit planisphères dont il s'agit jetterait un
jour particulier sur l'adaptation du réseau pentagonal aux confi-
gurations géographiques.
Toutes les relations de forme et de position que ces cartes
mettraient en évidence se voient sur un globe pourvu du réseau
pentagonal, mais elles s'y partagent l'attention. Un planisphère
ou une mappemonde, spécialement consacré à chacun des huit
150 RAPPORT SUR LES PROGRES
cercles, ferait tout naturellement prédominer les remarques qui
peuvent le concerner et les rendrait plus manifestes en les exagé-
rant quelquefois en manière de caricature.
Les autres grands cercles primitifs peuvent aussi donner lieu à des
remarques curieuses et susceptibles d'être mises en plus grande évi-
dence par des procédés cartographiques; mais elles se rapportent à
des traits moins généraux, et, par cela seul que ces cercles ren-
ferment des arcs terrestres moins étendus, elles sont inoins frap-
pantes que les précédentes.
Toutes ces cartes mériteraient d'entrer dans Y Atlas pentagonal
dont l'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes a donné un
programme sommaire à la page io38 de l'ouvrage. Elles devraient
y être accompagnées de cartes, à une échelle suffisante, des parties
de la surface du globe citées précédemment, auxquelles les grands
cercles fondamentaux du réseau s'appliquent avec une netteté par-
ticulière, telles que la mer Rouge, le golfe de Pechely, Y île de Gilolo,
la Nouvelle -Guinée, la terre de Van-Diemen, Y île de Cuba et cent
autres localités. Le point essentiel pour bien faire comprendre
l'adaptation du réseau pentagonal aux accidents variés de la sur-
face du globe terrestre est de la faire apercevoir, plus encore que
de la décrire, car, comme dit Horace :
Segnius irritant animos demissa per auretn,
Quam quae sunt oculis subjecta fidelibus.
Dans ces sortes de comparaisons, les rencontres de détail qui
sont souvent très-précises, et les relations générales qui sont beau-
coup plus vagues, ont les unes et les autres un mérite qui leur est
propre. Les quinze grands cercles primitifs divisent la surface du
globe, ainsi qu'on l'a vu précédemment, en cent vingt parties
égales (triangles rectangles scalènes), et il n'est pas facile de saisir
d'un coup d'œil les rapports existant entre une figure aussi com-
pliquée et les formes irrégulières et plus compliquées encore des
terres et des mers; mais, en fractionnant cette comparaison, ou,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 157
pour mieux dire, en réunissant les triangles rectangles scalènes par
groupes pour établir les comparaisons, on peut arriver à des rap-
prochements qui ne sont pas sans intérêt.
On trouve un moyen d'établir ainsi des comparaisons partielles
en se rappelant que les quinze grands cercle* primitifs du réseau pen-
tagonal se partagent en cinq systèmes trirectangulaires, contenant
chacun trois de ces cercles.
Chacun des systèmes trirectangulaires renferme aussi quatre
octaédriques. L'un quelconque des octaédriques appartenant à deux
systèmes trirectangulaires différents, les dix octaédriques répétés
deux fois donnent les quatre octaédriques de chaque système.
Dans son tableau des données numériques qui fixent cent cin-
quante-neuf cercles du réseau pentagonal, M. Elie de Beaumont a
présenté la répartition des quinze primitifs et des dix octaédriques
entre ces cinq systèmes trirectangulaires. En partant de cette clas-
sification et en y introduisant les mesures approximatives des arcs
terrestres contenus dans chacun des cercles, on arrive à former
le tableau suivant :
PREMIER SYSTEME TRIRECTANGULAIRE.
TOBISTUS.
Primitif de l'Etna (système du Té-
nare) 1 1 <)°+x
Primitif du Groenland et du Chili. ili%°+x
Primitif équatorial 73°
Total 33i°+ax
Octaédrique du lac Baïkal et de l'île
du Prince -Edouard
Octaédrique du cap Cod
Octaédrique du mont Sinaï (système
des Pyrénées )
Octaédrique de l'île Trinidad
TBRBESTRES.
Total.
67°
ll9°
3i5°
DEUXIEME SYSTEME TRIRECTANGILAIRE.
Primitif de Lisbonne 157"
Primitif du mont Saint-Élie 65°
Primitif de la Floride et de la terre
d'Arnhem 820
Total.
3o4°
Octaédrique des Garrow-Hills . ... 10 6°
Octaédrique de Cochabamba et du
golfe de Pechely iùp,°-t-x
Octaédrique du Mulehacen t\3°+x
Octaédrique du mont Sinaï h']"
Total 345°-»- ax
158
RAPPORT SUR LES PROGRÈS
TROISIEME SYSTEME TRIRECTANGULAIRE.
Primitif de Saint-Kilda (système du
Thùringerwald) îot
Primitif des cataractes et de Val-
divia 12.3
Primitif du lac Supérieur et du
cap San-Thomé 97
Total .
ABCS AHCS
TERRESTRES. TERRESTRES.
I Octaédrique des îles Sous-le-Vent
et du cap Walsh Z190
Octaédrique du lac Baïkal et de l'île
du Prince-Edouard 82°
1/Ï2*
Octaédrique de Nijney-Tagilsk .
Octaédrique du Mulehacen 43°-r-#
Total 3iG°-t-.t
QUATRIEME SYSTEME TRIRECTANGULAIRE.
Primitif de la Nouvelle-Zemble (sys-
tème du Rhin) 82°-t-x
Primitif de Cuba et du cap Sandy. io4°
Primitif des montagnes Rocheuses
et des îles Galapagos i53°
Total 339° -hx
Octaédrique des Garrow-Hills . . . . 106°
Octaédrique du cap Cod 670
Octaédrique de Nijney-Tagilsk. . . 1Z12"
Octaédrique d'Hindoë io8°-4-x
Tôt ai
62 T
CINQUIEME SYSTEME TRIRECTANGULAIRE.
Primitif de la presqu'île Alaska et
de la terre de Van-Diemen .... l\ 90 -
Primitif du Land's-End 86°
Primitif du cap Castle 970
Total 23a°-4-x
Octaédrique des îles Sous-le-Vent
et du cap Walsh h 90
Octaédrique de Cochabamba et du
golfe de Pechely i69°+x
Octaédrique d'Hindoë io8°4-ar
Octaédrique de l'île Trinidad .... 1 1 90
Total /i250-t-2£
La somme des amplitudes des arcs terrestres contenus dans
chacun de ces vingt-cinq cercles a été mesurée approximativement
sur le réseau pentagonal tracé par M. Laugel sur le globe édité par
M. P. Bertrand. A l'exemple de M. le baron Félix de Francq, qui a
publié le premier des mesures de ce genre1, on a ajouté une indé-
1 Voir les extraits, insérés dans les
Comptes rendus de l'Académie des sciences,
des mémoires encore inédits de cet ingé-
nieux géologue, dont la mort prématurée
a été l'objet de si justes et si unanimes
regrets :
Note sur la formation et la répartition
des reliefs terrestres, par M. Félix de
Francq, Comptes rendus de l'Académie des
sciences, t. XXXVI, p. 617 (séance du
h avril i853);
De la formation et de la répartition des
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 159
terminée x à l'amplitude mesurée sur les cercles qui traversent les
régions glaciales, pour tenir compte des valeurs inconnues des arcs
terrestres qui correspondent aux terres polaires arctiques et antarc-
tiques. La valeur de cette indéterminée x varie naturellement d'un
cercle à un autre. L'impossibilité de l'évaluer, quant à présent,
ne peut manquer de répandre quelque incertitude sur les conclu-
sions à tirer des mesures qui nous occupent. On peut remarquer
cependant que, même pour les cercles qui passent très-près des
pôles et qui renfermeraient des arcs terrestres près de chaque
pôle, la valeur totale x de ces arcs dépasserait difficilement 5o à
60 degrés.
En parcourant le tableau précédent, on voit que la somme des
amplitudes des arcs terrestres contenus dans chacun des vingt-cinq
cercles qui y figurent varie dans la proportion du simple au triple
et presque au quadruple, de 67 degrés (octaédrique du mant Sinaï)
à 157 degrés (primitif de Lisbonne). Mais on peut remarquer en
même temps que, dans chaque système trirectangulaire, les cercles
où les amplitudes des arcs terrestres sont très-grandes sont associés
à d'autres où elles sont beaucoup moindres, de manière à produire
une compensation plus ou moins approximative, comme le montre
le tableau suivant , qui est un résumé du premier :
ARCS TERRESTRES.
Premier système ( Primitifs 334° -h ûx
trirectangulaire. ( Octaédriques 3 1 5°
Total 6&90 -+- ix
reliefs terrestres, trois mémoires par le rendus, t. XLIII,p. 690 (séance du 6 oc-
même, Comptes rendus, t. XLII, p. 378, tobre i856);
535 et io54 (séances des 25 février, De la formation et de la répartition des
2 h mars et 9 juin i856); reliefs terrestres (systèmes de montagnes
Sur la formation et la répartition des de l'Europe occidentale) , par M. Félix de
reliefs terrestres , par M. Félix de Francq, Francq, Comptes rendus, t. XLVI, p. 523
Lettre à M. Élie de Beaumont, Comptes (séance du i5 mars i858).
160 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ARCS TEFlt'.ESTRRS.
Deuxième système ( Primitifs 3o&°
trirectangulairë. ( Octaédriques 3 45° -h ix
Total 6^*9° -+- ax
Troisième système ( Primitifs 32 1°
trirectangulairë. ( Octaédriques 3 1 6° -+- x
Total 637°-h^
Quatrième système ( Primitifs 339° -+- x
trirectangulairë. ( Octaédriques Zi23° -f- x
. Total 762°-+- %x
Cinquième système ( Primitifs 232° -+- x
trirectangulairë. ( Octaédriques 62 0° -+- x
Total 657°-»- %x
Les deux défauts de compensation les plus marqués que présente
ce tableau sont: i° la petitesse de l'amplitude totale des arcs ter-
restres compris dans les primitifs du cinquième système trirec-
tangulairë, qui est seulement de 2 32° + #, au lieu de dépasser
3oo degrés comme dans les quatre autres systèmes; 2°la grandeur
de l'amplitude totale des arcs terrestres compris à la fois dans les
primitifs et dans les octaédriques du quatrième système trirectan-
gulairë, amplitude qui est de 762°+^, au lieu d'être d'environ
65o° + # ou +2#, comme dans les autres sommes analogues. Le
quatrième système trirectangulairë est celui auquel appartiennent
les points H du Sahara, de Tehuantepec et de la Sibérie orientale
et leurs antipodes, ainsi que le point I du détroit de Davis et les
sept autres points I conjugués avec lui. Le cinquième système tri-
rectangulaire est celui auquel appartiennent les points H situés au
N.-O. des Açores, au S. des îles Aleutiennes et dans l'Inde, ainsi
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 161
que leurs antipodes. Là se trouvera nécessairement le point de
départ d'études nouvelles qui ne peuvent être devancées dans le
présent rapport.
Le défaut de compensation qui vient d'être signalé est en lui-
même assez modéré; car, malgré l'incertitude causée par la pré-
sence des arcs inconnus œ, on peut dire que, parmi les quinze
sommes que présente le tableau, il n'y en a pas une seule qui soit
inférieure ou supérieure de la moitié de sa valeur à l'une quel-
conque de ses analogues, et généralement les sommes analogues
ont des valeurs assez voisines les unes des autres.
Le dernier tableau donne encore lieu de remarquer qu'en
moyenne les amplitudes des arcs terrestres contenus dans les
grands cerles primitifs surpassent un peu les amplitudes des arcs
terrestres contenus dans les-octaédriques, car la somme totale de
ces amplitudes est, pour les primitifs :
334°+3o4°+3ar + 339°+ 232° + 4r = i53o° + /U,
ce qui donne pour moyenne :
i53o°-t-4# o , 16
= 102 +«-*,
i5 60
tandis que la somme totale des amplitudes est, pour les octaé-
driques :
3 1 5° + 345°+ 3 1 6° + 423° + 425°+ 5^=1824°+ 5 a:,
ce qui donne pour moyenne :
182 4° h- 5 # i5
= Q 1 , 2 -h -^— X.
20 v 60
Les six dodécaédriques réguliers forment un groupe unique qui ne
peut être subdivisé. En soumettant ces grands cercles au même
Stratigraphie. 1 1
102 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
genre de mesure, on trouve les valeurs suivantes pour les ampli-
tudes des arcs terrestres qu'ils contiennent respectivement :
Dodécaédrique régulier du cap Corrienles et de Singapour Un"
du Sénégal et de la Nouvelle-Guinée. .. . i38°
■ des Açores el de la terre de Van-Diemen. 1 1 U"
du Brésil et du Japon n3° -\-x
du Spitzberg et du lac Supérieur 1 190
de la mer Caspienne 1 3 1 ° -+- #
Total 622e
IX
ce qui donne pour moyenne io3°,7 -h ^^.
Ainsi les trois classes de cercles que nous considérons, rangées
d'après l'amplitude moyenne des arcs terrestres qu'ils contiennent,
présentent le résultat suivant :
Dodécaédriques réguliers io3°,7 -+-
Grands cercles primitifs io2°,o ■+■
Octaédriques p,i°,2 -t-
60
16 x
~6cT
i5 x
L'incertitude qui règne sur les valeurs, probablement fort iné-
gales, des arcs x, exclut ici toute précision; mais la déterminaison
exacte de ces valeurs ne changerait probablement pas l'ordre dans
lequel les trois classes de cercles viennent d'être rangées. Sous le
rapport qui nous occupe, les dodécaédriques réguliers paraissent être
au premier rang, les primitifs semblent les suivre, et les octaédriques
viennent en dernière ligne.
L'indéterminaison des valeurs de x n'empêche pas d'ailleurs de
voir que les trois classes de cercles contiennent, en moyenne, une
plus grande somme d'arcs terrestres que ne doivent en renfermer,
en moyenne, des grands cercles tracés au hasard sur la surface
du globe. En effet, les terres émergées occupant à peu près exacte-
DE U STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 163
ment un quart de cette surface, des cercles tracés au hasard doivent,
en moyenne, contenir un quart de leur longueur, ou 90 degrés
d'arcs terrestres. Ainsi, comme on pouvait s'y attendre, les dodé-
la/ilriques réguliers, les primitifs et les octaédriques sont les cercles
privilégia.
Ils ne sont privilégiés cependant que dans une proportion assez
faible, qui dénote dans la disposition réciproque des diverses parties
de l'écorce terrestre une sorte de réaction réciproque et de pondé-
ration, dont la raison d'être doit se trouver dans la mécanique
terrestre, et résulte sans doute de la fluidité intérieure du globe et
de la faible épaisseur de son écorce solide.
Il ne faut pas croire qu'on trouverait nécessairement des résul-
tats semblables en traçant au hasard un réseau pentagonal sur un
globe dessiné d'une manière arbitraire. Ils ne tiennent pas à une
propriété naturelle du réseau pentagonal indépendante des confi-
gurations géographiques. Si l'on traçait le réseau pentagonal sur
un globe de fantaisie, on pourrait obtenir à volonté les résultats
les plus divers, tous complètement différents de ceux auxquels
nous sommes parvenus.
En effet, en fabriquant un pareil globe, et sans cesser d'y faire
occuper par les terres le quart de la surface, on pourrait dessiner
les terres en forme de pointes ou de bandes très-allongées placées
sur les cercles principaux , de manière que ces cercles ou une classe
de ces cercles sortissent peu des surfaces terrestres, ou n'en sor-
tissent pas du tout, ce qui leur donnerait des arcs terrestres très-
considérables, égaux même, dans le dernier cas, à 3 60 degrés.
On pourrait aussi réduire les surfaces terrestres arbitrairement
dessinées à des îles renfermées dans les parties des cent vingt
triangles rectangles scalènes que ne traversent ni les dodécaédriques
réguliers ni les octaédriques, de manière que les différents cercles
que nous avons considérés ne les rencontrassent jamais, ce qui
donnerait à ces cercles, y compris les primitifs, des arcs terrestres
nuls.
MMx «APPORT SUR LES PKOGKES
On pourrait obtenir tout aussi facilement une foule de résultats
intermédiaires. Nous n'avons rencontré aucun de ces résultats ex-
centriques, parce que les formes géographiques, quelque bizarres
qu'elles puissent paraître, ont été déterminées par des forces na-
turelles exemptes d'arbitraire et de caprice.
Il est à remarquer, en outre, que, si on changeait, même assez
légèrement, la position du réseau pentagonal sur le globe, on ver-
rait disparaître les privilèges des grands cercles principaux en
même temps que leur propriété de passer par une foule de points
remarquables.
Les résultats que nous avons obtenus sont dus à l'accord naturel
qui existe entre les formes géographiques réelles et la symétrie
pentagonale. Ils achèvent de montrer que le réseau pentagonal existe
clans la nature et que la position qui lui est assignée est très-sensible-
ment exacte.
Mais, en ce moment, ces conclusions pourraient sembler préma-
turées, car nous sommes loin d'avoir épuisé le répertoire des cercles
du réseau pentagonal. Il nous reste même encore à étudier près
de la moitié des cercles principaux; je veux parler des dodécaé-
driques rhomboïdaux.
LES TRENTE DODECAEDRIQUES RHOMBOÏDAUX.
Les dodécaédriques rhomboïdaux, dont nous avons donné plus haut
la définition et la position dans le réseau pentagonal, sont au
nombre de trente. Ils ont pour pôles les soixante points T où abou-
tissent les diagonales des angles de 90 degrés des cinq systèmes tri-
rectangulaires, points qui sont deux à deux les antipodes l'un de
l'autre.
M. Elie de Beaumont a publié le tableau de ces trente cercles1
et de leur répartition entre les cinq systèmes trirectangulaires, ainsi
1 Comptes rendus , t. LVH, p. 191 (séance du ao juillet 1 863).
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 1G5
que des données numériques qui les fixent sur la surface du globe.
Au moyen de ces données, on peut les tracer avec la plus grande
facilité sur un globe ou sur des cartes, et ils figurent au nombre des
douze rayons de chacun des points I et des points H qui ont été
marqués sur différentes cartes employées dans les cours.
C'est ici le lieu de donner au moins quelques spécimens des mo-
nographies dont chacun de ces cercles pourrait être l'objet au
même titre et de la même manière que les trente et un premiers
grands cercles principaux dont nous nous sommes occupés précé-
demment.
Un dodécaédrique rhomboïdal passe à chaque point T et à son an-
tipode, en coupant perpendiculairement le grand cercle primitif qui
y passe en même temps que lui.
Le dodécaédrique rhomboïdal qui passe au point T de l'Etna passe
en même temps au point H de la mer de la Chine, au point I de
la Perse et à leurs antipodes. H a pour pôles le point T qui tombe
dans l'océan Pacifique au sud de l'Amérique russe, et son antipode
le point T situé dans l'océan Austral au sud-ouest de l'île du Prince-
Edouard.
Ce grand cercle aborde l'Amérique méridionale par la côte du
Pérou, un peu au sud de Pisco et des îles Chinchas, célèbres par
le guano qu'on y exploite. Après avoir coupé la crête des xAndes.
il s'adapte sur une certaine étendue au cours du Rio-Ucayle, et ar-
rive bientôt au point H situé dans les plaines du Béni, à l'an-
tipode du point H de la mer de la Chine. Traversant les plaines
de l'Amazone et les contrées montueuses des Guyanes, où il coupe
le Maroni au-dessus du saut dltapoucou, il en sort par la mon-
tagne de Saparouna et la montagne du Serpent, et il entre dans
l'océan Atlantique par l'embouchure de l'Oyac. 11 rase à une faible
distance les îlots appelés la Mère et les Deux-Filles, en laissant à
quinze kilomètres au N.-O. le rocher (trachylique?) de Cayenne.
et à une distance à peu près égale au S.-E. les îlots du grand et
du petit Conétable; car cette partie des côtes américaines n'est
166 RAPPORT SUR LUS PROGRÈS
qu'un archipel de petites îles ensevelies en grande partie sous les
vases provenant de l'Amazone.
Dans l'océan Atlantique, notre dodécaédrique rhomboïdal passe
au point I situé au S.-O. de l'archipel des Canaries, où il aborde
directement l'île principale, Ténériffe, qu'il coupe à peu près par
le milieu de sa largeur.
Tracé sur la belle carte de cette île célèbre dont la science est
redevable à M. Léopold de Buch l, il y pénètre par la plage d'Adexe,
et il en sort un peu au sud de Candellaria. Sa direction est sen-
siblement parallèle à la plus grande longueur de l'île, au plus
grand diamètre du cratère de soulèvement qui en forme le noyau,
à la longue crête qui s'en détache vers le nord-est, et même à la
ligne qui joint le cratère de Chahora au pic de Teyde, c'est-à-
dire aux principales orientations que présente la charpente mon-
tagneuse.
Il en est encore à peu près de même lorsqu'on trace le dodécaé-
drique rhomboïdal sur la carte de Y Hydrographical Office, dressée d'a-
près le lever fait en 1 838 parle capitaine Vidal. Sur cette dernière
carte, le contour de l'île est plus renflé, le cratère de soulèvement
plus large, et notre cercle passe exactement sur sa crête et se trouve
tangent à sa cavité intérieure. Sur la carte de M. de Buch, qui a
pour base le lever beaucoup plus ancien de Borda, le même cercle
reste un peu en dehors de la crête du cirque; mais si, sur cette
carte, on déplaçait le pic et le cratère de soulèvement qui l'entoure
de cinquante secondes vers l'E.-S.-E. pour mettre le premier à la
place que lui assigne la Connaissance des temps, d'après le relève-
ment fait en 1887, le contour intérieur du cirque deviendrait
tangent à notre cercle. Il est fort probable que tel est létal réel
des choses, et que le dodécaédrique rhomboïdal passe à une distance
de l'axe du pic égale au rayon minimum du cratère de soulèvement.
' Description physique des îles Cana- traduite de l'allemand par M. C. Boulan-
ries , suivie d'une indication des principaux ger, Paris. i836.
volcans du <> lohr , par M. Léopold de Buch.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 167
c'est-à-dire à h' 5o" du méridien ou à environ 8 kilomètres. Il rase
le contour souterrain de sa base.
Le dodécaédrique rhomboïdal ne touche aucune autre île du groupe
des Canaries. Il laisse toutes ces îles au nord ou au sud, rangées
en deux bandes qui semblent s'écarter pour son passage , et il va
aborder directement la côte du Maroc qu'il atteint à Edwisan, en
passant à 22 kilomètres au sud du cap Sim, situé lui-même au
midi de Mogador.
Tracé sur la belle carte de l'empire du Maroc publiée en i846
par M. Émilien Renou, notre cercle côtoie au nord, à 5o' ou 93 ki-
lomètres de distance, la grande crête de l'Atlas marocain couronnée
par le Miltzin, dont la hauteur (3,675 mètres), supérieure à celle
de toutes les autres montagnes du nord de l'Afrique, a probable-
ment donné naissance aux fictions des poètes anciens qui faisaient
supporter le ciel par l'Atlas. Ce même cercle passe à 20' ou 37 ki-
lomètres au N.-N.-E. de la ville de Maroc, dans de grandes plaines
où on pourrait être tenté de chercher le site de l'ancien jardin
des Hespérides. Plus à l'est, il traverse aussi la plaine de Sahab-
el-Marga, entourée de toutes parts de hautes montagnes diverse-
ment dirigées, et celle où prend naissance la rivière d'Isli, célèbre
dans les annales de nos guerres d'Afrique. Ces plaines peuvent être
considérées comme la prolongation, accidentellement interrompue,
de celles qui, dans le Maroc occidental, partent des bords de
l'Océan, et elles se rattachent directement aux plaines élevées de
la province d'Oran.
M. Emilien Renou a publié, en 1867, dans le grand ouvrage
de la Commission scientifique de l'Algérie, dont il a été l'un des
membres les plus actifs, une carte géologique du Tell algérien, qui
contient déjà les principaux linéaments de l'orographie et de la
géologie de cette vaste contrée. Cette carte est à l'échelle de ^^-0,
comme celle du Maroc, et il était facile d'y prolonger le tracé du
dodécaédrique rliomboïdal.
Notre cercle parcourt le Tell dans sa longueur, en restant
168 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
constamment en concordance d'orientation avec une des séries de
chaînons parallèles dans lesquelles se décomposent les montagnes
du nord de l'Afrique. Ces chaînons, s'ils ne sont pas les plus accen-
tués dans leurs formes, sont, en général, les plus étendus, et plu-
sieurs d'entre eux, tels que le Djebel-Megsem, le Djebel-Khider,
le Djebel-Redir, le Djebel-Bou-Taleb, côtoient à une petite dis-
tance le dodécaédrique rhomboïdal, qui est également parallèle aux
sections les plus étendues des principaux cours d'eau d'Algérie,
tels que l'Ouad-Chelif, l'Ouad-el-Djedi, l'Ouad-el-Khemis, etc.
Mais ce qui est plus frappant encore, c'est l'harmonie de direction
qu'il présente avec la série de hauts plateaux intérieurs qui, déten-
dant de l'empire de Maroc à la régence de Tunis, relient et com-
mandent toutes les parties du Tell algérien.
Ces plateaux, dont les contours abondent en gisements de gypse
et de sel gemme, sont surtout caractérisés par une longue série
de lacs salés peu profonds et en partie desséchés pendant l'été, tels
que le Chott-ech-Chergui, le Zarez-el-Rarbi, le Zarez-ech-Chergui,
le Ghott-el-Hadna, le Chott-Resdis, la Sabka-Zerka, etc. etc. La
plupart de ces lacs salés sont situés au sud du dodécaédrique rhom-
boïdal, qui rase ou effleure les saillies septentrionales des contours
des plus considérables d'entre eux. Il marque visiblement le bord
septentrional d'un sillon peu profond que présente le Tell dans
toute sa longueur, et, avant d'entrer dans la régence de Tunis, il
suit la crête qui forme le flanc septentrional de la vallée de l'Ouad-
el-Kemis et passe par ses principales sommités.
Il quitte le sol de l'Afrique en côtoyant au nord le promontoire
montueux qui porte vers sa pointe les ruines de Garthage et au
pied méridional duquel se trouve la ville de Tunis, entourée de lacs
salés situés, en fait, dans la prolongation de la zone des lacs algériens.
Notre cercle entre enfin dans la Méditerranée en rasant la pointe
du cap Bon, qui reste à 5 ou 6 kilomètres dans le sud, mais en
laissant au nord les petites îles Zimbre et Zimbrot , qui semblent en
être détachées.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 169
Traversant le banc de l'Aventure, qui relie l'Afrique à la Sicile,
il aborde cette île par la plage où tombe le fleuve Calatabelloto.
en passant un peu au sud du port de Sciacca et à 11 kilomètres
au nord du haut fond qui marque encore la place où surgit, en
1 83 1 , l'île Juiia.
Ce même cercle passe par l'axe de l'Etna, sort de la Sicile en
évitant de toucher la proéminence calcaire de Taormina , qui limite
au nord le champ des épanchements volcaniques, et rase bientôt
après, à 1 ou 2 kilomètres de distance, le massif calcaire du cap
Spartivento, point le plus méridional de la Calabre et de toute
l'Italie.
Au delà de la mer Ionienne, notre cercle va tronquer légèrement
les pointes septentrionales des îles de Céphalonie et d'Itaque et
aborder la terre ferme par le cap Kanditi, situé entre le golfe de
Lépante ou de Gorinthe et le golfe d'Arta.
Il traverse la Grèce continentale entre le Pinde et l'Hélicon, en
coupant le plateau calcaire d'Erato-Vouni. Les couches qui consti-
tuent ce plateau se relèvent vers le sud pour former la double
cime du Parnasse et les escarpements qui dominent Delphes vers
le nord; mais ici, comme en beaucoup de points de l'Algérie, le
dodécaédrique rhomboïdal se maintient dans les parties centrales et
les plus prosaïques du plateau. Il ne s'approche pas à moins de
9 ou 10 kilomètres de l'antique séjour d'Apollon et des Muses, et,
franchissant le Céphise, il entre en Béotie, où il laisse au sud le
lac Copaïs; il sort enfin de la Grèce en coupant l'île de Négrepont
parle col de Mandudi, qui en interrompt l'arête longitudinale.
Le golfe de Corintbe et le lac Copaïs, que notre cercle laisse
au sud, jouent, par rapport à lui, un rôle à peu près analogue à
celui des lacs de l'Algérie.
Dans la mer de l'Archipel, le dodécaédrique rhomboïdal rase les
pointes méridionales de Skiros ; puis , laissant Mytilène au nord et
Chios au sud, il aborde la côte de l'Asie Mineure par le golfe de
Tchandarlyk et par la cime trachytique du Hassan-Dagh.
170 K APPORT SUR LES PROGRES
Tracé sur les belles cartes topographique et géologique de
M. Pierre de Tchihatcheiï, il passe à iVk-Hissar et au pied méri-
dional de l'Ak-Dagli, coupe le Moura-Dagh et le Beyad-Dagh, puis
le grand désert salé situé sur les confins de la Galatie et de la
Lycaonie, et rase l'extrémité septentrionale du lac salé appelé Tour-
Gueul, après avoir laissé au sud d'autres lacs salés moins étendus,
le Tchurucksou-Gueul, le Bouldour-Gueul, l'Eguerdir-Gueul, le
Beychehr-Gueul. C'est un nouveau retour de notre cercle à ses
allures algériennes, et on peut remarquer que, étant dirigé en Asie
Mineure presque exactement de l'est à l'ouest, il forme à peu près
la ligne médiane de cette grande presqu'île, en se développant sur
les plateaux élevés de l'intérieur et laissant au sud les hautes mon-
tagnes discontinues qu'on appelle le Taurus , et au nord les chaînons
interrompus du littoral de la mer Noire.
Poursuivant son cours vers l'est au milieu de plateaux faiblement
accidentés où il rase le pied nord du Kary-Oglan-Dagh et du Hir-Ka-
Dagh, notre cercle va couper la pointe N.-E. de l'Anti-Taurus et
ensuite le cours supérieur de l'Euphrate, et pénètre sur le haut pla-
teau de l'Arménie, où il rencontre les deux grands lacs salés de
Van et d'Urmiah, qu'il laisse, l'un au nord et l'autre au sud, en les
écornant légèrement.
Entrant enfin dans la mer Caspienne par son angle S.-O. il en
détache vers le sud une étroite lisière, et, rentrant sur la terre ferme
par la côte de l'Adjerbidjan, il va passer au point I qui tombe
près de Mesched, vers l'extrémité nord-est des déserts salés de la
Perse.
Dans les dernières parties de son cours , le dodécaédrique rhomboïdal,
comme le montre la carte planche V de la Notice, laisse au sud et
au nord, à des distances à la vérité assez notables (une centaine de
kilomètres), les trois grands pics volcaniques du mont Argée, de
l'Ararat et du Démavend. Il laisse de même au sud et au nord les
principaux massifs trachytiques figurés par M. de TcliiliatchelT sur
la carte géologique de l'Asie Mineure; mais la disposition symé-
DE LA STRATIGRAPHIE E\ FRANGE. 171
trique de toutes ces masses éruptives conduit à le considérer comme
l'axe volcanique de la contrée.
Il ne coupe pas la bande volcanique de la Grèce, mais elle
vient se terminer vers le N.-O. à peu de distance de son cours.
MM. Charles Sainte-Glaire Deville et Fouqué ont signalé dernière-
ment * la proximité où il passe des îles de Mytilène et de Cépha-
lonie, ébranlées par de récents tremblements de terre. Les mêmes
savants ont signalé aussi l'harmonie dans laquelle se trouve notre
cercle avec l'ordonnance de l'appareil volcanique de la Sicile. Dans
tout le nord de l'Afrique, il traverse un sol où l'action volcanique
se fait sentir par la fréquence des tremblements de terre.
Dans tout son cours, depuis les îles Canaries jusqu'en Perse,
notre cercle suit une voie magistrale formée par de hauts plateaux
que caractérise uniformément la salure du sol et celle d'une foule
de lacs qui lui font pour ainsi dire cortège, de plus près encore
que les montagnes.
On ne pourrait tracer une ligne qui justifiât plus complètement
le nom d'axe du système volcanique de la Méditerranée.
A partir du point 1 de la Perse, le dodécaédrique rlwmboïdal s'en-
gage dans les régions montagneuses voisines de Herat et de Can-
dahar, où il serait impossible de le suivre avec précision. D'après
la carte géologique de l'Inde par M. Greenough, il traverse les
chaînes granitiques du Paropamissus et sort des montagnes secon-
daires de l'Afghanistan, près de Dera-Ismaël-Khan, pour couper
l'Indus vers l'extrémité de la large vallée, encore bordée de mon-
tagnes sur son flanc occidental, dans laquelle coule ce grand fleuve,
après être sorti des gorges profondes de l'Himalaya.
Notre cercle s'étend ensuite, sur une longueur de près de 1 ,5 oo ki-
lomètres, dans les plaines subhymalayennes, plaines basses, cou-
vertes de dépôts de transport et bien différentes des plateaux élevés
de l'Asie Mineure et de l'Algérie.
Comptes rendue. ». IAVI . p. 68 1. séance du 3o mars 1868.
17:2 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Dans ces plaines, après avoir passé au midi de Lahore, capitale
du Punjab, il traverse le Sutleje, près du point où il est coupé
lui-même, comme on l'a dit plus haut, p. 89, par le dodécaédrique
régulier du Spitzberg et du lac supérieur et par Y auxiliaire Dac, qui
représente le système des Pays-Bas; franchissant ensuite la Jumma,
le Gange et de nombreux torrents, entre leur sortie de l'Hymalaya
et les humbles montagnes de l'Inde centrale, au pied desquelles
s'élèvent les villes de Dehli, d'Agra, etc., il va aborder le liane mé-
ridional de la grande vallée du Bengale, en passant de nouveau le
Gange au-dessous de Patna.
Il traverse les collines granitiques et schisteuses des Pouharree-
Hills, et bientôt après la protubérance de roches anciennes située à
l'O.-S.-O. de Rajmahal, où, comme on l'a dit ci-dessus page 102.
il coupe simultanément Yoclaédrique des Garrow-Hills et un bissec-
teur HI, ce qui constitue une des coïncidences remarquables du
réseau pentagonal avec la structure de l'Inde.
Revenu bientôt après sur les terrains plats, notre cercle fran-
chit toutes les ramifications fluviales qui sillonnent le vaste delta
du Gange et du Brahmaputra, et entre dans le golfe du Bengale
par la large embouchure dans laquelle se réunissent les eaux des
branches principales de ces deux grands fleuves.
Retrouvant presque aussitôt la terre ferme, notre cercle va
couper, dans leurs parties élevées, les chaînes de Ghitlagong et
d'Yeomandong, et franchit l'Irawaddy entre Ava et Prome, dans la
région des sources de bitume connues depuis longtemps sur ses
rives. H traverse ainsi l'empire des Birmans à peu près par son
milieu.
Plus loin, il parcourt le royaume de Siain et le Cambodge, où il
passe au nord de Saigon, et il sort de la presqu'île orientale de
l'Inde par la baie que termine à l'ouest la pointe de Kergu. Che-
minant ensuite au milieu d'une série de petites lies ou récifs, il
al teint, dans la mer de Chine, le point II déjà cité plusieurs lois.
\u delà (\w poiul H. le dodécaédrique rhomboidai traverse la vaste
DE LA STRATIGRAPHIE E\ FRANGE. 173
étendue de 1 océan Pacifique. Tracé avec précision sur la belle
carie de M. Yincendon-Dumoulin, il coupe d'abord la partie N.-E.
de l'île de Bornéo, dans laquelle il pénètre un peu au nord de
lile de Laboan, célèbre par son gisement de combustibles fossiles.
Il aborde ensuite lile de Gélèbes par sa protubérance N.-O.
près du cap Rivers, à la naissance de la longue ramification qui
s'étend vers l'E.-N.-E. , traverse la baie Tominie ou Goungong-
Tello en rasant les îles Tagia , passe dans les baies correspondantes
qui détachent presque le massif du cap Talyobo , extrémité d'une
autre ramification de Célèbes, et sort des eaux de cette grande île
en effleurant les îles de Bambang-Callang et de Bongay.
Il rase bientôt après le contour S.-O. de l'île de Bourou, et va
passer entre les deux petites îles de Nila et de Seroa. D'après la
carte de M. Léopold de Buch1, ces deux îles sont des volcans.
Notre cercle passe entre elles, mais il ne touche ni l'une ni l'autre.
Plus loin . ce même cercle coupe à peu près par son milieu l'île
de Timor-Laut, en rasant la petite île Serra; et, entrant dans les
parages de la Nouvelle-Hollande , il rase avec précision le cap Wil-
berforce, pointe N.-O. de la terre d'Arnhem.
Il traverse ensuite la baie de Carpentarie, et, coupant largement
la pointe du continent australien qui forme le détroit de Torres,
il en sort en passant au pied N.-E. du mont Hinchinbrouk et en
rasant le cap Bowling-Green, le cap Gloucester et plusieurs autres;
puis, pénétrant dans la mer de Corail, il atteint le point I situé à
la hauteur du cap Sandy, à l'antipode du point I voisin des îles
Canaries.
A partir de ce point I , notre dodécaédrique rhomboïdal, laissant au
nord l'île de Norfolk et au sud la Nouvelle-Zélande , traverse tout
l'océan Pacifique, sans y rencontrer aucune terre, pour aller abor-
der la côte du Pérou , où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle contient deux arcs terrestres fort étendus, l'un
1 Description physique des îles Canaries, etc.
174 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
dans l'Amérique méridionale, de Piseo à Cayenne, l'autre dans
l'ancien continent, du Maroc au Cambodge, ayant une amplitude
totale d'environ 1 lio°. Il s'harmonise bien avec les configurations
géographiques des contrées qu'il traverse, et, dans celles dont on a
de bonnes cartes, il s'adapte avec une étonnante précision à une
foule de points définissables; mais ce qui le caractérise particuliè-
rement, c'est la manière dont, sur une longueur d'environ 6o°,
3o° à peu près de part et d'autre de l'Etna, depuis le pic de Té-
nériffe jusqu'au pic de Demavend, il s'adapte à la zone des h;mls
plateaux salés et des foyers volcaniques, adaptation qui, dans cette
partie , lui a valu le nom à'axe volcanique de la Méditerranée.
Dans tout le reste de son étendue, il présente, comme beaucoup
d'autres cercles du réseau pentagonal, une foule de coïncidences
avec les accidents orographiques, mais sans que rien, sauf les bi-
tumes de l'Irawaddy et les petits volcans de Nila et de Seroa, dont
il évite le contact, rappelle spécialement les phénomènes volca-
niques.
Un autre dodécaédrique rhomboïdal, lié, ainsi qu'on le verra
bientôt, au système volcanique de l'océan Pacifique, comme le
précédent au système volcanique de la Méditerranée, est associé
à ce dernier par la condition de passer comme lui et de le couper
perpendiculairement au point H de la mer de la Chine et à son
antipode situé presque au centre de l'Amérique méridionale. Ils
font partie l'un et l'autre du premier système trirectangulaire déjà
indiqué précédemment.
Celui qui va nous occuper a pour pôles le point T de l'Etna
et son antipode, qui tombe dans l'océan Pacifique à l'E.-N.-E. de
la Nouvelle-Zélande.
Ce grand cercle aborde le continent américain par la côte mé-
ridionale du Brésil, province de Rio-Grande-do-Sul, au fond de la
baie située au sud du cap Sainte-Marthe et de la Laguna. Fran-
chissant immédiatement la chaîne entière, il traverse les bassins
des grands (leuves de l'Uruguay et du Paraguay, où la topographie
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 175
n'est pas assez sûre pour qu'on puisse y chercher des repères précis ,
et il arrive au point H déjà mentionné, situé à l'est des Andes, dans
le pavs des Indiens Conomamas ou Marauhas, qu'entourent de loin
les eaux des deux grandes rivières auxquelles s'applique également
le nom de Rio-Beni.
Poursuivant son cours à travers des pays imparfaitement ex-
plorés, notre cercle, après avoir franchi l'Amazone, coupe l'équa-
teur par 770 i8'5o",o2 de longitude 0. de Paris avec l'orientation
N. 87° hW 3o/,96 0., et il va traverser la chaîne des Andes à 2 1 ki-
lomètres environ au S.-O. de la ville de Popayan.
Tracé sur la belle carte de M. de Humboldt \ il coupe les Andes
exactement par leJSœud de ïosRobks, en s'adaptant même aux crêtes
transversales que l'illustre voyageur a dessinées obliquement pour
figurer ce nœud où les Andes se divisent en trois ramifications, la
Cordillère orientale, la Cordillère centrale et la Cordillère occi-
dentale, qui se dirigent toutes les trois vers la mer des Antilles. Il
passe presque rigoureusement aux sources très-voisines l'une de
l'autre du Rio-Magdalena et du Rio-Cauca, qui coulent de part et
d'autre de la Cordillère centrale. Les deux grands volcans de So-
tara et de Puracé, situés à la naissance et sur le flanc occidental
de cette même Cordillère centrale, se trouvent en face l'un de
l'autre des deux côtés du Rio-Cauca, l'un à 17 et l'autre à 3û kilo-
mètres au N.-E. du dodécaédrique rhomboïdal , qui laisse, au S.-O., à
9 kilomètres de distance le Paramo de Papas, et à 6 kilomètres
une autre cime fort élevée, située à la naissance du Rio-Timbio.
Tout concourt à prouver qu'il passe véritablement par le centre
de soulèvement du Nœud de los Bobîes.
Notre cercle sort du continent de l'Amérique méridionale par la
baie del Chaco. Dans l'océan Pacifique, il passe devant l'entrée du
golfe de Panama , et, rasant à l'ouest de ce golfe la pointe de Muriato
et la petite île de Cobiaco, il aborde bientôt après le grand isthme
1 Esquisse hypsontétrique des nœuds de 1ère des Andes, etc. par Alexandre de
montagnes et des ramifications de In Cordil- Humboldt. 1827-1881.
176 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
de l'Amérique centrale par la cote de Veragua au sud de Santiago.
11 coupe l'état de Veragua eu laissant à l'O.-S.-O., à 35 kilomètres
de distance, le volcan de Barua, le plus avancé vers le S.-O. des
vingt-huit volcans de la ligne de Guatemala l.
Notre cercle, laissant à i'O. cette grande ligne volcanique, dont
l'orientation est plus oblique que la sienne par rapport au méri-
dien, entre dans la mer des Antilles par la lagune de Ghiriqui,
mais il ne fait que longer à une petite distance la côte N.-O. de
l'Etat de Costa-Rica. Bientôt il entre dans l'État de Guatemala, dont
il coupe toute la saillie N.-O., coupe également la pointe occiden-
tale du golfe de Honduras, puis le Yucatan, et, traversant le golfe
du Mexique, où il rencontre le banc du Triangle, il va aborder
le Texas par la Laguna-del-Madre, un peu au nord de l'embou-
chure du Rio-Bravo-del-Norte. Enfin, après avoir parcouru la li-
sière orientale du Texas, il atteint le point I situé au Nouveau-
Mexique, près de Fra-Cristoval, dans la vallée supérieure du même
Rio-del-Norte.
A partir du point I du Nouveau-Mexique, le dodécaédrique rhom-
boïdal s'engage dans les contrées montueuses et métallifères, d'une
topographie encore incertaine, de la Californie et des états ou ter-
ritoires voisins. Il coupe le Rio-Gila à sa source et le Rio-Colorado
près de son confluent avec le Saint-John's-River, traverse le ter-
ritoire de Colorado, une partie de l'Utah et du pays des Mormons,
en laissant au N.-E. le grand lac Salé, et sort enfin du continent
par le cap Perpétua, pour entrer dans l'océan Pacifique.
Il laisse au nord tout le territoire de l'Orégon et la plus grande
partie au moins du système de la Sierra de San-Francisco et du mont
Taylor, signalé par M. Jules Marcou comme composé de deux
bandes volcaniques dirigées à peu près E.-O et N.-S. (Voir ci-
dessus p. îû.)
Sa propre direction au cap Perpétua, ou plutôt sur le méridien
' Description physique des îles Canaries, par M. Lropold dp Ruch . p. 5oo.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 177
situé à i3o degrés de longitude 0. de Paris, estN. 6i°2i'53',67 0.,
c'est-à-dire parallèle à celle du détroit de Juan-de-Fuca , situé à trois
degrés dans le nord-est, et à celle des principaux accidents oro-
graphiques qui se dessinent dans l'île de Vancouver.
Pénétrant dans l'océan Pacifique boréal, le dodécaedrique rhom-
boïdal atteint, au sud de la ci-devant Amérique russe, au milieu
d'une mer déserte et probablement profonde, un point T, où il
coupe perpendiculairement, à 90 degrés du point T de la Sicile, le
primitif de l'Etna. Il y rencontre symétriquement, suivant les angles
connus, Yoctaédrique du lac Baïkal et Yoctaédrique du cap Cod,
dont le cours a été décrit ci-dessus page 101 et io5. Ce point T
est situé par 5i°i'5" de latitude N. et i5o° 28'55",o8 de longi-
tude 0. de Paris, et le primitif de l'Etna y est orienté vers le N.
i3°i/i'off,75E1. Au moyen de ces chiffres on peut construire le
point T dont nous parlons, ainsi qu'un arc de chacun des cercles
qui s'y croisent.
Notre dodécaedrique rhomboidal coupe perpendiculairement le mé-
ridien situé à 1 67°i8'5o",02 à l'ouest de Paris, à 37°/i5'3o/,o,6
du pôle2, c'est-à-dire par 52° i/i'2o",o/i de latitude N. H est fa-
cile, d'après ces données, de calculer la latitude et l'orientation de
son intersection avec autant de méridiens qu'on le juge nécessaire.
On peut donc le construire sur une carte quelconque, avec toute
la précision qu'on désire.
Tracé par cette méthode sur la belle carte générale de l'océan
Pacifique, feuille 5e, dressée, d'après les travaux anglais et russes
les plus récents, par M. E. Ploix, sous-ingénieur hydrographe, et
publiée au dépôt des cartes et plans de la marine en i865, notre
dodécaedrique rhomboidal s'adapte au îles Aleutiennes avec une pré-
cision remarquable.
1 Tableau des données numériques qui 2 Tableau des données numériques qui
fixent les 36a points principaux du réseau fixent les i5o, cercles du réseau penta-
pentagonal. [Comptes rendus, t. LVIII. gonal. {Comptes rendus, t. LVII. p. 121.)
p. 3o8.)
Stratigraphie. _ 1 a
178 RAPPORT SLR LES PROGRÈS
La carte de M. Ploix est la continuation vers le nord, jusque
dans la mer Glaciale, de la carte de M. Vincendon-Dumoulin, déjà
citée plusieurs fois. Au point où elles se réunissent, ces deux cartes,
dressées sur la projection réduite de Mercator, sont à la même
échelle, les méridiens s'y trouvant à la même distance. Mais on
sait que l'échelle d'une carte dressée sur cette projection va en
croissant à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur. Sous l'équateur,
la carte de M. Vincendon-Dumoulin est à l'échelle de 13 40'0 000 , qui
est celle d'un globe de 9 5 centimètres de diamètre, et une minute
de 1,85 s mètres y est représentée par un peu plus de - de milli-
mètre. Par 52 degrés de latitude, la carte de M. Ploix est à l'é-
chelle de S<J0000 , correspondant à un globe de im,5/i de diamètre,
et une minute du méridien, de 1,8 5 2 mètres, y est représentée
par un peu moins de 7 de millimètre. Je donne ces détails pour
faire voir que, dans une construction exécutée avec soin sur ces
cartes, très-soignées elles-mêmes, on peut, à la rigueur, estimer
les minutes.
La presqu'île Alaska et les îles Aleutiennes, qui y font suite,
constituent une sorte de barrage curviligne qui sépare la mer peu
profonde du Kamtschatka de l'océan Pacifique, qui est au contraire
très-profond. Sur la carte placée verticalement, on croirait voir
une guirlande suspendue au-dessous du détroit de Behring : c'est
une guirlande enflammée, car M. Léopold de Buch y signale onze
volcans actuellement brûlants, et la carte de M. Ploix y indique
en outre des volcans éteints. L'une de ces montagnes ignivomcs a
3,675 mètres de hauteur, une autre 2,780 mètres, d'autres \ l\ à
1,600 mètres; elles sont donc comparables eu grandeur au pic
de Ténérifle, à l'Etna et au Vésuve, et elles ne leur sont pas infé-
rieures en activité.
De même que beaucoup de chaînes de montagnes, cette guirlande
volcanique n'est curviligne qu'en apparence. Étudiée attentivement
' Description physique des Mrs datai- duite de l'allemand par M. C. Boulanger
ries, etc. \M\v M. Léopold de IîimIi - ini- Paris, i836, p. 465.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 179
sur la carte de M. de Buch , et mieux encore sur la carte plus précise
de M. Pioix, elle se résout en éléments rectilignes, au nombre de
quatre au moins, dont rensemble peut être considéré comme une
ligne brisée à angles très-obtus.
Le primitif de la presqu'île Alaska et de la terre de Van-Diemen,
signalé ci-dessus page 1 36 , comme s'adaptant sur une longueur
de près de 100 lieues à la côte S.-E. de la presqu'île Alaska, re-
présente le plus oriental de ces éléments rectilignes.
La carte de M. Ploix divise la chaîne totale des îles Aleutiennes
en trois tronçons, les îles Fox, les îles Andreanoff et les îles Kryei
ou du Rat, et chacun de ces tronçons présente une direction dis-
tincte : on pourrait peut-être y joindre encore une direction inter-
médiaire.
Le groupe des îles Andreanoff a une longueur de 90 lieues ma-
rines ou de 5oo kilomètres, depuis la passe de Segouam jusqu'aux
petites îles Delaroff.
Le dodécaédrique rhomboïdal qui coupe le 170e méridien à l'ouest
de Paris par 5i°39' 23",i2 de latitude N. , avec l'orientation
Y 8o°&7'8',oi E. ou E. 9°i2'6i",99 N., passe au nord de
l'écueil figuré au sud de la passe de Segouam, de manière à raser
au sud l'île Amlia, l'île Atkha, l'île Kanaga, à raser au nord l'île
Tannax, une île adjacente et la petite île lllak, à couper l'île
Adakh par le milieu de l'intervalle des deux montagnes que la
carte y figure, et à sortir de l'Archipel par la plus occidentale des
petites îles Delaroff, île étroite et allongée, avec l'axe de laquelle
le cercle s'identifie.
La direction de notre cercle est aussi conforme que possible à
celle du groupe des îles Andreanoff, mais on pourrait remarquer
qu'il y laisse une plus grande masse de terres au nord qu'au sud,
et qu'il représenterait mieux encore l'axe médian de cette portion
d'archipel s'il était reporté à 10 minutes ou à 19 kilomètres plus
au nord, sans changer d'orientation. Dans cette position modifiée,
l'arc qui nous occupe passerait par le volcan de Kanaga, dont
180 RÀPPOBT SUK LES PROGRÈS
M. Léopold de Buch dit qu'il est entouré par une grande quan-
tité de sources chaudes qui jaillissent près des bords de la mer,
ajoutant ensuite qu'autrefois les habitants de la contrée recueil-
laient dans le cratère de cet immense volcan une quantité considé-
rable de soufre. Mais, comme le volcan de Kanaga s'aligne avec
trois autres dépendant du groupe des îles Kryei ou du Rat, dans
la direction propre à ce groupe, il est douteux qu'il soit essentiel
au grand cercle le plus propre à représenter le groupe des îles
Adreanoff de passer à Kanaga. Dans la position que le calcul assigne
à notre cercle, il laisse au nord tous les volcans des îles Aleu-
tiennes, ceux de la presqu'île Alaska, le mont Saint-Elie, le pic
de Beautemps, le mont Edgecombe, ainsi que les volcans de la
Californie et du territoire de l'Orégon , et c'est peut-être là la con-
dition normale de son existence. Dans tous les cas, il n'y a pas
lieu de supposer qu'il soit à plus de 10 minutes de la position la
plus régulière possible, distance peu considérable, et qui est cepen-
dant très-appréciable sur la carte si nette de M. Ploix.
En sortant des îles Aleutiennes , le dodécaédrique rhomboïdal
tteint promptement le point 1 situé à 5 degrés au sud un peu est
de la pointe méridionale du Kamtschatka, presqu'île sur laquelle
le catalogue de M. Léopold de Buch ne signale pas moins de
douze volcans, dont plusieurs sont très-considérables.
Il chemine ensuite à trois ou quatre degrés au large de la chaîne
des îles Kurdes, qui contient à elle seule dix volcans, et va aborder
la grande île de Niphon, qui fait partie de l'archipel du Japon, où
M. Léopold de Buch signale quatorze volcans au moins, tous en
pleine activité.
Tracé sur la carte de l'océan Pacifique par M. Vincendon-Du-
moulin, et sur celle de la Mongolie, du pays des Mandchoux, de la
Korée et du Japon par M. Klaproth, notre cercle coupe la partie
sud-est de l'île de Niphon d'une manière a peu près semblable
sur les deux cartes, malgré les nombreuses différences qu'elles
présentent dans les détails. 11 y entre à 3o ou 35 minutes au
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 181
sud de Nakamura et un peu au nord du cap Kennis; il passe à
22 ou 3o minutes au nord-ouest de Yedo* capitale de l'Empire,
et un peu à l'ouest du port de Famamatsu, et il s'éloigne de l'île
par le cap Idsumosaki, qu'il effleure d'après la carte de M. Vin-
cendon- Dumoulin et qu'il coupe légèrement d'après celle de
Klaproth.
Au sud-ouest de Yedo se trouve le volcan de Fusi-uo-Yama, qui,
d'après M. Léopold de Buch, est la montagne la plus élevée et le
volcan le plus considérable de tous ceux du Japon. Il est un peu
moins haut que le pic de Ténériffe, mais il ne le cède à aucun
volcan par la majesté de son aspect. Son sommet est constamment
couvert de neige, et il s'en dégage d'abondantes fumées. Le cône
qui, sur la carte de M. Vincendon-Dumoulin, représente le Fusi-no-
Yama, est placé à 12 minutes ou 22 kilomètres au S.-E. du dodé-
caédrique rhomboïdal, et sur la carte de M. Klaproth ce cercle y passe
exactement. On peut dire, par conséquent, qu'il en passe en tout
état de cause à une faible distance.
Le volcan de Fatisio, cité aussi par M. Léopold de Buch, est placé
dans une petite île située au sud de notre cercle, mais les douze
autres volcans indiqués au Japon restent au nord, ou pour mieux
dire au nord-ouest, car, à mesure qu'il se rapproche de l'équateur,
ce grand cercle coupe nécessairement les méridiens de plus en plus
obliquement.
En s'avançant au sud-ouest à partir du cap Idsumosaki, le dodé-
caédrique rhomboïdal suit la nombreuse série de petites îles qui rat-
tache l'archipel japonais à la grande île chinoise de Formose. Il
laisse au nord-ouest la presque totalité de cette fourmilière; cepen-
dant il traverse une partie du petit archipel des îles Lou-chou ou
Liqueo, et, tracé sur la carte de M. Vincendon-Dumoulin, qui re-
produit sur une échelle réduite la belle carte des îles Lou-chou
levée et publiée par M. de la Roche-Poncié , il rase au S.-E. les îles
d'Ou-sima-kakirouma, d'Oukin, d'Amakinima, et au JN.-O. l'île
de Lou-chou, la plus grande du groupe auquel elle donne son
182 RAPPORT SUR LKS PROGRÈS
nom. Il la détache ainsi des autres en s'insinuant dans un joint de
plus de 3 degrés ou 3/io kilomètres de longueur, avec une adresse
et une précision dont nous avons déjà vu des exemples et qu'on
ne revoit jamais sans surprise.
L'île de Soufre, le plus méridional des quatorze volcans japonais
énumérés par M. Léopold de Buch, appartient aux îles Lou-chou
et reste à 38 minutes ou 70 kilomètres de notre cercle.
Ce même cercle, en continuant son cours, laisse au N.-O. l'île de
Formose pour se rapprocher de l'île de Luçon, et dans cet intervalle
il traverse la zone des actions volcaniques, qui de l'île de Soufre
paraît gagner l'île de Formose, fréquemment ravagée par des trem-
blements de terre formidables, et qui de Formose se continue par
l'île de Luçon et les autres îles Philippines peuplées de nombreux
volcans, placés tous désormais, jusqu'à Sumatra, au S.-E. de notre
cercle.
Ce cercle ne touche pas Luçon; il passe à 22 minutes ou h\ ki-
lomètres du cap Bangui, angle N.-O. de cette grande île, et il laisse
au S.-E., à 32 minutes ou 52 kilomètres de distance, le volcan de
l'île Babuyan, le plus septentrional de la longue guirlande des Phi-
lippines et des Moluques.
En avançant dans la mer de la Chine, il atteint le point H
situé au milieu des écueils et des récifs dont le centre de cette
mer est embarrassé, point déjà mentionné plus d'une fois, où il
coupe à angle droit le dodécaédrique rhomboïdal de l'Etna, qui repré-
sente l'axe volcanique de la Méditerranée.
Poursuivant son cours dans la mer de la Chine, notre cercle y
traverse l'île Boong-Ooran ou Grande -Natuna, puis, avant d'en
sortir, il coupe, à quelques minutes au midi de l'Equateur, la
pointe S.-E. de l'île Lingin et rase au S.-E. l'île Pulo-Sinkop. Il
aborde ensuite l'île de Sumatra, où il passe au grand volcan d<*
Gunong-Dempo, dont la base est entourée, d'après M. Léopold de
Buch, de sources chaudes accompagnées d'autres manifestations
extérieures «h's feux souterrains. Ce volcan, élevé, dit-on. «le
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 183
3,658 mètres et situé presque exactement aux antipodes du Nœud
de los Robles et des volcans de Sotara et de Puracé, fait partie
de la guirlande des îles de la Sonde, que notre cercle ne fait que
traverser, de même qu'il n'a fait que traverser la grande Cordillère
américaine.
Sortant de Sumatra, à i5 minutes ou 28 kilomètres au N.-O.
du port célèbre de Bencoolen, le dodécaédrique rhomboïdal poursuit
son cours à travers l'océan Indien, l'océan Austral et l'océan Atlan-
tique méridional, sans y toucher aucune terre, et va aborder l'Amé-
rique méridionale par la côte du Brésil, où nous avons commencé
à le suivre.
Ce grand cercle contient deux arcs terrestres d'une certaine
étendue, l'un dans l'Amérique du Sud et l'autre dans l'Amérique
du Nord, et d'autres de moindre importance dans le Veragua, le
Guatemala, le Yucatan, l'Ile de Niphon, Sumatra, le tout formant
une somme d'environ 88 degrés; cette somme n'est que peu infé-
rieure à la moyenne des valeurs trouvées pour les autres grands
cercles principaux que nous avons étudiés ; mais elle n'est guère
que les \- de la somme des arcs terrestres du dodécaédrique rhom-
boïdal de l'Etna, qui représente le système de l'axe volcanique de la
Méditerranée.
Celui qui vient de nous faire faire le périple presque complet
de l'océan Pacifique a l'heureuse chance de traverser des contrées
dont, grâce à M. de Humboldt et à MM. les hydrographes des
diverses nations maritimes, nous possédons d'excellentes cartes.
Nous avons pu y constater que son cours est jalonné avec une
étonnante précision, même dans des localités dont le nom était
naguère encore très-peu connu. 11 s'adapte en même temps d'une
manière non moins remarquable aux configurations géographiques
générales.
Il est du nombre de ceux qui donnent deux hémisphères extrê-
mement inégaux sous le rapport de la répartition des terres et des
mers. Il sépare, comme on l'a dit ailleurs, la partie la plus continen-
18/i RAPPORT SUR LES PROGRÈS
taie du globe terrestre dans sa partie la plus maritime, en suivant,
depuis la Bolivie jusqu'à Sumatra, sur une longueur de plus de
200 degrés, le bord de l'océan Pacifique, qui est sur le globe une
ligne droite profondément festonnée. Il forme en même temps l'axe
de la longue traînée volcanique des Andes et du Japon.
J'ai déjà donné différents détails sur ses rencontres avec certains
points ou lignes volcaniques; quelques remarques complémen-
taires trouveront ici leur place naturelle.
A partir du volcan de l'île Babuyan, au nord de Luçon, la bande
volcanique des Philippines et des Moluques, dans laquelle M. Léo-
pold de Buch énumère dix-sept volcans1, se sépare largement de
notre cercle. Elle s'étend jusqu'à l'île de Gilolo, dans les parages
de laquelle elle se rattache à la bande des îles de la Sonde que
notre cercle coupe au Gunong-Dempo et dans laquelle M. de Buch
compte quarante -huit volcans, y compris tous ceux de Java et
celui de l'île Baren, près des Adamans, dans le golfe de Bengale.
Des Moluques part encore une troisième bande volcanique qui ,
par la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Bretagne, s'étend jusqu'au
volcan de Tanna, dont les scories ponceuses sont rejetées sur les
plages de nos établissements de la Nouvelle-Calédonie, et jusqu'au
petit volcan Mathew, situé un peu plus loin vers le sud, sur le pri-
mitif de Cuba et du cap Sandy (où la mention en a été oubliée),
et qui forme le onzième volcan de cette série.
Ces trois guirlandes, curvilignes en apparence, mais qui, comme
celles des îles Aleutiennes, se décomposent, par un examen attentif,
en éléments rectilignes, ont leur nœud à la jonction des archi-
pels de la Sonde et des Moluques, non loin du point b de Gilolo
déjà mentionné précédemment. Leur réunion donne lieu à une
ligure quelque peu analogue à ces trois jambes assemblées en tré-
pied dont on a fait le symbole de la Sicile (Trinacria). Elles sont
de longe ur fort inégales et les volcans de Babuyan, Baren et Ma-
1 Description pln/sit/iic (1rs tics C.tiiimies , etc. [). 4B«.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 185
thew en sont les extrémités. M. Léopold de Buch, dans son inté-
ressante carte, ne figure complètement que les deux premières,
qui, considérées à part, représentent un crochet ou un hameçon
recourbé autour de la partie S.-E. du continent asiatique, dont,
suivant 1 ingénieuse remarque de l'illustre géologue, il marque
la limite souterraine.
La troisième branche, en se dirigeant vers l'ile Ma thew, se re-
courbe elle-même autour du continent australien et de ses annexes;
car toute cette configuration, quelque bizarre qu'elle paraisse au
premier abord, trouve sa raison d'être dans la disposition générale
des terres de ces parages, et se rattache aussi d'une manière géné-
rale à l'agencement des cercles du réseau pentagonal.
En effet, la zone volcanique en forme de crochet, composée
des deux premières guirlandes, par cela même qu'elle se recourbe
autour des pointes de l'Asie, se recourbe en même temps autour du
point H de la mer de la Chine, et la troisième guirlande, la plus
longue de toutes, qui part des environs du point b de Gilolo,
oscille dans ses inflexions autour de la direction du dodécaédrique
régulier du Sénégal et de la iSouvelle-Guinée, et semble rayonner du
point H de la mer de la Chine, où passe ce grand cercle. Elle se
dirige vers le point H de l'Amérique méridionale, antipode du pre-
mier, où le même cercle passe également; mais elle est bien loin
de l'atteindre, car elle s'étend seulement jusqu'à 65 degrés du pre-
mier point H, tandis que l'intervalle qui le sépare de son homo-
logue est de 180 degrés.
Cette considération nous ramène cependant au point H des plaines
du Béni, et nous conduit à remarquer que les évents volcaniques
qui Favoisinent présentent, par rapport à lui, une disposition sus-
ceptible d'être comparée à celle que nous venons d'observer autour
du point H de la mer de la Chine.
Pour le comprendre, il suffit de remarquer que quatre lignes
volcaniques, formées de volcans moins nombreux mais plus grands
que ceux de l'Indo-Chine. se dessinent dans les Andes de l'Ame-
186 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
rique méridionale : celle du Nœud de los Pastos, au S.-O. de Po-
payan, composée de quatre volcans, Tuquères, Azufral, Guinbai,
Cliiles, dont la direction est vers le N.-E. un peu N. et qui peut
être censée continuée, en se recourbant à l'E., par la Cordillère
littorale de Venezuela, célèbre par les ravages qu'y exercent les
tremblements de terre; celle de Quito, où M. Léopold de Buch
énumère neuf volcans, et dont la direction est N. un peu E. ; celle
de la Bolivie, où l'illustre géologue énumère dix volcans, et dont la
direction est N.-O. un peu N.; enfin celle du Chili, où le même
savant compte vingt-quatre volcans, et où la direction est S. un
peu 0
Les trois premières lignes se dirigent de manière à passer loin
du point H des plaines du Béni; suffisamment prolongées, elles
forment une portion de polygone qui tourne sa concavité vers ce
point et représente un segment de couronne dont il occuperait
l'intérieur. On pourrait considérer cette couronne comme entou-
rant le grand massif de roches primitives du Brésil et de la Guyane,
de même que son analogue entoure celui de l'Indo-Chine.
La quatrième ligne, au contraire, se dirige très-approximative-
ment suivant un rayon partant du point H. D'après M. Pissis,
comme on l'a dit ci-dessus page 26, la direction du système chilien
auquel se rapporteraient les volcans est la même que celle de la
chaîne principale des Andes da Chili et de la Cordillère occidentale du
Chili, qui l'une et l'autre sont parallèles au primitif du Groenland
et du Chili. Or ce cercle passe par le point H du Béni et par son
antipode le point H de la mer de la Chine. Dans l'un et l'autre
point, il divise en deux parties égales, de /i5 degrés chacune, l'angle
droit qu'y forment les deux dodécaédriquei rkomboidanx qui s'a-
daptent aux systèmes volcaniques de la Méditerranée et du Paci-
fique.
On peut donc considérer la ligne des volcans du Chili comme
rayonnant du point H du Béni pour se diriger vers le point H de
la mer de la Chine, en obéissant aux lois signalées depuis long-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 187
temps, dans un travail spécial, par M. Ch. Sainte-Claire Deville r.
Seulement cette ligne suit une voie différente de celle que prend
la troisième des lignes volcaniques de l'Indo-Ghine, pour se diriger
du point H de la mer de la Chine vers le point H du Béni, de
sorte qu'elles ne marchent pas directement à la rencontre l'une de
l'autre.
Telles sont les analogies et les différences que présentent ces
deux points principaux du réseau pentagonal dans leurs rapports
avec les foyers volcaniques qui les avoisinent. Ils sont comme les
deux pôles ou les deux têtes de la zone de volcans qui entoure,
vers l'est, le nord et l'ouest, l'océan Pacifique. Chacun d'eux est
ceint, du côté opposé à la masse principale des terres, par un seg-
ment de couronne volcanique, et chacun d'eux a projeté dans une
direction excentrique un immense appendice , la ligne circum-
australienne et la ligne chilienne, qui contribuent à limiter vers le
sud le plus vaste océan du globe. Ce sont comme deux bras iné-
galement ouverts qui tendraient à le resserrer, mais qui sont trop
courts pour l'embrasser.
La demi -circonférence de notre dodécaédrique rhomboïdal, qui
s'étend, par le nord, du point H du Béni, tête américaine de la
zone volcanique, au point H de la mer de la Chine, qui en est la
tête asiatique, peut être considérée comme l'axe de la zone entière
et mérite d'être appelée l'axe volcanique du Pacifique.
Les lignes partielles dont cette zone se compose ont déjà été énu-
rnérées pour la plupart. Il en est cependant quelques-unes qui
restent encore à mentionner. Telle est la ligne des volcans mexi-
cains, au nombre de cinq, qui s'étend des îles de Ra villa gigedo
au volcan du Tuxtla, situé au S.-E. de la Vera-Cruz, à une mé-
diocre distance de notre dodécaédrique rhomboïdal qui traverse le
Yucatan.
Telle est encore la ligne ou guirlande des petites Antilles, où
1 Remarques relatives à une observa- du navire la Félicie. (Comptes rendus.
tion de tremblement dp terre faite à bord I. LUI, 1086. séance du 10 déc. 1861.)
188 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
M. de Buch énumère dix volcans. Cette petite zone volcanique
paraît d'abord isolée, mais on peut la considérer comme liée à la
zone principale par la Cordillère de Venezuela et par la chaîne
des grandes Antilles, dirigées à peu près de l'ouest à l'est, au sud
et au nord de la mer des Antilles, chaînes qui, sans présenter de
volcans, laissent éclater la puissance des feux souterrains par la
violence des tremblements de terre qui les ravagent fréquemment.
La dernière est dans la prolongation de la ligne mexicaine, tandis
que la première se rattache aux volcans du Nœud de los Robles
et aux volcans isolés du Rio-Fragua et de Tolima, en Colombie.
On peut rattacher encore à la zone circumpacifique le volcan
de Narborough dans les îles Galapagos et quelques autres.
La liste paraissait arrêtée, il y a quelques années, à deux cent
soixante-deux volcans, mais on en a encore signalé d'autres depuis
lors. Toujours est-il certain que, sur les trois cents volcans environ
qui sont connus sur la surface du globe, plus des y appartiennent
à la zone circumpacifique, qui a pour axe notre dodécaédriqne rhom-
boïdal.
Ceux de ces volcans qui entourent les deux têtes H de la zone
ou qui rayonnent de ces points sont situés, pour la plupart, sur
le côté du dodécaédriqne rhomboïdal qui regarde l'océan Pacifique ;
les autres sont répartis des deux côtés de ce même cercle en nombre
presque égal.
Ces volcans, comme on l'a déjà remarqué plus haut, sont sou-
vent disposés en guirlandes qui paraissent curvilignes, mais qui,
étudiées sur des cartes d'une précision suffisante, se résolvent en
éléments rectilignes parallèles aux directions des systèmes strati-
graphiques des contrées qu'elles traversent : ce qui confirme la
remarque déjà consignée ci-dessus page 37, que les volcans se sont
alignés entre eux suivant les directions de systèmes préexistants1.
Aucune, peut-être, de ces directions n'est parallèle au dôdécaédrtque
1 Notice sur 1rs si/slci/irs tir luontnipicx . p. 7O1 H sui\.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 189
rhomboïdal, mais la dépendance dans laquelle les lignes volcaniques
se trouvent par rapport à ce cercle se manifeste par le fait que cer-
tains volcans se trouvent placés sur son cours même ou très-près
de son cours, comme on l'a vu pour le Sotara, le Fusi-no-1 ama ,
le Gunong-Dembo; par cet autre fait, plus fréquent encore, que
certaines lignes volcaniques viennent s'y arrêter plus ou moins
exactement, comme on l'a vu pour les lignes de Guatemala, du
Mexique, des îles Aleutiennes, etc., et enfin par les rapports signalés
plus haut entre la configuration totale de l'ensemble et la demi-
circonférence de ce cercle qui joint, par le nord, le point H des
plaines du Béni au point H de la mer de la Chine.
Mais cette ébauche demeurerait incomplète si on n'y ajoutait
quelques mots sur les volcans qui restent en dehors de la zone
circumpacifique.
Les points H des plaines du Béni et de la mer de la Chine sont
les pôles du primitif de l'Etna dont on s'est servi pour installer le
réseau pentagonal, en le faisant passer par l'Etna et par le Mouna-
Boua, situé dans l'île Hawaii, l'une des Sandwich. Ce grand cercle
passe aussi très-près des volcans de la terre Victoria, dans les ré-
gions polaires antarctiques, le mont Erèbe et le mont Terror.
H passe de même à une médiocre distance du volcan de l'île de
JeanMayen, dans la mer Glaciale arctique, volcan qui est considéré
comme le terme extrême de la bande volcanique de l'Islande, dont
l'Hécla fait partie; ce qui rattache assez naturellement la ligne des
volcans de l'Islande au primitif de l'Etna.
Dans la Méditerranée , le primitif de l'Etna , comme on l'a dit
précédemment, rase le pied du Vésuve et traverse le groupe des
îles Eoliennes en passant à de faibles distances de Stromboli et de
\ ulcano. Ces trois volcans en sont beaucoup plus voisins qu'ils ne
le sont de l'axe volcanique de la Méditerranée, ce qui donnerait
naturellement l'idée de les rattacher au primitif.
L'axe du système volcanique de la Méditerranée , compris dans
le dodécaédrique rhomboïdal qui en porte le nom, passe à l'Etna et
190 H IPPORT Si; H LES PROGRÈS
s'étend de pari et d'autre à 'Ao degrés environ de distance, d'un
côté jusqu'au pic de Ténérifîe et de l'antre jusqu'au pic de Dema-
vend. H est placé en marteau ou en potence sur le primitif de l'Etna .
auquel il est perpendiculaire. Cette disposition pourrait être con-
sidérée comme établissant entre l'axe volcanique de la Méditerra-
née et le primitif de l'Etna une relation au moins aussi intime que
celle d'après laquelle nous y avons rattaché la ligne volcanique de
l'Islande, qui vient simplement s'y terminer.
La relation paraît d'autant plus intime que, relativement aux
volcans dépendant du primitif de l'Etna, l'axe volcanique de la
Méditerranée joue le rôle d'une ligne terminale, car, dans toute
l'Afrique et jusqu'au mont Érèbe, situé au delà du pôle antarctique,
on ne connaît aucun volcan sur ce grand cercle ou dans son voi-
sinage. On doit d'ailleurs être d'autant plus porté à regarder tout
le système volcanique de la Méditerranée comme lié au primitif de
l'Etna que, sans cela, on aurait à résoudre la question, posée ci-
dessus, de savoir si le Vésuve, Stromboli, Vulcano et l'Etna lui-
même se rattachent plutôt à l'axe volcanique de la Méditerranée
qu au primitif de l'Etna, Or cette question ne pourrait être que fort
épineuse, et l'absence de tout indice sur le sens dans lequel elle
devrait être résolue est un argument en faveur de l'idée que les
deux cercles se rattachent à un seul et même système volcanique.
D'un autre côté, la zone volcanique circumpacifique est placée
elle-même en marteau ou en potence sur le primitif de l'Etna. Elle
lui est perpendiculaire, et elle s'étend de part et d'autre, non plus,
à la vérité, de 3o degrés seulement, mais de 90 degrés, d'un côlé
jusqu'au point H des plaines du Béni, de l'autre jusqu'au point H
de la mer de la Chine.
Sauf la longueur de l'axe et le nombre des volcans, la disposition
est tout à fait analogue, et il parait d'autant plus naturel de regar-
der comme faisant partie d'un tout unique ces diverses lignes de
volcans également actifs, ajustées les unes aux autres d'une ma-
nière similaire, «pie, relativement ;m\ \olcans de la zone du Pari-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 191
fique, ceux qui sont liés au primitif de l'Etna et ceux du système
de la Méditerranée ne forment, au total, qu'un faible appoint de
moins dun cinquième.
Telles sont les considérations qui, ainsi qu'on l'a rappelé pré-
cédemment page 27, ont porté l'auteur de la Notice sur les systèmes
de montagnes l à regarder comme ne formant qu'un seul système
volcanique tous les volcans qui se rattachent aux trois cercles tri-
rectangulaires : primitif de l'Etna (système du Tenare), dodécaédrique
rliomboïdal de ïEtna (axe volcanique de la Méditerranée) et dodécaé-
drique rhomboïdal de la grande traînée volcanique des Andes et du
Japon (axe volcanique du Pacifique). En fait, les trois cercles qui
composent l'assemblage trirectangulaire dont nous venons de nous
occuper sont distincts, et il était naturel de commencer par les
séparer; mais, en remarquant qu'ils sont perpendiculaires entre eux,
on a constaté entre eux un lien étroit qui rend plus naturel encore
de les réunir.
Ce système trirectangulaire, formé par un grand cercle primitif
et par deux dodécaédriques rhomboïdaux, ne doit pas être confondu
avec les systèmes trirectangulaires, au nombre de cinq, qui sont
formés chacun par trois primitifs. Chaque primitif est coupé per-
pendiculairement, à des distances de 90 degrés, par deux dodé-
caédriques rhomboïdaux, qui forment avec lui un assemblage trirec-
tangulaire. Chaque système trirectangulaire de trois primitifs réunit
trois de ces assemblages trirectangulaires mixtes, et le réseau entier
en renferme quinze, dans lesquels sont employés les trente dodé-
caédriques rhomboïdaux. C'est l'un de ces quinze assemblages trirec-
tangulaires mixtes qui joue, par rapport aux volcans, le rôle spécial
qui vient d'être signalé. Le réseau pentagonal renferme beaucoup
d'autres assemblages trirectangulaires, formés de cercles de diffé-
rentes espèces, et leur rôle géologique mériterait d'être étudié.
Toutes les relations de position qui viennent d'être signalées se
192 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
voient sommairement sur le globe publié par M. Bertrand, a\er
le réseau pentagonal tracé par M. Laugel; mais, comme une
simple feuille de papier est toujours plus facile à manier qu'une
sphère, on les saisirait peut-être mieux encore sur un planisphère
qu'on dresserait en prenant pour équateur le dodécaédrique rhom-
boïdal, axe volcanique du Pacifique, et pour méridiens les perpen-
diculaires à ce cercle; on pourrait employer la projection de Cas-
sini ou quelque projection basée sur les mêmes principes, ce qui
permettrait d'embrasser une zone beaucoup plus large et d'y com-
prendre même les volcans de l'Islande et de la Méditerranée, car,
ayant surtout à considérer des points assez peu éloignés de deux
grands cercles perpendiculaires entre eux, on pourrait éviter les
principaux inconvénients de ces projections. Pour comprendre
même les vastes appendices divergents dont il a été question pré-
cédemment, on aurait à considérer cinq grandes bandes dont les
lignes médianes seraient placées sur le papier dans les positions
convenables, et à chacune desquelles on appliquerait séparément
la projection des cartes plates ou celle de Gassini. Ce serait un
procédé représentatif, sinon rigoureusement exact, du moins com-
mode à beaucoup d'égards.
Sur ce planisphère, on réunirait les cartes, publiées séparément
par M. de Buch, des différentes lignes ou guirlandes volcaniques,
cartes qui, rapprochées de manière à former un ensemble, s'éclai-
reraient les unes les autres.
L'assemblage de lignes volcaniques figuré sur ce planisphère au-
rait un aspect assez différent de celui, d'un système de montagnes
ordinaire, composé, en principe, d'une série de chaînons de mon-
tagnes parallèles à un même grand cercle de la sphère. Gela sem-
blerait indiquer que l'avènement de la volcanicité , sous sa forme
actuelle, n'a pas été un événement complètement comparable au
soulèvement d'un système de montagnes tel que ceux de la Gôte-
d'Or ou des Pyrénées, et cette différence pourrait ne pas sembler
(I un bon augure pour l'avenir de notre planète.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 193
Mais le développement de ce point de vue, esquissé plus d'une
fois dans les leçons du Collège de France et de l'Ecole des mines,
sortirait de la forme purement géométrique de ce Rapport sur les
progrès de la Stratigraphie.
En y rentrant immédiatement, nous aurons à nous demander
comment on devra classer les volcans qu'on ne pourrait rattacher
à aucune de ces grandes zones qui les comprennent presque tous.
Mais d'abord, au système de l'axe volcanique de la Méditerranée,
on pourrait rattacher, à cause de leur voisinage des Canaries, les
volcans des Açores et ceux des îles du cap Vert. Il ne resterait
alors, en dehors du grand système trirectangulaire et de ses appen-
dices, que les volcans de l'Asie centrale, ceux des îles Marianes, le
volcan de la Réunion, et un petit nombre d'autres, parmi lesquels
on ne doit pas oublier le volcan sous-marin, objet des recherches
persévérantes de M. Daussy, situé dans l'océan Atlantique, près de
l'équateur, par 2 20 12' environ de longitude occidentale et o°5o'
de latitude méridionale. Or il ne faut peut-être rien préjuger
d'avance sur les relations que des observations ultérieures pour-
ront révéler, car, lorsqu'on voit le volcan de l'île Baren et celui de
l'île Mathew se rattacher aussi naturellement qu'ils le font au
point H de la mer de la Chine, on doit concevoir une idée formi-
dable de la puissance de la nature pour propager au loin les effets
d'une grande commotion volcanique.
On comprend, du reste, que des questions de ce genre ne sont
pas susceptibles d'être traitées, quant à présent, avec autant
de rigueur que celle de savoir si tel ou tel cercle de la sphère
géologique passe plus ou moins exactement par des points déter-
minés.
Les remarques qui viennent d'être présentées sur les gisements
des évents volcaniques actuellement en activité ont paru néces-
saires pour compléter et expliquer ce qui a été dit au sujet des
volcans, à la fin de la première partie de ce Rapport, page 26 et
suivantes. Peut-être auront- elles ajouté quelque intérêt aux mo-
Stratigraphie. 1 3
194 RAPPORT SUR LES PROGRES
nographies des deux dodécaédriques rkomboïdaux auxquelles elles
se rattachent, mais elles ont eu l'inconvénient de les allonger con-
sidérablement.
Les monographies des vingt-huit autres dodécaédriques rkomboï-
daux ne donneraient pas lieu à des digressions aussi étendues. Elles
auraient beaucoup de ressemblance avec celles qui ont été données
précédemment des trente et un premiers grands cercles principaux
du réseau pentagonal, car il a été constaté que ces vingt-huit
cercles s'adaptent avec la même précision que les précédents aux
accidents orographiques et géologiques de l'écorce terrestre. Cha-
cune d'elles conduirait à conclure que le cercle auquel elle se rap-
porterait s'adapte d'une manière générale à certaines configurations
géographiques et passe avec précision par un certain nombre de
points définis. Par conséquent, elles ne changeraient rien d'essen-
tiel aux conclusions établies précédemment, et je crois qu'il y aura
peu d'inconvénients à les omettre.
Je préfère les remplacer par les monographies de quelques
autres cercles appartenant à d'autres classes, avec lesquelles il peut
être opportun de familiariser le lecteur.
LES TRENTE BISSECTEURS IH DES ANGLES DE 6o°.
Les grands cercles auxiliaires auxquels il est nécessaire d'avoir
recours, comme on l'a dit précédemment page kk , pour représenter
les différents systèmes de montagnes, appartiennent à diverses ca-
tégories, dans chacune desquelles ils sont au nombre de trente
ou de soixante, suivant que leurs pôles sont placés sur les grands
cercles primitifs du réseau pentagonal ou en dehors de ces cercles.
Les différents cercles auxiliaires sont loin d'avoir tous des rela-
tions également symétriques avec les grands cercles principaux du
réseau.
L'une des catégories les plus favorisées à cet égard est celle des
trente hexatétraédriques , conjugués aux octaédriqucs, appelés aussi
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 195
bissecteurs IH des angles de 6o°. M. Elie de Beaumont leur a con-
sacré une section spéciale dans le tableau des données numériques
qui fixent cent cinquante-neuf cercles du réseau pentagonal. Ces
cercles y sont divisés en cinq groupes, suivant le système trirectan-
gulaire auquel ils appartiennent. D'après les chiffres du tableau, on
peut aisément construire chacun deux sur toute la surface du globe.
Les bissecteurs IH passent aux vingt points I, centres des vingt
triangles équilatéraux. base essentielle du réseau pentagonal. En
chaque point I passent trois de ces cercles qui divisent en deux par-
ties égales chacun des trois angles de 6o° qu'y forment les grands
cercles primitifs ; de là, leur nom de bissecteurs des angles de 6o°.
Passant aux points I, pôles des icosaédriques ou octaédriques , ces
bissecteurs sont nécessairement perpendiculaires aux octaédriques;
ils les coupent aux points H équidistants des points a où les octaé-
driques coupent perpendiculairement les primitifs. C'est ce qui les
fait désigner par la notation IH.
Par chacun des dix diamètres de la sphère qui aboutissent aux
points I, opposés deux à deux, passent trois bissecteurs IH, ce qui
en donne trente, et par chacun des diamètres qui aboutissent aux
points H, opposés deux à deux, passent deux bissecteurs IH, qui,
en H, coupent perpendiculairement les octaédriques qui y passent
eux-mêmes, ce qui reproduit encore le nombre trente.
Les bissecteurs IH ont pour pôles les soixante points a, pris
deux à deux, ce qui donne de nouveau le nombre trente.
Sans pousser plus loin l'étude faite ailleurs des relations de ces
cercles1, on conçoit qu'elles sont très-symétriques, et on peut le
voir dans le réseau tracé par M. Laugel sur le globe publié par
M. P. Bertrand. Les bissecteurs IH y sont tous tracés. Ce sont des
cercles privilégiés, et la nature les a favorisés presque à l'égal des
grands cercles principaux, en multipliant sur leur cours les points
définissables.
1 \ntue sur tes systèmes (te montagnes, p. 1009.
i3.
196 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Je vais en donner un exemple.
Un bissecteur IH a pour pôles le point a situé au nord de l'Hy-
malaya oriental dans le Thibet du milieu et son antipode le point a
situé dans l'océan Pacifique à l'ouest des côtes du Chili.
Ce grand cercle aborde le continent de l'Amérique septentrionale
par l'entrée du détroit de Juan-de-Fuca, au nord de la Californie.
Tracé sur la belle carte publiée en 1862 , au dépôt des cartes
et plans de la marine, d'après les travaux américains et anglais
les plus récents, il rase, à deux minutes environ, 3 ou h kilomètres
de distance, le cap Classet ou Flattery, qui ferme au sud le détroit.
Il laisse un peu au large l'écueil que les vaisseaux doivent éviter,
et il passe presque au contact de l'îlot sur lequel s'élève, en avant du
cap, un phare à feu fixe (car il y a aujourd'hui des phares sur ces
côtes) , point qui sans doute a dû être bien placé sur les cartes.
Au delà du détroit de Juan-de-Fuca, notre cercle pénètre dans
l'île de Vancouver par le port Saint-Jean, et plus loin il entre sur
la terre ferme en côtoyant de très-près, sur une certaine étendue,
la rive méridionale de la rivière Fraser, à laquelle des essais de
lavage d'or ont donné, il y a peu d'années, un commencement de
célébrité.
11 traverse ensuite des régions sans topographie certaine, où il
rase l'extrémité septentrionale du grand lac Winnepeg et par les-
quelles il arrive à la baie d'Hudson.
Tracé sur les cartes de Y Hydrographical Office1 , il entre dans cette
mer intérieure en franchissant à son embouchure la rivière Sa-
vern, et il en sort en coupant la plus méridionale des petites îles
Rocky. Traversant alors le Labrador, où on manque d'éléments
pour le suivre, il en sort par le cap Table-Head, situé au nord de
la baie du Château, à l'entrée du détroit de Belle-Ile qui sépare le
Labrador de l'île de Terre-Neuve, et il coupe dans le milieu tic ce
détroit la petite île de Belle-Ile qui lui donne son nom.
1 Norllt Atlutitic. Océan, en deux feuilles. i85o.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 197
11 sort ainsi de l'Amérique septentrionale aussi heureusement
qu'il y avait pénétré, car les entrées du détroit de Belle-Ile et du
détroit de Juan-de-Fuca sont deux des points les plus caractérisés
de la côte orientale et de la côte occidentale de ce continent.
Laissant au sud le banc de Terre-Neuve et rasant celui qu'on
appelle le Bonnet-Flamand, notre bissecteur atteint bientôt dans
l'océan Atlantique le point H, situé au N.-O. des Açores; il y coupe
perpendiculairement Yoctaédrique de Nijney-Tagilsk.
Poursuivant son cours au S.-E. , le même cercle rencontre l'ar-
chipel des Açores qu'il traverse en profitant d'un large canal qui
le divise en deux parties. H laisse au S.-O. les îles de Flores, de
Corvo, de Fayal, de Pico, de San-Jorge, et au N.-E. celles de
Graciosa, de Terceire, de San -Miguel, de Sanla-Maria. La ligne
de Graciosa à Santa-Maria lui est presque exactement parallèle. H
rase à une faible distance, mais sans la toucher, l'extrémité orien-
tale de San-Jorge.
Laissant ensuite au N.-E. Madère et Porto-Santo, il arrive aux
Canaries, où, comme le dodécaédrique rhomboïdal de l'Etna, auquel
cependant il est presque perpendiculaire, il a la chance singulière
de ne rencontrer que l'île principale Ténérift'e, et de la couper à
peu près par le milieu de la face qu'elle lui présente, c'est-à-dire
par le milieu de sa longueur. Tracé sur la belle carte déjà citée
de M. Léopold de Buch, il passe à l'extrémité N.-E. de la montagne
appelée El-Cuchillo, où la crête centrale commence à s'abaisser rapi-
dement vers le N.-E., et il sépare du massif du S.-O. la partie N.-E.
de l'île, au milieu de laquelle se trouve la ville de Laguna, et où le
caractère topographique s'altère sensiblement. Il coupe le dodécaé-
drique rhomboïdal sur la plage S.-E. de l'île, au midi de Candellaria,
en laissant à l'ouest, près de Guimar, le lieu de la grande éruption
de 1706, et, en général, toutes les manifestations extérieures ré-
centes des feux souterrains. Le point d'intersection tombe à en-
viron i5 minutes ou 28 kilomètres à l'E.-N.-E. du pic placé comme
il doit l'être, d'après le relèvement de 1837, distance assez mé-
198 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
diocre en elle-même et justifiée eu quelque sorte par la différence
de caractère des deux parties dans lesquelles il divise l'île entière.
Laissant au S.-O. les îles dePalma, Ferro et Gomera, au N.-E.
celles de Gran-Canaria, Fuerteventura et Lanzarote, notre cercle
divise l'archipel canarien en deux parties à peu près équivalentes,
et, rasant de près l'île de Gran-Canaria, il va aborder le continent
africain par le cap Bojador.
Ce cap se trouve ainsi lié au cap Table-Head du Labrador par
un cercle dont la position se trouve dans un rapport remarquable
avec les saillies du sol sous-marin qui accidentent la surface mo-
notone de l'océan Atlantique.
Notre cercle parcourt ensuite la partie la plus occidentale de
l'Afrique, en coupant le haut Niger, ou Joliba, un peu au-dessous
de la grande inflexion qu'on y figure en aval des villes de Jenne et
de Gatia, et il sort du continent un peu à l'E. du cap Saint-Paul,
pour entrer dans le golfe de Bénin, qui fait partie du golfe de
Guinée.
Traversant le golfe de Guinée entre les îles de Saint-Thomas et
d'Annobon, il rentre sur le continent africain entre Novo-Redondo
et Benguela , et va passer au point I situé près des bords de la
rivière Orange, où il divise en deux parties égales l'angle de 6o°
qu'y forment le primitif de l'Etna et le primitif de la Floride et de
later re d'Arnhem.
Sortant ensuite de l'Afrique par la côte de Natal, il va, à travers
le grand océan Austral, joindre le point H situé près de l'angle S.-O.
de la terre de Van-Diemen, où il coupe de nouveau à angle droit
Yoctaédrique de Nijney-Tagilsk.
La carte de M. Vincendon-Dumoulin permet de constater que
notre bissecteur s'adapte avec beaucoup de précision à la topogra-
phie de cette grande île. 11 y entre par le fond de la baie com-
prise entre le mont Witt et le cap Rocky, côtoie diverses parties
des rivières principales, passe au lac Sorell et à la montagne, sans
doute proéminente et arrondie, que les colons anglais ont nommée
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 199
le Dôme de Saint-Paul, et sort enfin de la côte orientale par la
pointe de Sainte-Hélène.
Se développant ensuite dans le Grand Océan, notre cercle laisse
à un degré de distance les derniers récifs qui accompagnent les
pointes S.-E. de la Nouvelle-Calédonie, et rase à une distance mi-
nime le récif Durand, qui termine au S.-E. la chaîne des îles Loyalty,
puis, entre 8 et 9 degrés de latitude sud, le petit groupe des îles
Ellice, groupe circulaire et très-bas, probablement d'origine madré-
porique. Il arrive ainsi aux îles Sandwich ou Hawaii.
Il traverse cet archipel comme celui des Açores, car tel est,
parait-il, son caractère, sans toucher aucune des îles qui le com-
posent. Il suit le large canal qui sépare File Atooi de l'île Woahoo,
où se trouve le port de Honorurou ou Honolulu, résidence du
roi et lieu de réunion du parlement.
Passant bientôt après à un point I, antipode de celui de l'Afrique
australe, il va enfin rejoindre, à l'entrée du détroit de Juan-de-
Fuca, le phare à feu fixe du cap Flattery, où nous avons commencé
à le suivre.
Ce grand cercle contient dans l'Amérique septentionale et en
Afrique des arcs terrestres assez étendus , et un autre beaucoup
plus court à la terre de Van-Diemen , formant une somme totale
de 96 degrés environ. Ce n'est guère plus que le quart de sa cir-
conférence, ce qui serait à peu près la moyenne normale.
Tous ces arcs terrestres, excepté celui de la terre de Van-Die-
men, sont situés dans des contrées où il est impossible de suivre
notre cercle. Ce qui le distingue, c'est la précision des repères qu'il
rencontre dans les parages dont on possède de bonnes cartes ma-
rines, phare du cap Flattery, cap et île du détroit de Belle-Ile,
cap Bojador, pointe de Sainte-Hélène, récif Durand, îles Ellice. 11
faut remarquer aussi l'allure particulière avec laquelle il traverse
les archipels volcaniques des Açores, des Canaries et des Sandwich.
On peut remarquer cependant que ce cercle ne paraît s'harmo-
niser avec aucune configuration géographique un peu générale, et
200 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
qu'il ne passe par aucune ville de quelque importance. Ce sout pour
lui des signes d'une infériorité relative, par rapport à beaucoup des
cercles précédents, qui occupent à la vérité un rang plus élevé que
lui dans la hiérarchie pentagonale.
On peut douter aussi qu'il représente aucun système de mon-
tagnes, et on peut croire que les rencontres précises qu'il fait dans
son cours sont dues à de simples relations de symétrie , fait dont
on a cité plus haut des exemples, même parmi les grands cercles
principaux.
Nous aurions à étudier maintenant les vingt-neuf autres bissec-
teurs des angles de 6o°.
Ces vingt-neuf cercles sont compris dans le tracé de M. Laugel,
chacun d'eux passant à deux points I et à deux points H. Ils ont été
compris au nombre des douze rayons de ceux de ces points prin-
cipaux], en assez grand nombre, qui ont été placés sur dûTérentes
cartes.
Ces deux séries de documents montrent que les cercles dont il
s'agit, ou du. moins la plupart d'entre eux, s'adaptent avec beau-
coup de précision aux accidents orographiques et géologiques des
contrées qu'ils traversent. Leurs monographies présenteraient donc
le même caractère que les précédentes et conduiraient à des con-
clusions analogues.
Il sera toujours facile d'écrire et de publier ces monographies,
mais il ne me paraît pas nécessaire de les introduire dans ce Rap-
port, qui ne doit être qu'un résumé, et je suis d'autant plus auto-
risé à me contenter de les indiquer que, restant toujours à dis-
tance des petits pentagones formés par les octaédriques , aucun des
bissecteurs IH ne traverse les parties centrales et occidentales de
l'Europe; je préfère passer à des cercles appartenant à d'autres
classes.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 201
LES TRENTE BISSECTEURS DH DES ANGLES DE 36°.
Les grands cercles auxiliaires qui divisent en deux parties égales
de 18 degrés chacune les angles de 36° que forment aux points D,
centres des douze pentagones du réseau pentagonal, les grands
cercles primitifs du réseau, ne le cèdent en rien aux précédents.
Ils sont nécessairement perpendiculaires aux dodécaédriques ré-
guliers, dont les points D sont les pôles, et ils les coupent aux
points H, équidistants des points b, où ces mêmes cercles coupent
perpendiculairement les 'primitifs, ce qui conduit à les désigner
par la notation DH. Ils y" coupent perpendiculairement les dodé-
caédriques réguliers. A chacun des six diamètres de la sphère qui
aboutissent aux douze points D pris deux à deux, correspondent
cinq bissecteurs DH des angles de 36°, ce qui en donne trente
en tout.
A chacun des quinze diamètres qui aboutissent aux trente
points H pris deux à deux se rapportent deux de ces mêmes bis-
secteurs, ce qui reproduit le nombre trente.
Les bissecteurs DH ont pour pôles les soixante points b pris deux
à deux, ce qui donne de nouveau le nombre trente.
Passant aux points H, ces cercles appartiennent à la classe des
hexatétraédriques , et ils produisent cinq hexatétraèdres conjugués
aux dodécaèdres réguliers, et dont les angles sont tels que les do-
décaèdres pentagonaux qui en dérivent sont eux-mêmes réguliers.
Ils sont classés conformément à cette relation dans la quatrième
section du tableau des données numériques qui fixent sur la sur-
face du globe cent cinquante-neuf cercles du réseau pentagonal1.
L explication de ce tableau et la Notice sur les systèmes de montagnes
font connaître en détail les conditions très-particulières de symé-
trie que les trente bissecteurs des angles de 36° remplissent dans
1 Comptes rendus, t. LVII. p. îai, et Notice sur les systèmes de montagnes, p. 1007.
202 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
l'ordonnance générale du réseau. Ils sont tous compris dans le
tracé de M. Laugel.
Ce sont encore des cercles privilégiés que la nature a particu-
lièrement favorisés en multipliant sur leur cours les points définis-
sables. Je vais en citer des exemples.
Un bissecteur DH a pour pôles le point b qui tombe dans
l'océan Indien, au S. E. de l'île de Diego-Ruys, et son antipode le
point b qui tombe dans l'océan Pacifique, sur les côtes de la Vieille-
Californie.
Ce grand cercle aborde l'Afrique par le cap Rouge ou cap Roxo ,
situé sur la côte de la Sénégambie, à trois degrés environ au sud du
cap Vert. Tracé sur les cartes marines françaises et anglaises de ces
parages, il passe au cap Roxo et coupe la rivière de Cazamance
dans le grand méandre qui précède son embouchure, puis la
Gambie au fort de Jillifree. Il traverse enfin le Sénégal à Guédé
et Mokhtar-Salam , à environ 10 minutes ou 19 kilomètres au-
dessus de Podor, c'est-à-dire vers le point où le fleuve sort de la
région montagneuse pour entrer dans les plaines littorales.
Il traverse ensuite le Sahara occidental et pénètre dans l'empire
du Maroc. Tracé sur la carte déjà citée de M. Emilien Renou, il
coupe la crête de l'Atlas par la haute cime qui domine, au sud,
Alemdin, en passant immédiatement à l'ouest d'un défilé qui lui
est à peu près parallèle. Il laisse à l'O.-lN.-O., à 3k minutes ou
63 kilomètres de distance, la cime dominante de Miltzin. Au nord
de l'Atlas, il passe très-sensiblement par la ville de Todla, et,
après avoir traversé les montagnes situées au S.-E. de Fez, il entre
dans la Méditerranée, près de Nekor.
Il y laisse, à une faible distance à l'E., l'île d'Alboran, formée de
roches d'origine éruptive, et, comme on peut le voir sur la carte
planche V de la Notice, il aborde l'Espagne par le massif du cap de
Gates. De là jusqu'en Catalogne il côtoie le littoral ibérien, sui-
vant la direction assignée par M. Vézian. comme il a été dit ci-
dessus page 9, à l'article du système du nimif Srnj/.
DE LA STRATIGRAPHIE EïST FRANCE. 203
Notre cercle traverse ensuite la France et la Souabe avec beau-
coup de coïncidences précises, sur lesquelles on reviendra plus loin,
et, franchissant le Necker àWimpfen , puis le Mein un peu au-dessous
de Wurtzbourg, il s'étend dans les plaines de trias de la Thuringe.
Il passe à 3 kilomètres au S.-E. de la ville d'Hildburghausen , célèbre
par les pas que d'anciens sauriens ou batraciens ont laissés imprimés
dans le grès bigarré, effleure l'extrémité S.-E. du Thiiringerwald,
où il entame légèrement la grande masse de porphyre micacé figurée
sur la carte de M. Bernard Cotta. Il en sort près du point où cesse
la ceinture de grès rouge, et, suivant la pente nord du Langenberg,
trace à peu près la limite N.-O. des schistes et des grauwackes du
Frankemvald. Il traverse à Durnfeld l'extrémité de la ceinture de
zechstein du Frankenwald, en côtoyant à une très-petite distance
l'affleurement du gypse qui s'y trouve, passe à la proéminence de
muschelkalk du Hebelberg, et arrive enfin au point D, centre du
pentagone européen, situé près de Remda.
Du point D, notre bissecteur, qui divise en deux parties égales
l'angle de 36 degrés formé par les primitifs de la Nouvelle-Zemble
et de Lisbonne, va couper à Blankenhayn la pointe S.-E. de la
protubérance de grès bigarré qui s'élève au milieu des plaines de
muschelkalk. Il s'adapte, près de Naumburg, à une partie du cours
de la Saale, coupe cette rivière, ainsi que l'Elster, à peu de dis-
tance de Merseburg, et franchit l'Elbe au-dessus de Wittenberg,
au coude que forme ce fleuve près du point où il reçoit sur sa rive
droite une autre rivière Elster.
Se développant ensuite dans les plaines sablonneuses du Bran-
deburg, notre cercle coupe la Sprée à 16 kilomètres au-dessus de
Berlin, passe à la protubérance isolée de muschelkalk qui se
montre à une petite distance vers l'E. de cette capitale, traverse
lOder un peu au-dessus du coude qu'il forme près de Frienwald ,
et va entrer dans la mer Baltique près de la lagune de Leba.
Le bissecteur, en se prolongeant , coupe les saillies des côtes de la
Courlande et de l'Esthonie, les parties méridionales des golfes de
204 RAPPORT SUR LES PROGRES
Riga et de Finlande, ainsi que les dépressions qui renferment les
eaux des grands lacs Ladoga et Onega. Il passe à une faible dis-
tance au nord de Saint-Pétersbourg.
Tracé sur la carte géologique de la Russie par sir Roderick
Murchison, notre cercle, après avoir franchi la Dwina à Susskaya
et laissé au nord, dans le pays des Samoyèdes, la partie de la vallée
de la Petchora qui se replie vers l'O.-S.-O., va couper l'Ural un
peu au nord du mont Sablin, où la chaîne s'infléchit vers le N.-E.
pour former les monts Obdores. Il entre ensuite dans les plaines
glacées du nord de la Sibérie, en côtoyant à une certaine distance
la partie méridionale du golfe de l'Obi.
Il est facile de tracer approximativement ce cercle sur une carte
d'Europe, en joignant par une droite le cap de Gates à Saint-
Pétersbourg. En s'adaptant approximativement à la côte S.-E. de
l'Espagne et aux contours festonnés des dépressions remplies par
les eaux depuis la Prusse jusqu'au golfe de l'Obi, il dessine une
des grandes lignes de notre continent.
On manque de détails topographiques pour le suivre dans la
Sibérie, d'où il sort par le golfe où tombe la rivière Soui-Foun
pour aller à travers la mer du Japon couper la grande île de
Niphon, à peu près par son milieu.
Tracé, comme le dodécaédrique rhomboïdal de l'axe volcanique du
Pacifique, sur la carte de M. Klaproth et sur celle de M. Vincendon-
Dumoulin, notre bissecteur entre dans l'île de Niphon par la pres-
qu'île que termine au N.-E. le cap de Susumi-Saki, et il en sort
par celle que termine au sud le cap Sousaki ou Nagatsura. Il se
dirige ensuite vers l'île volcanique de Fatzizio ou Fatsisjo, qu'il
traverse d'après la carte de M. Klaproth, et qu'il laisse à 12 mi-
nutes dans l'O.-S.-O. d'après celle de M. Vincendon-Dumoulin.
Mais le désaccord des deux cartes est surtout manifeste relati-
vement au grand volcan Fusi-no-Yama : sur la carte de M. Kla-
proth, notre bissecteur passe à ih minutes à l'O.-S.-O. du volcan.
et sur relie de M. Vincendon-Dumoulin, il en passe à 5 minutes à
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 205
1E.-N.-E., ce qui établit une différence de 19 minutes ou 35 kilo-
mètres entre les positions du volcan sur les deux cartes; et sur la
première le bissecteur coupe le dodécaédrique rhomboïdal à i h minutes
à ÎO.-S.-O. de la montagne, tandis que sur la seconde l'intersec-
tion tombe à 1 3 minutes au nord. Au milieu de ces contradic-
tions, que des relèvements plus précis du grand pic pourront seuls
faire disparaître, il paraît cependant permis de conclure que le
point de rencontre des deux cercles tombe à moins de i5 mi-
nutes ou 28 kilomètres du Fusi-no-Yama. Ils en construisent la
position avec une certaine approximation , qu'on ne peut cependant
encore apprécier exactement.
Le bissecteur va passer ensuite au point H situé vers la partie
septentrionale du petit archipel des îles Bonin-Sima, et s'avance
dans l'océan Pacifique jusque vers 10 degrés de latitude méri-
dionale , en évitant toutes les petites îles et les récifs de ces parages.
Il rase alors avec la plus grande précision le cap Surville, extré-
mité orientale de l'île de San-Cristoval, la plus orientale elle-
même de l'archipel de Salomon, et il suit une direction exactement
parallèle à celle de deux chaînes d'îlots situées au nord de cette
grande île, en laissant au N.-E. , à une faible distance, l'île des
Contrariétés et l'île de Santa-<4nna, très-petites l'une et l'autre.
Traversant obliquement les îles Loyalty entre l'île Chabrol et l'île
Britannia, et laissant à l'O.-S.-O. la Nouvelle-Calédonie et tous
les récifs qui l'accompagnent, notre cercle se dirige ensuite vers la
Nouvelle-Zélande, dont il détache vers le N.-E. un segment peu
étendu terminé par le cap Wareka-Hoka. H y entre par le cap qui
clôt à l'est la baie d'Abondance , rase le pied sud-ouest de la mon-
tagne la plus élevée de cette partie de l'île septentrionale Ika-na-
Mawi, et en sort en rasant au nord le cap Gamble.
Plus loin, le bissecteur traverse le groupe des îles Chalham. Il y
entre par les deux écueils adjacents à l'îlot appelé le Sesterce,
coupe, suivant l'un de ses axes, 1 île principale, et en sort en
rasant au nord l'île Pitt, formant ainsi l'un des diamètres les plus
->0G RAPPORT SUR LES PROGRÈS
en harmonie avec la disposition des différentes parties de ce petit
archipel.
A partir des îles Chatham, notre cercle traverse les solitudes de
l'océan Austral et va passer à a degrés au S.-O. du cap Horn, en
laissant lui-même au S.-O., mais à une distance beaucoup plus
grande, les îles South-Shetland et les terres australes qui les avoi-
sinent.
Il entre enfin dans l'océan Atlantique méridional en laissant
au N. 0., à 28 minutes de distance, la pointe Fellows, puis le cap
Saint-Jean, extrémité orientale de la Terre des Etats, appendice
de la Terre de Feu, et en côtoyant la partie orientale des îles
Malouines ou Falkland, qui s'en détachent vers le nord-est.
Il s'adapte à ce groupe d'îles avec une grande précision. Cons-
truit sur la belle carte des mers du cap Horn, dressée par M. Vincen-
don-Dumoulin et publiée au dépôt de la marine en 18/1 3, il suit
exactement la côte S.-E. de l'île orientale des Malouines, côte dont
la rectilignité générale donne l'idée d'une troncature. Il laisse au
large l'écueil Mintey, l'île Beauchêne et un îlot voisin de la pointe
Harriett, mais il rase presque rigoureusement le dernier écueil de
la petite chaîne du Lion-derMer et la pointe de Pembroke, qui
est la plus avancée de toutes vers l'est, et à partir de laquelle
notre cercle s'éloigne de la terre.
Il va ensuite à travers l'océan Atlantique, où il ne rencontre
aucune terre, rejoindre sur la côte de Sénégambie le cap Rouge,
où nous avons commencé à le suivre. H est à remarquer que le
bissecteur coupe l'Equateur par ik° 5fi' 3o,Vj7 0., et qu'il passe,
par conséquent, dans les parages où existe le volcan sous-marin
mentionné plus haut.
Ce grand cercle contient, dans l'ancien continent, un arc terrestre
fort étendu, d'environ 1 16 degrés, formant près du tiers de sa cir-
conférence. Malheureusement, une partie des contrées qu'il traverse
sont très-peu connues; mais il dessine une des grandes lignes de
l'Europe; il est du nombre de cens qui traversent l'océan \tlan-
DE.LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 207
tique d'un cap remarquable à un autre qui ne l'est pas moins, et,
dans les parties dont la topographie est bien connue, il rencontre
des points de repère très-précis. En dehors de la France, où nous
le suivrons plus tard, on en peut citer six particulièrement, dont
quelques-uns représentent même des lignes d'une orientation dé-
terminée : le cap Rouge; l'extrémité S.-E. du Thiiringerwald; le
relèvement isolé du muschelkalk, à l'est de Berlin; le cap Surville
avec ses lignes d'îlots; le diamètre de l'archipel Chatham, et le cap
Pembroke des îles Malouines. On n'aurait peut-être jamais remar-
qué, si le bissecteur n'avait mis sur la voie, que ces six points sont
placés en ligne droite, c'est-à-dire sur un grand cercle, et, à ceux
qui seraient tentés de ne voir là qu'un effet du hasard, on pourrait
répondre qu'il ne s'agit pas ici de points quelconques, et que, si le
bissecteur en était légèrement éloigné, par un petit mouvement im-
primé à tout le réseau pentagonal, il ne trouverait pas de points
également remarquables pour les remplacer et serait réduit à des
banalités sans caractère.
La même réflexion pourrait s'appliquer à la plupart des cercles
dont nous avons étudié le cours.
Un second bissecteur des angles de 36° a pour pôles le point b
qui tombe dans l'océan Pacifique, près de l'entrée du golfe de Pa-
nama, et son antipode le point b qui tombe dans l'océan Indien,
près de la côte sud- ouest de Sumatra.
Ce grand cercle aborde le continent de l'Afrique par les embou-
chures du Niger, et, après avoir remonté, dans une certaine éten-
due, la vallée de ce grand fleuve, il traverse le Soudan, le Sahara,
la régence de Tunis, et entre dans la Méditerranée par le cap
Blanco, près de Bizerte.
Tracé sur les cartes marines françaises et anglaises de la Médi-
terranée, il côtoie, à i3 minutes ou ih kilomètres de distance, la
côte orientale de la Sardaigne, formée de roches cristallines an-
ciennes, en suivant une direction parallèle à celle de cette côte,
direction qui n'est pas tout à fait la même que celle de l'ensemble
208 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
du groupe des îles de Corse et de Sardaigne. Plus loin, il rase, à
l'ouest, à moins dune minute de distance, un kilomètre et demi
environ , la petite île granitique de Monte-Christo , et il coupe l'île
d'Elbe parle golfe dell'Acqua et la pointe Bianco, en laissant à l'est,
à un kilomètre environ de distance, sur une ligne presque droite
et parallèle à sa direction, la pointe Stella, le mont Loretto, le
promontoire qui porte la ville de Porto-Ferrajo et l'îlot Scoglietto.
H aborde ensuite la terre ferme de l'Italie par la proéminence
serpentineuse de Rosignano, rase à l'est la ville de Pise et le mas-
sif de marbre calcaire de Carare, coupe le Pô dans la grande
courbure que forme son cours à l'ouest de Guastalla, et, traversant
le champ de bataille de Solferino, il pénètre dans le lac de Guarda
par la pointe calcaire qui y entre du sud au nord, à l'est de De-
senzano.
En Tyrol, il parcourt, dans son plus grand développement, la
vaste expansion de roches cristallines anciennes qui s'avance au
midi, entre l'Adige et l'Oglio, et qui forme la crête des Alpes entre
l'OEtzthal et le col carrossable de Heyden; puis il coupe l'Inn à Imst.
à sa sortie d'un long défilé.
En Allemagne, il coupe le Danube à son confluent avec le Lech,
côtoie la vallée de la Regnitz, passe au sud de Cobourg, à la pointe
extrême des plateaux calcaires de la Franconie, et arrive au point D,
près de Remda, centre du pentagone européen, par la saillie que
forme au nord, près de Leutnitz, la ceinture permienne de Fran-
kenwald.
Plus loin, le bissecteur DH coupe la pointe orientale des terrains
schisteux du Hartz; puis la saillie que forme le terrain de schistes
et de grauwackes à l'ouest de Magdebourg, et traverse, dans leur
plus grande largeur, par les îles de Laaland et de Zélande, les
craies du Danemark.
Dans la Scandinavie, après avoir coupé le Gotha-Elf près des
cascades célèbres de Trœlhalta et passé à l'O. du lac Vener, il tra-
verse les terrains anciens parallèlement à l'une des directions que
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 209
les lacs et les rivières y dessinent. Il sort de la Norwége en cou-
pant l'octaédrique de File d'Hindoë en un point où le coupent
aussi d'autres cercles dont il sera question ultérieurement, et
ce point de croisement remarquable tombe à la naissance de la
chaîne des îles Loffoden, dans l'île granitique d'Hindoë, que le
bissecteur traverse parallèlement au bord des terrains schisteux,
tel que M. Keilhau l'a figuré dans ses remarquables cartes géolo-
giques.
Tracé sur la carte anglaise des mers polaires , il rase à l'est dans
la mer Glaciale, à environ 19 kilomètres de distance, la petite île
Cherry, dont la masse isolée est formée, d'après M. Durocher, par
des grès et des calcaires à produclus appartenant probablement à la
période carbonifère. Il rencontre ensuite le Spitzberg, formé lui-
même de roches anciennes, dont les plus récentes sont encore des
grès et calcaires à produclus. Il dessine l'une des directions princi-
pales de ce groupe d'îles, presque enseveli sous des neiges éter-
nelles.
Tracé, outre la carte des mers polaires, sur la carte générale
du Spitzberg jointe au plan de la baie de Bell-Sound levé en 1 838
par les ofFiciers de la corvette la Recherche, ainsi que sur la carte
publiée par M. Malte -Brun d'après celle de MM. Durier et Nor-
denskjold, il coupe la Terre des Etats, partie S.-E. du groupe en-
tier, et il rase la terre du N.-E. à une distance qui, sur les trois
cartes, varie de o à i5 minutes du méridien, c'est-à-dire de o à
28 kilomètres, mesure de l'écart maximum des trois cartes, et dans
tous les cas assez médiocre.
H entre alors dans les solitudes polaires, où il coupe, à 303'2o/,o8
ou 34o kilomètres du pôle, le méridien situé à 95°8'25",75 à l'est
de Paris, et où il parcourt près de 2 5 degrés dans des régions tel-
lement inconnues qu'on ignore même si elles sont entièrement cou-
vertes de neige et de glace, ou si elles ne présentent pas, dans
quelques parties, une mer libre.
Au sortir de la mer Glaciale, il aborde la Sibérie orientale, à
Stratigraphie. 1 '1
210 RAPPORT SUR LES PKOGKÙS
l'est de Jakan et un peu à l'ouest du cap Nord, pour en sortir par la
baie Krista ou de Sainte-Croix, dont il entame très-légèrement la
côte occidentale.
Traversant ensuite le golfe d'Anadir et la mer de Behring ou
du Kamtschatka, il va couper la chaîne des îles Aleutiennes par
l'île d'Adakh, où il rencontre le dodécaédrique rhomboïdal, axe vol-
canique du Pacifique, en un point où passent aussi un second dodé-
caédrique rhomboïdal et un second bissecteur DH, ce qui en fait un
point de croisement important. Construit sur la carte déjà citée de
M. Ploix, ce point tombe dans l'intérieur et presque au milieu de
l'île d'Adakh, et notre bissecteur passe par la plus méridionale des
deux montagnes qui s'y élèvent , pour sortir de l'île par sa pointe
méridionale, adaptation remarquablement précise.
Entrant alors dans l'océan Pacifique, notre cercle atteint bien-
tôt un point H où il coupe perpendiculairement le dodécaédrique
régulier du cap Corrientes et de Singapour. Tracé sur la carte
déjà citée de M. Vincendon-Dumoulin , il va raser de très-près les
petites îles de Hull, du Duc-d'York et du Duc-de-Clarence, et tra-
verser, par \k degrés de latitude méridionale, le groupe des îles
Samoua ou des Navigateurs. Il y coupe l'île Opoulou, l'une des
principales, à peu près par son milieu, en y entrant par la pointe
Apia, qui s'avance au nord à sa rencontre.
Dans tout l'océan Pacifique, il ne touche aucune autre terre,
et, passant près du pôle austral, où il coupe peut-être des terres en-
core inconnues, il entre dans l'océan Atlantique pour venir, en pas-
sant , dans le golfe de Guinée , entre les îles de Fernando-Po et du
Prince, rejoindre les embouchures du Niger, où nous avons com-
mencé à le suivre.
Ce grand cercle contient en Afrique et en Europe des arcs ter-
restres de médiocre étendue et un autre beaucoup plus petit dans la
Sibérie orientale, formant une somme totale d'environ 65 degrés,
c'est-à-dire égale seulement à un peu plus du sixième de sa circonfé-
rence; mais il pourrait contenir en outre, dans les régions glaciales
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. '211
arctiques et antarctiques, une somme d'arcs terrestres de 5o de-
grés. On ne peut donc faire aucune remarque précise sur l'étendue
de ses arcs terrestres, et, à l'exception de l'Europe, où nous l'avons
suivi en détail, on ne peut rien dire de son adaptation aux parties
intérieures des continents; mais nous avons vu qu'il trouve sur cer-
taines côtes et dans quelques îles des points de repèr.e très-précis :
son adaptation au cap Blanc de la côte de Tunis, à Monte- Christo,
à l'île d'Elbe, à l'île d'Indoë, à la pointe méridionale de l'île d'Adakh,
à la pointe septentrionale de l'île Opoulou, mérite d'être remar-
quée et permet de le placer au nombre des cercles bien jalonnés
par les accidents orographiques et géologiques.
11 resterait à étudier, à l'instar des deux précédents, les vingt-huit
autres bissecteurs DH. On peut suivre ces cercles sur le tracé de
M. Laugel, où ils sont tous figurés. Faisant partie des dix ou des
douze rayons de chacun des points D ou des points H , dont un grand
nombre ont été placés sur différentes cartes, ces cercles ont déjà
été éprouvés, et on a la certitude qu'ils s'adaptent exactement, au
moins pour la plupart, aux accidents orographiques de la surface
du globe. Les vingt-huit monographies qu'on pourrait en faire au-
raient donc la même forme et les mêmes conclusions que les
trente-six monographies qui précèdent, et ne pourraient que con-
firmer le résultat général qui s'en déduit.
Mais, au point où nous sommes arrivés, peut-être y aurait-il
plus de monotonie que d'utilité dans l'accumulation de documents
qui se ressemblent tous plus au moins, et, afin de ne pas trop al-
longer ce Rapport, je supprime ces vingt-huit monographies.
Je passe à des cercles appartenant à des catégories différentes.
CERCLES AUXILIAIRES DIVERS.
Le tableau des données numériques qui fixent cent cinquante -
neuf cercles du réseau pentagonal publié par M. Elie de Beaumont
a.
212 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
en t8r>3' contient une cinquième section intitulée: Cercles auxi-
liaires divers. Cette dénomination embrasse en principe tous les
cercles du réseau, au nombre de plusieurs milliers, qui ne sont
pas compris dans les six séries précédentes; ils appartiennent eux-
mêmes à différentes séries de trente ou de soixante cercles chacune.
Le tableau contient seulement trente-huit de ces cercles; ce sont
ceux dont l'auteur avait eu l'occasion de calculer les données nu-
mériques en diverses occasions et pour différents motifs. Tous ces
cercles ont été essayés, et aucun d'eux n'a été trouvé insignifiant.
On pourrait en ajouter et en essayer beaucoup d'autres, sans autre
peine que de calculer, par la méthode indiquée, les données nu-
mériques qui les fixent sur la surface du globe.
Beaucoup de ces cercles, sans aucun doute, présenteraient de
l'intérêt sous le rapport de leur adaptation aux inégalités de i'é-
corce terrestre ; mais je ne puis m'étendre ici sur ce sujet.
Je me borne à donner comme exemples les monographies d'un
petit nombre de ces cercles, que je choisis d'après des considéra-
tions que leur étude mettra suffisamment en évidence.
Trapézoédrique TDè du cap Bon.
Un cercle auxiliaire TDb, de la classe des trapézoédriques , passe
au point T de la mer de Kamtschatka, au point D, centre du pen-
tagone européen, près de Remda, et au point b situé en Afrique
dans le Bénin.
Ce grand cercle passant aux points D, T et b, qui viennent d'être
indiqués, ses pôles se trouvent sur les trois cercles dont ces points
sont eux-mêmes les pôles, savoir : sur le dodécaédrique régulier du
cap Gorrientes et de Singapour, sur un dodécaédrique rkomboidal cl
sur un bissecteur DH , et par conséquent aux intersections de ces
trois cercles. Ces trois cercles concourent, en effet, en deux points
1 Comptes rendus, t. LVII, p. 199, séance du qo juillet i863.
DE LA STRATIGRAPHIE E1N FRANCE. 213
qu'on trouve aisément dans le tracé de M. Laugel; l'un un peu au
sud de l'équateur, dans l'île de Sumatra, près du mont Ophir ou
Berapi; l'autre un peu au nord de l'équateur, sur la côte occiden-
tale de l'Amérique du sud , près du cap San-Francisco.
Il existe cent vingt intersections semblables, une dans chacun
des cent vingt triangles trirectangles du réseau ; par conséquent il
existe soixante auxiliaires TDb. Celui que nous considérons, et
qu'on peut suivre dans le tracé de M. Laugel, entre sur le conti-
nent africain près de la pointe de Banda, au sud de Mayamba, tra-
verse le Gabon, le Bénin, le Soudan, le Sahara, et, comme on
peut le voir sur la carte planche V de la Notice, entre dans la Médi-
terranée par le golfe de Kabès.
Tracé sur les mêmes cartes marines françaises et anglaises que
le bissecteur DH, le trapézoédrique TDb tronque légèrement l'île
Djerbah, passe dans l'étroit intervalle que laissent entre elles les
deux îles Kerkenni, tronque légèrement le cap Burdj-Kadja, rase
les petites îles Kuriat, tronque encore légèrement le cap Raz-el-Mus-
tapha, en face de l'île de Pantellaria, et rase enfin, à une distance
presque inappréciable, la pointe orientale du cap Bon. Il s'adapte,
en un mot, avec toute la précision possible à cette profonde den-
telure des rivages de l'Afrique qui, en coupant du nord au sud le
territoire de la régence de Tunis, prolongation du Tell algérien,
permet aux eaux de la Méditerranée de s'étendre vers Tripoli
et la grande Syrte.
Passant ensuite à l'ouest de la Sicile et de l'îlot calcaire Maritimo,
et s'étendant dans la mer Tyrrhénienne , notre cercle s'approche de
l'Italie en coupant la petite île calcaire Giannuti et en tronquant
légèrement la pointe occidentale du Monte Argentaro, calcaire
lui-même et bien connu des touristes qui parcourent les côtes
d'Italie.
Le trapézoédrique TD& aborde la Toscane par Albarese et Gros-
setto, traverse la région métallifère en laissant un peu à l'E. Sienne
et Florence, coupe les Apennins au mont Fo, puis, traversant le
2U RAPPORT SUR LES PROGRÈS
célèbre quadrilatère, il aborde les Upes en coupant la niasse la
plus occidentale des basaltes du Vicentin.
Côtoyant d'aval en amont les sinuosités de la vallée de l'Adige,
il passe à Trente et à Meran en laissant à l'est les porphyres de
Botzen ainsi que les mélaphyres et les dolomies de la vallée de
Fassa, franchit la crête centrale des Alpes à l'est du Brenner, par
les Stiiben-Ferner, dans une partie où les roches cristallines an-
ciennes occupent beaucoup moins de place que sur le cours du bis-
secteur DH étudié précédemment, et sort enfin du Tyrol par le
nord, en passant un peu à l'ouest du passage de Seefeld.
En Allemagne, où notre cercle passe un peu à l'est de Nurem-
berg, il se rapproche beaucoup du bissecteur, et, passant comme lui
à la saillie de la ceinture permienne du Frankenwald qui s'avance au
nord vers Leutnilz, il va concourir avec ce grand cercle au point D,
centre du pentagone européen, près de Remda, où il le rencontre
et le traverse sous une incidence de k° s3' io",a3.
Au delà du point D, le trapézoédrique TDb, s'écartant par degrés
du bissecteur vers l'ouest, coupe d'abord comme lui la partie orien-
tale du Hartz, mais il ne rencontre plus le massif de schistes et de
grauwacke de Magdebourg, et il franchit l'Elbe près du point où un
lambeau de terrain tertiaire vient former sa rive orientale. Il coupe
les craies du Danemark par l'île Femeru et par les côtes occiden-
tales de l'île de Laaland et de l'île de Zélande, dont il sort par le cap
Gniben.
Il pénètre en Norwége au milieu des roches éruptives variées
qui entourent la pointe du golfe de Christiania, rase la masse de
roches éruptives de Tydal ainsi que le fond du liord de Drontheim,
et entre dans l'Océan par l'embouchure du Folden-Fiord, pour aller
couper l'extrémité de la chaîne des îles Loffodën, où il passe dans
le célèbre tourbillon du Malstrom. H laisse seulement à l'ouest
les îlots Vœroë et Rosi , qu'il laisserait même à l'est, avec le peste de
l'archipel, d'après la carte de M. Keilhau. Gel archipel, qui forme
un Irait si remarquable des côtes de la Scandinavie, se trouve ainsi
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 215
compris, à peu près en entier, entre le bissecteur DH et le trapézoé-
drique TDb, qui marquent ses deux limites orientale et occidentale.
Il en est à peu près de même du Spitzberg. Tracé sur la carte
anglaise des mers polaires et sur les cartes spéciales du Spitzberg.
déjà citées, qui s'accordent mieux ici que dans la partie du nord-est ,
notre cercle côtoie obliquement la côte occidentale de cet archipel
glacé, et l'aborde par la Pointe-Noire, extrémité méridionale de
lile du Prince-Charles. 11 en sort ensuite par le cap qui s'avance
vers le nord, à l'est de Red-Bay et de la baie du Smerenberg, en
laissant à l'ouest la plus grande partie des montagnes de la baie
de la Madeleine et à l'est les plaines de la Terre des Rennes et de
la Nouvelle-Frise, ce qui constitue une adaptation particulière à
l'orographie de la contrée.
S'engageant presque immédiatement dans les banquises, notre
cercle va couper à o° 17' 10", 12, ou 3a kilomètres du pôle, le
méridien situé à 980 32' 29^7 à l'est de Paris, et se dirige par
les déserts polaires vers l'entrée du détroit de Behring, où il entre
en rasant avec précision le cap Est de l'Asie, limite occidentale du
détroit.
Tracé sur la carte déjà citée de M. Ploix, le Irapézoédrique TD6
entame ce même cap Est d'une largeur égale à une minute et demie,
2 à 3 kilomètres. C'est une légère discordance entre les deux
cartes, discordance qui n'a pas lieu de surprendre lorsqu'il s'agit
de parages aussi brumeux que l'entrée de la mer Glaciale.
Dans la mer de Behring ou du Kamtschatka, notre cercle coupe
l'île Saint-Laurence, ou île Clerke, avant d'arriver au point T où
il est assujetti à passer.
Ensuite, d'après la carte de M. Ploix, il traverse le petit archi-
pel des îles Pribylov, en rasant avec une grande précision la pointe
orientale de l'île Saint-Paul et la pointe occidentale de l'île Saint-
Georges.
Il entre enfin dans locéan Pacifique en coupant la chaîne des
îles Aleutiennes. II y traverse, à l'ouest d'Oumnak, le petit groupe
216 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
d îles appelé les Quatre-Montagnes, en laissant deux des îles à
l'ouest et deux à l'est , quoique les deux îles méridionales, entre les-
quelles il passe sans les toucher, soient très-voisines l'une de
l'autre ; c'est une adaptation aussi précise que celle du bissecteur DH
à l'île d'Adakh, et elle est d'autant plus remarquable que les îles
des Quatre-Montagnes sont situées à l'un des points où la chaîne
des îles Aleutiennes change légèrement de direction.
Dans l'océan Pacifique, notre cercle coupe bientôtle dodécaédrique
régulier du cap Corrientes et de Singapour, qui a pour pôle le point
D , près de Remda. Il le coupe perpendiculairement à une distance
de k° 2 3' io",2 3, ou 598 kilomètres, du point H, où passe le bis-
secteur DH, distance correspondante à l'angle que les deux cercles
forment entre eux au point D.
D'après la carte de M. Vincendon-Dumoulin, notre cercle traverse
tout l'océan Pacifique sans y rencontrer aucune terre. Passant en-
suite à 32 kilomètres du pôle austral, il entre dans l'océan Atlan-
tique, où, sans toucher à aucune île, il vient rejoindre, au sud du
Gabon, la côte d'Afrique, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle contient une somme d'arcs terrestres peu diffé-
rente probablement de celle que renferme le bissecteur DH du
cap Blanc, mais également incertaine. Comme ce dernier, il est
très-bien jalonné par un certain nombre d'accidents orographiques
qu'il rencontre avec beaucoup de précision.
Il est à remarquer que les jalons naturels des deux cercles sont
parfaitement distincts. Chacun des deux cercles a donc une exis-
tence indépendante de celle de l'autre. Malgré le peu d'intervalle
qui les sépare et la petitesse de l'angle qu'ils forment entre eux,
^°23'io",23, on ne peut les confondre l'un avec l'autre, ni les
substituer l'un à l'autre, ni les remplacer par un cercle occupant une
position moyenne entre les deux. C'est surtout pour mettre ce fait
en complète évidence que j'ai placé ici la monographie du trapé-
zoédrique TD/> du cap Bon.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 217
Trapézoédrique TD6 du volcan de Guatemala.
Un autre trapézoédrique TD6, homologue exact du précédent, et
compris dans la même série de soixante cercles, passe au point T
situé à l'extrémité N.-O. des îles Lucayes, au point D, centre du
pentagone européen, près de Remda, et au point b situé à l'entrée
du golfe Persique. Il a pour pôles deux intersections triples, situées
l'une dans l'océan Pacifique, à l'est-sud-est du Japon, l'autre dans
l'océan Atlantique méridional, près de l'île de Tristan-d'Acunha.
Tracé sur la carte de l'océan Pacifique par M. Vincendon- Du-
moulin, ce grand cercle aborde le continent américain par la côte
de l'État de Guatemala, où il entre en rasant au nord-ouest le re-
doutable volcan de ce nom. Il laisse au sud-est, à îû et à i5 mi-
nutes de distance (28 et 3o kilomètres), la ville ruinée appelée
Antigua Guatemala, que les ravages du volcan ont fait abandonner,
et la ville actuelle de Guatemala, qui a été substituée à la première
et qui forme la capitale de l'Etat.
Il sort du continent par le territoire de la colonie anglaise de
Honduras, en passant un peu au nord du port de Belize, et, par
l'étroit passage séparant l'île d'Ambergris-Cay du cap qui lui ré-
pond, il entre dans la mer des Antilles, où il rase le récif appelé le
Triangle du Nord. Il aborde bientôt l'île de Cuba, entre le cap
San-Antonio et le cap Gorrientes, et, après en avoir côtoyé intérieu-
rement la côte nord-ouest, il en sort par le banc des Colorados pour
traverser l'entrée du canal de la Floride. Il coupe ensuite le récif
de la Floride, près de l'extrémité de la chaîne d'îlots où se trouve
le port de Cay-West, tronque les plaines basses de l'extrémité de
la presqu'île, et, après avoir traversé le canal par lequel débouche
le Gulf Stream, il rase avec précision la pointe septentrionale des
récifs de Matanilla, extrémité de la grande chaîne des îles Lucayes
ou de Bahama, et arrive enfin au point T où il est assujetti à
passer.
218 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Au delà du point T, notre cercle, suivant à peu près la direc-
tion du Gulf Stream, côtoie à k ou 5 degrés de distance les côtes
des Etats-Unis et de la Nouvelle-Ecosse, en laissant la crête des
AHeghanys, dans la Virginie et la Pensylvanie, à 7 ou 8 degrés,
c'est-à-dire environ 800 kilomètres dans le nord-ouest.
11 coupe la partie méridionale du grand banc de Terre-Neuve, en
passant à environ 1 0 minutes ou 1 9 kilomètres au sud-est des écueils
appelés Virgin-Rocks, qui sont son dernier point d'attache avec
les côtes américaines, et, traversant l'océan Atlantique dans la ré-
gion où est immergé le grand câble électrique, il va aborder la
côte occidentale de l'Irlande au sud de la baie de Galway. Il y
pénètre par Je petit archipel calcaire des îles d'Aran, où il coupe
dans sa partie méridionale l'île principale , Illamore.
Tracé sur la belle carte géologique de l'Irlande par M. Griffith ,
où on n'a pas omis de tracer les méridiens et les parallèles , il coupe
la grande rivière Shannon à la limite septentrionale du lac Lough-
Derg, et traverse, dans leurs parties les plus élevées, les pe-
tites montagnes calcaires situées au sud de la baie de Galway, les
montagnes de Slieve-Boughta , formées de vieux grès rouge , et les
montagnes de Slieve-Bloom, formées de roches carbonifères. Il passe
ensuite sur la croupe septentrionale et à 2 minutes ou h kilomètres
environ de la cime du mont Lugnaquilla, déjà cité comme l'un des
jalons de l'octaédrique du Mulehacen, et il sort de l'Irlande en
traversant la ville de Wicklow et en passant à moins dune minute,
ou environ un kilomètre, au nord du phare de Wicklovv-Head.
H aborde bientôt après la Grande-Bretagne, en coupant à son
extrémité septentrionale la masse de serpentine de la pointe de
Gaernarvon, passe dans les parties les plus élevées du Pays de
Galles, au nord des montagnes de Cader-Idris et d'Arran-Fowddy,
et entre dans l'Angleterre proprement dite près de Llanymynech
et de la terminaison méridionale de la zone de calcaire carbonifère
du Flintshire.
Coupant ensuite les extrémités septentrionales des terrains liouii-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 219
lers de Coal-Brook-Dale, du Staffordshire et de Coventry, il passe
au milieu des petites protubérances de syénite qui s'élèvent au
midi de Leicester, et va entrer dans la mer du Nord près de South-
wold.
Sortant de cette mer vers les embouchures de la Meuse, et
passant près de Rotterdam, de Wesel et de Dortumund, il arrive
au point D , centre du pentagone européen , près de Remda , en en-
tamant légèrement la saillie de roches schisteuses des bords de
l'Eider, et en tronquant d'une minute et demie seulement (a à 3 ki-
lomètres), au midi d'Eisenach , la terminaison N.-O. du Thiïringer-
wald. Comme on l'a déjà vu, le bissecteur DH d'Alboran effleure de
même son extrémité sud-est, de telle sorte que le Thiiringerwald se
trouve encadré très-approximativement , entre le bissecteur DH d'Al-
boran et le trapézoédrique TDb du volcan de Guatemala. Ce fait
vérifie de nouveau la remarque faite précédemment, page 63, que
les chaînes de montagnes s'arrêtent très-fréquemment à la ren-
contre de l'un des cercles principaux ou auxiliaires du réseau pen-
tagonal.
Sur la carte géologique de la Saxe, le trapézoédrique TDb tra-
verse la ceinture permienne de l'Erzgebirge par la saillie qu'elle
forme à l'O. de Possneck, passe à Auerbach et à Wildenthal, en
sadaptant. à certains accidents des contours des masses granitiques
et stannifères, effleure les protubérances de basalte et de serpentine
situées au S.-O. de Gottesgabe, et entre finalement en Bohême en
coupant la rivière d'Eger vers le point où , sur ses bords, le granité
succède au basalte.
En Bohème, notre cercle passe approximativement à Prague, en
côtoyant à de faibles distances différents contours géologiques,
notamment la limite N.-1N.-E., des roches primitives de la Bohême
méridionale et de la Moravie. Dans la partie métallifère de la
Hongrie, le même cercle passe à peu de chose près à Neusohl et
marque la limite N.-N.-E. du grand massif trachytique de Schem-
nitz.
220 RAPPORT SUR LES PROGRES
Traversant ensuite les principautés danubiennes, notre cercle
rase au nord la protubérance de roches anciennes qui forme le
noyau de la Dobrutscha, et pénètre dans la mer Noire par les em-
bouchures du Danube. On peut le tracer très-approximativement
sur une carte d'Europe en joignant par une droite Rotterdam à
Galatz.
Le trapézoédrique TDb, après avoir traversé la mer Noire, aborde
la côte septentrionale de l'Asie Mineure en passant à U minutes
ou 7 kilomètres environ au large du cap trachytique qui se dé-
tache en avant de Sinope et sur lequel s'élève le fort Nasikeuï.
Il laisse à 6 minutes ou n kilomètres de distance, sur une ligne
parallèle à son cours, la ville même de Sinope et le cap Jndjé-
Bouroun.
Construit avec précision sur les belles cartes orographique et
géologique de M. Pierre de Tchihatchef, notre cercle coupe la
pointe du Delta très-saillant que le Kisil-Irmak projette dans la mer
Noire, et, laissant au S.-S.-O., à 10 minutes ou 19 kilomètres de
distance, le port de Samsoun, bâti au milieu des trachytes et des
dolérites, il entre définitivement sur la terre ferme par le delta
du Yeschil-Irmak.
Laissant au N. les basaltes du cap Lasoun-Bouroun et du cap
Voona, il s'avance ensuite au milieu des massifs de roches érup-
tives qui accidentent ces contrées, où elles se conforment fréquem-
ment à sa direction, et entre en Arménie, un peu au S. des mon-
tagnes doléritiques du Katé-Dagh et du Tchaptany-Dagh.
Après avoir coupé le cours supérieur de l'Euphrate, notre cercle,
laissant au N.-E. le lac de Van, et au S.-E. le cours entier du Tigre,
suit la région montueuse qui sépare la Mésopotamie de la Perse,
et passe en Perse un peu au S.-O. de Ghiraz. Il atteint ensuite
le point b situé dans la partie orientale du golfe Persique, coupe
le cap Mocandon, pointe de l'Arabie qui en resserre l'entrée, dé-
tache une étroite lisière du détroit d'Ormuz, et, passant à l'entrée
du port do Mascate, il rase la côte de l'Arabie jusqu'au cap P»;iz-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 221
el-Gat ou Raz-el-Had, qu'il laisse au S.-O. à un petit nombre de
minutes de distance.
Traversant en entier la mer d'Oman, notre cercle va couper, dans
sa partie septentrionale, l'archipel madréporique des îles Maldives,
et poursuit son cours dans l'océan Indien et l'océan Austral, en
laissant au nord le continent australien, la terre de Van-Diemen
et l'île de la Compagnie-Royale.
Au midi de la Nouvelle-Zélande, il passe à un demi-degré au
S. de l'île Campbell , et ne laisse au S. que l'île et l'îlot appelés
le Juge et son Clerc, la colonie pénitentiaire de l'île Macquarie,
l'île et l'îlot appelés l'Evêque et son Clerc et les terres australes, qui
sont à une grande distance.
Parcourant enfin les parties les plus désertes de l'océan Paci-
fique, il va rejoindre, au pied du volcan de Guatemala, la côte de
l'Amérique centrale, où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle renferme dans l'ancien continent un arc terrestre
dune certaine étendue, interrompu par la mer d'Irlande, la mer
du Nord et la mer Noire, et, dans le nouveau monde, un autre
arc terrestre beaucoup plus court, le tout formant une somme d'en-
viron h 8 degrés, c'est-à-dire égale à moins du septième de sa cir-
conférence. Sous ce rapport, il se rapproche beaucoup de Yoctaé-
drique du mont Sinaï, qu'il côtoie en quelque sorte et avec lequel il
peut jusqu'à un certain point rivaliser sous le rapport de la ma-
nière dont il partage le globe en deux hémisphères.
Mais il ne faut jamais oublier que les deux cercles sont très-
distincts. Dans l'Asie Mineure, le trapézoédrique TDb coupe perpen-
diculairement le dodécaédrique rhomboïdal qui passe au point c de
l'Egypte, situé au nord de la vallée des lacs Natron, où lui-même
il coupe perpendiculairement Yoctaédrique du mont Sinaï. Ce dodé-
caédrique rhomboïdal a, en effet, pour pôles les deux points T où le
trapézoédrique TDè et Yoctaédrique se rencontrent, et il joue par rap-
port à ces deux cercles le même rôle que l'équateur par rapport
aux méridiens. Ces deux mêmes cercles ont leurs tangentes parai-
222 RAPPORT SUK LES PROGRÈS
lèles entre elles aux points d'intersection qui sont éloignés de
1 i°3o/'29",77, arc dont l'expression est la même que celle de
l'angle formé aux points T par Yoctaédrique et le trapézoédrique TDb.
Nous avons vu que ce dernier s'adapte avec une certaine pré-
cision à un assez grand nombre de points plus ou moins remar-
quables : le volcan de Guatemala, les Virgin-Rocks, le mont Lu-
gnaquilla et le cap Wiclow, l'extrémité N.-O. du Tlniringerwald,
le promontoire de Sinope, etc. C'est donc un cercle très-bien jalonné
par les accidents orographiques et géologiques.
La manière dont ce cercle traverse l'Europe et l'Asie est en
harmonie avec beaucoup de traits orographiques remarquables, et
l'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes l'a adopté comme
représentant du système des ballons1. Il avait fait passer en dernier
lieu le grand cercle de comparaison provisoire du système des ballons
par le Brocken dans le Hartz, après l'avoir fait passer d'abord par
le ballon d'Alsace. C'est évidemment un des systèmes de montagnes
dont on peut naturellement chercher le représentant parmi les
cercles du réseau pentagonal qui se croisent au centre du penta-
gone européen, près de Remda, point situé entre les deux grands
cercles de comparaison provisoires dont on vient de parler, mais
beaucoup plus voisin du second que du premier.
Notre trapézoédrique TDb fait avec le primitif de l'Etna, grand
cercle de comparaison du système du Ténare, vers l'ouest, un angle
de 58° 23' io",a6. Or, d'après le tableau page iko de la Notice,
le grand cercle de comparaison provisoire du système des ballons
fait avec celui du système du Ténare, du môme côté, un angle
de 57°35'5/i". La différence, qui est de o° 67' i6",a6, est infé-
rieure aux incertitudes des observations. On peut donc employer
ce cercle auxiliaire pour représenter le système des ballons.
Ce grand cercle paraît très-bien encadré dans l'ordonnance stra-
ligraphique et orographique de l'Europe et de l'Asie. Il passe à
1 Notirv, p. 10.V1.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 223
une faible distance au S.-O. du Hartz, dont l'escarpement sep-
tentrional est un des traits caractéristiques du système des ballons.
Il passe aussi à une médiocre distance des traits du système des
ballons qui ont été signalés dans le Brabant, dans le département
des Ardennes, dans les Vosges, la Lozère, la Bretagne, etc. Il côtoie
la côte atlantique des États-Unis à 7 ou 8 degrés de distance de
l'axe de la chaîne des AHeghanys, que M. Jules Marcou, comme on
l'a vu ci-dessus, page 12, rapporte, de même que l'auteur de la
Notice, au système des ballons. Cette distance n'est pas plus grande
que celle qui sépare notre cercle du seuil dévonien de la Russie
centrale, qui doit être rapporté au même système, et elle ne sur-
passe pas non plus la distance de Yoclaédrique du Sinaï aux chaînes
pyrénéennes les plus méridionales de l'Algérie. Il représente d'une
manière satisfaisante le système des ballons.
Trapézoédrique Te de VIremel.
Le 28e grand cercle auxiliaire compris dans le tableau déjà cité
est désigné sous la dénomination de trapézoédrique Te. Ce grand
cercle passe par le point T situé en Espagne au N.-O. de Burgos
et par le point c situé en Asie dans la steppe des Kirghis. H a ses
pôles sur le dodécaédrique rhomboïdal, ayant lui-même pour pôles
le point T de l'Espagne et son antipode. L'un de ces pôles tombe
dans l'océan Austral, au S. de Madagascar et à l'E. des rochers
Union; l'autre dans l'océan Pacifique, près des côtes de la Cali-
fornie, au S.-O. du cap Mendocino.
Tracé sur les cartes déjà citées de M. Vincendon-Dumoulin et
de M. de Humboldt, ce grand cercle aborde le continent amé-
ricain par la côte du Chili. Il y pénètre en rasant le cap Bucalemo
et les écueils qui le précèdent. Il passe au N. de Santiago, et
coupe la Cordillère des Andes en laissant à 22 minutes ou 37
kilomètres dans le S.-E. le pic d'Aconcagua, qui paraît être la
cime la plus élevée du nouveau monde et qui se distingue des
224 RAPPORT SUR LES PROGRES
autres pics du Chili, qu'il surpasse tous en hauteur, en ce qu'il
n'est pas volcanique, mais formé, d'après M. Pissis, de calcaire ju-
rassique soulevé.
Au delà des Andes, notre cercle s'adapte assez heureusement aux
formes des contre-forts que M. de Humboldt a dessinés approxi-
mativement sur sa carte. 11 passe presque exactement à Tucuman
en laissant au S.-E. les pampas, les llanos de Tucuman et le désert
salé de Santiago; il va couper au centre du continent la grande
rivière du Paraguay, aux environs d'Albuquerque et des vastes ma-
récages de Xarayes. Traversant ensuite la partie N.-O. du Brésil,
il en sort par sa côte septentrionale, un peu à l'E. de Bragança.
Dans tout l'océan Atlantique , notre cercle ne rencontre aucune
terre, mais il passe au N. de Madère, près du petit groupe
d'écueils isolé appelé les Huit Roches, qu'il laisse à 1 1 minutes ou
20 kilomètres dans le N.-O.
Il aborde ensuite la côte du Portugal, où il laisse à 5 minutes
ou 9 kilomètres de distance au N.-O. l'île Berlingue et les ilôts
adjacents, et où il rase presque rigoureusement le pied du phare
du cap Gorveiro, près Péniche, l'un des points les plus saillants et
les plus remarquables du littoral lusitanien.
Après avoir passé au point T, situé en Espagne au N.-O. de
Burgos, Y auxiliaire Te aborde la côte de France un peu au S.
du bassin d'Arcachon, et, passant à Bordeaux et à Strasbourg, il
traverse la France entière et la Souabe avec des circonstances de
précision sur lesquelles je reviendrai ultérieurement.
Dans l'intérieur de l'Allemagne, notre cercle passe approxima-
tivement à Bayreuth, et, entrant dans le Fichtel-Gebirge , un peu
au N. de Goldcronach, il côtoie intérieurement la limite septen-
trionale du massif de granité et de gneiss qui forme le noyau de
ce groupe montagneux. Tracé sur la carte géologique de la Saxe,
il suit presque exactemment la crête de l'Erzgebirge, où il passe à
Gottesgabe, à la masse serpentineuse isolée de Schmiedelgutt et à
la masse granitique détachée de Mittler-Teilnitz. Cette ligne marque
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 225
à peu près la limite méridionale ou septentrionale de différentes
masses minérales, telles que les schistes argileux près de Franken-
hammer, le granité et le basalte près de Steinhubel, le gneiss et
le basalte près d'Oberwiesenthal, les petites masses granitiques
voisines de Laduna et d'Oberndorf, la grande masse porphyrique
qui s'étend au N. d'Eichwald. En surgissant sur sa direction ou
en y appuyant leurs extrémités, ces masses minérales variées sem-
blent rendre témoignage de son influence.
Mais cette influence se fait sentir beaucoup plus loin encore.
Notre cercle traverse l'Elbe au-dessous de Czirle, au point même où,
dans les flancs de la vallée, le schiste est remplacé par le granité.
11 poursuit ensuite son cours dans la Lusace et la Silésie, au milieu
du quadersandstein, des granités et des basaltes avec la dispo-
sition desquels il se trouve en harmonie, et entre dans les plaines
baltiques, sarmates et russes par l'angle saillant que forment les
contours des roches anciennes et du grès rouge dans le bassin de
la Bober.
Dans les plaines non interrompues qu'il traverse, du Riesen-Ge-
birge à l'Ural, notre cercle s'adapte d'une manière remarquable au
cours de plusieurs rivières, notamment, comme on peut le saisir sur
la carte planche V de la Notice, au cours de la Vistule et du Bog,
au nord de Varsovie et à celui du Niémen. Il s'harmonise aussi avec
le cours du Dnieper au nord de Mohilef, et avec celui de l'Oka au
midi de Moscou. Il coupe le Volga au-dessous de Kasan, près de
son confluent avec la Kama.
Tracé sur la précieuse carte géologique de l'Ural, publiée par
sir Roderick Murchison1, le Irapézoédrique Te passe à 3 minutes
(5 à 6 kilomètres) au nord de la ville d'Ufa, près de laquelle la
rivière du même nom forme un coude où elle reçoit les eaux de la
rivière Bielaya renforcées de celles de la Sim. Il entre dans la
région montueuse par la vallée de la rivière Lemesa, affluent de
1 Russia in Europe and the Ural mountains.
Stratigraphie. 1 5
226 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
la Sim, vallée qui est bordée par des contre-forts de calcaire car-
bonifère parallèles à notre cercle.
Ce grand cercle coupe la chaîne de l'Ural proprement dite dans
le milieu de la partie où elle est infléchie vers le S.-S.-O., partie
qui est plus accidentée et plus hérissée de hautes montagnes que
le reste. Il coupe trois des zones parallèles dans lesquelles la chaîne
se décompose, et chacune par un point culminant : le mont Miardial
(vieux grès rouge), le mont Zigalga (quartzite), le mont Iremel
(quartzite). Ces trois montagnes se trouvent alignées avec une
étonnante précision suivant la direction de notre cercle, direction
qui n'est ni parallèle ni perpendiculaire à la chaîne. Tracé avec
soin, le cercle passe par les trois cimes telles que la carte les figure.
L'Iremel, élevé de 5,075 pieds anglais ou 1,5/17 mètres, est une
des cimes principales et les plus connues de l'Ural. Il est encore
situé sur le versant européen.
Sur le versant asiatique, dont la surface est plus monotone,
notre cercle traverse d'abord la zone centrale de granité et de
gneiss, et, laissant un peu au sud la grande usine de Pétropavlovsk,
il rase exactement l'extrémité septentrionale d'un groupe de bandes
de roches cristallines parallèles au 'primitif du mont Saint-Elie,
bandes que sir Roderick Murchison figure avec détail. Plus loin, il
traverse la masse granitique isolée de Troitsk, déjà citée plus haut
page 93, et il sort enfin de l'Ural, près de Berezovsk, en suivant
la vallée de la rivière Ui, creusée dans les marnes oxfordiennes,
comme il avait suivi à son entrée dans la région montueuse celle
de la rivière Lemesa. On peut difficilement trouver, sur aucune
carte, une ligne mieux jalonnée par les accidents orographiques
et géologiques que celle suivant laquelle le trapézoédrique Te coupe
obliquement l'Ural.
Après être sorti de l'Ural par la vallée de l'Ui, notre cercle entre
dans les steppes des Kirghis, où il rencontre le point c par lequel
il est assujetti à passer, et il parcourt toute l'Asie à travers des
contrées dont la topographie n'existe pas encore. Tracé sur la carte
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 227
de l'océan Pacifique par M. Vincendon-Dumoulin, notre cercle
s'adapte en Chine, avec assez de précision, aux montagnes voisines
de Thing-tcheou, et il entre dans la mer de la Chine par l'anfrac-
tuosité de la côte et par l'écueil situés au midi du port de Hou-
tchou-chan.
11 traverse la chaîne des îles Philippines par le groupe de pe-
tites îles qui la termine au nord, en coupant l'île Ciamiguin, et il
rase avec précision le cap Eiigano, pointe N.-E. de l'île de Luçon.
11 se dirige ensuite vers la Nouvelle-Guinée, où il parvient en
rasant les petites îles des Traîtres, qu'il laisse au S.-E., ainsi que
l'île Quoy, et il y entre par un point remarquable de son contour,
la pointe Geelvvink.
Dans l'intérieur de cette grande île, il ne passe pas au point H,
privilège réservé à des cercles plus élevés que lui dans la hiérar-
chie pentagonale. Il en sort par le point de la côte du détroit de
Torres qui fait face au cap York de la Nouvelle-Hollande, et, cô-
toyant à distance les rivages du continent australien, il se dirige
vers la Nouvelle-Zélande.
Il y aborde la grande île du milieu, Tawaï-Pounammou , par un
cap situé au midi du havre Barré, et, restant toujours au sud du
détroit de Cook, il coupe la pointe méridionale de la baie de Tas-
man, près du cap Blanc, et ensuite la rivière Pelorus au point où
son embouchure s'élargit en un bras de mer. Il rentre enfin dans
l'océan Pacifique par une saillie de la côte placée au sud du cap
Campbell, pour aller passer au point T situé à l'E.-S.-E. et à une
certaine distance au large de l'entrée du détroit de Cook.
De même qu'à son antipode, le point T de l'Espagne, il y coupe
le primitif de Lisbonne, sous un angle de 3° 29' 9.8",k 7. En traver-
sant la Nouvelle-Zélande, les deux cercles se suivent à une petite
distance, en passant cependant par des points bien distincts, mais
sans qu'on voie clairement quel est celui des deux cercles auquel
on doit attribuer le plus d'influence sur les contours compliqués
des rivages du détroit de Cook; on peut croire qu'ils en ont exerce
228 «APPORT SUR LES PROGRÈS
l'un et l'autre, de même qu'on voit, dans les îles Aleutiennes,
par exemple, plusieurs directions très-voisines et cependant très-
distinctes.
A partir du point T du détroit de Cook, le trapézoédrique Te
traverse toute la partie méridionale de l'océan Pacifique sans ren-
contrer aucune terre, et va rejoindre au Chili le cap Bucalerno,
où nous avons commencé à le suivre.
Ce grand cercle renferme deux arcs terrestres fort étendus, le
premier dans l'Amérique méridionale, et l'autre, qui est beaucoup
plus grand, dans l'ancien continent, de la côte du Portugal à la
merde la Chine, ainsi que deux autres beaucoup plus courts dans
la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande, formant ensemble une
somme totale d'environ i&5 degrés; c'est, à 10 ou 12 degrés près
en moins, la même somme que pour le primitif de Lisbonne, et,
en effet, les deux cercles, se suivant toujours de près, ne pouvaient
différer beaucoup sous ce rapport.
En Chine, notre cercle coupe perpendiculairement le dodécaé-
drique rhomboïdal qui a pour pôles le point T de l'Espagne et son
antipode le point T voisin de la Nouvelle-Zélande, où notre cercle
est également assujetti à passer. Ce dodécaédrique rhomboïdal coupe
aussi perpendiculairement, dans l'intérieur de la Chine, le primitif
de Lisbonne, qui passe aux deux mêmes points T. La distance des
deux points d'intersection est de 3°2o/2 8",/i7, valeur de l'angle
que les deux cercles forment entre eux aux points où ils se croisent.
C'est leur écartement maximum, qui équivaut à environ 388 kilo-
mètres ou 97 lieues. Ces deux cercles se côtoient donc de fort près
dans tout leur cours, mais ils n'en sont pas moins distincts et ja-
lonnés par des points nettement séparés, puisqu'ils entrent en
Europe, par exemple, l'un par le large promontoire de Lisbonne
et l'autre par le cap Corveiro, et passent en Asie, l'un par la route
dLkatherinenbourg et l'autre par la cime de l'Iremel.
Le trapézoédrique Te, comme on a pu en juger par les détails
donnés sur diverses parties de son cours, même sans parler encore
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 229
de son trajet à travers la France, est aussi bien jalonné par les
accidents naturels du sol et aussi bien en rapport avec la topogra-
phie des contrées qu'il traverse qu'aucun de ceux que nous avons
étudiés précédemment. Il est cependant du nombre de ceux qui
ont la position la moins symétrique dans le réseau pentagonal et
qui y occupent le rang le plus inférieur. C'est même là ce qui m'a
décidé à en placer ici la monographie : j'ai voulu montrer par cet
exemple que tous les cercles que la nature a réalisés l'ont été avec
une égale netteté.
La cinquième section du tableau des données numériques qui
fixent i5o, cercles du réseau pentagonal1 en présente encore 35
dont je pourrais placer ici les monographies. Les données numé-
riques qui fixent ces 35 cercles ont été calculées à la suite de tra-
vaux ou de tâtonnements qui ont montré que chacun de ces cercles
s'adapte aux accidents de l'écorce terrestre. Leurs monographies
conduiraient toutes à conclure que le cercle, objet de chacune
d'elles, s'harmonise avec certaines configurations géographiques et
se trouve jalonné avec une précision plus ou moins grande par un
certain nombre de points définis. Mais je dois peut-être me de-
mander si l'avantage qu'il y aurait à multiplier les exemples de ce
fait compenserait l'inconvénient d'allonger outre mesure cette
partie du Rapport.
La possibilité d'étendre le nombre de ces monographies ne peut
être contestée. J'ai omis, dans le seul but d'abréger, les monogra-
phies de 28 dodécaédriques rhomboïdaux, de 29 bissecteurs 1H et
de 28 bissecteurs DH, cercles qui tous font partie du tracé de
M. Laugel , et dont l'adaptation aux accidents de l'écorce terrestre
est évidente, au moins pour le plus grand nombre. En y ajoutant
les 35 dont nous parlons, ce sont en tout 120 monographies que je
pourrais ajouter aux 39 que j'ai données, c'est-à-dire que j'aurais
tous les moyens d'en quadrupler immédiatement le nombre.
1 Comptes rendus, f. LVII. |>. îai, séance du 10 juillet i863.
230 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Cependant ce n'est pas tout, car la cinquième section du tableau
n'est limitée à 38 cercles que parce que, jusqu'ici, on n'a pas cal-
culé les données numériques d'un plus grand nombre. Le nombre
des cercles auxiliaires tels que Tl, Da, De, etc., est de plusieurs
milliers, et il serait tout aussi facile de calculer les données numé-
riques de l'un quelconque d'entre eux, qu'il l'a été de déterminer
celles des 38 cercles portés dans la cinquième section du tableau.
On voit quelle carrière est ouverte aux calculateurs et aux dessi-
nateurs, et on comprend qu'il serait absolument impraticable d'é-
puiser ici une aussi longue série. Mais cette impossibilité même
résout la question qui nous a fait entreprendre les monographies
que nous avons continuées jusqu'à présent.
Il est dès à présent surabondamment établi que le réseau peu-
tagonal renferme un très-grand nombre de cercles qui s'adaptent
avec une précision remarquable aux accidents de l'écorce terrestre.
On a même vu que ceux de ces cercles qui sont les principaux
représentants de la symétrie pentagonale s'harmonisent d'une
manière toute particulière avec les configurations géographiques.
Les autres représentent eux-mêmes des lignes naturelles.
Rien n'ayant été avancé, dans l'établissement du réseau penta-
gonal, au sujet du nombre des cercles auxiliaires qui pourront être
adaptés aux accidents de l'écorce terrestre, il n'y a, à cet égard, rieo
à vérifier; il sera cependant intéressant d'épuiser un jour la série
des cercles que la nature a réalisés ou de faire quelque chose
d'équivalent, car il est très-probable que la nature n'a pas réalisé
tous ces cercles; de même qu'en minéralogie aucune substance
cristallisée ne présente tous les clivages et toutes les facettes que
comporte son système cristallin. En se mettant à calculer indistinc-
tement tous les cercles auxiliaires que comprend le réseau penla-
gonal, au lieu de s'attacher à ceux qui ont été indiqués par quel-
ques considérations préliminaires, on ne tarderait probablement
pas à en trouver qui seraient insignifiants ou indifférents, parce que
la nature ne les aurait pas réalisés.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 231
Ils seraient dans le cas où se trouve, en général, un cercle qu'on
trace sur un globe en y tendant un fil au hasard, et la plupart des
méridiens, à commencer par celui de Paris, sont autant d'exemples
de cercles indifférents pour la géologie.
Il est fort probable qu'il s'en présentera de semblables parmi
ceux qui ont une notation dans le réseau, et il sera intéressant de
rechercher dans quelle proportion et suivant quelle loi ils se pré-
senteront, mais ce sera l'objet d'un travail qui n'a pas encore été
fait et qui sera peut-être fort long.
Multiplier les monographies plus que je ne l'ai fait serait prélu-
der à ce travail, mais sans espoir d'en atteindre le but.
Je m'en tiens donc aux 39 monographies que j'ai données. Elles
me paraissent suffire pour établir que le réseau pentagonal existe
dans la nature. Non-seulement ses 3 1 premiers grands cercles prin-
cipaux s'adaptent avec une précision et un ensemble remarquables
aux formes géographiques; mais les cercles auxiliaires s'y adaptent
eux-mêmes dans beaucoup de cas, ce qui montre que le mode de
dérivation adopté pour les obtenir est conforme à la nature des
choses. C'est là du reste une conclusion dont la suite de ce Rapport
fournira de nombreuses vérifications.
Je vais passer à un autre ordre de considérations.
LES 3Ô2 POINTS PRINCIPAUX DU RESEAU PENTAGONAL.
On a vu précédemment, page 5o, que les grands cercles prin-
cipaux du réseau pentagonal se coupent sur la surface du globe
en :
12 points D,
20 points I,
3o points H,
60 points T,
60 points a,
Ço points b,
120 points c,
232 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
soit en 362 points qui ont reçu le nom de points principaux du
premier et du. second ordre. M. Elie de Beaumont a publié le Ta-
bleau des données numériques qui fixent sur la surface du globe ces
362 points1, en donnant pour chacun d'eux sa latitude, sa longi-
tude et l'orientation de l'un des cercles principaux qui y passent.
Au moyen de ces données, on peut placer chacun des 362 points
sur une carte de la contrée où il tombe, et y tracer un arc du grand
cercle principal dont l'orientation est donnée pour ce point, et des
arcs des autres grands cercles principaux et auxiliaires qui y font
avec le premier des angles connus. On a déjà vu que ces construc-
tions ont été effectuées et présentées dans les cours pour un grand
nombre des points D, I, H, T, etc., et qu'elles ont beaucoup con-
tribué à fournir les éléments des monographies des 39 cercles dont
le cours a été décrit.
On pourrait faire aussi la monographie de chacun des 362 points
principaux.
Ces monographies auraient même moins de monotonie que celles
des cercles, parce que les points principaux jouent dans le réseau
pentagonal et dans l'ordonnance des formes géographiques un
rôle plus varié que les cercles, qui font tous uniformément le tour
du globe. On aurait à constater d'abord que chacun de ces points
principaux jouit de la propriété, en quelque sorte stratégique, de
prendre en enfilade un grand nombre d'accidents orographiques et
géologiques, suivant des directions qui sont celles d'autant de
cercles du réseau pentagonal, et cela conduirait à analyser compa-
rativement la topographie de la contrée dans laquelle tombe chaque
point.
Une pareille analyse conduirait à remarquer que, dans le voisi-
nage des points D, la surface du globe est généralement dessinée à
plus petit point que dans les contrées qui en sont éloignées. Les
points D de l'Europe, de la Chine, de l'Amérique russe, des An-
Comptes rendus, t. LVIII. p. .'{08, séances des i5, 99 et 99 février i864.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 233
tilles, près des îles Vierges, du Chili, offrent de ce fait des exemples
remarquables. Les autres points D tombent en pleine mer ou dans
des contrées peu connues.
Les points I, comme ceux du Brésil, de l'Afrique australe, de la
Perse, du nouveau Mexique, peuvent donner lieu à des remarques
du même genre.
Les points H ont cela de particulier, qu'une chaîne de mon-
tagnes assez étendue ou quelque trait allongé de la surface du
globe passe fréquemment dans leur voisinage. Les points H de
l'Ural, du Groenland, de l'Arabie, de l'Inde, de la Nouvelle-Gui-
née, de la terre de Yan-Diemen, des îles Bonin-Sima et autres, en
offrent des exemples. Le fait que la topographie prend des carac-
tères particuliers près des points différemment caractérisés du ré-
seau est un témoignage nouveau, un peu vague sans doute, mais
délicat, de l'harmonie qui existe entre le réseau pentagonal et la
configuration extérieure du globe terrestre.
Malheureusement, des remarques de ce genre seraient difficiles
à suivre si elles n'étaient pas accompagnées de cartes convenable-
ment dessinées. Quand il s'agit d'un cercle compris dans le tracé de
M. Laugel, on peut le suivre d'une manière générale, et, si on ne
voit pas tous les détails des adaptations qui se manifestent sur des
cartes à plus grande échelle, on peut se les représenter. Mais, poul-
ies 36a points principaux, que M. Laugel a également marqués,
des cartes détaillées seraient beaucoup plus nécessaires et en même
temps plus faciles à exécuter que pour les cercles entiers, qui ne
peuvent être bien représentés que sur un globe.
Il faudrait en principe 362 cartes, mais le nombre en serait
notablement diminué par le fait qu'une partie des 36a points tom-
bent, soit en pleine mer, loin des côtes, soit sur les glaces polaires,
soit dans certaines parties intérieures des continents pour lesquelles
on manque encore d'éléments topographiques.
Le mieux serait d'avoir pour chaque point une carte dressée en
projection gnoinonique sur l'horizon de ce point; mais ce serait
234 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
une entreprise de longue haleine que de dresser peut-être deux
cents cartes de. cette nature. On pourrait arriver à un résultat pres-
que aussi satisfaisant, à moins de frais, de la manière suivante.
La carte du pentagone européen en projection gnomonique sur
l'horizon de son centre, planche V de la Notice, réalise pour le
point D, centre du même pentagone, l'idée que je viens d'expri-
mer; seulement son échelle, qui pour la partie centrale est le cin-
quante-millionième (5 o.oo'o.o o o)^ est beaucoup trop petite.
Mais cette carte, sauf la petitesse de l'échelle, atteint aussi à
très-peu de chose près le but désiré pour les cinq points T et les
cinq points a qui se trouvent, sur le contour du petit pentagone formé
près de son centre par les octaédriques ; elle ne cesse de pouvoir être
employée commodément pour le même objet que pour les points I,
H, b, situés sur le contour du pentagone, et pour les points c qui
en sont eux-mêmes assez rapprochés. Dans le voisinage de ces
points, les formes géographiques sont trop déformées par suite
des défauts inhérents à la projection.
Or on pourrait aussi, pour chaque point I, centre de triangle
équilatéral, dresser une carte en projection gnomonique sur l'hori-
zon de ce point et contenant les trois points b qui l'avoisinent, et,
pour chaque point H, une carte analogue contenant les quatre
points c qui l'accompagnent. De la sorte on arriverait à renfermer
les 362 points principaux dans soixante-deux cartes dont plusieurs
seraient inutiles à construire comme contenant trop peu de terres,
ou des contrées trop peu connues : quarante cartes environ pour-
raient peut-être suffire. On comprend toutefois que, même ré-
duites à quarante, ces cartes ne peuvent trouver place dans le pré-
sent Rapport, et que, par conséquent, je dois renoncer à y placer
les monographies des points principaux du réseau pentagonal.
Au reste, les éléments dont ces monographies se composeraient
sont compris dans les monographies individuelles des différents
cercles, et on a même vu que les éléments de ces monographies
ont souvent été fournis par les roses des points principaux, placés
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 235
avec tous leurs rayons sur différentes cartes. Mais, réunis en roses,
ces éléments se seraient éclairés mutuellement et auraient conduit
à des rapprochements particuliers.
Les monographies des points principaux auraient conduit, par
une voie nouvelle, à reconnaître que le réseau pentagonal n'est que
le diagramme d'une figure géométrique qui existe matériellement
sur la surface entière du globe, par l'effet des phénomènes géolo-
giques. Mais, en appliquant spécialement ce diagramme à la France
et aux contrées adjacentes, je pourrai donner à cette conclusion un
nouveau degré de rigueur et de précision, et introduire même des
considérations qui manquent encore dans ce qui précède.
Les réflexions énoncées succinctement dans ce chapitre conduisent
naturellement à reconnaître que les monographies des différents
cercles du réseau pentagonal, dont j'ai donné trente-neuf spécimens,
ne sont, dans f étude de l'application du réseau pentagonal aux
inégalités de l'écorce terrestre, que des éléments susceptibles d'être
réunis, comme les cercles eux-mêmes se réunissent pour former le
réseau. Il est d'autant plus naturel d'étudier les cercles un à un que
chacun de ceux qui se rapportent à des systèmes de montagnes pa-
raît avoir été produit en principe par un phénomène unique et
distinct. Mais le seul fait de la propriété qu'ont ces cercles de se
réunir en roses autour des points principaux ou de points de croi-
sement secondaires conduit à étudier simultanément tous ceux d'une
même région pour mieux saisir leurs rapports avec l'orographie du
pays. C'est ce que je vais essayer de faire pour la France et pour
les contrées limitrophes.
ETUDE DES RELATIONS EXISTANTES ENTRE LE RESEAU PENTAGONAL
ET LA CONSTITUTION DU SOL DE LA FRANCE ET DES CONTREES LIMITROPHES.
Les monographies de différents cercles du réseau pentagonal , au
nombre de trente-neuf, qui occupent une place considérable dans
236 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ce Rapport, présentent des développements très-inégaux, suivant les
parties du globe que ces cercles traversent.
Dans les parties où les cercles étudiés parcourent de vastes mers
dépourvues d'îles, il n'y avait rien à en dire, le fond des mers
étant inconnu. Il en a été tout autrement pour les parties de ces
cercles qui rencontrent des côtes, qui traversent des archipels ou
des mers semées d'îles. On possède aujourd'hui de bonnes cartes ma-
rines de presque toutes les mers de l'univers, et, partout où il s'est
trouvé quelque chose à figurer sur ces cartes, on a eu des remar-
ques à faire sur la manière dont les cercles du réseau pentagonal
s'adaptent aux accidents géographiques et orographiques. Partout
où on possède des cartes suffisamment précises de l'intérieur des
continents, il y a lieu de faire des remarques du même genre.
Malheureusement, les parties de l'intérieur des continents pour les-
quelles on possède des données topographiques d'une précision
comparable à celle des cartes marines sont presque des excep-
tions; aussi l'intérieur des continents n'a-t-il donné lieu le plus
souvent qu'à des remarques générales fort laconiques. Les contrées
dont on possède des cartes géologiques assises sur une bonne topo-
graphie, comme l'Europe occidentale, l'Ural, l'Egypte, l'Inde, sont
celles qui ont fourni le plus de détails. Chaque fois qu'un cercle
nous y a conduit, elles nous ont retenu comme autant d'oasis pri-
vilégiées.
H est cependant une région favorisée sous ce rapport autant
qu'aucune autre, où nous ne nous sommes jamais arrêté, et pour
laquelle nous avons constamment renvoyé tous les détails à une
époque ultérieure; je veux parler de la France et des contrées limi-
trophes. Nous sommes arrivé à la partie du Rapport pour laquelle
ces détails ont été réservés; ils vont maintenant nous occuper.
En publiant des séries de données numériques propres à fixer
sur la surface du globe1 soit les cercles les plus importants, soil les
1 Comptes rendus, I. L\ 11, p. îai, séance fin 90 jnillel i863 , et t. LVIIL p. 5o8,
séance du i5 février i8(>A.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 237
points principaux du réseau pentagonal, l'auteur de la Notice sur
les systèmes de montagnes a donné les moyens de les construire sur
les cartes de toutes les parties de l'univers, sur les cartes de France
comme sur les autres. Mais, lorsqu'on veut tracer avec précision un
grand cercle déterminé sur une carte d'une échelle un peu grande,
il devient nécessaire de calculer les intersections du cercle avec un
certain nombre de méridiens ou de parallèles, en partant des don-
nées numériques qui fixent le cercle sur la surface du globe.
M. Elie de Beaumont a pensé qu'il serait utile aux progrès de la
géologie de l'affranchir, dans une certaine mesure, de ces calculs,
en publiant, pour la France d'abord, des données numériques
propres à fixer directement les positions d'un nombre de points
suffisant des cercles du réseau. Il aurait pu choisir dans ce but les
intersections des cercles avec certains méridiens, mais il a préféré
les intersections mutuelles des cercles du réseau : i° parce que ces
points sont souvent les plus importants de leur cours sous le rap-
port des relations que ces cercles présentent avec les configurations
orographiques et géologiques; 2° parce que chaque point d'inter-
section sert pour deux ou même pour un plus grand nombre de
cercles; 3° parce qu'en calculant ce qui se rapporte à l'intersection
de deux cercles, on détermine l'angle sous lequel ils se coupent.
L'auteur a considéré les cercles principaux du réseau pentagonal,
les cercles auxiliaires employés pour représenter différents systèmes
de montagnes et quelques cercles qui lui ont paru se recommander
par leur position symétrique dans le réseau, mais en se bornant à
ceux de ces différents cercles qui traversent ou avoisinent le terri-
loire français.
Ces cercles sont au nombre de 29, nombre qui, très-proba-
blement, est destiné à s'accroître ultérieurement. Chacun de ces
29 cercles coupant chacun des 28 autres en deux points diamétra-
lement opposés, qu'on retrouve chacun deux fois, ce qui oblige à
dédoubler le nombre qui se présente d'abord, il existe entre eux
29.28 = 812 points d'intersection, dont la moitié, soit /to6, sont
238 RAPPORT SUR LES PROGRES
situes dans un même hémisphère, tandis que les 606 autres se
trouvent aux antipodes des premiers. Mais, parmi les h 06 points d'in-
tersection qui appartiennent à notre hémisphère, il en est un grand
nombre qui tombent fort loin de nous, et, en fait, i83 points d'in-
tersection seulement sont compris dans l'espace embrassé par le
cadre de la carte géologique de la France et dans les parages de
l'île de Corse qui est figurée dans un appendice détaché du reste.
En fait, cet appendice s'est trouvé trop étroit pour recevoir
quelques-uns des points calculés en vue d'y être placés, de sorte
qu'on aurait pu réduire de quelques unités le nombre 1 83. Mais
les chiffres calculés ont été utilisés d'une autre manière et impri-
més avec les autres. Ce sont ces 1 83 points d'intersection qui ont
été l'objet des calculs de l'auteur.
Il a déterminé pour chacun d'eux sa latitude, sa longitude, les
orientations des deux cercles qui s'y croisent et l'angle qu'ils for-
ment entre eux; puis, par une opération subsidiaire, la distance de
chacun des points à la méridienne et à la perpendiculaire de Paris,
et l'angle formé par le méridien du lieu et la perpendiculaire à la
méridienne de Paris. Ces dernières données permettent de cons-
truire les 1 83 intersections sur la carte de Cassini et sur celles qui
dérivent de sa réduction, par exemple sur la carte géologique de
la France, aussi facilement que sur toute autre carte.
Les quantités calculées, au nombre de huit pour chaque point,
forment huit colonnes dans le tableau, dont une ligne est consa-
crée à chacun des i83 points. Afin de placer ces 1 83 lignes dans
un ordre méthodique, facile à saisir et à retrouver, l'auteur a con-
sidéré successivement les 29 cercles dans l'ordre où leurs parallèles
se présentent sur une rose tracée à Paris en allant de l'ouest au
nord et du nord à l'est, et il les a inscrits dans le tableau d'après
cet ordre conventionnel. 11 a ensuite placé au-dessous de la dési-
gnation de chaque cercle, sur autant de lignes différentes, les don-
nées numériques relatives à ses intersections avec les autres cercles,
rangés eux-mêmes suivant l'ordre dans lequel le premier les coupe
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 239
successivement, mais en omettant de répéter chaque ligne de
chiffres deux fois, ce qui a abrégé le tableau, non sans nuire, il est
vrai, à sa symétrie.
Après avoir calculé toutes les quantités qui viennent d'être énu-
mérées, l'auteur a construit les différents points dont elles fixent
les positions sur un exemplaire du tableau d'assemblage de la carte
géologique de la France, qui a été présenté à l'Académie, en
même temps que le tableau des données numériques, dans la
séance du 1 1 juin 1 866 l.
Quelques mois après, dans la séance du 17 décembre 18662,
l'auteur a fait hommage à l'Académie de la même figure (le réseau
appliqué sur la carte), exécutée à l'Imprimerie impériale, par le
report sur pierre, avec toute la précision que M. Dérénémesnil a
su donner à cet utile et ingénieux procédé.
Je me suis occupé depuis longues années, disait l'auteur, de deux
séries de travaux distinctes : d'une part (avec mon si regrettable
collègue et ami M. Dufrénoy), du tracé de la carte géologique de
la France, et, de l'autre, de la coordination des accidents stati-
graphiques et orographiques de l'écorce terrestre en systèmes de
montagnes dâgeâ différents et de directions différentes. Ces deux
séries de travaux se résument en deux figures complètement indé-
pendantes l'une de l'autre, la carte géologique et le réseau penta-
gonal. Pour être facilement comparées entre elles, ces deux figures
avaient besoin d'être tracées à la même échelle et sur la même
projection géographique. Réunies sur une seule carte, elles ont
immédiatement laissé voir leur concordance intime. Elles se sont
trouvées exactement superposables l'une à l'autre, et cette propriété
s'est manifestée par le fait que les cercles du réseau pentagonal
ont eu le privilège de tomber sur des files de positions caracté-
risées, alignées entre elles, dont chacune jalonnait à l'avance une
direction déterminée.
1 Comptes rendus, t. LXII, p. 29. — * Comptes rendus , t. LXIII. p. 1021 .
240 RAPPORT SUR LES PROGRES
Beaucoup d'autres circonstances contribuent encore à faire res-
sortir l'harmonie des deux figures.
Depuis lors, les cercles du réseau pentagonal ont été tracés,
d'après les mêmes chiffres, sur la carte géologique générale de la
France dont l'échelle est quadruple de celle du tableau d'assem-
blage (500;000 au lieu de ,,,„. '.,„„,). Us l'ont même été, au fur et
à mesure de l'exécution, sur les feuilles de la carte géologique dé-
taillée, dont l'échelle est de 3 0i'000, c'est-à-dire 2 5 fois plus grande
que celle du tableau d'assemblage, et l'agrandissement de l'échelle
n'a fait que mettre mieux en lumière l'accord du réseau pentagonal
avec les faits naturels. Le tableau d'assemblage de la carte géolo-
gique de la France avec les cercles du réseau pentagonal est joint
à ce Rapport; mais, en l'écrivant, j'ai en même temps sous les yeux
la carte géologique générale à l'échelle de 5 0 0'0 0 0 , ainsi que les
feuilles de la carte géologique détaillée à l'échelle de 8 0 ] 00, où
les cercles sont également tracés, ce qui me permettra de donner
quelquefois des détails qui ne sont pas complètement exprimés sur
le tableau d'assemblage à l'échelle de liOO'Oi0 00 , mais dont celui-ci
permet cependant de suivre la succession et l'enchaînement.
Les trois tracés ont l'avantage de se contrôler mutuellement. La
carte géologique détaillée, tracée sur la carte d'état-major publiée
par le dépôt de la guerre, qui est un monument de haute préci-
sion , est naturellement celle dont les indications doivent être pré-
férées. La carte géologique générale, réduite de la carte de Cas-
sini , mais corrigée d'après les levés du dépôt de la guerre ou
d'après d'autres documents authentiques, ne présente, avec la carte
géologique détaillée, que des discordances assez légères. Le tableau
d'assemblage réduit de la carte géologique générale est établi sur
un canevas identique, mais, en remplissant ce canevas, le dessina-
teur, averti qu'il devait surtout viser à n'omettre aucune des masses
minérales figurées sur la carte générale, quelque petite qu'elle
fût, a pu quelquefois, pour mettre son crayon plus à l'aise, les
déplacer légèrement et ne pas mettre dans le figuré des détails
DELA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE. 241
assez de rigueur pour que les cercles du réseau, auxquels on ne
pensait pas alors, tracés sur les deux cartes avec une égale préci-
sion, ne trahissent pas quelques légères incorrections dans la plus
petite. On doit donc tenir encore plus de compte des rencontres
que les cercles font sur la carte générale en six feuilles que sur le
tableau d'assemblage. Au reste, les faibles discordances dont il
s'agit sont généralement très-peu importantes, et on trouverait bien
peu de cartes réduites l'une de l'autre qui n'en présentassent pas
de semblables.
La France est comprise en entier dans le petit pentagone que
forment au centre du pentagone européen les cinq octaédriques
qui le traversent; mais son cadre dépasse un peu vers le S.-O. le
contour de ce petit pentagone : elle comprend le point T situé
au N.-O. de Burgos, qui est l'un de ses sommets, et le point a si-
tué sur la côte N.-O. du Cornouailles, qui occupe le milieu d'un de
ses côtés. Le cadre de la carte n'embrasse pas le point D, centre
commun du grand et du petit pentagone situé près de Remda,
en Saxe; mais ce point tombe sur le papier blanc qui entoure le
cadre du tableau d'assemblage, et il y a été marqué au N.-E. de
Francfort. Ces trois points principaux du réseau pentagonal oc-
cupent ainsi sur la carte des positions accidentelles où rien n'avait
été ménagé pour les recevoir, parce que la carte a été gravée
avant l'époque où l'idée du réseau pentagonal a pris naissance.
La carte géologique de la France avec les cercles du réseau,
quoique dressée sur la projection de Gassini, qui diffère beaucoup
de la projection gnomonique, réalise partiellement, dans une cer-
taine mesure, l'idée exprimée plus haut d'une carte du petit pen-
tagone européen. La carte de France est traversée par trois des grands
cercles primitifs du réseau pentagonal , le primitif du Land's End ,
celui de Lisbonne et celui de la Nouvelle-Zemble. Elle est traversée
aussi, mais vers ses extrémités seulement, par deux octaédriques,
Yoctaédrique du mont Sinaï et celui du Mulehacen. Enfin on a été
conduit à y tracer en outre vingt-quatre cercles auxiliaires, dont
Stratigraphie. «6
2â3 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
plusieurs sont compris au nombre de ceux dont les monographies
ont été données ci-dessus, notamment deux bissecteurs DH qui lias-
sent au point D.
Tous ces cercles ont été figurés par des lignes rouges pleines ou
ponctuées suivant l'espèce du cercle. De même que dans la carte
du pentagone européen , planche V de la Notice, et dans le tracé
de M. Laugel, les primitifs sont représentés par des lignes pleines,
les octaédriques par des lignes formées de points allongés épais, et
les auxiliaires par des lignes formées de points allongés plus courts
et plus minces.
Au premier coup d'œil, les lignes qui représentent ces grands
cercles paraissent droites; toutes cependant présentent une cour-
bure légère, ainsi qu'il est facile de le constater avec une règle.
Chacune de ces courbes possède un point d'inflexion placé à son in-
tersection avec le méridien de Paris, et la partie de la ligne qui, à
partir de cette intersection s'élève au nord , tourne sa concavité
vers le nord, tandis que la partie qui descend au sud tourne sa
concavité vers le sud. La courbure légère de ces lignes a été donnée
pour chacune d'elles par les positions des points d'intersection
calculés, et on comprend qu'avec une courbure aussi légère, un jxlil
nombre de points a suffi pour tracer la ligne avec toute la ri-
gueur désirable.
Sur la carte géologique détaillée, c'est-à-dire sur la carte d'état-
major, les lignes qui représentent les grands cercles n'ont aussi
qu'une très-faible courbure , mais la loi de cette courbure n'est pas
la même que sur la projection de Cassini.
Au surplus, chacune de ces lignes , prise dans une petite étendue,
se confond sensiblement avec une ligne droite et peut être traitée
comme telle. Sur une projection gnomonique elle serait rigoureu-
sement droite dans toute sa longueur, c'est là l'avantage de cette
projection , avantage qui est contre-balancé par certains défauts.
Les études concernant l'adaptation du réseau pentagonal aux
inégalités de l'écorcc terrestre qui ont été résumées ci-dessus on!
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 243
montré qu'un grand nombre de cercles de ce réseau s'adaptent
avec beaucoup de précision aux accidents orographiques et géo-
logiques, et ont permis de conclure que la symétrie pentagonale
existe réellement dans la nature.
Mais il reste encore plusieurs questions à résoudre. On peut
demander, par exemple, de fixer plus exactement qu'on ne peut
le faire peut-être, d'après les cartes de contrées lointaines, le degré
de précision avec lequel le réseau pentagonal s'adapte aux irrégu-
larités apparentes de la surface du globe. On peut demander aussi
si le réseau pentagonal, dont l'idée a été suggérée par l'étude du
réseau que forment sur la surface de notre continent les grands
cercles de comparaison 'provisoires des différents systèmes de montagnes
de l'Europe occidentale, présente réellement, dans ses cercles prin-
cipaux ou dans ses cercles auxiliaires, des représentants des pre-
miers qu'on puisse leur substituer sans dépasser les limites de
l'incertitude que le défaut de précision des observations a laissée
dans leurs positions.
L'étude de l'application du réseau pentagonal à la carte géolo-
gique de la France semble propre à résoudre cette double ques-
tion, et c'est ce qui m'a porté à lui consacrer une partie spéciale
dans ce Rapport. J'y suivrai une marche analogue à celle que j'ai
suivie dans les parties précédentes, en étudiant d'abord les différents
cercles l'un après l'autre, et je ferai connaître, aux endroits les
plus favorables à leur exposé, les remarques que suggèrent natu-
rellement leurs intersections simples ou multiples et les positions
qu'elles occupent sur la surface de la France.
Je me conformerai dans cette étude à l'ordre dans lequel les
différents cercles sont inscrits dans le tableau déjà cité, et je par-
courrai chaque cercle dans le sens où se succèdent dans ce même
tableau les intersections du cercle suivi avec ceux qu'il coupe
successivement.
16,
±hh I! IPPORT Slll LE8 PROGRÈS
Octaédrique du mont Sinaï (système des Pyrénées).
Le cercle inscrit en première ligne dans le tableau déjà cité des
1 83 intersections est X octaédrique du mont Sinaï (Etna, système des
Pyrénées).
Ce grand cercle, dont la monographie a été donnée avec détail
dans le cours de ce Rapport, page 1 13, entre dans le cadre de la
carte géologique de la France près de son angle S.-O., qui est pres-
que en entier consacré aux légendes. Bientôt il y rencontre le point
T déjà mentionné, qui tombe lui-même près du cadre, au milieu
de la nomenclature des terrains, ce qui n'a pas permis de figurer
la topographie. On peut le regretter, car plusieurs autres cercles,
X octaédrique du Mulehacen, le 'primitif de Lisbonne, le trapézoé-
drique Te du système du Hundsrùck, X hexatétraédrique HaTTa,
passant par ce même point T, il aurait fourni une excellente occa-
sion d'étudier simultanément leur adaptation à la structure du nord
de l'Espagne; mais ici le tracé de la carte fait défaut.
Je suis ici X octaédrique dans un sens contraire à celui dans lequel
je l'ai suivi précédemment, parce que l'ordre d'inscription des in-
tersections dans le tableau le veut ainsi. Gela est en soi-même in-
différent, mais je crois d'autant plus devoir en faire l'observation
au lecteur, qu'il en sera de même pour la plupart des cercles qui
suivront. Ce grand cercle, en poursuivant son cours vers l'E.-S.-E.,
rencontre les parties réellement exécutées de la carte un peu à l'est
de Logrono, et il suit la vallée de l'Ebre, obliquement à sa direc-
tion, en passant par les petites villes de Garcar et d'Exea. Il coupe
dans cette vallée le diamétral X)ac (système de la Côle-d'Or) et le
trapézoédrique Taie (système du Longmynd), dont les points d'inter-
section avec lui ont été calculés et construits, bien que le dernier
tombe un peu en dehors du côté méridional du cadre. Ces deux
points ont servi, avec le point T ci-dessus mentionné, à construire
le cercle qui, comme on peut le vérifier avec une règle, présente
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 245
une très-légère courbure dont la concavité est tournée, comme elle
doit l'être, du côté du nord.
Ce cercle sort de la carte géologique au sud d'Huesca, par le
côté méridional du cadre, après y avoir parcouru un très-petit
espace, ce qui fait qu'il n'est guère mentionné ici que pour mé-
moire. Dans cette faible étendue, il ne s'écarte presque pas du ter-
rain tertiaire miocène et des dépôts modernes, où il ne donne lieu à
aucune remarque susceptible d'être utilement ajoutée à celles déjà
consignées dans la monographie générale de son cours, page 1 15.
Mais ce que la carte géologique met pleinement en lumière, c'est
le parallélisme de Yoctaédrique avec les crêtes des deux grands chaî-
nons des Pyrénées, avec les principales lignes stratigraphiques qui
se dessinent dans cette chaîne, et particulièrement avec les limites
générales du terrain crétacé inférieur et du terrain nummulitique ,
tant sur le versant septentrional que sur le versant méridional. Il
est bon toutefois d'avertir dès à présent qu'on voit se dessiner aussi
dans la chaîne des Pyrénées des lignes de stratification et des ali-
gnements d'une direction toute différente, dont nous aurons à nous
occuper ultérieurement.
Voclaédrique ne coïncide avec la crête d'aucun des deux grands
chaînons des Pyrénées. Il côtoie presque exactement le pied méri-
dional du massif pyrénéen, à peu de distance de la ligne légèrement
festonnée le long de laquelle ce massif se perd sous le terrain ter-
tiaire moyen déposé à son pied. Il s'harmonise avec les traits gé-
néraux du massif, de manière à faire naître immédiatement l'idée
qu'il peut être pris pour grand cercle de comparaison du système
des Pyrénées; mais cette idée demande à être approfondie par une
étude spéciale.
La discussion des observations a conduit, dès l'origine, M. Elie de
Beaumont à adopter pour grand cercle de comparaison provisoire du
si/slème des Pyrénées un cercle passant par le pic de NethouJ, point
1 Notice, p. A 35.
24G RAPPORT SUR LES PROGRÈS
culminant du massif granitique de la Maladetta et même de toutes
les Pyrénées, et orienté en ce point de l'O. i8° N. à l'E. i8° S.
Ce grand cercle passe tellement près de l'Etna , qu'il était impos-
sible de ne pas chercher de prime abord son représentant parmi
les grands cercles du réseau qui passent au point T fixé à l'axe de
ce volcan, dans l'installation même du réseau. Voctaédriqae du mont
Sinaï fait avec le grand cercle primitif de ÏEtna (système du Ténare)
un angle de §k°kk'%",\ 9. D'après le tableau des angles formés par
le grand cercle de comparaison provisoire du système des Pyrénées avec
ceux des vingt autres systèmes de l'Europe occidentale (p. 84 1 de la
Notice), l'angle Pyrénées-Ténare est de 52° 10' 17" : la différence
est de 20 3 1 ' 5 1 ", 1 9 ; elle est par conséquent assez considérable ,
et il semblerait, au premier abord, qu'elle devrait engager à cher-
cher un autre représentant pour le système des Pyrénées.
Mais l'orientation 0. 180 N., conservée jusqu'à présent pour le
système des Pyrénées, est encore celle que l'auteur de la Notice avait
adoptée, dès l'origine, en 1 829 , à une époque où l'expérience ne lui
avait pas encore appris que 2 ou 3 degrés de plus ou de moins
dans l'expression de l'orientation d'un système de montagnes ne
sont pas une quantité sans importance. A cette même époque, il a\ ail
figuré la direction du principal chaînon pyrénéen des Apennins,
sur la petite carte insérée, en i83o, dans les Annales des sciences
naturelles, L XIX, par une ligne qui, sous le méridien de Parme,
court à l'O. 2 0° N., ce qui, eu égard à une différence de longitude
de plus de 8 degrés, supposerait dans les Pyrénées une orientation
moins éloignée de la ligne E.-O. de 5 à 6 degrés; de sorte que la
moyenne de ces deux orientations serait à peu près celle de Yoctaé-
driqne. L'orientation 0. i8°N. transportée à Corinthc devient à peu
près 0. 32° N. ou N. 58° 0., et, comme on l'a rappelé page 435 de
la Notice, MM. Boblaye et Virlet ont trouvé, pour celui de leurs s\s-
tèmes qui correspond aux Pyrénées, une orientation N. 59°à 6o°0.
plus éloignée du méridien et plus rapprochée de la ligne E.-O. de
1 à a degrés que l'orientation originaire. M. Renou, dans son grand
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 247
travail sur la géologie de l'Algérie, a trouvé de même que les
chaînons pyrénéens du nord de l'Afrique ont une direction conforme
à celle des Pyrénées, en supposant que dans les Pyrénées mêmes
celle-ci soit 0. i6° N. et non 0. i8° N. Ainsi Yoctaédrique, en don-
nant une direction plus rapprochée de la ligne E.-O. que l'indica-
tion originaire, ne fait que confirmer les avis déjà exprimés par
dhabiles géologues qui ont eu à explorer des chaînons pyrénéens
très-étendus et très-bien caractérisés. D'après ces résultats, et
d'après ce qui vient d'être dit sur les Apennins, il est très-probable
que, si on faisait le travail nécessaire pour prendre- convenable-
ment la moyenne de toutes les directions pyrénéennes connues,
par la méthode indiquée dans la Notice sur les systèmes de montagnes,
on trouverait un angle Pyrénées -Ténare très -peu différent de
hk°kh"è",\ 9 , d'où il suit que, sous le rapport de l'orientation, Yoc-
taédrique du mont Sinaï convient très-bien pour représenter le sys-
tème des Pyrénées.
Il ne convient pas moins bien sous le rapport de sa position. H
occupe le milieu de la zone des accidents pyrénéens qui s'étend
depuis le pied nord du Hartz jusque dans le désert de Sahara, car
le système des Pyrénées est un de ceux dont l'influence sur le sol
de l'Europe et de l'Afrique est le plus fortement et le plus large-
ment dessinée. Il est parallèle aux axes des différents chaînons de
ce système et placé dans le milieu à peu près de la zone qu'ils em-
brassent et dans le voisinage des chaînons les plus puissants; mais
il ne s'identifie avec aucun d'eux, ce qui est conforme à la définition
et, comme on le verra dans la suite, aux allures habituelles des
grands cercles du réseau qui représentent des systèmes de monta-
gnes. On ne pourrait, je crois, trouver pour le système des Pyrénées
un meilleur grand cercle de comparaison.
Il passe par des montagnes remarquables, mais qui ne sont pas
des chaînons du système des Pyrénées, le mont Sinaï, l'Etna, le
mont Serrât, qui probablement se sont élevées sur sa direction par
1'inSuence des lois de la symétrie.
248 RAPPORT SUR LES PROGRES
Ce grand cercle est absolument distinct du trapézoédrique TD/>
qui représente, comme on l'a vu ci-dessus, le système des ballons.
Les deux cercles se coupent au point T, situé au N.-O. des îles
Lucayes, et à son antipode, sous un angle de 1 î^o/âo/^, et, dans
les parages de l'Asie Mineure et de l'Egypte, ils coupent perpen-
diculairement un même dodécaédrique rhomboïdal en deux points,
éloignés de 1 i03o/20,",77, où leurs tangentes sont parallèles. En
France, la distance des deux cercles n'est pas de 1 1 degrés, et
leurs tangentes ne sont pas parallèles. Des perpendiculaires abais-
sées sur Yoctaédrique et sur le trapézoédrique TDb, de Buxières-ïez-
Belmont (Haute-Marne), ont respectivement des longueurs de
3°55'/i5'/,i51 et de 6°ko'3r]" formant une somme de io°/i6/2 2//,i5*,
et ces perpendiculaires forment entre elles un angle de /i°5o'53",o,8 ,
qui est aussi l'angle formé par des parallèles à Yoctaédrique et au
trapézoédrique TD6, menées par Buxières-lez-Belmont. En d'autres
points de la France, l'angle varierait de k à 6 degrés.
Cet angle est déjà assez considérable pour que les deux direc-
tions se distinguent quand les observations sont nettes et multi-
pliées, mais il est assez petit cependant pour qu'elles puissent se
confondre lorsque les observations sont obscures. M. Durocher a
signalé, dans les terrains paléozoïques des Pyrénées, des orienta-
tions appartenant au système des ballons qui, au premier abord,
semblent se confondre avec les accidents pyrénéens, mais qui sont
d'origine plus ancienne.
Les deux directions sont en même temps assez voisines l'une de
l'autre pour que les dislocations appartenant au système des bal-
lons aient eu plus de tendance que d'autres à se reproduire à
l'époque de la formation du système des Pyrénées ; mais il y au-
rait impropriété d'expression à appeler cette reproduction une ré-
currence du système des ballons. Le mot récurrence ne doit être ap-
' Eludes stratigT;i])lii<|iirs sur le dépar- rendus hebdomadaire* des séances de l'Aca-
li'incnt de la Haiile-Marne, par MM. Élie demie des sciences, I. LV, |>. 80. séance
de Beaunionl cl. de Chancourlois. Comptes du 1 h juillel 1 86*.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 249
pli que qu'à la production d'un nouvel ensemble de dislocation
parallèlement à un grand cercle qui a déjà servi d'axe à une pre-
mière série de fractures, ainsi que M. Pissis l'a observé au Chili.
(Voir ci-dessus, page 26.)
Le trapézoédrique TD6, représentant du système des ballons, ne
traverse pas le cadre de la carte géologique de la France ni les
parages de la Corse, ce qui fait qu'il n'a pas trouvé place dans le
Tableau des données numériques qui fixent dans ces contrées les
points où se coupent mutuellement 29 cercles du réseau penta-
gonal, mais il en a été donné plus haut une monographie dé-
taillée.
Trapézoédrique Tla (système du Morbihan).
Le cercle inscrit au second rang dans le tableau des 1 83 inter-
sections est le trapézoédrique Tla, qui représente le système du
Morbihan.
Ce grand cercle, qui est compris dans le tracé de M. Laugel,
est assujetti à passer par le point T de l'Etna et par le point I du
détroit de Davis, ainsi que par leurs antipodes. Il passe aussi au
point a qui tombe dans l'océan Indien, un peu à l'E. de Mélinde, et
à son antipode qui tombe dans l'océan Pacifique, au nord des îles
Marquises. Il a pour pôles les deux intersections triples de Yoctaé-
drique des Garrow-Hills, du dodécaédrique rhomboïdal, axe volcanique
du Pacifique, et d'un bissecteur IH, intersections qui tombent près
du Japon, au sud de 1 île Kiu-Kiu, et à l'antipode de ce point sur
la côte du Brésil, au sud de la baie de Laguna.
Le trapézoédrique Tla entre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté septentrional, et il traverse d'abord la
pointe S.-O. de l'Angleterre, en coupant les terrains dévoniens du
nord du Devonshire, ainsi que le nouveau grès rouge à l'est de
Tiverlon, puis les terrains crétacés. Il entre dans la Manche au
milieu des petits lambeaux de grès vert et de craie qui forment la
côte entre Axmouth e! Lvmeregis.
250 RAPPORT SUR LES PROGRES
Dans la Manche, il rencontre le primitif du Land's End, et un
peu après il coupe le trapézoédrique Hb, représentant du système de
la Vendée, et le diamétral Dac, représentant du système des Pays-
Bas, en un seul et même point situé à i3 kilomètres au N.-N.-O.
de Barfleur et sur lequel je reviendrai ultérieurement.
Le trapézoédrique Tla sort de la Manche par l'embouchure de la
Seule et aborde la côte de France par l'extrémité orientale des ro-
chers du Calvados et par la plage de Langrune. 11 passe entre le
bord de la mer et le pèlerinage, célèbre en Normandie, de Notre-
Dame-de-la-Délivrande.
Il coupe l'Orne aux carrières de Banville, la Dives un peu an-
dessous de Troarn, où elle devient navigable, et un peu plus haut
il s'identifie pendant quelque temps avec la vallée de cette rivière,
puis avec celle de la Vie, qui en est tributaire. Dans cette dernière
vallée, il passe à Corbon, à Grèvecœur, au Mesnil-Mauger et près
de Livarot.
Au Mesnil-Mauger, il coupe le trapézoédrique TDb, représentant
du système du Finistère , et l'intersection tombe précisément au pont-
viaduc où passe le chemin de fer de Paris à Cherbourg, point qui,
à la suite de longues recherches, a paru le plus convenable relati-
vement à la direction à donner au tunnel qui traverse les coteaux
situés entre la Touque et la Vie. C'est aussi en ce point que la
vallée de la Vie commence à s'épanouir pour devenir la large vallée
d'Auge, célèbre par la richesse de ses pâturages. Les bœufs qui y
sont engraissés sont embarqués par milliers sur le chemin de for a
la station du Mesnil-Mauger, pour être transportés à Paris, au mar-
ché de la Villette.
La station du Mesnil-Mauger ne présente rien qui paraisse propre
à fixer l'attention, mais elle offre un exemple actuel, et pour ainsi
dire pris $ur le fait, de ces combinaisons, en apparence fortuites, qui
ont déterminé les emplacements de beaucoup de villes et de loi-
leresses, et qui souvent se sont adaptées, comme ici, aux directions
des cercles du réseau pentagonal et même à leurs croisements.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 251
A partir de Livarot, où il quitte la vallée de la Vie, le trapézoé-
drique TDb s'engage sur les plateaux formés par les terrains cré-
tacés et tertiaires dont les parties les plus élevées sont connues
sous le nom de Perche, Il y passe, à un ou deux kilomètres près,
par le Sap, la Ferté-Fresnel , Laigle, Chenebrun (où il coupe le
bissecteur DH de Belle-Ile), la Ferté-Vidame , Belhomert, et, pour-
suivant son cours sur le plateau de la Beauce, il atteint la Loire
au pont de Jargeau, un peu au-dessus du point où s'en sépare le
canal d'Orléans.
Cette ligne de Livarot à Jargeau suit presque exactement, si
même elle n'en marque pas la direction, le seuil proéminent qui,
comme M. le vicomte d'Archiac l'a fait remarquer depuis long-
temps, s'élève entre le bassin de la Seine et celui de la Loire.
Au-dessus de Jargeau notre cercle entame légèrement, sur la
rive gauche de la Loire, le bord de la Sologne, mais bientôt il
rejoint la Loire au-dessus de Cosne, et il traverse cette rivière dans
l'inflexion produite par les coteaux de Sancerre, qui la rejettent
vers l'est. Il va ensuite couper la Nièvre à Beaumont-la-Ferrière,
entre la Charité etPrémery, près du point où lui-même il est coupé
simultanément par le primitif de Lisbonne et par le diamétral Dac,
représentant du système du Forez. Je reviendrai dans la suite sur
ce point de croisement.
Poursuivant son cours au milieu de terrains assez plats, notre
cercle rase l'extrémité méridionale de la bande de marnes irisées
de Saint-Sauge, près du point où il est coupé par le trapézoé-
drique Tabc, représentant du système du Longmynd : il coupe la
vallée de l'Arou et le canal du Nivernais au point où il est coupé
par le trapézoédrique Te, représentant du système du Hundsrùck :
il rase l'extrémité sud-est du Morvan dans la vallée du Bulvain,
où il rencontre le trapézoédrique T/>, représentant du système du
Tatra, et enfin il croise le diamétral Dac, représentant du système
de la Côte-d'Or, au midi d'Issy-l'Evèque , dans la région granitique
qui s'étend d'Autun à la Loire. Toute cette contrée est découpée à
252 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
très-petit point parles accidents géologiques, et j'aurai à y revenir
à l'occasion de six cercles différents, qui y trouvent chacun des re-
pères assez précis.
Notre cercle traverse ensuite le Cliarollais et le Beaujolais, con-
trées accidentées plus fortement, mais sous d'autres influences. On
peut y signaler son passage au cap granitique qui s'avance à Ven-
denesse vers Charolles, à la montagne schisteuse située à l'ouest de
Saint-Léger et au gîte de manganèse de Romanèche.
Passant la Saône à l'inflexion prononcée qu'elle présente entre
Thoissey et Belleville, il traverse la région des étangs de la Dombes
et va couper le Rhône précisément au point où iL est coupé lui-
même par le bissecteur DH, représentant du système du mont
Seny, puis il entre en Savoie par le Pont-de-Beauvoisin.
Dans la Savoie, tout près du passage des Echelles, au sud du
lac d'Aiguebellette, notre trapézoédrique D\a coupe les premières
crêtes calcaires dépendantes des Alpes. 11 y est coupé à son tour
simultanément par le trapézoédrique TTbbc (Hécla) et par Xhexa-
tétraédrique Uaa. Le point où tombe ce croisement est digne
d'attention, parce que c'est celui où une diramation s'opère dans
la direction des couches, dont les unes continuent leur cours
vers le N. 2 6° E. à peu près, pour former le bord des Alpes,
tandis que les autres s'infléchissent au nord pour se diriger vers le
Jura.
Poursuivant son cours vers le S.-E. notre cercle coupe les mon-
tagnes de la Grande-Chartreuse par la profonde vallée du Gùiers-
Vif, où il passe à Saint-Pierre-d'Entremont. Laissant au nord la
haute montagne de la Dent-dc-Granier qui domine Chamhcry et
Montmeillan, il passe l'Isère un peu au midi de Goncelin, puis il
traverse la chaîne primitive de Belledone par la mine de Ici- de
Theys et par le col des Sept-Laux, l'une des sept merveilles du
Dauphiné. Il détache l'extrémité nord et presque isolée de la
chaîne granitique des Grande&-RoU8Se8, passe sur les pelouses ar-
rondies (lu roi des lîeivhes cl des prés de Paris, el . eoloyanl le
DE LA STRATIGRAPHIE EK PRANCE. 253
pied méridional des aiguilles d'Arve, il vient raser les sources de
la Romanche au pied du col du Lautaret.
Traversant ensuite les dernières pentes nord-est du massif gra-
nitique de FOisans, il suit le flanc sud-ouest de la vallée de la
Guisane, où il coupe le diamétral De, représentant du système des
Alpes occidentales, et le trapézoédrique Ta, représentant du système
du Vercors. Plus loin, il passe la Durance au-dessous de Briançon,
au milieu des mines d'anthracite duVillars-Saint-Pancrace, et pé-
nètre dans le Queyras où il suit pendant quelque temps la vallée
de Saint-Yéran, au milieu du terrain jurassique métamorphique
et des masses éruptives de serpentine. Il passe enfin en Piémont
vers le col Longet, qui conduit de Barcelonnette à Castel-Del-
fino.
En Piémont, au S.-S.-E. de Coni, notre cercle est coupé simul-
tanément par le primitif de la Nouvelle-Zemble , représentant du
syslème du Rhin, et par le trapézoédrique TI, représentant du sys-
tème du mont Viso, croisement remarquable sur lequel j'aurai à
revenir ultérieurement. Plus loin , il passe à la cime de la montagne
qui domine à l'est le col de Tende et à la masse éruptive de por-
phyre où se trouve la source du Tanarello, et il entre dans la Mé-
diterranée, à deux kilomètres au S.-O. de Port-Maurice, après
avoir coupé à trois kilomètres du rivage le trapézoédrique TTbbc, qui
représente le système du Sancerrois.
Dans la Méditerranée, notre cercle coupe la pointe de File de
Corse, qui se termine au nord par le cap Corse. Il y entre par
le cap appelé le Canelle, traverse les masses de serpentine qui
accidentent le terrain nummulitique au N.-N.-O. de Bastia, et,
rasant cette ville au N.-E., il rentre dans la Méditerranée, pour se
diriger vers l'Etna où il est assujetti à passer.
Le trapézoédrique TD6 traverse la France à peu près par son
centre. Il y forme sur la carte une ligne extrêmement peu re-
courbée, car il faut y mettre de l'attention pour constater, au moyen
d'une règle, qu'elle n'est pas absolument droite. Cela montre que
254 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
les quinze points d'intersection qu'il traverse ont amplement sulli
pour le tracer, et, de plus, que tous ces points ont été bien calculés
et bien construits, car la moindre faute aurait produit dans la ligne
une inflexion irrégulière. Il ne passe à aucune grande montagne
et ne coïncide avec aucun des grands traits de la structure de la
France, et cependant il s'harmonise très-bien avec la structure des
contrées qu'il traverse, et il rencontre un nombre assez grand de
repères précis pour qu'on puisse dire que, si on le dérangeait d'une
quantité un peu sensible, sa position serait gâtée. La pointe S.-O.
des porphyres du Morvan et le dôme porphyrique de la source du
Tanarello suffiraient à eux seuls pour le fixer.
Le trapézoédrique TD6 est compris dans le tracé de M. Laugel.
Il traverse les parties les moins connues de l'Afrique et de l'Amé-
rique septentrionale. Il rase l'extrémité occidentale des îles de Li-
pari, dont il sépare au loin l'île d'Ustica et détache l'angle N.-E.
de la Sicile, qui renferme le petit groupe de roches primitives de
Messine, où l'orientation du gneiss se rapproche de sa direction. Je
n'essayerai pas d'en donner ici la monographie; je dois cependant
faire quelques remarques sur les parties de son cours qui sont en
dehors de la France.
Après avoir traversé l'Afrique, où il pénètre le long du bord S.-O.
du massif montagneux de Barka et où il rase en Nubie l'un des
grands contours du Nil, le trapézoédrique T\a entre dans la mer des
Indes par la côte du Zanguebar, un peu au sud du port de Jubo.
D'après le tracé de M. Laugel, il passe entre les deux petites îles
Albadra dont les axes s'allongent dans sa direction, et il coupe la
partie septentrionale de l'île de Madagascar parallèlement à la tron-
cature que présente la côte, du cap Ambro au cap Est.
M. Edouard Guillemin, dont j'ai déjà cité les observations |). 10
de ce Rapport, dit à ce sujet : «Le grand cercle de comparaison
du système du Morbihan atteint la grande terre près de Nossi-bé
par la côte de la baie de Passandava, cl en sorl par le fond de la
baie d'Àntongiî, dont il détermine la ligue de thalweg. L'angle que
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 255
fait ce grand cercle avec le méridien du k^ degré est de 33° en-
viron. Le système du Morbihan est représenté par le massif de
montagnes qui couvre la partie ouest de la presqu'île d'Antongil
et qui forme le côté est de la baie1. Ces observations paraissent
établir très-clairement l'existence du système du Morbihan à Ma-
dagascar.
Poursuivi dans la direction opposée, notre grand cercle sort du
Devonshire à très-peu près par sa pointe N.-O., près d'Ilfracombe,
rase les pointes extrêmes du Pembrokeshire et traverse obliquement
l'Irlande, de la pointe granitique de Garnsore, angle S.-E. de l'île,
à la" masse granitique de Davroshead, extrémité opposée du même
diamètre. Dans l'océan Atlantique, il passe à peu de chose près
à l'un des angles de la plate-forme sous-marine qui supporte les
lies Britanniques, et il rase la pointe méridionale de celle sur la-
quelle s'élève plus loin au N.-O. l'îlot de Rockall. Avant d'atteindre
le point I qui tombe dans le détroit de Davis, il passe dans un des
canaux qui découpent la pointe méridionale du Groenland.
Le tracé de M. Laugel montre que le trapézoédrique T\a s'adapte
à plusieurs traits du continent de l'Amérique septentrionale, où il
passe à l'ouest du lac Supérieur, parallèlement à l'une des direc-
tions qui se dessinent dans la stratification et dans les filons trap-
péens de l'île Royale et de la côte adjacente. Il entre dans l'océan
Pacifique par la côte de la Californie, et va au midi de Féquateur
traverser l'île de Taïti , en effleurant sa masse principale au point
où s'en détache vers le S.-E. la presqu'île de Taïrabou.
Appuyé sur Taïti, sur Madagascar, sur l'Etna et sur tous les
repères qu'il rencontre en Corse, en France et en Irlande, ce
grand cercle est des mieux installés sur la surface du globe. 11
nous reste à examiner s'il fournit pour le système du Morbihan,
dont on l'a rapproché, un représentant convenable.
Le grand cercle de comparaison provisoire adopté pour le système
1 Compte* rendus, t. LIX, p. 99^, séance du ta décembre 1 864.
25G KAIM'ORT SUH LES 1410GHES
du Morbihan passe à Vannes, où il est orienté vers 10. 38° iS'N.1;
Sa prolongation traverse la Méditerranée un peu au S.-O. de la
pointe occidentale de la Sicile; mais comme, en faisant passer ce
grand cercle de comparaison par Vannes, on lui assigne une posi-
tion très-suspecte d'être placée trop au S.-O. pour un système dont
il existe des traces en Saxe et peut-être même dans la Russie mé-
ridionale, on n'a pas à craindre de le déplacer d'une manière
inopportune en le faisant passer par la cime de l'Etna, et le sys-
tème du Morbihan est du nombre de ceux dont il est le plus na-
turel de chercher le représentant parmi les cercles du réseau qui
passent au point T de l'Etna.
D'après le tableau de la page 843 de la Notice, l'angle Morbihan-
Ténare est de 2 0,02 7'52". Le diagonal trapézoédrique IT, mené du
point I, dans le détroit de Davis, au point T de l'Etna, fait, avec
le grand cercle de comparaison du système du Ténare, un angle de
28°2 2'37",55. La différence est de i°5'i/i',45, et on a cru devoir
n'attacher qu'une médiocre importance à une différence d'un degré
et quelques minutes. En effet, on a déterminé, page 137 de la
Notice, l'orientation du système du Morbihan, d'après une seule ligne
géographique, celle de l'île de Noirmoutier à l'île d'Ouessant. Cette
ligne est très-bien jalonnée par les petites îles de la côte de Bre-
tagne; mais, comme ces îles, quoique très-petites, ne sont pas des
points mathématiques, il n'est pas possible de répondre d'une
manière absolue de l'orientation de la ligne, et le résultat de la
mesure peut bien être en erreur d'un degré. Il est même à re-
marquer qu'en transportant ce cercle à Vannes on aurait dû taire
subir à l'expression de son orientation une certaine correction. On
n'avait pas pensé, à cette époque, devoir tenir compte d'une aussi
petite quantité, et la correction serait venue en défalcation de
l'angle Ténare-Morbihan, et par suite en déduction de la diffé-
rence \°Wih",hrô, qui, en elle-même, n'est déjà pas très-considé-
1 Notice, p. i38.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 257
rable1. Ce cercle paraît donc représenter très-heureusement le
système du Morbihan.
Plusieurs des accidents orographiques et géologiques signalés
sur son cours sont à la vérité d'une date beaucoup plus récente
que le système du Morbihan, qui remonte à la période silurienne.
Tel est, par exemple, le bombement que présentent les dépôts ju-
rassiques crétacés et tertiaires, depuis les rochers du Calvados jus-
qu'aux environs d'Orléans; mais on peut attribuer leur surélévation
à la mobilité dont le sol ancien sous-jacent est redevable à d'an-
ciennes fractures qui sont restées pour les secousses de tous genres
des lignes de plus facile propagation. La Notice sur les systèmes de
montagnes insiste souvent sur des faits de ce genre et sur la ten-
dance qu'ont toujours eue les roches éruptives à se montrer aux
points de croisement des cercles du réseau pentagonal, d'où il ré-
sulte qu'un accident très-moderne peut être un excellent jalon
pour le grand cercle de comparaison d'un système très-ancien. Ainsi
l'Etna s'est élevé au point de rencontre des grands cercles de compa-
raison des systèmes des Pyrénées et du Morbihan, beaucoup plus
anciens l'un et l'autre que les premières éruptions des matières
volcaniques qui le composent. Ainsi le volcan de Guatemala s'est
placé, à peu de chose près, sur le grand cercle de comparaison du
système des ballons, etc.
Remarques relatives au système du Thiiringerwald.
La direction adoptée d'abord pour le système du Morbihan étant
à Vannes 0. 38°i5' N. et celle adoptée pour le système du Thii-
ringerwald étant en Allemagne 0. ko0 N. environ, on a paru
croire quelquefois que les orientations des deux systèmes étaient
peu différentes et pourraient être confondues; mais, en raison
de la différence de longitude des lieux auxquels deux orientations
1 Notice, p. no-).
Stratigraphie. 17
ï>5S RAPPORT SUR LES PROGRES
se rapportent, elles sont loin d'être équivalentes, et, transportées
en un même point, elles s'éloignent l'une de l'autre d'environ
1 o degrés.
Le grand cercle de comparaison. provisoire employé, page 384 de la
Notice, pour le système du Thùringerwald, passe un peu au midi de
Remda. Il s'éloigne plus du méridien que le grand cercle de compa-
raison du système du Ténare, et, d'après le tableau page 862 de la
Notice, il fait avec ce dernier un angle de 370 2 5' 20"; or l'un des
grands cardes primitifs du réseau, le primitif de Saint-Kilda, dont
la monographie a été donnée ci-dessus, page 1 68 , fait avec celui
qui représente le système du Ténare un angle de 36 degrés : la dif-
férence est de i° 2 5' 20". Ce grand cercle a paru devoir être adopté
pour représenter le système du Thùringerwald. La différence
i° 2 5' 20" ne peut être regardée comme très-considérable, si l'on
observe que l'orientation O. 3p,° N., qui a été admise page 384 de
la Notice, n'est que la représentation de l'orientation en nombres
ronds O. ko0 N., que l'auteur avait employée originairement1. Ce
grand cercle, qui, ainsi qu'on l'a vu ci-dessus, page 169, rase le
pied septentrional du Thùringerwald et du Bohmerwaldgebirge ,
paraît répondre très-complètement à toutes les conditions qu'on
peut exiger pour représenter convenablement le système du Thùrin-
gerwald.
Ce système, ainsi qu'on l'a établi dans la Notice, page 382, re-
monte à une époque intermédiaire entre les périodes du trias et
du lias, mais, comme pour d'autres systèmes plus anciens encore,
les phénomènes éruptifs modernes se sont attachés à sa direction,
car, sur la cote orientale de la mer Rouge, au pied de la chaîne
arabique, dont le primitif de Saint-Kilda suit la direction, on
trouve, sur une grande étendue, des traces multipliées de phéno-
mènes éruptifs d'un âge certainement très-voisin de l'époque ac-
tuelle2.
1 Notice, p. io52. s&ince du 11 mars 1 80 1. Rapport de
s Compta retuhu, t. LU, p. 46s, M. Châties Sainte-Claire Derifle tarira
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 259
Le primitif de Saint-Kilda coupe le trapézoédrique TIfl au point I
du détroit de Davis et à son antipode , sous un angle de 1 o°2 1 'h 5", 2 6l.
Dans l'Europe occidentale, ils sont séparés par la distance de Remda
(Saxe) à Gliarolles (Saône-et-Loire), qui est d'environ 700 kilo-
mètres. Etant très-bien jalonnés l'un et l'autre , ils ne peuvent être
ni confondus, ni remplacés l'un par l'autre, ni cités comme offrant
un exemple de la récurrence des directions. Les systèmes du Mor-
bihan et du Thiïringerwald sont aussi distincts l'un de l'autre que
les systèmes des ballons et des Pyrénées.
Diagonal \b (système du mont Serrât).
Le grand cercle qui vient en troisième ligne dans le tableau des
i83 intersections, qui forme la base du présent chapitre, est le dia-
gonal 16. Il passe comme le précédent au point I du détroit de
Davis, mais, au lieu de se diriger vers l'Etna, il va rencontrer un
point b situé dans les déserts de la Libye, à l'est de Mourzouk. Ne
passant à aucun point T, il n'appartient pas à la classe des trapézoé-
driques, mais seulement à celle des diagonaux.
M. Vézian, dans son article sur le système du mont Serrât, déjà
cité précédemment, page 2 , dit textuellement2 : cr On peut adopter
pour grand cercle de comparaison du système du mont Serrât une
ligne menée sur le pentagone européen (voir pi. V de la Notice) et
partant du point b" pour aboutir au point Y". Cette ligne commence
à l'entrée du détroit d'Hudson, touche le cap Farewell, à l'extré-
mité sud du Groenland, coïncide avec la limite sud-est de la plate-
forme qui entoure les Iles Britanniques et la France du côté de
l'Océan. Elle traverse ensuite les Pyrénées dans leur partie cen-
mémoire de M. Courberon, chirurgien par ordre de l'Empereur, par le capitaine
de la marine de 1™ classe, intitulé : Ré- de frégate Russell.
sultats relatifs à l'histoire naturelle oh- ' Notice,]). 1129.
tenus pendant le cours d'une exploration 2 Comptes rendus, t. XLIII, p. 762,
de la mer Rouge , exécutée en 1859-1860, séance du 20 octobre i856.
•7-
260 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
traie, passe par Barcelone et l'île de Minorque, et entre dan* la
continent africain aux environs de Bone. d
Ce grand cercle entre dans le cadre de la carte géologique de la
France par le côté occidental, en coupant Yoclaédriqiie du Mulehacen
en un point qui tombe dans les ornements de l'encadrement. Dans
l'Océan, conformément à la remarque de M. Vézian, il suit approxi-
mativement la ligne légèrement festonnée qui marque le contour
du soubassement continental et le sépare des eaux profondes. Il
aborde la côte des Landes par la ligne de dunes qui la défend et
la menace, entre les étangs de Bicarosse et de Mimisan. Mimisan
doit une certaine célébrité à la rapidité avec laquelle empiètent sur
son territoire les sables poussés par le vent, pbénomène sur lequel
le réseau pentagonal n'exerce pas d'influence directe. Après avoir
traversé les Landes et passé l'Adour entre Saint-Sever et Grenade,
le diamétral 16 aborde les collines subpyrénéennes. Il laisse entière-
ment au S.-O. la région légèrement accidentée appelée la Ghalosse,
dont il rase l'angle N.-E. Il parcourt les plateaux monotones du
Bigorre et arrive droit au plus élevé de tous, le plateau tourbeux
de Lannemezan, devenu, à cause de sa situation dominante, une
position stratégique et le point de départ de grands travaux d'irri-
gation. Laissant à deux kilomètres au N.-E. la ville même de Lan-
nemezan, notre cercle entre dans les Pyrénées par l'angle saillant,
formé de calcaire jurassique soulevé, autour duquel tourne la rivière
de Neste pour aller se jeter dans la Garonne. Laissant Saint-Béat
à quatre kilomètres au N.-E., il passe à Mauléon et à Cierp, au
milieu d'une réunion nombreuse de roches d'éruption et d'accidents
minéralogiques qui ont fourni des pages pleines d'intérêt aux des-
criptions locales et qui marquent la terminaison extrême du chaînon
oriental des Pyrénées.
Bientôt après, passant au mont Bocanère et coupant le trapé-
zoédrique Tabc, représentant du système du Longmynd, il en lie
dans la vallée d'Àran, territoire espagnol tributaire de la France
par ses eaux, qui en formeraient un lac si elles ne s'échappaient
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 261
parle canal souterrain appelé le Trou-du-Toro , pour donner nais-
sance à la Garonne.
Passant à un kilomètre au N.-E. de Salardi, où il rase une pe-
tite proéminence granitique, notre cercle va couper à son extrémité
orientale, où elle est complètement abaissée, la masse granitique de
la Maladetta, qui est elle-même la pointe orientale et pour ainsi
dire la tète du chaînon occidental des Pyrénées; puis il entre in-
sensiblement sur le versant espagnol de la chaîne, où il passe à
Rialp et où il laisse à 7 ou 8 kilomètres au N.-E. les villes d'Urgel
et de Braga.
Les deux grands chaînons des Pyrénées chevauchent d'une cer-
taine quantité l'un par rapporta l'autre. Celui qui est en avant du
côté de la France dépasse l'extrémité orientale de l'autre. Us laissent
entre eux un jour oblique occupé par la vallée d'Aran. S'accommo-
dant à cette obliquité, le diamétral \b rase, en les effleurant à peine,
l'extrémité occidentale du premier chaînon et l'extrémité orientale
du second, avec une adresse dont j'ai déjà signalé ailleurs d'autres
exemples et qui, partout où elle s'observe, devient une preuve
manifeste de connivence entre le réseau pentagonal et les phéno-
mènes naturels.
La monographie complète de ce grand cercle n'a pas encore été
faite. Il traverse les parties les moins connues de l'intérieur de
l'Afrique et de l'Amérique septentrionale; mais on voit que, dans
les parties où on a pu l'étudier, son cours est jalonné avec une
précision délicate par les phénomènes géologiques.
Quant à l'exactitude avec laquelle ce même cercle représente
l'orientation du système du mont Serrât, on peut s'en rapporter à
M. Vézian, qui ne l'a choisi qu'après un examen attentif pour
grand cercle de comparaison du système nouveau dont il a enrichi
la science.
262 [{APPORT SUR LES PROGRES
Hexatctraédrique llbaab (de Nontron).
Le grand cercle placé au quatrième rang sur le tableau des
1 83 intersections est Y heœalétraédrique llbaab. Ce cercle va, en tra-
versant la France, du point a voisin de Minorque au point a voisin
de la pointe du Cornouailles. D'après les conditions de la symétrie
pentagonale, il passe en même temps au point b situé au S.-O. de
l'Islande, au point b situé dans le désert de Libye, près de Mour-
zouk, où passe déjà le diamétral \b du mont Serrât, et au point H
situé au midi de Madagascar. Il passe de même au point H situé
au S.-O. de la Californie et aux points b, a, a, b, antipodes des pré-
cédents.
Ce cercle est perpendiculaire au primitif de Lisbonne, et il a
pour pôles les deux points où ce cercle est coupé simultanément
par les deux bissecteurs IH, qui ont pour pôles les deux points», et
par les deux bissecteurs DH, qui ont pour pôles les deux points b,
intersections quintuples qui sont très-exactement figurées dans le
tracé de M. Laugel, l'une dans le Paraguay, au S.-O. de l'Assomp-
tion, et l'autre dans le canal de Formose, entre la Chine et cette
grande île.
Notre cercle occupe une position très-symétrique dans le réseau,
et il est l'homologue exact d'un autre hexatétraédrique llbaab qui re-
présente, comme on le verra plus loin, le système des Alpes prin-
cipales. Cette double circonstance a donné à M. Elie de Beaumont
l'idée de l'étudier, comme il avait étudié par le même motif d'autres
cercles llbaab qui se sont trouvés être eux-mêmes des cercles favo-
risés. Les données numériques de l'un de ces derniers sont com-
prises dans le tableau relatif à i5g cercles du réseau. Celles de
notre cercle actuel ne s'y trouvent pas; je les consigne ici :
L = 6i°36'i5*,o6 0. b= a6°ia'à6*t89.
Notre hexatétraédrique llbaab entre dans le cadre de la carte
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 263
géologique de la France par le côté occidental du cadre , où il coupe
le primitif du Land's End et Yoctaédrique du Mulehacen au point a
situé en dehors du cadre. Ce point tombe dans la mer, et le cercle
aborde le Cornouailles par l'entrée de la rivière de Saint-Earth ;
puis il s'étend sur les collines de Killas voisines de Helston, et il
entre dans la Manche en traversant le district serpentineux du cap
Lizard. Sur le tableau d'assemblage il passe à la pointe même du
cap Lizard, et sur la carte géologique générale il laisse cette
pointe à un kilomètre environ dans le S.-O. C'est là une de ces
légères discordances auxquelles j'ai fait allusion.
Au delà de la Manche, notre cercle, rasant les récifs deTriagoz,
aborde la Bretagne par la pointe située au S.-O. des Sept-IIes,
pointe granitique élevée qui est un des traits proéminents de la
configuration de la côte.
Cheminant ensuite sur des terrains granitiques et schisteux,
accidentés en petit, où il laisse à l'ouest Lannion et à l'est Guin-
gamp, il va passer au sud de Quinlin, à la montagne schisteuse de
Lanfains , base de l'un des signaux de la grande triangulation qui
joint Brest à Strasbourg. Cette montagne, élevée de 3 2 h mètres,
domine jusqu'à une grande distance toutes les petites montagnes
environnantes, à l'exception du Menez-Belair, autre sommet de
la même chaîne de triangles, qui est situé à 23 kilomètres à
l'E.-S.-E. et qui la surpasse de 1 5 mètres (33o, mètres).
De la montagne de Lanfains, notre cercle s'avance vers le bourg
de la Trinité à travers les terrains schisteux, en profitant d'un jour
que laissent entre elles des masses orientées à peu près de l'est à
l'ouest, qui paraissent d'abord n'avoir avec lui aucun rapport, mais
qui semblent s'écarter pour le laisser passer ; à l'ouest, les schistes
métamorphiques qui s'étendent de Goarec à Loudéac ; à l'est, quatre
masses granitiques dont les deux plus considérables sont celles de
Moncontour et de Plouguenas. Notre cercle rase avec précision cette
dernière, laissant les autres à d'assez faibles distances. M. Puillon-
Boblave d'abord, MM. Dufrénov et de Bill\ ensuite, ont mis beau-
*2G4 RAPPORT SUR LES PROGRES
coup de soin à dessiner les limites de ces diverses roches, et j'ai
tout lieu de penser que leur exactitude laisse fort peu de chose à
désirer.
De la Trinité aux rives de la Loire, qu'il passe un peu au-dessus
de Nantes, notre cercle traverse une contrée où toutes les couches
paléozoïques, dont le sol est principalement composé, sont fortement
repliées suivant la direction du système des Ballons, à laquelle
notre cercle est oblique, et dont la surface presque rase ne nous
offre aucune observation essentielle à consigner. On pourrait seu-
lement remarquer la manière dont le cercle s'adapte à certains
accidents des cours d'eau.
Au delà de la Loire, X hexatélraédrique Hbaab suit à peu près la
ligne de faîte du Bocage vendéen, en laissant à 3 ou h kilomètres
au N.-E. ou au S.-O. les localités historiques de Glisson, Tiffauges,
les Herbiers, Pouzauges, Saint-Pierre-des-Moutiers , la Châtaigne-
raye. Les gorges pittoresques de Clisson, par la hardiesse de leurs
escarpements granitiques, semblent désignées comme le résultat
d'un déchirement dû peut-être à un effort souterrain dont on ne
voit pas l'agent; mais notre cercle côtoie, à 2 ou 3 kilomètres de
distance, dans un sens presque parallèle à sa longueur, la masse de
porphyre coupée par le Grand-Lay, et il rase à une distance plus
petite encore l'extrémité méridionale du terrain houiller de Vou-
vant. On ne saurait nier que notre cercle soit dans une remar-
quable harmonie avec les principaux traits de la protubérance
vendéenne, en même temps qu'il est parallèle à toute la partie
supérieure de la vallée de la Sèvre nantaise qui la borde au N.-E.
Dans les plaines calcaires des Deux-Sèvres, de la Charente et
de la Dordogne, notre cercle passe aux saillies granitiques voisines
de Chavagné et de Marthon et aux protubérances de lias souvent
métallifère qui les entourent ou qui se relèvent isolément, notam-
ment à Melle, siège d'un ci-devant hôtel des monnaies. Ces protu-
bérances forment l'axe à partir duquel les couches jurassiques du
Poitou s'enfoncent sous le bassin de la Gascogne. Notre cercle re-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 265
présente assez exactement cet axe, qui serait par conséquent dans
la prolongation de la crête de la Vendée. Plus loin, Yhexatétraé-
drique Ubaab rase près de Nontron, à une très-petite distance, la
pointe S.-O. des granités du Limousin, autour de laquelle se relève
encore le lias, qui de même y est métallifère et contient notamment
des gisements bien connus de manganèse. Notre cercle côtoie, à
un kilomètre de distance, les concessions de mines accordées pour
l'exploitation de ce métal.
Traversant l'isle à Savignac et la Dordogne au-dessous de Souil-
lac, après avoir coupé, à l'est de Sarlat, le diamétral Dac du système
de la Côte-d'Or, notre cercle suit de loin le contour du bassin secon-
daire du S.-O. Avant d'atteindre le Lot, il coupe, près de Saint-
Cels, en un seul et même point, le trapézoédrique Tb du système
de la Vendée et le trapézoédrique Tabc du système du Longmynd.
Traversant le Lot à Gajarc, et passant à k kilomètres au S. de Ville-
franche, il pénètre, entre cette ville et TNajac, dans le massif des
montagnes de l'Aveyron, presque exactement au point où cesse la
ceinture de grès bigarré qui le borde plus loin vers le midi. A son
entrée dans les granités, notre cercle se trouve entouré de nouveau
par des gisements métalliques, plomb argentifère, zinc, cuivre,
manganèse, qui rappellent ceux de Nontron et de Melle et qui ont
donné des espérances non encore complètement réalisées : mais aux
yeux de la géologie la richesse des gites est un point secondaire. Le
cercle rase ici l'extrémité S.-O. d'une masse de granité porphy-
roïde qui a peut-être été le centre d'émanation des substances
métalliques, et il passe aussi à peu de distance de petites masses
éruptives de diorite et de serpentine.
Il traverse ensuite, dans un sens presque perpendiculaire à leur
direction, les roches anciennes des parties montagneuses des dé-
partements du Tarn et de l'Hérault, où je mentionnerai seulement
son adaptation aux accidents du cours de plusieurs rivières, no-
tamment aux contours compliqués de la vallée du Tarn dans les
environs d'Ambialet.
266 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Il sort enfin de la région montagneuse en passant très-près df
Saint-Chinian, et, traversant les plaines tertiaires, il va couper, à
l'embouchure de l'Aude, avant d'entrer dans la Méditerranée, la
pointe extrême de la montagne de la Glape, montagne a formes
hardies, formée de calcaires du terrain crétacé inférieur, dont il
rogne environ un kilomètre.
Uhcœalclraédriquelibaab , traversant la carte obliquement jusqu'à
sa limite occidentale, est placé de la manière la plus favorable
pour le développement de sa courbure, qu'une règle rend très-
sensible. Cette courbure est parfaitement régulière, ce qui montre
que les intersections qui ont servi à tracer le cercle ont été bien
calculées et bien construites : remarque qui s'applique, ainsi
que le lecteur peut s'en assurer, à tous les autres cercles figurés
sur la même carte et que je m'abstiendrai de reproduire ultérieu-
rement.
La courbure de la ligne qui nous occupe, quoique très-sensible
à la règle, n'a cependant qu'une flèche peu considérable, qui dé-
passe à peine 1 millimètre et qui à l'échelle de la carte ne repré-
sente que 2 kilomètres. C'est une distance bien peu considérable,
et il est par conséquent évident qu'on n'aurait pas commis de bien
graves inexactitudes en remplaçant la courbe par une ligne droite.
Cependant, eu égard à la précision avec laquelle notre cercle s'a-
dapte aux accidents orographiques et géologiques, on ne peut
admettre ici qu'une très-faible tolérance. En effet, les caps, les
sommets ou extrémités de montagnes avec lesquels il coïncide à
moins d'un kilomètre près, sont pour ainsi dire des points sans lar-
geur, et les localités métallifères que notre cercle rase ou traverse
n'ont, perpendiculairement à sa direction, que des largeurs de 3 à
h kilomètres, à l'exception de celle des environs de Villefranche qui
est plus étendue. Si donc on déplaçait le cercle de 3 ou h kilomètres
seulement, c'est-à-dire d'environ deux minutes, on gâterait com-
plètement sa position. 11 perdrait le privilège de passer par les points
caractérisés qui ont été cités, cl il ne trouverait pas à coté une
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 267
autre iile de points équivalents ; on n'aurait plus qu'un cercle in-
signifiant.
On n'a pas encore cité de système de montagnes auquel Xhexa-
lélraédrique Wbaab puisse servir de grand cercle de comparaison. Les
points remarquables qui se rencontrent sur son cours paraissent,
jusqu'à présent, s'y être placés par le seul effet des lois de la sy-
métrie.
La monographie de ce cercle pour les parties extérieures à la
France n'a pas encore été faite. D'une part il traverse la régence
de Tunis et le cœur de l'Afrique, de l'autre la pointe S.-O. de
l'Irlande, le Groenland et l'intérieur de l'Amérique septentrionale.
Trapézoédrique TTbbc. (Failles de la Haute-Marne , Hécla.)
Le grand cercle inscrit au cinquième rang dans le tableau des
1 83 intersections est le trapézoédrique TTbbc, adopté comme grand
cercle de comparaison d'un système de failles observé dans le
département de la Haute-Marne et qui se trouve passer en Islande
par l'Hécla, à très-peu de chose près.
11 passe au point T situé dans les parages de l'Ecosse près de
Saint-Kilda, au point T situé dans l'Amérique septentrionale entre
les montagnes Rocheuses et l'île de la Reine-Charlotte, au point b
situé dans le désert de Libye près de Mourzouk, au point b situé
près de Sofala, au point c situé dans l'océan Austral, au N.-O. des
îles Marion et Grozet, ainsi qu'aux antipodes de ces cinq points.
11 a pour pôles les deux points où se croisent les cercles dont ces
cinq points et leurs antipodes sont les pôles, intersections multiples
qui figurent dans le tracé de M. Laugel, et qui tombent l'une dans
la mer de la Chine, entre les îles de Lucon et d'Hav-nan, et l'autre
dans l'Amérique méridionale, au S.-E. de Santa-Cruz de la Sierra.
Ce grand cercle entre dans le cadre de la carte géologique de la
France par le côté septentrional, et traverse dans la partie méri-
dionale de l'Angleterre le comté de Kent. Au midi de la Manche,
^68 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
il aborde la France par l'embouchure de la Somme, dont il tra-
verse le cours entre Abbeville et Saint- Valéry. Parcourant ensuite
les terrains crétacés et tertiaires de la Picardie et du bassin de
Paris, où, dans le but d'abréger, je m'abstiens d'indiquer les rap-
ports de détail qu'il présente avec la topographie et le cours des
, rivières, il va couper l'Yonne un peu au-dessous de Saint-Flo-
rentin; et il abandonne les coteaux de craie précisément à partir
du point où cette rivière s'y engage, ce qui forme la contre-partie
de son entrée en France par l'embouchure de la Somme.
De là remontant d'abord la vallée du Serain, dont il ne s'éloigne
que faiblement, il va couper obliquemeut la Saône àTournus, où
il passe avec elle dans l'ouverture du terrain jurassique qui donne
issue à ses eaux; mais dans l'intervalle, entre Saint-Florentin et
Tournus, il donne lieu à de nombreuses observations.
Sur le plateau de calcaire oolithique inférieur, le trapézoé-
drique TTbbc coupe en un seul et même point le primitif de Lis-
bonne et le trapézoédrique Tabc, représentant du système de Long-
mynd. Ce point de croisement, sur lequel j'aurai à revenir, est
remarquable par la position toute spéciale qu'il occupe à l'égard
de la protubérance du Morvan, relativement à laquelle les trois
cercles qui se croisent forment deux tangentes et une sécante,
placée d'une manière particulière.
Notre cercle est tangent à la protubérance du Morvan du côté
oriental. Il côtoie la vallée du Serain au-dessous de Saulieu, en
passant au point où le granité commence à s'élever pour former
les montagnes, dans lesquelles il est presque partout à nu, et il
laisse à l'est les plateaux d'arkose et de lias qui les entourent et
où le granité ne se voit plus que dans le fond des vallées. Sur le
tableau d'assemblage, où le relief du sol n'est pas exprimé, ces
bandes de granité mises à jour par le fond des vallées compliquent
la figure, mais sur la carte géologique générale on \oil tirs-bien
(pie notre cercle marque le pied oriental du Morvan.
Une disposition analogue existe un peu à loues! d \rna\ -le-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 269
Duc, mais ici déjà la structure du sol devient extrêmement com-
pliquée, et elle ne pourra être distinctement figurée que sur la
carte géologique détaillée. Le granité, le porphyre, le terrain
houiller, le trias, le lias et le calcaire oolithique forment une quan-
tité de petits compartiments qui font du sol une véritable pièce
de marqueterie. Or l'existence d'une pareille complication dans
cette contrée est en parfaite harmonie avec les circonstances qu'y
présente le réseau pentagonal, car elle se rattache au fait qu'ici,
dans un petit espace, notre cercle en coupe trois autres, savoir:
le trapézoédrique Te, représentant du système du Hundsriick, le
diamétral Dac, représentant du système de la Côte-dOr, et le tra-
pézoédrique Tb, représentant du système de Tatra; d'où il résulte
que le sol y a été soumis directement à quatre influences distinctes,
agissant dans des sens différents, sans compter les autres influences
qui pouvaient s'exercer de plus loin.
Dans ce dédale, où il serait difficile de se reconnaître sans guide,
chacun des quatre cercles a rencontré de lui-même un certain
nombre de points auxquels il s'adapte rigoureusement, preuve que
le désordre n'est qu'apparent.
Le trapézoédrique TTbbc rase l'extrémité N.-E. du lambeau de lias
où s'exploite la mine de fer de Thucy, et l'extrémité N.-E. du terrain
houiller d'Epinac, encastrée entre trois masses distinctes de por-
phyre, de granité ordinaire et de granité porphyroïde. Il passe entre
d'autres petites masses de granité qui supportent le lias à l'O. de
JNolay, coupe l'extrémité des marnes irisées dans lesquelles se
trouve le gypse exploité à Saint-Léger-sur-Dhenne , au point où
elles vont disparaître sous les couches du lias qui forme les flancs de
la vallée et tronque légèrement, près de Saint-Berain, l'extrémité
apparente du terrain houiller du Creuzot et de Blanzy. Il rase l'ex-
trémité de la bande granitique qui supporte au S.-E. ce terrain
houiller, tronque légèrement l'extrémité du lias avant qu'il se perde
sous le terrain oolithique dans la vallée de l'Orbise, et, après avoir
traversé, entre Givry et Senecey, un golfe rempli par les dépôts
270 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
récents delà Bresse, rase encore au S.-O. de Senecey les extrémités
des bandes de granité et délias qui supportent le terrain oolithique.
H effleure ensuite la crête des coteaux oolithiques qui s'étendent
de Senecey à Tournus, et s'échappe enfin avec la Saône par une
tranchée à flancs oolithiques pour aller s'étendre dans la Bresse.
Si, après ces indications, le lecteur jette de nouveau les yeux
sur la carte, il en saisira mieux les traits que leur petitesse rend
obscurs dans les détails, et il comprendra que de Saint-Florentin à
Tournus notre cercle, en rasant la protubérance du Morvan, suit
une ligne jalonnée avec la plus remarquable précision par les ac-
cidents géologiques. Cette ligne est probablement destinée à servir
de point de départ pour la recherche des mines dans cette contrée,
particulièrement des mines de houille, car, en voyant que le terrain
houiller s'arrête à une troncature rectiligne, on a lieu de penser
qu'il peut se prolonger au delà , à un niveau inférieur.
Le trapézoédrique TTbbc passe à 2 kilomètres au S.-O. de Bourg
en Bresse et aborde le Jura par Pont-d'Ain. Il rase à 1 kilomètre
de distance le promontoire élevé que forme le calcaire oolithique
inférieur entre le Furand et l'Ain, et, passant à Amberieu, il suit
le contour qui s'étend de cette ville à Douvres, où il entre définiti-
vement dans le massif jurassique.
Côtoyant le Bhône et ensuite le Guier, d'Amberieu aux Echelles,
à h ou 5 kilomètres de distance, notre cercle trace une direction
parallèle à celle suivant laquelle se relèvent les marnes irisées et
le lias près de Lagnien et aux principaux accidents straligraphiques
de la terminaison S.-O. du Jura. On peut remarquer aussi son pa-
rallélisme avec la direction générale de la vallée du Chéran, de la
Chapelle à Rumilly, en Savoie.
Au N.-O. des Échelles, il passe au point du croisement déjà cité
plus haut, où il coupe simultanément le trapézoédrique Tïa (sys-
tème du Morbihan) et Y hexalélraédrique Haa. Il coupe ensuite le
massif des montagnes de la Grande-Chartreuse, où il rase le flanc
N.-O. de la montagne du Grand-Soin. 11 franchit la vallée de l'Isère
DE LA STHATIGKAPHIE EN FRANCE. 271
*
entre Lumbin et Crolles, puis la chaîne primitive qui en couronne
le flanc gauche, et il rase à 1 kilomètre de distance vers le N.-E.
le point culminant de cette chaîne, le roc de Belledone, élevé de
2,981 mètres.
Dans rOisans, notre cercle traverse, en passant presque par leurs
clochers, les communes d'Allemont, d'Huez et d'Auris, célèbres par
leurs richesses minéralogiques, et, laissant au nord le massif gra-
nitique des Grandes-Rousses, il passe au mont de Lans, où il coupe
la Romanche et la route impériale entre les deux masses porphy-
riques que cette route traverse en galerie. Il pénètre enfin dans le
massif granitique de la Bérarde, où il passe exactement au confluent
du Montrion et de la Lavette, qui en reçoivent toutes les eaux, dont
le cours ultérieur, dans le Vénéon et la Romanche, côtoie long-
temps notre cercle, puisqu'elles passent comme lui à Allemont.
Ce cercle sort de la masse imposante et sauvage des granités du
Dauphiné par le col de la Muande, et, après avoir coupé le val Go-
demard et le val d'Orcières, presque à leur naissance, il arrive
enfin à la Durance en passant vers le sud au pied des remparts
d'Embrun.
En jetant un coup d'œil sur la carte géologique générale de la
France, où sont dessinées avec soin les montagnes Hardies qui
s'élèvent entre la Romanche et la Durance, on est frappé de voir
combien de crêtes, soit granitiques, soit nummulitiques, sont pa-
rallèles à notre cercle, qui représente sans doute un mouvement
du sol postérieur au dépôt du terrain nummulitique.
11 traverse la vallée de Barcelonnette par un point de conver-
gence de plusieurs torrents situé au centre de la vallée, au-dessous
de la ville, et il pénètre ensuite dans la vallée du Var. Il coupe
cette dernière rivière près d'Entraunas , à peu de distance de sa
source, et il suit la direction générale de son cours très-sinueux, qu'il
coupe de nouveau un peu au-dessous de Pujet-Théniers.
Coupant le massif montagneux qui rejette le Var vers l'est près
des extrémités des quatre crêtes de calcaire jurassique qui en
272 «APPORT SUR LES PROGRES
m
forment en quelque sorte l'ossature, et passant entre les petites
villes subalpines de Vence et de Saint-Paul, notre cercle rentre
encore dans la vallée du Var, dont il suit les terrains plats jus-
qu'au rivage de la Méditerranée. 11 entre enfin dans cette mer à
h kilomètres à l'ouest de l'embouchure du Var, et il quitte le sol
de la France où il était entré par l'embouchure de la Somme après
s'être adapté à ses rivières avec autant de précision qu'à ses mon-
tagnes.
Dans la plaine du Var, à Gagnes, notre cercle coupe simultané-
ment trois autres des cercles du réseau figurés sur le tableau d'as-
semblage, savoir : le primitif de la Nouvelle-Zemble (système du
Rhin), le trapézoédrique TTbbc (système du Sancerrois), et Xhexatè-
traédrique HaTTa.
Un homologue de ce dernier cercle, occupant une position sy-
métrique à la sienne par rapport au primitif, passe aussi au même
point et aurait pu être figuré; mais il n'a pas été compris dans les
calculs.
Malgré cette omission , le point de croisement dont nous parlons
est des plus remarquables, tant par la position qu'il occupe que
par les cercles qui y passent. J'aurai à y revenir plus d'une fois.
Le trapézoédrique dont nous parlons avait lui-même été omis dans
l'origine, et il ne figure pas sur la carte du pentagone européen,
formant la planche V de la Notice. Mais M. Elie de Beaumont, ayant
observé dans le département de la Haute-Marne, avec M. de Chan-
courtois, un groupe assez nombreux de failles dirigées vers le S.
3i°i5'0.1 qui s'écartait notablement des directions de tous les
systèmes admis, pensa qu'il devait appartenir à un système nou-
veau dont il y avait lieu de chercher dans le réseau pentagonal le
grand cercle de comparaison. Il remarqua alors que, le trapézoédrique
TTbbc, représentant du système du Sancerrois, étant un cercle par-
faitement installé sur les accidents orographiques et géologiques, il
1 Comptes rendus, l. \A. p. S<>. séance <lu \!\ juillet 1869.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 273
pourrait en être de même de l'homologue qui lui était symétrique
au point de croisement de Gagnes, et que ce dernier pénétrait
dans l'intérieur de la France avec une orientation analogue à celle
qu'on cherchait. Tout le reste a suivi.
Le trapézoédrique TTMc touche le pied du Morvan, à 100 kilo-
mètres environ des points où les failles avaient été observées. A
son croisement avec le primitif de Lisbonne, près de l'isle, il a l'o-
rientation i5o°o' 16", 26 ou S. 290 59' 43", 7/1 E., qui, transpor-
tée à Buxières-lez-Belmont, devient S. 280 53' 16" 1 1 E. et diffère
de 20 2 1/ 45", 89 de la direction assignée aux failles. Comme il est
impossible de répondre de 2 degrés dans l'orientation moyenne des
failles qui traversent un terrain couvert et qui sont sujettes à de
nombreux rejets, l'accord peut être regardé comme satisfaisant, et
le trapézoédrique TTWc, dont la position au pied du Morvan est
parfaitement convenable pour le représentant d'un système de
failles situées dans la Haute-Marne, a pu être admis comme le re-
présentant de ce système.
La monographie du trapézoédrique TTbbc, pour les parties de son
cours qui sont extérieures à la France, n'a pas encore été faite.
D'une part, il traverse la Sardaigne et ensuite l'Afrique entière
dans ses parties les moins connues, pour en sortir par Sofala.
Le port de Sofala a déjà été cité, pages 8/1 et 128, comme of-
frant un repère pour le dodécaédrique régulier des Açores et de la
terre de Van-Diémen et pour le primitif du cap Gastle, qui s'y cou-
pent à angle droit en un point b. Il doit être noté aussi comme l'un
des repères du trapézoédrique TT&èc, assujetti à passer à ce même
point b.
Du côté opposé, notre cercle traverse les Iles Britanniques et en-,
suite les parties boréales de l'Amérique septentrionale, dont il sort
près de l'île Vancouver; mais, avant d'atteindre le Groenland, il
passe en Islande, où son cours a été étudié.
Tracé sur les cartes publiées par le dépôt de la Marine en
1823 et 1 836, et sur la belle carte topographique de l'Islande en
Stratigraphie. 1 8
■27/i RAPPORT SUR LES PROGRÈS
quatre feuilles, à l'échelle du 680,000e, exécutée sous la direction
de M. O.-N. Olsen et publiée à Rejkiavik, en 18/16, par la Société
littéraire d'Islande, le trapézoédrique TT/>/>c, dont la direction est ici
N. 5o°N. environ, aborde l'Islande par sa partie méridionale, qui est
la moins accidentée, près de l'embouchure de la rivière Eiler-Aae.
Il en sort vers le N.-O. en rasant fe cap Staabierg-Huk, qui est la
pointe de l'Islande la plus avancée vers l'ouest.
En traversant l'île obliquement, il passe au milieu des montagnes
volcaniques de la partie méridionale, au nombre desquelles se
trouve l'Hécla, qui, sans être la plus élevée, est considérée comme
le volcan principal de ce groupe. Notre cercle laisse au S.-O. le
Myrdals Jôkul, l'Oster ou Eyjafjalla Jokul , élevé de 1,818 mè-
tres, qui était en activité en 1823, le Tidfjalla Jôkul, élevé de
1,686 mètres, et au N.-O. l'Hécla , dont l'altitude est de 1 ,635 met.
seulement. Il en laisse la cime à une distance qui n'est pas exacte-
ment la même sur les trois cartes. Cette distance est de 6' 65" du
méridien sur celle de 1823, de 6' sur celle de 1 836 et de 5'3o"
seulement sur la carte islandaise de 1866, car la cime a été repor-
tée graduellement de plus en plus vers l'ouest. En admettant, ce
qui est fort probable, que la carte topographique islandaise, levée
par des procédés géodésiques, soit celle où les points de l'intérieur
sont placés de la manière la plus correcte, on peut conclure que
notre cercle passe à environ cinq minutes et demie ou 1 o kilo-
mètres au S.-O. de l'axe de l'Hécla.
Nous avons vu ci-dessus, page 167, que le dodécaédrique rhomboï-
dal, axe volcanique de la Méditerranée, passe à 8 kilomètres de
l'axe du Pic de Ténériffe. La différence est peu considérable , mais
peut-être n'y a-t-il pas lieu de prendre cette distance en considéra-
tion. En effet, le point où notre cercle est le plus voisin de la cime
de l'Hécla tombe au milieu des crevasses, des cônes adventifs et des
coulées de lave qui entourent la base méridionale de la montagne ,
où ils forment un champ d'éruption dont il existe d'autres exemples
en Islande et qui correspond peut-être au centre principal de l'acti-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 275
vite volcanique dans cette partie de l'île, opinion qui a déjà été
exprimée par quelques observateurs.
On pourrait être d'autant plus porté à l'adopter que ce point de
notre cercle est précisément celui où il est coupé par deux autres
cercles du réseau pentagonal figurés dans l'important travail de
M. de Chancourtois1, dont l'un passe exactement par la cime de
l'Hécla et dont l'autre s'adapte aussi d'une manière très-nette à la
topographie volcanique. Il pourrait sembler que ce point de croise-
ment serait à peu près pour l'Islande ce qu'est pour la Sicile le
point T de l'Etna.
Je ne puis développer ici ces remarques, mais je crois qu'il suf-
fira de les avoir indiquées pour faire comprendre que notre cercle
est assez intimement lié à la structure de l'appareil volcanique au-
quel l'Hécla donne son nom pour mériter d'être appelé le trapézoé-
drique TTbbc de l'Hécla.
Appuyé sur le foyer volcanique de l'Hécla, sur le port de Sofala,
sur le Roc de Belledone et sur les autres points cités en France, le
trapézoédrique TTbbc se trouve jalonné avec beaucoup de précision.
Il est du nombre des cercles qui ne pourraient subir qu'un très-lé-
ger déplacement sans perdre toutes leurs prérogatives et sans ren-
trer dans la multitude des cercles indifférents.
Le système des failles observées dans le département de la Haute-
Marne avec l'orientation approximative N. 3 i°i 5' 0. est évidem-
ment un système assez moderne; mais son âge relatif n'a pas en-
core été rigoureusement déterminé.
' Carte de l'Islande, avec l'indication corvette la Reine-Hortmse , commandée
des principaux traits de la constitution par M. le baron de la Roncière le Noury
géologique et un essai d'application du et dirigée par S. A. I. le prince Napoléon,
réseau pentagonal , par MM. C. Ferri Pi- (Notices scientifiques. Géologie de l'Is-
sani et E. B. de Chancourtois, dans le lande.)
Voyage duns les mers du Nord à bord de la
276 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Tropézôédrique TI du cap Bon (Hermœum Promonlorium)
(système du mont Viso).
Le grand cercle placé au sixième rang dans le tableau des
i 83 intersections est le trapézoédrique TI, qui représente le sys-
tème du mont Viso. Ce cercle est assujetti à passer par le point T
qui tombe à la pointe méridionale de l'île Victoria , dans l'Amérique
boréale, et par le point I situé dans le Soudan, près du lac Tsad.
Ses pôles sont placés aux intersections du dodécaédrique rhomboïdal
auquel le point T appartient comme pôle, et de Yoclaédrique qui a
pour l'un de ses pôles le point 1 , c'est-à-dire au point c qui tombe
dans la Bolivie, au N.-O. de Santa-Cruz-de-la-Sierra, et au point c
qui tombe dans la mer de la Chine, entre la Gochinchine et l'île de
Luçon.
Le trapézoédrique TI entre dans le cadre de la carte géologique de
la France par le côté septentrional. Au sortir de la mer du Nord,
il aborde la côte de Belgique à l'est de Neuport et chemine au
milieu de collines tertiaires parmi lesquelles il atteint, à Roose-
beke, par son angle septentrional, un plateau de terrain tertiaire
inférieur, continuation de ceux du mont Cassel et du Katzenberg,
sur lequel il rencontre le primitif du Land's End.
Il franchit la Lys un peu au-dessous de Menin, suit une assez
longue section de la frontière de France, traverse la Scarpe à Saint-
Amand et l'Escaut près de Valenciennes, un peu en avant des glacis
des fortifications, en passant au village de Vicoigne et à un kilo-
mètre et demi à l'O.-S.-O. de celui d'Anzin. Il traverse la bande
souterraine de terrain houiller où sont exploitées les mines de
Vicoigne et d'Anzin, dans la courbure qui la porte à l'O.-N.-O. vers
Lens. L'un des principaux crochons horizontaux figurés sur la carte
spéciale de M. d'Ormoy se trouve à 3 kilomètres à l'ouest de
Saint-Amand.
Notre cercle passe ensuite à un kilomètre et demi à TO.-S.-O.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 277
des remparts de Landrecies, en laissant à 8 kilomètres environ
dans la même direction la pointe extrême du terrain carbonifère
de la Belgique mis à nu dans la vallée de la Sambre. Il y a eu là
peut-être, à une époque ancienne, un cap, en partie recouvert au-
jourd'hui, qui aura pu jouer un rôle important dans la géographie
des périodes crétacées et tertiaires.
Poursuivant son cours sur les craies de la Champagne, notre
cercle passe aux environs de Vervins, où il coupe le trapézoédrique
TD6, représentant du système du Finistère; il coupe l'Aisne près
d'Asfeld et de son intersection avec le bissecteur DH de Belle-He,
rase, à Mourmelon-le-Grand, le camp de Ghâlons, passe à Notre-
Dame-de-1'Epine et, côtoyant la vallée de la Marne, sort de la craie
proprement dite par les coteaux qui dominent vers le nord Vitry-
le-François.
11 traverse un peu au-dessus de cette ville la pointe de l'échan-
crure remarquable où les eaux de l'Ornain et de la Biaise se réu-
nissent à celles de la Marne pour s'engager avec elles entre les
coteaux de craie, comme celles de l'Yonne et du Serain le font à
Saint-Florentin. H coupe la Marne à Larzicourt, près de son con-
fluent avec la Biaise et juste au point où les alluvions des deux ri-
vières commencent à se confondre.
Bemontant la vallée de la Biaise, il coupe, sur des coteaux élevés
de Gault qui repoussent un moment cette rivière vers l'est, le trapé-
zoédrique Tabc, représentant du système du Longmynd, et au-dessus
de Blezy, où la Biaise prend sa source, il traverse la ceinture des
coteaux de l'étage oolithique moyen près du sommet de la côte
d'Alun , l'un de ses points culminants. De là il descend sur le pla-
teau de l'oolithe inférieure, où il coupe, à Villiers-le-Sec , à cinq
kilomètres à l'ouest de Chaumont, le primitif de Lisbonne.
Cheminant sur le plateau oolithique, il arrive près de Lon-
geau, où il descend dans la dépression dont le sol est formé par
le calcaire à gryphées arquées; il en tronque l'extrémité, à Pié-
pape, de trois kilomètres seulement. Cette pointe de calcaire à gry-
278 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
phées qui s'avance au milieu des marnes du lias et des calcaires
oolithiques est un autre cap méditerranéen non moins remarquable,
mais sous d'autres rapports, que celui de Landrecies. C'est la pointe
des terrains liassiques et triassiques qui se relèvent dans la partie
orientale du département de la Haute-Marne autour des avant-
corps des Vosges.
Plus loin, notre cercle s'adapte aux accidents de détail des collines
calcaires qui circonscrivent vers le nord le bassin de la Bresse, et,
franchissant la Saône au sommet de la courbe prononcée que forme
sa vallée à Apremont, il va raser à moins d'un kilomètre de dis-
tance l'extrémité N.-E. du massif de la forêt de Serre, formé par un
relèvement des roches primitives et des trois étages du trias.
Traversant ensuite une expansion de la Bresse, le trapézoédrique TJ
va aborder le Jura par Mouchard à l'O.-N.-O. de Salins, et il ren-
contre près d'Aiglepierre , au pied du mont Poupet, en un seul
et même point, X hexatétraédrique Haa et le trapézoédrique T6, repré-
sentant du système du Tatra. Ce point de croisement est remar-
quable, d'abord parce qu'il tombe au pied du mont Poupet, dont le
profil domine tout le contour extérieur du Jura du côté qui regarde
le N.-O., et plus encore parce que les trois cercles qui s'y croisent
produisent, chacun de leur côté, une forte impression dans les
parties du Jura qu'ils traversent.
Notre trapézoédrique coupe le Jura obliquement dans la direc-
tion des Rousses et de Nion, et rencontre au N. de Morez le bissec-
teur DH, représentant du système du mont, Seny. Laissant à quatre
kilomètres de distance Salins à l'E.-N.-E. et Champagnole à l'O.-S.-O.
il passe approximativement aux forges de Londaine, au bourg de
Sirod, aux Planches et à Foncines, où les vallées entament profon-
dément le Jura, puis à l'extrémité d'aval du lac des Rousses, et enfin
dans la profonde dépression séparant le massif de la Dole de celui
de Noirmont, par laquelle la route de Suisse descend vers Sainl-
Cergues.
Cette ligne, qui représente plutôt une suite de déchirures qu'une
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 279
série de sommités, passe avec une grande précision à la termi-
naison de plusieurs des crêtes individuelles dont l'ensemble du
Jura se compose, et ce qui la rend particulièrement remarquable,
c'est que, parmi les nombreux systèmes de soulèvement qui se pro-
noncent dans ce groupe de montagnes si compliqué, ceux qui se
dessinent à l'E.-N.-E. ne sont pas entièrement les mêmes que ceux
qui se dessinent à l'O.-S.-O. Notre cercle joue dans le Jura le rôle
d'une de ces lignes de suture qu'on appelle en anatomie un raphe.
Traversant le lac Léman entre Copet et Hermance, le trapézoé-
drique passe entre les Salèves et les Voirons, en coupant la saillie
jurassique qui sert de base à cette dernière montagne. Il entre dans
les Alpes en côtoyant la vallée de l'Arve, puis celle du Grand-Bor-
vand, et, traversant la ceinture crétacée déjà très-élevée qui en-
toure les hautes montagnes de l'intérieur, il descend à la Giettaz, à
Flumet, à Beaufort.
Mais, dans ces dernières localités, il n'y a pas de hautes mon-
tagnes. Le terrain est formé par des assises jurassiques constituant
des arêtes comparativement arrondies et peu élevées et reposant
à stratification discordante sur les roches primitives, sur lesquelles
coulent les torrents. Ces roches primitives, confinées ici au fond des
vallées, établissent cependant la continuité entre la chaîne avancée
de Belledone, du Grand-Charnier, du Bellachat, qui forme le flanc
gauche de la vallée de l'Isère, et le massif du mont Blanc placé en
arrière, sur un plan plus reculé vers le S.-E. La chaîne primitive
de Belledone et celle du mont Blanc expirent en deux points situés
l'un en face de l'autre, des deux côtés du trapézoédrique TI, et la
vallée de Beaufort forme entre elles une sorte d'impasse qui rap-
pelle à quelques égards la vallée d'Aran dans les Pyrénées. Seule-
ment c'est une impasse et non une voie librement ouverte, parce
que le passage est barré par le massif calcaire du col du Cormet,
qui s'appuie sur le chaînon primitif de Belledone et va, sans s'in-
terrompre quoique en s'abaissant, envelopper l'extrémité du massif
du mont Blanc. De plus, les deux chaînes primitives ne che-
280 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
vauchent pas comme dans les Pyrénées, l'une par rapport à l'autre,
mais se terminent en regard l'une de l'autre relativement au trapé-
zoédrique TI qui passe entre elles sans les toucher.
Il partage ce privilège avec le Irapézoédrique Ta du système de
Vercors, qu'il coupe en un point situé au fond de l'impasse, dans la
partie supérieure de la vallée de Beaufort.
Notre cercle, passant l'Isère au milieu des gisements d'anthra-
cite situés entre Aime et Bellentre, atteint bientôt la vallée de
Bosel, dans laquelle descend le granité des glaciers de Pezey pour
y entourer le point d'intersection du Irapézoédrique TI avec le dia-
métral De, représentant du système des Alpes occidentales.
Traversant ensuite la montagne de la Vanoise, en laissant à l'E.
l'aiguille du même nom , puis les montagnes calcaires qui couron-
nent à l'O.-S.-O. le passage du mont Génis, il descend en Piémont
dans la vallée de la Doire, qu'il traverse entre Exiles et Ghaumont.
A partir de la Doire, notre cercle chemine sur les contre-forts
du versant italien des Alpes jusqu'au point de croisement déjà cité
au S.-S.-O. de Coni, où il coupe simultanément le primitif de la
Nouvelle-Zemble et Irapézoédrique TIa, représentant du système
du Morbihan. Dans l'intervalle, il est parallèle aux principales
crêtes montagneuses, à la direction la plus habituelle de la stra-
tification, à l'une de celles suivant lesquelles s'alignent les masses
éruptives de serpentine, et aux grandes failles qui ont permis au
gneiss du mont Viso de surgir à travers le terrain jurassique altéré.
Il laisse à neuf ou dix kilomètres vers l'O.-S.-O. cette élégante
montagne qui se dessine sous des traits si pittoresques sur l'ho-
rizon de Turin.
Dans d'autres parties des Alpes, où la stratification suit habi-
tuellement une direction différente de la sienne, on peut remarquer
le parallélisme de notre cercle et de certains traits profondément
marqués de la structure de la contrée. Ainsi , comme je l'ai déjà dit ,
il suit la vallée du Grand-Bornand et la partie de la vallée de l'Arve
qui y fait suite; mais en outre il est parallèle à la vallée de l'Arve.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 281
de Sallenches à Cluses, et même, quoique un peu moins exacte-
ment, à la direction générale du long sillon un peu sinueux qui
comprend, de Bourg-Saint-Maurice à Sallenches, les vallées du
Chapiu et de Montjoie; à celle d'une partie de la vallée de la
Drance, de Morzine à Thonon; à celle du Rhône, depuis Martigny
jusqu'au lac de Genève, direction que prolonge celle de la vallée
de la Drance d'Entremont-de-Saint-Pierre à Martigny; à celles de
plusieurs tronçons assez étendus de la haute vallée de l'Isère, etc.
Au delà du point de croisement situé au S.-S.-O. de Goni, notre
cercle coupe la crête des Alpes Maritimes un peu à l'ouest du col
de Tende, qui se trouve compris entre les deux trapézoédriques TI
(mont Viso) et T\a (Morbihan), puis, rasant l'extrémité septen-
trionale du bassin pliocène allongé de Yentimiglia, il entre dans
la Méditerranée par le fond du petit golfe compris entre Bordi-
ghera et San-Remo, après avoir coupé tout près de la côte le tra-
pézoédrique TTbbc, représentant du système du Sancerrois.
Dans la Méditerranée, le trapézoédrique TI effleure la côte S.-E.
de la Corse, dont il tronque de quelques kilomètres les caps les
plus saillants, suivant une direction parallèle à l'une de celles que
les montagnes dessinent dans l'intérieur de l'île. 11 coupe Xhexaté-
traédrique UaTTa, représentant du système de l'Erymanthe, et le
point d'intersection tombe exactement à la porte S.-E. de la ville
d'Ajaccio.
Notre cercle pénètre ensuite en Sardaigne, près du cap Monte-
Fava, traverse cette île parallèlement à la vallée longitudinale qui
s'étend obliquement dans sa longueur et en sort par le cap Bella-
vista. Plus loin , il va raser le cap Bon (Hermœum Promontoiium), où il
passe au point de croisement du dodécaédrique rhomboïdal, axe vol-
canique de la Méditerranée et du trapézoédrique TDb du système
des îles de Corse et de Sardaigne. 11 entre enfin un peu à l'ouest
de Tripoli dans le continent africain , où il passe au point I voisin
du lac Tsad et dont il sort par la côte S.-E. de la Cafrerie, un peu
au nord du port de Natal.
282 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Dans la direction opposée, le même cercle côtoie dans toute sa
longueur l'île de la Grande-Bretagne, en rasant la côte du Norfolk
et en coupant les extrémités des montagnes de l'Ecosse dans les
granités d'Aberdeen et dans les Paps of Jura. Il rase à l'O. la base
sous-marine des îles Fœroë, et traverse, du Reydar-Fiord à l'Axar-
Fiord, les plateaux trappéens élevés et profondément dentelés qui
forment la côte N.-E. de l'Islande. Il en détache une lisière sur.
laquelle s'élèvent le Smjorfjal et d'autres montagnes considérables,
et d'où se projette vers le N.-E. la longue pointe montueuse du
cap Longanes1.
Gagnant ensuite, à travers le Groenland, le fond de la baie de
Balfin, il atteint le point T de l'île Victoria où il est assujetti à
passer, et il sort de l'Amérique boréale par l'île de la Reine Char-
lotte.
Je n'essayerai pas de décrire avec plus de détail son cours dans
les contrées lointaines et peu connues où on peut le suivre dans
le tracé de M. Laugel, et je me borne à insister sur la précision
avec laquelle il est jalonné depuis la côte de la Belgique jusqu'au
cap Bon de la Régence de Tunis.
Il coïncide à très-peu de chose près avec le grand cercle de com-
paraison provisoire du système du mont Viso. Ce dernier, orienté
au mont Viso vers le N. 2 1° 3o'2, va couper en Afrique le cap
Bon. Le trapézoédrique TI rase la pointe du cap Bon et passe dans les
Alpes Piémontaises à 9 ou 10 kilomètres à l'E.-N.-Ë. du mont Viso;
la différence de position est insignifiante. Quant à l'orientation, le
trapézoédrique TI coupe le dodécaédrique rhomboïdal de l'Etna ( axe
volcanique de la Méditerranée) sous un angle de 820 55' 1" 123.
Pour avoir l'angle qu'il fait avec le grand cercle employé provi-
soirement pour représenter le système des Alpes principales , il
faut, par les motifs indiqués dans la Notice sur les sj/stnncs de mon-
tagnes, diminuer cet angle de 7' 5p/ et le réduire à 8-j° 67' a* la.
' (laite de M. de Chaneomlois. — 3 Notice, p. hvj. — 3 Notice, p. icm/i.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 283
Or, d'après le tableau de la page 856 de la Notice, l'angle mont
Viso-Alpes principales est de 8 1° 5 a' 34". La différence est de
5' 3i" 88, c'est-à-dire complètement négligeable.
Le réseau pentagonal fournit donc, avec la plus remarquable
précision, dans le trapézoédrique TI, le représentant cherché du sys-
tème du mont Viso.
Quant au système du mont Viso, considéré en lui-même, je n'ai
rien à ajouter ici à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes
de montagnes, p. /uo, et ailleurs (voir la table de l'ouvrage), et
dans la première partie de ce Rapport, p. 7 et 9.
Trapézoédrique Tb (système de la Vendée).
Le cercle inscrit au septième rang dans le tableau des i83 in-
tersections est le trapézoédrique Tb, représentant du système de la
Vendée.
Ce grand cercle passe au point T du Pentagone européen qui
tombe sur la plate-forme sous-marine des îles Hébrides , près de
l'îlot trappéen de Saint-Kilda, et par le point b qui tombe dans
l'océan Pacifique au nord des îles Sandwich . Il a pour pôles les
intersections du dodécaédrique rhomboîdal et du bissecteur DH, aux-
quels ces points T et b appartiennent comme pôles. Ces intersec-
tions, figurées dans le tracé de M. Laugel, se trouvent, l'une dans
les Andes de la Bolivie, l'autre dans le Cambodge.
Le trapézoédrique Tb entre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté septentrional. Traversant les terrains ju-
rassiques, crétacés et tertiaires des comtés méridionaux de l'An—
gletere, il coupe près du havre de Poole le primitif du Land's End
et entre dans la Manche en rasant à 2 kilomètres de distance les
falaises escarpées de Handfast-Point, extrémité orientale de l'île de
Purbeck, formées de couches crayeuses redressées presque verti-
calement.
Au delà de la Manche, il coupe en un même point, à i3 kilo-
28/» RAPPORT SUR LUS PROGRES
mètres au N.-N.-O. de Barfleur, le trapézoédrique Tk du système
du Morbihan et le diamétral Dac du système des Pays-Bas, et il rase
à 3 kilomètres de distance la côte granitique de Barfleur et les
îles Saint-Marcouf.
Il serait difficile de tracer à travers la Manche une ligne plus
intimement en rapport avec deux des principaux accidents de ses
côtes, car les falaises de Handfast-Point et de Barfleur sont exposées
à toute la fureur des vagues qui en sapent les bases et les font
reculer par degrés, et si des 2 ou 3 kilomètres qui les séparent
aujourd'hui de notre cercle on retranchait les quantités dont elles
ont reculé depuis que la surface du globe a pris son assiette ac-
tuelle, il resterait probablement fort peu chose.
Le trapézoédrique Tb entre dans le département du Calvados par
le port de Grand-Camp, à l'extrémité des roches qui limitent l'em-
bouchure de la Vire et au pied des coteaux de Saint-Pierre-du-Mont.
11 passe ensuite au milieu des mines de houille de Littry. Il coupe
près de Montchauvet la bande de terrain silurien qui traverse le dé-
partement du Calvados de Falaise à Coutances, et son intersection
avec le trapézoédrique TDb du système du Finistère tombe sur la
crête silurienne qui domine Mauchamps.
Plus loin, il touche deux petites protubérances granitiques qui
s'élèvent au milieu des schistes antésiluriens, et il en effleure une
plus large qui s'étend à l'ouest vers Tinchebray.
Notre cercle traverse ensuite la bande silurienne qui s'étend
d'Alençon à Mortain, et il s'adapte avec une précision toute par-
ticulière aux accidents qu'elle présente un peu à l'est de Dom-
front. Deux protubérances granitiques s'y élèvent, orientées l'une el
l'autre de l'E.-S.-E. à l'O.-S.-O. mais sans être dans la prolongation
l'une de l'autre, la plus orientale se trouvant reculée vers le sud.
Elles laissent entre elles un jour tout juste assez large pour que
le trapézoédrique T6 puisse y passer avec, sa direction oblique. H
effleure près de Montsecret la première masse granitique, et il rase
la seconde près de Juvigny.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 285
Il traverse dans l'intervalle des crêtes siluriennes assez élevées
('280 mètres) et orientées, comme c'est l'ordinaire dans la contrée,
vers l'O.-N.-O.; cependant ces crêtes laissent voir aussi l'influence
de notre cercle, car on en remarque deux à h kilomètres dans le
N.-E. qui s'écartent des autres pour se conformer à sa direction.
Tout cela était gravé sur la carte géologique générale de la France
quinze ans avant qu'on eût même songé au réseau pentagonal.
Plus loin, notre cercle effleure l'angle N.-E. du massif grani-
tique de Lassay, et, après avoir coupé perpendiculairement près
du Ribay le bissecteur DH de Belle-Ile, il traverse le massif grani-
tique de Trans. Il y est suivi presque parallèlement jusqu'à Bays,
à 3 kilomètres dans le S.-E. , par une longue pointe de gneiss, dont
l'invasion dans le granité paraîtrait un fait singulier si notre cercle
n'en fournissait immédiatement l'explication.
Le trapézoédrique Tb passe ensuite vers l'extrémité S.-O. des pe-
tites montagnes des Goevrons, où il coupe la masse de porphyre de
Rouessé, et il sort bientôt après des terrains schisteux en suivant
l'axe d'un cap que forment ces terrains au milieu des dépôts juras-
siques, et qui se termine au bourg de Loué, où notre cercle passe
la Veyre.
Dans l'extrémité S.-O. du grand bassin secondaire et tertiaire
du nord de la France , notre cercle passe la Loire entre Langeais
et Bourgueil, un peu au-dessous du confluent de l'Indre, rase à
U kilomètres de distance le relèvement jurassique de Richelieu ,
touche celui qui se trouve à la porte occidentale de Châtellerault,
passe la Vienne au-dessus de cette ville, précisément au confluent
du Glain, et, après avoir longtemps côtoyé la Vienne et rasé le
massif isolé de gneiss de Moulisme, au S.-O. de Montmorillon, il
passe du lias sur le gneiss du massif central de la France , un peu
à l'est de l'île Jourdain.
Traversant l'extrémité S.-O. du grand massif central, notre
cercle passe à la montagne granitique proéminente (Û92 mètres)
de Peyrelade, l'un des signaux de la chaîne de triangles qui relie
286 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
la tour de Cordouan à Fiume, et coupe à sa base méridionale le
primitif du Lisbonne. Rasant ensuite ou effleurant légèrement les
contours du lambeau jurassique de Saint-Victorien et des protu-
bérances de granités porphyroïdes de Cognac, de Flavignac et de
Nexon, il coupe entre ces deux dernières le trapézoédrique Te, repré-
sentant du système du Hundsrùck. Il sort enfin des granités du
Limousin par les environs de Saint-Yrieix, en passant, près de
Juillac, au milieu des petits lambeaux de terrain houiller qui font
suite à celui de Brives, et en rasant une protubérance de serpentine
accompagnée de gîtes plombifères et argentifères.
Dans le bassin de grès bigarré de Brives, il passe la Corrèze
presque exactement à son confluent avec la Vézère, et, s'étendanl
sur les terrains jurassiques de la Dordogne et du Lot, il va couper
près de Saint-Gels, au nord de Cajarc, en un même point qui
a déjà été mentionné, Yhexatétraédrique Hbaab de Nontron et le
trapézoédrique Tabc du système du Longmynd. H va passer en-
suite à Saint -Amans, au confluent de l'Aveyron et de la Viaur,
localité accidentée et remarquable comme étant la terminaison
méridionale des granités métallifères des environs de Villefranche
et de Najac, qui se perdent immédiatement après sous le grès bi-
garré et les terrains tertiaires.
Cheminant d'abord sur ces terrains, notre cercle passe le Tarn
un peu au-dessous d'Albi, rencontre, à l'ouest de Réalmont, la
petite protubérance granitique isolée qui se mgntre dans le lit de
la rivière d'Adou, et, passant à Castres, il va couper sur la crête
des montagnes granitiques de Saint-Félix Yhexatétraédrique H«TT«.
Il passe ensuite l'Aude à Tresbes, et, après avoir coupé sur l'un
des points culminants des Corbières, au S.-O. de la Grasse, le bis-
secteur DH du système du mont Seny, il descend vers le bassin
des Pyrénées-Orientales. Il rase d'abord dans la vallée de l'Agly le
pied de la montagne schisteuse sur laquelle est bâtie la Tour de
France , traverse la crête abaissée qui rattache aux Pyrénées le
mont Forceval , formé de granité , qui s'élève au midi d'Estagel ,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 287
et, passant à Millas, il côtoie au S.-O. de Thuir le bord de la zone
schisteuse qui, avec une direction anomale pour la contrée, mais
exactement parallèle à celle que nous poursuivons, forme de ce
côté la limite des montagnes et le bord du bassin de Perpignan.
Traversant ensuite, à 3 kilomètres à l'ouest de Bellegarde, la crête
granitique qui forme la frontière, il se retrouve à Gastillo, sur le
versant espagnol des Pyrénées, dans le bord oriental d'un lambeau
de roches schisteuses. Il n'en sort qu'en rencontrant le terrain
crétacé dans le flanc droit de la vallée du Llobregat, après avoir
suivi, depuis la Tour de France, la limite orientale de la zone schis-
teuse sur une longueur de 5o kilomètres, ce qui constitue une
adaptation des plus précises.
Le trapézoédrique Tb pénètre ensuite dans la Catalogne en pas-
sant à k kilomètres à l'O.-S.-O. de Figuières, et il entre dans la Mé-
diterranée par le golfe de Palamos. Il coupe l'île de Minorque et
traverse tout le continent de l'Afrique parallèlement à plusieurs
longues sections, presque rectilignes dans leur ensemble, des côtes
qui s'étendent du golfe de Guinée au cap de Bonne-Espérance.
Du côté opposé, le même cercle traverse les Iles Britanniques
parallèlement, à peu près, à l'axe longitudinal de la Grande-
Bretagne, de Handfast-Point, dans l'île de Purbeck, à l'île de
North-Uist, dans les Hébrides, et sir Roderick Murchison a cons-
taté que sa direction est parallèle à celle des feuillets du gneiss
ancien qui constitue la base de tous les terrains de l'Ecosse.
11 traverse l'Islande par le milieu du Vatna ou Klofa Jôkul , qui
s'étend du Snaefell au Skaptar Jôkul, d'où sortit en 1783 la cé-
lèbre et funeste éruption qui ravagea les vallées du Hverfisfliot et
du Skaptaa. Pénétrant jusqu'au au centre de l'île, il en sort par
une des pointes de la côte septentrionale, en passant entre l'Eyja-
fiord et l'Unadals Jôkul, dont il rase presque le pied1.
Traversant ensuite les régions arctiques, il passe au point D de
1 Voir les cartes déjà citées et particulièrement celle de M. de Chancourtois.
288 RAPPORT SUR LES PROGRES
l'Amérique russe et se dirige vers les îles Sandwich, où il coupe
l'île de Woahoo, en laissant à 17 kilomètres dans l'O.-N.-O. le
port d'Honolulu, capitale de l'île elle-même et de tout l'archipel.
11 est évident, d'après ces remarques rapides, qu'une monogra-
phie complète de ce cercle ne serait pas sans intérêt, mais ce qui
précède me paraît suffire pour montrer qu'il est parfaitement ins-
tallé sur les accidents de lecorce terrestre. Les repères que j'ai
cités d'après la carte de France, Handfast-Point, le Ras de Bar-
fleur, les pointes granitiques de Mont-Secret et de Juvigny, la
montagne de Peyrelade, le confluent de Saint-Amans, le granité
de Réalmont, la zone schisteuse des Pyrénées orientales et plusieurs
autres, en fixent nettement la position et le placent encore parmi
les cercles qu'on ne pourrait déplacer, même d'une très -petite
quantité, sans leur faire perdre les prérogatives dont la nature
les a doués.
Il répond très-bien aussi aux conditions que doit remplir le re-
présentant du système de la Vendée.
11 coupe le dodécaédrique rhomboïdal de l'Etna sous un angle de
38° il' 2 5" 65 ouvert au IN.-O. D'après le tableau page 846 de la
Notice, l'angle Vendée-Alpes principales, qui est lui-même tourné
au N.-O., est de 88° 5A' 35"; mais, comme le grand cercle de com-
paraison provisoire qui a été employé dans le calcul des angles
pour le système des Alpes principales s'écarte du dodécaédrique
rhomboïdal de l'Etna de 7' 5c/ vers le nord de l'ouest, l'angle dé-
duit de l'observation doit être augmenté d'environ 759" pour s'ap-
pliquer au dodécaédrique rhomboïdal , ce qui le ramène à 890 2' 3/l".
H surpasse, par conséquent, l'angle théorique de o° 5i' 8" 35.
M. Rivière, qui a fixé la direction du système de la Vendée, s'étanl
borné à indiquer en termes généraux l'orientation N.-N.-O., il est
évident que cette différence de 5i' ne sort pas dos limites d'incer-
titude que comporte cette désignation générale *.
1 Notice, p. 1087-1089.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 289
La position du trapézoédrique Tb est très-admissible aussi. Le
grand cercle de comparaison provisoire adopté d'abord pour le système
de la Vendée passait, à la vérité, à Vannes, mais, depuis surtout
que M. Durocher a constaté l'existence du système de la Vendée en
Norwége, cette position initiale arbitraire du grand cercle de com-
paraison a paru à l'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes
suspecte d'être trop reculée vers l'ouest ] : il a pensé que le représen-
tant du système de la Vendée dans le réseau pentagonal pourrait
bien passer dans les parages du cap Creus, terminaison orientale
des masses de roches primitives des Pyrénées. Il l'a cherché d'abord
parmi les cercles du réseau qui se croisent au point a, près de
Minorque; mais il n'y a pas rencontré $ auxiliaire qui répondît d'une
manière satisfaisante aux conditions de la question. Il a alors cher-
ché parmi les trapézoédriques qui passent au point T près des îles
Hébrides, et il a. trouvé ainsi le trapézoédrique Tb, dont nous venons
de constater la convenance comme représentant du système de la
Vendée.
Quant au système de la Vendée considéré en lui-même, je n'ai
rien à ajouter à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, page o,3 et autres (voir la table de l'ouvrage). Le système
de la Vendée est jusqu'à présent le plus ancien de ceux auxquels
on a essayé d'assigner un âge relatif, mais nous lui avons trouvé
des repères précis dans des terrains très-divers, tous plus récents
que l'origine première du système, même dans des terrains assez
modernes et accidentés nécessairement plus ou moins longtemps
encore après leur dépôt, tels que Handfast-Point, le confluent de
la Corrèze et de la Vézère, etc. Gela confirme de nouveau ce qui a
déjà été dit à plusieurs reprises dans ce Rapport, que des accidents
récents se sont très-fréquemment surajoutés à des systèmes strati-
graphiques d'une origine très-ancienne.
\olico , p. i 087.
Slraligrapliio. ly
290 H Al» PORT SUK LES PROGRÈS
Primitif de TEtna (système du Ténare).
Le système qui, d'après son orientation, tait suite à celui de la
Vendée, dans l'ordre tournant que nous suivons, est le système du
Ténare. Mais le primitif de l'Etna, représentant de ce système, ne
traversant ni les parages de la Corse ni le cadre de la carte géo-
logique de la France, n'a rien fourni au tableau des 1 83 inter-
sections. Il n'a donc pas dû y être inscrit, et je n'ai rien à ajouter
ici à ce que j'ai dit précédemment (p. 187) au sujet du primitif de
l'Etna, ni à ce qui a été dit, dans la Notice sur les systèmes (le mon-
tagnes, relativement au système du Ténare.
L'orientation du système du Ténare diffère très-peu, dans toute
la France, de celle du système de la Vendée. Les grands cercles qui
les représentent sont l'un et l'autre perpendiculaires au bissecteur
DH de Belle-Ile, qui passe un peu au nord de Paris, et, pour les
points situés sur ce cercle, les deux orientations sont rigoureuse-
ment parallèles. Pour les localités situées au nord de ce bissecteur, les
deux cercles convergent vers le point b situé au nord des îles Sand-
wich , et, par conséquent, le trapézoédrique Tb s'éloigne un peu moins
du méridien que le primitif de l'Etna; mais, pour Paris et pour
toute la partie de la France qui est au sud du bissecteur, les deux
cercles convergent vers le point b, antipode du premier, qui tombe
dans le midi de l'Afrique, et le trapézoédrique Tb s'éloigne un peu
plus du méridien que le primitif de l'Etna. Gomme c'est là le cas
qui se présente dans la presque totalité de la France, on a dû con-
sidérer le premier cercle comme venant avant le second dans l'ordre
des orientations, mais il est certain que, dans toute la France, les
deux orientations sont très-peu différentes, et ne pourraient être
distinguées pratiquement dans l'observation de la direction i\o*
couches.
Les grands cercles de comparaison des deux systèmes n'en sont
pas moins parfaitement distincts. Ils son! éloignés sur le bissecteur
DE LA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE. 8iH
de Belle-Ile de 7°53' 59",o3, expression de l'angle sous lequel ils
se coupent au point b situé au nord des îles Sandwich. Comme ils
sont parfaitement jalonnés l'un et l'autre, on ne peut ni aban-
donner l'un d'eux, ni les remplacer par un cercle occupant une
position moyenne entre les deux. Ils jouent dans la géologie comme
dans l'orographie des rôles complètement indépendants.
Quant au système du Ténare considéré en lui-même, je n'ai rien
à ajouter à ce qui en a été dit pages 586, 761, 1110 et autres de
la ISotice sur les systèmes de montagnes (voir la table de l'ouvrage). Je
dois cependant rappeler les aperçus présentés pages 27, 189, 192
et autres du présent Rapport, au sujet de sa contemporanéité avec
les deux autres grands systèmes volcaniques.
Diamétral Dac (système du Forez).
Le cercle placé au huitième rang dans le tableau des i83 in-
tersections est le diamétral Dac, adopté comme représentant du sys-
tème du Forez.
Ce grand cercle passe au point D de l'Amérique russe et au
point a situé dans la Méditerranée, près de Minorque. Il a pour
pôles les intersections des deux cercles auxquels ces points appar-
tiennent comme pôles, c'est-à-dire du dodécaédrique régulier du
Sénégal et de la Nouvelle -Guinée et d'un bissecteur IH. Les deux
intersections tombent l'une dans le Pérou, au IN.-E. de Jauja, et
l'autre dans le Cambodge, à l'O.-N.-O. de Saigon.
Le diamétral Dac entre dans le cadre de la carte géologique de
la France par le côté septentrional. 11 coupe, en Angleterre, la par-
tie orientale du comté de Kent, et, traversant les falaises crayeuses
qui bordent le Pas-de-Calais, il y pénètre entre le port de Douvres
et le cap South-Foreland. Il coupe le primitif du Land's End à la
hauteur du cap Gris-Nez, qui marque l'entrée du détroit, laisse
le cap à 7 kilomètres dans l'E.-N.-E., et, côtoyant un peu oblique-
ment la côte de France, aborde la terre par le fort du mont
292 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Couple, entre Boulogne et le cap Alprecli. 11 passe au bas de la
plage de Boulogne, à peu près au point que doivent atteindre pro-
chainement les jetées prolongées.
S'engageant bientôt après dans les plaines de la Picardie for-
mées de terrains crétacés et tertiaires, il y coupe, à l'est de Nou-
vion, le diamétral Dac du système des Pays-Bas, et à Oroer, au N.-E.
de Beauvais, le trapézoédrique TDb du système du Finistère. Tra-
versant ensuite l'extrémité S.-E. de la protubérance allongée du
pays de Bray, il passe l'Oise à Bruyères, au-dessus de Beaumonl-
sur-Oise, et va couper, au sud de Belloy, le bissecteur DH de Belle-
Ile.
Notre cercle s'approche de Paris et coupe la partie orientale du
département de la Seine par Villiers-le-Bel, Noisy-le-Sec et Boissy-
Saint-Léger, en passant à l'extrémité N.-E. du bois de Vincennes,
au-dessous du fort de Nogent-sur-Marne. Il laisse les tours de
Notre-Dame à moins de 8 kilomètres dans l'O.-S.-O. C'est une dis-
tance peu considérable en elle-même, et que dans les contrées loin-
taines nous avons souvent traitée comme presque négligeable; mais
la précision des adaptations que nous avons rencontrées en France,
presque à chaque pas, nous a fait resserrer insensiblement les
limites de la tolérance, et nous nous bornerons à dire que le dia-
métral Dac passe à une faible distance de Paris.
Poursuivant son cours par Lieusaint sur le plateau de la Brie, il
en sort par la pointe du cap proéminent autour duquel tourne la
Seine au-dessous de Melun, et, passant, sur la rive opposée du
fleuve, au château de Vives-Eaux, il va traverser la forêt de Fontai-
nebleau. Il laisse à un kilomètre et demi seulement vers l'E. le point
d'émergence de la Fontaine-Belle-Eau, devenue, dès les temps mé-
rovingiens, le rendez-vous de chasse des souverains de la Fiance,
origine première du palais séculaire et de la ville de Fontainebleau.
Après avoir traversé le reste des plaines formées de terrains ter-
tiaires et crétacés , notre cercle, avant d'arriver à Donzy, entre sur le
terrain jurassique, où il coupe, près de Beaumont-la-Ferrière, dans
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 293
la vallée de la Nièvre, en un même point déjà cité, le primitif de
Lisbonne et le trapézoédriqueTla du système du Morbihan. Plus loin,
rasant, près des forges de Dray, la pointe la plus avancée vers
10. de la ceinture des marnes irisées qui entoure le terrain houiller
de la Machine, il passe la Loire au coude prononcé qu'elle forme
à quelques kilomètres au-dessous de Decize.
C'est là que commencent à se manifester les rapports de notre
cercle avec les accidents stratigraphiques compliqués de ces parties
centrales de la France.
Au delà de la Loire, au milieu des forges, entre Neuville et Châ-
tenay, le diamétral Dac rencontre dans la plaine tertiaire une légère
protubérance de lias présentant deux noyaux granitiques. L'un de
ces noyaux est allongé à peu près du N.-N.-O. au S.-S.-E., l'autre
de l'E. à 10. Notre cercle traverse le premier, qui est situé à l'E.
de l'autre, dans le sens de sa longueur, et, à son extrémité méridio-
nale, il coupe aux Bruyères, près de Saint-Parèse-en-Viry, en un
seul et même point, trois autres cercles du réseau, le trapézoédrique
Tabc, représentant du système du Longmynd, le trapézoédrique Te,
représentant du système du Hundsriick, et le trapézoédrique Tb,
représentant du système du Tatra. Ce croisement quadruple, en
tombant avec une aussi grande précision sur l'étroit piédestal que la
nature lui avait préparé, présente un nouvel et frappant exemple
de l'accord qui, sous la forme de hasards heureux, se manifeste si
souvent entre le réseau pentagonal et l'ordonnance des accidents de
l'écorce terrestre. Ici l'accord profite à quatre cercles à la fois, au
nombre desquels se trouve celui que nous poursuivons.
Ce dernier continue son cours sur la plaine tertiaire jusqu'au
fond du golfe qu'elle forme près de Lesepant, dans le bord des mon-
tagnes du Forez; mais, depuis le bourg de Jaligny, près duquel il
coupe le diamétral Dac, représentant du système de la Côte-d'Or,
notre cercle côtoie, à 1 ou 2 kilomètres de distance, une petite ri-
vière, la Besbre, qui passe à la Palisse. Cette rivière coule précisé-
ment au bord de la pointe montueuse qui prolonge les montagnes
29â RAPPORT SUR LES PROGRES
du Forez jusqu'à Moncombroux et Vaumas, c'est-à-dire jusqu'au
cercle de la Côte-d'Or.
Au-dessus de la Palisse et de Lesepant, le diamétral Dac côtoie
encore, jusqu'à sa source près de Saint-Priest, le cours de la Besbre,
qui, rectiligne dans son ensemble, malgré une foule de petits
méandres, représente très-exactement la direction générale du sys-
tème du Forez. De Saint-Priest à Noirétable notre cercle trouve
cette direction exprimée plus nettement encore par la ligne sépa-
rative du porphyre quartzifère et du granité porphyroïde à gros
grains, ligne à laquelle il se superpose rigoureusement.
Laissant à l'O., à 3 ou h kilomètres de distance, les deux cimes
les plus élevées des montagnes du Forez, le Puy de Montoncelle
(1,286 mètres) et la montagne de Pierre-sur-Autre ( 1 ,632 mètres) ,
notre cercle continue son cours au milieu des crêtes culminantes
de la contrée jusqu'à la vallée de la Loire, qu'il traverse dans l'une
de ses courbes les plus prononcées et les plus profondément en-
caissées, près du village de Retournas.
Plus loin, dans le département delà Haute-Loire, il effleure l'ex-
trémité N.-E. du bassin tertiaire du Puy, et, cheminant au milieu
des trachytes , des phonolithes, des basaltes, il côtoie, à une très-
petite distance, le pied occidental de l'arête qui forme la ligne de
partage des eaux entre la Loire et le Rhône, arête sur laquelle s'é-
lèvent, entre autres, la montagne trachytique du Mézenc, haute de
1,77/i mètres, et le dôme de phonolithe du Gerbier-des-Joncs,
où la Loire prend sa source, et qui a lui-même 1,662 mètres.
Laissant à un kilomètre à l'E.-N.-E. le village de Sainte-Eulalie,
bien connu des explorateurs de ce canton classique pour l'étude
des 'roches volcaniques, notre cercle coupe, au pied oriental de la
montagne granitique de la Baricaude, au S.-S.-O. de Sagnes, le bis-
secteur DH, représentant du système du mont Seny, qui lui-même
s'adapte avec beaucoup de bonheur à l'orographie de la contrée.
Le diamétral Dac pénètre ensuite dans les vallées pittoresques du
département de l'Ardèche. Laissant ;i 9 kilomètres à 1E.-S.-E. les
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 2i)5
petites villes de Thueys et de Montpezat, il coupe les colonnades
basaltiques si souvent dessinées de Montpezat et du Pont-de-la-
Beaume, et il sort de la région volcanique par la coupe de Jaujac,
l'un des plus élégants cratères éteints de la France centrale et le
plus avancé de tous vers le S.-S.-E.; puis il traverse le bourg même
de Jaujac, bâti sur la surface d'un petit bassin bouiller.
Il passe, au sortir des granités, à la ville de Largentière, et
bientôt après il coupe l'Ardèche au port d'Ardèche, au-dessous de
Ruons, à l'entrée des défilés sinueux et profondément encaissés où
un double confluent lui amène les eaux de la rivière de la Beaume
et de la rivière de Chassezac; partie la plus fortement caractérisée
de tout le cours de l'Ardèche, qui est cependant si accidenté.
Dans le département du Gard, notre cercle s'adapte aussi aux
courbures et au confluent de la Cèze, de l'Aiguillon, de laDovègue,
du Gardon, et il laisse le pont du Gard à 2 kilomètres à l'E.-N.-E.
Dans les plaines caillouteuses que les courants diluviens ont laissées
près des bords du Rhône, il rase à l'O., avec une remarquable pré-
cision, la proéminence crétacée couronnée de tertres tertiaires sur
le flanc oriental de laquelle s'appuie Beaucaire, en face de Tarascon.
Plus loin, passant au point de diramation des deux bras du Rhône
qui entourent la Camargue, il suit le grand Rhône jusqu'à Arles,
où il le traverse obliquement, en coupant le pont d'Arles, et en ra-
sant le pied de la proéminence du terrain crétacé inférieur sur
laquelle s'appuient cette ville antique et son amphithéâtre romain.
Passant une dernière fois le Rhône , notre cercle entre dans la
Camargue, où il coupe Yhexalétraédrique HaTTa, et il sort du conti-
nent par la saillie extrême du Delta , pour aller dans la Méditerranée
couper en deux points voisins, mais distincts, le trapézoédriquc TTbbc
du système du Sancerrois et le diamétral De du système des Alpes occi-
dentales. Les intersections des trois cercles, calculées correctement,
forment un petit triangle, de quelques kilomètres seulement de côté,
dont je signale l'existence, parce qu'il ne s'en est pas trouvé d'autre
exemple dans le réseau qui couvre la carte de France. Partout ailleurs,
2% RAPPORT S Uli LES PROGRÈS
lorsque les intersections se sont: fortement rapprochées, elles se sont
confondues en un seul et même point; et l'on voit par là que les
intersections avaient besoin d'être calculées avec soin, sans quoi
on aurait pu prendre le petit triangle actuel pour un point.
Au delà de la Méditerranée, le diamétral Dac pénètre en Algérie
en coupant les roches anciennes du Djebel-Guerbès, près du cap
Filfela, et, comme on peut le voir sur le tracé de M. Laugel, il
traverse l'Afrique dans toute sa longueur pour en sortir par la cote
méridionale de la colonie du Gap.
Du côté opposé, entrant en Angleterre par les collines crayeuses
de Douvres, notre cercle suit les côtes de la Grande-Bretagne, dont
il coupe toutes les saillies, à l'exception de la pointe de Gaethness,
qu'il ne fait que raser, et il va raser plus loin encore l'archipel des
îles Fœroë , en suivant à peu près la direction suivant laquelle s'al-
longent les principales îles qui le composent. Traversant ensuite
les terres arctiques pour atteindre le point D de l'Amérique russe,
où il est assujetti à passer, il prolonge son cours dans l'océan Paci-
fique, où il coupe l'île Oneeheow, qu'on peut considérer comme
la plus occidentale de l'archipel des îles Sandwich, car plus loin
vers l'ouest on ne trouve plus que des îlots. On voit que l'archi-
pel volcanique des îles Sandwich s'est trouvé quatre fois sous la
direction des cercles que nous avons étudiés : le primitif de l'Etna
passe au Mouna-Roa, dans l'île Hawaii; un bissecteur III (p. 199)
passe, suivant une habitude qui lui est propre, par le canal qui
sépare l'île Atooi de l'île Woahoo; le trapézoédrique Tb du système
de la Vendée coupe l'île Woahoo (p. 288), et enfin le diamétral Dac
du système du Forez coupe Oneeheow,
Appuyé avec une grande précision sur des repères bien déter-
minés, ce grand cercle forme une des lignes géographiques de l'Eu-
rope, et d'après son orientation il paraît très-propre à représenter le
système du Forez. 11 forme, en effet, avec le êodécaédrique rhomboH*l
de l'Etna, un angle de 88" a8' a**, 7 h tourné \<ms le M.-E.1 L'angle
' Notice, p. io83.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 297
Forez-Alpes principales est, d'après le tableau de la page 8^17 de la
Notice, de 8 70 3 9' 2 2"; mais, comme le grand cercle de comparaison
du système des Alpes principales, tel qu'il a été employé dans la
construction des tableaux, s'éloigne de 7' 5 9" du dodécaédrique rhom-
boïdal de l'Etna, l'angle du tableau doit être diminué d'environ
7'59" et réduit à 87°3i'23". La différence avec l'angle théorique,
qui est tourné dans le même sens, est de o° 56' 59", 7/1. Si l'on se
reporte à la manière dont a été déterminée l'orientation du système
du Forez (page 2 58 de la Notice), rapportée en nombres ronds par
M. Grunen à onze heures de la boussole, on verra que cette diffé-
rence ne peut être regardée comme considérable.
Trapézoédrique TDb du cap Bon (Hermaeum Promontorium)
(système des îles de Corse et de Sardaigne).
Le cercle placé au neuvième rang dans le tableau des 1 83 in-
tersections est le trapézoédrique TDb, représentant du système des
îles de Corse et de Sardaigne.
Il figure dans le tableau à cause des intersections qu'il forme,
dans les parages de la Corse , avec plusieurs des cercles du réseau
qui traversent cette île ou la France elle-même. Mais, toutes ces in-
tersections tombant en dehors du cadre accessoire qui renferme la
Corse, le cercle n'a pu y être tracé. Les points calculés ont servi
à le construire sur les cartes de la mer Tyrrhénienne, ainsi qu'on
l'a vu dans la monographie de ce cercle donnée précédemment
(p. 212). Je n'ai rien à ajouter ici à cette monographie; seulement
je vais examiner jusqu'à quel point notre trapézoédrique fournit un
représentant convenable pour le système des îles de Corse et de
Sardaigne.
Le grand cercle de comparaison provisoire adopté pour ce système
est le méridien même du cap Corse l.
1 Notice, p. 479.
298 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ce méridien passe à une assez petite distance du point D, centre
du pentagone européen , placé près de Remda, en Saxe, pour qu'il
soit naturel de chercher, parmi les cercles du réseau qui passent
en ce point, le représentant du système des îles de Corse et de
Sardaigne.
Le trapézoédrique TDb, mené du point D à un point b qui tombe
dans le Bénin, au fond du golfe de Guinée, sur le bord septentrio-
nal du massif montueux d'Àmboser, fait avec le grand cercle de
comparaison du système du Ténare, vers le sud, un angle de
i3036'/i9",77. D'après le tableau de la page 8/i8 de la Notice,
l'angle Ténare-Corse et Sardaigne, qui est tourné du même côté,
est de i/i°38'i8". La différence est de i°i'a8",23.
On a cru pouvoir faire abstraction de cette différence; l'auteur
avait pris, pour grand cercle de comparaison provisoire du système
des îles de Corse et de Sardaigne, le méridien du cap Corse, parce
que le trait le plus frappant et le plus caractéristique de l'ensemble
de la structure des îles de Corse et de Sardaigne est leur parallé-
lisme avec le méridien. Mais ce caractère n'a pas en lui-même assez
de précision pour qu'il soit possible de dire si elles sont parallèles
plutôt au méridien du cap Corse qu'à un méridien situé à environ
un degré et demi plus à l'est, lequel donnerait exactement l'angle
que nous venons de trouver. On peut donc regarder le diamétral TDb
comme représentant d'une manière satisfaisante la direction du sys-
tème des îles de Corse et de Sardaigne.
La monographie de ce cercle donnée ci-dessus (p. 212) a montré
qu'il est très-bien installé sur les accidents orographiques et géo-
logiques de Técorce terrestre. Tout remarquable qu'est en lui-même
l'axe des îles de Corse et de Sardaigne, s'il était prolongé au nord
et au sud, il serait moins heureux dans ses rencontres; car le groupe
des îles de Corse et de Sardaigne se fait remarquer surtout par son
isolement et son indépendance au milieu de tout ce qui l'entoure.
Le trapézoédrique TD6 élude cette difficulté avec une Borte d'adresse,
qui, comme on l'a déjà \u plusieurs fois, esl sonvcni l'apanage ci le
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 299
caractère des cercles du réseau pentagonal. Je crois qu'il représente
très-bien le système des îles de Corse et de Sardaigne.
Le groupe si remarquable de ces îles forme dans l'ensemble du
système un chaînon parallèle au grand cercle de comparaison, mais
placé à quelque distance de lui, phénomène très-fréquent et dont
les Pyrénées offrent un exemple déjà signalé.
Quant au système des îles de Corse et de Sardaigne, considéré
en lui-même, quant à sa composition, à son âge relatif, je n'ai rien
à ajouter ici à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, pages ^68, 1071 et autres (voir la table de l'ouvrage),
et dans la première partie du présent Rapport (p. 9).
Octaédrique de Mulehacen.
Le cercle placé au dixième rang dans le tableau des i83 inter-
sections est Yoctaédrique de Mulehacen.
Ce cercle ne traverse la carte géologique de la France que dans les
parties voisines du côté occidental du cadre. Il tombe en entier dans
l'espace consacré à l'océan Atlantique ou dans celui où pourraient
se trouver les parties de l'Espagne que la nécessité de réserver une
place aux légendes a empêché de figurer. Ses points d'intersection
avec les autres cercles du réseau pentagonal ont cependant été cal-
culés et construits sur la carte. Ils ont servi à tracer le cercle lui-
même et ceux qui le coupent; mais cette construction n'a conduit à
aucune remarque susceptible d'être ajoutée à la monographie de
Yoctaédrique de Mulehacen donnée ci-dessus (p. 1 16). Je dirai seule-
ment qu'on n'a pas encore signalé de système de montagnes au-
quel ce cercle puisse servir de grand cercle de comparaison, et que,
jusqu'à nouvel ordre, il parait n'avoir été jalonné sur la surface du
globe que par l'influence de la symétrie.
300 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Hcxatétraédrique Uaa.
Ce cercle passe au point a de la Norvvége et au pointa voisin de
Minorque, et, par suite, au point H situé dans l'océan Atlantique
austral, au sud-ouest du cap de Bonne-Espérance, et au point II
situé dans l'océan Pacifique, au sud des îles Aloutiennes. Il est per-
pendiculaire au primitif an Land's End, et il a pour pôles les deux
intersections de ce primitif avec les bissecteurs IH, auxquels les
deux points a appartiennent comme pôles. Ces deux intersections,
figurées dans le tracé de M. Laugei , tombent l'une au sud-ouest
de Sumatra, un peu au midi de l'équateur, et l'autre un peu au
nord de l'équateur, à l'est des îles Galapagos.
Uheocatétraédrique Waa pénètre dans le cadre de la carte géolo-
gique de la France par le côté septentrional, et il atteint presque im-
médiatement la Meuse , qu'il traverse entre Maaseyk et Ruremonde.
Sur sa rive droite, au sortir de la Gampine , il coupe la vallée de Heer-
len , au point où il est coupé perpendiculairement par le primitif
du Land's End et près de celui où disparaissent, dans les flancs de
la vallée, les assises des terrains crétacés inférieurs des environs
d'Aix-la-Chapelle et de Macstricht. Il passe ensuite à Galoppe, à
Verviers et à Spa; un peu au nord de Spa, il coupe le diamétral
Dac du système des Pays-Bas, dans une contrée enveloppée encore
dans les accidents de stratification qui se rattachent à ce dernier
système.
Poursuivant son cours à travers les parties culminantes de l'Ar-
denne, il laisse à lest Stavelot et Vicl-Salm, à 3 kilomètres, et il
coupe, à G kilomètres à l'est de Houflalize, le trapézoéênque TDA du
système du Finistère.
Bientôt après, au point de partage des eaux entre la Sure el
FÂttert, il coupe en un même point le bissecteur DM de Belle-Ile el
le trapézoédrique Tabc du système du Longmynd.
Sortant alors de l'Ardenne, il parcourt les terrains jurassiques
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 301
du Luxembourg et de la Lorraine, où il coupe, près de sa pointe, le
large promontoire oolithique sur lequel s'élève la place de Longvvy.
Sans sortir de l'oolithe inférieure, il coupe la rivière d'Ornes à moins
de 1 kilomètre à l'ouest du bourg de Conflans-en-Jarnisy , ainsi
nommé à cause du confluent de plusieurs cours d'eau; il coupe
aussi la rivière du Ru de Math près d'un confluent du même genre,
au-dessus de Thiaucourt, et il rase la ligne terminale des coteaux
coralliens. Il laisse seulement à l'est les deux tertres isolés de la côte
Banfie et du mont Saint-Michel, qui dominent d'une manière pitto-
resque la ville de Toul et le cours de la Moselle, dont les eaux se
replient vers Frouard , en évitant de toucher notre cercle.
Plus loin, ce même cercle coupe, au sud-est de Colombey, iepri-
mitif de Lisbonne. 11 passe, à l'est de Neufchâteau , au confluent de
la Y raine et de la Vair; puis, effleurant les coteaux de Ghâtenois et
de Crainvilliers, il laisse Contrexéville à 5 kilomètres à l'est. Il
parcourt dans sa longueur le plateau de muschelkalk où s'élèvent
le mont Heuillon et d'autres collines isolées, et coupe, à Fresnes-sur-
Apances, dans un confluent, la rivière qui descend de Bourbonne-
les-Bains, dont il laisse les sources thermales à 6 kilomètres dans
l'ouest. Il atteint enfin les coteaux jurassiques de Noroy-lès-Jussey,
où il coupe en un même point, à Saint-Marcel, le diamétral \)ac
du système de la Côte-d'Or et le trapézoédrique Te du système du
Hundsrùck.
Dans cette partie de son cours , notre cercle est très-heureuse-
ment placé, car on peut dire qu'il trace à peu près la limite entre
les Vosges et la Côte-d'Or.
Traversant ensuite les collines de la Haute-Saône, l' hexatétraé-
drique Uaa va passer le Doubs un peu à l'ouest des grottes d'Oisselle,
et entre dans le Jura, où il coupe, en un même point déjà cité,
près d'Aiglepierre, au pied du mont Poupet, le trapézoédrique TI du
système du mont Viso et le trapézoédrique Tb du système du Tatra.
Dans l'intervalle entre le Doubs et le mont Poupet, il est à peu près
parallèle à quelques-unes des failles et des crêtes qui accidentent
;{();> Il APPORT SUI1 LES PROGRES
le bord du Jura, et il traverse la vallée de la Loue à Port-Losiiev.
au sommet de l'une de ses courbures les plus prononcées.
A partir du croisement d'Aiglepierre, notre cercle traverse obli-
quement le Jura, pour en sortir précisément par le bourg de
Ghatillon-dc-Michaille, bâti près du confluent de la Semine et de la
Yalserine , après avoir coupé , à un kilomètre à l'ouest du Bouchoux ,
le bissecteur DH du système du mont Seny. Dans ce trajet, il coupe
l'Ain au-dessus de Pont-du-Navois, près du point où son cours s'in-
fléchit brusquement vers le sud, et de là à Châtillon-de-Michaille il
rencontre une série de profondes anfractuosités , qui dérangent la
stratification générale et qui s'adaptent fréquemment à sa direction,
telles que la gorge de Lison, qui tombe dans la Bienne à k kilo-
mètres à l'ouest de Saint-Claude. H passe aussi à la crête aiguë, di-
rigée à peu près du nord au sud, de la montagne de Chalame, à
l'ouest de Ghampfromier.
Notre cercle côtoie ensuite la Valserine et le Rhône, en suivant le
pied de la chaîne du Colombier de Seyssel, l'une des plus considé-
rables du Jura méridional. La chaîne et la vallée sont composées
de tronçons dirigés approximativement du nord au sud, direction
qui est à peu près celle de notre cercle. L'ajustage des différents
tronçons donne lieu à quelques légères sinuosités, par l'effet des-
quelles le cercle coupe obliquement le Rhône. Il en suit la rive
gauche à l'endroit où le fleuve reçoit les eaux du lac du Bourget
par le canal de Savière, dont le cours est maintenu par des protu-
bérances de roches jurassiques moutonnées. C'est là un nouvel
exemple, et des plus remarquables, de la tendance des cercles du
réseau, et de notre cercle actuel en particulier, à passer parles con-
fluents des rivières.
Ce même cercle côtoie ensuite le Mont-du-Chat, du côté opposé
au lac du Bourget, coupe le petit lac d'Aiguebellette et arrive près
des Echelles, au point déjà cité, où il coupe simultanément le tra-
pézoédrifjue T\a du système du Morbihan et le trapézoédnque TTbbc
de l'Hécla.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 303
Au delà du point de croisement, X hexatétraédvique Dac traverse
les montagnes de la Grande-Chartreuse, en laissant le monastère à
1 kilomètre à l'est, et, de même que les deux autres cercles, il évite
les cimes principales et passe dans leurs intervalles. Puis il coupe
la vallée de l'Isère , en laissant à moins d'un kilomètre à l'est Meylan
et Gières, et, au* delà des coteaux subalpins, il rencontre la ville de
Vizille, bâtie à l'extrémité même de la chaîne primitive de Belle-
done, près de l'issue des gorges profondes par lesquelles les eaux
de la Romanche descendent de l'Oisans.
Du pont de la Romanche, appuyé sur un petit relèvement des
roches primitives, notre cercle se dirige vers le Drac, qu'il passe à
1 kilomètre au-dessous du pont de Gognet, appuyé lui-même sur
une masse éruptive de variolithe du Drac. Dans l'intervalle des deux
rivières, le cercle suit le bord occidental de la haute vallée dirigée du
nord au sud, dans laquelle se trouvent les petits lacs de Laffrey,
de la Fayolle et de Pierre-Châtel , et que suivent plus loin les eaux
d'un ruisseau qui se jette dans le Drac à Cognet. Il passe à deux
petites protubérances de roches primitives, auxquelles se rattachent
probablement l'origine même de cette vallée remarquable et le
relèvement des couches d'anthracite exploitées aux environs, dans
plusieurs communes du canton de la Mure et notamment au Pey-
chagnard, couches sur lesquelles reposent en stratification discor-
dante les assises du lias moyen à gryphœa cymbium. Il y a là, dans
l'étendue de 20 kilomètres, tout un petit système stratigraphique
dont un modèle en relief serait instructif pour les élèves, dans un
cours, et dont notre cercle forme l'axe avec une précision surpre-
nante.
Après avoir passé le Drac, à 1 kilomètre au-dessous du pont
de Cognet, Y heœatétraédrique Raa traverse, dans les collines voisines
de Mens, les marnes à possidonies du lias supérieur, et va effleurer,
à l'est de Lus-de-îa-Croix-Haute, et près de l'ancienne Chartreuse
de Durbon , les magnifiques escarpements des montagnes du Dé-
voluy, formés par les couches coupées à pic du terrain crétacé in-
304 RAPPORT SUR LES PROGRES
férieur et couronnées par la cim<> de l'OInous, qu'on aperçoit de
Toulon.
Plus loin, il suit la vallée du Buech, en s'adaptant tojijours à
certains détails topographiques, notamment au confluent multiple
situé près de Saléon. Laissant Sisteron à l'est, il coupe la crête
de la montagne de Lure par l'une de ses principales sommités, sur
laquelle il rencontre le diamétral De du système des Alpes occiden-
tales.
Passant ensuite à i kilomètres environ à 1*0. des deux villes de
Forcalquier et de Manosque, il traverse le terrain à lignites des
Basses-Alpes et va couper le cours de la Durance un peu au-dessus
de Gadarache, précisément à son confluent avec le Verdon, con-
fluent d'autant plus remarquable que la Durance y change à la fois
de régime et de direction.
Notre cercle entre alors en Provence , où il côtoie les limites des
départements des Bouches-du-Rhône et du Var. Il passe à Rians,
petite ville bâtie sur un relèvement très-peu étendu de muschelkalk,
sur la surface duquel s'opère le croisement de Yhexatétraédrique Daa
et de Yhexatétraédrique HoTTa. Plus loin , il rase à l'O. le relèvement
plus étendu de muschelkalk situé entre Saint-Zacharie et Rogiers,
et il passe approximativement à plusieurs points topographiquement
remarquables, notamment à la montagne de la Sainte-Beaume.
Après avoir passé à la Cadière et touché la ville de Bandol, il
entre enfin dans la Méditerranée en traversant les baies de Bandol
et de Saint-Nazaire, la rade de Brusc, et en laissant à i kilomètre
à l'E. les derniers îlots des Embiez, formés de roches primitives qui
sont l'extrémité du massif primitif du cap Sicié, sauvegarde de
la rade de Toulon.
La monographie de ce cercle pour les parties extérieures à la
France n'a pas encore été faite. Vers le sud. après avoir passé an
point a situé entre Minorque et la Sardaigne, il traverse l'Algérie
par Biskra et Tuggurt, pour atteindre le golfe de Guinée par des
contrées peu connues.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 305
Dans la direction opposée, traversant la Hollande et la mer
du Nord, il passe, en Norwége, au point a situé dans le Jotun-
Field, en coupant les montagnes de la côte occidentale. S'appro-
chant ensuite du pôle, qu'il laisse à o°b6'i2w,oi à l'est, il va
couper la pointe de la Sibérie orientale et traverser l'archipel des
îles Àleutiennes, où son cours mériterait d'être étudié.
En France, il est au nombre des cercles le plus nettement et, on
peut dire, le plus étroitement jalonnés. Si on le déplaçait d'une
petite quantité, de manière qu'il cessât de passer, par exemple, à
Spa et au petit relèvement de muschelkalk de Rians, il cesserait
en même temps de passer par tous les autres points caractérisés
qui ont été signalés, et il ne trouverait, presque en aucun cas, à
les remplacer par des repères équivalents. H tomberait immédia-
tement dans la classe des cercles insignifiants.
Jusqu'ici, Xhexatétraédrique Haa n'a été considéré que comme
un cercle de symétrie : on n'a précisé l'existence d'aucun système de
montagnes dont il pût être le grand cercle de comparaison; mais ce
délaissement n'est peut-être pas irrévocable. Rien n'empêcherait
de considérer le petit système stratigraphique dont ce cercle forme
Taxe, entre la Romanche et le Drac, comme l'un des éléments d'un
système de montagnes non encore formulé, qui pourrait comprendre
aussi certains accidents stratigraphiques orientés de la même ma-
nière dans les montagnes de l'Oisans. Ce système serait nécessaire-
ment antérieur au lias moyen (à gryphœa cymbium), qui, à la mine
du Peychagnard, repose en stratification discordante sur les couches
plus fortement inclinées du terrain anthracifère. Il pourrait être
postérieur au calcaire à gryphées arquées, et pourrait être nommé
système du Peychagnard. Uhexatétraédrique Uaa serait le grand cercle
de comparaison de ce système.
Bissecteur DH (système du nord de T Angleterre) .
Le cercle inscrit au douzième rang dans le tableau des i83 in-
Stratigraphie. 20
.306 RAPPORT SUK LES PROGRES
terscctions est le bissecteur DH, représentant du système du nord de
l'Angleterre.
Ce grand cercle passe dans les parages de la Corse, où il coupe
plusieurs des cercles du réseau qui traversent cette île. Les inter-
sections calculées ont servi à construire les cercles dont il s'agit.
Quant au bissecteur lui-même, il tombe complètement en dehors du
petit cadre accessoire qui renferme l'ile de Corse, et il n'a pas été
figuré sur le tableau d'assemblage de la carte géologique. Je n'ai ,
en conséquence, rien à ajouter ici à la monographie de ce cercle,
qui a été donnée précédemment (p. 207). Il me reste seulement à
examiner s'il fournit un représentant convenable pour le système du
nord de Y Angleterre.
D'après la Notice sur les systèmes de montagnes (p. 2 8 5), le grand
cercle de comparaison provisoire adopté pour le système du nord de
l'Angleterre passe dans Yoredale ( Yorkshire) et y est orienté N. 5° 0.
Cette direction n'est perpendiculaire que dans des limites assez
larges à la direction du système des Pays-Bas, à laquelle on lavait
d'abord comparée, mais elle est presque rigoureusement perpendi-
culaire à celle du primitif du Land's End. Il est, par conséquent, très-
naturel de chercher le représentant du système du nord de l'An-
gleterre parmi les perpendiculaires de ce grand cercle primitif, qui
sont nombreux dans le réseau et qui ne laissent pour ainsi dire
que l'embarras du choix1.
Ainsi, au point de vue de la direction seulement, on pourrait
choisir, pour grand cercle de comparaison : ïoctaédrique de Mulehacen,
qui dessine le Land's End et la côte orientale de l'Irlande; ïliexalétraè-
drique Haa, qui passe au pointa de la Norwége et au point a entre
Minorque et la Sardaigne; le bissecteur DH, qui va du point D près
de Remda à la pointe orientale extrême du Spitzberg; le dodéc&é-
drique rhomboïdal, qui va du point T sur le Bug au point I près de la
Nouvelle-Zemble. Mais Voctaédrique dont je viens de parler paraît
Notice, |». 1 07."».
DE LA STIUTKiRAPHIE E.\ FRANCE. -307
être placé trop à l'O. pour un système dont on a trouvé des traces
non équivoques dans le nord de la Russie, et le dodécaédrique rhom-
boïdal du Bug. trop à TE. pour un système qui joue un rôle impor-
tant dans les Iles Britanniques. On n'a pu réellement hésiter
qu'entre Xhcxatétracdriqur Uaa et le bissecteur DH; ils ont été gravés
l'un et l'autre sur la carte pi. V de la Notice. En adoptant le bissec-
teur DH pour grand cercle de comparaison du système du nord de
l'Angleterre, on transporte ce grand cercle de comparaison à une assez
grande distance à l'E. de la position qu'on lui avait provisoirement
assignée en le faisant passer par le Yorkshire; mais par là on le
place à des distances à peu près égales de la chaîne carbonifère du
nord de l'Angleterre et de la longue ligne dessinée, dans le nord
de la Russie, par le bord occidental du calcaire carbonifère1.
Quant à la direction, par cela même que notre bissecteur DH est
perpendiculaire au primitif du Land's End, il doit s'écarter de la di-
rection du système du nord de l'Angleterre d'une quantité beaucoup
moins grande que celle dont on a admis implicitement2 que cette
dernière pourrait être changée ultérieurement, lorsqu'on a remar-
qué qu'elle est déjà perpendiculaire, à k ou 5 degrés près, à celle du
système des Pays-Bas3. En effet, d'après le tableau de la page 860
de la Notice, l'angle nord de ^Angleterre-Pays-Bas est de 8 5° 2 8' 3 W;
mais, comme le grand cercle de comparaison du système des Pays-
Bas aurait à être rapproché de la ligne E.-O. de /r°i3'32" pour
coïncider avec le primitif du Land's End, il faudrait ajouter à peu
près cette quantité (sauf l'excès sphérique d'un triangle que je crois
inutile de calculer) à l'angle ci-dessus, pour avoir l'angle nord de
l'Angleterre-Land's End. Cet angle serait par conséquent d'environ
89°/i2/o6", soit en nombres ronds 8q°&o', et il ne différerait de
l'angle droit que de 20 minutes. Notre bissecteur DH qui est per-
pendiculaire au primitif "du Land's End s'écarte donc seulement d'en-
viron 20 minutes, vers l'ouest du nord, de la direction qui a été
1 Notice, p. 989. — * Notice, p. 1080. — 3 Notice, p. 36o.-
308. RAPPORT SUR LES PROGRÈS
assignée au grand cercle de comparaison provisoire du système du
nord de l'Angleterre. Il représente ce système d'une manière satis-
faisante.
Quant au système du nord de l'Angleterre considéré en lui-
même, l'adoption de ce nouveau grand cercle de comparaison ne change
rien à ce qui a été dit de sa composition et de son âge relatif dans
la Notice sur les systèmes de montagnes, p. 281 et ailleurs (voir la
table de l'ouvrage). On peut ajouter, comme on l'a déjà fait dans
la Notice1, en comparant le bissecteur DH du système du nord de
l'Angleterre au trapézoédrique TDb du système des îles de Corse et
de Sardaigne, dont il ne diffère en orientation que de k° à 5°,
qu'il est remarquable de voir le second plus en rapport avec les
accidents fortement accentués du monde actuel, et l'autre avec les
accidents, moins sensibles à l'extérieur, d'un monde plus ancien,
que le réseau pentagonal fournisse à point nommé ces deux cercles,
et que, d'après des directions imprimées plus de vingt ans avant
la publication de la Notice, le second se trouve échoir en partage au
système des îles de Corse et de Sardaigne et le premier au système
plus ancien du nord de l'Angleterre.
Trapézoédrique Ta (système du Vercors).
Le cercle inscrit au treizième rang dans le tableau des 1 83 in-
tersections est le trapézoédrique Ta adopté comme représentant du
système du Vercors.
Ce grand cercle passe par le point T du golfe de Guinée et par
le point a qui tombe dans la Méditerranée, entre Minorque et la
Sardaigne. Il a pour pôles les intersections du dodécaédrique rltom-
boïdal et du bissecteur III, auxquels ces deux points appartiennent
comme pôles, intersections qui sont figurées dans le tracé de
M. Laugel et qui tombent, l'une dans l'océan Pacifique, au nord
1 Notice, p. 1079.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 309
des îles Galapagos, l'autre dans l'océan Indien, au S.-O. de Su-
matra.
Ce grand cercle entre dans le cadre de la carte géologique de la
France par le côté septentrional, et traverse d'abord les terrains
schisteux de la Westphalie, où il coupe le primitif du Land's End
et le diamétral Dac, représentant du système des Pays-Bas. Passant
ensuite entre les basaltes du Weslerwald et les terrains volcaniques
du Siebengebirge et du lac de Laach, il continue son cours sur les
schistes et les grauwackes. Il coupe le trapézoédn'que TD6 du sys-
tème du Finistère, à 3 kilomètres à l'est de la forteresse d'Ehren-
breitstein, et le bissecteur DH de Belle-Ile, sur les bords du Rhin,
au sud de Boppart.
C'est ici la partie la plus accidentée du cours du Rhin dans tout
1 intervalle compris entre Bingen et Cologne. Sa vallée forme des
méandres très-prononcés, toujours remarqués des touristes, à cause
des sites pittoresques que ces méandres présentent sous plusieurs
aspects divers aux personnes qui suivent le Rhin en bateau à va-
peur. Notre cercle, après avoir traversé la Lahn à l'une de ses
principales inflexions entre Bad-Ems et Lahnstein, coupe trois fois
le cours du Rhin dans un intervalle de 8 kilomètres, résultat que
ne produirait aucune autre ligne coupant le Rhin dans toute la
partie du cours de ce fleuve qui est encaissée dans les terrains
schisteux.
Le Rhin est rapide dans ces méandres, qui allongent cependant
son cours. Si on les remplaçait par une tranchée rectiligne qui rédui-
rait de plus de moitié l'espace parcouru parles eaux, cette tranchée
offrirait un rapide ou une cataracte, à moins qu'on n'y établit une
écluse; c'est donc bien là un accident remarquable du cours du
Rhin, et le plus considérable qu'il présente entre Bingen et Cologne.
Sur la rive gauche du Rhin , notre cercle passe près des sources
de la Simmern, qui s'en détache vers l'ouest, par l'effet des sinuo-
sités de son cours, mais il la retrouve à sa terminaison extrême en
coupant la Nahe, précisément au confluent des deux rivières.
310 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Plus loin, il effleure les extrémités orientales des principales
niasses de inélaphyres du Palatinat, et il remonte la vallée de la
Glan, où il passe aux confluents des différents cours d'eau que re-
çoit cette rivière. Laissant Deux-Ponts à 9 kilomètres à l'ouest et
Neuhornbach à 1 kilomètre à l'est, il passe exactement au confluent
des rivières Hornbach et Schweigen, et, sur les bords de cette der-
nière, il coupe le primitif de Lisbonne, qui lui-même passe à Nen-
liornbacb.
En remontant la Schweigen, notre cercle entre obliquement
dans les basses Vosges, dont les accidents sont parallèles à la direc-
tion du système du Rhin, plus inclinée par rapport au méridien que
celle de notre cercle. Ce dernier se rapproche par degrés de la ligne
de faîte et finit par la dépasser. Laissant à l'est le fort de Bitchc, il
passe à celui de la Petite-Pierre et laisse à l'ouest la place de Phals-
bourg. Il coupe la grande route de Paris à Strasbourg, au hameau
des Quatre-Vents, dont le nom indique déjà le voisinage du point
culminant, et qui n'est en effet qu'à un kilomètre et demi de la
colonne où commence la longue descente de Saverne.
S'engageant alors dans les Vosges proprement dites, notre cercle
coupe le diamétral Dac du système de la Gôte-d'Or dans les anfrac-
tuositésde la crête des montagnes degrés, un peu à l'O. du signal géo-
désique du Geisfels, élevé de 672 mètres. Plus loin, il pénètre dans
le ban de la Roche par le cap très-saillant, couronné de montagnes
de grès des Vosges, qui domine Vische vers le N.-N.-E. Sur ce cap
proéminent, le trapézoédrique Ta laisse, à 700 mètres seulement
vers l'ouest, le signal géodésique de la Porte-de-Pierre, élevé de
1,007 mètres. Cette montagne serait la plus élevée de toutes les
montagnes de grès des Vosges si le Grand-Donoa, situé à - kilo-
mètres au S.-O. sur un autre cap de la ceinture du ban de la Roche,
n'avait 3 mètres de plus (1,010 mètres).
Traversant obliquement la dépression du ban de la Roche, où il
l>;isse à Waldersbach , notre cercle en sort en rasant h' pied occi-
dental du massif granitique du Champ-du-Feu. Il coupe le trapézo&-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 311
érifue Te, représentant du système du Hundsriïck, à 600 mètres à
l'ouest du signal de Raurupt , placé, à la hauteur de 956 mètres, sur
la croupe de ce chaînon montagneux , sur lequel j'aurai à revenir.
Le trapézoéârique Ta parcourt ensuite l'intérieur pittoresquement
accidenté des Vosges, en passant à différents points définissables
qu'il ne m'est pas possible d'énumérer ici. Il traverse la ville de
Sainte-Marie-aux-Mines, et, au midi de cette ville, le coteau de
Surlate et de Saint-Philippe, l'un de ceux où les mines d'argent
célèbres de cette localité étaient jadis exploitées.
H traverse le bourg de la Poutroye, situé au pied occidental du
col du Bonhomme et au bord de la masse de granité qui forme
ici la crête des Vosges. Il coupe la vallée de Munster en passant à la
porte orientale de la ville de ce nom , et en sort par le Kahlen-Wissen
ou Petit-Ballon, dont il laisse la cime, élevée de 1,27/1 mètres, à
3oo mètres environ vers 10. Plus loin, il laisse à 1 kilomètre à 10.
la cime du ballon de Guebvviller, point culminant des Vosges, élevé
de 1,^26 mètres. Le ballon de Guebwiller est formé par le terrain
de porphyre brun appuyé sur le granité, et notre cercle suit aussi
exactement que possible, sur une longueur de 5 kilomètres, la ligne
de contact légèrement sinueuse du porphyre brun et du granité.
Il descend du ballon et sort des Vosges en coupant la masse de
mélaphyre située au S.-O. de Thann, puis il traverse la dépression
qui sépare les Vosges du Jura et dont on a profité pour établir le
canal du Rhône au Rhin.
Notre cercle passe à 1 kilomètre environ à 10. du village de
Valdieu, c'est-à-dire précisément au point de partage entre les
eaux qui coulaient naturellement dans la rivière Saint-Nicolas,
affluent du Doubs et du Rhône, et dans la rivière la Largue, affluent
de J'IH et du Rhin. Là se trouvait, à 35o mètres au-dessus de la
mer, un seuil à peine sensible qui a été tranché pour l'établisse-
ment du canal. On a placé en cet endroit l'extrémité N.-E. du bief
de partage et le point de départ d'une longue série d'écluses, qui,
comme un escalier gigantesque, descendent au niveau delà Largue,
312 RAPPORT SUR LES PROGRES
qui est moins élevé que celui de la rivière Saint-Nicolas. C'est le
point le plus Caractéristique de tout ce grand ouvrage, et c'est là
aussi que notre cercle le traverse. Il se conduit à l'égard du canal
comme à l'égard du Rhin lui-même.
Passant ensuite entre Délie et Porentruy, il aborde le Jura par
la roche d'Or, montagne élevée de 980 mètres, sur laquelle tombe
le point d'intersection du Irapézoédrique Ta et du bissecteur DH, repré-
sentant du système du mont Seny.
Notre cercle coupe ensuite le Doubs deux fois de suite dans
l'espaee de 6 kilomètres, à la naissance du crochet aigu qu'il va
former près de Sainte-Ursane et à l'occasion duquel le célèbre
géologue de l'Auvergne, M. de Montlausier, lui adressait les paroles
de la Bible ;
et tu, Jordanis, quia conversus es retrorsum?
Le plus simple exposé de la combinaison d'accidents stratigra-
phiques qui, après avoir donné passage aux eaux du Doubs, les
force à revenir en arrière, serait une odyssée beaucoup trop éten-
due pour trouver place dans ce Rapport. Je me borne à dire que
notre cercle, au sortir de cette mêlée, suit les crèts coralliens qui
emprisonnent le Doubs dans les gorges profondes situées entre Gou-
mois et Noirmont, et que, traversant le val Saint-Tmier et les crêtes
les plus élevées de cette partie du Jura , il va couper le (rapézoé-
driqueTb, représentant du système duTatra, dans le bassin tertiaire
de Vallengin, à 3 kilomètres au N.-O. de la cime du Ghaumont. H
entre enfin dans le lac de Neufchâtel en traversant la ville du même
nom, bâtie précisément au point où l'éperon montagneux couronné
par le Ghaumont vient expirer sur le rivage.
Franchissant ensuite les molasses du Jorat et le lac de Genève,
il entre en Savoie à 1 kilomètre à l'ouest de Saint-Gingolp. c'est-
à-dire vers l'extrémité orientale des célèbres rochers de Meillerie.
Il tronque très-légèrement la frontière du Valais. passe à la pointe
de la Cornette, cime la plus avancée vers l'est «lu groupe des
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 313
dents dOche, puis il traverse la vallée d'Abondance au confluent
de torrents situé immédiatement au-dessous de la chapelle qui lui
donne son nom.
Notre cercle franchit ensuite la vallée de la Drance de Thonon
près de sa source au-dessus de Morzine, puis celle du Giffre en
passant dans la ville de Samoën , et enfin celle de i'Arve au-dessus
de Passy, après avoir coupé le prolongement occidental de la crête
des rochers des Fis , à 1 ou 2 kilomètres à l'E. de l'aiguille de Varens.
Laissant Alegève à l'ouest et les bains de Saint-Gervais à 2 ou
3 kilomètres à l'est, il parcourt les montagnes comparativement
peu élevées de la vallée de Beaufort, et va au fond de cette vallée
couper, comme il a été dit ci-dessus (p. 280) le trapézoédrique TI,
représentant du système du mont Viso, avec lequel il partage le
privilège de passer entre les extrémités, en regard l'une de l'autre,
de la chaîne de roches primitives du mont Blanc et de celle de
Belledone.
Au delà de la crête calcaire qui sépare la vallée de Beaufort de la
Tarentaise, il passe l'Isère entre i\ime et Villette, et se dirige, par
le haut des vallées des Allues et de Belleville, vers la Maurienne, où
il franchit l'Arc à Orelle, pour aller sur sa rive gauche, à 3 kilo-
mètres au midi du village, couper le diamétral De du système des
Alpes occidentales, sous un angle d'environ 200. Dans ce point à
peu près central de la Maurienne, le trapézoédrique Ta se dirige vers
le N. 7°53'22",o7 E. et le diamétralDc vers le N. 2 7°37/2o//,73 E.
En poursuivant son cours au milieu de crêtes tourmentées, notre
cercle va passer dans le haut de la vallée de \ almenier, vers l'ex-
trémité du petit glacier qui descend du mont Tabor, seul gla-
cier qu'il rencontre dans toutes les Alpes, dont il évite les cimes
principales. Il laisse à moins de 3 kilomètres à l'est la cime de la
montagne, élevée de 3, 1 82 mètres, ainsi que la chapelle adjacente,
où viennent se réunir les frontières des trois anciennes provinces
de la Savoie, du Piémont et de la Provence.
Dans tout l'intervalle, depuis le lac de Genève jusqu'au bassin
;m/« rapport sur les progrès
do la Durance, notre cercle présente des rapports très-particuliers
avec l'orographie de la contrée. On peut remarquer qu'un grand
nombre de crêtes lui sont parallèles, et sur la carte géologique
générale de la France, gravée longtemps avant qu'on l'y traçât, il
se trouve former la ligne médiane d'une zone étroite dont on
pourrait croire le dessin modelé d'après sa direction.
A partir du mont Tabor, le trapézoédrique Ta se dirige, au mi-
lieu des crêtes d'une structure compliquée d'où découlent le» pre-
miers aflluents de la Durance, vers le col du Chardonet, où il passe
à 1 kilomètre à l'est de la pointe de porphyre quartzifèrc autour
de laquelle se groupent un gîte de graphite bien connu et des
gîtes de minerais de cuivre et de plomb explorés et même concé-
dés depuis quelques années. Sur le tableau d'assemblage, la pointe
porphyrique tombe à l'est du cercle, ce qui est une des légères
inexactitudes déjà signalées de cette carte.
Notre cercle passe ensuite au bourg du Monestier-de-Briançon ,
où se trouve une source minérale, franchit la crête de terrain nuni-
mulitique qui sépare la vallée du Monestier de celle de Val-Louise,
crête sur laquelle il coupe le trapézoédrique T\a du système du Mor-
bihan. 11 passe au village même de Val-Louise, c'est-à-dire très-ap-
proximativement au confluent des deux grands torrents, la Gi et la
Ronde, dont les eaux réunies forment la Gironde, par laquelle
s'écoulent dans la Durance les eaux des vastes glaciers du versanl
oriental de la chaîne du Grand-Pelvoux.
H traverse enfin, en s'adaptant à plusieurs de leurs crétei et de
leurs gorges profondément encaissées, les hautes montagnes de
terrain numinulitique qui dominent à l'est la ville de Monl-Dau-
pliin, et, après avoir coupé, au moment d'en sortir, le irapé-jir-
drique TTbbc de l'Hécla, il passe la Durance à 1 kilomètre au-des-
sous du point où elle reçoit le torrent de Besredon.
Au sud de la Durance, le Irapézoédriquc fa, toujours eu rapport
de parallélisme avec une foule de crête* el de gorges profondes, el
passaul avec une remarquable précision ;< plusieurs confluents de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 315
torrents, suit le bord des montagnes qui dominent à l'est le bassin
où s'est, accumulé le dépôt de transport ancien de Mezei. H coupe
Ylicvatétraédrique HaTTa à 2 kilomètres à l'est d'Aups. c'est-à-dire
approximativement sur l'angle tourné au S.-O. du massif des mon-
tagnes alpines.
A partir de cette espèce de bastion avancé, notre cercle traverse
les terrains, beaucoup moins élevés mais toujours accidentés, du
département du Var. Il y est constamment en rapport avec les li-
mites géologiques et avec les directions de cours d'eau fortement
encaissés, et il va raser à 1 kilomètre de distance le pied oriental
de la montagne des Oiseaux, située au midi d'Hyères. Il sort enfin
du continent par le milieu de la presqu'île de Giens, qui n'est au
fond que l'une des iles d'Hyères, et la plus occidentale de toutes,
liée à la terre ferme par les cordons de sable et de galets qui cir-
conscrivent une lagune littorale.
Dans la Méditerranée, le trapézoédrique Ta passe au point a si-
tué entre Minorque et la Sardaigne, et, comme le montre la carte
pi. V de la Notice, il pénètre en Afrique par les environs de Bou-
gie. Son cours dans l'intérieur de l'Algérie suit une ligne assez re-
marquablement accidentée1, près de laquelle M. Pomel a fait, dans
ces dernières années, d'intéressantes observations. (Voir ci-dessus,
p. 8.) II traverse ensuite le grand désert de Sahara, rencontre le
Niger un peu à lest du méridien de Paris, et continue son cours
dans le golfe de Guinée, où il est assujetti à passer à un point T.
Dans la direction opposée, le trapézoédrique Ta sort de l'Eu-
rope centrale par les bruyères du nord de l'Allemagne et les terres
basses du Jutland occidental. Il parcourt la Norwége dans une
grande partie de sa longueur, depuis Tonsberg, à l'entrée du golfe
de Christiania, jusqu'à l'île d'Hindoë, située au point où les îles
de Lolfoden se détachent de la côte, et il s'harmonise, aussi bien
({lie les cercles représentant les systèmes des iles de Corse et de
1 Notice, p. 1087.
316 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Sardaigne et du nord de l'Angleterre, avec les formes du sor et la
disposition des masses de roches éruptives. Enfin il va raser au
S.-E. la terre des Etats, partie la plus saillante dans cette direction
de l'archipel du Spitzberg.
La monographie du trapézoédrique Ta, pour les parties de son
cours extérieures au cadre de la carte géologique de la Fiance, n'a
pas encore été faite complètement, mais la manière dont il s'adapte,
en France et dans une partie de l'Allemagne, à un grand nombre
de points définissables, soit avec une précision presque absolue,
soit à 2 ou 3 kilomètres près, suffit pour le placer au nombre des
cercles les mieux jalonnés par les accidents orographiques et géolo-
giques, et de ceux qu'on ne pourrait déplacer d'une quantité un
peu sensible sans en gâter la position.
Le parallélisme qu'il affecte dans une grande partie de son
cours avec des crêtes de montagnes, des gorges profondément en-
caissées et des cours d'eau, le désigne en même temps comme le
représentant d'un système de montagnes. Nous avons maintenant à
examiner s'il représente convenablement le système du Vercors.
Ce grand cercle, assujetti à passer par le point T du golfe de
Guinée et par le point a qui tombe entre Minorque et la Sardaigne,
fait en ce dernier point avec le primitif de la Nouvelle-Zemble, qui
y passe également, un angle de î i°33'i5",76 l. Le primitif de la
Nouvelle-Zemble a été adopté, ainsi qu'on le verra bientôt, pour
représenter le système du Rhin, mais en rapprochant du méridien
de 5i'/i5" l'orientation adoptée d'abord pour ce dernier système.
D'après le tableau de la page 85 1 de la Notice, l'angle Rhin-Ver-
cors est de ii?io/i5"; il différerait peu de celui que nous venons
de trouver; mais, comme il devrait être réduit de 5i'/i5" (à peu
près seulement à cause des excès sphériques), il ne doil être
compté que pour environ io037'3o". La différence avec l'angle
théorique est, par conséquent, d'emiron <>".V) ^i.Y'.-().
' Notice, p. io8f).
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 317
Le trapézoédrique Ta s'écarte donc un peu plus de la direction
du système du Rhin, et se rapproche un peu plus du méridien
que le grand cercle de comparaison provisoire qui avait été adopté et
d'après lequel on avait calculé les angles inscrits dans les tableaux;
mais, si l'on se reporte à la détermination de ce dernier cercle, on
verra (page 58s de la Notice) que M. Gras a indiqué l'orientation
N. 70 à 8° E. et qu'on a pris 8°; si l'on avait pris 70, la différence
qu'on vient de trouver serait de W à 5' seulement, et en sens in-
verse. Le cercle théorique tombe donc, quant à sa direction, dans
les limites de l'incertitude des observations fondamentales.
Quant à la position de ce même cercle, elle est bonne aussi,
puisqu'il traverse le Dauphiné et le Jura. Il serait, je crois, difficile
de trouver dans le réseau pentagonal un meilleur représentant du
système du Vercors, et l'on peut dire que celui-ci laisse fort peu
de chose à désirer.
Quant au système du Vercors considéré en lui-même, il con-
serve la définition qui en a été donnée dans la Notice sur les systèmes
de montagnes, page 53 1. H faut seulement y ajouter les dévelop-
pements et les perfectionnements dus aux travaux exécutés en
Algérie par M. Pomel, travaux par lesquels cet habile géologue est
parvenu, entre autres résultats, à fixer dune manière plus précise
l'âge relatif du système du Vercors. (Voir la première partie du
présent Rapport, page 8.)
Primitif de la Nouvelle-Zemble (sijstème du Rhin).
Le cercle placé au quatorzième rang dans le tableau des i83 in-
tersections est le primitif de la Nouvelle-Zemble, représentant du
système du Rhin.
Une monographie complète de ce grand cercle a été donnée
dans la quatrième partie de ce Rapport (p. 189), mais on a omis
d \ parler en détail de la portion de son cours qui traverse le cadre
de la carte géologique de la France.
:}18 RAPPORT SI K LES PROGRÈS
Le primitif de la Nouvelle-Zemble est un des ànqgrand.s carie* j>ri-
milifs qui se croisent au point D, centre du pentagone européen,
situé près de Remda, eu Saxe. Il aborde le cadre de la carte géo-
logique de la France par le côté oriental, et, traversant d'abord le
lac de Constance, il entre en Suisse par le canton de Thurgovie,
où il passe à Bischofszell. Cette ville est bâtie près du confluent de
la Thur et de la Sistern. Notre cercle passe approximativement à
ce confluent et coupe la Sistern très-près du point où elle verse ses
eaux dans la Thur. Il côtoie d'abord pendant plusieurs kilomètres
le cours de cette dernière rivière, qui semble se replier à son ap-
proche, puis il en remonte la vallée sinueuse. Il suit le bord du
massif montagneux que couronne le Hoher-Santis, et il rase les
dernières pentes du Speer pour aller traverser à Schannis la vallée
qui joint le bassin du lac de Wallenstadt à celui du lac de Zurich.
Il y coupe le trapézoédrique Tb du système du Tatra, et le point
d'intersection tombe précisément sur le bord du canal de jonction
des deux lacs. C'est là un point remarquable dans la configuration
de la Suisse, comme répondant aux débouchés dans la plaine des
vallées profondément encaissées de Glaris et du lac de Wallenstadt.
J'aurai à revenir plus loin sur ce point de croisement et sur la po-
sition que lui assignent les lois de la symétrie pentagonale.
Notre cercle s'engage ensuite dans les hautes montagnes qui
bordent à l'ouest la vallée de Glaris, et, touchant les petits lacs du
KIon-Thal et du Glatt-Alp, il va , dans le canton des Grisons, couper
à Sedrun, au pied du Saint-Gothard , la branche la plus septen-
trionale et la plus directe du Rhin [Vorder-Bhrin). Il laisse à 3 ou
k kilomètres à l'est les cimes neigeuses du Glaernish et du Todi,
qui commandent les sinuosités de la vallée de la Linth, à l'en-
semble de laquelle il est parallèle depuis la naissance de cette
vallée jusqu'au point où elle verse ses eaux dans le lac de Wallen-
stadt. 11 est plus approximativement parallèle encore à une partie
des accidents orographiques et Btratigraphiquea dont la direction,
très-oblique à celle de la chaîne des Alpes, est indiquée sur la carte
DE LA STRATIGRAPHIE EN PRINCE.. 3 J y
géologique de la France par le figuré orographique et par les con-
tours des différents terrains.
Au delà de Sedrun, notre cercle, remontant la vallée de Nais et
franchissant les montagnes de son sommet, va couper tout près de
sa source la seconde branche du Rhin (Mittkr-Rhei?i) , dont les eaux
rejoignent la première par la vallée de Medels, qui est parallèle à
notre cercle et située presque dans la prolongation de celle de
Glaris.
Franchissant enfin la crête centrale des Alpes, entre le col du
Saint-Gothard et celui du Lukmanier, notre cercle entre dans la
vallée du Tessin. dont il coupe le cours près de Piolta, au-dessous
d Airolo, dans une partie où l'uniformité des roches jurassiques
métamorphiques, qui forment les flancs de toute la partie supé-
rieure de la vallée, est interrompue par un soulèvement granitique
(placé trop au N.-O. sur le tableau d'assemblage).
Poursuivant sa route au milieu des montagnes âpres et pitto-
resques qui séparent le mont Rose du lac Majeur, le p-imitif de la
Nouvelle-Zemble coupe la Toccia et la route du Simplon au pont de
Midgiandone , situé au-dessus d'Ornavasso, dans la vallée d'Ossola,
et la Sesia au coude qu'elle forme entre deux confluents, un peu
au-dessous de Varallo. Il sort des montagnes par Strona, au N.-O.
deMasserano, pour aller raser au S.-E., dans la plaine du Piémont,
le petit lac de \iverone.
Étudié dans tout cet intervalle sur la carte géologique de la
France, et mieux encore sur la belle carte géologique du Piémont
par M. le professeur Ange Sismonda, où les contours des masses
minérales sont plus complètement dessinées, notre cercle se trouve
dans une harmonie remarquable avec la structure orographique
et géologique de la contrée. Il est parallèle à plusieurs crêtes ré-
gulières et aux axes de plusieurs masses remarquables de roches
éruptives, telles, par exemple, que celles des beaux granités de Ba-
veno, de Férioîo et de Monte-Orfano. Il l'est également aux direc-
tions générales des vallées un peu sinueuses dont les eaux du lac
:}20 RAPPORT SUH LES PROGRES
Majeur et du lac d'Orta remplissent le fond; et la même remarque
pourrait s'appliquer à certaines parties des lacs de Lugano cl de
jonie.
Entrant, au pied des derniers contre-forte du mont Rose, sur les
dépôts erratiques des plaines du Piémont, notre cercle, après avoir
passé la Doire-Baltée et le Pô, à 5 ou 6 kilomètres au-dessus de leur
confluent, et franchi les collines tertiaires du Montferrat , près de
Casalborgone et de Chieri, atteint, près de Borgo-San-Dalmazo et
de Roccavione, au débouché du torrent qui descend du col de
Tende, le pied des Alpes maritimes. Bientôt après, il coupe en un
seul et même point le trapézoédrique T\a du système du Morbihan
et le trapézoédrique TI du système du mont Viso, et il n'est pas le
rayon le moins heureusement dirigé de cette espèce d'étoile strati-
graphique.
Après avoir coupé perpendiculairement, près du col Délie Fi-
nestre, l'un de ses passages les plus élevés, la crête granitique des
Alpes maritimes, il descend sur son versant méridional dans la
vallée de la Vesubie. A partir de Bollène, il suit la direction géné-
rale de cette rivière et celle du Var, qui en reçoit les eaux, en
côtoyant des crêtes montagneuses qui lui sont à peu près paral-
lèles.
Dans la partie élargie de la vallée du Var qui aboutit à la mer,
le primitif de la Nouvelle-Zemble passe au point de croisement
multiple, déjà cité, près de Gagnes, où il coupe simultanément le
trapézoédrique TTbbc de l'Hécla, le trapézoédrique TTbbc du sys-
tème du Sancerrois, et Y hexatétraédrique HaTTa, trois cercles qui
s'adaptent avec précision à la structure de la contrée environ-
nante.
Le primitif ne leur cède en rien sous ce rapport. Passant entre
le bord de la mer et la masse éruptive de mélaphyre de Biol . il
laisse, à 1 ou 2 kilomètres à l'E., le fort Carré et la ville d'Ântibes,
ainsi que la ligne séparative du muschelkalk et du calcaire du
terrain crétacé inférieur. Traversant le golfe de Jouan, il rogne
DE là STRATIGRAPHIE EN FRANCK. .521
légèrement l'extrémité orientale de 1 île Sainte-Marguerite, et rase
à une très-petite distance celle de File Saint -Honorât, formées
lune et l'autre du même calcaire crétacé intérieur. 11 s'éloigne
enfin de la terre en passant précisément à la pointe du cap sous-
marin que forme le soubassement des îles Lérins (Sainte-Margue-
rite et Saint-Honorat) , soubassement dont la chute est très-brusque,
car sur son rebord on trouve seulement 97 mètres d'eau, et à en-
viron 1 kilomètre plus loin, èio mètres, sans fond.
S'avançant ensuite sur les eaux profondes de la Méditerranée ,
notre cercle laisse à l'O.-N.-O., à 9 kilomètres de distance, les es-
carpements hardis du cap Roux, extrémité des porphyres quartzi-
fères de l'Esterel, et, à 6 kilomètres, le bord de leur plate-forme
sous-marine, puis, à i5 kilomètres, le cap de Camarat, extrémité
des roches primitives des montagnes des Maures, et, à 10 kilo-
mètres, le bord de la plate-forme sous-marine qui les supporte.
Toutes ces formes sont très-accentuées, comme le sont aussi
celles des montagnes calcaires qui, à l'est du Var, forment le lit-
toral du département des Basses-Alpes et d'une partie de la rivière
de Gênes.
Ainsi qu'on a pu le remarquer de tous temps, le Var divise
cette côte en deux parties qui, en masse, sont très-dissemblables :
d'un côté, des roches primitives et porphyriques avec leur cortège
de terrain houiller et de trias présentant des contours festonnés;
de l'autre, les escarpements de calcaires jurassiques et crétacés
de Nice, de Villefranche et de Monaco. Or notre cercle trace
la limite des deux régions dune manière plus nette encore que ne
le fait l'embouchure du Var. Laissant seulement à l'ouest le petit
lambeau de calcaire crétacé des îles Lérins, et à l'est une étroite
lisière de muschelkalk à la porte dWntibes, il traverse les Alpes
maritimes en côtoyant quelques crêtes dont la direction, anomale
relativement au reste de la contrée, est sensiblement parallèle à
son cours. (Test une disposition analogue à celle qui a été indiquée
plus haut entre le lac de Wallenstadt et le lac Majeur; seulement
Stratigraphie. 21
322 RAPPORT SUR LES PROGRES
la région des porphyres reste ici à l'ouest de notre cercle, tandis
que près du lac Majeur elle reste à l'est.
La ligne oblique suivant laquelle le primitif de la Nouvelle-
Zemble traverse les Alpes proprement dites se fait remarquer par
plusieurs circonstances importantes. Elle rase, dune part, l'extrémité
orientale du massif du Saint-Gotbard, et, de l'autre, l'extrémité
occidentale de la région dans laquelle se montrent les granités de
Baveno et de Lugano, différents de tous ceux des Alpes occiden-
tales, et les porphyres quartzifères ainsi que les mélaphyres et les
dolomies qu'on voit reparaître à différents intervalles sur le versant
méridional des Alpes jusque dans le Tyrol. Le faciès d'une partie
des roches sédimentaires et le genre de métamorphisme qu'elles ont
subi changent aussi plus ou moins brusquement aux approches de
cette ligne, qui forme la limite la plus naturelle entre les Alpes oc-
cidentales et les Alpes orientales. Cette troncature oblique des Alpes,
mesurée de Bischofszell en Suisse à Strona en Piémont, n'a pas
moins de 23o kilomètres (plus de 5o lieues) de longueur, ce qui
tient en partie à son obliquité et aussi à ce que les Alpes, dont la
structure est si complexe, sont sujettes à s'élargir brusquement et
comme par échelons.
Vers le nord, au delà du lac de Wallenstadt, le massif du Speer
et du Sàntis élargit subitement les Alpes aux dépens des plaines de
la Suisse et de la Bavière, en formant une sorte d'échelon dont notre
cercle marque le bord. Vers le midi les Alpes s'élargissent, à l'ouest
du lac Majeur, aux dépens des plaines du Piémont, et forment un
autre échelon, tourné en sens inverse du précédent, dont notre
cercle profite pour sortir moins promptement de la région monla-
gneuse. On pourrait dire encore qu'aux points où ces échelons
forment saillie, sur le lac de Wallenstadt et sur le lac Majeur. les
contours de la région montagneuse présentent des angles rentrants
qui y déterminent un étranglement
Cet ensemble de circonstances établit une relation intime entre
le primitif de la Nouvelle-Zemble et la structure de lune des par-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 323
ties les plus compliquées des Alpes. Les Alpes occidentales et les
Alpes orientales présentent comme une ligne de suture placée très-
sensiblement dans la direction de notre cercle et qui semble se
lier à l'existence de la masse de granité de Baveno, dont l'axe lui
est parallèle.
Le système du Rhin est postérieur au grès des Vosges et anté-
rieur au grès bigarré. H est probablement antérieur aussi aux grès
rouges de l'Esterel et du lac Majeur, qui semblent se rattacher
au grès bigarré. Quant aux terrains jurassiques crétacés nummu-
litiques, ils lui sont incontestablement postérieurs. Il est donc
évident que presque tous les accidents stratigraphiques signalés
dans la zone que suit le primitif de la Nouvelle-Zemble, aux en-
droits où elle traverse les Alpes principales et les Alpes maritimes,
sont postérieurs à l'origine première du système que ce cercle
représente.
Cette conclusion est d'autant plus naturelle que la zone dont
nous parlons contient des accidents stratigraphiques importants
dont la direction est exactement celle du système des Alpes occi-
dentales, l'un des plus modernes de l'Europe. La Notice sur les sys-
tèmes de montagnes signale (p. 5Zi8) comme se rapportant au sys-
tème des Alpes occidentales la grande faille de la vallée de la
Linth, qui court du lac de Wallenstadt à Ivrée en Piémont, du
N. 23°3o' E. au S. 23°3o'0. de Gassini. La différence d'orientation
avec le système des Alpes occidentales est de k minutes seulement,
c'est-à-dire complètement négligeable. Cette faille se sépare notable-
ment, vers le N.-E., de la vallée de la Linth; mais, de même que la
série d'accidents signalés plus haut, elle passe à l'extrémité orientale
du Saint-Gothard. Elle rend facile à comprendre la reproduction
des accidents stratigraphiques du système du Rhin à une époque
géologique moderne; mais elle ne dispense pas d'admettre l'exis-
tence, dans le sous-sol fondamental, de ces accidents de date
ancienne : i° parce que l'éruption du granité de Baveno et celle des
porphyres quartzifères sont antérieures au terrain jurassique, et par
3*2/» RAPPORT SUR LES PROGRÈS
conséquent beaucoup plus anciennes que le système des Alpes occi-
dentales; 2° parce que les deux directions, quoique voisines l'une
de l'autre, ne sont pas identiques, conduisant, du pied oriental du
Saint-Gothard, l'une aux porphyres quartzifères de Grevacuore, et
l'autre au massif de roche éruptive d'Ivrée, qui se rattache au sys-
lème serpentineux.
C'est un nouvel exemple de l'influence que conserve pour toujours
un système d'accidents stratigraphiques sur les mouvements et les
altérations du sol qui en a été affecté. Jamais les fractures du sol
ne se resoudent assez solidement, pour que leur réouverture ne
soit pas plus facile que la production de fractures nouvelles. L'his-
toire des filons se compose en partie des glissements des deux
épontes survenus à plusieurs reprises, à la suite d'un premier
remplissage ou de plusieurs remplissages successifs. L'auteur de la
Notice sur les systèmes de montagnes a souvent insisté sur cet ordre
d'idées1, et déjà même il a été reproduit en plusieurs endroits de ce
Rapport; mais il n'a pas toujours été bien saisi.
Le principe de la distinction à établir entre les influences de
deux systèmes dont les orientations ne diffèrent guère que de 8 de-
grés et qui coexistent dans les mêmes lieux peut sans doute être
quelquefois difficile à appliquer, mais cela n'empêche pas de voir
qu'en résumé le primitif de la Nouvelle-Zemble traverse les Alpes
maritimes, de même que les Alpes principales, en suivant une zone
de peu de largeur, accidentée d'une manière toute spéciale, el que
dans cette zone il rencontre des points de repère très-précis, dont
on ne pourrait l'écarter sans gâter sa position, tels que le confluent
de Bischofszell, le pont de Migiandone, le cap sous-marin au midi
d'Antibes.
Cela donne plus de force à la remarque faite ci-dessus (p. 1/11),
que, dans les parties où il traverse des contrées suflisamment con-
1 Voyez l'article sur les soulèvements du Manuel géologique de M. de la Bêche
(l<s montagnes inséré mut M. Klie de (Paris. i833), p. 63s et 638.
Beeumont dans la traduction française
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 325
nues, le primitif de la Nouvelle-Zemble est jalonné par beaucoup
de points remarquables. J'ajouterai en outre, à ce sujet, que clans
la mer d'Okhotsk, d'après la carte déjà citée de M. Ploix, notre
cercle sort du continent asiatique au point de jonction d'une côte
basse avec le promontoire que termine le cap Shostakoff, et qu'en
sortant de celte mer il tronque si légèrement 1 île de Paramusir,
qu'on peut dire qu'il s'adapte avec précision à la côte rectiligne,
de 20 kilomètres de longueur, par laquelle cette lie se termine à
l'E.-S.-O. le long du détroit de l'Amphitrite.
Le primitif de la Nouvelle-Zemble a été adopté, ainsi qu'on l'a
déjà rappelé, comme grand cercle de comparaison du système du
Rhin, et il nous reste à examiner avec quel degré de précision
il remplit les conditions auxquelles ce grand cercle de comparaison
doit satisfaire. Notre primitif forme avec le primitif de l'Etna, repré-
sentant du système du Ténare, un angle de 36 degrés du côté du
nord-est. Or, d'après le tableau de la page 85 1 de la Notice, le grand
cercle de comparaison provisoire du système du Rhin fait avec celui
du système du Ténare, et du même côté, un angle de 3605i'65":
la différence est de o05i'45''. Or cette différence ne peut être re-
gardée comme considérable lorsqu'on se reporte à la détermina-
lion première de l'orientation du système du Rhin, faite d'après
une série de failles orientées à peu près parallèlement les unes aux
autres, du S. i8° à 23° 0. au N. i8° à 23° E.1. La moyenne de
ces directions estimées en nombres ronds de degrés peut très-bien
être en erreur de 52 minutes. 11 parait donc que le primitif de la
Nouvelle-Zemble peut être adopté pour représenter le système du
Rhin. 11 est vrai qu'on a fait passer le grand cercle de comparaison
provisoire du système du Rhin par Strasbourg; mais on peut voir,
page 3 7 h de la Notice, que c'était à titre provisoire et sans motif
péremptoire, pour ne pas le déplacer ultérieurement et le trans-
porter, par exemple, au lac de Constance.
1 Notice, |>. iïy'i.
320 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Quant au système du Rhin considéré eu lui-même, à son âge
relatif, à sa composition, ce qui précède ne conduit à aucun chan-
gement à ce qui a été dit sur ce sujet dans la Notice sur les systèmes
de montagnes, page 262 et autres. (Voir la tahle de l'ouvrage.)
Diamétral De (système des Alpes occidentales).
Le cercle placé au quinzième rang dans le tableau des 1 83 in-
tersections est le diamétral De, représentant du système des Alpes
occidentales.
Ce grand cercle, assujetti à passer au point D, centre du pen-
tagone européen, près de Remda, en Saxe, et au point c qui tombe
près des monts Aldan dans la Sibérie orientale, a pour pôles les
intersections du dodécaédrique régulier du cap Corrientes et de
Singapour et d'un trapézoédrique TI auquel le point c appartient
comme pôle. Ces deux intersections tombent, l'une sur les côtes
du Mexique, près du cap Corrientes et l'autre dans l'océan Indien,
au sud des îles Peros-Banhos.
Le diamétral De pénètre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté oriental. Il coupe le Neckar au-dessous
de l'inflexion et du confluent qui existent au-dessus d'Esslingen, et,
remontant quelque temps la vallée, il en sort à une autre inflexion
située au-dessus deNurtingen, et entre à Reuttlingen surl'Alpe de
la Souabe. Il suit à peu près la ligne culminante de ce plateau
calcaire jusqu'au point où il rencontre le Danube au-dessus de
Mohringen. Plus loin, il suit les coteaux jurassiques qui bordent à
l'est la vallée de l'Aitach et ensuite la crête des Randen, plateaux
calcaires qui prolongent l'Alpe de la Souabe jusqu'au Rhin. Il passe
ce fleuve précisément au pontdeKaiserstuhl, que la disposition géné-
rale des localités aura conduit à placer dans la direction prolongée
de la partie méridionale de l'Alpe de la Souabe et des Randen. di-
rection dont notre cercle est la représentation la plus exacte
Vax Suisse, le diamétral IV coupe la chaîne calcaire de Regens-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 3-27
berg et le cours de la Limât à peu de distance du défilé dans lequel
coule la source minérale de Baden, qu'il laisse à i kilomètres à
l'O.-N.-O.; puis il traverse les plaines de l'Argovie, près de l'ex-
trémité d'aval des petits lacs de Hallwyl et de Sempach , pour aller
couper, un peu à l'E. de Willisau , le trapézoédrique Tb du système
du Tatra. La position de ce point de croisement, sur lequel j'aurai
à revenir plus loin, n'est pas moins remarquable par rapport à la
structure de la Suisse que celle du point de croisement déjà si-
gnalé près de Schânnis, dans la vallée qui joint le lac de Wallen-
stadt à celui de Zurich.
Notre cercle entre ensuite dans les Alpes par les montagnes de
Nagelfluhe de l'Entlebuch , où il suit la crête qui limite à l'ouest la
vallée de la Petite-Emme, et où il coupe la vallée de la Grande-
Emme au coude qu'elle forme en traversant la prolongation de
cette même crête. Il laisse à 10., à 1 ou 2 kilomètres seulement
de distance, sur une crête parallèle, plus courte mais plus élevée,
le sommet du mont Napf, élevé de i,54a mètres et point culmi-
nant de tout le groupe, qui est à la fois un magnifique belvé-
dère pour contempler les beautés pittoresques de la Suisse et un
point de repère approximatif très-remarquable pour le diamé-
tral De.
Ce grand cercle atteint bientôt après le lac de Thun, qu'il tra-
verse dans sa partie la plus caractérisée, celle où viennent expirer
sur ses bords, l'une en face de l'autre, la chaîne du Hohgant et
celle du Niesen. Il laisse à 1 kilomètre à l'E.-S.-E. le village de
Merligen, bâti sur l'extrémité des couches nummulitiques de la
première de ces chaînes.
Le Niesen, à proprement parler, ne baigne pas son pied dans le
lac de Thun, il en est séparé par le Kander, qui en détache un
tronçon, mais de ce tronçon part un éperon sur lequel se trouve
le village d'Aeschi et qui touche presque les eaux du lac. C'est par
l'éperon et le village d'Aeschi que le diamétral De aborde les Alpes
bernoises. Franchissant le Kander, il atteint le massif du Niesen,
328 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
dont il laisse à 1 kilomètre à l'O.-N.-O. la cime élevée de 2,38/i
mètres, et dont il suit le flanc E.-S.-E. en côtoyant, à 1 ou 9 ki-
lomètres de distance, sa crête rectiligne formée de terrain num-
mulitique. Traversant ensuite les pelouses arrondies du col de
Hahnenmoss, il entre en Valais par les anfractuosités hardies du
col du Ravvyl, et va couper la Morges et le Rhône près de leur con-
fluent, un peu au-dessous de Sion.
Sur le haut du flanc méridional de la vallée du Rhône, notre
cercle passe à 1 ou 2 kilomètres à l'E.-S.-E. de la Pierre-à-Voie
(Pierre à voir), montagne élevée de plus de 2,3oo mètres, dont le
nom signale à la l'ois les formes élancées et l'admirable panorama
qui se déploie autour de sa cime. Il traverse ensuite la Drance de
Bagnes près de Ghahle, la Drance d'Entremont au-dessus d'Orsières
et la Drance de Ferret à Branche, puis il entre en Piémont par
le col Ferret.
Là, restant sur les calcaires schisteux du lias qui forment le col,
il rase à environ 1 kilomètre de distance les roches primitives des
Grandes-Jorasses, qui font partie du massif du mont Blanc; par où
l'on voit que la Pierre-à-Yoie, le Niesen et le mont INapf sont placés
sur une ligne droite, tangente à la base de ce massif dominant.
Notre cercle côtoie cette ligne dans toute sa longueur à 1 ou
s kilomètres environ de distance, distance minime et presque négli-
geable quand il s'agit d'aussi grosses masses. Sans même la négli-
ger, on peut remarquer que l'association de notre cercle à cette
ligne, sur une longueur de i5o kilomètres et au delà, est de sa
part une adaptation singulièrement précise à la structure des Alpes
occidentales.
Dans la partie où il vient raser le mont Blanc, notre cercle se
trouve dans l'intérieur de la circonvallation cratériforme, depuis
longtemps signalée1, dont les couches jurassiques et crétacées sou-
levées aux approches du colosse Alpin environnent sa masse im-
"otice sur ht systèmes de mimlitflites , n. 538.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 329
posante; mais il n'y pénètre pas plus avant, et il ne touche nulle
part les roches primitives. Dans la branche piémontaise du \ al-
Ferret, il se tient constamment sur le flanc S.-E. opposé au mont
Blanc, et, passant entre les rochers granitiques de Saxe et la cime
du mont Cormet, formée de roches jurassiques altérées par les
phénomènes métamorphiques, il coupe la Doire-Baltée, entre Cour-
mayeur et Pré-Saint-Didier, dans la gorge par laquelle elle s'é-
chappe vers Aoste, gorge dans laquelle coule la source minérale
de Courmaveur et par laquelle notre cercle sort lui-même obli-
quement de l'enceinte cratériforme.
En se reportant à ce qui a été ci-dessus (p. 166), de la manière
dont le dodécaédrique rhomboïdal, axe volcanique de la Méditerra-
née, rase le contour du cratère de soulèvement de Ténérifle, on
voit que notre cercle se conduit ici presque de la même manière;
cependant il pénètre un peu dans 1 intérieur de la circonvallation
cratériforme. Il passe à 10 kilomètres de l'axe du mont Blanc,
tandis que le dodécaédrique rhomboïdal passe à 8 kilomètres seule-
ment de Taxe du pic de Ténériffe; mais ici les masses sont plus
considérables et la figure totale beaucoup plus grande. En dernière
analyse, on voit de part et d'autre des éléments de grandeurs
comparables se combinant d'une manière qui n'est pas dépourvue
(l'analogie.
Sorti de la sphère du mont Blanc un peu au-dessus de Pré-Saint-
Didier, notre cercle remonte la vallée de la Thuile, et il entre dans
la Savoie en suivant la crête qui borde à l'E.-S.-E. le col du Petit-
Saint-Bernard, où certaines versions font passer Annibal avec ses
éléphants : il laisse la route carrossable qui le traverse aujour-
d'hui à 1 kilomètre dans l'O.-N.-O. Il coupe ensuite l'Isère perpen-
diculairement à "sa direction dans les gorges profondes où il coule
au-dessous du mont Valaisan-sur-Scez , et, suivant les crêtes quart-
zeuses et primitives qui environnent la mine de Pezey, il va dans
la vallée du Doron couper, au-dessus de Bosel, le trapézoédrique TI
du système du mont \ iso. Le point d'intersection tombe au fond
330 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
de la vallée sur une expansion de roches primitives qui semble
préparée pour le recevoir.
Plus loin notre cercle, traversant les montagnes neigeuses où
prennent naissance les vallées des Allues et de Belleville, franchit
l'Arc au-dessus dOrelle et à 3 kilomètres au midi de ce village;
il coupe, sur la rive gauche de la même rivière, comme il a été dit
ci-dessus, le trapézoédrique Ta du système du Vercors.
Passant ensuite, à l'ouest du mont Tabor, à la naissance des
vallées de Valmenier et de Bonnenuit, il va couper, au pied orien-
tal du col de Lautaret, la source de la Guisane, dont les eaux des-
cendent vers Briançon.
Il aborde le massif des montagnes granitiques de l'Oisans par la
pointe de l'espèce d'éperon qui s'en détache vers 1E -N.-E. et sur
la surface duquel il rencontre le trapézoédrique T\a du système du
Morbihan.
Il traverse ces montagnes aux formes hardies et crénelées en
laissant à 2 kilomètres vers l'O.-N.-O. le hameau de la Bérarde,
bâti près du confluent de plusieurs torrents, au centre approxima-
tif de l'enceinte cratériforme décrite autrefois par l'auteur de la
Notice1. Il y laisse, à 2 kilomètres à l'E.-S.-E., la pointe des Arcines
ou des Ecrins, élevée de /i,i o5 mètres et cime culminante de tout
le groupe, puis, à h kilomètres, le Grand-Pelvoux, élevé de 3,93/1
mètres, qui lui donne son nom. Il sort enfin du cratère granitique
par les cimes élevées qui dominent la Muande de Bellone et le col
de Sais. Le diamétral De traverse alors la partie supérieure du val
Godemard, où il coupe, sur le bord du torrent de la Severaise, le
trapézoédrique TTbbc de 1 Hécla, dont on a parlé ci-dessus (p. 271).
Continuant son cours au milieu des roches primitives dans les-
quelles sont encaissés le val Godemard et la vallée de Cliampo-
léon, et sadaptant aver précision à une crête continue qui s'étend
1 Faits pour servir à l'histoire des civiv d'Histoire naturelle de Paru, I. V, ei
montagnes de l'Oisans. par M. Élie de aussi Annales des Mines. 3" sérif. I. \.
Besomont [1829]. (Mémoires de la So- p. .'>.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 331
de la vallée de Severaise à celle du Drac, notre cercle passe à la
montagne de Ghaillol-le-Vieil, élevée de 3,107 mètres, qui cou-
ronne cette crête et qui est la plus avancée vers le sud des hautes
montagnes primitives du Dauphiné.
La situation de la crête du Chaillol par rapport au groupe de
la Bérarde n'est pas dénuée d'analogie avec celle de la crête du
Niesen par rapport au groupe du mont Blanc, et les deux crêtes
approchent beaucoup d'être dans le prolongement l'une de l'autre.
La position de l'une et de l'autre par rapport au groupe cratéri-
forme qui lui correspond rappelle celle du manclie d'une raquette
à jouer au volant, et telle est aussi, à Ténériffe, la position de la
crête d'El-Cucbillo par rapport au cratère de soulèvement. Sir
Henry T. de la Bêche, dans ses Besearches in theoretical geology,
a donné (page 211, figure ko) un petit diagramme qui peut servir
d'illustration à ces rapides aperçus.
Passant le Drac au confluent du torrent d'Ancelle, le diamétral
De traverse les montagnes peu élevées qui accompagnent le col de
Bavard, passe dans la ville même de Gap et s'identifie successive-
ment avec des portions assez étendues de la grande route de Gap
à Marseille, du torrent des Bezines et de la Durance, ce qui montre
que, malgré l'abaissement du relief, sa direction continue à être
imprimée à la topographie de la contrée.
Il quitte la Durance au coude que cette rivière forme près de
Thez, coupe le Buech au-dessus de Bibiers, dans le voisinage de
plusieurs confluents, et va traverser la crête de la montagne de
Lure par l'une de ses principales sommités, sur laquelle, comme
on l'a déjà dit page 3o4, il coupe ïhexalétraédrique Haa du système
du Peychagnard.
Poursuivant son cours vers le S.-S.-E. sur la surface peu tour-
mentée des terrains crétacés et tertiaires, notre cercle coupe la
chaîne du Leberon au N.-O. de Vitrolles et la Durance, détournée
vers l'ouest , à 3 kilomètres au-dessous du confluent de la Lèze. La
vallée do cotte dernière rivière, de même que plusieurs vallées et
333 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
autres accidents des plateaux circc-nvoisins, suit à peu près la di-
rection de notre cercle, qui est aussi celle de la Durance, depuis le
confluent de laBleone jusqu'à celui du Verdon.
Dans le département des Bouches-du- Rhône, ce même cercle
laisse à TO., à moins de 2 kilomètres de distance, le petit champignon
basaltique isolé de Beaulieu. Il coupe la Touloubre, près du vieux
château de la Calade, au coude où la traverse la route d'Aix à Avi-
gnon, et l'Arc dans la courbe qu'elle décrit autour du château de
Saint-Pons. Il aborde la chaîne calcaire qui passe au midi de l'étang
de Berre, à 1 kilomètre à l'ouest du tunnel de la Nerte, dans
lequel passe le chemin de fer d'Arles à Marseille, et il entre enfin
dans la Méditerranée par le port de Mégean, situé un peu à
l'ouest du point où les calcaires jurassiques et crétacés sont rem-
placés, dans les falaises de la côte, par le terrain tertiaire miocène.
Dans le golfe du Lion, notre cercle, laissant à l'est les lies de
Ratoneau, de Pomègue et du Planier, avant-corps des montagnes
qui dominent Marseille, va former un des côtés du petit triangle
déjà mentionné ci-dessus (p. 295).
Poursuivant son cours dans la Méditerranée, le diamétral De
coupe l'île de Majorque presque exactement suivant la ligne du
cap Ferruch au cap Salinas; il entre en Afrique près du cap de
Tenez, et, laissant à l'est l'Ouansenis, il traverse l'Algérie parallè-
lement à l'une des principales lignes d'accidents qui s'y dessinent
et dans une région qui en porte fortement l'empreinte : il finit par
atteindre les montagnes qui séparent le bassin du Sénégal de celui
du Niger, et sort du continent par la côte du golfe de Guinée.
Du côté opposé, notre cercle traverse dans le centre de I Mle-
magne la région principalement occupée par le trias, en coupant,
à des inflexions prononcées, non-seulement le Neckar, mais encore
la Jaxt, la Tauber et le Mayn, et il rase à une assez faible distance
le sommet du crochet que forme cette dernière rivière au-dessus
de Wuilzbourg. Construit sur la belle carte géologique déjà citée
de M. Bernard Colla, il coupe à Sachsendorff la pointe d'une petite
DE LA STRATIGRAPHIE E.N FRANCE. 333
protubérance de grès bigarré supérieur, et à Mosserberg celle de la
prolongation extrême vers le S.-E. du grès rouge et du porphyre du
Thùringerwald. Traversant enfin la région schisteuse du Franken-
waJd, il va passer au point D, centre du pentagone européen, près
de Remda.
Au delà du point D, traversant encore une grande étendue de
plaines couvertes par le trias et les dépôts tertiaires, il va rencontrer
la Saale à une petite distance au-dessous de Halle, et couper la pro-
tubérance de porphyre quartzifère et de grès rouge qui se montre
au nord de cette ville. Passant ensuite la Mulde et l'Elbe un peu
au-dessus de leur confluent, près de Dessau, il traverse les plaines
sablonneuses du Brandebourg, et il entre dans la mer Baltique
par le Stettin-Haff, en touchant les petits lambeaux de terrain ter-
tiaire qui se montrent dans l'île de Wollin.
Dans la Baltique, notre cercle côtoie l'île de Golhland et va
aborder le promontoire situé au S.-E. d'Abo. Traversant oblique-
ment la Finlande, il en sort par son angle N.-E. à l'entrée de la
mer Blanche. Il coupe la presqu'île située à l'est de cette mer, puis,
dans la mer Glaciale, l'île Klaguew, et va raser la pointe méridio-
nale de la Nouvelle-Zemble.
La monographie de ce cercle n'a pas encore été faite d'une ma-
nière complète pour les parties situées en dehors de la carte géo-
logique de la France. Je n'essayerai pas de la compléter ici; je me
borne à dire qu'après avoir passé au point c, situé dans la Sibérie
orientale, près des monts Aldan, il sort du continent en traversant
les lagunes qui accompagnent, au-dessous de Sofisk, la partie infé-
rieure du fleuve Amour. 11 coupe ensuite l'île Seghalien, dont il
sort un peu au sud du cap Soimonof , et , traversant la mer d'Okhotsk,
il entre dans l'océan Pacifique par le détroit qui sépare deux des
îles de la chaîne des Kurilles, l'île Kuna-Siri et l'île ^eterop ou
Staten. 11 rase avec précision la pointe N.-E. de Kuna-Siri, en lais-
sant au large la petite île adjacente, et plus loin, à son entrée dans
l'océan Pacifique, il détache aussi l'île de Tschikitan dune chaîne
334 RAPPORT SUR LES PROGRES
de petites îles qui fait suite à la pointe E.-N.-E. de la terre d'Yesso.
Cette dernière île contient le volcan de Spanberg. Sur les bords du
détroit, M. Léopold de Buch1 figure cinq volcans, au nombre des-
quels se trouvent le volcan de Spanberg et le pic Tschatschano-
buri, d'où vient peut-être le nom de chenal de Pico donné à ce
détroit.
Dans l'intérieur du cadre de la carte géologique de la Franco .
le diamétral De est jalonné d'une manière très-remarquable. Plu-
sieurs points bien définis se trouvent exactement sur sa direction;
d'autres, en beaucoup plus grand nombre, et même des crêtes
montagneuses considérables, se trouvent de part et d'autre à la dis-
tance minime de 1, 2, 3 kilomètres, formant une zone très-étroite,
dont on ne pourrait le faire sortir sans gâter sa position. Dans
cette zone, et même dans une zone plus large, le dessin topogra-
phique de la carte géologique de la France, complété avec beau-
coup de soin d'après les documents les plus récents, avant qu'on y
construisit les cercles du réseau, indique des rapports intimes entre
sa direction et celle des accidents orographiques. Ce cercle est donc
aussi bien assis sur les accidents orographiques qu'aucun de ceux
que nous avons étudiés.
Il nous reste à examiner s'il remplit les conditions nécessaires
pour être adopté comme grand cercle de comparaison du système
des Alpes occidentales. L'auteur de la Notice avait indiqué succes-
sivement deux grands cercles de comparaison provisoires très- voisins
l'un de l'autre pour le système des Alpes occidentales, l'un passant
par Marseille et Zurich, l'autre par l'île de Riou et Hohentwiel. Ces
deux cercles s'approchant l'un et l'autre très-près du point D, centre
du pentagone européen, près de Remda, il était naturel de chercher
parmi les cercles du réseau qui y passent le représentant définitif
du système des Alpes occidenlales.
1 Description phuëtÇIU (1rs iles (limarirs. oie. par M. Léopotd «le Pxicli. Inul. par
M. C. RnuInn^T, n, hkk.
DE LA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE 335
Parmi ces cercles se trouve notre diamétral De, qui fait avec
le grand cercle de comparaison du système du Ténare un angle
de /i/r° i6"3",65. D'après le tableau de la page 852 de la Notice,
l'angle formé parles grands cercles de comparaison des systèmes des
Alpes occidentales et du Ténare est de hh°Z' 18". La différence est
de i2'/i5",55 c'est-à-dire très-petite, et le sens dans lequel elle
tombe vient encore contribuer à la rendre tout à fait négligeable.
En effet, l'arc Marseille-Zurich s'écarte du méridien d'environ un
degré de plus que l'arc île de Riou-Hohentwiel , et, le diamétral De
s'écartant du grand cercle de comparaison provisoire du système du
Ténare, et, par suite, du méridien, de 1 2' à 1 3' de plus que le der-
nier, on voit qu'il tombe entre les deux grands cercles de com-
paraison différents qui avaient été successivement indiqués, mais
beaucoup plus près de celui qui avait été préféré que de celui qui
avait été abandonné.
Le déplacement transversal que le cercle a subi pour passer
dans les Randen plutôt qu'à Hohentwiel étant d'ailleurs insigni-
fiant, on voit que le diamétral De forme, pour le système des
Alpes occidentales, un grand cercle de comparaison très- conve-
nable.
Sous le rapport de son adaptation à l'orographie des Alpes, il
est infiniment supérieur et même hors de toute comparaison avec
les deux grands cercles de comparaison provisoires qu'on avait cepen-
dant cherché à placer le mieux possible par voie de tâtonnement.
Le diamétral De est très-voisin du primitif de la Nouvelle-Zemble,
qu'il coupe au point D, près de Remda, sous un angle de 8°i6'3",65
seulement l. Cependant les deux cercles sont parfaitement dis-
tincts, renfermés dans des zones étroites dont on ne peut les faire
sortir ni l'un ni l'autre sans leur faire perdre les caractères qui les
distinguent, et, de même que dans d'autres cas analogues men-
tionnés plus haut, pages 216, 291, etc., on ne peut songer ni à
' Notice, p. 1 128.
S36 RAPPORT SI K LES PROGRÈS
les confondre, ni à remplacer l'un par l'autre, ni à les remplacer
tous les deux par une moyenne. On peut en outre remarquer que,
lorsque des dislocations appartenant aux deux systèmes coexistent
dans une même contrée, elles se distinguent par leurs directions,
quelque peu différentes qu'elles soient, aussi bien que par leurs
âges relatifs. On l'a vu ci-dessus par les failles du système des Alpes
occidentales qui existent dans la vallée de la Linth. Dans le groupe
môme du mont Blanc, on trouve le massif du Brevent et des
Aiguilles-Rouges et quelques massifs accessoires, dans lesquels les
couches de roches primitives, redressées suivant l'orientation du
système du Rhin, sont recouvertes en stratification discordante,
d'après les observations de M. Neker de Saussure, de sir Henry
de la Bêche, de M. Alphonse Favre et de l'auteur même de la
Notice, par les couches inférieures du lias, ce qui conduit à attri-
buer à leur redressement l'ancienneté indiquée par leur direction.
En d'autres points, pour des motifs déjà exposés plusieurs fois, il
a pu arriver que les dislocations dépendantes du système du Rhin
aient été reproduites à l'époque où s'est formé le système des Alpes
occidentales.
Quant au système des Alpes occidentales considéré en lui-même,
à son âge relatif, à sa composition, ce qui précède ne conduit à
rien changer à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, pages 535, 1071 et autres (voir la table de l'ouvrage),
et à ce qu'y ont ajouté les observations faites en Algérie (voir ci-
dessus, p. fi-9).
Trapézoédrique Tabc (système Longmynd) .
Le cercle placé au seizième rang dans le tableau des 1 83 in-
tersections est le trapézoédrique Tabc, représentant du système du
Longmynd.
Ce grand cercle est assujetti à passer par le point T qui tombe en
Finlande, près de Vasa, et par le point a qui tombe dans l'océan
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 337
Atlantique au N.-O. de l'île de l'Ascension, ce qui l'oblige à passer
aussi par le point b situé au nord de l'île Géorgie , et par le point c
qui tombe dans l'archipel des Nouvelles-Shetland, ainsi que par
les antipodes de ces quatre points. Il a pour pôles les deux points
où se coupent mutuellement les quatre cercles auxquels ces points
appartiennent comme pôles. Ces points d'intersection multiple sont
figurés dans le tracé de M. Laugel, et tombent, l'un dans l'océan
Pacifique, près des côtes du Mexique, au S.-S.-O. du cap Cor-
rientes, et l'autre dans l'océan Indien, au sud des îles Peros-Banhos.
Le trapézoédriqw Tabc pénètre dans le cadre de la carte géolo-
gique de la France par le côté septentrional. Il traverse le Rhin
au-dessous de Cologne, coupe, à 9 kilomètres à l'O.-S.-O. de cette
ville, le primitif du Land's End, et va rencontrer le diamétral Dac
du système des Pays-Bas, à l'entrée même delà ville de Gemund,
bâtie au confluent de la Roer et de l'un de ses affluents. Notre
cercle s'adapte à une partie du cours de cet affluent. Plus loin,
dans l'Eifel, il suit pendant quelque temps la ligne de partage des
eaux entre la Meuse et la Moselle, puis il côtoie approximative-
ment la vallée de l'Our, et il coupe au sommet de l'un de ses prin-
cipaux méandres le trapézoédrique TDb du système du Finistère.
Continuant son cours sur les terrains schisteux, notre cercle tra-
verse la Sure au-dessus d'Esch, et, sur la ligne culminante située
au sud de cette rivière, il passe au point de croisement, déjà cité
précédemment, où il coupe simultanément le bissecteur DH de
Belle-Ile et Y hexatétraédrique Haa.
Sortant alors de l'Ardenne par Attert, très-près du point où se
termine la ceinture de grès bigarré qui l'entoure plus à l'est, il
traverse les terrains jurassiques du Luxembourg et entre en France
au milieu des exploitations de minerai de fer qui entourent le vil-
lage de la Malmaison.
Il traverse la Meuse dans le grand méandre que forme sa vallée
à Vacherauville , au-dessous de \erdun, et l'Aire au coude qu'elle
forme près de Fleury. Il s'adapte ensuite avec précision à la pre-
Slraligraphie. :> ■>,
3S8 RAPPOBT SUK LES l'KOGRES
mière section d'une direction toute spéciale de la vallée de l'Aisne,
aux environs de Yaubecourt.
Celte adaptation mérite d'être signalée. L'Aisne coule ici, sur
une étendue de 7 kilomètres, dans un vallon rectiligne, dont le fond
entame le terrain jurassique au-dessous du terrain crétacé infé-
rieur, et dont la direction est à peu près perpendiculaire à celle de
la plupart des vallées de la contrée. Il n'y a d'exception que pour
celles de deux des affluents supérieurs de la Ghée qui sont situés
à peu de distance au S.-Ë. et sur l'un desquels se trouve l'Isle-
en-Barrois.
Notre cercle coupe ensuite la Chée près de Villotte et l'Ornain
au-dessous de Neuville, points où le terrain jurassique cesse de se
montrer dans le fond des vallées de ces rivières, parce qu'il s'en-
fonce au-dessous du terrain crétacé inférieur.
Sur les collines proéminentes de gault qui environnent Gifl'au-
mont, il coupe, au milieu des étangs, le trapézoédrique TI du sys-
tème du mont Viso, et il se dirige vers la vallée de l'Aube. 11 tra-
verse cette dernière à l'inflexion qu'elle présente près de Trannes
et de Jessains, à peu de distance du point où le terrain juras-
sique disparaît en s'enfonçant sous les assises du terrain crétacé
inférieur.
Passant la Seine à Buxeuil, à 2 kilomètres au-dessus du con-
fluent de la Laignes, il traverse l'Armançon près d'Ancy-le-Franc,
à l'endroit où l'étage oolithique inférieur cesse de se montrer dans
le fond de la vallée pour s'enfoncer sous l'étage oxfordien, et à
moins de 1 kilomètre du point d'émergence d'une source très-
abondante, appelée la Grande Fontaine, qui sert de trop-plein aux
eaux rassemblées dans les fissures des calcaires de l'étage oolithique
inférieur *,
Après avoir suivi quelque temps la crête des coteaux de l'étage
oolithique moyen, notre cercle atteint sur le plateau la grande
1 EspiieatioH tic la twrit géologique <!<■ la Franco, I. If. p. /iy/i.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 339
oolithe près de llsle, le point de croisement déjà cité, où il ren-
contre simultanément le primitif de Lisbonne et le trapézoédrique
TTbbc de l'Hécîa.
Les trois cercles, comme on l'a dit précédemment, s'adaptent
aux formes du Morvan, et, tandis que les deux derniers jouent le
rôle de tangentes par rapport au contour extérieur de cette protu-
bérance granitique, le trapézoédrique T abc joue celui d'une sécante
adaptée à ses irrégularités, ou plutôt celui d'une tangente à une
surélévation intérieure du massif qui embrasse Lormes et Chaste-
lux. En effet , laissant Chastelux et Lormes à 1 kilomètre à l'E.-S.-E. ,
il côtoie la partie surélevée de la région montagneuse, et, entrant
ensuite dans la dépression où le calcaire à gryphées arquées empiète
jusqu'à Cervon sur les contours granitiques, il y suit encore pen-
dant quelque temps, à une distance peu considérable, la prolon-
gation de la surélévation intérieure. Plus loin, il traverse, entre
Eviry et Achun, l'expansion des porphyres quartzifères de la partie
méridionale du Morvan, qui s'avancent dans la plaine à un niveau
inférieur à celui de la région montagneuse, dont notre cercle
marque ici la limite, comme le trapézoédrique TTbbc le fait du côté
de Saulieu.
Traversant les plaines jurassiques et tertiaires du Nivernais, où
il rencontre . dans le prolongement de la ligne de soulèvement de
Saint-Saulge, le trapézoédrique Tla du système du Morbihan, notre
cercle coupe à peu près par son milieu la saillie qu'y forme à l'im-
proviste le terrain houiller à la Machine, au nord de Decize.
Bientôt après il passe la Loire à i kilomètres au-dessous de cette
ville et du confluent de l'Aron.
Sur la rive gauche de la Loire, le trapézoédrique Tabc atteint
promptement, aux Bruyères, près de Saint-Parèse-en-V iry, le point
de croisement quadruple déjà signalé plus haut (page 293) qui,
par les cercles qu'il y rencontre, établit un lien entre lui et les
principales lignes géologiques de la contrée.
Passant ensuite l'Allier dans la plaine tertiaire, il rase près de
MO RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Montilly deux protubérances de marnes irisées qui, dans sn direc-
tion, sont comme l' avant-garde du massif central de la Fiance. Il
entre dans ce massif en coupant, à 2 kilomètres à l'E.-S.-E. de Sou-
vigny, la vallée de la Queune, où il passe sur les marnes irisées
et sur le porphyre avant de pénétrer jusqu'au granité, noyau du
cap qui vient expirer et se perdre dans cette direction.
Une fois entré dans les granités, notre cercle y poursuit son
cours presque sans rencontrer aucune autre roche, jusqu'au mo-
ment où il en sort dans le département du Lot en rasant le petit
terrain houiller de la Ghapelle-Marival.
Dans cet intervalle de plus de 220 kilomètres, où il passe exacte-
ment à Menât et à Bourg-Lastic, notre cercle, sans s'adapter à au-
cun des traits les plus saillants de la contrée, dessine évidemment
l'une des lignes principales de sa structure fondamentale. Il est
parallèle à un grand nombre de crêtes granitiques et de dépressions,
et il traverse celle qui renferme le dépôt de tripoli de Menât. Il
suit parallèlement, à une médiocre distance, le cours de la Queune,
du Venant, de la Bouble, de la Sioule et du Sioulet, et enfin le
cours de la Dordogne, dont il ne s'éloigne complètement qu'au
point où, sortant des terrains primitifs, près de Bretenoux, cette
rivière se détourne vers l'ouest. Il s'identifie sur 1 0 kilomètres de
longueur avec le cours de la Sioule, près de Comps, et sur une
certaine étendue aussi avec le cours de la Dordogne, près de Mey-
rières. H passe rigoureusement, ou à moins de 1 kilomètre de dis-
tance, au confluent du Venant et de la Bouble, qui est en même
temps le point d'inflexion principal de cette dernière rivière; au
confluent de la Sioule et du Sioulet, qui est une des principales
inflexions de la Sioule, et aux confluents de la Dordogne avec le
Ghavanoux et avec la Diége.
Dans ce même intervalle, notre cercle forme la limite E.-S.-E.
de la nombreuse réunion de terrains houillers peu étendus, mais
très-productifs, qui se groupent à l'E. de Montluçon. Il suit aussi
ceux qui s'étendent au sud dans !<> Cantal; mais ces derniers sem-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 341
blent s'enchaîner suivant une direction plus rapprochée du méri-
dien que celle de notre cercle, et voisine de l'orientation du pri-
mitif de la Nouvelle-Zemble (système du Rhin). Toutefois on ne
peut dire que notre cercle, qui passe à la fois au terrain houiller de
Decize et à celui de la Chapelle-Marival , qui sont les deux termes
extrêmes de la série, soit étranger à la direction générale un peu
complexe que suivent les dépôts houillers de cette partie de la
Fiance.
Dans ce même intervalle notre cercle forme presque exactement
la limite vers 10.-N.-0. des terrains volcaniques de la France cen-
trale, car un petit nombre de protubérances basaltiques isolées se
rencontrent seules au delà de son cours, et ne le dépassent que fai-
blement.
En résumé, l'influence du trapézoédrique Tabc se manifeste ici
pour un œil attentif avec une grande évidence, et son cours est ja-
lonné dans cette partie par des repères d'une étonnante précision.
Au delà de la Chapelle-Marival, le trapézoédrique Tabc, entrant
dans le bassin du S.-O., traverse les plateaux formés par les cal-
caires de l'étage oolithique inférieur et de l'étage oolithique moyen.
Il passe près de Saint-Cels, au N.-O. de Cajarc, au point de croi-
sement déjà mentionné, où il coupe simultanément le trapéwé-
drique Tb du système de la Vendée et Xhexatétraédrique Rbaab de
Nontron. Le point de croisement près de Saint-Gels de même que
le point de croisement près de l'Isle tombent sur les plateaux cal-
caires d'une monotone uniformité , où rien n'attire directement l'at-
tention ; mais on peut les citer comme exemples de ces positions
stratégiques d'où partent des rayons qui prennent en enfilade de
nombreux points de caractères définis. Le croisement de Saint-Cels
se trouve mis en rapport, de cette manière, avec une foule de lo-
calités remarquables, notamment avec les granités métallifères de
l'Àveyron, aux environs de Villefranche, et le trapézoédrique Tabc est
parallèle, sur une étendue de 5o kilomètres, à la limite O.-N.-O
de cette masse granitique.
362 RAPPORT SUR LES PROGRES
Traversant ensuite, suivant l'inflexion que lui imprime l'un de
ses méandres , la vallée profondément encaissée du Lot, notre cercle
se dirige vers Gaussade, en s'adaptant au cours de l'une des petites
rivières qui passent près de cette ville et en côtoyant le contour
extrême de l'étage oolithique supérieur. La ville de Gaussade , que
traverse notre cercle, est bâtie à l'extrémité de la zone de terrain
jurassique qui forme vers le N.-E. la ceinture extérieure du bassin
de la Gascogne, au pied des dernières collines formées par les
calcaires de l'étage oolithique moyen. En approchant de leur
terminaison, toutes les bandes dont cette zone se compose tournent
vers le S.-S.-O., de manière à prendre exactement la direction de
notre cercle, qui rase, comme on vient de le dire, le contour de
l'étage supérieur, et qui est parallèle aux autres contours, de même
qu'à la ligne terminale des granites.de l'Aveyron et à la bande de
grès bigarré qui y est adossée. Le trapézoédriqtie Habc se trouve
ainsi posé comme le régulateur de la structure de cette contrée.
Traversant l'Aveyron dans le contour qui le rapproche de Réal-
ville , et le Tarn dans l'étranglement que présente sa vallée avant
de se confondre avec celle de la Garonne, ce grand cercle passe la
dernière rivière à Grenade, au point où elle reçoit la Save avec
le cours de laquelle il s'identifie sur une longueur de 1 2 kilo-
mètres.
Parcourant ensuite les plateaux miocènes et pliocènes de la
Haute-Garonne qui se rattachent à ceux du Gers, il va aborder
les Pyrénées parles plateaux calcaires d'Aurignac, où il laisse cette
ville à 3 kilomètres dans l'O.-TN.-O. Il coupe de nouveau la vallée
de la Garonne de la Barthe à Miramont, précisément dans le point
où elle se rétrécit au confluent de l'Arrons-Sec, et, passant entre
Soueich etAspet, il traverse des terrains de composition variée, où
il laisse à l'O.-N.-O., à h kilomètres de distance, le pic de Car,
élevé de 1,786 mètres, l'une des dernières cimes du chaînon
oriental des Pyrénées, et il va pnsscr à 1 kilomètre à l'E.-S.-E. de
Saint-Béat, où il coupe In Garonne pour la troisième cl dernière lois.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 343
Sur sa rive droite, à la pointe de Palarquère, située aune pe-
tite distance au N.-O. du mont Bucanère, il coupe le diagonal \b du
système du mont Serrât, et, suivant obliquement les montagnes
qui séparent la vallée d'Aran de celle de Luchon, il atteint le fond
de cette dernière au confluent de la Burbe , au-dessus des rochers
granitiques sur lesquels s'élève la tour de Castel-\ ieil. Il laisse la
ville de Bagnères-de-Luchon et ses sources thermales renommées à
moins de 3 kilomètres dans ÎO.-N.-O.
Traversant alors le val de Lys près de son issue, notre cercle
s'élève sur les flancs de la chaîne centrale des Pyrénées, au milieu
des cascades et des lacs sauvages qu'alimentent les glaciers de
Graouès descendant des cimes granitiques de 3,no mètres de
hauteur qui forment la crête entre le port la Glère et le port d'Oo.
C'est le cœur des Pyrénées, dont le trapézoédrique Tabc descend
ensuite le flanc méridional pour aller couper la Cinca, au-dessous
d'Ainsa, en laissant cette ville à U kilomètres à l'O.-N.-O.
Ainsi le trapézoédrique Tabc aborde la chaîne des Pyrénées de
front, dans une direction presque perpendiculaire aux axes de ses
deux chaînons principaux, et il les coupe l'un et l'autre à une cer-
taine distance de leurs extrémités respectives; bien différent en
cela, dans son allure, du diagonal Ib, qu'il rencontre à la pointe de
Palarquère, située dans l'intervalle des deux chaînons entre les-
quels ce dernier s'insinue, comme on l'a vu ci-dessus (page 261),
en les touchant à peine l'un et l'autre. La réunion des deux cercles
forme, avec les axes des deux chaînons, une sorte de diagramme
de la structure des Pyrénées centrales, nettement adapté à plu-
sieurs de leurs traits les mieux accentués.
Après avoir traversé l'Espagne, notre cercle coupe la Sierra Ne-
vada du royaume de Grenade , en passant à peu près , sinon exac-
tement, au Mulehacen. Enfin il passe dans le Maroc, aux environs
de Fez, et suit les montagnes qui vont se rattacher à la chaîne prin-
cipale de l'Atlas, un peu à l'E. du Miltzin.
Du côté opposé, le trapézoédrique Tahr traverse la Suède et la
Wi RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Finlande à peu près dans les régions où l'existence du système du
Longmynd a été signalée *.
Après avoir parcouru la Sibérie, il entre dans la manche de
Tartarie par le port de Barraconta, coupe la pointe S.-O. de l'Ile
Seghalien un peu au N. du cap Ontsube, et traverse la terre
d'Yesso, de la baie Vlakke à la baie de Bonne-Espérance, en rasant
le pied du mont Una, qui s'élève sur une de ses pointes dirigées
au N.-E.
Notre cercle est du nombre de ceux dont la monographie com-
plète n'a pas encore été faite. Elle pourrait ne pas être sans intérêt,
mais, en s'en tenant seulement à la partie de son cours qui traverse
le cadre de la carte géologique de la France, il est nettement
jalonné par les accidents géographiques et géologiques. La ville et
le confluent de Gemund, le tronçon initial de la vallée de l'Aisne,
la Grande Fontaine d'Ancy-le-Franc, les flancs des montagnes du
Morvan, les confluents multipliés des rivières du centre de la
France, les contours terminaux de la zone jurassique du bassin de
la Gascogne, les accidents orographiques et géologiques de la partie
centrale des Pyrénées, sont, pour ce cercle, des repères précis dont
on ne peut l'éloigner sans gâter sa position , car beaucoup d'entre
eux sont uniques dans leur genre, et il n'en existe pas d'autres
dans un assez grand rayon qui puissent leur être substitués. Il nous
reste à examiner si ce cercle peut réellement être employé pour
représenter le système du Longmynd.
Le grand cercle de comparaison provisoire adopté pour ce système
est orienté au Binger-Loch , sur le Rhin, vers le N. 3o° i 5' E.2.
Ce grand cercle traverse obliquement la Suède, et passe à peu de
distance des côtes septentrionales de la Finlande, sur le golfe de
Bothnie. C'était une indication pour chercher le grand cercle de
comparaison définitif du système parmi les inijwzordrùjucs qui passent
au point T de la Finlande3.
1 Notirc, |». i i.'i. — Xoticr, |>. ! :1<). — ' \olirc. |). M>S().
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 345
Le trapézoèdriqtie Tabc, mené du point T de la Finlande à un
point a situé au N.-O. de lile de l'Ascension, fait avec le primitif
de Saint-Kilda, qui représente le système du Thiiringerwald, un
angle de 8 2° 26' 37^,97. D'après le tableau, page 853, de la Notice,
l'angle Longmynd-Thiïringerwald est de 8/i° 28'; mais, eu égard
à la correction que nous avons eu à faire subir au grand cercle de
comparaison provisoire du système du Thiiringerwald, pour le faire
coïncider avec le primitif de Saint-Kilda, cet angle doit être diminué
de i° 2 5' 20" environ, et réduit à 83° 2' lio". Il diffère de l'angle
théorique de o°36'2",o3. Malgré le soin qu'a mis l'auteur de la
Notice sur les systèmes de montagnes à déterminer la direction du
système du Longmynd, il a annoncé, page i3o, qu'il la croyait
susceptible de rectifications ultérieures. Celle-ci serait loin de dé-
passer les prévisions, et le grand cercle auquel elle se rapporte ne
les dépasse pas non plus sous le rapport de son éloignement trans-
versal du grand cercle de comparaison provisoire, car il passe entre la
Meuse et le Rhin, à une bien petite distance du Binger-Loch, vers
l'O. Le trapézoédrique Tabc peut donc être admis comme le repré-
sentant définitif du système du Longmynd.
Quant à ce système considéré en lui-même, à sa composition, à
son âge relatif, l'adoption du nouveau grand cercle de comparaison
ne conduit à rien changer à ce qui en a été dit dans la Notice sur
les systèmes de montagnes, page 106 et autres (voir la table de
l'ouvrage).
La direction du système du Longmynd diffère très-peu de celle
du système des Alpes occidentales. Pour le grand cercle de compa-
raison du premier, on a b = 1 8° 1 6' 35", 36, et pour celui du second,
b= 1 90 k' 1 7", 96. Le premier s'approche donc un peu plus du pôle
que le second , et à latitude égale il fait avec le méridien un angle
un peu plus petit. Mais le grand cercle de comparaison du système
des Alpes occidentales est placé en Europe à plusieurs degrés à
l'E. de celui du système du Longmynd, et il en résulte que, si par
un même point do l'Europe on mène des parallèles à ces deux
346 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
cercles, celle qui se rapporte au système des Alpes occidentales es!
plus rapprochée du méridien que celle qui se rapporte au système
du Lougmynd.
Ainsi, à Buxières-lez-Belmont (Haute-Marne), le système des
Alpes occidentales est orienté au N. 260 5i' ^6",5g E., et le sys-
tème du Longmynd au N. 2 8° 5o' [\",S"2 l. C'est d'après cela que le
diamétral De du système des Alpes occidentales a du être placé,
dans le tableau des i83 intersections, avant le trapézoédrique Tabc
du système du Longmynd.
La différence d'orientation des deux systèmes, qui à Buxières
dépasse à peine 2 degrés, et qui serait à peu près la même poul-
ies autres points de la France, est très-peu considérable et serait
difficile à constater avec certitude dans des observations isolées.
Mais il ne résulte pas de là que l'un des deux cercles puisse être sup-
primé pour être remplacé par l'autre. Ils sont l'un et l'autre par-
faitement jalonnés par les accidents orograplnques et géologiques.
Les deux systèmes sont d'âges très-différents, l'un étant au nombre
des plus anciens et l'autre l'un des plus modernes de l'Europe; et
les deux cercles participent à cette distinction, l'un traversant les
Alpes occidentales où il est jalonné par des accidents géologiques
d'origine très-moderne, et l'autre traversant les granités anciens du
centre de la France, où il trouve des repères précis, de même que
dans certains accidents de terrain plus modernes qui peuvent être
supposés se rattacher à des accidents préexistants du sous-sol fon-
damental.
Bissecteur DH (système du moût Seuy).
Le cercle placé au dix-septième rang dans le tableau des i83 in-
tersections est le bissecteur 1)11, représentant du système du monl
Seuy, qui passe approximativement à l'Ile dAlborau.
1 Remarques sur les accidents stratigraphiques du département de la Haute-Marne.
, Comptes rendu, 1. I.\ . p. «Su. séance du l 'i jaittel 186*. I
DE LA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE. 367
J'ai donné ci-dessus (page 202) une monographie de ce bissecteur,
dans laquelle j'ai annoncé que je reviendrais sur la partie de son
cours qui traverse la France et la Souabe. C'est ici le lieu de com-
bler cette lacune,
Le bissecteur DH de l'île d'AIboran pénètre dans le cadre de la
carte géologique de la France par le côté oriental. Traversant
les plaines formées par le trias, où il coupe le Neckar entre Heil-
bronn et Wimpfen, il aborde le grès des Vosges qui forme la li-
sière des montagnes de la Forêt-Noire par les hauteurs que cons-
titue cette formation au S.-E. de Wildbad. Il traverse la vallée
de la Murg en rasant à l'aval le relèvement granitique qui l'acci-
dente au-dessous de Baiersbronn, puis il suit exactement le côté
O.-ÎN.-O. de la crête de grès des Vosges, couronnée par le Hunds-
Kopf (9^0 mètres) et le Nill-Kopf (903 mètres), qui s'élève entre
les bains de Ripoldsau et Petersthal. H coupe la Kinzig à Steinach ,
au confluent du Muhlesbach , et, remontant l'Unterthal, d'où sort ce
dernier ruisseau, il s'adapte bientôt après au Brettenthal , et, passant
au pied du Geisberg, il traverse, parallèlement à leurs crêtes les
mieux dessinées, les montagnes de granité et de grès des Vosges
qui s'élèvent entre la Kinzig et FElz. Il entre enfin dans la plaine
du Rhin, à 9 kilomètres au S.-S.-E. dEmmendingen, par l'inter-
valle que laissent entre elles deux parties disjointes de la ceinture
de muschelkalk, après avoir parcouru dans la Forêt-Noire une
étendue de 90 kilomètres, dans laquelle son cours est en parfaite
harmonie avec la structure de ce groupe montagneux, à plusieurs
traits duquel il s'adapte avec précision.
Dans la plaine du Rhin, notre cercle, passant d'abord au milieu
de quelques lambeaux de calcaire jurassique, suit une direction
parallèle au contour des montagnes granitiques de la partie méri-
dionale de la Forêt-Noire, depuis Fribourg-en-Brisgau jusqu'à Sulz-
bourg et Muhlheim, c'est-à-dire jusqu'à l'angle obtus à partir du-
quel ce contour prend la direction du système du Rhin. Il coupe
ensuite le rouis du Rhin, les collines miocènes situées au S. de
348 «APPORT SUR LES PROGRÈS
Mulhouse et les dépôts pliocènes du Suutgau, et il aborde le Jura
par le golfe dans lequel ces derniers dépôts s'introduisent jusqu'au
voisinage de Porentruy.
Il traverse la Haie à 2 kilomètres au-dessous de cette ville,
précisément à l'inflexion qu'elle éprouve en passant de l'étage co-
rallien sur l'étage kimmeridien, et il va couper la chaîne du Lomonl
par la roche d'Or, élevée de 980 mètres, où il rencontre, comme
on l'a déjà dit page 3 12, le trapézoédrique Ta, représentant du sys-
tème du Vercors.
Passant ensuite le Doubs, notre cercle pénètre sur le plateau
portlandien de Maiche et du Russey, où il s'adapte avec beaucoup
de précision à plusieurs des petits accidents orographiques et géo-
logiques que la carte y figure. Il laisse le saut du Doubs à 2 kilo-
mètres de distance dans l'E.-S.-E., coupe de nouveau cette rivière
au-dessous de Morteau, sur une voûte portlandienne llanquée de
deux dépôts néocomiens, et rencontre le trapézoédrique Tb du
système du Tatra, à l'E.-S.-E. de la Grand'Gombe, sur un relève-
ment de l'étage oolithique inférieur qui semble s'arrêter instincti-
vement à la rencontre de ce dernier cercle.
De ce point notre cercle va rencontrer au N.-E. de Morez, sur
la pente N.-O. de la chaîne du Rizoux, le trapézoédrique TI du
système du mont Viso. Dans ce nouvel intervalle, il coupe obli-
quement la direction générale de la stratification des vallées lon-
gitudinales et des crêtes intermédiaires, direction qui se rapporte
au système de la Côte-d'Or; mais il traverse plusieurs des crêtes
dans des ouvertures qui semblent formées pour lui donner pas-
sage, telles que celles de l'Ecrena et du Cernil, qui le conduisent
dans la vallée des Verrières, celle du mont des Verrières, qui le
conduit dans la vallée des Fourgs, celle qui le conduit des Fourgs
dans la vallée de Mélabief, aux Longuevilles et à la source du
Doubs. Il est parallèle à certaines crêtes d'une direction anomale,
mais très-accentuée, qui semblent se rattacher à ces ouvertures
accidentelles, (elles que la crête sur laquelle esl bâti le fort de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. MU
Joux et celle qui forme au midi la prolongation de la première el
qui borde le lac de Saint-Point, dont la direction est encore la
même. Enfin, dans cette partie centrale du Jura, notre cercle
passe dans le voisinage d'un grand nombre de bassins néocomiens,
dont les contours compliqués se coordonnent, comme on le voit
très -bien même sur le tableau d'assemblage, à deux directions
principales, l'une, qui est la plus prononcée, coordonnée au sys-
tème de la Cote-d'Or, et la seconde en importance parallèle à notre
bissecteur DH.
Après avoir traversé le trapézoédrique TI du système du mont
Yiso et la zone d'accidents qui l'accompagne, ainsi qu'on l'a vu pré-
cédemment (page 278), notre cercle va couper un peu à l'O. de
Boucboux, Yhexatélraédrique Uaa, et ensuite, au S.-O. de Saint-
Hambert, dans le fond et dans un coude très-prononcé de la vallée
de l'Albarine , le trapézoédrique TTWc de l'Hécla.
Dans cette seconde partie du Jura, ainsi qu'on l'a déjà remar-
qué, les allures de la stratification changent considérablement, et
notre cercle se trouve maintenant en lutte d'influence avec la direc-
tion (N. 70 à 8°E.) du système du Vercors, avec la direction presque
N.-S. de Yhexatélraédrique llaa et la direction N. 2 6° à 270 E. du
système des Alpes occidentales. Les complications résultant de ce
conflit n'empêchent pas qu'un certain nombre de traits orographi-
ques et géologiques soient parallèles à notre cercle. On peut citer,
entre autres, la longue vallée de soulèvement qui passe entre Sept-
Moncel et Saint-Claude et la vallée de plissement située entre Bel-
leydoux et le lac Genin. Plusieurs autres vallées et certaines crêtes
lui sont également parallèles. On peut remarquer encore, comme
une coïncidence très-précise, qu'il traverse la grande vallée de dé-
chirement de Nantua, précisément au coude qu'elle présente entre
les deux lacs qui lui donnent un caractère tout spécial.
Le bissecteur DH sort du Jura un peu au S.-O. de Saint-Ram-
bert, pour s'adapter à la direction particulière que prend le Rhône
au-dessous de Saint-Sorlin. 11 coupe, sur le bord même du fleuve,
350 «APPORT SUR LES PROGRÈS
entre Saint-Vulbas et Hières, le trapézoédrique TIa du système du
Morbihan, et, côtoyant l'escarpement jurassique qui renferme les
grottes de la Balme, ainsi que la lisière de mollasse miocène qui
en borde le pied, il traverse la protubérance de roches primitives
sur laquelle s'appuie le terrain jurassique au N. de la Verpillière,
et coupe au S.-O. de cette ville la pointe extrême de -la protubé-
rance jurassique qui contient les mines de fer concédées.
Traversant ensuite les dépôts pliocènes à lignites des plaines
dauphinoises, il va passer le Rhône à 1 kilomètre au-dessous du
pont de Serrières, dans une inflexion où il rencontre à peu près
perpendiculairement le cours du fleuve.
Abordant alors les granités du Forez, il passe à 2 kilomètres à
l'E.-S.-E. d'Annonay, coupe la Dieume au confluent de l'Alignon,
le Doux à la rencontre de l'un de ses affluents, et traverse l'Égrieux
à la porte de Saint-Martin- de -Valamas, dans une inflexion très-
prononcée comprise entre deux confluents rapprochés. Bientôt
après il rencontre, comme on l'a dit précédemment, page 29^,
au pied occidental de la montagne granitique de la Baricaude,
située au midi de Sagnes, le diamétral Dac du système du Forez;
mais, quoique dans cette partie il rase le pied S.-E. du Mézenc,
il évite presque complètement les roches volcaniques et ne touche
que deux petits lambeaux basaltiques.
Notre cercle , Rengageant de plus en plus dans les régions mon-
tagneuses où il s'adapte toujours à des accidents de détail dont
rénumération serait trop longue, va effleurer vers l'E. la masse
de granité porphyroïde à gros grains de la Lozère, où il passe
près de la source du Tarn, en laissant à 1 kilomètre environ dans
l'O.-N.-O. la cime culminante, le roc de Malpertus, élevé de
1,679 mètres.
Au pied oriental de la Lozère, il laisse dans le S.-S.-E. plusieurs
mines importantes de plomb argentifère, celles de Villefort à 3 ki-
lomètres, celles de Vialas à 8 kilomètres, et quelques autres,
ainsi que des mines d'antimoine, à des distances plus ou moins
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 351
grandes. Coupant ensuite les pointes orientales extrêmes des pla-
teaux calcaires de l'Aveyron en même temps que les premiers
affluents des Gardons, il suit très-approximativement la crête des
Cévennes, où il s'adapte au noyau fondamental de granité porphy-
roïde , en laissant à 2 kilomètres dans l'E.-S.-E. la cime culmi-
nante, l'Hort-de-Dieu, élevé de i,5G/i mètres.
Continuant son cours au S.-S.-O., notre bissecteur DH coupe en-
core, par une de ses principales sommités, la zone de granités
porphyroïdes qui passe au N. du Yigan, et il sort enfin des terrains
anciens des Cévennes en s'adaptant avec précision, auN.-O. d'Alzon,
à la limite respective du granité et du schiste.
Traversant ensuite le détroit terrestre par lequel les terrains
jurassiques de l'Aveyron se lient à ceux du département de l'Hé-
rault, il y franchit le cours supérieur de cette rivière à l'O. de Luc,
dans l'une de ses principales inflexions. Après avoir coupé le petit
plateau hasaltique sur lequel s'élève la tour de Pertus , il rentre
dans les terrains anciens pour couper la rivière d'Orb à un con-
fluent situé au point où elle entre dans un relèvement granitique
dont notre cercle touche le contour.
. Ce même cercle, après avoir coupé l'angle S.-E. du terrain
houiller de Graissessac, traverse entre deux masses granitiques
une portion.de terrain schisteux, où il coupe la Mare avec préci-
sion, dans un confluent où cette rivière et son affluent se contour-
nent fortement. Il traverse enfin la zone de lias de Bédarieux en
s'adaptant à l'une des principales inflexions de son contour, et
rentre encore, près des limites d'une masse granitique, sur le ter-
rain schisteux où il s'harmonise avec l'orographie. Après avoir
trouvé ainsi des repères précis dans un labyrinthe compliqué, dont
la description exigerait presque un mémoire, il va enfin passer au
sommet de la montagne schisteuse située au N.-N.-O. de Saint-
Chinian, où il rencontre simultanément Y hexalétraedrique Ubaab de
Nontron et \ hexatétraédrique H«TTa.
Dans la plaine tertiaire où il entre immédiatement après, notre
352 II APPORT SUtt LES PROGRÈS
bissecteur traverse l'Aude à l'une de ses principales inflexions, et,
abordant les Corbières à Moux, il va couper au S.-O. de la Grasse,
sur l'une de leurs principales sommités, le trapézoédriqiw Tb du sys-
tème de la Vendée.
Se dirigeant enfin vers les Pyrénées, il y entre en s'adaptanl
d'une manière précise aux contours compliqués que présentent,
près de Puylaurens, les limites du granité et du terrain crétacé in-
férieur. Il s'adapte aussi à la haute vallée de la Guelte, passe à la
pointe des terrains schisteux qui s'étendent vers la vallée d'An-
dorre, et, franchissant enfin la crête granitique de la frontière, près
de la source de l'Aude, il descend en Espagne à Livia. Il y passe
au point de concours de quatre torrents qui, prenant naissance sur
les terrains anciens, convergent vers le centre du bassin de lignites
modernes auquel cette ville donne son nom.
Continuant son cours en Espagne, où il coupe à l'O. de Berga
le diagonal \b du système du mont Serrât, notre cercle pénètre
bientôt dans les parties de la Catalogne où M. Vézian a découvert,
comme on l'a vu aux pages 1 et 2 de ce Rapport, le type fonda-
mental du système du mont Seny, qu'il a associé dès l'abord à
notre bissecteur DH '.
Nous avons remarqué, page 207, que ce cercle rencontre, dans
les parties du globe extérieures à la France dont la topographie
est bien connue, des points de repère très-précis. Cette remarque,
d'après ce qui précède , s'applique encore mieux à la France elle-
même. Nous disions aussi que, si le bissecteur était légèrement écarté
de ces repères par un petit mouvement imprimé à tout le réseau
pentagonal , il ne trouverait pas de points également remar-
quables pour les remplacer, et serait réduit à des banalités sans
caractère.
Il en serait de même en France si on l'écartait des cimes de
la roche d'Or, de la Lozère, des Cévennes et de beaucoup
1 Comptée vendus, 1. \LIII. p. 75^ . p&uice «In '>o octobre i856.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 353
d'autres points que nous avons cités, et on peut dire qu'il a été
jalonné par la nature avec une rigueur toute particulière, qui
ne lui permettra, lors de la fixation définitive du réseau, que de
très-légers mouvements.
Diamétral D ac (système de la Côte-d'Or).
Le cercle placé au dix-huitième rang dans le tableau des i83
intersections est le diamétral Dac du système de la Côte-d'Or.
Ce grand cercle est assujetti à passer par le point D , centre du
pentagone européen près de Remda , et par le point a situé en
Chine, près du golfe de Pe-tche-ly, ce qui l'oblige à passer en outre
par le point c situé dans la Russie européenne, au N.-E. de Viatka.
Il a pour pôles les intersections communes du dodécaédrique ré-
gulier du cap Corrientes et de Singapour avec le bissecteur IH et le
trapézoédrique TI, auxquels les points a et c appartiennent comme
pôles. Ces intersections, figurées dans le tracé de M. Laugel, tom-
bent l'un dans l'océan Pacifique, au S.-O. de la Californie, et l'autre
dans le midi de l'océan Indien, au S.-E. de l'île de Juan-de-Lisboa.
Notre diamétral Dac entre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté oriental, et il coupe le Mein un peu au-
dessous de la ville de Miltenberg, qu'il laisse à 6 kilomètres dans
le S.-O. Il rase bientôt après l'extrémité méridionale de l'Oden-
wald, en suivant la bande de grès rouge qui y est adossée et en
tronquant légèrement à ses deux extrémités des pointes de granité
et de porphyre quartzifère.
Il coupe le Rhin à Spire, en passant du côté du N.-O. à l'entrée
même de la ville, et il entre en France aux portes de Weissem-
bourg, en traversant la Lauter à Willer, à l'issue de la longue et
pittoresque vallée qu'elle parcourt dans le grès des Vosges et
presque au contact de la masse de schiste traversée par des co-
lonnes de-syénite sur laquelle reposent les derniers escarpements
fie grès.
Stratigraphie. 2 3
354 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Il s'adapte à la saillie que forment les basses Vosges dans La
plaine du Rhin avec la même précision qu'à l'extrémité de l'Oden-
wald, et il suit la crête avancée de grès des Vosges du Liebfrauen-
berg, au pied de laquelle se trouvent le gîte de lignite de Lobsann
et la source de bitume de Bechelbronn. Il passe exactement au
pied du petit mamelon qui forme le couronnement du Liebfrauen-
berg et qui atteint la hauteur de 5 1 6 mètres.
Coupant le Surbach à Wœrth et la Zinzel un peu au-dessous
du confluent du Schwarzbach, il laisse à î kilomètre au N.-O. le
petit mamelon basaltique de Gundershofen , et, parcourant la surface
peu accidentée des terrains jurassiques et triasiques du Bas-Rhin,
il entre, au midi de Saverne, dans les Vosges proprement dites.
Sur la crête des montagnes de grès des Vosges, il coupe le tra-
pézoédrique Ta du système du Vercors à l'E. de Reinhardmiinster,
au pied occidental des rochers qui portent le signal géodésique du
Geisfels, élevé de 5 7*3 mètres. Continuant son cours sur le plateau
incliné que constitue le grès des Vosges jusqu'à la Meurthe et au
delà, il coupe cette rivière précisément au point où, dans le fond
de sa vallée, le grès rouge s'enfonce sous le grès des Vosges, à 1 ki-
lomètre au-dessous de Raon-1'Etape. Plus loin, il coupe la vallée
de la Moselle à la porte d'Epinal et à 1 kilomètre environ du point
où , dans le fond de la vallée , le grès des Vosges se perd de même
sous le grès bigarré.
Ce grand cercle effleure , avec une égale délicatesse , l'Odenwald,
les basses Vosges et les Vosges proprement dites, ce qui constitue
de sa part un mode spécial d'adaptation à la structure des con-
trées rhénanes.
Parcourant ensuite la surface peu accidentée des plateaux tria-
siques, il coupe la Saône à Corre, en s'adaptant à une petite section
de son cours dont il côtoie parallèlement une section plus étendue,
et il va , sur les collines jurassiques voisines de Noroy-les-Jussey, cou-
per à Saint-Marcel, en un point déjà mentionné page 3oi, Xhexa-
tétraédriqw Wna et le trafppzoédriqnp Te du système du Hundsriick.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 355
Poursuivant son cours au milieu des accidents stratigraphiques
compliqués de la zone méridionale du département de la Haute-
Marne, où sa marche ne pourrait être suivie que sur la carte géo-
logique détaillée, il va couper la vallée du Saulon dans une de
ses courbes, à l'entrée de la ville de Champlitte, et la vallée de la
Vingeane à 2 kilomètres au N.-O. de Montigny, point où il ren-
contre le trapézoédrique TI du système du mont Viso.
Rasant alors le contour extérieur de l'ancien lac de la Bresse,
notre cercle va passer à l'entrée N.-O. (et non S.-E.) de la ville de
Dijon, où il coupe la Suzon et l'Ouche exactement à leur confluent.
11 aborde alors le massif central de la Côte-d'Or paç le cap où il
se termine sur la rive droite de l'Ouche, en face de Dijon, et il le
traverse parallèlement à la direction de l'une des séries d'accidents
stratigraphiques qui s'y dessinent le plus fortement. 11 rase le pied
de la proéminence corallienne élevée de 5 91 mètres qui en forme
le point culminant. Au pied S.-O. de la Côte-d'Or, il coupe de
nouveau l'Ouche un peu au-dessous de Bligny, en un point peu
éloigné de sa source et très-voisin de celui où elle reçoit les eaux
de l'Auneau, qui se recourbe et semble revenir sur lui-même à
l'approche de notre cercle.
Ce dernier entre ensuite sur le plateau de calcaire à gryphées
arquées qu'il traverse pour pénétrer dans la contrée d'une struc-
ture compliquée dont il a été question précédemment, page 269.
Il y coupe une petite proéminence granitique entourée par les
marnes irisées, et il y rencontre le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla
en un point situé sur la surface de la masse de porphyre quartzi-
fère qui resserre le terrain houiller d'Epinac.
Au delà de ce lambeau de terrain houiller, notre cercle passe
sur des surfaces peu étendues de marnes irisées et de grès infra-
liasique, et, entrant, à Auxy, sur le massif granitique qui s'étend
d'Autun à la Loire et dont il suit la direction , il y rencontre à la
Chapelle le trapézoédrique Tb du système du Tatra , et au sud d'Issy-
l'Évêque le trapézoédrique TIa du système du Morbihan.
23.
35G RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Traversant enfin un lambeau de terrain schisteux dont il côtoie
la crête, notre cercle passe la Loire précisément au point où s'ouvre
un défilé par lequel elle y pénètre. Cette rivière en détache l'ex-
trémité et se porte ensuite vers le N. en suivant le contour occi-
dental *des schistes dont elle semble ne s'éloigner qu'à regret, ne
devant plus rencontrer de roches anciennes jusqu'aux environs
d'Angers.
L'extrémité du terrain schisteux détachée par la Loire et sur
laquelle est bâti le village de Diou, que notre cercle laisse à 1 ki-
lomètre environ dans le N.-O., est un véritable cap que forment
les terrains anciens dans la plaine miocène de l'Allier. Le diamétral
ï)ac s'adapte ici à la fois et avec une égale précision à deux traits
orographiques qui auraient pu être séparés, à un cap et à l'entrée
d'une rivière dans un défilé. Cette circonstance donne pour ainsi
dire une valeur double à une adaptation qui n'a, au premier abord,
rien de frappant, parce que le schiste ne forme ici aucune proémi-
nence considérable.
Notre cercle traverse ensuite les plaines tertiaires de l'Allier, où
il rencontre, dans un point déjà mentionné ci-dessus, page 293,
près de Jaligny, son homologue le diamétral Dac du système du
Forez. Avant d'atteindre le point d'intersection , il coupe la Bèbre
à Vaumas, où il rase à 2 kilomètres de distance le relèvement
granitique qui fait suite au terrain houiller de Montcombroux et
qui n'est autre chose que l'extrémité septentrionale et pour ainsi
dire le cap terminal du Forez, par rapport auquel il se conduit,
à peu de chose près, comme par rapport à l'Odenwald.
Traversant l'Allier un peu au-dessus de Varennes, notre cercle
s'adapte dans un certain intervalle au cours de la Sioule, et c'est
par le débouché même de sa vallée, flanquée de granité des deux
côtés, qu'il entre, au N. de Gannat, dans le massif central de la
France.
On remarquera la simplicité avec laquelle notre cercle s'adapte
au bassin de l'ancien lac miocène de l'Allier : il y entre à Diou par
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 357
un cap remarquable, il en sort par une embouchure de rivière
placée elle-même dans un cap, et il rase dans l'intervalle la pointe
extrême du massif montagneux qui, dès l'époque miocène, séparait
les deux branches méridionales du lac.
Comme je viens de le dire, la vallée de la Sioule, semblable à
certains ports de mer, débouche dans l'ancien lac miocène entre
deux musoirs granitiques dont la réunion y forme un cap. S'adap-
tant plus particulièrement au côté S.-E. du chenal, où le granité
est soulevé par le porphyre quartzifère, notre cercle s'introduit
définitivement dans le terrain primitif à la courbure que forme la
vallée à Bègues, au-dessous d'Ëbreuil; puis, remontant la vallée de
la Gigogne et côtoyant celle de la Morge, il arrive bientôt, au S.-E.
de Pontaumur, au point déjà cité, où il coupe le trapézocdrique Tabc
du système du Longmynd.
Il rase ensuite le pied de la proéminence basaltique sur laquelle
est bâtie la ville d'Herment. Il la laisse au N.-O. de même que
quelques autres mamelons basaltiques; mais, sauf ces exceptions
peu importantes, il laisse au S.-E. tous les terrains volcaniques de
l'Auvergne dont il marque à peu près la limite, comme le fait,
dans une direction. un peu différente, le trapézoédrique Tabc.
Poursuivant son cours sur les terrains de granité et de gneiss, il
coupe trois petites rivières, le Chavanoux, la Mioussette et la Faix,
a peu de distance du point où elles confondent leurs eaux, au-des-
sous de la Roche. Laissant au N.-O. les monts Jarjeau et passant
à 2 kilomètres au N.-O. d'Ussel, il s'adapte, d'Eygurande à Egletons
et au delà, sur 5o kilomètres de longueur, à la grande route de
Clermont à Tulle, dont la direction, peut-être fort ancienne, a
sans doute été déterminée par l'absence sur cette ligne de tout ob-
stacle naturel. Dans les parties du département de la Gorrèze que
traverse notre cercle, il suit une ligne parallèle à la direction géné-
rale de la vallée de cette rivière et même d'une portion de celle de
la Dordogne, et il sort des petits accidents monotones des ter-
rains primitifs pour traverser le terrain houiller de Brives et aller
358 RAPPORT SUR LES PROGRES
passer, sur le plateau du lias, dans l'enceinte de la petite ville de
Turenne.
Au S.-O. de Turenne, le diamétral Dac rencontre, en des points
déjà cités, d'abord, sur le terrain jurassique, le trapézoédrique Tb
du système de la Vendée, puis, sur le terrain crétacé inférieur,
Yhexatétraédrique Ubaab de Nontron. Il s'engage ensuite, jusqu'aux
rives de l'Adour, dans le grand bassin de la Gascogne, où, sur des
terrains horizontaux, on ne trouve à remarquer que son adapta-
tion à certains accidents des cours d'eau et aux positions de cer-
taines villes.
Ainsi il traverse la Dordogne dans la courbure que sa vallée
présente au-dessus de Carsac et où elle reçoit un petit affluent. Il
s'adapte, à Laurenque, à l'inflexion du cours d'eau qui tourne vers
Monflanquin ; il coupe la vallée du Lot à 2 kilomètres au-dessous
du cap sur lequel s'appuie la ville de Villeneuve-sur-Lot, puis la Ga-
ronne à 3 kilomètres au-dessus de Port-Sainte-Marie, où elle reçoit
deux petites rivières, et enfin la Baïse à 2 kilomètres au-dessous de
Nérac. Remontant la vallée de la Gelise, qui contourne le plateau
des Landes , il y passe à deux confluents de cette rivière , l'un avec
la Losse et l'autre avec l'Izaute. Plus loin, il passe au pied de la
proéminence sur laquelle s'élève le Houga et de laquelle diver-
gent les sources de plusieurs petits cours d'eau, puis il traverse
l'Adour à Aire.
Au S.-O. d'Aire, à l'extrémité orientale de la Chalosse, notre
cercle rencontre le diagonal \b du système du mont Serrât. Il
coupe ensuite à angle droit les Gaves et autres torrents qui des-
cendent presque en ligne droite des Pyrénées vers l'Adour, et il
passe, à Navarrenx, le dernier de tous, le gave d'Oloron.
Il entre ensuite dans les Pyrénées, où il traverse Mauléon, dont
il remonte la vallée, et, passant à la cime d'une montagne déjà
considérable de terrain crétacé inférieur, il coupe à son pied mé-
ridional f kexalétraédrique HaTTa.
S'élevant alors sur les flancs de la chaîne centrale, il franchit
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE, 369
la ligne de partage des eaux entre FAdour et FÈbre, au milieu des
cimes élevées de schiste et de grès bigarré qui forment la crête
des Pyrénées, et il descend en Espagne presque rigoureusement
au point de convergence de plusieurs grands torrents qui réu-
nissent leurs eaux pour former l'un des principaux affluents de la
rivière d'Aragon.
Suivant ensuite le contre-fort qui va expirer au bord de FEbre,
a Andozilla, il coupe, à 2 kilomètres avant d'atteindre cette ville,
Y octaédrique du mont Sinaï, représentant du système des Pyrénées.
Traversant FÈbre un peu au-dessus de Calahora, il passe dans
les montagnes de terrain crétacé inférieur d'où sort le Rio Cidacos,
et, après avoir coupé deux fois le Douro, au-dessus et au-dessous
de Soria, il se dirige vers la sierra Guadarama, où il coupe, entre
Ségovie et Madrid Yoclaédrique du Mulehacen.
Il sort de la péninsule ibérique au pied oriental du massif mon-
tagneux des Algarves, traverse les îles Canaries en coupant la
partie occidentale de l'île de Palma, puis les îles du Cap- Vert, où,
comme le font d'autres cercles pour les Açores et pour les îles
Sandwich, il suit le canal qui divise l'archipel en deux groupes.
Les îles de Saint-Nicholas, Sainte-Lucie, Saint-Vincent, Saint-
Antoine, restent à FO., tandis que celles de Sal, Bonavista, Mayo,
Santiago , l'île de Fogo , volcan actif parfaitement décrit par
M. Charles Sainte-Claire Deville l, et l'île Brava qui Favoisine , restent
à FE. Il laisse à 18 kilomètres dans FO.-N.-O. la pointe orientale
de Saint-Nicholas, et à 9 kilomètres seulement à FE.-S.-E. les
derniers écueils de Brava, s'adaptant ainsi, avec une certaine ten-
dance vers de foyer volcanique , à un passage qui lui présente une
ouverture de moins de sept lieues.
Il atteint enfin les côtes de l'Amérique méridionale un peu à FO.
du cap Roque, et suit à peu près la direction générale du litto-
ral du Brésil.
1 Comptes rendus, t. XXII , p. 1 1 29, séance du 29 juin 1 846 , et Voyage aux Antilles.
.360 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Du côté opposé, après avoir rasé la courbure très -prononcée
que forme le Mein au-dessous de Wurtzburg et avoir remonté la
vallée de la Saale qui y verse ses eaux, il coupe, près de Ginli, un
relèvement local de zechstein , en rasant une petite protubérance
granitique qui en forme le noyau, et, passant au N. de Schleusin-
gen, il aborde le Thùringerwald en effleurant la protubérance
porphyrique de Breitenbach. Dans l'intérieur de ce massif mon-
tagneux, d'après la belle carte déjà citée plus d'une fois de M. Ber-
nard Cotta, il s'adapte avec une netteté particulière au lambeau
schisteux qui s'y trouve enveloppé au S. du Dreiherrensteiu et aux
petites masses de granité qui le pénètrent. Sortant enfin des por-
phyres par la convexité légère que forme leur contour près de
Jesuborn, il atteint bientôt, près de Remda, le point D, centre du
pentagone européen, où d'est assujetti à passer.
Continuant ensuite son cours sur le plateau de muschelkalk,
il passe à Jena , où il s'adapte dans une certaine étendue au cours
de la Saale, et, traversante plaine tertiaire, il va passer à 2 kilo-
mètres au S.-E. de Leipzig. Dans les plaines de la Prusse, il coupe
l'Elbe à Torgau, l'Oder à Francfort, et, passant un peu au S. de
Kœnigsberg, il franchit le Niémen approximativement à Tilsit.
Dans le N. de la Russie, il arrive au point c situé au N.-E. de
Viatka en suivant la ligne de partage des eaux entre le Volga et
la Dwina; puis il coupe l'Oural septentrional au N. de Nijney-
Tagilsk, et l'Irtish à l'une des grandes inflexions qu'il présente
avant de se joindre à l'Obi. Il rase le pied septentrional de l'Altaï,
et, passant au point a situé sur les rives méridionales du golfe
de Pe-tche-ly, il sort du continent asiatique par le massif mon-
tueux du cap Tchin-Shan.
La monographie de ce cercle mériterait d'être faite d'une ma-
nière complète, mais ce qui précède suffit pour montrer qu'il est
bien appuyé sur les accidents orographiques et géologiques. En
France, il est jalonné, dans beaucoup de parties, avec une précision
particulière, et son cours est assez bien en rapport avec les parties
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 361
du terrain jurassique qui paraissent avoir été à sec pendant le dépôt
des terrains crétacés.
Il s'agit maintenant d'examiner s'il remplit les conditions de
position et d'orientation nécessaires pour qu'on puisse l'adopter
comme grand cercle de comparaison du système de la Gôte-d'Or.
Le grand cercle de comparaison provisoire du système de la Côte-
d'Or, orienté à Dijon vers l'E. /io°N.1, passe extrêmement près de
Remda. C'est donc un de ceux dont il est naturel de chercher le
représentant parmi les cercles du réseau pentagonal qui se cou-
pent au centre du pentagone.
Le grand cercle de comparaison provisoire du système de la Côte-
dOr fait, avec celui du système du Ténare, d'après le tableau de
la page 85& de la Notice sur les systèmes de montagnes, un angle de
6y°/io/58". On ne pourrait le rapporter au primitif de Lisbonne
qu'en admettant une différence de &°ioV; mais un diamétral Dac,
exactement homologue de celui qui a été adopté pour le système
du Forez, fournit un représentant plus rapproché de l'orientation
donnée par l'observation2. Ce cercle auxiliaire, qui va du point D,
près de Remda, à un point a situé en Chine, près du golfe de
Pe-tche-ly, fait avec le grand cercle de comparaison du système du
Ténare un angle de 65° ai' 16" 66. Il s'écarte par conséquent du
grand cercle de comparaison provisoire du système de la Côte-d'Or
de 20 28' k\" Zh seulement.
Dans ce cas-ci, on peut ne pas attacher une grande importance
à une différence de 2°i/2. On a indiqué, page 2 où de la Notice,
pour le système de la Côte-d'Or, l'orientation jN.-E.-S.-O. ou E.
Uo° N., ce qui laisse une incertitude de 5°. Dans ses premières
publications, l'auteur avait en effet indiqué pour le système de la
Côte-d'Or une direction N.-E. ; mais, peu de temps après, il avait
trouvé que la direction s'écartait un peu moins de la ligne E.-O.,
et il l'avait réduite, en nombre rond, pour Dijon, à E. ko0 N.
1 Notice, p. k 10. — s Notice, p. 1066.
362 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
C'est d'après cette direction réduite que le tableau page 85 U de la
Notice a été calculé; or, en supprimant de prime abord 5°, l'auteur
a peut-être poussé la réduction trop loin, et un grand cercle qui
correspond très-sensiblement à la moyenne de ses deux indications
successives peut bien représenter la direction véritable.
Relativement à la position, le grand cercle de comparaison provi-
soire passe à Dijon, et, comme le diamétral Dac y passe aussi, il y a
entre eux, à cet égard, un accord complet. Le diamétral Dac forme
donc un grand cercle de comparaison très- convenable pour le système
de la Gôte-d'Or.
Quant au système de la Gôte-d'Or considéré en lui-même, à
son âge relatif, aux chaînons de montagnes dont il se compose,
rien dans ce qui précède ne conduit à modifier ce qui en a été dit
dans la Notice sur les systèmes de montagnes, page /io3 et ailleurs.
(Voir à la table de l'ouvrage.)
Primitif de Lisbonne.
Le cercle placé au dix-neuvième rang dans le tableau des 1 83
intersections est le primitif de Lisbonne.
Une monographie assez étendue de ce grand cercle a été donnée
dans le cours du présent Rapport, page lui, mais il y a été dit,
page îûa, qu'on reviendrait plus tard sur le degré de précision
avec lequel il s'adapte aux accidents orographiques et géologiques
de la France et d'une partie de l'Allemagne, c'est-à-dire à ceux
qui sont compris dans le cadre de la carte géologique de la France.
Le moment est arrivé de combler cette lacune.
ht primitif Aa Lisbonne, suivi dans l'ordre suivant lequel les in-
tersections sont inscrites dans le tableau, pénètre dans le cadre
de la carte géologique de la France par le côté oriental. Il coupe le
Mein au-dessus d'Aschaffenburg, en effleurant le massif de roches
primitives auquel cette ville est adossée. H rase ensuite la pointe
N.-E. des roches primitives de l'Odenwald, et il y entre près de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 363
Gross-Urastadt, en passant entre deux petites masses de porphyre
quartzifère. Plus loin, à l'E. de Rheinheim, il rencontre trois ma-
melons basaltiques, et il traverse celui du milieu. Il sort enfin de
l'Odenwald à Zwingenberg, en rasant, à 1 kilomètre environ de
distance, le contour de la masse proéminente de syénite qui s'élève
au S.-S.-E. de Darmstadt.
Il franchit le Rhin à 3 kilomètres au S.-E. de Worms, et il tra-
verse les montagnes de grès des Vosges de la Hardt (basses Vosges),
où il s'adapte à différents accidents des cours d'eau dont je sup-
prime le détail.
Il en sort par le sommet de l'expansion que présentent vers le
N.-E. les contours du grès bigarré et du muschelkalk, et passe à
Neuhornbach, où son intersection avec le trapézoédrique Ta du sys-
tème du Vercors tombe sur le bord de la Schweygen, très-près de
son confluent avec le Hornbach. Plus loin, il entre dans les marnes
irisées par la pointe que forme leur limite au sud de Bliesbruck;
il coupe la Sarre dans l'inflexion prononcée qu'elle éprouve au-
dessous de Diding, et, remontant son cours à petite distance, il
laisse à 3 kilomètres au S.-E. la source salée de Salzbronn, près
de Sarre-Albe.
Suivant ensuite les plateaux de calcaire à gryphées arquées
situés au N.-O. de Dieuze, entre la grande et la petite Seille, il
va passer, entre Vie et Château-Salins, au confluent de ces deux
rivières.
Il trace ainsi très-exactement, sur une longueur de 120 kilo-
mètres, l'axe synclinal de la pointe en forme de proue de bateau,
dirigée au N.-E., que présente le terrain triasique de la Lorraine,
et il en traverse la partie caractéristique, la région salifère de
Dieuze, Vie et Château-Salins. Il représente aussi la corde de la
courbe décrite par la ligne de navigation de la Seille , du canal des
Salines et de la Sarre.
Le confluent des deux Seilles, où passe le primitif de Lis-
bonne, est peu éloigné du point où les marnes irisées s'enfoncent
304 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
et disparaissent sous le lias. Ce grand cercle va ensuite couper la
Meurthe près de la Neuville-devant-Nancy, au confluent du ruis-
seau de Frahaux, qui est placé lui-même à la limite des marnes
irisées. H coupe enfin la Moselle à son confluent avec le Madon,
près de Pont-Saint-Vincent, où sa vallée sort du calcaire à gryphées
arquées et s'enfonce profondément dans les plateaux de l'étage
oolithique inférieur, et il poursuit lui-même son cours sur ces pla-
teaux pour couper à Autreville, au S.-O. de Golombey, Yhexaté-
iraédrique Raa.
De la Moselle au Cher, le primitif de Lisbonne parcourt, sur
la surface du plateau formé par l'étage oolithique inférieur, une
route singulièrement uniforme. 11 suit le contour légèrement si-
nueux des coteaux de l'étage oolithique moyen, dont il coupe les
saillies, et il traverse toutes les rivières à une distance variable,
mais généralement assez petite , du point où on cesse de voir pa-
raître sur leurs bords l'étage oolithique inférieur, qui, par l'effet
naturel d'une inclinaison légère vers le N.-O., s'enfonce et dispa-
raît au-dessous de l'étage oolithique moyen.
Ce grand cercle coupe d'abord la Vair dans l'inflexion qu'elle
éprouve au pied du coteau corallien de Saint-Julien, où le signal
de Moncel atteint l'altitude de £58 mètres. Immédiatement après
il coupe la Meuse à Goussey, au confluent du ruisseau de la Sao-
nelle, et les deux rivières la Vair et la Meuse vont confondre leurs
eaux près de Domremy-la-Pucelle, à k kilomètres au N.-O. de
notre cercle et tout près du point où l'étage oolithique inférieur
disparaît.
Entre Saint-Blain et Andelot, il rencontre, dans les inflexions
que leur font subir certains tertres oxfordiens et coralliens, trois
ruisseaux qui se réunissent à h kilomètres dans le N.-O., au point
où disparaît de môme l'étage oolithique inférieur.
Ce même cercle coupe la Marne à Candcs, un peu au-dessous
de Chaumont, dans la courbure très-prononcée que présente sa
vallée immédiatement au-dessous du confluent de la Suize. Cette
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 365
coïncidence est d'autant plus remarquable que les deux rivières
sont profondément encaissées dans des vallées de l'étage oolithique
inférieur, car, malgré tous les adoucissements auxquels l'art des
ingénieurs a pu recourir, le chemin de fer de Mulhouse n'a pu tra-
verser la Suize à Chaumont que sur un viaduc monumental. Sur
les coteaux de la rive gauche , notre cercle coupe le trapézoédrique TI
du système du mont Viso à Villiers-le-Sec, au pied de la côte
d'Alun couronnée par l'étage corallien.
Enfin il coupe l'Aujon à Château-Villain, l'Aubette près de Mon-
tigny et l'Ource à Brion, toujours très-près du point où l'étage
oolithique inférieur cesse de former leur lit.
Ici les coteaux de l'étage oolithique moyen s'éloignent un peu,
mais notre cercle , après avoir traversé la vallée de la Seine dans
la courbure qu'elle présente au-dessous de Châtillon-sur-Seine et
l'Armançon à Cry, va encore raser au-dessous de Sarry les coteaux
de l'étage oolithique moyen. Il arrive ainsi au point déjà cité près
de l'Isle, pages 268 et 389, où il coupe simultanément le trapézoé-
drique TTbbc de l'Hécla et le trapézoédrique Tabc du système du
Longmynd.
On a déjà vu comment les deux derniers cercles s'adaptent au
Morvan. Le primitif de Lisbonne représente le front N.-O. de ce
groupe montagneux et de ses appendices. Il s'adapte à sa pointe
extrême en coupant, dans la vallée du Cousin, au-dessous de Pont-
Aubert, sa ceinture d'arkose et de calcaire à gryphées, devenue
très-étroite , à 1 kilomètre du point où le granité cesse d'être visible
à la surface : on peut admettre qu'il est tangent au contour sou-
terrain de cette roche.
C'est par .une exception isolée , due à l'influence du Morvan , que
notre cercle atteint ici le lias et s'approche du granité. Il reprend
immédiatement son cours sur le plateau de l'étage oolithique in-
férieur, où sont creusées les vallées de la Cure, de l'\onne et du
Beuvron, qu'il traverse successivement.
Mais bientôt les coteaux de l'étage oolithique moyen, qui s'étaient
366 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
éloignés aux approches du Morvan, reviennent vers notre cercle
et même le dépassent, et c'est dans cet étage de terrain qu'est
creusée la vallée de la Nièvre , au point déjà indiqué pages 2 5 1 et
293, où, près de Beaumont-la-Ferrière, le primitif de Lisbonne
coupe simultanément le trapézoédrique T\a du système du Morvan
et le diamétral Dac du système du Forez.
Cheminant toujours sur le terrain jurassique, recouvert mainte-
nant çà et là de lambeaux peu épais de terrain tertiaire miocène,
notre cercle va couper la Loire près de Germigny, à 2 kilomètres
au-dessous du confluent de l'Aubois et à peu de distance du point
où, sur sa rive gauche, l'étage oolithique inférieur disparaît pour
faire place à l'étage moyen. Il traverse ensuite les plaines peu acci-
dentées du département du Cher et va couper cette rivière un peu
au-dessous de la Celle-Bruère, à moins d'un kilomètre du confluent
de l'Yvernet.
Plus loin, passant au pied de la colline de Morlac, l'un des
sommets de la grande triangulation de la méridienne, élevée de
229 mètres et formée par l'étage oolithique inférieur, il va, dans
une vallée ouverte dans le lias, couper l'Araon à son confluent
avec le ruisseau du Portefeuille. Il traverse ensuite une surface
occupée en partie par les marnes irisées , où il effleure au S.-O. de
la Châtre un dernier plateau d'oolithe inférieure, et il aborde les
roches primitives du Limousin par l'entrée de la vallée de la
Couarde, au S.-E. de Chassignoles (Indre).
H suit presque exactement jusqu'à Aigurande, qu'il laisse à
1 kilomètre au S.-E., la limite du granité ordinaire et du gneiss,
et il côtoie parallèlement à son axe une masse de granité porphy-
roïde à gros grains. Bientôt après il passe à Presselines, village bâti
tout près du confluent des deux branches de la Creuse, et ensuite
à la Fat, autre village bâti très-près aussi du confluent de la Bre-
zantine et de la Cazine.
A l'ouest de la Souterraine , il entre sur un massif de granité
[)<>rphyroïde à gros grains, où il passe à un point culminant ar-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 367
rondi sur lequel cinq grandes routes se réunissent, ce qui dénote
une position centrale et dominante, et, avant de rentrer sur le gra-
nité ordinaire, il coupe la Gartempe tout près de son confluent
avec la Couze.
Revenant bientôt après sur le granité porphyroïde à gros grains,
il laisse au S.-E., à 2 kilomètres de distance, la localité de Vaulry,
célèbre par l'exploitation de mine d'étain qui y a été entreprise , et
à peu de distance de là il passe au pied S.-E. de la montagne de
Peyrelade, élevée de Û92 mètres, où, comme on l'a vu précédem-
ment, p. 286 , il coupe le trapézoédrique Tb du système de la Vendée.
De ce point à la Vienne, qu'il passe au-dessus de Ghabannais,
il suit une crête granitique assez prononcée, et, sortant du massif
central de roches primitives au midi de Montembœuf, il rase encore,
dans la ceinture jurassique qui l'entoure , une petite protubérance
granitique qui relève autour d'elle l'arkose du lias.
Dans les plaines jurassiques et crétacées des départements de la
Charente et de la Charente-Inférieure, le primitif de Lisbonne suit
approximativement la ligne de partage des eaux entre la Charente
et la Dordogne, et il passe la Gironde à des distances presque égales
(6 à 7 kilomètres) de Blaye et du Bec-d'Ambès. Traversant ensuite
les terrains plats du Médoc, il coupe la pointe N.-O. du bassin
d'Arcachon, et il entre, à travers les dunes, dans le golfe de Gas-
cogne, où il ne tarde pas à rencontrer le diagonal \b du système
du mont Serrât.
J'annonçais, page ikk de ce Rapport, en terminant l'article
consacré au primitif de Lisbonne, que, dans les contrées qui ont
été bien explorées, il rencontre un grand nombre de points défi-
nissables dont je compléterais plus loin l'indication. Par là je faisais
allusion à ce qui vient d'être dit sur la partie de ce même cercle
qui traverse le cadre de la carte géologique de la France. On vient
de voir que dans l'Odenwald, de même que dans le Thùringer-
wald et dans l'Ural, il s'adapte avec précision à des accidents géo-
logiques nettement déterminés. La pointe N.-O. du Morvan et
368 RAPPORT SUR LES PROGRES
certains points des granités du Limousin lui fournissent aussi des
points de repère précis. Dans tout le cours de ce cercle, je n'ai
cité aucune grande montagne avec laquelle il fût en rapport, à
l'exception du volcan de Collaqui, au Chili, et j'ai fait remarquer
son adaptation aux accidents de beaucoup de cours d'eau : en
France il conserve les mêmes allures. Il ne rencontre aucune mon-
tagne de quelque importance, et la plus grande partie des accidents
avec lesquels j'ai signalé sa coïncidence sont des inflexions ou des
confluents de cours d'eau. Mais celles-ci méritent d'autant plus
d'attention que, le long du cours de notre cercle, ces accidents hy-
drographiques sont dans un rapport évident avec la disposition
des couches minérales. Il en est de même partout, en général,
quoique la chose ne se voie pas toujours aussi directement que sur
les terrains triasiques et jurassiques que nous avons parcourus. Il
est toutefois à observer que les confluents des rivières qui coulent
sur les granités du Limousin se rencontrent sur le cours de notre
cercle avec la même fréquence et la même précision que ceux des
rivières coulant sur les terrains stratifiés, et au fond, suivant toute
apparence, par les mêmes causes.
Relativement à ces accidents hydrographiques, je dois faire re-
marquer qu'il existe peu de cartes où leur position mérite autant
de confiance que la carte géologique de la France, et je puis me
permettre de le dire, parce que je ne fais en cela que rendre
hommage à la carte hydrographique de la France, qui a été le
canevas fondamental de la carte géologique. La carte hydrogra-
phique avait été préprée depuis longtemps par le Dépôt des
cartes et plans des ponts et chaussées, et publiée vers 1820
d'après les ordres de M. Becquey, alors directeur général des ponls
et chaussées et des mines, pour servir de base à l'entreprise de
la canalisation de la France, qui restera une des gloires de son
administration. On y a profité non-seulemenl de la carte de Cas-
sini, mais aussi de tous les documents que le corps des ponts et
chaussées avait réunis. En prenant ce précieux Iraré pour base de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 369
la carte géologique de la France, on s'est gardé d'en rien effacer;
on s'est borné, pour les cours d'eau, à le perfectionner en quel-
ques points peu nombreux, pour lesquels on a eu des documents
plus récents. On y a ajouté un dessin nouveau du relief du sol et
les limites des terrains.
Les cours d'eau singulièrement nombreux qu'on trouve sur la
carte géologique de la France ont donc un tracé très-précis, et,
lorsque j'annonce que tel ou tel cercle passe à 1 ou 2 kilomètres
du confluent de deux ruisseaux , j'en suis aussi certain que lorsque
je dis qu'il passe à 1 ou 2 kilomètres de telle ou telle ville impor-
tante.
En résumé, le 'primitif de Lisbonne est un cercle très-bien
jalonné par les accidents naturels du sol, mais rien n'indique
jusqu'ici l'existence d'un système de montagnes dont il serait le
grand cercle de comparaison, et les points remarquables qui se
rencontrent sur son cours paraissent s'y être placés par la seule
influence des lois de la symétrie pentagonale.
Trapézoédrique Te de VIremel (système du Hundsriick) .
Le cercle placé au vingtième rang dans le tableau des i83 inter-
sections est le trapézoédrique Te de l'Iremel, représentant du système
du Hundsriick. J'ai donné ci-dessus, page 2 2 3, une monographie
presque complète du cours de ce grand cercle , dans laquelle j'ai
annoncé que je reviendrais sur les circonstances de précision avec
lesquelles il traverse la France entière et la Souabe. C'est ici le
lieu de combler cette lacune.
Le trapézoédrique Te, suivi dans le sens déterminé par l'ordre
d'inscription des intersections dans le tableau, entre dans le cadre
de la carte géologique de la France par le côté oriental. Il traverse
le Neckar à 1 kilomètre au-dessus de Heilbronn, en s'adaptant à
une petite section de son cours, et bientôt après il coupe, près de
Gublingen, le bissecteur DH du système du mont Seny, qui, comme
Stratigraphie. 2 A
370 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
on l'a vu plus haut, forme Fun des axes des montagnes de la Foret-
Noire.
Notre trapézoédrique , au contraire, est presque exactement tan-
gent à ce groupe montagneux. Il effleure la saillie N.-O. du contour
des montagnes de grès des Vosges et de porphyre quartzifère qui
forment les paysages pittoresques des environs de Baden. Il laisse
cette ville et sa source minérale à 1 kilomètre au S.-E., et il
tronque de 2 kilomètres la limite des roches porphyriques, telle
qu'elle est reproduite sur la carte géologique de la France.
Le trapézoédrique Te franchit le Rhin , élargi par des îles nom-
breuses, en s'adaptant, dans une étendue de 10 kilomètres, à une
inflexion de son cours qui comprend le confluent de l'Ill et celui
de la Kintzig. Sur la rive gauche, notre cercle remonte le cours
sinueux de 1111 jusqu'au confluent de la Bruche. Les deux rivières
se réunissent par plusieurs bras dans l'intérieur même de la ville
de Strasbourg, dont notre cercle entame les fortifications du côté
du N.-O. Au delà de Strasbourg, il remonte encore la vallée de
la Bruche jusqu'à Duttlenheim.
L'Ill, en se réunissant à la Bruche à Strasbourg, s'infléchit pour
prendre sa direction; le Rhin, en recevant l'Ill un peu plus bas,
s'infléchit à son tour suivant la même direction prolongée, et notre
cercle s'identifie ainsi à une direction fluviale continue dans une
étendue de 35 kilomètres, qui comprend quatre inflexions de
rivières très-prononcées, quatre confluents et une grande ville. Il
s'y joint un pont d'autant plus remarquable que, jusqu'à nos jours,
il a existé seul sur le Rhin dans l'intervalle de Baie à Mayence,
établissant entre l'Allemagne et la France une communication sans
doute fort ancienne, car le mot Strassburg se traduit par château de
la route. C'est une illustration multiple et combinée de plusieurs
genres de remarques que j'ai déjà appuyées de beaucoup d'exemples.
Notre cercle quitte ensuite la Bruche pour un temps, et il
aborde les collines subvosgiennes près de Rosheim, dans la val-
lée qui descend de Grendelbruch, puis les Vosges êHes-mèfiMg par
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 371
la vallée du Klingenthal, où il passe à la manufacture d'armes. Il
traverse le massif proéminent du Ghamp-du-Feu, dont il côtoie la
crête granitique, en laissant à environ un kilomètre dans le S.-E.
son point culminant, élevé de 1,095 mètres, ainsi que sa termi-
naison S.-O. sur laquelle s'appuie le signal géodésique de Raurupt,
élevé encore de 956 mètres. 11 coupe, près de ce dernier point,
comme on l'a déjà dit page 3i 1, le trapézoédrique Ta du système
du Vercors.
Sortant du massif du Champ-du-Feu par la pointe de terrain
schisteux qui s'avance au delà de la Bruche, notre cercle la tra-
verse de nouveau, et cette fois près de sa source. Il passe à Saales
et continue son cours sur un autre lambeau de terrain schisteux
adossé au massif granitique qui s'étend vers Senones. Il entre enfin
dans les montagnes de grès rouge et de grès des Vosges du ver-
sant occidental de la chaîne.
Saales occupe dans les Vosges une sorte de dépression centrale
qui est en rapport avec l'interruption d'une grande faille et avec
un ressaut dans l'axe de la chaîne, disposition déjà signalée dans
le premier volume de Y Explication de la carie géologique de la France1.
Cet agencement des montagnes aux environs de Saales rappelle
à quelques égards la vallée d'Aran, dans les Pyrénées. Les deux
cercles qui se croisent près de Raurupt jouent ici un rôle compa-
rable, dans une certaine mesure, à celui des deux cercles qui se
croisent dans les Pyrénées, à la pointe de Palarquère, et à celui
des deux autres cercles qui se croisent dans les Alpes, au fond de
la vallée de Beaufort. Le trapézoédrique Ta du système du Vercors
fait partie à la fois de la combinaison de Raurupt et de celle de
Beaufort.
Traversant les montagnes de grès qui masquent la disconti-
nuité existant entre les roches anciennes des environs de Se-
nones et celles des environs de Sainte-Marie-aux-Mines, le trapé-
' Erplicatinv <lp In carte géologique de la France, 18A1, t. I, p. 396.
a4.
372 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
zoédrique Te passe à Saint-Dié , où il coupe la Mcurlhe à a kilo-
mètres au N.-O. du confluent de la Remcnmeix, qui achève de lui
verser le tribut de toutes les eaux provenant de la chaîne centrale,
depuis le Climont jusqu'au Valtin. A Saint-Dié, la vallée de la
Meurthe, perdant la grande largeur qui fait ressembler à des lacs
desséchés les vallées supérieures, élargies sans doute par les cou-
rants diluviens, se réduit à un sillon creusé dans le grès rouge
couronné par le grès des Vosges, ce qui en change considérable-
ment le régime. Saint-Dié est donc à la fois un confluent, un étran-
glement de vallée et une ville épiscopale fort ancienne , munie d'un
pont dont l'origine première remonte sans doute à une haute anti-
quité. Le trapézoédrique Te, toujours en vertu des principes déjà
exposés, passe aux sièges des deux évêchés qui se partagent les
Vosges, de même que le diamétral Bac du système de la Gôte-d'Or
passe aux deux préfectures des Vosges et de la Gôte-d'Or.
Continuant son cours sur les montagnes de grès qui forment la
bordure des Vosges , notre cercle passe à Champs , où apparaît , au-
dessous des dépôts arénacés, une petite expansion du terrain gra-
nitique qui contient le lit de la Vologne. Il atteint cette rivière
à a kilomètres au N.-O. du confluent, où ses deux branches se
réunissent, et il accompagne jusqu'à Docelles son cours devenu
sinueux au milieu des grès. Il traverse la Moselle à Arches, au
confluent de la rivière de Ravon, où la première sort des mon-
tagnes proprement dites.
Sur le plateau de grès bigarré qui contient la source de la Saône
et qui verse presque toutes ses eaux dans cette rivière, le trapé-
zoédrique Te suit, de Hadol-la-Tour à Fontenoy-le-Château , une
ligne le long de laquelle le grès des Vosges devient visible par
l'effet de certaines failles plus ou moins rigoureusement parallèles
à sa direction , qui font même apparaître le granité. H laisse au
S.-E., à moins d'un kilomètre de distance, la belle source thermale
de Bains, et, côtoyant le ruisseau sur les bords duquel elle surgit,
il passe à son confluent avec le Coney, auquel il se réunit, près
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 373
des forges de la Pipée, dans les anfractuosités d'une protubérance
granitique.
Les vallées de Ruaux, de Plombières et du val d'Ajol, au fond
desquelles le granité et les schistes anciens se montrent d'une ma-
nière continue, sont parallèles au trapézoédrique Te; mais on doit
signaler surtout son parallélisme constant avec la stratification des
roches anciennes du versant N.-O. des Vosges et avec les lignes sé-
paratives de leurs différentes variétés.
De Fontenoy-le-Château à Bétaucourt notre cercle côtoie le
Coney et la Saône, dans laquelle se jette le dernier, et, traversant
les ceintures de muschelkalk , de marnes irisées et de calcaire à
gryphées qui entourent les Vosges, il va passer à Saint-Marcel,
près de Noroy-lès-Jussey , au point déjà signalé page 3 01, et où il
coupe simultanément Yhexalélraédrique Haa et le diamétral Dac du
système de la Côte-d'Or. Ce point de croisement est remarquable
par la position en quelque sorte stratégique qu'il occupe relative-
ment aux Vosges, dont Miexalétraédrique Haa limite à peu près la
zone d'influence, tandis que le diamétral Dac s'applique à leur
contour extérieur, et le trapézoédrique Te à plusieurs des accidents
les plus remarquables de leur structure intérieure.
Au delà du croisement de Saint-Marcel, le trapézoédrique Te par-
court les terrains jurassiques, accidentés en petit, de la partie mé-
ridionale du département de la Haute-Marne et de la partie limi-
trophe de celui de la Côte-d'Or. Je me bornerai à remarquer qu'il
y coupe, à deux de leurs inflexions les plus prononcées, les rivières
du Soulon et du Vesin. Il aborde ensuite les plateaux élevés de la
Bourgogne, à Is-sur-Tille , au débouché de la vallée de l'Ignon, en
laissant à moins de 2 kilomètres de distance le confluent de cette
rivière avec la Tille.
Sur les hauts plateaux de l'étage oolithique inférieur, notre
cercle côtoie la profonde vallée du Val-Suzon et passe près des
source de la Loze. Dans cette région culminante, le plan vertical
du trapézoédrique Te coupe, près de son entrée septentrionale et
374 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
la plus élevée, le tunnel de Blaizy, dans lequel le chemin de fer
de Paris à Lyon traverse souterrainement la ligne de démarcation
des bassins de l'Océan et de la Méditerranée.
Bientôt après il s'adapte d'une manière analogue au point de
partage du canal de Bourgogne. 11 coupe la vallée de la Brenne,
au-dessous d'Aubigny, dans sa principale inflexion, où est établi,
au moyen d'un barrage, le réservoir de Grosbois, destiné à ali-
menter le canal. Sur la rive gauche de l'Armançon, il passe au
réservoir de Cercey construit pour le même objet, et dans l'inter-
valle il traverse le canal de Bourgogne un peu au N. de l'entrée
septentrionale du souterrain de Pouilly, établi sur le bief de par-
tage. Il rencontre la ligne navigable au bas de l'escalier d'écluses
par lequel le canal descend du bief de partage au niveau de l'Ar-
mançon. C'est une combinaison comparable à celle que présente,
à Valdieu, l'intersection du canal du Rhône au Rhin et du trapé-
zoédrique Ta du système du Vercors.
Le trapézoédrique Te sort enfin des hauts plateaux de l'étage
oolithique inférieur, par leur angle S.-O., situé près de Genserey,
angle sur lequel tombe, avec une étonnante précision (sur la carte
géologique générale) le point d'intersection de notre cercle avec le
trapézoédrique TTbbc de l'Hécla.
Il traverse ensuite le Morvan dans sa partie méridionale et la
plus proéminente, où dominent les porphyres, en laissante 2 kilo-
mètres au N.-O. la montagne porphyrique du Toureau-des-Grands-
Bois, élevée de 806 mètres et la plus haute de tout le Morvan.
Les porphyres reposent ici sur les granités qui apparaissent dans
le fond de quelques vallées. Au S.-E. de GJiâteau-Chinon , dans
une de ces vallées à fond granitique, notre cercle coupe l'Yonne
presque à sa naissance, à moins d'un kilomètre de son confluent
avec le Perperny.
Bientôt après il rentre sur le terrain jurassique, où il touche, au
confluent d'un ruisseau, la principale courbure de la rivière de
Vandenesse. Passant ensuite au confluent de la Vandenesse et de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 375
l'Aron, il côtoie cette dernière rivière et le canal de Nivernais jus-
qu'aux approches de la Loire, qu'il passe un peu au-dessus de
Decize. Il coupe dans cet intervalle , ainsi qu'on l'a déjà dit, le
trapézoédrique Dla du système du Morbihan.
Sur la rive gauche de la Loire, le trapézoédrique Te effleure, près
de Saint-Parise-en-Viry, l'extrémité méridionale d'une petite saillie
de granité, déjà mentionnée plusieurs fois, où il coupe simultané-
ment le trapézoédrique Tabc du système du Longmynd, le diamé-
tral Dac du système du Forez et le trapézoédrique Tb du système du
Tatra.
Traversant ensuite la plaine de l'Allier, formée de terrain ter-
tiaire miocène et de marnes irisées, il rase la petite protubérance
granitique de Bourbon-l'Archambault, dont il laisse le contour à
t kilomètre, et le centre, où se trouve la source thermale, à 2 ki-
lomètres dans le S.-E.
Plus loin, il coupe les pointes du massif granitique d'Hérisson,
en laissant à 2 kilomètres au S.-E., dans le terrain miocène, le
confluent compliqué où les eaux de quatre ruisseaux se réunissent,
près de Gosne, pour former la rivière d'Aumance, qui s'échappe
vers le Cher par la vallée à fond granitique où se trouve la ville
même d'Hérisson. Rasant encore deux pointements granitiques,
il coupe la vallée du Cher, et laisse au S.-E. la ville de Montluçon
à 5 kilomètres et l'établissement thermal de Néris à 1 2 kilomètres
au S.-E. '
Il poursuit son cours sur les diverses variétés de granité du Li-
mousin en côtoyant d'abord, à 3 ou h kilomètres de distance, la
route presque rectiligne de Montluçon à Gauzon, passe la Gar-
tempe près de sa source, non loin de Jardent, dans un confluent
d'une forme toute spéciale et coordonnée à sa direction, traverse,
au N. de Bourganeuf, le petit dépôt houiller de Bosmoreau , et coupe
successivement les rivières du Thorion et de la Vienne , chacune au
confluent d'un ruisseau.
Le Thorion, se repliant vers le S.-O., se jette dans la Vienne
376 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
qui, en le recevant, en prend la direction. Notre cercle côtoie leur
vallée dans une étendue de 45 kilomètres, jusqu'au point où, au-
dessous de Limoges, elle se détourne vers Aixe. Dans cet inter-
valle, il s'adapte aux contours de deux massifs de granité porphy-
roïde à gros grains, et suit parallèlement, à 3 kilomètres de distance,
la route de Bourganeuf à Saint-Léonard. Ces circonstances réunies
montrent clairement que dans le Limousin, aux portes mêmes de
Limoges , le trapézoédrique Te représente très-exactement l'une des
directions fondamentales imprimées au sol par les révolutions du
globe.
Bientôt après, comme on l'a dit précédemment, il coupe le tra-
pézoédrique Tb du système de la Vendée, entre les masses de gra-
nité porphyroïde à gros grains de Flavignac et de Nexon.
Plus loin, il passe aux forges de Fenya, placées au point de con-
cours de plusieurs torrents dont les eaux forment la Dronne , au
cours de laquelle notre cercle s'adapte jusqu'à Pardoux. Là, la
Dronne change de direction en passant du terrain granitique dans le
terrain jurassique, sur lequel notre cercle va couper presque im-
médiatement, à Saint-Angel, Yheœalétraédrique Ubaab de Nontron.
Poursuivant son cours sur le terrain jurassique et le terrain cré-
tacé, il s'y adapte encore à quelques accidents des cours d'eau, et,
suivant approximativement le cours de la Dronne, il la coupe de
nouveau en deux points, d'abord à 3 kilomètres au-dessus de son
confluent avec la Nizanne, et ensuite à Coutras, près de son confluent
avec l'isle. Notre cercle coupe l'Isle elle-même entre Coutras et
Guitres, à î kilomètre au-dessous du confluent de la Dronne et à
î kilomètre au-dessus de celui du Larry, ce qui constitue une adap-
tation approximative à deux confluents à la fois et même à une dis-
position hydrographique assez particulière. En effet, l'agrément
des deux petites villes de Guitres et de Coutras résulte en partie de
ce qu'elles sont réunies dans un bassin à quatre issues.
Passant ensuite la Dordogne un peu au-dessous du coude qu'elle
forme à Saint-Michel, notre cercle franchit la Garonne à moins d'un
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 377
kilomètre au-dessus du pont de Bordeaux, c'est-à-dire au point qui
a été de tout temps ia limite de la grande navigation. Il traverse
la partie méridionale de la ville de Bordeaux, et, côtoyant dans
les Landes, à 1 ou 2 kilomètres de distance, la route presque rec-
tiligne , ainsi que le chemin de fer de Bordeaux à la Teste, il coupe
la rivière de Leyre à 1 kilomètre au-dessus de son confluent avec
le Ganau. Laissant au N. le bassin d'Arcachon , il tronque légère-
ment le grand étang de Sanguinet et de Bicarosse, et entre à tra-
vers les dunes dans le golfe de Gascogne, où il rencontre bientôt
le diagonal Ib du système du mont Serrât.
On voit que ce cercle est parfaitement jalonné, dans tout son par-
cours à travers la Souabe et la France, par les accidents naturels
du sol et par les ouvrages que les hommes y ont adaptés. Il suffit
de citer, entre autres , les montagnes du Champ-du-Feu et du Tou-
reau-des-Grands-Bois, les trois sources thermales de Baden, de
Bains et de Bourbon-l'Archambault, le chemin de fer de Paris à
Lyon, le canal de Bourgogne, et deux grandes villes, Strasbourg et
Bordeaux, pour faire comprendre qu'il est encore du nombre des
cercles dont on ne pourrait modifier sensiblement la position sans
leur faire perdre les prérogatives dont la nature les a doués. Gela
résultait déjà, au reste, très -nettement de l'étude faite précé-
demment, page 2 2 3, du reste de sa circonférence.
En passant, près de Saales, au nœud gordien de la structure des
Vosges, ce cercle montre une sorte de connivence avec les faits
naturels qui le place au nombre des cercles les plus autorisés du
réseau pentagonal.
Il présente en outre, avec le primitif de Lisbonne et avec le dia-
métral Dac du système de la Côte-d'Or, une certaine solidarité qui
mérite d'être remarquée.
Le bassin d'Arcachon est compris entre notre trapézoédrique Te
et le primitif de Lisbonne, et peu éloigné des points où l'un et
l'autre sont coupés par le diagonal \b du système du mont Serrât.
Cette espèce d'encadrement par des cercles , qui sont probablement
378 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
des lignes de plus facile propagation pour les tremblements de terre
et autres mouvements du sol, permet d'entrevoir comment il aurait
pu se produire une légère dénivellation sur l'emplacement du
bassin d'Arcachon, qui est en lui-même une anomalie assez singu-
lière et unique de la côte si uniforme des Landes. Au reste, en
s'adaptant l'un d'un côté et l'autre de l'autre à cette figure ano-
male, nos deux cercles n'ont fait que suivre les allures que nous
avons constamment signalées, indépendamment de toute théorie,
dans les cercles du réseau pentagonal. En se prolongeant dans
l'océan Atlantique, les deux cercles, après s'être croisés au point T
situé à l'O.-N.-O. de Burgos, encadrent de même entre eux le
groupe volcanique de Madère et de Porto-Santo.
Quant aux relations du diamétral Dac du système de la Gôte-d'Or
avec le trapézoédrique Te du système du Hundsriick , leur solidarité
se révèle par la manière dont ils pénètrent en Allemagne sur la
rive droite du Rhin. Le premier effleure l'extrémité S.-E. de
l'Odenwald, comme le second l'extrémité N.-O. de la Forêt-Noire;
et, à l'exception des très-petites montagnes de granité et de grès
d'Heidelberg , la vallée du Rhin n'est bordée , dans l'intervalle des
deux cercles, que par des collines appartenant au trias et au lias.
C'est une sorte de vaste regard qui met la vallée du Rhin en com-
munication avec l'intérieur de l'Allemagne. Nos deux cercles en
marquent les extrémités et y jouent un rôle également essentiel.
Le primitif de Lisbonne, le diamétral Dac du système delà Côte-
d'Or et le trapézoédrique Te du système du Hundsruck sont donc ,
malgré leur rapprochement et le peu de différence de leurs orien-
tations, trois cercles également nécessaires, et l'on ne saurait son-
ger à sacrifier l'un d'eux au profit des deux autres. J'ai déjà fait
précédemment des remarques du même genre sur d'autres cercles
rapprochés le6 uns des autres.
Le trapézoédrique Te convient d'autant mieux pour représenter le
1 Notice, p. 109a,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 279
système du Hundsriick qu'il traverse , dans l'Erzgebirge , le Fichtel-
gebirge , les Vosges et le Limousin , des régions où les roches schis-
teuses anciennes ont la direction du système du Hundsriick, en occu-
pant à peu près le centre des parties du continent dans lesquelles
ces roches se montrent, et de celles surtout où elles deviennent
souvent cristallines, manière d'être qui semble devoir indiquer le
milieu ou l'axe du système. Il nous reste cependant à examiner si
ce cercle remplit les conditions nécessaires pour être adopté comme
grand cercle de comparaison du système du Hundsriick.
D'après la Notice sur les systèmes de montagnes, p. 206, le grand
cercle de comparaison provisoire adopté pour le système du Westmo-
reland et du Hundsriick passait au Binger-Loch sur le Rhin, et y
était orienté vers l'E. 3i°3o' N., ce qui le rapprochait assez du
point D, centre du pentagone européen près de Remda, pour qu'il
dut paraître naturel de chercher son représentant parmi les cercles
auxiliaires qui se croisent en ce point; mais il n'a pu y être trouvé.
Le 'primitif de Lisbonne fait avec le primitif de l'Etna l, grand
cercle de comparaison du système du Ténare, un angle de 72 de-
grés. D'après le tableau de la page 855 de la Notice, l'angle Té-
nare-Hundsrûck est de 7&°i6'39"; il diffère, par conséquent, de
20i6'3q/' de celui que forment entre eux les deux cercles primitifs
dont on vient de parler. Ayant mis du soin à déterminer l'orien-
tation du système du Hundsriick, l'auteur a jugé peu probable que
celle qu'il avait trouvée différât de la vérité de près de 2 degrés et
demi , et il a cherché dans le réseau un autre cercle qui la repré-
sentât plus approximativement; n'en ayant trouvé aucun parmi
les auxiliaires diamétraux, il a cherché parmi les trapézoédriques qui
passent au point T situé en Espagne, à l'O.-N.-O. de Burgos.
Il a trouvé alors que le trapézoédrique Te, mené du point T de
l'Espagne à un point c situé hors du pentagone européen, au S.-S.-E.
d'Omsk en Sibérie, fait avec le grand cercle de comparaison du
1 Notice, p. 200.
380 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
système du Ténare un angle de 75°2 5'38"2 7, angle qui ne diffère
plus de l'angle Ténare-Hundsrûck du tableau que de i° 8' 59" 27.
Cette différence est à peu près de moitié plus petite que la précé-
dente; cependant, comme elle est encore assez notable, l'auteur a
d'abord hésité à préférer le cercle qui la donne au primitif de Lis-
bonne , et il s'y est décidé surtout par la considération des conve-
nances particulières que présente, aux points de vue géographique
et géologique, ainsi qu'on vient de le rappeler, la position du tra-
pézoédrique Te. Au surplus, le soin qui a été apporté, dans la Notice
sur les systèmes de montagnes, pages 190 à 2 1 3 , à réduire au Biger-
Loch les directions observées dans les différentes parties de l'Eu-
rope , peut bien ne pas avoir préservé la moyenne d'une erreur de
i°9', attendu que beaucoup des observations réduites n'étaient
évaluées qu'en nombres ronds de 5 en 5 degrés, et que presque
toutes ayant été observées à la boussole étaient passibles d'une cer-
taine erreur dans la réduction au méridien astronomique. Il ne
paraît donc pas que la différence trouvée, i°9', puisse empêcher
d'adopter le trapézoédrique Te comme représentant du système du
Westmoreland et du Hundsrùck.
Quant à ce qui concerne ce système considéré en lui-même , aux
accidents stratigraphiques qui le constituent , à son âge relatif, etc. ,
l'adoption du nouveau grand cercle de comparaison n'implique aucun
changement à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, page i52 et ailleurs. (Voir la table de l'ouvrage.)
Hexatétraédrique HaTTa (système de VErymanthc et du Mermoucha).
Le cercle placé au vingt et unième rang dans le tableau des
1 83 intersections est Y hexatétraédrique HaTTa adopté par M. Po-
mel pour représenter le système de i'Ërymanthe et du Mermou-
cha, établi par lui d'après ses observations en Algérie.
Ce grand cercle passe au point H situé au S.-O. des îles du
Cap-Vert, au point a situé près de Minorque, au point T situé
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 381
près d'Olviopol, au point T situé dans l'intérieur de l'Asie, au
S.-E. du lac Boussoulou-Noor, et au point a situé en Chine, dans
la vallée du Kin-tcha-Kiang ou fleuve Bleu, ainsi qu'aux antipodes
de ces cinq points. Il a pour pôles les intersections communes des
cinq grands cercles auxquels ces mêmes points appartiennent
comme pôles, intersections qui sont figurées dans le tracé de
M. Laugel, et qui tombent l'une dans l'océan Austral au N. des îles
Marion et Crozet, et l'autre dans l'océan Pacifique, près des côtes
de la Californie, à l'O.-S.-O. du cap Perpétua.
Vheœatétraédrique HaTTa pénètre dans le cadre supplémentaire
de la carte géologique de la France, qui renferme l'île de Corse , par
le côté oriental. Il aborde la Corse, un peu au N. de l'étang de
Diana, par l'expansion que présente vers l'E .le contour de la zone
nummulitique de sa côte orientale. Suivant intérieurement le con-
tour méridional de cette expansion, il coupe les rivières Bravane,
Corsigliese et Tavignano , chacune à sa principale inflexion , en lais-
sant à 2 kilomètres au S.- S.-E. le confluent des deux dernières. Il
coupe aussi l'Orbo à 2 kilomètres au N.-N.-O. de son principal
confluent, et dans l'intervalle, entre le Tavignano et l'Orbo, il
passe aux cimes du mont Antisanti, élevé de 578 mètres, et du
mont Luigoniello, élevé de 1,1 23 mètres; deux repères très-précis.
Pénétrant ensuite dans le domaine des roches primitives, qui
comprend la plus grande partie de l'île , il coupe la chaîne centrale
par le mont Renoso, dont il rase les deux cimes septentrionales, en
laissant à 3 kilomètres au S.-S.-E. la cime méridionale qui est la
plus élevée et qui atteint l'altitude de 2,267 mètres. Le mont Renoso
domine toute la partie méridionale de l'île : c'est la plus méridio-
nale des hautes montagnes primitives de la Corse.
Notre cercle descend alors vers le golfe d'Ajaccio, en suivant
la crête qui sépare le Prunelli du Gravone. H coupe ce dernier tor-
rent dans un confluent, et traverse bientôt après la partie méridio-
nale de la ville d'Ajaccio. En en sortant, il rencontre, comme on
l'a déjà dit, le trapézoédrique TI du système du mont Viso, et il
382 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
entre ensuite dans la Méditerranée en effleurant le bas-fond qui
termine la petite ligne des îles Sanguinaires.
On voit que, dans un parcours de 90 kilomètres seulement,
Yhexatétraédrique UaTTa rencontre en Corse beaucoup de points
définissables.
Comme le remarque M. Pomel, auquel est dû le choix de ce
cercle, «au point a situé près de Minorque, il croise à la fois les
et cercles du Forez, du Rhin, des Pyrénées, du Vercors et des Alpes
«principales. Il enclave et construit avec ce dernier cercle les Ba-
ccléares, en rasant leur bord méridional et coupant le cercle des
ce Alpes occidentales à sa sortie de Majorque. Rangeant ensuite les
adeux pointes S.-E. de l'Espagne, parallèlement à la côte algé-
rienne de Tenez à Nemours, il va croiser à Alboran l'octaédrique
crde Mulehacen. Il sort de la côte atlantique du Maroc vers Sapin,
rcen un point remarquable du réseau, puis il va renforcer le croi-
re sèment du cercle de Y axe méditerranéen avec le dodécaédrique des
ccAçores, pour tracer plus loin la direction des deux îles occiden-
tales des Canaries. Il entre en Amérique par la côte septen-
crtrionale du Brésil, près du golfe de Saint-Louis-de-Maranham,
«avec une direction très-voisine de celle reconnue par M. Pissis
«pour la Cordillère maritime de cet empire1.1»
Dans une direction opposée, ce même cercle traverse l'archipel
de l'île d'Elbe, en laissant au nord Pianosa, au sud Formica et
Monte-Cristo. Tracé sur la carte géologique de l'Italie par M. H.
de Collegno, il aborde la côte par Castiglione, qui forme saillie
au nord d'un espace couvert de terrain alluvial, laisse au sud le
mont Amiata, effleure le côté nord du lac Trasimène et entre
dans la mer Adriatique en passant un peu en dehors du promon-
toire jurassique d'Ancône, près duquel il coupe le primitif de l'Etna,
représentant du système du Ténare : c'est une des lignes remar-
quables de l'Italie.
1 Compte* rend**, l. XLVILp. 85a, aéance «lu ><i ppvowhro 1 858.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 383
Son intersection avec le cercle du Thiiringerwald s'opère en un
point remarquable du Danube, au-dessus de Belgrade. Après avoir
jalonné son cours à travers la Russie par une série de points im-
portants, tels que le coude principal du Dnieper et le coude du
Don le plus rapproché du Volga, il va traverser, dit M. Pomel, le
lac Balkach-Noor, et, devenant alors à peu près parallèle au système
de la Côte-d'Or, il peut revendiquer quelques-uns des accidents
orographiques de l'Altaï occidental.
J'ai fait connaître, au commencement de ce Rapport, la manière
dont M. Pomel a constitué le système de l'Erymanthe et du Mer-
moucha et l'âge relatif qu'il lui a assigné. Je ne puis maintenant
que renvoyer le lecteur à cet article. (Voir ci-dessus, page 9.)
Trapézoédrique TTbbc (système du Sancerrois).
Le cercle placé au vingt-deuxième rang dans le tableau des
1 83 intersections est le trapézoédrique TTbbc, représentant du sys-
tème du Sancerrois.
Ce grand cercle passe au point b situé près de Porto-Santo et
au point T situé dans la Russie méridionale, près d'Olviopol, ce
qui l'oblige à passer en même temps au point T situé en Chine,
près du cours supérieur du Kin-tcha-Kiang, au point b de Gilolo,
au point c qui tombe près de la Nouvelle-Guinée, non loin du cap
Walsh , ainsi qu'aux antipodes de ces cinq points. Il a pour pôles
les deux points où se coupent mutuellement les cercles auxquels
ces mêmes points appartiennent comme pôles, intersections qui
sont figurées dans le tracé de M. Laugel et qui tombent, la pre-
mière dans l'océan Austral, au nord de l'île du Prince-Edouard, et
l'autre dans l'océan Pacifique, au S.-O. de l'île Vancouver.
Le trapézoédrique TTbbc aborde la côte de la rivière de Gênes
par le cap del Mêle, dont il laisse la pointe au N.-N.-O. à 1 kilo-
mètre de distance. Il passe à 2 kilomètres au N.-N.-O. d'Oneglia, et
il coupe à l'ouest de cette ville le trapézoédrique T\a du système du
384 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Morbihan. Passant ensuite à 3 kilomètres au N.-N.-O. de San-
Remo, il rencontre à angle droit, à l'ouest de cette ville, le trapézoé-
driqueTi du système du mont Viso. Il se rapproche alors du littoral,
dont il coupe les anfractuosités rentrantes ou saillantes, en rasant
avec précision , soit au sud, soit au nord, les villes de Ventimiglia,
Monaco , Yillefranche et Nice , s'adaptant ainsi avec la plus grande
précision à la ligne d'escarpements calcaires qui mettent ces sites
privilégiés à l'abri des rigueurs de l'hiver.
Il franchit enfin le Var et passe à Cagnes, où, comme on l'a déjà
dit, il coupe en un seul et même point le primitif de la Nouvelle-
Zemble (système du Rhin), Yhexatétraédrique HaTTa, homologue
de celui dont nous venons de nous occuper, et son propre homo-
logue, le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla.
Pénétrant dans l'intérieur du département du Var, il s'engage
sur le terrain peu élevé, mais d'une composition très-complexe et
très-accidentée, qui est compris entre le pied des Alpes et les
montagnes de l'Esterel et des Maures, qu'il laisse entre lui et la
mer. Il s'y adapte à une foule de petits accidents orographiques
et hydrographiques dont j'indiquerai sommairement les princi-
paux.
Il coupe d'abord à peu près par son centre la masse de méla-
phyre de Riot. Il traverse ensuite le dépôt de muschelkalk situé
entre Grasse et Antibes, où il entre par le confluent de la Drague
et d'un ruisseau, et dont il sort, à Auribeau, par le confluent de
la Siagne et de la Rives.
Plus loin il traverse le granité qui s'élève au nord de l'Argen-
tière, le terrain houiller du Reyran, le muschelkalk de Ragnols,
le porphyre quartzifère qui forme plus au sud une longue crête,
et, remontant la vallée de l'Argens, il passe quatre de ses affluents
à des coudes ou à des confluents, et l'Argens lui-même à l'une
des inflexions les plus prononcées de son cours, près du Cannet.
Des Arcs au Luc il s'adapte approximativement à la limite du grès
bigarré et du muschelkalk, et il va couper l'Yssolle à i kilomètre
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 385
au nord de Flassans, dans le grand repli qui détourne vers le nord
sa vallée encaissée dans le muschelkalk.
Sur la rive gauche de cette rivière, il rencontre le Irapézoédrique
Ta du système du Yercors en un point déjà cité, qui tombe presque
rigoureusement sur la route de Nice à Aix.
Au delà du irapézoédrique Ta, le terrain que parcourt notre
cercle change subitement de caractère. Le muschelkalk ne s'y
montre plus qu'exceptionnellement, et la surface est presque tou-
jours formée par le terrain crétacé inférieur et plus rarement par
le calcaire jurassique.
Immédiatement après le point de croisement, notre cercle sort
du muschelkalk par un cap formé des deux autres terrains, et il
remonte la haute vallée de l'Yssolle qui y est creusée. Il passe de
nouveau trois fois cette rivière en des points plus ou moins carac-
térisés, le dernier de ces passages tombant au confluent de l'Ys-
solle et de l'un de ses affluents. Les deux cours d'eau prennent
naissance sur le relèvement assez circonscrit de muschelkalk de la
Roque-Brussanne, d'où ils ne peuvent s'échapper que par un défilé
de la ceinture crétacée, à l'entrée duquel ils se réunissent, et par
lequel passe aussi notre cercle, ce qui constitue une coïncidence
des mieux accentuées.
Plus loin, notre cercle coupe le Lay à son confluent avec le
Gapau. Le Gapau se forme par la réunion des eaux de plusieurs
grandes sources qui sortent du muschelkalk au pied de hautes
montagnes de terrain crétacé; de ces belles sources de Provence
dont les fontaines de Nîmes et de Yaucluse sont des exemples plus
connus. L'une d'elles, la plus orientale, fait tourner un moulin
à sa sortie du rocher, et ses eaux se réunissent immédiatement à
celles des autres sources pour tomber dans le Lay. C'est par cette
dernière que passe notre cercle, qui rencontre ainsi presque en
même temps une source importante et un confluent.
Poursuivant toujours son cours à travers des montagnes sem-
blables à celles d'où sort le Gapau et aux accidents desquelles il
Stratigraphie. a 3
386 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
s'adapte avec précision, le trapézoédriquc TTbbc rencontre Yhexatélrav-
drique Raa à côté de la route de Marseille à Toulon, au haut de la
descente conduisant à Sainte-Anne et au Beausset, point situé près
des sources de l'Haurrau , qui suit Yhexalélraédriqiie pour tomber avec
lui dans la baie de Bandol. Rasant encore le pied de la montagne
de Cereste et le fond de la baie de la Giotat, notre cercle entre
enfin dans la mer en coupant la montagne située à l'O. de ce port.
Tous ces accidents du sol de la Provence ont une netteté com-
parable, pour ainsi dire, à celle de son ciel, et notre cercle s'y adapte
avec une précision sur laquelle j'aurais pu insister davantage.
Dans la Méditerranée, au midi des Martigues, le trapézoédrique
TTbbc concourt, comme on l'a déjà dit, avec le diamétral Dac du
système du Forez et avec le diamétral De du système des Alpes
occidentales, à la formation d'un très-petit triangle, et plus loin il
rencontre encore Y hexatétraédriqtie Wbaab de Nontron. 11 traverse
tout le golfe du Lion, où il passe sur des eaux profondes dont il
côtoie grossièrement les limites, et il va aborder la saillie qu'y
forment les granités des Pyrénées orientales, au nord du cap de
Greus.
Il y entre par la petite anse située au S. du cap de Porbon,
situé en dehors de notre frontière, et coupe le massif granitique,
qui s'étend de Collioure à Roses, par sa partie la plus basse. Il en
sort par la pointe qui resserre les torrents dont les eaux réunies
vont arroser Perelada; il passe au confluent des deux branches
principales, et, immédiatement après, il traverse un autre torrent,
le Llobregat, précisément au point où ce dernier sort du granité
pour entrer dans les dépôts de transport.
Poursuivant son cours sur le terrain nummulitique, notre cercle
y coupe au N.-O. de Figuières, comme on l'a déjà dit, le trapézoé-
drique Tb du système de la Vendée. Il va ensuite raser au N.-N.-O.
une petite saillie de roches schisteuses, sorte de sentinelle avancée
des roches anciennes des Pyrénées, sur laquelle s'appuient le ter-
rain jurassique et le terrain fcrétacé inférieur. Passant à Besalu et
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 387
à Santa-Pau, il côtoie au S.-S.-E. le groupe des petits cratères
éteints de Castel-FoHit si bien décrits par M. de Billy. Il passe enfin
le Ter dans une de ses inflexions au-dessous de Ripoll , pour sortir
ensuite du cadre de la carte géologique de la France , après s'être
adapté aux accidents du sol de la pointe orientale des Pyrénées
avec la même netteté qu'à ceux de la rivière de Gènes et de la
Provence.
Dans sa prolongation vers le S.-O., notre cercle traverse l'Es-
pagne presque par son centre. Il en sort approximativement par le
cap Saint-Vincent, et, passant au point b près de Porto-Santo, il
effleure Madère au S.-E. en suivant le canal compris entre l'île
principale et les petites îles Disiertas.
Du côté opposé, il gagne le point T situé près d'Olviopol sur
le Bug en coupant les pointes septentrionales du golfe de Gènes
et de la mer Adriatique, comme il coupe le golfe du Lion. Sa pro-
longation vers l'Asie coupe de même les petits golfes septentrionaux
de la mer Caspienne près de l'embouchure de. la rivière Ural, et
plus loin la pointe septentrionale du lac Aral.
Ce cercle s'adapte donc heureusement aux grandes configura-
tions géographiques, en même temps que dans les détails, en France
particulièrement, il s'applique avec une grande précision aux acci-
dents de l'écorce terrestre. Il est à regretter que sa monographie
complète n'ait pas encore été faite, mais ce qui précède suffit pour
montrer qu'il représente une ligne naturelle très-bien jalonnée,
dont on ne pourrait l'écarter sensiblement sans gâter sa position.
Il nous reste à examiner s'il remplit toutes les conditions né-
cessaires pour être admis comme grand cercle de comparaison du
système du Sancerrois.
Le grand cercle de comparaison provisoire adopté dans la I\otice
sur les systèmes de montagnes pour représenter le système du San-
cerrois passait très-près de Remda. Cependant l'auteur n'a pas cru
devoir en chercher le représentant parmi les cercles du réseau qui
passent au centre du pentagone européen, parce que le grand
388 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
cercle de comparaison de ce système lui a semble'1 devoir être placé
beaucoup plus au sud. Les collines du Sancerrois, parfaitement
décrites par M. Raulin, paraissaient à l'auteur ressembler beaucoup
plus au bord qu'à l'axe central d'un système de montagnes1. D'après
cette considération, c'est parmi les cercles du réseau qui passent
vers les bords de la Méditerranée, qu'il a cherché le représentant
du système du Sancerrois.
Le trapézoédrique TTbbc, mené du point T sur le Bug au point b
près de Porto-Santo, fait avec le primitif de Saint-Kilda un angle
de 6o°hS' o"^S. En adoptant ce dernier cercle pour représenter
le système du Thùringerwald, on a fait subir au grand cercle de
comparaison provisoire de ce système un mouvement de i°9.5'iîo".
D'après le tableau page 856 de la Notice, l'angle Thiïringerwald-
Sancerrois est de 5o,° 7 k§'', mais, pour le rendre comparable au
précédent, il faut l'augmenter d'environ i°25'2o", ce qui le porte
à 6o°33'9"; la différence avec l'angle théorique est de o°i/i'5i"98.
c'est-à-dire tout à fait négligeable. On peut même en faire complè-
tement abstraction: en effet, M. Victor Raulin avait eu en vue d'as-
signer au système du Sancerrois une direction perpendiculaire à
celle du système du mont Viso; or les deux cercles que le réseau
fournit pour les représenter se coupent perpendiculairement aussi,
non pas, il est vrai dans l'intérieur de la France, mais sur les
côtes de la Méditerranée, près de San-Remo. Le trapézoédrique
TTbbc peut donc être admis comme représentant du système du
Sancerrois.
Quant au système du Sancerrois considéré en lui-même, tout ce
qui précède n'implique aucun changement à ce qui en a été dit
dans la Notice sur les systèmes de montagnes, page /119 et ailleurs.
(Voir la table de l'ouvrage.)
1 Notice, p. 1096.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 389
Bissecteur DH de Belle-Ile.
Le cercle inscrit au vingt-troisième rang dans le tableau des 1 83
intersections est le bissecteur DH, qui passe dans le voisinage de
Belle-Ile. Ce grand cercle est assujetti à passer au point D, centre
du pentagone européen, près de Remda, au point H de la mer de
la Chine et à leurs antipodes. H a pour pôles deux points b qui
tombent, l'un dans l'océan Pacifique au nord des îles Sandwich, et
l'autre dans l'océan Austral au sud de la colonie du Cap.
Le bissecteur DH de Belle-Ile entre dans le cadre de la carte
géologique de la France par le côté oriental. Il traverse le massif
basaltique du Vogelsberg et le massif schisteux du Nassau, et il
passe le Rhin à Kestert pour couper sur sa rive gauche le trapézoé-
drique Ta du système du Vercors.
Poursuivant son cours sur les terrains schisteux du Hundsruck,
où il coupe trois cours d'eau, chacun dans une inflexion, il traverse
la Moselle au N. de Senheim et d'Alff, dans un de ses remar-
quables méandres, où il la coupe trois fois dans l'espace de 5 kilo-
mètres. C'est une adaptation comparable à celle du trapézoédrique
'Ta au Rhin, mais avec cette différence cependant que de Trêves à
Coblentz la Moselle présente beaucoup d'autres méandres aussi re-
marquables que celui d'Alff, tandis que de Bingen à Bonn le Rhin
n'en présente qu'un seul qui soit bien prononcé, celui de Boppart
à Braubach.
Sur les terrains schisteux et triasiques de la rive gauche de la
Moselle, notre cercle coupe dix affluents de cette rivière, dont sept
à une des inflexions les plus prononcées de leur cours, ou à un
confluent, et il sort du bassin de la Moselle en suivant la crête
schisteuse qui sépare la vallée de la Sure de celle de l'Attert. Sur
cette crête, ainsi qu'on l'a déjà dit, pages 3oo et 337, il rencontre
en un seul et même point X hexatétraédrique Rau et le trapézoédrique
Tabc du système du Longmynd.
390 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
A l'extrémité de cette zone schisteuse, la plus méridionale de
l'Ardenne, le bissecteur DH rencontre la Yièvre et ensuite la Semoy
qui en reçoit les eaux et qui semble se jouer dans de nombreux
méandres, à tel point que notre cercle coupe six fois la même
vallée dans une étendue de 7 kilomètres.
Le bissecteur entre près de Chassepierre sur le lias et sur les
autres assises du terrain jurassique. Bientôt après il coupe la Ghiers
près du pont de Douzy, sur la route de Sedan à Verdun, et ensuite
la Meuse à 1 kilomètre au-dessus de son confluent avec la Chiers.
Il traverse obliquement la zone jurassique, où il s'adapte au pro-
montoire saillant d'Omont. Abordant le terrain crétacé par le
cap de Novy, il passe à la porte de Rethel, où il coupe l'Aisne
près du confluent du Bourgeron, et il en suit le cours légèrement
sinueux, pendant un assez long intervalle, dans lequel elle reçoit
plusieurs petites rivières, dont les confluents sont très-voisins de
notre cercle, particulièrement celui de la Suippe.
Après avoir coupé près d'Asfeld le trapézoédrique TI du système
du mont Viso, le bissecteur rase le cours de l'Aisne à Pontavaire, au
point où la craie disparaît et où la vallée s'engage dans les plateaux
tertiaires de l'Ile-de-France. Traversant la rivière à une dernière
sinuosité qui l'éloigné vers le nord, il poursuit son cours sur les
plateaux, rencontre bientôt la vallée de la Vêle qu'il traverse, à
Braine-sur-Vèle, dans une légère inflexion, et coupe encore plu-
sieurs petits cours d'eau tout près de leurs inflexions ou de leurs
confluents. Rencontrant enfin au midi de Senlis le trapézoédrique
TTbbc de l'Hécla, et au midi de Belloy le diamétral Y)ac du sys-
tème du Forez, il va passer l'Oise, près de Conflans-Sainte- Ho-
norine, au moulin de Fin-d'Oise, situé à 1 kilomètre au-dessus du
confluent de cette rivière avec la Seine.
Bientôt après, tronquant la pointe méridionale de la montagne
de l'Hautie, il passe la Seine à Triel, en côtoie quelque temps la \ al-
lée, coupe celle de la Vaucouleurs près de Gourgent, au confluent
des ruisseaux de Montchauvel cl <l<> Prunay-lé-Tempie, celle de la
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 391
Vesgre et celle de l'Eure près de la dernière inflexion que présente
chacune d'elles, avant de se réunir au-dessous d'Anet, que notre
bissecteur laisse à i kilomètre au N.-N.-O.
Entrant à Nonancourt dans la vallée de l'Aure, il s'y adapte
presque jusqu'à sa naissance, comme précédemment à celle de
l'Aisne, en coupant à Chennebrun le trapézoédrique TIa du système
du Morbihan. Il passe ensuite à la source de l'Iton et rase, au nord
de Saint-Ouen, l'une des principales sommités du Perche, élevée
de 2 5o mètres.
Il pénètre alors dans le bassin de la Sarthe ; il coupe cette ri-
vière à 2 kilomètres au-dessous du point où se réunissent ses prin-
cipaux affluents, et en suit le cours à distance jusqu'à la hauteur
d'Alençon. Passant à Essey, il côtoie au midi la terminaison des
crêtes de la foret d'Écouves et la masse allongée de porphyre quart-
zifère qui soulève et interrompt les quartzites, et pénètre dans les
terrains anciens par la pointe du golfe qu'y forment les calcaires
oolithiques de la plaine d'Alençon.
Notre cercle entre aussitôt dans un plexus compliqué de granité,
de gneiss, de schistes et de quartzites siluriens dans lequel vien-
nent se terminer les crêtes siluriennes des environs de Domfront,
et qui est comme le nœud de la structure géologique de la contrée.
Le bissecteur DH s'adapte avec précision à certains traits du tracé. Il
passe à l'extrémité de la crête de quartzite de Prez-en-Pail , dont il
laisse à 2 kilomètres vers le N.-N.-O. la cime principale , qui est élevée
de Û17 mètres et qui est le point culminant de la presqu'île de Bre-
tagne et même de toute la France occidentale au nord de la Loire.
Laissant à 2 5 kilomètres dans le S.-S.-E. les collines des Cœvrons,
dont la direction diffère peu de la sienne, il coupe à angle droit,
près du Ribay, comme on l'a déjà dit, le trapézoédrique Tb du sys-
tème de la Vendée, et il traverse la Mayenne dans la ville même
de ce nom, au confluent d'un ruisseau, après avoir rasé la pointe
méridionale de la masse de granité de Lassay et la pointe occi-
dentale du terrain silurien de la Chapelle.
392 RAPPORT SUR LES PROGRES
Au delà de Mayenne, le bissecteur s'adapte encore avec beaucoup
de précision aux contours des roches métamorphiques et de deux
masses de granité et au cours supérieur de la Vilaine , qu'il coupe
deux fois, à deux confluents. Passant ensuite à 1 kilomètre au nord
de Château-Giron, il s'adapte aux accidents de la vallée de la
Seiche et de ses affluents, et il coupe la Vilaine une troisième fois à
i kilomètres au-dessous du point de réunion des deux rivières. H
va enfin couper l'A ff au confluent qui se trouve au midi de Guer,
et, après avoir rencontré près de Reminiac 1 liexatétraédrique Wbaab
de Nontron, il coupe encore l'Oust au pont de Malestroit , à la
naissance de l'une de ses inflexions; de sorte que, dans tout le bassin
intérieur de la Bretagne, les différents cours d'eau que rencontre
notre cercle portent l'empreinte de son influence.
Traversant ensuite les zones granitiques et schisteuses du Mor-
bihan, il coupe la rivière d'Auray et celle de Crach, chacune à
son principal embranchement; il passe à a ou 3 kilomètres au
nord des célèbres monuments celtiques de Carnac, et il entre dans
l'Océan à la naissance de la presqu'île de Quiberon. Il laisse à
16 kilomètres dans le S.-S.-E. la pointe septentrionale de Belle-
Ile, dont on ne lui a donné le nom que comme moyen commode
de désignation.
Dans l'Océan, il traverse les Açores en passant à 26 kilomètres
en dehors de la pointe S.-O. de San-Miguel et en laissant les îles
de Santa -Maria et de Formigas à une distance plus considérable
encore dans le S.-O. 11 aborde enfin le continent américain par
le littoral de la Guyane, et, passant au point H situé dans les
plaines du Béni, il traverse les Audes dans le nœud de Couzco et
entre dans l'océan Pacifique par les côtes du Pérou.
Du côté opposé, le bissecteur DH, traversant au delà du Vogels-
berg les plaines Iriasiques où coulent la Fulda et la Verra, aborde
le Thûringerwald par le point où le porphyre micacé de M. Ber-
nard Cotta se ramifie près de Bernbach. et, d'après la belle carte
du sa\anl professeur de géologie de Freiberg, il le traverse en
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 393
coupant ou en effleurant plusieurs hautes montagnes de porphyre
quartzifère, notamment le Schiitzenberg, élevé de 913 mètres. Il
rentre ensuite sur le muschelkalk et le grès bigarré, et, passant à
certains angles de leurs contours, arrive au point D, centre du
pentagone européen, près de Remda.
Tracé au delà de Remda sur la carte géologique générale de la
Saxe au ^~0, par M. le professeur G. -F. Naumann, publiée sous
la direction de l'Académie des mines de Freiberg, notre cercle
poursuit son cours sur le muschelkalk et le grès bigarré, et il va
couper l'Elster à Géra, puis la Pleisse à Rara, dans les parties de
peu détendue où lune et l'autre rivière coulent sur le zechstein.
Plus loin, il passe au confluent de la Zwick-Mulde et de la rivière
de Chemnitz, en s'adaptant, à Gôhren, à un accident des contours
du granité et du granulite, et, traversant le massif de granulite
situé au nord de Mittweida, il en sort en coupant la petite masse de
serpentine de Greifendorf. Il coupe enfin la Freib-Mulde un peu
au-dessus de Nossen, au point où le granité et le micaschiste se
terminent dans les grauwackes.
Traversant le massif de granité qui s'étend vers Meissen, il passe
TElbe dans l'inflexion qui l'amène à Nieel, et il poursuit son cours
au nord de Bautzen en suivant d'une manière générale la limite
presque indécise suivant laquelle le granité, la grauwake et la for-
mation à lignites disparaissent sous le terrain erratique. Dans les
plaines de la Pologne, notre cercle traverse la Vistule au-dessus de
Varsovie, près du confluent de la Pilica, et ensuite les marais de
Pinsk en suivant à peu près la ligne du Prypet. Son cours dans ces
contrées et dans l'intérieur de l'Asie, dont il sort par l'empire d'An-
nam pour passer au point H de la mer de la Chine, n'a pas encore
été étudié.
Il mériterait de l'être, !car, ainsi qu'on vient de le voir, le bissec-
teur DH s'adapte, depuis les côtes de Bretagne jusqu'en Pologne, à
une foule d'accidents de la surface terrestre qui, sans être très-con-
sidérables, le jalonnent cependant avec netteté. Rien ne démontre
39/» RAPPORT SUR LES PROGRÈS
néanmoins, quant à présent, l'existence d'un système de montagnes
dont il pût être le grand cercle de comparaison, et il semblerait être
du nombre des cercles qui ne sont dessinés sur la surface du globe
que par l'effet des lois de la symétrie.
Hexatétraédrique Hbaab (système des Alpes principales)
Le cercle inscrit au vingt-quatrième rang dans le tableau des
1 83 intersections est X hexatétraédrique Hbaab, représentant du sys-
tème de la chaîne principale des Alpes, du Valais en Autriche.
Ce grand cercle, qui est l'homologue de Y hexatétraédrique Hbaab
de Nontron, dont nous nous sommes occupé ci-dessus, page 2 1 2 , va
du point a voisin de Minorque au point a qui tombe en Turquie
au sud de Nissa. D'après les conditions de la symétrie pentagonale,
il passe en même temps au point b qui tombe dans l'océan Atlan-
tique, près de l'île de Porto-Santo, au point b situé dans le Da-
ghestan, près de Derbend, et au point H de la mer de la Chine,
ainsi qu'aux antipodes de ces cinq points.
Lî hexatétraédrique Hbaab est perpendiculaire au primitif de l'Etna
(système du Ténare) , et il a pour pôles les deux points où ce cercle
est coupé simultanément par les deux bissecteurs 1H et les deux bis-
secteurs DH auxquels les points a et b appartiennent comme pôles.
Ces intersections quintuples sont très-exactement figurées dans le
tracé de M. Laugel, l'une dans l'océan Austral, à 10. de l'île du
Prince-Edouard, et l'autre dans l'océan Pacifique, au S. de l'Amé-
rique russe.
Il aborde le cadre supplémentaire de la carte géologique de la
France, dans lequel se trouve la Corse, par le côté oriental, et il
traverse seulement la pointe méridionale extrême de cette île. Il
tronque vers le sud, de 1 à 2 kilomètres, le petit massif granitique
du cap Capricciolo, qui serait une île à part s'il n'était réuni à l'île
principale par le dépôt pliocène très-plat sur lequel se trouve la
ville de Bonifacio, qui reste à 2 kilomètres au N.-N.-O. Notre
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 395
cercle laisse au sud la petite île del Gavallo et les autres écueils
granitiques qui rendent dangereuse la navigation des bouches de
Bonifacio, aussi bien que l'île granitique d'Asinara, qui se rattache
à la Sardaigne.
A l'entrée orientale du détroit, il coupe le trapézoédrique TI du
système du mont Yiso, et il va passer au point a situé dans les
parages de Minorque.
Dans la Méditerranée, notre cercle longe les côtes septentrionales
de Minorque et de Majorque, qui sont les parties les plus mon-
tueuses de ces îles. Il laisse à 1 1 kilomètres de distance le pied de
la chaîne qui, à Majorque, joint le cap Formenton au cap Drago-
nera, chaîne à l'axe de laquelle il est à peu près parallèle.
Il aborde l'Espagne entre le cap San-Antonio et l'Albufera de
\ alence, à peu près par l'embouchure du Jucar, et, passant dans les
montagnes qui séparent le royaume de Murcie de la Manche, il re-
monte la vallée de la Segura pour descendre ensuite le Guadali-
mar. Il atteint le Guadalquivir au coude qu'il forme au-dessus
d'Andujar, et vers lequel convergent tous les torrents de la par-
tie orientale de l'Andalousie. Laissant les deux villes d'Andujar et
de Séville à to ou 12 kilomètres au N.-N.-O., il suit la belle et
large vallée qui sépare les dernières pentes de la Sierra-Morena
de celles de la Sierra-Nevada, et, pénétrant dans l'océan Atlan-
tique entre l'embouchure du Guadalquivir et celle de la Guadiana,
il se dirige vers le point b voisin de l'île de Porto-Santo. Traversant
ensuite lîle de Madère, il va aborder l'Amérique méridionale par
les côtes de la Guyane et passer au point H situé dans les plaines
du Béni, pour couper les Andes dans le nœud de Gouzco et entrer
dans l'océan Pacifique par la côte du Pérou.
Dans la direction opposée, Yhexatétraédrique Hbaab aborde l'Italie
par la côte de l'Etat pontifical, entre Ostie et Gività-Vecchia. Il
passe à 7 kilomètres au N.-N.-O. de Borne et traverse le Tibre à
2 kilomètres au-dessus du confluent du Teverone, dont il rase en-
suite l'inflexion principale au-dessus de \ icovaro. Il coupe oblique-
396 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ment les Apennins, en laissant, à Alba le lac Fucino à U kilomètres
au sud, et il franchit la Pescara au-dessus de Pepoli, presque exac-
tement à son confluent avec la rivière de Sulmona.
Traversant ensuite l'Adriatique, il laisse à i3 kilomètres seule-
ment au sud l'îlot de Pelagosa, la plus septentrionale des petites
îles qui s'avancent vers l'E.-N.-E. au nord du promontoire de Monte-
Gargano. Il rase la pointe S.-E. de Meleda, la plus méridionale des
îles qui bordent la côte de la Dalmatie, devenue célèbre, il y a
quelques années, par la fréquence des tremblements de terre qui
l'agitaient II entre enfin sur la terre ferme, près du port de Malfi,
situé un peu au nord de Raguse, et il traverse l'Herzégovine, en
passant approximativement à la forteresse de Trebigne.
Dans l'intérieur de la Turquie d'Europe, Xhexatélraédrique ïïbaab,
assujetti à passer au point a au S.-E. de Nissa, traverse la Bulgarie
en côtoyant le pied septentrional des Balkans, et passe un peu au
nord de Schumla et de Varna, pour entrer dans la mer Noire en ra-
sant au sud le cap Gulgrad. On voit par là que la chaîne des Balkans
est moins isolée qu'elle ne le paraît dans l'Europe méridionale; car
elle est la continuation d'une série de traits orographiques que
notre cercle côtoie depuis l'Océan jusqu'à la mer Noire en les laissant
tous un peu au sud : la Sierra-Nevada de Grenade, les montagnes
septentrionales des îles Baléares, les montagnes septentrionales de
la Sardaigne, auxquelles on peut ajouter les sept collines de Rome
et le plateau sous-marin qui sans doute sert de base à l'îlot de Pe-
lagosa et à ceux qui l'accompagnent. Il suffit de continuer à suivre
notre cercle pour voir que cette crête Interrompue est située dans
le prolongement de celles du Caucase et de l'Himalaya.
Entrant dans la mer Noire un peu au sud du cap Gulgrad, Xhexa-
lélraédriquc llbaab, dont la direction est ici à peu près de l'E. à
l'O., la traverse dans sa plus grande longeur et à peu près dans
son milieu. Il en sort au pied oriental du Caucase, et, pour atteindre
le point b situé dans le Daghestan, à l'extrémité opposée de cet
imposant groupe de montagnes, il suit à peu près la ligne des cimes
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 397
culminantes d'origine récente et volcanique l'Elbruz, le Kasbek
et le Pasinta.
Au delà de la mer Caspienne, il traverse le Turkestan en effleu-
rant, au sud de Boukhara, les sinuosités du cours de l'Amou-
Déria, et il aborde le grand massif montagneux de l'Asie centrale
dans la région où se réunissent l'Hindoo-Coosh, le Bolor et le
Kuen-lun.
Tracé sur la carte géologique de l'Inde par M. Greenough, il
traverse les gneiss et les granités du Kaufiristan, où il rencontre
obliquement les chaînes de Kotul-Lahori et des Laram-Mountains.
Il y coupe , près de leurs sources , les affluents de la rivière de Kabool ,
qui, suivant à peu près sa direction, se jette dans l'Indus au point
où les eaux de ce fleuve sortent des terrains cristallins pour entrer
dans les terrains sédimentaires du versant méridional de l'Himalava.
L'hexatétraédrique Hbaab, ainsi qu'on l'a dit précédemment,
page 89, franchit l'Indus à sa sortie des gorges profondes dans
lesquelles ce grand fleuve, se détournant vers le S.-O., traverse
la chaîne granitique, et non loin de son point d'intersection avec
le àodécaédrique régulier du Spitzberg et du lac Supérieur. Il s'engage
alors dans la partie centrale de la chaîne et se dirige vers les sources
de l'Indus en formant la corde de la courbe peu flexueuse, sauf
le coude de Karakorum, que décrit ce fleuve depuis sa naissance,
et en suivant une direction presque parallèle à plusieurs longues
sections des parties supérieures de son cours.
Parcourant dans sa longueur la partie médiane de l'Himalaya
qui retient au nord le haut Indus, notre cercle coupe la rivière
Jailum au coude qu'elle forme à sa sortie de la vallée de Kashmir,
qu'il laisse en grande partie au nord. Plus loin, il pénètre dans la
vallée du Chenab, qu'il remonte jusqu'aux sources de cette rivière,
en côtoyant le pied méridional de la crête qui sépare ses affluents
de ceux de l'Indus. Entrant ensuite dans les vallées tributaires de
celle du Sutledje, il suit encore la même crête, dans le prolonge-
ment de laquelle il passe au mont Purguil, élevé, d'après M. Grée-
398 RAPPORT SUR LES PROGRES
nough, de 22,700 pieds anglais (6,919 mètres). Cette crête cen-
trale, derrière laquelle se trouve la source de l'Indus, s'interrompt
à plusieurs reprises pour donner passage à des affluents d'un ordre
secondaire. Elle est presque exactement parallèle au cours supérieur
du Sutledje, pris dans son ensemble, depuis sa naissance jusqu'au
point où, se détournant subitement, comme le fait plus à l'ouest
l'Indus, il se dirige vers les plaines du Punjab par les défilés sau-
vages dont Victor Jacquemont a donné une si saisissante description.
Cette même crête aboutit au lac Rawan-Hrada , d'où sort le Sutledje,
et que notre cercle traverse pour couper immédiatement après le
lac sacré de Manasarawar, d'où sort le Sanpoo, autre grande ri-
vière qui coule dans une direction peu différente de celle du Sut-
ledje, mais dans un sens opposé, pour aller se jeter dans le
Brahmaputra. Dans la vallée de cette dernière rivière, non loin
de son origine, notre cercle coupe simultanément, comme on l'a
dit précédemment, page 100, Yoctaédrique du lac Baïkal et de ïîle
du Prince-Edouard et un dodécaédrique rhomboïdal. C'est là, pour ainsi
dire, le cœur des montagnes comprises entre l'Inde et la Chine.
Vheœatétraédrique Hbaab s'adapte avec une remarquable préci-
sion aux traits fondamentaux de la structure orographique de tout
l'Himalaya occidental. Il laisse au S.-S.-O., à 80 ou 100 kilomètres
de distance, la ligne des hautes cimes neigeuses qu'on admire des
plaines du Bengale, et qui comprend les colosses du Jawahir,
2 2,385 pieds anglais (6,823 mètres), et du Dhawalagiri, 27,500
pieds anglais (8,383 mètres); mais il laisse au N.-N.-E. d'autres
montagnes moins connues, quoique plus hautes encore peut-être,
telles que celles de Karakorum. Il laisse de même au N.-N.-E.,
à environ 90 kilomètres de distance, le Kunchinjunga , élevé de
28,178 pieds anglais (8,617 mètres).
Dans tout l'intervalle depuis l'Hindoo-Coosh jusqu'au Dhawala-
giri, Yhexatétraédriquellbaab présente un parallélisme général avec
les limites des différents terrains figurés sur la carte de M. Gree-
noiigh. A TE. du Dhawalagiri, la direction semble changer et se
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 399
rapprocher de la ligne E.-O., ce qui éloigne de notre cercle le
massif de l'Himalaya oriental, qui parait former un système à part.
Laissant à l'écart cette masse divergente, Y hexatétraedrique se rap-
proche des plaines, mais en passant encore aux points culminants
de trois massifs granitiques, dont l'un est élevé de 2/1,000 pieds
anglais (y,3 1 5 mètres), et qui, bien que liés à l'Himalaya oriental,
se trouvent, en fait, dans la prolongation des crêtes intérieures de
l'Himalaya occidental situées entre l'Indus et le Sutledje. On peut
ajouter que le massif granitique du Kunchinjunga, tel qu'il est des-
siné sur la carte de M. Greenough, présente des formes qui per-
mettraient de le rattacher encore à l'Himalaya occidental aussi bien
qu'à l'Himalaya oriental. Ces différentes circonstances tendent à
prouver que les directions de l'Himalaya occidental et de l'Hima-
laya oriental se coupent sans se confondre.
U hexatétraedrique Hbaab sort ainsi de l'Himalaya, après y avoir
cheminé pendant un intervalle de 2,000 kilomètres (5oo lieues),
en formant la ligne médiane d'une zone de moins de 100 lieues
ou ûoo kilomètres de largeur, qui renferme les cimes les plus
élevées de la terre, et en restant constamment en harmonie avec
la structure orographique et géologique de cette énorme chaîne ,
telle qu'elle est figurée sur la belle carte de M. Greenough. Je re-
grette de n'avoir pu le tracer encore sur les cartes qui représen-
teront le résultat des mémorables voyages de MM. Schlagintweit.
En sortant des régions élevées de l'intérieur, notre cercle côtoie
la vallée du San-Kosi, qui tombe dans le Gange près du point où ce
fleuve se détourne vers le sud, et il entre dans les plaines au dé-
bouché de la vallée du Teesla, qui va se jeter dans le Brahmaputra
au milieu du delta commun des deux fleuves.
Traversant les grandes plaines où se mêlent les alluvions du
Gange, du Brahmaputra et de leurs affluents, Y hexatétraedrique
Ubaab coupe le Brahmaputra au confluent du Machoo, et, sur la
rive gauche de ce fleuve, il atteint l'extrémité orientale de la chaîne
des Garrow-Hills. Là, comme on l'a vu précédemment, page 102,
/,00 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
il coupe simultanément l' oclaédrique des Garrow- Hills, un dodécaé-
drique rhomboïdal, un bissecteur IH et le trapézoédrique TDè du sys-
tème du Finistère. En passant à ce croisement quintuple, de
même qu'au croisement triple signalé ci-dessus dans la vallée du
Sanpoo, notre cercle prend part à deux des coïncidences qui mettent
le plus vivement en lumière l'adaptation du réseau pentagonal à la
structure de l'Inde.
Uhexatélraédrique Rbaab parcourt ensuite la presqu'île orientale
de l'Inde, et, poursuivant son cours dans les îles de la Sonde et
dans l'hémisphère austral, il traverse Bornéo, Celèbes, la Nou-
velle-Hollande et la Nouvelle-Zélande, en présentant, d'après le
tracé de M. Laugel, toutes les apparences d'une adaptation pré-
cise, qui toutefois ne le rattacherait pas à des accidents géologiques
comparables en importance à ceux qui viennent de nous occuper.
Mais le temps et l'espace me manquent pour en compléter ici la
monographie. Je me contente d'avoir constaté que, depuis Madère
jusqu'au Brahmaputra, il est en parfaite harmonie avec les plus
grands traits orographiques de l'ancien continent, qu'il y rencontre
comme points de repère des montagnes colossales, et que, dans les
parties où les détails de la topographie sont bien connus, il est
jalonné par les éléments du relief terrestre avec autant de précision
qu'aucun autre des cercles que nous avons étudiés.
Il nous reste à examiner si ce cercle, si largement appuyé sur
les accidents orographiques et géologiques, remplit les conditions
nécessaires pour être adopté comme grand cercle de comparaison du
système de la chaîne principale des Alpes.
L'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes avait adopté,
page 5 76, ipour grand cercle de comparaison provisoire du système de
la chaîne principale des Alpes un cercle partant d'un point M situé
dans la Méditerranée, à 12 lieues environ au nord de Minorque,
par lat. &o°3i'38" N., long. i°52'i6" E. de Paris, et orienté en
ce point vers l'E. i6°25'i7"N. Le point M avait été pris à des
distances égales du mont Blanc et d'un certain point I de i'Algé-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 401
rie l. Ce choix, qui paraissait satisfaire à beaucoup de convenances,
était cependant arbitraire, ainsi qu'on Ta remarqué page 668 de
la Notice, et permettait un déplacement ultérieur.
Le point a voisin de Minorque tombe lui-même dans la Médi-
terranée, par lat. ko°?>§'il\'tt et long. 30a3'/i"36 E. de Paris;
c'est-à-dire à environ un degré et demi à l'est du point M et
presque sous la même latitude2. De là il résulte que le grand cercle
de comparaison provisoire , partant du point M avec l'orientation E.
i602 5'i7" N., passe au nord du point a. 11 coupe le méridien du
point a par 6o°5i'3o" de lat. N., ou à o°i2'i5"/i5 au nord de a;
distance très-petite et qui peut être considérée comme négligeable
pour notre objet : de sorte que, si l'on fait partir le grand ceixle de
comparaison du point a, le déplacement sera insignifiant, et, par
conséquent, les convenances générales qui ont fait choisir le point M
continueront à être observées 3.
Au point où il coupe le méridien du point a, le grand cercle de
comparaison provisoire est orienté vers l'E. 1 5° 2 5' ih" 3 1 N. Si donc,
parmi les cercles auxiliaires du réseau qui passent au point a, on
en trouve un qui ait à peu près cette orientation , il pourra repré-
senter le système de la chaîne principale des Alpes.
Or du point a part précisément Y hexatétraédrique Hbaab, qui
fait avec le primitif de la Nouvelle-Zemble un angle de 5Zr°2o/t2".
Le primitif étant orienté au pointa, d'après le tableau page io4i de
la Notice, vers le N. i8°52'/i5"83 E., Y hexatétraédrique Ubaab est
lui-même orienté en ce point vers le N. 73°2i'57"83 E. , ou, ce
qui revient au même, vers l'E. i6°38,2//i7 N. H s'écarte par con-
séquent, vers le nord, de l'orientation du grand cercle de comparai-
son provisoire de î ° 1 2 ' 3 6" 8 6 .
Cette différence, en elle-même peu considérable, serait de
moins d'un degré si l'auteur s'en était rapporté uniquement aux
observations faites en Afrique par M. Renou; elle s'élèverait à un
1 Notice, p. 574. — ' Notice, p. 1112. — 3 Notice, p. 573 à 576.
Stratigraphie. 26
A02 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
degré et demi s'il s'en était tenu à l'ensemble des observations et
des essais graphiques par lesquels il avait cherché depuis longtemps
à déterminer la direction du système de la chaîne principale des
Alpes1. D'un autre côté, il avait indiqué plus anciennement en-
core, pour représenter ce même système2, un grand cercle mené
du milieu de l'empire de Maroc au nord de l'empire des Birmans,
et les observations de M. Newbold l'avaient ramené à considérer de
nouveau ce cercle, qui, sous le méridien du point a, déclinerait
vers le N. de l'E. d'environ i°2o' de plus que X hexatétraédrique
Wbaab.
On voit donc que ce dernier cercle est compris, quant à son orien-
tation, dans les limites, éloignées de moins de 3°, entre lesquelles
ont oscillé les tâtonnements successifs de l'auteur, et il y a d'autant
moins lieu d'hésiter à l'adopter comme représentant du système des
Alpes principales, que sa position sur la surface du globe paraît
répondre parfaitement à toutes les convenances auxquelles doit
satisfaire le grand cercle de comparaison de ce système.
L'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes faisait remar-
quer, page 58^, qu'un grand cercle passant par la cime du Dha-
walagiri et par la cime du Kasbek ou du Pasinta aboutirait à peu
de distance du cap Saint-Vincent, extrémité des montagnes des
Algarves et pointe S.-O. de l'Europe. On déterminerait aisément,
ajoutait-il, un grand cercle qui passerait à moins de 2 5 kilomètres
du Dhawalagiri, du Kasbek et du cap Saint-Vincent; et ce grand
cercle ne différerait du grand cercle de comparaison provisoire partant
du point M que d'une quantité insignifiante et dont il est presque
toujours impossible de répondre dans une détermination de ce
genre. Tous les accidents strati graphiques et orographiques que
nous avons rapportés au système de la chaîne principale des Alpes
s'y rattacheraient, continuait-il, avec une exactitude et une symétrie
étonnantes, bien propres à montrer que le hasard n'a pas seul
1 Notice, p. il 16. — * Notice, p. 667.
DE LA STRATIGRAPHIE" EN FRANGE. 403
présidé à la distribution des chaînes de montagnes sur la surface
du globe *.
Ces réflexions peuvent s'appliquer, et même avec plus de force
encore, à ïhexatétraédrique Hbaab. Il laisse, à la vérité, le Dhawa-
lagiri et le cap Saint-Vincent à plus de 2 5 kilomètres de distance ,
mais il ne s'en harmonise pas moins avec l'ensemble orographique
dans lequel ces deux points, de même que le Kasbek et le Pasinta,
ont leurs places naturelles. Il passe plus près que l'autre cercle du
point de départ M voisin de Minorque, et il est beaucoup mieux
jalonné par les accidents orographiques que ne pourrait l'être au-
cun des cercles que donnerait le tâtonnement indiqué, cercles qui,
au surplus , seraient tous très-voisins de Xhexatétraédrique Hbaab.
Quant au système des Alpes principales considéré en lui-même,
l'adoption comme grand cercle de comparaison de Xhexatétraédrique
Hbaab n'introduit aucun changement à ce qui en a été dit dans la
Notice sur les systèmes de montagnes, page 662 et ailleurs. (Voir la
table de l'ouvrage.)
Je dois seulement rappeler ici que c'est pendant la rédaction de
la Notice sur les systèmes de montagnes que l'auteur a séparé du sys-
tème de la chaîne principale des Alpes celui de l'axé volcanique de
la Méditerranée. Jusque-là, et par conséquent dans une grande
partie du cours de l'ouvrage, il les avait réunis en un seul; mais il
avait employé successivement pour ce système deux grands cercles de
comparaison provisoires différents, l'un allant du milieu de l'empire
de Maroc au nord de l'empire des Birmans 2, l'autre partant des
parages de Minorque et se dirigeant vers l'E. 160 25'i7"N.3 Ces
deux grands cercles régularisés par la symétrie pentagonale sont
devenus, l'un le dodécaédrique rhomboïdal, axe volcanique de la Mé-
diterranée, qui passe aux portes de Carthage, et l'autre Xhexaté-
traédrique Ubaab, qui passe aux portes de Rome. (Voir ci-dessus,
p. 168 et 395.)
1 Notice, p. 583. — * Notice, p. 648. — ' Notice, p. 576.
a6.
im RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Trapézoédrique TDi (système du Finistère).
Le cercle placé au vingt-cinquième rang dans le tableau des
i 83 intersections est le trapézoédrique TD&, représentant du sys-
tème du Finistère.
Ce grand cercle est assujetti à passer au point T qui tombe dans
l'océan Atlantique, à l'est de l'île de la Trinité, et au point D,
centre du pentagone européen, situé près de Remda, en Saxe;
condition qui l'assujettit à passer aussi au point h situé dans la
Grande Boukliarie, près de la ville de Samarkande, ainsi qu'aux
antipodes des trois premiers points. Il a pour pôles les intersec-
tions communes des trois grands cercles auxquels ces six points
appartiennent comme pôles, intersections qui sont figurées dans le
tracé de M. Laugel, et qui tombent, l'une dans l'océan Austral,
au sud de la colonie du Cap, près du banc du Télémaque , et l'autre
dans l'océan Pacifique, au nord des îles Sandwicb.
Le trapézoédrique TD& entre dans le cadre de la carte géolo-
gique de la France par le côté oriental. Traversant d'abord les ba-
saltes du Vogelsberg, d'où il sort par la dentelure que détermine
dans leur contour la vallée de Griinberg, il passe la Lahn au-
dessus de Weilburg, à l'entrée de l'un de ses principaux méandres,
et, cheminant sur les terrains schisteux du Nassau, il rase au midi
le district basaltique du Westerwald.
Après avoir coupé le trapézoédrique Ta du système du Vercors,
il effleure, vers le midi, les remparts d'Ehrenbreitstein et de Co-
blentz, passe le Rhin précisément à l'endroit (mal placé sur le
tableau d'assemblage) où ce fleuve s'engage entre les deux forte-
resses, à 1 kilomètre au-dessus du confluent de la Moselle, et la
Moselle elle-même au point où sa vallée, jusque-là fort encaissée,
soH des coteaux du terrain schisteux pour entrer dans le bassin
alluvial de Coblentz.
Pénétrant directement dans les parties les plus élevées de l'Eifel ,
DE LA STRATIGRAPHIE EiN FRANGE. 405
où il s'adapte avec beaucoup de précision aux accidents des cours
d'eau , notre cercle passe à 2 kilomètres au sud de Mayen , en lais-
sant au nord les petits cratères et les coulées de laves qui avoi-
sinent cette ville et tous les produits volcaniques qui entourent le
lac de Laach. Plus loin, il traverse la Kyll, à l'une de ses inflexions
les plus prononcées, et il passe à 1 kilomètre au nord de la ville de
Gerolstein, en laissant à peu de distance au nord les petits volcans
et le gîte fossilifère qui en portent le nom. Passant ensuite à 2 kilo-
mètres au midi de Prum, il s'adapte à l'une des principales in-
flexions de la rivière du même nom , et va couper le Irapézoédrique
Tabc du système du Longmynd en un point déjà cité, page 3 3 7, qui
tombe dans la vallée de l'Our, au sommet de l'un de ses princi-
paux méandres.
Poursuivant son cours à travers l'Ardenne, le Irapézoédrique TD6
coupe au S.-E. de Houffalize, comme on Fa déjà dit, page 3oo,
Y hejcalétraédrique Haa, et s'adapte ensuite à une section assez
étendue de la vallée de l'Ourt, dont il se sépare à l'une de ses in-
flexions les plus prononcées. Il laisse à 1 kilomètre au nord la ville
de Saint-Hubert, et, s'adaptant toujours approximativement, dans
ces parties élevées de l'Ardenne, aux accidents des cours d'eau, il
entre sur le territoire français en rasant au sud la sommité des
Haies-d'Hargnies , élevée de Û92 mètres, et au nord celle de la
Grande-Croix, qui en a £90. Il traverse le cours de la Meuse au
milieu des méandres qu'elle forme aux environs de Laifour et de
Revin, où des veines porphyriques ont été observées dans les
schistes l, méandres à la suite desquels elle se détourne subite-
ment vers le nord. Passant ensuite à une faible distance au midi
de la ville de Rocroy, élevée encore de 386 mètres, il sort de
la région ardoisière, entre Maubert-Fontaine et Signy-le-Petit, en
coupant les premiers affluents de la Sormonne , qui se jette dans la
Meuse à Charleville.
1 Explication de la carte géologique île la France, p. 2 58.
406 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Il entre alors dans le bassin de l'Oise, où plusieurs cours d'eau
suivent à peu près sa direction, et, après avoir coupé, au midi de
Vervins, le trapézoédrique TI du système du rnont Viso, il passe à
Lugny, près du confluent de la Brune et du Vilpion. Bientôt après
il traverse l'Oise au nord de la Fère, à U kilomètres au-dessus du
confluent de la Serre, où la craie disparaît au-dessous des terrains
tertiaires.
Coupant ensuite le canal de Grozat, par lequel la navigation
franchit le faîte qui sépare l'Oise de la Somme, il parcourt dans sa
longueur, au nord de Ghauny et de Noyon, la région des lignites
soissonnais. Il en sort près de Maignelay, et rencontre sur la surface
de la craie le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla et le diamétral Dac du
système du Forez.
Il traverse ensuite la protubérance démantelée du pays de Brav,
où il rase avec précision, à Hodenc-en-Bray, l'extrémité dénudée
de la voûte jurassique qui en forme le noyau. H en sort par l'une
des principales déchirures de son flanc méridional, en coupant
l'Epte à Neuf-Marché, au point où le terrain crétacé inférieur s'en-
fonce sous la craie, combinaison analogue à celle du diamétral De
du système des Alpes occidentales, sortant du cirque allongé qui
entoure le mont Blanc par la déchirure de Gourmayeur, où il
passe la Doire-Baltée.
Le trapézoédrique TD6, traversant les plateaux élevés de la forêt
de Lyons, coupe ensuite, à Menesqueville, au point où elle forme
un coude en recevant un ruisseau, la petite rivière de Lieurc en-
caissée dans la craie. La Licure est un affluent de l'Andelle, dont
notre cercle rencontre la vallée à Fontaine-Guérard, pour la suivre
jusqu'au point où elle s'unit à celle de la Seine, au pied de la
côte des Deux-Amants. Ici la Seine prend la direction de l'An-
delle, qu'elle conserve jusqu'à Elbeuf, après avoir, dans l'inter-
valle, reçu l'Eure au-dessus du Pont-de-1'Arche. A Elbeuf, où
passe notre cercle, la Seine forme un crochet très-aigu, et, réflé-
chie par les falaises de craie dTOrival, elle revient sur elle-même
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 407
jusqu'à Oissel, retour qui forme le commencement de la magnifique
série de méandres qui conduit le fleuve jusqu'à la mer.
L'Eure et la Seine prenant la direction de l'Andelle rappellent
l'Hl et le Rhin prenant, aux environs de Strasbourg, la direction de
la Bruche (voir ci-dessus, p. 370), tandis que notre cercle, qui
suit cette direction commune de Fontaine-Guérard à Elbeuf sur
une longueur de 27 kilomètres, et qui, dans cet intervalle, ren-
contre deux confluents de rivières et deux villes d'une certaine im-
portance, joue un rôle analogue à celui que joue, à Strasbourg, le
trapézoédrique Te du système du Hundsriïck. Mais ici le phénomène
a quelque chose de plus frappant, parce que les vallées sont pro-
fondément creusées dans la craie, dont il est naturel de supposer
que l'aflbuillement a été dirigé par quelque disposition stratigra-
phique de la craie elle-même dérivant des accidents stratigra-
phiques beaucoup plus anciens du système du Finistère. Quoi
qu'il en soit de cette hypothèse, notre cercle s'adapte ici à une
forme hydrographique bien caractérisée, qui lui fournit un repère
des plus remarquables.
Il faut ajouter qu'il passe, à peu de distance du pont de l'Arche,
près de l'entrée du tunnel de Tourville, dans lequel le chemin de
fer de Paris au Havre franchit le cap crayeux que la Seine con-
tourne à Elbeuf. Au delà d'Elbeuf, notre cercle passe la Rille près
du Bec-Hellouin, et ensuite la Touques un peu au-dessus de Li-
sieux, à 1 kilomètre environ du confluent de la rivière d'Orbec.
En s'éloignant de Lisieux, le trapézoédrique TD6 remonte le
vallon que suit le chemin de fer de Paris à Cherbourg, et il passe
à l'entrée orientale du souterrain de la Motte, par lequel la voie
ferrée traverse le seuil élevé qui sépare la vallée de la Touques de
celle de la Vie. Sur le bord de cette dernière rivière, près du con-
fluent d'un ruisseau , notre cercle , comme on l'a vu ci-dessus , p. 2 5 o ,
rencontre le trapézoédrique TIa du système du Morbihan, au pont-
viaduc du Mesnil-Mauger. Côtoyant quelque temps le chemin de fer,
1 passe la Dives à une petite distance du pont-viaduc situé près de
408 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
l'ancienne abbaye de Sainte-Barbe, au-dessus de Mézidon, qui a
été, dit-on, autrefois, un passage de rivière fortiGé. Plus loin, con-
tinuant son cours sur la plaine de calcaire oolithique, il passe le
Laison à Vieux-Fumé ( Vaclum Fumii) , qui fut aussi , à l'époque gallo-
romaine, un passage de rivière stratégique. Il coupe la Laize à
Urville, dans un angle très-prononcé de sa vallée, déterminé par
les accidents du terrain paléozoïque dans lequel son fond est creusé,
et il quitte le terrain calcaire en passant l'Orne à Harcourt, au
point où, d'après l'excellente carte géologique du Calvados par
M. de Caumont, cette rivière commence à former un méandre en
sortant des quartzites siluriens.
Sur la rive gauche de l'Orne, notre cercle traverse obliquement
la bande de terrain silurien qui s'étend de Falaise à Coutances. Il
y passe sur la bruyère du Plessis-Grimoult, où il laisse auN.-N.-O.,
à 2 kilomètres de distance, le mont Pinçon, point culminant du
département du Calvados, élevé de 35g mètres. Il y coupe près de
Montchauvet, comme on l'a vu précédemment, page 286, le tra-
pézoédrique Tb du système de la Vendée, et il en sort en passant la
Vire un peu au-dessous de la Graverie, c'est-à-dire au point où sa
vallée s'engage dans le terrain silurien. Cette réunion de circons-
tances forme une combinaison très-déterminée , qui constitue pour
notre cercle un repère bien caractérisé.
Le mont Pinçon étant le point le plus élevé du Bocage du Cal-
vados, en même temps que la Haie-d'Hargnies et la Grande-Croix
sont les points les plus élevés de TArdenne française, on comprendra,
par un coup d'œil jeté sur la carte, que le trapézoédrique TD6, en
joignant ces deux proéminences, représente, sinon la partie la plus
étroite, du moins l'un des traits caractéristiques de l'étranglement
qui divise en deux parties le grand bassin secondaire dont Paris
et Londres sont les deux centres. (Voir \" Explication de la carte géo-
logique de la France, t. II, p. 5 90.)
Continuant son cours sur les schistes antésiluriens, notre cercle
rase le promontoire granitique de Cherencé, effleure le terrain silu-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 409
rien de Villedieu, et pénètre dans la baie du Mont-Saint-Michel,
en entamant, sur une profondeur de 1 à 2 kilomètres, le massif gra-
nitique qui aboutit à Garolles.
Il aborde la Bretagne par la pointe de Cancale. Cette pointe,
dont le côté oriental est formé de schistes métamorphiques, et le
côté septentrional de syénite, a un noyau granitique terminé en
pointe vers le N.-E., dont M. Dufrénoy a dessiné le contour avec
beaucoup de soin. Notre cercle passe à la pointe de ce noyau gra-
nitique et en suit avec précision la limite septentrionale. Il arrive
ainsi à Saint-Malo, et il rase l'enceinte de cette ville au S.-S.-E.
du côté qui regarde Saint-Servan.
De Saint-Malo à Saint-Brieuc la côte est formée de roches an-
ciennes de natures diverses, dont les configurations se rattachent
principalement à la direction du système du Hundsriick. Notre
cercle s'adapte cependant à plusieurs des anfractuosités de leurs
contours, et au midi de Saint-Brieuc il s'identifie avec la limite du
granité et du schiste antésilurien. Pénétrant dans le massif grani-
tique de Quintin par son angle oriental, il en côtoie intérieurement
la lisière S.-S.-E. Il coupe à l'O.-N.-O. de Quintin, sur la ligne de
faîte du granité, Xhexatélraédrique Ubaab de Nontron, et il en sort
par son extrémité O.-S.-O. au pied de la montagne schisteuse de
Kergrist, élevée de 3oi mètres.
Entrant alors dans le bassin silurien et dévonien de la rade de
Brest, où coulent la rivière d'Aune et ses affluents, notre cercle
traverse la ville de Garhaix et s'adapte à quelques accidents hydro-
graphiques dont le détail nous retiendrait trop longtemps. Il sort
du bassin par le seuil peu élevé que traverse la route de Brest à
Quimper, en passant entre les extrémités des chaînes de natures
et de directions différentes des montagnes Noires et de Grozon. Il
en marque la limite commune, à peu près comme le primitif de
la Nouvelle-Zemble marque celle qui sépare l'Esterel et les Maures
de la côte de Nice et de Monaco.
Le trapézoédrique TDb, effleurant ensuite l'extrémité S.-E. de la
MO RAPPORT SUR LES PROGRES
baie de Douainenez, entre dans la presqu'île granitique qui aboutit
à ia pointe du Raz et à la chaussée de Sein. La structure de cette
presqu'île porte l'empreinte d'un système différent de celui du
Finistère. Cependant notre cercle, qui y traverse les deux villes de
Douainenez et de Pont-Croix, et qui s'y adapte aux extrémités et
aux inflexions de plusieurs masses minérales, montre, par la ma-
nière dont il s'harmonise avec certains traits orographiques et hy-
drographiques, qu'il n'est pas étranger à l'accidentation de la con-
trée. Il entre enfin dans l'océan Atlantique par la pointe granitique
qui termine au S.-E. l'anse du Loch.
Dans l'Océan, notre cercle traverse l'archipel desAçores en ra-
sant ou effleurant les îles de Terceire, de San-Jorge et de Pico,
c'est-à-dire en touchant trois des neuf îles principales qui le com-
posent, condition qui ne peut être remplie que suivant des direc-
tions comprises dans des zones assez étroites, et nulle part dans
un espace aussi restreint.
Dans une étendue de 7/1 kilomètres, notre cercle coupe d'abord
les bas-fonds qui entourent Terceire en touchant les roches Serreta,
qui, d'après les cartes de Y Hydrographical Office, sont à h kilomètres
et demi au N.-O. de la pointe du même nom; puis il tronque de
k kilomètres et demi l'extrémité S.-E. de San-Jorge, en passant
à la naissance de la pointe Yinhas et au pied S.-O. de la montagne
élevée de 558 mètres qui en est voisine; et il rogne enfin de 3 ki-
lomètres la pointe S.-E. de l'île de Pico, où il laisse en dehors le
dernier des petits cratères qui s'y élèvent en grand nombre.
Dans l'intervalle entre Terceire et San-Jorge, notre cercle coupe
le bissecteur III qui, comme on l'a vu page 197, suit le long canal
qui divise les Açores en deux groupes, et rase, à une faible distance,
sans la toucher, l'extrémité orientale de San-Jorge. Cette combi-
naison a beaucoup de ressemblance avec celle à laquelle donnent
lieu dans les Pyrénées, comme on l'a vu pages a6o et 363 , In dia-
gonal \b au système du mont Serrât et le hnapézoédrique Tube du
système du Longmynd.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 611
Il passe ensuite au point T situé à TE. de l'île de la Trinité,
atteint les côtes de l'Amérique méridionale dans le delta de l'Oré-
noque et se prolonge dans l'intérieur de la Guyane, au milieu de
roches cristallines et schisteuses qui ne sont pas dépourvues d'ana-
logie avec celles de la Bretagne. Coupant enfin la chaîne des Andes,
au nœud de Pasco, près des sources de l'Amazone, il entre dans
l'océan Pacifique, un peu au JN. de Lima.
Du côté opposé, au delà du Vogelsberg, le Irapézoédriqae TDb
traverse les plaines de trias de la Hesse , en coupant la Fulda et la
Verra, chacune à une inflexion de son cours. Il aborde ensuite le
Thùringerwald par la sinuosité que déterminent dans son contour
le Stillerstein et une autre montagne de porphyre quartzifère.
D'après la carte de M. Bernard Cotta, il rase au nord et au sud,
vers le milieu de ce groupe montagneux, les deux cimes porphy-
riques presque jumelles du Donnershang, élevé de 906 mètres, et
du Greifenberg, élevé de 913 mètres, et il en sort au débouché
de la vallée de la Wilde-Gera. Traversant ensuite les plateaux tiïa-
siques, il atteint près de Remda le point D, centre du pentagone
européen.
Continuant son cours sur le trias, il passe la Saale à Kahla et
coupe le petit lambeau isolé de muschelkalk qui existe sur sa rive
droite. Tracé sur la carte géologique générale de la Saxe à l'échelle
de 3 ; B)0 0 „ par M. le professeur C.-F. Naumann, il passe l'Elster un
peu au-dessus de Zwolzey, où elle sort du terrain de schiste argi-
leux et effleure sur sa rive droite la pointe du lambeau de grès
rouge qui s'y avance vers le sud. Au-dessus de Gôssnitz, il coupe la
Pleisse en rasant sur ses deux rives les contours de plusieurs lam-
beaux de grès rouge et d'une protubérance schisteuse. Au-dessous de
Waldenburg , il atteint la Zwick-Mulde dans une de ses principales
inflexions, et pénètre, par l'un de ses angles les plus prononcés,
dans le grand massif de granulite (leptymite). Il s'adapte, au N. de
Kôthensdorf, sur une longueur de 6 kilomètres, à une partie du
cours de la rivière de Chemnitz, comprise entre deux inflexions
M2 RAPPORT SUR LES PROGRES
presque rectangulaires; il entre par l'un de ses angles dans la bande
de micaschiste qui entoure le granuîite, et il va couper enfin la
Zschopau au-dessous de Frankenberg, en un point où le granité, le
grunstein et le schiste argileux s'enchevêtrent d'une manière com-
pliquée.
Notre cercle rencontre encore de petites masses isolées de gra-
nité et de grunstein, et entre bientôt après, par l'un des angles de
sa ceinture de micaschiste, dans la grande masse de gneiss de Frei-
berg. Il passe à h kilomètres au N. de ce glorieux berceau de
l'art des mines, et il coupe la Freib-Mulde un peu au-dessus de
l'inflexion qu'elle éprouve à Halsbriicke.
Entrant sur le quadersandstein à Nieder-Schona , il s'adapte avec
certains détails précis aux contours des masses de porphyre quarl-
zifère des environs de Tharand , et, effleurant encore quelques masses
isolées de porphyre, de schiste, de granité, notamment le promon-
toire granitique qui s'avance, à Lockwitz, au milieu du pliinerkalk,
il passe l'Elbe au-dessus de Pilnitz, pour raser, à 1 kilomètre de
distance, l'extrémité méridionale des granités de sa rive droite.
Plus loin, il s'associe, à Liebethal et au-dessus, au cours de la
Wesnitz, qui coule dans le quadersandstein, et il entre enfin dans
la grande masse granitique de la Lusace, où il passe à Neusalza, et
dont il sort, à un kilomètre au N. de Bernstadt, par l'un des angles
rentrants de son contour.
Pénétrant alors par le bassin tertiaire de Gôrlitz dans la basse
Silésie, il s'y adapte encore à certains massifs de gneiss et de ter-
rains schisteux. Au-dessous de Liegnitz, il s'ajuste approximative-
ment à une partie du cours du Katzbach et ensuite à la partie du
cours de l'Oder qui vient à la rencontre de cette rivière au-dessous
de Breslaw, suivant la même direction. 11 joue ainsi, par rapport à
ces deux rivières, un rôle analogue à celui qu'il joue à Pont-dc-
l'Arche relativement à l'Andelle et à la Seine.
Traversant les plaines de la Pologne, notre cercle coupe la Vis-
tule près de l'inflexion qu'elle présente en s'éloignant, au-dessous
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 413
de Pulawy, des terrains crétacés. Il passe le Dnieper au-dessus de
Kiew, au confluent du Pripet, et, traversant les steppes de la Russie
méridionale, il va côtoyer une partie assez étendue du cours du
Don. Ce fleuve ne s'en sépare qu'au point où il tourne brusquement
vers le sud, en approchant du Volga, dans lequel il évite ainsi de
tomber. Notre cercle joue encore ici, par rapport au Don, un rôle
analogue à celui qu'il joue à Revin, par rapport à la Meuse, et à
Elbeuf, par rapport à la Seine.
Il effleure les contours septentrionaux de la mer Caspienne en
passant à l'embouchure de la rivière Ural, et il coupe à l'E. de
cette rivière, comme on l'a déjà dit, page 92, le dodécaédrique ré-
gulier de la mer Caspienne et de la terre Graham, au point où celui-ci
est coupé par le trapézoédrique TTbbc du système du Sancerrois.
Franchissant ensuite l'Ousl-Ourt et traversant le lac Aral à peu
près par son milieu , le trapézoédrique TD& parcourt les régions peu
connues de l'Asie centrale pour arriver par le haut Thibet dans les
parages de l'Inde.
Tracé sur la carte de M. Greenough, il coupe la grande rivière
Sanpoo à A5o kilomètres à TE. de ses sources, et il pénètre dans
les parties orientales de l'Himalaya, en côtoyant parallèlement, sur
une longueur de 100 kilomètres, une vallée d'une direction ano-
male contenant un grand lac dont M. Greenough ne donne pas le
nom. S'adaptant à certains accidents remarquables des rivières que
la carte figure, il traverse le massif du Kunchinjunga, dont il laisse
la cime à 33 kilomètres seulement dans le N.-E.
Sortant des montagnes par l'ouverture dune vallée qu'il suit
jusqu'à sa rencontre avec celle du Machoo , et traversant le Brah-
maputra, il va passer, à l'extrémité occidentale des Garrow-Hills,
au point de croisement déjà cité, pages 1 02 et ûoo, où il coupe si-
multanément Yoctaédrique des Garrow-Hills, un dodécaédrique rhom-
bûïdal, un bissecteur IH et Yhexatétrardrique Rbaab du système des
Alpes principales.
Plus loin, dans l'empire des Birmans, notre cercle côtoie, à
MA RAPPORT SUR LES PROGRÈS
26 kilomètres de distance, la longue chaîne couronnée, d'après la
carte de M. Greenough, par le Blue-Mount, élevé de 1 ,706 mètres,
et il coupe l'Irawady dans la région des sources de bitume.
Passant entre Siam et Bangkok, il sort enfin de l'Indo-Chine
en côtoyant avec précision le littoral N.-E. du golfe de Siam, bordé
d'une multitude d'îles, et en tronquant légèrement la pointe du
Cambodge, où se trouve le port de Comao. Abstraction faite de
cette pointe basse, le massif du Cambodge, dont notre cercle
suit la côte le plus nettement dessinée, forme pour l'ancien con-
tinent la pointe opposée à la Bretagne, et le trapézoédrique TD&,
qui joint ces deux pointes, en évitant toute autre nappe d'eau que
le lac Aral et une lisière de la mer Caspienne, en forme l'un dès
plus grands diamètres.
Au delà de la mer de la Chine, notre cercle traverse l'île de
Bornéo dans sa partie la plus large, du cap Tanjong-Dattoo à l'île
Poulo-Laut. Il sort de la mer de Java en coupant l'île Comodo entre
Sumbawa et Flores, puis l'île Sandalvood, et il passe au point T
situé au S.-E. de cette dernière, à l'antipode du point T voisin de
l'île de la Trinité.
Traversant ensuite la Nouvelle-Hollande, de la terre de Witt au
cap Hawe, et la partie méridionale de la Nouvelle-Zélande, il va
passer au point D, antipode de celui qui tombe en Saxe, près de
Bemda.
Ce grand cercle, dont on peut suivre le cours dans le tracé de
M. Laugel, présente, tant dans l'ancien continent que dans l'Amé-
rique méridionale et dans l'Australie, une somme d'arcs terrestres
d'environ 160 degrés, c'est-à-dire aussi grande et môme plus con-
sidérable que le primitif de Lisbonne, qui était jusqu'ici le plus fa-
vorisé sous ce rapport parmi les cercles que nous avons examinés
(voir ci-dessus, p. 1 By). Son cours mériterait d'être étudié partout
avec autant de détail qu'en France, en Allemagne et dans les Açores,
car partout il paraît en harmonie avec les configurations géogra-
phiques des contrées qu'il traverse.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 415
Dans celles où il a pu être suivi sur des cartes d'une précision
suffisante, il s'est trouvé jalonné avec la plus grande netteté par
des accidents orographiques ou géologiques de nature variée. C'est
donc une ligne naturelle des mieux caractérisées , et il est du nombre
des cercles qu'on ne pourrait déplacer que de quantités très-peu
considérables sans gâter complètement leur position.
Il nous reste à examiner si ce cercle, parfaitement appuyé sur
la charpente terrestre, remplit les conditions nécessaires pour être
admis comme grand cercle de comparaison du système du Finistère.
D'après la Notice sur les systèmes de montagnes (p. 101), le grand
cercle de comparaison provisoire du système du Finistère passait à
Brest, où il était orienté vers l'E. 2i°/i5' N., et, par suite, un peu
au nord du point D, centre du pentagone européen , près de Remda,
mais à une distance assez petite pour qu'il fût naturel d'en cher-
cher le représentant parmi les cercles auxiliaires qui se croisent au
point D. Or le trapézoédrique TD#, qui va du point D près de Remda
à un point T qui tombe dans l'océan Atlantique, un peu à l'E. de
1 ile de la Trinité, et qui est l'homologue exact des cercles TDb déjà
adoptés pour représenter les systèmes des ballons et des îles de
Corse et de Sardaigne, fait avec le primitif représentant du système
du Ténare1 un angle de 8 5° 3 6' £0/ ^h. Le grand cercle de com-
paraison provisoire du système du Finistère fait de son côté , d'après
le tableau page 858 de la Notice, avec celui du système du Ténare,
qui n'est autre chose que le même primitif, un angle de 86° 32' ko".
La différence est de o° 5 5' 5 0*2 5.
Cette différence d'environ 56 minutes pourra être considérée
comme négligeable, si l'on remarque que, pour fixer l'orientation
du grand cercle de comparaison provisoire, on a dû prendre la moyenne
d'orientations données en nombres ronds, 20 à 25 degrés, 25 à
3o degrés, 3o degrés, etc. Il n'y a d'ailleurs aucune raison péremp-
toire pour faire passer le grand cercle de comparaison du système du
1 Notice, p. io56.
M6 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Finistère par Brest plutôt que par Douarnenez, où passe notre tra-
pézoédrique TY)b. Par conséquent, le trapézoédrique peut être admis
comme grand cercle de comparaison du système du Finistère, et il con-
vient d'autant mieux pour représenter un système d'une date géolo-
gique très-reculée, que non-seulement en France et en Allemagne,
mais dans les Guyanes, l'Indo-Ghine, l'île de Bornéo, etc., il traverse
des contrées peu élevées, formées en partie de roclies primitives,
dont i'accidentation est probablement fort ancienne.
Quant au système du Finistère considéré en lui-même, tout ce
qui précède n'implique aucun changement à ce qui en a été dit
dans la Notice sur les systèmes de montagnes, page 9/1 et ailleurs. (Voir
la table de l'ouvrage.)
Trapézoédrique Tb (système du Tatra).
Le cercle placé au vingt-sixième rang dans le tableau des
i83 intersections est le trapézoédrique Tb, représentant du système
du Tatra.
Ce grand cercle est assujetti à passer par le point T situé dans
l'océan Atlantique, au N.-E. de la Guadeloupe, et par le point b
placé dans la Daghestan, vers l'extrémité orientale du Caucase,
ainsi que par les antipodes de ces deux points. Il a pour pôles les
points d'intersection du dodécaédrique rhomboïdal et du bissecteur DH,
auxquels ces quatre points appartiennent comme pôles, intersec-
tions qui sont figurées dans le tracé de M. Laugel et qui tombent,
l'une dans l'océan Austral, au S.-S.-O. du cap de Bonne-Espérance,
et l'autre dans l'océan Pacifique, au S.-E. des îles Aloutiennes.
Ce trapézoédrique Tb entre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté oriental, en suivant la crête rocheuse du
Leistkamm qui domine la côte septentrionale du lac de Wallen-
stadt. Il traverse la vallée qui joint ce lac à celui de Zurich, et il
coupe le primitif de la Nouvelle-Zemble en un point déjà cité,
page 3 1 8 , qui tombe sur le bord même du canal. La position de
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. hil
ce point est remarquable, dune part en ce qu'il se trouve au dé-
bouché naturel et au point de concours de la vallée du lac de Wal-
îenstadt et de la vallée de Glaris, et de l'autre en ce qu'il marque
le fond d'un golfe formé par les plaines de la basse Suisse pé-
nétrant dans les montagnes, ou bien, ce qui revient au même, le
point de départ d'une des saillies par lesquelles la région monta-
gneuse empiète sur la plaine vers le nord par échelons successifs.
Après avoir dépassé le canal de la Linth, le trapézoédrique T6
suit approximativement le côté méridional du golfe dont on vient
de parler, en s'adaptant à une foule de localités célèbres à juste
titre, parmi les touristes, en raison des accidents pittoresques qui
s'y dessinent ou des vues splendides dont le panorama s'y déploie.
Il passe d'abord au pied septentrional de la petite montagne d'Hirzli,
d'où l'œil domine à la fois les deux lacs de Wallenstadt et de Zu-
rich. Il coupe, près d'un confluent, le puissant torrent de l'Aa , dont
le delta rétrécit, au-dessus de Lachen, le lac de Zurich; puis la
Sihl dans un méandre où elle reçoit le torrent de Willenzell; puis
l'Àlpbach à 1 kilomètre au-dessous du célèbre monastère d'Einsie-
deln. Il effleure au-dessus d'Unter-Egeri le charmant lac d'Egeri, et
il coupe le lac de Zug par le cap de Risch, le plus septentrional
des caps montueux qui en décorent la rive occidentale. Plus loin, il
coupe la Reuss à l'inflexion que présente son cours un peu au-
dessous du pont de Gislikon; il effleure la pointe méridionale du
lac de Sempach, rase près de Willisau, de Hutwyl, de Lueg, de
Vynigen, le pied du massif de l'Entlebuch, couronné par le mont
Napf, et coupe la grande Emme à Kirchberg, le dernier point de ses
rives auquel on ait appliqué le nom de montagne.
Dans tout cet intervalle notre cercle marque à peu près la limite
septentrionale delà Suisse pittoresque, sauf le Jura, qui forme au
nord et au nord-ouest un massif à part. Mais la ligne des sommités
subalpines n'atteint pas le Jura, k partir de la colline de Lueg, que
notre cercle laisse à 3 kilomètres au sud, elle se détourne brusque-
ment vers le S.-O. et va gagner les bords du lac de Genève entre
Stratigraphie. 27
M8 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Lausanne et Morges. Le Lueg forme ainsi, à peu de chose près,
l'angle saillant de l'un de ces échelons successifs par lesquels la
région montueuse empiète sur les plaines situées au nord. Notre
cercle, qui en marque le bord septentrional, coupe un peu à l'E. de
Willisau, comme on la dit précédemment, p. 327, le diamétral De
du système des Alpes occidentales, qui, passant approximativement
au mont Napf et au Niesen, forme à peu près l'axe de cet éperon
montagneux.
En Suisse, dans le plus grand nombre des cas, le trapézoédrique
Tb n'est pas parallèle à la direction des couches, mais quelquefois
il le devient accidentellement d'une manière très-marquée. On peut
remarquer sur la carte géologique de la France, où figure une
grande partie de la Suisse, que, depuis le canal de laLinth jusqu'à
Einsiedeln, notre cercle côtoie parallèlement, à 3 kilomètres de dis-
tance vers le nord, la ligne de démarcation, gravée depuis long-
temps, du terrain nummulitique et du terrain de nagelfluhe et de
mollasse miocène. Sur la belle carte géologique de la Suisse par
MM. B. Studer et Escher de la Linth, on voit que notre cercle est
sensiblement parallèle, dans l'intervalle dont nous parlons, non-
seulement à cette même limite, mais aussi aux différentes bandes
formées par les assises redressées du terrain crétacé , du terrain num-
mulitique et du flysch, du nagelfluhe polygénique, du nagelfluhe
calcaire et de la mollasse d'eau douce inférieure. Pour les trois der-
niers dépôts surtout la direction parallèle à notre cercle est ici locale
et accidentelle , mais on la retrouve , accidentellement aussi , en beau-
coup de points de l'intérieur de la Suisse, dans un grand nombre
de crêtes, de vallées, de couches redressées, notamment dans le
massif du Stockhorn ] et dans plusieurs sections des lignes anticli-
nales et synclinales habilement tracées par M. Studer. En dehors de
ces directions spéciales et de celles qui se rapprochent de l'orien-
tation du système du mont Seny, on voit prédominer les directions
1 Notice, p. 4 g5.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. M9
propres aux systèmes des Alpes occidentales et des Alpes princi-
pales; mais des commotions aussi énergiques que celles qui ont
façonné le Tôdi, la Jung-Frau, les Diablerets , etc. etc., ayant dû
renouveler souvent les fractures du sol inférieur, on ne peut ja-
mais s'étonner de voir apparaître en Suisse la direction de tel ou
tel système de montagnes d'une origine même très-ancienne.
Pour revenir au trapézoédrique Tb, ce cercle, après avoir passé la
grande Emme à Kirchberg et Alchen-Fluhe, parcourt les terrains
presque plats de la dépression subjurassienne et traverse le lac de
Bienne en laissant l'île de Saint-Pierre à 1 kilomètre environ dans
le nord. Il aborde le Jura en rasant au sud le village de Gressier,
et il coupe l'éperon que couronne le Chaumont dans une légère
dépression où il laisse la cime de cette montagne à environ 1 kilo-
mètre dans le sud. Il entre alors dans le Vallengin ou val de Ruz,
où, comme on l'a déjà dit, page 3i 2 , il coupe le trapézoédrique Ta
du système du \ ercors. Le point d'intersection tombe sur le bord
même du Seyon, torrent du val de Ruz, qui passe à Vallengin.
Le val de Ruz est occupé par un dépôt de mollasse miocène
qui, n'étant séparé de la plaine de la Suisse que par un seuil ju-
rassique peu élevé, peut être considéré comme un golfe pénétrant
dans le massif du Jura. Le point de croisement dont nous venons
de parler, en tombant vers le fond de ce golfe, réalise une combi-
naison comparable à celle du croisement qui, comme on l'a vu ci-
dessus, tombe sur le bord du canal de la Linth, au fond d'un autre
golfe miocène.
Avant de sortir du val de Ruz, le trapézoédrique Tb passe au vil-
lage de Fontaines, accompagné au N.-O. du village de Fontaine-
Melon, deux noms qui signalent les points où se font jour dans ce
bassin les eaux contenues dans les fissures des montagnes calcaires
qui le circonscrivent.
Notre cercle aborde ensuite ces montagnes presque à l'entrée du
tunnel dans lequel s'engage le chemin de fer qui conduit à la
Chaux-de-Fond. Il franchit obliquement les crêtes voisines de la
37.
/iâO RAPPORT SUR LES PROGRÈS
frontière, et, comme on l'a déjà dit, page 3 h 8, il va couper le bis-
secteur DH du système du mont Seny, à l'E.-S.-E. de la Grand-
Combe, près de l'extrémité d'un relèvement de l'étage oolithique
inférieur dont il marque la terminaison.
Traversant alors les plateaux intérieurs du Jura, dans une partie
assez monotone, notre cercle s'y adapte à quelques accidents oro-
graphiques dont j'omets le détail. Je me borne à dire qu'il laisse
au nord, à environ 1 kilomètre de distance, le beau cirque coral-
lien au fond duquel coule la source de la Loue, puis au sud, à
moins de 1 kilomètre, le village de Sept-Fontaines , et qu'il passe à
Nans, à 2 kilomètres au nord de la source du Lison, source magni-
fique dont les eaux en paraissant au jour donnent le mouvement
à une usine. Elles sortent d'une vaste caverne creusée dans le cal-
caire corallien, et leur sortie paraît déterminée par un relèvement
de l'étage oolithique inférieur, du lias et des marnes irisées, dont le
centre se trouve à Nans même, sur le cours du trapézoédrique Tb.
Ce grand cercle est donc accompagné, dans toute la traversée
du Jura, par un cortège de grandes sources et de fontaines qui
n'ont rien de thermal, mais dont la concentration près d'une même
ligne annonce l'existence sur cette ligne d'accidents stratigraphiques
particuliers.
Les cinq sources les plus considérables et les plus célèbres du
Jura sont celles du Lison, de la Loue, du Doubs, celle du Des-
soubre, près de l'ancienne abbaye de Consolation, et celle de
l'Orbe, dont les eaux proviennent visiblement du lac de Joux.
Nous venons de voir que le trapézoédrique Tb passe approximative-
ment aux deux premières; nous avons vu, page 3/i8, que le bissec-
teur DH du système du mont Seny passe aussi très-près de la
source du Doubs. Les sources du Dessoubre et de l'Orbe ne se rat-
tachent à aucun des cercles que nous étudions, mais il n'est pas
posé en principe que toutes les grandes sources, non plus que
toutes les hautes montagnes, doivent se trouver sur les cercles du
réseau pentagonal. Les unes et les autres s'y trouvent fréquem-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 421
ment, et souvent aussi elles se trouvent seulement sur leurs paral-
lèles.
Toujours est-il que les sources de la Loue et du Lison sont pour
notre cercle deux repères approximatifs remarquables.
Poursuivant son cours vers l'ouest, il en rencontre bientôt un
nouveau. H côtoie au nord une déchirure ramifiée qui entame çà
et là les marnes irisées et qui aboutit à Salins et à Mouchard, en
passant lui-même au mont Poupet, élevé de 853 mètres, qui, vu
des plaines de la Bresse , se présente comme un château fort placé
sur le bord monotone du Jura. Rien de comparable n'existe jusqu'à
une grande distance de part et d'autre. C'est le jalon indicateur
d'un accident stratigraphique particulier.
Le mont Poupet, placé dans l'angle obtus que présente vers le
N.-O. le contour extérieur du Jura, marque le passage de notre
cercle, mais il se rattache aussi à un point de croisement remar-
quable.
A U kilomètres au delà de sa cime, à Aiglepierre, au pied occi-
dental du mont Poupet, le trapézoédrique T6 coupe simultanément,
ainsi qu'on l'a déjà vu, pages 278 et 3oi, le trapézoédrique Tl du
système du mont Viso et Yhexatétraédrique Haa. Par l'effet d'une
combinaison toute particulière, le croisement des cercles se trouve
au sommet d'un petit golfe du terrain pliocène de la Bresse, qui
entame l'angle obtus formé en ce point par le contour général du
Jura. Ce point d'intersection triple s'adaptant à un point doublement
caractérisé, et le point d'intersection du val de Ruz tombant de
même au fond d'un golfe qui forme une dentelure dans le contour
oriental du Jura, constituent une adaptation nettement accentuée
du réseau pentagonal à l'ensemble du groupe montagneux.
Le Jura, dans son intérieur, ne présente pas de crêtes continues
qui affectent la direction du trapézoédrique Tb, mais il est terminé
vers le nord par la chaîne du Lomont ou du mont Terrible, cou-
ronnée par la Roche-d'Or mentionnée plus haut, pages 3i2 et
3/» 8, et cette chaîne lui est très -sensiblement parallèle dans son
422 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ensemble1. On peut en dire autant de la chaîne du Lagernberg,
qui s'étend de Regensberg à Baden, à Schinznach, etc. De même
que les Pyrénées , ces chaînes sont placées à côté du grand cercle
de comparaison du système auquel elles appartiennent, et ce der-
nier est surtout jalonné par des points placés sur sa direction en
vertu des lois de la symétrie pentagonale.
Au delà du point de croisement d'Aiglcpierre, le trapézoédrique
Tb entre dans la plaine de la Bresse en effleurant les extrémités
des bandes de terrain triasique et de terrain jurassique qui se
terminent près de Montmalin, et il suit le côté méridional du petit
golfe pliocène qui pénètre jusqu'au pied du mont Poupet. C'est
une combinaison comparable à celle qui a été signalée ci-dessus ,
près du point de croisement du canal de la Linth, et l'analogie est
d'autant plus grande que la profonde échancrure qui met au jour
les marnes irisées en se dirigeant vers Nans joue, dans le cas
actuel, un rôle semblable à celui que joue, près du croisement de
la Linth, l'échancrure que remplissent les eaux du lac de Waï-
lenstadt.
Dans la Bresse, notre cercle rencontre le Doubs (mal tracé sur
le tableau d'assemblage) au point où il s'infléchit à angle droit
près du Petit-Noir, et, sauf les écarts de quelques méandres, il
suit, sur 3o kilomètres de longueur, le cours de cette rivière et
celui de la Saône qui s'y réunit et le continue, jusqu'au point où
la Saône, à son tour, se détourne à angle droit pour couler vers
Châlon. Le confluent se trouve dans cet intervalle, près de la ville
de Verdun-sur-Saône, qui est bâtie dans l'angle formé par les
deux rivières, et dont notre cercle rase les quais à moins d'un kilo-
mètre de distance. Cette adaptation à une longue direction fluviale
et à un confluent important rappelle celles qui ont été signalées
plus haut à Strasbourg et à Pont-de-1'Arche.
Notre cercle, au sortir de la Bresse, aborde au nord de Rully le
1 Notice, p. tig'i et 1099.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. Wl'à
plateau de calcaire oolithique inférieur qui prolonge ceux de la
Côte-d'Or, et va couper les marnes irisées dans la vallée de la
Dheune, au point où elles disparaissent, comme on l'a dit ci-dessus,
page 269, sous les couches du lias dont sont formés les flancs de
la vallée et où tombe l'intersection du Irapézoédrique TTbbc de
l'Hécla et de notre cercle.
Ce dernier entre ici dans la contrée accidentée à très-petit point,
déjà signalée page 269, entre Arnay-le-Duc et le Greusot, et, de
même que les autres cercles qui y passent, il y trouve des repères
précis. Il passe à Couches, où il coupe par le milieu le petit relè-
vement granitique sur lequel cette ville est bâtie, et, suivant approxi-
mativement la ligne de faîte entre le bassin du Creusot et celui
d'tipinac, il s'adapte aux contours légèrement festonnés du cal-
caire à gryphées arquées , du grès infraliasique et du granité. Sur
une partie culminante du plateau de calcaire à gryphées arquées de
Chalencey, il rase au nord, à moins d'un kilomètre de distance, le
plus septentrional des deux petits tertres basaltiques de Drevin,
déjà mentionnés à ce point de vue dans la Notice sur les systèmes de
montagnes1, qui, dans leur isolement, n'ayant d'analogues qu'à des
distances considérables, semblent placés là comme des jalons ap-
proximatifs du trapézoédrique Tb.
Ce grand cercle, continuant son cours à l'O., traverse le massif
de granité à petits grains qui s'étend au midi d'Autun, et il coupe,
à la Chapelle, comme on l'a vu ci-dessus, page 355, le diamétral Dac
du système de la Côte-d'Or. Effleurant ensuite le massif des por-
phyres et des granités porphyroïdes du Morvan , il va couper à
son extrémité S.-O., comme on l'a dit page a5i, dans la vallée du
Bulvain, le trapézoédrique TIa du système du Morbihan. Rasant, au
sortir de cette même vallée, l'extrémité méridionale des calcaires
oolithiques de la Nièvre, et, au delà de la Loire , l'extrémité méridio-
nale du lias relevé à Chassenay, dans la vallée de l'Acolin, il va
1 Notice, p. 698.
424 RAPPORT SUR LES PROGRES
passer aux Bruyères, près de Saint-Parise-en-Viry, à l'extrémité
méridionale d'une petite protubérance granitique, au point de croi-
sement déjà mentionné, pages 293, 339 et 376 , où il rencontre
simultanément le diamétral Dac du système du Forez, le trapézoé-
drique Tabc du système du Longmynd et le trapézoédriqae Te du
système du Hundsruck.
Plus loin, notre cercle côtoie au midi un autre petit relèvement
granitique dirigé de l'E. à l'O. , coupe ensuite celui qui se montre
aux forges de Payret, à la naissance de la vallée de la Colatre, et
finit par passer l'Allier au point où le terrain miocène est remplacé
sur sa rive droite par le calcaire à gryphées arquées, et sur sa rive
gauche par les marnes irisées. Il trace ainsi approximativement la
limite méridionale de la série de petits accidents stratigraphiques
qui rompt la monotonie de la plaine tertiaire de Moulins.
Au delà de l'Allier, notre cercle, au milieu de plaines basses et
remplies d'étangs," où les contours festonnés des marnes irisées et
des dépôts jurassiques et tertiaires ne se rattachent à aucun acci-
dent géologique remarquable, notre cercle passe la Boudre près
d'une superposition du lias sur les marnes irisées, à une inflexion de
son cours comprise entre deux confluents; il passe ensuite le Cher
au-dessus de Saint-Amand, précisément au point où le canal de
Berry traverse cette rivière sur un pont-aqueduc, et il va couper,
au N.-E. de Vic-Exemplet, le primitif de Lisbonne.
S'éloignant alors des marnes irisées et cheminant sur des pla-
teaux peu élevés formés de diverses assises jurassiques et tertiaires,
le trapézoédrique T6 traverse la Couarde à Sarzay, au confluent du
ruisseau de Bordesoulle , et successivement plusieurs autres cours
d'eau à des confluents; puis la Creuse au-dessus d'Argenton, tout
près du point où elle passe du lias dans l'oolithe inférieur; le Lan-
glin au-dessus de Bélabre, à son confluent avec la Soussine; la
Benaize au-dessous de la Trémoille, à son confluent avec le Cor-
chon; la Gartempe à Jouhet, au point où elle passe de l'étage ooli-
thique inférieur dans l'étage corallien; et il coupe au S.-O. de la
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 425
Chapelle, sur le plateau corallien, le trapézoédrtqtie Tb du système
de la Vendée.
Sortant bientôt du plateau corallien, dont il n'a fait qu'effleurer
l'extrémité méridionale, et qui semble ne s'être avancé jusque-là
que pour fournir un support au point de croisement qui y tombe ,
notre cercle traverse la Vienne près de l'endroit où elle entre de
l'étage oolithique inférieur dans l'étage moyen, et la Dive dans une
partie de sa vallée qui entame le lias, en laissant le confluent des
deux rivières à 3 kilomètres au nord. 11 coupe ensuite la Clouère
près de Château-Larcher, à 2 kilomètres au midi de son confluent
avec le Gain, et le Clain lui-même à î kilomètre au midi de
Vivonne , où il reçoit la Vonne.
Passant dans le bassin de la Sèvre Niortaise , le trapézoédrique Tb
traverse cette rivière à la Mothe-Saint-Héraye, où sa vallée entame
un relèvement du lias, puis un vallon creusé en entier dans le
granité , et il va couper Yhexatétraédrique Ubaab de Nontron à Cha-
vagné, en rasant un relèvement de lias soulevé par le granité
déjà mentionné ci-dessus, page 26/1, et dans lequel le Laubon a
creusé son lit.
Notre cercle, laissant au N., à 2 kilomètres de distance, le con-
fluent du Laubon et de la Sèvre, traverse la ville de Niort, et,
s'adaptant à l'un des traits les plus caractérisés de la contrée, il
suit, en en coupant seulement les caps, le bord du plateau coral-
lien qui limite au S. la large vallée de la Sèvre, épanouie en un
golfe parsemé d'îles coralliennes, où les eaux de la mer sont rem-
placées par les marais de Marans et de Luçon.
Franchissant alors le bras de mer peu profond qui sépare du
continent l'île de Ré, notre cercle traverse cette île, où il passe dans
les fortifications de la ville de Saint-Martin-de-Ré. De même que
le long des marais de Marans , il laisse au midi la plus grande partie
du plateau calcaire qui forme le corps de l'île , et il coupe les pointes
coralliennes et kimméridiennes qui se projettent vers le N. entou-
rées de marais salants.
426 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Notre cercle entre aiors dans l'Océan, où, à 60 kilomètres au
large, il rase à 7 kilomètres de distance la pointe méridionale du
plateau sous-marin de Rochebonne, et il se dirige vers l'archipel
des Açores.
Le trapézoédrique Tb coupe le diamétral Dac du système du Finis-
tère un peu en deçà des Açores, sous un angle très-aigu, et, comme
ce dernier, il traverse l'archipel dans sa partie centrale; cependant
il ne rencontre que deux des îles qui le composent, l'île de Sari-
Jorge et l'île de Pico.
Tracé sur les cartes de Y Hydrographical Office, il aborde San-
Jorge par la pointe Norte- Grande, et il franchit la crête centrale
au milieu d'une foule de cratères accompagnés de coulées de lave,
en laissant, au S.-E., à un demi-kilomètre de distance l'un de ces
cônes, élevé de 1,0 5 5 mètres, et à 1 kilomètre et demi le plus élevé
de tous, qui atteint 1,066 mètres.
Plus loin, notre cercle aborde l'île de Pico, un peu à l'O. de
San-Antonio. Il y entre par le Monte-Queimado, et il en sort par
le Cabezo-Barbo, après avoir traversé le large espace inhabité
appelé Baldios de Conselho, qui, d'après l'excellente description de
M. Fouqué, paraît être le principal théâtre des phénomènes volca-
niques. Le pic élevé de 7,61 3 pieds anglais (2,1 83 mètres), qui
donne son nom à l'île, se trouve sur le bord S.-E. du champ
d'éruption, et notre cercle le laisse à 6 kilomètres dans le S.-E.
(3'ii"i6 ou 5,920 mètres)1.
On voit que le trapézoédrique Tb traverse l'île de Pico, de même
que l'île de San-Jorge, dans la partie où l'activité volcanique se
manifeste le plus énergiquement , et que son rôle , par rapport au
pic des Açores, a beaucoup de ressemblance avec celui que le tra-
pézoédrique TTbbc joue en Islande, ainsi qu'on l'a vu ci-dessus,
page 276, relativement au cône de l'Hécla.
Poursuivant son cours à travers l'océan Atlantique, notre cercle
1 Notice, p. 1099.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 427
passe au point T situé au N.-E. delà Guadeloupe, et il traverse la
chaîne des petites Antilles en suivant le milieu du large canal qui
sépare la Dominique de la Martinique. Il laisse les pointes de
chacune des deux îles à environ 1 o minutes ou 1 8 kilomètres 1/2
de distance.
Dans la chaîne des îles sous le Vent, il traverse le groupe de
roches situé à l'E. de Blanquilla, et, coupant ensuite l'île Tortuga,
il aborde la Terre ferme à l'E. du cap Codera, par l'embouchure
du Rio-Chico. Coupant ensuite la chaîne côtière de Venezuela ,
puis les affluents supérieurs de l'Orénoque et de l'Amazone, et tra-
versant enfin la Cordillère des Andes, dans le nœud de Loxa, un
peu au N. de cette ville, il entre dans l'océan Pacifique par la baie
Sechura, au S. de Guayaquil et de Payta.
Revenant maintenant au point de départ pour suivre le Irapé-
zoédrique Tb vers l'E., nous trouverons, d'après la belle carte géo-
logique de la Suisse par MM. B. Studer et Escher de la Linth,
qu'après avoir suivi, au N. du lac de Wallenstadt, la crête du
Leiskamm et des Churfûrsten, il traverse la vallée du Rhin à
Werdenberg, au point où elle s'élargit en s'infléchissant légèrement
pour se diriger vers le lac de Constance. Rasant ensuite le Gurtis-
Spitz et passant à Nenzing , il traverse l'IH entre les confluents très-
rapprochés l'un de l'autre du Gamperthon et du Lutzbach.
Pénétrant alors dans les montagnes du Vorarlberg, notre cercle
atteint bientôt la haute vallée du Lech, où il passe à Zug, et il côtoie
au N. la crête qui forme le flanc septentrional de la vallée de
Klosterley et du col de l'Arlberg. Il coupe l'Inn dans les inflexions
que présente sa vallée au-dessous d'Imst, et, côtoyant jusqu'à Hall
le flanc méridional de cette même vallée, il passe aux portes d'Ins-
pruck, où il coupe la Sill près de son confluent avec l'Inn.
Traversant le Zillerthal au-dessous de Zell, il entre dans la vallée
de la Salza, un peu au N. de la belle cascade que forme cette rivière
en sortant de l'Achenthal, et, côtoyant obliquement à sa direction
le flanc méridional du Pintzgau, il effleure les masses granitiques
428 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
du Hoch-Golling et du Knallstein. Passant ensuite au pied méri*
dional du Hohen-Warth , il va couper la Mur un peu au-dessus de
Kraubath, à l'endroit où, au sortir du bassin tertiaire de Saint-Lo-
renzen et Seckau, elle entre dans un défilé ouvert dans les roches
amphiboliques et trachytiques.
Tracé sur la belle carte géologique de la Styrie publiée sous la
direction du Gognostisch-Montanistischen Vereins, par M. Denis
Stur, notre cercle traverse de nouveau la Mur au point où, dé-
tournée vers le midi, elle sort, au S. de Frohnleiten , des méandres
que forme sa vallée dans le calcaire devonien. Bientôt après, cou-
pant la pointe méridionale du massif de gneiss du Ravenwald, il
entre, un peu au midi de Hartberg, dans les plaines tertiaires de
la Hongrie.
Le trapézoédrique Tb se trouve ainsi en connexion avec les Alpes,
depuis le Lueg et le pied du mont Napf, en Suisse, jusqu'à Hart-
berg, en Styrie, sur une étendue d'environ 65 o kilomètres. Dans ce
long espace, comme je l'ai déjà remarqué pour la Suisse, il coupe
presque toujours la stratification obliquement; ce qui ne l'empêche
pas de côtoyer parallèlement des crêtes et des masses imposantes,
notamment certains massifs de roches primitives et calcaires du
Tyrol et de la Garinthie; d'être parallèle à des traits orographiques
considérables, comme la vallée de Klosterley dans le Vorarlberg, la
vallée presque continue qui s'étend au pied méridional des Alpes,
du val Bugnanco, au midi du Simplon, à Edolo, au sud du Stelvio,
les hautes vallées de l'Adige, de Glurns à Méran, de la Drave au-
dessus de Lienz, et autres accidents orographiques et stratigra-
phiques qui ont été suffisamment indiqués ailleurs1. Il est jalonné
par des accidents de détail d'une netteté particulière.
M. Léopold de Buch a fait remarquer depuis longtemps que les
Alpes se divisent vers l'E. en trois rameaux divergents, dont l'un
se dirige à l'E.-S.-E. par le Terglou, vers la Garniole : ce sont les
1 Notice, p. 490.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 429
Alpes Juliennes; l'autre se dirige à peu près de l'O. à l'E., compre-
nant les montagnes primitives du Tyrol, de la Carinthie et de la
Styrie ; le troisième à l'E. quelques degrés N. vers la basse Autriche.
Le premier de ces rameaux se rapporte au système des Pyrénées,
le dernier au système des Alpes principales, et celui qui occupe la
position intermédiaire, sans être soustrait à l'influence des deux
autres directions, porte plus particulièrement l'empreinte de celle
du trapézoédrique Tbl.
Au delà des plaines de la Hongrie, notre cercle traverse le
grand massif trachytique de la Transylvanie. Effleurant, près des
sources de la Maros, le noyau de gneiss des Carpathes, il entre
dans la Moldavie et la Bessarabie, dont il sort par l'embouchure du
Dniester.
Rasant ensuite la masse montueuse de la Crimée, il suit le ver-
sant septentrional du Caucase, pour arriver au point b situé dans
le Daghestan, où il est assujetti à passer.
Franchissant la Caspienne, il va rencontrer la côte asiatique de
cette mer dans le golfe de Balkan , où il traverse les masses gra-
nitiques appelées le Grand et le Petit Balkan, et il prolonge son
cours en coupant la chaîne centrale de l'Asie par les régions raon-
tueuses de Hérat, de Gandahar et du Paropamissus.
Il entre dans l'Inde en traversant le lac Ab-Istuda et en rasant
le pied méridional du mont Takht-i-Suliman, élevé, d'après M. Gree-
nough, de 1 2,83 1 pieds anglais (3,910 mètres).
Bientôt après il coupe l'Indus, le Chenaub et le Sutledje, à
environ 200 kilomètres au-dessus du point de réunion de leurs
eaux. Traversant ensuite le désert de Bikanair, il coupe le dodé-
caédrique régulier du Spitzberg et du lac Supérieur en un point
déjà mentionné, page 90, comme situé près de l'extrémité septen-
trionale de la chaîne granitique d'Oravelly, qui termine au N.-O.
les régions montueuses intérieures de l'Hindoustan.
1 Notice, p. 490.
430 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Tracé sur la belle carte géologique de M. Greenough, notre
cercle passe au point terminal ou aux points d'inflexion de plu-
sieurs chaînes, suit les lignes de partage des eaux de plusieurs bas-
sins d'ordre secondaire, coupe plusieurs rivières à leurs inflexions
et à leurs confluents, et, après avoir traversé la région la plus
élevée des roches cristallines schisteuses du Bundelcund, il coupe
Yoclaédrique du lac Baïkal près de Mohunguhr, à un confluent de
rivières.
Continuant son cours avec des adaptations du même genre, dont
une simple énumération aurait peu d'intérêt, le trapézoédrique Tb va
raser le pied N.-E. des montagnes désignées sous les noms d'Ah-
bor-Hills et de Shahpraki-Muncli-Hills , élevées d'environ 2,000 pieds
anglais (610 mètres). Côtoyant ces dernières, il suit, en la re-
montant sur 60 kilomètres de longueur, la vallée du Jahila-Nuddy,
profondément encaissée dans une crevasse presque rectiligne des
roches de trapp. Il s'en sépare pour s'adapter presque exactement
à la haute vallée du Nerbudda, à l'approche de Yoclaédrique du lac
Baïkal , déjà mentionné ci-dessus, page 101, comme traversant cette
dernière rivière près de sa source. Notre cercle passe de l'une à
l'autre rivière par l'effet des inflexions qu'elles éprouvent toutes les
deux à la rencontre de Yoclaédrique, dont le point d'intersection
avec le trapézoédrique Tb tombe entre les deux vallées.
Bemontant encore le INerbudda naissant sur une longueur de
22 kilomètres, notre cercle arrive à la source de ce grand fleuve,
l'un des plus remarquables de l'Inde , et , d'après la carte de M. Gree-
nough, il y passe exactement. Cette source sort, près d'Ajmergur,
d'un plateau de 700 mètres d'élévation, formé de trapp et de roches
cristallines schisteuses, d'où partent huit rivières. Les trois princi-
pales, le Johila-Nuddy, le Sone et le Nerbudda, coulent d'abord
presque parallèlement, pour prendre ensuite des directions diffé-
rentes. Ce centre de diramation, d'où les eaux coulent vers les
parties les plus opposées de l'Hindoustan, est évidemment l'un <Uis
points les plus caractérisés de cette vaste contrée, et le trapézoé-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 431
drique Tb se l'approprie d'une manière d'autant plus complète
qu'il y arrive suivant une direction à laquelle une partie des eaux
qui s'en écoulent affecte d'abord de se conformer.
Entrant alors dans le bassin du Mohanuddy, dont un des prin-
cipaux affluents sort aussi du plateau d'Ajmergur, notre cercle rase
bientôt, près de Rottunpoor, l'extrémité N.-E. d'un petit massif gra-
nitique à côté duquel M. Greenough a fait graver la note suivante :
tr Granité bleu, pierres précieuses, statue de huit pieds de hauteur r
(formée sans doute du même granité), ce qui annonce probable-
ment des ruines et peut-être l'emplacement d'une ancienne cité
indienne. Ce même cercle suit d'une manière générale la direction
du Mohanuddy, dont les inflexions l'atteignent deux fois, mais ne
le dépassent que légèrement, et qui finit par s'en écarter vers l'E.
H entre alors dans le bassin du Ganjam , dont il côtoie le cours au
milieu des granités et autres roches cristallines, et il entre dans le
golfe du Bengale par la côte d'Orissa, près de l'embouchure de
la même rivière.
Au delà du golfe du Bengale, le trapézoédrique Tb traverse les
îles Adaman, le détroit de Malacca, l'île de Java et la Nouvelle-
Hollande, où il passe à un point T, antipode de celui qui tombe
dans l'océan Atlantique, au N.-E. de la Guadeloupe. Le temps et
l'espace me manquent pour le suivre dans ces contrées, mais ce
qui précède suffit déjà pour le mettre au nombre des cercles les
mieux jalonnés par les accidents orographiques et géologiques et
pour le placer au rang des lignes naturelles existant sur la surface
du globe.
Il nous reste à examiner si ce cercle si nettement tracé peut être
adapté comme grand cercle de comparaison du système du Tatra '.
Le grand cercle de comparaison provisoire adopté pour ce sys-
tème dans la Notice sur les systèmes de montagnes, page 686, pas-
sait au mont Lomnica, cime culminante du massif du Tatra, dans
1 Notice, p. 1098.
/i32 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
le N. de la Hongrie, avec l'orientation 0. k° 5o'N. Ce cercle tom-
bait un peu au midi du point D, centre du pentagone européen,
près de Remda, et on aurait pu en chercher le représentant parmi
les cercles auxiliaires qui se croisent en ce point; mais l'auteur a
pensé que, relativement à l'ensemble des éléments dont le système
du Tatra se compose, le cercle partant du mont Lomnica était déjà
placé trop au nord, et il en a cherché le représentant parmi les
grands cercles du réseau qui passent, non au centre du pentagone,
mais plus au sud.
Un trapézoédrique Tb, mené d'un point T qui tombe dans l'océan
Atlantique, au N.-E. de la Guadeloupe, au point b situé dans le
Daghestan, fait avec le grand cercle de comparaison du système du
Ténare un angle de 79°5'/i&"2 1 ; d'après le tableau de la page 85g,
l'angle Tatra-Ténare est de 7 8° &p/ 2 3"; la différence, qui est de
o°i6'2i"2i, est négligeable, et, par conséquent, le trapézoédrique
Tb, qui traverse l'Europe dans la position la plus convenable par
rapport à l'ensemble des accidents stratigraphiques appartenant au
système du Tatra, peut être adopté comme grand cercle de compa-
raison de ce système.
Quant au système du Tatra considéré en lui-même, à son âge
relatif, aux chaînons de montagnes et aux accidents stratigraphi-
ques qui doivent y être rattachés, ce qui précède n'implique aucun
changement à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, page Ù78 et ailleurs. (Voir la table de l'ouvrage.)
Diamétral Dac (système des Pays-Bas).
Le cercle placé au vingt-septième rang dans le tableau des i83
intersections est le diamétralDac, représentant du système des Pays-
Bas.
Ce grand cercle est assujetti à passer par le point D, centre du
pentagone européen, situé près de Remda en Saxe, et par le point
a qui tombe dans la mer des Antilles au N. de Caracas. Cette double
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 433
condition l'oblige à passer aussi par le point c situé dans l'océan
Atlantique, au N.-E. des Açores, et par les antipodes de ces mêmes
points. Il a pour pôles les intersections communes des trois cercles
auxquels ces six points appartiennent comme pôles , cercles qui
sont le dodécaédrique régulier du cap Gorrientes et de Singapour,
un bissecteur IH et un Irapézoédrique TI. Les points d'intersection de
ces trois cercles sont marqués dans le tracé de M. Laugel, et tom-
bent, l'un dans l'océan Atlantique méridional, à l'E. de Tristan-
d'Acunha, et l'autre dans l'océan Pacifique, au S. des îles Aleu-
tiennes.
Notre diamétral Dac entre dans le cadre de la carte géologique
de la France par le côté oriental. Traversant les plaines triasiques
de la Hesse et les terrains scbisteux de la Westphalie, où il passe à
Dillenburg, il effleure les contours septentrionaux des basaltes du
Vogelsberg et du Westerwald, et il coupe, au midi de la Sieg, le
Irapézoédrique Ta du système du Vercors. Bientôt après, laissant au
nord les masses éruptives des sept montagnes de Bonn (Sieben-Ge-
birge), il passe le Bhin au-dessous d'Unkel, au milieu des petites
protubérances basaltiques qui accidentent ses bords, et presque
exactement au point où ses rives, quittant les escarpements de
schiste et de grauwacke, commencent à ne plus présenter que
les dépôts de transport qui, en s'épanouissant vers le nord, vont
former la Hollande.
Sur la rive gauche du Bhin, notre cercle traverse l'Erft, près de
Fritzdorf, à l'endroil où de larges alluvions commencent aussi à
occuper sa vallée , et, coupant les pointes extrêmes des terrains
paléozoïques de l'Eifel, ainsi que le lambeau de grès bigarré qui
renferme le gîte de galène de Bleiberg, il va passer la Boër à Ge-
mund, ville bâtie dans l'angle formé par le confluent de cette rivière
avec l'un de ses affluents. Comme on l'a déjà dit, page 337, il ren-
contre, à l'entrée même de la ville, le trapézoédrique Tabc du sys-
tème du Longmynd.
Notre cercle s'adapte ensuite à la courbure que présente la
Stratigraphie. 28
l\Zh RAPPORT SUR LES PROGRÈS
vallée de la ltoër au-dessous de Geiuund, et, rasant au N. la petite
ville de Montjoie, il s'adapte aussi, sauf les sinuosités, sur une lon-
gueur de 10 kilomètres, à la vallée de la Rucht. Plus loin, il s'as-
socie également, quoique d'un peu moins près et de même sur
1 o kilomètres de longueur, à la vallée de l'Hoegne, dont il traverse
l'affluent méridional, la Weays, à î kilomètre au-dessus de leur
confluent mutuel. Sur la rive méridionale de l'Hoegne, il coupe, à
5 kilomètres au N. de Spa, comme on l'a dit ci-dessus, page 3oo,
X hexatétraédrique Haa.
Passant ensuite à Sprimont et coupant i'Ourt à 9 kilomètres
au-dessous du confluent de l'Amblève, puis la Meuse à l'entrée de
la ville de Namur, à 2 kilomètres au-dessus du confluent de la
Sambre, notre cercle traverse le bassin carbonifère de Liège, dont
M. André Dumont a su débrouiller la stratigraphie compliquée
dans l'un de ses premiers et de ses plus mémorables travaux. Les
directions de plusieurs systèmes de montagnes, cinq ou six au
moins, reproduits pour la plupart postérieurement à leur origine,
concourent, comme on l'a expliqué ailleurs1, à produire cette
complication au milieu de laquelle notre cercle trouve sa place
réservée avec une attention toute spéciale.
La droite menée de Sprimont au pied méridional de la mon-
tagne sur laquelle s'élève la citadelle de Namur n'est traversée
impunément par aucune des lignes stratigraphiques dont la di-
rection la rencontre. Toutes les bandes de terrain dévonien ancien,
de poudingue de Burnot, de calcaire de Givet, de psammite du
Condros, de calcaire carbonifère et de terrain houiller, qui s'ap-
prochent de cette ligne, changent d'allure dans son voisinage. Les
unes s'interrompent avant de l'atteindre ou immédiatement après
l'avoir traversée ; les autres s'infléchissent de manière à en prendre
la direction comme pour se ranger sur son passage. Le même phé-
1 Notice, p. 292, et article sur les lion française du Manuel géologique de
soulèvements de montagnes inséré par M. de la Beehe (Paris, 1 833), p. 63s
M. Klie de Reaumont dans la tiaduc- et 638.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 435
nomène se reproduit partiellement dans d'autres parties de la con-
trée, mais nulle part d'une manière aussi prononcée, et le diamé-
tral Dac ne pourrait être déplacé d'une quantité sensible sans
perdre un des privilèges les plus remarquables dont la nature l'a
doté.
Au delà de la citadelle de ;Namur, le diamétral Dac va raser au
nord les glacis de celle de (lharleroi, en s'adaptant, sauf les sinuo-
sités des méandres, à la vallée de la Sambre. Au delà de Char-
leroi, notre cercle s'approche une dernière fois de la Sambre à
Marchienne-au-Pont, près du double confluent du Piéton et de
l'Eau-d'Heure, et, s'éloignant de cette rivière dont la haute vallée a
une autre direction, il passe à Binche, où la Haine forme autour
de la ville une courbe dans laquelle elle reçoit plusieurs ruisseaux.
Laissant Mons à 7 kilomètres dans le nord, il va traverser la
ville de Valenciennes, où il passe au confluent de l'Escaut et de la
Ronelle, et dont il sort en coupant, comme on l'a annoncé précé-
demment, page 276, le trapézoédrique TI du système du mont Viso.
Plus loin, après avoir passé aux mines de houille d'Aniche, il tra-
verse encore la ville d'Arras, où il coupe le Cruchon près de son
confluent avec la Scarpe.
De Namur à Aniche et au delà, le diamétral Dac chemine cons-
tamment sur le terrain houiller, dont il suit à peu près la limite
méridionale et dont il représente la direction générale. Les acci-
dents stratigraphiques, souvent très-prononcés, qui produisent des
festons dans cette ligne, sont soumis, comme dans le Gondros, à
l'influence de notre cercle, et aucune bande de terrain antérieur à
la houille ne l'atteint sans s'arrêter promptement. Il est d'autant
plus remarquable de le voir suivre la limite méridionale du terrain
houiller que c'est précisément celle qui est le plus accidentée, les
couches présentant généralement de ce côté des relèvements rapides,
des ruptures et des arrachements qui annoncent des phénomènes
violents. Au delà d'Aniche, la bande houillère change d'orientation
et prend une direction générale vers l'O.-N.-O., mais cette dévia-
436 RAPPORT SUR LES PROGRES
tion est soumise à la loi précédemment énoncée, car, si on suit les
bandes de terrain déviées, en sens inverse de notre marche, ou
pour mieux dire de l'O.-N.-O. à l'E.-S.-E., on voit qu'en appro-
chant de notre cercle elles s'infléchissent pour le côtoyer dans la
direction de Namur et de Sprimont.
Le terrain houiller et ceux qui l'accompagnent sont générale-
ment recouverts, à partir de Marchienne-au-Pont, par des dépôts
crétacés et tertiaires, en couches horizontales, que les mineurs ap-
pellent morts-terrains et sur lesquels coulent les rivières; mais cela
n'empêche pas celles-ci de se rattacher à notre cercle par leurs
inflexions et leurs confluents, ainsi qu'on a pu en juger par les
exemples que j'ai cités et que j'aurais pu multiplier.
Au delà d'Arras, le diamétral Dac continue à cheminer sur les
terrains crétacés et tertiaires. Il passe l'Authie à Auxy-le-Château,
et, après avoir coupé, au nord d'Abbeville, le diamétral Dac du
système du Forez et le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla, il traverse
obliquement l'embouchure de la Somme, entre Noyelle et Saint-
Valery, et va tronquer de 2 kilomètres la pointe formée de craie
et de terrain tertiaire inférieur sur laquelle cette dernière ville est
bâtie.
Notre cercle entre alors dans la Manche, un peu au midi du port
de Cayeux, et, suivant de loin les côtes de France, il va passer, à
1 5 kilomètres au N.-N.-O. de Barfleur, au point de croisement
déjà mentionné (p. s5o et 2 83), où il coupe simultanément le
trapézoédrique TIa du système du Morbihan et le trapézoédrique Tb
du système de la Vendée. Côtoyant ensuite obliquement le rivage
septentrional du Gotentin, il va raser, à 2 kilomètres de distance,
les falaises syénitiques du cap de la Hague, et il effleure ensuite
les rochers granitiques de l'île d'Aurigny, par la pointe S.-O. de
laquelle il sort des terres européennes.
Il s'avance dans l'océan Atlantique, en ayant en quelque sorte
pour cortège la longue traînée d'écueils que la belle carte publiée
en i85o par Y Hydrographical Office figure dans ces parages, et à
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 437
laquelle les Açores viennent s'appuyer par les îles de Flores et de
Corvo, que notre cercle laisse un peu au sud1.
Ce même cercle, prolongé jusqu'en Amérique, touche les îles
d'Antigua et de Mont-Serrat qui terminent la section septentrio-
nale des petites Antilles, la première en la coupant par le milieu,
et la seconde en en côtoyant la côte S.-E. Il laisse un peu au nord
la petite île d'Aves, traverse, dans les îles sous le Vent, le princi-
pal îlot de Los Roques, et atteint la côte de la Terre ferme dans
le golfe Triste, un peu à l'est de Porto-Cabello.
Traversant la chaîne littorale de Venezuela, il effleure l'extré-
mité occidentale du lac de Valentia, rendu célèbre par les travaux
de M. de Humboldt, et, laissant à 70 kilomètres dans le IN.-O.
les montagnes du Barquisimento, dont l'illustre voyageur s'est
souvent occupé, il côtoie au S.-E., dans toute sa longueur, à une
distance généralement moindre, le pied S.-E. de la Cordillère de
la Nouvelle -Grenade. Il aborde ensuite les Andes proprement
dites, en rasant au S.-E., à moins de ho kilomètres de distance,
le pied du volcan de Sangay, et il les traverse entre Cuença et Loxa.
Il entre enfin dans locéan Pacifique par la baie Sechura, au sud
de Guayaquil et de Payta, et, un peu au large de la côte, il coupe,
sous un angle très-aigu, le trapézoédrique Tb du système du Tatra.
Si nous revenons maintenant au point de départ, en Allemagne,
pour suivre le diamétral Dac vers l'est, nous trouverons que, après
avoir traversé les plaines de trias de la Hesse et coupé la Werra à
moins d'un kilomètre au nord du crochet qu'elle forme près de
Fambach, il aborde le Thuringerwald par le fond du golfe dans
lequel le grès bigarré y pénètre, au N.-E. de Schmalkalden. Il y
trouve sa voie aussi bien préparée, sur la belle carte déjà citée
tant de fois de M. Bernard Cotta, qu'elle l'était dans la province de
Liège sur celle de M. André Dumont.
Il coupe d'abord, au fond de ce golfe, dont rentrée est flanquée
1 Notice? p. 1061.
/i38 RAPPORT SUR LES PROGRES
des deux côtés de niasses de granité, de porphyre quartzifère et de
porphyre micacé, un petit lambeau de zechstein redressé et en
appui contre le grès rouge. Entrant immédiatement sur ce grès, il
rase, près de Schnellbach, la pointe méridionale d'une longue
masse de diabase qui s'étend au nord jusqu'au Soiessberg, puis, à
Struth, le contour septentrional d'une petite masse porphyrique, et
il va effleurer l'extrémité septentrionale de la cime du Sperchhiibel,
formé encore de grès rouge et élevé 890 mètres. Entrant alors dans
le porphyre quartzifère , il effleure vers le sud les masses proémi-
nentes de cette roche, couronnées par un petit lambeau de grès
rouge, qui s'élèvent au S.-O. de Langenburg. Il sort enlin du
massif montagneux en coupant la ceinture de zechstein à la pointe
du lambeau de grès bigarré qui l'accompagne de Jesuborn à
Frankenhain, et il entre sur le plateau de muschelkalk, sur lequel
il chemine presque sans interruption jusqu'au point D, centre du
pentagone européen, près de Remda.
Il quitte le muschelkalk pour entrer sur le grès bigarré aux ap-
proches de la Saale, qu'il atteint à Orlamiindc, dans une de ses
inflexions, et dont il suit le cours jusqu'à la nouvelle inflexion qu'elle
éprouve au confluent de la rivière de Freinorla. Poursuivi sur la
belle carte géologique de la Saxe par M. C.-F. Naumann, publiée
par l'Académie des mines de Freiberg, il coupe la ceinture de
zechstein de i'Erzgebirge à l'inflexion qu'elle éprouve un peu au
nord de Neundorf, pour entrer sur la formation de grauwacke, où il
coupe la Weyda un peu au nord de la ville de Weyda, à son con-
fluent avec l'Auma.
Traversant ensuite le schiste argileux dont il suit à une faible
distance le contour septentrional, il entre dans le bassin de grès
rouge de Chemnitz, qu'il parcourt longitudinalement en s'adaptant,
pour traverser la Zwich-Mulde , à l'inflexion qu'elle présente près
de Wulm, et en suivant, sur 1 1 kilomètres de longueur, la vallée
•le Saint-Egidien.
Rentrant alors dans le domaine des roches anciennes nar les
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 439
schistes argileux de Harthau, il coupe la Wûrschnitz près de son
confluent avec la rivière de Chemnitz, à la vallée de laquelle il
s'adapte dans une certaine étendue, et il traverse le micaschiste
dans l'étranglement qu'il présente entre le gneiss de Zschopau et
celui de Schellenberg. Traversant ensuite le grand massif de gneiss
de l'Erzgebirge, où il laisse Freiberg au nord, il s'y adapte avec
une étonnante précision, à la partie la plus compliquée des acci-
dents auxquels donnent lieu les masses de granité et de porphyres
de diverses variétés qui le pénètrent entre Frauenstein et Lauen-
stein. Il sort enfin du massif de gneiss en rasant au nord la pointe
qu'il projette à l'est près de Schônstein et le tertre basaltique qui
l'accompagne, et il coupe à quelques kilomètres plus à l'est le tra-
pézoédrique Te du système du Hundsruck, dont l'adaptation précise
aux accidents stratigraphiques de l'Erzgebirge a été signalée précé-
demment, page 11k.
Le diamétral Dac passe bientôt l'Elbe près de Tetschen, au milieu
du quadersandstein , et, après avoir effleuré, près de Bôhm-Ram-
nitz , l'extrémité N .-E. de la zone basaltique de la Bohème , il s'adapte
avec précision , sur les confins de la Bohême et de la Silésie, aux
accidents stratigraphiques du Riesengebirge, où il traverse dans sa
longueur le massif granitique de Hischberg. Il va couper l'Oder au
coude qu'il forme, au-dessous d'Opeln, près de son confluent avec
la Malapane, et, laissant au nord le petit massif des montagnes dé-
voniennes de Sandomirz et de Kielce, il traverse la Vistule près du
coude qu'elle présente au confluent de la Rzyska. Passant ensuite
le Dnieper près du confluent du Psioul, et le Don près de celui du
Donetz, il coupe longitudinalement, dans le midi de la Russie, le
bassin carbonifère du Donetz, et, traversant la mer Caspienne, il
atteint sur sa côte orientale le cap Tuk-Karagan, qui est pour
ainsi dire dans cette région le Land's-End de l'Asie.
Quoique le cap Tiïk-Karangan J soit couvert de dépôts tertiaires
1 Notice, p. 1060.
hhO RAPPORT SUR LES PROGRES
la coïncidence est toujours à remarquer. Plus loin, au midi du lac
Aral, le diamétral Dac traverse la Grande-Boukharie, où il côtoie
au S. le cours de l'Amou-Deria , et, pénétrant dans les montagnes
du Kaboul, il coupe les granités de l'Hindoo'-Goosh et du Sufeid-
Koh pour entrer dans les grandes plaines subhimalayennes par leur
angle N.-O., figuré sur la carte géologique de l'Inde par M. Gree-
noug comme étant assez aigu. Construit sur cette belle carte, notre
cercle suit sur un espace de 100 kilomètres le pied S.-O. de la
chaîne salifère (Sait range) jusqu'à Kala-Bagh, où elle s'arrête au
bord de l'Indus, pour reparaître sur sa rive gauche, avec une autre
direction, sous le nom de Kuller-Kahar.
Le diamétral Dac coupe le grand fleuve précisément au point où
il débouche dans les plaines par un défilé ouvert dans l'angle que
forment les deux chaînes. Il poursuit son cours dans les plaines du
Punjab, dont il laisse la capitale, Lahore, à 3o kilomètres dans le
N.-E., et où il coupe tous les grands affluents de l'Indus, le Sailum,
le Chenaub, le Sutledje. Il va passer ensuite, du côté du midi, aux
portes de Dehli, l'ancienne résidence du Grand Mogol, et il côtoie
pendant quelque temps le cours de la Jumna. Passant bientôt
après sur la rive gauche de cette rivière, il laisse Agra à ko kilo-
mètres dans le S.-O. , et se prolonge dans les plaines du Bengale en
côtoyant de loin le cours du Gange.
Enfin, après avoir parcouru plus de 1,000 kilomètres sur les
terrains de transport subhimalayens, notre cercle coupe au sud de
Ferrukabad Yoctaédrique du lac Baïkal, et il entre immédiatement
après sur les terrains de l'Inde centrale. Il y retrouve la Jumna,
au cours de laquelle il s'associe approximativement sur une étendue
de 70 kilomètres, qui comprend les confluents de cette rivière avec
la Rond, la Betwa et la Cane. Il franchit une dernière fois la Jumna ,
au point où elle reçoit la" Betwa, point qui est en même temps celui
où la Jumna commence à côtoyer l'extrémité N.-E. du massif de
roches primitives du Bundelcund.
Après avoir traversé ces roches schisteuses cristallines , notre
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. kki
cercle pénètre dans le district formé par les roches secondaires
variées, avec quelques proéminences de roches primitives, que la
carte de M. Greenough figure sur les deux rives de la Sone. Dans
ce dictrict fort étendu , il coupe le primitif du cap Castle , ainsi que
Yoctaédrique des Garrow-Hills, et il s'adapte à beaucoup d'accidents
orographiques et stratigraphiques qu'il serait trop long de détailler.
Je me borne à remarquer que dans cette contrée les vallées, les
crêtes montagneuses et les limites des terrains s'infléchissent géné-
ralement de manière à présenter un angle obtus tourné vers le
N.-O., et que le diamétral Dac passe presque toujours très-approxi-
mativement à cet angle, disposition qui rappelle celle de la strati-
fication du Jura par rapport au trapézoédrique TI du système du
mont Viso. (Voir ci-dessus, p. 278.)
Pénétrant ensuite par son angle N.-O. dans le massif de roches
primitives des Sirgoojah- Hills, le diamétral Dac entre finalement
dans le bassin de la rivière Braming, dont il suit le cours d'une
manière générale. Il passe bientôt après dans la vallée du Maha-
nuddy, qu'il coupe à Kuttack, où commence son delta, c'est-à-dire
précisément à l'endroit où ce fleuve est resserré par la pointe N.-E.
des granités de Ramgur. Notre cercle rase cette pointe, qui, d'après
la carte de M. Greenough, paraît être un des traits les plus carac-
térisés de la contrée. H y est coupé simultanément par deux dodé-
caédriques rhomboïdaax , circonstance qui rappelle le croisement déjà
cité plusieurs fois comme tombant à l'extrémité occidentale des
Garrow-Hills, et qui constitue, de son côté, une coïncidence des
plus remarquables entre le réseau pentagonal et la structure géo-
logique de l'Inde.
On peut remarquer en même temps que le diamétral Dac, entré
dans l'Inde par un angle, en sort par un autre angle, deux repères
très-nettement dessinés sur la carte de M. Greenough , et qui suffi-
raient pour fixer approximativement sa position sur la surface du
globe.
Entrant dans le golfe du Bengale par le delta du Mahanuddy, le
hhî RAPPORT SUR LES PROGRÈS
diamétral Dac. va traverser l'île principale du groupe des A damans,
en laissant le volcan de l'ile Barren à 70 kilomètres dans le N.-E.
Il pénètre ensuite dans le détroit de Malacca, à l'entrée duquel
il coupe, sous un angle très-aigu, le trapézoédrique Tb du système
du Tatra. Les deux cercles entrent de compagnie dans le détroit;
mais, tandis que le trapézoédrique Tb s'attache à la côte de la pres-
qu'île de Malacca et aux îles qui y font suite, en en coupant seu-
lement les pointes, le diamétral Dac, qui s'éloigne légèrement de
l'autre cercle vers le S.-O., s'adapte à la côte de l'île de Sumatra
et aux îles adjacentes, en tronquant légèrement les saillies qu'elles
projettent dans le détroit. Au sortir du détroit, les deux cercles
embrassent l'île de Banca, célèbre par ses gisements d'étain, le tra-
pézoédrique Tb coupant ses pointes N.-E., tandis que le diamétral Dac
effleure l'une de ses ramifications dirigée au S.-O. et la laisse presque
entièrement au N.-E.
Ce dernier cercle traverse ensuite l'île de Java, où il entre par la
pointe Lasari , et où , d'après la carte de M. Léopold de Buch , il passe
entre les deux volcans voisins l'un de l'autre de Talaga-Bodas et
de Ghermai. Continuant son cours à travers la Nouvelle-Hollande,
il en sort par le détroit de Bass, en effleurant la pointe N.-E. de la
terre de Van-Diemen, puis, rasant encore au midi de la Nouvelle-
Zélande les îles Snares et Antipode, il va passer au point D, antipode
du point D de Bemda, d'où il se dirige vers les côtes du Pérou.
Les détails sommaires que je viens de donner sur les parties du
diamétral Dac qui ne sont pas comprises dans le cadre de la carte
géologique de la France suffisent pour montrer que, dans toutes les
contrées qu'il traverse, ce grand cercle est en harmonie avec les
accidents orographiques et géologiques, et ils tendent à confirmer
ce que j'ai déjà dit à l'occasion de la province de Liège, qu'on ne
pourrait le déplacer, même d'une très-petite quantité, sans lui
faire perdre les privilèges dont la nature l'a doté.
Il nous reste à examiner si ce cercle remplit les conditions né-
cessaires pour èlic adopté comme grand cercle de comparaison du
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 443
système des Pays-Bas. H est difficile d'en douter quand on voit
comment, de Sprimont à Arras, il s'adapte à la structure strati-
graphique de la zone houillère de la Belgique et de la Flandre.
Quelques remarques sont cependant nécessaires.
Le grand cercle de comparaison provisoire du système des Pays-
Bas , adopté en dernier lieu dans la Motice sur les systèmes de mon-
tagnes, p. 36 1, partait de Mons avec l'orientation E.5°N.-0.5°S.
Ce même cercle passait presque exactement par le point D, près
de Remda. C'était donc un de ceux dont il était le plus naturel de
chercher le représentant parmi les cercles du réseau pentagonal qui
se croisent au centre du pentagone.
Ce grand cercle de comparaison fait avec le grand cercle de com-
paraison du système du Ténare, d'après le tableau page 86 o de la
ISotice, un angle de 76°i3'32". L'un des cercles primitifs du ré-
seau pentagonal, le primitif du Land's-End, forme avec le grand
cercle de comparaison du système du Ténare, et du même côté, un
angle de 73 degrés. La différence est de /r°i3'3'i", et, quoique cette
différence soit assez considérable , l'auteur avait d'abord été tenté
d'adopter le primitif dont il s'agit pour représenter le système des
Pays-Bas1. Cependant, comme il lui paraissait peu probable que
1 orientation qu'il avait adoptée pour le système des Pays-Bas fût
en erreur de U degrés, il a cherché si, parmi les cercles auxiliaires
qui partent du point D, il n'en trouverait pas un qui représentât
plus exactement l'orientation du système dès Pays-Bas. 11 a trouvé
alors que le diamétral Dac, qui va du point D près de Remda à un
point a situé dans la mer des Antilles, un peu au nord du cap Co-
dera , fait avec le grand cercle de comparaison du système du Ténare
un angle de j8038'li3"3U, qui surpasse l'angle Ténare-Pays-Bas de
2°25'ii"3A seulement. Cette différence, quoique considérable en-
core, est déjà cependant presque moitié moindre que la précédente.
Mais cette différence de 2°2 5'i i"34 est elle-même susceptible de
1 Notice, p..io58.
hkk RAPPORT SUR LES PROGRES
réduction. En effet, l'auteur de la Notice, en adoptant (p. 36 1)
l'orientation E.5°N.-0.5°S., annonçait immédiatement après qu'il
ne l'adoptait qu'à titre provisoire, et que la détermination définitive
du grand cercle de comparaison du système des Pays-Pas exigerait
une revue plus complète de toutes les dislocations qui peuvent être
rapportées à ce système. Pour rechercher l'orientation moyenne de
ces dislocations, il les avait toutes comparées à la perpendiculaire
à la méridienne de Rothenbourg, tracée rigoureusement de la mer
d'Azof à l'Océan l. Ayant comparé à cette perpendiculaire les orien-
tations de beaucoup d'accidents stratigraphiques du Cornouailles
et du Devonshire, qu'il croyait alors devoir être rapportées en tota-
lité au système des Pays-Bas, il avait trouvé qu'elle s'éloignait trop
de la ligne E.-O., et il avait rapproché de la ligne E.-O. l'orienta-
tion à Mons. Mais aujourd'hui il paraît naturel, comme on le verra
bientôt, de réserver les accidents statigraphiques susmentionnés
du Cornouailles et du Devonshire pour faire partie d'un système
dont le primitif du Land's-End serait le grand cercle de comparaison.
Dès lors, il n'y aurait plus à tenir lieu que de la moyenne des autres
orientations, qui tendrait à faire regarder la perpendiculaire à la
méridienne de Rothenbourg comme trop rapprochée de la ligne
E.-O. Or cette perpendiculaire donnerait pour Mons l'orientation
E.6°5'/i6'/N., laquelle réduirait la différence ci-dessus de 2°25'i i"3£
à i°io/2 5"8ft, dont il faudrait encore retrancher la quantité dont
la perpendiculaire à la méridienne de Rothenbourg devrait être
éloignée de la ligne E.-O. au lieu d'en être rapprochée. De là il
résulte que la différence, qui paraissait d'abord assez considérable,
se réduit à une quantité indéterminée assez petite pour être négligée.
Le diamétral Dac passant d'ailleurs à quelques kilomètres seule-
ment de Mons, il est évident que, sous le rapport de la position
comme sous celui de l'orientation, on peut l'adopter comme grand
cercle de comparaison du système des Pays-Bas.
1 Notice, p. 996.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. M5
Quant au système des Pays-Bas considéré en iui-mèine, à son
âge relatif, aux accidents stratigraphiques dont il se compose, le
retranchement de certains accidents géologiques du Cornouailles
et du Devonshire est le seul changement que ce qui précède con-
duise à faire à ce qui en a été dit dans la Notice sur les systèmes de
montagnes, page 291 et ailleurs. (Voir la table de l'ouvrage.)
Hexatétraédrique HaTT«.
Le cercle placé au vingt-huitième rang dans le tableau des 1 83
intersections est Yheœatélraédrique liaTTa.
Ce grand cercle est assujetti à passer par le point H situé, presque
au centre de l'Inde, dans l'angle formé par le confluent des rivières
Tapty et Poorna ; par le point a situé , dans la Turquie d'Europe , au
sud de Nissa; par le point T situé, en Espagne, à l'O.-N.-O. de Bur-
gos; par le point T situé, dans l'océan Atlantique, au N.-E. de la
Guadeloupe; par le point a situé, dans la mer des Antilles, au nord
du cap Codera, et par les antipodes de ces cinq points. Il a pour
pôles les deux intersections communes des cinq grands cercles aux-
quels ces points appartiennent comme pôles, et qui sont un primitif,
deux dodécaédriques rhomboïdnujc et deux bissecteurs IH. Ces deux in-
tersections quintuples , figurées dans le tracé de M. Laugel , tombent,
l'une dans l'océan Atlantique méridional, au S.-S.-O. du cap de
Bonne-Espérance, l'autre dans l'océan Pacifique, au sud des îles
Aleutiennes.
Uhexatétraédrique HaTTa pénètre dans le cadre de la carte géo-
logique de la France par le côté oriental. H traverse le golfe de
Gènes et vient raser, près de Nice, à un demi-kilomètre de distance,
le cap formé de dolomie appartenant au terrain crétacé inférieur,
sur lequel s'élève le phare de Villefranche.
Bientôt, abordant la côte par le cap qui limite à l'est l'embou-
chure du Var, il traverse ce petit fleuve torrentiel au-dessous du
pont de Saint-Laurent, à moins d'un kilomètre de l'endroit où ses
446 RAPPORT SUR LES PROGRES
eaux tombent dans la mer, et il va passer près de Cagnes, au point
de croisement déjà cité (p. 272, 3 20 et 384), où il rencontre si-
multanément le primitif de la Nouvelle-Zemble représentant du
système du Rhin, le trapézoédrique TTbbc représentant du système
du Sancerrois, et son homologue le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla.
Plus loin, notre cercle, traversant la masse de mélaphyre de
Biot et des surfaces peu élevées formées de calcaire crétacé et de
muschelkalk, passe dans la ville de Grasse, bâtie dans l'abri formé
par les dernières montagnes calcaires détachées en avant des Alpes.
Pénétrant obliquement dans la région montueuse , il rase au midi
le pied de la montagne de la Gabrière, élevée de 1,1 3o mètres,
qui est la plus avancée vers le sud des cimes alpines de cette ré-
gion. Il coupe ensuite, comme on l'a déjà dit page 3i5, le trapé-
zoédrique Ta du système du Vercors, en un point qui tombe sur le
saillant S.-O. du massif alpin, et il traverse, à 2 kilomètres plus à
l'ouest, la ville d'Aups, qui est bâtie à son pied.
Dans la plaine plus basse, mais toujours accidentée en petit, du
département du Var, notre cercle rase l'extrémité septentrionale du
relèvement de muschelkalk de Barjols, et il va passer à Rians, pe-
tite ville bâtie sur un autre relèvement de muschelkalk. Celui-ci
est très-circonscrit, et, dans l'intérieur de ses étroites limites, Xhexa-
tétraédrique HaTTa coupe, ainsi qu'on l'a dit ci-dessus, page 3o£,
Y hexatétraédrique Uaa. Chacun des deux cercles trouve là un point
de repère très-précis.
Côtoyant ensuite le pied septentrional de la crête de calcaire
jurassique qui limite au nord la vallée de Vauvenargues, notre cercle
va couper le diamétral De du système des Alpes occidentales au N.-O.
de Puyricard, sur un plateau miocène que contourne la vallée de
la Touloubre.
Plus loin, notre cercle traverse Corfoux, et, laissant au sud, à
2 kilomètres de distance, la pointe N.-O. de l'étang de Berre, il
entre dans la plaine de la Cran en coupant le fossé d'irrigation
dérivant du canal do Crnponne précisément au point (pie la topo-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. Uhl
graphie locale a fait choisir pour y placer le pont-viaduc du che-
min de fer de Marseille à Arles, nouveau repère d'une précision
singulière.
En passant de la Crau dans la Camargue, notre cercle traverse
le bras principal du Rhône, et il coupe immédiatement après, comme
on l'a dit précédemment, page 295, le diamétral Dac du système du
Forez. Effleurant le contour septentrional de l'étang de Valcarès, et
laissant Aiguës-Mortes à 3 kilomètres au nord, il entre dans le golfe
d'Aigues-Mortes par le débouché du canal d'Aigues-Mortes, qui
est probablement une des plus anciennes embouchures du Rhône,
depuis longtemps plus ou moins complètement oblitérée.
Ressortant ensuite du golfe d'Aigues-Mortes pour aborder le lit-
toral du Languedoc, Yhexatétraédrique UaTTa y pénètre par l'em-
bouchure aujourd'hui canalisée du Lez, qui est la rivière de Mont-
pellier. Le cordon littoral du golfe d'Aigues-Mortes, qui le sépare
des étangs dont il est bordé, étant étroit et fixe, les coupures par
lesquelles passaient les eaux du bras occidental du Rhône et celles
du Lez sont probablement des points invariables, qui constituent
pour notre cercle deux nouveaux repères des plus remarquables.
Ce même cercle, franchissant la crête jurassique de Mira vaux,
traverse la plaine tertiaire du département de l'Hérault. Il y coupe
l'Hérault au confluent de la Boyne, puis des rivières de moindre
importance aux confluents de divers ruisseaux, et enfin l'Orb au
détour qu'elle présente en passant du terrain schisteux dans le
terrain tertiaire, détour où aboutit le ruisseau de Berlou et à 1 ki-
lomètre au-dessous duquel elle reçoit la rivière de Bernacabre, qui
descend de Saint-Chinian en côtoyant le terrain schisteux.
Entrant enfin sur ce terrain, notre cercle passe au sommet de
la montagne schisteuse située au N.-N.-O. de Saint-Chinian, et,
comme on l'a déjà dit page 35£, il y coupe simultanément Yhexa-
tétraédrique Rbaab de Noutron et le bissecteur DH du système du
mont Seny.
Suivant ensuite la crête schisteuse et granitique qui sépare les
* M»
M8 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
affluents du Tarn de ceux de l'Aude, et sur laquelle il passe à la
cime des monts Saint-Félix, élevée de 1,210 mètres, Xhexalétraé-
drique HaTTa y rencontre, comme on l'a déjà dit page 286, le
trapézoédrique Tb du système de la Vendée. Passant à travers les ri-
goles dans lesquelles on a réuni, .avec un art si justement admiré,
les eaux de la montagne noire destinées à l'alimentation du canal
du Languedoc, notre cercle laisse à 1 kilomètre au nord la pointe
occidentale de la masse granitique de Sorèze, et coupe la ligne du
canal à l'O. d'Àvignonet, près du coude que forme à son approche
la rivière de Mares.
Après avoir traversé les vallées de l'Ariége et de la Garonne ainsi
que les plateaux tertiaires dans lesquels elles sont creusées, notre
cercle va couper au N.-N.-E. d'Aurignac, sur la rive droite de la
Touch, dont il suit à peu près la direction, le trapézoédrique Tabc
du système du Longmynd.
Poursuivant son cours sur les plateaux tertiaires du Bigorre , où
il passe à la source même de la Touch, X hcxatétraédrique HaTTa rase
avec une étonnante précision, entre Gastelnau-de-Magnoac et Mau-
léon, près du confluent de plusieurs ruisseaux qui tombent dans le
Gers, le dernier relèvement de terrain crétacé inférieur qui forme
la pointe occidentale extrême du chaînon oriental des Pyrénées. 11
coupe ensuite le diagonal \b du système du mont Serrât sur la rive
gauche de l'Arros, près du point où deux ruisseaux viennent, dans
des directions opposées, s'y jeter, l'un en face de l'autre, au-dessous
de Glarac.
Passant dans la ville de Tarbes, où il traverse l'Adour, il en sort
en coupant la Jespe immédiatement au-dessous du confluent d'un
ruisseau qui descend comme elle des Pyrénées. Bientôt après il
franchit le gave de Pau à 2 kilomètres au-dessous de Nay, où cette
rivière forme un coude à sa sortie des montagnes, et plus loin,
passant à 3 kilomètres au midi d'Oleron, il coupe les différents
torrents qui se réunissent aux portes de cette ville pour former le
gave d'Oleron.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 449
Il entre alors obliquement dans les Pyrénées, où il rase au S.
plusieurs cimes formées de terrain crétacé inférieur, et au pied
S.-O. de la dernière, qui domine la source de la Bidouze, il coupe,
comme on la dit précédemment, page 358, le diamétral Dac du
système de la Côte-d'Or.
Franchisssant la Bidouze naissante au point où elle sort du terrain
schisteux et rasant la pointe S.-E. d'un lambeau de grès bigarré,
notre cercle, qui s'adapte d'une manière assez remarquable aux
accidents orographiques du Pays Basque, traverse la frontière au
S.-O. des Aldudes et va passer, à Villafranca , au confluent de l'Orio
et de l'Urola. Plus loin, il s'associe, au-dessous de Mondragon, à la
vallée de la Beba, dans une étendue de 8 kilomètres, qui comprend
plusieurs confluents, et ensuite, entre A illareal et Murgnia, aux dé-
tours prononcés et correspondants entre eux de plusieurs rivières
qui se réunissent près de Vittoria.
Mais ici Xhexatétraédrique HaTTa entre dans la partie de la carte
qui a du être sacrifiée pour l'établissement des légendes, et où on
aurait trouvé peut-être la confirmation des indices qui sembleraient
lui assigner, dans les Pyrénées basques, un rôle stratigraphique
important.
Ce grand cercle, jalonné avec une grande précision, dans toute
la largeur de la carte géologique de la France , par des accidents
orographiques et géologiques très-nets et de peu de largeur, et
même par des ouvrages humains, passe au point T situé à l'O.-N.-O.
de Burgos, et, sortant de la Péninsule approximativement par
l'embouchure du Minho, il entre dans l'océan *4tlantique, où il se
dirige vers les Açores.
Il ne rencontre dans cet archipel que l'île de San-Miguel , dont il
coupe la partie S.-E. Il l'aborde par le bas fond assez étendu que
projette l'ile vers l'E.-N.-E. en avant de la pointe d'Arnel, passe à
cette pointe même, ainsi qu'à la cime du pic de Vora, élevé de
3,569 pieds anglais (1,088 mètres) et le plus haut de toute l'île,
suit exactement la crête que couronne ce pic, sort de l'île par les
Stratigraphie. 29
450 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
rochers qui accompagnent la pointe de Galera , et s'en éloigne en
rasant l'extrémité du bas fond qui s'avance à l'O.-S.-O. de l'Agoa-
do-Pao. Il est parallèle à une autre crête située au N.-O. de la
première et couronnée par le Serro-da-Agoa, élevé de 3,070 pieds
anglais (936 mètres), ainsi qu'à d'autres alignements que la carte
fait apercevoir. Il serait difficile de tracer sur la carte de YHydro-
graphical Office une ligne mieux adaptée à l'orographie de l'île de
San-Miguel et plus propre à représenter l'une des principales direc-
tions qui s'y dessinent.
Achevant de traverser l'océan Atlantique, Yhexatétraédrique
HaTTa se dirige vers le point T situé au N.-E. de la Guadeloupe,
où il est assujetti à passer. Bientôt après il coupe l'île même de ce
nom dans toute sa largeur, en passant approximativement, dans
la partie basse et avancée à l'est appelée la Grande-Terre, à la
pointe de la Grande-Falaise et à l'anse du Petit-Canal, et en péné-
trant par la grande rivière à Goyaves, dans la Guadeloupe propre-
ment dite, où il laisse un peu au sud le Sans-Touché, sommet le
plus élevé du groupe trachytique de la Basse-Terre.
La Guadeloupe est, parmi les Antilles, une des îles où les feux
souterrains ont conservé le plus d'activité. L' hexatélradrique HaTTa
paraît raser vers le N.-O. le contour extérieur du foyer sans cesse
menaçant qui existe au-dessous d'elle dans les profondeurs de
la terre. Il laisse au S.-E., à 10 kilomètres de distance, la Pointe-
à-Pître, ville célèbre par les désastres que, naguère encore, les
tremblements de terre lui ont fait éprouver, et à 1 9 kilomètres le
volcan détaché de la Soufrière, bien connu aujourd'hui par les
savants travaux de M. Charles Sainte-Claire-Deville. Il l'est beau-
coup mieux que le large massif du Sans-Touché, dans lequel
passe notre cercle; mais on peut remarquer que celui-ci s'en dé-
gage vers l'ouest par la Pointe-à-Lézard, où il rase l'extrémité
septentrionale de l'anse de Bouillantes, en laissant, à moins d'un
kilomètre dans le S.-E., les sources thermales auxquelles elle doit
son nom. Ces sources remarquables, qui, avec leurs jets de vapeur
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 451
comparables aux étuves de Néron, peuvent être citées comme l'une
des manifestations volcaniques les mieux caractérisées de l'île en-
tière , sont en même temps un des repères les plus nets de Xhéxa-
tétraédrique HaTTa.
Dans la mer des Antilles, au delà du point a voisin du cap
Godera , où il est assujetti à passer, notre cercle traverse la chaîne
des îles Sous-le-Vent, en coupant dans sa partie occidentale le
groupe d'îlots de Los Roques, et il va aborder la côte de la Terre
ferme au fond du golfe Triste, un peu à l'O. de Porto-Cabello.
Passant dans les montagnes du Barquisimento et approximative-
ment par la ville de Truxillo, notre cercle laisse au S.-E. la ville
de Santa-Fé de Bogota et suit le pied N.-O. de la Cordillère orien-
tale de la Nouvelle-Grenade. Il traverse dans leurs parties supé-
rieures les vallées du Rio-Magdalena et du Rio-Cauca, et il passe
au nœud de Los Robles, où il coupe, à l'O. de Popayan et au pied
de la haute cime située à la naissance du Rio-Timbio (citée pré-
cédemment, page 175), le dodécaédriqite rhomboïdal axe volcanique
du Pacifique.
Côtoyant ensuite obliquement le pied des Andes de Los Pastos
et de Quito, notre cercle s'en éloigne peu à peu, et, passant à la
base méridionale du cap de San-Lorenzo, au nord de la baie de
Guayaquil, il entre dans l'océan Pacifique, où il ne rencontre de
longtemps aucune terre.
Si nous revenons maintenant au point de départ pour suivre
vers l'E. le cours de Y hexatétraédrique HaTTa, nous trouverons
qu'au delà du golfe de Gênes il aborde la côte d'Italie un peu au
N. de l'embouchure de l'Arno. Tracé sur la belle carte géologique
de l'Italie par M. H. de Collegno, il passe un peu au midi de Pise,
puis à Vico-Pisano, et remonte la vallée de l'Arno jusqu'à Mon te-
Lupo, où ce fleuve sort du terrain de macigno nummulitique
pour entrer dans les dépôts pliocènes. Notre cercle traverse ensuite
les Apennins en tronquant légèrement la pointe septentrionale de
leur noyau jurassique, et en sort en passant, à Colmazzo, au con-
*9-
452 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
fluent du Mercatello et de la rivière d'Acqualagna. Franchissant
enfin ia zone des terrains pliocènes subapennins du littoral adria-
tique, il va raser au nord le cap jurassique d'Ancône et couper le
primitif de l'Etna, représentant du système du Ténare, au même
point que son homologue Y hexatétraédrique HaTTa, représentant du
système de l'Erymanthe et du Mermoucha.
Au delà de l'Adriatique, notre cercle, asujetti à passer au pointa
au sud de Nissa, traverse la Dalmatie et la Turquie d'Europe pour
aller couper au nord de Gonstantinople la partie méridionale de la
mer Noire. Parcourant ensuite l'Asie Mineure et l'Arménie, où il
rencontre les lacs de Van et d'Ourmiah, puis la Perse, où il passe
approximativement à Téhéran, il entre dans l'Inde, d'après la carte
de M. Greenough, par le Gundava ou Moola-Pass, de même que
le primitif du Land's-End y entre, ainsi qu'on l'a vu page 1&6, en
passant approximativement par les défdés de Bholun, et il franchit
l'Indus, à l'E.-N.-E. du lac Munchur, dans une des inflexions de
son cours.
Cette inflexion est, à la vérité, peu prononcée, et on peut tou-
jours hésiter sur l'importance à attribuer, au point de vue qui nous
occupe, à une inflexion légère d'une vallée aussi évidemment fa-
çonnée par les courants diluviens que l'est celle de l'Indus au-des-
sous des défilés du Salt-Range. Mais l'Indus est bordé à l'ouest, sur
1,100 kilomètres de longueur, par une région montagneuse atte-
nante à l'Afghanistan et au Bélouchistan et qu'on pourrait croire mal
connue. Or, parmi les cercles du réseau pentagonal, préalablement
étudiés en Europe, que nous avons poursuivis jusque dans l'Inde, il
en est quatre qui traversent cette région; ce sont, en allant du nord
au sud, i° le diamétral Dac du système des Pays-Bas, qui entre
dans les plaines subhimalayennes par leur angle N.-O. (p. hko) en
côtoyant le pied du Salt-Range; 9° le trapézoédrique Tb du système
du Taira, qui rase le pied méridional du mont Takht-i-Suliman,
élevé de 3,910 mètres (p. 629); 3° \c primitif du Land's-End, qui
passe approximativement, comme ou vient de le rappeler, aux
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 453
défilés de Bholun (p. 1 46), et h° enfin notre hexalétraédique H«TTa,
qui passe au défilé du Gundava ou Moola-Pass. Chacun des quatre
cercles trouve dans cette région un jalon, et un jalon des plus re-
marquables, fait d'où l'on peut inférer que les officiers ou autres
agents chargés par X Eastlndia Company de recueillir, pour la marche
de ses armées, les documents topographiques communiqués plus
tard à M. Greenough, ont rempli leur mission avec conscience et
discernement; car si, pour me servir d'une expression vulgaire,
leurs cartes étaient des romans, comment quatre cercles du réseau
pentagonal s'accorderaient-ils pour y trouver des points de repère
aussi fortement caractérisés?
Ces remarques augmentent ma confiance dans la valeur des
coïncidences que j'ai signalées entre les cercles du réseau et les
traits intérieurs de l'Himalaya. La carte géologique de l'Inde par
M. Greenough n'est pas gravée aussi finement que sa belle carte
géologique de l'Angleterre; mais toutes les épreuves auquelles je
l'ai soumise me portent à penser que la topographie en est très-
bonne, dans ce qu'elle a d'essentiel.
Au delà de l'indus, notre cercle, traversant les déserts du Sinde
et coupant la rivière Loony un peu au-dessous du confluent de la
rivière Sookree, tronque légèrement l'extrémité S.-O. de la chaîne
appelée Ooturen-Ra?ige, prolongation de la chaîne d'Oravelly : il
passe au confluent des rivières Seepoo et Bunass, entre lesquelles
expire un autre rameau du même système.
Après avoir coupé les rivières Saubermuttee et Hautinuttee,
chacune près d'un coude prononcé de son cours, notre cercle entre
dans le massif du Salamber-Range , où il s'ajuste à plusieurs des
traits stratigraphiques principaux et où il passe la rivière Anass à
sa sortie d'un défilé granitique. Plus loin, s'adaptant au cours supé-
rieur de cette rivière, il effleure l'extrémité occidentale de la longue
chaîne trappéenne appelée Vindhya Montains. Il franchit la rivière
Nerbudda un peu à l'ouest du sommet de l'angle rentrant que pré-
sente le contour du grand massif trappéen de l'Inde centrale, sur
hM RAPPORT SUR LES PROGRÈS
lequel il va passer au point H situé dans l'angle formé par le con-
fluent des rivières Tapty et Poorna.
Se prolongeant ensuite sur le plateau trappéen du Deccan, où il
coupe la chaîne des Payen-Ghaut, il s'en éloigne par la vallée de
l'Arran, dont il sort par le confluent de cette rivière avec la Pain-
Ganga, qu'il suit elle-même jusqu'à une inflexion très-prononcée
de son cours. Passant alors dans la vallée du Godavery, il suit le
cours de ce grand fleuve sur une longueur de /i5o kilomètres, en
le côtoyant souvent et en coupant ses sinuosités en cinq points
successifs. Le dernier de ces points d'intersection est l'extrémité
de la principale diramation du delta dont il traverse l'embouchure,
dirigée au nord par les courants marins, pour entrer dans le golfe
du Bengale entre les ports de Caringa et de Mazulipatam, de même
qu'il entre en France entre Nice et Antibes en coupant l'embou-
chure du Var.
On a vu qu'il passe aussi, au moins approximativement, par les
embouchures du Minho et de l'Arno, et on se rappelle que le dodé-
caédrique rhomboïdal axe volcanique de la Méditerranée entre lui-
même dans le golfe du Bengale (p. 172) par les bouches réunies
du Gange et du Brahmaputra. Ce phénomène, est fréquent même
dans les fleuves qui ont un delta, et il démontre, en fait, l'influence
qu'exerce la symétrie pentagonale jusque sur les phénomènes géo-
logiques le plus livrés en apparence aux caprices du hasard.
Au delà du golfe du Bengale, Yheœatélraédrique HaYTa, se diri-
geant vers le point a situé au midi de Java, où il est assujetti à
passer, parcourt dans toute sa longueur l'île de Sumatra, et il pa-
raît s'adapter assez heureusement à quelques-unes des crêtes mon-
tagneuses que les cartes y figurent. 11 rase à l'est la base du nionl
Ophir ou Berapi, volcan considérable près duquel il coupe k dô-
décaédrique régulier du cap Gorrientes et de Singapour. (Voir ci-
dessus, p. 79.)
Sortant de Sumatra au nord du détroit de la Sonde, notre cercle
traverse l'île de Java, où, d'après la carte déjà citée de M. Léopold
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 455
de Buch, ii passe au volcan de Tilo, situé entre les deux volcans
plus connus de Gede et de Papandayang1.
Traversant ensuite la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-Zélande et
l'archipel des îles Chatam, notre cercle va gagner les côtes du
Pérou près du cap San-Lorenzo. Je ne puis le suivre actuellement
dans tous ces parages, mais je ferai encore à son occasion une der-
nière remarque.
Le point où Yhexatétraédrique HaTTa coupe l'équateur, près du
volcan de Berapi, est l'antipode de celui où il coupe l'équateur
sur le versant occidental des Andes de Quito. Les antipodes d'une
partie de la Cordillère de la Nouvelle-Grenade tombent dans l'île
de Sumatra. Trois des cercles que nous venons d'étudier, le trapé-
zoédrique Tb du système du Tatra, le diamétral Dac du svstème des
Pays-Bays et Yhexatétraédrique HaTTa, côtoient la Cordillère de la
Nouvelle-Grenade, comme ils côtoient, en les traversant longitudi-
nalement, l'île de Sumatra et le détroit de Malaca. Le golfe de
Gayaquil, échancrure la plus profonde et presque unique de la
côte occidentale de l'Amérique, entre les îles de Chiloe et Panama,
correspond très-approximativement au détroit de Malaca. On a vu
ci-dessus, page 182, que le grand volcan de Gunong-Dempo est
situé presque exactement aux antipodes des volcans américains de
Sotara et de Puracé. Les antipodes de la Cordillère de la Nouvelle-
Grenade, dessinés sur la carte de l'île de Sumatra, en couvriraient
la partie méridionale et la prolongeraient vers le S.-E. L'île de Java
est presque l'antipode de la Cordillère littorale de Venezuela, à
laquelle M. Léopold de Buch la compare pour la structure et la
composition de celles de ses montagnes qui ne sont pas volca-
niques2. Il y aurait une étude comparative à faire de ces contrées
diamétralement opposées sur le globe, étude dans laquelle nos
trois cercles joueraient un rôle important.
1 Description physique des îles Cana- traduite de l'allemand par M. C. Boulan-
ries, suivie d'une indication des principaux ger, p. A27.
volcans du globe, par M. Le'opold de Buch , * Ibid. p. h 17.
456 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Sans aborder cette étude, je consigne seulement ici l'observa-
tion suivante : Les dentelures que présente la côte d'Amérique de
part et d'autre du golfe de Guayaquil sont situées dans la prolon-
gation des chaînes de la Nouvelle-Grenade ; les axes de ces chaînes
traversent donc les Andes de Los Pastos et de Quito sans dévier
de leur direction. Ici, comme dans les Alpes et dans l'Himalaya,
les directions stratigraphiques se traversent mutuellement sans se
confondre. On peut en citer beaucoup d'autres exemples dans les-
quels on voit deux directions qui se croisent poursuivre l'une et
l'autre leur cours, sans déviation, sur des étendues considérables.
Mais cette digression m'éloigne de Xhexatétraédrique HaTTa. En
résumé, ce grand cercle, jalonné en France avec une grande netteté ,
l'est également aux Açores, aux Antilles, dans l'Inde, à Sumatra, à
Java, etc. En voyant en outre avec quelle précision il s'adapte aux
crêtes montagneuses de certaines contrées, le midi des Cévennes,
les Pyrénées basques, l'île de San-Miguel, Sumatra, etc., j'ai peine
à croire qu'il ne soit pas destiné à devenir prochainement le grand
cercle de comparaison d'un nouveau système de montagnes.
Primitif du Land's-End.
Le cercle placé au vingt-neuvième rang dans le tableau des
1 83 intersections est le primitif du Land's-End.
Une monographie assez étendue de ce grand cercle a été donnée
dans le cours du présent Rapport, page ikk\ mais il y a été dit
qu'on reviendrait plus tard sur les circonstances de précision avec
lesquelles il traverse le nord de l'Allemagne et la Belgique. Le mo-
ment est venu de combler cette lacune.
Suivi de l'est à l'ouest conformément à l'ordre d'inscription des
intersections dans le tableau, le primitif du Land's-End aborde le
cadre de la carte géologique de la France par le côté oriental. Dans
les plaines de grès bigarré de la Hesse, il coupe le petit massif ba-
saltique situé entre Schwarzenborn et Neukirchon, et traverse au
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 457
N. de Siegen les terrains schisteux de la Westphalie, où. il s'a-
dapte à certaines dispositions hydrographiques : il y rencontre,
sur la rive gauche de l'Agger, le trapézoédrique Ta du système du
Vercors.
Passant le Rhin un peu au-dessus de Cologne, dont il effleure
au midi les ouvrages de fortification, il croise à l'ouest de cette
ville le trapézoédrique Tabc du système du Longmynd, et il va tra-
verser la ville de Juliers, où il franchit la Roër à 2 kilomètres au
nord du confluent de la rivière de Lamersdorf.
Cheminant sur des terrains plats formés de dépôts récents, il
coupe perpendiculairement, dans la vallée de Heerlen, Yhexatétraé-
drique Uaa, et traverse la Meuse à Recken, à 2 kilomètres au-
dessous du contour qu'elle -forme au confluent de la rivière de
Fauquemont. Il coupe ensuite la Dyle à 3 kilomètres au-dessous
de Louvain, la Senne à 5 kilomètres au N. de Bruxelles, l'Escaut
au-dessous d'Audenarde, à 1 kilomètre au midi du confluent de
la Sivalme, la Lys au-dessous de Courtrai, et, comme on l'a dit
ci-dessus, page 276, il rencontre le trapézoédrique TI du système
du mont Viso, près de Roosebeke, sur le saillant N.-E. d'un plateau
de terrain tertiaire inférieur.
Passant au N. d'Ypres, de Cassel et de Watten , notre cercle laisse
au S. les petites montagnes de terrain tertiaire inférieur qui acci-
dentent cette partie de la Flandre, et, cheminant sur des plaines
basses formées de dépôts modernes, il va couper dans ses parties
les plus élevées le massif crayeux du cap Blanc-Nez. Il passe ensuite
à Wissant, où il entre dans le Pas-de-Calais par la plage où, d'après
l'une des versions accréditées, César s'embarqua pour la conquête
de la Grande-Bretagne, et il rase au nord, à moins de 1 kilomètre
de distance, le phare du cap Gris-Nez, qui éclaire l'ouverture du
détroit. Ainsi qu'on l'a vu précédemment, page 291, il ren-
contre, en entrant dans la Manche, le diamétral ])ac du système du
Forez.
Vers le milieu du canal , il rencontre le trapézoédrique TTbbc de
458 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
l'Hécla, et, passant devant le port de Hastings, il aborde la côte
d'Angleterre par les petites falaises wealdiennes de Pevensey-Haven.
Construit avec précision sur la belle carte géologique de l'An-
gleterre par M. Greenough, où cette opération est entravée par
l'omission du tracé des méridiens et des parallèles, le primitif
du Land's-End atteint, à Meiston, les collines crayeuses des South-
Downs, qu'il traverse obliquement en laissant Beachy-Head à 1 o ki-
lomètres dans le sud.
Passant immédiatement au N. de Brighton, il chemine sur la
plage de Shoreham, traverse le dépôt tertiaire littoral de Middle-
ton et de Bognor, et, coupant l'entrée du havre de Chichester, il
pénètre dans la célèbre rade de Spithead, où il rase les pointes de
South-Castle et de Gosport, en laissant à 2 kilomètres au nord la
ville et l'arsenal de Portsmouth.
Tronquant ensuite la pointe septentrionale de l'île de Wight,
où il passe dans la ville d'East-Cowes, et traversant le Soient,
dont il sort par la rivière de Lymington , il entre sur les terrains
tertiaires du Hampshire, où il coupe, à Christchurch, la rivière
Avon, et, près du havre de Poolc, le trapézoédrique Tft du système
de la Vendée. Il n'en sort que pour traverser au S. de Dorchester
la craie des South-Downs et pour entrer dans la Manche à l'extré-
mité S.-E. de la falaise oolithique de Burton-Cliff. Il laisse au sud,
à une distance qui ne dépasse pas 10 à 12 kilomètres, la ligne de
soulèvement de l'île de Wight, de l'île de Purbeck et du Dorset-
shire. Dans la Manche, où il rencontre le trapézoédrique TIa du
système du Morbihan, notre cercle passe à quelques kilomètres
au large de Lyme-Regis, mais bientôt il retrouve la côte, où il
coupe, au midi d'Exeter, les embouchures de l'Otter et de l'Exe,
au milieu de collines de marnes irisées et de grès vert.
Au delà de ces terrains secondaires, le primitif entre un peu au
nord de Chudleigh dans les terrains anciens du Devonshire, où il
coupe de prime abord les deux branches de la rivière Teign,
chacune au confluent d'un ruisseau. Entre les deux branches de la
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 459
Teign, il passe à Hennock, où M. Greenough indique, dans les
terrains paléozoïques , des mines de plomb et de magnésie, ainsi
que des gisements de tourmaline et d'apatite (chaux phosphatée).
Abordant par sa saillie la plus orientale le massif granitique du
Dartmoor, qu'il traverse, comme on l'a vu ci-dessus, page \kk,
à peu près par son milieu, ou, pour mieux dire, suivant le plus
grand diamètre de son expansion septentrionale, il en sort par la
sinuosité rentrante la plus prononcée de sa limite occidentale,
sinuosité dans laquelle pénètre le calcaire devonien qui renferme
les mines de cuivre, d'étain et de plomb de Tavy. Notre cercle
passe entre les villages de Saint-Peter-Tavy et Saint-Mary-Tavy,
au milieu des signes conventionnels que M. Greenough a placés
sur sa carte pour indiquer les gîtes métallifères. Ils sont tous com-
pris dans une sorte de bassin formé par la réunion de plusieurs
vallons convergents qui viennent se réunir à la vallée de la rivière
Tavy, tout près du point où notre cercle la traverse.
Cette rivière, en poursuivant son cours vers le havre de Ply-
mouth, passe bientôt à Tavistock, ville située à k kilomètres seu-
lement au S. du primitif du Land's-End, et bien connue par les
mines de cuivre et d'étain qu'on exploite dans son voisinage. Les
mines de Tavistock sont ouvertes sur plusieurs filons dont les
directions sont parallèles à notre cercle, et cette direction est une
de celles qui se rencontrent le plus fréquemment dans les filons
métallifères du Devonshire et du Cornouailles. Elle est la plus fré-
quente aussi dans les Dykes d'Elvan, filons de roches porphyriques
et quelquefois granitoïdes qui se montrent en grand nombre dans
les mêmes régions que les gisements des substances métalliques.
On la retrouve également dans les filons ou assises interstratifiées
de trapp, qui abondent dans toute la presqu'île et même dans les
couches redressées des différentes formations paléozoïques qui y
constituent en grande partie le sol. Ces quatre classes de directions
s'infléchissent souvent suivant plusieurs orientations très-diverses,
mais la plus fréquente de ces orientations est celle de notre primitif.
460 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
On en voit un exemple très-bien développé dans la région qui
s'étend à l'O. des gîtes métallifères de Tavy. Notre cercle s'y avance
au milieu de lignes trappéennes qui lui sont d'abord parallèles pour
se recourber ensuite autour du massif granitique du Bodminmoor,
et c'est avec ce cortège qu'il va traverser la rivière Thamar, dont
il coupe trois fois le lit dans le crochet très-prononcé qu'elle forme
au-dessous du confluent de l'Inny. Le primitif remonte ensuite le
cours de cette dernière rivière dans l'étendue de 5 kilomètres,
rencontrant ainsi au centre de la presqu'île et de tous ses acci-
dents géologiques une adaptation hydrographique des mieux ac-
centuées.
Poursuivant son cours vers l'ouest, ce même cercle traverse à
peu près par son milieu la masse de granité du Bodminmoor, où
il entre en coupant la rivière Lynher près du confluent d'un ruis-
seau, et d'où il sort en franchissant, à 1 kilomètre au nord de leur
point de réunion, la rivière Allen et l'un de ses affluents. Plus loin,
il rentre dans le terrain schisteux (killas), où existent encore des
filons d'elvan et des bandes trappéennes dont les directions lui
sont souvent parallèles ou s'infléchissent de manière à le devenir,
à peu près comme le font les affleurements des couches carboni-
fères de la Belgique et de la Flandre par rapport au diamétral Dac
du système des Pays-Bas. S'adaptant enfin, au S. de Padstow, au
côté méridional de la vallée de l'Allen élargie par les marées, le
primitif entre dans l'Océan, comme on l'a dit précédemment,
page îliU, en coupant la côte entre les pointes de Pencarn et de
Trevose-Head.
On voit que, dans les parties où il traverse le cadre de la carte
géologique de la France, le primitif du Land's-End est jalonné,
comme il l'est dans les autres parties de son cours, ainsi qu'on l'a-
vait annoncé page i48, par beaucoup de points remarquables. Il
l'est avec une précision qui se constate d'autant mieux qu'on em-
ploie une carte plus parfaite. Nulle part cette précision n'est plus
manifeste que sur la belle carte géologique de l'Angleterre par
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 461
M. Greenough, carte sur laquelle notre cercle est représenté avec
une exactitude suffisante par une ligne droite, tangente, au sud, au
signe représentant le village de Hennock, au N.-O. de Chudleigh,
et coupant par son milieu le signe cuivre (9) placé entre la ville
de Padstow et le village de Little-Patrick. Peut-être la précision
serait-elle plus frappante encore sur les cartes du Geological Survey;
niais, à cause de la projection de ces dernières, il n'est pas facile d'y
tracer un cercle avec exactitude l.
Dans le Devonshire et le Cornouailles, le primitif du Land's-End
est parallèle à une nombreuse série d'accidents stratigraphiques
déjà signalés ailleurs 2, qui probablement font partie d'un système
de montagnes dont il serait le grand cercle de comparaison.
L'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes l'a désigné
sous le nom de Land's-End Apscheron, et l'a supposé contemporain
de la discordance de stratiGcation constatée par sir Henri de la
Bêche entre le vieux grès rouge et le calcaire carbonifère.
Je rappelle de nouveau au lecteur que le paragraphe qui vient
d'être consacré au primitif au Land's-End a pour objet de combler
une lacune laissée (page 1 kk) dans l'article consacré à l'ensemble de
ce grand cercle, article dont ce qui précède corrobore les conclu-
sions, qu'il serait inutile de répéter. (Voir page 1Û8.)
Sur tes intersections des cercles du réseau pentagonal qui tombent dans le cadre
de la carte géologique de la France.
Le primitif du Land's-End est le vingt-neuvième et deruier des
cercles auxquels se rapporte le tableau des i83 intersections3. Ici
se termine, par conséquent, la série des monographies partielles
commencées à la page ihh par celle de Xoctaédriaue du mont Sinaï
(système des Pyrénées); mais, pour compléter l'étude des relations
1 Notice sur les systèmes de montagnes, 3 Comptes rendus, t. LXII, p. 1267,
p. io65. séance du 11 juin 1866, et t. LXIII,
* Notice, p. 329 et 334. p. 6 9, séances des 9, 16, 2 3 juillet 1 866.
462 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
existantes entre le réseau pentagonal et la constitution du sol de la France
et des contrées limitrophes, il reste encore à ajouter quelques re-
marques au sujet de ces points d'intersection ou de croisement,
calculés au nombre de 1 83, qui ont fourni les moyens de construire
les 29 cercles du réseau pentagonal dont le cours a été figuré et
étudié sur la carte géologique de la France.
Je ferai observer d'abord que douze des points calculés, tombant
dans les parages de la Corse, mais en dehors du cadre supplémen-
taire qui renferme cette île, n'ont pu être marqués sur la carte
géologique de la France. Ils n'ont cependant pas été calculés en
pure perte, car ils ont été construits sur les meilleures cartes de
la mer Tyrrhénienne et des côtes d'Italie, et ont servi à y tracer
les cercles du réseau qui les traversent et dont le cours a été décrit
ci-dessus.
Les intersections dont les positions ont pu être figurées sont
donc seulement au nombre de 171, et elles n'ont même pas donné
171 points réellement différents, parce qu'un certain nombre de
ces intersections se sont réunies, 3à 3, 6 à 6, 10a 10, en un
seul et même point.
Le calcul a donné en effet, comme le montre le tableau, dans
chacun des cas dont il s'agit, pour plusieurs intersections inscrites
l'une à la suite de l'autre, des latitudes, des longitudes et des
orientations qui ne différaient que dans les centièmes ou tout
au plus dans les dixièmes de seconde, c'est-à-dire de quantités
dont on ne peut répondre dans les calculs exécutés avec les tables
de logarithmes à sept décimales, qui ont été employées. Des jalons
placés sur le terrain d'après les chiffres obtenus ne seraient éloi-
gnés que de quelques mètres. Les cercles qui donnent ces intersec-
tions ne paraissent se couper en des points différents que par suite
de l'imperfection inévitable du calcul logarithmique. Ils se ren-
contrent sans aucun doute en un seul et même point; mais ce point
représente plusieurs intersections réunies.
Lorsque trois cercles se coupent en des points très-voisins, ils
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 463
constituent un petit triangle dont les trois sommets forment chacun
une intersection distincte; mais, si on suppose que les cercles se res-
serrent et que les côtés du triangle deviennent nuls, les trois inter-
sections se confondent.
Lorsque quatre cercles se coupent, ils forment quatre triangles
ayant en tout douze sommets dont chacun appartient à deux triangles,
ce qui donne seulement six intersections distinctes qui se confondent
toutes ensemble lorsque , par un mouvement de concentration des
cercles, les côtés des triangles deviennent nuls.
Lorsque cinq cercles se coupent, ils forment dix triangles ayant
en tout trente sommets appartenant chacun à trois triangles, ce qui
donne dix intersections distinctes qui se réunissent en un même
point quand les côtés des triangles deviennent nuls par l'effet d'un
petit mouvement des cercles.
Les 171 intersections construites sur la carte géologique de la
France donnent :
ii3 points de croisement simples, où passent seulement deux
cercles;
12 points de croisement triples, où passent trois cercles;
2 points de croisement quadruples, où passent quatre cercles;
Et 1 point de croisement quintuple, où cinq cercles différents se
rencontrent.
Je ferai remarquer d'abord que les nombres et l'espèce de clas-
sification qui viennent d'être donnés ont un caractère essentielle-
ment provisoire. Si aux 2 9 cercles étudiés sur la carte géologique
de la France on en ajoutait un 3oe, puis un 3ie, un 32e, etc.,
ce qui arrivera probablement plus ou moins prochainement, le
nombre des intersections augmenterait, en thèse générale, et il
arriverait le plus souvent que certaines intersections simples de-
viendraient des points de croisement triples, quadruples, quin-
tuples, etc.
On comprend qu'en parlant d'un 3oe, d'un 3ie, d'un 32e cercle,
je fais allusion à la découverte possible et même probable, dans la
m RAPPORT SUR LES PROGRÈS
France elle-même, de nouveaux cercles réalisés par la nature et
jalonnés par les phénomènes naturels comme les vingt-neuf cercles
qui ont été étudiés précédemment; car il ne suffit pas de tracer
une ligne droite sur la carte du pentagone européen pour ajouter
un nouveau terme à la série des phénomènes géologiques. On pro-
posera infailliblement l'adoption de nouveaux cercles, et l'auteur
même de ce Rapport n'a aucune raison pour dissimuler qu'il en a
quelques-uns en vue dont il a le projet de faire l'essai. Ceux qui
proposeront ces nouveaux cercles auront à les légitimer en mon-
trant que la nature les avait jalonnés à l'avance, et pour cela il n'y
aura pas de moyen plus simple à employer que celui que nous
avons suivi : tracer le cercle rigoureusement sur les meilleures
cartes possible.
Ce que je vais dire se rapporte donc uniquement au réseau pen-
tagonal dans sa composition actuelle et aussi dans son installation
provisoire actuelle sur la surface du globe (voir ci-dessus, pages 59
et 60). Il s'agit d'examiner, dans ce cas particulier, d'une part les
positions occupées dans le réseau pentagonal par les points de
croisement des vingt-neuf cercles étudiés, qui sont, ainsi qu'on vient
de le rappeler, vingt-neuf lignes naturelles jalonnées par les acci-
dents orographiques, hydrographiques et géologiques, et d'autre
part les situations dans lesquelles se trouvent ces points de croise-
ment par rapport à l'ensemble du relief et de la structure géolo-
gique du sol. Il s'agit ici, comme on va le voir, de connexions très-
étendues et très-intimes qui contribuent à dévoiler une connivence
secrète entre les causes qui ont produit le réseau pentagonal et
celles qui ont façonné le sol.
Je n'ajouterai cependant rien, en ce moment, à ce qui a été dit
dans le cours de ce Rapport, au fur et à mesure de l'étude des
cercles qui s'y rencontrent, relativement aux ii3 points d'inter-
section simples, mais les points de croisements multiples, au
nombre de i5, méritent de devenir l'objet de quelques observa-
tions.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 465
Les 1 5 points de croisement multiples actuels concentrent en
tout 58 croisements simples (3. 12 — f— 2 . 6 — f- 1 0 =: 58), et il s'agit
de voir premièrement où tombent ces concentrations.
Sur ces i5 points de croisement multiples, 7, réunissant 3i in-
tersections simples, plus de la moitié du total, tombent sur les
quatre grands cercles principaux du réseau qui traversent le cadre
de la carte géologique de la France; 3, renfermant 9 intersections
simples, tombent sur des bissecteurs DH, qui sont encore des cercles
d'un rang élevé dans la hiérarchie pentagonale; 6 seulement, con-
tenant 18 intersections simples, sont uniquement produits par des
cercles d'un ordre inférieur. L'un des points de croisement placés
sur des bissecteurs se trouve en même temps sur un cercle principal,
et est compté deux fois, ce qui fait que l'énumération que je viens
de faire contient 61 intersections simples (3i -+- 9 -f- 21 = 61),
tandis que les i5 points multiples n'en renferment réellement
que 58.
Deux des 1 5 points multiples contenus dans le cadre de la carte
géologique de la France se trouvent sur le primitif de la Nouvelle-
Zemble, représentant du système du Rhin : l'un près de Gagnes,
non loin de l'embouchure du Var; l'autre au pied septentrional du
col de Tende, au S.-S.-O. de Coni. Ils ont été signalés précédem-
ment, le premier aux pages 272, 3 20, 38/i, et le second aux pages
253, 280, 320 : on a pu y voir avec quel bonheur les rayons de
ces deux éloiles stratigraphiques s'adaptent aux accidents orogra-
phiques et géologiques de la. contrée environnante. Le piimitif de
la Nouvelle-Zemble surtout, qui est un rayon commun aux deux
étoiles, coupe les Alpes maritimes suivant une ligne remarquable
par les différences que présentent les deux segments qu'elle sépare.
Les deux points de croisement situés à Cagues et au pied du col
de Tende participent à ce que présente de spécial la position du
grand cercle primitif qui les contient, tandis que la situation du
premier au fond du petit golfe qui reçoit les eaux du Var, et celle
du second au fond de l'amphithéâtre montagneux dans lequel s'a-
Slratigraphie. 3o
/iCG RAPPORT SUR LES PROGRÈS
vancent au S.-S.-O. de Coni les terrains modernes du Piémont,
sont en rapport avec deux des traits les plus remarquables de ce
pays profondément accidenté.
Ces deux points, situés à 70 kilomètres l'un de l'autre, enserrent
dans sa partie la plus étroite le massif compliqué des Alpes mari-
times, où se pénètrent les directions de plusieurs systèmes de mon-
tagnes. Si les cercles qui s'y croisent s'écartaient légèrement de
leur position normale, les neuf intersections simples qui s'y trouvent
réunies se sépareraient, et une région peu étendue s'en trouverait
constellée avec profusion. La concentration des neuf intersections
simples en deux points de croisement multiples établit un rapport
de plus avec la structure de la contrée; car, lorsque six intersections
simples se réunissent, comme à Gagnes, en un seul et même point,
ce point de croisement a une valeur supérieure à six fois celle d'une
intersection simple.
Le point de croisement de Cagnes a, en outre, l'heureuse
chance de coïncider sensiblement avec celui que M. le comte de
Villeneuve a choisi, dans sa belle carte géologique du départe-
ment du Var, pour y placer la rose des orientations strati graphiques
qu'il a signalées en Provence, et dont plusieurs coïncident sensible-
ment avec celles des cercles du réseau pentagonal qui se croisent
à Gagnes1.
Trois des quinze points de croisement multiples renfermés dans
le cadre de la carte géologique de la France se trouvent sur le
primitif de Lisbonne, savoir: le point T à l'O.-N.-O. de Burgos, le
point de croisement triple situé à Beaumont-la-Ferrière (p. 25 1,
292 et 366) et le point de croisement triple situé près de l'Isle
(p. 268, 339 et 365). Ces trois points réunissent en tout seize in-
1 Voir l'ouvrage de M. le comte H. de Rapport, p. h , renferme une foule de don-
Villeneuve-Flayosc , ingénieur en chef des nées précieuses sur l'orographie et la slra-
mines, intitulé Description minéralogique tigraphie de la Provence, sur les helles
et géologique du Var. Cet important ou- sources de celle contrée, etc.
vrage, déjà cité au commencement de ce
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 467
tersections simples. Je ne puis donner ici de détails précis au sujet
du point T de l'Espagne qui tombe dans la partie de la carte géo-
logique de la France qu'on a dû sacrifier pour y placer les légendes,
et, quant aux deux croisements triples qui sont voisins du Morvan,
j'aurai à y revenir plus tard.
Un seul des points de croisement multiples renfermés dans le
cadre de la carte géologique de la France tombe sur le grand
cercle primitif du Land's-End. C'est le point a voisin du Cor-
nouailles. Ce point, où le primitif et Yoctaédriqae du Mulehacen se
coupent à angle droit, tombe dans la mer en dehors de la côte N.-O.
du Cornouailles, mais les trois rayons qui en partent s'adaptent
à cette presqu'île avec une remarquable précision. Le primitif du
Land's-End, ainsi qu'on l'a vu ci-dessus, pages \Uh et 658 , en
forme l'axe principal. Loctaédrique du Mulehacen rase presque exac-
tement les rochers qui supportent le phare des Longships1 et qui
sont l'extrémité occidentale du massif granitique du Land's-End
(p. 118). Enfin Yhexatétraédrique Rbaab de Nontron coupe la pointe
du Cornouailles, ainsi qu'on l'a vu plus haut, page 2 63, de ma-
nière à en sortir, à un kilomètre près, par le cap Lizard. Il est
fort probable que, pour représenter quelques-uns des systèmes de
montagnes ou des lignes de points remarquables qu'une étude at-
tentive fera découvrir dans les Iles Britanniques, on sera conduit
à employer des cercles passant au point a, qui deviendra alors tout
au moins un point de croisement quadruple ou quintuple. En tout
état de cause, la position de ce point près de l'extrémité S.-O. de
la Grande-Bretagne est des plus remarquables.
Trois de nos quinze points de croisement multiples tombent sur
ïoctaédrique du Mulehacen, qui suit le côté occidental du cadre de
la carte géologique de la France : ce sont le point T de l'Espagne
et le point a du Cornouailles, auxquels se joint le point où le bis-
secteur DH de Belle-Ile et le diagonal \b du système du mont Serrât
1 Notice, p. 1 177.
io.
468 RAPPORT SUR LES PROGRES
se coupent mutuellement sur ïoctaédrique. Je n'ai rien à ajouter à
ce qui a été dit dans les pages précédentes au sujet des deux pre-
miers points, et quant au troisième, qui tombe dans le golfe de
Gascogne à plus de 1 oo kilomètres au large des côtes de Bretagne,
je ne vois pas qu'il puisse donner lieu, pour le moment, à aucune
remarque particulière.
Ces trois points de croisement réunissent seize intersections
simples. Je passe aux points de croisement multiples qui tombent
sur les bissecteurs DH.
Deux de ces quinze points tombent sur le bissecteur DH de
Belle-Ile : ce sont le point de croisement triple qui vient d'être
signalé au large des côtes de Bretagne et le point de croisement
triple mentionné aux pages 3oo, 337 e^ ^89, comme placé sur la
crête schisteuse qui sépare la vallée de la Sure de celle de l'Attert
et qui est la plus méridionale des crêtes de l'Ardenne.
L'Ardenne est presque séparée de l'Eifel par une série de lam-
beaux de grès bigarré qui s'étendent de Trêves à Gemund, et, con-
sidérée isolément, cette région montagneuse présente grossière-
ment la forme d'un croissant qui embrasse le Condros et qui tourne
sa convexité vers le S.-E. C'est sur cette convexité, et presque à
égale distance des deux pointes du croissant, que tombe le point
de croisement triple qui nous occupe.
Ce point et le croisement triple du golfe de Gascogne réunissent
six intersections simples.
Le bissecteur DH du système du mont Seny ne rencontre, dans
l'étendue du cadre de la carte géologique de la France, qu'un seul
point de croisement multiple : c'est le croisement triple mentionné
aux pages 266, 35 1 et Au 7, comme placé sur la montagne schis-
teuse située au N.-N.-O. de Saint-Chinian (Hérault). La crête de
terrain schisteux qui domine cette ville vers le nord est la plus
avancée au midi des masses de roches anciennes du département
de l'Hérault et même de tout le centre de la France. Le point de
croisement triple que nous considérons tombe donc dans une po-
DE LA STRATIGRAPHIE EIS FRANCE. 461)
sition remarquable et assez analogue à celle du point précédent,
sur la crête la plus méridionale de l'Ardenne.
Sur les quinze points de croisement multiples que renferme le
cadre de la carte géologique de la France, six nous restent encore
à considérer : ce sont ceux qui sont situés dans le voisinage de
Barfleur, de Saint-Marcel près Noroy, du mont Poupet, des
Echelles, de Saint-Gels près de Gajarc, et des Bruyères près de
Saint-Parise-en-Viry. Aucun d'eux ne se trouve sur un grand cercle
principal ni sur un bissecteur.
Un croisement triple formé par les cercles Tïa (Morbihan), Tb
(Vendée), Dac (Pays-Bas), tombe dans la Manche, ainsi qu'on l'a
vu aux pages 2 5o, 284 et 436 , à 1 5 kilomètres au N.-N.-O. de Bar-
fleur. Le trapézoédrique Tïa reste éloigné de la masse granitique de
Barfleur dont on pourrait seulement le soupçonner de raser exté-
rieurement l'extension sous-marine; mais les deux autres cercles
s'adaptent avec une remarquable précision à la structure du Go-
tentin. Le trapézoédrique Tb (système de la Vendée) rase, à 3 kilo-
mètres de distance (p. 286), la côte granitique de Barfleur et les
îles Saint-Marcouf; le diamétral Dac (système des Pays-Bas) rase,
à 2 kilomètres de distance (p. 43 7), les falaises syénitiques du cap
de la Hague, et il effleure ensuite les rochers granitiques de l'île
d'Aurigny, par la pointe S.-O. de laquelle il sort des terres eu-
ropéennes. Si on pouvait restaurer ces différentes falaises, en leur
restituant ce que la fureur des vagues leur a enlevé, et les rétablir
dans l'état où elles se trouvaient lorsque la surface du globe a pris
son assiette actuelle, elles seraient bien près de se trouver en
contact avec les deux côtés de l'angle dans lequel elles semblent
avoir été destinées à se trouver inscrites.
Un des cinq derniers points de croisement multiples tombe
(p. 3oi, 354 et 373) à Saint-Marcel, sur les coteaux jurassiques
de !Noroy-lez-Jussey (Haute-Saône), où il est produit parla rencontre
simultanée de Yhexatétraédriqae Haa, du diamétral Dac (système de
la Côte-d'Or) et du trapézoédrique Te (système du Hundsruck). Ce
/i70 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
point est remarquable par la position en quelque sorte straté-
gique qu'il occupe relativement aux Vosges, dont Xhexatétraédrique
Uaa limite à peu près la zone d'influence, tandis que le diamétral
X)ac s'applique à leur contour extérieur, et le trapézoédrique Te à
plusieurs des accidents les plus fortement accentués de leur struc-
ture intérieure.
Un autre point de croisement multiple tombe (p. 278, 3oi et
A21) à Aiglepierre, au pied occidental du mont Poupet, en un
point doublement caractérisé comme étant le sommet de l'angle
obtus que présente, vers le N.-O., le contour extérieur du Jura et
en même temps l'extrémité d'un petit golfe que forme, dans le
massif jurassique, le bassin de la Bresse. Ce croisement résulte de la
rencontre simultanée de Yhexatélraédrique Haa, du trapézoédrique TI
(système du mont Viso) et du trapézoédrique Tb (système du Tafra).
Les rôles remarquables que jouent ces trois cercles dans l'intérieur
du Jura ont été suffisamment expliqués aux articles qui les con-
cernent; mais c'est ici le lieu de faire remarquer que le massif si
complexe du Jura, considéré dans son ensemble, présente grossiè-
rement, de même que l'Ardenne, la forme d'un croissant, et que le
point de croisement triple d'Aiglepierre s'est placé sur la convexité
de ce croissant et presque à égale distance de ses deux pointes.
Un nouveau point de croisement triple tombe (p. 2 52, 270 et
802), au N.-E. des Ecbelles (Savoie), sur une crête calcaire dé-
pendante des Alpes, en un lieu où s'opère une diramation dans la
direction des couebes, dont les unes continuent leur cours vers le
N. 260 E. à peu près, pour former le bord du massif alpin, tandis
que les autres s'inflécliissent au N. pour se diriger vers le Jura. C'est
comme le point de suture du Jura et des Alpes et le nœud de la
structure stratigraphique de la contrée. Le croisement qui a élu
domicile en ce point, si fortement caractérisé, résulte de la ren-
contre simultanée du trapézoédrique TIa (système du Morbihan), du
trapézoédrique TThbc (llécla) et àçYhewatétraédrique Uaa. Les rôles
que jouenl ces I rois cercles dans les contrées circoiivoisiues oui é(é
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 471
expliqués en détail aux articles qui les concernent. Je ferai remarquer
seulement que Yhexatélraedrique Haa concourt, dans la partie orien-
tale de la France , à quatre croisements triples situés dans la partie
méridionale de l'Ardenne, à Saint-Marcel près Norov, à Aiglepierre
près du mont Poupet, et à la bifurcation du Jura et des Alpes près
des Echelles. Cette circonstance contribue à produire l'harmonie
qui existe entre la position de Yhexatélraedrique Haa et la structure
orographique et géologique de nos départements de l'Est.
Je dois aussi mentionner un point de croisement multiple qui
tombe (p. 2Ô5, 286 et 3fti), dans le département du Lot, à Saint-
Cels, au N.-N.-O. de Cajarc. Il est produit par la rencontre simul-
tanée de Yhexatélraedrique Wbaab de Nontron, du trapézoédrique Tb
(système de la Vendée) et du trapézoédrique T abc (système du Long-
mynd). La localité de Saint-Cels, où est situé ce croisement, se
trouve sur un plateau de l'étage jurassique moyen, où rien n'attire
l'attention; mais elle est placée à peu près au centre de la cour-
bure que subit la ceinture jurassique incomplète du bassin de la
Gascogne, pour se replier dans la direction S.-S.-O. et aller expirer
aux environs de Bruniquel, non loin des bords de l'Aveyron. Sous
ce rapport, la localité de Saint-Gels occupe une des positions les
plus remarquables de tout le bassin du S.-O. de la France, et le
hasard, s'il était pour quelque chose dans les faits de ce genre,
n'aurait pu mieux partager le point de croisement qui nous oc-
cupe; mais, dans ce cas, le hasard aurait fait, comme on va le voir,
quelque chose de beaucoup plus étonnant encore.
11 me reste encore à parler d'un point de croisement important,
l'intersection quadruple qui tombe (p. 2 0,3, 33g, 3 75 et kiU),
dans le département de l'Allier, aux Bruyères, près de Saint-
Parise-en-Viry. Mais celui-ci fait partie d'une sorte de pléiade qui
réclame une attention particulière.
J'ai renvoyé au paragraphe actuel les deux croisements triples
qui existent sur le primitif de Lisbonne, l'un près de l'Isle (Yonne),
l'autre près de Beaumont-la-Ferrière (Nièvre). Ces deux croisements
472 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
triples, de même que le croisement quadruple des Bruyères, sont
en rapport direct avec le Morvan, ce qui établit un lien commun
entre les trois croisements et devait conduire à en parler simulta-
nément.
Le premier, celui de l'Isle, résulte, comme on l'a déjà vu (p. 268 ,
339 et 365), de la rencontre simultanée du primitif de Lisbonne,
du trapézoédrique TTbbc de l'Hécla et du trapézoédrique Tabc du
système du Longmynd. Le primitif de Lisbonne est tangent à
l'extrémité N.-O. des granités du Morvan et représente le front
N.-O. de ce massif montagneux; les deux autres grands cercles
s'adaptent aux formes de son contour et de son intérieur.
Le second croisement triple, celui de Beaumont-la-Ferrière,
résulte, comme on l'a déjà vu (p. a5i, 292 et 366), de la ren-
contre simultanée du primitif de Lisbonne, du diamétral Dac du
système du Forez et du trapézoédrique T\a du système du Morbihan.
Le premier de ces grands cercles représente , comme on vient de le
rappeler, le front N.-O. du Morvan; le second est très-sensiblement
parallèle à la face O.-S.-O. de ce groupe montagneux, et le troisième
s'adapte à la terminaison S.-O. des porphyres, qui jouent un rôle
considérable dans la partie méridionale du Morvan.
Enfin le croisement quadruple des Bruyères, résultant de la
rencontre simultanée du diamétral Dac du système du Forez, du
trapézoédrique Tabc du système du Longmynd, du trapézoédrique Te
du système du Hundsriïck et du trapézoédrique Tb du système du
Tatra, complète l'investissement du Morvan. Parmi ces quatre grands
cercles, le premier, comme on vient de le dire, est très-sensiblement
parallèle à sa face O.-S.-O.; le second s'adapte, comme on vient
également de le rappeler, à des traits importants de son intérieur et
de son contour; le troisième Te passe, comme on l'a vu page 376,
tout près de la montagne porphyrique du Toureau-dcs-Grands-Bois,
la plus haute de tout le groupe montagneux, et le quatrième Tb
effleure, du côté méridional, comme on l'a dit page Û2 3, le massif
des porphyres et des granités porphyroïdes du Morvan.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 473
Les sept grands cercles qui se rencontrent aux trois points de
croisement multiples qui nous occupent s'adaptent tous à quelque
trait plus ou moins remarquable du Morvan, et ils l'encadrent avec
une étonnante précision. Le petit massif isolé du Morvan, détaché
entre le grand massif de la France centrale et le grand bassin pari-
sien , semble ne tenir à rien , tandis que les cercles du réseau pen-
tagonal nous avertissent qu'il tient à peu près à tout ce que les con-
trées environnantes présentent de caractéristique , et qu'il est comme
le nœud gordien de la structure de la France. Des influences diffé-
rentes s'y croisent et s'y contrarient, ce qui explique comment il
ne présente aucun trait fortement prononcé : le sol y est accidenté
en petit et est découpé quelquefois sur ses bords en fort petites
parties; mais ces petits accidents se prolongent, et, dans les contrées
où dominent les causes qui les ont fait naître , ils deviennent beau-
coup plus apparents.
Ces trois points de croisement multiples qui avoisinent le Morvan,
et dont les rayons s'adaptent à son contour ou aux points remar-
quables de son intérieur, jouent un rôle fort analogue à celui que
nous avons vu jouer à d'autres points de croisement multiples, par
rapport à d'autres groupes montagneux, notamment au point a de
la côte N.-O. du Cornouailles, par rapport au Gornouailles; au croi-
sement situé à 1 5 kilomètres au N.-N.-O. de Barfleur, par rapport
au Cotentin; au croisement du midi de l'Ardenne, par rapport à l'Ar-
denne; au croisement de Saint-Marcel près Noroy, par rapport aux
Vosges. Ce qui distingue le Morvan, c'est qu'il est accompagné et
comme escorté de trois croisements de ce genre , tandis que , dans
les autres exemples, il n'y en a qu'un seul.
Les sept grands cercles qui entrent dans cette combinaison
mettent tout naturellement en évidence, comme on vient déjà de
l'indiquer, la liaison du Morvan avec les autres traits orogra-
phiques de la France, et plusieurs de ces cercles se font remar-
quer par le nombre des points de croisement multiples auxquels
ils passent.
klh RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Le primitif àa Lisbonne, qui passe à trois points de croisement
multiples, celui del'Isle, celui de Beaumont-la-Ferrière et le point
T de l'Espagne, est tangent à l'extrémité N.-O. des granités du Mor-
van, et l'incorpore par ce seul fait dans la longue série d'accidents
orographiques et géologiques qui jalonnent son cours depuis l'Oden-
wald jusqu'au bassin d'Arcachon.
Le tmpézoédrique Tabc du système du Longmynd passe à quatre
points de croisement multiples : celui du midi de l'Ardenne, celui
de l'Isle, celui des Bruyères près de Saint-Parise-en-Viry, et celui
de Saint-Cels au N.-N.-O. de Gajarc. Il lie directement la saillie la
plus méridionale de l'Ardenne à la saillie que forme vers le nord le
Morvan, considéré comme la sentinelle avancée des montagnes de
l'intérieur de la France, et il marque l'étranglement que déter-
minent ces deux saillies en regard l'une de l'autre dans le grand
bassin de dépôts secondaires dont Paris occupe le centre. De plus,
le trapézoédrique Tabc, en liant le croisement triple voisin de l'Isle
à celui de Saint-Gels près de Gajarc, rattache la saillie du Morvan,
dirigée vers le nord, au golfe jurassique qui entame vers le S.-S.-O.
le massif central de la France, deux points opposés de ce massif
et de caractères contraires. Il forme par cela même une des lignes
les plus importantes de ce même massif, ligne d'autant plus re-
marquable qu'elle rase, à la suite du Morvan, les groupes volca-
niques du mont Dore et du Gantai, et qu'elle suit, de la Machine
(Nièvre) à la Gapelle-Marival (Lot), une série de dépôts houillers
singulièrement enchevêtrés dans les roches cristallines.
Le point de croisement des Bruyères s'est trouvé, pendant les
temps géologiques, dans l'intérieur et presque à la clôture d'un
grand lac miocène qui , baignant le pied du Morvan et se ramifiant
vers le midi , s'étendait jusqu'au pied des montagnes du Gharollais
et même jusqu'au site futur du Gantai; sa longueur, de 180 kilo-
mètres, était triple de celle du lac de Genève et moitié de celle de
l'un des grands lacs de l'Amérique septentrionale. D'après les re-
cherches de M. Pornel et de M. Alphonse Milne Edwards, ce beau
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 475
lac devait être particulièrement remarquable par le nombre et la
grandeur des oiseaux qui fréquentaient ses bords. La saillie gra-
nitique des Bruyères faisait partie d'une chaîne d'îlots qui le divisait
en deux parties très-inégales, comme le fait, pour le lac Huron,
la ligne des îles Manitoulines.
Le trapézoédrique TIa du système du Morbihan passe aussi, en
France, à quatre points de croisement multiples : le croisement au
N.-N.-O. de Barfleur, celui de Beaumont-la-Ferrière, celui des
Echelles, et celui des Alpes maritimes, au pied septentrional du
col de Tende. Il est tangent à la terminaison S.-O. des porphyres
quartzifères du Morvan, et il la fait rentrer dans la file des points
du même genre auxquels il s'adapte plus ou moins rigoureusement :
le massif granitique de Barfleur; ceux des Grandes-Bousses et du
cirque de la Bérarde en Dauphiné, et le massif de roches cristal-
lines et granitiques des Alpes maritimes. Passant au point T de
l'Etna, il montre que le Morvan est en rapport d'alignement avec
ce volcan classique.
Le diamétral Dac du système du Forez, qui passe au point de
croisement triple de Beaumont-la-Ferrière et au point de croi-
sement quadruple des Bruyères, en côtoyant parallèlement la face
O.-S.-O. du Morvan , le rattache à d'autres masses de roches grani-
tiques, porphyriques ou volcaniques, qu'il côtoie de même dans le
grand massif intérieur de la France, notamment à certaines crêtes
des montagnes du Forez et à la chaîne volcanique du Mezenc.
Le trapézoédrique Te du système du Hundsruck rencontre trois
points de croisement multiples : le point T de l'Espagne, le croi-
sement quadruple des Bruyères et le croisement triple de Saint-
Marcel près de Noroy-lez-Jussey. Passant très -approximativement
au Toureau-des-Grands-Bois, montagne porphyrique la plus élevée
du Morvan, il la lie au massif granitique du Ghamp-du-Feu, dans
les Vosges; au massif porphyrique de Baden, extrémité septen-
trionale de la Forêt-Noire; au massif granitique du Fichtel-Gebirge;
à la cime quartzeuse de l'Iremel, dans l'Ural, et à la nombreuse
476 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
série de points diversement caractérisés qui jalonnent tout son
cours.
Le trapézoédrique Tb du système du Tatra, en rasant le pied
méridional du massif de porphyres et de granités porphyroïdes du
Morvan, le rattache de même à la nombreuse série de points re-
marquables à différents titres qui lui servent de repères, et parmi
lesquels figurent les tertres basaltiques de Drevin et le pic des
Açores.
Enfin le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla, qui passe aux croise-
ments triples de l'Isle et des Echelles et au croisement quadruple de
Gagnes , montre que le côté E.-N.-E. du Morvan , auquel il est tangent
près de Pierre-Ecrite et de Saulieu, s'aligne en France avec un grand
nombre de points remarquables, au nombre desquels je citerai le
roc de Belledonne et le cirque de la Bérarde en Dauphiné, et puis,
à l'extrémité orientale des montagnes de l'Esterel, la masse de
mélaphyre de Biot. Il montre en même temps que le Morvan est
en rapport d'alignement avec l'Hécla.
Le Morvan fait donc partie intégrante de sept des grandes lignes
naturelles que les révolutions du globe ont tracées sur la surface
de la France et du globe, et on peut remarquer que, parmi les sept
grands cercles qui les représentent , se trouvent ceux qui , en France ,
contiennent le plus grand nombre de points de croisement multiples,
ce qui fait voir qu'ils sont profondément liés à toute la charpente
stratigraphique de la France. Le primitif de Lisbonne comprend,
sur la carte géologique de la France, trois points de croisement
multiples; le trapézoédrique Tabcdn Longmynd en comprend quatre;
le trapézoédrique T\a du Morbihan, quatre; le trapézoédrique Te du
Hundsrùck, trois; le trapézoédrique TTbbc de l'Hécla, trois; les deux
autres, chacun deux seulement. Or, parmi les vingt-neuf cercles
qui ont été tracés sur la surface de la France et des contrées li-
mitrophes, on peut citer l' hexatétraédrique Uaa, qui, comme on l'a
remarqué plus haut, passe à quatre points de croisement multiples,
Y hexatétraédrique Ubaab de Nontron et \ hexatétraédrique HaTTV, qui
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 477
passent chacun à trois; mais la plupart des autres cercles ne con-
tiennent que deux points de croisement multiples, ou même un
seul, et plusieurs, comme le diamétral De des Alpes occidentales,
le Ivapézoédriaue Ta du Vercors, le trapézoédriqae TDb du Finistère,
qui sont cependant des cercles très-fortement et très-nettement
jalonnés, n'en renferment aucun. Toutefois il ne faut pas oublier
que ces comparaisons ont quelque chose d'accidentel et de précaire,
en raison de ce que la partie de chaque cercle qui est tracée sur
la carte géologique de la France n'est qu'une petite fraction de sa
circonférence.
Quoi qu'il en soit, le Morvan lui-même jouit, du côté des points
de croisement des cercles du réseau pentagonal, d'une sorte de
privilège dérivant de celui qu'il a d'être accompagné de trois points
de croisement multiples.
Ce privilège peut être mis en lumière par une considération des
plus simples. Chacun des deux points de croisement triples dont
nous nous occupons représente trois intersections simples. Le croise-
ment quadruple représente à lui seul six autres intersections. Si
les cercles du réseau s'écartaient de leurs positions normales, ces
douze intersections s'éparpilleraient et deviendraient douze inter-
sections complètement distinctes. On peut voir sur la carte géolo-
gique que le Morvan et la contrée qui le touche, sans aller plus loin
qu'Issy-l'Evêque et Saint-Léger-sur-Dheune, renferment en outre
huit intersections simples indépendantes des précédentes. Voilà
donc vingt intersections simples dans une contrée qui est moins
grande qu'un département moyen, et qui, par conséquent, est loin
d'occuper un centième du cadre de la carte géologique de la France.
Or ce cadre ne renferme que 171 intersections simples, d'où il
résulte que plus d'un dixième des intersections est concentré dans
un espace inférieur à un centième de l'espace total, et qu'elles y
sont plus de dix fois, peut-être vingt fois, aussi rapprochées que
sur la surface de la France et des contrées limitrophes, prise dans
sa généralité.
478 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Mais l'exemple que je viens de faire connaître «n'est pas le seul
que je pusse citer de la répartition inégale des intersections des
cercles du réseau sur la surface de la France. On peut s'en con-
vaincre par un examen attentif du plexus que forment les cercles
du réseau pentagonal tracés sur le tableau d'assemblage de la carte
géologique de la France.
On faciliterait cet examen en faisant ressortir les croisements
des cercles par des points d'une couleur éclatante, mais il fau-
drait que les croisements triples fussent trois fois plus apparents
et les croisements quadruples six fois plus apparents que les
croisements simples, ce qu'on pourrait obtenir en les remplaçant
par de petites pléiades de trois ou de six points. On verrait alors
que la surface terrestre est constellée par les intersections des
cercles du réseau d'une manière beaucoup plus inégale que la
voûte du ciel par les étoiles. La répartition de ces espèces de cons-
tellations terrestres, comparée à celle des accidents orograpbiques
et géologiques, est susceptible de conduire à une foule de rappro-
chements que je ne puis que signaler, et qui sont probablement
destinés à devenir avant peu l'objet de travaux spéciaux.
Un autre procédé d'enlu minage pourrait servir à mettre en évi-
dence l'inégale densité du plexus que jbrment sur la surface de
la France les cercles du réseau pentagonal. Ces cercles pris trois
à trois constituent nécessairement un triangle, et ces triangles sont
d'une extrême inégalité. J'ai cité le petit triangle qui frappe les
yeux, au midi de l'embouchure du Rhône, dans le golfe du Lion.
Les alentours du Morvan, les Alpes de la Savoie, etc., en présentent
de très-petits aussi. D'autres triangles analogues sont très-grands.
On pourrait, dans chacun de ces triangles, étendre au pinceau une
teinte d'une force inverse de la grandeur du triangle, de manière
à mettre dans chaque triangle, grand ou petit, la même somme de
couleur. La teinte serait très-foncée dans les parties de la carte où
les cercles se rapprochent beaucoup, et très-claire dans les parties
où ils sont très-écartés. La carte ainsi teintée rassemblerait à celles
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 479
sur lesquelles M. le baron Charles Dupin a depuis longtemps
exprimé, par des teintes plus ou moins noires, la proportion relative
des écoliers dans les différents départements, méthode précieuse
par l'avantage qu'elle a de parler aux yeux et qui a servi à faire
ressortir beaucoup d'autres résultats statistiques.
Le Morvan, et surtout sa partie méridionale, serait la région la
plus foncée de la carte. Le Jura, les Alpes de la Savoie, la Provence
avec les Alpes maritimes, les Ardennes, etc., et même la Picardie,
présenteraient aussi des parties très-foncées. Les teintes les plus
claires se trouveraient dans les grands bassins du N. et du S.-O.
de la France. Il est facile de se convaincre d'avance de ce dernier
résultat, en remarquant sur la carte la grandeur de certains com-
partiments en forme de triangles, de trapèzes ou d'autres po-
lygones, dans lesquels aucun cercle ne pénètre et qui ne rece-
vraient que des teintes très-légères, tels que celui où se trouvent
Blois et Tours, ceux où se trouvent respectivement Angers, Chartres,
Troyes, la Réole, Agen, Valence et Avignon, etc.
Cela fait voir, en premier lieu, que les cercles réalisés du
réseau pentagonal, admis, étudiés et figurés sur la carte , traversent
les pays de montagnes de préférence aux pays de plaines , résultat
d'autant plus important à constater qu'il est extrêmement naturel
et qu'il témoigne à lui seul d'une profonde harmonie entre le
réseau pentagonal et l'ensemble de la structure de l'écorce ter-
restre.
Mais le genre d'étude que je viens d'indiquer, de même que
celui des groupes ou constellations formées par les points de croise-
ment des cercles, conduira beaucoup plus loin et fournira une foule
de rapprochements curieux et peut-être inattendus. J'ai signalé,
par exemple, dans le cours de ce travail, les grands cercles du
réseau comme les lignes de plus facile propagation des tremble-
ments de terre. Ces grands cercles traversant les contrées monta-
gneuses de préférence aux pays de plaines, on conçoit que, par
cette seule cause, qui du reste n'est peut-être pas isolée, les trem-
480 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
blemenis de terre doivent être plus fréquents, comme ils le sont
en effet, dans les montagnes que dans les plaines. Je regrette de
ne pouvoir suivre ce sujet à la fin d'un Rapport déjà beaucoup trop
étendu. Je dois d'ailleurs rappeler que les résultats auxquels on par-
viendra ne seront pendant longtemps que provisoires, attendu que
la découverte d'un seul cercle nouveau réalisé en modifiera un
grand nombre.
H faut remarquer d'ailleurs que ce n'est pas seulement par les
cercles du réseau pentagonal, mais aussi par une foule d'arcs pa-
rallèles à chacun d'eux, que le réseau se trouve en rapport avec
les accidents orographiques et géologiques de l'écorce terrestre,
de sorte que la considération unique des grands cercles du réseau
ne peut conduire qu'à des résultats incomplets. Je reviendrai sur
ce point dans la cinquième et dernière partie du présent Rapport.
Ce que je viens de dire au sujet des points de croisement multiples
des cercles du réseau pentagonal qui tombent sur la surface de la
France et des contrées limitrophes rappellera naturellement au
lecteur ce qui a été dit pages 23 1 et suivantes au sujet des 362 points
principaux du réseau pentagonal et de la nécessité de leur consa-
crer des cartes spéciales, qui ne pourront faire partie que d'une pu-
blication ultérieure. La carte géologique de la France avec les cercles
du réseau remplit à peu près, par rapport aux points de croisement
qui tombent dans l'étendue de pays qu'elle représente, l'objet des
cartes dont il s'agit; mais les aperçus présentés ci- dessus me font
regretter de ne pouvoir joindre en outre à ce Rapport une carte de
France constellée par l'application de couleurs éclatantes sur les
points de croisement de différents ordres.
Les remarques précédentes sur l'adaptation des cercles du réseau
au Morvan et à d'autres parties de la France peut rappeler également
ce qui a été dit pages i52 et ailleurs sur les relations existantes
entre certains cercles du réseau, ou entre l'ensemble même du
réseau et les formes générales des continents et des mers. Dans ce
dernier cas, j'ai exprimé le regret de ne pouvoir joindre au Rapport
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 481
actuel les cartes nécessaires pour élucider complètement cet ordre
de considérations, et j'en éprouve un véritable de ne pouvoir placer
ici une carte où les triangles grands et petits que forment les cercles
du réseau sur la surface de la France seraient tous teintés en raison
inverse de leur étendue. J'aurais même désiré présenter encore
d'autres cartes relatives au même ordre d'idées, afin de mettre com-
plètement en évidence la grande inégalité relative avec laquelle le
sol de la France est sillonné par les cercles réalisés du réseau pen-
tagonal et les rapports de cette inégalité avec l'orographie.
L'espèce de prédilection avec laquelle sept grands cercles du
réseau pentagonal s'approchent du Morvan pour le traverser ou le
circonscrire n'est qu'un cas particulier de cette inégalité, dont je
citerai encore ici un autre exemple déjà mentionné, mais moins
explicitement, dans la JSotice sur les systèmes de montagnes1, et que
les considérations précédentes me remettent en mémoire.
Neuf grands cercles du réseau, savoir, Tb (Tatra), De (Alpes
occidentales), Ta (Vercors), Haa (Minorque-Norvége), TI (mont
Viso), TTOc (Hécla), Tl« (Morbihan), EaTTa et TTbbe (Sancer-
rois) , s'approchent du massif alpin avec des orientations graduel-
lement tournantes, correspondantes à celles d'autant de tengentes
successives de l'enceinte grossièrement parabolique que forme au-
tour du Piémont le bourrelet continu et recourbé des Alpes occi-
dentales. Un dixième grand cercle, le primitif de la Nouvelle-
Zemble (système du Rhin), forme une corde de cette courbe, qu'il
coupe en deux points, comme on l'a vu précédemment (p. 3 18 et
suivantes), avec des circonstances toutes particulières, corde à la-
quelle se rattachent les collines du Supergue et du Montferrat.
Mais aucun autre des cercles que nous avons étudiés ne franchit
cette enceinte, et, depuis le mont Viso et le mont Cenis jusqu'aux
approches du Mincio, les plaines du Pô sont ménagées avec une
réserve aussi remarquable que celles de la Loire et de la Garonne.
\oticCj p. 1257.
Stratigraphie. 3i
&S2 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Les neuf cercles qui s'approchent des contours du Paya-Cratère
de la haute Italie (locution sélénographique , Huniboklt), et auxquels
plusieurs autres s'associent encore de loin, ne manifestent aucune
tendance à se réunir en un même point, tandis que les sept grands
cercles qui percent ou étreignent le Morvan se croisent, sinon en
un seul point, du moins en trois points assez voisins pour qu'un
petit massif montagneux s'harmonise avec ce qui manque à la pré-
cision de leur convergence.
Mais les deux principaux massifs granitiques des Alpes occiden-
tales, moins étendus l'un et l'autre que le Morvan, ne sont pas
complètement délaissés pour les neuf cercles qui encadrent les
plaines subalpines; car la protubérance presque isolée qui ren-
ferme le cratère de soulèvement de la Bérarde est coupée ou
effleurée par les quatre cercles De (Alpes occidentales), TTbbc
(Hécla), Ta (Vercors) et TI« (Morbihan), tandis que la saillie
abrupte du mont Blanc, plus circonscrite et moins circulaire que
la précédente, est serrée de près par les trois cercles De (Alpes
occidentales), Ta (Vercors) et TI (mont Viso).
Ces exemples pourraient être multipliés, et un coup d'œil sur
le tableau d'assemblage de la carte géologique de la France, avec
les cercles du réseau pentagonal, en fera apercevoir plusieurs
autres, car la nature a été féconde et variée sous ce rapport.
La Bohème, les grandes plaines de l'Orénoque, de l'Amazone
et de la Plata, sont aussi des pays-cratères qui mériteraient d'être
étudiés sous le point de vue qui vient de nous occuper. La manière
dont on a vu, pages io3, /127, 607, Ubi et suivantes, que IV-
taédrique du cap Walsh et des îles Sous-le-Vent, le IrapézoédriqueTb
(système du Tatra), le diamétral Dac (système des Pays-Bas) et
Niexatétraédrique HaTTa s'adaptent aux Cordillères de Venezuela,
de la Nouvelle-Grenade et du Pérou, peut faire présumer que,
pour l'Amérique méridionale et pour le bourrelet sinueux des
Andes, si pittoresquement figuré sur la carte déjà citée de M. de
Mumboldt, cette étude ne serait pas sans intérêt; mais, je dois le
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 483
rappeler encore, une étude de ce genre, pour être complète et
définitive, doit comprendre tous les cercles réalisés qui traversent
la contrée et tous les arcs parallèles à ces cercles qui y représentent
des traits oro graphiques.
Il est à remarquer que ce mode si spécial d'adaptation collec-
tive aux plaines et aux montagnes est une propriété des cercles
du réseau choisis, ainsi qu'on l'a vu à la fin de l'article consacré
à chaque cercle, en vertu de certaines combinaisons numériques
qui semblaient devoir être aveugles sous ce rapport. Les grands
cercles de comparaison provisoires que l'auteur de la Notice avait pris
ad libitum, en croyant placer chacun d'eux dans les meilleures con-
ditions possible , donnaient des résultats tout différents et passaient
dans les plaines aussi bien que dans les montagnes. L'orographie
de la France et même du globe entier est en quelque sorte ren-
fermée, à Yétat latent, dans la formule générale du réseau penta-
gonal.
Mais de nombreux tracés géométriques seront nécessaires pour
mettre en lumière tout ce que cette formule contient. Les calculs,
fort étendus cependant, dont le réseau pentagonal a été l'objet, ne
suffisent pas plus pour faire ressortir les rapports extrêmement
nombreux qui existent entre le réseau et les formes orographiques,
que les tables de positions géographiques contenues dans la Con-
naissance des temps ne suffisent pour donner une idée des formes
des continents; et, pour tirer des chiffres calculés tous les résultats
dignes d'attention auxquels ils conduisent naturellement, il faudra
faire suivre leur détermination d'un grand travail cartographique.
C'est dans cette pensée que l'auteur de la Notice sur les systèmes de
montagnes avait signalé la nécessité de la construction d'un atlas
spécial qu'il avait désigné sous le nom d'Atlas pentagonal1.
Cette nécessité devient de plus en plus évidente; plusieurs
savants l'ont déjà comprise, et peut-être la publication de l'atlas
1 Notice, p. io38, io48.
3i
48û RAPPORT SUR LES PROGRÈS
complet sera-t-elle devancée, ce à quoi je ne saurais trop applau-
dir, par la publication de travaux partiels concourant au même
but. Ainsi que je l'ai rappelé précédemment, page 71, M. deChan-
courtois a placé à l'Exposition universelle de 1867 une grande carte
géologique de l'Europe où les cercles du réseau sont tracés, et
dont la vue seule fait naître immédiatement une foule de remarques
sur les relations de ces cercles avec la distribution des terrains et
avec celle des gîtes de minerais. M. Félix Foucou a bien voulu me
montrer, depuis lors, des feuilles déjà dessinées d'une grande carie
du pentagone européen, dressée, comme la carte plancbe V de la
Notice, en projection gnomonique sur l'horizon de son centre. La
publication la plus prompte possible de ces cartes serait un bien-
fait pour la science, et elle permettrait d'étendre immédiatement
à toute l'Europe les considérations que j'ai présentées ci-dessus
relativement aux contrées renfermées dans le cadre de la carte
géologique de la France.
Les remarques que j'ai énoncées, page 1 92 , au sujet de la distri-
bution des volcans sur la surface du globe, appellent à elles seules
un grand travail cartographique, qui, infailliblement, en entraînera
d'autres à la suite.
Dans les travaux futurs auxquels je fais allusion, on aura à
construire, sur de nombreuses cartes, le réseau pentagonal avec
une partie plus ou moins considérable de ses cercles auxiliaires.
Pour exécuter ces constructions, on trouvera un très-utile secours
dans les tableaux numériques consignés par M. Pouyanne dans
son savant et ingénieux mémoire sur le réseau pentagonal *. Par-
tant du principe que les 120 triangles rectangles scalènes, égaux
et symétriques deux à deux , dans lesquels les 1 5 grands cercles
primitifs du réseau divisent la surface du globe, contiennent tous
identiquement les mêmes éléments, M. Pouyanne a calculé, pour
l'un des 120 triangles, les angles que forment entre eux et les
1 Mémoire sur le Réseau pentagonal, par M. Pouyanne, ingénieur des mines. (Annales
des Mines, 1866, 6" série, t. X, p. 353.)
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 485
longueurs des segments dans lesquels se subdivisent mutuelle-
ment les grands cercles primitifs, les octaédriques , les dodécaédriques
rhomboïdaux , les bissecteurs IH et les bissecteurs DH. Les points
d'intersection étant les pôles dune très-nombreuse série de cercles
auxiliaires, il a obtenu les angles que tous ces cercles forment aux
points D, I, H, T, a, b, soit entre eux, soit avec les primitifs. En
combinant ces angles avec les données numériques déjà mention-
nées de M. Elie de Béaumont, on calculera très-aisément, dans le
plus grand nombre des cas, celles qui devront fixer la position de
chacun des cercles nouveaux dont on aura à s'occuper.
REFLEXIONS GENERALES SUR LE CONTENU DE LA QUATRIEME PARTIE
DU RAPPORT.
Les considérations du genre de celles dont je viens de parler
ont peut-être quelque chose de plus saisissant que la tâche souvent
ingrate de suivre individuellement un seul et même cercle sur
toute la circonférence du globe, ou au moins sur toute la sur-
face d'un grand pays, en enregistrant les points remarquables où
\\ passe; mais elles n'en ont pas la précision. Or c'est de la préci-
sion des bases premières que dérive essentiellement la valeur du
réseau pentagonal et de ses applications à l'orographie et à la stra-
tigraphie, et tel est le motif qui m'a conduit à donner les dévelop-
pements indispensables pour la rigueur et la clarté, aux monogra-
phies d'un certain nombre de grands cercles que j'ai suivis, soit
dans toute leur circonférence, soit au moins dans toute l'étendue
île la France et des contrées limitrophes.
J'ai considéré en tout 59 grands cercles. J'en ai étudié d'abord
3 9 , sur la trace desquels j'ai parcouru la surface entière du globe , et
je me suis occupé ensuite des 29 cercles figurés sur la carte géolo-
gique de la France. Dans ces deux séries, il y a neuf doubles em-
plois résultant de ce que 9 des cercles étudiés d'une manière gêné-
486 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
raies se retrouvent parmi les 29 cercles qui traversent la France et
les contrées limitrophes; c'est ce qui réduit à 59 le nombre réel des
cercles qui nous ont occupé. Ainsi que je l'ai dit précédemment,
pages 19^, 210, att, 23o et ailleurs, j'aurais pu augmenter
beaucoup le nombre de ces monographies, mais j'ai été arrêté par
la crainte de trop allonger ce Rapport. Cette même crainte m'a éga-
lement empêché de compléter, en les suivant sur toute leur circon-
férence, quelques-uns des 29 cercles tracés sur la carte géologique;
de la France.
Mais je ne crois pas qu'en comblant ces lacunes et en multi-
pliant le nombre des cercles j'eusse pu ajouter beaucoup à la cer-
titude, déjà suffisamment acquise, du fait qu'un grand nombre de
cercles du réseau pentagonal existent réellement dans la nature :
peut-être, aux yeux de beaucoup de lecteurs, aurais-je à me justi-
fier, au contraire, d'avoir donné autant d'extension à cette partie du
Rapport.
Gomme je le disais au commencement de cette quatrième par-
tie (p. 77), la question vitale est ici de savoir si le réseau pentago-
nal est une simple fantaisie géométrique, ou s'il représente quelque
chose de réel et de matériellement existant sur le globe. Pour y par-
venir, il m'a paru indispensable d'établir d'abord que les cercles
qui représentent la quintessence de la symétrie pentagonale, les
six dodécaédriques réguliers, les dix octaédriques , les quinze grands
cercles primitifs du réseau, sont bien réellement des lignes naturelles
imprimées sur la surface de la terre.
Ces 3 1 premiers cercles ne suffisant pas pour représenter les
grands cercles de comparaison des différents systèmes de montagnes,
il avait fallu les multiplier, sans s'écarter des lois de la symétrie
pentagonale, et de là l'introduction des 3o dodécaédriques rhomboï-
daux, placés eux-mêmes au rang des grands cercles principaux, et
de différentes séries, composées chacune de 3 o ou de 60 cercles,
dérivés des 3i premiers cercles suivant certaines lois. Il était indis-
pensable de vérifier que ces adjonctions donnaient des cercles sus-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 487
ceptibles d'être réalisés par la nature, et j'ai mis dans cette vérifi-
cation une grande sobriété , puisque , pouvant aller beaucoup plus
loin, je me suis d'abord contenté de l'effectuer pour neuf cercles,
à l'égard desquels, à la vérité, elle a constamment réussi. Vingt
des cercles tracés sur la carte géologique de la France ont d'ail-
leurs fourni des vérifications complémentaires, de manière que, de
ce côté aussi, la démonstration est complète.
Parmi ces 29 cercles se trouvent deux dodecaédrique rhomboïdaux,
un bissecteur IH, trois bissecteurs DH. Je me trouve ainsi avoir traité
sur le pied d'égalité ces trois séries de cercles, ce qui serait en
harmonie avec la classification de M. Pouyanne, qui les comprend
tous sous la dénomination de semi-principaux. Je crois toutefois
que les dodécaédriques rhomboïdauœ occupent dans la hiérarchie
pentagonale un rang plus élevé que les bissecteurs. Au nombre de
cas 29 cercles se trouvent aussi un diamétral De (Alpes occiden-
tales) et un trapézoédrique Te (Hundsruck), qui se sont trouvés être
des cercles très-nettement jalonnés; ce qui sanctionne leur mode
de dérivation et l'emploi des points c.
Il fallait constater également que parmi les grands cercles auxi-
liaires, dont le mode de dérivation pouvait déjà être considéré comme
légitimé, il se trouvait réellement des cercles assez voisins des
grands ceixles de comparaison provisoires des différents systèmes de
montagnes pour pouvoir les remplacer. Cette constatation a été
l'un des objets de l'étude des relations existantes entre le réseau pen-
tagonal et la constitution du sol de la France et des confrées limitrophes >
étude qui a été faite pour les 29 cercles du réseau tracés sur la
carte géologique de la France. En vérifiant que parmi ces cercles
on trouve en effet des représentants des différents systèmes de mon-
tagnes, cette étude a consacré d'une manière nouvelle le mode de
dérivation des cercles auxiliaires.
L'étude de ces 59 cercles a constaté, en outre, que l'installation
provisoire du réseau pentagonal est à très-peu près exacte. Elle
a atteint son but, mais elle n'a rien présenté de superflu, à
488 RAPPORT SUR LES PROGRES
inoins qu'on ne considère comme tels certains détails géologiques,
ceux notamment qui sont relatifs aux volcans, détails qui, sans
doute, n'étaient pas indispensables pour la partie géométrique du
travail, mais qui semblent pouvoir se justifier dans un ouvrage
destiné à concourir au développement de la géologie ; et peut-être
auront-ils pu servir quelquefois à reposer et à soutenir l'attention
du lecteur.
L'étude a été aussi simple que possible et uniforme pour les
59 cercles. Elle a consisté à tracer chaque cercle sur les cartes
les plus convenablement choisies des contrées qu'il traverse et à
dresser le procès-verbal des rencontres qui s'y opèrent entre le
cercle et des points susceptibles d'une définition orographique ou
géologique, de manière à former un catalogue de tous les accidents
du sol que le cercle traverse , et de ceux même qui en sont assez
voisins pour lui former une sorte de cortège. Le nombre de ces
points étant considérable, les catalogues ont été longs, sans qu'il
ait été possible de les omettre ni de les abréger.
Ces éléments font partie de la science, puisqu'ils ont reçu dans
ces dernières années la publicité de l'enseignement; mais, n'ayant
pas été publiés, on ne pouvait à leur sujet renvoyer le lecteur à
aucun ouvrage imprimé, et ils ont donné au présent Rapport le
caractère d'une publication originale et plus étendue que je ne
l'aurais souhaité.
Une lecture attentive de ces catalogues de points alignés, ou
seulement de quelques-uns d'entre eux si le lecteur les trouve
trop nombreux, lui donnera une idée plus nette du sujet que ne
pourraient le faire de volumineux commentaires. Ces longs chape-
lets sont le tracé par points sur la surface du globe des lignes fon-
damentales de la stratigraphie.
Les points ivmarquables , caractérisés, définis, définissables, comme
je les ai appelés, sont ceux qui peuvent être désignés par une cir-
constance particulière relative à la configuration, à la nature, à
la structure du sol. Deux points définis suffisent pour déterminer
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. /i89
une ligne droite sur un plan ou un grand cercle sur la surface de
la sphère. Un troisième point défini ne peut s'aligner avec les deux
premiers que si la nature l'a placé convenablement pour cela.
Quand il n'y a que trois points, on peut craindre, à la rigueur, que
leur alignement ne soit l'effet du hasard; mais , lorsqu'on en trouve
quatre, cinq, six, ou un plus grand nombre qui s'alignent entre
eux, l'idée d'un effet du hasard devient de moins en moins admis-
sible : on est en présence d'un phénomène naturel ; c'est une ligne
droite ou, sur le globe, un arc de grand cercle, que la nature a tracé
par points.
La probabilité qu'il ne s'agit pas d'une simple illusion due aux
effets du hasard croît rapidement à mesure que le nombre des
points alignés augmente : de là la nécessité de dresser des cata-
logues développés et nécessairement fastidieux. Chacun des points
alignés est un des jalons ou des repères de la ligne entière , ce qui
justifie l'emploi qu'on a fait de ces deux expressions. Ces lignes
ponctuées par la nature existent sur la surface du globe, indépen-
damment de la conception géométrique du réseau pentagonal, et
on peut les y découvrir directement. Les points définissables sont
quelquefois assez rapprochés les uns des autres pour qu'on en
puisse saisir l'alignement à la simple vue ; les pays de mines et les
volcans en offrent des exemples. Mais le plus souvent ils sont assez
éloignés et embrassent des étendues assez considérables pour que
la vue ne puisse saisir leurs alignements. Il faut alors recourir à
des cartes, où un examen attentif, aidé de quelques tâtonnements
graphiques, peut les faire découvrir.
De savants travaux ont été faits dans cette voie, parmi lesquels
je dois citer particulièrement ceux de M. Houzeau ■ sur l'Europe
en général, et ceux de M. de Villeneuve sur la Provence2. Ce der-
1 Histoire du sol de l'Europe, par s Description minéralogiqtie et géolo-
M. Houzeau, ancien aide de l'observa- gique du Var, par M. le comte H. de Vil-
toire de Bruxelles, membre de l'Académie leneuve-Flayosc , ingénieur en chef des
de Belgique. mines, p. A5i et suiv.
490 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
nier contient de précieuses observations sur les alignements des
sources. Mais ces remarquables recherches n'ont pu conduire qu'à
des lignes de peu d'étendue, parmi lesquelles il serait diiïicile de
discerner celles qui appartiennent aux cercles du réseau de celles
qui se rapportent à leurs parallèles. Les inconvénients inhérents
aux projections, suivant lesquelles sont construites les cartes dont
on fait usage, à leur division en feuilles, etc. sont des obstacles
moins faciles à vaincre qu'on ne le suppose peut-être généralement,
surtout lorsque rien n'avertit de la position de l'alignement prin-
cipal à rechercher. En effet, il arrive presque toujours qu'on trouve
simultanément plusieurs alignements parallèles entre eux, sans que
rien distingue le grand cercle de comparaison du système de ses pa-
rallèles, ou assure même que ce grand cercle est compris parmi
les lignes reconnues.
Les cercles du réseau pentagonal sont pour cet objet des cher-
cheurs incomparables. Il suffit de construire avec précision sur les
cartes le cercle convenablement choisi : il passe de lui-même par
les points définis alignés, qui en deviennent les jalons et les repères ,
en même temps qu'ils sont ceux de la ligne naturelle, car la ligne
naturelle et le cercle se confondent sensiblement.
Plusieurs savants ont allégué que, le nombre des cercles auxi-
liaires du réseau pentagonal étant très-considérable, on en trouve-
rait toujours un pour représenter une orientation quelconque. Il y
a là une erreur de fait. Considérés sur tout le globe, les cercles
auxiliaires du réseau sont sans doute extrêmement nombreux, mais
il n'y en a généralement qu'un très-petit nombre qui passent dans
une contrée déterminée en suivant approximativement une orien-
tation donnée. L'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes
n'a presque jamais hésité , dans la recherche du représentant de
chaque système, qu'entre des cercles notablement différents, dont
l'un s'est toujours trouvé désigné à son choix par quelque circons-
tance particulière; et le choix a toujours été justifié, puisque cha-
cun des cercles choisis s'est liouvé coïncider avec l'une des Ugnet
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. /i9i
naturelles de la'surface du globe, lignes dont l'existence étonne tou-
jours chaque fois qu'on en découvre une nouvelle et dont les
orientations sont en petit nombre dans chaque contrée.
Dans le mémoire déjà cité, M. Pouyanne a appliqué, d'une ma-
nière ingénieuse, le calcul des probabilités à l'objection précédente,
et, après une discussion qu'il est impossible d'analyser ici, il a
conclu que le réseau pentagonal, malgré le grand nombre de ses
cercles, est susceptible de trouver, dans la seule étude des directions,
des preuves aussi solides que celles de n'importe quelle loi natu-
relle1. Si le savant auteur avait pu faire entrer dans son calcul
l'existence de lignes jalonnées par des accidents naturels auxquels
s'appliquent d'eux-mêmes les cercles choisis du réseau, il aurait
trouvé, sans aucun doute, une probabilité bien peu différente de la
certitude.
On s'étonnera peut-être au premier abord que, parmi les repères
des cercles du réseau pentagonal réalisés, j'aie mentionné aussi sou-
vent les accidents des cours d'eau, tels que leurs inflexions, leurs
coudes, leurs confluents. L'étude des cercles, tracés sur une bonne
carte hydrographique, y conduit d'elle-même, et rien ne parait
au fond plus naturel. Tout annonce, en effet, que les vallées sont
dues à des fissures du sol élargies par des érosions superficielles.
Abstraction faite des méandres qui sont le cachet indélébile de
l'action des eaux en mouvement, quand une vallée change de di-
rection, cela vient de ce qu'après avoir suivi une fissure elle en suit
une autre qui croise la première, et, quand deux vallées se ren-
contrent et donnent lieu à un confluent de rivières, cela provient
aussi, en principe, de la rencontre de deux fissures. Or les fis-
sures que suivent les vallées font partie d'un plexus de fentes qui .
dans chaque contrée, traversent en différents sens l'écorce ter-
restre, et dont la disposition est en rapport avec le réseau penta-
gonal : il est peu étonnant que leurs rencontres s'opèrent fréquem-
1 Annales des Mines, 6* série, t. X, p. 4oa (1866).
/iî)i RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ment sur les cercles du réseau aussi bien que sur leurs parallèles.
Les centres éruptifs se trouvent de môme aux points de rencontre
de certaines fissures que rien ne distingue des précédentes. Les
sources ordinaires alimentées par les phénomènes atmosphériques,
les accidents des cours d'eau extérieurs, les sources minérales et
thermales, les filons métallifères, les sources intermittentes de terres
liquéfiées [Volcans, Humboldt), et les masses de roches ramollies
par la chaleur, profitent aujourd'hui sous nos yeux, et ont profité
dans tous les temps, d'un même réseau de fissures, dont les inter-
sections comprennent les points qui servent de repères aux cercles
du réseau pentagonal.
Pour ne rappeler ici qu'un seul exemple, le confluent de Gc-
mund, la première section de la vallée de l'Aisne, la grande fontaine
d'Ancy-le-Franc et les granités du Port-la-Glère et du Port-d'Oo
sont (page 337), pour le trapézoédrique Tabc du système du Long-
mynd, des repères d'une égale netteté; je me trompe, les trois
points hydrographiques sont des repères beaucoup plus précis que
ne peut l'être le gros massif granitique qui forme le cœur des
Pyrénées.
Les positions des villes d'une certaine importance et celles des
grands ouvrages des hommes sont en partie soumises aux mêmes
lois. Le tout forme un ensemble extrêmement compliqué; mais le
propre du réseau pentagonal est de mettre sur la voie de ce qu'il
y a de simple au milieu de cette complication; et, qu'on me per-
mette de le dire, il n'a pas moins fallu que l'étude prolongée de cin-
quante-neuf cercles pour me donner, à moi-même, la confiance que
m'inspire aujourd'hui cet ordre d'idées.
Peut-être trouvera-t-on un jour que la propriété dont jouissent
les accidents hydrographiques, les centres de soulèvement, les
volcans, les pitons de roches hypogènes, de former indistinctement
et tous ensemble de longs chapelets, qui marquent par points cer-
tains grands cercles de la sphère terrestre, fournit un puissant ar-
gument à l'appui de l'hypothèse qui, pour me servir des expressions
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 493
de l'illustre auteur du Cosmos, leur assigne une origine commune,
due aux effets exercés par l'intérieur d'une planète en fusion sur son
enveloppe oxydée, dans les différents stades de son refroidissement.
Mais je reviens à la statigraphie, en rappelant que j'ai signalé
précédemment, page 2 63 de ce Rapport, l'étude de l'application
du réseau pentagonal à la carte géologique de la France, comme
propre à résoudre une double question : celle de savoir si le ré-
seau pentagonal présente réellement des représentants des grands
cercles de comparaison provisoires des différents systèmes de mon-
tagnes, qu'on puisse leur substituer sans dépasser les limites de
l'incertitude que l'insuffisance des observations originaires a laissée
dans leurs positions; et celle du degré de précision avec lequel le
réseau pentagonal s'adapte aux irrégularités apparentes de la sur-
face du globe.
La première de ces deux questions a été résolue en détail aux
dernières lignes des articles consacrés à chacun des cercles qui re-
présentent des systèmes de montagnes. Pour chacun de ces systèmes
pris successivement un à un, le réseau pentagonal a fourni un cercle
jalonné naturellement, qui ne s'écarte du grand cercle de comparaison
provisoire adopté pour ce système que dans des limites admissibles
et souvent même d'une très-petite quantité, suivant le bonheur
plus ou moins grand avec lequel le grand cercle de comparaison pro-
visoire avait été choisi originairement par l'auteur de la Notice. J'ai
fait voir en outre, dans les pages précédentes, que, dans leur adap-
tation aux accidents orographiques qui diversifient la surface de
la France, les grands cercles de comparaison donnés par le réseau
sont de beaucoup supérieurs à ceux qu'ils remplacent, et font naître
d'eux-mêmes l'idée d'adaptations délicates, auxquelles on n'avait
pas même songé, et auxquelles ils satisfont avec une étonnante
ponctualité.
Le grand cercle de comparaison provisoire n'a jamais été conçu que
comme une ligne abstraite destinée à représenter approximativement
les observations. Les grands cercles du réseau pentagonal sont
hdh RAPPORT SUR LES PROGRÈS
d'autres lignes abstraites destinées à remplacer les premières; mais
les grands cercles du réseau que les phénomènes géologiques ont
réalisés jouissent du privilège de s'adapter à certaines lignes phy-
siques, avec une précision remarquable, sur laquelle j'ai mainte
fois insisté, et d'où dépend celle de l'installation provisoire actuelle
du réseau pentagonal.
L'appréciation de cette précision est née, pour ainsi dire, sous
ma plume, en écrivant les cinquante-neuf monographies qui cons-
tituent une partie considérable de ce Rapport, et particulièrement
les vingt-neuf dernières, relatives aux cercles qui traversent le
cadre de la carte géologique de la France. On peut remarquer,
en effet, par la manière dont mes expressions se sont nuancées
d'elles-mêmes dans ce long travail, que j'ai été conduit à traiter
comme insignifiantes, c'est-à-dire comme inévitables, les distances
de 1 à 2 kilomètres qui se sont très-fréquemment présentées entre
le cours calculé de la ligne abstraite, tracée rigoureusement sur la
carte géologique générale à l'échelle de ^0, ou sur la carte géo-
logique détaillée à l'échelle de j^-0, et les points définis auxquels je
l'ai comparée; que j'ai mis déjà quelque réserve en parlant des cas
où il restait une distance de 3 kilomètres entre le cercle calculé
et le point défini, et que je n'ai mentionné que comme des re-
pères ou des jalons approximatifs les points définis situés à h ou
5 kilomètres ou à une distance plus grande du cours du même
cercle.
En résumant les résultats obtenus relativement à la position de
chaque cercle, j'ai dû très-souvent faire remarquer que le déplace-
ment auquel ce cercle sera soumis, lorsque le réseau pentagonal
passera de sa position provisoire actuelle à sa position définitive,
devra être très-petit, sans quoi la position du cercle serait gâtée, et
il perdrait les privilèges dont la nature l'a doté. Par cet énoncé j'ai
constaté, chaque fois, la découverte dune ligne naturelle dont le
cercle calculé ne s'écartait que d'une très-petite quantité. Les dé-
placements possibles, dans l'avenir, nu\<|iH'ls je faisais allusion.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 495
étaient nécessairement du même ordre que les distances dont je
tenais peu de compte, c est-à-dire qu'ils ne devaient guère dépasser
1 ou 2 kilomètres.
La tolérance dont la pratique m'a conduit à faire usage relati-
vement au rapprochement des lignes abstraites calculées et des
accidents de l'écorce terrestre dont elles affectent de se rapprocher
était commandée par la nature même des choses. Ces accidents
géologiques ne sont pas des points sans épaisseur, et leur centre ou
leur milieu est souvent fort difficile à reconnaître. S'il s'agit d'une
montagne, on ne peut dire le plus souvent si le point caractéris-
tique est son sommet, qui peut-être n'est plus aujourd'hui son
sommet originaire, ou bien le centre de figure de sa base, qui est
très-incertain lorsque la montagne n'est pas circulaire, ou enfin
un point de son contour auquel le cercle calculé serait tangent,
contour qui lui-même présente une certaine indétermination toutes
les fois que la masse qui forme la montagne n'est pas limitée par
une surface cylindrique à arêtes verticales. La ISolice sur les systèmes
de montagnes renferme sur ce sujet des remarques auxquelles je
me borne à renvoyer le lecteur l.
Lorsqu'il s'agit d'accidents hydrographiques, par exemple d'un
confluent, on peut rarement savoir quelle distance existe entre le
filet médian d'un cours d'eau, auquel se rapporte le tracé de la
carte, et le plan de la fissure à laquelle la vallée doit son origine,
à supposer même que le plan de cette fissure soit vertical. On me-
sure sur la carte la distance du cercle calculé au point de ren-
contre des milieux des deux cours d'eau , tandis qu'il faudrait pou-
voir mesurer la distance de ce même cercle au point de rencontre de
deux fissures dont l'existence est admise, mais dont les positions
ne sont pas connues.
On doit avouer aussi que, même dans les meilleures cartes, les
remplissages topographiques n'ont pas toujours une précision ab-
1 Notice, p. 1 192 et autres (voir la table de l'ouvrage).
Z.96 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
solue. Si les mesures dont je parle se rapportaient à des pays autres
que les parties de l'Europe occidentale, où les cartes reposent sur
des levés géodésiques, il y aurait à compter encore avec l'incer-
titude des latitudes et surtout des longitudes de beaucoup des
points qui y sont figurés. Des savants dont on ne peut nier la com-
pétence discutent encore la position assignée à Rio-Janeiro, qu'on
a supposée être en erreur de 5 à 6 minutes en longitude, qui
feraient environ 9 kilomètres.
Dans un pareil état de choses et en présence de la légère in-
certitude dont reste affectée la position du réseau pentagonal, que
l'auteur de la Notice sur les systèmes de montagnes n'a présentée
que comme provisoire*, on ne peut s'étonner que d'une chose, c'est
que, du moins pour la France, où se réunissent à la vérité les
conditions les plus favorables, j'aie pu me trouver conduit prati-
quement à ne considérer comme absolument négligeables que des
écarts de 1 à 2 kilomètres. Et il faut remarquer que ces écarts,
quoique peu considérables, sont cependant un résultat complexe,
car ils se composent de trois parties dues, i° à ce qu'on ne peut
presque jamais reconnaître bien précisément le point qui devrait
être considéré comme le centre de chaque accident géologique
que l'on compare au cercle calculé ; 20 à ce que la nature n'a
peut-être placé ces points en ligne droite que d'une manière ap-
proximative; 3° à ce que l'installation actuelle du réseau penta-
gonal n'est encore que provisoire et demeure susceptible d'une rec-
tification ultérieure.
Il est évident que le petit mouvement déterminé par la mé-
thode des moindres carrés, comme on l'a indiqué dans la Notice
sur les systèmes de montagnes-, ou par quelque autre méthode équi-
valente, qui opérera cette rectification et fera disparaître la troi-
sième partie de l'écart, aura pour effet, du moins en général, d'a-
méliorer la position des cercles du réseau, et non de la gâter. Les
1 Notice, p. 1029. — a Ibid. p. 121G.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 497
cartes géographiques et géologiques se perfectionneront aussi par
degrés, et tous les progrès de la science tendront à réduire encore
la discordance , déjà si légère , qui existe entre les cercles calculés
du réseau et les positions attribuées aux points qui jalonnent les
lignes naturelles correspondantes. Toutefois on doit comprendre
qu'en cette matière, où la régularité existe surtout en grand, il ne
faut pas vouloir pénétrer trop avant dans le domaine des infiniment
petits. On finirait par y trouver une confusion apparente, résultant
de ce que les derniers détails des brisures de l'écorce terrestre sont
soumis aux effets de certaines particularités locales en même temps
qu'aux effets généraux qui ont produit les grands phénomènes géo-
logiques.
Pour éviter cet écueil, il m'a suffi de considérer chacune des
lignes naturelles, dont l'existence s'est révélée dans le cours de mon
travail , comme ayant une épaisseur comparable à celle des acci-
dents géologiques qui en jalonnent le cours. En enregistrant, avec
des expressions progressives et nuancées, tous les points définis
près desquels passent les cercles calculés, j'ai traité, en fait, les
lignes tracées par des jalons naturels comme autant de petites
zones que la marche du travail m'a conduit à réduire à moins de
8 kilomètres de largeur : un peu plus de k minutes de degré du
méridien.
Il n'est pas inutile d'insister sur l'étroitesse comparative d'une
semblable zone. La circonférence du globe étant d'environ &o,ooo
kilomètres, une zone de 8 kilomètres de largeur est 5,ooo fois
aussi longue que large : c'est la proportion existante dans une
route de io mètres de largeur et de 5o kilomètres de longueur.
Sur un globe de î mètre de diamètre, la représentation exacte
d'une pareille zone n'aurait guère que £ de millimètre de lar-
geur : ce serait un gros trait. Sur un globe ordinaire, de 3o à
35 centimètres de diamètre, comme celui sur lequel M. Laugel a
tracé le réseau pentagonal, ce serait presque un trait ordinaire.
On a peine à concevoir comment l'appareil mécanique, que cons-
Slraligraphie. ùù
498 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
titue le globe terrestre en voie de refroidissement, a pu fonctionner
avec assez de précision pour faire naître une série de repères dans
un espace aussi étroit; mais le fait est mis en complète évidence par
le contenu de cette quatrième partie du Rapport. Chacun des cercles
du réseau pentagonal que la nature a réalisés est représenté par
une semblable zone, accompagnée, il est vrai, par un cortège d'ac-
cidents moins étroitement resserrés, et quelquefois par un système
de chaînes de montagnes parallèles à sa direction et embrassant
une largeur qui peut atteindre ou dépasser même 20 degrés.
Le cercle calculé qui est assujetti à rester renfermé dans une
zone aussi étroite, sous peine de voir gâter sa position, c'est-à-dire
d'être réduit à passer par des points insignifiants, au lieu de passer
par des points caractérisés, ne peut être déplacé transversalement
à sa direction que de 2 minutes dans un sens ou dans l'autre, et ne
peut de même tourner que de 2 minutes environ d'un côté ou de
l'autre autour de l'un de ses points.
Tel est le degré de précision avec lequel le réseau pentagonal,
dans son installation provisoire actuelle, s'applique déjà aux acci-
dents de l'écorce terrestre, et la nature, en faisant naître les lignes
naturelles que les cercles du réseau représentent, s'est astreinte à
une précision plus grande encore, que le réseau finira peut-être
par atteindre lorsqu'il aura reçu son installation définitive.
M. Elie de Beaumont, en présentant à l'Académie des sciences,
dans une des séances de l'année i85o l, le réseau pentagonal ins-
tallé sur un globe dans sa position provisoire actuelle, exprimait
l'espérance qu'il ne se passerait pas un grand nombre d'années
avant que le réseau fût fixé avec la précision des degrés et même
avec celles des dizaines de minutes2. Le contenu de la quatrième
partie du présent rapport montre suffisamment qu'il aurait pu, dès
lors, aller plus loin et être plus affirmatif. Mais cette précision, à
1 Comptes rendus, t. XXXI, p. 335, séance du 9 septembre i85o. — 2 Notice,
p. 1204.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. WJ
deux minutes pi'ès, qui rivalise avec celle de la cristallographie et
dont la constatation est un des progrès des dernières années, au-
rait pu être moins grande sans qu'aucune des conséquences gé-
nérales qui résultent de l'existence du réseau en fût sensiblement
affectée et sans que les applications s'en ressentissent en aucune
façon. 11 suffit, pour les unes et pour les autres, que l'existence du
réseau pentagonal et l'exactitude approximative de son installation
provisoire actuelle aient été mises hors de doute.
32.
CINQUIÈME PARTIE.
APPLICATIONS DU RÉSEAU PENTAGONAL.
Le réseau pentagonal est susceptible de différentes applications
scientifiques ou techniques. Depuis dix-huit ans il en a reçu plu-
sieurs qui méritent d'être signalées, et dont un rapide aperçu fera
l'objet de cette cinquième et dernière partie du Rapport.
APPLICATIONS À LA TOPOGRAPHIE.
Le réseau pentagonal est représenté dans la nature par un sys-
tème de grands cercles imprimés en caractères géologiques sur la
surface de la terre. Les uns sont les grands cercles de comparaison
d'autant de systèmes de montagnes, et les autres sont liés aux pre-
miers par les lois de la symétrie pentagonale.
Les cercles du réseau pentagonal comprennent un très-grand
nombre de points remarquables qui sont, rigoureusement ou ap-
proximativement, leurs jalons ou leurs repères; mais ils ne com-
prennent pas tous les points remarquables du globe. Ainsi qu'on
l'a déjà rappelé précédemment, page 6 k, le mont Blanc, le mont
Dore, le Cantal, etc. ne se trouvent sur aucun des cercles du réseau
que nous avons étudiés. Ils se trouveront probablement sur des
arcs parallèles aux premiers, qui produiront un plexus beaucoup
plus serré encore que celui dont nous nous sommes occupé.
L'essence des systèmes de montagnes est de se composer chacun
d'une nombreuse série de chaînons respectivement parallèles au
grand cercle de comparaison, mais placés pour la plupart en dehors
de ce grand cercle, à des distances plus ou moins grandes, qui attei-
gnent quelquefois ou dépassent même 10 degrés (soit 1,100 kilo-
502 15 APPORT SUR LES PROGRES
mètres ou a5o lieues de chaque côté). Les points remarquables
de ces chaînons latéraux sont nécessairement en dehors du grand
cercle de comparaison. Il est vrai qu'ils se trouvent fréquemment sur
des cercles transversaux, comme on en a vu de très-nombreux
exemples dans les études consignées ci-dessus; et, pour le dire en
passant, la manière dont les cercles du réseau, examinés dans le
cours de ce Rapport, traversent les chaînes volcaniques des Açores,
des Antilles, des îles Sandwich, des îles Àleutiennes, des îles Ku-
rdes, du Japon, etc. donne une grande force à cette remarque :
néanmoins, quoique très-fréquentes, ces rencontres sont cependant
encore des faits particuliers.
Mais les arcs de grands cercles qui représentent les axes des
différents chaînons de montagnes et les arcs soumis à la même loi
de parallélisme qui représentent des failles ou autres fissures de
lécorce terrestre, des lignes de points d'éruption, etc., pris dans
leurs longueurs limitées ou légèrement prolongés, se coupent entre
eux ou coupent les cercles du réseau en un nombre presque infini
de points, nécessairement coordonnés à la symétrie pentagonale,
et formant une sorte de quinconce que l'auteur de la Notice sur les
systèmes de montagnes a nommé quinconce pentagonal l.
Les points d'intersection des cercles du réseau pentagonal font
eux-mêmes partie de ce quinconce; ils en sont les points du pre-
mier ordre , et l'auteur a désigné tous les autres sous le nom de
points secondaires. Comparés aux points géodésiques, les premiers
représentent les sommets de la grande triangulation, et les autres
les sommets des triangles du second et du troisième ordre.
La plupart, sinon la totalité des points remarquables de l'écorce
terrestre, appartiennent soit aux points du premier ordre, soit aux
points secondaires du quinconce pentagonal.
Le quinconce pentagonal est le canevas fondamental de la topogra-
phie, soit qu'on la considère au point de vue purement orogra-
1 Police, p. îoai et autres. (Voir la lablc de 1 ouvrage.)
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 503
phique, soit qu'on y comprenne la connaissance des substances
diverses dont le sol se compose et de celles qui y forment des ac-
cidents et qui en constituent la richesse.
Le quinconce pentagonal ne pourrait être tracé d'une manière
complète que sur des plans d'une très-grande échelle, car il devrait
comprendre le tracé de la totalité des fissures qui traversent le sol.
Mais, suivant l'échelle à laquelle on opère, on peut faire, d'après
leur importance relative, un choix parmi les axes de soulèvement,
les failles, les fissures, les alignements de tous genres, et il n'est pas
nécessaire d'en tracer un très-grand nombre pour arriver, suivant
une expression empruntée au langage des artistes, à mettre un pays
dans ses lignes.
MM. Elie de Beaumont et de Ghancourtois ayant été chargés, en
1 852 , de compléter et de terminer la carte géologique du départe-
ment de la Haute-Marne, préparée par M. A. Duhamel, ingénieur
en chef des mines, qu'une mort prématurée avait empêché de la
terminer, ont entrepris de faire pour ce département l'opération
qui vient d'être indiquée. Leur travail a paru en 1862, et je vais
en donner une idée sommaire.
Ils ont observé avec attention et tracé avec le plus grand soin ,
sur la carte dite d'état-major, publiée par le Dépôt de la guerre à
l'échelle de g 0 \ 0 0 , les failles et autres accidents stratigraphiques
qui sillonnent le sol du département de la Haute-Marne, où ils ache-
vaient en même temps de tracer d'une manière détaillée les con-
tours des différentes formations géologiques. Ils ne se sont pas con-
tentés de relever simplement à la boussole les directions des failles
et des inflexions des couches; ils en ont perfectionné le tracé, en
étudiant la manière dont ces accidents géologiques s'adaptent aux
détails des accidents topographiques figurés avec une rare préci-
sion sur les cartes du Dépôt de la guerre. Ils se sont aidés en même
temps de la remarque presque séculaire de Werner et des mineurs
de l'Allemagne, que les failles ou fentes dans lesquelles ont été
déposés les filons métallifères sont coordonnées entre elles par fais-
504 t RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ceaux, dans chacun desquels toutes les directions sont sensiblement
parallèles les unes aux autres. Ils sont parvenus de cette manière
à représenter toutes leurs observations par seize faisceaux de lignes
parallèles.
Des lignes tirées par Buxières-lez-Belmont, où un pointement
granitique attire spécialement l'attention, parallèlement à ces seize
directions, ont formé la rose des directions observées du département
de la Haute-Marne.
Les seize rayons de cette rose représentent, en même temps, la
plupart des directions suivant lesquelles M. de Ghancourtois a
constaté que s'alignent les nombreux gîtes de minerais de fer qui
sont exploités dans le même département, ainsi que les masses de
gypse et les sources minérales. Ces alignements, que M. de Chan-
courtois a tracés avec la plus scrupuleuse attention, sont figurés
sur la carte de la Haute-Marne par des lignes en points longs im-
primés en rouge, tandis que les failles sont figurées par des lignes
pleines, et les lignes d'inflexion des couches par des lignes en points
longs, imprimées les unes et les autres en bleu.
Malgré tous les soins qu'ils avaient apportés à ce travail, exécuté
avec les instruments usuels, MM. Elie de Beaumont et de Ghan-
courtois ont déclaré qu'ils ne pouvaient espérer d'avoir atteint une
précision obsolue, et ils ont indiqué eux-mêmes la limite de leurs
prétentions à cet égard, en se bornant à coter en degrés et quarts
de degré (N. 2o°45'E., N. dix0 E., N. 37°i5'E.) les orientations
figurées sur leur rose des directions observées.' L'exactitude de ces
orientations demeure même sujette à leurs yeux à certaines réserves
qu'ils ont indiquées, en ajoutant que peut-être quelques failles ont
été tracées d'une manière trop continue, surtout dans les terrains
argileux.
Quoi qu'il en soit, la rose des directions observées de la Haute-
Marne, qui est réellement la quintessence delà stratigraphie de la
contrée, étant gravée et irrévocablement tirée depuis un certain
temps, M. Elie de Beaumont a été curieux de savoir quels rapports
DE LA STRATIGRAPHIE E.\ FRANCE. 505
les seize directions relevées dans la Haute-Marne pourraient avoir
avec les directions qu'il avait antérieurement adoptées pour les dif-
férents systèmes de montagnes de l'Europe occidentale , et la com-
paraison dont il s'agit a été, de sa part, l'objet d'un travail spécial
qu'il a communiqué à l'Académie des sciences l.
Il a exécuté, par les méthodes ordinaires de la trigonométrie
sphérique, les calculs nécessaires pour mener, du centre de la rose
des directions observées, placé à Buxières-lez-Belmont, par &7°45'i5"
de latitude N. et par 3°i2'i5'' de longitude E. de Paris, une ligne
parallèle à l'élément correspondant de chacun des grands cercles de
comparaison des différents systèmes de montagnes de l'Europe occi-
dentale. Ces parallèles devaient former une rose des directions théo-
riques susceptible d'être comparée à la rose des directions observées-
déjà gravée sur la carte.
Rien n'exigeant que fauteur se limitât dans la composition de
cette rose des directions théoriques, il y a fait entrer des parallèles
à une grande partie des cercles principaux du pentagone européen,
ainsi qu'à plusieurs cercles auxiliaires qui, par leur analogie avec
les cercles déjà employés pour représenter des systèmes de mon-
tagnes, lui paraissent susceptibles d'être pris utilement en consi-
dération. Excluant seulement les cercles qui passaient évidemment
à une trop grande distance de Buxières-lez-Belmont pour que leur
influence pût s'y faire sentir (et encore en a-t-il introduit, pour en
amener la discussion, quelques-uns qui étaient dans ce dernier cas),
il a calculé les orientations de parallèles menées par Buxières-lez-
Belmont à quarante-trois cercles différents. Remarquant, en outre,
que , lorsque des accidents stratigraphiques se sont produits paral-
lèlement à une certaine direction, des fissures ont dû se produire
aussi, quoique sur une moindre étendue, perpendiculairement à
cette même direction , il a tenu compte également des perpendicu-
laires aux grands cercles pris en considération. Il a eu ainsi, pour
1 Comptes rendus, t. LV, p. 76, séance du 16 juillet 1862.
506 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
en composer la rose des directions théoriques, quatre-vingt-six orien-
tations perpendiculaires entre elles deux à deux, parmi lesquelles
il était rationnellement amené à chercher les seize directions ob-
servées.
A l'aide de toutes ces données, il a formé un tableau1 présen-
tant, relativement à chacun des cercles introduits dans la rose,
l'orientation de la parallèle qui lui est menée par Buxières-lez-
Belmont, la longueur de la perpendiculaire abaissée du même
lieu sur ce cercle, et l'orientation, à son point de départ, de cette
perpendiculaire, que la parallèle coupe à angle droit en ce même
point. Des colonnes spéciales du même tableau sont consacrées aux
orientations observées, rapportées à Buxières-lez-Belmont, aux
différences existantes entre chacune de ces dernières et celle des
orientations théoriques qui s'en rapproche le plus, différences qu'il
a nommées, par cette raison, différences minima, et enfin aux dif-
férences entre les orientations observées et celles des orientations
théoriques qui, après discussion, ont paru devoir être adoptées
pour représenter les premières.
Les quarante-trois parallèles, jointes aux quarante-trois perpen-
diculaires, ont donné un total de quatre-vingt-six orientations cal-
culées, qui ont été rangées dans la troisième colonne du tableau,
suivant l'ordre dans lequel elles se succèdent en partant du N. pour
aller par l'E. S., vers le et les différences ont été rangées dans un
ordre correspondant.
On aurait pu croire que ces quatre-vingt-six orientations se se-
raient réparties dans la demi-circonférence , de manière à la diviser
en petits secteurs ayant chacun une amplitude peu différente de
-?, degrés; et très-probablement il en aurait été à peu près ainsi pour
des orientations prises absolument au hasard. Mais les quatre-vingt-
six orientations inscrites, dérivant du réseau petitagonal, portaient
nécessairement l'empreinte de la symétrie du réseau, et elles ont
1 Comptes rendus, t. LV, p. 8o, séance du ih juillet 1862.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 507
accusé leur origine en formant des faisceaux assez étroits et souvent
même très-resserrés, séparés par des intervalles vides d'une ampli-
tude plus ou moins grande. On a vu se reproduire le caprice appa-
rent signalé plus haut, page 36, par lequel la symétrie pentagonale
s'est révélée pour la première fois.
Les orientations inscrites dans le tableau, étant perpendiculaires
deux à deux , étaient nécessairement réparties de la même manière
dans les deux quarts de circonférence compris entre o° et 900 et
entre 900 et 180°. Dans la demi-circonférence entière, les fais-
ceaux étaient au nombre de 28 séparés par 28 intervalles vides,
et les faisceaux étaient tellement serrés, que tous ensemble ils
ne comprenaient que 34° 01' 33" 02, tandis que les 28 intervalles
embrassaient 1 45° 8' 26" 98.
Ce groupement des orientations théoriques en faisceaux a joué
nécessairement un rôle prépondérant dans la discussion à laquelle
l'auteur a du se livrer pour déterminer quelles étaient, parmi les
orientations théoriques, celles auxquelles il convenait le mieux de
rapporter les seize orientations observées dans le département de
la Haute-Marne. Comme il serait difficile d'abréger cette discussion ,
qui, en raison de son étendue, ne peut être reproduite dans le pré-
sent Rapport, je dois me borner à en consigner ici les principaux
résultats.
En empruntant aux cercles du réseau pentagonal quatre-vingt-
six orientations, pour les rapprocher, sans autres préliminaires, de
seize orientations observées, on aurait pu craindre de faire naître
une confusion presque inextricable. Mais il n'en a pas été ainsi, et,
en éclairant, lorsque la nécessité s'en est fait sentir, les résultats
bruts des rapprochements numériques par les considérations que
fournissait naturellement la constitution géologique de la contrée,
l'auteur a pu rapporter rationnellement les observations faites dans
la Haute-Marne aux systèmes de montagnes dont l'influence s'y est
fait sentir, sans être obligé d'admettre entre les orientations obser-
vées et les orientations calculées des différences trop considérables.
508 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ces différences, notées comme positives ou comme négatives, sui-
vant que l'orientation observée s'éloigne ou se rapproche du nord
plus que la direction calculée à laquelle on la compare , sont le
plus souvent très-faibles, les plus fortes ne dépassant pas trois à
quatre degrés.
La rose des directions observées se compose de seize rayons, dont
chacun représente un groupe plus ou moins nombreux de failles,
de directions de couches repliées ou redressées et d'alignements
répandus dans différentes parties du département. Dans chacun
de ces groupes, les orientations sont très-peu différentes les unes
des autres, sans être cependant assez complètement identiques
pour qu'on ne puisse pas les soupçonner quelquefois d'appartenir
à des systèmes distincts, mais d'orientations très-voisines. En rap-
prochant les seize orientations observées des quarante-trois orien-
tations calculées et de leurs perpendiculaires, l'auteur a trouvé
que vingt-deux de ces orientations théoriques pouvaient avoir des
représentants parmi les orientations des accidents stratigraphiques
du département de la Haute-Marne, et il a même mentionné en
outre deux rapprochements douteux.
Parmi les vingt-deux rapprochements admis, douze, c'est-à-dire
plus de la moitié, se sont présentés dès l'abord : on n'a eu qu'à
rattacher l'orientation observée à l'orientation théorique qui s'en
éloignait le moins, et qui souvent ne présentait avec la première
qu'une différence extrêmement faible , comprise parmi les seize dif-
férences minima inscrites dans une colonne particulière du tableau
et reproduites parmi les vingt-deux différences relatives aux orien-
tations choisies.
Dans les dix autres cas, des considérations géologiques ont con-
duit à rapprocher la direction observée d'une direction calculée
autre que celle qui s'en éloignait le moins. Une orientation obser-
vée, qui tombait entre deux orientations calculées, a quelquefois
été considérée comme réunissant à la fois des lignes se rapportant
aux doux dernières. D'autres fois il a paru que le cercle auquel se
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 509
rapportait l'orientation calculée la plus voisine d'une orientation
observée avait des rapports géologiques moins naturels avec la
constitution géologique du département de la Haute-Marne qu'un
autre cercle dont l'orientation s'éloignait un peu plus de l'orienta-
tion observée, et on s'est décidé à chevaucher par-dessus la pre-
mière pour aller prendre la seconde. 11 en est résulté que quatre
des différences minima (un quart seulement de la totalité) ne figu-
rent pas dans la colonne relative aux orientations choisies et y sont
remplacées par des différences un peu plus fortes. C'est ainsi qu'ont
été introduites dans la colonne relative aux vingt-deux orientations
choisies dix différences qui ne sont pas des différences minima.
Dans la discussion se sont offerts des rapprochements singuliè-
rement heureux, dont le résultat présente un caractère frappant
de vérité. Deux cercles du réseau pentagonal , le diamétral Dac du
système de la Gôte-d'Or et le trapézoédrique Te du système du
Hundsriïck, se coupent, comme on l'a vu précédemment, à Saint-
Marcel, près de Noroy-lez-Jussey, dans la partie du département
de la Haute-Saône la plus voisine de celui de la Haute-Marne. Ils
traversent l'un et l'autre la partie méridionale de la Haute-Marne ,
qui est celle où les failles sont le plus multipliées. Il était naturel
que leurs orientations fussent reproduites par celles des failles
avec une netteté particulière. Or, pour ces deux cercles, on a été
conduit à conserver dans la colonne des différences relatives aux
orientations choisies les différences minima, qui sont, pour le cercle
de la Gôte-d'Or, +o°2i'58"2o, et pour le cercle du Hunds-
riick, — o°27'3i"77; deux différences en elles-mêmes assez
faibles et qui, étant de signes contraires, se compensent presque
exactement.
La compensation, cependant, n'a pas lieu pour l'ensemble des
différences. Parmi les seize différences minima, huit sont posi-
tives et huit sont négatives, mais les différences positives sont plus
grandes en moyenne que les différences négatives; et, parmi les dif-
férences relatives aux vingt-deux orientations choisies, quatorze
510 RAPPORT SUR LES PROGRES
sont positives, tandis que huit seulement sont négatives et moins
grandes en moyenne que les différences positives.
Disposer, pour atténuer cette disproportion, des deux minutes
dont le réseau pentagonal, dans sa position provisoire actuelle, paraît
susceptible de tourner sur lui-même, serait un remède insuffisant.
Le privilège constant dont jouissent ici les différences positives a
amené l'auteur à penser qu'une cause spéciale, indépendante du
caprice des erreurs d'observation, avait concouru à les produire.
Il a constaté, en effet, qu'on pourrait trouver cette cause dans
un défaut réel de continuité des fissures, qui, sans présenter d'in-
terruption complète et apparente, seraient tronçonnées en segments
consécutifs, disposés on échelon, par le croisement de fissures
transversales. Pour chacune des différences un peu considérables
que les résultats du calcul ont données, il a pu signaler un sys-
tème de croisements et de rejets qui, combiné avec la direction
calculée, aurait produit une déviation de même signe que celle
qui a été déterminée. 11 a, en outre, fait remarquer que, suivant
toute apparence, les fissures ne sont presque jamais verticales, et
que, de même que dans les filons, toutes les fissures d'une même
orientation sont probablement inclinées dans le même sens. Or
cette inclinaison, qui joue un rôle essentiel dans Yépure bien connue
du croisement des filons, et qui, dans le cas actuel, reste indéter-
minée, a été dans les mains de la nature un élément propre à
faciliter la production des déviations observées. De là il résulte que,
très-probablement, une petite partie seulement des différences
données par les résultats du calcul rentre dans le domaine du
hasard ou des erreurs d'observation.
La discussion des seize différences minima et des vingt-deux dif-
férences relatives aux orientations choisies a conduit l'auteur à
beaucoup d'autres remarques, qui tiendraient ici trop de place et
pour lesquelles je ne puis que renvoyer au mémoire original1. Je
1 Comptes rendus, l. LA. |>. ii.3. séance du ai juillet i8(*>2.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 511
citerai cependant encore le résultat suivant. Les seize orientations
observées ne sont pas réparties également entre les deux quadrants
N.-E. et S.-E., mais le premier en renferme dix et le second six
seulement. Pour les vingt-deux orientations choisies, treize tom-
bent dans le premier quadrant, et neuf seulement dans le second.
Cette préférence pour le quadrant N.-E. est en harmonie avec la re-
marque faite depuis longtemps par M. de Humboldt, que les orien-
tations des accidents stratigraphiques de l'Europe occidentale se
dirigent le plus souvent vers la région du N.-E., mais qu'un groupe
assez nombreux aussi de ces orientations se dirige vers la région
du S.-E.
L'analyse rigoureuse des faits observables dans une région,
même aussi peu étendue qu'un département, peut ainsi quelquefois
reproduire ou faire naître des remarques susceptibles d'une appli-
cation générale.
L'auteur avait fait entrer dans la rose des directions calculées
quarante-trois cercles dont plusieurs passent fort loin de Buxières-
lez-Belmont. Le résultat de la discussion a été d'éliminer en masse
les neuf cercles qui en passent le plus loin. Les vingt-deux rappro-
chements se rapportent à vingt-deux des trente-quatre cercles qui
passent le plus près de Buxières, et pour les deux plus éloignés
desquels les perpendiculaires abaissées de ce point n'ont encore
que des longueurs de 6°5o' 1 1" 9/1 et de 6°/io'37"oo. Or ces
deux derniers cercles sont ceux qui représentent les systèmes des
Alpes principales et des Pyrénées, deux des systèmes qui ont le
plus fortement et le plus largement accidenté le sol de l'Europe.
On peut inférer de là que , en limitant d'une manière générale à
2 0° ( io° de part et d'autre du grand cercle de comparaison) la lar-
geur d'un système de montagnes, l'auteur de la Notice ne l'a pas
restreinte outre mesure. Les rapprochements établis entre des
chaînes de montagnes plus éloignées les unes des autres, dans le
sens transversal à leur direction , peuvent donc inspirer de la dé-
fiance et ne doivent être admis qu'avec réserve. Il est difficile.
512 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
néanmoins, de rien prononcer d'absolu à cet égard, et certains rap-
prochements, qui étendraient exceptionnellement jusqu'à 200 du
grand cercle de comparaison l'influence d'un système de monta-
gnes, se sont présentés quelquefois d'une manière assez naturelle1.
Le plexus compliqué que forment les accidents stratigraphiques
figurés sur la carte géologique du département de la Haute-Marne
n'a pas été produit d'un seul jet; mais, le sol étant composé presque
exclusivement par le terrain jurassique, les données manquent en
partie pour établir d'une manière précise le nombre et la date
géologique des époques de bouleversement qu'il y aurait lieu d'y
distinguer.
L'auteur, en tenant compte des deux cas notés comme douteux,
a été conduit à établir des rapprochements, sous le rapport des
directions observées, entre les accidents stratigraphiques et dix-
huit systèmes de montagnes, dont six interviennent à la fois par
leur direction propre et par celle de leur perpendiculaire. Parmi
ces dix-huit systèmes, il y en a huit, savoir, les systèmes du Finis-
tère, du Morbihan, du Hundsriïck, des Ballons, du Forez, du
Rhin, du Thûringerwald, du mont Seny, qui sont antérieurs à la
partie moyenne du terrain jurassique. Or, comme tous les accidents
stratigraphiques du département de la Haute-Marne affectent les
couches jurassiques, ces huit systèmes, ou du moins les sept pre-
miers, n'ont pu y manifester leur existence qu'en se reprodui-
sant postérieurement à leur première origine, par le contre-coup
de dislocations plus récentes, phénomènes dont plusieurs autres
exemples ont été cités dans le cours de ce Rapport (p. 32Û, 618,
1*3 h et autres).
Parmi les dix autres systèmes, huit sont reconnus comme posté-
rieurs au terrain jurassique : ce sont les systèmes delà Côte-d'Or,
du mont Viso, des Pyrénées, des îles de Corse et de Sardaigne, du
Tatra (T&), du Tatra de M. Pomel (Ta), du Sancerrois, des Alpes
1 Voyez Notice sur les systèmes de montagnes, p. q53 cl 978.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 513
principales; et il est probable qu'il en sera de même des deux sys-
tèmes nouveaux dont l'auteur a cru discerner l'indication et qu'il
a représentés, l'un par un cercle auxiliaire Tb (TTbbc Hécla), ho-
mologue du système du Sancerrois, et l'autre par un cercle auxi-
liaire Da (Dac), homologue du système des Pays-Bas. Mais l'un des
deux systèmes désignés sous le nom de Tatra devra probablement
être considéré comme étranger au département de la Haute-Marne,
et les fissures dirigées perpendiculairement à la direction du sys-
tème des îles de Corse et de Sardaigne, s'il en existe réellement
dans ce département, où elles ne sont indiquées que par l'un des
trois rapprochements numériques auxquels se prête l'orientation
observée E. 3°N., pourraient n'être qu'une déviation des accidents
d'un système plus moderne. Cela réduirait à six les systèmes de
montagnes antérieurement connus dont on pourrait assurer, dès
aujourd'hui, qu'ils ont joué un rôle direct dans la formation du
relief extérieur du département de la Haute-Marne, savoir : i° le
système de la Côte-d'Or, qui paraît avoir joué un rôle considé-
rable dans cette contrée et avoir occasionné la reproduction des
accidents de plusieurs systèmes plus anciens, notamment de ceux
du Hundsruck et du Rhin; 2° le système du mont Viso, dont le
rôle a été considérable aussi et qui a occasionné de son côté la
reproduction des accidents de plusieurs systèmes plus anciens, tels
que ceux du Morbihan, du Rhin, du Forez et même du système
de la Côte-d'Or; car on voit vers Joinville et Saint-Dizier des failles
ayant l'orientation des systèmes du Rhin et de la Côte-d'Or affecter
le terrain néocomien et peut-être même le grès vert et le gault;
3° le système des Pyrénées, dont l'influence dans la Haute-Marne
a été moins étendue; h° le système du Tatra, dont l'action s'est
surtout exercée dans la partie S.-E. du département, en contri-
buant à produire le singulier plexus de failles qui s'étend, au
midi de Buxières-lez-Belmont, de Charme-Saint-Valbert à Chas-
signy, à Grancev et au delà; 5° le système du Sancerrois, dont
l'action a été très-restreinte ; 6° enfin le système des Alpes princi-
Stratifjraphie. 33
514 BÀPPQBT SUR LES PROGRÈS
pales, auquel se rapporte notamment le grand accident strati gra-
phique que M. de Chancourtois a tracé aux environs de Chalindrey
et qui limite au S.-S.-E. la montagne de Langres.
Dans l'opinion de M. Elie de Beaumont, cet accident stratigra-
phique aurait complété le relief du département de la Haute-Marne
en séparant le bassin de la Bresse de celui dans lequel se sont
déposés des terrains analogues à celui de la Bresse, aux environs
de Saint-Dizier, de Sainte-Menehould, etc.
Le système des Alpes principales aurait ainsi joué dans le dé-
partement de la Haute-Marne un des rôles prépondérants. Il aurait
remis enjeu beaucoup d'accidents stratigraphiques produits par les
systèmes antérieurs et y aurait rendu les dénivellations plus sen-
sibles. Son action , superposée à celle du système de la Côte-d'Or,
aurait créé le seuil continental qui sépare le bassin de la Méditer-
ranée de celui de l'Océan.
La configuration qu'il a imprimée au sol se serait conservée
sans altération si les phénomènes diluviens qui sont survenus sub-
séquemment ne lavaient modifiée en produisant des dénudations
considérables et en creusant ou façonnant les vallées, dans les-
quelles leurs effets, qui semblent dater d'hier, sont souvent très-
remarquables et très-frappants.
La faiblesse du relief que les actions superposées de plusieurs
systèmes de montagnes ont donné au sol du département de la
Haute-Marne rend souvent difficile d'assigner à chacun de ces
systèmes la part qui lui appartient; mais il est beaucoup moins
difficile de constater l'influence qu'exercent sur la topographie les
différents accidents stratigraphiques auxquels se rapportent les
seize orientations observées de la rose de Buxières-lez-Belmoni.
Dans la contrée où il se trouve , chacun de ces accidents stratigra-
phiques se lie intimement aux accidents topograpliiques dont il
est la clef et qui le plus souvent l'ont fait découvrir; mais géné-
ralement il ne s'arrête pas là. On n'a tracé chaque accident stra-
tigrapbique, failli», inflexion des couches, etc., que dans la partie
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 515
où il est visible : leur influence s'étend cependant beaucoup plus
loin.
Il suffit en effet, le plus souvent, de placer une règle le long de
la ligne qui représente l'un d'eux, pour constater que sa prolonga-
tion passe avec une certaine affectation, d'une manière au moins
très-approximative, par un certain nombre d'accidents géologiques,
orographiques ou hydrographiques. On trouvera même que cer-
taines lignes stratigraphiques semblablement orientées, tracées
dans différentes parties du département, sont sensiblement dans
le prolongement l'une de l'autre. On les aurait en effet tracées d'une
manière continue, dans tout l'espace intermédiaire, si on n'avait
jugé plus convenable de ne les figurer que là où elles répondaient
à des accidents géologiques apparents à la surface du sol.
Ces fractures rectilignes se sont quelquefois ajustées plusieurs
ensemble pour constituer une ligne brisée plus ou moins serpen-
tante, d'une longueur considérable, le long de laquelle s'est pro-
duite, probablement d'un seul jet, une crête sinueuse, interrompue
seulement par quelques fractures transversales, dont plusieurs
donnent passage à des cours d'eau. On voit un très-bel exemple de
ce phénomène dans le midi du département de la Haute-Marne,
où une ligne de ce genre s'étend de Charmes- Saint- Valbert à
Grancey, sur une longueur de 52 kilomètres. D'autres se présentent
sur les bords de la Marne, entre Joinville et Saint-Dizier, et ailleurs
encore.
Les crêtes dont je parle, n'étant pas rectilignes , peuvent sans
doute être représentées approximativement par des courbes; mais,
en principe, elles se rapportent à des lignes brisées et non à des
courbes continues. Ce qui le prouve, c'est qu'on peut suivre, jusqu'à
des distances souvent considérables , les directions des éléments rec-
tilignes dont elles se composent, comme on le voit notamment pour
la faille en ligne brisée des environs de Chatonrupt, au nord de
Joinville. Ces prolongations sont jalonnées par des accidents natu-
rels, comme le sont toutes les lignes dont je viens déparier. J'ai déjà
33.
51G RAPPORT SUR LES PROGRÈS
signalé le même fait pages 399 et /i5G, en parlant de différentes
chaînes de montagnes1. Les lignes courbes par lesquelles des géo-
logues éminents se sont quelquefois bornés à représenter les axes
des chaînes de montagnes et d'autres accidents géologiques de
moindre importance n'expriment donc qu'un aperçu superficiel de
leur configuration extérieure. Ce procédé expéditif, déjà fort an-
cien, ne peut être compté au nombre des progrès récents de la
stratigraphie.
Indépendamment des lignes dont un tronçon au moins a été
figuré sur la carte géologique de la Haute-Marne, comme représen-
tant un accident stratigraphique observable directement, il en existe
d'autres, parallèles aux premières, qui ont, comme celles-ci, la pro-
priété de passer par des points définissables en plus ou moins grand
nombre. Chacune de ces lignes pourrait devenir l'objet d'une mo-
nographie analogue à celles que j'ai données, dans le cours de ce
Rapport, pour un grand nombre de cercles du réseau pentagonal.
Beaucoup de points définissables sont à la fois sur plusieurs de ces
lignes et se trouvent, par conséquent, à leurs points de croisement.
Chacune de ces lignes représente probablement une fissure ou
une inflexion des couches qui ne se révèle pas à la surface parce
qu'elle n'a pas produit de dénivellation bien sensible, mais qui n'en
exerce pas moins son influence sur les cours d'eau et sur beaucoup
d'accidents topographiques.
Souvent ces mêmes lignes coïncident approximativement avec
les limites des formations géologiques et avec les contours des co-
teaux où celles-ci se terminent, de même qu'avec les vallées. Cette
dernière circonstance est très-naturelle, car les contours des co-
teaux que forment les différentes formations résultent des phéno-
mènes de dénudation qui ont détruit une partie de ces formations
et les ont réduites à l'étendue qu'elles occupent aujourd'hui, en
arrêtant leur action à certaines fissures ou autres lignes d'accidents;
(l) Voyez à ce sujet la Notice svr les .systèmes de montagnes, p. 1257.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 517
et ces mêmes lignes, comme je l'ai indiqué précédemment, ont
joué un rôle prépondérant dans le creusement des vallées. Les
courants d'eau, les courants diluviens, qui ont été les agents prin-
cipaux des phénomènes de dénudation et du creusement des val-
lées, ont émoussé certains angles et arrondi certains contours; le
reste se coordonne aux lignes que je viens de signaler.
Toutes ces lignes réunies aux cercles du réseau pentagonal, dont
elles suivent les allures, constituent le quinconce pentagonal, qui
est la clef et le canevas fondamental de la topographie.
Ces remarques s'appliquent à la surface entière du globe. Chaque
fois qu'on regarde une carte géographique levée rigoureusement,
on voit s'y dessiner beaucoup de lignes droites constituant diverses
figures géométriques, des triangles, des losanges, des trapèzes et
d'autres polygones plus compliqués, souvent même dentelés. Ce
fait, que M. Pissis a remarqué depuis longtemps avec beaucoup
de justesse dans les formes générales des continents *, s'observe en
petit, jusque dans les détails de la topographie, tout aussi bien
qu'en grand. Toutes ces lignes droites dérivent des lignes de fis-
sures ou autres accidents géologiques dont je viens de parler, et
tous les angles de ces figures variées sont des points du quinconce
pentagonal.
Les points caractérisés que j'ai cités, en suivant le cours des
cercles du réseau pentagonal, sont des individualités particulières
dans ce vaste ensemble de points définis.
On peut dessiner des figures variées pour ainsi dire à l'infini,
en plaçant ad libitum différentes pièces d'un jeu d'échecs sur les
cases d'un échiquier. Toutes ces figures sont nécessairement sub-
ordonnées au canevas rectangulaire de l'échiquier, et tous leurs
angles coïncident avec les intersections des lignes qui passent par
les centres des cases. Les configurations géographiques se rap-
portent de la même manière au quinconce pentagonal, dont le plan
1 Bulletin de li Société géologique de France, a' série, t. V. p. 453.
518 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
est seulement beaucoup plus riche et beaucoup plus varié que le
plan si simple d'un échiquier.
M. de Villeneuve, dans six mémoires pleins de verve et d'origi-
nalité qu'il a présentés successivement à l'Académie des sciences et
qui ont été insérés par extraits dans les Comptes rendus, a exposé
des vues nouvelles qui se rapportent au même ordre d'idées.
S'appuyant sur le principe que l'angle formé par deux grands
cercles a pour mesure l'arc qu'ils comprennent sur un troisième
grand cercle dont leur point d'intersection est le pôle, M. de Vil-
leneuve fait remarquer1 que les lois angulaires des systèmes de
montagnes formulées par M. Elie de Beaumont doivent, sur une
sphère, à 90 degrés de distance du point de départ, aboutir à des
relations de longueur.
C'est là en effet, dit-il, ce que lui ont permis de constater ses
recherches sur le développement des bassins géologiques et des
lignes de thalweg.
Les îles de Corse et de Sardaigne, placées au milieu de la Mé-
diterranée, ont semblé à M. de Villeneuve l'étalon naturellement
indiqué pour comparer les distances ou les longueurs des axes
géologiques dans les contrées circonvoisines.
L'axe des terrains primitifs de la Corse et de la Sardaigne a
3°&6' de longueur. On le mesure du cap Spartivento, extrémité
méridionale des roches primitives de la Sardaigne, à la baie d'Os-
triconi, extrémité septentrionale de Celles de la Corse. L'axe total
de la Corse et de la Sardaigne offre près de j degré en sus, ou
U° 10', du cap Teulade (Sardaigne) au cap Corse; les subdivisions
de cet axe sont : la longueur de la Sardaigne, a°33'; la longueur
de la Corse, i° 37'.
La longueur des terrains primitifs des Pyrénées, du granité du
cap Creus à celui de Salin; le développement des granités de la
Bretagne, de Saint-Maixent aux rivages granitiques de Kersant,
1 Recherches sur les rapporte de la vendus, t. XLVI, |>. 618, séance du
géologie et de l'hydrographie. {Comptes ao, mars i858.)
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 519
d'Aurigny et de Barfleur, répètent la longueur de l'axe primitif
Corse et Sardaigne; tandis que, des granités des environs de Saint-
Tropez, en Provence, à ceux de la baie de Cancale, on trouve que
l'ensemble de la ligne granitique de la France offre deux fois cette
longueur.
L'axe de la Sardaigne, principal élément de l'unité géologique
de M. de Villeneuve, se répète en deux sens, du nord au sud et de
l'est à l'ouest, sur le plateau central de la France.
Les éléments des distances de Corse et Sardaigne paraissent
dérivés, dit M. de Villeneuve, des groupes volcaniques, soit dans
la série des volcans actifs, soit dans les groupes de volcans éteints.
La longueur Corse et Sardaigne se retrouve dans la distance qui
sépare le volcan sous- marin de l'île Julia du Vésuve. L'axe Corse
répété deux fois est la distance de la bouche du Vésuve à celle de
l'Etna, et l'axe Sardaigne est répété par les distances respectives
du Vésuve et de Julia aux îles Eoliennes.
Les mêmes lois de longueur se reflètent, dit M. de Villeneuve,
dans les lignes qui joignent les grands points thalweg. Ainsi la lon-
gueur de la chaîne des lacs, de Genève à Guarda, est, comme la
distance du Vésuve à l'Etna, double de l'axe Corse. Le milieu de
cette série lacustre est occupé par le lac Majeur. Du lac de Guarda
à celui de Constance et de ce dernier à Genève, on retrouve en-
core une même longueur; c'est l'axe de la Sardaigne.
Les bassins de combustibles satisfont aux mêmes conditions. L'axe
de la Corse correspond aux distances qui séparent le bassin de
Sarrebruck de celui des Pays-Bas, le bassin houiller de Saint-
Etienne de celui d'Alais ou de celui du Creuzot. La plus grande
distance des gîtes houillers de la France, du nord-nord-est au sud-
sud-ouest, ou du nord au sud, est, en partant de Liège pour aller
vers les petits bassins de Toulon et de Durban, de deux axes€orse
et Sardaigne. Le milieu de cet intervalle est occupé par les bassins
de Saône-et-Loire.
Les sédiments géologiques du trias, de la Provence aux Vosges,
i ■
520 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
sont séparés aussi par un axe primitif Corse et Sardaigne. Mêmes
conditions pour la distribution du lias de l'Ardenne à celui de
Bourbon-l'Archambault, aux deux extrémités du plus grand dépôt
jurassique de la France.
Les bassins tertiaires de l'Aude et de la Garonne; du Rhin, de
Neufchâtel à Wetzlar; du Rhône, de Gray aux Martigues, offrent
dans leur longueur maximum l'axe total Corse et Sardaigne. Le
bassin parisien, de Fécamp à Joigny, offre l'axe de la Sardaigne,
tandis que la distance du grès vert de l'île de Wight à celui de
Fécamp, est sur le prolongement de la même direction, égale à
l'axe Corse.
Ainsi, dit M. de Villeneuve, les sédiments offrent la répétition
des lois de longueur que nous avaient montrées les terrains cristal-
lisés et les centres volcaniques ; on retrouve les mêmes lois dans
les thalwegs des fleuves et la longueur des rivages de la Méditer-
ranée.
Dans un second mémoire intitulé Etudes sur la structure de Yécorce
terrestre1, où il cite encore beaucoup de faits analogues aux précé-
dents, mais que je ne puis reproduire ici, M. de Villeneuve établit
que les longueurs de la Corse et de la Sardaigne sont liées par une
loi géométrique.
La Sardaigne est le côté du triangle équilatéral inscrit dans un
cercle dont le rayon serait la longueur du terrain primitif de la
Corse, et le terrain primitif de la Corse dérive de la même ma-
nière de la longueur totale du demi-diamètre longitudinal de la
Corse.
Enfin la longueur totale des deux îles dérive encore, de la même
manière, d'un triangle équilatéral inscrit dans le cercle dont le
rayon est la Sardaigne elle-même.
Ces dérivations , par générations successives de triangles équila-
téraux dont le côté du triangle équilatéral précédent devient le
' Comptes rendus, t. LÏV, p. aoo, séance du 27 janvier 1862.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 521
rayon, se dessinent par des nceuds, des sutures ou des solutions de
continuité. Le détroit de Bonifacio est placé aux £ de la longueur
totale des deux îles, en partant du cap Corse. En langage algé-
brique, si la Corse avec la Sardaigne est 1, la Sardaigne sera-^, la
Corse - , et le détroit de Bonifacio sera placé entre 1 = et
' + V 3 \fi
-=■, ce qui reproduit à peu près les £ de la longueur.
La séparation des masses des deux îles produite par le détroit
est le trait principal, l'accident le plus remarquable de leur forme.
Ce trait de discontinuité, cette faille séparative se reproduit, dit
M. de Villeneuve, dans les chaînes de montagnes, dans les rivages
des mers et des lacs, dans les bassins houillers et sédimentaires,
dans les groupes de sources thermales, dans les sources ordinaires et
dans les filons ; tous les gisements portent la forte empreinte de
cette loi de coordination.
Dans sa troisième communication, intitulée Mémoire sur la struc-
ture de ïécorce teirestre, M. de Villeneuve retrouve cette même loi l
dans les subdivisions des thalwegs des bassins hydrographiques.
Définissant Yaxe fluvial principal d'un bassin la plus longue ligne
droite qu'on puisse y tracer, il trouve que dans le bassin de la
Seine, où l'extrême embouchure est le cap la Hève, le point de
départ le plus éloigné est le faîte du plateau de Langres. Le prin-
cipal accident du bassin est le confluent de la Seine et de la Marne
à Charenton, près Paris, et les distances de ce point au plateau de
Langres et à la Hève sont comme 102 à 75, c'est-à-dire presque
rigoureusement comme —j= à 1 — -j=.
Pour le cours du Danube, dont l'accident principal est le con-
fluent de la Save à Belgrade, les distances de ce point à la source
et à l'embouchure du fleuve reproduisent le même rapport de -j-
1 Comptes rendus, t. LIV, p. 36a , séance du 17 février 1869 .
522 RAPPORT SUR LES PROGRES
Les autres fleuves de l'Europe, la Garonne, la Loire, le Rhône,
le Tage, l'Elbe, le Rhin, satisfont aussi à la formule.
Dans ses Etudes déjà citées sur la structure du globe terrestre*,
M. de Villeneuve appliquait déjà le même ordre de considérations
aux grands traits de la configuration du globe, et il y signalait
des rapports très-curieux dont je ne puis indiquer qu'une faible
partie.
Les plus grands développements des masses continentales se
dessinent, dit l'auteur, des deux côtés du détroit de Behring. L'an-
cien monde, mesuré par l'arc, de Behring au cap de Bonne-Espé-
rance, et le nouveau monde, de Behring au cap Horn, donnent
i £7* 56' et i£3°35', arcs dont les compléments à 36o degrés sont
les ^et les ^0 de la circonférence totale, ce qui reproduit approxi-
mativement entre les deux parties le rapport de 1 — -j= à -4=.
Considérés à part, les axes des deux grandes masses continen-
tales offrent dans leurs isthmes la même loi de subdivision et de
suture que la Corse et la Sardaigne. Les isthmes de Suez et de
Panama sont sur un même parallèle dont le centre est à Behring
et dont la longueur du rayon est la fraction -j=, ou 0,57735, des
axes des masses continentales.
De cette loi vérifiée sur l'ensemble du globe et sur des bassins
de toutes les grandeurs, on peut, dit M. de Villeneuve à la fin du
troisième mémoire2, descendre dans les détails des gisements ex-
ploités, et trouver ainsi un nouveau guide dans les recherches et
la mise à profit des masses minérales.
Dans un mémoire subséquent sur les causes de l'harmonie des formes
terrestres*, M. de Villeneuve, après avoir cherché à établir par les
traits dominants de la géographie qu'il y a une remarquable symé-
trie dans les longueurs des axes des fleuves, des monlagnes, des
1 Comptes rendus, t. L1V, p. 201 . 3 Comptes rendus, t. f Al , p. 10,
3 Comptes rendus, t. LIV, p. 365. aéance du 3 juillet 1 865.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 523
continents et dans leurs subdivisions; que cette symétrie est, sur
un corps sphérique tel que la terre, une confirmation de la symé-
trie des directions signalée par M. Élie de Beaumont, remonte à la
cause de cette double symétrie des angles et des dimensions, et en
montre l'origine dans la subdivision harmonique des corps agités
par des vibrations prolongées.
Après avoir, dans ce mémoire et dans le suivant, sur les vibrations
terrestres1, consacré à ces vibrations, qui ne sont autre chose que
les tremblements de terre, des remarques qui se rapportent à la
mécanique plutôt qu'à la stratigraphie, M. de Villeneuve conclut
en disant : «Les tremblements de terre sont perpétuels; leurs lois de
propagation sont identiques à celle des vibrations sonores. La régu-
lière distribution des lignes nodules et des ventres de vibration obser-
vés sur des plaques vibrantes se doit appliquer à la terre ;u et dans
le sixième mémoire, consacré aux lois des deltas-, il insiste de nou-
veau sur les lois de subdivisions régulières causées par les vibra-
tions de la terre.
Les six mémoires de M. de Villeneuve , dont ce qui précède ne
peut donner qu'une idée extrêmement sommaire, contiennent la
substance d'un important ouvrage dont on doit désirer que la pu-
blication ne se fasse pas trop longtemps attendre. L'auteur y a
répandu une foule de remarques des plus curieuses sur les rapports
de longueur et de position d'un grand nombre de lignes et de
points de la surface terrestre. Par les vues neuves et originales qui
y seront répandues, cet ouvrage concourra, avec le réseau penta-
gonal, à montrer que la plupart des points remarquables de la
surface du globe sont soumis dans leurs positions à des lois mathé-
matiques, et que la stratigraphie est une science dont l'objet est
presque complètement indépendant des caprices du hasard.
1 Cojnptes rendus, t. LXI, p. -289, * Comptes rendus, t. LXY, p. 287,
séance du \k août i865. séance du 12 août 1867.
524 RAPPORT SUR LES PROGRES
APPLICATIONS DU RESEAU PENTAGONAL À LA DISTRIBUTION DES SUBSTANCES
MINÉRALES.
Ce n'est pas seulement sur la configuration extérieure du sol que
les lignes du quinconce pentagonal exercent leur influence; elles en
exercent une plus directe encore sur sa structure intérieure. Gomme
on l'a déjà indiqué précédemment, elles président au cours des eaux
intérieures qui forment les sources ordinaires, au coups des sources
minérales et thermales, enfin elles ont régi les cours de toutes les
émanations liquides, gazeuses ou même fondues, qui, dans le laps
des âges, ont amené de l'intérieur à la surface du globe cette variété
infinie de substances qui constituent la plus grande partie de la
richesse minérale.
M. de Ghancourtois a fait une application aussi neuve qu'ingé-
nieuse de ce principe aux minerais de fer du département de la
Haute-Marne. Il l'a développée dans un mémoire qui a été inséré par
extrait dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences1 et imprimé
in extenso dans les Etudes stratigraphiques sur le déparlement de la
Haute-Marne, qu'il a publiées de concert avec M. Elie de Beaumont.
Suivant M. de Ghancourtois, les minières de fer figurées sur la
carte géologique de la Haute-Marne, d'après le relevé de M. Duha-
mel, s'alignent sur des directions qui concordent exactement avec
celles des failles et des autres accidents géologiques. Ce fait, dont on
se convaincra facilement par la simple inspection des alignements
tracés en rouge par M. de Ghancourtois sur la carte de la Haute-
Marne, a une grande importance au point de vue pratique, puis-
qu'il fournit un principe pour la recherche des nouveaux gîtes que
l'on doit espérer de rencontrer sur les lignes jalonnées par les gîtes
connus, dans les directions fixées, et particulièrement aux inter-
1 Comptes rendus, t. Ll, p. hlh, séance du 10 septembre 1860, et t. LV, p. 3ia,
séance du 18 aoùl 186s.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 525
sections de ces lignes. La concordance parfaite, par coïncidence ou
parallélisme , des alignements des gîtes minéraux et des directions
des failles, est frappante, mais toute naturelle, les minerais de fer
étant des produits d'émanation qui doivent se trouver nécessaire-
ment sur les lignes de fissure de l'écorce terrestre, et surtout aux
croisements. On peut seulement s'étonner que la remarque n'en
ait pas été faite plus tôt.
Mais il faut noter avec intérêt la présence parmi les alignements
de directions diverses propres à des systèmes de soulèvement plus
ou moins antérieurs aux terrains qui comprennent les gîtes, par
exemple de la direction du système du Rhin, très-fréquente dans
les minerais du terrain néocomien. C'est là une preuve manifeste
de la persistance ou de la réouverture des anciennes fractures. Et
quoi de plus simple, dit M. de Chancourtois? Les assises des ter-
rains stratifiés ne sont-elles pas assez exactement aux fissures d'éma-
nation ce que les couches de badigeon sont aux lézardes d'un mur
recrépi ?
Une autre preuve du même phénomène résulte de la distribu-
tion sur une même ligne de divers gîtes compris dans des terrains
différents. On voit, par exemple, sur une ligne S.-E.-N.-O., qui
part des minières de Nijon, près Bourmont, une série de gîtes
compris dans les différents étages des terrains jurassiques et créta-
cés, ou au moins reposant sur ces étages en relation intime. Je
touche là, dit toujours M. de Chancourtois1, un point délicat, et je
dois prévenir une objection.
Parmi les gîtes signalés sur la carte, il y en a de notoirement
interstratifiés dans les terrains, comme les gîtes néocomiens; d'au-
tres sont superficiels et appelés, par certains géologues, d'alluvion
ou de remaniement, parce qu'on les a considérés comme résultant
de la destruction d'un étage supérieur à celui sur lequel ils
reposent.
1 Comptes rendus , t. LI, p. 6i5, séance du 10 sept. 1860.
526 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
N'aurait-il pas fallu distraire ces gîtes avant de tracer les aligne-
ments, pour ne faire porter ceux-ci que sur des gîtes de minerais
géodiques ou en poches, c'est-à-dire sur des gîtes franchement
adventifs?
M. de Chancourtois ne le pense pas; il croit, au contraire, et je
partage son opinion, qua la régularité même du réseau d'aligne-
ments établi sur l'ensemble des gîtes, sans distinction, conduit à une
proposition assez importante, savoir : que les dépôts de minerais
de fer, alors même qu'ils se présentent interstratifiés, sont essen-
tiellement locaux , et correspondent avec précision aux points de
bâillement des fissures inférieures.
M. Elie de Beaumont avait fixé depuis longtemps des directions
d'alignement pour les amas gypseux des marnes irisées. Le tracé
des alignements de ces amas dans la Haute-Marne est venu con-
firmer pleinement les anciennes déterminations, et, chose à noter,
plusieurs lignes sont communes au gypse et au minerai de fer. Les
sources minérales et les dépôts de tuf servent aussi de jalons.
M. de Chancourtois a reconnu que les seize orientations dont se
compose la rose des orientations observées de Buxières-lez-Belmont
n'étaient pas les seules que l'on dût considérer. H y a joint celles
des cercles qui lui ont paru les plus importants à essayer et dont
quelques-uns n'ont même échappé, dans les observations sur les
accidents purement stratigraphiques de la Haute-Marne, que parce
qu'ils ne se manifestaient pas par les phénomènes de failles avec
dénivellation qui ont d'abord appelé l'attention sur les premiers.
La série des cercles mis ainsi en expérience en comprend donc
vingt-cinq, pour lesquels M. de Chancourtois a adopté les orienta-
tions calculées, consignées dans le tableau déjà cité de M. Elie de
Beaumont. Toutes ces directions, essayées non -seulement dans le
département de la Haute-Marne, mais dans toute la région N.-E.
de la France, à laquelle l'habile ingénieur a étendu son explora-
tion, lui ont paru mériter d'être prises en considération, et la
plupart s'appliquent d'une manière remarquable aux points d'ex-
DE Là STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 527
ploitation du fer, dont le nombre est d'environ 760 dans la partie
N.-E. de la France. Us s'appliquent en même temps aux accidents
géographiques et géologiques. J'en citerai seulement quelques
exemples, qui suffiront pour donner au lecteur une idée du travail
très-étendu de M. de Ghancourtois, et pour montrer que le pro-
cédé qui consiste à suivre une ligne droite et à en faire une sorte
de monographie, en notant tous les points remarquables qu'elle
rencontre ou dont elle s'approche, s'est présenté à plus d'un explo-
rateur.
Un bon type de la direction importante Minorque-Norvége (hexa-
tétraédrique Raa, N. o°26'E.) est offert, dit M. de Ghancourtois1,
par la ligne qui, partant des minières de Laharmand, près de
Chaumont, rencontre au N. celles de Chatonrupt, d'Aulnois, de
Fains, puis encore trois minières dans les Ardennes. Une ligne pa-
rallèle, qui en est presque le prolongement, passe à deux minières
de la Côte-d'Or et aboutit dans l'Isère au gîte de la Verpillière.
On peut prendre pour type de la direction du Vercws (trapé-
zoédrique Ta, N. 7°8' E.) l'alignement qui, du gîte de Villebois
(Ain) au groupe d'Hayange, près de Thionville, s'appuie sur dix
points en marquant le cours de la Moselle aux coudes situés au-
dessous de Toul et au-dessus de Metz, et réglant de ce coté le
contour du lias.
Une des lignes les plus frappantes de la direction du système
du iliw (primitif de la Nouvelle-Zemble, N. i8°37'E.) part des
mines de Saint-Pancré (Moselle), passe dans la Haute-Marne aux
minières de Nant-le-Grand, de Chatonrupt, de Nomecourt, de
Latrecey, et atteint celles de Perrecy (Saône-et-Loire). Elle forme à
peu près l'axe d'un faisceau, où on peut noter, entre autres lignes,
celle qui réunit les minières de Montgérard (Haute-Marne) à cinq
autres points. Parmi les alignements de l'E., qui sont très-bien
marqués, M. de Chancourtois cite une ligne qui, bien appuyée
1 Comptes rendus, t. Vf, p. 3i3, séance du 18 août 1863.
528 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
dans la région des Vosges et passant par la minière d'Audincourt,
va ensuite rencontrer les sources minérales d'Aix-en-Savoie ; puis
encore l'axe principal de la vallée du Rhin, qui, après avoir longé
le cours moyen du fleuve, atteint le petit groupe de minières au
sud d'Aïtkirch, placé absolument comme un point sur un i, et ar-
rive enfin aux mines d'Allevard.
La direction du système des Alpes occidentales (diamétral De,
N. 2 6° 5a' E.) fournit, pour ne citer qu'un exemple, un aligne-
ment joignant les minières d'Aumetz et d'Audun-le-Tiche (Mo-
selle), où les plans détaillés de M. Jacquot l'accusent d'ailleurs
très-nettement, aux exploitations voisines du Donjon (Allier), pas-
sant par les minières de Thonnanges, de Fée (Haute-Marne), et
par le gîte de la Roche-Millay, en Morvan.
M. de Ghancourtois donne comme type de la direction du sys-
tème de la Côte-d'Or (diamétral Dac, E. ki° rj' N.) une ligne qui joint
l'exploitation d'Avèze (Puy-de-Dôme) à la minière marquée près
de Haguenau (Bas-Rhin), en passant par le gîte de Nolay, trois
points de la Franche-Comté et deux dépendant du groupe de Fra-
mont. Parmi plus de cinquante alignements de cette direction l'au-
teur cite encore le faisceau qui, appuyé sur les groupes d'Allevard
et de Vizille, s'applique aux principales crêtes des massifs du mont
Blanc et de l'Oberland.
La direction du système du Hundsrùck ( trapézoédrique Te,
E. 3a °a' IN.), très-accusée dans les groupes du nord et bien visible
dans les plans des minières de Saint-Pancré, donne une ligne par-
faitement jalonnée allant des minières de Narcy aux gîtes du
Creutzwald.
Celle du système des Alpes principales (hexatétraédrique Rb<t<t(>,
E. i6°52' N.), déjà sensible dans le nord, est parfaitement marquée
par une ligne partant des minières de Poissons (Haute-Marne), par
une autre qui joint le groupe de Château-Villain à celui de Fra-
mont, en passant par Nijon, et enfin par le faisceau des gîtes de
Villebois, qui s'applique d'une manière frappante dans les Alpes,
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 529
au delà du Saint-Gothard, aboutissant du côté opposé aux gîtes de
l'Auvergne, entre Pléaux et Bort.
La direction du système des Ballons (diamétral TD6, E. 1 4° 3' S.),
bien marquée par plusieurs lignes partant des Vosges, s'observe
encore, par exemple, dans le Morvan, du gîte de Nolay à celui
d'Arleu f.
Celle du système des Pyrénées (octaédrique du mont Sinaï, E.
i8°5/i' S.) est particulièrement représentée par un faisceau dont
une ligne, réunissant les minières de Rimaucourt à celles de Nijon,
dans la Haute-Marne, et à un point du groupe de Thann et Gueb-
willer, va passer à Montmartre, et forme en quelque sorte l'axe
des gypses parisiens.
Pour la direction très-importante et très-générale du système
du Morhiban (trapézoédrique TIa, S. Ù70 ^7' 'E.) , M. de Chancour-
tois cite l'alignement qui joint cinq points des gîtes de la Moselle
à un point des gîtes de Framont, et la ligne qui, passant par les
minières voisines de Prauthoy (Haute-Marne) et jalonnée par huit
points, trace exactement la grande cluse d'Ornans (Jura); puis le
faisceau appuyé près de Joinville , dont une ligne passe par les gîtes
pyriteux des lignites du Soissonnais.
Enfin la direction du système du mont Viso (trapézoédrique TI,
S. 2 3° 43' E.), très-importante aussi, notamment au point de vue
de la détermination des sillons de rivières dans le nord, est très-
bien représentée par un alignement de douze points, depuis le
groupe du Hainaut jusqu'au gîte de Métabief dans le Jura, qui
passe par les minières de Poissons, près de Joinville, et aboutit
d'ailleurs au massif serpentineux le plus important des Alpes pié-
montaises.
Toute personne qui aura suivi sur la carte les itinéraires dont
M. de Chancourtois a donné, dans les extraits reproduits ci-dessus,
quelques spécimens abrégés, et qu'il a multipliés et développés
avec beaucoup plus de détail dans le corps de son mémoire , de-
meurera convaincue avec lui que les alignements jalonnés par les
Stratigraphie. 3'i
530 RAPPORT SUR LES PROGRES
minières de fer représentent, comme ceux des autres gîtes miné-
raux, les traces de fissures de l'écorce terrestre en concordance
avec les directions des systèmes de montagnes l.
Dans l'interprétation des faits d'alignement, dit M. de Chan-
courtois, on doit toujours avoir présente à la pensée la multiplicité
probable des fissures parallèles le long d'un grand cercle de frac-
ture , telle qu'elle ressort en effet de la plupart des observations de
détail, comme aussi l'influence possible des croisements successifs
qui, par leurs rejets, constituent, non des irrégularités, mais de
véritables inégalités, dont M. Élie de Beaumont a déjà fait, à di-
verses reprises, pressentir la systématisation.
A quelque point de vue, à quelque échelle que l'on étudie la
surface du globe, une observation attentive fait apercevoir, suivant
les expressions pleines de justesse de M. de Ghancourtois, les traces
d'un réseau de lignes entre-croisées de directions plus ou moins
nombreuses, mais nettement définissables; et ces traces régulières
sont la traduction d'une sorte de craquelé de la croûte inférieure qui ,
se propageant toujours à travers les couches successives des sédi-
ments ou des épanchements superficiels, non-seulement ouvre le
passage aux émanations de la masse interne pour l'alimentation
continue des dépôts des matières communes et l'accumulation ad-
ventive des matières exceptionnellement utiles, mais encore, alors
même qu'il ne donne pas lieu à des arêtes saillantes par des déni-
vellations des compartiments, prépare, en tailladant le sol, tous
les accidents du relief dont les érosions ne viennent ensuite que
déblayer et modeler les contours.
On voit ainsi, ajoute encore l'auteur, se développer avec
toute son importance le système des surfaces de séparation voisines
de la verticale, dont la prise en considération complète la partie
1 Études stratigraphiques sur le dépar- rallèles aux directions des systèmes de
tement de la Haute-Marne, essai sur la montagnes dans le nord-est de la France,
distribution des gîtes de fer et des gîtes par M. de Chancourtois.
minéraux en général par alignements (M*
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 531
géométrique de la géognosie, désignée sous le nom de stratigra-
phie, parce qu'elle a pris naissance dans l'observation des strates,
c'est-à-dire des masses disposées par lits horizontaux , mais en en-
tendant toujours cette dénomination dans le sens du mot stéréo-
graphie h
Je ferai remarquer à cette occasion qu'on ne peut fixer de limite
inférieure de grandeur aux parties dans lesquelles les plans de di-
vision soumis aux lois de la symétrie pentagonale ont partagé les
masses minérales. Sans doute, dans une foule de cas, les change-
ments de température, la dessiccation, certaines altérations chi-
miques et l'intrusion des matières éruptives ont produit dans les
masses exposées à leur action des divisions qui échappent à ces
lois. Fréquemment aussi des irrégularités locales ont donné nais-
sance à des anomalies qui m'ont fait dire plus haut que, sous ce
rapport, il est dangereux de chercher à pénétrer trop avant dans
le domaine des infiniment petits; cependant, là où rien n'a dérangé
la marche régulière des phénomènes, la symétrie pentagonale a
prévalu quelquefois jusque dans des divisions presque microsco-
piques.
Dans deux mémoires qu'il a présentés à l'Académie des sciences
au sujet du clivage des roches, M. Aug. Laugel2 a analysé les lois
de la division des roches schisteuses en feuillets, dont les ardoises
sont le type le plus caractérisé. Réunissant les meilleures observa-
tions faites à cet égard, M. Laugel leur a appliqué les formules
établies par M. Lamé dans ses leçons sur l'élasticité. Le résumé de
son savant et ingénieux travail, où le calcul cadre d'une manière
remarquablement précise avec les faits observés, est que les feuillets
de la schistosité ardoisière sont dirigés parallèlement à l'axe du
chaînon de montagnes auquel ils se rapportent; qu'ils sont verti-
caux quand ils se trouvent dans le plan vertical de l'axe de soulè-
1 Comptes rendus, t. LV, p. 3i5, 2 Comptes rendus, t. XL, p. 182 et
séance du 18 août 1862 , et Éludes stra- 978, séances des 22 janvier et 2 3 avril
tigraphiques , etc. 1800.
532 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
vement; qu'ils sont de plus en plus inclinés à l'horizon à mesure que
leur affleurement s'éloigne de ce plan médian du chaînon , et que
leurs faces prolongées rencontrent ce même plan suivant une même
droite horizontale.
On sait depuis longtemps que les plans des feuillets ardoisiers
ne sont pas parallèles aux surfaces des couches, que souvent même
ils les coupent à angle droit; mais, en principe, et sauf les anoma-
lies de détail, les directions des feuillets du clivage ardoisieret celles
des plans des couches sont, les unes et les autres, parallèles à l'axe
de soulèvement. Les traces des plans de stratification et des plans
de clivage sur un plan horizontal sont des lignes droites parallèles
au grand cercle de comparaison de tout le système , et soumises par
conséquent aux lois de la symétrie pentagonale. Les affleurements
des plans des ardoises font donc partie, en thèse générale, du quin-
conce penlagonal; mais leur multiplicité fait comprendre que,
comme je l'ai dit plus haut, un tracé complet du quinconce pen-
tagonal serait non-seulement très-difficile, mais impossible à effec-
tuer. On est obligé de se restreindre aux accidents les plus im-
portants qui, dans beaucoup de cas, sont eux-mêmes extrêmement
nombreux.
Une foule d'indices les trahissent, et les sources de toute espèce,
examinées attentivement, sont soumises aux mêmes lois que les
points d'émanation des substances métalliques. J'en ai déjà cité
plusieurs exemples, et je puise encore le suivant dans une note de
M. Dewalque sur la distribution des sources minérales en Belgique 1.
« Dans une excursion où j'eus l'honneur d'accompagner M. Charles
Sainte-Claire Deville aux environs de Liège, ce savant géologue,
dit M. Dewalque, me fit remarquer que la source chaude de Chaud-
fontaine et les PouJions ou eaux acidulées ferrugineuses de Spa el
de Malmédy se trouvaient alignées sur la même droite, ce qui sem-
blait indiquer une ligne de dislocation. Ayant depuis lors examiné
1 Comptes rendus, t. LVlIf. p. 877, séance du 9 mai i864.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 533
ce sujet de plus près, je crois opportun de faire connaître quelques
laits qui ne sont pas sans importance pour la connaissance de notre
pays. . .n L'auteur donne pour sept de ces sources les directions et
les longueurs des lignes qui les joignent les unes aux autres. La
direction moyenne des alignements est d'un peu plus de 122 de-
grés, ce qui ne diffère que de 1 degré en moins de celle du sys-
tème du Thuringerwald et du Morvan rapportée à Liège.
Ceci nous ramène à la remarque faite par M. de Ghancourtois ,
dans le travail analysé ci-dessus, que les minerais de fer ne sont
pas les seules substances adventives dont les gîtes s'alignent suivant
les directions propres aux différents systèmes de montagnes. Les
amas gypseux, si nombreux en Lorraine, en Alsace et en Franche-
Comté, jouissent, en effet, de la même propriété, et rentrent dans
la même ordonnance. Ils forment souvent des protubérances, des
espèces de champignons, placés très-fréquemment aux points de
rencontre de plusieurs accidents stratigraphiques, et, pour la plu-
part, ils représentent autant de points du quinconce pentagonal.
11 en est de même des niasses gypseuses répandues en si grand
nombre dans les Alpes, qui ont été décrites autrefois par M. Brochant
de Villiers dans un de ses plus remarquables mémoires1, et qui, de-
puis lors, sont devenues l'objet de plusieurs autres travaux, parmi
lesquels on ne doit pas oublier la notice de Victor Jacquemont sur
les gypses du val Canaria 2. La ligne des gypses, des dolomies et des
gîtes de cristaux du Saint- Gothard et sa prolongation en Valais
(Binn, Tourtemagne, Pfynn) ont fourni à M. Elie de Beaumont l'une
des premières données qu'il a employées pour fixer la direction du
système de la chaîne principale des Alpes3. Les amas de gypses
salifères répandus sur le versant septentrional des iUpes, depuis
le lac de Genève jusqu'au lac de Hallstadt, y jalonnent des lignes
1 Annales des Mines, 1" série, l. II, 3 Recherches sur quelques-unes des
p. aÔ7 (1817). révolutions de la surface du glohe. (An-
2 Annales des sciences naturelles , i"sé- nales des sciences naturelles, i83o, t. XIV
rie, t. III, p. 87 (189 li). p. 308.)
534 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
appartenant au même système. Les gypses du Dauphiné, fréquem-
ment accompagnes de masses éruptives de variolites du drac,
s'alignent à la fois suivant la direction du système des Alpes occi-
dentales et suivant celles des autres systèmes qui accidentent la
contrée. Les nombreux amas de gypse de la Provence présentent
une disposition du même genre, signalée récemment encore par
M. de Villeneuve, dans un ouvrage déjà cité1, où il fait connaître
aussi les alignements multipliés et entre-croisés que jalonnent les
belles sources qui sont un des ornements et des privilèges de cette
contrée.
Il en est de même des amas de gypse et de sel gemme, accom-
pagnés fréquemment de sources salées et souvent annexés à des
masses d'ophite, qui existent en grand nombre dans les Pyrénées et
dans une partie de l'Espagne. Ces gîtes remarquables s'alignent à
la fois suivant la direction du système des Pyrénées [octaédrique du
mont Sinaï) et suivant celle du système des Alpes principales (Jiexa-
tétraédrique Hbaaby Des masses d'ophite sans nombre, disait l'au-
teur de la Notice sur les systèmes de montagnes2, perçant le sol de toutes
parts, y ont relevé autour d'elles tous les dépôts de sédiment. Ces
ophites, dont M. Dufrénoy a montré depuis longtemps que le sou-
lèvement est indépendant de celui de la masse des Pyrénées, se
sont souvent alignés par files qui suivent les directions de toutes
les anciennes fractures, de tous les clivages plus ou moins oblitérés que
présentait le sol qu'elles avaient à percer; mais, considérées dans
leur ensemble, ces masses d'ophites, les masses de dolomie, de
gypse et de sel gemme, les sources salées ou thermales qui forment
en quelque sorte leur cortège , sont disposées par bandes qui , pre-
nant naissance au milieu des corbières et des plaines ondulées de
la Gascogne, s'enfoncent en Espagne parallèlement à la direction
prolongée des lignes de fracture récentes qui traversent la Pro-
vence.
1 Description mmcralot<>iquc et gcolo- leneuvc-Flayosc, ingénieur on chef des
ffiqve du Vnr, par M. le comte H. de Vil- mines. — ' Notice , p. 56g.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 535
Dans les montagnes de l'Afrique septentrionale, on voit aussi
s'aligner, dans une direction parallèle à celle de l'axe volcanique
de la Méditerranée et du système des Alpes principales, c'est-à-
dire à la direction des zones d'ophite, un grand nombre de masses
de gypse et de sel gemme, des sources salées, bitumineuses et
thermales, des gisements de substances métalliques, et des pitons
de roches éruptives diverses.
Ce phénomène n'est pas étranger à la Sicile , que tant de liens
rattachent à l'Afrique. On en trouve la preuve dans le passage
suivant d'une lettre adressée à M. Dumas par M. Charles Sainte-
Claire Deville1 :
«Les émanations d'hydrogène carboné pur se trouvent à Gir-
genti, au milieu des marnes crétacées, le plus loin de l'Etna, sur cette
ligne remarquable des grandes Alpes signalée depuis longtemps
par M. Elie deBeaumont, laquelle, en disloquant le terrain suba-
pennin, est devenue un des lieux géométriques du gypse, du soufre,
du sel gemme de la Sicile, et qui, prolongée des deux côtés, par
une coïncidence qui ne peut tenir du hasard , passe à l'E. quelques
degrés N. par Terrapilata et le sommet de l'Etna , à l'O. quelques
degrés S. par les Macalube de Girgenti et par le point à jamais
célèbre de la Méditerranée qui a vu s'élever et disparaître l'île
Julia.
« L'azote pur se trouve à Catane, c'est-à-dire aussi loin de l'Etna
que le permet l'étendue de la Sicile, sur une ligne qui, dirigée de
l'O.-N.-O. à l'E.-S.-E., représente peut-être le système des Pyré-
nées et joint les diverses buttes basaltiques qui, comme celles de
la Motta, de Valcorrente, de Paternô, limitent au S. le domaine
de l'Etna et forment l'un des bords de la grande plaine de Catane.
En suivant exactement cette seconde direction, vous tombez sur
San-Biaggio, Paternô, c'est-à-dire sur des exhalaisons d'abord
riches en azote, puis devenant presque exclusivement carboniques.
1 Comptes rendus, t. XLIII, p. 367. séance du 18 août i856.
536 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ce Une ligne exactement parallèle à cette dernière forme l'autre
bord de la plaine de Catane, passe à Palagonia et au lac de Palici,
puis, en se prolongeant des deux côtés, suit vers le S.-E. presque
jusqu'à Syracuse les buttes basaltiques du Val di Noto, et au ]N.-0.
va couper le premier alignement entre Gastrogiovani et Calta-
cibetta, au nœud stratigraphique de la Sicile, et de là s'étend vers
le massif nummulitique du Monte-Madonia , en épousant successi-
vement tous les gîtes de soufre, de gypse et de sel gemme de cette
région.
ce Mais ce n'est pas tout. Voulez -vous joindre le lac de Palici à
Paternô, vous aurez une troisième direction tout aussi remarquable
que les précédentes. Celle-ci, de Paternô, ira couper le centre du
Val del Bove, c'est-à-dire le centre de l'ancien Etna; puis, après
avoir traversé la chaîne la plus ancienne de la Sicile parallèle-
ment aux côtes orientales, entre Catane et Messine, et parallèle-
ment au système des Alpes occidentales, elle joindra les deux îlots
granitiques de cette chaîne septentrionale, et entre les deux elle
rencontrera, à Gesso, un petit amas de gypse. . . . Enfin toutes ces
coïncidences vous sembleront plus frappantes encore, si je vous fais
remarquer que les trois grandes directions sur lesquelles je viens
d'attirer votre attention , et qui se reproduisent dans toute l'orogra-
phie de la Sicile, sont précisément celles qui imposent à son con-
tour extérieur cette forme triangulaire qui lui a valu, dès l'anti-
quité, le nom de Trinacria.n
M. Charles Sainte-Claire Deville dit encore, dans son mémoire
sur les émanations volcaniques 1 :
ce L'une des parallèles à ce dernier alignement (Alpes occiden-
tales), qui passe par la région centrale de la Sicile, et à i'O. de
laquelle on ne trouve plus aucun accident dans cette direction, va
traverser les îles de Lipari, précisément de Vulcano à Stromboli,
' Bulletin de la Société' géologique de France, a" série, t. XIV, p. 254, séance du
i5 décembre i85().
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 537
jalonnant ainsi la faille transversale dont j'ai parlé dans ma neu-
vième lettre à M. Elie de Beaumont, faille qui réunit à la fois les
deux seuls volcans actifs du groupe et toutes les émanations iso-
lées. . . . n
A ces remarques lumineuses, qui encadrent si nettement les gîtes
de gypse et de soufre^ ainsi que les points d'émanation et les points
volcaniques de la Sicile, dans le quinconce pentagonal, M. Charles
Sainte-Claire Deville en a ajouté d'autres qui y rattachent plus lar-
gement encore l'Etna et le Vésuve.
Il s'exprime en effet comme il suit dans le mémoire déjà cité l :
ce ... . Les éruptions se groupent à l'Etna autour de deux axes perpen-
diculaires l'un à l'autre, dont l'un coïncide avec celui de la grande
dépression longitudinale qui forme le Val del Bove. Les accidents du
Val del Bove lui-même, et en particulier ses nombreux filons, se
coordonnent très-bien avec ces deux axes et avec deux autres lignes
qui font aussi entre elles un angle droit, et dont l'une coïncide, en
l'expliquant, avec la crête un peu excentrique du Bosco délia Cirrita.
a J'ajouterai, dit M. Deville, qu'une cinquième direction réunit
la grande éruption de 1669, la fissure de i838, d'où se dégage en-
core aujourd'hui de l'acide carbonique, et que, prolongée au nord,
elle passe au milieu des îles Eoliennes et à très-peu près au sommet
du Vésuve; en d'autres termes, elle coïncide avec le système du
Ténare (voir ci-dessus p. 1 38), et est, par conséquent, perpendicu-
laire à l'axe volcanique de la Méditerranée , ou au système des Alpes
principales, qui ont été, tous deux déjà, signalés en Sicile et à
l'Etna.-
cr Les faits nombreux que je viens de citer, et auxquels je pourrais
en ajouter beaucoup d'autres, m'autorisent, je pense, dit M. Deville,
à conclure que les accidents éruptifs de l'Etna, de la Sicile et des
îles Eoliennes se coordonnent suivant neuf directions, dont six sont
perpendiculaires deux à deux, n
1 Bulletin de la Société géologique de France, 2' série, t. Xl\ p. 276.
538 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
M. Deville conclut aussi d'une nombreuse série d'observations
que le massif du Vésuve est étoile suivant un certain nombre de
fissures diamétrales dont les directions sont liées avec tous les acci-
dents volcaniques passés et actuels de la Campanie.
M. Pissis, dont j'ai cité au commencement de ce Rapport les
importantes observations sur la stratigraphie du Chili, y a constaté
des faits analogues dans la disposition des volcans.
Plusieurs des principaux volcans du Chili se trouvent alignés sur
la direction du bissecteur DH (H au N.-O. des Açores, D Chine), qui
forme, d'après M. Pissis, le grand cercle de comparaison du système de
la Cordillère de Nahuelvuta (voir ci-dessus p. 20). Ce grand ceçcle
passe en effet parle volcan de Chilan, par un autre cône très-re-
marquable situé à l'O. du lac de Maule et par le volcan de Maïpo; il
rencontre ensuite la chaîne granitique située à l'est de Tupungato,
et pénètre dans la Confédération argentine, où il traverse des con-
trées dont la géologie est encore peu connue.
Les volcans de Longavi, de Cerro-Azul, du Descabezado et du
Peteroa sont situés sur un arc parallèle éloigné seulement de i5 ki-
lomètres du grand cercle de comparaison.
Enfin un autre arc parallèle mené par Concepcion suit, sur un
espace de plus de 5o lieues, la ligne de contact du granité avec
le terrain schisteux; il rencontre ensuite plusieurs affleurements
granitiques dans les provinces de Santiago et d'Aconcagua, et coupe
l'axe des Andes tout près du Cerro-Mercenario, où se montre encore
le granité et où la chaîne des Andes éprouve une inflexion remar-
quable1.
Ces faits curieux sont du nombre de ceux qui ont fait dire à
M. Pissis, ainsi qu'on l'a rappelé déjà, p. 26 du Rapport, que les
volcans du Chili , qui sont d'ailleurs renfermés dans la zone occupée
par la chaîne principale des Andes, s'alignent entre eux par petits
groupes de deux ou de trois volcans, suivant les directions d'autres
' Comptes rendus, t. LVIII, n. ia5, séance du 11 janvier i864.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 539
systèmes plus anciens. On voit, d'après cela, que, de même que les
ophites et les gypses des Pyrénées, les volcans du Chili occupent
des points du quinconce pentagonal.
Ce genre de disposition est donc très-général. On le retrouve
dans une foule de pays, où il marque d'une manière presque uni-
forme une très-nombreuse série de points stratigraphiques ; et il y
a apparence que le travail exécuté par M. de Chancourtois dans
la partie N.-E. de la France, étant étendu aux différentes régions
que je viens de citer, y comprendrait tous les points d'éruption et
d'émanation dans une même ordonnance générale, constamment
soumise aux lois de la symétrie pentagonale , représentée dans cha-
que pays par les orientations des systèmes de montagnes qui y ont
exercé leur influence.
Mais ceci nous conduit à une application plus large et plus éton-
nante encore que toutes les précédentes du réseau pentagonal à
une classe importante de gîtes minéraux : je fais allusion aux mé-
moires présentés par M. de Chancourtois à l'Académie des sciences,
sur Y Application du réseau pentagonal à la coordination des sources de
pétrole et des gîtes bitumineux1 .
Emettant le premier une remarque qui s'est présentée sous ma
plume en écrivant la page ^92 de ce Rapport, M. de Chancourtois,
pour combattre l'idée que les substances bitumineuses seraient cons-
tamment d'origine végétale ou animale, et pour établir que les
produits hydrocarbures sont en général des résultats plus ou moins
directs d'émanations, a pensé qu'il donnerait une preuve convain-
cante de son opinion en faisant ressortir des faits d'alignement qui
n'ont évidemment leur raison d'être que dans l'existence des fis-
sures de l'écorce terrestre.
En terminant son travail sur la distribution des gîtes de fer,
M. de Chancourtois avait été frappé de voir les gîtes de bitume de
Seyssel et les gîtes des environs de Glermont fournir un aligne-
1 Comptes rendus, t. LVII. p. 36^. séance «lu 17 août i863.
5/»0 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
ment rigoureusement parallèle au système des Pays-Bas. Eu lisant
l'intéressant rapport de M. Gauldrée-Boileau sur l'exploitation de
l'huile minérale dans l'Amérique du Nord \ il avait été frappé égale-
ment de voir que les principaux gîtes des Etats-Unis étaient situés
sur le prolongement du faisceau de fissures qui donne passage au
Saint-Laurent, et il s'était bientôt aperçu que ce faisceau prolongé
dans notre hémisphère allait passer à une localité célèbre par ses
sources de pétrole, à la presqu'île d'Apschéron, par laquelle la
chaîne du Caucase se perd dans la Caspienne, près de Bakou.
Telle a été la donnée initiale du mémoire où, en décrivant les
principales lignes de grands cercles qui relient les gîtes de naphte,
de pétrole et d'asphalte des diverses parties du globe, il s'est pro-
posé d'esquisser l'application du réseau pentagonal à la coordina-
tion et par suite à la recherche des sources ou des dépôts de
matières bitumineuses.
Le cercle dont M. de Chancourtois décrit le cours en première
ligne est un hexatélraédrique Wbaab, homologue de celui de Nontron
et de celui des Alpes principales, qui va du point H, voisin de
Tehuantepec, au point H de la mer des Indes, en passant par le
point b, voisin de Derbend. Ce grand cercle, suivi approximati-
vement, comme on peut le faire sur un globe par de simples pro-
cédés graphiques, sort de l'isthme de Tehuantepec par le volcan de
Tuxtla, pénètre dans la Floride par la baie de Pensacala, coupe la
Kenawa en Virginie, près de Salzwerk, longe les premières rides
des Alleghanys dans la région carbonifère de Pittsburg, s'appuie
sur le coude du Saint-Laurent, au N.-E. de Potsdam, rase ensuite
le cap Farewell du Groenland, passe aux Feroë, traverse la pénin-
sule Scandinave par Christiania et le bord du lac Wenern, rase
l'île de Gothland, pénètre en Russie parallèlement au cours moyen
de la Duna, passe au confluent du Donetz et du Don, au lac
Bolschoï, séparation des deux Manytch, et rejoint Bakou en iimi-
1 Annales des Mines, (i sciio, l. II, p. g5.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 541
tant la dépression infra-océanique de la Caspienne. Il traverse en-
suite le désert Salé de la Perse, dont il sort par la province de Kir-
man, renommée par ses sources bitumineuses, passe au milieu
des Maldives, puis, revenant à Tehuantepec, est jalonné par l'île
de Gallego.
Ce grand cercle, que M. de Chancourtois appelle provisoire-
ment Yhexatétraédrique du Saint-Laurent et de la Duna , est à peu
près l'axe du faisceau bitumineux, et l'auteur cite encore, comme
jouissant de privilèges analogues par rapport aux points d'émana-
tion des substances hydrocarburées, plusieurs autres cercles passant
aux deux mêmes points H que le précédent, et comme lui per-
pendiculaires du primitif de la Nouvelle-Zemble (svstème du Rhin).
Il décrit aussi, comme étant un croiseur très-remarquable du
précédent, son homologue Yhexatétraédrique Hbaab, qui passe au
point a de l'île de Cuba, et au point H situé au S. des îles Aleu-
tiennes. Il lui est presque perpendiculaire, aux bouches mêmes du
Mississipi, que l'on sait être marquées par des salzes, et il règle le
cours du fleuve aux environs de la Nouvelle-Orléans. Sur son par-
cours se trouvent les gîtes bitumineux de Holguin (île de Cuba),
ceux de la baie de Cariaco, en Venezuela, où M. de Humboldt a si-
gnalé une source de bitume sortant du micaschiste , ainsi que d'autres
points remarquables à différents titres : épanouissement de la rivière
des Amazones près de son embouchure; fond du Para; Bahia; île
Trinidad; îles Saint-Paul et Amsterdam; extrémité orientale de l'île
de Sumbava, c'est-à-dire point très-voisin du volcan célèbre le Tum-
boro; milieu de l'archipel des Mariannes; enfin région des lacs
salés et bitumineux des territoires de Nevada et d'Utah , dans l'Amé-
rique septentrionale.
On a vu précédemment, page 1 25 , que, suivant la remarque de
M. de Chancourtois, le primitif du lac Supérieur et du cap San-
Thomé, après avoir traversé, au Brésil, la région aurifère et diaman-
tifère de Minas-Geraes, passe à proximité des sources de pétrole de
la Pensylvanie et du Canada , parallèlement à leurs alignements.
542 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ceux-ci, d'après M. de Ghaucourtois, sont deux parallèles au pri-
mitif. La première, qui en est peu éloignée, est jalonnée sur les
gîtes du Canada voisins du lac Saint-Clair et sur ceux du comté de
Trumbull, dans l'Ohio. Cette ligne passe à Kewenah-Point, extré-
mité des célèbres gîtes de cuivre et d'argent natifs du lac Supérieur,
puis à l'île Royale. Une autre parallèle, qui marque la coupure des
Alleghanys suivie par le Potomac, va passer précisément par les
fameux gîtes bitumineux d'Oilcreek, dans le comté de Venango, en
Pensylvanie.
Les remarques que je viens d'emprunter à M. de Chancourtois
offrent des spécimens, mais non une analyse du travail de l'habile
investigateur. Son mémoire, rempli d'observations curieuses et de
remarques pleines de justesse, n'est pas susceptible d'analyse, parce
qu'il est formé par l'enchaînement d'un nombre immense de faits
individuels, dont aucun n'est inutile à son objet, et dont aucun
par conséquent ne peut être omis sans affaiblir les bases de ses
conclusions.
M. de Chancourtois s'est surtout proposé de prouver que les
huiles minérales et les carbures d'hydrogène en général ont une ori-
gine souterraine. En suivant successivement quarante-cinq grands
cercles dans leur circonférence entière , il parvient à relier entre eux
tous les gîtes bitumineux connus; mais les mêmes cercles passent en
même temps par un très-grand nombre de points orographique-
ment et géologiquement remarquables, par une foule de volcans
ordinaires, de volcans de boue, de salzes, de fumerolles, de sources
minérales et thermales, de gisements de gypse, de soufre, de sel
gemme, de natron et autres sels, et de gîtes métallifères de la na-
ture la plus variée. Ces divers gisements se présentent comme faisant
partie d'une même famille. Les sources de bitume, d'asphalte, de
pétrole, d'huiles minérales diverses, de gaz combustibles et autres
substances hydrocarburées, ne sont qu'une classe particulière des
émanations qui se dégagent du globe terrestre, et on voit qu'entre
des mains exercées le réseau pentagonal fournit à la géologie un
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 543
nouveau moyen d'investigation. L'auteur fait remarquer accessoi-
rement que les cercles d'émanations bitumineuses ont une ten-
dance particulière à passer par les embouchures des grands fleuves,
et même à s'adapter à la partie inférieure de leur cours. 11 insiste
particulièrement sur la propriété dont ils jouissent de passer aux
grands centres de population : un de ses trapézoédriques passe à
Paris et à Londres.
Quant à l'origine souterraine des émanations hydrocarburées , la
démonstration stratigraphique de M. de Chancourtois me paraît
mériter un accueil d'autant plus favorable que sa conclusion est
conforme à l'une de celles de l'important travail dans lequel
M. Charles Sainte-Claire Deville a assigné une place invariable
et constante aux produits hydrocarbures et bitumineux, parmi
ceux qui accompagnent une même éruption à des époques succes-
sives et un même volcan à des distances de plus en plus grandes.
Les points où se produisent les émanations hydrocarburées,
placés généralement, d'après les deux savants, aux intersections des
cercles du réseau et de leurs parallèles, appartiennent, en principe,
à la série déjà si nombreuse des points du quinconce pentagonal; et
plus cette série s'étendra, mieux on comprendra que le quinconce
pentagonal n'est pas seulement le canevas fondamental de la topo-
graphie, mais encore la clef de l'exploitation du globe terrestre.
Là cependant ne se borne pas la portée des aperçus que je
viens de rappeler, et je ne crois pas céder aux illusions d'une an-
cienne et inaltérable amitié en reconnaissant que, dans les travaux
dont j'ai analysé plus particulièrement la partie stratigraphique,
MM. Charles Sainte -Claire Deville et de Chancourtois ont ouvert
à la science des horizons nouveaux, dont il est encore difficile de
mesurer toute l'étendue.
5/i/a RAPPORT SUR LES PROGRÈS
APPLICATIONS DU RESEAU PENTAGONAL À LA STRUCTURE INTERIEURE
DES GÎTES MÉTALLIFÈRES.
Le chapitre précédent est consacré à ia disposition corrélative
des gisements des substances minérales provenant, par voie d'érup-
tion ou d'émanation des profondeurs de la terre. On peut sou-
mettre à des études du môme genre, mais sur une échelle plus
restreinte, la structure intérieure des gîtes minéraux. Ce sont les
mines métalliques qui fournissent les moyens d'exploration. Dans
ces dernières années plusieurs observateurs s'en sont occupés à ce
point de vue. Je vais faire connaître sommairement les résultats de
leurs travaux.
M. Rivot, professeur de docimasie à l'Ecole des mines de Paris,
au retour de son voyage d'exploration sur les curieux et importants
gîtes cuprifères du lac Supérieur, fut appelé, en i856, aux mines
de Villefort et Vialas (département de la Lozère), en qualité d'ingé-
nieur-conseil. S'étaht livré activement à l'étude des filons, des croi-
seurs, des failles, d'abord à Vialas, et ensuite dans toute la région
schisteuse qui entoure le plateau granitique de la Lozère, il parvint
à reconnaître avec certitude les âges relatifs des principaux systèmes
de fractures, ainsi que les époques successives d'arrivée dans les
filons des minerais et des matières stériles. Les résultats de ces ob-
servations ont été consignés par l'auteur dans un mémoire présenté
à l'Académie des sciences, qui, après avoir été imprimé par extrait
dans les Comptes rendus l, a paru plus tard in extenso dans les Annales
des Mines 2.
Partout dans la contrée les gîtes minéraux présentent des carac-
tères identiques ; l'étude des mines de Vialas offrait par consé-
quent un intérêt général : elle était éminemment propre à fournir
des indications utiles pour la mise en exploitation des nombreux
1 Annales des mines, 6e série, l. IV, 2 Comptes rendus, t. L VI, p. 98, sëanee
p. 309 et 879. du 12 janvier 1868.
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 5*5
filons métallifères dont les affleurements sont connus dans les dé-
partements de la Lozère et du Gard, et, par le seul fait de la
généralité de son application, elle méritait, même au point àg vue
purement scientifique, une attention toute spéciale.
M. Rivot, en décrivant brièvement, dans son mémoire^ l'ensemble
des travaux très -développés exécutés, depuis l'année 1781, dans
les mines de Vialas, insiste principalement sur les caractères des
filons, sur la direction des fractures, sur les matières de remplis-
sage et sur les croisements.
D'après la considération des pénétrations successives, qui forme
la base de la théorie de Werner universellement admise depuis
près d'un siècle, les filons divers, les failles, les fentes non remplies
considérées seulement comme des fractures, se sont produits dans
l'ordre suivant lequel ils sont inscrits dans le tableau ci-dessous,
où leurs directions sont indiquées en heures de la boussole du
mineur, rapportées au méridien magnétique. Chaque heure étant
de 1 5 degrés, et la déclinaison de l'aiguille aimantée, à l'époque des
observations, étant, à Vialas, de i8°3o' à l'O., il. Rivot a pu aisé-
ment exprimer, dans une colonne à part, les mêmes directions en
degrés rapportés au méridien vrai^ ou méridien astronomique.
i° Système de filons dirigé hora 637. Direction vraie E. n°N.
2° hora 5 E. 33° 3o' N.
3* kora h N 4lo3o' N
U° hora 8 k q. - — 0. 18 à 20°N.
5° hora t. S. 3°3o' E.
6° hora 3. N. 26° 3o' E.
70 hora 6. E. i8°3o' N.
8° Fentes dirigées N.-S. \. i8°3o' 0.
On connaît, de plus, des failles dirigées hora 1 1 (S. 33°3o' E.)
plongeant vers l'ouest ; des filons presque verticaux dont la direc-
tion est comprise entre hora 10 et hora 11 (N. /io°3o' 0.); des
glissements de terrain orientés, les uns de l'est à l'ouest magné-
tique (E. i8°3o'N.) et présentant une inclinaison très-faible vers
Slratigraphie. 35
546 «APPORT SUR LES PROGRÈS
le nord, les autres hora 10 (N. ft8°3o' 0.). Ces trois derniers sys-
tèmes de cassures n'ont été reconnus que sur un très-petit nombre
de points, et M. Rivot n'a pas encore pu leur assigner de rangs
chronologiques certains dans le tableau qui précède. Les failles
hora 1 1 sont postérieures aux filons hora 8 à 9 ; les filons hora 1 0
à 11, postérieurs à ceux dirigés hora 3, se placent probablement
après les fractures hora 6 ; les glissements de terrain paraissent con-
temporains des fentes N.-S. magnétique.
Le remplissage par les minerais et par les matières stériles s'est
fait à des époques successives dont l'ordre est le suivant :
i° Quartz et pyrites des filons hora h, au moment de la forma-
tion de ces fentes ou à une époque très-peu postérieure.
2° Galène pauvre en argent, quartz, carbonate de chaux dans
quelques veinules hora 5, à une époque antérieure aux fractures
hora 8 à 9.
3° Quartz blanc d'aspect huileux des filons hora 8 à 9 avec
pyrites, blende, galène pauvre, au moment ou peu de temps après
la formation des fractures hora 8 à 9.
h° Quartz ferrugineux des filons hora 1 et hora 3, quelque
temps après la formation des fractures hora 3.
5° Sulfate de baryte blanc laiteux, cristallin, au moment de la
formation des fractures Aom 6 , ou peu de temps après.
6° Galène à i5o grammes d'argent (aux 100 kilogrammes de
plomb) avec carbonate de chaux;
Galène à i5o grammes d'argent (aux 100 kii. de plomb) avec
quartz et carbonate de chaux;
Galène à 35o grammes d'argent (aux 100 kil. de plomb) avec
quartz à grains fins, carbonate de chaux et de fer;
Galène à 5oo grammes d'argent (aux 100 kil. de plomb) avec
quartz et carbonate de chaux cristallin ;
Galène à 700 grammes d'argent (aux 100 kil. de plomb) a\e<-
carbonate de chaux cristallin et sulfate de baryte rose.
Ces minerais sont répandus principalement dans les veines
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 547
hora 5; ils ont pénétré dans les filons hora 6 à 7, dans les croi-
seurs hora 1 et hora 3. L'arrivée des deux derniers minerais est
certainement postérieure, dit M. Rivot, à la formation des fentes
hora 6, mais antérieure aux fentes N.-S. magnétique.
Les divers systèmes de fractures existent dans toute la contrçe ;
on les retrouve, comme failles, dans les bassins houillers de la
Grand'Combe et de Bességes : ils se rattachent évidemment aux
grands phénomènes géologiques qui ont marqué leur action sur la
surface du globe. Pour vérifier cette relation, j'ai calculé pour
Vialas, dit M. Rivot, les directions des principaux systèmes de mon-
tagnes1, et, en comparant ces directions à celles des huit sys-
tèmes de fractures, dont les âges relatifs sont parfaitement constatés
par les croisements observés à Vialas, j'ai été conduit à rapporter :
i* Les fracutres hora 6 et 7 au système du Finistère..
3° Les fractures hora 5 au système du Westmoreland et
de Hundsrûck
3° Les fractures hora h au système de la Côte-d'Or ....
W Les fractures hora 8 à 9 au système des Pyrénées. . .
5° Les fractures hora 1 au système de Corse et de Sar-
daigne
6° Les fractures hora 3 au système des Alpes occidentales.
70 Les fractures hora 6 au système des Alpes principales.
S" Les fractures N.-S. magnétique au système, du Ténare.
D'après la dernière colonne du tableau , les différences que pré-
sentent les directions des systèmes de fractures et celles des sys-
tèmes de montagnes sont généralement très-petites, et, comme le
fait observer l'auteur, elles peuvent s'expliquer aisément par l'in-
certitude qui existe toujours sur la direction véritable des filons
étudiés seulement sur une longueur très-limitée : celles même qui
D1BECTIO*
DIFFÉRENCES
à Vialas.
des orientations.
E.i4°2q' 7"N.
3° if) 7 ",00
E.33°i3'ii"N.
0°l6'49",00
E.43°2o'5o''N.
5° 9' 9",34
0.i7°4a'3o"N.
2°
N. Wh^'^O.
i°i9'38",o8
N.95°46'i8"ïi.
o°43' &2",oo
E.i7°5i'3q"N.
o°38'2i",oo
N.i8°i8'38'0.
o°i 1' 1 i",oo
1 Annales des mines, 6e série, t. IV, p. 4o8 (i863).
35.
5A8 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
atteignent 5 à fi degrés ne peuvent être considérées ici comme im-
portantes.
Parmi les conclusions intéressantes qui peuvent être déduites de
ce qui précède, je citerai seulement, dit M. Rivot, celle qui est
relative à l'arrivée des minerais argentifères. Les galènes les plus
riches en argent ont rempli des réouvertures produites dans des
plans différents à une époque certainement postérieure au dépôt
des dernières assises tertiaires.
En me ralliant aux conclusions de l'excellent mémoire de M. Ri-
vot, je ferai cependant remarquer qu'il me paraît présenter une
lacune. Dans le tableau déjà cité des directions des différents sys-
tèmes de montagnes calculées pour Vialas, l'auteur donne les deux
suivantes :
Système du mont Seny N. 35°2Â'3o"E.
Système de la Côte-d'Or E. A30 20 5o"N.
Directions dont la dernière revient à N. 46° 39' 1 o" E.
Ces deux directions diffèrent de ii°iV ho", et la direction N.
fti°3o'E. des filons hora h tombe entre les deux, en faisant avec
la première un angle de 6°5'3o", et avec la seconde un angle de
509'io".
La différence des deux écarts est de moins de 1 degré, et on peut
se demander s'il y avait lieu de tenir compte uniquement du second ,
qui est à la vérité le plus petit, en négligeant complètement le
rapprochement indiqué aussi , quoique un peu moins directement,
par la faiblesse du premier. La direction hora h, par cela même
qu'elle est exprimée en heures de la boussole, est évaluée seulement
à 1 5 degrés près, et comporte des écarts de 7 degrés et demi de part
et d'autre de sa ligne normale. De même que dans plusieurs cas
analogues discutés pour le département de la Haute-Marne, on pour-
rait concevoir qu'elle représente un faisceau de directions dont les
unes se rapporteraient au système de la Côte-d'Or et les autres au
système du mont Seny. En fait, il est naturel que le système de la
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 549
Côte-d'Or, auquel appartient le mont Pilas, en Forez, soit repré-
senté à Vialas par une série de fractures parallèles à sa direction ;
mais il ne le serait pas moins que le système du mont Seny, dont
le grand cercle de comparaison est le bissecteur DH , qui , comme
on l'a vu précédemment, page 35o, rase l'extrémité orientale de la
masse granitique de la Lozère, et passe à 3 kilomètres des mines
de Villefort et à 8 kilomètres de celles de Vialas , fût lui-même
représenté dans ces localités par une autre série de fractures,
formant avec les premières un angle moyen de 10 à 12 degrés;
un peu moins d'une heure de la boussole.
En attendant que cette question ait été résolue par des obser-
vations ad hoc, faites sur les lieux, je me bornerai à faire remar-
quer que, si une partie des fissures comprises dans la direction
hora k appartenaient réellement au système du mont Seny, qui se
rapporte aux premiers temps de la période jurassique, on pourrait
regarder le commencement de leur remplissage comme se liant
aux émanations métallifères qui ont enrichi les arkoses placés au-
tour du plateau central de la France, entre le granité et les cal-
caires jurassiques, et auxquelles sont dus les nombreux gîtes de
plomb argentifère qui y ont été exploités.
Quoi qu'il en soit de cette remarque de détail, que je soumets à
M. Rivot, les propriétaires des mines de Vialas n'ont pas eu à se
repentir de lui avoir demandé des conseils. L'effet utile de ses in-
dications n'a pas tardé à se manifester dans le chiffre des dividendes.
Sous l'heureuse impulsion du savant professeur, les mines de Via-
las sont entrées dans une voie de prospérité inconnue avant lui.
M. Moissenet, ingénieur des mines, s'est occupé aussi avec beau-
coup de succès de l'application du réseau pentagonal aux gîtes métal-
lifères. Ses premiers travaux en ce genre ont eu pour objet les mines
de plomb argentifère du Flintshire, en Angleterre, sur lesquelles
il a publié, dans les Annales des mines1, un mémoire intéressant.
1 Mémoire sur le gisement du minerai Flintshire, Annales des mines, 5e série,
de plomb dans le calcaire carbonifère du t. XI, p. 35 1 (1857).
550 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
Ayant exécuté, de concert avec M. Laugel, les calculs nécessaires
pour mener par Holywcll, centre des mines du Flintshire, des pa-
rallèles aux directions des neuf systèmes de montagnes les plus an-
ciens de l'Europe (Vendée , Finistère , Longmynd , Morbihan , Hunds-
riick, Ballons , Forez , nord de l'Angleterre , Pays-Bas) , M. Moissenet
a construit pour cette localité une rose des directions, sur laquelle il
a tracé celles des principaux filons ainsi que celles des failles [cross-
courses) observés dans les mines. Cette rose, pi. III, fig. 2, du vo-
lume cité, est dessinée et gravée avec un tact parfait. Elle mérite-
rait d'être citée comme modèle pour d'autres travaux analogues. On
y voit d'un coup d'œil que les directions forment ici deux groupes
principaux très-distincts : l'un, pour les filons, se rapproche de la
direction E.-O. vraie; l'autre, pour les cross-courses, se rapproche
du méridien astronomique. Le premier comprend la direction du
système des Ballons avec des déviations suivant les directions des
systèmes plus anciens du Finistère et du Morbihan qui ont été re-
produites après coup; l'autre, les directions du Forez et du nord
de l'Angleterre. Ces deux derniers systèmes sont plus récents que
les trois autres, circonstance qui cadre d'une manière générale avec
le fait que les cross-courses sont d'une date plus récente que l'ou-
verture des filons de plomb argentifère. Les cross-courses, cepen-
dant, sont quelquefois métallifères, les émanations s'étant, à ce
qu'il paraît, prolongées ou reproduites pendant longtemps.
L'auteur regarde, en effet (p. &i5), l'émission des minerais
métalliques comme ayant eu sa plus grande activité à partir de
l'ouverture des filons E.-O. (système des Ballons), et comme ayant
décru pendant le dépôTdu terrain houiller, pour cesser entière-
ment, ou à peu près, lors de la formation des grandes failles du
système du nord de l'Angleterre. Dans une discussion aussi judi-
cieuse que détaillée, que je dois me borner à mentionner, M. Mois-
senet fait voir que l'ensemble des observations faites sur les mines
et les grandes failles du Flintshire, et même de tout le nord de
l'Angleterre, sont conformes à cette coordination, rattachée si sim-
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 551
plernent à la considération des âges relatifs des systèmes de mon
tagnes.
Plus tard, M. Moissenet s'est appliqué spécialement à l'étude des
gîtes métallifères beaucoup plus nombreux et plus variés du Cor-
nouailles et du Devonshire, sur lesquels il a soumis à l'Académie
des sciences un mémoire qui a été imprimé par extrait dans les
Comptes rendus et reproduit avec plus de développement dans
les Annales des mines K
Les terrains qui renferment les- dépôts métalliques du Gor-
nouailles sont beaucoup plus anciens que ceux du Flintshire. La
formation silurienne, dont l'existence a été longtemps contestée
dans le Cornouailles, est aujourd'hui reconnue par les géologues
anglais pour les points de la côte sud où des fossiles de ce terrain
ont été découverts, et l'auteur ajoute qu'il a trouvé des preuves de
la présence de cette formation dans une grande partie de la pres-
qu'île. Les massifs granitiques qui en constituent les parties les
plus montueuses doivent être rapportés à plusieurs époques d'é-
ruption. Avant l'apparition de celui du Darlmoor, plusieurs autres,
dans l'ouest, avaient été portés au jour et avaient subi des modifi-
cations.
Pour discuter les directions observées dans les filons, M. Mois-
senet a transporté au pointa du réseau, situé près de la côte N.-O.
du Cornouailles, les directions des grands cercles correspondant
aux dix-neuf systèmes de montagnes les plus anciens de l'Europe,
ce qui lui a donné une rose des directions applicable, avec une pré-
cision suffisante, à toute la contrée métallifère.
Etudiées sur place et suivies sur les feuilles du Geological Snr-
vey, les directions calculées lui ont permis de comprendre non-
seulement les accidents généraux du sol, mais aussi les phéno-
mènes relatifs à la mécanique des filons, c'est-à-dire à la formation
1 Études sur les filous du Cornouailles Comptes rendus, t. LV, p. 759 , séance du
et du Devonshire, directions utiles pour 17 novembre 1862, et Annales des mines,
e'tain, cuivre et plomb, par M. Moissenel. 6' série, t. III, p. 101 (i863).
552 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
première et à. la préparation subséquente de la fissure, aux épo-
ques du remplissage et des réouvertures.
Considérant spécialement le système de montagnes représenté
par le grand cercle primitif Land's-End-Apschéron, il a reconnu
que ce grand cercle est le représentant exact, au moins pour la
contrée qui nous occupe, du soulèvement qui s'est produit entre
la formation dévonienne et la période carbonifère.
L'octaédrique du Mulehacen, dont l'intersection avec le précédent
détermine le centre de réduction a, joue un rôle efficace dans
plusieurs districts, notamment dans celui si particulier de Saint-
Just, dont il contribue à expliquer les apparentes anomalies.
Les onze systèmes les plus anciens ont, dans le Gornouailles ,
dit M. Moissenet, une influence prédominante sur la formation des
filons : tous y sont reconnaissables. Ils suffisent presque à eux seuls
à eu dévoiler les phénomènes mécaniques. Non-seulement on suit
leurs empreintes dans l'ensemble des directions observées sur les
groupes de filons, mais on en voit l'influence spéciale dans chaque
district métallifère et jusque dans les orientations successives qu'af-
fecte un même filon.
M. Moissenet a pu constater quelles sont les orientations utile-
ment exploitables pour étain, cuivre et plomb. Gomme conséquence
dernière et pratiquement applicable, l'étude de cette influence con-
duit à reconnaître les parties riches d'un filon, c'est-à-dire celles
qu'il convient d'exploiter pour un métal déterminé, et à les dis-
tinguer de celles qui sont stériles, ou tout au moins trop pauvres
pour être poursuivies avec avantage l.
Mettant les directions des onze premiers systèmes en regard des
angles utiles pour étain, cuivre et plomb, déterminés par l'observa-
tion, l'auteur a rapproché, dans un tableau joint à son mémoire,
les résultats du calcul de ceux obtenus par un observateur aussi
expérimenté dans la pratique des mines qu'il est éloigné de toute
1 Annales des mines, 6e série, t. 111, p. 168 (i863).
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 553
idée théorique préconçue. M. Gh. Thomas, directeur du Dolcooth,
près de Redruth, a bien su voir, dit M. Moissenet, que parmi les
caractères des filons leur orientation est le plus distinctif. Partant ,
lui et moi, de points de vue en apparence opposés, nous arrivons
à une coïncidence que l'on peut considérer comme pratiquement
rigoureuse en ce qui concerne les faits, pris dans l'ensemble des
deux comtés de Cornouailles et de Devonshire.
Cet accord est exprimé dans un tableau numérique que je ne
puis transcrire et dans une rose des directions gravée dans une
planche jointe à son mémoire, auquel je ne puis que renvoyer le
lecteur. Je me borne à dire que, sur la rose, les angles utiles pour
étain , cuivre et plomb sont figurés et teintés d'une manière parti-
culière. On y voit que l'angle utile pour étain est représenté par un
secteur d'une amplitude de 60 degrés, dont le milieu est tourné du
côté de l'E.-N.-E. ; l'angle utile pour le cuivre est représenté par un
autre secteur de 60 degrés dont le milieu se dirige un peu au nord
de l'est vrai, et l'angle utile pour le plomb est représenté par un sec-
teur de 5o degrés dirigé un peu à l'ouest du nord astronomique. Les
milieux et les côtés de ces trois angles utiles et des subdivisions qu'ils
présentent, suivant les degrés variables de richesse de leurs diffé-
rentes parties, ont des rapports d'une précision étonnante avec les
lignes qui représentent les directions des divers systèmes de mon-
tagnes , consistant principalement en ce que la bissectrice de chaque
angle utile coïncide presque exactement avec la direction d'un sys-
tème de montagnes ou avec la bissectrice de deux de ces direc-
tions; en voici un exemple :
PLOMB. DIFFÉBEKCES.
Bissectrice de l'angle utile N. 90 0.
Système du nord de l'Angleterre. . . N. 8° 7' 0. o° 55'
Octaédrique du Mulehacen N. 8° a3' 0. o° 37'
Bissectrice (Vendée, Rhin) N. 70 53' 0. i° 7'
La petitesse de ces différences prouve, pour le dire en passant,
554 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
qu'a H n de rendre les services qu'on peut eu attendre la rose des
directions doit être calculée rigoureusement.
Deux systèmes (Longmynd et Morbihan) sont complètement
déshérités. Ils sont en dehors de tous les angles utiles, et leurs
directions ne traversent que les espaces blancs de la rose. Toutefois ,
comme on l'a déjà dit, le district de Saint-Just échappe aux règles
ordinaires, et la direction du système du Morbihan y devient favo-
rable à la richesse métallique.
Pour les autres districts, les angles utiles ne sont aussi larges
que lorsqu'on veut les comprendre tous ensemble, et M. Moisscnet
pense que, pour chaque district en particulier, on peut resserrer les
limites actuelles de l'observation.
On peut suivre avec fruit l'action des systèmes statigraphiqucs
jusque dans le détail de la constitution d'un filon, en y compre-
nant ses relations avec les filons ou failles qui l'avoisinent. Les
lignes calculées ne servent pas seulement à tracer et relier les
grandes formations, ou les dépôts de minerais éloignés les uns
des autres; mais, dans tous les districts métallifères, elles sont
empreintes assez clairement dans les accidents du sol et des gîtes
minéraux pour que, avec de la prudence et du discernement, les
mineurs puissent y trouver le guide véritable, qui jusqu'ici leur
a manqué, et faute duquel ils sont restés exposés aux incertitudes
des essais par tâtonnement et aux chances de leurs lumières natu-
relles.
Franchissant la Manche, il sera aisé, dit M. Moissenet, en tenant
compte des modifications locales, d'appliquer aux gisements d'étain
et de plomb de la Bretagne les études faites sur le Gornouailles. Un
beau succès a été obtenu dans le midi de la France (Vialas) par
ceux qui ont déjà accepté et appliqué cet ordre d'idées. Poursui-
vant plus tard les mêmes travaux sur le reste de notre territoire,
nous arriverons un jour à connaître l'histoire géologique des éma-
nations des divers métaux, comme on possède maintenant celle
des éruptions du granité et de ses congénères. Alors la recherche
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 555
et l'exploitation de nos gîtes minéraux marcheront avec certi-
tude.
Presque au moment où M. Moissenet écrivait ces lignes, un autre
ingénieur des mines, M. Mallard, professeur de géologie à l'École,
des mineurs de Saint-Etienne, s'occupait, au même point de vue,
des gisements stannifères du Limousin, sur lesquels il a présenté
à l'Académie des sciences un mémoire dont un extrait a été inséré
dans les Comptes rendus1.
Après avoir fait connaître les circonstances géologiques que pré-
sente le gisement stannifère de Vaulry (Haute-Vienne), découvert
en 1812 par MM. de Villelume et Alluaud, l'auteur aborde l'étude
du gisement de Montebras, découvert par lui-même en 1859, et de
l'étude comparée des deux gisements il tire les conclusions sui-
vantes :
i° Les filons d'étain oxydé du Limousin et de la Marche paraissent
affecter deux directions principales, sinon absolument contempo-
raines, au moins d'âge très-voisin : l'une N. 10 à 200 E.; l'autre
N. ko à5o°E.
20 Cçs deux directions se retrouvent, avec les directions à peu près
perpendiculaires E.-O. et N.-O., dans l'orientation des principales
chaînes et des principaux filons que forme le granité à deux micas ,
ainsi que le pegmatite et le leptynite à mica blanc, qui sont en
connexion avec lui. Toutes les autres circonstances géologiques qui
accompagnent les gisements d'étain oxydé montrent que la pro-
duction de ce minéral a été liée, dans le Limousin et la Marche,
à l'éruption des dernières roches granitiques, et en a été proba-
blement contemporaine.
L'époque de cette formation stannifère est antérieure à la période
carbonifère. Elle s'est, du reste, prolongée vraisemblablement
pendant un laps de temps considérable : c'est au moins ce qu'il est
1 Sur les gisements stannifères du Li- tacher, par M. Mallard, Comptes rendus,
mousin et de la Marche et sur quelques t. LX1I, p. -2-23. séance du 29 janvier
anciennes fouilles qui paraissent s'y rat- 18G6.
556 RAPPORT SUR LES PROGRES
permis de penser, si l'on remarque, d'une part, que les orientations
des systèmes antécarbonifères du Finistère, du Longmynd, du
Morbihan et du Hundsriïck, transportés en un point voisin de la
Jimite septentrionale de la Creuse, sont précisément celles que l'on
retrouve le plus habituellement dans les chaînes ou les filons que
forment le granité à deux micas et ses dérivés.
Ces conclusions sont confirmées par l'étude des autres gisements
stannifères et wolframifères de la contrée, au nombre desquels il
faut ranger les célèbres amas de pegmatite de Chanteloube, au mi-
lieu desquels se rencontrent, avec l'émeraude, des manganèses
phosphatés divers, et de nombreux minéraux tenant du niobimu
et du tantale.
M. Mallard décrit, dans son mémoire, des excavations ouvertes
en des points fort nombreux du Limousin et de la Marche. Ces
excavations, qui remontent certainement à une très-haute antiquité,
sont de tous points analogues à celles que l'on connaît depuis long-
temps à Vaulry, et qui ont eu évidemment pour but l'exploitation
du gisement stannifère de cette localité , ainsi qu'à celles des envi-
rons de Montebras, qui ont fait soupçonner, puis découvrir, en ce
lieu, par M. Mallard, l'existence d'une mine d'étain.
Cette mine est aujourd'hui exploitée, et M. Moissenet en a ac-
cepté dernièrement la haute direction. H y a déjà fait d'importantes
observations qu'il n'a pas encore publiées. Il y importera, avec le
réseau pentagonal, les remarques faites dans les mines du Cor-
nouailles. Une rose (les directions, calculée pour Montebras, lui per-
mettra de rattacher à chacun de ses rayons les idées qui se sont
développées, soit à Saint-Just, soit à Redruth ou à Carclaze, sur le
plus ou moins de chances que présente telle ou telle direction
pour la découverte de l'étain, du cuivre, du plomb, et qui amènent
quelquefois le sourire sur les lèvres des mineurs du pays lorsqu'on
leur parle de chercher un métal dans une direction inusitée; idées
nées d'une longue pratique, trop légèrement qualifiées de routine,
et qui , généralisées avec l'aide du réseau pentagonal , et éclairées
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANGE. 557
par la considération de l'âge relatif des différents systèmes stra-
tigraphiques, feront profiter chaque mine de l'expérience acquise
dans toutes les autres.
Plus encore que ceux du Cornouailles , les mineurs allemands,
dont les travaux, dès la fin du moyen âge, pénétraient à plus de
mille mètres de profondeur, ont sur ces matières d'anciennes tra-
ditions exprimées dans un langage qui ne nous est plus familier.
Au milieu du silence et de l'obscurité de leurs réduits souterrains,
ils réfléchissaient longuement aux moyens de découvrir les voies
de la fortune, qui semble n'être pas moins aveugle dans les en-
trailles de la terre qu'à sa surface. Les yeux fixés sur l'aiguille ai-
mantée, promptement devenue leur guide, ils reportaient leurs
pensées sur la marche du soleil ; et de là vient la division de leur
boussole en heures. Ne pouvant prévoir qu'on s'occuperait un jour
de la rose des directions, ils s'en étaient tenus à la rose des vents. Igno-
rant nécessairement aussi que l'idée de courants galvaniques ou
magnétiques pourrait se rattacher dans l'avenir à certaines orienta-
tions, et que les importantes expériences de M. Becquerel montre-
raient l'influence de l'électricité dans la formation des minéraux,
ils avaient donné à l'expression de leurs vues instinctives une expres-
sion mystique, plus propre à rappeler le culte du soleil que la phy-
sique et la minéralogie. Ils avaient imaginé pour les filons diver-
sement orientés et diversement inclinés une classification et une
nomenclature fondées en partie sur la manière dont leurs plans
pouvaient être éclairés par les rayons du soleil levant. De là, par
exemple, les désignations de positions directes-tombantes et indi-
rectes-tombantes, qui paraissent aujourd'hui si bizarres.
Ces élucubrations d'un autre âge, où avaient pénétré peut-être
quelques rayons d'alchimie, ont pâli, mais sans être complètement
effacées, devant la lumière toute nouvelle que Werner a fait luire
dans les mines par sa théorie des filons, si justement célèbre et si
universellement adoptée. Tous les filons parallèles entre eux étaient
déjà désignés d'une même manière : Werner a introduit la notion
558 RAPPORT SUR LES PROGRÈS
des origines successives des différentes classes de filons, détermi-
nées d'après leurs croisements.
La classification des différents systèmes de montagnes, des dif-
férents systèmes stratigraphiques , d'après leur âge géologique , a
été un nouveau pas dans la même voie. Les fissures que les filons
ont remplies par degrés s'y trouvent comprises. Leurs réouvertures
successives s'y trouvent expliquées. La nécessité et la possibilité
de modifier convenablement les directions en passant d'un pays
dans un autre s'y trouvent établies. Avec une rose des directions cal-
culée pour chaque localité, on peut voir quels sont les filons qui se
correspondent, comme devant leur origine première à un même
système de montagnes, et comment doivent être modifiées d'un
point à un autre les directions regardées comme utiles pour l'ex-
ploitation de tel ou tel métal. On comprendra aussi que, bien
qu'éclairées semblablement par le soleil , des localités , même assez
voisines, pourraient se trouver dans des conditions très-différentes,
parce que des systèmes de montagnes différents y auraient exercé
des influences prépondérantes, et cela permettra d'expliquer des
anomalies dont on cessera d'être embarrassé.
Mais on ira plus loin encore. Longtemps avant Werner, les mi-
neurs allemands étaient devenus, pour l'art des mines, les précep-
teurs du genre humain. Les noms allemands ou germanisés d'une
foule de mines et de districts miniers, Schemnitz, Kremnitz et Neu-
Sohl, en Hongrie, Kongs-berg, en Norwége, Ta-berg, en Suède,
Catharinen-burg, dans T lirai, Schlangen-berg, dans l'Altaï, rappellent
que les Allemands ont été appelés dans les mines de tous les pays.
Ils y avaient introduit, avec la boussole de Freiberg, les idées
dont ses heures étaient le symbole. Malgré l'expression un peu fan-
tastique qu'ils leur avaient donnée , leurs vieilles traditions renfer-
maient donc des notions dont l'expérience a sanctionné l'utiiité, et
dont une application aussi générale n'a pu manquer d'enrichir le
répertoire. En coordonnant ces notions, nées si loin les unes des
autres, à l'aide de la rose des direchons, résumé des phénomènes
&
DE LA STRATIGRAPHIE EN FRANCE. 559
géologiques, jointe à la rose (les vents, à laquelle se rattachent les
influences purement physiques, on leur donnera un caractère d'en-
semble et de généralité qui leur a manqué jusqu'à présent, ce qui
les a empêchées d'entrer dans la théorie des filons, issue de l'école
de Werner. De là naîtra une science agrandie, où il restera beau-
coup moins de mystères, science en partie nouvelle et presque
complètement expérimentale, dont l'introduction dans les mines
ne tardera pas à devenir une question d'utilité publique. Elle y
rendra les travaux plus profitables, et je ne doute pas qu'à la
longue elle n'obtienne la sympathie des actionnaires.
Je demande au lecteur la permission d'exprimer ici celle que
j'éprouve pour les travailleurs qui cherchent le fil d'Ariane au
milieu des complications du monde souterrain. A la fin de ce trop
long Rapport, j'adresse mes excuses les plus sincères à tous ceux
dont, par ignorance ou par oubli, j'aurais omis de signaler les
travaux, et je remplis un bien agréable devoir en témoignant ma
reconnaissance aux savants distingués qui, de près ou de loin,
m'ont fourni d'utiles documents. (Voir la table des auteurs cités.)
FIN.
eN"-
w
m
OBSERVATIONS
SIR
LES DEl \ PLANCHES JOINTES A CE RAPPORT.
Afin de faciliter l'intelligence de ce Rapport, on y a joint deux planches. La
première est intitulée : Le pentagone européen en projection gnomonique sur Vho-
rizon de son centre. Cette carte, qui comprend l'Europe entière et des parties
considérables de l'Asie, de l'Afrique et de l'océan Atlantique, est simplement
un nouveau tirage de la planche V de la Notice sur les systèmes de montagnes, à
laquelle on a renvoyé le lecteur en beaucoup de points du Rapport. Aux pre-
miers de ces renvois , les indications indispensables ont été données. La cons-
truction de la carte a été expliquée en détail dans l'ouvrage cité.
La seconde planche est intitulée : Tableau d'assemblage des six feuilles de la
carte géologique de la France, par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont, avec les
cercles du réseau pentagonal, par M. Elie de Beaumont (1866). C'est la carte
géologique de la France, réduite à l'échelle de aoo^000, exécutée en couleurs
à l'Imprimerie impériale par l'ingénieux procédé du report sur pierre établi
par M. Derenémesnil. La précision de ce procédé est telle, qu'il a permis
d'appliquer d'un seul coup, sur la carte déjà tirée en couleurs, tous les cercles
du réseau pentagonal, sans que, sur aucun exemplaire, on ait remarqué une
déviation sensible de la position normale que ces cercles doivent occuper.
La carte géologique réduite avec les cercles du réseau avait été publiée et livrée
au commerce en 1866. H en a été fait un tirage spécial pour le présent Rap-
port. Sur cette carte on peut suivre, sans aucune fatigue, le cours de tous les
cercles du réseau, qui y sont désignés par les mêmes notations que dans le
Rapport, dont elle facilitera beaucoup la lecture. On y verra aussi du premier
coup d'œil les positions des points de croisement simples ou mulliples des
cercles, et on y saisira tout l'ensemble de l'adaptation du réseau pentagonal à
la structure de la France plus aisément qu'on ne pourrait le faire sur une
carte plus grande et moins commode à manier.
Stratigraphie. ™
562 OBSERVATIONS SUR LES DEUX PLANCHES DE CE RAPPORT.
Il est bon cependant de prévenir ici le lecteur, comme on l'a déjà fait dans
le cours du volume, que beaucoup des détails qui sont indiqués dans le texte
ne se trouvent pas sur la carte réduite. L'auteur, en écrivant le Rapport, avait
constamment sous les yeux un exemplaire de la carte géologique générale de
France, en six feuilles, à l'échelle de B00\00, sur laquelle les cercles du réseau
étaient construits rigoureusement. Il avait même à sa disposition les 62 feuilles
de la carte d'état-major, déjà coloriées pour la carte géologique détaillée de la
France, sur lesquelles les cercles du réseau ont été tracés par MM. Fuchs,
Potier et de Lapparent, ingénieurs au corps impérial des mines, avec une pré-
cision qui ne laisse rien à désirer. On comprend que l'auteur a pu prendre
dans ces cartes, pour son travail, des indications et des mesures que la carte
géologique réduite ne conduirait pas même à soupçonner.
TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS CITÉS.
Allcaud (M.), 555.
Amirauté (voyez Hydrographical Office).
Abchiac (M. le vicomte A. d), 25 i.
Coquand (M.), 8.
Cotta (M. le professeur Bernard), i4a,
i44, 1/19, 2o3, 33a, 36o, 3g2, Iti,
437.
CoURBEBON (M.). 25g.
B
Bêche (voyez La Bêche).
Becqderkl (M. A. C), 55y.
Becquby (M.), 368.
Billy (M. E. de), q63, 287.
Biot (M. Edouard), 127, i3i.
Boblaye (M. E. Le Puillon de), 6, 8,
2/16, 263.
Boue (M. le Dr Ami), 71, 112.
Brochant de Villiers (M.), 533.
Bien (M. le baron Léopold de), 166,
173, 176, 178, 179, 180, 181, 182.
i84, i85, 186,188, 192,197,334,
428,442, 455.
Cacmont (M. A. de), 4o8.
Chancourtois (M. E.-B. de), 4, 71, 72,
125, 248, 272, 275, 282, 287, 484,
5o3, 5o4, 5i4, 524, 5a5,r526, 527,
528, 529, 53o, 533, 53g, 54o, 54i,
542,543.
Collegno ( M. -le général H. Provana
de), 382, 45i.
D
Daussy(M. P.), i93.
Dépôt de la guerre (Carte d'état-major) ,
24o, 242, 5o3.
Dépôt de la marine, 108, 177, 196, 206,
207, 2i3, 273.
Dépôt des cartes et plans des ponts et
chaussées et des mines, 368.
Derenémesnil (M.), 239, 56 1.
Deville (M.Charles Sainte-Claire), 171,
187, 258, 359, 45o, 532, 535, 536,
537, 538, 543.
Dewalque (M. G.), 532.
Dien(M. Ch.),66.
Dormoy(M. E.-E.), 276.
Dufrénoy (M. P. A.), 18, 239, 263, 409,
534, 56i.
Duhamel (M. A.-G.), 5o3, 524.
Dumont (M. le professeur André), 72,
434, 437.
Dopin (M. le baron Charles), 479.
Durier (M.), 209.
Durocher (M. J.), 4, 5, i4, i5, 18, 27,
io3, 209. 248, 289.
36.
564
TABLE ALPHABETIQUE
E
East India Company (Officiers et agents
de!'), 8i,453.
Edwards (M. Alphonse Mime), k^h.
Élie deBeaumont (M. L.), passim.
ESCHER DE LA LlNTH (M.), 4l8, Uû'J.
ESQCERRA DEL BAYO (M.), 11 7.
Jackson (M. le docteur Charles T.), 12.
Jacquemont (M. Victor), 3o,8, 533.
Jacquot (M. E.), 5 2 8.
Jedlinski (M. Jules), 72.
K
Favre (M. le professeur Alphonse), 33 C.
Ferri-Pisani (M. le colonel C), 275.
Figari-Bey (M.), î&t.
FORSTER (M.), l3.
Foucou (M. Félix), 484.
Fouqué (M.), 171, 42G.
Francq (M. le baron Félix de) , 1 58, 1 59.
Fochs (M. Ed.), 562.
(«
Gauldrée-Boileau (M.), 54o.
Gras (M. Scij)ion), 317.
Greenough (M. George Bellas), 81, 82,
89, 90, 101, 102, 128, 129, i46,
171, 397, 398, 399, 4i3, 4i4, 429,
43o, 43i, 44o, 44i, 452, 453, 458,
459, 46i.
Grïffith (M.), 118, 218.
Guillemin (M. Edouard), 10, 254.
H
Hitchcock (M. le professeur), 12, 1 3, 20.
Houzeau (M.), 489.
Humboldt (M. le baron Alexandre de), 97,
175, i83, 223, 224, 437, 482, 492,
493, 5n, 54 1.
Hydrographical Office (Amirauté), 92,
98, 109, 118, 166, 196, 207, 2l3,
4io, 426, 436. 45o.
Keilhau (M. le professeur), 209, 21/1.
Keyserling (M. le comte de), 92.
Klaproth (M.), 180, 182, 2o4.
La Bêche (Sir Henri T. de), 326, 33i,
336, 434, 66t.
Lambton (M. le colonel), 81.
Lamé (M. G.), 53 1.
Lapparent (M. A. de), 562.
Laugel (M. Auguste), .89, 44, 5i, 66,
70, i58, 192, 195, 200, 202, 211,
2i3, 229, 233, 242, 249, 254, 255,
262, 267, 282, 283, 296, 3oo, 3o8,
337, 353, 38i, 383, 394, 4oo, 4o'.,
4i4, 4i6, 433,445, 53i, 55o.
Le Play (M. F.), 10.
Logan (Sir William), i3.
M
Mallard (M. F.-E.), 555, 556.
Malte-Brun (M.), 209.
Marcou (M.Jules), 12, i3, 27, 71, 176.
223.
Marmora ( M. le général Albert de la), 1 1 5
Moissenet (M. V.-L.), 54g, 55o, 55i,
552, 553, 554, 555, 556.
Murchison (Sir Roderick I), 92, 107,
112, i32, t42, 2o4, 225, 226, 287.
DES AUTEURS CITÉS.
565
N
Naomann (M. le professeur C.-F.), 293,
4n, 438.
Necker de Saussure (M.), 336.
Newbold (M. le capitaine), 4o2.
Nordenskjold (M. le lieutenant), 209.
o
Olsen(M. O.-N.), 27/1.
Orbigny (M. AlcideD'), 18, 20, 21, 22,
28.
Owen (M. le capitaine), 109.
Ross (Sir James) ,112.
Rdssegger (M. J.), 81, 91, n4, i33,
i5i.
Sarrazin (M. E.), 72.
Sismosda (M. le professeur Ange), 3 19.
Schlagistweit (MM. Adolphe, Hermann
et Edouard), 399.
Studer (M. le professeur Bernard), liiS,
Stcr (M. Denis), 428.
Pentland (M. J.-B.), 29.
Pissis (M. Aimé), 18, 19, 20, 21, 22,
23, 26, 25, 26, 27, 186, 224, 249,
382,5i7, 538.
Ploix(M. E.), 177, 178, 179, 180, 210,
2i5, 325.
Pomel (M. A.), 7, 8, 9, 28, 72, 3i5,
317, 38o, 382, 383, 474. 5i2.
Potier (M. A.), 562.
Pouyame (M. J.), 484, 487, &91.
R
Raulin (M.Victor), 4, 5, 388.
Renoo(M. Émilien),6, 10, 84, 117, 167,
202, 246, 4oi.
Rivière (M. A.), 288.
Rivot (M.L.-E.), 544, 545, 5i6, 547,
548, 549.
Roche-Poncié (M. de la), 181.
Rogers (M. le professeur), i3.
Tchihatcheff (M. le prince Pierre de),
170, 220.
Thomas (M. Ch.), 553.
Verneuil (M. Edouard de), 92.
Véziajî (M. Alexandre), 1, 2, 3, 10, 202,
259, 260, 261, 352.
Vidal (M. le capitaine), 108, 118, 166.
VlLLELCME (M. DE), 555.
Villeseuve-Flayosc (M. le comte H. de) ,
4, 3i, 466, 489, 5i8, 519, 520, 52i,
522, 523, 534.
Vincendon-Domoulin (M.), 83, 86, i4o,
173, 178, 180, 181, 198, 2o4. 206,
210, 2l6, 217, 223, 227.
Virlet d'Aoust (M.), 8. 246.
W
Whitney (M.), i3.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Avertissement i
PREMIÈRE PARTIE.
Nouveaux systèmes de montagnes i
Europe 1
Afrique 6
Amérique 1 1
Remarques générales sur les systèmes de montagnes 28
DEUXIÈME PARTIE.
Corrélation des directions des différents systèmes de montagnes 33
Réseau pentagonal 33
Constitution du réseau pentagonal r 34
TROISIÈME PARTIE.
Installation dd réseau pentagonal sur la surface du globe terrestre 57
QUATRIÈME PARTIE.
Étude des relations existantes entre le réseau pentagonal et les inégalités de
l'écorce terrestre 77
Les six dodécaédriques réguliers 78
Dodécaédrique régulier du cap Corrientes et de Singapour 78
du Sénégal et de la Nouvelle-Guinée 80
des Açores et de la terre de Van-Diemen 84
du Brésil et du Japon 86
du Spitzberg et du lac Supérieur 88
de la mer Caspienne et de la terre Graham 91
Remarques sur les six dodécaédriques réguliers 9 4
Les dix octaédriques 9"
Octaédrique de Cochabamba et du golfe de Pechely 96
du lac Baïkal et de l'île du Prince-Edouard 99
568 TABLE DES MATIERES.
Octaédriquc des Garrow-Hills
du cap Walsh et des îles Sous-le-Vent. .
du cap God ,
de INijney-Tagilsk
de l'île d'Hindoë. . .
de l'île Trinidad
du mont Sinaï
du Mulehacen
Remarques comparatives sur les dix octaédriques
Les quinze grands cercles primitifs
Primitif équatorial
de la Floride et de la terre d'Amhem
du lac Supérieur et du cap San-Thomé
— des montagnes Rocheuses et des îles Galapagos
du cap Gastle ou Pater-Nosler
du Groenland et du Chili
du mont Saint-Élie
de Valdivia et des cataractes du Nil
de l'île de Cuba et du cap Sandy
de la presqu'île Alaska et de la terre de Van-Diemen.
de l'Etna
de la Nouvelle-Zemble
de Lisbonne
du Land's-End
de Saint-Kilda
Pages.
101
o3
o4
06
08
1 1
i3
16
20
22
23
23
ùll
26
28
29
32
33
35
36
3?
39
ht
hh
Remarques comparatives sur les i5 primitifs, sur les 10 octaédriques et
sur les 6 dodécaedriques réguliers i52
Les trente dodécaedriques rhomboïdaux 1 64
Dodécaédriqtie rhomboïdal de l'Etna (axe volcanique de la Méditerranée). . i65
Dodécaédrique rhomboïdal (axe volcanique du Pacifique) 17 4
Les trente bissecteurs IH des angles de 60° 1 9 4
Bissecteur IH de Ténériffe 196
Les trente bissecteurs DH des angles de 36° 201
Bissecteur DH (système du mont Seny) 202
Bissecteur DH (système du nord de l'Angleterre) 207
Cercles auxiliaires divers 211
Trapézoédriqae TDb du cap Bon, Hermœum Promontorium (système des
îles de Corse et de Sardaigne ) 212
Trapézoédriquc TDb du volcan de Guatemala (système des Ballons) 217
Trapézoédrique Te de l'Iremel (système du Hundsrùck) 223
Remarques générales sur les 09 monographies précédentes 229
Les 362 points principaux du réseau pentagonal 23i
TABLE DES MATIÈRES. 569
à , pa£es-
IVTUDE DES RELATIONS EXISTANTES ENTRE LE RESEAU PENTAGONAL ET LA CONSTITUTION
DO SOL DE LA FRANCE ET DES CONTREES LIMITROPHES 235
Remarques préliminaires Jbid.
Octaédrique du mont Sinaï (système des Pyrénées) 246
Trapézoédrique T\a ( système du Morbihan) 2&0
Remarques relatives au système du Thûringerwald 257
Diagonal \b (système du mont Serrât) 25q
Hexatétraédrique Hbaab (de Nontron) 262
Trapézoédrique TT bbc (failles de la Haute-Marne, Hécla) 267
Trapézoédrique TI du cap Bon, Hennawtn Promontorium (système du mont
Viso) 276
Trapézoédrique Tb (système de la Vendée) 283
Primitif de l'Etna (système du Ténare) 290
Diamétral Dac (système du Forez) 201
Trapézoédrique TDb du cap Bon. Hermœum Promontorium (système des
îles de Corse et de Sardaigne) 297
Octaédrique du Mulehacen 299
Hexatétraédrique Haa 3oo
Bissecteur DH (système du nord de l'Angleterre) 3o5
Trapézoédrique Ta (système du Vercors) 3o8
Primitif de la Nouvelle-Zemble (système du Rhin) 317
Diamétral De (système des Alpes occidentales) 326
Trapézoédrique Tabc (système du Longmynd) 336
Bissecteur DH (système de mont Seny) 346
Diamétral Dac (système de la Côte-d'Or) 353
Primitif de Lisbonne 362
Trapézoédrique Te de llremel (système du Hundsrûck) 369
Hexatétraédrique HaTTa (système de l'Érymanthe et du Mermoucha). . . . 38o
Trapézoédrique TTbbc (système du Sancerrois) -, . . 383
Bissecteur DH de Belle-Île 389
Hexatétraédrique ftbaab (système des Alpes principales) 3gk
Trapézoédrique TDb (système du Finistère) 4o4
Trapézoédrique Tb (système du Tatra) 4 16
Diamétral Dac (système des Pays-Bas) 43a
Hexatétraédrique HaTTa kUb
Primitif du Land's-End 4i>6*
Sur les intersections des cercles du réseau pentagonal qui tombent dans le
cadre de la carte géologique de France ••«
Réflexions générales sur le contenu de la quatrième partie du Rapport 485
CINQUIÈME PARTIE.
Applications du réseau pentagonal ^01
570 TABLE DES MATIERES.
Pages.
Applications à la topographie 5oi
à la distribution des substances minérales 5 a h
à la structure intérieure des gîtes métallifères 5hk
Observations sdr les deux planches jointes au Rapport 56 1
Table alphabétique des auteurs cités t . 563
Corrections 571
FIN DES TABLES.
CORRECTIONS.
Page 5, ligne 3 du bas, notes, au lieu de 1861, lisez i85i .
Page 5o, ligne 9, au lieu de dodécaédrique , lisez dodécaèdre.
Page 5a, ligne i3, au lieu de adapter, lisez adopter.
Page 66, ligne 7, au lieu de M. Ch. Dieu, lisez M. Ch. Dien.
Page 10&, ligne 8 du bas, au lieu de point T, lisez point I.
Page n5, ligne i4, au lieu de de la Marmara, lisez de la Marmora.
Page 122 , ligne 2 , supprimer le mot remarquables.
Page i34, ligne 9 du bas, au lieu de Bonin-Snia, lisez Bonin-Sima.
Page i4o, ligne 10 du bas, au lieu de Poremushir, lisez Paramushir.
Page i48, ligne 8 du bas, au lieu de point T, lisez point I.
Page i63, ligne 4, au lieu de les cercles , lisez des cercles.
Page 180, ligne i5 du bas, au lieu de tteint, lisez atteint.
Page 208, ligne 2 du bas, au lieu de Trœlhalta, lisez Trœlbatta.
Page 216, ligne 6, au lieu de à l'est, lisez à l'ouest.
Page 239, ligne 1 du bas, note, au lieu de p. 29, lisez p. 1257.
Page 2Ôo, ligne à, au lieu de i3 kilomètres, lisez i5 kilomètres.
Page 25 1 , ligne 5 du bas, au lieu de sud-est, lisez sud-ouest.
Page 268, ligne i4, au lieu de donne lieu, lisez donne matière.
Page 270, ligne 5 du bas, au lieu de N.-O., lisez N.-E.
Ibid. ligne 1 du bas, au lieu de N.-O., lisez N.-E.
Page 2 7 4 , ligne h, au lieu de N. 5o° N., lisez N. 5o° 0.
Page 281 , ligne 7, au lieu de d'Entremont-de-Saint-Pierre , lisez d'Emtremont, de
Saint-Pierre.
Page a83, ligne t du bas, au lieu de i3 kilomètres, lisez i5 kilomètres.
Page 286, ligne 1 du bas, au lieu de Forceval, lisez Forcerai.
Page 288, ligne 1 3 du bas, au lieu de 38°, lisez 88°.
Page 293, ligne 16, au lieu de Saint-Parèse , lisez Saint-Parise.
Page 296, ligne 9 du bas, au lieu de i,5Ô2, lisez 1,554.
Ibid. ligne 6 du bas . au lieu de oriental , lisez occidental.
Page 296, ligne 12 , au lieu de de Gaethness, lisez du Gaethness.
Ibid. ligne 12 du bas, au lieu de sous la, lisez sur la.
572 CORRECTIONS.
Page 297, ligne 10, au lieu de M. Grunen, lisez M. Grimer.
Page 299, ligne 8, au lieu de quant à, lisez à.
Page 3o2 , ligne 12 , au lieu de de Lison, lisez du Lison.
Page 3o3, ligne 1, au lieu de Xhexalélracdrique Dac, lisez Xhcxatélraédrique Uaa.
Page 3o5, ligne 4, au lieu de à l'est, lisez à l'ouest.
Page 327, lignes 1 et A du bas, au lieu de le Kander, lisez la Kander.
Page 337, ligne i5 , au lieu de Roer, lisez Roër.
Page 339, ligne 5 du bas, au lieu de Saint- Parèse, lisez Saint-Parise.
Page 34o, ligne 10, au lieu de la Chapelle, lisez la Capelle.
Page 34 1, lignes 5 et 17, au lieu de la Chapelle, lisez la Capelle.
Page 3A7, ligne i3 du bas , au lieu de au S.-S.-E. , lisez à l'E.-S.-E.
Page 348, ligne 11 du bas, au lieu de stratification des, lisez stratification, des
Page 366, ligne 5, au lieu de Morvan, lisez Morbihan.
Page 373, ligne i3, au lieu de et où, lisez où.
Page 42 4, ligne i5, supprimer notre cercle.
Page 43 1 , lignes 4 et 12 , au lieu de Mohanuddy, lisez Mahanuddy.
Page 439, ligne 1 du bas, au lieu de Karangan, lisez Karagan.
Page 517, ligne 1 3 du bas , au lieu de angles , lisez sommets.
Page 52 4, ligne 12 du bas, au lieu de sur la, lisez dans la.
Page 528, ligne 8 du bas, au lieu de du, lisez de.
Page 55 1 , ligne 1 du bas, au lieu de mon, lisez mon-.
Page 554, ligne 10 du bas, au lieu de les comprendre tous, lisez comprendre tous
les districts.
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QE Elie de Beaumont, Léonce
651 Rapport sur les progrès
E4 la stratigraphie par L. Ehe
Beaumont
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