Skip to main content

Full text of "Rapport sur les progrès de la stratigraphie par L. Elie de Beaumont. Publication faite sous les auspices du Ministère de l'instruction publique"

See other formats


K**'1 


y 


RECUEIL  DE   RAPPORTS 


SDR 


L'ÉTAT  DES  LETTRES  ET  LES  PROGRÈS  DES  SCIENCES 

EN  FRANCE. 


PARIS. 

LIBRAIRIE  DE  L.  HACHETTE  ET  C,K, 

BOULEVARD  SAINT-GERMAIN,  N°  77. 


RECUEIL  DE  RAPPORTS 


SDR 


L'ÉTAT  DES  LETTRES  ET  LES  PROGRÈS  DES  SCIENCES 

EN  FRANCE. 


RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 


DE 


LA    STRATIGRAPHIE 


M.  L.  ÉLIE  DE  BEAUMONT, 

SÉNATEUR,  MEMBRE  DE  L'INSTITUT , 
PROFESSBCR    À    L'ECOLE    DES    MINES    ET    AL'    COLLEGE    DE    FRANCE. 


PUBLICATION   FAITE  SOUS   LES   AUSPICES 

DU  MINISTÈRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 


PARIS. 

IMPRIMÉ  PAR  AUTORISATION  DE  SON  EXC.  LE  GARDE  DES  SCEAUX 

A  L'IMPRIMERIE  IMPÉRIALE. 


M  DCCC  LXIX. 


MA1*  1 6  1974 

'^SlTY  OF  "ï°? 


QB 
£4 


AVERTISSEMENT. 


La  stratigraphie  est  la  partie  de  la  géologie  qui  s'occupe  de 
la  description  géométrique  et  du  figuré  graphique  des  masses 
minérales.  Ces  masses  ont  très-souvent  la  forme  de  couches, 
en  latin  strata,  mot  dont  on  a  généralisé  le  sens  dans  le  mot 
stratigraphie. 

La  stratigraphie  comprend  tout  ce  qui  est  susceptible  dune 
définition  précise  dans  les  formes  et  dans  l'ajustage  des  masses 
minérales  dont  se  compose  l'écoree  terrestre.  Elle  est  sœur  de 
la  géographie,  et  elle  contient  la  quintessence  de  la  topogra- 
phie. Elle  part  des  grands  traits  orographiques  de  la  surface 
du  globe,  dont  la  détermination  a  illustré  les  plus  célèbres 
voyageurs,  et  elle  descend  aux  dernières  ramifications  des 
gîtes  métallifères,  observables  dans  les  mines  à  l'aide  d'une 
lampe  et  d'une  boussole. 

Cet  enchaînement  naturel  traçait  à  l'auteur  la  marche  à 
suivre  dans  son  travail.  Commençant  par  les  systèmes  de  mon- 
tagnes, qui  sont  les  traits  fondamentaux  de  la  configuration  ex- 
térieure du  globe,  et  par  les  systèmes  stratigraphiques ,  qui  sont 
l'expression  géométrique  de  leur  structure  intérieure,  il  a  ré- 
servé pour  la  fin  du  Rapport  la  distribution  et  la  disposition 
intérieure  des  gîtes  minéraux. 

Il  ne  pouvait  songer  à  remonter  à  la  notion  première  des 
systèmes  de  montagnes,  qui  est  devenue  élémentaire  depuis 


il  AVERTISSEMENT. 

longtemps.  Ayant  publié,  en  1 85 2,  un  ouvrage  intitulé  Notice 
sur  les  systèmes  de  montagnes,  dans  lequel  il  avait  parlé  de  tous 
les  systèmes  qui  lui  étaient  connus,  il  a  cru  devoir  se  borner  à 
reprendre  la  science  au  point  où  il  l'avait  laissée  dans  ce  tra- 
vail et  ne  s'occuper  que  des  accroissements  qu'elle  a  reçus  de- 
puis lors.  Chaque  fois  que  la  nécessité  s'en  est  fait  sentir,  il  a 
renvoyé  explicitement  le  lecteur  à  sa  précédente  publication, 
à  laquelle  il  n'a  emprunté  que  certaines  définitions  qu'il  était 
difficile  de  ne  pas  reproduire. 

Le  rapport  est  divisé  en  cinq  parties. 

La  première  est  consacrée  aux  nouveaux  systèmes  de  mon- 
tagnes, c'est-à-dire  à  ceux  qui  ont  été  découverts,  ou  mieux  for- 
mulés, depuis  i85a. 

La  seconde  partie  a  pour  objet  la  corrélation  des  directions 
des  différents  systèmes  de  montagnes.  On  y  trouve  la  définition 
du  réseau  pentagonal,  figure  qui  représente  la  loi  géométrique 
suivant  laquelle  les  positions  des  divers  systèmes  stratigraphiques 
sont  liées  les  unes  aux  autres. 

Pour  faciliter  la  lecture  de  la  suite  du  Rapport,  où  il  est 
souvent  question  du  réseau  pentagonal,  l'auteur  a  cru  devoir 
la  faire  précéder  d'une  analyse,  abrégée  et  simplifiée  autant 
que  possible,  de  ce  qui  se  rapporte  au  réseau  dans  la  Notice  sur 
les  systèmes  de  montagnes,  à  laquelle,  pour  cette  fois  seulement, 
il  ne  s'est  pas  borné  à  renvoyer. 

La  troisième  partie,  intitulée  Installation  du  réseau  pentago- 
nal sur  la  surface  du  globe  terrestre,  fait  connaître  l'existence  et 
l'origine  des  données  numériques  au  moyen  desquelles  on  peut 
aujourd'hui  tracer  le  réseau  pentagonal  avec  autant  de  facilité 
que  de  précision,  soit  sur  un  globe  terrestre  grand  ou  petit, 
soit  sur  des  cartes  géographiques  ou  topographiques  d'une 
échelle  et  d'une  projection  quelconques. 


WERTISSEMENT.  m 

La  quatrième  pahtie  du  Rapport,  qui  est  la  plus  étendue, 
s'occupe  des  relations  existantes  entre  le  réseau  pentagonal  et  les 
inégalités  de  Fécorce  terrestre.  L'auteur  y  a  fait  entrer,  dans  la 
mesure  qui  lui  a  paru  nécessaire  pour  dissiper  tous  les  doutes, 
les  résultats  des  études  auxquelles  il  n'a  pas  cessé  de  se  livrer, 
pour  constater  le  degré  de  précision  avec  lequel  le  réseau  pen- 
tagonal s'applique  aux  accidents  géologiques,  orographiques 
et  topographiques  de  la  surface  de  la  terre. 

En  étudiant  dune  manière  uniforme  le  cours  des  différents 
cercles  du  réseau,  il  a  été  conduit  à  faire  entrer  dans  son 
exposé  des  remarques  et  des  considérations  géologiques  du  ne 
nature  variée. 

La  cinquième  partie  du  Rapport  comprend  les  applications 
de  la  stratigraphie ,  représentée  par  le  réseau  pentagonal,  à  la 
topographie ,  à  la  distribution  des  substances  minérales  et  à  la  struc- 
ture intérieure  des  gîtes  métallifères.  Elle  renferme  le  précis  de 
différents  travaux  dus  aux  savants  distingués  qui  se  sont  asso- 
ciés aux  vues  de  l'auteur  et  les  ont  fécondées  par  leurs  propres 
inspirations.  Une  vaste  et  utile  carrière  semble  ouverte  aux 
travaux  de  ce  genre;  en  se  multipliant,  ils  formeront  un  en- 
semble d'études  qui  conduira  à  l'exploitation  la  mieux  enten- 
due du  globe  terrestre,  dont  toutes  les  formes,  tant  intérieures 
qu'extérieures,  sont  soumises  aux  lois  établies  par  la  strati- 
graphie. 

Paris,  le  1  6  décembre  1868. 

L.  E.  D.  B. 


RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

DE    LA    STRATIGRAPHIE 

EN   FRANCE 
DEPUIS    VINGT    ANS. 


PREMIERE  PARTIE. 

NOUVEAUX    SYSTÈMES    DE    MONTAGNES. 

L'étude  de  l'âge  relatif  des  montagnes  et  de  leur  répartition  en 
systèmes,  formés  de  chaînons  contemporains  et  parallèles  entre 
eux,  a  continué  pendant  les  vingt  dernières  années  à  fixer  l'atten- 
tion des  géologues.  D'habiles  observateurs,  français  pour  la  plupart, 
s'en  sont  occupés  dans  l'un  et  dans  l'autre  hémisphère. 

EUROPE. 

M.  Alexandre  Vézian ,  aujourd'hui  professeur  de  minéralogie  et 
de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon,  après  une  étude 
approfondie  du  sol  de  la  Catalogne,  y  a  signalé,  dans  les  environs 
de  Barcelone,  deux  systèmes  de  soulèvement  encore  inédits  qu'il 
a  désignés  sous  les  noms  de  système  du  mont  Seny  et  de  système  du 
mont  Sen^at l . 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  sciences,  I.  \LFll, 
p.  753,  20  octobre  1 856. 

Stratigraphie.  •  1 


S  R VPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Le  système  du  mont  Serrât  est  celui  dont  l'empreinte  dans  les  en- 
virons de  Barcelone  est  la  plus  nette.  Son  influence  est  considé- 
rable sur  la  stratigraphie  proprement  dite  de  cette  contrée,  c'est- 
à-dire  sur  la  direction  des  couches  redressées,  ainsi  que  sur  la 
constitution  topographique.  Il  se  compose  d'accidents  stratigra- 
phiques,  dirigés,  près  de  Barcelone,  vers  le  N.  /i2°0.,  et  qui  com- 
prennent en  particulier  la  célèbre  montagne  du  Mont  Serrât.  Ces 
accidents  sont  postérieurs  aux  terrains  nummulitique  et  miocène 
qu'ils  ont  soulevés.  Ils  correspondent  chronologiquement  à  l'inter- 
valle des  deux  étages  dont  se  compose,  d'après  M.  Vézian,  le  terrain 
pliocène  dans  le  bassin  de  la  Méditerranée.  Par  son  âge  et  par  sa 
direction,  le  système  du  mont  Serrât  se  placerait  ainsi  entre  les  deux 
systèmes  des  Alpes  occidentales  et  des  Alpes  principales  :  sa  direction 
partage  en  deux  parties  presque  égales  l'angle  obtus  de  i3s  degrés 
formé  par  les  directions  de  ces  deux  derniers  systèmes  transportées 
à  Barcelone. 

Le  système  du  mont  Seny  n'est  représenté,  aux  environs  de  Bar- 
celone, que  par  une  seule  ligne  stratigraphique;  mais  cette  ligne 
est  remarquable  par  son  vaste  développement.  Elle  se  prolonge 
sans  solution  de  continuité  depuis  Castell  de  Tels,  à  12  kilomètres 
sud-ouest  de  Barcelone,  jusqu'au  massif  granitique  du  mont  Seny, 
qui  s'élève  sur  la  rive  droite  du  Ter,  à  une  hauteur  de  près  de 
1,700  mètres.  Cette  ligne  ne  quitte  pas  les  terrains  granitiques  et 
schisteux.  Son  orientation  est  au  N.  34° E.  Elle  est  loin  de  consti- 
tuer un  accident  local.  Sa  direction  prolongée,  qui  peut  être  adop- 
tée  comme  grand  cercle  de  comparaison  provisoire1  de  tout  le  sys- 
li'iiic  passe  par  les  îles  Columbrètes,  qui  forment  sans  doute,  dit 
M.  Vozian,  le  point  culminant  d'une  chaîne  sous-marine  placée  sur 
son  prolongement  Elle  coïncide  avec  le  littoral  de  l'Espagne  de- 
puis Dénia  jusqu'à  Carthagène,  et  conserve  un  parallélisme  assez 

1  Voyez,  pour  le  sens  de  cette  exprès-        897  et  autres  indiquées  dans  la  table  des 
simi ,    la  Notice  sur  les  systèiitcs  de  mon-        matières  de  l'ouvrage. 
.  par  M.  E lie  de  Beaumont,  p.  19, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  3 

marqué  avec  toute  la  côte  ibérique,  depuis  Tarragoue  jusqu'au 
cap  de  Gates. 

Le  soulèvement  de  ce  système  est  antérieur  au  terrain  nummuli- 
tique  et  se  place  probablement  entre  les  terrains  liassique  et  ooli- 
thique,  ce  qui  est  enharmonie,  comme  le  remarque  M.  Vézian, 
avec  la  circonstance  que  sa  direction  coupe  perpendiculairement 
celle  du  système  du  Thiïringerwald. 

M.  Alexandre  Vézian,  qui  s'est  beaucoup  occupé  de  la  mise  en 
évidence  des  systèmes  de  montagnes,  à  laquelle  il  a  appliqué  des 
procédés  cartographiques  ingénieux,  a  signalé  en  France  même 
plusieurs  systèmes  nouveaux ,  tels  que  : 

Le  système  du  mont  Ventoux  ou  du  littoral  du  Languedoc1,  orienté  à 
Montpellier  de  l'O.  36°S.  à  l'E.  36° N.,  qui  se  serait  produit,  d'après 
M.  Vézian ,  entre  le  dépôt  du  diluvium  alpin  et  celui  des  alluvions 
modernes,  et  qui  par  conséquent  serait  plus  récent  que  le  système 
des  Alpes  principales,  mais  plus  ancien  que  le  système  de  l'axe 
volcanique  de  la  Méditerranée  ; 

Le  système  de  la  vallée  du  Doubs  et  de  l'Alpede  laSouabe'2,  dirigé  à 
Besançon  E.  3o°  3o'  N.,  qui  se  serait  produit  entre  le  dépôt  de 
l'oolithe  inférieure  et  celui  du  terrain  oxfordien,  mais  au  sujet  du- 
quel on  a  remarqué  que  son  orientation  ne  diffère  que  de  i°  10' 
de  celle  du  système  du  Hundsriick,  dont  il  pourrait  n'être  qu'une 
reproduction  ; 

Le  système  de  la  Margeride,  orienté  dans  les  Cévennes  N.  33° 
1 5'  îh"  0.  et  le  système  des  Vosges,  orienté  dans  les  Vosges  N.  i  5°E.  ; 
systèmes  dont  les  directions  seraient  respectivement  perpendicu- 
laires à  celles  des  systèmes  du  Hundsriick  et  des  Ballons 3. 

Ces  indications  et  plusieurs  autres,  que  M.  Vézian  n'a  données 
d'abord  que  d'une  manière  très-sommaire,  sont  reproduites  avec 

1   Comptes   rendus    hebdomadaires    des  ~  Comptes  rendus ,  t.  XLVIII,  p.  107, 

séances     de     l'Académie     des     sciences,  séance  du  10  janvier  1859. 
t.  XLIV,  p.  139,  séance  du  26  janvier  3  Comptes  rendus,  t.  L,  p.  89,  séance 

1857.  du  9  janvier  1860. 


!i  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

plus  de  détails  dans  l'ouvrage  que  le  savant  professeur  a  publié  en 
trois  volumes,  de  1 863  à  1  867,  sous  le  titre  de  Prodrome  de  Géologie. 

M.  Elie  de  Beaumont,  dans  un  travail  qu'il  a  exécuté  et  publié 
avec  M.  de  Chancourtois  sur  les  accidents  stratigraphiques  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Marne  ',  a  fait  connaître  un  système  stratigra- 
phique  qui  lui  avait  échappé  jusqu'alors,  celui  d'un  groupe  de  failles 
dans  la  Haute-Marne,  qu'il  a  désigné  aussi  (par  des  raisons  qui  trou- 
veront leur  place  plus  loin)  sous  la  dénomination  d'homologue  du 
Sancerrois  (Hccla).  L'orientation  de  ce  système,  dont  la  date,  pro- 
bablement récente,  n'est  pas  encore  complètement  déterminée,  est 
à  Buxières-lez-Bclmont  (Haute-Marne)  S.  3i°i5'  E.,  IN.  3i°i5'  0. 

M.  le  comte  de  Villeneuve-Flayosc,  ingénieur  en  chef  des  mines, 
a  publié  en  1 856  une  carte  géologique  du  département  du  Var, 
accompagnée  d'un  volume  de  texte  intitulé  Description  minéralo- 
gique  et  géologique  du  Var.  Dans  cet  important  ouvrage,  où  la  cons- 
titution géologique  du  département  du  Var,  et  même  de  la  Pro- 
vence en  général,  est  envisagée  sous  toutes  ses  faces  et  dans  ses 
rapports  avec  celle  des  contrées  voisines,  M.  de  Villeneuve  si- 
gnale un  certain  nombre  de  lignes  de  dislocation  et  d'accidents 
orographiques  qui  ne  se  rapportent  à  aucun  des  systèmes  de 
montagnes  reconnus  jusqu'à  présent,  et  qui  pourraient  devenir  les 
premiers  linéaments  de  systèmes  nouveaux.  L'auteur  spécifie  même 
sous  des  noms  particuliers  neuf  de  ces  systèmes,  mais  il  ne  for- 
mule peut-être  pas  encore  ces  indications  d'une  manière  assez 
précise  pour  que  les  systèmes  dont  il  s'agit  puissent  être  enregis- 
trés ici  concurremment  avec  les  systèmes  de  montagnes  complète- 
ment définis. 

M.  Durocber,  ingénieur  des  mines,  correspondant  de  l'Institut, 
professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Rennes,  qu'une  mort  prématurée  a  ravi  à  la  science  au  milieu 
de  ses  travaux  les  plus  actifs,  avait  présenté  à  l'Académie,  le  10  juin 

Comptée  rendus,  1.  LV,  p.  76,  n3  et  168,  séances  des  1/1,  91  et  s>8  juillet 
1862. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  5 

i85o,  un  mémoire  où  il  faisait  connaître  les  systèmes  de  mon- 
tagnes que  ses  observations  dans  la  Scandinavie  l'avaient  conduit 
à  établir.  L'année  suivante,  il  avait,  présenté  un  nouveau  mémoire 
intitulé  Observations  sur  les  systèmes  de  soulèvement  de  la  France  occi- 
dentale et  des  Pyrénées1,  et  il  est  encore  revenu  sur  ce  sujet  clans  un 
travail  subséquent  intitulé  Etudes  sur  l'orographie  et  la  géologie  de  la 
Norvège,  de  la  Suède  et  de  la  Finlande2. 

Sur  la  Carte  jointe  à  mon  mémoire,  j'ai  indiqué,  dit  M.  Duro- 
cher  ce  les  principaux  systèmes  de  dislocation  qui  ont  redressé  les 
terrains  azoïques  et  paléologiques  et  qui  ont  produit  la  configura- 
tion des  contrées  Scandinaves.  J'ai  reconnu  les  traces  de  plusieurs 
des  systèmes  qu'a  fondés  M.  Elie  de  Beaumont,  et  j'ai  été  conduit 
par  mes  observations  stratigraphiques  et  l'examen  des  accidents  oro- 
graphiques à  créer  plusieurs  nouveaux  systèmes *  Les  douze 

systèmes  de  M.  Durocher,  neuf  pour  la  Scandinavie  et  trois  pour 
la  France  occidentale,  ont  été  énumérés  par  M.  Elie  de  Beaumont 
dans  sa  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  publiée  en  1 862.  II  serait 
inutile  de  les  récapituler  ici  :  on  se  bornera  à  exprimer  le  regret 
que  M.  Durocher  n'ait  pas  ajouté  à  la  suite  de  son  travail  de  1 856 
certains  compléments  auxquels  sa  mort,  survenue  peu  de  temps 
après,  l'a  empêché  de  revenir,  et  auxquels  on  ne  saurait  suppléer 
aujourd'hui  sans  un  assez  long  travail,  dont  on  ne  pourra  peut- 
être  pas  même  retrouver  les  éléments. 

M.  Victor  Raulin,  professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  auquel  on  devait  déjà  l'éiablis- 
sement  du  système  du  Sanceirois*,  ayant  été  chargé,  en  18/1 5, 
d'une  mission  scientifique  dans  l'ile  de  Crète  (Candie),  y  a  re- 
cueilli les  éléments  d'un  important  ouvrage,  accompagné  d'une 
carte  géologique  rectifiée,  pour  le  contour  des  côtes,  d'après  la 

1  Comptes  rendus ,  t.  XXXIII ,  p.  t6i,  3  Voir  la   Notice  sur  les  systèmes  de 
séance  du  11  août  1861.  montagnes,   par   M.   Elie  de   Beaumont, 

2  Comptes  rendus,  t.  XLI1I,  p.  iti4,  p.  523  et  suiv. 
séance  du  i5  décembre  i856. 


6  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

triangulation  intérieure,  exécutée  par  lui-même.  Après  l'achève- 
ment de  ce  grand  travail,  M.  Raulin  a  présenté  à  l'Académie  des 
sciences  une  notice  sur  les  différentes  révolutions  de  la  surface  du  globe 
qui  ont  façonné  le  relief  de  l'île  de  Crète  \  et  il  la  termine  par  les 
lignes  suivantes  :  «En  résumé,  il  semble  bien  probable  que  c'est 
aux  systèmes  des  Pyrénées  ou  achaïque  et  du  Sancerrois  ou  de  l'Ery- 
manthe,  que  la  Crète  doit  les  traits  principaux  de  son  relief,  les 
extrémités  surtout  ayant  été  façonnées  par  d'autres  systèmes,  peut- 
être  ceux  de  la  Corse  et  du  Vercors.  Le  système  des  Alpes  principales 
ou  argolique,  enfin,  aurait  occasionné  une  dernière  élévation  en 
masse ,  qui  a  donné  à  l'île  son  unité  (mais  en  empruntant  la  direc- 
tion du  système  du  Tatra,  du  Rilo  dagh,  de  l'Hœmus,  plus  ancien  que 
les  assises  tertiaires  qui  constituent  les  parties  plates  de  l'île),  n 
M.  Raulin  signale  aussi  dans  les  montagnes  de  la  Crète  de  pro- 
fondes fissures  dans  la  direction  du  système  du  Ténare. 

AFRIQUE. 

Ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes , 
le  rôle  que  jouent  dans  la  structure  du  sol  de  l'Afrique  septen- 
trionale les  systèmes  de  montagnes  les  plus  fortement  prononcés 
dans  le  midi  de  l'Europe  avait  été  esquissé  au  moment  même  où 
l'armée  française  faisait  la  conquête  de  l'Algérie.  Peu  d'années 
après,  M.  Puillon-Boblaye ,  comme  ingénieur  géographe,  et  surtout 
M.  Ëmilien  Renou,  comme  membre  de  la  Commission  scientifique 
de  l'Algérie,  avaient  perfectionné  ces  premiers  essais  et  assigné 
aux  systèmes  des  Pyrénées,  des  Alpes  occidentales,  des  Alpes  prin- 
cipales, le  rôle  qui  leur  a  appartenu  dans  la  formation  du  relief 
algérien. 

Mais  ces  importants  travaux,  dont  le  plus  récent  remonte  à 
l'année  1 838,  avaient  été  entravés  par  l'état  alors  précaire  de  notre 

Compte*  rendue,  I.  LU,  p.  Gç)0.  séance  du  8  avril  t8(h. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  7 

domination  dans  la  contrée,  qui  interdisait  encore  aux  explorateurs 
l'accès  d'un  grand  nombre  de  localités  et  ne  leur  permettait  de 
parcourir  la  plupart  des  autres  que  d'une  manière  rapide,  à  la  suite 
des  colonnes  expéditionnaires.  Il  restait  donc  encore  beaucoup  à 
faire  aux  ingénieurs  et  aux  gardes-mines  qui  seraient  chargés  de 
dresser  plus  tard  des  cartes  géologiques  des  différentes  subdivisions 
de  nos  possessions  africaines. 

M.  A.  Pomel,  connu  déjà  par  des  travaux  d'un  mérite  distingué 
Mir  lostéologie  et  les  gisements  des  animaux  fossiles  de  France, 
s'est  fixé  depuis  quinze  ans  en  Algérie,  d'abord  comme  l'un  des  di- 
recteurs des  mines  de  plomb  de  Gar-Rouban,  sur  la  frontière  du 
Maroc,  et  ensuite  comme  garde-mines  attaché  alternativement  à 
l'exploration  géologique  des  provinces  d'Alger  et  d'Oran. 

A  portée  d'approfondir  des  détails  que  ses  devanciers  n'avaient 
pu  qu'effleurer,  M.  Pomel  a  signalé  en  Algérie  la  présence  d'un 
certain  nombre  de  systèmes  de  montagnes  qui  n'avaient  pas  été 
aperçus  avant  lui ,  et  dont  plusieurs  même  sont  nouveaux  et  n'avaient 
été  signalés  nulle  part.  Il  en  a  donné  un  exemple  remarquable  dans 
une  notice  qu'il  a  adressée  à  l'Académie  des  sciences  sur  le  pays 
des  Deni-Bou-Saïd,  près  de  la  frontière  du  Maroc1.  L'auteur  a  re- 
connu dans  les  schistes  anciens  des  traces  plus  ou  moins  développe  es 
des  systèmes  du  Finistère,  du  Morbihan,  du  Hundsriick,  du  nord 
de  l'Angleterre,  du  Rhin,  du  Thùriugerwald,  de  la  Côte-d'Or,  du 
mont  Viso,  des  Pyrénées,  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  des 
Alpes  occidentales  et  de  la  chaîne  principale  des  Alpes.  Dans  une 
première  l\ote  sur  la  constitution  géologique  de  quelques  parties  de  la 
province  d'Oran'2,  il  y  avait  déjà  signalé  des  évents  éruptifs  dans  un 
terrain  gypseux.  La  date  de  ces  phénomènes  ne  peut  remonter, 
disait-il,  à  une  époque  bien  ancienne;  elle  est  postérieure  évidem- 
ment à  celle  des  dislocations  du  système  des  Alpes  principales;  elle 
ne    peut  concorder  qu'avec  celles  de  l'apparition  du  système  du 

1  Comptes    rendus,    t.    XL.    p.   88a,  *  Comptes  rendus,  t.  \\\\  lit.  p.  836, 

séance  du  i(i  avril  i855.  séance  du  8  mai  1 854. 


8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ténor*  ou  de  Xaxe  volcanique  méditerranéen.  Plus  tard,  dans  une 
nouvelle  série  d'Observations  sur  la  structure  géologique  de  VAlgérie\ 
M.  Pomel  signalait  aux  environs  des  mines  de  Gar-Rouban  le  sys- 
tème du  Forez,  déjà  reconnu  dans  le  Maroc  par  M.  Coquand,  et 
aux  environs  de  Milianali  (province  d'Alger)  les  systèmes  du  mont 
Viso,  du  Tatra,  des  Alpes  occidentales,  des  Alpes  principales,  et  un 
système  particulier  postérieur  aux  mollasses,  qu'il  a  nommé  plus 
tard  système  de  ÏÉrymanthe  et  du  Mermoucha. 

C'était  confirmer  d'une  manière  péremptoire  les  premiers 
aperçus  d'après  lesquels  on  avait  cherché  dès  l'abord,  dans  l'action 
des  forces  qui  avaient  produit  les  systèmes  de  montagnes  euro- 
péens, l'explication  des  formes  si  fortement  accentuées  des  reliefs 
algériens.  Mais  M.  Poniel  ne  s'en  est  pas  tenu  là,  car  les  observa- 
tions qu'il  a  faites  en  Algérie  sur  les  prolongations  des  systèmes 
européens  ont  complété  la  détermination  encore  incertaine  de  l'âge 
relatif  de  quelques-uns  de  ceux-ci,  notamment  pour  le  système  du 
Vercors. 

M.  Poniel  avait  retrouvé  en  Algérie  le  système  du  Vercors,  ca- 
ractérisé d'une  manière  très-précise  par  sa  direction;  mais,  en 
France,  l'âge  relatif  du  système  du  Vercors  était  resté  en  partie 
indéterminé.  On  savait  seulement  qu'il  était  plus  récent  que  le 
terrain  crétacé  inférieur2.  M.  Pomel,  en  réunissant  ses  observations 
en  Algérie  aux  observations  faites  en  Europe ,  est  arrivé  à  un  nou- 
veau mode  de  division  de  l'étage  miocène  des  terrains  tertiaires, 
et  a  trouvé  que  le  système  du  Vercors  correspond  à  l'une  des  sub- 
divisions qu'il  a  établies. 

M.  Elie  de  Beaumont,  dans  sa  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes, 
avait  réuni  le  système  de  VEnjmavtihe,  établi  en  Grèce  par  MM.  Bo- 
blaye  et  Virlet,  au  système  du  Sancerrois,  établi  en  France  par  M.  Vic- 
tor Raulin,  et  il  avait  adopté  un  système  de  ÏErymanthe  et  du  Sancer- 
rois3. M.  Pomel  a  découvert  en  Algérie  un  système  nouveau  et 

1  Comptes  rendus,  t.  XL1II .  p.   880,  2  Notice   sur   les  systèmes  de  monta- 

•ëmee  du  3  novembre  i856.  gnes,  p.  53 1 .  —  s  Ibid.  p.  520. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  9 

très-développé  dont  l'empreinte  est,  dit-il,  fortement  accentuée 
dans  le  mont  Mermoucha,  près  de  Milianah,  et  il  a  reconnu  l'op- 
portunité d'y  réunir  le  système  de  l'Érymanthe.  Il  a  constitué 
ainsi  le  système  de  l'Erymanthe  et  du  Mermoucha,  système  très- 
bien  caractérisé,  dont  il  a  trouvé  la  date  dans  la  série  des  dépôts 
miocènes. 

Dans  quatre  notices  adressées  par  lui  à  l'Académie  sur  les  soulè- 
vements du  massif  de  Milianah  ',  M.  Pomel  classe  dans  l'ordre  sui- 
vant les  systèmes  qui  s'y  observent  : 

Système  du  mont  liso; 

Système  des  Pyrénées  ; 

Système  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  immédiatement  antérieur 
au  dépôt  du  grès  de  Fontainebleau  ; 

Système  du  Tatra,  immédiatement  antérieur  au  terrain  cartenien. 
qui  serait,  d'après  If,  Pomel,  la  base  de  l'étage  miocène; 

Système  du  Vercors,  immédiatement  antérieur  aux  mollasses  ma- 
rines ; 

Système  de  ïErymanthe  et  du  Mermoucha,  immédiatement  anté- 
rieur au  terrain  saliélien ,  dernier  dépôt  de  l'étage  miocène. 

Le  système  du  Sancerrois ,  qui  est  cependant  très-bien  caractérisé, 
n'a  pas  de  place  distincte  dans  cette  série ,  ce  qui  paraît  laisser  en- 
core un  desideratum  dans  l'important  et  consciencieux  travail  de 
l'auteur. 

Subséquemment,  dans  un  mémoire  sur  quelques-unes  des  révo- 
lutions du  globe  qui  on  t  construit  les  reliefs  de  l'Algérie-,  M.  Pomel  a 
complété  cette  série  de  la  manière  suivante  : 

Système  des  Alpes  occidentales,  postérieur  au  terrain  saliélien  et 
antérieur  au  terrain  subapennin; 

Système  du  Nador.  Par  son  âge,  comme  par  la  direction  que 
M.  Pomel  lui  assigne,  ce  système  se  rapproche  beaucoup  du  système 

1  Comptes  rendus  de  Y Académie  des  bre.  -2 y  novembre  et  1 3  décembre  1 858. 
sciences,  t.  XLVII.  p.  900.  /179,  802  et  2  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  992, 

969.  séances  des  19  juillet,  'jo  septem-        séance  du  2 3  mai  1809. 


10  RAPPORT   SUR   LES  PROGRÈS 

du  mont  Seirat  de  M.  Vézian,  déjà  indiqué  précédemment.  Peut-être 
doit-on  le  rapprocher  d'un  système  de  rides  dirigé  N.  3o°  0.  envi- 
ron, indiqué  par  M.  Renou  entre  Medeah  et  Saïda,  et  d'un  système 
de  dislocations  signalé  par  M.  Le  Play  sur  les  confins  de  l'Estra- 
madure  et  du  Portugal1.  Il  y  a  là  aussi  matière  à  des  rapproche- 
ments d'âge  et  de  direction  avec  le  système  des  Açores,  mais  la 
distance  transversale  est  bien  grande! 

Système  des  Alpes  principales ,  antérieur  au  terrain  de  transport  et 
aux  dépôts  marins  côtiers; 

Système  de  VEbre  (?),  antérieur  aux  dépôts  marins  côtiers  à  Elephas 
meridionalis  et  au  terrain  des  sebhas; 

Système  du  Ténare  et  de  Vaxe  volcanique  de  la  Méditerranée,  antérieur 
aux  alluvions  de  grandes  plaines  et  aux  alluvions  modernes. 

Les  hardis  voyageurs  qui,  au  milieu  de  tant  de  dangers,  ont 
exploré  les  contrées  inhospitalières  de  l'intérieur  de  l'Afrique,  n'ont 
fourni  jusqu'à  présent  aucune  donnée  précise  sur  la  décomposi- 
tion en  systèmes  des  montagnes  qui  s'y  élèvent.  Il  faut  aller  jusqu'à 
Madagascar  pour  retrouver  des  notions  de  ce  genre. 

On  les  doit  à  M.  Edouard  Guillemin,  qui,  dans  un  voyage  d'ex- 
ploration entrepris  pendant  l'année  1 863,  a  parcouru  les  côtes  nord- 
est  et  nord-ouest  de  Madagascar  et  observé  la  direction  des  prin- 
cipaux soulèvements  du  nord  de  cette  grande  île. 

En  rangeant  ces  directions  dans  l'ordre  d'ancienneté  des  soulè- 
vements, on  a,  dit  M.  Guillemin2  : 

i°  Système  du  Morbihan.  Granités  anciens  de  la  presqu'île  d'An- 
tongil,  dirigés  N.  33°  0.  Us  appartiennent  au  système  du  Morbihan, 
dont  la  direction  prolongée  traverse  ces  parages  avec  cette  même 
orientation. 

2°  Systètne  des  Ballons?  limite  du  terrain  houiller.  La  limite  du 
bassin  houiller  de  la  côte  nord-ouest  est  dirigée  N.  Ii6°  3o'  0. 

Voyages  m  Espagne,  Annules  des  âagascar,  Comptes  rendus  de  ï Académie 
'tunes,  .;•  série,  t.  IV  (i 834).  des  sciences,  t.  XLIX,  p.  99.'),  séance  du 

a  Etudes  sur  les  soulèvements  de  Ma  i  •>  décembre  186/i. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  11 

Cette  direction  coïncide  presque  exactement  avec  celle  du  système 
des  Ballons  transportée  dans  les  parages  de  Madagascar;  mais  il  est 
à  remarquer  que  la  direction  prolongée  du  système  des  Ballons 
passe  à  une  grande  distance  au  nord,  à  3o  degrés  environ,  de 
Madagascar. 

3°  Système  central  de  Madagascar.  Le  soulèvement  central  (axe 
de  Madagascar),  à  en  juger  par  les  chaînes  parallèles  situées  près 
de  la  côte  est,  et  par  l'île  Sainte-Marie,  serait  dirigé  IN.  2/i°3o'  E. 
Le  soulèvement  central  est  celui  qui  a  joué  le  plus  grand  rôle  dans 
l'orographie  générale  du  pays.  L'ensemble  des  chaînes  qu'il  a  pro- 
duites se  prolonge  vers  le  sud  jusqu'à  l'extrémité  de  l'île.  Il  est 
parallèle  aux  montagnes  de  la  côte  orientale  de  l'Afrique  et  à  la 
direction  générale  du  canal  de  Mozambique.  La  masse  soulevante 
est  granitique.  Les  basaltes  se  sont  fait  jour  en  grandes  masses  et 
postérieurement  par  les  dislocations  de  ce  système. 

h°  Système  des  granités  et  des  poiyhyres,  en  relation  avec  les  pé- 
trosilex  et  les  quartzites,  dirigé  N.  3°  0. 

5°  Système  des  dioriles.  Le  système  dioritique  de  la  Réunion  et  des 
Comores,  qui  traverse  Madagascar,  en  y  laissant  des  accidents  oro- 
graphiques et  topographiques  assez  tranchés,  est  dirigé  N.  k&  à  k(fO. 

6°  Système  de  l'axe  basaltique  de  la  côte  nord-ouest,  dirigé  N.  h  2° 
3o'  E.  Il  se  jalonne  sur  plus  de  200  kilomètres  de  longueur. 

70  Système  de  Taxe  basaltique  de  la  côte  nord-est,  formé  par  une 
série  de  chaînons  parallèles  affectant  la  direction  N.  ik°  0. 

AMÉRIQUE. 

Sous  le  rapport  de  la  répartition  des  montagnes  en  systèmes  d'âges 
différents,  le  nouveau  monde  est  soumis  aux  mêmes  lois  que  l'an- 
cien, et  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  lait  connaître  les  nom- 
breux essais  déjà  faits  il  y  a  quinze  ans  pour  leur  classification.  L'au- 
teur de  la  Notice  avait  même  signalé  dans  l'Amérique  du  Nord  la 
prolongation  de  trois  des  principaux  systèmes  de  l'Europe. 


12  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

M.  Jules  Marcou,  après  avoir  explore  une  partie  considérable  de 
ce  continent,  qu'il  a  traversé  d'un  océan  à  l'autre,  a  repris  ce  sujet 
dans  son  ensemble  dans  un  mémoire  intitulé  Esquisse  d'une  classifi- 
cation des  montagnes  d'une  partie  de  l'Amérique  du  Nord,  qu'il  a  présenté 
à  l'Académe  des  Sciences l. 

<r  Essayer  de  classer  géologiquement,  c'est-à-dire  d'après  leur 
ordre  chronologique,  les  différentes  chaînes  de  montagnes  qui  se 
trouvent  aux  États-Unis  et  dans  les  provinces  anglaises  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  est  un  travail  qui,  actuellement,  dit  M.  Marcou,  ne 
peut  être  que  provisoire,  vu  le  petit  nombre  des  observations  et 
l'immense  étendue  de  pays  que  comprend  cette  partie  du  nouveau 
monde.  Dans  l'Europe  occidentale,  M.  Elie  de  Beaumont  a  reconnu 
et  classé  vingt  et  un  systèmes  de  chaînes  de  montagnes,  et,  de  plus, 
ce  savant  a  prolongé  plusieurs  de  ces  systèmes  dans  les  autres  par- 
ties du  monde.  Deux  de  ces  prolongements  coïncident  de  la  manière 
la  plus  complète  avec  deux  systèmes  de  montagnes  qui  se  trouvent 
dans  la  partie  de  l'Amérique  du  Nord  embrassée  dans  cette  Es- 
quisse :  l'un,  désigné  sous  le  nom  de  système  des  Ballons  et  des  Col- 
lines du  Bocage  et  qui  a  disloqué  les  couches  de  terrain  carboni- 
fère dans  la  Bretagne,  le  Westmoreland,  les  Vosges  et  les  montagnes 
du  Hartz,  coïncide  exactement  avec  le  système  des  Alleghanys,  qui  a 
redressé  aux  Etats-Unis  les  couches  carbonifères  des  États  de  Pen- 
sylvanie,  Maryland,  Virginie,  Kentucky,  Tennessee,  etc.;  l'autre, 
connu  sous  le  nom  de  système  du  Thiiringerwald  et  du  Morvan,  pro- 
longé en  Amérique,  se  trouve  y  coïncider  en  tout  avec  le  système  de 
la  pointe  Keewenah  et  du  cap  Blomidon. 

cr  En  m'appuyant  sur  les  méthodes  inventées  et  exposées  parM.  Élie 
de  Beaumont  dans  son  dernier  ouvrage  intitulé  Notice  sur  les  thèmes 
de  montagnes,  cl  en  me  servant  de  quelques  excellentes  observations 
faites  par  MM.  Jackson  et  Hitchcock  sur  les  directions  des  roches 
brisées  et  redressées  de  la  Nouvelle- Angleterre,  de  la  Nouvelle 

Comptes  vendus,  I.  \\\l\    |>.  i  19-    sranee  du  o T»  décembre  18M. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  13 

Ecosse  et  du  lac  Supérieur,  je  suis  parvenu,  dit  M.  Marcou,  à  re- 
connaître treize  systèmes  de  chaînes  de  montagnes  dans  une  partie 
de  l'Amérique  du  Nord.  En  déduisant  de  ce  nombre  les  deux  sys- 
tèmes que  M.  Elie  de  Beaumont  a  reconnus  antérieurement  pour 
la  prolongation  de  deux  de  ses  systèmes  de  l'Europe  occidentale, 
il  me  reste  onze  systèmes  de  montagnes  que  je  viens  ajouter  à  ce 
que  nous  connaissions  sur  cette  période  de  la  géologie.  Cependant, 
je  le  répète,  cette  classification  n'est  que  provisoire,  et  je  la  donne 
sous  toutes  réserves,  vu  le  petit  nombre,  la  difficulté  et  l'insuffi- 
sance des  observations,  v 

I.  Système  des  montagnes  Laurenlines,  dirigé  E.  5°  N.-O.  5°  S.  Ce 
système  correspond  à  la  discordance  de  stratification  reconnue  au 
Canada  par  sir  William  Logan  entre  les  schistes  cristallins  anciens 
et  le  terrain  silurien,  et  au  système  du  lac  Supérieur  de  MM.  For- 
ster  et  Whitney.  Ce  sont  les  dislocations  les  plus  anciennes  que 
M.  J.  Marcou  ait  observées  dans  l'Amérique  du  Nord.  Elles  sont 
antérieures  au  dépôt  des  couches  les  plus  anciennes  du  terrain  silu- 
rien inférieur. 

II.  Système  des  Deux- Montagnes  et  de  Montmorency,  dirigé  E.  ko° 
N.-O.  &o°S.  Ce  système  a  été  produit  à  la  fin  du  dépôt  des  couches 
du  terrain  silurien  inférieur. 

III.  Système  de  Montréal,  dirigé  E.-O.  Ce  système  est  postérieur 
au  groupe  des  couches  siluriennes  de  Trenton. 

IV.  Système  des  monts  Noire-Dame,  dirigé  à  Gaspé  E.  2O°N.-0. 
2  0°  S.  Soupçonné  par  M.  Rogers,  indiqué  par  sir  William  Logan, 
il  avait  déjà  été  reconnu  par  MM.  Forster  et  Whitney,  qui  l'ont 
nommé  système  de  l'île  Royale,  et  il  paraît  être  le  prolongement 
en  Amérique  du  système  du  Morbihan. 

V.  Système  des  montagnes  Vertes  ou  système  méridien  de  la  Nouvelle- 
Angleterre,  dirigé  N.  70  E.-S.  70  0.  Ce  système  a  été  produit  immé- 
diatement après  le  dépôt  du  terrain  silurien  supérieur. 

VI.  Système  des  monts  Catskill,  dirigé  E.  i5°S.-0.  i5°N.  comme 
les  systèmes  n05  3  et  6  de  M.  Hitchcock.  Ce  système  a  été  produit 


1/,  |{ APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

postérieurement  à  la  période  dévonienne  et  au  dépôt  de  Yold  red 

tmditom. 

VII.  Système  des  Alleganhys  et  des  monts  Ozarks,  dirigé  N.  E.-S. 
0.  Il  est  postérieur  à  la  formation  des  anthracites  et  des  houil- 
les, et  paraît  être  le  prolongement  en  Amérique  du  système  des 
Ballons. 

VIII.  Système  de  la  pointe  Keewenah  et  du  cap  Blomidon,  dirigé 
E.  35°N.-0.  35°  S.  Il  est  postérieur  au  dépôt  de  la  partie  inférieure 
du  trias  de  l'Amérique  du  Nord  :  c'est  peut-être  le  prolongement 
en  Amérique  du  système  du  Thûringerwald. 

IX.  Système  de  la  sierra  de  Mogoyon  ou  Blanca,  près  des  sources 
du  Rio-Gila  et  du  Rio-Brieta,  dirigé  N.  6o°  O.-S.  6o°E.  Il  a  été  pro- 
duit après  le  dépôt  de  la  partie  supérieure  du  trias  de  l'Amérique 
du  Nord. 

X.  Syslètne  des  montagnes  Rocheuses  et  de  la  sierra  Madré.  Proba- 
blement postérieur  aux  terrains  crétacés  de  la  vallée  du  Mississipi. 

XI.  Système  du  coasl  rouge  de  Californie,  dirigé  à  peu  près 
N.  N.  O.-S.  S.  E. 

XII.  Système  de  la  sierra  Nevada,  dirigé  N.-S.  Il  a  été  produit 
longtemps  après  la  période  éocène,  et  cependant  avant  la  période 
quaternaire. 

XIII.  Système  de  la  sierra  de  San-Francisco  et  du  mont  Taylor.  Il  se 
compose  de  deux  bandes  volcaniques  dirigées  à  peu  près  E.-O. 
et  N.-S.  Elles  ont  été  produites  à  la  fin  de  la  période  quaternaire, 
probablement  en  même  temps  et  suivant  les  directions  de  dislo- 
cations préexistantes. 

M.  .1.  Durocher,  déjà  bien  connu  par  les  explorations  géologi- 
ques (|iul  avait  faites  dans  le  nord  de  l'Europe  et  dans  plusieurs 
parties  de  la  France ,  fut  appelé,  en  1 855,  à  étudier  le  sol  de  l'État 
de  Nicaragua,  dans  l'Amérique  centrale.  Son  travail  devait  servir 
de  base  au  projet  du  canal  de  navigation  maritime  qu'il  était  ques- 
tion alors  d'établir  entre  les  deux  océans.  Pacifique  et  Atlantique, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         15 

en  prenant  pour  bief  de  partage  la  magnifique  nappe  d'eau  inté- 
rieure du  lac  de  Nicaragua. 

Peu  de  temps  après  son  retour,  M.  Durocher  présenta  à  l'Aca- 
démie des  sciences  un  premier  mémoire  intitulé  Etudes  sur  l'oro- 
graphie et  la  géologie  de  l'Amérique  centrale  l. 

Dans  ce  résumé  des  résultats  jd'une  étude  qui  avait  duré  plu- 
sieurs mois,  M.  Durocher  trace  en  traits  généraux,  mais  avec  la 
précision  et  la  lucidité  qui  lui  étaient  propres,  le  tableau  de  toute 
l'Amérique  centrale,  depuis  le  golfe  de  Tehuantepec  jusqu'au  golfe 
de  Darien ,  et  il  termine  en  disant  : 

rrDans  une  autre  communication,  je  ferai  connaître  les  systèmes 
de  montagnes  qui  ont  marqué  leur  empreinte  sur  le  sol  de  l'Amé- 
rique centrale. v 

Cette  seconde  communication,  qui  ne  se  fit  pas  longtemps  at- 
tendre, était  intitulée  Recherches  sur  les  systèmes  des  montagnes  de 
l'Amérique  ce?itrale  2. 

M.  Durocher  y  résout  la  structure  orographique  et  géologique 
de  l'Amérique  centrale  en  quatre  systèmes,  savoir: 

i°  Système  longitudinal  de  l'Amérique  centrale.  Ce  système  croise 
sous  un  angle  de  55°  à  l'O.  le  90e  méridien  de  longitude  occiden- 
tale, ou,  en  d'autres  termes,  il  se  dirige,  sous  cette  longitude,  de 
l'O.  35°  N.  à  l'E.  35°  S. 

On  en  reconnaît  l'empreinte  dans  la  disposition  de  la  côte  occi- 
dentale, ainsi  que  dans  l'orientation  de  la  Cordillère  centrale  ou 
sierra  Madré.  Cette  direction  coïncide  aussi  avec  celle  de  la  zone 
formée  de  terrains  volcaniques  et  avec  celle  des  principales  files  de 
volcans  dont  elle  est  hérissée. . .  D'ailleurs,  les  directions  0.  2 5°  à 
0.  ko0  N.  s'observent  très-fréquemment  dans  les  roches  anciennes 
de  grauwacke  et  de  schiste  de  l'Amérique  centrale.  Il  est  fort  pro- 
bable qu'il  y  a  eu,  à  une  époque  géologique  assez  reculée,  un 
système  de  dislocations  dirigé  0.  3o°  à  0.  35°  N. ,  et  que  ce  sys- 

1  Comptes    rendus ,    t.   L,    p.    1170,  2  Comptes  rendus,  t.  LI,  p.  43,  séance 

séance  du  2 5  juin  1860.  du  9  juillet  1860. 


16  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

tème  s'esl  reproduit  à  aile  époque  récente,  et  alors  qu'a  pris  nais- 
sance la  chaîne  volcanique  de  l'Amérique  centrale.  Celle-ci  s'est 
formée  au  pied  d'une  chaîne  plus  ancienne  et  suivant  la  même 
direction. 

Le  système  de  l'Amérique  centrale  est  représenté  exactement  par 
un  grand  cercle  de  comparaison  joignant  les  deux  volcans  les  plus 
élevés  du  Mexique  et  de  la  Nouvelle-Grenade,  savoir  :  le  volcan 
d'Orizaba,  haut  de  5,4oo  mètres,  et  le  volcan  de  Tolima,  élevé  de 
5,5^0  mètres.  Il  est  remarquable  de  voir  que  la  ligne  de  jonction 
de  ces  deux  cônes  gigantesques,  éloignés  l'un  de  l'autre  de  près 
de  sept  cents  lieues,  coïncide  avec  l'axe  de  la  chaîne  volcanique 
centre-américaine,  longue  elle-même  de  plus  de  trois  cents  lieues. 
Prolongé  vers  le  S.-E.,  ce  grand  cercle  traverse  l'intérieur  du 
Brésil,  parallèlement  à  la  côte  qui  s'étend  de  l'île  de  la  Trinité 
jusqu'au  cap  San-Roque  ;  ensuite  il  rase  l'extrémité  méridionale  de 
l'Afrique,  puis  il  coupe  l'île  de  Sumatra  près  du  mont  Ophir,  qui 
est  de  nature  volcanique;  il  traverse  l'île  de  Bornéo,  parallèlement 
à  sa  cote  N.-O.;  au  delà,  il  coupe  l'île  de  Mindanao,  passe  au  N.  de 
l'archipel  des  Mariannes,  parallèlement  à  la  partie  S.-E.  de  la  grande 
île  de  Niphon;  enfin  il  traverse  le  Mexique,  suivant  une  direction 
parallèle  à  sa  côte  S.-O.  Ce  grand  cercle  de  la  sphère  terrestre  est 
remarquable  par  les  régions  volcaniques  qu'il  comprend  et  par  la 
multiplicité  des  volcans  qui  sont  alignés  suivant  sa  direction. 

i°  Système  de  Segovia.  Il  y  a  un  second  système  dont  la  trace 
est  profondément  marquée  dans  les  régions  porphyro- schisteuses 
et  métallifères  de  l'Amérique  centrale.  Il  a  imprimé  des  directions 
comprises  entre  l'E.  i5°  et  l'E.  3o°  N.  à  un  grand  nombre  de 
chaînes  de  montagnes  et  de  rivières  qui  aboutissent  à  la  côte  de  la 
mer  des  Antilles,  entre  le  cap  Gracias-a-Dios  et  la  baie  d'Amatique, 
au  fond  du  golfe  de  Honduras ...  On  peut  représenter  ce  système 
par  un  grand  cercle  joignant  le  volcan  de  Goseguina  au  cap  Gra- 
cias-a-Dios, qui  rencontre  le  90e  degré  de  longitude  occidenlale 
sous  un  angle  de  G 3°  à  l'E.  (direction  E.  27°!!)  En  se  prolongeait 


DE   LA   STRATIGRAPHIE   E\   FRANCE.  17 

vers  le  N.-E.,  il  coupe  l'île  d'Haïti,  passe  par  les  Canaries,  près 
d'Aden  et  du  cap  Guardafui...  par  l'archipel  Pomotou. 

3°  Système  du  Venezuela  et  des  volcans  du  Mexique.  Dirigé  E.-O.  Il  a 
produit  plusieurs  chaînes  de  montagnes  et  des  vallées  courant  de 
l'E.  à  l'O.  Il  a  imprimé  cette  orientation  à  la  côte  septentrionale 
du  Honduras,  depuis  la  baie  d'Arnatique  jusqu'au  cap  Gracias-a- 
Dios.  Les  isthmes  de  Tehuantepec  et  de  Panama,  l'axe  montagneux 
de  la  province  de  Veragua,  la  vallée  de  l'Orénoque,  sont  dirigés 
moyennement  de  l'E.  à  l'O.  Ce  système,  dont  on  reconnaît  l'em- 
preinte dans  l'orientation  des  montagnes  de  Venezuela,  paraît 
avoir  aussi  contribué  à  la  configuration  des  Grandes-Antilles,  sur- 
tout des  îles  de  Haïti  et  de  Porto-Rico.  C'est  sans  doute  à  lui  qu'il 
tant  rapporter  la  série  des  volcans  du  Mexique,  laquelle  s'étend 
d'un  océan  à  l'autre,  suivant  la  ligne  E.-O. 

k°  Système  méridien  de  la  \ouvelle-Grenade  et  de  T Amérique  cen- 
trale. Ce  système  est  à  peu  près  perpendiculaire  au  système  du 
Venezuela  et  des  volcans  du  Mexique.  H  a  imprimé  la  direction  N.-S. 
à  la  côte  des  Indiens  Mosquitos,  depuis  l'embouchure  du  Rio-San- 
Juan  jusqu'au  cap  Gracias-a-Dios.  La  même  direction  s'observe  dans 
la  partie  de  la  côte  du  Yucatan  qui  avoisine  la  colonie  anglaise  de 
Bélize.  La  côte  du  Pacifique  et  la  rive  occidentale  du  lac  de  Nica- 
ragua offrent  des  parties  orientées  de  la  même  manière,  mais  d'une 
«tendue  plus  restreinte.  On  doit  rattacher  à  ce  système  de  dislo- 
cations beaucoup  de  vallées  de  l'Amérique  centrale,  et  surtout  du 
Honduras,  qui  courent  du  sud  au  nord,  ainsi  que  les  montagnes 
qui  les  séparent.  Il  en  est  de  même  du  Rio-Atrato,  du  Rio-Cauca 
el  du  Rio-Magdalena,  dans  la  Nouvelle-Grenade  et  des  parties  de 
la  Cordillère  qui  encaissent  ces  rivières. 

Aucun  des  quatre  systèmes  de  l'Amérique  centrale  ne  touche, 
dans  sa  prolongation,  le  sol  de  1  Europe.  Les  deux  premiers  re- 
montent à  des  époques  géologiques  un  peu  anciennes  ;  ils  ont 
fortement  affecté  les  terrains  porphyro- schisteux  du  nouveau 
monde. 

Stratigraphie.  ;! 


18  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Le  système  longitudinal  de  f  Amérique  centrale  s'est  reproduit  à  une 
époque  géologiquement  récente,  lorsque  s'est  formée  la  chaîne  vol- 
canique centro-américainr. 

Le  système  des  volcans  du  Mexique  me  paraît  être  le  plus  moderne, 
dit  M.  Durocher,  mais  il  n'est  probablement  que  la  reproduction 
de  fractures  parallèles  à  un  système  plus  ancien,  qui  avait  façonné 
les  montagnes  de  Venezuela. 

De  même  que  dans  l'Amérique  septentrionale  et  dans  l'Amé- 
rique centrale,  la  dissection  et  le  classement  des  montagnes  de 
l'Amérique  méridionale  ont  été,  de  la  part  de  savants  distingués, 
l'objet  de  travaux  très-importants. 

La  science  a  perdu,  presque  en  même  temps  que  M.  Durocher, 
un  voyageur  plein  d'ardeur  et  d'activité,  M.  Alcide  d'Orbigny,  qui 
avait  consacré  une  partie  de  sa  vie  à  l'exploration  et  à  la  descrip- 
tion de  la  Bolivie  et  du  bassin  du  Rio-de-la-Plata.  H  avait  inséré, 
dans  le  grand  ouvrage  qu'il  avait  publié  sur  ces  vastes  contrées, 
un  essai  de  coordination  de  leurs  montagnes  en  différents  systèmes, 
qui  a  été  analysé  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  après 
avoir  été,  de  la  part  de  M.  Elie  de  Beaumont l,  l'objet  d'un  rapport 
à  l'Académie. 

Mais  M.  d'Orbigny  avait  pour  émule  dans  ce  travail  M.  Aimé 
Pissis,  qui  le  continue  encore  avec  un  zèle  et  une  constance  dignes 
du  succès  complet  qu'il  paraît  être  sur  le  point  d'obtenir. 

M.  A.  Pissis,  depuis  près  de  trente  ans,  a  passé  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie  dans  les  régions  montagneuses  de  l'Amérique  mé- 
ridionale. Après  un  premier  séjour  au  Brésil,  il  a  présenté  à  l'Aca- 
démie des  sciences  un  mémoire  sur  la  géologie  d'une  partie  de 
ce  vaste  empire.  Ce  mémoire,  qui,  à  la  suite  d'un  savant  rapport 
de  M.  Dufrénoy,  a  été  imprimé,  par  ordre  de  l'Académie,  dans 
son  recueil  des  Savants  étrangers,  contient  une  classification  des 
chaînes  du  Brésil  en  un  certain  nombre  de  systèmes  qui  ont  été 

1  Compta  rciithis,  i.  XVII.  p>.  379,  séance  du  a8  août  i843. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  19 

enregistrés  avec  soin  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes . 
par  M.  Elie  de  Beaumont,  où  sont  analysées  aussi  d'autres  publica- 
tions importantes  du  même  auteur. 

Après  avoir  livré  ces  différents  travaux  à  l'impression,  M.  À. 
Pissis  est  retourné  en  Amérique,  et  il  a  séjourné  d'abord  pendant 
quelques  années  en  Bolivie,  pour  se  fixer  ensuite  au  Chili,  où  il  a 
été  nommé  professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  à  l'université 
de  Santiago.  Le  gouvernement  du  Chili  l'a  chargé  en  même  temps 
de  l'exécution  d'une  carte  à  la  fois  topographique  et  géologique  de 
tout  le  territoire  de  la  république,  et  lui  a  assuré  les  ressources  et 
les  aides  nécessaires  pour  la  conduite  de  cette  vaste  entreprise, 
comparable  à  ce  qu'était  en  France,  un  siècle  auparavant,  celle  de 
Cassini. 

M.  Pissis  est  resté  chargé  personnellement  de  la  partie  géodé- 
sique  et  de  la  partie  géologique  de  l'opération.  Il  a  envoyé  presque 
annuellement  à  l'Académie  des  sciences  des  résumés  de  ses  travaux . 
qui  comprennent  les  mesures  des  hautes  cimes  de  la  Cordillère 
chilienne,  et  la  décomposition  des  montagnes  de  cette  vaste  con- 
trée en  différents  systèmes,  qu'il  a  pu  caractériser,  quant  à  leur 
direction,  autant  du  moins  qu'ils  en  sont  susceptibles,  avec  une 
précision  géodésique. 

D'après  ses  communications  successives  à  l'Académie  des  sciences. 
et  en  tenant  compte  des  modifications  graduelles  auxquelles  il  a 
été  conduit  par  le  développement  de  ses  observations,  M.  Pissis 
reconnaît  aujourd'hui,  dans  la  partie  australe  de  l'Amérique  du 
sud,  onze  systèmes  de  montagnes. 

i°  Dans  son  mémoire  sur  le  Brésil,  M.  Pissis  avait  signalé  comme 
l'un  des  plus  anciens  de  ces  contrées  le  système  brésilien,  antérieur 
aux  terrains  de  transition  et  dirigé  de  l'E.  38°  N.  à  1*0.  38°  S. 

2°  11  reconnaît  aussi  comme  remontant  à  une  date  très-ancienne 
le  redressement  des  couches  de  gneiss  suivant  la  direction  0.  2  5° 
à  3o°  N.-E.  a  5  à  3o°  S.  dans  les  collines  qui  s'élèvent  dans  les 
pampas,  entre  le  cap  Corrientes  et  la  sierra  de  Tapalquen  ainsi 


20  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

. I in-  dans  les  collines  de  Montevideo,  redressement  qui  constitue 

le  sèstème  pampéen  de  M.  d'Orbigny1. 

3°  Enfin  M.  Pissis,  en  explorant  les  provinces  méridionales  du 
Chili,  a  reconnu  que  la  ligne  qui  sépare  dans  ces  contrées  les  ter- 
rains cristallisés  (granité  et  schistes  talqueux)  des  formations  plus 
récentes  n'est  pas  parallèle  aux  strates,  qui  sont  généralement 
orientés  du  N.-E.  au  S.-O.,  mais  qu'elle  court  à  très-peu  près  du 
N.  au  S.,  ce  qui  semblerait  indiquer  l'existence  d'un  système  stra- 
tigraphique  très-ancien  se  rapportant  peut-être  au  système  méridien 
le  plus  ancien  du  professeur  Hitchcock 2. 

L'ordre  chronologique  des  trois  systèmes  brésilien,  pampéen  et 
méridien ,  que  leurs  directions  ne  permettent  pas  de  confondre,  reste 
encore  indéterminé. 

/i°  Système  du  Hundsrùck.  M.  Pissis  croit  avoir  retrouvé  au  Chili 
comme  au  Brésil  des  accidents  stratigraphiques  appartenant  au 
système  du  Hundsrùck ,  dont  la  direction  prolongée  depuis  l'Eu- 
rope traverserait  en  effet  le  Brésil  et  le  Chili. 

cr J'ai  parcouru,  dit-il,  les  provinces  du  sud  pour  y  étudier  les 
lignes  stratigraphiques  des  terrains  cristallisés,  qui  s'y  trouvent 
plus  développés  que  dans  les  autres  parties  du  Chili.  Ces  terrains 
ont  la  plus  grande  analogie  avec  ceux  du  Brésd,  et  leur  soulève- 
ment paraît  devoir  se  rapprocher  de  celui  du  Hundsrùck ,  dont  la 
direction  au  Chili  est  à  peu  près  N.-E.  —  S.-O.,  comme  celle  des 
couches  de  granité  et  de  schistes  talqueux3.  w 

5°  Système  de  la  Cordillère  de  Nahuelvuta.  Les  explorations  faites 
on  1869.  par  M.  Pissis,  dans  les  parties  méridionales  du  Chili,  lui 
oui  lait  découvrir  un  nouveau  système  stratigraphique  correspon- 
de ni  à  une  chaîne  granitique  qui  remplit  une  longue  boutonnière 
ouverte  au  milieu  des  schistes  et  des  grès  anciens,  et  qui  s'étend 
depuis  l'Araucanie  jusqu'au  Rio-Bapel.  Les  couches  de  schiste  ar- 

1  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,         Chili,   Comptes  rendus ,  t.  XLV,  p.  971, 
p.  y.'Si-y.'i-).  sé.ince  du  7  décembre  1867. 

Exploration  de  quelques  parties  «lu  :1  Ihid. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  21 

doisier,  de  grès  et  de  psammite,  sont  relevées  parallèlement  à  Taxe 
de  cette  chaîne  et  en  suivent  toutes  les  ondulations.  L'orientation 
moyenne  est  N.  260  20'  12"  E*1.  M.  Pissis  a  reconnu  subséquem- 
ment  que  cette  masse  granitique  se  prolonge  au  sud  du  Rio-Bio, 
où  elle  forme  Taxe  de  la  chaîne  maritime  connue  sous  le  nom  de 
Cordillère  de  Nahucluitta,  et  que,  dans  cette  partie,  sa  direction  ne 
diffère  que  de  quelques  minutes  de  celle  qu'il  avait  déterminée 
en  premier  lieu. 

Les  dernières  couches  relevées  parallèlement  à  cette  direction 
sont  des  psammites  qui  alternent  avec  le  schiste  ardoisier ,  et  dans 
lesquels  M.  Pissis  a  trouvé  quelques  empreintes  de  fucus  et  de  fou- 
gères ,  ce  qui  le  porterait  à  admettre  qu'ils  ne  sont  pas  plus  anciens 
que  le  terrain  dévonien.  Bien  que  M.  Pissis  n'ait  pu  découvrir 
aucun  fossile  caractéristique  dans  les  grès  et  dans  les  schistes 
maclifères  qui  sont  en  contact  avec  le  granité,  la  comparaison  de 
ces  roches  avec  celles  du  terrain  dévonien  de  la  Bolivie ,  leur  situa- 
tion au-dessous  non-seulement  du  grès  rouge,  mais  encore  d'une 
petite  formation  carbonifère  qui  lui  est  inférieure,  font  croire  à 
M.  Pissis  qu'ils  appartiennent  à  la  même  époque  dévonienne.  Ce 
soulèvement  viendrait  ainsi  se  placer  entre  ceux  du  Hundsruck 
et  de  l'Itacolumi,  le  premier  correspondant  aux  schistes  satinés 
du  Chili ,  et  le  second  aux  couches  carbonifères  du  sud  du 
Brésil2. 

6°  Système  de  Yltacolumi.  M.  Pissis,  dans  son  mémoire  sur  le 
Brésil,  a  signalé,  dans  le  grand  massif  de  l'Itacolumi,  un  système 
de  dislocations  dirigé  à  peu  près  de  l'E.  à  l'O.,  qu'il  regarde 
Gomme  immédiatement  postérieur  à  la  formation  du  calcaire  car- 
bonifère et  que  M.  d'Orbigny  a  adopté  sous  le  nom  de  système 
itacolumien 3.  M.  Pissis  n'a  pas  encore  signalé  au  Chili  l'exis- 
tence de  ce  système  qu'il  regarde  comme  postérieur  au  calcaire 

1  Comptes  rendus    de    l'Académie   des  *  Comptes  rendus,  t.  LIX ,  p.  1081. 

sciences,  t.   LVIII,   p.  ia5,  séance  du        séance  du  -26  décembre  i864. 
1 1  janvier  i864.  3  Notice  sur  les  syst.  de  mont.  p.  733. 


±2  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

carbonifère   et   antérieur  à  la  formation  du  grès  rouge  d'Amé- 
rique. 

y0  Système  de  la  Cordillère  occidentale  du  Chili.  Ce  système  est 
postérieur  au  grès  rouge  et  antérieur  aux  masses  salifères.  Il  est 
dirigé  à  peu  près  IN.  8°  3o'  0.  et  contient  des  roches  syénitiques 
accompagnées  de  pyrites  aurifères. 

8°  Système  de  la  chaîne  orientale  des  Andes.  Ce  système  correspond 
au  système  bolivien  de  M.  d'Orbigny,  et  comprend  le  grand  massif 
granitique  qui  s'élève  au  nord-est  du  lac  de  Titicaca,  couronné 
par  les  pics  devenus  célèbres,  depuis  les  mesures  de  M.  Peutland, 
sous  les  noms  de  Nevado  de  Hlimani  et  de  Nevado  de  Sorata.  Sa 
direction  est  à  peu  près  du  N.-O.  au  S.-E.  Sa  formation  est  con- 
temporaine de  l'éruption  des  porphyres  quartzifères  qui  a  eu  lieu 
en  Amérique  pendant  la  période  jurassique. 

Les  failles  qui  se  rapportent  à  la  direction  du  système  des  Andes 
orientales,  et  dont  M.  Pissis  n'avait  indiqué  en  premier  lieu  l'exis- 
tence que  dans  la  province  d'Atacama ,  continuent  à  se  montrer, 
plus  au  sud,  dans  celle  de  Coquimbo,  où  leur  limite  paraît  être  la 
vallée  de  Choapa1;  et  l'auteur,  en  continuant  ses  travaux,  a  pu 
constater  dans  cette  province,  jusque  près  du  3  ie  parallèle,  l'exis- 
lence  de  plusieurs  chaînes  parallèles  au  système  des  Andes  orientales, 
qui  croiseraient  les  Andes  du  Chili,  à  peu  de  distance  de  la  mon- 
tagne d'Aconcagua.  Le  terrain  du  lias  se  trouve  relevé  suivant 
«clic  direction,  sur  plusieurs  points  de  la  contrée,  et  ses  couches 
sont  coupées  par  des  porphyres  quartzifères  entièrement  sem- 
blables à  ceux  de  l'IUimani,  d'Oruro  et  de  Potosi;  ainsi  la  simi- 
litude existe  non-seulement  dans  la  direction  des  strates,  mais 
encore  dans  la  nature  des  roches  qui  se  sont  épanchées  à  cette 
époque'-. 

9°  Système  des  chaînes  transversales  du  Chili.  Ce  système  est  carac- 
térisé  par  l'éruption  des  roches   labradoriques  accompagnées  de 

Compta   rendue,    I.  Ml.  p.    m '17,  2  Comptes  rendus,  I.  M,  p.  6ô3,  soinin' 

séance  du  3  juin  1861.  du  1 5  octobre  1860. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  23 

gîtes  cuprifères.  Sa  direction  est  à  peu  près  de  l'E.  à  10.  (E.  6° 
à  i  o°  N.) l.  M.  Pissis  est  resté  longtemps  incertain  sur  ia  date  pré- 
cise de  l'apparition  de  ce  système,  mais,  en  1 86 4,  il  a  rencontré 
dans  la  partie  inférieure  du  terrain  à  lignites  de  la  province  de 
Goncepcion  une  grande  quantité  de  bacuhtes.  Ces  fossiles  se  trouvent 
disséminés  dans  une  couche  de  grès  très-friable  qui  forme  la  base 
du  terrain  à  lignites.  La  stratification  du  grès  ne  diffère  en  rien  de 
celle  des  couches  tertiaires  qui  le  recouvrent,  de  telle  manière  qu'il 
faut  nécessairement  admettre  que  le  tout  a  été  soulevé  en  même 
temps.  Si,  dune  autre  part,  on  considère  les  baculites  comme 
appartenant  aux  parties  supérieures  des  terrains  crétacés,  il  en 
résulterait  que  le  soulèvement  des  chaînes  transversales  du  Chili , 
que  M.  Pissis  n'avait  pu  fixer  qu'entre  des  limites  assez  éloignées, 
correspondrait  au  milieu  de  la  période  crétacée,  puisque  les  cou- 
ches fossilifères  des  provinces  d'Aconcagua  et  de  Coquimbo,  ca- 
ractérisées par  les  fossiles  du  terrain  néocomien,  sont  relevées 
suivant  cette  direction,  dont  on  ne  trouve  aucune  trace  dans  les 
assises  à  baculites  et  à  lignites2. 

Ce  système,  observé  surtout  à  l'O.  de  la  crête  des  Andes,  ne 
paraît  pas  s'y  arrêter.  Le  tremblement  de  terre  qui  a  détruit  la 
ville  de  Mendoza  (à  l'est  des  Andes),  le  20  mars  1861  ,  à  8  heures 
65  minutes  du  soir,  s'est  fait  sentir  à  Santiago  (à  l'ouest  des  Andes) 
à  8  heures  US  minutes.  D'après  tous  les  renseignements  que 
M.  Pissis  a  pu  recueillir,  le  mouvement  parait  s'être  propagé  dans 
la  direction  de  l'E.-N.-E.  à  l'O.-S.-O.,  c'est-à-dire  à  peu  près  pa- 
rallèlement à  la  direction  des  chaînes  transversales  du  Chili.  Un 
fait  semblable  s'était  déjà  manifesté  dans  la  direction  du  trem- 
blement de  terre  qui,  wrs  la  fin  de  l'année  1869,  détruisit  une 
partie  de  la  ville  de  Copiapo.  Enfin  les  crevasses  qui  se  sont 
ouvertes  en  1861  dans  le  sol  à  Mendoza,  et  dont  quelques-unes 
ont  plus  d'une  lieue  de  longueur,  suivent  encore  la  même  direc- 

Comptes  rendus,  t.  XLII,  p.   39-2,  *  Comptes  rendus,  t.  LX.   p.   1096, 

séance  du  aS  février  i856.  séance  <lu  -2-2  mai  j 865. 


%h  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

tion  l.  Ce  l'ait  remarquable  a  confirmé  M.  Pissis  dans  le  projet  de 
consacrer  quelque  temps  à  l'exploration  des  chaînes  qui,  partant 
de  la  base  orientale  des  Andes,  s'étendent  vers  les  pampas  de  la 
République  Argentine  et  qu'il  croit  n'être  que  la  continuation  des 
chaînes  transversales  du  Chili,  ce  qui  lui  permettrait  d'en  fixer 
la  direction  d'une  manière  beaucoup  plus  exacte.  Les  mines  de 
cuivre  exploitées  dans  les  environs  de  San-Luiz  de  la  Punta  et  dans 
la  province  de  San^Juan  lui  donnent  lieu  de  penser  qu'il  y  ren- 
contrera les  roches  de  labradorite  signalées  comme  étant  en  rap- 
port avec  le  système  des  failles  qui,  au  Chili,  accompagnent 
toujours  les  minerais  de  cuivre2. 

io°  Système  de  la  chaîne  principale  des  Andes  du  Chili.  Ce  système 
est  caractérisé  par  le  soulèvement  des  trachytes  accompagnés  de 
filons  argentifères.  Sa  direction  est  presque  méridienne  (N.  8°3o'  E.). 
11  est  postérieur  aux  dépôts  tertiaires  lacustres  et  marins  de  la 
Bolivie,  du  Chili  et  de  la  Patagonie3.  On  peut  surtout  en  prendre 
une  idée  exacte  dans  la  partie  des  Cordillères  du  Chili  comprise 
entre  les  sources  des  rivières  de  Copiapo  et  de  Choapa. 

La  structure  géologique  de  cette  partie  des  Andes  est  beaucoup 
moins  compliquée  que  celle  qui  correspond  aux  provinces  du  sud4. 
Un  axe  syénitique  s'étend  dans  tout  cet  intervalle  parallèlement  à  la 
ligne  de  faîte,  et  est  placé  un  peu  plus  à  l'ouest.  De  part  et  d'autre 
de  cet  axe  se  présentent  d'abord  les  roches  trachy tiques,  puis  les 
terrains  stratifiés  embrassant  toute  la  série,  depuis  le  gneiss  jus- 
qu'au lias.  Ce  dernier  terrain,  qui  ne  se  montre  guère  qu'à  i'E. 
de  l'axe  syénitique ,  forme  seulement  des  lambeaux  de  peu  d'étendue , 
situés  sur  les  sommets  les  plus  élevés;  c'est  le  seul  qui  renferme 
des  restes  organiques.  M.  Pissis  a  pu  s'assurer  (pie  les  failles  qui 
ont  donné  passage  aux  roches  syénitiques  et  celles  par  où  se  sont 

1   Comptes    rewhs,  l.  Lil,   p.    10/18,  ùmptM  rendus,   t.  XL1I,  p.    39a, 

sr.ince  du  3  juin  1861.  séance  du  a5  février  i856. 

'  Comptée  rendus,    f.  XLHI.  p.  686,  4  Comptes   rendus,  t.    LIL   p.  11/17, 

séance  do  6  octobre  1 856.  s<;;inn>  du  3  juin  1861. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  25 

épanchés  les  trachytes  sont  exactement  parallèles  :  ainsi  il  y  a  une 
récurrence  dans  les  directions  correspondant  au  soulèvement  de  la 
Cordillère  occidentale  du  Chili  et  à  celui  de  la  chaîne  principale 
des  Andes.  J'ai  pu  reconnaître,  dit-il,  sur  une  étendue  de  près 
de  8°,  l'une  de  ces  failles  qui  s'étend,  sans  interruption,  depuis  le 
volcan  de  Tuiguiririca  jusqu'au  désert  d'Atacama,  et  partout  les 
trachytes  accompagnent  les  syénites. 

rr  On  aperçoit,  ajoute  M.  Pissis  dans  ses  Recherches  sur  les  produits 
de  la  vulcanicité  correspondant  aux  différentes  époques  géologiques1,  une 
suite  non  interrompue  de  phénomènes  volcaniques  commençant  en 
même  temps  que  les  grandes  dislocations  de  l'écorce  terrestre ,  qui 
ont  produit  la  chaîne  principale  des  Andes,  et  se  continuant  jusqu'à 
l'époque  actuelle.  L'injection  des  matières  fluides  qui  ont  formé 
les  masses  trachytiques  commence  cette  série,  et  la  puissante  for- 
mation des  conglomérats  qui  les  recouvrent  montre  qu'avant  d'at- 
teindre la  surface  du  sol  elles  ont  dû  éprouver  de  puissants  mou- 
vements d'oscillation  qui  ont  broyé  les  roches  situées  sur  leur 

passage Des  fluides  élastiques  s'échappaient  avec  violence, 

projetant  au  loin  tout  ce  qui  leur  opposait  quelque  résistance, 
et  couvrant  le  sol  de  débris  qui  forment  aujourd'hui  les  con- 
glomérats ponceux Il  arrivait  un  moment  où  la  température 

n'était  plus  suffisante  pour  porter  l'eau  à  l'état  de  vapeur,  et  ces 
évents  se  changeaient  alors  en  sources  thermales  dont  les  dépôts 
successifs  finissaient  par  obstruer  entièrement  les  issues,  laissant 
ainsi  un  filon  métallifère  comme  dernier  résultat  de  l'action  suc- 
cessive de  toutes  les  forces  mises  en  jeu. 

ii°  Système  chilien.  C'est  le  plus  moderne  de  tous  les  systèmes 
du  Chili.  Il  est  postérieur,  dit  M.  Pissis ,  aux  sables  marins  et  au 
terrain  de  transport2  qui  couvre  les  plaines,  et  il  correspond  à 
l'ouverture  des  bouches  volcaniques  des  Andes.  Le  soulèvement 
graduel  des  côtes  du  Chili,  qui  a  si  fort  attiré  de  nos  jours  l'at- 

1  Comptes  rendus,    t.  LIV.    |>.    109,  2  Comptes  rendus,    t.  XLII.  p.  39-2. 

séance  du  37  janvier  186-2.  séance  do  a5  février  i856. 


26  RAPPORT  SUR   LES  PROGRÈS 

tention  des  géologues,  a  commencé  après  l'ouverture  de  ces  vol- 
cans l. 

La  direction  du  système  chilien  est  la  même  que  celle  de  la 
chaîne  principale  des  Andes,  et  par  conséquent  la  même  que  celle 
du  système  de  la  Cordillère  occidentale  du  Chili,  caractérisé  par  les 
syénites,  et  du  système  méridien  le  plus  ancien  du  professeur  Hitch- 
cock, retrouvé  au  Chili  par  M.  Pissis.  On  rencontre  là  un  des 
exemples  les  plus  remarquables  qu'on  puisse  citer  du  phénomène 
de  la  récurrence  des  directions.  Les  volcans  actuellement  en  ignition 
au  Chili  ont  tous  apparu  dans  la  zone  occupée  par  la  chaîne  prin- 
cipale des  Andes,  en  s'alignant  entre  eux,  par  petits  groupes  de 
deux  ou  de  trois  volcans,  suivant  les  directions  d'autres  systèmes 
plus  anciens,  tels  que  le  système  de  la  Cordillère  de  Nahuelvuta. 

Dans  la  suite  de  ses  Recherches  sur  les  produits  de  la  vulcanicité 
correspondant  aux  différentes  époques  géologiques2,  M.  Pissis  dit  que 
dans  le  sud  du  Chili,  à  partir  du  3ie  degré  de  latitude,  la  chaîne 
des  Andes  change  d'aspect;  elle  ne  présente  plus  ces  longues  crêtes 
dirigées  parallèlement  à  l'axe  qui  la  caractérisent  plus  au  nord , 
mais  une  suite  de  massifs  isolés  dont  les  points  culminants  sont 
formés  par  des  cônes  volcaniques.  De  vastes  plateaux,  formés  par 
la  superposition  de  plusieurs  nappes  de  roches  trachy tiques,  oc- 
cupent l'intervalle  qui  sépare  ces  massifs,  et  leur  surface  s'élève 
graduellement  jusqu'à  la  base  des  cônes  éruptifs.  Ces  plateaux 
sont  découpés  par  de  profondes  vallées,  dans  le  fond  desquelles 
il  existe  souvent  des  courants  de  laves,  qui  doivent  être  très-an- 
ciens, si  l'on  en  juge  par  les  épaisses  forêts  qui  les  recouvrent. 

Le  sol  de  cette  partie  de  l'Amérique  a  donc  éprouvé  de  grandes 
dislocations  à  une  époque  postérieure  au  soulèvement  de  la  chaîne 
principale  des  Andes,  et  qui  paraît  correspondre  à  la  formation 
des  premiers  cônes  volcaniques.  Le  résultat  de  ce  soulèvement  a 
été  une  suite  (ïétoilements  situés  sur  de  longues  lignes  parallèles  à 

1   Comptes  rendus,   l.    LVI1I,  |>.    1*2/1,  '   Comptes  rendus,   l.   UV.  p.    11 85, 

séance  <lu  s5  février  iHM.  séance  du  o  juin  i8C>->. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  27 

l'axe  des  Andes,  et  dont  le  centre  est  occupé  soit  par  des  cônes 
volcaniques,  tels  que  le  Descabezado,  le  Lungavi,  etc.,  soit  par  de 
vastes  cratères  de  soulèvement,  comme  celui  de  la  lagune  deMaule, 
qui  n'a  pas  moins  de  cinq  lieues  de  diamètre.  Ces  derniers  cratères 
n'ont  point  produit  de  laves,  mais  ils  ont  projeté  une  immense 
quantité  de  ponces  qui  forment  souvent  à  elles  seules  d'assez 
hautes  montagnes.  Les  vallées  qui  partent  de  ces  centres  pré- 
sentent trois  directions  différentes  :  les  unes  sont  parallèles  à  l'axe 
de  la  chaîne  principale  des  x\ndes,  d'autres  au  système  des  chaînes 
transversales  du  Chili,  mais  les  plus  nombreuses  et  les  plus  éten- 
dues courent,  à  très-peu  près,  de  l'O.-N.-O.  à  l'E.-S.-E.  J'attends 
seulement,  dit  M.  Pissis,  d'avoir  calculé  les  positions  des  points  où 
elles  convergent,  pour  fixer  plus  exactement  leur  direction  et  re- 
chercher à  quel  système  elles  se  rapportent,  r» 

M.  Pissis  a  donc  été  conduit,  comme  M.  Durocher  et  M.  Marcou, 
à  admettre  que  les  volcans  des  Andes  ont  apparu  à  l'époque  de  la 
dernière  catastrophe  géologique,  en  s'alignant  entre  eux  suivant 
les  directions  de  systèmes  antérieurs,  ce  qui  viendrait  à  l'appui  des 
idées  que  M.  Elie  de  Beaumont  avait  émises  de  son  côté  à  ce  sujet'. 

Les  grands  cercles  de  comparaison  provisoires,  donnés  par  l'ob- 
servation, pour  les  systèmes  de  l'axe  volcanique  de  la  MéditeiTanée ,  du 
Ténare  et  de  la  grande  traînée  volcanique  des  Andes  et  du  Japon  (dont 
les  volcans  du  Chili  ne  sont  qu'un  appendice),  constituent,  à  très- 
peu  près,  un  système  trirectangulaire.  De  légères  modifications 
ont  suffi  pour  les  amener  exactement  à  cette  condition  de  perpen- 
diculaire réciproque  qui  établit  entre  eux  une  connexion  toute 
particulière.  D'après  les  idées  auxquelles  s'était  arrêté  l'auteur  de 
la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  - ,  les  volcans  situés  dans  le 
voisinage  de  ces  trois  grands  cercles  remonteraient  à  une  même 
date.  Leur  apparition  simultanée  aurait  été  un  événement  considé- 
rable dans  l'histoire  du  globe  :  c'aurait  été  l'avénemcnt  de  la  vol- 

1    \otirc  sur  li:s  si/stcmcs  fie  montagnes ,  p.  j 61  pI  suiv.  —  '  lbid.  \).  1 1 10. 


28  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

canicité  dans  sa  forme  actuelle.  La  question  posée  depuis  longtemps 
par  M.  Elie  de  Beaumont,  de  savoir  si  cet  événement  n'appartien- 
drait pas  déjà  à  l'histoire  de  l'homme,  recevra  peut-être  quelque 
éclaircissement  des  débats  animés  qui  se  sont  élevés  récemment 
parmi  les  géologues  au  sujet  du  gisement  des  plus  anciens  restes 
de  l'industrie  humaine.  Déjà  les  observations  faites  par  M.  d'Or- 
bigny  dans  les  plaines  de  Moxos,  sur  les  bords  du  Rio-Securi, 
fournissent  à  ce  sujet  une  première  et  précieuse  indication  l. 

REMARQUES  GENERALES   SUR  LES   SYSTEMES  DE  MONTAGNES. 

En  résumé,  les  travaux  qui  viennent  d'être  passés  très-rapide- 
ment en  revue  ont  eu  pour  résultat,  d'abord,  de  constater  ou  de 
mieux  préciser,  dans  un  grand  nombre  de  pays,  l'existence  de  sys- 
tèmes de  montagnes  déjà  admis  ,  et  de  faire  mieux  connaître 
quelques-uns  d'entre  eux,  comme  par  exemple  le  système  du  Vercors, 
dont  l'âge  relatif,  encore  indéterminé,  a  été  fixé  en  Algérie  par 
M.  Pomel. 

Ces  travaux  ont  fait  connaître,  en  outre,  un  grand  nombre  de 
systèmes  de  montagnes  nouveaux,  qui,  abstraction  faite  de  ceux 
qui  avaient  déjà  été  indiqués,  soit  sous  les  mêmes  noms,  soit  sous 
des  noms  différents,  peuvent  difficilement  être  réduits  à  moins  de 
trente-deux,  savoir  : 

1 .  Système  du  mont  Serrai. 

2.  du  mont  Seny. 

3.  du  mont  Ventoux. 

Ix.  de  la  vallée  du  Doubs. 

5.  de  la  Margeride. 

6.  des  Vosges. 

7.  de  failles  dans  la  Haute-Marne  (Hécla). 

8.  de  l'Erymanlhe  et  du  Mermoucha. 

Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes .         p.  /ii/i,  séance  du  ->8  août  i843,  fifip- 
p.  762,   et   Comptes  rendus,  t.   XVII,        port  sur  un  mémoire  de  M.  d'Orbigoy. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  29 

9.  Système  du  Nador. 

10.  centrai  de  Madagascar. 

11.  des  granités  et  porphyres  de  Madagascar. 

12.  des  diorites  de  Madagascar. 

13.  de  Taxe  basaltique  de  la  côte  nord-ouest  de  Madagascar. 

\à.  de  Taxe  basaltique  de  la  côte  nord-est  de  Madagascar. 

15.  des  montagnes  Laurentines. 

16.  des  Deux-Montagnes  et  de  Montmorency. 

17. de  Montre'al. 

18.  des  monts  Catskill. 

19.  de  la  sierra  de  Mongoyon. 

20.  des  montagnes  Rocheuses. 

21.  — - —  du  coast  rouge  de  Californie. 

22.  de  la  sierra  Nevada. 

23.  de  la  sierra  de  San-Francisco  et  du  mont  Taylor. 

2/i.  de  l'Ame'rique  centrale. 

25.  de  Segovia. 

26.  de  Venezuela. 

27.  méridien  de  l'Amérique  centrale. 

28.  duHundsrûck,  peut-être  différent  du  système  d'Europe. 

29.  de  la  Cordillère  de  Nahuelvuta. 

30. de  la  Cordillère  occidentale  du  Chili. 

31.  des  chaînes  transversales  du  Chili. 

32.  de  la  chaîne  principale  des  Andes  du  Chili. 

Dans  ce  catalogue  ne  sont  pas  comprises  plusieurs  indications 
qui  ne  paraissent  pas  avoir  encore  une  précision  suffisante,  et 
peut-être  même  pourrait-on  discuter  l'admission  définitive  de  quel- 
ques-uns des  trente-deux  systèmes  qui  viennent  d'être  énumérés; 
mais  il  est  probable  que  vingt-cinq  au  moins  de  ces  systèmes  pren- 
dront rang  dans  les  listes  définitives. 

En  présentant  à  l'Académie  sa  Notice  sur  les  systèmes  de  monta- 
gnes1, M.  Élie  de  Beaumont  annonçait,  en  i85a,  qu'en  réunissant 
à  ses  recherches  personnelles  sur  les  différents  systèmes  de  mon- 
tagnes qui  traversent  l'Europe  une  indication  abrégée  des  travaux 

1   Comptes  rendus,  t.  XXXV,  p.  298,  séanco  du  3o  août  i852. 


:ju  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

faits  sur  le  même  sujet,  soit  en  Europe,  soit  dans  d'autres  parties 
du  monde,  par  différents  géologues,  il  avait  enregistré  les  noms 
de  quatre-vingt-quinze  systèmes  de  montagnes,  et  qu'il  aurait  même  pu 
y  en  joindre  quelques  autres.  Ces  désignations  sont  dues  à  vingt 
auteurs  différents.  Elles  n'indiquent  pas,  disait-il  encore,  quatre- 
vingt-quinze  systèmes  essentiellement  distincts,  parce  que,  dans  la 
liste  nominale  que  j'ai  formée,  il  y  a  évidemment  des  doubles  et 
même  des  triples  emplois;  mais  j'estime  que,  toute  réduction  faite, 
le  nombre  des  systèmes  de  montagnes  réellement  distincts  qui  ont  été 
étudiés  jusqu'à  présent  n'est  pas  inférieur  à  une  soixantaine.  Dans 
le  premier  mémoire,  ajoutait-il,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre 
à  l'Académie  sur  ces  matières,  le  22  juin  1829,  je  n'avais  étudié 
en  Europe  que  quatre  systèmes  de  montagnes.  Peu  après ,  j'ai  pu  en 
indiquer  neuf,  puis  douze,  puis  vingt  et  un.  En  admettant  qu'on 
puisse  en  compter  déjà,  en  tout,  une  soixantaine,  il  y  a  lieu  de  pen- 
ser que,  si  l'étude  ne  se  ralentit  pas  sur  ce  point ,  le  nombre  des 
systèmes  de  montagnes  s'élèvera,  avant  peu  d'années,  à  plus  de  cent. 

En  ajoutant  vingt -cinq  à  soixante,  on  trouverait  que  le 
nombre  des  systèmes  de  montagnes  passablement  définis  s'élève 
actuellement  à  quatre-vingt-cinq,  nombre  qui  déjà  se  rap- 
proche beaucoup  de  cent.  Mais  il  est  probable  que  le  nombre  cent 
sera  considérablement  dépassé,  car  les  parties  de  la  surface  du 
globe  où  on  a  étudié  le  partage  des  montagnes  en  systèmes  ne 
forment  pas  la  moitié  des  surfaces  terrestres  émergées,  et  en  étu- 
diant la  seconde  moitié  de  ces  surfaces,  lorsque  la  possibilité  de 
les  parcourir  existera,  on  ne  se  bornera  certainement  pas  à  y  recon- 
naître la  prolongation  des  systèmes  de  montagnes  déjà  connus,  et 
on  en  découvrira  de  nouveaux.  On  en  trouvera  même  de  nouveaux 
dans  des  contrées  déjà  étudiées,  mais  dont  l'étude  sous  ce  rapport 
est  peut-être  moins  avancée,  pour  le  moment,  que  ne  l'était  celle 
de  l'Europe  occidentale  lorsque  M.  Elle  de  Beaumont,  en  1829, 
n'y  signalait  encore  que  quatre  systèmes  de  montagnes. 

En  France  même,  plusieurs  systèmes  strati graphiques,  mon- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  31 

tionnés  plus  haut  comme  indiqués  par  différents  auteurs  en  termes 
encore  un  peu  généraux,  seront  sans  doute  formulés  avec  plus  de 
précision  et  prendront  place  dans  la  liste  des  systèmes  définitive- 
ment admis;  notamment,  suivant  toute  apparence,  plusieurs  des 
systèmes  signalés  par  M.  de  Villeneuve,  dans  sa  Description  minéra- 
logique  et  géologique  du  Var. 

Cette  multiplication,  disait  l'auteur  de  la  Notice,  n'est  pas  indif- 
férente, car  elle  tend  naturellement  à  prouver  que  le  groupement 
des  montagnes  en  systèmes  se  présente  à  l'observation ,  d'une  ma- 
nière également  facile,  dans  toutes  les  parties  de  la  surface  du 
globe.  La  comparaison  des  différents  systèmes  entre  eux  tend  à 
préciser  davantage  les  lois  auxquelles  ils  sont  assujettis.  Ainsi,  à 
mesure  que  le  nombre  des  systèmes  de  montagnes  augmente,  on 
voit  augmenter  aussi  le  nombre  des  exemples  de  la  récurrente  des 
directions1,  c'est-à-dire  des  systèmes  d'âges  différents  ayant  néan- 
moins des  orientations  semblables.  Ces  exemples  de  récurrence 
demeurent  cependant  des  cas  exceptionnels,  comparables,  sous 
quelques  rapports,  aux  cas  iïisomoi'phisme  des  minéraux  de  com- 
position différente. 

En  voyant  se  multiplier  ainsi  les  systèmes  de  montagnes,  plusieurs 
personnes  ont  pensé  que,  par  cette  multiplication  même,  la  notion 
du  soulèvement  des  montagnes  et  des  révolutions  du  globe  sem- 
blait en  quelque  sorte  s'égrener,  et  perdait  ainsi  de  sa  grandeur. 

Elle  ne  perd  cependant  que  le  vague  dont  elle  était  d'abord  en- 
tourée. Le  système  des  Pyrénées,  celui  des  Alpes  occidentales,  celui 
des  Alpes  principales  et  de  l'Himalaya,  restent  ce  qu'ils  étaient  de 
prime  abord.  Ils  ne  perdent  rien  de  leur  grandeur  propre  pour 
avoir  été  précédés  ou  accompagnés  d'autres  systèmes  analogues, 
tels  que  ceux  du  mont  Seny,  du  Tatra,  du  mont  Viso,  de  Mada- 
gascar, des  montagnes  Rocheuses,  des  Andes  du  Chili,  etc.  etc. 
Mais  la  similitude  de  structure  de  tous  ces  systèmes  précise  de 

1  Notice  sur  1rs  systèmes  de  montagnes,  p.  £78,  ^199 .  5q5  et  autres.  (Voir  la  table 
<\c  louvragrO 


33      PROGRÈS  DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE. 

plus  en  plus  nettement  la  notion  du  système  de  montagnes,  à  mesure 
que  les  exemples  s'en  multiplient,  et  en  fait  de  plus  en  plus  l'unité 
fondamentale  de  l'analyse  stratigraphique  de  l'écorce  terrestre.  Le 
phénomène  de  la  production  d'un  système  de  montagnes,  quand 
on  le  voit  répété  près  de  cent  fois,  perd  de  plus  en  plus  le  carac- 
tère d'un  accident  fortuit  et  amène  de  plus  en  plus  à  l'idée  d'une 
cause  constante  et  régulière,  dont  l'action  est  d'une  nature  inter- 
mittente. 

Mais  la  multiplication  des  systèmes  de  montagnes  a  conduit  d'une 
manière  plus  positive  encore  à  l'unification  de  leur  ensemble,  car 
elle  a  permis  de  reconnaître  que  leurs  directions  sont  corrélatives  les 
unes  aux  autres;  d'où  il  résulte  qu'ils  forment  un  tout  dont  les  diffé- 
rentes parties,  produites  successivement,  sont  cependant  connexes 
entre  elles. 


DEUXIEME    PARTIE 

CORRÉLATION   DRS  DIRECTIONS  DES  DIFFÉRENTS  SYSTÈMES 
DE  MONTAGNES. 


RESEAI      PElfTAGONAL. 


tsotr 


De  létude  attentive  des  grands  cercles  de  comparaison  prov 
des  différents  systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  s'est  dégagé  peu 
à  peu  un  principe  de  régularité  qui,  du  moment  où  il  existe,  ne 
peut  manquer  de  dominer  complètement  la  matière  ;  et  la  recherche 
des  lois  qui  président  à  leur  coordination  a  été  depuis  quinze  ans 
l'objet  d'une  série  de  travaux  dont  le  présent  Rapport  doit  donner 
une  idée. 

La  découverte  du  principe  dont  il  s'agit  a  consisté  à  mettre  en 
évidence,  par  de  simples  rapprochements  numériques,  les  bases 
d'un  dessin  régulier  qui  existe  sur  la  surface  du  globe,  mais  qui 
ne  pouvait  être  aperçu  à  cause  de  la  grandeur  des  traits  qui  le 
composent  et  du  défaut  de  précision  des  représentations  du  globe 
terrestre. 

Ce  principe  a  pris  la  forme  d'une  sorte  de  lemme  géométrique 
qui  s'est  formulé  par  l'étude  des  positions  respectives  des  grands 
cercles  de  comparaison  provisoires  des  différents  systèmes  de  mon- 
tagnes, et  qui  paraît  appelé  à  donner  plus  de  précision  et  de  solidité 
à  leur  étude. 

La  constatation  d'une  loi  de  coordination  parmi  les  grands  cer- 
cles que  l'auteur  avait  adoptés  provisoirement ,  pour  représenter 
les  vingt  et  un  systèmes  de  montagnes  qu'il  admettait  alors  dans 
l'Europe  occidentale,  leur  donnait  une  sorte  de  consécration  qui 

Stratigraphie.  3 


3û  R  LPPORT  SOB  LES  PROGRÈS 

s'étendait  aux  systèmes  de  montagnes  eux-mêmes  et  aux  considé- 
rations fonda  mentales  qui  avaient  guidé  dans  leur  étude;  car  il  est 
évident  qu'aucune  corrélation  n'aurait  pu  exister  entre  des  cercles 
choisis  au  hasard,  d'après  des  considérations  imaginaires,  et  qui 
n'auraient  pas  été  la  représentation  de  phénomènes  réels.  L'auteur 
n'avait  jamais  songé  à  soumettre  les  cercles  qu'il  déterminait  à  une 
pareille  coordination;  la  nature  seule  pouvait  l'avoir  produite,  et 
elle  exprimait  une  des  conditions  de  son  action. 

La  loi  de  cette  coordination  est  très-simple  dans  son  essence, 
quoique,  dans  son  développement,  elle  conduise  à  une  complexité 
assez  grande  pour  s'harmoniser  avec  la  complication,  extrême  en 
apparence ,  des  formes  orographiques  et  stratigraphiques.  Elle  a  pour 
base  la  division  de  la  surface  de  la  sphère  en  vingt  triangles  équi- 
latéraux  dont  les  angles  sont  de  720  et  les  côtés  de  63°  26'  5",  8/i. 
Ces  vingt  triangles  équilatéraux  embrassent  la  surface  entière  de 
la  sphère.  Ils  y  sont  disposés  avec  un  genre  de  symétrie  tout  parti- 
culier, auquel  s'associent,  d'une  manière  plus  ou  moins  absolue,  un 
grand  nombre  d'autres  cercles  liés  aux  grands  cercles  primitifs  dont 
font  partie  les  côtés  des  triangles,  par  des  conditions  particulières, 
susceptibles  d'être  élargies  et  généralisées,  de  manière  à  pro- 
duire un  réseau  aussi  serré  que  les  questions  à  résoudre  puissent 
l'exiger. 

CONSTITUTION^    DU    RESEAU    PENTAGONAL. 

La  constitution  de  ce  réseau,  dont  le  nom  sera  justifié  plus  loin, 
se  rattache  à  des  considérations  fort  analogues  à  celles  dont  s'occupe 
la  cristallographie.  Elles  en  ont  la  rigueur,  mais  aussi  l'aridité.  Les 
pages  suivantes,  qui  sont  nécessaires  pour  l'enchaînement  et  l'ordre 
logique  des  idées,  devront  malheureusement  s'en  ressentir.  Les  per- 
sonnes qui  les  passeraient  éprouveraient  l'inconvénient  d'avoir  laissé 
derrière  elles  un  nuage  qui  obscurcirait,  pour  elles,  la  suite  du 
Rapport,  sans  la  leur  rendre  cependant  complètement  inintelligible. 

La  division  en  triangles  de  la  surface  de  la  sphère  à  laquelle 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  35 

ou  est  le  plus  accoutumé  n'est  pas  la  division  en  vingt  triangles 
équilatéraux,  mais  la  division  en  huit  triangles  seulement,  équilaté- 
raux eux-mêmes  et  trirectangles,  produits  par  trois  plans  rectan- 
gulaires qui  se  croisent  au  centre.  Il  y  a  aussi  un  mode  de  division 
en  quatre  grands  triangles  à  angles  de  1200;  mais  celui-ci  n'est 
qu'une  dérivation  du  précédent,  et  il  n'y  a  pas  à  s'en  occuper  ici 
spécialement. 

Des  cercles,  dont  les  positions  se  déduisent  de  celles  des  trois 
grands  cercles  primitifs  qui  forment  le  système  des  huit  triangles 
trirectangles,  constituent  aussi  un  réseau  empreint  dans  toutes  ses 
parties  du  genre  de  symétrie  qui  lui  est  propre  et  aussi  serré  qu'on 
le  désire.  Cela  fait  deux  réseaux  empreints  de  deux  genres  de  sy- 
métrie différents  et  même  incompatibles  entre  eux,  et  il  n'y  en  a 
pas  d'autre  que  ces  deux-là. 

En  effet,  les  huit  triangles  trirectangles  du  second  mode  de  divi- 
sion s'assemblent  quatre  à  quatre  autour  de  six  points  différents, 
par  leurs  angles  de  900,  qui  donnent  les  36o°  nécessaires  pour  oc- 
cuper tout  l'espace  angulaire  autour  du  point  de  réunion. 

Les  vingt  triangles  équilatéraux  du  premier  mode  de  division 
s'assemblent  cinq  à  cinq  autour  de  douze  points  différents,  par 
leurs  angles  de  712°,  et,  comme  5  fois  72  font  3 60,  ils  remplissent 
aussi  tout  l'espace  angulaire  autour  du  point  de  réunion. 

Mais  on  ne  peut  aller  plus  loin;  on  ne  peut  assembler  autour  d'un 
point  six  triangles  sphériques  équilatéraux,  parce  que,  le  triangle 
sphérique  équilatéral  ayant  toujours  un  excès  sphérique,  son  angle 
est  nécessairement  supérieur  à  6o°,  ce  qui  fait  qix  on  n'en  peut 
jamais  faire  tenir  six  autour  $mi  point.  Les  choses  se  passent  autre- 
ment sur  un  plan,  où  l'angle  du  triangle  équilatéral  est  exactement 
de  6o°,  ce  qui  permet  à  six  de  ces  angles  de  s'assembler  autour  d'un 
point.  On  ne  peut  donc  sur  la  sphère  assembler  autour  d'un  point 
plus  de  cinq  triangles  équilatéraux  :  il  s'ensuit  que  le  triangle  équi- 
latéral à  angles  de  720  est  le  plus  petit  de  ceux  dont  la  réunion 
peut  embrasser  la  sphère,  et  il  en  résulte  qu'au  point  de  vue  de  la 

3. 


;j(i  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

mécanique  terrestre  il  jouit  de  certaines  propriétés  qui  sans  doute  ont 
joué  un  rôle  important  dans  l'histoire  de  ia  terre. 

Mais  ce  ne  sont  pas  ces  propriétés  qui  ont  attiré  sur  ia  division 
de  la  sphère  en  vingt  triangles  équilatéraux  l'attention  de  l'auteur 
de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes;  il  a  été  conduit  à  s'en 
occuper  par  une  voie  beaucoup  plus  directe,  par  l'analyse  pure  et 
simple  des  résultats  de  l'observation. 

L'ouvrage  expose  en  détail  comment  M.  Eiie  de  Beaumont,  après 
avoir  calculé,  pour  en  composer  un  tableau,  les  deux  cent  dix  angles 
que  formaient  entre  eux  les  grands  cercles  de  comparaison  provi- 
soires des  vingt  et  un  systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  occiden- 
tale, trouva  que  ces  angles  étaient  loin  de  se  répartir  uniformément 
dans  les  900  du  quart  de  la  circonférence.  Par  une  sorte  de  caprice 
apparent,  ils  se  groupaient  autour  de  certains  points  du  quadrant, 
laissant  presque  vides  les  espaces  intermédiaires.  En  voyant  ce  grou- 
pement, que  le  hasard  seul  ne  pouvait  expliquer,  l'auteur  comprit 
immédiatement  qu'il  avait  sous  les  yeux  l'indice  d'une  loi  de  corré- 
lation entre  les  positions  des  grands  cercles  de  comparaison  des 
différents  systèmes  de  montagnes,  et  il  s'occupa  des  moyens  de 
déduire  cette  loi  des  chiffres  donnés  par  le  calcul  des  observations. 

Il  pensa  que ,  si  les  grands  cercles  de  comparaison  des  différents 
systèmes  de  montagnes  n'étaient  pas  placés  au  hasard  sur  la  sur- 
face de  la  sphère,  cela  devait  tenir  à  ce  qu'ils  faisaient  partie  d'un 
réseau  assujetti  à  un  certain  principe  de  symétrie. 

Il  crut  d'abord  que  ce  principe  de  symétrie  pourrait  n'être  autre 
chose  que  celui  qui  existe  dans  le  réseau  ayant  pour  base  huit  trian- 
gles trirectangles ,  et  composé  de  trois  grands  cercles  perpendicu- 
laires entre  eux  et  d'une  série  d'autres  grands  cercles  coordonnés 
aux  premiers.  Mais,  ayant  calculé  un  grand  nombre  d'angles  du  ré- 
seau ainsi  formé,  il  remarqua  que  les  points  du  quadrant  dont  ils 
se  rapprochaient  de  préférence  n'avaient  pas  de  rapport  avec  ceux 
qui  semblaient  attirer  les  angles  déduits  de  l'observation.  H  dut  en 
conséquence  renoncer  à  cette  première  tentative. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  37 

Ce  fut  alors  qu'il  se  demanda  s'il  n'existerait  pas  sur  la  sphère 
un  autre  réseau  régulier,  et  si  des  triangles  équilatéraux  qui  s'as- 
sembleraient, non  plus  quatre  à  quatre,  mais  cinq  à  cinq  autour 
d'un  point  ne  pourraient  pas  en  fournir  la  base.  Il  fut  ainsi  conduit 
à  s'occuper  des  vingt  triangles  équilatéraux  qui  embrassent  la 
sphère  et  du  réseau  auquel  ils  servent  de  base. 

Avec  les  grands  cercles  primitif*  dont  font  partie  les  côtés  des 
vingt  triangles  équilatéraux,  il  en  considéra  un  certain  nombre 
d'autres  liés  aux  premiers  par  les  relations  les  plus  simples,  et  il 
calcula  les  angles  que  tous  ces  grands  cercles  forment  entre  eux 
dans  leurs  intersections  mutuelles.  Il  ne  tarda  pas  à  reconnaître 
que  ces  angles  ne  sont  pas  distribués  indifféremment  dans  tous  les 
points  du  quadrant,  mais  qu'ils  ont  une  propension  marquée  à  se 
grouper  autour  de  certains  points,  et  que  ces  points  coïncident  à 
peu  près  avec  ceux  dont  tendent  à  se  rapprocher  les  deux  cent 
dix  angles  déduits  des  observations.  Les  différences  pouvaient  être 
attribuées  aux  petites  erreurs  inévitables  dans  la  détermination  des 
grands  cercles  de  comparaison  provisoires  des  différents  systèmes  de 
montagnes,  et  au  choix  incomplet  des  cercles  adaptés  aux  grands 
cercles  primitifs  dont  les  côtés  des  vingt  triangles  équilatéraux  font 
partie. 

Dès  lors,  le  secret  du  caprice  apparent  qui  rapprochait  de  certains 
points  du  quadrant  les  angles  formés  par  les  grands  cercles  de  com- 
paraison provisoires  pouvait  être  considéré  comme  dévoilé  et  comme 
n'étant  autre  chose  que  l'existence,  dans  l'agencement  réciproque 
de  ces  grands  cercles,  de  la  loi  de  symétrie  qui  existe  dans  l'ordon- 
nance des  vingt  triangles  équilatéraux.  L'auteur  fut  ainsi  conduit  à 
penser  que  cette  loi  de  symétrie  méritait  d'être  étudiée  et  analysée 
en  vue  de  l'application  qu'on  pourrait  probablement  en  faire  à  la 
stratigraphie,  et  que  le  temps  qu'il  pourrait  y  consacrer  ne  serait 
pas  perdu  pour  la  science. 

Mais  le  système  des  vingt  triangles  équilatéraux  qui  embrassent 
la  sphère  n'était  pas  généralement  connu.  Peut-être  n'en  avait-on 


38  RAPPORT  SU  II  LES  PROGRES 

jamais  l'ait  aucune  application.  11  se  trouvait  dans  des  conditions 
bien  différentes  du  système  des  huit  triangles  trirectangles  qui  em- 
brassent aussi  la  sphère  entière  :  ce  dernier  sert  de  base  au  système 
cristallin  régulier,  et  même,  avec  de  certaines  modifications,  à  la 
cristallographie  tout  entière;  les  cristallographes  en  ont  l'ait  une 
étude  aussi  détaillée  qu'approfondie;  il  s'agissait  d'étudier  sur  un 
plan  analogue  le  système  des  vingt  triangles  équilatéraux. 

L'auteur  a  consigné  cette  étude  dans  sa  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  et  dans  quelques  autres  écrits  qui  seront  mentionnés 
ultérieurement.  Le  présent  Rapport  ne  comporte  naturellement 
qu'une  analyse  générale  et  sommaire  de  ces  travaux,  faite  en  vue 
de  leurs  résultats. 

Les  grands  cercles  primitifs  auxquels  appartiennent  les  côtés  des 
vingt  triangles  équilatéraux  sont  au  nombre  de  quinze.  Chacun 
d'eux  fournit  deux  côtés  de  triangles  placés  en  opposition  l'un  par 
rapport  à  l'autre;  et,  comme  chaque  côté  appartient  à  deux  triangles 
contigus  et  doit  être  compté  deux  fois,  cela  donne  les  soixante  côtés 
des  vingt  triangles.  Les  soixante  angles  de  ces  mêmes  triangles  se 
réunissent  cinq  à  cinq  en  douze  points,  dont  chacun  est  l'antipode 
d'un  point  semblable. 

En  chacun  de  ces  points  de  réunion  d'un  nombre  impair  d'angles 
égaux,  chaque  côté  se  trouve  opposé  à  un  angle  que  sa  prolongation 
divise  en  deux  parties  égales,  en  formant  l'apothème  du  triangle  au- 
quel cet  angle  appartient,  et  ensuite  l'apothème  d'un  autre  triangle 
contigu  au  premier;  chacun  des  quinze  cercles  primitifs  qui  con- 
tient deux  côtés  de  triangle  contient  aussi  quatre  apothèmes,  ce 
qui  donne  les  soixante  apothèmes  des  vingt  triangles  équilatéraux. 
Les  trois  apothèmes  de  chacun  des  vingt  triangles  se  croisent  à 
son  centre  sous  des  angles  de  6o°,  et  le  divisent  en  six  triangles 
rectangles  scalènes  égaux  et  symétriques  deux  à  deux,  dont  les 
angles  sont  de  900,  de  6o°  et  de  36°.  La  sphère  entière  est  parta- 
gée en  cent  vingt  de  ces  triangles  rectangles  scalènes. 

Chacun  des  Imil  triangles  Irireetangles  qui  embrassent  aussi  la 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  39 

sphère  entière  peut  également  être  partagé  en  six  triangles  rec- 
tangles scalènes  égaux,  et  symétriques  deux  à  deux.  Chacun  de  ces 
triangles  a  des  angles  de  900,  de  6o°  et  de  /|5°,  et  leur  nombre 
total  est  de  quarante-huit  au  lieu  de  cent  vingt.  Ils  sont  deux  fois 
et  demie  moins  nombreux  et  deux  fois  et  demie  plus  grands  que 
dans  le  système  des  vingt  triangles  équilatéraux. 

Ces  quarante-huit  triangles  peuvent,  sans  changer  de  place, 
être  groupés  par  la  pensée  en  huit  triangles  équilatéraux ,  qui  sont 
trirectangles,  en  six  quadrilatères  à  angles  de  1200  et  en  douze 


losanges. 


Les  cent  vingt  triangles  scalènes  du  système  des  vingt  triangles 
équilatéraux  peuvent  de  même,  sans  déplacement,  être  groupés 
en  vingt  triangles  équilatéraux,  en  douze  pentagones  sphériques 
réguliers  à  angles  de  1200,  et  en  trente  losanges. 

On  voit  que  les  deux  systèmes  se  ressemblent  en  beaucoup 
de  points;  mais  ils  présentent  cette  différence  essentielle  et  ca- 
ractéristique, que  le  quadrilatère  de  l'un  est  remplacé  par  le  pen- 
tagone de  l'autre;  cette  circonstance  a  donné  à  l'auteur  l'idée  de 
désigner  l'un  par  le  nom  de  réseau  quadrilatéral  et  l'autre  par  celui 
de  réseau  pentagonal. 

Le  réseau  pentagonal,  composé  en  principe  de  vingt  triangles 
équilatéraux  et  de  cent  vingt  triangles  rectangles  scalènes,  est  une 
figure  assez  complexe  pour  qu'il  soit  peut-être  difficile  au  premier 
abord  de  se  la  représenter  sans  figure.  Mais  une  figure  en  per- 
spective tracée  sur  le  papier  serait  un  auxiliaire  fort  imparfait.  Le 
lecteur  ferait  bien  de  tracer  le  réseau  pentagonal  sur  un  corps 
sphérique ,  ne  fut-ce  qu'une  bille  de  billard ,  ou  même  une  orange , 
ou  mieux  encore  d'avoir  sous  les  yeux  le  globe  terrestre,  sur  lequel 
M.  Laugel  a  tracé,  comme  on  le  dira  plus  loin,  le  réseau  pentagonal. 

Il  est  aisé  de  voir,  même  sur  une  figure  imparfaite,  que  les  cent 
vingt  triangles  rectangles  scalènes  du  réseau  pentagonal  peuvent, 
sans  aucun  déplacement,  être  groupés  par  la  pensée  de  manière 
à  donner  un  système  trirectangulaire.  Ce  groupement  peut  s'effec- 


/,()  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

hier  de  cinq  manières  différentes,  et  on  obtient  ainsi  cinq  systèmes 
trirectangulaires  indépendants  les  uns  des  autres  et  assemblés  sui- 
vant les  lois  de  la  symétrie  pentagonale. 

Cette  propriété  remarquable  du  réseau  pentagonal  peut  aussi 
se  déduire  des  énoncés  donnés  ci-dessus.  Chacun  des  trente  arcs 
qui  forment  les  côtés  des  vingt  triangles  équilatéraux  est  coupé 
perpendiculairement  dans  son  milieu  par  un  autre  grand  cercle 
primitif,  qui  y  passe  sous  la  forme  de  deux  apothèmes  réunis 
par  leurs  pieds.  Le  nombre  de  ces  intersections  rectangulaires 
est  de  trente,  mais,  comme  chacune  d'elles  se  trouve  sur  deux 
grands  cercles  primitifs,  on  en  trouvera  soixante,  si  on  suit  les 
grands  cercles  primitifs  l'un  après  l'autre  en  comptant  les  inter- 
sections rectangulaires  qu'on  y  rencontre.  Chaque  grand  cercle  pri- 
mitif en  renferme  quatre,  qui  sont  placées  à  des  intervalles  égaux 
chacun  à  un  apothème  augmenté  d'un  demi-côté  de  triangle  équi- 
latéral;  réunion  qui  forme  exactement  un  quart  de  circonférence. 
On  voit  d'après  cela  que  chacun  des  grands  cercles  primitifs  est 
conjugué  avec  deux  autres  pour  former  un  système  trirectangu- 
laire.  Les  quinze  grands  cercles  primitifs  donnent  cinq  systèmes 
semblables,  contenant  chacun  six  intersections  rectangulaires,  ce 
qui  en  fait  trente  comme  on  l'a  déjà  dit. 

Pour  trouver  ces  cinq  systèmes  trirectangulaires  sans  ambiguïté, 
il  suffit  de  considérer  les  milieux  des  cinq  côtés  de  l'un  des  douze 
pentagones.  Chacun  de  ces  milieux  présente  une  intersection  rec- 
tangulaire appartenant  à  un  système  trirectangulaire  différent  de 
ceux  auxquels  appartiennent  les  quatre  autres. 

La  manière  dont  s'assemblent  les  cent  vingt  triangles  rectangles 
scalènes,  dans  lesquels  la  surface  de  la  sphère  est  divisée  par  les 
quinze  grands  cercles  primitifs  du  réseau,  permet  de  mettre  en 
évidence,  avec  la  plus  grande  facilité,  les  principales  propriétés  de 
la  symétrie  pentagonale.  11  suffit  pour  cela  d'étudier  les  différentes 
ligures  auxquelles  ils  donnent  naissance  par  leurs  divers  modes 
de  groupement. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  41 

Les  cordes  des  trois  côtés  de  chacun  des  vingt  triangles  sphéri- 
ques  équilatéraux,  composés  respectivement  de  six  triangles  rec- 
tangles scalènes,  forment  un  triangle  éqnilatéral  plan,  et  les  vingt 
triangles  plans  ainsi  obtenus  constituent  un  icosaèdre  régulier  inscrit 
dans  la  sphère  et  dont  les  sommets  coïncident  avec  les  centres  des 
douze  pentagones. 

Les  cordes  des  cinq  côtés  de  chacun  des  douze  pentagones  sphé- 
riques  réguliers,  composés  respectivement  de  dix  triangles  rectan- 
gles scalènes,  forment  un  pentagone  régulier  plan,  et  les  douze 
pentagones  plans  ainsi  engendrés  constituent  un  dodécaèdre  régulier 
inscrit  dans  la  sphère  et  dont  les  sommets  coïncident  avec  les 
centres  des  vingt  triangles  équilatéraux. 

Chacune  des  trente  intersections  rectangulaires  des  grands  cercles 
primitifs  du  réseau  occupe  le  milieu  de  l'un  des  trente  losanges 
sphériques  résultant  de  l'assemblage  quatre  à  quatre  des  cent 
vingt  triangles  rectangles  scalènes.  Si  par  chacun  de  ces  trente 
points  on  mène  un  plan  tangent  à  la  sphère,  on  formera  un  solide 
terminé  par  trente  losanges  égaux  entre  eux  et  régulièrement 
assemblés.  Ce  solide  est  circonscrit  à  la  sphère,  mais  il  peut  être 
remplacé  par  un  autre  semblable  et  un  peu  plus  petit,  qui  serait 
inscrit  dans  la  sphère  de  manière  à  ce  que  les  sommets  quintuples 
coïncident  avec  les  centres  des  douze  pentagones  et  à  ce  que  ses 
sommets  triples  se  trouvent  sur  les  rayons  aboutissant  aux  centres 
des  vingt  triangles  équilatéraux. 

Chacun  des  cinq  systèmes  trirectangulaires  conduit  d'une  manière 
analogue  à  un  cube,  à  un  octaèdre,  aux  deux  tétraèdres  qui  en 
dérivent  par  hémiédrie,  et  à  un  dodécaèdre  rhomboïdal.  Ainsi  le 
réseau  pentagonal  renferme  cinq  cubes ,  cinq  octaèdres ,  dix  tétraè- 
dres et  cinq  dodécaèdres  rhomboïdaux  assemblés  suivant  les  lois  de 
la  symétrie  pentagonale. 

La  considération  de  ces  différents  solides  met  sur  la  voie  de 
trouver  les  grands  cercles  qui  peuvent  concourir  avec  les  quinze 
grands  cercles  primitifs  pour  représenter  la  symétrie  pentagonale. 


A*2  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ou  même  les  remplacer  dans  son  expression;  de  même  que,  dans 
le  système  cubique,  l'octaèdre  et  le  dodécaèdre  rhomboïdal  peuvent 
remplacer  le  cube. 

On  peut  d'abord  mener  par  le  centre  de  la  sphère  six  plans 
respectivement  parallèles  aux  douze  faces  du  dodécaèdre  régulier. 
Ces  six  plans  détermineront  six  grands  cercles  dont  chacun  aura 
pour  pôles  les  centres  de  deux  des  douze  pentagones  sphériques 
réguliers.  Ces  six  grands  cercles  seront  seuls  de  leur  espèce  dans  le 
réseau  et  constitueront  l'expression  la  plus  simple  et  la  plus  con- 
centrée, la  plus  quintessenciée  pour  ainsi  dire,  de  la  symétrie  pen- 
tagonale.  L'auteur  de  la  Notice  leur  a  donné  le  nom  de  dodécaedriques 
réguliers. 

On  peut  aussi  mener  par  le  centre  de  la  sphère  dix  plans  res- 
pectivement parallèles  aux  vingt  faces  de  l'icosaèdre  régulier.  Ces 
dix  plans  détermineront  dix  grands  cercles  qui  auront  pour  pôles 
les  centres  des  vingt  triangles  équilatéraux.  Ils  constitueront,  après 
les  précédents ,  l'expression  la  plus  concentrée  de  la  symétrie  penta- 
gonale.  L'auteur  leur  a  donné  le  nom  à'icosaédriques. 

On  pourrait  également  mener  par  le  centre  de  la  sphère  quinze 
plans  respectivement  parallèles  aux  faces  du  solide  terminé  par 
trente  losanges;  mais  il  est  aisé  de  voir  que  ces  plans  ne  seraient 
autre  chose  que  les  plans  mêmes  des  quinze  grands  cercles  primitifs. 

On  pourrait  aussi  mener  par  le  centre  de  la  sphère  quinze  plans 
respectivement  parallèles  aux  six  faces  de  chacun  des  cinq  cubes , 
mais  ces  quinze  plans  reproduiraient  encore  ceux  des  quinze  grands 
cercles  primitifs. 

On  pourrait  songer,  en  outre,  à  mener  par  le  centre  de  la  sphère 
des  plans  parallèles  aux  faces  des  cinq  octaèdres,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  des  plans  perpendiculaires  aux  diagonales  des  cinq  sys- 
tèmes trirectangulaires  :  chaque  système  trirectangulaire  ayant 
quatre  diagonales,  il  semble  qu'il  devrait  y  avoir,  en  tout,  vingt 
plans  de  cette  espèce;  mais  il  n'y  en  a  réellement  que  dix,  parce 
que  chaque  diagonale  est  commune  à  doux  des  cinq  systèmes  hi- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  43 

rectangulaires,  qui  se  superposent  l'un  à  l'autre  en  tournant,  soit 
de  kk°-2W  %Ç)",ok,  soit  de  75°3i'W,96,  autour  de  la  diagonale 
qui  leur  est  commune.  De  plus,  ces  dix  diagonales  des  systèmes 
trirectangulaires  ne  sont  autre  chose  que  les  diamètres  de  la  sphère 
qui  joignent  deux  à  deux  les  centres  des  vingt  triangles  équilaté- 
raux,  de  sorte  que  les  dix  plans  qui  leur  seraient  respectivement 
perpendiculaires  rentrent  dans  ceux  des  icosaédriques. 

Cette  construction  ne  donne  donc  pas  de  nouveaux  cercles,  mais 
elle  augmente  l'importance  des  icosaédriques ,  et,  pour  constater  leur 
condition  privilégiée,  l'auteur  les  a  nommés  icosaédriques  ou  octaédri- 
ques,  ou  même  simplement  octaédriques ,  nom  plus  facile  à  prononcer. 

On  peut  enfin ,  pour  compléter  l'opération ,  mener  par  le  centre 
de  la  sphère  des  plans  respectivement  parallèles  aux  faces  des  cinq 
dodécaèdres  rhomboïdaux,  faces  dont  on  compte  soixante  parallèles 
deux  à  deux.  Ces  plans,  qui  sont  au  nombre  de  trente  et  perpen- 
diculaires deux  à  deux  aux  plans  des  quinze  grands  cercles  pri- 
mitifs, déterminent  trente  grands  cercles  que  l'auteur  nomme  dodé- 
caédriques rh omboïdaux . 

Les  constructions  qui  viennent  d'être  définies  donnent  en  tout 
Gi  grands  cercles,  savoir: 

6  dodécaédriques  réguliers  ; 

y  o  icosaédriques  ou  octaédriques  ; 

1 5  grands  cercles  primitifs  ; 

3o  dodécaédriques  rhomboïdaux. 

Ces  grands  cercles,  surtout  les  seize  premiers,  sont  évidemment 
dans  les  rapports  les  plus  intimes  avec  la  symétrie  pentagonale,  et 
l'auteur  les  a  nommés  les  grands  cercles  principaux  du  réseau  pen- 
tagonal. 

M.  Elie  de  Beaumont  a  donné  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes  une  figure  exacte  (pi.  Y)  de  l'un  des  douze  pentagones 
du  réseau,  sur  laquelle  tous  les  grands  cercles  principaux  sont  re- 
présentés par  des  lignes  pleines  ou  diversement  ponctuées,  de  ma- 
nière à  en  rendre  les  quatre  classes  distinctes  à  première  vue  et  à 


M  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

montrer  comment  ces  grands  cercles  s'ajustent  les  uns  aux  autres. 
On  le  voit  mieux  encore  sur  le  globe  où  M.  Laugel  a  dessiné  le 
réseau  pentagonaî. 

Mais  ces  soixante  et  un  grands  cercles  principaux  ne  forment  pas 
encore  un  réseau  assez  serré  pour  qu'on  puisse  y  trouver  les  grands 
cercles  de  comparaison  de  tous  les  systèmes  de  montagnes.  La 
stratigraphie  ne  peut  pas  plus  s'y  arrêter  que  la  cristallographie 
ne  s'arrête  aux  laces  du  cube,  de  l'octaèdre  et  du  dodécaèdre 
rhomboïdal.  Elle  doit  chercher  des  grands  cercles  auxiliaires  parmi 
ceux  qui  dérivent  des  grands  cercles  principaux,  lorsqu'on  supprime 
une  des  conditions  qui  fixait  ces  derniers  dans  la  position  limite 
qui  leur  appartient.  On  obtient  ainsi  des  grands  cercles  qui  reflè- 
tent encore  d'une  manière  très-marquée  la  symétrie  pentagonale. 
L'auteur  s'est  laissé  guider  à  cet  égard  par  ce  qui  a  été  fait  dans 
la  cristallographie,  non  pas  parce  que  la  cristallographie  est  une 
science  familière  à  beaucoup  de  géologues,  mais  parce  qu'elle  re- 
pose sur  une  analyse  exacte  et  approfondie  des  rapports  géométri- 
ques de  tous  les  plans  qui  peuvent  se  rattacher  au  système  trirec- 
tangulaire  ou  quadrilatéral ,  analyse  dont  on  peut  reporter  l'esprit 
dans  l'étude  du  réseau  pentagonaî. 

Le  réseau  quadrilatéral  divisant  la  surface  de  la  sphère  en  qua- 
rante-huit triangles  sphériques  rectangles  scalènes  égaux  et  symé- 
triques deux  à  deux,  les  plans  des  arcs  qui  forment  les  côtés  de 
ces  triangles  divisent  l'espace  en  quarante-huit  angles  trièdres, 
ayant  pour  sommet  commun  le  centre  de  la  sphère.  Si  dans  l'un  de 
ces  angles  trièdres  on  place  un  plan  d'une  manière  quelconque,  et 
qu'on  en  place  un  semblablement  dans  chacun  des  quarante-sept 
autres  angles  trièdres,  ces  quarante-huit  plans  formeront  un  solide 
à  quarante-huit  faces,  qui  jouira  dans  son  ensemble  de  la  symétrie 
quadrilatérale,  mais  qui  s'y  rattachera  le  moins  possible,  puisque 
le  premier  plan  choisi  ne  s'y  rattache  en  aucune  façon.  Mais  \v 
premier  plan  peut  être  choisi  de  manière  à  remplir  une  condition 
particulière  par  rapport  à  la  symétrie  quadrilatérale.  Le  solide  s<> 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  45 

rattache  alors  plus  intimement  à  cette  symétrie,  et  il  s'y  rattachera 
d'autant  plus  (pie  le  premier  plan  choisi  y  sera  plus  étroitement  lié. 

Le  réseau  pentagonal  donne  naissance  de  la  même  manière  à  un 
système  de  cent  vingt  angles  trièdres  qui  conduisent  à  un  solide  à 
cent  vingt  faces  doué  dans  son  ensemble  de  la  symétrie  pentago- 
nale,  et  d'autant  plus  lié  à  cette  symétrie  que  le  premier  plan  choisi 
s'y  rattache  plus  étroitement. 

Les  cinq  systèmes  trirectangulaires  que  renferme  le  réseau  pen- 
tagonal  donnent  naissance  à  cinq  solides  à  quarante-huit  faces, 
présentant  5  fois  48  plans,  ou  2 ko  plans,  qu'on  peut,  d'après  leur 
symétrie,  considérer  comme  formant  un  solide  à  deux  cent  qua- 
rante faces;  deux  fois  autant  qu'en  compte  le  solide  dérivé  du  ré- 
seau pentagonal.  Mais  ce  solide  se  dédouble  en  deux  autres  dont 
chacun  présente  cent  vingt  faces  et  jouit  de  la  symétrie  pentagonale. 

Pour  le  concevoir,  il  suffit  de  remarquer  que  les  deux  triangles 
rectangles  scalènes,  qui  dans  le  réseau  quadrilatéral  aboutissent 
par  leurs  angles  de  45°  à  l'angle  d'un  triangle  trirectangle , 
s'y  trouvent  dans  des  conditions  de  parfaite  symétrie,  mais  que, 
lorsque  ce  même  triangle  trirectangle  est  considéré  comme  faisant 
partie  du  réseau  pentagonal,  l'un  des  côtés  de  chaque  angle  droit 
appartient  à  un  petit  côté  et  l'autre  à  un  grand  côté  de  l'un  des 
triangles  rectangles  scalènes  du  réseau  pentagonal,  de  sorte  que  les 
triangles  du  réseau  quadrilatéral  qui  leur  sont  accolés  jouent  dans 
la  symétrie  pentagonale  des  rôles  différents;  ce  qui  conduit  au  dé- 
doublement du  système  de  260  plans  en  deux  systèmes  de  1  20  plans 
chacun,  120  d'une  espèce,  symétriques  deux  à  deux,  et  120  d'une 
autre  espèce,  également  symétriques  deux  à  deux.  Dans  chacun  des 
deux  systèmes  les  cent  vingt  plans  sont  également  parallèles  deux  à 
deux,  et  ils  répondent  à  deux  séries,  chacune  de  soixante  cercles, 
appartenant  généralement  à  deux  espèces  différentes. 

On  voit  par  là  que  les  deux  réseaux,  dans  leur  assemblage,  s'en- 
grènent d'une  manière  à  la  fois  gauche  et  parfaitement  régulière, 
et  ce  qu'ils  présentent  de  similaire  conduit  naturellement  à  pro- 


',<;  li  kPPORT  SU  H  LES  PROGRÈS 

céder  dans  l'analyse  du  réseau  peu tagoml  comme  la  cristallographie 
a  procédé  dans  l'analyse  du  réseau  quadrilatéral. 

Dans  le  système  cristallin  régulier,  les  faces  qui  ont  les  rapports 
les  plus  directs  avec  la  symétrie  générale  sont,  après  les  faces  du 
cube,  de  l'octaèdre  et  du  dodécaèdre  rhomboïdal,  celles  qui,  en 
termes  de  cristallographie,  s'appuient  sur  les  arêtes  de  ces  solides, 
et  qui  peuvent  être  engendrées  par  les  plans  de  leurs  faces  tournant 
autour  des  arêtes  qui  les  terminent;  c'est-à-dire  les  faces  des  hexa- 
tétraèdres  ou  dodécaédriques  pentagonaux,  celles  des  trapézoèdres 
ou  des  solides  à  faces  triangulaires  qui  en  continuent  la  série ,  et 
celles  des  solides  à  quarante-huit  faces  formés  de  douze  pyramides 
ayant  pour  bases  les  faces  du  dodécaèdre  rhomboïdal.  Ces  faces 
peuvent  toutes  être  engendrées  par  celles  du  dodécaèdre  rhom- 
boïdal tournant  autour  de  leur  petite  diagonale,  de  leur  grande 
diagonale,  et  des  quatre  arêtes  qui  les  terminent. 

Transportés  dans  le  réseau  pentagonal,  les  plans  qui  corres- 
pondent aux  hexatétraèdres  des  cinq  systèmes  trirectangulaires  sont 
représentés  par  les  grands  cercles,  en  nombre  infini,  qu'on  peut 
faire  passer  par  les  trente  intersections  rectangulaires  des  grands 
cercles  primitifs,  et  les  plans  qui  correspondent  aux  trapézoèdres 
sont  représentés  par  les  grands  cercles,  en  nombre  infini,  qu'on 
peut  faire  passer  par  les  points  de  la  surface  sphérique ,  au  nombre 
de  soixante,  où  aboutissent  les  diagonales  des  angles  plans  des 
systèmes  trirectangulaires.  Ces  points  sont  les  milieux  des  arcs  de 
90°qui,  sur  les  grands  cercles  primitifs,  joignent  les  intersections 
où  ils  se  coupent  à  angle  droit.  Enfin  les  plans  qui  correspondent 
aux  faces  des  pyramides  ayant  pour  bases  les  faces  en  forme  de  lo- 
sange du  dodécaèdre  rhomboïdal  sont  représentés  par  les  grands 
cercles,  en  nombre  infini,  qu'on  peut  faire  passer  par  les  points 
de  la  surface  de  la  sphère  où  aboutissent  les  diagonales  des  cinq 
systèmes  trirectangulaires.  Ces  points  sont  au  nombre  de  vingt  seu- 
lement, ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu,  et  il  en  résulte  que  les  cercles  qui 
sont  assujettis  à  y  passer  éprouvent  par  cela  même  une  sorte  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EiN    FRANCE.  kl 

concentration  qui  leur  imprime  dune  manière  particulière  le  ca- 
chet de  la  symétrie  pentagonale. 

L'auteur  a  nommé  hexatétraédriques  ou  dodécaédriques  pentagonaux 
les  grands  cercles  qui  passent  aux  trente  intersections  rectangu- 
laires des  cercles  primitifs  du  réseau.  Par  des  motifs  déjà  signalés 
à  l'occasion  des  solides  de  deux  cent  quarante  et  de  cent  vingt  faces, 
les  soixante  hexatétraédriques',  qui  correspondent  à  chaque  système 
de  cinq  hexatétraèdres,  forment  deux  séries,  chacune  de  trente 
cercles,  appartenant  généralement  à  deux  espèces  différentes. 

L'auteur  a  nommé  par  le  même  motif  trapézoédriques  les  grands 
cercles  qui  passent  aux  soixante  points  de  la  surface  sphérique  où 
aboutissent  les  diagonales  des  angles  droits  des  cinq  systèmes  tri- 
rectangulaires. 

Quant  aux  cercles  qui  passent  par  les  vingt  points  où  aboutissent 
les  diagonales  des  cinq  cubes ,  il  les  a  nommés  diagonaux  en  raison 
de  ce  que  les  points  auxquels  ils  sont  assujettis  à  passer  constituent 
les  angles  des  pentagones  sphériques  réguliers,  que  ces  cercles  tra- 
versent diagonalement. 

Passant  ensuite  aux  trois  solides  qui  dérivent  directement  de  la 
symétrie  pentagonale,  on  peut  également  concevoir  des  faces,  en 
nombre  infini,  appuyées  sur  les  arêtes  du  dodécaèdre  régulier,  sur 
celles  de  l'icosaèdre  ou  sur  celles  du  solide  terminé  par  trente  lo- 
sanges, et  mener  par  le  centre  de  la  sphère  des  plans  parallèles 
à  ces  faces. 

Les  plans  menés  par  le  centre  de  la  sphère,  parallèlement  aux 
faces  appuyées  sur  les  arêtes  du  dodécaèdre  régulier,  passent  tous 
par  l'un  ou  l'autre  des  axes  de  l'un  des  cinq  systèmes  trirectangu- 
laires,  et  les  grands  cercles,  qu'ils  déterminent,  en  nombre  infini, 
passent  tous  par  l'un  ou  l'autre  des  trente  points  où  les  grands 
cercles  primitifs  du  réseau  se  coupent  à  angle  droit. 

Il  en  est  exactement  de  même  des  cercles  déterminés  par  des 
plans  menés  par  le  centre  de  la  sphère,  parallèlement  aux  faces 
appuyées  sur  les  arêtes  de  l'icosaèdre  régulier. 


Û8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Ainsi  Ions  ces  cercles  rentrent  dans  la  classe  i\v*  hexatétra&- 
driques. 

Il  en  est  autrement  des  plans  parallèles  aux  laces  qu'on  peut 
concevoir  comme  s'appuyant  sur  les  arêtes  du  solide  terminé  par 
trente  losanges,  et  formant  sur  chacun  de  ces  losanges  une  pyra- 
mide à  quatre  faces.  Les  cercles  déterminés  par  ces  plans  passent 
par  les  points  de  la  surface  de  la  splière  où  les  grands  cercles  pri- 
mitifs se  coupent  sous  des  angles  de  36°,  c'est-à-dire  par  les  centres 
des  douze  pentagones  sphériques  réguliers.  Par  suite  de  cette  cir- 
constance, l'auteur  a  donné  aux  cercles  dont  il  s'agit  le  nom  de 
diamétraux. 

En  résumé,  les  cercles  qu'on  est  conduit  à  introduire,  comme 
auxiliaires  les  plus  directs,  dans  le  réseau  pentagonal,  passent  par 
quatre  sortes  de  points,  savoir  :  par  les  centres  des  douze  penta- 
gones, par  les  centres  des  vingt  triangles  équilatéraux,  par  les 
centres  des  trente  losanges,  et  par  les  points  situés  au  milieu  des 
arcs  de  900  qui  joignent  l'une  à  l'autre  les  intersections  rectangu- 
laires des  grands  cercles  primitifs.  Ils  sont  de  quatre  sortes  :  les 
hexatétraédriques ,  les  trapézoédriques ,  les  diagonaux  et  les  diamétraux , 
de  même  qu'il  y  a  aussi  quatre  espèces  de  grands  cercles  principaux. 

Les  points  où  les  grands  cercles  auxiliaires  sont  assujettis  à  passer 
sont  évidemment  ceux  qui  jouent  le  rôle  prépondérant  dans  l'or- 
donnance des  cercles  du  réseau,  et  ils  doivent  ce  privilège  à  la 
circonstance  qu'ils  constituent  les  pôles  des  cercles  principaux. 

En  effet,  les  centres  des  douze  pentagones  sont,  comme  on  la 
déjà  dit,  les  pôles  des  six  dodécaédriques  réguliers;  les  centres  des 
vingt  triangles  équilatéraux  sont  les  pôles  des  dix  icosaédriques  ou 
octaédriques  ;  les  trente  points  où  les  grands  cercles  primitifs  se  ren- 
contrent perpendiculairement  sont  les  pôles  de  ces  mêmes  cercles, 
et  enfin  les  soixante  points  où  les  diagonales  des  angles  droits  des 
cinq  systèmes  trirectangulaires  rencontrent  la  surface  de  la  sphère 
sont  les  pôles  des  trente  dodécaédriques  rltomboïdaux. 

Les  cercles  auxiliaires  que  nous  avons  choisis,  passant  toujours 


DE  LA   STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  49 

par  les  pôles  de  l'un  des  grands  cercles  principaux,  coupent  néces- 
sairement ce  grand  cercle  à  angle  droit;  ainsi  les  grands  cercles 
auxiliaires  que  nous  avons  introduits  sont  tout  simplement  les  per- 
pendiculaires aux  grands  cercles  principaux,  et  le  réseau,  limité  à 
ces  cercles,  est  composé  simplement  des  grands  cercles  principaux 
et  de  tous  leurs  perpendiculaires. 

Les  pôles  des  grands  cercles  principaux  étant  tous  situés  sur  les 
grands  cercles  primitifs ,  on  voit  que  tous  les  cercles  introduits  dans 
le  réseau  peuvent  être  engendrés  par  les  grands  cercles  primitifs 
tournant  autour  de  ceux  de  leurs  diamètres  qui  aboutisssent  aux 
pôles  des  grands  cercles  principaux,  et  les  grands  cercles  princi- 
paux eux-mêmes  sont  compris  dans  ce  mode  de  génération. 

Tous  ces  cercles  sont  évidemment  en  connexion  très-étroite  les 
uns  avec  les  autres  et  avec  la  symétrie  du  réseau.  Ils  forment  un 
ensemble  très-rationnellement  limité,  et  dans  l'ordre  des  rapports 
de  symétrie  ils  occupent  un  rang  supérieur  à  tous  ceux  dont  la 
liaison  avec  le  système  des  vingt  triangles  équilatéraux  permettrait 
encore  d'y  chercher  de  nouveaux  cercles  auxiliaires.  Sans  proscrire 
en  aucune  façon  l'emploi  de  ces  derniers,  l'auteur  de  la  Notice  a 
pensé  que,  pour  un  premier  essai  de  la  symétrie  pentagonale,  on 
pourrait  se  limiter  à  la  série  de  cercles  qui  vient  d'être  définie. 

L'auteur  a  pensé  aussi  qu'il  serait  utile  d'avoir  une  notation 
simple  pour  désigner  les  pôles  des  cercles  principaux  où  les  cercles 
auxiliaires  sont  assujettis  à  passer,  et  il  a  désigné  par  D  les  pôles 
des  dodécaédriques  réguliers  qui  répondent  aux  centres  des  faces 
du  dodécaèdre  régulier,  par  I  les  pôles  des  icosaédriques  ou  octaé- 
driques  qui  répondent  aux  centres  des  faces  de  l'icosaèdre  régulier, 
par  H  les  pôles  des  grands  cercles  primitifs  qui  répondent  aux  centres 
des  faces  du  solide  de  trente  losanges  et  où  passent  les  hexatétraé- 
driques,  et  parT  les  points  où  aboutissent  les  diagonales  des  angles 
droits  des  cinq  systèmes  trirectangulaires,  points  où  les  trapézoé- 
driques  sont  assujettis  de  même  à  passer.  Il  a  donné  collectivement 
à  tous  ces  points  le  nom  de  points  principaux  du  réseau ,  mais  il 

Stratigraphie.  4 


50  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

a  aussi  considéré  comme  points  principaux  d'un  ordre  secondaire 
les  soixante  points  a  où  les  octaédriques  coupent  perpendiculai- 
rement les  grands  cercles  primitifs,  les  soixante  points  b  où  les  dodé- 
caédriques  réguliers  coupent  perpendiculairement  les  mêmes  grands 
cercles  primitifs,  et  les  cent  vingt  points  c  où  les  dodécaédriques  rhom- 
boïdaux coupent  perpendiculairement  les  octaédriques. 

Ces  derniers  points  sont  ceux  où  la  surface  sphérique  est  traversée 
par  des  droites  menées  du  centre  de  la  sphère,  parallèlement  aux 
apothèmes  des  faces  de  l'icosaèdre,  du  dodécaédrique  régulier  et 
des  cinq  octaèdres.  Déjà  les  lignes  menées  par  le  centre  de  la  sphère, 
parallèlement  aux  axes,  aux  diagonales,  aux  arêtes  de  l'icosaèdre,  du 
dodécaèdre  régulier,  du  solide  de  trente  losanges,  des  cinq  cubes, 
des  cinq  octaèdres,  des  cinq  dodécaédriques  rhomboïdaux,  et  aux 
diagonales  des  faces  du  solide  de  trente  losanges,  des  cinq  cubes  et 
des  cinq  dodécaédriques  rhomboïdaux,  aboutissent  aux  points  D,  I , 
H  et  T.  Les  points  principaux  représentent  donc  les  lignes  les  plus 
symétriquement  placées  dans  la  charpente  rectiligne  du  réseau 
pentagonal,  et,  dans  l'ordre  hiérarchique  basé  sur  la  symétrie, 
ils  sont  supérieurs  à  tous  ceux  avec  lesquels  on  pourrait  les  com- 
parer. 

Il  y  a  ainsi  en  tout  36  s  points  principaux,  tant  du  premier 
que  du  second  ordre,  savoir  : 

19  points  D 

20  points  I 
3o  points  H 
6o  points  T 
6o  points  a 
6o  points  /; 

<'l  120  points  c 

362 


La  disposition  de  ces  points   sur  la  surface  de  la  sphère    est 
beaucoup  plus  simple  que  leur  grand  nombre  ne  pourrait  le  faire 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  51 

supposer  de  prime  abord.  Si  on  les  considère  sur  la  planche  V  de 
la  Notice,  ou  mieux  encore  sur  le  globe  où  M.  Laugel  a  tracé  le 
réseau  pentagonal,  on  verra  qu'ils  sont  disposés  avec  une  symétrie 
facile  à  saisir  et  qui  permet  de  les  retrouver  aisément.  Ils  donnent 
lieu  à  certaines  configurations  très-simples  qui  sont  indiquées  en 
détail  dans  l'ouvrage,  mais  dont  la  description  ne  peut  trouver 
place  dans  ce  rapport.  On  citera  seulement  le  petit  pentagone  que 
forment  autour  du  centre  de  chacun  des  douze  grands  pentagones 
les  cinq  octaédriques  qui  le  traversent.  Le  petit  pentagone  est  con- 
centrique au  grand.  Il  a  pour  sommets  cinq  points  T,  et  un  pointa 
se  trouve  au  milieu  de  chacun  de  ses  côtés. 

Dans  le  réseau  ainsi  constitué,  le  nombre  des  cercles  auxi- 
liaires est  infini;  mais,  dans  chaque  catégorie,  ces  cercles,  quoique 
engendrés  d'une  manière  uniforme,  n'ont  pas  une  égale  impor- 
tance. En  effet,  parmi  les  hexatétraédriques,  par  exemple,  dont 
chacun  passe  par  un  point  H,  ceux  qui  passent  en  même  temps 
par  un  autre  des  points  principaux  du  premier  ordre  D,  I,  T,  ou 
même  seulement  par  un  point  principal  du  second  ordre  a,  b  ou  c, 
ont  évidemment  une  liaison  plus  étroite  avec  la  symétrie  penta- 
gonale  que  ceux  qui  ne  jouiraient  pas  d'un  pareil  privilège.  Le 
nombre  des  cercles  auxiliaires  qui  passent  par  deux  points  princi- 
paux, dont  l'un  au  moins  du  premier  ordre,  étant  encore  de  plu- 
sieurs milliers,  l'auteur  a  pensé  que  provisoirement,  et  pour  faire 
un  premier  essai  de  la  symétrie  pentagonale,  on  pourrait  se  bor- 
ner à  ces  cercles  privilégiés,  sauf  à  revenir  plus  tard,  si  le  besoin 
s'en  faisait  sentir,  à  des  cercles  assujettis  à  des  conditions  moins 
étroites. 

Les  cercles  principaux  et  les  cercles  privilégiés  qui  viennent 
d'être  signalés  forment  en  quelque  sorte  la  quintessence  du  ré- 
seau pentagonal,  et  il  a  paru  très-probable  à  l'auteur  que,  si  le 
réseau  a  des  rapports  avec  la  structure  orographique  et  strati- 
graphique  de  l'écorce  terrestre,  ces  rapports  doivent  se  manifester, 
par  l'intermédiaire  de  ces  cercles  d'ordre  supérieur,  d'une  manière 


52  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

assez  générale  déjà  pour  ne  laisser  aucun  doute.  En  effet,  dans  tous 
les  essais  qu'il  a  faits,  il  n'a  jamais  senti  le  besoin  de  recourir  à 
des  cercles  auxiliaires  d'un  ordre  inférieur;  cependant  quelques- 
unes  des  personnes  qui  se  sont  occupées  de  l'application  du  réseau 
pentagonal  y  ont  eu  recours  dans  des  cas  exceptionnels,  qui  pour- 
ront peut-être  se  multiplier. 

Les  cercles  auxiliaires  du  réseau  pentagonal  correspondent  à 
peu  près  aux  décaissements  de  la  cristallographie,  et,  par  leur 
moyen,  le  réseau  pentagonal  devient  aussi  flexible  pour  repré- 
senter une  direction  observée  que  l'est  un  système  cristallin  pour 
reproduire  approximativement  une  incidence  mesurée.  La  limi- 
tation du  nombre  des  cercles  auxiliaires  ressemble  à  ce  qui  se 
pratique  dans  la  cristallographie,  où,  par  exemple,  pour  l'inci- 
dence d'un  hexatétraédrique  sur  la  face  du  cube,  on  peut  adapter 
un  angle  dont  la  tangente  soit  le  rapport  de  deux  nombres  entiers 
quelconques,  mais  où,  par  le  fait,  on  n'emploie  jamais  que  des 
angles  dont  la  tangente  est  exprimée  par  le  rapport  de  deux  nom- 
bres peu  considérables,  tels  que  1,  2,  3,  h. . . 

La  possibilité  de  se  servir  toujours  de  pareils  nombres  montre 
les  rapports  intimes  de  la  cristallographie  avec  la  structure  réelle 
des  corps  cristallisés ,  et  de  même  la  possibilité  de  s'en  tenir  presque 
toujours  à  des  cercles  auxiliaires  déterminés  par  les  points  princi- 
paux du  réseau  montre  les  rapports  intimes  qui  existent  entre  le 
réseau  pentagonal  et  la  structure  de  l'écorce  terrestre. 

Les  notations  adoptées  pour  les  points  principaux  fournissent 
des  notations  très-simples  pour  les  cercles  qui  y  passent;  car  il  est 
naturel  de  désigner  par  IT  un  cercle  qui  passe  par  un  point  I  et 
un  point  T,  par  Ta  un  cercle  qui  passe  par  un  point  T  et  un 
point  a.  Il  est  à  remarquer  cependant  que,  réduite  à  ce  degré  de 
simplicité,  la  notation  a  quelque  chose  d'ambigu,  parce  qu'il  y  a 
des  cercles  IT  et  des  cercles  Ta  de  plusieurs  espèces,  qui  traversent 
dans  le  réseau  des  régions  très-différentes.  Pour  faire  disparaître 
cet  inconvénient,  il  suffît  de  remarquer  qu'an  cercle  qui  passe  par 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  53 

deux  points  principaux  passe  très-souvent  par  plusieurs  autres  qui 
peuvent  également  servir  à  le  désigner  et  dont  on  peut  faire  entrer 
les  lettres  indicatives  dans  sa  désignation.  On  arrive  ainsi  à  des 
notations  telles  que  TIa,  TTbbc,  etc.  11  suffit  de  tenir  compte  des 
points  qu'un  cercle  rencontre  dans  une  demi-circonférence,  ceux 
de  l'autre  moitié  du  cercle  étant  nécessairement  les  antipodes  des 
premiers. 

Le  nombre  des  cercles  dune  même  espèce  est  variable.  Les 
dudécaédriques  réguliers  sont  au  nombre  de  6,  les  octaédriques  au 
nombre  de  10,  les  primitifs  au  nombre  de  i5,  et  les  dodécaédri- 
ques  rhomboïdaux  au  nombre  de  3o.  Quant  aux  cercles  auxiliai- 
res, ceux  dont  les  pôles  tombent  sur  les  primitifs  sont  au  nombre 
de  3o  dune  même  espèce,  et  ceux  dont  les  pôles  sont  en  dehors 
des  primitifs  sont  au  nombre  de  6o,  aussi  d'une  même  espèce. 
6o  est  le  nombre  normal,  car  le  nombre  des  triangles  rectangles 
scalènes  étant  de  120,  ce  nombre  est  aussi  en  général  le  nombre 
des  faces  d'un  solide  du  système  pentagonal ,  tel  que  celui  qui 
résulte  d'une  pyramide  à  quatre  faces  placée  sur  chacune  des 
faces  du  solide  terminé  par  trente  losanges;  mais,  si  deux  faces 
deviennent  perpendiculaires  au  plan  d'un  primitif,  les  cercles  qui 
leur  correspondent  se  confondent  deux  à  deux,  et  de  60  leur 
nombre  se  réduit  à  3o,  parce  que  leurs  pôles  viennent  se  placer 
respectivement  sur  le  grand  cercle  primitif,  auquel  ils  sont  perpen- 
diculaires. C'est  par  des  combinaisons  du  même  genre,  mais  plus 
spéciales,  que  le  nombre  des  primitifs  se  réduit  à  i5,  celui  des 
octaédriques  à  1  o,  et  celui  des  dodécacdriques  réguliers  à  6.  En  général , 
plus  le  nombre  des  cercles  d'une  même  espèce  est  réduit,  plus  les 
cercles  de  cette  espèce  sont  étroitement  liés  à  la  symétrie  penta- 
gonale.  Les  six  dodécaédriques  réguliers  sont,  comme  on  l'a  déjà  re- 
marqué, l'expression  la  plus  concentrée  de  la  symétrie  penta- 
gonale. 

Dans  l'étude  qu'il  fit  du  réseau  pentagonal  pour  arriver  à  le 
constituer  ainsi,  M.  Elie  de  Beaumont  fut  naturellement  conduit  à 


54  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

calculer  les  valeurs  d'un  grand  nombre  d'angles  formés  par  les 
cercles  du  réseau  dans  leurs  intersections  mutuelles,  et  les  ampli- 
tudes d'un  grand  nombre  d'arcs  résultant  aussi  de  la  manière  don! 
les  cercles  se  subdivisent,  en  se  coupant  les  uns  les  autres.  Ces  cal- 
culs, nécessairement  assez  longs,  ne  le  sont  cependant  pas  autant 
qu'on  pourrait  le  supposer  au  premier  abord,  parce  que  les  cent 
vingt  triangles  rectangles  scalènes,  dans  lesquels  les  grands  cercles 
primitifs  du  réseau  divisent  la  surface  de  la  splière,  renfermant 
tous  exactement  les  mêmes  choses ,  il  suffit  de  calculer  ce  qui  se 
rapporte  à  l'un  d'eux  pour  connaître  ce  qui  se  rapporte  à  tous  les 
autres.  Les  angles  et  les  arcs  qui  ne  sont  pas  renfermés  dans  un 
seul  des  cent  vingt  triangles  s'obtiennent  en  ajoutant  les  unes  aux 
autres  les  parties  qui  se  trouvent  dans  plusieurs. 

Les  valeurs  des  angles  et  celles  des  arcs  forment  deux  séries  qui 
ont  beaucoup  de  rapports  l'une  avec  l'autre,  et  souvent  on  trouve 
des  valeurs  d'angles  égales  à  celles  d'arcs  déjà  calculés,  et  vice  versa, 
ce  qui  donne  des  moyens  de  vérification  toujours  précieux  dans 
une  longue  série  de  calculs;  car,  du  moment  où  on  retrouve  les 
mêmes  valeurs  pour  certains  angles  et  certains  arcs,  on  doit  les 
retrouver  identiques  jusque  dans  les  dernières  fractions. 

L'accumulation  des  valeurs  des  angles  formés  par  les  cercles  du 
réseau  pentagonal  mettait  de  plus  en  plus  en  évidence  leur  ten- 
dance à  se  grouper  de  préférence  autour  de  certains  points  du 
quadrant,  peu  différents  de  ceux  autour  desquels  se  groupaient 
aussi  les  angles  formés  par  les  grands  cercles  de  comparaison  provi- 
soires des  vingt  et  un  systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  occidentale 
établis  d'après  les  observations.  Par  là,  il  devenait  de  plus  en  plus 
probable  que  la  corrélation  qui  existe  entre  ces  grands  cercles  de 
comparaison  consiste  en  ce  qu'ils  sont  soumis  très-approximative- 
ment  aux  lois  de  la  symétrie  pentagonalc.  Mais  il  restait  un  pas 
important  à  faire,  c'était  de  désigner,  parmi  les  cercles  principaux 
ou  auxiliaires  du  réseau  pentagonal,  celui  qui  devait  représenter 
chaque  système  de  montagnes. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  55 

La  considération  des  valeurs  des  angles  ne  suffisait  pas  pour  y 
parvenir,  car  chaque  valeur  d'angle  des  cercles  donnés  par  l'obser- 
vation pouvait  être  rapprochée  en  général  de  plusieurs  valeurs 
d'angles  tirées  du  réseau,  qui  en  différaient  toutes  de  quantités 
inférieures  aux  erreurs  possibles  des  observations.  Ces  valeurs  se 
rapportaient  à  des  parties  du  réseau  très- différentes  les  unes  des 
autres,  et  leur  adoption  aurait  placé  le  réseau  dans  des  positions 
tout  à  fait  dissemblables  sur  la  surface  du  globe.  11  aurait  fallu 
trouver  entre  les  angles  déduits  de  l'observation  et  ceux  tirés  du 
réseau  deux  cent  dix  rapprochements  suffisamment  approximatifs 
et  qui  s'accordassent  pour  donner  au  réseau  une  seule  et  même 
position.  C'était  un  dédale  à  peu  près  inextricable,  et  dont  il  aurait 
été  très-difficile  de  sortir,  même  après  avoir  calculé  un  nombre 
extrêmement  considérable  d'angles  formés  par  les  cercles  du 
réseau. 


TROISIEME   PARTIE. 

INSTALLATION  DU  RÉSEAU  PENTAGONAL  SUR  LA  SURFACE 
DU  GLORE  TERRESTRE. 

Il  y  avait  là  une  donnée  première  à  chercher,  qui  n'était  com- 
prise ni  explicitement  ni  implicitement  dans  la  notion  abstraite  du 
réseau  pentagonal. 

H  fallait  trouver,  au  milieu  des  irrégularités  infinies  des  accidents 
orographiques,  un  point  de  départ  assuré  pour  placer  la  figure  par- 
faitement régulière  du  réseau  pentagonal  dans  la  position  précise 
où  elle  a  présidé  à  leur  production. 

M.  Elie  de  Beaumont,  arrêté  d'abord  par  cette  difficulté,  imagina 
de  la  tourner  par  un  expédient  en  quelque  sorte  mécanique.  Il  pensa 
que,  si  les  lois  de  la  symétrie  pentagonale  étaient  réellement  em- 
preintes dans  les  formes  orographiques  qui  accidentent  l'écorce 
terrestre,  les  quinze  grands  cercles  primitifs  du  réseau  devaient 
en  représenter  en  quelque  sorte  la  forme  primitive,  et  les  autres 
grands  cercles  principaux  les  formes  dérivées  les  plus  importantes, 
et  que,  si  on  mettait  en  regard  l'un  de  l'autre  un  globe  terrestre  et 
un  réseau  pentagonal  réduit  à  ses  cercles  principaux,  on  devrait 
pouvoir,  à  la  simple  vue,  saisir  entre  eux  des  rapports  qui  condui- 
raient à  trouver  la  position  dans  laquelle  le  réseau  est  réellement  en 
harmonie  avec  les  configurations  géographiques;  que,  si  une  repré- 
sentation du  réseau  pentagonal  était  promenée  sur  la  surface  d'un 
globe  terrestre,  on  parviendrait  bientôt  à  saisir,  entre  les  cercles 
principaux  du  réseau  et  les  grandes  configurations  orographiques, 
des  relations  qui  permettraient  de  mettre  le  réseau  à  sa  place,  à  la 
suite  de  quelques  essais. 

En  conséquence,  il  plaça  sur  un  globe  de  5o  centimètres  de  dia- 
mètre un  filet  mobile  (on  fils  do  soie),  composé  en  principe  de  vingt 


58  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

mailles  ayant  chacune  la  forme  d'un  triangle  équilatéral  de  la 
grandeur  voulue  pour  que  le  filet  s'applique  exactement  sur  la  sur- 
face sphérique  et  l'embrasse  avec  une  rigoureuse  précision.  Puis, 
sans  compléter  d'abord  entièrement  le  réseau,  il  y  ajouta  les  cercles 
et  portions  de  cercles  nécessaires  pour  en  rendre  la  forme  et  les 
principales  applications  faciles  à  comprendre  et  à  exécuter. 

H  y  figura,  outre  les  grands  cercles  primitifs  auxquels  appar- 
tiennent les  côtés  des  vingt  triangles  équilatéraux,  une  partie  des 
autres  cercles  principaux  du  réseau,  des  octaédriques ,  des  dodécaé- 
driques  réguliers,  des  dodécaédriques  rhomboïdauœ,  et  même  quelques 
cercles  auxiliaires.  Les  cercles  étaient  liés  entre  eux  d'une  manière 
invariable,  mais  leur  ensemble  était  mobile  sur  la  surface  du  globe. 
Quelques  tâtonnements  préliminaires  le  conduisirent  à  installer 
tout  simplement  le  réseau  sur  le  triangle  trirectangle ,  ou  à  peu 
près  tel,  qu'il  avait  trouvé  être  formé  par  les  grands  cercles  de 
comparaison  provisoires  des  systèmes  du  Ténare,  de  ïaœe  volca- 
nique de  la  Méditerranée  et  de  la  grande  traînée  volcanique  des  Andes 
et  du  Japon.  Ce  triangle  se  trouvait  représenté  par  un  grand  cercle 
primitif  (Ténare)  et  par  deux  dodécaédriques  rhomboïdauœ.  Un  point  T 
coïncidait  avec  l'Etna,  un  centre  de  pentagone  tombait  vers  le  mi- 
lieu de  l'Allemagne,  et  le  grand  cercle  primitif  qui  passait  à  l'Etna 
allait  passer  aussi  au  Mouna-Roa,  dans  les  îles  Sandwich.  On  pou- 
vait voir  d'un  coup  d'œil  qu'installé  de  cette  manière  le  réseau 
s'adaptait  assez  heureusement,  et  même  avec  des  circonstances  d'une 
précision  singulière,  qu'il  était  difficile  de  considérer  comme  for- 
tuites, à  la  structure  de  la  surface  entière  du  globe. 

M.  Elie  de  Beaumont  présenta  ce  réseau  ainsi  installé  à  l'Aca- 
démie des  sciences  dans  la  séance  du  9  septembre  i85o,  accom- 
pagné d'une  Note  sur  la  corrélation  des  directions  des  différents  systèmes 
de  montagnes,  qui  a  été  imprimée  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XXXI, 
p.  3 2 5,  et  qui  a  été  développée  dans  la  Notice  sur  les  tvêêèmes  de 
montagne*. 

I  ne  étude  attentive,  poursuivie  au  moyeu  de  réseaux  funiculaires 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  59 

établis  sur  différents  globes  et  de  constructions  correspondantes 
exécutées  sur  un  grand  nombre  de  cartes,  ayant  confirmé  M.  Elie 
de  Beaumont  dans  le  choix  de  l'installation  qui  vient  d'être  indi- 
quée, il  n'hésita  plus  à  la  traduire  en  chiffres. 

La  position  du  réseau  était  déjà  fixée  par  la  coïncidence  d'un 
point  T  avec  l'Etna  et  par  la  direction  du  grand  cercle  primitif  qui 
de  ce  point  allait  passer  au  Mouna-Roa ,  mais  il  la  fixa  plus  expli- 
citement encore,  en  annonçant  que  le  centre  du  pentagone  qui 
embrasse  l'Europe  était  situé  par 

lat.  5o°46'3",o8  N. 

long.  8°53'3iff,o8E.  de  Paris, 

et  que  l'orientation,  en  ce  point,  de  l'un  des  côtés  des  vingt  triangles 
équilatéraux  était  N.  i3°o/Zii",o3  O.1. 

Ces  trois  chiffres  déterminaient  implicitement  la  position  de  tous 
les  points  du  réseau  pentagonal.  Ils  permettaient  de  calculer  pour 
chacun  d'eux  sa  latitude,  sa  longitude  et  l'orientation  des  cercles 
qui  y  passent,  en  se  servant  des  valeurs ,  déjà  calculées  pour  beau- 
coup d'entre  eux,  des  arcs  et  des  angles  qui  lient  mutuellement 
de  proche  en  proche  tous  les  points  du  réseau. 

L'auteur  calcula  bientôt  après  et  consigna  dans  la  Notice  sur  les 
systèmes  de  montagnes  les  données  correspondantes  pour  les  centres 
des  douze  pentagones  du  réseau  et  pour  tous  les  points  principaux 
du  pentagone  européen.  Il  put  aussi  calculer  avec  une  égale  facilité 
les  positions  d'autant  de  points  principaux  des  autres  pentagones 
qu'il  le  jugea  utile ,  et  les  intersections  avec  les  méridiens  ou  avec 
les  parallèles  de  tous  les  cercles  dont  il  voulut  s'occuper,  de  ma- 
nière à  pouvoir  construire  le  réseau  sur  des  cartes  de  toutes  les 
parties  du  globe. 

Il  constata  ainsi  une  harmonie  générale  et  très-précise  entre  le 

1  Note  contenant  les  données  qui  fixent  p.  1 34 ,  séance  du  1 1  août  1 85 1 .)  — Voyez 
la  position  du  réseau  pantagonal  sur  la  sur-  aussi  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  j 
face  du  globe.  (Comptes  rendus,  t.  XXXIII .         p.  1 098. 


60  H  APPORT  SUR  LES  PROGRES 

réseau  peu tagonal  et  les  formes  orographiques  de  toutes  les  parties 
de  la  terre,  aux  détails  desquelles  il  s'adaptait  souvent  avec  une 
étonnante  exactitude.  Le  but  était  donc  atteint.  Sans  doute  l'instal- 
lation actuelle  du  réseau  n'est  qu'approximative  et  provisoire,  puis- 
qu'elle n'est  établie  que  d'après  l'Etna  et  le  Mouna-Roa.  Beaucoup 
d'autres  points  auraient  eu  le  même  droit  à  servir  de  points  de 
départ,  et,  pour  satisfaire  à  ces  exigences,  la  position  provisoire  ac- 
tuelle devra  certainement  être  corrigée.  Mais  il  y  a  lieu  de  penser 
que  les  corrections  devront  être  peu  considérables,  car  les  recher- 
ches ultérieures  de  l'auteur  ne  lui  ont  pas  encore  appris  dans  quel 
sens  elles  devront  être  faites. 

Toute  provisoire  et  approximative  quelle  était,  cette  position  du 
réseau  était  suffisamment  définie  pour  être  mise  en  rapport  avec 
les  grands  cercles  de  comparaison  provisoires  des  vingt  et  un  sys- 
tèmes de  montagnes,  de  manière  à  trouver  quels  étaient  les  grands 
cercles  principaux  ou  les  grands  cercles  auxiliaires  du  réseau  qui 
devaient  les  représenter.  Pour  procéder  à  cette  détermination, 
l'auteur  ne  se  contenta  pas  des  secours  qu'il  trouvait  dans  les  ré- 
seaux funiculaires  qu'il  avait  établis  sur  des  globes  terrestres;  il  se 
procura  un  instrument  beaucoup  plus  commode  et  plus  précis, 
une  carte  d'Europe  sur  laquelle  le  réseau  pentagonal  était  tracé. 

L'auteur  avait  construit  l'épure  du  pentagone  européen  projeté 
sur  le  plan  qui  était  tangent  à  la  sphère  au  centre  du  pentagone 
par  la  prolongation  des  plans  des  différents  cercles.  Chacun  de  ces 
cercles  était  représenté  sur  l'épure  par  une  ligne  droite.  Leur 
agencement,  leurs  points  de  concours  étaient  conservés;  une  partie 
des  angles  qu'ils  forment  entre  eux  était  seulement  modifiée  par 
l'effet  de  la  projection  ;  sur  la  même  épure  il  traça  aussi  les  con- 
tours géographiques,  projetés  de  la  même  manière  par  des  lignes 
droites  partant  du  centre  de  la  sphère,  et  il  eut  ainsi  la  carte  inti- 
tulée Le  Pentagone  européen  en  projection  gnomonique  sur  l'horizon 
de  son  centre,  qui  constitue  la  planche  V  de  la  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes. 


DE   LA   STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  (il 

Pour  exécuter  cette  projection,  il  calcula,  d'après  les  formules 
données  clans  l'ouvrage,  les  projections  des  méridiens,  qui  étaient 
toujours  des  lignes  droites,  et  celles  des  parallèles,  qui  étaient  tou- 
jours des  courbes  du  second  degré,  pour  un  plan  tangent  à  la  sphère , 
à  la  latitude  du  centre  du  pentagone;  et,  pour  rattacher  avec  pré- 
cision la  projection  de  ce  canevas  à  l'épure  du  pentagone  européen , 
il  se  servit  des  latitudes  et  longitudes  déjà  calculées  de  vingt-six 
des  points  principaux  du  pentagone  européen.  H  ne  resta  plus  qu'à 
taire  dessiner  une  carte  d'Europe  sur  ce  canevas  de  projection.  La 
petitesse  de  l'échelle,  dont  il  dut  se  contenter,  put  introduire  quel- 
ques inexactitudes  dans  le  tracé  de  la  carte,  mais  elles  ne  sont  pas 
assez  considérables  pour  avoir  fait  naître  des  inconvénients  très- 
sensibles. 

Muni  de  cette  carte  et  de  beaucoup  de  tracés  préliminaires  exé- 
cutés sur  d'autres  cartes,  muni  aussi  de  ses  réseaux  funiculaires 
pour  suivre  les  cercles  dans  les  régions  éloignées  de  l'Europe ,  l'au- 
teur put  procéder  méthodiquement  au  choix  des  cercles  principaux 
ou  auxiliaires  du  réseau  pentagonal  qui  devaient  remplacer  les 
grands  cercles  de  comparaison  provisoires  donnés  par  l'observation. 
Cette  opération  assez  longue  ne  peut  être  rapportée  en  détail 
dans  ce  rapport.  Il  suffira  de  dire  que  pas  un  des  cercles  cherchés 
ne  fit  défaut.  Il  fallut  seulement  modifier  les  orientations  et  les 
points  de  départ  des  cercles  donnés  par  l'observation ,  de  quantités 
plus  ou  moins  grandes ,  mais  toujours  comprises  dans  les  limites 
de  l'incertitude  résultant  de  la  manière  même  dont  les  grands  ceixles 
de  comparaison  provisoires  avaient  été  originairement  choisis. 

L'auteur  avait  toujours  été  animé,  dans  ses  travaux,  de  la  pensée 
de  ne  pas  viser  à  une  précision  imaginaire  que  la  matière  ne  com- 
portait pas.  A  l'époque  déjà  éloignée  où  il  commença  à  s'occu- 
per des  directions  des  systèmes  de  montagnes ,  il  croyait ,  comme 
tous  les  géologues,  que  la  direction  des  accidents  stratigraphiques 
ne  pouvait  être  assignée  avec  beaucoup  de  rigueur,  et  il  pensait 
qu'en  la  fixant  en  nombres  ronds  et  à  deux  ou  trois  degrés  près 


(h>  RAPPORT  SU!   LES  PROGRÈS 

on  oe  négligeait  rien  d'essentiel.  Il  regardait  aussi  comme  peu  im- 
portant de  faire  partir  de  tel  point  plutôt  que  de  tel  autre  le  grand 
cercle  qui  représentait  l'orientation  indiquée.  11  cherchait  à  le  placer 
vers  le  milieu  de  la  région  dans  laquelle  avaient  été  observés  les 
accidents  stratigraphiques  auxquels  il  se  rapportait,  sauf  à  le  dé- 
placer plus  tard  dans  un  sens  transversal  à  son  orientation ,  si  la 
nécessité  s'en  faisait  sentir.  Plus  d'une  fois,  à  mesure  que  le  champ 
des  observations  s'étendait,  il  avait,  comme  l'indique  la  Notice, 
déplacé  transversalement,  de  quatre  à  cinq  degrés,  certains  grands 
cercles  de  comparaison. 

Il  était  donc  naturel  qu'on  fût  obligé,  pour  trouver  dans  le  ré- 
seau pentagonal  le  représentant  d'un  système  de  montagnes  donné , 
de  faire  subir  à  ce  dernier  un  changement  d'orientation  allant  dans 
certains  cas  jusqu'à  deux  ou  trois  degrés,  et  un  déplacement  trans- 
versal de  plusieurs  degrés.  Cependant,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas,  les  changements  ont  été  beaucoup  moindres  et  les  choix 
que  l'auteur  a  faits  parmi  les  cercles  du  réseau  ont  tous  été  sanc- 
tionnés par  des  circonstances  qui  seront  mentionnées  plus  tard. 

Mais  c'est  ici  le  lieu  de  remarquer  que  l'obligation,  dans  laquelle 
il  s'est  trouvé,  de  modifier  quelquefois  notablement  les  grands  cercles 
de  comparaison  provisoires  déduits  de  l'observation ,  répond  à  une 
objection  qui  lui  a  été  faite  par  quelques  personnes  et  qui  a  paru 
plausible  à  un  grand  nombre.  On  a  dit  que,  vu  le  grand  nombre 
des  cercles  du  réseau  pentagonal,  on  devait  toujours  en  trouver  qui 
passassent  dans  une  région  donnée  avec  une  orientation  déter- 
minée. Or  c'est  là  précisément  ce  qui  n'a  pas  lieu.  L'auteur,  dans 
chaque  région,  n'a  eu  généralement  à  choisir  qu'entre  des  cercles 
très-peu  nombreux  ayant  approximativement  une  orientation  dé- 
terminée, et  il  a  été  obligé  de  se  soumettre  à  la  nécessité  de  mo- 
difier plus  ou  moins  les  grands  cercles  de  comparaison  provisoires; 
mais  on  verra  par  la  suite  que  c'était  là  une  nécessité  motivée  par 
la  nature  des  choses  et  qui  ne  faisait  que  lui  imposer  de  grands 
cercles  jalonnés  à  l'avance  par  les  phénomènes  géologiques. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  63 

Dans  l'idée  première  des  systèmes  de  montagnes,  le  grand  cercle 
de  comparaison  était  simplement  une  ligne  idéale,  abstraite;  on  ne 
supposait  en  aucune  façon  qu'elle  pût  avoir  sur  la  surface  du  globe 
une  existence  matérielle.  Or  l'application  du  réseau  pentagonal  a 
mis  en  lumière  le  fait  que  le  grand  cercle  de  comparaison  d'un 
système  de  montagnes,  lorsqu'il  remplit  bien  la  condition  d'être 
la  véritable  représentation  de  tout  l'ensemble,  a  joui  du  privilège 
d'être  choisi  de  préférence  pour  devenir  le  théâtre  des  phénomènes 
de  dislocation  et  d'éruption,  et  la  propriété  du  réseau  pentagonal 
est  de  faire  découvrir  ces  cercles  privilégiés. 

Ce  n'est  pas  que  tous  les  points  remarquables  de  l'écorce  ter- 
restre se  trouvent  sur  les  grands  cercles  fournis  par  le  réseau  pen- 
tagonal pour  représenter  les  différents  systèmes  de  montagnes.  On 
sait  depuis  longtemps  qu'un  système  de  montagnes  se  compose  d'un 
nombre  plus  ou  moins  grand  d'accidents  stratigraphiques  qui 
courent  parallèlement  à  son  grand  cercle  de  comparaison.  Le  cercle 
donné  par  le  réseau  coïncide  avec  l'une  de  ces  lignes  qui  est  ordi- 
nairement la  plus  continue  ;  les  autres  s'y  rattachent  par  leur  pa- 
rallélisme. 

Les  grands  cercles  du  réseau  qui  représentent  des  systèmes  de 
montagnes  ne  sont  pas  les  seuls  qui  prennent  en  enfilade  une  longue 
série  de  points  orographiquement  ou  géographiquement  remar- 
quables. Les  grands  cercles  principaux  du  réseau  et  les  grands 
cercles  auxiliaires  les  plus  symétriquemeut  placés  jouissent  très- 
souvent  de  la  même  propriété,  ainsi  qu'on  en  verra  des  exemples 
plus  loin.  On  peut  remarquer  aussi  que  les  chaînes  de  montagnes 
ne  sont  pas  en  rapport,  par  leurs  directions  seulement,  avec  les 
cercles  de  la  sphère  géologique;  elles  le  sont  aussi  par  leurs  ter- 
minaisons. Elles  s'arrêtent  presque  toujours  à  la  rencontre  de  l'un 
des  cercles  principaux  ou  auxiliaires  du  réseau ,  de  sorte  qu'un  sys- 
tème de  montagnes  est  composé  de  chaînons  parallèles  à  un  grand 
cercle  du  réseau  et  terminés  à  la  rencontre  d'autres  cercles  qui 
coupent  le  premier;  à  peu  près  comme  un  fdon  est  composé  de 


G'j  RAPPORT  S  LU  LES   PROGRÈS 

tronçons  terminés  et  rejetés  transversalement  à  la  rencontre  de 

filons  croiseurs  ou  de  simples  fissures. 

Les  lignes  stratigraphiques,  parallèles  aux  cercles  du  réseau, 
qui  entrent  dans  la  constitution  des  systèmes  de  montagnes,  jouent 
un  rôle  analogue  dans  leurs  rencontres  mutuelles  ou  dans  leurs  ren- 
contres avec  d'autres  cercles  du  réseau.  Les  accidents  orographiques 
sans  longueur,  comme  les  pics  bien  détachés  sur  les  chaînes  de 
montagnes,  les  volcans  isolés,  les  îles  éparses  au  milieu  de  l'Océan, 
se  trouvent  très-souvent  aux  points  d'intersection  des  cercles  du 
réseau  pentagonal  et  de  leurs  parallèles. 

Les  caps  et  les  fonds  des  golfes  anguleux  se  trouvent  être  très- 
habituellement  les  points  par  lesquels  les  cercles  du  réseau  et  leurs 
parallèles  passent  de  la  terre  sur  la  mer,  et  souvent  ils  sont  mar- 
qués par  les  intersections  de  ces  cercles. 

De  là  il  résulte  que  les  points  remarquables  de  l'écorce  ter- 
restre,  loin  d'y  être  jetés  pêle-mêle  et  au  hasard,  y  forment  une 
sorte  de  quinconce  soumis  directement  ou  indirectement  à  la  sy- 
métrie pentagonale  et  qu'on  peut  appeler  le  quinconce  pentagonal. 

Dans  ce  quinconce,  les  intersections  des  cercles  du  réseau  entre 
eux  jouent  le  rôle  principal.  Les  intersections  de  leurs  parallèles  ne 
se  rattachent  qu'indirectement  à  la  symétrie  pentagonale  et  peu- 
vent être  qualifiés  de  points  du  second  ordre. 

Mais  la  nature,  en  marquant  tous  ces  points  en  nombre  immense, 
n'a  pas  pris  soin  d'accentuer  plus  fortement  les  points  du  premier 
ordre  que  ceux  du  second.  De  très-hautes  montagnes  marquent 
souvent  les  points  de  cette  dernière  classe.  Dans  l'Europe  occiden- 
tale, le  mont  Blanc,  le  mont  Rose,  le  Cantal,  le  mont  Dore,  la 
Maladetta,  etc.  se  trouvent  en  dehors  des  grands  cercles  principaux 
du  réseau  et  de  tous  les  cercles  auxiliaires  étudiés  jusqu'à  présent, 
et  ne  correspondent  qu'aux  croisements  de  leurs  parallèles;  tandis 
que  d'autres  montagnes  moins  hautes,  quoique  très-remarquables 
aussi,  la  Miedje  en  Dauphiné,  le  ballon  de  Guebwiller  et  le  Ghamp- 
du-Feii   (huis  les  Vosges,  le  Ghaumont  et  la  Dole  dans  le  Jura, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  65 

se  trouvent  placées ,  avec  une  précision  singulière ,  sur  le  cours  des 
cercles  du  réseau  et  souvent  même  à  leurs  intersections. 

Une  chose  curieuse  à  remarquer,  c'est  que  les  lieux  où  la  popu- 
lation est  concentrée  se  trouvent,  sous  ce  rapport,  dans  le  même 
cas  que  les  hautes  montagnes,  dont  les  cimes  sont  désertes.  Les 
hommes,  dans  l'origine,  ont  sans  doute  disséminé  partout  leurs 
habitations ,  mais  ils  ne  les  ont  agglomérées  de  manière  à  former 
des  villes  que  dans  des  points  où  ils  trouvaient  des  conditions  d'exis- 
tence exceptionnellement  favorables.  Ces  points  étaient  particuliè- 
rement ceux  que  les  formes  orographiques  ont  destinés  à  être  dans 
plusieurs  directions  des  lieux  de  passage  habituels.  Ces  points-là 
se  sont  rencontrés  de  préférence  sur  les  lignes  stratigraphiques 
et  à  leurs  croisements.  Il  en  a  été  de  même  de  beaucoup  de  rochers 
qui,  sans  être  assez  élevés  pour  être  inhabitables,  étaient  assez 
escarpés  pour  être  facilement  défendus. 

Les  confluents  et  les  coudes  des  rivières  se  trouvent  de  même 
assez  souvent  sur  les  cercles  du  réseau  ou  à  leur  croisement,  et 
dans  beaucoup  de  cas  les  populations  s'y  sont  agglomérées. 

Plus  loin,  on  verra  de  nombreuses  applications  de  ces  re- 
marques. A  ces  divers  égards,  aucune  partie  du  globe  n'a  d'avan- 
tage ou  de  désavantage  sur  les  autres,  et  les  côtes  de  la  Nouvelle- 
Hollande  ou  de  l'Amérique  russe  sont  aussi  bien  partagées  que 
l'Europe  occidentale  et  les  côtes  de  la  Méditerranée. 

M.  Elie  de  Beaumont,  pour  composer  la  dernière  partie  de  la 
Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  dont  tout  ce  qui  vient  d'être 
dit  sur  le  réseau  pentagonal  a  été  extrait ,  s'était  servi  de  globes  sur 
lesquels  étaient  établis  des  réseaux  funiculaires,  de  nombreuses 
cartes  sur  lesquelles  il  avait  tracé  des  cercles  et  des  parties  du  ré- 
seau, et  de  la  carte  d'Europe  en  projection  gnomonique  qui  forme 
la  planche  V  de  l'ouvrage. 

Il  avait  exprimé  le  regret  de  ne  pouvoir  joindre  un  globe  à  cet 
ouvrage,  car  il  était  impossible  de  publier  un  globe  avec  un  réseau 
funiculaire;  mais  beaucoup  de  lecteurs  avaient  trouvé  qu'un  globe 

Stratigraphie.  5 


66  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

avec  le  roseau  pcntagonal  tracé,  de  manière  ou  d'autre,  sur  sa  sur- 
face, leur  serait  presque  aussi  nécessaire  pour  lire  le  livre  qu'il 
l'avait  été  pour  le  composer. 

M.  Auguste  Laugel  voulut  bien  se  charger  de  combler  cette  lacune. 
En  se  servant  des  chiffres  que  M.  Elie  de  Beau  mont  avait  calculés 
et  qu'il  possédait  déjà  en  grand  nombre,  il  traça  et  fit  graver  le 
réseau  pentagonal  sur  un  globe  de  M.  Ch.  Dieu,  de  3o  centimètres 
de  diamètre.  De  profondes  connaissances  en  mathématiques  et  en 
géographie  et  une  grande  dextérité  dans  le  maniement  des  instru- 
ments graphiques  permirent  à  M.  Auguste  Laugel  de  surmonter  heu- 
reusement toutes  les  difficultés  de  cette  opération,  et  le  globe  parut, 
à  la  fin  de  l'année  i855,  chez  M.  Sauret-Andriveau,  géographe- 
éditeur,  et  chez  M.  P.  Bertrand,  libraire,  éditeur  de  la  Notice  sur  les 
systèmes  demontagnes.  M.  Laugel  y  traça  non-seulement  les  soixante  et 
un  grands  cercles  principaux  du  réseau,  mais  encore  plusieurs  séries 
complètes  de  cercles  auxiliaires  choisis  parmi  les  plus  symétriques, 
et  tous  les  cercles  auxiliaires  qui  avaient  été  adoptés  comme  grands 
cercles  de  comparaison  de  différents  systèmes  de  montagnes.  Les 
cercles  de  différentes  classes  sont  figurés  par  des  lignes  pleines  ou 
diversement  ponctuées,  qui  permettent  de  les  distinguer  aisément 
les  uns  des  autres,  comme  sur  la  planche  V  de  l'ouvrage.  Les  trois 
cent  soixante-deux  points  principaux  sont  indiqués  par  leurs  lettres 
désignatives,  après  avoir  été  marqués,  pour  la  plupart,  d'après  leurs 
latitudes  et  leurs  longitudes  calculées.  Enfin  des  teintes  plates  di- 
verses, appliquées  sur  les  cent  vingt  triangles  rectangles  scalènes, 
permettent  d'en  saisir  les  contours  à  la  première  vue  et  de  se  rendre 
compte  de  leur  assemblage  en  douze  pentagones,  en  vingt  triangles 
équilatéraux  et  en  trente  losanges. 

Ce  globe  est  beaucoup  plus  commode  que  ceux  sur  lesquels  le 
réseau  pentagonal  était  figuré  par  des  fils  tendus,  et  il  met  en  évi- 
dence les  rapports  entre  le  réseau  pentagonal  et  les  configurations 
orographiques  et  géographiques  avec  une  précision  qui  n'a  d'autres 
limites  que  la  petitesse  de  l'échelle. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  67 

Mais  les  inconvénients  de  cette  petitesse  de  l'échelle,  qui  n'est 
q11^  de  133i33'3i333 ,  se  font  sentir  dès  qu'on  cherche  à  entrer  dans  les 
détails. 

Gomme  l'emploi  d'un  globe  beaucoup  plus  grand  serait  dispen- 
dieux et  embarrassant,  on  ne  peut  guère  remédier  à  cet  inconvé- 
nient qu'en  traçant  les  cercles  du  réseau  sur  des  cartes  d'une 
échelle  suffisante. 

Afin  de  faciliter  cette  opération  aux  personnes  qui  voudraient 
l'exécuter,  M.  Elie  de  Beaumont  compléta  les  chiffres  qu'il  avait 
réunis  progressivement  pour  son  usage  personnel. 

Il  les  présenta  à  l'Académie  des  sciences  et  ils  furent  imprimés 
dans  les  Comptes  rendus  sous  le  titre  de  Tableau  des  données  numé- 
riques qui  firent  i5 g  cercles  du  réseau  pentagonal1. 

Les  données  que  l'auteur  fournit  pour  chaque  cercle  sont  la  lon- 
gitude L,  rapportée  au  méridien  de  Paris,  du  méridien  auquel  le 
cercle  est  perpendiculaire ,  la  distance  b  du  point  d'intersection  au 
pôle,  c'est-à-dire  le  complément  de  sa  latitude,  et  enfin  la  distance  c 
de  ce  même  point  d'intersection  à  l'un  des  points  principaux  com- 
pris dans  le  cercle  que  l'on  considère.  Pour  chacun  des  cercles 
principaux,  ces  trois  quantités  ont  pu  être  calculées  par  la  résolu- 
tion d'un  seul  triangle  sphérique  rectangle,  en  partant  des  points 
principaux  que  l'auteur  avait  déjà  déterminés  en  latitude,  en  lon- 
gitude et  dans  l'orientation  de  l'un  des  cercles  principaux  qui  y 
passent,  et  en  se  servant  des  valeurs  déjà  connues  des  angles  que 
forment  entre  eux  les  cercles  principaux  du  réseau  et  des  arcs  dans 
lesquels  ils  se  subdivisent. 

L'indication  de  la  valeur  de  l'arc  c  a  pour  objet  de  fournir  les 
moyens  de  calculer  les  positions  des  points  qui  se  trouvent  à  des 
distances  déterminées  les  uns  des  autres  sur  le  cercle  auquel  cet 
arc  appartient.  Pour  les  cercles  auxiliaires  assujettis  seulement  à 
passer  par  deux  des  points  principaux  du  réseau ,  il  a  souvent  été 

1  Comptes  rendus,  t.  LVH,  p.  121,  séance  du  20  juillet  i863. 


C,8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

nécessaire  de  résoudre  un  premier  triangle  pour  déterminer  leur 
orientation  aux  points  où  ils  doivent  passer. 

Les  cent  cinquante-neuf  cercles  auxquels  se  rapportent  les  don- 
nées numériques  sont  les  soixante  et  un  grands  cercles  principaux, 
les  trente  bissecteurs  I  H  des  angles  de  6o°,  les  trente  bissecteurs 
D  H  des  angles  de  30°,  et  trente-huit  autres  cercles  auxiliaires  de 
diverses  espèces  déjà  employés  ou  essayés  pour  représenter  diffé- 
rents systèmes  de  montagnes. 

Les  grands  cercles  principaux  et  les  deux  espèces  de  bissecteurs, 
qui  forment  pour  chaque  espèce  de  cercles  des  séries  complètes, 
sont  groupés  et  rangés  dans  la  portion  des  tableaux  relative  à 
chaque  espèce ,  conformément  au  rôle  qu'ils  jouent  dans  les  cinq 
systèmes  trirectangulaires  que  renferme  le  réseau  pentagonal. 
Cette  disposition  facilite  les  moyens  de  suivre  sur  la  surface  de  la 
sphère  les  cinq  systèmes  trirectangulaires  assemblés  suivant  les  lois 
de  la  symétrie  pentagonale  et  de  voir  comment  ils  se  pénètrent 
mutuellement. 

Les  trente-huit  cercles  auxiliaires,  autres  que  les  bissecteurs, 
ne  formant  pas  de  séries  complètes,  sont  réunis  dans  la  der- 
nière section  du  tableau,  où  on  remarque  seulement  que  plu- 
sieurs d'entre  eux  sont,  deux  à  deux  ou  trois  à  trois,  homologues 
l'un  de  l'autre. 

Les  trois  chiffres  inscrits  sur  une  ligne  horizontale ,  à  la  suite  de  la 
désignation  de  chaque  cercle,  permettent  de  calculer,  par  la  résolu- 
tion d'un  triangle  sphérique  rectangle,  le  point  où  chaque  cercle 
coupe  un  méridien  ou  un  parallèle  déterminé,  ce  qui  donne  les 
moyens  de  les  construire,  avec  la  plus  grande  précision,  sur  toutes 
les  cartes  où  le  canevas  des  méridiens  et  des  parallèles  n'a  pas  été 
omis. 

Les  trente-huit  cercles  auxiliaires  du  dernier  tableau  sont  sans 
doute  destinés  à  se  multiplier  beaucoup  dans  la  suite.  Les  per- 
sonnes qui  s'occuperont  d'étudier  les  systèmes  de  montagnes  dans 
diverses  régions  de  la  terre,  et  de  trouver  leurs  représentants  dans 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  o* 

le  réseau  pentagonal,  sentiront  la  nécessité  de  calculer  les  don- 
nées numériques  relatives  aux  cercles  auxiliaires  auxquels  ils 
auront  recours. 

Les  cercles  auxiliaires  admis  actuellement  dans  le  réseau  étant 
déterminés  par  la  condition  de  passer  par  deux  des  points  princi- 
paux, il  est  nécessaire,  pour  calculer  les  données  numériques  qui 
les  fixent  sur  la  surface  du  globe,  de  connaître  les  latitudes  et  les 
longitudes  de  chacun  des  points  principaux  du  réseau  et  l'orienta- 
tion en  ce  point  de  l'un  des  cercles  principaux  qui  y  passent. 

Afin  de  donner  à  toutes  les  personnes,  à  qui  ces  matières  sont 
familières,  les  moyens  de  calculer  ces  données  pour  tous  les  cercles 
auxiliaires  dont  elles  voudraient  suivre  le  cours  avec  précision, 
M.  Elie  de  Beaumont  compléta  celles  qui  fixent  chacun  des  points 
principaux  du  réseau,  et  il  les  réunit  dans  une  note  qu'il  a  pré- 
sentée à  l'Académie  et  qui  a  été  imprimée  dans  les  Comptes  rendus, 
sous  le  titre  de  Tableau  des  données  numériques  qui  fixent  les  36ù  points 
principaux  du  réseau  pentagonal1. 

Par  suite  des  lois  de  la  symétrie,  les  points  principaux  du  réseau 
sont  deux  à  deux  aux  antipodes  l'un  de  l'autre,  c'est-à-dire  aux 
deux  extrémités  d'un  même  diamètre  de  la  sphère.  Il  en  résulte 
qu'on  peut  omettre  les  données  numériques  relatives  à  la  moitié 
de  ces  points,  et  ne  donner  que  celles  des  cent  quatre-vingt-un 
points  principaux  compris  dans  un  même  hémisphère,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  dans  six  des  douze  pentagones  du  réseau. 

L'auteur  les  a  distribués  méthodiquement  dans  six  tableaux  cor- 
respondant chacun  à  un  pentagone  :  on  y  trouve  pour  chaque  point 
sa  latitude,  sa  longitude  et  l'orientation  en  ce  point  de  l'un  des 
cercles  principaux  qui  y  passent,  orientation  dont  on  peut  déduire 
celles  de  tous  les  autres  cercles  principaux  qui  s'y  croisent  avec  le 
premier. 

Au  moyen  de  ces  données,  on  peut,  avec  la  plus  grande  facilité, 

1  Comptes  rendus  t.  LVIII.  p.  3o8.  34i  et  3q4,  séances  des  q5.  -2-?.  et  j3  février 
1864. 


70  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

placer  soit  sur  un  globe,  soit  sur  des  cartes,  tous  les  points  princi- 
paux du  réseau  et  des  amorces  de  tous  les  cercles  principaux  ainsi 
que  des  bissecteurs  des  angles  de  36  et  de  6o°. 

Les  points  D,  I  et  H  sont  particulièrement  précieux  à  cause  du 
grand  nombre  de  cercles  dont  on  peut  y  tracer  immédiatement  un 
premier  élément.  Ainsi  de  chaque  point  D  divergent  dix  rayons 
formant  entre  eux  des  angles  de  i8°;  de  chaque  point  I  diver- 
gent douze  rayons  disposés  symétriquement  et  sous  des  incidences 
déterminées  dans  les  trois  angles  de  6o°;  de  chaque  point  H  diver- 
gent également  douze  rayons  disposés  symétriquement  dans  les 
angles  de  900,  sous  des  incidences  variées,  mais  connues. 

En  plaçant  sur  une  bonne  carte,  d'une  échelle  convenable,  l'un 
de  ces  points,  d'après  les  chiffres  donnés  dans  le  tableau  cité,  et 
en  traçant  les  dix  ou  les  douze  rayons  principaux  qui  en  partent, 
d'après  leurs  incidences  mutuelles  données  dans  la  Notice  sur  les 
systèmes  de  montagnes,  on  peut  souvent,  en  peu  d'instants,  constater 
un  grand  nombre  de  coïncidences  curieuses  entre  les  cercles  du 
réseau  pentagonal  et  les  accidents  orographiques  les  plus  irréguliers 
en  apparence.  Ces  cercles,  qui  sur  les  cartes  forment  générale- 
ment des  courbes,  ne  peuvent  être  représentés  exactement  que  sur 
une  petite  étendue,  par  les  lignes  droites  ainsi  déterminées;  mais 
il  est  facile  d'en  compléter  le  tracé  en  recourant,  s'il  est  nécessaire, 
à  quelques  calculs  exécutés  au  moyen  des  données  qui  fixent  les 
cercles  eux-mêmes. 

Cet  ensemble  de  données  numériques  imprimées  est  beaucoup 
plus  complet  que  ne  l'étaient  les  données  manuscrites  que  l'auteur 
avait  mises  en  i855  à  la  disposition  de  M.  Auguste  Laugel.  Elles 
permettraient  de  tracer  le  réseau  pentagonal  sur  d'autres  globes. 
Peut-être  quelques  personnes  seront-elles  bien  aises  de  voir  le  ré- 
seau installé  sur  un  globe  de  grandes  dimensions  et  présentant 
beaucoup  de  détails  géographiques  et  même  géologiques.  On  a 
parlé  plus  d'une  fois  de  publier  un  globe  géologique.  Cela  ne  serait 
pas,  en  soi-même,  plus  difficile  qu'il  ne  l'a  été  de  publier  des  pla- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  71 

nisphères  géologiques,  comme  l'ont  fait  MM.  Boue  et  Jules  Marcou, 
et  la  science  possède  aujourd'hui  toutes  les  données  nécessaires 
pour  y  tracer  le  réseau  pentagonal. 

11  pourrait  être  fort  utile  aussi ,  pour  l'étude ,  de  tracer  le  réseau 
pentagonal  sur  de  très-petits  globes.  Un  globe  de  3o  centimètres 
de  diamètre  est  déjà  un  objet  quelque  peu  embarrassant  et  dis- 
pendieux; mais  sur  un  globe  de  10  centimètres  de  diamètre,  ou 
même  seulement  de  la  grosseur  d'une  orange,  on  pourrait  tracer 
très-distinctement  les  soixante  cercles  principaux  du  réseau  pen- 
tagonal, et  sur  un  pareil  globe  on  saisirait,  au  moins  aussi  bien 
que  sur  un  globe  plus  gros,  l'ajustage  des  cercles  du  réseau,  des 
cent  vingt  triangles  rectangles  scalènes,  etc.  surtout  si,  comme  le 
permettrait  le  bon  marché  de  ces  petits  globes,  on  en  avait  plu- 
sieurs enluminés  à  des  points  de  vue  différents.  Les  embarras 
inhérents  à  la  forme  sphérique  seraient  dissipés;  l'application  aux 
détails  géographiques  pourrait  se  compléter  sur  des  cartes.  Per- 
sonne n'étudierait  plus  le  réseau  sans  avoir  un  globe  sous  les  yeux, 
ce  qui  diminuerait  singulièrement  les  premières  difficultés  d'une 
étude  nécessairement  un  peu  ardue. 

M.  de  Ghancourtois  a  mis  à  l'Exposition  de  1867  des  instru- 
ments de  sphérodésie  imaginés  par  lui,  qui  faciliteront  beaucoup  le 
tracé  du  réseau  pentagonal  sur  des  globes  de  toute  dimension. 

M.  Elie  de  Beaumont,  qui  possédait,  longtemps  avant  de  les 
publier,  une  grande  partie  des  données  numériques  dont  il  vient 
d'être  question,  a  pu,  après  la  publication  de  sa  Notice  sur  les  sys- 
tèmes de  montagnes,  continuer  à  tracer  sur  des  cartes  géographiques 
ou  géologiques  des  cercles  ou  diverses  parties  du  réseau  pentago- 
nal, et  obtenir  ainsi  des  résultats  qui  n'ont  reçu  d'autre  publicité 
que  celle  de  son  enseignement,  mais  dont  quelques-uns  pourront 
trouver  leur  place  dans  la  suite  de  ce  Bapport. 

Différentes  personnes  ont  commencé  des  publications  en  ce  genre. 
On  a  pu  voir  à  l'Exposition  de  1867  un  grand  travail  intitulé 
Carte  géologique  de  l'Europe,  essai  de  coloriage  synthétique,  avec  le 


72  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

pointage  des  gîtes  minéraux  et  le  tracé  du  réseau  pentagonal, 
faisant  ressortir  les  rapports  d'alignement,  exécuté,  sous  la  direction 
de  M.  A.-E.  B.  de  Chancourtois ,  par  M.  E.  Sarrasin,  avec  la  colla- 
boration de  M.  Jedlinski,  par  un  report  des  contours  de  la  carte 
de  M.  André  Dumont,  employé  à  titre  provisoire;  le  système  des 
cartes  géologiques  générales  devant  être  établi  sur  des  projections 
gnomoniques,  sur  lesquelles  tous  les  grands  cercles  sont  représentés 
par  des  droites. 

Quelques-uns  des  faits  géologiques  que  la  carte  de  M.  de  Chan- 
courtois met  en  évidence  pourront  eux-mêmes  trouver  place  dans 
la  suite  de  ce  Rapport. 

Une  carte  de  l'Algérie,  où  les  cercles  du  réseau  pentagonal  sont 
tracés  par  M.  Pomel,  avec  la  plus  grande  précision,  a  de  même 
figuré  à  l'Exposition  de  1867,  et  a  été  récompensée  par  une  mé- 
daille. 

M.  Elie  de  Beaumont  avait  fait  lui-même,  depuis  longues  années, 
de  nombreux  tracés  des  cercles  du  réseau  pentagonal  sur  des  cartes 
de  différentes  parties  de  l'Europe  et  particulièrement  de  la  France. 
Il  désirait  rendre  son  travail  pour  la  France  aussi  complet  que 
possible,  et  la  chose  lui  était  facile  :  il  ne  s'agissait  que  de  calculer, 
comme  il  a  été  dit  ci-dessus,  au  moyen  des  données  numériques 
relatives  aux  différents  cercles  du  réseau,  les  intersections  de  ces 
cercles  avec  un  certain  nombre  de  méridiens  ou  de  parallèles;  mais, 
au  moment  d'entreprendre  ce  travail  de  longue  haleine,  il  pensa 
qu'à  l'aide  d'un  travail,  à  la  vérité  un  peu  plus  long  encore,  il 
pourrait  renfermer,  dans  une  étendue  à  peu  près  égale,  un  résultat 
plus  utile  et  plus  fécond,  en  calculant,  non  les  intersections  des 
cercles  du  réseau  avec  les  méridiens  ou  les  parallèles,  mais  leurs 
intersections  mutuelles. 

Ces  intersections  sont  répandues  sur  la  surface  de  la  France  en 
assez  grand  nombre  pour  suffire ,  au  moyen  de  raccordements  faciles 
à  exécuter,  au  tracé  des  cercles  du  réseau. 

Le  calcul  du  point  d'intersection  de  deux  cercles  du  réseau  est 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  73 

plus  long  que  celui  de  leurs  intersections  avec  un  méridien  ou  un 
parallèle;  mais  ce  calcul  sert  pour  deux  cercles  à  la  fois  ou  même 
pour  un  plus  grand  nombre,  et  comporte  des  moyens  de  vérification 
qui  font  disparaître  les  fautes  de  calcul.  En  outre,  le  point  d'inter- 
section de  deux  cercles  a  plus  de  valeur  que  deux  points  quelconques 
de  ces  cercles,  parce  que  ces  points  sont  souvent  les  plus  importants 
de  leur  cours,  sous  le  rapport  des  relations  que  ces  cercles  pré- 
sentent avec  les  figurations  orographiques  et  géologiques.  De  plus, 
en  calculant  ces  points,  on  reconnaît  quels  sont  ceux  où  se  croisent 
plus  de  deux  cercles,  points  qui  ont  plus  d'importance  que  les 
intersections  simples. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  de  voir  si  trois  cercles  se  coupent  en  un 
seul  et  même  point.  Le  tracé  graphique  appuyé  sur  les  méridiens 
et  les  parallèles  peut  laisser  des  doutes,  parce  que  le  tracé  gra- 
phique peut  difficilement  être  assez  parfait  pour  décider  si  trois 
cercles  se  coupent  en  un  seul  et  même  point,  ou  s'ils  forment  un 
très-petit  triangle.  En  outre,  quand  on  calcule  directement  l'inter- 
section de  deux  cercles  du  réseau ,  on  détermine  l'angle  sous  lequel 
ils  se  coupent,  tandis  que,  si  on  se  borne  à  la  construction  gra- 
phique, on  n'obtient  la  valeur  de  cet  angle  que  d'une  manière 
approximative,  à  laide  d'une  construction  graphique. 

Un  autre  motif  qui  a  déterminé  M.  Elie  de  Beaumont  à  s'attacher 
de  préférence  aux  intersections  mutuelles  des  cercles,  c'est  que 
chaque  point  devait  être  l'objet  de  deux  calculs. 

En  effet,  indépendamment  des  cartes  de  France  ordinaires,  sur 
lesquelles  les  méridiens  et  les  parallèles  sont  tracés,  et  de  la  nou- 
velle carte  de  France,  dite  Carte  (V état-major,  publiée  par  le  Dépôt 
de  la  guerre,  sur  laquelle  on  les  trace  avec  le  plus  grand  soin, 
il  en  existe  d'autres  sur  lesquelles  les  méridiens  et  les  parallèles 
ne  sont  pas  tracés.  Telle  est  la  carte  de  Gassini,  et  telle  est  aussi 
la  carte  géologique  de  la  France,  dont  la  base  est  une  réduction 
de  celle  de  Gassini.  Beaucoup  d'excellentes  cartes  de  France  sont 
dans  le  même  cas. 


74  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 


Pour  reporter  sur  une  pareille  carte  un  point  donné  en  latitude 
et  en  longitude,  avec  des  orientations,  il  faut  une  transformation  de 
coordonnées  qui  exige  d'assez  longs  calculs.  On  n'aime  pas,  en 
général,  à  s'entourer  de  l'appareil  qu'exige  cette  transformation, 
lorsqu'on  n'a  qu'un  petit  nombre  de  points  à  construire,  et  on  est 
alors  réduit  à  des  procédés  approximatifs,  dont  l'exactitude  est 
médiocre.  M.  Élie  de  Beaumont  a  pensé  qu'il  serait  bon  de  pré- 
senter à  la  fois,  pour  chacun  des  points  dont  il  s'occuperait,  les 
coordonnées  relatives  aux  méridiens  et  aux  parallèles  et  les  coor- 
données relatives  à  la  projection  de  Gassini. 

Mais  devant  faire  ainsi  pour  chaque  point  une  double  série  de 
calculs,  il  a  pensé  qu'il  valait  mieux  les  appliquer  immédiatement 
aux  points  les  plus  importants,  c'est-à-dire  aux  intersections  mu- 
tuelles des  cercles  du  réseau,  d'autant  plus  que  probablement, 
après  s'être  contenté  d'abord  de  déterminer  graphiquement  ces 
intersections ,  on  aurait  senti  plus  tard  l'utilité  d'en  calculer  direc- 
tement une  partie. 

Après  avoir  exécuté  les  calculs  nécessaires,  dont  le  détail  ne 
peut  trouver  place  dans  ce  rapport,  M.  Élie  de  Beaumont  en  a 
réuni  l'exposé  et  les  résultats  dans  un  mémoire  qu'il  a  présenté  à 
l'Académie  des  sciences,  et  qui  a  été  imprimé  dans  ses  Comptes 
rendus,  sous  le  titre  de  Tableau  des  données  numériques  qui  fixent, 
sur  la  surface  de  la  France  et  des  contrées  limitrophes,  les  points  où 
se  coupent  mutuellement  a  g  cercles  du  réseau  pentagonal l. 

Ces  vingt-neuf  cercles  se  coupent  mutuellement  en  812  points, 
£06  dans  chaque  hémisphère;  mais,  des  Zio6  points  d'intersection 
compris  dans  l'hémisphère  boréal,  i83  seulement  tombent  dans 
l'étendue  du  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  et  dans  les 
parages  de  la  Corse.  C'est  à  ces  cent  quatre-vingt-trois  intersec- 
tions seulement  que  l'auteur  a  consacré  ses  calculs,  et  il  a  dé- 
terminé pour  chacune  d'elles  sa  latitude,  sa  longitude,  les  orien 

1   Comptes  rendus,  t.  LXII,  p.  1957,  séance  du  1 1  juin  1866. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  75 

tations  des  deux  cercles  au  point  où  ils  se  coupent  et  l'angle  qu'ils 
forment  entre  eux;  puis,  par  une  opération  subsidiaire,  la  distance 
de  chacun  de  ces  points  à  la  méridienne  et  à  la  perpendiculaire  de 
Paris,  et  l'angle  formé  par  le  méridien  du  lieu  et  la  perpendiculaire 
à  la  méridienne  de  Paris.  Les  quantités,  calculées  au  nombre  de 
huit  pour  chaque  point,  forment  huit  colonnes  dans  le  tableau, 
dont  une  ligne  est  consacrée  à  chacun  des  cent  quatre-vingt-trois 
points. 

L'auteur  a  calculé  aussi  et  consigné  dans  un  tableau  à  part  les 
intersections  des  cercles  avec  le  méridien  de  Paris. 

Les  données  contenues  dans  les  trois  dernières  colonnes  du 
tableau  précédent  permettaient  de  construire  les  cent  quatre-vingt- 
trois  intersections  sur  la  carte  de  Cassini  et  sur  celles  qui  dérivent 
de  sa  réduction ,  par  exemple  sur  la  carte  géologique  de  France , 
aussi  facilement  que  sur  toute  autre  carte. 

La  construction  a  été  effectuée  sur  le  tableau  ^assemblage  des 
six  feuilles  de  la  carte  géologique  de  la  France,  et  tirée  en  couleurs , 
avec  le  tableau,  à  l'Imprimerie  impériale.  Malgré  la  petitesse  de 
l'échelle ,  on  peut  y  prendre  un  aperçu  de  la  précision  des  rapports 
qui  existent  entre  les  cercles  du  réseau  pentagonal  et  la  structure 
géologique  de  la  France.  La  difficulté  de  préciser  ces  rapports, 
sans  le  secours  d'une  figure,  a  engagé  à  joindre  au  présent  Rapport 
la  carte  qui  vient  d'être  mentionnée. 


QUATRIÈME   PARTIE. 

ÉTUDE  DES  RELATIONS  EXISTANTES  ENTRE  LE  RÉSEAU  PENTAGONAL 
ET  LES  INÉGALITÉS  DE  L'ÉCORCE  TERRESTRE. 

Il  est  temps  de  passer  à  l'application  du  réseau  pentagonal  à  la 
structure  orographique  et  stratigrapliique  de  l'écorce  terrestre,  et 
à  la  question  vitale  de  savoir  si  ce  réseau  est  une  simple  fantaisie 
géométrique,  ou  s'il  représente  quelque  chose  de  réel  et  de  maté- 
riellement existant  sur  la  surface  du  globe. 

Pour  constater  les  relations  qui  existent  entre  le  réseau  penta- 
gonal et  les  accidents  de  l'écorce  terrestre,  je  suivrai  un  à  un  ceux 
des  cercles  du  réseau  qui  ont  été  le  plus  étudiés  sous  ce  rapport, 
en  faisant  connaître  les  remarques  principales  auxquelles  chaque 
cercle  a  donné  lieu. 

Je  placerai  les  cercles  dans  un  ordre  qui  me  fera  procéder  de 
l'ensemble  aux  détails,  c'est-à-dire  à  peu  près  comme  l'étude  elle- 
même  a  procédé.  Je  commencerai  par  des  côtes  et  des  contrées 
lointaines  sur  lesquelles  on  ne  peut  faire  quelquefois  que  des  re- 
marques un  peu  générales,  et  je  terminerai  par  la  France,  qui  peut 
fournir,  surtout  aujourd'hui,  des  rapprochements  beaucoup  plus 
précis. 

Une  grande  partie  des  remarques  que  je  rapporterai  ont  été 
faites  sur  des  cartes  de  différentes  contrées ,  sur  lesquelles  les  cer- 
cles du  réseau  ont  été  tracés  à  la  main,  avec  le  plus  grand  soin, 
mais  auxquelles  je  ne  puis  renvoyer  le  lecteur  afin  qu'il  les  y  trace 
pour  son  propre  usage,  parce  que  ce  serait  le  supposer  entouré 
d'un  appareil  cartographique  que  peu  de  personnes  ont  pu  réunir. 
Je  ne  pourrai  cependant  éviter  de  supposer  souvent  que  le  lecteur 
a  sous  les  yeux,  outre  la  carte  géologique  réduite  de  la  France,  le 


78  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

globe  sur  lequel  M.  Auguste  Laugel  a  tracé  le  réseau  pentagonal 
et  la  carte  du  pentagone  européen  en  projection  gnomoniquc  sur 
l'horizon  de  son  centre  qui  forme  la  planche  V  de  la  Notice  sur  les 
systèmes  de  montagnes,  objets  qui  sont  dans  le  commerce  depuis 
douze  et  quinze  ans,  et  qu'on  rencontre  assez  fréquemment. 

LES  SIX  DODECAEDRIQUES  REGULIERS. 

Les  cercles  du  réseau  pentagonal,  dont  je  m'occuperai  en  pre- 
mier lieu,  seront  les  six  dodécaédriques  réguliers,  dont  le  système 
est,  comme  on  l'a  vu  précédemment,  l'expression  la  plus  concen- 
trée de  la  symétrie  pentagonale. 

Chacun  des  dodécaédriques  réguliers  a  pour  pôles  deux  centres 
de  pentagone  situés  aux  antipodes  l'un  de  l'autre.  L'un  d'eux,  par 
conséquent,  a  pour  pôles  le  point  D,  centre  du  pentagone  européen 
qui  tombe  près  de  Remda,  en  Saxe,  et  un  autre  point  D,  antipode 
du  premier,  situé  dans  l'océan  Austral,  au  sud-est  de  la  Nouvelle- 
Zélande.  D'après  les  points  près  desquels  il  passe,  M.  Élie  de 
Beaumont  a  désigné  ce  cercle  sous  le  nom  de  dodécaédrique  régu- 
lier du  cap  Corrientes  et  de  Singapour. 

Ce  grand  cercle,  qui  passe  au  point  H,  près  de  Tehuantepec, 
côtoie,  dans  un  intervalle  de  plus  de  quinze  cents  kilomètres,  les 
côtes  sud-ouest  du  Mexique ,  en  passant  très-près  du  cap  Saint- 
Lucas,  extrémité  de  la  Californie,  ainsi  que  du  cap  Corrientes,  et 
à  une  faible  distance  du  célèbre  port  d'Acapulco.  Il  aborde  le  con- 
tinent de  l'Amérique  méridionale  par  le  massif  avancé  de  la  pointe 
Galera  et  du  cap  San-Francisco ,  près  d'Esmeraldas. 

Dans  l'intérieur  de  ce  continent  il  coupe  la  chaîne  des  Andes , 
en  passant  à  une  faible  distance  au  nord  du  volcan  de  Pichincha  et 
de  la  ville  de  Quito,  c'est-à-dire  vers  l'extrémité  septentrionale 
de  la  chaîne  volcanique  de  l'équateur;  puis,  après  avoir  traversé 
un  point  H,  situé  à  l'est  des  Andes,  il  côtoie  à  une  faible  distance 
de  longues  parties  du  cours  du  Guapore  et  de  celui  de  Teite,  et  il 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  79 

sort  enfin  du  continent  par  le  fond  du  golfe  situé  au  sud-ouest  de 
Rio-Janeiro ,  en  coupant  le  nœud  montagneux  qui  s'approche  de  la 
côte  du  Brésil,  entre  les  villes  de  Saint-Paul  et  de  Santos. 

Traversant  ensuite  l'océan  Atlantique  méridional,  il  rase  l'île  de 
Tristan-d'Acunha,  qu'il  laisse  au  sud  à  quelques  minutes  de  distance, 
passe  à  l'emplacement  actuellement  assigné  au  banc  du  Télémaque, 
situé  au  sud  de  la  colonie  du  Cap ,  et  aux  rochers  de  l'Union ,  situés 
au  sud  de  Madagascar.  D'autres  roches  sont  encore  signalées  sur 
cette  ligne.  Plusieurs  sont  indiquées  comme  douteuses,  et  leur 
existence  est  probablement  assez  difficile  à  constater,  mais  il  y  a  à 
parier  que  plusieurs  d'entre  elles  existent  réellement.  Ainsi  l'île  de 
Tristan-d'Acunha  aurait  une  sorte  de  très-long  cortège ,  placé  pré- 
cisément de  manière  à  marquer,  au  milieu  des  mers  de  l'hémis- 
phère austral ,  le  cours  de  notre  dodécaédrique  régulier. 

Ce  grand  cercle  traverse  ensuite  l'océan  Indien,  dans  une  partie 
complètement  dépourvue  d'îles,  puis  il  coupe  l'île  de  Sumatra  à 
peu  près  au  milieu  de  sa  longueur,  en  passant  approximativement 
au  mont  Ophir  ou  Berapi,  qui  est  un  volcan  considérable,  et  ensuite 
la  presqu'île  de  Malaca,  près  de  sa  pointe  sud-est,  à  très-peu  de 
distance  de  Singapour. 

Après  avoir  traversé  la  mer  de  la  Chine,  où  il  passe  à  un  point  H , 
il  aborde  l'île  de  Luçon  par  sa  saillie  sud-ouest,  la  pointe  Subec, 
et  la  traverse  en  passant  approximativement  au  mont  Arayat  ou 
Aringuay,  qui  est  un  volcan  actif,  et  en  laissant  la  ville  de  Manille 
à  assez  faible  distance  au  sud-est;  puis  il  va  passer  à  un  point  H, 
placé  d'une  manière  remarquable  à  l'extrémité  septentrionale  du 
petit  archipel  des  îles  Bonin-Sima,  situé  au  sud-est  du  Japon. 

Dans  le  long  intervalle  de  Singapour  aux  îles  Bonin-Sima,  ce 
grand  cercle  court  parallèlement  à  la  terminaison  sud-est  des  terres 
asiatiques. 

Plus  loin,  il  traverse  l'océan  Pacifique  dans  une  vaste  étendue 
dépourvue  d'îles,  et  rejoint,  sur  les  côtes  américaines,  le  cap  Saint 
Lucas. 


80  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ce  grand  cercle  est  singulièrement  favorisé  sous  le  rapport  de 
l'importance  naturelle  ou  sociale  des  points  près  desquels  il  passe. 
Pour  le  faire  sentir,  il  suffit  de  le  comparer  à  un  autre  grand  cercle 
qui  semble  appelé  à  rivaliser  avec  lui. 

Dans  beaucoup  d'atlas  de  géographie,  on  trouve  une  mappe- 
monde en  projection  stéréographique  sur  l'horizon  de  Paris  et  de 
son  antipode.  Cette  manière  de  diviser  le  globe  est  à  peu  près  celle 
qui  donne  les  deux  hémisphères  les  plus  inégaux  sous  le  rapport 
de  la  quantité  de  terres  qu'ils  contiennent,  car  les  terres  se  trou- 
vent presque  toutes  dans  l'hémisphère  dont  Paris  est  le  centre, 
tandis  que  l'hémisphère  opposé  ne  contient  que  l'Australie  et  la 
partie  méridionale  de  l'Amérique  du  Sud. 

Mais,  sous  ce  rapport,  le  cercle  auquel  le  point  D,  près  de 
Remda,  sert  de  pôle,  jouit  à  peu  près  des  mêmes  propriétés,  tandis 
que  près  du  cercle  dont  Paris  est  le  centre  on  ne  trouve  pas  une 
suite  de  jalons  isolés  au  milieu  des  mers,  comme  l'île  de  Tristan- 
d'Acunha  et  son  cortège,  trois  volcans  comme  le  Pichincha,  le 
Berapi  et  le  mont  Aringuay,  et  quatre  villes  aussi  remarquables 
qu'Acapulco,  Quito,  Singapour  et  Manille. 

Un  second  dodécaédrique  régulier,  celui  du  Sénégal  et  de  la  Nou- 
velle-Guinée, a  pour  pôles  le  point  D,  centre  du  pentagone  de  l'A- 
mérique russe ,  et  un  autre  point  D ,  antipode  du  premier,  situé 
dans  les  régions  australes  ,  près  de  la  terre  d'Enderby. 

Ce  dodécaédrique  régulier  aborde  le  continent  de  l'Amérique  mé- 
ridionale à  une  petite  distance  au  nord  de  Lima,  et  coupe  les 
Andes  du  Pérou  au  nœud  de  Pasco,  qui  renferme  la  région  mé- 
tallifère du  même  nom  et  les  sources  de  l'Amazone.  Après  avoir 
coupé  le  dodécaédrique  précédent  au  point  H,  situé  à  l'est  des 
Andes,  il  traverse  la  grande  dépression  de  l'Amazone  en  s'adap- 
tant  au  cours  de  ce  fleuve,  dans  la  partie  où  il  reçoit  le  Rio-Negro 
et  le  Madeira,  et  il  sort  du  continent  américain  en  passant  au 
bord  des  terres  élevées  de  la  Guyane,  qui  limitent  au  nord  la 
large  embouchure  de  l'Amazone. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         81 

Ce  grand  cercle  traverse  l'océan  Atlantique  un  peu  au  sud  des 
iles  du  cap  Vert,  et  aborde  le  continent  de  l'Afrique  entre  le  cap 
Vert  et  l'embouchure  du  Sénégal.  Il  coupe  le  cours  de  ce  fleuve 
vers  Podor,  puis,  comme  le  montre  la  carte  planche  V  de  la  Notice 
sur  les  systèmes  de  montagnes,  il  traverse  le  grand  désert  de  Sahara 
et  le  désert  de  Libye,  d'où  il  sort  par  le  mont  Djebel-Ramlah.  Tracé 
sur  la  belle  carte  géologique  de  l'Egypte  par  M.  Russegger,  il  coupe 
la  vallée  du  Nil  près  du  coude  remarquable  qu'elle  forme  aux  en- 
virons de  Keneh,  où  elle  est  profondément  creusée  dans  les  cal- 
caires du  terrain  crétacé.  Notre  cercle  suit  presque  exactement,  sur 
trente  lieues  de  longueur,  un  escarpement  calcaire  au  pied  duquel 
se  trouve  Denderah.  Passant  ensuite  à  Maksur  el  Benat,  il  s'adapte 
à  certains  contours  des  roches  cristallines  de  la  chaîne  qui  borde 
la  mer  Rouge,  et  il  en  sort  par  l'éperon  montagneux  qui  borde, 
au  nord,  la  vallée  sèche  à  l'issue  de  laquelle  se  trouve  le  port 
de  Kosseier. 

Après  avoir  passé  au  point  H  situé  au  N.-O.  de  Médine,  le  dodé- 
caédrique  régulier  traverse  l'Arabie  et  les  anfractuosités  méridio- 
nales du  golfe  Persique,  où  le  besoin  d'abréger  m'empêche  de 
m'arrêter,  puis  la  partie  septentrionale  de  l'océan  Indien,  où  il 
court  parallèlement  à  la  côte  du  Béloutchistan.  Enfin,  passant  au 
large  des  bouches  de  l'Indus,  il  va  aborder  la  côte  de  l'Inde  par 
la  presqu'île  de  Cutch,  dont  il  rase  le  contour  méridional  en  l'en- 
tamant légèrement. 

On  sait  qu'il  existe  d'excellentes  cartes  topographiques  de  l'Inde , 
dressées  et  publiées  à  Londres  aux  frais  de  la  Compagnie  des 
Indes  orientales.  Ces  cartes,  basées  sur  la  grande  triangulation  du 
colonel  Lambton,  méritent  toute  confiance,  particulièrement  quant 
à  la  position  géographique  des  points  et  aux  orientations.  M.  Gree- 
nough ,  le  célèbre  auteur  de  la  carte  géologique  de  l'Angleterre , 
a  profité  des  cartes  publiées  par  YEast  India  Company,  et  des  do- 
cuments géologiques  recueillis  par  ses  agents,  pour  dresser  et 
publier  en  1 856  une  Carte  physique  et  géologique  de  l'Inde  britannique 

Stratigraphie.  6 


82  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

(dencral  sketch  ofthe  physical  and geologicalfea  turcs  of  British  Imita), 
dont  il  s'est  empressé  de  faire  hommage  à  l'Académie  des  sciences1. 
Cette  carte  est  sur  une  échelle  de  1800'000 ,  c'est-à-dire  un  peu  plus 
grande  que  celle  du  tableau  d'assemblage  de  la  carte  géologique  de  la 
France,  qui  est  de  j^s. 

L'auteur  a  placé  sur  l'une  des  marges  une  rose  des  directions 
des  différents  systèmes  de  montagnes  de  l'Europe ,  tirée  de  la  No- 
tice sur  les  systènes  de  montagnes,  sans  tenir  compte  des  modifica- 
tions que  ferait  subir  à  ces  directions  leur  transport  dans  une  con- 
trée aussi  éloignée  que  l'Inde  :  c'était  une  invitation  tacite  à  M.  Elie 
de  Beaumont  de  faire  à  l'Inde  l'application  du  réseau  pentagonal; 
application  qu'il  s'est  empressé  de  réaliser  sur  l'exemplaire  de  la 
carte  de  l'Inde  que  M.  Greenough  avait  bien  voulu  lui  envoyer  à 
lui-même.  Il  l'a  présentée  plus  d'une  fois  dans  ses  leçons,  avec  les 
cercles  du  réseau  tracés  exactement,  comme  on  l'a  fait  depuis  lors 
pour  d'autres  contrées  plus  ou  moins  lointaines. 

Un  point  II  du  réseau  pentagonal  tombe  presque  au  milieu  de 
la  presqu'île  occidentale  de  l'Inde,  au  midi  de  la  grande  rivière 
Nerbudda,  dans  l'angle  formé  parle  confluent  des  rivières  Taptv 
et  Poorna.  Les  cercles  du  réseau  qui  se  croisent  à  ce  point  H,  et 
d'autres,  qu'il  a  été  également  facile  de  figurer,  s'adaptent  avec  une 
précision  singulière  à  certains  traits  de  la  géologie  indienne,  ainsi 
qu'on  le  verra  dans  la  suite  de  ce  Rapport.  Ici  je  ne  parlerai  que  du 
dodécaédrique  régulier  dont  nous  suivons  le  cours,  et  qui  passe  lui- 
même  au  point  H,  dont  il  s'agit. 

La  cote  de  la  presqu'île  de  Gutch,  que  rase,  en  l'entamant  légè- 
rement, le  dodécaédrique  régulier,  est  formée,  d'après  la  carte  de 
M.  Greenough,  de  dépôts  tertiaires,  au  milieu  desquels  s'élèvent, 
un  peu  plus  au  nord,  parallèlement  à  notre  cercle,  les  collines 
Irappéeunes  des  Doura  Hills.  Plus  loin,  dans  la  presqu'île  de  Gujo- 
rat,  il  effleure  l'extrémité  septentrionale  de  la  crête  granitique  dos 

1  Comptes  rendus,  t.  XXXfX,  p.  79O;  séance  du  ç>3  octobre  i85/i.. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN    FRANCE.  83 

Granier  Mountains,  en  laissant  au  nord  d'autres  protubérances 
granitiques  moins  importantes.  Il  atteint  ensuite  près  de  son  em- 
bouchure le  cours  du  Nerbudda,  et  s'adapte  à  la  courbe  que  forme 
cette  rivière  autour  de  l'extrémité  méridionale  de  la  chaîne  grani- 
tique du  Salamber  Range. 

Après  avoir  traversé  le  Nerbudda,  il  entre  sur  le  vaste  plateau 
trappéen  du  Malwa  et  du  Deccan ,  dont  le  point  H  occupe  à  peu 
près  le  centre.  Avant  d'atteindre  le  point  H ,  il  passe  tout  juste  au 
coude  que  forme,  au  bord  du  Tapty,  la  chaîne  trappéenne  des 
Sautpoor  Mountains,  et,  au  delà  du  point  H,  il  va  couper  avec  la 
même  précision  le  massif  trappéen  des  Berar  Ghauts.  11  arrive  fina- 
lement à  la  côte  d'Orissa,  au  milieu  du  massif  granitique  qui  s'élève 
au  midi  des  bouches  du  Mahanuddy. 

Vprès  avoir  traversé  le  golfe  du  Bengale,  notre  dodécaédrique 
régulier  coupe  la  presqu'île  orientale  de  l'Inde,  où  le  défaut  d'espace 
m'empêche  de  la  suivre ,  et  il  atteint  le  point  H  de  la  mer  de  la 
Chine,  où  il  croise  le  dodécaédrique  régulier  du  cap  Consentes  el  de 
Singapour,  que  nous  avons  déjà  étudié. 

Ici  commence  la  partie  la  plus  remarquable  peut-être  du  cours 
de  notre  cercle.  Tracé  avec  précision  sur  la  belle  carte  de  l'océan 
Pacifique  par  M.  Vincendon-Dumoulin,  il  traverse  l'appendice 
montagneux  de  la  partie  septentrionale  de  Bornéo,  parallèlement  à 
ses  principales  lignes  de  contour,  en  passant  près  de  l'une  des  cimes 
principales;  il  rase  la  pointe  nord  de  Célèbes,  qui  renferme  le 
volcan  de  Kemas,  en  touchant  les  écueils  qui  la  défendent;  il  coupe 
l'île  de  Gilolo,  un  peu  au  sud  du  volcan  de  Gammacanore,  par  le 
point  de  concours  des  singulières  ramifications  qui  la  composent, 
touche  les  petites  îles  Guebé  et  Gagy,  et  aborde  la  Nouvelle-Guinée 
par  sa  pointe  O.-N.-O.  formée  par  les  îles  qui  bordent  au  sud  le 
détroit  de  Dampier.  Il  constitue  ensuite,  pour  ainsi  dire,  l'axe  de 
la  Nouvelle-Guinée,  passe  au  point  H  qui  se  trouve  dans  son  inté- 
rieur, au  nord  du  détroit  de  Torres,  et  dont  j'aurai  à  parler  plus 
d'une  fois,  et,   poursuivant  son  cours  entre  le  mont  Aird  et  le 


8/»  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

mont  Astrolabe,  il  sort  de  ce  petit  continent  par  sa  pointe  orien- 
tale, près  des  îles  Duperré,  pour  suivre,  jusque  vers  sa  pointe 
orientale,  la  direction  de  l'archipel  de  la  Louisiade,  dont  il  rase, 
au  sud,  les  derniers  écueils.  Plus  loin,  il  traverse  obliquement  l'ar- 
chipel des  Nouvelles-Hébrides,  en  touchant  l'extrémité  nord  de 
l'île  Sandwich. 

Ensuite  le  dodécaédrique  régulier  suit  sa  direction  jusqu'à  la 
côte  du  Pérou ,  sans  rencontrer  aucune  terre  ;  mais  il  passe  très-prés 
de  l'île  de  Pylstaart  et  des  îles  Bass,  qu'il  laisse  au  sud,  de  l'île 
Pitcairn  et  de  l'île  Ducie,  qu'il  laisse  au  nord,  à  une  si  petite  dis- 
tance qu'on  pourrait  dire  qu'elles  jalonnent  son  cours,  et  il  forme 
la  limite  entre  les  vastes  archipels  polynésiens,  situés  au  nord,  et 
l'océan  Pacifique  austral,  dans  lequel  s'élèvent  seulement  un  petit 
nombre  d'îlots  isolés,  tels  que  Waihou  et  Salas  y  Gomez. 

Un  troisième  dodécaédrique  régulier,  celui  des  Açores  et  de  h  tare 
de  Van-Diemen,  a  pour  pôles  le  point  D,  centre  du  pentagone  de  la 
Chine,  et  son  antipode  le  point  D,  centre  du  pentagone  du  Chili. 
Ce  cercle  traverse  de  vastes  mers  dépourvues  d'îles  et  des  conti- 
nents peu  explorés,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'on  puisse  signaler  sur 
son  cours  certains  repères  remarquables. 

Il  aborde  l'Afrique  par  sa  côte  S.-E.,  en  déterminant,  par  son 
intersection  avec  un  grand  cercle  primitif,  un  point  b  qui  marque 
avec  une  précision  singulière  le  fond  du  golfe  où  se  trouve  So- 
fala.  Il  traverse  ensuite  les  parties  les  moins  connues  du  conti- 
nent africain,  en  passant  à  un  point  H  situé,  dans  l'intérieur  du 
Congo,  près  du  plateau  de  Dcmbo  et  peu  éloigné  de  la  région  des 
grands  lacs  découverts  depuis  quelques  années  dans  l'intérieur  de 
l'Afrique.  Après  avoir  passé,  de  même,  au  point  H  du  Sahara,  il 
sort  de  l'Afrique  un  peu  au  nord  du  cap  Noun,  en  passant,  d'après 
la  belle  carte  du  Maroc  par  M.  Emilien  Renou,  à  la  ville  d'Ofran. 
bâtie  sur  le  sommet  de  l'une  des  dernières  ramifications  qui  se  dé- 
tachent de  l'Atlas  vers  le  S.-O.  pour  aller  expirer  dans  le  désert, 
près  de  la  côte. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  85 

Entrant  alors  dans  l'océan  Atlantique  et  passant  au  point  b  situé 
près  de  Porto-Santo,  il  côtoie  à  une  petite  distance  le  groupe  de 
Madère  et  l'archipel  des  Açores.  Il  est  parallèle  à  l'une  des  direc- 
tions qui  se  dessinent  le  mieux  dans  l'orographie  de  ces  îles  vol- 
caniques, et  il  constitue  le  grand  cercle  de  comparaison  le  plus 
naturel  à  adopter  pour  le  système  des  Açores. 

Notre  cercle  tombe  un  peu  au  nord  des  Açores;  mais,  comme  il 
existe  des  roches  et  des  bas-fonds  plus  au  nord  encore,  on  peut  le 
considérer  comme  représentant  l'axe  d'un  barrage  qui  traverse 
obliquement  l'océan  Atlantique.  Ce  barrage,  ébréché  à  l'endroit 
où  passe  le  Gulf  Stream,  se  dirige  vers  le  banc  de  Terre-Neuve  et 
vers  l'île  du  même  nom,  qui,  réunis,  forment  une  sorte  d'avant 
corps  du  continent  américain,  placé  de  manière  à  venir  à  sa  ren- 
contre et  à  déterminer  avec  lui,  dans  l'océan  Atlantique,  un  véri- 
table étranglement.  Certains  détails  de  la  structure  de  l'île  de 
Terre-Neuve  s'harmonisent  avec  notre  dodécaédrique  régulier,  qui  la 
traverse,  suivant  une  des  lignes  principales  de  sa  figure  générale. 
Il  y  entre  en  coupant  à  sa  base  le  cap  Bonavista,  non  loin  de  la 
station  électrique  de  Hearts-Content,  où  aboutit  le  câble  trans- 
atlantique, et  il  en  sort  par  le  promontoire  qui  termine  au  nord 
la  baie  des  Iles.  Pénétrant  ensuite  dans  la  vaste  embouchure  du 
Saint-Laurent,  il  rase  au  nord,  parallèlement  à  l'une  des  directions 
orographiques  qui  s'y  dessinent,  la  longue  île  d'Anticosti,  comme 
il  a  rasé  les  Açores,  dans  la  prolongation  desquelles  se  trouve  cette 
île,  aussi  bien  que  la  bande  méridionale  de  Terre-Neuve. 

Dans  l'intérieur  du  Canada,  notre  dodécaédrique  régulier  suit 
la  côte  septentrionale  du  lac  Supérieur.  Il  y  passe  à  un  point  H, 
dont  les  douze  rayons  s'engrènent  avec  une  précision  singulière 
dans  les  anfractuosités  des  contours  des  grands  lacs. 

Fidèle  à  son  rôle  de  barrage  peu  proéminent,  il  sépare  à  peu 
près  exactement  les  bassins  de  ces  grands  lacs  de  ceux  de  la  baie 
d'Hudson  et  du  lac  Winnepeg,  et  le  bassin  de  ce  dernier  lac  de 
celui  du  Mississipi,  et,  poursuivant  son  cours  à  travers  les  mon- 


80  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

tagnea  Rocheuses,  il  va  encore  jouer  un  rôle  du  même  genre  dans 
la  Californie. 

Il  rase,  en  effet,  l'extrémité  septentrionale  du  vaste  port  de  Sau- 
Francisco,  et  il  entre  dans  l'océan  Pacifique  par  la  pointe  los  Reys, 
à  très-peu  de  chose  près,  en  coupant  le  promontoire  qui  horde 
au  nord  l'entrée  de  la  passe. 

Dans  l'océan  Pacifique,  il  traverse  les  archipels  polynésiens,  et 
on  pourrait  signaler  la  proximité  où  il  passe  de  plusieurs  îles; 
mais  ce  qu'il  présente  de  plus  remarquable  dans  la  continuation 
de  son  cours,  c'est  la  manière  dont  il  traverse  la  Tasmanie  ou 
terre  de  Van-Diemen.  11  y  entre  par  la  presqu'île  Freycinet, 
pour  en  sortir  par  le  mont  de  Witt,  placé  sur  la  saillie  de  la  côte 
occidentale,  près  de  laquelle  tombe  un  point  H,  dont  les  douze 
rayons  s'adaptent  avec  une  précision  remarquable  aux  anfractuo- 
sités  des  terres  voisines. 

Ce  grand  cercle,  suivant  lequel  les  deux  continents  de  l'Afrique 
et  de  l'Amérique  septentrionale  se  relient  par  une  sorte  de  barrage 
transatlantique,  joue,  par  rapport  à  eux,  un  rôle  assez  remar- 
quable par  sa  symétrie,  en  réunissant  la  région  des  grands  lacs  de 
l'Amérique  septentrionale  à  celle  des  grands  lacs  de  l'Afrique ,  et  en 
sortant  de  l'un  des  continents  par  le  port  de  San-Francisco ,  après 
avoir  traversé  les  montagnes  Rocheuses,  comme  il  sort  de  l'autre 
par  le  port  de  Sofala,  après  avoir  traversé  la  grande  chaîne  qui 
borde  le  canal  de  Mozambique. 

Un  quatrième  dodécaédrique  régulier,  celui  du  Brésil  et  du  Japon,  a 
pour  pôles  le  point  D,  centre  du  pentagone  des  îles  Seychelles,  et 
son  antipode  le  point  D,  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique,  au  N.-E. 
des  îles  Marquises. 

Tracé  avec  précision  sur  la  belle  carte  de  l'océan  Pacifique  par 
M.  Vincendon-Duinoulin,  ce  grand  cercle,  partant  des  régions  voi- 
sines du  pôle  austral,  où  il  passe  à  une  distance  de  t°  20'  5-2",  o3 
seulement,  laisse  à  l'ouest  la  terre  Adélic,  et  à  l'est,  à  moins  d'un 
degré,  l'île  de  la  Compagnie  royale;  puis,  traversant  le  poinl  H. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.          87 

situé  près  de  l'angle  S.-O.  de  la  terre  de  Van-Diemen,  il  aborde 
cette  grande  ile  au  pied  du  mont  Heemskerk,  et  en  sort  par  la 
pointe  nord  de  l'île  Three-Hummok,  qui  se  projette  dans  le  détroit 
de  Bass. 

Au  delà  du  détroit  il  entre  dans  la  Nouvelle-Hollande  par  le  cap 
Shank,  qui  sépare  l'entrée  du  port  Western  de  celle  du  havre  de 
Melbourne ,  et  passe  près  de  cette  grande  ville  et  au  pied  du  mont 
Macedon.  Il  se  prolonge  ensuite  dans  les  parties  peu  connues  de  l'in- 
térieur du  continent  jusqu'à  la  terre  de  Carpentarie,  où  il  touche  le 
mont  Long  et  d'où  il  sort  par  la  baie  de  la  Princesse-Charlotte,  à 
l'ouest  du  cap  Melville,  limite  orientale  du  détroit  de  Torres. 

Traversant  ce  large  bras  de  mer,  il  coupe  la  Nouvelle-Guinée 
suivant  son  petit  axe,  en  passant  au  point  H,  déjà  signalé  plus  haut. 
Il  y  entre  par  le  fond  d'une  baie  et  en  sort  par  une  autre  baie,  en 
passant  près  de  l'île  Boissy. 

Poursuivant  son  cours  presque  droit  au  nord,  il  passe  à  l'extré- 
mité occidentale  des  îles  Carolines,  laisse  à  l'est  les  îles  Mariannes 
et  à  l'ouest  l'île  de  Soufre,  et,  avant  d'atteindre  un  nouveau  point  H, 
déjà  mentionné,  longe,  parallèlement  à  sa  direction,  l'archipel 
rectiligne  des  îles  Bonin-Sima,  qu'il  laisse  à  quelques  minutes 
seulement  vers  l'ouest. 

Plus  au  nord,  il  côtoie  à  une  faible  distance  la  côte  orientale  de 
la  grande  ile  de  Niphon,  partie  principale  de  l'empire  du  Japon, 
puis  il  traverse  la  terre  de  Yeso  parallèlement  à  la  chaîne  de  mon- 
tagnes qui  joint  son  cap  méridional  à  son  cap  septentrional,  et, 
franchissant  le  détroit  de  la  Pérouse,  il  va  enfin  couper  longitu- 
dinalement  la  longue  ile  Seghalien  ou  Tarraikaï,  en  suivant  la  di- 
rection de  ses  accidents  orographiques  les  plus  remarquables. 

Il  atteint  ensuite  la  mer  d'Okhotsk,  puis  la  Sibérie  orientale, 
où  je  n'essaye  plus  de  le  suivre  pas  à  pas,  et  dont  il  sort  en  for- 
mant dans  la  mer  Glaciale  l'axe  de  l'une  des  îles  de  la  Nouvelle- 
Sibérie. 

Plus  loin  dans  les  régions  glaciales,  il  passe  à  i02o'52*,o3  du 


88  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

pôle  boréal,  en  coupant  perpendiculairement  le  méridien  situé  à 
5i°  2o/2o/,82  à  l'est  de  Paris,  méridien  qui  passe  un  peu  à  l'est 
de  la  mer  Caspienne  et  de  Madagascar. 

Notre  dodécaédrique  régulier  sort  des  contrées  polaires  par  le 
Groenland,  traverse  dans  sa  longueur  l'océan  Atlantique  boréal 
sans  y  toucher  à  aucune  terre,  rencontre  le  Brésil,  dont  il  dé- 
tache un  petit  segment,  en  y  pénétrant  par  l'extrémité  occidentale 
de  la  baie  de  San-Roque,  et  en  en  sortant  par  l'embouchure  du 
Rio-San-Francisco,  où  tombe  un  point  b. 

Enfin,  dans  l'océan  Atlantique  austral,  il  traverse  par  son  milieu 
la  grande  île  de  Géorgie,  et  va  ensuite  rejoindre  notre  point  de 
départ  dans  les  glaces  du  pôle  austral. 

Ce  dodécaédrique  régulier  n'a,  comme  on  le  voit,  que  peu  de  points 
de  repère  dans  sa  partie  occidentale;  mais  dans  sa  partie  orientale, 
depuis  la  terre  de  Van-Dicmen  jusqu'à  la  mer  d'Okhotsk,  il  s'adapte 
à  une  série  d'accidents  topographiques  fortement  caractérisés,  avec 
une  précision  qui  a  quelque  chose  de  surprenant. 

Un  cinquième  dodécaédrique  régulier,  celui  du  Spitzberg  cl  du  lac 
Supérieur,  a  pour  pôles  le  point  D  de  l'océan  Atlantique,  centre  du 
pentagone  de  Sainte-Hélène,  et  son  antipode  le  point  D,  situé  dans 
l'océan  Pacifique,  près  des  îles  Marshall. 

Ce  cercle  passe  au  point  H,  situé  dans  l'océan  Pacifique,  près 
de  Tehuantepec,  et  traverse  le  Mexique  dans  sa  partie  étroite.  Il  y 
entre  par  la  saillie  qui  limite  à  l'ouest  le  golfe  de  Tehuantepec, 
pour  en  sortir  par  la  pointe  qui  s'avance  dans  le  golfe  du  Mexique , 
entre  la  Vera-Cruz  et  Alvarado,  et  il  passe  à  quelques  kilomètres 
seulement  du  rocher  de  San-Juan-d'Ulloa. 

Au  delà  du  golfe  du  Mexique,  il  aborde  le  territoire  des  États- 
Unis  par  les  dunes  et  les  lagunes,  à  contours  incertains,  qui  bordent 
la  côte  plate  du  Texas.  Il  s'avance  vers  le  nord  en  traversant  la 
région  des  monts  Osark,  coupant  le  Missouri  et  le  Mississipi  un 
peu  au-dessus  de  leur  confluent,  et  il  traverse  l'état  de  Wisconsiu 
parallèlement  aux  accidents  statigraphiques  qui  s'y  dessinent,  el 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  89 

qui  eux-mêmes  sont  presque  parallèles  à  la  direction  générale  du 
lac  de  Micliigan. 

Il  entre  ensuite  dans  le  lac  Supérieur  par  la  région  cuprifère  de 
la  pointe  Kewenah,  en  sort  par  le  point  H  de  sa  côte  septen- 
trionale, et  entre  dans  la  baie  d'Hudson,  à  quelques  minutes  du 
cap  Lookout,  pour  en  sortir  par  la  large  ouverture  qui  conduit  au 
détroit  d'Hudson. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  la  baie  de  Baffin,  il  traverse  le 
Groenland  par  le  point  H  déjà  mentionné,  et  plus  loin  il  aborde  le 
Spitzberg,  où  il  s'adapte  à  plusieurs  des  accidents  orographiques 
que  les  meilleures  cartes  y  figurent. 

Entrant  dans  l'ancien  continent  par  le  pays  des  Samoyèdes  et 
la  vallée  de  la  Petchora,  il  coupe  l'Ural  ou  coude  que  forme  cette 
chaîne  en  s'articulant  avec  celle  des  monts  Obdores,  près  du  mont 
Sablin ,  passe  au  point  H  situé  à  son  pied  oriental ,  et  atteint  l'Hima- 
laya à  travers  le  Turkeslan. 

Toutes  ces  contrées  sont  peu  riches  en  points  de  repère  précis, 
mais  il  n'en  est  plus  de  même  de  l'Inde,  où  pénètre  ensuite  notre 
dodécaédrique  régulier,  qui  passe  au  point  H  situé  au  sud  de  la 
rivière  de  Nerbudda,  où  il  coupe  le  dodécaédrique  régulier  du  Sénégal 
et  de  la  Nouvelle-Guinée. 

En  le  traçant  sur  la  carte  de  M.  Greenough ,  on  voit  qu'il  tra- 
verse la  grande  arête  montagneuse  de  l'Asie,  à  l'ouest  de  Karako- 
rum  et  de  Cachemire,  près  du  point  où  l'Himalaya  devient  l'Indoo- 
Kosh.  Il  coupe  le  cours  de  l'Indus  à  sa  sortie  des  gorges  profondes 
dans  lesquelles  ce  grand  fleuve  traverse  la  chaîne  granitique,  et  à 
peu  près  au  point  où  le  coupe  lui-même  l'auxiliaire  Wbaab,  qui 
représente  le  système  de  la  chaîne  principale  des  Alpes  et  de 
l'Himalaya  occidental. 

Il  sort  de  la  région  montueuse  près  de  la  terminaison  orientale 
de  la  chaîne  salifère,  qui  borde  au  nord  les  plaines  du  Punjab. 
Dans  ces  vastes  plaines  il  coupe  le  cours  du  Sutleje  près  du  point 
où  viennent  le  couper  l'auxiliaire  X)ac,  qui  représente  le  système 


90  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

des  Pays-Bas,  et  le  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  représente  Taxe 
volcanique  de  la  Méditerranée. 

Il  est  curieux  sans  doute  de  voir  deux  cours  d'eau  aussi  puis- 
sants que  l'Indus  et  le  Sutleje,  et  qu'on  pourrait  croire  capricieux, 
s'astreindre  à  passer  aussi  approximativement  par  des  points  de 
croisement  des  cercles  du  réseau  pentagonal. 

Le  dodécaédrique  régulier  sort  des  plaines  du  Punjab  et  du  désert 
de  Bicanair  en  coupant  la  chaîne  granitique  qui  les  borde  au  S.-E., 
près  du  point  où  il  est  coupé  lui-même  par  l'auxiliaire  rïb,  qui  re- 
présente le  système  du  Tatra;  puis  il  s'adapte  à  des  coudes  et  à 
des  confluents  de  diverses  rivières  d'un  ordre  secondaire  et  à  des 
contours  compliqués  de  terrains  figurés  sur  la  carte  de  M.  Gree- 
nough.  Plus  au  sud  il  aborde  l'angle  N.-O.  des  trapps  du  Malwa  par 
le  cap  moutueux  de  Roondee,  qui  sans  doute  a  frappé  d'une  manière 
spéciale  l'attention  des  anciennes  populations  de  l'Inde  et  qui  a  été 
peut-être  le  siège  d'une  grande  ville,  car  M.  Greenougb  y  signale, 
par  des  notes  gravées  sur  sa  carte,  des  palais,  de  belles  ruines,  des 
statues  d'éléphants,  de  chevaux,  etc.,  de  grandeur  naturelle. 

Plus  loin  encore  il  traverse  la  rivière  Nerbudda  dans  une  de 
ses  inflexions,  située  un  peu  au-dessus  de  Mundlesir,  localité  cé- 
lèbre elle-même  par  des  ruines  indiennes,  et,  après  avoir  traversé 
la  chaîne  des  montagnes  de  Sautpoor  dans  une  de  ses  dépressions, 
il  atteint  le  point  H  situé  dans  l'angle  formé  par  le  confluent  des 
rivières  Tapty  et  Poorna. 

Il  poursuit  ensuite  son  cours  sur  la  surface  uniforme  du  plateau 
trappéen  du  Deccan,  dont  il  ne  sort  que  pour  parcourir  la  surface 
non  moins  monotone  des  terrains  de  granité  et  de  schistes  cristal- 
lins qui  s'étendent  vers  le  cap  Comorin  ;  mais  dans  ce  dernier  in- 
tervalle il  rase  avec  une  précision  remarquable  le  contour  arrondi 
des  grès  et  des  calcaires  diamantifères  de  Golconde.  Il  sort  enfin  de 
la  presqu'île  occidentale  de  l'Inde  par  un  point  remarquable  de  sa 
côte  S.-E.,  celui  où  vient  s'attacher  la  ligne  de  bas-fonds  appelée  I'1 
Ptmt  <ï  [dam,  qui  la  relie  à  l'île  de  Ceylan. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EiN  FRANCE.  91 

Une  fois  entré  dans  l'océan  Indien,  le  dodécaédrique  régulier 
poursuit  son  cours  à  travers  les  mers,  sur  une  longueur  de  deux 
cents  et  quelques  degrés,  jusqu'au  point  H,  près  de  Tehuantepec, 
sans  rencontrer  aucune  terre  actuellement  connue.  Il  laisse  seule- 
ment à  une  faible  distance  à  l'ouest,  dans  l'océan  Pacifique,  au 
midi  de  l'équateur,  la  petite  île  de  Salas-y-Gomez,  qui  est  comme  la 
garde  la  plus  avancée  des  îles  polynésiennes. 

Le  sixième  dodécaédrique  régulier,  celui  de  la  mer  Caspienne  et  de 
la  terre  Graham,  a  pour  pôles  le  point  D,  centre  du  pentagone  des 
Antilles,  et  son  antipode  le  point  D,  qui  tombe  dans  la  terre  d'En- 
dracht,  près  de  l'angle  nord-ouest  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Ce  grand  cercle  entre  en  Afrique  par  la  pointe  Ilheo,  au  nord 
du  pays  des  Hottentots,  et  traverse  d'abord  des  contrées  peu  con- 
nues. Il  passe  bientôt  après  dans  l'intérieur  du  Congo,  à  un  point 
H  voisin  du  plateau  de  Dembo  et  peu  éloigné  de  la  région  des 
grands  lacs  nouvellement  découverts  dans  l'intérieur  de  l'Afrique. 
Après  avoir  traversé  les  parages  où  on  place  les  montagnes  de 
la  Lune,  il  rencontre  un  point  b  situé  par  lat.  o,°iio/55",96  N.  et 
long.  -27°  1 7'  1 3", 67  E.,  qui  tombe  dans  la  vallée  du  Babr-el-Abiad 
ou  Nil-Blanc,  et  il  côtoie  ce  fleuve  mystérieux  pendant  plus  de 
1  100  kilomètres.  Tracé  sur  la  belle  carte  géologique  de  la  Nubie 
par  M.  Russegger,  il  passe  à  2  2  kilomètres  seulement  à  l'ouest  de 
Chardun,  où  se  réunissent  les  eaux  du  Nil-Blanc  et  du  Nil-Bleu. 
Plus  loin,  près  du  Gebel-Gaerry,  il  se  rapproche  plus  encore  du 
défilé  granitique  dans  lequel  coule  le  grand  fleuve,  et,  après  s'en 
être  un  peu  écarté,  il  va  finalement  le  couper  à  Abu-Egli,  vers 
le  milieu  de  la  grande  courbe  qu'il  décrit  dans  le  Sennar  et  à 
l'entrée  du  défilé,  creusé  dans  les  roches  schisteuses  et  granitiques, 
qui  le  ramène  à  Merau  et  dans  lequel  se  trouve  la  quatrième 
cataracte. 

Traversant  ensuite  des  montagnes  de  roches  schisteuses,  grani- 
tiques et  métamorphiques,  où,  d'après  la  carte  de  M.  Russegger,  il 
passe  à  plusieurs  cimes,  il  atteint  la  côte  de  la  mer  Rouge  près  du 


92  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

point  où  il  est  coupé  lui-même  par  un  cercle  \cb,  qui,  par  son 
intersection  avec  un  primitif  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  construit 
approximativement  la  position  de  l'entrée  du  défilé  aboutissant  à 
la  cataracte  de  Syène. 

Sortant  de  la  mer  Rouge,  d'après  la  grande  carte  anglaise  pu- 
bliée à  Y  Hydrographical  Office  de  Londres  (Charl  of  ihc  Red  Sea), 
par  l'ancrage  de  Wogliadee,  où  les  eaux  profondes,  dégagées  d'é- 
cueils,  se  rapprochent  de  la  côte  arabique,  il  atteint  le  point  II, 
situé  au  N.-O.  de  Médine. 

II  traverse  ensuite  les  terres  vénérables,  mais  assez  médiocre- 
ment relevées,  de  la  Chaldée  et  de  l'Arménie,  entourées  par  cinq 
mers  intérieures,  la  mer  Méditerranée,  la  mer  Capienne,  la  mer 
Noire  et  le  golfe  Persique,  et,  passant  entre  le  lac  Van  et  le  lac 
d'Urmiah,  il  franchit  la  chaîne  du  Caucase,  pour  atteindre  le 
point  b  situé  près  de  Derbend.  Il  coupe  la  partie  septentrionale 
de  la  mer  Caspienne  en  rasant  la  pointe  du  cap  Tuk-Karagan  qui 
s'y  projette  du  côté  asiatique.  La  position  de  ce  cap  est  construite 
sur  le  dodécaédrique  régulier  par  un  grand  cercle  auxiliaire  Dac, 
qui  représente  le  système  des  Pays-Bas.  Notre  cercle  sort  enfin 
de  la  Caspienne  par  un  point  de  sa  côte  nord,  dont  la  position 
est  construite  approximativement  par  son  intersection  simulta- 
née avec  l'auxiliaire  TTbbc,  qui  représente  le  système  du  San- 
cerrois,  et  avec  l'auxiliaire  TDb,  qui  représente  le  système  du 
Finistère. 

Plus  loin,  notre  dodécaédrique  régulier  traverse  la  chaîne  de  l'Ural, 
dans  le  large  épanouissement  qu'elle  présente  avant  sa  terminaison 
brusque  près  de  la  rivière  Ural.  Il  s'y  étend  obliquement,  dans  un 
espace  de  plus  de  ^100  kilomètres,  parallèlement  à  une  série  d'acci- 
dents orographiques  dont  la  direction  contraste  avec  la  direction  gé- 
nérale de  la  chaîne,  et,  d'après  la  belle  carte  géologique  spéciale  de 
l'Ural  publiée  par  sir  Roderick  Murchison1,  il  y  rencontre  plusieurs 

1  Russia  m  Europe  and  the  Ural  Mounlains ,  by  sir  Roderick  Murchison  and  MM.  de 
Verneuil  et  de  Keyserlinjj. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  93 

accidents  orographiques  et  géologiques,  tels  que  le  confluent  des 
rivières  Blau  et  Tchelalcla,  les  masses  de  serpentine  et  le  dépôt 
jurassique  près  Baigazakova,  le  mont  Tarât,  les  inflexions  de  la 
rivière  Tanalvsk,  le  massif  de  calcaire  carbonifère  d'Urtazinsk,  les 
inflexions  de  la  rivière  Kart-Kairalcka ,  les  masses  granitiques  et 
calcaires  de  Troitsk,  etc. 

Après  avoir  passé  au  point  H  situé  au  pied  oriental  de  l'Ural, 
il  rencontre  le  confluent  des  rivières  Tobolsk  et  Irtish,  où  se  trouve 
la  ville  de  Tobolsk,  capitale  de  la  Sibérie.  Parcourant  ensuite  les 
grandes  plaines  sibériennes,  il  coupe  l'Obi  au  confluent  de  la  rivière 
Tram-Tugan,  dont  la  ville  de  Surgut  est  peu  éloignée,  le  Jénisséi 
près  de  son  confluent  avec  la  Tunguska,  où  se  trouve  la  ville  de 
Turuchansk,  puis  la  Lena  près  de  la  ville  de  Gigansk;  c'est-à-dire 
que  les  points  où  il  coupe  les  quatre  grands  cours  d'eau  de  la  Si- 
bérie présentent  ces  privilèges  spéciaux  qui  ont  déterminé  le  grou- 
pement des  populations. 

Il  traverse  bientôt  après  l'extrémité  de  la  mer  d'Okhotsk,  puis 
la  presqu'île  du  Kamtschatka,  vers  l'extrémité  septentrionale  de  la 
chaîne  volcanique  qui  s'y  élève,  et  enfin  la  mer  du  Kamtschatka, 
dont  il  sort  en  passant  à  l'extrémité  de  la  chaîne  volcanique  des 
îles  Aleutiennes  et  en  touchant  l'île  Attou,  la  plus  occidentale  et 
l'une  des  plus  grandes  de  ces  îles. 

Entrant  ensuite  dans  l'océan  Pacifique,  il  passe  très-près  de  l'île 
Neker  et  à  l'extrémité  occidentale  de  l'archipel  des  îles  Pomotou, 
et  atteint  la  terre  Graham  sous  le  cercle  polaire  antarctique,  sans 
avoir  touché  aucune  autre  terre.  Il  n'en  rencontre  aucune  non  plus 
de  la  terre  Graham  à  la  pointe  Ilheo,  où  il  entre  en  Afrique. 

On  voit  que  ce  dodécaédrique  régulier,  quoique  très-peu  favorisé 
sous  le  rapport  de  la  connaissance  topographique,  acquise  jusqu'à 
présent,  des  contrées  qu'il  traverse,  rencontre  cependant  dans  celles 
qui  sont  mieux  connues  un  certain  nombre  de  repères  assez  précis 
pour  qu'on  puisse  le  compter  au  nombre  des  grands  cercles  dont 
le  cours  est  jalonné  par  des  phénomènes  naturels. 


9*  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

En  résumé,  les  six  dodécaédriques  réguliers  sont  des  cercles  en  par- 
faite harmonie  avec  les  faits  géologiques.  Partout  où  ils  traversent 
des  contrées  un  peu  connues,  on  constate  qu'ils  rencontrent  des 
repères  précis  et  d'autant  plus  nombreux  que  le  sol  a  été  mieux 
étudié.  On  peut  remarquer,  en  outre,  qu'ils  présentent  des  rap- 
ports curieux  avec  la  distribution  générale  des  terres  et  des  mers. 

Le  dodécaédrique  régulier  du  cap  Corrienles  et  de  Singapour  divise 
le  globe  en  deux  hémisphères  aussi  inégaux  que  possible,  sous  le 
rapport  des  quantités  de  terres  et  de  mers  qu'ils  renferment. 

Celui  du  Brésil  et  du  Japon  divise  également  le  globe  en  deux 
hémisphères  qui  méritent  d'être  signalés,  en  ce  que  l'un  est 
aussi  près  que  possible  de  renfermer  tout  l'ancien  continent 
et  l'océan  Atlantique,  l'autre  le  nouveau  continent  et  l'océan 
Pacifique. 

Ces  deux  cercles,  qui  se  croisent  au  point  H,  près  des  îles  Bonin- 
Sima,  et  à  son  antipode  le  point  H  situé  dans  l'océan  Atlantique 
austral,  au  S.-E.  de  Rio-Janeiro,  ont  leur  cours  presque  entier  sur 
la  surface  de  différentes  mers,  et  ne  traversent  les  terres  que  dans 
des  étendues  peu  considérables  et  discontinues. 

Le  dodécaédrique  régulier  du  Sénégal  et  de  la  Nouvelle-Guinée  divise 
l'océan  Pacifique  en  deux  parties,  dont  l'une  est  presque  dépourvue 
de  toute  terre,  tandis  que  l'autre,  peuplée  par  les  archipels  poly- 
nésiens, se  présente  comme  un  vaste  continent  submergé.  Ce  grand 
cercle  divise  aussi  la  surface  du  globe  d'une  manière  très-remar- 
quable, mais  sans  produire  des  hémisphères  aussi  contrastants  que 
les  deux  précédents. 

Le  dodécaédrique  régulier  des  Açores  et  de  la  terre  de  Van-Diemen 
divise  de  son  côté  l'océan  Atlantique  en  deux  parties  au  moyen  du 
barrage  des  Açores. 

Ces  deux  cercles,  qui  se  croisent  au  point  H  du  Sahara  et  à 
son  antipode  le  point  H  voisin  des  îles  Viti,  partagent  leurs  cours 
entre  les  mers  et  les  (erres.  Chacun  d'eux  a  deux  grands  tronçons 
marins,  l'un  dans  l'océan  Atlantique  et  l'autre  dans  l<>  grand  Océan, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  95 

et  deux  grands  tronçons  continentaux,  l'un  dans  l'ancien  et  l'autre 
dans  le  nouveau  continent. 

Enfin  les  deux  derniers  dodécaédriques  réguliers,  celui  du  Spitzberg 
rt  du  lac  Supérieur  el  celui  de  la  mer  Caspienne  et  de  la  terre  Graham, 
qui  se  croisent  au  point  H  situé  au  pied  oriental  de  l'Ural,  et  à  son 
antipode  le  point  H  situé  dans  le  grand  océan  Austral,  sous  un 
angle  de  63°  26'  5",8/i,  c'est-à-dire  exprimé  par  le  même  nombre 
que  la  longueur  des  côtés  des  vingt  triangles  équilatéraux ,  coupent 
l'un  et  l'autre  l'ensemble  des  terres  émergées  dans  sa  partie  pour 
ainsi  dire  la  plus  condensée.  Abstraction  faite  de  quelques  mers 
intérieures  (car  la  mer  Glaciale  n'est  qu'une  mer  intérieure),  cha- 
cun d'eux  ne  présente  que  deux  grands  tronçons,  l'un  continental 
et  l'autre  maritime,  ce  dernier  étant  toujours  le  plus  étendu. 
L'un  des  deux  arcs  continentaux  coupe  la  mer  glaciale  comme 
l'autre  coupe  la  région  des  cinq  mers  intérieures  (Caspienne,  mer 
Noire,  Méditerranée,  mer  Rouge  et  golfe  Persique),  et  le  premier 
s'adapte  aux  grands  lacs  de  l'Amérique  septentrionale,  comme 
le  second  s'approche  des  grands  lacs  de  l'Afrique.  Ces  deux 
arcs,  qui,  sous  plus  d'un  rapport,  sont  comme  le  pendant  l'un 
de  l'autre,  forment  pour  ainsi  dire  les  deux  axes  de  l'ensemble 
des  terres  continentales,  et  conduisent  à  y  remarquer  (abstraction 
faite  toutefois  de  l'Amérique  méridionale  et  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande) une  sorte  d'écartèlement  se  rapportant  à  quatre  grandes 
saillies  qui  sont  :  la  pointe  N.-E.  de  l'Asie,  la  presqu'île  occiden- 
tale de  l'Inde,  la  partie  méridionale  de  l'Afrique  et  la  partie  méri- 
dionale de  l'Amérique  du  Nord,  près  de  Tehuantepec. 

Les  deux  derniers  dodécaédriques  réguliers  s'attachent  à  ces 
grandes  pointes,  prises  deux  à  deux,  en  sautoir,  et  ils  sont  reliés 
entre  eux,  avec  une  parfaite  symétrie,  par  le  dodécaédrique  régulier 
des  Açares  et  de  la  terre  de  Van-Diemen,  qui  joint  la  région  des  grands 
lacs  de  l'Amérique  du  Nord  à  celle  des  grands  lacs  de  l'Afrique. 

Ces  trois  grands  cercles  laissent  l'Amérique  méridionale  en 
dehors  de  leur  combinaison,    mais   les    trois  antres  dodécaédriques 


96  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

réguliers,  qui  s'identifient  d'une  manière  si  remarquable  avec  de 
grandes  lignes  de  contours,  s'adaptent  en  même  temps  à  ce  der- 
nier continent  avec  une  symétrie  toute  particulière.  Ils  forment 
un  triangle  équilatéral  qui  a  pour  centre  le  point  I  situé  dans  le 
nord  du  Brésil,  sur  les  bords  du  Rio-Tocantins,  triangle  où  le 
point  b  de  l'embouchure  du  Rio-San-Francisco  occupe  le  milieu 
de  l'un  des  côtés. 

On  entrevoit,  dans  cette  adaptation  si  spéciale  d'une  simple 
ligure  géométrique  aux  grandes  configurations  géographiques, 
quelque  vagues  et  confuses  qu'elles  paraissent,  une  sorte  de  com- 
pensation et  d'équilibre  qui  exclurait  l'idée  d'une  simple  rencontre 
fortuite,  si  déjà  cette  idée  n'était  mise  hors  de  cause  par  le  jalon- 
nement naturel  des  cercles  que  nous  avons  suivis  et  de  ceux  que 
nous  allons  suivre  à  leur  tour. 

LES  DIX  OCTAEDRIQUES. 

Après  les  six  dodécaédriques  réguliers,  le  groupe  de  cercles  dans 
lequel  la  symétrie  pentagonale  est  le  plus  concentrée  est  celui  des 
dix  icosaédriques  ou  octaédriques. 

Ils  en  sont  une  expression  d'autant  plus  intime  que  le  réseau, 
comme  il  a  été  dit  précédemment,  les  donne  de  deux  manières 
différentes. 

Cinq  de  ces  octaédriques  traversent  le  pentagone  européen,  et 
cinq  s'en  tiennent  constamment  éloignés.  Je  commencerai  par  ces 
derniers,  qui  ont  pour  pôles  les  cinq  sommets  du  pentagone  euro- 
péen et  leurs  antipodes. 

Un  premier  icosaédrique  ou  octaédrique,  celui  que  M.  Élic  de 
Beaumont  désigne  sous  le  nom  iïoctaédrique  de  Cochabamba  cl  du 
golfe  de  Pechely\  a  pour  pôles  le  point  I,  sommet  de  pentagone 
et  centre  de  triangle  équilatéral  qui  tombe  près  du  lac  Tchad,  dans 

1   Comptes  rendus,  l.  LVH,  p.  ia5,  séance  du  20  juillet  i8G3. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E\  FRANCK.  97 

l'intérieur  de  l'Afrique,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique, 
à  l'ouest  des  îles  Pomotou. 

Ce  grand  cercle  aborde  la  côte  du  continent  américain  par  la 
pointe  de  Saint-Hermengildo,  située  au  sud  de  Buenos-Ayres,  et  il 
traverse,  dans  la  direction  du  nord-nord-est,  les  vastes  plaines  des 
Pampas.  Il  atteint  ensuite  la  région  montagneuse  de  Cochabamba, 
contre-fort  des  Andes  boliviennes,  et  il  passe  approximativement 
par  la  ville  de  ce  nom.  Poursuivant  toujours  son  cours  vers  le  nord- 
nord- est  il  passe  au  point  H,  sommet  du  triangle  trirectangle 
formé  par  les  trois  grands  systèmes  volcaniques,  et,  après  avoir 
traversé  les  plaines  de  l'Amazone  et  de  l'Orénoque,  il  coupe  la 
Cordillère  delà  Nouvelle-Grenade  dans  une  partie  peu  élevée,  près 
du  mont  Grita,  auquel  M.  de  Humboldt  ne  donne  que  770  toises 
de  bauteur. 

Il  entre  enfin  dans  la  mer  des  Antilles  un  peu  à  l'est  du  Rio- 
Hacha,  après  avoir  rasé  à  l'ouest  la  grande  lagune  de  Maracaïbo, 
et,  passant  dans  l'intervalle  que  laissent  entre  elles  les  pointes 
extrêmes  des  îles  de  la  Jamaïque  et  d'Haïti,  il  aborde  l'île  de  Cuba 
par  le  port  de  Santiago.  Il  franchit  au  nord  de  cette  ville  les  mon- 
tagnes schisteuses  où  se  trouvent  des  mines  de  cuivre  connues 
depuis  longtemps,  et,  après  avoir  coupé  l'île- Nassau,  il  sort  enfin 
de  l'archipel  des  Mes  Lucayes  par  son  extrémité  nord-ouest,  où  il 
rencontre  un  point  T. 

Plus  loin,  il  pénètre  dans  le  continent  de  l'Amérique  du  Nord 
par  le  havre  de  Charleston,  coupe  les  Alleghanys  dans  la  région 
où  commencent  à  prévaloir  les  roches  primitives  qui  dominent 
vers  l'extrémité  sud-ouest  de  cette  chaîne,  rase  ou  entame  légè- 
rement les  pointes  sud-ouest  du  lac  Erie  et  du  lac  Huron,  puis, 
s'adaptant  aux  anfractuosités  des  contours  du  lac  Michigan,  il  le 
coupe  à  sa  terminaison  nord-est,  près  du  point  où  ses  eaux  se  dé- 
chargent dans  le  lac  Huron  par  le  canal  Makinaw.  Traversant 
obliquement  le  lac  Supérieur,  il  arrive  enfin  au  point  H  déjà  in- 
diqué près  de  sa  côte  septentrionale. 

Slraligrnphie.  7 


98  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

hoctaédrique  traverse  ensuite  les  territoires  de  la  baie  d'Hudson, 
en  rasant  les  extrémités  des  golfes  les  plus  profonds  de  cette  mer 
intérieure,  près  des  forts  York  et  Churchill.  Il  sort  du  continent 
par  l'une  des  pointes  du  cap  Kroken  et  par  la  presqu'île  de  Kent, 
en  passant  aux  trois  petites  montagnes  qu'y  figure  la  carte  de 
l'Amirauté1,  et  va  joindre  le  point  T  situé  sur  la  côte  méridionale 
de  l'île  Victoria. 

Après  avoir  parcouru  les  terres  et  les  mers  polaires,  notre  cercle 
va  aborder  la  côte  nord  de  la  Sibérie  orientale,  où  je  ne  le  suivrai 
pas  de  point  en  point,  quoique,  sur  les  cartes  telles  qu'elles  existent, 
il  paraisse  s'adapter  très-heureusement  à  la  structure  de  cette  vaste 
contrée. 

Plus  loin,  il  entre  en  Chine,  en  coupant  le  golfe  de  Pe-che-l\ 
et  en  s'adaptant,  avec  une  précision  singulière,  à  la  péninsule  mon- 
tueuse  et  au  barrage  rocheux  qui  divisent  ce  golfe  en  deux  parties 
presque  distinctes  et  qui  constituent  le  trait  caractéristique  de  sa 
forme  bizarre.  11  coupe  les  deux  grands  fleuves  de  la  Chine  à  peu 
de  distance  de  leurs  embouchures,  le  fleuve  Jaune  près  d'Hoin- 
gan-fou,  et  le  fleuve  Bleu  à  Nanking,  deux  grandes  villes  dont  les 
positions  justifient  une  remarque  faite  précédemment,  sur  la  pré- 
férence donnée  par  les  agglomérations  de  population  aux  points 
voisins  des  cercles  du  réseau  pentagonal. 

En  continuant  son  cours,  il  coupe  dans  sa  longueur  la  région 
montueuse  des  parties  sud-est  de  la  Chine ,  dont  il  sort  par  les  an- 
fractuosités  de  la  côte  méridionale,  un  peu  à  l'ouest  de  la  petite 
île  Tche-lang-Siu. 

H  coupe  ensuite  la  saillie  occidentale  de  l'île  de  Bornéo,  près  de 
laquelle  s'élève  un  volcan,  suivant  une  direction  parallèle  à  cer- 
taines parties  de  ses  côtes,  ainsi  qu'à  la  côte  orientale  de  l'île  Billi- 
ton,  qu'il  laisse  à  l'ouest.  Après  avoir  coupé  l'île  de  Java,  près  du 
célèbre  volcan  de  Papandayang,  il  entre  finalement  dans  l'océan 
Indien,  en  laissant  à  l'est,  à  une  faible  distance,  les  rochers  Trval. 
1  Arche  America,  slieet  H. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  99 

Plus  au  sud,  notre  octacdrique  traverse  tout  l'océan  Indien  sans  y 
rencontrer  une  seule  terre;  puis  il  parcourt  les  mers  et  probable- 
ment quelques-unes  des  terres  antarctiques  dont  les  contours  ne 
sont  qu'imparfaitement  connus,  et  entre  dans  l'océan  Atlantique 
austral,  où  il  touche  l'île  Melville,  la  plus  orientale  de  celles  de 
l'archipel  des  Nouvelles- Orcades.  11  revient  ainsi  au  cap  Saint- 
Hermengildo,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  cercle  traverse  de  grandes  étendues  de  surfaces  émergées. 
Près  de  la  moitié  de  son  cours  se  trouve  sur  diverses  terres.  Il 
coupe  le  continent  américain  dans  sa  longueur,  suivant  une  ligne 
qu'on  pourrait  considérer  jusqu'à  un  certain  point  comme  en  for- 
mant l'axe  de  figure.  H  s'adapte  avec  beaucoup  de  précision  à  plu- 
sieurs formes  orographiques  remarquables,  et  il  est  en  outre 
jalonné  par  des  villes  importantes,  Nanking,  Hoin-gan-fou ,  Char- 
leston,  Santiago  de  Cuba,  Cochabamba,  et  par  plusieurs  caps  et 
autres  accidents  orographiques,  qu'on  pourrait  peut-être  citer  en 
plus  grand  nombre  si  les  cartes  des  contrées  qu'il  traverse  avaient 
plus  de  précision. 

Un  second  octaédrique,  celui  du  lac  Baïkal  et  de  h'Ie  du  Prince- 
Edouard,  a  pour  pôles  le  point  I,  sommet  de  pentagone  qui  tombe 
dans  l'océan  Atlantique,  au  sud-est  des  îles  Canaries,  et  son  anti- 
pode situé  à  Test  de  la  Nouvelle-Hollande,  près  du  cap  Sandy. 

Ce  grand  cercle  aborde  la  presqu'île  occidentale  de  l'Inde  à  l'en- 
trée de  la  baie  de  Murmagon,  sur  laquelle  se  trouve  Goa,  et  tra- 
verse la  crête  des  Gates  de  Malabar,  à  l'angle  sud-ouest  du  grand 
plateau  trappéen  du  Deccan.  Après  avoir  rasé  le  pied  oriental  de 
la  protubérance  granitique  de  Kolapoor,  que  les  trapps  environnent 
déjà  de  toutes  parts,  et  traversé  le  plateau  trappéen  où  il  rencontre 
quelques-unes  des  protubérances  qui  en  interrompent  la  mono- 
tonie, il  coupe  le  Godavery  à  l'une  de  ses  inflexions,  pour  arriver 
au  point  H  situé  dans  l'angle  formé  par  le  confluent  des  rivières 
Tapty  et  Poorna. 

H  octaédrique  coupe  ensuite  les  montagnes  de  trapp  qui  séparent  le 


100  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Tapty  du  Nerbudda  et  celles  de  Bhopal  dans  leurs  parties  les  plus 
accidentées,  puis,  côtoyant,  à  peu  de  distance  à  l'est,  la  rivière 
Bctwa,  il  traverse  le  grand  district  des  roches  schisteuses  cristallines 
du  Bundelcund,  et  en  sort  en  coupant  la  même  rivière  Betwa  à  sa 
principale  inflexion. 

Plus  loin,  notre  grand  cercle  traverse  la  grande  vallée  du  Gange, 
au  nord  de  laquelle  il  aborde  l'Himalaya  par  la  vallée  du  Sardou, 
située  dans  l'intervalle  compris  entre  les  colosses  blancs  de  neige 
du  Javahir  et  du  Dhavalagiri.  Cet  intervalle,  quoique  présentant 
aussi  des  montagnes  neigeuses,  est  cependant  moins  élevé  et  moins 
accidenté  que  les  parties  de  l'Himalaya  situées  à  l'est  et  à  l'ouest. 
L'axe  granitique  paraît  y  être  interrompu,  le  relief  y  devient  plus 
monotone,  et,  en  arrière,  dans  le  Thibet,  ce  district  se  rattache  à 
la  région,  d'une  pente  incertaine,  où  se  trouve  le  lac  sacré  de  Ma- 
nasarwar  et  d'où  les  eaux  s'écoulent  dans  quatre  directions  diffé- 
rentes, vers  le  Gange,  vers  l'Indus,  vers  le  Brahmapoutra  et  vers 
le  lac  Tarogh-Youmtso,  situé  dans  l'intérieur  du  Thibet.  Uoctaé- 
driqtte  passe  ponctuellement  à  ce  nœud  de  l'orographie  thibétaine, 
et  même  il  y  est  coupé  par  un  dodécaédriquc  rhomboïdal  et  par  l'auxi- 
liaire Hbaab,  qui  représente  le  système  des  Alpes  principales  et  de  l'Hi- 
malaya occidental. 

Je  ne  suivrai  pas  en  détail  notre  grand  cercle  à  travers  le  Thibet , 
le  Kobi  et  la  Sibérie  orientale,  où  l'élément  topographique  fait 
trop  souvent  défaut.  Je  me  bornerai  à  remarquer  que  dans  la  partie 
la  mieux  connue  de  ces  vastes  régions,  dans  la  province  sibérienne 
d'Irkutsk,  il  passe  à  proximité  du  lac  Baïkal,  qu'il  laisse  un  peu  à 
l'est,  en  suivant  la  direction  générale  de  cette  petite  mer  d'eau 
douce  et  des  crêtes  montagneuses  qui  la  bordent. 

Sortant  du  continent  de  l'Asie  par  la  baie  d'Anadir,  il  traverse  la 
mer  du  Kamtschatka,  où  de  bonnes  cartes  marines  permettent  de 
constater  qu'il  rase  le  cap  Nevvenham ,  pointe  la  plus  saillante  vers  le 
sud-ouest  de  la  ci-devant  Amérique  Busse,  et  qu'il  coupe  à  sa  base, 
dans  lune  des  articulations  de  son  contour,  la  presqu'île   \laska. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANGE.  101 

De  là,  notre  octaédrique  va  raser,  au  midi  de  F  Amérique,  la  côte 
sud-ouest  de  la  Terre  de  Feu,  en  formant  la  corde  de  la  longue 
courbe  sinueuse  des  côtes  américaines  et  en  traversant  des  mers 
profondes  où  il  ne  s'élève  aucune  île. 

Plus  loin,  il  traverse  l'archipel  des  Nouvelles  Shetland,  et  il  va 
rencontrer  la  petite  île  du  Prince-Edouard,  perdue  au  sud  de 
l'Afrique  dans  les  solitudes  de  l'océan  Austral.  Il  traverse  ensuite 
l'océan  Indien  en  rangeant  la  côte  sud-est  de  l'île  de  la  Réunion, 
sur  laquelle  s'élève  le  volcan  célèbre  de  ce  nom ,  et  va  gagner,  près 
de  Goa,  la  côte  de  Malabar,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle,  bien  jalonné  par  plusieurs  repères  remar- 
quables, se  divise  en  deux  parties  :  Tune  qui  traverse,  suivant  une 
de  ses  lignes  principales,  le  continent  de  l'Asie;  l'autre,  beaucoup 
plus  étendue,  qui  ne  traverse  que  des  mers  où  elle  coupe  seulement 
quelques  îles  ou  presqu'îles  de  très-peu  de  largeur. 

In  troisième  octaédrique,  celui  des  Garrow-Hills ,  a  pour  pôles  un 
point  I,  sommet  de  pentagone  qui  tombe  dans  le  détroit  de  Davis, 
entre  le  Groenland  et  le  Labrador,  et  son  antipode  le  point  I  situé 
au  sud-ouest  de  la  terre  de  Van-Diemen. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  asiatique  par  la  partie  sep- 
tentrionale de  la  côte  de  Malabar,  un  peu  au  nord  de  Bombay,  et 
traverse  les  Gates  (Ghauts)  dans  les  hautes  montagnes  trappéennes 
où  le  Godavery  prend  sa  source. 

Il  se  dirige  vers  le  point  H  situé  dans  l'angle  formé  par  le  con- 
fluent des  rivières  Tapty  et  Poorna ,  en  traversant  le  plateau  trap- 
péen  aux  accidents  duquel  il  s'adapte.  Au  delà  du  point  H,  il  s'a- 
dapte mieux  encore  aux  montagnes  de  trapp  des  Northern-Ghauts, 
aux  montagnes  de  grès  de  Mahader-Phar  et  du  Mittoor-Range , 
ainsi  qu'à  plusieurs  autres  dont  le  détail  serait  trop  long,  et,  après 
avoir  traversé  le  Nerbudda  près  de  sa  source,  il  arrive  à  une  pro- 
tubérance de  schistes  cristallins,  entourée  d'autres  formations,  dont 
la  carte  de  M.  Greenough  n'indique  pas  le  nom ,  et  qui  se  trouve  déjà 
assez  près  du  Gange,  à  l'ouest-sud-ouest  de  Rajmahal. 


109  I!  APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Notre  grand  cercle  coupe  le  cours  du  Gange  un  peu  au-dessous  de 
Rajmahal,  puis  il  traverse,  dans  une  étendue  de  plus  de  cinquante 
lieues,  les  terrains  plais  et  marécageux  qui  séparent  le  Gange  du 
Brahmapoutre ,  et,  franchissant  ce  dernier  fleuve,  il  atteint  sur  sa 
rive  gauche  le  pied  des  montagnes  de  schistes  cristallins  et  de  gra- 
nités appelées  Garrow-Hills,  élevées  de  2000  mètres. 

C'est  un  des  traits  les  plus  frappants  de  la  géologie  de  l'Inde, 
telle  que  la  figure  la  belle  carte  de  M.  Greenough,  que  cette  large 
embrasure  par  laquelle  toutes  les  eaux  descendant  de  l'Himalaya 
se  déversent  avec  leurs  alluvions  vers  le  golfe  du  Bengale.  Les  deux 
pitons  de  roches  anciennes,  qui  forment  comme  les  jambages  de 
cette  porte  gigantesque,  sont  deux  des  repères  les  plus  remarqua- 
bles que  présente  le  sol  de  l'Inde.  Il  est  curieux  de  voir  que  notre 
oclaédrique  passe  par  l'un  et  par  l'autre;  mais  ce  qui  rend  ce  fait  plus 
significatif  encore,  c'est  que  ces  deux  points  ne  sont  pas  des  points 
quelconques  du  cours  de  notre  grand  cercle. 

La  protubérance  de  roches  anciennes  située  à  l'ouest-sud-ouest 
du  Rajmahal  coïncide  en  elfetavec  le  point  où  Y  oc  taédrique  est  coupé 
par  un  dodécaédrique  rhomboïdal  et  par  un  bissecteur  HI,  et  le  pied 
des  Garrow-Hills  coïncide  pareillement  avec  le  point  où  le  même 
octaédrique  est  coupé  par  un  autre  dodécaédrique  rhomboïdal,  par  un 
autre  bissecteur  HI  et,  en  outre,  par  l'auxiliaire  Wbaab,  qui  repré- 
sente le  système  des  Alpes  principales  et  de  ¥ Himalaya,  et  par  l'auxi- 
laire  TD/>,  qui  représente  le  système  du  Finistère. 

C'est  pour  l'appeler  cette  dernière  coïncidence  que  M.  Élie  de 
Beauinont  a  nommé  le  cercle  dont  nous  suivons  le  cours  octaé- 
driquc des  GaiTow-Hills.  Ce  grand  cercle  suit  pendant  quelque  temps 
Ja  direction  des  Garrow-Hills  et  des  montagnes  qui  forment  à  leur 
suite  le  flanc  méridional  de  la  vallée  du  Brahmapoutre;  puis  il 
coupe  la  contrée  peu  connue  où  passent  près  les  uns  <U>*  autres 
les  fleuves  d'Ava  et  de  la  Cochinchine.  traverse  ensuite  la  Chine 
(Mi  suivant  la  vallée  du  llenvc  Bleu,  cl  en  sort  par  l<>  cap  Tchang- 
Kiwe-Wei,  au  sud  de  l'île  Chusang. 


.    DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  103 

V  oetaédrique  passe  ensuite  au  point  H  situé  au  nord  des  îles 
Bouin-Sima ,  traverse  tout  l'océan  Pacifique  sans  y  rencontrer  une 
seule  terre,  puis  l'Amérique  méridionale,  qu'il  coupe  un  peu  au 
nord  de  Coquimbo  et  de  Porto-Alegre,  et  l'Afrique  australe,  où  il 
entre  par  l'embouchure  du  Teté,  pour  en  sortir  un  peu  au  sud  du 
cap  Guardafui  et  de  l'ile  de  Socotora.  Franchissant  enfin  le  nord 
de  l'océan  Indien,  il  revient  à  la  côte  de  Malabar,  où  nous  avons 
commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  présente  trois  arcs  terrestres,  formant  une  somme 
comparativement  peu  considérable.  La  plus  grande  partie  de  son 
cours  se  trouve  sur  la  surface  des  mers.  Là  où  il  traverse  des  con- 
trées connues,  nous  avons  trouvé  son  cours  jalonné  par  des  acci- 
dents géographiques  et  géologiques  remarquables. 

Un  quatrième  oetaédrique,  celui  du  cap  Walsh  et  des  îles  Sous- 
le-Vent ,  a  pour  pôles  le  point  I,  sommet  de  pentagone  qui 
tombe,  comme  le  montre  la  carte  planche  V  de  la  Notice,  près  de 
l'extrémité  nord-est  de  la  Nouvelle-Zemble,  et  son  antipode  le 
point  I  situé  dans  l'océan  Glacial  austral ,  à  peu  près  au  sud  de 
l'ile  Peter. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  H,  près  de  Tehuantepec,  où  son 
orientation  est  peu  éloignée  de  la  ligne  est-ouest.  Il  traverse  l'Amé- 
rique centrale  et  ensuite  la  mer  des  Antilles,  où  il  est  sensiblement 
parallèle  à  la  chaîne  des  îles  Sous-le-Vent  et  à  la  Cordillère  littorale 
de  Venezuela ,  et  dont  il  sort  en  rasant  au  sud  les  derniers  rochers 
de  l'île  de  la  Grenade,  qui  termine  la  chaîne  des  Petites-Antilles. 
M.  Durocher,  qui  l'a  adopté  pour  représenter  l'un  des  quatre 
systèmes  de  montagnes  qu'il  a  établis  dans  l'Amérique  centrale, 
s'exprime  au  sujet  de  ce  cercle  de  la  manière  suivante  :  crLe 
cr  système  de  Venezuela  et  des  volcans  du  Mexique  se  trouve  exactement 
<r  représenté ,  sur  la  sphère  géologique  de  M.  Élie  de  Beaumont, 
<r  par  le  grand  cercle  oetaédrique  qui  passe  près  de  la  ville  de  Gua- 
rr  temala,  longe  la  côte  septentrionale  du  Venezuela,  coupe  le  centre 
crde  l'Afrique  australe  au  plateau  de  Dembo,  puis,  après  avoir  rasé 


104  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

«la  pointe  nord  de  Madagascar,  passe  entre  le  nord  du  continent 
ce  australien  et  l'archipel  de  la  Sonde,  et  au  delà  coupe  la  Nouvelle- 
tr Guinée  et  la  Nouvelle-Bretagne  *.» 

Cet  octaédrique  aborde  la  Nouvelle-Guinée  en  rasant  au  sud,  à 
dix  ou  douze  minutes  de  distance,  le  cap  Walsh ,  qui  semble 
s'avancer  à  sa  rencontre  comme  un  doigt  indicateur.  Il  passe  au 
point  H  situé  dans  le  centre  de  ce  petit  continent,  dont  il  sort  par 
le  cap  opposé  au  premier,  celui  qui  termine  au  nord  le  golfe  Huon. 
Il  coupe  ensuite  les  pointes  méridionales  de  la  Nouvelle-Bretagne, 
passe  au  sud  de  l'extrémité  méridionale  de  la  Nouvelle-Irlande  et 
rase  le  cap  nord  de  l'île  de  Bouga inville,  la  plus  occidentale  de 
l'archipel  de  Salomon.  Son  rôle,  au  milieu  de  ces  terres  acciden- 
tées, n'est  guère  moins  remarquable  ni  moins  précis  que  celui  des 
deux  dodécaédriqiœs  réguliers  que  nous  y  avons  déjà  suivis. 

Il  se  prolonge  ensuite  dans  l'océan  Pacifique,  en  traversant 
l'archipel  des  îles  Gilbert  et  en  limitant  vers  le  nord  la  partie 
principale  des  archipels  polynésiens,  puis  il  revient  au  point  H,  près 
de  Tehuantcpec,  à  travers  une  mer  complètement  déserte. 

Ce  cercle  est  remarquable  en  ce  que  son  cours,  presque  entier, 
reste  sur  la  surface  des  mers.  Il  ne  rencontre  d'autres  terres  de 
quelque  étendue  que  l'isthme  de  l'Amérique  centrale ,  l'Afrique 
australe,  dans  une  partie  où  sa  largueur  est  déjà  très-réduite,  et  la 
Nouvelle-Guinée. 

Un  cinquième  octaédrique,  Y  octaédrique  du  cap  Cod,  a  pour  pôles 
le  point  T,  sommet  de  pentagone  situé  en  Perse,  près  de  Mesched, 
et  son  antipode  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique  méridional. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  de  l'Amérique  septentrionale 
par  la  saillie  que  constituent  les  bas-fonds  de  l'île  de  Nantucket,  cl 
coupe  la  côte  de  l'Etat  de  Bhode-Island  au  point  où  s'en  détache 
le  cap  Cod,  ce  qui  a  conduit  M.  Elie  de  Beaumonl  à  le  nommer 
Y  octaédrique  du  cap  Cod. 

1  Comptes  renthu,  i.  IJ,  p.  15,  séance  du  g  juillet  iSOo. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         105 

Dans  l'intérieur  du  continent,  il  passe  approximativement  au 
point  de  partage  des  eaux  entre  la  rivière  Hudson  et  le  lac  Cham- 
plain,  traverse  dans  le  Canada  le  lac  Nipissing  et  va  passer  au 
point  H  situé  au  nord  du  lac  Supérieur.  Plus  loin,  il  rase  l'extré- 
mité méridionale  du  lac  Winnepeg.  Il  sort  du  continent  en  coupant 
l'île  de  la  Reine-Charlotte. 

Il  traverse  ensuite  l'océan  Pacifique  sans  rencontrer  aucune  terre 
jusqu'à  l'archipel  des  Carolines,  où  il  passe  au  milieu  des  îles 
Mortlock.  Plus  loin,  il  laisse  un  peu  à  l'est  l'île  de  l'Amirauté,  et, 
après  avoir  coupé  l'île  Dampier,  il  aborde  la  Nouvelle-Guinée  par 
le  cap  Croisilles,  qui  termine  à  l'est  du  golfe  de  l'Astrolabe. 

Après  avoir  passé  au  point  H  de  la  Nouvelle-Guinée,  où  il  coupe 
ïoctaédrique  précédent  et  deux  des  dodécaédriques  réguliers  étudiés 
antérieurement,  il  sort  de  cette  grande  île  par  le  cap  qui  resserre 
le  détroit  de  Torres.  Il  atteint  ce  cap  après  avoir  suivi,  à  quelque 
distance  dans  l'intérieur,  une  ligne  de  côtes  qui,  avec  la  côte  occi- 
dentale du  golfe  de  l'Astrolabe  aboutissant  au  cap  Croisilles  et  avec 
l'île  de  Dampier,  forme  une  des  lignes  remarquables  de  la  Nou- 
velle-Guinée, ligne  sur  laquelle  s'élève  le  mont  Aird.  Ce  cercle 
s'adapte  donc  aux  formes  géographiques  de  la  Nouvelle -Guinée 
avec  le  même  bonheur  que  les  trois  autres  cercles  qui  viennent 
d'être  cités. 

Après  avoir  coupé  obliquement  le  détroit  de  Torres,  il  aborde 
la  Nouvelle-Hollande  par  la  côte  sud-ouest  du  golfe  de  Carpentarie , 
et  il  en  ressort  vers  le  midi  par  la  terre  de  Nuyts,  en  rasant,  à  une 
faible  distance,  l'île  Rocky  et  la  pointe  Hood. 

A  partir  de  ce  point,  notre  oclaédrique  traverse  l'océan  Austral, 
puis  l'océan  Atlantique  dans  sa  longueur,  sans  rencontrer  aucune 
terre,  dans  un  intervalle  de  plus  de  190  degrés,  pour  revenir  au 
cap  Cod. 

Ce  grand  cercle  n'est  pas  moins  remarquable  que  le  précédent 
par  la  faible  étendue  des  terres  qu'il  traverse  et  par  la  persistance 
avec  laquelle  il  se  maintient,  dans  la  plus  grande  partie  de  son 


100  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

cours,  sur  des  mers  dépourvues  d'îles  et  probablement  très-pro- 
fondes. 

Les  cinq  autres  octaédriques  ont  pour  pôles  les  dix  points  I,  qui 
n'appartiennent  ni  au  pentagone  européen  ni  à  son  opposé,  et  qui 
se  trouvent  dans  la  zone  intermédiaire,  entre  l'un  et  l'autre. 

Ces  cinq  octaédriques  traversent  le  pentagone  européen  en  pas- 
sant chacun  à  deux  points  H  de  son  contour,  comme  le  montre 
la  carte  planche  V  de  la  Notice. 

Ainsi  un  sixième  octaédrique,  Xoctaédriuue  de  Nijney-Taglisk ,  a 
pour  pôles  le  point  I,  centre  de  triangle  équilatéral  et  sommet  de 
pentagone  qui  tombe  dans  l'Afrique  australe,  et  son  antipode 
situé  dans  l'océan  Pacifique,  au  nord-nord-est  des  îles  Sandwich. 

Ce  grand  cercle  rase  la  côte  sud-ouest  de  la  Tasmanie  ou  terre 
de  Van  Diemen,  en  passant  au  point  H  qui  tombe  dans  son  voi- 
sinage. Il  aborde  ensuite  la  Nouvelle- Hollande  en  coupant  l'île 
Kangurou  et  en  rasant  le  cap  Spencer  et  le  pied  des  monts  Gawler, 
et  il  en  sort  par  la  baie  Collier,  sur  la  côte  de  la  terre  de  Witt. 

Plus  loin,  après  avoir  effleuré  la  petite  île  Benjour,  il  traverse  les 
îles  de  la  Sonde  en  coupant  la  pointe  occidentale  de  l'île  Flores, 
où  il  rase  le  cap  Tower,  puis  la  grande  île  de  Bornéo,  où  il  entre 
en  rasant  le  cap  Ragged-Point,  à  l'entrée  du  golfe  de  Passir,  et 
d'où  il  sort  par  la  pointe  Tanjong-Barram.  Il  pénètre  ensuite  dans 
la  Gochinchine  par  le  golfe  situé  entre  les  pointes  Camraigne  et 
Hone-Hohe,  et  il  côtoie,  à  quelque  distance  dans  l'intérieur,  toute 
la  côte  d'Annam. 

Je  ne  le  suivrai  pas  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  dont  la  topogra- 
phie est  trop  peu  connue;  je  me  bornerai  à  dire  qu'en  s'en  éloi- 
gnant il  passe  au  point  H,  situé  au  pied  oriental  de  TU  rai.  Noire 
grand  cercle  entre  alors  dans  le  pentagone  européen,  où  on  peut 
suivre  son  cours  sur  la  carte  planche  V  de  la  Notice  sur  les  sijsièmcs 
de  montagnes. 

Il  coupe  d'abord  obliquement  Filial ,  où  il  rencontre  divers  acci- 
dents orographiques  cl  géologiques  remarquables,  qu'on  reconnaît 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  107 

en  traçant  ïoclaédrique  sur  la  carte  géologique  de  l'Ural  publiée 
par  sir  Roderick  Murchison  et  déjà  citée  précédemment.  On  peut 
y  constater  qu'en  traversant  la  chaîne  il  construit,  approximati- 
vement, par  son  intersection  avec  le  diamétral  IT,  qui  représente 
le  système  presque  méridien  de  l'Ural,  ïa  position  des  mines  im- 
portantes de  Nijney-Tagilsk,  l'une  des  capitales  minérales  de  cette 
grande  région  métallifère,  ce  qui  l'a  fait  nommer  par  M.  Elie  de 
Beaumont  octaédrique  de  Nijney-Tagilsk. 

En  parcourant  la  Russie  d'Europe,  il  coupe  plusieurs  rivières 
à  des  confluents  ou  à  des  points  d'inflexion.  Il  passe  au  point  T 
de  la  Finlande,  rase  en  Suède  le  bord  septentrional  de  la  grande 
masse  porphyrique  de  la  Dalécarlie,  passe  au  mont  Stadjen,  tra- 
verse en  Norwége  la  masse  porphyrique  du  Jotun-Field,  où  il  passe, 
à  quelques  minutes  près,  par  le  mont  Ymœsfield  ou  Storegahlhœpig- 
gen,  élevé  de  2 60 5  mètres  et  point  culminant  de  toute  la  Scandi- 
navie. On  aurait  pu  lui  en  donner  le  nom,  si  la  circonstance  de 
passer  par  Nijney-Tagilsk  n'avait  paru  plus  remarquable  encore.  H 
entre  enfin  dans  la  mer  du  Nord  par  la  pointe  septentrionale  de 
l'ouverture  du  Sogne  Fiord. 

Dans  les  parages  de  l'Ecosse  il  rase  exactement,  à  la  pointe  mé- 
ridionale des  îles  Shetland,  le  pied  du  phare  de  Sumburgh-Head, 
range  à  une  petite  distance  l'île  Fair,  les  pointes  septentrionales 
des  Orcades  et  l'île  Sule-Skerry.  11  suit  exactement  la  côte  si  remar- 
quablement rectiligne  que  présente  vers  le  N.-O.  la  grande  île 
Lewis,  et  en  coupe  seulement  les  caps  les  plus  saillants.  Plus  loin, 
il  passe  au  point  T,  qui  tombe  dans  la  mer,  vers  l'angle  N.-O.  de 
la  plate-forme  sous-marine  qui  supporte  les  îles  Britanniques  et  sur 
le  saillant  de  laquelle  s'élève  l'îlot  trappéen  de  Saint-Kilda.  Enfin, 
après  avoir  laissé  cet  îlot  au  sud,  à  peu  près  à  la  même  distance  que 
l'île  Sule-Skerry,  il  pénétre  dans  l'océan  Atlantique,  en  rasant  à 
quelque  distance  le  bord  S.-E.  de  la  plaie-forme  sous-marine  qui 
supporte  l'îlot  de  Rockall. 

Tracé,  d'après  les  chiffres  du  tableau .  p.  10/11  de  la  Notice,  sur  la 


108  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

carte  du  capitaine  Vidal  (Banks  of  soundings ,  Hydrographical  Office, 
i833),  notre  octaédrique  représente  évidemment,  et  avec  une  remar- 
quable précision,  une  des  grandes  lignes  de  la  charpente  britan- 
nique. L'autre  octaédrique,  qui  passe  aussi  au  même  point  T,  près 
des  îles  Hébrides,  forme  à  cet  égard  son  pendant.  Ce  sont  comme 
les  bases  de  deux  combles  qui  se  réunissent  sous  un  angle  obtus , 
dont  l'arête  saillante  repose  sur  le  grand  cercle  primitif  qui  repré- 
sente le  système  du  Thùringerwald. 

Parcourant  ensuite  l'océan  Atlantique  sans  y  rencontrer  aucune 
terre,  notre  grand  cercle  entre  dans  le  continent  de  l'Amérique 
méridionale ,  à  l'extrémité  orientale  du  delta  de  l'Orénoque ,  tra- 
verse la  région  montueuse  des  Guyanes ,  les  plaines  de  l'iVinazone , 
et  coupe  enfin  la  chaîne  des  Andes,  entre  les  villes  de  Guzco  et 
d'Aréquipa. 

Entrant  alors  dans  l'océan  Pacifique,  il  y  passe  bientôt  entre  les 
deux  îlots,  voisins  l'un  de  l'autre,  de  Saint-Ambpoise  et  de  Saint- 
Félix;  puis,  après  avoir  traversé  l'océan  Austral  sans  rencontrer 
aucune  autre  terre,  il  revient  à  la  terre  de  Van-Diemen,  où  nous 
avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  se  partage  presque  également  entre  les  terres 
et  les  mers  :  les  deux  cinquièmes  de  son  cours  se  trouvent  sur  des 
continents  ou  sur  de  grandes  îles.  Malheureusement,  la  topogra- 
phie de  beaucoup  de  ces  contrées  est  peu  connue;  mais  on  a  vu 
que,  dans  celles  dont  on  possède  de  bonnes  cartes,  son  cours  est 
jalonné  par  beaucoup  d'accidents  orographiques  ou  géologiques 
remarquables. 

Un  septième  octaédrique,  celui  de  l'île  d'Hindoë,  a  pour  pôles  le 
point  I,  sommet  de  pentagone  qui  tombe  dans  la  partie  N.-E.  du 
Brésil,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique,  près  des  îles 
Pelew. 

Ce  grand  cercle  aborde  les  terres  de  l'ancien  continent  par 
l'angle  S.-E.  de  l'île  de  Madagascar.  Tracé  sur  la  carte  de  celle 
grande  île  publiée  au  dépôt  de  la  marine  d'après  les   travail!  du 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  109 

capitaine  Owen,  il  y  pénètre,  un  peu  au  nord  du  fort  Dauphin, 
par  le  port  de  Mananibalou ,  s'adapte  avec  beaucoup  de  précision 
à  certains  traits  particuliers  du  relief  figuré  dans  son  intérieur,  et 
en  sort  par  la  baie  Cagembi. 

Dans  le  canal  de  Mozambique ,  il  coupe  le  groupe  des  îles  Comores 
en  passant  entre  Anjouan  et  Mayotte,  puis  il  aborde  la  côte  d'Afri- 
que, près  de  Jubo,  et  traverse  le  Zanguebar  et  l'Abyssinie  dont  il 
effleure  vers  l'est  les  dernières  montagnes  pour  atteindre  enfin  la 
mer  Rouge. 

Tracé  sur  la  carte  marine  de  la  mer  Rouge,  en  plusieurs  feuilles, 
publiée  par  YHydrographical  Office  de  Londres  (Chart  of  the  Red 
Sea),  notre  octaédriquc  y  entre  par  le  fond  d'un  golfe  très-prononcé, 
l'ancien  golfe  d'Adulis,  appelé  par  les  habitants  du  pays  Dockno  ou 
Goob  Duenoo.  Ce  golfe,  que  les  cartes  anglaises  désignent  sous  le 
nom  d'Ansley-Bay,  et  à  l'entrée  duquel  se  trouvent  l'île  de  Massowah 
et  le  port  d'Argeego  ou  Arkiko,  doit  aujourd'hui  une  célébrité  im- 
prévue au  débarquement  de  l'expédition  anglaise  d'Abyssinie.  L'oc- 
taédriquc  en  sort  en  rasant  plusieurs  petites  îles,  et,  après  avoir  tra- 
versé obliquement  la  partie  centrale  de  la  mer  Rouge,  il  aborde 
la  côte  arabique  par  le  Sherm-1  embo ,  entrée  profonde  située  au 
N.-O.  d'Yembo,  port  de  Médine;  de  sorte  que  deux  des  découpures 
les  plus  profondes  des  côtes  de  la  mer  Rouge  jouent  le  rôle  de 
deux  mortaises  naturelles  destinées  à  recevoir  et  à  assujettir  Yoctaé- 
drique,  comme  une  pièce  de  charpente  qui  y  trouverait  ses  appuis. 

Ce  grand  cercle  passe  ensuite  au  point  H  situé  au  N.-O.  de  Mé- 
dine, où  il  entre  dans  le  pentagone  européen,  dans  lequel  on  peut 
le  suivre  sur  la  carte  planche  V  de  la  Notice. 

11  traverse  les  contrées  montueuses  situées  à  l'est  de  la  mer 
Morte,  dont  il  ne  fait  probablement  que  côtoyer  la  dépression,  et  il 
coupe  la  vallée  du  Jourdain  à  sa  naissance,  au-dessus  du  lac  de 
Tibériade.  Plus  loin,  il  rase  au  S.-O. ,  au  pied  du  Sanin,  l'extrémité 
du  Liban.  Un  point  c,  formé  par  l'intersection  rectangulaire  de 
Yoctacdriqiir  avec  un  dodécaédrique  rhomboïdal,  tombe  sur  la  proton- 


J 10  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

gation  méridionale  de  Taxe  de  la  chaîne,  de  telle  manière  que  le 
Liban  et  l'Anti-Liban,  avec  la  Cœlésyrie  et  les  ruines  de  Balbek, 
sont  compris  et  encadrés  dans  celui  des  quatre  angles  droits  for- 
més par  les  deux  cercles  qui  s'ouvre  vers  le  N.-O. 

Notre  grand  cercle  pénètre  dans  la  Méditerranée,  entre  Bey- 
routh et  Tripoli,  un  peu  au  nord  du  cap  Djebbel  (Byblos).  Lais- 
sant à  quelque  distance  à  l'ouest  le  cap  Saint-André,  pointe  N.-E. 
de  l'île  de  Chypre,  il  aborde  l'Asie  Mineure  par  le  golfe  de  Tarsus 
et  par  la  montagne  qui  domine  cette  ville  vers  le  nord,  suit  pen- 
dant longtemps  dans  son  intérieur  le  cours  du  Kisil-Ermak  et  en 
sort  par  la  pointe  de  Kidros  pour  entrer  dans  la  mer  Noire. 

Il  s'éloigne  de  cette  mer  par  le  fond  du  golfe,  où  elle  reçoit  le 
Dnieper  et  le  Bug,  entre  dans  la  masse  granitique  de  l'Ukraine 
par  l'angle  qu'elle  présente  au  point  T  près  d'Olviopol,  et  trace 
en  Bussie  la  grande  articulation  de  l'Orient  et  de  l'Occident. 

La  masse  des  terres  de  l'Europe  occidentale  est  séparée  de  la 
grande  masse  des  terres  russes  et  asiatiques  par  un  étranglement 
que  déterminent  la  mer  Noire  et  la  mer  Baltique  en  se  rapprochant 
l'une  de  l'autre.  Cet  étranglement  est  rendu  beaucoup  plus  étroit 
par  les  cours  du  Dnieper  et  de  la  Dana,  qui  ne  laissent  l'Occident 
se  rattacher  à  l'Orient  que  par  l'espèce  d'isthme  méditerranéen 
sur  lequel  s'élève  la  ville  de  Smolensk.  Voctaédrique  d'Hindoë,  qui 
forme  de  la  mer  Noire  à  la  Finlande  le  contour  du  petit  penta- 
gone européen,  s'approprie  la  disposition  caractéristique  que  je 
viens  de  signaler,  par  le  fait  même  de  la  position  qu'il  occupe  rela- 
tivement au  Dnieper  et  à  la  Duna. 

Il  traverse  la  Livonie  et  l'Esthonie  parallèlement  à  la  longueur  du 
lac  Piepus,  coupe  le  golfe  de  Finlande  dans  sa  partie  la  plus 
étroite,  près  d^  Bevel,  passe  en  Finlande  au  point  T,  qui  y  occupe 
une  position  remarquable  topograpliiquement,  traverse  le  golfe  de 
Bothnie  à  l'étranglement  qu'il  présente  près  de  Vasa,  et,  après  avoir 
passé  à  nue  assez  petite  distance  du  Sulilelma.  l'une  «les  montagnes 
les  plus  proéminentes,  le  mont  Blanc,  puni-  ainsi  dire,  de  la  La- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN   FRANCE.  111 

ponie ,  il  sort  enfin  de  la  Scandinavie  par  Yile  (FHindoè,  remarquable 
par  sa  position  à  la  naissance  de  la  chaîne  des  îles  Loffoden,  par 
sa  forme  rayonnée  et  par  le  concours,  figuré  sur  la  carte  planche  V 
de  la  Notice,  de  plusieurs  des  cercles  qui  représentent  les  systèmes 
de  montagnes  de  l'Europe  occidentale. 

Notre  oclaédrique  s'engage  ensuite  dans  la  mer  Glaciale  et  dans 
les  terres  polaires,  pour  reparaître  au  point  T  situé  à  la  partie  mé- 
ridionale de  l'île  Victoria. 

Il  traverse  la  partie  N.-O.  de  l'Amérique  septentrionale  en  pas- 
sant au  petit  lac  que  traverse  la  rivière  de  Mackenzie  après  être 
sortie  du  grand  lac  de  l'Esclave,  et  il  s'éloigne  de  ce  continent  en 
coupant  l'île  de  Vancouver,  à  quelques  kilomètres  d'une  montagne 
notée  comme  ayant  été  vue  couverte  de  neige  en  juillet  1792,  et 
qui  est  par  conséquent  fort  élevée. 

Dans  l'océan  Pacifique,  il  traverse  l'archipel  des  îles  Marquises 
ou  de  Nouka-Hiva,  où  il  passe  à  l'île  Roua-Houga,  et  il  s'adapte 
presque  exactement  à  la  chaîne  des  îles  Manou,  où  il  touche  ou 
rase  de  très-près  les  îles  Predpriatié,  Humphrey,  Manou,  Heïou, 
Toui-Toui  et  Cumberland;  puis,  sans  rencontrer  d'autre  terre  que 
la  terre  Victoria  du  sud,  il  va  par  l'océan  Austral  rejoindre  la  côte 
S.-E.  de  Madagascar,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  coupe  beaucoup  plus  souvent  les  mers  que  les 
terres,  et,  parmi  ces  dernières,  une  partie  sont  à  peine  explorées 
dans  leur  intérieur.  Mais,  dans  les  contrées  mieux  connues,  il  ren- 
contre, comme  on  l'a  vu,  un  grand  nombre  de  repères  très-précis, 
et  il  s'adapte  à  des  configurations  remarquables. 

Un  huitième  octaédrique,  celui  de  Yîle  Trinidad,  a  pour  pôles  le 
point  I,  sommet  de  pentagone  qui  tombe  dans  le  Nouveau-Mexique, 
et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Indien,  au  N.-E.  des  îles  Saint- 
Paul  et  Amsterdam. 

Ce  grand  cercle  rase,  à  peu  de  distance ,  dans  l'océan  Atlantique 
méridional,  la  petite  île  Trinidad,  qui  forme  l'extrémité  S.-O.  d'une 
chaîne  d'îlots  dont  fait  également  partie  la  petite  île  de  Martin- 


tiS  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

\;iz.  Le  célèbre  navigateur  sir  James  Ross  a  constaté  dans  l'Océan, 
à  peu  de  distance  de  ces  petites  îles,  une  profondeur  de  près  de 
10000  mètres.  Elles  doivent,  par  conséquent,  former  le  sommet 
d'une  proéminence  considérable  de  l'écorce  terrestre,  et  Yoctaé- 
drique  qui  rase  à  peu  de  distance  vers  l'ouest  l'île  Trinidad  passe 
probablement,  à  peu  de  chose  près,  par  l'extrémité  occidentale  de 
cette  proéminence,  ce  qui  a  conduit  M.  Eïie  de  Beaumont  à  lui 
donner  le  nom  à'octaédrique  de  Vile  Trinidad1. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Afrique  septentrionale  par  sa  saillie 
S.-O.  à  peu  de  distance  au  N.-O.  de  la  rivière  Mesurado.  Il  traverse 
les  montagnes  qui  séparent  le  haut  Sénégal  du  haut  Niger,  en  lais- 
sant à  une  très- faible  distance  la  ville  célèbre  de  Tombouctou; 
après  quoi  il  passe  au  point  H  du  Sahara,  où  il  entre  dans  le 
pentagone  européen,  dans  l'intérieur  duquel  on  peut  le  suivre  sur 
la  carte  planche  V  de  la  Notice. 

On  aperçoit  sur  cette  carte,  et  on  constate  sur  des  cartes  plus 
détaillées,  qu'après  avoir  traversé  le  grand  désert  de  Sahara, 
Yoctaédrique  sort  du  continent  africain  par  le  fond  du  golfe  de  Ka- 
bès,  et  côtoie  les  petites  îles  qui  s'y  élèvent;  qu'après  avoir  passé 
à  l'Etna  il  sort  de  la  Sicile  par  le  cap  Pelore,  à  très-peu  de  chose 
près,  en  laissant  à  une  petite  distance  les  dangers  de  Charybde  et 
de  Scylla  et  la  ville  de  Messine;  qu'il  coupe  les  pointes  extrêmes 
de  l'Italie  parallèlement  à  leur  ligne  terminale;  qu'il  coupe  la 
Turquie  d'Europe  en  passant  à  peu  près  par  les  monts  Gabar  et 
S  tara-Plan  ina,  et  en  suivant  une  direction  près  de  laquelle  les 
différentes  lignes  géologiques,  qu'on  peut  remarquer  sur  l'intéres- 
sante carte  de  M.  Boue,  viennent  généralement  se  briser;  qu'il 
rase  le  pied  des  montagnes  de  la  Transylvanie,  et  qu'il  entre  dans 
la  grande  masse  granitique  de  l'Ukraine  par  un  de  ses  angles,  au 
point  T  près  d'Olviopol. 

Construit  d'après  les  chiffres  du  tableau,  p.  1061  de  la  Notice, 
sur  la  belle  carte  de  sir  Boderick  Murchison,  il  entre  dans  l'Oural 
1  Notice  *w  les  systèmes  de  mmtagnes ,  |>.  i<>->f>. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANCE.  113 

par  le  promontoire  montueux  du  Karatau  et  coupe  la  chaîne  dans 
les  brisures  que  présentent,  à  l'ouest  de  Kilitimsk,  la  bande  du 
vieux  grès  rouge  et  la  bande  granitique. 

Enfin  on  peut  remarquer  que,  dans  tout  son  cours  à  travers  le 
continent  de  l'Europe  et  de  l'Asie ,  depuis  les  côtes  de  l'Adriatique 
jusqu'à  Tomsk  en  Sibérie,  cet  octaédrique  rencontre  une  foule  de 
rivières,  et  qu'il  n'en  rencontre  presque  pas  une  seule  dans  un  point 
indifférent.  Il  les  coupe  généralement  près  d'un  coude  ou  d'un 
confluent,  ce  qui  annonce  qu'il  suit  une  inflexion  du  sol  plus  ou 
moins  prononcée,  mais  toujours  assez  sensible,  à  l'extérieur,  pour 
influer  sur  le  cours  des  eaux. 

M  octaédrique,  poursuivant  son  cours  à  travers  la  Sibérie,  où  il 
coupe  le  lac  Baïkal,  en  passant  approximativement  à  ïrkoutsk,  puis 
à  travers  la  Mongolie,  la  Mandchourie,  la  mer  du  Japon,  traverse 
enfin  la  grande  île  de  Niphon,  dont  il  sort  par  le  cap  qui  termine 
au  S.-O.  le  golfe  de  Nagasaki,  célèbre  par  ses  éruptions  volcaniques. 

Il  va  passer  ensuite  au  point  H,  situé  à  l'extrémité  septentrio- 
nale des  îles  Bonin-Sima,  et  traverse  les  archipels  polynésiens,  en 
passant  au  S.-O.  des  îles  Viti,  qu'il  ne  touche  pas. 

Après  avoir  coupé  la  pointe  méridionale  du  continent  améri- 
cain, où  il  pénètre  par  l'entrée  occidentale  du  détroit  de  Magel- 
lan, et  dont  il  sort  par  le  cap  Saint-François-de-Paule,  il  entre 
dans  l'océan  Atlantique  méridional  où  il  va  raser  le  massif  sous- 
marin  de  l'île  Trinidad,  à  partir  duquel  nous  avons  commencé  à 
le  suivre. 

Ce  grand  cercle  présente  un  arc  terrestre  fort  étendu,  qui  en 
occupe  à  peu  près  le  tiers.  Dans  le  reste  de  son  cours  il  traverse 
de  vastes  mers,  la  plupart  dépourvues  d'îles  et  probablement  très- 
profondes. 

Un  neuvième  octaédrique,  celui  du  mont  Sinaï,  a  pour  pôles  le 
point  I,  sommet  de  pentagone,  qui  tombe  dans  l'océan  Atlantique 
austral  au  S.-O.  de  l'île  de  Tristan  d'Acunha,  et  son  antipode  situé 
dans  l'océan  Pacifique,  au  midi  du  Kamtschatka. 

Stratigraphie.  8 


11 A  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ce  grand  cercle  aborde  le  contaient  de  l'Asie  par  la  côte  mé- 
ridionale de  l'Arabie,  après  avoir  rasé  à  une  faible  distance  la  pointe; 
orientale  de  l'île  de  Socotora,  qui  elle-même  peut  être  considérer 

* 

comme  la  pointe  orientale  des  terres  africaines.  Il  traverse  les  déserts 
de  l'Arabie  parallèlement  à  la  grande  vallée  de  la  Mésopotamie  et 
du  golfe  Persique  et  passe  approximativement  à  Médine. 

En  sortant  de  l'Arabie,  il  coupe,  au  point  où  il  se  détache  de  la 
mer  Rouge,  le  golfe  d'Akabah,  qui  en  forme  la  pointe  orientale, 
puis  il  traverse  la  région  montagneuse  de  l'Arabie  Pétrée. 

D'après  la  carte  orographique  de  M.  Russegger  et  la  carte  géo- 
logique de  M.  Figari-Rey,  cartes  qui  diffèrent  un  peu  dans  les  dé- 
tails, l' octaédrique  coupe  le  massif  de  roches  porphyroïdes  du  mont 
Sinaï,  en  passant  à  très-peu  près,  sinon  exactement  par  la  cime 
de  cette  montagne  imposante,  dont  il  a  reçu  le  nom,  et  par  la 
fontaine  de  Moïse. 

Ce  grand  cercle,  dont  la  direction  se  dessine  dans  quelques-uns 
des  accidents  orographiques  de  l'Arabie  Pétrée,  sort  de  cette 
contrée  en  passant  à  une  petite  distance  de  la  source  thermale  voi- 
sine du  cap  Hammam,  et,  après  avoir  traversé  la  branche  occi- 
dentale de  la  mer  Rouge,  près  de  sa  pointe  extrême,  qui  aboutit  à 
X isthme  de  Suez  et  où  le  récit  biblique  fait  passer  les  Israélites  pour- 
suivis par  Pharaon,  il  entre  en  Egypte  en  rasant  au  1N.-E.  le  pied 
du  Dschebbel  Deradje,  montagne  escarpée  formée  par  le  terrain 
crétacé. 

Plus  loin,  il  passe  près  du  Caire,  entre  cette  grande  ville  et  la 
cime  du  Dschebbel  el  Mokaltam,  qui  la  domine  à  l'est,  et,  après 
avoir  coupé  le  Nil  dans  un  des  points  les  plus  remarquables  de  son 
cours,  le  ventre  de  la  vache,  où  il  se  partage  en  deux  branches  pour 
former  le  Delta,  X octaédrique  côtoie  au  N.-E.  la  vallée  des  lacs  ÎNatron , 
(Mi  marquant  à  peu  près  la  limite  entre  le  désert  et  les  terres  culti- 
vables de  la  basse  Egypte;  un  point  c  tombe  dans  ce  dernier  inter- 
valle, entre  les  lacs  INatron  et  les  plaines  du  Delta. 

Sélendant  ensuite  sur  la  Méditerranée,  Xoctaédri<iur  va  passer  à 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         115 

l'Etna,  où,  dans  l'installation  du  réseau  pentagonal,  on  a  placé  un 
point  T,  intersection  des  deux  oclaédriques  de  File  Trinidad  et  du 
mont  Sinaï.  Ce  dernier  aborde  la  base  de  l'Etna  près  de  Riposto;  il 
pénètre  dans  le  massif  du  monte  Gibello  par  le  célèbre  val  de  Bove, 
passe  par  l'axe  de  Colonne  du  ciel,  comme  l'appelle  Pindare,  et, 
après  avoir  traversé  les  montagnes  calcaires  du  Bosco  di  Caronia, 
il  sort  de  la  Sicile  par  l'embouchure  de  la  rivière  Orto,  en  passant 
au  large  de  Païenne  et  du  mont  Pellegrino. 

Il  traverse  ensuite  1p  midi  de  la  Sardaigne,  où  il  pénètre  en  rasant 
la  petite  île  di  Cirri,  pour  en  sortir  par  la  pointe  la  plus  saillante 
vers  l'ouest  du  cap  San-Marco,  après  avoir  traversé  l'île  suivant 
une  direction  oblique,  en  harmonie  avec  sa  structure  géologique, 
telle  qu'elle  est  figurée  sur  la  belle  carte  de  M.  le  général  Albert 
de  la  Marmara. 

Laissant  au  sud  l'île  de  Minorque,  il  entre  enfin  en  Espagne  par 
le  fort  de  Mongat.  placé  à  l'extrémité  méridionale  du  massif  gra- 
nitique de  la  Catalogne,  près  de  Barcelone,  dont  il  laisse  la  cathé- 
drale à  12  kilomètres  dans  le  sud.  H  passe  au  mont  Serrai,  et, 
après  avoir  suivi  le  pied  des  Pyrénées,  bordées  au  nord,  elles- 
mêmes,  par  la  dépression  où  est  établi  le  canal  des  deux  mers  et 
qu'on  pourrait  appeler  l'isthme  du  Languedoc,  il  entre  dans  l'océan 
Atlantique,  entre  le  cap  Villano  et  le  cap  Ortégal,  en  rasant  le  cap 
qui  fait  face  aux  petites  îles  Sisargas  et  qui  est  la  pointe  de  l'Es- 
pagne la  plus  saillante  vers  le  N.-N.-O. 

Au  delà  de  l'océan  Atlantique,  notre  octaédrique,  sur  les  côtes 
américaines,  passe  au  point  T,  situé  près  de  la  terminaison  N.-O. 
des  îles  Lucayes,  et.  après  avoir  coupé  les  plaines  basses  de  la  Flo- 
ride, dont  il  sort  par  le  cap  Romano,  et  celles  de  la  côte  septentrio- 
nale du  lucatan,  il  traverse  le  Mexique,  par  l'isthme  de  Tehuan- 
tepec,  pour  aller  passer  près  de  l'entrée  de  ce  port  aujourd'hui 
célèbre,  et  atteindre  le  point  H  qui  en  est  voisin. 

Parcourant  ensuite  toute  la  largeur  de  l'océan  Pacifique  sans  y 
rencontrer  aucune  terre,  il  traverse  l'une  des  grandes  îles  qui  com- 

8. 


110  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

posent  la  Nouvelle-Zélande,  Tavaï-Pounammou,  en  y  entrant  à  la 
baie  Pegasus,  au  nord  delà  presqu'île  de  Banks,  et  en  sortant  par 
le  cap  situé  au  sud  de  la  baie  Totara. 

Plus  loin,  il  rase  avec  une  grande  netteté  la  partie  méridionale 
de  la  Tasnianie,  ou  terre  de  Van-Diemen,  dont  il  coupe  seulement 
les  deux  caps  les  plus  avancés,  le  cap  sud,  à  l'entrée  du  canal 
d'Entrecasteaux,  et  le  cap  sud-ouest,  dont  il  sort  pour  passer  au 
point  H  qui  en  est  voisin.  Enfin,  après  avoir  rasé  à  une  faible 
distance  le  cap  Leuvin,  angle  S.-O.  de  la  Nouvelle-Hollande,  il 
revient,  à  travers  l'océan  Indien,  à  la  pointe  orientale  de  l'île  de 
Socotora. 

Sauf  les  parties  de  l'Arabie  dont  la  topographie  n'est  pas  en- 
core connue,  ce  grand  cercle  est  jalonné  avec  une  étonnante  pré- 
cision par  les  accidents  orographiques  et  géologiques.  Il  est  re- 
marquable, en  même  temps,  par  la  grande  étendue  des  mers 
et  la  petite  étendue  comparative  des  terres  qu'il  traverse.  H  y  a, 
il  est  vrai,  une  assez  grande  distance  de  la  côte  S.-E.  de  l'Arabie, 
par  laquelle  il  entre  dans  l'ancien  continent,  et  l'angle  N.-O.  de 
l'Espagne,  par  lequel  il  en  sort;  mais  il  chemine  dans  près  de 
la  moitié  de  cet  intervalle  sur  les  eaux  profondes  de  la  Méditer- 
ranée. 

Il  est  curieux  en  même  temps  de  lui  voir  lier  entre  eux  les  pa- 
rages des  trois  isthmes  célèbres  de  Suez,  du  Languedoc  et  de 
Tehuantepec.  Une  mappemonde  dont  ce  grand  cercle  formerait 
l'horizon  serait  une  de  celles  qui  diviseraient  le  globe  de  la  manière 
la  plus  caractérisée. 

Un  dixième  octaédrique,  celui  du  Mulehacen,  a  pour  pôles  le 
point  I,  sommet  de  pentagone,  qui  tombe  dans  le  golfe  du  Bengale, 
et  son  antipode  le  point  I,  situé  au  sud  des  lies  Galapagos. 

Ce  grand  cercle,  après  avoir  parcouru  l'océan  Atlantique  méri- 
dional, aborde  le  continent  de  l'Afrique  par  la  côte  septentrionale 
du  golfe  de  Guinée,  entre  Accra  etCoumasie,  et,  traversant  le  pays 
des  Ashanlis  et  autres  régions  peu  connues,  il  va  passer  au  point  H 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         117 

du  Sahara,  où  il  entre  dans  le  pentagone  européen  ligure  dans  la 
carte  planche  V  de  la  Notice. 

Voctaédrique  traverse  ensuite  le  Maroc,  et,  en  le  traçant  sur  la 
belle  carte  de  cet  empire  publiée  par  M.  E.  Renou,  on  a  pu 
constater  qu'il  s'y  adapte  approximativement  à  beaucoup  d'accidents 
topographiques,  tels  que  les  défilés  de  l'Ouad-Guir,  à  l'est  d'El- 
Hammad,  et,  plus  au  nord,  la  dépression  située  entre  le  massif 
montagneux  du  Tafilelt  et  le  DjebekAntar,  le  défilé  de  la  Mlouia , 
à  l'ouest  de  l'Àduare,  etc. 

Il  sort  du  Maroc  pour  entrer  dans  la  Méditerranée,  en  passant 
au  pied  occidental  du  cap  Tres-Forcas  ou  Raz-ud-Deir,  promon- 
toire montueux  qui  forme  une  des  saillies  les  plus  considérables  de 
la  côte;  puis  il  rase,  à  une  faible  distance  vers  l'ouest,  l'île  d\\l- 
boran,  formée  de  roches  éruptives,  et  qui  s'élève  isolément,  au 
milieu  d'eaux  très-profondes,  en  face  du  détroit  de  Gibraltar. 

Ce  même  grand  cercle  aborde  l'Espagne  par  le  massif  monta- 
gneux qui  s'élève  entre  Motril  et  Adra.  Tracé,  d'après  les  chiffres  du 
tableau  de  la  page  îo/ii  de  la  Notice,  sur  des  cartes  d'Espagne,  et 
notamment  sur  la  carte  géologique  d'Espagne  de  M.  Esquerra  de! 
Bayo,  publiée  en  i85o,  à  Stuttgart,  par  M.  Gustave  de  Léonhard, 
il  traverse  la  Sierra  Nevada  de  Grenade,  entre  ses  deux  cimes  prin- 
cipales, le  Mulehacen  et  le  Veleta;  c'est-à-dire  qu'il  passe  au  pied 
occidental  de  lune  et  au  pied  oriental  de  l'autre,  et  par  conséquent 
vers  le  milieu  de  la  masse  granitique  qui  a  probablement  soulevé 
ces  deux  masses  schisteuses. 

Plus  loin,  il  passe  au  milieu  des  roches  éruptives  de  Ciudad-Real 
et  de  Linares,  et  il  traverse  ensuite  le  massif  des  montagnes  de 
Guadarama  dans  son  centre,  entre  le  Prado  et  l'Escurial.  Il  coupe 
enfin  la  chaîne  côtière  du  nord  de  l'Espagne  au  point  où  elle  se 
brise  et  où  elle  commence  à  perdre  le  caractère  pyrénéen,  et  il 
pénètre  dans  le  golfe  de  Gascogne  par  la  côte  de  la  province  de 
Santander,  un  peu  à  l'ouest  du  cap  Hoyambre. 

Sans  se  rattacher  dans  toute  la  péninsule  à  aucune  crête  cou- 


118  RAIMMJHT  SU  II  LES   PROGRÈS 

tinue,  son  cours  y  est  jalonné  par  une  foule  de  points  remar- 
quables. 

Dans  l'Océan ,  notre  octaédrique  laisse  à  de  faibles  distances  l'ex- 
trémité de  la  chaussée  de  Sein,  prolongation,  en  partie  sous-marine, 
de  la  pointe  du  Raz,  et  la  pointe  occidentale  de  l'île  d'Ouessant,  qui 
sont  les  pointes  extrêmes  de  la  Bretagne,  et  plus  loin  il  rase,  eu  la 
touchant  presque,  la  pointe  occidentale  du  Gornouailles. 

Il  aborde  ensuite  l'Irlande  par  sa  pointe  S.-E.,  en  passant  entre 
le  massif  granitique  du  cap  Garnsoreet  le  Tuscar-Ilock,  qui  s'élève 
un  peu  à  l'est  comme  une  sentinelle  avancée.  Passant  à  quelques 
kilomètres  à  l'ouest  de  Dublin,  il  sort  de  l'Irlande,  vers  le  nord, 
par  le  promontoire  de  micaschiste  qui  se  termine  à  la  pointe  d'In- 
nishowen-Head,  à  l'entrée  de  la  lagune  appelée  Lough-Foyle.  Il 
traverse  ce  promontoire  en  suivant  la  dépression  qui  sépare  les 
deux  montagnes  appelées  Squires-Carn  et  Crignamaddy. 

Tracé  avec  exactitude  sur  la  belle  carte  géologique  de  l'Irlande 
publiée  par  M.  Griffith,  ce  cercle  passe  par  plusieurs  points  géo- 
graphiquement  et  géologiquement  remarquables,  notamment  par 
la  haute  montagne  granitique,  couronnée  de  roches  métamorphi- 
ques, de  Lugnaquilla,  dans  le  comté  de  Wiclovv.  Il  est  visiblement 
en  rapport  avec  le  contour  général  que  présenterait  la  côte  occi- 
dentale de  l'Irlande  si  elle  était  dépouillée  des  assises  de  nouveau 
grès  rouge,  de  lias,  de  craie  et  de  trapp  qui  forment  lo  sol  du 
comté  d'An  tri  m. 

Sorti  de  l'Irlande  par  la  pointe  d'Innishowen-IIead,  notre  grand 
cercle  poursuit  son  cours  vers  le  nord  quelques  degrés  ouest,  pour 
atteindre  le  point  T  des  Hébrides,  en  suivant  le  contour  extérieur 
de  l'archipel  de  ce  nom.  Construit  sur  la  carte  du  capitaine  Vidal, 
sur  les  autres  cartes  plus  récentes  de  X Hydrograpkical  OJUô  et  sur 
celles  du  Dépôt  de  In  marine,  d'après  les  chiffres  du  tableau  de  la 
page  i  o/i  i  de  la  Notice,  il  laisse  un  peu  à  l'ouest  le  phare  de  Bara- 
Head,  eu  rasant  l'angle  N.-E.  de  l'Ile  Mingaly;  il  range  les  ilols 
qui    s'élèvent  «mi  avanl  de  l'île   Bara,  puis  il   passe  parmi    les  der- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E.\   FRANCE.  119 

nières  roches  qui  défendent  à  l'ouest  ies  côtes  de  l'ile  de  Xortli- 
Uist  et  dans  le  groupe  d'ilôts  nommé  Hiskere  Islands. 

De  là  il  résulte  que  la  forme  polygonale  des  Hébrides  se  trouve 
exactement  encadrée,  comme  on  l'a  déjà  annoncé,  par  les  deux 
ortaeilriques  qui  se  croisent  au  point  T,  situé  dans  leur  voisinage. 

Laissant  les  îles  Fœroë  à  l'est  et  l'Islande  à  l'ouest,  notre  cercle 
aborde  la  côte  du  Groenland  par  les  îles  Pendulum,  peu  éloignées 
de  1  ile  SJiannon,  passe  au  point  H  du  Groenland,  laisse  le  pôle 
nord  à  droite ,  à  la  distance  de  5°i  o/5o",o,6,  et  va  aborder  la  côte  de 
1  Amérique  boréale  au  cap  Lisburne,  à  l'entrée  du  détroit  de  Behring. 

Il  coupe  les  pointes  du  cap  Lisburne  et  du  cap  Hope,  en  s'adap- 
tant  aux  accidents  du  massif  montueux  qui  s'élève  dans  l'intérieur, 
et  dont  il  sort  par  le  cap  Thompson;  puis,  au  lieu  de  s'insérer  dans 
le  détroit  de  Behring,  qui  est  un  large  bras  de  mer  de  plus  de 
90  kilomètres,  il  laisse  à  quelques  minutes,  à  l'ouest,  la  pointe  du 
cap  du  Prince-de-Galles,  terminaison  occidentale  de  l'Amérique, 
formé  par  une  montagne  conique  entourée  d'un  terrain  plat  peu 
élevé,  et  il  passe  entre  les  cimes  des  montagnes  assez  considérables 
(de  8oom)  qui  s'élèvent  dans  l'intérieur  et  auxquelles  se  rattache 
probablement  l'existence  même  du  détroit. 

Notre  octaédrique  se  conduit  ainsi,  relativement  au  détroit  de 
Behring,  à  peu  près  de  la  même  manière  qu'en  Irlande  par  rapport 
au  canal  Saint-Georges ,  en  passant  dans  les  montagnes  qui  le 
bordent  à  une  petite  distance. 

Il  sori  du  massif  montagneux  attenant  au  détroit  de  Behring  par 
le  cap  Aork,  et  bientôt  après,  dans  la  mer  du  Kamstchatka,  il  rase 
à  l'est  l'ile  King  et  à  l'ouest  la  pointe  orientale  de  l'ile  Lawrence.  H 
sort  enfin  de  cette  mer  en  traversant  la  chaîne  des  îles  Aleu- 
tiennes,  à  l'inflexion  qu'elle  présente  à  l'est  de  l'île  Amlai. 

Poursuivant  ensuite  son  cours  à  quelques  degrés  à  l'ouest  du 
sud  ,  il  traverse  tout  l'océan  Pacifique  sans  rencontrer  d'autres 
terres  que  l'archipel  des  îles  Viti,  aux  formes  duquel  il  s'adapte 
avec  une  remarquable  précision,  en  coupant  l'extrémité  occidentale 


120  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

de  l'île  Vanoua-Lebou  et  en  rasant  les  pointes  des  îles  Viti-Lebou 
et  Kandabou. 

Plus  loin,  il  rencontre  l'île  septentrionale  delà  Nouvelle-Zélande 
Ika-INa-Mawi,  qu'il  coupe  dans  son  milieu,  en  y  entrant  par  le  havre 
de  Tauronga,  situé  au  fond  de  la  baie  d'Abondance,  et  dont  il  sort 
par  le  cap  appelé  Pointe-Qbtuse,  à  l'entrée  du  détroit  de  Cook. 

Plus  loin,  il  traverse  encore  la  terre  Victoria  et  peut-être  d'autres 
terres  polaires  antarctiques  restées  inconnues,  et,  entrant  dans 
l'océan  Atlantique  austral,  il  va  atteindre,  sans  rencontrer  aucune 
autre  terre,  la  côte  de  la  Guinée,  où  nous  avons  commencé  à  le 
suivre. 

Uoclaédrique  du  Mulehucen  est  encore  du  nombre  des  cercles  dont 
le  cours  s'étend  en  grande  partie  sur  la  mer  et  qui  se  font  remar- 
quer par  la  petite  étendue  comparative  des  terres  qu'ils  traversent. 
Pour  celui-ci,  une  partie  des  terres  traversées  est  peu  connue;  mais 
les  autres,  l'Espagne,  l'Irlande,  les  îles  Hébrides,  et  même  une 
partie  du  Maroc,  le  sont  assez  bien,  et,  dans  ces  dernières,  le  cours 
de  notre  cercle  est  jalonné  avec  précision  par  un  grand  nombre  de 
points  caractérisés. 

Il  jouit,  comme  Yoclaédrique  du  mont  Sinaï,  de  la  propriété  de 
diviser  la  surface  du  globe  d'une  manière  remarquable.  Il  ne  dé- 
tache de  l'ancien  continent  qu'une  partie  relativement  peu  impor- 
tante de  l'Afrique  septentrionale,  la  moitié  environ  de  l'Espagne  et 
les  trois  quarts  de  l'Irlande,  et  il  passe  très-sensiblement  par  le 
détroit  de  Behring.  De  là  il  résulte  qu'une  mappemonde  dont  il 
lormerait  l'horizon  contiendrait  dans  un  hémisphère  l'ancien  con- 
tinent presque  entier,  et  dans  l'autre  tout  le  nouveau  continent  et 
la  presque  totalité  de  l'océan  Atlantique. 

En  résumé,  les  dix  octaédriques  sont  tous  très-bien  jalonnés  par 
les  accidents  orographiques  et  géologiques  de  l'écorce  terrestre,  et 
tous  présentent  dans  leur  adaptation  aux  grandes  configurations 
géographiques  des  circonstances  particulières,  mais  très-variées  <•! 
propres  à  établir  cnlrc  <mi\  des  contrastes  prononcés. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  \~2Y 

Quatre  octaédriques  se  font  remarquer  par  la  petite  étendue 
comparative  des  surfaces  terrestres  qu'ils  traversent;  leur  cours 
est  en  très-grande  partie  sur  la  surface  des  mers  et  même  de  mers 
dépourvues  d'iles  et  probablement  très-profondes  :  ce  sont  les  oc- 
taédriques du  cap  Wahh  et  des  îles  Sous-le-Vent ,  du  cap  Cod,  du  mont 
Sinm  et  du  Mulehacen;  et  les  deux  derniers  ont  en  outre  la  propriété 
de  diviser  le  globe  en  hémisphères  remarquables  par  la  simplicité 
avec  laquelle  les  continents  se  partagent  entre  eux. 

Trois  autres  octaédriques,  ceux  du  lac  Baïkal  et  de  nie  du  Prince- 

r 

Edouard,  des  Garrow-Hills  et  de  Vile  dHindoè,  traversent  encore 
beaucoup  plus  de  surfaces  maritimes  que  de  surfaces  terrestres, 
mais  la  disproportion  est  moins  considérable.  Ils  forment  dans 
l'océan  Pacifique  un  triangle  dont  les  trois  sommets  sont  le  point 
H  au  S.-O.  de  San-Francisco ,  le  point  H  au  N.-E.  de  Waihou  et 
le  point  T  au  nord  des  lies  Marquises.  Ce  triangle  ne  renferme 
pas  d'autres  terres  que  les  petites  îles  Copper  et  Henderson,  per- 
dues dans  le  N.-E.  de  l'océan  Pacifique,  ce  qui  pourrait  faire  sup- 
poser qu'il  recouvre  des  eaux  très-profondes. 

Enfin,  dans  les  trois  derniers  octaédriques,  celui  de  iMjney-Tagilsk, 
celui  de  l'île  Trinidad  et  celui  de  Cochabamba  et  du  golfe  de  Pechely, 
la  proportion  des  surfaces  terrestres  et  des  surfaces  maritimes  tra- 
versées se  rapproche  de  l'égalité  ;  plus  du  tiers  de  la  circonfé- 
rence de  chacun  d'eux  se  trouve  sur  des  terres  émergées.  Le  der- 
nier de  ces  trois  cercles  forme  en  quelque  sorte  l'axe  longitudinal 
du  nouveau  continent  ;  les  deux  autres  ont ,  sur  le  sol  de  l'ancien 
continent,  des  arcs  d'une  très-grande  longueur. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  derniers  passent  l'un  et  l'autre  au 
point  H,  situé  au  pied  oriental  de  lTral,  où  passent  aussi  les  deux 
dodécaédriques  réguliers  qui  se  distinguent  de  même  par  la  grande 
longueur  de  leurs  arcs  terrestres,  circonstance  qui  signale  le  point 
H  de  TUral  comme  occupant  dans  l'ensemble  des  terres  émergées 
une  sorte  de  position  centrale,  qui  rivalise  avec  celle  du  point  D 
près  de  Remda,  en  Saxe. 


123  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Les  oclaédriques  du  mont  Sinaï  ai  du  Muleluicen,  dont  nous  avons  re- 
marqué la  propriété  de  donner  des  hémisphère*  remarquables  ca- 
ractérisés, se  croisent  au  point  ï,  situé  en  Espagne,  au  nord-ouest 
de  Burgos.  De  ce  point,  l'un  va  passer  à  portée  des  trois  isthmes 
remarquables  de  Tehuantepcc ,  du  Languedoc  et  de  Suez,  tandis  que 
l'autre  va  passer  au  détroit  de  Behring,  qui  pourrait  être  considéré 
comme  le  détroit  le  plus  important  du  globe,  puisqu'il  séparé  les 
deux  continents.  Cette  double  circonstance  donne  au  point  T  de 
l'Espagne  une  importance  particulière,  et  peut  le  l'aire  considérer 
aussi  comme  occupant  une  sorte  de  position  centrale. 

Et  ces  trois  points  H,  D  et  T  sont  placés  sur  un  même  grand 
cercle  primitif  qui  forme  l' axe  de  l'Europe  considérée  comme  une 
pointe  de  l'Asie  s'avançant  entre  l'Océan  et  la  Méditerranée. 

En  général,  les  conditions  que  nous  présentent  les  dix  octaédriques 
ressemblent  à  celles  que  nous  ont  déjà  présentées  les  six  dodécaé- 
dr •iques  réguliers,  mais  elles  sont  cependant  moins  fortement  accusées. 

Les  dodécaédriques  réguliers,  par  cela  même  qu'ils  sont  au  nombre 
de  six  seulement,  sont  comme  les  princes  de  la  symétrie  pentagonale, 
et  les  grandes  positions  leur  sont  naturellement  échues. 

L'étude  du  rôle  orographique  et  géologique  des  quinze  grands 
Gardes  primitifs  va  confirmer  et  développer  ces  remarques. 

LES    QUINZE    GRANDS    CERCLES    PRIMITIFS. 

Les  quinze  grands  cercles  primitif  s  du  réseau  pentagonal  peuvent, 
relativement  au  pentagone  européen,  se  diviser  en  (rois  séries;  cinq 
d'entre  eux  ont  pour  pôles  les  cinq  points  II  qui  occupent  les  mi- 
lieux des  côtés  du  pentagone  européen,  et  ils  restent  constam- 
ment éloignés  de  ce  pentagone;  cinq  autres  passent  par  ces  mêmes 
points  H  en  formant  les  cotés  du  pentagone;  enfin  les  cinq  der- 
niers passent  encore  à  ces  mêmes  points  H.  en  se  dirigeant  vers  le 
centre  du  même  pentagone. 

Je  commence  par  la  première  série. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN    FRANCE.  131 

[  11  premier  grand  code  primitif  a  pour  pôles  le  point  H,  qui 
tombe  sur  le  contour  du  pentagone  européen,  dans  le  Groenland, 
et  son  antipode  situé  dans  la  zone  glaciale  antarctique,  au  S.-O. 
de  la  terre  Victoria. 

Ce  grand  cercle ,  désigné  sous  le  nom  de  primitif  équalorial, 
aborde  la  côte  de  l'Amérique  méridionale  par  la  pointe  Aguja,  tra- 
verse les  Andes  près  de  Mecuipampa,  puis  les  plaines  de  l'Amazone, 
en  coupant  ses  principaux  affluents  près  de  leurs  confluents  et  de 
leurs  inflexions,  et  sort  de  la  côte  du  Brésil  par  l'embouchure  du 
Rio  San-Francisco ,  où  tombe  un  point  b,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu. 

Le  primitif  coupe  ensuite  l'océan  Atlantique  dans  une  partie 
dépourvue  d'îles,  aborde  l'Afrique  un  peu  au  nord  de  Loanda 
pour  en  sortir  un  peu  au  sud  de  Melinde,  après  avoir  traversé  le 
plateau  de  Dembo  et  d'autres  régions  peu  connues. 

Notre  cercle  traverse  ensuite  tout  l'océan  Indien  sans  rencontrer 
d'autres  terres  que  l'extrémité  méridionale  de  la  chaîne  des  îles 
Maldives,  puis  il  rase  près  d'Achem  la  pointe  nord  de  l'île  de  Su- 
matra, et,  après  avoir  coupé  la  presqu'île  de  Malacca  et  les  îles 
Philippines,  où  il  rase  la  pointe  nord  de  l'île  de  Mindanao,  il  longe 
au  nord  l'archipel  des  îles  Garolines  et  va  rejoindre,  sans  rencon- 
tre!' aucune  terre,  la  côte  de  l'Amérique  méridionale. 

Ce  grand  cercle  est  remarquable  par  la  très-petite  étendue  de 
terres  émergées  qu'il  traverse,  et  par  la  manière  dont  il  divise  le 
globe  en  deux  hémisphères  extrêmement  inégaux  par  la  quantité 
des  terres  qu'ils  renferment. 

On  a  remarqué  maintes  fois  que  les  deux  hémisphères  détermi- 
nés par  l'équateur  sont  déjà  très-inégaux  sous  ce  rapport,  l'hémi- 
sphère austral  renfermant  beaucoup  moins  de  terres  que  l'hémi- 
sphère boréal.  Dans  les  deux  hémisphères  déterminés  par  \e  primitif 
équatoriaL  la  disproportion  est  plus  grande  encore  à  cause  de  la  lati- 
I  nde  plus  méridionale  dans  laquelle  il  coupe  l'Amérique  et  l'Afrique. 

Un  deuxième  grand  cercle  primitif,  celui  de  la  Floride  et  de  la  terre 
d'Arnhem,  a  pour  pôles  le  point  H.  qui  tombe  sur  le  contour  du 


124  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

pentagone  européen,  au  pied  oriental  de  l'Ural,  et  son  antipode 
situé  dans  l'océan  Pacifique,  à  l'ouest  du  Chili. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Afrique  australe  par  le  port  Natal  et  en 
sort  par  la  baie  Wolwich,  puis  il  traverse  tout  l'océan  Atlantique 
sans  rencontrer  aucune  terre  et  en  passant  au  point  T,  situé  à  l'ex- 
trémité nord-ouest  des  îles  Lucayes. 

En  Amérique,  il  traverse  les  plaines  de  la  Floride  et  de  la  Loui- 
siane, en  rasant  à  Saint-Marc  la  côte  du  golfe  du  Mexique  et  en 
coupant  le  Mississipi  à  l'embouchure  de  la  rivière  Rouge,  près  de 
Natchez,  localité  célèbre  par  la  fréquence  des  tremblements  de 
terre.  Plus  loin,  il  traverse  le  nouveau  Mexique,  et  il  sort  du.  con- 
tinent par  la  côte  de  la  Californie. 

Dans  l'océan  Pacifique,  il  rencontre  l'île  Necker,  au  N.-O.  des  îles 
Sandwich,  et  plus  loin  il  longe  l'extrémité  S.-E.  de  l'archipel  des 
Carolines,  en  passant  à  1  île  Oualan. 

Au  delà  de  l'équateur,  il  coupe  l'extrémité  occidentale  de  la 
Nouvelle-Irlande,  passe  à  l'île  Sandwich  et  à  l'île  longue,  et  aborde 
la  Nouvelle-Guinée  par  le  cap  qui  correspond  à  l'extrémité  occi- 
dentale des  montagnes  que  nos  marins  ont  appelées  Monts  du  Fi- 
nistère. Passant  au  point  H  déjà  cité  plusieurs  fois,  il  sort  de  la 
Nouvelle-Guinée  par  un  point  non  relevé  encore  de  la  côte  du  dé- 
troit de  Torres. 

Notre  primitif  aborde  ensuite  la  terre  d'Arnhem,  avec  une  re- 
marquable précision,  par  le  cap  Wilberforce,  qui  en  forme  l'angle 
N.-E.,  suit  intérieurement  la  côte  N.-O.  de  la  Nouvelle-Hollande, 
et  en  sort  approximativement  par  l'une  des  saillies  principales  de 
la  terre  d'Endracht,  le  cap  Cuvier,  après  quoi  il  va  rejoindre  le 
port  Natal,  à  travers  l'océan  Indien. 

Ce  grand  cercle  est  remarquable,  comme  le  précédent,  par  la 
petite  étendue  des  terres  qu'il  traverse. 

Un  troisième  grand  cercle  primitif ,  celui  du  lac  Supérieur  et  du  cap 
San-Thomé,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  au  N.-O.  de  Médiin1. 
et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique,  près  des  îles  Rass. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  125 

Ce  grand  cercle  aborde  la  côte  S.-E.  du  Brésil  par  le  cap  San- 
Thomé,  cap  élevé,  formé  de  roches  granitiques,  en  avant  duquel 
notre  cercle  passe  à  l'emplacement  d'une  vigie  que  certaines  cartes 
marquent  à  1  ko  lieues  marines  au  large.  Dans  l'intérieur  du  Brésil, 
il  traverse  les  régions  aurifères  et  diamantifères  de  Minas-Geraes, 
et  passe  à  un  point  I  qui  tombe  dans  la  vallée  du  Bio-Tocantins.  Il 
la  suit  à  une  faible  distance,  sur  une  assez  grande  longueur,  et  se 
montre  en  harmonie  avec  les  formes  topographiques,  les  coudes  et 
les  confluents  des  rivières.  H  sort  du  continent  de  l'Amérique  du 
Sud  par  la  côte  de  la  Guyane,  près  de  l'embouchure  de  la  rivière 
de  Surinam,  et  rase  ensuite  extérieurement  la  chaîne  des  petites 
\ntilles,  en  passant  à  vingt  minutes  environ  de  l'île  Barbouda. 

Il  aborde  la  côte  des  Etats-Unis  par  la  pointe  qui  ferme  à  l'ouest 
la  baie  de  Delawarre,  coupe  l'extrémité  de  la  baie  de  Chesapeake, 
et  dans  l'intérieur  la  pointe  orientale  du  lac  Erié,  rase  la  pointe 
occidentale  du  lac  Ontario  et  traverse  le  lac  Huron  en  longeant  à 
une  petite  distance  la  langue  de  terre  qui  en  sépare  la  baie  Géor- 
gienne, ainsi  que  l'île  Manitouline.  Dans  cet  intervalle,  d'après  la 
remarque  de  M.  de  Chancourtois  \  il  passe  à  proximité  de  la  région 
des  sources  de  pétrole  de  la  Pensylvanie  et  du  Canada  parallèle- 
ment à  leurs  alignements.  Plus  loin,  il  rase  la  côte  N.-E.  du  lac 
Supérieur,  dans  une  baie  duquel  il  pénètre  par  le  cap  Gargantua, 
pour  arriver  au  point  H,  situé  sur  le  rivage  septentrional  de  cette 
mer  d'eau  douce. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  toute  l'Amérique  septentrionale, 
il  s'adapte  à  l'extrémité  méridionale  du  lac  de  l'Esclave  et  au  cours 
de  la  rivière  de  Mackenzie,  qui  en  reçoit  les  eaux,  et  il  sort  du  con- 
tinent au  sud  du  détroit  de  Behring,  par  le  cap  Bomanzoff. 

Dans  la  mer  du  Kamtschatka,  il  traverse  l'île  Gore,  et  il  sort  de 
cette  mer  par  l'ouverture  à  laquelle  se  termine  vers  l'ouest  la  chaîne 
des  îles  Aleutiennes. 

1   Comptes  rendtis ,  t.  LVII.  p.  4ai.  séance  du  26  août  i863. 


126  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Dans  l'océan  Pacifique;,  il,  passe  ;i  l'île  Vloor,  puis  au  point  H 
situé  à  l'extrémité  du  petit  archipel  des  îles  Bonin-Sima.  Dans  tout 
l'intervalle  depuis  le  cap  Romanzoiï  jusqu'à  ce  point,  il  est  très- 
sensiblement  parallèle  au  contour  extérieur  des  terres  asiatiques. 

Il  touche  ensuite  à  l'île  de  Soufre,  et,  après  avoir  rasé  l'île  Morty, 
il  traverse  l'île  de  Gilolo,  en  passant  au  point  de  concours  des 
ramifications  qui  la  composent,  point  qui  se  trouve  déjà  sur  le 
dodécaédrique  régulier  du  Sénégal  et  de  la  Nouvelle-Guinée,  et  qui  est 
un  des  points  b  du  réseau  pentagonal. 

Plus  loin,  notre  cercle  traverse  les  îles  Moluques  en  suivant  le 
canal  qui  lui  permet  de  raser  de  part  et  d'autre  à  une  petite  dis- 
tance les  îles  Bourou  et  Xula-Bessy,  puis  la  chaîne  des  îles  de  la 
Sonde,  en  passant  de  même  entre  Lemblen  et  Solor. 

Il  coupe  enfin  la  terre  d'Endracht,  angle  N.-O.  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  en  s'adaptant  aux  îles  Legendre;  puis  il  parcourt,  sans 
rencontrer  aucune  terre,  tout  le  grand  océan  Austral,  pour  aller 
passer,  comme  on  l'a  déjà  vu,  au  cap  San-Thomé,  sur  la  côte  du 
Brésil. 

Ce  grand  cercle  traverse  une  plus  grande  étendue  de  terres  que 
les  précédents,  quoiqu'elles  n'occupent  encore  qu'une  faible  partie 
de  sa  circonférence,  et  il  est  remarquable  par  son  adaptation  à  cer- 
taines formes  géographiques  et  par  la  manière  dont  il  est  jalonné 
ou  accompagné  par  certains  gîtes  minéraux  ou  par  d'autres  points 
caractérisés. 

Un  quatrième  grand  cercle  primitif,  celui  des  montagnes  Rocheuses 
et  des  îles  Galapagos,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  le 
grand  désert  de  Sahara,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Paci- 
fique, près  des  îles  Vitit. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Amérique  méridionale  par  la  baie  Des- 
velos,  au  sud  du  cap  Blanco,  traverse  les  plaines  de  la  Palagonie, 
pour  aller  couper  les  Andes  du  Chili,  par  les  volcans  de  Llelxan 
et  de  Quellaype,  passe  au  point  D,  centre  de  pentagone,  qui  tombe 
sur  le  territoire  du  Chili,  près  de  Valdivia,  et  entre  ensuite  dans 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  127 

1  océan  Pacifique  par  le  cap  situé  au  sud  de  la  baie  de  Chauchan, 
en  suivant  une  direction  parallèle  à  celle  de  la  crête  montagneuse 
<lo  lile  de  la  Mocha,  qu'il  laisse  un  peu  à  l'ouest. 

En  traversant  l'océan  Pacifique,  où  il  forme  la  corde  d'une 
partie  des  contours  des  cotes  américaines,  il  rase  tout  l'archipel 
des  îles  Galapagos,  en  passant  au  volcan  de  Narborough,  qui  est 
le  point  caractéristique  de  ce  groupe  volcanique. 

Il  sort  de  l'océan  Pacifique  en  passant  au  point  H,  situé  près  de 
Tehuantepec,  et  aborde,  par  le  port  Galera,  la  saillie  que  présente 
la  côte  du  Mexique  entre  Tehuantepec  et  Acapulco. 

Plus  loin,  il  rencontre  la  ville  de  Mexico,  et,  après  s'être  adapté 
à  un  tronçon  considérable  de  la  vallée  du  Rio  del  Norte,  il  suit  sur 
une  longueur  beaucoup  plus  grande  encore  la  direction  générale 
des  montagnes  Rocheuses;  il  sort  enfin  du  continent  américain  par 
le  cap  Glacé,  situé  au  N.  du  détroit  de  Behring. 

Franchissant  ensuite  la  pointe  méridionale  de  la  mer  Glaciale, 
notre  primitif  traverse  la  Sibérie  orientale  en  s'adaptant  à  plu- 
sieurs de  ses  traits  géographiques,  notamment  à  la  longue  vallée 
de  l'Amga,  affluent  de  la  Lena.  En  Chine,  il  passe  au  point  D, 
centre  de  pentagone ,  situé  dans  l'Ortous ,  sur  les  bords  du 
Hwang-ho  ou  fleuve  Jaune,  au  cours  duquel,  d'après  la  carte  de 
M.  Edouard  Biot,  il  parait  s'adapter  assez  exactement  sur  une 
longueur  de  près  de  cent  lieues,  et  il  quitte  finalement  le  continent 
asiatique  par  la  saillie  que  présente  la  côte  de  l'empire  des  Bir- 
mans, à  l'embouchure  de  l'Irawaddy. 

Pour  sortir  du  golfe  de  Martaban,  il  rase  au  sud  File  du  Petit- 
Adaman,  la  plus  méridionale  du  groupe  des  Adamans,  et  dans 
l'océan  Indien  il  passe  à  l'île  Saint-Paul,  cratère  volcanique  qui, 
accompagné  de  la  petite  île  Amsterdam,  s'élève  solitairement  au 
milieu  de  ces  vastes  mers.  Il  va  ensuite,  sans  toucher  aucune 
nouvelle  terre,  aborder  comme  on  l'a  déjà  vu  les  côtes  de  la  Pa- 
t  agonie. 

A  IVncontre  des  primitifs  précédents,  ce  grand  cercle  présente 


128  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

un  arc  terrestre  à  peu  près  continu,  d'une  très-grande  ('tendue 
(plus  de  i5o°,  ou  2/6  de  sa  circonférence),  depuis  son  entrée 
dans  le  Mexique  jusqu'à  sa  sortie  du  delta  de  l'Jrawaddy.  Il  s'adapte 
en  même  temps  à  plusieurs  traits  géographiques  importants,  et  il 
est  jalonné  par  plusieurs  points  remarquables,  le  volcan  de  Narbo- 
rough,  la  ville  de  Mexico,  Y  île  Saint-Paul. 

Un  cinquième  grand  cercle  primitif,  celui  du  cap  Castle  ou  Paler- 
noster,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Atlantique 
au  N.-O.  des  Açores,  et  son  antipode  situé  près  de  l'angle  S.-O. 
de  la  terre  de  Van-Diemen. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Amérique  méridionale  par  la  côte  du 
Chili,  passe  au  point  D,  centre  de  pentagone,  situé  près  de  Val- 
divia,  et,  après  avoir  franchi  la  chaîne  des  Andes  et  les  plaines  de 
la  Patagonie,  il  sort  du  continent  américain  par  la  remarqnable 
presqu'île  de  Saint-Joseph. 

Traversant  ensuite  l'océan  Atlantique  méridional,  il  aborde  l'A- 
frique au  nord  du  cap  de  Bonne-Espérance,  par  le  cap  Castle  ou 
Paternoster,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Sainte-Hélène,  cap  granitique 
dont  il  rase  la  pointe  de  très-près.  Puis,  après  avoir  traversé  l'in- 
térieur de  la  colonie  du  Cap  et  le  pays  des  Hottentots,  il  atteint  à 
Sofala  la  côte  du  canal  de  Mozambique,  qu'il  suit  avec  une  remar- 
quable précision  sur  une  longueur  de  plus  de  cent  lieues. 

Dans  le  canal  de  Mozambique,  il  traverse  l'archipel  desComores 
en  touchant  l'île  Comore,  et,  après  avoir  traversé  l'océan  Indien,  il 
aborde  la  côte  de  Malabar  par  le  havre  de  Bankote,  au  sud  de 
Bombay. 

Tracé  sur  la  carte  géologique  de  M.  Greenough ,  notre  grand 
cercle  primitif  entre  sur  le  plateau  trappéen  du  Deccan  par  les  an- 
fracluosités  des  Ghauts  situées  à  10.  de  Poonah.  Sur  la  surface 
monotone  de  ce  plateau,  il  rencontre,  au  sud  de  Dawtutabad,  une 
roebe  pointue  de  5oo  pieds  de  hauteur  (peut-être  un  dyke),  que 
M.  Greenough  a  trouvée  assez  remarquable  pour  la  signaler  par  une 
note  gravée  sur  sa  carte;  plus  loin,  au  sud  d'EHora,  localité  célèbre 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  129 

par  ses  antiquités  indiennes ,  il  rase  le  pied  d'une  protubérance  de 
granité  en  forme  de  ruche  d'abeilles,  qui  s'élève  au  milieu  des  trapps 
et  que  M.  Greenough  signale  également. 

Ensuite  il  traverse ,  dans  l'un  de  ses  coudes ,  la  chaîne  trappéenne 
de  l'Ajunta-Range,  et  arrive  bientôt  au  point  H  situé  dans  l'angle 
formé  par  les  rivières Tapty  et  Poorna.  Plus  loin,  il  sort  de  la  région 
trappéenne  par  l'extrémité  du  Calabheat-Range,  et,  après  avoir 
traversé  une  région  accidentée  de  grès  et  de  calcaires  dont  les  con- 
figurations s'harmonisent  avec  son  cours,  il  franchit  le  Gange  à 
Allahabad,  près  de  son  confluent  avec  la  Jumna. 

Bientôt  après  il  aborde  l'Himalaya  par  la  vallée  du  Gunga  et 
rencontre  presque  exactement  l'axe  de  la  majestueuse  montagne 
de  Gossam-than,  élevée  de  2/1,700  pieds  anglais  (7,529  mètres). 

Traversant  d'abord  le  Thibet,  il  va  passer  en  Chine  au  lac  Sihai, 
puis  au  point  D,  centre  de  pentagone,  situé  dans  l'Ortous,  et  pour- 
suit son  cours  à  travers  la  Mantchourie. 

Après  avoir  coupé  l'île  Saghalien  au  point  du  croisement  des 
accidents  orographiques  de  sa  partie  méridionale,  il  traverse  la 
chaîne  des  îles  Kuriles  par  les  îlots  de  Tschirpoi,  entre  Ouroup 
et  Simusir  ou  Marekan,  et  parcourt  ensuite  l'océan  Pacifique  tout 
entier,  sans  y  rencontrer  aucune  terre,  pour  aller  aborder  la  côte 
du  Chili,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  trois  arcs  terrestres,  dont  deux  sont 
assez  courts,  et  leur  somme  n'occupe,  dans  son  développement 
total,  qu'une  médiocre  étendue;  une  partie  des  terres  qu'il  tra- 
verse est  très-peu  connue,  mais  il  n'en  rencontre  pas  moins  un 
certain  nombre  de  repères  très-précis. 

Le  cinq  grands  cercles  primitifs  que  nous  venons  de  parcourir  se 
tiennent  constamment  éloignés  de  l'Europe.  Nous  allons  nous  occuper 
maintenant  des  cinq  grands  cercles  primitifs  auxquels  appartiennent 
les  cinq  côtés  du  pentagone  européen  figuré  sur  la  carte  planche  V 
de  la  Notice. 

Un  sixième  grand  cercle  primitif,  celui  du  Groenland  et  du  Chili, 

Stratigraphie.  9 


130  RAPPORT  SUK  LES  PROGRES 

le  premier  des  cinq  que  nous  allons  maintenant  examiner,  a  pour 
pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'Afrique  méridionale  près  du  pïa- 
leau  de  Dembo,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique,  au  sud 
des  îles  Sandwich. 

,  Ce  grand  cercle  primitif  aborde  l'Amérique  méridionale  au  nord 
de  l'entrée  du  détroit  de  Magellan,  par  l'île  de  Monte-Corso,  la  plus 
septentrionale  de  l'archipel  de  la  Madre-de-Dios,  et  il  suit  les  îles 
nombreuses  qui  bordent  la  côte  et  dont  la  dernière  est  l'île  de 
Chiloë,  d'où  il  entre  sur  le  continent,  pour  passer  au  point  D, 
centre  de  pentagone,  qui  tombe  dans  le  Chili,  près  de  Valdivia. 

Plus  au  nord,  il  rencontre  de  nouveau  la  côte,  là  où  elle  devient 
à  peu  près  rectiligne  dans  son  ensemble,  et  la  suit  avec  une  éton- 
nante précision  jusque  vers  la  latitude  d'Arica.  Ensuite,  sur  le 
grand  plateau  bolivien,  il  coupe  le  lac  de  Titicaca,  en  s'adaptant 
à  la  pointe  qui  le  divise  en  deux  parties. 

Après  avoir  passé  au  point  H,  situé  à  l'E.  des  Andes,  près  du 
Rio  Béni,  il  traverse  le  bassin  de  l'Amazone  et  passe  à  10.  de  la 
Guyane,  dans  la  Sierra  de  la  Parime,  en  côtoyant  à  une  faible  dis- 
tance une  partie  du  cours  da  l'Orénoque;  puis  il  sort  du  conti- 
nent à  quelques  minutes  seulement  à  l'O.  du  cap  Codera,  en 
touchant  l'île  Orchila  et  une  vigie  placée  plus  au  nord. 

Le  grand  cercle  primitif  franchit  ensuite  la  mer  des  Antilles,  dont 
il  sort  en  rasant  à  l'est  les  derniers  îlots  qui  font  suite  à  l'île  de 
Porto-Rico.  Poursuivant  son  cours  à  travers  l'Océan  Atlantique,  il  va 
raser  aussi,  à  une  petite  distance,  la  pointe  orientale  de  la  Nouvelle 
Ecosse,  puis  il  coupe  une  partie  de  l'île  du  Cap-Breton,  suit 
avec  une  étonnante  précision  la  côte  de  sa  prolongation  septen- 
trionale, et  passe  enfin  à  une  très-faible  distance  de  la  petite  île 
Saint-Paul. 

Traversant  le  Labrador,  où  il  entre  par  l'île  Little  Mecallina. 
et  d'où  il  sort  par  le  cap  Webuck,  il  va  passer  au  point  I  silué 
dans  le  détroit  de  Davis,  à  partir  duquel  il  appartient  aux  cou- 
leurs du  pentagone  européen  jusqu'au  point  I  situé  au  N.-E.  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         131 

la  Nouvelle-Zemble.  Dans  l'intervalle  de  ces  deux  points  I ,  il  ne 
traverse  que  le  Groenland  et  des  régions  glacées  où  on  ne  peut 
le  suivre. 

Pénétrant  ensuite  dans  le  continent  de  l'Asie  un  peu  à  l'E.  de 
l'embouchure  du  Jenisseï,  il  parcourt  la  Sibérie  en  s'adaptant  sur 
une  assez  grande  longueur  à  la  vallée  de  l'Angara,  et  il  en  sort  par 
les  environs  d'Irkutsk  en  coupant  l'extrémité  occidentale  du  lac 
Baïkal.  Son  prolongement  dans  l'empire  chinois,  où  il  passe  au 
point  D,  centre  de  pentagone,  est  dans  un  rapport  étonnamment 
précis  avec  les  principaux  traits  géographiques  de  la  contrée,  tels 
qu'ils  sont  figurés  sur  la  carte  publiée  par  M.  Edouard  Biot.  Il  en 
sort  en  passant,  vers  l'entrée  du  golfe  de  Tonquin,  à  la  pointe  de  la 
presqu'île  de  Loit-cheoo  et  au  cap  qui  lui  répond  dans  l'île  Haynan, 
dont  il  sort  par  lav  petite  île  adjacente  à  la  pointe  Lieong-Soy. 

Au  delà  de  la  mer  de  la  Chine,  où  il  passe  au  point  H  déjà  cité, 
notre  primitif  traverse  l'île  de  Bornéo,  en  passant  à  l'extrémité  oc- 
cidentale de  la  chaîne  volcanique  du  N.-O.,  et  plus  loin  il  coupe 
les  îles  de  Madura  et  de  Java  près  des  volcans  de  Tachem  et  de 
Talaga-Vurung.  Il  pénètre  ensuite  dans  la  Nouvelle-Hollande,  dont 
il  côtoie  intérieurement  la  côte  occidentale.  Il  traverse  enfin  l'océan 
Austral  pour  arriver  à  l'entrée  du  détroit  de  Magellan,  où  nous 
avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  est  un  de  ceux  dont  l'adaptation  aux  formes  géo- 
graphiques, surtout  à  celles  du  nouveau  continent,  est  la  plus  propre 
à  frapper  à  première  vue,  et  il  a  été  le  premier  guide  de  M.  Elie 
de  Beaumont  pour  trouver  la  position  qu'il  a  assignée  au  réseau 
pentagonal.  Il  est  aussi  du  nombre  des  cercles  qui  rencontrent  une 
assez  grande  étendue  de  terres,  qu'on  ne  peut  cependant  assigner 
avec  précision,  à  cause  de  l'incertitude  où  l'on  est  de  savoir  si 
l'arc  de  plus  de  3o°  qui  s'adapte  à  la  côte  occidentale  du  Chili  doit 
être  compté  comme  terrestre  ou  comme  marin  :  une  incertitude 
analogue  s'attache,  pour  une  autre  cause,  à  l'arc  de  plus  de  200 
qui   s'étend  du   Groenland  à  la  Sibérie  en  traversant  les  glaces 


132  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

polaires.  Ce  cercle  rencontre  d'ailleurs  beaucoup  de  repères  très- 
précis. 

Un  septième  grand  cercle  primitif,  celui  du  mont  Saint-Elie,  a 
pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Atlantique  au  S.-O. 
des  îles  du  Cap-Vert,  et  son  antipode  situé  dans  la  Nouvelle-Guinée. 

Ce  grand  cercle  primitif  aborde  la  côte  de  l'Amérique  septentrio- 
nale par  la  baie  de  Behring,  et  rase  le  pied  oriental  de  la  grande 
montagne  volcanique  appelée  le  Mont  Saint-Elie,  avant  d'atteindre 
le  point  D,  centre  de  pentagone,  qui  tombe  dans  la  ci-devant 
Amérique  russe,  sur  les  bords  de  la  rivière  Youcou.  Il  entre  dans 
la  mer  Glaciale  par  le  cap  Anxiety,  et  il  en  sort  par  le  point  I  situé 
près  de  l'extrémité  de  la  Nouvelle-Zemble.  Là  il  commence  à  faire 
partie  des  contours  du  pentagone  européen,  auquel  il  appartient 
jusqu'au  point  I  situé  en  Perse  près  de  Mesched. 

Dans  cet  intervalle  il  pénètre  en  Sibérie  en  coupant  la  pointe 
qui  ferme  à  l'est  le  golfe  de  l'Obi.  Il  suit  la  vallée  de  ce  grand  fleuve 
et  celle  de  son  affluent,  la  rivière  de  Tobolsk,  jusque  dans  les 
steppes  des  Kirgbis,  en  côtoyant,  mais  à  distance  et  un  peu  obli- 
quement, le  pied  oriental  de  l'Ural.  Construit  sur  la  belle  carte 
géologique  de  cette  chaîne,  publiée  par  sir  Roderick  Murchison, 
il  représente  assez  exactement  la  direction  fondamentale  des  roches 
anciennes  qui  constituent  la  base  de  son  versant  asiatique. 

Plus  au  sud,  il  s'adapte  à  la  côte  orientale  du  lac  Aral,  et,  plus 
loin  encore,  aux  accidents  des  contours  de  l'entrée  du  golfe  Per- 
sique,  et  il  sort  de  la  côte  S.-E.  de  l'Arabie  par  le  cap  Madrake. 

Dans  l'océan  Indien,  il  passe  très-près  de  l'île  Juan-de-Nova,  et 
côtoie  ensuite  à  un  ou  deux  degrés  de  distance  toute  la  côte  orien- 
tale de  l'île  de  Madagascar,  pour  aller  enfin  rencontrer  la  petite  île 
Caverne,  du  groupe  des  îles  Marion  et  Crozet,  perdu  dans  la  \aste 
étendue  du  grand  océan  Austral.  Parcourant  ensuite  cet  océan  et 
l'océan  Pacifique,  il  va  gagner  la  baie  de  Behring  en  laissant  à 
l'ouest  l'île  Ducie,  déjà  citée  comme  l'extrémité  des  archipels  po- 
lynésiens, et  passant  très-près  de  l'île  Ilenderson. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         133 

Ce  grand  cercle  ne  traverse  qu'une  étendue  comparativement 
assez  restreinte  de  surfaces  terrestres,  et  presque  uniquement  des 
régions  peu  connues;  il  s'adapte  cependant  à  plusieurs  repères 
assez  précis  (lac  Aral,  golfe  Persique,  île  Caverne). 

I  n  huitième  grand  cercle  primitif,  celui  de  Valdivia  et  des  cataractes 
du  Ml,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  sur  les  rives  Septen- 
trionales du  lac  Supérieur,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  In- 
dien, au  S.-O.  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Ce  grand  cercle  primitif  aborde  la  côte  du  Chili  très-près  du  port 
de  Valdivia.  Il  traverse  ensuite  la  Cordillère  chilienne  et  les  plaines 
des  Pampas,  pour  entrer  dans  l'océan  Atlantique  méridional,  au 
midi  de  la  vaste  embouchure  du  Rio  de  la  Plata,  en  passant  ap- 
proximativement au  cap  Saint-Antoine. 

II  aborde  la  côte  d'Afrique  au  fond  du  golfe  de  Guinée,  sur  la 
lisière  S.-O.  du  delta  du  Niger,  et  traverse  les  régions  peu  connues 
de  l'intérieur  de  l'Afrique ,  en  passant  au  point  I ,  voisin  du  lac  Tchad , 
où  il  commence  à  faire  partie  des  contours  du  pentagone  européen. 

Ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  la  carte  planche  V  de  la  Notice,  il 
suit  en  Nubie,  à  une  faible  distance,  un  long  segment  du  cours  du 
Nil,  et,  tracé  sur  la  carte  géologique  de  cette  contrée  publiée  par 
M.  Russegger,  il  représente  l'une  des  grandes  directions  géolo- 
giques qui  s'y  dessinent,  les  deux  autres  étant  figurées  par  deux 
auxiliaires  \cb,  homologues  l'un  de  l'autre,  qui  le  coupent  en  un 
même  point  en  donnant  lieu  à  une  combinaison  curieuse  signalée 
dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  1  i5o.  Cette  inter- 
section triple  tombe  dans  la  vallée  même  du  Nil  près  de  T.  Decke, 
et,  un  peu  plus  loin,  le  primitif  coupe  le  grand  fleuve  à  Girsche, 
c'est-à-dire  à  l'entrée  du  long  défilé  creusé  d'abord  dans  le  terrain 
crétacé  inférieur  et  ensuite  dans  les  roches  granitiques  qui  s'éten- 
dent jusqu'à  la  grande  cataracte  d'Assuan  ou  de  Syène. 

Notre  grand  cercle  traverse  ensuite  la  mer  Rouge ,  où  il  entre  en 
passant  approximativement  au  Djebel  Olak,  montagne  des  Eme- 
raudes,  et  au  cap  Ras-Oomul  Abbas,  et  d'où  il  sort  en  passant  un 


134  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

peu  au  S.  de  l'île  Mushabeah,  et  il  rencontre  le  point  H  situé  au 
N.-O.  de  Médine  (mais  il  ne  passe  pas  à  Médine,  comme  on  l'a 
imprimé  par  erreur). 

Au  delà  des  déserts  de  l'Arabie,  il  traverse  la  Mésopotamie,  où  il 
coupe  l'Euphrate  et  le  Tigre  un  peu  au-dessus  de  leur  confluent, 
puis  la  Perse,  où  il  passe  à  peu  de  distance  des  villes  de  Christen 
et  d'Ispahan,  qu'il  laisse  Tune  au  nord,  l'autre  au  sud.  Il  arrive  enfin 
au  point  I  situé  près  de  Mesched,  ville  près  de  laquelle  se  trouve, 
comme  on  sait,  le  gisement  principal  des  turquoises.  Là  il  cesse 
d'appartenir  au  pentagone  européen. 

Dans  la  Grande-Boukharie  il  passe  près  de  Sarnarkande;  dans 
la  Petite-Boukharie,  à  Kachgar,  et  il  suit  à  peu  près  les  cours  d'eau 
que  les  cartes  dessinent  dans  ces  contrées. 

Après  avoir  atteint  le  point  D,  centre  de  pentagone,  qui  tombe 
en  Chine  dans  l'Ortous,  il  sort  de  l'Empire  Céleste  en  s'adaptant 
aux  accidents  des  contours  du  golfe  de  Petchely  et  de  la  mer  Jaune 
avec  non  moins  de  précision  que  l'octaédrique  de  Cochabamba  et 
du  golfe  de  Petchely,  qu'il  y  coupe  en  un  point  a. 

Traversant  ensuite  la  pointe  méridionale  de  la  Corée,  notre 
grand  cercle  'primitif  aborde  le  Japon,  en  coupant  le  détroit  de  Corée 
par  l'île  Tsou-Siuna,  au  milieu  des  îlots  qui  en  obstruent  la  partie 
la  plus  étroite.  H  coupe  aussi  les  pointes  septentrionales  de  l'île 
Kiukiu,  traverse  l'île  Sikokf,  et,  après  avoir  laissé  au  nord  à  une 
faible  distance  la  petite  île  Penafidin,  il  va  passer  au  point  H  situé 
au  N.  des  îles  Bonin-Snia. 

Poursuivant  son  cours  dans  l'océan  Pacifique,  sans  y  faire  aucune 
rencontre  importante,  il  va  enfin  aborder  la  côte  du  Chili,  où  nous 
avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  primitif  contient  un  arc  terrestre  très-étondu ,  de- 
puis le  golfe  de  Guinée  jusqu'au  Japon.  Une  grande  partie  des 
contrées  qu'il  traverse  sont  peu  connues  quant  à  leur  topographie, 
mais,  dans  celles  qui  ont  été  mieux  explorées,  il  s'adapte  avec  beau- 
coup de  précision  à  des  accidents  géographiques  I > î*m i  définis. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE    EN  FRANGE.  135 

Un  neuvième  grand  cercle  primitif,  celui  de  Vile  de  Cuba  et  du 
<<i l>  Sandy,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  la  Sibérie 
orientale»,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Atlantique  méridional , 
au  S.-O.  des  Nouvelles-Orcades. 

Ce  grand  cercle  primitif  passe  au  point  H  situé  dans  l'océan  Paci- 
fique, près  de  Tehuantepec,  et  coupe  le  grand  isthme  de  l'Amérique 
centrale  en  passant  dans  la  partie  méridionale  du  Yucatan,  d'où  il 
sort  par  le  port  de  Belize,  en  effleurant  l'île  de  Turneffe.  Dans  les 
Antilles,  il  passe  entre  les  récifs  Mysteriosa  et  Viciosas,  rase  avec 
précision  les  îlots  du  Grand  et  du  Petit-Caïman  et  aborde  l'île  de 
Cuba  par  la  baie  d'Esperanza,  pour  en  sortir  par  celle  qui  lui 
correspond  sur  la  côte  opposée.  Il  coupe  ainsi  l'île  de  Cuba  dans 

I  étranglement  qu'elle  présente  au  N.  des  montagnes  cuprifères  de 
Santiago,  en  s'identifiant  avec  l'une  des  directions  qui  s'y  dessinent. 

II  traverse  ensuite  les  îles  Lucayes  en  s'adaptant  avec  une  éton- 
nante précision  aux  petites  îles  Caicos,  qui,  avec  les  Caïmans  déjà 
cités,  dessinent  un  alignement  bien  défini  de  plus  de  deux  cents 
lieues  de  longueur. 

Ce  grand  cercle  primitif ',  qui,  dans  l'île  même  de  Cuba ,  coupe  per- 
pendiculairement Yoctaédrique  de  Cochabamba  et  du  golfe  de  Pelcliehj 
en  un  point  a,  et  qui  représente  très-naturellement  l'un  des  sys- 
tèmes stratigraphiques  de  l'archipel  des  Antilles,  appartient  aux 
contours  du  pentagone  européen  depuis  le  point  I  situé  au  S.-O. 
des  îles  Canaries  jusqu'au  point  I  situé  près  du  lac  Tchad.  Il  tra- 
verse l'Afrique  dans  sa  plus  grande  largeur,  mais  en  même  temps 
dans  des  parties  où  la  topographie  est  peu  ou  point  connue. 

Il  parcourt  ensuite  tout  l'océan  Indien ,  en  passant  au  milieu  de 
l'archipel  Ethiopien,  où  il  rencontre  quelques  îlots  ou  récifs  peu 
caractérisés;  mais,  avant  d'aborder  la  Nouvelle-Hollande,  il  coupe 
le  groupe  des  rochers  Trval,  dont  l'isolement  est  un  des  faits 
curieux  de  ces  mers. 

Il  entre  dans  la  Nouvelle-Hollande  par  la  terre  d'Endracht,  pour 
passer  au  point  D  qui  v  tombe,  et,  après  avoir  traversé  ce  con- 


136  RAPPORT  SLR  LES  PROGRÈS 

tinent  par  son  centre  encore  peu  connu,  il  en  sort  par  ia  base  du 
cap  Sandy,  qui  est  un  des  points  remarquables  de  sa  côte  orien- 
tale. Il  parcourt  ensuite  tout  l'océan  Pacifique,  pour  atteindre  le 
point  H  de  Tehuantepec,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre,  en 
laissant  au  nord  la  Nouvelle-Calédonie  et  en  traversant  les  archipels 
polynésiens,  où  il  ne  rencontre  que  le  petit  groupe  de  Vavoa  et  la 
petite  île  Sowarov. 

Ce  grand  cercle  'primitif  présente  une  assez  forte  somme  d'arcs 
terrestres  situés  presque  exclusivement  dans  des  contrées  peu  con- 
nues; mais,  dans  les  parages  de  Cuba,  dans  les  rochers  Tryal  et 
au  cap  Sandy,  il  se  trouve  jalonné  d'une  manière  remarquable. 

Un  dixième  grand  cercle  'primitif,  celui  de  la  presqu'île  Alaska  et 
de  la  terre  de  Van-Diemen,  a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans 
l'Inde  près  des  rives  du  Tapty,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan 
Pacifique,  au  N.-N.-E.  de  la  petite  île  Salas  y  Gomez. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  I  situé  dans  l'océan  Atlantique, 
au  S.-O.  des  îles  Canaries,  et  au  point  I  situé  dans  le  détroit  de 
Davis,  et  dans  l'intervalle  de  ces  deux  points  il  fait  partie  du 
contour  du  pentagone  européen. 

Il  sort  du  détroit  de  Davis  en  pénétrant  dans  l'entrée  du  For- 
bisher,  dont  il  suit  la  direction,  et,  parcourant  des  terres  et  des 
bras  de  mer  dont  les  contours  ne  sont  pas  complètement  connus,  il 
arrive  au  point  T,  situé  dans  la  partie  méridionale  de  l'île  Victoria. 
Passant  ensuite  approximativement  au  cap  Krusenstern,  il  Ira  verse 
la  ci-devant  Amérique  russe,  où  il  rencontre  un  point  D,  centre  de 
pentagone,  et,  après  avoir  rasé  l'extrémité  de  l'entrée  de  William 
et  l'entrée  de  Cook,  il  s'adapte,  sur  une  longueur  de  près  de  cenl 
lieues,  à  la  côte  S.-E.  de  la  presqu'île  Alaska,  dont  il  mi  s'écarte 
que  pour  aborder  l'île  Schoumagins,  par  laquelle  il  pénètre  dans 
I Océan  Pacifique. 

Dans  ce  vaste  océan,  notre  cercle  rencontre  seulemenl  recueil 
Wnke  et  quelques  îlots  on  récits  de  l'archipel  des  îles  Marslial. 
e!  il  coupe  la  pointe  extrême  du  <';i|)  Snrville,  extrémité  orientale 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  137 

de  lile  de  Saint-Christoval,  qui  termine  au  S.-E.  l'archipel  de 
Salomon. 

Parcourant  ensuite  les  récifs  de  la  mer  de  Corail,  il  va  raser  avec 
beaucoup  de  précision  la  côte  S.-E.  de  la  Nouvelle-Hollande,  à  la- 
quelle il  s'adapte  sur  une  longueur  d'environ  cent  cinquante  lieues, 
depuis  le  port  Macquarie  jusqu'au  cap  Howe,  dont  il  coupe  la  pointe. 
Plus  loin,  il  entre  dans  le  détroit  de  Bass,  où  il  rase  la  pointe  N.  de 
lile  Grande  et  pénètre  dans  la  Tasmanie  ou  terre  de  Van-Diemen 
par  le  port  de  Dalrymple  et  George-Town.  Il  sort  enfin  de  cette 
grande  île  par  le  cap  Rocky,  pour  passer  au  point  H,  qui  tombe 
près  de  son  angle  S.-O.  et  dont  il  a  déjà  été  question  plus  d'une 
fois. 

A  partir  de  la  Tasmanie,  notre  grand  cercle  parcourt  l'océan 
Austral  et  l'océan  Atlantique  jusqu'à  l'entrée  du  Forbisher,  sur  une 
longueur  de  plus  de  200  degrés,  sans  rencontrer  aucune  autre  terre 
que  la  terre  d'Enderby,  mais  en  laissant  à  une  petite  distance  à 
l'est  l'île  de  Sainte-Hélène,  l'île  de  Saint-Matthieu,  le  cap  Rouge,  le 
cap  Vert  et  l'île  de  Flores,  la  plus  occidentale  des  Açores. 

Ce  grand  cercle  primitif,  qui  se  trouve  très-nettement  déterminé 
par  son  adaptation  à  certaines  côtes  rectilignes  et  par  la  rencontre 
de  plusieurs  points  isolés,  est  particulièrement  remarquable  par  la 
très-petite  étendue  des  terres  qu'il  traverse.  Il  l'est  aussi  par  la 
manière  dont  il  divise  la  surface  du  globe  en  deux  hémisphères, 
dont  l'un  renferme  tout  l'ancien  continent,  et  l'autre  le  nouveau 
continent,  à  l'exception  des  terres  polaires  et  d'un  segment  de 
l'Amérique  russe. 

Parmi  les  quinze  grands  cercles  primitifs ,  il  nous  en  reste  encore 
cinq  à  étudier;  ce  sont  ceux  qui  se  croisent  au  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  situé  près  de  Remda  en  Saxe. 

Lu  onzième  grand  cercle  primitif ,  celui  de  l'Etna,  le  premier  des 
cinq  dont  nous  allons  encore  suivre  le  cours,  a  pour  pôles  le 
point  H,  qui  tombe  dans  la  mer  de  la  Chine,  et  son  antipode  situé 
au  pied  oriental  des  Andes,  dans  les  plaines  de  Rio-Beni. 


138  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  de  l'Afrique  par  la  côte  S.-E. 
de  la  colonie  du  Cap,  en  passant  approximativement  au  cap  Cave- 
Rock.  Il  parcourt  toute  l'Afrique  australe,  en  passant  au  point  I  de 
la  Cafrerie,  au  point  H  du  Congo,  situé  près  du  plateau  de  Dembo 
et  de  la  région  des  grands  lacs  récemment  découverts,  et  au  point  1 
situé  près  du  lac  Tchad.  Après  avoir  traversé  le  Fezzan,  il  entre 
dans  la  Méditerranée  par  le  golfe  de  la  Syrte. 

11  aborde  ensuite  la  Sicile  près  du  cap  di  Loguina,  au  sud  de 
Syracuse ,  rencontre  approximativement  la  ville  de  Catane  et  passe 
par  l'axe  de  l'Etna.  Tracé  sur  la  carte  géologique  de  l'Italie  par 
M.  H.  de  Collegno,  il  traverse  les  îles  Ëoliennes  entre  Vulcano  et 
Lipari,  d'un  côté,  et  Salina,  de  l'autre,  en  laissant  Stromboli  à  en- 
viron 35  kilomètres  à  l'est.  Il  coupe  en  Italie  la  presqu'île  de  Sorente 
par  la  pointe  di  Montalto,  passe  au  pied  occidental  du  Vésuve, 
(Mitre  Naples  et  Portici,  traverse  les  Abruzzes  en  laissant  à  l'ouest,  à 
'j8  kilomètres  de  distance,  le  lac  Fucino  ainsi  que  le  Gran-Sasso 
d'Italia,  et  entre  enfin  dans  l'Adriatique  en  rasant  à  l'est  le  petil 
massif  jurassique  auquel  la  ville  d'Ancône  est  adossée  du  côté 
opposé,  et  qui  forme  l'un  des  accidents  les  plus  remarquables  de 
la  côte  italienne. 

Plus  loin,  il  franchit  les  Alpes,  sur  les  confins  du  Tyrol  et  de  la 
Carinthie,  entre  le  Drei-Herren-Spitz  et  le  Gross-Glocker,  puis  il 
coupe  le  Danube  au  confluent  de  l'AItmuhl,  près  de  Kelhem,  et  suif 
dans  sa  longueur  le  plateau  calcaire  de  la  Bavière  et  de  la  Franconie. 
Coupant  ensuite  les  terrains  schisteux  du  Frankenwald ,  par  Grae- 
fenthal,  il  atteint,  près  de  Remda,  dans  le  grand-duché  de  Saxe- 
Weimar,  le  point  D,  centre  du  pentagone  européen. 

En  poursuivant  son  cours  vers  le  nord,  il  coupe  le  Hartz  à  peu 
près  par  le  milieu,  entre  la  Rosstrappe  et  le  Brocken,  traverse  la 
banlieue  de  Hambourg,  un  peu  à  l'E.  de  la  ville,  et  suit  dans  sa 
longueur  la  presqu'île  du  Jutland,  où  il  coupe-  près  de  Flcnsburg. 
les  protubérances  de  craie  qui  en  forment  comme  h;  noyau.  Il  \;i 
traverser  ensuite  la  région  montagneuse  occidentale  de  la  Norwége, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         139 

dont  il  sort  précisément  par  l'angle  obtus  formé  par  la  rencontre 
de  la  côte  voisine  de  Bergen,  qui  se  dirige  au  Nv,  et  de  la  côte 
voisine  de  Ghristiansand,  qui  se  dirige  au  S.-O. 

Dans  les  régions  glaciales,  il  passe  au  point  H  du  Groenland,  et 
il  aborde  la  côte  septentrionale  du  continent  américain  à  10.  de  la 
rivière  Mackenzie,  en  passant  entre  l'île  Garry  et  la  base  du  mont 
Fitton.  Après  avoir  traversé  le  point  D,  centre  du  pentagone  de 
l'Amérique  russe,  il  sort  du  continent  vers  le  S.  en  rasant  la  pointe 
orientale  de  l'île  Kaye. 

Dans  l'océan  Pacifique ,  il  passe  par  l'axe  du  Mouna-Roa ,  dans  l'île 
d'Havvaï,  mais  il  ne  rencontre  aucune  autre  île. 

Dans- les  régions  polaires  antarctiques,  il  coupe  la  terre  Victoria 
au  voisinage  du  mont  Erèbe,  volcan  que  sir  James  Ross  a  trouvé 
en  éruption.  Il  sort  ensuite  des  terres  australes  par  la  terre  d'En- 
derby,  et  va  joindre  la  côte  méridionale  de  l'Afrique,  où  nous  avons 
commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti,  en  principe,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu, 
à  passer  à  l'Etna  et  au  Mouna-Roa,  et  il  passe  en  même  temps 
par  plusieurs  autres  points  remarquables.  Il  contient  un  arc  ter- 
restre fort  étendu, du  midi  de  l'Afrique  à  l'angle  N.-O.  de  la  Nor- 
wége,  et  traverse  dans  les  régions  arctiques  et  antarctiques  des 
étendues  de  terres  encore  indéterminées.  On  peut  aisément  tracer 
ce  cercle  d'une  manière  approximative  sur  une  carte  d'Europe 
quelconque,  en  tirant  une  ligne  rasant  à  l'est  les  signes  qui  repré- 
sentent les  villes  de  Naples  et  de  Hambourg. 

Un  douzième  grand  cercle  primitif,  celui  de  la  Nouvelle-Zemble,  a 
pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Indien,  au  S.  de  l'île 
de  Ceylan,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique,  près  de 
Tehuantepec. 

Ce  grand  cercle  aborde  en  Afrique  la  côte  septentrionale  du 
golfe  de  Guinée  par  la  côte  d'Ivoire,  et,  franchissant  les  montagnes 
peu  connues  de  l'intérieur,  va  côtoyer,  jusqu'à  la  latitude  de  Tom- 
lioucfou,  la  partie  supérieure  du  cours  du  Niger  ou  Joliba.  Traver- 


140  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

sant  le  grand  désert  de  Sahara  et  l'Algérie,  il  sort  de  l'Afrique 
par  les  anfractuosités  de  la  côte  située  à  l'O.  de  Bougie. 

Il  aborde  ensuite  l'Europe  centrale  en  rasant  le  pied  oriental 
des  montagnes  de  l'Esterel.  et,  traversant  les  Alpes  maritimes,  le 
Piémont,  la  Suisse  et  la  Souabe,  avec  des  circonstances  de  préci- 
sion sur  lesquelles  je  reviendrai  dans  la  suite,  il  coupe  le  Franken- 
wald  en  laissant  un  peu  à  l'ouest  l'extrémité  du  Thùringerwald,  et 
atteint  près  de  Remda  le  point  D,  centre  du  pentagone  européen. 

Plus  loin,  laissant  Weimar  à  une  petite  distance  à  l'ouest,  il  va 
couper  l'Elbe  au  coude  qu'il  forme  au-dessous  de  Dessau ,  entre  les 
confluents  de  la  Mulde  et  de  la  Saale,  et,  traversant  les  sables  du 
Brandebourg,  il  entre  dans  la  mer  Baltique  en  rasant  l'extrémité 
orientale  des  falaises  crayeuses  de  l'île  de  Riïgen. 

En  poursuivant  son  cours,  notre  grand  cercle  'primitif  passe  entre 
lile  de  Bornholm  et  la  pointe  S.-E.  de  la  Suède  près  d'Ystad,  et, 
sortant  un  moment  de  la  Baltique  par  le  port  de  Garlscrona  pour 
y  rentrer  bientôt  après,  il  trace  avec  une  précision  remarquable 
l'une  des  grandes  lignes  de  cette  mer  intérieure. 

Il  traverse  ensuite  la  Nouvelle-Zemble  dans  la  direction  de  son 
axe  longitudinal,  et,  coupant  la  pointe  la  plus  septentrionale  de  la 
Sibérie,  il  parcourt  dans  le  nord  de  l'Asie  des  régions  peu  connues 
pour  entrer  dans  la  mer  d'Okhotsk  par  le  cap  situé  au  S.-O.  de 
Taunska. 

11  sort  de  cette  mer  presque  fermée  en  coupant  l'île  Poremushir, 
la  plus  septentrionale  des  îles  Kurdes,  et,  traversant  tout  l'océan 
Pacifique,  il  s'adapte  à  une  série  de  récifs,  de  petites  îles  et  de  petits 
archipels,  depuis  Gaspar-Rico  jusqu'au  grand  archipel  des  îles  Viti. 
Dans  cet  archipel,  il  coupe  l'île  Viti-Lebou  en  passant  aux  deux 
petites  montagnes  qu'y  ligure  la  carte  générale  de  l'océan  Paci- 
fique par  M.  Vincendoii-Dumoulin,  et  il  effleure  la  pointe  occi- 
dentale de  l'île  Kandabou. 

Plus  loin,  il  rase  à  de  faibles  dislances  les  petits  archipels  Raoul 
et  fiurtis,  cl,  traversant  ton!  l'océan  Austral,  il  va  encore  côtoyer, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         U\ 

dans  le  midi  de  l'océan  Atlantique,  le  petit  archipel  des  îles  Saun- 
ders,  puis,  jusqu'à  la  côte  d'Ivoire,  où  nous  avons  commencé  à  le 
suivre,  il  ne  rencontre  plus  aucune  terre. 

Ce  grand  ceirle  primitif  présente,  depuis  le  golfe  de  Guinée  jus- 
qu'à la  mer  d'Okhotsk ,  un  arc  terrestre  très-étendu ,  interrompu . 
seulement  sur  de  petites  longueurs,  par  la  Méditerranée,  la  mer 
Baltique,  la  mer  Blanche  et  la  mer  Glaciale.  Dans  les  parties  où  il 
traverse  des  contrées  suffisamment  connues,  on  constate  qu'il  est 
jalonné  par  beaucoup  de  points  remarquables. 

Un  treizième  grand  cercle  primitif,  celui  de  Lisbonne,  a  pour  pôles 
le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Indien  au  S.  de  l'île  de  Mada- 
gascar, et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.-O.  de 
San-Francisco. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  de  l'Amérique  méridio- 
nale par  l'embouchure  du  Rio-Bueno,  sur  la  côte  du  Chili,  passe 
à  \aldivia,  puis  au  point  D,  centre  de  pentagone  voisin  de  cette 
ville,  et  coupe  la  chaîne  des  Andes  près  du  volcan  de  Collaqui.  Il 
traverse  ensuite  les  plaines  de  Buenos-Ayres  et  du  Paraguay,  puis 
1  intérieur  du  Brésil,  et  sort  de  cet  empire  un  peu  à  l'O.  de  la 
rivière  Parnaïba,  après  avoir  suivi  une  direction  à  peu  près  paral- 
lèle à  son  cours. 

Dans  l'océan  Atlantique  il  rencontre  le  point  b,  voisin  de  l'île 
de  Porto-Santo,  après  avoir  traversé  le  groupe  des  petites  îles 
Dezertas,  placé  comme  un  appendice  terminal  dans  le  prolonge- 
ment de  l'île  de  Madère,  et  il  va  aborder  l'ancien  continent  au  N. 
de  l'embouchure  du  Tage,par  le  large  promontoire  sur  le  flanc 
méridional  duquel  s'élève  la  ville  de  Lisbonne.  Il  passe  à  une  très- 
faible  distance  au  N.-O.  du  petit  port  d'Ericeira  et  de  la  ville  de 
Torres-Yedras,  en  suivant,  au  milieu  du  grès  rouge,  une  direction 
parallèle  à  celle  que  jalonnent  les  protubérances  de  roches  an- 
ciennes du  cap  Roca,  d'Areas,  de  San-Sebastiano,  de  Sobral,  qui 
s'en  trouvent  à  1  o  ou  12  kilomètres  dans  le  S.-E. 

Ce  grand  cercle  primitif  traverse  le  Portugal  et  l'Espagne,  puis  la 


1/i2  RAPPORT  SUH   LES  PROGRÈS 

France  et  l'Allemagne,  en  s'adaptant  à  un  certain  nombre  d'acci- 
dents orographiques  et  géologiques  avec  une  précision  sur  laquelle 
je  reviendrai  plus  tard. 

Construit  sur  la  belle  carte  géologique  du  Thiïringcrwald,  pu- 
bliée en  îSkk  par  M.  Bernard  Cotta,  il  passe  exactemeut  à  la 
pointe  N.-O.  de  la  bande  de  zechstein  relevée  au  milieu  du  trias 
à  lllstadt  et  Eshberg,  puis  vers  l'extrémité  N.-O.  d'un  très-petit 
lambeau  de  zechstein  relevé  sur  le  bord  même  du  Thûringerwald. 

H  traverse  ensuite  cette  chaîne  en  coupant  dans  sa  longueur  la 
masse  transversale  de  granité  amphibolique  du  Schiniderfeld  ;  puis ,  à 
sa  pointe  méridionale,  la  masse  granitique  située  au  N.-O.  d'Hitzen- 
bach,  et  enfin  le  soulèvement  compliqué  de  granités,  de  porphyre, 
de  diorite  et  de  grauwacke  de  Hammer,  et  arrive  ainsi  au  point  D, 
centre  du  pentagone  européen,  situé  près  de  Rcmda,  suivant  une 
route  jalonnée  d'une  manière  toute  spéciale  par  le  savant  profes- 
seur de  géologie  de  l'Académie  des  mines  de  Freiberg. 

Au  delà  du  point  D,  il  passe  encore,  d'après  M.  B.  Cotta,  à  la 
pointe  S.-E.  du  relèvement  de  grès  bigarré  de  Blankenhain;  puis, 
traversant  à  Ammelshain  la  pointe  nord  de  la  masse  de  porphyre 
et  de  mélaphyre  de  Grimma,  il  va  rencontrer  l'Elbe  au  coude  que 
(orme  ce  fleuve  lorsqu'il  est  rejeté  au  nord  par  le  petit  massif  de 
terrain  à  lignite  de  Belgern,  et  il  le  coupe  à  Stehla,  au  somme! 
de  l'une  de  ses  inflexions.  ■ 

Dans  les  plaines  de  la  Prusse,  de  la  Lithuanie  et  de  la  Russie, 
où  il  serait  trop  long  de  le  suivre  en  détail,  il  s'adapte  encore,  avec 
une  précision  que  la  carte  planche  V  de  la  Notice  met  suffisamment  en 
évidence,  aux  inflexions  des  principales  rivières,  l'Oder,  la  Waiilia. 
la  Vistule,  le  Niémen,  la  Duna,  le  Volga,  etc.,  et  il  passe  approxi- 
mativement à  Vilna;  de  sorte  qu'on  le  tracerait  dune  manière  à 
peu  près  exacte  sur  une  carte  d'Europe  en  joignant  par  une  ligne 
droite  Lisbonne  à  Vilna. 

Il  aborde  ensuite  l'Ural,  et,  tracé  sur  la  belle  carte  géologique  de 
cette  cliaîue  par  sir  Roderick  Murchison,  dont  la  précision  ne  faii 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         163 

jamais  défaut,  il  s'adapte  approximativement  à  la  principale  in- 
flexion de  la  rivière  Silva,  près  de  Tisovsk,  et  à  l'inflexion  la  plus 
prononcée  des  bandes  carbonifère  et  devonienne  près  de  Grobovsk. 
Plus  loin,  il  traverse  la  chaîne  proprement  dite  un  peu  au  S.  d'Eka- 
terinenbourg,  dans  la  dépression  par  laquelle  communiquent  l'Eu- 
rope et  l'Asie,  en  passant  avec  une  sorte  de  prédilection  aux  extré- 
mités méridionales  ou  septentrionales  des  bandes  de  roches  de 
diverses  natures,  granitiques,  serpentineuses,  porphyriques,  devo- 
niennes,  carbonifères,  qui  viennent  s'y  terminer,  et  à  la  montagne 
granitique  située  au  S.  d'Elizavetzki.  H  atteint  enfin  le  point  H,  si- 
tué au  pied  oriental  de  la  chaîne,  et  d'où  partent  plusieurs  autres 
grands  cercles  principaux,  jalonnés  de  même  par  les  accidents  oro- 
graphiques, géologiques  ou  métallifères  qu'ils  rencontrent  dans  la 
région  montagneuse. 

Notre  cercle  traverse  ensuite  l'intérieur  de  l'Asie,  passe  au 
point  D,  centre  de  pentagone  situé  vers  le  N.  de  la  Chine  dans 
l'Ortous,  et  sort  de  cet  empire  par  le  cap  Fooning,  pour  aller 
couper  l'extrémité  septentrionale  de  la  grande  île  de  Formose. 

Dans  l'océan  Pacifique,  il  rencontre  le  petit  archipel  des  îles  Pe- 
lew,  puis  il  va  aborder  la  Nouvelle-Guinée,  où  il  entre  par  le  cap 
qui  ferme  à  l'est  la  baie  Humboldt,  et  d'où  il  sort  à  l'entrée  orien- 
tale du  détroit  de  Torres  par  la  pointe  Risk,  après  avoir  passé  au 
point  H,  situé  dans  son  intérieur,  qui  a  déjà  été  cité  plusieurs  fois. 

Il  traverse  ensuite  la  mer  de  Corail  parallèlement  à  la  côte  N.-E. 
de  la  Nouvelle-Hollande,  puis  il  coupe  la  Nouvelle-Zélande,  un  peu 
au  S.  du  détroit  de  Cook,  en  entrant  dans  la  grande  île  Tavaï-Pou- 
nammou  par  le  havre  Barré,  qui  entame  la  base  du  cap  Farewell, 
et,  rasant  la  plage  méridionale  de  la  baie  du  Massacre,  il  en  sort 
par  la  pointe  située  un  peu  au  S.  du  cap  Campbell. 

Enfin  notre  cercle  traverse  l'océan  Austral  pour  aller  aborder  la 
cote  du  Chili,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  primitif  est  remarquable  par  la  grande  étendue 
des  arcs  terrestres  qu'il  contient  et  qui  occupent  près  de  la  moitié 


Wt  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

de  sa  circonférence.  La  topographie  de  la  plupart  des  contrées  qu'il 
traverse  est  peu  connue;  mais,  dans  celles  qui  ont  été  bien  explo- 
rées, il  rencontre  un  grand  nombre  de  points  définissables,  dont  je 
compléterai  plus  loin  l'indication. 

Un  quatorzième  grand  ceixle  primitif,  celui  du  Land's  End,  a 
pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.  des 
îles  Aleutiennes,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Atlantique 
méridional,  au  S.-O.  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  américain  par  le  fond  du 
golfe  de  Panama,  et  il  coupe  l'isthme  célèbre  du  même  nom  dans 
une  de  ses  parties  les  plus  étroites.  Après  avoir  traversé  la  mer 
des  Antilles,  il  coupe  la  partie  orientale  de  l'île  d'Haïti,  d'où  il  sort 
par  le  cap  Raphaël. 

Au  delà  de  l'océan  Atlantique ,  le  primitif  du  Land's  End  va  abor- 
der le  Gornouailles  entre  les  pointes  de  Pencarn  et  de  Trevase- 
Head,  sans  passer  précisément  au  Land's  End,  qui  n'est  qu'un 
point  du  second  ordre  dans  le  système  qu'il  représente1.  De  même 
que  plusieurs  autres  cercles  du  réseau,  celui-ci  a  été  désigné  par 
l'un  des  points  les  plus  connus  dans  le  voisinage  desquels  il  passe, 
mais  sans  sous-entendre  qu'il  y  passe  rigoureusement.  Dans  l'inté- 
rieur des  terres,  il  coupe  par  le  milieu  les  masses  granitiques  du 
Bodminmoor  et  du  Darlmoor,  qui  forment  le  noyau  de  la  presqu'île 
du  Cornouailles,  et  il  représente  l'une  des  directions  prédominantes 
des  filons  d'EIvan. 

Il  traverse  ensuite  la  Belgique  et  le  nord  de  l'Allemagne  avec 
des  circonstances  de  précision  que  je  détaillerai  plus  loin. 

Je  dirai  seulement  ici  que,  tracé  sur  la  belle  carte  géologique 
publiée  en  îSkk  par  M.  Bernard  Cotta,  il  entre  dans  le  Thuringer- 
wald  par  la  saillie  que  forme  à  Beyroe  la  ceinture  de  zechstein  qui 
l'entoure;  que,  plus  loin,  passant  entre  Laulerbach  etKlein-Schmal- 
kalden,  il  s'adapte  avec  un  certain  caractère  de  précision  aux  petits 

1   Notice  sur  les  système»  de  montagnes,  p.   iuf><|  cl  1  i<|<|. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  145 

accidents  produits  par  les  éruptions  de  granité  et  de  porphyre,  et 
qu'il  sort  enfin  du  massif  montagneux  par  l'ouverture  que  le  torrent 
de  Langenburg  détermine  dans  la  ceinture  de  zechstein.  Plus  loin 
il  s'harmonise  assez  exactement  avec  les  légers  accidents  du  plateau 
de  muschelkalk  et.  de  grès  bigarré,  et,  passant  à  Plauen  et  à  Stadt- 
Hm,  il  arrive  non  moins  heureusement  que  le  primitif  de  Lisbonne 
au  point  D,  près  de  Remda. 

Franchissant  ensuite  la  plaine  de  grès  bigarré  où  se  déploie  la 
vallée  de  la  Saale,  il  aborde  l'Erzgebirge  par  la  légère  saillie  que 
présente  près  de  \eustadt,  d'après  la  carte  géologique  de  la  Saxe, 
la  ceinture  de  zechstein. 

Notre  primitif  parcourt  toute  la  région  montagneuse  de  Neustadt 
à  Dux,  en  Bohème;  il  coupe  le  petit  terrain  houiller  de  Zwickau, 
le  bassin  de  grès  rouge  de  Chemnitz  dont  il  suit  la  direction,  à 
une  faible  distance  de  sa  limite  méridionale,  et  il  chemine  à  tra- 
vers l'Erzgebirge  au  milieu  d'une  nombreuse  série  de  petites  masses 
éruptives  de  granité,  de  porphyre,  de  diorite,  de  serpentine,  qui 
semblent  se  presser  sur  son  passage. 

Au  pied  sud-est  de  la  chaîne  il  rencontre,  dans  sa  partie  la 
plus  large,  la  zone  des  basaltes  et  autres  roches  éruptives  de  la 
Bohème,  et  franchit  l'Elbe  à  Libochovan,  au  point  où  il  sort  du 
plaenerkalk,  après  avoir  traversé  la  protubérance  granitique  de 
Lichtowitz. 

Ce  même  grand  cercle  coupe  ensuite  les  montagnes  du  Riesen- 
gebirge,  en  conservant  une  harmonie  très-marquée  avec  les  con- 
tours des  masses  minérales  de  diverses  nature  qui  occupent  les 
confins  de  la  Bohême  et  de  la  Silésie,  et  il  va  s'adapter  un  peu 
au  S.  de  Cracovie  au  cours  de  la  Vistule,  dans  la  partie  où  cette 
rivière  suit  les  limites  du  muschelkalk  et  des  dépôts  modernes. 
Plus  loin  il  passe  à  une  petite  distance  au  sud  des  masses  tertiaires 
de  sel  gemme  de  Wieliczka  et  de  Bochnia. 

Poursuivant  son  cours  vers  l'est,  il  effleure  le  pied  septen- 
trional des  Carpathes,  puis,  sur  une   assez  grande  longueur,  il 

Slraligrapliie.  10 


146  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

s'identifie,  pour  ainsi  dire,  avec  la  vallée  du  Dniester,  et,  pas- 
sant au  point  T  situé  près  d'Olviopol.  il  marque  à  peu  près  la 
limite  méridionale  des  steppes  granitiques  de  l'Ukraine.  Sa  pro- 
longation entame  la  lisière  septentrionale  du  Caucase ,  passe 
au  point  b  situé  dans  le  Daghestan,  et  entre  dans  la  mer  Cas- 
pienne en  passant  à  une  petite  distance  au  nord  de  la  presqu'île 
d'Àpscheron,  célèbre  par  ses  volcans  de  boue,  ses  sources  de  bi- 
tume, et  ses  dégagements  de  gaz  combustibles,  objet  du  culte  des 
Guèbres. 

Ce  cercle  est  peu  éloigné  de  la  ligne  que  M.  Elie  de  Beaumont 
a  signalée  dans  sa  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  ^l)  comme 
marquant  la  limite  entre  l'Europe  septentrionale  et  l'Europe  mé- 
ridionale, et  comme  formant  la  terminaison  des  plaines  baltiques, 
sarmates  et  russes.  11  est  seulement  situé  un  peu  plus  au  sud,  et,  en 
sa  qualité  de  ligne  de  soulèvement,  il  est  engagé  dans  le  bord  de  la 
région  comparativement  montueuse  du  midi  de  l'Europe ,  puisqu'il 
laisse  au  nord  la  protubérance  waldienne  de  l'Angleterre,  le  Hartz, 
les  montagnes  de  Sandomir  et  de  Kielce,  les  granités  de  l'Ukraine 
et  la  lisière  septentrionale  du  Caucase. 

Au  delà  de  la  mer  Caspienne,  notre  grand  cercle  primitif  tra- 
verse la  Perse  en  passant  au  point  I  près  de  Mesched,  puis  l'Af- 
ghanistan. Il  entre  dans  les  plaines  du  Punjaub  en  passant  ap- 
proximativement par  les  défilés  de  Bholun,  et  il  traverse  l'Indus 
à  l'une  de  ses  inflexions  au-dessous  de  son  confluent  avec  le 
Sutlej. 

Tracé  sur  la  carte  géologique  de  l'Inde  par  M.  Greenough,  le 
primitif  du  Land's  End  traverse  d'abord  le  grand  désert  des  Sykes,  où 
il  coupe  la  rivière  Loony  près  de  l'une  de  ses  inflexions,  et  aborde 
ensuite  la  région  des  montagnes  de  roches  cristallines  de  l'Inde 
centrale  par  le  cap  granitique  de  Sirohi,  extrémité  S.-O.  de  la  chaîne 
granitique  d'Oravelly.  Il  poursuit  son  cours  sur  des  terrains  de 

(1)  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  5 08  et  suiv.  et  p.  1069. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  147 

schistes  cristallins,  entre  deux  crêtes  granitiques,  auxquelles  il  est 
parallèle,  de  même  qu'à  d'autres  accidents  géologiques.  Il  l'est 
aussi  aux  affluents  supérieurs  de  la  rivière  Mhye,  qu'il  suit  jusqu'aux 
points  où  ils  prennent  leur  source  sur  l'un  des  caps  du  plateau 
trappéen  du  Malwa. 

Sur  le  grand  plateau  trappéen  du  Malwa  et  du  Deccan,  notre 
cercle  passe  au  point  H  situé  dans  l'angle  formé  par  le  confluent 
des  rivières  Tapty  et  Poorna,  et  il  s'adapte  à  plusieurs  autres  points 
remarquables  de  cette  région  monotone;  d'abord,  comme  nous 
venons  de  le  voir,  à  l'un  de  ses  angles  nord-ouest,  puis  à  l'extré- 
mité occidentale  des  monts  Yindhya ,  plus  loin  à  une  inflexion  des 
Payen-Ghauts ,  et  enfin  à  l'un  des  contours  les  plus  prononcés  de 
la  rivière  Paîn-Gunga,  à  laquelle  les  trapps  se  terminent  près  de 
Mahoor. 

Il  parcourt  ensuite  la  région  de  roches  granitiques  et  de  roches 
cristallines  schisteuses  qui  s'étend  entre  le  Godavery  et  la  Kistna , 
et  il  en  sort  précisément  par  l'angle  rentrant  que  présente  son  con- 
tour extérieur  entre  les  deltas  des  deux  rivières  qui  viennent  d'être 
citées.  C'est  là  un  point  remarquable  dans  la  structure  de  ces 
contrées,  parce  que  c'est  celui  où  se  brise  la  direction  générale  de 
la  côte  de  Goromandel,  qui,  en  prenant  une  direction  plus  oblique 
par  rapport  au  méridien,  devient  la  côte  d'Orissa. 

Dans  l'océan  Indien,  ce  même  cercle  côtoie  parallèlement,  mais 
à  environ  3  degrés  de  distance,  la  côte  S.-O.  de  l'île  de  Sumatra 
et  les  petits  archipels  qui  la  bordent;  puis  il  entre  dans  la  terre 
d'Endracht,  angle  N.-O.  de  la  Nouvelle-Hollande,  en  passant  ap- 
proximativement au  cap  Vlaming,  qui  limite  à  l'ouest  le  golfe  d'Ex- 
mouth.  Plus  loin  il  passe  au  point  H,  qui  tombe  près  de  l'angle 
S.-O.  de  la  terre  de  Van-Diemen,  et  il  rase  à  une  faible  distance 
les  derniers  écueils  qui  protègent  les  pointes  méridionales  de  cette 
grande  île. 

A  partir  de  la  Tasmanie,  notre  grand  cercle  primitif  traverse 
l'océan  Austral  et  l'océan  Pacifique  sans  rencontrer  aucune  terre, 


148  RAPPORT  SUR  LES   PROGRÈS 

et  va  aborder  l'isthme  de  Panama,  où  nous  avons  commencé  à  le 
suivre. 

Ce  grand  cercle  renferme  un  arc  terrestre  fort  étendu,  de  plus 
de  75  degrés,  depuis  la  pointe  du  Cornouailles  jusqu'à  la  côte  de 
Coromandel,  et  deux  autres  plus  petits;  mais  plus  des  trois  quarts 
de  sa  circonférence  sont  placés  sur  la  surface  des  mers.  Il  suffit  de 
nommer  l'isthme  de  Panama,  le  Cornouailles,  les  plaines  baltiques, 
sarmates  et  russes,  la  péninsule  d'Apscheron  et  la  terre  de  Van- 
Diemen,  pour  faire  comprendre  qu'il  joue  un  rôle  important  dans 
l'ordonnance  générale  de  la  surface  du  globe.  Il  est  jalonné  en  outre 
avec  une  grande  précision  par  beaucoup  de  points  remarquables. 
J'en  ai  cité  quelques-uns  seulement,  mais  j'en  accroîtrai  le  nombre 
ultérieurement. 

Enfin  un  quinzième  grand  cercle  primitif,  celui  de  Saint-Kiîda, 
a  pour  pôles  le  point  H,  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique  au  N. 
des  îles  Bonin-Sima,  et  son  antipode  situé  dans  l'océan  Atlantique, 
au  S.-E.  de  Rio-Janeiro. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Amérique  septentrionale  par  le  cap 
San-Lazaro,  l'un  des  points  remarquables  de  la  côte  océanique  de 
la  Vieille-Californie  découverte  par  Cortez.  Il  coupe  cette  étroite 
presqu'île  en  passant  approximativement  à  la  montagne  qui  domine 
à  l'ouest  le  port  de  Loreto,  traverse  la  mer  Vermeille,  parallèle- 
ment à  la  direction  de  l'île  Carmen,  et  entre  dans  le  Mexique  par 
l'embouchure  du  Rio-Yaqui. 

Il  coupe  ensuite  les  régions  montagneuses  du  Nouveau-Mexique, 
en  passant  au  point  T,  qui  tombe  dans  la  vallée  du  Rio-Grande, 
près  de  Fra-Cristoval,  et,  après  avoir  traversé  les  plaines  de  l'Ar- 
kansas,  du  Missouri  et  du  haut  Mississipi,  il  entre  dans  le  lac  Su- 
périeur en  rasant  les  îles  de  la  Madeleine.  Il  coupe  les  saillies  de 
la  côte  qui  fait  face  à  l'île  Royale,  parallèlement  à  l'une  des  séries 
de  filons  trappéens  cuprifères  et  à  l'axe  de  la  pointe  de  Kevvenaw, 
et  atteint  enfin  le  point  H  situé  sur  la  rive  septentrionale. 

De  ce  point  notre  grand  cercle  primitif  va  couper  la  pointe  méri- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  149 

dionale  de  la  baie  d'Hudson,  où  il  entre  par  l'embouchure  de  la 
rivière  d'Albany,  où  il  rase  la  pointe  méridionale  de  l'île  Agoomska 
et  les  petites  îles  Twines,  et  d'où  il  sort  par  l'embouchure  du 
Big-River.  Plus  loin,  après  avoir  traversé  le  Labrador  et  passé  au 
point  l,  situé  dans  le  détroit  de  Davis,  il  coupe  la  pointe  méri- 
dionale du  Groenland,  en  s'adaptant  à  la  dentelure  prononcée  que 
termine  à  l'ouest  le  cap  Désolation. 

Ce  même  grand  cercle  va  ensuite  aborder  l'Ecosse  en  passant 
à  l'angle  de  la  plate -forme  sous-marine  qui  supporte  les  îles  Hé- 
brides et  sur  le  saillant  de  laquelle  se  trouve  l'îlot  trappéen  de 
Saint-Kilda.  Notre  cercle  ne  le  rencontre  pas,  mais  on  lui  en  a 
donné  le  nom  comme  propre  à  indiquer  d'une  manière  générale 
sa  position  en  Europe.  Après  avoir  entamé  légèrement  les  extré- 
mités de  l'île  Lewis  et  de  l'île  de  Sky,  il  traverse  l'Ecosse  en  s'a- 
daptant aux  soulèvements  granitiques  qui  encaissent  le  Loch-Ness 
près  du  fort  Augustus,  et  en  coupant  la  chaîne  des  Grampians  près 
du  Ben-Dhu,  point  le  plus  élevé  de  l'Ecosse  (438o,  pieds  anglais 
ou  1 338  mètres  d'altitude).  Il  sort  enfin  des  îles  Britanniques  eu 
passant  près  de  la  pointe  d'Arbroth  et  du  rocher  sur  lequel  s'élève, 
en  pleine  mer,  le  phare  de  Bell-Rock,  rendu  célèbre  par  les  tra- 
vaux et  les  controverses  de  l'illustre  physicien  sir  David  Brewster. 

Au  delà  de  la  mer  du  Nord,  il  aborde  le  continent  de  l'Europe 
par  le  sommet  de  la  courbe  saillante  que  forme  la  côte  de  la  Frise 
près  de  l'île  d'Ameland,  et,  passant  entre  le  Teutoburgerwald  et 
la  Porta  Westphalica,  il  s'adapte  à  la  courbe  que  décrit  le  Weser 
au-dessous  du  confluent  de  la  Werra. 

Tracé  sur  la  carte  géologique  du  Thuringerwald  par  M.  Bernard 
Cotta,  son  cours,  qui  est  parallèle,  mais  extérieur,  à  cette  chaîne, 
se  trouve  en  harmonie  avec  les  contours  du  muschelkalk  et  du  grès 
bigarré  entre  Erfurth  et  Gotha,  ainsi  qu'aux  environs  de  Remda, 
où  il  atteint  le  point  D,  centre  du  pentagone  européen. 

Au  delà  du  point  D,  le  grand  cercle  primitif,  après  avoir  traversé 
la  Saale  à  l'angle  aigu  que  forme  son  cours  au-dessus  de  Rudol- 


150  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

stadt,  et  coupé  dans  sa  longueur  le  petit  lambeau  du  muschelkalk 
de  Schloss-Culm,  passe  à  la  saillie  que  forme  le  contour  de  la 
bande  de  zechstein  à  l'E.  de  Saalfeld  et  à  la  saillie  correspondante 
que  présente  le  contour  du  terrain  schisteux.  Plus  loin,  au  milieu 
des  petites  principautés  qui  se  pressent  dans  ces  parages  d'une 
topographie  indécise,  et  suivant  une  partie  des  frontières  de  la 
Bavière  et  de  la  Saxe,  il  franchit  la  région  montagneuse,  avec  une 
sorte  d'adresse,  entre  l'extrémité  du  Fichtelgebirge  et  celle  de 
l'Erzgebirge.  Il  s'adapte,  dans  ce  trajet,  à  plusieurs  masses  érup- 
tives,  notamment  au  grand  filon  de  Greisen  d' Ascii,  et  il  sort  enfin 
des  montagnes  par  le  cap  de  micaschiste  qui  s'avance ,  près  d'Eger, 
dans  les  terrains  modernes  dont  sont  couvertes  de  ce  côté  les 
parties  basses  de  la  Bohême. 

Ce  grand  cercle  se  tient  en  dehors  du  Bœhmerwaldgebirge, 
comme  précédemment  du  Thùringerwald,  en  côtoyant  de  même 
à  quelque  distance  le  pied  de  la  chaîne,  et  son  cours  s'harmonise, 
par  diverses  rencontres,  avec  les  contours  des  roches  cristallines 
variées  dont  le  sol  est  composé. 

Franchissant  enfin  la  ligne  de  faîte  qui  sépare  le  bassin  de  l'Elbe 
de  celui  du  Danube,  il  coupe  ce  dernier  fleuve  dans  la  courbure 
qui  le  ramène  vers  le  nord  au-dessus  de  Krems ,  et  s'enfonce  dans 
la  saillie  granitique  qui  envahit  sa  rive  droite  sur  une  petite 
étendue. 

Passant  ensuite  près  de  Saint-Polten,  il  coupe  les  plaines  de  la 
basse  Autriche  ainsi  que  le  Wienerwald,  extrémité  de  la  zone  sep- 
tentrionale des  Alpes,  et,  traversant  Wiener-Neustadt,  il  va  raser 
l'extrémité  orientale  des  masses  granitiques  de  la  chaîne  centrale, 
au  point  où  elles  se  terminent,  en  s'approchant  d'QEdenburg  et 
du  lac  de  Neusiedel. 

Plus  loin,  notre  cercle  coupe  le  lac  Balaton  dans  son  milieu,  en 
côtoyant  la  masse  basaltique  de  sa  rive  septentrionale,  et  il  va 
passer  aux  pointes  des  protubérances  de  roches  carbonifères  et 
métallifères  de  Fiinfkirchen  et  de  Garlowilz. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         151 

Après  avoir  franchi  la  Save  et  le  Danube  à  leur  confluent, 
près  de  Semlin  et  de  Belgrade,  il  s'adapte  approximativement  à 
la  ligne  que  suit  le  Danube  au-dessous  de  ces  deux  villes.  Il 
constitue  même  la  corde  de  toutes  les  inflexions  que  présente  le 
cours  de  ce  grand  fleuve  depuis  Neusatz  et  Peterwardein  jusqu'à 
Semendria. 

Traversant  ensuite  la  Turquie  d'Europe,  où  il  passe  à  un  point  a 
près  de  Nissa,  il  en  sort  en  rasant  le  pied  du  Rhodope,  passe  aux 
îles  de  Samothrace,  dlmbros  et  de  Tenedos,  et  aborde  l'Asie  Mi- 
neure près  des  lieux  où  fut  Troie.  Coupant  largement  le  cap  Baba, 
il  suit  le  canal  qui  sépare  Mytilène  de  la  terre  ferme,  s'adapte  aux 
montagnes  qui  dominent  la  ville  de  Smyrne,  et,  après  avoir  passé 
à  la  sommité  méridionale  du  Boz-Dagh,  il  entre  dans  la  Médi- 
terranée par  l'une  des  saillies  principales  de  la  côte  de  la  Lycie, 
en  passant  entre  le  port  d'Andiphilo  et  l'île  de  Meïs  ou  Castel- 
Rosso. 

Il  sort  de  cette  mer  près  d'El-Arich,  par  le  sommet  à  peine 
émoussé  de  l'angle  que  forment  entre  elles  les  côtes  de  la  Syrie  et 
de  l'Egypte. 

En  Arabie,  il  rase  la  pointe  du  golfe  d'Akabah,  qui  se  détache  de 
la  mer  Rouge  vers  le  nord,  et  il  s'adapte  avec  une  précision  singu- 
lière aux  gisements  de  roches  plutoniques  que  la  carte  géologique 
de  M.  Russegger  figure  à  la  jonction  de  ce  golfe  et  du  Waddi  el 
Traba,  qui  en  forme  le  prolongement.  Sa  continuation  suit  pa- 
rallèlement et  à  une  médiocre  distance  la  côte  de  la  mer  Rouge , 
en  restant  constamment  dans  la  chaîne  arabique  et  en  passant 
approximativement  par  les  deux  villes  de  la  Mecque  et  de  Sana. 
Traversant  ensuite  l'entrée  du  détroit  de  Bab  el  Mandeb,  il  coupe 
la  pointe  du  continent  africain  qui  se  termine  au  cap  Guar- 
dafui. 

Dans  l'océan  Indien,  notre  cercle  coupe  l'archipel  des  îles  Sey- 
chelles  et  laisse  à  l'ouest,  à  une  faible  distance,  la  petite  île  de 
Diego-Ruys;  après  quoi,  à  travers  l'océan  Austral  et  l'océan  Paci- 


152  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

fique,  il  va  rejoindre  la  côte  de  la  Californie,  au  cap  San-Lazaro, 
où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  primitif  présente  deux  arcs  terrestres  considé- 
rables ,  l'un  dans  l'ancien  et  l'autre  dans  le  nouveau  monde ,  ce  qui 
n'empêche  pas  que  plus  des  deux  tiers  de  sa  circonférence  ne  se 
trouvent  sur  différentes  mers.  Il  s'adapte  à  des  configurations  géo- 
graphiques importantes,  et  son  cours  est  jalonné  avec  précision 
par  une  foule  de  points  choisis. 

Sous  ce  dernier  rapport,  les  quinze  grands  cercles  primitifs  sont 
tous  dans  le  même  cas.  De  même  que  les  dodécaédriques  réguliers 
et  les  octaédriques ,  ils  s'harmonisent  constamment  avec  les  configura- 
tions géographiques  des  contrées  qu'ils  traversent,  et,  dans  toutes 
celles  dont  on  possède  de  bonnes  cartes  topographiques,  ou  mieux 
encore  des  cartes  géologiques,  ils  rencontrent  ou  ils  rasent  de  près 
des  points  remarquables  qu'on  peut  regarder  comme  leurs  jalons 
ou  leur  cortège. 

Considérés  dans  les  rapports  moins  susceptibles  de  précision 
qu'ils  peuvent  offrir  avec  la  disposition  générale  des  continents 
et  des  mers,  ces  quinze  cercles  donnent  lieu  aux  remarques  sui- 
vantes. 

Trois  d'entre  eux,  savoir,  le  primitif  éqnatorial,  celui  du  mont 
Saint-Elie  et  celui  de  la  presqu'île  Alaska  et  de  la  terre  de  Va?i-Diemen, 
sont  remarquables  par  la  petite  étendue  comparative  des  surfaces 
terrestres  qu'ils  traversent.  Ils  le  sont  aussi  par  la  manière  dont 
chacun  d'eux  divise  le  globe  en  deux  hémisphères. 

Le  primitif  éqnatorial  donne  deux  hémisphères  extrêmement  iné- 
gaux sous  le  rapport  des  quantités  de  terres  qu'ils  renferment, 
presque  toutes  les  terres  étant  renfermées  dans  l'hémisphère  qui 
contient  le  pôle  boréal. 

Le  primitif  du  mont  Saint-Elie  divise  le  globe  en  deux  hémisphères 
dont  l'un  renferme  la  totalité  de  l'océan  Atlantique  et  des  terres  qui 
le  bordent  de  part  et  d'autre,  et  semble  destiné  à  mettre  en  évi- 
dence toutes  les  conditions  géographiques  de  cet  océan. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  153 

Le  primitif  de  la  presqu'île  Alaska  et  de  la  terre  de  Van-Diemen 
embrasse  presque  exclusivement  et  presque  complètement  le  con- 
tinent américain ,  sauf  quelques  parties  qui  se  rattachent  aux  terres 
polaires  arctiques,  et  semble  destiné  de  son  côté  à  encadrer  ce 
continent  et  à  en  faire  ressortir  les  relations  géographiques,  mieux 
encore  peut-être  que  ne  le  fait  la  mappe-monde  ordinaire  dressée 
sur  le  méridien  de  l'île  de  Fer,  parce  qu'il  embrasse  le  pôle  sud 
et  la  presque  totalité  des  terres  polaires  antarctiques. 

En  rapprochant  ces  trois  grands  cercles  primitifs  des  deux  dodé- 
caédriques  réguliers  et  des  deux  octaédriques  qui  ont  été  signalés  sous 
le  même  point  de  vue ,  on  voit  que ,  parmi  les  trente  et  un  grands 
cercles  principaux  que  nous  avons  étudiés,  il  s'en  trouve  sept,  for- 
mant à  peu  près  le  quart  de  la  totalité,  qui  divisent  le  globe  en 
hémisphères  adaptés  d'une  manière  remarquable  à  la  disposition 
générale  des  continents  et  des  mers. 

Le  primitif  du  Land's  End  renferme  une  plus  grande  somme  d'arcs 
terrestres  que  les  trois  précédents,  mais  il  n'en  divise  pas  moins  la 
surface  du  globe  d'une  manière  très-remarquable.  En  Europe,  il 
marque  la  limite  méridionale  de  la  vaste  étendue  des  plaines  bal- 
tiques,  sarmates  et  russes;  en  Asie,  il  laisse  au  nord  les  vastes 
plaines  du  Turkestan,  une  grande  partie  de  celles  du  Punjaub  et 
du  Bengale  :  en  même  temps  il  coupe  le  nouveau  continent  dans 
l'isthme  de  Panama,  qui  réunit  les  deux  Amériques  par  un  lien 
de  peu  de  largeur. 

Parmi  les  autres  grands  cercles  primitifs,  on  peut  en  signaler 
particulièrement  trois  qui,  à  l'encontre  des  précédents,  se  font 
remarquer  par  la  grande  étendue  des  arcs  terrestres  qu'ils  con- 
tiennent. 

Le  primitif  des  montagnes  Rocheuses  et  des  îles  Galapagos  entre 
dans  le  continent  de  l'Amérique  septentrionale  par  la  saillie  que 
forme  la  côte  du  Mexique  à  l'ouest  de  Tehuantepec.  11  sort  du 
continent  de  l'Asie  par  la  saillie  que  forment  dans  la  mer  des 
Indes    les  bouches    de   l'Irawaddy.    Il   est    à   peine    interrompu 


154  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

dans  ce  long  intervalle  par  le  bras  de  la  mer  Glaciale  qui  aboutit 
au  détroit  de  Behring,  et  il  forme  une  des  grandes  lignes  de  l'en- 
semble des  terres  continentales. 

Le  'primitif  du  Groenland  et  du  Chili  est  une  des  grandes  lignes 
du  continent  américain,  et  il  forme  en  même  temps,  depuis  l'em- 
bouchure de  l'Obi  jusqu'à  l'île  d'Hainan,  un  des  principaux  dia- 
mètres de  l'Asie. 

Le  primitif  de  Lisbonne  forme,  de  son  côté,  depuis  l'embouchure 
du  Tage  jusqu'à  l'île  de  Formose,  un  des  plus  grands  diamètres  de 
l'ancien  continent  tout  entier,  et  il  constitue  en  même  temps  une 
des  grandes  lignes  de  l'Amérique  méridionale,  depuis  le  nord  du 
Brésil  jusqu'au  midi  du  Chili. 

Ces  trois  grands  cercles,  de  même  que  le  primitif  du  cap  Castle  et 
de  Valdivia  et  celui  des  cataractes  du  Nil,  qui,  sans  présenter  d'aussi 
grands  arcs  terrestres,  forment  eux-mêmes  en  Asie  et  en  Afrique 
des  lignes  remarquables,  se  coupent  au  point  D,  centre  de  penta- 
gone, qui  tombe  au  nord  de  la  Chine  dans  l'Ortous.  Par  là  ce 
point  D  se  trouve  rivaliser  en  importance  avec  le  point  D  près  de 
Remda,  centre  du  pentagone  européen,  sans  parler  de  l'impor- 
tance que  lui  donne  le  dodécaédrique  régulier  des  Açores,  dont  il 
forme  l'un  des  pôles. 

Cette  double  circonstance  paraît  plus  frappante  encore  quand 
on  remarque  que  le  primitif  de  Lisbonne,  qui  passe  aux  deux  points 
D  dont  nous  venons  de  parler,  passe  au  milieu  de  l'intervalle  qui 
les  sépare,  par  le  point  H  de  l'Ural,  où  il  partage  symétriquement 
les  angles  qu'y  forment  les  deux  dodécaédriques  réguliers  et  les  deux 
octaédriques  signalés  précédemment. 

Mais  le  primitif  de  Lisbonne  passe  aussi  au  point  T  de  l'Espagne , 
où  il  divise  de  même  symétriquement  l'angle  formé  par  les  octaé- 
driques du  Mulehacen  et  du  mont  Sinaï,  dont  le  rôle  remarquable 
a  été  indiqué.  Il  passe  au  point  b  près  de  Porto-Santo,  où  il  coupe 
perpendiculairement  le  dodécaédrique  régulier  des  Açores,  axe  du 
barrage  transatlantique.  Enfin  il  passe  au  point  I  du  Brésil,  centre 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         155 

du  triangle  équilatéral  déjà  mentionné  qu'y  forment  trois  dodé- 
caédriques  réguliers. 

On  voit  ainsi  comment  ceux  des  cercles  principaux  du  réseau  qui 
tracent  de  grandes  lignes  dans  les  continents  se  donnent  en  quel- 
que sorte  la  main  pour  en  dessiner  la  charpente,  et  comment  le 
primitif  de  Lisbonne  devient,  dans  une  certaine  mesure,  l'axe  de 
symétrie  de  cette  charpente. 

Ce  grand  cercle  est  peut-être,  parmi  les  cercles  principaux  du 
réseau  pentagonal ,  celui  qui  approche  le  plus  de  diviser  le  globe  en 
deux  hémisphères  contenant  des  quantités  égales  de  surfaces  ter- 
restres. Pour  vérifier  ce  point,  il  faudrait  exécuter  de  longs  calculs, 
dont  M.  de  Humboldt  a  pris  soin  de  réunir  depuis  longtemps  les 
principaux  éléments  ;  mais  on  ne  pourrait  les  achever  complètement 
quant  à  présent,  faute  de  connaître  exactement  les  contours,  ni  par 
conséquent  les  superficies  des  terres  polaires,  australes  et  boréales. 

Dans  tous  les  cas,  le  primitif  de  Lisbonne  divise  le  globe  en  deux 
hémisphères  qui  méritent  d'être  comparés,  et  il  pourrait,  comme 
les  sept  autres  cercles  qui  ont  été  signalés  précédemment,  devenir 
la  base  d'une  mappemonde  remarquable. 

Il  pourrait  aussi  devenir  la  base  d'un  planisphère  dressé  sur  la 
projection  réduite  de  Mercator,  appliquée  à  ses  perpendiculaires  en 
guise  de  méridiens,  et  ce  planisphère  mettrait  en  relief  une  cer- 
taine symétrie  grossière  des  formes  continentales ,  avec  laquelle  on 
est  peu  familier. 

Les  sept  autres  cercles  déjà  désignés  pourraient  eux-mêmes  de- 
venir les  bases  d'autant  de  planisphères,  et  la  réunion  des  huit 
mappemondes  et  des  huit  planisphères  dont  il  s'agit  jetterait  un 
jour  particulier  sur  l'adaptation  du  réseau  pentagonal  aux  confi- 
gurations géographiques. 

Toutes  les  relations  de  forme  et  de  position  que  ces  cartes 
mettraient  en  évidence  se  voient  sur  un  globe  pourvu  du  réseau 
pentagonal,  mais  elles  s'y  partagent  l'attention.  Un  planisphère 
ou  une  mappemonde,  spécialement   consacré  à  chacun  des  huit 


150  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

cercles,  ferait  tout  naturellement  prédominer  les  remarques  qui 
peuvent  le  concerner  et  les  rendrait  plus  manifestes  en  les  exagé- 
rant quelquefois  en  manière  de  caricature. 

Les  autres  grands  cercles  primitifs  peuvent  aussi  donner  lieu  à  des 
remarques  curieuses  et  susceptibles  d'être  mises  en  plus  grande  évi- 
dence par  des  procédés  cartographiques;  mais  elles  se  rapportent  à 
des  traits  moins  généraux,  et,  par  cela  seul  que  ces  cercles  ren- 
ferment des  arcs  terrestres  moins  étendus,  elles  sont  inoins  frap- 
pantes que  les  précédentes. 

Toutes  ces  cartes  mériteraient  d'entrer  dans  Y  Atlas  pentagonal 
dont  l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  a  donné  un 
programme  sommaire  à  la  page  io38  de  l'ouvrage.  Elles  devraient 
y  être  accompagnées  de  cartes,  à  une  échelle  suffisante,  des  parties 
de  la  surface  du  globe  citées  précédemment,  auxquelles  les  grands 
cercles  fondamentaux  du  réseau  s'appliquent  avec  une  netteté  par- 
ticulière, telles  que  la  mer  Rouge,  le  golfe  de  Pechely,  Y  île  de  Gilolo, 
la  Nouvelle -Guinée,  la  terre  de  Van-Diemen,  Y  île  de  Cuba  et  cent 
autres  localités.  Le  point  essentiel  pour  bien  faire  comprendre 
l'adaptation  du  réseau  pentagonal  aux  accidents  variés  de  la  sur- 
face du  globe  terrestre  est  de  la  faire  apercevoir,  plus  encore  que 
de  la  décrire,  car,  comme  dit  Horace  : 

Segnius  irritant  animos  demissa  per  auretn, 
Quam  quae  sunt  oculis  subjecta  fidelibus. 

Dans  ces  sortes  de  comparaisons,  les  rencontres  de  détail  qui 
sont  souvent  très-précises,  et  les  relations  générales  qui  sont  beau- 
coup plus  vagues,  ont  les  unes  et  les  autres  un  mérite  qui  leur  est 
propre.  Les  quinze  grands  cercles  primitifs  divisent  la  surface  du 
globe,  ainsi  qu'on  l'a  vu  précédemment,  en  cent  vingt  parties 
égales  (triangles  rectangles  scalènes),  et  il  n'est  pas  facile  de  saisir 
d'un  coup  d'œil  les  rapports  existant  entre  une  figure  aussi  com- 
pliquée et  les  formes  irrégulières  et  plus  compliquées  encore  des 
terres  et  des  mers;  mais,  en  fractionnant  cette  comparaison,  ou, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  157 

pour  mieux  dire,  en  réunissant  les  triangles  rectangles  scalènes  par 
groupes  pour  établir  les  comparaisons,  on  peut  arriver  à  des  rap- 
prochements qui  ne  sont  pas  sans  intérêt. 

On  trouve  un  moyen  d'établir  ainsi  des  comparaisons  partielles 
en  se  rappelant  que  les  quinze  grands  cercle*  primitifs  du  réseau  pen- 
tagonal  se  partagent  en  cinq  systèmes  trirectangulaires,  contenant 
chacun  trois  de  ces  cercles. 

Chacun  des  systèmes  trirectangulaires  renferme  aussi  quatre 
octaédriques.  L'un  quelconque  des  octaédriques  appartenant  à  deux 
systèmes  trirectangulaires  différents,  les  dix  octaédriques  répétés 
deux  fois  donnent  les  quatre  octaédriques  de  chaque  système. 

Dans  son  tableau  des  données  numériques  qui  fixent  cent  cin- 
quante-neuf cercles  du  réseau  pentagonal,  M.  Elie  de  Beaumont  a 
présenté  la  répartition  des  quinze  primitifs  et  des  dix  octaédriques 
entre  ces  cinq  systèmes  trirectangulaires.  En  partant  de  cette  clas- 
sification et  en  y  introduisant  les  mesures  approximatives  des  arcs 
terrestres  contenus  dans  chacun  des  cercles,  on  arrive  à  former 
le  tableau  suivant  : 


PREMIER  SYSTEME  TRIRECTANGULAIRE. 


TOBISTUS. 


Primitif  de  l'Etna  (système  du  Té- 

nare) 1 1  <)°+x 

Primitif  du  Groenland  et  du  Chili.  ili%°+x 

Primitif  équatorial 73° 


Total 33i°+ax 


Octaédrique  du  lac  Baïkal  et  de  l'île 
du  Prince -Edouard 

Octaédrique  du  cap  Cod 

Octaédrique  du  mont  Sinaï  (système 
des  Pyrénées  ) 

Octaédrique  de  l'île  Trinidad 


TBRBESTRES. 


Total. 


67° 
ll9° 


3i5° 


DEUXIEME  SYSTEME  TRIRECTANGILAIRE. 


Primitif  de  Lisbonne 157" 

Primitif  du  mont  Saint-Élie 65° 

Primitif  de  la  Floride  et  de  la  terre 

d'Arnhem 820 


Total. 


3o4° 


Octaédrique  des  Garrow-Hills .  ...  10  6° 
Octaédrique  de  Cochabamba  et  du 

golfe  de  Pechely iùp,°-t-x 

Octaédrique  du  Mulehacen t\3°+x 

Octaédrique  du  mont  Sinaï h']" 


Total 345°-»-  ax 


158 


RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 


TROISIEME  SYSTEME  TRIRECTANGULAIRE. 


Primitif  de  Saint-Kilda  (système  du 

Thùringerwald) îot 

Primitif  des  cataractes  et  de  Val- 

divia 12.3 

Primitif  du  lac  Supérieur   et    du 

cap  San-Thomé 97 


Total . 


ABCS  AHCS 

TERRESTRES.  TERRESTRES. 

I  Octaédrique  des  îles  Sous-le-Vent 

et  du  cap  Walsh Z190 

Octaédrique  du  lac  Baïkal  et  de  l'île 

du  Prince-Edouard 82° 

1/Ï2* 


Octaédrique  de  Nijney-Tagilsk . 
Octaédrique  du  Mulehacen 43°-r-# 


Total 3iG°-t-.t 


QUATRIEME  SYSTEME  TRIRECTANGULAIRE. 


Primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  (sys- 
tème du  Rhin) 82°-t-x 

Primitif  de  Cuba  et  du  cap  Sandy.     io4° 
Primitif  des  montagnes  Rocheuses 
et  des  îles  Galapagos i53° 


Total 339°  -hx 


Octaédrique  des  Garrow-Hills .  .  .  .  106° 

Octaédrique  du  cap  Cod 670 

Octaédrique  de  Nijney-Tagilsk.  .  .  1Z12" 

Octaédrique  d'Hindoë io8°-4-x 


Tôt  ai 


62  T 


CINQUIEME  SYSTEME    TRIRECTANGULAIRE. 


Primitif  de  la  presqu'île  Alaska  et 

de  la  terre  de  Van-Diemen ....  l\  90  - 

Primitif  du  Land's-End 86° 

Primitif  du  cap  Castle 970 


Total 23a°-4-x 


Octaédrique  des  îles  Sous-le-Vent 

et  du  cap  Walsh h  90 

Octaédrique  de  Cochabamba  et  du 

golfe  de  Pechely i69°+x 

Octaédrique  d'Hindoë io8°4-ar 

Octaédrique  de  l'île  Trinidad ....  1 1 90 


Total /i250-t-2£ 


La  somme  des  amplitudes  des  arcs  terrestres  contenus  dans 
chacun  de  ces  vingt-cinq  cercles  a  été  mesurée  approximativement 
sur  le  réseau  pentagonal  tracé  par  M.  Laugel  sur  le  globe  édité  par 
M.  P.  Bertrand.  A  l'exemple  de  M.  le  baron  Félix  de  Francq,  qui  a 
publié  le  premier  des  mesures  de  ce  genre1,  on  a  ajouté  une  indé- 


1  Voir  les  extraits,  insérés  dans  les 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences, 
des  mémoires  encore  inédits  de  cet  ingé- 
nieux géologue,  dont  la  mort  prématurée 
a  été  l'objet  de  si  justes  et  si  unanimes 
regrets  : 


Note  sur  la  formation  et  la  répartition 
des  reliefs  terrestres,  par  M.  Félix  de 
Francq,  Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences,  t.  XXXVI,  p.  617  (séance  du 
h  avril  i853); 

De  la  formation  et  de  la  répartition  des 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  159 

terminée  x  à  l'amplitude  mesurée  sur  les  cercles  qui  traversent  les 
régions  glaciales,  pour  tenir  compte  des  valeurs  inconnues  des  arcs 
terrestres  qui  correspondent  aux  terres  polaires  arctiques  et  antarc- 
tiques. La  valeur  de  cette  indéterminée  x  varie  naturellement  d'un 
cercle  à  un  autre.  L'impossibilité  de  l'évaluer,  quant  à  présent, 
ne  peut  manquer  de  répandre  quelque  incertitude  sur  les  conclu- 
sions à  tirer  des  mesures  qui  nous  occupent.  On  peut  remarquer 
cependant  que,  même  pour  les  cercles  qui  passent  très-près  des 
pôles  et  qui  renfermeraient  des  arcs  terrestres  près  de  chaque 
pôle,  la  valeur  totale  x  de  ces  arcs  dépasserait  difficilement  5o  à 
60  degrés. 

En  parcourant  le  tableau  précédent,  on  voit  que  la  somme  des 
amplitudes  des  arcs  terrestres  contenus  dans  chacun  des  vingt-cinq 
cercles  qui  y  figurent  varie  dans  la  proportion  du  simple  au  triple 
et  presque  au  quadruple,  de  67  degrés  (octaédrique  du  mant  Sinaï) 
à  157  degrés  (primitif  de  Lisbonne).  Mais  on  peut  remarquer  en 
même  temps  que,  dans  chaque  système  trirectangulaire,  les  cercles 
où  les  amplitudes  des  arcs  terrestres  sont  très-grandes  sont  associés 
à  d'autres  où  elles  sont  beaucoup  moindres,  de  manière  à  produire 
une  compensation  plus  ou  moins  approximative,  comme  le  montre 
le  tableau  suivant ,  qui  est  un  résumé  du  premier  : 


ARCS  TERRESTRES. 


Premier    système  (   Primitifs 334° -h  ûx 

trirectangulaire.    (   Octaédriques 3 1 5° 

Total 6&90  -+-  ix 


reliefs  terrestres,  trois  mémoires  par  le  rendus,  t.  XLIII,p.  690  (séance du  6  oc- 
même,  Comptes  rendus,  t.  XLII,  p.  378,  tobre  i856); 

535  et   io54  (séances  des  25  février,  De  la  formation  et  de  la  répartition  des 

2 h  mars  et  9  juin  i856);  reliefs  terrestres  (systèmes  de  montagnes 

Sur  la  formation  et  la  répartition  des  de  l'Europe  occidentale) ,  par  M.  Félix  de 

reliefs  terrestres ,  par  M.  Félix  de  Francq,  Francq,  Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  523 

Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont,  Comptes  (séance  du  i5  mars  i858). 


160  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ARCS  TEFlt'.ESTRRS. 

Deuxième   système  (   Primitifs 3o&° 

trirectangulairë.     (   Octaédriques 3 45° -h  ix 

Total 6^*9°  -+-  ax 

Troisième   système  (   Primitifs 32 1° 

trirectangulairë.     (   Octaédriques 3 1 6°  -+-  x 

Total 637°-h^ 

Quatrième  système  (   Primitifs 339°  -+-  x 

trirectangulairë.     (   Octaédriques Zi23°  -f-  x 

.  Total 762°-+-  %x 

Cinquième  système  (   Primitifs 232°  -+-  x 

trirectangulairë.     (   Octaédriques 62  0°  -+-  x 

Total 657°-»-  %x 


Les  deux  défauts  de  compensation  les  plus  marqués  que  présente 
ce  tableau  sont:  i°  la  petitesse  de  l'amplitude  totale  des  arcs  ter- 
restres compris  dans  les  primitifs  du  cinquième  système  trirec- 
tangulairë, qui  est  seulement  de  2  32°  +  #,  au  lieu  de  dépasser 
3oo  degrés  comme  dans  les  quatre  autres  systèmes;  2°la  grandeur 
de  l'amplitude  totale  des  arcs  terrestres  compris  à  la  fois  dans  les 
primitifs  et  dans  les  octaédriques  du  quatrième  système  trirectan- 
gulairë, amplitude  qui  est  de  762°+^,  au  lieu  d'être  d'environ 
65o°  +  #  ou  +2#,  comme  dans  les  autres  sommes  analogues.  Le 
quatrième  système  trirectangulairë  est  celui  auquel  appartiennent 
les  points  H  du  Sahara,  de  Tehuantepec  et  de  la  Sibérie  orientale 
et  leurs  antipodes,  ainsi  que  le  point  I  du  détroit  de  Davis  et  les 
sept  autres  points  I  conjugués  avec  lui.  Le  cinquième  système  tri- 
rectangulaire  est  celui  auquel  appartiennent  les  points  H  situés  au 
N.-O.  des  Açores,  au  S.  des  îles  Aleutiennes  et  dans  l'Inde,  ainsi 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         161 

que  leurs  antipodes.  Là  se  trouvera  nécessairement  le  point  de 
départ  d'études  nouvelles  qui  ne  peuvent  être  devancées  dans  le 
présent  rapport. 

Le  défaut  de  compensation  qui  vient  d'être  signalé  est  en  lui- 
même  assez  modéré;  car,  malgré  l'incertitude  causée  par  la  pré- 
sence des  arcs  inconnus  œ,  on  peut  dire  que,  parmi  les  quinze 
sommes  que  présente  le  tableau,  il  n'y  en  a  pas  une  seule  qui  soit 
inférieure  ou  supérieure  de  la  moitié  de  sa  valeur  à  l'une  quel- 
conque de  ses  analogues,  et  généralement  les  sommes  analogues 
ont  des  valeurs  assez  voisines  les  unes  des  autres. 

Le  dernier  tableau  donne  encore  lieu  de  remarquer  qu'en 
moyenne  les  amplitudes  des  arcs  terrestres  contenus  dans  les 
grands  cerles  primitifs  surpassent  un  peu  les  amplitudes  des  arcs 
terrestres  contenus  dans  les-octaédriques,  car  la  somme  totale  de 
ces  amplitudes  est,  pour  les  primitifs  : 

334°+3o4°+3ar  +  339°+ 232°  +  4r  =  i53o°  +  /U, 

ce  qui  donne  pour  moyenne  : 

i53o°-t-4#  o  ,     16 

=   102    +«-*, 


i5  60 

tandis  que  la  somme  totale  des  amplitudes  est,  pour  les  octaé- 
driques  : 

3 1 5°  + 345°+  3 1 6°  + 423°  + 425°+ 5^=1824°+ 5  a:, 

ce  qui  donne  pour  moyenne  : 

182 4°  h-  5  #  i5 

=  Q  1  , 2  -h  -^—  X. 

20  v  60 

Les  six  dodécaédriques  réguliers  forment  un  groupe  unique  qui  ne 
peut  être  subdivisé.  En  soumettant  ces  grands  cercles  au  même 

Stratigraphie.  1 1 


102  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

genre  de  mesure,  on  trouve  les  valeurs  suivantes  pour  les  ampli- 
tudes des  arcs  terrestres  qu'ils  contiennent  respectivement  : 

Dodécaédrique  régulier  du  cap  Corrienles  et  de  Singapour Un" 

du  Sénégal  et  de  la  Nouvelle-Guinée.  ..  .  i38° 

■ des  Açores  el  de  la  terre  de  Van-Diemen.  1 1 U" 

du  Brésil  et  du  Japon n3°  -\-x 

du  Spitzberg  et  du  lac  Supérieur 1 190 

de  la  mer  Caspienne 1 3 1  °  -+-  # 


Total 622e 


IX 


ce  qui  donne  pour  moyenne  io3°,7  -h  ^^. 

Ainsi  les  trois  classes  de  cercles  que  nous  considérons,  rangées 
d'après  l'amplitude  moyenne  des  arcs  terrestres  qu'ils  contiennent, 
présentent  le  résultat  suivant  : 

Dodécaédriques  réguliers io3°,7  -+- 

Grands  cercles  primitifs io2°,o  ■+■ 

Octaédriques p,i°,2  -t- 


60 
16  x 
~6cT 

i5  x 


L'incertitude  qui  règne  sur  les  valeurs,  probablement  fort  iné- 
gales, des  arcs  x,  exclut  ici  toute  précision;  mais  la  déterminaison 
exacte  de  ces  valeurs  ne  changerait  probablement  pas  l'ordre  dans 
lequel  les  trois  classes  de  cercles  viennent  d'être  rangées.  Sous  le 
rapport  qui  nous  occupe,  les  dodécaédriques  réguliers  paraissent  être 
au  premier  rang,  les  primitifs  semblent  les  suivre,  et  les  octaédriques 
viennent  en  dernière  ligne. 

L'indéterminaison  des  valeurs  de  x  n'empêche  pas  d'ailleurs  de 
voir  que  les  trois  classes  de  cercles  contiennent,  en  moyenne,  une 
plus  grande  somme  d'arcs  terrestres  que  ne  doivent  en  renfermer, 
en  moyenne,  des  grands  cercles  tracés  au  hasard  sur  la  surface 
du  globe.  En  effet,  les  terres  émergées  occupant  à  peu  près  exacte- 


DE  U  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         163 

ment  un  quart  de  cette  surface,  des  cercles  tracés  au  hasard  doivent, 
en  moyenne,  contenir  un  quart  de  leur  longueur,  ou  90  degrés 
d'arcs  terrestres.  Ainsi,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  les  dodé- 
la/ilriques  réguliers,  les  primitifs  et  les  octaédriques  sont  les  cercles 
privilégia. 

Ils  ne  sont  privilégiés  cependant  que  dans  une  proportion  assez 
faible,  qui  dénote  dans  la  disposition  réciproque  des  diverses  parties 
de  l'écorce  terrestre  une  sorte  de  réaction  réciproque  et  de  pondé- 
ration, dont  la  raison  d'être  doit  se  trouver  dans  la  mécanique 
terrestre,  et  résulte  sans  doute  de  la  fluidité  intérieure  du  globe  et 
de  la  faible  épaisseur  de  son  écorce  solide. 

Il  ne  faut  pas  croire  qu'on  trouverait  nécessairement  des  résul- 
tats semblables  en  traçant  au  hasard  un  réseau  pentagonal  sur  un 
globe  dessiné  d'une  manière  arbitraire.  Ils  ne  tiennent  pas  à  une 
propriété  naturelle  du  réseau  pentagonal  indépendante  des  confi- 
gurations géographiques.  Si  l'on  traçait  le  réseau  pentagonal  sur 
un  globe  de  fantaisie,  on  pourrait  obtenir  à  volonté  les  résultats 
les  plus  divers,  tous  complètement  différents  de  ceux  auxquels 
nous  sommes  parvenus. 

En  effet,  en  fabriquant  un  pareil  globe,  et  sans  cesser  d'y  faire 
occuper  par  les  terres  le  quart  de  la  surface,  on  pourrait  dessiner 
les  terres  en  forme  de  pointes  ou  de  bandes  très-allongées  placées 
sur  les  cercles  principaux ,  de  manière  que  ces  cercles  ou  une  classe 
de  ces  cercles  sortissent  peu  des  surfaces  terrestres,  ou  n'en  sor- 
tissent pas  du  tout,  ce  qui  leur  donnerait  des  arcs  terrestres  très- 
considérables,  égaux  même,  dans  le  dernier  cas,  à  3 60  degrés. 

On  pourrait  aussi  réduire  les  surfaces  terrestres  arbitrairement 
dessinées  à  des  îles  renfermées  dans  les  parties  des  cent  vingt 
triangles  rectangles  scalènes  que  ne  traversent  ni  les  dodécaédriques 
réguliers  ni  les  octaédriques,  de  manière  que  les  différents  cercles 
que  nous  avons  considérés  ne  les  rencontrassent  jamais,  ce  qui 
donnerait  à  ces  cercles,  y  compris  les  primitifs,  des  arcs  terrestres 
nuls. 


MMx  «APPORT  SUR   LES  PKOGKES 

On  pourrait  obtenir  tout  aussi  facilement  une  foule  de  résultats 
intermédiaires.  Nous  n'avons  rencontré  aucun  de  ces  résultats  ex- 
centriques, parce  que  les  formes  géographiques,  quelque  bizarres 
qu'elles  puissent  paraître,  ont  été  déterminées  par  des  forces  na- 
turelles exemptes  d'arbitraire  et  de  caprice. 

Il  est  à  remarquer,  en  outre,  que,  si  on  changeait,  même  assez 
légèrement,  la  position  du  réseau  pentagonal  sur  le  globe,  on  ver- 
rait disparaître  les  privilèges  des  grands  cercles  principaux  en 
même  temps  que  leur  propriété  de  passer  par  une  foule  de  points 
remarquables. 

Les  résultats  que  nous  avons  obtenus  sont  dus  à  l'accord  naturel 
qui  existe  entre  les  formes  géographiques  réelles  et  la  symétrie 
pentagonale.  Ils  achèvent  de  montrer  que  le  réseau  pentagonal  existe 
clans  la  nature  et  que  la  position  qui  lui  est  assignée  est  très-sensible- 
ment exacte. 

Mais,  en  ce  moment,  ces  conclusions  pourraient  sembler  préma- 
turées, car  nous  sommes  loin  d'avoir  épuisé  le  répertoire  des  cercles 
du  réseau  pentagonal.  Il  nous  reste  même  encore  à  étudier  près 
de  la  moitié  des  cercles  principaux;  je  veux  parler  des  dodécaé- 
driques  rhomboïdaux. 

LES   TRENTE  DODECAEDRIQUES   RHOMBOÏDAUX. 

Les  dodécaédriques  rhomboïdaux,  dont  nous  avons  donné  plus  haut 
la  définition  et  la  position  dans  le  réseau  pentagonal,  sont  au 
nombre  de  trente.  Ils  ont  pour  pôles  les  soixante  points  T  où  abou- 
tissent les  diagonales  des  angles  de  90  degrés  des  cinq  systèmes  tri- 
rectangulaires,  points  qui  sont  deux  à  deux  les  antipodes  l'un  de 
l'autre. 

M.  Elie  de  Beaumont  a  publié  le  tableau  de  ces  trente  cercles1 
et  de  leur  répartition  entre  les  cinq  systèmes  trirectangulaires,  ainsi 

1   Comptes  rendus ,  t.    LVH,  p.  191  (séance  du  ao  juillet  1 863). 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  1G5 

que  des  données  numériques  qui  les  fixent  sur  la  surface  du  globe. 
Au  moyen  de  ces  données,  on  peut  les  tracer  avec  la  plus  grande 
facilité  sur  un  globe  ou  sur  des  cartes,  et  ils  figurent  au  nombre  des 
douze  rayons  de  chacun  des  points  I  et  des  points  H  qui  ont  été 
marqués  sur  différentes  cartes  employées  dans  les  cours. 

C'est  ici  le  lieu  de  donner  au  moins  quelques  spécimens  des  mo- 
nographies dont  chacun  de  ces  cercles  pourrait  être  l'objet  au 
même  titre  et  de  la  même  manière  que  les  trente  et  un  premiers 
grands  cercles  principaux  dont  nous  nous  sommes  occupés  précé- 
demment. 

Un  dodécaédrique  rhomboïdal  passe  à  chaque  point  T  et  à  son  an- 
tipode, en  coupant  perpendiculairement  le  grand  cercle  primitif  qui 
y  passe  en  même  temps  que  lui. 

Le  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  passe  au  point  T  de  l'Etna  passe 
en  même  temps  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  au  point  I  de 
la  Perse  et  à  leurs  antipodes.  H  a  pour  pôles  le  point  T  qui  tombe 
dans  l'océan  Pacifique  au  sud  de  l'Amérique  russe,  et  son  antipode 
le  point  T  situé  dans  l'océan  Austral  au  sud-ouest  de  l'île  du  Prince- 
Edouard. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Amérique  méridionale  par  la  côte  du 
Pérou,  un  peu  au  sud  de  Pisco  et  des  îles  Chinchas,  célèbres  par 
le  guano  qu'on  y  exploite.  Après  avoir  coupé  la  crête  des  xAndes. 
il  s'adapte  sur  une  certaine  étendue  au  cours  du  Rio-Ucayle,  et  ar- 
rive bientôt  au  point  H  situé  dans  les  plaines  du  Béni,  à  l'an- 
tipode du  point  H  de  la  mer  de  la  Chine.  Traversant  les  plaines 
de  l'Amazone  et  les  contrées  montueuses  des  Guyanes,  où  il  coupe 
le  Maroni  au-dessus  du  saut  dltapoucou,  il  en  sort  par  la  mon- 
tagne de  Saparouna  et  la  montagne  du  Serpent,  et  il  entre  dans 
l'océan  Atlantique  par  l'embouchure  de  l'Oyac.  11  rase  à  une  faible 
distance  les  îlots  appelés  la  Mère  et  les  Deux-Filles,  en  laissant  à 
quinze  kilomètres  au  N.-O.  le  rocher  (trachylique?)  de  Cayenne. 
et  à  une  distance  à  peu  près  égale  au  S.-E.  les  îlots  du  grand  et 
du  petit  Conétable;  car  cette  partie  des  côtes  américaines   n'est 


166  RAPPORT  SUR  LUS  PROGRÈS 

qu'un  archipel  de  petites  îles  ensevelies  en  grande  partie  sous  les 
vases  provenant  de  l'Amazone. 

Dans  l'océan  Atlantique,  notre  dodécaédrique  rhomboïdal  passe 
au  point  I  situé  au  S.-O.  de  l'archipel  des  Canaries,  où  il  aborde 
directement  l'île  principale,  Ténériffe,  qu'il  coupe  à  peu  près  par 
le  milieu  de  sa  largeur. 

Tracé  sur  la  belle  carte  de  cette  île  célèbre  dont  la  science  est 
redevable  à  M.  Léopold  de  Buch l,  il  y  pénètre  par  la  plage  d'Adexe, 
et  il  en  sort  un  peu  au  sud  de  Candellaria.  Sa  direction  est  sen- 
siblement parallèle  à  la  plus  grande  longueur  de  l'île,  au  plus 
grand  diamètre  du  cratère  de  soulèvement  qui  en  forme  le  noyau, 
à  la  longue  crête  qui  s'en  détache  vers  le  nord-est,  et  même  à  la 
ligne  qui  joint  le  cratère  de  Chahora  au  pic  de  Teyde,  c'est-à- 
dire  aux  principales  orientations  que  présente  la  charpente  mon- 
tagneuse. 

Il  en  est  encore  à  peu  près  de  même  lorsqu'on  trace  le  dodécaé- 
drique rhomboïdal  sur  la  carte  de  Y  Hydrographical  Office,  dressée  d'a- 
près le  lever  fait  en  1 838  parle  capitaine  Vidal.  Sur  cette  dernière 
carte,  le  contour  de  l'île  est  plus  renflé,  le  cratère  de  soulèvement 
plus  large,  et  notre  cercle  passe  exactement  sur  sa  crête  et  se  trouve 
tangent  à  sa  cavité  intérieure.  Sur  la  carte  de  M.  de  Buch,  qui  a 
pour  base  le  lever  beaucoup  plus  ancien  de  Borda,  le  même  cercle 
reste  un  peu  en  dehors  de  la  crête  du  cirque;  mais  si,  sur  cette 
carte,  on  déplaçait  le  pic  et  le  cratère  de  soulèvement  qui  l'entoure 
de  cinquante  secondes  vers  l'E.-S.-E.  pour  mettre  le  premier  à  la 
place  que  lui  assigne  la  Connaissance  des  temps,  d'après  le  relève- 
ment fait  en  1887,  le  contour  intérieur  du  cirque  deviendrait 
tangent  à  notre  cercle.  Il  est  fort  probable  que  tel  est  létal  réel 
des  choses,  et  que  le  dodécaédrique  rhomboïdal  passe  à  une  distance 
de  l'axe  du  pic  égale  au  rayon  minimum  du  cratère  de  soulèvement. 

'    Description  physique  des  îles   Cana-         traduite  de  l'allemand  par  M.  C.  Boulan- 
ries ,  suivie  d'une  indication  des  principaux        ger,  Paris.   i836. 
volcans  du  <>  lohr ,  par  M.  Léopold  de  Buch. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  167 

c'est-à-dire  à  h'  5o"  du  méridien  ou  à  environ  8  kilomètres.  Il  rase 
le  contour  souterrain  de  sa  base. 

Le  dodécaédrique  rhomboïdal  ne  touche  aucune  autre  île  du  groupe 
des  Canaries.  Il  laisse  toutes  ces  îles  au  nord  ou  au  sud,  rangées 
en  deux  bandes  qui  semblent  s'écarter  pour  son  passage ,  et  il  va 
aborder  directement  la  côte  du  Maroc  qu'il  atteint  à  Edwisan,  en 
passant  à  22  kilomètres  au  sud  du  cap  Sim,  situé  lui-même  au 
midi  de  Mogador. 

Tracé  sur  la  belle  carte  de  l'empire  du  Maroc  publiée  en  i846 
par  M.  Émilien  Renou,  notre  cercle  côtoie  au  nord,  à  5o'  ou  93  ki- 
lomètres de  distance,  la  grande  crête  de  l'Atlas  marocain  couronnée 
par  le  Miltzin,  dont  la  hauteur  (3,675  mètres),  supérieure  à  celle 
de  toutes  les  autres  montagnes  du  nord  de  l'Afrique,  a  probable- 
ment donné  naissance  aux  fictions  des  poètes  anciens  qui  faisaient 
supporter  le  ciel  par  l'Atlas.  Ce  même  cercle  passe  à  20'  ou  37  ki- 
lomètres au  N.-N.-E.  de  la  ville  de  Maroc,  dans  de  grandes  plaines 
où  on  pourrait  être  tenté  de  chercher  le  site  de  l'ancien  jardin 
des  Hespérides.  Plus  à  l'est,  il  traverse  aussi  la  plaine  de  Sahab- 
el-Marga,  entourée  de  toutes  parts  de  hautes  montagnes  diverse- 
ment dirigées,  et  celle  où  prend  naissance  la  rivière  d'Isli,  célèbre 
dans  les  annales  de  nos  guerres  d'Afrique.  Ces  plaines  peuvent  être 
considérées  comme  la  prolongation,  accidentellement  interrompue, 
de  celles  qui,  dans  le  Maroc  occidental,  partent  des  bords  de 
l'Océan,  et  elles  se  rattachent  directement  aux  plaines  élevées  de 
la  province  d'Oran. 

M.  Emilien  Renou  a  publié,  en  1867,  dans  le  grand  ouvrage 
de  la  Commission  scientifique  de  l'Algérie,  dont  il  a  été  l'un  des 
membres  les  plus  actifs,  une  carte  géologique  du  Tell  algérien,  qui 
contient  déjà  les  principaux  linéaments  de  l'orographie  et  de  la 
géologie  de  cette  vaste  contrée.  Cette  carte  est  à  l'échelle  de  ^^-0, 
comme  celle  du  Maroc,  et  il  était  facile  d'y  prolonger  le  tracé  du 
dodécaédrique  rliomboïdal. 

Notre   cercle   parcourt  le  Tell   dans  sa   longueur,  en  restant 


168  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

constamment  en  concordance  d'orientation  avec  une  des  séries  de 
chaînons  parallèles  dans  lesquelles  se  décomposent  les  montagnes 
du  nord  de  l'Afrique.  Ces  chaînons,  s'ils  ne  sont  pas  les  plus  accen- 
tués dans  leurs  formes,  sont,  en  général,  les  plus  étendus,  et  plu- 
sieurs d'entre  eux,  tels  que  le  Djebel-Megsem,  le  Djebel-Khider, 
le  Djebel-Redir,  le  Djebel-Bou-Taleb,  côtoient  à  une  petite  dis- 
tance le  dodécaédrique  rhomboïdal,  qui  est  également  parallèle  aux 
sections  les  plus  étendues  des  principaux  cours  d'eau  d'Algérie, 
tels  que  l'Ouad-Chelif,  l'Ouad-el-Djedi,  l'Ouad-el-Khemis,  etc. 
Mais  ce  qui  est  plus  frappant  encore,  c'est  l'harmonie  de  direction 
qu'il  présente  avec  la  série  de  hauts  plateaux  intérieurs  qui,  déten- 
dant de  l'empire  de  Maroc  à  la  régence  de  Tunis,  relient  et  com- 
mandent toutes  les  parties  du  Tell  algérien. 

Ces  plateaux,  dont  les  contours  abondent  en  gisements  de  gypse 
et  de  sel  gemme,  sont  surtout  caractérisés  par  une  longue  série 
de  lacs  salés  peu  profonds  et  en  partie  desséchés  pendant  l'été,  tels 
que  le  Chott-ech-Chergui,  le  Zarez-el-Rarbi,  le  Zarez-ech-Chergui, 
le  Ghott-el-Hadna,  le  Chott-Resdis,  la  Sabka-Zerka,  etc.  etc.  La 
plupart  de  ces  lacs  salés  sont  situés  au  sud  du  dodécaédrique  rhom- 
boïdal, qui  rase  ou  effleure  les  saillies  septentrionales  des  contours 
des  plus  considérables  d'entre  eux.  Il  marque  visiblement  le  bord 
septentrional  d'un  sillon  peu  profond  que  présente  le  Tell  dans 
toute  sa  longueur,  et,  avant  d'entrer  dans  la  régence  de  Tunis,  il 
suit  la  crête  qui  forme  le  flanc  septentrional  de  la  vallée  de  l'Ouad- 
el-Kemis  et  passe  par  ses  principales  sommités. 

Il  quitte  le  sol  de  l'Afrique  en  côtoyant  au  nord  le  promontoire 
montueux  qui  porte  vers  sa  pointe  les  ruines  de  Garthage  et  au 
pied  méridional  duquel  se  trouve  la  ville  de  Tunis,  entourée  de  lacs 
salés  situés,  en  fait,  dans  la  prolongation  de  la  zone  des  lacs  algériens. 

Notre  cercle  entre  enfin  dans  la  Méditerranée  en  rasant  la  pointe 
du  cap  Bon,  qui  reste  à  5  ou  6  kilomètres  dans  le  sud,  mais  en 
laissant  au  nord  les  petites  îles  Zimbre  et  Zimbrot ,  qui  semblent  en 
être  détachées. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  169 

Traversant  le  banc  de  l'Aventure,  qui  relie  l'Afrique  à  la  Sicile, 
il  aborde  cette  île  par  la  plage  où  tombe  le  fleuve  Calatabelloto. 
en  passant  un  peu  au  sud  du  port  de  Sciacca  et  à  11  kilomètres 
au  nord  du  haut  fond  qui  marque  encore  la  place  où  surgit,  en 
1 83 1 ,  l'île  Juiia. 

Ce  même  cercle  passe  par  l'axe  de  l'Etna,  sort  de  la  Sicile  en 
évitant  de  toucher  la  proéminence  calcaire  de  Taormina ,  qui  limite 
au  nord  le  champ  des  épanchements  volcaniques,  et  rase  bientôt 
après,  à  1  ou  2  kilomètres  de  distance,  le  massif  calcaire  du  cap 
Spartivento,  point  le  plus  méridional  de  la  Calabre  et  de  toute 
l'Italie. 

Au  delà  de  la  mer  Ionienne,  notre  cercle  va  tronquer  légèrement 
les  pointes  septentrionales  des  îles  de  Céphalonie  et  d'Itaque  et 
aborder  la  terre  ferme  par  le  cap  Kanditi,  situé  entre  le  golfe  de 
Lépante  ou  de  Gorinthe  et  le  golfe  d'Arta. 

Il  traverse  la  Grèce  continentale  entre  le  Pinde  et  l'Hélicon,  en 
coupant  le  plateau  calcaire  d'Erato-Vouni.  Les  couches  qui  consti- 
tuent ce  plateau  se  relèvent  vers  le  sud  pour  former  la  double 
cime  du  Parnasse  et  les  escarpements  qui  dominent  Delphes  vers 
le  nord;  mais  ici,  comme  en  beaucoup  de  points  de  l'Algérie,  le 
dodécaédrique  rhomboïdal  se  maintient  dans  les  parties  centrales  et 
les  plus  prosaïques  du  plateau.  Il  ne  s'approche  pas  à  moins  de 
9  ou  10  kilomètres  de  l'antique  séjour  d'Apollon  et  des  Muses,  et, 
franchissant  le  Céphise,  il  entre  en  Béotie,  où  il  laisse  au  sud  le 
lac  Copaïs;  il  sort  enfin  de  la  Grèce  en  coupant  l'île  de  Négrepont 
parle  col  de  Mandudi,  qui  en  interrompt  l'arête  longitudinale. 

Le  golfe  de  Corintbe  et  le  lac  Copaïs,  que  notre  cercle  laisse 
au  sud,  jouent,  par  rapport  à  lui,  un  rôle  à  peu  près  analogue  à 
celui  des  lacs  de  l'Algérie. 

Dans  la  mer  de  l'Archipel,  le  dodécaédrique  rhomboïdal  rase  les 
pointes  méridionales  de  Skiros  ;  puis ,  laissant  Mytilène  au  nord  et 
Chios  au  sud,  il  aborde  la  côte  de  l'Asie  Mineure  par  le  golfe  de 
Tchandarlyk  et  par  la  cime  trachytique  du  Hassan-Dagh. 


170  K APPORT  SUR  LES  PROGRES 

Tracé  sur  les  belles  cartes  topographique  et  géologique  de 
M.  Pierre  de  Tchihatcheiï,  il  passe  à  iVk-Hissar  et  au  pied  méri- 
dional de  l'Ak-Dagli,  coupe  le  Moura-Dagh  et  le  Beyad-Dagh,  puis 
le  grand  désert  salé  situé  sur  les  confins  de  la  Galatie  et  de  la 
Lycaonie,  et  rase  l'extrémité  septentrionale  du  lac  salé  appelé  Tour- 
Gueul,  après  avoir  laissé  au  sud  d'autres  lacs  salés  moins  étendus, 
le  Tchurucksou-Gueul,  le  Bouldour-Gueul,  l'Eguerdir-Gueul,  le 
Beychehr-Gueul.  C'est  un  nouveau  retour  de  notre  cercle  à  ses 
allures  algériennes,  et  on  peut  remarquer  que,  étant  dirigé  en  Asie 
Mineure  presque  exactement  de  l'est  à  l'ouest,  il  forme  à  peu  près 
la  ligne  médiane  de  cette  grande  presqu'île,  en  se  développant  sur 
les  plateaux  élevés  de  l'intérieur  et  laissant  au  sud  les  hautes  mon- 
tagnes discontinues  qu'on  appelle  le  Taurus ,  et  au  nord  les  chaînons 
interrompus  du  littoral  de  la  mer  Noire. 

Poursuivant  son  cours  vers  l'est  au  milieu  de  plateaux  faiblement 
accidentés  où  il  rase  le  pied  nord  du  Kary-Oglan-Dagh  et  du  Hir-Ka- 
Dagh,  notre  cercle  va  couper  la  pointe  N.-E.  de  l'Anti-Taurus  et 
ensuite  le  cours  supérieur  de  l'Euphrate,  et  pénètre  sur  le  haut  pla- 
teau de  l'Arménie,  où  il  rencontre  les  deux  grands  lacs  salés  de 
Van  et  d'Urmiah,  qu'il  laisse,  l'un  au  nord  et  l'autre  au  sud,  en  les 
écornant  légèrement. 

Entrant  enfin  dans  la  mer  Caspienne  par  son  angle  S.-O.  il  en 
détache  vers  le  sud  une  étroite  lisière,  et,  rentrant  sur  la  terre  ferme 
par  la  côte  de  l'Adjerbidjan,  il  va  passer  au  point  I  qui  tombe 
près  de  Mesched,  vers  l'extrémité  nord-est  des  déserts  salés  de  la 
Perse. 

Dans  les  dernières  parties  de  son  cours ,  le  dodécaédrique  rhomboïdal, 
comme  le  montre  la  carte  planche  V  de  la  Notice,  laisse  au  sud  et 
au  nord,  à  des  distances  à  la  vérité  assez  notables  (une  centaine  de 
kilomètres),  les  trois  grands  pics  volcaniques  du  mont  Argée,  de 
l'Ararat  et  du  Démavend.  Il  laisse  de  même  au  sud  et  au  nord  les 
principaux  massifs  trachytiques  figurés  par  M.  de  TcliiliatchelT  sur 
la  carte  géologique  de  l'Asie  Mineure;  mais  la  disposition  symé- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E\  FRANGE.  171 

trique  de  toutes  ces  masses  éruptives  conduit  à  le  considérer  comme 
l'axe  volcanique  de  la  contrée. 

Il  ne  coupe  pas  la  bande  volcanique  de  la  Grèce,  mais  elle 
vient  se  terminer  vers  le  N.-O.  à  peu  de  distance  de  son  cours. 
MM.  Charles  Sainte-Glaire  Deville  et  Fouqué  ont  signalé  dernière- 
ment *  la  proximité  où  il  passe  des  îles  de  Mytilène  et  de  Cépha- 
lonie,  ébranlées  par  de  récents  tremblements  de  terre.  Les  mêmes 
savants  ont  signalé  aussi  l'harmonie  dans  laquelle  se  trouve  notre 
cercle  avec  l'ordonnance  de  l'appareil  volcanique  de  la  Sicile.  Dans 
tout  le  nord  de  l'Afrique,  il  traverse  un  sol  où  l'action  volcanique 
se  fait  sentir  par  la  fréquence  des  tremblements  de  terre. 

Dans  tout  son  cours,  depuis  les  îles  Canaries  jusqu'en  Perse, 
notre  cercle  suit  une  voie  magistrale  formée  par  de  hauts  plateaux 
que  caractérise  uniformément  la  salure  du  sol  et  celle  d'une  foule 
de  lacs  qui  lui  font  pour  ainsi  dire  cortège,  de  plus  près  encore 
que  les  montagnes. 

On  ne  pourrait  tracer  une  ligne  qui  justifiât  plus  complètement 
le  nom  d'axe  du  système  volcanique  de  la  Méditerranée. 

A  partir  du  point  1  de  la  Perse,  le  dodécaédrique  rlwmboïdal  s'en- 
gage dans  les  régions  montagneuses  voisines  de  Herat  et  de  Can- 
dahar,  où  il  serait  impossible  de  le  suivre  avec  précision.  D'après 
la  carte  géologique  de  l'Inde  par  M.  Greenough,  il  traverse  les 
chaînes  granitiques  du  Paropamissus  et  sort  des  montagnes  secon- 
daires de  l'Afghanistan,  près  de  Dera-Ismaël-Khan,  pour  couper 
l'Indus  vers  l'extrémité  de  la  large  vallée,  encore  bordée  de  mon- 
tagnes sur  son  flanc  occidental,  dans  laquelle  coule  ce  grand  fleuve, 
après  être  sorti  des  gorges  profondes  de  l'Himalaya. 

Notre  cercle  s'étend  ensuite,  sur  une  longueur  de  près  de  1 ,5  oo  ki- 
lomètres, dans  les  plaines  subhymalayennes,  plaines  basses,  cou- 
vertes de  dépôts  de  transport  et  bien  différentes  des  plateaux  élevés 
de  l'Asie  Mineure  et  de  l'Algérie. 

Comptes  rendue.  ».  IAVI .  p.  68 1.  séance  du  3o  mars  1868. 


17:2  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Dans  ces  plaines,  après  avoir  passé  au  midi  de  Lahore,  capitale 
du  Punjab,  il  traverse  le  Sutleje,  près  du  point  où  il  est  coupé 
lui-même,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  p.  89,  par  le  dodécaédrique 
régulier  du  Spitzberg  et  du  lac  supérieur  et  par  Y  auxiliaire  Dac,  qui 
représente  le  système  des  Pays-Bas;  franchissant  ensuite  la  Jumma, 
le  Gange  et  de  nombreux  torrents,  entre  leur  sortie  de  l'Hymalaya 
et  les  humbles  montagnes  de  l'Inde  centrale,  au  pied  desquelles 
s'élèvent  les  villes  de  Dehli,  d'Agra,  etc.,  il  va  aborder  le  liane  mé- 
ridional de  la  grande  vallée  du  Bengale,  en  passant  de  nouveau  le 
Gange  au-dessous  de  Patna. 

Il  traverse  les  collines  granitiques  et  schisteuses  des  Pouharree- 
Hills,  et  bientôt  après  la  protubérance  de  roches  anciennes  située  à 
l'O.-S.-O.  de  Rajmahal,  où,  comme  on  l'a  dit  ci-dessus  page  102. 
il  coupe  simultanément  Yoclaédrique  des  Garrow-Hills  et  un  bissec- 
teur HI,  ce  qui  constitue  une  des  coïncidences  remarquables  du 
réseau  pentagonal  avec  la  structure  de  l'Inde. 

Revenu  bientôt  après  sur  les  terrains  plats,  notre  cercle  fran- 
chit toutes  les  ramifications  fluviales  qui  sillonnent  le  vaste  delta 
du  Gange  et  du  Brahmaputra,  et  entre  dans  le  golfe  du  Bengale 
par  la  large  embouchure  dans  laquelle  se  réunissent  les  eaux  des 
branches  principales  de  ces  deux  grands  fleuves. 

Retrouvant  presque  aussitôt  la  terre  ferme,  notre  cercle  va 
couper,  dans  leurs  parties  élevées,  les  chaînes  de  Ghitlagong  et 
d'Yeomandong,  et  franchit  l'Irawaddy  entre  Ava  et  Prome,  dans  la 
région  des  sources  de  bitume  connues  depuis  longtemps  sur  ses 
rives.  H  traverse  ainsi  l'empire  des  Birmans  à  peu  près  par  son 
milieu. 

Plus  loin,  il  parcourt  le  royaume  de  Siain  et  le  Cambodge,  où  il 
passe  au  nord  de  Saigon,  et  il  sort  de  la  presqu'île  orientale  de 
l'Inde  par  la  baie  que  termine  à  l'ouest  la  pointe  de  Kergu.  Che- 
minant ensuite  au  milieu  d'une  série  de  petites  lies  ou  récifs,  il 
al  teint,  dans  la  mer  de  Chine,  le  point  II  déjà  cité  plusieurs  lois. 
\u  delà  (\w  poiul  H.  le  dodécaédrique  rhomboidai  traverse  la  vaste 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E\  FRANGE.         173 

étendue  de  1  océan  Pacifique.  Tracé  avec  précision  sur  la  belle 
carie  de  M.  Yincendon-Dumoulin,  il  coupe  d'abord  la  partie  N.-E. 
de  l'île  de  Bornéo,  dans  laquelle  il  pénètre  un  peu  au  nord  de 
lile  de  Laboan,  célèbre  par  son  gisement  de  combustibles  fossiles. 

Il  aborde  ensuite  lile  de  Gélèbes  par  sa  protubérance  N.-O. 
près  du  cap  Rivers,  à  la  naissance  de  la  longue  ramification  qui 
s'étend  vers  l'E.-N.-E. ,  traverse  la  baie  Tominie  ou  Goungong- 
Tello  en  rasant  les  îles  Tagia ,  passe  dans  les  baies  correspondantes 
qui  détachent  presque  le  massif  du  cap  Talyobo ,  extrémité  d'une 
autre  ramification  de  Célèbes,  et  sort  des  eaux  de  cette  grande  île 
en  effleurant  les  îles  de  Bambang-Callang  et  de  Bongay. 

Il  rase  bientôt  après  le  contour  S.-O.  de  l'île  de  Bourou,  et  va 
passer  entre  les  deux  petites  îles  de  Nila  et  de  Seroa.  D'après  la 
carte  de  M.  Léopold  de  Buch1,  ces  deux  îles  sont  des  volcans. 
Notre  cercle  passe  entre  elles,  mais  il  ne  touche  ni  l'une  ni  l'autre. 

Plus  loin .  ce  même  cercle  coupe  à  peu  près  par  son  milieu  l'île 
de  Timor-Laut,  en  rasant  la  petite  île  Serra;  et,  entrant  dans  les 
parages  de  la  Nouvelle-Hollande ,  il  rase  avec  précision  le  cap  Wil- 
berforce,  pointe  N.-O.  de  la  terre  d'Arnhem. 

Il  traverse  ensuite  la  baie  de  Carpentarie,  et,  coupant  largement 
la  pointe  du  continent  australien  qui  forme  le  détroit  de  Torres, 
il  en  sort  en  passant  au  pied  N.-E.  du  mont  Hinchinbrouk  et  en 
rasant  le  cap  Bowling-Green,  le  cap  Gloucester  et  plusieurs  autres; 
puis,  pénétrant  dans  la  mer  de  Corail,  il  atteint  le  point  I  situé  à 
la  hauteur  du  cap  Sandy,  à  l'antipode  du  point  I  voisin  des  îles 
Canaries. 

A  partir  de  ce  point  I ,  notre  dodécaédrique  rhomboïdal,  laissant  au 
nord  l'île  de  Norfolk  et  au  sud  la  Nouvelle-Zélande ,  traverse  tout 
l'océan  Pacifique,  sans  y  rencontrer  aucune  terre,  pour  aller  abor- 
der la  côte  du  Pérou ,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  deux  arcs  terrestres  fort  étendus,  l'un 

1   Description  physique  des  îles  Canaries,  etc. 


174  RAPPORT  SUR   LES  PROGRÈS 

dans  l'Amérique  méridionale,  de  Piseo  à  Cayenne,  l'autre  dans 
l'ancien  continent,  du  Maroc  au  Cambodge,  ayant  une  amplitude 
totale  d'environ  1  lio°.  Il  s'harmonise  bien  avec  les  configurations 
géographiques  des  contrées  qu'il  traverse,  et,  dans  celles  dont  on  a 
de  bonnes  cartes,  il  s'adapte  avec  une  étonnante  précision  à  une 
foule  de  points  définissables;  mais  ce  qui  le  caractérise  particuliè- 
rement, c'est  la  manière  dont,  sur  une  longueur  d'environ  6o°, 
3o°  à  peu  près  de  part  et  d'autre  de  l'Etna,  depuis  le  pic  de  Té- 
nériffe  jusqu'au  pic  de  Demavend,  il  s'adapte  à  la  zone  des  h;mls 
plateaux  salés  et  des  foyers  volcaniques,  adaptation  qui,  dans  cette 
partie ,  lui  a  valu  le  nom  à'axe  volcanique  de  la  Méditerranée. 

Dans  tout  le  reste  de  son  étendue,  il  présente,  comme  beaucoup 
d'autres  cercles  du  réseau  pentagonal,  une  foule  de  coïncidences 
avec  les  accidents  orographiques,  mais  sans  que  rien,  sauf  les  bi- 
tumes de  l'Irawaddy  et  les  petits  volcans  de  Nila  et  de  Seroa,  dont 
il  évite  le  contact,  rappelle  spécialement  les  phénomènes  volca- 
niques. 

Un  autre  dodécaédrique  rhomboïdal,  lié,  ainsi  qu'on  le  verra 
bientôt,  au  système  volcanique  de  l'océan  Pacifique,  comme  le 
précédent  au  système  volcanique  de  la  Méditerranée,  est  associé 
à  ce  dernier  par  la  condition  de  passer  comme  lui  et  de  le  couper 
perpendiculairement  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine  et  à  son 
antipode  situé  presque  au  centre  de  l'Amérique  méridionale.  Ils 
font  partie  l'un  et  l'autre  du  premier  système  trirectangulaire  déjà 
indiqué  précédemment. 

Celui  qui  va  nous  occuper  a  pour  pôles  le  point  T  de  l'Etna 
et  son  antipode,  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique  à  l'E.-N.-E.  de 
la  Nouvelle-Zélande. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  américain  par  la  côte  mé- 
ridionale du  Brésil,  province  de  Rio-Grande-do-Sul,  au  fond  de  la 
baie  située  au  sud  du  cap  Sainte-Marthe  et  de  la  Laguna.  Fran- 
chissant immédiatement  la  chaîne  entière,  il  traverse  les  bassins 
des  grands  (leuves  de  l'Uruguay  et  du  Paraguay,  où  la  topographie 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  175 

n'est  pas  assez  sûre  pour  qu'on  puisse  y  chercher  des  repères  précis , 
et  il  arrive  au  point  H  déjà  mentionné,  situé  à  l'est  des  Andes,  dans 
le  pavs  des  Indiens  Conomamas  ou  Marauhas,  qu'entourent  de  loin 
les  eaux  des  deux  grandes  rivières  auxquelles  s'applique  également 
le  nom  de  Rio-Beni. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  des  pays  imparfaitement  ex- 
plorés, notre  cercle,  après  avoir  franchi  l'Amazone,  coupe  l'équa- 
teur  par  770  i8'5o",o2  de  longitude  0.  de  Paris  avec  l'orientation 
N.  87°  hW  3o/,96  0.,  et  il  va  traverser  la  chaîne  des  Andes  à  2 1  ki- 
lomètres environ  au  S.-O.  de  la  ville  de  Popayan. 

Tracé  sur  la  belle  carte  de  M.  de  Humboldt  \  il  coupe  les  Andes 
exactement  par  leJSœud  de  ïosRobks,  en  s'adaptant  même  aux  crêtes 
transversales  que  l'illustre  voyageur  a  dessinées  obliquement  pour 
figurer  ce  nœud  où  les  Andes  se  divisent  en  trois  ramifications,  la 
Cordillère  orientale,  la  Cordillère  centrale  et  la  Cordillère  occi- 
dentale, qui  se  dirigent  toutes  les  trois  vers  la  mer  des  Antilles.  Il 
passe  presque  rigoureusement  aux  sources  très-voisines  l'une  de 
l'autre  du  Rio-Magdalena  et  du  Rio-Cauca,  qui  coulent  de  part  et 
d'autre  de  la  Cordillère  centrale.  Les  deux  grands  volcans  de  So- 
tara  et  de  Puracé,  situés  à  la  naissance  et  sur  le  flanc  occidental 
de  cette  même  Cordillère  centrale,  se  trouvent  en  face  l'un  de 
l'autre  des  deux  côtés  du  Rio-Cauca,  l'un  à  17  et  l'autre  à  3û  kilo- 
mètres au  N.-E.  du  dodécaédrique  rhomboïdal ,  qui  laisse,  au  S.-O., à 
9  kilomètres  de  distance  le  Paramo  de  Papas,  et  à  6  kilomètres 
une  autre  cime  fort  élevée,  située  à  la  naissance  du  Rio-Timbio. 
Tout  concourt  à  prouver  qu'il  passe  véritablement  par  le  centre 
de  soulèvement  du  Nœud  de  los  Bobîes. 

Notre  cercle  sort  du  continent  de  l'Amérique  méridionale  par  la 
baie  del  Chaco.  Dans  l'océan  Pacifique,  il  passe  devant  l'entrée  du 
golfe  de  Panama ,  et,  rasant  à  l'ouest  de  ce  golfe  la  pointe  de  Muriato 
et  la  petite  île  de  Cobiaco,  il  aborde  bientôt  après  le  grand  isthme 

1  Esquisse  hypsontétrique  des  nœuds  de  1ère  des  Andes,  etc.  par  Alexandre  de 
montagnes  et  des  ramifications  de  In  Cordil-         Humboldt.  1827-1881. 


176  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

de  l'Amérique  centrale  par  la  cote  de  Veragua  au  sud  de  Santiago. 
11  coupe  l'état  de  Veragua  eu  laissant  à  l'O.-S.-O.,  à  35  kilomètres 
de  distance,  le  volcan  de  Barua,  le  plus  avancé  vers  le  S.-O.  des 
vingt-huit  volcans  de  la  ligne  de  Guatemala  l. 

Notre  cercle,  laissant  à  i'O.  cette  grande  ligne  volcanique,  dont 
l'orientation  est  plus  oblique  que  la  sienne  par  rapport  au  méri- 
dien, entre  dans  la  mer  des  Antilles  par  la  lagune  de  Ghiriqui, 
mais  il  ne  fait  que  longer  à  une  petite  distance  la  côte  N.-O.  de 
l'Etat  de  Costa-Rica.  Bientôt  il  entre  dans  l'État  de  Guatemala,  dont 
il  coupe  toute  la  saillie  N.-O.,  coupe  également  la  pointe  occiden- 
tale du  golfe  de  Honduras,  puis  le  Yucatan,  et,  traversant  le  golfe 
du  Mexique,  où  il  rencontre  le  banc  du  Triangle,  il  va  aborder 
le  Texas  par  la  Laguna-del-Madre,  un  peu  au  nord  de  l'embou- 
chure du  Rio-Bravo-del-Norte.  Enfin,  après  avoir  parcouru  la  li- 
sière orientale  du  Texas,  il  atteint  le  point  I  situé  au  Nouveau- 
Mexique,  près  de  Fra-Cristoval,  dans  la  vallée  supérieure  du  même 
Rio-del-Norte. 

A  partir  du  point  I  du  Nouveau-Mexique,  le  dodécaédrique  rhom- 
boïdal  s'engage  dans  les  contrées  montueuses  et  métallifères,  d'une 
topographie  encore  incertaine,  de  la  Californie  et  des  états  ou  ter- 
ritoires voisins.  Il  coupe  le  Rio-Gila  à  sa  source  et  le  Rio-Colorado 
près  de  son  confluent  avec  le  Saint-John's-River,  traverse  le  ter- 
ritoire de  Colorado,  une  partie  de  l'Utah  et  du  pays  des  Mormons, 
en  laissant  au  N.-E.  le  grand  lac  Salé,  et  sort  enfin  du  continent 
par  le  cap  Perpétua,  pour  entrer  dans  l'océan  Pacifique. 

Il  laisse  au  nord  tout  le  territoire  de  l'Orégon  et  la  plus  grande 
partie  au  moins  du  système  de  la  Sierra  de  San-Francisco  et  du  mont 
Taylor,  signalé  par  M.  Jules  Marcou  comme  composé  de  deux 
bandes  volcaniques  dirigées  à  peu  près  E.-O  et  N.-S.  (Voir  ci- 
dessus  p.  îû.) 

Sa  propre  direction  au  cap  Perpétua,  ou  plutôt  sur  le  méridien 

'    Description  physique  des  îles  Canaries,  par  M.  Lropold  dp  Ruch .  p.  5oo. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  177 

situé  à  i3o  degrés  de  longitude  0.  de  Paris,  estN.  6i°2i'53',67  0., 
c'est-à-dire  parallèle  à  celle  du  détroit  de  Juan-de-Fuca ,  situé  à  trois 
degrés  dans  le  nord-est,  et  à  celle  des  principaux  accidents  oro- 
graphiques  qui  se  dessinent  dans  l'île  de  Vancouver. 

Pénétrant  dans  l'océan  Pacifique  boréal,  le  dodécaedrique  rhom- 
boïdal  atteint,  au  sud  de  la  ci-devant  Amérique  russe,  au  milieu 
d'une  mer  déserte  et  probablement  profonde,  un  point  T,  où  il 
coupe  perpendiculairement,  à  90  degrés  du  point  T  de  la  Sicile,  le 
primitif  de  l'Etna.  Il  y  rencontre  symétriquement,  suivant  les  angles 
connus,  Yoctaédrique  du  lac  Baïkal  et  Yoctaédrique  du  cap  Cod, 
dont  le  cours  a  été  décrit  ci-dessus  page  101  et  io5.  Ce  point  T 
est  situé  par  5i°i'5"  de  latitude  N.  et  i5o°  28'55",o8  de  longi- 
tude 0.  de  Paris,  et  le  primitif  de  l'Etna  y  est  orienté  vers  le  N. 
i3°i/i'off,75E1.  Au  moyen  de  ces  chiffres  on  peut  construire  le 
point  T  dont  nous  parlons,  ainsi  qu'un  arc  de  chacun  des  cercles 
qui  s'y  croisent. 

Notre  dodécaedrique  rhomboidal  coupe  perpendiculairement  le  mé- 
ridien situé  à  1  67°i8'5o",02  à  l'ouest  de  Paris,  à  37°/i5'3o/,o,6 
du  pôle2,  c'est-à-dire  par  52°  i/i'2o",o/i  de  latitude  N.  H  est  fa- 
cile, d'après  ces  données,  de  calculer  la  latitude  et  l'orientation  de 
son  intersection  avec  autant  de  méridiens  qu'on  le  juge  nécessaire. 
On  peut  donc  le  construire  sur  une  carte  quelconque,  avec  toute 
la  précision  qu'on  désire. 

Tracé  par  cette  méthode  sur  la  belle  carte  générale  de  l'océan 
Pacifique,  feuille  5e,  dressée,  d'après  les  travaux  anglais  et  russes 
les  plus  récents,  par  M.  E.  Ploix,  sous-ingénieur  hydrographe,  et 
publiée  au  dépôt  des  cartes  et  plans  de  la  marine  en  i865,  notre 
dodécaedrique  rhomboidal  s'adapte  au  îles  Aleutiennes  avec  une  pré- 
cision remarquable. 

1  Tableau  des  données  numériques  qui  2  Tableau  des  données  numériques  qui 

fixent  les  36a  points  principaux  du  réseau  fixent  les  i5o,  cercles  du  réseau  penta- 

pentagonal.    [Comptes  rendus,  t.  LVIII.  gonal.  {Comptes  rendus,  t.  LVII.  p.  121.) 
p.  3o8.) 

Stratigraphie.  _  1  a 


178  RAPPORT  SLR  LES  PROGRÈS 

La  carte  de  M.  Ploix  est  la  continuation  vers  le  nord,  jusque 
dans  la  mer  Glaciale,  de  la  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  déjà 
citée  plusieurs  fois.  Au  point  où  elles  se  réunissent,  ces  deux  cartes, 
dressées  sur  la  projection  réduite  de  Mercator,  sont  à  la  même 
échelle,  les  méridiens  s'y  trouvant  à  la  même  distance.  Mais  on 
sait  que  l'échelle  d'une  carte  dressée  sur  cette  projection  va  en 
croissant  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  l'équateur.  Sous  l'équateur, 
la  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin  est  à  l'échelle  de  13 40'0 000 ,  qui 
est  celle  d'un  globe  de  9 5  centimètres  de  diamètre,  et  une  minute 
de  1,85  s  mètres  y  est  représentée  par  un  peu  plus  de  -  de  milli- 
mètre. Par  52  degrés  de  latitude,  la  carte  de  M.  Ploix  est  à  l'é- 
chelle de  S<J0000 ,  correspondant  à  un  globe  de  im,5/i  de  diamètre, 
et  une  minute  du  méridien,  de  1,8 5 2  mètres,  y  est  représentée 
par  un  peu  moins  de  7  de  millimètre.  Je  donne  ces  détails  pour 
faire  voir  que,  dans  une  construction  exécutée  avec  soin  sur  ces 
cartes,  très-soignées  elles-mêmes,  on  peut,  à  la  rigueur,  estimer 
les  minutes. 

La  presqu'île  Alaska  et  les  îles  Aleutiennes,  qui  y  font  suite, 
constituent  une  sorte  de  barrage  curviligne  qui  sépare  la  mer  peu 
profonde  du  Kamtschatka  de  l'océan  Pacifique,  qui  est  au  contraire 
très-profond.  Sur  la  carte  placée  verticalement,  on  croirait  voir 
une  guirlande  suspendue  au-dessous  du  détroit  de  Behring  :  c'est 
une  guirlande  enflammée,  car  M.  Léopold  de  Buch  y  signale  onze 
volcans  actuellement  brûlants,  et  la  carte  de  M.  Ploix  y  indique 
en  outre  des  volcans  éteints.  L'une  de  ces  montagnes  ignivomcs  a 
3,675  mètres  de  hauteur,  une  autre  2,780  mètres,  d'autres  \  l\  à 
1,600  mètres;  elles  sont  donc  comparables  eu  grandeur  au  pic 
de  Ténérifle,  à  l'Etna  et  au  Vésuve,  et  elles  ne  leur  sont  pas  infé- 
rieures en  activité. 

De  même  que  beaucoup  de  chaînes  de  montagnes,  cette  guirlande 
volcanique  n'est  curviligne  qu'en  apparence.  Étudiée  attentivement 

'   Description  physique  des  Mrs  datai-       duite  de  l'allemand  par  M.  C.  Boulanger 
ries,  etc.  \M\v  M.  Léopold  de  IîimIi -  ini-        Paris,  i836,  p.  465. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         179 

sur  la  carte  de  M.  de  Buch ,  et  mieux  encore  sur  la  carte  plus  précise 
de  M.  Pioix,  elle  se  résout  en  éléments  rectilignes,  au  nombre  de 
quatre  au  moins,  dont  rensemble  peut  être  considéré  comme  une 
ligne  brisée  à  angles  très-obtus. 

Le  primitif  de  la  presqu'île  Alaska  et  de  la  terre  de  Van-Diemen, 
signalé  ci-dessus  page  1 36 ,  comme  s'adaptant  sur  une  longueur 
de  près  de  100  lieues  à  la  côte  S.-E.  de  la  presqu'île  Alaska,  re- 
présente le  plus  oriental  de  ces  éléments  rectilignes. 

La  carte  de  M.  Ploix  divise  la  chaîne  totale  des  îles  Aleutiennes 
en  trois  tronçons,  les  îles  Fox,  les  îles  Andreanoff  et  les  îles  Kryei 
ou  du  Rat,  et  chacun  de  ces  tronçons  présente  une  direction  dis- 
tincte :  on  pourrait  peut-être  y  joindre  encore  une  direction  inter- 
médiaire. 

Le  groupe  des  îles  Andreanoff  a  une  longueur  de  90  lieues  ma- 
rines ou  de  5oo  kilomètres,  depuis  la  passe  de  Segouam  jusqu'aux 
petites  îles  Delaroff. 

Le  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  coupe  le  170e  méridien  à  l'ouest 
de  Paris  par  5i°39' 23",i2  de  latitude  N. ,  avec  l'orientation 
Y  8o°&7'8',oi  E.  ou  E.  9°i2'6i",99  N.,  passe  au  nord  de 
l'écueil  figuré  au  sud  de  la  passe  de  Segouam,  de  manière  à  raser 
au  sud  l'île  Amlia,  l'île  Atkha,  l'île  Kanaga,  à  raser  au  nord  l'île 
Tannax,  une  île  adjacente  et  la  petite  île  lllak,  à  couper  l'île 
Adakh  par  le  milieu  de  l'intervalle  des  deux  montagnes  que  la 
carte  y  figure,  et  à  sortir  de  l'Archipel  par  la  plus  occidentale  des 
petites  îles  Delaroff,  île  étroite  et  allongée,  avec  l'axe  de  laquelle 
le  cercle  s'identifie. 

La  direction  de  notre  cercle  est  aussi  conforme  que  possible  à 
celle  du  groupe  des  îles  Andreanoff,  mais  on  pourrait  remarquer 
qu'il  y  laisse  une  plus  grande  masse  de  terres  au  nord  qu'au  sud, 
et  qu'il  représenterait  mieux  encore  l'axe  médian  de  cette  portion 
d'archipel  s'il  était  reporté  à  10  minutes  ou  à  19  kilomètres  plus 
au  nord,  sans  changer  d'orientation.  Dans  cette  position  modifiée, 
l'arc  qui   nous  occupe  passerait  par  le  volcan   de  Kanaga,  dont 


180  RÀPPOBT  SUK  LES   PROGRÈS 

M.  Léopold  de  Buch  dit  qu'il  est  entouré  par  une  grande  quan- 
tité de  sources  chaudes  qui  jaillissent  près  des  bords  de  la  mer, 
ajoutant  ensuite  qu'autrefois  les  habitants  de  la  contrée  recueil- 
laient dans  le  cratère  de  cet  immense  volcan  une  quantité  considé- 
rable de  soufre.  Mais,  comme  le  volcan  de  Kanaga  s'aligne  avec 
trois  autres  dépendant  du  groupe  des  îles  Kryei  ou  du  Rat,  dans 
la  direction  propre  à  ce  groupe,  il  est  douteux  qu'il  soit  essentiel 
au  grand  cercle  le  plus  propre  à  représenter  le  groupe  des  îles 
Adreanoff  de  passer  à  Kanaga.  Dans  la  position  que  le  calcul  assigne 
à  notre  cercle,  il  laisse  au  nord  tous  les  volcans  des  îles  Aleu- 
tiennes,  ceux  de  la  presqu'île  Alaska,  le  mont  Saint-Elie,  le  pic 
de  Beautemps,  le  mont  Edgecombe,  ainsi  que  les  volcans  de  la 
Californie  et  du  territoire  de  l'Orégon ,  et  c'est  peut-être  là  la  con- 
dition normale  de  son  existence.  Dans  tous  les  cas,  il  n'y  a  pas 
lieu  de  supposer  qu'il  soit  à  plus  de  10  minutes  de  la  position  la 
plus  régulière  possible,  distance  peu  considérable,  et  qui  est  cepen- 
dant très-appréciable  sur  la  carte  si  nette  de  M.  Ploix. 

En   sortant   des   îles   Aleutiennes ,    le   dodécaédrique   rhomboïdal 

tteint  promptement  le  point  1  situé  à  5  degrés  au  sud  un  peu  est 

de  la  pointe  méridionale  du  Kamtschatka,  presqu'île  sur  laquelle 

le  catalogue  de  M.  Léopold  de  Buch  ne  signale  pas  moins  de 

douze  volcans,  dont  plusieurs  sont  très-considérables. 

Il  chemine  ensuite  à  trois  ou  quatre  degrés  au  large  de  la  chaîne 
des  îles  Kurdes,  qui  contient  à  elle  seule  dix  volcans,  et  va  aborder 
la  grande  île  de  Niphon,  qui  fait  partie  de  l'archipel  du  Japon,  où 
M.  Léopold  de  Buch  signale  quatorze  volcans  au  moins,  tous  en 
pleine  activité. 

Tracé  sur  la  carte  de  l'océan  Pacifique  par  M.  Vincendon-Du- 
moulin,  et  sur  celle  de  la  Mongolie,  du  pays  des  Mandchoux,  de  la 
Korée  et  du  Japon  par  M.  Klaproth,  notre  cercle  coupe  la  partie 
sud-est  de  l'île  de  Niphon  d'une  manière  a  peu  près  semblable 
sur  les  deux  cartes,  malgré  les  nombreuses  différences  qu'elles 
présentent    dans  les  détails.  11  y  entre  à  3o  ou   35  minutes  au 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  181 

sud  de  Nakamura  et  un  peu  au  nord  du  cap  Kennis;  il  passe  à 
22  ou  3o  minutes  au  nord-ouest  de  Yedo*  capitale  de  l'Empire, 
et  un  peu  à  l'ouest  du  port  de  Famamatsu,  et  il  s'éloigne  de  l'île 
par  le  cap  Idsumosaki,  qu'il  effleure  d'après  la  carte  de  M.  Vin- 
cendon- Dumoulin  et  qu'il  coupe  légèrement  d'après  celle  de 
Klaproth. 

Au  sud-ouest  de  Yedo  se  trouve  le  volcan  de  Fusi-uo-Yama,  qui, 
d'après  M.  Léopold  de  Buch,  est  la  montagne  la  plus  élevée  et  le 
volcan  le  plus  considérable  de  tous  ceux  du  Japon.  Il  est  un  peu 
moins  haut  que  le  pic  de  Ténériffe,  mais  il  ne  le  cède  à  aucun 
volcan  par  la  majesté  de  son  aspect.  Son  sommet  est  constamment 
couvert  de  neige,  et  il  s'en  dégage  d'abondantes  fumées.  Le  cône 
qui,  sur  la  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  représente  le  Fusi-no- 
Yama,  est  placé  à  12  minutes  ou  22  kilomètres  au  S.-E.  du  dodé- 
caédrique  rhomboïdal,  et  sur  la  carte  de  M.  Klaproth  ce  cercle  y  passe 
exactement.  On  peut  dire,  par  conséquent,  qu'il  en  passe  en  tout 
état  de  cause  à  une  faible  distance. 

Le  volcan  de  Fatisio,  cité  aussi  par  M.  Léopold  de  Buch,  est  placé 
dans  une  petite  île  située  au  sud  de  notre  cercle,  mais  les  douze 
autres  volcans  indiqués  au  Japon  restent  au  nord,  ou  pour  mieux 
dire  au  nord-ouest,  car,  à  mesure  qu'il  se  rapproche  de  l'équateur, 
ce  grand  cercle  coupe  nécessairement  les  méridiens  de  plus  en  plus 
obliquement. 

En  s'avançant  au  sud-ouest  à  partir  du  cap  Idsumosaki,  le  dodé- 
caédrique  rhomboïdal  suit  la  nombreuse  série  de  petites  îles  qui  rat- 
tache l'archipel  japonais  à  la  grande  île  chinoise  de  Formose.  Il 
laisse  au  nord-ouest  la  presque  totalité  de  cette  fourmilière;  cepen- 
dant il  traverse  une  partie  du  petit  archipel  des  îles  Lou-chou  ou 
Liqueo,  et,  tracé  sur  la  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  qui  re- 
produit sur  une  échelle  réduite  la  belle  carte  des  îles  Lou-chou 
levée  et  publiée  par  M.  de  la  Roche-Poncié ,  il  rase  au  S.-E.  les  îles 
d'Ou-sima-kakirouma,  d'Oukin,  d'Amakinima,  et  au  JN.-O.  l'île 
de  Lou-chou,  la  plus  grande  du  groupe  auquel  elle  donne  son 


182  RAPPORT  SUR   LKS   PROGRÈS 

nom.  Il  la  détache  ainsi  des  autres  en  s'insinuant  dans  un  joint  de 
plus  de  3  degrés  ou  3/io  kilomètres  de  longueur,  avec  une  adresse 
et  une  précision  dont  nous  avons  déjà  vu  des  exemples  et  qu'on 
ne  revoit  jamais  sans  surprise. 

L'île  de  Soufre,  le  plus  méridional  des  quatorze  volcans  japonais 
énumérés  par  M.  Léopold  de  Buch,  appartient  aux  îles  Lou-chou 
et  reste  à  38  minutes  ou  70  kilomètres  de  notre  cercle. 

Ce  même  cercle,  en  continuant  son  cours,  laisse  au  N.-O.  l'île  de 
Formose  pour  se  rapprocher  de  l'île  de  Luçon,  et  dans  cet  intervalle 
il  traverse  la  zone  des  actions  volcaniques,  qui  de  l'île  de  Soufre 
paraît  gagner  l'île  de  Formose,  fréquemment  ravagée  par  des  trem- 
blements de  terre  formidables,  et  qui  de  Formose  se  continue  par 
l'île  de  Luçon  et  les  autres  îles  Philippines  peuplées  de  nombreux 
volcans,  placés  tous  désormais,  jusqu'à  Sumatra,  au  S.-E.  de  notre 
cercle. 

Ce  cercle  ne  touche  pas  Luçon;  il  passe  à  22  minutes  ou  h\  ki- 
lomètres du  cap  Bangui,  angle  N.-O.  de  cette  grande  île,  et  il  laisse 
au  S.-E.,  à  32  minutes  ou  52  kilomètres  de  distance,  le  volcan  de 
l'île  Babuyan,  le  plus  septentrional  de  la  longue  guirlande  des  Phi- 
lippines et  des  Moluques. 

En  avançant  dans  la  mer  de  la  Chine,  il  atteint  le  point  H 
situé  au  milieu  des  écueils  et  des  récifs  dont  le  centre  de  cette 
mer  est  embarrassé,  point  déjà  mentionné  plus  d'une  fois,  où  il 
coupe  à  angle  droit  le  dodécaédrique  rhomboïdal  de  l'Etna,  qui  repré- 
sente l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée. 

Poursuivant  son  cours  dans  la  mer  de  la  Chine,  notre  cercle  y 
traverse  l'île  Boong-Ooran  ou  Grande -Natuna,  puis,  avant  d'en 
sortir,  il  coupe,  à  quelques  minutes  au  midi  de  l'Equateur,  la 
pointe  S.-E.  de  l'île  Lingin  et  rase  au  S.-E.  l'île  Pulo-Sinkop.  Il 
aborde  ensuite  l'île  de  Sumatra,  où  il  passe  au  grand  volcan  d<* 
Gunong-Dempo,  dont  la  base  est  entourée,  d'après  M.  Léopold  de 
Buch,  de  sources  chaudes  accompagnées  d'autres  manifestations 
extérieures  «h's   feux   souterrains.   Ce   volcan,  élevé,   dit-on.  «le 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  183 

3,658  mètres  et  situé  presque  exactement  aux  antipodes  du  Nœud 
de  los  Robles  et  des  volcans  de  Sotara  et  de  Puracé,  fait  partie 
de  la  guirlande  des  îles  de  la  Sonde,  que  notre  cercle  ne  fait  que 
traverser,  de  même  qu'il  n'a  fait  que  traverser  la  grande  Cordillère 
américaine. 

Sortant  de  Sumatra,  à  i5  minutes  ou  28  kilomètres  au  N.-O. 
du  port  célèbre  de  Bencoolen,  le  dodécaédrique  rhomboïdal  poursuit 
son  cours  à  travers  l'océan  Indien,  l'océan  Austral  et  l'océan  Atlan- 
tique méridional,  sans  y  toucher  aucune  terre,  et  va  aborder  l'Amé- 
rique méridionale  par  la  côte  du  Brésil,  où  nous  avons  commencé 
à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  deux  arcs  terrestres  d'une  certaine 
étendue,  l'un  dans  l'Amérique  du  Sud  et  l'autre  dans  l'Amérique 
du  Nord,  et  d'autres  de  moindre  importance  dans  le  Veragua,  le 
Guatemala,  le  Yucatan,  l'Ile  de  Niphon,  Sumatra,  le  tout  formant 
une  somme  d'environ  88  degrés;  cette  somme  n'est  que  peu  infé- 
rieure à  la  moyenne  des  valeurs  trouvées  pour  les  autres  grands 
cercles  principaux  que  nous  avons  étudiés  ;  mais  elle  n'est  guère 
que  les  \-  de  la  somme  des  arcs  terrestres  du  dodécaédrique  rhom- 
boïdal de  l'Etna,  qui  représente  le  système  de  l'axe  volcanique  de  la 
Méditerranée. 

Celui  qui  vient  de  nous  faire  faire  le  périple  presque  complet 
de  l'océan  Pacifique  a  l'heureuse  chance  de  traverser  des  contrées 
dont,  grâce  à  M.  de  Humboldt  et  à  MM.  les  hydrographes  des 
diverses  nations  maritimes,  nous  possédons  d'excellentes  cartes. 
Nous  avons  pu  y  constater  que  son  cours  est  jalonné  avec  une 
étonnante  précision,  même  dans  des  localités  dont  le  nom  était 
naguère  encore  très-peu  connu.  11  s'adapte  en  même  temps  d'une 
manière  non  moins  remarquable  aux  configurations  géographiques 
générales. 

Il  est  du  nombre  de  ceux  qui  donnent  deux  hémisphères  extrê- 
mement inégaux  sous  le  rapport  de  la  répartition  des  terres  et  des 
mers.  Il  sépare,  comme  on  l'a  dit  ailleurs,  la  partie  la  plus  continen- 


18/i  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

taie  du  globe  terrestre  dans  sa  partie  la  plus  maritime,  en  suivant, 
depuis  la  Bolivie  jusqu'à  Sumatra,  sur  une  longueur  de  plus  de 
200  degrés,  le  bord  de  l'océan  Pacifique,  qui  est  sur  le  globe  une 
ligne  droite  profondément  festonnée.  Il  forme  en  même  temps  l'axe 
de  la  longue  traînée  volcanique  des  Andes  et  du  Japon. 

J'ai  déjà  donné  différents  détails  sur  ses  rencontres  avec  certains 
points  ou  lignes  volcaniques;  quelques  remarques  complémen- 
taires trouveront  ici  leur  place  naturelle. 

A  partir  du  volcan  de  l'île  Babuyan,  au  nord  de  Luçon,  la  bande 
volcanique  des  Philippines  et  des  Moluques,  dans  laquelle  M.  Léo- 
pold  de  Buch  énumère  dix-sept  volcans1,  se  sépare  largement  de 
notre  cercle.  Elle  s'étend  jusqu'à  l'île  de  Gilolo,  dans  les  parages 
de  laquelle  elle  se  rattache  à  la  bande  des  îles  de  la  Sonde  que 
notre  cercle  coupe  au  Gunong-Dempo  et  dans  laquelle  M.  de  Buch 
compte  quarante -huit  volcans,  y  compris  tous  ceux  de  Java  et 
celui  de  l'île  Baren,  près  des  Adamans,  dans  le  golfe  de  Bengale. 

Des  Moluques  part  encore  une  troisième  bande  volcanique  qui , 
par  la  Nouvelle-Guinée  et  la  Nouvelle-Bretagne,  s'étend  jusqu'au 
volcan  de  Tanna,  dont  les  scories  ponceuses  sont  rejetées  sur  les 
plages  de  nos  établissements  de  la  Nouvelle-Calédonie,  et  jusqu'au 
petit  volcan  Mathew,  situé  un  peu  plus  loin  vers  le  sud,  sur  le  pri- 
mitif de  Cuba  et  du  cap  Sandy  (où  la  mention  en  a  été  oubliée), 
et  qui  forme  le  onzième  volcan  de  cette  série. 

Ces  trois  guirlandes,  curvilignes  en  apparence,  mais  qui,  comme 
celles  des  îles  Aleutiennes,  se  décomposent,  par  un  examen  attentif, 
en  éléments  rectilignes,  ont  leur  nœud  à  la  jonction  des  archi- 
pels de  la  Sonde  et  des  Moluques,  non  loin  du  point  b  de  Gilolo 
déjà  mentionné  précédemment.  Leur  réunion  donne  lieu  à  une 
ligure  quelque  peu  analogue  à  ces  trois  jambes  assemblées  en  tré- 
pied dont  on  a  fait  le  symbole  de  la  Sicile  (Trinacria).  Elles  sont 
de  longe ur  fort  inégales  et  les  volcans  de  Babuyan,  Baren  et  Ma- 

1    Description  pln/sit/iic  (1rs  tics  C.tiiimies ,  etc.  [).  4B«. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         185 

thew  en  sont  les  extrémités.  M.  Léopold  de  Buch,  dans  son  inté- 
ressante carte,  ne  figure  complètement  que  les  deux  premières, 
qui,  considérées  à  part,  représentent  un  crochet  ou  un  hameçon 
recourbé  autour  de  la  partie  S.-E.  du  continent  asiatique,  dont, 
suivant  1  ingénieuse  remarque  de  l'illustre  géologue,  il  marque 
la  limite  souterraine. 

La  troisième  branche,  en  se  dirigeant  vers  l'ile  Ma  thew,  se  re- 
courbe elle-même  autour  du  continent  australien  et  de  ses  annexes; 
car  toute  cette  configuration,  quelque  bizarre  qu'elle  paraisse  au 
premier  abord,  trouve  sa  raison  d'être  dans  la  disposition  générale 
des  terres  de  ces  parages,  et  se  rattache  aussi  d'une  manière  géné- 
rale à  l'agencement  des  cercles  du  réseau  pentagonal. 

En  effet,  la  zone  volcanique  en  forme  de  crochet,  composée 
des  deux  premières  guirlandes,  par  cela  même  qu'elle  se  recourbe 
autour  des  pointes  de  l'Asie,  se  recourbe  en  même  temps  autour  du 
point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  et  la  troisième  guirlande,  la  plus 
longue  de  toutes,  qui  part  des  environs  du  point  b  de  Gilolo, 
oscille  dans  ses  inflexions  autour  de  la  direction  du  dodécaédrique 
régulier  du  Sénégal  et  de  la  iSouvelle-Guinée,  et  semble  rayonner  du 
point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  où  passe  ce  grand  cercle.  Elle  se 
dirige  vers  le  point  H  de  l'Amérique  méridionale,  antipode  du  pre- 
mier, où  le  même  cercle  passe  également;  mais  elle  est  bien  loin 
de  l'atteindre,  car  elle  s'étend  seulement  jusqu'à  65  degrés  du  pre- 
mier point  H,  tandis  que  l'intervalle  qui  le  sépare  de  son  homo- 
logue est  de  180  degrés. 

Cette  considération  nous  ramène  cependant  au  point  H  des  plaines 
du  Béni,  et  nous  conduit  à  remarquer  que  les  évents  volcaniques 
qui  Favoisinent  présentent,  par  rapport  à  lui,  une  disposition  sus- 
ceptible d'être  comparée  à  celle  que  nous  venons  d'observer  autour 
du  point  H  de  la  mer  de  la  Chine. 

Pour  le  comprendre,  il  suffit  de  remarquer  que  quatre  lignes 
volcaniques,  formées  de  volcans  moins  nombreux  mais  plus  grands 
que  ceux  de  l'Indo-Chine.  se  dessinent  dans  les  Andes  de  l'Ame- 


186  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

rique  méridionale  :  celle  du  Nœud  de  los  Pastos,  au  S.-O.  de  Po- 
payan,  composée  de  quatre  volcans,  Tuquères,  Azufral,  Guinbai, 
Cliiles,  dont  la  direction  est  vers  le  N.-E.  un  peu  N.  et  qui  peut 
être  censée  continuée,  en  se  recourbant  à  l'E.,  par  la  Cordillère 
littorale  de  Venezuela,  célèbre  par  les  ravages  qu'y  exercent  les 
tremblements  de  terre;  celle  de  Quito,  où  M.  Léopold  de  Buch 
énumère  neuf  volcans,  et  dont  la  direction  est  N.  un  peu  E.  ;  celle 
de  la  Bolivie,  où  l'illustre  géologue  énumère  dix  volcans,  et  dont  la 
direction  est  N.-O.  un  peu  N.;  enfin  celle  du  Chili,  où  le  même 
savant  compte  vingt-quatre  volcans,  et  où  la  direction  est  S.  un 
peu  0 

Les  trois  premières  lignes  se  dirigent  de  manière  à  passer  loin 
du  point  H  des  plaines  du  Béni;  suffisamment  prolongées,  elles 
forment  une  portion  de  polygone  qui  tourne  sa  concavité  vers  ce 
point  et  représente  un  segment  de  couronne  dont  il  occuperait 
l'intérieur.  On  pourrait  considérer  cette  couronne  comme  entou- 
rant le  grand  massif  de  roches  primitives  du  Brésil  et  de  la  Guyane, 
de  même  que  son  analogue  entoure  celui  de  l'Indo-Chine. 

La  quatrième  ligne,  au  contraire,  se  dirige  très-approximative- 
ment  suivant  un  rayon  partant  du  point  H.  D'après  M.  Pissis, 
comme  on  l'a  dit  ci-dessus  page  26,  la  direction  du  système  chilien 
auquel  se  rapporteraient  les  volcans  est  la  même  que  celle  de  la 
chaîne  principale  des  Andes  da  Chili  et  de  la  Cordillère  occidentale  du 
Chili,  qui  l'une  et  l'autre  sont  parallèles  au  primitif  du  Groenland 
et  du  Chili.  Or  ce  cercle  passe  par  le  point  H  du  Béni  et  par  son 
antipode  le  point  H  de  la  mer  de  la  Chine.  Dans  l'un  et  l'autre 
point,  il  divise  en  deux  parties  égales,  de  /i5  degrés  chacune,  l'angle 
droit  qu'y  forment  les  deux  dodécaédriquei  rkomboidanx  qui  s'a- 
daptent aux  systèmes  volcaniques  de  la  Méditerranée  et  du  Paci- 
fique. 

On  peut  donc  considérer  la  ligne  des  volcans  du  Chili  comme 
rayonnant  du  point  H  du  Béni  pour  se  diriger  vers  le  point  H  de 
la    mer  de  la   Chine,   en  obéissant   aux   lois  signalées  depuis  long- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         187 

temps,  dans  un  travail  spécial,  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  r. 
Seulement  cette  ligne  suit  une  voie  différente  de  celle  que  prend 
la  troisième  des  lignes  volcaniques  de  l'Indo-Ghine,  pour  se  diriger 
du  point  H  de  la  mer  de  la  Chine  vers  le  point  H  du  Béni,  de 
sorte  qu'elles  ne  marchent  pas  directement  à  la  rencontre  l'une  de 
l'autre. 

Telles  sont  les  analogies  et  les  différences  que  présentent  ces 
deux  points  principaux  du  réseau  pentagonal  dans  leurs  rapports 
avec  les  foyers  volcaniques  qui  les  avoisinent.  Ils  sont  comme  les 
deux  pôles  ou  les  deux  têtes  de  la  zone  de  volcans  qui  entoure, 
vers  l'est,  le  nord  et  l'ouest,  l'océan  Pacifique.  Chacun  d'eux  est 
ceint,  du  côté  opposé  à  la  masse  principale  des  terres,  par  un  seg- 
ment de  couronne  volcanique,  et  chacun  d'eux  a  projeté  dans  une 
direction  excentrique  un  immense  appendice ,  la  ligne  circum- 
australienne  et  la  ligne  chilienne,  qui  contribuent  à  limiter  vers  le 
sud  le  plus  vaste  océan  du  globe.  Ce  sont  comme  deux  bras  iné- 
galement ouverts  qui  tendraient  à  le  resserrer,  mais  qui  sont  trop 
courts  pour  l'embrasser. 

La  demi -circonférence  de  notre  dodécaédrique  rhomboïdal,  qui 
s'étend,  par  le  nord,  du  point  H  du  Béni,  tête  américaine  de  la 
zone  volcanique,  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  qui  en  est  la 
tête  asiatique,  peut  être  considérée  comme  l'axe  de  la  zone  entière 
et  mérite  d'être  appelée  l'axe  volcanique  du  Pacifique. 

Les  lignes  partielles  dont  cette  zone  se  compose  ont  déjà  été  énu- 
rnérées  pour  la  plupart.  Il  en  est  cependant  quelques-unes  qui 
restent  encore  à  mentionner.  Telle  est  la  ligne  des  volcans  mexi- 
cains, au  nombre  de  cinq,  qui  s'étend  des  îles  de  Ra villa gigedo 
au  volcan  du  Tuxtla,  situé  au  S.-E.  de  la  Vera-Cruz,  à  une  mé- 
diocre distance  de  notre  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  traverse  le 
Yucatan. 

Telle  est  encore  la  ligne  ou  guirlande  des  petites  Antilles,  où 

1  Remarques  relatives  à  une  observa-  du  navire  la  Félicie.  (Comptes  rendus. 
tion  de  tremblement  dp  terre  faite  à  bord         I.  LUI,  1086.  séance  du  10  déc.  1861.) 


188  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

M.  de  Buch  énumère  dix  volcans.  Cette  petite  zone  volcanique 
paraît  d'abord  isolée,  mais  on  peut  la  considérer  comme  liée  à  la 
zone  principale  par  la  Cordillère  de  Venezuela  et  par  la  chaîne 
des  grandes  Antilles,  dirigées  à  peu  près  de  l'ouest  à  l'est,  au  sud 
et  au  nord  de  la  mer  des  Antilles,  chaînes  qui,  sans  présenter  de 
volcans,  laissent  éclater  la  puissance  des  feux  souterrains  par  la 
violence  des  tremblements  de  terre  qui  les  ravagent  fréquemment. 
La  dernière  est  dans  la  prolongation  de  la  ligne  mexicaine,  tandis 
que  la  première  se  rattache  aux  volcans  du  Nœud  de  los  Robles 
et  aux  volcans  isolés  du  Rio-Fragua  et  de  Tolima,  en  Colombie. 

On  peut  rattacher  encore  à  la  zone  circumpacifique  le  volcan 
de  Narborough  dans  les  îles  Galapagos  et  quelques  autres. 

La  liste  paraissait  arrêtée,  il  y  a  quelques  années,  à  deux  cent 
soixante-deux  volcans,  mais  on  en  a  encore  signalé  d'autres  depuis 
lors.  Toujours  est-il  certain  que,  sur  les  trois  cents  volcans  environ 
qui  sont  connus  sur  la  surface  du  globe,  plus  des  y  appartiennent 
à  la  zone  circumpacifique,  qui  a  pour  axe  notre  dodécaédriqne rhom- 
boïdal. 

Ceux  de  ces  volcans  qui  entourent  les  deux  têtes  H  de  la  zone 
ou  qui  rayonnent  de  ces  points  sont  situés,  pour  la  plupart,  sur 
le  côté  du  dodécaédriqne  rhomboïdal  qui  regarde  l'océan  Pacifique  ; 
les  autres  sont  répartis  des  deux  côtés  de  ce  même  cercle  en  nombre 
presque  égal. 

Ces  volcans,  comme  on  l'a  déjà  remarqué  plus  haut,  sont  sou- 
vent disposés  en  guirlandes  qui  paraissent  curvilignes,  mais  qui, 
étudiées  sur  des  cartes  d'une  précision  suffisante,  se  résolvent  en 
éléments  rectilignes  parallèles  aux  directions  des  systèmes  strati- 
graphiques  des  contrées  qu'elles  traversent  :  ce  qui  confirme  la 
remarque  déjà  consignée  ci-dessus  page  37,  que  les  volcans  se  sont 
alignés  entre  eux  suivant  les  directions  de  systèmes  préexistants1. 

Aucune,  peut-être,  de  ces  directions  n'est  parallèle  au  dôdécaédrtque 

1   Notice  sur  1rs  si/slci/irs  tir  luontnipicx  .  p.  7O1   H  sui\. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN   FRANCE.  189 

rhomboïdal,  mais  la  dépendance  dans  laquelle  les  lignes  volcaniques 
se  trouvent  par  rapport  à  ce  cercle  se  manifeste  par  le  fait  que  cer- 
tains volcans  se  trouvent  placés  sur  son  cours  même  ou  très-près 
de  son  cours,  comme  on  l'a  vu  pour  le  Sotara,  le  Fusi-no-1 ama , 
le  Gunong-Dembo;  par  cet  autre  fait,  plus  fréquent  encore,  que 
certaines  lignes  volcaniques  viennent  s'y  arrêter  plus  ou  moins 
exactement,  comme  on  l'a  vu  pour  les  lignes  de  Guatemala,  du 
Mexique,  des  îles  Aleutiennes,  etc.,  et  enfin  par  les  rapports  signalés 
plus  haut  entre  la  configuration  totale  de  l'ensemble  et  la  demi- 
circonférence  de  ce  cercle  qui  joint,  par  le  nord,  le  point  H  des 
plaines  du  Béni  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine. 

Mais  cette  ébauche  demeurerait  incomplète  si  on  n'y  ajoutait 
quelques  mots  sur  les  volcans  qui  restent  en  dehors  de  la  zone 
circumpacifique. 

Les  points  H  des  plaines  du  Béni  et  de  la  mer  de  la  Chine  sont 
les  pôles  du  primitif  de  l'Etna  dont  on  s'est  servi  pour  installer  le 
réseau  pentagonal,  en  le  faisant  passer  par  l'Etna  et  par  le  Mouna- 
Boua,  situé  dans  l'île  Hawaii,  l'une  des  Sandwich.  Ce  grand  cercle 
passe  aussi  très-près  des  volcans  de  la  terre  Victoria,  dans  les  ré- 
gions polaires  antarctiques,  le  mont  Erèbe  et  le  mont  Terror. 

H  passe  de  même  à  une  médiocre  distance  du  volcan  de  l'île  de 
JeanMayen,  dans  la  mer  Glaciale  arctique,  volcan  qui  est  considéré 
comme  le  terme  extrême  de  la  bande  volcanique  de  l'Islande,  dont 
l'Hécla  fait  partie;  ce  qui  rattache  assez  naturellement  la  ligne  des 
volcans  de  l'Islande  au  primitif  de  l'Etna. 

Dans  la  Méditerranée ,  le  primitif  de  l'Etna ,  comme  on  l'a  dit 
précédemment,  rase  le  pied  du  Vésuve  et  traverse  le  groupe  des 
îles  Eoliennes  en  passant  à  de  faibles  distances  de  Stromboli  et  de 
\  ulcano.  Ces  trois  volcans  en  sont  beaucoup  plus  voisins  qu'ils  ne 
le  sont  de  l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée,  ce  qui  donnerait 
naturellement  l'idée  de  les  rattacher  au  primitif. 

L'axe  du  système  volcanique  de  la  Méditerranée ,  compris  dans 
le  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  en  porte  le  nom,  passe  à  l'Etna  et 


190  H  IPPORT  Si; H  LES   PROGRÈS 

s'étend  de  pari  et  d'autre  à  'Ao  degrés  environ  de  distance,  d'un 
côté  jusqu'au  pic  de  Ténérifîe  et  de  l'antre  jusqu'au  pic  de  Dema- 
vend.  H  est  placé  en  marteau  ou  en  potence  sur  le  primitif  de  l'Etna . 
auquel  il  est  perpendiculaire.  Cette  disposition  pourrait  être  con- 
sidérée comme  établissant  entre  l'axe  volcanique  de  la  Méditerra- 
née et  le  primitif  de  l'Etna  une  relation  au  moins  aussi  intime  que 
celle  d'après  laquelle  nous  y  avons  rattaché  la  ligne  volcanique  de 
l'Islande,  qui  vient  simplement  s'y  terminer. 

La  relation  paraît  d'autant  plus  intime  que,  relativement  aux 
volcans  dépendant  du  primitif  de  l'Etna,  l'axe  volcanique  de  la 
Méditerranée  joue  le  rôle  d'une  ligne  terminale,  car,  dans  toute 
l'Afrique  et  jusqu'au  mont  Érèbe,  situé  au  delà  du  pôle  antarctique, 
on  ne  connaît  aucun  volcan  sur  ce  grand  cercle  ou  dans  son  voi- 
sinage. On  doit  d'ailleurs  être  d'autant  plus  porté  à  regarder  tout 
le  système  volcanique  de  la  Méditerranée  comme  lié  au  primitif  de 
l'Etna  que,  sans  cela,  on  aurait  à  résoudre  la  question,  posée  ci- 
dessus,  de  savoir  si  le  Vésuve,  Stromboli,  Vulcano  et  l'Etna  lui- 
même  se  rattachent  plutôt  à  l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée 
qu  au  primitif  de  l'Etna,  Or  cette  question  ne  pourrait  être  que  fort 
épineuse,  et  l'absence  de  tout  indice  sur  le  sens  dans  lequel  elle 
devrait  être  résolue  est  un  argument  en  faveur  de  l'idée  que  les 
deux  cercles  se  rattachent  à  un  seul  et  même  système  volcanique. 

D'un  autre  côté,  la  zone  volcanique  circumpacifique  est  placée 
elle-même  en  marteau  ou  en  potence  sur  le  primitif  de  l'Etna.  Elle 
lui  est  perpendiculaire,  et  elle  s'étend  de  part  et  d'autre,  non  plus, 
à  la  vérité,  de  3o  degrés  seulement,  mais  de  90  degrés,  d'un  côlé 
jusqu'au  point  H  des  plaines  du  Béni,  de  l'autre  jusqu'au  point  H 
de  la  mer  de  la  Chine. 

Sauf  la  longueur  de  l'axe  et  le  nombre  des  volcans,  la  disposition 
est  tout  à  fait  analogue,  et  il  parait  d'autant  plus  naturel  de  regar- 
der comme  faisant  partie  d'un  tout  unique  ces  diverses  lignes  de 
volcans  également  actifs,  ajustées  les  unes  aux  autres  d'une  ma- 
nière similaire,  «pie,  relativement  ;m\  \olcans  de  la  zone  du  Pari- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN   FRANCE.  191 

fique,  ceux  qui  sont  liés  au  primitif  de  l'Etna  et  ceux  du  système 
de  la  Méditerranée  ne  forment,  au  total,  qu'un  faible  appoint  de 
moins  dun  cinquième. 

Telles  sont  les  considérations  qui,  ainsi  qu'on  l'a  rappelé  pré- 
cédemment page  27,  ont  porté  l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes l  à  regarder  comme  ne  formant  qu'un  seul  système 
volcanique  tous  les  volcans  qui  se  rattachent  aux  trois  cercles  tri- 
rectangulaires  :  primitif  de  l'Etna  (système  du  Tenare),  dodécaédrique 
rliomboïdal  de  ïEtna  (axe  volcanique  de  la  Méditerranée)  et  dodécaé- 
drique rhomboïdal  de  la  grande  traînée  volcanique  des  Andes  et  du 
Japon  (axe  volcanique  du  Pacifique).  En  fait,  les  trois  cercles  qui 
composent  l'assemblage  trirectangulaire  dont  nous  venons  de  nous 
occuper  sont  distincts,  et  il  était  naturel  de  commencer  par  les 
séparer;  mais,  en  remarquant  qu'ils  sont  perpendiculaires  entre  eux, 
on  a  constaté  entre  eux  un  lien  étroit  qui  rend  plus  naturel  encore 
de  les  réunir. 

Ce  système  trirectangulaire,  formé  par  un  grand  cercle  primitif 
et  par  deux  dodécaédriques  rhomboïdaux,  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  les  systèmes  trirectangulaires,  au  nombre  de  cinq,  qui  sont 
formés  chacun  par  trois  primitifs.  Chaque  primitif  est  coupé  per- 
pendiculairement, à  des  distances  de  90  degrés,  par  deux  dodé- 
caédriques rhomboïdaux,  qui  forment  avec  lui  un  assemblage  trirec- 
tangulaire. Chaque  système  trirectangulaire  de  trois  primitifs  réunit 
trois  de  ces  assemblages  trirectangulaires  mixtes,  et  le  réseau  entier 
en  renferme  quinze,  dans  lesquels  sont  employés  les  trente  dodé- 
caédriques rhomboïdaux.  C'est  l'un  de  ces  quinze  assemblages  trirec- 
tangulaires mixtes  qui  joue,  par  rapport  aux  volcans,  le  rôle  spécial 
qui  vient  d'être  signalé.  Le  réseau  pentagonal  renferme  beaucoup 
d'autres  assemblages  trirectangulaires,  formés  de  cercles  de  diffé- 
rentes espèces,  et  leur  rôle  géologique  mériterait  d'être  étudié. 

Toutes  les  relations  de  position  qui  viennent  d'être  signalées  se 


192  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

voient  sommairement  sur  le  globe  publié  par  M.  Bertrand,  a\er 
le  réseau  pentagonal  tracé  par  M.  Laugel;  mais,  comme  une 
simple  feuille  de  papier  est  toujours  plus  facile  à  manier  qu'une 
sphère,  on  les  saisirait  peut-être  mieux  encore  sur  un  planisphère 
qu'on  dresserait  en  prenant  pour  équateur  le  dodécaédrique  rhom- 
boïdal,  axe  volcanique  du  Pacifique,  et  pour  méridiens  les  perpen- 
diculaires à  ce  cercle;  on  pourrait  employer  la  projection  de  Cas- 
sini  ou  quelque  projection  basée  sur  les  mêmes  principes,  ce  qui 
permettrait  d'embrasser  une  zone  beaucoup  plus  large  et  d'y  com- 
prendre même  les  volcans  de  l'Islande  et  de  la  Méditerranée,  car, 
ayant  surtout  à  considérer  des  points  assez  peu  éloignés  de  deux 
grands  cercles  perpendiculaires  entre  eux,  on  pourrait  éviter  les 
principaux  inconvénients  de  ces  projections.  Pour  comprendre 
même  les  vastes  appendices  divergents  dont  il  a  été  question  pré- 
cédemment, on  aurait  à  considérer  cinq  grandes  bandes  dont  les 
lignes  médianes  seraient  placées  sur  le  papier  dans  les  positions 
convenables,  et  à  chacune  desquelles  on  appliquerait  séparément 
la  projection  des  cartes  plates  ou  celle  de  Gassini.  Ce  serait  un 
procédé  représentatif,  sinon  rigoureusement  exact,  du  moins  com- 
mode à  beaucoup  d'égards. 

Sur  ce  planisphère,  on  réunirait  les  cartes,  publiées  séparément 
par  M.  de  Buch,  des  différentes  lignes  ou  guirlandes  volcaniques, 
cartes  qui,  rapprochées  de  manière  à  former  un  ensemble,  s'éclai- 
reraient les  unes  les  autres. 

L'assemblage  de  lignes  volcaniques  figuré  sur  ce  planisphère  au- 
rait un  aspect  assez  différent  de  celui,  d'un  système  de  montagnes 
ordinaire,  composé,  en  principe,  d'une  série  de  chaînons  de  mon- 
tagnes parallèles  à  un  même  grand  cercle  de  la  sphère.  Gela  sem- 
blerait indiquer  que  l'avènement  de  la  volcanicité ,  sous  sa  forme 
actuelle,  n'a  pas  été  un  événement  complètement  comparable  au 
soulèvement  d'un  système  de  montagnes  tel  que  ceux  de  la  Gôte- 
d'Or  ou  des  Pyrénées,  et  cette  différence  pourrait  ne  pas  sembler 
(I  un  bon  augure  pour  l'avenir  de  notre  planète. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  193 

Mais  le  développement  de  ce  point  de  vue,  esquissé  plus  d'une 
fois  dans  les  leçons  du  Collège  de  France  et  de  l'Ecole  des  mines, 
sortirait  de  la  forme  purement  géométrique  de  ce  Rapport  sur  les 
progrès  de  la  Stratigraphie. 

En  y  rentrant  immédiatement,  nous  aurons  à  nous  demander 
comment  on  devra  classer  les  volcans  qu'on  ne  pourrait  rattacher 
à  aucune  de  ces  grandes  zones  qui  les  comprennent  presque  tous. 
Mais  d'abord,  au  système  de  l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée, 
on  pourrait  rattacher,  à  cause  de  leur  voisinage  des  Canaries,  les 
volcans  des  Açores  et  ceux  des  îles  du  cap  Vert.  Il  ne  resterait 
alors,  en  dehors  du  grand  système  trirectangulaire  et  de  ses  appen- 
dices, que  les  volcans  de  l'Asie  centrale,  ceux  des  îles  Marianes,  le 
volcan  de  la  Réunion,  et  un  petit  nombre  d'autres,  parmi  lesquels 
on  ne  doit  pas  oublier  le  volcan  sous-marin,  objet  des  recherches 
persévérantes  de  M.  Daussy,  situé  dans  l'océan  Atlantique,  près  de 
l'équateur,  par  2 20 12'  environ  de  longitude  occidentale  et  o°5o' 
de  latitude  méridionale.  Or  il  ne  faut  peut-être  rien  préjuger 
d'avance  sur  les  relations  que  des  observations  ultérieures  pour- 
ront révéler,  car,  lorsqu'on  voit  le  volcan  de  l'île  Baren  et  celui  de 
l'île  Mathew  se  rattacher  aussi  naturellement  qu'ils  le  font  au 
point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  on  doit  concevoir  une  idée  formi- 
dable de  la  puissance  de  la  nature  pour  propager  au  loin  les  effets 
d'une  grande  commotion  volcanique. 

On  comprend,  du  reste,  que  des  questions  de  ce  genre  ne  sont 
pas  susceptibles  d'être  traitées,  quant  à  présent,  avec  autant 
de  rigueur  que  celle  de  savoir  si  tel  ou  tel  cercle  de  la  sphère 
géologique  passe  plus  ou  moins  exactement  par  des  points  déter- 
minés. 

Les  remarques  qui  viennent  d'être  présentées  sur  les  gisements 
des  évents  volcaniques  actuellement  en  activité  ont  paru  néces- 
saires pour  compléter  et  expliquer  ce  qui  a  été  dit  au  sujet  des 
volcans,  à  la  fin  de  la  première  partie  de  ce  Rapport,  page  26  et 
suivantes.  Peut-être  auront- elles  ajouté  quelque  intérêt  aux  mo- 

Stratigraphie.  1 3 


194  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

nographies  des  deux  dodécaédriques  rkomboïdaux  auxquelles  elles 
se  rattachent,  mais  elles  ont  eu  l'inconvénient  de  les  allonger  con- 
sidérablement. 

Les  monographies  des  vingt-huit  autres  dodécaédriques  rkomboï- 
daux ne  donneraient  pas  lieu  à  des  digressions  aussi  étendues.  Elles 
auraient  beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  qui  ont  été  données 
précédemment  des  trente  et  un  premiers  grands  cercles  principaux 
du  réseau  pentagonal,  car  il  a  été  constaté  que  ces  vingt-huit 
cercles  s'adaptent  avec  la  même  précision  que  les  précédents  aux 
accidents  orographiques  et  géologiques  de  l'écorce  terrestre.  Cha- 
cune d'elles  conduirait  à  conclure  que  le  cercle  auquel  elle  se  rap- 
porterait s'adapte  d'une  manière  générale  à  certaines  configurations 
géographiques  et  passe  avec  précision  par  un  certain  nombre  de 
points  définis.  Par  conséquent,  elles  ne  changeraient  rien  d'essen- 
tiel aux  conclusions  établies  précédemment,  et  je  crois  qu'il  y  aura 
peu  d'inconvénients  à  les  omettre. 

Je  préfère  les  remplacer  par  les  monographies  de  quelques 
autres  cercles  appartenant  à  d'autres  classes,  avec  lesquelles  il  peut 
être  opportun  de  familiariser  le  lecteur. 

LES   TRENTE   BISSECTEURS   IH  DES   ANGLES   DE   6o°. 

Les  grands  cercles  auxiliaires  auxquels  il  est  nécessaire  d'avoir 
recours,  comme  on  l'a  dit  précédemment  page  kk ,  pour  représenter 
les  différents  systèmes  de  montagnes,  appartiennent  à  diverses  ca- 
tégories, dans  chacune  desquelles  ils  sont  au  nombre  de  trente 
ou  de  soixante,  suivant  que  leurs  pôles  sont  placés  sur  les  grands 
cercles  primitifs  du  réseau  pentagonal  ou  en  dehors  de  ces  cercles. 

Les  différents  cercles  auxiliaires  sont  loin  d'avoir  tous  des  rela- 
tions également  symétriques  avec  les  grands  cercles  principaux  du 
réseau. 

L'une  des  catégories  les  plus  favorisées  à  cet  égard  est  celle  des 
trente  hexatétraédriques ,   conjugués  aux  octaédriqucs,  appelés  aussi 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  195 

bissecteurs  IH  des  angles  de  6o°.  M.  Elie  de  Beaumont  leur  a  con- 
sacré une  section  spéciale  dans  le  tableau  des  données  numériques 
qui  fixent  cent  cinquante-neuf  cercles  du  réseau  pentagonal.  Ces 
cercles  y  sont  divisés  en  cinq  groupes,  suivant  le  système  trirectan- 
gulaire  auquel  ils  appartiennent.  D'après  les  chiffres  du  tableau,  on 
peut  aisément  construire  chacun  deux  sur  toute  la  surface  du  globe. 

Les  bissecteurs  IH  passent  aux  vingt  points  I,  centres  des  vingt 
triangles  équilatéraux.  base  essentielle  du  réseau  pentagonal.  En 
chaque  point  I  passent  trois  de  ces  cercles  qui  divisent  en  deux  par- 
ties égales  chacun  des  trois  angles  de  6o°  qu'y  forment  les  grands 
cercles  primitifs  ;  de  là,  leur  nom  de  bissecteurs  des  angles  de  6o°. 

Passant  aux  points  I,  pôles  des  icosaédriques  ou  octaédriques ,  ces 
bissecteurs  sont  nécessairement  perpendiculaires  aux  octaédriques; 
ils  les  coupent  aux  points  H  équidistants  des  points  a  où  les  octaé- 
driques coupent  perpendiculairement  les  primitifs.  C'est  ce  qui  les 
fait  désigner  par  la  notation  IH. 

Par  chacun  des  dix  diamètres  de  la  sphère  qui  aboutissent  aux 
points  I,  opposés  deux  à  deux,  passent  trois  bissecteurs  IH,  ce  qui 
en  donne  trente,  et  par  chacun  des  diamètres  qui  aboutissent  aux 
points  H,  opposés  deux  à  deux,  passent  deux  bissecteurs  IH,  qui, 
en  H,  coupent  perpendiculairement  les  octaédriques  qui  y  passent 
eux-mêmes,  ce  qui  reproduit  encore  le  nombre  trente. 

Les  bissecteurs  IH  ont  pour  pôles  les  soixante  points  a,  pris 
deux  à  deux,  ce  qui  donne  de  nouveau  le  nombre  trente. 

Sans  pousser  plus  loin  l'étude  faite  ailleurs  des  relations  de  ces 
cercles1,  on  conçoit  qu'elles  sont  très-symétriques,  et  on  peut  le 
voir  dans  le  réseau  tracé  par  M.  Laugel  sur  le  globe  publié  par 
M.  P.  Bertrand.  Les  bissecteurs  IH  y  sont  tous  tracés.  Ce  sont  des 
cercles  privilégiés,  et  la  nature  les  a  favorisés  presque  à  l'égal  des 
grands  cercles  principaux,  en  multipliant  sur  leur  cours  les  points 
définissables. 


1    \ntue  sur  tes  systèmes  (te  montagnes,  p.  1009. 

i3. 


196  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Je  vais  en  donner  un  exemple. 

Un  bissecteur  IH  a  pour  pôles  le  point  a  situé  au  nord  de  l'Hy- 
malaya  oriental  dans  le  Thibet  du  milieu  et  son  antipode  le  point  a 
situé  dans  l'océan  Pacifique  à  l'ouest  des  côtes  du  Chili. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  de  l'Amérique  septentrionale 
par  l'entrée  du  détroit  de  Juan-de-Fuca,  au  nord  de  la  Californie. 

Tracé  sur  la  belle  carte  publiée  en  1862  ,  au  dépôt  des  cartes 
et  plans  de  la  marine,  d'après  les  travaux  américains  et  anglais 
les  plus  récents,  il  rase,  à  deux  minutes  environ,  3  ou  h  kilomètres 
de  distance,  le  cap  Classet  ou Flattery,  qui  ferme  au  sud  le  détroit. 
Il  laisse  un  peu  au  large  l'écueil  que  les  vaisseaux  doivent  éviter, 
et  il  passe  presque  au  contact  de  l'îlot  sur  lequel  s'élève,  en  avant  du 
cap,  un  phare  à  feu  fixe  (car  il  y  a  aujourd'hui  des  phares  sur  ces 
côtes) ,  point  qui  sans  doute  a  dû  être  bien  placé  sur  les  cartes. 

Au  delà  du  détroit  de  Juan-de-Fuca,  notre  cercle  pénètre  dans 
l'île  de  Vancouver  par  le  port  Saint-Jean,  et  plus  loin  il  entre  sur 
la  terre  ferme  en  côtoyant  de  très-près,  sur  une  certaine  étendue, 
la  rive  méridionale  de  la  rivière  Fraser,  à  laquelle  des  essais  de 
lavage  d'or  ont  donné,  il  y  a  peu  d'années,  un  commencement  de 
célébrité. 

11  traverse  ensuite  des  régions  sans  topographie  certaine,  où  il 
rase  l'extrémité  septentrionale  du  grand  lac  Winnepeg  et  par  les- 
quelles il  arrive  à  la  baie  d'Hudson. 

Tracé  sur  les  cartes  de  Y Hydrographical  Office1 ,  il  entre  dans  cette 
mer  intérieure  en  franchissant  à  son  embouchure  la  rivière  Sa- 
vern,  et  il  en  sort  en  coupant  la  plus  méridionale  des  petites  îles 
Rocky.  Traversant  alors  le  Labrador,  où  on  manque  d'éléments 
pour  le  suivre,  il  en  sort  par  le  cap  Table-Head,  situé  au  nord  de 
la  baie  du  Château,  à  l'entrée  du  détroit  de  Belle-Ile  qui  sépare  le 
Labrador  de  l'île  de  Terre-Neuve,  et  il  coupe  dans  le  milieu  tic  ce 
détroit  la  petite  île  de  Belle-Ile  qui  lui  donne  son  nom. 

1   Norllt  Atlutitic.  Océan,  en  deux  feuilles.  i85o. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  197 

11  sort  ainsi  de  l'Amérique  septentrionale  aussi  heureusement 
qu'il  y  avait  pénétré,  car  les  entrées  du  détroit  de  Belle-Ile  et  du 
détroit  de  Juan-de-Fuca  sont  deux  des  points  les  plus  caractérisés 
de  la  côte  orientale  et  de  la  côte  occidentale  de  ce  continent. 

Laissant  au  sud  le  banc  de  Terre-Neuve  et  rasant  celui  qu'on 
appelle  le  Bonnet-Flamand,  notre  bissecteur  atteint  bientôt  dans 
l'océan  Atlantique  le  point  H,  situé  au  N.-O.  des  Açores;  il  y  coupe 
perpendiculairement  Yoctaédrique  de  Nijney-Tagilsk. 

Poursuivant  son  cours  au  S.-E. ,  le  même  cercle  rencontre  l'ar- 
chipel des  Açores  qu'il  traverse  en  profitant  d'un  large  canal  qui 
le  divise  en  deux  parties.  H  laisse  au  S.-O.  les  îles  de  Flores,  de 
Corvo,  de  Fayal,  de  Pico,  de  San-Jorge,  et  au  N.-E.  celles  de 
Graciosa,  de  Terceire,  de  San -Miguel,  de  Sanla-Maria.  La  ligne 
de  Graciosa  à  Santa-Maria  lui  est  presque  exactement  parallèle.  H 
rase  à  une  faible  distance,  mais  sans  la  toucher,  l'extrémité  orien- 
tale de  San-Jorge. 

Laissant  ensuite  au  N.-E.  Madère  et  Porto-Santo,  il  arrive  aux 
Canaries,  où,  comme  le  dodécaédrique  rhomboïdal  de  l'Etna,  auquel 
cependant  il  est  presque  perpendiculaire,  il  a  la  chance  singulière 
de  ne  rencontrer  que  l'île  principale  Ténérift'e,  et  de  la  couper  à 
peu  près  par  le  milieu  de  la  face  qu'elle  lui  présente,  c'est-à-dire 
par  le  milieu  de  sa  longueur.  Tracé  sur  la  belle  carte  déjà  citée 
de  M.  Léopold  de  Buch,  il  passe  à  l'extrémité  N.-E.  de  la  montagne 
appelée  El-Cuchillo,  où  la  crête  centrale  commence  à  s'abaisser  rapi- 
dement vers  le  N.-E.,  et  il  sépare  du  massif  du  S.-O.  la  partie  N.-E. 
de  l'île,  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  la  ville  de  Laguna,  et  où  le 
caractère  topographique  s'altère  sensiblement.  Il  coupe  le  dodécaé- 
drique rhomboïdal  sur  la  plage  S.-E.  de  l'île,  au  midi  de  Candellaria, 
en  laissant  à  l'ouest,  près  de  Guimar,  le  lieu  de  la  grande  éruption 
de  1706,  et,  en  général,  toutes  les  manifestations  extérieures  ré- 
centes des  feux  souterrains.  Le  point  d'intersection  tombe  à  en- 
viron i5  minutes  ou  28  kilomètres  à  l'E.-N.-E.  du  pic  placé  comme 
il  doit  l'être,  d'après  le  relèvement  de  1837,  distance  assez  mé- 


198  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

diocre  en  elle-même  et  justifiée  eu  quelque  sorte  par  la  différence 
de  caractère  des  deux  parties  dans  lesquelles  il  divise  l'île  entière. 

Laissant  au  S.-O.  les  îles  dePalma,  Ferro  et  Gomera,  au  N.-E. 
celles  de  Gran-Canaria,  Fuerteventura  et  Lanzarote,  notre  cercle 
divise  l'archipel  canarien  en  deux  parties  à  peu  près  équivalentes, 
et,  rasant  de  près  l'île  de  Gran-Canaria,  il  va  aborder  le  continent 
africain  par  le  cap  Bojador. 

Ce  cap  se  trouve  ainsi  lié  au  cap  Table-Head  du  Labrador  par 
un  cercle  dont  la  position  se  trouve  dans  un  rapport  remarquable 
avec  les  saillies  du  sol  sous-marin  qui  accidentent  la  surface  mo- 
notone de  l'océan  Atlantique. 

Notre  cercle  parcourt  ensuite  la  partie  la  plus  occidentale  de 
l'Afrique,  en  coupant  le  haut  Niger,  ou  Joliba,  un  peu  au-dessous 
de  la  grande  inflexion  qu'on  y  figure  en  aval  des  villes  de  Jenne  et 
de  Gatia,  et  il  sort  du  continent  un  peu  à  l'E.  du  cap  Saint-Paul, 
pour  entrer  dans  le  golfe  de  Bénin,  qui  fait  partie  du  golfe  de 
Guinée. 

Traversant  le  golfe  de  Guinée  entre  les  îles  de  Saint-Thomas  et 
d'Annobon,  il  rentre  sur  le  continent  africain  entre  Novo-Redondo 
et  Benguela ,  et  va  passer  au  point  I  situé  près  des  bords  de  la 
rivière  Orange,  où  il  divise  en  deux  parties  égales  l'angle  de  6o° 
qu'y  forment  le  primitif  de  l'Etna  et  le  primitif  de  la  Floride  et  de 
later  re  d'Arnhem. 

Sortant  ensuite  de  l'Afrique  par  la  côte  de  Natal,  il  va,  à  travers 
le  grand  océan  Austral,  joindre  le  point  H  situé  près  de  l'angle  S.-O. 
de  la  terre  de  Van-Diemen,  où  il  coupe  de  nouveau  à  angle  droit 
Yoctaédrique  de  Nijney-Tagilsk. 

La  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin  permet  de  constater  que 
notre  bissecteur  s'adapte  avec  beaucoup  de  précision  à  la  topogra- 
phie de  cette  grande  île.  11  y  entre  par  le  fond  de  la  baie  com- 
prise entre  le  mont  Witt  et  le  cap  Rocky,  côtoie  diverses  parties 
des  rivières  principales,  passe  au  lac  Sorell  et  à  la  montagne,  sans 
doute  proéminente  et  arrondie,  que  les  colons  anglais  ont  nommée 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         199 

le  Dôme  de  Saint-Paul,  et  sort  enfin  de  la  côte  orientale  par  la 
pointe  de  Sainte-Hélène. 

Se  développant  ensuite  dans  le  Grand  Océan,  notre  cercle  laisse 
à  un  degré  de  distance  les  derniers  récifs  qui  accompagnent  les 
pointes  S.-E.  de  la  Nouvelle-Calédonie,  et  rase  à  une  distance  mi- 
nime le  récif  Durand,  qui  termine  au  S.-E.  la  chaîne  des  îles  Loyalty, 
puis,  entre  8  et  9  degrés  de  latitude  sud,  le  petit  groupe  des  îles 
Ellice,  groupe  circulaire  et  très-bas,  probablement  d'origine  madré- 
porique.  Il  arrive  ainsi  aux  îles  Sandwich  ou  Hawaii. 

Il  traverse  cet  archipel  comme  celui  des  Açores,  car  tel  est, 
parait-il,  son  caractère,  sans  toucher  aucune  des  îles  qui  le  com- 
posent. Il  suit  le  large  canal  qui  sépare  File  Atooi  de  l'île  Woahoo, 
où  se  trouve  le  port  de  Honorurou  ou  Honolulu,  résidence  du 
roi  et  lieu  de  réunion  du  parlement. 

Passant  bientôt  après  à  un  point  I,  antipode  de  celui  de  l'Afrique 
australe,  il  va  enfin  rejoindre,  à  l'entrée  du  détroit  de  Juan-de- 
Fuca,  le  phare  à  feu  fixe  du  cap  Flattery,  où  nous  avons  commencé 
à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  dans  l'Amérique  septentionale  et  en 
Afrique  des  arcs  terrestres  assez  étendus ,  et  un  autre  beaucoup 
plus  court  à  la  terre  de  Van-Diemen ,  formant  une  somme  totale 
de  96  degrés  environ.  Ce  n'est  guère  plus  que  le  quart  de  sa  cir- 
conférence, ce  qui  serait  à  peu  près  la  moyenne  normale. 

Tous  ces  arcs  terrestres,  excepté  celui  de  la  terre  de  Van-Die- 
men, sont  situés  dans  des  contrées  où  il  est  impossible  de  suivre 
notre  cercle.  Ce  qui  le  distingue,  c'est  la  précision  des  repères  qu'il 
rencontre  dans  les  parages  dont  on  possède  de  bonnes  cartes  ma- 
rines, phare  du  cap  Flattery,  cap  et  île  du  détroit  de  Belle-Ile, 
cap  Bojador,  pointe  de  Sainte-Hélène,  récif  Durand,  îles  Ellice.  11 
faut  remarquer  aussi  l'allure  particulière  avec  laquelle  il  traverse 
les  archipels  volcaniques  des  Açores,  des  Canaries  et  des  Sandwich. 

On  peut  remarquer  cependant  que  ce  cercle  ne  paraît  s'harmo- 
niser avec  aucune  configuration  géographique  un  peu  générale,  et 


200  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

qu'il  ne  passe  par  aucune  ville  de  quelque  importance.  Ce  sout  pour 
lui  des  signes  d'une  infériorité  relative,  par  rapport  à  beaucoup  des 
cercles  précédents,  qui  occupent  à  la  vérité  un  rang  plus  élevé  que 
lui  dans  la  hiérarchie  pentagonale. 

On  peut  douter  aussi  qu'il  représente  aucun  système  de  mon- 
tagnes, et  on  peut  croire  que  les  rencontres  précises  qu'il  fait  dans 
son  cours  sont  dues  à  de  simples  relations  de  symétrie ,  fait  dont 
on  a  cité  plus  haut  des  exemples,  même  parmi  les  grands  cercles 
principaux. 

Nous  aurions  à  étudier  maintenant  les  vingt-neuf  autres  bissec- 
teurs des  angles  de  6o°. 

Ces  vingt-neuf  cercles  sont  compris  dans  le  tracé  de  M.  Laugel, 
chacun  d'eux  passant  à  deux  points  I  et  à  deux  points  H.  Ils  ont  été 
compris  au  nombre  des  douze  rayons  de  ceux  de  ces  points  prin- 
cipaux], en  assez  grand  nombre,  qui  ont  été  placés  sur  dûTérentes 
cartes. 

Ces  deux  séries  de  documents  montrent  que  les  cercles  dont  il 
s'agit,  ou  du. moins  la  plupart  d'entre  eux,  s'adaptent  avec  beau- 
coup de  précision  aux  accidents  orographiques  et  géologiques  des 
contrées  qu'ils  traversent.  Leurs  monographies  présenteraient  donc 
le  même  caractère  que  les  précédentes  et  conduiraient  à  des  con- 
clusions analogues. 

Il  sera  toujours  facile  d'écrire  et  de  publier  ces  monographies, 
mais  il  ne  me  paraît  pas  nécessaire  de  les  introduire  dans  ce  Rap- 
port, qui  ne  doit  être  qu'un  résumé,  et  je  suis  d'autant  plus  auto- 
risé à  me  contenter  de  les  indiquer  que,  restant  toujours  à  dis- 
tance des  petits  pentagones  formés  par  les  octaédriques ,  aucun  des 
bissecteurs  IH  ne  traverse  les  parties  centrales  et  occidentales  de 
l'Europe;  je  préfère  passer  à  des  cercles  appartenant  à  d'autres 
classes. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  201 

LES  TRENTE  BISSECTEURS    DH    DES  ANGLES  DE   36°. 

Les  grands  cercles  auxiliaires  qui  divisent  en  deux  parties  égales 
de  18  degrés  chacune  les  angles  de  36°  que  forment  aux  points  D, 
centres  des  douze  pentagones  du  réseau  pentagonal,  les  grands 
cercles  primitifs  du  réseau,  ne  le  cèdent  en  rien  aux  précédents. 

Ils  sont  nécessairement  perpendiculaires  aux  dodécaédriques  ré- 
guliers, dont  les  points  D  sont  les  pôles,  et  ils  les  coupent  aux 
points  H,  équidistants  des  points  b,  où  ces  mêmes  cercles  coupent 
perpendiculairement  les  'primitifs,  ce  qui  conduit  à  les  désigner 
par  la  notation  DH.  Ils  y"  coupent  perpendiculairement  les  dodé- 
caédriques réguliers.  A  chacun  des  six  diamètres  de  la  sphère  qui 
aboutissent  aux  douze  points  D  pris  deux  à  deux,  correspondent 
cinq  bissecteurs  DH  des  angles  de  36°,  ce  qui  en  donne  trente 
en  tout. 

A  chacun  des  quinze  diamètres  qui  aboutissent  aux  trente 
points  H  pris  deux  à  deux  se  rapportent  deux  de  ces  mêmes  bis- 
secteurs, ce  qui  reproduit  le  nombre  trente. 

Les  bissecteurs  DH  ont  pour  pôles  les  soixante  points  b  pris  deux 
à  deux,  ce  qui  donne  de  nouveau  le  nombre  trente. 

Passant  aux  points  H,  ces  cercles  appartiennent  à  la  classe  des 
hexatétraédriques ,  et  ils  produisent  cinq  hexatétraèdres  conjugués 
aux  dodécaèdres  réguliers,  et  dont  les  angles  sont  tels  que  les  do- 
décaèdres pentagonaux  qui  en  dérivent  sont  eux-mêmes  réguliers. 
Ils  sont  classés  conformément  à  cette  relation  dans  la  quatrième 
section  du  tableau  des  données  numériques  qui  fixent  sur  la  sur- 
face du  globe  cent  cinquante-neuf  cercles  du  réseau  pentagonal1. 
L  explication  de  ce  tableau  et  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes 
font  connaître  en  détail  les  conditions  très-particulières  de  symé- 
trie que  les  trente  bissecteurs  des  angles  de  36°  remplissent  dans 

1   Comptes  rendus,  t.  LVII.  p.  îai,  et  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  1007. 


202  RAPPORT   SUR   LES  PROGRÈS 

l'ordonnance  générale  du  réseau.  Ils  sont  tous  compris  dans  le 
tracé  de  M.  Laugel. 

Ce  sont  encore  des  cercles  privilégiés  que  la  nature  a  particu- 
lièrement favorisés  en  multipliant  sur  leur  cours  les  points  définis- 
sables. Je  vais  en  citer  des  exemples. 

Un  bissecteur  DH  a  pour  pôles  le  point  b  qui  tombe  dans 
l'océan  Indien,  au  S.  E.  de  l'île  de  Diego-Ruys,  et  son  antipode  le 
point  b  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique,  sur  les  côtes  de  la  Vieille- 
Californie. 

Ce  grand  cercle  aborde  l'Afrique  par  le  cap  Rouge  ou  cap  Roxo , 
situé  sur  la  côte  de  la  Sénégambie,  à  trois  degrés  environ  au  sud  du 
cap  Vert.  Tracé  sur  les  cartes  marines  françaises  et  anglaises  de  ces 
parages,  il  passe  au  cap  Roxo  et  coupe  la  rivière  de  Cazamance 
dans  le  grand  méandre  qui  précède  son  embouchure,  puis  la 
Gambie  au  fort  de  Jillifree.  Il  traverse  enfin  le  Sénégal  à  Guédé 
et  Mokhtar-Salam ,  à  environ  10  minutes  ou  19  kilomètres  au- 
dessus  de  Podor,  c'est-à-dire  vers  le  point  où  le  fleuve  sort  de  la 
région  montagneuse  pour  entrer  dans  les  plaines  littorales. 

Il  traverse  ensuite  le  Sahara  occidental  et  pénètre  dans  l'empire 
du  Maroc.  Tracé  sur  la  carte  déjà  citée  de  M.  Emilien  Renou,  il 
coupe  la  crête  de  l'Atlas  par  la  haute  cime  qui  domine,  au  sud, 
Alemdin,  en  passant  immédiatement  à  l'ouest  d'un  défilé  qui  lui 
est  à  peu  près  parallèle.  Il  laisse  à  l'O.-lN.-O.,  à  3k  minutes  ou 
63  kilomètres  de  distance,  la  cime  dominante  de  Miltzin.  Au  nord 
de  l'Atlas,  il  passe  très-sensiblement  par  la  ville  de  Todla,  et, 
après  avoir  traversé  les  montagnes  situées  au  S.-E.  de  Fez,  il  entre 
dans  la  Méditerranée,  près  de  Nekor. 

Il  y  laisse,  à  une  faible  distance  à  l'E.,  l'île  d'Alboran,  formée  de 
roches  d'origine  éruptive,  et,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  carte 
planche  V  de  la  Notice,  il  aborde  l'Espagne  par  le  massif  du  cap  de 
Gates.  De  là  jusqu'en  Catalogne  il  côtoie  le  littoral  ibérien,  sui- 
vant la  direction  assignée  par  M.  Vézian.  comme  il  a  été  dit  ci- 
dessus  page  9,  à  l'article  du  système  du  nimif  Srnj/. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EïST  FRANCE.  203 

Notre  cercle  traverse  ensuite  la  France  et  la  Souabe  avec  beau- 
coup de  coïncidences  précises,  sur  lesquelles  on  reviendra  plus  loin, 
et,  franchissant  le  Necker  àWimpfen ,  puis  le  Mein  un  peu  au-dessous 
de  Wurtzbourg,  il  s'étend  dans  les  plaines  de  trias  de  la  Thuringe. 
Il  passe  à  3  kilomètres  au  S.-E.  de  la  ville  d'Hildburghausen ,  célèbre 
par  les  pas  que  d'anciens  sauriens  ou  batraciens  ont  laissés  imprimés 
dans  le  grès  bigarré,  effleure  l'extrémité  S.-E.  du  Thiiringerwald, 
où  il  entame  légèrement  la  grande  masse  de  porphyre  micacé  figurée 
sur  la  carte  de  M.  Bernard  Cotta.  Il  en  sort  près  du  point  où  cesse 
la  ceinture  de  grès  rouge,  et,  suivant  la  pente  nord  du Langenberg, 
trace  à  peu  près  la  limite  N.-O.  des  schistes  et  des  grauwackes  du 
Frankemvald.  Il  traverse  à  Durnfeld  l'extrémité  de  la  ceinture  de 
zechstein  du  Frankenwald,  en  côtoyant  à  une  très-petite  distance 
l'affleurement  du  gypse  qui  s'y  trouve,  passe  à  la  proéminence  de 
muschelkalk  du  Hebelberg,  et  arrive  enfin  au  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  situé  près  de  Remda. 

Du  point  D,  notre  bissecteur,  qui  divise  en  deux  parties  égales 
l'angle  de  36  degrés  formé  par  les  primitifs  de  la  Nouvelle-Zemble 
et  de  Lisbonne,  va  couper  à  Blankenhayn  la  pointe  S.-E.  de  la 
protubérance  de  grès  bigarré  qui  s'élève  au  milieu  des  plaines  de 
muschelkalk.  Il  s'adapte,  près  de  Naumburg,  à  une  partie  du  cours 
de  la  Saale,  coupe  cette  rivière,  ainsi  que  l'Elster,  à  peu  de  dis- 
tance de  Merseburg,  et  franchit  l'Elbe  au-dessus  de  Wittenberg, 
au  coude  que  forme  ce  fleuve  près  du  point  où  il  reçoit  sur  sa  rive 
droite  une  autre  rivière  Elster. 

Se  développant  ensuite  dans  les  plaines  sablonneuses  du  Bran- 
deburg,  notre  cercle  coupe  la  Sprée  à  16  kilomètres  au-dessus  de 
Berlin,  passe  à  la  protubérance  isolée  de  muschelkalk  qui  se 
montre  à  une  petite  distance  vers  l'E.  de  cette  capitale,  traverse 
lOder  un  peu  au-dessus  du  coude  qu'il  forme  près  de  Frienwald , 
et  va  entrer  dans  la  mer  Baltique  près  de  la  lagune  de  Leba. 

Le  bissecteur,  en  se  prolongeant ,  coupe  les  saillies  des  côtes  de  la 
Courlande  et  de  l'Esthonie,  les  parties  méridionales  des  golfes  de 


204  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Riga  et  de  Finlande,  ainsi  que  les  dépressions  qui  renferment  les 
eaux  des  grands  lacs  Ladoga  et  Onega.  Il  passe  à  une  faible  dis- 
tance au  nord  de  Saint-Pétersbourg. 

Tracé  sur  la  carte  géologique  de  la  Russie  par  sir  Roderick 
Murchison,  notre  cercle,  après  avoir  franchi  la  Dwina  à  Susskaya 
et  laissé  au  nord,  dans  le  pays  des  Samoyèdes,  la  partie  de  la  vallée 
de  la  Petchora  qui  se  replie  vers  l'O.-S.-O.,  va  couper  l'Ural  un 
peu  au  nord  du  mont  Sablin,  où  la  chaîne  s'infléchit  vers  le  N.-E. 
pour  former  les  monts  Obdores.  Il  entre  ensuite  dans  les  plaines 
glacées  du  nord  de  la  Sibérie,  en  côtoyant  à  une  certaine  distance 
la  partie  méridionale  du  golfe  de  l'Obi. 

Il  est  facile  de  tracer  approximativement  ce  cercle  sur  une  carte 
d'Europe,  en  joignant  par  une  droite  le  cap  de  Gates  à  Saint- 
Pétersbourg.  En  s'adaptant  approximativement  à  la  côte  S.-E.  de 
l'Espagne  et  aux  contours  festonnés  des  dépressions  remplies  par 
les  eaux  depuis  la  Prusse  jusqu'au  golfe  de  l'Obi,  il  dessine  une 
des  grandes  lignes  de  notre  continent. 

On  manque  de  détails  topographiques  pour  le  suivre  dans  la 
Sibérie,  d'où  il  sort  par  le  golfe  où  tombe  la  rivière  Soui-Foun 
pour  aller  à  travers  la  mer  du  Japon  couper  la  grande  île  de 
Niphon,  à  peu  près  par  son  milieu. 

Tracé,  comme  le  dodécaédrique rhomboïdal  de  l'axe  volcanique  du 
Pacifique,  sur  la  carte  de  M.  Klaproth  et  sur  celle  de  M.  Vincendon- 
Dumoulin,  notre  bissecteur  entre  dans  l'île  de  Niphon  par  la  pres- 
qu'île que  termine  au  N.-E.  le  cap  de  Susumi-Saki,  et  il  en  sort 
par  celle  que  termine  au  sud  le  cap  Sousaki  ou  Nagatsura.  Il  se 
dirige  ensuite  vers  l'île  volcanique  de  Fatzizio  ou  Fatsisjo,  qu'il 
traverse  d'après  la  carte  de  M.  Klaproth,  et  qu'il  laisse  à  12  mi- 
nutes dans  l'O.-S.-O.  d'après  celle  de  M.  Vincendon-Dumoulin. 

Mais  le  désaccord  des  deux  cartes  est  surtout  manifeste  relati- 
vement au  grand  volcan  Fusi-no-Yama  :  sur  la  carte  de  M.  Kla- 
proth, notre  bissecteur  passe  à  ih  minutes  à  l'O.-S.-O.  du  volcan. 
et  sur  relie  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  il  en  passe  à  5  minutes  à 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  205 

1E.-N.-E.,  ce  qui  établit  une  différence  de  19  minutes  ou  35  kilo- 
mètres entre  les  positions  du  volcan  sur  les  deux  cartes;  et  sur  la 
première  le  bissecteur  coupe  le  dodécaédrique  rhomboïdal  à  i  h  minutes 
à  ÎO.-S.-O.  de  la  montagne,  tandis  que  sur  la  seconde  l'intersec- 
tion tombe  à  1 3  minutes  au  nord.  Au  milieu  de  ces  contradic- 
tions, que  des  relèvements  plus  précis  du  grand  pic  pourront  seuls 
faire  disparaître,  il  paraît  cependant  permis  de  conclure  que  le 
point  de  rencontre  des  deux  cercles  tombe  à  moins  de  i5  mi- 
nutes ou  28  kilomètres  du  Fusi-no-Yama.  Ils  en  construisent  la 
position  avec  une  certaine  approximation ,  qu'on  ne  peut  cependant 
encore  apprécier  exactement. 

Le  bissecteur  va  passer  ensuite  au  point  H  situé  vers  la  partie 
septentrionale  du  petit  archipel  des  îles  Bonin-Sima,  et  s'avance 
dans  l'océan  Pacifique  jusque  vers  10  degrés  de  latitude  méri- 
dionale ,  en  évitant  toutes  les  petites  îles  et  les  récifs  de  ces  parages. 
Il  rase  alors  avec  la  plus  grande  précision  le  cap  Surville,  extré- 
mité orientale  de  l'île  de  San-Cristoval,  la  plus  orientale  elle- 
même  de  l'archipel  de  Salomon,  et  il  suit  une  direction  exactement 
parallèle  à  celle  de  deux  chaînes  d'îlots  situées  au  nord  de  cette 
grande  île,  en  laissant  au  N.-E. ,  à  une  faible  distance,  l'île  des 
Contrariétés  et  l'île  de  Santa-<4nna,  très-petites  l'une  et  l'autre. 

Traversant  obliquement  les  îles  Loyalty  entre  l'île  Chabrol  et  l'île 
Britannia,  et  laissant  à  l'O.-S.-O.  la  Nouvelle-Calédonie  et  tous 
les  récifs  qui  l'accompagnent,  notre  cercle  se  dirige  ensuite  vers  la 
Nouvelle-Zélande,  dont  il  détache  vers  le  N.-E.  un  segment  peu 
étendu  terminé  par  le  cap  Wareka-Hoka.  H  y  entre  par  le  cap  qui 
clôt  à  l'est  la  baie  d'Abondance ,  rase  le  pied  sud-ouest  de  la  mon- 
tagne la  plus  élevée  de  cette  partie  de  l'île  septentrionale  Ika-na- 
Mawi,  et  en  sort  en  rasant  au  nord  le  cap  Gamble. 

Plus  loin,  le  bissecteur  traverse  le  groupe  des  îles  Chalham.  Il  y 
entre  par  les  deux  écueils  adjacents  à  l'îlot  appelé  le  Sesterce, 
coupe,  suivant  l'un  de  ses  axes,  1  île  principale,  et  en  sort  en 
rasant  au  nord  l'île  Pitt,  formant  ainsi  l'un  des  diamètres  les  plus 


->0G  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

en  harmonie  avec  la  disposition  des  différentes  parties  de  ce  petit 
archipel. 

A  partir  des  îles  Chatham,  notre  cercle  traverse  les  solitudes  de 
l'océan  Austral  et  va  passer  à  a  degrés  au  S.-O.  du  cap  Horn,  en 
laissant  lui-même  au  S.-O.,  mais  à  une  distance  beaucoup  plus 
grande,  les  îles  South-Shetland  et  les  terres  australes  qui  les  avoi- 
sinent. 

Il  entre  enfin  dans  l'océan  Atlantique  méridional  en  laissant 
au  N.  0.,  à  28  minutes  de  distance,  la  pointe  Fellows,  puis  le  cap 
Saint-Jean,  extrémité  orientale  de  la  Terre  des  Etats,  appendice 
de  la  Terre  de  Feu,  et  en  côtoyant  la  partie  orientale  des  îles 
Malouines  ou  Falkland,  qui  s'en  détachent  vers  le  nord-est. 

Il  s'adapte  à  ce  groupe  d'îles  avec  une  grande  précision.  Cons- 
truit sur  la  belle  carte  des  mers  du  cap  Horn,  dressée  par  M.  Vincen- 
don-Dumoulin  et  publiée  au  dépôt  de  la  marine  en  18/1 3,  il  suit 
exactement  la  côte  S.-E.  de  l'île  orientale  des  Malouines,  côte  dont 
la  rectilignité  générale  donne  l'idée  d'une  troncature.  Il  laisse  au 
large  l'écueil  Mintey,  l'île  Beauchêne  et  un  îlot  voisin  de  la  pointe 
Harriett,  mais  il  rase  presque  rigoureusement  le  dernier  écueil  de 
la  petite  chaîne  du  Lion-derMer  et  la  pointe  de  Pembroke,  qui 
est  la  plus  avancée  de  toutes  vers  l'est,  et  à  partir  de  laquelle 
notre  cercle  s'éloigne  de  la  terre. 

Il  va  ensuite  à  travers  l'océan  Atlantique,  où  il  ne  rencontre 
aucune  terre,  rejoindre  sur  la  côte  de  Sénégambie  le  cap  Rouge, 
où  nous  avons  commencé  à  le  suivre.  H  est  à  remarquer  que  le 
bissecteur  coupe  l'Equateur  par  ik°  5fi'  3o,Vj7  0.,  et  qu'il  passe, 
par  conséquent,  dans  les  parages  où  existe  le  volcan  sous-marin 
mentionné  plus  haut. 

Ce  grand  cercle  contient,  dans  l'ancien  continent,  un  arc  terrestre 
fort  étendu,  d'environ  1 16  degrés,  formant  près  du  tiers  de  sa  cir- 
conférence. Malheureusement,  une  partie  des  contrées  qu'il  traverse 
sont  très-peu  connues;  mais  il  dessine  une  des  grandes  lignes  de 
l'Europe;  il  est  du  nombre  de  cens  qui  traversent  l'océan  \tlan- 


DE.LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  207 

tique  d'un  cap  remarquable  à  un  autre  qui  ne  l'est  pas  moins,  et, 
dans  les  parties  dont  la  topographie  est  bien  connue,  il  rencontre 
des  points  de  repère  très-précis.  En  dehors  de  la  France,  où  nous 
le  suivrons  plus  tard,  on  en  peut  citer  six  particulièrement,  dont 
quelques-uns  représentent  même  des  lignes  d'une  orientation  dé- 
terminée :  le  cap  Rouge;  l'extrémité  S.-E.  du  Thiiringerwald;  le 
relèvement  isolé  du  muschelkalk,  à  l'est  de  Berlin;  le  cap  Surville 
avec  ses  lignes  d'îlots;  le  diamètre  de  l'archipel  Chatham,  et  le  cap 
Pembroke  des  îles  Malouines.  On  n'aurait  peut-être  jamais  remar- 
qué, si  le  bissecteur  n'avait  mis  sur  la  voie,  que  ces  six  points  sont 
placés  en  ligne  droite,  c'est-à-dire  sur  un  grand  cercle,  et,  à  ceux 
qui  seraient  tentés  de  ne  voir  là  qu'un  effet  du  hasard,  on  pourrait 
répondre  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  de  points  quelconques,  et  que,  si  le 
bissecteur  en  était  légèrement  éloigné,  par  un  petit  mouvement  im- 
primé à  tout  le  réseau  pentagonal,  il  ne  trouverait  pas  de  points 
également  remarquables  pour  les  remplacer  et  serait  réduit  à  des 
banalités  sans  caractère. 

La  même  réflexion  pourrait  s'appliquer  à  la  plupart  des  cercles 
dont  nous  avons  étudié  le  cours. 

Un  second  bissecteur  des  angles  de  36°  a  pour  pôles  le  point  b 
qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique,  près  de  l'entrée  du  golfe  de  Pa- 
nama, et  son  antipode  le  point  b  qui  tombe  dans  l'océan  Indien, 
près  de  la  côte  sud- ouest  de  Sumatra. 

Ce  grand  cercle  aborde  le  continent  de  l'Afrique  par  les  embou- 
chures du  Niger,  et,  après  avoir  remonté,  dans  une  certaine  éten- 
due, la  vallée  de  ce  grand  fleuve,  il  traverse  le  Soudan,  le  Sahara, 
la  régence  de  Tunis,  et  entre  dans  la  Méditerranée  par  le  cap 
Blanco,  près  de  Bizerte. 

Tracé  sur  les  cartes  marines  françaises  et  anglaises  de  la  Médi- 
terranée, il  côtoie,  à  i3  minutes  ou  ih  kilomètres  de  distance,  la 
côte  orientale  de  la  Sardaigne,  formée  de  roches  cristallines  an- 
ciennes, en  suivant  une  direction  parallèle  à  celle  de  cette  côte, 
direction  qui  n'est  pas  tout  à  fait  la  même  que  celle  de  l'ensemble 


208  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

du  groupe  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne.  Plus  loin,  il  rase,  à 
l'ouest,  à  moins  dune  minute  de  distance,  un  kilomètre  et  demi 
environ ,  la  petite  île  granitique  de  Monte-Christo ,  et  il  coupe  l'île 
d'Elbe  parle  golfe  dell'Acqua  et  la  pointe  Bianco,  en  laissant  à  l'est, 
à  un  kilomètre  environ  de  distance,  sur  une  ligne  presque  droite 
et  parallèle  à  sa  direction,  la  pointe  Stella,  le  mont  Loretto,  le 
promontoire  qui  porte  la  ville  de  Porto-Ferrajo  et  l'îlot  Scoglietto. 

H  aborde  ensuite  la  terre  ferme  de  l'Italie  par  la  proéminence 
serpentineuse  de  Rosignano,  rase  à  l'est  la  ville  de  Pise  et  le  mas- 
sif de  marbre  calcaire  de  Carare,  coupe  le  Pô  dans  la  grande 
courbure  que  forme  son  cours  à  l'ouest  de  Guastalla,  et,  traversant 
le  champ  de  bataille  de  Solferino,  il  pénètre  dans  le  lac  de  Guarda 
par  la  pointe  calcaire  qui  y  entre  du  sud  au  nord,  à  l'est  de  De- 
senzano. 

En  Tyrol,  il  parcourt,  dans  son  plus  grand  développement,  la 
vaste  expansion  de  roches  cristallines  anciennes  qui  s'avance  au 
midi,  entre  l'Adige  et  l'Oglio,  et  qui  forme  la  crête  des  Alpes  entre 
l'OEtzthal  et  le  col  carrossable  de  Heyden;  puis  il  coupe  l'Inn  à  Imst. 
à  sa  sortie  d'un  long  défilé. 

En  Allemagne,  il  coupe  le  Danube  à  son  confluent  avec  le  Lech, 
côtoie  la  vallée  de  la  Regnitz,  passe  au  sud  de  Cobourg,  à  la  pointe 
extrême  des  plateaux  calcaires  de  la  Franconie,  et  arrive  au  point  D, 
près  de  Remda,  centre  du  pentagone  européen,  par  la  saillie  que 
forme  au  nord,  près  de  Leutnitz,  la  ceinture  permienne  de  Fran- 
kenwald. 

Plus  loin,  le  bissecteur  DH  coupe  la  pointe  orientale  des  terrains 
schisteux  du  Hartz;  puis  la  saillie  que  forme  le  terrain  de  schistes 
et  de  grauwackes  à  l'ouest  de  Magdebourg,  et  traverse,  dans  leur 
plus  grande  largeur,  par  les  îles  de  Laaland  et  de  Zélande,  les 
craies  du  Danemark. 

Dans  la  Scandinavie,  après  avoir  coupé  le  Gotha-Elf  près  des 
cascades  célèbres  de  Trœlhalta  et  passé  à  l'O.  du  lac  Vener,  il  tra- 
verse les  terrains  anciens  parallèlement  à  l'une  des  directions  que 


DE   LA  STRATIGRAPHIE   EN   FRANGE.  209 

les  lacs  et  les  rivières  y  dessinent.  Il  sort  de  la  Norwége  en  cou- 
pant l'octaédrique  de  File  d'Hindoë  en  un  point  où  le  coupent 
aussi  d'autres  cercles  dont  il  sera  question  ultérieurement,  et 
ce  point  de  croisement  remarquable  tombe  à  la  naissance  de  la 
chaîne  des  îles  Loffoden,  dans  l'île  granitique  d'Hindoë,  que  le 
bissecteur  traverse  parallèlement  au  bord  des  terrains  schisteux, 
tel  que  M.  Keilhau  l'a  figuré  dans  ses  remarquables  cartes  géolo- 
giques. 

Tracé  sur  la  carte  anglaise  des  mers  polaires ,  il  rase  à  l'est  dans 
la  mer  Glaciale,  à  environ  19  kilomètres  de  distance,  la  petite  île 
Cherry,  dont  la  masse  isolée  est  formée,  d'après  M.  Durocher,  par 
des  grès  et  des  calcaires  à  produclus  appartenant  probablement  à  la 
période  carbonifère.  Il  rencontre  ensuite  le  Spitzberg,  formé  lui- 
même  de  roches  anciennes,  dont  les  plus  récentes  sont  encore  des 
grès  et  calcaires  à  produclus.  Il  dessine  l'une  des  directions  princi- 
pales de  ce  groupe  d'îles,  presque  enseveli  sous  des  neiges  éter- 
nelles. 

Tracé,  outre  la  carte  des  mers  polaires,  sur  la  carte  générale 
du  Spitzberg  jointe  au  plan  de  la  baie  de  Bell-Sound  levé  en  1 838 
par  les  ofFiciers  de  la  corvette  la  Recherche,  ainsi  que  sur  la  carte 
publiée  par  M.  Malte -Brun  d'après  celle  de  MM.  Durier  et  Nor- 
denskjold,  il  coupe  la  Terre  des  Etats,  partie  S.-E.  du  groupe  en- 
tier, et  il  rase  la  terre  du  N.-E.  à  une  distance  qui,  sur  les  trois 
cartes,  varie  de  o  à  i5  minutes  du  méridien,  c'est-à-dire  de  o  à 
28  kilomètres,  mesure  de  l'écart  maximum  des  trois  cartes,  et  dans 
tous  les  cas  assez  médiocre. 

H  entre  alors  dans  les  solitudes  polaires,  où  il  coupe,  à  303'2o/,o8 
ou  34o  kilomètres  du  pôle,  le  méridien  situé  à  95°8'25",75  à  l'est 
de  Paris,  et  où  il  parcourt  près  de  2 5  degrés  dans  des  régions  tel- 
lement inconnues  qu'on  ignore  même  si  elles  sont  entièrement  cou- 
vertes de  neige  et  de  glace,  ou  si  elles  ne  présentent  pas,  dans 
quelques  parties,  une  mer  libre. 

Au  sortir  de  la  mer  Glaciale,  il  aborde  la  Sibérie  orientale,  à 

Stratigraphie.  1  '1 


210  RAPPORT  SUR  LES  PKOGKÙS 

l'est  de  Jakan  et  un  peu  à  l'ouest  du  cap  Nord,  pour  en  sortir  par  la 
baie  Krista  ou  de  Sainte-Croix,  dont  il  entame  très-légèrement  la 
côte  occidentale. 

Traversant  ensuite  le  golfe  d'Anadir  et  la  mer  de  Behring  ou 
du  Kamtschatka,  il  va  couper  la  chaîne  des  îles  Aleutiennes  par 
l'île  d'Adakh,  où  il  rencontre  le  dodécaédrique  rhomboïdal,  axe  vol- 
canique du  Pacifique,  en  un  point  où  passent  aussi  un  second  dodé- 
caédrique rhomboïdal  et  un  second  bissecteur  DH,  ce  qui  en  fait  un 
point  de  croisement  important.  Construit  sur  la  carte  déjà  citée  de 
M.  Ploix,  ce  point  tombe  dans  l'intérieur  et  presque  au  milieu  de 
l'île  d'Adakh,  et  notre  bissecteur  passe  par  la  plus  méridionale  des 
deux  montagnes  qui  s'y  élèvent ,  pour  sortir  de  l'île  par  sa  pointe 
méridionale,  adaptation  remarquablement  précise. 

Entrant  alors  dans  l'océan  Pacifique,  notre  cercle  atteint  bien- 
tôt un  point  H  où  il  coupe  perpendiculairement  le  dodécaédrique 
régulier  du  cap  Corrientes  et  de  Singapour.  Tracé  sur  la  carte 
déjà  citée  de  M.  Vincendon-Dumoulin ,  il  va  raser  de  très-près  les 
petites  îles  de  Hull,  du  Duc-d'York  et  du  Duc-de-Clarence,  et  tra- 
verser, par  \k  degrés  de  latitude  méridionale,  le  groupe  des  îles 
Samoua  ou  des  Navigateurs.  Il  y  coupe  l'île  Opoulou,  l'une  des 
principales,  à  peu  près  par  son  milieu,  en  y  entrant  par  la  pointe 
Apia,  qui  s'avance  au  nord  à  sa  rencontre. 

Dans  tout  l'océan  Pacifique,  il  ne  touche  aucune  autre  terre, 
et,  passant  près  du  pôle  austral,  où  il  coupe  peut-être  des  terres  en- 
core inconnues,  il  entre  dans  l'océan  Atlantique  pour  venir,  en  pas- 
sant ,  dans  le  golfe  de  Guinée ,  entre  les  îles  de  Fernando-Po  et  du 
Prince,  rejoindre  les  embouchures  du  Niger,  où  nous  avons  com- 
mencé à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  en  Afrique  et  en  Europe  des  arcs  ter- 
restres de  médiocre  étendue  et  un  autre  beaucoup  plus  petit  dans  la 
Sibérie  orientale,  formant  une  somme  totale  d'environ  65  degrés, 
c'est-à-dire  égale  seulement  à  un  peu  plus  du  sixième  de  sa  circonfé- 
rence; mais  il  pourrait  contenir  en  outre,  dans  les  régions  glaciales 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  '211 

arctiques  et  antarctiques,  une  somme  d'arcs  terrestres  de  5o  de- 
grés. On  ne  peut  donc  faire  aucune  remarque  précise  sur  l'étendue 
de  ses  arcs  terrestres,  et,  à  l'exception  de  l'Europe,  où  nous  l'avons 
suivi  en  détail,  on  ne  peut  rien  dire  de  son  adaptation  aux  parties 
intérieures  des  continents;  mais  nous  avons  vu  qu'il  trouve  sur  cer- 
taines côtes  et  dans  quelques  îles  des  points  de  repèr.e  très-précis  : 
son  adaptation  au  cap  Blanc  de  la  côte  de  Tunis,  à  Monte- Christo, 
à  l'île  d'Elbe,  à  l'île  d'Indoë,  à  la  pointe  méridionale  de  l'île  d'Adakh, 
à  la  pointe  septentrionale  de  l'île  Opoulou,  mérite  d'être  remar- 
quée et  permet  de  le  placer  au  nombre  des  cercles  bien  jalonnés 
par  les  accidents  orographiques  et  géologiques. 

11  resterait  à  étudier,  à  l'instar  des  deux  précédents,  les  vingt-huit 
autres  bissecteurs  DH.  On  peut  suivre  ces  cercles  sur  le  tracé  de 
M.  Laugel,  où  ils  sont  tous  figurés.  Faisant  partie  des  dix  ou  des 
douze  rayons  de  chacun  des  points  D  ou  des  points  H ,  dont  un  grand 
nombre  ont  été  placés  sur  différentes  cartes,  ces  cercles  ont  déjà 
été  éprouvés,  et  on  a  la  certitude  qu'ils  s'adaptent  exactement,  au 
moins  pour  la  plupart,  aux  accidents  orographiques  de  la  surface 
du  globe.  Les  vingt-huit  monographies  qu'on  pourrait  en  faire  au- 
raient donc  la  même  forme  et  les  mêmes  conclusions  que  les 
trente-six  monographies  qui  précèdent,  et  ne  pourraient  que  con- 
firmer le  résultat  général  qui  s'en  déduit. 

Mais,  au  point  où  nous  sommes  arrivés,  peut-être  y  aurait-il 
plus  de  monotonie  que  d'utilité  dans  l'accumulation  de  documents 
qui  se  ressemblent  tous  plus  au  moins,  et,  afin  de  ne  pas  trop  al- 
longer ce  Rapport,  je  supprime  ces  vingt-huit  monographies. 

Je  passe  à  des  cercles  appartenant  à  des  catégories  différentes. 


CERCLES  AUXILIAIRES  DIVERS. 

Le  tableau  des  données  numériques  qui  fixent  cent  cinquante - 
neuf  cercles  du  réseau  pentagonal  publié  par  M.  Elie  de  Beaumont 

a. 


212  RAPPORT  SUR   LES  PROGRÈS 

en  t8r>3'  contient  une  cinquième  section  intitulée:  Cercles  auxi- 
liaires divers.  Cette  dénomination  embrasse  en  principe  tous  les 
cercles  du  réseau,  au  nombre  de  plusieurs  milliers,  qui  ne  sont 
pas  compris  dans  les  six  séries  précédentes;  ils  appartiennent  eux- 
mêmes  à  différentes  séries  de  trente  ou  de  soixante  cercles  chacune. 

Le  tableau  contient  seulement  trente-huit  de  ces  cercles;  ce  sont 
ceux  dont  l'auteur  avait  eu  l'occasion  de  calculer  les  données  nu- 
mériques en  diverses  occasions  et  pour  différents  motifs.  Tous  ces 
cercles  ont  été  essayés,  et  aucun  d'eux  n'a  été  trouvé  insignifiant. 
On  pourrait  en  ajouter  et  en  essayer  beaucoup  d'autres,  sans  autre 
peine  que  de  calculer,  par  la  méthode  indiquée,  les  données  nu- 
mériques qui  les  fixent  sur  la  surface  du  globe. 

Beaucoup  de  ces  cercles,  sans  aucun  doute,  présenteraient  de 
l'intérêt  sous  le  rapport  de  leur  adaptation  aux  inégalités  de  i'é- 
corce  terrestre  ;  mais  je  ne  puis  m'étendre  ici  sur  ce  sujet. 

Je  me  borne  à  donner  comme  exemples  les  monographies  d'un 
petit  nombre  de  ces  cercles,  que  je  choisis  d'après  des  considéra- 
tions que  leur  étude  mettra  suffisamment  en  évidence. 

Trapézoédrique  TDè  du  cap  Bon. 

Un  cercle  auxiliaire  TDb,  de  la  classe  des  trapézoédriques ,  passe 
au  point  T  de  la  mer  de  Kamtschatka,  au  point  D,  centre  du  pen- 
tagone européen,  près  de  Remda,  et  au  point  b  situé  en  Afrique 
dans  le  Bénin. 

Ce  grand  cercle  passant  aux  points  D,  T  et  b,  qui  viennent  d'être 
indiqués,  ses  pôles  se  trouvent  sur  les  trois  cercles  dont  ces  points 
sont  eux-mêmes  les  pôles,  savoir  :  sur  le  dodécaédrique  régulier  du 
cap  Gorrientes  et  de  Singapour,  sur  un  dodécaédrique  rkomboidal  cl 
sur  un  bissecteur  DH ,  et  par  conséquent  aux  intersections  de  ces 
trois  cercles.  Ces  trois  cercles  concourent,  en  effet,  en  deux  points 

1  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  199,  séance  du  qo  juillet  i863. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E1N   FRANCE.  213 

qu'on  trouve  aisément  dans  le  tracé  de  M.  Laugel;  l'un  un  peu  au 
sud  de  l'équateur,  dans  l'île  de  Sumatra,  près  du  mont  Ophir  ou 
Berapi;  l'autre  un  peu  au  nord  de  l'équateur,  sur  la  côte  occiden- 
tale de  l'Amérique  du  sud ,  près  du  cap  San-Francisco. 

Il  existe  cent  vingt  intersections  semblables,  une  dans  chacun 
des  cent  vingt  triangles  trirectangles  du  réseau  ;  par  conséquent  il 
existe  soixante  auxiliaires  TDb.  Celui  que  nous  considérons,  et 
qu'on  peut  suivre  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  entre  sur  le  conti- 
nent africain  près  de  la  pointe  de  Banda,  au  sud  de  Mayamba,  tra- 
verse le  Gabon,  le  Bénin,  le  Soudan,  le  Sahara,  et,  comme  on 
peut  le  voir  sur  la  carte  planche  V  de  la  Notice,  entre  dans  la  Médi- 
terranée par  le  golfe  de  Kabès. 

Tracé  sur  les  mêmes  cartes  marines  françaises  et  anglaises  que 
le  bissecteur  DH,  le  trapézoédrique  TDb  tronque  légèrement  l'île 
Djerbah,  passe  dans  l'étroit  intervalle  que  laissent  entre  elles  les 
deux  îles  Kerkenni,  tronque  légèrement  le  cap  Burdj-Kadja,  rase 
les  petites  îles  Kuriat,  tronque  encore  légèrement  le  cap  Raz-el-Mus- 
tapha,  en  face  de  l'île  de  Pantellaria,  et  rase  enfin,  à  une  distance 
presque  inappréciable,  la  pointe  orientale  du  cap  Bon.  Il  s'adapte, 
en  un  mot,  avec  toute  la  précision  possible  à  cette  profonde  den- 
telure des  rivages  de  l'Afrique  qui,  en  coupant  du  nord  au  sud  le 
territoire  de  la  régence  de  Tunis,  prolongation  du  Tell  algérien, 
permet  aux  eaux  de  la  Méditerranée  de  s'étendre  vers  Tripoli 
et  la  grande  Syrte. 

Passant  ensuite  à  l'ouest  de  la  Sicile  et  de  l'îlot  calcaire  Maritimo, 
et  s'étendant  dans  la  mer  Tyrrhénienne ,  notre  cercle  s'approche  de 
l'Italie  en  coupant  la  petite  île  calcaire  Giannuti  et  en  tronquant 
légèrement  la  pointe  occidentale  du  Monte  Argentaro,  calcaire 
lui-même  et  bien  connu  des  touristes  qui  parcourent  les  côtes 
d'Italie. 

Le  trapézoédrique  TD&  aborde  la  Toscane  par  Albarese  et  Gros- 
setto,  traverse  la  région  métallifère  en  laissant  un  peu  à  l'E.  Sienne 
et  Florence,  coupe  les  Apennins  au  mont  Fo,  puis,  traversant  le 


2U  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

célèbre  quadrilatère,  il  aborde  les    Upes  en  coupant  la  niasse  la 
plus  occidentale  des  basaltes  du  Vicentin. 

Côtoyant  d'aval  en  amont  les  sinuosités  de  la  vallée  de  l'Adige, 
il  passe  à  Trente  et  à  Meran  en  laissant  à  l'est  les  porphyres  de 
Botzen  ainsi  que  les  mélaphyres  et  les  dolomies  de  la  vallée  de 
Fassa,  franchit  la  crête  centrale  des  Alpes  à  l'est  du  Brenner,  par 
les  Stiiben-Ferner,  dans  une  partie  où  les  roches  cristallines  an- 
ciennes occupent  beaucoup  moins  de  place  que  sur  le  cours  du  bis- 
secteur DH  étudié  précédemment,  et  sort  enfin  du  Tyrol  par  le 
nord,  en  passant  un  peu  à  l'ouest  du  passage  de  Seefeld. 

En  Allemagne,  où  notre  cercle  passe  un  peu  à  l'est  de  Nurem- 
berg, il  se  rapproche  beaucoup  du  bissecteur,  et,  passant  comme  lui 
à  la  saillie  de  la  ceinture  permienne  du  Frankenwald  qui  s'avance  au 
nord  vers  Leutnilz,  il  va  concourir  avec  ce  grand  cercle  au  point  D, 
centre  du  pentagone  européen,  près  de  Remda,  où  il  le  rencontre 
et  le  traverse  sous  une  incidence  de  k°  s3'  io",a3. 

Au  delà  du  point  D,  le  trapézoédrique  TDb,  s'écartant  par  degrés 
du  bissecteur  vers  l'ouest,  coupe  d'abord  comme  lui  la  partie  orien- 
tale du  Hartz,  mais  il  ne  rencontre  plus  le  massif  de  schistes  et  de 
grauwacke  de  Magdebourg,  et  il  franchit  l'Elbe  près  du  point  où  un 
lambeau  de  terrain  tertiaire  vient  former  sa  rive  orientale.  Il  coupe 
les  craies  du  Danemark  par  l'île  Femeru  et  par  les  côtes  occiden- 
tales de  l'île  de  Laaland  et  de  l'île  de  Zélande,  dont  il  sort  par  le  cap 
Gniben. 

Il  pénètre  en  Norwége  au  milieu  des  roches  éruptives  variées 
qui  entourent  la  pointe  du  golfe  de  Christiania,  rase  la  masse  de 
roches  éruptives  de  Tydal  ainsi  que  le  fond  du  liord  de  Drontheim, 
et  entre  dans  l'Océan  par  l'embouchure  du  Folden-Fiord,  pour  aller 
couper  l'extrémité  de  la  chaîne  des  îles  Loffodën,  où  il  passe  dans 
le  célèbre  tourbillon  du  Malstrom.  H  laisse  seulement  à  l'ouest 
les  îlots  Vœroë  et  Rosi ,  qu'il  laisserait  même  à  l'est,  avec  le  peste  de 
l'archipel,  d'après  la  carte  de  M.  Keilhau.  Gel  archipel,  qui  forme 
un  Irait  si  remarquable  des  côtes  de  la  Scandinavie,  se  trouve  ainsi 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.        215 

compris,  à  peu  près  en  entier,  entre  le  bissecteur  DH  et  le  trapézoé- 
drique  TDb,  qui  marquent  ses  deux  limites  orientale  et  occidentale. 

Il  en  est  à  peu  près  de  même  du  Spitzberg.  Tracé  sur  la  carte 
anglaise  des  mers  polaires  et  sur  les  cartes  spéciales  du  Spitzberg. 
déjà  citées,  qui  s'accordent  mieux  ici  que  dans  la  partie  du  nord-est , 
notre  cercle  côtoie  obliquement  la  côte  occidentale  de  cet  archipel 
glacé,  et  l'aborde  par  la  Pointe-Noire,  extrémité  méridionale  de 
lile  du  Prince-Charles.  11  en  sort  ensuite  par  le  cap  qui  s'avance 
vers  le  nord,  à  l'est  de  Red-Bay  et  de  la  baie  du  Smerenberg,  en 
laissant  à  l'ouest  la  plus  grande  partie  des  montagnes  de  la  baie 
de  la  Madeleine  et  à  l'est  les  plaines  de  la  Terre  des  Rennes  et  de 
la  Nouvelle-Frise,  ce  qui  constitue  une  adaptation  particulière  à 
l'orographie  de  la  contrée. 

S'engageant  presque  immédiatement  dans  les  banquises,  notre 
cercle  va  couper  à  o°  17'  10",  12,  ou  3a  kilomètres  du  pôle,  le 
méridien  situé  à  980  32'  29^7  à  l'est  de  Paris,  et  se  dirige  par 
les  déserts  polaires  vers  l'entrée  du  détroit  de  Behring,  où  il  entre 
en  rasant  avec  précision  le  cap  Est  de  l'Asie,  limite  occidentale  du 
détroit. 

Tracé  sur  la  carte  déjà  citée  de  M.  Ploix,  le  Irapézoédrique  TD6 
entame  ce  même  cap  Est  d'une  largeur  égale  à  une  minute  et  demie, 
2  à  3  kilomètres.  C'est  une  légère  discordance  entre  les  deux 
cartes,  discordance  qui  n'a  pas  lieu  de  surprendre  lorsqu'il  s'agit 
de  parages  aussi  brumeux  que  l'entrée  de  la  mer  Glaciale. 

Dans  la  mer  de  Behring  ou  du  Kamtschatka,  notre  cercle  coupe 
l'île  Saint-Laurence,  ou  île  Clerke,  avant  d'arriver  au  point  T  où 
il  est  assujetti  à  passer. 

Ensuite,  d'après  la  carte  de  M.  Ploix,  il  traverse  le  petit  archi- 
pel des  îles  Pribylov,  en  rasant  avec  une  grande  précision  la  pointe 
orientale  de  l'île  Saint-Paul  et  la  pointe  occidentale  de  l'île  Saint- 
Georges. 

Il  entre  enfin  dans  locéan  Pacifique  en  coupant  la  chaîne  des 
îles  Aleutiennes.  II  y  traverse,  à  l'ouest  d'Oumnak,  le  petit  groupe 


216  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

d  îles  appelé  les  Quatre-Montagnes,  en  laissant  deux  des  îles  à 
l'ouest  et  deux  à  l'est ,  quoique  les  deux  îles  méridionales,  entre  les- 
quelles il  passe  sans  les  toucher,  soient  très-voisines  l'une  de 
l'autre  ;  c'est  une  adaptation  aussi  précise  que  celle  du  bissecteur  DH 
à  l'île  d'Adakh,  et  elle  est  d'autant  plus  remarquable  que  les  îles 
des  Quatre-Montagnes  sont  situées  à  l'un  des  points  où  la  chaîne 
des  îles  Aleutiennes  change  légèrement  de  direction. 

Dans  l'océan  Pacifique,  notre  cercle  coupe  bientôtle  dodécaédrique 
régulier  du  cap  Corrientes  et  de  Singapour,  qui  a  pour  pôle  le  point 
D ,  près  de  Remda.  Il  le  coupe  perpendiculairement  à  une  distance 
de  k°  2  3'  io",2  3,  ou  598  kilomètres,  du  point  H,  où  passe  le  bis- 
secteur DH,  distance  correspondante  à  l'angle  que  les  deux  cercles 
forment  entre  eux  au  point  D. 

D'après  la  carte  de  M.  Vincendon-Dumoulin,  notre  cercle  traverse 
tout  l'océan  Pacifique  sans  y  rencontrer  aucune  terre.  Passant  en- 
suite à  32  kilomètres  du  pôle  austral,  il  entre  dans  l'océan  Atlan- 
tique, où,  sans  toucher  à  aucune  île,  il  vient  rejoindre,  au  sud  du 
Gabon,  la  côte  d'Afrique,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  contient  une  somme  d'arcs  terrestres  peu  diffé- 
rente probablement  de  celle  que  renferme  le  bissecteur  DH  du 
cap  Blanc,  mais  également  incertaine.  Comme  ce  dernier,  il  est 
très-bien  jalonné  par  un  certain  nombre  d'accidents  orographiques 
qu'il  rencontre  avec  beaucoup  de  précision. 

Il  est  à  remarquer  que  les  jalons  naturels  des  deux  cercles  sont 
parfaitement  distincts.  Chacun  des  deux  cercles  a  donc  une  exis- 
tence indépendante  de  celle  de  l'autre.  Malgré  le  peu  d'intervalle 
qui  les  sépare  et  la  petitesse  de  l'angle  qu'ils  forment  entre  eux, 
^°23'io",23,  on  ne  peut  les  confondre  l'un  avec  l'autre,  ni  les 
substituer  l'un  à  l'autre,  ni  les  remplacer  par  un  cercle  occupant  une 
position  moyenne  entre  les  deux.  C'est  surtout  pour  mettre  ce  fait 
en  complète  évidence  que  j'ai  placé  ici  la  monographie  du  trapé- 
zoédrique  TD/>  du  cap  Bon. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  217 


Trapézoédrique  TD6  du  volcan  de  Guatemala. 

Un  autre  trapézoédrique  TD6,  homologue  exact  du  précédent,  et 
compris  dans  la  même  série  de  soixante  cercles,  passe  au  point  T 
situé  à  l'extrémité  N.-O.  des  îles  Lucayes,  au  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  près  de  Remda,  et  au  point  b  situé  à  l'entrée 
du  golfe  Persique.  Il  a  pour  pôles  deux  intersections  triples,  situées 
l'une  dans  l'océan  Pacifique,  à  l'est-sud-est  du  Japon,  l'autre  dans 
l'océan  Atlantique  méridional,  près  de  l'île  de  Tristan-d'Acunha. 

Tracé  sur  la  carte  de  l'océan  Pacifique  par  M.  Vincendon- Du- 
moulin, ce  grand  cercle  aborde  le  continent  américain  par  la  côte 
de  l'État  de  Guatemala,  où  il  entre  en  rasant  au  nord-ouest  le  re- 
doutable volcan  de  ce  nom.  Il  laisse  au  sud-est,  à  îû  et  à  i5  mi- 
nutes de  distance  (28  et  3o  kilomètres),  la  ville  ruinée  appelée 
Antigua  Guatemala,  que  les  ravages  du  volcan  ont  fait  abandonner, 
et  la  ville  actuelle  de  Guatemala,  qui  a  été  substituée  à  la  première 
et  qui  forme  la  capitale  de  l'Etat. 

Il  sort  du  continent  par  le  territoire  de  la  colonie  anglaise  de 
Honduras,  en  passant  un  peu  au  nord  du  port  de  Belize,  et,  par 
l'étroit  passage  séparant  l'île  d'Ambergris-Cay  du  cap  qui  lui  ré- 
pond, il  entre  dans  la  mer  des  Antilles,  où  il  rase  le  récif  appelé  le 
Triangle  du  Nord.  Il  aborde  bientôt  l'île  de  Cuba,  entre  le  cap 
San-Antonio  et  le  cap  Gorrientes,  et,  après  en  avoir  côtoyé  intérieu- 
rement la  côte  nord-ouest,  il  en  sort  par  le  banc  des  Colorados  pour 
traverser  l'entrée  du  canal  de  la  Floride.  Il  coupe  ensuite  le  récif 
de  la  Floride,  près  de  l'extrémité  de  la  chaîne  d'îlots  où  se  trouve 
le  port  de  Cay-West,  tronque  les  plaines  basses  de  l'extrémité  de 
la  presqu'île,  et,  après  avoir  traversé  le  canal  par  lequel  débouche 
le  Gulf  Stream,  il  rase  avec  précision  la  pointe  septentrionale  des 
récifs  de  Matanilla,  extrémité  de  la  grande  chaîne  des  îles  Lucayes 
ou  de  Bahama,  et  arrive  enfin  au  point  T  où  il  est  assujetti  à 
passer. 


218  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Au  delà  du  point  T,  notre  cercle,  suivant  à  peu  près  la  direc- 
tion du  Gulf  Stream,  côtoie  à  k  ou  5  degrés  de  distance  les  côtes 
des  Etats-Unis  et  de  la  Nouvelle-Ecosse,  en  laissant  la  crête  des 
AHeghanys,  dans  la  Virginie  et  la  Pensylvanie,  à  7  ou  8  degrés, 
c'est-à-dire  environ  800  kilomètres  dans  le  nord-ouest. 

11  coupe  la  partie  méridionale  du  grand  banc  de  Terre-Neuve,  en 
passant  à  environ  1 0  minutes  ou  1 9  kilomètres  au  sud-est  des  écueils 
appelés  Virgin-Rocks,  qui  sont  son  dernier  point  d'attache  avec 
les  côtes  américaines,  et,  traversant  l'océan  Atlantique  dans  la  ré- 
gion où  est  immergé  le  grand  câble  électrique,  il  va  aborder  la 
côte  occidentale  de  l'Irlande  au  sud  de  la  baie  de  Galway.  Il  y 
pénètre  par  Je  petit  archipel  calcaire  des  îles  d'Aran,  où  il  coupe 
dans  sa  partie  méridionale  l'île  principale ,  Illamore. 

Tracé  sur  la  belle  carte  géologique  de  l'Irlande  par  M.  Griffith , 
où  on  n'a  pas  omis  de  tracer  les  méridiens  et  les  parallèles ,  il  coupe 
la  grande  rivière  Shannon  à  la  limite  septentrionale  du  lac  Lough- 
Derg,  et  traverse,  dans  leurs  parties  les  plus  élevées,  les  pe- 
tites montagnes  calcaires  situées  au  sud  de  la  baie  de  Galway,  les 
montagnes  de  Slieve-Boughta ,  formées  de  vieux  grès  rouge ,  et  les 
montagnes  de  Slieve-Bloom,  formées  de  roches  carbonifères.  Il  passe 
ensuite  sur  la  croupe  septentrionale  et  à  2  minutes  ou  h  kilomètres 
environ  de  la  cime  du  mont  Lugnaquilla,  déjà  cité  comme  l'un  des 
jalons  de  l'octaédrique  du  Mulehacen,  et  il  sort  de  l'Irlande  en 
traversant  la  ville  de  Wicklow  et  en  passant  à  moins  dune  minute, 
ou  environ  un  kilomètre,  au  nord  du  phare  de  Wicklovv-Head. 

H  aborde  bientôt  après  la  Grande-Bretagne,  en  coupant  à  son 
extrémité  septentrionale  la  masse  de  serpentine  de  la  pointe  de 
Gaernarvon,  passe  dans  les  parties  les  plus  élevées  du  Pays  de 
Galles,  au  nord  des  montagnes  de  Cader-Idris  et  d'Arran-Fowddy, 
et  entre  dans  l'Angleterre  proprement  dite  près  de  Llanymynech 
et  de  la  terminaison  méridionale  de  la  zone  de  calcaire  carbonifère 
du  Flintshire. 

Coupant  ensuite  les  extrémités  septentrionales  des  terrains  liouii- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         219 

lers  de  Coal-Brook-Dale,  du  Staffordshire  et  de  Coventry,  il  passe 
au  milieu  des  petites  protubérances  de  syénite  qui  s'élèvent  au 
midi  de  Leicester,  et  va  entrer  dans  la  mer  du  Nord  près  de  South- 
wold. 

Sortant  de  cette  mer  vers  les  embouchures  de  la  Meuse,  et 
passant  près  de  Rotterdam,  de  Wesel  et  de  Dortumund,  il  arrive 
au  point  D ,  centre  du  pentagone  européen ,  près  de  Remda ,  en  en- 
tamant légèrement  la  saillie  de  roches  schisteuses  des  bords  de 
l'Eider,  et  en  tronquant  d'une  minute  et  demie  seulement  (a  à  3  ki- 
lomètres), au  midi  d'Eisenach ,  la  terminaison  N.-O.  du  Thiïringer- 
wald.  Comme  on  l'a  déjà  vu,  le  bissecteur  DH  d'Alboran  effleure  de 
même  son  extrémité  sud-est,  de  telle  sorte  que  le  Thiiringerwald  se 
trouve  encadré  très-approximativement ,  entre  le  bissecteur  DH  d'Al- 
boran et  le  trapézoédrique  TDb  du  volcan  de  Guatemala.  Ce  fait 
vérifie  de  nouveau  la  remarque  faite  précédemment,  page  63,  que 
les  chaînes  de  montagnes  s'arrêtent  très-fréquemment  à  la  ren- 
contre de  l'un  des  cercles  principaux  ou  auxiliaires  du  réseau  pen- 
tagonal. 

Sur  la  carte  géologique  de  la  Saxe,  le  trapézoédrique  TDb  tra- 
verse la  ceinture  permienne  de  l'Erzgebirge  par  la  saillie  qu'elle 
forme  à  l'O.  de  Possneck,  passe  à  Auerbach  et  à  Wildenthal,  en 
sadaptant.  à  certains  accidents  des  contours  des  masses  granitiques 
et  stannifères,  effleure  les  protubérances  de  basalte  et  de  serpentine 
situées  au  S.-O.  de  Gottesgabe,  et  entre  finalement  en  Bohême  en 
coupant  la  rivière  d'Eger  vers  le  point  où ,  sur  ses  bords,  le  granité 
succède  au  basalte. 

En  Bohème,  notre  cercle  passe  approximativement  à  Prague,  en 
côtoyant  à  de  faibles  distances  différents  contours  géologiques, 
notamment  la  limite  N.-1N.-E.,  des  roches  primitives  de  la  Bohême 
méridionale  et  de  la  Moravie.  Dans  la  partie  métallifère  de  la 
Hongrie,  le  même  cercle  passe  à  peu  de  chose  près  à  Neusohl  et 
marque  la  limite  N.-N.-E.  du  grand  massif  trachytique  de  Schem- 
nitz. 


220  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Traversant  ensuite  les  principautés  danubiennes,  notre  cercle 
rase  au  nord  la  protubérance  de  roches  anciennes  qui  forme  le 
noyau  de  la  Dobrutscha,  et  pénètre  dans  la  mer  Noire  par  les  em- 
bouchures du  Danube.  On  peut  le  tracer  très-approximativement 
sur  une  carte  d'Europe  en  joignant  par  une  droite  Rotterdam  à 
Galatz. 

Le  trapézoédrique  TDb,  après  avoir  traversé  la  mer  Noire,  aborde 
la  côte  septentrionale  de  l'Asie  Mineure  en  passant  à  U  minutes 
ou  7  kilomètres  environ  au  large  du  cap  trachytique  qui  se  dé- 
tache en  avant  de  Sinope  et  sur  lequel  s'élève  le  fort  Nasikeuï. 
Il  laisse  à  6  minutes  ou  n  kilomètres  de  distance,  sur  une  ligne 
parallèle  à  son  cours,  la  ville  même  de  Sinope  et  le  cap  Jndjé- 
Bouroun. 

Construit  avec  précision  sur  les  belles  cartes  orographique  et 
géologique  de  M.  Pierre  de  Tchihatchef,  notre  cercle  coupe  la 
pointe  du  Delta  très-saillant  que  le  Kisil-Irmak  projette  dans  la  mer 
Noire,  et,  laissant  au  S.-S.-O.,  à  10  minutes  ou  19  kilomètres  de 
distance,  le  port  de  Samsoun,  bâti  au  milieu  des  trachytes  et  des 
dolérites,  il  entre  définitivement  sur  la  terre  ferme  par  le  delta 
du  Yeschil-Irmak. 

Laissant  au  N.  les  basaltes  du  cap  Lasoun-Bouroun  et  du  cap 
Voona,  il  s'avance  ensuite  au  milieu  des  massifs  de  roches  érup- 
tives  qui  accidentent  ces  contrées,  où  elles  se  conforment  fréquem- 
ment à  sa  direction,  et  entre  en  Arménie,  un  peu  au  S.  des  mon- 
tagnes doléritiques  du  Katé-Dagh  et  du  Tchaptany-Dagh. 

Après  avoir  coupé  le  cours  supérieur  de  l'Euphrate,  notre  cercle, 
laissant  au  N.-E.  le  lac  de  Van,  et  au  S.-E.  le  cours  entier  du  Tigre, 
suit  la  région  montueuse  qui  sépare  la  Mésopotamie  de  la  Perse, 
et  passe  en  Perse  un  peu  au  S.-O.  de  Ghiraz.  Il  atteint  ensuite 
le  point  b  situé  dans  la  partie  orientale  du  golfe  Persique,  coupe 
le  cap  Mocandon,  pointe  de  l'Arabie  qui  en  resserre  l'entrée,  dé- 
tache  une  étroite  lisière  du  détroit  d'Ormuz,  et,  passant  à  l'entrée 
du  port  do  Mascate,  il  rase  la  côte  de  l'Arabie  jusqu'au  cap  P»;iz- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.        221 

el-Gat  ou  Raz-el-Had,  qu'il  laisse  au  S.-O.  à  un  petit  nombre  de 
minutes  de  distance. 

Traversant  en  entier  la  mer  d'Oman,  notre  cercle  va  couper,  dans 
sa  partie  septentrionale,  l'archipel  madréporique  des  îles  Maldives, 
et  poursuit  son  cours  dans  l'océan  Indien  et  l'océan  Austral,  en 
laissant  au  nord  le  continent  australien,  la  terre  de  Van-Diemen 
et  l'île  de  la  Compagnie-Royale. 

Au  midi  de  la  Nouvelle-Zélande,  il  passe  à  un  demi-degré  au 
S.  de  l'île  Campbell ,  et  ne  laisse  au  S.  que  l'île  et  l'îlot  appelés 
le  Juge  et  son  Clerc,  la  colonie  pénitentiaire  de  l'île  Macquarie, 
l'île  et  l'îlot  appelés  l'Evêque  et  son  Clerc  et  les  terres  australes,  qui 
sont  à  une  grande  distance. 

Parcourant  enfin  les  parties  les  plus  désertes  de  l'océan  Paci- 
fique, il  va  rejoindre,  au  pied  du  volcan  de  Guatemala,  la  côte  de 
l'Amérique  centrale,  où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  renferme  dans  l'ancien  continent  un  arc  terrestre 
dune  certaine  étendue,  interrompu  par  la  mer  d'Irlande,  la  mer 
du  Nord  et  la  mer  Noire,  et,  dans  le  nouveau  monde,  un  autre 
arc  terrestre  beaucoup  plus  court,  le  tout  formant  une  somme  d'en- 
viron h 8  degrés,  c'est-à-dire  égale  à  moins  du  septième  de  sa  cir- 
conférence. Sous  ce  rapport,  il  se  rapproche  beaucoup  de  Yoctaé- 
drique  du  mont  Sinaï,  qu'il  côtoie  en  quelque  sorte  et  avec  lequel  il 
peut  jusqu'à  un  certain  point  rivaliser  sous  le  rapport  de  la  ma- 
nière dont  il  partage  le  globe  en  deux  hémisphères. 

Mais  il  ne  faut  jamais  oublier  que  les  deux  cercles  sont  très- 
distincts.  Dans  l'Asie  Mineure,  le  trapézoédrique  TDb  coupe  perpen- 
diculairement le  dodécaédrique  rhomboïdal  qui  passe  au  point  c  de 
l'Egypte,  situé  au  nord  de  la  vallée  des  lacs  Natron,  où  lui-même 
il  coupe  perpendiculairement  Yoctaédrique  du  mont  Sinaï.  Ce  dodé- 
caédrique rhomboïdal  a,  en  effet,  pour  pôles  les  deux  points  T  où  le 
trapézoédrique  TDè  et  Yoctaédrique  se  rencontrent,  et  il  joue  par  rap- 
port à  ces  deux  cercles  le  même  rôle  que  l'équateur  par  rapport 
aux  méridiens.  Ces  deux  mêmes  cercles  ont  leurs  tangentes  parai- 


222  RAPPORT  SUK  LES  PROGRÈS 

lèles  entre  elles  aux  points  d'intersection  qui  sont  éloignés  de 
1  i°3o/'29",77,  arc  dont  l'expression  est  la  même  que  celle  de 
l'angle  formé  aux  points  T  par  Yoctaédrique  et  le  trapézoédrique  TDb. 

Nous  avons  vu  que  ce  dernier  s'adapte  avec  une  certaine  pré- 
cision à  un  assez  grand  nombre  de  points  plus  ou  moins  remar- 
quables :  le  volcan  de  Guatemala,  les  Virgin-Rocks,  le  mont  Lu- 
gnaquilla  et  le  cap  Wiclow,  l'extrémité  N.-O.  du  Tlniringerwald, 
le  promontoire  de  Sinope,  etc.  C'est  donc  un  cercle  très-bien  jalonné 
par  les  accidents  orographiques  et  géologiques. 

La  manière  dont  ce  cercle  traverse  l'Europe  et  l'Asie  est  en 
harmonie  avec  beaucoup  de  traits  orographiques  remarquables,  et 
l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  l'a  adopté  comme 
représentant  du  système  des  ballons1.  Il  avait  fait  passer  en  dernier 
lieu  le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  des  ballons 
par  le  Brocken  dans  le  Hartz,  après  l'avoir  fait  passer  d'abord  par 
le  ballon  d'Alsace.  C'est  évidemment  un  des  systèmes  de  montagnes 
dont  on  peut  naturellement  chercher  le  représentant  parmi  les 
cercles  du  réseau  pentagonal  qui  se  croisent  au  centre  du  penta- 
gone européen,  près  de  Remda,  point  situé  entre  les  deux  grands 
cercles  de  comparaison  provisoires  dont  on  vient  de  parler,  mais 
beaucoup  plus  voisin  du  second  que  du  premier. 

Notre  trapézoédrique  TDb  fait  avec  le  primitif  de  l'Etna,  grand 
cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare,  vers  l'ouest,  un  angle 
de  58°  23' io",a6.  Or,  d'après  le  tableau  page  iko  de  la  Notice, 
le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  des  ballons 
fait  avec  celui  du  système  du  Ténare,  du  môme  côté,  un  angle 
de  57°35'5/i".  La  différence,  qui  est  de  o°  67'  i6",a6,  est  infé- 
rieure aux  incertitudes  des  observations.  On  peut  donc  employer 
ce  cercle  auxiliaire  pour  représenter  le  système  des  ballons. 

Ce  grand  cercle  paraît  très-bien  encadré  dans  l'ordonnance  stra- 
ligraphique  et  orographique  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Il   passe  à 

1    Notirv,    p.    10.V1. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         223 

une  faible  distance  au  S.-O.  du  Hartz,  dont  l'escarpement  sep- 
tentrional est  un  des  traits  caractéristiques  du  système  des  ballons. 
Il  passe  aussi  à  une  médiocre  distance  des  traits  du  système  des 
ballons  qui  ont  été  signalés  dans  le  Brabant,  dans  le  département 
des  Ardennes,  dans  les  Vosges,  la  Lozère,  la  Bretagne,  etc.  Il  côtoie 
la  côte  atlantique  des  États-Unis  à  7  ou  8  degrés  de  distance  de 
l'axe  de  la  chaîne  des  AHeghanys,  que  M.  Jules  Marcou,  comme  on 
l'a  vu  ci-dessus,  page  12,  rapporte,  de  même  que  l'auteur  de  la 
Notice,  au  système  des  ballons.  Cette  distance  n'est  pas  plus  grande 
que  celle  qui  sépare  notre  cercle  du  seuil  dévonien  de  la  Russie 
centrale,  qui  doit  être  rapporté  au  même  système,  et  elle  ne  sur- 
passe pas  non  plus  la  distance  de  Yoclaédrique  du  Sinaï  aux  chaînes 
pyrénéennes  les  plus  méridionales  de  l'Algérie.  Il  représente  d'une 
manière  satisfaisante  le  système  des  ballons. 

Trapézoédrique  Te  de  VIremel. 

Le  28e  grand  cercle  auxiliaire  compris  dans  le  tableau  déjà  cité 
est  désigné  sous  la  dénomination  de  trapézoédrique  Te.  Ce  grand 
cercle  passe  par  le  point  T  situé  en  Espagne  au  N.-O.  de  Burgos 
et  par  le  point  c  situé  en  Asie  dans  la  steppe  des  Kirghis.  H  a  ses 
pôles  sur  le  dodécaédrique  rhomboïdal,  ayant  lui-même  pour  pôles 
le  point  T  de  l'Espagne  et  son  antipode.  L'un  de  ces  pôles  tombe 
dans  l'océan  Austral,  au  S.  de  Madagascar  et  à  l'E.  des  rochers 
Union;  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  près  des  côtes  de  la  Cali- 
fornie, au  S.-O.  du  cap  Mendocino. 

Tracé  sur  les  cartes  déjà  citées  de  M.  Vincendon-Dumoulin  et 
de  M.  de  Humboldt,  ce  grand  cercle  aborde  le  continent  amé- 
ricain par  la  côte  du  Chili.  Il  y  pénètre  en  rasant  le  cap  Bucalemo 
et  les  écueils  qui  le  précèdent.  Il  passe  au  N.  de  Santiago,  et 
coupe  la  Cordillère  des  Andes  en  laissant  à  22  minutes  ou  37 
kilomètres  dans  le  S.-E.  le  pic  d'Aconcagua,  qui  paraît  être  la 
cime  la  plus  élevée  du  nouveau  monde  et  qui  se  distingue  des 


224  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

autres  pics  du  Chili,  qu'il  surpasse  tous  en  hauteur,  en  ce  qu'il 
n'est  pas  volcanique,  mais  formé,  d'après  M.  Pissis,  de  calcaire  ju- 
rassique soulevé. 

Au  delà  des  Andes,  notre  cercle  s'adapte  assez  heureusement  aux 
formes  des  contre-forts  que  M.  de  Humboldt  a  dessinés  approxi- 
mativement sur  sa  carte.  11  passe  presque  exactement  à  Tucuman 
en  laissant  au  S.-E.  les  pampas,  les  llanos  de  Tucuman  et  le  désert 
salé  de  Santiago;  il  va  couper  au  centre  du  continent  la  grande 
rivière  du  Paraguay,  aux  environs  d'Albuquerque  et  des  vastes  ma- 
récages de  Xarayes.  Traversant  ensuite  la  partie  N.-O.  du  Brésil, 
il  en  sort  par  sa  côte  septentrionale,  un  peu  à  l'E.  de  Bragança. 

Dans  tout  l'océan  Atlantique ,  notre  cercle  ne  rencontre  aucune 
terre,  mais  il  passe  au  N.  de  Madère,  près  du  petit  groupe 
d'écueils  isolé  appelé  les  Huit  Roches,  qu'il  laisse  à  1 1  minutes  ou 
20  kilomètres  dans  le  N.-O. 

Il  aborde  ensuite  la  côte  du  Portugal,  où  il  laisse  à  5  minutes 
ou  9  kilomètres  de  distance  au  N.-O.  l'île  Berlingue  et  les  ilôts 
adjacents,  et  où  il  rase  presque  rigoureusement  le  pied  du  phare 
du  cap  Gorveiro,  près  Péniche,  l'un  des  points  les  plus  saillants  et 
les  plus  remarquables  du  littoral  lusitanien. 

Après  avoir  passé  au  point  T,  situé  en  Espagne  au  N.-O.  de 
Burgos,  Y  auxiliaire  Te  aborde  la  côte  de  France  un  peu  au  S. 
du  bassin  d'Arcachon,  et,  passant  à  Bordeaux  et  à  Strasbourg,  il 
traverse  la  France  entière  et  la  Souabe  avec  des  circonstances  de 
précision  sur  lesquelles  je  reviendrai  ultérieurement. 

Dans  l'intérieur  de  l'Allemagne,  notre  cercle  passe  approxima- 
tivement à  Bayreuth,  et,  entrant  dans  le  Fichtel-Gebirge ,  un  peu 
au  N.  de  Goldcronach,  il  côtoie  intérieurement  la  limite  septen- 
trionale du  massif  de  granité  et  de  gneiss  qui  forme  le  noyau  de 
ce  groupe  montagneux.  Tracé  sur  la  carte  géologique  de  la  Saxe, 
il  suit  presque  exactemment  la  crête  de  l'Erzgebirge,  où  il  passe  à 
Gottesgabe,  à  la  masse  serpentineuse  isolée  de  Schmiedelgutt  et  à 
la  masse  granitique  détachée  de  Mittler-Teilnitz.  Cette  ligne  marque 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANCE.  225 

à  peu  près  la  limite  méridionale  ou  septentrionale  de  différentes 
masses  minérales,  telles  que  les  schistes  argileux  près  de  Franken- 
hammer,  le  granité  et  le  basalte  près  de  Steinhubel,  le  gneiss  et 
le  basalte  près  d'Oberwiesenthal,  les  petites  masses  granitiques 
voisines  de  Laduna  et  d'Oberndorf,  la  grande  masse  porphyrique 
qui  s'étend  au  N.  d'Eichwald.  En  surgissant  sur  sa  direction  ou 
en  y  appuyant  leurs  extrémités,  ces  masses  minérales  variées  sem- 
blent rendre  témoignage  de  son  influence. 

Mais  cette  influence  se  fait  sentir  beaucoup  plus  loin  encore. 
Notre  cercle  traverse  l'Elbe  au-dessous  de  Czirle,  au  point  même  où, 
dans  les  flancs  de  la  vallée,  le  schiste  est  remplacé  par  le  granité. 
11  poursuit  ensuite  son  cours  dans  la  Lusace  et  la  Silésie,  au  milieu 
du  quadersandstein,  des  granités  et  des  basaltes  avec  la  dispo- 
sition desquels  il  se  trouve  en  harmonie,  et  entre  dans  les  plaines 
baltiques,  sarmates  et  russes  par  l'angle  saillant  que  forment  les 
contours  des  roches  anciennes  et  du  grès  rouge  dans  le  bassin  de 
la  Bober. 

Dans  les  plaines  non  interrompues  qu'il  traverse,  du  Riesen-Ge- 
birge  à  l'Ural,  notre  cercle  s'adapte  d'une  manière  remarquable  au 
cours  de  plusieurs  rivières,  notamment,  comme  on  peut  le  saisir  sur 
la  carte  planche  V  de  la  Notice,  au  cours  de  la  Vistule  et  du  Bog, 
au  nord  de  Varsovie  et  à  celui  du  Niémen.  Il  s'harmonise  aussi  avec 
le  cours  du  Dnieper  au  nord  de  Mohilef,  et  avec  celui  de  l'Oka  au 
midi  de  Moscou.  Il  coupe  le  Volga  au-dessous  de  Kasan,  près  de 
son  confluent  avec  la  Kama. 

Tracé  sur  la  précieuse  carte  géologique  de  l'Ural,  publiée  par 
sir  Roderick  Murchison1,  le  Irapézoédrique  Te  passe  à  3  minutes 
(5  à  6  kilomètres)  au  nord  de  la  ville  d'Ufa,  près  de  laquelle  la 
rivière  du  même  nom  forme  un  coude  où  elle  reçoit  les  eaux  de  la 
rivière  Bielaya  renforcées  de  celles  de  la  Sim.  Il  entre  dans  la 
région  montueuse  par  la  vallée  de  la  rivière  Lemesa,  affluent  de 

1   Russia  in  Europe  and  the  Ural  mountains. 

Stratigraphie.  1 5 


226  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

la  Sim,  vallée  qui  est  bordée  par  des  contre-forts  de  calcaire  car- 
bonifère parallèles  à  notre  cercle. 

Ce  grand  cercle  coupe  la  chaîne  de  l'Ural  proprement  dite  dans 
le  milieu  de  la  partie  où  elle  est  infléchie  vers  le  S.-S.-O.,  partie 
qui  est  plus  accidentée  et  plus  hérissée  de  hautes  montagnes  que 
le  reste.  Il  coupe  trois  des  zones  parallèles  dans  lesquelles  la  chaîne 
se  décompose,  et  chacune  par  un  point  culminant  :  le  mont  Miardial 
(vieux  grès  rouge),  le  mont  Zigalga  (quartzite),  le  mont  Iremel 
(quartzite).  Ces  trois  montagnes  se  trouvent  alignées  avec  une 
étonnante  précision  suivant  la  direction  de  notre  cercle,  direction 
qui  n'est  ni  parallèle  ni  perpendiculaire  à  la  chaîne.  Tracé  avec 
soin,  le  cercle  passe  par  les  trois  cimes  telles  que  la  carte  les  figure. 
L'Iremel,  élevé  de  5,075  pieds  anglais  ou  1,5/17  mètres,  est  une 
des  cimes  principales  et  les  plus  connues  de  l'Ural.  Il  est  encore 
situé  sur  le  versant  européen. 

Sur  le  versant  asiatique,  dont  la  surface  est  plus  monotone, 
notre  cercle  traverse  d'abord  la  zone  centrale  de  granité  et  de 
gneiss,  et,  laissant  un  peu  au  sud  la  grande  usine  de  Pétropavlovsk, 
il  rase  exactement  l'extrémité  septentrionale  d'un  groupe  de  bandes 
de  roches  cristallines  parallèles  au  'primitif  du  mont  Saint-Elie, 
bandes  que  sir  Roderick  Murchison  figure  avec  détail.  Plus  loin,  il 
traverse  la  masse  granitique  isolée  de  Troitsk,  déjà  citée  plus  haut 
page  93,  et  il  sort  enfin  de  l'Ural,  près  de  Berezovsk,  en  suivant 
la  vallée  de  la  rivière  Ui,  creusée  dans  les  marnes  oxfordiennes, 
comme  il  avait  suivi  à  son  entrée  dans  la  région  montueuse  celle 
de  la  rivière  Lemesa.  On  peut  difficilement  trouver,  sur  aucune 
carte,  une  ligne  mieux  jalonnée  par  les  accidents  orographiques 
et  géologiques  que  celle  suivant  laquelle  le  trapézoédrique  Te  coupe 
obliquement  l'Ural. 

Après  être  sorti  de  l'Ural  par  la  vallée  de  l'Ui,  notre  cercle  entre 
dans  les  steppes  des  Kirghis,  où  il  rencontre  le  point  c  par  lequel 
il  est  assujetti  à  passer,  et  il  parcourt  toute  l'Asie  à  travers  des 
contrées  dont  la  topographie  n'existe  pas  encore.  Tracé  sur  la  carte 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  227 

de  l'océan  Pacifique  par  M.  Vincendon-Dumoulin,  notre  cercle 
s'adapte  en  Chine,  avec  assez  de  précision,  aux  montagnes  voisines 
de  Thing-tcheou,  et  il  entre  dans  la  mer  de  la  Chine  par  l'anfrac- 
tuosité  de  la  côte  et  par  l'écueil  situés  au  midi  du  port  de  Hou- 
tchou-chan. 

11  traverse  la  chaîne  des  îles  Philippines  par  le  groupe  de  pe- 
tites îles  qui  la  termine  au  nord,  en  coupant  l'île  Ciamiguin,  et  il 
rase  avec  précision  le  cap  Eiigano,  pointe  N.-E.  de  l'île  de  Luçon. 

11  se  dirige  ensuite  vers  la  Nouvelle-Guinée,  où  il  parvient  en 
rasant  les  petites  îles  des  Traîtres,  qu'il  laisse  au  S.-E.,  ainsi  que 
l'île  Quoy,  et  il  y  entre  par  un  point  remarquable  de  son  contour, 
la  pointe  Geelvvink. 

Dans  l'intérieur  de  cette  grande  île,  il  ne  passe  pas  au  point  H, 
privilège  réservé  à  des  cercles  plus  élevés  que  lui  dans  la  hiérar- 
chie pentagonale.  Il  en  sort  par  le  point  de  la  côte  du  détroit  de 
Torres  qui  fait  face  au  cap  York  de  la  Nouvelle-Hollande,  et,  cô- 
toyant à  distance  les  rivages  du  continent  australien,  il  se  dirige 
vers  la  Nouvelle-Zélande. 

Il  y  aborde  la  grande  île  du  milieu,  Tawaï-Pounammou ,  par  un 
cap  situé  au  midi  du  havre  Barré,  et,  restant  toujours  au  sud  du 
détroit  de  Cook,  il  coupe  la  pointe  méridionale  de  la  baie  de  Tas- 
man,  près  du  cap  Blanc,  et  ensuite  la  rivière  Pelorus  au  point  où 
son  embouchure  s'élargit  en  un  bras  de  mer.  Il  rentre  enfin  dans 
l'océan  Pacifique  par  une  saillie  de  la  côte  placée  au  sud  du  cap 
Campbell,  pour  aller  passer  au  point  T  situé  à  l'E.-S.-E.  et  à  une 
certaine  distance  au  large  de  l'entrée  du  détroit  de  Cook. 

De  même  qu'à  son  antipode,  le  point  T  de  l'Espagne,  il  y  coupe 
le  primitif  de  Lisbonne,  sous  un  angle  de  3°  29'  9.8",k 7.  En  traver- 
sant la  Nouvelle-Zélande,  les  deux  cercles  se  suivent  à  une  petite 
distance,  en  passant  cependant  par  des  points  bien  distincts,  mais 
sans  qu'on  voie  clairement  quel  est  celui  des  deux  cercles  auquel 
on  doit  attribuer  le  plus  d'influence  sur  les  contours  compliqués 
des  rivages  du  détroit  de  Cook;  on  peut  croire  qu'ils  en  ont  exerce 


228  «APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

l'un  et  l'autre,  de  même  qu'on  voit,  dans  les  îles  Aleutiennes, 
par  exemple,  plusieurs  directions  très-voisines  et  cependant  très- 
distinctes. 

A  partir  du  point  T  du  détroit  de  Cook,  le  trapézoédrique  Te 
traverse  toute  la  partie  méridionale  de  l'océan  Pacifique  sans  ren- 
contrer aucune  terre,  et  va  rejoindre  au  Chili  le  cap  Bucalerno, 
où  nous  avons  commencé  à  le  suivre. 

Ce  grand  cercle  renferme  deux  arcs  terrestres  fort  étendus,  le 
premier  dans  l'Amérique  méridionale,  et  l'autre,  qui  est  beaucoup 
plus  grand,  dans  l'ancien  continent,  de  la  côte  du  Portugal  à  la 
merde  la  Chine,  ainsi  que  deux  autres  beaucoup  plus  courts  dans 
la  Nouvelle-Guinée  et  la  Nouvelle-Zélande,  formant  ensemble  une 
somme  totale  d'environ  i&5  degrés;  c'est,  à  10  ou  12  degrés  près 
en  moins,  la  même  somme  que  pour  le  primitif  de  Lisbonne,  et, 
en  effet,  les  deux  cercles,  se  suivant  toujours  de  près,  ne  pouvaient 
différer  beaucoup  sous  ce  rapport. 

En  Chine,  notre  cercle  coupe  perpendiculairement  le  dodécaé- 
drique  rhomboïdal  qui  a  pour  pôles  le  point  T  de  l'Espagne  et  son 
antipode  le  point  T  voisin  de  la  Nouvelle-Zélande,  où  notre  cercle 
est  également  assujetti  à  passer.  Ce  dodécaédrique  rhomboïdal  coupe 
aussi  perpendiculairement,  dans  l'intérieur  de  la  Chine,  le  primitif 
de  Lisbonne,  qui  passe  aux  deux  mêmes  points  T.  La  distance  des 
deux  points  d'intersection  est  de  3°2o/2  8",/i7,  valeur  de  l'angle 
que  les  deux  cercles  forment  entre  eux  aux  points  où  ils  se  croisent. 
C'est  leur  écartement  maximum,  qui  équivaut  à  environ  388  kilo- 
mètres ou  97  lieues.  Ces  deux  cercles  se  côtoient  donc  de  fort  près 
dans  tout  leur  cours,  mais  ils  n'en  sont  pas  moins  distincts  et  ja- 
lonnés par  des  points  nettement  séparés,  puisqu'ils  entrent  en 
Europe,  par  exemple,  l'un  par  le  large  promontoire  de  Lisbonne 
et  l'autre  par  le  cap  Corveiro,  et  passent  en  Asie,  l'un  par  la  route 
dLkatherinenbourg  et  l'autre  par  la  cime  de  l'Iremel. 

Le  trapézoédrique  Te,  comme  on  a  pu  en  juger  par  les  détails 
donnés  sur  diverses  parties  de  son  cours,  même  sans  parler  encore 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANCE.  229 

de  son  trajet  à  travers  la  France,  est  aussi  bien  jalonné  par  les 
accidents  naturels  du  sol  et  aussi  bien  en  rapport  avec  la  topogra- 
phie des  contrées  qu'il  traverse  qu'aucun  de  ceux  que  nous  avons 
étudiés  précédemment.  Il  est  cependant  du  nombre  de  ceux  qui 
ont  la  position  la  moins  symétrique  dans  le  réseau  pentagonal  et 
qui  y  occupent  le  rang  le  plus  inférieur.  C'est  même  là  ce  qui  m'a 
décidé  à  en  placer  ici  la  monographie  :  j'ai  voulu  montrer  par  cet 
exemple  que  tous  les  cercles  que  la  nature  a  réalisés  l'ont  été  avec 
une  égale  netteté. 

La  cinquième  section  du  tableau  des  données  numériques  qui 
fixent  i5o,  cercles  du  réseau  pentagonal1  en  présente  encore  35 
dont  je  pourrais  placer  ici  les  monographies.  Les  données  numé- 
riques qui  fixent  ces  35  cercles  ont  été  calculées  à  la  suite  de  tra- 
vaux ou  de  tâtonnements  qui  ont  montré  que  chacun  de  ces  cercles 
s'adapte  aux  accidents  de  l'écorce  terrestre.  Leurs  monographies 
conduiraient  toutes  à  conclure  que  le  cercle,  objet  de  chacune 
d'elles,  s'harmonise  avec  certaines  configurations  géographiques  et 
se  trouve  jalonné  avec  une  précision  plus  ou  moins  grande  par  un 
certain  nombre  de  points  définis.  Mais  je  dois  peut-être  me  de- 
mander si  l'avantage  qu'il  y  aurait  à  multiplier  les  exemples  de  ce 
fait  compenserait  l'inconvénient  d'allonger  outre  mesure  cette 
partie  du  Rapport. 

La  possibilité  d'étendre  le  nombre  de  ces  monographies  ne  peut 
être  contestée.  J'ai  omis,  dans  le  seul  but  d'abréger,  les  monogra- 
phies de  28  dodécaédriques  rhomboïdaux,  de  29  bissecteurs  1H  et 
de  28  bissecteurs  DH,  cercles  qui  tous  font  partie  du  tracé  de 
M.  Laugel ,  et  dont  l'adaptation  aux  accidents  de  l'écorce  terrestre 
est  évidente,  au  moins  pour  le  plus  grand  nombre.  En  y  ajoutant 
les  35  dont  nous  parlons,  ce  sont  en  tout  120  monographies  que  je 
pourrais  ajouter  aux  39  que  j'ai  données,  c'est-à-dire  que  j'aurais 
tous  les  moyens  d'en  quadrupler  immédiatement  le  nombre. 

1   Comptes  rendus,  f.  LVII.  |>.  îai,  séance  du  10  juillet  i863. 


230  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Cependant  ce  n'est  pas  tout,  car  la  cinquième  section  du  tableau 
n'est  limitée  à  38  cercles  que  parce  que,  jusqu'ici,  on  n'a  pas  cal- 
culé les  données  numériques  d'un  plus  grand  nombre.  Le  nombre 
des  cercles  auxiliaires  tels  que  Tl,  Da,  De,  etc.,  est  de  plusieurs 
milliers,  et  il  serait  tout  aussi  facile  de  calculer  les  données  numé- 
riques de  l'un  quelconque  d'entre  eux,  qu'il  l'a  été  de  déterminer 
celles  des  38  cercles  portés  dans  la  cinquième  section  du  tableau. 
On  voit  quelle  carrière  est  ouverte  aux  calculateurs  et  aux  dessi- 
nateurs, et  on  comprend  qu'il  serait  absolument  impraticable  d'é- 
puiser ici  une  aussi  longue  série.  Mais  cette  impossibilité  même 
résout  la  question  qui  nous  a  fait  entreprendre  les  monographies 
que  nous  avons  continuées  jusqu'à  présent. 

Il  est  dès  à  présent  surabondamment  établi  que  le  réseau  peu- 
tagonal  renferme  un  très-grand  nombre  de  cercles  qui  s'adaptent 
avec  une  précision  remarquable  aux  accidents  de  l'écorce  terrestre. 
On  a  même  vu  que  ceux  de  ces  cercles  qui  sont  les  principaux 
représentants  de  la  symétrie  pentagonale  s'harmonisent  d'une 
manière  toute  particulière  avec  les  configurations  géographiques. 
Les  autres  représentent  eux-mêmes  des  lignes  naturelles. 

Rien  n'ayant  été  avancé,  dans  l'établissement  du  réseau  penta- 
gonal,  au  sujet  du  nombre  des  cercles  auxiliaires  qui  pourront  être 
adaptés  aux  accidents  de  l'écorce  terrestre,  il  n'y  a,  à  cet  égard,  rieo 
à  vérifier;  il  sera  cependant  intéressant  d'épuiser  un  jour  la  série 
des  cercles  que  la  nature  a  réalisés  ou  de  faire  quelque  chose 
d'équivalent,  car  il  est  très-probable  que  la  nature  n'a  pas  réalisé 
tous  ces  cercles;  de  même  qu'en  minéralogie  aucune  substance 
cristallisée  ne  présente  tous  les  clivages  et  toutes  les  facettes  que 
comporte  son  système  cristallin.  En  se  mettant  à  calculer  indistinc- 
tement tous  les  cercles  auxiliaires  que  comprend  le  réseau  penla- 
gonal,  au  lieu  de  s'attacher  à  ceux  qui  ont  été  indiqués  par  quel- 
ques considérations  préliminaires,  on  ne  tarderait  probablement 
pas  à  en  trouver  qui  seraient  insignifiants  ou  indifférents,  parce  que 
la  nature  ne  les  aurait  pas  réalisés. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         231 

Ils  seraient  dans  le  cas  où  se  trouve,  en  général,  un  cercle  qu'on 
trace  sur  un  globe  en  y  tendant  un  fil  au  hasard,  et  la  plupart  des 
méridiens,  à  commencer  par  celui  de  Paris,  sont  autant  d'exemples 
de  cercles  indifférents  pour  la  géologie. 

Il  est  fort  probable  qu'il  s'en  présentera  de  semblables  parmi 
ceux  qui  ont  une  notation  dans  le  réseau,  et  il  sera  intéressant  de 
rechercher  dans  quelle  proportion  et  suivant  quelle  loi  ils  se  pré- 
senteront, mais  ce  sera  l'objet  d'un  travail  qui  n'a  pas  encore  été 
fait  et  qui  sera  peut-être  fort  long. 

Multiplier  les  monographies  plus  que  je  ne  l'ai  fait  serait  prélu- 
der à  ce  travail,  mais  sans  espoir  d'en  atteindre  le  but. 

Je  m'en  tiens  donc  aux  39  monographies  que  j'ai  données.  Elles 
me  paraissent  suffire  pour  établir  que  le  réseau  pentagonal  existe 
dans  la  nature.  Non-seulement  ses  3 1  premiers  grands  cercles  prin- 
cipaux s'adaptent  avec  une  précision  et  un  ensemble  remarquables 
aux  formes  géographiques;  mais  les  cercles  auxiliaires  s'y  adaptent 
eux-mêmes  dans  beaucoup  de  cas,  ce  qui  montre  que  le  mode  de 
dérivation  adopté  pour  les  obtenir  est  conforme  à  la  nature  des 
choses.  C'est  là  du  reste  une  conclusion  dont  la  suite  de  ce  Rapport 
fournira  de  nombreuses  vérifications. 

Je  vais  passer  à  un  autre  ordre  de  considérations. 

LES  3Ô2   POINTS  PRINCIPAUX  DU  RESEAU  PENTAGONAL. 

On  a  vu  précédemment,  page  5o,  que  les  grands  cercles  prin- 
cipaux du  réseau  pentagonal  se  coupent  sur  la  surface  du  globe 
en  : 

12  points  D, 

20  points  I, 

3o  points  H, 

60  points  T, 

60  points  a, 

Ço  points  b, 
120  points  c, 


232  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

soit  en  362  points  qui  ont  reçu  le  nom  de  points  principaux  du 
premier  et  du. second  ordre.  M.  Elie  de  Beaumont  a  publié  le  Ta- 
bleau des  données  numériques  qui  fixent  sur  la  surface  du  globe  ces 
362  points1,  en  donnant  pour  chacun  d'eux  sa  latitude,  sa  longi- 
tude et  l'orientation  de  l'un  des  cercles  principaux  qui  y  passent. 
Au  moyen  de  ces  données,  on  peut  placer  chacun  des  362  points 
sur  une  carte  de  la  contrée  où  il  tombe,  et  y  tracer  un  arc  du  grand 
cercle  principal  dont  l'orientation  est  donnée  pour  ce  point,  et  des 
arcs  des  autres  grands  cercles  principaux  et  auxiliaires  qui  y  font 
avec  le  premier  des  angles  connus.  On  a  déjà  vu  que  ces  construc- 
tions ont  été  effectuées  et  présentées  dans  les  cours  pour  un  grand 
nombre  des  points  D,  I,  H,  T,  etc.,  et  qu'elles  ont  beaucoup  con- 
tribué à  fournir  les  éléments  des  monographies  des  39  cercles  dont 
le  cours  a  été  décrit. 

On  pourrait  faire  aussi  la  monographie  de  chacun  des  362  points 
principaux. 

Ces  monographies  auraient  même  moins  de  monotonie  que  celles 
des  cercles,  parce  que  les  points  principaux  jouent  dans  le  réseau 
pentagonal  et  dans  l'ordonnance  des  formes  géographiques  un 
rôle  plus  varié  que  les  cercles,  qui  font  tous  uniformément  le  tour 
du  globe.  On  aurait  à  constater  d'abord  que  chacun  de  ces  points 
principaux  jouit  de  la  propriété,  en  quelque  sorte  stratégique,  de 
prendre  en  enfilade  un  grand  nombre  d'accidents  orographiques  et 
géologiques,  suivant  des  directions  qui  sont  celles  d'autant  de 
cercles  du  réseau  pentagonal,  et  cela  conduirait  à  analyser  compa- 
rativement la  topographie  de  la  contrée  dans  laquelle  tombe  chaque 
point. 

Une  pareille  analyse  conduirait  à  remarquer  que,  dans  le  voisi- 
nage des  points  D,  la  surface  du  globe  est  généralement  dessinée  à 
plus  petit  point  que  dans  les  contrées  qui  en  sont  éloignées.  Les 
points  D  de  l'Europe,  de  la  Chine,  de  l'Amérique  russe,  des  An- 

Comptes  rendus,  t.  LVIII.  p.  .'{08,  séances  des  i5,  99  et  99  février  i864. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  233 

tilles,  près  des  îles  Vierges,  du  Chili,  offrent  de  ce  fait  des  exemples 
remarquables.  Les  autres  points  D  tombent  en  pleine  mer  ou  dans 
des  contrées  peu  connues. 

Les  points  I,  comme  ceux  du  Brésil,  de  l'Afrique  australe,  de  la 
Perse,  du  nouveau  Mexique,  peuvent  donner  lieu  à  des  remarques 
du  même  genre. 

Les  points  H  ont  cela  de  particulier,  qu'une  chaîne  de  mon- 
tagnes assez  étendue  ou  quelque  trait  allongé  de  la  surface  du 
globe  passe  fréquemment  dans  leur  voisinage.  Les  points  H  de 
l'Ural,  du  Groenland,  de  l'Arabie,  de  l'Inde,  de  la  Nouvelle-Gui- 
née, de  la  terre  de  Yan-Diemen,  des  îles  Bonin-Sima  et  autres,  en 
offrent  des  exemples.  Le  fait  que  la  topographie  prend  des  carac- 
tères particuliers  près  des  points  différemment  caractérisés  du  ré- 
seau est  un  témoignage  nouveau,  un  peu  vague  sans  doute,  mais 
délicat,  de  l'harmonie  qui  existe  entre  le  réseau  pentagonal  et  la 
configuration  extérieure  du  globe  terrestre. 

Malheureusement,  des  remarques  de  ce  genre  seraient  difficiles 
à  suivre  si  elles  n'étaient  pas  accompagnées  de  cartes  convenable- 
ment dessinées.  Quand  il  s'agit  d'un  cercle  compris  dans  le  tracé  de 
M.  Laugel,  on  peut  le  suivre  d'une  manière  générale,  et,  si  on  ne 
voit  pas  tous  les  détails  des  adaptations  qui  se  manifestent  sur  des 
cartes  à  plus  grande  échelle,  on  peut  se  les  représenter.  Mais,  poul- 
ies 36a  points  principaux,  que  M.  Laugel  a  également  marqués, 
des  cartes  détaillées  seraient  beaucoup  plus  nécessaires  et  en  même 
temps  plus  faciles  à  exécuter  que  pour  les  cercles  entiers,  qui  ne 
peuvent  être  bien  représentés  que  sur  un  globe. 

Il  faudrait  en  principe  362  cartes,  mais  le  nombre  en  serait 
notablement  diminué  par  le  fait  qu'une  partie  des  36a  points  tom- 
bent, soit  en  pleine  mer,  loin  des  côtes,  soit  sur  les  glaces  polaires, 
soit  dans  certaines  parties  intérieures  des  continents  pour  lesquelles 
on  manque  encore  d'éléments  topographiques. 

Le  mieux  serait  d'avoir  pour  chaque  point  une  carte  dressée  en 
projection  gnoinonique  sur  l'horizon  de  ce  point;  mais  ce  serait 


234  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

une  entreprise  de  longue  haleine  que  de  dresser  peut-être  deux 
cents  cartes  de.  cette  nature.  On  pourrait  arriver  à  un  résultat  pres- 
que aussi  satisfaisant,  à  moins  de  frais,  de  la  manière  suivante. 

La  carte  du  pentagone  européen  en  projection  gnomonique  sur 
l'horizon  de  son  centre,  planche  V  de  la  Notice,  réalise  pour  le 
point  D,  centre  du  même  pentagone,  l'idée  que  je  viens  d'expri- 
mer; seulement  son  échelle,  qui  pour  la  partie  centrale  est  le  cin- 
quante-millionième (5  o.oo'o.o  o  o)^  est  beaucoup  trop  petite. 

Mais  cette  carte,  sauf  la  petitesse  de  l'échelle,  atteint  aussi  à 
très-peu  de  chose  près  le  but  désiré  pour  les  cinq  points  T  et  les 
cinq  points  a  qui  se  trouvent,  sur  le  contour  du  petit  pentagone  formé 
près  de  son  centre  par  les  octaédriques ;  elle  ne  cesse  de  pouvoir  être 
employée  commodément  pour  le  même  objet  que  pour  les  points  I, 
H,  b,  situés  sur  le  contour  du  pentagone,  et  pour  les  points  c  qui 
en  sont  eux-mêmes  assez  rapprochés.  Dans  le  voisinage  de  ces 
points,  les  formes  géographiques  sont  trop  déformées  par  suite 
des  défauts  inhérents  à  la  projection. 

Or  on  pourrait  aussi,  pour  chaque  point  I,  centre  de  triangle 
équilatéral,  dresser  une  carte  en  projection  gnomonique  sur  l'hori- 
zon de  ce  point  et  contenant  les  trois  points  b  qui  l'avoisinent,  et, 
pour  chaque  point  H,  une  carte  analogue  contenant  les  quatre 
points  c  qui  l'accompagnent.  De  la  sorte  on  arriverait  à  renfermer 
les  362  points  principaux  dans  soixante-deux  cartes  dont  plusieurs 
seraient  inutiles  à  construire  comme  contenant  trop  peu  de  terres, 
ou  des  contrées  trop  peu  connues  :  quarante  cartes  environ  pour- 
raient peut-être  suffire.  On  comprend  toutefois  que,  même  ré- 
duites à  quarante,  ces  cartes  ne  peuvent  trouver  place  dans  le  pré- 
sent Rapport,  et  que,  par  conséquent,  je  dois  renoncer  à  y  placer 
les  monographies  des  points  principaux  du  réseau  pentagonal. 

Au  reste,  les  éléments  dont  ces  monographies  se  composeraient 
sont  compris  dans  les  monographies  individuelles  des  différents 
cercles,  et  on  a  même  vu  que  les  éléments  de  ces  monographies 
ont  souvent  été  fournis  par  les  roses  des  points  principaux,  placés 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  235 

avec  tous  leurs  rayons  sur  différentes  cartes.  Mais,  réunis  en  roses, 
ces  éléments  se  seraient  éclairés  mutuellement  et  auraient  conduit 
à  des  rapprochements  particuliers. 

Les  monographies  des  points  principaux  auraient  conduit,  par 
une  voie  nouvelle,  à  reconnaître  que  le  réseau  pentagonal  n'est  que 
le  diagramme  d'une  figure  géométrique  qui  existe  matériellement 
sur  la  surface  entière  du  globe,  par  l'effet  des  phénomènes  géolo- 
giques. Mais,  en  appliquant  spécialement  ce  diagramme  à  la  France 
et  aux  contrées  adjacentes,  je  pourrai  donner  à  cette  conclusion  un 
nouveau  degré  de  rigueur  et  de  précision,  et  introduire  même  des 
considérations  qui  manquent  encore  dans  ce  qui  précède. 

Les  réflexions  énoncées  succinctement  dans  ce  chapitre  conduisent 
naturellement  à  reconnaître  que  les  monographies  des  différents 
cercles  du  réseau  pentagonal,  dont  j'ai  donné  trente-neuf  spécimens, 
ne  sont,  dans  f étude  de  l'application  du  réseau  pentagonal  aux 
inégalités  de  l'écorce  terrestre,  que  des  éléments  susceptibles  d'être 
réunis,  comme  les  cercles  eux-mêmes  se  réunissent  pour  former  le 
réseau.  Il  est  d'autant  plus  naturel  d'étudier  les  cercles  un  à  un  que 
chacun  de  ceux  qui  se  rapportent  à  des  systèmes  de  montagnes  pa- 
raît avoir  été  produit  en  principe  par  un  phénomène  unique  et 
distinct.  Mais  le  seul  fait  de  la  propriété  qu'ont  ces  cercles  de  se 
réunir  en  roses  autour  des  points  principaux  ou  de  points  de  croi- 
sement secondaires  conduit  à  étudier  simultanément  tous  ceux  d'une 
même  région  pour  mieux  saisir  leurs  rapports  avec  l'orographie  du 
pays.  C'est  ce  que  je  vais  essayer  de  faire  pour  la  France  et  pour 
les  contrées  limitrophes. 


ETUDE  DES  RELATIONS  EXISTANTES  ENTRE  LE  RESEAU  PENTAGONAL 
ET    LA  CONSTITUTION  DU   SOL  DE  LA  FRANCE  ET   DES   CONTREES  LIMITROPHES. 

Les  monographies  de  différents  cercles  du  réseau  pentagonal ,  au 
nombre  de  trente-neuf,  qui  occupent  une  place  considérable  dans 


236  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ce  Rapport,  présentent  des  développements  très-inégaux,  suivant  les 
parties  du  globe  que  ces  cercles  traversent. 

Dans  les  parties  où  les  cercles  étudiés  parcourent  de  vastes  mers 
dépourvues  d'îles,  il  n'y  avait  rien  à  en  dire,  le  fond  des  mers 
étant  inconnu.  Il  en  a  été  tout  autrement  pour  les  parties  de  ces 
cercles  qui  rencontrent  des  côtes,  qui  traversent  des  archipels  ou 
des  mers  semées  d'îles.  On  possède  aujourd'hui  de  bonnes  cartes  ma- 
rines de  presque  toutes  les  mers  de  l'univers,  et,  partout  où  il  s'est 
trouvé  quelque  chose  à  figurer  sur  ces  cartes,  on  a  eu  des  remar- 
ques à  faire  sur  la  manière  dont  les  cercles  du  réseau  pentagonal 
s'adaptent  aux  accidents  géographiques  et  orographiques.  Partout 
où  on  possède  des  cartes  suffisamment  précises  de  l'intérieur  des 
continents,  il  y  a  lieu  de  faire  des  remarques  du  même  genre. 
Malheureusement,  les  parties  de  l'intérieur  des  continents  pour  les- 
quelles on  possède  des  données  topographiques  d'une  précision 
comparable  à  celle  des  cartes  marines  sont  presque  des  excep- 
tions; aussi  l'intérieur  des  continents  n'a-t-il  donné  lieu  le  plus 
souvent  qu'à  des  remarques  générales  fort  laconiques.  Les  contrées 
dont  on  possède  des  cartes  géologiques  assises  sur  une  bonne  topo- 
graphie, comme  l'Europe  occidentale,  l'Ural,  l'Egypte,  l'Inde,  sont 
celles  qui  ont  fourni  le  plus  de  détails.  Chaque  fois  qu'un  cercle 
nous  y  a  conduit,  elles  nous  ont  retenu  comme  autant  d'oasis  pri- 
vilégiées. 

H  est  cependant  une  région  favorisée  sous  ce  rapport  autant 
qu'aucune  autre,  où  nous  ne  nous  sommes  jamais  arrêté,  et  pour 
laquelle  nous  avons  constamment  renvoyé  tous  les  détails  à  une 
époque  ultérieure;  je  veux  parler  de  la  France  et  des  contrées  limi- 
trophes.  Nous  sommes  arrivé  à  la  partie  du  Rapport  pour  laquelle 
ces  détails  ont  été  réservés;  ils  vont  maintenant  nous  occuper. 

En  publiant  des  séries  de  données  numériques  propres  à  fixer 
sur  la  surface  du  globe1  soit  les  cercles  les  plus  importants,  soil  les 

1  Comptes  rendus,  I.  L\  11,  p.  îai,  séance  fin  90  jnillel  i863  ,  et  t.  LVIIL  p.  5o8, 
séance  du  i5  février  i8(>A. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  237 

points  principaux  du  réseau  pentagonal,  l'auteur  de  la  Notice  sur 
les  systèmes  de  montagnes  a  donné  les  moyens  de  les  construire  sur 
les  cartes  de  toutes  les  parties  de  l'univers,  sur  les  cartes  de  France 
comme  sur  les  autres.  Mais,  lorsqu'on  veut  tracer  avec  précision  un 
grand  cercle  déterminé  sur  une  carte  d'une  échelle  un  peu  grande, 
il  devient  nécessaire  de  calculer  les  intersections  du  cercle  avec  un 
certain  nombre  de  méridiens  ou  de  parallèles,  en  partant  des  don- 
nées numériques  qui  fixent  le  cercle  sur  la  surface  du  globe. 

M.  Elie  de  Beaumont  a  pensé  qu'il  serait  utile  aux  progrès  de  la 
géologie  de  l'affranchir,  dans  une  certaine  mesure,  de  ces  calculs, 
en  publiant,  pour  la  France  d'abord,  des  données  numériques 
propres  à  fixer  directement  les  positions  d'un  nombre  de  points 
suffisant  des  cercles  du  réseau.  Il  aurait  pu  choisir  dans  ce  but  les 
intersections  des  cercles  avec  certains  méridiens,  mais  il  a  préféré 
les  intersections  mutuelles  des  cercles  du  réseau  :  i°  parce  que  ces 
points  sont  souvent  les  plus  importants  de  leur  cours  sous  le  rap- 
port des  relations  que  ces  cercles  présentent  avec  les  configurations 
orographiques  et  géologiques;  2°  parce  que  chaque  point  d'inter- 
section sert  pour  deux  ou  même  pour  un  plus  grand  nombre  de 
cercles;  3°  parce  qu'en  calculant  ce  qui  se  rapporte  à  l'intersection 
de  deux  cercles,  on  détermine  l'angle  sous  lequel  ils  se  coupent. 
L'auteur  a  considéré  les  cercles  principaux  du  réseau  pentagonal, 
les  cercles  auxiliaires  employés  pour  représenter  différents  systèmes 
de  montagnes  et  quelques  cercles  qui  lui  ont  paru  se  recommander 
par  leur  position  symétrique  dans  le  réseau,  mais  en  se  bornant  à 
ceux  de  ces  différents  cercles  qui  traversent  ou  avoisinent  le  terri- 
loire  français. 

Ces  cercles  sont  au  nombre  de  29,  nombre  qui,  très-proba- 
blement, est  destiné  à  s'accroître  ultérieurement.  Chacun  de  ces 
29  cercles  coupant  chacun  des  28  autres  en  deux  points  diamétra- 
lement opposés,  qu'on  retrouve  chacun  deux  fois,  ce  qui  oblige  à 
dédoubler  le  nombre  qui  se  présente  d'abord,  il  existe  entre  eux 
29.28  =  812  points  d'intersection,  dont  la  moitié,  soit  /to6,  sont 


238  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

situes  dans  un  même  hémisphère,  tandis  que  les  606  autres  se 
trouvent  aux  antipodes  des  premiers.  Mais, parmi  les  h 06 points  d'in- 
tersection qui  appartiennent  à  notre  hémisphère,  il  en  est  un  grand 
nombre  qui  tombent  fort  loin  de  nous,  et,  en  fait,  i83  points  d'in- 
tersection seulement  sont  compris  dans  l'espace  embrassé  par  le 
cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  et  dans  les  parages  de 
l'île  de  Corse  qui  est  figurée  dans  un  appendice  détaché  du  reste. 

En  fait,  cet  appendice  s'est  trouvé  trop  étroit  pour  recevoir 
quelques-uns  des  points  calculés  en  vue  d'y  être  placés,  de  sorte 
qu'on  aurait  pu  réduire  de  quelques  unités  le  nombre  1 83.  Mais 
les  chiffres  calculés  ont  été  utilisés  d'une  autre  manière  et  impri- 
més avec  les  autres.  Ce  sont  ces  1 83  points  d'intersection  qui  ont 
été  l'objet  des  calculs  de  l'auteur. 

Il  a  déterminé  pour  chacun  d'eux  sa  latitude,  sa  longitude,  les 
orientations  des  deux  cercles  qui  s'y  croisent  et  l'angle  qu'ils  for- 
ment entre  eux;  puis,  par  une  opération  subsidiaire,  la  distance  de 
chacun  des  points  à  la  méridienne  et  à  la  perpendiculaire  de  Paris, 
et  l'angle  formé  par  le  méridien  du  lieu  et  la  perpendiculaire  à  la 
méridienne  de  Paris.  Ces  dernières  données  permettent  de  cons- 
truire les  1 83  intersections  sur  la  carte  de  Cassini  et  sur  celles  qui 
dérivent  de  sa  réduction,  par  exemple  sur  la  carte  géologique  de 
la  France,  aussi  facilement  que  sur  toute  autre  carte. 

Les  quantités  calculées,  au  nombre  de  huit  pour  chaque  point, 
forment  huit  colonnes  dans  le  tableau,  dont  une  ligne  est  consa- 
crée à  chacun  des  i83  points.  Afin  de  placer  ces  1 83  lignes  dans 
un  ordre  méthodique,  facile  à  saisir  et  à  retrouver,  l'auteur  a  con- 
sidéré successivement  les  29  cercles  dans  l'ordre  où  leurs  parallèles 
se  présentent  sur  une  rose  tracée  à  Paris  en  allant  de  l'ouest  au 
nord  et  du  nord  à  l'est,  et  il  les  a  inscrits  dans  le  tableau  d'après 
cet  ordre  conventionnel.  11  a  ensuite  placé  au-dessous  de  la  dési- 
gnation de  chaque  cercle,  sur  autant  de  lignes  différentes,  les  don- 
nées numériques  relatives  à  ses  intersections  avec  les  autres  cercles, 
rangés  eux-mêmes  suivant  l'ordre  dans  lequel  le  premier  les  coupe 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  239 

successivement,  mais  en  omettant  de  répéter  chaque  ligne  de 
chiffres  deux  fois,  ce  qui  a  abrégé  le  tableau,  non  sans  nuire,  il  est 
vrai,  à  sa  symétrie. 

Après  avoir  calculé  toutes  les  quantités  qui  viennent  d'être  énu- 
mérées,  l'auteur  a  construit  les  différents  points  dont  elles  fixent 
les  positions  sur  un  exemplaire  du  tableau  d'assemblage  de  la  carte 
géologique  de  la  France,  qui  a  été  présenté  à  l'Académie,  en 
même  temps  que  le  tableau  des  données  numériques,  dans  la 
séance  du  1 1  juin  1 866  l. 

Quelques  mois  après,  dans  la  séance  du  17  décembre  18662, 
l'auteur  a  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  même  figure  (le  réseau 
appliqué  sur  la  carte),  exécutée  à  l'Imprimerie  impériale,  par  le 
report  sur  pierre,  avec  toute  la  précision  que  M.  Dérénémesnil  a 
su  donner  à  cet  utile  et  ingénieux  procédé. 

Je  me  suis  occupé  depuis  longues  années,  disait  l'auteur,  de  deux 
séries  de  travaux  distinctes  :  d'une  part  (avec  mon  si  regrettable 
collègue  et  ami  M.  Dufrénoy),  du  tracé  de  la  carte  géologique  de 
la  France,  et,  de  l'autre,  de  la  coordination  des  accidents  stati- 
graphiques  et  orographiques  de  l'écorce  terrestre  en  systèmes  de 
montagnes  dâgeâ  différents  et  de  directions  différentes.  Ces  deux 
séries  de  travaux  se  résument  en  deux  figures  complètement  indé- 
pendantes l'une  de  l'autre,  la  carte  géologique  et  le  réseau  penta- 
gonal.  Pour  être  facilement  comparées  entre  elles,  ces  deux  figures 
avaient  besoin  d'être  tracées  à  la  même  échelle  et  sur  la  même 
projection  géographique.  Réunies  sur  une  seule  carte,  elles  ont 
immédiatement  laissé  voir  leur  concordance  intime.  Elles  se  sont 
trouvées  exactement  superposables  l'une  à  l'autre,  et  cette  propriété 
s'est  manifestée  par  le  fait  que  les  cercles  du  réseau  pentagonal 
ont  eu  le  privilège  de  tomber  sur  des  files  de  positions  caracté- 
risées, alignées  entre  elles,  dont  chacune  jalonnait  à  l'avance  une 
direction  déterminée. 

1   Comptes  rendus,  t.  LXII,  p.  29.  —  *   Comptes  rendus ,  t.  LXIII.  p.  1021 . 


240  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Beaucoup  d'autres  circonstances  contribuent  encore  à  faire  res- 
sortir l'harmonie  des  deux  figures. 

Depuis  lors,  les  cercles  du  réseau  pentagonal  ont  été  tracés, 
d'après  les  mêmes  chiffres,  sur  la  carte  géologique  générale  de  la 
France  dont  l'échelle  est  quadruple  de  celle  du  tableau  d'assem- 
blage  (500;000  au  lieu  de  ,,,„. '.,„„,).  Us  l'ont  même  été,  au  fur  et 
à  mesure  de  l'exécution,  sur  les  feuilles  de  la  carte  géologique  dé- 
taillée, dont  l'échelle  est  de  3  0i'000,  c'est-à-dire  2  5  fois  plus  grande 
que  celle  du  tableau  d'assemblage,  et  l'agrandissement  de  l'échelle 
n'a  fait  que  mettre  mieux  en  lumière  l'accord  du  réseau  pentagonal 
avec  les  faits  naturels.  Le  tableau  d'assemblage  de  la  carte  géolo- 
gique de  la  France  avec  les  cercles  du  réseau  pentagonal  est  joint 
à  ce  Rapport;  mais,  en  l'écrivant,  j'ai  en  même  temps  sous  les  yeux 
la  carte  géologique  générale  à  l'échelle  de  5  0  0'0  0  0 ,  ainsi  que  les 
feuilles  de  la  carte  géologique  détaillée  à  l'échelle  de  8  0  ]  00,  où 
les  cercles  sont  également  tracés,  ce  qui  me  permettra  de  donner 
quelquefois  des  détails  qui  ne  sont  pas  complètement  exprimés  sur 
le  tableau  d'assemblage  à  l'échelle  de  liOO'Oi0  00 ,  mais  dont  celui-ci 
permet  cependant  de  suivre  la  succession  et  l'enchaînement. 

Les  trois  tracés  ont  l'avantage  de  se  contrôler  mutuellement.  La 
carte  géologique  détaillée,  tracée  sur  la  carte  d'état-major  publiée 
par  le  dépôt  de  la  guerre,  qui  est  un  monument  de  haute  préci- 
sion ,  est  naturellement  celle  dont  les  indications  doivent  être  pré- 
férées. La  carte  géologique  générale,  réduite  de  la  carte  de  Cas- 
sini ,  mais  corrigée  d'après  les  levés  du  dépôt  de  la  guerre  ou 
d'après  d'autres  documents  authentiques,  ne  présente,  avec  la  carte 
géologique  détaillée,  que  des  discordances  assez  légères.  Le  tableau 
d'assemblage  réduit  de  la  carte  géologique  générale  est  établi  sur 
un  canevas  identique,  mais,  en  remplissant  ce  canevas,  le  dessina- 
teur, averti  qu'il  devait  surtout  viser  à  n'omettre  aucune  des  masses 
minérales  figurées  sur  la  carte  générale,  quelque  petite  qu'elle 
fût,  a  pu  quelquefois,  pour  mettre  son  crayon  plus  à  l'aise,  les 
déplacer  légèrement  et  ne  pas  mettre  dans  le  figuré  des  détails 


DELA  STRATIGRAPHIE  E.\   FRANCE.  241 

assez  de  rigueur  pour  que  les  cercles  du  réseau,  auxquels  on  ne 
pensait  pas  alors,  tracés  sur  les  deux  cartes  avec  une  égale  préci- 
sion, ne  trahissent  pas  quelques  légères  incorrections  dans  la  plus 
petite.  On  doit  donc  tenir  encore  plus  de  compte  des  rencontres 
que  les  cercles  font  sur  la  carte  générale  en  six  feuilles  que  sur  le 
tableau  d'assemblage.  Au  reste,  les  faibles  discordances  dont  il 
s'agit  sont  généralement  très-peu  importantes,  et  on  trouverait  bien 
peu  de  cartes  réduites  l'une  de  l'autre  qui  n'en  présentassent  pas 
de  semblables. 

La  France  est  comprise  en  entier  dans  le  petit  pentagone  que 
forment  au  centre  du  pentagone  européen  les  cinq  octaédriques 
qui  le  traversent;  mais  son  cadre  dépasse  un  peu  vers  le  S.-O.  le 
contour  de  ce  petit  pentagone  :  elle  comprend  le  point  T  situé 
au  N.-O.  de  Burgos,  qui  est  l'un  de  ses  sommets,  et  le  point  a  si- 
tué sur  la  côte  N.-O.  du  Cornouailles,  qui  occupe  le  milieu  d'un  de 
ses  côtés.  Le  cadre  de  la  carte  n'embrasse  pas  le  point  D,  centre 
commun  du  grand  et  du  petit  pentagone  situé  près  de  Remda, 
en  Saxe;  mais  ce  point  tombe  sur  le  papier  blanc  qui  entoure  le 
cadre  du  tableau  d'assemblage,  et  il  y  a  été  marqué  au  N.-E.  de 
Francfort.  Ces  trois  points  principaux  du  réseau  pentagonal  oc- 
cupent ainsi  sur  la  carte  des  positions  accidentelles  où  rien  n'avait 
été  ménagé  pour  les  recevoir,  parce  que  la  carte  a  été  gravée 
avant  l'époque  où  l'idée  du  réseau  pentagonal  a  pris  naissance. 

La  carte  géologique  de  la  France  avec  les  cercles  du  réseau, 
quoique  dressée  sur  la  projection  de  Gassini,  qui  diffère  beaucoup 
de  la  projection  gnomonique,  réalise  partiellement,  dans  une  cer- 
taine mesure,  l'idée  exprimée  plus  haut  d'une  carte  du  petit  pen- 
tagone européen.  La  carte  de  France  est  traversée  par  trois  des  grands 
cercles  primitifs  du  réseau  pentagonal ,  le  primitif  du  Land's  End , 
celui  de  Lisbonne  et  celui  de  la  Nouvelle-Zemble.  Elle  est  traversée 
aussi,  mais  vers  ses  extrémités  seulement,  par  deux  octaédriques, 
Yoctaédrique  du  mont  Sinaï  et  celui  du  Mulehacen.  Enfin  on  a  été 
conduit  à  y  tracer  en  outre  vingt-quatre  cercles  auxiliaires,  dont 

Stratigraphie.  «6 


2â3  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

plusieurs  sont  compris  au  nombre  de  ceux  dont  les  monographies 

ont  été  données  ci-dessus,  notamment  deux  bissecteurs  DH  qui  lias- 
sent au  point  D. 

Tous  ces  cercles  ont  été  figurés  par  des  lignes  rouges  pleines  ou 
ponctuées  suivant  l'espèce  du  cercle.  De  même  que  dans  la  carte 
du  pentagone  européen ,  planche  V  de  la  Notice,  et  dans  le  tracé 
de  M.  Laugel,  les  primitifs  sont  représentés  par  des  lignes  pleines, 
les  octaédriques  par  des  lignes  formées  de  points  allongés  épais,  et 
les  auxiliaires  par  des  lignes  formées  de  points  allongés  plus  courts 
et  plus  minces. 

Au  premier  coup  d'œil,  les  lignes  qui  représentent  ces  grands 
cercles  paraissent  droites;  toutes  cependant  présentent  une  cour- 
bure légère,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le  constater  avec  une  règle. 
Chacune  de  ces  courbes  possède  un  point  d'inflexion  placé  à  son  in- 
tersection avec  le  méridien  de  Paris,  et  la  partie  de  la  ligne  qui,  à 
partir  de  cette  intersection  s'élève  au  nord ,  tourne  sa  concavité 
vers  le  nord,  tandis  que  la  partie  qui  descend  au  sud  tourne  sa 
concavité  vers  le  sud.  La  courbure  légère  de  ces  lignes  a  été  donnée 
pour  chacune  d'elles  par  les  positions  des  points  d'intersection 
calculés,  et  on  comprend  qu'avec  une  courbure  aussi  légère,  un  jxlil 
nombre  de  points  a  suffi  pour  tracer  la  ligne  avec  toute  la  ri- 
gueur désirable. 

Sur  la  carte  géologique  détaillée,  c'est-à-dire  sur  la  carte  d'état- 
major,  les  lignes  qui  représentent  les  grands  cercles  n'ont  aussi 
qu'une  très-faible  courbure ,  mais  la  loi  de  cette  courbure  n'est  pas 
la  même  que  sur  la  projection  de  Cassini. 

Au  surplus,  chacune  de  ces  lignes ,  prise  dans  une  petite  étendue, 
se  confond  sensiblement  avec  une  ligne  droite  et  peut  être  traitée 
comme  telle.  Sur  une  projection  gnomonique  elle  serait  rigoureu- 
sement droite  dans  toute  sa  longueur,  c'est  là  l'avantage  de  cette 
projection ,  avantage  qui  est  contre-balancé  par  certains  défauts. 

Les  études  concernant  l'adaptation  du  réseau  pentagonal  aux 
inégalités  de  l'écorcc  terrestre  qui  ont  été  résumées  ci-dessus  on! 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANCE.  243 

montré  qu'un  grand  nombre  de  cercles  de  ce  réseau  s'adaptent 
avec  beaucoup  de  précision  aux  accidents  orographiques  et  géo- 
logiques, et  ont  permis  de  conclure  que  la  symétrie  pentagonale 
existe  réellement  dans  la  nature. 

Mais  il  reste  encore  plusieurs  questions  à  résoudre.  On  peut 
demander,  par  exemple,  de  fixer  plus  exactement  qu'on  ne  peut 
le  faire  peut-être,  d'après  les  cartes  de  contrées  lointaines,  le  degré 
de  précision  avec  lequel  le  réseau  pentagonal  s'adapte  aux  irrégu- 
larités apparentes  de  la  surface  du  globe.  On  peut  demander  aussi 
si  le  réseau  pentagonal,  dont  l'idée  a  été  suggérée  par  l'étude  du 
réseau  que  forment  sur  la  surface  de  notre  continent  les  grands 
cercles  de  comparaison 'provisoires  des  différents  systèmes  de  montagnes 
de  l'Europe  occidentale,  présente  réellement,  dans  ses  cercles  prin- 
cipaux ou  dans  ses  cercles  auxiliaires,  des  représentants  des  pre- 
miers qu'on  puisse  leur  substituer  sans  dépasser  les  limites  de 
l'incertitude  que  le  défaut  de  précision  des  observations  a  laissée 
dans  leurs  positions. 

L'étude  de  l'application  du  réseau  pentagonal  à  la  carte  géolo- 
gique de  la  France  semble  propre  à  résoudre  cette  double  ques- 
tion, et  c'est  ce  qui  m'a  porté  à  lui  consacrer  une  partie  spéciale 
dans  ce  Rapport.  J'y  suivrai  une  marche  analogue  à  celle  que  j'ai 
suivie  dans  les  parties  précédentes,  en  étudiant  d'abord  les  différents 
cercles  l'un  après  l'autre,  et  je  ferai  connaître,  aux  endroits  les 
plus  favorables  à  leur  exposé,  les  remarques  que  suggèrent  natu- 
rellement leurs  intersections  simples  ou  multiples  et  les  positions 
qu'elles  occupent  sur  la  surface  de  la  France. 

Je  me  conformerai  dans  cette  étude  à  l'ordre  dans  lequel  les 
différents  cercles  sont  inscrits  dans  le  tableau  déjà  cité,  et  je  par- 
courrai chaque  cercle  dans  le  sens  où  se  succèdent  dans  ce  même 
tableau  les  intersections  du  cercle  suivi  avec  ceux  qu'il  coupe 
successivement. 


16, 


±hh  I!  IPPORT  Slll   LE8  PROGRÈS 

Octaédrique  du  mont  Sinaï  (système  des  Pyrénées). 

Le  cercle  inscrit  en  première  ligne  dans  le  tableau  déjà  cité  des 
1 83  intersections  est  X octaédrique  du  mont  Sinaï  (Etna,  système  des 
Pyrénées). 

Ce  grand  cercle,  dont  la  monographie  a  été  donnée  avec  détail 
dans  le  cours  de  ce  Rapport,  page  1 13,  entre  dans  le  cadre  de  la 
carte  géologique  de  la  France  près  de  son  angle  S.-O.,  qui  est  pres- 
que en  entier  consacré  aux  légendes.  Bientôt  il  y  rencontre  le  point 
T  déjà  mentionné,  qui  tombe  lui-même  près  du  cadre,  au  milieu 
de  la  nomenclature  des  terrains,  ce  qui  n'a  pas  permis  de  figurer 
la  topographie.  On  peut  le  regretter,  car  plusieurs  autres  cercles, 
X octaédrique  du  Mulehacen,  le  'primitif  de  Lisbonne,  le  trapézoé- 
drique  Te  du  système  du  Hundsrùck,  X hexatétraédrique  HaTTa, 
passant  par  ce  même  point  T,  il  aurait  fourni  une  excellente  occa- 
sion d'étudier  simultanément  leur  adaptation  à  la  structure  du  nord 
de  l'Espagne;  mais  ici  le  tracé  de  la  carte  fait  défaut. 

Je  suis  ici  X octaédrique  dans  un  sens  contraire  à  celui  dans  lequel 
je  l'ai  suivi  précédemment,  parce  que  l'ordre  d'inscription  des  in- 
tersections dans  le  tableau  le  veut  ainsi.  Gela  est  en  soi-même  in- 
différent, mais  je  crois  d'autant  plus  devoir  en  faire  l'observation 
au  lecteur,  qu'il  en  sera  de  même  pour  la  plupart  des  cercles  qui 
suivront.  Ce  grand  cercle,  en  poursuivant  son  cours  vers  l'E.-S.-E., 
rencontre  les  parties  réellement  exécutées  de  la  carte  un  peu  à  l'est 
de  Logrono,  et  il  suit  la  vallée  de  l'Ebre,  obliquement  à  sa  direc- 
tion, en  passant  par  les  petites  villes  de  Garcar  et  d'Exea.  Il  coupe 
dans  cette  vallée  le  diamétral  X)ac  (système  de  la  Côle-d'Or)  et  le 
trapézoédrique  Taie  (système  du  Longmynd),  dont  les  points  d'inter- 
section avec  lui  ont  été  calculés  et  construits,  bien  que  le  dernier 
tombe  un  peu  en  dehors  du  côté  méridional  du  cadre.  Ces  deux 
points  ont  servi,  avec  le  point  T  ci-dessus  mentionné,  à  construire 
le  cercle  qui,  comme  on  peut  le  vérifier  avec  une  règle,  présente 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  245 

une  très-légère  courbure  dont  la  concavité  est  tournée,  comme  elle 
doit  l'être,  du  côté  du  nord. 

Ce  cercle  sort  de  la  carte  géologique  au  sud  d'Huesca,  par  le 
côté  méridional  du  cadre,  après  y  avoir  parcouru  un  très-petit 
espace,  ce  qui  fait  qu'il  n'est  guère  mentionné  ici  que  pour  mé- 
moire. Dans  cette  faible  étendue,  il  ne  s'écarte  presque  pas  du  ter- 
rain tertiaire  miocène  et  des  dépôts  modernes,  où  il  ne  donne  lieu  à 
aucune  remarque  susceptible  d'être  utilement  ajoutée  à  celles  déjà 
consignées  dans  la  monographie  générale  de  son  cours,  page  1 15. 
Mais  ce  que  la  carte  géologique  met  pleinement  en  lumière,  c'est 
le  parallélisme  de  Yoctaédrique  avec  les  crêtes  des  deux  grands  chaî- 
nons des  Pyrénées,  avec  les  principales  lignes  stratigraphiques  qui 
se  dessinent  dans  cette  chaîne,  et  particulièrement  avec  les  limites 
générales  du  terrain  crétacé  inférieur  et  du  terrain  nummulitique , 
tant  sur  le  versant  septentrional  que  sur  le  versant  méridional.  Il 
est  bon  toutefois  d'avertir  dès  à  présent  qu'on  voit  se  dessiner  aussi 
dans  la  chaîne  des  Pyrénées  des  lignes  de  stratification  et  des  ali- 
gnements d'une  direction  toute  différente,  dont  nous  aurons  à  nous 
occuper  ultérieurement. 

Voclaédrique  ne  coïncide  avec  la  crête  d'aucun  des  deux  grands 
chaînons  des  Pyrénées.  Il  côtoie  presque  exactement  le  pied  méri- 
dional du  massif  pyrénéen,  à  peu  de  distance  de  la  ligne  légèrement 
festonnée  le  long  de  laquelle  ce  massif  se  perd  sous  le  terrain  ter- 
tiaire moyen  déposé  à  son  pied.  Il  s'harmonise  avec  les  traits  gé- 
néraux du  massif,  de  manière  à  faire  naître  immédiatement  l'idée 
qu'il  peut  être  pris  pour  grand  cercle  de  comparaison  du  système 
des  Pyrénées;  mais  cette  idée  demande  à  être  approfondie  par  une 
étude  spéciale. 

La  discussion  des  observations  a  conduit,  dès  l'origine,  M. Elie  de 
Beaumont  à  adopter  pour  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du 
si/slème  des  Pyrénées  un  cercle  passant  par  le  pic  de  NethouJ,  point 

1  Notice,  p.  A 35. 


24G  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

culminant  du  massif  granitique  de  la  Maladetta  et  même  de  toutes 
les  Pyrénées,  et  orienté  en  ce  point  de  l'O.  i8°  N.  à  l'E.  i8°  S. 

Ce  grand  cercle  passe  tellement  près  de  l'Etna ,  qu'il  était  impos- 
sible de  ne  pas  chercher  de  prime  abord  son  représentant  parmi 
les  grands  cercles  du  réseau  qui  passent  au  point  T  fixé  à  l'axe  de 
ce  volcan,  dans  l'installation  même  du  réseau.  Voctaédriqae  du  mont 
Sinaï  fait  avec  le  grand  cercle  primitif  de  ÏEtna  (système  du  Ténare) 
un  angle  de  §k°kk'%",\  9.  D'après  le  tableau  des  angles  formés  par 
le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  des  Pyrénées  avec 
ceux  des  vingt  autres  systèmes  de  l'Europe  occidentale  (p.  84 1  de  la 
Notice),  l'angle  Pyrénées-Ténare  est  de  52°  10'  17"  :  la  différence 
est  de  20  3 1  '  5 1  ",  1 9  ;  elle  est  par  conséquent  assez  considérable , 
et  il  semblerait,  au  premier  abord,  qu'elle  devrait  engager  à  cher- 
cher un  autre  représentant  pour  le  système  des  Pyrénées. 

Mais  l'orientation  0.  180  N.,  conservée  jusqu'à  présent  pour  le 
système  des  Pyrénées,  est  encore  celle  que  l'auteur  de  la  Notice  avait 
adoptée,  dès  l'origine,  en  1 829 ,  à  une  époque  où  l'expérience  ne  lui 
avait  pas  encore  appris  que  2  ou  3  degrés  de  plus  ou  de  moins 
dans  l'expression  de  l'orientation  d'un  système  de  montagnes  ne 
sont  pas  une  quantité  sans  importance.  A  cette  même  époque,  il  a\  ail 
figuré  la  direction  du  principal  chaînon  pyrénéen  des  Apennins, 
sur  la  petite  carte  insérée,  en  i83o,  dans  les  Annales  des  sciences 
naturelles,  L  XIX,  par  une  ligne  qui,  sous  le  méridien  de  Parme, 
court  à  l'O.  2  0°  N.,  ce  qui,  eu  égard  à  une  différence  de  longitude 
de  plus  de  8  degrés,  supposerait  dans  les  Pyrénées  une  orientation 
moins  éloignée  de  la  ligne  E.-O.  de  5  à  6  degrés;  de  sorte  que  la 
moyenne  de  ces  deux  orientations  serait  à  peu  près  celle  de  Yoctaé- 
driqne. L'orientation  0.  i8°N.  transportée  à  Corinthc  devient  à  peu 
près  0.  32°  N.  ou  N.  58°  0.,  et,  comme  on  l'a  rappelé  page  435  de 
la  Notice,  MM.  Boblaye  et  Virlet  ont  trouvé,  pour  celui  de  leurs  s\s- 
tèmes  qui  correspond  aux  Pyrénées,  une  orientation  N.  59°à  6o°0. 
plus  éloignée  du  méridien  et  plus  rapprochée  de  la  ligne  E.-O.  de 
1  à  a  degrés  que  l'orientation  originaire.  M.  Renou,  dans  son  grand 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         247 

travail  sur  la  géologie  de  l'Algérie,  a  trouvé  de  même  que  les 
chaînons  pyrénéens  du  nord  de  l'Afrique  ont  une  direction  conforme 
à  celle  des  Pyrénées,  en  supposant  que  dans  les  Pyrénées  mêmes 
celle-ci  soit  0.  i6°  N.  et  non  0.  i8°  N.  Ainsi  Yoctaédrique,  en  don- 
nant une  direction  plus  rapprochée  de  la  ligne  E.-O.  que  l'indica- 
tion originaire,  ne  fait  que  confirmer  les  avis  déjà  exprimés  par 
dhabiles  géologues  qui  ont  eu  à  explorer  des  chaînons  pyrénéens 
très-étendus  et  très-bien  caractérisés.  D'après  ces  résultats,  et 
d'après  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  les  Apennins,  il  est  très-probable 
que,  si  on  faisait  le  travail  nécessaire  pour  prendre- convenable- 
ment la  moyenne  de  toutes  les  directions  pyrénéennes  connues, 
par  la  méthode  indiquée  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes, 
on  trouverait  un  angle  Pyrénées -Ténare  très -peu  différent  de 
hk°kh"è",\ 9 ,  d'où  il  suit  que,  sous  le  rapport  de  l'orientation,  Yoc- 
taédrique du  mont  Sinaï  convient  très-bien  pour  représenter  le  sys- 
tème des  Pyrénées. 

Il  ne  convient  pas  moins  bien  sous  le  rapport  de  sa  position.  H 
occupe  le  milieu  de  la  zone  des  accidents  pyrénéens  qui  s'étend 
depuis  le  pied  nord  du  Hartz  jusque  dans  le  désert  de  Sahara,  car 
le  système  des  Pyrénées  est  un  de  ceux  dont  l'influence  sur  le  sol 
de  l'Europe  et  de  l'Afrique  est  le  plus  fortement  et  le  plus  large- 
ment dessinée.  Il  est  parallèle  aux  axes  des  différents  chaînons  de 
ce  système  et  placé  dans  le  milieu  à  peu  près  de  la  zone  qu'ils  em- 
brassent et  dans  le  voisinage  des  chaînons  les  plus  puissants;  mais 
il  ne  s'identifie  avec  aucun  d'eux,  ce  qui  est  conforme  à  la  définition 
et,  comme  on  le  verra  dans  la  suite,  aux  allures  habituelles  des 
grands  cercles  du  réseau  qui  représentent  des  systèmes  de  monta- 
gnes. On  ne  pourrait,  je  crois,  trouver  pour  le  système  des  Pyrénées 
un  meilleur  grand  cercle  de  comparaison. 

Il  passe  par  des  montagnes  remarquables,  mais  qui  ne  sont  pas 
des  chaînons  du  système  des  Pyrénées,  le  mont  Sinaï,  l'Etna,  le 
mont  Serrât,  qui  probablement  se  sont  élevées  sur  sa  direction  par 
1'inSuence  des  lois  de  la  symétrie. 


248  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Ce  grand  cercle  est  absolument  distinct  du  trapézoédrique  TD/> 
qui  représente,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  le  système  des  ballons. 
Les  deux  cercles  se  coupent  au  point  T,  situé  au  N.-O.  des  îles 
Lucayes,  et  à  son  antipode,  sous  un  angle  de  1  î^o/âo/^,  et,  dans 
les  parages  de  l'Asie  Mineure  et  de  l'Egypte,  ils  coupent  perpen- 
diculairement un  même  dodécaédrique  rhomboïdal  en  deux  points, 
éloignés  de  1  i03o/20,",77,  où  leurs  tangentes  sont  parallèles.  En 
France,  la  distance  des  deux  cercles  n'est  pas  de  1 1  degrés,  et 
leurs  tangentes  ne  sont  pas  parallèles.  Des  perpendiculaires  abais- 
sées sur  Yoctaédrique  et  sur  le  trapézoédrique  TDb,  de  Buxières-ïez- 
Belmont  (Haute-Marne),  ont  respectivement  des  longueurs  de 
3°55'/i5'/,i51  et  de  6°ko'3r]"  formant  une  somme  de  io°/i6/2  2//,i5*, 
et  ces  perpendiculaires  forment  entre  elles  un  angle  de  /i°5o'53",o,8 , 
qui  est  aussi  l'angle  formé  par  des  parallèles  à  Yoctaédrique  et  au 
trapézoédrique  TD6,  menées  par  Buxières-lez-Belmont.  En  d'autres 
points  de  la  France,  l'angle  varierait  de  k  à  6  degrés. 

Cet  angle  est  déjà  assez  considérable  pour  que  les  deux  direc- 
tions se  distinguent  quand  les  observations  sont  nettes  et  multi- 
pliées, mais  il  est  assez  petit  cependant  pour  qu'elles  puissent  se 
confondre  lorsque  les  observations  sont  obscures.  M.  Durocher  a 
signalé,  dans  les  terrains  paléozoïques  des  Pyrénées,  des  orienta- 
tions appartenant  au  système  des  ballons  qui,  au  premier  abord, 
semblent  se  confondre  avec  les  accidents  pyrénéens,  mais  qui  sont 
d'origine  plus  ancienne. 

Les  deux  directions  sont  en  même  temps  assez  voisines  l'une  de 
l'autre  pour  que  les  dislocations  appartenant  au  système  des  bal- 
lons aient  eu  plus  de  tendance  que  d'autres  à  se  reproduire  à 
l'époque  de  la  formation  du  système  des  Pyrénées  ;  mais  il  y  au- 
rait impropriété  d'expression  à  appeler  cette  reproduction  une  ré- 
currence du  système  des  ballons.  Le  mot  récurrence  ne  doit  être  ap- 

'  Eludes  stratigT;i])lii<|iirs  sur  le  dépar-  rendus  hebdomadaire*  des  séances  de  l'Aca- 
li'incnt  de  la  Haiile-Marne,  par  MM.  Élie  demie  des  sciences,  I.  LV,  |>.  80.  séance 
de  Beaunionl  cl.  de  Chancourlois.  Comptes        du  1  h  juillel  1  86*. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  249 

pli  que  qu'à  la  production  d'un  nouvel  ensemble  de  dislocation 
parallèlement  à  un  grand  cercle  qui  a  déjà  servi  d'axe  à  une  pre- 
mière série  de  fractures,  ainsi  que  M.  Pissis  l'a  observé  au  Chili. 
(Voir  ci-dessus,  page  26.) 

Le  trapézoédrique  TD6,  représentant  du  système  des  ballons,  ne 
traverse  pas  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  ni  les 
parages  de  la  Corse,  ce  qui  fait  qu'il  n'a  pas  trouvé  place  dans  le 
Tableau  des  données  numériques  qui  fixent  dans  ces  contrées  les 
points  où  se  coupent  mutuellement  29  cercles  du  réseau  penta- 
gonal,  mais  il  en  a  été  donné  plus  haut  une  monographie  dé- 
taillée. 

Trapézoédrique  Tla  (système  du  Morbihan). 

Le  cercle  inscrit  au  second  rang  dans  le  tableau  des  1 83  inter- 
sections est  le  trapézoédrique  Tla,  qui  représente  le  système  du 
Morbihan. 

Ce  grand  cercle,  qui  est  compris  dans  le  tracé  de  M.  Laugel, 
est  assujetti  à  passer  par  le  point  T  de  l'Etna  et  par  le  point  I  du 
détroit  de  Davis,  ainsi  que  par  leurs  antipodes.  Il  passe  aussi  au 
point  a  qui  tombe  dans  l'océan  Indien,  un  peu  à  l'E.  de  Mélinde,  et 
à  son  antipode  qui  tombe  dans  l'océan  Pacifique,  au  nord  des  îles 
Marquises.  Il  a  pour  pôles  les  deux  intersections  triples  de  Yoctaé- 
drique  des  Garrow-Hills,  du  dodécaédrique  rhomboïdal,  axe  volcanique 
du  Pacifique,  et  d'un  bissecteur  IH,  intersections  qui  tombent  près 
du  Japon,  au  sud  de  1  île  Kiu-Kiu,  et  à  l'antipode  de  ce  point  sur 
la  côte  du  Brésil,  au  sud  de  la  baie  de  Laguna. 

Le  trapézoédrique  Tla  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  septentrional,  et  il  traverse  d'abord  la 
pointe  S.-O.  de  l'Angleterre,  en  coupant  les  terrains  dévoniens  du 
nord  du  Devonshire,  ainsi  que  le  nouveau  grès  rouge  à  l'est  de 
Tiverlon,  puis  les  terrains  crétacés.  Il  entre  dans  la  Manche  au 
milieu  des  petits  lambeaux  de  grès  vert  et  de  craie  qui  forment  la 
côte  entre  Axmouth  e!  Lvmeregis. 


250  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Dans  la  Manche,  il  rencontre  le  primitif  du  Land's  End,  et  un 
peu  après  il  coupe  le  trapézoédrique  Hb,  représentant  du  système  de 
la  Vendée,  et  le  diamétral  Dac,  représentant  du  système  des  Pays- 
Bas,  en  un  seul  et  même  point  situé  à  i3  kilomètres  au  N.-N.-O. 
de  Barfleur  et  sur  lequel  je  reviendrai  ultérieurement. 

Le  trapézoédrique  Tla  sort  de  la  Manche  par  l'embouchure  de  la 
Seule  et  aborde  la  côte  de  France  par  l'extrémité  orientale  des  ro- 
chers du  Calvados  et  par  la  plage  de  Langrune.  11  passe  entre  le 
bord  de  la  mer  et  le  pèlerinage,  célèbre  en  Normandie,  de  Notre- 
Dame-de-la-Délivrande. 

Il  coupe  l'Orne  aux  carrières  de  Banville,  la  Dives  un  peu  an- 
dessous  de  Troarn,  où  elle  devient  navigable,  et  un  peu  plus  haut 
il  s'identifie  pendant  quelque  temps  avec  la  vallée  de  cette  rivière, 
puis  avec  celle  de  la  Vie,  qui  en  est  tributaire.  Dans  cette  dernière 
vallée,  il  passe  à  Corbon,  à  Grèvecœur,  au  Mesnil-Mauger  et  près 
de  Livarot. 

Au  Mesnil-Mauger,  il  coupe  le  trapézoédrique  TDb,  représentant 
du  système  du  Finistère ,  et  l'intersection  tombe  précisément  au  pont- 
viaduc  où  passe  le  chemin  de  fer  de  Paris  à  Cherbourg,  point  qui, 
à  la  suite  de  longues  recherches,  a  paru  le  plus  convenable  relati- 
vement à  la  direction  à  donner  au  tunnel  qui  traverse  les  coteaux 
situés  entre  la  Touque  et  la  Vie.  C'est  aussi  en  ce  point  que  la 
vallée  de  la  Vie  commence  à  s'épanouir  pour  devenir  la  large  vallée 
d'Auge,  célèbre  par  la  richesse  de  ses  pâturages.  Les  bœufs  qui  y 
sont  engraissés  sont  embarqués  par  milliers  sur  le  chemin  de  for  a 
la  station  du  Mesnil-Mauger,  pour  être  transportés  à  Paris,  au  mar- 
ché de  la  Villette. 

La  station  du  Mesnil-Mauger  ne  présente  rien  qui  paraisse  propre 
à  fixer  l'attention,  mais  elle  offre  un  exemple  actuel,  et  pour  ainsi 
dire  pris  $ur  le  fait,  de  ces  combinaisons,  en  apparence  fortuites,  qui 
ont  déterminé  les  emplacements  de  beaucoup  de  villes  et  de  loi- 
leresses,  et  qui  souvent  se  sont  adaptées,  comme  ici,  aux  directions 
des  cercles  du  réseau  pentagonal  et  même  à  leurs  croisements. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  251 

A  partir  de  Livarot,  où  il  quitte  la  vallée  de  la  Vie,  le  trapézoé- 
drique TDb  s'engage  sur  les  plateaux  formés  par  les  terrains  cré- 
tacés et  tertiaires  dont  les  parties  les  plus  élevées  sont  connues 
sous  le  nom  de  Perche,  Il  y  passe,  à  un  ou  deux  kilomètres  près, 
par  le  Sap,  la  Ferté-Fresnel ,  Laigle,  Chenebrun  (où  il  coupe  le 
bissecteur  DH  de  Belle-Ile),  la  Ferté-Vidame ,  Belhomert,  et,  pour- 
suivant son  cours  sur  le  plateau  de  la  Beauce,  il  atteint  la  Loire 
au  pont  de  Jargeau,  un  peu  au-dessus  du  point  où  s'en  sépare  le 
canal  d'Orléans. 

Cette  ligne  de  Livarot  à  Jargeau  suit  presque  exactement,  si 
même  elle  n'en  marque  pas  la  direction,  le  seuil  proéminent  qui, 
comme  M.  le  vicomte  d'Archiac  l'a  fait  remarquer  depuis  long- 
temps, s'élève  entre  le  bassin  de  la  Seine  et  celui  de  la  Loire. 

Au-dessus  de  Jargeau  notre  cercle  entame  légèrement,  sur  la 
rive  gauche  de  la  Loire,  le  bord  de  la  Sologne,  mais  bientôt  il 
rejoint  la  Loire  au-dessus  de  Cosne,  et  il  traverse  cette  rivière  dans 
l'inflexion  produite  par  les  coteaux  de  Sancerre,  qui  la  rejettent 
vers  l'est.  Il  va  ensuite  couper  la  Nièvre  à  Beaumont-la-Ferrière, 
entre  la  Charité  etPrémery,  près  du  point  où  lui-même  il  est  coupé 
simultanément  par  le  primitif  de  Lisbonne  et  par  le  diamétral  Dac, 
représentant  du  système  du  Forez.  Je  reviendrai  dans  la  suite  sur 
ce  point  de  croisement. 

Poursuivant  son  cours  au  milieu  de  terrains  assez  plats,  notre 
cercle  rase  l'extrémité  méridionale  de  la  bande  de  marnes  irisées 
de  Saint-Sauge,  près  du  point  où  il  est  coupé  par  le  trapézoé- 
drique Tabc,  représentant  du  système  du  Longmynd  :  il  coupe  la 
vallée  de  l'Arou  et  le  canal  du  Nivernais  au  point  où  il  est  coupé 
par  le  trapézoédrique  Te,  représentant  du  système  du  Hundsrùck  : 
il  rase  l'extrémité  sud-est  du  Morvan  dans  la  vallée  du  Bulvain, 
où  il  rencontre  le  trapézoédrique  T/>,  représentant  du  système  du 
Tatra,  et  enfin  il  croise  le  diamétral  Dac,  représentant  du  système 
de  la  Côte-d'Or,  au  midi  d'Issy-l'Evèque ,  dans  la  région  granitique 
qui  s'étend  d'Autun  à  la  Loire.  Toute  cette  contrée  est  découpée  à 


252  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

très-petit  point  parles  accidents  géologiques,  et  j'aurai  à  y  revenir 
à  l'occasion  de  six  cercles  différents,  qui  y  trouvent  chacun  des  re- 
pères assez  précis. 

Notre  cercle  traverse  ensuite  le  Cliarollais  et  le  Beaujolais,  con- 
trées accidentées  plus  fortement,  mais  sous  d'autres  influences.  On 
peut  y  signaler  son  passage  au  cap  granitique  qui  s'avance  à  Ven- 
denesse  vers  Charolles,  à  la  montagne  schisteuse  située  à  l'ouest  de 
Saint-Léger  et  au  gîte  de  manganèse  de  Romanèche. 

Passant  la  Saône  à  l'inflexion  prononcée  qu'elle  présente  entre 
Thoissey  et  Belleville,  il  traverse  la  région  des  étangs  de  la  Dombes 
et  va  couper  le  Rhône  précisément  au  point  où  iL  est  coupé  lui- 
même  par  le  bissecteur  DH,  représentant  du  système  du  mont 
Seny,  puis  il  entre  en  Savoie  par  le  Pont-de-Beauvoisin. 

Dans  la  Savoie,  tout  près  du  passage  des  Echelles,  au  sud  du 
lac  d'Aiguebellette,  notre  trapézoédrique  D\a  coupe  les  premières 
crêtes  calcaires  dépendantes  des  Alpes.  11  y  est  coupé  à  son  tour 
simultanément  par  le  trapézoédrique  TTbbc  (Hécla)  et  par  Xhexa- 
tétraédrique  Uaa.  Le  point  où  tombe  ce  croisement  est  digne 
d'attention,  parce  que  c'est  celui  où  une  diramation  s'opère  dans 
la  direction  des  couches,  dont  les  unes  continuent  leur  cours 
vers  le  N.  2 6°  E.  à  peu  près,  pour  former  le  bord  des  Alpes, 
tandis  que  les  autres  s'infléchissent  au  nord  pour  se  diriger  vers  le 
Jura. 

Poursuivant  son  cours  vers  le  S.-E.  notre  cercle  coupe  les  mon- 
tagnes de  la  Grande-Chartreuse  par  la  profonde  vallée  du  Gùiers- 
Vif,  où  il  passe  à  Saint-Pierre-d'Entremont.  Laissant  au  nord  la 
haute  montagne  de  la  Dent-dc-Granier  qui  domine  Chamhcry  et 
Montmeillan,  il  passe  l'Isère  un  peu  au  midi  de  Goncelin,  puis  il 
traverse  la  chaîne  primitive  de  Belledone  par  la  mine  de  Ici-  de 
Theys  et  par  le  col  des  Sept-Laux,  l'une  des  sept  merveilles  du 
Dauphiné.  Il  détache  l'extrémité  nord  et  presque  isolée  de  la 
chaîne  granitique  des  Grande&-RoU8Se8,  passe  sur  les  pelouses  ar- 
rondies (lu   roi   des  lîeivhes  cl    des    prés  de  Paris,   el .  eoloyanl  le 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EK   PRANCE.  253 

pied  méridional  des  aiguilles  d'Arve,  il  vient  raser  les  sources  de 
la  Romanche  au  pied  du  col  du  Lautaret. 

Traversant  ensuite  les  dernières  pentes  nord-est  du  massif  gra- 
nitique de  FOisans,  il  suit  le  flanc  sud-ouest  de  la  vallée  de  la 
Guisane,  où  il  coupe  le  diamétral  De,  représentant  du  système  des 
Alpes  occidentales,  et  le  trapézoédrique  Ta,  représentant  du  système 
du  Vercors.  Plus  loin,  il  passe  la  Durance  au-dessous  de  Briançon, 
au  milieu  des  mines  d'anthracite  duVillars-Saint-Pancrace,  et  pé- 
nètre dans  le  Queyras  où  il  suit  pendant  quelque  temps  la  vallée 
de  Saint-Yéran,  au  milieu  du  terrain  jurassique  métamorphique 
et  des  masses  éruptives  de  serpentine.  Il  passe  enfin  en  Piémont 
vers  le  col  Longet,  qui  conduit  de  Barcelonnette  à  Castel-Del- 
fino. 

En  Piémont,  au  S.-S.-E.  de  Coni,  notre  cercle  est  coupé  simul- 
tanément par  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble ,  représentant  du 
syslème  du  Rhin,  et  par  le  trapézoédrique  TI,  représentant  du  sys- 
tème du  mont  Viso,  croisement  remarquable  sur  lequel  j'aurai  à 
revenir  ultérieurement.  Plus  loin ,  il  passe  à  la  cime  de  la  montagne 
qui  domine  à  l'est  le  col  de  Tende  et  à  la  masse  éruptive  de  por- 
phyre où  se  trouve  la  source  du  Tanarello,  et  il  entre  dans  la  Mé- 
diterranée, à  deux  kilomètres  au  S.-O.  de  Port-Maurice,  après 
avoir  coupé  à  trois  kilomètres  du  rivage  le  trapézoédrique  TTbbc,  qui 
représente  le  système  du  Sancerrois. 

Dans  la  Méditerranée,  notre  cercle  coupe  la  pointe  de  File  de 
Corse,  qui  se  termine  au  nord  par  le  cap  Corse.  Il  y  entre  par 
le  cap  appelé  le  Canelle,  traverse  les  masses  de  serpentine  qui 
accidentent  le  terrain  nummulitique  au  N.-N.-O.  de  Bastia,  et, 
rasant  cette  ville  au  N.-E.,  il  rentre  dans  la  Méditerranée,  pour  se 
diriger  vers  l'Etna  où  il  est  assujetti  à  passer. 

Le  trapézoédrique  TD6  traverse  la  France  à  peu  près  par  son 
centre.  Il  y  forme  sur  la  carte  une  ligne  extrêmement  peu  re- 
courbée, car  il  faut  y  mettre  de  l'attention  pour  constater,  au  moyen 
d'une  règle,  qu'elle  n'est  pas  absolument  droite.  Cela  montre  que 


254  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

les  quinze  points  d'intersection  qu'il  traverse  ont  amplement  sulli 
pour  le  tracer,  et,  de  plus,  que  tous  ces  points  ont  été  bien  calculés 
et  bien  construits,  car  la  moindre  faute  aurait  produit  dans  la  ligne 
une  inflexion  irrégulière.  Il  ne  passe  à  aucune  grande  montagne 
et  ne  coïncide  avec  aucun  des  grands  traits  de  la  structure  de  la 
France,  et  cependant  il  s'harmonise  très-bien  avec  la  structure  des 
contrées  qu'il  traverse,  et  il  rencontre  un  nombre  assez  grand  de 
repères  précis  pour  qu'on  puisse  dire  que,  si  on  le  dérangeait  d'une 
quantité  un  peu  sensible,  sa  position  serait  gâtée.  La  pointe  S.-O. 
des  porphyres  du  Morvan  et  le  dôme  porphyrique  de  la  source  du 
Tanarello  suffiraient  à  eux  seuls  pour  le  fixer. 

Le  trapézoédrique  TD6  est  compris  dans  le  tracé  de  M.  Laugel. 
Il  traverse  les  parties  les  moins  connues  de  l'Afrique  et  de  l'Amé- 
rique septentrionale.  Il  rase  l'extrémité  occidentale  des  îles  de  Li- 
pari,  dont  il  sépare  au  loin  l'île  d'Ustica  et  détache  l'angle  N.-E. 
de  la  Sicile,  qui  renferme  le  petit  groupe  de  roches  primitives  de 
Messine,  où  l'orientation  du  gneiss  se  rapproche  de  sa  direction.  Je 
n'essayerai  pas  d'en  donner  ici  la  monographie;  je  dois  cependant 
faire  quelques  remarques  sur  les  parties  de  son  cours  qui  sont  en 
dehors  de  la  France. 

Après  avoir  traversé  l'Afrique,  où  il  pénètre  le  long  du  bord  S.-O. 
du  massif  montagneux  de  Barka  et  où  il  rase  en  Nubie  l'un  des 
grands  contours  du  Nil,  le  trapézoédrique  T\a  entre  dans  la  mer  des 
Indes  par  la  côte  du  Zanguebar,  un  peu  au  sud  du  port  de  Jubo. 
D'après  le  tracé  de  M.  Laugel,  il  passe  entre  les  deux  petites  îles 
Albadra  dont  les  axes  s'allongent  dans  sa  direction,  et  il  coupe  la 
partie  septentrionale  de  l'île  de  Madagascar  parallèlement  à  la  tron- 
cature que  présente  la  côte,  du  cap  Ambro  au  cap  Est. 

M.  Edouard  Guillemin,  dont  j'ai  déjà  cité  les  observations  |).  10 
de  ce  Rapport,  dit  à  ce  sujet  :  «Le  grand  cercle  de  comparaison 
du  système  du  Morbihan  atteint  la  grande  terre  près  de  Nossi-bé 
par  la  côte  de  la  baie  de  Passandava,  cl  en  sorl  par  le  fond  de  la 
baie  d'Àntongiî,  dont  il  détermine  la  ligue  de  thalweg.  L'angle  que 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  255 

fait  ce  grand  cercle  avec  le  méridien  du  k^  degré  est  de  33°  en- 
viron. Le  système  du  Morbihan  est  représenté  par  le  massif  de 
montagnes  qui  couvre  la  partie  ouest  de  la  presqu'île  d'Antongil 
et  qui  forme  le  côté  est  de  la  baie1.  Ces  observations  paraissent 
établir  très-clairement  l'existence  du  système  du  Morbihan  à  Ma- 
dagascar. 

Poursuivi  dans  la  direction  opposée,  notre  grand  cercle  sort  du 
Devonshire  à  très-peu  près  par  sa  pointe  N.-O.,  près  d'Ilfracombe, 
rase  les  pointes  extrêmes  du  Pembrokeshire  et  traverse  obliquement 
l'Irlande,  de  la  pointe  granitique  de  Garnsore,  angle  S.-E.  de  l'île, 
à  la"  masse  granitique  de  Davroshead,  extrémité  opposée  du  même 
diamètre.  Dans  l'océan  Atlantique,  il  passe  à  peu  de  chose  près 
à  l'un  des  angles  de  la  plate-forme  sous-marine  qui  supporte  les 
lies  Britanniques,  et  il  rase  la  pointe  méridionale  de  celle  sur  la- 
quelle s'élève  plus  loin  au  N.-O.  l'îlot  de  Rockall.  Avant  d'atteindre 
le  point  I  qui  tombe  dans  le  détroit  de  Davis,  il  passe  dans  un  des 
canaux  qui  découpent  la  pointe  méridionale  du  Groenland. 

Le  tracé  de  M.  Laugel  montre  que  le  trapézoédrique  T\a  s'adapte 
à  plusieurs  traits  du  continent  de  l'Amérique  septentrionale,  où  il 
passe  à  l'ouest  du  lac  Supérieur,  parallèlement  à  l'une  des  direc- 
tions qui  se  dessinent  dans  la  stratification  et  dans  les  filons  trap- 
péens  de  l'île  Royale  et  de  la  côte  adjacente.  Il  entre  dans  l'océan 
Pacifique  par  la  côte  de  la  Californie,  et  va  au  midi  de  Féquateur 
traverser  l'île  de  Taïti ,  en  effleurant  sa  masse  principale  au  point 
où  s'en  détache  vers  le  S.-E.  la  presqu'île  de  Taïrabou. 

Appuyé  sur  Taïti,  sur  Madagascar,  sur  l'Etna  et  sur  tous  les 
repères  qu'il  rencontre  en  Corse,  en  France  et  en  Irlande,  ce 
grand  cercle  est  des  mieux  installés  sur  la  surface  du  globe.  11 
nous  reste  à  examiner  s'il  fournit  pour  le  système  du  Morbihan, 
dont  on  l'a  rapproché,  un  représentant  convenable. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  le  système 

1   Compte*  rendus,  t.  LIX,  p.  99^,  séance  du  ta  décembre  1 864. 


25G  KAIM'ORT  SUH   LES  1410GHES 

du  Morbihan  passe  à  Vannes,  où  il  est  orienté  vers  10.  38°  iS'N.1; 
Sa  prolongation  traverse  la  Méditerranée  un  peu  au  S.-O.  de  la 
pointe  occidentale  de  la  Sicile;  mais  comme,  en  faisant  passer  ce 
grand  cercle  de  comparaison  par  Vannes,  on  lui  assigne  une  posi- 
tion très-suspecte  d'être  placée  trop  au  S.-O.  pour  un  système  dont 
il  existe  des  traces  en  Saxe  et  peut-être  même  dans  la  Russie  mé- 
ridionale, on  n'a  pas  à  craindre  de  le  déplacer  d'une  manière 
inopportune  en  le  faisant  passer  par  la  cime  de  l'Etna,  et  le  sys- 
tème du  Morbihan  est  du  nombre  de  ceux  dont  il  est  le  plus  na- 
turel de  chercher  le  représentant  parmi  les  cercles  du  réseau  qui 
passent  au  point  T  de  l'Etna. 

D'après  le  tableau  de  la  page  843  de  la  Notice,  l'angle  Morbihan- 
Ténare  est  de  2  0,02  7'52".  Le  diagonal  trapézoédrique  IT,  mené  du 
point  I,  dans  le  détroit  de  Davis,  au  point  T  de  l'Etna,  fait,  avec 
le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare,  un  angle  de 
28°2  2'37",55.  La  différence  est  de  i°5'i/i',45,  et  on  a  cru  devoir 
n'attacher  qu'une  médiocre  importance  à  une  différence  d'un  degré 
et  quelques  minutes.  En  effet,  on  a  déterminé,  page  137  de  la 
Notice,  l'orientation  du  système  du  Morbihan,  d'après  une  seule  ligne 
géographique,  celle  de  l'île  de  Noirmoutier  à  l'île  d'Ouessant.  Cette 
ligne  est  très-bien  jalonnée  par  les  petites  îles  de  la  côte  de  Bre- 
tagne; mais,  comme  ces  îles,  quoique  très-petites,  ne  sont  pas  des 
points  mathématiques,  il  n'est  pas  possible  de  répondre  d'une 
manière  absolue  de  l'orientation  de  la  ligne,  et  le  résultat  de  la 
mesure  peut  bien  être  en  erreur  d'un  degré.  Il  est  même  à  re- 
marquer qu'en  transportant  ce  cercle  à  Vannes  on  aurait  dû  taire 
subir  à  l'expression  de  son  orientation  une  certaine  correction.  On 
n'avait  pas  pensé,  à  cette  époque,  devoir  tenir  compte  d'une  aussi 
petite  quantité,  et  la  correction  serait  venue  en  défalcation  de 
l'angle  Ténare-Morbihan,  et  par  suite  en  déduction  de  la  diffé- 
rence \°Wih",hrô,  qui,  en  elle-même,  n'est  déjà  pas  très-considé- 

1   Notice,  p.  i38. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  257 

rable1.  Ce  cercle  paraît  donc  représenter  très-heureusement  le 
système  du  Morbihan. 

Plusieurs  des  accidents  orographiques  et  géologiques  signalés 
sur  son  cours  sont  à  la  vérité  d'une  date  beaucoup  plus  récente 
que  le  système  du  Morbihan,  qui  remonte  à  la  période  silurienne. 
Tel  est,  par  exemple,  le  bombement  que  présentent  les  dépôts  ju- 
rassiques crétacés  et  tertiaires,  depuis  les  rochers  du  Calvados  jus- 
qu'aux environs  d'Orléans;  mais  on  peut  attribuer  leur  surélévation 
à  la  mobilité  dont  le  sol  ancien  sous-jacent  est  redevable  à  d'an- 
ciennes fractures  qui  sont  restées  pour  les  secousses  de  tous  genres 
des  lignes  de  plus  facile  propagation.  La  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes  insiste  souvent  sur  des  faits  de  ce  genre  et  sur  la  ten- 
dance qu'ont  toujours  eue  les  roches  éruptives  à  se  montrer  aux 
points  de  croisement  des  cercles  du  réseau  pentagonal,  d'où  il  ré- 
sulte qu'un  accident  très-moderne  peut  être  un  excellent  jalon 
pour  le  grand  cercle  de  comparaison  d'un  système  très-ancien.  Ainsi 
l'Etna  s'est  élevé  au  point  de  rencontre  des  grands  cercles  de  compa- 
raison des  systèmes  des  Pyrénées  et  du  Morbihan,  beaucoup  plus 
anciens  l'un  et  l'autre  que  les  premières  éruptions  des  matières 
volcaniques  qui  le  composent.  Ainsi  le  volcan  de  Guatemala  s'est 
placé,  à  peu  de  chose  près,  sur  le  grand  cercle  de  comparaison  du 
système  des  ballons,  etc. 

Remarques  relatives  au  système  du  Thiiringerwald. 

La  direction  adoptée  d'abord  pour  le  système  du  Morbihan  étant 
à  Vannes  0.  38°i5'  N.  et  celle  adoptée  pour  le  système  du  Thii- 
ringerwald étant  en  Allemagne  0.  ko0  N.  environ,  on  a  paru 
croire  quelquefois  que  les  orientations  des  deux  systèmes  étaient 
peu  différentes  et  pourraient  être  confondues;  mais,  en  raison 
de  la  différence  de  longitude  des  lieux  auxquels  deux  orientations 

1   Notice,  p.  no-). 

Stratigraphie.  17 


ï>5S  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

se  rapportent,  elles  sont  loin  d'être  équivalentes,  et,  transportées 
en  un  même  point,  elles  s'éloignent  l'une  de  l'autre  d'environ 
1  o  degrés. 

Le  grand  cercle  de  comparaison. provisoire  employé,  page  384  de  la 
Notice,  pour  le  système  du  Thùringerwald,  passe  un  peu  au  midi  de 
Remda.  Il  s'éloigne  plus  du  méridien  que  le  grand  cercle  de  compa- 
raison du  système  du  Ténare,  et,  d'après  le  tableau  page  862  de  la 
Notice,  il  fait  avec  ce  dernier  un  angle  de  370  2  5' 20";  or  l'un  des 
grands  cardes  primitifs  du  réseau,  le  primitif  de  Saint-Kilda,  dont 
la  monographie  a  été  donnée  ci-dessus,  page  1  68 ,  fait  avec  celui 
qui  représente  le  système  du  Ténare  un  angle  de  36  degrés  :  la  dif- 
férence est  de  i°  2  5'  20".  Ce  grand  cercle  a  paru  devoir  être  adopté 
pour  représenter  le  système  du  Thùringerwald.  La  différence 
i°  2  5'  20"  ne  peut  être  regardée  comme  très-considérable,  si  l'on 
observe  que  l'orientation  O.  3p,°  N.,  qui  a  été  admise  page  384  de 
la  Notice,  n'est  que  la  représentation  de  l'orientation  en  nombres 
ronds  O.  ko0  N.,  que  l'auteur  avait  employée  originairement1.  Ce 
grand  cercle,  qui,  ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus,  page  169,  rase  le 
pied  septentrional  du  Thùringerwald  et  du  Bohmerwaldgebirge , 
paraît  répondre  très-complètement  à  toutes  les  conditions  qu'on 
peut  exiger  pour  représenter  convenablement  le  système  du  Thùrin- 
gerwald. 

Ce  système,  ainsi  qu'on  l'a  établi  dans  la  Notice,  page  382,  re- 
monte à  une  époque  intermédiaire  entre  les  périodes  du  trias  et 
du  lias,  mais,  comme  pour  d'autres  systèmes  plus  anciens  encore, 
les  phénomènes  éruptifs  modernes  se  sont  attachés  à  sa  direction, 
car,  sur  la  cote  orientale  de  la  mer  Rouge,  au  pied  de  la  chaîne 
arabique,  dont  le  primitif  de  Saint-Kilda  suit  la  direction,  on 
trouve,  sur  une  grande  étendue,  des  traces  multipliées  de  phéno- 
mènes éruptifs  d'un  âge  certainement  très-voisin  de  l'époque  ac- 
tuelle2. 

1  Notice,  p.  io52.  s&ince  du   11   mars  1 80 1.  Rapport    de 

s  Compta  retuhu,   t.   LU,   p.  46s,       M.  Châties  Sainte-Claire  Derifle  tarira 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         259 

Le  primitif  de  Saint-Kilda  coupe  le  trapézoédrique  TIfl  au  point  I 
du  détroit  de  Davis  et  à  son  antipode ,  sous  un  angle  de  1  o°2 1 'h  5",  2  6l. 
Dans  l'Europe  occidentale,  ils  sont  séparés  par  la  distance  de  Remda 
(Saxe)  à  Gliarolles  (Saône-et-Loire),  qui  est  d'environ  700  kilo- 
mètres. Etant  très-bien  jalonnés  l'un  et  l'autre ,  ils  ne  peuvent  être 
ni  confondus,  ni  remplacés  l'un  par  l'autre,  ni  cités  comme  offrant 
un  exemple  de  la  récurrence  des  directions.  Les  systèmes  du  Mor- 
bihan et  du  Thiïringerwald  sont  aussi  distincts  l'un  de  l'autre  que 
les  systèmes  des  ballons  et  des  Pyrénées. 

Diagonal  \b  (système  du  mont  Serrât). 

Le  grand  cercle  qui  vient  en  troisième  ligne  dans  le  tableau  des 
i83  intersections,  qui  forme  la  base  du  présent  chapitre,  est  le  dia- 
gonal 16.  Il  passe  comme  le  précédent  au  point  I  du  détroit  de 
Davis,  mais,  au  lieu  de  se  diriger  vers  l'Etna,  il  va  rencontrer  un 
point  b  situé  dans  les  déserts  de  la  Libye,  à  l'est  de  Mourzouk.  Ne 
passant  à  aucun  point  T,  il  n'appartient  pas  à  la  classe  des  trapézoé- 
driques,  mais  seulement  à  celle  des  diagonaux. 

M.  Vézian,  dans  son  article  sur  le  système  du  mont  Serrât,  déjà 
cité  précédemment,  page  2 ,  dit  textuellement2  :  cr  On  peut  adopter 
pour  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  mont  Serrât  une 
ligne  menée  sur  le  pentagone  européen  (voir  pi.  V  de  la  Notice)  et 
partant  du  point  b"  pour  aboutir  au  point  Y".  Cette  ligne  commence 
à  l'entrée  du  détroit  d'Hudson,  touche  le  cap  Farewell,  à  l'extré- 
mité sud  du  Groenland,  coïncide  avec  la  limite  sud-est  de  la  plate- 
forme qui  entoure  les  Iles  Britanniques  et  la  France  du  côté  de 
l'Océan.  Elle  traverse  ensuite  les  Pyrénées  dans  leur  partie  cen- 

mémoire  de  M.  Courberon,  chirurgien  par  ordre  de  l'Empereur,  par  le  capitaine 

de  la  marine  de  1™  classe,  intitulé  :  Ré-  de  frégate  Russell. 

sultats  relatifs   à  l'histoire  naturelle   oh-  '  Notice,]).  1129. 

tenus  pendant   le  cours  d'une  exploration  2  Comptes  rendus,  t.  XLIII,  p.  762, 

de  la  mer  Rouge ,  exécutée  en  1859-1860,  séance  du  20  octobre  i856. 

•7- 


260  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

traie,  passe  par  Barcelone  et  l'île  de  Minorque,  et  entre  dan*  la 
continent  africain  aux  environs  de  Bone.  d 

Ce  grand  cercle  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la 
France  par  le  côté  occidental,  en  coupant  Yoclaédriqiie  du  Mulehacen 
en  un  point  qui  tombe  dans  les  ornements  de  l'encadrement.  Dans 
l'Océan,  conformément  à  la  remarque  de  M.  Vézian,  il  suit  approxi- 
mativement la  ligne  légèrement  festonnée  qui  marque  le  contour 
du  soubassement  continental  et  le  sépare  des  eaux  profondes.  Il 
aborde  la  côte  des  Landes  par  la  ligne  de  dunes  qui  la  défend  et 
la  menace,  entre  les  étangs  de  Bicarosse  et  de  Mimisan.  Mimisan 
doit  une  certaine  célébrité  à  la  rapidité  avec  laquelle  empiètent  sur 
son  territoire  les  sables  poussés  par  le  vent,  pbénomène  sur  lequel 
le  réseau  pentagonal  n'exerce  pas  d'influence  directe.  Après  avoir 
traversé  les  Landes  et  passé  l'Adour  entre  Saint-Sever  et  Grenade, 
le  diamétral  16  aborde  les  collines  subpyrénéennes.  Il  laisse  entière- 
ment au  S.-O.  la  région  légèrement  accidentée  appelée  la  Ghalosse, 
dont  il  rase  l'angle  N.-E.  Il  parcourt  les  plateaux  monotones  du 
Bigorre  et  arrive  droit  au  plus  élevé  de  tous,  le  plateau  tourbeux 
de  Lannemezan,  devenu,  à  cause  de  sa  situation  dominante,  une 
position  stratégique  et  le  point  de  départ  de  grands  travaux  d'irri- 
gation. Laissant  à  deux  kilomètres  au  N.-E.  la  ville  même  de  Lan- 
nemezan, notre  cercle  entre  dans  les  Pyrénées  par  l'angle  saillant, 
formé  de  calcaire  jurassique  soulevé,  autour  duquel  tourne  la  rivière 
de  Neste  pour  aller  se  jeter  dans  la  Garonne.  Laissant  Saint-Béat 
à  quatre  kilomètres  au  N.-E.,  il  passe  à  Mauléon  et  à  Cierp,  au 
milieu  d'une  réunion  nombreuse  de  roches  d'éruption  et  d'accidents 
minéralogiques  qui  ont  fourni  des  pages  pleines  d'intérêt  aux  des- 
criptions locales  et  qui  marquent  la  terminaison  extrême  du  chaînon 
oriental  des  Pyrénées. 

Bientôt  après,  passant  au  mont  Bocanère  et  coupant  le  trapé- 
zoédrique  Tabc,  représentant  du  système  du  Longmynd,  il  en  lie 
dans  la  vallée  d'Àran,  territoire  espagnol  tributaire  de  la  France 
par  ses  eaux,  qui  en  formeraient  un  lac  si  elles  ne  s'échappaient 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.        261 

parle  canal  souterrain  appelé  le  Trou-du-Toro ,  pour  donner  nais- 
sance à  la  Garonne. 

Passant  à  un  kilomètre  au  N.-E.  de  Salardi,  où  il  rase  une  pe- 
tite proéminence  granitique,  notre  cercle  va  couper  à  son  extrémité 
orientale,  où  elle  est  complètement  abaissée,  la  masse  granitique  de 
la  Maladetta,  qui  est  elle-même  la  pointe  orientale  et  pour  ainsi 
dire  la  tète  du  chaînon  occidental  des  Pyrénées;  puis  il  entre  in- 
sensiblement sur  le  versant  espagnol  de  la  chaîne,  où  il  passe  à 
Rialp  et  où  il  laisse  à  7  ou  8  kilomètres  au  N.-E.  les  villes  d'Urgel 
et  de  Braga. 

Les  deux  grands  chaînons  des  Pyrénées  chevauchent  d'une  cer- 
taine quantité  l'un  par  rapporta  l'autre.  Celui  qui  est  en  avant  du 
côté  de  la  France  dépasse  l'extrémité  orientale  de  l'autre.  Us  laissent 
entre  eux  un  jour  oblique  occupé  par  la  vallée  d'Aran.  S'accommo- 
dant  à  cette  obliquité,  le  diamétral  \b rase,  en  les  effleurant  à  peine, 
l'extrémité  occidentale  du  premier  chaînon  et  l'extrémité  orientale 
du  second,  avec  une  adresse  dont  j'ai  déjà  signalé  ailleurs  d'autres 
exemples  et  qui,  partout  où  elle  s'observe,  devient  une  preuve 
manifeste  de  connivence  entre  le  réseau  pentagonal  et  les  phéno- 
mènes naturels. 

La  monographie  complète  de  ce  grand  cercle  n'a  pas  encore  été 
faite.  Il  traverse  les  parties  les  moins  connues  de  l'intérieur  de 
l'Afrique  et  de  l'Amérique  septentrionale;  mais  on  voit  que,  dans 
les  parties  où  on  a  pu  l'étudier,  son  cours  est  jalonné  avec  une 
précision  délicate  par  les  phénomènes  géologiques. 

Quant  à  l'exactitude  avec  laquelle  ce  même  cercle  représente 
l'orientation  du  système  du  mont  Serrât,  on  peut  s'en  rapporter  à 
M.  Vézian,  qui  ne  l'a  choisi  qu'après  un  examen  attentif  pour 
grand  cercle  de  comparaison  du  système  nouveau  dont  il  a  enrichi 
la  science. 


262  [{APPORT  SUR  LES  PROGRES 


Hexatctraédrique  llbaab  (de  Nontron). 


Le  grand  cercle  placé  au  quatrième  rang  sur  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  Y heœalétraédrique  llbaab.  Ce  cercle  va,  en  tra- 
versant la  France,  du  point  a  voisin  de  Minorque  au  point  a  voisin 
de  la  pointe  du  Cornouailles.  D'après  les  conditions  de  la  symétrie 
pentagonale,  il  passe  en  même  temps  au  point  b  situé  au  S.-O.  de 
l'Islande,  au  point  b  situé  dans  le  désert  de  Libye,  près  de  Mour- 
zouk,  où  passe  déjà  le  diamétral  \b  du  mont  Serrât,  et  au  point  H 
situé  au  midi  de  Madagascar.  Il  passe  de  même  au  point  H  situé 
au  S.-O.  de  la  Californie  et  aux  points  b,  a,  a,  b,  antipodes  des  pré- 
cédents. 

Ce  cercle  est  perpendiculaire  au  primitif de  Lisbonne,  et  il  a 
pour  pôles  les  deux  points  où  ce  cercle  est  coupé  simultanément 
par  les  deux  bissecteurs  IH,  qui  ont  pour  pôles  les  deux  points»,  et 
par  les  deux  bissecteurs  DH,  qui  ont  pour  pôles  les  deux  points  b, 
intersections  quintuples  qui  sont  très-exactement  figurées  dans  le 
tracé  de  M.  Laugel,  l'une  dans  le  Paraguay,  au  S.-O.  de  l'Assomp- 
tion, et  l'autre  dans  le  canal  de  Formose,  entre  la  Chine  et  cette 
grande  île. 

Notre  cercle  occupe  une  position  très-symétrique  dans  le  réseau, 
et  il  est  l'homologue  exact  d'un  autre  hexatétraédrique  llbaab  qui  re- 
présente, comme  on  le  verra  plus  loin,  le  système  des  Alpes  prin- 
cipales. Cette  double  circonstance  a  donné  à  M.  Elie  de  Beaumont 
l'idée  de  l'étudier,  comme  il  avait  étudié  par  le  même  motif  d'autres 
cercles  llbaab  qui  se  sont  trouvés  être  eux-mêmes  des  cercles  favo- 
risés. Les  données  numériques  de  l'un  de  ces  derniers  sont  com- 
prises dans  le  tableau  relatif  à  i5g  cercles  du  réseau.  Celles  de 
notre  cercle  actuel  ne  s'y  trouvent  pas;  je  les  consigne  ici  : 

L  =  6i°36'i5*,o6  0.        b=  a6°ia'à6*t89. 
Notre  hexatétraédrique  llbaab  entre  dans  le   cadre  de  la  carte 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  263 

géologique  de  la  France  par  le  côté  occidental  du  cadre ,  où  il  coupe 
le  primitif  du  Land's  End  et  Yoctaédrique  du  Mulehacen  au  point  a 
situé  en  dehors  du  cadre.  Ce  point  tombe  dans  la  mer,  et  le  cercle 
aborde  le  Cornouailles  par  l'entrée  de  la  rivière  de  Saint-Earth  ; 
puis  il  s'étend  sur  les  collines  de  Killas  voisines  de  Helston,  et  il 
entre  dans  la  Manche  en  traversant  le  district  serpentineux  du  cap 
Lizard.  Sur  le  tableau  d'assemblage  il  passe  à  la  pointe  même  du 
cap  Lizard,  et  sur  la  carte  géologique  générale  il  laisse  cette 
pointe  à  un  kilomètre  environ  dans  le  S.-O.  C'est  là  une  de  ces 
légères  discordances  auxquelles  j'ai  fait  allusion. 

Au  delà  de  la  Manche,  notre  cercle,  rasant  les  récifs  deTriagoz, 
aborde  la  Bretagne  par  la  pointe  située  au  S.-O.  des  Sept-IIes, 
pointe  granitique  élevée  qui  est  un  des  traits  proéminents  de  la 
configuration  de  la  côte. 

Cheminant  ensuite  sur  des  terrains  granitiques  et  schisteux, 
accidentés  en  petit,  où  il  laisse  à  l'ouest  Lannion  et  à  l'est  Guin- 
gamp,  il  va  passer  au  sud  de  Quinlin,  à  la  montagne  schisteuse  de 
Lanfains ,  base  de  l'un  des  signaux  de  la  grande  triangulation  qui 
joint  Brest  à  Strasbourg.  Cette  montagne,  élevée  de  3 2 h  mètres, 
domine  jusqu'à  une  grande  distance  toutes  les  petites  montagnes 
environnantes,  à  l'exception  du  Menez-Belair,  autre  sommet  de 
la  même  chaîne  de  triangles,  qui  est  situé  à  23  kilomètres  à 
l'E.-S.-E.  et  qui  la  surpasse  de  1 5  mètres  (33o,  mètres). 

De  la  montagne  de  Lanfains,  notre  cercle  s'avance  vers  le  bourg 
de  la  Trinité  à  travers  les  terrains  schisteux,  en  profitant  d'un  jour 
que  laissent  entre  elles  des  masses  orientées  à  peu  près  de  l'est  à 
l'ouest,  qui  paraissent  d'abord  n'avoir  avec  lui  aucun  rapport,  mais 
qui  semblent  s'écarter  pour  le  laisser  passer  ;  à  l'ouest,  les  schistes 
métamorphiques  qui  s'étendent  de  Goarec  à  Loudéac  ;  à  l'est,  quatre 
masses  granitiques  dont  les  deux  plus  considérables  sont  celles  de 
Moncontour  et  de  Plouguenas.  Notre  cercle  rase  avec  précision  cette 
dernière,  laissant  les  autres  à  d'assez  faibles  distances.  M.  Puillon- 
Boblave  d'abord,  MM.  Dufrénov  et  de  Bill\  ensuite,  ont  mis  beau- 


*2G4  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

coup  de  soin  à  dessiner  les  limites  de  ces  diverses  roches,  et  j'ai 
tout  lieu  de  penser  que  leur  exactitude  laisse  fort  peu  de  chose  à 
désirer. 

De  la  Trinité  aux  rives  de  la  Loire,  qu'il  passe  un  peu  au-dessus 
de  Nantes,  notre  cercle  traverse  une  contrée  où  toutes  les  couches 
paléozoïques,  dont  le  sol  est  principalement  composé,  sont  fortement 
repliées  suivant  la  direction  du  système  des  Ballons,  à  laquelle 
notre  cercle  est  oblique,  et  dont  la  surface  presque  rase  ne  nous 
offre  aucune  observation  essentielle  à  consigner.  On  pourrait  seu- 
lement remarquer  la  manière  dont  le  cercle  s'adapte  à  certains 
accidents  des  cours  d'eau. 

Au  delà  de  la  Loire,  X hexatélraédrique  Hbaab  suit  à  peu  près  la 
ligne  de  faîte  du  Bocage  vendéen,  en  laissant  à  3  ou  h  kilomètres 
au  N.-E.  ou  au  S.-O.  les  localités  historiques  de  Glisson,  Tiffauges, 
les  Herbiers,  Pouzauges,  Saint-Pierre-des-Moutiers ,  la  Châtaigne- 
raye.  Les  gorges  pittoresques  de  Clisson,  par  la  hardiesse  de  leurs 
escarpements  granitiques,  semblent  désignées  comme  le  résultat 
d'un  déchirement  dû  peut-être  à  un  effort  souterrain  dont  on  ne 
voit  pas  l'agent;  mais  notre  cercle  côtoie,  à  2  ou  3  kilomètres  de 
distance,  dans  un  sens  presque  parallèle  à  sa  longueur,  la  masse  de 
porphyre  coupée  par  le  Grand-Lay,  et  il  rase  à  une  distance  plus 
petite  encore  l'extrémité  méridionale  du  terrain  houiller  de  Vou- 
vant.  On  ne  saurait  nier  que  notre  cercle  soit  dans  une  remar- 
quable harmonie  avec  les  principaux  traits  de  la  protubérance 
vendéenne,  en  même  temps  qu'il  est  parallèle  à  toute  la  partie 
supérieure  de  la  vallée  de  la  Sèvre  nantaise  qui  la  borde  au  N.-E. 

Dans  les  plaines  calcaires  des  Deux-Sèvres,  de  la  Charente  et 
de  la  Dordogne,  notre  cercle  passe  aux  saillies  granitiques  voisines 
de  Chavagné  et  de  Marthon  et  aux  protubérances  de  lias  souvent 
métallifère  qui  les  entourent  ou  qui  se  relèvent  isolément,  notam- 
ment à  Melle,  siège  d'un  ci-devant  hôtel  des  monnaies.  Ces  protu- 
bérances forment  l'axe  à  partir  duquel  les  couches  jurassiques  du 
Poitou  s'enfoncent  sous  le  bassin  de  la  Gascogne.  Notre  cercle  re- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         265 

présente  assez  exactement  cet  axe,  qui  serait  par  conséquent  dans 
la  prolongation  de  la  crête  de  la  Vendée.  Plus  loin,  Yhexatétraé- 
drique  Ubaab  rase  près  de  Nontron,  à  une  très-petite  distance,  la 
pointe  S.-O.  des  granités  du  Limousin,  autour  de  laquelle  se  relève 
encore  le  lias,  qui  de  même  y  est  métallifère  et  contient  notamment 
des  gisements  bien  connus  de  manganèse.  Notre  cercle  côtoie,  à 
un  kilomètre  de  distance,  les  concessions  de  mines  accordées  pour 
l'exploitation  de  ce  métal. 

Traversant  l'isle  à  Savignac  et  la  Dordogne  au-dessous  de  Souil- 
lac,  après  avoir  coupé,  à  l'est  de  Sarlat,  le  diamétral  Dac  du  système 
de  la  Côte-d'Or,  notre  cercle  suit  de  loin  le  contour  du  bassin  secon- 
daire du  S.-O.  Avant  d'atteindre  le  Lot,  il  coupe,  près  de  Saint- 
Cels,  en  un  seul  et  même  point,  le  trapézoédrique  Tb  du  système 
de  la  Vendée  et  le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd. 
Traversant  le  Lot  à  Gajarc,  et  passant  à  k  kilomètres  au  S.  de  Ville- 
franche,  il  pénètre,  entre  cette  ville  et  TNajac,  dans  le  massif  des 
montagnes  de  l'Aveyron,  presque  exactement  au  point  où  cesse  la 
ceinture  de  grès  bigarré  qui  le  borde  plus  loin  vers  le  midi.  A  son 
entrée  dans  les  granités,  notre  cercle  se  trouve  entouré  de  nouveau 
par  des  gisements  métalliques,  plomb  argentifère,  zinc,  cuivre, 
manganèse,  qui  rappellent  ceux  de  Nontron  et  de  Melle  et  qui  ont 
donné  des  espérances  non  encore  complètement  réalisées  :  mais  aux 
yeux  de  la  géologie  la  richesse  des  gites  est  un  point  secondaire.  Le 
cercle  rase  ici  l'extrémité  S.-O.  d'une  masse  de  granité  porphy- 
roïde  qui  a  peut-être  été  le  centre  d'émanation  des  substances 
métalliques,  et  il  passe  aussi  à  peu  de  distance  de  petites  masses 
éruptives  de  diorite  et  de  serpentine. 

Il  traverse  ensuite,  dans  un  sens  presque  perpendiculaire  à  leur 
direction,  les  roches  anciennes  des  parties  montagneuses  des  dé- 
partements du  Tarn  et  de  l'Hérault,  où  je  mentionnerai  seulement 
son  adaptation  aux  accidents  du  cours  de  plusieurs  rivières,  no- 
tamment aux  contours  compliqués  de  la  vallée  du  Tarn  dans  les 
environs  d'Ambialet. 


266  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Il  sort  enfin  de  la  région  montagneuse  en  passant  très-près  df 
Saint-Chinian,  et,  traversant  les  plaines  tertiaires,  il  va  couper,  à 
l'embouchure  de  l'Aude,  avant  d'entrer  dans  la  Méditerranée,  la 
pointe  extrême  de  la  montagne  de  la  Glape,  montagne  a  formes 
hardies,  formée  de  calcaires  du  terrain  crétacé  inférieur,  dont  il 
rogne  environ  un  kilomètre. 

Uhcœalclraédriquelibaab ,  traversant  la  carte  obliquement  jusqu'à 
sa  limite  occidentale,  est  placé  de  la  manière  la  plus  favorable 
pour  le  développement  de  sa  courbure,  qu'une  règle  rend  très- 
sensible.  Cette  courbure  est  parfaitement  régulière,  ce  qui  montre 
que  les  intersections  qui  ont  servi  à  tracer  le  cercle  ont  été  bien 
calculées  et  bien  construites  :  remarque  qui  s'applique,  ainsi 
que  le  lecteur  peut  s'en  assurer,  à  tous  les  autres  cercles  figurés 
sur  la  même  carte  et  que  je  m'abstiendrai  de  reproduire  ultérieu- 
rement. 

La  courbure  de  la  ligne  qui  nous  occupe,  quoique  très-sensible 
à  la  règle,  n'a  cependant  qu'une  flèche  peu  considérable,  qui  dé- 
passe à  peine  1  millimètre  et  qui  à  l'échelle  de  la  carte  ne  repré- 
sente que  2  kilomètres.  C'est  une  distance  bien  peu  considérable, 
et  il  est  par  conséquent  évident  qu'on  n'aurait  pas  commis  de  bien 
graves  inexactitudes  en  remplaçant  la  courbe  par  une  ligne  droite. 
Cependant,  eu  égard  à  la  précision  avec  laquelle  notre  cercle  s'a- 
dapte aux  accidents  orographiques  et  géologiques,  on  ne  peut 
admettre  ici  qu'une  très-faible  tolérance.  En  effet,  les  caps,  les 
sommets  ou  extrémités  de  montagnes  avec  lesquels  il  coïncide  à 
moins  d'un  kilomètre  près,  sont  pour  ainsi  dire  des  points  sans  lar- 
geur, et  les  localités  métallifères  que  notre  cercle  rase  ou  traverse 
n'ont,  perpendiculairement  à  sa  direction,  que  des  largeurs  de  3  à 
h  kilomètres,  à  l'exception  de  celle  des  environs  de  Villefranche  qui 
est  plus  étendue.  Si  donc  on  déplaçait  le  cercle  de  3  ou  h  kilomètres 
seulement,  c'est-à-dire  d'environ  deux  minutes,  on  gâterait  com- 
plètement sa  position.  11  perdrait  le  privilège  de  passer  par  les  points 
caractérisés  qui   ont  été  cités,   cl  il  ne  trouverait   pas  à  coté   une 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         267 

autre  iile  de  points  équivalents  ;  on  n'aurait  plus  qu'un  cercle  in- 
signifiant. 

On  n'a  pas  encore  cité  de  système  de  montagnes  auquel  Xhexa- 
lélraédrique  Wbaab  puisse  servir  de  grand  cercle  de  comparaison.  Les 
points  remarquables  qui  se  rencontrent  sur  son  cours  paraissent, 
jusqu'à  présent,  s'y  être  placés  par  le  seul  effet  des  lois  de  la  sy- 
métrie. 

La  monographie  de  ce  cercle  pour  les  parties  extérieures  à  la 
France  n'a  pas  encore  été  faite.  D'une  part  il  traverse  la  régence 
de  Tunis  et  le  cœur  de  l'Afrique,  de  l'autre  la  pointe  S.-O.  de 
l'Irlande,  le  Groenland  et  l'intérieur  de  l'Amérique  septentrionale. 

Trapézoédrique  TTbbc.  (Failles  de  la  Haute-Marne ,  Hécla.) 

Le  grand  cercle  inscrit  au  cinquième  rang  dans  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  le  trapézoédrique  TTbbc,  adopté  comme  grand 
cercle  de  comparaison  d'un  système  de  failles  observé  dans  le 
département  de  la  Haute-Marne  et  qui  se  trouve  passer  en  Islande 
par  l'Hécla,  à  très-peu  de  chose  près. 

11  passe  au  point  T  situé  dans  les  parages  de  l'Ecosse  près  de 
Saint-Kilda,  au  point  T  situé  dans  l'Amérique  septentrionale  entre 
les  montagnes  Rocheuses  et  l'île  de  la  Reine-Charlotte,  au  point  b 
situé  dans  le  désert  de  Libye  près  de  Mourzouk,  au  point  b  situé 
près  de  Sofala,  au  point  c  situé  dans  l'océan  Austral,  au  N.-O.  des 
îles  Marion  et  Grozet,  ainsi  qu'aux  antipodes  de  ces  cinq  points. 
11  a  pour  pôles  les  deux  points  où  se  croisent  les  cercles  dont  ces 
cinq  points  et  leurs  antipodes  sont  les  pôles,  intersections  multiples 
qui  figurent  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  et  qui  tombent  l'une  dans 
la  mer  de  la  Chine,  entre  les  îles  de  Lucon  et  d'Hav-nan,  et  l'autre 
dans  l'Amérique  méridionale,  au  S.-E.  de  Santa-Cruz  de  la  Sierra. 

Ce  grand  cercle  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la 
France  par  le  côté  septentrional,  et  traverse  dans  la  partie  méri- 
dionale de  l'Angleterre  le  comté  de  Kent.  Au  midi  de  la  Manche, 


^68  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

il  aborde  la  France  par  l'embouchure  de  la  Somme,  dont  il  tra- 
verse le  cours  entre  Abbeville  et  Saint- Valéry.  Parcourant  ensuite 
les  terrains  crétacés  et  tertiaires  de  la  Picardie  et  du  bassin  de 
Paris,  où,  dans  le  but  d'abréger,  je  m'abstiens  d'indiquer  les  rap- 
ports de  détail  qu'il  présente  avec  la  topographie  et  le  cours  des 
,  rivières,  il  va  couper  l'Yonne  un  peu  au-dessous  de  Saint-Flo- 
rentin; et  il  abandonne  les  coteaux  de  craie  précisément  à  partir 
du  point  où  cette  rivière  s'y  engage,  ce  qui  forme  la  contre-partie 
de  son  entrée  en  France  par  l'embouchure  de  la  Somme. 

De  là  remontant  d'abord  la  vallée  du  Serain,  dont  il  ne  s'éloigne 
que  faiblement,  il  va  couper  obliquemeut  la  Saône  àTournus,  où 
il  passe  avec  elle  dans  l'ouverture  du  terrain  jurassique  qui  donne 
issue  à  ses  eaux;  mais  dans  l'intervalle,  entre  Saint-Florentin  et 
Tournus,  il  donne  lieu  à  de  nombreuses  observations. 

Sur  le  plateau  de  calcaire  oolithique  inférieur,  le  trapézoé- 
drique  TTbbc  coupe  en  un  seul  et  même  point  le  primitif  de  Lis- 
bonne et  le  trapézoédrique  Tabc,  représentant  du  système  de  Long- 
mynd.  Ce  point  de  croisement,  sur  lequel  j'aurai  à  revenir,  est 
remarquable  par  la  position  toute  spéciale  qu'il  occupe  à  l'égard 
de  la  protubérance  du  Morvan,  relativement  à  laquelle  les  trois 
cercles  qui  se  croisent  forment  deux  tangentes  et  une  sécante, 
placée  d'une  manière  particulière. 

Notre  cercle  est  tangent  à  la  protubérance  du  Morvan  du  côté 
oriental.  Il  côtoie  la  vallée  du  Serain  au-dessous  de  Saulieu,  en 
passant  au  point  où  le  granité  commence  à  s'élever  pour  former 
les  montagnes,  dans  lesquelles  il  est  presque  partout  à  nu,  et  il 
laisse  à  l'est  les  plateaux  d'arkose  et  de  lias  qui  les  entourent  et 
où  le  granité  ne  se  voit  plus  que  dans  le  fond  des  vallées.  Sur  le 
tableau  d'assemblage,  où  le  relief  du  sol  n'est  pas  exprimé,  ces 
bandes  de  granité  mises  à  jour  par  le  fond  des  vallées  compliquent 
la  figure,  mais  sur  la  carte  géologique  générale  on  \oil  tirs-bien 
(pie  notre  cercle  marque  le  pied  oriental  du  Morvan. 

Une  disposition  analogue    existe   un    peu   à   loues!    d  \rna\  -le- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  269 

Duc,  mais  ici  déjà  la  structure  du  sol  devient  extrêmement  com- 
pliquée, et  elle  ne  pourra  être  distinctement  figurée  que  sur  la 
carte  géologique  détaillée.  Le  granité,  le  porphyre,  le  terrain 
houiller,  le  trias,  le  lias  et  le  calcaire  oolithique  forment  une  quan- 
tité de  petits  compartiments  qui  font  du  sol  une  véritable  pièce 
de  marqueterie.  Or  l'existence  d'une  pareille  complication  dans 
cette  contrée  est  en  parfaite  harmonie  avec  les  circonstances  qu'y 
présente  le  réseau  pentagonal,  car  elle  se  rattache  au  fait  qu'ici, 
dans  un  petit  espace,  notre  cercle  en  coupe  trois  autres,  savoir: 
le  trapézoédrique  Te,  représentant  du  système  du  Hundsriick,  le 
diamétral  Dac,  représentant  du  système  de  la  Côte-dOr,  et  le  tra- 
pézoédrique Tb,  représentant  du  système  de  Tatra;  d'où  il  résulte 
que  le  sol  y  a  été  soumis  directement  à  quatre  influences  distinctes, 
agissant  dans  des  sens  différents,  sans  compter  les  autres  influences 
qui  pouvaient  s'exercer  de  plus  loin. 

Dans  ce  dédale,  où  il  serait  difficile  de  se  reconnaître  sans  guide, 
chacun  des  quatre  cercles  a  rencontré  de  lui-même  un  certain 
nombre  de  points  auxquels  il  s'adapte  rigoureusement,  preuve  que 
le  désordre  n'est  qu'apparent. 

Le  trapézoédrique  TTbbc  rase  l'extrémité  N.-E.  du  lambeau  de  lias 
où  s'exploite  la  mine  de  fer  de  Thucy,  et  l'extrémité  N.-E.  du  terrain 
houiller  d'Epinac,  encastrée  entre  trois  masses  distinctes  de  por- 
phyre, de  granité  ordinaire  et  de  granité  porphyroïde.  Il  passe  entre 
d'autres  petites  masses  de  granité  qui  supportent  le  lias  à  l'O.  de 
JNolay,  coupe  l'extrémité  des  marnes  irisées  dans  lesquelles  se 
trouve  le  gypse  exploité  à  Saint-Léger-sur-Dhenne ,  au  point  où 
elles  vont  disparaître  sous  les  couches  du  lias  qui  forme  les  flancs  de 
la  vallée  et  tronque  légèrement,  près  de  Saint-Berain,  l'extrémité 
apparente  du  terrain  houiller  du  Creuzot  et  de  Blanzy.  Il  rase  l'ex- 
trémité de  la  bande  granitique  qui  supporte  au  S.-E.  ce  terrain 
houiller,  tronque  légèrement  l'extrémité  du  lias  avant  qu'il  se  perde 
sous  le  terrain  oolithique  dans  la  vallée  de  l'Orbise,  et,  après  avoir 
traversé,  entre  Givry  et  Senecey,  un  golfe  rempli  par  les  dépôts 


270  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

récents  delà  Bresse,  rase  encore  au  S.-O.  de  Senecey  les  extrémités 
des  bandes  de  granité  et  délias  qui  supportent  le  terrain  oolithique. 
H  effleure  ensuite  la  crête  des  coteaux  oolithiques  qui  s'étendent 
de  Senecey  à  Tournus,  et  s'échappe  enfin  avec  la  Saône  par  une 
tranchée  à  flancs  oolithiques  pour  aller  s'étendre  dans  la  Bresse. 

Si,  après  ces  indications,  le  lecteur  jette  de  nouveau  les  yeux 
sur  la  carte,  il  en  saisira  mieux  les  traits  que  leur  petitesse  rend 
obscurs  dans  les  détails,  et  il  comprendra  que  de  Saint-Florentin  à 
Tournus  notre  cercle,  en  rasant  la  protubérance  du  Morvan,  suit 
une  ligne  jalonnée  avec  la  plus  remarquable  précision  par  les  ac- 
cidents géologiques.  Cette  ligne  est  probablement  destinée  à  servir 
de  point  de  départ  pour  la  recherche  des  mines  dans  cette  contrée, 
particulièrement  des  mines  de  houille,  car,  en  voyant  que  le  terrain 
houiller  s'arrête  à  une  troncature  rectiligne,  on  a  lieu  de  penser 
qu'il  peut  se  prolonger  au  delà ,  à  un  niveau  inférieur. 

Le  trapézoédrique  TTbbc  passe  à  2  kilomètres  au  S.-O.  de  Bourg 
en  Bresse  et  aborde  le  Jura  par  Pont-d'Ain.  Il  rase  à  1  kilomètre 
de  distance  le  promontoire  élevé  que  forme  le  calcaire  oolithique 
inférieur  entre  le  Furand  et  l'Ain,  et,  passant  à  Amberieu,  il  suit 
le  contour  qui  s'étend  de  cette  ville  à  Douvres,  où  il  entre  définiti- 
vement dans  le  massif  jurassique. 

Côtoyant  le  Bhône  et  ensuite  le  Guier,  d'Amberieu  aux  Echelles, 
à  h  ou  5  kilomètres  de  distance,  notre  cercle  trace  une  direction 
parallèle  à  celle  suivant  laquelle  se  relèvent  les  marnes  irisées  et 
le  lias  près  de  Lagnien  et  aux  principaux  accidents  straligraphiques 
de  la  terminaison  S.-O.  du  Jura.  On  peut  remarquer  aussi  son  pa- 
rallélisme avec  la  direction  générale  de  la  vallée  du  Chéran,  de  la 
Chapelle  à  Rumilly,  en  Savoie. 

Au  N.-O.  des  Échelles,  il  passe  au  point  du  croisement  déjà  cité 
plus  haut,  où  il  coupe  simultanément  le  trapézoédrique  Tïa  (sys- 
tème du  Morbihan)  et  Y  hexalélraédrique  Haa.  Il  coupe  ensuite  le 
massif  des  montagnes  de  la  Grande-Chartreuse,  où  il  rase  le  flanc 
N.-O.  de  la  montagne  du  Grand-Soin.  11  franchit  la  vallée  de  l'Isère 


DE  LA  STHATIGKAPHIE  EN  FRANCE.  271 

* 

entre  Lumbin  et  Crolles,  puis  la  chaîne  primitive  qui  en  couronne 
le  flanc  gauche,  et  il  rase  à  1  kilomètre  de  distance  vers  le  N.-E. 
le  point  culminant  de  cette  chaîne,  le  roc  de  Belledone,  élevé  de 
2,981  mètres. 

Dans  rOisans,  notre  cercle  traverse,  en  passant  presque  par  leurs 
clochers,  les  communes  d'Allemont,  d'Huez  et  d'Auris,  célèbres  par 
leurs  richesses  minéralogiques,  et,  laissant  au  nord  le  massif  gra- 
nitique des  Grandes-Rousses,  il  passe  au  mont  de  Lans,  où  il  coupe 
la  Romanche  et  la  route  impériale  entre  les  deux  masses  porphy- 
riques  que  cette  route  traverse  en  galerie.  Il  pénètre  enfin  dans  le 
massif  granitique  de  la  Bérarde,  où  il  passe  exactement  au  confluent 
du  Montrion  et  de  la  Lavette,  qui  en  reçoivent  toutes  les  eaux,  dont 
le  cours  ultérieur,  dans  le  Vénéon  et  la  Romanche,  côtoie  long- 
temps notre  cercle,  puisqu'elles  passent  comme  lui  à  Allemont. 

Ce  cercle  sort  de  la  masse  imposante  et  sauvage  des  granités  du 
Dauphiné  par  le  col  de  la  Muande,  et,  après  avoir  coupé  le  val  Go- 
demard  et  le  val  d'Orcières,  presque  à  leur  naissance,  il  arrive 
enfin  à  la  Durance  en  passant  vers  le  sud  au  pied  des  remparts 
d'Embrun. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sur  la  carte  géologique  générale  de  la 
France,  où  sont  dessinées  avec  soin  les  montagnes  Hardies  qui 
s'élèvent  entre  la  Romanche  et  la  Durance,  on  est  frappé  de  voir 
combien  de  crêtes,  soit  granitiques,  soit  nummulitiques,  sont  pa- 
rallèles à  notre  cercle,  qui  représente  sans  doute  un  mouvement 
du  sol  postérieur  au  dépôt  du  terrain  nummulitique. 

11  traverse  la  vallée  de  Barcelonnette  par  un  point  de  conver- 
gence de  plusieurs  torrents  situé  au  centre  de  la  vallée,  au-dessous 
de  la  ville,  et  il  pénètre  ensuite  dans  la  vallée  du  Var.  Il  coupe 
cette  dernière  rivière  près  d'Entraunas ,  à  peu  de  distance  de  sa 
source,  et  il  suit  la  direction  générale  de  son  cours  très-sinueux,  qu'il 
coupe  de  nouveau  un  peu  au-dessous  de  Pujet-Théniers. 

Coupant  le  massif  montagneux  qui  rejette  le  Var  vers  l'est  près 
des  extrémités  des   quatre   crêtes  de  calcaire  jurassique  qui  en 


272  «APPORT  SUR  LES  PROGRES 

m 

forment  en  quelque  sorte  l'ossature,  et  passant  entre  les  petites 
villes  subalpines  de  Vence  et  de  Saint-Paul,  notre  cercle  rentre 
encore  dans  la  vallée  du  Var,  dont  il  suit  les  terrains  plats  jus- 
qu'au rivage  de  la  Méditerranée.  11  entre  enfin  dans  cette  mer  à 
h  kilomètres  à  l'ouest  de  l'embouchure  du  Var,  et  il  quitte  le  sol 
de  la  France  où  il  était  entré  par  l'embouchure  de  la  Somme  après 
s'être  adapté  à  ses  rivières  avec  autant  de  précision  qu'à  ses  mon- 
tagnes. 

Dans  la  plaine  du  Var,  à  Gagnes,  notre  cercle  coupe  simultané- 
ment trois  autres  des  cercles  du  réseau  figurés  sur  le  tableau  d'as- 
semblage, savoir  :  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  (système  du 
Rhin),  le  trapézoédrique  TTbbc  (système  du  Sancerrois),  et  Xhexatè- 
traédrique  HaTTa. 

Un  homologue  de  ce  dernier  cercle,  occupant  une  position  sy- 
métrique à  la  sienne  par  rapport  au  primitif,  passe  aussi  au  même 
point  et  aurait  pu  être  figuré;  mais  il  n'a  pas  été  compris  dans  les 
calculs. 

Malgré  cette  omission ,  le  point  de  croisement  dont  nous  parlons 
est  des  plus  remarquables,  tant  par  la  position  qu'il  occupe  que 
par  les  cercles  qui  y  passent.  J'aurai  à  y  revenir  plus  d'une  fois. 

Le  trapézoédrique  dont  nous  parlons  avait  lui-même  été  omis  dans 
l'origine,  et  il  ne  figure  pas  sur  la  carte  du  pentagone  européen, 
formant  la  planche  V  de  la  Notice.  Mais  M.  Elie  de  Beaumont,  ayant 
observé  dans  le  département  de  la  Haute-Marne,  avec  M.  de  Chan- 
courtois,  un  groupe  assez  nombreux  de  failles  dirigées  vers  le  S. 
3i°i5'0.1  qui  s'écartait  notablement  des  directions  de  tous  les 
systèmes  admis,  pensa  qu'il  devait  appartenir  à  un  système  nou- 
veau dont  il  y  avait  lieu  de  chercher  dans  le  réseau  pentagonal  le 
grand  cercle  de  comparaison.  Il  remarqua  alors  que,  le  trapézoédrique 
TTbbc,  représentant  du  système  du  Sancerrois,  étant  un  cercle  par- 
faitement installé  sur  les  accidents  orographiques  et  géologiques,  il 

1  Comptes  rendus,  l.  \A.  p.  S<>.  séance  <lu  \!\  juillet  1869. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         273 

pourrait  en  être  de  même  de  l'homologue  qui  lui  était  symétrique 
au  point  de  croisement  de  Gagnes,  et  que  ce  dernier  pénétrait 
dans  l'intérieur  de  la  France  avec  une  orientation  analogue  à  celle 
qu'on  cherchait.  Tout  le  reste  a  suivi. 

Le  trapézoédrique  TTMc  touche  le  pied  du  Morvan,  à  100  kilo- 
mètres environ  des  points  où  les  failles  avaient  été  observées.  A 
son  croisement  avec  le  primitif  de  Lisbonne,  près  de  l'isle,  il  a  l'o- 
rientation i5o°o'  16",  26  ou  S.  290  59'  43",  7/1 E.,  qui,  transpor- 
tée à  Buxières-lez-Belmont,  devient  S.  280  53' 16"  1 1  E.  et  diffère 
de  20  2  1/  45",  89  de  la  direction  assignée  aux  failles.  Comme  il  est 
impossible  de  répondre  de  2  degrés  dans  l'orientation  moyenne  des 
failles  qui  traversent  un  terrain  couvert  et  qui  sont  sujettes  à  de 
nombreux  rejets,  l'accord  peut  être  regardé  comme  satisfaisant,  et 
le  trapézoédrique  TTWc,  dont  la  position  au  pied  du  Morvan  est 
parfaitement  convenable  pour  le  représentant  d'un  système  de 
failles  situées  dans  la  Haute-Marne,  a  pu  être  admis  comme  le  re- 
présentant de  ce  système. 

La  monographie  du  trapézoédrique  TTbbc,  pour  les  parties  de  son 
cours  qui  sont  extérieures  à  la  France,  n'a  pas  encore  été  faite. 

D'une  part,  il  traverse  la  Sardaigne  et  ensuite  l'Afrique  entière 
dans  ses  parties  les  moins  connues,  pour  en  sortir  par  Sofala. 
Le  port  de  Sofala  a  déjà  été  cité,  pages  8/1  et  128,  comme  of- 
frant un  repère  pour  le  dodécaédrique  régulier  des  Açores  et  de  la 
terre  de  Van-Diémen  et  pour  le  primitif  du  cap  Gastle,  qui  s'y  cou- 
pent à  angle  droit  en  un  point  b.  Il  doit  être  noté  aussi  comme  l'un 
des  repères  du  trapézoédrique  TT&èc,  assujetti  à  passer  à  ce  même 
point  b. 

Du  côté  opposé,  notre  cercle  traverse  les  Iles  Britanniques  et  en-, 
suite  les  parties  boréales  de  l'Amérique  septentrionale,  dont  il  sort 
près  de  l'île  Vancouver;  mais,  avant  d'atteindre  le  Groenland,  il 
passe  en  Islande,  où  son  cours  a  été  étudié. 

Tracé  sur  les  cartes  publiées  par  le  dépôt  de  la  Marine  en 
1823  et  1 836,  et  sur  la  belle  carte  topographique  de  l'Islande  en 

Stratigraphie.  1 8 


■27/i  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

quatre  feuilles,  à  l'échelle  du  680,000e,  exécutée  sous  la  direction 
de  M.  O.-N.  Olsen  et  publiée  à  Rejkiavik,  en  18/16,  par  la  Société 
littéraire  d'Islande,  le  trapézoédrique  TT/>/>c,  dont  la  direction  est  ici 
N.  5o°N.  environ,  aborde  l'Islande  par  sa  partie  méridionale,  qui  est 
la  moins  accidentée,  près  de  l'embouchure  de  la  rivière  Eiler-Aae. 
Il  en  sort  vers  le  N.-O.  en  rasant  fe  cap  Staabierg-Huk,  qui  est  la 
pointe  de  l'Islande  la  plus  avancée  vers  l'ouest. 

En  traversant  l'île  obliquement,  il  passe  au  milieu  des  montagnes 
volcaniques  de  la  partie  méridionale,  au  nombre  desquelles  se 
trouve  l'Hécla,  qui,  sans  être  la  plus  élevée,  est  considérée  comme 
le  volcan  principal  de  ce  groupe.  Notre  cercle  laisse  au  S.-O.  le 
Myrdals  Jôkul,  l'Oster  ou  Eyjafjalla  Jokul ,  élevé  de  1,818  mè- 
tres, qui  était  en  activité  en  1823,  le  Tidfjalla  Jôkul,  élevé  de 
1,686  mètres,  et  au  N.-O.  l'Hécla ,  dont  l'altitude  est  de  1 ,635  met. 
seulement.  Il  en  laisse  la  cime  à  une  distance  qui  n'est  pas  exacte- 
ment la  même  sur  les  trois  cartes.  Cette  distance  est  de  6'  65"  du 
méridien  sur  celle  de  1823,  de  6'  sur  celle  de  1 836  et  de  5'3o" 
seulement  sur  la  carte  islandaise  de  1866,  car  la  cime  a  été  repor- 
tée graduellement  de  plus  en  plus  vers  l'ouest.  En  admettant,  ce 
qui  est  fort  probable,  que  la  carte  topographique  islandaise,  levée 
par  des  procédés  géodésiques,  soit  celle  où  les  points  de  l'intérieur 
sont  placés  de  la  manière  la  plus  correcte,  on  peut  conclure  que 
notre  cercle  passe  à  environ  cinq  minutes  et  demie  ou  1  o  kilo- 
mètres au  S.-O.  de  l'axe  de  l'Hécla. 

Nous  avons  vu  ci-dessus,  page  167,  que  le  dodécaédrique  rhomboï- 
dal,  axe  volcanique  de  la  Méditerranée,  passe  à  8  kilomètres  de 
l'axe  du  Pic  de  Ténériffe.  La  différence  est  peu  considérable ,  mais 
peut-être  n'y  a-t-il  pas  lieu  de  prendre  cette  distance  en  considéra- 
tion. En  effet,  le  point  où  notre  cercle  est  le  plus  voisin  de  la  cime 
de  l'Hécla  tombe  au  milieu  des  crevasses,  des  cônes  adventifs  et  des 
coulées  de  lave  qui  entourent  la  base  méridionale  de  la  montagne , 
où  ils  forment  un  champ  d'éruption  dont  il  existe  d'autres  exemples 
en  Islande  et  qui  correspond  peut-être  au  centre  principal  de  l'acti- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  275 

vite  volcanique  dans  cette  partie  de  l'île,  opinion  qui  a  déjà  été 
exprimée  par  quelques  observateurs. 

On  pourrait  être  d'autant  plus  porté  à  l'adopter  que  ce  point  de 
notre  cercle  est  précisément  celui  où  il  est  coupé  par  deux  autres 
cercles  du  réseau  pentagonal  figurés  dans  l'important  travail  de 
M.  de  Chancourtois1,  dont  l'un  passe  exactement  par  la  cime  de 
l'Hécla  et  dont  l'autre  s'adapte  aussi  d'une  manière  très-nette  à  la 
topographie  volcanique.  Il  pourrait  sembler  que  ce  point  de  croise- 
ment serait  à  peu  près  pour  l'Islande  ce  qu'est  pour  la  Sicile  le 
point  T  de  l'Etna. 

Je  ne  puis  développer  ici  ces  remarques,  mais  je  crois  qu'il  suf- 
fira de  les  avoir  indiquées  pour  faire  comprendre  que  notre  cercle 
est  assez  intimement  lié  à  la  structure  de  l'appareil  volcanique  au- 
quel l'Hécla  donne  son  nom  pour  mériter  d'être  appelé  le  trapézoé- 
drique  TTbbc  de  l'Hécla. 

Appuyé  sur  le  foyer  volcanique  de  l'Hécla,  sur  le  port  de  Sofala, 
sur  le  Roc  de  Belledone  et  sur  les  autres  points  cités  en  France,  le 
trapézoédrique  TTbbc  se  trouve  jalonné  avec  beaucoup  de  précision. 
Il  est  du  nombre  des  cercles  qui  ne  pourraient  subir  qu'un  très-lé- 
ger déplacement  sans  perdre  toutes  leurs  prérogatives  et  sans  ren- 
trer dans  la  multitude  des  cercles  indifférents. 

Le  système  des  failles  observées  dans  le  département  de  la  Haute- 
Marne  avec  l'orientation  approximative  N.  3  i°i  5' 0.  est  évidem- 
ment un  système  assez  moderne;  mais  son  âge  relatif  n'a  pas  en- 
core été  rigoureusement  déterminé. 

'   Carte  de  l'Islande,  avec  l'indication  corvette  la  Reine-Hortmse ,  commandée 

des  principaux  traits  de  la  constitution  par  M.  le  baron  de  la  Roncière  le  Noury 

géologique  et  un  essai  d'application  du  et  dirigée  par  S.  A.  I.  le  prince  Napoléon, 

réseau  pentagonal ,  par  MM.  C.  Ferri  Pi-  (Notices  scientifiques.  Géologie  de  l'Is- 

sani  et  E.  B.  de  Chancourtois,  dans  le  lande.) 
Voyage  duns  les  mers  du  Nord  à  bord  de  la 


276  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 


Tropézôédrique  TI  du  cap  Bon  (Hermœum  Promonlorium) 
(système  du  mont  Viso). 

Le  grand  cercle  placé  au  sixième  rang  dans  le  tableau  des 
i  83  intersections  est  le  trapézoédrique  TI,  qui  représente  le  sys- 
tème du  mont  Viso.  Ce  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  T 
qui  tombe  à  la  pointe  méridionale  de  l'île  Victoria ,  dans  l'Amérique 
boréale,  et  par  le  point  I  situé  dans  le  Soudan,  près  du  lac  Tsad. 
Ses  pôles  sont  placés  aux  intersections  du  dodécaédrique  rhomboïdal 
auquel  le  point  T  appartient  comme  pôle,  et  de  Yoclaédrique  qui  a 
pour  l'un  de  ses  pôles  le  point  1 ,  c'est-à-dire  au  point  c  qui  tombe 
dans  la  Bolivie,  au  N.-O.  de  Santa-Cruz-de-la-Sierra,  et  au  point  c 
qui  tombe  dans  la  mer  de  la  Chine,  entre  la  Gochinchine  et  l'île  de 
Luçon. 

Le  trapézoédrique  TI  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de 
la  France  par  le  côté  septentrional.  Au  sortir  de  la  mer  du  Nord, 
il  aborde  la  côte  de  Belgique  à  l'est  de  Neuport  et  chemine  au 
milieu  de  collines  tertiaires  parmi  lesquelles  il  atteint,  à  Roose- 
beke,  par  son  angle  septentrional,  un  plateau  de  terrain  tertiaire 
inférieur,  continuation  de  ceux  du  mont  Cassel  et  du  Katzenberg, 
sur  lequel  il  rencontre  le  primitif  du  Land's  End. 

Il  franchit  la  Lys  un  peu  au-dessous  de  Menin,  suit  une  assez 
longue  section  de  la  frontière  de  France,  traverse  la  Scarpe  à  Saint- 
Amand  et  l'Escaut  près  de  Valenciennes,  un  peu  en  avant  des  glacis 
des  fortifications,  en  passant  au  village  de  Vicoigne  et  à  un  kilo- 
mètre et  demi  à  l'O.-S.-O.  de  celui  d'Anzin.  Il  traverse  la  bande 
souterraine  de  terrain  houiller  où  sont  exploitées  les  mines  de 
Vicoigne  et  d'Anzin,  dans  la  courbure  qui  la  porte  à  l'O.-N.-O.  vers 
Lens.  L'un  des  principaux  crochons  horizontaux  figurés  sur  la  carte 
spéciale  de  M.  d'Ormoy  se  trouve  à  3  kilomètres  à  l'ouest  de 
Saint-Amand. 

Notre  cercle  passe  ensuite  à  un  kilomètre  et  demi  à  TO.-S.-O. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  277 

des  remparts  de  Landrecies,  en  laissant  à  8  kilomètres  environ 
dans  la  même  direction  la  pointe  extrême  du  terrain  carbonifère 
de  la  Belgique  mis  à  nu  dans  la  vallée  de  la  Sambre.  Il  y  a  eu  là 
peut-être,  à  une  époque  ancienne,  un  cap,  en  partie  recouvert  au- 
jourd'hui, qui  aura  pu  jouer  un  rôle  important  dans  la  géographie 
des  périodes  crétacées  et  tertiaires. 

Poursuivant  son  cours  sur  les  craies  de  la  Champagne,  notre 
cercle  passe  aux  environs  de  Vervins,  où  il  coupe  le  trapézoédrique 
TD6,  représentant  du  système  du  Finistère;  il  coupe  l'Aisne  près 
d'Asfeld  et  de  son  intersection  avec  le  bissecteur  DH  de  Belle-He, 
rase,  à  Mourmelon-le-Grand,  le  camp  de  Ghâlons,  passe  à  Notre- 
Dame-de-1'Epine  et,  côtoyant  la  vallée  de  la  Marne,  sort  de  la  craie 
proprement  dite  par  les  coteaux  qui  dominent  vers  le  nord  Vitry- 
le-François. 

11  traverse  un  peu  au-dessus  de  cette  ville  la  pointe  de  l'échan- 
crure  remarquable  où  les  eaux  de  l'Ornain  et  de  la  Biaise  se  réu- 
nissent à  celles  de  la  Marne  pour  s'engager  avec  elles  entre  les 
coteaux  de  craie,  comme  celles  de  l'Yonne  et  du  Serain  le  font  à 
Saint-Florentin.  H  coupe  la  Marne  à  Larzicourt,  près  de  son  con- 
fluent avec  la  Biaise  et  juste  au  point  où  les  alluvions  des  deux  ri- 
vières commencent  à  se  confondre. 

Bemontant  la  vallée  de  la  Biaise,  il  coupe,  sur  des  coteaux  élevés 
de  Gault  qui  repoussent  un  moment  cette  rivière  vers  l'est,  le  trapé- 
zoédrique Tabc,  représentant  du  système  du  Longmynd,  et  au-dessus 
de  Blezy,  où  la  Biaise  prend  sa  source,  il  traverse  la  ceinture  des 
coteaux  de  l'étage  oolithique  moyen  près  du  sommet  de  la  côte 
d'Alun ,  l'un  de  ses  points  culminants.  De  là  il  descend  sur  le  pla- 
teau de  l'oolithe  inférieure,  où  il  coupe,  à  Villiers-le-Sec ,  à  cinq 
kilomètres  à  l'ouest  de  Chaumont,  le  primitif  de  Lisbonne. 

Cheminant  sur  le  plateau  oolithique,  il  arrive  près  de  Lon- 
geau,  où  il  descend  dans  la  dépression  dont  le  sol  est  formé  par 
le  calcaire  à  gryphées  arquées;  il  en  tronque  l'extrémité,  à  Pié- 
pape,  de  trois  kilomètres  seulement.  Cette  pointe  de  calcaire  à  gry- 


278  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

phées  qui  s'avance  au  milieu  des  marnes  du  lias  et  des  calcaires 
oolithiques  est  un  autre  cap  méditerranéen  non  moins  remarquable, 
mais  sous  d'autres  rapports,  que  celui  de  Landrecies.  C'est  la  pointe 
des  terrains  liassiques  et  triassiques  qui  se  relèvent  dans  la  partie 
orientale  du  département  de  la  Haute-Marne  autour  des  avant- 
corps  des  Vosges. 

Plus  loin,  notre  cercle  s'adapte  aux  accidents  de  détail  des  collines 
calcaires  qui  circonscrivent  vers  le  nord  le  bassin  de  la  Bresse,  et, 
franchissant  la  Saône  au  sommet  de  la  courbe  prononcée  que  forme 
sa  vallée  à  Apremont,  il  va  raser  à  moins  d'un  kilomètre  de  dis- 
tance l'extrémité  N.-E.  du  massif  de  la  forêt  de  Serre,  formé  par  un 
relèvement  des  roches  primitives  et  des  trois  étages  du  trias. 

Traversant  ensuite  une  expansion  de  la  Bresse,  le  trapézoédrique  TJ 
va  aborder  le  Jura  par  Mouchard  à  l'O.-N.-O.  de  Salins,  et  il  ren- 
contre près  d'Aiglepierre ,  au  pied  du  mont  Poupet,  en  un  seul 
et  même  point,  X  hexatétraédrique  Haa  et  le  trapézoédrique  T6,  repré- 
sentant du  système  du  Tatra.  Ce  point  de  croisement  est  remar- 
quable, d'abord  parce  qu'il  tombe  au  pied  du  mont  Poupet,  dont  le 
profil  domine  tout  le  contour  extérieur  du  Jura  du  côté  qui  regarde 
le  N.-O.,  et  plus  encore  parce  que  les  trois  cercles  qui  s'y  croisent 
produisent,  chacun  de  leur  côté,  une  forte  impression  dans  les 
parties  du  Jura  qu'ils  traversent. 

Notre  trapézoédrique  coupe  le  Jura  obliquement  dans  la  direc- 
tion des  Rousses  et  de  Nion,  et  rencontre  au  N.  de  Morez  le  bissec- 
teur DH,  représentant  du  système  du  mont,  Seny.  Laissant  à  quatre 
kilomètres  de  distance  Salins  à  l'E.-N.-E.  et  Champagnole  à  l'O.-S.-O. 
il  passe  approximativement  aux  forges  de  Londaine,  au  bourg  de 
Sirod,  aux  Planches  et  à  Foncines,  où  les  vallées  entament  profon- 
dément le  Jura,  puis  à  l'extrémité  d'aval  du  lac  des  Rousses,  et  enfin 
dans  la  profonde  dépression  séparant  le  massif  de  la  Dole  de  celui 
de  Noirmont,  par  laquelle  la  route  de  Suisse  descend  vers  Sainl- 
Cergues. 

Cette  ligne,  qui  représente  plutôt  une  suite  de  déchirures  qu'une 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  279 

série  de  sommités,  passe  avec  une  grande  précision  à  la  termi- 
naison de  plusieurs  des  crêtes  individuelles  dont  l'ensemble  du 
Jura  se  compose,  et  ce  qui  la  rend  particulièrement  remarquable, 
c'est  que,  parmi  les  nombreux  systèmes  de  soulèvement  qui  se  pro- 
noncent dans  ce  groupe  de  montagnes  si  compliqué,  ceux  qui  se 
dessinent  à  l'E.-N.-E.  ne  sont  pas  entièrement  les  mêmes  que  ceux 
qui  se  dessinent  à  l'O.-S.-O.  Notre  cercle  joue  dans  le  Jura  le  rôle 
d'une  de  ces  lignes  de  suture  qu'on  appelle  en  anatomie  un  raphe. 

Traversant  le  lac  Léman  entre  Copet  et  Hermance,  le  trapézoé- 
drique  passe  entre  les  Salèves  et  les  Voirons,  en  coupant  la  saillie 
jurassique  qui  sert  de  base  à  cette  dernière  montagne.  Il  entre  dans 
les  Alpes  en  côtoyant  la  vallée  de  l'Arve,  puis  celle  du  Grand-Bor- 
vand,  et,  traversant  la  ceinture  crétacée  déjà  très-élevée  qui  en- 
toure les  hautes  montagnes  de  l'intérieur,  il  descend  à  la  Giettaz,  à 
Flumet,  à  Beaufort. 

Mais,  dans  ces  dernières  localités,  il  n'y  a  pas  de  hautes  mon- 
tagnes. Le  terrain  est  formé  par  des  assises  jurassiques  constituant 
des  arêtes  comparativement  arrondies  et  peu  élevées  et  reposant 
à  stratification  discordante  sur  les  roches  primitives,  sur  lesquelles 
coulent  les  torrents.  Ces  roches  primitives,  confinées  ici  au  fond  des 
vallées,  établissent  cependant  la  continuité  entre  la  chaîne  avancée 
de  Belledone,  du  Grand-Charnier,  du  Bellachat,  qui  forme  le  flanc 
gauche  de  la  vallée  de  l'Isère,  et  le  massif  du  mont  Blanc  placé  en 
arrière,  sur  un  plan  plus  reculé  vers  le  S.-E.  La  chaîne  primitive 
de  Belledone  et  celle  du  mont  Blanc  expirent  en  deux  points  situés 
l'un  en  face  de  l'autre,  des  deux  côtés  du  trapézoédrique  TI,  et  la 
vallée  de  Beaufort  forme  entre  elles  une  sorte  d'impasse  qui  rap- 
pelle à  quelques  égards  la  vallée  d'Aran  dans  les  Pyrénées.  Seule- 
ment c'est  une  impasse  et  non  une  voie  librement  ouverte,  parce 
que  le  passage  est  barré  par  le  massif  calcaire  du  col  du  Cormet, 
qui  s'appuie  sur  le  chaînon  primitif  de  Belledone  et  va,  sans  s'in- 
terrompre quoique  en  s'abaissant,  envelopper  l'extrémité  du  massif 
du  mont  Blanc.   De  plus,  les   deux  chaînes  primitives  ne  che- 


280  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

vauchent  pas  comme  dans  les  Pyrénées,  l'une  par  rapport  à  l'autre, 
mais  se  terminent  en  regard  l'une  de  l'autre  relativement  au  trapé- 
zoédrique  TI  qui  passe  entre  elles  sans  les  toucher. 

Il  partage  ce  privilège  avec  le  Irapézoédrique  Ta  du  système  de 
Vercors,  qu'il  coupe  en  un  point  situé  au  fond  de  l'impasse,  dans  la 
partie  supérieure  de  la  vallée  de  Beaufort. 

Notre  cercle,  passant  l'Isère  au  milieu  des  gisements  d'anthra- 
cite situés  entre  Aime  et  Bellentre,  atteint  bientôt  la  vallée  de 
Bosel,  dans  laquelle  descend  le  granité  des  glaciers  de  Pezey  pour 
y  entourer  le  point  d'intersection  du  Irapézoédrique  TI  avec  le  dia- 
métral De,  représentant  du  système  des  Alpes  occidentales. 

Traversant  ensuite  la  montagne  de  la  Vanoise,  en  laissant  à  l'E. 
l'aiguille  du  même  nom ,  puis  les  montagnes  calcaires  qui  couron- 
nent à  l'O.-S.-O.  le  passage  du  mont  Génis,  il  descend  en  Piémont 
dans  la  vallée  de  la  Doire,  qu'il  traverse  entre  Exiles  et  Ghaumont. 

A  partir  de  la  Doire,  notre  cercle  chemine  sur  les  contre-forts 
du  versant  italien  des  Alpes  jusqu'au  point  de  croisement  déjà  cité 
au  S.-S.-O.  de  Coni,  où  il  coupe  simultanément  le  primitif  de  la 
Nouvelle-Zemble  et  Irapézoédrique  TIa,  représentant  du  système 
du  Morbihan.  Dans  l'intervalle,  il  est  parallèle  aux  principales 
crêtes  montagneuses,  à  la  direction  la  plus  habituelle  de  la  stra- 
tification, à  l'une  de  celles  suivant  lesquelles  s'alignent  les  masses 
éruptives  de  serpentine,  et  aux  grandes  failles  qui  ont  permis  au 
gneiss  du  mont  Viso  de  surgir  à  travers  le  terrain  jurassique  altéré. 
Il  laisse  à  neuf  ou  dix  kilomètres  vers  l'O.-S.-O.  cette  élégante 
montagne  qui  se  dessine  sous  des  traits  si  pittoresques  sur  l'ho- 
rizon de  Turin. 

Dans  d'autres  parties  des  Alpes,  où  la  stratification  suit  habi- 
tuellement une  direction  différente  de  la  sienne,  on  peut  remarquer 
le  parallélisme  de  notre  cercle  et  de  certains  traits  profondément 
marqués  de  la  structure  de  la  contrée.  Ainsi ,  comme  je  l'ai  déjà  dit , 
il  suit  la  vallée  du  Grand-Bornand  et  la  partie  de  la  vallée  de  l'Arve 
qui  y  fait  suite;  mais  en  outre  il  est  parallèle  à  la  vallée  de  l'Arve. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  281 

de  Sallenches  à  Cluses,  et  même,  quoique  un  peu  moins  exacte- 
ment, à  la  direction  générale  du  long  sillon  un  peu  sinueux  qui 
comprend,  de  Bourg-Saint-Maurice  à  Sallenches,  les  vallées  du 
Chapiu  et  de  Montjoie;  à  celle  d'une  partie  de  la  vallée  de  la 
Drance,  de  Morzine  à  Thonon;  à  celle  du  Rhône,  depuis  Martigny 
jusqu'au  lac  de  Genève,  direction  que  prolonge  celle  de  la  vallée 
de  la  Drance  d'Entremont-de-Saint-Pierre  à  Martigny;  à  celles  de 
plusieurs  tronçons  assez  étendus  de  la  haute  vallée  de  l'Isère,  etc. 

Au  delà  du  point  de  croisement  situé  au  S.-S.-O.  de  Goni,  notre 
cercle  coupe  la  crête  des  Alpes  Maritimes  un  peu  à  l'ouest  du  col 
de  Tende,  qui  se  trouve  compris  entre  les  deux  trapézoédriques  TI 
(mont  Viso)  et  T\a  (Morbihan),  puis,  rasant  l'extrémité  septen- 
trionale du  bassin  pliocène  allongé  de  Yentimiglia,  il  entre  dans 
la  Méditerranée  par  le  fond  du  petit  golfe  compris  entre  Bordi- 
ghera  et  San-Remo,  après  avoir  coupé  tout  près  de  la  côte  le  tra- 
pézoédrique TTbbc,  représentant  du  système  du  Sancerrois. 

Dans  la  Méditerranée,  le  trapézoédrique  TI  effleure  la  côte  S.-E. 
de  la  Corse,  dont  il  tronque  de  quelques  kilomètres  les  caps  les 
plus  saillants,  suivant  une  direction  parallèle  à  l'une  de  celles  que 
les  montagnes  dessinent  dans  l'intérieur  de  l'île.  11  coupe  Xhexaté- 
traédrique  UaTTa,  représentant  du  système  de  l'Erymanthe,  et  le 
point  d'intersection  tombe  exactement  à  la  porte  S.-E.  de  la  ville 
d'Ajaccio. 

Notre  cercle  pénètre  ensuite  en  Sardaigne,  près  du  cap  Monte- 
Fava,  traverse  cette  île  parallèlement  à  la  vallée  longitudinale  qui 
s'étend  obliquement  dans  sa  longueur  et  en  sort  par  le  cap  Bella- 
vista.  Plus  loin ,  il  va  raser  le  cap  Bon  (Hermœum  Promontoiium),  où  il 
passe  au  point  de  croisement  du  dodécaédrique  rhomboïdal,  axe  vol- 
canique de  la  Méditerranée  et  du  trapézoédrique  TDb  du  système 
des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne.  11  entre  enfin  un  peu  à  l'ouest 
de  Tripoli  dans  le  continent  africain ,  où  il  passe  au  point  I  voisin 
du  lac  Tsad  et  dont  il  sort  par  la  côte  S.-E.  de  la  Cafrerie,  un  peu 
au  nord  du  port  de  Natal. 


282  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Dans  la  direction  opposée,  le  même  cercle  côtoie  dans  toute  sa 
longueur  l'île  de  la  Grande-Bretagne,  en  rasant  la  côte  du  Norfolk 
et  en  coupant  les  extrémités  des  montagnes  de  l'Ecosse  dans  les 
granités  d'Aberdeen  et  dans  les  Paps  of  Jura.  Il  rase  à  l'O.  la  base 
sous-marine  des  îles  Fœroë,  et  traverse,  du  Reydar-Fiord  à  l'Axar- 
Fiord,  les  plateaux  trappéens  élevés  et  profondément  dentelés  qui 
forment  la  côte  N.-E.  de  l'Islande.  Il  en  détache  une  lisière  sur. 
laquelle  s'élèvent  le  Smjorfjal  et  d'autres  montagnes  considérables, 
et  d'où  se  projette  vers  le  N.-E.  la  longue  pointe  montueuse  du 
cap  Longanes1. 

Gagnant  ensuite,  à  travers  le  Groenland,  le  fond  de  la  baie  de 
Balfin,  il  atteint  le  point  T  de  l'île  Victoria  où  il  est  assujetti  à 
passer,  et  il  sort  de  l'Amérique  boréale  par  l'île  de  la  Reine  Char- 
lotte. 

Je  n'essayerai  pas  de  décrire  avec  plus  de  détail  son  cours  dans 
les  contrées  lointaines  et  peu  connues  où  on  peut  le  suivre  dans 
le  tracé  de  M.  Laugel,  et  je  me  borne  à  insister  sur  la  précision 
avec  laquelle  il  est  jalonné  depuis  la  côte  de  la  Belgique  jusqu'au 
cap  Bon  de  la  Régence  de  Tunis. 

Il  coïncide  à  très-peu  de  chose  près  avec  le  grand  cercle  de  com- 
paraison provisoire  du  système  du  mont  Viso.  Ce  dernier,  orienté 
au  mont  Viso  vers  le  N.  2 1°  3o'2,  va  couper  en  Afrique  le  cap 
Bon.  Le  trapézoédrique  TI  rase  la  pointe  du  cap  Bon  et  passe  dans  les 
Alpes  Piémontaises  à  9  ou  10  kilomètres  à  l'E.-N.-Ë.  du  mont  Viso; 
la  différence  de  position  est  insignifiante.  Quant  à  l'orientation,  le 
trapézoédrique  TI  coupe  le  dodécaédrique  rhomboïdal  de  l'Etna  (  axe 
volcanique  de  la  Méditerranée)  sous  un  angle  de  820  55'  1"  123. 
Pour  avoir  l'angle  qu'il  fait  avec  le  grand  cercle  employé  provi- 
soirement pour  représenter  le  système  des  Alpes  principales ,  il 
faut,  par  les  motifs  indiqués  dans  la  Notice  sur  les  sj/stnncs  de  mon- 
tagnes, diminuer  cet  angle  de  7'  5p/  et  le  réduire  à  8-j°  67'  a*  la. 

'  (laite  de  M.  de  Chaneomlois.  —  3  Notice,  p.  hvj.  —  3  Notice,  p.  icm/i. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  283 

Or,  d'après  le  tableau  de  la  page  856  de  la  Notice,  l'angle  mont 
Viso-Alpes  principales  est  de  8 1°  5  a'  34".  La  différence  est  de 
5'  3i"  88,  c'est-à-dire  complètement  négligeable. 

Le  réseau  pentagonal  fournit  donc,  avec  la  plus  remarquable 
précision,  dans  le  trapézoédrique  TI,  le  représentant  cherché  du  sys- 
tème du  mont  Viso. 

Quant  au  système  du  mont  Viso,  considéré  en  lui-même,  je  n'ai 
rien  à  ajouter  ici  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes,  p.  /uo,  et  ailleurs  (voir  la  table  de  l'ouvrage),  et 
dans  la  première  partie  de  ce  Rapport,  p.  7  et  9. 

Trapézoédrique  Tb  (système  de  la  Vendée). 

Le  cercle  inscrit  au  septième  rang  dans  le  tableau  des  i83  in- 
tersections est  le  trapézoédrique  Tb,  représentant  du  système  de  la 
Vendée. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  T  du  Pentagone  européen  qui 
tombe  sur  la  plate-forme  sous-marine  des  îles  Hébrides ,  près  de 
l'îlot  trappéen  de  Saint-Kilda,  et  par  le  point  b  qui  tombe  dans 
l'océan  Pacifique  au  nord  des  îles  Sandwich .  Il  a  pour  pôles  les 
intersections  du  dodécaédrique  rhomboîdal  et  du  bissecteur  DH,  aux- 
quels ces  points  T  et  b  appartiennent  comme  pôles.  Ces  intersec- 
tions, figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  se  trouvent,  l'une  dans 
les  Andes  de  la  Bolivie,  l'autre  dans  le  Cambodge. 

Le  trapézoédrique  Tb  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  septentrional.  Traversant  les  terrains  ju- 
rassiques, crétacés  et  tertiaires  des  comtés  méridionaux  de  l'An— 
gletere,  il  coupe  près  du  havre  de  Poole  le  primitif  du  Land's  End 
et  entre  dans  la  Manche  en  rasant  à  2  kilomètres  de  distance  les 
falaises  escarpées  de  Handfast-Point,  extrémité  orientale  de  l'île  de 
Purbeck,  formées  de  couches  crayeuses  redressées  presque  verti- 
calement. 

Au  delà  de  la  Manche,  il  coupe  en  un  même  point,  à  i3  kilo- 


28/»  RAPPORT  SUR  LUS  PROGRES 

mètres  au  N.-N.-O.  de  Barfleur,  le  trapézoédrique  Tk  du  système 
du  Morbihan  et  le  diamétral  Dac  du  système  des  Pays-Bas,  et  il  rase 
à  3  kilomètres  de  distance  la  côte  granitique  de  Barfleur  et  les 
îles  Saint-Marcouf. 

Il  serait  difficile  de  tracer  à  travers  la  Manche  une  ligne  plus 
intimement  en  rapport  avec  deux  des  principaux  accidents  de  ses 
côtes,  car  les  falaises  de  Handfast-Point  et  de  Barfleur  sont  exposées 
à  toute  la  fureur  des  vagues  qui  en  sapent  les  bases  et  les  font 
reculer  par  degrés,  et  si  des  2  ou  3  kilomètres  qui  les  séparent 
aujourd'hui  de  notre  cercle  on  retranchait  les  quantités  dont  elles 
ont  reculé  depuis  que  la  surface  du  globe  a  pris  son  assiette  ac- 
tuelle, il  resterait  probablement  fort  peu  chose. 

Le  trapézoédrique  Tb  entre  dans  le  département  du  Calvados  par 
le  port  de  Grand-Camp,  à  l'extrémité  des  roches  qui  limitent  l'em- 
bouchure de  la  Vire  et  au  pied  des  coteaux  de  Saint-Pierre-du-Mont. 
11  passe  ensuite  au  milieu  des  mines  de  houille  de  Littry.  Il  coupe 
près  de  Montchauvet  la  bande  de  terrain  silurien  qui  traverse  le  dé- 
partement du  Calvados  de  Falaise  à  Coutances,  et  son  intersection 
avec  le  trapézoédrique  TDb  du  système  du  Finistère  tombe  sur  la 
crête  silurienne  qui  domine  Mauchamps. 

Plus  loin,  il  touche  deux  petites  protubérances  granitiques  qui 
s'élèvent  au  milieu  des  schistes  antésiluriens,  et  il  en  effleure  une 
plus  large  qui  s'étend  à  l'ouest  vers  Tinchebray. 

Notre  cercle  traverse  ensuite  la  bande  silurienne  qui  s'étend 
d'Alençon  à  Mortain,  et  il  s'adapte  avec  une  précision  toute  par- 
ticulière aux  accidents  qu'elle  présente  un  peu  à  l'est  de  Dom- 
front.  Deux  protubérances  granitiques  s'y  élèvent,  orientées  l'une  el 
l'autre  de  l'E.-S.-E.  à  l'O.-S.-O.  mais  sans  être  dans  la  prolongation 
l'une  de  l'autre,  la  plus  orientale  se  trouvant  reculée  vers  le  sud. 
Elles  laissent  entre  elles  un  jour  tout  juste  assez  large  pour  que 
le  trapézoédrique  T6  puisse  y  passer  avec,  sa  direction  oblique.  H 
effleure  près  de  Montsecret  la  première  masse  granitique,  et  il  rase 
la  seconde  près  de  Juvigny. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  285 

Il  traverse  dans  l'intervalle  des  crêtes  siluriennes  assez  élevées 
('280  mètres)  et  orientées,  comme  c'est  l'ordinaire  dans  la  contrée, 
vers  l'O.-N.-O.;  cependant  ces  crêtes  laissent  voir  aussi  l'influence 
de  notre  cercle,  car  on  en  remarque  deux  à  h  kilomètres  dans  le 
N.-E.  qui  s'écartent  des  autres  pour  se  conformer  à  sa  direction. 
Tout  cela  était  gravé  sur  la  carte  géologique  générale  de  la  France 
quinze  ans  avant  qu'on  eût  même  songé  au  réseau  pentagonal. 

Plus  loin,  notre  cercle  effleure  l'angle  N.-E.  du  massif  grani- 
tique de  Lassay,  et,  après  avoir  coupé  perpendiculairement  près 
du  Ribay  le  bissecteur  DH  de  Belle-Ile,  il  traverse  le  massif  grani- 
tique de  Trans.  Il  y  est  suivi  presque  parallèlement  jusqu'à  Bays, 
à  3  kilomètres  dans  le  S.-E. ,  par  une  longue  pointe  de  gneiss,  dont 
l'invasion  dans  le  granité  paraîtrait  un  fait  singulier  si  notre  cercle 
n'en  fournissait  immédiatement  l'explication. 

Le  trapézoédrique  Tb  passe  ensuite  vers  l'extrémité  S.-O.  des  pe- 
tites montagnes  des  Goevrons,  où  il  coupe  la  masse  de  porphyre  de 
Rouessé,  et  il  sort  bientôt  après  des  terrains  schisteux  en  suivant 
l'axe  d'un  cap  que  forment  ces  terrains  au  milieu  des  dépôts  juras- 
siques, et  qui  se  termine  au  bourg  de  Loué,  où  notre  cercle  passe 
la  Veyre. 

Dans  l'extrémité  S.-O.  du  grand  bassin  secondaire  et  tertiaire 
du  nord  de  la  France ,  notre  cercle  passe  la  Loire  entre  Langeais 
et  Bourgueil,  un  peu  au-dessous  du  confluent  de  l'Indre,  rase  à 
U  kilomètres  de  distance  le  relèvement  jurassique  de  Richelieu  , 
touche  celui  qui  se  trouve  à  la  porte  occidentale  de  Châtellerault, 
passe  la  Vienne  au-dessus  de  cette  ville,  précisément  au  confluent 
du  Glain,  et,  après  avoir  longtemps  côtoyé  la  Vienne  et  rasé  le 
massif  isolé  de  gneiss  de  Moulisme,  au  S.-O.  de  Montmorillon,  il 
passe  du  lias  sur  le  gneiss  du  massif  central  de  la  France ,  un  peu 
à  l'est  de  l'île  Jourdain. 

Traversant  l'extrémité  S.-O.  du  grand  massif  central,  notre 
cercle  passe  à  la  montagne  granitique  proéminente  (Û92  mètres) 
de  Peyrelade,  l'un  des  signaux  de  la  chaîne  de  triangles  qui  relie 


286  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

la  tour  de  Cordouan  à  Fiume,  et  coupe  à  sa  base  méridionale  le 
primitif  du  Lisbonne.  Rasant  ensuite  ou  effleurant  légèrement  les 
contours  du  lambeau  jurassique  de  Saint-Victorien  et  des  protu- 
bérances de  granités  porphyroïdes  de  Cognac,  de  Flavignac  et  de 
Nexon,  il  coupe  entre  ces  deux  dernières  le  trapézoédrique  Te,  repré- 
sentant du  système  du  Hundsrùck.  Il  sort  enfin  des  granités  du 
Limousin  par  les  environs  de  Saint-Yrieix,  en  passant,  près  de 
Juillac,  au  milieu  des  petits  lambeaux  de  terrain  houiller  qui  font 
suite  à  celui  de  Brives,  et  en  rasant  une  protubérance  de  serpentine 
accompagnée  de  gîtes  plombifères  et  argentifères. 

Dans  le  bassin  de  grès  bigarré  de  Brives,  il  passe  la  Corrèze 
presque  exactement  à  son  confluent  avec  la  Vézère,  et,  s'étendanl 
sur  les  terrains  jurassiques  de  la  Dordogne  et  du  Lot,  il  va  couper 
près  de  Saint-Gels,  au  nord  de  Cajarc,  en  un  même  point  qui 
a  déjà  été  mentionné,  Yhexatétraédrique  Hbaab  de  Nontron  et  le 
trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd.  H  va  passer  en- 
suite à  Saint -Amans,  au  confluent  de  l'Aveyron  et  de  la  Viaur, 
localité  accidentée  et  remarquable  comme  étant  la  terminaison 
méridionale  des  granités  métallifères  des  environs  de  Villefranche 
et  de  Najac,  qui  se  perdent  immédiatement  après  sous  le  grès  bi- 
garré et  les  terrains  tertiaires. 

Cheminant  d'abord  sur  ces  terrains,  notre  cercle  passe  le  Tarn 
un  peu  au-dessous  d'Albi,  rencontre,  à  l'ouest  de  Réalmont,  la 
petite  protubérance  granitique  isolée  qui  se  mgntre  dans  le  lit  de 
la  rivière  d'Adou,  et,  passant  à  Castres,  il  va  couper  sur  la  crête 
des  montagnes  granitiques  de  Saint-Félix  Yhexatétraédrique  H«TT«. 

Il  passe  ensuite  l'Aude  à  Tresbes,  et,  après  avoir  coupé  sur  l'un 
des  points  culminants  des  Corbières,  au  S.-O.  de  la  Grasse,  le  bis- 
secteur DH  du  système  du  mont  Seny,  il  descend  vers  le  bassin 
des  Pyrénées-Orientales.  Il  rase  d'abord  dans  la  vallée  de  l'Agly  le 
pied  de  la  montagne  schisteuse  sur  laquelle  est  bâtie  la  Tour  de 
France ,  traverse  la  crête  abaissée  qui  rattache  aux  Pyrénées  le 
mont  Forceval ,  formé  de  granité ,  qui  s'élève  au  midi  d'Estagel , 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  287 

et,  passant  à  Millas,  il  côtoie  au  S.-O.  de  Thuir  le  bord  de  la  zone 
schisteuse  qui,  avec  une  direction  anomale  pour  la  contrée,  mais 
exactement  parallèle  à  celle  que  nous  poursuivons,  forme  de  ce 
côté  la  limite  des  montagnes  et  le  bord  du  bassin  de  Perpignan. 
Traversant  ensuite,  à  3  kilomètres  à  l'ouest  de  Bellegarde,  la  crête 
granitique  qui  forme  la  frontière,  il  se  retrouve  à  Gastillo,  sur  le 
versant  espagnol  des  Pyrénées,  dans  le  bord  oriental  d'un  lambeau 
de  roches  schisteuses.  Il  n'en  sort  qu'en  rencontrant  le  terrain 
crétacé  dans  le  flanc  droit  de  la  vallée  du  Llobregat,  après  avoir 
suivi,  depuis  la  Tour  de  France,  la  limite  orientale  de  la  zone  schis- 
teuse sur  une  longueur  de  5o  kilomètres,  ce  qui  constitue  une 
adaptation  des  plus  précises. 

Le  trapézoédrique  Tb  pénètre  ensuite  dans  la  Catalogne  en  pas- 
sant à  k  kilomètres  à  l'O.-S.-O.  de  Figuières,  et  il  entre  dans  la  Mé- 
diterranée par  le  golfe  de  Palamos.  Il  coupe  l'île  de  Minorque  et 
traverse  tout  le  continent  de  l'Afrique  parallèlement  à  plusieurs 
longues  sections,  presque  rectilignes  dans  leur  ensemble,  des  côtes 
qui  s'étendent  du  golfe  de  Guinée  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Du  côté  opposé,  le  même  cercle  traverse  les  Iles  Britanniques 
parallèlement,  à  peu  près,  à  l'axe  longitudinal  de  la  Grande- 
Bretagne,  de  Handfast-Point,  dans  l'île  de  Purbeck,  à  l'île  de 
North-Uist,  dans  les  Hébrides,  et  sir  Roderick  Murchison  a  cons- 
taté que  sa  direction  est  parallèle  à  celle  des  feuillets  du  gneiss 
ancien  qui  constitue  la  base  de  tous  les  terrains  de  l'Ecosse. 

11  traverse  l'Islande  par  le  milieu  du  Vatna  ou  Klofa  Jôkul ,  qui 
s'étend  du  Snaefell  au  Skaptar  Jôkul,  d'où  sortit  en  1783  la  cé- 
lèbre et  funeste  éruption  qui  ravagea  les  vallées  du  Hverfisfliot  et 
du  Skaptaa.  Pénétrant  jusqu'au  au  centre  de  l'île,  il  en  sort  par 
une  des  pointes  de  la  côte  septentrionale,  en  passant  entre  l'Eyja- 
fiord  et  l'Unadals  Jôkul,  dont  il  rase  presque  le  pied1. 

Traversant  ensuite  les  régions  arctiques,  il  passe  au  point  D  de 

1  Voir  les  cartes  déjà  citées  et  particulièrement  celle  de  M.  de  Chancourtois. 


288  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

l'Amérique  russe  et  se  dirige  vers  les  îles  Sandwich,  où  il  coupe 
l'île  de  Woahoo,  en  laissant  à  17  kilomètres  dans  l'O.-N.-O.  le 
port  d'Honolulu,  capitale  de  l'île  elle-même  et  de  tout  l'archipel. 

11  est  évident,  d'après  ces  remarques  rapides,  qu'une  monogra- 
phie complète  de  ce  cercle  ne  serait  pas  sans  intérêt,  mais  ce  qui 
précède  me  paraît  suffire  pour  montrer  qu'il  est  parfaitement  ins- 
tallé sur  les  accidents  de  lecorce  terrestre.  Les  repères  que  j'ai 
cités  d'après  la  carte  de  France,  Handfast-Point,  le  Ras  de  Bar- 
fleur,  les  pointes  granitiques  de  Mont-Secret  et  de  Juvigny,  la 
montagne  de  Peyrelade,  le  confluent  de  Saint-Amans,  le  granité 
de  Réalmont,  la  zone  schisteuse  des  Pyrénées  orientales  et  plusieurs 
autres,  en  fixent  nettement  la  position  et  le  placent  encore  parmi 
les  cercles  qu'on  ne  pourrait  déplacer,  même  d'une  très -petite 
quantité,  sans  leur  faire  perdre  les  prérogatives  dont  la  nature 
les  a  doués. 

Il  répond  très-bien  aussi  aux  conditions  que  doit  remplir  le  re- 
présentant du  système  de  la  Vendée. 

11  coupe  le  dodécaédrique  rhomboïdal  de  l'Etna  sous  un  angle  de 
38°  il'  2  5"  65  ouvert  au  IN.-O.  D'après  le  tableau  page  846  de  la 
Notice,  l'angle  Vendée-Alpes  principales,  qui  est  lui-même  tourné 
au  N.-O.,  est  de  88°  5A'  35";  mais,  comme  le  grand  cercle  de  com- 
paraison provisoire  qui  a  été  employé  dans  le  calcul  des  angles 
pour  le  système  des  Alpes  principales  s'écarte  du  dodécaédrique 
rhomboïdal  de  l'Etna  de  7'  5c/  vers  le  nord  de  l'ouest,  l'angle  dé- 
duit de  l'observation  doit  être  augmenté  d'environ  759"  pour  s'ap- 
pliquer au  dodécaédrique  rhomboïdal ,  ce  qui  le  ramène  à  890  2'  3/l". 
H  surpasse,  par  conséquent,  l'angle  théorique  de  o°  5i'  8"  35. 
M.  Rivière,  qui  a  fixé  la  direction  du  système  de  la  Vendée,  s'étanl 
borné  à  indiquer  en  termes  généraux  l'orientation  N.-N.-O.,  il  est 
évident  que  cette  différence  de  5i'  ne  sort  pas  dos  limites  d'incer- 
titude  que  comporte  cette  désignation  générale  *. 

1   Notice,  p.  1087-1089. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN   FRANGE.  289 

La  position  du  trapézoédrique  Tb  est  très-admissible  aussi.  Le 
grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  d'abord  pour  le  système 
de  la  Vendée  passait,  à  la  vérité,  à  Vannes,  mais,  depuis  surtout 
que  M.  Durocher  a  constaté  l'existence  du  système  de  la  Vendée  en 
Norwége,  cette  position  initiale  arbitraire  du  grand  cercle  de  com- 
paraison a  paru  à  l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes 
suspecte  d'être  trop  reculée  vers  l'ouest ]  :  il  a  pensé  que  le  représen- 
tant du  système  de  la  Vendée  dans  le  réseau  pentagonal  pourrait 
bien  passer  dans  les  parages  du  cap  Creus,  terminaison  orientale 
des  masses  de  roches  primitives  des  Pyrénées.  Il  l'a  cherché  d'abord 
parmi  les  cercles  du  réseau  qui  se  croisent  au  point  a,  près  de 
Minorque;  mais  il  n'y  a  pas  rencontré  $  auxiliaire  qui  répondît  d'une 
manière  satisfaisante  aux  conditions  de  la  question.  Il  a  alors  cher- 
ché parmi  les  trapézoédriques  qui  passent  au  point  T  près  des  îles 
Hébrides,  et  il  a. trouvé  ainsi  le  trapézoédrique  Tb,  dont  nous  venons 
de  constater  la  convenance  comme  représentant  du  système  de  la 
Vendée. 

Quant  au  système  de  la  Vendée  considéré  en  lui-même,  je  n'ai 
rien  à  ajouter  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  page  o,3  et  autres  (voir  la  table  de  l'ouvrage).  Le  système 
de  la  Vendée  est  jusqu'à  présent  le  plus  ancien  de  ceux  auxquels 
on  a  essayé  d'assigner  un  âge  relatif,  mais  nous  lui  avons  trouvé 
des  repères  précis  dans  des  terrains  très-divers,  tous  plus  récents 
que  l'origine  première  du  système,  même  dans  des  terrains  assez 
modernes  et  accidentés  nécessairement  plus  ou  moins  longtemps 
encore  après  leur  dépôt,  tels  que  Handfast-Point,  le  confluent  de 
la  Corrèze  et  de  la  Vézère,  etc.  Gela  confirme  de  nouveau  ce  qui  a 
déjà  été  dit  à  plusieurs  reprises  dans  ce  Rapport,  que  des  accidents 
récents  se  sont  très-fréquemment  surajoutés  à  des  systèmes  strati- 
graphiques  d'une  origine  très-ancienne. 

\olico  ,   p.    i  087. 

Slraligrapliio.  ly 


290  H  Al»  PORT  SUK  LES  PROGRÈS 


Primitif  de  TEtna  (système  du  Ténare). 


Le  système  qui,  d'après  son  orientation,  tait  suite  à  celui  de  la 
Vendée,  dans  l'ordre  tournant  que  nous  suivons,  est  le  système  du 
Ténare.  Mais  le  primitif  de  l'Etna,  représentant  de  ce  système,  ne 
traversant  ni  les  parages  de  la  Corse  ni  le  cadre  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France,  n'a  rien  fourni  au  tableau  des  1  83  inter- 
sections. Il  n'a  donc  pas  dû  y  être  inscrit,  et  je  n'ai  rien  à  ajouter 
ici  à  ce  que  j'ai  dit  précédemment  (p.  187)  au  sujet  du  primitif  de 
l'Etna,  ni  à  ce  qui  a  été  dit,  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  (le  mon- 
tagnes, relativement  au  système  du  Ténare. 

L'orientation  du  système  du  Ténare  diffère  très-peu,  dans  toute 
la  France,  de  celle  du  système  de  la  Vendée.  Les  grands  cercles  qui 
les  représentent  sont  l'un  et  l'autre  perpendiculaires  au  bissecteur 
DH  de  Belle-Ile,  qui  passe  un  peu  au  nord  de  Paris,  et,  pour  les 
points  situés  sur  ce  cercle,  les  deux  orientations  sont  rigoureuse- 
ment parallèles.  Pour  les  localités  situées  au  nord  de  ce  bissecteur,  les 
deux  cercles  convergent  vers  le  point  b  situé  au  nord  des  îles  Sand- 
wich ,  et,  par  conséquent,  le  trapézoédrique  Tb s'éloigne  un  peu  moins 
du  méridien  que  le  primitif  de  l'Etna;  mais,  pour  Paris  et  pour 
toute  la  partie  de  la  France  qui  est  au  sud  du  bissecteur,  les  deux 
cercles  convergent  vers  le  point  b,  antipode  du  premier,  qui  tombe 
dans  le  midi  de  l'Afrique,  et  le  trapézoédrique  Tb  s'éloigne  un  peu 
plus  du  méridien  que  le  primitif  de  l'Etna.  Gomme  c'est  là  le  cas 
qui  se  présente  dans  la  presque  totalité  de  la  France,  on  a  dû  con- 
sidérer le  premier  cercle  comme  venant  avant  le  second  dans  l'ordre 
des  orientations,  mais  il  est  certain  que,  dans  toute  la  France,  les 
deux  orientations  sont  très-peu  différentes,  et  ne  pourraient  être 
distinguées  pratiquement  dans  l'observation  de  la  direction  i\o* 
couches. 

Les  grands  cercles  de  comparaison  des  deux  systèmes  n'en  sont 
pas  moins  parfaitement  distincts.  Ils  son!  éloignés  sur  le  bissecteur 


DE  LA   STRATIGRAPHIE  E.\    FRANCE.  8iH 

de  Belle-Ile  de  7°53'  59",o3,  expression  de  l'angle  sous  lequel  ils 
se  coupent  au  point  b  situé  au  nord  des  îles  Sandwich.  Comme  ils 
sont  parfaitement  jalonnés  l'un  et  l'autre,  on  ne  peut  ni  aban- 
donner l'un  d'eux,  ni  les  remplacer  par  un  cercle  occupant  une 
position  moyenne  entre  les  deux.  Ils  jouent  dans  la  géologie  comme 
dans  l'orographie  des  rôles  complètement  indépendants. 

Quant  au  système  du  Ténare  considéré  en  lui-même,  je  n'ai  rien 
à  ajouter  à  ce  qui  en  a  été  dit  pages  586,  761,  1110  et  autres  de 
la  ISotice  sur  les  systèmes  de  montagnes  (voir  la  table  de  l'ouvrage).  Je 
dois  cependant  rappeler  les  aperçus  présentés  pages  27,  189,  192 
et  autres  du  présent  Rapport,  au  sujet  de  sa  contemporanéité  avec 
les  deux  autres  grands  systèmes  volcaniques. 

Diamétral  Dac  (système  du  Forez). 

Le  cercle  placé  au  huitième  rang  dans  le  tableau  des  i83  in- 
tersections est  le  diamétral  Dac,  adopté  comme  représentant  du  sys- 
tème du  Forez. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  D  de  l'Amérique  russe  et  au 
point  a  situé  dans  la  Méditerranée,  près  de  Minorque.  Il  a  pour 
pôles  les  intersections  des  deux  cercles  auxquels  ces  points  appar- 
tiennent comme  pôles,  c'est-à-dire  du  dodécaédrique  régulier  du 
Sénégal  et  de  la  Nouvelle -Guinée  et  d'un  bissecteur  IH.  Les  deux 
intersections  tombent  l'une  dans  le  Pérou,  au  IN.-E.  de  Jauja,  et 
l'autre  dans  le  Cambodge,  à  l'O.-N.-O.  de  Saigon. 

Le  diamétral  Dac  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de 
la  France  par  le  côté  septentrional.  11  coupe,  en  Angleterre,  la  par- 
tie orientale  du  comté  de  Kent,  et,  traversant  les  falaises  crayeuses 
qui  bordent  le  Pas-de-Calais,  il  y  pénètre  entre  le  port  de  Douvres 
et  le  cap  South-Foreland.  Il  coupe  le  primitif  du  Land's  End  à  la 
hauteur  du  cap  Gris-Nez,  qui  marque  l'entrée  du  détroit,  laisse 
le  cap  à  7  kilomètres  dans  l'E.-N.-E.,  et,  côtoyant  un  peu  oblique- 
ment la  côte  de  France,  aborde   la  terre   par   le   fort  du   mont 


292  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Couple,  entre  Boulogne  et  le  cap  Alprecli.  11  passe  au  bas  de  la 
plage  de  Boulogne,  à  peu  près  au  point  que  doivent  atteindre  pro- 
chainement les  jetées  prolongées. 

S'engageant  bientôt  après  dans  les  plaines  de  la  Picardie  for- 
mées de  terrains  crétacés  et  tertiaires,  il  y  coupe,  à  l'est  de  Nou- 
vion,  le  diamétral  Dac  du  système  des  Pays-Bas,  et  à  Oroer,  au  N.-E. 
de  Beauvais,  le  trapézoédrique  TDb  du  système  du  Finistère.  Tra- 
versant ensuite  l'extrémité  S.-E.  de  la  protubérance  allongée  du 
pays  de  Bray,  il  passe  l'Oise  à  Bruyères,  au-dessus  de  Beaumonl- 
sur-Oise,  et  va  couper,  au  sud  de  Belloy,  le  bissecteur  DH  de  Belle- 
Ile. 

Notre  cercle  s'approche  de  Paris  et  coupe  la  partie  orientale  du 
département  de  la  Seine  par  Villiers-le-Bel,  Noisy-le-Sec  et  Boissy- 
Saint-Léger,  en  passant  à  l'extrémité  N.-E.  du  bois  de  Vincennes, 
au-dessous  du  fort  de  Nogent-sur-Marne.  Il  laisse  les  tours  de 
Notre-Dame  à  moins  de  8  kilomètres  dans  l'O.-S.-O.  C'est  une  dis- 
tance peu  considérable  en  elle-même,  et  que  dans  les  contrées  loin- 
taines nous  avons  souvent  traitée  comme  presque  négligeable;  mais 
la  précision  des  adaptations  que  nous  avons  rencontrées  en  France, 
presque  à  chaque  pas,  nous  a  fait  resserrer  insensiblement  les 
limites  de  la  tolérance,  et  nous  nous  bornerons  à  dire  que  le  dia- 
métral Dac  passe  à  une  faible  distance  de  Paris. 

Poursuivant  son  cours  par  Lieusaint  sur  le  plateau  de  la  Brie,  il 
en  sort  par  la  pointe  du  cap  proéminent  autour  duquel  tourne  la 
Seine  au-dessous  de  Melun,  et,  passant,  sur  la  rive  opposée  du 
fleuve,  au  château  de  Vives-Eaux,  il  va  traverser  la  forêt  de  Fontai- 
nebleau. Il  laisse  à  un  kilomètre  et  demi  seulement  vers  l'E.  le  point 
d'émergence  de  la  Fontaine-Belle-Eau,  devenue,  dès  les  temps  mé- 
rovingiens, le  rendez-vous  de  chasse  des  souverains  de  la  Fiance, 
origine  première  du  palais  séculaire  et  de  la  ville  de  Fontainebleau. 

Après  avoir  traversé  le  reste  des  plaines  formées  de  terrains  ter- 
tiaires et  crétacés ,  notre  cercle,  avant  d'arriver  à  Donzy,  entre  sur  le 
terrain  jurassique,  où  il  coupe,  près  de  Beaumont-la-Ferrière,  dans 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  293 

la  vallée  de  la  Nièvre,  en  un  même  point  déjà  cité,  le  primitif  de 
Lisbonne  et  le  trapézoédriqueTla  du  système  du  Morbihan.  Plus  loin, 
rasant,  près  des  forges  de  Dray,  la  pointe  la  plus  avancée  vers 
10.  de  la  ceinture  des  marnes  irisées  qui  entoure  le  terrain  houiller 
de  la  Machine,  il  passe  la  Loire  au  coude  prononcé  qu'elle  forme 
à  quelques  kilomètres  au-dessous  de  Decize. 

C'est  là  que  commencent  à  se  manifester  les  rapports  de  notre 
cercle  avec  les  accidents  stratigraphiques  compliqués  de  ces  parties 
centrales  de  la  France. 

Au  delà  de  la  Loire,  au  milieu  des  forges,  entre  Neuville  et  Châ- 
tenay,  le  diamétral  Dac  rencontre  dans  la  plaine  tertiaire  une  légère 
protubérance  de  lias  présentant  deux  noyaux  granitiques.  L'un  de 
ces  noyaux  est  allongé  à  peu  près  du  N.-N.-O.  au  S.-S.-E.,  l'autre 
de  l'E.  à  10.  Notre  cercle  traverse  le  premier,  qui  est  situé  à  l'E. 
de  l'autre,  dans  le  sens  de  sa  longueur,  et,  à  son  extrémité  méridio- 
nale, il  coupe  aux  Bruyères,  près  de  Saint-Parèse-en-Viry,  en  un 
seul  et  même  point,  trois  autres  cercles  du  réseau,  le  trapézoédrique 
Tabc,  représentant  du  système  du  Longmynd,  le  trapézoédrique  Te, 
représentant  du  système  du  Hundsriick,  et  le  trapézoédrique  Tb, 
représentant  du  système  du  Tatra.  Ce  croisement  quadruple,  en 
tombant  avec  une  aussi  grande  précision  sur  l'étroit  piédestal  que  la 
nature  lui  avait  préparé,  présente  un  nouvel  et  frappant  exemple 
de  l'accord  qui,  sous  la  forme  de  hasards  heureux,  se  manifeste  si 
souvent  entre  le  réseau  pentagonal  et  l'ordonnance  des  accidents  de 
l'écorce  terrestre.  Ici  l'accord  profite  à  quatre  cercles  à  la  fois,  au 
nombre  desquels  se  trouve  celui  que  nous  poursuivons. 

Ce  dernier  continue  son  cours  sur  la  plaine  tertiaire  jusqu'au 
fond  du  golfe  qu'elle  forme  près  de  Lesepant,  dans  le  bord  des  mon- 
tagnes du  Forez;  mais,  depuis  le  bourg  de  Jaligny,  près  duquel  il 
coupe  le  diamétral  Dac,  représentant  du  système  de  la  Côte-d'Or, 
notre  cercle  côtoie,  à  1  ou  2  kilomètres  de  distance,  une  petite  ri- 
vière, la  Besbre,  qui  passe  à  la  Palisse.  Cette  rivière  coule  précisé- 
ment au  bord  de  la  pointe  montueuse  qui  prolonge  les  montagnes 


29â  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

du  Forez  jusqu'à  Moncombroux  et  Vaumas,  c'est-à-dire  jusqu'au 
cercle  de  la  Côte-d'Or. 

Au-dessus  de  la  Palisse  et  de  Lesepant,  le  diamétral  Dac  côtoie 
encore,  jusqu'à  sa  source  près  de  Saint-Priest,  le  cours  de  la  Besbre, 
qui,  rectiligne  dans  son  ensemble,  malgré  une  foule  de  petits 
méandres,  représente  très-exactement  la  direction  générale  du  sys- 
tème du  Forez.  De  Saint-Priest  à  Noirétable  notre  cercle  trouve 
cette  direction  exprimée  plus  nettement  encore  par  la  ligne  sépa- 
rative  du  porphyre  quartzifère  et  du  granité  porphyroïde  à  gros 
grains,  ligne  à  laquelle  il  se  superpose  rigoureusement. 

Laissant  à  l'O.,  à  3  ou  h  kilomètres  de  distance,  les  deux  cimes 
les  plus  élevées  des  montagnes  du  Forez,  le  Puy  de  Montoncelle 
(1,286  mètres)  et  la  montagne  de  Pierre-sur-Autre  (  1 ,632  mètres) , 
notre  cercle  continue  son  cours  au  milieu  des  crêtes  culminantes 
de  la  contrée  jusqu'à  la  vallée  de  la  Loire,  qu'il  traverse  dans  l'une 
de  ses  courbes  les  plus  prononcées  et  les  plus  profondément  en- 
caissées, près  du  village  de  Retournas. 

Plus  loin,  dans  le  département  delà  Haute-Loire,  il  effleure  l'ex- 
trémité N.-E.  du  bassin  tertiaire  du  Puy,  et,  cheminant  au  milieu 
des  trachytes ,  des  phonolithes,  des  basaltes,  il  côtoie,  à  une  très- 
petite  distance,  le  pied  occidental  de  l'arête  qui  forme  la  ligne  de 
partage  des  eaux  entre  la  Loire  et  le  Rhône,  arête  sur  laquelle  s'é- 
lèvent, entre  autres,  la  montagne  trachytique  du  Mézenc,  haute  de 
1,77/i  mètres,  et  le  dôme  de  phonolithe  du  Gerbier-des-Joncs, 
où  la  Loire  prend  sa  source,  et  qui  a  lui-même  1,662  mètres. 

Laissant  à  un  kilomètre  à  l'E.-N.-E.  le  village  de  Sainte-Eulalie, 
bien  connu  des  explorateurs  de  ce  canton  classique  pour  l'étude 
des 'roches  volcaniques,  notre  cercle  coupe,  au  pied  oriental  de  la 
montagne  granitique  de  la  Baricaude,  au  S.-S.-O.  de  Sagnes,  le  bis- 
secteur DH,  représentant  du  système  du  mont  Seny,  qui  lui-même 
s'adapte  avec  beaucoup  de  bonheur  à  l'orographie  de  la  contrée. 

Le  diamétral  Dac  pénètre  ensuite  dans  les  vallées  pittoresques  du 
département  de  l'Ardèche.  Laissant  ;i  9  kilomètres  à  1E.-S.-E.  les 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  2i)5 

petites  villes  de  Thueys  et  de  Montpezat,  il  coupe  les  colonnades 
basaltiques  si  souvent  dessinées  de  Montpezat  et  du  Pont-de-la- 
Beaume,  et  il  sort  de  la  région  volcanique  par  la  coupe  de  Jaujac, 
l'un  des  plus  élégants  cratères  éteints  de  la  France  centrale  et  le 
plus  avancé  de  tous  vers  le  S.-S.-E.;  puis  il  traverse  le  bourg  même 
de  Jaujac,  bâti  sur  la  surface  d'un  petit  bassin  bouiller. 

Il  passe,  au  sortir  des  granités,  à  la  ville  de  Largentière,  et 
bientôt  après  il  coupe  l'Ardèche  au  port  d'Ardèche,  au-dessous  de 
Ruons,  à  l'entrée  des  défilés  sinueux  et  profondément  encaissés  où 
un  double  confluent  lui  amène  les  eaux  de  la  rivière  de  la  Beaume 
et  de  la  rivière  de  Chassezac;  partie  la  plus  fortement  caractérisée 
de  tout  le  cours  de  l'Ardèche,  qui  est  cependant  si  accidenté. 

Dans  le  département  du  Gard,  notre  cercle  s'adapte  aussi  aux 
courbures  et  au  confluent  de  la  Cèze,  de  l'Aiguillon,  de  laDovègue, 
du  Gardon,  et  il  laisse  le  pont  du  Gard  à  2  kilomètres  à  l'E.-N.-E. 
Dans  les  plaines  caillouteuses  que  les  courants  diluviens  ont  laissées 
près  des  bords  du  Rhône,  il  rase  à  l'O.,  avec  une  remarquable  pré- 
cision, la  proéminence  crétacée  couronnée  de  tertres  tertiaires  sur 
le  flanc  oriental  de  laquelle  s'appuie  Beaucaire,  en  face  de  Tarascon. 

Plus  loin,  passant  au  point  de  diramation  des  deux  bras  du  Rhône 
qui  entourent  la  Camargue,  il  suit  le  grand  Rhône  jusqu'à  Arles, 
où  il  le  traverse  obliquement,  en  coupant  le  pont  d'Arles,  et  en  ra- 
sant le  pied  de  la  proéminence  du  terrain  crétacé  inférieur  sur 
laquelle  s'appuient  cette  ville  antique  et  son  amphithéâtre  romain. 

Passant  une  dernière  fois  le  Rhône ,  notre  cercle  entre  dans  la 
Camargue,  où  il  coupe  Yhexalétraédrique  HaTTa,  et  il  sort  du  conti- 
nent par  la  saillie  extrême  du  Delta ,  pour  aller  dans  la  Méditerranée 
couper  en  deux  points  voisins,  mais  distincts,  le  trapézoédriquc  TTbbc 
du  système  du  Sancerrois  et  le  diamétral  De  du  système  des  Alpes  occi- 
dentales. Les  intersections  des  trois  cercles,  calculées  correctement, 
forment  un  petit  triangle,  de  quelques  kilomètres  seulement  de  côté, 
dont  je  signale  l'existence,  parce  qu'il  ne  s'en  est  pas  trouvé  d'autre 
exemple  dans  le  réseau  qui  couvre  la  carte  de  France.  Partout  ailleurs, 


2%  RAPPORT  S Uli  LES  PROGRÈS 

lorsque  les  intersections  se  sont: fortement  rapprochées,  elles  se  sont 
confondues  en  un  seul  et  même  point;  et  l'on  voit  par  là  que  les 
intersections  avaient  besoin  d'être  calculées  avec  soin,  sans  quoi 
on  aurait  pu  prendre  le  petit  triangle  actuel  pour  un  point. 

Au  delà  de  la  Méditerranée,  le  diamétral  Dac  pénètre  en  Algérie 
en  coupant  les  roches  anciennes  du  Djebel-Guerbès,  près  du  cap 
Filfela,  et,  comme  on  peut  le  voir  sur  le  tracé  de  M.  Laugel,  il 
traverse  l'Afrique  dans  toute  sa  longueur  pour  en  sortir  par  la  cote 
méridionale  de  la  colonie  du  Gap. 

Du  côté  opposé,  entrant  en  Angleterre  par  les  collines  crayeuses 
de  Douvres,  notre  cercle  suit  les  côtes  de  la  Grande-Bretagne,  dont 
il  coupe  toutes  les  saillies,  à  l'exception  de  la  pointe  de  Gaethness, 
qu'il  ne  fait  que  raser,  et  il  va  raser  plus  loin  encore  l'archipel  des 
îles  Fœroë ,  en  suivant  à  peu  près  la  direction  suivant  laquelle  s'al- 
longent les  principales  îles  qui  le  composent.  Traversant  ensuite 
les  terres  arctiques  pour  atteindre  le  point  D  de  l'Amérique  russe, 
où  il  est  assujetti  à  passer,  il  prolonge  son  cours  dans  l'océan  Paci- 
fique, où  il  coupe  l'île  Oneeheow,  qu'on  peut  considérer  comme 
la  plus  occidentale  de  l'archipel  des  îles  Sandwich,  car  plus  loin 
vers  l'ouest  on  ne  trouve  plus  que  des  îlots.  On  voit  que  l'archi- 
pel volcanique  des  îles  Sandwich  s'est  trouvé  quatre  fois  sous  la 
direction  des  cercles  que  nous  avons  étudiés  :  le  primitif  de  l'Etna 
passe  au  Mouna-Roa,  dans  l'île  Hawaii;  un  bissecteur  III  (p.  199) 
passe,  suivant  une  habitude  qui  lui  est  propre,  par  le  canal  qui 
sépare  l'île  Atooi  de  l'île  Woahoo;  le  trapézoédrique  Tb  du  système 
de  la  Vendée  coupe  l'île  Woahoo  (p.  288),  et  enfin  le  diamétral  Dac 
du  système  du  Forez  coupe  Oneeheow, 

Appuyé  avec  une  grande  précision  sur  des  repères  bien  déter- 
minés, ce  grand  cercle  forme  une  des  lignes  géographiques  de  l'Eu- 
rope, et  d'après  son  orientation  il  paraît  très-propre  à  représenter  le 
système  du  Forez.  11  forme,  en  effet,  avec  le  êodécaédrique  rhomboH*l 
de  l'Etna,  un  angle  de  88" a8' a**, 7 h  tourné  \<ms  le  M.-E.1  L'angle 

'  Notice,  p.  io83. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN    FRANCE.  297 

Forez-Alpes  principales  est,  d'après  le  tableau  de  la  page  8^17  de  la 
Notice,  de  8 70 3 9'  2 2";  mais,  comme  le  grand  cercle  de  comparaison 
du  système  des  Alpes  principales,  tel  qu'il  a  été  employé  dans  la 
construction  des  tableaux,  s'éloigne  de  7' 5 9"  du  dodécaédrique  rhom- 
boïdal  de  l'Etna,  l'angle  du  tableau  doit  être  diminué  d'environ 
7'59"  et  réduit  à  87°3i'23".  La  différence  avec  l'angle  théorique, 
qui  est  tourné  dans  le  même  sens,  est  de  o° 56' 59", 7/1.  Si  l'on  se 
reporte  à  la  manière  dont  a  été  déterminée  l'orientation  du  système 
du  Forez  (page  2  58  de  la  Notice),  rapportée  en  nombres  ronds  par 
M.  Grunen  à  onze  heures  de  la  boussole,  on  verra  que  cette  diffé- 
rence ne  peut  être  regardée  comme  considérable. 

Trapézoédrique  TDb  du  cap  Bon  (Hermaeum  Promontorium) 
(système  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne). 

Le  cercle  placé  au  neuvième  rang  dans  le  tableau  des  1 83  in- 
tersections est  le  trapézoédrique  TDb,  représentant  du  système  des 
îles  de  Corse  et  de  Sardaigne. 

Il  figure  dans  le  tableau  à  cause  des  intersections  qu'il  forme, 
dans  les  parages  de  la  Corse ,  avec  plusieurs  des  cercles  du  réseau 
qui  traversent  cette  île  ou  la  France  elle-même.  Mais,  toutes  ces  in- 
tersections tombant  en  dehors  du  cadre  accessoire  qui  renferme  la 
Corse,  le  cercle  n'a  pu  y  être  tracé.  Les  points  calculés  ont  servi 
à  le  construire  sur  les  cartes  de  la  mer  Tyrrhénienne,  ainsi  qu'on 
l'a  vu  dans  la  monographie  de  ce  cercle  donnée  précédemment 
(p.  212).  Je  n'ai  rien  à  ajouter  ici  à  cette  monographie;  seulement 
je  vais  examiner  jusqu'à  quel  point  notre  trapézoédrique  fournit  un 
représentant  convenable  pour  le  système  des  îles  de  Corse  et  de 
Sardaigne. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  ce  système 
est  le  méridien  même  du  cap  Corse  l. 

1  Notice,  p.  479. 


298  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ce  méridien  passe  à  une  assez  petite  distance  du  point  D,  centre 
du  pentagone  européen ,  placé  près  de  Remda,  en  Saxe,  pour  qu'il 
soit  naturel  de  chercher,  parmi  les  cercles  du  réseau  qui  passent 
en  ce  point,  le  représentant  du  système  des  îles  de  Corse  et  de 
Sardaigne. 

Le  trapézoédrique  TDb,  mené  du  point  D  à  un  point  b  qui  tombe 
dans  le  Bénin,  au  fond  du  golfe  de  Guinée,  sur  le  bord  septentrio- 
nal du  massif  montueux  d'Àmboser,  fait  avec  le  grand  cercle  de 
comparaison  du  système  du  Ténare,  vers  le  sud,  un  angle  de 
i3036'/i9",77.  D'après  le  tableau  de  la  page  8/i8  de  la  Notice, 
l'angle  Ténare-Corse  et  Sardaigne,  qui  est  tourné  du  même  côté, 
est  de  i/i°38'i8".  La  différence  est  de  i°i'a8",23. 

On  a  cru  pouvoir  faire  abstraction  de  cette  différence;  l'auteur 
avait  pris,  pour  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système 
des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  le  méridien  du  cap  Corse,  parce 
que  le  trait  le  plus  frappant  et  le  plus  caractéristique  de  l'ensemble 
de  la  structure  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne  est  leur  parallé- 
lisme avec  le  méridien.  Mais  ce  caractère  n'a  pas  en  lui-même  assez 
de  précision  pour  qu'il  soit  possible  de  dire  si  elles  sont  parallèles 
plutôt  au  méridien  du  cap  Corse  qu'à  un  méridien  situé  à  environ 
un  degré  et  demi  plus  à  l'est,  lequel  donnerait  exactement  l'angle 
que  nous  venons  de  trouver.  On  peut  donc  regarder  le  diamétral  TDb 
comme  représentant  d'une  manière  satisfaisante  la  direction  du  sys- 
tème des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne. 

La  monographie  de  ce  cercle  donnée  ci-dessus  (p.  212)  a  montré 
qu'il  est  très-bien  installé  sur  les  accidents  orographiques  et  géo- 
logiques de  Técorce  terrestre.  Tout  remarquable  qu'est  en  lui-même 
l'axe  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  s'il  était  prolongé  au  nord 
et  au  sud,  il  serait  moins  heureux  dans  ses  rencontres;  car  le  groupe 
des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne  se  fait  remarquer  surtout  par  son 
isolement  et  son  indépendance  au  milieu  de  tout  ce  qui  l'entoure. 
Le  trapézoédrique  TD6  élude  cette  difficulté  avec  une  Borte  d'adresse, 
qui,  comme  on  l'a  déjà  \u  plusieurs  fois,  esl  sonvcni  l'apanage  ci  le 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         299 

caractère  des  cercles  du  réseau  pentagonal.  Je  crois  qu'il  représente 
très-bien  le  système  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne. 

Le  groupe  si  remarquable  de  ces  îles  forme  dans  l'ensemble  du 
système  un  chaînon  parallèle  au  grand  cercle  de  comparaison,  mais 
placé  à  quelque  distance  de  lui,  phénomène  très-fréquent  et  dont 
les  Pyrénées  offrent  un  exemple  déjà  signalé. 

Quant  au  système  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  considéré 
en  lui-même,  quant  à  sa  composition,  à  son  âge  relatif,  je  n'ai  rien 
à  ajouter  ici  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  pages  ^68,  1071  et  autres  (voir  la  table  de  l'ouvrage), 
et  dans  la  première  partie  du  présent  Rapport  (p.  9). 

Octaédrique  de  Mulehacen. 

Le  cercle  placé  au  dixième  rang  dans  le  tableau  des  i83  inter- 
sections est  Yoctaédrique  de  Mulehacen. 

Ce  cercle  ne  traverse  la  carte  géologique  de  la  France  que  dans  les 
parties  voisines  du  côté  occidental  du  cadre.  Il  tombe  en  entier  dans 
l'espace  consacré  à  l'océan  Atlantique  ou  dans  celui  où  pourraient 
se  trouver  les  parties  de  l'Espagne  que  la  nécessité  de  réserver  une 
place  aux  légendes  a  empêché  de  figurer.  Ses  points  d'intersection 
avec  les  autres  cercles  du  réseau  pentagonal  ont  cependant  été  cal- 
culés et  construits  sur  la  carte.  Ils  ont  servi  à  tracer  le  cercle  lui- 
même  et  ceux  qui  le  coupent;  mais  cette  construction  n'a  conduit  à 
aucune  remarque  susceptible  d'être  ajoutée  à  la  monographie  de 
Yoctaédrique  de  Mulehacen  donnée  ci-dessus  (p.  1 16).  Je  dirai  seule- 
ment qu'on  n'a  pas  encore  signalé  de  système  de  montagnes  au- 
quel ce  cercle  puisse  servir  de  grand  cercle  de  comparaison,  et  que, 
jusqu'à  nouvel  ordre,  il  parait  n'avoir  été  jalonné  sur  la  surface  du 
globe  que  par  l'influence  de  la  symétrie. 


300  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Hcxatétraédrique  Uaa. 

Ce  cercle  passe  au  point  a  de  la  Norvvége  et  au  pointa  voisin  de 
Minorque,  et,  par  suite,  au  point  H  situé  dans  l'océan  Atlantique 
austral,  au  sud-ouest  du  cap  de  Bonne-Espérance,  et  au  point  II 
situé  dans  l'océan  Pacifique,  au  sud  des  îles  Aloutiennes.  Il  est  per- 
pendiculaire au  primitif  an  Land's  End,  et  il  a  pour  pôles  les  deux 
intersections  de  ce  primitif  avec  les  bissecteurs  IH,  auxquels  les 
deux  points  a  appartiennent  comme  pôles.  Ces  deux  intersections, 
figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugei ,  tombent  l'une  au  sud-ouest 
de  Sumatra,  un  peu  au  midi  de  l'équateur,  et  l'autre  un  peu  au 
nord  de  l'équateur,  à  l'est  des  îles  Galapagos. 

Uheocatétraédrique  Waa  pénètre  dans  le  cadre  de  la  carte  géolo- 
gique de  la  France  par  le  côté  septentrional,  et  il  atteint  presque  im- 
médiatement la  Meuse ,  qu'il  traverse  entre  Maaseyk  et  Ruremonde. 
Sur  sa  rive  droite,  au  sortir  de  la  Gampine ,  il  coupe  la  vallée  de  Heer- 
len ,  au  point  où  il  est  coupé  perpendiculairement  par  le  primitif 
du  Land's  End  et  près  de  celui  où  disparaissent,  dans  les  flancs  de 
la  vallée,  les  assises  des  terrains  crétacés  inférieurs  des  environs 
d'Aix-la-Chapelle  et  de  Macstricht.  Il  passe  ensuite  à  Galoppe,  à 
Verviers  et  à  Spa;  un  peu  au  nord  de  Spa,  il  coupe  le  diamétral 
Dac  du  système  des  Pays-Bas,  dans  une  contrée  enveloppée  encore 
dans  les  accidents  de  stratification  qui  se  rattachent  à  ce  dernier 
système. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  les  parties  culminantes  de  l'Ar- 
denne,  il  laisse  à  lest  Stavelot  et  Vicl-Salm,  à  3  kilomètres,  et  il 
coupe,  à  G  kilomètres  à  l'est  de  Houflalize,  le  trapézoéênque  TDA  du 
système  du  Finistère. 

Bientôt  après,  au  point  de  partage  des  eaux  entre  la  Sure  el 
FÂttert,  il  coupe  en  un  même  point  le  bissecteur  DM  de  Belle-Ile  el 
le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd. 

Sortant  alors  de  l'Ardenne,  il  parcourt  les  terrains  jurassiques 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  301 

du  Luxembourg  et  de  la  Lorraine,  où  il  coupe,  près  de  sa  pointe,  le 
large  promontoire  oolithique  sur  lequel  s'élève  la  place  de  Longvvy. 
Sans  sortir  de  l'oolithe  inférieure,  il  coupe  la  rivière  d'Ornes  à  moins 
de  1  kilomètre  à  l'ouest  du  bourg  de  Conflans-en-Jarnisy ,  ainsi 
nommé  à  cause  du  confluent  de  plusieurs  cours  d'eau;  il  coupe 
aussi  la  rivière  du  Ru  de  Math  près  d'un  confluent  du  même  genre, 
au-dessus  de  Thiaucourt,  et  il  rase  la  ligne  terminale  des  coteaux 
coralliens.  Il  laisse  seulement  à  l'est  les  deux  tertres  isolés  de  la  côte 
Banfie  et  du  mont  Saint-Michel,  qui  dominent  d'une  manière  pitto- 
resque la  ville  de  Toul  et  le  cours  de  la  Moselle,  dont  les  eaux  se 
replient  vers  Frouard ,  en  évitant  de  toucher  notre  cercle. 

Plus  loin,  ce  même  cercle  coupe,  au  sud-est  de  Colombey,  iepri- 
mitif  de  Lisbonne.  11  passe,  à  l'est  de  Neufchâteau ,  au  confluent  de 
la  Y  raine  et  de  la  Vair;  puis,  effleurant  les  coteaux  de  Ghâtenois  et 
de  Crainvilliers,  il  laisse  Contrexéville  à  5  kilomètres  à  l'est.  Il 
parcourt  dans  sa  longueur  le  plateau  de  muschelkalk  où  s'élèvent 
le  mont  Heuillon  et  d'autres  collines  isolées,  et  coupe,  à  Fresnes-sur- 
Apances,  dans  un  confluent,  la  rivière  qui  descend  de  Bourbonne- 
les-Bains,  dont  il  laisse  les  sources  thermales  à  6  kilomètres  dans 
l'ouest.  Il  atteint  enfin  les  coteaux  jurassiques  de  Noroy-lès-Jussey, 
où  il  coupe  en  un  même  point,  à  Saint-Marcel,  le  diamétral  \)ac 
du  système  de  la  Côte-d'Or  et  le  trapézoédrique  Te  du  système  du 
Hundsrùck. 

Dans  cette  partie  de  son  cours ,  notre  cercle  est  très-heureuse- 
ment placé,  car  on  peut  dire  qu'il  trace  à  peu  près  la  limite  entre 
les  Vosges  et  la  Côte-d'Or. 

Traversant  ensuite  les  collines  de  la  Haute-Saône,  l' hexatétraé- 
drique  Uaa  va  passer  le  Doubs  un  peu  à  l'ouest  des  grottes  d'Oisselle, 
et  entre  dans  le  Jura,  où  il  coupe,  en  un  même  point  déjà  cité, 
près  d'Aiglepierre,  au  pied  du  mont  Poupet,  le  trapézoédrique  TI  du 
système  du  mont  Viso  et  le  trapézoédrique  Tb  du  système  du  Tatra. 
Dans  l'intervalle  entre  le  Doubs  et  le  mont  Poupet,  il  est  à  peu  près 
parallèle  à  quelques-unes  des  failles  et  des  crêtes  qui  accidentent 


;{();>  Il  APPORT  SUI1  LES  PROGRES 

le  bord  du  Jura,  et  il  traverse  la  vallée  de  la  Loue  à  Port-Losiiev. 
au  sommet  de  l'une  de  ses  courbures  les  plus  prononcées. 

A  partir  du  croisement  d'Aiglepierre,  notre  cercle  traverse  obli- 
quement le  Jura,  pour  en  sortir  précisément  par  le  bourg  de 
Ghatillon-dc-Michaille,  bâti  près  du  confluent  de  la  Semine  et  de  la 
Yalserine ,  après  avoir  coupé ,  à  un  kilomètre  à  l'ouest  du  Bouchoux , 
le  bissecteur  DH  du  système  du  mont  Seny.  Dans  ce  trajet,  il  coupe 
l'Ain  au-dessus  de  Pont-du-Navois,  près  du  point  où  son  cours  s'in- 
fléchit brusquement  vers  le  sud,  et  de  là  à  Châtillon-de-Michaille  il 
rencontre  une  série  de  profondes  anfractuosités ,  qui  dérangent  la 
stratification  générale  et  qui  s'adaptent  fréquemment  à  sa  direction, 
telles  que  la  gorge  de  Lison,  qui  tombe  dans  la  Bienne  à  k  kilo- 
mètres à  l'ouest  de  Saint-Claude.  H  passe  aussi  à  la  crête  aiguë,  di- 
rigée à  peu  près  du  nord  au  sud,  de  la  montagne  de  Chalame,  à 
l'ouest  de  Ghampfromier. 

Notre  cercle  côtoie  ensuite  la  Valserine  et  le  Rhône,  en  suivant  le 
pied  de  la  chaîne  du  Colombier  de  Seyssel,  l'une  des  plus  considé- 
rables du  Jura  méridional.  La  chaîne  et  la  vallée  sont  composées 
de  tronçons  dirigés  approximativement  du  nord  au  sud,  direction 
qui  est  à  peu  près  celle  de  notre  cercle.  L'ajustage  des  différents 
tronçons  donne  lieu  à  quelques  légères  sinuosités,  par  l'effet  des- 
quelles le  cercle  coupe  obliquement  le  Rhône.  Il  en  suit  la  rive 
gauche  à  l'endroit  où  le  fleuve  reçoit  les  eaux  du  lac  du  Bourget 
par  le  canal  de  Savière,  dont  le  cours  est  maintenu  par  des  protu- 
bérances de  roches  jurassiques  moutonnées.  C'est  là  un  nouvel 
exemple,  et  des  plus  remarquables,  de  la  tendance  des  cercles  du 
réseau,  et  de  notre  cercle  actuel  en  particulier,  à  passer  parles  con- 
fluents des  rivières. 

Ce  même  cercle  côtoie  ensuite  le  Mont-du-Chat,  du  côté  opposé 
au  lac  du  Bourget,  coupe  le  petit  lac  d'Aiguebellette  et  arrive  près 
des  Echelles,  au  point  déjà  cité,  où  il  coupe  simultanément  le  tra- 
pézoédrifjue  T\a  du  système  du  Morbihan  et  le  trapézoédnque  TTbbc 
de  l'Hécla. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         303 

Au  delà  du  point  de  croisement,  X hexatétraédvique  Dac  traverse 
les  montagnes  de  la  Grande-Chartreuse,  en  laissant  le  monastère  à 
1  kilomètre  à  l'est,  et,  de  même  que  les  deux  autres  cercles,  il  évite 
les  cimes  principales  et  passe  dans  leurs  intervalles.  Puis  il  coupe 
la  vallée  de  l'Isère ,  en  laissant  à  moins  d'un  kilomètre  à  l'est  Meylan 
et  Gières,  et,  au*  delà  des  coteaux  subalpins,  il  rencontre  la  ville  de 
Vizille,  bâtie  à  l'extrémité  même  de  la  chaîne  primitive  de  Belle- 
done,  près  de  l'issue  des  gorges  profondes  par  lesquelles  les  eaux 
de  la  Romanche  descendent  de  l'Oisans. 

Du  pont  de  la  Romanche,  appuyé  sur  un  petit  relèvement  des 
roches  primitives,  notre  cercle  se  dirige  vers  le  Drac,  qu'il  passe  à 
1  kilomètre  au-dessous  du  pont  de  Gognet,  appuyé  lui-même  sur 
une  masse  éruptive  de  variolithe  du  Drac.  Dans  l'intervalle  des  deux 
rivières,  le  cercle  suit  le  bord  occidental  de  la  haute  vallée  dirigée  du 
nord  au  sud,  dans  laquelle  se  trouvent  les  petits  lacs  de  Laffrey, 
de  la  Fayolle  et  de  Pierre-Châtel ,  et  que  suivent  plus  loin  les  eaux 
d'un  ruisseau  qui  se  jette  dans  le  Drac  à  Cognet.  Il  passe  à  deux 
petites  protubérances  de  roches  primitives,  auxquelles  se  rattachent 
probablement  l'origine  même  de  cette  vallée  remarquable  et  le 
relèvement  des  couches  d'anthracite  exploitées  aux  environs,  dans 
plusieurs  communes  du  canton  de  la  Mure  et  notamment  au  Pey- 
chagnard,  couches  sur  lesquelles  reposent  en  stratification  discor- 
dante les  assises  du  lias  moyen  à  gryphœa  cymbium.  Il  y  a  là,  dans 
l'étendue  de  20  kilomètres,  tout  un  petit  système  stratigraphique 
dont  un  modèle  en  relief  serait  instructif  pour  les  élèves,  dans  un 
cours,  et  dont  notre  cercle  forme  l'axe  avec  une  précision  surpre- 
nante. 

Après  avoir  passé  le  Drac,  à  1  kilomètre  au-dessous  du  pont 
de  Cognet,  Y heœatétraédrique  Raa  traverse,  dans  les  collines  voisines 
de  Mens,  les  marnes  à  possidonies  du  lias  supérieur,  et  va  effleurer, 
à  l'est  de  Lus-de-îa-Croix-Haute,  et  près  de  l'ancienne  Chartreuse 
de  Durbon ,  les  magnifiques  escarpements  des  montagnes  du  Dé- 
voluy,  formés  par  les  couches  coupées  à  pic  du  terrain  crétacé  in- 


304  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

férieur  et  couronnées  par  la  cim<>  de  l'OInous,  qu'on  aperçoit  de 
Toulon. 

Plus  loin,  il  suit  la  vallée  du  Buech,  en  s'adaptant  tojijours  à 
certains  détails  topographiques,  notamment  au  confluent  multiple 
situé  près  de  Saléon.  Laissant  Sisteron  à  l'est,  il  coupe  la  crête 
de  la  montagne  de  Lure  par  l'une  de  ses  principales  sommités,  sur 
laquelle  il  rencontre  le  diamétral  De  du  système  des  Alpes  occiden- 
tales. 

Passant  ensuite  à  i  kilomètres  environ  à  1*0.  des  deux  villes  de 
Forcalquier  et  de  Manosque,  il  traverse  le  terrain  à  lignites  des 
Basses-Alpes  et  va  couper  le  cours  de  la  Durance  un  peu  au-dessus 
de  Gadarache,  précisément  à  son  confluent  avec  le  Verdon,  con- 
fluent d'autant  plus  remarquable  que  la  Durance  y  change  à  la  fois 
de  régime  et  de  direction. 

Notre  cercle  entre  alors  en  Provence ,  où  il  côtoie  les  limites  des 
départements  des  Bouches-du-Rhône  et  du  Var.  Il  passe  à  Rians, 
petite  ville  bâtie  sur  un  relèvement  très-peu  étendu  de  muschelkalk, 
sur  la  surface  duquel  s'opère  le  croisement  de  Yhexatétraédrique  Daa 
et  de  Yhexatétraédrique  HoTTa.  Plus  loin ,  il  rase  à  l'O.  le  relèvement 
plus  étendu  de  muschelkalk  situé  entre  Saint-Zacharie  et  Rogiers, 
et  il  passe  approximativement  à  plusieurs  points  topographiquement 
remarquables,  notamment  à  la  montagne  de  la  Sainte-Beaume. 

Après  avoir  passé  à  la  Cadière  et  touché  la  ville  de  Bandol,  il 
entre  enfin  dans  la  Méditerranée  en  traversant  les  baies  de  Bandol 
et  de  Saint-Nazaire,  la  rade  de  Brusc,  et  en  laissant  à  i  kilomètre 
à  l'E.  les  derniers  îlots  des  Embiez,  formés  de  roches  primitives  qui 
sont  l'extrémité  du  massif  primitif  du  cap  Sicié,  sauvegarde  de 
la  rade  de  Toulon. 

La  monographie  de  ce  cercle  pour  les  parties  extérieures  à  la 
France  n'a  pas  encore  été  faite.  Vers  le  sud.  après  avoir  passé  an 
point  a  situé  entre  Minorque  et  la  Sardaigne,  il  traverse  l'Algérie 
par  Biskra  et  Tuggurt,  pour  atteindre  le  golfe  de  Guinée  par  des 
contrées  peu  connues. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  305 

Dans  la  direction  opposée,  traversant  la  Hollande  et  la  mer 
du  Nord,  il  passe,  en  Norwége,  au  point  a  situé  dans  le  Jotun- 
Field,  en  coupant  les  montagnes  de  la  côte  occidentale.  S'appro- 
chant  ensuite  du  pôle,  qu'il  laisse  à  o°b6'i2w,oi  à  l'est,  il  va 
couper  la  pointe  de  la  Sibérie  orientale  et  traverser  l'archipel  des 
îles  Àleutiennes,  où  son  cours  mériterait  d'être  étudié. 

En  France,  il  est  au  nombre  des  cercles  le  plus  nettement  et,  on 
peut  dire,  le  plus  étroitement  jalonnés.  Si  on  le  déplaçait  d'une 
petite  quantité,  de  manière  qu'il  cessât  de  passer,  par  exemple,  à 
Spa  et  au  petit  relèvement  de  muschelkalk  de  Rians,  il  cesserait 
en  même  temps  de  passer  par  tous  les  autres  points  caractérisés 
qui  ont  été  signalés,  et  il  ne  trouverait,  presque  en  aucun  cas,  à 
les  remplacer  par  des  repères  équivalents.  H  tomberait  immédia- 
tement dans  la  classe  des  cercles  insignifiants. 

Jusqu'ici,  Xhexatétraédrique  Haa  n'a  été  considéré  que  comme 
un  cercle  de  symétrie  :  on  n'a  précisé  l'existence  d'aucun  système  de 
montagnes  dont  il  pût  être  le  grand  cercle  de  comparaison;  mais  ce 
délaissement  n'est  peut-être  pas  irrévocable.  Rien  n'empêcherait 
de  considérer  le  petit  système  stratigraphique  dont  ce  cercle  forme 
Taxe,  entre  la  Romanche  et  le  Drac,  comme  l'un  des  éléments  d'un 
système  de  montagnes  non  encore  formulé,  qui  pourrait  comprendre 
aussi  certains  accidents  stratigraphiques  orientés  de  la  même  ma- 
nière dans  les  montagnes  de  l'Oisans.  Ce  système  serait  nécessaire- 
ment antérieur  au  lias  moyen  (à  gryphœa  cymbium),  qui,  à  la  mine 
du  Peychagnard,  repose  en  stratification  discordante  sur  les  couches 
plus  fortement  inclinées  du  terrain  anthracifère.  Il  pourrait  être 
postérieur  au  calcaire  à  gryphées  arquées,  et  pourrait  être  nommé 
système  du  Peychagnard.  Uhexatétraédrique  Uaa  serait  le  grand  cercle 
de  comparaison  de  ce  système. 

Bissecteur  DH  (système  du  nord  de  T Angleterre) . 
Le  cercle  inscrit  au  douzième  rang  dans  le  tableau  des  i83  in- 

Stratigraphie.  20 


.306  RAPPORT  SUK  LES  PROGRES 

terscctions  est  le  bissecteur  DH,  représentant  du  système  du  nord  de 
l'Angleterre. 

Ce  grand  cercle  passe  dans  les  parages  de  la  Corse,  où  il  coupe 
plusieurs  des  cercles  du  réseau  qui  traversent  cette  île.  Les  inter- 
sections calculées  ont  servi  à  construire  les  cercles  dont  il  s'agit. 
Quant  au  bissecteur  lui-même,  il  tombe  complètement  en  dehors  du 
petit  cadre  accessoire  qui  renferme  l'ile  de  Corse,  et  il  n'a  pas  été 
figuré  sur  le  tableau  d'assemblage  de  la  carte  géologique.  Je  n'ai , 
en  conséquence,  rien  à  ajouter  ici  à  la  monographie  de  ce  cercle, 
qui  a  été  donnée  précédemment  (p.  207).  Il  me  reste  seulement  à 
examiner  s'il  fournit  un  représentant  convenable  pour  le  système  du 
nord  de  Y  Angleterre. 

D'après  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  (p.  2 8 5),  le  grand 
cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  le  système  du  nord  de 
l'Angleterre  passe  dans  Yoredale  (  Yorkshire)  et  y  est  orienté  N.  5°  0. 
Cette  direction  n'est  perpendiculaire  que  dans  des  limites  assez 
larges  à  la  direction  du  système  des  Pays-Bas,  à  laquelle  on  lavait 
d'abord  comparée,  mais  elle  est  presque  rigoureusement  perpendi- 
culaire à  celle  du  primitif  du  Land's  End.  Il  est,  par  conséquent,  très- 
naturel  de  chercher  le  représentant  du  système  du  nord  de  l'An- 
gleterre parmi  les  perpendiculaires  de  ce  grand  cercle  primitif,  qui 
sont  nombreux  dans  le  réseau  et  qui  ne  laissent  pour  ainsi  dire 
que  l'embarras  du  choix1. 

Ainsi,  au  point  de  vue  de  la  direction  seulement,  on  pourrait 
choisir,  pour  grand  cercle  de  comparaison  :  ïoctaédrique  de  Mulehacen, 
qui  dessine  le  Land's  End  et  la  côte  orientale  de  l'Irlande;  ïliexalétraè- 
drique  Haa,  qui  passe  au  pointa  de  la  Norwége  et  au  point  a  entre 
Minorque  et  la  Sardaigne;  le  bissecteur  DH,  qui  va  du  point  D  près 
de  Remda  à  la  pointe  orientale  extrême  du  Spitzberg;  le  dodéc&é- 
drique  rhomboïdal,  qui  va  du  point  T  sur  le  Bug  au  point  I  près  de  la 
Nouvelle-Zemble.  Mais  Voctaédrique  dont  je  viens  de  parler  paraît 

Notice,  |».  1  07."». 


DE  LA  STIUTKiRAPHIE  E.\    FRANCE.  -307 

être  placé  trop  à  l'O.  pour  un  système  dont  on  a  trouvé  des  traces 
non  équivoques  dans  le  nord  de  la  Russie,  et  le  dodécaédrique  rhom- 
boïdal  du  Bug.  trop  à  TE.  pour  un  système  qui  joue  un  rôle  impor- 
tant dans  les  Iles  Britanniques.  On  n'a  pu  réellement  hésiter 
qu'entre  Xhcxatétracdriqur  Uaa  et  le  bissecteur  DH;  ils  ont  été  gravés 
l'un  et  l'autre  sur  la  carte  pi.  V  de  la  Notice.  En  adoptant  le  bissec- 
teur DH  pour  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  nord  de 
l'Angleterre,  on  transporte  ce  grand  cercle  de  comparaison  à  une  assez 
grande  distance  à  l'E.  de  la  position  qu'on  lui  avait  provisoirement 
assignée  en  le  faisant  passer  par  le  Yorkshire;  mais  par  là  on  le 
place  à  des  distances  à  peu  près  égales  de  la  chaîne  carbonifère  du 
nord  de  l'Angleterre  et  de  la  longue  ligne  dessinée,  dans  le  nord 
de  la  Russie,  par  le  bord  occidental  du  calcaire  carbonifère1. 

Quant  à  la  direction,  par  cela  même  que  notre  bissecteur  DH  est 
perpendiculaire  au  primitif  du  Land's  End,  il  doit  s'écarter  de  la  di- 
rection du  système  du  nord  de  l'Angleterre  d'une  quantité  beaucoup 
moins  grande  que  celle  dont  on  a  admis  implicitement2  que  cette 
dernière  pourrait  être  changée  ultérieurement,  lorsqu'on  a  remar- 
qué qu'elle  est  déjà  perpendiculaire,  à  k  ou  5  degrés  près,  à  celle  du 
système  des  Pays-Bas3.  En  effet,  d'après  le  tableau  de  la  page  860 
de  la  Notice,  l'angle  nord  de  ^Angleterre-Pays-Bas  est  de  8 5° 2 8' 3  W; 
mais,  comme  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  des  Pays- 
Bas  aurait  à  être  rapproché  de  la  ligne  E.-O.  de  /r°i3'32"  pour 
coïncider  avec  le  primitif  du  Land's  End,  il  faudrait  ajouter  à  peu 
près  cette  quantité  (sauf  l'excès  sphérique  d'un  triangle  que  je  crois 
inutile  de  calculer)  à  l'angle  ci-dessus,  pour  avoir  l'angle  nord  de 
l'Angleterre-Land's  End.  Cet  angle  serait  par  conséquent  d'environ 
89°/i2/o6",  soit  en  nombres  ronds  8q°&o',  et  il  ne  différerait  de 
l'angle  droit  que  de  20  minutes.  Notre  bissecteur  DH  qui  est  per- 
pendiculaire au  primitif  "du  Land's  End  s'écarte  donc  seulement  d'en- 
viron 20  minutes,  vers  l'ouest  du  nord,  de  la  direction  qui  a  été 

1   Notice,  p.  989.  —  *  Notice,  p.  1080.  —  3  Notice,  p.  36o.- 


308.  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

assignée  au  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  du 
nord  de  l'Angleterre.  Il  représente  ce  système  d'une  manière  satis- 
faisante. 

Quant  au  système  du  nord  de  l'Angleterre  considéré  en  lui- 
même,  l'adoption  de  ce  nouveau  grand  cercle  de  comparaison  ne  change 
rien  à  ce  qui  a  été  dit  de  sa  composition  et  de  son  âge  relatif  dans 
la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  281  et  ailleurs  (voir  la 
table  de  l'ouvrage).  On  peut  ajouter,  comme  on  l'a  déjà  fait  dans 
la  Notice1,  en  comparant  le  bissecteur  DH  du  système  du  nord  de 
l'Angleterre  au  trapézoédrique  TDb  du  système  des  îles  de  Corse  et 
de  Sardaigne,  dont  il  ne  diffère  en  orientation  que  de  k°  à  5°, 
qu'il  est  remarquable  de  voir  le  second  plus  en  rapport  avec  les 
accidents  fortement  accentués  du  monde  actuel,  et  l'autre  avec  les 
accidents,  moins  sensibles  à  l'extérieur,  d'un  monde  plus  ancien, 
que  le  réseau  pentagonal  fournisse  à  point  nommé  ces  deux  cercles, 
et  que,  d'après  des  directions  imprimées  plus  de  vingt  ans  avant 
la  publication  de  la  Notice,  le  second  se  trouve  échoir  en  partage  au 
système  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne  et  le  premier  au  système 
plus  ancien  du  nord  de  l'Angleterre. 

Trapézoédrique  Ta  (système  du  Vercors). 

Le  cercle  inscrit  au  treizième  rang  dans  le  tableau  des  1 83  in- 
tersections est  le  trapézoédrique  Ta  adopté  comme  représentant  du 
système  du  Vercors. 

Ce  grand  cercle  passe  par  le  point  T  du  golfe  de  Guinée  et  par 
le  point  a  qui  tombe  dans  la  Méditerranée,  entre  Minorque  et  la 
Sardaigne.  Il  a  pour  pôles  les  intersections  du  dodécaédrique  rltom- 
boïdal  et  du  bissecteur  III,  auxquels  ces  deux  points  appartiennent 
comme  pôles,  intersections  qui  sont  figurées  dans  le  tracé  de 
M.  Laugel  et  qui  tombent,  l'une  dans  l'océan  Pacifique,  au  nord 

1   Notice,  p.  1079. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         309 

des  îles  Galapagos,  l'autre  dans  l'océan  Indien,  au  S.-O.  de  Su- 
matra. 

Ce  grand  cercle  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la 
France  par  le  côté  septentrional,  et  traverse  d'abord  les  terrains 
schisteux  de  la  Westphalie,  où  il  coupe  le  primitif  du  Land's  End 
et  le  diamétral  Dac,  représentant  du  système  des  Pays-Bas.  Passant 
ensuite  entre  les  basaltes  du  Weslerwald  et  les  terrains  volcaniques 
du  Siebengebirge  et  du  lac  de  Laach,  il  continue  son  cours  sur  les 
schistes  et  les  grauwackes.  Il  coupe  le  trapézoédn'que  TD6  du  sys- 
tème du  Finistère,  à  3  kilomètres  à  l'est  de  la  forteresse  d'Ehren- 
breitstein,  et  le  bissecteur  DH  de  Belle-Ile,  sur  les  bords  du  Rhin, 
au  sud  de  Boppart. 

C'est  ici  la  partie  la  plus  accidentée  du  cours  du  Rhin  dans  tout 
1  intervalle  compris  entre  Bingen  et  Cologne.  Sa  vallée  forme  des 
méandres  très-prononcés,  toujours  remarqués  des  touristes,  à  cause 
des  sites  pittoresques  que  ces  méandres  présentent  sous  plusieurs 
aspects  divers  aux  personnes  qui  suivent  le  Rhin  en  bateau  à  va- 
peur. Notre  cercle,  après  avoir  traversé  la  Lahn  à  l'une  de  ses 
principales  inflexions  entre  Bad-Ems  et  Lahnstein,  coupe  trois  fois 
le  cours  du  Rhin  dans  un  intervalle  de  8  kilomètres,  résultat  que 
ne  produirait  aucune  autre  ligne  coupant  le  Rhin  dans  toute  la 
partie  du  cours  de  ce  fleuve  qui  est  encaissée  dans  les  terrains 
schisteux. 

Le  Rhin  est  rapide  dans  ces  méandres,  qui  allongent  cependant 
son  cours.  Si  on  les  remplaçait  par  une  tranchée  rectiligne  qui  rédui- 
rait de  plus  de  moitié  l'espace  parcouru  parles  eaux,  cette  tranchée 
offrirait  un  rapide  ou  une  cataracte,  à  moins  qu'on  n'y  établit  une 
écluse;  c'est  donc  bien  là  un  accident  remarquable  du  cours  du 
Rhin,  et  le  plus  considérable  qu'il  présente  entre  Bingen  et  Cologne. 

Sur  la  rive  gauche  du  Rhin ,  notre  cercle  passe  près  des  sources 
de  la  Simmern,  qui  s'en  détache  vers  l'ouest,  par  l'effet  des  sinuo- 
sités de  son  cours,  mais  il  la  retrouve  à  sa  terminaison  extrême  en 
coupant  la  Nahe,  précisément  au  confluent  des  deux  rivières. 


310  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Plus  loin,  il  effleure  les  extrémités  orientales  des  principales 
niasses  de  inélaphyres  du  Palatinat,  et  il  remonte  la  vallée  de  la 
Glan,  où  il  passe  aux  confluents  des  différents  cours  d'eau  que  re- 
çoit cette  rivière.  Laissant  Deux-Ponts  à  9  kilomètres  à  l'ouest  et 
Neuhornbach  à  1  kilomètre  à  l'est,  il  passe  exactement  au  confluent 
des  rivières  Hornbach  et  Schweigen,  et,  sur  les  bords  de  cette  der- 
nière, il  coupe  le  primitif  de  Lisbonne,  qui  lui-même  passe  à  Nen- 
liornbacb. 

En  remontant  la  Schweigen,  notre  cercle  entre  obliquement 
dans  les  basses  Vosges,  dont  les  accidents  sont  parallèles  à  la  direc- 
tion du  système  du  Rhin,  plus  inclinée  par  rapport  au  méridien  que 
celle  de  notre  cercle.  Ce  dernier  se  rapproche  par  degrés  de  la  ligne 
de  faîte  et  finit  par  la  dépasser.  Laissant  à  l'est  le  fort  de  Bitchc,  il 
passe  à  celui  de  la  Petite-Pierre  et  laisse  à  l'ouest  la  place  de  Phals- 
bourg.  Il  coupe  la  grande  route  de  Paris  à  Strasbourg,  au  hameau 
des  Quatre-Vents,  dont  le  nom  indique  déjà  le  voisinage  du  point 
culminant,  et  qui  n'est  en  effet  qu'à  un  kilomètre  et  demi  de  la 
colonne  où  commence  la  longue  descente  de  Saverne. 

S'engageant  alors  dans  les  Vosges  proprement  dites,  notre  cercle 
coupe  le  diamétral  Dac  du  système  de  la  Gôte-d'Or  dans  les  anfrac- 
tuositésde  la  crête  des  montagnes  degrés,  un  peu  à  l'O.  du  signal  géo- 
désique  du  Geisfels,  élevé  de  672  mètres.  Plus  loin,  il  pénètre  dans 
le  ban  de  la  Roche  par  le  cap  très-saillant,  couronné  de  montagnes 
de  grès  des  Vosges,  qui  domine  Vische  vers  le  N.-N.-E.  Sur  ce  cap 
proéminent,  le  trapézoédrique  Ta  laisse,  à  700  mètres  seulement 
vers  l'ouest,  le  signal  géodésique  de  la  Porte-de-Pierre,  élevé  de 
1,007  mètres.  Cette  montagne  serait  la  plus  élevée  de  toutes  les 
montagnes  de  grès  des  Vosges  si  le  Grand-Donoa,  situé  à  -  kilo- 
mètres au  S.-O.  sur  un  autre  cap  de  la  ceinture  du  ban  de  la  Roche, 
n'avait  3  mètres  de  plus  (1,010  mètres). 

Traversant  obliquement  la  dépression  du  ban  de  la  Roche,  où  il 
l>;isse  à  Waldersbach ,  notre  cercle  en  sort  en  rasant  h'  pied  occi- 
dental du  massif  granitique  du  Champ-du-Feu.  Il  coupe  le  trapézo&- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  311 

érifue  Te,  représentant  du  système  du  Hundsriïck,  à  600  mètres  à 
l'ouest  du  signal  de  Raurupt ,  placé,  à  la  hauteur  de  956  mètres,  sur 
la  croupe  de  ce  chaînon  montagneux ,  sur  lequel  j'aurai  à  revenir. 

Le  trapézoéârique  Ta  parcourt  ensuite  l'intérieur  pittoresquement 
accidenté  des  Vosges,  en  passant  à  différents  points  définissables 
qu'il  ne  m'est  pas  possible  d'énumérer  ici.  Il  traverse  la  ville  de 
Sainte-Marie-aux-Mines,  et,  au  midi  de  cette  ville,  le  coteau  de 
Surlate  et  de  Saint-Philippe,  l'un  de  ceux  où  les  mines  d'argent 
célèbres  de  cette  localité  étaient  jadis  exploitées. 

H  traverse  le  bourg  de  la  Poutroye,  situé  au  pied  occidental  du 
col  du  Bonhomme  et  au  bord  de  la  masse  de  granité  qui  forme 
ici  la  crête  des  Vosges.  Il  coupe  la  vallée  de  Munster  en  passant  à  la 
porte  orientale  de  la  ville  de  ce  nom ,  et  en  sort  par  le  Kahlen-Wissen 
ou  Petit-Ballon,  dont  il  laisse  la  cime,  élevée  de  1,27/1  mètres,  à 
3oo  mètres  environ  vers  10.  Plus  loin,  il  laisse  à  1  kilomètre  à  10. 
la  cime  du  ballon  de  Guebvviller,  point  culminant  des  Vosges,  élevé 
de  1,^26  mètres.  Le  ballon  de  Guebwiller  est  formé  par  le  terrain 
de  porphyre  brun  appuyé  sur  le  granité,  et  notre  cercle  suit  aussi 
exactement  que  possible,  sur  une  longueur  de  5  kilomètres,  la  ligne 
de  contact  légèrement  sinueuse  du  porphyre  brun  et  du  granité. 

Il  descend  du  ballon  et  sort  des  Vosges  en  coupant  la  masse  de 
mélaphyre  située  au  S.-O.  de  Thann,  puis  il  traverse  la  dépression 
qui  sépare  les  Vosges  du  Jura  et  dont  on  a  profité  pour  établir  le 
canal  du  Rhône  au  Rhin. 

Notre  cercle  passe  à  1  kilomètre  environ  à  10.  du  village  de 
Valdieu,  c'est-à-dire  précisément  au  point  de  partage  entre  les 
eaux  qui  coulaient  naturellement  dans  la  rivière  Saint-Nicolas, 
affluent  du  Doubs  et  du  Rhône,  et  dans  la  rivière  la  Largue,  affluent 
de  J'IH  et  du  Rhin.  Là  se  trouvait,  à  35o  mètres  au-dessus  de  la 
mer,  un  seuil  à  peine  sensible  qui  a  été  tranché  pour  l'établisse- 
ment du  canal.  On  a  placé  en  cet  endroit  l'extrémité  N.-E.  du  bief 
de  partage  et  le  point  de  départ  d'une  longue  série  d'écluses,  qui, 
comme  un  escalier  gigantesque,  descendent  au  niveau  delà  Largue, 


312  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

qui  est  moins  élevé  que  celui  de  la  rivière  Saint-Nicolas.  C'est  le 
point  le  plus  Caractéristique  de  tout  ce  grand  ouvrage,  et  c'est  là 
aussi  que  notre  cercle  le  traverse.  Il  se  conduit  à  l'égard  du  canal 
comme  à  l'égard  du  Rhin  lui-même. 

Passant  ensuite  entre  Délie  et  Porentruy,  il  aborde  le  Jura  par 
la  roche  d'Or,  montagne  élevée  de  980  mètres,  sur  laquelle  tombe 
le  point  d'intersection  du  Irapézoédrique  Ta  et  du  bissecteur  DH,  repré- 
sentant du  système  du  mont  Seny. 

Notre  cercle  coupe  ensuite  le  Doubs  deux  fois  de  suite  dans 
l'espaee  de  6  kilomètres,  à  la  naissance  du  crochet  aigu  qu'il  va 
former  près  de  Sainte-Ursane  et  à  l'occasion  duquel  le  célèbre 
géologue  de  l'Auvergne,  M.  de Montlausier,  lui  adressait  les  paroles 
de  la  Bible  ; 

et  tu,  Jordanis,  quia  conversus  es  retrorsum? 


Le  plus  simple  exposé  de  la  combinaison  d'accidents  stratigra- 
phiques  qui,  après  avoir  donné  passage  aux  eaux  du  Doubs,  les 
force  à  revenir  en  arrière,  serait  une  odyssée  beaucoup  trop  éten- 
due pour  trouver  place  dans  ce  Rapport.  Je  me  borne  à  dire  que 
notre  cercle,  au  sortir  de  cette  mêlée,  suit  les  crèts  coralliens  qui 
emprisonnent  le  Doubs  dans  les  gorges  profondes  situées  entre  Gou- 
mois  et  Noirmont,  et  que,  traversant  le  val  Saint-Tmier  et  les  crêtes 
les  plus  élevées  de  cette  partie  du  Jura ,  il  va  couper  le  (rapézoé- 
driqueTb,  représentant  du  système  duTatra,  dans  le  bassin  tertiaire 
de  Vallengin,  à  3  kilomètres  au  N.-O.  de  la  cime  du  Ghaumont.  H 
entre  enfin  dans  le  lac  de  Neufchâtel  en  traversant  la  ville  du  même 
nom,  bâtie  précisément  au  point  où  l'éperon  montagneux  couronné 
par  le  Ghaumont  vient  expirer  sur  le  rivage. 

Franchissant  ensuite  les  molasses  du  Jorat  et  le  lac  de  Genève, 
il  entre  en  Savoie  à  1  kilomètre  à  l'ouest  de  Saint-Gingolp.  c'est- 
à-dire  vers  l'extrémité  orientale  des  célèbres  rochers  de  Meillerie. 
Il  tronque  très-légèrement  la  frontière  du  Valais.  passe  à  la  pointe 
de  la  Cornette,  cime  la  plus  avancée  vers  l'est  «lu  groupe  des 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  313 

dents  dOche,  puis  il  traverse  la  vallée  d'Abondance  au  confluent 
de  torrents  situé  immédiatement  au-dessous  de  la  chapelle  qui  lui 
donne  son  nom. 

Notre  cercle  franchit  ensuite  la  vallée  de  la  Drance  de  Thonon 
près  de  sa  source  au-dessus  de  Morzine,  puis  celle  du  Giffre  en 
passant  dans  la  ville  de  Samoën ,  et  enfin  celle  de  i'Arve  au-dessus 
de  Passy,  après  avoir  coupé  le  prolongement  occidental  de  la  crête 
des  rochers  des  Fis ,  à  1  ou  2  kilomètres  à  l'E.  de  l'aiguille  de  Varens. 

Laissant  Alegève  à  l'ouest  et  les  bains  de  Saint-Gervais  à  2  ou 
3  kilomètres  à  l'est,  il  parcourt  les  montagnes  comparativement 
peu  élevées  de  la  vallée  de  Beaufort,  et  va  au  fond  de  cette  vallée 
couper,  comme  il  a  été  dit  ci-dessus  (p.  280)  le  trapézoédrique  TI, 
représentant  du  système  du  mont  Viso,  avec  lequel  il  partage  le 
privilège  de  passer  entre  les  extrémités,  en  regard  l'une  de  l'autre, 
de  la  chaîne  de  roches  primitives  du  mont  Blanc  et  de  celle  de 
Belledone. 

Au  delà  de  la  crête  calcaire  qui  sépare  la  vallée  de  Beaufort  de  la 
Tarentaise,  il  passe  l'Isère  entre  i\ime  et  Villette,  et  se  dirige,  par 
le  haut  des  vallées  des  Allues  et  de  Belleville,  vers  la  Maurienne,  où 
il  franchit  l'Arc  à  Orelle,  pour  aller  sur  sa  rive  gauche,  à  3  kilo- 
mètres au  midi  du  village,  couper  le  diamétral  De  du  système  des 
Alpes  occidentales,  sous  un  angle  d'environ  200.  Dans  ce  point  à 
peu  près  central  de  la  Maurienne,  le  trapézoédrique  Ta  se  dirige  vers 
le  N.  7°53'22",o7  E.  et  le  diamétralDc  vers  le  N.  2  7°37/2o//,73  E. 

En  poursuivant  son  cours  au  milieu  de  crêtes  tourmentées,  notre 
cercle  va  passer  dans  le  haut  de  la  vallée  de  \  almenier,  vers  l'ex- 
trémité du  petit  glacier  qui  descend  du  mont  Tabor,  seul  gla- 
cier qu'il  rencontre  dans  toutes  les  Alpes,  dont  il  évite  les  cimes 
principales.  Il  laisse  à  moins  de  3  kilomètres  à  l'est  la  cime  de  la 
montagne,  élevée  de  3, 1 82  mètres,  ainsi  que  la  chapelle  adjacente, 
où  viennent  se  réunir  les  frontières  des  trois  anciennes  provinces 
de  la  Savoie,  du  Piémont  et  de  la  Provence. 

Dans  tout  l'intervalle,  depuis  le  lac  de  Genève  jusqu'au  bassin 


;m/«        rapport  sur  les  progrès 

do  la  Durance,  notre  cercle  présente  des  rapports  très-particuliers 
avec  l'orographie  de  la  contrée.  On  peut  remarquer  qu'un  grand 
nombre  de  crêtes  lui  sont  parallèles,  et  sur  la  carte  géologique 
générale  de  la  France,  gravée  longtemps  avant  qu'on  l'y  traçât,  il 
se  trouve  former  la  ligne  médiane  d'une  zone  étroite  dont  on 
pourrait  croire  le  dessin  modelé  d'après  sa  direction. 

A  partir  du  mont  Tabor,  le  trapézoédrique  Ta  se  dirige,  au  mi- 
lieu des  crêtes  d'une  structure  compliquée  d'où  découlent  le»  pre- 
miers aflluents  de  la  Durance,  vers  le  col  du  Chardonet,  où  il  passe 
à  1  kilomètre  à  l'est  de  la  pointe  de  porphyre  quartzifèrc  autour 
de  laquelle  se  groupent  un  gîte  de  graphite  bien  connu  et  des 
gîtes  de  minerais  de  cuivre  et  de  plomb  explorés  et  même  concé- 
dés depuis  quelques  années.  Sur  le  tableau  d'assemblage,  la  pointe 
porphyrique  tombe  à  l'est  du  cercle,  ce  qui  est  une  des  légères 
inexactitudes  déjà  signalées  de  cette  carte. 

Notre  cercle  passe  ensuite  au  bourg  du  Monestier-de-Briançon , 
où  se  trouve  une  source  minérale,  franchit  la  crête  de  terrain  nuni- 
mulitique  qui  sépare  la  vallée  du  Monestier  de  celle  de  Val-Louise, 
crête  sur  laquelle  il  coupe  le  trapézoédrique  T\a  du  système  du  Mor- 
bihan. 11  passe  au  village  même  de  Val-Louise,  c'est-à-dire  très-ap- 
proximativement  au  confluent  des  deux  grands  torrents, la  Gi  et  la 
Ronde,  dont  les  eaux  réunies  forment  la  Gironde,  par  laquelle 
s'écoulent  dans  la  Durance  les  eaux  des  vastes  glaciers  du  versanl 
oriental  de  la  chaîne  du  Grand-Pelvoux. 

H  traverse  enfin,  en  s'adaptant  à  plusieurs  de  leurs  crétei  et  de 
leurs  gorges  profondément  encaissées,  les  hautes  montagnes  de 
terrain  numinulitique  qui  dominent  à  l'est  la  ville  de  Monl-Dau- 
pliin,  et,  après  avoir  coupé,  au  moment  d'en  sortir,  le  irapé-jir- 
drique  TTbbc  de  l'Hécla,  il  passe  la  Durance  à  1  kilomètre  au-des- 
sous du  point  où  elle  reçoit  le  torrent  de  Besredon. 

Au  sud  de  la  Durance,  le  Irapézoédriquc  fa,  toujours  eu  rapport 
de  parallélisme  avec  une  foule  de  crête*  el  de  gorges  profondes,  el 
passaul  avec  une  remarquable  précision  ;<  plusieurs  confluents  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  315 

torrents,  suit  le  bord  des  montagnes  qui  dominent  à  l'est  le  bassin 
où  s'est,  accumulé  le  dépôt  de  transport  ancien  de  Mezei.  H  coupe 
Ylicvatétraédrique  HaTTa  à  2  kilomètres  à  l'est  d'Aups.  c'est-à-dire 
approximativement  sur  l'angle  tourné  au  S.-O.  du  massif  des  mon- 
tagnes alpines. 

A  partir  de  cette  espèce  de  bastion  avancé,  notre  cercle  traverse 
les  terrains,  beaucoup  moins  élevés  mais  toujours  accidentés,  du 
département  du  Var.  Il  y  est  constamment  en  rapport  avec  les  li- 
mites géologiques  et  avec  les  directions  de  cours  d'eau  fortement 
encaissés,  et  il  va  raser  à  1  kilomètre  de  distance  le  pied  oriental 
de  la  montagne  des  Oiseaux,  située  au  midi  d'Hyères.  Il  sort  enfin 
du  continent  par  le  milieu  de  la  presqu'île  de  Giens,  qui  n'est  au 
fond  que  l'une  des  iles  d'Hyères,  et  la  plus  occidentale  de  toutes, 
liée  à  la  terre  ferme  par  les  cordons  de  sable  et  de  galets  qui  cir- 
conscrivent une  lagune  littorale. 

Dans  la  Méditerranée,  le  trapézoédrique  Ta  passe  au  point  a  si- 
tué entre  Minorque  et  la  Sardaigne,  et,  comme  le  montre  la  carte 
pi.  V  de  la  Notice,  il  pénètre  en  Afrique  par  les  environs  de  Bou- 
gie. Son  cours  dans  l'intérieur  de  l'Algérie  suit  une  ligne  assez  re- 
marquablement accidentée1,  près  de  laquelle  M.  Pomel  a  fait,  dans 
ces  dernières  années,  d'intéressantes  observations.  (Voir  ci-dessus, 
p.  8.)  II  traverse  ensuite  le  grand  désert  de  Sahara,  rencontre  le 
Niger  un  peu  à  lest  du  méridien  de  Paris,  et  continue  son  cours 
dans  le  golfe  de  Guinée,  où  il  est  assujetti  à  passer  à  un  point  T. 

Dans  la  direction  opposée,  le  trapézoédrique  Ta  sort  de  l'Eu- 
rope centrale  par  les  bruyères  du  nord  de  l'Allemagne  et  les  terres 
basses  du  Jutland  occidental.  Il  parcourt  la  Norwége  dans  une 
grande  partie  de  sa  longueur,  depuis  Tonsberg,  à  l'entrée  du  golfe 
de  Christiania,  jusqu'à  l'île  d'Hindoë,  située  au  point  où  les  îles 
de  Lolfoden  se  détachent  de  la  côte,  et  il  s'harmonise,  aussi  bien 
({lie  les  cercles  représentant  les  systèmes  des  iles  de  Corse  et  de 

1  Notice,  p.  1087. 


316  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Sardaigne  et  du  nord  de  l'Angleterre,  avec  les  formes  du  sor  et  la 
disposition  des  masses  de  roches  éruptives.  Enfin  il  va  raser  au 
S.-E.  la  terre  des  Etats,  partie  la  plus  saillante  dans  cette  direction 
de  l'archipel  du  Spitzberg. 

La  monographie  du  trapézoédrique  Ta,  pour  les  parties  de  son 
cours  extérieures  au  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  Fiance,  n'a 
pas  encore  été  faite  complètement,  mais  la  manière  dont  il  s'adapte, 
en  France  et  dans  une  partie  de  l'Allemagne,  à  un  grand  nombre 
de  points  définissables,  soit  avec  une  précision  presque  absolue, 
soit  à  2  ou  3  kilomètres  près,  suffit  pour  le  placer  au  nombre  des 
cercles  les  mieux  jalonnés  par  les  accidents  orographiques  et  géolo- 
giques, et  de  ceux  qu'on  ne  pourrait  déplacer  d'une  quantité  un 
peu  sensible  sans  en  gâter  la  position. 

Le  parallélisme  qu'il  affecte  dans  une  grande  partie  de  son 
cours  avec  des  crêtes  de  montagnes,  des  gorges  profondément  en- 
caissées et  des  cours  d'eau,  le  désigne  en  même  temps  comme  le 
représentant  d'un  système  de  montagnes.  Nous  avons  maintenant  à 
examiner  s'il  représente  convenablement  le  système  du  Vercors. 

Ce  grand  cercle,  assujetti  à  passer  par  le  point  T  du  golfe  de 
Guinée  et  par  le  point  a  qui  tombe  entre  Minorque  et  la  Sardaigne, 
fait  en  ce  dernier  point  avec  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble,  qui 
y  passe  également,  un  angle  de  î  i°33'i5",76  l.  Le  primitif  de  la 
Nouvelle-Zemble  a  été  adopté,  ainsi  qu'on  le  verra  bientôt,  pour 
représenter  le  système  du  Rhin,  mais  en  rapprochant  du  méridien 
de  5i'/i5"  l'orientation  adoptée  d'abord  pour  ce  dernier  système. 
D'après  le  tableau  de  la  page  85 1  de  la  Notice,  l'angle  Rhin-Ver- 
cors  est  de  ii?io/i5";  il  différerait  peu  de  celui  que  nous  venons 
de  trouver;  mais,  comme  il  devrait  être  réduit  de  5i'/i5"  (à  peu 
près  seulement  à  cause  des  excès  sphériques),  il  ne  doil  être 
compté  que  pour  environ  io037'3o".  La  différence  avec  l'angle 
théorique  est,  par  conséquent,  d'emiron  <>".V)  ^i.Y'.-(). 

'  Notice,  p.  io8f). 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         317 

Le  trapézoédrique  Ta  s'écarte  donc  un  peu  plus  de  la  direction 
du  système  du  Rhin,  et  se  rapproche  un  peu  plus  du  méridien 
que  le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  qui  avait  été  adopté  et 
d'après  lequel  on  avait  calculé  les  angles  inscrits  dans  les  tableaux; 
mais,  si  l'on  se  reporte  à  la  détermination  de  ce  dernier  cercle,  on 
verra  (page  58s  de  la  Notice)  que  M.  Gras  a  indiqué  l'orientation 
N.  70  à  8°  E.  et  qu'on  a  pris  8°;  si  l'on  avait  pris  70,  la  différence 
qu'on  vient  de  trouver  serait  de  W  à  5'  seulement,  et  en  sens  in- 
verse. Le  cercle  théorique  tombe  donc,  quant  à  sa  direction,  dans 
les  limites  de  l'incertitude  des  observations  fondamentales. 

Quant  à  la  position  de  ce  même  cercle,  elle  est  bonne  aussi, 
puisqu'il  traverse  le  Dauphiné  et  le  Jura.  Il  serait,  je  crois,  difficile 
de  trouver  dans  le  réseau  pentagonal  un  meilleur  représentant  du 
système  du  Vercors,  et  l'on  peut  dire  que  celui-ci  laisse  fort  peu 
de  chose  à  désirer. 

Quant  au  système  du  Vercors  considéré  en  lui-même,  il  con- 
serve la  définition  qui  en  a  été  donnée  dans  la  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes,  page  53 1.  H  faut  seulement  y  ajouter  les  dévelop- 
pements et  les  perfectionnements  dus  aux  travaux  exécutés  en 
Algérie  par  M.  Pomel,  travaux  par  lesquels  cet  habile  géologue  est 
parvenu,  entre  autres  résultats,  à  fixer  dune  manière  plus  précise 
l'âge  relatif  du  système  du  Vercors.  (Voir  la  première  partie  du 
présent  Rapport,  page  8.) 

Primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  (sijstème  du  Rhin). 

Le  cercle  placé  au  quatorzième  rang  dans  le  tableau  des  i83  in- 
tersections est  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble,  représentant  du 
système  du  Rhin. 

Une  monographie  complète  de  ce  grand  cercle  a  été  donnée 
dans  la  quatrième  partie  de  ce  Rapport  (p.  189),  mais  on  a  omis 
d  \  parler  en  détail  de  la  portion  de  son  cours  qui  traverse  le  cadre 
de  la  carte  géologique  de  la  France. 


:}18  RAPPORT  SI  K   LES  PROGRÈS 

Le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  est  un  des  ànqgrand.s  carie*  j>ri- 
milifs  qui  se  croisent  au  point  D,  centre  du  pentagone  européen, 
situé  près  de  Remda,  eu  Saxe.  Il  aborde  le  cadre  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France  par  le  côté  oriental,  et,  traversant  d'abord  le 
lac  de  Constance,  il  entre  en  Suisse  par  le  canton  de  Thurgovie, 
où  il  passe  à  Bischofszell.  Cette  ville  est  bâtie  près  du  confluent  de 
la  Thur  et  de  la  Sistern.  Notre  cercle  passe  approximativement  à 
ce  confluent  et  coupe  la  Sistern  très-près  du  point  où  elle  verse  ses 
eaux  dans  la  Thur.  Il  côtoie  d'abord  pendant  plusieurs  kilomètres 
le  cours  de  cette  dernière  rivière,  qui  semble  se  replier  à  son  ap- 
proche, puis  il  en  remonte  la  vallée  sinueuse.  Il  suit  le  bord  du 
massif  montagneux  que  couronne  le  Hoher-Santis,  et  il  rase  les 
dernières  pentes  du  Speer  pour  aller  traverser  à  Schannis  la  vallée 
qui  joint  le  bassin  du  lac  de  Wallenstadt  à  celui  du  lac  de  Zurich. 

Il  y  coupe  le  trapézoédrique  Tb  du  système  du  Tatra,  et  le  point 
d'intersection  tombe  précisément  sur  le  bord  du  canal  de  jonction 
des  deux  lacs.  C'est  là  un  point  remarquable  dans  la  configuration 
de  la  Suisse,  comme  répondant  aux  débouchés  dans  la  plaine  des 
vallées  profondément  encaissées  de  Glaris  et  du  lac  de  Wallenstadt. 
J'aurai  à  revenir  plus  loin  sur  ce  point  de  croisement  et  sur  la  po- 
sition que  lui  assignent  les  lois  de  la  symétrie  pentagonale. 

Notre  cercle  s'engage  ensuite  dans  les  hautes  montagnes  qui 
bordent  à  l'ouest  la  vallée  de  Glaris,  et,  touchant  les  petits  lacs  du 
KIon-Thal  et  du  Glatt-Alp,  il  va ,  dans  le  canton  des  Grisons,  couper 
à  Sedrun,  au  pied  du  Saint-Gothard ,  la  branche  la  plus  septen- 
trionale et  la  plus  directe  du  Rhin  [Vorder-Bhrin).  Il  laisse  à  3  ou 
k  kilomètres  à  l'est  les  cimes  neigeuses  du  Glaernish  et  du  Todi, 
qui  commandent  les  sinuosités  de  la  vallée  de  la  Linth,  à  l'en- 
semble de  laquelle  il  est  parallèle  depuis  la  naissance  de  cette 
vallée  jusqu'au  point  où  elle  verse  ses  eaux  dans  le  lac  de  Wallen- 
stadt. 11  est  plus  approximativement  parallèle  encore  à  une  partie 
des  accidents  orographiques  et  Btratigraphiquea  dont  la  direction, 
très-oblique  à  celle  de  la  chaîne  des  Alpes,  est  indiquée  sur  la  carte 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  PRINCE..  3 J y 

géologique  de  la  France  par  le  figuré  orographique  et  par  les  con- 
tours des  différents  terrains. 

Au  delà  de  Sedrun,  notre  cercle,  remontant  la  vallée  de  Nais  et 
franchissant  les  montagnes  de  son  sommet,  va  couper  tout  près  de 
sa  source  la  seconde  branche  du  Rhin  (Mittkr-Rhei?i) ,  dont  les  eaux 
rejoignent  la  première  par  la  vallée  de  Medels,  qui  est  parallèle  à 
notre  cercle  et  située  presque  dans  la  prolongation  de  celle  de 
Glaris. 

Franchissant  enfin  la  crête  centrale  des  Alpes,  entre  le  col  du 
Saint-Gothard  et  celui  du  Lukmanier,  notre  cercle  entre  dans  la 
vallée  du  Tessin.  dont  il  coupe  le  cours  près  de  Piolta,  au-dessous 
d  Airolo,  dans  une  partie  où  l'uniformité  des  roches  jurassiques 
métamorphiques,  qui  forment  les  flancs  de  toute  la  partie  supé- 
rieure de  la  vallée,  est  interrompue  par  un  soulèvement  granitique 
(placé  trop  au  N.-O.  sur  le  tableau  d'assemblage). 

Poursuivant  sa  route  au  milieu  des  montagnes  âpres  et  pitto- 
resques qui  séparent  le  mont  Rose  du  lac  Majeur,  le  p-imitif  de  la 
Nouvelle-Zemble  coupe  la  Toccia  et  la  route  du  Simplon  au  pont  de 
Midgiandone ,  situé  au-dessus  d'Ornavasso,  dans  la  vallée  d'Ossola, 
et  la  Sesia  au  coude  qu'elle  forme  entre  deux  confluents,  un  peu 
au-dessous  de  Varallo.  Il  sort  des  montagnes  par  Strona,  au  N.-O. 
deMasserano,  pour  aller  raser  au  S.-E.,  dans  la  plaine  du  Piémont, 
le  petit  lac  de  \iverone. 

Étudié  dans  tout  cet  intervalle  sur  la  carte  géologique  de  la 
France,  et  mieux  encore  sur  la  belle  carte  géologique  du  Piémont 
par  M.  le  professeur  Ange  Sismonda,  où  les  contours  des  masses 
minérales  sont  plus  complètement  dessinées,  notre  cercle  se  trouve 
dans  une  harmonie  remarquable  avec  la  structure  orographique 
et  géologique  de  la  contrée.  Il  est  parallèle  à  plusieurs  crêtes  ré- 
gulières et  aux  axes  de  plusieurs  masses  remarquables  de  roches 
éruptives,  telles,  par  exemple,  que  celles  des  beaux  granités  de  Ba- 
veno,  de  Férioîo  et  de  Monte-Orfano.  Il  l'est  également  aux  direc- 
tions générales  des  vallées  un  peu  sinueuses  dont  les  eaux  du  lac 


:}20  RAPPORT  SUH  LES  PROGRES 

Majeur  et  du  lac  d'Orta  remplissent  le  fond;  et  la  même  remarque 
pourrait  s'appliquer  à  certaines  parties  des  lacs  de  Lugano  cl  de 
jonie. 

Entrant,  au  pied  des  derniers  contre-forte  du  mont  Rose,  sur  les 
dépôts  erratiques  des  plaines  du  Piémont,  notre  cercle,  après  avoir 
passé  la  Doire-Baltée  et  le  Pô,  à  5  ou  6  kilomètres  au-dessus  de  leur 
confluent,  et  franchi  les  collines  tertiaires  du  Montferrat ,  près  de 
Casalborgone  et  de  Chieri,  atteint,  près  de  Borgo-San-Dalmazo  et 
de  Roccavione,  au  débouché  du  torrent  qui  descend  du  col  de 
Tende,  le  pied  des  Alpes  maritimes.  Bientôt  après,  il  coupe  en  un 
seul  et  même  point  le  trapézoédrique  T\a  du  système  du  Morbihan 
et  le  trapézoédrique  TI  du  système  du  mont  Viso,  et  il  n'est  pas  le 
rayon  le  moins  heureusement  dirigé  de  cette  espèce  d'étoile  strati- 
graphique. 

Après  avoir  coupé  perpendiculairement,  près  du  col  Délie  Fi- 
nestre,  l'un  de  ses  passages  les  plus  élevés,  la  crête  granitique  des 
Alpes  maritimes,  il  descend  sur  son  versant  méridional  dans  la 
vallée  de  la  Vesubie.  A  partir  de  Bollène,  il  suit  la  direction  géné- 
rale de  cette  rivière  et  celle  du  Var,  qui  en  reçoit  les  eaux,  en 
côtoyant  des  crêtes  montagneuses  qui  lui  sont  à  peu  près  paral- 
lèles. 

Dans  la  partie  élargie  de  la  vallée  du  Var  qui  aboutit  à  la  mer, 
le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  passe  au  point  de  croisement 
multiple,  déjà  cité,  près  de  Gagnes,  où  il  coupe  simultanément  le 
trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla,  le  trapézoédrique  TTbbc  du  sys- 
tème du  Sancerrois,  et  Y  hexatétraédrique  HaTTa,  trois  cercles  qui 
s'adaptent  avec  précision  à  la  structure  de  la  contrée  environ- 
nante. 

Le  primitif  ne  leur  cède  en  rien  sous  ce  rapport.  Passant  entre 
le  bord  de  la  mer  et  la  masse  éruptive  de  mélaphyre  de  Biol .  il 
laisse,  à  1  ou  2  kilomètres  à  l'E.,  le  fort  Carré  et  la  ville  d'Ântibes, 
ainsi  que  la  ligne  séparative  du  muschelkalk  et  du  calcaire  du 
terrain  crétacé  inférieur.  Traversant  le  golfe  de  Jouan,  il  rogne 


DE   là  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCK.  .521 

légèrement  l'extrémité  orientale  de  1  île  Sainte-Marguerite,  et  rase 
à  une  très-petite  distance  celle  de  File  Saint -Honorât,  formées 
lune  et  l'autre  du  même  calcaire  crétacé  intérieur.  11  s'éloigne 
enfin  de  la  terre  en  passant  précisément  à  la  pointe  du  cap  sous- 
marin  que  forme  le  soubassement  des  îles  Lérins  (Sainte-Margue- 
rite et  Saint-Honorat) ,  soubassement  dont  la  chute  est  très-brusque, 
car  sur  son  rebord  on  trouve  seulement  97  mètres  d'eau,  et  à  en- 
viron 1  kilomètre  plus  loin,  èio  mètres,  sans  fond. 

S'avançant  ensuite  sur  les  eaux  profondes  de  la  Méditerranée , 
notre  cercle  laisse  à  l'O.-N.-O.,  à  9  kilomètres  de  distance,  les  es- 
carpements hardis  du  cap  Roux,  extrémité  des  porphyres  quartzi- 
fères  de  l'Esterel,  et,  à  6  kilomètres,  le  bord  de  leur  plate-forme 
sous-marine,  puis,  à  i5  kilomètres,  le  cap  de  Camarat,  extrémité 
des  roches  primitives  des  montagnes  des  Maures,  et,  à  10  kilo- 
mètres, le  bord  de  la  plate-forme  sous-marine  qui  les  supporte. 

Toutes  ces  formes  sont  très-accentuées,  comme  le  sont  aussi 
celles  des  montagnes  calcaires  qui,  à  l'est  du  Var,  forment  le  lit- 
toral du  département  des  Basses-Alpes  et  d'une  partie  de  la  rivière 
de  Gênes. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  remarquer  de  tous  temps,  le  Var  divise 
cette  côte  en  deux  parties  qui,  en  masse,  sont  très-dissemblables  : 
d'un  côté,  des  roches  primitives  et  porphyriques  avec  leur  cortège 
de  terrain  houiller  et  de  trias  présentant  des  contours  festonnés; 
de  l'autre,  les  escarpements  de  calcaires  jurassiques  et  crétacés 
de  Nice,  de  Villefranche  et  de  Monaco.  Or  notre  cercle  trace 
la  limite  des  deux  régions  dune  manière  plus  nette  encore  que  ne 
le  fait  l'embouchure  du  Var.  Laissant  seulement  à  l'ouest  le  petit 
lambeau  de  calcaire  crétacé  des  îles  Lérins,  et  à  l'est  une  étroite 
lisière  de  muschelkalk  à  la  porte  dWntibes,  il  traverse  les  Alpes 
maritimes  en  côtoyant  quelques  crêtes  dont  la  direction,  anomale 
relativement  au  reste  de  la  contrée,  est  sensiblement  parallèle  à 
son  cours.  (Test  une  disposition  analogue  à  celle  qui  a  été  indiquée 
plus  haut  entre  le  lac  de  Wallenstadt  et  le  lac  Majeur;  seulement 
Stratigraphie.  21 


322  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

la  région  des  porphyres  reste  ici  à  l'ouest  de  notre  cercle,  tandis 
que  près  du  lac  Majeur  elle  reste  à  l'est. 

La  ligne  oblique  suivant  laquelle  le  primitif  de  la  Nouvelle- 
Zemble  traverse  les  Alpes  proprement  dites  se  fait  remarquer  par 
plusieurs  circonstances  importantes.  Elle  rase,  dune  part,  l'extrémité 
orientale  du  massif  du  Saint-Gotbard,  et,  de  l'autre,  l'extrémité 
occidentale  de  la  région  dans  laquelle  se  montrent  les  granités  de 
Baveno  et  de  Lugano,  différents  de  tous  ceux  des  Alpes  occiden- 
tales, et  les  porphyres  quartzifères  ainsi  que  les  mélaphyres  et  les 
dolomies  qu'on  voit  reparaître  à  différents  intervalles  sur  le  versant 
méridional  des  Alpes  jusque  dans  le  Tyrol.  Le  faciès  d'une  partie 
des  roches  sédimentaires  et  le  genre  de  métamorphisme  qu'elles  ont 
subi  changent  aussi  plus  ou  moins  brusquement  aux  approches  de 
cette  ligne,  qui  forme  la  limite  la  plus  naturelle  entre  les  Alpes  oc- 
cidentales et  les  Alpes  orientales.  Cette  troncature  oblique  des  Alpes, 
mesurée  de  Bischofszell  en  Suisse  à  Strona  en  Piémont,  n'a  pas 
moins  de  23o  kilomètres  (plus  de  5o  lieues)  de  longueur,  ce  qui 
tient  en  partie  à  son  obliquité  et  aussi  à  ce  que  les  Alpes,  dont  la 
structure  est  si  complexe,  sont  sujettes  à  s'élargir  brusquement  et 
comme  par  échelons. 

Vers  le  nord,  au  delà  du  lac  de  Wallenstadt,  le  massif  du  Speer 
et  du  Sàntis  élargit  subitement  les  Alpes  aux  dépens  des  plaines  de 
la  Suisse  et  de  la  Bavière,  en  formant  une  sorte  d'échelon  dont  notre 
cercle  marque  le  bord.  Vers  le  midi  les  Alpes  s'élargissent,  à  l'ouest 
du  lac  Majeur,  aux  dépens  des  plaines  du  Piémont,  et  forment  un 
autre  échelon,  tourné  en  sens  inverse  du  précédent,  dont  notre 
cercle  profite  pour  sortir  moins  promptement  de  la  région  monla- 
gneuse.  On  pourrait  dire  encore  qu'aux  points  où  ces  échelons 
forment  saillie,  sur  le  lac  de  Wallenstadt  et  sur  le  lac  Majeur.  les 
contours  de  la  région  montagneuse  présentent  des  angles  rentrants 
qui  y  déterminent  un  étranglement 

Cet  ensemble  de  circonstances  établit  une  relation  intime  entre 
le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  et  la  structure  de  lune  des  par- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  323 

ties  les  plus  compliquées  des  Alpes.  Les  Alpes  occidentales  et  les 
Alpes  orientales  présentent  comme  une  ligne  de  suture  placée  très- 
sensiblement  dans  la  direction  de  notre  cercle  et  qui  semble  se 
lier  à  l'existence  de  la  masse  de  granité  de  Baveno,  dont  l'axe  lui 
est  parallèle. 

Le  système  du  Rhin  est  postérieur  au  grès  des  Vosges  et  anté- 
rieur au  grès  bigarré.  H  est  probablement  antérieur  aussi  aux  grès 
rouges  de  l'Esterel  et  du  lac  Majeur,  qui  semblent  se  rattacher 
au  grès  bigarré.  Quant  aux  terrains  jurassiques  crétacés  nummu- 
litiques,  ils  lui  sont  incontestablement  postérieurs.  Il  est  donc 
évident  que  presque  tous  les  accidents  stratigraphiques  signalés 
dans  la  zone  que  suit  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble,  aux  en- 
droits où  elle  traverse  les  Alpes  principales  et  les  Alpes  maritimes, 
sont  postérieurs  à  l'origine  première  du  système  que  ce  cercle 
représente. 

Cette  conclusion  est  d'autant  plus  naturelle  que  la  zone  dont 
nous  parlons  contient  des  accidents  stratigraphiques  importants 
dont  la  direction  est  exactement  celle  du  système  des  Alpes  occi- 
dentales, l'un  des  plus  modernes  de  l'Europe.  La  Notice  sur  les  sys- 
tèmes de  montagnes  signale  (p.  5Zi8)  comme  se  rapportant  au  sys- 
tème des  Alpes  occidentales  la  grande  faille  de  la  vallée  de  la 
Linth,  qui  court  du  lac  de  Wallenstadt  à  Ivrée  en  Piémont,  du 
N.  23°3o'  E.  au  S.  23°3o'0.  de  Gassini.  La  différence  d'orientation 
avec  le  système  des  Alpes  occidentales  est  de  k  minutes  seulement, 
c'est-à-dire  complètement  négligeable.  Cette  faille  se  sépare  notable- 
ment, vers  le  N.-E.,  de  la  vallée  de  la  Linth;  mais,  de  même  que  la 
série  d'accidents  signalés  plus  haut,  elle  passe  à  l'extrémité  orientale 
du  Saint-Gothard.  Elle  rend  facile  à  comprendre  la  reproduction 
des  accidents  stratigraphiques  du  système  du  Rhin  à  une  époque 
géologique  moderne;  mais  elle  ne  dispense  pas  d'admettre  l'exis- 
tence, dans  le  sous-sol  fondamental,  de  ces  accidents  de  date 
ancienne  :  i°  parce  que  l'éruption  du  granité  de  Baveno  et  celle  des 
porphyres  quartzifères  sont  antérieures  au  terrain  jurassique,  et  par 


3*2/»  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

conséquent  beaucoup  plus  anciennes  que  le  système  des  Alpes  occi- 
dentales; 2°  parce  que  les  deux  directions,  quoique  voisines  l'une 
de  l'autre,  ne  sont  pas  identiques,  conduisant,  du  pied  oriental  du 
Saint-Gothard,  l'une  aux  porphyres  quartzifères  de  Grevacuore,  et 
l'autre  au  massif  de  roche  éruptive  d'Ivrée,  qui  se  rattache  au  sys- 
lème  serpentineux. 

C'est  un  nouvel  exemple  de  l'influence  que  conserve  pour  toujours 
un  système  d'accidents  stratigraphiques  sur  les  mouvements  et  les 
altérations  du  sol  qui  en  a  été  affecté.  Jamais  les  fractures  du  sol 
ne  se  resoudent  assez  solidement,  pour  que  leur  réouverture  ne 
soit  pas  plus  facile  que  la  production  de  fractures  nouvelles.  L'his- 
toire des  filons  se  compose  en  partie  des  glissements  des  deux 
épontes  survenus  à  plusieurs  reprises,  à  la  suite  d'un  premier 
remplissage  ou  de  plusieurs  remplissages  successifs.  L'auteur  de  la 
Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  a  souvent  insisté  sur  cet  ordre 
d'idées1,  et  déjà  même  il  a  été  reproduit  en  plusieurs  endroits  de  ce 
Rapport;  mais  il  n'a  pas  toujours  été  bien  saisi. 

Le  principe  de  la  distinction  à  établir  entre  les  influences  de 
deux  systèmes  dont  les  orientations  ne  diffèrent  guère  que  de  8  de- 
grés et  qui  coexistent  dans  les  mêmes  lieux  peut  sans  doute  être 
quelquefois  difficile  à  appliquer,  mais  cela  n'empêche  pas  de  voir 
qu'en  résumé  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  traverse  les  Alpes 
maritimes,  de  même  que  les  Alpes  principales,  en  suivant  une  zone 
de  peu  de  largeur,  accidentée  d'une  manière  toute  spéciale,  el  que 
dans  cette  zone  il  rencontre  des  points  de  repère  très-précis,  dont 
on  ne  pourrait  l'écarter  sans  gâter  sa  position,  tels  que  le  confluent 
de  Bischofszell,  le  pont  de  Migiandone,  le  cap  sous-marin  au  midi 
d'Antibes. 

Cela  donne  plus  de  force  à  la  remarque  faite  ci-dessus  (p.  1/11), 
que,  dans  les  parties  où  il  traverse  des  contrées  suflisamment  con- 

1  Voyez  l'article  sur  les  soulèvements        du  Manuel  géologique  de  M.  de  la  Bêche 
(l<s  montagnes  inséré  mut   M.  Klie  de       (Paris.  i833),  p.  63s  et  638. 
Beeumont   dans  la  traduction  française 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  325 

nues,  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  est  jalonné  par  beaucoup 
de  points  remarquables.  J'ajouterai  en  outre,  à  ce  sujet,  que  clans 
la  mer  d'Okhotsk,  d'après  la  carte  déjà  citée  de  M.  Ploix,  notre 
cercle  sort  du  continent  asiatique  au  point  de  jonction  d'une  côte 
basse  avec  le  promontoire  que  termine  le  cap  Shostakoff,  et  qu'en 
sortant  de  celte  mer  il  tronque  si  légèrement  1  île  de  Paramusir, 
qu'on  peut  dire  qu'il  s'adapte  avec  précision  à  la  côte  rectiligne, 
de  20  kilomètres  de  longueur,  par  laquelle  cette  lie  se  termine  à 
l'E.-S.-O.  le  long  du  détroit  de  l'Amphitrite. 

Le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  a  été  adopté,  ainsi  qu'on  l'a 
déjà  rappelé,  comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du 
Rhin,  et  il  nous  reste  à  examiner  avec  quel  degré  de  précision 
il  remplit  les  conditions  auxquelles  ce  grand  cercle  de  comparaison 
doit  satisfaire.  Notre  primitif  forme  avec  le  primitif  de  l'Etna,  repré- 
sentant du  système  du  Ténare,  un  angle  de  36  degrés  du  côté  du 
nord-est.  Or,  d'après  le  tableau  de  la  page  85 1  de  la  Notice,  le  grand 
cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  du  Rhin  fait  avec  celui 
du  système  du  Ténare,  et  du  même  côté,  un  angle  de  3605i'65": 
la  différence  est  de  o05i'45''.  Or  cette  différence  ne  peut  être  re- 
gardée comme  considérable  lorsqu'on  se  reporte  à  la  détermina- 
lion  première  de  l'orientation  du  système  du  Rhin,  faite  d'après 
une  série  de  failles  orientées  à  peu  près  parallèlement  les  unes  aux 
autres,  du  S.  i8°  à  23°  0.  au  N.  i8°  à  23°  E.1.  La  moyenne  de 
ces  directions  estimées  en  nombres  ronds  de  degrés  peut  très-bien 
être  en  erreur  de  52  minutes.  11  parait  donc  que  le  primitif  de  la 
Nouvelle-Zemble  peut  être  adopté  pour  représenter  le  système  du 
Rhin.  11  est  vrai  qu'on  a  fait  passer  le  grand  cercle  de  comparaison 
provisoire  du  système  du  Rhin  par  Strasbourg;  mais  on  peut  voir, 
page  3 7  h  de  la  Notice,  que  c'était  à  titre  provisoire  et  sans  motif 
péremptoire,  pour  ne  pas  le  déplacer  ultérieurement  et  le  trans- 
porter, par  exemple,  au  lac  de  Constance. 

1  Notice,  |>.  iïy'i. 


320  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Quant  au  système  du  Rhin  considéré  eu  lui-même,  à  son  âge 
relatif,  à  sa  composition,  ce  qui  précède  ne  conduit  à  aucun  chan- 
gement à  ce  qui  a  été  dit  sur  ce  sujet  dans  la  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes,  page  262  et  autres.  (Voir  la  tahle  de  l'ouvrage.) 

Diamétral  De  (système  des  Alpes  occidentales). 

Le  cercle  placé  au  quinzième  rang  dans  le  tableau  des  1 83  in- 
tersections est  le  diamétral  De,  représentant  du  système  des  Alpes 
occidentales. 

Ce  grand  cercle,  assujetti  à  passer  au  point  D,  centre  du  pen- 
tagone européen,  près  de  Remda,  en  Saxe,  et  au  point  c  qui  tombe 
près  des  monts  Aldan  dans  la  Sibérie  orientale,  a  pour  pôles  les 
intersections  du  dodécaédrique  régulier  du  cap  Corrientes  et  de 
Singapour  et  d'un  trapézoédrique  TI  auquel  le  point  c  appartient 
comme  pôle.  Ces  deux  intersections  tombent,  l'une  sur  les  côtes 
du  Mexique,  près  du  cap  Corrientes  et  l'autre  dans  l'océan  Indien, 
au  sud  des  îles  Peros-Banhos. 

Le  diamétral  De  pénètre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  oriental.  Il  coupe  le  Neckar  au-dessous 
de  l'inflexion  et  du  confluent  qui  existent  au-dessus  d'Esslingen,  et, 
remontant  quelque  temps  la  vallée,  il  en  sort  à  une  autre  inflexion 
située  au-dessus  deNurtingen,  et  entre  à  Reuttlingen  surl'Alpe  de 
la  Souabe.  Il  suit  à  peu  près  la  ligne  culminante  de  ce  plateau 
calcaire  jusqu'au  point  où  il  rencontre  le  Danube  au-dessus  de 
Mohringen.  Plus  loin,  il  suit  les  coteaux  jurassiques  qui  bordent  à 
l'est  la  vallée  de  l'Aitach  et  ensuite  la  crête  des  Randen,  plateaux 
calcaires  qui  prolongent  l'Alpe  de  la  Souabe  jusqu'au  Rhin.  Il  passe 
ce  fleuve  précisément  au  pontdeKaiserstuhl,  que  la  disposition  géné- 
rale des  localités  aura  conduit  à  placer  dans  la  direction  prolongée 
de  la  partie  méridionale  de  l'Alpe  de  la  Souabe  et  des  Randen.  di- 
rection dont  notre  cercle  est  la  représentation  la  plus  exacte 
Vax  Suisse,  le  diamétral  IV  coupe  la  chaîne  calcaire  de  Regens- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  3-27 

berg  et  le  cours  de  la  Limât  à  peu  de  distance  du  défilé  dans  lequel 
coule  la  source  minérale  de  Baden,  qu'il  laisse  à  i  kilomètres  à 
l'O.-N.-O.;  puis  il  traverse  les  plaines  de  l'Argovie,  près  de  l'ex- 
trémité d'aval  des  petits  lacs  de  Hallwyl  et  de  Sempach ,  pour  aller 
couper,  un  peu  à  l'E.  de  Willisau ,  le  trapézoédrique  Tb  du  système 
du  Tatra.  La  position  de  ce  point  de  croisement,  sur  lequel  j'aurai 
à  revenir  plus  loin,  n'est  pas  moins  remarquable  par  rapport  à  la 
structure  de  la  Suisse  que  celle  du  point  de  croisement  déjà  si- 
gnalé près  de  Schânnis,  dans  la  vallée  qui  joint  le  lac  de  Wallen- 
stadt  à  celui  de  Zurich. 

Notre  cercle  entre  ensuite  dans  les  Alpes  par  les  montagnes  de 
Nagelfluhe  de  l'Entlebuch ,  où  il  suit  la  crête  qui  limite  à  l'ouest  la 
vallée  de  la  Petite-Emme,  et  où  il  coupe  la  vallée  de  la  Grande- 
Emme  au  coude  qu'elle  forme  en  traversant  la  prolongation  de 
cette  même  crête.  Il  laisse  à  10.,  à  1  ou  2  kilomètres  seulement 
de  distance,  sur  une  crête  parallèle,  plus  courte  mais  plus  élevée, 
le  sommet  du  mont  Napf,  élevé  de  i,54a  mètres  et  point  culmi- 
nant de  tout  le  groupe,  qui  est  à  la  fois  un  magnifique  belvé- 
dère pour  contempler  les  beautés  pittoresques  de  la  Suisse  et  un 
point  de  repère  approximatif  très-remarquable  pour  le  diamé- 
tral De. 

Ce  grand  cercle  atteint  bientôt  après  le  lac  de  Thun,  qu'il  tra- 
verse dans  sa  partie  la  plus  caractérisée,  celle  où  viennent  expirer 
sur  ses  bords,  l'une  en  face  de  l'autre,  la  chaîne  du  Hohgant  et 
celle  du  Niesen.  Il  laisse  à  1  kilomètre  à  l'E.-S.-E.  le  village  de 
Merligen,  bâti  sur  l'extrémité  des  couches  nummulitiques  de  la 
première  de  ces  chaînes. 

Le  Niesen,  à  proprement  parler,  ne  baigne  pas  son  pied  dans  le 
lac  de  Thun,  il  en  est  séparé  par  le  Kander,  qui  en  détache  un 
tronçon,  mais  de  ce  tronçon  part  un  éperon  sur  lequel  se  trouve 
le  village  d'Aeschi  et  qui  touche  presque  les  eaux  du  lac.  C'est  par 
l'éperon  et  le  village  d'Aeschi  que  le  diamétral  De  aborde  les  Alpes 
bernoises.  Franchissant  le  Kander,  il  atteint  le  massif  du  Niesen, 


328  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

dont  il  laisse  à  1  kilomètre  à  l'O.-N.-O.  la  cime  élevée  de  2,38/i 
mètres,  et  dont  il  suit  le  flanc  E.-S.-E.  en  côtoyant,  à  1  ou  9  ki- 
lomètres de  distance,  sa  crête  rectiligne  formée  de  terrain  num- 
mulitique.  Traversant  ensuite  les  pelouses  arrondies  du  col  de 
Hahnenmoss,  il  entre  en  Valais  par  les  anfractuosités  hardies  du 
col  du  Ravvyl,  et  va  couper  la  Morges  et  le  Rhône  près  de  leur  con- 
fluent, un  peu  au-dessous  de  Sion. 

Sur  le  haut  du  flanc  méridional  de  la  vallée  du  Rhône,  notre 
cercle  passe  à  1  ou  2  kilomètres  à  l'E.-S.-E.  de  la  Pierre-à-Voie 
(Pierre  à  voir),  montagne  élevée  de  plus  de  2,3oo  mètres,  dont  le 
nom  signale  à  la  l'ois  les  formes  élancées  et  l'admirable  panorama 
qui  se  déploie  autour  de  sa  cime.  Il  traverse  ensuite  la  Drance  de 
Bagnes  près  de  Ghahle,  la  Drance  d'Entremont  au-dessus  d'Orsières 
et  la  Drance  de  Ferret  à  Branche,  puis  il  entre  en  Piémont  par 
le  col  Ferret. 

Là,  restant  sur  les  calcaires  schisteux  du  lias  qui  forment  le  col, 
il  rase  à  environ  1  kilomètre  de  distance  les  roches  primitives  des 
Grandes-Jorasses,  qui  font  partie  du  massif  du  mont  Blanc;  par  où 
l'on  voit  que  la  Pierre-à-Yoie,  le  Niesen  et  le  mont  INapf  sont  placés 
sur  une  ligne  droite,  tangente  à  la  base  de  ce  massif  dominant. 

Notre  cercle  côtoie  cette  ligne  dans  toute  sa  longueur  à  1  ou 
s  kilomètres  environ  de  distance,  distance  minime  et  presque  négli- 
geable quand  il  s'agit  d'aussi  grosses  masses.  Sans  même  la  négli- 
ger, on  peut  remarquer  que  l'association  de  notre  cercle  à  cette 
ligne,  sur  une  longueur  de  i5o  kilomètres  et  au  delà,  est  de  sa 
part  une  adaptation  singulièrement  précise  à  la  structure  des  Alpes 
occidentales. 

Dans  la  partie  où  il  vient  raser  le  mont  Blanc,  notre  cercle  se 
trouve  dans  l'intérieur  de  la  circonvallation  cratériforme,  depuis 
longtemps  signalée1,  dont  les  couches  jurassiques  et  crétacées  sou- 
levées aux  approches  du  colosse  Alpin  environnent  sa  masse  im- 

"otice  sur  ht  systèmes  de  mimlitflites ,  n.  538. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  329 

posante;  mais  il  n'y  pénètre  pas  plus  avant,  et  il  ne  touche  nulle 
part  les  roches  primitives.  Dans  la  branche  piémontaise  du  \  al- 
Ferret,  il  se  tient  constamment  sur  le  flanc  S.-E.  opposé  au  mont 
Blanc,  et,  passant  entre  les  rochers  granitiques  de  Saxe  et  la  cime 
du  mont  Cormet,  formée  de  roches  jurassiques  altérées  par  les 
phénomènes  métamorphiques,  il  coupe  la  Doire-Baltée,  entre  Cour- 
mayeur  et  Pré-Saint-Didier,  dans  la  gorge  par  laquelle  elle  s'é- 
chappe vers  Aoste,  gorge  dans  laquelle  coule  la  source  minérale 
de  Courmaveur  et  par  laquelle  notre  cercle  sort  lui-même  obli- 
quement de  l'enceinte  cratériforme. 

En  se  reportant  à  ce  qui  a  été  ci-dessus  (p.  166),  de  la  manière 
dont  le  dodécaédrique  rhomboïdal,  axe  volcanique  de  la  Méditerra- 
née, rase  le  contour  du  cratère  de  soulèvement  de  Ténérifle,  on 
voit  que  notre  cercle  se  conduit  ici  presque  de  la  même  manière; 
cependant  il  pénètre  un  peu  dans  1  intérieur  de  la  circonvallation 
cratériforme.  Il  passe  à  10  kilomètres  de  l'axe  du  mont  Blanc, 
tandis  que  le  dodécaédrique  rhomboïdal  passe  à  8  kilomètres  seule- 
ment de  Taxe  du  pic  de  Ténériffe;  mais  ici  les  masses  sont  plus 
considérables  et  la  figure  totale  beaucoup  plus  grande.  En  dernière 
analyse,  on  voit  de  part  et  d'autre  des  éléments  de  grandeurs 
comparables  se  combinant  d'une  manière  qui  n'est  pas  dépourvue 
(l'analogie. 

Sorti  de  la  sphère  du  mont  Blanc  un  peu  au-dessus  de  Pré-Saint- 
Didier,  notre  cercle  remonte  la  vallée  de  la  Thuile,  et  il  entre  dans 
la  Savoie  en  suivant  la  crête  qui  borde  à  l'E.-S.-E.  le  col  du  Petit- 
Saint-Bernard,  où  certaines  versions  font  passer  Annibal  avec  ses 
éléphants  :  il  laisse  la  route  carrossable  qui  le  traverse  aujour- 
d'hui à  1  kilomètre  dans  l'O.-N.-O.  Il  coupe  ensuite  l'Isère  perpen- 
diculairement à  "sa  direction  dans  les  gorges  profondes  où  il  coule 
au-dessous  du  mont  Valaisan-sur-Scez ,  et,  suivant  les  crêtes  quart- 
zeuses  et  primitives  qui  environnent  la  mine  de  Pezey,  il  va  dans 
la  vallée  du  Doron  couper,  au-dessus  de  Bosel,  le  trapézoédrique  TI 
du  système  du  mont  \  iso.  Le  point  d'intersection  tombe  au  fond 


330  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

de  la  vallée  sur  une  expansion  de  roches  primitives  qui  semble 
préparée  pour  le  recevoir. 

Plus  loin  notre  cercle,  traversant  les  montagnes  neigeuses  où 
prennent  naissance  les  vallées  des  Allues  et  de  Belleville,  franchit 
l'Arc  au-dessus  dOrelle  et  à  3  kilomètres  au  midi  de  ce  village; 
il  coupe,  sur  la  rive  gauche  de  la  même  rivière,  comme  il  a  été  dit 
ci-dessus,  le  trapézoédrique  Ta  du  système  du  Vercors. 

Passant  ensuite,  à  l'ouest  du  mont  Tabor,  à  la  naissance  des 
vallées  de  Valmenier  et  de  Bonnenuit,  il  va  couper,  au  pied  orien- 
tal du  col  de  Lautaret,  la  source  de  la  Guisane,  dont  les  eaux  des- 
cendent vers  Briançon. 

Il  aborde  le  massif  des  montagnes  granitiques  de  l'Oisans  par  la 
pointe  de  l'espèce  d'éperon  qui  s'en  détache  vers  1E -N.-E.  et  sur 
la  surface  duquel  il  rencontre  le  trapézoédrique  T\a  du  système  du 
Morbihan. 

Il  traverse  ces  montagnes  aux  formes  hardies  et  crénelées  en 
laissant  à  2  kilomètres  vers  l'O.-N.-O.  le  hameau  de  la  Bérarde, 
bâti  près  du  confluent  de  plusieurs  torrents,  au  centre  approxima- 
tif de  l'enceinte  cratériforme  décrite  autrefois  par  l'auteur  de  la 
Notice1.  Il  y  laisse,  à  2  kilomètres  à  l'E.-S.-E.,  la  pointe  des  Arcines 
ou  des  Ecrins,  élevée  de  /i,i  o5  mètres  et  cime  culminante  de  tout 
le  groupe,  puis,  à  h  kilomètres,  le  Grand-Pelvoux,  élevé  de  3,93/1 
mètres,  qui  lui  donne  son  nom.  Il  sort  enfin  du  cratère  granitique 
par  les  cimes  élevées  qui  dominent  la  Muande  de  Bellone  et  le  col 
de  Sais.  Le  diamétral  De  traverse  alors  la  partie  supérieure  du  val 
Godemard,  où  il  coupe,  sur  le  bord  du  torrent  de  la  Severaise,  le 
trapézoédrique  TTbbc  de  1  Hécla,  dont  on  a  parlé  ci-dessus  (p.  271). 

Continuant  son  cours  au  milieu  des  roches  primitives  dans  les- 
quelles sont  encaissés  le  val  Godemard  et  la  vallée  de  Cliampo- 
léon,  et  sadaptant  aver  précision  à  une  crête  continue  qui  s'étend 

1  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  civiv  d'Histoire  naturelle  de  Paru,  I.  V,  ei 
montagnes  de  l'Oisans.  par  M.  Élie  de  aussi  Annales  des  Mines.  3"  sérif.  I.  \. 
Besomont  [1829].  (Mémoires  de  la  So-        p.  .'>. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         331 

de  la  vallée  de  Severaise  à  celle  du  Drac,  notre  cercle  passe  à  la 
montagne  de  Ghaillol-le-Vieil,  élevée  de  3,107  mètres,  qui  cou- 
ronne cette  crête  et  qui  est  la  plus  avancée  vers  le  sud  des  hautes 
montagnes  primitives  du  Dauphiné. 

La  situation  de  la  crête  du  Chaillol  par  rapport  au  groupe  de 
la  Bérarde  n'est  pas  dénuée  d'analogie  avec  celle  de  la  crête  du 
Niesen  par  rapport  au  groupe  du  mont  Blanc,  et  les  deux  crêtes 
approchent  beaucoup  d'être  dans  le  prolongement  l'une  de  l'autre. 
La  position  de  l'une  et  de  l'autre  par  rapport  au  groupe  cratéri- 
forme  qui  lui  correspond  rappelle  celle  du  manclie  d'une  raquette 
à  jouer  au  volant,  et  telle  est  aussi,  à  Ténériffe,  la  position  de  la 
crête  d'El-Cucbillo  par  rapport  au  cratère  de  soulèvement.  Sir 
Henry  T.  de  la  Bêche,  dans  ses  Besearches  in  theoretical  geology, 
a  donné  (page  211,  figure  ko)  un  petit  diagramme  qui  peut  servir 
d'illustration  à  ces  rapides  aperçus. 

Passant  le  Drac  au  confluent  du  torrent  d'Ancelle,  le  diamétral 
De  traverse  les  montagnes  peu  élevées  qui  accompagnent  le  col  de 
Bavard,  passe  dans  la  ville  même  de  Gap  et  s'identifie  successive- 
ment avec  des  portions  assez  étendues  de  la  grande  route  de  Gap 
à  Marseille,  du  torrent  des  Bezines  et  de  la  Durance,  ce  qui  montre 
que,  malgré  l'abaissement  du  relief,  sa  direction  continue  à  être 
imprimée  à  la  topographie  de  la  contrée. 

Il  quitte  la  Durance  au  coude  que  cette  rivière  forme  près  de 
Thez,  coupe  le  Buech  au-dessus  de  Bibiers,  dans  le  voisinage  de 
plusieurs  confluents,  et  va  traverser  la  crête  de  la  montagne  de 
Lure  par  l'une  de  ses  principales  sommités,  sur  laquelle,  comme 
on  l'a  déjà  dit  page  3o4,  il  coupe  ïhexalétraédrique  Haa  du  système 
du  Peychagnard. 

Poursuivant  son  cours  vers  le  S.-S.-E.  sur  la  surface  peu  tour- 
mentée des  terrains  crétacés  et  tertiaires,  notre  cercle  coupe  la 
chaîne  du  Leberon  au  N.-O.  de  Vitrolles  et  la  Durance,  détournée 
vers  l'ouest ,  à  3  kilomètres  au-dessous  du  confluent  de  la  Lèze.  La 
vallée  do  cotte  dernière  rivière,  de  même  que  plusieurs  vallées  et 


333  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

autres  accidents  des  plateaux  circc-nvoisins,  suit  à  peu  près  la  di- 
rection de  notre  cercle,  qui  est  aussi  celle  de  la  Durance,  depuis  le 
confluent  de  laBleone  jusqu'à  celui  du  Verdon. 

Dans  le  département  des  Bouches-du- Rhône,  ce  même  cercle 
laisse  à TO.,  à  moins  de  2  kilomètres  de  distance,  le  petit  champignon 
basaltique  isolé  de  Beaulieu.  Il  coupe  la  Touloubre,  près  du  vieux 
château  de  la  Calade,  au  coude  où  la  traverse  la  route  d'Aix  à  Avi- 
gnon, et  l'Arc  dans  la  courbe  qu'elle  décrit  autour  du  château  de 
Saint-Pons.  Il  aborde  la  chaîne  calcaire  qui  passe  au  midi  de  l'étang 
de  Berre,  à  1  kilomètre  à  l'ouest  du  tunnel  de  la  Nerte,  dans 
lequel  passe  le  chemin  de  fer  d'Arles  à  Marseille,  et  il  entre  enfin 
dans  la  Méditerranée  par  le  port  de  Mégean,  situé  un  peu  à 
l'ouest  du  point  où  les  calcaires  jurassiques  et  crétacés  sont  rem- 
placés, dans  les  falaises  de  la  côte,  par  le  terrain  tertiaire  miocène. 

Dans  le  golfe  du  Lion,  notre  cercle,  laissant  à  l'est  les  lies  de 
Ratoneau,  de  Pomègue  et  du  Planier,  avant-corps  des  montagnes 
qui  dominent  Marseille,  va  former  un  des  côtés  du  petit  triangle 
déjà  mentionné  ci-dessus  (p.  295). 

Poursuivant  son  cours  dans  la  Méditerranée,  le  diamétral  De 
coupe  l'île  de  Majorque  presque  exactement  suivant  la  ligne  du 
cap  Ferruch  au  cap  Salinas;  il  entre  en  Afrique  près  du  cap  de 
Tenez,  et,  laissant  à  l'est  l'Ouansenis,  il  traverse  l'Algérie  parallè- 
lement à  l'une  des  principales  lignes  d'accidents  qui  s'y  dessinent 
et  dans  une  région  qui  en  porte  fortement  l'empreinte  :  il  finit  par 
atteindre  les  montagnes  qui  séparent  le  bassin  du  Sénégal  de  celui 
du  Niger,  et  sort  du  continent  par  la  côte  du  golfe  de  Guinée. 

Du  côté  opposé,  notre  cercle  traverse  dans  le  centre  de  I  Mle- 
magne  la  région  principalement  occupée  par  le  trias,  en  coupant, 
à  des  inflexions  prononcées,  non-seulement  le  Neckar,  mais  encore 
la  Jaxt,  la  Tauber  et  le  Mayn,  et  il  rase  à  une  assez  faible  distance 
le  sommet  du  crochet  que  forme  cette  dernière  rivière  au-dessus 
de  Wuilzbourg.  Construit  sur  la  belle  carte  géologique  déjà  citée 
de  M.  Bernard  Colla,  il  coupe  à  Sachsendorff  la  pointe  d'une  petite 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E.N   FRANCE.  333 

protubérance  de  grès  bigarré  supérieur,  et  à  Mosserberg  celle  de  la 
prolongation  extrême  vers  le  S.-E.  du  grès  rouge  et  du  porphyre  du 
Thùringerwald.  Traversant  enfin  la  région  schisteuse  du  Franken- 
waJd,  il  va  passer  au  point  D,  centre  du  pentagone  européen,  près 
de  Remda. 

Au  delà  du  point  D,  traversant  encore  une  grande  étendue  de 
plaines  couvertes  par  le  trias  et  les  dépôts  tertiaires,  il  va  rencontrer 
la  Saale  à  une  petite  distance  au-dessous  de  Halle,  et  couper  la  pro- 
tubérance de  porphyre  quartzifère  et  de  grès  rouge  qui  se  montre 
au  nord  de  cette  ville.  Passant  ensuite  la  Mulde  et  l'Elbe  un  peu 
au-dessus  de  leur  confluent,  près  de  Dessau,  il  traverse  les  plaines 
sablonneuses  du  Brandebourg,  et  il  entre  dans  la  mer  Baltique 
par  le  Stettin-Haff,  en  touchant  les  petits  lambeaux  de  terrain  ter- 
tiaire qui  se  montrent  dans  l'île  de  Wollin. 

Dans  la  Baltique,  notre  cercle  côtoie  l'île  de  Golhland  et  va 
aborder  le  promontoire  situé  au  S.-E.  d'Abo.  Traversant  oblique- 
ment la  Finlande,  il  en  sort  par  son  angle  N.-E.  à  l'entrée  de  la 
mer  Blanche.  Il  coupe  la  presqu'île  située  à  l'est  de  cette  mer,  puis, 
dans  la  mer  Glaciale,  l'île  Klaguew,  et  va  raser  la  pointe  méridio- 
nale de  la  Nouvelle-Zemble. 

La  monographie  de  ce  cercle  n'a  pas  encore  été  faite  d'une  ma- 
nière complète  pour  les  parties  situées  en  dehors  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France.  Je  n'essayerai  pas  de  la  compléter  ici;  je  me 
borne  à  dire  qu'après  avoir  passé  au  point  c,  situé  dans  la  Sibérie 
orientale,  près  des  monts  Aldan,  il  sort  du  continent  en  traversant 
les  lagunes  qui  accompagnent,  au-dessous  de  Sofisk,  la  partie  infé- 
rieure du  fleuve  Amour.  11  coupe  ensuite  l'île  Seghalien,  dont  il 
sort  un  peu  au  sud  du  cap  Soimonof ,  et ,  traversant  la  mer  d'Okhotsk, 
il  entre  dans  l'océan  Pacifique  par  le  détroit  qui  sépare  deux  des 
îles  de  la  chaîne  des  Kurilles,  l'île  Kuna-Siri  et  l'île  ^eterop  ou 
Staten.  11  rase  avec  précision  la  pointe  N.-E.  de  Kuna-Siri,  en  lais- 
sant au  large  la  petite  île  adjacente,  et  plus  loin,  à  son  entrée  dans 
l'océan  Pacifique,  il  détache  aussi  l'île  de  Tschikitan  dune  chaîne 


334  RAPPORT  SUR  LES   PROGRES 

de  petites  îles  qui  fait  suite  à  la  pointe  E.-N.-E.  de  la  terre  d'Yesso. 
Cette  dernière  île  contient  le  volcan  de  Spanberg.  Sur  les  bords  du 
détroit,  M.  Léopold  de  Buch1  figure  cinq  volcans,  au  nombre  des- 
quels se  trouvent  le  volcan  de  Spanberg  et  le  pic  Tschatschano- 
buri,  d'où  vient  peut-être  le  nom  de  chenal  de  Pico  donné  à  ce 
détroit. 

Dans  l'intérieur  du  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  Franco . 
le  diamétral  De  est  jalonné  d'une  manière  très-remarquable.  Plu- 
sieurs points  bien  définis  se  trouvent  exactement  sur  sa  direction; 
d'autres,  en  beaucoup  plus  grand  nombre,  et  même  des  crêtes 
montagneuses  considérables,  se  trouvent  de  part  et  d'autre  à  la  dis- 
tance minime  de  1,  2,  3  kilomètres,  formant  une  zone  très-étroite, 
dont  on  ne  pourrait  le  faire  sortir  sans  gâter  sa  position.  Dans 
cette  zone,  et  même  dans  une  zone  plus  large,  le  dessin  topogra- 
phique de  la  carte  géologique  de  la  France,  complété  avec  beau- 
coup de  soin  d'après  les  documents  les  plus  récents,  avant  qu'on  y 
construisit  les  cercles  du  réseau,  indique  des  rapports  intimes  entre 
sa  direction  et  celle  des  accidents  orographiques.  Ce  cercle  est  donc 
aussi  bien  assis  sur  les  accidents  orographiques  qu'aucun  de  ceux 
que  nous  avons  étudiés. 

Il  nous  reste  à  examiner  s'il  remplit  les  conditions  nécessaires 
pour  être  adopté  comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système 
des  Alpes  occidentales.  L'auteur  de  la  Notice  avait  indiqué  succes- 
sivement deux  grands  cercles  de  comparaison  provisoires  très- voisins 
l'un  de  l'autre  pour  le  système  des  Alpes  occidentales,  l'un  passant 
par  Marseille  et  Zurich,  l'autre  par  l'île  de  Riou  et  Hohentwiel.  Ces 
deux  cercles  s'approchant  l'un  et  l'autre  très-près  du  point  D,  centre 
du  pentagone  européen,  près  de  Remda,  il  était  naturel  de  chercher 
parmi  les  cercles  du  réseau  qui  y  passent  le  représentant  définitif 
du  système  des  Alpes  occidenlales. 


1    Description  phuëtÇIU  (1rs  iles  (limarirs.    oie.   par   M.    Léopotd  «le   Pxicli.    Inul.   par 
M.  C.  RnuInn^T,  n,  hkk. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E.\   FRANCE  335 

Parmi  ces  cercles  se  trouve  notre  diamétral  De,  qui  fait  avec 
le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare  un  angle 
de  /i/r°  i6"3",65.  D'après  le  tableau  de  la  page  852  de  la  Notice, 
l'angle  formé  parles  grands  cercles  de  comparaison  des  systèmes  des 
Alpes  occidentales  et  du  Ténare  est  de  hh°Z'  18".  La  différence  est 
de  i2'/i5",55  c'est-à-dire  très-petite,  et  le  sens  dans  lequel  elle 
tombe  vient  encore  contribuer  à  la  rendre  tout  à  fait  négligeable. 
En  effet,  l'arc  Marseille-Zurich  s'écarte  du  méridien  d'environ  un 
degré  de  plus  que  l'arc  île  de  Riou-Hohentwiel ,  et,  le  diamétral  De 
s'écartant  du  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  du 
Ténare,  et,  par  suite,  du  méridien,  de  1 2'  à  1 3'  de  plus  que  le  der- 
nier, on  voit  qu'il  tombe  entre  les  deux  grands  cercles  de  com- 
paraison différents  qui  avaient  été  successivement  indiqués,  mais 
beaucoup  plus  près  de  celui  qui  avait  été  préféré  que  de  celui  qui 
avait  été  abandonné. 

Le  déplacement  transversal  que  le  cercle  a  subi  pour  passer 
dans  les  Randen  plutôt  qu'à  Hohentwiel  étant  d'ailleurs  insigni- 
fiant, on  voit  que  le  diamétral  De  forme,  pour  le  système  des 
Alpes  occidentales,  un  grand  cercle  de  comparaison  très- conve- 
nable. 

Sous  le  rapport  de  son  adaptation  à  l'orographie  des  Alpes,  il 
est  infiniment  supérieur  et  même  hors  de  toute  comparaison  avec 
les  deux  grands  cercles  de  comparaison  provisoires  qu'on  avait  cepen- 
dant cherché  à  placer  le  mieux  possible  par  voie  de  tâtonnement. 

Le  diamétral  De  est  très-voisin  du  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble, 
qu'il  coupe  au  point  D,  près  de  Remda,  sous  un  angle  de  8°i6'3",65 
seulement l.  Cependant  les  deux  cercles  sont  parfaitement  dis- 
tincts, renfermés  dans  des  zones  étroites  dont  on  ne  peut  les  faire 
sortir  ni  l'un  ni  l'autre  sans  leur  faire  perdre  les  caractères  qui  les 
distinguent,  et,  de  même  que  dans  d'autres  cas  analogues  men- 
tionnés plus  haut,  pages  216,  291,  etc.,  on  ne  peut  songer  ni  à 

'  Notice,  p.  1 128. 


S36  RAPPORT  SI  K  LES  PROGRÈS 

les  confondre,  ni  à  remplacer  l'un  par  l'autre,  ni  à  les  remplacer 
tous  les  deux  par  une  moyenne.  On  peut  en  outre  remarquer  que, 
lorsque  des  dislocations  appartenant  aux  deux  systèmes  coexistent 
dans  une  même  contrée,  elles  se  distinguent  par  leurs  directions, 
quelque  peu  différentes  qu'elles  soient,  aussi  bien  que  par  leurs 
âges  relatifs.  On  l'a  vu  ci-dessus  par  les  failles  du  système  des  Alpes 
occidentales  qui  existent  dans  la  vallée  de  la  Linth.  Dans  le  groupe 
môme  du  mont  Blanc,  on  trouve  le  massif  du  Brevent  et  des 
Aiguilles-Rouges  et  quelques  massifs  accessoires,  dans  lesquels  les 
couches  de  roches  primitives,  redressées  suivant  l'orientation  du 
système  du  Rhin,  sont  recouvertes  en  stratification  discordante, 
d'après  les  observations  de  M.  Neker  de  Saussure,  de  sir  Henry 
de  la  Bêche,  de  M.  Alphonse  Favre  et  de  l'auteur  même  de  la 
Notice,  par  les  couches  inférieures  du  lias,  ce  qui  conduit  à  attri- 
buer à  leur  redressement  l'ancienneté  indiquée  par  leur  direction. 
En  d'autres  points,  pour  des  motifs  déjà  exposés  plusieurs  fois,  il 
a  pu  arriver  que  les  dislocations  dépendantes  du  système  du  Rhin 
aient  été  reproduites  à  l'époque  où  s'est  formé  le  système  des  Alpes 
occidentales. 

Quant  au  système  des  Alpes  occidentales  considéré  en  lui-même, 
à  son  âge  relatif,  à  sa  composition,  ce  qui  précède  ne  conduit  à 
rien  changer  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  pages  535,  1071  et  autres  (voir  la  table  de  l'ouvrage), 
et  à  ce  qu'y  ont  ajouté  les  observations  faites  en  Algérie  (voir  ci- 
dessus,  p.  fi-9). 

Trapézoédrique  Tabc  (système  Longmynd) . 

Le  cercle  placé  au  seizième  rang  dans  le  tableau  des  1  83  in- 
tersections est  le  trapézoédrique  Tabc,  représentant  du  système  du 
Longmynd. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  T  qui  tombe  en 
Finlande,  près  de  Vasa,  et  par  le  point  a  qui  tombe  dans  l'océan 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANGE.  337 

Atlantique  au  N.-O.  de  l'île  de  l'Ascension,  ce  qui  l'oblige  à  passer 
aussi  par  le  point  b  situé  au  nord  de  l'île  Géorgie ,  et  par  le  point  c 
qui  tombe  dans  l'archipel  des  Nouvelles-Shetland,  ainsi  que  par 
les  antipodes  de  ces  quatre  points.  Il  a  pour  pôles  les  deux  points 
où  se  coupent  mutuellement  les  quatre  cercles  auxquels  ces  points 
appartiennent  comme  pôles.  Ces  points  d'intersection  multiple  sont 
figurés  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  et  tombent,  l'un  dans  l'océan 
Pacifique,  près  des  côtes  du  Mexique,  au  S.-S.-O.  du  cap  Cor- 
rientes,  et  l'autre  dans  l'océan  Indien,  au  sud  des  îles  Peros-Banhos. 

Le  trapézoédriqw  Tabc  pénètre  dans  le  cadre  de  la  carte  géolo- 
gique de  la  France  par  le  côté  septentrional.  Il  traverse  le  Rhin 
au-dessous  de  Cologne,  coupe,  à  9  kilomètres  à  l'O.-S.-O.  de  cette 
ville,  le  primitif  du  Land's  End,  et  va  rencontrer  le  diamétral  Dac 
du  système  des  Pays-Bas,  à  l'entrée  même  delà  ville  de  Gemund, 
bâtie  au  confluent  de  la  Roer  et  de  l'un  de  ses  affluents.  Notre 
cercle  s'adapte  à  une  partie  du  cours  de  cet  affluent.  Plus  loin, 
dans  l'Eifel,  il  suit  pendant  quelque  temps  la  ligne  de  partage  des 
eaux  entre  la  Meuse  et  la  Moselle,  puis  il  côtoie  approximative- 
ment la  vallée  de  l'Our,  et  il  coupe  au  sommet  de  l'un  de  ses  prin- 
cipaux méandres  le  trapézoédrique  TDb  du  système  du  Finistère. 

Continuant  son  cours  sur  les  terrains  schisteux,  notre  cercle  tra- 
verse la  Sure  au-dessus  d'Esch,  et,  sur  la  ligne  culminante  située 
au  sud  de  cette  rivière,  il  passe  au  point  de  croisement,  déjà  cité 
précédemment,  où  il  coupe  simultanément  le  bissecteur  DH  de 
Belle-Ile  et  Y hexatétraédrique  Haa. 

Sortant  alors  de  l'Ardenne  par  Attert,  très-près  du  point  où  se 
termine  la  ceinture  de  grès  bigarré  qui  l'entoure  plus  à  l'est,  il 
traverse  les  terrains  jurassiques  du  Luxembourg  et  entre  en  France 
au  milieu  des  exploitations  de  minerai  de  fer  qui  entourent  le  vil- 
lage de  la  Malmaison. 

Il  traverse  la  Meuse  dans  le  grand  méandre  que  forme  sa  vallée 
à  Vacherauville ,  au-dessous  de  \erdun,  et  l'Aire  au  coude  qu'elle 
forme  près  de  Fleury.  Il  s'adapte  ensuite  avec  précision  à  la  pre- 

Slraligraphie.  :>  ■>, 


3S8  RAPPOBT  SUK   LES  l'KOGRES 

mière  section  d'une  direction  toute  spéciale  de  la  vallée  de  l'Aisne, 
aux  environs  de  Yaubecourt. 

Celte  adaptation  mérite  d'être  signalée.  L'Aisne  coule  ici,  sur 
une  étendue  de  7  kilomètres,  dans  un  vallon  rectiligne,  dont  le  fond 
entame  le  terrain  jurassique  au-dessous  du  terrain  crétacé  infé- 
rieur, et  dont  la  direction  est  à  peu  près  perpendiculaire  à  celle  de 
la  plupart  des  vallées  de  la  contrée.  Il  n'y  a  d'exception  que  pour 
celles  de  deux  des  affluents  supérieurs  de  la  Ghée  qui  sont  situés 
à  peu  de  distance  au  S.-Ë.  et  sur  l'un  desquels  se  trouve  l'Isle- 
en-Barrois. 

Notre  cercle  coupe  ensuite  la  Chée  près  de  Villotte  et  l'Ornain 
au-dessous  de  Neuville,  points  où  le  terrain  jurassique  cesse  de  se 
montrer  dans  le  fond  des  vallées  de  ces  rivières,  parce  qu'il  s'en- 
fonce au-dessous  du  terrain  crétacé  inférieur. 

Sur  les  collines  proéminentes  de  gault  qui  environnent  Gifl'au- 
mont,  il  coupe,  au  milieu  des  étangs,  le  trapézoédrique  TI  du  sys- 
tème du  mont  Viso,  et  il  se  dirige  vers  la  vallée  de  l'Aube.  11  tra- 
verse cette  dernière  à  l'inflexion  qu'elle  présente  près  de  Trannes 
et  de  Jessains,  à  peu  de  distance  du  point  où  le  terrain  juras- 
sique disparaît  en  s'enfonçant  sous  les  assises  du  terrain  crétacé 
inférieur. 

Passant  la  Seine  à  Buxeuil,  à  2  kilomètres  au-dessus  du  con- 
fluent de  la  Laignes,  il  traverse  l'Armançon  près  d'Ancy-le-Franc, 
à  l'endroit  où  l'étage  oolithique  inférieur  cesse  de  se  montrer  dans 
le  fond  de  la  vallée  pour  s'enfoncer  sous  l'étage  oxfordien,  et  à 
moins  de  1  kilomètre  du  point  d'émergence  d'une  source  très- 
abondante,  appelée  la  Grande  Fontaine,  qui  sert  de  trop-plein  aux 
eaux  rassemblées  dans  les  fissures  des  calcaires  de  l'étage  oolithique 
inférieur  *, 

Après  avoir  suivi  quelque  temps  la  crête  des  coteaux  de  l'étage 
oolithique  moyen,  notre  cercle  atteint  sur  le  plateau  la  grande 

1   EspiieatioH  tic  la  twrit géologique  <!<■  la  Franco,  I.  If.  p.  /iy/i. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  339 

oolithe  près  de  llsle,  le  point  de  croisement  déjà  cité,  où  il  ren- 
contre simultanément  le  primitif  de  Lisbonne  et  le  trapézoédrique 
TTbbc  de  l'Hécîa. 

Les  trois  cercles,  comme  on  l'a  dit  précédemment,  s'adaptent 
aux  formes  du  Morvan,  et,  tandis  que  les  deux  derniers  jouent  le 
rôle  de  tangentes  par  rapport  au  contour  extérieur  de  cette  protu- 
bérance granitique,  le  trapézoédrique  T abc  joue  celui  d'une  sécante 
adaptée  à  ses  irrégularités,  ou  plutôt  celui  d'une  tangente  à  une 
surélévation  intérieure  du  massif  qui  embrasse  Lormes  et  Chaste- 
lux.  En  effet ,  laissant  Chastelux  et  Lormes  à  1  kilomètre  à  l'E.-S.-E. , 
il  côtoie  la  partie  surélevée  de  la  région  montagneuse,  et,  entrant 
ensuite  dans  la  dépression  où  le  calcaire  à  gryphées  arquées  empiète 
jusqu'à  Cervon  sur  les  contours  granitiques,  il  y  suit  encore  pen- 
dant quelque  temps,  à  une  distance  peu  considérable,  la  prolon- 
gation de  la  surélévation  intérieure.  Plus  loin,  il  traverse,  entre 
Eviry  et  Achun,  l'expansion  des  porphyres  quartzifères  de  la  partie 
méridionale  du  Morvan,  qui  s'avancent  dans  la  plaine  à  un  niveau 
inférieur  à  celui  de  la  région  montagneuse,  dont  notre  cercle 
marque  ici  la  limite,  comme  le  trapézoédrique  TTbbc  le  fait  du  côté 
de  Saulieu. 

Traversant  les  plaines  jurassiques  et  tertiaires  du  Nivernais,  où 
il  rencontre .  dans  le  prolongement  de  la  ligne  de  soulèvement  de 
Saint-Saulge,  le  trapézoédrique  Tla  du  système  du  Morbihan,  notre 
cercle  coupe  à  peu  près  par  son  milieu  la  saillie  qu'y  forme  à  l'im- 
proviste  le  terrain  houiller  à  la  Machine,  au  nord  de  Decize. 
Bientôt  après  il  passe  la  Loire  à  i  kilomètres  au-dessous  de  cette 
ville  et  du  confluent  de  l'Aron. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  le  trapézoédrique  Tabc  atteint 
promptement,  aux  Bruyères,  près  de  Saint-Parèse-en-V iry,  le  point 
de  croisement  quadruple  déjà  signalé  plus  haut  (page  293)  qui, 
par  les  cercles  qu'il  y  rencontre,  établit  un  lien  entre  lui  et  les 
principales  lignes  géologiques  de  la  contrée. 

Passant  ensuite  l'Allier  dans  la  plaine  tertiaire,  il  rase  près  de 


MO  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Montilly  deux  protubérances  de  marnes  irisées  qui,  dans  sn  direc- 
tion, sont  comme  l' avant-garde  du  massif  central  de  la  Fiance.  Il 
entre  dans  ce  massif  en  coupant,  à  2  kilomètres  à  l'E.-S.-E.  de  Sou- 
vigny,  la  vallée  de  la  Queune,  où  il  passe  sur  les  marnes  irisées 
et  sur  le  porphyre  avant  de  pénétrer  jusqu'au  granité,  noyau  du 
cap  qui  vient  expirer  et  se  perdre  dans  cette  direction. 

Une  fois  entré  dans  les  granités,  notre  cercle  y  poursuit  son 
cours  presque  sans  rencontrer  aucune  autre  roche,  jusqu'au  mo- 
ment où  il  en  sort  dans  le  département  du  Lot  en  rasant  le  petit 
terrain  houiller  de  la  Ghapelle-Marival. 

Dans  cet  intervalle  de  plus  de  220  kilomètres,  où  il  passe  exacte- 
ment à  Menât  et  à  Bourg-Lastic,  notre  cercle,  sans  s'adapter  à  au- 
cun des  traits  les  plus  saillants  de  la  contrée,  dessine  évidemment 
l'une  des  lignes  principales  de  sa  structure  fondamentale.  Il  est 
parallèle  à  un  grand  nombre  de  crêtes  granitiques  et  de  dépressions, 
et  il  traverse  celle  qui  renferme  le  dépôt  de  tripoli  de  Menât.  Il 
suit  parallèlement,  à  une  médiocre  distance,  le  cours  de  la  Queune, 
du  Venant,  de  la  Bouble,  de  la  Sioule  et  du  Sioulet,  et  enfin  le 
cours  de  la  Dordogne,  dont  il  ne  s'éloigne  complètement  qu'au 
point  où,  sortant  des  terrains  primitifs,  près  de  Bretenoux,  cette 
rivière  se  détourne  vers  l'ouest.  Il  s'identifie  sur  1 0  kilomètres  de 
longueur  avec  le  cours  de  la  Sioule,  près  de  Comps,  et  sur  une 
certaine  étendue  aussi  avec  le  cours  de  la  Dordogne,  près  de  Mey- 
rières.  H  passe  rigoureusement,  ou  à  moins  de  1  kilomètre  de  dis- 
tance, au  confluent  du  Venant  et  de  la  Bouble,  qui  est  en  même 
temps  le  point  d'inflexion  principal  de  cette  dernière  rivière;  au 
confluent  de  la  Sioule  et  du  Sioulet,  qui  est  une  des  principales 
inflexions  de  la  Sioule,  et  aux  confluents  de  la  Dordogne  avec  le 
Ghavanoux  et  avec  la  Diége. 

Dans  ce  même  intervalle,  notre  cercle  forme  la  limite  E.-S.-E. 
de  la  nombreuse  réunion  de  terrains  houillers  peu  étendus,  mais 
très-productifs,  qui  se  groupent  à  l'E.  de  Montluçon.  Il  suit  aussi 
ceux  qui  s'étendent  au  sud  dans  !<>  Cantal;  mais  ces  derniers  sem- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.         341 

blent  s'enchaîner  suivant  une  direction  plus  rapprochée  du  méri- 
dien que  celle  de  notre  cercle,  et  voisine  de  l'orientation  du  pri- 
mitif de  la  Nouvelle-Zemble  (système  du  Rhin).  Toutefois  on  ne 
peut  dire  que  notre  cercle,  qui  passe  à  la  fois  au  terrain  houiller  de 
Decize  et  à  celui  de  la  Chapelle-Marival ,  qui  sont  les  deux  termes 
extrêmes  de  la  série,  soit  étranger  à  la  direction  générale  un  peu 
complexe  que  suivent  les  dépôts  houillers  de  cette  partie  de  la 
Fiance. 

Dans  ce  même  intervalle  notre  cercle  forme  presque  exactement 
la  limite  vers  10.-N.-0.  des  terrains  volcaniques  de  la  France  cen- 
trale, car  un  petit  nombre  de  protubérances  basaltiques  isolées  se 
rencontrent  seules  au  delà  de  son  cours,  et  ne  le  dépassent  que  fai- 
blement. 

En  résumé,  l'influence  du  trapézoédrique  Tabc  se  manifeste  ici 
pour  un  œil  attentif  avec  une  grande  évidence,  et  son  cours  est  ja- 
lonné dans  cette  partie  par  des  repères  d'une  étonnante  précision. 

Au  delà  de  la  Chapelle-Marival,  le  trapézoédrique  Tabc,  entrant 
dans  le  bassin  du  S.-O.,  traverse  les  plateaux  formés  par  les  cal- 
caires de  l'étage  oolithique  inférieur  et  de  l'étage  oolithique  moyen. 
Il  passe  près  de  Saint-Cels,  au  N.-O.  de  Cajarc,  au  point  de  croi- 
sement déjà  mentionné,  où  il  coupe  simultanément  le  trapéwé- 
drique  Tb  du  système  de  la  Vendée  et  Xhexatétraédrique  Rbaab  de 
Nontron.  Le  point  de  croisement  près  de  Saint-Gels  de  même  que 
le  point  de  croisement  près  de  l'Isle  tombent  sur  les  plateaux  cal- 
caires d'une  monotone  uniformité ,  où  rien  n'attire  directement  l'at- 
tention ;  mais  on  peut  les  citer  comme  exemples  de  ces  positions 
stratégiques  d'où  partent  des  rayons  qui  prennent  en  enfilade  de 
nombreux  points  de  caractères  définis.  Le  croisement  de  Saint-Cels 
se  trouve  mis  en  rapport,  de  cette  manière,  avec  une  foule  de  lo- 
calités remarquables,  notamment  avec  les  granités  métallifères  de 
l'Àveyron,  aux  environs  de  Villefranche,  et  le  trapézoédrique  Tabc  est 
parallèle,  sur  une  étendue  de  5o  kilomètres,  à  la  limite  O.-N.-O 
de  cette  masse  granitique. 


362  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Traversant  ensuite,  suivant  l'inflexion  que  lui  imprime  l'un  de 
ses  méandres ,  la  vallée  profondément  encaissée  du  Lot,  notre  cercle 
se  dirige  vers  Gaussade,  en  s'adaptant  au  cours  de  l'une  des  petites 
rivières  qui  passent  près  de  cette  ville  et  en  côtoyant  le  contour 
extrême  de  l'étage  oolithique  supérieur.  La  ville  de  Gaussade ,  que 
traverse  notre  cercle,  est  bâtie  à  l'extrémité  de  la  zone  de  terrain 
jurassique  qui  forme  vers  le  N.-E.  la  ceinture  extérieure  du  bassin 
de  la  Gascogne,  au  pied  des  dernières  collines  formées  par  les 
calcaires  de  l'étage  oolithique  moyen.  En  approchant  de  leur 
terminaison,  toutes  les  bandes  dont  cette  zone  se  compose  tournent 
vers  le  S.-S.-O.,  de  manière  à  prendre  exactement  la  direction  de 
notre  cercle,  qui  rase,  comme  on  vient  de  le  dire,  le  contour  de 
l'étage  supérieur,  et  qui  est  parallèle  aux  autres  contours,  de  même 
qu'à  la  ligne  terminale  des  granites.de  l'Aveyron  et  à  la  bande  de 
grès  bigarré  qui  y  est  adossée.  Le  trapézoédriqtie  Habc  se  trouve 
ainsi  posé  comme  le  régulateur  de  la  structure  de  cette  contrée. 

Traversant  l'Aveyron  dans  le  contour  qui  le  rapproche  de  Réal- 
ville ,  et  le  Tarn  dans  l'étranglement  que  présente  sa  vallée  avant 
de  se  confondre  avec  celle  de  la  Garonne,  ce  grand  cercle  passe  la 
dernière  rivière  à  Grenade,  au  point  où  elle  reçoit  la  Save  avec 
le  cours  de  laquelle  il  s'identifie  sur  une  longueur  de  1 2  kilo- 
mètres. 

Parcourant  ensuite  les  plateaux  miocènes  et  pliocènes  de  la 
Haute-Garonne  qui  se  rattachent  à  ceux  du  Gers,  il  va  aborder 
les  Pyrénées  parles  plateaux  calcaires  d'Aurignac,  où  il  laisse  cette 
ville  à  3  kilomètres  dans  l'O.-TN.-O.  Il  coupe  de  nouveau  la  vallée 
de  la  Garonne  de  la  Barthe  à  Miramont,  précisément  dans  le  point 
où  elle  se  rétrécit  au  confluent  de  l'Arrons-Sec,  et,  passant  entre 
Soueich  etAspet,  il  traverse  des  terrains  de  composition  variée,  où 
il  laisse  à  l'O.-N.-O.,  à  h  kilomètres  de  distance,  le  pic  de  Car, 
élevé  de  1,786  mètres,  l'une  des  dernières  cimes  du  chaînon 
oriental  des  Pyrénées,  et  il  va  pnsscr  à  1  kilomètre  à  l'E.-S.-E.  de 
Saint-Béat,  où  il  coupe  In  Garonne  pour  la  troisième  cl  dernière  lois. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         343 

Sur  sa  rive  droite,  à  la  pointe  de  Palarquère,  située  aune  pe- 
tite distance  au  N.-O.  du  mont  Bucanère,  il  coupe  le  diagonal  \b  du 
système  du  mont  Serrât,  et,  suivant  obliquement  les  montagnes 
qui  séparent  la  vallée  d'Aran  de  celle  de  Luchon,  il  atteint  le  fond 
de  cette  dernière  au  confluent  de  la  Burbe ,  au-dessus  des  rochers 
granitiques  sur  lesquels  s'élève  la  tour  de  Castel-\  ieil.  Il  laisse  la 
ville  de  Bagnères-de-Luchon  et  ses  sources  thermales  renommées  à 
moins  de  3  kilomètres  dans  ÎO.-N.-O. 

Traversant  alors  le  val  de  Lys  près  de  son  issue,  notre  cercle 
s'élève  sur  les  flancs  de  la  chaîne  centrale  des  Pyrénées,  au  milieu 
des  cascades  et  des  lacs  sauvages  qu'alimentent  les  glaciers  de 
Graouès  descendant  des  cimes  granitiques  de  3,no  mètres  de 
hauteur  qui  forment  la  crête  entre  le  port  la  Glère  et  le  port  d'Oo. 
C'est  le  cœur  des  Pyrénées,  dont  le  trapézoédrique  Tabc  descend 
ensuite  le  flanc  méridional  pour  aller  couper  la  Cinca,  au-dessous 
d'Ainsa,  en  laissant  cette  ville  à  U  kilomètres  à  l'O.-N.-O. 

Ainsi  le  trapézoédrique  Tabc  aborde  la  chaîne  des  Pyrénées  de 
front,  dans  une  direction  presque  perpendiculaire  aux  axes  de  ses 
deux  chaînons  principaux,  et  il  les  coupe  l'un  et  l'autre  à  une  cer- 
taine distance  de  leurs  extrémités  respectives;  bien  différent  en 
cela,  dans  son  allure,  du  diagonal  Ib,  qu'il  rencontre  à  la  pointe  de 
Palarquère,  située  dans  l'intervalle  des  deux  chaînons  entre  les- 
quels ce  dernier  s'insinue,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus  (page  261), 
en  les  touchant  à  peine  l'un  et  l'autre.  La  réunion  des  deux  cercles 
forme,  avec  les  axes  des  deux  chaînons,  une  sorte  de  diagramme 
de  la  structure  des  Pyrénées  centrales,  nettement  adapté  à  plu- 
sieurs de  leurs  traits  les  mieux  accentués. 

Après  avoir  traversé  l'Espagne,  notre  cercle  coupe  la  Sierra  Ne- 
vada du  royaume  de  Grenade ,  en  passant  à  peu  près ,  sinon  exac- 
tement, au  Mulehacen.  Enfin  il  passe  dans  le  Maroc,  aux  environs 
de  Fez,  et  suit  les  montagnes  qui  vont  se  rattacher  à  la  chaîne  prin- 
cipale de  l'Atlas,  un  peu  à  l'E.  du  Miltzin. 

Du  côté  opposé,  le  trapézoédrique  Tahr  traverse  la  Suède  et  la 


Wi  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Finlande  à  peu  près  dans  les  régions  où  l'existence  du  système  du 
Longmynd  a  été  signalée  *. 

Après  avoir  parcouru  la  Sibérie,  il  entre  dans  la  manche  de 
Tartarie  par  le  port  de  Barraconta,  coupe  la  pointe  S.-O.  de  l'Ile 
Seghalien  un  peu  au  N.  du  cap  Ontsube,  et  traverse  la  terre 
d'Yesso,  de  la  baie  Vlakke  à  la  baie  de  Bonne-Espérance,  en  rasant 
le  pied  du  mont  Una,  qui  s'élève  sur  une  de  ses  pointes  dirigées 
au  N.-E. 

Notre  cercle  est  du  nombre  de  ceux  dont  la  monographie  com- 
plète n'a  pas  encore  été  faite.  Elle  pourrait  ne  pas  être  sans  intérêt, 
mais,  en  s'en  tenant  seulement  à  la  partie  de  son  cours  qui  traverse 
le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France,  il  est  nettement 
jalonné  par  les  accidents  géographiques  et  géologiques.  La  ville  et 
le  confluent  de  Gemund,  le  tronçon  initial  de  la  vallée  de  l'Aisne, 
la  Grande  Fontaine  d'Ancy-le-Franc,  les  flancs  des  montagnes  du 
Morvan,  les  confluents  multipliés  des  rivières  du  centre  de  la 
France,  les  contours  terminaux  de  la  zone  jurassique  du  bassin  de 
la  Gascogne,  les  accidents  orographiques  et  géologiques  de  la  partie 
centrale  des  Pyrénées,  sont,  pour  ce  cercle,  des  repères  précis  dont 
on  ne  peut  l'éloigner  sans  gâter  sa  position ,  car  beaucoup  d'entre 
eux  sont  uniques  dans  leur  genre,  et  il  n'en  existe  pas  d'autres 
dans  un  assez  grand  rayon  qui  puissent  leur  être  substitués.  Il  nous 
reste  à  examiner  si  ce  cercle  peut  réellement  être  employé  pour 
représenter  le  système  du  Longmynd. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  ce  système 
est  orienté  au  Binger-Loch ,  sur  le  Rhin,  vers  le  N.  3o°  i  5'  E.2. 
Ce  grand  cercle  traverse  obliquement  la  Suède,  et  passe  à  peu  de 
distance  des  côtes  septentrionales  de  la  Finlande,  sur  le  golfe  de 
Bothnie.  C'était  une  indication  pour  chercher  le  grand  cercle  de 
comparaison  définitif  du  système  parmi  les  inijwzordrùjucs  qui  passent 
au  point  T  de  la  Finlande3. 

1    Notirc,  |».    i  i.'i.  —        Xoticr,   |>.    !  :1<).  —    '     \olirc.   |).   M>S(). 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  345 

Le  trapézoèdriqtie  Tabc,  mené  du  point  T  de  la  Finlande  à  un 
point  a  situé  au  N.-O.  de  lile  de  l'Ascension,  fait  avec  le  primitif 
de  Saint-Kilda,  qui  représente  le  système  du  Thiiringerwald,  un 
angle  de  8 2°  26'  37^,97.  D'après  le  tableau,  page  853,  de  la  Notice, 
l'angle  Longmynd-Thiïringerwald  est  de  8/i°  28';  mais,  eu  égard 
à  la  correction  que  nous  avons  eu  à  faire  subir  au  grand  cercle  de 
comparaison  provisoire  du  système  du  Thiiringerwald,  pour  le  faire 
coïncider  avec  le  primitif  de  Saint-Kilda,  cet  angle  doit  être  diminué 
de  i°  2  5'  20"  environ,  et  réduit  à  83°  2'  lio".  Il  diffère  de  l'angle 
théorique  de  o°36'2",o3.  Malgré  le  soin  qu'a  mis  l'auteur  de  la 
Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  à  déterminer  la  direction  du 
système  du  Longmynd,  il  a  annoncé,  page  i3o,  qu'il  la  croyait 
susceptible  de  rectifications  ultérieures.  Celle-ci  serait  loin  de  dé- 
passer les  prévisions,  et  le  grand  cercle  auquel  elle  se  rapporte  ne 
les  dépasse  pas  non  plus  sous  le  rapport  de  son  éloignement  trans- 
versal du  grand  cercle  de  comparaison  provisoire,  car  il  passe  entre  la 
Meuse  et  le  Rhin,  à  une  bien  petite  distance  du  Binger-Loch,  vers 
l'O.  Le  trapézoédrique  Tabc  peut  donc  être  admis  comme  le  repré- 
sentant définitif  du  système  du  Longmynd. 

Quant  à  ce  système  considéré  en  lui-même,  à  sa  composition,  à 
son  âge  relatif,  l'adoption  du  nouveau  grand  cercle  de  comparaison 
ne  conduit  à  rien  changer  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur 
les  systèmes  de  montagnes,  page  106  et  autres  (voir  la  table  de 
l'ouvrage). 

La  direction  du  système  du  Longmynd  diffère  très-peu  de  celle 
du  système  des  Alpes  occidentales.  Pour  le  grand  cercle  de  compa- 
raison du  premier,  on  a  b  =  1 8°  1 6'  35", 36,  et  pour  celui  du  second, 
b=  1 90  k'  1 7", 96.  Le  premier  s'approche  donc  un  peu  plus  du  pôle 
que  le  second ,  et  à  latitude  égale  il  fait  avec  le  méridien  un  angle 
un  peu  plus  petit.  Mais  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système 
des  Alpes  occidentales  est  placé  en  Europe  à  plusieurs  degrés  à 
l'E.  de  celui  du  système  du  Longmynd,  et  il  en  résulte  que,  si  par 
un  même  point  do  l'Europe  on  mène  des  parallèles  à  ces  deux 


346  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

cercles,  celle  qui  se  rapporte  au  système  des  Alpes  occidentales  es! 
plus  rapprochée  du  méridien  que  celle  qui  se  rapporte  au  système 
du  Lougmynd. 

Ainsi,  à  Buxières-lez-Belmont  (Haute-Marne),  le  système  des 
Alpes  occidentales  est  orienté  au  N.  260  5i'  ^6",5g  E.,  et  le  sys- 
tème du  Longmynd  au  N.  2 8°  5o'  [\",S"2  l.  C'est  d'après  cela  que  le 
diamétral  De  du  système  des  Alpes  occidentales  a  du  être  placé, 
dans  le  tableau  des  i83  intersections,  avant  le  trapézoédrique  Tabc 
du  système  du  Longmynd. 

La  différence  d'orientation  des  deux  systèmes,  qui  à  Buxières 
dépasse  à  peine  2  degrés,  et  qui  serait  à  peu  près  la  même  poul- 
ies autres  points  de  la  France,  est  très-peu  considérable  et  serait 
difficile  à  constater  avec  certitude  dans  des  observations  isolées. 
Mais  il  ne  résulte  pas  de  là  que  l'un  des  deux  cercles  puisse  être  sup- 
primé pour  être  remplacé  par  l'autre.  Ils  sont  l'un  et  l'autre  par- 
faitement jalonnés  par  les  accidents  orograplnques  et  géologiques. 
Les  deux  systèmes  sont  d'âges  très-différents,  l'un  étant  au  nombre 
des  plus  anciens  et  l'autre  l'un  des  plus  modernes  de  l'Europe;  et 
les  deux  cercles  participent  à  cette  distinction,  l'un  traversant  les 
Alpes  occidentales  où  il  est  jalonné  par  des  accidents  géologiques 
d'origine  très-moderne,  et  l'autre  traversant  les  granités  anciens  du 
centre  de  la  France,  où  il  trouve  des  repères  précis,  de  même  que 
dans  certains  accidents  de  terrain  plus  modernes  qui  peuvent  être 
supposés  se  rattacher  à  des  accidents  préexistants  du  sous-sol  fon- 
damental. 

Bissecteur  DH  (système  du  moût  Seuy). 

Le  cercle  placé  au  dix-septième  rang  dans  le  tableau  des  i83  in- 
tersections est  le  bissecteur  1)11,  représentant  du  système  du  monl 
Seuy,  qui  passe  approximativement  à  l'Ile  dAlborau. 

1  Remarques  sur  les  accidents  stratigraphiques  du  département  de  la  Haute-Marne. 

,  Comptes  rendu,  1.  I.\ .  p.  «Su.  séance  du  l 'i  jaittel  186*.  I 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E.\    FRANCE.  367 

J'ai  donné  ci-dessus  (page  202)  une  monographie  de  ce  bissecteur, 
dans  laquelle  j'ai  annoncé  que  je  reviendrais  sur  la  partie  de  son 
cours  qui  traverse  la  France  et  la  Souabe.  C'est  ici  le  lieu  de  com- 
bler cette  lacune, 

Le  bissecteur  DH  de  l'île  d'AIboran  pénètre  dans  le  cadre  de  la 
carte  géologique  de  la  France  par  le  côté  oriental.  Traversant 
les  plaines  formées  par  le  trias,  où  il  coupe  le  Neckar  entre  Heil- 
bronn  et  Wimpfen,  il  aborde  le  grès  des  Vosges  qui  forme  la  li- 
sière des  montagnes  de  la  Forêt-Noire  par  les  hauteurs  que  cons- 
titue cette  formation  au  S.-E.  de  Wildbad.  Il  traverse  la  vallée 
de  la  Murg  en  rasant  à  l'aval  le  relèvement  granitique  qui  l'acci- 
dente au-dessous  de  Baiersbronn,  puis  il  suit  exactement  le  côté 
O.-ÎN.-O.  de  la  crête  de  grès  des  Vosges,  couronnée  par  le  Hunds- 
Kopf  (9^0  mètres)  et  le  Nill-Kopf  (903  mètres),  qui  s'élève  entre 
les  bains  de  Ripoldsau  et  Petersthal.  H  coupe  la  Kinzig  à  Steinach , 
au  confluent  du  Muhlesbach ,  et,  remontant l'Unterthal,  d'où  sort  ce 
dernier  ruisseau,  il  s'adapte  bientôt  après  au  Brettenthal ,  et,  passant 
au  pied  du  Geisberg,  il  traverse,  parallèlement  à  leurs  crêtes  les 
mieux  dessinées,  les  montagnes  de  granité  et  de  grès  des  Vosges 
qui  s'élèvent  entre  la  Kinzig  et  FElz.  Il  entre  enfin  dans  la  plaine 
du  Rhin,  à  9  kilomètres  au  S.-S.-E.  dEmmendingen,  par  l'inter- 
valle que  laissent  entre  elles  deux  parties  disjointes  de  la  ceinture 
de  muschelkalk,  après  avoir  parcouru  dans  la  Forêt-Noire  une 
étendue  de  90  kilomètres,  dans  laquelle  son  cours  est  en  parfaite 
harmonie  avec  la  structure  de  ce  groupe  montagneux,  à  plusieurs 
traits  duquel  il  s'adapte  avec  précision. 

Dans  la  plaine  du  Rhin,  notre  cercle,  passant  d'abord  au  milieu 
de  quelques  lambeaux  de  calcaire  jurassique,  suit  une  direction 
parallèle  au  contour  des  montagnes  granitiques  de  la  partie  méri- 
dionale de  la  Forêt-Noire,  depuis  Fribourg-en-Brisgau  jusqu'à  Sulz- 
bourg  et  Muhlheim,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'angle  obtus  à  partir  du- 
quel ce  contour  prend  la  direction  du  système  du  Rhin.  Il  coupe 
ensuite  le  rouis  du  Rhin,  les  collines  miocènes  situées  au  S.  de 


348  «APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Mulhouse  et  les  dépôts  pliocènes  du  Suutgau,  et  il  aborde  le  Jura 
par  le  golfe  dans  lequel  ces  derniers  dépôts  s'introduisent  jusqu'au 
voisinage  de  Porentruy. 

Il  traverse  la  Haie  à  2  kilomètres  au-dessous  de  cette  ville, 
précisément  à  l'inflexion  qu'elle  éprouve  en  passant  de  l'étage  co- 
rallien sur  l'étage  kimmeridien,  et  il  va  couper  la  chaîne  du  Lomonl 
par  la  roche  d'Or,  élevée  de  980  mètres,  où  il  rencontre,  comme 
on  l'a  déjà  dit  page  3 12,  le  trapézoédrique  Ta,  représentant  du  sys- 
tème du  Vercors. 

Passant  ensuite  le  Doubs,  notre  cercle  pénètre  sur  le  plateau 
portlandien  de  Maiche  et  du  Russey,  où  il  s'adapte  avec  beaucoup 
de  précision  à  plusieurs  des  petits  accidents  orographiques  et  géo- 
logiques que  la  carte  y  figure.  Il  laisse  le  saut  du  Doubs  à  2  kilo- 
mètres de  distance  dans  l'E.-S.-E.,  coupe  de  nouveau  cette  rivière 
au-dessous  de  Morteau,  sur  une  voûte  portlandienne  llanquée  de 
deux  dépôts  néocomiens,  et  rencontre  le  trapézoédrique  Tb  du 
système  du  Tatra,  à  l'E.-S.-E.  de  la  Grand'Gombe,  sur  un  relève- 
ment de  l'étage  oolithique  inférieur  qui  semble  s'arrêter  instincti- 
vement à  la  rencontre  de  ce  dernier  cercle. 

De  ce  point  notre  cercle  va  rencontrer  au  N.-E.  de  Morez,  sur 
la  pente  N.-O.  de  la  chaîne  du  Rizoux,  le  trapézoédrique  TI  du 
système  du  mont  Viso.  Dans  ce  nouvel  intervalle,  il  coupe  obli- 
quement la  direction  générale  de  la  stratification  des  vallées  lon- 
gitudinales et  des  crêtes  intermédiaires,  direction  qui  se  rapporte 
au  système  de  la  Côte-d'Or;  mais  il  traverse  plusieurs  des  crêtes 
dans  des  ouvertures  qui  semblent  formées  pour  lui  donner  pas- 
sage,  telles  que  celles  de  l'Ecrena  et  du  Cernil,  qui  le  conduisent 
dans  la  vallée  des  Verrières,  celle  du  mont  des  Verrières,  qui  le 
conduit  dans  la  vallée  des  Fourgs,  celle  qui  le  conduit  des  Fourgs 
dans  la  vallée  de  Mélabief,  aux  Longuevilles  et  à  la  source  du 
Doubs.  Il  est  parallèle  à  certaines  crêtes  d'une  direction  anomale, 
mais  très-accentuée,  qui  semblent  se  rattacher  à  ces  ouvertures 
accidentelles,  (elles  que  la  crête  sur  laquelle  esl  bâti  le  fort  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         MU 

Joux  et  celle  qui  forme  au  midi  la  prolongation  de  la  première  el 
qui  borde  le  lac  de  Saint-Point,  dont  la  direction  est  encore  la 
même.  Enfin,  dans  cette  partie  centrale  du  Jura,  notre  cercle 
passe  dans  le  voisinage  d'un  grand  nombre  de  bassins  néocomiens, 
dont  les  contours  compliqués  se  coordonnent,  comme  on  le  voit 
très -bien  même  sur  le  tableau  d'assemblage,  à  deux  directions 
principales,  l'une,  qui  est  la  plus  prononcée,  coordonnée  au  sys- 
tème de  la  Cote-d'Or,  et  la  seconde  en  importance  parallèle  à  notre 
bissecteur  DH. 

Après  avoir  traversé  le  trapézoédrique  TI  du  système  du  mont 
Yiso  et  la  zone  d'accidents  qui  l'accompagne,  ainsi  qu'on  l'a  vu  pré- 
cédemment (page  278),  notre  cercle  va  couper  un  peu  à  l'O.  de 
Boucboux,  Yhexatélraédrique  Uaa,  et  ensuite,  au  S.-O.  de  Saint- 
Hambert,  dans  le  fond  et  dans  un  coude  très-prononcé  de  la  vallée 
de  l'Albarine  ,  le  trapézoédrique  TTWc  de  l'Hécla. 

Dans  cette  seconde  partie  du  Jura,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  remar- 
qué, les  allures  de  la  stratification  changent  considérablement,  et 
notre  cercle  se  trouve  maintenant  en  lutte  d'influence  avec  la  direc- 
tion (N.  70  à  8°E.)  du  système  du  Vercors,  avec  la  direction  presque 
N.-S.  de  Yhexatélraédrique  llaa  et  la  direction  N.  2 6°  à  270  E.  du 
système  des  Alpes  occidentales.  Les  complications  résultant  de  ce 
conflit  n'empêchent  pas  qu'un  certain  nombre  de  traits  orographi- 
ques et  géologiques  soient  parallèles  à  notre  cercle.  On  peut  citer, 
entre  autres,  la  longue  vallée  de  soulèvement  qui  passe  entre  Sept- 
Moncel  et  Saint-Claude  et  la  vallée  de  plissement  située  entre  Bel- 
leydoux  et  le  lac  Genin.  Plusieurs  autres  vallées  et  certaines  crêtes 
lui  sont  également  parallèles.  On  peut  remarquer  encore,  comme 
une  coïncidence  très-précise,  qu'il  traverse  la  grande  vallée  de  dé- 
chirement de  Nantua,  précisément  au  coude  qu'elle  présente  entre 
les  deux  lacs  qui  lui  donnent  un  caractère  tout  spécial. 

Le  bissecteur  DH  sort  du  Jura  un  peu  au  S.-O.  de  Saint-Ram- 
bert,  pour  s'adapter  à  la  direction  particulière  que  prend  le  Rhône 
au-dessous  de  Saint-Sorlin.  11  coupe,  sur  le  bord  même  du  fleuve, 


350  «APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

entre  Saint-Vulbas  et  Hières,  le  trapézoédrique  TIa  du  système  du 
Morbihan,  et,  côtoyant  l'escarpement  jurassique  qui  renferme  les 
grottes  de  la  Balme,  ainsi  que  la  lisière  de  mollasse  miocène  qui 
en  borde  le  pied,  il  traverse  la  protubérance  de  roches  primitives 
sur  laquelle  s'appuie  le  terrain  jurassique  au  N.  de  la  Verpillière, 
et  coupe  au  S.-O.  de  cette  ville  la  pointe  extrême  de -la  protubé- 
rance jurassique  qui  contient  les  mines  de  fer  concédées. 

Traversant  ensuite  les  dépôts  pliocènes  à  lignites  des  plaines 
dauphinoises,  il  va  passer  le  Rhône  à  1  kilomètre  au-dessous  du 
pont  de  Serrières,  dans  une  inflexion  où  il  rencontre  à  peu  près 
perpendiculairement  le  cours  du  fleuve. 

Abordant  alors  les  granités  du  Forez,  il  passe  à  2  kilomètres  à 
l'E.-S.-E.  d'Annonay,  coupe  la  Dieume  au  confluent  de  l'Alignon, 
le  Doux  à  la  rencontre  de  l'un  de  ses  affluents,  et  traverse  l'Égrieux 
à  la  porte  de  Saint-Martin- de -Valamas,  dans  une  inflexion  très- 
prononcée  comprise  entre  deux  confluents  rapprochés.  Bientôt 
après  il  rencontre,  comme  on  l'a  dit  précédemment,  page  29^, 
au  pied  occidental  de  la  montagne  granitique  de  la  Baricaude, 
située  au  midi  de  Sagnes,  le  diamétral  Dac  du  système  du  Forez; 
mais,  quoique  dans  cette  partie  il  rase  le  pied  S.-E.  du  Mézenc, 
il  évite  presque  complètement  les  roches  volcaniques  et  ne  touche 
que  deux  petits  lambeaux  basaltiques. 

Notre  cercle ,  Rengageant  de  plus  en  plus  dans  les  régions  mon- 
tagneuses où  il  s'adapte  toujours  à  des  accidents  de  détail  dont 
rénumération  serait  trop  longue,  va  effleurer  vers  l'E.  la  masse 
de  granité  porphyroïde  à  gros  grains  de  la  Lozère,  où  il  passe 
près  de  la  source  du  Tarn,  en  laissant  à  1  kilomètre  environ  dans 
l'O.-N.-O.  la  cime  culminante,  le  roc  de  Malpertus,  élevé  de 
1,679  mètres. 

Au  pied  oriental  de  la  Lozère,  il  laisse  dans  le  S.-S.-E.  plusieurs 
mines  importantes  de  plomb  argentifère,  celles  de  Villefort  à  3  ki- 
lomètres, celles  de  Vialas  à  8  kilomètres,  et  quelques  autres, 
ainsi  que  des  mines  d'antimoine,  à  des  distances  plus  ou  moins 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         351 

grandes.  Coupant  ensuite  les  pointes  orientales  extrêmes  des  pla- 
teaux calcaires  de  l'Aveyron  en  même  temps  que  les  premiers 
affluents  des  Gardons,  il  suit  très-approximativement  la  crête  des 
Cévennes,  où  il  s'adapte  au  noyau  fondamental  de  granité  porphy- 
roïde ,  en  laissant  à  2  kilomètres  dans  l'E.-S.-E.  la  cime  culmi- 
nante, l'Hort-de-Dieu,  élevé  de  i,5G/i  mètres. 

Continuant  son  cours  au  S.-S.-O.,  notre  bissecteur  DH  coupe  en- 
core, par  une  de  ses  principales  sommités,  la  zone  de  granités 
porphyroïdes  qui  passe  au  N.  du  Yigan,  et  il  sort  enfin  des  terrains 
anciens  des  Cévennes  en  s'adaptant  avec  précision,  auN.-O.  d'Alzon, 
à  la  limite  respective  du  granité  et  du  schiste. 

Traversant  ensuite  le  détroit  terrestre  par  lequel  les  terrains 
jurassiques  de  l'Aveyron  se  lient  à  ceux  du  département  de  l'Hé- 
rault, il  y  franchit  le  cours  supérieur  de  cette  rivière  à  l'O.  de  Luc, 
dans  l'une  de  ses  principales  inflexions.  Après  avoir  coupé  le  petit 
plateau  hasaltique  sur  lequel  s'élève  la  tour  de  Pertus ,  il  rentre 
dans  les  terrains  anciens  pour  couper  la  rivière  d'Orb  à  un  con- 
fluent situé  au  point  où  elle  entre  dans  un  relèvement  granitique 
dont  notre  cercle  touche  le  contour. 

.  Ce  même  cercle,  après  avoir  coupé  l'angle  S.-E.  du  terrain 
houiller  de  Graissessac,  traverse  entre  deux  masses  granitiques 
une  portion.de  terrain  schisteux,  où  il  coupe  la  Mare  avec  préci- 
sion, dans  un  confluent  où  cette  rivière  et  son  affluent  se  contour- 
nent fortement.  Il  traverse  enfin  la  zone  de  lias  de  Bédarieux  en 
s'adaptant  à  l'une  des  principales  inflexions  de  son  contour,  et 
rentre  encore,  près  des  limites  d'une  masse  granitique,  sur  le  ter- 
rain schisteux  où  il  s'harmonise  avec  l'orographie.  Après  avoir 
trouvé  ainsi  des  repères  précis  dans  un  labyrinthe  compliqué,  dont 
la  description  exigerait  presque  un  mémoire,  il  va  enfin  passer  au 
sommet  de  la  montagne  schisteuse  située  au  N.-N.-O.  de  Saint- 
Chinian,  où  il  rencontre  simultanément  Y hexalétraedrique  Ubaab  de 
Nontron  et  \ hexatétraédrique  H«TTa. 

Dans  la  plaine  tertiaire  où  il  entre  immédiatement  après,  notre 


352  II  APPORT  SUtt  LES  PROGRÈS 

bissecteur  traverse  l'Aude  à  l'une  de  ses  principales  inflexions,  et, 
abordant  les  Corbières  à  Moux,  il  va  couper  au  S.-O.  de  la  Grasse, 
sur  l'une  de  leurs  principales  sommités,  le  trapézoédriqiw  Tb  du  sys- 
tème de  la  Vendée. 

Se  dirigeant  enfin  vers  les  Pyrénées,  il  y  entre  en  s'adaptanl 
d'une  manière  précise  aux  contours  compliqués  que  présentent, 
près  de  Puylaurens,  les  limites  du  granité  et  du  terrain  crétacé  in- 
férieur. Il  s'adapte  aussi  à  la  haute  vallée  de  la  Guelte,  passe  à  la 
pointe  des  terrains  schisteux  qui  s'étendent  vers  la  vallée  d'An- 
dorre, et,  franchissant  enfin  la  crête  granitique  de  la  frontière,  près 
de  la  source  de  l'Aude,  il  descend  en  Espagne  à  Livia.  Il  y  passe 
au  point  de  concours  de  quatre  torrents  qui,  prenant  naissance  sur 
les  terrains  anciens,  convergent  vers  le  centre  du  bassin  de  lignites 
modernes  auquel  cette  ville  donne  son  nom. 

Continuant  son  cours  en  Espagne,  où  il  coupe  à  l'O.  de  Berga 
le  diagonal  \b  du  système  du  mont  Serrât,  notre  cercle  pénètre 
bientôt  dans  les  parties  de  la  Catalogne  où  M.  Vézian  a  découvert, 
comme  on  l'a  vu  aux  pages  1  et  2  de  ce  Rapport,  le  type  fonda- 
mental du  système  du  mont  Seny,  qu'il  a  associé  dès  l'abord  à 
notre  bissecteur  DH  '. 

Nous  avons  remarqué,  page  207,  que  ce  cercle  rencontre,  dans 
les  parties  du  globe  extérieures  à  la  France  dont  la  topographie 
est  bien  connue,  des  points  de  repère  très-précis.  Cette  remarque, 
d'après  ce  qui  précède ,  s'applique  encore  mieux  à  la  France  elle- 
même.  Nous  disions  aussi  que,  si  le  bissecteur  était  légèrement  écarté 
de  ces  repères  par  un  petit  mouvement  imprimé  à  tout  le  réseau 
pentagonal ,  il  ne  trouverait  pas  de  points  également  remar- 
quables pour  les  remplacer,  et  serait  réduit  à  des  banalités  sans 
caractère. 

Il  en  serait  de  même  en  France  si  on  l'écartait  des  cimes  de 
la    roche    d'Or,   de   la   Lozère,    des   Cévennes   et    de    beaucoup 

1   Comptée  vendus,  1.  \LIII.  p.  75^ .  p&uice  «In  '>o  octobre  i856. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         353 

d'autres  points  que  nous  avons  cités,  et  on  peut  dire  qu'il  a  été 
jalonné  par  la  nature  avec  une  rigueur  toute  particulière,  qui 
ne  lui  permettra,  lors  de  la  fixation  définitive  du  réseau,  que  de 
très-légers  mouvements. 

Diamétral  D ac  (système  de  la  Côte-d'Or). 

Le  cercle  placé  au  dix-huitième  rang  dans  le  tableau  des  i83 
intersections  est  le  diamétral  Dac  du  système  de  la  Côte-d'Or. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  D ,  centre  du 
pentagone  européen  près  de  Remda ,  et  par  le  point  a  situé  en 
Chine,  près  du  golfe  de  Pe-tche-ly,  ce  qui  l'oblige  à  passer  en  outre 
par  le  point  c  situé  dans  la  Russie  européenne,  au  N.-E.  de  Viatka. 
Il  a  pour  pôles  les  intersections  communes  du  dodécaédrique  ré- 
gulier du  cap  Corrientes  et  de  Singapour  avec  le  bissecteur  IH  et  le 
trapézoédrique  TI,  auxquels  les  points  a  et  c  appartiennent  comme 
pôles.  Ces  intersections,  figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  tom- 
bent l'un  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.-O.  de  la  Californie,  et  l'autre 
dans  le  midi  de  l'océan  Indien,  au  S.-E.  de  l'île  de  Juan-de-Lisboa. 

Notre  diamétral  Dac  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  oriental,  et  il  coupe  le  Mein  un  peu  au- 
dessous  de  la  ville  de  Miltenberg,  qu'il  laisse  à  6  kilomètres  dans 
le  S.-O.  Il  rase  bientôt  après  l'extrémité  méridionale  de  l'Oden- 
wald,  en  suivant  la  bande  de  grès  rouge  qui  y  est  adossée  et  en 
tronquant  légèrement  à  ses  deux  extrémités  des  pointes  de  granité 
et  de  porphyre  quartzifère. 

Il  coupe  le  Rhin  à  Spire,  en  passant  du  côté  du  N.-O.  à  l'entrée 
même  de  la  ville,  et  il  entre  en  France  aux  portes  de  Weissem- 
bourg,  en  traversant  la  Lauter  à  Willer,  à  l'issue  de  la  longue  et 
pittoresque  vallée  qu'elle  parcourt  dans  le  grès  des  Vosges  et 
presque  au  contact  de  la  masse  de  schiste  traversée  par  des  co- 
lonnes de-syénite  sur  laquelle  reposent  les  derniers  escarpements 
fie  grès. 

Stratigraphie.  2  3 


354  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Il  s'adapte  à  la  saillie  que  forment  les  basses  Vosges  dans  La 
plaine  du  Rhin  avec  la  même  précision  qu'à  l'extrémité  de  l'Oden- 
wald,  et  il  suit  la  crête  avancée  de  grès  des  Vosges  du  Liebfrauen- 
berg,  au  pied  de  laquelle  se  trouvent  le  gîte  de  lignite  de  Lobsann 
et  la  source  de  bitume  de  Bechelbronn.  Il  passe  exactement  au 
pied  du  petit  mamelon  qui  forme  le  couronnement  du  Liebfrauen- 
berg  et  qui  atteint  la  hauteur  de  5 1 6  mètres. 

Coupant  le  Surbach  à  Wœrth  et  la  Zinzel  un  peu  au-dessous 
du  confluent  du  Schwarzbach,  il  laisse  à  î  kilomètre  au  N.-O.  le 
petit  mamelon  basaltique  de  Gundershofen ,  et,  parcourant  la  surface 
peu  accidentée  des  terrains  jurassiques  et  triasiques  du  Bas-Rhin, 
il  entre,  au  midi  de  Saverne,  dans  les  Vosges  proprement  dites. 

Sur  la  crête  des  montagnes  de  grès  des  Vosges,  il  coupe  le  tra- 
pézoédrique  Ta  du  système  du  Vercors  à  l'E.  de  Reinhardmiinster, 
au  pied  occidental  des  rochers  qui  portent  le  signal  géodésique  du 
Geisfels,  élevé  de  5 7*3  mètres.  Continuant  son  cours  sur  le  plateau 
incliné  que  constitue  le  grès  des  Vosges  jusqu'à  la  Meurthe  et  au 
delà,  il  coupe  cette  rivière  précisément  au  point  où,  dans  le  fond 
de  sa  vallée,  le  grès  rouge  s'enfonce  sous  le  grès  des  Vosges,  à  1  ki- 
lomètre au-dessous  de  Raon-1'Etape.  Plus  loin,  il  coupe  la  vallée 
de  la  Moselle  à  la  porte  d'Epinal  et  à  1  kilomètre  environ  du  point 
où ,  dans  le  fond  de  la  vallée ,  le  grès  des  Vosges  se  perd  de  même 
sous  le  grès  bigarré. 

Ce  grand  cercle  effleure ,  avec  une  égale  délicatesse ,  l'Odenwald, 
les  basses  Vosges  et  les  Vosges  proprement  dites,  ce  qui  constitue 
de  sa  part  un  mode  spécial  d'adaptation  à  la  structure  des  con- 
trées rhénanes. 

Parcourant  ensuite  la  surface  peu  accidentée  des  plateaux  tria- 
siques, il  coupe  la  Saône  à  Corre,  en  s'adaptant  à  une  petite  section 
de  son  cours  dont  il  côtoie  parallèlement  une  section  plus  étendue, 
et  il  va ,  sur  les  collines  jurassiques  voisines  de  Noroy-les-Jussey,  cou- 
per à  Saint-Marcel,  en  un  point  déjà  mentionné  page  3oi,  Xhexa- 
tétraédriqw  Wna  et  le  trafppzoédriqnp  Te  du  système  du  Hundsriick. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  355 

Poursuivant  son  cours  au  milieu  des  accidents  stratigraphiques 
compliqués  de  la  zone  méridionale  du  département  de  la  Haute- 
Marne,  où  sa  marche  ne  pourrait  être  suivie  que  sur  la  carte  géo- 
logique détaillée,  il  va  couper  la  vallée  du  Saulon  dans  une  de 
ses  courbes,  à  l'entrée  de  la  ville  de  Champlitte,  et  la  vallée  de  la 
Vingeane  à  2  kilomètres  au  N.-O.  de  Montigny,  point  où  il  ren- 
contre le  trapézoédrique  TI  du  système  du  mont  Viso. 

Rasant  alors  le  contour  extérieur  de  l'ancien  lac  de  la  Bresse, 
notre  cercle  va  passer  à  l'entrée  N.-O.  (et  non  S.-E.)  de  la  ville  de 
Dijon,  où  il  coupe  la  Suzon  et  l'Ouche  exactement  à  leur  confluent. 
11  aborde  alors  le  massif  central  de  la  Côte-d'Or  paç  le  cap  où  il 
se  termine  sur  la  rive  droite  de  l'Ouche,  en  face  de  Dijon,  et  il  le 
traverse  parallèlement  à  la  direction  de  l'une  des  séries  d'accidents 
stratigraphiques  qui  s'y  dessinent  le  plus  fortement.  11  rase  le  pied 
de  la  proéminence  corallienne  élevée  de  5 91  mètres  qui  en  forme 
le  point  culminant.  Au  pied  S.-O.  de  la  Côte-d'Or,  il  coupe  de 
nouveau  l'Ouche  un  peu  au-dessous  de  Bligny,  en  un  point  peu 
éloigné  de  sa  source  et  très-voisin  de  celui  où  elle  reçoit  les  eaux 
de  l'Auneau,  qui  se  recourbe  et  semble  revenir  sur  lui-même  à 
l'approche  de  notre  cercle. 

Ce  dernier  entre  ensuite  sur  le  plateau  de  calcaire  à  gryphées 
arquées  qu'il  traverse  pour  pénétrer  dans  la  contrée  d'une  struc- 
ture compliquée  dont  il  a  été  question  précédemment,  page  269. 
Il  y  coupe  une  petite  proéminence  granitique  entourée  par  les 
marnes  irisées,  et  il  y  rencontre  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla 
en  un  point  situé  sur  la  surface  de  la  masse  de  porphyre  quartzi- 
fère  qui  resserre  le  terrain  houiller  d'Epinac. 

Au  delà  de  ce  lambeau  de  terrain  houiller,  notre  cercle  passe 
sur  des  surfaces  peu  étendues  de  marnes  irisées  et  de  grès  infra- 
liasique,  et,  entrant,  à  Auxy,  sur  le  massif  granitique  qui  s'étend 
d'Autun  à  la  Loire  et  dont  il  suit  la  direction ,  il  y  rencontre  à  la 
Chapelle  le  trapézoédrique  Tb  du  système  du  Tatra ,  et  au  sud  d'Issy- 
l'Évêque  le  trapézoédrique  TIa  du  système  du  Morbihan. 

23. 


35G  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Traversant  enfin  un  lambeau  de  terrain  schisteux  dont  il  côtoie 
la  crête,  notre  cercle  passe  la  Loire  précisément  au  point  où  s'ouvre 
un  défilé  par  lequel  elle  y  pénètre.  Cette  rivière  en  détache  l'ex- 
trémité et  se  porte  ensuite  vers  le  N.  en  suivant  le  contour  occi- 
dental *des  schistes  dont  elle  semble  ne  s'éloigner  qu'à  regret,  ne 
devant  plus  rencontrer  de  roches  anciennes  jusqu'aux  environs 
d'Angers. 

L'extrémité  du  terrain  schisteux  détachée  par  la  Loire  et  sur 
laquelle  est  bâti  le  village  de  Diou,  que  notre  cercle  laisse  à  1  ki- 
lomètre environ  dans  le  N.-O.,  est  un  véritable  cap  que  forment 
les  terrains  anciens  dans  la  plaine  miocène  de  l'Allier.  Le  diamétral 
ï)ac  s'adapte  ici  à  la  fois  et  avec  une  égale  précision  à  deux  traits 
orographiques  qui  auraient  pu  être  séparés,  à  un  cap  et  à  l'entrée 
d'une  rivière  dans  un  défilé.  Cette  circonstance  donne  pour  ainsi 
dire  une  valeur  double  à  une  adaptation  qui  n'a,  au  premier  abord, 
rien  de  frappant,  parce  que  le  schiste  ne  forme  ici  aucune  proémi- 
nence considérable. 

Notre  cercle  traverse  ensuite  les  plaines  tertiaires  de  l'Allier,  où 
il  rencontre,  dans  un  point  déjà  mentionné  ci-dessus,  page  293, 
près  de  Jaligny,  son  homologue  le  diamétral  Dac  du  système  du 
Forez.  Avant  d'atteindre  le  point  d'intersection ,  il  coupe  la  Bèbre 
à  Vaumas,  où  il  rase  à  2  kilomètres  de  distance  le  relèvement 
granitique  qui  fait  suite  au  terrain  houiller  de  Montcombroux  et 
qui  n'est  autre  chose  que  l'extrémité  septentrionale  et  pour  ainsi 
dire  le  cap  terminal  du  Forez,  par  rapport  auquel  il  se  conduit, 
à  peu  de  chose  près,  comme  par  rapport  à  l'Odenwald. 

Traversant  l'Allier  un  peu  au-dessus  de  Varennes,  notre  cercle 
s'adapte  dans  un  certain  intervalle  au  cours  de  la  Sioule,  et  c'est 
par  le  débouché  même  de  sa  vallée,  flanquée  de  granité  des  deux 
côtés,  qu'il  entre,  au  N.  de  Gannat,  dans  le  massif  central  de  la 
France. 

On  remarquera  la  simplicité  avec  laquelle  notre  cercle  s'adapte 
au  bassin  de  l'ancien  lac  miocène  de  l'Allier  :  il  y  entre  à  Diou  par 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         357 

un  cap  remarquable,  il  en  sort  par  une  embouchure  de  rivière 
placée  elle-même  dans  un  cap,  et  il  rase  dans  l'intervalle  la  pointe 
extrême  du  massif  montagneux  qui,  dès  l'époque  miocène,  séparait 
les  deux  branches  méridionales  du  lac. 

Comme  je  viens  de  le  dire,  la  vallée  de  la  Sioule,  semblable  à 
certains  ports  de  mer,  débouche  dans  l'ancien  lac  miocène  entre 
deux  musoirs  granitiques  dont  la  réunion  y  forme  un  cap.  S'adap- 
tant  plus  particulièrement  au  côté  S.-E.  du  chenal,  où  le  granité 
est  soulevé  par  le  porphyre  quartzifère,  notre  cercle  s'introduit 
définitivement  dans  le  terrain  primitif  à  la  courbure  que  forme  la 
vallée  à  Bègues,  au-dessous  d'Ëbreuil;  puis,  remontant  la  vallée  de 
la  Gigogne  et  côtoyant  celle  de  la  Morge,  il  arrive  bientôt,  au  S.-E. 
de  Pontaumur,  au  point  déjà  cité,  où  il  coupe  le  trapézocdrique  Tabc 
du  système  du  Longmynd. 

Il  rase  ensuite  le  pied  de  la  proéminence  basaltique  sur  laquelle 
est  bâtie  la  ville  d'Herment.  Il  la  laisse  au  N.-O.  de  même  que 
quelques  autres  mamelons  basaltiques;  mais,  sauf  ces  exceptions 
peu  importantes,  il  laisse  au  S.-E.  tous  les  terrains  volcaniques  de 
l'Auvergne  dont  il  marque  à  peu  près  la  limite,  comme  le  fait, 
dans  une  direction. un  peu  différente,  le  trapézoédrique  Tabc. 

Poursuivant  son  cours  sur  les  terrains  de  granité  et  de  gneiss,  il 
coupe  trois  petites  rivières,  le  Chavanoux,  la  Mioussette  et  la  Faix, 
a  peu  de  distance  du  point  où  elles  confondent  leurs  eaux,  au-des- 
sous de  la  Roche.  Laissant  au  N.-O.  les  monts  Jarjeau  et  passant 
à  2  kilomètres  au  N.-O.  d'Ussel,  il  s'adapte,  d'Eygurande  à  Egletons 
et  au  delà,  sur  5o  kilomètres  de  longueur,  à  la  grande  route  de 
Clermont  à  Tulle,  dont  la  direction,  peut-être  fort  ancienne,  a 
sans  doute  été  déterminée  par  l'absence  sur  cette  ligne  de  tout  ob- 
stacle naturel.  Dans  les  parties  du  département  de  la  Gorrèze  que 
traverse  notre  cercle,  il  suit  une  ligne  parallèle  à  la  direction  géné- 
rale de  la  vallée  de  cette  rivière  et  même  d'une  portion  de  celle  de 
la  Dordogne,  et  il  sort  des  petits  accidents  monotones  des  ter- 
rains primitifs  pour  traverser  le  terrain  houiller  de  Brives  et  aller 


358  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

passer,  sur  le  plateau  du  lias,  dans  l'enceinte  de  la  petite  ville  de 
Turenne. 

Au  S.-O.  de  Turenne,  le  diamétral  Dac  rencontre,  en  des  points 
déjà  cités,  d'abord,  sur  le  terrain  jurassique,  le  trapézoédrique  Tb 
du  système  de  la  Vendée,  puis,  sur  le  terrain  crétacé  inférieur, 
Yhexatétraédrique  Ubaab  de  Nontron.  Il  s'engage  ensuite,  jusqu'aux 
rives  de  l'Adour,  dans  le  grand  bassin  de  la  Gascogne,  où,  sur  des 
terrains  horizontaux,  on  ne  trouve  à  remarquer  que  son  adapta- 
tion à  certains  accidents  des  cours  d'eau  et  aux  positions  de  cer- 
taines villes. 

Ainsi  il  traverse  la  Dordogne  dans  la  courbure  que  sa  vallée 
présente  au-dessus  de  Carsac  et  où  elle  reçoit  un  petit  affluent.  Il 
s'adapte,  à  Laurenque,  à  l'inflexion  du  cours  d'eau  qui  tourne  vers 
Monflanquin  ;  il  coupe  la  vallée  du  Lot  à  2  kilomètres  au-dessous 
du  cap  sur  lequel  s'appuie  la  ville  de  Villeneuve-sur-Lot,  puis  la  Ga- 
ronne à  3  kilomètres  au-dessus  de  Port-Sainte-Marie,  où  elle  reçoit 
deux  petites  rivières,  et  enfin  la  Baïse  à  2  kilomètres  au-dessous  de 
Nérac.  Remontant  la  vallée  de  la  Gelise,  qui  contourne  le  plateau 
des  Landes ,  il  y  passe  à  deux  confluents  de  cette  rivière ,  l'un  avec 
la  Losse  et  l'autre  avec  l'Izaute.  Plus  loin,  il  passe  au  pied  de  la 
proéminence  sur  laquelle  s'élève  le  Houga  et  de  laquelle  diver- 
gent les  sources  de  plusieurs  petits  cours  d'eau,  puis  il  traverse 
l'Adour  à  Aire. 

Au  S.-O.  d'Aire,  à  l'extrémité  orientale  de  la  Chalosse,  notre 
cercle  rencontre  le  diagonal  \b  du  système  du  mont  Serrât.  Il 
coupe  ensuite  à  angle  droit  les  Gaves  et  autres  torrents  qui  des- 
cendent presque  en  ligne  droite  des  Pyrénées  vers  l'Adour,  et  il 
passe,  à  Navarrenx,  le  dernier  de  tous,  le  gave  d'Oloron. 

Il  entre  ensuite  dans  les  Pyrénées,  où  il  traverse  Mauléon,  dont 
il  remonte  la  vallée,  et,  passant  à  la  cime  d'une  montagne  déjà 
considérable  de  terrain  crétacé  inférieur,  il  coupe  à  son  pied  mé- 
ridional f  kexalétraédrique  HaTTa. 

S'élevant  alors  sur  les  flancs  de  la  chaîne  centrale,  il  franchit 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE,         369 

la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  FAdour  et  FÈbre,  au  milieu  des 
cimes  élevées  de  schiste  et  de  grès  bigarré  qui  forment  la  crête 
des  Pyrénées,  et  il  descend  en  Espagne  presque  rigoureusement 
au  point  de  convergence  de  plusieurs  grands  torrents  qui  réu- 
nissent leurs  eaux  pour  former  l'un  des  principaux  affluents  de  la 
rivière  d'Aragon. 

Suivant  ensuite  le  contre-fort  qui  va  expirer  au  bord  de  FEbre, 
a  Andozilla,  il  coupe,  à  2  kilomètres  avant  d'atteindre  cette  ville, 
Y octaédrique  du  mont  Sinaï,  représentant  du  système  des  Pyrénées. 

Traversant  FÈbre  un  peu  au-dessus  de  Calahora,  il  passe  dans 
les  montagnes  de  terrain  crétacé  inférieur  d'où  sort  le  Rio  Cidacos, 
et,  après  avoir  coupé  deux  fois  le  Douro,  au-dessus  et  au-dessous 
de  Soria,  il  se  dirige  vers  la  sierra  Guadarama,  où  il  coupe,  entre 
Ségovie  et  Madrid  Yoclaédrique  du  Mulehacen. 

Il  sort  de  la  péninsule  ibérique  au  pied  oriental  du  massif  mon- 
tagneux des  Algarves,  traverse  les  îles  Canaries  en  coupant  la 
partie  occidentale  de  l'île  de  Palma,  puis  les  îles  du  Cap- Vert,  où, 
comme  le  font  d'autres  cercles  pour  les  Açores  et  pour  les  îles 
Sandwich,  il  suit  le  canal  qui  divise  l'archipel  en  deux  groupes. 
Les  îles  de  Saint-Nicholas,  Sainte-Lucie,  Saint-Vincent,  Saint- 
Antoine,  restent  à  FO.,  tandis  que  celles  de  Sal,  Bonavista,  Mayo, 
Santiago ,  l'île  de  Fogo ,  volcan  actif  parfaitement  décrit  par 
M.  Charles  Sainte-Claire  Deville  l,  et  l'île  Brava  qui  Favoisine ,  restent 
à  FE.  Il  laisse  à  18  kilomètres  dans  FO.-N.-O.  la  pointe  orientale 
de  Saint-Nicholas,  et  à  9  kilomètres  seulement  à  FE.-S.-E.  les 
derniers  écueils  de  Brava,  s'adaptant  ainsi,  avec  une  certaine  ten- 
dance vers  de  foyer  volcanique ,  à  un  passage  qui  lui  présente  une 
ouverture  de  moins  de  sept  lieues. 

Il  atteint  enfin  les  côtes  de  l'Amérique  méridionale  un  peu  à  FO. 
du  cap  Roque,  et  suit  à  peu  près  la  direction  générale  du  litto- 
ral du  Brésil. 

1  Comptes  rendus,  t.  XXII ,  p.  1 1 29,  séance  du  29  juin  1 846 ,  et  Voyage  aux  Antilles. 


.360  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Du  côté  opposé,  après  avoir  rasé  la  courbure  très -prononcée 
que  forme  le  Mein  au-dessous  de  Wurtzburg  et  avoir  remonté  la 
vallée  de  la  Saale  qui  y  verse  ses  eaux,  il  coupe,  près  de  Ginli,  un 
relèvement  local  de  zechstein ,  en  rasant  une  petite  protubérance 
granitique  qui  en  forme  le  noyau,  et,  passant  au  N.  de  Schleusin- 
gen,  il  aborde  le  Thùringerwald  en  effleurant  la  protubérance 
porphyrique  de  Breitenbach.  Dans  l'intérieur  de  ce  massif  mon- 
tagneux, d'après  la  belle  carte  déjà  citée  plus  d'une  fois  de  M.  Ber- 
nard Cotta,  il  s'adapte  avec  une  netteté  particulière  au  lambeau 
schisteux  qui  s'y  trouve  enveloppé  au  S.  du  Dreiherrensteiu  et  aux 
petites  masses  de  granité  qui  le  pénètrent.  Sortant  enfin  des  por- 
phyres par  la  convexité  légère  que  forme  leur  contour  près  de 
Jesuborn,  il  atteint  bientôt,  près  de  Remda,  le  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  où  d'est  assujetti  à  passer. 

Continuant  ensuite  son  cours  sur  le  plateau  de  muschelkalk, 
il  passe  à  Jena ,  où  il  s'adapte  dans  une  certaine  étendue  au  cours 
de  la  Saale,  et,  traversante  plaine  tertiaire,  il  va  passer  à  2  kilo- 
mètres au  S.-E.  de  Leipzig.  Dans  les  plaines  de  la  Prusse,  il  coupe 
l'Elbe  à  Torgau,  l'Oder  à  Francfort,  et,  passant  un  peu  au  S.  de 
Kœnigsberg,  il  franchit  le  Niémen  approximativement  à  Tilsit. 

Dans  le  N.  de  la  Russie,  il  arrive  au  point  c  situé  au  N.-E.  de 
Viatka  en  suivant  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  Volga  et 
la  Dwina;  puis  il  coupe  l'Oural  septentrional  au  N.  de  Nijney- 
Tagilsk,  et  l'Irtish  à  l'une  des  grandes  inflexions  qu'il  présente 
avant  de  se  joindre  à  l'Obi.  Il  rase  le  pied  septentrional  de  l'Altaï, 
et,  passant  au  point  a  situé  sur  les  rives  méridionales  du  golfe 
de  Pe-tche-ly,  il  sort  du  continent  asiatique  par  le  massif  mon- 
tueux  du  cap  Tchin-Shan. 

La  monographie  de  ce  cercle  mériterait  d'être  faite  d'une  ma- 
nière complète,  mais  ce  qui  précède  suffit  pour  montrer  qu'il  est 
bien  appuyé  sur  les  accidents  orographiques  et  géologiques.  En 
France,  il  est  jalonné,  dans  beaucoup  de  parties,  avec  une  précision 
particulière,  et  son  cours  est  assez  bien  en  rapport  avec  les  parties 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         361 

du  terrain  jurassique  qui  paraissent  avoir  été  à  sec  pendant  le  dépôt 
des  terrains  crétacés. 

Il  s'agit  maintenant  d'examiner  s'il  remplit  les  conditions  de 
position  et  d'orientation  nécessaires  pour  qu'on  puisse  l'adopter 
comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système  de  la  Gôte-d'Or. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  de  la  Côte- 
d'Or,  orienté  à  Dijon  vers  l'E.  /io°N.1,  passe  extrêmement  près  de 
Remda.  C'est  donc  un  de  ceux  dont  il  est  naturel  de  chercher  le 
représentant  parmi  les  cercles  du  réseau  pentagonal  qui  se  cou- 
pent au  centre  du  pentagone. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  de  la  Côte- 
dOr  fait,  avec  celui  du  système  du  Ténare,  d'après  le  tableau  de 
la  page  85&  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  un  angle  de 
6y°/io/58".  On  ne  pourrait  le  rapporter  au  primitif  de  Lisbonne 
qu'en  admettant  une  différence  de  &°ioV;  mais  un  diamétral  Dac, 
exactement  homologue  de  celui  qui  a  été  adopté  pour  le  système 
du  Forez,  fournit  un  représentant  plus  rapproché  de  l'orientation 
donnée  par  l'observation2.  Ce  cercle  auxiliaire,  qui  va  du  point  D, 
près  de  Remda,  à  un  point  a  situé  en  Chine,  près  du  golfe  de 
Pe-tche-ly,  fait  avec  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du 
Ténare  un  angle  de  65°  ai'  16"  66.  Il  s'écarte  par  conséquent  du 
grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  de  la  Côte-d'Or 
de  20  28'  k\"  Zh  seulement. 

Dans  ce  cas-ci,  on  peut  ne  pas  attacher  une  grande  importance 
à  une  différence  de  2°i/2.  On  a  indiqué,  page  2 où  de  la  Notice, 
pour  le  système  de  la  Côte-d'Or,  l'orientation  jN.-E.-S.-O.  ou  E. 
Uo°  N.,  ce  qui  laisse  une  incertitude  de  5°.  Dans  ses  premières 
publications,  l'auteur  avait  en  effet  indiqué  pour  le  système  de  la 
Côte-d'Or  une  direction  N.-E.  ;  mais,  peu  de  temps  après,  il  avait 
trouvé  que  la  direction  s'écartait  un  peu  moins  de  la  ligne  E.-O., 
et  il  l'avait  réduite,  en  nombre  rond,  pour  Dijon,  à  E.  ko0  N. 

1  Notice,  p.  k  10.  —  s  Notice,  p.  1066. 


362  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

C'est  d'après  cette  direction  réduite  que  le  tableau  page  85  U  de  la 
Notice  a  été  calculé;  or,  en  supprimant  de  prime  abord  5°,  l'auteur 
a  peut-être  poussé  la  réduction  trop  loin,  et  un  grand  cercle  qui 
correspond  très-sensiblement  à  la  moyenne  de  ses  deux  indications 
successives  peut  bien  représenter  la  direction  véritable. 

Relativement  à  la  position,  le  grand  cercle  de  comparaison  provi- 
soire passe  à  Dijon,  et,  comme  le  diamétral  Dac  y  passe  aussi,  il  y  a 
entre  eux,  à  cet  égard,  un  accord  complet.  Le  diamétral Dac  forme 
donc  un  grand  cercle  de  comparaison  très- convenable  pour  le  système 
de  la  Gôte-d'Or. 

Quant  au  système  de  la  Gôte-d'Or  considéré  en  lui-même,  à 
son  âge  relatif,  aux  chaînons  de  montagnes  dont  il  se  compose, 
rien  dans  ce  qui  précède  ne  conduit  à  modifier  ce  qui  en  a  été  dit 
dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  page  /io3  et  ailleurs. 
(Voir  à  la  table  de  l'ouvrage.) 

Primitif  de  Lisbonne. 

Le  cercle  placé  au  dix-neuvième  rang  dans  le  tableau  des  1 83 
intersections  est  le  primitif  de  Lisbonne. 

Une  monographie  assez  étendue  de  ce  grand  cercle  a  été  donnée 
dans  le  cours  du  présent  Rapport,  page  lui,  mais  il  y  a  été  dit, 
page  îûa,  qu'on  reviendrait  plus  tard  sur  le  degré  de  précision 
avec  lequel  il  s'adapte  aux  accidents  orographiques  et  géologiques 
de  la  France  et  d'une  partie  de  l'Allemagne,  c'est-à-dire  à  ceux 
qui  sont  compris  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France. 
Le  moment  est  arrivé  de  combler  cette  lacune. 

ht  primitif  Aa  Lisbonne,  suivi  dans  l'ordre  suivant  lequel  les  in- 
tersections sont  inscrites  dans  le  tableau,  pénètre  dans  le  cadre 
de  la  carte  géologique  de  la  France  par  le  côté  oriental.  Il  coupe  le 
Mein  au-dessus  d'Aschaffenburg,  en  effleurant  le  massif  de  roches 
primitives  auquel  cette  ville  est  adossée.  H  rase  ensuite  la  pointe 
N.-E.  des  roches  primitives  de  l'Odenwald,  et  il  y  entre  près  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  363 

Gross-Urastadt,  en  passant  entre  deux  petites  masses  de  porphyre 
quartzifère.  Plus  loin,  à  l'E.  de  Rheinheim,  il  rencontre  trois  ma- 
melons basaltiques,  et  il  traverse  celui  du  milieu.  Il  sort  enfin  de 
l'Odenwald  à  Zwingenberg,  en  rasant,  à  1  kilomètre  environ  de 
distance,  le  contour  de  la  masse  proéminente  de  syénite  qui  s'élève 
au  S.-S.-E.  de  Darmstadt. 

Il  franchit  le  Rhin  à  3  kilomètres  au  S.-E.  de  Worms,  et  il  tra- 
verse les  montagnes  de  grès  des  Vosges  de  la  Hardt  (basses  Vosges), 
où  il  s'adapte  à  différents  accidents  des  cours  d'eau  dont  je  sup- 
prime le  détail. 

Il  en  sort  par  le  sommet  de  l'expansion  que  présentent  vers  le 
N.-E.  les  contours  du  grès  bigarré  et  du  muschelkalk,  et  passe  à 
Neuhornbach,  où  son  intersection  avec  le  trapézoédrique  Ta  du  sys- 
tème du  Vercors  tombe  sur  le  bord  de  la  Schweygen,  très-près  de 
son  confluent  avec  le  Hornbach.  Plus  loin,  il  entre  dans  les  marnes 
irisées  par  la  pointe  que  forme  leur  limite  au  sud  de  Bliesbruck; 
il  coupe  la  Sarre  dans  l'inflexion  prononcée  qu'elle  éprouve  au- 
dessous  de  Diding,  et,  remontant  son  cours  à  petite  distance,  il 
laisse  à  3  kilomètres  au  S.-E.  la  source  salée  de  Salzbronn,  près 
de  Sarre-Albe. 

Suivant  ensuite  les  plateaux  de  calcaire  à  gryphées  arquées 
situés  au  N.-O.  de  Dieuze,  entre  la  grande  et  la  petite  Seille,  il 
va  passer,  entre  Vie  et  Château-Salins,  au  confluent  de  ces  deux 
rivières. 

Il  trace  ainsi  très-exactement,  sur  une  longueur  de  120  kilo- 
mètres, l'axe  synclinal  de  la  pointe  en  forme  de  proue  de  bateau, 
dirigée  au  N.-E.,  que  présente  le  terrain  triasique  de  la  Lorraine, 
et  il  en  traverse  la  partie  caractéristique,  la  région  salifère  de 
Dieuze,  Vie  et  Château-Salins.  Il  représente  aussi  la  corde  de  la 
courbe  décrite  par  la  ligne  de  navigation  de  la  Seille ,  du  canal  des 
Salines  et  de  la  Sarre. 

Le  confluent  des  deux  Seilles,  où  passe  le  primitif  de  Lis- 
bonne, est  peu  éloigné  du  point  où  les  marnes  irisées  s'enfoncent 


304  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

et  disparaissent  sous  le  lias.  Ce  grand  cercle  va  ensuite  couper  la 
Meurthe  près  de  la  Neuville-devant-Nancy,  au  confluent  du  ruis- 
seau de  Frahaux,  qui  est  placé  lui-même  à  la  limite  des  marnes 
irisées.  H  coupe  enfin  la  Moselle  à  son  confluent  avec  le  Madon, 
près  de  Pont-Saint-Vincent,  où  sa  vallée  sort  du  calcaire  à  gryphées 
arquées  et  s'enfonce  profondément  dans  les  plateaux  de  l'étage 
oolithique  inférieur,  et  il  poursuit  lui-même  son  cours  sur  ces  pla- 
teaux pour  couper  à  Autreville,  au  S.-O.  de  Golombey,  Yhexaté- 
iraédrique  Raa. 

De  la  Moselle  au  Cher,  le  primitif  de  Lisbonne  parcourt,  sur 
la  surface  du  plateau  formé  par  l'étage  oolithique  inférieur,  une 
route  singulièrement  uniforme.  11  suit  le  contour  légèrement  si- 
nueux des  coteaux  de  l'étage  oolithique  moyen,  dont  il  coupe  les 
saillies,  et  il  traverse  toutes  les  rivières  à  une  distance  variable, 
mais  généralement  assez  petite ,  du  point  où  on  cesse  de  voir  pa- 
raître sur  leurs  bords  l'étage  oolithique  inférieur,  qui,  par  l'effet 
naturel  d'une  inclinaison  légère  vers  le  N.-O.,  s'enfonce  et  dispa- 
raît au-dessous  de  l'étage  oolithique  moyen. 

Ce  grand  cercle  coupe  d'abord  la  Vair  dans  l'inflexion  qu'elle 
éprouve  au  pied  du  coteau  corallien  de  Saint-Julien,  où  le  signal 
de  Moncel  atteint  l'altitude  de  £58  mètres.  Immédiatement  après 
il  coupe  la  Meuse  à  Goussey,  au  confluent  du  ruisseau  de  la  Sao- 
nelle,  et  les  deux  rivières  la  Vair  et  la  Meuse  vont  confondre  leurs 
eaux  près  de  Domremy-la-Pucelle,  à  k  kilomètres  au  N.-O.  de 
notre  cercle  et  tout  près  du  point  où  l'étage  oolithique  inférieur 
disparaît. 

Entre  Saint-Blain  et  Andelot,  il  rencontre,  dans  les  inflexions 
que  leur  font  subir  certains  tertres  oxfordiens  et  coralliens,  trois 
ruisseaux  qui  se  réunissent  à  h  kilomètres  dans  le  N.-O.,  au  point 
où  disparaît  de  môme  l'étage  oolithique  inférieur. 

Ce  même  cercle  coupe  la  Marne  à  Candcs,  un  peu  au-dessous 
de  Chaumont,  dans  la  courbure  très-prononcée  que  présente  sa 
vallée  immédiatement  au-dessous  du  confluent  de  la  Suize.  Cette 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.        365 

coïncidence  est  d'autant  plus  remarquable  que  les  deux  rivières 
sont  profondément  encaissées  dans  des  vallées  de  l'étage  oolithique 
inférieur,  car,  malgré  tous  les  adoucissements  auxquels  l'art  des 
ingénieurs  a  pu  recourir,  le  chemin  de  fer  de  Mulhouse  n'a  pu  tra- 
verser la  Suize  à  Chaumont  que  sur  un  viaduc  monumental.  Sur 
les  coteaux  de  la  rive  gauche ,  notre  cercle  coupe  le  trapézoédrique  TI 
du  système  du  mont  Viso  à  Villiers-le-Sec,  au  pied  de  la  côte 
d'Alun  couronnée  par  l'étage  corallien. 

Enfin  il  coupe  l'Aujon  à  Château-Villain,  l'Aubette  près  de  Mon- 
tigny  et  l'Ource  à  Brion,  toujours  très-près  du  point  où  l'étage 
oolithique  inférieur  cesse  de  former  leur  lit. 

Ici  les  coteaux  de  l'étage  oolithique  moyen  s'éloignent  un  peu, 
mais  notre  cercle ,  après  avoir  traversé  la  vallée  de  la  Seine  dans 
la  courbure  qu'elle  présente  au-dessous  de  Châtillon-sur-Seine  et 
l'Armançon  à  Cry,  va  encore  raser  au-dessous  de  Sarry  les  coteaux 
de  l'étage  oolithique  moyen.  Il  arrive  ainsi  au  point  déjà  cité  près 
de  l'Isle,  pages  268  et  389,  où  il  coupe  simultanément  le  trapézoé- 
drique TTbbc  de  l'Hécla  et  le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du 
Longmynd. 

On  a  déjà  vu  comment  les  deux  derniers  cercles  s'adaptent  au 
Morvan.  Le  primitif  de  Lisbonne  représente  le  front  N.-O.  de  ce 
groupe  montagneux  et  de  ses  appendices.  Il  s'adapte  à  sa  pointe 
extrême  en  coupant,  dans  la  vallée  du  Cousin,  au-dessous  de  Pont- 
Aubert,  sa  ceinture  d'arkose  et  de  calcaire  à  gryphées,  devenue 
très-étroite ,  à  1  kilomètre  du  point  où  le  granité  cesse  d'être  visible 
à  la  surface  :  on  peut  admettre  qu'il  est  tangent  au  contour  sou- 
terrain de  cette  roche. 

C'est  par  .une  exception  isolée ,  due  à  l'influence  du  Morvan ,  que 
notre  cercle  atteint  ici  le  lias  et  s'approche  du  granité.  Il  reprend 
immédiatement  son  cours  sur  le  plateau  de  l'étage  oolithique  in- 
férieur, où  sont  creusées  les  vallées  de  la  Cure,  de  l'\onne  et  du 
Beuvron,  qu'il  traverse  successivement. 

Mais  bientôt  les  coteaux  de  l'étage  oolithique  moyen,  qui  s'étaient 


366  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

éloignés  aux  approches  du  Morvan,  reviennent  vers  notre  cercle 
et  même  le  dépassent,  et  c'est  dans  cet  étage  de  terrain  qu'est 
creusée  la  vallée  de  la  Nièvre ,  au  point  déjà  indiqué  pages  2  5 1  et 
293,  où,  près  de  Beaumont-la-Ferrière,  le  primitif  de  Lisbonne 
coupe  simultanément  le  trapézoédrique  T\a  du  système  du  Morvan 
et  le  diamétral  Dac  du  système  du  Forez. 

Cheminant  toujours  sur  le  terrain  jurassique,  recouvert  mainte- 
nant çà  et  là  de  lambeaux  peu  épais  de  terrain  tertiaire  miocène, 
notre  cercle  va  couper  la  Loire  près  de  Germigny,  à  2  kilomètres 
au-dessous  du  confluent  de  l'Aubois  et  à  peu  de  distance  du  point 
où,  sur  sa  rive  gauche,  l'étage  oolithique  inférieur  disparaît  pour 
faire  place  à  l'étage  moyen.  Il  traverse  ensuite  les  plaines  peu  acci- 
dentées du  département  du  Cher  et  va  couper  cette  rivière  un  peu 
au-dessous  de  la  Celle-Bruère,  à  moins  d'un  kilomètre  du  confluent 
de  l'Yvernet. 

Plus  loin,  passant  au  pied  de  la  colline  de  Morlac,  l'un  des 
sommets  de  la  grande  triangulation  de  la  méridienne,  élevée  de 
229  mètres  et  formée  par  l'étage  oolithique  inférieur,  il  va,  dans 
une  vallée  ouverte  dans  le  lias,  couper  l'Araon  à  son  confluent 
avec  le  ruisseau  du  Portefeuille.  Il  traverse  ensuite  une  surface 
occupée  en  partie  par  les  marnes  irisées ,  où  il  effleure  au  S.-O.  de 
la  Châtre  un  dernier  plateau  d'oolithe  inférieure,  et  il  aborde  les 
roches  primitives  du  Limousin  par  l'entrée  de  la  vallée  de  la 
Couarde,  au  S.-E.  de  Chassignoles  (Indre). 

H  suit  presque  exactement  jusqu'à  Aigurande,  qu'il  laisse  à 
1  kilomètre  au  S.-E.,  la  limite  du  granité  ordinaire  et  du  gneiss, 
et  il  côtoie  parallèlement  à  son  axe  une  masse  de  granité  porphy- 
roïde  à  gros  grains.  Bientôt  après  il  passe  à  Presselines,  village  bâti 
tout  près  du  confluent  des  deux  branches  de  la  Creuse,  et  ensuite 
à  la  Fat,  autre  village  bâti  très-près  aussi  du  confluent  de  la  Bre- 
zantine  et  de  la  Cazine. 

A  l'ouest  de  la  Souterraine ,  il  entre  sur  un  massif  de  granité 
[)<>rphyroïde  à  gros  grains,  où  il  passe  à  un  point  culminant  ar- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANGE.  367 

rondi  sur  lequel  cinq  grandes  routes  se  réunissent,  ce  qui  dénote 
une  position  centrale  et  dominante,  et,  avant  de  rentrer  sur  le  gra- 
nité ordinaire,  il  coupe  la  Gartempe  tout  près  de  son  confluent 
avec  la  Couze. 

Revenant  bientôt  après  sur  le  granité  porphyroïde  à  gros  grains, 
il  laisse  au  S.-E.,  à  2  kilomètres  de  distance,  la  localité  de  Vaulry, 
célèbre  par  l'exploitation  de  mine  d'étain  qui  y  a  été  entreprise ,  et 
à  peu  de  distance  de  là  il  passe  au  pied  S.-E.  de  la  montagne  de 
Peyrelade,  élevée  de  Û92  mètres,  où,  comme  on  l'a  vu  précédem- 
ment, p.  286 ,  il  coupe  le  trapézoédrique  Tb  du  système  de  la  Vendée. 

De  ce  point  à  la  Vienne,  qu'il  passe  au-dessus  de  Ghabannais, 
il  suit  une  crête  granitique  assez  prononcée,  et,  sortant  du  massif 
central  de  roches  primitives  au  midi  de  Montembœuf,  il  rase  encore, 
dans  la  ceinture  jurassique  qui  l'entoure ,  une  petite  protubérance 
granitique  qui  relève  autour  d'elle  l'arkose  du  lias. 

Dans  les  plaines  jurassiques  et  crétacées  des  départements  de  la 
Charente  et  de  la  Charente-Inférieure,  le  primitif  de  Lisbonne  suit 
approximativement  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  la  Charente 
et  la  Dordogne,  et  il  passe  la  Gironde  à  des  distances  presque  égales 
(6  à  7  kilomètres)  de  Blaye  et  du  Bec-d'Ambès.  Traversant  ensuite 
les  terrains  plats  du  Médoc,  il  coupe  la  pointe  N.-O.  du  bassin 
d'Arcachon,  et  il  entre,  à  travers  les  dunes,  dans  le  golfe  de  Gas- 
cogne, où  il  ne  tarde  pas  à  rencontrer  le  diagonal  \b  du  système 
du  mont  Serrât. 

J'annonçais,  page  ikk  de  ce  Rapport,  en  terminant  l'article 
consacré  au  primitif  de  Lisbonne,  que,  dans  les  contrées  qui  ont 
été  bien  explorées,  il  rencontre  un  grand  nombre  de  points  défi- 
nissables dont  je  compléterais  plus  loin  l'indication.  Par  là  je  faisais 
allusion  à  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  la  partie  de  ce  même  cercle 
qui  traverse  le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France.  On  vient 
de  voir  que  dans  l'Odenwald,  de  même  que  dans  le  Thùringer- 
wald  et  dans  l'Ural,  il  s'adapte  avec  précision  à  des  accidents  géo- 
logiques nettement  déterminés.   La  pointe  N.-O.  du  Morvan  et 


368  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

certains  points  des  granités  du  Limousin  lui  fournissent  aussi  des 
points  de  repère  précis.  Dans  tout  le  cours  de  ce  cercle,  je  n'ai 
cité  aucune  grande  montagne  avec  laquelle  il  fût  en  rapport,  à 
l'exception  du  volcan  de  Collaqui,  au  Chili,  et  j'ai  fait  remarquer 
son  adaptation  aux  accidents  de  beaucoup  de  cours  d'eau  :  en 
France  il  conserve  les  mêmes  allures.  Il  ne  rencontre  aucune  mon- 
tagne de  quelque  importance,  et  la  plus  grande  partie  des  accidents 
avec  lesquels  j'ai  signalé  sa  coïncidence  sont  des  inflexions  ou  des 
confluents  de  cours  d'eau.  Mais  celles-ci  méritent  d'autant  plus 
d'attention  que,  le  long  du  cours  de  notre  cercle,  ces  accidents  hy- 
drographiques sont  dans  un  rapport  évident  avec  la  disposition 
des  couches  minérales.  Il  en  est  de  même  partout,  en  général, 
quoique  la  chose  ne  se  voie  pas  toujours  aussi  directement  que  sur 
les  terrains  triasiques  et  jurassiques  que  nous  avons  parcourus.  Il 
est  toutefois  à  observer  que  les  confluents  des  rivières  qui  coulent 
sur  les  granités  du  Limousin  se  rencontrent  sur  le  cours  de  notre 
cercle  avec  la  même  fréquence  et  la  même  précision  que  ceux  des 
rivières  coulant  sur  les  terrains  stratifiés,  et  au  fond,  suivant  toute 
apparence,  par  les  mêmes  causes. 

Relativement  à  ces  accidents  hydrographiques,  je  dois  faire  re- 
marquer qu'il  existe  peu  de  cartes  où  leur  position  mérite  autant 
de  confiance  que  la  carte  géologique  de  la  France,  et  je  puis  me 
permettre  de  le  dire,  parce  que  je  ne  fais  en  cela  que  rendre 
hommage  à  la  carte  hydrographique  de  la  France,  qui  a  été  le 
canevas  fondamental  de  la  carte  géologique.  La  carte  hydrogra- 
phique avait  été  préprée  depuis  longtemps  par  le  Dépôt  des 
cartes  et  plans  des  ponts  et  chaussées,  et  publiée  vers  1820 
d'après  les  ordres  de  M.  Becquey,  alors  directeur  général  des  ponls 
et  chaussées  et  des  mines,  pour  servir  de  base  à  l'entreprise  de 
la  canalisation  de  la  France,  qui  restera  une  des  gloires  de  son 
administration.  On  y  a  profité  non-seulemenl  de  la  carte  de  Cas- 
sini,  mais  aussi  de  tous  les  documents  que  le  corps  des  ponts  et 
chaussées  avait  réunis.  En  prenant  ce  précieux  Iraré  pour  base  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  369 

la  carte  géologique  de  la  France,  on  s'est  gardé  d'en  rien  effacer; 
on  s'est  borné,  pour  les  cours  d'eau,  à  le  perfectionner  en  quel- 
ques points  peu  nombreux,  pour  lesquels  on  a  eu  des  documents 
plus  récents.  On  y  a  ajouté  un  dessin  nouveau  du  relief  du  sol  et 
les  limites  des  terrains. 

Les  cours  d'eau  singulièrement  nombreux  qu'on  trouve  sur  la 
carte  géologique  de  la  France  ont  donc  un  tracé  très-précis,  et, 
lorsque  j'annonce  que  tel  ou  tel  cercle  passe  à  1  ou  2  kilomètres 
du  confluent  de  deux  ruisseaux ,  j'en  suis  aussi  certain  que  lorsque 
je  dis  qu'il  passe  à  1  ou  2  kilomètres  de  telle  ou  telle  ville  impor- 
tante. 

En  résumé,  le  'primitif  de  Lisbonne  est  un  cercle  très-bien 
jalonné  par  les  accidents  naturels  du  sol,  mais  rien  n'indique 
jusqu'ici  l'existence  d'un  système  de  montagnes  dont  il  serait  le 
grand  cercle  de  comparaison,  et  les  points  remarquables  qui  se 
rencontrent  sur  son  cours  paraissent  s'y  être  placés  par  la  seule 
influence  des  lois  de  la  symétrie  pentagonale. 

Trapézoédrique  Te  de  VIremel  (système  du  Hundsriick) . 

Le  cercle  placé  au  vingtième  rang  dans  le  tableau  des  i83  inter- 
sections est  le  trapézoédrique  Te  de  l'Iremel,  représentant  du  système 
du  Hundsriick.  J'ai  donné  ci-dessus,  page  2  2  3,  une  monographie 
presque  complète  du  cours  de  ce  grand  cercle ,  dans  laquelle  j'ai 
annoncé  que  je  reviendrais  sur  les  circonstances  de  précision  avec 
lesquelles  il  traverse  la  France  entière  et  la  Souabe.  C'est  ici  le 
lieu  de  combler  cette  lacune. 

Le  trapézoédrique  Te,  suivi  dans  le  sens  déterminé  par  l'ordre 
d'inscription  des  intersections  dans  le  tableau,  entre  dans  le  cadre 
de  la  carte  géologique  de  la  France  par  le  côté  oriental.  Il  traverse 
le  Neckar  à  1  kilomètre  au-dessus  de  Heilbronn,  en  s'adaptant  à 
une  petite  section  de  son  cours,  et  bientôt  après  il  coupe,  près  de 
Gublingen,  le  bissecteur  DH  du  système  du  mont  Seny,  qui,  comme 

Stratigraphie.  2  A 


370  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

on  l'a  vu  plus  haut,  forme  Fun  des  axes  des  montagnes  de  la  Foret- 
Noire. 

Notre  trapézoédrique ,  au  contraire,  est  presque  exactement  tan- 
gent à  ce  groupe  montagneux.  Il  effleure  la  saillie  N.-O.  du  contour 
des  montagnes  de  grès  des  Vosges  et  de  porphyre  quartzifère  qui 
forment  les  paysages  pittoresques  des  environs  de  Baden.  Il  laisse 
cette  ville  et  sa  source  minérale  à  1  kilomètre  au  S.-E.,  et  il 
tronque  de  2  kilomètres  la  limite  des  roches  porphyriques,  telle 
qu'elle  est  reproduite  sur  la  carte  géologique  de  la  France. 

Le  trapézoédrique  Te  franchit  le  Rhin ,  élargi  par  des  îles  nom- 
breuses, en  s'adaptant,  dans  une  étendue  de  10  kilomètres,  à  une 
inflexion  de  son  cours  qui  comprend  le  confluent  de  l'Ill  et  celui 
de  la  Kintzig.  Sur  la  rive  gauche,  notre  cercle  remonte  le  cours 
sinueux  de  1111  jusqu'au  confluent  de  la  Bruche.  Les  deux  rivières 
se  réunissent  par  plusieurs  bras  dans  l'intérieur  même  de  la  ville 
de  Strasbourg,  dont  notre  cercle  entame  les  fortifications  du  côté 
du  N.-O.  Au  delà  de  Strasbourg,  il  remonte  encore  la  vallée  de 
la  Bruche  jusqu'à  Duttlenheim. 

L'Ill,  en  se  réunissant  à  la  Bruche  à  Strasbourg,  s'infléchit  pour 
prendre  sa  direction;  le  Rhin,  en  recevant  l'Ill  un  peu  plus  bas, 
s'infléchit  à  son  tour  suivant  la  même  direction  prolongée,  et  notre 
cercle  s'identifie  ainsi  à  une  direction  fluviale  continue  dans  une 
étendue  de  35  kilomètres,  qui  comprend  quatre  inflexions  de 
rivières  très-prononcées,  quatre  confluents  et  une  grande  ville.  Il 
s'y  joint  un  pont  d'autant  plus  remarquable  que,  jusqu'à  nos  jours, 
il  a  existé  seul  sur  le  Rhin  dans  l'intervalle  de  Baie  à  Mayence, 
établissant  entre  l'Allemagne  et  la  France  une  communication  sans 
doute  fort  ancienne,  car  le  mot  Strassburg  se  traduit  par  château  de 
la  route.  C'est  une  illustration  multiple  et  combinée  de  plusieurs 
genres  de  remarques  que  j'ai  déjà  appuyées  de  beaucoup  d'exemples. 
Notre  cercle  quitte  ensuite  la  Bruche  pour  un  temps,  et  il 
aborde  les  collines  subvosgiennes  près  de  Rosheim,  dans  la  val- 
lée qui  descend  de  Grendelbruch,  puis  les  Vosges  êHes-mèfiMg  par 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  371 

la  vallée  du  Klingenthal,  où  il  passe  à  la  manufacture  d'armes.  Il 
traverse  le  massif  proéminent  du  Ghamp-du-Feu,  dont  il  côtoie  la 
crête  granitique,  en  laissant  à  environ  un  kilomètre  dans  le  S.-E. 
son  point  culminant,  élevé  de  1,095  mètres,  ainsi  que  sa  termi- 
naison S.-O.  sur  laquelle  s'appuie  le  signal  géodésique  de  Raurupt, 
élevé  encore  de  956  mètres.  11  coupe,  près  de  ce  dernier  point, 
comme  on  l'a  déjà  dit  page  3i  1,  le  trapézoédrique  Ta  du  système 
du  Vercors. 

Sortant  du  massif  du  Champ-du-Feu  par  la  pointe  de  terrain 
schisteux  qui  s'avance  au  delà  de  la  Bruche,  notre  cercle  la  tra- 
verse de  nouveau,  et  cette  fois  près  de  sa  source.  Il  passe  à  Saales 
et  continue  son  cours  sur  un  autre  lambeau  de  terrain  schisteux 
adossé  au  massif  granitique  qui  s'étend  vers  Senones.  Il  entre  enfin 
dans  les  montagnes  de  grès  rouge  et  de  grès  des  Vosges  du  ver- 
sant occidental  de  la  chaîne. 

Saales  occupe  dans  les  Vosges  une  sorte  de  dépression  centrale 
qui  est  en  rapport  avec  l'interruption  d'une  grande  faille  et  avec 
un  ressaut  dans  l'axe  de  la  chaîne,  disposition  déjà  signalée  dans 
le  premier  volume  de  Y  Explication  de  la  carie  géologique  de  la  France1. 
Cet  agencement  des  montagnes  aux  environs  de  Saales  rappelle 
à  quelques  égards  la  vallée  d'Aran,  dans  les  Pyrénées.  Les  deux 
cercles  qui  se  croisent  près  de  Raurupt  jouent  ici  un  rôle  compa- 
rable, dans  une  certaine  mesure,  à  celui  des  deux  cercles  qui  se 
croisent  dans  les  Pyrénées,  à  la  pointe  de  Palarquère,  et  à  celui 
des  deux  autres  cercles  qui  se  croisent  dans  les  Alpes,  au  fond  de 
la  vallée  de  Beaufort.  Le  trapézoédrique  Ta  du  système  du  Vercors 
fait  partie  à  la  fois  de  la  combinaison  de  Raurupt  et  de  celle  de 
Beaufort. 

Traversant  les  montagnes  de  grès  qui  masquent  la  disconti- 
nuité existant  entre  les  roches  anciennes  des  environs  de  Se- 
nones et  celles  des  environs  de  Sainte-Marie-aux-Mines,  le  trapé- 

'    Erplicatinv  <lp  In  carte  géologique  de  la  France,  18A1,  t.  I,  p.  396. 

a4. 


372  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

zoédrique  Te  passe  à  Saint-Dié ,  où  il  coupe  la  Mcurlhe  à  a  kilo- 
mètres au  N.-O.  du  confluent  de  la  Remcnmeix,  qui  achève  de  lui 
verser  le  tribut  de  toutes  les  eaux  provenant  de  la  chaîne  centrale, 
depuis  le  Climont  jusqu'au  Valtin.  A  Saint-Dié,  la  vallée  de  la 
Meurthe,  perdant  la  grande  largeur  qui  fait  ressembler  à  des  lacs 
desséchés  les  vallées  supérieures,  élargies  sans  doute  par  les  cou- 
rants diluviens,  se  réduit  à  un  sillon  creusé  dans  le  grès  rouge 
couronné  par  le  grès  des  Vosges,  ce  qui  en  change  considérable- 
ment le  régime.  Saint-Dié  est  donc  à  la  fois  un  confluent,  un  étran- 
glement de  vallée  et  une  ville  épiscopale  fort  ancienne ,  munie  d'un 
pont  dont  l'origine  première  remonte  sans  doute  à  une  haute  anti- 
quité. Le  trapézoédrique  Te,  toujours  en  vertu  des  principes  déjà 
exposés,  passe  aux  sièges  des  deux  évêchés  qui  se  partagent  les 
Vosges,  de  même  que  le  diamétral  Bac  du  système  de  la  Gôte-d'Or 
passe  aux  deux  préfectures  des  Vosges  et  de  la  Gôte-d'Or. 

Continuant  son  cours  sur  les  montagnes  de  grès  qui  forment  la 
bordure  des  Vosges ,  notre  cercle  passe  à  Champs ,  où  apparaît ,  au- 
dessous  des  dépôts  arénacés,  une  petite  expansion  du  terrain  gra- 
nitique qui  contient  le  lit  de  la  Vologne.  Il  atteint  cette  rivière 
à  a  kilomètres  au  N.-O.  du  confluent,  où  ses  deux  branches  se 
réunissent,  et  il  accompagne  jusqu'à  Docelles  son  cours  devenu 
sinueux  au  milieu  des  grès.  Il  traverse  la  Moselle  à  Arches,  au 
confluent  de  la  rivière  de  Ravon,  où  la  première  sort  des  mon- 
tagnes proprement  dites. 

Sur  le  plateau  de  grès  bigarré  qui  contient  la  source  de  la  Saône 
et  qui  verse  presque  toutes  ses  eaux  dans  cette  rivière,  le  trapé- 
zoédrique Te  suit,  de  Hadol-la-Tour  à  Fontenoy-le-Château ,  une 
ligne  le  long  de  laquelle  le  grès  des  Vosges  devient  visible  par 
l'effet  de  certaines  failles  plus  ou  moins  rigoureusement  parallèles 
à  sa  direction  ,  qui  font  même  apparaître  le  granité.  H  laisse  au 
S.-E.,  à  moins  d'un  kilomètre  de  distance,  la  belle  source  thermale 
de  Bains,  et,  côtoyant  le  ruisseau  sur  les  bords  duquel  elle  surgit, 
il  passe   à  son  confluent  avec  le  Coney,  auquel  il  se  réunit,  près 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         373 

des  forges  de  la  Pipée,  dans  les  anfractuosités  d'une  protubérance 
granitique. 

Les  vallées  de  Ruaux,  de  Plombières  et  du  val  d'Ajol,  au  fond 
desquelles  le  granité  et  les  schistes  anciens  se  montrent  d'une  ma- 
nière continue,  sont  parallèles  au  trapézoédrique  Te;  mais  on  doit 
signaler  surtout  son  parallélisme  constant  avec  la  stratification  des 
roches  anciennes  du  versant  N.-O.  des  Vosges  et  avec  les  lignes  sé- 
paratives  de  leurs  différentes  variétés. 

De  Fontenoy-le-Château  à  Bétaucourt  notre  cercle  côtoie  le 
Coney  et  la  Saône,  dans  laquelle  se  jette  le  dernier,  et,  traversant 
les  ceintures  de  muschelkalk ,  de  marnes  irisées  et  de  calcaire  à 
gryphées  qui  entourent  les  Vosges,  il  va  passer  à  Saint-Marcel, 
près  de  Noroy-lès-Jussey ,  au  point  déjà  signalé  page  3  01,  et  où  il 
coupe  simultanément  Yhexalélraédrique  Haa  et  le  diamétral  Dac  du 
système  de  la  Côte-d'Or.  Ce  point  de  croisement  est  remarquable 
par  la  position  en  quelque  sorte  stratégique  qu'il  occupe  relative- 
ment aux  Vosges,  dont  Miexalétraédrique  Haa  limite  à  peu  près  la 
zone  d'influence,  tandis  que  le  diamétral  Dac  s'applique  à  leur 
contour  extérieur,  et  le  trapézoédrique  Te  à  plusieurs  des  accidents 
les  plus  remarquables  de  leur  structure  intérieure. 

Au  delà  du  croisement  de  Saint-Marcel,  le  trapézoédrique  Te  par- 
court les  terrains  jurassiques,  accidentés  en  petit,  de  la  partie  mé- 
ridionale du  département  de  la  Haute-Marne  et  de  la  partie  limi- 
trophe de  celui  de  la  Côte-d'Or.  Je  me  bornerai  à  remarquer  qu'il 
y  coupe,  à  deux  de  leurs  inflexions  les  plus  prononcées,  les  rivières 
du  Soulon  et  du  Vesin.  Il  aborde  ensuite  les  plateaux  élevés  de  la 
Bourgogne,  à  Is-sur-Tille ,  au  débouché  de  la  vallée  de  l'Ignon,  en 
laissant  à  moins  de  2  kilomètres  de  distance  le  confluent  de  cette 
rivière  avec  la  Tille. 

Sur  les  hauts  plateaux  de  l'étage  oolithique  inférieur,  notre 
cercle  côtoie  la  profonde  vallée  du  Val-Suzon  et  passe  près  des 
source  de  la  Loze.  Dans  cette  région  culminante,  le  plan  vertical 
du  trapézoédrique  Te  coupe,  près  de  son  entrée  septentrionale  et 


374  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

la  plus  élevée,  le  tunnel  de  Blaizy,  dans  lequel  le  chemin  de  fer 
de  Paris  à  Lyon  traverse  souterrainement  la  ligne  de  démarcation 
des  bassins  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée. 

Bientôt  après  il  s'adapte  d'une  manière  analogue  au  point  de 
partage  du  canal  de  Bourgogne.  11  coupe  la  vallée  de  la  Brenne, 
au-dessous  d'Aubigny,  dans  sa  principale  inflexion,  où  est  établi, 
au  moyen  d'un  barrage,  le  réservoir  de  Grosbois,  destiné  à  ali- 
menter le  canal.  Sur  la  rive  gauche  de  l'Armançon,  il  passe  au 
réservoir  de  Cercey  construit  pour  le  même  objet,  et  dans  l'inter- 
valle il  traverse  le  canal  de  Bourgogne  un  peu  au  N.  de  l'entrée 
septentrionale  du  souterrain  de  Pouilly,  établi  sur  le  bief  de  par- 
tage. Il  rencontre  la  ligne  navigable  au  bas  de  l'escalier  d'écluses 
par  lequel  le  canal  descend  du  bief  de  partage  au  niveau  de  l'Ar- 
mançon. C'est  une  combinaison  comparable  à  celle  que  présente, 
à  Valdieu,  l'intersection  du  canal  du  Rhône  au  Rhin  et  du  trapé- 
zoédrique  Ta  du  système  du  Vercors. 

Le  trapézoédrique  Te  sort  enfin  des  hauts  plateaux  de  l'étage 
oolithique  inférieur,  par  leur  angle  S.-O.,  situé  près  de  Genserey, 
angle  sur  lequel  tombe,  avec  une  étonnante  précision  (sur  la  carte 
géologique  générale)  le  point  d'intersection  de  notre  cercle  avec  le 
trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla. 

Il  traverse  ensuite  le  Morvan  dans  sa  partie  méridionale  et  la 
plus  proéminente,  où  dominent  les  porphyres,  en  laissante  2  kilo- 
mètres au  N.-O.  la  montagne  porphyrique  du  Toureau-des-Grands- 
Bois,  élevée  de  806  mètres  et  la  plus  haute  de  tout  le  Morvan. 
Les  porphyres  reposent  ici  sur  les  granités  qui  apparaissent  dans 
le  fond  de  quelques  vallées.  Au  S.-E.  de  GJiâteau-Chinon ,  dans 
une  de  ces  vallées  à  fond  granitique,  notre  cercle  coupe  l'Yonne 
presque  à  sa  naissance,  à  moins  d'un  kilomètre  de  son  confluent 
avec  le  Perperny. 

Bientôt  après  il  rentre  sur  le  terrain  jurassique,  où  il  touche,  au 
confluent  d'un  ruisseau,  la  principale  courbure  de  la  rivière  de 
Vandenesse.  Passant  ensuite  au  confluent  de  la  Vandenesse  et  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  375 

l'Aron,  il  côtoie  cette  dernière  rivière  et  le  canal  de  Nivernais  jus- 
qu'aux approches  de  la  Loire,  qu'il  passe  un  peu  au-dessus  de 
Decize.  Il  coupe  dans  cet  intervalle ,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  dit,  le 
trapézoédrique  Dla  du  système  du  Morbihan. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  le  trapézoédrique  Te  effleure,  près 
de  Saint-Parise-en-Viry,  l'extrémité  méridionale  d'une  petite  saillie 
de  granité,  déjà  mentionnée  plusieurs  fois,  où  il  coupe  simultané- 
ment le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd,  le  diamé- 
tral Dac  du  système  du  Forez  et  le  trapézoédrique  Tb  du  système  du 
Tatra. 

Traversant  ensuite  la  plaine  de  l'Allier,  formée  de  terrain  ter- 
tiaire miocène  et  de  marnes  irisées,  il  rase  la  petite  protubérance 
granitique  de  Bourbon-l'Archambault,  dont  il  laisse  le  contour  à 
t  kilomètre,  et  le  centre,  où  se  trouve  la  source  thermale,  à  2  ki- 
lomètres dans  le  S.-E. 

Plus  loin,  il  coupe  les  pointes  du  massif  granitique  d'Hérisson, 
en  laissant  à  2  kilomètres  au  S.-E.,  dans  le  terrain  miocène,  le 
confluent  compliqué  où  les  eaux  de  quatre  ruisseaux  se  réunissent, 
près  de  Gosne,  pour  former  la  rivière  d'Aumance,  qui  s'échappe 
vers  le  Cher  par  la  vallée  à  fond  granitique  où  se  trouve  la  ville 
même  d'Hérisson.  Rasant  encore  deux  pointements  granitiques, 
il  coupe  la  vallée  du  Cher,  et  laisse  au  S.-E.  la  ville  de  Montluçon 
à  5  kilomètres  et  l'établissement  thermal  de  Néris  à  1 2  kilomètres 
au  S.-E.       ' 

Il  poursuit  son  cours  sur  les  diverses  variétés  de  granité  du  Li- 
mousin en  côtoyant  d'abord,  à  3  ou  h  kilomètres  de  distance,  la 
route  presque  rectiligne  de  Montluçon  à  Gauzon,  passe  la  Gar- 
tempe  près  de  sa  source,  non  loin  de  Jardent,  dans  un  confluent 
d'une  forme  toute  spéciale  et  coordonnée  à  sa  direction,  traverse, 
au  N.  de  Bourganeuf,  le  petit  dépôt  houiller  de  Bosmoreau ,  et  coupe 
successivement  les  rivières  du  Thorion  et  de  la  Vienne ,  chacune  au 
confluent  d'un  ruisseau. 

Le  Thorion,  se  repliant  vers  le  S.-O.,  se  jette  dans  la  Vienne 


376  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

qui,  en  le  recevant,  en  prend  la  direction.  Notre  cercle  côtoie  leur 
vallée  dans  une  étendue  de  45  kilomètres,  jusqu'au  point  où,  au- 
dessous  de  Limoges,  elle  se  détourne  vers  Aixe.  Dans  cet  inter- 
valle, il  s'adapte  aux  contours  de  deux  massifs  de  granité  porphy- 
roïde  à  gros  grains,  et  suit  parallèlement,  à  3  kilomètres  de  distance, 
la  route  de  Bourganeuf  à  Saint-Léonard.  Ces  circonstances  réunies 
montrent  clairement  que  dans  le  Limousin,  aux  portes  mêmes  de 
Limoges ,  le  trapézoédrique  Te  représente  très-exactement  l'une  des 
directions  fondamentales  imprimées  au  sol  par  les  révolutions  du 
globe. 

Bientôt  après,  comme  on  l'a  dit  précédemment,  il  coupe  le  tra- 
pézoédrique Tb  du  système  de  la  Vendée,  entre  les  masses  de  gra- 
nité porphyroïde  à  gros  grains  de  Flavignac  et  de  Nexon. 

Plus  loin,  il  passe  aux  forges  de  Fenya,  placées  au  point  de  con- 
cours de  plusieurs  torrents  dont  les  eaux  forment  la  Dronne ,  au 
cours  de  laquelle  notre  cercle  s'adapte  jusqu'à  Pardoux.  Là,  la 
Dronne  change  de  direction  en  passant  du  terrain  granitique  dans  le 
terrain  jurassique,  sur  lequel  notre  cercle  va  couper  presque  im- 
médiatement, à  Saint-Angel,  Yheœalétraédrique  Ubaab  de  Nontron. 

Poursuivant  son  cours  sur  le  terrain  jurassique  et  le  terrain  cré- 
tacé, il  s'y  adapte  encore  à  quelques  accidents  des  cours  d'eau,  et, 
suivant  approximativement  le  cours  de  la  Dronne,  il  la  coupe  de 
nouveau  en  deux  points,  d'abord  à  3  kilomètres  au-dessus  de  son 
confluent  avec  la  Nizanne,  et  ensuite  à  Coutras,  près  de  son  confluent 
avec  l'isle.  Notre  cercle  coupe  l'Isle  elle-même  entre  Coutras  et 
Guitres,  à  î  kilomètre  au-dessous  du  confluent  de  la  Dronne  et  à 
î  kilomètre  au-dessus  de  celui  du  Larry,  ce  qui  constitue  une  adap- 
tation approximative  à  deux  confluents  à  la  fois  et  même  à  une  dis- 
position hydrographique  assez  particulière.  En  effet,  l'agrément 
des  deux  petites  villes  de  Guitres  et  de  Coutras  résulte  en  partie  de 
ce  qu'elles  sont  réunies  dans  un  bassin  à  quatre  issues. 

Passant  ensuite  la  Dordogne  un  peu  au-dessous  du  coude  qu'elle 
forme  à  Saint-Michel,  notre  cercle  franchit  la  Garonne  à  moins  d'un 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  377 

kilomètre  au-dessus  du  pont  de  Bordeaux,  c'est-à-dire  au  point  qui 
a  été  de  tout  temps  ia  limite  de  la  grande  navigation.  Il  traverse 
la  partie  méridionale  de  la  ville  de  Bordeaux,  et,  côtoyant  dans 
les  Landes,  à  1  ou  2  kilomètres  de  distance,  la  route  presque  rec- 
tiligne  ,  ainsi  que  le  chemin  de  fer  de  Bordeaux  à  la  Teste,  il  coupe 
la  rivière  de  Leyre  à  1  kilomètre  au-dessus  de  son  confluent  avec 
le  Ganau.  Laissant  au  N.  le  bassin  d'Arcachon ,  il  tronque  légère- 
ment le  grand  étang  de  Sanguinet  et  de  Bicarosse,  et  entre  à  tra- 
vers les  dunes  dans  le  golfe  de  Gascogne,  où  il  rencontre  bientôt 
le  diagonal  Ib  du  système  du  mont  Serrât. 

On  voit  que  ce  cercle  est  parfaitement  jalonné,  dans  tout  son  par- 
cours à  travers  la  Souabe  et  la  France,  par  les  accidents  naturels 
du  sol  et  par  les  ouvrages  que  les  hommes  y  ont  adaptés.  Il  suffit 
de  citer,  entre  autres ,  les  montagnes  du  Champ-du-Feu  et  du  Tou- 
reau-des-Grands-Bois,  les  trois  sources  thermales  de  Baden,  de 
Bains  et  de  Bourbon-l'Archambault,  le  chemin  de  fer  de  Paris  à 
Lyon,  le  canal  de  Bourgogne,  et  deux  grandes  villes,  Strasbourg  et 
Bordeaux,  pour  faire  comprendre  qu'il  est  encore  du  nombre  des 
cercles  dont  on  ne  pourrait  modifier  sensiblement  la  position  sans 
leur  faire  perdre  les  prérogatives  dont  la  nature  les  a  doués.  Gela 
résultait  déjà,  au  reste,  très -nettement  de  l'étude  faite  précé- 
demment, page  2  2  3,  du  reste  de  sa  circonférence. 

En  passant,  près  de  Saales,  au  nœud  gordien  de  la  structure  des 
Vosges,  ce  cercle  montre  une  sorte  de  connivence  avec  les  faits 
naturels  qui  le  place  au  nombre  des  cercles  les  plus  autorisés  du 
réseau  pentagonal. 

Il  présente  en  outre,  avec  le  primitif  de  Lisbonne  et  avec  le  dia- 
métral Dac  du  système  de  la  Côte-d'Or,  une  certaine  solidarité  qui 
mérite  d'être  remarquée. 

Le  bassin  d'Arcachon  est  compris  entre  notre  trapézoédrique  Te 
et  le  primitif  de  Lisbonne,  et  peu  éloigné  des  points  où  l'un  et 
l'autre  sont  coupés  par  le  diagonal  \b  du  système  du  mont  Serrât. 
Cette  espèce  d'encadrement  par  des  cercles ,  qui  sont  probablement 


378  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

des  lignes  de  plus  facile  propagation  pour  les  tremblements  de  terre 
et  autres  mouvements  du  sol,  permet  d'entrevoir  comment  il  aurait 
pu  se  produire  une  légère  dénivellation  sur  l'emplacement  du 
bassin  d'Arcachon,  qui  est  en  lui-même  une  anomalie  assez  singu- 
lière et  unique  de  la  côte  si  uniforme  des  Landes.  Au  reste,  en 
s'adaptant  l'un  d'un  côté  et  l'autre  de  l'autre  à  cette  figure  ano- 
male, nos  deux  cercles  n'ont  fait  que  suivre  les  allures  que  nous 
avons  constamment  signalées,  indépendamment  de  toute  théorie, 
dans  les  cercles  du  réseau  pentagonal.  En  se  prolongeant  dans 
l'océan  Atlantique,  les  deux  cercles,  après  s'être  croisés  au  point  T 
situé  à  l'O.-N.-O.  de  Burgos,  encadrent  de  même  entre  eux  le 
groupe  volcanique  de  Madère  et  de  Porto-Santo. 

Quant  aux  relations  du  diamétral  Dac  du  système  de  la  Gôte-d'Or 
avec  le  trapézoédrique  Te  du  système  du  Hundsriick ,  leur  solidarité 
se  révèle  par  la  manière  dont  ils  pénètrent  en  Allemagne  sur  la 
rive  droite  du  Rhin.  Le  premier  effleure  l'extrémité  S.-E.  de 
l'Odenwald,  comme  le  second  l'extrémité  N.-O.  de  la  Forêt-Noire; 
et,  à  l'exception  des  très-petites  montagnes  de  granité  et  de  grès 
d'Heidelberg ,  la  vallée  du  Rhin  n'est  bordée ,  dans  l'intervalle  des 
deux  cercles,  que  par  des  collines  appartenant  au  trias  et  au  lias. 
C'est  une  sorte  de  vaste  regard  qui  met  la  vallée  du  Rhin  en  com- 
munication avec  l'intérieur  de  l'Allemagne.  Nos  deux  cercles  en 
marquent  les  extrémités  et  y  jouent  un  rôle  également  essentiel. 

Le  primitif de  Lisbonne,  le  diamétral  Dac  du  système  delà  Côte- 
d'Or  et  le  trapézoédrique  Te  du  système  du  Hundsruck  sont  donc , 
malgré  leur  rapprochement  et  le  peu  de  différence  de  leurs  orien- 
tations, trois  cercles  également  nécessaires,  et  l'on  ne  saurait  son- 
ger à  sacrifier  l'un  d'eux  au  profit  des  deux  autres.  J'ai  déjà  fait 
précédemment  des  remarques  du  même  genre  sur  d'autres  cercles 
rapprochés  le6  uns  des  autres. 

Le  trapézoédrique  Te  convient  d'autant  mieux  pour  représenter  le 

1  Notice,  p.  109a, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  279 

système  du  Hundsriick  qu'il  traverse ,  dans  l'Erzgebirge ,  le  Fichtel- 
gebirge ,  les  Vosges  et  le  Limousin ,  des  régions  où  les  roches  schis- 
teuses anciennes  ont  la  direction  du  système  du  Hundsriick,  en  occu- 
pant à  peu  près  le  centre  des  parties  du  continent  dans  lesquelles 
ces  roches  se  montrent,  et  de  celles  surtout  où  elles  deviennent 
souvent  cristallines,  manière  d'être  qui  semble  devoir  indiquer  le 
milieu  ou  l'axe  du  système.  Il  nous  reste  cependant  à  examiner  si 
ce  cercle  remplit  les  conditions  nécessaires  pour  être  adopté  comme 
grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Hundsriick. 

D'après  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  206,  le  grand 
cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  le  système  du  Westmo- 
reland  et  du  Hundsriick  passait  au  Binger-Loch  sur  le  Rhin,  et  y 
était  orienté  vers  l'E.  3i°3o'  N.,  ce  qui  le  rapprochait  assez  du 
point  D,  centre  du  pentagone  européen  près  de  Remda,  pour  qu'il 
dut  paraître  naturel  de  chercher  son  représentant  parmi  les  cercles 
auxiliaires  qui  se  croisent  en  ce  point;  mais  il  n'a  pu  y  être  trouvé. 

Le  'primitif  de  Lisbonne  fait  avec  le  primitif  de  l'Etna l,  grand 
cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare,  un  angle  de  72  de- 
grés. D'après  le  tableau  de  la  page  855  de  la  Notice,  l'angle  Té- 
nare-Hundsrûck  est  de  7&°i6'39";  il  diffère,  par  conséquent,  de 
20i6'3q/'  de  celui  que  forment  entre  eux  les  deux  cercles  primitifs 
dont  on  vient  de  parler.  Ayant  mis  du  soin  à  déterminer  l'orien- 
tation du  système  du  Hundsriick,  l'auteur  a  jugé  peu  probable  que 
celle  qu'il  avait  trouvée  différât  de  la  vérité  de  près  de  2  degrés  et 
demi ,  et  il  a  cherché  dans  le  réseau  un  autre  cercle  qui  la  repré- 
sentât plus  approximativement;  n'en  ayant  trouvé  aucun  parmi 
les  auxiliaires  diamétraux,  il  a  cherché  parmi  les  trapézoédriques  qui 
passent  au  point  T  situé  en  Espagne,  à  l'O.-N.-O.  de  Burgos. 

Il  a  trouvé  alors  que  le  trapézoédrique  Te,  mené  du  point  T  de 
l'Espagne  à  un  point  c  situé  hors  du  pentagone  européen,  au  S.-S.-E. 
d'Omsk  en  Sibérie,  fait  avec  le  grand  cercle  de  comparaison  du 

1  Notice,  p.  200. 


380  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

système  du  Ténare  un  angle  de  75°2  5'38"2  7,  angle  qui  ne  diffère 
plus  de  l'angle  Ténare-Hundsrûck  du  tableau  que  de  i°  8'  59"  27. 
Cette  différence  est  à  peu  près  de  moitié  plus  petite  que  la  précé- 
dente; cependant,  comme  elle  est  encore  assez  notable,  l'auteur  a 
d'abord  hésité  à  préférer  le  cercle  qui  la  donne  au  primitif  de  Lis- 
bonne ,  et  il  s'y  est  décidé  surtout  par  la  considération  des  conve- 
nances particulières  que  présente,  aux  points  de  vue  géographique 
et  géologique,  ainsi  qu'on  vient  de  le  rappeler,  la  position  du  tra- 
pézoédrique  Te.  Au  surplus,  le  soin  qui  a  été  apporté,  dans  la  Notice 
sur  les  systèmes  de  montagnes,  pages  190  à  2 1 3 ,  à  réduire  au  Biger- 
Loch  les  directions  observées  dans  les  différentes  parties  de  l'Eu- 
rope ,  peut  bien  ne  pas  avoir  préservé  la  moyenne  d'une  erreur  de 
i°9',  attendu  que  beaucoup  des  observations  réduites  n'étaient 
évaluées  qu'en  nombres  ronds  de  5  en  5  degrés,  et  que  presque 
toutes  ayant  été  observées  à  la  boussole  étaient  passibles  d'une  cer- 
taine erreur  dans  la  réduction  au  méridien  astronomique.  Il  ne 
paraît  donc  pas  que  la  différence  trouvée,  i°9',  puisse  empêcher 
d'adopter  le  trapézoédrique  Te  comme  représentant  du  système  du 
Westmoreland  et  du  Hundsrùck. 

Quant  à  ce  qui  concerne  ce  système  considéré  en  lui-même ,  aux 
accidents  stratigraphiques  qui  le  constituent ,  à  son  âge  relatif,  etc. , 
l'adoption  du  nouveau  grand  cercle  de  comparaison  n'implique  aucun 
changement  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  page  i52  et  ailleurs.  (Voir  la  table  de  l'ouvrage.) 

Hexatétraédrique  HaTTa  (système  de  VErymanthc  et  du  Mermoucha). 

Le  cercle  placé  au  vingt  et  unième  rang  dans  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  Y  hexatétraédrique  HaTTa  adopté  par  M.  Po- 
mel  pour  représenter  le  système  de  i'Ërymanthe  et  du  Mermou- 
cha, établi  par  lui  d'après  ses  observations  en  Algérie. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  H  situé  au  S.-O.  des  îles  du 
Cap-Vert,  au  point  a  situé  près  de  Minorque,  au  point  T  situé 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  381 

près  d'Olviopol,  au  point  T  situé  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  au 
S.-E.  du  lac  Boussoulou-Noor,  et  au  point  a  situé  en  Chine,  dans 
la  vallée  du  Kin-tcha-Kiang  ou  fleuve  Bleu,  ainsi  qu'aux  antipodes 
de  ces  cinq  points.  Il  a  pour  pôles  les  intersections  communes  des 
cinq  grands  cercles  auxquels  ces  mêmes  points  appartiennent 
comme  pôles,  intersections  qui  sont  figurées  dans  le  tracé  de 
M.  Laugel,  et  qui  tombent  l'une  dans  l'océan  Austral  au  N.  des  îles 
Marion  et  Crozet,  et  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  près  des  côtes 
de  la  Californie,  à  l'O.-S.-O.  du  cap  Perpétua. 

Vheœatétraédrique  HaTTa  pénètre  dans  le  cadre  supplémentaire 
de  la  carte  géologique  de  la  France,  qui  renferme  l'île  de  Corse ,  par 
le  côté  oriental.  Il  aborde  la  Corse,  un  peu  au  N.  de  l'étang  de 
Diana,  par  l'expansion  que  présente  vers  l'E  .le  contour  de  la  zone 
nummulitique  de  sa  côte  orientale.  Suivant  intérieurement  le  con- 
tour méridional  de  cette  expansion,  il  coupe  les  rivières  Bravane, 
Corsigliese  et  Tavignano ,  chacune  à  sa  principale  inflexion ,  en  lais- 
sant à  2  kilomètres  au  S.- S.-E.  le  confluent  des  deux  dernières.  Il 
coupe  aussi  l'Orbo  à  2  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  son  principal 
confluent,  et  dans  l'intervalle,  entre  le  Tavignano  et  l'Orbo,  il 
passe  aux  cimes  du  mont  Antisanti,  élevé  de  578  mètres,  et  du 
mont  Luigoniello,  élevé  de  1,1 23  mètres;  deux  repères  très-précis. 

Pénétrant  ensuite  dans  le  domaine  des  roches  primitives,  qui 
comprend  la  plus  grande  partie  de  l'île ,  il  coupe  la  chaîne  centrale 
par  le  mont  Renoso,  dont  il  rase  les  deux  cimes  septentrionales,  en 
laissant  à  3  kilomètres  au  S.-S.-E.  la  cime  méridionale  qui  est  la 
plus  élevée  et  qui  atteint  l'altitude  de  2,267  mètres.  Le  mont  Renoso 
domine  toute  la  partie  méridionale  de  l'île  :  c'est  la  plus  méridio- 
nale des  hautes  montagnes  primitives  de  la  Corse. 

Notre  cercle  descend  alors  vers  le  golfe  d'Ajaccio,  en  suivant 
la  crête  qui  sépare  le  Prunelli  du  Gravone.  H  coupe  ce  dernier  tor- 
rent dans  un  confluent,  et  traverse  bientôt  après  la  partie  méridio- 
nale de  la  ville  d'Ajaccio.  En  en  sortant,  il  rencontre,  comme  on 
l'a  déjà  dit,  le  trapézoédrique  TI  du  système  du  mont  Viso,  et  il 


382  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

entre  ensuite  dans  la  Méditerranée  en  effleurant  le  bas-fond  qui 

termine  la  petite  ligne  des  îles  Sanguinaires. 

On  voit  que,  dans  un  parcours  de  90  kilomètres  seulement, 
Yhexatétraédrique  UaTTa  rencontre  en  Corse  beaucoup  de  points 
définissables. 

Comme  le  remarque  M.  Pomel,  auquel  est  dû  le  choix  de  ce 
cercle,  «au  point  a  situé  près  de  Minorque,  il  croise  à  la  fois  les 
et  cercles  du  Forez,  du  Rhin,  des  Pyrénées,  du  Vercors  et  des  Alpes 
«principales.  Il  enclave  et  construit  avec  ce  dernier  cercle  les  Ba- 
ccléares,  en  rasant  leur  bord  méridional  et  coupant  le  cercle  des 
ce  Alpes  occidentales  à  sa  sortie  de  Majorque.  Rangeant  ensuite  les 
adeux  pointes  S.-E.  de  l'Espagne,  parallèlement  à  la  côte  algé- 
rienne de  Tenez  à  Nemours,  il  va  croiser  à  Alboran  l'octaédrique 
crde  Mulehacen.  Il  sort  de  la  côte  atlantique  du  Maroc  vers  Sapin, 
rcen  un  point  remarquable  du  réseau,  puis  il  va  renforcer  le  croi- 
re sèment  du  cercle  de  Y  axe  méditerranéen  avec  le  dodécaédrique  des 
ccAçores,  pour  tracer  plus  loin  la  direction  des  deux  îles  occiden- 
tales des  Canaries.  Il  entre  en  Amérique  par  la  côte  septen- 
crtrionale  du  Brésil,  près  du  golfe  de  Saint-Louis-de-Maranham, 
«avec  une  direction  très-voisine  de  celle  reconnue  par  M.  Pissis 
«pour  la  Cordillère  maritime  de  cet  empire1.1» 

Dans  une  direction  opposée,  ce  même  cercle  traverse  l'archipel 
de  l'île  d'Elbe,  en  laissant  au  nord  Pianosa,  au  sud  Formica  et 
Monte-Cristo.  Tracé  sur  la  carte  géologique  de  l'Italie  par  M.  H. 
de  Collegno,  il  aborde  la  côte  par  Castiglione,  qui  forme  saillie 
au  nord  d'un  espace  couvert  de  terrain  alluvial,  laisse  au  sud  le 
mont  Amiata,  effleure  le  côté  nord  du  lac  Trasimène  et  entre 
dans  la  mer  Adriatique  en  passant  un  peu  en  dehors  du  promon- 
toire jurassique  d'Ancône,  près  duquel  il  coupe  le  primitif  de  l'Etna, 
représentant  du  système  du  Ténare  :  c'est  une  des  lignes  remar- 
quables de  l'Italie. 

1  Compte* rend**,  l.  XLVILp.  85a,  aéance  «lu  ><i  ppvowhro  1 858. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  383 

Son  intersection  avec  le  cercle  du  Thiiringerwald  s'opère  en  un 
point  remarquable  du  Danube,  au-dessus  de  Belgrade.  Après  avoir 
jalonné  son  cours  à  travers  la  Russie  par  une  série  de  points  im- 
portants, tels  que  le  coude  principal  du  Dnieper  et  le  coude  du 
Don  le  plus  rapproché  du  Volga,  il  va  traverser,  dit  M.  Pomel,  le 
lac Balkach-Noor,  et,  devenant  alors  à  peu  près  parallèle  au  système 
de  la  Côte-d'Or,  il  peut  revendiquer  quelques-uns  des  accidents 
orographiques  de  l'Altaï  occidental. 

J'ai  fait  connaître,  au  commencement  de  ce  Rapport,  la  manière 
dont  M.  Pomel  a  constitué  le  système  de  l'Erymanthe  et  du  Mer- 
moucha  et  l'âge  relatif  qu'il  lui  a  assigné.  Je  ne  puis  maintenant 
que  renvoyer  le  lecteur  à  cet  article.  (Voir  ci-dessus,  page  9.) 

Trapézoédrique  TTbbc  (système  du  Sancerrois). 

Le  cercle  placé  au  vingt-deuxième  rang  dans  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  le  trapézoédrique  TTbbc,  représentant  du  sys- 
tème du  Sancerrois. 

Ce  grand  cercle  passe  au  point  b  situé  près  de  Porto-Santo  et 
au  point  T  situé  dans  la  Russie  méridionale,  près  d'Olviopol,  ce 
qui  l'oblige  à  passer  en  même  temps  au  point  T  situé  en  Chine, 
près  du  cours  supérieur  du  Kin-tcha-Kiang,  au  point  b  de  Gilolo, 
au  point  c  qui  tombe  près  de  la  Nouvelle-Guinée,  non  loin  du  cap 
Walsh ,  ainsi  qu'aux  antipodes  de  ces  cinq  points.  Il  a  pour  pôles 
les  deux  points  où  se  coupent  mutuellement  les  cercles  auxquels 
ces  mêmes  points  appartiennent  comme  pôles,  intersections  qui 
sont  figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugel  et  qui  tombent,  la  pre- 
mière dans  l'océan  Austral,  au  nord  de  l'île  du  Prince-Edouard,  et 
l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.-O.  de  l'île  Vancouver. 

Le  trapézoédrique  TTbbc  aborde  la  côte  de  la  rivière  de  Gênes 
par  le  cap  del  Mêle,  dont  il  laisse  la  pointe  au  N.-N.-O.  à  1  kilo- 
mètre de  distance.  Il  passe  à  2  kilomètres  au  N.-N.-O.  d'Oneglia,  et 
il  coupe  à  l'ouest  de  cette  ville  le  trapézoédrique  T\a  du  système  du 


384  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Morbihan.  Passant  ensuite  à  3  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  San- 
Remo,  il  rencontre  à  angle  droit,  à  l'ouest  de  cette  ville,  le  trapézoé- 
driqueTi  du  système  du  mont  Viso.  Il  se  rapproche  alors  du  littoral, 
dont  il  coupe  les  anfractuosités  rentrantes  ou  saillantes,  en  rasant 
avec  précision ,  soit  au  sud,  soit  au  nord,  les  villes  de  Ventimiglia, 
Monaco ,  Yillefranche  et  Nice ,  s'adaptant  ainsi  avec  la  plus  grande 
précision  à  la  ligne  d'escarpements  calcaires  qui  mettent  ces  sites 
privilégiés  à  l'abri  des  rigueurs  de  l'hiver. 

Il  franchit  enfin  le  Var  et  passe  à  Cagnes,  où,  comme  on  l'a  déjà 
dit,  il  coupe  en  un  seul  et  même  point  le  primitif  de  la  Nouvelle- 
Zemble  (système  du  Rhin),  Yhexatétraédrique  HaTTa,  homologue 
de  celui  dont  nous  venons  de  nous  occuper,  et  son  propre  homo- 
logue, le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla. 

Pénétrant  dans  l'intérieur  du  département  du  Var,  il  s'engage 
sur  le  terrain  peu  élevé,  mais  d'une  composition  très-complexe  et 
très-accidentée,  qui  est  compris  entre  le  pied  des  Alpes  et  les 
montagnes  de  l'Esterel  et  des  Maures,  qu'il  laisse  entre  lui  et  la 
mer.  Il  s'y  adapte  à  une  foule  de  petits  accidents  orographiques 
et  hydrographiques  dont  j'indiquerai  sommairement  les  princi- 
paux. 

Il  coupe  d'abord  à  peu  près  par  son  centre  la  masse  de  méla- 
phyre  de  Riot.  Il  traverse  ensuite  le  dépôt  de  muschelkalk  situé 
entre  Grasse  et  Antibes,  où  il  entre  par  le  confluent  de  la  Drague 
et  d'un  ruisseau,  et  dont  il  sort,  à  Auribeau,  par  le  confluent  de 
la  Siagne  et  de  la  Rives. 

Plus  loin  il  traverse  le  granité  qui  s'élève  au  nord  de  l'Argen- 
tière,  le  terrain  houiller  du  Reyran,  le  muschelkalk  de  Ragnols, 
le  porphyre  quartzifère  qui  forme  plus  au  sud  une  longue  crête, 
et,  remontant  la  vallée  de  l'Argens,  il  passe  quatre  de  ses  affluents 
à  des  coudes  ou  à  des  confluents,  et  l'Argens  lui-même  à  l'une 
des  inflexions  les  plus  prononcées  de  son  cours,  près  du  Cannet. 
Des  Arcs  au  Luc  il  s'adapte  approximativement  à  la  limite  du  grès 
bigarré  et  du  muschelkalk,  et  il  va  couper  l'Yssolle  à  i  kilomètre 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  385 

au  nord  de  Flassans,  dans  le  grand  repli  qui  détourne  vers  le  nord 
sa  vallée  encaissée  dans  le  muschelkalk. 

Sur  la  rive  gauche  de  cette  rivière,  il  rencontre  le  Irapézoédrique 
Ta  du  système  du  Yercors  en  un  point  déjà  cité,  qui  tombe  presque 
rigoureusement  sur  la  route  de  Nice  à  Aix. 

Au  delà  du  irapézoédrique  Ta,  le  terrain  que  parcourt  notre 
cercle  change  subitement  de  caractère.  Le  muschelkalk  ne  s'y 
montre  plus  qu'exceptionnellement,  et  la  surface  est  presque  tou- 
jours formée  par  le  terrain  crétacé  inférieur  et  plus  rarement  par 
le  calcaire  jurassique. 

Immédiatement  après  le  point  de  croisement,  notre  cercle  sort 
du  muschelkalk  par  un  cap  formé  des  deux  autres  terrains,  et  il 
remonte  la  haute  vallée  de  l'Yssolle  qui  y  est  creusée.  Il  passe  de 
nouveau  trois  fois  cette  rivière  en  des  points  plus  ou  moins  carac- 
térisés, le  dernier  de  ces  passages  tombant  au  confluent  de  l'Ys- 
solle et  de  l'un  de  ses  affluents.  Les  deux  cours  d'eau  prennent 
naissance  sur  le  relèvement  assez  circonscrit  de  muschelkalk  de  la 
Roque-Brussanne,  d'où  ils  ne  peuvent  s'échapper  que  par  un  défilé 
de  la  ceinture  crétacée,  à  l'entrée  duquel  ils  se  réunissent,  et  par 
lequel  passe  aussi  notre  cercle,  ce  qui  constitue  une  coïncidence 
des  mieux  accentuées. 

Plus  loin,  notre  cercle  coupe  le  Lay  à  son  confluent  avec  le 
Gapau.  Le  Gapau  se  forme  par  la  réunion  des  eaux  de  plusieurs 
grandes  sources  qui  sortent  du  muschelkalk  au  pied  de  hautes 
montagnes  de  terrain  crétacé;  de  ces  belles  sources  de  Provence 
dont  les  fontaines  de  Nîmes  et  de  Yaucluse  sont  des  exemples  plus 
connus.  L'une  d'elles,  la  plus  orientale,  fait  tourner  un  moulin 
à  sa  sortie  du  rocher,  et  ses  eaux  se  réunissent  immédiatement  à 
celles  des  autres  sources  pour  tomber  dans  le  Lay.  C'est  par  cette 
dernière  que  passe  notre  cercle,  qui  rencontre  ainsi  presque  en 
même  temps  une  source  importante  et  un  confluent. 

Poursuivant  toujours  son  cours  à  travers  des  montagnes  sem- 
blables à  celles  d'où  sort  le  Gapau  et  aux  accidents  desquelles  il 

Stratigraphie.  a  3 


386  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

s'adapte  avec  précision,  le  trapézoédriquc  TTbbc  rencontre  Yhexatélrav- 
drique  Raa  à  côté  de  la  route  de  Marseille  à  Toulon,  au  haut  de  la 
descente  conduisant  à  Sainte-Anne  et  au  Beausset,  point  situé  près 
des  sources  de  l'Haurrau ,  qui  suit  Yhexalélraédriqiie  pour  tomber  avec 
lui  dans  la  baie  de  Bandol.  Rasant  encore  le  pied  de  la  montagne 
de  Cereste  et  le  fond  de  la  baie  de  la  Giotat,  notre  cercle  entre 
enfin  dans  la  mer  en  coupant  la  montagne  située  à  l'O.  de  ce  port. 

Tous  ces  accidents  du  sol  de  la  Provence  ont  une  netteté  com- 
parable, pour  ainsi  dire,  à  celle  de  son  ciel,  et  notre  cercle  s'y  adapte 
avec  une  précision  sur  laquelle  j'aurais  pu  insister  davantage. 

Dans  la  Méditerranée,  au  midi  des  Martigues,  le  trapézoédrique 
TTbbc  concourt,  comme  on  l'a  déjà  dit,  avec  le  diamétral  Dac  du 
système  du  Forez  et  avec  le  diamétral  De  du  système  des  Alpes 
occidentales,  à  la  formation  d'un  très-petit  triangle,  et  plus  loin  il 
rencontre  encore  Y  hexatétraédriqtie  Wbaab  de  Nontron.  11  traverse 
tout  le  golfe  du  Lion,  où  il  passe  sur  des  eaux  profondes  dont  il 
côtoie  grossièrement  les  limites,  et  il  va  aborder  la  saillie  qu'y 
forment  les  granités  des  Pyrénées  orientales,  au  nord  du  cap  de 
Greus. 

Il  y  entre  par  la  petite  anse  située  au  S.  du  cap  de  Porbon, 
situé  en  dehors  de  notre  frontière,  et  coupe  le  massif  granitique, 
qui  s'étend  de  Collioure  à  Roses,  par  sa  partie  la  plus  basse.  Il  en 
sort  par  la  pointe  qui  resserre  les  torrents  dont  les  eaux  réunies 
vont  arroser  Perelada;  il  passe  au  confluent  des  deux  branches 
principales,  et,  immédiatement  après,  il  traverse  un  autre  torrent, 
le  Llobregat,  précisément  au  point  où  ce  dernier  sort  du  granité 
pour  entrer  dans  les  dépôts  de  transport. 

Poursuivant  son  cours  sur  le  terrain  nummulitique,  notre  cercle 
y  coupe  au  N.-O.  de  Figuières,  comme  on  l'a  déjà  dit,  le  trapézoé- 
drique Tb  du  système  de  la  Vendée.  Il  va  ensuite  raser  au  N.-N.-O. 
une  petite  saillie  de  roches  schisteuses,  sorte  de  sentinelle  avancée 
des  roches  anciennes  des  Pyrénées,  sur  laquelle  s'appuient  le  ter- 
rain jurassique  et  le  terrain  fcrétacé  inférieur.  Passant  à  Besalu  et 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  387 

à  Santa-Pau,  il  côtoie  au  S.-S.-E.  le  groupe  des  petits  cratères 
éteints  de  Castel-FoHit  si  bien  décrits  par  M.  de  Billy.  Il  passe  enfin 
le  Ter  dans  une  de  ses  inflexions  au-dessous  de  Ripoll ,  pour  sortir 
ensuite  du  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France ,  après  s'être 
adapté  aux  accidents  du  sol  de  la  pointe  orientale  des  Pyrénées 
avec  la  même  netteté  qu'à  ceux  de  la  rivière  de  Gènes  et  de  la 
Provence. 

Dans  sa  prolongation  vers  le  S.-O.,  notre  cercle  traverse  l'Es- 
pagne presque  par  son  centre.  Il  en  sort  approximativement  par  le 
cap  Saint-Vincent,  et,  passant  au  point  b  près  de  Porto-Santo,  il 
effleure  Madère  au  S.-E.  en  suivant  le  canal  compris  entre  l'île 
principale  et  les  petites  îles  Disiertas. 

Du  côté  opposé,  il  gagne  le  point  T  situé  près  d'Olviopol  sur 
le  Bug  en  coupant  les  pointes  septentrionales  du  golfe  de  Gènes 
et  de  la  mer  Adriatique,  comme  il  coupe  le  golfe  du  Lion.  Sa  pro- 
longation vers  l'Asie  coupe  de  même  les  petits  golfes  septentrionaux 
de  la  mer  Caspienne  près  de  l'embouchure  de.  la  rivière  Ural,  et 
plus  loin  la  pointe  septentrionale  du  lac  Aral. 

Ce  cercle  s'adapte  donc  heureusement  aux  grandes  configura- 
tions géographiques,  en  même  temps  que  dans  les  détails,  en  France 
particulièrement,  il  s'applique  avec  une  grande  précision  aux  acci- 
dents de  l'écorce  terrestre.  Il  est  à  regretter  que  sa  monographie 
complète  n'ait  pas  encore  été  faite,  mais  ce  qui  précède  suffit  pour 
montrer  qu'il  représente  une  ligne  naturelle  très-bien  jalonnée, 
dont  on  ne  pourrait  l'écarter  sensiblement  sans  gâter  sa  position. 

Il  nous  reste  à  examiner  s'il  remplit  toutes  les  conditions  né- 
cessaires pour  être  admis  comme  grand  cercle  de  comparaison  du 
système  du  Sancerrois. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  dans  la  I\otice 
sur  les  systèmes  de  montagnes  pour  représenter  le  système  du  San- 
cerrois passait  très-près  de  Remda.  Cependant  l'auteur  n'a  pas  cru 
devoir  en  chercher  le  représentant  parmi  les  cercles  du  réseau  qui 
passent  au  centre  du  pentagone  européen,  parce   que  le  grand 


388  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

cercle  de  comparaison  de  ce  système  lui  a  semble'1  devoir  être  placé 
beaucoup  plus  au  sud.  Les  collines  du  Sancerrois,  parfaitement 
décrites  par  M.  Raulin,  paraissaient  à  l'auteur  ressembler  beaucoup 
plus  au  bord  qu'à  l'axe  central  d'un  système  de  montagnes1.  D'après 
cette  considération,  c'est  parmi  les  cercles  du  réseau  qui  passent 
vers  les  bords  de  la  Méditerranée,  qu'il  a  cherché  le  représentant 
du  système  du  Sancerrois. 

Le  trapézoédrique  TTbbc,  mené  du  point  T  sur  le  Bug  au  point  b 
près  de  Porto-Santo,  fait  avec  le  primitif  de  Saint-Kilda  un  angle 
de  6o°hS'  o"^S.  En  adoptant  ce  dernier  cercle  pour  représenter 
le  système  du  Thùringerwald,  on  a  fait  subir  au  grand  cercle  de 
comparaison  provisoire  de  ce  système  un  mouvement  de  i°9.5'iîo". 
D'après  le  tableau  page  856  de  la  Notice,  l'angle  Thiïringerwald- 
Sancerrois  est  de  5o,° 7 k§'',  mais,  pour  le  rendre  comparable  au 
précédent,  il  faut  l'augmenter  d'environ  i°25'2o",  ce  qui  le  porte 
à  6o°33'9";  la  différence  avec  l'angle  théorique  est  de  o°i/i'5i"98. 
c'est-à-dire  tout  à  fait  négligeable.  On  peut  même  en  faire  complè- 
tement abstraction:  en  effet,  M.  Victor  Raulin  avait  eu  en  vue  d'as- 
signer au  système  du  Sancerrois  une  direction  perpendiculaire  à 
celle  du  système  du  mont  Viso;  or  les  deux  cercles  que  le  réseau 
fournit  pour  les  représenter  se  coupent  perpendiculairement  aussi, 
non  pas,  il  est  vrai  dans  l'intérieur  de  la  France,  mais  sur  les 
côtes  de  la  Méditerranée,  près  de  San-Remo.  Le  trapézoédrique 
TTbbc  peut  donc  être  admis  comme  représentant  du  système  du 
Sancerrois. 

Quant  au  système  du  Sancerrois  considéré  en  lui-même,  tout  ce 
qui  précède  n'implique  aucun  changement  à  ce  qui  en  a  été  dit 
dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  page  /119  et  ailleurs. 
(Voir  la  table  de  l'ouvrage.) 

1  Notice,  p.  1096. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         389 

Bissecteur  DH  de  Belle-Ile. 

Le  cercle  inscrit  au  vingt-troisième  rang  dans  le  tableau  des  1 83 
intersections  est  le  bissecteur  DH,  qui  passe  dans  le  voisinage  de 
Belle-Ile.  Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  au  point  D,  centre 
du  pentagone  européen,  près  de  Remda,  au  point  H  de  la  mer  de 
la  Chine  et  à  leurs  antipodes.  H  a  pour  pôles  deux  points  b  qui 
tombent,  l'un  dans  l'océan  Pacifique  au  nord  des  îles  Sandwich,  et 
l'autre  dans  l'océan  Austral  au  sud  de  la  colonie  du  Cap. 

Le  bissecteur  DH  de  Belle-Ile  entre  dans  le  cadre  de  la  carte 
géologique  de  la  France  par  le  côté  oriental.  Il  traverse  le  massif 
basaltique  du  Vogelsberg  et  le  massif  schisteux  du  Nassau,  et  il 
passe  le  Rhin  à  Kestert  pour  couper  sur  sa  rive  gauche  le  trapézoé- 
drique Ta  du  système  du  Vercors. 

Poursuivant  son  cours  sur  les  terrains  schisteux  du  Hundsruck, 
où  il  coupe  trois  cours  d'eau,  chacun  dans  une  inflexion,  il  traverse 
la  Moselle  au  N.  de  Senheim  et  d'Alff,  dans  un  de  ses  remar- 
quables méandres,  où  il  la  coupe  trois  fois  dans  l'espace  de  5  kilo- 
mètres. C'est  une  adaptation  comparable  à  celle  du  trapézoédrique 
'Ta  au  Rhin,  mais  avec  cette  différence  cependant  que  de  Trêves  à 
Coblentz  la  Moselle  présente  beaucoup  d'autres  méandres  aussi  re- 
marquables que  celui  d'Alff,  tandis  que  de  Bingen  à  Bonn  le  Rhin 
n'en  présente  qu'un  seul  qui  soit  bien  prononcé,  celui  de  Boppart 
à  Braubach. 

Sur  les  terrains  schisteux  et  triasiques  de  la  rive  gauche  de  la 
Moselle,  notre  cercle  coupe  dix  affluents  de  cette  rivière,  dont  sept 
à  une  des  inflexions  les  plus  prononcées  de  leur  cours,  ou  à  un 
confluent,  et  il  sort  du  bassin  de  la  Moselle  en  suivant  la  crête 
schisteuse  qui  sépare  la  vallée  de  la  Sure  de  celle  de  l'Attert.  Sur 
cette  crête,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  dit,  pages  3oo  et  337,  il  rencontre 
en  un  seul  et  même  point  X  hexatétraédrique  Rau  et  le  trapézoédrique 
Tabc  du  système  du  Longmynd. 


390  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

A  l'extrémité  de  cette  zone  schisteuse,  la  plus  méridionale  de 
l'Ardenne,  le  bissecteur  DH  rencontre  la  Yièvre  et  ensuite  la  Semoy 
qui  en  reçoit  les  eaux  et  qui  semble  se  jouer  dans  de  nombreux 
méandres,  à  tel  point  que  notre  cercle  coupe  six  fois  la  même 
vallée  dans  une  étendue  de  7  kilomètres. 

Le  bissecteur  entre  près  de  Chassepierre  sur  le  lias  et  sur  les 
autres  assises  du  terrain  jurassique.  Bientôt  après  il  coupe  la  Ghiers 
près  du  pont  de  Douzy,  sur  la  route  de  Sedan  à  Verdun,  et  ensuite 
la  Meuse  à  1  kilomètre  au-dessus  de  son  confluent  avec  la  Chiers. 
Il  traverse  obliquement  la  zone  jurassique,  où  il  s'adapte  au  pro- 
montoire saillant  d'Omont.  Abordant  le  terrain  crétacé  par  le 
cap  de  Novy,  il  passe  à  la  porte  de  Rethel,  où  il  coupe  l'Aisne 
près  du  confluent  du  Bourgeron,  et  il  en  suit  le  cours  légèrement 
sinueux,  pendant  un  assez  long  intervalle,  dans  lequel  elle  reçoit 
plusieurs  petites  rivières,  dont  les  confluents  sont  très-voisins  de 
notre  cercle,  particulièrement  celui  de  la  Suippe. 

Après  avoir  coupé  près  d'Asfeld  le  trapézoédrique  TI  du  système 
du  mont  Viso,  le  bissecteur  rase  le  cours  de  l'Aisne  à  Pontavaire,  au 
point  où  la  craie  disparaît  et  où  la  vallée  s'engage  dans  les  plateaux 
tertiaires  de  l'Ile-de-France.  Traversant  la  rivière  à  une  dernière 
sinuosité  qui  l'éloigné  vers  le  nord,  il  poursuit  son  cours  sur  les 
plateaux,  rencontre  bientôt  la  vallée  de  la  Vêle  qu'il  traverse,  à 
Braine-sur-Vèle,  dans  une  légère  inflexion,  et  coupe  encore  plu- 
sieurs petits  cours  d'eau  tout  près  de  leurs  inflexions  ou  de  leurs 
confluents.  Rencontrant  enfin  au  midi  de  Senlis  le  trapézoédrique 
TTbbc  de  l'Hécla,  et  au  midi  de  Belloy  le  diamétral  Y)ac  du  sys- 
tème du  Forez,  il  va  passer  l'Oise,  près  de  Conflans-Sainte- Ho- 
norine, au  moulin  de  Fin-d'Oise,  situé  à  1  kilomètre  au-dessus  du 
confluent  de  cette  rivière  avec  la  Seine. 

Bientôt  après,  tronquant  la  pointe  méridionale  de  la  montagne 
de  l'Hautie,  il  passe  la  Seine  à  Triel,  en  côtoie  quelque  temps  la  \  al- 
lée, coupe  celle  de  la  Vaucouleurs  près  de  Gourgent,  au  confluent 
des  ruisseaux  de  Montchauvel  cl  <l<>  Prunay-lé-Tempie,  celle  de  la 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  391 

Vesgre  et  celle  de  l'Eure  près  de  la  dernière  inflexion  que  présente 
chacune  d'elles,  avant  de  se  réunir  au-dessous  d'Anet,  que  notre 
bissecteur  laisse  à  i  kilomètre  au  N.-N.-O. 

Entrant  à  Nonancourt  dans  la  vallée  de  l'Aure,  il  s'y  adapte 
presque  jusqu'à  sa  naissance,  comme  précédemment  à  celle  de 
l'Aisne,  en  coupant  à  Chennebrun  le  trapézoédrique  TIa  du  système 
du  Morbihan.  Il  passe  ensuite  à  la  source  de  l'Iton  et  rase,  au  nord 
de  Saint-Ouen,  l'une  des  principales  sommités  du  Perche,  élevée 
de  2  5o  mètres. 

Il  pénètre  alors  dans  le  bassin  de  la  Sarthe  ;  il  coupe  cette  ri- 
vière à  2  kilomètres  au-dessous  du  point  où  se  réunissent  ses  prin- 
cipaux affluents,  et  en  suit  le  cours  à  distance  jusqu'à  la  hauteur 
d'Alençon.  Passant  à  Essey,  il  côtoie  au  midi  la  terminaison  des 
crêtes  de  la  foret  d'Écouves  et  la  masse  allongée  de  porphyre  quart- 
zifère  qui  soulève  et  interrompt  les  quartzites,  et  pénètre  dans  les 
terrains  anciens  par  la  pointe  du  golfe  qu'y  forment  les  calcaires 
oolithiques  de  la  plaine  d'Alençon. 

Notre  cercle  entre  aussitôt  dans  un  plexus  compliqué  de  granité, 
de  gneiss,  de  schistes  et  de  quartzites  siluriens  dans  lequel  vien- 
nent se  terminer  les  crêtes  siluriennes  des  environs  de  Domfront, 
et  qui  est  comme  le  nœud  de  la  structure  géologique  de  la  contrée. 
Le  bissecteur  DH  s'adapte  avec  précision  à  certains  traits  du  tracé.  Il 
passe  à  l'extrémité  de  la  crête  de  quartzite  de  Prez-en-Pail ,  dont  il 
laisse  à  2  kilomètres  vers  le  N.-N.-O.  la  cime  principale ,  qui  est  élevée 
de  Û17  mètres  et  qui  est  le  point  culminant  de  la  presqu'île  de  Bre- 
tagne et  même  de  toute  la  France  occidentale  au  nord  de  la  Loire. 

Laissant  à  2  5  kilomètres  dans  le  S.-S.-E.  les  collines  des  Cœvrons, 
dont  la  direction  diffère  peu  de  la  sienne,  il  coupe  à  angle  droit, 
près  du  Ribay,  comme  on  l'a  déjà  dit,  le  trapézoédrique  Tb  du  sys- 
tème de  la  Vendée,  et  il  traverse  la  Mayenne  dans  la  ville  même 
de  ce  nom,  au  confluent  d'un  ruisseau,  après  avoir  rasé  la  pointe 
méridionale  de  la  masse  de  granité  de  Lassay  et  la  pointe  occi- 
dentale du  terrain  silurien  de  la  Chapelle. 


392  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Au  delà  de  Mayenne,  le  bissecteur  s'adapte  encore  avec  beaucoup 
de  précision  aux  contours  des  roches  métamorphiques  et  de  deux 
masses  de  granité  et  au  cours  supérieur  de  la  Vilaine ,  qu'il  coupe 
deux  fois,  à  deux  confluents.  Passant  ensuite  à  1  kilomètre  au  nord 
de  Château-Giron,  il  s'adapte  aux  accidents  de  la  vallée  de  la 
Seiche  et  de  ses  affluents,  et  il  coupe  la  Vilaine  une  troisième  fois  à 
i  kilomètres  au-dessous  du  point  de  réunion  des  deux  rivières.  H 
va  enfin  couper  l'A ff  au  confluent  qui  se  trouve  au  midi  de  Guer, 
et,  après  avoir  rencontré  près  de  Reminiac  1  liexatétraédrique  Wbaab 
de  Nontron,  il  coupe  encore  l'Oust  au  pont  de  Malestroit ,  à  la 
naissance  de  l'une  de  ses  inflexions;  de  sorte  que,  dans  tout  le  bassin 
intérieur  de  la  Bretagne,  les  différents  cours  d'eau  que  rencontre 
notre  cercle  portent  l'empreinte  de  son  influence. 

Traversant  ensuite  les  zones  granitiques  et  schisteuses  du  Mor- 
bihan, il  coupe  la  rivière  d'Auray  et  celle  de  Crach,  chacune  à 
son  principal  embranchement;  il  passe  à  a  ou  3  kilomètres  au 
nord  des  célèbres  monuments  celtiques  de  Carnac,  et  il  entre  dans 
l'Océan  à  la  naissance  de  la  presqu'île  de  Quiberon.  Il  laisse  à 
16  kilomètres  dans  le  S.-S.-E.  la  pointe  septentrionale  de  Belle- 
Ile,  dont  on  ne  lui  a  donné  le  nom  que  comme  moyen  commode 
de  désignation. 

Dans  l'Océan,  il  traverse  les  Açores  en  passant  à  26  kilomètres 
en  dehors  de  la  pointe  S.-O.  de  San-Miguel  et  en  laissant  les  îles 
de  Santa -Maria  et  de  Formigas  à  une  distance  plus  considérable 
encore  dans  le  S.-O.  11  aborde  enfin  le  continent  américain  par 
le  littoral  de  la  Guyane,  et,  passant  au  point  H  situé  dans  les 
plaines  du  Béni,  il  traverse  les  Audes  dans  le  nœud  de  Couzco  et 
entre  dans  l'océan  Pacifique  par  les  côtes  du  Pérou. 

Du  côté  opposé,  le  bissecteur  DH,  traversant  au  delà  du  Vogels- 
berg  les  plaines  Iriasiques  où  coulent  la  Fulda  et  la  Verra,  aborde 
le  Thûringerwald  par  le  point  où  le  porphyre  micacé  de  M.  Ber- 
nard Cotta  se  ramifie  près  de  Bernbach.  et,  d'après  la  belle  carte 
du   sa\anl  professeur  de  géologie  de  Freiberg,  il  le  traverse  en 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  393 

coupant  ou  en  effleurant  plusieurs  hautes  montagnes  de  porphyre 
quartzifère,  notamment  le  Schiitzenberg,  élevé  de  913  mètres.  Il 
rentre  ensuite  sur  le  muschelkalk  et  le  grès  bigarré,  et,  passant  à 
certains  angles  de  leurs  contours,  arrive  au  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  près  de  Remda. 

Tracé  au  delà  de  Remda  sur  la  carte  géologique  générale  de  la 
Saxe  au  ^~0,  par  M.  le  professeur  G. -F.  Naumann,  publiée  sous 
la  direction  de  l'Académie  des  mines  de  Freiberg,  notre  cercle 
poursuit  son  cours  sur  le  muschelkalk  et  le  grès  bigarré,  et  il  va 
couper  l'Elster  à  Géra,  puis  la  Pleisse  à  Rara,  dans  les  parties  de 
peu  détendue  où  lune  et  l'autre  rivière  coulent  sur  le  zechstein. 
Plus  loin,  il  passe  au  confluent  de  la  Zwick-Mulde  et  de  la  rivière 
de  Chemnitz,  en  s'adaptant,  à  Gôhren,  à  un  accident  des  contours 
du  granité  et  du  granulite,  et,  traversant  le  massif  de  granulite 
situé  au  nord  de  Mittweida,  il  en  sort  en  coupant  la  petite  masse  de 
serpentine  de  Greifendorf.  Il  coupe  enfin  la  Freib-Mulde  un  peu 
au-dessus  de  Nossen,  au  point  où  le  granité  et  le  micaschiste  se 
terminent  dans  les  grauwackes. 

Traversant  le  massif  de  granité  qui  s'étend  vers  Meissen,  il  passe 
TElbe  dans  l'inflexion  qui  l'amène  à  Nieel,  et  il  poursuit  son  cours 
au  nord  de  Bautzen  en  suivant  d'une  manière  générale  la  limite 
presque  indécise  suivant  laquelle  le  granité,  la  grauwake  et  la  for- 
mation à  lignites  disparaissent  sous  le  terrain  erratique.  Dans  les 
plaines  de  la  Pologne,  notre  cercle  traverse  la  Vistule  au-dessus  de 
Varsovie,  près  du  confluent  de  la  Pilica,  et  ensuite  les  marais  de 
Pinsk  en  suivant  à  peu  près  la  ligne  du  Prypet.  Son  cours  dans  ces 
contrées  et  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  dont  il  sort  par  l'empire  d'An- 
nam  pour  passer  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  n'a  pas  encore 
été  étudié. 

Il  mériterait  de  l'être,  !car,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  le  bissec- 
teur DH  s'adapte,  depuis  les  côtes  de  Bretagne  jusqu'en  Pologne,  à 
une  foule  d'accidents  de  la  surface  terrestre  qui,  sans  être  très-con- 
sidérables, le  jalonnent  cependant  avec  netteté.  Rien  ne  démontre 


39/»  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

néanmoins,  quant  à  présent,  l'existence  d'un  système  de  montagnes 
dont  il  pût  être  le  grand  cercle  de  comparaison,  et  il  semblerait  être 
du  nombre  des  cercles  qui  ne  sont  dessinés  sur  la  surface  du  globe 
que  par  l'effet  des  lois  de  la  symétrie. 

Hexatétraédrique  Hbaab  (système  des  Alpes  principales) 

Le  cercle  inscrit  au  vingt-quatrième  rang  dans  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  X hexatétraédrique  Hbaab,  représentant  du  sys- 
tème de  la  chaîne  principale  des  Alpes,  du  Valais  en  Autriche. 

Ce  grand  cercle,  qui  est  l'homologue  de  Y  hexatétraédrique  Hbaab 
de  Nontron,  dont  nous  nous  sommes  occupé  ci-dessus,  page  2 1 2  ,  va 
du  point  a  voisin  de  Minorque  au  point  a  qui  tombe  en  Turquie 
au  sud  de  Nissa.  D'après  les  conditions  de  la  symétrie  pentagonale, 
il  passe  en  même  temps  au  point  b  qui  tombe  dans  l'océan  Atlan- 
tique, près  de  l'île  de  Porto-Santo,  au  point  b  situé  dans  le  Da- 
ghestan, près  de  Derbend,  et  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine, 
ainsi  qu'aux  antipodes  de  ces  cinq  points. 

Lî  hexatétraédrique  Hbaab  est  perpendiculaire  au  primitif  de  l'Etna 
(système  du  Ténare) ,  et  il  a  pour  pôles  les  deux  points  où  ce  cercle 
est  coupé  simultanément  par  les  deux  bissecteurs  1H  et  les  deux  bis- 
secteurs DH  auxquels  les  points  a  et  b  appartiennent  comme  pôles. 
Ces  intersections  quintuples  sont  très-exactement  figurées  dans  le 
tracé  de  M.  Laugel,  l'une  dans  l'océan  Austral,  à  10.  de  l'île  du 
Prince-Edouard,  et  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.  de  l'Amé- 
rique russe. 

Il  aborde  le  cadre  supplémentaire  de  la  carte  géologique  de  la 
France,  dans  lequel  se  trouve  la  Corse,  par  le  côté  oriental,  et  il 
traverse  seulement  la  pointe  méridionale  extrême  de  cette  île.  Il 
tronque  vers  le  sud,  de  1  à  2  kilomètres,  le  petit  massif  granitique 
du  cap  Capricciolo,  qui  serait  une  île  à  part  s'il  n'était  réuni  à  l'île 
principale  par  le  dépôt  pliocène  très-plat  sur  lequel  se  trouve  la 
ville  de  Bonifacio,  qui  reste  à   2    kilomètres  au  N.-N.-O.   Notre 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         395 

cercle  laisse  au  sud  la  petite  île  del  Gavallo  et  les  autres  écueils 
granitiques  qui  rendent  dangereuse  la  navigation  des  bouches  de 
Bonifacio,  aussi  bien  que  l'île  granitique  d'Asinara,  qui  se  rattache 
à  la  Sardaigne. 

A  l'entrée  orientale  du  détroit,  il  coupe  le  trapézoédrique  TI  du 
système  du  mont  Yiso,  et  il  va  passer  au  point  a  situé  dans  les 
parages  de  Minorque. 

Dans  la  Méditerranée,  notre  cercle  longe  les  côtes  septentrionales 
de  Minorque  et  de  Majorque,  qui  sont  les  parties  les  plus  mon- 
tueuses  de  ces  îles.  Il  laisse  à  1 1  kilomètres  de  distance  le  pied  de 
la  chaîne  qui,  à  Majorque,  joint  le  cap  Formenton  au  cap  Drago- 
nera,  chaîne  à  l'axe  de  laquelle  il  est  à  peu  près  parallèle. 

Il  aborde  l'Espagne  entre  le  cap  San-Antonio  et  l'Albufera  de 
\  alence,  à  peu  près  par  l'embouchure  du  Jucar,  et,  passant  dans  les 
montagnes  qui  séparent  le  royaume  de  Murcie  de  la  Manche,  il  re- 
monte la  vallée  de  la  Segura  pour  descendre  ensuite  le  Guadali- 
mar.  Il  atteint  le  Guadalquivir  au  coude  qu'il  forme  au-dessus 
d'Andujar,  et  vers  lequel  convergent  tous  les  torrents  de  la  par- 
tie orientale  de  l'Andalousie.  Laissant  les  deux  villes  d'Andujar  et 
de  Séville  à  to  ou  12  kilomètres  au  N.-N.-O.,  il  suit  la  belle  et 
large  vallée  qui  sépare  les  dernières  pentes  de  la  Sierra-Morena 
de  celles  de  la  Sierra-Nevada,  et,  pénétrant  dans  l'océan  Atlan- 
tique entre  l'embouchure  du  Guadalquivir  et  celle  de  la  Guadiana, 
il  se  dirige  vers  le  point  b  voisin  de  l'île  de  Porto-Santo.  Traversant 
ensuite  lîle  de  Madère,  il  va  aborder  l'Amérique  méridionale  par 
les  côtes  de  la  Guyane  et  passer  au  point  H  situé  dans  les  plaines 
du  Béni,  pour  couper  les  Andes  dans  le  nœud  de  Gouzco  et  entrer 
dans  l'océan  Pacifique  par  la  côte  du  Pérou. 

Dans  la  direction  opposée,  Yhexatétraédrique  Hbaab  aborde  l'Italie 
par  la  côte  de  l'Etat  pontifical,  entre  Ostie  et  Gività-Vecchia.  Il 
passe  à  7  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  Borne  et  traverse  le  Tibre  à 
2  kilomètres  au-dessus  du  confluent  du  Teverone,  dont  il  rase  en- 
suite l'inflexion  principale  au-dessus  de  \  icovaro.  Il  coupe  oblique- 


396  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ment  les  Apennins,  en  laissant,  à  Alba  le  lac  Fucino  à  U  kilomètres 
au  sud,  et  il  franchit  la  Pescara  au-dessus  de  Pepoli,  presque  exac- 
tement à  son  confluent  avec  la  rivière  de  Sulmona. 

Traversant  ensuite  l'Adriatique,  il  laisse  à  i3  kilomètres  seule- 
ment au  sud  l'îlot  de  Pelagosa,  la  plus  septentrionale  des  petites 
îles  qui  s'avancent  vers  l'E.-N.-E.  au  nord  du  promontoire  de  Monte- 
Gargano.  Il  rase  la  pointe  S.-E.  de  Meleda,  la  plus  méridionale  des 
îles  qui  bordent  la  côte  de  la  Dalmatie,  devenue  célèbre,  il  y  a 
quelques  années,  par  la  fréquence  des  tremblements  de  terre  qui 
l'agitaient  II  entre  enfin  sur  la  terre  ferme,  près  du  port  de  Malfi, 
situé  un  peu  au  nord  de  Raguse,  et  il  traverse  l'Herzégovine,  en 
passant  approximativement  à  la  forteresse  de  Trebigne. 

Dans  l'intérieur  de  la  Turquie  d'Europe,  Xhexatélraédrique  ïïbaab, 
assujetti  à  passer  au  point  a  au  S.-E.  de  Nissa,  traverse  la  Bulgarie 
en  côtoyant  le  pied  septentrional  des  Balkans,  et  passe  un  peu  au 
nord  de  Schumla  et  de  Varna,  pour  entrer  dans  la  mer  Noire  en  ra- 
sant au  sud  le  cap  Gulgrad.  On  voit  par  là  que  la  chaîne  des  Balkans 
est  moins  isolée  qu'elle  ne  le  paraît  dans  l'Europe  méridionale;  car 
elle  est  la  continuation  d'une  série  de  traits  orographiques  que 
notre  cercle  côtoie  depuis  l'Océan  jusqu'à  la  mer  Noire  en  les  laissant 
tous  un  peu  au  sud  :  la  Sierra-Nevada  de  Grenade,  les  montagnes 
septentrionales  des  îles  Baléares,  les  montagnes  septentrionales  de 
la  Sardaigne,  auxquelles  on  peut  ajouter  les  sept  collines  de  Rome 
et  le  plateau  sous-marin  qui  sans  doute  sert  de  base  à  l'îlot  de  Pe- 
lagosa et  à  ceux  qui  l'accompagnent.  Il  suffit  de  continuer  à  suivre 
notre  cercle  pour  voir  que  cette  crête  Interrompue  est  située  dans 
le  prolongement  de  celles  du  Caucase  et  de  l'Himalaya. 

Entrant  dans  la  mer  Noire  un  peu  au  sud  du  cap  Gulgrad,  Xhexa- 
lélraédriquc  llbaab,  dont  la  direction  est  ici  à  peu  près  de  l'E.  à 
l'O.,  la  traverse  dans  sa  plus  grande  longeur  et  à  peu  près  dans 
son  milieu.  Il  en  sort  au  pied  oriental  du  Caucase,  et,  pour  atteindre 
le  point  b  situé  dans  le  Daghestan,  à  l'extrémité  opposée  de  cet 
imposant  groupe  de  montagnes,  il  suit  à  peu  près  la  ligne  des  cimes 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  397 

culminantes  d'origine  récente  et  volcanique  l'Elbruz,  le  Kasbek 
et  le  Pasinta. 

Au  delà  de  la  mer  Caspienne,  il  traverse  le  Turkestan  en  effleu- 
rant, au  sud  de  Boukhara,  les  sinuosités  du  cours  de  l'Amou- 
Déria,  et  il  aborde  le  grand  massif  montagneux  de  l'Asie  centrale 
dans  la  région  où  se  réunissent  l'Hindoo-Coosh,  le  Bolor  et  le 
Kuen-lun. 

Tracé  sur  la  carte  géologique  de  l'Inde  par  M.  Greenough,  il 
traverse  les  gneiss  et  les  granités  du  Kaufiristan,  où  il  rencontre 
obliquement  les  chaînes  de  Kotul-Lahori  et  des  Laram-Mountains. 
Il  y  coupe ,  près  de  leurs  sources ,  les  affluents  de  la  rivière  de  Kabool , 
qui,  suivant  à  peu  près  sa  direction,  se  jette  dans  l'Indus  au  point 
où  les  eaux  de  ce  fleuve  sortent  des  terrains  cristallins  pour  entrer 
dans  les  terrains  sédimentaires  du  versant  méridional  de  l'Himalava. 

L'hexatétraédrique  Hbaab,  ainsi  qu'on  l'a  dit  précédemment, 
page  89,  franchit  l'Indus  à  sa  sortie  des  gorges  profondes  dans 
lesquelles  ce  grand  fleuve,  se  détournant  vers  le  S.-O.,  traverse 
la  chaîne  granitique,  et  non  loin  de  son  point  d'intersection  avec 
le  àodécaédrique  régulier  du  Spitzberg  et  du  lac  Supérieur.  Il  s'engage 
alors  dans  la  partie  centrale  de  la  chaîne  et  se  dirige  vers  les  sources 
de  l'Indus  en  formant  la  corde  de  la  courbe  peu  flexueuse,  sauf 
le  coude  de  Karakorum,  que  décrit  ce  fleuve  depuis  sa  naissance, 
et  en  suivant  une  direction  presque  parallèle  à  plusieurs  longues 
sections  des  parties  supérieures  de  son  cours. 

Parcourant  dans  sa  longueur  la  partie  médiane  de  l'Himalaya 
qui  retient  au  nord  le  haut  Indus,  notre  cercle  coupe  la  rivière 
Jailum  au  coude  qu'elle  forme  à  sa  sortie  de  la  vallée  de  Kashmir, 
qu'il  laisse  en  grande  partie  au  nord.  Plus  loin,  il  pénètre  dans  la 
vallée  du  Chenab,  qu'il  remonte  jusqu'aux  sources  de  cette  rivière, 
en  côtoyant  le  pied  méridional  de  la  crête  qui  sépare  ses  affluents 
de  ceux  de  l'Indus.  Entrant  ensuite  dans  les  vallées  tributaires  de 
celle  du  Sutledje,  il  suit  encore  la  même  crête,  dans  le  prolonge- 
ment de  laquelle  il  passe  au  mont  Purguil,  élevé,  d'après  M.  Grée- 


398  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

nough,  de  22,700  pieds  anglais  (6,919  mètres).  Cette  crête  cen- 
trale, derrière  laquelle  se  trouve  la  source  de  l'Indus,  s'interrompt 
à  plusieurs  reprises  pour  donner  passage  à  des  affluents  d'un  ordre 
secondaire.  Elle  est  presque  exactement  parallèle  au  cours  supérieur 
du  Sutledje,  pris  dans  son  ensemble,  depuis  sa  naissance  jusqu'au 
point  où,  se  détournant  subitement,  comme  le  fait  plus  à  l'ouest 
l'Indus,  il  se  dirige  vers  les  plaines  du  Punjab  par  les  défilés  sau- 
vages dont  Victor  Jacquemont  a  donné  une  si  saisissante  description. 
Cette  même  crête  aboutit  au  lac  Rawan-Hrada ,  d'où  sort  le  Sutledje, 
et  que  notre  cercle  traverse  pour  couper  immédiatement  après  le 
lac  sacré  de  Manasarawar,  d'où  sort  le  Sanpoo,  autre  grande  ri- 
vière qui  coule  dans  une  direction  peu  différente  de  celle  du  Sut- 
ledje, mais  dans  un  sens  opposé,  pour  aller  se  jeter  dans  le 
Brahmaputra.  Dans  la  vallée  de  cette  dernière  rivière,  non  loin 
de  son  origine,  notre  cercle  coupe  simultanément,  comme  on  l'a 
dit  précédemment,  page  100,  Yoctaédrique  du  lac  Baïkal  et  de  ïîle 
du  Prince-Edouard  et  un  dodécaédrique  rhomboïdal.  C'est  là,  pour  ainsi 
dire,  le  cœur  des  montagnes  comprises  entre  l'Inde  et  la  Chine. 

Vheœatétraédrique  Hbaab  s'adapte  avec  une  remarquable  préci- 
sion aux  traits  fondamentaux  de  la  structure  orographique  de  tout 
l'Himalaya  occidental.  Il  laisse  au  S.-S.-O.,  à  80  ou  100  kilomètres 
de  distance,  la  ligne  des  hautes  cimes  neigeuses  qu'on  admire  des 
plaines  du  Bengale,  et  qui  comprend  les  colosses  du  Jawahir, 
2  2,385  pieds  anglais  (6,823  mètres),  et  du  Dhawalagiri,  27,500 
pieds  anglais  (8,383  mètres);  mais  il  laisse  au  N.-N.-E.  d'autres 
montagnes  moins  connues,  quoique  plus  hautes  encore  peut-être, 
telles  que  celles  de  Karakorum.  Il  laisse  de  même  au  N.-N.-E., 
à  environ  90  kilomètres  de  distance,  le  Kunchinjunga ,  élevé  de 
28,178  pieds  anglais  (8,617  mètres). 

Dans  tout  l'intervalle  depuis  l'Hindoo-Coosh  jusqu'au  Dhawala- 
giri, Yhexatétraédriquellbaab  présente  un  parallélisme  général  avec 
les  limites  des  différents  terrains  figurés  sur  la  carte  de  M.  Gree- 
noiigh.  A  TE.  du  Dhawalagiri,  la  direction  semble  changer  et  se 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         399 

rapprocher  de  la  ligne  E.-O.,  ce  qui  éloigne  de  notre  cercle  le 
massif  de  l'Himalaya  oriental,  qui  parait  former  un  système  à  part. 
Laissant  à  l'écart  cette  masse  divergente,  Y  hexatétraedrique  se  rap- 
proche des  plaines,  mais  en  passant  encore  aux  points  culminants 
de  trois  massifs  granitiques,  dont  l'un  est  élevé  de  2/1,000  pieds 
anglais  (y,3 1 5  mètres),  et  qui,  bien  que  liés  à  l'Himalaya  oriental, 
se  trouvent,  en  fait,  dans  la  prolongation  des  crêtes  intérieures  de 
l'Himalaya  occidental  situées  entre  l'Indus  et  le  Sutledje.  On  peut 
ajouter  que  le  massif  granitique  du  Kunchinjunga,  tel  qu'il  est  des- 
siné sur  la  carte  de  M.  Greenough,  présente  des  formes  qui  per- 
mettraient de  le  rattacher  encore  à  l'Himalaya  occidental  aussi  bien 
qu'à  l'Himalaya  oriental.  Ces  différentes  circonstances  tendent  à 
prouver  que  les  directions  de  l'Himalaya  occidental  et  de  l'Hima- 
laya oriental  se  coupent  sans  se  confondre. 

U  hexatétraedrique  Hbaab  sort  ainsi  de  l'Himalaya,  après  y  avoir 
cheminé  pendant  un  intervalle  de  2,000  kilomètres  (5oo  lieues), 
en  formant  la  ligne  médiane  d'une  zone  de  moins  de  100  lieues 
ou  ûoo  kilomètres  de  largeur,  qui  renferme  les  cimes  les  plus 
élevées  de  la  terre,  et  en  restant  constamment  en  harmonie  avec 
la  structure  orographique  et  géologique  de  cette  énorme  chaîne , 
telle  qu'elle  est  figurée  sur  la  belle  carte  de  M.  Greenough.  Je  re- 
grette de  n'avoir  pu  le  tracer  encore  sur  les  cartes  qui  représen- 
teront le  résultat  des  mémorables  voyages  de  MM.  Schlagintweit. 

En  sortant  des  régions  élevées  de  l'intérieur,  notre  cercle  côtoie 
la  vallée  du  San-Kosi,  qui  tombe  dans  le  Gange  près  du  point  où  ce 
fleuve  se  détourne  vers  le  sud,  et  il  entre  dans  les  plaines  au  dé- 
bouché de  la  vallée  du  Teesla,  qui  va  se  jeter  dans  le  Brahmaputra 
au  milieu  du  delta  commun  des  deux  fleuves. 

Traversant  les  grandes  plaines  où  se  mêlent  les  alluvions  du 
Gange,  du  Brahmaputra  et  de  leurs  affluents,  Y  hexatétraedrique 
Ubaab  coupe  le  Brahmaputra  au  confluent  du  Machoo,  et,  sur  la 
rive  gauche  de  ce  fleuve,  il  atteint  l'extrémité  orientale  de  la  chaîne 
des  Garrow-Hills.  Là,  comme  on  l'a  vu  précédemment,  page  102, 


/,00  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

il  coupe  simultanément  l' oclaédrique  des  Garrow- Hills,  un  dodécaé- 
drique  rhomboïdal,  un  bissecteur  IH  et  le  trapézoédrique  TDè  du  sys- 
tème du  Finistère.  En  passant  à  ce  croisement  quintuple,  de 
même  qu'au  croisement  triple  signalé  ci-dessus  dans  la  vallée  du 
Sanpoo,  notre  cercle  prend  part  à  deux  des  coïncidences  qui  mettent 
le  plus  vivement  en  lumière  l'adaptation  du  réseau  pentagonal  à  la 
structure  de  l'Inde. 

Uhexatélraédrique  Rbaab  parcourt  ensuite  la  presqu'île  orientale 
de  l'Inde,  et,  poursuivant  son  cours  dans  les  îles  de  la  Sonde  et 
dans  l'hémisphère  austral,  il  traverse  Bornéo,  Celèbes,  la  Nou- 
velle-Hollande et  la  Nouvelle-Zélande,  en  présentant,  d'après  le 
tracé  de  M.  Laugel,  toutes  les  apparences  d'une  adaptation  pré- 
cise, qui  toutefois  ne  le  rattacherait  pas  à  des  accidents  géologiques 
comparables  en  importance  à  ceux  qui  viennent  de  nous  occuper. 
Mais  le  temps  et  l'espace  me  manquent  pour  en  compléter  ici  la 
monographie.  Je  me  contente  d'avoir  constaté  que,  depuis  Madère 
jusqu'au  Brahmaputra,  il  est  en  parfaite  harmonie  avec  les  plus 
grands  traits  orographiques  de  l'ancien  continent,  qu'il  y  rencontre 
comme  points  de  repère  des  montagnes  colossales,  et  que,  dans  les 
parties  où  les  détails  de  la  topographie  sont  bien  connus,  il  est 
jalonné  par  les  éléments  du  relief  terrestre  avec  autant  de  précision 
qu'aucun  autre  des  cercles  que  nous  avons  étudiés. 

Il  nous  reste  à  examiner  si  ce  cercle,  si  largement  appuyé  sur 
les  accidents  orographiques  et  géologiques,  remplit  les  conditions 
nécessaires  pour  être  adopté  comme  grand  cercle  de  comparaison  du 
système  de  la  chaîne  principale  des  Alpes. 

L'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  avait  adopté, 
page  5 76,  ipour  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  de 
la  chaîne  principale  des  Alpes  un  cercle  partant  d'un  point  M  situé 
dans  la  Méditerranée,  à  12  lieues  environ  au  nord  de  Minorque, 
par  lat.  &o°3i'38"  N.,  long.  i°52'i6"  E.  de  Paris,  et  orienté  en 
ce  point  vers  l'E.  i6°25'i7"N.  Le  point  M  avait  été  pris  à  des 
distances  égales  du  mont  Blanc  et  d'un  certain  point  I  de  i'Algé- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  401 

rie l.  Ce  choix,  qui  paraissait  satisfaire  à  beaucoup  de  convenances, 
était  cependant  arbitraire,  ainsi  qu'on  Ta  remarqué  page  668  de 
la  Notice,  et  permettait  un  déplacement  ultérieur. 

Le  point  a  voisin  de  Minorque  tombe  lui-même  dans  la  Médi- 
terranée, par  lat.  ko°?>§'il\'tt  et  long.  30a3'/i"36  E.  de  Paris; 
c'est-à-dire  à  environ  un  degré  et  demi  à  l'est  du  point  M  et 
presque  sous  la  même  latitude2.  De  là  il  résulte  que  le  grand  cercle 
de  comparaison  provisoire ,  partant  du  point  M  avec  l'orientation  E. 
i602  5'i7"  N.,  passe  au  nord  du  point  a.  11  coupe  le  méridien  du 
point  a  par  6o°5i'3o"  de  lat.  N.,  ou  à  o°i2'i5"/i5  au  nord  de  a; 
distance  très-petite  et  qui  peut  être  considérée  comme  négligeable 
pour  notre  objet  :  de  sorte  que,  si  l'on  fait  partir  le  grand  ceixle  de 
comparaison  du  point  a,  le  déplacement  sera  insignifiant,  et,  par 
conséquent,  les  convenances  générales  qui  ont  fait  choisir  le  point  M 
continueront  à  être  observées 3. 

Au  point  où  il  coupe  le  méridien  du  point  a,  le  grand  cercle  de 
comparaison  provisoire  est  orienté  vers  l'E.  1 5° 2 5' ih" 3 1  N.  Si  donc, 
parmi  les  cercles  auxiliaires  du  réseau  qui  passent  au  point  a,  on 
en  trouve  un  qui  ait  à  peu  près  cette  orientation ,  il  pourra  repré- 
senter le  système  de  la  chaîne  principale  des  Alpes. 

Or  du  point  a  part  précisément  Y hexatétraédrique  Hbaab,  qui 
fait  avec  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  un  angle  de  5Zr°2o/t2". 
Le  primitif  étant  orienté  au  pointa,  d'après  le  tableau  page  io4i  de 
la  Notice,  vers  le  N.  i8°52'/i5"83  E.,  Y  hexatétraédrique  Ubaab  est 
lui-même  orienté  en  ce  point  vers  le  N.  73°2i'57"83  E. ,  ou,  ce 
qui  revient  au  même,  vers  l'E.  i6°38,2//i7  N.  H  s'écarte  par  con- 
séquent, vers  le  nord,  de  l'orientation  du  grand  cercle  de  comparai- 
son provisoire  de  î  °  1 2 '  3  6"  8  6 . 

Cette  différence,  en  elle-même  peu  considérable,  serait  de 
moins  d'un  degré  si  l'auteur  s'en  était  rapporté  uniquement  aux 
observations  faites  en  Afrique  par  M.  Renou;  elle  s'élèverait  à  un 

1  Notice,  p.  574.  —  '  Notice,  p.  1112.  —  3  Notice,  p.  573  à  576. 

Stratigraphie.  26 


A02  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

degré  et  demi  s'il  s'en  était  tenu  à  l'ensemble  des  observations  et 
des  essais  graphiques  par  lesquels  il  avait  cherché  depuis  longtemps 
à  déterminer  la  direction  du  système  de  la  chaîne  principale  des 
Alpes1.  D'un  autre  côté,  il  avait  indiqué  plus  anciennement  en- 
core, pour  représenter  ce  même  système2,  un  grand  cercle  mené 
du  milieu  de  l'empire  de  Maroc  au  nord  de  l'empire  des  Birmans, 
et  les  observations  de  M.  Newbold  l'avaient  ramené  à  considérer  de 
nouveau  ce  cercle,  qui,  sous  le  méridien  du  point  a,  déclinerait 
vers  le  N.  de  l'E.  d'environ  i°2o'  de  plus  que  X  hexatétraédrique 
Wbaab. 

On  voit  donc  que  ce  dernier  cercle  est  compris,  quant  à  son  orien- 
tation, dans  les  limites,  éloignées  de  moins  de  3°,  entre  lesquelles 
ont  oscillé  les  tâtonnements  successifs  de  l'auteur,  et  il  y  a  d'autant 
moins  lieu  d'hésiter  à  l'adopter  comme  représentant  du  système  des 
Alpes  principales,  que  sa  position  sur  la  surface  du  globe  paraît 
répondre  parfaitement  à  toutes  les  convenances  auxquelles  doit 
satisfaire  le  grand  cercle  de  comparaison  de  ce  système. 

L'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  faisait  remar- 
quer, page  58^,  qu'un  grand  cercle  passant  par  la  cime  du  Dha- 
walagiri  et  par  la  cime  du  Kasbek  ou  du  Pasinta  aboutirait  à  peu 
de  distance  du  cap  Saint-Vincent,  extrémité  des  montagnes  des 
Algarves  et  pointe  S.-O.  de  l'Europe.  On  déterminerait  aisément, 
ajoutait-il,  un  grand  cercle  qui  passerait  à  moins  de  2  5  kilomètres 
du  Dhawalagiri,  du  Kasbek  et  du  cap  Saint-Vincent;  et  ce  grand 
cercle  ne  différerait  du  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  partant 
du  point  M  que  d'une  quantité  insignifiante  et  dont  il  est  presque 
toujours  impossible  de  répondre  dans  une  détermination  de  ce 
genre.  Tous  les  accidents  strati graphiques  et  orographiques  que 
nous  avons  rapportés  au  système  de  la  chaîne  principale  des  Alpes 
s'y  rattacheraient,  continuait-il,  avec  une  exactitude  et  une  symétrie 
étonnantes,  bien  propres  à  montrer  que  le  hasard  n'a  pas  seul 

1  Notice,  p.  il  16.  —  *  Notice,  p.  667. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE" EN  FRANGE.         403 

présidé  à  la  distribution  des  chaînes  de  montagnes  sur  la  surface 
du  globe  *. 

Ces  réflexions  peuvent  s'appliquer,  et  même  avec  plus  de  force 
encore,  à  ïhexatétraédrique  Hbaab.  Il  laisse,  à  la  vérité,  le  Dhawa- 
lagiri  et  le  cap  Saint-Vincent  à  plus  de  2  5  kilomètres  de  distance , 
mais  il  ne  s'en  harmonise  pas  moins  avec  l'ensemble  orographique 
dans  lequel  ces  deux  points,  de  même  que  le  Kasbek  et  le  Pasinta, 
ont  leurs  places  naturelles.  Il  passe  plus  près  que  l'autre  cercle  du 
point  de  départ  M  voisin  de  Minorque,  et  il  est  beaucoup  mieux 
jalonné  par  les  accidents  orographiques  que  ne  pourrait  l'être  au- 
cun des  cercles  que  donnerait  le  tâtonnement  indiqué,  cercles  qui, 
au  surplus ,  seraient  tous  très-voisins  de  Xhexatétraédrique  Hbaab. 

Quant  au  système  des  Alpes  principales  considéré  en  lui-même, 
l'adoption  comme  grand  cercle  de  comparaison  de  Xhexatétraédrique 
Hbaab  n'introduit  aucun  changement  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la 
Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  page  662  et  ailleurs.  (Voir  la 
table  de  l'ouvrage.) 

Je  dois  seulement  rappeler  ici  que  c'est  pendant  la  rédaction  de 
la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  que  l'auteur  a  séparé  du  sys- 
tème de  la  chaîne  principale  des  Alpes  celui  de  l'axé  volcanique  de 
la  Méditerranée.  Jusque-là,  et  par  conséquent  dans  une  grande 
partie  du  cours  de  l'ouvrage,  il  les  avait  réunis  en  un  seul;  mais  il 
avait  employé  successivement  pour  ce  système  deux  grands  cercles  de 
comparaison  provisoires  différents,  l'un  allant  du  milieu  de  l'empire 
de  Maroc  au  nord  de  l'empire  des  Birmans 2,  l'autre  partant  des 
parages  de  Minorque  et  se  dirigeant  vers  l'E.  160  25'i7"N.3  Ces 
deux  grands  cercles  régularisés  par  la  symétrie  pentagonale  sont 
devenus,  l'un  le  dodécaédrique  rhomboïdal,  axe  volcanique  de  la  Mé- 
diterranée, qui  passe  aux  portes  de  Carthage,  et  l'autre  Xhexaté- 
traédrique Ubaab,  qui  passe  aux  portes  de  Rome.  (Voir  ci-dessus, 
p.  168  et  395.) 


1  Notice,  p.  583.  —  *  Notice,  p.  648.  —  '  Notice,  p.  576. 


a6. 


im  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Trapézoédrique  TDi  (système  du  Finistère). 

Le  cercle  placé  au  vingt-cinquième  rang  dans  le  tableau  des 
i  83  intersections  est  le  trapézoédrique  TD&,  représentant  du  sys- 
tème du  Finistère. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  au  point  T  qui  tombe  dans 
l'océan  Atlantique,  à  l'est  de  l'île  de  la  Trinité,  et  au  point  D, 
centre  du  pentagone  européen,  situé  près  de  Remda,  en  Saxe; 
condition  qui  l'assujettit  à  passer  aussi  au  point  h  situé  dans  la 
Grande  Boukliarie,  près  de  la  ville  de  Samarkande,  ainsi  qu'aux 
antipodes  des  trois  premiers  points.  Il  a  pour  pôles  les  intersec- 
tions communes  des  trois  grands  cercles  auxquels  ces  six  points 
appartiennent  comme  pôles,  intersections  qui  sont  figurées  dans  le 
tracé  de  M.  Laugel,  et  qui  tombent,  l'une  dans  l'océan  Austral, 
au  sud  de  la  colonie  du  Cap,  près  du  banc  du  Télémaque ,  et  l'autre 
dans  l'océan  Pacifique,  au  nord  des  îles  Sandwicb. 

Le  trapézoédrique  TD&  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géolo- 
gique de  la  France  par  le  côté  oriental.  Traversant  d'abord  les  ba- 
saltes du  Vogelsberg,  d'où  il  sort  par  la  dentelure  que  détermine 
dans  leur  contour  la  vallée  de  Griinberg,  il  passe  la  Lahn  au- 
dessus  de  Weilburg,  à  l'entrée  de  l'un  de  ses  principaux  méandres, 
et,  cheminant  sur  les  terrains  schisteux  du  Nassau,  il  rase  au  midi 
le  district  basaltique  du  Westerwald. 

Après  avoir  coupé  le  trapézoédrique  Ta  du  système  du  Vercors, 
il  effleure,  vers  le  midi,  les  remparts  d'Ehrenbreitstein  et  de  Co- 
blentz,  passe  le  Rhin  précisément  à  l'endroit  (mal  placé  sur  le 
tableau  d'assemblage)  où  ce  fleuve  s'engage  entre  les  deux  forte- 
resses, à  1  kilomètre  au-dessus  du  confluent  de  la  Moselle,  et  la 
Moselle  elle-même  au  point  où  sa  vallée,  jusque-là  fort  encaissée, 
soH  des  coteaux  du  terrain  schisteux  pour  entrer  dans  le  bassin 
alluvial  de  Coblentz. 

Pénétrant  directement  dans  les  parties  les  plus  élevées  de  l'Eifel , 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EiN  FRANGE.  405 

où  il  s'adapte  avec  beaucoup  de  précision  aux  accidents  des  cours 
d'eau ,  notre  cercle  passe  à  2  kilomètres  au  sud  de  Mayen ,  en  lais- 
sant au  nord  les  petits  cratères  et  les  coulées  de  laves  qui  avoi- 
sinent  cette  ville  et  tous  les  produits  volcaniques  qui  entourent  le 
lac  de  Laach.  Plus  loin,  il  traverse  la  Kyll,  à  l'une  de  ses  inflexions 
les  plus  prononcées,  et  il  passe  à  1  kilomètre  au  nord  de  la  ville  de 
Gerolstein,  en  laissant  à  peu  de  distance  au  nord  les  petits  volcans 
et  le  gîte  fossilifère  qui  en  portent  le  nom.  Passant  ensuite  à  2  kilo- 
mètres au  midi  de  Prum,  il  s'adapte  à  l'une  des  principales  in- 
flexions de  la  rivière  du  même  nom ,  et  va  couper  le  Irapézoédrique 
Tabc  du  système  du  Longmynd  en  un  point  déjà  cité,  page  3 3 7,  qui 
tombe  dans  la  vallée  de  l'Our,  au  sommet  de  l'un  de  ses  princi- 
paux méandres. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  l'Ardenne,  le  Irapézoédrique  TD6 
coupe  au  S.-E.  de  Houffalize,  comme  on  Fa  déjà  dit,  page  3oo, 
Y  hejcalétraédrique  Haa,  et  s'adapte  ensuite  à  une  section  assez 
étendue  de  la  vallée  de  l'Ourt,  dont  il  se  sépare  à  l'une  de  ses  in- 
flexions les  plus  prononcées.  Il  laisse  à  1  kilomètre  au  nord  la  ville 
de  Saint-Hubert,  et,  s'adaptant  toujours  approximativement,  dans 
ces  parties  élevées  de  l'Ardenne,  aux  accidents  des  cours  d'eau,  il 
entre  sur  le  territoire  français  en  rasant  au  sud  la  sommité  des 
Haies-d'Hargnies ,  élevée  de  Û92  mètres,  et  au  nord  celle  de  la 
Grande-Croix,  qui  en  a  £90.  Il  traverse  le  cours  de  la  Meuse  au 
milieu  des  méandres  qu'elle  forme  aux  environs  de  Laifour  et  de 
Revin,  où  des  veines  porphyriques  ont  été  observées  dans  les 
schistes l,  méandres  à  la  suite  desquels  elle  se  détourne  subite- 
ment vers  le  nord.  Passant  ensuite  à  une  faible  distance  au  midi 
de  la  ville  de  Rocroy,  élevée  encore  de  386  mètres,  il  sort  de 
la  région  ardoisière,  entre  Maubert-Fontaine  et  Signy-le-Petit,  en 
coupant  les  premiers  affluents  de  la  Sormonne ,  qui  se  jette  dans  la 
Meuse  à  Charleville. 

1  Explication  de  la  carte  géologique  île  la  France,  p.  2 58. 


406  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Il  entre  alors  dans  le  bassin  de  l'Oise,  où  plusieurs  cours  d'eau 
suivent  à  peu  près  sa  direction,  et,  après  avoir  coupé,  au  midi  de 
Vervins,  le  trapézoédrique  TI  du  système  du  rnont  Viso,  il  passe  à 
Lugny,  près  du  confluent  de  la  Brune  et  du  Vilpion.  Bientôt  après 
il  traverse  l'Oise  au  nord  de  la  Fère,  à  U  kilomètres  au-dessus  du 
confluent  de  la  Serre,  où  la  craie  disparaît  au-dessous  des  terrains 
tertiaires. 

Coupant  ensuite  le  canal  de  Grozat,  par  lequel  la  navigation 
franchit  le  faîte  qui  sépare  l'Oise  de  la  Somme,  il  parcourt  dans  sa 
longueur,  au  nord  de  Ghauny  et  de  Noyon,  la  région  des  lignites 
soissonnais.  Il  en  sort  près  de  Maignelay,  et  rencontre  sur  la  surface 
de  la  craie  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla  et  le  diamétral  Dac  du 
système  du  Forez. 

Il  traverse  ensuite  la  protubérance  démantelée  du  pays  de  Brav, 
où  il  rase  avec  précision,  à  Hodenc-en-Bray,  l'extrémité  dénudée 
de  la  voûte  jurassique  qui  en  forme  le  noyau.  H  en  sort  par  l'une 
des  principales  déchirures  de  son  flanc  méridional,  en  coupant 
l'Epte  à  Neuf-Marché,  au  point  où  le  terrain  crétacé  inférieur  s'en- 
fonce sous  la  craie,  combinaison  analogue  à  celle  du  diamétral  De 
du  système  des  Alpes  occidentales,  sortant  du  cirque  allongé  qui 
entoure  le  mont  Blanc  par  la  déchirure  de  Gourmayeur,  où  il 
passe  la  Doire-Baltée. 

Le  trapézoédrique  TD6,  traversant  les  plateaux  élevés  de  la  forêt 
de  Lyons,  coupe  ensuite,  à  Menesqueville,  au  point  où  elle  forme 
un  coude  en  recevant  un  ruisseau,  la  petite  rivière  de  Lieurc  en- 
caissée dans  la  craie.  La  Licure  est  un  affluent  de  l'Andelle,  dont 
notre  cercle  rencontre  la  vallée  à  Fontaine-Guérard,  pour  la  suivre 
jusqu'au  point  où  elle  s'unit  à  celle  de  la  Seine,  au  pied  de  la 
côte  des  Deux-Amants.  Ici  la  Seine  prend  la  direction  de  l'An- 
delle, qu'elle  conserve  jusqu'à  Elbeuf,  après  avoir,  dans  l'inter- 
valle, reçu  l'Eure  au-dessus  du  Pont-de-1'Arche.  A  Elbeuf,  où 
passe  notre  cercle,  la  Seine  forme  un  crochet  très-aigu,  et,  réflé- 
chie par  les  falaises  de  craie  dTOrival,  elle  revient  sur  elle-même 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  407 

jusqu'à  Oissel,  retour  qui  forme  le  commencement  de  la  magnifique 
série  de  méandres  qui  conduit  le  fleuve  jusqu'à  la  mer. 

L'Eure  et  la  Seine  prenant  la  direction  de  l'Andelle  rappellent 
l'Hl  et  le  Rhin  prenant,  aux  environs  de  Strasbourg,  la  direction  de 
la  Bruche  (voir  ci-dessus,  p.  370),  tandis  que  notre  cercle,  qui 
suit  cette  direction  commune  de  Fontaine-Guérard  à  Elbeuf  sur 
une  longueur  de  27  kilomètres,  et  qui,  dans  cet  intervalle,  ren- 
contre deux  confluents  de  rivières  et  deux  villes  d'une  certaine  im- 
portance, joue  un  rôle  analogue  à  celui  que  joue,  à  Strasbourg,  le 
trapézoédrique  Te  du  système  du  Hundsriïck.  Mais  ici  le  phénomène 
a  quelque  chose  de  plus  frappant,  parce  que  les  vallées  sont  pro- 
fondément creusées  dans  la  craie,  dont  il  est  naturel  de  supposer 
que  l'aflbuillement  a  été  dirigé  par  quelque  disposition  stratigra- 
phique  de  la  craie  elle-même  dérivant  des  accidents  stratigra- 
phiques  beaucoup  plus  anciens  du  système  du  Finistère.  Quoi 
qu'il  en  soit  de  cette  hypothèse,  notre  cercle  s'adapte  ici  à  une 
forme  hydrographique  bien  caractérisée,  qui  lui  fournit  un  repère 
des  plus  remarquables. 

Il  faut  ajouter  qu'il  passe,  à  peu  de  distance  du  pont  de  l'Arche, 
près  de  l'entrée  du  tunnel  de  Tourville,  dans  lequel  le  chemin  de 
fer  de  Paris  au  Havre  franchit  le  cap  crayeux  que  la  Seine  con- 
tourne à  Elbeuf.  Au  delà  d'Elbeuf,  notre  cercle  passe  la  Rille  près 
du  Bec-Hellouin,  et  ensuite  la  Touques  un  peu  au-dessus  de  Li- 
sieux,  à  1  kilomètre  environ  du  confluent  de  la  rivière  d'Orbec. 

En  s'éloignant  de  Lisieux,  le  trapézoédrique  TD6  remonte  le 
vallon  que  suit  le  chemin  de  fer  de  Paris  à  Cherbourg,  et  il  passe 
à  l'entrée  orientale  du  souterrain  de  la  Motte,  par  lequel  la  voie 
ferrée  traverse  le  seuil  élevé  qui  sépare  la  vallée  de  la  Touques  de 
celle  de  la  Vie.  Sur  le  bord  de  cette  dernière  rivière,  près  du  con- 
fluent d'un  ruisseau ,  notre  cercle ,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus ,  p.  2  5  o , 
rencontre  le  trapézoédrique TIa  du  système  du  Morbihan,  au  pont- 
viaduc  du  Mesnil-Mauger.  Côtoyant  quelque  temps  le  chemin  de  fer, 
1  passe  la  Dives  à  une  petite  distance  du  pont-viaduc  situé  près  de 


408  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

l'ancienne  abbaye  de  Sainte-Barbe,  au-dessus  de  Mézidon,  qui  a 
été,  dit-on,  autrefois,  un  passage  de  rivière  fortiGé.  Plus  loin,  con- 
tinuant son  cours  sur  la  plaine  de  calcaire  oolithique,  il  passe  le 
Laison  à  Vieux-Fumé  (  Vaclum  Fumii) ,  qui  fut  aussi ,  à  l'époque  gallo- 
romaine,  un  passage  de  rivière  stratégique.  Il  coupe  la  Laize  à 
Urville,  dans  un  angle  très-prononcé  de  sa  vallée,  déterminé  par 
les  accidents  du  terrain  paléozoïque  dans  lequel  son  fond  est  creusé, 
et  il  quitte  le  terrain  calcaire  en  passant  l'Orne  à  Harcourt,  au 
point  où,  d'après  l'excellente  carte  géologique  du  Calvados  par 
M.  de  Caumont,  cette  rivière  commence  à  former  un  méandre  en 
sortant  des  quartzites  siluriens. 

Sur  la  rive  gauche  de  l'Orne,  notre  cercle  traverse  obliquement 
la  bande  de  terrain  silurien  qui  s'étend  de  Falaise  à  Coutances.  Il 
y  passe  sur  la  bruyère  du  Plessis-Grimoult,  où  il  laisse  auN.-N.-O., 
à  2  kilomètres  de  distance,  le  mont  Pinçon,  point  culminant  du 
département  du  Calvados,  élevé  de  35g  mètres.  Il  y  coupe  près  de 
Montchauvet,  comme  on  l'a  vu  précédemment,  page  286,  le  tra- 
pézoédrique  Tb  du  système  de  la  Vendée,  et  il  en  sort  en  passant  la 
Vire  un  peu  au-dessous  de  la  Graverie,  c'est-à-dire  au  point  où  sa 
vallée  s'engage  dans  le  terrain  silurien.  Cette  réunion  de  circons- 
tances forme  une  combinaison  très-déterminée ,  qui  constitue  pour 
notre  cercle  un  repère  bien  caractérisé. 

Le  mont  Pinçon  étant  le  point  le  plus  élevé  du  Bocage  du  Cal- 
vados, en  même  temps  que  la  Haie-d'Hargnies  et  la  Grande-Croix 
sont  les  points  les  plus  élevés  de  TArdenne  française,  on  comprendra, 
par  un  coup  d'œil  jeté  sur  la  carte,  que  le  trapézoédrique  TD6,  en 
joignant  ces  deux  proéminences,  représente,  sinon  la  partie  la  plus 
étroite,  du  moins  l'un  des  traits  caractéristiques  de  l'étranglement 
qui  divise  en  deux  parties  le  grand  bassin  secondaire  dont  Paris 
et  Londres  sont  les  deux  centres.  (Voir  \"  Explication  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France,  t.  II,  p.  5 90.) 

Continuant  son  cours  sur  les  schistes  antésiluriens,  notre  cercle 
rase  le  promontoire  granitique  de  Cherencé,  effleure  le  terrain  silu- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  409 

rien  de  Villedieu,  et  pénètre  dans  la  baie  du  Mont-Saint-Michel, 
en  entamant,  sur  une  profondeur  de  1  à  2  kilomètres,  le  massif  gra- 
nitique qui  aboutit  à  Garolles. 

Il  aborde  la  Bretagne  par  la  pointe  de  Cancale.  Cette  pointe, 
dont  le  côté  oriental  est  formé  de  schistes  métamorphiques,  et  le 
côté  septentrional  de  syénite,  a  un  noyau  granitique  terminé  en 
pointe  vers  le  N.-E.,  dont  M.  Dufrénoy  a  dessiné  le  contour  avec 
beaucoup  de  soin.  Notre  cercle  passe  à  la  pointe  de  ce  noyau  gra- 
nitique et  en  suit  avec  précision  la  limite  septentrionale.  Il  arrive 
ainsi  à  Saint-Malo,  et  il  rase  l'enceinte  de  cette  ville  au  S.-S.-E. 
du  côté  qui  regarde  Saint-Servan. 

De  Saint-Malo  à  Saint-Brieuc  la  côte  est  formée  de  roches  an- 
ciennes de  natures  diverses,  dont  les  configurations  se  rattachent 
principalement  à  la  direction  du  système  du  Hundsriick.  Notre 
cercle  s'adapte  cependant  à  plusieurs  des  anfractuosités  de  leurs 
contours,  et  au  midi  de  Saint-Brieuc  il  s'identifie  avec  la  limite  du 
granité  et  du  schiste  antésilurien.  Pénétrant  dans  le  massif  grani- 
tique de  Quintin  par  son  angle  oriental,  il  en  côtoie  intérieurement 
la  lisière  S.-S.-E.  Il  coupe  à  l'O.-N.-O.  de  Quintin,  sur  la  ligne  de 
faîte  du  granité,  Xhexatélraédrique  Ubaab  de  Nontron,  et  il  en  sort 
par  son  extrémité  O.-S.-O.  au  pied  de  la  montagne  schisteuse  de 
Kergrist,  élevée  de  3oi  mètres. 

Entrant  alors  dans  le  bassin  silurien  et  dévonien  de  la  rade  de 
Brest,  où  coulent  la  rivière  d'Aune  et  ses  affluents,  notre  cercle 
traverse  la  ville  de  Garhaix  et  s'adapte  à  quelques  accidents  hydro- 
graphiques dont  le  détail  nous  retiendrait  trop  longtemps.  Il  sort 
du  bassin  par  le  seuil  peu  élevé  que  traverse  la  route  de  Brest  à 
Quimper,  en  passant  entre  les  extrémités  des  chaînes  de  natures 
et  de  directions  différentes  des  montagnes  Noires  et  de  Grozon.  Il 
en  marque  la  limite  commune,  à  peu  près  comme  le  primitif  de 
la  Nouvelle-Zemble  marque  celle  qui  sépare  l'Esterel  et  les  Maures 
de  la  côte  de  Nice  et  de  Monaco. 

Le  trapézoédrique  TDb,  effleurant  ensuite  l'extrémité  S.-E.  de  la 


MO  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

baie  de  Douainenez,  entre  dans  la  presqu'île  granitique  qui  aboutit 
à  ia  pointe  du  Raz  et  à  la  chaussée  de  Sein.  La  structure  de  cette 
presqu'île  porte  l'empreinte  d'un  système  différent  de  celui  du 
Finistère.  Cependant  notre  cercle,  qui  y  traverse  les  deux  villes  de 
Douainenez  et  de  Pont-Croix,  et  qui  s'y  adapte  aux  extrémités  et 
aux  inflexions  de  plusieurs  masses  minérales,  montre,  par  la  ma- 
nière dont  il  s'harmonise  avec  certains  traits  orographiques  et  hy- 
drographiques, qu'il  n'est  pas  étranger  à  l'accidentation  de  la  con- 
trée. Il  entre  enfin  dans  l'océan  Atlantique  par  la  pointe  granitique 
qui  termine  au  S.-E.  l'anse  du  Loch. 

Dans  l'Océan,  notre  cercle  traverse  l'archipel  desAçores  en  ra- 
sant ou  effleurant  les  îles  de  Terceire,  de  San-Jorge  et  de  Pico, 
c'est-à-dire  en  touchant  trois  des  neuf  îles  principales  qui  le  com- 
posent, condition  qui  ne  peut  être  remplie  que  suivant  des  direc- 
tions comprises  dans  des  zones  assez  étroites,  et  nulle  part  dans 
un  espace  aussi  restreint. 

Dans  une  étendue  de  7/1  kilomètres,  notre  cercle  coupe  d'abord 
les  bas-fonds  qui  entourent  Terceire  en  touchant  les  roches  Serreta, 
qui,  d'après  les  cartes  de  Y Hydrographical  Office,  sont  à  h  kilomètres 
et  demi  au  N.-O.  de  la  pointe  du  même  nom;  puis  il  tronque  de 
k  kilomètres  et  demi  l'extrémité  S.-E.  de  San-Jorge,  en  passant 
à  la  naissance  de  la  pointe  Yinhas  et  au  pied  S.-O.  de  la  montagne 
élevée  de  558  mètres  qui  en  est  voisine;  et  il  rogne  enfin  de  3  ki- 
lomètres la  pointe  S.-E.  de  l'île  de  Pico,  où  il  laisse  en  dehors  le 
dernier  des  petits  cratères  qui  s'y  élèvent  en  grand  nombre. 

Dans  l'intervalle  entre  Terceire  et  San-Jorge,  notre  cercle  coupe 
le  bissecteur  III  qui,  comme  on  l'a  vu  page  197,  suit  le  long  canal 
qui  divise  les  Açores  en  deux  groupes,  et  rase,  à  une  faible  distance, 
sans  la  toucher,  l'extrémité  orientale  de  San-Jorge.  Cette  combi- 
naison a  beaucoup  de  ressemblance  avec  celle  à  laquelle  donnent 
lieu  dans  les  Pyrénées,  comme  on  l'a  vu  pages  a6o  et  363 ,  In  dia- 
gonal \b  au  système  du  mont  Serrât  et  le  hnapézoédrique  Tube  du 
système  du  Longmynd. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  611 

Il  passe  ensuite  au  point  T  situé  à  TE.  de  l'île  de  la  Trinité, 
atteint  les  côtes  de  l'Amérique  méridionale  dans  le  delta  de  l'Oré- 
noque  et  se  prolonge  dans  l'intérieur  de  la  Guyane,  au  milieu  de 
roches  cristallines  et  schisteuses  qui  ne  sont  pas  dépourvues  d'ana- 
logie avec  celles  de  la  Bretagne.  Coupant  enfin  la  chaîne  des  Andes, 
au  nœud  de  Pasco,  près  des  sources  de  l'Amazone,  il  entre  dans 
l'océan  Pacifique,  un  peu  au  JN.  de  Lima. 

Du  côté  opposé,  au  delà  du  Vogelsberg,  le  Irapézoédriqae  TDb 
traverse  les  plaines  de  trias  de  la  Hesse ,  en  coupant  la  Fulda  et  la 
Verra,  chacune  à  une  inflexion  de  son  cours.  Il  aborde  ensuite  le 
Thùringerwald  par  la  sinuosité  que  déterminent  dans  son  contour 
le  Stillerstein  et  une  autre  montagne  de  porphyre  quartzifère. 
D'après  la  carte  de  M.  Bernard  Cotta,  il  rase  au  nord  et  au  sud, 
vers  le  milieu  de  ce  groupe  montagneux,  les  deux  cimes  porphy- 
riques  presque  jumelles  du  Donnershang,  élevé  de  906  mètres,  et 
du  Greifenberg,  élevé  de  913  mètres,  et  il  en  sort  au  débouché 
de  la  vallée  de  la  Wilde-Gera.  Traversant  ensuite  les  plateaux  tiïa- 
siques,  il  atteint  près  de  Remda  le  point  D,  centre  du  pentagone 
européen. 

Continuant  son  cours  sur  le  trias,  il  passe  la  Saale  à  Kahla  et 
coupe  le  petit  lambeau  isolé  de  muschelkalk  qui  existe  sur  sa  rive 
droite.  Tracé  sur  la  carte  géologique  générale  de  la  Saxe  à  l'échelle 
de  3  ;  B)0  0  „  par  M.  le  professeur  C.-F.  Naumann,  il  passe  l'Elster  un 
peu  au-dessus  de  Zwolzey,  où  elle  sort  du  terrain  de  schiste  argi- 
leux et  effleure  sur  sa  rive  droite  la  pointe  du  lambeau  de  grès 
rouge  qui  s'y  avance  vers  le  sud.  Au-dessus  de  Gôssnitz,  il  coupe  la 
Pleisse  en  rasant  sur  ses  deux  rives  les  contours  de  plusieurs  lam- 
beaux de  grès  rouge  et  d'une  protubérance  schisteuse.  Au-dessous  de 
Waldenburg ,  il  atteint  la  Zwick-Mulde  dans  une  de  ses  principales 
inflexions,  et  pénètre,  par  l'un  de  ses  angles  les  plus  prononcés, 
dans  le  grand  massif  de  granulite  (leptymite).  Il  s'adapte,  au  N.  de 
Kôthensdorf,  sur  une  longueur  de  6  kilomètres,  à  une  partie  du 
cours  de  la  rivière  de  Chemnitz,  comprise  entre  deux  inflexions 


M2  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

presque  rectangulaires;  il  entre  par  l'un  de  ses  angles  dans  la  bande 
de  micaschiste  qui  entoure  le  granuîite,  et  il  va  couper  enfin  la 
Zschopau  au-dessous  de  Frankenberg,  en  un  point  où  le  granité,  le 
grunstein  et  le  schiste  argileux  s'enchevêtrent  d'une  manière  com- 
pliquée. 

Notre  cercle  rencontre  encore  de  petites  masses  isolées  de  gra- 
nité et  de  grunstein,  et  entre  bientôt  après,  par  l'un  des  angles  de 
sa  ceinture  de  micaschiste,  dans  la  grande  masse  de  gneiss  de  Frei- 
berg.  Il  passe  à  h  kilomètres  au  N.  de  ce  glorieux  berceau  de 
l'art  des  mines,  et  il  coupe  la  Freib-Mulde  un  peu  au-dessus  de 
l'inflexion  qu'elle  éprouve  à  Halsbriicke. 

Entrant  sur  le  quadersandstein  à  Nieder-Schona ,  il  s'adapte  avec 
certains  détails  précis  aux  contours  des  masses  de  porphyre  quarl- 
zifère  des  environs  de  Tharand ,  et,  effleurant  encore  quelques  masses 
isolées  de  porphyre,  de  schiste,  de  granité,  notamment  le  promon- 
toire granitique  qui  s'avance,  à  Lockwitz,  au  milieu  du  pliinerkalk, 
il  passe  l'Elbe  au-dessus  de  Pilnitz,  pour  raser,  à  1  kilomètre  de 
distance,  l'extrémité  méridionale  des  granités  de  sa  rive  droite. 

Plus  loin,  il  s'associe,  à  Liebethal  et  au-dessus,  au  cours  de  la 
Wesnitz,  qui  coule  dans  le  quadersandstein,  et  il  entre  enfin  dans 
la  grande  masse  granitique  de  la  Lusace,  où  il  passe  à  Neusalza,  et 
dont  il  sort,  à  un  kilomètre  au  N.  de  Bernstadt,  par  l'un  des  angles 
rentrants  de  son  contour. 

Pénétrant  alors  par  le  bassin  tertiaire  de  Gôrlitz  dans  la  basse 
Silésie,  il  s'y  adapte  encore  à  certains  massifs  de  gneiss  et  de  ter- 
rains schisteux.  Au-dessous  de  Liegnitz,  il  s'ajuste  approximative- 
ment à  une  partie  du  cours  du  Katzbach  et  ensuite  à  la  partie  du 
cours  de  l'Oder  qui  vient  à  la  rencontre  de  cette  rivière  au-dessous 
de  Breslaw,  suivant  la  même  direction.  11  joue  ainsi,  par  rapport  à 
ces  deux  rivières,  un  rôle  analogue  à  celui  qu'il  joue  à  Pont-dc- 
l'Arche  relativement  à  l'Andelle  et  à  la  Seine. 

Traversant  les  plaines  de  la  Pologne,  notre  cercle  coupe  la  Vis- 
tule  près  de  l'inflexion  qu'elle  présente  en  s'éloignant,  au-dessous 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  413 

de  Pulawy,  des  terrains  crétacés.  Il  passe  le  Dnieper  au-dessus  de 
Kiew,  au  confluent  du  Pripet,  et,  traversant  les  steppes  de  la  Russie 
méridionale,  il  va  côtoyer  une  partie  assez  étendue  du  cours  du 
Don.  Ce  fleuve  ne  s'en  sépare  qu'au  point  où  il  tourne  brusquement 
vers  le  sud,  en  approchant  du  Volga,  dans  lequel  il  évite  ainsi  de 
tomber.  Notre  cercle  joue  encore  ici,  par  rapport  au  Don,  un  rôle 
analogue  à  celui  qu'il  joue  à  Revin,  par  rapport  à  la  Meuse,  et  à 
Elbeuf,  par  rapport  à  la  Seine. 

Il  effleure  les  contours  septentrionaux  de  la  mer  Caspienne  en 
passant  à  l'embouchure  de  la  rivière  Ural,  et  il  coupe  à  l'E.  de 
cette  rivière,  comme  on  l'a  déjà  dit,  page  92,  le  dodécaédrique  ré- 
gulier de  la  mer  Caspienne  et  de  la  terre  Graham,  au  point  où  celui-ci 
est  coupé  par  le  trapézoédrique  TTbbc  du  système  du  Sancerrois. 

Franchissant  ensuite  l'Ousl-Ourt  et  traversant  le  lac  Aral  à  peu 
près  par  son  milieu ,  le  trapézoédrique  TD&  parcourt  les  régions  peu 
connues  de  l'Asie  centrale  pour  arriver  par  le  haut  Thibet  dans  les 
parages  de  l'Inde. 

Tracé  sur  la  carte  de  M.  Greenough,  il  coupe  la  grande  rivière 
Sanpoo  à  A5o  kilomètres  à  TE.  de  ses  sources,  et  il  pénètre  dans 
les  parties  orientales  de  l'Himalaya,  en  côtoyant  parallèlement,  sur 
une  longueur  de  100  kilomètres,  une  vallée  d'une  direction  ano- 
male contenant  un  grand  lac  dont  M.  Greenough  ne  donne  pas  le 
nom.  S'adaptant  à  certains  accidents  remarquables  des  rivières  que 
la  carte  figure,  il  traverse  le  massif  du  Kunchinjunga,  dont  il  laisse 
la  cime  à  33  kilomètres  seulement  dans  le  N.-E. 

Sortant  des  montagnes  par  l'ouverture  dune  vallée  qu'il  suit 
jusqu'à  sa  rencontre  avec  celle  du  Machoo ,  et  traversant  le  Brah- 
maputra,  il  va  passer,  à  l'extrémité  occidentale  des  Garrow-Hills, 
au  point  de  croisement  déjà  cité,  pages  1 02  et  ûoo,  où  il  coupe  si- 
multanément Yoctaédrique  des  Garrow-Hills,  un  dodécaédrique  rhom- 
bûïdal,  un  bissecteur  IH  et  Yhexatétrardrique  Rbaab  du  système  des 
Alpes  principales. 

Plus  loin,  dans  l'empire  des  Birmans,  notre  cercle  côtoie,  à 


MA  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

26  kilomètres  de  distance,  la  longue  chaîne  couronnée,  d'après  la 
carte  de  M.  Greenough,  par  le  Blue-Mount,  élevé  de  1 ,706  mètres, 
et  il  coupe  l'Irawady  dans  la  région  des  sources  de  bitume. 

Passant  entre  Siam  et  Bangkok,  il  sort  enfin  de  l'Indo-Chine 
en  côtoyant  avec  précision  le  littoral  N.-E.  du  golfe  de  Siam,  bordé 
d'une  multitude  d'îles,  et  en  tronquant  légèrement  la  pointe  du 
Cambodge,  où  se  trouve  le  port  de  Comao.  Abstraction  faite  de 
cette  pointe  basse,  le  massif  du  Cambodge,  dont  notre  cercle 
suit  la  côte  le  plus  nettement  dessinée,  forme  pour  l'ancien  con- 
tinent la  pointe  opposée  à  la  Bretagne,  et  le  trapézoédrique  TD&, 
qui  joint  ces  deux  pointes,  en  évitant  toute  autre  nappe  d'eau  que 
le  lac  Aral  et  une  lisière  de  la  mer  Caspienne,  en  forme  l'un  dès 
plus  grands  diamètres. 

Au  delà  de  la  mer  de  la  Chine,  notre  cercle  traverse  l'île  de 
Bornéo  dans  sa  partie  la  plus  large,  du  cap  Tanjong-Dattoo  à  l'île 
Poulo-Laut.  Il  sort  de  la  mer  de  Java  en  coupant  l'île  Comodo  entre 
Sumbawa  et  Flores,  puis  l'île  Sandalvood,  et  il  passe  au  point  T 
situé  au  S.-E.  de  cette  dernière,  à  l'antipode  du  point  T  voisin  de 
l'île  de  la  Trinité. 

Traversant  ensuite  la  Nouvelle-Hollande,  de  la  terre  de  Witt  au 
cap  Hawe,  et  la  partie  méridionale  de  la  Nouvelle-Zélande,  il  va 
passer  au  point  D,  antipode  de  celui  qui  tombe  en  Saxe,  près  de 
Bemda. 

Ce  grand  cercle,  dont  on  peut  suivre  le  cours  dans  le  tracé  de 
M.  Laugel,  présente,  tant  dans  l'ancien  continent  que  dans  l'Amé- 
rique méridionale  et  dans  l'Australie,  une  somme  d'arcs  terrestres 
d'environ  160  degrés,  c'est-à-dire  aussi  grande  et  môme  plus  con- 
sidérable que  le  primitif  de  Lisbonne,  qui  était  jusqu'ici  le  plus  fa- 
vorisé sous  ce  rapport  parmi  les  cercles  que  nous  avons  examinés 
(voir  ci-dessus,  p.  1  By).  Son  cours  mériterait  d'être  étudié  partout 
avec  autant  de  détail  qu'en  France,  en  Allemagne  et  dans  les  Açores, 
car  partout  il  paraît  en  harmonie  avec  les  configurations  géogra- 
phiques des  contrées  qu'il  traverse. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         415 

Dans  celles  où  il  a  pu  être  suivi  sur  des  cartes  d'une  précision 
suffisante,  il  s'est  trouvé  jalonné  avec  la  plus  grande  netteté  par 
des  accidents  orographiques  ou  géologiques  de  nature  variée.  C'est 
donc  une  ligne  naturelle  des  mieux  caractérisées ,  et  il  est  du  nombre 
des  cercles  qu'on  ne  pourrait  déplacer  que  de  quantités  très-peu 
considérables  sans  gâter  complètement  leur  position. 

Il  nous  reste  à  examiner  si  ce  cercle,  parfaitement  appuyé  sur 
la  charpente  terrestre,  remplit  les  conditions  nécessaires  pour  être 
admis  comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Finistère. 

D'après  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  (p.  101),  le  grand 
cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  du  Finistère  passait  à 
Brest,  où  il  était  orienté  vers  l'E.  2i°/i5'  N.,  et,  par  suite,  un  peu 
au  nord  du  point  D,  centre  du  pentagone  européen ,  près  de  Remda, 
mais  à  une  distance  assez  petite  pour  qu'il  fût  naturel  d'en  cher- 
cher le  représentant  parmi  les  cercles  auxiliaires  qui  se  croisent  au 
point  D.  Or  le  trapézoédrique  TD#,  qui  va  du  point  D  près  de  Remda 
à  un  point  T  qui  tombe  dans  l'océan  Atlantique,  un  peu  à  l'E.  de 
1  ile  de  la  Trinité,  et  qui  est  l'homologue  exact  des  cercles  TDb  déjà 
adoptés  pour  représenter  les  systèmes  des  ballons  et  des  îles  de 
Corse  et  de  Sardaigne,  fait  avec  le  primitif  représentant  du  système 
du  Ténare1  un  angle  de  8  5°  3  6'  £0/  ^h.  Le  grand  cercle  de  com- 
paraison provisoire  du  système  du  Finistère  fait  de  son  côté ,  d'après 
le  tableau  page  858  de  la  Notice,  avec  celui  du  système  du  Ténare, 
qui  n'est  autre  chose  que  le  même  primitif,  un  angle  de  86° 32' ko". 
La  différence  est  de  o°  5  5' 5  0*2  5. 

Cette  différence  d'environ  56  minutes  pourra  être  considérée 
comme  négligeable,  si  l'on  remarque  que,  pour  fixer  l'orientation 
du  grand  cercle  de  comparaison  provisoire,  on  a  dû  prendre  la  moyenne 
d'orientations  données  en  nombres  ronds,  20  à  25  degrés,  25  à 
3o  degrés,  3o  degrés,  etc.  Il  n'y  a  d'ailleurs  aucune  raison  péremp- 
toire  pour  faire  passer  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du 

1  Notice,  p.  io56. 


M6  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Finistère  par  Brest  plutôt  que  par  Douarnenez,  où  passe  notre  tra- 
pézoédrique TY)b.  Par  conséquent,  le  trapézoédrique  peut  être  admis 
comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Finistère,  et  il  con- 
vient d'autant  mieux  pour  représenter  un  système  d'une  date  géolo- 
gique  très-reculée,  que  non-seulement  en  France  et  en  Allemagne, 
mais  dans  les  Guyanes,  l'Indo-Ghine,  l'île  de  Bornéo,  etc.,  il  traverse 
des  contrées  peu  élevées,  formées  en  partie  de  roclies  primitives, 
dont  i'accidentation  est  probablement  fort  ancienne. 

Quant  au  système  du  Finistère  considéré  en  lui-même,  tout  ce 
qui  précède  n'implique  aucun  changement  à  ce  qui  en  a  été  dit 
dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  page  9/1  et  ailleurs.  (Voir 
la  table  de  l'ouvrage.) 

Trapézoédrique  Tb  (système  du  Tatra). 

Le  cercle  placé  au  vingt-sixième  rang  dans  le  tableau  des 
i83  intersections  est  le  trapézoédrique  Tb,  représentant  du  système 
du  Tatra. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  T  situé  dans 
l'océan  Atlantique,  au  N.-E.  de  la  Guadeloupe,  et  par  le  point  b 
placé  dans  la  Daghestan,  vers  l'extrémité  orientale  du  Caucase, 
ainsi  que  par  les  antipodes  de  ces  deux  points.  Il  a  pour  pôles  les 
points  d'intersection  du  dodécaédrique  rhomboïdal  et  du  bissecteur  DH, 
auxquels  ces  quatre  points  appartiennent  comme  pôles,  intersec- 
tions qui  sont  figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugel  et  qui  tombent, 
l'une  dans  l'océan  Austral,  au  S.-S.-O.  du  cap  de  Bonne-Espérance, 
et  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.-E.  des  îles  Aloutiennes. 

Ce  trapézoédrique  Tb  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  oriental,  en  suivant  la  crête  rocheuse  du 
Leistkamm  qui  domine  la  côte  septentrionale  du  lac  de  Wallen- 
stadt.  Il  traverse  la  vallée  qui  joint  ce  lac  à  celui  de  Zurich,  et  il 
coupe  le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  en  un  point  déjà  cité, 
page  3 1 8 ,  qui  tombe  sur  le  bord  même  du  canal.  La  position  de 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  hil 

ce  point  est  remarquable,  dune  part  en  ce  qu'il  se  trouve  au  dé- 
bouché naturel  et  au  point  de  concours  de  la  vallée  du  lac  de  Wal- 
îenstadt  et  de  la  vallée  de  Glaris,  et  de  l'autre  en  ce  qu'il  marque 
le  fond  d'un  golfe  formé  par  les  plaines  de  la  basse  Suisse  pé- 
nétrant dans  les  montagnes,  ou  bien,  ce  qui  revient  au  même,  le 
point  de  départ  d'une  des  saillies  par  lesquelles  la  région  monta- 
gneuse empiète  sur  la  plaine  vers  le  nord  par  échelons  successifs. 

Après  avoir  dépassé  le  canal  de  la  Linth,  le  trapézoédrique  T6 
suit  approximativement  le  côté  méridional  du  golfe  dont  on  vient 
de  parler,  en  s'adaptant  à  une  foule  de  localités  célèbres  à  juste 
titre,  parmi  les  touristes,  en  raison  des  accidents  pittoresques  qui 
s'y  dessinent  ou  des  vues  splendides  dont  le  panorama  s'y  déploie. 
Il  passe  d'abord  au  pied  septentrional  de  la  petite  montagne  d'Hirzli, 
d'où  l'œil  domine  à  la  fois  les  deux  lacs  de  Wallenstadt  et  de  Zu- 
rich. Il  coupe,  près  d'un  confluent,  le  puissant  torrent  de  l'Aa ,  dont 
le  delta  rétrécit,  au-dessus  de  Lachen,  le  lac  de  Zurich;  puis  la 
Sihl  dans  un  méandre  où  elle  reçoit  le  torrent  de  Willenzell;  puis 
l'Àlpbach  à  1  kilomètre  au-dessous  du  célèbre  monastère  d'Einsie- 
deln.  Il  effleure  au-dessus  d'Unter-Egeri  le  charmant  lac  d'Egeri,  et 
il  coupe  le  lac  de  Zug  par  le  cap  de  Risch,  le  plus  septentrional 
des  caps  montueux  qui  en  décorent  la  rive  occidentale.  Plus  loin,  il 
coupe  la  Reuss  à  l'inflexion  que  présente  son  cours  un  peu  au- 
dessous  du  pont  de  Gislikon;  il  effleure  la  pointe  méridionale  du 
lac  de  Sempach,  rase  près  de  Willisau,  de  Hutwyl,  de  Lueg,  de 
Vynigen,  le  pied  du  massif  de  l'Entlebuch,  couronné  par  le  mont 
Napf,  et  coupe  la  grande  Emme  à  Kirchberg,  le  dernier  point  de  ses 
rives  auquel  on  ait  appliqué  le  nom  de  montagne. 

Dans  tout  cet  intervalle  notre  cercle  marque  à  peu  près  la  limite 
septentrionale  delà  Suisse  pittoresque,  sauf  le  Jura,  qui  forme  au 
nord  et  au  nord-ouest  un  massif  à  part.  Mais  la  ligne  des  sommités 
subalpines  n'atteint  pas  le  Jura,  k  partir  de  la  colline  de  Lueg,  que 
notre  cercle  laisse  à  3  kilomètres  au  sud,  elle  se  détourne  brusque- 
ment vers  le  S.-O.  et  va  gagner  les  bords  du  lac  de  Genève  entre 

Stratigraphie.  27 


M8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Lausanne  et  Morges.  Le  Lueg  forme  ainsi,  à  peu  de  chose  près, 
l'angle  saillant  de  l'un  de  ces  échelons  successifs  par  lesquels  la 
région  montueuse  empiète  sur  les  plaines  situées  au  nord.  Notre 
cercle,  qui  en  marque  le  bord  septentrional,  coupe  un  peu  à  l'E.  de 
Willisau,  comme  on  la  dit  précédemment,  p.  327,  le  diamétral  De 
du  système  des  Alpes  occidentales,  qui,  passant  approximativement 
au  mont  Napf  et  au  Niesen,  forme  à  peu  près  l'axe  de  cet  éperon 
montagneux. 

En  Suisse,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  le  trapézoédrique 
Tb  n'est  pas  parallèle  à  la  direction  des  couches,  mais  quelquefois 
il  le  devient  accidentellement  d'une  manière  très-marquée.  On  peut 
remarquer  sur  la  carte  géologique  de  la  France,  où  figure  une 
grande  partie  de  la  Suisse,  que,  depuis  le  canal  de  laLinth  jusqu'à 
Einsiedeln,  notre  cercle  côtoie  parallèlement,  à  3  kilomètres  de  dis- 
tance vers  le  nord,  la  ligne  de  démarcation,  gravée  depuis  long- 
temps, du  terrain  nummulitique  et  du  terrain  de  nagelfluhe  et  de 
mollasse  miocène.  Sur  la  belle  carte  géologique  de  la  Suisse  par 
MM.  B.  Studer  et  Escher  de  la  Linth,  on  voit  que  notre  cercle  est 
sensiblement  parallèle,  dans  l'intervalle  dont  nous  parlons,  non- 
seulement  à  cette  même  limite,  mais  aussi  aux  différentes  bandes 
formées  par  les  assises  redressées  du  terrain  crétacé ,  du  terrain  num- 
mulitique et  du  flysch,  du  nagelfluhe  polygénique,  du  nagelfluhe 
calcaire  et  de  la  mollasse  d'eau  douce  inférieure.  Pour  les  trois  der- 
niers dépôts  surtout  la  direction  parallèle  à  notre  cercle  est  ici  locale 
et  accidentelle ,  mais  on  la  retrouve ,  accidentellement  aussi ,  en  beau- 
coup de  points  de  l'intérieur  de  la  Suisse,  dans  un  grand  nombre 
de  crêtes,  de  vallées,  de  couches  redressées,  notamment  dans  le 
massif  du  Stockhorn ]  et  dans  plusieurs  sections  des  lignes  anticli- 
nales  et  synclinales  habilement  tracées  par  M.  Studer.  En  dehors  de 
ces  directions  spéciales  et  de  celles  qui  se  rapprochent  de  l'orien- 
tation du  système  du  mont  Seny,  on  voit  prédominer  les  directions 

1  Notice,  p.  4 g5. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         M9 

propres  aux  systèmes  des  Alpes  occidentales  et  des  Alpes  princi- 
pales; mais  des  commotions  aussi  énergiques  que  celles  qui  ont 
façonné  le  Tôdi,  la  Jung-Frau,  les  Diablerets ,  etc.  etc.,  ayant  dû 
renouveler  souvent  les  fractures  du  sol  inférieur,  on  ne  peut  ja- 
mais s'étonner  de  voir  apparaître  en  Suisse  la  direction  de  tel  ou 
tel  système  de  montagnes  d'une  origine  même  très-ancienne. 

Pour  revenir  au  trapézoédrique  Tb,  ce  cercle,  après  avoir  passé  la 
grande  Emme  à  Kirchberg  et  Alchen-Fluhe,  parcourt  les  terrains 
presque  plats  de  la  dépression  subjurassienne  et  traverse  le  lac  de 
Bienne  en  laissant  l'île  de  Saint-Pierre  à  1  kilomètre  environ  dans 
le  nord.  Il  aborde  le  Jura  en  rasant  au  sud  le  village  de  Gressier, 
et  il  coupe  l'éperon  que  couronne  le  Chaumont  dans  une  légère 
dépression  où  il  laisse  la  cime  de  cette  montagne  à  environ  1  kilo- 
mètre dans  le  sud.  Il  entre  alors  dans  le  Vallengin  ou  val  de  Ruz, 
où,  comme  on  l'a  déjà  dit,  page  3i  2 ,  il  coupe  le  trapézoédrique  Ta 
du  système  du  \  ercors.  Le  point  d'intersection  tombe  sur  le  bord 
même  du  Seyon,  torrent  du  val  de  Ruz,  qui  passe  à  Vallengin. 

Le  val  de  Ruz  est  occupé  par  un  dépôt  de  mollasse  miocène 
qui,  n'étant  séparé  de  la  plaine  de  la  Suisse  que  par  un  seuil  ju- 
rassique peu  élevé,  peut  être  considéré  comme  un  golfe  pénétrant 
dans  le  massif  du  Jura.  Le  point  de  croisement  dont  nous  venons 
de  parler,  en  tombant  vers  le  fond  de  ce  golfe,  réalise  une  combi- 
naison comparable  à  celle  du  croisement  qui,  comme  on  l'a  vu  ci- 
dessus,  tombe  sur  le  bord  du  canal  de  la  Linth,  au  fond  d'un  autre 
golfe  miocène. 

Avant  de  sortir  du  val  de  Ruz,  le  trapézoédrique  Tb  passe  au  vil- 
lage de  Fontaines,  accompagné  au  N.-O.  du  village  de  Fontaine- 
Melon,  deux  noms  qui  signalent  les  points  où  se  font  jour  dans  ce 
bassin  les  eaux  contenues  dans  les  fissures  des  montagnes  calcaires 
qui  le  circonscrivent. 

Notre  cercle  aborde  ensuite  ces  montagnes  presque  à  l'entrée  du 
tunnel  dans  lequel  s'engage  le  chemin  de  fer  qui  conduit  à  la 
Chaux-de-Fond.  Il  franchit  obliquement  les  crêtes  voisines  de  la 

37. 


/iâO  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

frontière,  et,  comme  on  l'a  déjà  dit,  page  3 h 8,  il  va  couper  le  bis- 
secteur DH  du  système  du  mont  Seny,  à  l'E.-S.-E.  de  la  Grand- 
Combe,  près  de  l'extrémité  d'un  relèvement  de  l'étage  oolithique 
inférieur  dont  il  marque  la  terminaison. 

Traversant  alors  les  plateaux  intérieurs  du  Jura,  dans  une  partie 
assez  monotone,  notre  cercle  s'y  adapte  à  quelques  accidents  oro- 
graphiques dont  j'omets  le  détail.  Je  me  borne  à  dire  qu'il  laisse 
au  nord,  à  environ  1  kilomètre  de  distance,  le  beau  cirque  coral- 
lien au  fond  duquel  coule  la  source  de  la  Loue,  puis  au  sud,  à 
moins  de  1  kilomètre,  le  village  de  Sept-Fontaines ,  et  qu'il  passe  à 
Nans,  à  2  kilomètres  au  nord  de  la  source  du  Lison,  source  magni- 
fique dont  les  eaux  en  paraissant  au  jour  donnent  le  mouvement 
à  une  usine.  Elles  sortent  d'une  vaste  caverne  creusée  dans  le  cal- 
caire corallien,  et  leur  sortie  paraît  déterminée  par  un  relèvement 
de  l'étage  oolithique  inférieur,  du  lias  et  des  marnes  irisées,  dont  le 
centre  se  trouve  à  Nans  même,  sur  le  cours  du  trapézoédrique  Tb. 

Ce  grand  cercle  est  donc  accompagné,  dans  toute  la  traversée 
du  Jura,  par  un  cortège  de  grandes  sources  et  de  fontaines  qui 
n'ont  rien  de  thermal,  mais  dont  la  concentration  près  d'une  même 
ligne  annonce  l'existence  sur  cette  ligne  d'accidents  stratigraphiques 
particuliers. 

Les  cinq  sources  les  plus  considérables  et  les  plus  célèbres  du 
Jura  sont  celles  du  Lison,  de  la  Loue,  du  Doubs,  celle  du  Des- 
soubre,  près  de  l'ancienne  abbaye  de  Consolation,  et  celle  de 
l'Orbe,  dont  les  eaux  proviennent  visiblement  du  lac  de  Joux. 
Nous  venons  de  voir  que  le  trapézoédrique  Tb  passe  approximative- 
ment aux  deux  premières;  nous  avons  vu,  page  3/i8,  que  le  bissec- 
teur DH  du  système  du  mont  Seny  passe  aussi  très-près  de  la 
source  du  Doubs.  Les  sources  du  Dessoubre  et  de  l'Orbe  ne  se  rat- 
tachent à  aucun  des  cercles  que  nous  étudions,  mais  il  n'est  pas 
posé  en  principe  que  toutes  les  grandes  sources,  non  plus  que 
toutes  les  hautes  montagnes,  doivent  se  trouver  sur  les  cercles  du 
réseau  pentagonal.  Les  unes  et  les  autres  s'y  trouvent  fréquem- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  421 

ment,  et  souvent  aussi  elles  se  trouvent  seulement  sur  leurs  paral- 
lèles. 

Toujours  est-il  que  les  sources  de  la  Loue  et  du  Lison  sont  pour 
notre  cercle  deux  repères  approximatifs  remarquables. 

Poursuivant  son  cours  vers  l'ouest,  il  en  rencontre  bientôt  un 
nouveau.  H  côtoie  au  nord  une  déchirure  ramifiée  qui  entame  çà 
et  là  les  marnes  irisées  et  qui  aboutit  à  Salins  et  à  Mouchard,  en 
passant  lui-même  au  mont  Poupet,  élevé  de  853  mètres,  qui,  vu 
des  plaines  de  la  Bresse ,  se  présente  comme  un  château  fort  placé 
sur  le  bord  monotone  du  Jura.  Rien  de  comparable  n'existe  jusqu'à 
une  grande  distance  de  part  et  d'autre.  C'est  le  jalon  indicateur 
d'un  accident  stratigraphique  particulier. 

Le  mont  Poupet,  placé  dans  l'angle  obtus  que  présente  vers  le 
N.-O.  le  contour  extérieur  du  Jura,  marque  le  passage  de  notre 
cercle,  mais  il  se  rattache  aussi  à  un  point  de  croisement  remar- 
quable. 

A  U  kilomètres  au  delà  de  sa  cime,  à  Aiglepierre,  au  pied  occi- 
dental du  mont  Poupet,  le  trapézoédrique  T6  coupe  simultanément, 
ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu,  pages  278  et  3oi,  le  trapézoédrique  Tl  du 
système  du  mont  Viso  et  Yhexatétraédrique  Haa.  Par  l'effet  d'une 
combinaison  toute  particulière,  le  croisement  des  cercles  se  trouve 
au  sommet  d'un  petit  golfe  du  terrain  pliocène  de  la  Bresse,  qui 
entame  l'angle  obtus  formé  en  ce  point  par  le  contour  général  du 
Jura.  Ce  point  d'intersection  triple  s'adaptant  à  un  point  doublement 
caractérisé,  et  le  point  d'intersection  du  val  de  Ruz  tombant  de 
même  au  fond  d'un  golfe  qui  forme  une  dentelure  dans  le  contour 
oriental  du  Jura,  constituent  une  adaptation  nettement  accentuée 
du  réseau  pentagonal  à  l'ensemble  du  groupe  montagneux. 

Le  Jura,  dans  son  intérieur,  ne  présente  pas  de  crêtes  continues 
qui  affectent  la  direction  du  trapézoédrique  Tb,  mais  il  est  terminé 
vers  le  nord  par  la  chaîne  du  Lomont  ou  du  mont  Terrible,  cou- 
ronnée par  la  Roche-d'Or  mentionnée  plus  haut,  pages  3i2  et 
3/»  8,  et  cette  chaîne  lui  est  très -sensiblement  parallèle  dans  son 


422  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ensemble1.  On  peut  en  dire  autant  de  la  chaîne  du  Lagernberg, 
qui  s'étend  de  Regensberg  à  Baden,  à  Schinznach,  etc.  De  même 
que  les  Pyrénées ,  ces  chaînes  sont  placées  à  côté  du  grand  cercle 
de  comparaison  du  système  auquel  elles  appartiennent,  et  ce  der- 
nier est  surtout  jalonné  par  des  points  placés  sur  sa  direction  en 
vertu  des  lois  de  la  symétrie  pentagonale. 

Au  delà  du  point  de  croisement  d'Aiglcpierre,  le  trapézoédrique 
Tb  entre  dans  la  plaine  de  la  Bresse  en  effleurant  les  extrémités 
des  bandes  de  terrain  triasique  et  de  terrain  jurassique  qui  se 
terminent  près  de  Montmalin,  et  il  suit  le  côté  méridional  du  petit 
golfe  pliocène  qui  pénètre  jusqu'au  pied  du  mont  Poupet.  C'est 
une  combinaison  comparable  à  celle  qui  a  été  signalée  ci-dessus , 
près  du  point  de  croisement  du  canal  de  la  Linth,  et  l'analogie  est 
d'autant  plus  grande  que  la  profonde  échancrure  qui  met  au  jour 
les  marnes  irisées  en  se  dirigeant  vers  Nans  joue,  dans  le  cas 
actuel,  un  rôle  semblable  à  celui  que  joue,  près  du  croisement  de 
la  Linth,  l'échancrure  que  remplissent  les  eaux  du  lac  de  Waï- 
lenstadt. 

Dans  la  Bresse,  notre  cercle  rencontre  le  Doubs  (mal  tracé  sur 
le  tableau  d'assemblage)  au  point  où  il  s'infléchit  à  angle  droit 
près  du  Petit-Noir,  et,  sauf  les  écarts  de  quelques  méandres,  il 
suit,  sur  3o  kilomètres  de  longueur,  le  cours  de  cette  rivière  et 
celui  de  la  Saône  qui  s'y  réunit  et  le  continue,  jusqu'au  point  où 
la  Saône,  à  son  tour,  se  détourne  à  angle  droit  pour  couler  vers 
Châlon.  Le  confluent  se  trouve  dans  cet  intervalle,  près  de  la  ville 
de  Verdun-sur-Saône,  qui  est  bâtie  dans  l'angle  formé  par  les 
deux  rivières,  et  dont  notre  cercle  rase  les  quais  à  moins  d'un  kilo- 
mètre de  distance.  Cette  adaptation  à  une  longue  direction  fluviale 
et  à  un  confluent  important  rappelle  celles  qui  ont  été  signalées 
plus  haut  à  Strasbourg  et  à  Pont-de-1'Arche. 

Notre  cercle,  au  sortir  de  la  Bresse,  aborde  au  nord  de  Rully  le 

1  Notice,  p.  tig'i  et  1099. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  Wl'à 

plateau  de  calcaire  oolithique  inférieur  qui  prolonge  ceux  de  la 
Côte-d'Or,  et  va  couper  les  marnes  irisées  dans  la  vallée  de  la 
Dheune,  au  point  où  elles  disparaissent,  comme  on  l'a  dit  ci-dessus, 
page  269,  sous  les  couches  du  lias  dont  sont  formés  les  flancs  de 
la  vallée  et  où  tombe  l'intersection  du  Irapézoédrique  TTbbc  de 
l'Hécla  et  de  notre  cercle. 

Ce  dernier  entre  ici  dans  la  contrée  accidentée  à  très-petit  point, 
déjà  signalée  page  269,  entre  Arnay-le-Duc  et  le  Greusot,  et,  de 
même  que  les  autres  cercles  qui  y  passent,  il  y  trouve  des  repères 
précis.  Il  passe  à  Couches,  où  il  coupe  par  le  milieu  le  petit  relè- 
vement granitique  sur  lequel  cette  ville  est  bâtie,  et,  suivant  approxi- 
mativement la  ligne  de  faîte  entre  le  bassin  du  Creusot  et  celui 
d'tipinac,  il  s'adapte  aux  contours  légèrement  festonnés  du  cal- 
caire à  gryphées  arquées ,  du  grès  infraliasique  et  du  granité.  Sur 
une  partie  culminante  du  plateau  de  calcaire  à  gryphées  arquées  de 
Chalencey,  il  rase  au  nord,  à  moins  d'un  kilomètre  de  distance,  le 
plus  septentrional  des  deux  petits  tertres  basaltiques  de  Drevin, 
déjà  mentionnés  à  ce  point  de  vue  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes1,  qui,  dans  leur  isolement,  n'ayant  d'analogues  qu'à  des 
distances  considérables,  semblent  placés  là  comme  des  jalons  ap- 
proximatifs du  trapézoédrique  Tb. 

Ce  grand  cercle,  continuant  son  cours  à  l'O.,  traverse  le  massif 
de  granité  à  petits  grains  qui  s'étend  au  midi  d'Autun,  et  il  coupe, 
à  la  Chapelle,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  page  355,  le  diamétral  Dac 
du  système  de  la  Côte-d'Or.  Effleurant  ensuite  le  massif  des  por- 
phyres et  des  granités  porphyroïdes  du  Morvan ,  il  va  couper  à 
son  extrémité  S.-O.,  comme  on  l'a  dit  page  a5i,  dans  la  vallée  du 
Bulvain,  le  trapézoédrique  TIa  du  système  du  Morbihan.  Rasant,  au 
sortir  de  cette  même  vallée,  l'extrémité  méridionale  des  calcaires 
oolithiques  de  la  Nièvre,  et,  au  delà  de  la  Loire ,  l'extrémité  méridio- 
nale du  lias  relevé  à  Chassenay,  dans  la  vallée  de  l'Acolin,  il  va 

1  Notice,  p.  698. 


424  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

passer  aux  Bruyères,  près  de  Saint-Parise-en-Viry,  à  l'extrémité 
méridionale  d'une  petite  protubérance  granitique,  au  point  de  croi- 
sement déjà  mentionné,  pages  293,  339  et  376 ,  où  il  rencontre 
simultanément  le  diamétral  Dac  du  système  du  Forez,  le  trapézoé- 
drique  Tabc  du  système  du  Longmynd  et  le  trapézoédriqae  Te  du 
système  du  Hundsruck. 

Plus  loin,  notre  cercle  côtoie  au  midi  un  autre  petit  relèvement 
granitique  dirigé  de  l'E.  à  l'O. ,  coupe  ensuite  celui  qui  se  montre 
aux  forges  de  Payret,  à  la  naissance  de  la  vallée  de  la  Colatre,  et 
finit  par  passer  l'Allier  au  point  où  le  terrain  miocène  est  remplacé 
sur  sa  rive  droite  par  le  calcaire  à  gryphées  arquées,  et  sur  sa  rive 
gauche  par  les  marnes  irisées.  Il  trace  ainsi  approximativement  la 
limite  méridionale  de  la  série  de  petits  accidents  stratigraphiques 
qui  rompt  la  monotonie  de  la  plaine  tertiaire  de  Moulins. 

Au  delà  de  l'Allier,  notre  cercle,  au  milieu  de  plaines  basses  et 
remplies  d'étangs,"  où  les  contours  festonnés  des  marnes  irisées  et 
des  dépôts  jurassiques  et  tertiaires  ne  se  rattachent  à  aucun  acci- 
dent géologique  remarquable,  notre  cercle  passe  la  Boudre  près 
d'une  superposition  du  lias  sur  les  marnes  irisées,  à  une  inflexion  de 
son  cours  comprise  entre  deux  confluents;  il  passe  ensuite  le  Cher 
au-dessus  de  Saint-Amand,  précisément  au  point  où  le  canal  de 
Berry  traverse  cette  rivière  sur  un  pont-aqueduc,  et  il  va  couper, 
au  N.-E.  de  Vic-Exemplet,  le  primitif  de  Lisbonne. 

S'éloignant  alors  des  marnes  irisées  et  cheminant  sur  des  pla- 
teaux peu  élevés  formés  de  diverses  assises  jurassiques  et  tertiaires, 
le  trapézoédrique  T6  traverse  la  Couarde  à  Sarzay,  au  confluent  du 
ruisseau  de  Bordesoulle ,  et  successivement  plusieurs  autres  cours 
d'eau  à  des  confluents;  puis  la  Creuse  au-dessus  d'Argenton,  tout 
près  du  point  où  elle  passe  du  lias  dans  l'oolithe  inférieur;  le  Lan- 
glin  au-dessus  de  Bélabre,  à  son  confluent  avec  la  Soussine;  la 
Benaize  au-dessous  de  la  Trémoille,  à  son  confluent  avec  le  Cor- 
chon;  la  Gartempe  à  Jouhet,  au  point  où  elle  passe  de  l'étage  ooli- 
thique  inférieur  dans  l'étage  corallien;  et  il  coupe  au  S.-O.  de  la 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         425 

Chapelle,  sur  le  plateau  corallien,  le  trapézoédrtqtie  Tb  du  système 
de  la  Vendée. 

Sortant  bientôt  du  plateau  corallien,  dont  il  n'a  fait  qu'effleurer 
l'extrémité  méridionale,  et  qui  semble  ne  s'être  avancé  jusque-là 
que  pour  fournir  un  support  au  point  de  croisement  qui  y  tombe , 
notre  cercle  traverse  la  Vienne  près  de  l'endroit  où  elle  entre  de 
l'étage  oolithique  inférieur  dans  l'étage  moyen,  et  la  Dive  dans  une 
partie  de  sa  vallée  qui  entame  le  lias,  en  laissant  le  confluent  des 
deux  rivières  à  3  kilomètres  au  nord.  11  coupe  ensuite  la  Clouère 
près  de  Château-Larcher,  à  2  kilomètres  au  midi  de  son  confluent 
avec  le  Gain,  et  le  Clain  lui-même  à  î  kilomètre  au  midi  de 
Vivonne ,  où  il  reçoit  la  Vonne. 

Passant  dans  le  bassin  de  la  Sèvre  Niortaise ,  le  trapézoédrique  Tb 
traverse  cette  rivière  à  la  Mothe-Saint-Héraye,  où  sa  vallée  entame 
un  relèvement  du  lias,  puis  un  vallon  creusé  en  entier  dans  le 
granité ,  et  il  va  couper  Yhexatétraédrique  Ubaab  de  Nontron  à  Cha- 
vagné,  en  rasant  un  relèvement  de  lias  soulevé  par  le  granité 
déjà  mentionné  ci-dessus,  page  26/1,  et  dans  lequel  le  Laubon  a 
creusé  son  lit. 

Notre  cercle,  laissant  au  N.,  à  2  kilomètres  de  distance,  le  con- 
fluent du  Laubon  et  de  la  Sèvre,  traverse  la  ville  de  Niort,  et, 
s'adaptant  à  l'un  des  traits  les  plus  caractérisés  de  la  contrée,  il 
suit,  en  en  coupant  seulement  les  caps,  le  bord  du  plateau  coral- 
lien qui  limite  au  S.  la  large  vallée  de  la  Sèvre,  épanouie  en  un 
golfe  parsemé  d'îles  coralliennes,  où  les  eaux  de  la  mer  sont  rem- 
placées par  les  marais  de  Marans  et  de  Luçon. 

Franchissant  alors  le  bras  de  mer  peu  profond  qui  sépare  du 
continent  l'île  de  Ré,  notre  cercle  traverse  cette  île,  où  il  passe  dans 
les  fortifications  de  la  ville  de  Saint-Martin-de-Ré.  De  même  que 
le  long  des  marais  de  Marans ,  il  laisse  au  midi  la  plus  grande  partie 
du  plateau  calcaire  qui  forme  le  corps  de  l'île ,  et  il  coupe  les  pointes 
coralliennes  et  kimméridiennes  qui  se  projettent  vers  le  N.  entou- 
rées de  marais  salants. 


426  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Notre  cercle  entre  aiors  dans  l'Océan,  où,  à  60  kilomètres  au 
large,  il  rase  à  7  kilomètres  de  distance  la  pointe  méridionale  du 
plateau  sous-marin  de  Rochebonne,  et  il  se  dirige  vers  l'archipel 
des  Açores. 

Le  trapézoédrique  Tb  coupe  le  diamétral  Dac  du  système  du  Finis- 
tère un  peu  en  deçà  des  Açores,  sous  un  angle  très-aigu,  et,  comme 
ce  dernier,  il  traverse  l'archipel  dans  sa  partie  centrale;  cependant 
il  ne  rencontre  que  deux  des  îles  qui  le  composent,  l'île  de  Sari- 
Jorge  et  l'île  de  Pico. 

Tracé  sur  les  cartes  de  Y Hydrographical  Office,  il  aborde  San- 
Jorge  par  la  pointe  Norte- Grande,  et  il  franchit  la  crête  centrale 
au  milieu  d'une  foule  de  cratères  accompagnés  de  coulées  de  lave, 
en  laissant,  au  S.-E.,  à  un  demi-kilomètre  de  distance  l'un  de  ces 
cônes,  élevé  de  1,0  5  5  mètres,  et  à  1  kilomètre  et  demi  le  plus  élevé 
de  tous,  qui  atteint  1,066  mètres. 

Plus  loin,  notre  cercle  aborde  l'île  de  Pico,  un  peu  à  l'O.  de 
San-Antonio.  Il  y  entre  par  le  Monte-Queimado,  et  il  en  sort  par 
le  Cabezo-Barbo,  après  avoir  traversé  le  large  espace  inhabité 
appelé  Baldios  de  Conselho,  qui,  d'après  l'excellente  description  de 
M.  Fouqué,  paraît  être  le  principal  théâtre  des  phénomènes  volca- 
niques. Le  pic  élevé  de  7,61 3  pieds  anglais  (2,1 83  mètres),  qui 
donne  son  nom  à  l'île,  se  trouve  sur  le  bord  S.-E.  du  champ 
d'éruption,  et  notre  cercle  le  laisse  à  6  kilomètres  dans  le  S.-E. 
(3'ii"i6  ou  5,920  mètres)1. 

On  voit  que  le  trapézoédrique  Tb  traverse  l'île  de  Pico,  de  même 
que  l'île  de  San-Jorge,  dans  la  partie  où  l'activité  volcanique  se 
manifeste  le  plus  énergiquement ,  et  que  son  rôle ,  par  rapport  au 
pic  des  Açores,  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  celui  que  le  tra- 
pézoédrique TTbbc  joue  en  Islande,  ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus, 
page  276,  relativement  au  cône  de  l'Hécla. 

Poursuivant  son  cours  à  travers  l'océan  Atlantique,  notre  cercle 

1   Notice,  p.  1099. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         427 

passe  au  point  T  situé  au  N.-E.  delà  Guadeloupe,  et  il  traverse  la 
chaîne  des  petites  Antilles  en  suivant  le  milieu  du  large  canal  qui 
sépare  la  Dominique  de  la  Martinique.  Il  laisse  les  pointes  de 
chacune  des  deux  îles  à  environ  1  o  minutes  ou  1 8  kilomètres  1/2 
de  distance. 

Dans  la  chaîne  des  îles  sous  le  Vent,  il  traverse  le  groupe  de 
roches  situé  à  l'E.  de  Blanquilla,  et,  coupant  ensuite  l'île  Tortuga, 
il  aborde  la  Terre  ferme  à  l'E.  du  cap  Codera,  par  l'embouchure 
du  Rio-Chico.  Coupant  ensuite  la  chaîne  côtière  de  Venezuela , 
puis  les  affluents  supérieurs  de  l'Orénoque  et  de  l'Amazone,  et  tra- 
versant enfin  la  Cordillère  des  Andes,  dans  le  nœud  de  Loxa,  un 
peu  au  N.  de  cette  ville,  il  entre  dans  l'océan  Pacifique  par  la  baie 
Sechura,  au  S.  de  Guayaquil  et  de  Payta. 

Revenant  maintenant  au  point  de  départ  pour  suivre  le  Irapé- 
zoédrique  Tb  vers  l'E.,  nous  trouverons,  d'après  la  belle  carte  géo- 
logique de  la  Suisse  par  MM.  B.  Studer  et  Escher  de  la  Linth, 
qu'après  avoir  suivi,  au  N.  du  lac  de  Wallenstadt,  la  crête  du 
Leiskamm  et  des  Churfûrsten,  il  traverse  la  vallée  du  Rhin  à 
Werdenberg,  au  point  où  elle  s'élargit  en  s'infléchissant  légèrement 
pour  se  diriger  vers  le  lac  de  Constance.  Rasant  ensuite  le  Gurtis- 
Spitz  et  passant  à  Nenzing ,  il  traverse  l'IH  entre  les  confluents  très- 
rapprochés  l'un  de  l'autre  du  Gamperthon  et  du  Lutzbach. 

Pénétrant  alors  dans  les  montagnes  du  Vorarlberg,  notre  cercle 
atteint  bientôt  la  haute  vallée  du  Lech,  où  il  passe  à  Zug,  et  il  côtoie 
au  N.  la  crête  qui  forme  le  flanc  septentrional  de  la  vallée  de 
Klosterley  et  du  col  de  l'Arlberg.  Il  coupe  l'Inn  dans  les  inflexions 
que  présente  sa  vallée  au-dessous  d'Imst,  et,  côtoyant  jusqu'à  Hall 
le  flanc  méridional  de  cette  même  vallée,  il  passe  aux  portes  d'Ins- 
pruck,  où  il  coupe  la  Sill  près  de  son  confluent  avec  l'Inn. 

Traversant  le  Zillerthal  au-dessous  de  Zell,  il  entre  dans  la  vallée 
de  la  Salza,  un  peu  au  N.  de  la  belle  cascade  que  forme  cette  rivière 
en  sortant  de  l'Achenthal,  et,  côtoyant  obliquement  à  sa  direction 
le  flanc  méridional  du  Pintzgau,  il  effleure  les  masses  granitiques 


428  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

du  Hoch-Golling  et  du  Knallstein.  Passant  ensuite  au  pied  méri* 
dional  du  Hohen-Warth ,  il  va  couper  la  Mur  un  peu  au-dessus  de 
Kraubath,  à  l'endroit  où,  au  sortir  du  bassin  tertiaire  de  Saint-Lo- 
renzen  et  Seckau,  elle  entre  dans  un  défilé  ouvert  dans  les  roches 
amphiboliques  et  trachytiques. 

Tracé  sur  la  belle  carte  géologique  de  la  Styrie  publiée  sous  la 
direction  du  Gognostisch-Montanistischen  Vereins,  par  M.  Denis 
Stur,  notre  cercle  traverse  de  nouveau  la  Mur  au  point  où,  dé- 
tournée vers  le  midi,  elle  sort,  au  S.  de  Frohnleiten ,  des  méandres 
que  forme  sa  vallée  dans  le  calcaire  devonien.  Bientôt  après,  cou- 
pant la  pointe  méridionale  du  massif  de  gneiss  du  Ravenwald,  il 
entre,  un  peu  au  midi  de  Hartberg,  dans  les  plaines  tertiaires  de 
la  Hongrie. 

Le  trapézoédrique  Tb  se  trouve  ainsi  en  connexion  avec  les  Alpes, 
depuis  le  Lueg  et  le  pied  du  mont  Napf,  en  Suisse,  jusqu'à  Hart- 
berg, en  Styrie,  sur  une  étendue  d'environ  65 o  kilomètres.  Dans  ce 
long  espace,  comme  je  l'ai  déjà  remarqué  pour  la  Suisse,  il  coupe 
presque  toujours  la  stratification  obliquement;  ce  qui  ne  l'empêche 
pas  de  côtoyer  parallèlement  des  crêtes  et  des  masses  imposantes, 
notamment  certains  massifs  de  roches  primitives  et  calcaires  du 
Tyrol  et  de  la  Garinthie;  d'être  parallèle  à  des  traits  orographiques 
considérables,  comme  la  vallée  de  Klosterley  dans  le  Vorarlberg,  la 
vallée  presque  continue  qui  s'étend  au  pied  méridional  des  Alpes, 
du  val  Bugnanco,  au  midi  du  Simplon,  à  Edolo,  au  sud  du  Stelvio, 
les  hautes  vallées  de  l'Adige,  de  Glurns  à  Méran,  de  la  Drave  au- 
dessus  de  Lienz,  et  autres  accidents  orographiques  et  stratigra- 
phiques  qui  ont  été  suffisamment  indiqués  ailleurs1.  Il  est  jalonné 
par  des  accidents  de  détail  d'une  netteté  particulière. 

M.  Léopold  de  Buch  a  fait  remarquer  depuis  longtemps  que  les 
Alpes  se  divisent  vers  l'E.  en  trois  rameaux  divergents,  dont  l'un 
se  dirige  à  l'E.-S.-E.  par  le  Terglou,  vers  la  Garniole  :  ce  sont  les 

1  Notice,  p.  490. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  429 

Alpes  Juliennes;  l'autre  se  dirige  à  peu  près  de  l'O.  à  l'E.,  compre- 
nant les  montagnes  primitives  du  Tyrol,  de  la  Carinthie  et  de  la 
Styrie  ;  le  troisième  à  l'E.  quelques  degrés  N.  vers  la  basse  Autriche. 
Le  premier  de  ces  rameaux  se  rapporte  au  système  des  Pyrénées, 
le  dernier  au  système  des  Alpes  principales,  et  celui  qui  occupe  la 
position  intermédiaire,  sans  être  soustrait  à  l'influence  des  deux 
autres  directions,  porte  plus  particulièrement  l'empreinte  de  celle 
du  trapézoédrique  Tbl. 

Au  delà  des  plaines  de  la  Hongrie,  notre  cercle  traverse  le 
grand  massif  trachytique  de  la  Transylvanie.  Effleurant,  près  des 
sources  de  la  Maros,  le  noyau  de  gneiss  des  Carpathes,  il  entre 
dans  la  Moldavie  et  la  Bessarabie,  dont  il  sort  par  l'embouchure  du 
Dniester. 

Rasant  ensuite  la  masse  montueuse  de  la  Crimée,  il  suit  le  ver- 
sant septentrional  du  Caucase,  pour  arriver  au  point  b  situé  dans 
le  Daghestan,  où  il  est  assujetti  à  passer. 

Franchissant  la  Caspienne,  il  va  rencontrer  la  côte  asiatique  de 
cette  mer  dans  le  golfe  de  Balkan ,  où  il  traverse  les  masses  gra- 
nitiques appelées  le  Grand  et  le  Petit  Balkan,  et  il  prolonge  son 
cours  en  coupant  la  chaîne  centrale  de  l'Asie  par  les  régions  raon- 
tueuses  de  Hérat,  de  Gandahar  et  du  Paropamissus. 

Il  entre  dans  l'Inde  en  traversant  le  lac  Ab-Istuda  et  en  rasant 
le  pied  méridional  du  mont  Takht-i-Suliman,  élevé,  d'après  M.  Gree- 
nough,  de  1 2,83 1  pieds  anglais  (3,910  mètres). 

Bientôt  après  il  coupe  l'Indus,  le  Chenaub  et  le  Sutledje,  à 
environ  200  kilomètres  au-dessus  du  point  de  réunion  de  leurs 
eaux.  Traversant  ensuite  le  désert  de  Bikanair,  il  coupe  le  dodé- 
caédrique  régulier  du  Spitzberg  et  du  lac  Supérieur  en  un  point 
déjà  mentionné,  page  90,  comme  situé  près  de  l'extrémité  septen- 
trionale de  la  chaîne  granitique  d'Oravelly,  qui  termine  au  N.-O. 
les  régions  montueuses  intérieures  de  l'Hindoustan. 

1  Notice,  p.  490. 


430  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Tracé  sur  la  belle  carte  géologique  de  M.  Greenough,  notre 
cercle  passe  au  point  terminal  ou  aux  points  d'inflexion  de  plu- 
sieurs chaînes,  suit  les  lignes  de  partage  des  eaux  de  plusieurs  bas- 
sins d'ordre  secondaire,  coupe  plusieurs  rivières  à  leurs  inflexions 
et  à  leurs  confluents,  et,  après  avoir  traversé  la  région  la  plus 
élevée  des  roches  cristallines  schisteuses  du  Bundelcund,  il  coupe 
Yoclaédrique  du  lac  Baïkal  près  de  Mohunguhr,  à  un  confluent  de 
rivières. 

Continuant  son  cours  avec  des  adaptations  du  même  genre,  dont 
une  simple  énumération  aurait  peu  d'intérêt,  le  trapézoédrique  Tb  va 
raser  le  pied  N.-E.  des  montagnes  désignées  sous  les  noms  d'Ah- 
bor-Hills  et  de  Shahpraki-Muncli-Hills ,  élevées  d'environ  2,000  pieds 
anglais  (610  mètres).  Côtoyant  ces  dernières,  il  suit,  en  la  re- 
montant sur  60  kilomètres  de  longueur,  la  vallée  du  Jahila-Nuddy, 
profondément  encaissée  dans  une  crevasse  presque  rectiligne  des 
roches  de  trapp.  Il  s'en  sépare  pour  s'adapter  presque  exactement 
à  la  haute  vallée  du  Nerbudda,  à  l'approche  de  Yoclaédrique  du  lac 
Baïkal ,  déjà  mentionné  ci-dessus,  page  101,  comme  traversant  cette 
dernière  rivière  près  de  sa  source.  Notre  cercle  passe  de  l'une  à 
l'autre  rivière  par  l'effet  des  inflexions  qu'elles  éprouvent  toutes  les 
deux  à  la  rencontre  de  Yoclaédrique,  dont  le  point  d'intersection 
avec  le  trapézoédrique  Tb  tombe  entre  les  deux  vallées. 

Bemontant  encore  le  INerbudda  naissant  sur  une  longueur  de 
22  kilomètres,  notre  cercle  arrive  à  la  source  de  ce  grand  fleuve, 
l'un  des  plus  remarquables  de  l'Inde ,  et ,  d'après  la  carte  de  M.  Gree- 
nough, il  y  passe  exactement.  Cette  source  sort,  près  d'Ajmergur, 
d'un  plateau  de  700  mètres  d'élévation,  formé  de  trapp  et  de  roches 
cristallines  schisteuses,  d'où  partent  huit  rivières.  Les  trois  princi- 
pales, le  Johila-Nuddy,  le  Sone  et  le  Nerbudda,  coulent  d'abord 
presque  parallèlement,  pour  prendre  ensuite  des  directions  diffé- 
rentes. Ce  centre  de  diramation,  d'où  les  eaux  coulent  vers  les 
parties  les  plus  opposées  de  l'Hindoustan,  est  évidemment  l'un  <Uis 
points  les  plus  caractérisés  de  cette  vaste  contrée,  et  le  trapézoé- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  431 

drique  Tb  se  l'approprie  d'une  manière  d'autant  plus  complète 
qu'il  y  arrive  suivant  une  direction  à  laquelle  une  partie  des  eaux 
qui  s'en  écoulent  affecte  d'abord  de  se  conformer. 

Entrant  alors  dans  le  bassin  du  Mohanuddy,  dont  un  des  prin- 
cipaux affluents  sort  aussi  du  plateau  d'Ajmergur,  notre  cercle  rase 
bientôt,  près  de  Rottunpoor,  l'extrémité  N.-E.  d'un  petit  massif  gra- 
nitique à  côté  duquel  M.  Greenough  a  fait  graver  la  note  suivante  : 
tr  Granité  bleu,  pierres  précieuses,  statue  de  huit  pieds  de  hauteur  r 
(formée  sans  doute  du  même  granité),  ce  qui  annonce  probable- 
ment des  ruines  et  peut-être  l'emplacement  d'une  ancienne  cité 
indienne.  Ce  même  cercle  suit  d'une  manière  générale  la  direction 
du  Mohanuddy,  dont  les  inflexions  l'atteignent  deux  fois,  mais  ne 
le  dépassent  que  légèrement,  et  qui  finit  par  s'en  écarter  vers  l'E. 
H  entre  alors  dans  le  bassin  du  Ganjam ,  dont  il  côtoie  le  cours  au 
milieu  des  granités  et  autres  roches  cristallines,  et  il  entre  dans  le 
golfe  du  Bengale  par  la  côte  d'Orissa,  près  de  l'embouchure  de 
la  même  rivière. 

Au  delà  du  golfe  du  Bengale,  le  trapézoédrique  Tb  traverse  les 
îles  Adaman,  le  détroit  de  Malacca,  l'île  de  Java  et  la  Nouvelle- 
Hollande,  où  il  passe  à  un  point  T,  antipode  de  celui  qui  tombe 
dans  l'océan  Atlantique,  au  N.-E.  de  la  Guadeloupe.  Le  temps  et 
l'espace  me  manquent  pour  le  suivre  dans  ces  contrées,  mais  ce 
qui  précède  suffit  déjà  pour  le  mettre  au  nombre  des  cercles  les 
mieux  jalonnés  par  les  accidents  orographiques  et  géologiques  et 
pour  le  placer  au  rang  des  lignes  naturelles  existant  sur  la  surface 
du  globe. 

Il  nous  reste  à  examiner  si  ce  cercle  si  nettement  tracé  peut  être 
adapté  comme  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Tatra  '. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  adopté  pour  ce  sys- 
tème dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  page  686,  pas- 
sait au  mont  Lomnica,  cime  culminante  du  massif  du  Tatra,  dans 

1  Notice,  p.  1098. 


/i32  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

le  N.  de  la  Hongrie,  avec  l'orientation  0.  k°  5o'N.  Ce  cercle  tom- 
bait un  peu  au  midi  du  point  D,  centre  du  pentagone  européen, 
près  de  Remda,  et  on  aurait  pu  en  chercher  le  représentant  parmi 
les  cercles  auxiliaires  qui  se  croisent  en  ce  point;  mais  l'auteur  a 
pensé  que,  relativement  à  l'ensemble  des  éléments  dont  le  système 
du  Tatra  se  compose,  le  cercle  partant  du  mont  Lomnica  était  déjà 
placé  trop  au  nord,  et  il  en  a  cherché  le  représentant  parmi  les 
grands  cercles  du  réseau  qui  passent,  non  au  centre  du  pentagone, 
mais  plus  au  sud. 

Un  trapézoédrique  Tb,  mené  d'un  point  T  qui  tombe  dans  l'océan 
Atlantique,  au  N.-E.  de  la  Guadeloupe,  au  point  b  situé  dans  le 
Daghestan,  fait  avec  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du 
Ténare  un  angle  de  79°5'/i&"2 1  ;  d'après  le  tableau  de  la  page  85g, 
l'angle  Tatra-Ténare  est  de  7 8°  &p/  2  3";  la  différence,  qui  est  de 
o°i6'2i"2i,  est  négligeable,  et,  par  conséquent,  le  trapézoédrique 
Tb,  qui  traverse  l'Europe  dans  la  position  la  plus  convenable  par 
rapport  à  l'ensemble  des  accidents  stratigraphiques  appartenant  au 
système  du  Tatra,  peut  être  adopté  comme  grand  cercle  de  compa- 
raison de  ce  système. 

Quant  au  système  du  Tatra  considéré  en  lui-même,  à  son  âge 
relatif,  aux  chaînons  de  montagnes  et  aux  accidents  stratigraphi- 
ques qui  doivent  y  être  rattachés,  ce  qui  précède  n'implique  aucun 
changement  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  page  Ù78  et  ailleurs.  (Voir  la  table  de  l'ouvrage.) 

Diamétral  Dac  (système  des  Pays-Bas). 

Le  cercle  placé  au  vingt-septième  rang  dans  le  tableau  des  i83 
intersections  est  le  diamétralDac,  représentant  du  système  des  Pays- 
Bas. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  situé  près  de  Remda  en  Saxe,  et  par  le  point 
a  qui  tombe  dans  la  mer  des  Antilles  au  N.  de  Caracas.  Cette  double 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  433 

condition  l'oblige  à  passer  aussi  par  le  point  c  situé  dans  l'océan 
Atlantique,  au  N.-E.  des  Açores,  et  par  les  antipodes  de  ces  mêmes 
points.  Il  a  pour  pôles  les  intersections  communes  des  trois  cercles 
auxquels  ces  six  points  appartiennent  comme  pôles ,  cercles  qui 
sont  le  dodécaédrique  régulier  du  cap  Gorrientes  et  de  Singapour, 
un  bissecteur  IH  et  un  Irapézoédrique  TI.  Les  points  d'intersection  de 
ces  trois  cercles  sont  marqués  dans  le  tracé  de  M.  Laugel,  et  tom- 
bent, l'un  dans  l'océan  Atlantique  méridional,  à  l'E.  de  Tristan- 
d'Acunha,  et  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  au  S.  des  îles  Aleu- 
tiennes. 

Notre  diamétral  Dac  entre  dans  le  cadre  de  la  carte  géologique 
de  la  France  par  le  côté  oriental.  Traversant  les  plaines  triasiques 
de  la  Hesse  et  les  terrains  scbisteux  de  la  Westphalie,  où  il  passe  à 
Dillenburg,  il  effleure  les  contours  septentrionaux  des  basaltes  du 
Vogelsberg  et  du  Westerwald,  et  il  coupe,  au  midi  de  la  Sieg,  le 
Irapézoédrique  Ta  du  système  du  Vercors.  Bientôt  après,  laissant  au 
nord  les  masses  éruptives  des  sept  montagnes  de  Bonn  (Sieben-Ge- 
birge),  il  passe  le  Bhin  au-dessous  d'Unkel,  au  milieu  des  petites 
protubérances  basaltiques  qui  accidentent  ses  bords,  et  presque 
exactement  au  point  où  ses  rives,  quittant  les  escarpements  de 
schiste  et  de  grauwacke,  commencent  à  ne  plus  présenter  que 
les  dépôts  de  transport  qui,  en  s'épanouissant  vers  le  nord,  vont 
former  la  Hollande. 

Sur  la  rive  gauche  du  Bhin,  notre  cercle  traverse  l'Erft,  près  de 
Fritzdorf,  à  l'endroil  où  de  larges  alluvions  commencent  aussi  à 
occuper  sa  vallée ,  et,  coupant  les  pointes  extrêmes  des  terrains 
paléozoïques  de  l'Eifel,  ainsi  que  le  lambeau  de  grès  bigarré  qui 
renferme  le  gîte  de  galène  de  Bleiberg,  il  va  passer  la  Boër  à  Ge- 
mund,  ville  bâtie  dans  l'angle  formé  par  le  confluent  de  cette  rivière 
avec  l'un  de  ses  affluents.  Comme  on  l'a  déjà  dit,  page  337,  il  ren- 
contre, à  l'entrée  même  de  la  ville,  le  trapézoédrique  Tabc  du  sys- 
tème du  Longmynd. 

Notre  cercle   s'adapte  ensuite  à  la   courbure  que  présente  la 

Stratigraphie.  28 


l\Zh  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

vallée  de  la  ltoër  au-dessous  de  Geiuund,  et,  rasant  au  N.  la  petite 
ville  de  Montjoie,  il  s'adapte  aussi,  sauf  les  sinuosités,  sur  une  lon- 
gueur de  10  kilomètres,  à  la  vallée  de  la  Rucht.  Plus  loin,  il  s'as- 
socie également,  quoique  d'un  peu  moins  près  et  de  même  sur 
1  o  kilomètres  de  longueur,  à  la  vallée  de  l'Hoegne,  dont  il  traverse 
l'affluent  méridional,  la  Weays,  à  î  kilomètre  au-dessus  de  leur 
confluent  mutuel.  Sur  la  rive  méridionale  de  l'Hoegne,  il  coupe,  à 
5  kilomètres  au  N.  de  Spa,  comme  on  l'a  dit  ci-dessus,  page  3oo, 
X hexatétraédrique  Haa. 

Passant  ensuite  à  Sprimont  et  coupant  i'Ourt  à  9  kilomètres 
au-dessous  du  confluent  de  l'Amblève,  puis  la  Meuse  à  l'entrée  de 
la  ville  de  Namur,  à  2  kilomètres  au-dessus  du  confluent  de  la 
Sambre,  notre  cercle  traverse  le  bassin  carbonifère  de  Liège,  dont 
M.  André  Dumont  a  su  débrouiller  la  stratigraphie  compliquée 
dans  l'un  de  ses  premiers  et  de  ses  plus  mémorables  travaux.  Les 
directions  de  plusieurs  systèmes  de  montagnes,  cinq  ou  six  au 
moins,  reproduits  pour  la  plupart  postérieurement  à  leur  origine, 
concourent,  comme  on  l'a  expliqué  ailleurs1,  à  produire  cette 
complication  au  milieu  de  laquelle  notre  cercle  trouve  sa  place 
réservée  avec  une  attention  toute  spéciale. 

La  droite  menée  de  Sprimont  au  pied  méridional  de  la  mon- 
tagne sur  laquelle  s'élève  la  citadelle  de  Namur  n'est  traversée 
impunément  par  aucune  des  lignes  stratigraphiques  dont  la  di- 
rection la  rencontre.  Toutes  les  bandes  de  terrain  dévonien  ancien, 
de  poudingue  de  Burnot,  de  calcaire  de  Givet,  de  psammite  du 
Condros,  de  calcaire  carbonifère  et  de  terrain  houiller,  qui  s'ap- 
prochent de  cette  ligne,  changent  d'allure  dans  son  voisinage.  Les 
unes  s'interrompent  avant  de  l'atteindre  ou  immédiatement  après 
l'avoir  traversée  ;  les  autres  s'infléchissent  de  manière  à  en  prendre 
la  direction  comme  pour  se  ranger  sur  son  passage.  Le  même  phé- 

1  Notice,  p.  292,  et  article  sur  les  lion  française  du  Manuel  géologique  de 
soulèvements  de  montagnes  inséré  par  M.  de  la  Beehe  (Paris,  1 833),  p.  63s 
M.   Klie  de   Reaumont  dans  la   tiaduc-        et  638. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         435 

nomène  se  reproduit  partiellement  dans  d'autres  parties  de  la  con- 
trée, mais  nulle  part  d'une  manière  aussi  prononcée,  et  le  diamé- 
tral Dac  ne  pourrait  être  déplacé  d'une  quantité  sensible  sans 
perdre  un  des  privilèges  les  plus  remarquables  dont  la  nature  l'a 
doté. 

Au  delà  de  la  citadelle  de  ;Namur,  le  diamétral  Dac  va  raser  au 
nord  les  glacis  de  celle  de  (lharleroi,  en  s'adaptant,  sauf  les  sinuo- 
sités des  méandres,  à  la  vallée  de  la  Sambre.  Au  delà  de  Char- 
leroi,  notre  cercle  s'approche  une  dernière  fois  de  la  Sambre  à 
Marchienne-au-Pont,  près  du  double  confluent  du  Piéton  et  de 
l'Eau-d'Heure,  et,  s'éloignant  de  cette  rivière  dont  la  haute  vallée  a 
une  autre  direction,  il  passe  à  Binche,  où  la  Haine  forme  autour 
de  la  ville  une  courbe  dans  laquelle  elle  reçoit  plusieurs  ruisseaux. 

Laissant  Mons  à  7  kilomètres  dans  le  nord,  il  va  traverser  la 
ville  de  Valenciennes,  où  il  passe  au  confluent  de  l'Escaut  et  de  la 
Ronelle,  et  dont  il  sort  en  coupant,  comme  on  l'a  annoncé  précé- 
demment, page  276,  le  trapézoédrique  TI  du  système  du  mont  Viso. 
Plus  loin,  après  avoir  passé  aux  mines  de  houille  d'Aniche,  il  tra- 
verse encore  la  ville  d'Arras,  où  il  coupe  le  Cruchon  près  de  son 
confluent  avec  la  Scarpe. 

De  Namur  à  Aniche  et  au  delà,  le  diamétral  Dac  chemine  cons- 
tamment sur  le  terrain  houiller,  dont  il  suit  à  peu  près  la  limite 
méridionale  et  dont  il  représente  la  direction  générale.  Les  acci- 
dents stratigraphiques,  souvent  très-prononcés,  qui  produisent  des 
festons  dans  cette  ligne,  sont  soumis,  comme  dans  le  Gondros,  à 
l'influence  de  notre  cercle,  et  aucune  bande  de  terrain  antérieur  à 
la  houille  ne  l'atteint  sans  s'arrêter  promptement.  Il  est  d'autant 
plus  remarquable  de  le  voir  suivre  la  limite  méridionale  du  terrain 
houiller  que  c'est  précisément  celle  qui  est  le  plus  accidentée,  les 
couches  présentant  généralement  de  ce  côté  des  relèvements  rapides, 
des  ruptures  et  des  arrachements  qui  annoncent  des  phénomènes 
violents.  Au  delà  d'Aniche,  la  bande  houillère  change  d'orientation 
et  prend  une  direction  générale  vers  l'O.-N.-O.,  mais  cette  dévia- 


436  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

tion  est  soumise  à  la  loi  précédemment  énoncée,  car,  si  on  suit  les 
bandes  de  terrain  déviées,  en  sens  inverse  de  notre  marche,  ou 
pour  mieux  dire  de  l'O.-N.-O.  à  l'E.-S.-E.,  on  voit  qu'en  appro- 
chant de  notre  cercle  elles  s'infléchissent  pour  le  côtoyer  dans  la 
direction  de  Namur  et  de  Sprimont. 

Le  terrain  houiller  et  ceux  qui  l'accompagnent  sont  générale- 
ment recouverts,  à  partir  de  Marchienne-au-Pont,  par  des  dépôts 
crétacés  et  tertiaires,  en  couches  horizontales,  que  les  mineurs  ap- 
pellent morts-terrains  et  sur  lesquels  coulent  les  rivières;  mais  cela 
n'empêche  pas  celles-ci  de  se  rattacher  à  notre  cercle  par  leurs 
inflexions  et  leurs  confluents,  ainsi  qu'on  a  pu  en  juger  par  les 
exemples  que  j'ai  cités  et  que  j'aurais  pu  multiplier. 

Au  delà  d'Arras,  le  diamétral  Dac  continue  à  cheminer  sur  les 
terrains  crétacés  et  tertiaires.  Il  passe  l'Authie  à  Auxy-le-Château, 
et,  après  avoir  coupé,  au  nord  d'Abbeville,  le  diamétral  Dac  du 
système  du  Forez  et  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla,  il  traverse 
obliquement  l'embouchure  de  la  Somme,  entre  Noyelle  et  Saint- 
Valery,  et  va  tronquer  de  2  kilomètres  la  pointe  formée  de  craie 
et  de  terrain  tertiaire  inférieur  sur  laquelle  cette  dernière  ville  est 
bâtie. 

Notre  cercle  entre  alors  dans  la  Manche,  un  peu  au  midi  du  port 
de  Cayeux,  et,  suivant  de  loin  les  côtes  de  France,  il  va  passer,  à 
1  5  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  Barfleur,  au  point  de  croisement 
déjà  mentionné  (p.  s5o  et  2  83),  où  il  coupe  simultanément  le 
trapézoédrique  TIa  du  système  du  Morbihan  et  le  trapézoédrique  Tb 
du  système  de  la  Vendée.  Côtoyant  ensuite  obliquement  le  rivage 
septentrional  du  Gotentin,  il  va  raser,  à  2  kilomètres  de  distance, 
les  falaises  syénitiques  du  cap  de  la  Hague,  et  il  effleure  ensuite 
les  rochers  granitiques  de  l'île  d'Aurigny,  par  la  pointe  S.-O.  de 
laquelle  il  sort  des  terres  européennes. 

Il  s'avance  dans  l'océan  Atlantique,  en  ayant  en  quelque  sorte 
pour  cortège  la  longue  traînée  d'écueils  que  la  belle  carte  publiée 
en  i85o  par  Y  Hydrographical  Office  figure  dans  ces  parages,  et  à 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  437 

laquelle  les  Açores  viennent  s'appuyer  par  les  îles  de  Flores  et  de 
Corvo,  que  notre  cercle  laisse  un  peu  au  sud1. 

Ce  même  cercle,  prolongé  jusqu'en  Amérique,  touche  les  îles 
d'Antigua  et  de  Mont-Serrat  qui  terminent  la  section  septentrio- 
nale des  petites  Antilles,  la  première  en  la  coupant  par  le  milieu, 
et  la  seconde  en  en  côtoyant  la  côte  S.-E.  Il  laisse  un  peu  au  nord 
la  petite  île  d'Aves,  traverse,  dans  les  îles  sous  le  Vent,  le  princi- 
pal îlot  de  Los  Roques,  et  atteint  la  côte  de  la  Terre  ferme  dans 
le  golfe  Triste,  un  peu  à  l'est  de  Porto-Cabello. 

Traversant  la  chaîne  littorale  de  Venezuela,  il  effleure  l'extré- 
mité occidentale  du  lac  de  Valentia,  rendu  célèbre  par  les  travaux 
de  M.  de  Humboldt,  et,  laissant  à  70  kilomètres  dans  le  IN.-O. 
les  montagnes  du  Barquisimento,  dont  l'illustre  voyageur  s'est 
souvent  occupé,  il  côtoie  au  S.-E.,  dans  toute  sa  longueur,  à  une 
distance  généralement  moindre,  le  pied  S.-E.  de  la  Cordillère  de 
la  Nouvelle -Grenade.  Il  aborde  ensuite  les  Andes  proprement 
dites,  en  rasant  au  S.-E.,  à  moins  de  ho  kilomètres  de  distance, 
le  pied  du  volcan  de  Sangay,  et  il  les  traverse  entre  Cuença  et  Loxa. 
Il  entre  enfin  dans  locéan  Pacifique  par  la  baie  Sechura,  au  sud 
de  Guayaquil  et  de  Payta,  et,  un  peu  au  large  de  la  côte,  il  coupe, 
sous  un  angle  très-aigu,  le  trapézoédrique  Tb  du  système  du  Tatra. 

Si  nous  revenons  maintenant  au  point  de  départ,  en  Allemagne, 
pour  suivre  le  diamétral  Dac vers  l'est,  nous  trouverons  que,  après 
avoir  traversé  les  plaines  de  trias  de  la  Hesse  et  coupé  la  Werra  à 
moins  d'un  kilomètre  au  nord  du  crochet  qu'elle  forme  près  de 
Fambach,  il  aborde  le  Thuringerwald  par  le  fond  du  golfe  dans 
lequel  le  grès  bigarré  y  pénètre,  au  N.-E.  de  Schmalkalden.  Il  y 
trouve  sa  voie  aussi  bien  préparée,  sur  la  belle  carte  déjà  citée 
tant  de  fois  de  M.  Bernard  Cotta,  qu'elle  l'était  dans  la  province  de 
Liège  sur  celle  de  M.  André  Dumont. 

Il  coupe  d'abord,  au  fond  de  ce  golfe,  dont  rentrée  est  flanquée 

1  Notice?  p.  1061. 


/i38  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

des  deux  côtés  de  niasses  de  granité,  de  porphyre  quartzifère  et  de 
porphyre  micacé,  un  petit  lambeau  de  zechstein  redressé  et  en 
appui  contre  le  grès  rouge.  Entrant  immédiatement  sur  ce  grès,  il 
rase,  près  de  Schnellbach,  la  pointe  méridionale  d'une  longue 
masse  de  diabase  qui  s'étend  au  nord  jusqu'au  Soiessberg,  puis,  à 
Struth,  le  contour  septentrional  d'une  petite  masse  porphyrique,  et 
il  va  effleurer  l'extrémité  septentrionale  de  la  cime  du  Sperchhiibel, 
formé  encore  de  grès  rouge  et  élevé  890  mètres.  Entrant  alors  dans 
le  porphyre  quartzifère ,  il  effleure  vers  le  sud  les  masses  proémi- 
nentes de  cette  roche,  couronnées  par  un  petit  lambeau  de  grès 
rouge,  qui  s'élèvent  au  S.-O.  de  Langenburg.  Il  sort  enlin  du 
massif  montagneux  en  coupant  la  ceinture  de  zechstein  à  la  pointe 
du  lambeau  de  grès  bigarré  qui  l'accompagne  de  Jesuborn  à 
Frankenhain,  et  il  entre  sur  le  plateau  de  muschelkalk,  sur  lequel 
il  chemine  presque  sans  interruption  jusqu'au  point  D,  centre  du 
pentagone  européen,  près  de  Remda. 

Il  quitte  le  muschelkalk  pour  entrer  sur  le  grès  bigarré  aux  ap- 
proches de  la  Saale,  qu'il  atteint  à  Orlamiindc,  dans  une  de  ses 
inflexions,  et  dont  il  suit  le  cours  jusqu'à  la  nouvelle  inflexion  qu'elle 
éprouve  au  confluent  de  la  rivière  de  Freinorla.  Poursuivi  sur  la 
belle  carte  géologique  de  la  Saxe  par  M.  C.-F.  Naumann,  publiée 
par  l'Académie  des  mines  de  Freiberg,  il  coupe  la  ceinture  de 
zechstein  de  i'Erzgebirge  à  l'inflexion  qu'elle  éprouve  un  peu  au 
nord  de  Neundorf,  pour  entrer  sur  la  formation  de  grauwacke,  où  il 
coupe  la  Weyda  un  peu  au  nord  de  la  ville  de  Weyda,  à  son  con- 
fluent avec  l'Auma. 

Traversant  ensuite  le  schiste  argileux  dont  il  suit  à  une  faible 
distance  le  contour  septentrional,  il  entre  dans  le  bassin  de  grès 
rouge  de  Chemnitz,  qu'il  parcourt  longitudinalement  en  s'adaptant, 
pour  traverser  la  Zwich-Mulde ,  à  l'inflexion  qu'elle  présente  près 
de  Wulm,  et  en  suivant,  sur  1  1  kilomètres  de  longueur,  la  vallée 
•le  Saint-Egidien. 

Rentrant  alors  dans  le  domaine  des  roches  anciennes  nar  les 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  439 

schistes  argileux  de  Harthau,  il  coupe  la  Wûrschnitz  près  de  son 
confluent  avec  la  rivière  de  Chemnitz,  à  la  vallée  de  laquelle  il 
s'adapte  dans  une  certaine  étendue,  et  il  traverse  le  micaschiste 
dans  l'étranglement  qu'il  présente  entre  le  gneiss  de  Zschopau  et 
celui  de  Schellenberg.  Traversant  ensuite  le  grand  massif  de  gneiss 
de  l'Erzgebirge,  où  il  laisse  Freiberg  au  nord,  il  s'y  adapte  avec 
une  étonnante  précision,  à  la  partie  la  plus  compliquée  des  acci- 
dents auxquels  donnent  lieu  les  masses  de  granité  et  de  porphyres 
de  diverses  variétés  qui  le  pénètrent  entre  Frauenstein  et  Lauen- 
stein.  Il  sort  enfin  du  massif  de  gneiss  en  rasant  au  nord  la  pointe 
qu'il  projette  à  l'est  près  de  Schônstein  et  le  tertre  basaltique  qui 
l'accompagne,  et  il  coupe  à  quelques  kilomètres  plus  à  l'est  le  tra- 
pézoédrique  Te  du  système  du  Hundsruck,  dont  l'adaptation  précise 
aux  accidents  stratigraphiques  de  l'Erzgebirge  a  été  signalée  précé- 
demment, page  11k. 

Le  diamétral  Dac  passe  bientôt  l'Elbe  près  de  Tetschen,  au  milieu 
du  quadersandstein ,  et,  après  avoir  effleuré,  près  de  Bôhm-Ram- 
nitz ,  l'extrémité  N  .-E.  de  la  zone  basaltique  de  la  Bohème ,  il  s'adapte 
avec  précision ,  sur  les  confins  de  la  Bohême  et  de  la  Silésie,  aux 
accidents  stratigraphiques  du  Riesengebirge,  où  il  traverse  dans  sa 
longueur  le  massif  granitique  de  Hischberg.  Il  va  couper  l'Oder  au 
coude  qu'il  forme,  au-dessous  d'Opeln,  près  de  son  confluent  avec 
la  Malapane,  et,  laissant  au  nord  le  petit  massif  des  montagnes  dé- 
voniennes  de  Sandomirz  et  de  Kielce,  il  traverse  la  Vistule  près  du 
coude  qu'elle  présente  au  confluent  de  la  Rzyska.  Passant  ensuite 
le  Dnieper  près  du  confluent  du  Psioul,  et  le  Don  près  de  celui  du 
Donetz,  il  coupe  longitudinalement,  dans  le  midi  de  la  Russie,  le 
bassin  carbonifère  du  Donetz,  et,  traversant  la  mer  Caspienne,  il 
atteint  sur  sa  côte  orientale  le  cap  Tuk-Karagan,  qui  est  pour 
ainsi  dire  dans  cette  région  le  Land's-End  de  l'Asie. 

Quoique  le  cap  Tiïk-Karangan J  soit  couvert  de  dépôts  tertiaires 

1  Notice,  p.  1060. 


hhO  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

la  coïncidence  est  toujours  à  remarquer.  Plus  loin,  au  midi  du  lac 
Aral,  le  diamétral  Dac  traverse  la  Grande-Boukharie,  où  il  côtoie 
au  S.  le  cours  de  l'Amou-Deria ,  et,  pénétrant  dans  les  montagnes 
du  Kaboul,  il  coupe  les  granités  de  l'Hindoo'-Goosh  et  du  Sufeid- 
Koh  pour  entrer  dans  les  grandes  plaines  subhimalayennes  par  leur 
angle  N.-O.,  figuré  sur  la  carte  géologique  de  l'Inde  par  M.  Gree- 
noug  comme  étant  assez  aigu.  Construit  sur  cette  belle  carte,  notre 
cercle  suit  sur  un  espace  de  100  kilomètres  le  pied  S.-O.  de  la 
chaîne  salifère  (Sait  range)  jusqu'à  Kala-Bagh,  où  elle  s'arrête  au 
bord  de  l'Indus,  pour  reparaître  sur  sa  rive  gauche,  avec  une  autre 
direction,  sous  le  nom  de  Kuller-Kahar. 

Le  diamétral  Dac  coupe  le  grand  fleuve  précisément  au  point  où 
il  débouche  dans  les  plaines  par  un  défilé  ouvert  dans  l'angle  que 
forment  les  deux  chaînes.  Il  poursuit  son  cours  dans  les  plaines  du 
Punjab,  dont  il  laisse  la  capitale,  Lahore,  à  3o  kilomètres  dans  le 
N.-E.,  et  où  il  coupe  tous  les  grands  affluents  de  l'Indus,  le  Sailum, 
le  Chenaub,  le  Sutledje.  Il  va  passer  ensuite,  du  côté  du  midi,  aux 
portes  de  Dehli,  l'ancienne  résidence  du  Grand  Mogol,  et  il  côtoie 
pendant  quelque  temps  le  cours  de  la  Jumna.  Passant  bientôt 
après  sur  la  rive  gauche  de  cette  rivière,  il  laisse  Agra  à  ko  kilo- 
mètres dans  le  S.-O. ,  et  se  prolonge  dans  les  plaines  du  Bengale  en 
côtoyant  de  loin  le  cours  du  Gange. 

Enfin,  après  avoir  parcouru  plus  de  1,000  kilomètres  sur  les 
terrains  de  transport  subhimalayens,  notre  cercle  coupe  au  sud  de 
Ferrukabad  Yoctaédrique  du  lac  Baïkal,  et  il  entre  immédiatement 
après  sur  les  terrains  de  l'Inde  centrale.  Il  y  retrouve  la  Jumna, 
au  cours  de  laquelle  il  s'associe  approximativement  sur  une  étendue 
de  70  kilomètres,  qui  comprend  les  confluents  de  cette  rivière  avec 
la  Rond,  la  Betwa  et  la  Cane.  Il  franchit  une  dernière  fois  la  Jumna , 
au  point  où  elle  reçoit  la"  Betwa,  point  qui  est  en  même  temps  celui 
où  la  Jumna  commence  à  côtoyer  l'extrémité  N.-E.  du  massif  de 
roches  primitives  du  Bundelcund. 

Après  avoir  traversé  ces  roches  schisteuses   cristallines ,    notre 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         kki 

cercle  pénètre  dans  le  district  formé  par  les  roches  secondaires 
variées,  avec  quelques  proéminences  de  roches  primitives,  que  la 
carte  de  M.  Greenough  figure  sur  les  deux  rives  de  la  Sone.  Dans 
ce  dictrict  fort  étendu ,  il  coupe  le  primitif  du  cap  Castle ,  ainsi  que 
Yoctaédrique  des  Garrow-Hills,  et  il  s'adapte  à  beaucoup  d'accidents 
orographiques  et  stratigraphiques  qu'il  serait  trop  long  de  détailler. 
Je  me  borne  à  remarquer  que  dans  cette  contrée  les  vallées,  les 
crêtes  montagneuses  et  les  limites  des  terrains  s'infléchissent  géné- 
ralement de  manière  à  présenter  un  angle  obtus  tourné  vers  le 
N.-O.,  et  que  le  diamétral  Dac  passe  presque  toujours  très-approxi- 
mativement  à  cet  angle,  disposition  qui  rappelle  celle  de  la  strati- 
fication du  Jura  par  rapport  au  trapézoédrique  TI  du  système  du 
mont  Viso.  (Voir  ci-dessus,  p.  278.) 

Pénétrant  ensuite  par  son  angle  N.-O.  dans  le  massif  de  roches 
primitives  des  Sirgoojah- Hills,  le  diamétral  Dac  entre  finalement 
dans  le  bassin  de  la  rivière  Braming,  dont  il  suit  le  cours  d'une 
manière  générale.  Il  passe  bientôt  après  dans  la  vallée  du  Maha- 
nuddy,  qu'il  coupe  à  Kuttack,  où  commence  son  delta,  c'est-à-dire 
précisément  à  l'endroit  où  ce  fleuve  est  resserré  par  la  pointe  N.-E. 
des  granités  de  Ramgur.  Notre  cercle  rase  cette  pointe,  qui,  d'après 
la  carte  de  M.  Greenough,  paraît  être  un  des  traits  les  plus  carac- 
térisés de  la  contrée.  H  y  est  coupé  simultanément  par  deux  dodé- 
caédriques  rhomboïdaax ,  circonstance  qui  rappelle  le  croisement  déjà 
cité  plusieurs  fois  comme  tombant  à  l'extrémité  occidentale  des 
Garrow-Hills,  et  qui  constitue,  de  son  côté,  une  coïncidence  des 
plus  remarquables  entre  le  réseau  pentagonal  et  la  structure  géo- 
logique de  l'Inde. 

On  peut  remarquer  en  même  temps  que  le  diamétral  Dac,  entré 
dans  l'Inde  par  un  angle,  en  sort  par  un  autre  angle,  deux  repères 
très-nettement  dessinés  sur  la  carte  de  M.  Greenough ,  et  qui  suffi- 
raient pour  fixer  approximativement  sa  position  sur  la  surface  du 
globe. 

Entrant  dans  le  golfe  du  Bengale  par  le  delta  du  Mahanuddy,  le 


hhî  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

diamétral  Dac.  va  traverser  l'île  principale  du  groupe  des  A  damans, 
en  laissant  le  volcan  de  l'ile  Barren  à  70  kilomètres  dans  le  N.-E. 
Il  pénètre  ensuite  dans  le  détroit  de  Malacca,  à  l'entrée  duquel 
il  coupe,  sous  un  angle  très-aigu,  le  trapézoédrique  Tb  du  système 
du  Tatra.  Les  deux  cercles  entrent  de  compagnie  dans  le  détroit; 
mais,  tandis  que  le  trapézoédrique  Tb  s'attache  à  la  côte  de  la  pres- 
qu'île de  Malacca  et  aux  îles  qui  y  font  suite,  en  en  coupant  seu- 
lement les  pointes,  le  diamétral  Dac,  qui  s'éloigne  légèrement  de 
l'autre  cercle  vers  le  S.-O.,  s'adapte  à  la  côte  de  l'île  de  Sumatra 
et  aux  îles  adjacentes,  en  tronquant  légèrement  les  saillies  qu'elles 
projettent  dans  le  détroit.  Au  sortir  du  détroit,  les  deux  cercles 
embrassent  l'île  de  Banca,  célèbre  par  ses  gisements  d'étain,  le  tra- 
pézoédrique Tb  coupant  ses  pointes  N.-E.,  tandis  que  le  diamétral  Dac 
effleure  l'une  de  ses  ramifications  dirigée  au  S.-O.  et  la  laisse  presque 
entièrement  au  N.-E. 

Ce  dernier  cercle  traverse  ensuite  l'île  de  Java,  où  il  entre  par  la 
pointe  Lasari ,  et  où ,  d'après  la  carte  de  M.  Léopold  de  Buch ,  il  passe 
entre  les  deux  volcans  voisins  l'un  de  l'autre  de  Talaga-Bodas  et 
de  Ghermai.  Continuant  son  cours  à  travers  la  Nouvelle-Hollande, 
il  en  sort  par  le  détroit  de  Bass,  en  effleurant  la  pointe  N.-E.  de  la 
terre  de  Van-Diemen,  puis,  rasant  encore  au  midi  de  la  Nouvelle- 
Zélande  les  îles  Snares  et  Antipode,  il  va  passer  au  point  D,  antipode 
du  point  D  de  Bemda,  d'où  il  se  dirige  vers  les  côtes  du  Pérou. 

Les  détails  sommaires  que  je  viens  de  donner  sur  les  parties  du 
diamétral  Dac  qui  ne  sont  pas  comprises  dans  le  cadre  de  la  carte 
géologique  de  la  France  suffisent  pour  montrer  que,  dans  toutes  les 
contrées  qu'il  traverse,  ce  grand  cercle  est  en  harmonie  avec  les 
accidents  orographiques  et  géologiques,  et  ils  tendent  à  confirmer 
ce  que  j'ai  déjà  dit  à  l'occasion  de  la  province  de  Liège,  qu'on  ne 
pourrait  le  déplacer,  même  d'une  très-petite  quantité,  sans  lui 
faire  perdre  les  privilèges  dont  la  nature  l'a  doté. 

Il  nous  reste  à  examiner  si  ce  cercle  remplit  les  conditions  né- 
cessaires pour  èlic  adopté  comme  grand  cercle  de  comparaison  du 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  443 

système  des  Pays-Bas.  H  est  difficile  d'en  douter  quand  on  voit 
comment,  de  Sprimont  à  Arras,  il  s'adapte  à  la  structure  strati- 
graphique  de  la  zone  houillère  de  la  Belgique  et  de  la  Flandre. 
Quelques  remarques  sont  cependant  nécessaires. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  du  système  des  Pays- 
Bas  ,  adopté  en  dernier  lieu  dans  la  Motice  sur  les  systèmes  de  mon- 
tagnes, p.  36 1,  partait  de  Mons  avec  l'orientation  E.5°N.-0.5°S. 

Ce  même  cercle  passait  presque  exactement  par  le  point  D,  près 
de  Remda.  C'était  donc  un  de  ceux  dont  il  était  le  plus  naturel  de 
chercher  le  représentant  parmi  les  cercles  du  réseau  pentagonal  qui 
se  croisent  au  centre  du  pentagone. 

Ce  grand  cercle  de  comparaison  fait  avec  le  grand  cercle  de  com- 
paraison du  système  du  Ténare,  d'après  le  tableau  page  86 o  de  la 
ISotice,  un  angle  de  76°i3'32".  L'un  des  cercles  primitifs  du  ré- 
seau pentagonal,  le  primitif  du  Land's-End,  forme  avec  le  grand 
cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare,  et  du  même  côté,  un 
angle  de  73  degrés.  La  différence  est  de  /r°i3'3'i",  et,  quoique  cette 
différence  soit  assez  considérable ,  l'auteur  avait  d'abord  été  tenté 
d'adopter  le  primitif  dont  il  s'agit  pour  représenter  le  système  des 
Pays-Bas1.  Cependant,  comme  il  lui  paraissait  peu  probable  que 
1  orientation  qu'il  avait  adoptée  pour  le  système  des  Pays-Bas  fût 
en  erreur  de  U  degrés,  il  a  cherché  si,  parmi  les  cercles  auxiliaires 
qui  partent  du  point  D,  il  n'en  trouverait  pas  un  qui  représentât 
plus  exactement  l'orientation  du  système  dès  Pays-Bas.  11  a  trouvé 
alors  que  le  diamétral  Dac,  qui  va  du  point  D  près  de  Remda  à  un 
point  a  situé  dans  la  mer  des  Antilles,  un  peu  au  nord  du  cap  Co- 
dera ,  fait  avec  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  du  Ténare 
un  angle  de  j8038'li3"3U,  qui  surpasse  l'angle  Ténare-Pays-Bas  de 
2°25'ii"3A  seulement.  Cette  différence,  quoique  considérable  en- 
core, est  déjà  cependant  presque  moitié  moindre  que  la  précédente. 

Mais  cette  différence  de  2°2  5'i  i"34  est  elle-même  susceptible  de 

1  Notice,  p..io58. 


hkk  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

réduction.  En  effet,  l'auteur  de  la  Notice,  en  adoptant  (p.  36 1) 
l'orientation  E.5°N.-0.5°S.,  annonçait  immédiatement  après  qu'il 
ne  l'adoptait  qu'à  titre  provisoire,  et  que  la  détermination  définitive 
du  grand  cercle  de  comparaison  du  système  des  Pays-Pas  exigerait 
une  revue  plus  complète  de  toutes  les  dislocations  qui  peuvent  être 
rapportées  à  ce  système.  Pour  rechercher  l'orientation  moyenne  de 
ces  dislocations,  il  les  avait  toutes  comparées  à  la  perpendiculaire 
à  la  méridienne  de  Rothenbourg,  tracée  rigoureusement  de  la  mer 
d'Azof  à  l'Océan  l.  Ayant  comparé  à  cette  perpendiculaire  les  orien- 
tations de  beaucoup  d'accidents  stratigraphiques  du  Cornouailles 
et  du  Devonshire,  qu'il  croyait  alors  devoir  être  rapportées  en  tota- 
lité au  système  des  Pays-Bas,  il  avait  trouvé  qu'elle  s'éloignait  trop 
de  la  ligne  E.-O.,  et  il  avait  rapproché  de  la  ligne  E.-O.  l'orienta- 
tion à  Mons.  Mais  aujourd'hui  il  paraît  naturel,  comme  on  le  verra 
bientôt,  de  réserver  les  accidents  statigraphiques  susmentionnés 
du  Cornouailles  et  du  Devonshire  pour  faire  partie  d'un  système 
dont  le  primitif  du  Land's-End  serait  le  grand  cercle  de  comparaison. 
Dès  lors,  il  n'y  aurait  plus  à  tenir  lieu  que  de  la  moyenne  des  autres 
orientations,  qui  tendrait  à  faire  regarder  la  perpendiculaire  à  la 
méridienne  de  Rothenbourg  comme  trop  rapprochée  de  la  ligne 
E.-O.  Or  cette  perpendiculaire  donnerait  pour  Mons  l'orientation 
E.6°5'/i6'/N.,  laquelle  réduirait  la  différence  ci-dessus  de  2°25'i  i"3£ 
à  i°io/2  5"8ft,  dont  il  faudrait  encore  retrancher  la  quantité  dont 
la  perpendiculaire  à  la  méridienne  de  Rothenbourg  devrait  être 
éloignée  de  la  ligne  E.-O.  au  lieu  d'en  être  rapprochée.  De  là  il 
résulte  que  la  différence,  qui  paraissait  d'abord  assez  considérable, 
se  réduit  à  une  quantité  indéterminée  assez  petite  pour  être  négligée. 
Le  diamétral  Dac  passant  d'ailleurs  à  quelques  kilomètres  seule- 
ment de  Mons,  il  est  évident  que,  sous  le  rapport  de  la  position 
comme  sous  celui  de  l'orientation,  on  peut  l'adopter  comme  grand 
cercle  de  comparaison  du  système  des  Pays-Bas. 

1  Notice,  p.  996. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         M5 

Quant  au  système  des  Pays-Bas  considéré  en  iui-mèine,  à  son 
âge  relatif,  aux  accidents  stratigraphiques  dont  il  se  compose,  le 
retranchement  de  certains  accidents  géologiques  du  Cornouailles 
et  du  Devonshire  est  le  seul  changement  que  ce  qui  précède  con- 
duise à  faire  à  ce  qui  en  a  été  dit  dans  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes,  page  291  et  ailleurs.  (Voir  la  table  de  l'ouvrage.) 

Hexatétraédrique  HaTT«. 

Le  cercle  placé  au  vingt-huitième  rang  dans  le  tableau  des  1 83 
intersections  est  Yheœatélraédrique  liaTTa. 

Ce  grand  cercle  est  assujetti  à  passer  par  le  point  H  situé,  presque 
au  centre  de  l'Inde,  dans  l'angle  formé  par  le  confluent  des  rivières 
Tapty  et  Poorna  ;  par  le  point  a  situé ,  dans  la  Turquie  d'Europe ,  au 
sud  de  Nissa;  par  le  point  T  situé,  en  Espagne,  à  l'O.-N.-O.  de  Bur- 
gos;  par  le  point  T  situé,  dans  l'océan  Atlantique,  au  N.-E.  de  la 
Guadeloupe;  par  le  point  a  situé,  dans  la  mer  des  Antilles,  au  nord 
du  cap  Codera,  et  par  les  antipodes  de  ces  cinq  points.  Il  a  pour 
pôles  les  deux  intersections  communes  des  cinq  grands  cercles  aux- 
quels ces  points  appartiennent  comme  pôles,  et  qui  sont  un  primitif, 
deux  dodécaédriques  rhomboïdnujc  et  deux  bissecteurs  IH.  Ces  deux  in- 
tersections quintuples ,  figurées  dans  le  tracé  de  M.  Laugel ,  tombent, 
l'une  dans  l'océan  Atlantique  méridional,  au  S.-S.-O.  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  l'autre  dans  l'océan  Pacifique,  au  sud  des  îles 
Aleutiennes. 

Uhexatétraédrique  HaTTa  pénètre  dans  le  cadre  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France  par  le  côté  oriental.  H  traverse  le  golfe  de 
Gènes  et  vient  raser,  près  de  Nice,  à  un  demi-kilomètre  de  distance, 
le  cap  formé  de  dolomie  appartenant  au  terrain  crétacé  inférieur, 
sur  lequel  s'élève  le  phare  de  Villefranche. 

Bientôt,  abordant  la  côte  par  le  cap  qui  limite  à  l'est  l'embou- 
chure du  Var,  il  traverse  ce  petit  fleuve  torrentiel  au-dessous  du 
pont  de  Saint-Laurent,  à  moins  d'un  kilomètre  de  l'endroit  où  ses 


446  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

eaux  tombent  dans  la  mer,  et  il  va  passer  près  de  Cagnes,  au  point 
de  croisement  déjà  cité  (p.  272,  3 20  et  384),  où  il  rencontre  si- 
multanément le  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  représentant  du 
système  du  Rhin,  le  trapézoédrique  TTbbc  représentant  du  système 
du  Sancerrois,  et  son  homologue  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla. 

Plus  loin,  notre  cercle,  traversant  la  masse  de  mélaphyre  de 
Biot  et  des  surfaces  peu  élevées  formées  de  calcaire  crétacé  et  de 
muschelkalk,  passe  dans  la  ville  de  Grasse,  bâtie  dans  l'abri  formé 
par  les  dernières  montagnes  calcaires  détachées  en  avant  des  Alpes. 
Pénétrant  obliquement  dans  la  région  montueuse ,  il  rase  au  midi 
le  pied  de  la  montagne  de  la  Gabrière,  élevée  de  1,1 3o  mètres, 
qui  est  la  plus  avancée  vers  le  sud  des  cimes  alpines  de  cette  ré- 
gion. Il  coupe  ensuite,  comme  on  l'a  déjà  dit  page  3i5,  le  trapé- 
zoédrique Ta  du  système  du  Vercors,  en  un  point  qui  tombe  sur  le 
saillant  S.-O.  du  massif  alpin,  et  il  traverse,  à  2  kilomètres  plus  à 
l'ouest,  la  ville  d'Aups,  qui  est  bâtie  à  son  pied. 

Dans  la  plaine  plus  basse,  mais  toujours  accidentée  en  petit,  du 
département  du  Var,  notre  cercle  rase  l'extrémité  septentrionale  du 
relèvement  de  muschelkalk  de  Barjols,  et  il  va  passer  à  Rians,  pe- 
tite ville  bâtie  sur  un  autre  relèvement  de  muschelkalk.  Celui-ci 
est  très-circonscrit,  et,  dans  l'intérieur  de  ses  étroites  limites,  Xhexa- 
tétraédrique  HaTTa  coupe,  ainsi  qu'on  l'a  dit  ci-dessus,  page  3o£, 
Y  hexatétraédrique  Uaa.  Chacun  des  deux  cercles  trouve  là  un  point 
de  repère  très-précis. 

Côtoyant  ensuite  le  pied  septentrional  de  la  crête  de  calcaire 
jurassique  qui  limite  au  nord  la  vallée  de  Vauvenargues,  notre  cercle 
va  couper  le  diamétral  De  du  système  des  Alpes  occidentales  au  N.-O. 
de  Puyricard,  sur  un  plateau  miocène  que  contourne  la  vallée  de 
la  Touloubre. 

Plus  loin,  notre  cercle  traverse  Corfoux,  et,  laissant  au  sud,  à 
2  kilomètres  de  distance,  la  pointe  N.-O.  de  l'étang  de  Berre,  il 
entre  dans  la  plaine  de  la  Cran  en  coupant  le  fossé  d'irrigation 
dérivant  du  canal  do  Crnponne  précisément  au  point  (pie  la  topo- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.        Uhl 

graphie  locale  a  fait  choisir  pour  y  placer  le  pont-viaduc  du  che- 
min de  fer  de  Marseille  à  Arles,  nouveau  repère  d'une  précision 
singulière. 

En  passant  de  la  Crau  dans  la  Camargue,  notre  cercle  traverse 
le  bras  principal  du  Rhône,  et  il  coupe  immédiatement  après,  comme 
on  l'a  dit  précédemment,  page  295,  le  diamétral  Dac  du  système  du 
Forez.  Effleurant  le  contour  septentrional  de  l'étang  de  Valcarès,  et 
laissant  Aiguës-Mortes  à  3  kilomètres  au  nord,  il  entre  dans  le  golfe 
d'Aigues-Mortes  par  le  débouché  du  canal  d'Aigues-Mortes,  qui 
est  probablement  une  des  plus  anciennes  embouchures  du  Rhône, 
depuis  longtemps  plus  ou  moins  complètement  oblitérée. 

Ressortant  ensuite  du  golfe  d'Aigues-Mortes  pour  aborder  le  lit- 
toral du  Languedoc,  Yhexatétraédrique  UaTTa  y  pénètre  par  l'em- 
bouchure aujourd'hui  canalisée  du  Lez,  qui  est  la  rivière  de  Mont- 
pellier. Le  cordon  littoral  du  golfe  d'Aigues-Mortes,  qui  le  sépare 
des  étangs  dont  il  est  bordé,  étant  étroit  et  fixe,  les  coupures  par 
lesquelles  passaient  les  eaux  du  bras  occidental  du  Rhône  et  celles 
du  Lez  sont  probablement  des  points  invariables,  qui  constituent 
pour  notre  cercle  deux  nouveaux  repères  des  plus  remarquables. 

Ce  même  cercle,  franchissant  la  crête  jurassique  de  Mira  vaux, 
traverse  la  plaine  tertiaire  du  département  de  l'Hérault.  Il  y  coupe 
l'Hérault  au  confluent  de  la  Boyne,  puis  des  rivières  de  moindre 
importance  aux  confluents  de  divers  ruisseaux,  et  enfin  l'Orb  au 
détour  qu'elle  présente  en  passant  du  terrain  schisteux  dans  le 
terrain  tertiaire,  détour  où  aboutit  le  ruisseau  de  Berlou  et  à  1  ki- 
lomètre au-dessous  duquel  elle  reçoit  la  rivière  de  Bernacabre,  qui 
descend  de  Saint-Chinian  en  côtoyant  le  terrain  schisteux. 

Entrant  enfin  sur  ce  terrain,  notre  cercle  passe  au  sommet  de 
la  montagne  schisteuse  située  au  N.-N.-O.  de  Saint-Chinian,  et, 
comme  on  l'a  déjà  dit  page  35£,  il  y  coupe  simultanément  Yhexa- 
tétraédrique  Rbaab  de  Noutron  et  le  bissecteur  DH  du  système  du 
mont  Seny. 

Suivant  ensuite  la  crête  schisteuse  et  granitique  qui  sépare  les 


*  M» 

M8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

affluents  du  Tarn  de  ceux  de  l'Aude,  et  sur  laquelle  il  passe  à  la 
cime  des  monts  Saint-Félix,  élevée  de  1,210  mètres,  Xhexalétraé- 
drique  HaTTa  y  rencontre,  comme  on  l'a  déjà  dit  page  286,  le 
trapézoédrique  Tb  du  système  de  la  Vendée.  Passant  à  travers  les  ri- 
goles dans  lesquelles  on  a  réuni, .avec  un  art  si  justement  admiré, 
les  eaux  de  la  montagne  noire  destinées  à  l'alimentation  du  canal 
du  Languedoc,  notre  cercle  laisse  à  1  kilomètre  au  nord  la  pointe 
occidentale  de  la  masse  granitique  de  Sorèze,  et  coupe  la  ligne  du 
canal  à  l'O.  d'Àvignonet,  près  du  coude  que  forme  à  son  approche 
la  rivière  de  Mares. 

Après  avoir  traversé  les  vallées  de  l'Ariége  et  de  la  Garonne  ainsi 
que  les  plateaux  tertiaires  dans  lesquels  elles  sont  creusées,  notre 
cercle  va  couper  au  N.-N.-E.  d'Aurignac,  sur  la  rive  droite  de  la 
Touch,  dont  il  suit  à  peu  près  la  direction,  le  trapézoédrique  Tabc 
du  système  du  Longmynd. 

Poursuivant  son  cours  sur  les  plateaux  tertiaires  du  Bigorre ,  où 
il  passe  à  la  source  même  de  la  Touch,  X hcxatétraédrique  HaTTa  rase 
avec  une  étonnante  précision,  entre  Gastelnau-de-Magnoac  et  Mau- 
léon,  près  du  confluent  de  plusieurs  ruisseaux  qui  tombent  dans  le 
Gers,  le  dernier  relèvement  de  terrain  crétacé  inférieur  qui  forme 
la  pointe  occidentale  extrême  du  chaînon  oriental  des  Pyrénées.  11 
coupe  ensuite  le  diagonal  \b  du  système  du  mont  Serrât  sur  la  rive 
gauche  de  l'Arros,  près  du  point  où  deux  ruisseaux  viennent,  dans 
des  directions  opposées,  s'y  jeter,  l'un  en  face  de  l'autre,  au-dessous 
de  Glarac. 

Passant  dans  la  ville  de  Tarbes,  où  il  traverse  l'Adour,  il  en  sort 
en  coupant  la  Jespe  immédiatement  au-dessous  du  confluent  d'un 
ruisseau  qui  descend  comme  elle  des  Pyrénées.  Bientôt  après  il 
franchit  le  gave  de  Pau  à  2  kilomètres  au-dessous  de  Nay,  où  cette 
rivière  forme  un  coude  à  sa  sortie  des  montagnes,  et  plus  loin, 
passant  à  3  kilomètres  au  midi  d'Oleron,  il  coupe  les  différents 
torrents  qui  se  réunissent  aux  portes  de  cette  ville  pour  former  le 
gave  d'Oleron. 


DE   LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  449 

Il  entre  alors  obliquement  dans  les  Pyrénées,  où  il  rase  au  S. 
plusieurs  cimes  formées  de  terrain  crétacé  inférieur,  et  au  pied 
S.-O.  de  la  dernière,  qui  domine  la  source  de  la  Bidouze,  il  coupe, 
comme  on  la  dit  précédemment,  page  358,  le  diamétral  Dac  du 
système  de  la  Côte-d'Or. 

Franchisssant  la  Bidouze  naissante  au  point  où  elle  sort  du  terrain 
schisteux  et  rasant  la  pointe  S.-E.  d'un  lambeau  de  grès  bigarré, 
notre  cercle,  qui  s'adapte  d'une  manière  assez  remarquable  aux 
accidents  orographiques  du  Pays  Basque,  traverse  la  frontière  au 
S.-O.  des  Aldudes  et  va  passer,  à  Villafranca ,  au  confluent  de  l'Orio 
et  de  l'Urola.  Plus  loin,  il  s'associe,  au-dessous  de  Mondragon,  à  la 
vallée  de  la  Beba,  dans  une  étendue  de  8  kilomètres,  qui  comprend 
plusieurs  confluents,  et  ensuite,  entre  A  illareal  et  Murgnia,  aux  dé- 
tours prononcés  et  correspondants  entre  eux  de  plusieurs  rivières 
qui  se  réunissent  près  de  Vittoria. 

Mais  ici  Xhexatétraédrique  HaTTa  entre  dans  la  partie  de  la  carte 
qui  a  du  être  sacrifiée  pour  l'établissement  des  légendes,  et  où  on 
aurait  trouvé  peut-être  la  confirmation  des  indices  qui  sembleraient 
lui  assigner,  dans  les  Pyrénées  basques,  un  rôle  stratigraphique 
important. 

Ce  grand  cercle,  jalonné  avec  une  grande  précision,  dans  toute 
la  largeur  de  la  carte  géologique  de  la  France ,  par  des  accidents 
orographiques  et  géologiques  très-nets  et  de  peu  de  largeur,  et 
même  par  des  ouvrages  humains,  passe  au  point  T  situé  à  l'O.-N.-O. 
de  Burgos,  et,  sortant  de  la  Péninsule  approximativement  par 
l'embouchure  du  Minho,  il  entre  dans  l'océan  *4tlantique,  où  il  se 
dirige  vers  les  Açores. 

Il  ne  rencontre  dans  cet  archipel  que  l'île  de  San-Miguel ,  dont  il 
coupe  la  partie  S.-E.  Il  l'aborde  par  le  bas  fond  assez  étendu  que 
projette  l'ile  vers  l'E.-N.-E.  en  avant  de  la  pointe  d'Arnel,  passe  à 
cette  pointe  même,  ainsi  qu'à  la  cime  du  pic  de  Vora,  élevé  de 
3,569  pieds  anglais  (1,088  mètres)  et  le  plus  haut  de  toute  l'île, 
suit  exactement  la  crête  que  couronne  ce  pic,  sort  de  l'île  par  les 

Stratigraphie.  29 


450  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

rochers  qui  accompagnent  la  pointe  de  Galera ,  et  s'en  éloigne  en 
rasant  l'extrémité  du  bas  fond  qui  s'avance  à  l'O.-S.-O.  de  l'Agoa- 
do-Pao.  Il  est  parallèle  à  une  autre  crête  située  au  N.-O.  de  la 
première  et  couronnée  par  le  Serro-da-Agoa,  élevé  de  3,070  pieds 
anglais  (936  mètres),  ainsi  qu'à  d'autres  alignements  que  la  carte 
fait  apercevoir.  Il  serait  difficile  de  tracer  sur  la  carte  de  YHydro- 
graphical  Office  une  ligne  mieux  adaptée  à  l'orographie  de  l'île  de 
San-Miguel  et  plus  propre  à  représenter  l'une  des  principales  direc- 
tions qui  s'y  dessinent. 

Achevant  de  traverser  l'océan  Atlantique,  Yhexatétraédrique 
HaTTa  se  dirige  vers  le  point  T  situé  au  N.-E.  de  la  Guadeloupe, 
où  il  est  assujetti  à  passer.  Bientôt  après  il  coupe  l'île  même  de  ce 
nom  dans  toute  sa  largeur,  en  passant  approximativement,  dans 
la  partie  basse  et  avancée  à  l'est  appelée  la  Grande-Terre,  à  la 
pointe  de  la  Grande-Falaise  et  à  l'anse  du  Petit-Canal,  et  en  péné- 
trant par  la  grande  rivière  à  Goyaves,  dans  la  Guadeloupe  propre- 
ment dite,  où  il  laisse  un  peu  au  sud  le  Sans-Touché,  sommet  le 
plus  élevé  du  groupe  trachytique  de  la  Basse-Terre. 

La  Guadeloupe  est,  parmi  les  Antilles,  une  des  îles  où  les  feux 
souterrains  ont  conservé  le  plus  d'activité.  L' hexatélradrique  HaTTa 
paraît  raser  vers  le  N.-O.  le  contour  extérieur  du  foyer  sans  cesse 
menaçant  qui  existe  au-dessous  d'elle  dans  les  profondeurs  de 
la  terre.  Il  laisse  au  S.-E.,  à  10  kilomètres  de  distance,  la  Pointe- 
à-Pître,  ville  célèbre  par  les  désastres  que,  naguère  encore,  les 
tremblements  de  terre  lui  ont  fait  éprouver,  et  à  1 9  kilomètres  le 
volcan  détaché  de  la  Soufrière,  bien  connu  aujourd'hui  par  les 
savants  travaux  de  M.  Charles  Sainte-Claire-Deville.  Il  l'est  beau- 
coup mieux  que  le  large  massif  du  Sans-Touché,  dans  lequel 
passe  notre  cercle;  mais  on  peut  remarquer  que  celui-ci  s'en  dé- 
gage vers  l'ouest  par  la  Pointe-à-Lézard,  où  il  rase  l'extrémité 
septentrionale  de  l'anse  de  Bouillantes,  en  laissant,  à  moins  d'un 
kilomètre  dans  le  S.-E.,  les  sources  thermales  auxquelles  elle  doit 
son  nom.  Ces  sources  remarquables,  qui,  avec  leurs  jets  de  vapeur 


DE  LA  STRATIGRAPHIE   EN  FRANGE.  451 

comparables  aux  étuves  de  Néron,  peuvent  être  citées  comme  l'une 
des  manifestations  volcaniques  les  mieux  caractérisées  de  l'île  en- 
tière ,  sont  en  même  temps  un  des  repères  les  plus  nets  de  Xhéxa- 
tétraédrique  HaTTa. 

Dans  la  mer  des  Antilles,  au  delà  du  point  a  voisin  du  cap 
Godera ,  où  il  est  assujetti  à  passer,  notre  cercle  traverse  la  chaîne 
des  îles  Sous-le-Vent,  en  coupant  dans  sa  partie  occidentale  le 
groupe  d'îlots  de  Los  Roques,  et  il  va  aborder  la  côte  de  la  Terre 
ferme  au  fond  du  golfe  Triste,  un  peu  à  l'O.  de  Porto-Cabello. 

Passant  dans  les  montagnes  du  Barquisimento  et  approximative- 
ment par  la  ville  de  Truxillo,  notre  cercle  laisse  au  S.-E.  la  ville 
de  Santa-Fé  de  Bogota  et  suit  le  pied  N.-O.  de  la  Cordillère  orien- 
tale de  la  Nouvelle-Grenade.  Il  traverse  dans  leurs  parties  supé- 
rieures les  vallées  du  Rio-Magdalena  et  du  Rio-Cauca,  et  il  passe 
au  nœud  de  Los  Robles,  où  il  coupe,  à  l'O.  de  Popayan  et  au  pied 
de  la  haute  cime  située  à  la  naissance  du  Rio-Timbio  (citée  pré- 
cédemment, page  175),  le  dodécaédriqite  rhomboïdal  axe  volcanique 
du  Pacifique. 

Côtoyant  ensuite  obliquement  le  pied  des  Andes  de  Los  Pastos 
et  de  Quito,  notre  cercle  s'en  éloigne  peu  à  peu,  et,  passant  à  la 
base  méridionale  du  cap  de  San-Lorenzo,  au  nord  de  la  baie  de 
Guayaquil,  il  entre  dans  l'océan  Pacifique,  où  il  ne  rencontre  de 
longtemps  aucune  terre. 

Si  nous  revenons  maintenant  au  point  de  départ  pour  suivre 
vers  l'E.  le  cours  de  Y  hexatétraédrique  HaTTa,  nous  trouverons 
qu'au  delà  du  golfe  de  Gênes  il  aborde  la  côte  d'Italie  un  peu  au 
N.  de  l'embouchure  de  l'Arno.  Tracé  sur  la  belle  carte  géologique 
de  l'Italie  par  M.  H.  de  Collegno,  il  passe  un  peu  au  midi  de  Pise, 
puis  à  Vico-Pisano,  et  remonte  la  vallée  de  l'Arno  jusqu'à  Mon te- 
Lupo,  où  ce  fleuve  sort  du  terrain  de  macigno  nummulitique 
pour  entrer  dans  les  dépôts  pliocènes.  Notre  cercle  traverse  ensuite 
les  Apennins  en  tronquant  légèrement  la  pointe  septentrionale  de 
leur  noyau  jurassique,  et  en  sort  en  passant,  à  Colmazzo,  au  con- 

*9- 


452  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

fluent  du  Mercatello  et  de  la  rivière  d'Acqualagna.  Franchissant 
enfin  ia  zone  des  terrains  pliocènes  subapennins  du  littoral  adria- 
tique,  il  va  raser  au  nord  le  cap  jurassique  d'Ancône  et  couper  le 
primitif  de  l'Etna,  représentant  du  système  du  Ténare,  au  même 
point  que  son  homologue  Y  hexatétraédrique  HaTTa,  représentant  du 
système  de  l'Erymanthe  et  du  Mermoucha. 

Au  delà  de  l'Adriatique,  notre  cercle,  asujetti  à  passer  au  pointa 
au  sud  de  Nissa,  traverse  la  Dalmatie  et  la  Turquie  d'Europe  pour 
aller  couper  au  nord  de  Gonstantinople  la  partie  méridionale  de  la 
mer  Noire.  Parcourant  ensuite  l'Asie  Mineure  et  l'Arménie,  où  il 
rencontre  les  lacs  de  Van  et  d'Ourmiah,  puis  la  Perse,  où  il  passe 
approximativement  à  Téhéran,  il  entre  dans  l'Inde,  d'après  la  carte 
de  M.  Greenough,  par  le  Gundava  ou  Moola-Pass,  de  même  que 
le  primitif  du  Land's-End  y  entre,  ainsi  qu'on  l'a  vu  page  1&6,  en 
passant  approximativement  par  les  défdés  de  Bholun,  et  il  franchit 
l'Indus,  à  l'E.-N.-E.  du  lac  Munchur,  dans  une  des  inflexions  de 
son  cours. 

Cette  inflexion  est,  à  la  vérité,  peu  prononcée,  et  on  peut  tou- 
jours hésiter  sur  l'importance  à  attribuer,  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe,  à  une  inflexion  légère  d'une  vallée  aussi  évidemment  fa- 
çonnée par  les  courants  diluviens  que  l'est  celle  de  l'Indus  au-des- 
sous des  défilés  du  Salt-Range.  Mais  l'Indus  est  bordé  à  l'ouest,  sur 
1,100  kilomètres  de  longueur,  par  une  région  montagneuse  atte- 
nante à  l'Afghanistan  et  au  Bélouchistan  et  qu'on  pourrait  croire  mal 
connue.  Or,  parmi  les  cercles  du  réseau  pentagonal,  préalablement 
étudiés  en  Europe,  que  nous  avons  poursuivis  jusque  dans  l'Inde,  il 
en  est  quatre  qui  traversent  cette  région;  ce  sont,  en  allant  du  nord 
au  sud,  i°  le  diamétral  Dac  du  système  des  Pays-Bas,  qui  entre 
dans  les  plaines  subhimalayennes  par  leur  angle  N.-O.  (p.  hko)  en 
côtoyant  le  pied  du  Salt-Range;  9°  le  trapézoédrique  Tb  du  système 
du  Taira,  qui  rase  le  pied  méridional  du  mont  Takht-i-Suliman, 
élevé  de  3,910  mètres  (p.  629);  3°  \c  primitif  du  Land's-End,  qui 
passe  approximativement,  comme   ou   vient  de  le   rappeler,  aux 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  453 

défilés  de  Bholun  (p.  1 46),  et  h°  enfin  notre  hexalétraédique  H«TTa, 
qui  passe  au  défilé  du  Gundava  ou  Moola-Pass.  Chacun  des  quatre 
cercles  trouve  dans  cette  région  un  jalon,  et  un  jalon  des  plus  re- 
marquables, fait  d'où  l'on  peut  inférer  que  les  officiers  ou  autres 
agents  chargés  par  X Eastlndia  Company  de  recueillir,  pour  la  marche 
de  ses  armées,  les  documents  topographiques  communiqués  plus 
tard  à  M.  Greenough,  ont  rempli  leur  mission  avec  conscience  et 
discernement;  car  si,  pour  me  servir  d'une  expression  vulgaire, 
leurs  cartes  étaient  des  romans,  comment  quatre  cercles  du  réseau 
pentagonal  s'accorderaient-ils  pour  y  trouver  des  points  de  repère 
aussi  fortement  caractérisés? 

Ces  remarques  augmentent  ma  confiance  dans  la  valeur  des 
coïncidences  que  j'ai  signalées  entre  les  cercles  du  réseau  et  les 
traits  intérieurs  de  l'Himalaya.  La  carte  géologique  de  l'Inde  par 
M.  Greenough  n'est  pas  gravée  aussi  finement  que  sa  belle  carte 
géologique  de  l'Angleterre;  mais  toutes  les  épreuves  auquelles  je 
l'ai  soumise  me  portent  à  penser  que  la  topographie  en  est  très- 
bonne,  dans  ce  qu'elle  a  d'essentiel. 

Au  delà  de  l'indus,  notre  cercle,  traversant  les  déserts  du  Sinde 
et  coupant  la  rivière  Loony  un  peu  au-dessous  du  confluent  de  la 
rivière  Sookree,  tronque  légèrement  l'extrémité  S.-O.  de  la  chaîne 
appelée  Ooturen-Ra?ige,  prolongation  de  la  chaîne  d'Oravelly  :  il 
passe  au  confluent  des  rivières  Seepoo  et  Bunass,  entre  lesquelles 
expire  un  autre  rameau  du  même  système. 

Après  avoir  coupé  les  rivières  Saubermuttee  et  Hautinuttee, 
chacune  près  d'un  coude  prononcé  de  son  cours,  notre  cercle  entre 
dans  le  massif  du  Salamber-Range ,  où  il  s'ajuste  à  plusieurs  des 
traits  stratigraphiques  principaux  et  où  il  passe  la  rivière  Anass  à 
sa  sortie  d'un  défilé  granitique.  Plus  loin,  s'adaptant  au  cours  supé- 
rieur de  cette  rivière,  il  effleure  l'extrémité  occidentale  de  la  longue 
chaîne  trappéenne  appelée  Vindhya  Montains.  Il  franchit  la  rivière 
Nerbudda  un  peu  à  l'ouest  du  sommet  de  l'angle  rentrant  que  pré- 
sente le  contour  du  grand  massif  trappéen  de  l'Inde  centrale,  sur 


hM  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

lequel  il  va  passer  au  point  H  situé  dans  l'angle  formé  par  le  con- 
fluent des  rivières  Tapty  et  Poorna. 

Se  prolongeant  ensuite  sur  le  plateau  trappéen  du  Deccan,  où  il 
coupe  la  chaîne  des  Payen-Ghaut,  il  s'en  éloigne  par  la  vallée  de 
l'Arran,  dont  il  sort  par  le  confluent  de  cette  rivière  avec  la  Pain- 
Ganga,  qu'il  suit  elle-même  jusqu'à  une  inflexion  très-prononcée 
de  son  cours.  Passant  alors  dans  la  vallée  du  Godavery,  il  suit  le 
cours  de  ce  grand  fleuve  sur  une  longueur  de  /i5o  kilomètres,  en 
le  côtoyant  souvent  et  en  coupant  ses  sinuosités  en  cinq  points 
successifs.  Le  dernier  de  ces  points  d'intersection  est  l'extrémité 
de  la  principale  diramation  du  delta  dont  il  traverse  l'embouchure, 
dirigée  au  nord  par  les  courants  marins,  pour  entrer  dans  le  golfe 
du  Bengale  entre  les  ports  de  Caringa  et  de  Mazulipatam,  de  même 
qu'il  entre  en  France  entre  Nice  et  Antibes  en  coupant  l'embou- 
chure du  Var. 

On  a  vu  qu'il  passe  aussi,  au  moins  approximativement,  par  les 
embouchures  du  Minho  et  de  l'Arno,  et  on  se  rappelle  que  le  dodé- 
caédrique  rhomboïdal  axe  volcanique  de  la  Méditerranée  entre  lui- 
même  dans  le  golfe  du  Bengale  (p.  172)  par  les  bouches  réunies 
du  Gange  et  du  Brahmaputra.  Ce  phénomène,  est  fréquent  même 
dans  les  fleuves  qui  ont  un  delta,  et  il  démontre,  en  fait,  l'influence 
qu'exerce  la  symétrie  pentagonale  jusque  sur  les  phénomènes  géo- 
logiques le  plus  livrés  en  apparence  aux  caprices  du  hasard. 

Au  delà  du  golfe  du  Bengale,  Yheœatélraédrique  HaYTa,  se  diri- 
geant vers  le  point  a  situé  au  midi  de  Java,  où  il  est  assujetti  à 
passer,  parcourt  dans  toute  sa  longueur  l'île  de  Sumatra,  et  il  pa- 
raît s'adapter  assez  heureusement  à  quelques-unes  des  crêtes  mon- 
tagneuses que  les  cartes  y  figurent.  11  rase  à  l'est  la  base  du  nionl 
Ophir  ou  Berapi,  volcan  considérable  près  duquel  il  coupe  k  dô- 
décaédrique  régulier  du  cap  Gorrientes  et  de  Singapour.  (Voir  ci- 
dessus,  p.  79.) 

Sortant  de  Sumatra  au  nord  du  détroit  de  la  Sonde,  notre  cercle 
traverse  l'île  de  Java,  où,  d'après  la  carte  déjà  citée  de  M.  Léopold 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  455 

de  Buch,  ii  passe  au  volcan  de  Tilo,  situé  entre  les  deux  volcans 
plus  connus  de  Gede  et  de  Papandayang1. 

Traversant  ensuite  la  Nouvelle-Hollande,  la  Nouvelle-Zélande  et 
l'archipel  des  îles  Chatam,  notre  cercle  va  gagner  les  côtes  du 
Pérou  près  du  cap  San-Lorenzo.  Je  ne  puis  le  suivre  actuellement 
dans  tous  ces  parages,  mais  je  ferai  encore  à  son  occasion  une  der- 
nière remarque. 

Le  point  où  Yhexatétraédrique  HaTTa  coupe  l'équateur,  près  du 
volcan  de  Berapi,  est  l'antipode  de  celui  où  il  coupe  l'équateur 
sur  le  versant  occidental  des  Andes  de  Quito.  Les  antipodes  d'une 
partie  de  la  Cordillère  de  la  Nouvelle-Grenade  tombent  dans  l'île 
de  Sumatra.  Trois  des  cercles  que  nous  venons  d'étudier,  le  trapé- 
zoédrique  Tb  du  système  du  Tatra,  le  diamétral  Dac  du  svstème  des 
Pays-Bays  et  Yhexatétraédrique  HaTTa,  côtoient  la  Cordillère  de  la 
Nouvelle-Grenade,  comme  ils  côtoient,  en  les  traversant  longitudi- 
nalement,  l'île  de  Sumatra  et  le  détroit  de  Malaca.  Le  golfe  de 
Gayaquil,  échancrure  la  plus  profonde  et  presque  unique  de  la 
côte  occidentale  de  l'Amérique,  entre  les  îles  de  Chiloe  et  Panama, 
correspond  très-approximativement  au  détroit  de  Malaca.  On  a  vu 
ci-dessus,  page  182,  que  le  grand  volcan  de  Gunong-Dempo  est 
situé  presque  exactement  aux  antipodes  des  volcans  américains  de 
Sotara  et  de  Puracé.  Les  antipodes  de  la  Cordillère  de  la  Nouvelle- 
Grenade,  dessinés  sur  la  carte  de  l'île  de  Sumatra,  en  couvriraient 
la  partie  méridionale  et  la  prolongeraient  vers  le  S.-E.  L'île  de  Java 
est  presque  l'antipode  de  la  Cordillère  littorale  de  Venezuela,  à 
laquelle  M.  Léopold  de  Buch  la  compare  pour  la  structure  et  la 
composition  de  celles  de  ses  montagnes  qui  ne  sont  pas  volca- 
niques2. Il  y  aurait  une  étude  comparative  à  faire  de  ces  contrées 
diamétralement  opposées  sur  le  globe,  étude  dans  laquelle  nos 
trois  cercles  joueraient  un  rôle  important. 

1  Description  physique  des  îles  Cana-        traduite  de  l'allemand  par  M.  C.  Boulan- 
ries,  suivie  d'une  indication  des  principaux        ger,  p.  A27. 
volcans  du  globe,  par  M.  Le'opold  de  Buch ,  *  Ibid.  p.  h  17. 


456  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Sans  aborder  cette  étude,  je  consigne  seulement  ici  l'observa- 
tion suivante  :  Les  dentelures  que  présente  la  côte  d'Amérique  de 
part  et  d'autre  du  golfe  de  Guayaquil  sont  situées  dans  la  prolon- 
gation des  chaînes  de  la  Nouvelle-Grenade  ;  les  axes  de  ces  chaînes 
traversent  donc  les  Andes  de  Los  Pastos  et  de  Quito  sans  dévier 
de  leur  direction.  Ici,  comme  dans  les  Alpes  et  dans  l'Himalaya, 
les  directions  stratigraphiques  se  traversent  mutuellement  sans  se 
confondre.  On  peut  en  citer  beaucoup  d'autres  exemples  dans  les- 
quels on  voit  deux  directions  qui  se  croisent  poursuivre  l'une  et 
l'autre  leur  cours,  sans  déviation,  sur  des  étendues  considérables. 

Mais  cette  digression  m'éloigne  de  Xhexatétraédrique  HaTTa.  En 
résumé,  ce  grand  cercle,  jalonné  en  France  avec  une  grande  netteté , 
l'est  également  aux  Açores,  aux  Antilles,  dans  l'Inde,  à  Sumatra,  à 
Java,  etc.  En  voyant  en  outre  avec  quelle  précision  il  s'adapte  aux 
crêtes  montagneuses  de  certaines  contrées,  le  midi  des  Cévennes, 
les  Pyrénées  basques,  l'île  de  San-Miguel,  Sumatra,  etc.,  j'ai  peine 
à  croire  qu'il  ne  soit  pas  destiné  à  devenir  prochainement  le  grand 
cercle  de  comparaison  d'un  nouveau  système  de  montagnes. 

Primitif  du  Land's-End. 

Le  cercle  placé  au  vingt-neuvième  rang  dans  le  tableau  des 
1 83  intersections  est  le  primitif  du  Land's-End. 

Une  monographie  assez  étendue  de  ce  grand  cercle  a  été  donnée 
dans  le  cours  du  présent  Rapport,  page  ikk\  mais  il  y  a  été  dit 
qu'on  reviendrait  plus  tard  sur  les  circonstances  de  précision  avec 
lesquelles  il  traverse  le  nord  de  l'Allemagne  et  la  Belgique.  Le  mo- 
ment est  venu  de  combler  cette  lacune. 

Suivi  de  l'est  à  l'ouest  conformément  à  l'ordre  d'inscription  des 
intersections  dans  le  tableau,  le  primitif  du  Land's-End  aborde  le 
cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  par  le  côté  oriental.  Dans 
les  plaines  de  grès  bigarré  de  la  Hesse,  il  coupe  le  petit  massif  ba- 
saltique situé  entre  Schwarzenborn  et  Neukirchon,  et  traverse  au 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  457 

N.  de  Siegen  les  terrains  schisteux  de  la  Westphalie,  où.  il  s'a- 
dapte à  certaines  dispositions  hydrographiques  :  il  y  rencontre, 
sur  la  rive  gauche  de  l'Agger,  le  trapézoédrique  Ta  du  système  du 
Vercors. 

Passant  le  Rhin  un  peu  au-dessus  de  Cologne,  dont  il  effleure 
au  midi  les  ouvrages  de  fortification,  il  croise  à  l'ouest  de  cette 
ville  le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd,  et  il  va  tra- 
verser la  ville  de  Juliers,  où  il  franchit  la  Roër  à  2  kilomètres  au 
nord  du  confluent  de  la  rivière  de  Lamersdorf. 

Cheminant  sur  des  terrains  plats  formés  de  dépôts  récents,  il 
coupe  perpendiculairement,  dans  la  vallée  de  Heerlen,  Yhexatétraé- 
drique  Uaa,  et  traverse  la  Meuse  à  Recken,  à  2  kilomètres  au- 
dessous  du  contour  qu'elle -forme  au  confluent  de  la  rivière  de 
Fauquemont.  Il  coupe  ensuite  la  Dyle  à  3  kilomètres  au-dessous 
de  Louvain,  la  Senne  à  5  kilomètres  au  N.  de  Bruxelles,  l'Escaut 
au-dessous  d'Audenarde,  à  1  kilomètre  au  midi  du  confluent  de 
la  Sivalme,  la  Lys  au-dessous  de  Courtrai,  et,  comme  on  l'a  dit 
ci-dessus,  page  276,  il  rencontre  le  trapézoédrique  TI  du  système 
du  mont  Viso,  près  de  Roosebeke,  sur  le  saillant  N.-E.  d'un  plateau 
de  terrain  tertiaire  inférieur. 

Passant  au  N.  d'Ypres,  de  Cassel  et  de  Watten ,  notre  cercle  laisse 
au  S.  les  petites  montagnes  de  terrain  tertiaire  inférieur  qui  acci- 
dentent cette  partie  de  la  Flandre,  et,  cheminant  sur  des  plaines 
basses  formées  de  dépôts  modernes,  il  va  couper  dans  ses  parties 
les  plus  élevées  le  massif  crayeux  du  cap  Blanc-Nez.  Il  passe  ensuite 
à  Wissant,  où  il  entre  dans  le  Pas-de-Calais  par  la  plage  où,  d'après 
l'une  des  versions  accréditées,  César  s'embarqua  pour  la  conquête 
de  la  Grande-Bretagne,  et  il  rase  au  nord,  à  moins  de  1  kilomètre 
de  distance,  le  phare  du  cap  Gris-Nez,  qui  éclaire  l'ouverture  du 
détroit.  Ainsi  qu'on  l'a  vu  précédemment,  page  291,  il  ren- 
contre, en  entrant  dans  la  Manche,  le  diamétral  ])ac  du  système  du 
Forez. 

Vers  le  milieu  du  canal ,  il  rencontre  le  trapézoédrique  TTbbc  de 


458  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

l'Hécla,  et,  passant  devant  le  port  de  Hastings,  il  aborde  la  côte 
d'Angleterre  par  les  petites  falaises  wealdiennes  de  Pevensey-Haven. 

Construit  avec  précision  sur  la  belle  carte  géologique  de  l'An- 
gleterre par  M.  Greenough,  où  cette  opération  est  entravée  par 
l'omission  du  tracé  des  méridiens  et  des  parallèles,  le  primitif 
du  Land's-End  atteint,  à  Meiston,  les  collines  crayeuses  des  South- 
Downs,  qu'il  traverse  obliquement  en  laissant  Beachy-Head  à  1  o  ki- 
lomètres dans  le  sud. 

Passant  immédiatement  au  N.  de  Brighton,  il  chemine  sur  la 
plage  de  Shoreham,  traverse  le  dépôt  tertiaire  littoral  de  Middle- 
ton  et  de  Bognor,  et,  coupant  l'entrée  du  havre  de  Chichester,  il 
pénètre  dans  la  célèbre  rade  de  Spithead,  où  il  rase  les  pointes  de 
South-Castle  et  de  Gosport,  en  laissant  à  2  kilomètres  au  nord  la 
ville  et  l'arsenal  de  Portsmouth. 

Tronquant  ensuite  la  pointe  septentrionale  de  l'île  de  Wight, 
où  il  passe  dans  la  ville  d'East-Cowes,  et  traversant  le  Soient, 
dont  il  sort  par  la  rivière  de  Lymington ,  il  entre  sur  les  terrains 
tertiaires  du  Hampshire,  où  il  coupe,  à  Christchurch,  la  rivière 
Avon,  et,  près  du  havre  de  Poolc,  le  trapézoédrique  Tft  du  système 
de  la  Vendée.  Il  n'en  sort  que  pour  traverser  au  S.  de  Dorchester 
la  craie  des  South-Downs  et  pour  entrer  dans  la  Manche  à  l'extré- 
mité S.-E.  de  la  falaise  oolithique  de  Burton-Cliff.  Il  laisse  au  sud, 
à  une  distance  qui  ne  dépasse  pas  10  à  12  kilomètres,  la  ligne  de 
soulèvement  de  l'île  de  Wight,  de  l'île  de  Purbeck  et  du  Dorset- 
shire.  Dans  la  Manche,  où  il  rencontre  le  trapézoédrique  TIa  du 
système  du  Morbihan,  notre  cercle  passe  à  quelques  kilomètres 
au  large  de  Lyme-Regis,  mais  bientôt  il  retrouve  la  côte,  où  il 
coupe,  au  midi  d'Exeter,  les  embouchures  de  l'Otter  et  de  l'Exe, 
au  milieu  de  collines  de  marnes  irisées  et  de  grès  vert. 

Au  delà  de  ces  terrains  secondaires,  le  primitif  entre  un  peu  au 
nord  de  Chudleigh  dans  les  terrains  anciens  du  Devonshire,  où  il 
coupe  de  prime  abord  les  deux  branches  de  la  rivière  Teign, 
chacune  au  confluent  d'un  ruisseau.  Entre  les  deux  branches  de  la 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         459 

Teign,  il  passe  à  Hennock,  où  M.  Greenough  indique,  dans  les 
terrains  paléozoïques ,  des  mines  de  plomb  et  de  magnésie,  ainsi 
que  des  gisements  de  tourmaline  et  d'apatite  (chaux  phosphatée). 
Abordant  par  sa  saillie  la  plus  orientale  le  massif  granitique  du 
Dartmoor,  qu'il  traverse,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  page  \kk, 
à  peu  près  par  son  milieu,  ou,  pour  mieux  dire,  suivant  le  plus 
grand  diamètre  de  son  expansion  septentrionale,  il  en  sort  par  la 
sinuosité  rentrante  la  plus  prononcée  de  sa  limite  occidentale, 
sinuosité  dans  laquelle  pénètre  le  calcaire  devonien  qui  renferme 
les  mines  de  cuivre,  d'étain  et  de  plomb  de  Tavy.  Notre  cercle 
passe  entre  les  villages  de  Saint-Peter-Tavy  et  Saint-Mary-Tavy, 
au  milieu  des  signes  conventionnels  que  M.  Greenough  a  placés 
sur  sa  carte  pour  indiquer  les  gîtes  métallifères.  Ils  sont  tous  com- 
pris dans  une  sorte  de  bassin  formé  par  la  réunion  de  plusieurs 
vallons  convergents  qui  viennent  se  réunir  à  la  vallée  de  la  rivière 
Tavy,  tout  près  du  point  où  notre  cercle  la  traverse. 

Cette  rivière,  en  poursuivant  son  cours  vers  le  havre  de  Ply- 
mouth,  passe  bientôt  à  Tavistock,  ville  située  à  k  kilomètres  seu- 
lement au  S.  du  primitif  du  Land's-End,  et  bien  connue  par  les 
mines  de  cuivre  et  d'étain  qu'on  exploite  dans  son  voisinage.  Les 
mines  de  Tavistock  sont  ouvertes  sur  plusieurs  filons  dont  les 
directions  sont  parallèles  à  notre  cercle,  et  cette  direction  est  une 
de  celles  qui  se  rencontrent  le  plus  fréquemment  dans  les  filons 
métallifères  du  Devonshire  et  du  Cornouailles.  Elle  est  la  plus  fré- 
quente aussi  dans  les  Dykes  d'Elvan,  filons  de  roches  porphyriques 
et  quelquefois  granitoïdes  qui  se  montrent  en  grand  nombre  dans 
les  mêmes  régions  que  les  gisements  des  substances  métalliques. 
On  la  retrouve  également  dans  les  filons  ou  assises  interstratifiées 
de  trapp,  qui  abondent  dans  toute  la  presqu'île  et  même  dans  les 
couches  redressées  des  différentes  formations  paléozoïques  qui  y 
constituent  en  grande  partie  le  sol.  Ces  quatre  classes  de  directions 
s'infléchissent  souvent  suivant  plusieurs  orientations  très-diverses, 
mais  la  plus  fréquente  de  ces  orientations  est  celle  de  notre  primitif. 


460  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

On  en  voit  un  exemple  très-bien  développé  dans  la  région  qui 
s'étend  à  l'O.  des  gîtes  métallifères  de  Tavy.  Notre  cercle  s'y  avance 
au  milieu  de  lignes  trappéennes  qui  lui  sont  d'abord  parallèles  pour 
se  recourber  ensuite  autour  du  massif  granitique  du  Bodminmoor, 
et  c'est  avec  ce  cortège  qu'il  va  traverser  la  rivière  Thamar,  dont 
il  coupe  trois  fois  le  lit  dans  le  crochet  très-prononcé  qu'elle  forme 
au-dessous  du  confluent  de  l'Inny.  Le  primitif  remonte  ensuite  le 
cours  de  cette  dernière  rivière  dans  l'étendue  de  5  kilomètres, 
rencontrant  ainsi  au  centre  de  la  presqu'île  et  de  tous  ses  acci- 
dents géologiques  une  adaptation  hydrographique  des  mieux  ac- 
centuées. 

Poursuivant  son  cours  vers  l'ouest,  ce  même  cercle  traverse  à 
peu  près  par  son  milieu  la  masse  de  granité  du  Bodminmoor,  où 
il  entre  en  coupant  la  rivière  Lynher  près  du  confluent  d'un  ruis- 
seau, et  d'où  il  sort  en  franchissant,  à  1  kilomètre  au  nord  de  leur 
point  de  réunion,  la  rivière  Allen  et  l'un  de  ses  affluents.  Plus  loin, 
il  rentre  dans  le  terrain  schisteux  (killas),  où  existent  encore  des 
filons  d'elvan  et  des  bandes  trappéennes  dont  les  directions  lui 
sont  souvent  parallèles  ou  s'infléchissent  de  manière  à  le  devenir, 
à  peu  près  comme  le  font  les  affleurements  des  couches  carboni- 
fères de  la  Belgique  et  de  la  Flandre  par  rapport  au  diamétral  Dac 
du  système  des  Pays-Bas.  S'adaptant  enfin,  au  S.  de  Padstow,  au 
côté  méridional  de  la  vallée  de  l'Allen  élargie  par  les  marées,  le 
primitif  entre  dans  l'Océan,  comme  on  l'a  dit  précédemment, 
page  îliU,  en  coupant  la  côte  entre  les  pointes  de  Pencarn  et  de 
Trevose-Head. 

On  voit  que,  dans  les  parties  où  il  traverse  le  cadre  de  la  carte 
géologique  de  la  France,  le  primitif  du  Land's-End  est  jalonné, 
comme  il  l'est  dans  les  autres  parties  de  son  cours,  ainsi  qu'on  l'a- 
vait annoncé  page  i48,  par  beaucoup  de  points  remarquables.  Il 
l'est  avec  une  précision  qui  se  constate  d'autant  mieux  qu'on  em- 
ploie une  carte  plus  parfaite.  Nulle  part  cette  précision  n'est  plus 
manifeste  que  sur  la  belle  carte  géologique  de  l'Angleterre  par 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         461 

M.  Greenough,  carte  sur  laquelle  notre  cercle  est  représenté  avec 
une  exactitude  suffisante  par  une  ligne  droite,  tangente,  au  sud,  au 
signe  représentant  le  village  de  Hennock,  au  N.-O.  de  Chudleigh, 
et  coupant  par  son  milieu  le  signe  cuivre  (9)  placé  entre  la  ville 
de  Padstow  et  le  village  de  Little-Patrick.  Peut-être  la  précision 
serait-elle  plus  frappante  encore  sur  les  cartes  du  Geological  Survey; 
niais,  à  cause  de  la  projection  de  ces  dernières,  il  n'est  pas  facile  d'y 
tracer  un  cercle  avec  exactitude l. 

Dans  le  Devonshire  et  le  Cornouailles,  le  primitif  du  Land's-End 
est  parallèle  à  une  nombreuse  série  d'accidents  stratigraphiques 
déjà  signalés  ailleurs 2,  qui  probablement  font  partie  d'un  système 
de  montagnes  dont  il  serait  le  grand  cercle  de  comparaison. 

L'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  l'a  désigné 
sous  le  nom  de  Land's-End  Apscheron,  et  l'a  supposé  contemporain 
de  la  discordance  de  stratiGcation  constatée  par  sir  Henri  de  la 
Bêche  entre  le  vieux  grès  rouge  et  le  calcaire  carbonifère. 

Je  rappelle  de  nouveau  au  lecteur  que  le  paragraphe  qui  vient 
d'être  consacré  au  primitif  au  Land's-End  a  pour  objet  de  combler 
une  lacune  laissée  (page  1  kk)  dans  l'article  consacré  à  l'ensemble  de 
ce  grand  cercle,  article  dont  ce  qui  précède  corrobore  les  conclu- 
sions, qu'il  serait  inutile  de  répéter.  (Voir  page  1Û8.) 

Sur  tes  intersections  des  cercles  du  réseau  pentagonal  qui  tombent  dans  le  cadre 
de  la  carte  géologique  de  la  France. 

Le  primitif  du  Land's-End  est  le  vingt-neuvième  et  deruier  des 
cercles  auxquels  se  rapporte  le  tableau  des  i83  intersections3.  Ici 
se  termine,  par  conséquent,  la  série  des  monographies  partielles 
commencées  à  la  page  ihh  par  celle  de  Xoctaédriaue  du  mont  Sinaï 
(système  des  Pyrénées);  mais,  pour  compléter  l'étude  des  relations 

1  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  3  Comptes  rendus,  t.  LXII,  p.  1267, 

p.  io65.  séance  du  11  juin  1866,  et  t.  LXIII, 

*  Notice,  p.  329  et  334.  p.  6  9,  séances  des  9,  16,  2  3  juillet  1 866. 


462  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

existantes  entre  le  réseau  pentagonal  et  la  constitution  du  sol  de  la  France 
et  des  contrées  limitrophes,  il  reste  encore  à  ajouter  quelques  re- 
marques au  sujet  de  ces  points  d'intersection  ou  de  croisement, 
calculés  au  nombre  de  1 83,  qui  ont  fourni  les  moyens  de  construire 
les  29  cercles  du  réseau  pentagonal  dont  le  cours  a  été  figuré  et 
étudié  sur  la  carte  géologique  de  la  France. 

Je  ferai  observer  d'abord  que  douze  des  points  calculés,  tombant 
dans  les  parages  de  la  Corse,  mais  en  dehors  du  cadre  supplémen- 
taire qui  renferme  cette  île,  n'ont  pu  être  marqués  sur  la  carte 
géologique  de  la  France.  Ils  n'ont  cependant  pas  été  calculés  en 
pure  perte,  car  ils  ont  été  construits  sur  les  meilleures  cartes  de 
la  mer  Tyrrhénienne  et  des  côtes  d'Italie,  et  ont  servi  à  y  tracer 
les  cercles  du  réseau  qui  les  traversent  et  dont  le  cours  a  été  décrit 
ci-dessus. 

Les  intersections  dont  les  positions  ont  pu  être  figurées  sont 
donc  seulement  au  nombre  de  171,  et  elles  n'ont  même  pas  donné 
171  points  réellement  différents,  parce  qu'un  certain  nombre  de 
ces  intersections  se  sont  réunies,  3à  3,  6  à  6,  10a  10,  en  un 
seul  et  même  point. 

Le  calcul  a  donné  en  effet,  comme  le  montre  le  tableau,  dans 
chacun  des  cas  dont  il  s'agit,  pour  plusieurs  intersections  inscrites 
l'une  à  la  suite  de  l'autre,  des  latitudes,  des  longitudes  et  des 
orientations  qui  ne  différaient  que  dans  les  centièmes  ou  tout 
au  plus  dans  les  dixièmes  de  seconde,  c'est-à-dire  de  quantités 
dont  on  ne  peut  répondre  dans  les  calculs  exécutés  avec  les  tables 
de  logarithmes  à  sept  décimales,  qui  ont  été  employées.  Des  jalons 
placés  sur  le  terrain  d'après  les  chiffres  obtenus  ne  seraient  éloi- 
gnés que  de  quelques  mètres.  Les  cercles  qui  donnent  ces  intersec- 
tions ne  paraissent  se  couper  en  des  points  différents  que  par  suite 
de  l'imperfection  inévitable  du  calcul  logarithmique.  Ils  se  ren- 
contrent sans  aucun  doute  en  un  seul  et  même  point;  mais  ce  point 
représente  plusieurs  intersections  réunies. 

Lorsque  trois  cercles  se  coupent  en  des  points  très-voisins,  ils 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  463 

constituent  un  petit  triangle  dont  les  trois  sommets  forment  chacun 
une  intersection  distincte;  mais,  si  on  suppose  que  les  cercles  se  res- 
serrent et  que  les  côtés  du  triangle  deviennent  nuls,  les  trois  inter- 
sections se  confondent. 

Lorsque  quatre  cercles  se  coupent,  ils  forment  quatre  triangles 
ayant  en  tout  douze  sommets  dont  chacun  appartient  à  deux  triangles, 
ce  qui  donne  seulement  six  intersections  distinctes  qui  se  confondent 
toutes  ensemble  lorsque ,  par  un  mouvement  de  concentration  des 
cercles,  les  côtés  des  triangles  deviennent  nuls. 

Lorsque  cinq  cercles  se  coupent,  ils  forment  dix  triangles  ayant 
en  tout  trente  sommets  appartenant  chacun  à  trois  triangles,  ce  qui 
donne  dix  intersections  distinctes  qui  se  réunissent  en  un  même 
point  quand  les  côtés  des  triangles  deviennent  nuls  par  l'effet  d'un 
petit  mouvement  des  cercles. 

Les  171  intersections  construites  sur  la  carte  géologique  de  la 
France  donnent  : 

ii3  points  de  croisement  simples,  où  passent  seulement  deux 
cercles; 

12  points  de  croisement  triples,  où  passent  trois  cercles; 
2  points  de  croisement  quadruples,  où  passent  quatre  cercles; 
Et  1  point  de  croisement  quintuple,  où  cinq  cercles  différents  se 
rencontrent. 

Je  ferai  remarquer  d'abord  que  les  nombres  et  l'espèce  de  clas- 
sification qui  viennent  d'être  donnés  ont  un  caractère  essentielle- 
ment provisoire.  Si  aux  2  9  cercles  étudiés  sur  la  carte  géologique 
de  la  France  on  en  ajoutait  un  3oe,  puis  un  3ie,  un  32e,  etc., 
ce  qui  arrivera  probablement  plus  ou  moins  prochainement,  le 
nombre  des  intersections  augmenterait,  en  thèse  générale,  et  il 
arriverait  le  plus  souvent  que  certaines  intersections  simples  de- 
viendraient des  points  de  croisement  triples,  quadruples,  quin- 
tuples, etc. 

On  comprend  qu'en  parlant  d'un  3oe,  d'un  3ie,  d'un  32e  cercle, 
je  fais  allusion  à  la  découverte  possible  et  même  probable,  dans  la 


m  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

France  elle-même,  de  nouveaux  cercles  réalisés  par  la  nature  et 
jalonnés  par  les  phénomènes  naturels  comme  les  vingt-neuf  cercles 
qui  ont  été  étudiés  précédemment;  car  il  ne  suffit  pas  de  tracer 
une  ligne  droite  sur  la  carte  du  pentagone  européen  pour  ajouter 
un  nouveau  terme  à  la  série  des  phénomènes  géologiques.  On  pro- 
posera infailliblement  l'adoption  de  nouveaux  cercles,  et  l'auteur 
même  de  ce  Rapport  n'a  aucune  raison  pour  dissimuler  qu'il  en  a 
quelques-uns  en  vue  dont  il  a  le  projet  de  faire  l'essai.  Ceux  qui 
proposeront  ces  nouveaux  cercles  auront  à  les  légitimer  en  mon- 
trant que  la  nature  les  avait  jalonnés  à  l'avance,  et  pour  cela  il  n'y 
aura  pas  de  moyen  plus  simple  à  employer  que  celui  que  nous 
avons  suivi  :  tracer  le  cercle  rigoureusement  sur  les  meilleures 
cartes  possible. 

Ce  que  je  vais  dire  se  rapporte  donc  uniquement  au  réseau  pen- 
tagonal  dans  sa  composition  actuelle  et  aussi  dans  son  installation 
provisoire  actuelle  sur  la  surface  du  globe  (voir  ci-dessus,  pages  59 
et  60).  Il  s'agit  d'examiner,  dans  ce  cas  particulier,  d'une  part  les 
positions  occupées  dans  le  réseau  pentagonal  par  les  points  de 
croisement  des  vingt-neuf  cercles  étudiés,  qui  sont,  ainsi  qu'on  vient 
de  le  rappeler,  vingt-neuf  lignes  naturelles  jalonnées  par  les  acci- 
dents orographiques,  hydrographiques  et  géologiques,  et  d'autre 
part  les  situations  dans  lesquelles  se  trouvent  ces  points  de  croise- 
ment par  rapport  à  l'ensemble  du  relief  et  de  la  structure  géolo- 
gique du  sol.  Il  s'agit  ici,  comme  on  va  le  voir,  de  connexions  très- 
étendues  et  très-intimes  qui  contribuent  à  dévoiler  une  connivence 
secrète  entre  les  causes  qui  ont  produit  le  réseau  pentagonal  et 
celles  qui  ont  façonné  le  sol. 

Je  n'ajouterai  cependant  rien,  en  ce  moment,  à  ce  qui  a  été  dit 
dans  le  cours  de  ce  Rapport,  au  fur  et  à  mesure  de  l'étude  des 
cercles  qui  s'y  rencontrent,  relativement  aux  ii3  points  d'inter- 
section simples,  mais  les  points  de  croisements  multiples,  au 
nombre  de  i5,  méritent  de  devenir  l'objet  de  quelques  observa- 
tions. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.        465 

Les  1 5  points  de  croisement  multiples  actuels  concentrent  en 
tout  58  croisements  simples  (3. 12  — f—  2 . 6  — f-  1 0  =:  58),  et  il  s'agit 
de  voir  premièrement  où  tombent  ces  concentrations. 

Sur  ces  i5  points  de  croisement  multiples,  7,  réunissant  3i  in- 
tersections simples,  plus  de  la  moitié  du  total,  tombent  sur  les 
quatre  grands  cercles  principaux  du  réseau  qui  traversent  le  cadre 
de  la  carte  géologique  de  la  France;  3,  renfermant  9  intersections 
simples,  tombent  sur  des  bissecteurs  DH,  qui  sont  encore  des  cercles 
d'un  rang  élevé  dans  la  hiérarchie  pentagonale;  6  seulement,  con- 
tenant 18  intersections  simples,  sont  uniquement  produits  par  des 
cercles  d'un  ordre  inférieur.  L'un  des  points  de  croisement  placés 
sur  des  bissecteurs  se  trouve  en  même  temps  sur  un  cercle  principal, 
et  est  compté  deux  fois,  ce  qui  fait  que  l'énumération  que  je  viens 
de  faire  contient  61  intersections  simples  (3i  -+-  9  -f-  21  =  61), 
tandis  que  les  i5  points  multiples  n'en  renferment  réellement 
que  58. 

Deux  des  1 5  points  multiples  contenus  dans  le  cadre  de  la  carte 
géologique  de  la  France  se  trouvent  sur  le  primitif  de  la  Nouvelle- 
Zemble,  représentant  du  système  du  Rhin  :  l'un  près  de  Gagnes, 
non  loin  de  l'embouchure  du  Var;  l'autre  au  pied  septentrional  du 
col  de  Tende,  au  S.-S.-O.  de  Coni.  Ils  ont  été  signalés  précédem- 
ment, le  premier  aux  pages  272,  3 20,  38/i,  et  le  second  aux  pages 
253,  280,  320  :  on  a  pu  y  voir  avec  quel  bonheur  les  rayons  de 
ces  deux  éloiles  stratigraphiques  s'adaptent  aux  accidents  orogra- 
phiques et  géologiques  de  la. contrée  environnante.  Le  piimitif  de 
la  Nouvelle-Zemble  surtout,  qui  est  un  rayon  commun  aux  deux 
étoiles,  coupe  les  Alpes  maritimes  suivant  une  ligne  remarquable 
par  les  différences  que  présentent  les  deux  segments  qu'elle  sépare. 
Les  deux  points  de  croisement  situés  à  Cagues  et  au  pied  du  col 
de  Tende  participent  à  ce  que  présente  de  spécial  la  position  du 
grand  cercle  primitif  qui  les  contient,  tandis  que  la  situation  du 
premier  au  fond  du  petit  golfe  qui  reçoit  les  eaux  du  Var,  et  celle 
du  second  au  fond  de  l'amphithéâtre  montagneux  dans  lequel  s'a- 

Slratigraphie.  3o 


/iCG  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

vancent  au  S.-S.-O.  de  Coni  les  terrains  modernes  du  Piémont, 
sont  en  rapport  avec  deux  des  traits  les  plus  remarquables  de  ce 
pays  profondément  accidenté. 

Ces  deux  points,  situés  à  70  kilomètres  l'un  de  l'autre,  enserrent 
dans  sa  partie  la  plus  étroite  le  massif  compliqué  des  Alpes  mari- 
times, où  se  pénètrent  les  directions  de  plusieurs  systèmes  de  mon- 
tagnes. Si  les  cercles  qui  s'y  croisent  s'écartaient  légèrement  de 
leur  position  normale,  les  neuf  intersections  simples  qui  s'y  trouvent 
réunies  se  sépareraient,  et  une  région  peu  étendue  s'en  trouverait 
constellée  avec  profusion.  La  concentration  des  neuf  intersections 
simples  en  deux  points  de  croisement  multiples  établit  un  rapport 
de  plus  avec  la  structure  de  la  contrée;  car,  lorsque  six  intersections 
simples  se  réunissent,  comme  à  Gagnes,  en  un  seul  et  même  point, 
ce  point  de  croisement  a  une  valeur  supérieure  à  six  fois  celle  d'une 
intersection  simple. 

Le  point  de  croisement  de  Cagnes  a,  en  outre,  l'heureuse 
chance  de  coïncider  sensiblement  avec  celui  que  M.  le  comte  de 
Villeneuve  a  choisi,  dans  sa  belle  carte  géologique  du  départe- 
ment du  Var,  pour  y  placer  la  rose  des  orientations  strati graphiques 
qu'il  a  signalées  en  Provence,  et  dont  plusieurs  coïncident  sensible- 
ment avec  celles  des  cercles  du  réseau  pentagonal  qui  se  croisent 
à  Gagnes1. 

Trois  des  quinze  points  de  croisement  multiples  renfermés  dans 
le  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  se  trouvent  sur  le 
primitif  de  Lisbonne,  savoir:  le  point  T  à  l'O.-N.-O.  de  Burgos,  le 
point  de  croisement  triple  situé  à  Beaumont-la-Ferrière  (p.  25 1, 
292  et  366)  et  le  point  de  croisement  triple  situé  près  de  l'Isle 
(p.  268,  339  et  365).  Ces  trois  points  réunissent  en  tout  seize  in- 

1  Voir  l'ouvrage  de  M.  le  comte  H.  de  Rapport,  p.  h  ,  renferme  une  foule  de  don- 

Villeneuve-Flayosc ,  ingénieur  en  chef  des  nées  précieuses  sur  l'orographie  et  la  slra- 

mines,  intitulé  Description  minéralogique  tigraphie  de  la  Provence,  sur  les  helles 

et  géologique  du  Var.  Cet  important  ou-  sources  de  celle  contrée,  etc. 
vrage,  déjà  cité  au  commencement  de  ce 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  467 

tersections  simples.  Je  ne  puis  donner  ici  de  détails  précis  au  sujet 
du  point  T  de  l'Espagne  qui  tombe  dans  la  partie  de  la  carte  géo- 
logique de  la  France  qu'on  a  dû  sacrifier  pour  y  placer  les  légendes, 
et,  quant  aux  deux  croisements  triples  qui  sont  voisins  du  Morvan, 
j'aurai  à  y  revenir  plus  tard. 

Un  seul  des  points  de  croisement  multiples  renfermés  dans  le 
cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France  tombe  sur  le  grand 
cercle  primitif  du  Land's-End.  C'est  le  point  a  voisin  du  Cor- 
nouailles.  Ce  point,  où  le  primitif  et  Yoctaédriqae  du  Mulehacen  se 
coupent  à  angle  droit,  tombe  dans  la  mer  en  dehors  de  la  côte  N.-O. 
du  Cornouailles,  mais  les  trois  rayons  qui  en  partent  s'adaptent 
à  cette  presqu'île  avec  une  remarquable  précision.  Le  primitif  du 
Land's-End,  ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus,  pages  \Uh  et  658 ,  en 
forme  l'axe  principal.  Loctaédrique  du  Mulehacen  rase  presque  exac- 
tement les  rochers  qui  supportent  le  phare  des  Longships1  et  qui 
sont  l'extrémité  occidentale  du  massif  granitique  du  Land's-End 
(p.  118).  Enfin  Yhexatétraédrique  Rbaab  de  Nontron  coupe  la  pointe 
du  Cornouailles,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  page  2 63,  de  ma- 
nière à  en  sortir,  à  un  kilomètre  près,  par  le  cap  Lizard.  Il  est 
fort  probable  que,  pour  représenter  quelques-uns  des  systèmes  de 
montagnes  ou  des  lignes  de  points  remarquables  qu'une  étude  at- 
tentive fera  découvrir  dans  les  Iles  Britanniques,  on  sera  conduit 
à  employer  des  cercles  passant  au  point  a,  qui  deviendra  alors  tout 
au  moins  un  point  de  croisement  quadruple  ou  quintuple.  En  tout 
état  de  cause,  la  position  de  ce  point  près  de  l'extrémité  S.-O.  de 
la  Grande-Bretagne  est  des  plus  remarquables. 

Trois  de  nos  quinze  points  de  croisement  multiples  tombent  sur 
ïoctaédrique  du  Mulehacen,  qui  suit  le  côté  occidental  du  cadre  de 
la  carte  géologique  de  la  France  :  ce  sont  le  point  T  de  l'Espagne 
et  le  point  a  du  Cornouailles,  auxquels  se  joint  le  point  où  le  bis- 
secteur DH  de  Belle-Ile  et  le  diagonal  \b  du  système  du  mont  Serrât 

1  Notice,  p.  1 177. 

io. 


468  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

se  coupent  mutuellement  sur  ïoctaédrique.  Je  n'ai  rien  à  ajouter  à 
ce  qui  a  été  dit  dans  les  pages  précédentes  au  sujet  des  deux  pre- 
miers points,  et  quant  au  troisième,  qui  tombe  dans  le  golfe  de 
Gascogne  à  plus  de  1  oo  kilomètres  au  large  des  côtes  de  Bretagne, 
je  ne  vois  pas  qu'il  puisse  donner  lieu,  pour  le  moment,  à  aucune 
remarque  particulière. 

Ces  trois  points  de  croisement  réunissent  seize  intersections 
simples.  Je  passe  aux  points  de  croisement  multiples  qui  tombent 
sur  les  bissecteurs  DH. 

Deux  de  ces  quinze  points  tombent  sur  le  bissecteur  DH  de 
Belle-Ile  :  ce  sont  le  point  de  croisement  triple  qui  vient  d'être 
signalé  au  large  des  côtes  de  Bretagne  et  le  point  de  croisement 
triple  mentionné  aux  pages  3oo,  337  e^  ^89,  comme  placé  sur  la 
crête  schisteuse  qui  sépare  la  vallée  de  la  Sure  de  celle  de  l'Attert 
et  qui  est  la  plus  méridionale  des  crêtes  de  l'Ardenne. 

L'Ardenne  est  presque  séparée  de  l'Eifel  par  une  série  de  lam- 
beaux de  grès  bigarré  qui  s'étendent  de  Trêves  à  Gemund,  et,  con- 
sidérée isolément,  cette  région  montagneuse  présente  grossière- 
ment la  forme  d'un  croissant  qui  embrasse  le  Condros  et  qui  tourne 
sa  convexité  vers  le  S.-E.  C'est  sur  cette  convexité,  et  presque  à 
égale  distance  des  deux  pointes  du  croissant,  que  tombe  le  point 
de  croisement  triple  qui  nous  occupe. 

Ce  point  et  le  croisement  triple  du  golfe  de  Gascogne  réunissent 
six  intersections  simples. 

Le  bissecteur  DH  du  système  du  mont  Seny  ne  rencontre,  dans 
l'étendue  du  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France,  qu'un  seul 
point  de  croisement  multiple  :  c'est  le  croisement  triple  mentionné 
aux  pages  266,  35 1  et  Au  7,  comme  placé  sur  la  montagne  schis- 
teuse située  au  N.-N.-O.  de  Saint-Chinian  (Hérault).  La  crête  de 
terrain  schisteux  qui  domine  cette  ville  vers  le  nord  est  la  plus 
avancée  au  midi  des  masses  de  roches  anciennes  du  département 
de  l'Hérault  et  même  de  tout  le  centre  de  la  France.  Le  point  de 
croisement  triple  que  nous  considérons  tombe  donc  dans  une  po- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EIS   FRANCE.  461) 

sition  remarquable  et  assez  analogue  à  celle  du  point  précédent, 
sur  la  crête  la  plus  méridionale  de  l'Ardenne. 

Sur  les  quinze  points  de  croisement  multiples  que  renferme  le 
cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France,  six  nous  restent  encore 
à  considérer  :  ce  sont  ceux  qui  sont  situés  dans  le  voisinage  de 
Barfleur,  de  Saint-Marcel  près  Noroy,  du  mont  Poupet,  des 
Echelles,  de  Saint-Gels  près  de  Gajarc,  et  des  Bruyères  près  de 
Saint-Parise-en-Viry.  Aucun  d'eux  ne  se  trouve  sur  un  grand  cercle 
principal  ni  sur  un  bissecteur. 

Un  croisement  triple  formé  par  les  cercles  Tïa  (Morbihan),  Tb 
(Vendée),  Dac  (Pays-Bas),  tombe  dans  la  Manche,  ainsi  qu'on  l'a 
vu  aux  pages  2  5o,  284  et  436 ,  à  1 5  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  Bar- 
fleur.  Le  trapézoédrique  Tïa  reste  éloigné  de  la  masse  granitique  de 
Barfleur  dont  on  pourrait  seulement  le  soupçonner  de  raser  exté- 
rieurement l'extension  sous-marine;  mais  les  deux  autres  cercles 
s'adaptent  avec  une  remarquable  précision  à  la  structure  du  Go- 
tentin.  Le  trapézoédrique  Tb  (système  de  la  Vendée)  rase,  à  3  kilo- 
mètres de  distance  (p.  286),  la  côte  granitique  de  Barfleur  et  les 
îles  Saint-Marcouf;  le  diamétral  Dac  (système  des  Pays-Bas)  rase, 
à  2  kilomètres  de  distance  (p.  43 7),  les  falaises  syénitiques  du  cap 
de  la  Hague,  et  il  effleure  ensuite  les  rochers  granitiques  de  l'île 
d'Aurigny,  par  la  pointe  S.-O.  de  laquelle  il  sort  des  terres  eu- 
ropéennes. Si  on  pouvait  restaurer  ces  différentes  falaises,  en  leur 
restituant  ce  que  la  fureur  des  vagues  leur  a  enlevé,  et  les  rétablir 
dans  l'état  où  elles  se  trouvaient  lorsque  la  surface  du  globe  a  pris 
son  assiette  actuelle,  elles  seraient  bien  près  de  se  trouver  en 
contact  avec  les  deux  côtés  de  l'angle  dans  lequel  elles  semblent 
avoir  été  destinées  à  se  trouver  inscrites. 

Un  des  cinq  derniers  points  de  croisement  multiples  tombe 
(p.  3oi,  354  et  373)  à  Saint-Marcel,  sur  les  coteaux  jurassiques 
de  !Noroy-lez-Jussey  (Haute-Saône),  où  il  est  produit  parla  rencontre 
simultanée  de  Yhexatétraédriqae  Haa,  du  diamétral  Dac  (système  de 
la  Côte-d'Or)  et  du  trapézoédrique  Te  (système  du  Hundsruck).  Ce 


/i70  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

point  est  remarquable  par  la  position  en  quelque  sorte  straté- 
gique qu'il  occupe  relativement  aux  Vosges,  dont  Xhexatétraédrique 
Uaa  limite  à  peu  près  la  zone  d'influence,  tandis  que  le  diamétral 
X)ac  s'applique  à  leur  contour  extérieur,  et  le  trapézoédrique  Te  à 
plusieurs  des  accidents  les  plus  fortement  accentués  de  leur  struc- 
ture intérieure. 

Un  autre  point  de  croisement  multiple  tombe  (p.  278,  3oi  et 
A21)  à  Aiglepierre,  au  pied  occidental  du  mont  Poupet,  en  un 
point  doublement  caractérisé  comme  étant  le  sommet  de  l'angle 
obtus  que  présente,  vers  le  N.-O.,  le  contour  extérieur  du  Jura  et 
en  même  temps  l'extrémité  d'un  petit  golfe  que  forme,  dans  le 
massif  jurassique,  le  bassin  de  la  Bresse.  Ce  croisement  résulte  de  la 
rencontre  simultanée  de  Yhexatélraédrique  Haa,  du  trapézoédrique  TI 
(système  du  mont  Viso)  et  du  trapézoédrique  Tb  (système  du  Tafra). 
Les  rôles  remarquables  que  jouent  ces  trois  cercles  dans  l'intérieur 
du  Jura  ont  été  suffisamment  expliqués  aux  articles  qui  les  con- 
cernent; mais  c'est  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  que  le  massif  si 
complexe  du  Jura,  considéré  dans  son  ensemble,  présente  grossiè- 
rement, de  même  que  l'Ardenne,  la  forme  d'un  croissant,  et  que  le 
point  de  croisement  triple  d'Aiglepierre  s'est  placé  sur  la  convexité 
de  ce  croissant  et  presque  à  égale  distance  de  ses  deux  pointes. 

Un  nouveau  point  de  croisement  triple  tombe  (p.  2  52,  270  et 
802),  au  N.-E.  des  Ecbelles  (Savoie),  sur  une  crête  calcaire  dé- 
pendante des  Alpes,  en  un  lieu  où  s'opère  une  diramation  dans  la 
direction  des  couebes,  dont  les  unes  continuent  leur  cours  vers  le 
N.  260  E.  à  peu  près,  pour  former  le  bord  du  massif  alpin,  tandis 
que  les  autres  s'inflécliissent  au  N.  pour  se  diriger  vers  le  Jura.  C'est 
comme  le  point  de  suture  du  Jura  et  des  Alpes  et  le  nœud  de  la 
structure  stratigraphique  de  la  contrée.  Le  croisement  qui  a  élu 
domicile  en  ce  point,  si  fortement  caractérisé,  résulte  de  la  ren- 
contre simultanée  du  trapézoédrique  TIa  (système  du  Morbihan),  du 
trapézoédrique  TThbc  (llécla)  et  àçYhewatétraédrique  Uaa.  Les  rôles 
que  jouenl  ces  I rois  cercles  dans  les  contrées  circoiivoisiues  oui  é(é 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  471 

expliqués  en  détail  aux  articles  qui  les  concernent.  Je  ferai  remarquer 
seulement  que  Yhexatélraedrique  Haa  concourt,  dans  la  partie  orien- 
tale de  la  France ,  à  quatre  croisements  triples  situés  dans  la  partie 
méridionale  de  l'Ardenne,  à  Saint-Marcel  près  Norov,  à  Aiglepierre 
près  du  mont  Poupet,  et  à  la  bifurcation  du  Jura  et  des  Alpes  près 
des  Echelles.  Cette  circonstance  contribue  à  produire  l'harmonie 
qui  existe  entre  la  position  de  Yhexatélraedrique  Haa  et  la  structure 
orographique  et  géologique  de  nos  départements  de  l'Est. 

Je  dois  aussi  mentionner  un  point  de  croisement  multiple  qui 
tombe  (p.  2Ô5,  286  et  3fti),  dans  le  département  du  Lot,  à  Saint- 
Cels,  au  N.-N.-O.  de  Cajarc.  Il  est  produit  par  la  rencontre  simul- 
tanée de  Yhexatélraedrique  Wbaab  de  Nontron,  du  trapézoédrique  Tb 
(système  de  la  Vendée)  et  du  trapézoédrique  T abc  (système  du  Long- 
mynd).  La  localité  de  Saint-Cels,  où  est  situé  ce  croisement,  se 
trouve  sur  un  plateau  de  l'étage  jurassique  moyen,  où  rien  n'attire 
l'attention;  mais  elle  est  placée  à  peu  près  au  centre  de  la  cour- 
bure que  subit  la  ceinture  jurassique  incomplète  du  bassin  de  la 
Gascogne,  pour  se  replier  dans  la  direction  S.-S.-O.  et  aller  expirer 
aux  environs  de  Bruniquel,  non  loin  des  bords  de  l'Aveyron.  Sous 
ce  rapport,  la  localité  de  Saint-Gels  occupe  une  des  positions  les 
plus  remarquables  de  tout  le  bassin  du  S.-O.  de  la  France,  et  le 
hasard,  s'il  était  pour  quelque  chose  dans  les  faits  de  ce  genre, 
n'aurait  pu  mieux  partager  le  point  de  croisement  qui  nous  oc- 
cupe; mais,  dans  ce  cas,  le  hasard  aurait  fait,  comme  on  va  le  voir, 
quelque  chose  de  beaucoup  plus  étonnant  encore. 

11  me  reste  encore  à  parler  d'un  point  de  croisement  important, 
l'intersection  quadruple  qui  tombe  (p.  2  0,3,  33g,  3  75  et  kiU), 
dans  le  département  de  l'Allier,  aux  Bruyères,  près  de  Saint- 
Parise-en-Viry.  Mais  celui-ci  fait  partie  d'une  sorte  de  pléiade  qui 
réclame  une  attention  particulière. 

J'ai  renvoyé  au  paragraphe  actuel  les  deux  croisements  triples 
qui  existent  sur  le  primitif  de  Lisbonne,  l'un  près  de  l'Isle  (Yonne), 
l'autre  près  de  Beaumont-la-Ferrière  (Nièvre).  Ces  deux  croisements 


472  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

triples,  de  même  que  le  croisement  quadruple  des  Bruyères,  sont 
en  rapport  direct  avec  le  Morvan,  ce  qui  établit  un  lien  commun 
entre  les  trois  croisements  et  devait  conduire  à  en  parler  simulta- 
nément. 

Le  premier,  celui  de  l'Isle,  résulte,  comme  on  l'a  déjà  vu  (p.  268 , 
339  et  365),  de  la  rencontre  simultanée  du  primitif  de  Lisbonne, 
du  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla  et  du  trapézoédrique  Tabc  du 
système  du  Longmynd.  Le  primitif  de  Lisbonne  est  tangent  à 
l'extrémité  N.-O.  des  granités  du  Morvan  et  représente  le  front 
N.-O.  de  ce  massif  montagneux;  les  deux  autres  grands  cercles 
s'adaptent  aux  formes  de  son  contour  et  de  son  intérieur. 

Le  second  croisement  triple,  celui  de  Beaumont-la-Ferrière, 
résulte,  comme  on  l'a  déjà  vu  (p.  a5i,  292  et  366),  de  la  ren- 
contre simultanée  du  primitif  de  Lisbonne,  du  diamétral  Dac  du 
système  du  Forez  et  du  trapézoédrique  T\a  du  système  du  Morbihan. 
Le  premier  de  ces  grands  cercles  représente ,  comme  on  vient  de  le 
rappeler,  le  front  N.-O.  du  Morvan;  le  second  est  très-sensiblement 
parallèle  à  la  face  O.-S.-O.  de  ce  groupe  montagneux,  et  le  troisième 
s'adapte  à  la  terminaison  S.-O.  des  porphyres,  qui  jouent  un  rôle 
considérable  dans  la  partie  méridionale  du  Morvan. 

Enfin  le  croisement  quadruple  des  Bruyères,  résultant  de  la 
rencontre  simultanée  du  diamétral  Dac  du  système  du  Forez,  du 
trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd,  du  trapézoédrique  Te 
du  système  du  Hundsriïck  et  du  trapézoédrique  Tb  du  système  du 
Tatra,  complète  l'investissement  du  Morvan.  Parmi  ces  quatre  grands 
cercles,  le  premier,  comme  on  vient  de  le  dire,  est  très-sensiblement 
parallèle  à  sa  face  O.-S.-O.;  le  second  s'adapte,  comme  on  vient 
également  de  le  rappeler,  à  des  traits  importants  de  son  intérieur  et 
de  son  contour;  le  troisième  Te  passe,  comme  on  l'a  vu  page  376, 
tout  près  de  la  montagne  porphyrique  du  Toureau-dcs-Grands-Bois, 
la  plus  haute  de  tout  le  groupe  montagneux,  et  le  quatrième  Tb 
effleure,  du  côté  méridional,  comme  on  l'a  dit  page  Û2  3,  le  massif 
des  porphyres  et  des  granités  porphyroïdes  du  Morvan. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  473 

Les  sept  grands  cercles  qui  se  rencontrent  aux  trois  points  de 
croisement  multiples  qui  nous  occupent  s'adaptent  tous  à  quelque 
trait  plus  ou  moins  remarquable  du  Morvan,  et  ils  l'encadrent  avec 
une  étonnante  précision.  Le  petit  massif  isolé  du  Morvan,  détaché 
entre  le  grand  massif  de  la  France  centrale  et  le  grand  bassin  pari- 
sien ,  semble  ne  tenir  à  rien ,  tandis  que  les  cercles  du  réseau  pen- 
tagonal  nous  avertissent  qu'il  tient  à  peu  près  à  tout  ce  que  les  con- 
trées environnantes  présentent  de  caractéristique ,  et  qu'il  est  comme 
le  nœud  gordien  de  la  structure  de  la  France.  Des  influences  diffé- 
rentes s'y  croisent  et  s'y  contrarient,  ce  qui  explique  comment  il 
ne  présente  aucun  trait  fortement  prononcé  :  le  sol  y  est  accidenté 
en  petit  et  est  découpé  quelquefois  sur  ses  bords  en  fort  petites 
parties;  mais  ces  petits  accidents  se  prolongent,  et,  dans  les  contrées 
où  dominent  les  causes  qui  les  ont  fait  naître ,  ils  deviennent  beau- 
coup plus  apparents. 

Ces  trois  points  de  croisement  multiples  qui  avoisinent  le  Morvan, 
et  dont  les  rayons  s'adaptent  à  son  contour  ou  aux  points  remar- 
quables de  son  intérieur,  jouent  un  rôle  fort  analogue  à  celui  que 
nous  avons  vu  jouer  à  d'autres  points  de  croisement  multiples,  par 
rapport  à  d'autres  groupes  montagneux,  notamment  au  point  a  de 
la  côte  N.-O.  du  Cornouailles,  par  rapport  au  Gornouailles;  au  croi- 
sement situé  à  1 5  kilomètres  au  N.-N.-O.  de  Barfleur,  par  rapport 
au  Cotentin;  au  croisement  du  midi  de  l'Ardenne,  par  rapport  à  l'Ar- 
denne;  au  croisement  de  Saint-Marcel  près  Noroy,  par  rapport  aux 
Vosges.  Ce  qui  distingue  le  Morvan,  c'est  qu'il  est  accompagné  et 
comme  escorté  de  trois  croisements  de  ce  genre ,  tandis  que ,  dans 
les  autres  exemples,  il  n'y  en  a  qu'un  seul. 

Les  sept  grands  cercles  qui  entrent  dans  cette  combinaison 
mettent  tout  naturellement  en  évidence,  comme  on  vient  déjà  de 
l'indiquer,  la  liaison  du  Morvan  avec  les  autres  traits  orogra- 
phiques de  la  France,  et  plusieurs  de  ces  cercles  se  font  remar- 
quer par  le  nombre  des  points  de  croisement  multiples  auxquels 
ils  passent. 


klh  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Le  primitif  àa  Lisbonne,  qui  passe  à  trois  points  de  croisement 
multiples,  celui  del'Isle,  celui  de  Beaumont-la-Ferrière  et  le  point 
T  de  l'Espagne,  est  tangent  à  l'extrémité  N.-O.  des  granités  du  Mor- 
van,  et  l'incorpore  par  ce  seul  fait  dans  la  longue  série  d'accidents 
orographiques  et  géologiques  qui  jalonnent  son  cours  depuis  l'Oden- 
wald  jusqu'au  bassin  d'Arcachon. 

Le  tmpézoédrique  Tabc  du  système  du  Longmynd  passe  à  quatre 
points  de  croisement  multiples  :  celui  du  midi  de  l'Ardenne,  celui 
de  l'Isle,  celui  des  Bruyères  près  de  Saint-Parise-en-Viry,  et  celui 
de  Saint-Cels  au  N.-N.-O.  de  Gajarc.  Il  lie  directement  la  saillie  la 
plus  méridionale  de  l'Ardenne  à  la  saillie  que  forme  vers  le  nord  le 
Morvan,  considéré  comme  la  sentinelle  avancée  des  montagnes  de 
l'intérieur  de  la  France,  et  il  marque  l'étranglement  que  déter- 
minent ces  deux  saillies  en  regard  l'une  de  l'autre  dans  le  grand 
bassin  de  dépôts  secondaires  dont  Paris  occupe  le  centre.  De  plus, 
le  trapézoédrique  Tabc,  en  liant  le  croisement  triple  voisin  de  l'Isle 
à  celui  de  Saint-Gels  près  de  Gajarc,  rattache  la  saillie  du  Morvan, 
dirigée  vers  le  nord,  au  golfe  jurassique  qui  entame  vers  le  S.-S.-O. 
le  massif  central  de  la  France,  deux  points  opposés  de  ce  massif 
et  de  caractères  contraires.  Il  forme  par  cela  même  une  des  lignes 
les  plus  importantes  de  ce  même  massif,  ligne  d'autant  plus  re- 
marquable qu'elle  rase,  à  la  suite  du  Morvan,  les  groupes  volca- 
niques du  mont  Dore  et  du  Gantai,  et  qu'elle  suit,  de  la  Machine 
(Nièvre)  à  la  Gapelle-Marival  (Lot),  une  série  de  dépôts  houillers 
singulièrement  enchevêtrés  dans  les  roches  cristallines. 

Le  point  de  croisement  des  Bruyères  s'est  trouvé,  pendant  les 
temps  géologiques,  dans  l'intérieur  et  presque  à  la  clôture  d'un 
grand  lac  miocène  qui ,  baignant  le  pied  du  Morvan  et  se  ramifiant 
vers  le  midi ,  s'étendait  jusqu'au  pied  des  montagnes  du  Gharollais 
et  même  jusqu'au  site  futur  du  Gantai;  sa  longueur,  de  180  kilo- 
mètres, était  triple  de  celle  du  lac  de  Genève  et  moitié  de  celle  de 
l'un  des  grands  lacs  de  l'Amérique  septentrionale.  D'après  les  re- 
cherches de  M.  Pornel  et  de  M.  Alphonse  Milne  Edwards,  ce  beau 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  475 

lac  devait  être  particulièrement  remarquable  par  le  nombre  et  la 
grandeur  des  oiseaux  qui  fréquentaient  ses  bords.  La  saillie  gra- 
nitique des  Bruyères  faisait  partie  d'une  chaîne  d'îlots  qui  le  divisait 
en  deux  parties  très-inégales,  comme  le  fait,  pour  le  lac  Huron, 
la  ligne  des  îles  Manitoulines. 

Le  trapézoédrique  TIa  du  système  du  Morbihan  passe  aussi,  en 
France,  à  quatre  points  de  croisement  multiples  :  le  croisement  au 
N.-N.-O.  de  Barfleur,  celui  de  Beaumont-la-Ferrière,  celui  des 
Echelles,  et  celui  des  Alpes  maritimes,  au  pied  septentrional  du 
col  de  Tende.  Il  est  tangent  à  la  terminaison  S.-O.  des  porphyres 
quartzifères  du  Morvan,  et  il  la  fait  rentrer  dans  la  file  des  points 
du  même  genre  auxquels  il  s'adapte  plus  ou  moins  rigoureusement  : 
le  massif  granitique  de  Barfleur;  ceux  des  Grandes-Bousses  et  du 
cirque  de  la  Bérarde  en  Dauphiné,  et  le  massif  de  roches  cristal- 
lines et  granitiques  des  Alpes  maritimes.  Passant  au  point  T  de 
l'Etna,  il  montre  que  le  Morvan  est  en  rapport  d'alignement  avec 
ce  volcan  classique. 

Le  diamétral  Dac  du  système  du  Forez,  qui  passe  au  point  de 
croisement  triple  de  Beaumont-la-Ferrière  et  au  point  de  croi- 
sement quadruple  des  Bruyères,  en  côtoyant  parallèlement  la  face 
O.-S.-O.  du  Morvan ,  le  rattache  à  d'autres  masses  de  roches  grani- 
tiques, porphyriques  ou  volcaniques,  qu'il  côtoie  de  même  dans  le 
grand  massif  intérieur  de  la  France,  notamment  à  certaines  crêtes 
des  montagnes  du  Forez  et  à  la  chaîne  volcanique  du  Mezenc. 

Le  trapézoédrique  Te  du  système  du  Hundsruck  rencontre  trois 
points  de  croisement  multiples  :  le  point  T  de  l'Espagne,  le  croi- 
sement quadruple  des  Bruyères  et  le  croisement  triple  de  Saint- 
Marcel  près  de  Noroy-lez-Jussey.  Passant  très -approximativement 
au  Toureau-des-Grands-Bois,  montagne  porphyrique  la  plus  élevée 
du  Morvan,  il  la  lie  au  massif  granitique  du  Ghamp-du-Feu,  dans 
les  Vosges;  au  massif  porphyrique  de  Baden,  extrémité  septen- 
trionale de  la  Forêt-Noire;  au  massif  granitique  du  Fichtel-Gebirge; 
à  la  cime  quartzeuse  de  l'Iremel,  dans  l'Ural,  et  à  la  nombreuse 


476  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

série  de  points  diversement  caractérisés  qui  jalonnent  tout  son 
cours. 

Le  trapézoédrique  Tb  du  système  du  Tatra,  en  rasant  le  pied 
méridional  du  massif  de  porphyres  et  de  granités  porphyroïdes  du 
Morvan,  le  rattache  de  même  à  la  nombreuse  série  de  points  re- 
marquables à  différents  titres  qui  lui  servent  de  repères,  et  parmi 
lesquels  figurent  les  tertres  basaltiques  de  Drevin  et  le  pic  des 
Açores. 

Enfin  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla,  qui  passe  aux  croise- 
ments triples  de  l'Isle  et  des  Echelles  et  au  croisement  quadruple  de 
Gagnes ,  montre  que  le  côté  E.-N.-E.  du  Morvan ,  auquel  il  est  tangent 
près  de  Pierre-Ecrite  et  de  Saulieu,  s'aligne  en  France  avec  un  grand 
nombre  de  points  remarquables,  au  nombre  desquels  je  citerai  le 
roc  de  Belledonne  et  le  cirque  de  la  Bérarde  en  Dauphiné,  et  puis, 
à  l'extrémité  orientale  des  montagnes  de  l'Esterel,  la  masse  de 
mélaphyre  de  Biot.  Il  montre  en  même  temps  que  le  Morvan  est 
en  rapport  d'alignement  avec  l'Hécla. 

Le  Morvan  fait  donc  partie  intégrante  de  sept  des  grandes  lignes 
naturelles  que  les  révolutions  du  globe  ont  tracées  sur  la  surface 
de  la  France  et  du  globe,  et  on  peut  remarquer  que,  parmi  les  sept 
grands  cercles  qui  les  représentent ,  se  trouvent  ceux  qui ,  en  France , 
contiennent  le  plus  grand  nombre  de  points  de  croisement  multiples, 
ce  qui  fait  voir  qu'ils  sont  profondément  liés  à  toute  la  charpente 
stratigraphique  de  la  France.  Le  primitif  de  Lisbonne  comprend, 
sur  la  carte  géologique  de  la  France,  trois  points  de  croisement 
multiples;  le  trapézoédrique  Tabcdn  Longmynd  en  comprend  quatre; 
le  trapézoédrique  T\a  du  Morbihan,  quatre;  le  trapézoédrique  Te  du 
Hundsrùck,  trois;  le  trapézoédrique  TTbbc  de  l'Hécla,  trois;  les  deux 
autres,  chacun  deux  seulement.  Or,  parmi  les  vingt-neuf  cercles 
qui  ont  été  tracés  sur  la  surface  de  la  France  et  des  contrées  li- 
mitrophes, on  peut  citer  l' hexatétraédrique  Uaa,  qui,  comme  on  l'a 
remarqué  plus  haut,  passe  à  quatre  points  de  croisement  multiples, 
Y  hexatétraédrique  Ubaab  de  Nontron  et  \  hexatétraédrique  HaTTV,  qui 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  477 

passent  chacun  à  trois;  mais  la  plupart  des  autres  cercles  ne  con- 
tiennent que  deux  points  de  croisement  multiples,  ou  même  un 
seul,  et  plusieurs,  comme  le  diamétral  De  des  Alpes  occidentales, 
le  Ivapézoédriaue  Ta  du  Vercors,  le  trapézoédriqae  TDb  du  Finistère, 
qui  sont  cependant  des  cercles  très-fortement  et  très-nettement 
jalonnés,  n'en  renferment  aucun.  Toutefois  il  ne  faut  pas  oublier 
que  ces  comparaisons  ont  quelque  chose  d'accidentel  et  de  précaire, 
en  raison  de  ce  que  la  partie  de  chaque  cercle  qui  est  tracée  sur 
la  carte  géologique  de  la  France  n'est  qu'une  petite  fraction  de  sa 
circonférence. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  Morvan  lui-même  jouit,  du  côté  des  points 
de  croisement  des  cercles  du  réseau  pentagonal,  d'une  sorte  de 
privilège  dérivant  de  celui  qu'il  a  d'être  accompagné  de  trois  points 
de  croisement  multiples. 

Ce  privilège  peut  être  mis  en  lumière  par  une  considération  des 
plus  simples.  Chacun  des  deux  points  de  croisement  triples  dont 
nous  nous  occupons  représente  trois  intersections  simples.  Le  croise- 
ment quadruple  représente  à  lui  seul  six  autres  intersections.  Si 
les  cercles  du  réseau  s'écartaient  de  leurs  positions  normales,  ces 
douze  intersections  s'éparpilleraient  et  deviendraient  douze  inter- 
sections complètement  distinctes.  On  peut  voir  sur  la  carte  géolo- 
gique que  le  Morvan  et  la  contrée  qui  le  touche,  sans  aller  plus  loin 
qu'Issy-l'Evêque  et  Saint-Léger-sur-Dheune,  renferment  en  outre 
huit  intersections  simples  indépendantes  des  précédentes.  Voilà 
donc  vingt  intersections  simples  dans  une  contrée  qui  est  moins 
grande  qu'un  département  moyen,  et  qui,  par  conséquent,  est  loin 
d'occuper  un  centième  du  cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France. 
Or  ce  cadre  ne  renferme  que  171  intersections  simples,  d'où  il 
résulte  que  plus  d'un  dixième  des  intersections  est  concentré  dans 
un  espace  inférieur  à  un  centième  de  l'espace  total,  et  qu'elles  y 
sont  plus  de  dix  fois,  peut-être  vingt  fois,  aussi  rapprochées  que 
sur  la  surface  de  la  France  et  des  contrées  limitrophes,  prise  dans 
sa  généralité. 


478  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Mais  l'exemple  que  je  viens  de  faire  connaître  «n'est  pas  le  seul 
que  je  pusse  citer  de  la  répartition  inégale  des  intersections  des 
cercles  du  réseau  sur  la  surface  de  la  France.  On  peut  s'en  con- 
vaincre par  un  examen  attentif  du  plexus  que  forment  les  cercles 
du  réseau  pentagonal  tracés  sur  le  tableau  d'assemblage  de  la  carte 
géologique  de  la  France. 

On  faciliterait  cet  examen  en  faisant  ressortir  les  croisements 
des  cercles  par  des  points  d'une  couleur  éclatante,  mais  il  fau- 
drait que  les  croisements  triples  fussent  trois  fois  plus  apparents 
et  les  croisements  quadruples  six  fois  plus  apparents  que  les 
croisements  simples,  ce  qu'on  pourrait  obtenir  en  les  remplaçant 
par  de  petites  pléiades  de  trois  ou  de  six  points.  On  verrait  alors 
que  la  surface  terrestre  est  constellée  par  les  intersections  des 
cercles  du  réseau  d'une  manière  beaucoup  plus  inégale  que  la 
voûte  du  ciel  par  les  étoiles.  La  répartition  de  ces  espèces  de  cons- 
tellations terrestres,  comparée  à  celle  des  accidents  orograpbiques 
et  géologiques,  est  susceptible  de  conduire  à  une  foule  de  rappro- 
chements que  je  ne  puis  que  signaler,  et  qui  sont  probablement 
destinés  à  devenir  avant  peu  l'objet  de  travaux  spéciaux. 

Un  autre  procédé  d'enlu minage  pourrait  servir  à  mettre  en  évi- 
dence l'inégale  densité  du  plexus  que  jbrment  sur  la  surface  de 
la  France  les  cercles  du  réseau  pentagonal.  Ces  cercles  pris  trois 
à  trois  constituent  nécessairement  un  triangle,  et  ces  triangles  sont 
d'une  extrême  inégalité.  J'ai  cité  le  petit  triangle  qui  frappe  les 
yeux,  au  midi  de  l'embouchure  du  Rhône,  dans  le  golfe  du  Lion. 
Les  alentours  du  Morvan,  les  Alpes  de  la  Savoie,  etc.,  en  présentent 
de  très-petits  aussi.  D'autres  triangles  analogues  sont  très-grands. 
On  pourrait,  dans  chacun  de  ces  triangles,  étendre  au  pinceau  une 
teinte  d'une  force  inverse  de  la  grandeur  du  triangle,  de  manière 
à  mettre  dans  chaque  triangle,  grand  ou  petit,  la  même  somme  de 
couleur.  La  teinte  serait  très-foncée  dans  les  parties  de  la  carte  où 
les  cercles  se  rapprochent  beaucoup,  et  très-claire  dans  les  parties 
où  ils  sont  très-écartés.  La  carte  ainsi  teintée  rassemblerait  à  celles 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  479 

sur  lesquelles  M.  le  baron  Charles  Dupin  a  depuis  longtemps 
exprimé,  par  des  teintes  plus  ou  moins  noires,  la  proportion  relative 
des  écoliers  dans  les  différents  départements,  méthode  précieuse 
par  l'avantage  qu'elle  a  de  parler  aux  yeux  et  qui  a  servi  à  faire 
ressortir  beaucoup  d'autres  résultats  statistiques. 

Le  Morvan,  et  surtout  sa  partie  méridionale,  serait  la  région  la 
plus  foncée  de  la  carte.  Le  Jura,  les  Alpes  de  la  Savoie,  la  Provence 
avec  les  Alpes  maritimes,  les  Ardennes,  etc.,  et  même  la  Picardie, 
présenteraient  aussi  des  parties  très-foncées.  Les  teintes  les  plus 
claires  se  trouveraient  dans  les  grands  bassins  du  N.  et  du  S.-O. 
de  la  France.  Il  est  facile  de  se  convaincre  d'avance  de  ce  dernier 
résultat,  en  remarquant  sur  la  carte  la  grandeur  de  certains  com- 
partiments en  forme  de  triangles,  de  trapèzes  ou  d'autres  po- 
lygones, dans  lesquels  aucun  cercle  ne  pénètre  et  qui  ne  rece- 
vraient que  des  teintes  très-légères,  tels  que  celui  où  se  trouvent 
Blois  et  Tours,  ceux  où  se  trouvent  respectivement  Angers,  Chartres, 
Troyes,  la  Réole,  Agen,  Valence  et  Avignon,  etc. 

Cela  fait  voir,  en  premier  lieu,  que  les  cercles  réalisés  du 
réseau  pentagonal,  admis,  étudiés  et  figurés  sur  la  carte ,  traversent 
les  pays  de  montagnes  de  préférence  aux  pays  de  plaines ,  résultat 
d'autant  plus  important  à  constater  qu'il  est  extrêmement  naturel 
et  qu'il  témoigne  à  lui  seul  d'une  profonde  harmonie  entre  le 
réseau  pentagonal  et  l'ensemble  de  la  structure  de  l'écorce  ter- 
restre. 

Mais  le  genre  d'étude  que  je  viens  d'indiquer,  de  même  que 
celui  des  groupes  ou  constellations  formées  par  les  points  de  croise- 
ment des  cercles,  conduira  beaucoup  plus  loin  et  fournira  une  foule 
de  rapprochements  curieux  et  peut-être  inattendus.  J'ai  signalé, 
par  exemple,  dans  le  cours  de  ce  travail,  les  grands  cercles  du 
réseau  comme  les  lignes  de  plus  facile  propagation  des  tremble- 
ments de  terre.  Ces  grands  cercles  traversant  les  contrées  monta- 
gneuses de  préférence  aux  pays  de  plaines,  on  conçoit  que,  par 
cette  seule  cause,  qui  du  reste  n'est  peut-être  pas  isolée,  les  trem- 


480  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

blemenis  de  terre  doivent  être  plus  fréquents,  comme  ils  le  sont 
en  effet,  dans  les  montagnes  que  dans  les  plaines.  Je  regrette  de 
ne  pouvoir  suivre  ce  sujet  à  la  fin  d'un  Rapport  déjà  beaucoup  trop 
étendu.  Je  dois  d'ailleurs  rappeler  que  les  résultats  auxquels  on  par- 
viendra ne  seront  pendant  longtemps  que  provisoires,  attendu  que 
la  découverte  d'un  seul  cercle  nouveau  réalisé  en  modifiera  un 
grand  nombre. 

H  faut  remarquer  d'ailleurs  que  ce  n'est  pas  seulement  par  les 
cercles  du  réseau  pentagonal,  mais  aussi  par  une  foule  d'arcs  pa- 
rallèles à  chacun  d'eux,  que  le  réseau  se  trouve  en  rapport  avec 
les  accidents  orographiques  et  géologiques  de  l'écorce  terrestre, 
de  sorte  que  la  considération  unique  des  grands  cercles  du  réseau 
ne  peut  conduire  qu'à  des  résultats  incomplets.  Je  reviendrai  sur 
ce  point  dans  la  cinquième  et  dernière  partie  du  présent  Rapport. 

Ce  que  je  viens  de  dire  au  sujet  des  points  de  croisement  multiples 
des  cercles  du  réseau  pentagonal  qui  tombent  sur  la  surface  de  la 
France  et  des  contrées  limitrophes  rappellera  naturellement  au 
lecteur  ce  qui  a  été  dit  pages  23 1  et  suivantes  au  sujet  des  362  points 
principaux  du  réseau  pentagonal  et  de  la  nécessité  de  leur  consa- 
crer des  cartes  spéciales,  qui  ne  pourront  faire  partie  que  d'une  pu- 
blication ultérieure.  La  carte  géologique  de  la  France  avec  les  cercles 
du  réseau  remplit  à  peu  près,  par  rapport  aux  points  de  croisement 
qui  tombent  dans  l'étendue  de  pays  qu'elle  représente,  l'objet  des 
cartes  dont  il  s'agit;  mais  les  aperçus  présentés  ci- dessus  me  font 
regretter  de  ne  pouvoir  joindre  en  outre  à  ce  Rapport  une  carte  de 
France  constellée  par  l'application  de  couleurs  éclatantes  sur  les 
points  de  croisement  de  différents  ordres. 

Les  remarques  précédentes  sur  l'adaptation  des  cercles  du  réseau 
au  Morvan  et  à  d'autres  parties  de  la  France  peut  rappeler  également 
ce  qui  a  été  dit  pages  i52  et  ailleurs  sur  les  relations  existantes 
entre  certains  cercles  du  réseau,  ou  entre  l'ensemble  même  du 
réseau  et  les  formes  générales  des  continents  et  des  mers.  Dans  ce 
dernier  cas,  j'ai  exprimé  le  regret  de  ne  pouvoir  joindre  au  Rapport 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  481 

actuel  les  cartes  nécessaires  pour  élucider  complètement  cet  ordre 
de  considérations,  et  j'en  éprouve  un  véritable  de  ne  pouvoir  placer 
ici  une  carte  où  les  triangles  grands  et  petits  que  forment  les  cercles 
du  réseau  sur  la  surface  de  la  France  seraient  tous  teintés  en  raison 
inverse  de  leur  étendue.  J'aurais  même  désiré  présenter  encore 
d'autres  cartes  relatives  au  même  ordre  d'idées,  afin  de  mettre  com- 
plètement en  évidence  la  grande  inégalité  relative  avec  laquelle  le 
sol  de  la  France  est  sillonné  par  les  cercles  réalisés  du  réseau  pen- 
tagonal  et  les  rapports  de  cette  inégalité  avec  l'orographie. 

L'espèce  de  prédilection  avec  laquelle  sept  grands  cercles  du 
réseau  pentagonal  s'approchent  du  Morvan  pour  le  traverser  ou  le 
circonscrire  n'est  qu'un  cas  particulier  de  cette  inégalité,  dont  je 
citerai  encore  ici  un  autre  exemple  déjà  mentionné,  mais  moins 
explicitement,  dans  la  JSotice  sur  les  systèmes  de  montagnes1,  et  que 
les  considérations  précédentes  me  remettent  en  mémoire. 

Neuf  grands  cercles  du  réseau,  savoir,  Tb  (Tatra),  De  (Alpes 
occidentales),  Ta  (Vercors),  Haa  (Minorque-Norvége),  TI  (mont 
Viso),  TTOc  (Hécla),  Tl«  (Morbihan),  EaTTa  et  TTbbe  (Sancer- 
rois) ,  s'approchent  du  massif  alpin  avec  des  orientations  graduel- 
lement tournantes,  correspondantes  à  celles  d'autant  de  tengentes 
successives  de  l'enceinte  grossièrement  parabolique  que  forme  au- 
tour du  Piémont  le  bourrelet  continu  et  recourbé  des  Alpes  occi- 
dentales. Un  dixième  grand  cercle,  le  primitif  de  la  Nouvelle- 
Zemble  (système  du  Rhin),  forme  une  corde  de  cette  courbe,  qu'il 
coupe  en  deux  points,  comme  on  l'a  vu  précédemment  (p.  3 18  et 
suivantes),  avec  des  circonstances  toutes  particulières,  corde  à  la- 
quelle se  rattachent  les  collines  du  Supergue  et  du  Montferrat. 
Mais  aucun  autre  des  cercles  que  nous  avons  étudiés  ne  franchit 
cette  enceinte,  et,  depuis  le  mont  Viso  et  le  mont  Cenis  jusqu'aux 
approches  du  Mincio,  les  plaines  du  Pô  sont  ménagées  avec  une 
réserve  aussi  remarquable  que  celles  de  la  Loire  et  de  la  Garonne. 

\oticCj  p.  1257. 

Stratigraphie.  3i 


&S2  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Les  neuf  cercles  qui  s'approchent  des  contours  du  Paya-Cratère 
de  la  haute  Italie  (locution  sélénographique ,  Huniboklt),  et  auxquels 
plusieurs  autres  s'associent  encore  de  loin,  ne  manifestent  aucune 
tendance  à  se  réunir  en  un  même  point,  tandis  que  les  sept  grands 
cercles  qui  percent  ou  étreignent  le  Morvan  se  croisent,  sinon  en 
un  seul  point,  du  moins  en  trois  points  assez  voisins  pour  qu'un 
petit  massif  montagneux  s'harmonise  avec  ce  qui  manque  à  la  pré- 
cision de  leur  convergence. 

Mais  les  deux  principaux  massifs  granitiques  des  Alpes  occiden- 
tales, moins  étendus  l'un  et  l'autre  que  le  Morvan,  ne  sont  pas 
complètement  délaissés  pour  les  neuf  cercles  qui  encadrent  les 
plaines  subalpines;  car  la  protubérance  presque  isolée  qui  ren- 
ferme le  cratère  de  soulèvement  de  la  Bérarde  est  coupée  ou 
effleurée  par  les  quatre  cercles  De  (Alpes  occidentales),  TTbbc 
(Hécla),  Ta  (Vercors)  et  TI«  (Morbihan),  tandis  que  la  saillie 
abrupte  du  mont  Blanc,  plus  circonscrite  et  moins  circulaire  que 
la  précédente,  est  serrée  de  près  par  les  trois  cercles  De  (Alpes 
occidentales),  Ta  (Vercors)  et  TI  (mont  Viso). 

Ces  exemples  pourraient  être  multipliés,  et  un  coup  d'œil  sur 
le  tableau  d'assemblage  de  la  carte  géologique  de  la  France,  avec 
les  cercles  du  réseau  pentagonal,  en  fera  apercevoir  plusieurs 
autres,  car  la  nature  a  été  féconde  et  variée  sous  ce  rapport. 

La  Bohème,  les  grandes  plaines  de  l'Orénoque,  de  l'Amazone 
et  de  la  Plata,  sont  aussi  des  pays-cratères  qui  mériteraient  d'être 
étudiés  sous  le  point  de  vue  qui  vient  de  nous  occuper.  La  manière 
dont  on  a  vu,  pages  io3,  /127,  607,  Ubi  et  suivantes,  que  IV- 
taédrique  du  cap  Walsh  et  des  îles  Sous-le-Vent,  le  IrapézoédriqueTb 
(système  du  Tatra),  le  diamétral  Dac  (système  des  Pays-Bas)  et 
Niexatétraédrique  HaTTa  s'adaptent  aux  Cordillères  de  Venezuela, 
de  la  Nouvelle-Grenade  et  du  Pérou,  peut  faire  présumer  que, 
pour  l'Amérique  méridionale  et  pour  le  bourrelet  sinueux  des 
Andes,  si  pittoresquement  figuré  sur  la  carte  déjà  citée  de  M.  de 
Mumboldt,  cette  étude  ne  serait  pas  sans  intérêt;  mais,  je  dois  le 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  483 

rappeler  encore,  une  étude  de  ce  genre,  pour  être  complète  et 
définitive,  doit  comprendre  tous  les  cercles  réalisés  qui  traversent 
la  contrée  et  tous  les  arcs  parallèles  à  ces  cercles  qui  y  représentent 
des  traits  oro graphiques. 

Il  est  à  remarquer  que  ce  mode  si  spécial  d'adaptation  collec- 
tive aux  plaines  et  aux  montagnes  est  une  propriété  des  cercles 
du  réseau  choisis,  ainsi  qu'on  l'a  vu  à  la  fin  de  l'article  consacré 
à  chaque  cercle,  en  vertu  de  certaines  combinaisons  numériques 
qui  semblaient  devoir  être  aveugles  sous  ce  rapport.  Les  grands 
cercles  de  comparaison  provisoires  que  l'auteur  de  la  Notice  avait  pris 
ad  libitum,  en  croyant  placer  chacun  d'eux  dans  les  meilleures  con- 
ditions possible ,  donnaient  des  résultats  tout  différents  et  passaient 
dans  les  plaines  aussi  bien  que  dans  les  montagnes.  L'orographie 
de  la  France  et  même  du  globe  entier  est  en  quelque  sorte  ren- 
fermée, à  Yétat  latent,  dans  la  formule  générale  du  réseau  penta- 
gonal. 

Mais  de  nombreux  tracés  géométriques  seront  nécessaires  pour 
mettre  en  lumière  tout  ce  que  cette  formule  contient.  Les  calculs, 
fort  étendus  cependant,  dont  le  réseau  pentagonal  a  été  l'objet,  ne 
suffisent  pas  plus  pour  faire  ressortir  les  rapports  extrêmement 
nombreux  qui  existent  entre  le  réseau  et  les  formes  orographiques, 
que  les  tables  de  positions  géographiques  contenues  dans  la  Con- 
naissance des  temps  ne  suffisent  pour  donner  une  idée  des  formes 
des  continents;  et,  pour  tirer  des  chiffres  calculés  tous  les  résultats 
dignes  d'attention  auxquels  ils  conduisent  naturellement,  il  faudra 
faire  suivre  leur  détermination  d'un  grand  travail  cartographique. 
C'est  dans  cette  pensée  que  l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de 
montagnes  avait  signalé  la  nécessité  de  la  construction  d'un  atlas 
spécial  qu'il  avait  désigné  sous  le  nom  d'Atlas  pentagonal1. 

Cette  nécessité  devient  de  plus  en  plus  évidente;  plusieurs 
savants  l'ont  déjà  comprise,  et  peut-être  la  publication  de  l'atlas 


1  Notice,  p.  io38,  io48. 

3i 


48û  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

complet  sera-t-elle  devancée,  ce  à  quoi  je  ne  saurais  trop  applau- 
dir, par  la  publication  de  travaux  partiels  concourant  au  même 
but.  Ainsi  que  je  l'ai  rappelé  précédemment,  page  71,  M.  deChan- 
courtois  a  placé  à  l'Exposition  universelle  de  1867  une  grande  carte 
géologique  de  l'Europe  où  les  cercles  du  réseau  sont  tracés,  et 
dont  la  vue  seule  fait  naître  immédiatement  une  foule  de  remarques 
sur  les  relations  de  ces  cercles  avec  la  distribution  des  terrains  et 
avec  celle  des  gîtes  de  minerais.  M.  Félix  Foucou  a  bien  voulu  me 
montrer,  depuis  lors,  des  feuilles  déjà  dessinées  d'une  grande  carie 
du  pentagone  européen,  dressée,  comme  la  carte  plancbe  V  de  la 
Notice,  en  projection  gnomonique  sur  l'horizon  de  son  centre.  La 
publication  la  plus  prompte  possible  de  ces  cartes  serait  un  bien- 
fait pour  la  science,  et  elle  permettrait  d'étendre  immédiatement 
à  toute  l'Europe  les  considérations  que  j'ai  présentées  ci-dessus 
relativement  aux  contrées  renfermées  dans  le  cadre  de  la  carte 
géologique  de  la  France. 

Les  remarques  que  j'ai  énoncées,  page  1 92  ,  au  sujet  de  la  distri- 
bution des  volcans  sur  la  surface  du  globe,  appellent  à  elles  seules 
un  grand  travail  cartographique,  qui,  infailliblement,  en  entraînera 
d'autres  à  la  suite. 

Dans  les  travaux  futurs  auxquels  je  fais  allusion,  on  aura  à 
construire,  sur  de  nombreuses  cartes,  le  réseau  pentagonal  avec 
une  partie  plus  ou  moins  considérable  de  ses  cercles  auxiliaires. 
Pour  exécuter  ces  constructions,  on  trouvera  un  très-utile  secours 
dans  les  tableaux  numériques  consignés  par  M.  Pouyanne  dans 
son  savant  et  ingénieux  mémoire  sur  le  réseau  pentagonal  *.  Par- 
tant du  principe  que  les  120  triangles  rectangles  scalènes,  égaux 
et  symétriques  deux  à  deux ,  dans  lesquels  les  1 5  grands  cercles 
primitifs  du  réseau  divisent  la  surface  du  globe,  contiennent  tous 
identiquement  les  mêmes  éléments,  M.  Pouyanne  a  calculé,  pour 
l'un  des  120  triangles,  les  angles  que  forment  entre  eux  et  les 

1  Mémoire  sur  le  Réseau  pentagonal,  par  M.  Pouyanne,  ingénieur  des  mines.  (Annales 
des  Mines,  1866,  6"  série,  t.  X,  p.  353.) 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  485 

longueurs  des  segments  dans  lesquels  se  subdivisent  mutuelle- 
ment les  grands  cercles  primitifs,  les  octaédriques ,  les  dodécaédriques 
rhomboïdaux ,  les  bissecteurs  IH  et  les  bissecteurs  DH.  Les  points 
d'intersection  étant  les  pôles  dune  très-nombreuse  série  de  cercles 
auxiliaires,  il  a  obtenu  les  angles  que  tous  ces  cercles  forment  aux 
points  D,  I,  H,  T,  a,  b,  soit  entre  eux,  soit  avec  les  primitifs.  En 
combinant  ces  angles  avec  les  données  numériques  déjà  mention- 
nées de  M.  Elie  de  Béaumont,  on  calculera  très-aisément,  dans  le 
plus  grand  nombre  des  cas,  celles  qui  devront  fixer  la  position  de 
chacun  des  cercles  nouveaux  dont  on  aura  à  s'occuper. 


REFLEXIONS    GENERALES    SUR    LE    CONTENU    DE    LA    QUATRIEME    PARTIE 

DU  RAPPORT. 

Les  considérations  du  genre  de  celles  dont  je  viens  de  parler 
ont  peut-être  quelque  chose  de  plus  saisissant  que  la  tâche  souvent 
ingrate  de  suivre  individuellement  un  seul  et  même  cercle  sur 
toute  la  circonférence  du  globe,  ou  au  moins  sur  toute  la  sur- 
face d'un  grand  pays,  en  enregistrant  les  points  remarquables  où 
\\  passe;  mais  elles  n'en  ont  pas  la  précision.  Or  c'est  de  la  préci- 
sion des  bases  premières  que  dérive  essentiellement  la  valeur  du 
réseau  pentagonal  et  de  ses  applications  à  l'orographie  et  à  la  stra- 
tigraphie, et  tel  est  le  motif  qui  m'a  conduit  à  donner  les  dévelop- 
pements indispensables  pour  la  rigueur  et  la  clarté,  aux  monogra- 
phies d'un  certain  nombre  de  grands  cercles  que  j'ai  suivis,  soit 
dans  toute  leur  circonférence,  soit  au  moins  dans  toute  l'étendue 
île  la  France  et  des  contrées  limitrophes. 

J'ai  considéré  en  tout  59  grands  cercles.  J'en  ai  étudié  d'abord 
3  9 ,  sur  la  trace  desquels  j'ai  parcouru  la  surface  entière  du  globe ,  et 
je  me  suis  occupé  ensuite  des  29  cercles  figurés  sur  la  carte  géolo- 
gique de  la  France.  Dans  ces  deux  séries,  il  y  a  neuf  doubles  em- 
plois résultant  de  ce  que  9  des  cercles  étudiés  d'une  manière  gêné- 


486  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

raies  se  retrouvent  parmi  les  29  cercles  qui  traversent  la  France  et 
les  contrées  limitrophes;  c'est  ce  qui  réduit  à  59  le  nombre  réel  des 
cercles  qui  nous  ont  occupé.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  précédemment, 
pages  19^,  210,  att,  23o  et  ailleurs,  j'aurais  pu  augmenter 
beaucoup  le  nombre  de  ces  monographies,  mais  j'ai  été  arrêté  par 
la  crainte  de  trop  allonger  ce  Rapport.  Cette  même  crainte  m'a  éga- 
lement empêché  de  compléter,  en  les  suivant  sur  toute  leur  circon- 
férence, quelques-uns  des  29  cercles  tracés  sur  la  carte  géologique; 
de  la  France. 

Mais  je  ne  crois  pas  qu'en  comblant  ces  lacunes  et  en  multi- 
pliant le  nombre  des  cercles  j'eusse  pu  ajouter  beaucoup  à  la  cer- 
titude, déjà  suffisamment  acquise,  du  fait  qu'un  grand  nombre  de 
cercles  du  réseau  pentagonal  existent  réellement  dans  la  nature  : 
peut-être,  aux  yeux  de  beaucoup  de  lecteurs,  aurais-je  à  me  justi- 
fier, au  contraire,  d'avoir  donné  autant  d'extension  à  cette  partie  du 
Rapport. 

Gomme  je  le  disais  au  commencement  de  cette  quatrième  par- 
tie (p.  77),  la  question  vitale  est  ici  de  savoir  si  le  réseau  pentago- 
nal est  une  simple  fantaisie  géométrique,  ou  s'il  représente  quelque 
chose  de  réel  et  de  matériellement  existant  sur  le  globe.  Pour  y  par- 
venir, il  m'a  paru  indispensable  d'établir  d'abord  que  les  cercles 
qui  représentent  la  quintessence  de  la  symétrie  pentagonale,  les 
six  dodécaédriques  réguliers,  les  dix  octaédriques ,  les  quinze  grands 
cercles  primitifs  du  réseau,  sont  bien  réellement  des  lignes  naturelles 
imprimées  sur  la  surface  de  la  terre. 

Ces  3 1  premiers  cercles  ne  suffisant  pas  pour  représenter  les 
grands  cercles  de  comparaison  des  différents  systèmes  de  montagnes, 
il  avait  fallu  les  multiplier,  sans  s'écarter  des  lois  de  la  symétrie 
pentagonale,  et  de  là  l'introduction  des  3o  dodécaédriques  rhomboï- 
daux,  placés  eux-mêmes  au  rang  des  grands  cercles  principaux,  et 
de  différentes  séries,  composées  chacune  de  3 o  ou  de  60  cercles, 
dérivés  des  3i  premiers  cercles  suivant  certaines  lois.  Il  était  indis- 
pensable de  vérifier  que  ces  adjonctions  donnaient  des  cercles  sus- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  487 

ceptibles  d'être  réalisés  par  la  nature,  et  j'ai  mis  dans  cette  vérifi- 
cation une  grande  sobriété ,  puisque ,  pouvant  aller  beaucoup  plus 
loin,  je  me  suis  d'abord  contenté  de  l'effectuer  pour  neuf  cercles, 
à  l'égard  desquels,  à  la  vérité,  elle  a  constamment  réussi.  Vingt 
des  cercles  tracés  sur  la  carte  géologique  de  la  France  ont  d'ail- 
leurs fourni  des  vérifications  complémentaires,  de  manière  que,  de 
ce  côté  aussi,  la  démonstration  est  complète. 

Parmi  ces  29  cercles  se  trouvent  deux  dodecaédrique  rhomboïdaux, 
un  bissecteur  IH,  trois  bissecteurs  DH.  Je  me  trouve  ainsi  avoir  traité 
sur  le  pied  d'égalité  ces  trois  séries  de  cercles,  ce  qui  serait  en 
harmonie  avec  la  classification  de  M.  Pouyanne,  qui  les  comprend 
tous  sous  la  dénomination  de  semi-principaux.  Je  crois  toutefois 
que  les  dodécaédriques  rhomboïdauœ  occupent  dans  la  hiérarchie 
pentagonale  un  rang  plus  élevé  que  les  bissecteurs.  Au  nombre  de 
cas  29  cercles  se  trouvent  aussi  un  diamétral  De  (Alpes  occiden- 
tales) et  un  trapézoédrique  Te  (Hundsruck),  qui  se  sont  trouvés  être 
des  cercles  très-nettement  jalonnés;  ce  qui  sanctionne  leur  mode 
de  dérivation  et  l'emploi  des  points  c. 

Il  fallait  constater  également  que  parmi  les  grands  cercles  auxi- 
liaires, dont  le  mode  de  dérivation  pouvait  déjà  être  considéré  comme 
légitimé,  il  se  trouvait  réellement  des  cercles  assez  voisins  des 
grands  ceixles  de  comparaison  provisoires  des  différents  systèmes  de 
montagnes  pour  pouvoir  les  remplacer.  Cette  constatation  a  été 
l'un  des  objets  de  l'étude  des  relations  existantes  entre  le  réseau  pen- 
tagonal  et  la  constitution  du  sol  de  la  France  et  des  confrées  limitrophes  > 
étude  qui  a  été  faite  pour  les  29  cercles  du  réseau  tracés  sur  la 
carte  géologique  de  la  France.  En  vérifiant  que  parmi  ces  cercles 
on  trouve  en  effet  des  représentants  des  différents  systèmes  de  mon- 
tagnes, cette  étude  a  consacré  d'une  manière  nouvelle  le  mode  de 
dérivation  des  cercles  auxiliaires. 

L'étude  de  ces  59  cercles  a  constaté,  en  outre,  que  l'installation 
provisoire  du  réseau  pentagonal  est  à  très-peu  près  exacte.  Elle 
a  atteint  son  but,  mais  elle  n'a  rien   présenté   de   superflu,  à 


488  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

inoins  qu'on  ne  considère  comme  tels  certains  détails  géologiques, 
ceux  notamment  qui  sont  relatifs  aux  volcans,  détails  qui,  sans 
doute,  n'étaient  pas  indispensables  pour  la  partie  géométrique  du 
travail,  mais  qui  semblent  pouvoir  se  justifier  dans  un  ouvrage 
destiné  à  concourir  au  développement  de  la  géologie  ;  et  peut-être 
auront-ils  pu  servir  quelquefois  à  reposer  et  à  soutenir  l'attention 
du  lecteur. 

L'étude  a  été  aussi  simple  que  possible  et  uniforme  pour  les 
59  cercles.  Elle  a  consisté  à  tracer  chaque  cercle  sur  les  cartes 
les  plus  convenablement  choisies  des  contrées  qu'il  traverse  et  à 
dresser  le  procès-verbal  des  rencontres  qui  s'y  opèrent  entre  le 
cercle  et  des  points  susceptibles  d'une  définition  orographique  ou 
géologique,  de  manière  à  former  un  catalogue  de  tous  les  accidents 
du  sol  que  le  cercle  traverse ,  et  de  ceux  même  qui  en  sont  assez 
voisins  pour  lui  former  une  sorte  de  cortège.  Le  nombre  de  ces 
points  étant  considérable,  les  catalogues  ont  été  longs,  sans  qu'il 
ait  été  possible  de  les  omettre  ni  de  les  abréger. 

Ces  éléments  font  partie  de  la  science,  puisqu'ils  ont  reçu  dans 
ces  dernières  années  la  publicité  de  l'enseignement;  mais,  n'ayant 
pas  été  publiés,  on  ne  pouvait  à  leur  sujet  renvoyer  le  lecteur  à 
aucun  ouvrage  imprimé,  et  ils  ont  donné  au  présent  Rapport  le 
caractère  d'une  publication  originale  et  plus  étendue  que  je  ne 
l'aurais  souhaité. 

Une  lecture  attentive  de  ces  catalogues  de  points  alignés,  ou 
seulement  de  quelques-uns  d'entre  eux  si  le  lecteur  les  trouve 
trop  nombreux,  lui  donnera  une  idée  plus  nette  du  sujet  que  ne 
pourraient  le  faire  de  volumineux  commentaires.  Ces  longs  chape- 
lets sont  le  tracé  par  points  sur  la  surface  du  globe  des  lignes  fon- 
damentales de  la  stratigraphie. 

Les  points  ivmarquables ,  caractérisés,  définis,  définissables,  comme 
je  les  ai  appelés,  sont  ceux  qui  peuvent  être  désignés  par  une  cir- 
constance particulière  relative  à  la  configuration,  à  la  nature,  à 
la  structure  du  sol.  Deux  points  définis  suffisent  pour  déterminer 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  /i89 

une  ligne  droite  sur  un  plan  ou  un  grand  cercle  sur  la  surface  de 
la  sphère.  Un  troisième  point  défini  ne  peut  s'aligner  avec  les  deux 
premiers  que  si  la  nature  l'a  placé  convenablement  pour  cela. 
Quand  il  n'y  a  que  trois  points,  on  peut  craindre,  à  la  rigueur,  que 
leur  alignement  ne  soit  l'effet  du  hasard;  mais ,  lorsqu'on  en  trouve 
quatre,  cinq,  six,  ou  un  plus  grand  nombre  qui  s'alignent  entre 
eux,  l'idée  d'un  effet  du  hasard  devient  de  moins  en  moins  admis- 
sible :  on  est  en  présence  d'un  phénomène  naturel  ;  c'est  une  ligne 
droite  ou,  sur  le  globe,  un  arc  de  grand  cercle,  que  la  nature  a  tracé 
par  points. 

La  probabilité  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  simple  illusion  due  aux 
effets  du  hasard  croît  rapidement  à  mesure  que  le  nombre  des 
points  alignés  augmente  :  de  là  la  nécessité  de  dresser  des  cata- 
logues développés  et  nécessairement  fastidieux.  Chacun  des  points 
alignés  est  un  des  jalons  ou  des  repères  de  la  ligne  entière ,  ce  qui 
justifie  l'emploi  qu'on  a  fait  de  ces  deux  expressions.  Ces  lignes 
ponctuées  par  la  nature  existent  sur  la  surface  du  globe,  indépen- 
damment de  la  conception  géométrique  du  réseau  pentagonal,  et 
on  peut  les  y  découvrir  directement.  Les  points  définissables  sont 
quelquefois  assez  rapprochés  les  uns  des  autres  pour  qu'on  en 
puisse  saisir  l'alignement  à  la  simple  vue  ;  les  pays  de  mines  et  les 
volcans  en  offrent  des  exemples.  Mais  le  plus  souvent  ils  sont  assez 
éloignés  et  embrassent  des  étendues  assez  considérables  pour  que 
la  vue  ne  puisse  saisir  leurs  alignements.  Il  faut  alors  recourir  à 
des  cartes,  où  un  examen  attentif,  aidé  de  quelques  tâtonnements 
graphiques,  peut  les  faire  découvrir. 

De  savants  travaux  ont  été  faits  dans  cette  voie,  parmi  lesquels 
je  dois  citer  particulièrement  ceux  de  M.  Houzeau ■  sur  l'Europe 
en  général,  et  ceux  de  M.  de  Villeneuve  sur  la  Provence2.  Ce  der- 

1  Histoire    du   sol  de   l'Europe,    par  s  Description  minéralogiqtie  et  géolo- 

M.  Houzeau,  ancien  aide  de  l'observa-  gique  du  Var,  par  M.  le  comte  H.  de  Vil- 

toire  de  Bruxelles,  membre  de  l'Académie  leneuve-Flayosc ,  ingénieur  en  chef  des 

de  Belgique.  mines,  p.  A5i  et  suiv. 


490  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

nier  contient  de  précieuses  observations  sur  les  alignements  des 
sources.  Mais  ces  remarquables  recherches  n'ont  pu  conduire  qu'à 
des  lignes  de  peu  d'étendue,  parmi  lesquelles  il  serait  diiïicile  de 
discerner  celles  qui  appartiennent  aux  cercles  du  réseau  de  celles 
qui  se  rapportent  à  leurs  parallèles.  Les  inconvénients  inhérents 
aux  projections,  suivant  lesquelles  sont  construites  les  cartes  dont 
on  fait  usage,  à  leur  division  en  feuilles,  etc.  sont  des  obstacles 
moins  faciles  à  vaincre  qu'on  ne  le  suppose  peut-être  généralement, 
surtout  lorsque  rien  n'avertit  de  la  position  de  l'alignement  prin- 
cipal à  rechercher.  En  effet,  il  arrive  presque  toujours  qu'on  trouve 
simultanément  plusieurs  alignements  parallèles  entre  eux,  sans  que 
rien  distingue  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  de  ses  pa- 
rallèles, ou  assure  même  que  ce  grand  cercle  est  compris  parmi 
les  lignes  reconnues. 

Les  cercles  du  réseau  pentagonal  sont  pour  cet  objet  des  cher- 
cheurs incomparables.  Il  suffit  de  construire  avec  précision  sur  les 
cartes  le  cercle  convenablement  choisi  :  il  passe  de  lui-même  par 
les  points  définis  alignés,  qui  en  deviennent  les  jalons  et  les  repères , 
en  même  temps  qu'ils  sont  ceux  de  la  ligne  naturelle,  car  la  ligne 
naturelle  et  le  cercle  se  confondent  sensiblement. 

Plusieurs  savants  ont  allégué  que,  le  nombre  des  cercles  auxi- 
liaires du  réseau  pentagonal  étant  très-considérable,  on  en  trouve- 
rait toujours  un  pour  représenter  une  orientation  quelconque.  Il  y 
a  là  une  erreur  de  fait.  Considérés  sur  tout  le  globe,  les  cercles 
auxiliaires  du  réseau  sont  sans  doute  extrêmement  nombreux,  mais 
il  n'y  en  a  généralement  qu'un  très-petit  nombre  qui  passent  dans 
une  contrée  déterminée  en  suivant  approximativement  une  orien- 
tation donnée.  L'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes 
n'a  presque  jamais  hésité ,  dans  la  recherche  du  représentant  de 
chaque  système,  qu'entre  des  cercles  notablement  différents,  dont 
l'un  s'est  toujours  trouvé  désigné  à  son  choix  par  quelque  circons- 
tance particulière;  et  le  choix  a  toujours  été  justifié,  puisque  cha- 
cun des  cercles  choisis  s'est  liouvé  coïncider  avec  l'une  des  Ugnet 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  /i9i 

naturelles  de  la'surface  du  globe,  lignes  dont  l'existence  étonne  tou- 
jours chaque  fois  qu'on  en  découvre  une  nouvelle  et  dont  les 
orientations  sont  en  petit  nombre  dans  chaque  contrée. 

Dans  le  mémoire  déjà  cité,  M.  Pouyanne  a  appliqué,  d'une  ma- 
nière ingénieuse,  le  calcul  des  probabilités  à  l'objection  précédente, 
et,  après  une  discussion  qu'il  est  impossible  d'analyser  ici,  il  a 
conclu  que  le  réseau  pentagonal,  malgré  le  grand  nombre  de  ses 
cercles,  est  susceptible  de  trouver,  dans  la  seule  étude  des  directions, 
des  preuves  aussi  solides  que  celles  de  n'importe  quelle  loi  natu- 
relle1. Si  le  savant  auteur  avait  pu  faire  entrer  dans  son  calcul 
l'existence  de  lignes  jalonnées  par  des  accidents  naturels  auxquels 
s'appliquent  d'eux-mêmes  les  cercles  choisis  du  réseau,  il  aurait 
trouvé,  sans  aucun  doute,  une  probabilité  bien  peu  différente  de  la 
certitude. 

On  s'étonnera  peut-être  au  premier  abord  que,  parmi  les  repères 
des  cercles  du  réseau  pentagonal  réalisés,  j'aie  mentionné  aussi  sou- 
vent les  accidents  des  cours  d'eau,  tels  que  leurs  inflexions,  leurs 
coudes,  leurs  confluents.  L'étude  des  cercles,  tracés  sur  une  bonne 
carte  hydrographique,  y  conduit  d'elle-même,  et  rien  ne  parait 
au  fond  plus  naturel.  Tout  annonce,  en  effet,  que  les  vallées  sont 
dues  à  des  fissures  du  sol  élargies  par  des  érosions  superficielles. 
Abstraction  faite  des  méandres  qui  sont  le  cachet  indélébile  de 
l'action  des  eaux  en  mouvement,  quand  une  vallée  change  de  di- 
rection, cela  vient  de  ce  qu'après  avoir  suivi  une  fissure  elle  en  suit 
une  autre  qui  croise  la  première,  et,  quand  deux  vallées  se  ren- 
contrent et  donnent  lieu  à  un  confluent  de  rivières,  cela  provient 
aussi,  en  principe,  de  la  rencontre  de  deux  fissures.  Or  les  fis- 
sures que  suivent  les  vallées  font  partie  d'un  plexus  de  fentes  qui . 
dans  chaque  contrée,  traversent  en  différents  sens  l'écorce  ter- 
restre, et  dont  la  disposition  est  en  rapport  avec  le  réseau  penta- 
gonal :  il  est  peu  étonnant  que  leurs  rencontres  s'opèrent  fréquem- 

1  Annales  des  Mines,  6*  série,  t.  X,  p.  4oa  (1866). 


/iî)i  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ment  sur  les  cercles  du  réseau  aussi  bien  que  sur  leurs  parallèles. 
Les  centres  éruptifs  se  trouvent  de  môme  aux  points  de  rencontre 
de  certaines  fissures  que  rien  ne  distingue  des  précédentes.  Les 
sources  ordinaires  alimentées  par  les  phénomènes  atmosphériques, 
les  accidents  des  cours  d'eau  extérieurs,  les  sources  minérales  et 
thermales,  les  filons  métallifères,  les  sources  intermittentes  de  terres 
liquéfiées  [Volcans,  Humboldt),  et  les  masses  de  roches  ramollies 
par  la  chaleur,  profitent  aujourd'hui  sous  nos  yeux,  et  ont  profité 
dans  tous  les  temps,  d'un  même  réseau  de  fissures,  dont  les  inter- 
sections comprennent  les  points  qui  servent  de  repères  aux  cercles 
du  réseau  pentagonal. 

Pour  ne  rappeler  ici  qu'un  seul  exemple,  le  confluent  de  Gc- 
mund,  la  première  section  de  la  vallée  de  l'Aisne,  la  grande  fontaine 
d'Ancy-le-Franc  et  les  granités  du  Port-la-Glère  et  du  Port-d'Oo 
sont  (page  337),  pour  le  trapézoédrique  Tabc  du  système  du  Long- 
mynd,  des  repères  d'une  égale  netteté;  je  me  trompe,  les  trois 
points  hydrographiques  sont  des  repères  beaucoup  plus  précis  que 
ne  peut  l'être  le  gros  massif  granitique  qui  forme  le  cœur  des 
Pyrénées. 

Les  positions  des  villes  d'une  certaine  importance  et  celles  des 
grands  ouvrages  des  hommes  sont  en  partie  soumises  aux  mêmes 
lois.  Le  tout  forme  un  ensemble  extrêmement  compliqué;  mais  le 
propre  du  réseau  pentagonal  est  de  mettre  sur  la  voie  de  ce  qu'il 
y  a  de  simple  au  milieu  de  cette  complication;  et,  qu'on  me  per- 
mette de  le  dire,  il  n'a  pas  moins  fallu  que  l'étude  prolongée  de  cin- 
quante-neuf cercles  pour  me  donner,  à  moi-même,  la  confiance  que 
m'inspire  aujourd'hui  cet  ordre  d'idées. 

Peut-être  trouvera-t-on  un  jour  que  la  propriété  dont  jouissent 
les  accidents  hydrographiques,  les  centres  de  soulèvement,  les 
volcans,  les  pitons  de  roches  hypogènes,  de  former  indistinctement 
et  tous  ensemble  de  longs  chapelets,  qui  marquent  par  points  cer- 
tains grands  cercles  de  la  sphère  terrestre,  fournit  un  puissant  ar- 
gument à  l'appui  de  l'hypothèse  qui,  pour  me  servir  des  expressions 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  493 

de  l'illustre  auteur  du  Cosmos,  leur  assigne  une  origine  commune, 
due  aux  effets  exercés  par  l'intérieur  d'une  planète  en  fusion  sur  son 
enveloppe  oxydée,  dans  les  différents  stades  de  son  refroidissement. 

Mais  je  reviens  à  la  statigraphie,  en  rappelant  que  j'ai  signalé 
précédemment,  page  2 63  de  ce  Rapport,  l'étude  de  l'application 
du  réseau  pentagonal  à  la  carte  géologique  de  la  France,  comme 
propre  à  résoudre  une  double  question  :  celle  de  savoir  si  le  ré- 
seau pentagonal  présente  réellement  des  représentants  des  grands 
cercles  de  comparaison  provisoires  des  différents  systèmes  de  mon- 
tagnes, qu'on  puisse  leur  substituer  sans  dépasser  les  limites  de 
l'incertitude  que  l'insuffisance  des  observations  originaires  a  laissée 
dans  leurs  positions;  et  celle  du  degré  de  précision  avec  lequel  le 
réseau  pentagonal  s'adapte  aux  irrégularités  apparentes  de  la  sur- 
face du  globe. 

La  première  de  ces  deux  questions  a  été  résolue  en  détail  aux 
dernières  lignes  des  articles  consacrés  à  chacun  des  cercles  qui  re- 
présentent des  systèmes  de  montagnes.  Pour  chacun  de  ces  systèmes 
pris  successivement  un  à  un,  le  réseau  pentagonal  a  fourni  un  cercle 
jalonné  naturellement,  qui  ne  s'écarte  du  grand  cercle  de  comparaison 
provisoire  adopté  pour  ce  système  que  dans  des  limites  admissibles 
et  souvent  même  d'une  très-petite  quantité,  suivant  le  bonheur 
plus  ou  moins  grand  avec  lequel  le  grand  cercle  de  comparaison  pro- 
visoire avait  été  choisi  originairement  par  l'auteur  de  la  Notice.  J'ai 
fait  voir  en  outre,  dans  les  pages  précédentes,  que,  dans  leur  adap- 
tation aux  accidents  orographiques  qui  diversifient  la  surface  de 
la  France,  les  grands  cercles  de  comparaison  donnés  par  le  réseau 
sont  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  qu'ils  remplacent,  et  font  naître 
d'eux-mêmes  l'idée  d'adaptations  délicates,  auxquelles  on  n'avait 
pas  même  songé,  et  auxquelles  ils  satisfont  avec  une  étonnante 
ponctualité. 

Le  grand  cercle  de  comparaison  provisoire  n'a  jamais  été  conçu  que 
comme  une  ligne  abstraite  destinée  à  représenter  approximativement 
les  observations.  Les  grands  cercles  du  réseau  pentagonal  sont 


hdh  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

d'autres  lignes  abstraites  destinées  à  remplacer  les  premières;  mais 
les  grands  cercles  du  réseau  que  les  phénomènes  géologiques  ont 
réalisés  jouissent  du  privilège  de  s'adapter  à  certaines  lignes  phy- 
siques, avec  une  précision  remarquable,  sur  laquelle  j'ai  mainte 
fois  insisté,  et  d'où  dépend  celle  de  l'installation  provisoire  actuelle 
du  réseau  pentagonal. 

L'appréciation  de  cette  précision  est  née,  pour  ainsi  dire,  sous 
ma  plume,  en  écrivant  les  cinquante-neuf  monographies  qui  cons- 
tituent une  partie  considérable  de  ce  Rapport,  et  particulièrement 
les  vingt-neuf  dernières,  relatives  aux  cercles  qui  traversent  le 
cadre  de  la  carte  géologique  de  la  France.  On  peut  remarquer, 
en  effet,  par  la  manière  dont  mes  expressions  se  sont  nuancées 
d'elles-mêmes  dans  ce  long  travail,  que  j'ai  été  conduit  à  traiter 
comme  insignifiantes,  c'est-à-dire  comme  inévitables,  les  distances 
de  1  à  2  kilomètres  qui  se  sont  très-fréquemment  présentées  entre 
le  cours  calculé  de  la  ligne  abstraite,  tracée  rigoureusement  sur  la 
carte  géologique  générale  à  l'échelle  de  ^0,  ou  sur  la  carte  géo- 
logique détaillée  à  l'échelle  de  j^-0,  et  les  points  définis  auxquels  je 
l'ai  comparée;  que  j'ai  mis  déjà  quelque  réserve  en  parlant  des  cas 
où  il  restait  une  distance  de  3  kilomètres  entre  le  cercle  calculé 
et  le  point  défini,  et  que  je  n'ai  mentionné  que  comme  des  re- 
pères ou  des  jalons  approximatifs  les  points  définis  situés  à  h  ou 
5  kilomètres  ou  à  une  distance  plus  grande  du  cours  du  même 
cercle. 

En  résumant  les  résultats  obtenus  relativement  à  la  position  de 
chaque  cercle,  j'ai  dû  très-souvent  faire  remarquer  que  le  déplace- 
ment auquel  ce  cercle  sera  soumis,  lorsque  le  réseau  pentagonal 
passera  de  sa  position  provisoire  actuelle  à  sa  position  définitive, 
devra  être  très-petit,  sans  quoi  la  position  du  cercle  serait  gâtée,  et 
il  perdrait  les  privilèges  dont  la  nature  l'a  doté.  Par  cet  énoncé  j'ai 
constaté,  chaque  fois,  la  découverte  dune  ligne  naturelle  dont  le 
cercle  calculé  ne  s'écartait  que  d'une  très-petite  quantité.  Les  dé- 
placements possibles,   dans  l'avenir,  nu\<|iH'ls  je  faisais  allusion. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  495 

étaient  nécessairement  du  même  ordre  que  les  distances  dont  je 
tenais  peu  de  compte,  c  est-à-dire  qu'ils  ne  devaient  guère  dépasser 
1  ou  2  kilomètres. 

La  tolérance  dont  la  pratique  m'a  conduit  à  faire  usage  relati- 
vement au  rapprochement  des  lignes  abstraites  calculées  et  des 
accidents  de  l'écorce  terrestre  dont  elles  affectent  de  se  rapprocher 
était  commandée  par  la  nature  même  des  choses.  Ces  accidents 
géologiques  ne  sont  pas  des  points  sans  épaisseur,  et  leur  centre  ou 
leur  milieu  est  souvent  fort  difficile  à  reconnaître.  S'il  s'agit  d'une 
montagne,  on  ne  peut  dire  le  plus  souvent  si  le  point  caractéris- 
tique est  son  sommet,  qui  peut-être  n'est  plus  aujourd'hui  son 
sommet  originaire,  ou  bien  le  centre  de  figure  de  sa  base,  qui  est 
très-incertain  lorsque  la  montagne  n'est  pas  circulaire,  ou  enfin 
un  point  de  son  contour  auquel  le  cercle  calculé  serait  tangent, 
contour  qui  lui-même  présente  une  certaine  indétermination  toutes 
les  fois  que  la  masse  qui  forme  la  montagne  n'est  pas  limitée  par 
une  surface  cylindrique  à  arêtes  verticales.  La  ISolice  sur  les  systèmes 
de  montagnes  renferme  sur  ce  sujet  des  remarques  auxquelles  je 
me  borne  à  renvoyer  le  lecteur l. 

Lorsqu'il  s'agit  d'accidents  hydrographiques,  par  exemple  d'un 
confluent,  on  peut  rarement  savoir  quelle  distance  existe  entre  le 
filet  médian  d'un  cours  d'eau,  auquel  se  rapporte  le  tracé  de  la 
carte,  et  le  plan  de  la  fissure  à  laquelle  la  vallée  doit  son  origine, 
à  supposer  même  que  le  plan  de  cette  fissure  soit  vertical.  On  me- 
sure sur  la  carte  la  distance  du  cercle  calculé  au  point  de  ren- 
contre des  milieux  des  deux  cours  d'eau ,  tandis  qu'il  faudrait  pou- 
voir mesurer  la  distance  de  ce  même  cercle  au  point  de  rencontre  de 
deux  fissures  dont  l'existence  est  admise,  mais  dont  les  positions 
ne  sont  pas  connues. 

On  doit  avouer  aussi  que,  même  dans  les  meilleures  cartes,  les 
remplissages  topographiques  n'ont  pas  toujours  une  précision  ab- 

1  Notice,  p.  1 192  et  autres  (voir  la  table  de  l'ouvrage). 


Z.96  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

solue.  Si  les  mesures  dont  je  parle  se  rapportaient  à  des  pays  autres 
que  les  parties  de  l'Europe  occidentale,  où  les  cartes  reposent  sur 
des  levés  géodésiques,  il  y  aurait  à  compter  encore  avec  l'incer- 
titude des  latitudes  et  surtout  des  longitudes  de  beaucoup  des 
points  qui  y  sont  figurés.  Des  savants  dont  on  ne  peut  nier  la  com- 
pétence discutent  encore  la  position  assignée  à  Rio-Janeiro,  qu'on 
a  supposée  être  en  erreur  de  5  à  6  minutes  en  longitude,  qui 
feraient  environ  9  kilomètres. 

Dans  un  pareil  état  de  choses  et  en  présence  de  la  légère  in- 
certitude dont  reste  affectée  la  position  du  réseau  pentagonal,  que 
l'auteur  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes  n'a  présentée 
que  comme  provisoire*,  on  ne  peut  s'étonner  que  d'une  chose,  c'est 
que,  du  moins  pour  la  France,  où  se  réunissent  à  la  vérité  les 
conditions  les  plus  favorables,  j'aie  pu  me  trouver  conduit  prati- 
quement à  ne  considérer  comme  absolument  négligeables  que  des 
écarts  de  1  à  2  kilomètres.  Et  il  faut  remarquer  que  ces  écarts, 
quoique  peu  considérables,  sont  cependant  un  résultat  complexe, 
car  ils  se  composent  de  trois  parties  dues,  i°  à  ce  qu'on  ne  peut 
presque  jamais  reconnaître  bien  précisément  le  point  qui  devrait 
être  considéré  comme  le  centre  de  chaque  accident  géologique 
que  l'on  compare  au  cercle  calculé  ;  20  à  ce  que  la  nature  n'a 
peut-être  placé  ces  points  en  ligne  droite  que  d'une  manière  ap- 
proximative; 3°  à  ce  que  l'installation  actuelle  du  réseau  penta- 
gonal n'est  encore  que  provisoire  et  demeure  susceptible  d'une  rec- 
tification ultérieure. 

Il  est  évident  que  le  petit  mouvement  déterminé  par  la  mé- 
thode des  moindres  carrés,  comme  on  l'a  indiqué  dans  la  Notice 
sur  les  systèmes  de  montagnes-,  ou  par  quelque  autre  méthode  équi- 
valente, qui  opérera  cette  rectification  et  fera  disparaître  la  troi- 
sième partie  de  l'écart,  aura  pour  effet,  du  moins  en  général,  d'a- 
méliorer la  position  des  cercles  du  réseau,  et  non  de  la  gâter.  Les 

1  Notice,  p.  1029.  —  a  Ibid.  p.  121G. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  497 

cartes  géographiques  et  géologiques  se  perfectionneront  aussi  par 
degrés,  et  tous  les  progrès  de  la  science  tendront  à  réduire  encore 
la  discordance ,  déjà  si  légère ,  qui  existe  entre  les  cercles  calculés 
du  réseau  et  les  positions  attribuées  aux  points  qui  jalonnent  les 
lignes  naturelles  correspondantes.  Toutefois  on  doit  comprendre 
qu'en  cette  matière,  où  la  régularité  existe  surtout  en  grand,  il  ne 
faut  pas  vouloir  pénétrer  trop  avant  dans  le  domaine  des  infiniment 
petits.  On  finirait  par  y  trouver  une  confusion  apparente,  résultant 
de  ce  que  les  derniers  détails  des  brisures  de  l'écorce  terrestre  sont 
soumis  aux  effets  de  certaines  particularités  locales  en  même  temps 
qu'aux  effets  généraux  qui  ont  produit  les  grands  phénomènes  géo- 
logiques. 

Pour  éviter  cet  écueil,  il  m'a  suffi  de  considérer  chacune  des 
lignes  naturelles,  dont  l'existence  s'est  révélée  dans  le  cours  de  mon 
travail ,  comme  ayant  une  épaisseur  comparable  à  celle  des  acci- 
dents géologiques  qui  en  jalonnent  le  cours.  En  enregistrant,  avec 
des  expressions  progressives  et  nuancées,  tous  les  points  définis 
près  desquels  passent  les  cercles  calculés,  j'ai  traité,  en  fait,  les 
lignes  tracées  par  des  jalons  naturels  comme  autant  de  petites 
zones  que  la  marche  du  travail  m'a  conduit  à  réduire  à  moins  de 
8  kilomètres  de  largeur  :  un  peu  plus  de  k  minutes  de  degré  du 
méridien. 

Il  n'est  pas  inutile  d'insister  sur  l'étroitesse  comparative  d'une 
semblable  zone.  La  circonférence  du  globe  étant  d'environ  &o,ooo 
kilomètres,  une  zone  de  8  kilomètres  de  largeur  est  5,ooo  fois 
aussi  longue  que  large  :  c'est  la  proportion  existante  dans  une 
route  de  io  mètres  de  largeur  et  de  5o  kilomètres  de  longueur. 
Sur  un  globe  de  î  mètre  de  diamètre,  la  représentation  exacte 
d'une  pareille  zone  n'aurait  guère  que  £  de  millimètre  de  lar- 
geur :  ce  serait  un  gros  trait.  Sur  un  globe  ordinaire,  de  3o  à 
35  centimètres  de  diamètre,  comme  celui  sur  lequel  M.  Laugel  a 
tracé  le  réseau  pentagonal,  ce  serait  presque  un  trait  ordinaire. 

On  a  peine  à  concevoir  comment  l'appareil  mécanique,  que  cons- 

Slraligraphie.  ùù 


498  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

titue  le  globe  terrestre  en  voie  de  refroidissement,  a  pu  fonctionner 
avec  assez  de  précision  pour  faire  naître  une  série  de  repères  dans 
un  espace  aussi  étroit;  mais  le  fait  est  mis  en  complète  évidence  par 
le  contenu  de  cette  quatrième  partie  du  Rapport.  Chacun  des  cercles 
du  réseau  pentagonal  que  la  nature  a  réalisés  est  représenté  par 
une  semblable  zone,  accompagnée,  il  est  vrai,  par  un  cortège  d'ac- 
cidents moins  étroitement  resserrés,  et  quelquefois  par  un  système 
de  chaînes  de  montagnes  parallèles  à  sa  direction  et  embrassant 
une  largeur  qui  peut  atteindre  ou  dépasser  même  20  degrés. 

Le  cercle  calculé  qui  est  assujetti  à  rester  renfermé  dans  une 
zone  aussi  étroite,  sous  peine  de  voir  gâter  sa  position,  c'est-à-dire 
d'être  réduit  à  passer  par  des  points  insignifiants,  au  lieu  de  passer 
par  des  points  caractérisés,  ne  peut  être  déplacé  transversalement 
à  sa  direction  que  de  2  minutes  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  et  ne 
peut  de  même  tourner  que  de  2  minutes  environ  d'un  côté  ou  de 
l'autre  autour  de  l'un  de  ses  points. 

Tel  est  le  degré  de  précision  avec  lequel  le  réseau  pentagonal, 
dans  son  installation  provisoire  actuelle,  s'applique  déjà  aux  acci- 
dents de  l'écorce  terrestre,  et  la  nature,  en  faisant  naître  les  lignes 
naturelles  que  les  cercles  du  réseau  représentent,  s'est  astreinte  à 
une  précision  plus  grande  encore,  que  le  réseau  finira  peut-être 
par  atteindre  lorsqu'il  aura  reçu  son  installation  définitive. 

M.  Elie  de  Beaumont,  en  présentant  à  l'Académie  des  sciences, 
dans  une  des  séances  de  l'année  i85o  l,  le  réseau  pentagonal  ins- 
tallé sur  un  globe  dans  sa  position  provisoire  actuelle,  exprimait 
l'espérance  qu'il  ne  se  passerait  pas  un  grand  nombre  d'années 
avant  que  le  réseau  fût  fixé  avec  la  précision  des  degrés  et  même 
avec  celles  des  dizaines  de  minutes2.  Le  contenu  de  la  quatrième 
partie  du  présent  rapport  montre  suffisamment  qu'il  aurait  pu,  dès 
lors,  aller  plus  loin  et  être  plus  affirmatif.  Mais  cette  précision,  à 

1  Comptes  rendus,  t.  XXXI,  p.  335,  séance  du  9  septembre  i85o.  —  2  Notice, 
p.  1204. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         WJ 

deux  minutes  pi'ès,  qui  rivalise  avec  celle  de  la  cristallographie  et 
dont  la  constatation  est  un  des  progrès  des  dernières  années,  au- 
rait pu  être  moins  grande  sans  qu'aucune  des  conséquences  gé- 
nérales qui  résultent  de  l'existence  du  réseau  en  fût  sensiblement 
affectée  et  sans  que  les  applications  s'en  ressentissent  en  aucune 
façon.  11  suffit,  pour  les  unes  et  pour  les  autres,  que  l'existence  du 
réseau  pentagonal  et  l'exactitude  approximative  de  son  installation 
provisoire  actuelle  aient  été  mises  hors  de  doute. 


32. 


CINQUIÈME  PARTIE. 

APPLICATIONS  DU   RÉSEAU   PENTAGONAL. 

Le  réseau  pentagonal  est  susceptible  de  différentes  applications 
scientifiques  ou  techniques.  Depuis  dix-huit  ans  il  en  a  reçu  plu- 
sieurs qui  méritent  d'être  signalées,  et  dont  un  rapide  aperçu  fera 
l'objet  de  cette  cinquième  et  dernière  partie  du  Rapport. 

APPLICATIONS  À  LA  TOPOGRAPHIE. 

Le  réseau  pentagonal  est  représenté  dans  la  nature  par  un  sys- 
tème de  grands  cercles  imprimés  en  caractères  géologiques  sur  la 
surface  de  la  terre.  Les  uns  sont  les  grands  cercles  de  comparaison 
d'autant  de  systèmes  de  montagnes,  et  les  autres  sont  liés  aux  pre- 
miers par  les  lois  de  la  symétrie  pentagonale. 

Les  cercles  du  réseau  pentagonal  comprennent  un  très-grand 
nombre  de  points  remarquables  qui  sont,  rigoureusement  ou  ap- 
proximativement, leurs  jalons  ou  leurs  repères;  mais  ils  ne  com- 
prennent pas  tous  les  points  remarquables  du  globe.  Ainsi  qu'on 
l'a  déjà  rappelé  précédemment,  page  6 k,  le  mont  Blanc,  le  mont 
Dore,  le  Cantal,  etc.  ne  se  trouvent  sur  aucun  des  cercles  du  réseau 
que  nous  avons  étudiés.  Ils  se  trouveront  probablement  sur  des 
arcs  parallèles  aux  premiers,  qui  produiront  un  plexus  beaucoup 
plus  serré  encore  que  celui  dont  nous  nous  sommes  occupé. 

L'essence  des  systèmes  de  montagnes  est  de  se  composer  chacun 
d'une  nombreuse  série  de  chaînons  respectivement  parallèles  au 
grand  cercle  de  comparaison,  mais  placés  pour  la  plupart  en  dehors 
de  ce  grand  cercle,  à  des  distances  plus  ou  moins  grandes,  qui  attei- 
gnent quelquefois  ou  dépassent  même  10  degrés  (soit  1,100  kilo- 


502  15 APPORT  SUR  LES  PROGRES 

mètres  ou  a5o  lieues  de  chaque  côté).  Les  points  remarquables 
de  ces  chaînons  latéraux  sont  nécessairement  en  dehors  du  grand 
cercle  de  comparaison.  Il  est  vrai  qu'ils  se  trouvent  fréquemment  sur 
des  cercles  transversaux,  comme  on  en  a  vu  de  très-nombreux 
exemples  dans  les  études  consignées  ci-dessus;  et,  pour  le  dire  en 
passant,  la  manière  dont  les  cercles  du  réseau,  examinés  dans  le 
cours  de  ce  Rapport,  traversent  les  chaînes  volcaniques  des  Açores, 
des  Antilles,  des  îles  Sandwich,  des  îles  Àleutiennes,  des  îles  Ku- 
rdes, du  Japon,  etc.  donne  une  grande  force  à  cette  remarque  : 
néanmoins,  quoique  très-fréquentes,  ces  rencontres  sont  cependant 
encore  des  faits  particuliers. 

Mais  les  arcs  de  grands  cercles  qui  représentent  les  axes  des 
différents  chaînons  de  montagnes  et  les  arcs  soumis  à  la  même  loi 
de  parallélisme  qui  représentent  des  failles  ou  autres  fissures  de 
lécorce  terrestre,  des  lignes  de  points  d'éruption,  etc.,  pris  dans 
leurs  longueurs  limitées  ou  légèrement  prolongés,  se  coupent  entre 
eux  ou  coupent  les  cercles  du  réseau  en  un  nombre  presque  infini 
de  points,  nécessairement  coordonnés  à  la  symétrie  pentagonale, 
et  formant  une  sorte  de  quinconce  que  l'auteur  de  la  Notice  sur  les 
systèmes  de  montagnes  a  nommé  quinconce  pentagonal l. 

Les  points  d'intersection  des  cercles  du  réseau  pentagonal  font 
eux-mêmes  partie  de  ce  quinconce;  ils  en  sont  les  points  du  pre- 
mier ordre ,  et  l'auteur  a  désigné  tous  les  autres  sous  le  nom  de 
points  secondaires.  Comparés  aux  points  géodésiques,  les  premiers 
représentent  les  sommets  de  la  grande  triangulation,  et  les  autres 
les  sommets  des  triangles  du  second  et  du  troisième  ordre. 

La  plupart,  sinon  la  totalité  des  points  remarquables  de  l'écorce 
terrestre,  appartiennent  soit  aux  points  du  premier  ordre,  soit  aux 
points  secondaires  du  quinconce  pentagonal. 

Le  quinconce  pentagonal  est  le  canevas  fondamental  de  la  topogra- 
phie, soit  qu'on  la  considère  au  point  de  vue  purement  orogra- 

1  Police,  p.  îoai  et  autres.  (Voir  la  lablc  de  1  ouvrage.) 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  503 

phique,  soit  qu'on  y  comprenne  la  connaissance  des  substances 
diverses  dont  le  sol  se  compose  et  de  celles  qui  y  forment  des  ac- 
cidents et  qui  en  constituent  la  richesse. 

Le  quinconce  pentagonal  ne  pourrait  être  tracé  d'une  manière 
complète  que  sur  des  plans  d'une  très-grande  échelle,  car  il  devrait 
comprendre  le  tracé  de  la  totalité  des  fissures  qui  traversent  le  sol. 
Mais,  suivant  l'échelle  à  laquelle  on  opère,  on  peut  faire,  d'après 
leur  importance  relative,  un  choix  parmi  les  axes  de  soulèvement, 
les  failles,  les  fissures,  les  alignements  de  tous  genres,  et  il  n'est  pas 
nécessaire  d'en  tracer  un  très-grand  nombre  pour  arriver,  suivant 
une  expression  empruntée  au  langage  des  artistes,  à  mettre  un  pays 
dans  ses  lignes. 

MM.  Elie  de  Beaumont  et  de  Ghancourtois  ayant  été  chargés,  en 
1 852 ,  de  compléter  et  de  terminer  la  carte  géologique  du  départe- 
ment de  la  Haute-Marne,  préparée  par  M.  A.  Duhamel,  ingénieur 
en  chef  des  mines,  qu'une  mort  prématurée  avait  empêché  de  la 
terminer,  ont  entrepris  de  faire  pour  ce  département  l'opération 
qui  vient  d'être  indiquée.  Leur  travail  a  paru  en  1862,  et  je  vais 
en  donner  une  idée  sommaire. 

Ils  ont  observé  avec  attention  et  tracé  avec  le  plus  grand  soin , 
sur  la  carte  dite  d'état-major,  publiée  par  le  Dépôt  de  la  guerre  à 
l'échelle  de  g  0  \  0  0 ,  les  failles  et  autres  accidents  stratigraphiques 
qui  sillonnent  le  sol  du  département  de  la  Haute-Marne,  où  ils  ache- 
vaient en  même  temps  de  tracer  d'une  manière  détaillée  les  con- 
tours des  différentes  formations  géologiques.  Ils  ne  se  sont  pas  con- 
tentés de  relever  simplement  à  la  boussole  les  directions  des  failles 
et  des  inflexions  des  couches;  ils  en  ont  perfectionné  le  tracé,  en 
étudiant  la  manière  dont  ces  accidents  géologiques  s'adaptent  aux 
détails  des  accidents  topographiques  figurés  avec  une  rare  préci- 
sion sur  les  cartes  du  Dépôt  de  la  guerre.  Ils  se  sont  aidés  en  même 
temps  de  la  remarque  presque  séculaire  de  Werner  et  des  mineurs 
de  l'Allemagne,  que  les  failles  ou  fentes  dans  lesquelles  ont  été 
déposés  les  filons  métallifères  sont  coordonnées  entre  elles  par  fais- 


504      t  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ceaux,  dans  chacun  desquels  toutes  les  directions  sont  sensiblement 
parallèles  les  unes  aux  autres.  Ils  sont  parvenus  de  cette  manière 
à  représenter  toutes  leurs  observations  par  seize  faisceaux  de  lignes 
parallèles. 

Des  lignes  tirées  par  Buxières-lez-Belmont,  où  un  pointement 
granitique  attire  spécialement  l'attention,  parallèlement  à  ces  seize 
directions,  ont  formé  la  rose  des  directions  observées  du  département 
de  la  Haute-Marne. 

Les  seize  rayons  de  cette  rose  représentent,  en  même  temps,  la 
plupart  des  directions  suivant  lesquelles  M.  de  Ghancourtois  a 
constaté  que  s'alignent  les  nombreux  gîtes  de  minerais  de  fer  qui 
sont  exploités  dans  le  même  département,  ainsi  que  les  masses  de 
gypse  et  les  sources  minérales.  Ces  alignements,  que  M.  de  Chan- 
courtois  a  tracés  avec  la  plus  scrupuleuse  attention,  sont  figurés 
sur  la  carte  de  la  Haute-Marne  par  des  lignes  en  points  longs  im- 
primés en  rouge,  tandis  que  les  failles  sont  figurées  par  des  lignes 
pleines,  et  les  lignes  d'inflexion  des  couches  par  des  lignes  en  points 
longs,  imprimées  les  unes  et  les  autres  en  bleu. 

Malgré  tous  les  soins  qu'ils  avaient  apportés  à  ce  travail,  exécuté 
avec  les  instruments  usuels,  MM.  Elie  de  Beaumont  et  de  Ghan- 
courtois ont  déclaré  qu'ils  ne  pouvaient  espérer  d'avoir  atteint  une 
précision  obsolue,  et  ils  ont  indiqué  eux-mêmes  la  limite  de  leurs 
prétentions  à  cet  égard,  en  se  bornant  à  coter  en  degrés  et  quarts 
de  degré  (N.  2o°45'E.,  N.  dix0  E.,  N.  37°i5'E.)  les  orientations 
figurées  sur  leur  rose  des  directions  observées.'  L'exactitude  de  ces 
orientations  demeure  même  sujette  à  leurs  yeux  à  certaines  réserves 
qu'ils  ont  indiquées,  en  ajoutant  que  peut-être  quelques  failles  ont 
été  tracées  d'une  manière  trop  continue,  surtout  dans  les  terrains 
argileux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  rose  des  directions  observées  de  la  Haute- 
Marne,  qui  est  réellement  la  quintessence  delà  stratigraphie  de  la 
contrée,  étant  gravée  et  irrévocablement  tirée  depuis  un  certain 
temps,  M.  Elie  de  Beaumont  a  été  curieux  de  savoir  quels  rapports 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  E.\  FRANCE.  505 

les  seize  directions  relevées  dans  la  Haute-Marne  pourraient  avoir 
avec  les  directions  qu'il  avait  antérieurement  adoptées  pour  les  dif- 
férents systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  occidentale ,  et  la  com- 
paraison dont  il  s'agit  a  été,  de  sa  part,  l'objet  d'un  travail  spécial 
qu'il  a  communiqué  à  l'Académie  des  sciences l. 

Il  a  exécuté,  par  les  méthodes  ordinaires  de  la  trigonométrie 
sphérique,  les  calculs  nécessaires  pour  mener,  du  centre  de  la  rose 
des  directions  observées,  placé  à  Buxières-lez-Belmont,  par  &7°45'i5" 
de  latitude  N.  et  par  3°i2'i5''  de  longitude  E.  de  Paris,  une  ligne 
parallèle  à  l'élément  correspondant  de  chacun  des  grands  cercles  de 
comparaison  des  différents  systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  occi- 
dentale. Ces  parallèles  devaient  former  une  rose  des  directions  théo- 
riques susceptible  d'être  comparée  à  la  rose  des  directions  observées- 
déjà  gravée  sur  la  carte. 

Rien  n'exigeant  que  fauteur  se  limitât  dans  la  composition  de 
cette  rose  des  directions  théoriques,  il  y  a  fait  entrer  des  parallèles 
à  une  grande  partie  des  cercles  principaux  du  pentagone  européen, 
ainsi  qu'à  plusieurs  cercles  auxiliaires  qui,  par  leur  analogie  avec 
les  cercles  déjà  employés  pour  représenter  des  systèmes  de  mon- 
tagnes, lui  paraissent  susceptibles  d'être  pris  utilement  en  consi- 
dération. Excluant  seulement  les  cercles  qui  passaient  évidemment 
à  une  trop  grande  distance  de  Buxières-lez-Belmont  pour  que  leur 
influence  pût  s'y  faire  sentir  (et  encore  en  a-t-il  introduit,  pour  en 
amener  la  discussion,  quelques-uns  qui  étaient  dans  ce  dernier  cas), 
il  a  calculé  les  orientations  de  parallèles  menées  par  Buxières-lez- 
Belmont  à  quarante-trois  cercles  différents.  Remarquant,  en  outre, 
que ,  lorsque  des  accidents  stratigraphiques  se  sont  produits  paral- 
lèlement à  une  certaine  direction,  des  fissures  ont  dû  se  produire 
aussi,  quoique  sur  une  moindre  étendue,  perpendiculairement  à 
cette  même  direction ,  il  a  tenu  compte  également  des  perpendicu- 
laires aux  grands  cercles  pris  en  considération.  Il  a  eu  ainsi,  pour 

1  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  76,  séance  du  16  juillet  1862. 


506  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

en  composer  la  rose  des  directions  théoriques,  quatre-vingt-six  orien- 
tations perpendiculaires  entre  elles  deux  à  deux,  parmi  lesquelles 
il  était  rationnellement  amené  à  chercher  les  seize  directions  ob- 
servées. 

A  l'aide  de  toutes  ces  données,  il  a  formé  un  tableau1  présen- 
tant, relativement  à  chacun  des  cercles  introduits  dans  la  rose, 
l'orientation  de  la  parallèle  qui  lui  est  menée  par  Buxières-lez- 
Belmont,  la  longueur  de  la  perpendiculaire  abaissée  du  même 
lieu  sur  ce  cercle,  et  l'orientation,  à  son  point  de  départ,  de  cette 
perpendiculaire,  que  la  parallèle  coupe  à  angle  droit  en  ce  même 
point.  Des  colonnes  spéciales  du  même  tableau  sont  consacrées  aux 
orientations  observées,  rapportées  à  Buxières-lez-Belmont,  aux 
différences  existantes  entre  chacune  de  ces  dernières  et  celle  des 
orientations  théoriques  qui  s'en  rapproche  le  plus,  différences  qu'il 
a  nommées,  par  cette  raison,  différences  minima,  et  enfin  aux  dif- 
férences entre  les  orientations  observées  et  celles  des  orientations 
théoriques  qui,  après  discussion,  ont  paru  devoir  être  adoptées 
pour  représenter  les  premières. 

Les  quarante-trois  parallèles,  jointes  aux  quarante-trois  perpen- 
diculaires, ont  donné  un  total  de  quatre-vingt-six  orientations  cal- 
culées, qui  ont  été  rangées  dans  la  troisième  colonne  du  tableau, 
suivant  l'ordre  dans  lequel  elles  se  succèdent  en  partant  du  N.  pour 
aller  par  l'E.  S.,  vers  le  et  les  différences  ont  été  rangées  dans  un 
ordre  correspondant. 

On  aurait  pu  croire  que  ces  quatre-vingt-six  orientations  se  se- 
raient réparties  dans  la  demi-circonférence ,  de  manière  à  la  diviser 
en  petits  secteurs  ayant  chacun  une  amplitude  peu  différente  de 
-?,  degrés;  et  très-probablement  il  en  aurait  été  à  peu  près  ainsi  pour 
des  orientations  prises  absolument  au  hasard.  Mais  les  quatre-vingt- 
six  orientations  inscrites,  dérivant  du  réseau  petitagonal,  portaient 
nécessairement  l'empreinte  de  la  symétrie  du  réseau,  et  elles  ont 

1  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  8o,  séance  du  ih  juillet  1862. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  507 

accusé  leur  origine  en  formant  des  faisceaux  assez  étroits  et  souvent 
même  très-resserrés,  séparés  par  des  intervalles  vides  d'une  ampli- 
tude plus  ou  moins  grande.  On  a  vu  se  reproduire  le  caprice  appa- 
rent signalé  plus  haut,  page  36,  par  lequel  la  symétrie  pentagonale 
s'est  révélée  pour  la  première  fois. 

Les  orientations  inscrites  dans  le  tableau,  étant  perpendiculaires 
deux  à  deux ,  étaient  nécessairement  réparties  de  la  même  manière 
dans  les  deux  quarts  de  circonférence  compris  entre  o°  et  900  et 
entre  900  et  180°.  Dans  la  demi-circonférence  entière,  les  fais- 
ceaux étaient  au  nombre  de  28  séparés  par  28  intervalles  vides, 
et  les  faisceaux  étaient  tellement  serrés,  que  tous  ensemble  ils 
ne  comprenaient  que  34°  01'  33"  02,  tandis  que  les  28  intervalles 
embrassaient  1 45°  8'  26"  98. 

Ce  groupement  des  orientations  théoriques  en  faisceaux  a  joué 
nécessairement  un  rôle  prépondérant  dans  la  discussion  à  laquelle 
l'auteur  a  du  se  livrer  pour  déterminer  quelles  étaient,  parmi  les 
orientations  théoriques,  celles  auxquelles  il  convenait  le  mieux  de 
rapporter  les  seize  orientations  observées  dans  le  département  de 
la  Haute-Marne.  Comme  il  serait  difficile  d'abréger  cette  discussion , 
qui,  en  raison  de  son  étendue,  ne  peut  être  reproduite  dans  le  pré- 
sent Rapport,  je  dois  me  borner  à  en  consigner  ici  les  principaux 
résultats. 

En  empruntant  aux  cercles  du  réseau  pentagonal  quatre-vingt- 
six  orientations,  pour  les  rapprocher,  sans  autres  préliminaires,  de 
seize  orientations  observées,  on  aurait  pu  craindre  de  faire  naître 
une  confusion  presque  inextricable.  Mais  il  n'en  a  pas  été  ainsi,  et, 
en  éclairant,  lorsque  la  nécessité  s'en  est  fait  sentir,  les  résultats 
bruts  des  rapprochements  numériques  par  les  considérations  que 
fournissait  naturellement  la  constitution  géologique  de  la  contrée, 
l'auteur  a  pu  rapporter  rationnellement  les  observations  faites  dans 
la  Haute-Marne  aux  systèmes  de  montagnes  dont  l'influence  s'y  est 
fait  sentir,  sans  être  obligé  d'admettre  entre  les  orientations  obser- 
vées et  les  orientations  calculées  des  différences  trop  considérables. 


508  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ces  différences,  notées  comme  positives  ou  comme  négatives,  sui- 
vant que  l'orientation  observée  s'éloigne  ou  se  rapproche  du  nord 
plus  que  la  direction  calculée  à  laquelle  on  la  compare ,  sont  le 
plus  souvent  très-faibles,  les  plus  fortes  ne  dépassant  pas  trois  à 
quatre  degrés. 

La  rose  des  directions  observées  se  compose  de  seize  rayons,  dont 
chacun  représente  un  groupe  plus  ou  moins  nombreux  de  failles, 
de  directions  de  couches  repliées  ou  redressées  et  d'alignements 
répandus  dans  différentes  parties  du  département.  Dans  chacun 
de  ces  groupes,  les  orientations  sont  très-peu  différentes  les  unes 
des  autres,  sans  être  cependant  assez  complètement  identiques 
pour  qu'on  ne  puisse  pas  les  soupçonner  quelquefois  d'appartenir 
à  des  systèmes  distincts,  mais  d'orientations  très-voisines.  En  rap- 
prochant les  seize  orientations  observées  des  quarante-trois  orien- 
tations calculées  et  de  leurs  perpendiculaires,  l'auteur  a  trouvé 
que  vingt-deux  de  ces  orientations  théoriques  pouvaient  avoir  des 
représentants  parmi  les  orientations  des  accidents  stratigraphiques 
du  département  de  la  Haute-Marne,  et  il  a  même  mentionné  en 
outre  deux  rapprochements  douteux. 

Parmi  les  vingt-deux  rapprochements  admis,  douze,  c'est-à-dire 
plus  de  la  moitié,  se  sont  présentés  dès  l'abord  :  on  n'a  eu  qu'à 
rattacher  l'orientation  observée  à  l'orientation  théorique  qui  s'en 
éloignait  le  moins,  et  qui  souvent  ne  présentait  avec  la  première 
qu'une  différence  extrêmement  faible ,  comprise  parmi  les  seize  dif- 
férences minima  inscrites  dans  une  colonne  particulière  du  tableau 
et  reproduites  parmi  les  vingt-deux  différences  relatives  aux  orien- 
tations choisies. 

Dans  les  dix  autres  cas,  des  considérations  géologiques  ont  con- 
duit à  rapprocher  la  direction  observée  d'une  direction  calculée 
autre  que  celle  qui  s'en  éloignait  le  moins.  Une  orientation  obser- 
vée, qui  tombait  entre  deux  orientations  calculées,  a  quelquefois 
été  considérée  comme  réunissant  à  la  fois  des  lignes  se  rapportant 
aux  doux  dernières.  D'autres  fois  il  a  paru  que  le  cercle  auquel  se 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  509 

rapportait  l'orientation  calculée  la  plus  voisine  d'une  orientation 
observée  avait  des  rapports  géologiques  moins  naturels  avec  la 
constitution  géologique  du  département  de  la  Haute-Marne  qu'un 
autre  cercle  dont  l'orientation  s'éloignait  un  peu  plus  de  l'orienta- 
tion observée,  et  on  s'est  décidé  à  chevaucher  par-dessus  la  pre- 
mière pour  aller  prendre  la  seconde.  11  en  est  résulté  que  quatre 
des  différences  minima  (un  quart  seulement  de  la  totalité)  ne  figu- 
rent pas  dans  la  colonne  relative  aux  orientations  choisies  et  y  sont 
remplacées  par  des  différences  un  peu  plus  fortes.  C'est  ainsi  qu'ont 
été  introduites  dans  la  colonne  relative  aux  vingt-deux  orientations 
choisies  dix  différences  qui  ne  sont  pas  des  différences  minima. 

Dans  la  discussion  se  sont  offerts  des  rapprochements  singuliè- 
rement heureux,  dont  le  résultat  présente  un  caractère  frappant 
de  vérité.  Deux  cercles  du  réseau  pentagonal ,  le  diamétral  Dac  du 
système  de  la  Gôte-d'Or  et  le  trapézoédrique  Te  du  système  du 
Hundsriïck,  se  coupent,  comme  on  l'a  vu  précédemment,  à  Saint- 
Marcel,  près  de  Noroy-lez-Jussey,  dans  la  partie  du  département 
de  la  Haute-Saône  la  plus  voisine  de  celui  de  la  Haute-Marne.  Ils 
traversent  l'un  et  l'autre  la  partie  méridionale  de  la  Haute-Marne , 
qui  est  celle  où  les  failles  sont  le  plus  multipliées.  Il  était  naturel 
que  leurs  orientations  fussent  reproduites  par  celles  des  failles 
avec  une  netteté  particulière.  Or,  pour  ces  deux  cercles,  on  a  été 
conduit  à  conserver  dans  la  colonne  des  différences  relatives  aux 
orientations  choisies  les  différences  minima,  qui  sont,  pour  le  cercle 
de  la  Gôte-d'Or,  +o°2i'58"2o,  et  pour  le  cercle  du  Hunds- 
riick, — o°27'3i"77;  deux  différences  en  elles-mêmes  assez 
faibles  et  qui,  étant  de  signes  contraires,  se  compensent  presque 
exactement. 

La  compensation,  cependant,  n'a  pas  lieu  pour  l'ensemble  des 
différences.  Parmi  les  seize  différences  minima,  huit  sont  posi- 
tives et  huit  sont  négatives,  mais  les  différences  positives  sont  plus 
grandes  en  moyenne  que  les  différences  négatives;  et,  parmi  les  dif- 
férences relatives  aux  vingt-deux  orientations  choisies,  quatorze 


510  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

sont  positives,  tandis  que  huit  seulement  sont  négatives  et  moins 
grandes  en  moyenne  que  les  différences  positives. 

Disposer,  pour  atténuer  cette  disproportion,  des  deux  minutes 
dont  le  réseau  pentagonal,  dans  sa  position  provisoire  actuelle,  paraît 
susceptible  de  tourner  sur  lui-même,  serait  un  remède  insuffisant. 
Le  privilège  constant  dont  jouissent  ici  les  différences  positives  a 
amené  l'auteur  à  penser  qu'une  cause  spéciale,  indépendante  du 
caprice  des  erreurs  d'observation,  avait  concouru  à  les  produire. 

Il  a  constaté,  en  effet,  qu'on  pourrait  trouver  cette  cause  dans 
un  défaut  réel  de  continuité  des  fissures,  qui,  sans  présenter  d'in- 
terruption complète  et  apparente,  seraient  tronçonnées  en  segments 
consécutifs,  disposés  on  échelon,  par  le  croisement  de  fissures 
transversales.  Pour  chacune  des  différences  un  peu  considérables 
que  les  résultats  du  calcul  ont  données,  il  a  pu  signaler  un  sys- 
tème de  croisements  et  de  rejets  qui,  combiné  avec  la  direction 
calculée,  aurait  produit  une  déviation  de  même  signe  que  celle 
qui  a  été  déterminée.  11  a,  en  outre,  fait  remarquer  que,  suivant 
toute  apparence,  les  fissures  ne  sont  presque  jamais  verticales,  et 
que,  de  même  que  dans  les  filons,  toutes  les  fissures  d'une  même 
orientation  sont  probablement  inclinées  dans  le  même  sens.  Or 
cette  inclinaison,  qui  joue  un  rôle  essentiel  dans  Yépure  bien  connue 
du  croisement  des  filons,  et  qui,  dans  le  cas  actuel,  reste  indéter- 
minée, a  été  dans  les  mains  de  la  nature  un  élément  propre  à 
faciliter  la  production  des  déviations  observées.  De  là  il  résulte  que, 
très-probablement,  une  petite  partie  seulement  des  différences 
données  par  les  résultats  du  calcul  rentre  dans  le  domaine  du 
hasard  ou  des  erreurs  d'observation. 

La  discussion  des  seize  différences  minima  et  des  vingt-deux  dif- 
férences relatives  aux  orientations  choisies  a  conduit  l'auteur  à 
beaucoup  d'autres  remarques,  qui  tiendraient  ici  trop  de  place  et 
pour  lesquelles  je  ne  puis  que  renvoyer  au  mémoire  original1.  Je 

1   Comptes  rendus,  l.  LA.  |>.  ii.3.  séance  du  ai  juillet  i8(*>2. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  511 

citerai  cependant  encore  le  résultat  suivant.  Les  seize  orientations 
observées  ne  sont  pas  réparties  également  entre  les  deux  quadrants 
N.-E.  et  S.-E.,  mais  le  premier  en  renferme  dix  et  le  second  six 
seulement.  Pour  les  vingt-deux  orientations  choisies,  treize  tom- 
bent dans  le  premier  quadrant,  et  neuf  seulement  dans  le  second. 
Cette  préférence  pour  le  quadrant  N.-E.  est  en  harmonie  avec  la  re- 
marque faite  depuis  longtemps  par  M.  de  Humboldt,  que  les  orien- 
tations des  accidents  stratigraphiques  de  l'Europe  occidentale  se 
dirigent  le  plus  souvent  vers  la  région  du  N.-E.,  mais  qu'un  groupe 
assez  nombreux  aussi  de  ces  orientations  se  dirige  vers  la  région 
du  S.-E. 

L'analyse  rigoureuse  des  faits  observables  dans  une  région, 
même  aussi  peu  étendue  qu'un  département,  peut  ainsi  quelquefois 
reproduire  ou  faire  naître  des  remarques  susceptibles  d'une  appli- 
cation générale. 

L'auteur  avait  fait  entrer  dans  la  rose  des  directions  calculées 
quarante-trois  cercles  dont  plusieurs  passent  fort  loin  de  Buxières- 
lez-Belmont.  Le  résultat  de  la  discussion  a  été  d'éliminer  en  masse 
les  neuf  cercles  qui  en  passent  le  plus  loin.  Les  vingt-deux  rappro- 
chements se  rapportent  à  vingt-deux  des  trente-quatre  cercles  qui 
passent  le  plus  près  de  Buxières,  et  pour  les  deux  plus  éloignés 
desquels  les  perpendiculaires  abaissées  de  ce  point  n'ont  encore 
que  des  longueurs  de  6°5o'  1 1" 9/1  et  de  6°/io'37"oo.  Or  ces 
deux  derniers  cercles  sont  ceux  qui  représentent  les  systèmes  des 
Alpes  principales  et  des  Pyrénées,  deux  des  systèmes  qui  ont  le 
plus  fortement  et  le  plus  largement  accidenté  le  sol  de  l'Europe. 

On  peut  inférer  de  là  que ,  en  limitant  d'une  manière  générale  à 
2  0°  ( io°  de  part  et  d'autre  du  grand  cercle  de  comparaison)  la  lar- 
geur d'un  système  de  montagnes,  l'auteur  de  la  Notice  ne  l'a  pas 
restreinte  outre  mesure.  Les  rapprochements  établis  entre  des 
chaînes  de  montagnes  plus  éloignées  les  unes  des  autres,  dans  le 
sens  transversal  à  leur  direction ,  peuvent  donc  inspirer  de  la  dé- 
fiance et  ne  doivent  être  admis  qu'avec  réserve.  Il  est  difficile. 


512  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

néanmoins,  de  rien  prononcer  d'absolu  à  cet  égard,  et  certains  rap- 
prochements, qui  étendraient  exceptionnellement  jusqu'à  200  du 
grand  cercle  de  comparaison  l'influence  d'un  système  de  monta- 
gnes, se  sont  présentés  quelquefois  d'une  manière  assez  naturelle1. 

Le  plexus  compliqué  que  forment  les  accidents  stratigraphiques 
figurés  sur  la  carte  géologique  du  département  de  la  Haute-Marne 
n'a  pas  été  produit  d'un  seul  jet;  mais,  le  sol  étant  composé  presque 
exclusivement  par  le  terrain  jurassique,  les  données  manquent  en 
partie  pour  établir  d'une  manière  précise  le  nombre  et  la  date 
géologique  des  époques  de  bouleversement  qu'il  y  aurait  lieu  d'y 
distinguer. 

L'auteur,  en  tenant  compte  des  deux  cas  notés  comme  douteux, 
a  été  conduit  à  établir  des  rapprochements,  sous  le  rapport  des 
directions  observées,  entre  les  accidents  stratigraphiques  et  dix- 
huit  systèmes  de  montagnes,  dont  six  interviennent  à  la  fois  par 
leur  direction  propre  et  par  celle  de  leur  perpendiculaire.  Parmi 
ces  dix-huit  systèmes,  il  y  en  a  huit,  savoir,  les  systèmes  du  Finis- 
tère, du  Morbihan,  du  Hundsriïck,  des  Ballons,  du  Forez,  du 
Rhin,  du  Thûringerwald,  du  mont  Seny,  qui  sont  antérieurs  à  la 
partie  moyenne  du  terrain  jurassique.  Or,  comme  tous  les  accidents 
stratigraphiques  du  département  de  la  Haute-Marne  affectent  les 
couches  jurassiques,  ces  huit  systèmes,  ou  du  moins  les  sept  pre- 
miers, n'ont  pu  y  manifester  leur  existence  qu'en  se  reprodui- 
sant postérieurement  à  leur  première  origine,  par  le  contre-coup 
de  dislocations  plus  récentes,  phénomènes  dont  plusieurs  autres 
exemples  ont  été  cités  dans  le  cours  de  ce  Rapport  (p.  32Û,  618, 
1*3 h  et  autres). 

Parmi  les  dix  autres  systèmes,  huit  sont  reconnus  comme  posté- 
rieurs au  terrain  jurassique  :  ce  sont  les  systèmes  delà  Côte-d'Or, 
du  mont  Viso,  des  Pyrénées,  des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  du 
Tatra  (T&),  du  Tatra  de  M.  Pomel  (Ta),  du  Sancerrois,  des  Alpes 

1   Voyez  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p.  q53  cl  978. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  513 

principales;  et  il  est  probable  qu'il  en  sera  de  même  des  deux  sys- 
tèmes nouveaux  dont  l'auteur  a  cru  discerner  l'indication  et  qu'il 
a  représentés,  l'un  par  un  cercle  auxiliaire  Tb  (TTbbc  Hécla),  ho- 
mologue du  système  du  Sancerrois,  et  l'autre  par  un  cercle  auxi- 
liaire Da  (Dac),  homologue  du  système  des  Pays-Bas.  Mais  l'un  des 
deux  systèmes  désignés  sous  le  nom  de  Tatra  devra  probablement 
être  considéré  comme  étranger  au  département  de  la  Haute-Marne, 
et  les  fissures  dirigées  perpendiculairement  à  la  direction  du  sys- 
tème des  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  s'il  en  existe  réellement 
dans  ce  département,  où  elles  ne  sont  indiquées  que  par  l'un  des 
trois  rapprochements  numériques  auxquels  se  prête  l'orientation 
observée  E.  3°N.,  pourraient  n'être  qu'une  déviation  des  accidents 
d'un  système  plus  moderne.  Cela  réduirait  à  six  les  systèmes  de 
montagnes  antérieurement  connus  dont  on  pourrait  assurer,  dès 
aujourd'hui,  qu'ils  ont  joué  un  rôle  direct  dans  la  formation  du 
relief  extérieur  du  département  de  la  Haute-Marne,  savoir  :  i°  le 
système  de  la  Côte-d'Or,  qui  paraît  avoir  joué  un  rôle  considé- 
rable dans  cette  contrée  et  avoir  occasionné  la  reproduction  des 
accidents  de  plusieurs  systèmes  plus  anciens,  notamment  de  ceux 
du  Hundsruck  et  du  Rhin;  2°  le  système  du  mont  Viso,  dont  le 
rôle  a  été  considérable  aussi  et  qui  a  occasionné  de  son  côté  la 
reproduction  des  accidents  de  plusieurs  systèmes  plus  anciens,  tels 
que  ceux  du  Morbihan,  du  Rhin,  du  Forez  et  même  du  système 
de  la  Côte-d'Or;  car  on  voit  vers  Joinville  et  Saint-Dizier  des  failles 
ayant  l'orientation  des  systèmes  du  Rhin  et  de  la  Côte-d'Or  affecter 
le  terrain  néocomien  et  peut-être  même  le  grès  vert  et  le  gault; 
3°  le  système  des  Pyrénées,  dont  l'influence  dans  la  Haute-Marne 
a  été  moins  étendue;  h°  le  système  du  Tatra,  dont  l'action  s'est 
surtout  exercée  dans  la  partie  S.-E.  du  département,  en  contri- 
buant à  produire  le  singulier  plexus  de  failles  qui  s'étend,  au 
midi  de  Buxières-lez-Belmont,  de  Charme-Saint-Valbert  à  Chas- 
signy,  à  Grancev  et  au  delà;  5°  le  système  du  Sancerrois,  dont 
l'action  a  été  très-restreinte  ;  6°  enfin  le  système  des  Alpes  princi- 

Stratifjraphie.  33 


514  BÀPPQBT  SUR  LES  PROGRÈS 

pales,  auquel  se  rapporte  notamment  le  grand  accident strati gra- 
phique que  M.  de  Chancourtois  a  tracé  aux  environs  de  Chalindrey 
et  qui  limite  au  S.-S.-E.  la  montagne  de  Langres. 

Dans  l'opinion  de  M.  Elie  de  Beaumont,  cet  accident  stratigra- 
phique  aurait  complété  le  relief  du  département  de  la  Haute-Marne 
en  séparant  le  bassin  de  la  Bresse  de  celui  dans  lequel  se  sont 
déposés  des  terrains  analogues  à  celui  de  la  Bresse,  aux  environs 
de  Saint-Dizier,  de  Sainte-Menehould,  etc. 

Le  système  des  Alpes  principales  aurait  ainsi  joué  dans  le  dé- 
partement de  la  Haute-Marne  un  des  rôles  prépondérants.  Il  aurait 
remis  enjeu  beaucoup  d'accidents  stratigraphiques  produits  par  les 
systèmes  antérieurs  et  y  aurait  rendu  les  dénivellations  plus  sen- 
sibles. Son  action ,  superposée  à  celle  du  système  de  la  Côte-d'Or, 
aurait  créé  le  seuil  continental  qui  sépare  le  bassin  de  la  Méditer- 
ranée de  celui  de  l'Océan. 

La  configuration  qu'il  a  imprimée  au  sol  se  serait  conservée 
sans  altération  si  les  phénomènes  diluviens  qui  sont  survenus  sub- 
séquemment  ne  lavaient  modifiée  en  produisant  des  dénudations 
considérables  et  en  creusant  ou  façonnant  les  vallées,  dans  les- 
quelles leurs  effets,  qui  semblent  dater  d'hier,  sont  souvent  très- 
remarquables  et  très-frappants. 

La  faiblesse  du  relief  que  les  actions  superposées  de  plusieurs 
systèmes  de  montagnes  ont  donné  au  sol  du  département  de  la 
Haute-Marne  rend  souvent  difficile  d'assigner  à  chacun  de  ces 
systèmes  la  part  qui  lui  appartient;  mais  il  est  beaucoup  moins 
difficile  de  constater  l'influence  qu'exercent  sur  la  topographie  les 
différents  accidents  stratigraphiques  auxquels  se  rapportent  les 
seize  orientations  observées  de  la  rose  de  Buxières-lez-Belmoni. 
Dans  la  contrée  où  il  se  trouve ,  chacun  de  ces  accidents  stratigra- 
phiques se  lie  intimement  aux  accidents  topograpliiques  dont  il 
est  la  clef  et  qui  le  plus  souvent  l'ont  fait  découvrir;  mais  géné- 
ralement il  ne  s'arrête  pas  là.  On  n'a  tracé  chaque  accident  stra- 
tigrapbique,  failli»,  inflexion  des  couches,  etc.,  que  dans  la  partie 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  515 

où  il  est  visible  :  leur  influence  s'étend  cependant  beaucoup  plus 
loin. 

Il  suffit  en  effet,  le  plus  souvent,  de  placer  une  règle  le  long  de 
la  ligne  qui  représente  l'un  d'eux,  pour  constater  que  sa  prolonga- 
tion passe  avec  une  certaine  affectation,  d'une  manière  au  moins 
très-approximative,  par  un  certain  nombre  d'accidents  géologiques, 
orographiques  ou  hydrographiques.  On  trouvera  même  que  cer- 
taines lignes  stratigraphiques  semblablement  orientées,  tracées 
dans  différentes  parties  du  département,  sont  sensiblement  dans 
le  prolongement  l'une  de  l'autre.  On  les  aurait  en  effet  tracées  d'une 
manière  continue,  dans  tout  l'espace  intermédiaire,  si  on  n'avait 
jugé  plus  convenable  de  ne  les  figurer  que  là  où  elles  répondaient 
à  des  accidents  géologiques  apparents  à  la  surface  du  sol. 

Ces  fractures  rectilignes  se  sont  quelquefois  ajustées  plusieurs 
ensemble  pour  constituer  une  ligne  brisée  plus  ou  moins  serpen- 
tante, d'une  longueur  considérable,  le  long  de  laquelle  s'est  pro- 
duite, probablement  d'un  seul  jet,  une  crête  sinueuse,  interrompue 
seulement  par  quelques  fractures  transversales,  dont  plusieurs 
donnent  passage  à  des  cours  d'eau.  On  voit  un  très-bel  exemple  de 
ce  phénomène  dans  le  midi  du  département  de  la  Haute-Marne, 
où  une  ligne  de  ce  genre  s'étend  de  Charmes- Saint- Valbert  à 
Grancey,  sur  une  longueur  de  52  kilomètres.  D'autres  se  présentent 
sur  les  bords  de  la  Marne,  entre  Joinville  et  Saint-Dizier,  et  ailleurs 
encore. 

Les  crêtes  dont  je  parle,  n'étant  pas  rectilignes ,  peuvent  sans 
doute  être  représentées  approximativement  par  des  courbes;  mais, 
en  principe,  elles  se  rapportent  à  des  lignes  brisées  et  non  à  des 
courbes  continues.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'on  peut  suivre,  jusqu'à 
des  distances  souvent  considérables ,  les  directions  des  éléments  rec- 
tilignes dont  elles  se  composent,  comme  on  le  voit  notamment  pour 
la  faille  en  ligne  brisée  des  environs  de  Chatonrupt,  au  nord  de 
Joinville.  Ces  prolongations  sont  jalonnées  par  des  accidents  natu- 
rels, comme  le  sont  toutes  les  lignes  dont  je  viens  déparier.  J'ai  déjà 

33. 


51G  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

signalé  le  même  fait  pages  399  et  /i5G,  en  parlant  de  différentes 
chaînes  de  montagnes1.  Les  lignes  courbes  par  lesquelles  des  géo- 
logues éminents  se  sont  quelquefois  bornés  à  représenter  les  axes 
des  chaînes  de  montagnes  et  d'autres  accidents  géologiques  de 
moindre  importance  n'expriment  donc  qu'un  aperçu  superficiel  de 
leur  configuration  extérieure.  Ce  procédé  expéditif,  déjà  fort  an- 
cien, ne  peut  être  compté  au  nombre  des  progrès  récents  de  la 
stratigraphie. 

Indépendamment  des  lignes  dont  un  tronçon  au  moins  a  été 
figuré  sur  la  carte  géologique  de  la  Haute-Marne,  comme  représen- 
tant un  accident  stratigraphique  observable  directement,  il  en  existe 
d'autres,  parallèles  aux  premières,  qui  ont,  comme  celles-ci,  la  pro- 
priété de  passer  par  des  points  définissables  en  plus  ou  moins  grand 
nombre.  Chacune  de  ces  lignes  pourrait  devenir  l'objet  d'une  mo- 
nographie analogue  à  celles  que  j'ai  données,  dans  le  cours  de  ce 
Rapport,  pour  un  grand  nombre  de  cercles  du  réseau  pentagonal. 
Beaucoup  de  points  définissables  sont  à  la  fois  sur  plusieurs  de  ces 
lignes  et  se  trouvent,  par  conséquent,  à  leurs  points  de  croisement. 

Chacune  de  ces  lignes  représente  probablement  une  fissure  ou 
une  inflexion  des  couches  qui  ne  se  révèle  pas  à  la  surface  parce 
qu'elle  n'a  pas  produit  de  dénivellation  bien  sensible,  mais  qui  n'en 
exerce  pas  moins  son  influence  sur  les  cours  d'eau  et  sur  beaucoup 
d'accidents  topographiques. 

Souvent  ces  mêmes  lignes  coïncident  approximativement  avec 
les  limites  des  formations  géologiques  et  avec  les  contours  des  co- 
teaux où  celles-ci  se  terminent,  de  même  qu'avec  les  vallées.  Cette 
dernière  circonstance  est  très-naturelle,  car  les  contours  des  co- 
teaux que  forment  les  différentes  formations  résultent  des  phéno- 
mènes de  dénudation  qui  ont  détruit  une  partie  de  ces  formations 
et  les  ont  réduites  à  l'étendue  qu'elles  occupent  aujourd'hui,  en 
arrêtant  leur  action  à  certaines  fissures  ou  autres  lignes  d'accidents; 

(l)  Voyez  à  ce  sujet  la  Notice  svr  les  .systèmes  de  montagnes,  p.  1257. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  517 

et  ces  mêmes  lignes,  comme  je  l'ai  indiqué  précédemment,  ont 
joué  un  rôle  prépondérant  dans  le  creusement  des  vallées.  Les 
courants  d'eau,  les  courants  diluviens,  qui  ont  été  les  agents  prin- 
cipaux des  phénomènes  de  dénudation  et  du  creusement  des  val- 
lées, ont  émoussé  certains  angles  et  arrondi  certains  contours;  le 
reste  se  coordonne  aux  lignes  que  je  viens  de  signaler. 

Toutes  ces  lignes  réunies  aux  cercles  du  réseau  pentagonal,  dont 
elles  suivent  les  allures,  constituent  le  quinconce  pentagonal,  qui 
est  la  clef  et  le  canevas  fondamental  de  la  topographie. 

Ces  remarques  s'appliquent  à  la  surface  entière  du  globe.  Chaque 
fois  qu'on  regarde  une  carte  géographique  levée  rigoureusement, 
on  voit  s'y  dessiner  beaucoup  de  lignes  droites  constituant  diverses 
figures  géométriques,  des  triangles,  des  losanges,  des  trapèzes  et 
d'autres  polygones  plus  compliqués,  souvent  même  dentelés.  Ce 
fait,  que  M.  Pissis  a  remarqué  depuis  longtemps  avec  beaucoup 
de  justesse  dans  les  formes  générales  des  continents  *,  s'observe  en 
petit,  jusque  dans  les  détails  de  la  topographie,  tout  aussi  bien 
qu'en  grand.  Toutes  ces  lignes  droites  dérivent  des  lignes  de  fis- 
sures ou  autres  accidents  géologiques  dont  je  viens  de  parler,  et 
tous  les  angles  de  ces  figures  variées  sont  des  points  du  quinconce 
pentagonal. 

Les  points  caractérisés  que  j'ai  cités,  en  suivant  le  cours  des 
cercles  du  réseau  pentagonal,  sont  des  individualités  particulières 
dans  ce  vaste  ensemble  de  points  définis. 

On  peut  dessiner  des  figures  variées  pour  ainsi  dire  à  l'infini, 
en  plaçant  ad  libitum  différentes  pièces  d'un  jeu  d'échecs  sur  les 
cases  d'un  échiquier.  Toutes  ces  figures  sont  nécessairement  sub- 
ordonnées au  canevas  rectangulaire  de  l'échiquier,  et  tous  leurs 
angles  coïncident  avec  les  intersections  des  lignes  qui  passent  par 
les  centres  des  cases.  Les  configurations  géographiques  se  rap- 
portent de  la  même  manière  au  quinconce  pentagonal,  dont  le  plan 

1  Bulletin  de  li  Société  géologique  de  France,  a'  série,  t.  V.  p.  453. 


518  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

est  seulement  beaucoup  plus  riche  et  beaucoup  plus  varié  que  le 
plan  si  simple  d'un  échiquier. 

M.  de  Villeneuve,  dans  six  mémoires  pleins  de  verve  et  d'origi- 
nalité qu'il  a  présentés  successivement  à  l'Académie  des  sciences  et 
qui  ont  été  insérés  par  extraits  dans  les  Comptes  rendus,  a  exposé 
des  vues  nouvelles  qui  se  rapportent  au  même  ordre  d'idées. 

S'appuyant  sur  le  principe  que  l'angle  formé  par  deux  grands 
cercles  a  pour  mesure  l'arc  qu'ils  comprennent  sur  un  troisième 
grand  cercle  dont  leur  point  d'intersection  est  le  pôle,  M.  de  Vil- 
leneuve fait  remarquer1  que  les  lois  angulaires  des  systèmes  de 
montagnes  formulées  par  M.  Elie  de  Beaumont  doivent,  sur  une 
sphère,  à  90  degrés  de  distance  du  point  de  départ,  aboutir  à  des 
relations  de  longueur. 

C'est  là  en  effet,  dit-il,  ce  que  lui  ont  permis  de  constater  ses 
recherches  sur  le  développement  des  bassins  géologiques  et  des 
lignes  de  thalweg. 

Les  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  placées  au  milieu  de  la  Mé- 
diterranée, ont  semblé  à  M.  de  Villeneuve  l'étalon  naturellement 
indiqué  pour  comparer  les  distances  ou  les  longueurs  des  axes 
géologiques  dans  les  contrées  circonvoisines. 

L'axe  des  terrains  primitifs  de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne  a 
3°&6'  de  longueur.  On  le  mesure  du  cap  Spartivento,  extrémité 
méridionale  des  roches  primitives  de  la  Sardaigne,  à  la  baie  d'Os- 
triconi,  extrémité  septentrionale  de  Celles  de  la  Corse.  L'axe  total 
de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne  offre  près  de  j  degré  en  sus,  ou 
U°  10',  du  cap  Teulade  (Sardaigne)  au  cap  Corse;  les  subdivisions 
de  cet  axe  sont  :  la  longueur  de  la  Sardaigne,  a°33';  la  longueur 
de  la  Corse,  i°  37'. 

La  longueur  des  terrains  primitifs  des  Pyrénées,  du  granité  du 
cap  Creus  à  celui  de  Salin;  le  développement  des  granités  de  la 
Bretagne,  de  Saint-Maixent  aux  rivages  granitiques  de  Kersant, 

1  Recherches  sur  les  rapporte  de  la  vendus,  t.  XLVI,  |>.  618,  séance  du 
géologie  et  de  l'hydrographie.  {Comptes        ao,  mars  i858.) 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  519 

d'Aurigny  et  de  Barfleur,  répètent  la  longueur  de  l'axe  primitif 
Corse  et  Sardaigne;  tandis  que,  des  granités  des  environs  de  Saint- 
Tropez,  en  Provence,  à  ceux  de  la  baie  de  Cancale,  on  trouve  que 
l'ensemble  de  la  ligne  granitique  de  la  France  offre  deux  fois  cette 
longueur. 

L'axe  de  la  Sardaigne,  principal  élément  de  l'unité  géologique 
de  M.  de  Villeneuve,  se  répète  en  deux  sens,  du  nord  au  sud  et  de 
l'est  à  l'ouest,  sur  le  plateau  central  de  la  France. 

Les  éléments  des  distances  de  Corse  et  Sardaigne  paraissent 
dérivés,  dit  M.  de  Villeneuve,  des  groupes  volcaniques,  soit  dans 
la  série  des  volcans  actifs,  soit  dans  les  groupes  de  volcans  éteints. 
La  longueur  Corse  et  Sardaigne  se  retrouve  dans  la  distance  qui 
sépare  le  volcan  sous- marin  de  l'île  Julia  du  Vésuve.  L'axe  Corse 
répété  deux  fois  est  la  distance  de  la  bouche  du  Vésuve  à  celle  de 
l'Etna,  et  l'axe  Sardaigne  est  répété  par  les  distances  respectives 
du  Vésuve  et  de  Julia  aux  îles  Eoliennes. 

Les  mêmes  lois  de  longueur  se  reflètent,  dit  M.  de  Villeneuve, 
dans  les  lignes  qui  joignent  les  grands  points  thalweg.  Ainsi  la  lon- 
gueur de  la  chaîne  des  lacs,  de  Genève  à  Guarda,  est,  comme  la 
distance  du  Vésuve  à  l'Etna,  double  de  l'axe  Corse.  Le  milieu  de 
cette  série  lacustre  est  occupé  par  le  lac  Majeur.  Du  lac  de  Guarda 
à  celui  de  Constance  et  de  ce  dernier  à  Genève,  on  retrouve  en- 
core une  même  longueur;  c'est  l'axe  de  la  Sardaigne. 

Les  bassins  de  combustibles  satisfont  aux  mêmes  conditions.  L'axe 
de  la  Corse  correspond  aux  distances  qui  séparent  le  bassin  de 
Sarrebruck  de  celui  des  Pays-Bas,  le  bassin  houiller  de  Saint- 
Etienne  de  celui  d'Alais  ou  de  celui  du  Creuzot.  La  plus  grande 
distance  des  gîtes  houillers  de  la  France,  du  nord-nord-est  au  sud- 
sud-ouest,  ou  du  nord  au  sud,  est,  en  partant  de  Liège  pour  aller 
vers  les  petits  bassins  de  Toulon  et  de  Durban,  de  deux  axes€orse 
et  Sardaigne.  Le  milieu  de  cet  intervalle  est  occupé  par  les  bassins 
de  Saône-et-Loire. 

Les  sédiments  géologiques  du  trias,  de  la  Provence  aux  Vosges, 


i  ■ 


520  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

sont  séparés  aussi  par  un  axe  primitif  Corse  et  Sardaigne.  Mêmes 
conditions  pour  la  distribution  du  lias  de  l'Ardenne  à  celui  de 
Bourbon-l'Archambault,  aux  deux  extrémités  du  plus  grand  dépôt 
jurassique  de  la  France. 

Les  bassins  tertiaires  de  l'Aude  et  de  la  Garonne;  du  Rhin,  de 
Neufchâtel  à  Wetzlar;  du  Rhône,  de  Gray  aux  Martigues,  offrent 
dans  leur  longueur  maximum  l'axe  total  Corse  et  Sardaigne.  Le 
bassin  parisien,  de  Fécamp  à  Joigny,  offre  l'axe  de  la  Sardaigne, 
tandis  que  la  distance  du  grès  vert  de  l'île  de  Wight  à  celui  de 
Fécamp,  est  sur  le  prolongement  de  la  même  direction,  égale  à 
l'axe  Corse. 

Ainsi,  dit  M.  de  Villeneuve,  les  sédiments  offrent  la  répétition 
des  lois  de  longueur  que  nous  avaient  montrées  les  terrains  cristal- 
lisés et  les  centres  volcaniques  ;  on  retrouve  les  mêmes  lois  dans 
les  thalwegs  des  fleuves  et  la  longueur  des  rivages  de  la  Méditer- 
ranée. 

Dans  un  second  mémoire  intitulé  Etudes  sur  la  structure  de  Yécorce 
terrestre1,  où  il  cite  encore  beaucoup  de  faits  analogues  aux  précé- 
dents, mais  que  je  ne  puis  reproduire  ici,  M.  de  Villeneuve  établit 
que  les  longueurs  de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne  sont  liées  par  une 
loi  géométrique. 

La  Sardaigne  est  le  côté  du  triangle  équilatéral  inscrit  dans  un 
cercle  dont  le  rayon  serait  la  longueur  du  terrain  primitif  de  la 
Corse,  et  le  terrain  primitif  de  la  Corse  dérive  de  la  même  ma- 
nière de  la  longueur  totale  du  demi-diamètre  longitudinal  de  la 
Corse. 

Enfin  la  longueur  totale  des  deux  îles  dérive  encore,  de  la  même 
manière,  d'un  triangle  équilatéral  inscrit  dans  le  cercle  dont  le 
rayon  est  la  Sardaigne  elle-même. 

Ces  dérivations ,  par  générations  successives  de  triangles  équila- 
téraux  dont  le  côté  du  triangle  équilatéral  précédent  devient  le 

'   Comptes  rendus,  t.  LÏV,  p.  aoo,  séance  du  27  janvier  1862. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  521 

rayon,  se  dessinent  par  des  nceuds,  des  sutures  ou  des  solutions  de 
continuité.  Le  détroit  de  Bonifacio  est  placé  aux  £  de  la  longueur 
totale  des  deux  îles,  en  partant  du  cap  Corse.  En  langage  algé- 
brique, si  la  Corse  avec  la  Sardaigne  est  1,  la  Sardaigne  sera-^,  la 

Corse - ,  et  le  détroit  de  Bonifacio  sera  placé  entre  1 =  et 

'  +  V 3  \fi 

-=■,  ce  qui  reproduit  à  peu  près  les  £  de  la  longueur. 

La  séparation  des  masses  des  deux  îles  produite  par  le  détroit 
est  le  trait  principal,  l'accident  le  plus  remarquable  de  leur  forme. 
Ce  trait  de  discontinuité,  cette  faille  séparative  se  reproduit,  dit 
M.  de  Villeneuve,  dans  les  chaînes  de  montagnes,  dans  les  rivages 
des  mers  et  des  lacs,  dans  les  bassins  houillers  et  sédimentaires, 
dans  les  groupes  de  sources  thermales,  dans  les  sources  ordinaires  et 
dans  les  filons  ;  tous  les  gisements  portent  la  forte  empreinte  de 
cette  loi  de  coordination. 

Dans  sa  troisième  communication,  intitulée  Mémoire  sur  la  struc- 
ture de  ïécorce  teirestre,  M.  de  Villeneuve  retrouve  cette  même  loi l 
dans  les  subdivisions  des  thalwegs  des  bassins  hydrographiques. 
Définissant  Yaxe  fluvial  principal  d'un  bassin  la  plus  longue  ligne 
droite  qu'on  puisse  y  tracer,  il  trouve  que  dans  le  bassin  de  la 
Seine,  où  l'extrême  embouchure  est  le  cap  la  Hève,  le  point  de 
départ  le  plus  éloigné  est  le  faîte  du  plateau  de  Langres.  Le  prin- 
cipal accident  du  bassin  est  le  confluent  de  la  Seine  et  de  la  Marne 
à  Charenton,  près  Paris,  et  les  distances  de  ce  point  au  plateau  de 
Langres  et  à  la  Hève  sont  comme  102  à  75,  c'est-à-dire  presque 

rigoureusement  comme  —j=  à  1  —  -j=. 

Pour  le  cours  du  Danube,  dont  l'accident  principal  est  le  con- 
fluent de  la  Save  à  Belgrade,  les  distances  de  ce  point  à  la  source 
et  à  l'embouchure  du  fleuve  reproduisent  le  même  rapport  de  -j- 

1  Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  36a  ,  séance  du  17  février  1869 . 


522  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

Les  autres  fleuves  de  l'Europe,  la  Garonne,  la  Loire,  le  Rhône, 
le  Tage,  l'Elbe,  le  Rhin,  satisfont  aussi  à  la  formule. 

Dans  ses  Etudes  déjà  citées  sur  la  structure  du  globe  terrestre*, 
M.  de  Villeneuve  appliquait  déjà  le  même  ordre  de  considérations 
aux  grands  traits  de  la  configuration  du  globe,  et  il  y  signalait 
des  rapports  très-curieux  dont  je  ne  puis  indiquer  qu'une  faible 
partie. 

Les  plus  grands  développements  des  masses  continentales  se 
dessinent,  dit  l'auteur,  des  deux  côtés  du  détroit  de  Behring.  L'an- 
cien monde,  mesuré  par  l'arc,  de  Behring  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, et  le  nouveau  monde,  de  Behring  au  cap  Horn,  donnent 
i  £7*  56'  et  i£3°35',  arcs  dont  les  compléments  à  36o  degrés  sont 
les  ^et  les  ^0  de  la  circonférence  totale,  ce  qui  reproduit  approxi- 
mativement entre  les  deux  parties  le  rapport  de  1  —  -j=  à  -4=. 

Considérés  à  part,  les  axes  des  deux  grandes  masses  continen- 
tales offrent  dans  leurs  isthmes  la  même  loi  de  subdivision  et  de 
suture  que  la  Corse  et  la  Sardaigne.  Les  isthmes  de  Suez  et  de 
Panama  sont  sur  un  même  parallèle  dont  le  centre  est  à  Behring 

et  dont  la  longueur  du  rayon  est  la  fraction  -j=,  ou  0,57735,  des 
axes  des  masses  continentales. 

De  cette  loi  vérifiée  sur  l'ensemble  du  globe  et  sur  des  bassins 
de  toutes  les  grandeurs,  on  peut,  dit  M.  de  Villeneuve  à  la  fin  du 
troisième  mémoire2,  descendre  dans  les  détails  des  gisements  ex- 
ploités, et  trouver  ainsi  un  nouveau  guide  dans  les  recherches  et 
la  mise  à  profit  des  masses  minérales. 

Dans  un  mémoire  subséquent  sur  les  causes  de  l'harmonie  des  formes 
terrestres*,  M.  de  Villeneuve,  après  avoir  cherché  à  établir  par  les 
traits  dominants  de  la  géographie  qu'il  y  a  une  remarquable  symé- 
trie dans  les  longueurs  des  axes  des  fleuves,  des  monlagnes,  des 


1   Comptes  rendus,  t.  L1V,  p.  201 .  3  Comptes    rendus,    t.    f Al ,    p.    10, 

3  Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  365.  aéance  du  3  juillet  1 865. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  523 

continents  et  dans  leurs  subdivisions;  que  cette  symétrie  est,  sur 
un  corps  sphérique  tel  que  la  terre,  une  confirmation  de  la  symé- 
trie des  directions  signalée  par  M.  Élie  de  Beaumont,  remonte  à  la 
cause  de  cette  double  symétrie  des  angles  et  des  dimensions,  et  en 
montre  l'origine  dans  la  subdivision  harmonique  des  corps  agités 
par  des  vibrations  prolongées. 

Après  avoir,  dans  ce  mémoire  et  dans  le  suivant,  sur  les  vibrations 
terrestres1,  consacré  à  ces  vibrations,  qui  ne  sont  autre  chose  que 
les  tremblements  de  terre,  des  remarques  qui  se  rapportent  à  la 
mécanique  plutôt  qu'à  la  stratigraphie,  M.  de  Villeneuve  conclut 
en  disant  :  «Les  tremblements  de  terre  sont  perpétuels;  leurs  lois  de 
propagation  sont  identiques  à  celle  des  vibrations  sonores.  La  régu- 
lière distribution  des  lignes  nodules  et  des  ventres  de  vibration  obser- 
vés sur  des  plaques  vibrantes  se  doit  appliquer  à  la  terre ;u  et  dans 
le  sixième  mémoire,  consacré  aux  lois  des  deltas-,  il  insiste  de  nou- 
veau sur  les  lois  de  subdivisions  régulières  causées  par  les  vibra- 
tions de  la  terre. 

Les  six  mémoires  de  M.  de  Villeneuve ,  dont  ce  qui  précède  ne 
peut  donner  qu'une  idée  extrêmement  sommaire,  contiennent  la 
substance  d'un  important  ouvrage  dont  on  doit  désirer  que  la  pu- 
blication ne  se  fasse  pas  trop  longtemps  attendre.  L'auteur  y  a 
répandu  une  foule  de  remarques  des  plus  curieuses  sur  les  rapports 
de  longueur  et  de  position  d'un  grand  nombre  de  lignes  et  de 
points  de  la  surface  terrestre.  Par  les  vues  neuves  et  originales  qui 
y  seront  répandues,  cet  ouvrage  concourra,  avec  le  réseau  penta- 
gonal,  à  montrer  que  la  plupart  des  points  remarquables  de  la 
surface  du  globe  sont  soumis  dans  leurs  positions  à  des  lois  mathé- 
matiques, et  que  la  stratigraphie  est  une  science  dont  l'objet  est 
presque  complètement  indépendant  des  caprices  du  hasard. 


1  Cojnptes   rendus,   t.   LXI,  p.    -289,  *  Comptes   rendus,  t.   LXY,   p.   287, 

séance  du  \k  août  i865.  séance  du  12  août  1867. 


524  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

APPLICATIONS  DU    RESEAU    PENTAGONAL  À    LA  DISTRIBUTION  DES    SUBSTANCES 

MINÉRALES. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  la  configuration  extérieure  du  sol  que 
les  lignes  du  quinconce  pentagonal  exercent  leur  influence;  elles  en 
exercent  une  plus  directe  encore  sur  sa  structure  intérieure.  Gomme 
on  l'a  déjà  indiqué  précédemment,  elles  président  au  cours  des  eaux 
intérieures  qui  forment  les  sources  ordinaires,  au  coups  des  sources 
minérales  et  thermales,  enfin  elles  ont  régi  les  cours  de  toutes  les 
émanations  liquides,  gazeuses  ou  même  fondues,  qui,  dans  le  laps 
des  âges,  ont  amené  de  l'intérieur  à  la  surface  du  globe  cette  variété 
infinie  de  substances  qui  constituent  la  plus  grande  partie  de  la 
richesse  minérale. 

M.  de  Ghancourtois  a  fait  une  application  aussi  neuve  qu'ingé- 
nieuse de  ce  principe  aux  minerais  de  fer  du  département  de  la 
Haute-Marne.  Il  l'a  développée  dans  un  mémoire  qui  a  été  inséré  par 
extrait  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences1  et  imprimé 
in  extenso  dans  les  Etudes  stratigraphiques  sur  le  déparlement  de  la 
Haute-Marne,  qu'il  a  publiées  de  concert  avec  M.  Elie  de  Beaumont. 

Suivant  M.  de  Ghancourtois,  les  minières  de  fer  figurées  sur  la 
carte  géologique  de  la  Haute-Marne,  d'après  le  relevé  de  M.  Duha- 
mel, s'alignent  sur  des  directions  qui  concordent  exactement  avec 
celles  des  failles  et  des  autres  accidents  géologiques.  Ce  fait,  dont  on 
se  convaincra  facilement  par  la  simple  inspection  des  alignements 
tracés  en  rouge  par  M.  de  Ghancourtois  sur  la  carte  de  la  Haute- 
Marne,  a  une  grande  importance  au  point  de  vue  pratique,  puis- 
qu'il fournit  un  principe  pour  la  recherche  des  nouveaux  gîtes  que 
l'on  doit  espérer  de  rencontrer  sur  les  lignes  jalonnées  par  les  gîtes 
connus,  dans  les  directions  fixées,  et  particulièrement  aux  inter- 


1   Comptes  rendus,  t.  Ll,  p.  hlh,  séance  du  10  septembre  1860,  et  t.  LV,  p.  3ia, 
séance  du  18  aoùl  186s. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  525 

sections  de  ces  lignes.  La  concordance  parfaite,  par  coïncidence  ou 
parallélisme ,  des  alignements  des  gîtes  minéraux  et  des  directions 
des  failles,  est  frappante,  mais  toute  naturelle,  les  minerais  de  fer 
étant  des  produits  d'émanation  qui  doivent  se  trouver  nécessaire- 
ment sur  les  lignes  de  fissure  de  l'écorce  terrestre,  et  surtout  aux 
croisements.  On  peut  seulement  s'étonner  que  la  remarque  n'en 
ait  pas  été  faite  plus  tôt. 

Mais  il  faut  noter  avec  intérêt  la  présence  parmi  les  alignements 
de  directions  diverses  propres  à  des  systèmes  de  soulèvement  plus 
ou  moins  antérieurs  aux  terrains  qui  comprennent  les  gîtes,  par 
exemple  de  la  direction  du  système  du  Rhin,  très-fréquente  dans 
les  minerais  du  terrain  néocomien.  C'est  là  une  preuve  manifeste 
de  la  persistance  ou  de  la  réouverture  des  anciennes  fractures.  Et 
quoi  de  plus  simple,  dit  M.  de  Chancourtois?  Les  assises  des  ter- 
rains stratifiés  ne  sont-elles  pas  assez  exactement  aux  fissures  d'éma- 
nation ce  que  les  couches  de  badigeon  sont  aux  lézardes  d'un  mur 
recrépi  ? 

Une  autre  preuve  du  même  phénomène  résulte  de  la  distribu- 
tion sur  une  même  ligne  de  divers  gîtes  compris  dans  des  terrains 
différents.  On  voit,  par  exemple,  sur  une  ligne  S.-E.-N.-O.,  qui 
part  des  minières  de  Nijon,  près  Bourmont,  une  série  de  gîtes 
compris  dans  les  différents  étages  des  terrains  jurassiques  et  créta- 
cés, ou  au  moins  reposant  sur  ces  étages  en  relation  intime.  Je 
touche  là,  dit  toujours  M.  de  Chancourtois1,  un  point  délicat,  et  je 
dois  prévenir  une  objection. 

Parmi  les  gîtes  signalés  sur  la  carte,  il  y  en  a  de  notoirement 
interstratifiés  dans  les  terrains,  comme  les  gîtes  néocomiens;  d'au- 
tres sont  superficiels  et  appelés,  par  certains  géologues,  d'alluvion 
ou  de  remaniement,  parce  qu'on  les  a  considérés  comme  résultant 
de  la  destruction  d'un  étage  supérieur  à  celui  sur  lequel  ils 
reposent. 

1   Comptes  rendus ,  t.  LI,  p.  6i5,  séance  du  10  sept.  1860. 


526  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

N'aurait-il  pas  fallu  distraire  ces  gîtes  avant  de  tracer  les  aligne- 
ments, pour  ne  faire  porter  ceux-ci  que  sur  des  gîtes  de  minerais 
géodiques  ou  en  poches,  c'est-à-dire  sur  des  gîtes  franchement 
adventifs? 

M.  de  Chancourtois  ne  le  pense  pas;  il  croit,  au  contraire,  et  je 
partage  son  opinion,  qua  la  régularité  même  du  réseau  d'aligne- 
ments établi  sur  l'ensemble  des  gîtes,  sans  distinction,  conduit  à  une 
proposition  assez  importante,  savoir  :  que  les  dépôts  de  minerais 
de  fer,  alors  même  qu'ils  se  présentent  interstratifiés,  sont  essen- 
tiellement locaux ,  et  correspondent  avec  précision  aux  points  de 
bâillement  des  fissures  inférieures. 

M.  Elie  de  Beaumont  avait  fixé  depuis  longtemps  des  directions 
d'alignement  pour  les  amas  gypseux  des  marnes  irisées.  Le  tracé 
des  alignements  de  ces  amas  dans  la  Haute-Marne  est  venu  con- 
firmer pleinement  les  anciennes  déterminations,  et,  chose  à  noter, 
plusieurs  lignes  sont  communes  au  gypse  et  au  minerai  de  fer.  Les 
sources  minérales  et  les  dépôts  de  tuf  servent  aussi  de  jalons. 

M.  de  Chancourtois  a  reconnu  que  les  seize  orientations  dont  se 
compose  la  rose  des  orientations  observées  de  Buxières-lez-Belmont 
n'étaient  pas  les  seules  que  l'on  dût  considérer.  H  y  a  joint  celles 
des  cercles  qui  lui  ont  paru  les  plus  importants  à  essayer  et  dont 
quelques-uns  n'ont  même  échappé,  dans  les  observations  sur  les 
accidents  purement  stratigraphiques  de  la  Haute-Marne,  que  parce 
qu'ils  ne  se  manifestaient  pas  par  les  phénomènes  de  failles  avec 
dénivellation  qui  ont  d'abord  appelé  l'attention  sur  les  premiers. 

La  série  des  cercles  mis  ainsi  en  expérience  en  comprend  donc 
vingt-cinq,  pour  lesquels  M.  de  Chancourtois  a  adopté  les  orienta- 
tions calculées,  consignées  dans  le  tableau  déjà  cité  de  M.  Elie  de 
Beaumont.  Toutes  ces  directions,  essayées  non -seulement  dans  le 
département  de  la  Haute-Marne,  mais  dans  toute  la  région  N.-E. 
de  la  France,  à  laquelle  l'habile  ingénieur  a  étendu  son  explora- 
tion, lui  ont  paru  mériter  d'être  prises  en  considération,  et  la 
plupart  s'appliquent  d'une  manière  remarquable  aux  points  d'ex- 


DE  Là  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  527 

ploitation  du  fer,  dont  le  nombre  est  d'environ  760  dans  la  partie 
N.-E.  de  la  France.  Us  s'appliquent  en  même  temps  aux  accidents 
géographiques  et  géologiques.  J'en  citerai  seulement  quelques 
exemples,  qui  suffiront  pour  donner  au  lecteur  une  idée  du  travail 
très-étendu  de  M.  de  Ghancourtois,  et  pour  montrer  que  le  pro- 
cédé qui  consiste  à  suivre  une  ligne  droite  et  à  en  faire  une  sorte 
de  monographie,  en  notant  tous  les  points  remarquables  qu'elle 
rencontre  ou  dont  elle  s'approche,  s'est  présenté  à  plus  d'un  explo- 
rateur. 

Un  bon  type  de  la  direction  importante  Minorque-Norvége  (hexa- 
tétraédrique  Raa,  N.  o°26'E.)  est  offert,  dit  M.  de  Ghancourtois1, 
par  la  ligne  qui,  partant  des  minières  de  Laharmand,  près  de 
Chaumont,  rencontre  au  N.  celles  de  Chatonrupt,  d'Aulnois,  de 
Fains,  puis  encore  trois  minières  dans  les  Ardennes.  Une  ligne  pa- 
rallèle, qui  en  est  presque  le  prolongement,  passe  à  deux  minières 
de  la  Côte-d'Or  et  aboutit  dans  l'Isère  au  gîte  de  la  Verpillière. 

On  peut  prendre  pour  type  de  la  direction  du  Vercws  (trapé- 
zoédrique  Ta,  N.  7°8'  E.)  l'alignement  qui,  du  gîte  de  Villebois 
(Ain)  au  groupe  d'Hayange,  près  de  Thionville,  s'appuie  sur  dix 
points  en  marquant  le  cours  de  la  Moselle  aux  coudes  situés  au- 
dessous  de  Toul  et  au-dessus  de  Metz,  et  réglant  de  ce  coté  le 
contour  du  lias. 

Une  des  lignes  les  plus  frappantes  de  la  direction  du  système 
du  iliw  (primitif  de  la  Nouvelle-Zemble,  N.  i8°37'E.)  part  des 
mines  de  Saint-Pancré  (Moselle),  passe  dans  la  Haute-Marne  aux 
minières  de  Nant-le-Grand,  de  Chatonrupt,  de  Nomecourt,  de 
Latrecey,  et  atteint  celles  de  Perrecy  (Saône-et-Loire).  Elle  forme  à 
peu  près  l'axe  d'un  faisceau,  où  on  peut  noter,  entre  autres  lignes, 
celle  qui  réunit  les  minières  de  Montgérard  (Haute-Marne)  à  cinq 
autres  points.  Parmi  les  alignements  de  l'E.,  qui  sont  très-bien 
marqués,  M.  de  Chancourtois  cite  une  ligne  qui,  bien  appuyée 

1   Comptes  rendus,  t.  Vf,  p.  3i3,  séance  du  18  août  1863. 


528  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

dans  la  région  des  Vosges  et  passant  par  la  minière  d'Audincourt, 
va  ensuite  rencontrer  les  sources  minérales  d'Aix-en-Savoie  ;  puis 
encore  l'axe  principal  de  la  vallée  du  Rhin,  qui,  après  avoir  longé 
le  cours  moyen  du  fleuve,  atteint  le  petit  groupe  de  minières  au 
sud  d'Aïtkirch,  placé  absolument  comme  un  point  sur  un  i,  et  ar- 
rive enfin  aux  mines  d'Allevard. 

La  direction  du  système  des  Alpes  occidentales  (diamétral  De, 
N.  2 6° 5a'  E.)  fournit,  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  un  aligne- 
ment joignant  les  minières  d'Aumetz  et  d'Audun-le-Tiche  (Mo- 
selle), où  les  plans  détaillés  de  M.  Jacquot  l'accusent  d'ailleurs 
très-nettement,  aux  exploitations  voisines  du  Donjon  (Allier),  pas- 
sant par  les  minières  de  Thonnanges,  de  Fée  (Haute-Marne),  et 
par  le  gîte  de  la  Roche-Millay,  en  Morvan. 

M.  de  Ghancourtois  donne  comme  type  de  la  direction  du  sys- 
tème de  la  Côte-d'Or  (diamétral  Dac,  E.  ki° rj'  N.)  une  ligne  qui  joint 
l'exploitation  d'Avèze  (Puy-de-Dôme)  à  la  minière  marquée  près 
de  Haguenau  (Bas-Rhin),  en  passant  par  le  gîte  de  Nolay,  trois 
points  de  la  Franche-Comté  et  deux  dépendant  du  groupe  de  Fra- 
mont.  Parmi  plus  de  cinquante  alignements  de  cette  direction  l'au- 
teur cite  encore  le  faisceau  qui,  appuyé  sur  les  groupes  d'Allevard 
et  de  Vizille,  s'applique  aux  principales  crêtes  des  massifs  du  mont 
Blanc  et  de  l'Oberland. 

La  direction  du  système  du  Hundsrùck  (  trapézoédrique  Te, 
E.  3a °a'  IN.),  très-accusée  dans  les  groupes  du  nord  et  bien  visible 
dans  les  plans  des  minières  de  Saint-Pancré,  donne  une  ligne  par- 
faitement jalonnée  allant  des  minières  de  Narcy  aux  gîtes  du 
Creutzwald. 

Celle  du  système  des  Alpes  principales  (hexatétraédrique  Rb<t<t(>, 
E.  i6°52'  N.),  déjà  sensible  dans  le  nord,  est  parfaitement  marquée 
par  une  ligne  partant  des  minières  de  Poissons  (Haute-Marne),  par 
une  autre  qui  joint  le  groupe  de  Château-Villain  à  celui  de  Fra- 
mont,  en  passant  par  Nijon,  et  enfin  par  le  faisceau  des  gîtes  de 
Villebois,  qui  s'applique  d'une  manière  frappante  dans  les  Alpes, 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.         529 

au  delà  du  Saint-Gothard,  aboutissant  du  côté  opposé  aux  gîtes  de 
l'Auvergne,  entre  Pléaux  et  Bort. 

La  direction  du  système  des  Ballons  (diamétral  TD6,  E.  1  4°  3'  S.), 
bien  marquée  par  plusieurs  lignes  partant  des  Vosges,  s'observe 
encore,  par  exemple,  dans  le  Morvan,  du  gîte  de  Nolay  à  celui 
d'Arleu  f. 

Celle  du  système  des  Pyrénées  (octaédrique  du  mont  Sinaï,  E. 
i8°5/i'  S.)  est  particulièrement  représentée  par  un  faisceau  dont 
une  ligne,  réunissant  les  minières  de  Rimaucourt  à  celles  de  Nijon, 
dans  la  Haute-Marne,  et  à  un  point  du  groupe  de  Thann  et  Gueb- 
willer,  va  passer  à  Montmartre,  et  forme  en  quelque  sorte  l'axe 
des  gypses  parisiens. 

Pour  la  direction  très-importante  et  très-générale  du  système 
du  Morhiban  (trapézoédrique  TIa,  S.  Ù70 ^7' 'E.) ,  M.  de  Chancour- 
tois  cite  l'alignement  qui  joint  cinq  points  des  gîtes  de  la  Moselle 
à  un  point  des  gîtes  de  Framont,  et  la  ligne  qui,  passant  par  les 
minières  voisines  de  Prauthoy  (Haute-Marne)  et  jalonnée  par  huit 
points,  trace  exactement  la  grande  cluse  d'Ornans  (Jura);  puis  le 
faisceau  appuyé  près  de  Joinville ,  dont  une  ligne  passe  par  les  gîtes 
pyriteux  des  lignites  du  Soissonnais. 

Enfin  la  direction  du  système  du  mont  Viso  (trapézoédrique  TI, 
S.  2 3° 43'  E.),  très-importante  aussi,  notamment  au  point  de  vue 
de  la  détermination  des  sillons  de  rivières  dans  le  nord,  est  très- 
bien  représentée  par  un  alignement  de  douze  points,  depuis  le 
groupe  du  Hainaut  jusqu'au  gîte  de  Métabief  dans  le  Jura,  qui 
passe  par  les  minières  de  Poissons,  près  de  Joinville,  et  aboutit 
d'ailleurs  au  massif  serpentineux  le  plus  important  des  Alpes  pié- 
montaises. 

Toute  personne  qui  aura  suivi  sur  la  carte  les  itinéraires  dont 
M.  de  Chancourtois  a  donné,  dans  les  extraits  reproduits  ci-dessus, 
quelques  spécimens  abrégés,  et  qu'il  a  multipliés  et  développés 
avec  beaucoup  plus  de  détail  dans  le  corps  de  son  mémoire ,  de- 
meurera convaincue  avec  lui  que  les  alignements  jalonnés  par  les 

Stratigraphie.  3'i 


530  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

minières  de  fer  représentent,  comme  ceux  des  autres  gîtes  miné- 
raux, les  traces  de  fissures  de  l'écorce  terrestre  en  concordance 
avec  les  directions  des  systèmes  de  montagnes  l. 

Dans  l'interprétation  des  faits  d'alignement,  dit  M.  de  Chan- 
courtois,  on  doit  toujours  avoir  présente  à  la  pensée  la  multiplicité 
probable  des  fissures  parallèles  le  long  d'un  grand  cercle  de  frac- 
ture ,  telle  qu'elle  ressort  en  effet  de  la  plupart  des  observations  de 
détail,  comme  aussi  l'influence  possible  des  croisements  successifs 
qui,  par  leurs  rejets,  constituent,  non  des  irrégularités,  mais  de 
véritables  inégalités,  dont  M.  Élie  de  Beaumont  a  déjà  fait,  à  di- 
verses reprises,  pressentir  la  systématisation. 

A  quelque  point  de  vue,  à  quelque  échelle  que  l'on  étudie  la 
surface  du  globe,  une  observation  attentive  fait  apercevoir,  suivant 
les  expressions  pleines  de  justesse  de  M.  de  Ghancourtois,  les  traces 
d'un  réseau  de  lignes  entre-croisées  de  directions  plus  ou  moins 
nombreuses,  mais  nettement  définissables;  et  ces  traces  régulières 
sont  la  traduction  d'une  sorte  de  craquelé  de  la  croûte  inférieure  qui , 
se  propageant  toujours  à  travers  les  couches  successives  des  sédi- 
ments ou  des  épanchements  superficiels,  non-seulement  ouvre  le 
passage  aux  émanations  de  la  masse  interne  pour  l'alimentation 
continue  des  dépôts  des  matières  communes  et  l'accumulation  ad- 
ventive  des  matières  exceptionnellement  utiles,  mais  encore,  alors 
même  qu'il  ne  donne  pas  lieu  à  des  arêtes  saillantes  par  des  déni- 
vellations des  compartiments,  prépare,  en  tailladant  le  sol,  tous 
les  accidents  du  relief  dont  les  érosions  ne  viennent  ensuite  que 
déblayer  et  modeler  les  contours. 

On  voit  ainsi,  ajoute  encore  l'auteur,  se  développer  avec 
toute  son  importance  le  système  des  surfaces  de  séparation  voisines 
de  la  verticale,  dont  la  prise  en  considération  complète  la  partie 

1  Études  stratigraphiques  sur  le  dépar-  rallèles  aux  directions  des  systèmes  de 

tement  de  la  Haute-Marne,  essai  sur  la  montagnes  dans  le  nord-est  de  la  France, 

distribution  des  gîtes  de  fer  et  des  gîtes  par  M.  de  Chancourtois. 
minéraux  en  général  par  alignements  (M* 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANGE.  531 

géométrique  de  la  géognosie,  désignée  sous  le  nom  de  stratigra- 
phie, parce  qu'elle  a  pris  naissance  dans  l'observation  des  strates, 
c'est-à-dire  des  masses  disposées  par  lits  horizontaux ,  mais  en  en- 
tendant toujours  cette  dénomination  dans  le  sens  du  mot  stéréo- 
graphie  h 

Je  ferai  remarquer  à  cette  occasion  qu'on  ne  peut  fixer  de  limite 
inférieure  de  grandeur  aux  parties  dans  lesquelles  les  plans  de  di- 
vision soumis  aux  lois  de  la  symétrie  pentagonale  ont  partagé  les 
masses  minérales.  Sans  doute,  dans  une  foule  de  cas,  les  change- 
ments de  température,  la  dessiccation,  certaines  altérations  chi- 
miques et  l'intrusion  des  matières  éruptives  ont  produit  dans  les 
masses  exposées  à  leur  action  des  divisions  qui  échappent  à  ces 
lois.  Fréquemment  aussi  des  irrégularités  locales  ont  donné  nais- 
sance à  des  anomalies  qui  m'ont  fait  dire  plus  haut  que,  sous  ce 
rapport,  il  est  dangereux  de  chercher  à  pénétrer  trop  avant  dans 
le  domaine  des  infiniment  petits;  cependant,  là  où  rien  n'a  dérangé 
la  marche  régulière  des  phénomènes,  la  symétrie  pentagonale  a 
prévalu  quelquefois  jusque  dans  des  divisions  presque  microsco- 
piques. 

Dans  deux  mémoires  qu'il  a  présentés  à  l'Académie  des  sciences 
au  sujet  du  clivage  des  roches,  M.  Aug.  Laugel2  a  analysé  les  lois 
de  la  division  des  roches  schisteuses  en  feuillets,  dont  les  ardoises 
sont  le  type  le  plus  caractérisé.  Réunissant  les  meilleures  observa- 
tions faites  à  cet  égard,  M.  Laugel  leur  a  appliqué  les  formules 
établies  par  M.  Lamé  dans  ses  leçons  sur  l'élasticité.  Le  résumé  de 
son  savant  et  ingénieux  travail,  où  le  calcul  cadre  d'une  manière 
remarquablement  précise  avec  les  faits  observés,  est  que  les  feuillets 
de  la  schistosité  ardoisière  sont  dirigés  parallèlement  à  l'axe  du 
chaînon  de  montagnes  auquel  ils  se  rapportent;  qu'ils  sont  verti- 
caux quand  ils  se  trouvent  dans  le  plan  vertical  de  l'axe  de  soulè- 

1  Comptes    rendus,   t.   LV,   p.    3i5,  2  Comptes  rendus,  t.  XL,  p.  182  et 

séance  du  18  août  1862 ,  et  Éludes  stra-  978,  séances  des  22  janvier  et  2  3  avril 
tigraphiques ,  etc.  1800. 


532  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

vement;  qu'ils  sont  de  plus  en  plus  inclinés  à  l'horizon  à  mesure  que 
leur  affleurement  s'éloigne  de  ce  plan  médian  du  chaînon ,  et  que 
leurs  faces  prolongées  rencontrent  ce  même  plan  suivant  une  même 
droite  horizontale. 

On  sait  depuis  longtemps  que  les  plans  des  feuillets  ardoisiers 
ne  sont  pas  parallèles  aux  surfaces  des  couches,  que  souvent  même 
ils  les  coupent  à  angle  droit;  mais,  en  principe,  et  sauf  les  anoma- 
lies de  détail,  les  directions  des  feuillets  du  clivage  ardoisieret  celles 
des  plans  des  couches  sont,  les  unes  et  les  autres,  parallèles  à  l'axe 
de  soulèvement.  Les  traces  des  plans  de  stratification  et  des  plans 
de  clivage  sur  un  plan  horizontal  sont  des  lignes  droites  parallèles 
au  grand  cercle  de  comparaison  de  tout  le  système ,  et  soumises  par 
conséquent  aux  lois  de  la  symétrie  pentagonale.  Les  affleurements 
des  plans  des  ardoises  font  donc  partie,  en  thèse  générale,  du  quin- 
conce penlagonal;  mais  leur  multiplicité  fait  comprendre  que, 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  un  tracé  complet  du  quinconce  pen- 
tagonal  serait  non-seulement  très-difficile,  mais  impossible  à  effec- 
tuer. On  est  obligé  de  se  restreindre  aux  accidents  les  plus  im- 
portants qui,  dans  beaucoup  de  cas,  sont  eux-mêmes  extrêmement 
nombreux. 

Une  foule  d'indices  les  trahissent,  et  les  sources  de  toute  espèce, 
examinées  attentivement,  sont  soumises  aux  mêmes  lois  que  les 
points  d'émanation  des  substances  métalliques.  J'en  ai  déjà  cité 
plusieurs  exemples,  et  je  puise  encore  le  suivant  dans  une  note  de 
M.  Dewalque  sur  la  distribution  des  sources  minérales  en  Belgique  1. 

«  Dans  une  excursion  où  j'eus  l'honneur  d'accompagner  M.  Charles 
Sainte-Claire  Deville  aux  environs  de  Liège,  ce  savant  géologue, 
dit  M.  Dewalque,  me  fit  remarquer  que  la  source  chaude  de  Chaud- 
fontaine  et  les  PouJions  ou  eaux  acidulées  ferrugineuses  de  Spa  el 
de  Malmédy  se  trouvaient  alignées  sur  la  même  droite,  ce  qui  sem- 
blait indiquer  une  ligne  de  dislocation.  Ayant  depuis  lors  examiné 

1   Comptes  rendus,  t.  LVlIf.  p.  877,  séance  du  9  mai  i864. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  533 

ce  sujet  de  plus  près,  je  crois  opportun  de  faire  connaître  quelques 
laits  qui  ne  sont  pas  sans  importance  pour  la  connaissance  de  notre 
pays. .  .n  L'auteur  donne  pour  sept  de  ces  sources  les  directions  et 
les  longueurs  des  lignes  qui  les  joignent  les  unes  aux  autres.  La 
direction  moyenne  des  alignements  est  d'un  peu  plus  de  122  de- 
grés, ce  qui  ne  diffère  que  de  1  degré  en  moins  de  celle  du  sys- 
tème du  Thuringerwald  et  du  Morvan  rapportée  à  Liège. 

Ceci  nous  ramène  à  la  remarque  faite  par  M.  de  Ghancourtois , 
dans  le  travail  analysé  ci-dessus,  que  les  minerais  de  fer  ne  sont 
pas  les  seules  substances  adventives  dont  les  gîtes  s'alignent  suivant 
les  directions  propres  aux  différents  systèmes  de  montagnes.  Les 
amas  gypseux,  si  nombreux  en  Lorraine,  en  Alsace  et  en  Franche- 
Comté,  jouissent,  en  effet,  de  la  même  propriété,  et  rentrent  dans 
la  même  ordonnance.  Ils  forment  souvent  des  protubérances,  des 
espèces  de  champignons,  placés  très-fréquemment  aux  points  de 
rencontre  de  plusieurs  accidents  stratigraphiques,  et,  pour  la  plu- 
part, ils  représentent  autant  de  points  du  quinconce  pentagonal. 

11  en  est  de  même  des  niasses  gypseuses  répandues  en  si  grand 
nombre  dans  les  Alpes,  qui  ont  été  décrites  autrefois  par  M.  Brochant 
de  Villiers  dans  un  de  ses  plus  remarquables  mémoires1,  et  qui,  de- 
puis lors,  sont  devenues  l'objet  de  plusieurs  autres  travaux,  parmi 
lesquels  on  ne  doit  pas  oublier  la  notice  de  Victor  Jacquemont  sur 
les  gypses  du  val  Canaria 2.  La  ligne  des  gypses,  des  dolomies  et  des 
gîtes  de  cristaux  du  Saint- Gothard  et  sa  prolongation  en  Valais 
(Binn,  Tourtemagne,  Pfynn)  ont  fourni  à  M.  Elie  de  Beaumont  l'une 
des  premières  données  qu'il  a  employées  pour  fixer  la  direction  du 
système  de  la  chaîne  principale  des  Alpes3.  Les  amas  de  gypses 
salifères  répandus  sur  le  versant  septentrional  des  iUpes,  depuis 
le  lac  de  Genève  jusqu'au  lac  de  Hallstadt,  y  jalonnent  des  lignes 

1  Annales  des  Mines,  1"  série,  l.  II,             3  Recherches  sur   quelques-unes  des 
p.  aÔ7  (1817).  révolutions  de  la  surface  du  glohe.  (An- 

2  Annales  des  sciences  naturelles ,  i"sé-  nales  des  sciences  naturelles,  i83o,  t.  XIV 
rie,  t.  III,  p.  87  (189 li).  p.  308.) 


534  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

appartenant  au  même  système.  Les  gypses  du  Dauphiné,  fréquem- 
ment accompagnes  de  masses  éruptives  de  variolites  du  drac, 
s'alignent  à  la  fois  suivant  la  direction  du  système  des  Alpes  occi- 
dentales et  suivant  celles  des  autres  systèmes  qui  accidentent  la 
contrée.  Les  nombreux  amas  de  gypse  de  la  Provence  présentent 
une  disposition  du  même  genre,  signalée  récemment  encore  par 
M.  de  Villeneuve,  dans  un  ouvrage  déjà  cité1,  où  il  fait  connaître 
aussi  les  alignements  multipliés  et  entre-croisés  que  jalonnent  les 
belles  sources  qui  sont  un  des  ornements  et  des  privilèges  de  cette 
contrée. 

Il  en  est  de  même  des  amas  de  gypse  et  de  sel  gemme,  accom- 
pagnés fréquemment  de  sources  salées  et  souvent  annexés  à  des 
masses  d'ophite,  qui  existent  en  grand  nombre  dans  les  Pyrénées  et 
dans  une  partie  de  l'Espagne.  Ces  gîtes  remarquables  s'alignent  à 
la  fois  suivant  la  direction  du  système  des  Pyrénées  [octaédrique  du 
mont  Sinaï)  et  suivant  celle  du  système  des  Alpes  principales  (Jiexa- 
tétraédrique  Hbaaby  Des  masses  d'ophite  sans  nombre,  disait  l'au- 
teur de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes2,  perçant  le  sol  de  toutes 
parts,  y  ont  relevé  autour  d'elles  tous  les  dépôts  de  sédiment.  Ces 
ophites,  dont  M.  Dufrénoy  a  montré  depuis  longtemps  que  le  sou- 
lèvement est  indépendant  de  celui  de  la  masse  des  Pyrénées,  se 
sont  souvent  alignés  par  files  qui  suivent  les  directions  de  toutes 
les  anciennes  fractures,  de  tous  les  clivages  plus  ou  moins  oblitérés  que 
présentait  le  sol  qu'elles  avaient  à  percer;  mais,  considérées  dans 
leur  ensemble,  ces  masses  d'ophites,  les  masses  de  dolomie,  de 
gypse  et  de  sel  gemme,  les  sources  salées  ou  thermales  qui  forment 
en  quelque  sorte  leur  cortège ,  sont  disposées  par  bandes  qui ,  pre- 
nant naissance  au  milieu  des  corbières  et  des  plaines  ondulées  de 
la  Gascogne,  s'enfoncent  en  Espagne  parallèlement  à  la  direction 
prolongée  des  lignes  de  fracture  récentes  qui  traversent  la  Pro- 
vence. 

1  Description  mmcralot<>iquc  et  gcolo-  leneuvc-Flayosc,  ingénieur  on  chef  des 
ffiqve  du  Vnr,  par  M.  le  comte  H.  de  Vil-        mines.  —  '  Notice ,  p.  56g. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  535 

Dans  les  montagnes  de  l'Afrique  septentrionale,  on  voit  aussi 
s'aligner,  dans  une  direction  parallèle  à  celle  de  l'axe  volcanique 
de  la  Méditerranée  et  du  système  des  Alpes  principales,  c'est-à- 
dire  à  la  direction  des  zones  d'ophite,  un  grand  nombre  de  masses 
de  gypse  et  de  sel  gemme,  des  sources  salées,  bitumineuses  et 
thermales,  des  gisements  de  substances  métalliques,  et  des  pitons 
de  roches  éruptives  diverses. 

Ce  phénomène  n'est  pas  étranger  à  la  Sicile ,  que  tant  de  liens 
rattachent  à  l'Afrique.  On  en  trouve  la  preuve  dans  le  passage 
suivant  d'une  lettre  adressée  à  M.  Dumas  par  M.  Charles  Sainte- 
Claire  Deville1  : 

«Les  émanations  d'hydrogène  carboné  pur  se  trouvent  à  Gir- 
genti,  au  milieu  des  marnes  crétacées,  le  plus  loin  de  l'Etna,  sur  cette 
ligne  remarquable  des  grandes  Alpes  signalée  depuis  longtemps 
par  M.  Elie  deBeaumont,  laquelle,  en  disloquant  le  terrain  suba- 
pennin,  est  devenue  un  des  lieux  géométriques  du  gypse,  du  soufre, 
du  sel  gemme  de  la  Sicile,  et  qui,  prolongée  des  deux  côtés,  par 
une  coïncidence  qui  ne  peut  tenir  du  hasard ,  passe  à  l'E.  quelques 
degrés  N.  par  Terrapilata  et  le  sommet  de  l'Etna ,  à  l'O.  quelques 
degrés  S.  par  les  Macalube  de  Girgenti  et  par  le  point  à  jamais 
célèbre  de  la  Méditerranée  qui  a  vu  s'élever  et  disparaître  l'île 
Julia. 

«  L'azote  pur  se  trouve  à  Catane,  c'est-à-dire  aussi  loin  de  l'Etna 
que  le  permet  l'étendue  de  la  Sicile,  sur  une  ligne  qui,  dirigée  de 
l'O.-N.-O.  à  l'E.-S.-E.,  représente  peut-être  le  système  des  Pyré- 
nées et  joint  les  diverses  buttes  basaltiques  qui,  comme  celles  de 
la  Motta,  de  Valcorrente,  de  Paternô,  limitent  au  S.  le  domaine 
de  l'Etna  et  forment  l'un  des  bords  de  la  grande  plaine  de  Catane. 
En  suivant  exactement  cette  seconde  direction,  vous  tombez  sur 
San-Biaggio,  Paternô,  c'est-à-dire  sur  des  exhalaisons  d'abord 
riches  en  azote, puis  devenant  presque  exclusivement  carboniques. 

1  Comptes  rendus,  t.  XLIII,  p.  367.  séance  du  18  août  i856. 


536  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ce  Une  ligne  exactement  parallèle  à  cette  dernière  forme  l'autre 
bord  de  la  plaine  de  Catane,  passe  à  Palagonia  et  au  lac  de  Palici, 
puis,  en  se  prolongeant  des  deux  côtés,  suit  vers  le  S.-E.  presque 
jusqu'à  Syracuse  les  buttes  basaltiques  du  Val  di  Noto,  et  au  ]N.-0. 
va  couper  le  premier  alignement  entre  Gastrogiovani  et  Calta- 
cibetta,  au  nœud  stratigraphique  de  la  Sicile,  et  de  là  s'étend  vers 
le  massif  nummulitique  du  Monte-Madonia ,  en  épousant  successi- 
vement tous  les  gîtes  de  soufre,  de  gypse  et  de  sel  gemme  de  cette 
région. 

ce  Mais  ce  n'est  pas  tout.  Voulez -vous  joindre  le  lac  de  Palici  à 
Paternô,  vous  aurez  une  troisième  direction  tout  aussi  remarquable 
que  les  précédentes.  Celle-ci,  de  Paternô,  ira  couper  le  centre  du 
Val  del  Bove,  c'est-à-dire  le  centre  de  l'ancien  Etna;  puis,  après 
avoir  traversé  la  chaîne  la  plus  ancienne  de  la  Sicile  parallèle- 
ment aux  côtes  orientales,  entre  Catane  et  Messine,  et  parallèle- 
ment au  système  des  Alpes  occidentales,  elle  joindra  les  deux  îlots 
granitiques  de  cette  chaîne  septentrionale,  et  entre  les  deux  elle 
rencontrera,  à  Gesso,  un  petit  amas  de  gypse. .  .  .  Enfin  toutes  ces 
coïncidences  vous  sembleront  plus  frappantes  encore,  si  je  vous  fais 
remarquer  que  les  trois  grandes  directions  sur  lesquelles  je  viens 
d'attirer  votre  attention ,  et  qui  se  reproduisent  dans  toute  l'orogra- 
phie de  la  Sicile,  sont  précisément  celles  qui  imposent  à  son  con- 
tour extérieur  cette  forme  triangulaire  qui  lui  a  valu,  dès  l'anti- 
quité, le  nom  de  Trinacria.n 

M.  Charles  Sainte-Claire  Deville  dit  encore,  dans  son  mémoire 
sur  les  émanations  volcaniques 1  : 

ce  L'une  des  parallèles  à  ce  dernier  alignement  (Alpes  occiden- 
tales), qui  passe  par  la  région  centrale  de  la  Sicile,  et  à  i'O.  de 
laquelle  on  ne  trouve  plus  aucun  accident  dans  cette  direction,  va 
traverser  les  îles  de  Lipari,  précisément  de  Vulcano  à  Stromboli, 


'  Bulletin  de  la  Société'  géologique  de  France,  a"  série,  t.  XIV,  p.  254,  séance  du 
i5  décembre  i85(). 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  537 

jalonnant  ainsi  la  faille  transversale  dont  j'ai  parlé  dans  ma  neu- 
vième lettre  à  M.  Elie  de  Beaumont,  faille  qui  réunit  à  la  fois  les 
deux  seuls  volcans  actifs  du  groupe  et  toutes  les  émanations  iso- 
lées. .  .  .  n 

A  ces  remarques  lumineuses,  qui  encadrent  si  nettement  les  gîtes 
de  gypse  et  de  soufre^  ainsi  que  les  points  d'émanation  et  les  points 
volcaniques  de  la  Sicile,  dans  le  quinconce  pentagonal,  M.  Charles 
Sainte-Claire  Deville  en  a  ajouté  d'autres  qui  y  rattachent  plus  lar- 
gement encore  l'Etna  et  le  Vésuve. 

Il  s'exprime  en  effet  comme  il  suit  dans  le  mémoire  déjà  cité  l  : 
ce  ...  .  Les  éruptions  se  groupent  à  l'Etna  autour  de  deux  axes  perpen- 
diculaires l'un  à  l'autre,  dont  l'un  coïncide  avec  celui  de  la  grande 
dépression  longitudinale  qui  forme  le  Val  del  Bove.  Les  accidents  du 
Val  del  Bove  lui-même,  et  en  particulier  ses  nombreux  filons,  se 
coordonnent  très-bien  avec  ces  deux  axes  et  avec  deux  autres  lignes 
qui  font  aussi  entre  elles  un  angle  droit,  et  dont  l'une  coïncide,  en 
l'expliquant,  avec  la  crête  un  peu  excentrique  du  Bosco  délia  Cirrita. 

a  J'ajouterai,  dit  M.  Deville,  qu'une  cinquième  direction  réunit 
la  grande  éruption  de  1669,  la  fissure  de  i838,  d'où  se  dégage  en- 
core aujourd'hui  de  l'acide  carbonique,  et  que,  prolongée  au  nord, 
elle  passe  au  milieu  des  îles  Eoliennes  et  à  très-peu  près  au  sommet 
du  Vésuve;  en  d'autres  termes,  elle  coïncide  avec  le  système  du 
Ténare  (voir  ci-dessus  p.  1 38),  et  est,  par  conséquent,  perpendicu- 
laire à  l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée ,  ou  au  système  des  Alpes 
principales,  qui  ont  été,  tous  deux  déjà,  signalés  en  Sicile  et  à 
l'Etna.- 

cr  Les  faits  nombreux  que  je  viens  de  citer,  et  auxquels  je  pourrais 
en  ajouter  beaucoup  d'autres,  m'autorisent,  je  pense,  dit  M.  Deville, 
à  conclure  que  les  accidents  éruptifs  de  l'Etna,  de  la  Sicile  et  des 
îles  Eoliennes  se  coordonnent  suivant  neuf  directions,  dont  six  sont 
perpendiculaires  deux  à  deux,  n 

1  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2'  série,  t.  Xl\    p.  276. 


538  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

M.  Deville  conclut  aussi  d'une  nombreuse  série  d'observations 
que  le  massif  du  Vésuve  est  étoile  suivant  un  certain  nombre  de 
fissures  diamétrales  dont  les  directions  sont  liées  avec  tous  les  acci- 
dents volcaniques  passés  et  actuels  de  la  Campanie. 

M.  Pissis,  dont  j'ai  cité  au  commencement  de  ce  Rapport  les 
importantes  observations  sur  la  stratigraphie  du  Chili,  y  a  constaté 
des  faits  analogues  dans  la  disposition  des  volcans. 

Plusieurs  des  principaux  volcans  du  Chili  se  trouvent  alignés  sur 
la  direction  du  bissecteur  DH  (H  au  N.-O.  des  Açores,  D  Chine),  qui 
forme,  d'après  M.  Pissis,  le  grand  cercle  de  comparaison  du  système  de 
la  Cordillère  de  Nahuelvuta  (voir  ci-dessus  p.  20).  Ce  grand  ceçcle 
passe  en  effet  parle  volcan  de  Chilan,  par  un  autre  cône  très-re- 
marquable situé  à  l'O.  du  lac  de  Maule  et  par  le  volcan  de  Maïpo;  il 
rencontre  ensuite  la  chaîne  granitique  située  à  l'est  de  Tupungato, 
et  pénètre  dans  la  Confédération  argentine,  où  il  traverse  des  con- 
trées dont  la  géologie  est  encore  peu  connue. 

Les  volcans  de  Longavi,  de  Cerro-Azul,  du  Descabezado  et  du 
Peteroa  sont  situés  sur  un  arc  parallèle  éloigné  seulement  de  i5  ki- 
lomètres du  grand  cercle  de  comparaison. 

Enfin  un  autre  arc  parallèle  mené  par  Concepcion  suit,  sur  un 
espace  de  plus  de  5o  lieues,  la  ligne  de  contact  du  granité  avec 
le  terrain  schisteux;  il  rencontre  ensuite  plusieurs  affleurements 
granitiques  dans  les  provinces  de  Santiago  et  d'Aconcagua,  et  coupe 
l'axe  des  Andes  tout  près  du  Cerro-Mercenario,  où  se  montre  encore 
le  granité  et  où  la  chaîne  des  Andes  éprouve  une  inflexion  remar- 
quable1. 

Ces  faits  curieux  sont  du  nombre  de  ceux  qui  ont  fait  dire  à 
M.  Pissis,  ainsi  qu'on  l'a  rappelé  déjà,  p.  26  du  Rapport,  que  les 
volcans  du  Chili ,  qui  sont  d'ailleurs  renfermés  dans  la  zone  occupée 
par  la  chaîne  principale  des  Andes,  s'alignent  entre  eux  par  petits 
groupes  de  deux  ou  de  trois  volcans,  suivant  les  directions  d'autres 

'   Comptes  rendus,  t.  LVIII,  n.  ia5,  séance  du  11  janvier  i864. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  539 

systèmes  plus  anciens.  On  voit,  d'après  cela,  que,  de  même  que  les 
ophites  et  les  gypses  des  Pyrénées,  les  volcans  du  Chili  occupent 
des  points  du  quinconce  pentagonal. 

Ce  genre  de  disposition  est  donc  très-général.  On  le  retrouve 
dans  une  foule  de  pays,  où  il  marque  d'une  manière  presque  uni- 
forme une  très-nombreuse  série  de  points  stratigraphiques  ;  et  il  y 
a  apparence  que  le  travail  exécuté  par  M.  de  Chancourtois  dans 
la  partie  N.-E.  de  la  France,  étant  étendu  aux  différentes  régions 
que  je  viens  de  citer,  y  comprendrait  tous  les  points  d'éruption  et 
d'émanation  dans  une  même  ordonnance  générale,  constamment 
soumise  aux  lois  de  la  symétrie  pentagonale ,  représentée  dans  cha- 
que pays  par  les  orientations  des  systèmes  de  montagnes  qui  y  ont 
exercé  leur  influence. 

Mais  ceci  nous  conduit  à  une  application  plus  large  et  plus  éton- 
nante encore  que  toutes  les  précédentes  du  réseau  pentagonal  à 
une  classe  importante  de  gîtes  minéraux  :  je  fais  allusion  aux  mé- 
moires présentés  par  M.  de  Chancourtois  à  l'Académie  des  sciences, 
sur  Y  Application  du  réseau  pentagonal  à  la  coordination  des  sources  de 
pétrole  et  des  gîtes  bitumineux1 . 

Emettant  le  premier  une  remarque  qui  s'est  présentée  sous  ma 
plume  en  écrivant  la  page  ^92  de  ce  Rapport,  M.  de  Chancourtois, 
pour  combattre  l'idée  que  les  substances  bitumineuses  seraient  cons- 
tamment d'origine  végétale  ou  animale,  et  pour  établir  que  les 
produits  hydrocarbures  sont  en  général  des  résultats  plus  ou  moins 
directs  d'émanations,  a  pensé  qu'il  donnerait  une  preuve  convain- 
cante de  son  opinion  en  faisant  ressortir  des  faits  d'alignement  qui 
n'ont  évidemment  leur  raison  d'être  que  dans  l'existence  des  fis- 
sures de  l'écorce  terrestre. 

En  terminant  son  travail  sur  la  distribution  des  gîtes  de  fer, 
M.  de  Chancourtois  avait  été  frappé  de  voir  les  gîtes  de  bitume  de 
Seyssel  et  les  gîtes  des  environs  de  Glermont  fournir  un  aligne- 

1  Comptes  rendus,  t.  LVII.  p.  36^.  séance  «lu  17  août  i863. 


5/»0  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

ment  rigoureusement  parallèle  au  système  des  Pays-Bas.  Eu  lisant 
l'intéressant  rapport  de  M.  Gauldrée-Boileau  sur  l'exploitation  de 
l'huile  minérale  dans  l'Amérique  du  Nord  \  il  avait  été  frappé  égale- 
ment de  voir  que  les  principaux  gîtes  des  Etats-Unis  étaient  situés 
sur  le  prolongement  du  faisceau  de  fissures  qui  donne  passage  au 
Saint-Laurent,  et  il  s'était  bientôt  aperçu  que  ce  faisceau  prolongé 
dans  notre  hémisphère  allait  passer  à  une  localité  célèbre  par  ses 
sources  de  pétrole,  à  la  presqu'île  d'Apschéron,  par  laquelle  la 
chaîne  du  Caucase  se  perd  dans  la  Caspienne,  près  de  Bakou. 

Telle  a  été  la  donnée  initiale  du  mémoire  où,  en  décrivant  les 
principales  lignes  de  grands  cercles  qui  relient  les  gîtes  de  naphte, 
de  pétrole  et  d'asphalte  des  diverses  parties  du  globe,  il  s'est  pro- 
posé d'esquisser  l'application  du  réseau  pentagonal  à  la  coordina- 
tion et  par  suite  à  la  recherche  des  sources  ou  des  dépôts  de 
matières  bitumineuses. 

Le  cercle  dont  M.  de  Chancourtois  décrit  le  cours  en  première 
ligne  est  un  hexatélraédrique  Wbaab,  homologue  de  celui  de  Nontron 
et  de  celui  des  Alpes  principales,  qui  va  du  point  H,  voisin  de 
Tehuantepec,  au  point  H  de  la  mer  des  Indes,  en  passant  par  le 
point  b,  voisin  de  Derbend.  Ce  grand  cercle,  suivi  approximati- 
vement, comme  on  peut  le  faire  sur  un  globe  par  de  simples  pro- 
cédés graphiques,  sort  de  l'isthme  de  Tehuantepec  par  le  volcan  de 
Tuxtla,  pénètre  dans  la  Floride  par  la  baie  de  Pensacala,  coupe  la 
Kenawa  en  Virginie,  près  de  Salzwerk,  longe  les  premières  rides 
des  Alleghanys  dans  la  région  carbonifère  de  Pittsburg,  s'appuie 
sur  le  coude  du  Saint-Laurent,  au  N.-E.  de  Potsdam,  rase  ensuite 
le  cap  Farewell  du  Groenland,  passe  aux  Feroë,  traverse  la  pénin- 
sule Scandinave  par  Christiania  et  le  bord  du  lac  Wenern,  rase 
l'île  de  Gothland,  pénètre  en  Russie  parallèlement  au  cours  moyen 
de  la  Duna,  passe  au  confluent  du  Donetz  et  du  Don,  au  lac 
Bolschoï,  séparation  des  deux  Manytch,  et  rejoint  Bakou  en  iimi- 

1   Annales  des  Mines,  (i  sciio,  l.   II,  p.  g5. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  541 

tant  la  dépression  infra-océanique  de  la  Caspienne.  Il  traverse  en- 
suite le  désert  Salé  de  la  Perse,  dont  il  sort  par  la  province  de  Kir- 
man,  renommée  par  ses  sources  bitumineuses,  passe  au  milieu 
des  Maldives,  puis,  revenant  à  Tehuantepec,  est  jalonné  par  l'île 
de  Gallego. 

Ce  grand  cercle,  que  M.  de  Chancourtois  appelle  provisoire- 
ment Yhexatétraédrique  du  Saint-Laurent  et  de  la  Duna ,  est  à  peu 
près  l'axe  du  faisceau  bitumineux,  et  l'auteur  cite  encore,  comme 
jouissant  de  privilèges  analogues  par  rapport  aux  points  d'émana- 
tion des  substances  hydrocarburées,  plusieurs  autres  cercles  passant 
aux  deux  mêmes  points  H  que  le  précédent,  et  comme  lui  per- 
pendiculaires du  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  (svstème  du  Rhin). 

Il  décrit  aussi,  comme  étant  un  croiseur  très-remarquable  du 
précédent,  son  homologue  Yhexatétraédrique  Hbaab,  qui  passe  au 
point  a  de  l'île  de  Cuba,  et  au  point  H  situé  au  S.  des  îles  Aleu- 
tiennes.  Il  lui  est  presque  perpendiculaire,  aux  bouches  mêmes  du 
Mississipi,  que  l'on  sait  être  marquées  par  des  salzes,  et  il  règle  le 
cours  du  fleuve  aux  environs  de  la  Nouvelle-Orléans.  Sur  son  par- 
cours se  trouvent  les  gîtes  bitumineux  de  Holguin  (île  de  Cuba), 
ceux  de  la  baie  de  Cariaco,  en  Venezuela,  où  M.  de  Humboldt  a  si- 
gnalé une  source  de  bitume  sortant  du  micaschiste ,  ainsi  que  d'autres 
points  remarquables  à  différents  titres  :  épanouissement  de  la  rivière 
des  Amazones  près  de  son  embouchure;  fond  du  Para;  Bahia;  île 
Trinidad;  îles  Saint-Paul  et  Amsterdam;  extrémité  orientale  de  l'île 
de  Sumbava,  c'est-à-dire  point  très-voisin  du  volcan  célèbre  le  Tum- 
boro;  milieu  de  l'archipel  des  Mariannes;  enfin  région  des  lacs 
salés  et  bitumineux  des  territoires  de  Nevada  et  d'Utah ,  dans  l'Amé- 
rique septentrionale. 

On  a  vu  précédemment,  page  1 25 ,  que,  suivant  la  remarque  de 
M.  de  Chancourtois,  le  primitif  du  lac  Supérieur  et  du  cap  San- 
Thomé,  après  avoir  traversé,  au  Brésil,  la  région  aurifère  et  diaman- 
tifère de  Minas-Geraes,  passe  à  proximité  des  sources  de  pétrole  de 
la  Pensylvanie  et  du  Canada ,  parallèlement  à  leurs  alignements. 


542  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ceux-ci,  d'après  M.  de  Ghaucourtois,  sont  deux  parallèles  au  pri- 
mitif. La  première,  qui  en  est  peu  éloignée,  est  jalonnée  sur  les 
gîtes  du  Canada  voisins  du  lac  Saint-Clair  et  sur  ceux  du  comté  de 
Trumbull,  dans  l'Ohio.  Cette  ligne  passe  à  Kewenah-Point,  extré- 
mité des  célèbres  gîtes  de  cuivre  et  d'argent  natifs  du  lac  Supérieur, 
puis  à  l'île  Royale.  Une  autre  parallèle,  qui  marque  la  coupure  des 
Alleghanys  suivie  par  le  Potomac,  va  passer  précisément  par  les 
fameux  gîtes  bitumineux  d'Oilcreek,  dans  le  comté  de  Venango,  en 
Pensylvanie. 

Les  remarques  que  je  viens  d'emprunter  à  M.  de  Chancourtois 
offrent  des  spécimens,  mais  non  une  analyse  du  travail  de  l'habile 
investigateur.  Son  mémoire,  rempli  d'observations  curieuses  et  de 
remarques  pleines  de  justesse,  n'est  pas  susceptible  d'analyse,  parce 
qu'il  est  formé  par  l'enchaînement  d'un  nombre  immense  de  faits 
individuels,  dont  aucun  n'est  inutile  à  son  objet,  et  dont  aucun 
par  conséquent  ne  peut  être  omis  sans  affaiblir  les  bases  de  ses 
conclusions. 

M.  de  Chancourtois  s'est  surtout  proposé  de  prouver  que  les 
huiles  minérales  et  les  carbures  d'hydrogène  en  général  ont  une  ori- 
gine souterraine.  En  suivant  successivement  quarante-cinq  grands 
cercles  dans  leur  circonférence  entière ,  il  parvient  à  relier  entre  eux 
tous  les  gîtes  bitumineux  connus;  mais  les  mêmes  cercles  passent  en 
même  temps  par  un  très-grand  nombre  de  points  orographique- 
ment  et  géologiquement  remarquables,  par  une  foule  de  volcans 
ordinaires,  de  volcans  de  boue,  de  salzes,  de  fumerolles,  de  sources 
minérales  et  thermales,  de  gisements  de  gypse,  de  soufre,  de  sel 
gemme,  de  natron  et  autres  sels,  et  de  gîtes  métallifères  de  la  na- 
ture la  plus  variée.  Ces  divers  gisements  se  présentent  comme  faisant 
partie  d'une  même  famille.  Les  sources  de  bitume,  d'asphalte,  de 
pétrole,  d'huiles  minérales  diverses,  de  gaz  combustibles  et  autres 
substances  hydrocarburées,  ne  sont  qu'une  classe  particulière  des 
émanations  qui  se  dégagent  du  globe  terrestre,  et  on  voit  qu'entre 
des  mains  exercées  le  réseau  pentagonal  fournit  à  la  géologie  un 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  543 

nouveau  moyen  d'investigation.  L'auteur  fait  remarquer  accessoi- 
rement que  les  cercles  d'émanations  bitumineuses  ont  une  ten- 
dance particulière  à  passer  par  les  embouchures  des  grands  fleuves, 
et  même  à  s'adapter  à  la  partie  inférieure  de  leur  cours.  11  insiste 
particulièrement  sur  la  propriété  dont  ils  jouissent  de  passer  aux 
grands  centres  de  population  :  un  de  ses  trapézoédriques  passe  à 
Paris  et  à  Londres. 

Quant  à  l'origine  souterraine  des  émanations  hydrocarburées ,  la 
démonstration  stratigraphique  de  M.  de  Chancourtois  me  paraît 
mériter  un  accueil  d'autant  plus  favorable  que  sa  conclusion  est 
conforme  à  l'une  de  celles  de  l'important  travail  dans  lequel 
M.  Charles  Sainte-Claire  Deville  a  assigné  une  place  invariable 
et  constante  aux  produits  hydrocarbures  et  bitumineux,  parmi 
ceux  qui  accompagnent  une  même  éruption  à  des  époques  succes- 
sives et  un  même  volcan  à  des  distances  de  plus  en  plus  grandes. 

Les  points  où  se  produisent  les  émanations  hydrocarburées, 
placés  généralement,  d'après  les  deux  savants,  aux  intersections  des 
cercles  du  réseau  et  de  leurs  parallèles,  appartiennent,  en  principe, 
à  la  série  déjà  si  nombreuse  des  points  du  quinconce  pentagonal;  et 
plus  cette  série  s'étendra,  mieux  on  comprendra  que  le  quinconce 
pentagonal  n'est  pas  seulement  le  canevas  fondamental  de  la  topo- 
graphie, mais  encore  la  clef  de  l'exploitation  du  globe  terrestre. 

Là  cependant  ne  se  borne  pas  la  portée  des  aperçus  que  je 
viens  de  rappeler,  et  je  ne  crois  pas  céder  aux  illusions  d'une  an- 
cienne et  inaltérable  amitié  en  reconnaissant  que,  dans  les  travaux 
dont  j'ai  analysé  plus  particulièrement  la  partie  stratigraphique, 
MM.  Charles  Sainte -Claire  Deville  et  de  Chancourtois  ont  ouvert 
à  la  science  des  horizons  nouveaux,  dont  il  est  encore  difficile  de 
mesurer  toute  l'étendue. 


5/i/a  RAPPORT  SUR  LES   PROGRÈS 

APPLICATIONS  DU  RESEAU  PENTAGONAL  À  LA   STRUCTURE   INTERIEURE 
DES   GÎTES    MÉTALLIFÈRES. 

Le  chapitre  précédent  est  consacré  à  ia  disposition  corrélative 
des  gisements  des  substances  minérales  provenant,  par  voie  d'érup- 
tion ou  d'émanation  des  profondeurs  de  la  terre.  On  peut  sou- 
mettre à  des  études  du  môme  genre,  mais  sur  une  échelle  plus 
restreinte,  la  structure  intérieure  des  gîtes  minéraux.  Ce  sont  les 
mines  métalliques  qui  fournissent  les  moyens  d'exploration.  Dans 
ces  dernières  années  plusieurs  observateurs  s'en  sont  occupés  à  ce 
point  de  vue.  Je  vais  faire  connaître  sommairement  les  résultats  de 
leurs  travaux. 

M.  Rivot,  professeur  de  docimasie  à  l'Ecole  des  mines  de  Paris, 
au  retour  de  son  voyage  d'exploration  sur  les  curieux  et  importants 
gîtes  cuprifères  du  lac  Supérieur,  fut  appelé,  en  i856,  aux  mines 
de  Villefort  et  Vialas  (département  de  la  Lozère),  en  qualité  d'ingé- 
nieur-conseil. S'étaht  livré  activement  à  l'étude  des  filons,  des  croi- 
seurs, des  failles,  d'abord  à  Vialas,  et  ensuite  dans  toute  la  région 
schisteuse  qui  entoure  le  plateau  granitique  de  la  Lozère,  il  parvint 
à  reconnaître  avec  certitude  les  âges  relatifs  des  principaux  systèmes 
de  fractures,  ainsi  que  les  époques  successives  d'arrivée  dans  les 
filons  des  minerais  et  des  matières  stériles.  Les  résultats  de  ces  ob- 
servations ont  été  consignés  par  l'auteur  dans  un  mémoire  présenté 
à  l'Académie  des  sciences,  qui,  après  avoir  été  imprimé  par  extrait 
dans  les  Comptes  rendus l,  a  paru  plus  tard  in  extenso  dans  les  Annales 
des  Mines 2. 

Partout  dans  la  contrée  les  gîtes  minéraux  présentent  des  carac- 
tères identiques  ;  l'étude  des  mines  de  Vialas  offrait  par  consé- 
quent un  intérêt  général  :  elle  était  éminemment  propre  à  fournir 
des  indications  utiles  pour  la  mise  en  exploitation  des  nombreux 

1  Annales  des  mines,  6e  série,  l.  IV,  2  Comptes  rendus,  t.  L VI,  p.  98,  sëanee 

p.  309  et  879.  du  12  janvier  1868. 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  5*5 

filons  métallifères  dont  les  affleurements  sont  connus  dans  les  dé- 
partements de  la  Lozère  et  du  Gard,  et,  par  le  seul  fait  de  la 
généralité  de  son  application,  elle  méritait,  même  au  point  àg  vue 
purement  scientifique,  une  attention  toute  spéciale. 

M.  Rivot,  en  décrivant  brièvement,  dans  son  mémoire^  l'ensemble 
des  travaux  très -développés  exécutés,  depuis  l'année  1781,  dans 
les  mines  de  Vialas,  insiste  principalement  sur  les  caractères  des 
filons,  sur  la  direction  des  fractures,  sur  les  matières  de  remplis- 
sage et  sur  les  croisements. 

D'après  la  considération  des  pénétrations  successives,  qui  forme 
la  base  de  la  théorie  de  Werner  universellement  admise  depuis 
près  d'un  siècle,  les  filons  divers,  les  failles,  les  fentes  non  remplies 
considérées  seulement  comme  des  fractures,  se  sont  produits  dans 
l'ordre  suivant  lequel  ils  sont  inscrits  dans  le  tableau  ci-dessous, 
où  leurs  directions  sont  indiquées  en  heures  de  la  boussole  du 
mineur,  rapportées  au  méridien  magnétique.  Chaque  heure  étant 
de  1 5  degrés,  et  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée,  à  l'époque  des 
observations,  étant,  à  Vialas,  de  i8°3o'  à  l'O.,  il.  Rivot  a  pu  aisé- 
ment exprimer,  dans  une  colonne  à  part,  les  mêmes  directions  en 
degrés  rapportés  au  méridien  vrai^  ou  méridien  astronomique. 

i°  Système  de  filons  dirigé  hora  637.  Direction  vraie  E.  n°N. 

2° hora  5  E.  33° 3o'  N. 

3* kora  h  N  4lo3o'  N 

U° hora  8  k  q.  - — 0. 18  à  20°N. 

5° hora  t. S.  3°3o'  E. 

6° hora  3. N.  26° 3o'  E. 

70 hora  6.  E.  i8°3o'  N. 

8°  Fentes  dirigées N.-S.  \.  i8°3o'  0. 

On  connaît,  de  plus,  des  failles  dirigées  hora  1 1  (S.  33°3o'  E.) 
plongeant  vers  l'ouest  ;  des  filons  presque  verticaux  dont  la  direc- 
tion est  comprise  entre  hora  10  et  hora  11  (N.  /io°3o'  0.);  des 
glissements  de  terrain  orientés,  les  uns  de  l'est  à  l'ouest  magné- 
tique (E.  i8°3o'N.)  et  présentant  une  inclinaison  très-faible  vers 

Slratigraphie.  35 


546  «APPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

le  nord,  les  autres  hora  10  (N.  ft8°3o'  0.).  Ces  trois  derniers  sys- 
tèmes de  cassures  n'ont  été  reconnus  que  sur  un  très-petit  nombre 
de  points,  et  M.  Rivot  n'a  pas  encore  pu  leur  assigner  de  rangs 
chronologiques  certains  dans  le  tableau  qui  précède.  Les  failles 
hora  1 1  sont  postérieures  aux  filons  hora  8  à  9  ;  les  filons  hora  1 0 
à  11,  postérieurs  à  ceux  dirigés  hora  3,  se  placent  probablement 
après  les  fractures  hora  6  ;  les  glissements  de  terrain  paraissent  con- 
temporains des  fentes  N.-S.  magnétique. 

Le  remplissage  par  les  minerais  et  par  les  matières  stériles  s'est 
fait  à  des  époques  successives  dont  l'ordre  est  le  suivant  : 

i°  Quartz  et  pyrites  des  filons  hora  h,  au  moment  de  la  forma- 
tion de  ces  fentes  ou  à  une  époque  très-peu  postérieure. 

2°  Galène  pauvre  en  argent,  quartz,  carbonate  de  chaux  dans 
quelques  veinules  hora  5,  à  une  époque  antérieure  aux  fractures 
hora  8  à  9. 

3°  Quartz  blanc  d'aspect  huileux  des  filons  hora  8  à  9  avec 
pyrites,  blende,  galène  pauvre,  au  moment  ou  peu  de  temps  après 
la  formation  des  fractures  hora  8  à  9. 

h°  Quartz  ferrugineux  des  filons  hora  1  et  hora  3,  quelque 
temps  après  la  formation  des  fractures  hora  3. 

5°  Sulfate  de  baryte  blanc  laiteux,  cristallin,  au  moment  de  la 
formation  des  fractures  Aom  6 ,  ou  peu  de  temps  après. 

6°  Galène  à  i5o  grammes  d'argent  (aux  100  kilogrammes  de 
plomb)  avec  carbonate  de  chaux; 

Galène  à  i5o  grammes  d'argent  (aux  100  kii.  de  plomb)  avec 
quartz  et  carbonate  de  chaux; 

Galène  à  35o  grammes  d'argent  (aux  100  kil.  de  plomb)  avec 
quartz  à  grains  fins,  carbonate  de  chaux  et  de  fer; 

Galène  à  5oo  grammes  d'argent  (aux  100  kil.  de  plomb)  avec 
quartz  et  carbonate  de  chaux  cristallin  ; 

Galène  à  700  grammes  d'argent  (aux  100  kil.  de  plomb)  a\e<- 
carbonate  de  chaux  cristallin  et  sulfate  de  baryte  rose. 

Ces    minerais   sont  répandus  principalement   dans  les   veines 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  547 

hora  5;  ils  ont  pénétré  dans  les  filons  hora  6  à  7,  dans  les  croi- 
seurs hora  1  et  hora  3.  L'arrivée  des  deux  derniers  minerais  est 
certainement  postérieure,  dit  M.  Rivot,  à  la  formation  des  fentes 
hora  6,  mais  antérieure  aux  fentes  N.-S.  magnétique. 

Les  divers  systèmes  de  fractures  existent  dans  toute  la  contrçe  ; 
on  les  retrouve,  comme  failles,  dans  les  bassins  houillers  de  la 
Grand'Combe  et  de  Bességes  :  ils  se  rattachent  évidemment  aux 
grands  phénomènes  géologiques  qui  ont  marqué  leur  action  sur  la 
surface  du  globe.  Pour  vérifier  cette  relation,  j'ai  calculé  pour 
Vialas,  dit  M.  Rivot,  les  directions  des  principaux  systèmes  de  mon- 
tagnes1, et,  en  comparant  ces  directions  à  celles  des  huit  sys- 
tèmes de  fractures,  dont  les  âges  relatifs  sont  parfaitement  constatés 
par  les  croisements  observés  à  Vialas,  j'ai  été  conduit  à  rapporter  : 


i*  Les  fracutres  hora  6  et  7  au  système  du  Finistère.. 
3°  Les  fractures  hora  5  au  système  du  Westmoreland  et 

de  Hundsrûck 

3°  Les  fractures  hora  h  au  système  de  la  Côte-d'Or .... 
W  Les  fractures  hora  8  à  9  au  système  des  Pyrénées.  .  . 
5°  Les  fractures  hora  1  au  système  de  Corse  et  de  Sar- 

daigne 

6°  Les  fractures  hora  3  au  système  des  Alpes  occidentales. 
70  Les  fractures  hora  6  au  système  des  Alpes  principales. 
S"  Les  fractures  N.-S.  magnétique  au  système,  du  Ténare. 


D'après  la  dernière  colonne  du  tableau ,  les  différences  que  pré- 
sentent les  directions  des  systèmes  de  fractures  et  celles  des  sys- 
tèmes de  montagnes  sont  généralement  très-petites,  et,  comme  le 
fait  observer  l'auteur,  elles  peuvent  s'expliquer  aisément  par  l'in- 
certitude qui  existe  toujours  sur  la  direction  véritable  des  filons 
étudiés  seulement  sur  une  longueur  très-limitée  :  celles  même  qui 


D1BECTIO* 

DIFFÉRENCES 

à  Vialas. 

des  orientations. 

E.i4°2q'   7"N. 

3°  if)      7  ",00 

E.33°i3'ii"N. 

0°l6'49",00 

E.43°2o'5o''N. 

5°  9'   9",34 

0.i7°4a'3o"N. 

2° 

N.   Wh^'^O. 

i°i9'38",o8 

N.95°46'i8"ïi. 

o°43'  &2",oo 

E.i7°5i'3q"N. 

o°38'2i",oo 

N.i8°i8'38'0. 

o°i  1'  1  i",oo 

1  Annales  des  mines,  6e  série,  t.  IV,  p.  4o8  (i863). 


35. 


5A8  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

atteignent  5  à  fi  degrés  ne  peuvent  être  considérées  ici  comme  im- 
portantes. 

Parmi  les  conclusions  intéressantes  qui  peuvent  être  déduites  de 
ce  qui  précède,  je  citerai  seulement,  dit  M.  Rivot,  celle  qui  est 
relative  à  l'arrivée  des  minerais  argentifères.  Les  galènes  les  plus 
riches  en  argent  ont  rempli  des  réouvertures  produites  dans  des 
plans  différents  à  une  époque  certainement  postérieure  au  dépôt 
des  dernières  assises  tertiaires. 

En  me  ralliant  aux  conclusions  de  l'excellent  mémoire  de  M.  Ri- 
vot, je  ferai  cependant  remarquer  qu'il  me  paraît  présenter  une 
lacune.  Dans  le  tableau  déjà  cité  des  directions  des  différents  sys- 
tèmes de  montagnes  calculées  pour  Vialas,  l'auteur  donne  les  deux 
suivantes  : 

Système  du  mont  Seny N.  35°2Â'3o"E. 

Système  de  la  Côte-d'Or E.  A30 20  5o"N. 

Directions  dont  la  dernière  revient  à N.  46° 39'  1  o"  E. 

Ces  deux  directions  diffèrent  de  ii°iV  ho",  et  la  direction  N. 

fti°3o'E.  des  filons  hora  h  tombe  entre  les  deux,  en  faisant  avec 

la  première  un  angle  de  6°5'3o",  et  avec  la  seconde  un  angle  de 
509'io". 

La  différence  des  deux  écarts  est  de  moins  de  1  degré,  et  on  peut 
se  demander  s'il  y  avait  lieu  de  tenir  compte  uniquement  du  second , 
qui  est  à  la  vérité  le  plus  petit,  en  négligeant  complètement  le 
rapprochement  indiqué  aussi ,  quoique  un  peu  moins  directement, 
par  la  faiblesse  du  premier.  La  direction  hora  h,  par  cela  même 
qu'elle  est  exprimée  en  heures  de  la  boussole,  est  évaluée  seulement 
à  1 5  degrés  près,  et  comporte  des  écarts  de  7  degrés  et  demi  de  part 
et  d'autre  de  sa  ligne  normale.  De  même  que  dans  plusieurs  cas 
analogues  discutés  pour  le  département  de  la  Haute-Marne,  on  pour- 
rait concevoir  qu'elle  représente  un  faisceau  de  directions  dont  les 
unes  se  rapporteraient  au  système  de  la  Côte-d'Or  et  les  autres  au 
système  du  mont  Seny.  En  fait,  il  est  naturel  que  le  système  de  la 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  549 

Côte-d'Or,  auquel  appartient  le  mont  Pilas,  en  Forez,  soit  repré- 
senté à  Vialas  par  une  série  de  fractures  parallèles  à  sa  direction  ; 
mais  il  ne  le  serait  pas  moins  que  le  système  du  mont  Seny,  dont 
le  grand  cercle  de  comparaison  est  le  bissecteur  DH ,  qui ,  comme 
on  l'a  vu  précédemment,  page  35o,  rase  l'extrémité  orientale  de  la 
masse  granitique  de  la  Lozère,  et  passe  à  3  kilomètres  des  mines 
de  Villefort  et  à  8  kilomètres  de  celles  de  Vialas ,  fût  lui-même 
représenté  dans  ces  localités  par  une  autre  série  de  fractures, 
formant  avec  les  premières  un  angle  moyen  de  10  à  12  degrés; 
un  peu  moins  d'une  heure  de  la  boussole. 

En  attendant  que  cette  question  ait  été  résolue  par  des  obser- 
vations ad  hoc,  faites  sur  les  lieux,  je  me  bornerai  à  faire  remar- 
quer que,  si  une  partie  des  fissures  comprises  dans  la  direction 
hora  k  appartenaient  réellement  au  système  du  mont  Seny,  qui  se 
rapporte  aux  premiers  temps  de  la  période  jurassique,  on  pourrait 
regarder  le  commencement  de  leur  remplissage  comme  se  liant 
aux  émanations  métallifères  qui  ont  enrichi  les  arkoses  placés  au- 
tour du  plateau  central  de  la  France,  entre  le  granité  et  les  cal- 
caires jurassiques,  et  auxquelles  sont  dus  les  nombreux  gîtes  de 
plomb  argentifère  qui  y  ont  été  exploités. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  remarque  de  détail,  que  je  soumets  à 
M.  Rivot,  les  propriétaires  des  mines  de  Vialas  n'ont  pas  eu  à  se 
repentir  de  lui  avoir  demandé  des  conseils.  L'effet  utile  de  ses  in- 
dications n'a  pas  tardé  à  se  manifester  dans  le  chiffre  des  dividendes. 
Sous  l'heureuse  impulsion  du  savant  professeur,  les  mines  de  Via- 
las sont  entrées  dans  une  voie  de  prospérité  inconnue  avant  lui. 

M.  Moissenet,  ingénieur  des  mines,  s'est  occupé  aussi  avec  beau- 
coup de  succès  de  l'application  du  réseau  pentagonal  aux  gîtes  métal- 
lifères. Ses  premiers  travaux  en  ce  genre  ont  eu  pour  objet  les  mines 
de  plomb  argentifère  du  Flintshire,  en  Angleterre,  sur  lesquelles 
il  a  publié,  dans  les  Annales  des  mines1,  un  mémoire  intéressant. 

1  Mémoire  sur  le  gisement  du  minerai        Flintshire,  Annales  des  mines,  5e  série, 
de  plomb  dans  le  calcaire  carbonifère  du        t.  XI,  p.  35 1  (1857). 


550  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

Ayant  exécuté,  de  concert  avec  M.  Laugel,  les  calculs  nécessaires 
pour  mener  par  Holywcll,  centre  des  mines  du  Flintshire,  des  pa- 
rallèles aux  directions  des  neuf  systèmes  de  montagnes  les  plus  an- 
ciens de  l'Europe  (Vendée ,  Finistère ,  Longmynd ,  Morbihan ,  Hunds- 
riick,  Ballons ,  Forez ,  nord  de  l'Angleterre ,  Pays-Bas) ,  M.  Moissenet 
a  construit  pour  cette  localité  une  rose  des  directions,  sur  laquelle  il 
a  tracé  celles  des  principaux  filons  ainsi  que  celles  des  failles  [cross- 
courses)  observés  dans  les  mines.  Cette  rose,  pi.  III,  fig.  2,  du  vo- 
lume cité,  est  dessinée  et  gravée  avec  un  tact  parfait.  Elle  mérite- 
rait d'être  citée  comme  modèle  pour  d'autres  travaux  analogues.  On 
y  voit  d'un  coup  d'œil  que  les  directions  forment  ici  deux  groupes 
principaux  très-distincts  :  l'un,  pour  les  filons,  se  rapproche  de  la 
direction  E.-O.  vraie;  l'autre,  pour  les  cross-courses,  se  rapproche 
du  méridien  astronomique.  Le  premier  comprend  la  direction  du 
système  des  Ballons  avec  des  déviations  suivant  les  directions  des 
systèmes  plus  anciens  du  Finistère  et  du  Morbihan  qui  ont  été  re- 
produites après  coup;  l'autre,  les  directions  du  Forez  et  du  nord 
de  l'Angleterre.  Ces  deux  derniers  systèmes  sont  plus  récents  que 
les  trois  autres,  circonstance  qui  cadre  d'une  manière  générale  avec 
le  fait  que  les  cross-courses  sont  d'une  date  plus  récente  que  l'ou- 
verture des  filons  de  plomb  argentifère.  Les  cross-courses,  cepen- 
dant, sont  quelquefois  métallifères,  les  émanations  s'étant,  à  ce 
qu'il  paraît,  prolongées  ou  reproduites  pendant  longtemps. 

L'auteur  regarde,  en  effet  (p.  &i5),  l'émission  des  minerais 
métalliques  comme  ayant  eu  sa  plus  grande  activité  à  partir  de 
l'ouverture  des  filons  E.-O.  (système  des  Ballons),  et  comme  ayant 
décru  pendant  le  dépôTdu  terrain  houiller,  pour  cesser  entière- 
ment, ou  à  peu  près,  lors  de  la  formation  des  grandes  failles  du 
système  du  nord  de  l'Angleterre.  Dans  une  discussion  aussi  judi- 
cieuse que  détaillée,  que  je  dois  me  borner  à  mentionner,  M.  Mois- 
senet fait  voir  que  l'ensemble  des  observations  faites  sur  les  mines 
et  les  grandes  failles  du  Flintshire,  et  même  de  tout  le  nord  de 
l'Angleterre,  sont  conformes  à  cette  coordination,  rattachée  si  sim- 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.         551 

plernent  à  la  considération  des  âges  relatifs  des  systèmes  de  mon 
tagnes. 

Plus  tard,  M.  Moissenet  s'est  appliqué  spécialement  à  l'étude  des 
gîtes  métallifères  beaucoup  plus  nombreux  et  plus  variés  du  Cor- 
nouailles  et  du  Devonshire,  sur  lesquels  il  a  soumis  à  l'Académie 
des  sciences  un  mémoire  qui  a  été  imprimé  par  extrait  dans  les 
Comptes  rendus  et  reproduit  avec  plus  de  développement  dans 
les  Annales  des  mines  K 

Les  terrains  qui  renferment  les-  dépôts  métalliques  du  Gor- 
nouailles  sont  beaucoup  plus  anciens  que  ceux  du  Flintshire.  La 
formation  silurienne,  dont  l'existence  a  été  longtemps  contestée 
dans  le  Cornouailles,  est  aujourd'hui  reconnue  par  les  géologues 
anglais  pour  les  points  de  la  côte  sud  où  des  fossiles  de  ce  terrain 
ont  été  découverts,  et  l'auteur  ajoute  qu'il  a  trouvé  des  preuves  de 
la  présence  de  cette  formation  dans  une  grande  partie  de  la  pres- 
qu'île. Les  massifs  granitiques  qui  en  constituent  les  parties  les 
plus  montueuses  doivent  être  rapportés  à  plusieurs  époques  d'é- 
ruption. Avant  l'apparition  de  celui  du  Darlmoor,  plusieurs  autres, 
dans  l'ouest,  avaient  été  portés  au  jour  et  avaient  subi  des  modifi- 
cations. 

Pour  discuter  les  directions  observées  dans  les  filons,  M.  Mois- 
senet a  transporté  au  pointa  du  réseau,  situé  près  de  la  côte  N.-O. 
du  Cornouailles,  les  directions  des  grands  cercles  correspondant 
aux  dix-neuf  systèmes  de  montagnes  les  plus  anciens  de  l'Europe, 
ce  qui  lui  a  donné  une  rose  des  directions  applicable,  avec  une  pré- 
cision suffisante,  à  toute  la  contrée  métallifère. 

Etudiées  sur  place  et  suivies  sur  les  feuilles  du  Geological  Snr- 
vey,  les  directions  calculées  lui  ont  permis  de  comprendre  non- 
seulement  les  accidents  généraux  du  sol,  mais  aussi  les  phéno- 
mènes relatifs  à  la  mécanique  des  filons,  c'est-à-dire  à  la  formation 

1  Études  sur  les  filous  du  Cornouailles  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  759 ,  séance  du 
et  du  Devonshire,  directions  utiles  pour  17  novembre  1862,  et  Annales  des  mines, 
e'tain,  cuivre  et  plomb,  par  M.  Moissenel.         6'  série,  t.  III,  p.  101  (i863). 


552  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

première  et  à. la  préparation  subséquente  de  la  fissure,  aux  épo- 
ques du  remplissage  et  des  réouvertures. 

Considérant  spécialement  le  système  de  montagnes  représenté 
par  le  grand  cercle  primitif  Land's-End-Apschéron,  il  a  reconnu 
que  ce  grand  cercle  est  le  représentant  exact,  au  moins  pour  la 
contrée  qui  nous  occupe,  du  soulèvement  qui  s'est  produit  entre 
la  formation  dévonienne  et  la  période  carbonifère. 

L'octaédrique  du  Mulehacen,  dont  l'intersection  avec  le  précédent 
détermine  le  centre  de  réduction  a,  joue  un  rôle  efficace  dans 
plusieurs  districts,  notamment  dans  celui  si  particulier  de  Saint- 
Just,  dont  il  contribue  à  expliquer  les  apparentes  anomalies. 

Les  onze  systèmes  les  plus  anciens  ont,  dans  le  Gornouailles , 
dit  M.  Moissenet,  une  influence  prédominante  sur  la  formation  des 
filons  :  tous  y  sont  reconnaissables.  Ils  suffisent  presque  à  eux  seuls 
à  eu  dévoiler  les  phénomènes  mécaniques.  Non-seulement  on  suit 
leurs  empreintes  dans  l'ensemble  des  directions  observées  sur  les 
groupes  de  filons,  mais  on  en  voit  l'influence  spéciale  dans  chaque 
district  métallifère  et  jusque  dans  les  orientations  successives  qu'af- 
fecte un  même  filon. 

M.  Moissenet  a  pu  constater  quelles  sont  les  orientations  utile- 
ment exploitables  pour  étain,  cuivre  et  plomb.  Gomme  conséquence 
dernière  et  pratiquement  applicable,  l'étude  de  cette  influence  con- 
duit à  reconnaître  les  parties  riches  d'un  filon,  c'est-à-dire  celles 
qu'il  convient  d'exploiter  pour  un  métal  déterminé,  et  à  les  dis- 
tinguer de  celles  qui  sont  stériles,  ou  tout  au  moins  trop  pauvres 
pour  être  poursuivies  avec  avantage  l. 

Mettant  les  directions  des  onze  premiers  systèmes  en  regard  des 
angles  utiles  pour  étain,  cuivre  et  plomb,  déterminés  par  l'observa- 
tion, l'auteur  a  rapproché,  dans  un  tableau  joint  à  son  mémoire, 
les  résultats  du  calcul  de  ceux  obtenus  par  un  observateur  aussi 
expérimenté  dans  la  pratique  des  mines  qu'il  est  éloigné  de  toute 

1  Annales  des  mines,  6e  série,  t.  111,  p.  168  (i863). 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  553 

idée  théorique  préconçue.  M.  Gh.  Thomas,  directeur  du  Dolcooth, 
près  de  Redruth,  a  bien  su  voir,  dit  M.  Moissenet,  que  parmi  les 
caractères  des  filons  leur  orientation  est  le  plus  distinctif.  Partant , 
lui  et  moi,  de  points  de  vue  en  apparence  opposés,  nous  arrivons 
à  une  coïncidence  que  l'on  peut  considérer  comme  pratiquement 
rigoureuse  en  ce  qui  concerne  les  faits,  pris  dans  l'ensemble  des 
deux  comtés  de  Cornouailles  et  de  Devonshire. 

Cet  accord  est  exprimé  dans  un  tableau  numérique  que  je  ne 
puis  transcrire  et  dans  une  rose  des  directions  gravée  dans  une 
planche  jointe  à  son  mémoire,  auquel  je  ne  puis  que  renvoyer  le 
lecteur.  Je  me  borne  à  dire  que,  sur  la  rose,  les  angles  utiles  pour 
étain ,  cuivre  et  plomb  sont  figurés  et  teintés  d'une  manière  parti- 
culière. On  y  voit  que  l'angle  utile  pour  étain  est  représenté  par  un 
secteur  d'une  amplitude  de  60  degrés,  dont  le  milieu  est  tourné  du 
côté  de  l'E.-N.-E.  ;  l'angle  utile  pour  le  cuivre  est  représenté  par  un 
autre  secteur  de  60  degrés  dont  le  milieu  se  dirige  un  peu  au  nord 
de  l'est  vrai,  et  l'angle  utile  pour  le  plomb  est  représenté  par  un  sec- 
teur de  5o  degrés  dirigé  un  peu  à  l'ouest  du  nord  astronomique.  Les 
milieux  et  les  côtés  de  ces  trois  angles  utiles  et  des  subdivisions  qu'ils 
présentent,  suivant  les  degrés  variables  de  richesse  de  leurs  diffé- 
rentes parties,  ont  des  rapports  d'une  précision  étonnante  avec  les 
lignes  qui  représentent  les  directions  des  divers  systèmes  de  mon- 
tagnes ,  consistant  principalement  en  ce  que  la  bissectrice  de  chaque 
angle  utile  coïncide  presque  exactement  avec  la  direction  d'un  sys- 
tème de  montagnes  ou  avec  la  bissectrice  de  deux  de  ces  direc- 
tions; en  voici  un  exemple  : 

PLOMB.  DIFFÉBEKCES. 

Bissectrice  de  l'angle  utile N.  90  0. 

Système  du  nord  de  l'Angleterre. .  .  N.  8°  7'  0.  o°  55' 

Octaédrique  du  Mulehacen N.  8°  a3'  0.  o°  37' 

Bissectrice  (Vendée,  Rhin) N.  70  53'  0.  i°    7' 

La  petitesse  de  ces  différences  prouve,  pour  le  dire  en  passant, 


554  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

qu'a  H  n  de  rendre  les  services  qu'on  peut  eu  attendre  la  rose  des 
directions  doit  être  calculée  rigoureusement. 

Deux  systèmes  (Longmynd  et  Morbihan)  sont  complètement 
déshérités.  Ils  sont  en  dehors  de  tous  les  angles  utiles,  et  leurs 
directions  ne  traversent  que  les  espaces  blancs  de  la  rose.  Toutefois , 
comme  on  l'a  déjà  dit,  le  district  de  Saint-Just  échappe  aux  règles 
ordinaires,  et  la  direction  du  système  du  Morbihan  y  devient  favo- 
rable à  la  richesse  métallique. 

Pour  les  autres  districts,  les  angles  utiles  ne  sont  aussi  larges 
que  lorsqu'on  veut  les  comprendre  tous  ensemble,  et  M.  Moisscnet 
pense  que,  pour  chaque  district  en  particulier,  on  peut  resserrer  les 
limites  actuelles  de  l'observation. 

On  peut  suivre  avec  fruit  l'action  des  systèmes  statigraphiqucs 
jusque  dans  le  détail  de  la  constitution  d'un  filon,  en  y  compre- 
nant ses  relations  avec  les  filons  ou  failles  qui  l'avoisinent.  Les 
lignes  calculées  ne  servent  pas  seulement  à  tracer  et  relier  les 
grandes  formations,  ou  les  dépôts  de  minerais  éloignés  les  uns 
des  autres;  mais,  dans  tous  les  districts  métallifères,  elles  sont 
empreintes  assez  clairement  dans  les  accidents  du  sol  et  des  gîtes 
minéraux  pour  que,  avec  de  la  prudence  et  du  discernement,  les 
mineurs  puissent  y  trouver  le  guide  véritable,  qui  jusqu'ici  leur 
a  manqué,  et  faute  duquel  ils  sont  restés  exposés  aux  incertitudes 
des  essais  par  tâtonnement  et  aux  chances  de  leurs  lumières  natu- 
relles. 

Franchissant  la  Manche,  il  sera  aisé,  dit  M.  Moissenet,  en  tenant 
compte  des  modifications  locales,  d'appliquer  aux  gisements  d'étain 
et  de  plomb  de  la  Bretagne  les  études  faites  sur  le  Gornouailles.  Un 
beau  succès  a  été  obtenu  dans  le  midi  de  la  France  (Vialas)  par 
ceux  qui  ont  déjà  accepté  et  appliqué  cet  ordre  d'idées.  Poursui- 
vant plus  tard  les  mêmes  travaux  sur  le  reste  de  notre  territoire, 
nous  arriverons  un  jour  à  connaître  l'histoire  géologique  des  éma- 
nations des  divers  métaux,  comme  on  possède  maintenant  celle 
des  éruptions  du  granité  et  de  ses  congénères.  Alors  la  recherche 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN   FRANCE.  555 

et  l'exploitation   de  nos  gîtes  minéraux   marcheront  avec  certi- 
tude. 

Presque  au  moment  où  M.  Moissenet  écrivait  ces  lignes,  un  autre 
ingénieur  des  mines,  M.  Mallard,  professeur  de  géologie  à  l'École, 
des  mineurs  de  Saint-Etienne,  s'occupait,  au  même  point  de  vue, 
des  gisements  stannifères  du  Limousin,  sur  lesquels  il  a  présenté 
à  l'Académie  des  sciences  un  mémoire  dont  un  extrait  a  été  inséré 
dans  les  Comptes  rendus1. 

Après  avoir  fait  connaître  les  circonstances  géologiques  que  pré- 
sente le  gisement  stannifère  de  Vaulry  (Haute-Vienne),  découvert 
en  1812  par  MM.  de  Villelume  et  Alluaud,  l'auteur  aborde  l'étude 
du  gisement  de  Montebras,  découvert  par  lui-même  en  1859,  et  de 
l'étude  comparée  des  deux  gisements  il  tire  les  conclusions  sui- 
vantes : 

i°  Les  filons  d'étain  oxydé  du  Limousin  et  de  la  Marche  paraissent 
affecter  deux  directions  principales,  sinon  absolument  contempo- 
raines, au  moins  d'âge  très-voisin  :  l'une  N.  10  à  200  E.;  l'autre 
N.  ko  à5o°E. 

20  Cçs  deux  directions  se  retrouvent,  avec  les  directions  à  peu  près 
perpendiculaires  E.-O.  et  N.-O.,  dans  l'orientation  des  principales 
chaînes  et  des  principaux  filons  que  forme  le  granité  à  deux  micas , 
ainsi  que  le  pegmatite  et  le  leptynite  à  mica  blanc,  qui  sont  en 
connexion  avec  lui.  Toutes  les  autres  circonstances  géologiques  qui 
accompagnent  les  gisements  d'étain  oxydé  montrent  que  la  pro- 
duction de  ce  minéral  a  été  liée,  dans  le  Limousin  et  la  Marche, 
à  l'éruption  des  dernières  roches  granitiques,  et  en  a  été  proba- 
blement contemporaine. 

L'époque  de  cette  formation  stannifère  est  antérieure  à  la  période 
carbonifère.  Elle  s'est,  du  reste,  prolongée  vraisemblablement 
pendant  un  laps  de  temps  considérable  :  c'est  au  moins  ce  qu'il  est 

1  Sur  les  gisements  stannifères  du  Li-  tacher,  par  M.  Mallard,  Comptes  rendus, 
mousin  et  de  la  Marche  et  sur  quelques  t.  LX1I,  p.  -2-23.  séance  du  29  janvier 
anciennes  fouilles  qui  paraissent  s'y  rat-        18G6. 


556  RAPPORT  SUR  LES  PROGRES 

permis  de  penser,  si  l'on  remarque,  d'une  part,  que  les  orientations 
des  systèmes  antécarbonifères  du  Finistère,  du  Longmynd,  du 
Morbihan  et  du  Hundsriïck,  transportés  en  un  point  voisin  de  la 
Jimite  septentrionale  de  la  Creuse,  sont  précisément  celles  que  l'on 
retrouve  le  plus  habituellement  dans  les  chaînes  ou  les  filons  que 
forment  le  granité  à  deux  micas  et  ses  dérivés. 

Ces  conclusions  sont  confirmées  par  l'étude  des  autres  gisements 
stannifères  et  wolframifères  de  la  contrée,  au  nombre  desquels  il 
faut  ranger  les  célèbres  amas  de  pegmatite  de  Chanteloube,  au  mi- 
lieu desquels  se  rencontrent,  avec  l'émeraude,  des  manganèses 
phosphatés  divers,  et  de  nombreux  minéraux  tenant  du  niobimu 
et  du  tantale. 

M.  Mallard  décrit,  dans  son  mémoire,  des  excavations  ouvertes 
en  des  points  fort  nombreux  du  Limousin  et  de  la  Marche.  Ces 
excavations,  qui  remontent  certainement  à  une  très-haute  antiquité, 
sont  de  tous  points  analogues  à  celles  que  l'on  connaît  depuis  long- 
temps à  Vaulry,  et  qui  ont  eu  évidemment  pour  but  l'exploitation 
du  gisement  stannifère  de  cette  localité ,  ainsi  qu'à  celles  des  envi- 
rons de  Montebras,  qui  ont  fait  soupçonner,  puis  découvrir,  en  ce 
lieu,  par  M.  Mallard,  l'existence  d'une  mine  d'étain. 

Cette  mine  est  aujourd'hui  exploitée,  et  M.  Moissenet  en  a  ac- 
cepté dernièrement  la  haute  direction.  H  y  a  déjà  fait  d'importantes 
observations  qu'il  n'a  pas  encore  publiées.  Il  y  importera,  avec  le 
réseau  pentagonal,  les  remarques  faites  dans  les  mines  du  Cor- 
nouailles.  Une  rose  (les  directions,  calculée  pour  Montebras,  lui  per- 
mettra de  rattacher  à  chacun  de  ses  rayons  les  idées  qui  se  sont 
développées,  soit  à  Saint-Just,  soit  à  Redruth  ou  à  Carclaze,  sur  le 
plus  ou  moins  de  chances  que  présente  telle  ou  telle  direction 
pour  la  découverte  de  l'étain,  du  cuivre,  du  plomb,  et  qui  amènent 
quelquefois  le  sourire  sur  les  lèvres  des  mineurs  du  pays  lorsqu'on 
leur  parle  de  chercher  un  métal  dans  une  direction  inusitée;  idées 
nées  d'une  longue  pratique,  trop  légèrement  qualifiées  de  routine, 
et  qui ,  généralisées  avec  l'aide  du  réseau  pentagonal ,  et  éclairées 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANGE.  557 

par  la  considération  de  l'âge  relatif  des  différents  systèmes  stra- 
tigraphiques,  feront  profiter  chaque  mine  de  l'expérience  acquise 
dans  toutes  les  autres. 

Plus  encore  que  ceux  du  Cornouailles ,  les  mineurs  allemands, 
dont  les  travaux,  dès  la  fin  du  moyen  âge,  pénétraient  à  plus  de 
mille  mètres  de  profondeur,  ont  sur  ces  matières  d'anciennes  tra- 
ditions exprimées  dans  un  langage  qui  ne  nous  est  plus  familier. 
Au  milieu  du  silence  et  de  l'obscurité  de  leurs  réduits  souterrains, 
ils  réfléchissaient  longuement  aux  moyens  de  découvrir  les  voies 
de  la  fortune,  qui  semble  n'être  pas  moins  aveugle  dans  les  en- 
trailles de  la  terre  qu'à  sa  surface.  Les  yeux  fixés  sur  l'aiguille  ai- 
mantée, promptement  devenue  leur  guide,  ils  reportaient  leurs 
pensées  sur  la  marche  du  soleil  ;  et  de  là  vient  la  division  de  leur 
boussole  en  heures.  Ne  pouvant  prévoir  qu'on  s'occuperait  un  jour 
de  la  rose  des  directions,  ils  s'en  étaient  tenus  à  la  rose  des  vents.  Igno- 
rant nécessairement  aussi  que  l'idée  de  courants  galvaniques  ou 
magnétiques  pourrait  se  rattacher  dans  l'avenir  à  certaines  orienta- 
tions, et  que  les  importantes  expériences  de  M.  Becquerel  montre- 
raient l'influence  de  l'électricité  dans  la  formation  des  minéraux, 
ils  avaient  donné  à  l'expression  de  leurs  vues  instinctives  une  expres- 
sion mystique,  plus  propre  à  rappeler  le  culte  du  soleil  que  la  phy- 
sique et  la  minéralogie.  Ils  avaient  imaginé  pour  les  filons  diver- 
sement orientés  et  diversement  inclinés  une  classification  et  une 
nomenclature  fondées  en  partie  sur  la  manière  dont  leurs  plans 
pouvaient  être  éclairés  par  les  rayons  du  soleil  levant.  De  là,  par 
exemple,  les  désignations  de  positions  directes-tombantes  et  indi- 
rectes-tombantes, qui  paraissent  aujourd'hui  si  bizarres. 

Ces  élucubrations  d'un  autre  âge,  où  avaient  pénétré  peut-être 
quelques  rayons  d'alchimie,  ont  pâli,  mais  sans  être  complètement 
effacées,  devant  la  lumière  toute  nouvelle  que  Werner  a  fait  luire 
dans  les  mines  par  sa  théorie  des  filons,  si  justement  célèbre  et  si 
universellement  adoptée.  Tous  les  filons  parallèles  entre  eux  étaient 
déjà  désignés  d'une  même  manière  :  Werner  a  introduit  la  notion 


558  RAPPORT  SUR  LES  PROGRÈS 

des  origines  successives  des  différentes  classes  de  filons,  détermi- 
nées d'après  leurs  croisements. 

La  classification  des  différents  systèmes  de  montagnes,  des  dif- 
férents systèmes  stratigraphiques ,  d'après  leur  âge  géologique ,  a 
été  un  nouveau  pas  dans  la  même  voie.  Les  fissures  que  les  filons 
ont  remplies  par  degrés  s'y  trouvent  comprises.  Leurs  réouvertures 
successives  s'y  trouvent  expliquées.  La  nécessité  et  la  possibilité 
de  modifier  convenablement  les  directions  en  passant  d'un  pays 
dans  un  autre  s'y  trouvent  établies.  Avec  une  rose  des  directions  cal- 
culée pour  chaque  localité,  on  peut  voir  quels  sont  les  filons  qui  se 
correspondent,  comme  devant  leur  origine  première  à  un  même 
système  de  montagnes,  et  comment  doivent  être  modifiées  d'un 
point  à  un  autre  les  directions  regardées  comme  utiles  pour  l'ex- 
ploitation de  tel  ou  tel  métal.  On  comprendra  aussi  que,  bien 
qu'éclairées  semblablement  par  le  soleil ,  des  localités ,  même  assez 
voisines,  pourraient  se  trouver  dans  des  conditions  très-différentes, 
parce  que  des  systèmes  de  montagnes  différents  y  auraient  exercé 
des  influences  prépondérantes,  et  cela  permettra  d'expliquer  des 
anomalies  dont  on  cessera  d'être  embarrassé. 

Mais  on  ira  plus  loin  encore.  Longtemps  avant  Werner,  les  mi- 
neurs allemands  étaient  devenus,  pour  l'art  des  mines,  les  précep- 
teurs du  genre  humain.  Les  noms  allemands  ou  germanisés  d'une 
foule  de  mines  et  de  districts  miniers,  Schemnitz,  Kremnitz  et  Neu- 
Sohl,  en  Hongrie,  Kongs-berg,  en  Norwége,  Ta-berg,  en  Suède, 
Catharinen-burg,  dans  T lirai,  Schlangen-berg,  dans  l'Altaï,  rappellent 
que  les  Allemands  ont  été  appelés  dans  les  mines  de  tous  les  pays. 
Ils  y  avaient  introduit,  avec  la  boussole  de  Freiberg,  les  idées 
dont  ses  heures  étaient  le  symbole.  Malgré  l'expression  un  peu  fan- 
tastique qu'ils  leur  avaient  donnée ,  leurs  vieilles  traditions  renfer- 
maient donc  des  notions  dont  l'expérience  a  sanctionné  l'utiiité,  et 
dont  une  application  aussi  générale  n'a  pu  manquer  d'enrichir  le 
répertoire.  En  coordonnant  ces  notions,  nées  si  loin  les  unes  des 
autres,  à  l'aide  de  la  rose  des  direchons,  résumé  des  phénomènes 


& 


DE  LA  STRATIGRAPHIE  EN  FRANCE.  559 

géologiques,  jointe  à  la  rose  (les  vents,  à  laquelle  se  rattachent  les 
influences  purement  physiques,  on  leur  donnera  un  caractère  d'en- 
semble et  de  généralité  qui  leur  a  manqué  jusqu'à  présent,  ce  qui 
les  a  empêchées  d'entrer  dans  la  théorie  des  filons,  issue  de  l'école 
de  Werner.  De  là  naîtra  une  science  agrandie,  où  il  restera  beau- 
coup moins  de  mystères,  science  en  partie  nouvelle  et  presque 
complètement  expérimentale,  dont  l'introduction  dans  les  mines 
ne  tardera  pas  à  devenir  une  question  d'utilité  publique.  Elle  y 
rendra  les  travaux  plus  profitables,  et  je  ne  doute  pas  qu'à  la 
longue  elle  n'obtienne  la  sympathie  des  actionnaires. 

Je  demande  au  lecteur  la  permission  d'exprimer  ici  celle  que 
j'éprouve  pour  les  travailleurs  qui  cherchent  le  fil  d'Ariane  au 
milieu  des  complications  du  monde  souterrain.  A  la  fin  de  ce  trop 
long  Rapport,  j'adresse  mes  excuses  les  plus  sincères  à  tous  ceux 
dont,  par  ignorance  ou  par  oubli,  j'aurais  omis  de  signaler  les 
travaux,  et  je  remplis  un  bien  agréable  devoir  en  témoignant  ma 
reconnaissance  aux  savants  distingués  qui,  de  près  ou  de  loin, 
m'ont  fourni  d'utiles  documents.  (Voir  la  table  des  auteurs  cités.) 


FIN. 


eN"- 


w 


m 


OBSERVATIONS 


SIR 


LES  DEl  \  PLANCHES  JOINTES  A  CE  RAPPORT. 


Afin  de  faciliter  l'intelligence  de  ce  Rapport,  on  y  a  joint  deux  planches.  La 
première  est  intitulée  :  Le  pentagone  européen  en  projection  gnomonique  sur  Vho- 
rizon  de  son  centre.  Cette  carte,  qui  comprend  l'Europe  entière  et  des  parties 
considérables  de  l'Asie,  de  l'Afrique  et  de  l'océan  Atlantique,  est  simplement 
un  nouveau  tirage  de  la  planche  V  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  à 
laquelle  on  a  renvoyé  le  lecteur  en  beaucoup  de  points  du  Rapport.  Aux  pre- 
miers de  ces  renvois ,  les  indications  indispensables  ont  été  données.  La  cons- 
truction de  la  carte  a  été  expliquée  en  détail  dans  l'ouvrage  cité. 

La  seconde  planche  est  intitulée  :  Tableau  d'assemblage  des  six  feuilles  de  la 
carte  géologique  de  la  France,  par  MM.  Dufrénoy  et  Elie  de  Beaumont,  avec  les 
cercles  du  réseau  pentagonal,  par  M.  Elie  de  Beaumont  (1866).  C'est  la  carte 
géologique  de  la  France,  réduite  à  l'échelle  de  aoo^000,  exécutée  en  couleurs 
à  l'Imprimerie  impériale  par  l'ingénieux  procédé  du  report  sur  pierre  établi 
par  M.  Derenémesnil.  La  précision  de  ce  procédé  est  telle,  qu'il  a  permis 
d'appliquer  d'un  seul  coup,  sur  la  carte  déjà  tirée  en  couleurs,  tous  les  cercles 
du  réseau  pentagonal,  sans  que,  sur  aucun  exemplaire,  on  ait  remarqué  une 
déviation  sensible  de  la  position  normale  que  ces  cercles  doivent  occuper. 

La  carte  géologique  réduite  avec  les  cercles  du  réseau  avait  été  publiée  et  livrée 
au  commerce  en  1866.  H  en  a  été  fait  un  tirage  spécial  pour  le  présent  Rap- 
port. Sur  cette  carte  on  peut  suivre,  sans  aucune  fatigue,  le  cours  de  tous  les 
cercles  du  réseau,  qui  y  sont  désignés  par  les  mêmes  notations  que  dans  le 
Rapport,  dont  elle  facilitera  beaucoup  la  lecture.  On  y  verra  aussi  du  premier 
coup  d'œil  les  positions  des  points  de  croisement  simples  ou  mulliples  des 
cercles,  et  on  y  saisira  tout  l'ensemble  de  l'adaptation  du  réseau  pentagonal  à 
la  structure  de  la  France  plus  aisément  qu'on  ne  pourrait  le  faire  sur  une 
carte  plus  grande  et  moins  commode  à  manier. 

Stratigraphie.  ™ 


562   OBSERVATIONS  SUR  LES  DEUX  PLANCHES  DE  CE  RAPPORT. 

Il  est  bon  cependant  de  prévenir  ici  le  lecteur,  comme  on  l'a  déjà  fait  dans 
le  cours  du  volume,  que  beaucoup  des  détails  qui  sont  indiqués  dans  le  texte 
ne  se  trouvent  pas  sur  la  carte  réduite.  L'auteur,  en  écrivant  le  Rapport,  avait 
constamment  sous  les  yeux  un  exemplaire  de  la  carte  géologique  générale  de 
France,  en  six  feuilles,  à  l'échelle  de  B00\00,  sur  laquelle  les  cercles  du  réseau 
étaient  construits  rigoureusement.  Il  avait  même  à  sa  disposition  les  62  feuilles 
de  la  carte  d'état-major,  déjà  coloriées  pour  la  carte  géologique  détaillée  de  la 
France,  sur  lesquelles  les  cercles  du  réseau  ont  été  tracés  par  MM.  Fuchs, 
Potier  et  de  Lapparent,  ingénieurs  au  corps  impérial  des  mines,  avec  une  pré- 
cision qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  On  comprend  que  l'auteur  a  pu  prendre 
dans  ces  cartes,  pour  son  travail,  des  indications  et  des  mesures  que  la  carte 
géologique  réduite  ne  conduirait  pas  même  à  soupçonner. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS  CITÉS. 


Allcaud  (M.),  555. 

Amirauté  (voyez  Hydrographical  Office). 

Abchiac  (M.  le  vicomte  A.  d),  25  i. 


Coquand  (M.),  8. 

Cotta  (M.  le  professeur  Bernard),  i4a, 

i44,  1/19,  2o3,  33a,  36o,  3g2,  Iti, 

437. 
CoURBEBON  (M.).   25g. 


B 


Bêche  (voyez  La  Bêche). 

Becqderkl  (M.  A.  C),  55y. 

Becquby  (M.),  368. 

Billy  (M.  E.  de),  q63,  287. 

Biot  (M.  Edouard),  127,  i3i. 

Boblaye  (M.  E.  Le  Puillon  de),  6,  8, 

2/16,  263. 
Boue  (M.  le  Dr  Ami),  71,  112. 
Brochant  de  Villiers  (M.),  533. 
Bien  (M.  le  baron  Léopold  de),   166, 

173, 176,  178,  179,  180,  181,  182. 

i84,  i85,  186,188,  192,197,334, 

428,442,  455. 


Cacmont  (M.  A.  de),  4o8. 

Chancourtois  (M.  E.-B.  de),  4,  71,  72, 
125,  248,  272,  275,  282,  287,  484, 
5o3,  5o4,  5i4,  524,  5a5,r526,  527, 
528,  529,  53o,  533,  53g,  54o,  54i, 
542,543. 

Collegno  (  M.  -le  général  H.  Provana 
de),  382,  45i. 


D 

Daussy(M.  P.),  i93. 

Dépôt  de  la  guerre  (Carte  d'état-major) , 

24o,  242,  5o3. 
Dépôt  de  la  marine,  108,  177, 196, 206, 

207,  2i3,  273. 
Dépôt  des  cartes  et  plans  des  ponts  et 

chaussées  et  des  mines,  368. 
Derenémesnil  (M.),  239,  56 1. 
Deville  (M.Charles  Sainte-Claire),  171, 

187,  258,  359,  45o,  532,  535,  536, 

537,  538,  543. 
Dewalque  (M.  G.),  532. 
Dien(M.  Ch.),66. 
Dormoy(M.  E.-E.),  276. 
Dufrénoy  (M.  P.  A.),  18,  239,  263,  409, 

534,  56i. 
Duhamel  (M.  A.-G.),  5o3,  524. 
Dumont  (M.  le  professeur  André),  72, 

434,  437. 
Dopin  (M.  le  baron  Charles),  479. 
Durier  (M.),  209. 
Durocher  (M.  J.),  4,  5,  i4,  i5,  18,  27, 

io3,  209.  248,  289. 


36. 


564 


TABLE  ALPHABETIQUE 


E 


East  India  Company  (Officiers  et  agents 

de!'),  8i,453. 
Edwards  (M.  Alphonse  Mime),  k^h. 
Élie  deBeaumont  (M.  L.),  passim. 

ESCHER  DE  LA  LlNTH  (M.),  4l8,  Uû'J. 
ESQCERRA  DEL  BAYO  (M.),  11 7. 


Jackson  (M.  le  docteur  Charles  T.),  12. 
Jacquemont  (M.  Victor),  3o,8,  533. 
Jacquot  (M.  E.),  5 2 8. 
Jedlinski  (M.  Jules),  72. 


K 


Favre  (M.  le  professeur  Alphonse),  33 C. 
Ferri-Pisani  (M.  le  colonel  C),  275. 
Figari-Bey  (M.),  î&t. 

FORSTER  (M.),   l3. 

Foucou  (M.  Félix),  484. 

Fouqué  (M.),  171,  42G. 

Francq  (M.  le  baron  Félix  de)  ,  1 58,  1 59. 

Fochs  (M.  Ed.),  562. 


(« 


Gauldrée-Boileau  (M.),  54o. 

Gras  (M.  Scij)ion),  317. 

Greenough  (M.  George  Bellas),  81,  82, 
89,  90,  101,  102,  128,  129,  i46, 
171,  397,  398,  399,  4i3,  4i4,  429, 
43o,  43i,  44o,  44i,  452,  453,  458, 
459,  46i. 

Grïffith  (M.),   118,  218. 

Guillemin  (M.  Edouard),  10,  254. 


H 


Hitchcock  (M.  le  professeur),  12, 1 3,  20. 

Houzeau  (M.),  489. 

Humboldt  (M.  le  baron  Alexandre  de),  97, 

175,  i83,  223,  224,  437,  482,  492, 

493,  5n,  54 1. 
Hydrographical  Office  (Amirauté),  92, 

98,  109,  118,  166,  196,  207,  2l3, 

4io,  426,  436.  45o. 


Keilhau  (M.  le  professeur),  209,  21/1. 
Keyserling  (M.  le  comte  de),  92. 
Klaproth  (M.),  180,  182,  2o4. 


La  Bêche  (Sir  Henri  T.  de),  326,  33i, 

336,  434,  66t. 
Lambton  (M.  le  colonel),  81. 
Lamé  (M.  G.),  53 1. 
Lapparent  (M.  A.  de),  562. 

Laugel  (M.  Auguste),  .89,  44,  5i,  66, 
70,  i58,  192,  195,  200,  202,  211, 
2i3,  229,  233,  242,  249,  254,  255, 
262,  267,  282,  283,  296,  3oo,  3o8, 

337,  353,  38i,  383,  394,  4oo,  4o'., 
4i4,  4i6,  433,445,  53i,  55o. 

Le  Play  (M.  F.),  10. 
Logan  (Sir  William),  i3. 


M 


Mallard  (M.  F.-E.),  555,  556. 

Malte-Brun  (M.),  209. 

Marcou  (M.Jules),  12,  i3,  27,  71,  176. 

223. 

Marmora  (  M.  le  général  Albert  de  la),  1 1 5 
Moissenet  (M.  V.-L.),  54g,  55o,  55i, 

552,  553,  554,  555,  556. 
Murchison  (Sir  Roderick  I),  92,  107, 

112,  i32,  t42,  2o4,  225,  226,  287. 


DES  AUTEURS  CITÉS. 


565 


N 


Naomann  (M.  le  professeur  C.-F.),  293, 

4n,  438. 
Necker  de  Saussure  (M.),  336. 
Newbold  (M.  le  capitaine),  4o2. 
Nordenskjold  (M.  le  lieutenant),  209. 


o 


Olsen(M.  O.-N.),  27/1. 

Orbigny  (M.  AlcideD'),  18,  20,  21,  22, 

28. 
Owen  (M.  le  capitaine),  109. 


Ross  (Sir  James) ,112. 
Rdssegger  (M.  J.),  81,  91,  n4,  i33, 
i5i. 


Sarrazin  (M.  E.),  72. 

Sismosda  (M.  le  professeur  Ange),  3 19. 

Schlagistweit  (MM.  Adolphe,  Hermann 

et  Edouard),  399. 
Studer  (M.  le  professeur  Bernard),  liiS, 

Stcr  (M.  Denis),  428. 


Pentland  (M.  J.-B.),  29. 

Pissis  (M.  Aimé),  18,  19,  20,  21,  22, 

23,  26,  25,  26,  27,  186,  224,  249, 

382,5i7,  538. 
Ploix(M.  E.),  177, 178,  179,  180,  210, 

2i5,  325. 
Pomel  (M.  A.),  7,  8,  9,  28,  72,  3i5, 

317,  38o,  382,  383,  474.  5i2. 
Potier  (M.  A.),  562. 
Pouyame  (M.  J.),  484,  487,  &91. 


R 


Raulin  (M.Victor),  4,  5,  388. 
Renoo(M.  Émilien),6,  10,  84, 117, 167, 

202,  246,  4oi. 
Rivière  (M.  A.),  288. 
Rivot  (M.L.-E.),  544,  545,  5i6,  547, 

548,  549. 
Roche-Poncié  (M.  de  la),  181. 
Rogers  (M.  le  professeur),  i3. 


Tchihatcheff  (M.  le  prince  Pierre  de), 

170,  220. 
Thomas  (M.  Ch.),  553. 


Verneuil  (M.  Edouard  de),  92. 
Véziajî  (M.  Alexandre),  1,  2,  3,  10,  202, 

259,  260,  261,  352. 
Vidal  (M.  le  capitaine),  108,  118, 166. 

VlLLELCME  (M.  DE),   555. 

Villeseuve-Flayosc  (M.  le  comte  H.  de)  , 
4, 3i,  466, 489,  5i8,  519,  520, 52i, 
522,  523,  534. 

Vincendon-Domoulin  (M.),  83,  86,  i4o, 
173,  178,  180,  181,  198,  2o4.  206, 

210,   2l6,   217,  223,   227. 

Virlet  d'Aoust  (M.),  8.  246. 


W 


Whitney  (M.),  i3. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Avertissement i 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Nouveaux  systèmes  de  montagnes i 

Europe 1 

Afrique 6 

Amérique 1 1 

Remarques  générales  sur  les  systèmes  de  montagnes 28 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Corrélation  des  directions  des  différents  systèmes  de  montagnes 33 

Réseau  pentagonal 33 

Constitution  du  réseau  pentagonal r 34 

TROISIÈME  PARTIE. 

Installation  dd  réseau  pentagonal  sur  la  surface  du  globe  terrestre 57 

QUATRIÈME  PARTIE. 

Étude  des  relations  existantes  entre  le  réseau  pentagonal  et  les  inégalités  de 

l'écorce  terrestre 77 

Les  six  dodécaédriques  réguliers 78 

Dodécaédrique  régulier  du  cap  Corrientes  et  de  Singapour 78 

du  Sénégal  et  de  la  Nouvelle-Guinée 80 

des  Açores  et  de  la  terre  de  Van-Diemen 84 

du  Brésil  et  du  Japon 86 

du  Spitzberg  et  du  lac  Supérieur 88 

de  la  mer  Caspienne  et  de  la  terre  Graham 91 

Remarques  sur  les  six  dodécaédriques  réguliers 9  4 

Les  dix  octaédriques 9" 

Octaédrique  de  Cochabamba  et  du  golfe  de  Pechely 96 

du  lac  Baïkal  et  de  l'île  du  Prince-Edouard 99 


568  TABLE  DES  MATIERES. 

Octaédriquc  des  Garrow-Hills 

du  cap  Walsh  et  des  îles  Sous-le-Vent. . 

du  cap  God , 

de  INijney-Tagilsk 

de  l'île  d'Hindoë. . . 

de  l'île  Trinidad 

du  mont  Sinaï 

du  Mulehacen 


Remarques  comparatives  sur  les  dix  octaédriques 

Les  quinze  grands  cercles  primitifs 

Primitif  équatorial 

de  la  Floride  et  de  la  terre  d'Amhem 

du  lac  Supérieur  et  du  cap  San-Thomé 

— des  montagnes  Rocheuses  et  des  îles  Galapagos 

du  cap  Gastle  ou  Pater-Nosler 

du  Groenland  et  du  Chili 

du  mont  Saint-Élie 

de  Valdivia  et  des  cataractes  du  Nil 

de  l'île  de  Cuba  et  du  cap  Sandy 

de  la  presqu'île  Alaska  et  de  la  terre  de  Van-Diemen. 

de  l'Etna 

de  la  Nouvelle-Zemble 

de  Lisbonne 

du  Land's-End 

de  Saint-Kilda 


Pages. 
101 

o3 

o4 
06 
08 
1 1 
i3 
16 
20 
22 

23 
23 

ùll 
26 

28 

29 

32 

33 

35 

36 

3? 

39 
ht 

hh 


Remarques  comparatives  sur  les  i5  primitifs,  sur  les  10  octaédriques  et 

sur  les  6  dodécaedriques  réguliers i52 

Les  trente  dodécaedriques  rhomboïdaux 1 64 

Dodécaédriqtie  rhomboïdal  de  l'Etna  (axe  volcanique  de  la  Méditerranée).  .  i65 

Dodécaédrique  rhomboïdal  (axe  volcanique  du  Pacifique) 17  4 

Les  trente  bissecteurs  IH  des  angles  de  60° 1 9  4 

Bissecteur  IH  de  Ténériffe 196 

Les  trente  bissecteurs  DH  des  angles  de  36° 201 

Bissecteur  DH  (système  du  mont  Seny) 202 

Bissecteur  DH  (système  du  nord  de  l'Angleterre) 207 

Cercles  auxiliaires  divers 211 

Trapézoédriqae  TDb  du  cap  Bon,  Hermœum  Promontorium  (système  des 

îles  de  Corse  et  de  Sardaigne  ) 212 

Trapézoédriquc  TDb  du  volcan  de  Guatemala  (système  des  Ballons) 217 

Trapézoédrique  Te  de  l'Iremel  (système  du  Hundsrùck) 223 

Remarques  générales  sur  les  09  monographies  précédentes 229 

Les  362  points  principaux  du  réseau  pentagonal 23i 


TABLE  DES  MATIÈRES.  569 

à                                                                              ,  pa£es- 
IVTUDE  DES    RELATIONS  EXISTANTES   ENTRE    LE  RESEAU    PENTAGONAL  ET  LA  CONSTITUTION 

DO  SOL  DE  LA  FRANCE  ET  DES  CONTREES  LIMITROPHES 235 

Remarques  préliminaires Jbid. 

Octaédrique  du  mont  Sinaï  (système  des  Pyrénées) 246 

Trapézoédrique  T\a  (  système  du  Morbihan) 2&0 

Remarques  relatives  au  système  du  Thûringerwald 257 

Diagonal  \b  (système  du  mont  Serrât) 25q 

Hexatétraédrique  Hbaab  (de  Nontron) 262 

Trapézoédrique  TT  bbc  (failles  de  la  Haute-Marne,  Hécla) 267 

Trapézoédrique  TI  du  cap  Bon,  Hennawtn  Promontorium  (système  du  mont 

Viso) 276 

Trapézoédrique  Tb  (système  de  la  Vendée) 283 

Primitif  de  l'Etna  (système  du  Ténare) 290 

Diamétral  Dac  (système  du  Forez) 201 

Trapézoédrique  TDb  du  cap  Bon.  Hermœum  Promontorium  (système  des 

îles  de  Corse  et  de  Sardaigne) 297 

Octaédrique  du  Mulehacen 299 

Hexatétraédrique  Haa 3oo 

Bissecteur  DH  (système  du  nord  de  l'Angleterre) 3o5 

Trapézoédrique  Ta  (système  du  Vercors) 3o8 

Primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  (système  du  Rhin) 317 

Diamétral  De  (système  des  Alpes  occidentales) 326 

Trapézoédrique  Tabc  (système  du  Longmynd) 336 

Bissecteur  DH  (système  de  mont  Seny) 346 

Diamétral  Dac  (système  de  la  Côte-d'Or) 353 

Primitif  de  Lisbonne 362 

Trapézoédrique  Te  de  llremel  (système  du  Hundsrûck) 369 

Hexatétraédrique  HaTTa  (système  de  l'Érymanthe  et  du  Mermoucha).  .  .  .  38o 

Trapézoédrique  TTbbc  (système  du  Sancerrois) -,  .  .  383 

Bissecteur  DH  de  Belle-Île 389 

Hexatétraédrique  ftbaab  (système  des  Alpes  principales) 3gk 

Trapézoédrique  TDb  (système  du  Finistère) 4o4 

Trapézoédrique  Tb  (système  du  Tatra) 4 16 

Diamétral  Dac  (système  des  Pays-Bas) 43a 

Hexatétraédrique  HaTTa kUb 

Primitif  du  Land's-End 4i>6* 

Sur  les  intersections  des  cercles  du  réseau  pentagonal  qui  tombent  dans  le 

cadre  de  la  carte  géologique  de  France ••« 

Réflexions  générales  sur  le  contenu  de  la  quatrième  partie  du  Rapport 485 

CINQUIÈME  PARTIE. 

Applications  du  réseau  pentagonal ^01 


570  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

Applications  à  la  topographie 5oi 

à  la  distribution  des  substances  minérales 5  a  h 

à  la  structure  intérieure  des  gîtes  métallifères 5hk 

Observations  sdr  les  deux  planches  jointes  au  Rapport 56 1 

Table  alphabétique  des  auteurs  cités t .  563 

Corrections 571 


FIN     DES     TABLES. 


CORRECTIONS. 


Page  5,      ligne  3  du  bas,  notes,  au  lieu  de  1861,  lisez  i85i . 

Page  5o,    ligne  9,  au  lieu  de  dodécaédrique ,  lisez  dodécaèdre. 

Page  5a,    ligne  i3,  au  lieu  de  adapter,  lisez  adopter. 

Page  66,    ligne  7,  au  lieu  de  M.  Ch.  Dieu,  lisez  M.  Ch.  Dien. 

Page  10&,  ligne  8  du  bas,  au  lieu  de  point  T,  lisez  point  I. 

Page  n5,  ligne  i4,  au  lieu  de  de  la  Marmara,  lisez  de  la  Marmora. 

Page  122 ,  ligne  2  ,  supprimer  le  mot  remarquables. 

Page  i34,  ligne  9  du  bas,  au  lieu  de  Bonin-Snia,  lisez  Bonin-Sima. 

Page  i4o,  ligne  10  du  bas,  au  lieu  de  Poremushir,  lisez  Paramushir. 

Page  i48,  ligne  8  du  bas,  au  lieu  de  point  T,  lisez  point  I. 

Page  i63,  ligne  4,  au  lieu  de  les  cercles ,  lisez  des  cercles. 

Page  180,  ligne  i5  du  bas,  au  lieu  de  tteint,  lisez  atteint. 

Page  208,  ligne  2  du  bas,  au  lieu  de  Trœlhalta,  lisez  Trœlbatta. 

Page  216,  ligne  6,  au  lieu  de  à  l'est,  lisez  à  l'ouest. 

Page  239,  ligne  1  du  bas,  note,  au  lieu  de  p.  29,  lisez  p.  1257. 

Page  2Ôo,  ligne  à,  au  lieu  de  i3  kilomètres,  lisez  i5  kilomètres. 

Page  25 1 ,  ligne  5  du  bas,  au  lieu  de  sud-est,  lisez  sud-ouest. 

Page  268,  ligne  i4,  au  lieu  de  donne  lieu,  lisez  donne  matière. 

Page  270,  ligne  5  du  bas,  au  lieu  de  N.-O.,  lisez  N.-E. 

Ibid.  ligne  1  du  bas,  au  lieu  de  N.-O.,  lisez  N.-E. 
Page  2 7 4 ,  ligne  h,  au  lieu  de  N.  5o°  N.,  lisez  N.  5o°  0. 
Page  281 ,  ligne  7,  au  lieu  de  d'Entremont-de-Saint-Pierre ,  lisez  d'Emtremont,  de 

Saint-Pierre. 
Page  a83,  ligne  t  du  bas,  au  lieu  de  i3  kilomètres,  lisez  i5  kilomètres. 
Page  286,  ligne  1  du  bas,  au  lieu  de  Forceval,  lisez  Forcerai. 
Page  288,  ligne  1 3  du  bas,  au  lieu  de  38°,  lisez  88°. 
Page  293,  ligne  16,  au  lieu  de  Saint-Parèse ,  lisez  Saint-Parise. 
Page  296,  ligne  9  du  bas,  au  lieu  de  i,5Ô2,  lisez  1,554. 

Ibid.       ligne  6  du  bas .  au  lieu  de  oriental ,  lisez  occidental. 
Page  296,  ligne  12 ,  au  lieu  de  de  Gaethness,  lisez  du  Gaethness. 

Ibid.       ligne  12  du  bas,  au  lieu  de  sous  la,  lisez  sur  la. 


572  CORRECTIONS. 

Page  297,  ligne  10,  au  lieu  de  M.  Grunen,  lisez  M.  Grimer. 
Page  299,  ligne  8,  au  lieu  de  quant  à,  lisez  à. 
Page  3o2 ,  ligne  12 ,  au  lieu  de  de  Lison,  lisez  du  Lison. 

Page  3o3,  ligne  1,  au  lieu  de  Xhexalélracdrique  Dac,  lisez  Xhcxatélraédrique  Uaa. 
Page  3o5,  ligne  4,  au  lieu  de  à  l'est,  lisez  à  l'ouest. 
Page  327,  lignes  1  et  A  du  bas,  au  lieu  de  le  Kander,  lisez  la  Kander. 
Page  337,  ligne  i5 ,  au  lieu  de  Roer,  lisez  Roër. 
Page  339,  ligne  5  du  bas,  au  lieu  de  Saint- Parèse,  lisez  Saint-Parise. 
Page  34o,  ligne  10,  au  lieu  de  la  Chapelle,  lisez  la  Capelle. 
Page  34 1,  lignes  5  et  17,  au  lieu  de  la  Chapelle,  lisez  la  Capelle. 
Page  3A7,  ligne  i3  du  bas ,  au  lieu  de  au  S.-S.-E. ,  lisez  à  l'E.-S.-E. 
Page  348,  ligne  11  du  bas,  au  lieu  de  stratification  des,  lisez  stratification,  des 
Page  366,  ligne  5,  au  lieu  de  Morvan,  lisez  Morbihan. 
Page  373,  ligne  i3,  au  lieu  de  et  où,  lisez  où. 
Page  42  4,  ligne  i5,  supprimer  notre  cercle. 

Page  43 1 ,  lignes  4  et  12  ,  au  lieu  de  Mohanuddy,  lisez  Mahanuddy. 
Page  439,  ligne  1  du  bas,  au  lieu  de  Karangan,  lisez  Karagan. 
Page  517,  ligne  1 3  du  bas ,  au  lieu  de  angles ,  lisez  sommets. 
Page  52  4,  ligne  12  du  bas,  au  lieu  de  sur  la,  lisez  dans  la. 
Page  528,  ligne  8  du  bas,  au  lieu  de  du,  lisez  de. 
Page  55 1 ,  ligne  1  du  bas,  au  lieu  de  mon,  lisez  mon-. 

Page  554,  ligne  10  du  bas,  au  lieu  de  les  comprendre  tous,  lisez  comprendre  tous 
les  districts. 


BIND/^q 


SECT 


llll         ~       .    .-M»A 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKE 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


QE  Elie  de  Beaumont,  Léonce 

651  Rapport  sur  les  progrès 

E4  la  stratigraphie  par  L.   Ehe 

Beaumont 


P&ASci 


mmw