This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at|http : //books . google . corn/
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse] ht tp : //books .google . corn
RECHERCHES GEOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE.
iV. B, L'ouvrage de M. Walckenaer, que nous publions»
et qui n'a étë imprimé aux frais de l'auteur qu'à un très-
petit nombre d'exemplaires, fait le complément de V Histoire
des Foyctges et des Découvertes faits en Jfrique^ depuis les
siècles les plus reculés jusqu'à nos jou^s, ^etc, Paris, i8ai.
Cet ouvrage forme 4 volumes in-8^, et un atlas. 3o fr.
Voyez le prospectus à la fin de ce volume.
DE L'IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,
IMP&IXEUIL DU ROI, DE l'iNSTITUT ET DE LA MARINE,
(XCJ
RECHERCHES GÉOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE,
COMPRENANT
L'Histoire des Voyages entrepris ou exécutés jusqu'à ce
jour pour pénétrer dans l'intérieur du Soudan ; l'exposi-
tion des Systèmes géographiques qu'on a formés sur cette
contrée; l'analyse de divers itinéraires arabes pour déter-
miner la position de Timbouctou; et l'examen -des connais^
sances des anciens relativement à l'intérieur de l'Afrique:
SUIVIES d'un appendice,
Contenant divers Itinéraire^, traduits de Tarabe par M. le baron
Silvestre de Sacy et M. de La Porte ; et plasieurs antres Relations
on Itinéraires également traduits de Varabe , on extraits des Toyages
les pins récents.
OUVRAGE ACCOMPAGNE 0*UNE CARTE.
Par C.-A. WÀLCKENAER,
MEMBRE DE l'iWSTITUT. .. , r , ., ^
A PARIS^^Ti^:v^>\^
CHEZ AR-rtlUS BERTRAND, LIBRAIRE,
RUE HAUTEFEUILLE, N^ 23.
»%••—%•••%•»•%—
1821.
'...'.'.,: -.-.t
AVIS
AU LECTEUR.
Vjet ouvrage était termine dans le mois
de janvier 18120. Un jeune et célèbre voya-
geur anglais, M. Çowdicli, en entreprit à
cette époque sur le manuscrit la traduc-
tion ^ qiù fut* annoncée dans les papiers
publics d'Angleterre. Diverses circonstances
m'empêchèrent alors de le publier. Lorsqu'il
m'a été possible de m'en occuper de nou-
veau, plusieurs relations sur ce sujet avaient
paru, divers documents avaient été publiés;
plusieurs même ont vu le jour pendant
l'impression de mon ouvrage. Je les ai tous
analysés^ et j'ai tâché de renfermer dans ce
volume tout ce qui peut servir à éclaircir
6 AVIS AU LECTEUR.
la géographie des contrées les moins con-
nues, de l'ancien monde, et cep^idânt les
plus importantes à connaître , sous le rap-
port de rhistoire physique du globe, comme
sous celui des progrès du commerce et de
la civilisation.
PRINCIPALES DIVISIONS
t . . .
DE L'OUVRAGE.
I
NTRODUCTION., • • . • ^ • PAGE 1
PrçmièAjs pARTiBi -^ Des pçpgrès des découvertes
géographiques dans Tintérieur de la partie occi-
dentale de ^Afrique septentrionale « .44 9
$ I. Depuis l'invasion des Maliométans eh Afrique,
jusqu'à la chute de l'empire des Maures en
Espagne* • « • « ^ • • «••«•*»,•••»•*••«•• id.
S IL Depuis TeKpulsion des Maures d'Espagne ^
jusqu'au CQmtiienceniént du seizième siècle ,
lors de la publication de l'euvràge de Léon.
FAfricain # « 4 • « • < « é 17
f HJ. Depuis le commencement du seizième siècle
et la publication de Fouvra^e de Léon l'Afri»
cain , jusqu'à la formation de la société établie
à Londres pour les découvertes. ••#«•.•.«•• ^ 35
S lY. Depuis l'établissement de la société fiour
les progrès des découvertes en Afrique ^ jusqu'à
nos jours« ..<• ^ ••• a «.•«•..««••« » 64
Deiixièmè Partie. — Des cartes de i' Afrique Rela-
tivement au tracé des contrées intérieures de
la partie septentrionale de ce continent i85
\
8 I^AINCII^ALES DIVISIONS
S I. Des cartes de l'intérieur de l'Afrique septen-
trionale, depuis Ia publication de la mappe-
monde de Ruysch en i5o8,itisqua Orteliiiis
en 1670 i i85
S II. Depuis la publication de l'atlas d'Ortélius
en iS^o, jusqu'à celle de la mappemonde de
Guillaume Delisle en 1720 , 194
S III. Depuis la publication de la mappemonde
de Guillaume Delisle, jusqu'à nos jours 21; 4
Troisième Partie. — Analyse géographique des
itinéraires de Tripoli à^Timbouctou et de Tri-
poli à Gachenah, par le chejk Hagg-Casaem
et par Mohammed , fils d'Ali « • « ^ « • 249
S I- Considérations préliminaires id.
S II. Appréciation de la journée de marche des
caravanes dans les déserts de l'Afrique 262
S III- Analyse géographique de l'itinéraire de
Tripoli de Barbarie à Timbouctou, par le
cheyk Hagg-Cassem. ...*••.«.«•. 269 '
§ IV. Analyse géographique de l'itinéraire de
Mohammed, fils d'Ali, fils de Foui. ........ 3o2
S V. Analyse géographique de l'itinéraire de Tri-
poli de Barbarie à la ville de Gachenah, par le
cheyk Hagg-Cassem 3o8
§ V*". Sur un itînérah*e de Gamba à Gachenah,
à Bornou et à la Mecque • 325
§ VI. Sur l'étendue et les limites des connais-
sances des anciens relativement à l'intérieur
de l'Afrique 346
S VII. Résumé, conjectures et conclusion. • . • . 892
Dk LOUTRAGS. g '
ÂPPSNDICX it • 4^6
I. Itinéraire de Tripoli à TimboDfctou , par le
cfaeyk Hagg'Cassem • • • • • • 4^9
II. Itinéraire par Mohammed , fils d'Ali 4^9
m. Itinéraire de Tripoli à Cachenal^. 44S
IV. Itinéraire de Gaudja à Haoussa et à la
Mecque /^ C 4^3
y. Itinéraire d'Achmet Ibn-Hasf^n, de Fez à
Tafilet » • 457
VI- Journal d'une expédition contre Soït;|in« • . • 465
VII. Extrait d'Ibn-Haukal 4jS.
VIII. Itinéraire d'Hadji-Boubeker , de Seno-Palel
à la Mecque • , 477
IX. Relation de Scott ; . 4S9
X. Relation du capitaine Lyon, •••••/••.••,. 494
RECHERCHES
GÉOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE,
INTRODUCTION.
\^u4hfD on jette les yeux sur les cartes d'Afrique
qui ont été publiées, on voit dans l'intérieur de
la partie septentrionale de cette portion de Tan-
cien monde, des montagnes, des rivières, de
grands lacs tracés avec des détails très -précis;
un grand nombre de positions dont les noms
nous font connaître, par la différence des ca-
ractères avec lesquels ils sont écrits, si ce sont
des villes capitales, des boiirgs ou des villages;
beaucoup d'états, de royaumes, de iia|ions,,de
peuplades, dont les situations et l'importance
relatives sont indiquées avec une clarté parfaite.
Enfin les limites du grand désert de sable sont
marquéei ftt^ uti4 tietteté.qui semble ne rien
laisser à désirer ; et ces vastes solitudes, que tant
de relations nous peignent comme si effrayantes,
ont en .quelque sbtté tWspa^u î tâht sont nom*
liseuses les oasis qu'on y a placées i tant elles
paMiisseAt raji^îp^hées Içs un«s des autivs; t^nt
^e trouvent fixées atec précision leur étendile,
leurs limites , et les positions des lieux qu'elles
renfermenl:. , .
Un état si prospère de la géographie de ces
contrées semble devoir rendre de nouvelles re-
cherches superflues.
Cependant , lorsqu^'on ignorerait tQut à cet
égard , on côhcevrait des l^otlpçbils en compa-
rant nos cartes d'Afrique les plus récentes avec
celles que Vùti â pcibliée^ dans les t6^ et l'jf siè*-
clés; car, bten loin d*àvoir acquit de iiotivelles
nc$tio6i^,il ^etftblèrait qué ùouè éti aurtom b^u*
coup pêtdti. Phisiëutis de v^es ftncietii^s carte»
ntbus donùient sur rinlériéûr dé l'Afrique un
plus glt^nd hdmbre d^ détaib qu«i ilo» cartes
itiodefiies. S\it queli}ues-uii^ft <^ H^ontinetit pâ-
l'ait presque aussi peuple que l<5jfi royaumet les
plus Ûotissanti^ dt YEiaùtop^ : ôii y toit iiomstu^
lement lei lituites tks états ^ maiis aussi celles
de leurs provipMS M de leurs disiriâts; de
IITTRODUCTIOîr. 3
sorte qu^on embrasse d'un coup*d'œit les di^
visions et leâ subdivisions de toute cette partie
du moiyde avec autant de facilité que celles de la
France sur une carte divisée par départements
et par arrondissements*
Mius quand Toeil de' la science veut scruter
toutes ces richesses ^ elles s'évanauii;f(ent comme*
des Eantomeé^et on s^aperçoitavec peine qu'ell<$
ne servent qu'à déguiser la plus complète pâu*
vreté. Lés contrée^ qui parail^sent avoif été me*
surées sont à découvrir ; et là où tout paraissait
fait, tout reste à faire.
* Ces considérations m'avaient engagé à sou»
mettre à un examen approfondi les notions que
nous pouvons avpir sur l'intérieur de l'Afrique
septentrionale, afin de connaître quels[[moye)BS
elles nous offrent de déterminer sur une carte
tout^ce qui concerne la géographie positive,
c'est-à-dire le tracé des rivières, fles lacs, des
chaînes de molitagnes; les positions des peuples,
des villes et des bourgades; l'étendue de» dé-
serts, et les situations respectives des oasis.
Dans le cours de mo études géographiques.;
j'avais été souvent ramené à Ce sujet curieux. Je
regt^ttais toujoui^s, entraîné par d'autres travaux^
de ne pouVèir lui aiecorder qu^uae attention pas*
sagère. Une occasion s'est enfin présentée, qui
m'a en quelque ëorté feT^.d'vfihèver la tâche
4 RËGI^£RGHES SUR l'aFRIQU£.
devant laquelle j'avais plus d'une fois reculé.
Dans le milieu de Tannée 1818, on envoya
. k l'Académie des inscriptions et belles* lettres
de l'Institut de France, un itinéraire de Tripoli
k Timbouetou^ écrit par un çheyk arabe, qui
avait servi de guide aux caravanes, et qui a
'long -temps fait le commerce de Timbouctou.
Cet itinéraire avait été traduit d'ai^ibe en fran-
çais par M. de La Porte, ci-devant interprète de
la chancellerie de France à Tripoli en Barbarie.
L'Académie me chargea de prendre connais-
sance de cet itinéraire, et de lui faire à ce sujet
un rapport irerbal.
Il m'était impossible d'avoir une opinion sur
l'exactitude* des distances données dans cet iti-
néraire, sans examiner sur quels renseignements
ou sur quelles combinaisons reposait la position
assignée sur nos cartes à la ville de Timbouùtou,
qui est le point extrême ou principal où se ter-
mine la série des positions qu'il indique. Cet
examen m'a entraîné dans celui de toute la géo-
graphie positive des parties occidentales de l'A-
frique septentrionale, auquel il se trouvait né-
cessairement lié. Ce travail, souvent repris, sou-
vent int^Tompu, fut enfin achevé; mais je ne
me proposais pas de le soumettre à l'Académie ,
parce que les développements qu'il nécessite
excèdent les bornes d'ua sûaple rapport verbal^
INTRODUCTIOIf. 5
et que d'ailleurs <;e qui concerne la géographie
moderne semble sortir un peu de ses travaux
habituels. Je n'avais pas non plus l'intention de
le publier ; mais, lorsque j'eus lu dans un jour-
nal qui s'imprime à Marseille une notice relative
à l'Afirique, dans laquelle on apprenait au public
qu'un itinéraire écrit en arabe, de Tmpoli à Tùn-
bouctouy dont M. Ritchie, jeune voyageur an-
glais (i), possédait une copie, avait été présenté
à TAcadémie des inscriptions et belles-lettres, je
pensai qu'il était convenable de prouver qqe la
savante compagnie à laquelle j'ai l'honneur d'ap*
partenir avait apporté à la communication qui
lui avait été faite toute l'attention qu'elle méri-
tait. J'avais donc, dans ce but , extrait de mon
travail sur l'intérieur de l'Afrique tout ce qui
peut servir à éclaircirv cet itinéraire.
Mais bientôt j'eus occasion de voir un second
itinéraire, pareillement écrit en arabe et beau-
coup plus détaillé. M. de Sacy eut la bonté d'eit
faire à ma prière une traduction qu'il me remit.
Cet itinéraire commence, comme le précédçut,
à Tripoli, ti se termine. de même à TimbouctoUé
Mais il ne ooildmt à c^te ville que par une
(i) Depuis que ceci a été écrit , ce jeime et intéressant
▼oyagenr, qae nous ayons eu occasion de connaître à Paris,
a succolnbë, comme tant d'âut^s, au climat d'AInque.
8 KEGHERGHES SUR l'a'FRIQUE.
du voyage qu'Ibn-Hassan a &U en 1787, de Fez
à Tafilet^ qui m'a servi à déterminer la position
de cette dernière ville. J'ajouterai encore quel-
ques, autres documents oiîginaux que j'ai eu
occasion de citer dans le cours de l'ouvrage.
PREMIÈRE PARTIE.
PREMIÈRE PARTIE.
DES PROGRÈS DES DÉCOUVERTES GEOGRAPHIQUES
DAKS l'intérieur DE LA PARTIE OCCIDENTALE
DE l'afrique septentrionale.
§ I. Depuis l'invasion des Mahométans en
Afrique j jusquà la chute de V empire des
Maures en Espagne.
X-iE mahométisme, qui a renversé et fondé tant
de royaumes et d'empires, produisit dans le
centre de l'Afrique la plus importsmte des révo-
lutions. Quoique les parties septentrionales de ce
continent, qui bordent la Méditerranée, eussent,
depuis des temps très-anaiens,été habitées par
les peuples k& plus civilisé^ de l'antiquité , et
que les Égyptiens', les Phéniciens, les Carthagi^
nois, les Grecs et les Romains, y eussent feiit fleii*
rir tour-à^tour le commerce et les arts, les peu-
plades de l'intérieur, séparées de ces états par
de vastes espaces stériles^ étaient restées bar-
bares. La nouvelle religion , en mettant tout le
JO IIEGHERGHB& SUR h^V%îqVJL.
nord de l'Afrique au pouvoir d'une nation ha-
bituée à traverser de vastes déserts, devint pour
les régions de l'intérieur une puissante cause de
civilisation. Auparavant, les tribus maures, qui
menaient une vi« errante , sorties originairement
de l'Arabie , et répandues dans le Safuira ou le
Graind-Désert, opposaient des obstacles presque
insurmontables aux nations civilisées qui au-
raient voulu pénétrer dans les régions du Sou-
dan. Opprimés tour-à-tour par les Carthaginois,
les Grecs, les Romains et les Vandales, qui les
réduisaient en esclavage et leur faisaient une
guerre opiniâtre, les Maures accueillirent les
Arabes conquérants, qui avaient les mêmes
usages qu'eux, comme des défenseurs de leurs
libertés, et non comme des usurpateurs (i).
Les Arabes transportèrent avec eux en Afrique
le chameau^' qui leur donnait la faculté de fran-
chir ces mers de sable qui, dans leur patrie
aussi, séparaient entre elles les contrées fertiles
^■■■'* ■■" 11»"!*!!»' ti t |. ^_«> »«>■■■ «,il.l*i m I I III. I II ■ ..II» il ■ ..« .■ w
{%) hss Arabes entrèrent en Egypte vi^ê V%n 37 de Thé-
gyre, an 647 de Fère chre'tienne (Voy.Cardonne, Histoire
de V Afrique sous la domination des Arabes ^ t. I, p. 10);
mais ils ne se rendirent maîtres de la partie de l'Afrique qui
s'étend le long des côtes de la Méditerranée, que Tan 88 de
rhégyre. Voy. Gibbon , vol. IX, p. 44B. — Cbénier, iîccAer-
ches historiques sur les Maure», l. I, p. s5i ; — Browne's-
Troi^els; i'* édit,, in 4'', p. 94-
PREMIERE PARTIE, ' ^ II
et habitables. Ils purent donc, sans aucun ob-
stacle, commercer directement avec les riches
régions situées au-delà du Grand^Désert, et d'où
depuis long-temps ' on apportait de lor. Us y
envoyèrent des caravanes régulières, qui parais-
sent avoir passé par le Fezxan et par ji godez ( i ) ,
parce que c'est dans cette direction que le désert
se trouve interrompu par un plus grand nombre
d'oasis, ou de terrains fertiles, isolés au milieu
des sables.
Plus tard , lorsque l'empire des khalifes se^fiit
étendu jusqu'à l'extrémité occidentale de l'Afri-r
que, et même en Espagne, d'autres caravanes
se dirigèrent aussi -par les vallées de Suz, de
Darah et de Tafilet^ qui sont au sud du royaume
de Maroc (a). /
Des colonies de Maures et d'Arabes s'établirent
bientôt dan& des contrées dont l'imagination
orientale exagérait les^richesses. Des missionnaires
zélés y pénétrèrent. Un comipencement de civi-
(i) Jgadez est V^ndagost d'Ëdrisi, et YAoudagast d*Ibn-«
Haakal. Yoy. Hartxnanii's Edrisi, p. 40, et Ibn^Haukal,
manoscrit de liejde, p. 34,
(a) Geogrdiphia Nuhiensis^ îÇ-4**» ifiiQiP» 7-»' - *»* Mi
Hartmann'» £drisi, p. 26-49^ i33- 134* — Marinoi, Im. ii,,
cbap. XXXI, 1. 1, p. aBg. Selon cet autenr, Maroc fut bâtie
vers l*aa 1071. — Hartmann*» £dmi,p« 67 et 61, et p.. ai6^
49, i33.
là « 'REGHEBGHES SUR l' AFRIQUE.
îisation s'introduisît avec la religion de Mahomet
parmi ces peuplades de Nègres, auparavant livrées
aux plus grossières superstitions. Les sacrifices
humains, que ces superstitions commandaient,
et qu'on retrouve malheurei^isement encore au-
jourd'hui dans des contrées situées plus au sud
et voisines de la côte de Guinée, furent abolis (i ).
Enfin les révolutions qui eurent lieu dans
l'empire des khalifes, et sur -tout la guerre qui
V s'éleva entre les khalifes d'Espagne et ceux-d' Afri-
que, de la dynastie des Zeïrites, rendirent les
transmigrations au-delà du Grand-Désert plus
nombreuses et plus fi?équentes.
On ne peut fixer les époques précises de ces
événements; mais on sait que, dans les dixième,
(i) « Sous le règne des Almoravides , dit Marmol, liv. ix,
chap. i,t. m;", p. 57 de la traduct. fp. (l'an 38oderhégyre,
oa 96.5 de J.-C), plusieurs Morabites et plusieurs docteurs
mahométans allèrent planter leur religion parmi ces bar^
bares : ensuite le filsd'Abdnlmalec leur en apprit les dogmes
et les cérémonies ; et celui d'Ali- Benbuçar acheva de faire
recevoir cette créance à tous ceux qui demeurent le long des
Nègres, ou aux environs, qui étaient des barbares sans loi,
sans roi et sans aucune poUce. Quand le roi Joseph- Lumptum
conquit ce pays , il le partagea en cinq provinces : les Nègres,
depuis ce temps , eurent commerce avec les Atabes, appri-
rent leurlangue , et furent vassaux de ce prince et de ses des-
cendants. «Voy.Lëon VAfncàinyDeila descrizione delV Africa^
dans Ramus^o, édit. i6i3, t. I, p. 77 verso.
PRSMlàniE PARTIE. l3
onzième et douzième siècles de l'ère chrétienne,
les bords du grand fleuve , 6u des grands fleuves ^
qui fertilisent le Soudan^ se trouvaient couverts
d'états et de royaumes, dont la population était,
en grande partie, composée de Mahométam (i).
Le témoignage Unanime des auteurs arabes nous
représente comme un prince puissant le sou-
verain de GanahyCj^aï ne relevait que du chef des
Abassides^ et qui tenait sous sa domination la
contrée de Ouangara^ d'où l'on tirait de l'or (a).
(i) Léon rAfricain {Délia descnzione delV 4frica^y^9xX, vii,
dans Ramnsio, t. I, p. 77 ) dit que les anciens écrivains
arabes il Bechri et il Meschudi, qui l'ont prëcëdë, n'ont pu
donner aucune notion sur le pays des Nègres, parce qu'il
leur était inconnu , et qu'on ne l'a découvert que Tan 35o
delliégyrCy ou 971 de Fère chrétienne. Cependant Ibn-
Haukal , qui a commencé ses voyages en 94B âe Tère chré-
tienne, nous doline les distances de Sidjilmessa à Aouda--
gast, à Ganah , à KôuAoa, à Koagha, et enfin a Oulil^
où étaient les mines At sel. Donc dès.- lors le Soudan était
connu et peuplé par les arabes. Voyiez Ibn-Haukal, Manu-
scrit deLcyde, p. 34- Ceci ne se trouve pas dans l'extf^it
donné par M. Ouse\ey, Oriental Geography,
(2) Edrisi -«Hartmann, p. 4^-4^; Geogr. NuLf. 11. —
Aboul-Fedae Geographia dans Biisching's Magazin^V theil,
p. 354. — {^-el-Ouardi dans les Notices des Manu^rits^
t. II, p. ^3-'37. Cet auteur est du treizième siècle; et de
son temps' l'or de Ouankara était porté dans le SidfjUmessa.
' Dans li^armol et dans Léon l'Africain, il est souvent ques-
t4 RECHEKCHES SUR l'aFRIQUE.
A l'ouesl, étaient la ville et Je royaume de Tocrour;
ati nord-est, ceux de KtiUgha^ de Zaghara ou
Zanfara^ de Kanem^ et de Kouâou.
Des révolutions, dont nous ignorons les détails
(ma» dont Thistoire nous instruira peut-être,
lorsque nous aurons pénétré dans ces contrées),
bcniieversèrent souvent ces nouveaux états de Tin-
lérieur de l'Afri(}ue. La ville de Timhouctou fut
fondée par Mensc(i') Suleiman, Fan 6iô de l'hé-
gyre (iai3 de l'ère chrétienne); et elle devint
bientôt la capitale d'un état puissant (2).
On doit remarquer que c'est dans le treizième
siècle, et sous le règne du khalife Almansor, que
l'empire de Maroc acquit son plus haut degré de
puissance, et que cette époque coïncide avec
oélle de la fcmdalioifi de la Ville de Titnbouc^
tou (3).
Les souverains de Maroc et de Fèz étendi-
tion de Tor de Tibof^ qu'on apportait de Ouangara.^ Cette
dénomination vient du mot arabe Thihr^ qui signifie or pur.
(i) Merise signifie roi dans le langage des Mandingues.
{i) Léon TAfricain , DescHiionc deWA/rica , part, vu ,
Ramusio» p^ 78. ~
(3) Marmol, Uv. xr, ch. ▼, t. lit, p. 70. -*^ Giovan
Léon^ Descrizione dell'JJrica, part, vu, t. I, p. 77 verso.
— Cardonne, Histoire de V Afrique ei de V Espagne sous la
dominaiioh des Arabes. -*— ChénTer, Recherches historiques
sur les Maures y t, III , p.'^lSg. '
rent leurs tsoaquétep rers le sud, pa^im^nt plu-
sieurs fois à soumettre les peuplades du Grand*
Désert^ et pénétrèrent niéme avec leurs armées
jusqu'à Timbouctou^ qu'ils assujettirent à un tri-
but. Dès-lorS) les couimunications entre cette ville
et Tempire de Mmroc devinrent plus faciles et
plus sûres* Les histoires et les relations anciennes
de MuroCy les contes même que les vieillards
répètent à leurs enfants , parlent de l'or que les
Abures recevaient de TimiK>uciau et des autres
contrées du Soudan (t).
Jamais le commerce de rintérîeur de l'Afrique
ne fut plus florissant qu'à cette époque, et lors«
que prospérait la domination dés khalifes d'Es-
pagne. Il y a même lieu de présumer que ce sont
les Maures d'Espagne qui ont fondé Jimbouc-
(i) QkémeVf Recfierches historiques sur les Maures ^
t. I, p. a46. Du temps de Marmol , Muley-Abdala , qui
faisait sa r^sid^nce à Fez , atrait ëtendu tou etupire au sud
jusqu'à Td^ffùxMft'y Tegurarin^ et Teqaia^ jnsqu^aux confins
de la Guinéu ( liv. ii, t. I, p* 4^5). Marniol ( liv. yii,
ch. VI, t. III , p. 7 ) nous apprend qu'il était de Texpédi-
tion entreprise par le chérif Mohamet, roi de Suz^ qui s*é-
tait rendu dans Toasis de Guniaten pour attaquer les ^gres.
Aassi le roi, de Maroc se qualifiait>-il , dans le 17^ siècle ,
d'empereur à^J/rique^de Fez, de SuZyde G€igo^de seigneur
de Daraà et de la Guimea, Voyez D&p^eT , J)escryftian de
tj{/nque, 16^6, iu-folio, p. 129^
t6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
tou. Léon l'Africain nous apprend que ce fut un
architecte de Grenade qui construisit en pierre
le palais du roi, et la première mosquée de cette
ville africaine (i)*
Timbouctou étant devenu la capitale d'un état
puissant, le Ouangara redevint un état indé-
pendant, et ne fut plus soumis aux souverains
de GanaJi. Par la suite, Tétat de Bornou^ au
. nord-est, s'éleva sur les ruines de ceux de Za/i-
/àra, de Kanem et de Koukou, Mais, si Ton en
croit Marmol , Bomou ne se serait converti, au
mahoroétisme que beaucoup plus tard, et vers
le milieu du seizième siècle {^)\ ce qui s'accorde
avec ce que dit Browne sur le Dar-Four. Ce cou-
rageux et infortuné voyageur nous apprend
qu'il y a seuleiùent cent- cinquante ans (3) que
les habitants de cette contrée sont devenus ma-
hométans. Ainsi l'introduction de la religion de
Mahomet dans les parties orientales du centre
de l'Afrique, et la formation de Tpmpire de
Bomou et des autres états qui en. sont voisins,
paraissent postérieures à l'époque dont nous
nous occupons.
(i) Léon l'Africain, dans Ramusio, part, vu, p. 78. ,
(2) Marmol , liv. ix, ch. v, t. III, p. 70.
(3) Browne's Travels in Jfrica^ Egypt an^ Syria^ ^799*
in-4^. , ch. xxxy p. a8o.
PREMIÈRE PARTIE. ' I'^
§ IL Depuis V expulsion des Maures d'Espagne
jusquau commencement du seizième siècle^
lors de la publication de T ouvrage de Léon
VAfricain,
Le commerce régulier qui avait lifeu entre les
contrées septentrionales et centrales de l'Afrique
par le moyen des caravanes, attira enfin l'atten-
tion des nations chrétiennes de l'Europe, qui,
après avoir expulsé les Maures d'Espagne , étaient
enflammées par l'ardeur des découvertes , et se
répandaient dans toutes les contrées du globe
pour .étendre leur puissance et accroître leurs
richesses.
La Géographie d'Édrisi, qu'avait fait con-
naître Roger, roi de Sicile, vers le milieu du
douzième siècle (i), avait révélé à l'Europe
chrétienne l'existence d'un grand nombre de
villes et de rwaumes dans l'intérieur de l'Afrique.
On desirait jîjr-tout pénétrer dans la contrée de
Ouangara^^&\xX on tirait beaucoup d'or.
Les cosmographes du quatorzième siècle, qui
paraissent avoir emprunté aux Arabes toutes
leurs notions sur l'intérieur de l'Afrique, indi-
(i) Voyez l'article JEdnsiàans la Biographie tmiverselle,
t. XII, p. 537^ et Hartmann, Edrisi Africa^ in-S*^ 1796*
p. 55 et 65.
2
f8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
quaient exactement sur leurs cartes Tendroit du
passage de la montagne par où les caravanes se
rendaient en Ghinea et à Timbouctou; une lé-
gende particulière et détaillée faisait mention du
voyage annuel qui avait lieu dans ces contrées.
Mais, faisant disparaître le Grdnd-Désert qui sé-
pare ces mêmes contrées de la côte septentrio-
nale, les cosmographes terminaient leurs cartes
un peu au sud de TAtlas, et ils plaçaient le
Soudan ou Ghinea (t) et Timbouctou tout près
de Sidjilmessa, C'est dans ces imparfaites ébau*
ches que l'on trouve pour la première fois chez
les chrétiens de l'Europe le nom de Timbouc-
iouj et leurs premières notions sur le commerce
de cette ville (a).
(i) Ce nom est Torigine de celui de Guinée^ sur lequel
on a tant disserté, et dont on a donné tant de fausses éty-
mologies. Il est le même que celui de. Bfènnê ^.ou Genni^
ou Gain , qui est encore aujourd'hui le nom d^une ville et
d'un état autrefois plus étendu. Il nous semble que Léon
l'Africain ne laisse aucun dOute à cet égard. Voici son texte
(ca^ on sait qu'il a lui-métte traduit son ouvrage de l'arable
en italien) : « Questo seeondo re^no è chiamato da nostri
<c ira^/ra/ir/Ghenoa, dagU ahitatori Genni e da alcun aUro
« Europa che ne ahhia notion è detto Ghinea. » (Ramusio,
édit. i6i3, t. I,p^ 78.
{%) Sttr randenne carte desainée sur.b^is qui est à la
Bibliothèque -dn> Roi , et qui a été construite vers le milieu
- PREMIÈRE PARTIE. I9
Les voyages de Mohammed - Ibn * Batouta ,
écrits en arabe dans le quatorzième siècle, pa-
raissent avoir été connus de ces anciens cosmo-
do quatomème mècle , od a tracé au sud de MarocAa un
pasaage dans la montagne^ à côté duquel on a écrit ces mots,
qui nous prouvent que le passage était par le val Darah :
« A quest loc pasen los merchadores ^ entren en la terra
« des Nègres de Gineva le quai pases appellat val de
« Darha. » Et c'est encore aùjotifrd'hui par le val Darah
que passent les caravanes de Tafikt, {yoye*i. Shaabeny^s,
Account ofTimbouctou andUouêay m-8^, Eondon^ iSno,
p. 3.) iDunédiatement après, ua peu à Test de ce pas-^»
sage et au sud de Sidjilmessa^ on trouve sur la carte
dont nous parlons^ Tagazza ^ Sudan ^ Tenbuck {^Tïmhonc--
tou) , Melty. On sait que ces dernières contrées sont situées
bien loin de là et au sud du Grand-Désert. Au milieu de
tous les noms que nous venons de transcrire ,- on distingue
celui de Guineuà, qui se trouve écrit enplus gro^ caractère.
A côté de ce norti de Guineua est une figure de nègre , et
une légetkâe ainsi conçue : « A quest luggar Nègre es appel-
lot mus^di^l^jif §€nyor de los Nègres ^/tf Guineva a quest tèy
es lo pu ricit et pus noble sehyor de tota estapattida e por
Vabondantà de hr la quai se recuUen ta sua terra. » Ainsi,
selon ce cosmogràphé , le sultan de MeUy était alors le plus
puissant et doiiftiiiisrit dans toirte la Guinée, Marmo! ( Kv. i<,
cap. XXVI, t. I, p. 73) dit que ceux de Senega oht aér midi
le Gueneova , où sôUt ïcs royaumes dé Guatata et de Tom-
bût; ce qui prouve qu'on donUait alors une grande exten-
sion à la Gainée, Cependant Marmol distingue èîllétrrà ces
conti^ées, loi*tqu*il dif (Kf. I, cb. xxxtii) que dan» Geloffè\
Geneova^ Tombutj Melljr et Ganate^ on parle la ttiême
2 .
20 RECHERGHXS' SUR LAFRIQUE.
graphes. Ibn-Batouta , natif de Tanger ^ voyagea
pendant vingt ans, et parcourut Y Egypte , X Ara-
bie y la Syrie ^ Y Empire grec, la Tartarie, la
Perse y Ylnde, Ceylariy Java y et la Chine. Il
avait cinquante-trois ans, lorsqu'il retourna en
Afrique , et lorsqu'il entreprit un nouveau
voyage dans l'intérieur de ce continent. Il visi-
ta Timbouctou et Melly^ et beaucoup d'autres
royaumes africains. Lorsqu'il fut de retour dans
sa patrie, il écrivit ses voyages, dont malheu-
reusement on ne possède qu'un extrait (i). Nous
ferons l'analyse de la partie de cet extrait qui
concerne l'Afrique.
Ibn-Batouta partit de Sidjilmessa^ et se rendit
langue, qui est le zungay, Tjéon T Africain ( dans Ramu-<
sio , t. I , p. 2 ^ ) nomme les royaumes situés sur le Niger
dans Tordre suivant , en allant d*occident en orient : Gua-^
lata^ Ghinea, Melli^ Tombutto^ Gago ^ Guber^ J godez ^
Cano , Casena , Zegzeg^ Zanfara^ Guangara , Burno^ Gao-
ga^Nube, Il dit que le zungay se parle à Gualata en
Ghinea^SL MelU^et à Gago. A Tépoque où il écrivait, le roi
de Tombât y celui de Melly et celui â!Jgadez étaient de la
nation des Zanagai,
(i) J. G. D. Kosegarten, De Mohammede-Ibn-Batuta
Arabe Tingitano ejusque itineribus ^'xn-tC ^ Jenae, 1818. Selon
Burckhardt {Trasfeht in Nubia^ p. 534), Ibn-Batouta écrivit
ses voyages Tan 755 de Thégyre, ou x354 ^e Tère chré-
tienne.
PREMIÈRE PARTIE. 21
en vingt jours à Tegazza, Il parle des mines de
sel qui s'y trouvent, et nous apprend que cette
oasis (j) est habitée par les esclaves Aes Mesou-
fa , qui tirent le sel de la terre. Ibn-Batouta ne
nous apprend point quels sont les Mesoufa;
mais nous savons , par Édrisi , que les Mesoufa
sont une famille de Berbers qui. appartient à la
grande tribu de Lamta (2).
De Tegazza il se rendit à Tassahl^ après dix
jours de marche dans un désert sans eau (3). Là
les marchands résident.
De Tassahl Ibn-Batouta se rendit à Eme-
laten (4). Le désert que Ton traverse , est de
douze jours de marche. Eiwèlaten est le pre-
mier lieu qui se'ti^ouve sous la domination des
Nègres. Lorsque les marchands entrent sur le
territoire d'£ï«^e/a^é*/ï, ils sont obligés de déposer
leurs marchaindises dans une place particulière,
et de les confier à la garde des Nègres. Les
Mesoufa^ qui possèdent une grande partie diEï^
(i) Selon l'extrait de Burckhardt, p. 536, le nom de
cette oasis est Theghary^ et Ibn-Batouta mit vingt - cinq
jours à s'y rendre. Les maisons sont bâties de pierres de sel,
et couvertes de peaux de chameau.
(!2) Hartmann Edrisi, p. 1128 et i3i.
(3) Burckhardt, p. 536. — Kosegarten, p. 5o.
(4) Kosegarten , loc, cit.
aa RECHERCHES SUR LAFRIQCE.
(pelaten, ont des mœurs singulières. Ils ne mon-
trent aucune jalousie pour leurs femmes , qui
sont d'une grande beauté. Celles qui sont ma-
riées ont autant d'amants qu'il leur plait. Dans
ce pays on prend le nom de son oncle , et non
celui de son père ; et c'est le fils de la sœur , ou
le neveu du côté des femmes, qui hérite, et non
le fils. Ibn-Batouta remarque qu'il a trouvé
cette coutume sur la côte de Malabar^ où elle
existe encore aujourd'hui dans la caste des
Naïres, Mais Ibn-Batouta ajoute que les habi-
tants diEiwelatenj où elle est en vigueur, sont
zélés mahométans, tandis que ceux de la côte
de Malabar sont idolâtres. Nous savons que le
même usage existe encore aujourd'hui parmi les
Nègres de Oualoy qui sont à l'embouchure du
Sénégal^ et au sud de ce fleuve (i). Il semble-
rait, d'après la ressemblance du nom et la con-
formité des usages, que Oualo est VEîwelaten
d'Ibn- Batouta , d'autant plus que c'est en ^ffet
(i) Geoifeoy de VilIeHeuv«, De ^ Afrique^ in-i8, t. IIX,
p. ao et 3a. — Cet nsage existe parmi plusieurs autres
peuplades nègres. M. Bowdich a trouvé des coutumes sem-
blables chez les Jschantis. Dans ce pays , c'est le frère qui
succède au trône; au déÊiut dii frère, c'est le fils de la sœur;
au défaut du neveu, c'est le fils; et au défaut du fils, c'est le
principal vassal ou esclave. JRffif^ion to Ashantee^ p. 254.
PREMIÈRE PARTIE. 'ïi
le premier lieu que l'on rencontre au-delà du
Grand-Désert. Mais la direction de la route qu'a
dû parcourir le voyageur arabe , répugne à cette
conjecture. D'ailleurs Ibn-Batouta ne £ait pas
mention du grand fleuve du Sénégal j qu'il au-
rait traversé s'il s'était rendu à Oualo. Nous
pensons donc qu JÈÏwe/(a^^/2(ï)d'Ibn-Batouta est
le fTalet de Muttgo-Park , sur les confins du dé-
sert et des contrées du Soudan qu'arrosent et
que fertilisent le Nil des Nègres et les fleuves
qui s'y jettent.
jyEîwelaien Ibn-Batouta se dirigea vers la
ville de Mali; il n'y arriva qu'après vingt quatre
jours de marche forcée. Le désert qui est efttre
ces deux lieux abonde en arbres très-gros et qui
fournissent beaucoup d'ombrage : les abeilles
font du miel dans les arbres ; les voyageurs s'en
nourrissent. Pour ce trajet, on n'a pas besoin
de faire des provisions : lorsque vous appro-
chez de la ville , les femmes des nègres vous
apportent du lait , des poules , du riz et de la
farine. , .
Après être parti de Mali^ Ibn-Bato^a voya-
gea pendant dix jours, et arriva à Sagher (a),
(i) M. Kosegarten , p. 5o , dit que dans l'arabe on peut
lire aussi Ejulat; et Burckhardt, p. 536, a lu Jbou-Laten,
(a) Dans Burckhardt , p. 536 , ce nom est écrit Zagharj.
q4 recherches sur l'afriqujk.
grande ville où Ton trouve aussi des habitants
hidjites^ dont les uns sont de la secte des Ebad^
hidjites et des Charedchitiques ^ et quelques
autres sont Sunnites-Malékites (i).
De Sagher Ibn-Batouta se rendit à la ville de
Karsekhou , qui est située sur le rivage du Nil.
Notre voyageur prend de là occasion de décrire
le cours de ce fleuve, qui de Karsekhou coule
à Kabarâ^ ensuite à Sagha^ dont les habitants
dédaignent la religion mahométane. De Sagha
le Nil coule à Timhouctou , ensuite à Kok (2) ;
et enfin il passe dans la ville de MouU^ qui est
le dernier lieu appartenant à l'empire de Mali.
Ensuite ce fleuve arrose Joi (3), le plus grand de
tous les royaumes nègres, et celui dont le sul-
tan est le plus puissant. Les blancs ne peuvent
pas pénétrer dans ce royaume. De là le Nil
coule dans cette partie de la Nubie où l'on suit
la religion chrétienne. De là il arrose le Dongola,
dont le sultan s'est fait mahométan; ensuite il
(i) Burckhardt, p. 537 , dit que ces blancs sont des hé-
rétiques de la croyance de Byadha,
(a) Ibn-Batouta dit ici qu'il parlera ci-après plus ample-
ment de la ville de Koh ; ce qui nous prouve qu'il est ques-
tion ici de la ville de Koukouy dont il traite plus bas et
où coule le Nil.
(3) Bowj selon Burckhardt^ P* ^^7*
PREMIERE PARTIE. sS
passe à Dschenodel ou les cataractes, dernier
lieu de la terre des Nègres , et le premier de .la
province ^Assoûan^ qui appartient à l'Egypte
supérieure.
Après avoir ainsi décrit le cours du Nil , Ibn-
Batouta nous dit que de Karsekhou (i) il s'est
rendu sur les bords du fleuve Ssanssara, On
n'entre point dans ce pays sans permission.
De Ssanssara Ibn-Batouta s'est rendu à
ilfâ://,'dont les habitants ne jurent que par le
nom de leur sultan, qui est Menassi (2) Solinlan.
Ils se découvrent en sa présence; et, lorsqu'ils
lui adressent la parole, ils se prosternent, et se
couvrent la tête de poussière. Les femmes concilie
les hommes vont presque nus, et n'ont de vête-,
ment que sur le milieu du corps. Du reste , ils
sotit zélés mahométans ; on est chez eux parfai-
tement en sûreté , et il règne dans toute l'éten-
due de leurs domaines une excellente police. A
Mali^ Ibn-Batouta apprit qu'il y avait, dans
l'intérieur, des peuplades païennes qui étaient
anthropophages, et chez lesquelles on transfpor-
tait les criminels et les exilés de Mali, .
(i) Burckhardt a lu Karendjou ou Karsendjer,
(a) Nous avons déjà remarqué que celui qui fonda
Timhouciou se nommait Mense Soliman, ou Suleiman.
Menassi est le même mot que Mense ^ et signifie Roi en
mandingue.
^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
Ibn-Batouta retourna sur ses pas, et quitta le
royaume de Mali (i). Il vit des chevaux marins
paissant sur les bords du fleuve. Ils étaient, dit-il ,
plus grands que des chevaux; et ils portent,
comme eux, une queue et une crinière, mais
ils ont des pieds d'éléphant (2). Iba*Batouta
arriva ensuite à Timbouctou, ville située, dit-il,
à quatre milles du NiL Dans lextrait de son
voyage, il n'est rien dit de plus sur cette ville.
A Timbouctou^ Ibn-Batouta s'embarqua sur
le Nil dans un canot fait du tronc d'un seul
arbre. Il payait les frais de son voyage avec du
sel et des aromates.
ibn-Batouta parvint ainsi à la ville dé Koukou^
qui est grande et située sur le Nil. C'est la plus
belle de toutes les villes qui sont en la puis-
sance des Nègres (3).
Selon un autre extrait du même voyage , Ibn-
(1) Kosegarten, p. 48. Selon Burckhardt, p. 537, Ibn-
Batouta dit que Mali n'est qu'à dix milles du fleuve Ssans-
sara. Les femmes, à Mali, ne couvrent leur nudité qu'après
le mariage.
(a) Dans Riley (^Loss of the American Jbrig commerce,
p. 378) Sidi-Hamet dit qu'il a vu aussi des chevaux marins
ou des hippopotames sur le Niger, Voyez ci-après.
(3) Là, comme kMali, les coquilles servent de monnaie.
( Burckhardt, p. 537. )
PREMlÈilE PARTIE. T^J
Batouta (i) se serait rendu de Koukou à la ville
de Berdamma , dont les habitants protègent les-
caravanes, et ont de belles femmes.
De là notre voyageur arriva à Tekedda (a),
où il y a des scorpions dont la morsure est
mortelle. La ville est construite en pierre rou-
geâtre ; les eaux coulent à travers des veines
de cuivre, qui lui donnent un^ saveur désa-
gréable. Les habitants ne s'occupent que de corn-
merce; ils vont en Egypte^ et y achètent des
étoffes précieuses; ils ont un grand nombre
d'esclaves et d'affranchis. Les mines de cuivre
sont hors de la ville : on extrait le métal de la
terre; on le fond en masse, et on le met eia
barres, que, l'on transporte dans le pays des
Nègres. Le sultan de ce pays est de la nation des
Berbers (3).
De Tekedda y Ibn-Batouta se prépara à re-
tourner à Sidjibnessa^ et il se dirigea avec une
caravane sur Tewat (Touat). Il y a soixante
et dix stations entre Tekedda et Tewat. Les
voyageurs doivent apporter avec eux leurs pro-
visions ; car on ne trouve sur cette route que
(i) Barckhardt, p. 537.
(a) Burekhardt a lu NeMa et Te^da.
(3) Burekhardt, p. 537.
aS RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
du lait et du beurre, qu'on se procure avec des
étoffes.
De T^cvat on arrive à Kahor, qui appartient
au sultan de Kerkeric^ et qui abonde en pâtu-
rages; ensuite on voyage pendant trois jours
dans un désert, sans eau; et après on marche
encore quinze jours dans un désert , qui .ne
manque pas d'eau, et qui cependant ne pré-
sente point d'habitations. Enfin l'on arrive dans
un endroit où la route se divise en deux. Une
des branches de cette route conduit à Tewat
(Touat) (i), et l'autre en Egypte. C'est à Tewaty
au point de séparation des deux routes, que l'on
trouve des puits dont l'eau est ferrugineuse.
Le linge qu'on y lave, devient noir.
De ce lieu, après dix jours de marche, Ibn-
Batouta parvint à Dekha^ qui est habité par
une tribu de Berbers.
On marche sur le territoire de cette tribu
pendant un mois, et l'on arrive à Bouda ^ qui est
la plus grande ville du pays de Tewaù; ce qui
prouve que le pays de Tewat ou Touat avait
alors une grande étendue.
De Bouda Ibn-Batouta arriva à Sidjiîmessa;
et, ce qui est très-remarquable, il y faisait froid,
(i) Kosegarten, p. 49* ^eUe branche de la route devait
être celle que notre voyageur venait de parcourir.
PREMIÈRE PARTIE. 29
et il y était ^ tombé beaucoup de neige. Ceci
prouve que les montagnes de V^Jltlas sont très-
hautes dans cette partie, et que le Sidjilmessa
est sur un plateau très-élevé.
De Sidjilmessa Ibn-Batouta parvint facilement
à la ville royale de Fez, « où nous avons, dit-il,
« jeté fe bâton de voyageur. »
Il était nécessaire de nous étendre un peu
sur les voyages dlbn-Batoùta, parce qu'il est
le premier des voyageurs qui ont pénétré dans
le centre de l'Afrique , parmi ceux dont la re-
lation est parvenue jusqu'à nous; et qu'il forme
la liaison entre les cosmographes du quator-
zième siècle et Léon l'Africain, qui n'a écrit que
dans le seizième siècle. Ibn-Batouta a traversé
l'Afrique dans deux sens différents, du nord au
sud, et de l'est au nord-ouest. Les notions qu'il
nous donne s'accordent, sur presque tous les
poiiits,avec les relations les plus récentes des
voyageurs modernes.
Nous voyons, par son ouvrage, qu'au quator-
zième siècle le commerce était plus florissant
dans l'intérieur de l'Afrique, qu'il n'est aujour-
d'hui ; et la religion mahométane même paraît y
avoir été plus répandue. L'ouvrage d'Ibn-Ba-
touta (i) nous prouve aussi que Léon l'Africain
(i) La coïncidence que M. Kosegarten , p. 5i , trouve
3a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
eourqf est probablemeat le Tocrour des auteurs
arabes; et ceci prouverait que la ville et. l'état
de ce nom ne doivent pas être confondus avec la
ville et le royaume de Timbouctou^ comme l'ont
prétendu quelques géographes.
Quoi qu'il en soit, les Portugais , qui avaient
fini par poignarder Bemoys , se lièrent avec un
roi des Mandingues^ nommé Mandi; avec Te-
mala roi des Foulahs; et envoyèrent, si l'on en
croit l'historien Barros, diverses ambassades à
Timbouctouy sur lesquelles il ne nous a été
transmis aucun détail (i). Seulement nous sa-
vons qu'alors de nombreuses caravanes de mar-
chands se rendaient du Caire (2), de Tunis, de
(i) Barros , Asia Decas i, liv. m, cap. xii, t. I, p. 267 .
— Marmol, liv. ix, ch. xx, t. III, p. 81, confirme ce
fait, et dit que le roi Jean envoya une ambassade aux
rois de Toucourof et de Tombout, Ces ambassadeurs al-
lèrent par la voie de Canior. "Les rois de Toucourof et de
Tomhout étaient deux rois puissants, qui avaient guerre
contre celui de Foulos (FoulaH ) , roi si puissant, qu*il leva
une armée du côté du sud en la province de Fouta qui
borde le royaume de Manienga ( Mandingue ) du côté de
l'orient. Cette province de Fouta est le Fouta - Toro , entre
le Sénégal et la Gambie.
{%) Barros, Asia Dec. I, liv. m, ch. m, t. I, p. i70,in-8°,
Lisbon, 1778. — Ibid. t. i, dec. I, liv. m, cap. viii,p. aao :
E asi coHcorriam a outra cidade , que esta na$ correntes
PREMIÈRE PARTIE. 33
Tremezeriy de Maroc ^ de Fez^ et de tous les
royaumes au nor^ de l'Afrique, à Timbouctou
et à Genna ou Jenni: ce dernier lieu est évi-
demment le Guenoa et le Genoya des cosmo-
graphes des quatorzième et quinzième siècles.
Il est , dit Barros, situé plus à l'ouest , et est plus
célèbre que Timbouctou.
On voit par l'ouvrage de Scbehab-Eddin-Ahmet,
natif de Fez y dont M. Silvestre de Sacy a donné
un ample extrait (i), qu'au milieu du sei-
zième siècle, i55i, les Arabes ne connaissaient
rien au delà du royaume de Jenné ou de Guinée
vers l'occident, parce que leurs découvertes
s'étaient fiâtes par l'intérieur. En effet, Schehab-
Ëddin-Ahmet, çn décrivant le iVif, s'exprime
ainsi: tt La branche de ce fleuve, qui coule dans
le pays de Djénawa^ ne va point jusqu'à l'Océan;
elle ne coule que jusqu'à la contrée qui est ha-
bitée (2). » Djénawa nou* paraît être le Jenné de
deste rio chamada Genn4\ « quai em outro tempo era mais
célèbre que Tungubutu . . . E como esta mais occidental
que TungUbutu^gerabnente concorriam a ella os pàvoSy che
Ihe suo' mais vizinhos.
(i) Notices des Manuscrits ^ t. II , p. r56.
(7.) Dans ce même passage traduit parD. Leyden's African
discoveries ^ t. II, p. Sig, il est dit que le Ni] coule jusqu'à
la partie habitée de la terre de Ganak : alor^ ce serait tout
différent ; mais on doit accorder plus de confiance à Torien-
3
34 RECHERCHES SUR l'aFRIQU]£.
Muiîgo-Park , qui est, comme le prouve le pas-
sage de Léon rAfricain que* nous avons rap-
porté, le Ghinea des Portugais. Ceux-ci, qui
s'étaient avancés dans Fintérieur de F Afrique,
en psurtant du rivage, et en sens contraire des
Arabes, n'avaient que des notions confuses sur
les contrées situées au-delà de Djenné. Ainsi le
pays de Gmn^^' formait la limite des connais-
sances géographiques des Portugais vers l'orient,
et celle des Arabes vers l'occident. Et comme il
arrive toujours pour les contrées où se sont
arrêtés long-temps les progrès des découvertes,
on étendit par la suite ce nom à tous les nou-
veaux payj^ que l'on découvrit , soit au sud , soit
à Fouest, soit à Fest; et une grande partie de
FAfrique reçut, le nom de Guinée. Barros dit
positivement, dans le passage que nous avons
cit^^ que les Portugais ne se rendaient point à
Timbouctou^ mais à Gemna,
De Genna ou Jenné^ Xtit que Fon recevait en
taliste français. D. Leyden , qui donnait de grandes espé-
rances, est mort jeune : il fait vivre Schehab-Eddin en
i4oo; mais M. de Sacy prouve très -bien, selon nous,
qu*il écrivait vers i/i*^o. Au reste le mot Gana n'est que ce-
lui de Genna de Barros , mal lu ; et ce Grona serait Djenné
ou Guinée^ et non le royaume d'Afrique connu sous le nom
de Ganah^ plus à Test.
PREMIÈRE PARTIE. 35
échange des marchandises européehnes , était i
, transporté à Mina^ forteresse bâtie par les Por-
tugais sur ]a cote d'Afrique, qui a pris de là
son nom de Côte-d'or (i). De toutes les cotes
d'Afrique, c'est en effet la plus rapprochée de
ces contrées, et celle d'où il parait le plus fa-
cile d'y arriver.
Satisfaits d'avoir établi c^ relations commer-
ciales, les Portugais ne cherchèrent point à faire
de nouveaux voyages à Timbouctbu , ni à éta-
blir avec cette ville une communication directe.
Ils avaient formé de grands établissements dans
le Congo; et c'est e^ pénétrant dans l'intérieur
de cette contrée, que leurs missionnaires con-
tribuèrent efficacement aux progrès de la géo-
graphie en Afrique.
§ III. Depuis le commencement du seizième
siècle et la publication de V ouvrage de Léon
VÂjHcain , jusqu'à In formation de la société
établie à Londres en i^S8, pour les progrès
des découvertes dans Vintérieur de V Afrique.
La Géographie de Jean Léon, surnommé l'Afri-
cain, fut terminée en iSaô. L'auteur la tradui-
sit lui-même en italien ; son manuscrit fut égaré,
(i) Voyez Barres, toc, du-
36 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ensuite retrouvé, et enfin publié par Bamusio
en i55o (i). Cet ouvrage jeta un jour tout nou-
veau sur l'intérieur de l'Afrique. C'est encore
aujourd'hui pour ces régions la principale au-
torité , la source d'instruction la plus abondante
et la plus pure. Ce Maure, natif de Grenade,
avait accompagné à Timhouctou son oncle, qui
y avait été envoyé en ambassade par le roi de
Pèz {^y Jean Léon ne revint qu'au bout de quatre
(i) Voici le titre exact de- cette première édition de la
collection de voyages de Ramusio : Itinerario divarii rino-
mati Fiaggiatori nelle parti delVJfricay Asia edJmerica.
C'est un vcdume in-folio de 4o5 feuillets, ou 8io pages,
imprimé à Venise, chez les Juntes, en mai i55o. Ce volume
fut réimprimé en i554 ; et Ramusio en ajouta deux autres
à celui-là, et mourut en i557. On a réimprimé plusieurs
fois sa collection sous un autre titre.
(a) lbid.y p. gS verso. Lorsbach, dans la préface de sa
traduction allemande jde Jean Léon , a démontré combien
la traduction latine de Floiiatius ^t inexacte. Elle parut
en i556.. Voyez Lorsbach^ Johann Léo' s des Afrikaners^
Beschreibung von Afiika^ Herborn, în-S", i8o5, p. xxij-
xxix. La traduction française fut aussi imprimée, en i556,
in-folio et in-8**; elle est de Jean Temporal. Beïïe-Forest,
dans sa Cosmographie in-folio, i588, tome II, p. 1917,
déclare, avec beaucoup de force, qu'il n'a d'autres maté-
riaux, pour sa description de l'Afrique, que Jean Léon
l'Africain, Cadamosto et Barros. De nos jours, Hartmann,
Brun, et tous ceux qui ont approfondi la géographie de
l'Afrique, ont rendu hommage au savoir de Jean Léon.
PREMIÈRE PARTIE. 37
ans : pendant ce temps il voyagea dans l'inté-
rieur de rAfrique,et parcourut quinze royaumes
différents, qu'il a décrits (i). Les notions les
moins douteuses que l'on a pu acquérir dans
ces derniers temps, coïncident avec celles qu'il
nous a données.
Vers la fin du XV® siècle, le commerce de
Timbouctou éprouva une révolution par les con-
quêtes des souverains maures , qui s'étaient em-
parés de cette ville. Ils avaient étendu leur empire
jusque sur le Sénégal; et, trouvant plus avan-
tageux de rapprocher de ce . fleuve l'entrepôt
principal du commerce de ces contrées , ils
l'avaient établi à Guineya ou DjeW^ (a). Ce
dernier lieu était devenu le centre des cara-
vanes ; et l'on ne doit pas s'étonner , ainsi que
nous, l'avons déjà remarqué, que le nom de
Guineva ou de Guinée se soit, étendu jusqu'à
l'embouchure du Sénégal et de la Gambie^ et
même jusqu'à la côte qui au sud faisait face
au fleuve du Soudan^ ov^ au Niger ^ et qui se
trouvait la plus rapprochée de la contrée de
Guineva. Par un déplacement dans les dé-
(i) Jean Léon l'Africain, dans Ramusio, Délie Navigazioni
e Viaggi, édit. i6i3 , in-folio, tome I, p. 78.
(a) Marmol, trad. franc., livre' m, ch. i, m et iv,
Hamusio , t. I , p. 78.
38 RECHERCHES SUR L*AFRIQUE.
noiQinations, qui est commun en géographie,
cette côte est aujourd'hui la seule qui ait con-
servé le nom de Guinée (i).
Mais la situation politique de ces régions n'é-
tait plus la même lorsque Jean Léon y voyageait.
En i5oo, Soniheli, roi de Timbouciou et de
(i) Il est probable qae Timbouctou avait déjà décline à
Tépoque où le commerce avait été transporté à Guinea^ et
qae cette ville était plus florissante avant le temps de Léon
l'Africain. Si on ne lisait son ouvrage que dans la traduction
latine, on en atiraît une preuve positive dans ces mots de la
description de Timbouctou : Cujus domus omnes in iugurioia
cretacea straminiis tectis s uni mutata, (J. Leonis Africanî
totius Africae descriptio, in-ia, Antuerpiae, iÔ56» p.ttSo.)
Mais c'est un des nombreux contre-sens du traducteur latin ;
le texte dit : Le cuicase sono capanne faite dipali^ coperte
di creta coi coriividipagUa (Ramusio, édit. i6i3, 1. 1 , p. 78).
Jean Temporal Ta traduit exactement : Les maisons d'icelles
sont de tortis plâtré y et couvertes de paille. (Description
de l'Afrique, in-folio, i556 , t. I , p. 824. ) Loxdsbach
( Johami« Leô's des Afrikaners Beschrobung von Africa ,
i8o5 , in-80, p, 483 ) a aiusi traduit exactement. Dapper
(Description de l'Afrique, Amsterdam, in-folio, 1686, p. aai)
dit , en parlant de Timbouctou : «■ Les maisons étaient au-
trefois somptueuses ; mais elles ne sont maintenant que de
bois , enduites de terre grasse , et couvertes de paille. » Mais
comme tout ce passage est traduit sur la mauvaise version
latine de Léon l'Africain par Florianus , il ne prouve rien
non plus sur le déclin de Timbouctou.
Pll£MIÈIl£ PAKTIE. Jy
Gago, mourut. Un nègre qui commandait ses
armées, nommé Aboubakre«-Is<^ia, leva l'élieQ-
dard de la révolte. Dans l'espace de quinze ans,
il conquit un grand nombt*e de porovinces, et
enleva aux Maures l'empire du Soudan. Il éta-
blit définitivement à Timbouotou le commerce
qui se faisait auparavant à Guene^^a ou Djenné{i\
C'est cet Aboubakre-Ischia qui régnait lorsque
Léon l'Airicain voyageait dans le Soudan (2). Ce
roi s'était emparé du royaume de Gualata au
nord ; il avait rendu Agadez et le royaume
de Melli tributaires; il avait conquis et réuni à
ses domaines les royaumes de Cuber et de Cano^
de Cachenah^ de Zegzeg et de Zanfara. Le roi
de Oirangara avait conservé son indépendance;
mais il se trouvait placé alors au milieu de deux
(i) Léon l'Africain, dans Ramusio, 1. 1, p. 75-79. —
Marmol, liv. IX, chap. m et iv, p. 60 -63.
(2) JKT. Bowdich nous a raconté que , « dans le pays des
Aschantis^ on lui demandait , ainsi qu'à M. Hutchinson, s'ils
connaissaient le nom dû père d'Aboubakre, ils répondirent
que non : alors le shérif Brahima leur dit que Beaucoup de
Maures n'en savaient pas davantage , mais qu'il pouvait leur
assurer que son nom était Kahabata. » Comme notre jeune
voyageur et son compagnon ne connaissaient ni Aboubakre
ni ses exploits , ils furent fort surpris de l'importance que
les habitants à*Aschantl mettaient à cette question et à la
réponse.
4o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
puissants ennemis , qui étaient Ischia à Tocci*
dent, et le roi de Bornou à l'orient (i).
Marmol (qui, comme Léon T Africain , était
natif de Grenade) écrivit «n espagnol une des*
cription de l'Afrique, qui fut publiée dans les
dernières années du seizième siècle (a). Cet
auteur a , en partie , puisé tout ce qu'il dit de
l'intérieur de l'Afrique , dans Léon l'Africain et
d'autres auteurs 2trabes;mais cependant sa des-
cription renferme aussi quelques notions origi-
nales, qu'il avait recueillies en Afrique même,
où il avait fait vingt ans la guerre , et où il
avait été retenu comme esclave pendant sept
ans et huit mois. Il fait connaître avec beau-
coup de détail l'état florissant du commerce qui
avait lieu entre le nord de l'Afrique et Timbouc-
tou et le pays des Nègres; il indique les villes
où l'on apportait l'or que l'on en tirait en abon-
dance (3).
- ' ■ ' »■ — >■ '
(i) Jean Léon, dans Ramusio, t. l, p. 79. — Marmol,
t. in , p. 60 , nous Apprend que , de don temps , à Test , les
rois de Bornou et de Gagoa étaient les plus puissants.
"DeGualata on se rendait dans le Soudan, et de ]à au Caire.
(2) La première partie de Marmol parut à Grenade , en
2 ToL in-folio , en i573; la seconde en 1599. ^ traduction
française fut imprimée à Paris en 1667 ; la traduction hol-
landaise en 1668 , à Amsterdam ; et la traduction allemande
en 1670, in-folio. ,
(3) Toyez Marmol, t. III , p. 8 , sur le commerce des
PHEMIÈRB PARTIE. ^l
La grande Géographie de rAfiâque , du Vénii-
tien Livio Sanuto, parut après la publication de
la première partie de celle de Marmol, mais
avant que la dernière partie de la description du
géographe espagnol eût été mise au jour. L'ou-
villes à^Oufaran avec Gualata et Tombât; (t. III, p. 8 et 1 1),
sur le trafic delà province de Darah ; (p. la), sur les Arabes
à*Ukd Calim y qui sont riches et puissants , parce qu'ils vont
tous les ans trafiquer au royaume de Tombut; ( p. 17), sur Tor
de Tibar y que Ton v^ chercher au pays des Nègres pour le
porter à Te/uf dans le pays de Darah ; (p. 18), sur Tor fin de
Tagazza y q^^on envoyait à Quitoay et de là à Maroc. Nous
apprenons (p. 18) que les habitants les plus riches de
SidjUmessa sont ceux qui trafiquent au pays des Nègres, et
rapportent de Tor et des esclaves pour des marchandises de
Barbarie. (P. Sa) , il est dit que la ville de Querquelen est
habitée par les ZinagienSy qui sont riches à cause du tr^c
qu'ils font an pays des Nigres. (P. 39), nous apprenons que
les habitants deGadmès.»çmtj\çhes en dattes et en arge'nt,
parce Qu'ils trafiquent avec les Nègres. ( P. 4^ ) 9 il est
dit que fib^- plus illustre des villes sur le Nî^r est
Tombut y où abondent les marchands de Barb^rii^ et d'E-
gypte, à cause de l'iurde Tibary qui y vient de la pro-
vince dé Mandinga. Ce commerce était autrefois en la'vîile
deGenni ou Genoa (Guisëe), où accouraient tous les peuples
voisins, parce quVUe est plus proche du couchant ; ce qui
portait quelque or au château à'Jrguirty et de là k Lisbonne.
Conférez ces passages avec ceux de Léon l'Africain , dans
Ramosio, part, vi et vu., t. I, p. a, 75, 77, 8jp; et de
Livio Sànuto , Geografia delV Africa , p. 70 - 75.
4a RECHERCHES SUR L'aFRIQUE.
vrage de Livio Sanuto , remarquable pour l'é-
poque à laq^uelle il fut publié, et dont toutes les
cartes ont été dessinées par Fauteur, est , pour
ce qui concerne Tintérieur de l'Afrique principa-
lement, composé, comme celui de Marmol, d'a-
près Léon l'Africain, qu'il cite fréquemment (i);
mais il présente cependant des idées neuves,
dont nous aurons à nous occuper par la suite.
Les publications successives des ouvrages de
(i) Geografia di Livio Sanuto, Venczia, in-folio, i588 ,
p. 76. L'onvrage porte simplement le titre de Geografia,
parce que Livio Sanuto s'était propose de donner ainsi suc-
cessivement les autres parties du monde ; il aspirait à la
gloire d'être le Ptolëmée de son temps : mais il mourut à
l'âge de 56 ans, après avoir achevé ce premier volume, qui
ne fut publié qu'après sa mort. Ce volume commence parles
notions de géographie générale , à laquelle il consacre deux
livres. Il prélude ensuite à la éiiâcription du globe, par
TAufrique. Les auteurs où il a puisé et i|u'il cite, sont, Léon
l'Africain, Cadamostd, Barros, Massondi, et Ptolémée. Il
décrifr f^èo«c/oa , Iwe VII , page 83 , et. place cette ville
dans le royaume âes^Jalo/s. Sarnilo- étend le royaume de
MeUi sur la côte aujoiird*l|ui connue par le nom de Guinée.
Dans le pays de Gkinea, 4e Bantito , sont ces vastes régions
comprises dans le« bassins 'du .9e72«^^(a/ et de la Gambie, que
les géographes modernes désignent par le nom de Séné-
gamhie. Purehass dit, quelque part, que Sanuto est un des
descripteurs les plus exacts de l'Afrique: One ofthe exactest
dividers ofJfrica. (Purehass, His pilgrimage^ in-folio, i6a6)
PREMIÈRE P4RTIE. 4^
Léon rAfricaîn, de Marmol et de Sanuto, ré-
veillèrent chez les nations d'Europe l'ardeur des
'découvertes pour l'intérieur de l'Afrique, ar-
deur qui s'était ralentie, ou plutôt qui s'était
dirigée vers d'autres contrées.
Les Anglais, les premiers , renouvelèrent les
tentatives qui avaient été faites pour connaître
les régions centrales de l'Afrique, et cherchè-
rent à parvenir à la ville qui alors était consi-
dérée comme la capitale de toutes ces contrées,
à Timbouctou.
En 1 594 , un nommé Antoine Dassel envoya
à Maroc pour y recueillir de son correspondant ,
Laurent Madoc, des informations sur Timbouc-
tou et Gogo, et sur la conduite des Maures qui
avaient fait depuis peu la conquête de ces deux
pays sous Âlkayd-Hamet. Madoc confirma l'idée
qu'on avait de la richesse de ces contrées, et
rend^^poignaae qxi'il en ^S^it vu arriver trente
"^^lijj^pi^^s.fflor (i).
Tout «Éagéré que paraissait être ce pfl|^ort,
il l'était beaucoup moins qiie les récits des au-
teurs arabes et que né le furent par la suite ceux
des Européens. Ibn al Ouardi, auteur du trei-
(i) Hackluyt, t. III, p. a (Loodon, 1810). ^ — Prévost,
Histoire générale des Voyages , t . VIII , p. 1 3 7 , édit. in- 1 a .
— J. Leyden's , Rist. accouni of discoveries and travels in
Africa^ t. I, p. 211.
44 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
zième ^siècle, assure qu'il y, a dans le pays de
Ganah un morceau d'or qui est gros comme
un rocher (i). Yakouti, qui écrivait dans le corn-
• mencenient du quinzième siècle, dit, en décri-
vant le Belad al Tibr ou le pays de Vor pur^
que dans cette contrée on voit l'or sortir du
sable comme ailleurs les plantes sortent de
terre (a). Léon l'Africain, et Dapper d'après lui,
ilous disent que l'empç reur de Timbouctou pos-
sédait des lingots d'or , dont quelques-uns pe-
saient plus de treize cents livres (3).
Quoi qu'il en soit de ces récits , il est . du
moins certain que tous les renseignements s'ac-
cordaient à faire considérer le commerce de
l'intérieur de l'Afrique comme une source de
richesses.
Alors la compagnie de marchands qui avait
obtenu de la reine Elisabeth, en i588, le privi-
(i) Ibn al Ouardi, Notices des Manuscrits de la BibUo-
thèque-du'Roi ^ t. II , p. 37.
(a) Yakouti , Notices des Manuscrits , etc. , tome II ,
p. 393.
(3) Dans Ramusîo, édit. i6i3 , 1. 1 ,*p. 78 au verso, et Dap-
per, Description de V Afrique, p. aai, il est dit : {Reise naar
Guinea,' l'jg'j) que le puissant roi des Aschantis a un mor-
ceau d'or que quatre hommes ne pourraient porter. Le plus
gros morceau d'or que M. Bowdich a vu dans ce pays , ne
pesait que quatorze onces.
PREMIÈRE PARTIE. 45
lége exclusif du commerce du Sénégal et de la
Gambie^ fit partir, en 1618, un nommé George
Thompson, dans le but de pénétrer jusqu'à Tim-
houctou. George Thompson remonta la Gambie ,
et paraît s'être avancé jusqu'à Tendu , ou jus-
qu'aux monts qui séparent la Gambie du Séné-
gaL 11 apprit que ce district était fréquenté par
des caravanes qui s'y rendaient du nord de l'A-
frique; mais il ne put aller plus loin, et fat assas-
siné, soit par les natifs, soit par quelques-uns
des siens , dont son caractère altier avait pro-
voqué la haine. Tous les détails relatifs à son
expédition furent perdus (i).
La compagnie anglaise ne se rebuta point, et
envoya une seconde expédition, qui fit voile
pour la Gambie en 1620, et dont Richard Job-
son était le chef. Richard Jobson ne parait pas
s'être avancé beaucoup plus loin que son pré-
décesseur, c'est-à-Klire qu'i! n'a pas dépassé les
rivièri^ét les montagnes de Tenda: mais il éta-
bUt des relations amicales avec les habitants du
pays : il apprit par eux l'existence d'une ville
située à quatre journées de distance, nommée
TomboÂonda (Tambsfkunda de Mungô-Park);
il entendit parler d,'une autre ville nommée
Jajre. Dès-lors il ne douta point que Tomba-
(i) Leyden , t. I, p. ai 5.
46 RECHERCHES SUH l'aFRIOUE.
konda ne fut Timbouciou^ et qae Jajre ne fut
Gogo. Satisfait d'ayoir réussi à se rendre dans le
pays où se faisait le conunerce de Tor, Jobson
ne chercha même pas à pénétrer jusqu'aux
deux villes qu'il regardait comme les capitales
de ces contrées : il retourna sur ses pas, et
publia , en iGiiS, une relation de son voyage,
qui renfermait les premiers détails intéressants
que l'on eût encore mis au jour sur le fertile
territoire qu'arrose la Gambie {\\
Après le voyage de Jobson , les Anglais sus*
pendirent leurs efforts pour parvenir jusqu'à
Timbouctou; car je ne parlerai pas du voyage
d'un anonyme qui aurait eu lieu en 1661 , et dont
la relation fiit trouvée dans les papiers du doc-
teur. Hook. Ce voyage , qu'on a attribué à un
certain Yermuydeu , ne renferme que des détails
vagues et insignifiants (a).
Les Français, qui pour ces contrées étaient
(i) CeUe relation, intittilée Golden irade, etc., in- 4*, a
166 pages sans Tépître dédicatoîie à la compagnie de Guiney
et de Binney. Trois ans après , Porchass publia le journal
de Jobson dans sa collection. — Hist, générait des Voyages^
t. IX, p. 75, édit. in^ia. — I^yden, 1. 1, p, «to à m3o,
édit. 1817.
(a) Histoire générale des Koyagts^ t. IX, p. i36-i53.
— Leyden , t. I , p. a3i - a36.
PREMIÈRE PARTIE. 4?
entrés tard dans la carrière des découvertes, s'y
engagèrent avec beaucoup de succès. Une com*
pagaie de négociants de Rouen et de Dieprpe ^
qui paraît s'être formée vers 1626, fraya la
route à la^ compagnie des Indes occidentales,
qui fut érigée par un édit du roi en mars
1664 (i). D'autres .compagnies d'Afrique lui suc-
cédèrent ; on bâtit le fort Saint-Louis. De Brue,
un des plus habiles agents de cette compagnie ,
pénétra en 1698 jusqu'au royaume de Galam^
au-delà du confluent de la Falémé et du Séné-
gai (2). Là il recueillit des renseignements sur
TimbouctoUj qu'on lui dit être situé, non sur
le Niger, mais dans l'intérieur des terres (3), à
cinq journées d'une ville nommée Timhi (4).
Mais, d'après le détail de l'itinéraire qu'il nous a
donné, il nous parait évident que, n'ayant pas
connu l'existence de Timhi et de Timbou des
(1) J. B. L&bat, Nomelle Relation de P Afrique occidentale,
t. I, 1^. 16.
(î) De Brue partit du içitl Saint -Lo^ift , du S^nëgal , le
17 jaillet 1698. — Labat, iSéuvelle Relation de F Afrique
occidentale y t. III, p. ftgS*
(3) Ibid,, p. 36i.
(4) Labat , Nouvelle Relation de l'Afrique occidentale ,
tome ni, page 36a. — Voici Titin^raire que De Brue s'était
procui^; il commence à Caignou, dernier lieu où le Sénégal
est navigable^et qui se trouve è l'est du Fort Saint- Joseph :
48 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Foulahs de la côte de Guinée^ au sud de la Gam-
bie^ 'A a confondu cette ville de Timbou de
Guinée avec la ville de Timbouctou du 5ow-
dan , qui en est éloignée de plus de 680 milles.
M. d' An ville , qui ignorait également l'exis-
tence des villes de Timbi et de Timbou de la
Guinée (1), en faisant une fausse application
De
Caignou à Jaga, . . .
5 journées.
De
Jaga à Bajogné, . . .
I .
De
Bajognék Congourou,
I
De
Çongourou à Sabaa,
I
De Sabaa à Boramaja,,
2
De
Boramaju à Goury,.
I
De
Goutj à Galama, . . .
I
De
Galama à Timbi, . . .
i5
J}€^ Timbi à Tambouctou,
5
Total ... 32 journées.
Durand, dans son Voyage au Sénégal, 1807, Paris, în- 8%
t. II y p. a86 , a copié cet itinéraire sans citer la source où il
Tavait puisé , et il le donne comme un renseignement qu'il
aurait lui-même obtenu. Cet ancien directeur de la compagnie
du Sénégal, publia son livre dans l'espoir d'être nommé
gouverneur de nos colonies d'Afrique , après la paix
d'Aûiiens. Il a le plus souvent compilé le père Labat. Leyden,
ou son continuateur Murray, s'est aussi mépris sur la di>
rection de cet itinéraire : Historical account qf discoverzes
and travels in Afri€a,,yio\. I, p. 174.
(i) L'existence de ces villes n'a été bien connue que de-
puis les voyages de MM. James Watt et Winterbottom , et
PREMIÈRE PARTIE. 49
de cet itinéraire, a placé à l'est une suite de po-
sitions qu'il fallait mettre au sud : et il a i;:empli
ainsi cette partie de sa carte d'erreurs graves (i),
qui ont trompé' tous les géographes qui l'ont
suivi. Dès qu'il est reconnu que le Tamhouctou
de l'itinéraire de de Brue est Timhou dans la
Guinée^ nous ne devons pas être étonnés que le
voyageur qui l'a donné , ait dit que cette ville
n'était pas sur le Niger j mais dans l'intérieur
des terres; car Timbou de Guinée^ placée près
d'un des petits ruisseaux qui contribuent à for-
mer les sources du Sénégal^ ne se trouve voi-
sine d'aucun grand fleuve ni d'aucune rivière
considérable (2).
'. *•**
par la relation qui en fut faite dans .l'ouvrage intitulé :
An account of the colony of Sierra-Leone, etc. London,
1795, in-8',p. i85, 197.
(i) Ainsi la position de Jaga (qui paraît être \eJoag de la
carte de Mungo-Park)\ celks de Sabaa, de Boramaja, de
Galama^de Timbi, qui, dans la carte de d'Anville, ont été
placées à Test du Fort Saint- Joseph , et vers Timbouctou,
doivent être mises au sud , et sur Tk route du Sénégal à la
Gambie , et de la GamlÂe vers la c6te de Sierra-Leone,
Comme le major tlennell ignorait l'origine d^ la position
donnée à Timbi sur la carte de d'Anville , il a forme à ce
sujet une conjecture qui. ne peut se soutenir. Voyez jPro-
ceedmgs , tome I, p.. 392.
(îfc) Conférez la carte de Mungo-Park dans les Proceedings
of the Association for promoling the discos^ries in Afrika^
5o RECHERCHES SDR l'aFRIQUE.
De Brue se procura aussi à Tripoli des ren-
seignements sur les caravanes qui du nord de
Y Afrique se rendaient régulièrement à Timbouc-
tou, pour y faire le commerce. Il sut qu^elles
allaient aussi au Fezzan et dans le pays de Zan-
faraj d'où , ainsi que de Gago , on apportait beau-
coup d'or à Timbouctou (i). De Brue compte
45o lieues entre cette ville et Tripoli (2).
De Brue ignorait que, quelques années aupa-
ravant, un Français, nommé Paul Imbert, était
parvenu à se rendre de Tripoli à Timbouctou
par le moyen des caravanes : et ce fait remar-
quable, renfermé dans une relation obscure,
n'a pas été connu non plus de ceux qui ont,
London, i8io,iii-8*, 1. 1, p. 3^3, avec la carte des Voyages
dans V intérieur de F Afrique ^ par J. Mollien , Paris , 1820,
m-8% 1. 1, p. aga.
(i) Les notions que deBme avait reçues dans cette der-
nière ville se rapportent bien à la ville de Timbouctou, dans
le Soudan ; et il est remarquable que , dans cet endroit de
son livre, il désigne cette ville par le nom de Tombut , tandis
que, dans la page précédente, qui renferme l'itinéraire
précité , il a appelé Timbou du nom de Tambouctou. Peut-
être est-ce le père Labat qui , ayant écrit d'après les notes
de de Brue, a fait un échange de noms. Labat, Nouvelle
rtlation de V Afrique occidentale^ t. III, p. 363.
(a) Labat , Nouvelle relation de l'Afrique occidemale ,
t. III, p. 363. — Prévost, Hist. f^nér. des Voyages, lîv. ti ,
part, i'*, t. Vin , p. ii6 , édit. in- 12.
PREMIERE PARTIE. 5l
en ces derniers temps , tracé les progrès de là
géographie dans ces contrées. Paul Imbert, na^
tif des Sables d'OIonne , était esclave d'un eu*
nuque blanc , Portugais d'origine, nommé Ha'-
mar , que le roi de Tafilet avait envoyé deux
fois à Timbouctou^ qu'on disait être alors la ca-
pitale du royaume de Gngo. Il fit plusieurs fois
la relation de son voyage à un nommé Charant,
qui en a publié quelques particularités dans
une lettre qu'il fit imprimer en 1670 (i). La
diètance de Maroc k Timbouctou (2) est de quatre
cents lieues selon Paul Imbert; et les caravanes
qu'on y envoyait alors régulièrement pour le
commerce , mettaient deux mois ^ se rendre
de la première de ces villes à la seconde. Les
(i) Lettre écrite en réponse de diverses questions curieuses
sur les parties de T Afrique oii règne, Muley-Arxid^ roi de
Tafilet^ par M. *** (Charant), qui a demeuré a 5 ans en
MauritamejVms y în-ia, 1670, p. 87, 41 1 4^» 54, 55, 61.
—On la trouve' ordinairement jointe à un volume intitule:
Bistoire de Muley- Arxidg roi de Tafilèt^ Fez, Maroc et
Tarudent , in-ia, Paris , 1670.^ -^ Cette petite hialoirc
est traduite de l'anglais; on y a joint la Relation d'un
voyage en 1666, etc., par Roland Fréjus. Ce Roland Fréjus
était un négociant de Marseille , qui se fit passer pour am-
bassadeur de Louis XI¥. Voyez Histoire des conquêtes de.
Âfouley-Archjr , par Mouette, in*ia, i683, p, 93.
(a) L'auteur de la relation écrite Tambouctou,
4.
5a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
habitants de la côte de Guinée se rendaient aussi
à Timbouctou pour y commercer , et rappor-
taient beaucoup^ d'or de cette contrée. Les An-
glais avaiei\t cherché à y pénétrer en remontant
la Gambie; mais ils n'avaient pas réussi.
Les événements qui eurent lieu à cette époque
contribuèrent à établir des communications plus
régulières entre Maroc et Timbouctou.
En 1668 ou en 1670 (i), l'ambition porta
Muley - Archid , roi de Tafilet et de Maroc ^ à
s'emparer de l'état de Suz^ où régnait Sidi-Ali
Morabite , qui fut obligé de s'enfuir au-delà du
Grand-Désert pour échapper à la férocité du
vainqueur. Muley-Archid le poursuivit, et arriva
avec une partie de son armée sur les conîfins du
royaume de Bambarra , entre Djermé ( Guinée)
et Timbouctou. Mais le roi de Bambarra ne
voulut pas violer les droits de l'hospitalité, et
refusa de livrer Sidi-Ali à Muley-Archid. Celui-ci
fat obligé de s'en retourner dans ses états. Sidi-
Ali avait fait au roi de Bambarra présent de deux
esclaves blanches dont ce prince était devenu
éperdtjment amoureux. Sidi-Ali acquit par ce
(i) J. 6rey Jackson [An account of the empire of Ma-
roccoy p. a5o) place cet ëvènement vers l'an 1670; mais
Mouette ( Hist. des conquêtes de MouUy-Archyy p. 70 ) le
met en 1668.
PREMIÈRE PA.RTIE. 53
moyen tant ' d'influeDce auprès de. lui, qu'il
obtint le commandement de Timhouctou^ où
il s'établit avec une garnison de Maures. Sidi^
Ali, après avoir discipliné une arpiée de Nè-
gres du Bambarra , traversa le désert pour
faire la guerre à Muley-Archid. Ce roi' mourut
lorsque Sidi-Ali parvint, avec son armée, aux
confins de l'état de Suz. Comme Sidi-Ali vou*
lait seulement se venger et non pas conquérir ,
Muley-Ismaèl, qui venait d'être proclamé em-
pereur de Maroc, lui persuada facilement de
faire la paix et de congédier ses troupes nègres ,
que Muley-Ismaël prit à .son service, et qu'il
reçut dans son armée, déjà en |^ande partie
composée de nègres que Muley-Archid avait
emmenés avec lui An Soudan l'année précédente.
Muley-Ismaël saisit cette occasion d'étendre sa
puissance dans les riches contrées du Soudan,
II envoya* des troupes maures pour renforcer
la garnison qui s'y .trouvait , et assujettit Tim-
boixctou à un tribut coii^dérable ; mais , comme
d'un autre côté il gaioantit cette ville des incur-
sions des Arabes -du désert, auparavant fré*
quentes et désastreiises , il -rendit son commence
beaucoup plus florissant. Il profita aussi de son
ascendant sur les peuples du Soudan pour faire
venir de ce pays uji grand nombre de nègres
qu'il incorpora dans ses troupes, et qui.se sont
54 RECHERCHES SUR ^l'aFRIQUE.
mêlés avec les habitants de l'enipire de Aforoc^ et
y ont formé cette sorte de population mixte que
l'on Remarque encore aujourd'hui dans ces con-
trées. Mul^-Ismaël mourut en 17117 (i), telle-
ment riche en or, qu'on prétend que même tous
ses ustensiles de cuisine étaient composés de ce
précieux métal. Ses successeurs ne surent pas
conserver la même autorité sur les tribus belli-
queuses et sur les autres peuples du Soudan.
Timhouctàu cessa d'envoyer le tribut accou-
tumé; et le commerce de cette ville, devenu
moin^ sur et moins régulier, diminua dès- lors
considérablement (a).
Cependant les Anglais continuèrent leur com-
merce sur la Gambie^ mais ne réussirent point
à pénétrer dans l'intérieur. Les voyages de Stibbs
en 1723, et ceux de Moore en J731 , ainsi que
les récits du nègre Job-Ben-Salomon , donnèrent
(i) A la mort d'Ismaël, on comptait plus de cent mille
soldats noirs dans l'empire de Maroc. Voy. Chénier, t. III,
p. l(%\, — Histoire des révolutions de f empire de Maroc ^
depuis la mort du dernier empereur Muley Ismaël; traduù
dit Journal anglais par le capitaine Braithwaite ^ Amster-
dam, 1736 , in-ia , p. 6.
(a) Mouette, iï&fto/re des conquêtes de Mouley-Archf,i^SL^,
70-76. — Chénier, Âee^erches historiques. survies Maures,
tome III, p. 356. — J. Grey Jackson^, Jn account of the
empire of Marooco , p. i5o à aSa.
PREMli:RE PARTIE. 55
des connaissances plus précises sur cette partie
de \ Afrique; mais' elles ne reculèrent pas les
limites des découvertes. Au contraire ^ob-Ben-
Salomon, en assurant que Tombufp était situé
vis-à-vis Bunda et <ie l'autre côté dil Sénégal,
confirma l'erreur qu'avait accréditée Jobson en
supposant ain^,que la capitale célèbre du Sou-
dan était peu éloignée des établissements envo-
péens. Ce n'est pas que Jobson et Job-Ben-
Salomon eussent le dessein de tromper; mais
ils étaient eux-mêmes abusés par la ressem-
blance des noms. Les cartes d'Ortelius, de Mer-
cator, et d'un grand nombre de géographes des
seizième et dix- septième siècles, entretenaient
cette erreur, et plaçaient Timbouctou sur les
bords du Sénégal^ et à peu de distance de son
embouchure. Il n'y a guère de doute qwe le
Bunda de Job ne soit le Bondou de Mungo-
Park; et la ville de Tomhuto est probablement
le lieu nommé Taipkquanni ou Tambouana,
située à seize lieues de Galant, et où il se fait
selon Saugnier un commerce considérable d'es-
claves (i).
(i) Lcyden's, Hisu account of discoveries and travels
in Àfiica^ éiiX. i8i% tome I, pa^t a 46.—* Prévost, Histoire
générale des Voyages, page 3 5o. —Geoffroy de Villeneuve,
L' Afrique , in-i8, 1814, tomel, page 90.
56 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Les Français, qui, sur le Sénégid^ avaient for-
mé des établissements florissants et situés dans
l'intérieur des terres, se trouvaient mieux pla-
cés que le% Anglais pour acquérir des notions
sur le cefttre de l'Afrique et pour s'avancer dans
ces contrées. Aussi, dés 1 7 1 5 , un voyageur hardi ,
qui depuis devint mautre maçon et entrepreneur
de bâtiments à Paris ( i ) , parvint dans le royaume
de Bamhouij et il en rapporta de l'or. La com-
pagnie d'Afrique française ne perdit jamais de
vue ce pays, entouré et fertilisé par la Falémé
et le Sénégal: elle y envoya ses agents à di^é-
rentes époques en' 1730, en 1731, 1732, 1744
et même en 1786 (2).
(i) Voy. Labat , NouvMe relation de l'Afrique fKxideft-
tale^ tome IV, pag. 3a. — Golberry, Fragments d'§tn vqjrage
en Afrique y tome I, chapitre xi, pag. 433 à 5o».
(a) VaX'xvkà.e^Mémoire sur V Afrique ^Y^^ ^^- — Golbeny,
Fragments d'un voyage en Afrique, tome I, chapitre xi ,
pag. 433 à 5oa. Sons le titre modeste de Fragments ,
M« Golbeny a publié im des meilleurs livres qui aient paru
dans ces derniers temps sur TAfnqne. Nous pensons cepen-
dant* que ce judicieux auteur se trompe lorsqu'il avance que
tout l'or que l'on porte à TimbouctoUj au Caire, à Maroc,
au Sénégal^ ^ïxjfop des Paimes, à Alger, etc. , vient du pays
de BambQui.^lifaçit^ toift les géognplips arabes^ le ps^s de
Tibry ou je l'or pur, est bien certainement à l'est de Tûn-
houcÊou et au sud du royaume de Ouangara,
PREMIERE PARTIE. B'J
Cette compagnie ne négligea pas non plus de
prendre des informations sur Timbouctou. Elle
apprit que cette ville était à quarante journées
de chemin , ou deux cent quarantç lieues du
Fort St.- Joseph ou de Galant^ et au-delà du
royaume àe Bambarra; que l'on y recevait de»
caravanes de Médine^ et que ses habitants em-
barquaient leurs marchandises sur le fleuve pour
les envoyer à Djenné ( Guinée ), ville placée à
une demi - lieue de la séparation de deux ri-
vières; circonstance remarquable, sur laquelle
nous reviendrons plus tard(i).
Un nommé, de Flandre avait résolu, en 174^^,
d'aller à Timbouctou^ et mourut avant d'avoir
entrepris ce voyage. Le savant naturaliste Adan-
son , qui se trouvait au Sénégal^ de 1749 à 1753,
fut sur le point d'entreprendre avec une cara-
vanfj^ la traversée du désert, pour se rendre à
Timbouctou et à Agadez (a). Enfin, la compa-
gnie du Sénégal et le g$iD9^emement français for-
r- ' — ^ ;
(i).Relatîon de Robert Adams, trad. franc. , page a5a. —
Labat , Nouvelle relation de V Afrique occidentale , tome III.
— Lalande , Mémoire sur l'intérieur de V^Afriqué. — Gol-
berry, Fragments, — Durand, Voyagé au Sénégal. *
fa) Adanson , Voyage au Sénégal y .Paria^ i;7Ô7 , iu-4**«
DaM tmit le fiours de?Ba relation, Tanteuip d^mo^U Sénégal
le nom de Niger, — Lalande , Mémoire sur l'intérieur de
VAlfrique^ page aa.
58 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
mèrent, pour arriver jusqu'à Tùnbouctcfu^ un
projet auquel d'Anville prit part. Ce célèbre
géographe, en nous instruisant de cette particu-
larité, ne nous a point appris f^ circonstances
qui en eltopêchèrent l'exécution (i). Mais, comme
il ne négligeait aucun moyen pour perfectionner
ses* ouvrages, il recueillit sur l'intérieur de l'A-
frique quelques renseignements du père Sicard,
qui avait voyagé dans la haute Egypte y et qui
avait appris d'un noir de la capitale du JBor^
nouj que cette ville se nommait Kerné; que la
rivière qui traversait ce royaume de Bomou^
se nommait Bahrel Ghazelj et qu'elle commu-
niquait ( sur-tout dans la saison pluvieuse ) avec
le IVil, ou Bahr el Jlbiad^ par un embranche-
ment de fleuve nommé Bahr el Azrek. D'Anville
tira aussi d'un envoyé de Tripoli quelques lu-
mières sur la marche des caravanes qui sâi|p^n-
daieht de cette ville è Timbouctou, et sur les
lieux que traversaient ces caravanes pendant ce
voyage. Ce grand géographe a fait usage de
(i) D'Anville, Mémoire concernant les rivières de V Afrique^
dans le Recueil de V Académie des inscripu, t. XXVI, p. 73.
— ^ Bru zen de la Martinière, dans son Grand Dictionnaire
géqgraphiqfie^ tome \IH, page 56^^ indiquait aussi anx
Français ^s moyens bien calculés pour parvenir à Tim-^
bouciou en partant de Galam,
piiï:mière partie. Sg
tous ces documents dans la carte d'Afrique qu'il
a dressée en 1749 (i).
Les Anglais s'étant emparés, pendant la guerre
de Sept-Ans , des établissements des Français sur
le Sénégal^ les tentatives que ceux^€î avaient
faites pour pénétrer dans l'intérieur de X Afrique
furent nécessairement suspendues. La paix de
1763 laissa les Anglais en possession de ces éta-
Uisseraents. En 1 779 , les Français les enlevèrent
aux Anglais ; et ils restèrent définitivement à la
France en vertu du traité de 1783.
Bientôt après, les relations des naufrages de
Follie, de Saugnier et de Brissoi), qui tcHis se
perdirent sur la côte d'Afrique, en 1784 et
1785, et qui furent faits prisonniers, procurèrent
quelques notions intéressantes sur cette partie
du désert voisine de la côte, qui s'étend entre
la^pirièr^ de iV£^/i et le fleuve du Sénégal, Ces
relations qui furent publiées quelques années
après , firent mieux connaître les mœurs féroces
des Maures ; mais elles ft'ajoutèrent rien à ce que
l'on savait sur l'intérieur de l'Afk'ique et sur les
régions où était situé Timbouctou{pL).
En 1785, M- Von Einsiedêl, gentilhomme
, . (i) D^Anville , dans le Recueil 4e T Académie des inscmp-
tiens ^ tome XXVI ♦ pag^ 67 et 7^. • >
{p) Histoire du naufrage de Brisson^ etc., Paris, 1789^ vorV^^
6o KECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
saxon, et quatre autres voyageurs allemands;
encouragés par M. de Castries, ministre de la
marine en France, se rendirent à Tunis sous
la protection du gouvernement français , avec
le dessein de pénétrer dans l'intérieur de l'A-
frique, et de se rendre au Sénégal en traver-
sant le Grand-Désert. Ils furent présentés par
M. Venture, envoyé de France au Bey , qui leur
promit son appui. Ija pteste, qui exerçait ses ra-
vageSià Tunis ^ les força, de suspendre leur pro-
jet , et bientôt de i'abandonner. Cependant
M. Einsiedel ne revint en Saxe qu'en 1787, et
publia depuis, les informations . qu'il avait re-
cueillies des naturels de l'Afrique, sur l'inté-
rieur de cette partie du monde (1). ^
On lui a* dit que la distance entre le Fezzan et
Bomou était de dix journées , dont quatre font
un degré. De tous les états des Nègp^s 01^ du
Soudan^ c'est \e Koukou qui confine ^caSenncuiry
et qui est le plus à l'est. Les Nègres de Bomou
disent que ceux de Koukou sont chrétiens. Au
— Follie, Voyages dans le désert de Sahara^ Paris, 1792,
in-S**. — Saugnier, Relations de plusieurs'^oya^s à la côte
d'Afrique, au- Sénégal, à Corée, à Galam, etc., in- 8*. ,
Paris, 1791.
(i) Einsiedel > dans le Samndung .merkwûrdiger Reisen-
in dos inn^e des Afrika von'Emst Wilkem (7iiA/2 , Leipsi^p»
part. in , pag. ^33 à 447* '
PREMIÈRE PARTIE. 6l
nord-ouest sont Kachna^ Gnou et Zemzem (i);
à l'ouest et au %nd-onest ^ Bornou^ El^Mabrouk
et Kounscha. Au nord -ouest de Bornou est
Agadez où Ogadez ; à l'ouest, Za/^ra (c'est
au sud -ouest sur les cartes de Reufiell}; au
sud - ouest et au sud , sont Afnou , Kanem ,
Schickou^ Bitoû, et Engar (%).
En allant de Afnou à l'ouest, on trouve Sog-
sog et Escar. En suivant la même direction , l'on
arrive à Cmsena, Enzala^ Ekabli^ qui au sud
confinent avec Jaouri et Nafi,
A l'ouest A'Ekabli sont Jenni ( c, a. d. Djenné
ou Guinée ) et Avan , qui à l'ouest sont bornés
par Timbouciou^ et au midi par Mandra et
Mourki.
Au midi de Timbouctou est Bobou ; et au
saà'Onest., Bambarra y qui n'est pas très-éloigné
dej^^iitaJliK^ment des Français au Sénégal.
M. Ëûisîedel , d'après les rapports qu'on lui a
Êdts, donne sur chacun de ces états des détails
(i) Le mbtZem est employé quelque part dans £'6/i--flbwif a/,
et signifie tribu. En persan Zim/z/ veut dfre mfidèles. Cache-
izaA n'est pas aif nord-ouest à^Koukou; mais plusieurs de^
aiRMs indications seinblent également fausl^es.
(a) On trouvé les noms de vingt-huit villes sur la route
de Ouangara à Bornou , dans les itinéraires donnés par
M. Bowdich , Appendix de fa Mission to AschanUes^ p. 483.
6a RECHERCHES SUR l'a^FRIQUE.
intéressants et qui semblent porter le cachet dé
la vérité. Dans ses descriptions, il détermine
encore avec plus de précision les positions rela-
tives de chacun d'eux. Ainsi , nous dit-il , on ne
trouve pas de poudre d'or dans le Bornou ;
mais on la va chercher dans une contrée située
loin au midi. La capitale du Bornou s'appelle
MokovfL Koukou est immédiatement à l'est de
Bornou. Zanfora est entre Bornou et Agadez:
ce pays est déchiré par des guerres intestines.
Au nord de Bornou sont les Zemzems^ peuple
à moitié sauvage; puis Kochna (i) et Gnou.
Bobou , au midi de Timhouctou , lui fournit
beaucoup d'or. Timbouctou était alors tribu-
taire de l'empereur de Maroc.
Les royaumes les plus étendus et les plus puis-
sants sont ceux de Bornou ^ èiAfhou^ du Sou-
dan^ et de Timbouctou-^ et ensuite cei^L ^Aga--
dez^^Enzala^ de Schikou et de Bitou. L'arabe
ne suffit pas pour se faire entendre dans l'inté-
rieur de l'Afrique; il faut encore connaître les
langues de Bornou et de Timbouctou ^ qui sont
les plus répandues. Tels sont les principaux ren-
seignements qui furent donnés à M. Ëinsiedel.
En. 1786, le directeur de la compagnie fran-
(i) lEjCLCOfe Kackna au nord àt Bornou; si c'est le Cacher^
nah que nous connaissons! c*est au sud-est qu'il fiadlait dm.
PREMIÈRE PARTIE. &^
çaise du Sénégal envoya Rubault (i) par terre
]usqiïkGalam; et, quelque temps après. Picard,
autre employé de la même compagnie, se rendit
k Fouta" Toro, Ces deux voyages procurèrent
quelques lumières sur les contrées arrosées par
le Sénégal, mais n apprirent rien de nouveau
sur celles qvi sont l'objet de nos recherches.
En 1788, le gouvernement français résolut de
tenter une nouvelle expédition dans l'intérieur ,
de l'Afrique. On avait questionné à Paris des
Maures qui disaient avoir fait le voyage de 7Y/n-
(i)On trouve la relation du voyage de Rubault, dans
Dnrand , Foyage au Sénégal, tome II, chapitre vu,
page 125. C'est la seule partie neuve et intéressante de cet
ouvrage, qui n'est d'ailleurs qu'une médiocre compilation.
— Labarthe {Voyages au Sénégal ^ d'après les Mémoires de
LajaiïU^ 180a, in-8<>, page 191) avait déjà donné très en
détailTitiné^aire de Rubault; on trouve aussi un extrait du
voyage de Rubault dans l'ouvrage intitulé : Tableau des
découvertes et établissements des Européens dans le nord et
dans T ouest de V Afrique , Jusqu'au commencement du
dix-neuvième siècle^ par Cuny, Paris, Mongie, 1809, in-S**,
tome II , page 35. Cet ouvrage , comme on le voit par la
pré&ce , n'est qi>e la traduction de celui de Leydcn , tel
qu'il avait été publié primitivement à Edimbourg en 1 799.
Il y a été mis un nouveau t4tre. Il fut d'abord publié
eu 1804, chez Fain le jeune et Debray. L'extrait du Voyage
de Picard s'y trouve , tome H, pag. 41 à 48. Je n'ai pu
trouver nulle j)art uno autre relation de ce dernier voyage,
quoi^'elle soit citée.
64 R£GHKRGH£S SUR l'aFRIQUE.
bouctouj et qui donnaient même les détails de
la route qu'ils avaient parcourue. Ce fut d'après
ces renseignements , que M. de Boufflers , alors
gouverneur du Sénégal y prit des engagements
avec un chjef arabe nommé Sidi- Mohammed,
résidant, au Sénégal, pour la sûreté des voya-
geurs qu'il se proposait d'envoyer à Timdouctou,
et qu'il l'intéressa au succès de cette entreprise
par la promesse d'une forte somme. M. Geoffroy
de Villeneuve, auquel nous devons un petit
ouvrage intéressant sur l'Afrique, devait être un
des principaux chefs de cette expédition, qui
n'eut pas lieu , parce que la révolution française
survint et en empêcha l'exécution (i).
§ IV. Depuis rétablissement de la Société pour
les progrès des découvertes en Afrique^ jus^
qu'à nos jours.
Nous avons tracé l'exposé succinct des voyages
entrepris dans l'intérieur de l'Afrique, et des
tentatives faites par les Européens pour lier
avec Timbouctou un commerce réguHer, jusqu'à
l'époque où il se forma à Londres une société ,
(i) Voyez Lalande, Mémoire •sur V Afrique ^ pages 99,
a5, 36/ — Golberry, Fragments d'un vayage en Afrique ^
tome I, pages 288 et 336.
PREMIERE PARTIE. 65
afin de seconder les progrès de la géographie en
Afrique. Cette société se réunit pour la première
fois le 9 juin 1788 (i). Le commerce, ou le désir
d'acquérir des richesses, n'était pas le but direct
des hommes respectables qui la fbrmaient; et,
quelque avantage que leur patrie sous ce rap-
port dût retirer de leur générosité et de leurs
efForts,le$ membres de cette association n'étaient
animés que par leur amour pour la science , et par
leur zèle pour les progrès des découvertes (2).
(i) Proceedings of tke Association for promoting the
discovery of the interior parts of Africa^ în-4°j London ,
1790. C'est la première édition; la dernière est en a volumes
in-d"*, London, 18 10 : mais la carte d'Afrique , telle que
Bennell Tavait dressée en 1790, a été corrigée; de sorte que,
pour rhistoire des progrès de la géographie, cette première
édition est nécessaire à consulter.
(2) La formation de cette société excita l'émulation du
gouvernement français. M. de la Luzerne , ministre de la
marine , voulut en former une semblable à Paris. On re*
cueillit les propositions qui furent faites à ce sujet. M. Gol-
berry a publié une lettre imprimée , rue de Chartres , le
4 janvier 17919 qui a fait connaître les projets que l'on
avait formés alors. M. Froment-de-Champ-la-Garde , vice-
consul de France à Tripoli^ envoya en France, pour cet objet,
plusieurs itinéraires dans l'intérieur de l'Afrique , qu'il avait
xecueillis de divers marchands nègres. Dans l'un de ces iti-
néraires, on comptait 35 journées de Tripoli au Fezzan ,
70 du Fezzan à Cachenah , 45 du Fezzan an Bomou : les
5
66 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Des souscriptions volontaires furent reçues ; un
comité fiit choisi pour diriger les opérations de
la société : tous les moyens d'un gouverneineat
éclairé qui sait si bien seconder et faire tourner
à son profit les entreprises utiles formées par
l'intérêt ou le patriotisme des individus ^ fiirent
mis à la disposition de ce comité.
Le premier missionnaire géographique doat,
journées étaient de six lieues. Dans un autre itinéraire , de
Cackenahk Marmara^ on comptait 57 journées par Za/z/âr^Zy
favouri et iVç/f {Voyez lÀXdiXiàe^ Mémcnre ^ page 33). La
révolution mit fin à ces projets , et même au gouvernement
qui les avait formés. En i8oa , on imprima à Paris les rè-
glements d'une Société de V Afrique intérieure et des décou-
vertes. La société et son comité d'administration devaient
tenir leurs assemMées à Marseille : j'ignore quels ont été
les actes et les travaux de cette société. L'historien de la
société de Londres pour les Découvertes en Afrique ,
tome II, page 327 , dit que la société africaine française fiit
établie d'après la proposition et l'exhortation deM.Langlès;
et cependant }e nom de ce savant ne se trouve pas sur la
liste des membres fondateurs imprimée à la suite des régl^
ments. An reste, cette société ne s'est, je crois, jamais
réunie ; et , si elle a réellement existé, elle n'a été utile à
rien. Le voyage de M. Lamiral du Fort St. -Louis à Galam fat
un des derniers efforts des Frftnçais ponr pénétrer dans l'in-
térieur de l'Afrique. — Voy. h' Afrique et le peuple africain,
in-8% Paris, 1789. — Bruns rteue Erdebeschreibungv(m Afrikà,
tome V, page 3a5. — Prooèedings tfthe African as9ocimion.
la sociéité ât choix ^ •devait, doooer ^ie grandis
espénaices; c'étét Ledyand^ que la nature sem-
blait avoir iarmé tout expràs f>oiiir mener une
vie dure et errante , let qu'elle avasit doué d uo
grand talent d'observation. Il avait Êiit le tour
du «onde airec Cook, comme caporal de ouh
rine; il avait été k pôed jusqu'au Xamtschatia.
H se proposait 4e traverser ^océan Pacifique ,
Y Amérique et ïocéeui Atiantique^ lorsqu'il iùlL
pris par ks Russes, qui le soupçonnèrent d'es*
pionnage^ et le renvoyèrent en Prusse (i). Le
comité de la société nouvellement formée lui
proposa de repartir pofttr l'intérieur de \ Afrique:
il accepta cette proposition avec joie.
Ledyard paortit de Londres le 3o juin 1788; â
se rendit à Alexandrie ^ puis au Caire ^ prenant
Hiar-tout des informations siu* l'objet de sa mis-
sion. Il se disposait à se rendre , en traversant
le^lé^ert, dahs le Sennaar^ lorsqu'il succomba,
au Caine,, k une fièvre bilieuse (ti).
M. Lucas , tqui avait résidé seize am à Maroc ^
(i) M. Bnruey, dans l'ouvi^ge intitulé, A . Chronologie
cal history of Northreastern Voyages and dbcovery, in- 8®,
London, 1819, a consigne quelques particularités intërés-
santés, sur Ledy^urd.
{%\Proc€edings t^the dasociation, etc., édit. 1810, tome I,
pages 14 et /|i.
5.
68 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ccxmine vice-consul et chargé d'affaires, et qui, à
son retour à Londres, avait été nommé interprète
des langues orientales par le gouvernement an-
glais, s'offrit au comité pour entreprendre le
périlleux voyage de Timbouctou, Par ses con-
naissances d^ langues et des usages d'Afrique ,
nul ne paraissait plus propre à réussir dans une
telle entreprise: M. Lucas , envoyé fort jeune
à Cadix pour y recevoir une éducation commer-
ciale , avait été pris à son retour par un corsaire
de «So/e, puis emmené à la cour de Maroc, où
il était resté trois ans avant d'obtenir sa liberté:
' il était devenu ensuite vice -consul auprès du
même monarque qui l'avait retenu comme es-
clave; et, par son long séjour en Afrique, il pou-
vait être considéré comme un Africain.
M. Lucas partit de Marseille le i8 octobri^
1788; et, le a5 du même mois, il était à TripoU.
Il voulut se rendre au Fezzan par la route de
Mesurata; m^js il n'alla pas plus loin que cette
dernière ville, dont le gouverneur ne put lui
fournir l'escorte nécessaire pour continuer sa
route (i). M. Lucas recueillit des r^[iseignements
întéf essants sur le Fezzan et sur les voyages des
(i) Proceedings of the AssodaoUmfor promating the dis-
covery of the intenor parts qf Jfiica, ëdit. 1810, tome I,
pag. 47-8<K
PREMIÈRE PARTIE. 69
Arabes dans l'intérieur de l'Afrique, du chérif
Inhammed qui, en sa qualité de marchand d'es-
claves, avait visité ces contrées. M. Lucas re-
tourna à Londres. Les informations qu'il avait
reçues du chérif Inhammed se trouvaient con-
formes à celles que la société s'était procurées
de Ben-Ali, natif de Maroc ^ qui, vingt ans au-
paravant, avait aussi voyagé dans l'intérieur de
l'Afrique (i).
léQS difficultés qu'on éprouvait pour pénétrer
par le nord jusqu'à Timbouctou engagèrent à ten-
ter une expédition en partant de Sierra-Leon^j où
les Anglais avaient établi une colonie. MM. Watt
et Winterbottom, deux employés de cette colo-
nie, s'avancèrent en 1794 dans l'intérieur jus-
qu'aux deux villes principales , nommées Timbo
et Lahy (Labbé), dans le royaume des Foulahs :
mais Ws ne passèrent point les montagnes qui
paraissent séparer cette contrée des sources du
Joliba ou du Niger. Ilsapprirent seulement à£a^,
qu'il y avait un commerce établi entre ce lieu et
Timbouctou., quoique la distance qui sépare ces
deux lieux' soit de quatre mois de chemin; peut-
être comptait-on aussi le temps du (retour. Les
habitants indiquèrent six royaumes que l'on tra-
(j) Proceedings , tome I, pages 116—195^
•JO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
versait pour arriver à Timbouctou^sxfovv : Belia,
qui se trouvait le plus proche des Foulahs ; le
second était Èouria, le troisième Manda ^ le qua-
trième Sego, le cinquième SousundoUj le sixième
Oenah (ou Djenné)^ qui se trouvait le plus rap-
proché de Timhouctou (ï). Un coup-d'œil jeté sur
la carte suffit pour démontrer combien la der-
nière partie de cet itifnéraire s'accorde avec la
route qu'a depuis parcourue Mungo-Park; Sou-
mndou est sans aucun doute Sansanding ^ où
ce hardi voyageur s'est embarqué à son second
voyage, et qui se trouve situé un peu à l'est de
Sego.
Les efforts des Anglais pour pénétrer dans
l'intérieur de l'Afrique, éveillèrent l'attention de
tous les savants de FEurope. Niebhur, un des
{})An account of the colony of fUerra- Leone , etc.jin-S**,
1795, pages i85 et igS. Hous n'avons d'antres relations de
cet intéressant voyage que par le court extrait qui se trouve
dans romrrage que nous venons de citer; et dans Leyden,
toœel, page 3i5, édit. 181 7. M. Mcdlien nous apprend qae
MM. Watt et Wintcrbottom , pour pénétrer dans rinlérieiir,
s'étaient déguisés en chérifs ; mais leur stratagème fut dé-
couvert, et, après avoir été détenus comme prisonniers
pendant quatorze jours, ils furent forcés par les Poules y ou
les habitants de Timbou, de retourner à Sierra-Leone, -—
Voyez le Voyage dans t intérieur de V Afrique , tome II ,
chapitre VI, page T12.
PREMIÈRE PARTIE. ^l
voyageurs les plus judicieux et les plus instruits,
crut alors devoir publier, dans un recueil pério-
dique, les renseignements que lui avait donnés
sur l'intérieur de l'Afrique un envoyé du pacha
de TripoU^ nommé Abd-Arrachman-Aga.
Le Niger ou le grand fleuve qui traverse le
pays de XAbyssinie^ si l'on en croit Abd-Arrach-
man, a sa source dans les montagnes ^Abyssi-
nie et coule kïoxx^^ls AfnouçXBornouXi) sont
deux grands royaumes situés le long du Niger y
et peuplés par des Nègres. Les rois de ces deux
contrées sont musulmans. Berghermé elAndamj
deux provinces de Bomou'^ sont, dit-on, peu-
plées par des chrétiens. Les habitants de cette
dernière province ont les dents pointues. Il y a
parmi eux une race, nommé# Jemjeniy qui a
aussi les dents pointues. L'or est la principale
production du royaume XAfhou, Ce royaume
est arrosé par un grand fleuve , que l'on nomme
Goulbiy dans la lUngue du pays; et c'est le même
fleuve qu'on nomme Nil en Barbarie (a). Zanfara
(i) L'auteor écrit Bemou et Sag^ra.
(2) Mai& les noms de Gouibi et de Nil servent peut-être .
à designer toutes les grandes rivières. Gouibi ou Golbi est
le même mot que Joliba^ qui signifie, dit-on, grande eau.
On a dît à M. ^eetzen que Gouibi signifie Mer. Ritchie a
entendu dire, au Fezzan, ^ue le fleuve qui coule à Cache-
nah se nomme Gouibi,
7a RECHERCHES SUR . L AF RIQU E.
est une grande ville entourée de murs, et la
résidence du roi (i). Abd-Arrachman fait men-
tion ÔLjikades (Agadez), de Kanna (Gano), de
Segsker (Zegzer), de Kardi et de Flata. Ghouari
ou Kouar est une province où l'on trouve de
For, et qui dépiend àiAfiiou* Tocrour est la ré-
sidence d'un sultan , qui est aussi vassal de celui
àiAfnou ; il possède les villes ^Andana et de
Mara. Agate est le séjour d'un sultan, à qui ap-
partient Kika^ ville considérable. Kachne{%) est
une grande ville sur la route de Zanfara au Fez-
zan. Dans son territoire on trouve Kogho (3),
KankanUy Kotour^ Kouschij Kiana^ Saghcùii^
Tagamesy et Dcmdudjighi : tous ces lieux sont
désignés par la dénomination de ^éfr/i/, c'est-à-dire
forteresses. TouÈrik est une ville riche et com-
merçante entre Zanfara et le FezzanJje royaume
de Timbouctou (4) est traversé par \e Niger , et
confine avec Maroc; il est très-grand. Le second
domestique de l'aga y était né f mais il avait été
enlevé jeune , et ne connaissait de son pays
(i) Le traducteur d'où j'extrais ceci a mis que Sanfara est
À trois journées de Tripoli, Il est évident qu'il a, oublié un
mot. Je n'ai pu me procurer l'original allemand dans aucune
des bibliothèques de Paris.
(a) Kaschné est probablement Cachenah.
(3) Probablement le Gaoga de Xeon , le Cauga d'£drisi.
(4) L'auteur écrit Tombouctou.
PREMlèjLE PARTIE. ^3
d^autres particularités, sinon qtie les habitants
d'un certain canton, qu'on nommait Flata^
étaient blancs. Timbouctou fait le commerce
^Afnou^ de \ Egypte et de la Barbarie, Godâ-
mes ^^\ est l'entrepôt de Timbouctou ^ de Tunis
et de Tripoli^ est à deux journées de cette der-
nière ville. Le Fezzan en est à quarante jour-
nées. Les marchands et les pèlerins de Bomou^
qui veulent aller en Barbarie, en Egypte ou à la
Mecque, se réunissent à Zanfara avec ceux ÔLuif-
nouy et vont ensemble, par Kaschné et Touarik,
au Fezzan, Ceux qui se rendent en Barbarie vont
à\y Fezzan par Sourkné (i) et Sebati à Tripoli. Et
ceux qui ont Y Egypte pour but de leur voyage,
vont par Oedsjelé au C4xire (a). Bulma, Kouar,
Meddan^et quelques autres petites villes sont dans
la dépendance du Fezzan. Dans tout le Soudan
ou la Nigritie les coquillages ou les cancres ser-
vent de monnaie. On compte trois mois de route
de Tripoli à Zanfara , résidence du roi XAfnou^
en y comprenant les jours de repos de la cara-
vane, qui ont lieu au Fezzan, ^^ Touarik, et à
Kaschné.
(i) Le Sohna de notre carte et de Titinëraire de Venture.
(i) Oedsjelé est probablement \Audgila des écrivains
grecs et romains (iVo/a de Niebhur). C'est YAudjela de
Homemann et de nos cartes.
^4 RECHERCHES SU% l'aFRIQUE.
Tels sont les principaux renseignements don-
nés à Niébhur par Abd-Arrachman-^Aga (i).
Il paradt que, vers 1785^ il vint à Tripoli un
prince de Bornou. La sœur de M* TuUy , consul
anglais, le vit et s'entretint avec lui. Le peu qu'il
a dit du Bornou donne l'idée d'un royaume fer-
tile, puissant et civilisé (a). Vers 1794» M., de
Beaufois reçut des rensdgnements intéressants
sixrTimboiiciou eiHousa^d^un musulman nommé
Schaabeny, dont nous parlerons plus amplement
ci-après.
-La société formée pour les découvertes en
Afrique, à Londres, 'n'avait eu aucune part au
voyage de MM. Watt et Winterbottom ; mais
ce voyage contribua peut-être à tourner ses
regards vers la côte occidentale d'Afrique, et
à lui faire penser que le meilleur moyen pour
arriver à TimèK>uctou était de traverser le pays
qu'arrose la Gambie. Le major Houghton, qui
avait été ccmsul anglais à Maroc, et major du
fort de Corée ^ partit de Pisania en 1791, pé-
nétra dans le royaume de Bambouk y et ré-
(i) Deutsches Muséum Stuck 10, ann. 1790, p. 963 à 1004.
Hartmann , dans sa préface d'Edrisi , a fait mention de cette
relation {EdrisU Afiica , p. xxxix).
(a) Voyage à TripoHj on Relation d'un séjour de dix ans
en Afrique, a vol. in-8**, tome II, page 48«
PREMl&RE PARTIE. ^5
monta vers le nord dans celui de Ludamar :
c'est dan» cette contrée que, trahi et dépouillé
par les Maures, auxquels il s'était imprudemment
confié 9 il périt dans le désert, soit par la main
des assassins, soit par la faim et la soif. On ne
put se procuter aucune des observations qu'il
avait écrites pendant son voyage ; mais -on com-
bina les renseignements contenus dans sa der-
nière lettre, datée du i5 juilfet 1791 , avec ceux
qui furent transmis vers la même époque par
M- Magra, consul de S. M. britannique, et ceux
que Lemprière avait obtenus dans son voyage à
Maroc (i).
Après avoir mûrement délibéré, ce fut encore
par les contrées qu'arrpse la Gambie que la so-
ciété poiur les découvertes en Afrique chercha
à atteindre le but qu'elle s'était proposé. Mungo-
Paric, natif de Selkirk en Ecosse, ayant exercé
la profes^on de chirurgien , était depuis peu de
retour des Indes orientales. Possédé du désir de
parcourir des pays inconnus, il s'offrit au comité
de la société , et fut accepté. Il n'est personne
qui soit resté tout-à-fait étranger aux grands
résultats de son voyage. Mungo-Park partit de
(i) Procêedings of the Association^ etc., 1. 1, pag. 263-
324- — Lemprière , A tour front Gibraltar to Tangier ,
Sallec^ etc. , etc. , in-8% London, 1798 , a* édit, p. 355,
^6 RECHERCHES SUR. l'aFRIQUE.
Pisania^ l'un des établissements anglais sur la
Gambie ^\^ a décembre 1796, c'est-à-dire au
commencement de la saison sèche. Il traversa
les forets qui séparent la Gambie du. Sénégul.
Il pénétra dans le royaume de Bambouk^ vit
dans celui de Ludamar la place- même où avait
péri le major Hougthon, et atteignit enfin, à Sego^
capitale du royaume de BambarrajleJoiiba ou
le Niger. Il vit avec une surprisé et un plaisir
inexprimables ce fleuve majestueux , aussi large
que la Tamise k Londres , rouler d'occident en
orient ses flots brillants des rayons du soleil
matinal : il courut se précipiter sur ses bords,
se désaltérer dans ses eaux limpides, et remercia
Dieu d'avoir permis que .ses longs et pénibles
travaux fussent enfin couronnés du succès. Cet
enthousiasme était légitime. Le premier des Eu-
ropéens , il avait franchi les hauteurs qui sépa-
rent les bassins de la Gambie et du Sénégal de
l'intérieur de l'Afiique, et qui paraissent le plus
grand obstacle aux découvertes : il semblait avoir
résolu le problème géographique qui divisait les
géographes depuis tant de siècles; savoir, si ce
grand fleuve de l'Afirique centrale coulait d'orient
en occident, ou d'occident en orient (i). En par-
— . • • - >
(i) On verra dans notre troisième partie que , sans mettre
en doute la découverte de Mungo-Park , le problême n'est
Tenant jusqu'à. ses rives , MungoPark s'ouvrait
une route vers toutes les contrées de l'intérieur
qu'on desirait connaître. Mungo-Park suivit ce
fleuve jusqu'à Silla. Il apprit dans ce lieu qu'il
n'était plus qu'à deux journées de chemin de la
grande ville de Djenne (Guinée), et à quatre d'un
grand lac nommé Dihbi^ que traversait le Niger.
Il recueillit les renseignements les plus circon-
stanciés sur l'espace qui restait à parcourir pour
arriver à Timbouctou. Il résolut de retourner sur
ses pas en prenant une autre route. Il se trou-
vait épuisé par la maladie, la faim et la fatigue,
presque nu et sans aucun moyen de se pro-
curer des vêtements, de la nourriture et des
abris : enfin les pluies des. tropiques augmentaient
à. mesure que la saison avançait. Bien plus dan-
gereux encore étaient les Maures, dont la puis-
sance se fait sentir quand on est parvenu dans
l'intérieur de l'Afiîque. Leur . fanatisme intolé-
rant et cruel devenait de jour en jour plus
menaçant , et opposait des obstacles de plus en
plus difiBciles à surmonter.
De retour à Londres, Mungo-Park publia sa
relation qui, de toutes celles qui ont paru, jette
pas résolu par cette seule découverte ; parce que ce problème
n'est pas aussi simple que Muqgo^-Park et plusieurs géo-
graphes le croyaient.
78 RECHERCHES SUR JLAFRIQ^UE.
le plus de jour sur les vastes contrées de la Se--
négambie, et a fait naître le plus d'espérances
fondées de voir bientôt se dissiper les ténd^res
qui nous dérobent la connaissance des parties
centrales de l'Afrique (i).
Tandis que^ sous la direction de la société
pour les découvertes en Afrique , Mungo-Park
obtenait de si brUlants succès, un jeune homme
instruit, né avec une fortune indépendante, sans
l'influence ni le secours d'^aucune société ni d'au-
cun gouvernement, mu par le seul diestr de s'il-
lustrer, £orma le bardi pro^ de p^étrer aussi
par l'est dans l'intérieur de l'Afrkjue.
Les voyages des missionnaires portugais en
Abymnie^ pendant le seizième siècle, ceux de
Bruce dans le dix-huitième sîède, avaient à la
vérité procuré de grandes lumières sur ceite
contrée; mais ils n'en avaieiat doniié que de
très-faibles et de très*incertaines sur les riions
centrales de l'Afrique, qui sont à l'cmesi. VAbp^
sinie est réparée de ces contrées par âes mon-
tagnes qui probablement sont au nombre <le8
plus élevées de toute l'Afrique, et peut-^re du
monde efitier (2). Elles mettent de ce çôSié *in
V
(x) Proœedinffs, etc., 1. 1, p. Bli -400. \
(a) Sait, A Voyage ta Ai^sinia^ p. J20. Les 8 et 9 avrlv
M. Sait vit distinctement les neiges sar \t% sommets dl
\
PE£Mlà:]l£ PARTIE. 79
obstacle invincible aux découvertes et aux com-
munications commerciales, qui se font par le
Senfioar^ la Nubie et Y Egypte^ situés au nord de
YAbyssinie, Avant l'établissement de la société
anglaise pour les découvertes en Afrique^ le Kor^
dofsm^^Xxié à Touest du«$6/ii2a<zr,et contigu à ce
rojraume, était la contrée la plus reculée dans
l'intérieur de \ Afrique ^àonl on eût une con*
nabsafice certaine. Bruce avait cependant marqué
sur sa carte le Dur-Four comme un lieu traversé
par les caravanes qui se rendaient au Caire (i).
Ledyard entendit aussi parler du Dar-Four^ dans
les informations qu'il reçut sur^ l'intérieur de
l'Afiique. M. Venlure avait appris au Gofi/vqu'on
transportait tous les ans dans cette capitale de
l'Afrique beaucoup d'esckves du Dar-Foar (a).
Beyeda et à'Amhu-Haï ^ qui font partie de la chaîne de
Samen, à i3 degrés seulement au nord de Téquateur.
Alors, dit M. Sait, le thermomètre marquait 8B degrés à
Fowlbre; le soieil était vertical, et la chaleur était insuppor-
table. Si M. Bmce nie l'existence des neiges en Abyssinie^
c'est ^'il n'a travjersé f|ue la chaîne du Lainalmon , qui est
pen élevée \ ni«s il est fait mention des neiges à'Aèyssif^e
dafisTinse^ption d'AduHs^et dans les Voyages des mission-
naires jésuites les plus instruits. M. Sait nous apprend aussi
qu'en lanfaf^ abyssin, la neige s'exprime par le mot berrit.
(i) Bruce's Travels in Abyssinm, etc.
*^^\, (a) laAaaide f Mémoire sur l'intérieur de V Afrique y p. 3o.
8o RECHKRCHES SUR l'aFRIQUE.
Ces notions étaieiit obscures et vagues, mais elles
étaient précieuses ; car le nom même de Dar-
Four^ au royaume de Four^ parait avoir été in-
connu à d'Anville. Il se trouvait cependant placé
sur la mappemonde de Fra-Mauro , terminée en
1459; et cette contrée paraît avoir été le terme
des connaissances de ce cosmographe vers l'oc-
cident (i).
C'est par leZ?ar-jFottrque le courageux Browne
espéra pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique. Il se
rendit d'abord à Assiout en Egypte : là il acheta
cinq chameaux; il se joignit à la caravane du
Soudan, et partit le a5 mai 1793 (2). Il traversa
la Grande- Oasis qui n'est qu'à deux journées de
marche d' Assiout, et il arriva le a 3 juillet dans le
Dar-Four (3). Mais tous ses efïorts pour pénétrer
plus avant furent rendus vains par la perfidie
et l'avidité des habitants du pays et des nati£s
qui l'avaient accompagné : il fut trop heureux,
(i) Zurla^ Il Mappamondo di Fra-Mauro^ in-folio,
Venezia, 1806, p.^ iSa. — Consultez aussi la carte, à la fin
du volume. M* Vincent a donné séparément, et mieux ,
l'Afrique de cette Mappemonde, dans son ouvragé intitulé :
The Commerce and Navigation of ihe Ancients m the Indian
Océan,
(a) Wv G. Browne's, Travels inAfrica, E§jrpt and Syrict^
in-4°, London, 1799, 1'* édit. p. 184.
(3)Ibid.,p. 189.
PREMIERE PARTIE. 8l
après trois ans d'une sorte de captivité , après
avoir éprouvé une maladie qui le conduisit aux
portes du tombeau, de s'en retourner par la
même route que celle qu'il avait prise pour ve-
nir. Il arriva dans l'été de 1796 à JssiouL Non-
seulement il avait fait connaître , sous les rapports
physiques, moraux et gét)graphiques, un état
dont avant lui on savait à peine le nom; mais il
avait recueilli des natifs de précieux renseigne-
ments sur le Kordofan et le Stnnaar^ qui sont à
l'orient de Dar-Four; sur les royaumes XJfnoUy
de Berghou^ de Berghun^ de BomoUj qui sont à
l'occident de cette contrée; et enfin sur le Dar-
Kulla et le Donga^ qui sont plus au sud, et vers les
sources présumées du Bahr-el-Ahiad ou Rii^ière-
BUmche, qu'on croit être le véritable Nil, Ces
sources, selon les renseignements donnés à
M. Browne, se trouveraient placées à sept degrés
eBfviron, ou /^^o milles géo^aphiques , au sud
de Cobbé^ la capitale du Dar-Four^ dans le Qebel-
eUKumr ou Montagnes de la Lune; et le Dar-
Kulla ^ traversé par une rivière aussi nompaée
Kulla ;l^(vx\ coide vers le. sud - est , serait à 10
degrés ov^ 600 milles au sud-ouest de la même
ville (i). M* Browné s'était même procuré des
(i) Browne's Tra\fels, in-4®, 1799, P* ^*^7 ^ ^t^ ^ et la
carte qiii fait face à la page 180. >y
I 6 '^
8à K£CH£RGH£S SUR LAFRIQUK.
itinéraires de quelques «unes des contrées qui
environnent le Dar^Four^ suffisamment dé-
taillés pour pouvoir être employés par les géo*
graphes observateurs, judicieux et exacts. 11 a,
dans ses remarques sur \ Egypte et la Sjrrie^
rectifié les erreurs et le» inexactitudes de plu-*
sieurs voyageurs célèbres qui l'avaient précédé.
Depuis, cet homme à jamais regrettable, tou-
jours enflammé par son zèle pour les prc^ès
de la science, était parti avec ^'excellents îns^
truments pour Yjâsie'^Mineure et laPer^tf,d3ns
le but de rectifier la géographie de ces contré^^
si intéressantes pour l'histoire ancienne et mo-
derne. Il a été assassiné avec toute sa suite par
des brigands: à peine sa mort fut-elle remarquée
de l'Europe , occupée de ses sanglants débats.
La postérité plus équitable inscrira son nom avec
honneur dans les fastes de la science dont il fut
un généreux martyr.
Aux renseignements qu'il nous a donnés sur
la partie orientale du centre de l'Afrique septen-
trionale, il faut joindre ceux que l'on s'est pro-
curés ea É^jrpte et en Jbyssinie^ par le moyen
des caravanes qui arrivent du Soudan f oxk par
les Nègres mahométans qui se rendent de l'inté-
rieur du continent africain à la Mecque^ pour
acquéi;^r le titre révéré d'hadgi ou de pèlerins.
Ainsi M. Haftiiiton a ohXmi\x,kJsiOuan %nÉgxpt€^
PREMIÈRE PARTIE. 83
de deux pèlerins, quelques notions sur plusieurs
états qui paraissent situés assez loin au sud*"
ouest du Dar^Four^ et dont les noms étaient
inconnus (i).
M. Denon vit à Girgé un frère du roi de Dar--
Four^ qui revenait de VMde. Il apprit de lui que
de Dar-FourkSiouth on comptait quarante jours
de traversée dans le désert. Le sultan de Dar-Four
était en guerre avec Je sultan de Senrumr^ et en
relation d'amitié et de parenté avec celui de Bar-
nou. I^a ville de Timhouciou est au sud-oue^ du
Dar-Four^ sur les bords d'un fleuve qui coule à
l'occident (2). Je prie mes lecteurs de remarquer
cette circonstance, qui, en apparence, se trouve en
contradictîbn avec les observations de Mungo^
Park, mais qui est confonpe avec Tassertion
de VEdrii (3), 3e Léon l'Africain (4), de Mar-
(i) Hamilton's JEgypiiaca^ în-4% London , ch. xn^iv.
(a) Denon , Foyage en Egypte , tome I , p. 809 , édit. ia-i 2.
(3) £dritfi, Africa^ pag. la-ai. — Geogmphia J^ubiensis y
iII-4^ »6»9 » Pî««« 9 - '5,
(4) Dan» R9ma#îo, tome I, paf . i verso, lIou T Africain
s'exprime «inêi : «« Aicani dicono ehe'l dette fipme Niger in~
comincia 4ucire dldla . j^te d'çccidente da certi monti ,
e corrëlhdo verao prieiQ^ ai çonverte in un lago. Il che non
è Tero : peroîo che noi n^vigammo dal regno di Tomhutio
dalla parte di levsmte scorr^ndo per Tacqua fino al regno
di Gfiima y o floo al re|[BO di HeUi; i quali due a compa-
6.
84 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
mol (i), et avec celle de plusieurs relations
modernes dont nous aurons occasion de parler
dans la suite. M. Lapanouse, un des employés
de l'armée française enÉgjrptey s'est procuré, de
différents chefs des caravanes, un itinéraire qui
nous donne des détails très-circonstanciés sur la
route de Siouth au Dar-Four^ et, sur le commerce
qui a lieu entre cet état nègre et \ Egypte (a).
Les renseignements que M. Seetzen a obtenus
au Caire, du jeune Abd- Allah, sont plus utiles ,
puisqu'ils nous donnent un itinéraire qui parait
être complet et exact entre Y Egypte et le Bor--
nou. A l'ouest de Bomou sont Kanem et Affano
(Afnou); au nord, Manderah; à Test, Affadeh,
Mpadé^ Baghermé et fFadey ou Mobbà; au sud ,
Leciwangj Zélkba^ Kato et Sezikket (3).
Mais M. Seetzen a acquis, sur l'intérieur même
de l'Afrique, des renseignements plus précieux
encore , d'un jeune Arabe fellata , natif d'une
ville nommée Ader^ située dans le désert à cinq
razîone di Ton^hutto son verso Ponente. » La traduction fran-
çaise 3e Jean Temporal (iki-8^, Anvers , 1 5 56, 'page 3) dit
tout le contraire. La traduction latine est conforme à Titalien.
(i) Marmol, liv. I, ch. xtii, page S66.
(9k) Lapanbnse, Mémoires surl'Égypie, in-8^, Paris^, ^n xi ,
tome IV, page 77. D'après cet itinéraire, le voyage de 1*-^-
gXpie au Dar-Four est de 5o jours. L'auteur érfrit DétfurA.
(3) Seetzen, Annules des Fayuges, tome XIX, page 17 S.
' PREMIÈRE PARTIE. 85
journées au sud du Fezzan. Les Arabes Fellata
habitent les régions qui sont entre les Touariks
et Haoussa (i). Celui que M. Seetzen interrogea
était d'un brun noir comme les Abyssins. Ader^
où il était né , appartient à un sultan qui dé-
pend de celui ôiAgadez. JSAder à Zanfara on
compte quatre jours de marche, et, selon une
autre manière de compter, huit jours. Sur la
route, on trouve des Fellata et des. Nègres. L'A-
rabe fellata connaissait le grand fleuve nommé
Goulbi^ et il disait que ce mot signifiait une
mer chez les Nègres , qui nomment aussi le
Nil d'Egypte Goulbi (2). L'Arabe fellata dé-
clara qu'il ne connaissait rien sur le cours du
Goulbi qui arrose le Soudan ; mais il connais-
sait Begirma^ Bomou^ et Goubir qui n'est qu'à
six journées de chemin àiAder, Goubir^ qui est
sepWnent à trois journées de Kassena ( Cache-
Pi^ terre des Nègres, est évidemment le Guber
'I" —
(i) Selon les informations données à Burckhardt(7>vip«/^,
etc. , page 4 36 , et le Quarterly-Review , tome XXIII^ p. a34 ,
mai iSao), les Fellata sont une nation puissante dn«So«£?â;/i.*
ceux dans les envirocis àt'Bomou sont mahométand^; mais
la partie de ce penple plps à Tonest est idolâtre : c'est ce qui
met obstacle aux communications entre Timbouciou et
Cachenahy et fait' que çetle. partie de l'Afrique est si peu
comtne des Maires.
(2) Voyez ci-dessus, p. 71, et Ritchie, dans le Quarterfy^
Reyiew^ vol. XXIII , page 234 9 m^i iBao.
86 RECHERCHES SUR LAFRIQUK.
de Léon rAfiicain, de d'Anville, et le Goubour
deDdisle. Kcoîo et File de ii/ei/i\ placée entre les
deux bras prtncipaciK du grand fleuve, étaîeni;
beaucoup plus loin. MeUi est, au sud, le dernier
royaume , connu des Nègres, doù l'on se rende
en pèlerinage à la Mecque, corome on le fait <le
Bj^nné et de Timbauctouy et dont les caravanes
passent par Jder. On traverse , pour s'y rendre ,
Kassenû (Cachenah), f^ogobous,BaajiSy Gurma,
Jattwur, Gonja , Kano^ Bargu , Jirma^ Kuara{i) :
(i) On voit , diaprés cet itinéraire , que la caravane se di-
rige par le Charje^ ou la grande Oasis en Egypte y et joint
\e Nil à Siouth : Bargu est lé Dar-Bèrghou de nos cartes ;
Knara est Kapmr^ nom aiicien, que plusieurs géograpkes
français ont eu tort de faire disparaître des îcartes. à
Texemple d*Arrowsmitfa , qu'ils ont copié. M. Purdy n'a
point commis cette faute dans sa carte d'Afrique , publiée
en 1814. C'est dans le Kawar que Durandi ( Mémoires de
V Académie de Turin ^ 1809) place les Garamantes, M* Saïfc
{A Voyage tù Jbyssiniay in-4**, London, i8i/|,p. 437)^!
Dixan une «aravane qui venait et Dar-Four^ et qui se ren«
dait a la Mecque: elle voyageait defHits trcns mois; elle était
partie de R(l^ en février; elle s était <l*al»ord dirigée trcrs le
sud , pour éviter le peuple an Sennaar avec lequel le Dar-^
Four était «n guerre. La caravane avait passé par Mitchécié
qui est peut-être le Dar-Mitchegan^hAÏnié par lesSckar^a»
ias.Les deux individus de cette carava»e avec lesquels!^ Sait
s'entretint, étaient de purs nègres; ils parl%i^t aeal>e avec
autant ^le facilité que X^faurian^ ou langage de Dor-iPour. — .
FRE;MlèRE PARTIE. 87
tons ces lieux sont eomprîs sous le nom général
de Haoussa, Ce jeune Arabe crojatC que les
Touariks^ a^eç les^^els les Fellatm sont en paix,
s'étendent jusqu'à trois journées de ciiemtii
de VÉgypie. Les caravanes du Fezzan vont an
Bomouj et aussi dans des contrées beaucoup
pkis au sud. Tels sont les rensdgnements im^
portants donnés k M. Seetzen par le jeune
Arabe fellata (i).
Seetzen se disposait à pénétrer lui-même dans
l'intérieur de l'Afrique, lorsqu'il fut enlevé aux
sciences et à la géographiie par une mort pré-
maturée.
Dans cet abrégé de l'histoire des efforts que les
Européens ont faits pour s'avancer dans l'intérieur
deFAfrique, je me vois trop souvent forcé d'attris-
ter «mes lecteurs par les récits de la fin tragique
îux qui ont mis le plus d'habileté et de cou-
fpour réussir dans cette entreprise. Un des
\ jnstement célèbres est Frédéric Hornemann.
Yoyez, à ce stajet, à la page citëe en note , une lettre Se
M. Jrowne à M. Sait. Dans cette lettre, le mot Tocrouri est
donné comme synonyme de Faquir, Dans Edrisi, Léon
VAfricain et Maxmol, ^ocrour est un royaume célèbre de
Vintérieur de TAfrique.
(1) Adehing*s Mrkridates , t, IH, to in Abyss. pag. 146
à i4«. •
88 RECHERCHES SUR l'a£RIQUS.
Fils d'un ecclésiastique , il avait fait à Gôttingue
d'excellentes études. Il avait en outre acquis
des connaissances théoriques et pratiques, dans
les arts mécaniques. Patient et sobre , grand et
vigoureux, d'une constitution brillante de jeu-
nesse et de santé , à-la-fois souple et forte, pleine
de ressort et de vivacité, et qui n'avait jamais
été atteinte par aucune maladie : tçl était Horne-
mann, lorsque dans l'été de 1796 il pria son pro-
fesseur d'histoire naturelle, M. de Blumenbach^
de le recommander à la société de Londres pour
les découvertes en Afrique. Il s'offrit pour être
au nombre des voyageurs de cette société, et fut
accepté. Il résida encore pendant près de deux
ans à l'université de Gôttingue. Il se préparait ,
par l'étude dès langues orientales et de l'astro-
nomie , au grand voyage qu'il voulait entrepren-
dre. Il partit de Londres en février 1 797 ; puis ,
traversant la France, il s'embarqua à Marseille
et se rendit en Egypte. Pour mieux s'instruire
dans la langue et les habitudes des Arabes, il
54Journa pendant quelque temps au Caire ^ se fît
circoncire , et passait jpour un mahométan. Il se
mit en route, le 5 septembre 1798, avec une
caravane qui se rendait au Fezzan par le désert de
Libye. C'est de Mourzouk , la capitale du Fezzan ,
qu'il a envoyé la relî^^tion de i^on voyage, et tous
les renseignements qu'il avait pu recueillir sur
PftEMliR£ PARTIE. 89
l'intérieur de TAfrique. Le 6 avril 1800, il écri-
vait de cette ville qu'il était sur le point . de
partir avec la caravane qui se rendait au Bomou.
Depuis on n'a point reçu directement de ses nou-
velles. , Quelques rapports vagues et incertains
firent concevoir un instant l'espoir qu'il était
retenu prisonnier dans le Bornou ; mais des
détails plus récents et plus précis ne semblent
laisser aucun doUte sur sa mort^ ni sur la perte
de ses papiers.
La relation du premier voyage deHornemann (i)
au Fezzan nous a mieux fait connaître cette con-
trée et les oasis de Si<vah et A'jdudjelahj ainsi
que la partie du désert qui sépare V Egypte du
Fezzan ; elle justifie les espérances que l'on avait
conçues de ce voyageur, et augmente encore les'
regrets que sa perte a fait éprouver. La traduc-
tsiCtR française dé' cet ouvrage a donné occasion
àil:|Ktant qui l'a revue (2), de publiçr un itiné-
raire de Tripoli ^n Fezzan , rédigé par un Tripo-
litain , dont les géographes qui ont dressé dans
ces derniers temps des cartes d'Afriijue oïit
ignoré l'existence ou méconnu Futilité.
(i) The Journal of Frederick Hornemann*s Travelsfrom
Cairo to MourzoùJt, in- 4^, i8oa,
(a) L'auteur avait écrit originairement sa relation en
allemand , et elle a été publiée dans cette langue. Le tra-
90 RECHERCHES SUR LAl^RIQUE.
La société de Londres , ayant peu d'espoir de
voir s'effectuer le retour si désiré de M. Home-
mann, écouta les propositions de M. Nidiolis^
qui croyait pouvoir pénétrer dans l'inUérieur de
l'Afrique, en partant de Caiabat dans le gotfe
de Bénin. M. NichoUs y arriva en janvier i8o5.
On avait appris que les habitants du Claiaéar{i)
trafiquaient dk«ecten)ent avec le pays de Haoussa^
situé à l'est de Timboucêou.
M. NichoUs commença son voyage, en ï8o5,
en remontant la rivière de Cakd^ar^ que quel-
ques géographes croi^t être ie Joliha ou Niger^
qui, après avoir cotilé pendant quelque temps
vers Test , se reploie ^à l'ouest et se jette dans
le g<d& de Bénin {%). Lors même qu'on n*aur
'rait pu réussir -à s'avancer dans l'intériettr de
l'Afrique, la connaissance du cours de la rivière
de la Calabar et de totfte cette contrée, qu'on
n'avait point encore explorée , eût été une ac-
ductear aoglais a fait plusieurs eontre-sens , ^q\ ont été
corrigés dans la traduction française faite sous les yeux de
M. Langlès, a v. in-B**, Paris. — Nous avons fait usage de
l'itinéraire pour notre carte. Toyez ci-après.
(i) Proceedin^gs of the Association for promoting the dis-
coveries in the intefior ofAfrica^ tome II, page 38a.
(a) Voyez M. Bjeicfasird> Annales des Voyage , tome V,
pag» a 1^-244.
PREAIIÈRE PARTiE. 9I
qutsition préc^ase pcmr la géographie. Mais, par
une fetalité qui semble attachée à toutes les en*
tpeprises de découvertes en Afrique, M, Nicholls
mourul; de la fièvre.
Un jeune allemand nonrnié Roentgen, recom*
mandé comme Home^nann par le professeur
Blumenbadi ii sir Joseph Banks , fut envoyé
à Mogador au commencement de 1809, dans
le dessein de, pénétrer à Timbouctou. Il cacha
pendant long-temps son nom et sa mission.
Il s'était soumis à la 'circoncision, avait appris
l'arabe^ et prétendait se faire passer pomr mu-
sulman. Il partit de Mogador avec deux guides
pour aller joindre la caravane du Soudan. Quel*
ques jours après, son cadavre fut trouvé à pefb '
de distance de la ville. Il est probable qu'il a'
été assassiné par ses guides (i).
Le comité de l'association cessa p^idant quel*
que temps d'envoyer des voyageurs en Afrique;
mais il continua de prendre tous les renseigné-
(i) Annales des Voyages^ de la Géographie et de l'Histoire^ *
tome XVH,pagc ^gS. — Leydcn's Historical account x^ the
discoverieit and Travels in Africa^ édît. 181 7, tome I,
page 434 ; et Grey Jackson , An account qf Timhuctoo and
Haoussa, i8tào, in-8®, p. 4^*5.— Quarterly-Review 1S17,
vol. XVII, p. 321. Il paraît, d'après ce-.^uç dit le journa-
liste, que Roentgen n'était pas employa par le comité de
l'association, mais par le gouvernement même. '
9a KECHERCHES SUA LA.F11IQUE.
méats qui pouvaient concourir au but de son
institution. Déjà en i8o4, M. Cahill de Rabat
lui avait transmis ceux qu'il avait reçus du dié*
rif Hadji'Mohammed, qui résidait au Puits d'^-
roanj à deux ou trois journées de Timboudou,
Selon ce ehérif, les Nègres de Bambarra^ dont
la capitale est 56go, s'étaient emparés de Timr
boudoa en avril 1 8o3 , et avaient enlevé le gou-
vernement de cette ville aux Maures, qui y
résidairat cependant encore et y faisaient le
commerce sous la protection de ces nouveaux
dominateurs. Le Niger ou Joliba coule à Test.
Entre Silla et Ghinnjr ou Guinée le voyage n'est
que de deux journées. On met dix jours à se
rendre de Ghinny à TimboucioUy en vcfyageant
par terre. A l'est de Kabra^ qui est le port de
Timboudou et qui en est éloigné de cinq à six
heures de marche, le 6euve coule à Bouiou^i^
est le port de i7aoaj;sa et de CocAeno^ De iCa&fii,
le port de TimboucJlou ^k Agadez vo^ le nord,
qui est une ville nègre composée de cabanes de
roseaux, on compte huit joius de mardie; d'>/-
godez (i) à Humbriy quinze jours de marche;
de Hwnbri à Bauiau , le port de Cachenah et
de Huoiissaj on compte vingt on vingt -cinq
(i'; Oa ne doit pas confondre cette Tille à'J^adn avec la
eapîtade û'Mét^i ce nf ^at être la m^e. oo il y a enear.
* PREMIERE PARTIB. qS
jours de marche. Le peuple de Boutou se rend
par eau à TimbouctoUy pour y vendre des toiles
teintés en bleu. A l'est de Boutou^ le chérif
Mohammed ne connaît rien sur le cours du
Niger. Seulement il savait que la navigation en
est interrompue par des chûtes ou des cataractes;
et les habitants de Hutérieur de l'Afrique croient
que, le Niger est le Nil ôl Egypte^ ou que du
moins il se jette dans ce fleuve. Tels sont les
renseignements donnés par le chérif Moham-
med (i).
M. Grey Jackson , consul anglais à Mogador^
donna au cpmité^en i8o5^1es notions qu'il avait
obtenues de deux savants musulmans, et que
depuis il a développées avec plus de détails, en
1 809 , dans sa description de l'empire de Maroc (a)
et dans un ouvrage récent. La ville appelée Tim-
bouctou par les Arabes , et Timoucatouh par les
Téhilous (3), est à dix milles anglais, selon
ç ■
(1) Proceedings oftheAfrican cLssociation y tome II, pages
3aa - 324.
(2) Proceedings of the Jfrican association , tome II,
page 369. — Jackson's Account of the empiré ofMarocco ,
London, in- 4% 1809, pages 287 - 262. — An account of
Timbuctoo and Haoussa hy El Hage Salam Schaabeny^ etc. ,
by J. Grey Jackson, 1820^ in-8% page^ 443 et 446.
(3) Ce sont*des barbares qut occupent la partie méridionale
de \ Atlas j et qui s'étendent dans les plaiifés dés deux pro-
94 RECHERCHES SUR LAFRIQUE. ^
M. Jackson, de Kàbra, qui est sur les rives du
Niger. Timbouctou est sous la domination du
sultan nègre ait Bambarra y qui réside à Djenné
ou Guinée : Timbouctou est gouvernée par un
canseil ou divan de douze Alumna ou docteurs
mahométans. A Djenné et à JFimhonctoUy le
Niger déborde régulièrement. On voit dans ce
fleuve des hippopotames (i); et les éléphants
abondent dans les contrées adjacentes. Entre
Timbouctou et Càckenah, que Ton appelle Beè^
Haoussa ou entrée de Haoussa (a) , est une race
d'hommes parttculi^s que les Arabes, pour la
blancheur, comparent aux Anglais (3). A quinze
journées à l'est de Haoussa , est un lac immense
qu^on nomme Bahar-Soudan ou mer duSoudan.
Ses bords sont très-peuplés, et on y copstruit
vînces à^Suz et d*^a^.— Voyez le Mémoire de M. Dupuis^
à la suite de la Relation d*Adam, page 276 de la trad. f!r.
. (i) Ainadi-Fatouma et Sidi-Hamet, dans Riley , attestent
aussi- Texistçnce de rhippopotame dans le Soudan.
(a) M. Purdy a adopté cette assertion, et loi a donné place
sur sa carte; mais je crois que c'^st à tort: le Beb'H<wsjsa
ou la lin^te dupaysdelTaou^^a est limitrophe de Cnehenah;
mais il y a des Vnotifs de croire que ce sont des contrées dif-
férqptes.
(3) UiT girand nombre de témoignages concourent à
constater l'existence d'une race de blancs dans riolérieur
de rÀ^frique. Voyez Bowdich, p* i87«
PKSMIlkliE FARTIC. g5
des vaisseaux. Les Arabes assurent qu'il existe
une communication par eau entre Timbouciou
et le Caire. Tous croient que le Nil qui coule
à Timbouciou est le même fleuve que le Nil
^Egypte. Pour se rendre de Timbouciou au
Caire 9 on préfère aller par teire; et le transp<»t
des marchandises, par le moyen des caravanes,
est moins coûteux que par eau. On a cependant
di|tà M. Jackson q^i'en 1780 dix-sept nègres de
D/enné (Guinée) , parlant arabe et pouvant lire
le Koran, s'embarquèrent dans un canot, et se
rendirent à 7V//2^02/c^ou pour commercer: après
avoir échangé leurs marchandises, ils continuè-
rent à naviguer vers l'est, et arrivèrent au Caire.
Ils racontèrent qu'entre Timbouciou et le Caire
ils avaient vu plus de douze cents \illes , bâties
sur les bords du fleuve , et garnies de mosquées
et de tours* Dans trois endroits différents le Nil
étsdt^ si peu profond à cause des canaux de dé-
rivation qu'on avait pratiqués pour arroser les
campagnes environnantes, qu'ils furent obligés
de transporter leur canot par terre, jusqu'à ce
qu'ils trouvassent assez d'eau dans le fleuve pour
naviguer. Ils furent aussi arrêtés par trois ca-
taractes considérables , dont la principale est à
l'entrée du pays de Quangara ; c'est là un des
endroits où ils furent obligés <^ transporter
leur canot par terre. Quand iKle remirent à flot,
96 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ce fut dans un lac immense [Merdjà) , dont on
n'apercevait pas les bords. Us virent , sur les rives
du Nilj des hippopotames (i) et des crocodiles,
et, dans les forets environnantes , beaucoup d'é-
léphants. Au Caire ils se joignirent à la grande
caravane de Vouest nommée u^Mabah^el-Garbie y
et arrivèrent à Maroc. Ils repartirent ensuite
avec la caravane èiAkka^ qui les conduisit à
Djenné ( Guinée ) , leur patrie , dont ils avaient
été absents pendant trois ans et deux mois. Tels
sont les principaux renseignements qu'a obtenus
M. Grey Jackson (q).
Us coïncident presque en tout avec ceux que
M. Badia , ou Ali-Bey , a reçus vers le même temps
en i8o5,'et dans le même pays, de Sidi*Math-
Bouhlal, frère du.cheyk nommé par l'empereur
pour gouverner la caravane de Xz Mecque. Bouh-
lal avait résidé plusieurs années k' J'imbouctou
et dans d'autres pays du Soudan. U affirme aussi
que le Nil-Abid^ ou le Nil des Nègres^ coule à
(i) Voyez ci^ dessus, p. 94.
(2) Proeeedings of the Association for promoting tke
discovery of the interior parts of j^rica,Yo\, II, p. 366.
— J. Gfey Jackson, An account of the empire ofMaroccOy
în-4% 1809, chap, ^iii, p. 2^7 à 266, et p. 3i2 de la 2*
ou 3* édit. — et Schaahenj*5 account of Timhuctoo and
Housa, etc., i8ao , in-8**, p. 444.
PREMIÈRE PARTIE. Q-y
l'est , que tous les ans il déborde pendant la
saison des pluies, inonde le pays et ressemble
à un bras de mer; que Vers l'intérieur il forme
un lac immense {Bahar)^ sur les bords duquel
les barques des Nègres naviguent quarante-huit
journées de marche, mais sans apercevoir la
terre opposée. On rapporte, selon Boublal, que
cette mer communique avec le Nil di Egypte;
niftis il n'y a rien de certain sur cela. On ajoute
que Haoussa ^st une ville extrêmement grande
et bien peuplée, à l'est de Timbouctou[i), et
qu elle est très-civilisée .
Pendant qu'on recueillait tous ces rapports
incertains, et qu'on faisait des tentatives infruc-
tueuses et presque toujours funestes, le plus
célèbre des voyagèiu'S en Afrique, celui dont
les efforts avaient obtenu les plus grands résul-
tats, Mungo-Park était retiré en Ecosse sa patrie.
Là il eut occasion de s'entretenir avec M. Max-
well, qui avait souvent navigué pour les affaires
de son commerce dans la rivière du Congo. Tous
deux pensèrent, d'après diverses indicattions , que
ce fleuve dont on ignorait la source était le /o-
liba ou Niger, qui, après avoir coulé vers Test,
se détourne aji sud-ouest. Ils exposèrent leurs
(i) Forages d'Aly-Bey elÂhassi^ in-S-^, 1814 1 1. 1, p. 388.
Bouhlal nomme cette ville Tômhut^ et non Timbouctou.
7
98 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
idées, non à la société pour les découvertes en
Afrique^ mais au gouvernement méine. Leur
projet de voyage fut approuvé par ceux qui ré-
gissaient le département des colonies. On donna
des ordres au gouverneur de Corée pour cette
expédition, et Ton y consacra une somme de
cinq mille guinées (120,000 fr.)
Mungo-Park partit donc de OVjrij petit village
près de P«a/im,le 27 avril i8o5, et se dirigea
vers le Niger par une route plus courte et plus
directe que celle qu'il avait suivie dans son pre-
mier voyage. Ce fut le 19 août que du haut
d'une colline, près de Bambakou^ il vit pour la
seconde fois le grand fleuve du Soudan couler
dans la plaine, vers l'orient. Mais il semble
qu'avec des moyens plus abondants et une es-
corte plus nombreuse , Mungo-Park ait dédaigné
cette fois la prudence qui l'avait si bien servi
dans sa première expédition. Il s'était mis la
seconde fois en route pendant la saison des
pluies. Aussi, lorsqu'il arriva à Sansanding (i) ^
ville siCùée sur* les bords du JSiger et dont la
population est d'environ onze mille âmes , il
(i) Ce nom de Sansanding doit être appellatif; cap
on retrouve un lien nommé Sansanding, sur la roule de
Mnn^-Park, à Test de la Faieméj dans le jroyannie de
Saiadou.
PR£MlèRE PA.RTIE. 99
avait perdu par les maladies la plupart de ceux
qui raeoempagnaient. Il ne lui restait plus qae
quatre hommes. Toutefois il s'embarqua sur le
Niger, à Sansanding , le 17 novembre i8o5,
pour s'enfoncer dans l'intérieur du Soudan;
mais il eut la précaution de confier son joiirnfil
et ses papiers à un de ses nègres nommé Isaac,
et il lui ordonna de retourner aux établisse-
ments anglais à l'embouchure de la Gambée.
En 1806, des bruits sinistres commencèrent à
se répandre sur la fin malheureuse de Mungo-
Park. On envoya le nègre Isaac à sa rencontre.
Celui-ci fiit de retour en septembre 1 8 1 1; il avait,
à ce qu'il disait, trouvé à Sansanding Amadi-
Fatouma, qui s'était engagé à servir de guide à
Mungo-Park. Amadi-Fatouma remit à Isaac un
journal écrit en arabe, qui contient le récit du
voyage de Mu«go-Park sur le Niger jusqu'au-
delà de TimbouctoU^ à un endroit du fleuve res-
serré entre des rochers, où il fut assassiné. Qn a
* suspecté la véradifcé de ce journal; mai» la calas-
trophe qu'il aamooïtîe ne paraît que trop .cer-
taine, et a été cc^firmée par d'autres rapports
qui ne iai&sent plus aucun sujet d'en douter (i).
(i) Mungo Park's Second Jcfarney, Londpn, În-4**,'i8i5,
p. »t4. — Leyden's Hin^càl aceoum, t.ll^ p. 4^8-467.
— JBodwich'», Mission to A$hantee^ dans l'Appendice; et
7-
lOO RECHERCHES SUR I'aFRIQUE.
Tout ce que Mungo-Park avait écrit sur ce
dernier voyage a été publié tel qu'il l'avait en-
voyé, avec une louable fidélité. Sansanding^ le
dernier terme de ce second voyage, étant près
de Sego , n'est pas encore aussi avancé vers l'o-
rient que ^///a, jusqu'où Mungo-Park était pré-
cédemment parvenu ; et , sous ce rapport , on
peut dire que son second voyage ne renferme
aucune découverte nouvelle : mais il a été ce-
pendant d'une grande utilité pour les progrès
de la géographie. Outre qu'il a confirmé ce
que le premier avait fait connsutre sur l'exis-
tence d'un grand fleuve qui coule vers l'orient ,
Mungo-Park , étant pourvu d'excellents instru-
ments , a déterminé par des observations la
latitude de vingt-trois stations, et la ïongitude
de quatre ; par ce moyen nous avons pu tracer
avec exactitude la route qu'il avait parcourue,
et même rectifier la géographie de son précédent
voyage. Par les informations qu'il s'est procurées
d'un vieil Africain qui avait fait sept fois le
voynge de Timhouctou et qui y retournait pour
la huitième fois, Jtfungo-Park ne nous a plus
laissé de doute jsur l'existence du hj^Dibbie^ et il
nous a donné de nouvelles lumières sur les ri-
Jackson's Shaaheny's account cf Timbuctoo and Homsa ^
i8ao, iu-8% p. 400 à 4x5. '
PREMIÈRE PARTIE. ^ JOI
vières qui s'y jettent et sur celles qui en sortent.
Selon le dessin tracé par le vieil Africain, il pa-
raît que la plus grande étendue du lac Dibhie
est du nord au sud; qu'il reçoit de l'ouest le /o-
Uba^ et le Bd-Nimma (i), lequel se grossit du
Miniana^ avant de se jeter dans le lac. Les ri-
vières qui coulent à l'est du lac, forment une île
nommée Djinbala. Tout ceci s'accorde avec ce
que Mungo-Park avait appris dans le premier
voyage. Mais le vieillard africain plaçait sur son
dessin Djénni ou Guin sur le Bâ-Nimma : aussi
Mungo-Park dit-il, d'après ce renseignement,
qu'il ne verra pas Jenni en allant à Timbouctou;
ce qui semble être une erreur, puisque Amadi-
Fataouma, lorsqu'il s'embarqua pour servir de
guide à Mungo - Park , se rendit en deux jours
de Silla sur le Niger à Djénni (a). Ce der-
nier renseignement paraît confirmer ceux qu'on
a obtenus précédemment sur la situation de
Djénni.
Mungo-Park termine son journal par les iti-
néraires qu'il s'était procurés sur les routes qui
cpnduisent de Sego dans le pays de Miniana et
■'■!■' ' ' ' ■ '■ ' ■ " ■ Il H»»i ■ ■■ ■ I I II —— — I I m '
(i) Mtingo-Park, Bd signiAe fleuve ou mière, en lan-<
gage da pays ; ainsi JoU-Bd, ou DjaU-Bdy signifie la rivière
Joli y ou DjaU.
{il) Journal ofa Misdon to éie interioro/Afiica^ London ^
1820, in- 4^, pages i65 et ao8.
lOa RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
de BadoUj et qui sont au sud et à l'est du
Bambdha. Malheureusement ces itinéraires ne
contenant que des noms, il est difficile d'en faire
usage pour la géographie. Ils nous apprennent
cependant qu'il y a sept jours de marche , et
sept villes ou stations^de Sego à Miniana; que les
habitants de ces contrées sont anthropophages ,
c'est-à-dire qu'ils mangent leurs ennemis tués
à la guerre et les étrangers morts dans le pays.
On compte trente stations entre Sego et Badou;
ce qui semble indiquer trente journées de mar-
che entre ces deyx lieux : mais ce n'est qu'après
la vingt-huitième station qu'on sort du Bambarray
' et qu'on arrive à Totti^ et ensuite à Badou,
capitale du pays de ce nom. Avant d'arriver
dans ce dernier lieu , on passe par le pays des
Jouli qui entendent le langage des Miniana ,
et des Badou qui sont employés comme mar-
chands et comme interprètes pour ces contrées.
Après trente jours de marche au sud de Badou,
à travers le royaume de Gotto^ on arrive au
pays des Chrétiens , qui ont leurs maisons sur
les bords du Ba-si-fina. Le Ba^si^fina présente,
dit -on, une étendue d'eau incomparablement
plus grande que celle du lac Dibbie, Cette eau
coule, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre : ceci
.nous indique que Badou est à trefite jours de
marche des établissements européens sur la
PREMIÈAE PARTIE. îo3
Côte 'd'or ou de Guinée^ où l'Africain qui a
donné ces renseignements à Mungo-Park a ob-
servé pour la première fois exactement le phé-
nomène du flux et du reflux, Il faut se garder
de confondre le Ba-si-fina avec le lac du Sou--
dan^ ainsi que l'a fait M. Jackson; erreur d'au-
tant plus singulière, qu'indépendamment de ce
que la position du Ba-si-fina de Mungo-Park,
par rapport à Badoû , s'oppose à ce qu'on puisse
se méprendre, M. Jackson remarque lui-même
que ces mots Ba-sifina sont la corruption des
mots arabes Bahar-Sifina^ qui signifient mer
des vaisseaux (i). Mungo-Park termine en di-
sant qu'il n'y a point de Schea (chi) ou d'arbres
à beurre dans Kong ou Gotto; ce qui semblerait
indiquer que ces deux derniers noms s'appli-
quent à une même contrée.
Isaac, qui fut envoyé à la recherche de Mungo-
Park, s'arrêta à Sansanding^ et il ne fournit dans
son journal aucune nouvelle notion. Le récit
d'Amadi-Fatouma , qui vint joindre Isaac à San-'
sanding y le lo octobre 1810, contient le peu
qu'on a pu apprendre de la fin malheureuse de
l'expédition de Mungo-Park ; il nous conduit de
I I '■ ■ I i.i» , I I II I II I II
(1) MungcKPark , The Journal of a Mission to the inte-
rior of Jfrica^ the year^ i8o5, p. 168. — Jackson's
Shaaheny's account of Timbuctooy p. 45o, 4Sx 9 Ifi^^
I04 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Sansanding à Silla^ de SUla à Guin ou L^'enni,
ensuite à Dibbie, qui est nonuné Sibby; de là à
Timbouctou; ensuite à Gouroumo^ puis à la ré-
sidence du roi Gotodji; après avoir traversé ses
états, on trouva un hippopotame, et sur l'autre
rive un fort parti de la, nation des Poules (i) :
la route se dirige ensuite de Kaffo à Karmassi; de
là yn passe à Gourmon et à Yaour^ et Ton arrive à
Boussaj où Mungo-Park fut tué. Quoique ce récit
soit fort obscur et incertain, cependant n'oublions
pas de faire observer que, sur la carte de d' An-
ville, comme siu* celle de Delisle, on remarque
au sud-est de Timbouctou les noms de Comui'
chy^ de YaouH et de Bousa^ qui indiquent trois
positions contiguës : il n'est guère possible de
douter que ce ne soient les villes de Karmassi ^
de Yaour et de Boussa^ dont il est £adt mention
dans le récit d'Amadi-Fatouma.
J'ignore si le colonel Boutin,qui fit en 1812
un voyage de découvertes, se proposait de pé-
nétrer plus avant , ou s'il s'est procuré des ren-
seignements sur l'intérieur de l'Afirique. Comme
(i) La présence de Plûppopotame dans le Soudan s'ac-
> corde avec le récit fiiil à M. Jackson ; et celle de la nation
des Poules avec les renseignements donnés à M. Mollien
( Voyage dans Vintérieur de V Afrique ^ tome I, p. 219), et
aussi avec Ibn-Batouta. — Voyez ci-dessas , page 26.
PREMIÈRE PARTIE. Io5
le colonel Boutin a été assassiné dans les mon-
tagnes de Syrie y tout ce que nous savons de
son voyage se trouve renfermé dans une lettre
fort courte de M. Barbie du Bocage à l'auteur
du Magasin encyclopédique (i). Cette lettre,
qui donne des détails intéressants sur Swahy
et sur la partie du désert comprise entre Siwah
et la deuxième oasis, ne contient rien de relatif
à l'objet qui nous occupe.
Mais, en 1810, un matelot américain, xiommé
Robert Adams , fit naufrage sur la côte occiden-
tale d'Afirique , un peu au nord du Cap-Blanc ;
il fut fait esclave par les Maures, et emmené
dans l'intérieur de l'Afrique. Si l'on en croit ses
récits , il a été conduit à Timhouctou , et y a
résidé cinq mois. Cette ville, selon lui, est située
dans une plaine très -unie, à deux cents pas
environ au nord -ouest d'une rivière nommée
sur les lieux la Marzarah , qui peut avoir
dans cet endroit trois quarts de mille de lar-
geur, et qui coule au sud -ouest (a). Remar-
( i) Magasin encyclopédique , anAléè 1 8 1 3 , tome I , p. 1 29.
Le colonel Boutin a laissé des itinéraires en Orient , et di-
vers écrits qui sont restés manuscrits , et qui sont conservés
an Dépôt des fortjfications.
{*k)The Narrative of Robert Adams m Sailor, London, 18 16,
p. a5, €t p. 53 de la traduction Crançaise, in-8°, tljris, 181 7.
— Voyez ci- dessus^ page 83.
106 RECHERCHltS SUR l'aFRIQUE.
quons que, d'après les premiers renseignements
obtenus par la société pour les découverte^ en
Afrique , de Sidi-Inhammed et Ben- Ali , il était
dit que le Nil ou la rivière près de Tinibouctou
coulait vers l'ouest, et se nommait Gnewa ou
Noire (i).Abd-Arrachman, ainsi que nous l'avons
déjà dit , assura aussi à M. Niebhur que la rivière
de Timbouctou coulait à l'ouest. Léon l'Africain ,
qui a navigué de Timbouctou à Djenni ou Gui--
née^ le xlit d'une manière plus positive encore.
Nous aurons plus d'une occasion de faire ob-
server à nos lecteurs les contradictions qui
existent sur ce point , le plus important de tous.
Adams s'accorde aussi avec M. Jackson sur le
nom de WouUo que portait le souverain nègre
qui régnait alors à Timbouctou et dans le Bam-
barra. Adams assure que Timbouctou est actuel-
lemeiit au pouvoir des Nègres idolâtres , et que
les Maures mahométans qui viennent y faire
le commerce sont désarmés avant d'entrei: dans
la ville : à cjrt égvd son récit concorde avec
celui de M. Cahill, que nous avons rapporté
précédemment, ainsi qu'avec celui qui a été
fait à M. Riley, dont nous parlerons bientôt (ot).
«
(i) James-Grey-Jac^son's Account of the empire of
MamccOj p. 253.
(7) J. Riley's Loss qf the American Brig of commerce ,
PREMIÈRE PARTIE. IO7
M. Dupuis, vice* consul anglais k Mogadorj
qui, le premier, interrogea le matelot Adams,
croit cependant, d'après les renseignements qu'il
a recueillis d'ailleurs, que, malgré l'assertion de
ce matelot , les Nègres de Timbouctpu sont ma-
hométans , et qu'il y a dans cette ville plusieurs
mosquées : Adams déclare n'en avoir vu aucune ,
et n'a nulle part entendu prononcer le nom
de Joliba^^n général , Adams montrait d'ailleurs
une grande ignorance , et l'insouciance qui est
commune à presque tous les hommes de sa
profession : ses récits sont toujours vagues et
souvent contradictoires ; mais du moins ils sem-
blent porter tous les caractères de la bonne
foi , et sous ce rapport ils méritent attention.
L^éditeur de sa relation , M. Cock , dans l'ana-
lyse qu'il a donnée de la carte qui l'accompa-
gne, dit qu*il a appris- de quelqu'un qui a. fait
une longue résidence au comptoir de Lagôs,
et dans d'autres établissements anglais sur W
Côte de Bénin ^ que les marchaadi de Haoussa
venaient fréquemment à Z^lg^o.y, avant rabolition
de la traite des Nègres, et qu'ils s'y rendent
même encore. On met quatre mois pour aller
de Haoussa krUi côte du Bénin: ceux qui ont
Jn-4**, London, i8i7,p.N^64. — i2ic\soa's ^aabeny't
account of Timbucto&, 1820, in-80, p. 44i« *
Jo8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
dit avoir fait ce voyage n'annoncent point avoir
rencontré sur leur route aucune chaîne de mon-
tagnes ; mais seulement ils ont été obligés de
franchir un grand nombre de rivières, ainsi que
des marais et des lacs considérables, qui retar-
daient leur marche, parce qu'on les traverse sur
des radeaux, et que les propriétaires de ces ra*
deaux ne veulent faire le trajet que lorsqu'il y
a un fret suffisant. Les principales nations que
l'on trouve sur la route sont les Jous , et plus
près de la côte les Jlnagous et les Mahis dans
le voisinage de Dahomey (i).
M. Dupuis déclare aussi dans l'aj^endice de
ce voyage, qu'un Nègre de Bambarra^ acheté à
Tiihbouciouy lui avait parlé d'une nation puis-
sante de l'intérieur, nommée Gallo ou Quallo^
où on l'avait transporté comme esclave, nation
qu'il lui représenta comme plus avancée que
les autres dans les arts et la civilisation. Ce pays
doit être au sud-est de Bambarra, A-peu-près
à trois journées en-deçà de la ville capitale des
Quallo est un lac considérable, ou plutôt une
(i) The Narrative of Robert Jdams] p. xxxrij , et p. 28 de
la trad. franc. Ce rapport est contredit par M. Bowdich ,
Mission to Aslmntees ^ p. 224-226, et il nous a remis une
note qui semble en démontrer la fausseté : mais nous n'avons
pas dû omettre cette portion de la narration d'Adams; car
notre )mf, dans cette partie de notre ouvrage, est seule*
ment de recueillir les témoignages. *
PREMIÈRE PARTIE. IO9 ^
rivière, qui communique avec le Niger^ et dont
ce nègre profita depuis pour effectuer son éva-
sion; ce qui semble confirmer ^existence du
grand fleuve nommé Quolla , dont M. Bowdich
a le premier donné connaissance , et dont nous
parlerons plus amplement ci>après. Tels sont les
seuls renseignements dignes d'attention que ren-
ferme , sur cet objet , la relation d'Adams.
Peu de temps après (en 1817) parut le Voyage
de Riley, subrécargue d'un vaisseau américain,
qui a aussi fait naufirage sur la côte d'Afrique,
en juin i8i5; tous les gens de l'équipage furent
pris, et emmenés comme esclaves par les Maures
dans l'intérieur, L'Arabe auquel M. Riley était
tombé en partage avait fait plusieurs fois le
voyage de Timbouctou, Il a donné à son ancien
esclave, devenu libre par le paiement d'une
ferle rançon, les détails qu'il pouvait désirer,
et M. Riley les mit par écrit.
Sidi«-Hamet a dit qu'il avait fait d'abord le ^
voyage de l'intérieur de l'Afrique^ il y avait en-
viron dix ans (vers i8o5). Il était parti de
Oi/oA-iVoM/i, dans l'état àeSuz^'àwecune caravane
chargée de toutes sortes de marchandise^ de
l'empire de Maroc ^ et composée de trois mille
chevaux et de hmt cents hommes , commandés
par le cheyk Ben - Soleïman de fFald^jpn ou
ff^oled-^Ddeim. Le récit de Sidi-Hamet e$t moins
/ IIO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
incohérent , mais presque aussi vague que celui
du matelot Adams. La caravane , commandée
par Soleïman, s'arrêta dix jours dans le désert;
puis, après vingt-deux jours de marche (non
compris les jours de repos), elle arriva à un
lieu nommé Bihlah^ où il y avait de l'eau. La
caravane s'y arrêta sept jours, et se dirigea au
sud-ouest; après vingt autres jours de marche
on parvint à«un autre lieu nommé Kibir DJibl
Dans cet endroit , nouveau repos. I^a caravane
ensuite se rapprocha de la côte , et arriva enfin
dans le Soudan^ chez les Arabes Bessebes^ pro-
'bablement les Libdessebas des cartes.
Enfin la caravane parvint à Timbouctou : elle
n'entra point dans cette ville; mais, après qu'elle
eut déposé ses- armes , il lui fut permis de cam-
per près de ses murs, dans une vallée profonde.
' On trafiqua ensuite avec les Nègres , qui don-
nèrent de la poudre d'or, des bagues en or, de
la gomme, des dents d'éléphant, de beaux tur-
bans , et des provisions de toute espèce , c'est-
àrdire du Wé, du riz et de l'orge. La caravane
donna en échange , du fer, du sel , des couteaux,
du drap bleu et bknc, de l'ambre, du tabac ^
des mouchoirs, de soie, des épices et diverses
autres denrées, et aussi des vaches, des ânes et
des moutons. < ^
. La petite rivière , ou plutôt le ruisseau , qui
PREMIÈRE PARTIE. 1 1 I^
coule près des murs de Timbouctou ^ éUit à
sec; et Ton était obligé d'aller chercher de Feau
pour les chameaux de la caravane à la grande
rivière qui. est au sud , et qui n'est éloignée de
la ville que d'une heure de chemin à cheval«
JL,a caravane , après être restée une lune et de-
mie, pour nous servir des expressions mêmes
de Sidi-Hamet, près de Timbouctou^ s'en re-
tourna par le nord-ouest afin de s'approcher de
la côte, et campa sur les bords d'une rivière
qui n'est qu'à une journée de marche d'une
grande ville , nommée Jathrow^ habitée par les
Nègres. La caravane s'en retourna ensuite à
Ouadi'Noun (i).
Dans un autre Voyage, dont le récit est en-
core plus confus, Sidi-Hamet dk que la cara-
vane dont il faisait partie , s'étant dirigée droit
vers TimbouctoUy au lieu de marcher, comme
la première fois, près des côtes, fut assaillie par
le vent du désert , et manqua de périr. Enfin elle
arriva dans une fameuse vallée, nommée Ha^
hirahy où il y a de l'eau (c'est le i?^rii>uflaA^r
de Léon l'Africain , de Marmol , et de tous les
géographes). Un grand nombre d'hommes et
de chameaux moururent pencVint la traversée
(i) J. Rtley's Loss ofthe American Brig commerce , in-4*',
Loudon, 1817 , ch. XXV, S i» P- ^46- 345..
112 RECHERCHES SUR LÀFRIQUE.
du désert; ce qui restait, parvint à une petite
ville nommée Ouabilt jhaLtie sur les bords d'une
rivière peu considérable. La ville de Ouabik est
habitée par des Nègres , qui secoururent la ca-
ravane, et lui donnèrent les provisions qui leur
manquaient. La rivière qui coule près de cette
ville a environ cinquante verges de large ; elle
est nommée El-Ouad'Tenijp2tr ceux qui parlent
arabe , et Gozen-Zaïr dans la langue des Nègres.
A une certaine distance au sud-ouest de ce lieu,
il y a une chaîne de montagnes non couvertes
de neige , mais qui paraissent aussi hautes que
\ Atlas ^ vu de la ville de Suz. Après quatorze
jours de marche à partir de ce lieu, la caravane
arriva sous les murs de Timhouctou , que Sidi-
Hamet; dans cet* endroit de son récit, dit être la
capitale du Soudan. Il affirme aussi que ce nom
de Soudan^ pour désigner toute la contrée au
sud du Grand -Désert, est universellement en
usage chez les Arabes et chez les Maures. On
pennti: à ceux qui composaient la caravane d'en-
trer dans la ville, mais seulement après qu'ils
euœnt remis aux officiers du roi tous leurs fu-
sils, avec la poudre et le plomb qu'ils possé-
daient (i). La ville de Timhouctou (2), dit Sidi-
" -
(1) Riley, p'. 36a.
(a) Biley écrit toujours Tombooctoo.
r
PREMIÈRE PARTIE. 1 l3
Hamet, est cinq fois aussi grande que Souirah
( Mogador ). Elle est bâtie dans une plaine
unie, entourée de tous côtés par des collines,
excepté au midi, où la plaine se continue jus-
que sur les bords de cette rivière large et pro-
fonde dont il a été question précédemment.
Sidi-Hamet et ceux qui l'accompagnaient furent
obligés de se rendre sur ses rives pour abreuver
leurs chameaux. Il assure que cette rivière coule
vers Test; et il y vit un grand nombre de canots
faits de troncs d'arbres, conduits à la rame par
des Nègres. Les murs de Timbouctou sont en
pierres et en terre. La plupart des maisons sont
construites avec de gros roseaux, mais il y en
a en pierres; et on voit dans certaines rues des
boutiques bien garnies de diverses marchandises.
L.es habitants sont noirs; le souverain est unNègre
très - âgé , à tète grise , qu'on nomme chigar
(shegar), c'est-à-dire sultan ou roi. Si l'on en
croit Sidi-Hamet, ni le chigar ni ses sujets ne
sont mahométans. Mais il y a une partie de la
ville de Timbouctou , séparée du reste par une
forte muraille, qui est entièrement peuplée par
des Mahométans, ainsi que la ville des Juifs ou
le Millah de Mogador, Tous les Maures ou les
Arabes qui résident , soit passagèrement , soit
pour toujours, à Timbouctou^ ne peuvent passer
la nuit que dans cette partie de la ville, qui leur
8
Il4 RECHERCHES SUR xl'aFRIQUE.
est réservée. En y entrant , ils sont obligés de
remettre leurs cimeterres ou leurs couteaux à
celui qui garde la porte : on les leur rend le
matin quand ils sortent. La ville de Timbouctou
2L quatre portes, qui sont ouvertes le jour, mais
qui sont fermées et défendues par une forte
garde pendant la nuit. Cette année le chigar
attendit en vain les caravanes qui viennent de
Maroc y de Tripoli et de Tunis; elles avaient
été détruites ou dispersées dans le désert. Il eu
arrive aussi d^ Alger.
Comme Timbouctou fait un commerce con-
sidérable avec Ouassanah, ville qui est située
loin au sud-est, Sidi-Hamet résolut de s'y rendre.
Au sortir de Timbouctou^ il se dirigea au sud;
et, après deux heiu-es de marche, il se trouva
sur les bords du Zolibib (Joliba), qui, dans cet
endroit, a environ cent cinquante verges an-
glaises (45o mètres) de large. Là est un petit
village d'environ deux cents maisons , construites
en roseaux. Sidi-Hamet marcha ensuite pendant
six jours, suivant toujours les bords du fleuve
qu'il avait à sa droite , et qui coulait à l'est. Il
arriva à une ville nommée Bimbinah , dont les
maisons sont construites en bois et en roseaux.
Il s'y arrêta deux jours ; dans ce lieu le cours
de la rivière se détourne directement au sud-
est, à cause d'une montagne qui est en face.
PREMIÈRE PARTIE. Il5
Sidi-Hamet continua son voyage en suivant tou-
jours le cours du fleuve. Après quinze jours de
marche (sans compter les jours de repos), il eut
à traverser une chaîne de montagnes couvertes
d'épaisses forets ; cette traversée employa six
jours. Il voyagea ensuite pendant vingt *sept
jours, tantôt au sud et tantôt à l'est, voyant
presque tous les jours la rivière à sa droite,
et traversant beaucoup de petits ruisseaux et
de rivières qui s'y jettent. Il arriva enfin à
Ouassanah , dont le chigar se nomme Olibou ,
et est allié de celui de Timbouctou. D'après ce
récit, Ouassanah serait à cinquante-quatre jours
de marche de Timbouctou; la route ferait un
grand circuit vers le sud-est, et ce serait dans
cette direction (jpe Ouassanah serait placée par
rapport à Timbouctou. On permit à la caravane
de camper dans une enceinte carrée, qui est
prés des murs de la ville.
fTassanah ou Ouassanah est bâtie à une
petite distance du fleuve qui coule au sud de
cette ville, entre de hautes montagnes, et qui
est tellement large , en cet endroit , que l'on
peut à peine discerner un homme sur l'autre
rive. Ce fleuve, que les habitants de Timbouc*
tau nomment Zolibib , est nommé Zadi par les
habitants ^Ouassanah.
Sidi-Hamet donne une description longue et
8.
Il6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
intéressante de la ville di Ouassanah ^ dont les
murs sont bâtis en pierres de taille, et dont la po-
pulation est au moins deux fois plus nombreuse
que celle de Timbouciou. Le peuple est excel-
lent, très-hospitalier, mais il est idolâtre; et Sidi-
Hamet espère qu'il se convertira à la vraie foi ,
ou qu il sera sous peu expulsé de ces riches
contrées. Probablement que les habitants èiOuas-
sanah se doutent des sentiments des Mahomé-
tans à leur égard; car ils ne permettaient à ceux
d^ la caravane d'entrer dans la ville que vingt
à-la-fois. Les habitants à'Ouassanah ont sur la
rivière un grand nombre de canots, faits de
troncs d'arbres creusés , qui peuvent contenir
quinze ou vingt hommes. Le frère du roi dit à
un des compagnons de Sidi-Hamet qui compre-
nait son langage, qu'il se disposait à s'embarquer
dans quelques jours avec soixante bateaux pour
transporter des esclaves qu'il voulait vendre.
Il devait d'abord descendre la rivière vers le
sud , et tourner ensuite à l'ouest pour se rendre
dans la grande eau. Là il espérait vendre ses
esclaves à des hommes pâles , qui se rendaient
en ces lieux dans de grands bateaux^ et apr
portaient des fusils, de la poudre, du tabac
et du drap bleu. Il est évident , si c^ récit est
vrai , qu'il ne peut être question ici que des
Européens qui viennent trafiquer à la côte
PREMIÈRE PARTIE. II7
d- Afrique , et que , d'après la direction donnée
au fleuve qui passe à Ouassanah , il doit se
décharger sur la côte occidentale d'Afrique.
Alors il pourrait être le même que le fleuve
du Bénin , ou le Congo y comme le présume
M. Riley, olnse joindre à l'un ou à l'autre de
ces fleuves.
Le nom d' Ouassanah ou ff^assanak di été jus-
qûes ici inconnu à la géographie ; mais on ne
peut douter de l'existence de cette ville^puisque
tout récemment un des esclaves de la suite d'un
des deux fils de l'empereur de Maroc, que le
capitaine Dundas avait à bord à son retour de
la Mecque , SLydLïït été interrogé sur le lieu de
sa naissance, dit qu'il était né dans une grande
ville nommée Ouassanah. Cette circonstance doit
nous donner quelque confiance dans le récit de
Sidi-Hamet (i).
Ce chef arabe retourna à Timbouctou ; il y
trouva les caravanes di Alger yàe Tunis ^ de Tripoli
et de Fez y qui se réunirent pour le retour, et
ne formèrent plus qu'une seule caravane, emme-
nant avec elle deux mille esclaves, et une grande
(x) Journal des Voyages^ janvier 1819, tome I, p. 196. —
Notice sur le Voyage entrepris par M, Ritchie dans Vintérieur
de V Afrique , extraite dé la Ruche provençale^ journal im-
primé à Marseille.
Il8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
quantité de poudre d'or, de bagues et de chaînes
en or, d'ivoire, de turbans et de gomme. Cette
caravane était conduite par quinze cents hommes
et avait quatre mille chameaux. En quittant Tint-
bouctoUj elle se dirigea au nord-est, et marcha
pendant vingt jours dans une contrée lui peu
montagneuse : comme il avait beaucoup plu
pendant le mois précédent, elle eut à traverser
un* grand nombre de petites rivières et de ruis-
seaux, qyi tous coulaient au sud et à Touest
vers le grand fleuve. Cette circonstance, si elle
est exacte , est remarquable , et nous indique ,
d'une manière décisive , la pente générale du
terrain dans la partie du désert qui est au nord
de Timbouctou.
La caravane marcha ensuite dix -huit jours
directement au nord, et arriva à Oueydlahy où
il y a un lac d'eau salée. On se reposa six jours'
dans cet endroit; et, le sixième jour, on fut
attaqué par un parti d'Arabes du désert, que
Sidi-Hamet dit avoir été au nombre de quatre
mille. On les repoussa, et l'on ne perdit que cent
hommes. Cependant la caravane se mit aussitôt
en route; elle se dirigea au nord -est, hors
du chemin ordinaire, afin d'éviter d'être atta-
quée une seconde fois. Elle marcha sans discon-
tinuer pendant vingt-sept jours, et arriva à un
endroit abondant en Sources excellentes, qu'on
PREMIÈRE PARTIE. J I9
nomme les Huit-Puits. Elle se reposa onze jours
dans cet endroit; et ensuite, après huit jours de
marche, elle vint à Touat ^ lieu oii l'eau est
en abondance (i). Dansi»les trois derniers jours
avant d'y arriver, on traversa des plaines cou-
vertes de couches très-profondes de sable, sem-
blables à celles qui sont près de Ouadi^Noun,
On se reposa deux jours à Touat; on se dirigea
ensuite directement au nord, en traversant le*
Pays des Dates ^ et Von parvint à Gudjilah, ville
petite, mais forte, qui appartient à Tunis. La
caravane , après s'être reposée dans ce lieu , se
divisa en deux : une partie alla à l'orient pour
se rendre à Tnpolien traversant les montagnes;
une autre partie , dans laquelle se trouvait Sidi-
Hamet, marcha au nord-est pendant douze jours,
et arriva à Tuggurtah, ville grande et forte, si-
tuée près d'une montagne et sur les bords d'une
rivière nommée TVgy^A, qui, d'après ce qu'on
a dit à Sidi-Hamet, se décharge dans la mer,
près de Tunis; circonstance qui est contraire à
ce que nos cartes indiquent. Après avoir séjourné
vingt-cinq jours dans cette ville, la caravane se
mit en route, marcha au nord -ouest pendant
dix jours dans un pays abondant et fertile; et,
\
(i) Rilcy's Loss of the American Brig commerce y p. 387.
I20 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
lorsqu'elle fut parvenue sur le sommet des mon-
tagnes, elle se divisa encore en deux; une partie
se dirigea sur ^Iger; l'autre, qui était celle où
se trouvait Sidi-Hamet, et qui n'était plus que
de deux cents chameaux et de quatre-vingts
hommes, se rendit à Fez en traversant les mon-
tagnes. Ce fut là le terme du voyage. Sidi Hamet
quitta la caravane , et s'en retourna auprès de sa
Camille , qui résidait dans les montagnes voisines
de la ville de Maroc. Il eut le bonheur de revoir
tout ce qui lui était cher, en bonne santé, après
deux années d'absence. Lorsqu'il partit, il avait
huit chameaux richement chargés; quand il re-
vint,il n'en avait plus qu'un seul, portant seule-
ment avec lui un petit nombre de denrées. Mais
la caravane avec laquelle il s'était d'abord mis
en route avait péri presque en entier ; et il se
trouva fort heureux de n'avoir pas été la vic-
time des dangers auxquels un si grand nombre
de ses compagnons de voyage avaient succombé.
Tel est en substance le récit de Sidi-Hamet,
qui méritait que nous nous y arrêtassions par-
ticulièrement, parce qu'il jette du jour sur la
marche des caravanes dans le Soudan^ sur le
genre de leur commerce, et sur les périls aux-
quels elles sont exposées. 11 donne enfin des
notions dignes de remarque sur quelques points
PREMIÈRE PARTIE. lai
importants de géographie pour l'intérieur de
T Afrique (i).
En 1816, le gouverneraent anglais crut devoir
faire une grande tentative pour pénétrer dans
l'intérieur de l'Afrique. Dans la persuasion où
l'on était que le Niger était le Zaïre , ou la ri-
vière du Congo , on dépensa de grandes sommes
pour équiper des bâtiments afin de remonter
ce fleuve. Cette entreprise fut la plus malheu-
reuse de toutes celles qu'on avait tentées jusque
alors. Le capitaine Tuckey, qui la commandait ,
son lieutenant Hawkey, le professeur Smith, et
enfin vingt et une personnes de cette expédi-
tion , périrent en peu de temps de la fièvre (2).
Des pertes si douloureuses n'aboutirent qu'à
explorer l'embouchure du Zaïre ^ à corriger le
gisement de cette côte, qui était affecté d'une
erreur considérable ; mais on n'obtint aucun
renseignement sur l'intérieur de l'Afrique.
Cependant on tenta encore une nouvelle ex-
pédition , qui partit des établissements situés
sur la Gambie, Nous aurons bientôt occasion
{x) Riley's Loss of ihe American Brig commerce ^ etc.
London , in-4**, 1B17, S ^ «* V, p. 370-390.
[fy Narrative ofan Expédition to explore the river Zayre,
ia-^^London, if^i8, p. xliij de Tintrodnction.
ia4 RECHERCHES SUR l'aPRIQUE.
couvertes en Afrique, publiée dans un recueil
périodique qui s'imprime à Marseille y à la ré-
daction de laquelle il a eu une très-grande part,
M. Ritchie, à son départ d'Europe, a manifesté
l'intention d'exécuter le plan de Hornemann ;
c'est-à-dire qu'il devait se rendre à Mourzouk
dans le Fezzan , y séjourner quelque temps ,
partir avec la caravane du Bomou , se diriger
sur Timbouctou y et se rendre aux établissements
anglais ou français de la Sénégambie {i), M. Rit-
chie arriva en effet à Mourzouk ^ le 3 mai 1819;
mais la fièvre le saisit au moment où il se dis-
posait à partir pour le Bergou , et il y succomba
le ao octobre de la même année (2). Le peu de
renseignements qu'il avait recueillis sur l'inté-
rieur de l'Afrique sont , ainsi que ceux de
M. MoUien, au nombre des derniers que Ton
ait publiés ; et nous ne devons les faire connaître
qu'après avoir parlé de ceux qi#on a antérieure-
ment mis au jour.
(i) Voyez la Notice sur le Voyage entrepris par M. Rùchie
dans V intérieur de V Afrique, dans la Ruche prd^nçale im-
primée à Marseille, et dans le Journal des Voyages par
MM. Vernenr et Friesvillc, tome I , p. a8a. — Nous avons
de fortes raisons ponr penser que cette notice est faite d'après
des notes de M. Ritchie même; et on peut la regarder comme
le plan de voyage qu'il se proposait de suivre quand il est
parti d'Europe.
(2) Voyez le Quarterly^-Review ^ toI. XXIII , page aa8.
. PREMIÈRE PARTIE. îlkJ
Pendant que Ton s'occupait des espérances
incertaines et lointaines que faisait naître l'en*
treprise de M. Ritchie , on vit tout- à -coup
jaillir une lumière vive et inespérée d'un des
points de l'horizon , où la science ne songeait
même pas à diriger ses regards. I^ fort d'^/i-
namaba^ qui est la seconde forteresse ou la
vice -présidence des Anglais sur la Côte -d or ^
avait été attaqué , en 1807, par les Aschantis,
C'était la première armée de ce peuple, qu'on
eût encore vue sur la côte. Après une défense
vigoureuse, une trêve fîit conclue; mais, la petite^
vérole exerçant ses ravages dans l'armée des As*
chantisy le roi qui la commandait se retira subi-
tement avec cette armée, et les Anglais ne purent,
comme ils en avaient le projet , profiter de la
bonne intelligence que la trêve avait fait naître
entre eux et les Aschantis, pour conclure une
paix solide. Les Aschantis, en 181 1 et en 1816,
envahirent le territoire des Fantis^ sur lequel
les forts anglais sont construits ; ils bloquèrent
en dernier lieu celui où se trouve leur quartier-
général , le fort de Cape-Coast. Avant de se re-
tirer, ils dévastèrent tous les environs, massa-
crèrent les habitants , et causèrent une déplo-
rable famine. Les Anglais, pour éviter le retour
d'aussi affreux malheurs , résolurent d'envoyer
au roi des Aschantis une ambassade solennelle ,
ISÔ RECHERCHES SUR l'aFRI^QUE.
afin d'apaiser la colère du conquérant africain ,
de se lier avec lui par un traité de commerce , et
de se procurer des renseignements sur l'inté-
rieur de l'Afrique. On confia la conduite de cette
ambassade à un homme qui, par sa faiblesse et
son impéritie, mit en danger le succès de la
négociation , sa propre vie , celle de fees com-
pagnons , et par suite tous les établissements
des Anglais sur cette côte. Un jeune homme en-
voyé sous ses ordres pour faire des recherches
scientifiques , par sa présence d'esprit , son in-
trépidité , conjure l'orage, arrête les effets de
la colère du roi des Aschantis^ se concilie son
estime , sa confiance , établit entre lui et les An-
glais une paix solide, et obtient qu'un consul
anglais résidera pour toujours dans la capitale de
ce roi , devenu , par son moyen , ami et aUié ,
d'ennemi redoutable qu'il était auparavant. Ce
jeune homme , joignant beaucoup d'instruction
à un caractère énergique , profite de la considé-
ration qu'il s'est acquise parmi les naturels, et de
cinq mois de séjour, pour observer les mœurs,
les habitudes et les institutions d'un des peuples
les plus curieux de l'Afrique. Il obtient par un
grand nombre de marchands maures, et par les
habitants de la rivière Gaboun^ des renseigne-
ments sur l'intérieur de cette partie du monde,
sur les noms et la direction des grands fleuves
PREMIERE PARTIE. ll'J
qui arrosent le Soudan y et sur les nations qui
peuplent ces vastes régions. De retour dans sa
patrie, il publie (i) une relation qui est, avec
celles de Browne, de Hornemann et de Mungo-
Park, ce que nous avons de plus neuf et de
plus intéressant sur l'Afrique (a).
M. Bowdich , que les lecteurs instruits 'ont
déjà nommé , ne s'est cependant avancé que
jusqu'à Coumassie , la capitale du royaume des
Aschantis , qui n'est qu'à dix journées de mar-
che de la mer Atlantique. La géographie dé-
taillée des Aschantis j et celle de Gaboun ^ qui
suffit seule pour assurer à M. Bowdich une place
honorable dans les fastes de la science (3), ne
(i) Si l'on veut connaître quel 3#été le prix des services
éminents qn'a rendus ce jeane et habile voyageur, il faut lire
une brocbure intitulée : The African committee , London ,
in-8®, 1819. C'est d'ailleurs un supplément utile et nécessaire
à la relation de l'auteur , et ce n'en est pas la partie la moins
curieuse. *
(a) Dans l'introduction, M. Bowdich dit qu'il a écrit sa
relation en Afrique et pendant sa traversée, et qu'il n'y a
rien changé.
(3)Bowdich's Mission from Cape-Coast casile to Ashantee,
in~4^, London, 1819. Cette relation est pour ces contrées
la plus originale et la plus complète. Elle a été précédée par
les Voyage» de Bosman, de Barbot de Villault , de des Mar-
chais ^et par la Relation du Voyage du royaume d'Issini par
Godefroy Loyer, in-S®, Taris, 1704 ; à quoi il faut ajouter
ia8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
doit point nous Qccuper ici. Nous ne devons
entretenir nos lecteurs que des renseignements
nouveaux donnés dans cette relation sur l'inté-
rieur de l'Afrique.
Tous ces renseignements concourent à nous
faire considérer le Niger comme un grand fleuve
qui*traverse \e Soudan; qui, déjà très-large dans
l'ouvrage d« Roëmer sur les peuples de la côte de Guinée;
V Histoire des Missions^ par Oldendorp , le Voyage d'isert,
Touvrage de Meredith sur la Câte-d'or^ V Histoire de Da-
homey, par DalzeL II existe du Voyetge d'isert une traduc-
tion française imprimée à Paris (in-i)**) i79'i,chez Maradan),
que M. Bowdich paraît n'avoir pas connue. Voyez Mis-
sion to J s hantée ti^» i65. — La carte que M. Bowdich adres-
sée pour son voyage est suffisante pour bien comprendre les
renseignements qu'il a^^btenus sur Tiatérieur de l'Afrique;
ipais elle n'est ni assez claire, ni sur une assez grande échelle,
pour ce qui concerne les Aschantis : une carte spéciale où
la route de l'auteur eût été tracée en détail serait nécessaire.
Dans l'analyse et la discussion de cette carte spéciale, il se-
rait utile de liomparer la géographie établie par l'aHtenr
relativement aux positions relatives des peuples, qui ont pu
changer, avec celle qui nous est donnée dans la carte de
d'Anville intitulée ; Carte particulière de la partie principale
de la Guinée située entre Issini et Jdra (avril 1729). —
Depuis que cette note a été écrite , M. Bovsrdich , qui en a
eu connaissance , a de nouveau travaillé avec une rare
constance à la géographie de l'intérieur de l'Afrique et à
celle de la Côte de Guinée; et il en est résulté des caHes
plus claires et plus détaillées.
PREMIÈRE PARTIE. II9
le royaume de Barnbarra, coule vers l'est, tra-
verse le lac Dihbir ou Dibbie^ se sépare ensuite
en deux fleuves , qui se dirigent presque paral-
lèlement de l'ouest à Test, en formant dans
l'intérieur du Soudan, une région Mésopota--
mique ou un Douab. Le fleuve le plus septen-
trional , qui porte le nom de Gambarou y va se
perdre dans un grand lac intérieur qu'on nomme
Caudij vers lo** de lat. N. et 19® de long, orient,
de Paris: mais, un peu à Test de TimbouctoUy
le Niger émet une branche formant un troi-
sième fleuve, nommé Joliba par les Maures, et
Zak'Mer par les Nègres, qui se divise en deux
autres branches, dont la plus petite parcourt
le pays de Yahoudi ^ où naviguent des hom-
mes blancs. Cependant un marchand maure de
Djenné 2l dit à un des compagnons de M. Bow-
dich , que le Joliba né dérivait pas du Gamba-
rou (ï), mais que c'était au contraire le Joliba
qui se jetait dans le Gambarou : alors le Joliba
ne coulerait pas du sud -ouest au nord -est,
mais au contraire du nord-est au sud -ouest ^
(1) Hutchinson's Diary dans Bowdich's Mission toAshan^
tee^ p. 407. M. Bowdich, p. 191 , dit, dans sa note, que
M. Hntcbinson a pu mal comprendre ; mais ce témoignage
da Maure de Djenniji*est pas isolé. Depuis que M. Bowdich
a la cette partie de notre ouvrage , nous croyons qu'il a
changé d'opinion sur la direction du cours du Gambarou,
9
l36 RECHERCHES. SUR l'aFRIQUE.
ce qui se trouve d'accord avec Tassertioii de
Léon r Africain, d'Édrisi, de Marmol, du chérif
Inhammed^ d'Abd-Arrachman- Aga , du matelot
Adams, et du cheyk Hagg-Kassem, auteur de nos
itinéraires. Mais , selon les rapports unaninies
des Maures, ni le Joliba^ ni le Gambiirou, ne
peuvent prétendre à être considérés comme le
fleuve principal du Soudan, ou comme le Niger,
objet de tant de recherches; ce titre appartient
à Fimmense cours d'eau qui, ainsi que le Gam-
harouy se sépare de la tige commune à l'est du lac
Z>/^ézè,et qui, coulant vers l'orient, s'étend au sud
du Gambarou. Ce fleuve est le véritable Niger; il se
nomme Quolla^ et vers sa source Bietirilmilou (i):
kDjenné et à Sansanding, il traverse tout \t Sou-
dan, en coulant toujours de l'ouest à l'est, et il
15e joint enfin au Nil; ou plutôt le Nil d'Egypte
n'est, selon ce système , que le Quolla ou Niger
qui change de direction, et se tourne vers le
nord. Un embranchement d^ Quolla ou Niger
s'en détache vers le 19® degré, coule au sud,et se
décharge dans l'océan Atlantique, près du Cap-
Lopez : cet embranchement se nomme la rivière
Ogouaouai. Cette rivière communique avec le
Zaïre ou Barbela , ou la rivière du Congo , par
une autre rivière qui coule directement au sud ,
(i) Bowdicli's Mission to Jshanieey p.' 192.
PREMièltE PARTIE. l3l
à travers le pays de Tanjran , presque parallèle-
ment à la côte ; de sorte que le Zaïre ou Bar--
èe/a, d'après ces renseignements, communique-*
rait avec le Niger, sans être cependant le même
fleuve, comme on l'avait supposé. Les peuples
et les contrées qui sont placés au nord du Gam-
baron , et à Test de Timbouctou et du Joliba y
sont, dans la direction de l'ouest à VesX^Mallowa^
Kallaghi^ Barrabadi^ Cûj^£>I42 ( Cachenah ). Ceux
qui sont au nord du Quolla ou Niger, et par-
conséquent entre ce fleuve et le Gambarou,
et dans la Grande- Mésopotamie africaine ou
le Douab du Soudan, sont, en suivant Tordre
précédent, Gauw ,Gamhadi , Fillani , Goubirri,
Jiamfarra , Yaoura et Noufi : à ces deux der-
niers états, après qu'on a traversé le Quolla,
près d'une petite île nommée Gandgi, qui est
File Gangou de Ben -Ali et dlnhammed, con-
finent au sud fF&Uiva (Ouaoua), Boussa et
Kaiama, et plus au sud Yarriba, qui est le Yarba
d'Inhammed. Entre le Quolla ou le Niger et les v
peuples voisins des Aschantis et de la côte, sont
une vingtaine de nations ou d'états, dont M. Bow-
dich a donné les noms et les positions d'après
les renseignements et les dessins que lui ont
fournis les marchands maures (i). Parmi ces états
(i) Bowdichti Mission io Jshantee, p. ao^.
9
' l3a RECHERCHBS SUR l'àFRIQUE.
on distingue surtout celui deDagwumba, situé
^u hord-est des ^schantis, II est peuplé par des
Nègres mahométans , et par conséquent plus ci-
vilisé que celui ^Aschantis. La capitale Yahndi
est le centre d'un grand commerce; et les mar-
chands maures s'y rendent des bords du Gamba"
rou et du Niger^ et de toutes les parties du nord
et de l'intérieur de l'Afrique (i).
"■ '■ ■ ■ ■ I ■• ) .1 .11 II
' (l) Bowdîch^s Mission f<>u^.f^^7/i/ee^ p. 453.M.Bowdich,
depuis qu'il a publié cet outrage , s'est livré à des travaux
intéressants pour déterminer avec plus de précision la
géographie de l'intérieur de l'Afrique entre le Niger et
la Côte de Guinée. Voici l'itinéraire et les distances qui
résultent des renseignements qu'il avait obtenus entre
Dagwumba^ le fleuve QuoUa et Cachenah {Mission* io
Ashanteê, p. an) :
De Dagwumba à
Gamba 5 journées.
Gourousie a
Zeggo 4
Barragou lû
ToumbL ...... 8
Goudoubirri ... 3
Kaiama, 3
JVauwa 4
Quolla^ fleuve, 3
Gouberi lo
Cachenah 8
Ainsi de Dagç^umba au fleuve QûoUm on compte 4^
journées de marche.
. PREMIERS PARTIE. l33
Lorsqu'à la fin de cet. ouvrage nous compa-
rerons entre, eux les différents renseignements
qu oïl a obtenus sur le cours des rivières dans
l'intérieur de FAfiîque, nous examinerons jus-
qu'à quel point nous devons admettre ceux qui
ont été donnés à M. Bowdich , et quelle con-
fiance, est due à l'opinion générale 'et uniforme
des marchands maures qu'il a interrogés à Cou-
massie sur le cours des grands fleuveS du Soudaf\.
iN^ous ne devons pas cependant différer d'in-
diquer aux lecteurs, la coïncidence remarquable
qui se trouve dans. le nom de Gambarou, que
Delisle, sur sa carte d'Afrique (i), donne au
Niger ou au grand fleuve An Soudan y qui coule
près de Timbouctou, et que les marchands mau-
res, questionnés par M. Bowdich, donnent aussi
à celui des deux grands fleuves du SoudûM
quixoule le plus près de Timbouctou. Ce nom
de GambaroUy dans l'intervalle de près d'un
siècle, n'a été reproduit par aucun ouvrage
avant celui de M. Bowdich , et ne se trouve dans
aucun. Uvre. ni sur aucune carte que je connaisse
antérieurs à la carte d'Afrique de Delisle , publiée
en 1 7^2, M, Bowdich se trompe et combat contre
lui-même , lorsqu'il croit trouver dans Marmol
une autorité plus ancienne que Delisle , pour le
(i) CarU deJ*Jfrique, par Guillaume Delisle, 17a».
l34 AECHERCHSS StlR LAVRIQUE.
nom de Gambarou. Dans le passage de Mannol
qu'il cite , il est question de la Gambie y que
Cadamosto^ qui en a parlé le premier , et les
géographes de ce temps nommaient Gamin^a ou
Gamber. Il est bien vrai que dans ce même pa»^
sage Marmol considère la Gambie comme un
bras du Niger^ d'accord en cela avec tous les au-
teurs de cette époque; mais c'est à ce^as seul
qu'il appliquait le nom Ae Gamber, et nulle-
ment au fleuve qui traverse l'intérieur de l'A-
frique. Il ne donne à ce dernier, m le nom
de la Gambie, ni celui du Sénégal, qui, dans
son système , était aussi une branche du Niger,
et ^e des géographes ont appelé le Niger,
quoiqu'ils n'aient jamais donné le nom de Sé^
négal au Niger (\). Ainsi, lors même qu'on sup-
poserait que , selon la croyance où l'on était
de l'identité des deux fleuves, la Gambra ou
la Gambie a donné son nom au Gambarou,
ou que le Gambarou a communiqué le sien à
la Gambra, et que l'un de ces noms n'est que
la corruption de l'autre , il est toujours certain
que Delisle et M. Bowdich sont les seuls au-
teurs qui ont appliqué le nom de Gambarou
(i) Voyez le Dictionnaire géographique de Bruzen de la
Martinière , aux mots Nigritie et Niger,
PREMIÈRE PARTIE. l35
i un grand fleuve de rintérieur de TAfrique (i).î
Remarquons aussi que Delisle donne au iVi^^r
le nom de Camadaou dans le BomoUt et que
dans la relation de M. Bowdich il est dit que
M. Hutchinson avait entendu parler d'une ri-
vière dans le Bomou , nommée Koumoudou--
Gaigidna (a).
On observe encore d'autres coïncidences
entre le voyageur anglais et le géographe franr
çais, relativement à plusieurs peuples qui avoi-
sinent le grand fleuve du Soudan ; les noms de
Ntmfi et de Boussa se retrouvent semblables
dans l'un et dans l'autre. Le Yaouri de Delisle
est bien évidemment le Yaoura de M. Bow4|^;
le Goubour du premier est le Goubirri du second.
(i) A l'article Delisle, que j'ai inséré dans la Biogra^
pkie universelle^ je crois avoir prouvé que le mérite de ce
grand géographe a été trop méconnu : j'ai démontré qu'il
était le véritable créateur du système de géographie des
modernes, et que, le premier^ il a su le fonder sur les
observationSfCta tout réformé d'après ces bases. J'ai insisté
•âr l'utilité dont ses cartes , pour des pays peu connus ,
pouvaientètre encore aujourd'hui, parce qu'il a eu en main
des mémoires qui n'ont f oint été publiés.
(a) M. Burckhardt , p. 49a , dit que kamadogo signifie
rivière dans le langage du Bomou ; mais cette remarque
confirme d'autant mieux la coïncidence et l'originalité des
renseignements obtenus par Delisle et par M. Bowdich.
Voy. Mission to Ashantet , p. ai 3.
l36 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Tout ceci nous prouve que Delisle a en partie
dressé les portions centrales de sa carte d'Afrique
diaprés des mémoires fournis par quelques-uns
de nos établissements sur la côte de Guinée.
La ressemblance du nom et la position géo-
graphique , tout semble identifier la rivière de
Daf*'Kulla, Aont^, Browne a eu connaissance au
Darfour , avec le Quolla ou le Niger de M. Bow-
dich; et la nation dés Quallo^ dont M. Dupuis
a entendu parler , vient encore à l'appui de
cette opinion. C'est aussi une chose fort remar-
quable que, dans les renseignements qui ont
été donnés à M. Lucas à Tripoli ^ sur les con-
trées au sud du Niger ^ par le chérif Inham-
med , il nomme sur-tout Degorhbah , le Dag-
wumba de M. Bowdich (i). Le chérif insiste
principalement sur l'importance de cet état,
qu'il dit être un royaume mahométan. Ainsi
se trouve confirmé , à plus de cinq cents lieues
de distance , tout ce que M. Bowdich a appris
dans le pays même , sur les fréquentes commu-
nications qui ont lieu entre l'état AeDagoi^umbc^
l'intérieur, et le nord de l'Afrique.
Mais des coïncidences «icore plus fortes se
font remarquer entre les rapports obtenus par
. (i) Proceedings of the Association for promoting, the
discoveiy in Africa , Loadon , édit. 1810, tome I , paç. 175
et 177-
PREMIÈRE PARTIE* iS'J
M. Bowdich , et ceux que. l'Arabe fellata a faits
à M. Seetzen : ces deux grands bras du fleuve ,
entre lesquels l'île de Melli se trouve placée , ne
semblent -ils pas indiquer le Gambarou et le
Quolla de M. Bowdich? Et la nation des Kuara
de l'Arabe ne rappelle-l*elle pas aussi la nation
Quora ou Quolla dont M. Bowdich a fait men-^
tion, et qui parait être aussi le Dar-Kulla de
Browne , le Quallo de M. Dupuis ? Ces noms ,
différemfment prononcés, se trouvent communs
à une nation et à un fleuve.
Revenons sur la nomenclature des noms dont
cet; Arabe fellata a fait mention; et comparons-
les, dans l'ordre où il les a placés, avec ceax de
M. Bowdich et des autres auteurs. Nous trou-
vons d'abord Kassena ou Cachenah, connu de
tous les géographes. fTogobourou me parait
être ensuite le même lieu que le Goubourou
de Delisle, que le Goubirri- de M. Bowdich,
que le Guber de d'Anville, de Léon l'Africain,
et des autres géographes arabes, mais diffé-
rent d'un Guber y qui est du côté du Bornou,
et dont parle aussi cet Arabe fellata. Baudtjii
ou Baoudtjii, qui suit immédiatement fTogo-
horou , est probablement le Baoussà de M. Bow-
dich , le Boussa de Delisle. Gourma , qui vient
ensuite , est le Gourouma de M. Bowdich , au
sud du Quolla ou Niger. Jauwur ou Jaououour
l38 REGHERCHES SUR LAFRIQUE.
est le Yaoura de M. Bowdich, le Yaouri de
Delisle et de d'Anvillfe. Le Gonja de l'Arabe fel-
lata nous parait être le Ganjij ique y dans la re*
lation de M. Bowdich (i), un Maure deDjenni
a indiqué à M. Hu^chinson , non loin de Yctoura^
et comme une ile du Quolla, immédiatement
au-dessous de Boussa. Ce lieu, ainsi que le re-
marque M. Bowdich, pourrait bien être le m^ne
que le Gongou du chériflnhammed, représenté
comme étant une île au milieu du Niger. KanOy
que l'Arabe fellatà mentionne ensuite, se tronre
dans Delisle et chez d' Anville , placé d'après Léon
l'Africain : c'est probablement le fameux Ganah
d'Édrisi. Vient ensuite ^ar^a, qui est le Bourgou
de Delisle. Nous avons parlé de Kuara^ qui ter-
mine l'itinéraire. Il n'y a donc qu'y/rma que
nous ne trouvons pas dans ces renseignements
d'un natif, les seuls qui, comme ceux qu'a obte-
nus M. Bowdich, «lonnent l'idée de deux grands
fleuves existants dans le Soudan ^ ou de deux
grands bras d'un même fleuve.
Un auteur danois (a) nous apprend qu'en
(i) Mission to Jshantee, p. aoa. %
(a) P. J. Bhins , Neue Systemaûsche Erdbeschreibung von
Afrika^ IV theîl, p. 375. — Forster, Mag, V Reisebeschr,
347. ^^^ Roëmer-Handl. Ferschied, Folk, auj d. Kuste von
Guinea , p. 48.
PREMIÈRE PARTIE. 1)9
1744 «n roi des Assantès ( Aschantis), nom-
mé Oppokou^ se mit à la tête d'une puis-»
sastte armée , pour aller faire la guerre à une
nation mahométane^ située loin au nord* est.
Oppokou marcha vingt et un jours , à travers
un pays boisé et coupé de rivières : il franchit
pendant quatorze jours un désert sablonneux et
sans eau, et il entca dans un pays riche, peu*
plé, et abondant en toutes scM-tes de provisions;
mais la nation qu'il était venu attaquer , l'envi*
ronna avec une immense cavalerie : il fut obligé
de faire sa retraite à la bâte ; il emmena ce-
peiidant avec lui des esclaves , et il rapporta
beaucoup de manuscrits , en langue arabe ,
qui tombèrent ensuite entre les mains des Da-
nois, maîtres ê^jàkra. Le savant M. Bruns (i)
conjecturait que cette nation , attaquée par le
roi des AschantiSj pourrait bien ^tre celle de
Degqmbah^ que le chérif Inhiimmed avait fait
connaître à M. Lucas ; cette conjecture de
M. Bruns se trouve démontrée lorsque nous
lisons dans M. Bowdich, qu'un roi des Aschau'-
tis j nommé Apokou , qui monta - sur le trône
en ijao , fit la guerre au roi de Dagwumbd ,
et le soumit à un tribut Seulement, comme
(i) Bruns, Erdbeschreibung von Afrika^ IV theîl, p. 875.
l4o RECHERCHES SUA l'aFRIQUS.
M. Bowdich déclare lui - même que pour cette
partie de son histoire il n a eu d'autres docu-
ments que les rapports des natifs et la chrono-
logie des Maures , nous croyons qu'il n'aura au-
cune répugnance à réformer une partie de son
histoire, en ne rendant pas Tissue de cette guerre
aussi glorieuse pour les Aschantis qu'ils le pré-
tendent eux-mêmes, et en prolongeant de quel-
ques années le règne ^Apokou^ qu'il termine
en 1741-
M. Bowdich a entendu le nom de Tonomahy
qu'on lui dit être au nord- est de Yahndi la
capitale de Dagx^umba; il conjecture que Ta-
nomah est une ville et une province de Dag-
-wumba. Nous pensons que c'est un état par*
ticulier, très -éloigné de Dagwumba^ et dans
l'intérieur de l'Afrique. M. Bowdich remarque
avec raison, que Tonomah doit être le même
pays que le chéii^ Inhammed a désigné à M. Lu-
cas , sous le nom de Tqnouwahy et dont la ca-
pitale se nomme Assenté (i). Il nous parait donc
évident que ce peuplé est le même que les Kas-
senti des missionnaires danois, qui le placent
à une distance de deux mois de marche des
^^cAa/i^flf, quoiqu'ils paraissent, comme Bruns
(i) Proceedings of the Association , tome 1 9 pag. 174
et i75«
PREMIERS PARTIE. l4l
l'observe , s'être trompés sur la direction de là
route, en' indiquant le sud-est au lieu du nord-
est (i). Le peuple èiAmina nomme cette nation
Kassenti, probablement d'après le nom de sa
capitale , et en prononçant avec une aspiration
gutturale la première syllabe : mais le véritable
nom de ce pays , suivant les missionnaires, est
Tjemba (2) ; ce qui a donné occasion au savant
Bruns de faire la même cçnjecture que celle qu'a
depuis énoncée M. Bowdich^ c'est-à-dire de
supposer que le pays de Kassenti était le même
que celui de Dagwumba , ou en faisait partie:
et, quoique nous ne partagions pas cette ppi"*
nion, cet accord de renseignements et cesconr
cordances de noms, dont nous pourrions mul-
tiplier les exemples, nous paraissent remar-
quables.
Ces rapprochements entre des géographes et
des voyageurs dont M. Bowdièlft n'a connu les
travaux que depuis qu'il a écrit et. publié sa
relation, démontrent suffisamment l'impoitailce
des notions et des faits qu'il a rassemblés.
Peu après la publicatiojavdë son livre , parut à
( I ) Brans , Erdheschreihung von Jfrika , IV theil ,
p. S71. — Oldendorp, p. a8o. '
(a) Brans, Afrika^ IV theil , p. 872. — Oldendorp , p. 2^9.
l^'à RECHERCHES SUR i/aFRIQUE.
Londres un ouvrage intitulé Notes sur V Afrique^
par M. G. Robertson (i). En tête de cet ouvrage se
trouve une carte qui, selon Tautetir, est dressée
d'après les meilleures autorités. Elle nous fait voir
le Niger ayant ses sources dans les montagnes
de Kong y à-peu-près où les placent les cartes de
Rennell : mais ce fleuve, au lieu de diriger son
cours' vers le nord-est , coule directement à l'est,
sans s'éloigner du douzième parallèle; il tra-
verse un petit lac alongé nommé Simbalaj puis
un très -grand lac appelé Bondou : de ce lac,
qui reçoit encore de l'ouest les rivières Ahwe-
reim et Promproa^ sortent trois rivières dif-
férentes ; ce sont celles qui , sous les noms
de Formosa , de Calabar, et de Bani ou Cross y
se jettent dans le golfe du Bénin, Soko et Èon-
touko se trouvent sur les bords du Niger, à l'ouest
du lac Simbala ; et Jinney ou Djermi est soi* le
bord occidental. du \^c Bondou. A l'ouest de ce
lac, qui reçoit les rivières Akwreim et Prom^
proa , sont Obong^ et Ckamba ou Dunko , qui
confine par le sud aux Aschantis. Au nord du
Niger se trouvent MamarUySourka et Ge/wc/i, qui
ont à l'est la ville de Timbouctou^ située à i4
(i) G. A. Robertson, Notes on Africay tlc.^w^iîk an appenr
dix containing a compendious accoitnt o/ the Cape 4^ Qpod
HopCy in-S", 1819.
PREMIÈRE PARTIE. l4H
degrés de latitude nord et environ 3o minutes
à l'ouest de Paris. Au nç^rd de Timbouctou sont
les pays d'inta, de Fillani, é'Endata^ èiOalla^
de Alla^Boy ou Da-Bojr: au sud du lac Bondou,
on voit les contrées àiApama^ ^Ana^Oy ^ui ont
au sud -est le royaume àiAdou ou ^lq Bénin: à
Test du \à!^ Bondou^ est le pays d'^oi/i^^a ou de
fibii5^a^ ayant pour capitale Ze&e; plus loin vers
Test, entre ii® et i6° de latitude^ et entre 12**
et ao^ de longitude orientale , est un vaste pays
nommé Bouloumou,d3ins lequel coule du nordr •
ouest au sud-est une rivière nommée Zo/r>, qui
se jette dans un lac nommé Oinassey : sur les
bords de la rivière Loro se trouve un lieu nommé
(ktandera^ qui avec une autre rivière forme une
petfte île nommée Ouandamsera, Entre les con-
trées de Bouloumou et d'Aouissa où de Haussa,
sont les pays d'Obriichejr et de Tibo^Ebo. La
rivière qui se jette près du ^ip^Lopez, porte
le nom diAyongOy et n'a aucune communication
avéSc le fleuve du Congo.
Rien de plus étrange que cette carte, qui
change toutes les notions connues sur Tintérieua'
de l'Afrique; qui nous présente plusieurs noms
jusqu'ici ignorés en géographie , et transport»
ceux qui nous sont familiers à d'immenses dis-
tances 4^s positions qui leur sont assignée^ ; qui
enfin tend à nous faire considérer les voyages
l44 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de MuBgo-Park comme une fictioti» et les asser-
tions de ce célèbre et estimable voyageur comme
une suite d'erreurs grossières. Par toutes ces
raisons mêmes, rien ne serait plus digne d'at-
tention que la carte qu'a publiée M. Robert-
son , si on pouvait croire qu'elle eût été dressée
sur des renseignements certains et des informa-
tions positives. Mais lorsqu'on a lu l'ouvrage de
ce voyageur, et qu'on l'a comparé à ceu?: de
Mungo - Park et de M. Bowdich , on s'aper-
çoit sur-le-champ que cette carte n'est que
le produit des plus grossières méprises, et de
l'ignorance la plus présomptueuse.
En effet, immédiatement au nord des Aschan-
tis proprement dits, et entre le 8® et le 9® degré
de latitude , M. Bowdich nous montre une ville
de Banda ^ une autre de Buntoukou et un pays
de Soko; ce sont ces lieux que M. Robertson
transporte dans le «So^^^ia/i : il confond le Banda
des Aschantis avec le Bondou qui se trouve
entre la Gambie et le Sénégal; il confond ctl-
core Soko avec le Ségo de Mungo-Park : bien
mieux, il réunit ces deux lieux, et n'en fait plus
qu'un seul. Le royaume ^Aouissij qui, sur la
«arte de M. Bowdich, est à l'est de Dahomey^y
vers huit degrés et demi de latitude, est, sous le
nom. àiAouissa , considéré par M. Robertson
comme le métne que Houssa ou Haoussa, et
PttEMIÈRE PARTlJE. l45
transporté entre douzç et quatorze degrés de la*
titude nord. Boussa, qui, dansDelisle, d'Anville
et M. Bowdich, est un royaume situé sur les bords
du iVig^er, devient, d'après M. Rohertson, la capi-
tale àiAnago; tandis ^yjiAnago forme, sur la carte
de M, Bowdich, un petit royaume peu éloigné
de la côte , à l'est du fleuve Folta, M. Robert-
son nous dit (i) que les habitants de Timboucr
tou se rendent sur leurs Canots , en trois jours
de temps, à Lagos^ sur la côte ; et il ajoute qu'il
ne doute pas de cette assertion qui se trouve
d'accord , selon lui , avec ce qui a été affirmé par
les Aschantis,
Nous n'abuserons pas plus long-temps de la
patience du lecteur , en relevant les autres er-
reurs grossières et les traits d'ignorance que
reirferme le livre de M. Robertson. 11 paraît que
cet auteur a cependant voyagé réellement sur la
Côte- d'or j en qualité d'agei\t d'une maison de
commerce de Liverpool; et, s'il s'était cohtenté
de donner avec franchise, et sans y rien mêler du
sien, les renseignements qu'il a pu se procurer,
il aurait rendu service à la géographie : mais
il a tellement entremêlé ces notions et ces
renseignements avec ses erreurs et ses sye?
ternes , qu'ils sont devenus peu utiles ppur là
{i) Robertsoa « p. aga.
lO
l46/ RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
science. Si Ton en croyait M. Robertson, k plu-
part de ces renseignements ont été obtenus par
les Ascharttis. Mais M. Bowdich s'est convaincu à
Coumassie que les connaissances des Aschantis
en géographie se terminaient au nord à Kong^
et à Test à Gamba. Les seules grandes rivières
qu'ils connaissent , sont les deux qui se réunis-
sent pour former le Foîta et le Coumha ou
CoumboUy à dix-huit journées de marche au
.nord-ouest. Le nom de Loro leur est totalement
inconnu ; ils ne parlent non plus d'aucun grand
lac dans l'intérieur. Enfin ils avouent franche-
ment leur ignorance pour toutes les contrées
situées au nord de Kong, et à Test de Dag-
wumba et de Gamba.
La publication des voyages de Burckhardt, qui
a suivi de près celle de l'ouvrage de M. Bowdidi,
a révélé au monde savant une nouvelle tentative
pour pénétrer dans l'intérieur de ces cotatrées,
qu'on avait tenue secrète pendant quelques an-
nées. La société pour les découvertes en Afrique
avak perdu l'espoir de se procurer aucune nou-
velle de Hornemann.EUe avait appris la mort de
M. Henri NichoUs ; et les résultats malheureux
dés essais entrepris pour pénétrer dans l'intérieur
du continent africain par le nord et par l'ouest,
l'engagèrent à faire un effort du côté de l'est.
C'est dans ce but qu'elle accepta les offres qui
PREMIÈRE PARTIE. > l47
lui furent faites par Jean*Louis Burckhardt. Ce
jeune bomme , comme Hornemann, lui fiit aussi
recommandé par le professeur Blumenbach.
Burckhardt, après s'être suffisamment instruit
dans la langue arabe , après avoir laissé croître
sa barbe et pris le costume oriental, partit en
mars 1809. Il résida deux ans et demi à jilep^
afin de s'initier dans le langage et les mœurs
d'Orient, et de pouvoir passer pour musulman.
Il avait pris le nom d'Ibrahim-ibn-Abdallah : il
se rendit au Catre en septembre 181 2; il s'en-
fonça ensuite dans V Egypte supérieure et dans
la Nubiey et employa deux ans et demi à ex^
plorer ces contrées peu connues. Lorsqu'il se
préparait à pénétrer dans celles qui nous sont
tout-à-fait inconnues , et à parcourir de l'est à
Touestles vastes régions du Soudan , il succomba
à une fièvre dyssehtérique , le i5 octobre 1817.
La fermeté et la noblesse de son caractère, son
courage, sa prudence, son mépris des richesses,
son ardeur pour les découvertes, ses connais-
sances dans les langues et les mœurs de l'Orieht^
rendent sa perte très -regrettable. Le premier
volume de ses voyages qu'on a fait paraître, jette
quelque jour sur \ Egypte supérieure ei la Nubie
et les pays qui en sont voisins; mais il n'ajoute
d'autre;^ renseignements sur les contrées qui sont
l'objet de nos recherches, que ceux qu'a pu ob-
10.
l48 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
tenir son auteur; des Arabes eux-mêmes. Quoi-
que ces notions soient nécessairement vagues
et incertaines, nous ne devons pas les omettre.
Burckhardt a confirmé ce que Ton savait du
Bahr-eUAbiadic^ fleuve est réellement plus grand
que le Bahr^eUAzrek , et c'est le véritable NiL
Shendfy le lieu le plus méridional de la Nubie
où M. Burckhardt a pénétré, est le principal
entrepôt des marchands d'esclaves de V Egypte^
du Dar-FouTy du Kordofan et du Sermuar. Le
roi du Shandy est tributaire du Sennaar. La
capitale du Bornou , c'est-à-dire la ville où le roi
réside, se nomme i5/r/iey (i); elle est sur le bord
occidental d'un grand lac qu'où appelle Nou;
de là , dit-on , le no m de Bor-Nou. Entre le Bornou
et la Nubie on parle l'arabe pur; mais le Bornou
z, un langage particulier. Le Kordofan est une
oasis ou une contrée séparée par des déserts des
pays environnants, et qui est sous la domination
du Dar-Four. Entre le Kordofan et Bornou on
traverse, en se dirigeant au nord-ouest, d'abord
le Dar-Four^ ensuite le Borgou (Berghou), qui
porte aussi le nom de Saley au Bornou et au
/
(i) Le mot de himej signifie forteresse y selon ce qui a
été dit à M. Ëinsiedel. Les nègres de Mallo^a ajoutent
toujours le surnom de Berinnê, ou de Brinné^ à toutes ^cs
villes fortifiées. (Bowdicb's Mission Ib Ashantee, p. 197.)
PREMIÈRE PA.ATIE. l49
Fezzan^ et que les Arabes moggrebins nomment
JVady ou Ouady, Au midi de Borghou est la ri-
vière et la province àe Djyr^ non! remarquable
parce qu'il rappelle celui de Gir de Ptolémée;
plus à l'ouest est le Bagherem^ qu'arrose le grand
fleuve Shary^ qui reçoit le Bahr-Djad et le Bahr-
el'Feydh^ et coule du nord au sud entre Katakou
et Bahr-el'GhazeL M. Bowdich avait eu connais-
sance de la rivière Shary (i) , et l'avait de même
placée à l'ouest du 5agAere/7i; selon lui,elle coule
aussi du nocd an sud, et se jette dans le Quolla
ou Niger. Il y a quinze jours de marche, selon les
informations données à M. Burckhardt , depuis
les limites du Bomou jusqu'au Bahr^Shary. On
traverse pour y arriver le Bahr-ehGhazel^ curieux
vallon qui renferme- Xanem; entre Kanem et
Sfiory est le Dar^Karka. Du Bagherem à Afnou
il y a vingt-cinq jours de marche. Le pays des
Nègres, ou le Soudan ^ est à dix ou quinze jour-
nées de Borgou, Les Arabes Fellata sont très-
puissants ; leurs tribus résid^W entre le Dar^
Four et le Bomou; ils sont souvent en guerre
avec le sultan de ce dernier pays; ils étendent
leur influence jusque sur les limites septentrio-
nales du Soudan, Ils ont conquis le Cachenah ,
il y a dix ans, et ont presque détruit la ville:
(i) Bowdich's Mission to Ashantee, p. 204, etc.
l5o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
leurs principales forces consistent en cavale*
rie, et leurs chefs sont vêtus de robes de drap
coloré ou de soie; ils sont, dit -on, en grand
nombre du côté de Timbouctou. On a assuré à
M. Burckhardt que la rivière de Timbouctou cour
lait à l'ouest (i) : et cependant ceux c|ui parlai^it
ainsi la considéraient comme la même rivière
que le Nil. M. Burckhardt ou son éditeur a tort
de penser que ces deux assertions impliquent
contradiction, puisqu'une rivière peut bien d'a-
bord couler à l'occident, et se détourner ensuite
vers l'orient.
Le voyage de M. 6. Mollien dans rintérieur
de l'Afrique, qui a paru en 182O9 nous a procuré
des connaissances plus détaillées et plus exactes
sur les nations qui habitent les régions situées
entre le Sénégal^ lai. Gumine et le Rio-Grande^
et sur l'aspect général de ces mêmes régions et
la nature de leur sol ; mais, tout en donnant de
justes éloges au courage çt à la persévérance du
jeime et intéressant voyageur, nous ne pouvons
dissimuler que le défaut d'instruments , le dé*
nuement dans lequel il s'est trouvé, les dangers
auxquels il a été exposé, ne lui ont pas per-
mis de noter avec assez d'exactitude les dis-
(r) J. L. Burckhardt, Travels in Nubia, in-4**, I^pod^^,
189 , p. Ixxij et p. 477-493. Voyez ci-dessas, p. i3o.
PKEMIÈRJE PARTIE. l5l
tances et les directions de la route qu'il parcou-
rait, ni de faire les observations et de prendre
les renseignements qui auraient pu rendre son
voyage d'une grande utilité pour la géographie
positive. Toutefois il semble avoir reconnu que
le Sénégç.lj la Gambie et le Rio-Grande prennent
leur source danà un même groupe de monta-
ges, qui s'étend du sud au nord,. entre Labbé
et Timboy dans le Fouta-Diallon (i).
La Gambie ou Bâ^Diman^ et le Rio^Grande
ou Comrba^ sortant d'un même enfoncement
placé au milieu des hauteurs de ces montagnes,
et qui est le point de partage des eaux. Le
Bio-Grande- GOi^^ directement à l'ouest vers la
mer; la Gambie se dirige en sens oppoisé et vers
le nord. De l'autre côté de ces montagnes et
plus au sud sont les sources de la Falémé ou
Tené ( Tenyah de Mungd-Park), et celles du
(i) Selon M. Mollîen (t. I, p. 265), près à&^ frontières
du Fouta Taro , dans le Toisinage d*an lieu nomme Den-
doudéJFiaUy est ttû étang (en langae poule, Uali signifie
étang), dcmt les eaux, lorsqu'il es$ gtossi par les pluies,
débordent, d'un côté, dans la Gamhifiy à Kamhia, et de
l'autre, dans le Sénégal^ à Kougnun, dans le Bondou.
Mais lorsque M. Mollien passa, tout ce terraif^ était à sec;
et il est fâcheux qu'il n'ait pu s'assurer, par ses propres
obierva^ons , de cette communication du Sénégal et de la
Gambie y déjji affirmée par le P. Labat, et rejetée par d'An«
ville.
/5a RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
Sénégal on Bâ-Fing (i). Les montagnes qui
sont au sud de ces sources et qui ont une grande
élévartion, puisque les Nègres disent que leurs
plus hauts sommets sont toujours couverts de
neige, fournissent, selon ce qui a été dit à M. Mol-
lien, les sources du2)/a///-5a(Djoli-Bâ ou Joliba)
ou du Niger ^ qui sont à huit journées au sud du
Timbo et à onze journées des sources du Séné-
gal, Il résulte de tout ceci que les sources du-
Niger devraient être placées à 2 degrés environ
plus à l'ouQjJ: que sur\ la carte de Mungo-Park.
Vers les sources du Niger ou du Djalli^Bà
sont le Firia et le Soliman. Ge dernier pays se
trouvait déjà sur la carte du premier voyage de
Mungo-Park, mais à deux degrés plus au nord,
et aux sources de la Gambie , et non à celles du
Niger. Le Firia et le SoUman sont à dix jour-
nées au sud -est de Timbo, et forment un pays
montagneux habité par les DjallonÂis : c'est dans
les bois qui séparent le Firia du Fouta-Diallon^
qu'existe, dit-on, la source de la Caba^ que l'on
suppose être la rivière de SierrorLeone. Le San--
(i) Enmandingae Bâ-fingy signifie, dit-on, Fleuve noir;
en langage poule , on nomme le Sénégal, Bâ-leo ,'ce qui a
ta même signification qxxe Bâ-fing ; on l'appelle anssi
Fouta , ce qui signifie simplement ^ififc^. Voyez Ifollieil ,
t. II, p. ia3.
PREMi:ÈR£ PARTIE. 1 53
garari^ le Kankan^ et le Balia^ qui sont à l'est
du Firia et du Soliman^ sont des pays plats.
Le premier de ces deux pays, voisin du Firia^
est habité par des Poules païens. Ces peuples ,
que leur couleur rougeâtre rend faciles à dis»
tinguer des autres habitants de l'Afrique , sont
les mêmes que les Foules et les Foulahs de d'Aii-
ville et d'un grand nombre d'auteurs. Le Niger
dsins le Sangarari a déjà deux portées de fusil de
large. Balia, qui est peuplé par les D/allonÂis^est
au nord du Sangarari. A l'est de ces deux pays
et à quinze journées de Timho\ est l'empire du
Kankan^ habité par àes Mandingues m^omé- ^
tans, sur les frontières duquel est un village
nommé Bourré^ qui possède, dit-on, plus d'or
que tout le Bondou et le Bamhouk ensemble.
Ce pays fait un grand commerce avec Sego et
Timbouctou^ et y apporte toutes les richesses
que l'on y voit. A quinze jours de marche vers
l'est, se trouve le Maniana^ dont les habitants
sont anthropophages , ainsi ^ que ^Ta rapporté
Mungo-Park (i). Au nord -est ée Kankan est
un pays nommé OuasseloUy qui fournit aussi
beaucoup d'or, mais plus pâle et moins re-
cherché que celui du Kankan : au reste le Kan^
(i) Mnngo - Park , Journal of a Mission to the interior
•f Africa^ p. i66.
l54 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
kan et le Ouasselony seraient, selon M. Mollien,
les pays de l'intérieur de l'Afrique les plus riches
en mines d'or et en esclaves; et Sego et Tim-
bouctou nç seraient que les entrepôts du com-^
merce de ces peuples avec l'Afrique septentrio-
nale. Ces notions ne s'accordent nullement avec
Léon l'Africain, Marmol et les auteurs arabes,
qui placent beaucoup plus à l'est et dans le
Ouangara^ le pays à!EUTibr ou de l'or pur.
Un Marabout , ou un prêtre mahométan
nègre, qui avait été à la Mecque yàiX à M. Mol-
lien qu'en -deçà et au-delà de Timbouctou ^
on • rencontrait des états entièrement habités
par des Fouies; que le DjaUi^Bd se jetsdt dans
le Nil^ et que ses eaux, après s'être mêlées à
celles du fleuve de V Egypte j se rendaient dans
la mer. L'existence des Fouies au-delà de Tïiw-
bouctou se trouve conforme au récit d'Amadi-
Fatouma (i). Quant au sy^me ^ui tend à faire
considérer 1^ Niger ou le ^nd fleuve du Soudan
comme le même fleuve que le Nii^ on doit dire
que cette opinion est générale chez un grand
nombre de peuples en Afrique; ce qui n'est pas
du tout une preuve décisive qu'elle soit exacte.
Tels sont tous les renseignements que nous
*i -. -
(i) Mnngo-Park, Journal of a Mission to the interior
of Jfritfu in the year^ i8o5, p. 209.
PREMIÈRE PARTIE. l55
fournit là relation de M. MoUien sur l'intérieur
dé l'Afrique (i).
Les notions que M. Ritchie avait obtenues
pendant son séjour à Tripoli et au Fezzàn^
n'ont été mises au jour que très-récemment
par le rédacteur d'un journal anglais, qui pa-
raît avoir eu entre les mains les papiers de
ce jeune et infortuné voyageur. Pendant son
séjour à Mourzouk^ M. Ritchie s'était, dit*on,
minage des intelligences avec les sultans de
Kanfim et de Bornou; il devait partir pour se
rendre dans c^s contrées au commencement
de novembre, époque de l'année à laquelle
commence la Aison la plus convenable pour
traverser le désert. Comme Hornemann, M. Rit-
chie se proposait ensuite de traverser le Soudan
de l'est à l'ouest , de se rendre par le Dagivumba
dans le royaume des Aschantis; de là il aurait
ûicilement attektl rétablissement anglais de Cape*
Coast sur \di£ét€'d*or^ où il eût pu s'embar«
quer pour rEurope* La mort, ainsi que nous
l'avons dit, a empted^ raccompUsaeinent de ce
projet; et il n'en est resté que les notions que
M. Ritchie avait eu soin de recueiHB" à Tripoli
(i) G. Mollien, Voyage dans V intérieur de l'Afrique,
aux sources d^ Sénégal et de la Gambie, t. i, p. 219,
et t. II y p. 189 à 195.
l56 RKCHERCHBS SUR l'aFRIQUE.
et à Mourzouk, Un maître d'école de Tripoli
nommé Mahomet, né à Timbouctou de parents
tripolitains , et qui s'était deux fois rendu dans
sa ville natale en partant de Tripoli et en pas-
sant par Ghadamès et Touat^ a, dit-on, donné
à M. Ritchie les renseignements suivants. De
Tripoli k Ghadamès on compte treize à quatorze
journées de marche; de Ghadamès à Ain^el--
Salah {la Fontaine des Saints) sur la frontière^
du pays de Touat^ il y ^^ vingt jours de marche.
A deux jours de' marche de Aîn-eU Salah ^ est
Àgahly^ la capitale du pays de Touat. Touat
est une oasis au milieu du désert , abondante en
sources et très-fertile; les maisons y sont en
pierres comme à Tripoli. Après trente jours
de marche en partant de Touàty on arrive à
Mabrouky ville plus considérable que Tripoli
et bâtie aussi en pierres : le nom donné à Ma-
brouk vient, dit-on, de ce que les conducteurs
de caravanes, lorsqu'ils s'y rencontrent , se féli-
citent mùtuellenient d'avoir traversé le désert.
Les Touariks habitent ces contrées ; c'est une
race presque noire", qui vit dans des tentes, et
qui possède des chameaux d'uiie' vitesse ex-
trême. Chez les Touariks^ les hcunmes s'enve-
lopçent le visage dans une sorte de vqile ou de
capuchon , tandis qu,e les femmes laissent le leur
à découvert; ce qui est le contraire de l'usage
PR£Mlà:R£ PARTIE. 1 57
qui se pratique dans tout l'Orient. Les Touatiks
sont très-hospitaliers. De Mabrouk à Timbouctou
on compte quinze jours de marche; mais le pays
est fertile, et abonde en provisions et en sources
dont Teau est excellente. Jl paraît, d'après ces
renseignements , qui s'acccyrdent parfaitement
avec les détails donnés dans le premier de no^
itinéraires, que le Grand -Désert se termine à
Mabrouk y et que Timbouctou n'est pas sur la
limite , mais dans l'intérieur même du Soudan.
Selon Mahomet, Timbouctou est une ville
murée; quelques-unes des maisons sont bâties
en pierres, d'autres en terre. Le palais du roi res-
semble au château A^ Tripoli; sa garde est armée
de fusils, qu'on se procure par la grande mer.
On manufacture à Timbouctou des draps de coton
et des tissus en or. Les environs de Timbouc--
tau abondent en cocotiers: cette circonstance est
remarquable; parce que le matelot Adams avait
affirmé le même fait; et, comme jusqu'ici on n'a
rencontré les cocotiers que dans le voisinage de
la mer , on s'était fait un argument de cette par-
ticularité du récit d'Adams pa^r prouver qu'il
était messo&^r. Le, i)¥/, selon Mahomet, est
à une demi ajournée de Timbouctou; le port
de la ville est Kabra : quand on va de Tim-
bouctou à Kabra^ la rivière vient de la main
droite, et coule vers la gauche (c'est-à-dire
l58 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
^qu'elle coule d'occident en orient); elle est si
large dans cet endroit , que la balle du fusil ne
peut atteindre la rive opposée : dans la langue
du pays, cette rivière se nomme hsa. On y
Yoit un grand nombre de bateaux , qui sont
en grande partie employés au commerce de
Djénni. Mahomet a toujours entendu dire que
le Nit du Soudan et le Nil d'Egypte étaient le
même fleuve. De Timbouctou jusqu'à Ouangara
on compte vingt-cinq journées de marche. Les
habitants de Ouangara apportent de la poudre
d'or à Timbouctou, Mahomet n'avait point été
à Ouangara; mais il avait entendu dire que cette
contrée est au sud. Il était persuadé que des
chrétiens pourraient résider à Timbouctou sans
y éprouver dé vexations.
M.Ritchie obtint encore d'autres informations
d'un nommé Hadji-Hamet, natif de Bornou,
qui avait accompli le pèlerinage de la Mecque
cinq ans auparavant. Il était né dans la capi-
tale de Bomou , qui porte le même nom que le
royaume, et qui ne s'appelle pas Bimey comme
l'avance M- Burckhardt. Mais celui-ci nous ap-
prend , en même temps , que ce mot de Bimey
signifie ville en langage du' pays (i). Hadji-
Hamet affirme que Bomou e^phis grand que
■ '■'■'■'■■■' I ■ " * II. I . . ..Il ' ■ ■-
(i) Voyez ci-dessus, p. 72 et 148.
PREMIÈRE PARTIS. ïSg
la ville du Caire en Egypte ^ et qu'on mettrait^
une journée entière à le traverser. Lorsqu'il se
rendit à la Mecque ^ il traversa le royaume de
jK^ane/7i,qui est à sept journées à l'est de Bomou.
La ville de Kanem est de la grandeur de celle
de Tunis. Une grande rivière arrose le royaume
de Kariem ; on la nomme Tschadi k Cano ou
Gano , et. Bimum dans le pays de Kanem, Elle
coule au sud-est , n'est jamais à sec; et pendant
l'été elle inonde les contrées environnantes. Dans
\e Bomou cette rivière se nomme Kama^kou, Ce
renseignement est confirmé, comme nous l'avons
déjà dit, par la carte d'Afi^ique de Delisle, qui
donne au Niger dans le Bomou le nom de Kama-
e/oou, et avec ce que les habitants d* ^schantis ont
dit à M. Hutchinson , qu'il y avait à Borno» une
rivière nommée Koumoudou-Gaiguina (i). Mais
ces mots de KamadooUy de Koumoudou^ de
Kamadkou^ sont certainement les mêmes que
Kamadago diversement prononcé, qui, dans le
langage de Bomou^ signifie rivière (2). laeRamad-
Âou^ on la rivière de Bomou ^ selon Hadji-jlamet,
pas&e aune demi-journée au sud-est de la capitale ;
et sur ses bords est utie ville ou un port nommé
Gambarou. Delisle e^M. Bowdicb, ainsi que. nous
" . . '^1. — ■
(i) Bowdich's Mission to Askantee^ p. ai 3.
(a) fiarckhardt , Travels in IVubia , p. ^9^ 9 et ci-dessus
p. i35.
l6o RECHERCHES. SUR lVfRIQUE.
gravons déjà remarqué, donnent ce nom de Gant"
barou à une rivière. A Gambarou^ selon Hadji-
Hamet, on précipite tous les ans dans le fleuve, à
l'époque de l'inondation , une jeune fille vierge :
on croit fel'mement que sans ce sacrifice la ville
serait submergée. M. Burckhardt a entendu ra-
conter la même chose en Egypte. A Gambarou,
selon HadjirHamet, il y a des châteaux et des
maisons bâtis par des chrétiens , qui , d'après la
tradition, ont habité ces contrées il y a plusieurs
siècles. Avant que la rivière qui coule devant
Gambarou atteigne cette, ville , e^le traverse le
Soudan. Hadji-Hamet dit s'être rendu à Gano^
qui est à douze journées à l'ouest de Bornouy
et près de la rivière qu'on appelle Tchadi. A. cinq
joujpées à l'ouest de Gano est C^chenah y où la
rivière a environ un tiers de mille ; on la nomme
dans cet endroit GoulbL Hadji-Hamet était jeune
lorsqu'il se rendit à Timbouctou; mais il croit
que cette ville est à vingt-huit journées de Ca-
chenah- et à quarante-cinq journées de Bornou.
Les liei^ qu'il traversa pour s'y rendre, sont
GoubuTy Zanfaruy Nyffé^ Zeg-Zegy Melli et
Fouta; mais il ne connaît pas les distances res^
pectives qui séparent ces li^uiles^uns des au-
tres. A JPfxffé il y a une gt'ande mer intérieure
dont l'eau est douce : la rivière Tchadi sort de
cette mer, et dirige ensuite son cours en Égypte^
PREMIÈRE PiLRTIE. t6l
Ainsi la rivière Tschad serait le Nil^ où s'y joi^
drait ; mais Hadji-Hamet ne sait pas si la rivière
qui coule près d^ Timbouctou se joint ou non
à celle-là. Ouangara est au sud entre la mer
intérieure dont nous venons de parler et Tim^
bouctou, Cachenah et toutes les contrées envi-
ronnanles sont actuellement sous la domination
de Bello , chef des Fellata et fils de Hatman
Panfodio : ce chef fit une irruption dans cette
partie de l'Afrique , il y a quelques années , et
&it actuellement sa résidence à Cachenah même.
Tels sont tous les renseignements que Hadji-
Hamet a pu fournir.
M. Ritchie en obtint quelquçs autres sur les
contrées plus voisines de X Egypte et de I2L Nubie j
d'un nommé Sidi-Mousa , marchand tripolitain ,
qui, lorsque ce voyageur le vit, revenait de
Wara , ou Ouara ^ capitale du Waday^ ou
Ouadey ; cette contrée est, ainsi que nous
l'avons dit, la même que Bergou^ et son véri-
table nom est Dar-Saley, puisque c'est celui
que lui donnent les natifs. Selon Sidi -«Mousa ,
la distance entre Tripoli et Bergou est égale à
celle de Mourzouk à Bomou ; elle est de qua-
rante-cinq journées de caravane. Pour se rendre
de Tripoli à fFaday^ on passe par Begharmi et
Bomou. On emploie vingt jours pour se rendre
de fFara à Bfigharmi^ et six de Begharmi à
l62 HECHBKCHES SUR l'aFRIQUE.
%omou. Cette dernière ville est beaucoup plus
grande que Tripoli. Les peuples de Bùmou et
de fFdday habitent des cabanes construites en
terre et couvertes de gazon ; mais ceux de
Beghanrd ont des maisons à deux étages. Une
rivière, nommée BaJtta^ arrose une partie du
royaume de H^aday; et Sidi-Mousa croyait que
ce pouvait être la même que celle qu'on nomme
Tschad^ et qui coule à Bonum. Renaarquons
que Hornemann a aussi entendu dire au Fèz^
zàn que la rivière qui passe à Timboudou
coule au sud de H€U>ussa; qu'elle arrose le
Njffé et le Cabi^ où on la nomme Gulbi ; et
qu'elle continue à couler vers Test sur le terri-
toire deBornou: là, dit-il, elle prend le nom de
2ad ou Tschad, ce qui signifie grande euu.
Dans quelques cantons de Haoussa^ on la
nomme Gaora (peut-être Quorra ou Quùttd)^
mot dont le sens est le même (i).
Le Nil y selon Sidi-Mousa , arrose le Bomou et
le Begharmi des Nègres : à quatre journées de dis-
tance de la capitale de ce dernier pays, ce fléUve
coule à Test; là il a près d'un miHe de largeur:
il se dirige ensuit* au sud -est. Sidi-Mo^sà ne
put donner aucun renseignement isur le Nil au-
delà du pays de Begharmi; mais il a toujours
(i) Hornemann, Voyage y, t. I, p. 1 64 de la traductien
française^ et p. iiS de Tédition anglaise, in-4®.
PREMIÈRE PARTIE, l63
entendu dire que ce fleuve est le même que
celui qui coule en Egypte. Il résulte du moins
de son récit que le Tschad du Bornou n'est
pas le fleuve qui^ sous le nom de iVi7, traverse
le Begharmi.
Telles sont les informations que M. Ritchie a
reçues de trois Africains intelligents et instruits,
et elles lui ont été confirmées par d^autres ; mais
il n'a trouvé personne qui pût lui dire si la ri-
viàre Issa^ coulant près de Timbouctou, est la
même qui, traversant le lac d*eau douce deNj/fé^
coule ensuite à Cachènah , où on la nomme
Culbiy et qui, après avoir successivement arrosé
les pays de Gano^ de Bornou , de Kanem , se di-
rige au sud à travers le Begharmi^ pays au-delà
duquel son cours est ignoré. « Toutes les per-
sonnes avec lesquelles j*ai conversé, dit M. Rit-
<jiîe, croient que c'est la même. » C'est l'x>pinion
de M. Ritchie, qui s'appuie sur les informations
données à cet égard par Mungo-Park et par
Homemann; c'est aussi l'opinion du journaliste
instruit <pii nous a donné un extrait des ma-
nuscrits de M. Ritchie. Mais il y a beaucoup
d'objections à faire contre la concordance que
l'on prétend exister entre les divers tépaoignages
sur les différents noms que pbrte la grande ri-
vière qiû travel'se \!t'Soudan. Il n'est pas clair que
ces diverses dénominatidïis »e servent point à dé^
If.
l64 REGHEUCHES SUR l'aFRIQUE.
signer différentes rivières. Nous venons^ de ^ir
que, même d'après le témoignage d'un des Afri-
cains interrogés par M. Ritchie , le Tscfiad doit
être une rivière dififérente du Nil qui coule dans
le BeghamU. M. Ritchie pense que Borhou est
mal placé sur les cartes ; et il conjecture qu'en
mettant le centre de cette contrée à i6 degrés
de latitude nord, et à f4 degrés à l'orient du
méridien de Paris, on ne s'éloignera pas beau*
coup de la vérité. La ville de Kanem lui parait
aussi mal placée; et il en indique la situation
probable à i8 degrés ii minutes de latitude,
et à i5 ou ]6 degrés à l'orient du méridien de
Paris (i).
Nous devons remarquer que les tentatives dés
Anglais pour pénétrer dans l'intérieur de TAfii-
que par le moyen d'expéditions militaires , ont
été pluii infructueuses que celles où l'on a em-
ployé des voyageurs accompagnés d'une suite
peu nombreuse. Nous avons raconté la fin
malheureuse de l'expédition du capitaine Tue-
key: celle qui fut envoyée pour remonter le
Rio-Nunezy.^&n d'arriver pàr-là jusquW Niger,
a coûté la vie à son commandant le major
Peddy^ au lieutenant M. Kay, et au chirur-^
gien de Texpédition. JL.e major Peddy est mort
(i) Qmrterlx-Review^ i8ao, t. XXUIi p. «aaS à a4o.
PREMIÈRE PARTIE. l65
à Kacondjr; et le capitaine Campbtell, qui prit
le commandement de l'expédition , fut d'abord
arrêté à Pandjicottoe , suc la route de Lahhé
à Timbou , à environ cent cinquante milles
au-delà de Kcteondy. Il fut obligé de séjour-
ner trois mois entiers à Pandjicottoe , parce
qu'un chef des Foulahs , sous le prétexte 'Vrai
' ou supposé qu'il était en guerre avec un autre
chef, lui refusa le passage. Après avoir, pendant
son séjour, perdu ses chameaux, ses chevaux,
et une partie de ses ânes, le major Campbell
fut obligé de retourner sur ses pas ; il succomba
au chagrin et à la maladie, et mourut aussi à
Kacondjr (i).
L'expédition du major Gray ne parait p^s
promettre de plus heureux résultats. Après
s'être avancé dans la contrée des Foulado , où
sa trou]ib fiit insultée, pillée, et en partie dé-
truite, il s'est vu forcé de retourner à Galam,
sur le Sénéged, au mois d'août 1819 (2).
Le chirurgien de l'expédition, M. Dorcherd,
a été plus heureux ; et , avec une suite peu
nombreuse, il est parvenu jusqu'à Yamina^ sur
le Niger j sans aucune difficulté ; mais, après avoir
attendu près de six mois, dans ce lieu , la per-
(1) Quarterfy^Review, 1B17, t. XVII, p. 3a6.
(a) Quanerfy'Âeview ^ iSao, vol. XXIII, p. .141.
i66 RECHERCHES SUR L^FRIQUE.
mission du roi de Sego pour pénétrer plus ayant,
il a été obligé au contraire de rétrograder jusqu'à
Burmnakou ou Bamhakou^ dans le Bambarra^
d'où Ton a reçu de ses nouvelles, datées de Inaî
1819. Il parait qu'à cette époque le roi de Sego
était en guerre avec les peuples voisins vers l'o-
rient. M. Dorcherd a été traité par les natifs à
Yamina et à Bammakou avec beaucoup de bien-
veillance. Il croit que, s'il peut obtenir la per-
mission de s'embarquer sur le Niger^ il parvien-
dra facilement jusqu'à son emboudiure; mais
il n'a pas expliqué sur quels motifs il fonde
sa confiance à cet égard. Suivant M. Dorcherd,
le Niger commence à être navigable à Marra-
bou^ où il présente même une surface d^eau
assez étendue , mais pleine de bas-fonds. Il y a
des marchés établis à Sansanding et à Yamina
deux fois la semaine; on y débite mfème des
étoffes de Manchester^ et diverses marchandises
européennes, qui probablement y parviennent^
c6mme au temps de Léon l'Africain, par la voie
de Timbouctou et par les caravanes du nord.
M. Jackson a publié, avec d'autres fragments
sur l'Afrique, une relatiopi àeTimboiuÉou et de
Haoussa , par Shabeeny ( i ) , qui n'est autre
(1) J. Grey Jackson's Jn accouni of Timbactao anâ
Housa by El-Hage^Abd-Salam Shabeeny, liao, int8%
PREMIÈRE PARTI];. t&J
chose que les renseignements qu'avait recueillis
M.Be9u(oy kTéioumn, d'un marchand arabe, lors
des premières recherches de la société, pour les
découvertes en Afrique , et dont le major Rennell
avait déjà fait usage (i); particularité dont M. Jack-
son aurait du îiiistruire le public.Quoi qu'il en soit,
la relation de Shabeeny nous apprend que Ton
compte vingt jours de marche de Fez à Tafilet^
six jours de Tafilet à Draha, et quarante-trois
jours de Draha à Timbouctou. On cc»npte égale-
ment quarante-trois journées de marche ^Akka
à Timbouctou (2). Shabeeny donne , sur cette
dernière ville, des détails fprt intéressants, s'ila
sont exacts. Elle coirtient, selon lui, quarante
mille habitants, sans compter les esclaves et
les étrangers. Elle est entourée d'un mur en
terre ou en pisé, qui a douze pieds de haut.
Elle a trois portes : Tune au nord , qui ouvre du
coté du désert , qu'on nomme Porle-dn-Désert ,
Beb ^ Sahara ; l'autre, qui lui est opposée, se
nomme Beè^el^Nil^ ou Porte-du-Nil ; et enfin
une troisième, qu'on nomme Beb-el^Kiblay
ou Porte - de - la - Tombe - de - Afahomet, qui
* " . ' ' ' ■ '
(i) Heuiell dte Shabeeny, d'après les manuscrits de
M. Beaufoy 9 dans Proceedings of the Association for pro-
moting ihe discoveries of the irUerior parts of Jfrica^
t. ly p. 287.
(2) Shabeeny*s Account of Timbuctoo , p. 7.
l68 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
conduit, vçrs l'est, à une grande forêt voisine,
remplie d'éléphants et d'arbres énonnea. Les-
habitants ^ont noirs, et ne sont pas circoncis.
C'est le centre du commerce des diverses con-
trées de l'Afrique. L'or qu'on y vend dans de
petits sacs, est apporté de Housa, Lorsque Sha-
beeny se trouvait à Timbouctou , c'est-à-dire en
1 787, cette ville et son gouvernement étaient sous
la dépendance du sultan de Housa, qui même
y envoyait de l'argent pour payer la garnison.
Selon Shabeeny, Housa est au sud -est de
Timbouctou; indication qui semble contredire
la manière dont nous avons tracé l'itinéraire
de Mohammed, fils de ï*oul, qui nomme ude
ville de Haoussa à plus de, vingt journées à l'est
de Timbouctou. Les contradictions qui résultent
des renseignements donnés sur la position de
Haoussa, avaient, il y a long*temps, déjà em-
barrassé le major Re;inell(i). En comparant ces
indications, il est impossible de ne pas recon-
naître deux villes ou contrées différentes de
Haoussa: l'une est assez rapprochée de 7Y/w-
bouctou , et située au sud-est ; l'autre , au con-
traire, en est fort éloignée au nord-est.
C'est dans la première de ces villes que Sha-
(1) Kennell, Proceedings ^ etc., t. I, p. 286 et 53o; et
Hômemann*s Travelsy p. i8/|.
I^BKMIÈRE PARTIE. 169
beeny se rendit en naviguant sur le Niger. Il dit
^eHousa (i) n'est qu'à cinq journées de marche
de Timbouctou (2). Il s'embarqua à Mouschgrilia^
et il fut dix jours à naviguer; le courant est très-
lent, et on amarrait toutes les nuits (a). Shabeeny
remarque qu'il y a une communication si rapide
entre Timbouctou et Housa^ qu'il a vu, entre
ces deux villes, plus de bateaux sur Je fleuve
qu'entre Rosette et le Caire sur le Nil A^Égjrpte.
Enfin Shabeeny observe que le pays de Housa
confine à Bambarru, à Timbou^ à Mouschi, à
Jinnie, ou Guin; ce qui éloigne tout-à-fait cette
contrée de la ville de Haoussa^ qui est suf la
route de Ghadamès à Timbouctou. Le )>ays de
Housa de Shabeeny nous paraît être le même
(1) Shabeeny dit Housa ^ et notre itinéraire Haoussa ;
mais ce ne peuvent être deax noms différents , puisque
M. Bowdich nous apprend que Haoussa est la pronon-
ciation des Maures , et le même nom que les Nègres pro-
noncent Houssa. (Bowdich*s Mission to Ashantee , p. 4 7 8.)
(2) Dans Rennell, Proceedings ^ t. I, p. 53o, il est dit
que Shabeeny retourna à Kahra^ en remontant la rivière
presque anssi vite qu*en descendant; ce que le gëograj>he
anglais trouve fort étrange. Il nous semble que la ma>
nière dont nous avons dessiné, d'après nos documents, le
cours des rivières, explique cela en partie. Le bras
du Qamharott qui communique avec le Quolla doit être
comme une espèce de canal qui n'a presque point de
cours. Voyez ci-après;
170 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
que celui où Mungo-Park a pénétré loons de sort
dernier* voyage , et qui , dans le récit de sa'tnort
par Amadi^Fatouma, est nommé Ifaoussa (i):
dans la relation de ce même événement, par le
chérif Ibrahim, il est nommé Husa^iL). Remar-
quons ici l'accord de ces deux récits : le chérif
Ibrahim dit que c'est après avoir traverse le ter-
ritoire de Husay nommé laourie^ ou Yiouri,
que les chrétiens qui étaient sur le bateau
s'avancèrent dans le pays de Bousa^ plus grand
que celui de laourie. On reconnaît bien ici les
mêmes lieux désignés par Amadi-Fatouma ; sa-
voir, Yaour et Bou$sa (3). Selon Shabeeny, la
• -' "
(1) Mungo-Park , Journal of a Mission in the interior
of Africa^ p. 21a.
(a) Jackson, Shaheeny^s account of Ti^nbuctoo^ p^ 4^9;
et Bowdich's Mission ta Ashantee , p. 478. £n note , il est
dit que les Nègres prononcent Housa^ et les Maures Haoussa.
(3) Shabeeny, Account of Timbuctoo and Ho usa, p. 4i-
Dans ritinéraire d'un Maure de fennie , publié par
M. Bowdich (Mission to Ashantee, p. 489 ), on trouve après
Timbouctou , Gautv , Quoâlla , AsAea > Zabirma, Cabi,
Yaoura et Boussa; mais, à cet endroit , la route fait un
embranchement, et* ne passe pas par Haoussa. Il n'est
pas fait mention de Haoussa dans lltinéraire d*un Maure de
J?o/720tt(p. 487 )> qui, après Tiyibouctou , fait suivra les
positions dans cet ordre : Gauvt^, Kolomanni, Zinberme,
Cabi, Yaouriy Noufi, Boussa ^ Rakka, Bomou. Enfin il
n'est pas fait mention de j^aouf^a dans l'Itinéraire du Maure
PRfMIl^RE PARTIE» I7I
ville de Housa est beaucoup plus grande que
celle de Timbouctou; et, pour Fespace qu'elle
occupe, on pourrait presque la comparer à Lon-
dres. L'empire dont Housa est la capitale s'é-
tend loin vers le nord, au-delà de Timbouctou y
et renferme la ville ^Afnou^ près de laquelle on
remarque celle de DafinL
La position que les distances indiquées et les
détails donnés par Shabeeny assignent à Housa^
fournit une nouvelle preuve qu'il s'agit d'une
contrée différente de celle que l'itinéraire de
Mahomet, fils de Foui, place à vingt -huit ou
vingt-neuf journées au nord -est de T imbouc»
tou; contrée que les rapports faits à Mungo-Park
indiquent aussi à trente journées par terre, et
à quarante-cinq journées par eau ; qu'enfin les
renseignements obtenus par M. Bowdich , por-
tent au moins à vingt journées au nord-est de
cette ville (i) ; et qui , selon Hornemann, est
limitrophe de Bomou, à l'ouest (a).
dt ffao9issa , donné 9LUMi par M. Bowdich (p. 4^4)9 et dont
les pofiitioBS, à Test de Timbouctou jusqu'au Dar-Four^ se
saiTent dans cet ordre : JoUiba^ Kabra, Ussabir, Gaw y
Kabi, Yaoura^ Kaka ^ Quarraraba^ Massigoudou, Caudi ^
Schary^ rivière , Four.
(1) Bowdich's Mission ta Ashantee , p. 198.
(a) Homemann's Travels in the interior part of 4frica y
j8oa, in-4% p. ii3; et t. I, p. i58 de 1 edit. franc.
l'J% RECHERCHES SUR ^AFRIQUE.
Shabeeny^ selon Rennell (i), a dit que de
Housa il descendit le fleuve et aborda à Ghinea,
près de laquelle se trouve un lac dans lequel le
NiUel-JK.ibir se décharge. Rennell conclut de ce
rapport, et de plusieurs autres qu'il a précé-
demment donnés, qu'il existe une contrée de
Jennie ou de Guiriy à quarante journées de marche
à l'est de Timbouctou. Mais ce pays de Ghinea
est, suivant nous, celui de Ganahj ou de Cana^
d'Edrisi ^ que ce géographe plaçait sur les bords
d'un lac d'eau douce, à douze journées au sud-
est dijindagost ou diAgadeZy et à huit journées
à l'ouest de Ouangara. Selon Shabeeny , le com-
merce de Housa est le même. que celui de
Timbouctou; mais il est plus considérable. Il s'y
rend des marchands, de Timhou , de Bomou,
de Moschou , et de Y Inde, Le Nil^-el-Kibir , ou
le Grand-Nil, comme le Nil d'Egypte j déborde
au mois d'août, et inonde le pays. L'inondation
dure dix jours. On dit que ce fleuve se décharge
dans la Mer salée, qui est l'Océan. Tels sont
les renseignements principaux donnés par Sha-
beeny, dont la relation, souvent citée depuis
trente ans par un célèbre géographe , n'a été
(i) Reoneirs Proceedings.
{i) Hartman&'s Edrisi, p. 4 1 et 46.
PREMlilRE PARTIE. 1^3
publiée qu'au moment où nous allions livrer
notre ouvrage à l'impression.
Nous avons terminé le récit des tentatives
infructueuses, et si souvent funestes, que les
Européens ont faites pour pénétrer dans le
centre de la partie occidentale et septentrionale
de l'Afrique. On a pu voir que, malgré tant
d'efforts , aucun voyageur instruit n'a encore pu
parvenir à se rendre à Timbouctou ni à Bornou,
qui paraissent être les deux centres principaux
de la partie. intérieure de l'Afrique septentrio-
nale.
Du coté de l'ouest, les découvertes euro-
péennes se sont arrêtées à Silla^ dans l'état de
Massinaj à 3 degrés de longitude à l'occident
de Pariç; du côté de l'est, à Cobbé^ dans le
Dar-Four^ à a6 degrés de longitude à l'orient.
Il reste donc un espace de ag degrés en longi-
tude, qui, à la latitude de t5 degrés, font 1680
milles géographiques , sur lequel les Européens
n'onf d'autres notions que celles qui leur sont
données par les Africains.
Du nord au sud, l'espace inconnu est moins
considérable ; cependant, depuis Mourzouk ^ à
^7 degrés de latitude nord , contrée la plus mé-
ridionale qui ait été reconnue de ce côté par des
Européens instruits, jusqu'à SiUa et à Cobbé^
on compte plus de 12 degrés ou 720 milles
1^4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
géographiques. De Mourzouk à Coumassie^ vers
6 degrés 34 minutes 5o secondes de latitude (i)
en diagonale, on mesure environ a5 degrés , ou
1 5oo milles géographiques.
Mais, si la position des peuples et des villes,
si le cours des fleuves, les directions des chaînes
de montagnes, et les formes particulières du sol
de ces vastes régions , ne nous sont pas encore
bien connus, il n'en est pas de même des traits
principaux que la nature et l'homme présentent.
A cet égard les récits et le$ descriptions des
géographes et des voyageurs de tous les siècles
sont d'accord, et sont continuellement confir-
més par les observations que les Européens
font journellement, et par les témoignages fré-
quents des natife qui habitent ces régions ou
les traversent sans cesse. Ces descriptions , ces
récits, concourent tous à augmenter le désir que
nous avons de les connaître plus en détail.
Il n'existe en effet dans aucune autre partie
du globe un contraste aussi pronbncé qu'entre
les contrées de la SénégamMe et du Soudan , et
le Sahara ou le vaste désert qui se' trouve au
(i) Bowdich's Mission îo Ashantee^ p. i6tà. La longitude
de Coumassie est, selon M. Bowdich, de a*^ ii ' à Tonest
de Greenwîch, et, pto conséquent, 4® %i *k Touest de
l'Obsenratoire de Pavîs.
PREMIERE PARTIE. 1^5
nord. Les peuples de ces deux régions, malgré
les alliances qu'ils ont contractées, malgré les
relations que le commerce et la religion n'ont
cessé d'entretenir parmi eux, sont restés, après
le laps de plusieurs siècles, aussi différents que
les teri*es qu'ils habitent.
Le désert de Sahara^ qui a 1600 milles géo-
graphiques dans sa plus grande loD^eur de
l'est à l'ouest, et 800 milles du nord au sud,
renferme, à la vérité, à de certains intervalles,
quelques oasis ou terrains fertiles, qui surpren*
nent par leur aspect riant et Tabondance de
leurs produits ; mais il ne présente, dans tout
le reste, qu'un sol uni, dur, couvert de sables
mobiles^ quelquefois transp(»*tés ça et là par les
vents, ou soulevés en ondes agitées comme les
flots delamer.Parfoisil est entrecoupé de collines
rocailleuses , qui renferment d'énormes cou<ches
de sel gemme, blanc comme la neige; ou il est
noirci par des amas de pitres basaltiques en*
tassées les imes sur les autres, et mêlées de
troncs d'arbres charbonnés, pétrifiés, témoins
irrécusables des anciennes révolutions de la na-
ture. Nul animal, si ce n'est l'autruche grisâtre
et le léopard tacheté, n'interrompt le vaste si-
lence de ces déserts. Désolantes solitudes, sans
verdure , sans eâu , sur lesquelles l'œil se tend
et le reg^td se perd sans pouvoir s'arrêter sur
1^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
un s^ul objet. L'éclat éblouissant du soleil, que
ces plaines réfléchissent comme un miroir ar-
dent , ne se trouve momentanément obscurci
que par ces nuées de sable que Fouragan roule
dans Tair en colonnes énormes , qui , tantôt
envahissant tout - à - coup l'atmosphère , ense-
velissant, en tombant, des caravanes entières;
ou chassées au-delà même du continent, jus-
que sur la surface de l'Océan , apparaissent aux
navigateurs comme d'épais brouillards, qui leur
interdisent l'approche et la vue des côtes à plu-
sieurs milles de distance. Parfois un vent léger,
* passager, mais rapide, mais brûlaqt comme la
flamme, s'élève, et suffoque les hommes et les
animaux qui ne sont pas assez prompts- à se
tourner ou à se jeter à terre pour éviter son
souffle destructeur.
C'est dans ces climats embrasés que le manque
de boisson fait éprouver au malheureux dont la
provision est insuffisante ou épuisée , des tour-
ments inouis, et une mort que rien ne peut dif-
férer« Une extrême aridité de la peau, qui se
manifeste par tout son corps, annonce subite-
ment l'attaque de la soif; ses yeux paraissent
sanglants; une défaillance, qui s'accroît à chaque
battement du pouls , semble devoir arrêter. tout-
à-coup le mouvement vital; une angoisse vio-
lente suspend sa respiration haletante; quelques
PREMIÈRE PARTIE. I77
-grosses larmes s'échappent avec effort de ses
paupières brûlantes; et, en peu d'instants, s'il
n'est secouru^ il a perdu connaissance et exhalé
son dernier soupir. Le dessèchement inattendu
d'une seule source ," un mécompte dans les
distances, une erreur dans la direction de -la
route, un accident survenu aux outres qui re-
cèlent la provision d'eau, ont souvent fait périr,
dans ces solitudes, par cet affreux supplice, plu-
sieurs milliers d'hommes avec tous leurs trou-
peaux.
Telle est cependant la patrie qu'habitent les
Maures- Arabes , et qu'ils ne voudraient poijtit
quitter, parce qu'en effet, dans aucune autre
contrée du globe, ils ne pourraient satisfaire les
goûts et les habitudes qu'ils ont contractés en
naissant. Fiers, actifs, belliqueux, ils chérissent
la liberté, et méprisent les autres peuples, sur-
tout ceux qui s'emprisonnent dans des villes et
qui s'attachent à la glèbe. Ils aiment les voyages ,
le commerce, et les combats. Au moyen des
guides qu'ils trouvent dans chaque partie du
désert, il^le traversent dans toutes les directions
avec leurs chameaux, leurs chevaux, leurs boeufs,
leurs brebis, leurs chèvres, et toutes teurs ri-
ebes^s. Ils se rendent en Egypte, en Abyssinie^
à Tripoli y à Maroc ^ à Tunis ^ k Alger, kMourzouk^
à Cacliep>ahy au Bomou, à Timbouêîou, sur le
la
1^8' RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Sénégal^ sur la Gambie y à la Céte^-d'ôr, et jus-
que sur les bords du Zaïre: enfin, pour acqué-
rir les titres vénérés è!hadji (i) et de sidi (2),
ils sortent d'Afrique, et entreprennent le long
pèlerinage de la Mecque, Ils campent sous leurs
tentes noirâtres et impénétrables à la pluie.
Professant une religion qui leur interdit toute
liqueur enivrante, l'eau est leur unique boisson.
Ils se nourrissent de lait de jument et de cha-
meau ; de mil sec , accommodé en une pâte qu'on
nomme couscou; de maïs , de dattes , de figues, de
gomme, du suc mielleux du palmier. Us tissent
eux-mêmes leurs étoffes; ils tannent le cuir, le
façonnent à toutes sortes d'usages, et en font de
beau maroquin. Us se procurent leurs armes
à feu des Européens ; mais ils fabriquent eux*
mêmes leurs zagaies, leurs piques, leurs poi-
gnards, leurs harnais, et tout ce qui leur est
nécessaire. Ils mettent sur-tout en œuvre For et
l'argent avec beaucoup de délicatesse et d'ha-
bileté; mais leur principale occupation est de
soigner leurs troupeaux. Leiirs chevaux leur
obéissent au moindre signe, se mettent à genoux
devant eux, les saluent de la tête, et semblent
répondre à toutes les caresses de leurs maîtres.
Toutefois, lorsque dans des occasions périlleuse*
' I I ■ i ■ I ■ ■ ■ 1 1 1. ■ ■ ■»
(i) Péleriuv
(a) Saint.
PREMIÈRE PA.RTIE. I-jg
ils lancent au galop, avec une vitesse extrême,
ces superbes coursiers, l'angle aigu de l'étrier
leur déchire les flancs; le mors, grossièrement
fabriqué, leur écorche la bouche; et le sang rou-
git l'écume dont ils sont bientôt couverts.
Les Maures sont zélés mahométans, et con-
duisent avec eux leurs prêtres, connus sous le
nom de Marabous et de Talbes. Ils couchent,
mangent et prient en commun, sans distinction
d'âge ni de sexe. Ils parlent l'arabe ancien, qui
est extrêmement doux et harmonieux dans leurs
bouches. Us chantent pour tromper l'ennui
des longs voyages, ou pour soulager leurs cha-
meaux près de succomber à la fatigue; souvent
aussi pour célébrer les grands faits d'armes de
leurs guerriers. Plusieurs improvisent des vers
avec facilité. L#soir, après le repas et la prière,
ils aiment à conter des histoires jusqu'à ce que
le sommeil vienne fermer leurs yeux. Parmi eux
les jeunes gens discutent avec assurance, devant
des vieillards,* les intérêts de la tribu; mais ce
sont toujours les femmes des chefs qui sont char-
gées des négociations de la paix. Les lances et
les cimeterres des guerriers les plus irrités s'in
dinent devant de tels me6sa|[ers, et le respect
qu'on leur porte aplanit les.obstacles. Ces Maures
sont cupideis, envieux, colères, et cependant dis-
simulés, adroits et trompeurs avec^oeux^que l'in-
IQ«
l8o RECHIIRGHES SVR l'aFBIQUE.
térêt ou la politique les force de ménager. Ils
traitent avec la plus afFreuse barbarie les blancs
que les naufirages, ou tout autre événement, ont
fait tomber entre leurs mains. Ils les considèrent
comme appartenant à une espèce dégradée , puis-
qu'elle est incapable de supporter les moindres
fatigues du désert. L'espoir d'en tirer quelque
argent est le seul motif qui les empêche de les
massacrer dès qu'ils les ont dépouillés ; mais ces
mêmes Maures sont pleins de justice, d'humanité,
de douceur, soit pour ceux qui se sont mis sous
leur protection, soit à l'égard de leurs esclaves
nègres. Ils exercent une généreuse hospitalité
envers le voyageur isolé qui est de leur religion.
Leur tente est un asyle sacré où leur ennemi le
plus détesté, lorsqu'il y a pris refuge , peut dor-
mir en sûreté. Du reste ils soflt grands, bien
faits , de couleur cuiyrée , ne connaissant ni les
maladies, ni les infirmités; et, par leur vie la-
borieuse , sobre et réglée , ils acquièrent une
telle vigueur de santé, une si forte et si durable
constitution, qu'ils prolongent leur existence,
dans ces climats brûlants, au-delà du terme
connu de la vie'humaine. Tel est le Désert; tels
sont ceux qui l'hstbitent (i).
(i) Riley, ç. 337-416. — Ali-Bey, t.-I, p. 34i. —
Jackson , p. a44 - 339. — Geoffroy de Villeneuve, D^
PREMIJCRi: PARTIE. l8l
Dans le Soudan et dans la Sénégambie , au ",
contraire, coulent de grands fleuves, s'étendent
des lacs immenses, ^'élèvent de majestueuses
forets ; par-tout des eaux limpides, de frais om-
brages , des champs cultivés ; là croissent ces
arbres éiiormes, colosses du règne végétal; là
se meuvent les plus gigantesques animaux du
globe. Dans ces contrées fertiles, perpétuelle-^
ment échauffées par les rayons du soleil, Teau,
l'air, les plantes, l'intérieur du sol, les fentes des
rochers, les lits des fleuves et des ruisseaux, le
fond des lacs et des marais, présentent le
spectacle d'une perpétuelle agitation. La nature
manifeste sans cesse ses facultés génératrices ;
et les phénomènes de la vie s'offrent à chaque
instant aux yeux, sous des milliers de formes et
de couleinrs différentes.
Les Nègres possèdent ces régions; race d'hom-
mes essentiellement distincte de toutes les autres.
Ils diffèrent encore plus, par leurs moeurs, leurs
caractères , leurs habitudes , leurs inclinations ,
que par leur conformation physique, des Maures
dont ils sont voisins. Doué d'une insouciance que
rien n'égale, d'une extrême légèreté, le Nègre ne
connaît ni le chagrin des privations, ni les soucis
V Afrique y iù-i8 , 1. 1, p. 75 et 141. — Voyez aussi Follie,
Sangnier , Golberry, etc.
l8a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de l'ambition : ses besoins sont en p^it nombre ;
et , favorisé par la beauté de son climat et la fer-
tilité de son sol, il ne lui faut pas, pour se sa-
tisfaire, entreprendre de longs voyages, ou per-
sévérer dans de pénibles travaux. A ses pieds
l'indigo et le coton croissent sans culture. Une
demi-aune de toile est tout son habillement;
quelques pièces d'arbres à peine dégrossies, des
roseaux , de la paille et des feuilles lui composent
une maison ; un tronc de cejrba creusé forme sa
pirogue. Vingt jours de travail par an suffisent
à la culture des champs qui produisent sa nour-
riture la plus essentielle. A l'âge de dix -huit
ans , il se choisit une compagne ; et , sous son
ciel brûlant, il ne ressent même pas l'ardeur
dévorante du désir. Tranquille au sein de sa
famille, oubliant le passé, content du présent,
sans inquiétude pour l'avenir, sa vie s'écoule
dans le calme d'une voluptueuse nonchalance ,
qui est son suprême bonheur. Seulement, pen-
dant la fraîcheur des nuits et à la clarté de la
lune , il manifestera sa joie par ses mouvements
cadencés au son monotone de ses grossiers
instruments. Tout, pour ces peuples heureux,
est un ^ujet de fêtes et de divertissements ; les
cérémonies, les réceptions, les nsdssances, Jes
mariages, les devoirs rendus aux 'dieux ^ les
PREMIÈRE PARTIE. l83
funérailles même, se terminent par des chants
et. des danses (i).
Placés sur le sol le plus ^fécond, les Nègres se
sont prodigieusement multipliés, et ont formé
des nations nombreuses; quelques-unes, et ce
sont les plus civilisées, ont été converties à la
religion de Mahomet, dont elles défigurent les
dogmes ; d'autres ont conservé leurs anciennes
et grossières superstitions : mais du moins
l'exemple d'une religion plus douce a entière-
ment aboli» dans la Sénégambie et dans le Sou-
dan^ ces préjugés féroces et ces coutumes san-
guinaires dont l'horreur a révolté les voyageurs
qui ont pénétré dans l'intérieur de la Guinée
et du Congo,
Sur les bords des grands fleuves et des grands
lacs qui arrosent la Sénégambie et le Soudan y
dans les vallées formées par les hautes chaînes
de moiltagnes qui traversent ces régions, au mi-
lieu des vastes forêts qui les couvrent , les na-
tions nègres ont construit un nombre considé-
rable de villages, de bourgades, et une assez
grande quantité de villes.
En Europe , la plus célèbre de toutes ces villes
est Timbouctou ; et , quoique plusieurs relations
(i) Voyez Golberry, Labat, Geoffroy de Villeneuve,
Adanson, FoUie, Mun^o -Park, Mollien, etc« , etc.
l84 KEGHSRdHES SUR l'aFRIQUE.
dignes de foi doivent nous faire croire que ce
n'est ni la plus grande, ni- la plus peuplée de
toutes celles du Sou^n, cependant les évalua-
tions les plus modérées lui donnent cent mille
hab^^tauts. Mahomet, fils de Foui, dans un des
itinéraires que nous publions, s'exprime, en
parlant de Timbouctou^ de la manière suivante:
« C'est la plus grande ville que Dieu ait créée , où
«c les étrangers trouvent toutes sortes de biens,
« ville remplie de commerçants. »
Nous avons exposé, dans cette première partie
de notre ouvrage, tous les efforts que les Eu-
ropéens ont faits pour arriver jusqu'à cette ville,
et pour pénétrer dans le Soudan, Avant de pré-
senter à nos lecteurs l'analyse géographique de
trois itinéraires qui y conduisent, il faut, pour
achever de remplir le plan de cet ouvrage , et
lui assurer le degré d'utilité qui^est notre objet,
que nous exposions aussi de quelle manière les
géographes ont tracé les résultats des informa-
tions qu'on a pu se procurer sur ces contrées,
et comment ils les ont successivement figurés
sur leurs cartes.
DEUXIÈME PARTIE. l85
DEUXIEME PARTIE.
DES CARTCS DÉ l' AFRIQUE RELATIVEMENT AU TRACÉ
DES CONTRÉES irTTÉRIEURES DE LA PARTIE SEPTEIi-
TRIONALE DE CE COJVTIPTEirT.
§ I. Des Cartes de Vintérieur de V Afrique sep~
tentrionale , depuis la publication de la map^
pèmonde de Ruysch en 1 5o8 , jusqu'à Ortélius
en 1570.
jLja reconnaissance des côtes du grand conti-
nent d'Afrique avait été entièrement terminée
avant la. fin du quinzième siècle, en 14989 par
Vasco de Gama, la même année que Christophe
Colomb toucha pour la première fois le conti-
nent du Nouveau-Monde : l'imprimerie était dé-
couverte depuis plus de quarante ans ; mais ce
n'était que depuis vingt ans seulement qu'on gra-
vait des cartes géographique^{i). Ce nouvel art fut
(i) Ceux qai désireraient de plas amples détails sur les
I
l86 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
employé à reproduire des espèces, de Fac simili
* ou de copies réduites des cartes que Ton trouvait
dans les manuscrits de Ptolémée (i). On com-
mença, dans les éditions de cet ancien publiées
à Ulm, par ajouter quelques cartes modernes des
contrées de l'Europe à celles du géographe grec;
mais, pour toutes les autres parties du globe,
l'ouvrage de Ptolémée, dont on multipliait les
éditions, resta, pendant la fin du quinzième
siècle, et jusque dans les premières années du
seizième , le seul traité de Géographie uni-
verselle.
Ce fut dans une édition de Ptolémée , donnée
à Rome , en 1 5o8 , par Marcus Beneventanus
et Jean Cotta, que parut la première mappe-
monde moderne gravée. On y trouve à-la-fois
le premier tracé des terres du Nouveau-Monde,
si récemment découvertes , et le continent
premières cartes géographiques qu'on a gravées, peaTcnt
consulter mon article Buchinck {Arnold)^ d^ns la Biographie
universelle, t. VI, p, 7.0^,
(i) Les éditions d'Allemagne, telles 4|ue celles d'Ulm,
de Strasbourg, ont pris pour modèles les cartes qui se
trouvaient dans les manuscrits latins, plus grossièrement
faites , et dont les lettres sont en caractères presque
gothiques. Dans les éditions de Rome , on a copié les
cartes des manuscrits grecs, plus délicatement dessinées,
et dont la lettre est en caractères romains.
DEUXIÈME PARTIE. 187
d'Afiîque li^s toute son étendue, d'après les
navigations des Portugais.
Jean Ruysch (dont le nom mérite de sortir de
l'obscurité où il est plongé), est l'auteiir de cette
carte remarquable intitulée : Universalior cogniti
orbis Tabula ex recentibus confecta ohservationi-
bus. Les premiers géographes du quatorzième
siècle, qui ne connaissaient que la petite portion
des côtes d'Afrique qui s'étend à l'ouest jusqu'au
cap Bojador, avaient coutume de terminer à
cette latitude ce grand continent (i) par une ligne
qui formait le cadre de leur carte , ainsi qu'on
peut le voir par la carte collée sur bois qui est
à la Bibliothèque du Roi. Mais^ comme l'ou-
vrage d'Edrisi et les relations des Arabes avaient
donné connaissance à ces géographes, de Tint"
bouctouy de Melli^ du pays de Guinée^ de plu-
sieurs contrées du Soudan , et du grand fleuve
qui le traverse, ils entassaient tous ces détails
sur leurs cartes, immédiatement au-delà de
XAÛas et à la hauteur du cap Bojador^ afin
de ne pas descendre plus bas vers le sud que le
point connu* sur la côte, et de se renfermer
dans le cadre tracé d'ayance.
(1) Fra Mauro , qui a dressé sa carte dans le xv* siècle ,
montre des connaissances plils étendues, et alonge da-
vantage l'Afrique vers le sud.
l88 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Dans le seizième siècle, lorsque Ton connut
toutes les cotes de l'Afrique , et qu'on sut
jusqu'où elles s'étendaient au midi, les géo-
graphes éprouvèrent un embarras contraire , et
tombèrent dans l'excès opposé à ceux des
quatorzième et quinzième siècles ^ ils ne savaient
plus comment remplir le vaste espace que pré-
sentait l'intérieur de l'Afrique, qui s'était subite-
ment agrandie de toute la longueur comprise
entre les latitudes du cap Bojador et du cap de
Bonne-Espérance : ces géographes se trouvaient
d'autant plus dépourvus de moyens à cet égard,
qu'uniquement occupés des découvertes mo-
dernes qui agrandissaient de jour en jour et
avec une prodigieuse rapidité 4e domaine de la
science , ils paraissent avoir ignoré les relations
de» Arabes et les travaux des cosmographes des
quatorzième et quinzième siècles; ou plutôt,
peut-être, ils. les dédaignèrent, parce que leurs
cartes ne leur offraient aucune graduation.
Les nouveaux progrès de l'astronomie et de
la navigation avaient fait prévaloir sur la mé-
thode vague des climats et des itinéraires ^ la
seule que connussent les Arabes de ce temps,
la méthode scientifique dePtoléipée, d'assujettir
les positions» de tous les lieux de la terre à
des distances à Féquateur et à un premier ïné-
ridien: par cette raison, dans les temps mêmes
DEUXIÈME PARTIE. 189
OÙ les progrès des découvertes auraient du faire
disparaître les erreurs de Ptolémée, l'autorité de
cet ancien dans ces matières s'augmentait dé jour
en joyr, et son ouvrage était considéré comme le
traité le meilleur et le plus complet su^ la géo-
graphie. On cherchait seulement à y coordonner
les nouvelles acquisitions dont la science s'en-
richissait avec une étonnante célérité.
Le géographe grec avait tracé, au-delà de
X Atlas j dans l'intérieur 3e l'Afrique, à la hau-
teur des îles Fortunées^ deux grands fleuves ,
le Niger et le Gir; il avait indiqué un certain
nombre d'états et de villes dans les pays que ces
fleuves arrosent. Ruysch, qui ne connaissait
rien dans l'intérieur de l'Afrique , y transporta
le Niger et le Gir de Ptolémée, tels que cet
ancien les avait tracés, avec tous les noms des
peuples et des villes; seulement il agrandit ou
dilata, si je puis m'exprimer ainsi, les détails
donnés par la carte du géographe grec, de ma-
nière à remplir le vide de la sienne. Ses côtes ,
pour le continent d'Afrique , se trouvaient ainsi
tracées seulenient d'après les modernes ; et l'in-
térieur , uniquement d'après les anciens.
Jean Scot , dans son édition de Ptolémée
publiée en iSao à Strasbourg, prit un parti
tout différent de celui de Rmysch , relative-
ment à l'Afrique : il inséra dans cette édition
igo RECHKIICHES SUR l'aFRIQUE.
une carte de ce continent, en deux grandes
feuilles , pleine de détails et de noms de lieux
sur les côtes, mais entièrement blanche dans
l'intérieur ; il indiqua seulement le Niger et le
Gir de Ptoléi^aée au sud de \ Atlas ^ mais avec
fort peu de noms et de positions. Il est probable
que cette carte est la copie ou la réduction de
quelque excellent Portulan manuscrit. Dans
quelques parties même, telles que la côte des
CimhebaSy au-dessus du cap de Bonne-Espé-
rancey où les navigateurs n'abordent plus , cette
carte pourrait encore servir à nos géographes
modernes. J'ai quelque raison de croire qu'elle
a été inconnue à d'Anville,
Cette carte fut réduite, avec beaucoup d'omis-
sions et d'erreurs, dans le Ptolémée de Strasbourg
donné par Laurent Phrisius, aux dépens de Jean
Gruninger, en iSaa. Les planches de ce livre
servirent pour l'édition de Ptolémée imprimée
à Strasbourg en 1 5^5, et pour les deux éditions
données par Servet en i535 et en i54i (i).
Mais cependant on fit dans ces dernières quel-
(i) Je me soi» assure de ces faits par uoe comparaison
exacte ; ce commerce de planches était commun. C'est
ainsi que les belles planches gravées par Bentinck, pour
le Ptolémée de 147^» ont servi a deux autres éditions
également imprimées à Rome, celle de i5o6 .et celle
de x5o8. • . •
DEUXIÈHE PARTIE. I9I
ques changements : on traçait dans ces cartes
quelques détails, pris aux géographes arahes,
qu'on plaçait vers l'extrémité méridionale de
l'Afrique, dans une partie où les Arabes ne
pénétrèrent jamais, et dont, peut-être, ils
n'avaient pas soupçonné l'existence (i).
Dans les trente années qui suivirent la publi-
cation du Ptoléméede Servet, toutes les éditions
qui furent faites du géographe d'Alexandrie
sont inférieures à celles qui les avaient précé-
dées, et d'un format beaucoup plus petit. Les
cartes qui s'y trouvent, ne sont plus d'aucune
utilité pour tracer les progrès de la science,
parce que dès - lors on commença à dresser de
grandes cartes séparées , d'abord pour l'Europe,
et ensuite pour d'autres parties du monde.
Les publications des recueils de Gryneus en
i535, et de Ramusio en i55o (2), où étaient
(i) Il est remarquable que ces cartes indiquent, vers aa^
de latitude sud, et 18^ à Torient de l'Ile -de -Fer, tine
contrée riche en or, où il y a des hippopotames, et où
coale un grand fleuve qu'on nomme Gomormager; ce
nom est probablement celui de Kouama, défiguré.
(a) La i'* édition de Ramusio est de i55o, voyez ci-
dessns , pag. 36. Il n'y a dans cette édition qu'une seule
petite carie d'une partie de l'Afrique qui accompagne la
dissertation sur le NU, p. a8o verso. Qp y voit le Bomou ,
ainfi que le Niger ^ dont le cours est distinct et séparé de
celui du NiL
iga RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
réunis tous les voyages et les découvertes des
modernes en Afrique, en Asie et en Amérique,
et les cartes modernes, quoique grossières, que
l'on joignit à ces recueils, comfnencèrent à sé-
parer la science géographique, de l'ouvrage de
Ptolémée , où elle était restée jusque-là engagée.
La carte qui, dans le recueil de Ramusio, fut
mise en tête de la description de l'Afrique par
Léon l'Africain, doit d'abord fixer notre atten-
tion , parce que lès erreurs de cette carte se re-
trouvent dans presque toutes celles qui suivirent
jusqu'à Delisle : c'était en quelque sorte un sys-
tème arrêté, auquel chacun se contentait de faire
quelques modifications. Ce système était le résul-
tat de trois sources de notions différentes , qui
provenaient des Arabes, de Léon l'Africain, et
des découvertes des Portugais sur les côtes et en
Abyssinie. Selon le système d'Édrisi et des Xrabes,
le Nil avait ses sources aux Montaffies de la
Lune; ses divers affluents se réunissaient dans un
lac; là le Nil se partageait en deux grands fleuves:
l'un coulait directement vers le nord, c'était le
Nil proprement dit; l'autre coulait vers l'ouest,
c'était le Niger ou le Nil des Nègres , qui se vi-
sait dans le lac Ulil, et se jetait dans la Mer
ténébreuse j à une journée de navigation du lac
(i) Hartmann y Edrisi^ p. X2.
DEUXIÈME PARTIE. igi
V/i'l. Mais (et ceci est remarquable) Édrisi admet-
tait encore l'existence d'un autre fleuve, qui se
déchargeait dans le Nil des Nègres : c'est dans
les pays qu'arrosent ces deux fleuves, ajoute
Édrisi , que les Nègres habitent.
Léon l'Africain ne parle que d'un seul fleuve
dans le Soudan ou le Pays des Nègres; il le fait
sortir d'un grand lac, situé dans la partie orien-
tale de l'Afrique, au milieu d'un désert nommé
Seu. Ce fleuve coule à l'ouest , et se décharge
dans la mer. « Mais , dit Léon , les géographes
» prétendent que ce lac, où le Niger prend sa
» source, est formé par le Nil d'Egypte^ qui,
» après avoir coulé sous terré, ressort en cet
» endroit ;' par conséquent , le Niger est consi-
» déré par ces géographes comme un bras du
» Nil [ï). »,
Ainsi que nous l'avons dit, les connaissances
des Arabes et celles de Léon, beaucoup plus
étendues que les nôtres vers l'intérieur, étaient
plus restreintes sur les côtes ; de sorte que Léon
connaissait bien le cours du Niger \nsc\ix\ Timr
bouctou et même jusqu'à Djenni {%) , et il savait
ensuite vaguement que ce fleuve continuait son
cours jusqu'à la mer; mais il ignorait, aussi-bien
qu'Édrisi, où était son embouchure.
•^— ^'— — Il ■ ' I n "■■■Il I ■■■ 1^1 I II II '; >'■ ■ mmmmammmmm^
(i) Leoni' Africain, dans Ramnsio, pi I aurerso. (a) Id.
l3
194 IIECHSRCHES SUR L^AFRIQUE.
Lorsque les Portugais eurent découvert le Sé-
négal et la Gambie ^ûs ne doutèrent pas que
les embouchures de ces deux fleuves ne fussent
celles du Niger décrites par Léon ; et ces fleuves
furent considérés par eux cpmnie les deux bras
du vaste Delta formé par le Niger ou Nil des
Nègres à l'instar du Nil d'Egypte.
Mais, comme les jésuites portugais avaieilt pé-
nétré dans XAbyssinie et avaient trouvé le Jaç
Tzana où Dembea^ une des sources éaBahr-el-
Azrekj Tun des affluents du Nil^ qui est cQnsi*
déré enÂbfssinie ^^omme le véritable iVi/, qu ne
doqta pas non plus que ce lac ne fut celui dont
^1 est fait mention dansÉdrisi, comme donnant
naissance ou Nil. On transporta donc loin vers le
sud , f^ètrVtm se figurait que devaient être les
sources du Nil, le lac àiJbyssinie. On plaça, alen-
tour de ce lac , les provinces àiAbyssinie dont
on avait connaissance. Ainsi , non-seulemept ce
lac, mais toute XAbyssinie se trouva transportée
à' vingt degrés ou 1200 milles géographiques de
sa véritable position. Les détails relatii^ à cette
contrée, agrandis et déplacés, remplissaient fa-
cilement l'espace encore aujourd'hui incomu
qui se trouve dans l'intérieur de X Afrique au sud
de Féquateur. Le grand lac ^Abyssiniej ainsi
placé entre les cotes occidentales - et orientales
de cette partie méridionale du oontinént, pou-
DEITXljfelffE PARTIE. IQD
vait aussi fournir les sources des grands fleuves
qu'on y avait découverts , et principalement
celle du Zaïre ou rivière A\jl Congo à Touest , et
celle du Zamf?ezé ou Coûama à l'est.
Telles sont les bases principales des systèmes
géographiques, relatifs à l'Afrique, que l'on re-
marque dans les cartes des seizième et dix-sep*
tième siècles.
Sur l£( carte d'Afrique qui accompagne dans
Ramusio l'ouvrage de Léon l'Africain, nous
voyons un gi*and lac à 60 degrés à l'orient du
Cap'Fert et à 5 degrés de latitude sud, alen*
tour duquel est le royaume de Gojam et de
Caffa^ contrées qui sont connues pour faire au-
jour^'l^ui partie de XAbyssinie : de ce lac coule
au nord le Nil; à l'est se trouve le Cuama; à
l'ouest, le Zaïre. D'un autre lac plus petit, et
voisin de ce|ui-là, sort le Niger ^ qui coule d'a-
bord au nord-ouest, ensuite droit à l'ouest, et
qui sç décharge dans la mer par plusieurs em-
bouchures en formant un vaste Delta , dont, la
Garnira et XeRio^Grande sont les deux bras prin-
cipaux. Il est grossi dans son cours par diverses
polîtes rivières qui y tombent du PQjpd et du sud.
To^U)!OUt ou Timbouctou est à 16 degrés de lati-
tude nord, ce qui semblerait assez exact, ipais à
jo degrés seuletuept à l'orient du Cap^Fert^
c'est-à-dire à près de 8 degrés ou 480 n^illes
i3-
î()6 RECni-RCHES SUR LàFRIQUE.
géographiques plus à l'ouest que ne le placent
nos cartes actuelles. Aussi cette ville se trouve-
t-elle daiis Ramusio^ sur le bras supposé du
Niger , formé par le Sénégal^ et à quelque
distance de Kabra. Ce port de Timhouctou est
placé à la jonction présumée ^\x Sénégal^ à^ la
Gambie et du Niger ^ ou à la pointe du préten-
du Delta. Le royaume dont Timhouctou est la
capitale, s'étend jusqu'à cet endroit. Indépen-
damment du lac qui donne naissance au Niger,
on en distingue deux autres, l'un au sud et à
Forierit de Bornou^ l'autre à l'ouest de Cache-
nah et entre les royaumes de Zegzeg au nord,
et de Guber au sud. Les peuples du Soudan
se trouvent tous inscrits le long des rives du
fleuve unique du Soudan, En allant de l'ouest
à l'est, on voit au nord du Niger, Tombotu^
Gano , Zegzeg, Cassena, Ischar, Guangara et
Bomo , qui a au nord - est Coran et Guoga :
au sud, dans le même ordre, sont, Melli, GagOy
Guber, Zanfara et Medra. Tel est le système
exposé dans cette carte : il avait cela de re-
marquable, qu'il résultait entièrement des ob-
servations modernes et de celles des Arabfes,
mal expliquées ; qu'on n'y ajoutait pas les noms
anciens et les positions de Ptolémée, propres
seulement à augmenter la confusion et à rendre
la masse des erreurs plus forte..
DEUXIÈME PARTIE. I97
La carte d'Afrique de Forlani,Véronais, publiée
à Venise en mai i56a, a été cppiée sur celle de
Bamusio relativement à la direction générale des
grands fleuves, et à la désignation des peuples dont
nous venons de parler; Timbouctou y est aussi
placé de même : mais le cours du Niger ^ après
être sorti du grand lac qui est dans le royaume
de Medra , passe sous terre , ainsi que le géo-
graphe le dit sur sa carte, et reparait à soixante
milles dans le lac du Bomou. Ce changement
semble dû à la fausse interprétation du texte
del^on l'Africain, que nous avons rapporté plus
haut; ce texte suppose un cours souterrain du
iV// au sortir du lac Zambezé, source commune
du Nilj du Zaïre et du Cuama. .
§ II. Depuis la publication de la première édi-
tion de VAdas d'Ortélius en 1570 , jusquà
celle de la Mappemonde de Delisle en 1720.
Ortélius réunit toutes les cartes particulières
publiées jusqu a lui, toutes les descriptions con-
nues des contrées de la terre, et il recueillit
dans les anciens et sur les inscriptions antiques
tout ce qui était relatif à la géographie : il ren-
dit un service immense à cette science, en pu-
• bliant un atlas complet pour la géographie mo-
derne sous le titre de Thésaurus orbis terrarum,
«t un autre de géographie ancienne intitulé Pa-
igS RECHERCHIîS SUR l'aPRIQUE.
rergon^ séparant ainsi pour la première fois et
avec juste raison ces deux branches delà science,
qu'on avait jusque-là confondues et embrouil-
lées l'utie par l'autre.
Cependant la carte d'Afrique qu'Ortélius a
donnée dans son Thésaurus^ en iS'jo, est copiée
sur celle de Forlanî, ou ne présente que de bien
légères différences ; ce qui est d'autant plus sur-
prenant, qu'Ortélius^ ne fait pas mention de
Forlani dans la liste des auteurs qui ont dressé
des cartes et qui lui ont servi pour la compo-
^sition de son atlas. Peut-être Oftélius considé-
rai t-il Ramusio comme l'auteur primitif; mais les
changements que Forlani a faits dans la carte de
Ramusio se retrouvent dans celle d'Ortélius.
Chez celui-ci seulement la latitude de Timbouctou
est baissée; la longitude et la position de cette
ville sur le Sénégal sont restées les mêmes ; mais
le pays de Tonbuto se trouve placé à six degrés
à l'orient de Tombota^ à trois ou quatre de
if û^ra , et immédiatement au nord de Gago;ce
qui prouve qu'on Soupçonnait déjà tm TYm-
bouctou plus éloigné vers l'est que celui qui était
sur les cartes.
Dans toutes les éditions de l'atlas d'Ortélius
qui suivirent , jusqu'à cfelle qui fut publiée en
français , en 1 698 , On trouve la mêine carte
d'Afrique , reproduite sans aucun changèhiènt
]>EUXlàM£ PARTIE. J99
On voit que cette carte d'Afrique d'Ortélius,
comme celle de Forlani, présentait la combi-
naison des systèmes d'Edrisi et de Léon l'A-
fricain. .
Mais Ortélius, qui mit Une louable activité à
réunir les meilleurs matériaux qui existaient de
son temps sur la géographie, n'a pu s'occu-
per à les discuter, et n'a pas même cru devoir
chercher à faire concorder èhtre elles les certes
dont se compose son atlas; de sorte que, re-
lativement à l'Afrique, sa mappemonde offre
un système tout différent de celui de sa carte
d'Afrique.
D'abord , dans cette mappetnonde , les sources
du Nil sont dérivées dé divers lacs , à dix ou
douze degrés de latitiide méridionale > et non
plus d'uù seul lac. Ces sources sont distinctes
de Celles des grahds fleuves du Congo et du Mo-
nomotapa^ qui, par conséquent, ne communi-
quent plus avec le NiL Le Niger y relativement
à ses sources et à la direction de son cours, n'a
plus rien de commun avec le NU ; ce fleuve
prend sa source dans un lac du pays de Ouan-
gara y dans le voisinage de la Nubie, à onze de-
grés de latitude nord; il coule directement à
l'ouest, et se décharge dans la mer par plu-
sieurs bras , dont les deux principaux oiit leurs
embouchures près du Cap-Fert^ et près de Sier-
200 IlECHERCHES SUR LAFRIQUE.
' ra-Leone^ c'est-à-dire que ces deux bras sont
le Sénégal et le Rio^Grande, Si on fait abstrac-
tion de la communication du Niger avec la Se-
négambie , la manière dont le grand fleuve du
Soudan se trouve tracé sur la mappemonde
d'Ortélius , ressemble à celle qu'ont adoptée
les géographes dé nos jours* On y remarque
une autre conformité avec nos cartes actuel-
les. De l'autre côté des montagnes qui four-
nissent les sources du Niger ^ sort une autre
rivière qui coule en sens contraire, se dirige au
nord -est, et va rejoindre le NiL On reconnaît
là le Bahr-el'Abiad ou la Rivière-Blanche , que
les renseignements donnés à d'An ville lui avaient
fait considérer comme le véritable Nil; ce qui a
été depuis confirmé parBrowne, et même aupa-
ravant par Bruce , quoique celui-ci ait déguisé ce
fait (i), et qu'il ait même retranché sur sa carte
cette branche du Nil pour n'y faire figurer que
le Bahr-el'Azrek ou la Riviere-Bleue ^ dont les
sources étaient connues avant lui.
Les fleuves dont nous venons de parler, ne
(i) On voit d'après la dernière édition de Bruce, donnée
pa» Murray, que, dans le journal manuscrit de Bruce, ce
voyageur convenait que ce bras, qu'il a traverse, est plus
considérable que Tautce*) mais comme ce n'est pas celui qu'il
a suivî , il avait supprime cela dans son voyageûmpriraé.
DEUXIEME PARTIE. 20I
sont pas les seuls qu'on remarque dans Tinté-
rieui* de \ Afrique sur cette mappemonde d'Or-
télius ; le^ Nigir et le Gir de Ptolémée y sont
tracés comme dans cet ancien, immédiatement
au sud de VA tins , et c'est sur les bords du Gir
que le Bornou se trouve placé. De l'autre côté,
où se termine le G/r, sort une autre rivière, qui
représente celle du Nubia^Palus de Ptolémée ,
et qui se rend dans le fleuve qui contribue à
former le Nil, ou dans le Bahr-el-Ahiad des
cartes modernes- Dans cette mappemonde d'Or-
télius, Timbouctou est placé plus à l'est que dans
sa carte d'Afrique , et il est au nord de Gago , de
même que le royaqme Aq Tombotu sur cette
dernière carte.
La mappemonde de l'aîné des Mercator est
semblable à celle d'Ortélius, relativement* au
tracé AaNiger et du grand fleuve du Soudan ^
et à celui des deux fleuves Nigir et Gz>, que
Ptolémée trace au sud de V Atlas : elle est aussi
semblable à celle d'Ortélius , relativement aux
deux rivières qui forment le Bahr-el-Abiad. Mais
la communication des grands fleuves de l'Afrique
méridionale avec le Nil y est rétablie; et, comme
dans la carte de Forlani, c'est encore ici d'un lac
unique qui sortent le iW/, le Zaïre et le Cou-
û7wa,qui,sur la carte d'Orfélius , avait pris le
nom de Zuaina,
102 RECHERCHES StIR LAFRIQUE.
Là carte d'Afrique qiii a été reproduite dans
tous les atlas deMercator, et dans ceux de Hon-
dius, depuis 1570 jusqu'en 1606, et peut-être
plus tard , a été dressée par Mercator Ife jeune ,
d'après l'Afrique de la mappéinotide de Mercator
l'aîné, et offre absolùilient le même système.
Tornbato on Tongitbutu se trouve sur cette carte
placé dans le royaume de Tombât. Cette ville
est à 16 degrés à l'orient- du méridien de l'île
de Fer, et à environ i4 degrés de latitude sud;
Kabra est avec raison placé sur le Niger ^ tout
près de Timboùctou , tandis que dans la carte
d'Ortélius il se trouvait à un degré plus à l'est
Les rivières sans nom qui , dans cette carte ,
comme dans celles de Ramusio, de Forlani et
d'Ortélius, et dans toutes les cartes dont nous au-
rons à parier par la suite , jusqu'à celle de d' An-
ville, sont supposées grossir le Niger, ont pris
dans la carte de Mercator le jeune pliis d'exten-
sion, et ont un coûtas plus prolongé. C'est sur les
bords de ces fleuves que Mercator, comme Or-
telius, Forlani et Ramusio, place les capitales des
peuples du Soudan, dont les positiphs sont les
tnêmes que sur les cartes précédentes. Seulement
Ginna ou Guinea , dont nous avons tant parlé ,
omis sur la carte d'Ortélius, se trotttvè sur celle
de Mercator , à quatre ou cinq degrés de la côte
du Cap'Fert, sur les bords d'une rivière qui
BstriiiMS PARTIE. ao3
eoule au sud-ouest , et se jette dans le Sénégal*
Par ce mélange de tous les systèmes, pat cette
confusion dé toutes leis hotîotis , là géographie
de l'Afrique avait jplutôt rétrogradé qu'elle tté
s'était améliorée.
Livio Sânuto , dans le preriiièr vblume de sa
Géographie, qui partit en i588, et qui ne con-
tenait cjue les principes généraux dé la science
et la description de TAfrique ^ s'était efforcé de
réunir tout ce que l'on savait de son temps sur
cette partie du iriôndè. Sa carte mérite de fixer
notre attention ( i) , parce qu'elle offre un système
neuf et tout différent de celui des géographes
qui l'avaient précédé , relativement au Soudan.
Entre cinq et dix degrés de latitude sud, Sâ-
nuto a tracé un vaste lac d'où décotilént au nord^
à l'ouest et au sud, lé Niljle Zaïre tt le CûaJma^
ainsi que dans Rarfaiisiô et dans les géographes
qui ont suivi celui-ci. Mais ce système de fleuves
est entièrement distinct de celui An Soudan y et
en est séjparé par un^vaste espace.
Livio Sanuto admet trois grands fleuves dans
le Soudah : tous trois ont leurs sources à l'est,
dans dés lacs qui portent leurs noms; tous trois
coulent directement à l'ouest, presque parai-
(i) Livio Sanu to, Geografia , Venezia, in fol . 1 588, Tab. x,
xjjxij; ctliv. Vm, p. 97*
204 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
lèlement; tous trois se déchargent dans la mer
Atlantique : les noms de ces trois fleuves, ainsi
que les vastes contrées qu'ils fertilisent , se
trouvent compris entre le cinquième et le
vingtième degré de latitude nord.
Le plus septentrional de ces fleuves ^st le
Canaga ou Sanaga (i), vulgairement nomou^
aujourd'hui Sénégal. Ses sources sont les plus
éloignées vers l'orient, et il est formé de trois
rivières principales : la première est. la Gaoga^
qui est dans le royaume de ce nom ; les deux
autreik sont, le Canaga^ proprement dit, et le
Ghir; ces deux rivières sont dans le royaume de
Bornou. Les deux premières dérivent de lacs
qui portent leurs noms; la dernière n'a point
de lac à sa source : elle sépare le Bornou, à
l'est , des royaumes de Gouangara et de Zanfara^
qui sont à l'ouest. Au nord du Senega sont les
royaumes de Casena^et de Cano, et au midi le
royaume de Zegzegy au sud du Casena; et loin
ensuite, vers l'ouest, est Je royaume de Tom-
boutoUy dont la capitale ainsi que Kabra^ son
port , se trouvent situés à seize degrés cinquante
minutes de latitude, et à environ dix-sept degrés
de longitude, à IVt du Cap-Vert (a). A l'orient, de
(i) Sanuto, liv. viii, p. 96.
(i) Le premier m^ridieii ,' dans les cartes de Livio Sanutc,
DEUXIÈME PARTIE. ao5
Timhouctou y le Senega porte le nom ^Iza : k
Touest de Timbouctou ou dans la contrée de
Bagana, ce fleuve porte le nom de Zambala;
plus à l'ouest, celui de Gusitemba; plus à l'ouest
encore, il prend le nom de Maye: ce n'est que
près de la côte et lorsqu'il se verse dans l'océan
Atlantique , au tiord du Cap - Vert ^ qu'on le
nomme Canaga ou Senéga; et encore une portion
vers cette embouchure prend ïe nom de Dengueh.
Tous ces noms sont tirés de Marmol ; mais
Marmol n'admet qu'un seul fleuve dans le
Soudan j dont les deux bras, lorsqu'il s« jette
dans la mer, sont nomniés Senega et Oamber(i).
Ramusio donne bien aussi pour embouchure au
Èiger le Sénégal et le Rio^ Grande ; rmjs ces
deux fleuves sont aussi les deux branches ex-
trêmes du Delta d'un seul fleuve (a).
se trouve à ^3 degrés à Touest du Cap-Vert; il le faisait
partir d'une île, nomoiée \île des Oiseaux , ^aivce qu'on
croyait que dans ce liCu Taiguille de la boussole n'avait au*
cunc déclinaison, et marquait le nord juste. Voyez Tabula i.
Ainsi Timbouctou y sur sa carte, Tabula fxi^ se trouvait
à 4o ^ de longitude orientale.
(i) Marmol, Description de V Afrique ^ liv. yni, ch. xii,
t. III, p. 47.
(a) Yoyez la carte dans C.-Battista ^Ramusio , Ratcolti
dtUe Naviga/zioni e Viaggi^ 16-1 3, t. I, p. i; et p. 96 dans la
Préface que IRimusto a mise e»4ét6 dasVoyagea de Cadamosto,
206 RECHEBCHES SUR l'aB^IQUE.
Le secoiid fleuve du Soudan 9 qui coule entre
le? deux aufre^, selon Sanutd, a ^a source vingt
dégrés pl^is à rptiesl; ; il soft d'un seul lac
pommé Qambeq pu Gqmbrq. C'est sur les bords
de ce fleuyiB que Sgnuto place 1^ terre AeGermia
ou de Ghiriea. R^ns ceç ^p^foit, Je fleuve porte
le nom de fleuve de Genuifi. Cette contrée dé
Gennia ou de Ghmça est s^insi placée au sudr
puest de T^r^l^OiUCtoa. La Gqmbie de Sanuto,
f^omme la Gafnbie des çaFte§ niodemes, se dé-
charge dans }'océan Atlantique, près du cap
SaipterM^rie (Caput Sqnçtfe-Mariei). À rembou-
phure de ïa Ga^ibffi^ au nord, entre ce fleuvç et
le 'S^negay §^\. la terre des J^lok {Jaiofa-Terra).
Aupup de p^s depx fleuves n'est considéré
par S^fiutp cQippie le Nig^^i et chacun des
deux ne fornie quup Delta très-resserré, com-
posé seulement de deux embouchures.
Le véritable Niger, selon Sanuto, est le plus
méridional des trois fleuves qu'il a tracés dans le
Sçudan: ce fleuve forme up iqjmense Delta^dont
l'un des bv^^ e^ le Jtiq-Grm^ft propreniènt dit,
et l'autre, qui se jette sur la côte sud, est nommé
par Sanuto, Qstarum fiusnus; c'est la rivière
voisine du cap Meswnaday vers l'est, qui, sur la
oik ses idées sur les emboudiorei^ du Nigtr «ont pltt9 çlaine?
ment exprhnëes qu'elles ne to^sont sur sa G9A:fe.
DEUXIÈME |»A]IT|£. ^CJ
earte de d'Anyille, porte le non! de JUa-Cestos,
et sur celle d'Arrpwsmitb , de -ffiVer - Sesteri,
mais à laquelle ces deux géographes donneftit
un cours très-borné , ou plutôt qu'ils indiquent
comme n'étant qu'un petit ruisseau. C'est vers
rembouchu):*e du fleuve JViger ou Magnus, que
Saniito a placé le QhtiwçrJltçgrmm , ou le royaume
de Guinée j qui se trouve ^iusi limitrophe de
Gennia-Terra , ou du territoire de Genm\ pu
qui, plutôt, n'eu parait être que la continuation.
La côte à^ Afrique comprise entre les deui^ bran-
ches di} Delta formé par le Nigçr^ ou entre le
Rio-Grande {Moffi^s^Fluvius^ et le Rip-Cestos
{Cistarum fiuvius\ est uomm^e par 3auuto
Ghinea-Ora. Dans l'intérieur de ce Delta, et vçrs
sa pointe , est le Mellum^Hegnum, ou royauuie
de Melli^ qui confine à Test au royaume de
Gago , placé au sud du Niger. Le territoire dei^
Mandingues est ^n nord de ces. deux royauuies
et du Niger; Gago {Gagum-Regnum) est au
sud*est de Mandingue^ et au sud du Niger;
Cuber est au nord-est de Gago et au nord du
Niger ; Bitum-Regnum occupe les c)f ux rives de
ce flieuve; Temianum-Regnum est sur la riye
nord-, et à l'est de J9zû</». Enfm, a Test dc^
Temianmnii) entre les sources du Niger et du
(i) Il 7 a beaucoup d'analogie .entr» ce nou^de Temùtn
2o8 RECHERCHES SUR L'àFRIQUE.
Ghir^ow de la plus méridionale des trois rivièl'es
qui forment Ylza ou le Senega^ est le pays le plus
abondant en or : Aurum hic est copiosissimum ,
dit la carte. Ce pays, représenté par Sanuto
comme entouré de montagnes , est au sud-est
de Guangara ou Ouangara , ainsi que l'indiquent
les géographes arabes pour Belad^-èUTibr ^ ou la
contrée de l'or pur. Sanuto remarque , dans son
ouvrage, que le Niger j ou plutôt, pour nous
servir de ses propres expressions, que Rio^
Grande y nommé Niger par les anciens ( Il Rio-
Grande y detto dagli antichi Niger) ^ déborde
en même temps que le Nil; « ce qui a fait , dit-il,
penser à plusieurs géographes que ce fleuve est
un bras du Nil y quoique ses sources, ajoute-t-il,
soient fort éloignées du Nil; mais on croit que
ce fleuve communique par un embranchement
souterrain avec le RioGrande, »
On ne peut qu'être frappé des grandes diffé-
rences que présente la carte de Livio Sanuto
avec celles de tous les géographes qui l'ont
précédé ou qui l'ont suivi , et des conformités
qu'elle offre, sous certains rapports, avec les
récits faits sur le Soudan aux voyageurs qui
et celui de Tenmny que , selon M. Bowdkh , porte le pays ,
iraversé ^^jtX Ogouaouat ou la rivière qui se joint au Zaïre,
DEUXIÈME PARTIE. 2O9
se 3ont récemment transportes en Afrique^ et
notamment à Mungo-Park et à M. Bowdich.
En effet, Sanuto admet trois grands fleuves
dans le Soudan; et les indications données à
M. Bowdich nous font aussi reconnaître trois
fleuves dans ces contrées : de sorte qu'en fai-
sant abstraction du tracé de ces fleuves et de
la direction de leurs cours , et ne considérant
que la probabilité plus ou moins grande de
leur existence, on pourrait croire que XtJoliba
de M. Bowdich est Ylza ou Canaga de Sanuto;
que le Gambarou est la GMUfnbeUy et le QuoIUl
le Niger. Remarquons aussi que Sanuto est le
seul qui établit une communication entre le
Niger et la côte méridionale connue aujourd'hui
sous le nom de Côte de Guinée^ par le moyen
d'un fleuve qui se décharge dans l'Océan^ près
du cap Mesurada{i)\ et que, selon la manière
dont on trace aujourd'hui le Niger ^ d'après les
observations de Mungo-Park, les sources de ce
fleuve se trouvent tellement près de celles de
(i) lUmasio , de même que Sannto, faisait bien du Rio*
Grande ane des emboucburfs du Niger; mais fiiXdlt^ selon
loi, Vemboachure la plus méridionale et le bras sud du Delta
de ce fleuve. Pour Sanuto, le Rio -Grande est le bras nord
du Delta y et le Cistarum fluvius, ou Rie diCestos, est le bras
s od. Ramusio , au contraire » donne à cette rlTière et à toiites
celles de la c6te de Guinée, uu^iours très-bortuk
14
aïO RRCHCRCHES SUR LÀFRlQlTf.
la rivière de Mesurada^ que la communication
par eau entre ce fleuve et la cote paraît facile.
M. MoUien, en rapprochant encore les sources
du Niger de trois degrés à Fouest, ou vers la
cote , ajoute beaucoup à la vraisemblance de nos
conjectures.
N'oublions pas de remarquer aussi que, dans
la onzième carte de son Atlas d'Afrique, Sanuto
donne de très - grands détails sur la côte com-
prise entre le Sénégal et le cap Formose; qu'il
parait avoir connu toutes les rivières qui se
versent sur cette cote , et qu'il leur donne à
toutes un cours très -borné. Il n'y a que k
Cistarumfluvius^ ou le Rio^Cestos^ qu'il prolonge
jusqu'au Niger; il ne le confond pas avec la
rivière Mesuraday qui est auprès; car il a aussi
tracé cette dernière à Touest du Mesuradum
caput, qu'il indique : il nomme cette rivière
Fluvius DondTÙcuSj et place ses sources dans la
chaîne de montagnes qu'il a dessinée à peu de
distance de la côte. Il serait donc utile , pour le
pr<^ès des découvertes , de faire reconnaître le
cours du BiO'Cestosy afin de savoir s'il ne com-
munique pas avec le Mesurada^ ou s'il ne se
prolonge pas plus qu'on ne l'avait soupçonné;
si enfin il ne se joint pas à quelque grande ri-
vière de l'intérieur. Les indications d'un homme
aussi instruit que Sanuto ne doivent pas être
y
DEUXIEME PARTIE. 3^11
négligées. Toutes les anciennes relations nous
parlent de la rivière Cestos , comme d'une
rivière remarquable, et même comme plus con-
sidérable que celle de Mesurada (i); c'est tout le
contraire sur nos cartes les plus récentes : on
a donné un très-long cours à la rivière Mesu-
rada ^ et on a tracé la rivière Cestos comme un
ruisseau.
Sanson, qui publia sa carte d'Afrique vers le
milieu du dix-septième siècle, la chargea d'une
érudition confuse, et montra moins de connais-
sances réelles, de discernement et de critique
que Sanuto. On se rappelle quOrtélius, pour
les grands fleuves de cette partie du monde, a
présentée deux systèmes , l'yn dans sa mappe^
monde, l'autre dans sa carte d'Afrique. Saoson,
qui, à cet égard, a copié Ortélius, n'a cependant
suivi en entier aucun des deux systèmes de ce
géographe ; mais il a pris l^juelque chose,^ de
chacun d'eux. Il n'a point séparé toutes les
grandes rivières du sud de l'Afrique du lac Zaïre ^
ou des sources principales du Nil d'Egypte^
comme dans la mappemonde d'Ortélius; mais il
(i) Brans, Afiiha^ t. IV, p. 33i et S3a. Il paratt que
l'on a remonté b rivière Ce»tos Te^ce de 60 mîHet
géographiques, et qu'ensuite cm 1!» et^core trouvée oaji'-
gabk pour des bateaux.
14.
fkl!ï RECHERCHES SUR l'a.FRIQUS.
n'a pas non plus réuni toutes ces rivières au lac^
comme Ta fait ce géographe sur sa carte d'Afri-
que, Dans Sanson , toutes les grandes rivières du
Congo communiquent avec ce lac, et toutes celles
du Monomotapa s'en trouvent séparées. Le cours
du Nil ainsi que celui du Niger sont tracés
comme dans Ortélius. Les lacs de XAbjssirue
et tous -les détails relatifs à cette contrée, dé-
placés et agrandis , sont disséminés dans le sud
du continent comme dans les cartes qui avaient
précédé. Le NigeTy qui a ses sources particulières
et distinctes du NiU se perd sous terre durant
un court espace, et forme, comme dans Ortélius,
un Delta dont le Sénégal et le Rio-Grande sont
les deux branches extrêmes. Les rivières de la
côte de Guinée y à l'ouest du cap des Trois-Pointes ^
se rapprochent beaucoup d'un des affluents du
Niger et du Rio^Grande; mais il n'existe aucune
communication. Tombuiestj comme dans Ortélius
et Mercator, placé sur le Sénégal, mais à quinze
degrés juste de latitude nord, et à sept degrés
de longitude à l'orient du méridien de l'île de Fer.
Enfin le Nigir et le Gir de Ptolémée se trouvent
tracés au sud de Vjitlas^ traversant le désert de
Sahara et le BomoUy et ils ont leurs sources voi-
sines d'un fleuve qui «ouïe dans le Nil, ainsi
que dans la mappemonde d'Ortélius et dans
l'Afrique de Mercator. Aucune recherche neuye,
DEUXIÈME PARTIÏ. ^l3'
aucune notion nouvelle , ne se remarque sur les
cartes et dans les livres mis au jour sur l'^A^frique
p.ar le Géographe d'Abbeville. C'est un mé-»
lange de Ptolémée, d'Édrisi, de Sanuto et de
Mercator (x).
La carte d'Afrique de Jacob Meursius, et celle
ii^ Nigritarum-Regio ou de la Nig!itie{^^ pro-
bablement dressées par le même auteur, qui
accompagnent la savante description de l'Afrique
par Dapper, sont, toutes deux, gravées avec
plus de soin que celles de Sanson, et offrent,
près des côtes, dès détails dessinés avec plus
de précision et d'exactitude ; mais, pour les con-
trées de l'intérieur, ces deux cartes sont copiées
sur celles de San^n. Le Niger ^ le Gir et les ri-
vières du Congo s'y trouvent tracés comme dans
les cartes du Géographe d'Abbeville, et par con*
(i) Voyez \ Afrique f par Nicolas Sanson, géographe da
roi , 1 780, une feuille in-folie ; et \ Afrique en plusieurs cartes
et divers Traités de géographie et d'histoire ^ -par le sieur-
Sanson d'Abbeville, in-40, i656, ou 1662. Jaillot et Mortier
firent graver de nouveau, -en Hollande, toutes les Cartes de
Sanson, en 1696, sous un format beaucoup plus grand, et
en comp'Qsèrent un Atlas magnifique , en deux volumes :
c'est an chef-d'œuvre de gravure pour le temps ; mais il n'y
a aucun changement.
(a) Voyez Dapper, Description' àe V Afrique^ in-folip,
Amsterdam, 1686, p. i et ai8.
ai4 RECHERCHES SUR l'aI'RIQUE.
séquent comme dans l'Afrique de Mercator et
dans la mappemonde d'Ortélius (i). Le système
de ces quatre auteurs est absolument le même;
et la longitude et la latitude de Timbouctou
sont les mêmes dans Jacob Meursius et dans
Sanson. Les descriptions écrites de Dapper , de
Sanson , d'Ortélius et de Mercator ne renferment
rien, pour l'intérieur de l'Afrique, qu'on ne
trouve dans Léon-F Africain , dans Marmol ou
dans Édrisi et Sanuto (a).
S IIL Depuis la publication de la Mappe-
monde de Guillaume Delisle, jusqu^à nos
jours.
Les observations faites dans diverses contrées
du globe , par des astronomes envoyés par l'Aca-
démie des sciences de Paris, nécessitaient depuis
long-temps la réforme générale du système géo-
graphique. Delisle vint; et, sous ses mains judi-
cieuses et savantes, la science prit une nouvelle
face. L'Afrique, plus que tout autre continent,
(i) Ceci doit servir de correctif à ce qne dit M. Bowdich ,
Mission to J^fJtanteCy p. ai 2, en note.
(a) Ia carte d'Afrique qui se trouve dans la Cosmo-
graphie de Peter Heylin, in foKo, London, i68a, est copiée
de Sanson ; de même que Belleforest , dans sa Cosmographie
traduite de Sébastien Munster, a reproduit la Carte de
ftamnsio.
DEUXIÈME PARTIE. ai5
se ressentit des grandes améliorations qu'il sut
introduire dans toutes les parties de la géo-
graphie (i).
Toutefois ce n'est que dans sa Mappemonde
publiée en lyao, et dans son Afirique, qui parut
en 172a, que nous devons étudier le système
de Delisle sur l'Afrique : dans les cartes qu'il
publia en 1700 et en 1707, il ne l'avait paô en-
core complété, et il confondait, comme ses pré-
décesseurs, le Sénégal avec le Niger (a).
Le plus important de tous les changemeïits
que Delisle fit à la géographie de l'Afrique, fut
de resserrer XAhyssinie dans ses véritables limites.
Les observations dès Portugais,' publiées depuis
long-temps, auraient dû faire corriger, sous ce
rapport, les erreurs énormes de Ramusio et de
(i) Après la mort de Nicolas Sanson, ses fils et petits-
fils Moallard, Guillaume, et Adrien Sanson , reproduisirent
ses cartes ayec de faibles ckangements de détails , sans au-
cun égard pour les observations astronomiques qui se mul-
tipliaient de jour en jour.
(a) Nous parlons ici d'après le major Rennell; car nous
n*aTons pas sous les yeux \ Afrique de Delisle, publiée
en 1707 , mais seulement la Mappemonde y datée du
i5 %vril 1720, et \ Afrique de 1722. Voyez |^enneirs
Geographical illustration of M* Park's Joumey ^ dans
Proceedings of the Association foi" pmmoting, etc., t. I,
p. 411, édit. in-8% London, 1810.
2l6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Servet ; mais on avait méconnu ces observa-
tions, ou plutôt on les avait employées de la
manière la plus étrange. Delisle remonta la
frontière méridionale de XJbyssinie^ et par con-
séquent les sources du iW/, de vingt degrés vers
le nord. Les sources du Nil n'eurent alors plus
rien de commun avec les rivières du Congo et
du Monomotapaj et s*en trouvèrent, au con-
traire, séparées par un immense espace. Tous
les fleuves de la partie méridionale de VJ/rique,
non-seulement n'eurent plus de communication
avec le Nily mais ils ne communiquèrent pios
entre eux; ils eurent leurs sources distinctes
et leurs bassins différents. Il en fut de même
du Sénégal^ de la Gambie y du Rio4jrande et du
Niger. Le Sénégal sortit du lac Maberia, près
des sources du Niger ^ et coula droit vers l'ouest.
Le Niger eut sa source dans un lac voisin du
lac MaberiUy au royaume de Tombât^ et coula
droit au nord, jusqu'un peu au-delà de 3Tam-
bouctou ou Tombutj d'où il se détourna vers
l'est, pour couler ensuite dans cette direction
J'espace de dix-sept degrés environ : il se perdit
dans le lac du Bournou^ à plus de douze degrés
à l'ouest da Nil t avec lequel il n'eut plus aucune
communication. Dans lé système de Delisle, le
Niger^ seul grand fleuve du Soudan, se trouve isolé
au milieu de XJfrique; et aucune des rivières
DEUXIÈME PARTIE. ^l'J
qui se versent , soit sur la côte, occidentale y soit
sur la côte méridionale^ soit dans le Nii^ à Test ,
n ont de communication avec lui.
La ville et le royaume de Timbouciou, ainsi
que Kabra,ïe port dé Timbouctou^ se trou-
vèrent reportés vers l'est, et loin de la côte
occidentale et du Sénégal. Delisle place Tim-
bouctou , qu'il nomme Tambut ou Tombut, sous
le méridien de Paris , et à quinze degrés de
latitude nord.
Au nom de Niger y qui n'est que l'application
vraie ou fausse des notions de Ptolémée sur
l'Afrique , Delisle ajouta trois autres noms
pour désigner le fleuve du Soudan selon les
différentes parties de son cours; et ces trois
noms , qui sont africains , méritent une grande
attention. Le premier^ et le plus voisin de la
source, est Guien; et ici on reconnaît le Ginne
ou Ghinea de Léon-l'Àfricain et de Mungo-Park,
et le nom du royaume le plus anciennement
célèbre de cette partie du Soudan. Plus à Test,
et dans la partie la plus considérable de son cours,
le Niger est nommé, par Delisle, Gambarou;
et nous avons- déjà remarqué que Gumbarou est
précisément le nom par lequel les marchands
maures avec lesquels M. Bowdich a conversé,
à Coumassie, désignaient la plus septentrionale
des rivières du Soudan , qui coule à 4^est de
ai8 HECHEUCHES SUR l'aFRIQUE.
Timbouctou. Enfin dans le Bornou , et à l'en-
droit où le Niger se jette dans le lac Bour-
nou j Delisle nomme le Niger j Camodoou :
M. Hutchinson, qui accompagnait M. Bowdich,
entendit parler de Koumoudou - Gaiguina,
comme d'une rivière du Bornou (i) ; et nous
savons, par M. Burckhardt, que Kamadago^tn
langage de Bornou ^ signifie rivière (a). Ceci
prouve combien nous avons eu raison de pré-
sumer que Delisle avait reçu de quelque établis-
sement européen, sur la côte de Guinée y des
renseignements sur l'Afrique qui n'ont point
été publiés ailleurs : cette circonstance donne
un grand intérêt à sa carte. Certains détails
qu'elle renferme achèvent de confirmer nos con-
jectures- Au nord du Niger y Delisle n'a connu
et placé qu'un petit nombre de peuples^ qui sont
BoumoUf Ouangara et Zanfara; à l'ouest de
Bournou est Goubour (Guber); p]us à l'ouest,
le* royaume de Tombut, que le Niger traverse
dans son milieu du sud au nord. Mais au sud
du Niger y entre Timbouctou et le Bornou ^
les noms de peuples sont entassés, et on en
remarque plusieurs qui sont semblables à ceux
(i) Bowdich's Mission from Capc-Coast Castle , to
Ashantee, in-4°, 1819, p. ai3. ( Voy. ci-dessus, p. i35. }
(2) Barckhardt, p. /iga.
DEUXIÈME PAllTIE. 2jg
dont M. Bawdich a entendu parler à Coumassie;
tels sont Yaourry-j Bousa^ Nouffy. Les deux
premiers figurent, ainsi que nous Tavons ob-
servé, dans la relation de la mort de Mungo-
Park , par Amadi Fatouma, et dans le récit du
chérif Ibrahim. D*autres noms, insérés sur la
carte de Delisle , paraissent être les mêmes que
ceux de M. Bowdich, défigurés ou prononcés
différemment : tel est Gange, sans doute le
ttiême royaume que le Kong de M. Bowdich,
puisqu'il se trouve placé de même ; Gaby, qui
semble être le Kaybi de M, Bowdich. Par la
raison que Delisle avait reçu ses renseignements
de la côte de Guinée y qui est au sud du Niger ^
il Iraiisporte aussi au sud de ce fleuve certaines
contrées que les géographes antérieurs plaçaient
au nord; tels sont Cachine et Zaczac, le Gw-
sena et \e Zegzeg de Hamusio (i).
Delisle a fait disparaître de sa carte le Niger
et le Ghir, qu'on traçait dans le désert de Sahara ,
d'après Ptolémée. Le Ghir de Delisle n'est plus
qu'une rivière au sud de Voilas y qui coule d'une
vallée à l'est du Sidjilmessay et se perd dans un
(i) Peut-être le Collega de Delisle est-il le même royaume
que XeKaUaghi de M. Bowdich , transporté loin vers le sud.
Gago est peut-être Gauw^ et Cormachy, Coumassie, reculé
loin vers le nord.
%%0 ItECUERCH£.S SUR LAFRIQUE.
lac. Ce nom est resté d'après les anciennes cartes,
et se retrouve dans celle de d'Anville et dans toutes
les cartes modemesJ Plusieurs savants modernes,
qui en ont ignoré l'origine , s'en sont servis pour
appuyer leurs conjectures sur la géographie de
Ptolémée;ils ne se sont pas doutés qu'ils tour-
naient dans un cercle vicieux, et qu'ils citaient
Ptolémée pour expliquer Ptolémée.
Delisle plaça les différents peuples d'Afrique
d'après les notions qu'il en avait puisées dans
les relations modernes, dans Léon l'Africain et
dans Marmol; évitant de copier aucun de ses
prédécesseurs, et discutant tout par hii-méme:
il a ainsi rempli sa carte d'Afirique de noms de
pays et de royaumes dont il trace même les limites,
et sans distinguer par aucun signe ce qui était
certain d'avec ce qui n'était que probable ou
simplement conjectural.
Quoi qu'il en soit^ Delisle fit la loi ; et toutes
les cartes d'Afi^ique^ publiées depuis , ne furent
que des copies plus ou moins déguisées de la
sienne, jusqu'à ce que d'Anville eût fait paraître ,
en 1749» sa grande carte d'Afrique, en trois
feuilles.
D'Anville avait préludé à celte carte par un
ffSLTid nombre de cartes particolières : il possé-
dait, sur presque toutes les parties de l'Afrique,
fréquentées par les Européens, beaucoup de
Deuxième partie. aai
inat^riaux que Delisle n'avait pu connaître; il
avait dressé et publié des cartes spéciales de
X Egypte f de la Sénégambie^ de la côte de
Guinée y du Congo ^ du Mocaranga ou Mono*
motapay et du cap de Bonne-Espéranee.
La géographie de TAfrique présentait, dans ses
parties, en apparence les mieux connues, tant d'er-
reurs'de détails et d'incertitudes , que d'Anville,
pour mieux assurer au domaine delà géographie
positive les nouvelles conquêtes dont ses travaux
l'avaient enrichie, résolut de n'admettre sur sa
carte générale que ce qu'il croyait prouvé. Cepen-
dant les portions de ce continent qu'on pouvait
dessiner avec quelque degré de certitude, quoique »
considérables en elles-mêmes, étaient peu de chose
en comparaison de sa vaste étendue; et il résultait
de cette méthode rigoureuse une carte d'Afrique
presque entièrement blanche dans l'intérieur.
D'Anville osa la publier aiitisi. La juste réputation
dont il jouissait à cette époque, ne lui laissait
aucun motif de craindre qu'on l'accusât d'ignorer *
tout ce qu'il avait omis. Cependant le cours du
,NU vers ses sources, et celui du Niger dans
le Soudan^ étaient des sujets trop importants
et d'une trop grande, célébrité géographiqtM
pour être entièrement passés sous silence. D'An-
ville lut un mémoire à l'Académie des inscriptions
et belles* lettres, pour présente]^ ses. idées sur
!2aa RECHERCHES SUR LAFRIQUli:.
les grands fleuves de rintérieur de l'Afrique (i).
Dans ce mémoire , il expose d'une manière trop
affirmative des conjectures qui ne ^ont nulle-
ment démontrées ; mais, sur sa carte, il fut moins
hardi, et il grava dans l'intérieur, presque entière-
ment vide de noms et de positions , cette légende
modeste :.
« La Nigritie , depuis la partie supérieure du
» Senega jusqu'à la frontière de la Nubie ^ étant
» peu connue, on croit néanmoins entrevoir les
» circonstances principales du local de ce grand
» pays, en joignant à l'étude du géographe
» arabe £1-Édrisi, qui écrivait dans le douzième
» siècle, et de Léon d'Afrique, les notions qu'il
» convient encore de prendre dans Ptolémée,
» sur quoi même quelques connaissances ré-
» centes prêtent aussi quelques secours. U y a
» des raisons de présumer que le Niger^ qui
)> donne le nom à cettie contrée, coule d'occi'*
» dent len orient, au contraire de l'opinion com-
» mune sur ce sujet. »
Nous avons vu que cette opinion sur la di^-
rection orientale du cours du Niger n'était pas
nouvelle, non plus que l'e^mploi des notions des
9M:iens, de celles des Arabe^^^çomhinées avec les
(i) Mémoires dç V Académie des inscriptions et beUes-
BEUXlàMS PARTIE. aâ3
récits des Africains modernes, pour suppléer au
vide de nos connaissances sur l'Afrique. j!(ousyer*
rons bientôt ce qu'en bonne critique nous devons
penser de l'utilité de ce mélange. Mais ce qui
était vraim^it remarquable, dans la carte de
d'Anville, c'était l'emploi plus sobre et mieux
entendu des notions incertaines ou incom«-
plètes ; c'était l'abondance des détails des con^
trées connues, dessinées avec une admirable
clarté ; c'était le soin judicieux de ne pas les
étendre au-^elà de leur grandeur réelle, et d'in-
dicpier l'endroit précis où s'arrêtaient les coa<^
naisseunces positives.
Selon d'Anville, le' Bàhr^el^Abiady ou la
Rmcre-Blanchej qui sortait de deux lacs placée
au pied des montagnes de la Lune , vers le
sixième degré de latitude nord, était le vrai
Nil (i). Ce fleuve, recevant ensuite de l'est les
rivières XAbyssinie^ formait le Nil. Le Bahr-^U
Ahiad ou le Nil recevait de l'ouest une ri*
vière du Soudan; c'est le Bahr-el^Gazel y qui
arrosait Bornou^ Kanem et Kaugka, et qui,
dans ce dernier royaume , se jette dans un lac
de même nom, pour en resscH'tir ensuite et se
(i) Voyez la Dissertation db d'AnTtlle sur les sources du
Nil , dans le Recueil des Mémoires de rjcadémie des in^^
tcripiiom et beUes-^leiires ^ t. XXVI» p. 4^*
!124 RfCHCRCHEl^ SUA l'^FRIQUE.
jeter dans le Bahr-el-Abiad ; mais le Bahr^el^
Gazel s'écoule dans le lac Kaûgha par un autre
bras vers le sud , qui , selon d'Aaville , est le
Njil des Nègres d'Édrisi et le Gir de Ptolémée.
Le brais qui se rend dans le Bahr-eUAbind^ est
nommé, au sortir du lac Kaûgha ou Gaoga,
Bahr-eUAzreky ou Rwière-Bleue. Au nord-est
du Bahr -el' Gazel ^ d'Anville a tracé une autre
rivière peu considérable , qui arrose le royaume
de Koukou d'Édrisi , et qui se rend dans un lac
que d'Anville prétend être le marais Cheh-
mdes ou des Tortues de Ptolémée. Au sud -est
du Fezzariy d'Anville a encore tracé une rivière
ou torrent, qui coule au midi, se partage en
deux autres rivières, et se perd au pied des
montagnes qui traversent le Kawar. Ces mon-
tagnes, nommées Tantaneh^ sont regardées par
d'Anville comme le Girgiris mons de Ptolémée;
d'Anville place sur le bras oriental »de cette
rivière le Gherma d'Édrisi , qui est pour lui l'an-
cienne capitale des Garamantes de Ptolémée.
Quant au courant principal, d'Anville le nomme
ITadi Quaham; et il prétend que Ptolémée l'a
confondu avec le Cinyphis de la Tripolitane.
Comme Delisle , mais, avec bien plus de pré-
cision encore dans lés détails, d'Anville a tracé
séparément les cours du Sénégal^ de la Gambie
et du Rio 'Grandet qu'où avait confondus et
DEUXIÈME PARTIE. . !ia5
réunis pendant plus de deux siècles. Le Niger,
ainsi que chez Delisle, coule rers Test, entiè-
rement isole dans, l'intérieur du Soudan, et
n'ayant aucune communication avec les fleuves
de la Sénégambie à l'ouest, ni avec le Nil à
l'est. Comme dans Delisle, ce fleuve sort d'un
lac voisin du lac Mctberia, qtii est une des sources
du Sénégal. Ce la(A)u marais, d'où sort le Niger,
est, selon d'AnvillIe, le Nigrites Palus de Ptolé-
mée. Le cours du Niger se dirige d'abord au nord
jusqu'à Timbouctou: il tourne ensuite à l'est; et,
en décrivant d'assez grandes courbes, il va se
perdre dans deux,, lacs , ou mers douces ^ qui
sont au sud du Bomou , au lieu de se terminer
dans le Bomou même, comme sur la carte de
Delisle. Ce fleuve porte le nom de Guin on
à'Iça (i), (Issa). Mais il reçoit du sud une
rivière qui sort de l'autre côté de la chaîne de
montagnes au pied desquelles se trouvent les
sources les plus éloignées du Senega ; ces mon-
tagnes sont, suivant d'Anville, les monts Capkas
de Ptolémée : le fleuve qui en découle vers l'est ,
et qui joint le Niger ou Guin vers la moitié de
son cours, est nommé rivière de Lamlem, pays
(i) M. Ritchie a aussi entendu dire, à Tripoli, que le'
"Niger ou le grand fleuve du Soudan se nommait Jssa,
Vovez Quarterfy-RcPttw i t. XXill, p. 281 ; et ci-après.
i5
2^6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
peuplé de Juifs, selon Édrisi, qui avoue que
ses connaissances ne s'étendent pas au-delà. Mes
lecteurs se rappelleront, à ce.sujet, qu'un grand
nombre de témoignages attestent l'existence d'un
peuple blanc dans l'intérieur de l'Afrique (i).
A l'est de la jonction de k rivière de Lamlem
avec le Niger^ ce fleifve reçoit du nord l'eau d^un
grand lac, ou mer douce, daift lequel coule une
rivière qui arrose le pays de Faran^ dont Z«/ï-
fara est la capitale; ce lac, ou cette mer douce,
est dans le pays de Ghana ou Cano , au sud
duquel (et par conséquent aussi au sud du
Niger ) sont les contrées (jj^ Cassena et de
Zegzeg. Dans le pays de Ganah , où d'Anville
place un lac qui se décharge dans \e Niger, de
chaque côté de l'embouchure de ce lac est une
ville de Ganah, Plus à l'est, le Niger se divise
en deux branches qui se réunissent, entourant
ainsi, comme une île, un vaste pays , qui est le
fFangara, C'est au sud de ce pays que, selon
l'indication de tous les Africains, d'Anville, de
même que plusieurs des géographes qui l'avaient
précédé, place un pays riche en or, qui est le
vrai Belad-el-Tibr de& auteurs arabes et de
Marmol. Sur le bras maridional du Niger, qui
forme le fTangara, est la capitale de ces con-
trées, qu'on nomme Ghanara, ville fortifiée. Au
(i) Voyez çi-dessus, p. 129.
DEUXIÈME PA.RTIE. 2^7
sud-est de fFangara^ le Niger se divise encore
en deux bras, dont l'un coule au sud dans la
mer douce appelée Reghebil, et l'autre à l'est,
se perd dans la mer douce nommée Semegonda.
En nous reportant à l'ouest et aux sources du
Niger y nous voyons que ce fleuve traverse du
sud au. nord le pays de Guinbala; c'est toujours
le pays de Djennie et de Guineva ou de Guir^é
de Léon l'Africain et de ta^t d'autres. Ensuite,
à l'ouest du Niger ^ est le Bambara , puis 2b/w-
bouctou ou Tombuty au nord du Niger,. Voxxr
remplir les indications données par Léon l'Afri-
cain , d'Anville a^ placé Timboiiciou à quinze
milles géographiques de distance duiV/^eretde
Kabra, son port; et il a fait traverser cette ville
par une petite rivière, ou plutôt un ruisseau,
qui coule à l'ouest, et se perd dans le Niger ^ à
vingt-cinq milles de son enceinte et de Kabra. A
l'est de l'état de Tombut ou de Tombouctou^ et des
deux côtés du Niger, est un autre état limitrophe
nommé Meczara, où est la ville de Tocrour, ca-
pitale d'un puissant royaume du temps d'Édrisi ;
puis, assez loin vers le sud-est et vers la jonction
du Niger et du Lamlem^ est Guber, Au sud de
Meczara et vers les sources dnLamlem, à l'ouest
de Guber et à l'est de Guinbala, est Gogo. Il
existe un désert entre Tombut et Gogo, et entre
Gago et Guber. Vers les sources de la rivière
i5.
!3LlS RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Lamlemy sont divers petits états, tels que Cor-
mai^kiy Gingiro , Bourgou ; et ensuite , à l'orient
de ceux-ci, sont Bousa et Yaouri (j), puis
Lamlem et enfin Gabij non loin de la jonction
de la rivière Lamlem avec le Niger, Tel est le
résumé des détails que présente la carte d'Afrique
de d'Anville, relativement au Soudan.
Mais il est important de rOTciarquer que d'An-
ville changea aussi toutes les latitudes convenues
de son teinps r TimboucîoUy qui, sur presque
toutes les cartes antérieures, se trouvait toujours
placé entre quatorze et seize degrés de latitude
nord, fut remonté à dix-neuf ^degrés et demi de
latitude ; sa longitude fiit déterminée à dix-sept
degrés à l'orient de l'île de Fer , c'est-à-dire trois
degrés plus à l'ouest que dans Delisle, qui avait
mis Timbouctou sous le méridien de Paris.
D'An ville perfectionna sa carte d'Afrique, à
mesure qu'il recevait des matériaux plus exacts
ou des notions plus sures et plus précises , et il
y fit des changements notables en 175 1 , en 1770
et en 1777 (a); mais il ne toucha point à l'in-
térieur; ce qui prouve que, durant tout le cours
(i) Sur l'accord de ces notions avec les renseignements
obtenus par les voyageurs naDdernes, voyez ci-dessus ^
p. 104.
(a) Voyez Barbie du Bocage, Noti<^ des ouvrages de
M. d'Anville, in-8% i8oa, p. 89. -
DEUXIÈME PARTIE. a^Q
de sa longue et glorieuse carrière géographique,
il ne reçut à cet égard aucun nouveau rensei-
gnement. Sa carte fut la seule que Ton reprodui-
sit jusqu'à ce que le major Rennell se fïH chargé
de mettre en œuvre les renseignements obtenus
par l'association formée à Londres pour les dé-
couvertes en Afrique, et eût publié une suite de
cartes qui marquèrent la dernière époque de la
géographie an Soudan^ ou de l'intérieur de
l'Afrique septentrionale.
La première carte de Rennell parut en
1790 (i)» Déjà elle rectifie plusieurs positions
dans le Fezzan ; et elle trace trois itinéraires
sur lesquels on avait obtenu des renseigne-
ments: d'abord celui du chérif Inhammed, con-
duisant à Ganah et à Gonjah (a); ce dernier
lieu parait être le Gonjé de Delisle, le Conche
de d'Anville, le Kong de M. Bowdich, placé par
tous loin au sud de Timbouctou. De Gonjah^
le chérif Inhammed se dirigea au sud-ouest jus-
qu'à Gondufi^ ^^ffi ^^ Kalanschi^ et il sut qu'en
(ï) Cette carte est intitulée : Sketch oftke Northern part
of Africa exhibiting the geographical information collected
hy the Afiican ' Society y compiled by J. Rennell, 1790.
Cette même carte ne se troi^ve pas dans la dernière édition
Uti Proceedings y etc.
(a) Bruce {Trauels^ t. VU, p. 106, édit. i8i3, in-8^)
dit que le Dar-Fom se nomme aussi Konjara.
23o RECHERCHES SUR l'afUIQUE.
suivant toujours la même direction, on arrivait
dans le TonoUivah et à Assentaî^ qui n'est qu'à
deux degrés et demi, ou i5o milles géographi-
ques, (K la Côte-d'or^ et de rétablissement euro-
péen de Saint-George de las Minas, M. Rennell
a supprimé ces détails et ces dernières positions
dans les cartes d'Afrique qu'il a publiées depuis,
et il nous semble que c'est à tort ; car un grand
nombre d'autres, qu'il a admise^, reposent sur
des documents encore plus incertains. Le JNiger^
sur cette carte de Rennell, est, comme sur celle de
d'Anville,un fleuve qui coule de l'ouest à l'est,
sans aucune communication avec d'autres fleuves
ou rivières. Le fFadi-el-Gazel^ qui aiTOse le Bor-
noUf communique avec le ISiL Au reste , les
cours de ces deux fleuves , le Niger et le fFadi^eU
Gazel, sont indiqués en partie par une ligne de
points; réserve utile, et que l'âuleur n'aurait
pas dû négliger depuis. Au nord du Niger^ Rennell
place deux grands royaumes : celui de Tint-
bouctou à l'ouest, celui de Cachenah à l'est;
tous les autres états de moindre importance n'y
sont indiqués que comme des subdivisions.
Youriy près et au sud de Cachenah^ et sur
la route du chérif Inhammed , est le Yaouri de
Delisle et de d'An ville, le Yaourra de M. Bow-
dich , qui , tous aussi , le placent au sud de
Cachenah : mais il n'est pas biea certain que ce
• DËUXlilME PARTIE. a3l
soit le Yaour de la seconde relation du Voyage
de Mungo-Park , qui semble indiquer ce lieu un
peu à l'est de Timbouctou^ et très -loin vers
l'ouest de Cachenah: Kaffiiba^se trouve placé
sur la route d'Inbammed, de Cachenah à Congé
ou Kong y non loin de ce dernier lieu, et au sud
du Niger. Kaffaba parait être le Kaybi et le
Fo^/deM. Bowdich. Sur une route d'Inhammed,
qui est plus au sud, entre Cachenah et Congé ^
on remarque successivement , au midi du Niger ^
trois royaumes avec leurs capitales qui portent
les mêmes noms, savoir \ DomboUy Nyhi^ Ko^
tokiliy Komba et Degomba. Dombou paraît être
leToambeah de M. Bowdich, et D/yÂi se trouve
dans l'itinéraire d'un Nègre musulman à la
Mecque y que le voyageur anglais a publié à
la fin de son ouvrage.
Remarquons encore que, dans cette carte,
Rennell a placé Kombah très-près de Degômba^
à Test. Alors ce Kombah de Rennell ne serait
pas le Koumbah de M. Bowdich, ainsi que ce
voyageur le croit (i). Le Kombah de cette carte
de Rennell serait le Gambàhide M. Bowdich,
placé aussi à l'est, et à peu dç distance de
Dag(vumbay le Degomba de Rennell. Ces deux
états sont au sud-est ou à l'est de Kong ou de
(i) Mission to Àshantee^ p. aoS.^
îi32 RECHERCHES SUR l'aFRIQCE.
Gonjah^ dans l'un et Tautre auteur, tandis que
le Koumbah de M. Bowdicb est .Assez loin au
nord-est de Kong, Au i^este, ceci indique peut-
être une erreur ou un double emploi, relative-
ment à Koumbah et à Gambah; ce qui me con-
firmerait dans cette opinion, c'est que Rennell,
dans le^ cartes qu'il a publiées depuis, a réuni
sur une même route les positions entre Cachenah
et Kong^ placées dans celle-ci sur deux routes
distinctes , et qu'il a éloigné davantage vers Test
Komba de Degomba^ en plaçant entre deux
Kaffaba (i).
Sur la route de Mourzouk à TimbouctoUy qu'a
parcourue Ben-Ali, sont Wergela, Tugguri et
Jfnou. \^eh Zanhaga à l'ouest, les Tabou dans
le centre, et les habitants de Bournou à l'est,
occupent tout le Sahara ou le Grand-Désert.
La ville de TimbouctoUj dî^s cette carte, reste
à peu près où d'Anville l'avait placée, et ne
s'en trouve éloignée que de vingt milles géo-.
graphiques au nord-ouest.
(i) Le Bagharmé^ qui n'était pas sur la carte de d* An-
ville , se trouve avec sa capitale sur celle de Rennell ; mais
il n'y a, ni le Dar-Four^ ni Saley^ dont Bruce a le premier
fait connaître les noms , et indiqué les positions. Voyez
Bruce's Travels , édit. i8i3, in-S*, t. IV, p. laS, et t. VII,
p. loi , io6 et 112.
J)El}XIÈME PARTIE. ^53
Mais *il n'en a pas été de même dans une
nouvelle carte de TAfrique septentrionale , que
le major Rennell a publiée en 1798, et qu'il a
corrigée en 180*2(1). Sur cette carte, les décou-
vertes de Mungo-Park , de Browne et de Horne-
mann sont arrangées et combinées avec tous les
renseignements qu'on avait précédemment ob-
tenus; et l'auteur, mettant de côté les con-
jectures de d'Anville , trace , d'après les siennes
propres, le cours du Niger et des rivières, ainsi
que les lacs du Soudan : il change aussi con-
sidérablement la latitude de Timbouctou^ qu'il
met à seize degrés trente minutes au nord de
Téquateur, et à un degré trente-trois minutes
à Porient de l'Observatoire de Greenwich , ou à
quarante - sept minutes à l'occident de Paris.
Ainsi Timbouctou et la partie du Niger qui
l'arrose , et les contrées qui l'avoisinent , ont
été replacés sous le même climat ou la même
région , en latitude , qu'ils avaient dans Delisle ,
Sanuto, Ortélius, Mercator, Forlani, Ramusio,
les éditeurs de Ptolémée, pu dans tous les
géographes antérieurs à d'Anville. Rennell traça
le cours du Niger ^ ou du grand fleuve du
(0 Cette carte est intitulée : A Map showing the Progress '
of Dîscos^ery and improvement in the. geography of North-
A/rica, compiied by /. Rennell, 1798, corrected in i8oa.
a34 RECHERCHES SUR l'aFHIQUE.
Soudan y de l'ouest à l'est, et presque en ligne
droite, sans lui faire décrire une double courbe,
comme l'avait dessiné d'Anville. Il le fit perdre
dans l'immense marais de Ouangara^ qui de-
vient , suivant lui , une sorte de mer intérieure
dans la saison des pluies, et une contrée maré-
cageuse pendant la saison sèche. Il fait com-
muniquer ce lac, durant la saison pluvieuse,
avec le lac Filtré^ dans lequel se rend, du nord,
comme chez d'Anville, le Bahr^el-^Gazel , et,
du sud, le Misseladf qui n'ont aucune commu-
nication avec le NiL Le Misselad incline vers
l'ouest ; c'est aussi vers l'ouest que RenneU feit
couler le Bahf-Kulla et les autres rivières qui
arrosent le Dar-Kulla ou le pays de Kulla.
Pour cette partie de sa carte, le major RenneU
a suivi M. Browne ; mais if est à remarquer que
ce voyageur ne s'explique pas d'une manière
positive sur la direction du Bahr-Kulla : il dit
seulement que, sur la route de Wara^ ville du
Bergou^ à Dar-^KuUuy on trouve- un grand
nombre de rivières et de lacs. « 3i le cours de
ce ces rivières, ajoute-t-il, a été donné exacte-
ce ment, elles coulent de l'est à Touest (i). » En
admettant , comme l'indique M. RenneU sur sa
carte, que le Bahr-Kidla se dirige à l'ouest, ce
'. — — — — — — — — > — -, ,^>fc. ■ . ■ , -
(i) BrowBte's Trauels inJ/rïca, édit.^de 179^) p. 449»
DEUXIÈME PARTIE. !l55
fleuve ne saurait être le même que le Quotla
de M. Bowdich (i), s'il est vrai que le Quolla
coule vers Test. Cependant Muugo-Park écri-
vait à lord Cambden que le Bahr- Kullà de
M. Browne était généralement considéré comme
le Niger f ou du moins communiquait avec ce
fleuve ; mais alors , si le Bahr-Kulla de Bi^owne
est le NigeVy il ne doit pas couler vers l'ouest ,
ou 'ce n'est pas le Niger ïj^e, Mungo-Park a
vu à Sego et à SUla , puisque ce fleuve coulait
vers Test. Arrowsmith, et ^lelques géographes
français, à son exemple, "concilient assez bien
ces apparentes contradictions, en faisant couler
le Bahr-Kulla de Test au nord-ouest, comme
Rennell, mais en le versant dans le lac Ouangara,
qui reçoit aussi le Niger ^ lequel coule de l'ouest
à r^st ; de sorte que le lac Ouangara est alors
considéré comme une immense concavité , où
viennent aboutir les rivières qui coulent dans
différentes directions. C'est ainsi que, sur ces
mêmes cartes , le lac Filtré reçoit également le
fTadi^el^Gazel et le Misselad^ qui s'y rendent
de deux directions opposées. Au reste, on doit
remarquer que Browne , qui est la seule au-
torité pour le lac Fittré , semble en faire men-
tion comme d'une rivière , et non comme d'un
/• . •
(i) Bowdich's Mission to Ashaniee^ p. 191.
iè36 BECHEMCHES SUR LAFRIQUE.
lac (ï). Les sources du Nil sont,. dans la carte
de Rennell , tracées d'après celle de Browne , et
ce fleuve n'a aucune communication, ni directe
ni indirecte, avec le Niger ni avec aucun des
fleuves du Soudan et du Bomou. Ces sources
sont placées dans le pays de Donga, où sont
les Gebel' al^ Koumri ^ ou les Montagnes de la
Lune, vers huit degrés de latitude nord et
vingt-trois degrés quarante 'minutes de longi-
tude à Torient de Paris.
Timbouctou et Cachenah ne sont plus, sur
cette carte de Rennell , les principaux états
du Soudan ; ils sont remplacés par Bambarra et
Haoussa. Ces deux grandes régions s'étendent
des deux côtés du Niger ou Joliba , et ont au
sud Kong, GagOj Melli ou Lamlem {t). Les
autres régions semblent en quelque sorte des
(i) Browne's Traveh , p. /|64-465. Toutefois le mot
Bahr, qui accompagne le nom de Filtre y a un sens ambigu
ici comme ailleurs , et peut signifier un lac.
(!i) Rennell a-t-il bien raison de considérer Melli comvae
syoonyme de Lamlem ? C'est ce qui est fort douteux. Selon
Lcon l'Africain, MelU est sur un bras du Niger; il a Gogo
au levant , le désert et des montagnes arides au sud ; au
couchant,des bois qui vont jusqu'à l'Océan (Ramusio,p. 78).
Melli est peut-être la ville de Malel d'Édrîsi (Hartmann's
£drisi,p. 39); et Lamlem, le Jemjem d'Abd-Arrachman-
Aga. Voyez ci-dessus, p. 61 , 71 et 7a.
PEUXIÈME PARTIE. ^^J
subdivisioilâ de celles-là. Du côté du BambarrUy
au nord du Niger, sont Birou^ Masina^ Tom--
bouctou; au midi du fleuve sont Kong et Gago^
qui ont âu nord Manliana et Kaffaha, au nord^
est Baedou. Du côté du Haoussa y au nord du
Niger j est le petit royaume nommé Cabi^ qui ren-
ferme les villes de Houssa , de Sala^ de Toçrur:
puis vient Nyffi, qui parait être le Noufy de
Delisle , placé par ce géographe au sud du Niger
ou du GambaroUj et que M. Bowdich met aussi
au sud àvaGambaroUy mais au nord du Quolla
on Niger; de sorte que cetiM^ position, dans la
carte de M. Bowdich y n est contraire ni au système
de Delisle ni à celui de Rennell, quoique le&
cartes de ces deux géographes semblent se con^
trediresous ce rapport. A l'est du Nxfjfi sont Noro,
Solarij Caehenahj et Gana ou Kano , auprès du-
quel est un lac. Comme dans la carte de d'Anville,
Ganah s*étend sur les deux côtés du Niger, et
a au sud Mekzara^eX ensuite Melli ou Lamlem:
ce dernier pays est arrosé par une rivière peu
considérable, qui coule au nord-est dans \t Niger ^
et sur les béfds de laquelle se trouve Malei, k
capitale. Au nord de Cackénah est Jlgadez. Le
Zanfara ou le Faran, qui figurait dans les cartes
de Qelisle, de d'Anville, d'Ortélius et de tous les
autres géographes, ne paraît pas sur cette carte
de Rennell; mais on retrouve la m^e con-
a38 RECHERCHES SÎjR l'aFRIQUE.
trée inscrite, sur la carte de M* Bowdich, au
sud du Cachenah et du Gambarou^ près de
Jaourray et au nord du Quolla ou Niger (i).
A l'est de Cachenah est Daoura^ le Daouara
de M. Lucas, qui est le Daura (Daoura) de
M. Bowdich. A l'est de Daoura est* la vaste
région de Bomou^ qui a au sud le Baghermé^
dont la capitale porte aussi le nom de Mesna\
puis le BirgQUy le Dar-Four et le Kordofan,
Les tribus Touaricks se partagent jusqu'au Fez-
zan et^gadez la partie occidentale dn Sahara on
Grand-Désert ; et les Tihous, la partie orientale.
Rennell a développé, dans deux analyses ou
deux dissertations, les motifs qui l'ont guidé
pour le tracé de sa carte, avec toute l'habileté
qu'on avait droit d'attendre d'un géographe si
justement célèbre. Nous y voyons que les par-
ties de cette carie qui comprennent les portions
de la Sénégamhie^ <îu Fezzan^ et du Dar-Four,
du désert de Barca et de Nubie j parcourues par
Mungo-Park, Hornemann et Browne , sont les
seules qui reposent sur des notions positives;
mais que toutes les autres n'ont été dessinées
que-^d'après des combinaisons plus ou moins
incertaines, puisque, de même que dans la
dissertation qu'a publiée d'Anville à ce sujet,
~—^— - I
(ï) Mission to As/iantem^^p, au.
DEUXIEME PARtIe. 23g
elles reposent sur des rapports plus ou, moins
vagues , sur des conjectures et des suppositions
plus ou, moins probables.
Le travail de Delisle avait fait disparaître celui
de Sanson,de Mercator et de tant d'autres; le
travail de d'Anville avait remplacé celui de De-
lisle. De même les géographes qui ont publié
des cartes d'Afrique, pour ce qui concerne l'in-
térieur de cette partie du monde , ont copié
Rennell.
Arrowsmith publia le premier, en novembre
1802, une carte d'Afrique, en quatre feuilles ,
inférieure sous beaucoup de rapports à celle
de d'Anville , mais qui offrait , pour la première
fois , les découvertes de Bruce , de Browne ,
àe Mungo-Park et de Hornemann réunies sur
une même carte. Les contrées intérieures et le
Niger s'y trouvent dessinés d'après les combi-
naisons et les conjectures de Rennell, avec les
légers changements que nous avons indiqués.
Il en est de même de la carte d'Afrique qu'a*
publiée , en octobre 1809, M. Purdy, aussi en
quatre feuilles. Il y a plus d'érudition et de
critique dans cette carte que dans celle d'Ar-
rowsmith ; mais elle est copiée , pour les Con-
trées de l'intérieur, sur la carte de Rennell.
Seulement M. Purdy, d'après les indications
et Touvrage de M. Jackson , qui venait de
s4o RECHERCHES 9UR LA'FRIQUE.
paraître, a dessiné, entre Timboueêo^ et Ga-
nah ^ un vaste lac , ou mer intérieure , qu'il
nomme mer du Soudan. Delisle, d'AnvilIe et
Arrowsmith n'ont point admis cette mer in-
térieure sur leurs cartes. livio Sanuto ne Ta
point connue; mais, sur les cartes de Foriani,
d'Ortélius, de Mercator et de Meursius, on
trouve de même un grand lac, ou mer in-
térieure, entre Timboudou et Cachemzh. Xi
est nommé lac Guber sur la carte d'Qrtélius,
et lac Guarde sur la carte de M^ursius ; mais
ce lac est placé au sxxA x^ Agadez ^ qui est au
nord-ouest de Cimo. Ce dernier pays, d(mt il
est fait mention dans Léon L'Africain et dam
Marmol , paraît évidemment être le Ganak
d'Édrisi et des modernes ( i ) ; et sur nos
cartes actuelles, comme dans celles des géo-
graphes du seizième siècle, ce pays se trouve
au sud -est ôijégadezy msas non aussi reculé
vers l'ouest ; de sorte que la position relative
•du grand, lac intérieur est la même sur les
{i)Y^nniamn'sÉtînsi^ p. 43, 46 et 47. Ainsi Tont pensé
Suiuto, Orlélias, Mercator et Mearnss, qui.ae font. pas
mentioa aur leurs ^cartes de Ganah^ mais seulement de
Cano. En gén^ral^ c'est Léon l'Africain , platôt qu'Ëdrisi
qulls connaissaient peu , qui a été leur guide. Tous ont
placé Cachenah à l'est de Cano ou Ganah : c'est le con-
traire sur nos cartes actuelles. *
• DEUXIÈME PARTIE. ilfl
cai^es modernes et sur les cartes anciennes;
celle ^Jgadez est la seu^e qui ait varié.
En général, la carte ^Afrique d'Arrowsmith,
et sur -tout celle de M. Purdy, ont servi de
base aux cartes que M. Lapie et M. Brué ont
publiées depuis i8i4 jusqu'à 1820. Cependant
ces deux géographes, d'après l'idée d'Aly-bey
adoptée, je crois, sur quelques cartes alle-
mandes, indépendamment du grand lac du
Soudan de M. Purdy, ont converti une partie
du marais du Ouangara de Rennell en une
vaste mer intérieure, qu'ils nomment Merdjuy
ou mer de Nigritie; et ils placent dans cette
mer une grande île, qu'ils considèrent comme
nie ^Ulil des Arabes. Le premier auteur de
cette idée ^ certainement eu dessein de con-
cilier nos cartes modernes avec le système des
Arabes, tel qu'il est indiqué dans la carte com-
parative de la Géographie de M. Pinkerton(i).
Seulement M, Lapie et M. Brué, dans les cartes
que nous avons citées, fonj; couler le Bahr-KoiiUa
vers l'est ; et , pour satisfaire aux indications
données par tous les Africains que l'on a con-
(i) Conférez : Carte encyprotype de V Afrique^ 4 feuilles,
1814 , par Bmé;L'J/rique, en une feuille , 18 17, par Lapie;
et ïa carte qui se trouve dansPinkerton's Modern-Geography^
troisième édition , tome II , p. 769, qui offre les systèmes de
Ptoléméc et des Arabes comparés.
16
44a RECHERCHES SUR l'aFRIq'uE.
suites, ils prolongent par des points le cours
du {ieu\eKoulla^ et le joignent aux sources du
JVilj ou Bahr^el-zibiad^ montrant ainsi que ce
fleuve Koulla est le même que le Niger ^ qui sort
de la mer de Négritie ^ et le même que le Nil^
qui se tourne au nord pour se verser dans la
Méditerranée. M. Brué cependant a changé d'idée
à cet égard; et dans une carte d'Afrique, pu-
bliée en 1820, en une feuille, il revient aux
cartes de Purdy, 4'Arrowsmith et de Rennell,
et il sépare entièrement le cours du Nil d'Egypte
des fleuves du Soudan; il fait couler le Bah^-
Koulla vers Fouest , et le verse dans la grande
mer intérieure du Ouangara , à laquelle il donne
le nom de lac de Ouangara y qu'il a prolongé
assez vers l'ouest pour le réunir à celui de
Ganah : celui-ci en était distingué par les géo-
graphes précédents, qui lui donnaient, selon
M. Purdy, le nom particulier de Sigisma.
N'oublions pas de remarquer que , dans la
partie orientale , ou dans le BornoUy la carte .
de M. Lapie, de 181 7, en partie reproduite
dans celle de M. Brué en 1820, n'est nullement
copiée des cartes anglaises, mais parait com-
binée d'après les. renseignements recueillis, par
Seetzen et autres. Deux lacs, qui sont dans le
Kaouar, au nord, donnent naissance à deux
rivières, VHalemm^ à l'ouç^t, et la Lemzoumr
«
^ DEUXIEME PARTIE. 243
kcullagisse (i), à l'est. Ces deux rivières coulent
au sud, se réunissent ,. puis se divisent ensuite :
la branche occidentale, qu'on nomme Zamfaray
traverse le Ouangara^ et se rend dans le Merdja
ou la mer de Nigritie; la branche orientale se
verse dans le lac Fittréj en ressort sous le nom
de Belad - e/ - Tibr pour se diriger à l'ouest ,
et, après avoir reçu du sud plusieurs petites
rivières, se verse aussi dans le Merdja ou la
grande Mer de Nigritie. Les noms de Zamfara
et de Belad^el-Tihr peuvent être les noms des
pays que traversent ces rivières ; mais il est
bien douteux que ce soient ceux des rivières
mêmes. Belad-eUTibr est ici placé au sud du
Ouangara^ comme dans les cartes précédentes;
mais Zamphara ( Zanfara ) , qu'on retrouve
aussi dans la même position, comme nom de
pays , sur la carte de M. Brué , n'est pas le
Zanfara des auteurs arabes et des premiers
géographes. Du moins la carte de M. Lapie
aditiet un second Zanfara dans le Daoura , au
nord de. Ganah,
(i) Seetzen,daDS les Annales des F'oyages,X, XIX, p. i65.
Ce nom Lemzoumkoullagisse ^ d*une longueur démesurée ,
un peu défiguré sur la carte de M. Lapie , doit être la
réunion de^ plusieurs 9Utres noms : on remarque Kaulla
dans sa composition , qui parait être le même mot que le
Kulla de Browne , le Quoila de M. Bowdich.
. l6.
244 KJECHERCHBS StJR L*AFRIQTJE.
Les routes tracées d'après les itinéraires don-
nés par Brownc , sur les cartes d' Arrowsmith et
de Renneli, ont disparu de celle de M. Lapie,
parce quelles renseignements précis de Browne,
qui offrent entre eux un arrangement suivi,
ne pouvaient plus s'adapter aux notions plus
abondantes, mais plus vagues, qu'on voulait
présenter.
Dans la carte qui accompagne l'édition don-
. née par M. Murray, en 1817, de l'oiï^xage de
Leyden, intitulé Histoire des Découvertes en
Afrique (i), on a aussi dessiné la mer du
Soudan à l'est de Timbouctou; mais il n'y a
point de Merdjç,^ ou de mer de Nigritie,
L'auteur a rétabli le grand marais de Ouangara;
mais le Niger y au lieu de s'y perdre, le tra-
verse , se jette dans le petit lac Heim'ad^ à l'est
de Ouangara , d'où , selon l'hypothèse de Hor-
nemann et de Jackson, il sort sous le nom
de rivière Salamat^ qui coule vers l'est; et
ensuite, sous le nom de Bahr-el-Ada) iï se
jette dans le Bahr-el-Abiady ou Rivière-Blanche j
qui est le Nil d'Egypte, Ainsi, dans cette hypo-
thèse, îa rivière qui prend sa source dans le
Gebel Kumri^on le Bahr-el-Abiady ney serait pas
le Nilf mais un des affluents de ce fleuve. Le
(i") Jfrica including tke latest discaveries^ 181 7, t sh.
DEUXIÈME PARTIE. ^45
lac Heimad communique par une rivière avec
le lac Cauga d'Édrisi, qui est peut-être le
même que le lac Fittréy dans le Baghermé ; et
ce lac Fittré reçoit, comme dans les cartes de
Rennell et d'Arrowsmith, la rivière du Boumouy
formée de deux rivières, le Ouadi-el^Gazel
à Fouest, et le Ku^u à Test, qui prennent leur
source au nord: le Misseiady qui vient du midi^
est aussi dessiné comme dans Rennell. On a in-
diqué sur cette carte, par une ligne de points,
rhypothèse de M. Reichard, qui, à Fouest du
laç Ouangara^ fait retourner le Niger au sud-
ouest, pour le verser dans le golfe du Bénin ^
où il forme un vaste Delta. On a désigné de la
même manière le système qu'on attribue à
M. Maxwell et à Mungo-Park, ^t considérer
le Dar^KouUa de Browne comme la branche
principale du Niger y qui -se détourne vers le
sud, et forme la rivière de Zaïre ou de Congo;
ce ^ui s'accorde en partie , ainsi que nous Fa--
V0ns déjà reçiarqué, avec les renseignements
qui ont été donnés à M. Bowdich , lesquels nous
montrent le Quolla oaNig^r. en communication
avec la rivière^ du cap Lopez et le grand fleuve
de Congo, par le moyen de la rivière Ogouaouai.
M. Lapie , dans sa Mappemonde en une feuille ,
publiée en 1817, a aussi admis la possibilité' de
Fhypothèse de M. Reiehard ; mais M. Brué Fa
a46 RECHEHCHES StJR l'aFKIQUE.
rejetée, et ne l'a indiquée sur aucune de ses
cartes.
Dans toutes ces différentes cartes, Timbouc^
tou conjserve la latitude et la longitude que lui
avait assignées le major Rennell. Un géographe
américain de la ville de New -York, nommé
Eddy, qui a dressé une carte de la partie occi-
dentale de l'Afrique (i), est le seul qui, dans
ces derniers temps , ait changé la position que
Rennell a donnée à Timbouctou; il l'a descendu
un de^é plus bas, et l'a placé vers quinze de-
grés trente minutes de latitude nord ; il Fa
ainsi rapproché du parallèle sous leqèel Delisle
l'avait mis. M. Eddy n'a point donné fes motifs
de ce changement ; mais le récit de Sidi-Hamet
dans Riley npus explique suffisamment pour-
quoi, après avoir conduit le Niger dans le pays
de Ouangara , où ce fleuve reçoit plusieurs ri-
vières qui viennent de l'est, il détourne son
cours au sud pour le jeindre à celui du Congo.
Les renseignements que le capitaine Dundfc
et le lieutenant -colonel Fitz-Glarence ont ré-
cemment obtenus, {]^da0t leur séjour à Malte,
de Hadji-Taloub-Ken*»-Djalow., giCftiverneur des
(i) ^ Mi^p ofparîofAfrica drawn front the latest autho-
riHes tù illustrate the narratives of captain Jfames Riley ^ by
John H, Eddy; New-York, 1846.
i>EUXi:àMB PàBTiE. a47
princes de Maroc, ne peuvent donner lieu à
aucun changement dans nos cartes, et n'ajou-
tent rien aux notions déjà acquises sur l'inté-
rieur de l'Afrique ; mais ils les confirment en
bien des poinis. Hadji-Taloub-Ben-Djalow avait
été plusieurs fois à Timbouctou, (i); selon lui
cette ville est située à deux journées de marche
du Niger ^ qui coule vers l'est dans un grand lac
d'eau douce, nommé Bahar^ Soudan. C'est de
ce lac que le Nil d'Egypte prend sa source. Le
Nigir est toujours appelé le Nil; cependant un
nommé Hadji-Benala , qui se trouvait aussi à la
smte des princes de Maraq^ donnait au Nigir le
nom de Dan (a) , et assurait aussi qu'il coulait
à Fest. Il y a des crocodiles dans le Niger, Hadji-
Taloub asMire aussi que l'on trouve dans les
environs de Timbouctoù des cocotiers en abon*
dance. Les lecteurs atteiîtifs remarqueront que
c'est la Seconde fois que le récit d'Adams, sous
ce dernier rapport , se trouve coigifirmé ( 3 )•
Lfes forets ^des environs sont pleîfnes de lions
et d^éléphauts. Les denrées qui se vendent'
le mieux à Timhouctou sent le se), le tabac,
■ ^— *4 — *-= *^ ^ ■ — -
(i)Fitz-Clarence*s Journal of a route àcross India^through
Egypte in 1S19, în-4% p. 49^
(2) Le nom ^de Soudan n'aurait-il pas une ëtyntologîe
commune avec celui 'de Dan ? ,
(3) Voyez ci- dessus, p. 157.
24H RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
les draps d'écarlate^ les cotons imprimés, les
pistolets et les fusils. Les natifs donnent, en
échange, de l'ivoire, et sur-tout de roF,qoi vient
du sud-ouest. Les caravanes qui partant de Fez
mettent trois mois et dix jours à se rendre à
Timbouctou; mais avec des ^cm^^, ces chameaux
si rapides, on peut faire ce trajet en vingt-neuf
jours. Timbouctou^ selon Hadji-Benata, est trois
fois grand comme Alexandrie : selon * Hadji-
Taloub , cette ville a soixante mille habitants.
Houssa est une ville considérable , mais très-
loin de Timbouctou vers l'est ; et à vingt jour-
nées au sud-est de Timbouctou est une autre
grande ville nommée Massana^ qui est peut-
être la capitale de l'état de Masina^ au sud-
ouest de Timbouctou ; mais en considérant
comme exacte l'indication donnée par Hadji-
Taloub, on a conjecturé avec raison que Massana
était la même ville que celle dont il est feit
mention soiA le nom de fTassanah dans la
relation de Ryley (r).
Tel est le résumé des notions que l'on a
acquise^, des conjectures que l'on a formées,
des systèmes qu'on a enÊuités sur cette partie
importante de la géographie.
(i) Ceci doit servir à rectifier ce que nous avons dit plus
haut, p. 117, lig. i5j sur la foi d'un premier rapport, où
le nom de Oumstmah se trouvait substitué à celui de
Massana,
i
TROISIÈME PARTIE. ^49
TROISIÈME PARTIE.
ANALYSE GEOGRAPHIQUE DES ITIITERAIRES
DE TRIPOLI A TIMBOUCTOU
ET DE TRIPOLI A CACHENAH,
PAR LE CHEYK-HAGG-CASSEM
.ET PAR MOHAMMED, FILS D*ALI.
Considérations préliminaires.
A.VAWT de commencer l'analyse géographique
des itinéraires que nous nous sommes proposé
d'éclaircir, il convient d'exaniiner si les docu-
ments que nous avons donnés dans les deux
premières parties de cet ouvrage sont suffisants
pour paiivoir tracer, avec quelque degré de
probabilité 9 une carte des yastes régions du
Soudan^ ou des parties centrales de l'Afrique
septentrionale.
D'abord il doit paraître étonnant que , dans
l'exposé des notions acquises sur l'intérieur de
l'Afrique, nous n'ayons rien dit des anciens , et
aSo AKCHEltCHES SUR L'AFRIQtfl:.
sur -tout de Ptolémée, dans Touvrtge duqtiel
d'Anville et les géographes de nos jour^ ont cru
tKuver les moyens d'expliquer' et d'arranger
les relations, souvent contradictoires, des mo-
dernes, sur ces vastes contrées. Disons quels ont
été les motifs de notre silence à cet égard.
Le géographe peut, lorsque les matériaux lui
manquent, tirer d'utiles secours des anciens pour
tracer la carte d'un pays sur lequel ils don-
nent des détails plus nopbreux et plus exacts
que les modernes. Il y en a d'illustres exem-
ples (i). Mais cela n'est possible que lorsqu'on
connaît déjà les traits principaux et les prin-
cipales positions des contrées dont on veut
perfectionner la géographie; , et qu'on est bien
certain de la correspondance d'un certain nom*
bre de noms de lieux domïés par les anciens ,
avec les noms des mêmes lieux qui se trouvent
sur les caries modernes qu^^ s'agit d'amélio-
rer. Quand oo est incefliain même sur la con-
— — — -,^_^^. — ^__ — _ .^ — ■ _^_ ■ _■■ ■ — • ^ ^
(i) C'est ahwi <jtic -Detisle s'est aidé des itinéraires an-
ciens pour Ksserfor ki Méditcrranie àe trois cent» lieaes
datw le 9e%& de la longitude ; qj^ d'Anville a aussi , par le
moyen des mesures de ces mêmes itinéraires , rétréci d*un
tiers la largeur de Tltalie, et qu'il a même rectifié la longi-
tude de Lyon, avant qu'on eût déterminé la position de
cette ville par des observations astronomiques et par une
triangulation exactes.
* TBOISIÈME PAllTIE. sSi
ûgêfSition générale que présentent les con*-
trées dont on veut dresser la carte; quand on
n6 peut s^assurer ni de la correspondance d'utt
seul nom , ni de l'identité d'une seule position ,
alors toute comparaison devient illusoire, et ne
peut avoir aucun résultat déterminé. On cherche
à expliquer l'inconnu par l'inconnu ; et il n'en
peut résulter qu'un amas de conjectures vagues
et de notions confuses, parmi lesquelles on ne
saurait discerner ce qfii^ est probable d'avec
ce qui est faux ou impossible. C'est sur -tout
le cas où nous nous trouvons à l'égard des
anciens pour ce qui conc|me l'intérieur de
rAfiique.
Qui pourra déterminer avec certitude si ces
cinq jeunes Nasamons dont nous parle Hêto-
dote, qui s'avancèrent très -loin dans le déserl
\ers l'ouest , où ils trouvèrent des hommes de
petite taille, et un «fleuve qui coulait de l'ouest
àrest,daas lequel étaient des crocodiles, ont
seulement étendu leurs explorations à quelques-
unes de ces vallées de l'état de Maroc ^ situées
au sud de VJtlaSy et en efifet très-éloignées vers
l'ouest de Çyrène, ou de la Grande-Syrie^ d'où
(i) Herodoti Hist. II , 3a, 33^ tome I, p. agS, édiu
Sch-weighaeuser, in-8', i8i6.
aSa RECHERCHES SUR l'aFRIQ^E.
ils étaient partis (i) ; ou si leurs découvertes se
sont arrêtées dans le BornoUy ou dans quelques
oasis du Grand -Désert (a), ou enfin s'ils ont
pénétré jusque dans le Soudan ^ sur les bords
du Joliba ou Niger (3) ?
Qui de même nous dira si le Nigir et le Gir
de Ptolémée, et les détails des contrées que ces
fleuves arrosent , renfermés dans l'ouvrage de
cet ancien , appartiennent aux provinces méri-
» ■ I Il" i^> ■ III ii^i II ■■
(i) Dn temps d'Édrisi , il y avait des caravanes qui se
i^ndaient de Bahnessa^ en Egypte , à travers les déserts qài
sont au midi de rAtlas^ jusqu'à Sidjilmessa. Édrisi,p.2o6
( et dans Hartmann, p. 147), donne de ces caravanes un
itinéraire très-dé taillé.
(^) Comme l'ont cru M. de la Barre {Hérodote de Larcher,
deuxième éditîoii, tome II, p. 22$), et M. Heeren, dans
la première édition de son ouvrage intitulé : Idée sur les
relations des anciens peuples en Afrique , tome I, p. 191 de
la traduction française. •
(3) Ainsi que l'ont pensé d'Anville, Mémoires de l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, t. XXVI, p. 70; —
Rennell's Geographical-System qfHerpdo^Sy in-4^. London,
1800, p. 43i et 63i; •— Heeren , Ideen uherdie Politik , den
Ferkehr und den Handel der vornekmsten FôlAer der
alten fVelt , in-8**, Gottîngen, i8i5, a* Abtheil, p. 206.
Dans cet ouvrage, M. Heeren, enhardi par l'autorité du
major Rennell, changea d'avis, et étendit, beaucoup plus
loin encore que dans son premier ouvrage , les découvertes
des anciens en Afrique.
^ TROISIÈME PARTIE. a53
dionales de Maroc et X Alger ^ qui sont au sud
de X Atlas; ou si on doit lés transporter dans
le Fezzan ou le Bomou^ ou dans quelque autre
oasis du Grand -Désert,, ou bien s'ils n'appar-
tiennent pas à plusieurs de ces oasis; si enfin
on doit les placer dans le Soudan^ et reconnaître
le Nigir dans le Sénégal ou la Gambie ^ et le Gir
dans le Joliba; ou, le ]Nigir dans le Joliba^ et
le G/r dans un fleuve encore plus à l'orient?
Qui pourra décider si cm doit séparer ces deux
fleuves,' en laisser un au nord du Grand -Dé-
sert, et placer l'autre dans le Soudan^ en sup*
posant que Ptolémée ait coinmis l'erreur de les
rapprocher, parce qu'il a fait abstraction de
toute l'étendue du Grand -Désert, où il ne se
trouvait ni ville, ni fleuve, ni aucun objet géo-
graphique dont il eût connaissance? Toutes ces
opinions ont été également soutenues , mais
aucune n'a été démontrée ; et , dans l'état ac-
tuel de nos connaissances, aucune ne pouvait
l'être (i).
(i) Voyez Sanson, Delisle, les cartes historiques de Hasius,
et les caries que nous avons citées dans la seconde partie de
cet ouvrage ; et aussi d'AnvîUe , Mémoires de VJcaâémie des
inscriptions et belles-lettres^ tome XXVI, pages 64-81. -*•
Renoeir». Geography of Herodotus^ pag. 645 to 75a;
ibid. Geographical illustrations qfPark'sJournex, dans let
a54 RECHERCHES SUR l'aFRIQ^UE.
Mais supposons pour un instant que quel-
ques-unes fussent susceptibles d'acquérir un
grand degré d'évidence ; supposons qu'il fïit
prouvé que les Nasamons, dès le temps d'Héro-
Proceedings of the association for promoting the disco-
veries in Africa , t. III , pag. 4o3 - 420. — Durandi ,
Osservazioni sopra il paese Gofammnti^ dana les Mémoires
de V Académie royale de Turin pour les années i8o5 et 1808 ,
m-40; 1809, p. 1-55. — Pinkerton's Modem- Geography,
y édit., l. II, p. 772; traduct. franc., t. VI, p. 444.—
Leyden and Murray, Hist, account^ etc., in-S", 1817,
tome II, p. 382. — Durpau de la Malle fils. Géographie
physique de la Mer Noire et de l'intérieur de l'Afrique,
in-8°, 1809, p. 72. — Latreille, Dissertation sur l'expédition
du consul Suétone Paulin en Afrique^ et sur le fleuve Niger de
Pline,etleNigirdePtolomée^iSo^^in-%\ Une pouvait y avoir
aucun doute sur retendue de Texpédition de Suétone Paulin,
et fort peu sur celle de Cornélius Balbus ; mais c'étaient les
deux expéditions et les marches surprenantes de Julius
Mafemus et de Septimius Flaccus , dont il est fait mention
dans les Prolégomènes de Ptolémée, qu'il fallait discuter:
or d'Anville et les auteurs que nous avons cités ne les ont
point connues , ou n'en ont point {stt mention. Voyez
Ptolemeu«, Ceographica^ lib. I, cap. viii, p. 10; cap. ix,
p. II et II, edit. Bertii; voyez aussi de quelle manière
nous interprétons ceci'dans notre Cosmologie^ ou Description
générale de la Terre y p. 240. Nul autre auteur ancien connu,
que Ptolémée, n'a parlé de Julius Matefnus et de Septimius
Flaccus; ce qni décèle une grande lacune dans nos éoca-
siéntfi historiques : ce n'est pas la seule.
TUOISIÈMK PARTIE. ^55
dote 9 ont réellement pénétré jusqu'au Joliba
ou Niger; supposons qu'on n'eût aucun doute
que Je Nigir et le Gir de Ptolémée ne du|»sent
appartenir au Soudan , et ne fussent les grands
fleuves dont il est fait mention dans les rela-
tions modernes : alors on aurait acquis par-là
des notions importantes sur l'histoire du com-
merce études découvertes, et sur le mélange
des nations dans les temps antiques*; mais qu'en
résulterait-il pour les progrès de la géographie
poskive ? absolument rien. Le voyage des Aa-
samons pourrait nous faire soupçonner l'exis-
tence d'une rivière dans le centre de l'Afrique,
qui coule vers l'est ; mais les découvertes de
Mungo • Park nous révèlent Fexistence de cette
rivière d'une manière plus certaine encore.
Les indications de Ptolémée , qui , dans sa
Géographie , se contente de donner la latitude
et la longitude présumées des sources , des em-
bouchures et des principaux points de partage
des rivières, ne sauraient même nous faire de-
viner le tracé àt ces rivières. Il n'en faut pas
juger d'après la manière dont Mercator a dessiné
celles de l'Europe et tles parties du monde
connu, dans les cartes qu'il a dressées pour le
Ptolémée , parce que , pour ces contrées , il n'a
pas été réduit aUx seules tables de Ptolémée,
et qu'il s'est aidé des connaissances modernes.
^56 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Mais, lors même qu'on croirait pouvoir , dia-
prés les tables de Ptolémée, conh^tre le sys-
tème général des rivières de l'intérieur de l'Afri-
que, on ne saurait encore où les placer; car les
positions de Ptolémée, pour ce qui <x>ncerne
l'intérieur des diverses contrées dont il a dressé
des tables, ofIi*ent des erreurs de plusieurs de*
grés , tant en longitude qu'en latitude. Les po-
sitions des lieux ne sont pas toujours, comme
sûr les côtes, rangées dans leurs situations res-
pectives ; et telle ville se trouve souvent mise
loin au sud-ouest d'une autre, tandis qu'elle est
réellement au nord-est. Un coup-d'œil jeté sur
la carte de la Gaule, ou sur toute autre contrée
qui présente des positions de lieux anciens bien
connus des modernes, suffira pour convaincre
de cette vérité tout lecteur instruit.
Enfin quand on supposerait encore que les
longitudes et les latitudes des lieux que Pto-
lémée indique sur le Nigir et le Gir seraient
exactes, et s'appliqueraient aux contrées du
Soudan, nous ignorerions À qoels noms mo-
dernes de lieux et de nations ces noms anciens
correspondent, A nous serions dans l'impossi*
bilité d'en fairfe aucun usage pour la détermi-
nation des positions modernes.
Tels sont les motifs qui nous ont fait considérer
les notions des anciens sur rintérieur de l'Afrique,
TROISIEME PARTIE. aSy
et en particulier l'ouvrage de Ptolémée, domme
mutiles pour l'objet de nos recherches. Il n'en est
pas tout-à-fait de même relativement aux Arabes.
Nous sommes certains que TimbouctoUy Haoussa^
Cachenah^ Bqfnouy et tant d'autres noms qui
se trouvent dans leurs écrits, désignent bien les
mêmes nations^ les mêmes peuples, les mêmes
villes qui existent encore aujourd'hui, sous les
mêmes noms, dans le Soudan^ et dont nous
cherchons à déterminer les positions; parce que
les écrits dés géographes et des historiens arabes
nous prouvent que ces noms, illustrés par le
commerce depuis huit siècles, n'ont pas cessé de
retentir, à travers les déserts, jusque chez les
nations civilisées. Mais les écrits de ces géo-
graphes et de ces historiens ne nous donnent
aucun, moyen certain de fixer l'emplacement
des lieux dont ils parlent, k la vérité , ils ont
bien déterminé les positions de plusieurs lieux
par des distances réciprciques ; mais, comme nous
ne connaissons aucune de ces positions, nous
ne pouvons faire «sage de ces distancés , parce
que Tious manquons d'un point fixe de départ.
Qu'importe, en effet, que KÉdrisi nous ap-
prenne qu'il y a un mois et demi de chemin de
Koukou à Ganahf et quarante jours de marche
de Gànah au lac , dans ïeqifl^i se trouve l'île
A' Util, lorsque nous ignorons où est Koukou^
17
258 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Ganah , et ce grand lac qui , dans la significa-
tion vague du mot arabe Bahr, peut être Tocéan
Atlantique, ou simplement un lac de rintérieur.
Les divers rapports que Ton a obtenus, soit
en Egypte, soit dans Tempire de Maroc, soit à
Tripoli^soit dans laL SénégambiCy soit sur la Côte-
d'or, soit ailleurs, nous laissent dans un vague
encore plus grand , puisque la plupart ne nous
donnent que des noms, sans aucune distance.
Nous avons tâché de comparer et de rappi^ocher
ces noms entre eux; mais combien d'erreurs
n est-on pas sujet à commettre dans ces com-
paraisons et ces rapprochements ? Ne savons-
nous pas que, dans tout Fintérieur de l'Afiri-
que, presque tous les lieux, les montaignes,
# les rivières , ont au moins deux noms , qui
n'ont entre eux aucune ressemblance : le nom
arabe ou maure, et le nom nègre. Ainsi déjà
nous sommes exposés, par cette seule raison,
à faû*e plusieurs lieux d'un seul, à augmenter
sans raison la nomenclature géographique. Dans
quelles erreurs aussi doit nous faire tomber
notre ignorance des langages de jpès vastes con-
trée^ 9 et la signification si large et si vague
de certains mots! Ainsi, comme nous l'avons
* déjà observé, le mot Gulbi bu Joliba, bien loin
d'être le nom particulier d'un, grand fleuve,
parait être un mot général pour désigner tout
TROISIÈME PARTIE. iSg
grand amas d'eau , soit fleuve , soit lac , sôit rivière.
Le mot de Komadou ou Kamadogo , qu'on
croyait être le nom d'une rivière du Bornou y
s'est trouvé signifier rmère dans le langage de
ce pays. A combien de méprises une significa-
tion aussi étendue nepeut-elle pas donner lieu?
Selon Yakouti Kolla signifie terre brûlée y et se
joint peut-être aux noms de tous les fleuves du
Soudan, Le nom de Kong, donné à un pays
montagneux, ou au peuple qui Tfeabite, pa-
raît signifier montagne dans la langue mandin-
gue, selon Mungo-Park. Birney^ qu'on croyait
être le nom de la capitale de Bornou^ désigne
toute ville ou village fortifié. Timbi ou Tim-
hou^ qui entre dans la composition du mot
TimbouctoUy a probablement ime signification
de même nature. Peut-être en êst-il ainsi de
Haoussa et de tant d'autres nomis qui se re-
produisent dans la* géographie dé fAfrique.
Lors même que nous éviterions les erreurs qui
résultent de cette cause, les notions qui nous
sont données ont tï'op peu de précision, ren-
ferment trop peu de détails, sont trop peu d'ac-
cord, et même souvent trop contradictoires
entre elles, pour qu'on puisse s'en servir pour
dresser une carte. La mémoire doit les conserver
précieusement en dépôt dans fe classe des ren-
seignements ; ntfâis la science n'a pa^ encore le?
17,
aGo RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
moyens nécessaires pour les employer avec
sûreté.
Il n'en est pas de même des itinéraires dressés
pour l'usage des caravanes : non - seulement
tous les lieux où l'on passe s'y trouvent nom-
més , mais ils contiennent en outre le nombre
d'heures ou de jours de marche entre chaque
station; et, comme le sol du désert se ressemble
considéré dans une vaste étendue, que l'allure
des chameaux est uniforme, il en résulte que la
distance des lieux entre eux se trouve en rapport
assez exact avec le temps qu'on met à les par-
courir. Ici rien n'est vague , rien n'est arbitraire.
Les voyages dans le désert se faisant toujours
selon la ligne la plus courte, c'est-à-dire la
ligne droite, il devient facile de déterminer
l'intervalle qui sépara chacun de ces lieux, et
leurs positions relatives, d'après l'ordre selon
lequel ils sont nommés; et, dans ces itinéraires,
le nombre de$ journées qui s'y trouvent in-
diquées, les positions et les distances respec-
tives, sont déjà des connaissances précieuses et
im commencement de science. Mais ce ne sont
pas les seules que les itinéraires peuvent nous
procurer ; en les combinant, nous pouvons, par
le croisement de plusieurs d'entre eux qui se cou-
peraient en un même point, fixer avec certi-
tude les positions de plùsieui's lieux sur la carte ,
TROISIÈME PARTIE. îl6f
et placer ceux qui dépendent des mêmes itiné-
raires avec une exactitude assez grande. C'est
alors que des positions bien déterminées nous
permettront de placer quelques^-unes de celles
dont les voyageurs ont parlé , et qui flottaient
en quelque sorte sur nos cartes au gré des ca-
prices ou de l'ignorance des géographes»
A des rapports incertains, à des notions con-
fuses, à des fictions hasardées, à des systèmes
sans base, substituons des combinaisons rai-
sonnées, des discussions exactes, et prédises;
alors nous verrons la géographie de l'Afrique
se perfectionner de jour en jour , et les décou-
vertes des géographes hâteront les progrès de
celles des voyageurs: elles guideront ceux-ci dans
leurs marches; elles protégeront les jours de ces
hommes courageux, et empêcheront qu'ils ne
succombent dans leurs entreprises; tandis que
cet amas de notions confuses, ce vain luxe d'une
fausse science et dfune érudition compilatrice ,
que nos cartes leur présentent, ne leur servent
à rien s'ils les apprécient à leur juste valeur , et
peuvent leur être funestes s'ils en font une trop
grande estime.
Lorsqu'on sera parvenu ainsi , par l'accord
de beaucoup d'itinéraires, ^t de documents cer-
tains, à fixer la position de plusieurs lieux , à
tracer les grands traits de géographie naturelle
26t RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de quelques régions avec les seules notîcos mo*
dernes, sans le mélange d'aucune supposition
ou 1 adoption prématurée des descriptions an-
ciennes ou du moyen âge^ alors on pourra com-
parer avec fruit cette géographie toute moderne
avec celle des Grecis, des Romains ou des Arabes.
Jusque-là il faut s'en abstenir, si Ion ne veut
tout embrouiller.
Ce sont ces considérations qui m'ont engagé
à publier les trois itinéraires arabes dont j'ai
parlé dans le commencement .de cet ouvrage,
et à les fair^ précéder d'une analyse géo-
graphique.
§. II. Appréciation de la JQurnée de marche
des caravanes dans les déserts de V Afrique.
Mais, avant de procéder à l'analyse de nos
itinéraires, il faut nous saisir du fil qui doit
nous diriger dans l'espace , ou de l'instrument
qui doit nous servir à assigner les positions des
lieux. 11 consiste tout entier dans l'appréciation
exacte de la journée de caravane, qui est tou-
jours l'évaluation habituelle donnée dans ces
itinéraires. ^
En effet, lors même que les Arabes, dans
ces itinéraires, parlent de milles, ce n'est, en
quelque sorte, qu'une traduction, en d'autres
ternjies, de l'évaluation de la longueur du che-
TBOISlilME PA.BTIE. l63
mm parcouru dans une journée ou une partie
de journée ; car les Arabes de TAfirique n'ont
jamais mesuré de route que par les pas de
leurs chameaux. La marche uniforme de ces
animaux est susceptible -d'offrir une mesure
assez régulière pour les combinaisons géogra-
phiques; c'est, d'ailleurs, la seule dont nous
puissions nous servir : il faut donc tâcher d'en
fixer la valeur.
Le major Rennell a senti toute l'importance
de cette recherche; et il n'a cessé de faire de
nombreux rapprochements pour en tirer des
résultats exacts. Les variations de ses opinions
à cet égard ont été les principales causes des
variations de certaines positions dans les cartes
de l'Afrique septentrionale qu'il a dressées.
Il avait d'abord établi une différence dans l'éva-
luation de la journée moyenne de caravane,
relativement à la longueur totale * du chemin
parcouru ; mais il a , depuis , reconnu lui-menfie
que cette distinction ne devait pas être faite (i J.
£n effet les caravane», dans les longs voyages,
(i) RennelVs Prjoceedings oftfie Association ^ etc., p. 217.
RenneU établissait ainsi le taux moyen de chaque journée de
caraTane :
Pour le trajet d'un jour , 16 i/a \
Pour le trajet de 17 à Qt5 jours, i5 > milles géogr.
Pour le trajet de 40 jours, . . . . i3 '
a64 REGHEIiCHES SUR l'aFRIQUE.
séjournent en plusieurs endroits plus ou moins
long-temps ; et ces séjours rie sont pas comptés
dans le nombre des journées de marche. Lé plus
long voyage est donc, en effet, une suite de
voyages de moyenne longueur.
Mais Rennell distingue, avec raison , la journée
de caravane légèrement chargée, d'avec celle de *
la caravane pesamment chargée. C'est dans cette
dernière classe que sont toutes les caravanes
qui, des états de MaroCy de Tripoli on du Fezzan,
se rendent dans le Soudan pour y transporter
des marchandises. C'est donc de l'évaluation du
taux moyen du chemin parcouru par les cara-
vanes de ce genre, que nous devons nous oc-
cuper, pour pouvoir faire usage des distances
données dans nos itinéraires.
Après bien des combinaisons et des rapproche-
ments-,1 détaillés dans un mémoire spécial publié *
sur ce SBJet(^), Rennell trouve que le taux moyen
du ^îhemin fait par une caravane pesamment
cl^àrgée, doit être évalua à dix-huit mille»^ an-
glais soixante-quatre centièmes , ou seize n>illes
géographiques un sixième ; mais quand, il est
question d'appliquer ces résultats, tirés, de com-
(i) ^ennelj*s Memoir on tke rçte of travelling as
performéd bjr ca meis ^ in--^^, 17 pages; P^ilosophical-
Transactions, vol. LXXXI , p. 144.
TROISIEME PARTIE. 265
parâîsons faites en Asie, à la géographie de
l'Afrique, où les haltes sont plus fré<|uentes et
plus longues, Rennell pense que l'on doit ré-
duire le taux moyen du chemin parcouru à
dix-sept milles anglais quatorze centièmes, ou '
quatorze milles géographiques cinq sixièmes.
Et en effet, même en Asie, dans unp route
tïiXxe jilep el Rackama, Rennell n'a trouvé le
taux moyen du chemin parcouru que de quinze
milles géographiques un quart ; et, entre jilep
et Bussorah^ seulement de treize milles géogra-
phiques huit dixièmes (i}. . .
Mais, pour le voyage du Ckiire au Fezzan^ le
géographe anglais a trouvé un taux moyen de
seize un quart , ou de seize milles géographiques
et demi (a). En effet, ces «aravanes sont moins
nombreuses et moins pesamixvent chargeurs que
ceDes qui se rendent dans le Sdùidan, , Cepen-
dant on compte cioquante-tro;^ jour^ de marche
entre le Fezzan et le Caire; ce qui, comparé à
la dislance parcourue, {»«9Eid^e ne donner que
■'' ' ..iM bw, I I I .i^^ ■iiiliii ■■ ■ III. ■ ■■m
(i) RennelVs Memoir on ike rate of travelling as per-
formed by camelsy in-A**, p. i5, dans des exemplaires tirés à
pari; et dans les PhUosophical- Transactions y vol. LXXXI,
p. 144. "
(2) Rennell datis Horneman^s Traveh, p. 126; et delà
traduct. franc. , p. 187.
a66 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
quatorze milles géographiques et demi pour taux
moyen,
, L'itinéraire de Siout au Dar-Four^ dans les
Mémoires sur TÉgypte, nous fournil un taux
' moyen de quinze milles géographiques et demi
par jour.
Les caravanes de Tripoli^ dans le Soudan,
doivent être encore plus"^ chargées; et le taux
moyen doit être moindre pour ces longs trajets.
I^ous avons nous-mêmes essayé un grand
nombre d'itinéraires dans l'intérieur de l'Afrique;
et nous nous sommes convaincus que le taux
moyen d'une journée de caravane pesamment
chargée, qui traverse le Grand-Désert, réduite
en mesures prises en ligne* droite sur la carte,
devait être estimé ai quinze milles géographi-
ques, ou cinq grandes lieues marines par joiu*.
Ce taux moy^n doit souffrir des variations
quand on est arrivé dans le Soudan^ e^ntrecoopé
par des montagnes et des rivières ; mais il nous
paraît être une mesure exacte pour les itiné-
raires à travers le Grand-Désert, Seulement il
arrive souvent que les caravanes qui le traversent,
chargées en partant d'un plus grand nombre de
marchandises,' ou accompagnées de gens qui se
rendent à des oasis peu éloignées du point de
départ, ne sont pas montées sur des chameaux.
TR*OlSlèME PARTIE. ' 267
et ne pa)*courent par jour que la moitié du che*
min d'une caravane ordinaire pesamment chargée.
Aussi trouvons-nous quelquefois , par cette raison,
dans les itinéraires, des distances exprimées de
deux manières différentes : Tune d'elles donne
juste, entre deux lieux, la moitié du nombre
des journées de l'autre.
Les itinéraires que nous nous proposons
d'analyser, nous fournissent des exemples de
ce genre : celui de Hdgg*Cassem, qui donne
la route directe de Tripoli à Timbouctouy ne
nous offre qu\me seule sorte de mesure, qui
est celle de quinze milles géographiques par
nombre de journées; mais il est évident, d'après
la mention exj^esse qui en est faite dans ces
itinéraires, et d'après leur comparaison avec
d'autres itinéraires , que l'itinéraire de Tripoli à
Cackenah^ par le même cheyk Hagg-Cassem , et
celui de Tripoli à Timbouctou par -Mohammed ,
fils de Foui, présentent, par le-ttombt^ de jour-
nées , deux sortes d'évaluations 4e distances dif-
férentes , dont Tune^est exactement le double de
l'autre.
D'après les divers rapprochements faits par le
major Rennel, il paraît qu'en Afrique la journée
d'une caravane légèrement chargée , après toute
réduction faite, doit être évaluée à vingt milles
208 RECHERCHES SUR L^AFRIQUE.
angles quatre dixièmes, on à dix -sept milles
géographiques un tiers (i).
Les caravanes composées* d'erhellas, ou de
chevaux de selle, parcourent, dans le royaume
de Maroc y trente -cinq âiilles anglais par jour
dans de petits trajets et quand elles vont vite;
mais leurs journées ordinaires sont de trente
milles anglais, ou vingt-six milles géographiques,
dans les voyages de long cours. En retranchant
de ce trajet ce qui est nécessaire pour la diffé-
rence de la mespre itinéraire d'avec celle que
donnent les cartes, la joinnée des caravanes
composées d'erhellas se trouvera réduite à en-
viron vingt-deux milles géographiques et une
légère fraction de mille par jour (a).
Il existe dans le désert, et sur-tout dans le
pays des Touariks^ des chameaux d'une telle
vitesse , que quelques-uns parcourent en un seul
jour le chemin qu'un chameau ordinaire ne par-
courrait qu'en trois; d'autres font en un jour
le chemin de cinq jours ; d'autres enfin «n font
six, et il en est même qui en font, dit-on, jus-
qu'à dix. Mais ces chameaux ne marchent point
(i) Rennell, On the rate of travelling €ls performed
bjr cameis^ p. i5.
(a) Jackson's Jn accoUnt of the empire of MaroccOy
p. aa, edit. 1809, in-4®.
TROISIÈME PARTIE. 269
en carqpranes régulières; ils servent pour les
excursions guerrières ; leur marche ne peut
être uniforme, et ne sert jamais de moyen
d'évaluation dans les itinéraires dressés par les
Arabes pour l'usage 4ie leurs caravanes mar-
chandes.
Procédons, d'après ces données, à l'analyse
géographique de nos itinéraires.
§. III. Analyse géographique àe Vitinéraire de
Tripoli de Barbarie à TimhouctoUy par le
Chejk Hagg'-Cassem,
Tripoli de Barbarie est, selon la connaissance
des temps , placé à trente - deux degrés cin-
quante-trois minutes quarante secondes de la«
titude nord.
Quant à Timbouctou^ ce qu'il y â de moins
incertain, c'est la distance de cette ville à Silla^
qui est le terme du voyage de Mungo-Park.
D'après ce qui a été dit à ce voyageur^ il y avait
encore quatorze journées de màrehe par terre,
en ligne directe, entre Silla ^l Timbouctou (r).
Suivant notre mode d'évakiâlion pour les cara-
vanes du désert , les quatorze journées donne-
(i) ^çt^neWsGeographical illustration to ParÂ'.s fournejr,
<'hap. IV ; dans les Proceèdings , etc. , 1. 1 , p. 459.
ayO RECHERCHES SUR LAPRIQUE.
raient deux cent dix milles géographique: mais,
dans un pays fertile et coupé par des bois, on
ne peut supposer que la route soit tout*à-fait
directe; aussi Mungo-Park n'estime ces quatorze \^
journées qu'à deux cent^mailles géographiques:
Ronnell, sur sa carte, a adopté cette évalua-
tion; peut-être pourrait -elle être considérée
comme sujette à réduction. Toutefois, comme
Rennell a combiné les renseignements donnés
à Mungo-Park sur la position de Timbouctou
relativement à Silla^ avec ceux que les Français
avaient reçus du Fort- Saint- Joseph ^ nous adop-
terons son évaluation sans y rien changer.
Il reste actuellement à déterminer la position |
de Silla. Ici nous sommes obligés d'abandonner I
le major Rennell, dont l'analyse n'est relative
qu'au premier voyage de Mungo-Park. Dans ce
premier voyage , Mungo - Park n'avait qu'un
petit sextant de poche, avec lequel il ne put
faire que quelques observations imparfaites de
latitude: enC(H*e, à partir de J orra y fut -il dé-
pourvu de ce moyen , parce que ce Sextant lui
fut enlevé, avec d'autres objets, et il ne put en-
suite estimer la distance des lieux que par les
journées de marche (i).
(i) Proceedings of the association for promoting the
TROISIÈME PA.RTIE. SfJ I
A son second voyage, au contraire, devenu
plus habile par la pratique dans l'art de faire
des observations pour la détermination des la-
titudes et des longitudes, il était, en outre,
pourvu d'un bon télescope, d'une excellente
montre marine et d'autres instruments. 11 a donc
pu déterminer sa route, et la position des lieux
qui s'y trouvaient, avec plus de précision. 11 a
enfin, cette fois, poussé ses observations beau-
coup plus loin vers l'est, et jusqu'à Samiy près
de Sego. C'est donc de ce second voyage que
nous devons nous servir. pour déterminer les
positions des lieux qui conduisent à TimbouctQu
d'occident en orient.
Nous allons résumer l'itinéraire de Mungo-
Park en faisant mention des lieux où il a fait des
observations: nous indiquerons en même temps
leurs distances en journées de route ; parce que
c'est au moyen de ces deux éléments que nous
sommes parvenus à dresser notre carte.
dUcoverj in thé interior of Africa, U I, p. 452. —
Foyages dans î intérieur de V Afrique y. |iar. Mnngo-Park >
t. I , p. aog. "<— Rennell remarque avec raison qae Jarra
ou Yarra se trouvait marqué sur la carte de Delisle , tandis
que d'AnvilIe l'avait omis : nouvelle preuve à ajouter à
celles que nous ayons dëjà données que Delisle avait reçu
sur l'intérieur de l'Afrique des renseignement» que d*An-
ville n'a point connus.
^7^ RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
•
NOMS
DIS LIKUX.
2:1
K m
LATITUDE
voao
de r^qaateur.
LOKGITUDB
k l'ouest de
de Paris.
OBSBRVATIOVS.
Kayi(i)
'
Faraba (a)
ï4
14° 38' 46"
Mandjalli (3)....
I
«
i3° 9' 45"
Nerica et Jala-
colta (3)
%
lA"" 4' 5i"
Tambico (4)....
Southaba (5)....
• 5
13*» 53'
13^33' 33"
•
Ce liea dépend de
miQe de Tamiieo eil
une arsses grande ville
nommëe Sud/.
Soutinimma à Bee-
crée A , fFatering-
P/ace(6)
Badou (7). ......
Mambari (8)
I
2
2
i3*»32'45"
i3°32'
l3°22'40"
i3° 19'
r C'est dana une val-
lée un peu à l'ouest de |
«ette Tille «jne Mungo-
Park a TU le premier
jc/i«« on arbre à beurre. '
La rivière Camiie est '
k 4 milles au sud de |
Julifunda (9)....
Finkia (10)
I
7
i3°33'
l3**22'30"
i Badou. 1
Ici Muogo.Par<c
quitta l'ancienne route .
qu'il avait parconme
dans son i**" voyage.
37
(1) Mango-Park^s Journal of a Mission to ihe interior of Africa in the
year i8o5, în-4% London, i8i5, p. 1. Je remarque dans ce journal
' une inadTertance qui a échappé à l'auteur et aox éditeurs ; il 7 «
(p. 7 ) un récit de ce qoe Mungo-Park a fait le 3 1 avril : le mois
d'avril u*a que 3o jours. — (2) /rf. , p. «r. — (3) /<^., p. a3. — (4)^^»
p. 33. — (5) Id, , p. 35. — (6) Id. , p. 39, — (7) Id, , p. 41. D« ^«'^«
il n*j a que trois jours de marche à Lahy ou Lahé dans le Fouta^Djalion;
et quelqu'un de la suite de Mungo-Park s'y rendit pour acheter des
esclaves. — (8) Id. , p. 43. —(9) Id., p. 47. — (10) le/,, p. 65.
■H^MBi
:
'
TROISIÈME PARTIE. 27^
•
LATITUDE
2.0AG1TUDE
il
NOMS
à Ton est de
S « 2
HOAD
OBSERVATIONS.
DES LIEUX.
0^*^
^S
de l'équateur.
de Paris.
Report. . .
37
Fadjemmia (ii). .
4
iS^SS'
Secoba(ia)
6
li^ifie'
Konkromo (i3). .
!1
«
10° 7i6* f AunejournéedemM-
che à l'e«t de Sabou-
Sabousira,auMal-
1 «ira est Kimimoum 011
Iabon(i4)
9
i3^5(f
Maniakqrro, viJle for-
tiJiëe , rntonr^e d'une
triple muraille et d'un
Passage de la ri-
\ fossé. Voy. p«g. gS.
vière Ba- Wou"
lima ^i5). . . . . .
7
14** i'
7^ 0' 33"
Tombeau de Povvfl/
3fa/7na «-st i six 1
entlife Marina et
■ ,
qaiUes à l'ouest de 1
Bengassi. |
Bengassi{i%)..,
3
14^
Toute la route, de-
puis Bengaisi jusqu'i
Séjonrdanslesbois
'
ce lieu , est couverte
de villages ruinés.
entre Koulihourrt
A partir de Kotani-
Koumi , Mungo - Park
Hranifarm(iy)
10
14^41'
arriva , après quatre
jours de marche, à
Koumi-Koumi(i8)
6
i3^i6'i9"
Doumbila ; il vint
ensuite à Totsita^ où
Marrabou(i9). ••
7
12*^48'
l'on voir le Niger, que
l'on joint le jour d'en-
Koulikorro(ao)..
I
I2<*52'
-
A Bambakou Mungo-
Yamina (ai)
2
i3*^ i5'
Park s'embarqua , et
voyagea par eau.
Sami (ai)
Sansanding n'est qu'4
I
i3^ 17'
tirie journée de navi-
Total ..
i<
gation de Sami.
95
(il) /^, p. 6s
..-("
) /rf.,p. 76. — (i3) Af., p. 77. — (14) A/.,
P.ga. — (i5)/^.
4 p. 107.
— (i6)/<f. , p. ir5, — (17) Id.y p. ifta. —
(i8) Id., p. i36.
-(•9)
/^., p. 145. — (20) Id., p. lis.— '(ai) M,
p. 149. — (aa)
W. , p.
i5o. 1
^74 RECHERCHES St^R l'aPRIQUE.
Après Sami^ où les observations astronomiques
se terminent (i), le journal du second voyage de
Mungo-Park, qu'il n'a pu revoir, devient in-
cohérent et obscur ; et il convient de se servir
dû premier voyage, et de l'analyse que le major
Rennell a faite des documents qu'on y puise.
C'est d'après cette analyse que nous détermi-
nons les distances de Sami à Sego et de Sego
à Silla, et la distance de Timbouctou à Silla^
évaluée par le major Rennell , et par nous,
à deux cents milles géographiques, en ligne
droite , comme celle de Sami à Timbouctou
l'est à deux cent quatre-vingt-cinq mîltes.
Mais cette ligne de distance ne peut nous
donner seule la position de Timbouctou; elle
ne peut être fixée que par l'intersection d'une
ou de plusieurs autres lignes dont la longueur
nous sera donnée par les itinéraires qui partent
du nord et nous conduisent dans celte capitale
(i) Mungo-r'ark (p. 64) fit bien encore quelques obser-
vations, à Sansandingy pour vérifier la bonté de ses instru-
ments \ mais il n'a donné que celles qui concernent la va-
riation de Taigaille aiâiantée, et il n'a marqué ni latitude ,
ni longitude. II a été fait une traduction française de ce
second voyage de Mnngo-Park, in-8**, Paris*, 1820. On a
retranché , comme inutiles , toutes les observations astrono-
miques; c'est-à-dire tout ce qu'il y avait de plus important
dans le livre.
An Soudan. C'est donc de l'exactitude de l'ana*
lyse de ces^ itinéraires, à laquelle nous allons
nous livrer, que dépend celle de la détermi-
nation de la latitude et de la longitude de
Timbouctou.
L'itinéraire de Tripoli à Timbouctou , rédigé
par le cbeyk Hagg-Cassem , nous donne quatre-
vingt-deux journées de caravane entre Tripoli
de Barbarie , dont la position est connue , et
Timbouctou ; ce qui , d'après notre évaluation ,
fournit une distance de vingt degrés trente mi-
nutes, ou douze cent trente milles géographiques.
Si la route était en ligne droite , la position de
Timbouctou se trouverait de stiite déterminée
par l'intersection des deux distances données
à partir de Tripoli et de Silla.
Dans l'évaluation que nous avons faite de la
journée de caravane pesamtftent chargée , bous
avons pris en coifipensation les retards occa-
sionnés par les détours , les difficultés du che-
min et les haltes ; de sorte qu'il semble que
nous pourrions évaluer, en ligne droite» la dis-
tance de Tripoli à Timbouctou, dont nr)us ve-
nons de parler, sans risquer de commettre une
erreur bien forte. Mais, si les caravanes tendent
vers Timbouctou , qui est le point extrême , elles
n'y tendent pas en ligne droite. Il est des lieux
où elles se dirigent auparavant pour les affaires
18.
276 RECHERCHES SUR r'ilFRIQUEr
de leur commerce; et ces lieux peuvent être
plus ou moins détournés de la route directe du
point extrême qui est le terme de la caravane ,
et faire changer plusieurs fois les directions
partielles- de la route que parcourt la caravane
avant d'arriver au terme de son voyage. Ce sont
donc ces directions partielles qu il faut d'abord
connaître , afin de déterminer de quelle manière
elles influent sur la distance totale en ligne
droite, qu'elles doivent nécessairement dimi-
nuer.
^otre itinéraire nous conduit d'abord de
Tripoli k Gadamès, et compte treize jour-
nées de distance dans cet intervalle. Le major
Rennell (i) , d'après les informations de M. Magra,
consul anglais, place Gadamès à vingt- trois
journées de distance de Tunis; et il compte
aussi Ui journée de caravane à raison de quinze
milles géographiques. La combinaison de ces
deux distances laisse Gadamès à -peu -près à
l'endroit où Rennell la placé , c'est - à - dire à
trente degrés trente -six minutes de latitude
nord, et à huit degrés cinq minutes de lon-
gitude à l'orient de Paris. Cet accord doit nous
(i) Rennell, ProceeiUngs of the association for promoting
tke dLscoveries in the inttrior parts of Jfrica , 1. 1, p. 290 ,
et tome II, p. 'kS^,
TROISIÈMS PARTIE. ÎI77
donner quelque confiance dans l'exactitude de
notre itinéraire et dans l'évaluation que nous
avons faite de la journée de caravane; il assure
les positions assignées aux distances intermé-
diaires. Ce résultat fait d'autant plus d'honneur
au géographe anglais, qu'il dit lui-même que la
position de Gadamès doit rester incertaine
jusqu'à ce que l'on connaisse la distance de ce
lieu avec TripolL Notre itinéraire nous donne
cette distance, et elle confirme la position qu'il
avait assignée (ij.
Le cheyk Hagg-Casscm , qui a dressé notre
itinéraire , donne une longue et intéressante
description de Gadamès. Il nous apprend que
cette oasis s'est soustraite à l'obéissance de la
régence de Tunis, pour tomber sous le joug
plus dur encore de Tripoli. Du temps de Léon
l'Alncain (a), au commencement du seizième
siècle , ce lieu dépendait de Tunis. A cette époque
cette ville était devenue riche par son commerce
(i) Je veux dire dans ses dernières cartes dressées en
1798 et en iHoi; car, dans celle de \'j^o, Gadamès est
mal placé.
(ta) Léon TAfricain, dans Ramusio, t. I, 76 c. Léon dit
que Gddamès est à trois cents milles de distance de la côte.
Il doit être ici question d'un petit mille des Acabes dont il
est fait mention dans Abaténie. Voyez d'Anville, Mesures
itinéraires y p. 61.
278 RECH3:iRCHES~ StJI^ l'aFRIQUE.
avee le Soudan ou le pays des lAègres. Du
temps de Marmol, Codâmes s'alliait souvent aux
Arabes du Désert pour se soustraire au tribut
imposé par les Turcs (i). Aboul-Féda fait aussi
mention de Gadamès comme d'un lieu célèbre
par le commerce de la Nigritie; il vante beau^v
coup l'architecture de la fontaine qui se trouve
au milieu de la ville , et dit que c'est un mo-
nument des Romains (2)»
Après vingt -quatre jours de marche, en
partant de Gadamès ^ et trente- sept, en par-
tant de Tripoli^ notre itinéraire nous conduit
dans un lieu nommé Agably, indiqué- comme
la capitale d'un grand pays nommé ToiuU,
qui relève de l'empire de Maroc,
Lemprière dit que Touat est à trente journées
de Tafilet(y)\ mais la position de Tafilety elle-
même, a besoin d'être discutée; car nous n'avons
rien de certain ni de déterminé sur la position
des lieux, ni même sur le cours des rivières des
contrées situées au sud de \ Atlas.
(1) Marmol, liv, vu, chap. lix, t, III/p» 39 de latrad.
française.
(1) Abulféda, Géogr. , dans Biisching, Magatin^ IV Th.,
p. ai I ; et Brun's Afrika , tome VI, p. 33o. -^ Saàdifilitts,
dans Hartman's Édrisi, p. i35.
(3) W. Lemprière , A tour from Gibraltar io Tangier ,
Satlee, Mogodore, etc., «-8^ i8i3, a*c'dit., p. 355.
TROISIÈME PARTIE. 279
M. Jack^n lious dit que Tafilet est à huit jour-
nées des Ruines de Pharaon^ près de Mequinez,
lorsqu'on voyage avec des erhellas ; et nous avons
vu plus haut que les journées d'erhçUas doivent
être évaluées à un peu pins de vingt-deux milles
géographiques; ce qui donne cent quatre-vingts
milles géographiques entre les Ruines dites de
Pharaon, près de MequineZj et JVj/f/e^, Pour se
rendre des Ruines de Pharaon (i) à Tafilet,
M. Jackson dit qu on se dirige d'abord à Test de
ces ruines; qu'on gravit ensuite le VEiOxA Atlas; et
qbe le troisième jour y au coucher du soleil , on
atteint la plaipe qui est de l'autre côté de cette
montagne , plaine stérile dont le sol se compose
d'une craie blanchâtre qui, lorsqu'elle est mouillée
par la pluie, ressemble à du savon. Une rivière
qui prend sa source dans la chaîne de \ Atlas,
arrose cette vaste plaine , et coule du nord-ouest
au sud-est (2). Cette rivière est aussi large que la
Morbeya à Azamor, et que la Tamise à Putney.
Ses eaux ont un goût saymàtre, parce qu'elles tra-
versent des plaines salées. Son cours est de quinze
■ I I ' I < < I II ■■ ■■! 1^ .1 r I ■■» mpwi ■ ■ _■
(1) il 7 a un dessin de ces ruines dans Windhus , Journey
to Mequinezj p. 88.
(a) M. Jacksoa {Account of Marocco^ édit in-4**, 1809,
p. ^2) dît que cette rivière c<»ule du sud-ouest au nord-
est , ce qui ne p^ut être. C'est probablement une faute de
copiste ou d'imprimeur.
u8o RKCriERCHKS SUR l'aFRIQUE.
journéesd'erhellas ou de trois cent soixïmte milles
géographiques. M. Jackson, dans sa carte, place
Tajfilet beaucoup trop près des Ruines de Pha-
^a0n , d après la distance qu'il indique dans
son texte. Ces contradictions ne doivent pas
nous surprendre. Ce sont les habitants du pays,
bien instruits , qui ont fourni à M. Jackson les
matériaux de ses descriptions ; mais ce ne sont
pas eux qui bnt dressé sa carte.
Nous avons, heureusement, un itinéraire de
Fez à Tafiletj écrit, en 1787, par Achmet-
Ibn-Hassan , qui jette un grand jour sur la géo-
graphie de cette contrée. U a été traduit d'arabe
en latin par M. Panlus, professeur des langues
orientales à l'université d'Iéna. Nous l'avons tra-
duit du latin en français pour le joindre aux iti-
néraires de Tripoli à Timbouctou et à Cachenah.
La géographie des pays peu connus ferait plus
de progrès réels par la publication d'un seul
volume qui réunirait tous les itinéraires, que
par des centaines de voyages qui ne renferment
que de l<iM^e.$ et vagues descriptions.
L'itinératfm d'Achmet nous fait compter onze
jours dé marche de Fez à Tàfilet{i), Achmet
marchait avec une caravane, mais une caravane
légèrement chargée, comme elle^ le sont toutes
(i) Paulus, Memorabilien ^ .1^ stuck , p. 47-53.
tboisièmï: partie. a8i
pour un aussi court trajet. La journée doit donc
être évaluée sur la carte ^ et après toute réduction
faite , à vingt milles anglais un quart , ou à dix-
sept milles géographiques un tiers. Il en résulte
que la distance de Fez à Tafilety selon l'itiné-
raire d'Achmet, est d'environ cent quatre-vingt-
onze milles géographiques ; et , comme la route
se dirige d'abord à l'est, et que les Ruines de
Pharaon sont, sur la carte de M. Jackson (i),
placées au nord -est de Fez, on trouve, rela-
tivement à la distance de ces deux lieux avec
Tafilety une différence d'environ douze à quinze
milles. Ainsi donc les renseignements qu'a ob-
tenus M. Jackson, s^accordent avec ceux de
l'itinéraire d'Achmet relativement à la position
de Tafilet.
En adoptant la position de Fez, déterminée
par les observations d'Ali-Bey à trente -quatre
degrés six minutes de latitude et à Sjept degrés
(i) La route qu'a parcourue M. Jackson passe parles Ruines
de Pharaon, par Fez et par Mequinez ; sa carte mérite donc
attention, relativement à la position de ce^, lieux. Cepen-
dant il ne s'accorde pas avec Ali-Bey : il place Fez au sud-
est de Mequinez, et Ali-Bey le met directehient à Test. La
route d'Ali-Bey ne passe pas par les Ruines de Pharaon ,
et il ne les a pas placées sur sa carte. Jackson place ces
Ruines de Pharaon à ai milles géographiques à l'ett de
Mequine'zy et à ao au nord-est de Fez.
9l8^ RECHERCHSS SUR l'àFRIQUE.
dix-huit minutes de longitude à l'ouest de Paris;
et , en plaçant les Ruines de Pharaon à vingt
minutes au nord et à dix minutes à l'est de Fez^
conformément à la carte de M. Jackson, les deux
distances qui nous sont données pour Tafilet
placent ce lieu à trente degrés dix minutes de
latitude nord et à quatre degrés cinquante-cinq
minutes de longitude à l'ouest de Paris : mais
alors Tafilet ne se trouve plus siu* les bords de
la rivière qui porte son nom sur la carte de
M. d'Anville et sur celles de tous les autres géo-
graphes, mais sur la rivière que d'Anville nomme
Ziz, sur les bords de laquelle on place, d'après
lui, Sidjilmessa^ et qui, sur toutes les cartes^
couk dans une vallée différente de celle de
Tafilet. Il est certain , d'après l'itinéraire d'Ach*-
met-Hassan, que la ville de Tafilet est sur le
fleuve Zizy qui porte aussi le nom de Tafilet.
Aehmet- Hassan le dit en deux endroits diffé-
rents (i). Ainsi les résultats des mesures sont
confirmés par le récit du voyageur arabe. On
(i) Achmet-Hassan, dans Paalus, MemorabiUen^ a* sluck,
p. 5i : Dividit hos pagos fluvius Ziz qui est T^fileti^ et cum
illo continuavimus viam usque eui oppida Tsalalin; et p. 53-:
Exinde transacto flumine Ziz inter complura palmù abun-
damia pf^pida ad mansipnem régis no^tri victoriosi perve-
ni/nus.
TROISIÈME PA-RTIE. a83
ne peut supposer ici d'erreur ni de double
emploi d'un même nom : le Ziz de notre itiné-
raire est bien le même que celui que d'Anvillc
a voulu tracer comme fleuve de Sidjilmessa,
distinct de celui de Tafilet^ puisqu'au sixième
jour de marche Achmet-Hassan passe par Gers^
qu'il dit être placé sur le Ziz; et au dixième
jour il passe par Betzeb, situé aussi sur le Ziz.
Ôr, ces deux positions se trouvent précisément,
sur la carte de d'Anville , placées sur le fleuve
Zizj dans la vallée de Sidjilmessa : donc cette
vallée ne doit pas être distinguée de celle de
TafUet^ ainsi qu'il l'établit sur sa carte (i).
M. Jackson, dans sa carte, ne distingue pas la
vallée de Tafilet de celle de Sidjilmessa; mais
il place un pays, qu'il nomme Sidjin-Messa y au
sud-est de Tafilet, et dans la partie inconnue
du Désert : nous croyons cette position erronée.
Il est évident que d'Anville a tracé son fleuve
Ziz d'après la description de Léon l'Africain,
qui met aussi sur les bords de ce fleuve la ville
(i) Achmet-Hassan, dans Paulus, MemorabiUen , p. 5i :
Ad aliquos pagos pervenimus Gers compellatos*.», dividU
bos pagos fluvius Ziz y qui est fluvius Tafileti \ et ensuite
à la page $2 : post hune fluvium memoratum Ziz , propè
illum inier palmas, hortos , progredientes intrayinms in re^
glionem Relsebp
284 RECHEBCHES SUR l'aFRIQUE.
de Reteb (i), le iîe(5e^ d'Achmct-Hassan. Léon
nous dit encore qu'après Reteb, le Ziz entre
dans le territoire de SidjUmessa.
Mais Édrisi (2), Ibn-el-Ouardi (3), Aboul-
Feda (4), Ibn-Batouta (5), Léon l'Africain (6),
font tous mention de Sidjilmessa comme de la
ville d'où l'on se rendait dans le Soudan; et
aucun de ces auteurs n'a connu Tafilet^ qui est,
au contraire, la seule ville dont les modernes nous
parlent. Marmol nous apprend, en effet, que
Sidjilmessa fut ruinée sous le rèjgne de Benimen-
mis y et que les habitants se retirèrent dans les
châteaux voisins (7). Il parait que Tafilet, dont
il n'est point Sxit mention lorsque Sidjilmessa
était florissante, a remplacé cette ville détruite.
Chénier(8) dit que Tafilet et Sidjilmessa sont
dans le même territoire, et que ce n'est que
sous les chérifs de la maison régnante que ce
pays a pris le nom de Tafilet
(i) Léon r Africain dansRamusio,p. 90, 78 e,f, et 74 «, h.
(a) liartmann's Ediisi, p. 34, 35, 1^3, i3oy i45, i49-
(3) Ibn-el-Ouardi , cité par Hartmann dans son édition
à*Edrisï\ p. 45-5o.
(4) Abulfeda dans Biisching , Magasin , IV Th. p. 209.
(5) Ibn-Batouta dans Kosegarten , p. 49-
(6) Léon l'Africain dans Ramusio, t. I, p. 73 /I
(7) Marmol, Description de VJ/fique, t. III, p. 20.
(8) Ciiénier, Recherches sur les Maures, t. III, p. 79*
TROISIÈME PARTIE. !l85
Il nous est facile de prouver que la ville
de Tajilet a la même position que Fancienne
Sidjilmessa ^ ou en est peu éloignée. Léon
TAfricain, qui place Sidjilmessa sur le ZiZy dit
que son territoire s'étend le long de ce fleuve
à vingt milles de distance ; il nomme trois
châteaux qui s y trouvent : dans ce nombre ,
celui qu'il appelle Mamoun esl^ un des plus
grands et des plus forts; et, précisément,
Aclimet-Ibn- Hassan fait mention, dans son
itinéraire, du château de Mamoun sur le ZiZy
comme très-grand et très-fort , en nous appre-
nant qu'il n'est qu'à une journée de marche
de Tajilet (i). Enfin Léon l'Afrieain et Marmol
ne font mention que de trois fleuves dans cette
partie de l'Afrique, savoir : le Darah, le Ziz et
le Ghir {*i). Aucun d'eux n'indique de fleuve
partieulier pour Sidjilmessa. Il nous paraît donc
démontré que d'Anville a eu tort de placer dans
' deux vallées distinctes , arrosées par deux fleuves
différents , Tajilet et Sidjilmessa, Cette dernière
ville, si elle existe encore, ne peut être éloignée
( I ) Achme t - Ibn - Hassan dans Paul us , Mem'orabilien ,
p. 53.
(îi) Léon TAfricain dans Ramiuio\ t. I, p. 90 ,e, —
Marmol) liv. I, ch. xu.
a86r RECHERCHES STTR l'àFRIQITE.
'de Tafilet L'Arabe Ibn-Batouta, dans le qua-
torzième siècle , s'est rendu de Tewat ou Touat
à Sidjilmessa (i) : de même aujourd'hui les ca-
ravanes se rendent de Tafilet à Touat ( 2 ) ; et
Tafilet paraît ainsi avoir remplacé en tottt
Sidjilmessa.
La position de Tafilet se trouvant déterminée
exactement par les recherches précédentes, si
maintenant nous combinons les trente journées
de caravane ou quatre cent- cinquante milles
de distance entre Tafilet et Touat y qui nous
sont donnés par Lemprière, et les vingt-qtiatre
journées de marche ou trois cent-soixante milles
géographiques de distance que nous donne notre
itinéraire entre Gadamès et Agably^ qui est la
capitale du Touat ^ nous déterminerons la po-
sition de cette dernière ville , et aussi la direc-
tion de la route que parcourent tes caravanes
qui se rendent de Gadamès à Timbotictou, Par
ces recherches, la position iSAgably se trouve
fixée à vingt-six degrés quaf ante*quatre minutes
de latitude nord, et à trois degrés douze minutes
de longitude à l'orient de Paris. Ce lieu se
trouve ainsi remonté de trois degrés plus au
nord, et est placé plus à l'ouest que sur les cartes
(i) Ifen-Ratouta dans Kopegarten^ p. 49.
(a) Voyez Grey Jackson, Account of Marocco^ p. a3.
TROISIÈME PARTIE. !;i87
de Rennell, d'Arrowsmith et sur toutes celles
qui ont suivi.
Léon l'Africain (i) dit que Hair^ à l'ouest ,
confine à Touai; Marmol (a), que Touat est
au nord A' Haïr : donc Haïr doit être placé au
sud -est de Touat; et il est placé au nord- ouest
sur la carte de Rennell. Notre itinéraire et les
combinaisons qui l'appuient, en mettant Agahly
sur un parallèle plus» élevé que le désert à^Haïr,
se trouvent d'accord avec les deux grandes auto-
rités afîricaities.
Ibn-Batouta nous dit que la principale ville
du pays des Touats se normiiftit Bouda. Il est
probable que c'est le même lieu K3^Agabljr^ que
notre itinéraire nous dit être k capitale d^
Touaty et avoir été bâtie par un mahométan
nommé Bouna^Amehi^, Sidi-Hamet, dans le
récit qu'il fait à M. Riley, parle de Touatiy où
il passa en revenant de TimhoUctou^ et où il
séjourna deux jours (4).
(i) Léon l'Africain dans Ramusio^ t. I , p. 76 , f.
(a) Marmol, t. III, liv. vm, ch. vi, p. 5o.
(3) Ibn-Batouta dans Koàegarteny p. 49. Peut-être,
d'après ce rapprodiement , doit-on lire Bouna dans Ibn-
Batouta , ou Bouda - Âmeh dans l'itinéraire de Hagg-
Cassem.
(4) Riley 's Loss of the American Brig Commercé^
p. 387.
288 KEGHERCHES SUR l'àFRIQUE.
Nous avons remarqué précédemment que
M. Einsiedel, dans les renseignements qu'il a
recueillis à Tunis en 1785, a entendu parler
SÉkabli; mais, comme les informations obte-
nues par lui plaçaient ce lieu dans la direction
de Cachenahy et qu'il avait au sud Yaouri^^t
DIefi, il n'est pas certain que XÉkabli de M. Ein-
siedel soit XAgabli de notre itinéraire, quoique
les noms soient semblables. Si ce sont deux
lieux différents , ce mot àlÉkably ou ^Agably
doit avoir une signification quelconque dans un
des langages de l'intérieur ée l'Afrique,
M. Brun, qui d'ailleurs a fait une assez bonne
compilation sur l'Afrique, confond Touat avec
Tatta^ qui est un autre lieu dopt nous aurons
occasion de parler (i).
M. Grey- Jackson, sur la carte de l'empire de
Maroc ^ qui accompagne sa relation, étend les
Arabes Touats jusqu'au sud de Tafilet'et aux
confins de l'empire de Maroc; et notre itiné-
raire nous dit Q^Agably relève de l'empire de
Maroc, Ceci tend à confirmer les résultats donnés
par la combinaison des distances^ puisqu'ainsi
les habitants de Touat se trouvent beaucoup
plus; rapprochés de l'empire de Maroc qu'ils ne
le sont sur les cartes de Rennell et d'Arrowsmith.
(i) Brun's Afrika^ t. V, p. aôa.
TROISIÈME PARTIE. 3189
M. Jackson assure qu'il se rend annuellement une
caravane à Timbouçtou^ qui part de Tafilet{})\
et, comme cette caravane se dirige sur Touat^
les relations entre les habitants de ces deux
lieux se renouvellent souvent.
Lena prière (a) nous dit que de Touat les
caravanes se rendent directement à Timbouctou.
La position de cette ville doit donc dépendre
de la distance prise du nord au sud, à partir
^Jgably^ combinée avec la distance de l'ouest
à l'est , entre Silla et Timbouctou, La première
de ces deux distances est, selon notre itinéraire^
de quarante - cinq journées ou de six cent
soixante -quinze milles géographiques; la se-
conde est de deux cent quatre-vingt-quinze milles
géographiques. La combinaison de ces deux
distances place Timbouctou à dix -sept degrés
trente - huit minutes de latitude nord , et à
deux degrés quarante-deux minutes de longi-
tude à l'ouest du méridien de Paris.
Mais, avant de voir si cette position s'accorde
avec les mesures précédemment données , il est
important /le parler des Touariks^ peuplade
(i) X^ckson , dans les Proceedings^ of the Society for
promoting the discoveries in Africa^ t. II, p. 867.
(a) Lemprière , A Tour from Gibraltar to Tangier^
p. 355.
19
agO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
de noirs, sur le territoire desquels, selon notre
itinéraire, on entre, après six jours de marche,
en partant ê^Agably. Le cheyk Hagg-Cassem
nous donne , dans cet itinéraire , une longue
description de ces peuples , qui ont des droma-
daires d'une rapidité extrême, et qui, par leur
moyen, poussent leurs excursions jusque sur le
territoire de Tunis.
Le major Rennelt et Arrowsmith placent, sur
leurs cartes , des Touariks à l'ouest et au sud du
FezzaUy dans l'oasis ^Ashen et au sud -ouest
de cette oasis , et au nord de Touatj mais point
du tout au midi de ce dernier pays , où précisé-
ment notre itinéraire nous les indique.
Dans le récit fait par Abd-Arrachman-Aga (r)
à Niebhur, il est question de Touatik comme
d'une ville située entre le Fezzan et Zanfara.
Selon ce récit, on met trois mois pour aller de
Tunis à Zanfara; et les jours de repos de la
caravane sont au Fezzan^ puis dans le pays
des Touariks^ et e;isuite à Cachenah,
Touarik, selon le même récit (a), est une
ville riche et commerçante ; elle est habitée par
(i) Niebhur, DeuUches - Muséum , A. 1790, p. 96 3
et 1004. — Bruns, Afnka^ V theil, p. aaS.
(tt) Niebhur, Deutsches - Muséum , A. 1790, p. 963,
«-Bruns , Jfrika , V thcil, p. 14 et àa4.
TROISIÈME PARTIE. IC^l
beaucoup de marchands, qui, tous les ans,
en conduisent un grand nombre d'esclaves en
Egypte et en Barbarie ^ pour les y vendre. C'est
par ce commerce avec les Mahométans blancs
qu'ils ont appris l'arabe. Peint-être , continue l'aga ,
les Mahométans blancs se seront établis dans ce
pays ppur y faire le commerce, et pour échapper
à la tyrannie des gouvernements barbaresques.
Les marchands Touariks ont l'air farouche et
sauvage; mais ils sont honnêtes et braves. Les
Mogrebins voyagent volontiers avec eux dans
YHedjaz^ quand -ils craignent d'être attaqués en
allant à la Mecque. Ces Touariks n'ont pour
armes qu'un sabre, un are et des flèches.
Ce ne sqnt pas là les Touariks de notre itiné-
raire; les moeurs et les positions sont différentes.
Ceux dont Abd-Arrachman-Aga fait mention,
sont adonnés au commerce, et ne se rendent en
Barbarie que pour leur trafic. Ceux de notre
itinéraire, au contraire, n'y sont connus que
par leurs dévastations, et forment des peuplades
essentiellement guerrières. D'ailleurs les Toua-
riks de l'aga sont dans la direction de la route
de Tunis à Zanfara; et les nôtres dans celle
de Ta/ilet à Timbouctow ^ qui ^st beaucoup
plus ôccidtntale. Notre itinéraire nous dit bien
-qu'à Bir-Ouellen l'on entre sur le territoire des
Touariks ; mais il ne fait pas motion de. ville
19.
292 RECHERCHES SUR LAFRIQCE.
qui porte le nom de ce peuple; au lieu que
l'aga qui a donné à Niebhur ses renseignements
parle d'une ville qui porte le nom même de
Touarik : il est évident que les Touariks de
Faga sont ceux que le major Rennell a placés au
sud-ouest de l'oasis àHAsben; et ils ne peuvent
être les mêmes que les nôtres, qui sont sur la
route de Tafilet à Timbouctou,
Examinons donc si nous ne trouverons pas
qu'il soit fait mention , dans les relations des
voyageurs ou dans les descriptions des géogra-
phes, d'autres tribus de Touariks^ qui, par
leurs positions, répondent aux indications de
notre itinéraire.
Hornemann , d'après les renseignements qu'il
avait recueillis à Mourzouk^ nous dit : « La nation
» la plus intéressante de l'Afrique est celle des
» Touariks , que Léon l'Africain nomme Terga
» ou Therdja (i). Ils possèdent tout le pays qui
» est entre le Fezzan, le Gadamès, le Timbouc-
» tou^ le Soudan y le BornoUy et la contrée des
» Tibbous. Ils sont divisés en plusieurs tribus,
» dont les principales sont les Koloçvy ou Kolouv^y^
w d'Asberiy et les Hadjara^ voisins du Fezzan. »
Si ces Touariks sont les mêmes que ceux
■* »» - ■ ■-
(i) Hornemann^s Travels^ p. 119; et p. 171 de la tra-
ductiob de M. Ls^nglès.
TROISIÈME PARTIE. agS
que Léon rAfricain, et Marmol, d'après lui,
nomment Terga ou Therdja^ voyons où Léon
rAfricain et Marmol placent ces peuples (i).
Léon l'Africain nous dit que le peuple Terga
ou Targa habite le désert ôiHaïr (2) , qui , ainsi
que nous l'avons vu précédemment, est limi-
trophe de Touaty au sud -est. En effet notre
itinéraire nous conduit de Touat chez les
Touariks ou ceux de Therdja ou Terga ^ et
confirme ainsi l'exactitude des descriptions de*
Léon l'Africain et de Marmol.
Le récit de Sidi-Hamet, dans Riley, nous
explique pourquoi le nom diHaïr ou dUHahirah
est tantôt employé pour désigner le désert, et
tantôt pour désj^ner une oasis. Cet Arabe , dans
son voyage à Ti^bouctouj dit qu'il parvint à
une fameuse vallée où il y a de l'eau, nommée
Hahirah ; mais il y trouva tous les puits des-
séchés , et sa caravane manqua d'y périr (5).
Nos cartes ont donc eu tort de placer le désert
diHaïr au nord -ouest du pays de Touat; et
(1) Léon rAfricain dans Ramusio, VI part., p. 76/, et
p. ^45 de la trad. lat. — Marmol» t. III, p. 5o de la trad.
franc.
(a) Léon rAfricain àànsKamusio, p. 76 6; p. 145 de
la trad.
(^) Riley's , Loss of the American Brig Commerce »
p. 358. V
294 BECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
elles doivent être rectifiées. La.carte de Meursius,
dans la description de l'Afirique par Dapper,
qui, d'après Léon FAfiricaio , place ce désert
èiHaïr au sud de Touaty était sous ce rapport
plus exacte que ne le sont celles d'aujourd'hui.
Les autres positions dont il est fait mention
dans notre itinéraire se trouvent déterminées
par la direction de la route qu'on y voit in-
diquée pour arriver à Timhouctou»
Le cheyk Hagg-Cassem nous apprend que le
puits nommé Hassy-Moussy e^t dans un pays
habité par des Arabes Berbères ou el-Barbarischj
tandis que la petite ville de Mahrouk, qui est
à huit jours de marche au sud, se trouve au
pouvoir des Touariks, Ceci s'accorde avec les
renseignements que se sontiprocurés Jackson
À Maroc, et Mungo-Park dans le Soudan. Le
premier nous dit que le pays qui est au nord
de Timhouctou est occupé par la tribu des
Arabes Brabischa (i); et le second, qu'il existe
des Touariks sur les bords du Joliba ou Niger.
Le cheyk Hagg-Cassem nous apprend aussi
que Mabrouk fait le commerce avec l'oasis de
Touadeny-y qui dépend de l'empire de Maroc.
Mabrouk se trouve placé sur la carte d'Afrique
de Rennell,, d'après quelque itinéraire du même
» ■ ■ ■ ■ » I II ' ■ . ■ - "•
(i) Jackson's ^<:c'0ii/7r of the empire ofMarocco^ p. 261.
TROISIÈME PARTIE. 2q5
genre que le nôtre, mais moins détaillé , et qui
n'a point été publié.
Actuellement examinons si la position de
TimbouctoUi telle qu'elle se trouve déterminée
d'après nos recherches, s'accosde avec les
distances qui nous sont dcmnées entre cette
ville célèbre et différents lieux.
Les caravanes qui se rendent de Tempire de
Maroc à Timbouctou se réunissent à Tatta et
à AkkUy avant de traverser le désert : il im-
porte doûc de déterminer ces deux positions;
et, comme nos cartes ne sont point d'accord
relativement à ces deux lieux , il est nécessaire
de rechercher les données d'après lesquelles ,
nous pouvons &ire cesser nos incertitudes.
Nous apprenons par Ben -Ali, dans les actes
de ia Société africaine (i), que Tatta est à
neuf journées et demie de Maroc y et à douze
journées de la ville de Noun; à quatre journées
de Tenjuelin , et à une journée de Wah'-Drah,
Maroc est, selon les observations données sur
la carte d'Ali -Bey, à trente- un degrés trente-
sept minutes et demie de latitude, et à neuf
degrés cimyiante-six minutes de longitude à
l'ouest du méridien de Paris.
(i) Proceedings of the Society for promoting the disca-
\'eries in Africay-ptX^ p. 224, 225 et 469.
298 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE,
poli et passe par Gadamès et Haoussa^ nous
donnera aussi quatrorvingt-huit à quatre-vingt-
dix journées de marche.
M. Jackson (i) nous a tracé l'itinéraire des
caravanes qui partent de Fez , et qui se rendent
à Timbouctou en passant pBr^ÂÂa^ Tegazzaetle
Pidts-d'jàroan; mais cet itinéraire contient évi-
demment quelque omission, puisque les distances
qu'il indique ne nous présentent que cinquante-
quatre journées de marche entre Fez et Timbouc-
tou, et trente- six entre Akka et cette dernière
ville. D'après ces erreurs, ou ces omissions,
nous n'avons aucun moyen certain de déter-
miner la position de ces différents lieux. Seu-
lement , ce que dit ici M. Jackson nous prouve
que T^gazza doit se trouver sur la route
^Akka à Timbouctou ^ et beaucoup plus à l'est
que ne le place le major Rennel (a) ; ou plutôt
alors le Tegazza de Jackson et des auteurs
n'est pas le même lieu que Tischit ou Tissheety
comme le croyait major Rennell.
Le Tegazza de Jackson se trouve dans
fi) Jac1ison*s Account of the empire of Maroccùj-^. a 40.
(2) M. Jackson , p. a4Q y compte ^Akka à Taggazza
seize joars «^e marcke ; de Taggazza k Taudeny sept
jours ; de Taudeny an Puits-tTAroan sept jours , et du
PuitS'd* Aroan à Timbouctou six jours.
TROISIÈME PARTIÏ. agg
Foasis. Gualata de Rennell. J'ai tracé cet itiné-
raire de Jackson, en conservant aussi sur ma
carte Tissheet y que Rennell avait indiqué à
l'ouest; mais je préviens que je considère les
positions des lieux qui s'y trouvent, comme
incertaines.
Ce que le cheyk Hagg-Cassem , qui a dressé
le premier de nos itinéraires, nous apprend
sur la position de Timbouctou et le cours du
fleuve, est digne d'attention :
a Timhout ou Timbouctou ^ dit -il, est située
dans une plaine , à peu de distance d'un fleuve
que les indigènes appellent Nil y qui la baignait,
dit-on, autrefois, mais dont elle est éloignée
aujourd'hui de trois quarts de lieue. Ce fleuve,
qui coule de l'est à l'ouest, est navigable; et les
gens du pays forment des espèces de radeaux ,
composés de planches attachées les unes aux
autres avec des cordes : par leur moyen ils vont
chercher en Guinée ^ qu'ils appellent DjennjTy le
miel, le riz, la cassave, la toile blanche, la
poudre , et les esclaves nègres ou négresses,
qu'ils viennent débarquer à un petit bourg
nommé Kobra ou Cabra , situé sur jes ri-
ves de leur Nily et distant de Timbouctou
comme le Caire l'est de Boulac. C'est de Cabra
qu'on les transporte dans la ^ille de Timbouctou^
d'où ils se répandent en jisie et en Europe, La
1
3oO RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ville ou l'endroit où ils vont ^charger les mar-
chandises ci- dessus, se liomme Ouangarayqui
en est sans doute l'entrepôt (i) »
On ne peut qu'être frappé de l'accord de la
relation du cheyk Hagg - Cassem avec Léon
l'Africain et tant d'autres auteurs qui affirment
que le fleuve qui coule près de Timbouctou se
dirige de l'est à l'ouest : ce que dit Hagg-Cassem
de la navigation de Timbouctou à Djenny-y par
le fleuve , au moyen de radeaux fabriqués avec
des planches, ne laisse aucun doute sur l'exac-
titude du récit de Léon l'Africain (2), qui dit
avoir fait cette navigation. Remarquons enfin
que notre itinéraire nous fournit un- témoignage
formel que le nom de Djenny ou Jinne est syno-
nyme de celui de Guinée.
Cependant nous sommes certains, d'après
les découvertes de Mungo-Park, qu'un grand
fleuve, qui arrose le Soudan y coule de l'ouest à
l'est; et cette découverte a paru tellement dé-
cisive et contraire aux relations de Léon l'Afri-
cain et des Arabes, qu'elle les a fait rejeter en-
tièrement.
On voit dans le récit de Hagg-Cassem même
une contradiction qui parait affaiblir son témoî-
(1) Voyez ci-après, 4ans T Appendice.
\%) Léon r Africain, dans Ramusio, t. I.
TROISIÈME PARTIE. 3oi
gnage ; car il dit que la ville où l'on va chercher
les marchandises^èn Guinée j se nomme Ouan-
gara; et nous savons que le Ouangara est une
contrée considérable à l'est de Timbouctou^
et non pas un lieu de la Guinée y qui est à l'ouest
de cette ville.
Tous ces rapprochements nous avaient fait
penser depuis long-temps qu'il existait dans le
Soudan j ou dans le voisinage "de TimbouctoUy
deux grands fleuyes coulant dans des directions
opposées. Les renseignements que M. Bowdich
a obtenus dans sa mission chez les Aschantis
nous ont confirmés dans cette opinion. Mungo-
Park dit que Djinbala^ indiqué par ks itiné-
raires comme une ville, dans le voisinage de
Djennie , est une île formée par deux bras du ,
Niger\ qui sortent du lac Dibbir^ et qui se
réunissent à Cabra. Nous croyons qu'un de ces
bras pourrait bien être le Gambarou ou le Niger
des Arabes, qui alors coulerait vers l'ouest; et
que c'est par le moyen de ce fleuve qu'en par-
tant de Cabra f l'on navigue à Djenny, tandis
que par Quolla ou Quorra , ou le Niger des
Européens, on navigue vers l'est. Dans cette
hypothèse, on concevrait facilement comment
le cheyk Hagg-Cassem , qui s'est rendu à Tint*
bouctou par l'intérieur des terres, aura Itouvé
dans cette ville des esclaves et des nègres vernis
3oi RECHERCHAS SV^R XAFRIQTJE.
de Ouangara dans le même temps que d'autres
marchands revenaient de Djennfj et qu'il aura
confondu ces deux contrées en une seule.
Nous avons dû, dans cette section qui con-
cerne l'analyse géographique de Fi tinéraire dressé
par le cheyk Hagg-Cassem , ne pas différer d'ex-
pliquer une des contradictions qu'il renferme;
mais, à la fin de,cet,te partie de notre ouvrage,
nous développerons plus amplement nos idées
et nos conjectures sur le cours des grands fleuves
qui arrosent le Soudan.
§ IV. analyse géographique de t itinéraire de
Moltammedy fils d'Ali^ fils d^e FquL
L'itinéraire de Mohammed, fils d'Ali, fils de
Foui , qui renferme un très-grand-nombre de
positions, nous fait compter cent huit à cent
dix journées de marche entre Tripoli et Tim--
bouctou ; et comme nous savons, par l'analyse
de l'itinéraire du cheyit Hagg-Gassem, qu'il ne
faut que quatre-vingt-deux journées de marche,
par la route directe , pour faire ce trajet , il en
résulte que nous devons conclure que l'itinéraire
de Mohammed nous trace utie route détournée,
ou que les distances des journées ne sont pas
évaluées comme dans celui du cheyk Hagg-
Gaîisem.
TROISIÈME PARTIE. 3o3
il est facile, par un examen attentif, de nous
convaincre que l'une et l'autre supposition sont
vraies, et que ces deux causes contribuent, dans
l'itinéraire de Mohammed, à augmenter le
nombre de journées de caravane entre Tripoli
et Timbouctou.
En effet, nous voyons que l'itinéraire nous
fait compter trente -quatre jf^urnées et demie
entre Tripoli et l'extrémité méridionale du
territoire de Gadamès; mais nous savons d'ail-
leurs (i) que Gadamès n'est qu'à treize journées
de marche de Tripoli, et qu'il ne faut pas en-
suite plus de quatre journées de marche pour
atteindre l'extrémité méridionale de son terri-
toire. Nous apprenons par-là que les journées
de marche, dans le commencement de cet itiné-
raire, sont de celles qui ne doivent être esti-
mées que la moitié des journées de caravane
du désert (2).
Au-delà de Gadamès , il n'y a aucune raison
pour réduire les distances des journées, puisque
la caravane, traversant les déserts , ne peut plus
être suivie par des hommes à pied, et s'arrange
toujours de manière à n'être pas relardée dans
sa marche; cepenc^nt le nombre de soixante-
(i) Voyez ci-dessus , p. 176.
(a) Voyez ci-desfus, p. a(Ï7.
3o4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
seize journées, que notre itinéraire indique ,
entre la limite méridionale du territoire de
Codâmes et Timbouctou\ est encore trop con-
sidérable pour concorder avec la position que
nous avons assignée à cette dernière ville. La
route que parcourt l'itinéraire doit donc faire un
détour; et en effet nous voyons Haoussa dans
le détail des positions que nous donne notre
itinéraire. Nous savons par un grand nombre
de témoignages, à commencer par celui de
Léon rAfricain , que Haoussa. est assez loin à
Test de Timhouctou. Les vingt-buit journées de
marche, que cet itinéraire nous fait compter
entre Timbouctou et Haoussa^ doivent donc être
mesurées à partir de Timbouctou vers l'est,
et déterminer par ce moyen le détour de la
route parcourue par les caravanes qui se rendent
de Tripoli à Timbouctou en passant i^vHaoussa.
Par ces combinaisons, la position de Uaoussa
se trouve fixée à dix^neuf degrés quihz^ minutes
de latitude nord, et à quatre degrés vingt minutes
de longitude à l'orient de Paris; et Tareknah,
lieu où l'itinéraire nous apprend qu'une autre
route se détache vers Agadez^ se trouve placé
à vingt -et -un degrés trente- cinq minutes de
latitude, et à huit degrés quarante minutes de
longitude- à l'orient de Paris. Entre Godâmes
et Haoussa la route est directe*, et conduit
TROISIÈME PARTIE* 3o5
droit au sud ; et entre Tareknah ( i ) et 7Y/w-
bouctou elle est aussi presque en ligne droite;'
mais cette ligne se dirige à l'ouest en inclinant
vers le sud.
Comme l'itinéraire de Mohammed est très-
confus et très-embrouillé , et offre le détail d'un
grand nombre de lieux qui ne pourraient être
placés sur une carte générale d'Afrique, noua
allons , pour plus de clarté , le réduire aux
principales positions , en indiquant les nombres
des journées, qui donnent en même temps les
distances de ces divers lieux et marquent leurs
emplacements sur les cartes.
(i) !Notre itinéraire nous apprend que Tareknah est dans
le pays des Touariks; c'est la branche de ces peuples que
Hornemann dit être désignée sous le nom de Kollouvy^
et qui habite Asben et les contrées environnantes ; tandis
que ceux qui sont voisins du Fezzan se nomment Hagara
(HoraenHQin's Journali^fage 119). L'itinéraire précédent
nous a fait connaître des Toimrihs voisins deis Touats. Aussi
Hornemann , dans un passage de sa relatipn qu'il a écrite
en allemand, parle d'un Touarik de Tottftt (Voyage de
Hornemann , Paris , 1 8o3 , in-8**^ p^e 467) > avec lequel il
était intimement lié. Le traducteur anglais de Hornemann
a supprimé ces mots de Touat^ parce qu'il a cru y voir
une contradiction : ils s'accordent au contraire avec nos*
itinéraires et les confirment.
. * ao
3o6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
NOMS
M
LATITUDE
LONGITUDE
O B B
an nord'
U'est et à l'ouest
LIEUX.
p
o
de l'équatcur.
de Paris.
Tripoli ...»
îa" 53' 4o".
Il** l' f OT,
Gadamès
lî
So" 36'.
8° 10' orient.
Bakardi
3
Puits de Shafamah.
S
*
El-Kalaa,
6
Puits d'£l-Za&af .
a
Sabhah (i)
la
Goulh-el-Ahimich.
6
Tareknab, ville des
Touariks (ici la
route se divise).
3
ai' 4o'.
7* 53' orient.
Haoussa
i6
WanonkijOuCaou-
caou (rilinérairc
tourne à l'ouest)
7
iS?W
**• 5a'.ori»it.
Afnoa, osBiraù.
a
.#
T^MOU
4
Scholoki, oaSou-
dah
5
6
Zanonzouki
Tîmbouctou
4
17" 38'
a^ 4îi' occid.
84
*
(i) Ce Saèhah par
*h êtra le Saumk des carte* de B.eiuieU et II
â'Airoirsmith ; mais i
1 est phoi plus an adrd-cst. |l
TROISliUfE PARTIE. 307
Mungo-Park, dans son premier voyage, a
entendu dire que Haoussa était à trente jour-
nées de distance par terre de Timbouçtou , et k
quarante -cinq journées par eau. On voit que
ces données ne diffèrent pas sensiblement de
celles de notre itinéraire (i), qui compte vingt-
huit joymées pour cette distance. Selon ce qui
a été dit à M. BovC^dich (a)^ il n'y aurait que
vingt journées de marche entre Timbouctou et
Haoussa, Dans les trois premiers jours , en par-
tant de Timbouctou^ on traverse une contrée
boisée, et l'on suit les bords du Nige^yasqak
Azzibie , ville frontière. Mais cette évaluation de
journées est probablement faite par des voya-
geurs isolés , ou qui marchent en petites troupes
et beaucoup plus rapidement que des caravanes
nombreuses pesamment chargées, qui comptent
vingt -huit journées pour cette distance.
Sur la route de Haoussa à Timbouctou est
Jf^anonkiy grande ville^que notre itinéraire nous
fait connaître, et dont aucun auteur n'a fait
mention , pi sous ce nom y m sous celui de
Caoucaou , que lui donnent, les touariis : ce
sont les Nègres qui la nopiment Wanonki. La
(i) Brans Afrika^ t. V, p. 3a4. — Bowdich's Ashantee
Mission^ p. 19S.
(2) Idem, p. 196. .
âO.
3o8 RECHEncHfS SUR l'Afrique.
description qu'en donne Mohammed , porte-
rait à croire que cette ville est plus considé-
rable que Haoussa et Afnou , et au moins aussi
grande que Timbouctou. fFanonki ou Caoucaou
se trouve placé sur notre carte à dix: -huit de-
grés quarante -cinq minutes de latitude , et à
deux degrés quarante -cinq minutes de longi-
tude à l'orient de Paris.
Hornemann parle d'une tribu d'Afrique qui
habite dans le voisinage du Soud<m et de Tim"
bouctou^ qu on nomme 7Vg'û/7ia(i),et qui, selon
le rapport des habitants du Fezzan^ sont blancs
et infidèles ; ce qui appuierait le récit de ceux
qui prétendent qu'il y a des chrétiens dans le
voisinage de Timbouctou ; et l'itinéraire que
nous allons analyser, dit qu'il en existe beaucoup
dans le pays de Cachenah.
§ V. Analyse géographique de Titinéraire de
Tripoli de Barbarie à la ville de Ctichenahy
par te chejk Hagg- Cassent.
La Société africaine, dès le commencement
de ses travaux , s'était procuré un itinéraire de
Tripoli à Cachenah y à- peu- près semblable à
celui du cheyk Hagg-Cassem, dont nous allons
(i) HornemaDii's Trapels, p. iio , et p. 281 de I a traduct.
franc.
TROISIÈME PARTIE. Sog
nous occuper. L'itinéraire qu'avait reçu la So-
ciété africaine a été remis au major Rennell,
qui, par son moyen, a enrichi de plusieurs po-
sitions intéressantes la géographie de l'intérieur
de TAfrique. Malheureusement il ne l'a pas
publié; et nous n'en connaissons que ce qu'il
a cru devoir en extraire pour réclaircissement
de sa première carte du nord de l'Afrique , qui
accompagne les actes de l'Association pour les
découvertes en Afrique (i).
Les documents que le major Rennell a eus entre
les mains s'accordent avec notre itinéraire sur
la direction que suivent les caravanes pour se
rendre de Tripoli à Cachenah. Ces caravanes
commencent d'abord par aller à Gadamès^ et^
après avoir ainsi marché au sud ^ ouest, elles
changent de direction pour se rendre dans le
Fezzan^ soit à Mourzouk^ la capitale, soit a
Teghereîn^ qui est sur les limites dé cette con-
trée ; ensuite , après avoir échangé avec les
Fezzanais^ les marchandises qu'elles ont ap-
portéfl^de Tripoli ^ elles traversent le désert, et
se rendent directement à Cachenah^ en se diri-
(i) Proceedings of the Association for promoting the
discouery of the interior parts of Africa , 1790 i in -4**,
chap. 17U, p. 170-172. — Hornemann's/our/ia/, 1802, in-4^»
p. 180.
SlO RECHERCHES «UA e'aFRIQUE.
géant toujours au sud,' et &x traversant Agmeh^
ou r.oasis diAsben.
Nous ne pouvons douter que le major Renneli,
pour tracer cette partie de la carte d'AÉPÎque,
publiée en 1798 et corrigée en 1802 (j), n'ait eu
un itinéraire qui lui retraçait la Wkfxsst route que
la nôtre. Il est facile de voir qtie . le '/e«e^ du
major Rennell, sur la rotote du Wezzauy est le
Jaiiel de notre itinéraire (a); que Teghereïny sur
les confins du Fezzan^ est Tai-gari ou Tegherjr(3iy
Il est certain que tiotre Tecbnent est la même po-
sition que celle de T'a Je»^ dans Rennell, puisque
notre itinéraire nous apprend que 7iwfc/2f est le
nom de la montagne au pied de laquelle 7W-
ment est situé. Açiou est Assiea ; Toghagii
est Tagazi ; Açoudi est Asouda ; Aoudercts est
(htataras. Enfin le major Rennell a tracé sa
(i) Voyez la carte insérée dans le toiae I , ^. ^09 des
Prçceedings of th^ Association for promoting the d^fco-
very in Africa.
(2) Selon M. Langlès , on devrait écrire Djenné ice mot
arabe signifie Jardin, Voyez la traduction françHsc da
Voyage de F. Homemann , p. 280.
(3) Quoique dans Hornemann*s Journal^ p. i55, le ma-
jor Rennell dise qu'il est probable que Taï-gari est le même
lieu que Teghery, cependant il les distingue sur sa carte ,
et en fait deux lieux différents. Nous pensons qu'il y a
double emploi , et que Tegkereïn , Taï-gari et Teghery
désignent le même lied.
TAOlSliHJB FARTIJB. 3ll
roiM par Agadez^ où notr€ itinéraire nous fait
aussi passer.
Notre itinéraire nous fournit un plus grand
nombre de noms de lieux , et dé distances',
que ceux que Rennell parait avoir eus à sa
disposition : mais il nous présente , comme Fiti»^
néraire précédent , le riiébnge de deux mesures
différentes; et les journées qu'il nous donne
entre Gadamès et le Fezzan, sont évidemment
de celles qui sont, quant au dhamin parcouru^
moitié moindres cpie les journées des caravanee
qui traversent le désert. En effet, entre 6a-
damès et Djennetj notre itinéraire nous fait
compter trente-et-une journées de caravane-^
la carte de Rennell n'en admet que quatorze.
Ce.géographe a placé Tegherjrow Taï-gari d'après '
un itinéraire de Tunis à Cachenahy communiqué
par M. Magra, qui n'évalue la distance de es
lieu à Gadamès qu'à quinze journées de car»*
vane (i) : notre itinéraire en donne trente** sis;
ce qui porterait ce lieu loin 'du Fezzan^ si on
évaluait ces journées comme celtes dés caravanes
ordinaires^ au lieu de les évaluer comme celles
des caravanes suivies par des hommes à pied,
et de 3néduire la distance à moitié : en opérant
(i) Hornemanii's Journal, p. 1 55, et p. 'i^^ rfe k tra-
ductÛHi'frtiiçaise. ''
3l2 RECHERCHES fitJR l'aFRIQUE.
cette réduction, Teghereïn se trouve |dacé à deux
cent soixante-dix railles géographiques de Ga-
damés; et c'est là, à peu de chose prèSj la
distance qui est donnée par les cartes de RenneK
et d'Arrowsmith, soit qu'ils évaluent les jour-
nées de caravane à un taux plus haut, soit
qu'ils aient reconnu que la distance de quinze
journées était insuffisante.
Le reste de'iiotre itinéraire s'accorde souvent
avec celui dont le major Rennell a fait usage,
ou s'en éloigne peu. Les journées de caravane
doivent être évaluées selon le taux que nous
avons déterminé : ainsi Tedment^ situé au pied
de la montagne Tadent^ et où l'on recueille une
grande quantité de feuilles 4^ sépé, est, selon
notre itinéraire, à trois joiu'nées de marcha 4^
Teghereïn y c'est *à -dire à quarante-* cinq milles
géographiques de Teghery. Le major Rennell
met ce lieu à diic milles plus au sud , : et Ar-
rowsmith seulement à six ou sept milles.
Entre Tedment ou Tadent , et Açiou ou
Assieuy notre itinéraire compte huit. jours de
marche, ou cent -vingt milles - géographiques ;
et c^est juste la distance que le major Rennell
et Arrowsmith ont établie sur leur» cartes entre
ces deux lieux.
Entre Aciou et Toghâgit notre itinéraire
compte cinq journées de marche , ou ,• selon
TROISIÈME PARTIE. 3l3
notre évaluation habituelle, soixante-et-quinze
milles géographiques ; et c'est exactement la dis*
tance que le major Rennell et Arrowsœith met-
tent sur leurs cartes entre Assieu et TagazL
De Toghâgit jusqu'à Aqoudi^ la capitale du
pays diAhir (i), qui trafique directement avec
Cachenahy notre itinéraire nous fait compter
sept jours de marche» pu cent -cinq milles
géographiques; et c'est encore la distance que
Rennell et Arrowsmith ont établie sur leurs
cartes entre Tagazi et Asouda,
C'est à Açoudi oïl Asouda que les caravanes
qui se rendent des confins du Fezzan, ou de
Teghery^ joignent les caravanes qui viennent
directement de MourzouÂ, la capitale du Fez-
zan^psLT une route parallèle, et cependant peu
éloignée de cellç que nous venons de tracer.
Le major Rennell a eu un itinéraire de xrette
route, dont il a heureusement donné un extrait
dans les premiers actes àe la Société pour les
progrès des découvertes en Afrique (2). Nous
allons de .nouveau l'analyser; et le soumettre à
nos évaluations habituelles de distances , afin de
(1) Ahir est peat-êlre. le même mot que Hair^ qui eit
un désert au sud^ouest de Touat; et ce mot a probable-
ment une signification dans une des langues de TAfrique.
(2) Rennell, Proceedings of the African e^ssociation ^
1790, iù-4°, cb. VII, p. 160.
3l4 KECHERCHES SUR l'aFRIQUE. ^
mieux appuyer la position ^Aqoudi^ placé sur
notre carte seulement à dix milles géographiques
plus au sud que sur les cartes de Rennell et
d'Arrowsmith ; mais, pour cette analyse, nous
emploierons le nombre de journées de marche
de cet itinéraire, et non celui qui se trouve porté
sur la carte même du major Rennell , et qui ne
s'accorde pas toujours avec l'extrait que ce
géographe a donné des documents sur lesquels
il travaillait. En effet, on a vivement lieu de re-
gretter que le géographe anglais n'ait pas publié
pour cette partie de son travail , comme pour
toutes les autres parties relatives à l'Afrique, les
documents tels qu'il les avait reçus. Les extraits
fragmentaires et souvent confus qu'il en donne ,
et les citations qu'il en tire,iie suffisent pas pour
la discussion des points douteux, et pour la
comparaison qu'il est nécessaire d'établir avec
d'autres documents semblables. Par là , les
progrès de la science sont retardés, et ceux
qu'elle fait sont mis en^ doute ou regardés
comme incertains, parce qu'ils sont dénués
des preuves qui devraient les appuyer. "^
La carte du major Rennell, gravée en 1790,
élahiil cinq journées de marche entre Mourzmuk
et Hiats; mais, comme ritinéraire(i)nous ap*
(1) Remell, Procecdimgt, ^tc.,^«790, ili-4S P- x^^*
T^ROISIÀME PARTIE. 3l5
prend que Hiats est un pays et non une ville,
et que, dans sa carte postérieure , gravée en 1 79^
et corrigée en 1802 , le major Rennell a appliqué
cette distance à Teghery^ et qu'il a fait disparaître
le nom de Hiats, nous devons croire qu'il a
des motifs pour considérer Teghery comme la
capitale.
Le géographe anglais fait deux lieux différentsr
de Teghery et de Taî-- Gari, que nous recon-
naissons pour le même lieu que le Teghereïn
de notre itinéraire ; et ce qui nous confirme
dans cette pensée, c'est l'itinéraire extrait par
le major Rénmell (i) : il nous apprend que
les caravanes, en partant de Mourzouk, se
dirigent d'abowl au sud sud-ouest. Alors les cinq
journées de marche, à partir de Motirzouk^
placent Teghery un peu à l'ouest de T&ï- Gari
d'Arrow^smith', et précisément où les cofiiibinai-^
sons de notre itinéraire le portent.
Il est dit ensuite, dans l'itinéraire de Ren-
nell, que Ganat est à six journées de Hiats ^
et jésouda à dix -neuf journées de Ganàt. Si
l'on suivait ici le major Rennell , et te posi-
tion qu'il a assignée k Teghery, ce^e d^jisûuda
serat descendre ^ pier cet|e distance de vingt-^
cinq journées, à un diegré et demi de Isrtitude^
- •' ' - ■ - ■ • ■ - ■
(i) Rennell , ibid, , in-4% p. 160.
3l6 RECHERCHES SUR l'aFRIQITE.
plus au sud que celle qu'il lui a assignée , et se
confondrait avec celle SAgadez : aussi le géo-
graphe anglais, qui s'est aperçu combien ce ré-
sultat était fautif, n'a point suivi les distances
données par son itinéraire ; il marque sur sa
carte six jours de marche entre Ganat et
Asouda , et également six jours de marche
entre Ganat et Teghery^ et cinq jours entre
Teghery et Mourzouk.
Au lieu de ces suppositions, de ces combi-
naisons arbitraires, nous prenons l'itinéraire du
major Rennell, tel qu'il le donne; et, à partir
de Thegereùiy dont la position est fixée par
l'intersection de deux distances, nous plaçons
GaruU à six journées ou quatre-vingt-dix milles
géographiques au sud : et la distance entre ce
lieu et Açoudi ou Asouda ^ tel qu'il est placé sur
notre carte, et tel qu'il a été déterminé indépen-
damment de l'itinéraire de major Rennell , se
trouve être de dix-huit journées; ce qui n'offre,
avec la carte de Rennell, que la différence d'une
seule journée ou de quinze milles géogra-
phiques.
Entre Asouda ou Açoudi et Agkadez, l'itiné-
raire de Rennell compte huit journées de niar^
che. Notre itinéraire, entre Açoudi ou A hir
et Aghadez, compte jieuf journées de niarche;
et Açoudij étant déjà porté sur notre carte à
TROISIÈME PiLRTlE. 3l7
une journée plus au sud, Agadez ^e trouve,
par cette dernière distance, placé à deux journées
ou un demi-degré aussi plus au sud que sur la
carte de Rennell, et occupe la raéme position
que celle de Begzam dans la carte. du géographe
anglais.
Entré A godez et Cachenah, la récapitulation
des distances partielles de notre itinéraire donne
dix-neuf journées de marche. Celle de l'itiné-
raire du major Rennell n'en fournit que dix-
sept (i) ; ce qui porte encore plus au sud Car
chenak, qui se trouve, par la combinaison de
toutes ces distances réunies, placé sur notre
carte à quinze degrés dix minutes de latitude
nord , et à huit degrés trente-sept minutes de
longitude à l'orient de Paris.
(i) Cet itinéraire est ainsi détaillé , p. i63 et 164 des Pro--
ceedings, de l'édition de 17^ in-4®, ou 1810 in-8** :
^ Journées.
Agndez . . . '.
Begzam 3 Begzam est une petite ville où
il n'y a que des tentes de peaux.
Tegomah a Petite ville.
Hauteurs et désertsdont
la traversée emploie. . . 5
Cachenah 7
Total... 17 journées de marche.
3l8 REGHERCHBS SUR l'aVRIQUE.
La ville de Cachenah^ selon notre itinéraire,
est très-oontidérable , et l'on y entre par sept
partes.
Nos lecteurs savent déjà^ par la première
partie de cet ouvrage, que^CacAe/zaA est une viHe
fort ancienne. Léon TAfricain la décrit très au
long (f). Marmol (2) n'a fait que traduire la
description de Léon l'Africain. Selon les infor-
mations données par le i\ègre Abd-Arrach-
màn Aga à Niebuhr, Cachenah est une ville
grande et commerçante , sur la route de
Zanfara au Fezzan; elle est habitée par un
sultan vassal du roi ^Afnou: mais il ne s'agit
pas, je crois, ici de la ville ni du pays ^AfnoUj
sur la route de Haoussa à Timhouctou. Afnou
est ici le synonyme de Soudan^ qui signifie
noir (3); et cela voudrait dire que le sultan
souverain de Cachenah l'est aussi de toute la
Nigritie. Alors ceci ne serait qu'une exagération
patriotique d'Abd-Arrachman. Le territoire de
Cachenah y selon le même, renferme les villes
suivantes : Khago ( peut-être le Gago de Léon),
Kankara^ Koutourkouschi ^ Kiana^ Saghani,
(i) Léon, r Africain dans Ramusio^ t. I, p. 79 b.
(2) Marmol, t. III, liv. ix, ch. xi, page (>8.
(3) Hornemann's Travels ^ p. 184. Le nom de Gnewa^
que Ton donne au Niger à Timbouctou , signifie aussi
noir. Voy. Proceedings , tome I^ p. 124, édit. in-8**.
TROISIEME PARTIE. 3l^
Taghamez (peut-être le Tegomah de Titinéraire
de Rennell),.et Dandoudjighi. Toili ces lieux
sont désignés par la dénomination de Bemis,
c'est- à- dire forteresses.
Selon Inhammed (i) et Ben -Ali, le Niger est
à cent milles au sud de Cachenah. Ce Niger
doit être le \Quolla de M. Bowdich.
Cachenak est, selon les mêmes, ^ur le chemin
du Fezzan à lat-Câie-d'or et au pays des Aschan-
tis. \j^ royaume de Cachenah^^X. borné au nord
par les montagnes ^Eyré^ au sud par le Niger ^
à l'est par le Zanfara et l'empire du Bomou (a).
Il y a, dit -on, quatre-vingt-dix-sept jours
de tnarche de Cachenah à Gondjah^ et Gondjah
est à quarante -six journées de la côte. Ces in-
dications peuvent servir à déterminel' les posi-
tions des lieux qui sont entre lés ^ands fleuve$
4» foirrfrwi -et 4a i^âte-d'of ' elles soi^tent des
limites de notre carte et du plan de nos
recherches N, et concernent celles auxquelles
M. Bowdich a dû se livrer pour perfectionner
l'essai de géographie qu'il a publié dans son
Voyage chez les Aschantis, y
Revenons à notre itinéraire: le lieu le plus
important qui s'y trouve , après Tripoli et Cû*
(i) Proc^dingSy p. 164, édit. in-4°.
(a) Ibid.
320 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
chenah^ est ^ godez. Aussi Hagg-Cassem nous
donnent- il* des détails intéressants sur cette
ville : selon lui, elle est plus grande que Tripoli
de Barbarie , et est située dans une plaine. 11 y
a un marché : les Touariks y font commerce de
bœu& et de moutons. Les hs()3itants ôHJgadez
tirent leurs vêtements de Cachenah, de Gouber
et de Zenferanah^ qui est probablement Zan-
fara. Us donnent, en échange , du sel, qu'ils se
procurent de Bornou^ du pays de Fizchy et de
Belma{i). Le Belma ou Bilma est connu des
géographes (2). Cette contrée , qu'habitent les
Tihbos^ est placée au sud du Fezzan^ à l'ouest
de Kaouar : mais le nom de Fachy a été
jusqu'ici inconnu çn géographie. Selon Hagg-
Gassem, le grand commerce que fait Agadez
rend cette ville riche et florissante.
D'après les renseignements donnés à Horne-
mann et à M. Magra (3), les KoUouvy^ tribu des
Tbwan^j, possèdent le pays èiAgàdez; et il sem-
(i) Voyez ci-après, dans V Appendice,
(a) Voyez Hornem'anrCs Trat>els , j^, 178, et p. 267 de la
traduct. fr. Hornemann divise les Tibbos en six tribus :
1^ Rechaddy; a*" Fibabo; 3** Birgou; 4*» Ama; 5** Bilma;
6** Tibbos nomades.
(3) Voyez Homemann's Travels^ p. iSi , et p. a8o de la
traduction.
TROISliUiE PARTIE. Sil
faierait qu*ils l'ont conquis depuis peu. Ce pays ,
avec d'autres tprovinces limitrophes, forme un
état qu'on nomme Ashen, Du côté du sud, il
touche au Ccichenah^ qui, suivant les mêmes ren-
seignements , fait partie de l'empire de Haoussa ;
et, à l'est, il confine au Bornou : sa capitale est
Agadez^qui est aussi grande qu'un faubourg
de Tunis. Samfarat ou Zarifara et Gouber sont ,
d'après les mêmes informations, contigusà^j-
ben , et lui paient tribut. Peut-être est-ce là unfe
erreur, due au commerce que Zanfara et Gouber
font ^yec jésben , 9xiis\ que nous l'apprend notre
itinéraire.
Selon les renseignements donnés à M. Magra,
Gazer y Tagazy^ Djennet, ne seraient que de
très -petits villages ; dispersés sur un espace
immense , et possédés par les Touariks, Les
plus oïientaux des Touariks sont les Khagara
ou Hagaruy qui sont au sud du Fèzzan, et
dont Ganaty ou la ville des Agary y est peut-
être la capitale (i).
L'itinéraire que nous venons d'analyser con-
duit de Tripoli à Cachenah par \eFezzan, Cepen-
dant il ne passe point par Mourzouk, la capitale
de ce pays, mais par Teghery ou Teghereïriy qui,
(i) Homemann*s TraveUy p. 182, et p. a8x delatraduct.
franc.
îii
322 BECHERGHES SUA l'aFRIQUE.
d'après les renseignements communiqués à là
Société des découvertes d'Afriqui^st la dernière
ville du Fezzariy du coté de l'ouest (i). Pour
tracer Jes routes qui conduisent directement de
Tripoli à Mourzouk , nous nous sommes servis
de l'itinéraire d'un vieux Tripolitain, qui avait
fait deux fois ce trajet. Cet itinéraire , traduit
par M. Venture, a été publié, par M. Langlès,
à la suite du voyage de Hornemann (a). Nous
l'avons combiné avec le journal d'une expédition
faite, en 1810, par Sidy-Mohammed , fils aine
dîi pacha , dans les montagnes au sud de Tripoli,
Nous n'entrerons point ici dans le détail des
calculs qui assujettissent chacune de nos po-
sitions, parce que cela allongerait trop cette
analyse. D'ailleurs cette partie de notre carte
ne §e rallie que d'une manière indirecte avec
Godâmes et Tegherem, et a moins de relation
avec l'objet de nos recherches, qui ont pour
but principal l'intérieur de l'AMque. Nous ferons
seulement remarquer que la combinaison des
distances nous a permis d'assigner avec assez de
certitude la position d'une ville importante de
ces contrées, qui avait disparu de nos cartes,
(i) Voyages de Hornemann , traduits de l'anglais et eutg-
mentes de notes par\M. Langlès, i8o3, m-8**, p. 45i.
(a) Ibid., p. 451-463. \ ,-,
TROISIÈME PARTIE. 3îi3
quoiqu'elle existât sur la carte d'Afrique de
d'Anville : je Teux parler de Mezdah^ qui est
entourée de murailles, et l'entrepôt de com-
merce entre Gadamès, Mourzouk et Timbouc^
tou (i).
La position de Sokna se trouve aussi, par le
moyen des distances qui nous sont données dans,
l'itinéraire du vieux Tripolitain, portée beauv
coup plus au sud que sur la carte du major
Rennell , et sur toutes celles qu'on a publiées
depuis.
Sokna est la première ville de la dépendance
du Fezzan , qu'on trouve sur la route de GAa-
jyan. Elle est peuplée de blancs et de noirs ,
tous Musulmans ; et les caravanes de Tripoli,
qui se rendent à Mourzouk^ s'y reposent plu-
sieurs jours. De Tripoli aux confins du désert
de Sahara, par les montagnes de Gharyan^
on ne compte que trois jours de marche; et
en quittant ces montagnes, on se dirige vers le
sud, et l'on rencontre bientôt un lieu nommé
EUGaryeh : là, des monceaux de colonnes, et
des tours renversées , anfioncent l'emplacement
d'un lieu ancien , et ont fait croire à l'existence
(i) Journal de VExpédidon de Sidy- Mohammed -Bey
dans les montagnes du Gharjan en 1811 (manuscrit).
ai.
3!i4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
d'une ville pétrifiée (i). I^ Sebaâ de l'itinéraire
du vieux Tripolitain est le Sebati 'd'Abd-Ar-
rachman(2). Selon le Tripolitain, Sebaâ contient
près de trois mille noirs, parmi lesquels il y a
quelques Arabes (3).
Suivant les renseignements donnés à la suite
jde cet itinéraire , il n'y a que vingt journées de
marche de Bornou à Cachenah , ville nègre,
qifon assure être située à l'est de Bornou,
C'est tout le contraire, et. c'est à l'ouest qu'il
fallait dire.
Ces mêmes renseignements nous apprennent
que les esclaves nègres qu'on trouve au Fezzan
sont amenés de Bornou , et aussi que les mar-
chands de ce dernier pays tirent la poudre d'or
qu'ils portent kMourzouky de Goundjeh^yiile,
ajoute - t - on , située au nord de la Guinée.
Godnd/'eh est évidemment le même lieu que le
Gondjcàt de la première carte de Rennell , pu-
bliée en 1790 (4y, lieu qu'il place à l'ouest de
Degumbà\ au- nord Ae^Tounouwah et à^Assen-
taïy et do»t il a, depuis, changé le nom en
(i) Voyages de Fr. Homemann dans V Afrique septen-
trionale y trad. franc., p. 454 et 455.
(a) Voyez ci-dessus, p. 73.
(3) Traduct. franc, des Voyages et Homemann^ p. 456.
(4) Proceedings of the Association^ etc., 1790, in-4'.
TROISIEME PARTIE. 3^5
celui de Kong : ainsi donc Goundjeh de 1-itiné*
raire de Venture, est le même lieu que le Kong
du major Rennell , de M. Bowdich , et probable-
ment aussi le Congé de Delisle et le Conche de
d'Anvillè : tant il est vrai que tous les rensei-
gnements concourent à prouver l'active et fré-
quente communication des peuples de la côte
de Guinée avec le Soudan et le nord de l'Afrique.
§ V. Sur un Itinéraire de Gamba à Cachenah^
à Bornou et à la Mecque.
M. Bowdich, dans son ouvrage sur les jds^
chantis, regrettait d'avoir perdu un itinéraire de
Gamba à la Mecque, qui lui avait été donné
par un chérif nommé Brahima. Il a depuis re-
trouvé cet itinéraire , et nous l'a remis. M. de
Sacy a bien voulu , d'après le désir que nous
lui avons témoigné, en faire la traduction. Nous
l'avons jointe aux autres itinéraires que nous
avons insérés dans notre Appendice. On verra^
que ce n'est, comme tous ceux qu'a déjà publiés *
M. Bowdich dans son ouvrage, qu'une suite de
noms, sans indication de temps ni de distance^.'
Toutefois , comme le chérif Brahima , et tous
ceux qui ont remis des itinéraires à M. Bowdich,
lui ont assuré qu'en général chaque nom cor-
respondait à une halte ou à une journée de
route , il a supposé qu'il en était de même pour
3^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
tous les autres itinéraires qu'il avait publiés ;
et il a entrepris de les assujettir tous à des cal-
culs géographiques.
Au moment où nous terminions Timpression
de nos Recherches, M. Bowdich nous a remis
un exemplaire de la carte qui est résultée de ce
dernier travail (i), et les trois premières feuilles
de l'ouvrage qui en est l'analyse, et qui pré-
sente ses propres vues sur l'intérieur de l'A-
frique (îî).
M. Bowdich, cédant aux observations que nous
lui avions, £aites dans une de nos notes (3), a
donné à part une carte spéciale du pays des
Asçhantis^ basée sur ses propres observations,,
sur des itinéraires détaillés , sur des relevés
exacts des cotes qu'il s'est procurés , et sur la
comparaison qu'il en a faite avec les cartes de
* d*Anville et les relations des autres voyageurs.
Cette partie de son travail , ainsi que ce qu'il a
donné sur les environs du cap Lopès^ sont des
«acquisitions précieuses pour la géographie , mais
qui ne font pas partie de notre sujet.
■ . ^ »■■■_■
(i) ^ map of north ivestem Africa , 4^dicated to the
African Association and constructed from original itinera-
ries by T.-E. Bowdich, i8ao ; deux feuilles.
(îà) Essay on the geography of north western Africa ,
in-S**, Paris.
(3) Yoyaz ci-dessus, p. 128, à la note.
VROr SI ÈHE -PARTIE. 3^7
Le reste de la carte de M. Bowdich est beau-
coup plus hypothétique, et se fonde sur des
documents plus incertains.
On comprend en effet que , dans des itiné-
raires rédigés sous la forme d une simple liste
de noms, sans aucune indication de temps ni
de distances, la supposition qui fait compter
le nombre des journées par celui des noms,
doit produire un nombre de journées plus con-
sidérable que celui qu'il a été nécessaire d'em-
ployer dans les pays très -peuplés, et moindre
que celui qu'on a réellement employé dans les
contrées désertes. Donc, en admettant qu'il y
eût compensation à cet égard sur un très-long
itinéraire, et que l'ensemble pût être consi-
déré comme exact , les positions intermédiaires
se trouveraient nécessairement affectées d^er-
reurs graves par l'effet de l'usage de docum^ts
aussi peu précis. Au moyen des itinéraires que
nous, avons analysés, dans lesquels les lieux
sont non-seulement indiqués , mais décrits^ où.
l'on ^ fait' connaître le nombre des heures de
repos , et celui des heures de voyage , nous
avons pu espérer de mesurer avec quelque
exactitude la marche des caravanes dans le
Grand -Désert, parce que cette marche , sur
cette immense surface , est presque nécessaire-
ment uniforme, et que les caravanes dans ces
3a8 RECHERCHES SUR l'aFI^IQUE.
contrées stériles ont un intérêt évident à suivre
autant que possible la ligne droite. Notre point
de départ, qui est Tripoli^ se trouvait déjà dé-
terminé; et les lieux voisins de Timbouctouj où
de Fautre extrémité de notre .itinéraire , étaient
aussi déterminés par des observations astrono-
miques et précises;* ce qui nous a donné, au
moins pour un de nos itinéraires, la direction
exacte de notre route. M* Bowdich , d'après
les itinéraires détaillés qu'il s'est procurés à
Coumassie ^ a pu fixer assez bien les points
de départ de ces divers itinéraires; mais, comme
les pays situés entre la Côte ^ d'or et le Sou-
dan^ que traveisent ces itinéraires, sont très-
peuplés;, et coupés par des forets, des fleuves,
des QïMtagaes , la marche des voyageurs ne
peut être unilbnne comme celle des caravanes
du désert; et lors même qu'on aurait le nombre
exact des journées employées dans le trajet , il
devient difficile de Sie servir de ce renseignement
seul, avec quelque espoir de succès, pour des
combinaisonSigéographiques, puisqu'on n<(.peut
apprécies^ien même temps la longueur du chemin
parcouru dans chaque journée, et qu'on a au
contraire la certitude que cette longueur varie
beaucoup suivant la nature du pays, sur la-
quelle ces itinéraires ne donnent pas la plus
légère indication.
TROISIÈME PàRTI£. 1 3^9
M. Bowdich nous dit que, dans un voyage de
quinte jours, la valeur en ligne droite de la
journée de chemin ne peut pas être estimée à
plus de dix milles géographiques dans les pays
boisés et couverts, tels que ceux qu'il a parcou*
rus en se rendant de la Côte -d'or à Coumas--
^e; a et, ajoute-t-il, d après les renseignements
que j^ai obtenus des Maures et.des Nègres, on
ne peut pas , dans un long voyage , évaluer la
longueur en ligne droite du chemin parcouru
à plus de quinze milles géographiques par
jour (i). » Mais, dans l'échelle de sa carte, il
n^évalue qu'à douze milles géographiques en
ligne droite la longueur du chaâfiin. parcouru
dans ces pays découverts, sans. que je trouve,
dans la partie de son texte que }'ai sou9 tes
yeux, l'indication des motifs qui l'ont po^té
à faire cette évaluation: enfin il^i'a pu savoir^
puisque ses itinéraires ne le lui apprenaient pas,
quand la nature du pays devait lui faire esti-
mer la journée à dix, à douze <, ou à quinze
milles géographiques en ligne dro^; c'est-à--
dire quand il devait alonger ou raoc^oirGir ses
distances d'jun tiers ou d'un sixième. A toutes
ces causes d'incertitude s'en joint une autre
(i) BowdicVs Essaj- on the geography of north western
Afnca , p. 6.
33o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE. -
plus grande encore ; c'est celle de la direction à
donner aux divers itinéraires. M. Bowdich dé-
termine la longitude des différents lieux situés
jsur le Quolla ou le Niger, où passent ses iti-
néraires, par les distances de ces lieux à 7ï/7i<-
bouctou : mais comme c'est en naviguant sut le
Quolla ou Niger qu'on se rend de Timbouctou
aux lieux ou régions iqui sont à l'est, les dis-
tances de ces lieux et de ces régions sont tou-
jours données en journées de navigation ; or,
on n'a pas le tracé du cours du Quolla ou Niger^
et il peut couler en ligne presque droite comme
le Nilf ou faire des détours très -considérables
et très - multipliés : il s'ensuit qu'il devient
presque impossible d'assujettir ces distances à
des combinaisons géographiques, et que la di-
rection à donner aux itinéraires peut se trou-
ver affectée d'erreurs de plusieurs degrés à l'est
ou à l'ouest (i).
Malgré tant de causes d'imperfection, la carte
de M. Bowdich sera utile , parce qu'à beau-
coup de sagacité l'auteur a joint une profonde
étude de son sujet, et. qu'elle offre des re-
(i) Je ne parle qne de la portion de la carte de M. Bow-
dich qui concerne rintérienr de TAf rique , et non de celle
qui donne le pays des Jschantis^ k laquelle ces obsenra-
tions ne s'appliquent pas.
TROISIÈME PARTIE. 33i
cherches , des rapprochements curieux , et des
conjectures probables, présentés d'une manière
claire et méthodique. Nous allons donc en peu
de mots examiner ce qu'elfe nous fournit de
plus remarquable pour notre sujet.
Nous y voyons d'abord l'emploi de deux
noms .généraux, qu'on ne retrouve sur aucune
carte antérieure , du moins dans un sens aussi
général. Au-delà des contrées boisées qui s'éten-
dent jusqu^aux confins des états qui bordent lé
royaume des Aschantis, il existe au nord une
vaste région sans forets et souvent sablonneuse,
nommée Sarem^ qui comprend plusieurs états :
plus ail nord^ tout le pays compris entre le
Quolla et le Gambarou se nomme Mallowa ou
Marrowa, Ainsi le Mallowa renferme , selon
M. Bowdich, les royaumes de Haoussà^-^t Zam-
farra et de Cachenah ou Cassina.
Pour ce qui concerne l'emploi .Ai nom de
Saremy M. Bowdich s'appuie sur les informations
qu'il a. reçues à Coumassie ; et il ajoute que
s'il n'avait pas résidé long -temps dans cette
ville, et s'il s'en était rapporté aux premières
réponses qui furent faites à ses questions, il se
serait tromQjé sur le sens du mot de Sarem, et
l'aurait pris pour le nom d'un royaume.
Quant à Malloiva ou Marrowa^ c'est, selon
M. Bowdich, le Melli reg^io de Léon l'Africain et
333 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de Marmol (i) , placé à tort au sud du Niger y
d'après la prétendue ressemblance de ce uom
avec le mot de Lamlam ; tandis qu'au contraire
ce dernier nom, qui est très -différent, signifie
sel dans le langage des Foulahs (2). M. Bowdich
se fonde encore, pour Teroploi du nom de Mal-
towa comme dénomination générale, sur, la lé*
gendede la carte dessinée (3) sur bois que j'ai rap-
portée précédemment, où il est dit que le INègre
nommé Musse-Melly est roi de tous les/ Nègres
de la Guinée; ce qui s'accorde avec la relation
d'Ibn-Batouta,dans laquelle on trouve que Tim-
bouctou est une ville du royaume de Maly (4),
et avec les renseignements donnés à M. Hut-
chison, que le roi de Ma/la réside à Haoussa^
qu'il a sous lui sept rois tributaires (5), et que
tout le pays arrosé par le Joliba ou le QuoLla est
(ï) Bowdîch's iS'woj on tke geography of north western
Jfrica^ p. 24.
(2) Vovex le Vocabulaire donné par M. Iftollien , Foyage
en Afrique ^ t. II, p. 1*7 5.
(3) J*ai dit dessinée^ et non gravée comme le ditM.Bow*
dich , p. a4, ce qai donnerait une fausse idée de ce monu-
ment géographique qni est manuscrit. Je Tai souvent cité,
et je le ferai connaître plus en détail paf ufte dissertation
spéciale. Voye^ ci-dessiis , p. 19.
(4) Burckliardt*8 TraveU inJfubia^ p. 537.
(5) MUsion to Jshanêee^ p. 197»
TROISr:feM£ IPARtlE. 333
soumis ao sultan de Mali-SimieL Léon F Africain
remarque que Melli s'étend le long du Nil des
Nègres l'espace de trois cents milles ; et l'Arabe
Ader a dit à M. Seetzen que Cano et Melli sont
situés entre les deux bras du grand fleuve (i).
Ces rapprochements sont ingénieux ; mais
sont -ils suffisants pour appliquer le nom de
Mallowa à une région aussi vaste que celle
que M. Bowdich a indiquée sur sa carte? Je
remarquerai à ce sujet que, dans un des itiné-
raires qu'il a précédemment publiés , les noms
de Mallaia et de Maly y figurent comme rioms
de ville , et ne désignent pas une région (2).
A Coumassie^ l'on a dit à M* Hutcfaison que
les quatre plus grands rois connus sur les bords
du Quolia étaient les rois de BaharnoUj de
Santambou^ de Maii-Simiel et de Mâlla (3); et
M^ Bowdich remarque sur ce passage que-Malla
est Mallowa ; alors Mali-Simiel est différent , et
le nom de J^a//ou^a n'aurait donc pas la signi^
fication étendue que lui donne M. Bowdich. Il
s'était contenté, dans son premier ouvrage, de
faire considérer ce nom cotnme synonyme de
Haoussa; et, d'après cette idée,, il avait même
inscrit ce nom au nord du Gambarou , contre
(i) Adehnig, ilf^Arà/aA» S, tfa. i,abth. i46^i4a.
(2) Bowdich*s Mission io Mhantee y p. 4^4.
(3) Ibid,, p, 196.
334 RECHERCHES SCR I-'aFRIQUE.
l'assertion faite à M. Hutchison, qui place Mali-
Simiel et Malla ou McHlowa sur les bords du
Quolla et au sud du Gàmbarou:
Si Mallowa ou Marrowa est synonyme de
Haoussa^ l'extension à donner à ce nom dé-
pend des limites que l'on doit donner à Haous-
sa ; et nous n'avons pas sur ce point des rensei-
gnements suffisants (r). Je dis plus : il y a , dans
les auteurs qui ont parlé de HaoussUy des con-
tradictions que M. Bowdich ne nous paraît pas
avoir pris suffisamment en considération. Il a
adopté pour la ville àeHcLoussa la position que
nous lui avons assignée , en partie d'après l'iti-
néraire de Mohan^med , fils de Foui , qui nous
donnait les combinaisons les moins certaines
des trois itinéraires qu€ nous possédons : nous
n'aurions même pas hasardé d'analyser cet iti-
néraire, si notre position de Timbouctou n'a-
vait été 'préalablement déterminée par celui
d'Hagg-Cassem et par celui de Mungo-Park.
Toutefois ^itinéraire de Mohammed, fils de Foui,
s'est trouvé d'accord avec d'autres autorités, et
place Haoussa à vingt - huit ou trente journées
(i) Dans le récit dlsaac nous voyons Dacha, le roi àeSego,
envoyer tine armée potif idétruire le royaume de Haoussa;
ce qui semblerait prouver ^ue ce royaume- n'est pas très-
puissant. Mnngo-Park, %^ ^oyage^ in-4% i8i5,-pé ai6.
TROISIJEME PARTIE. 335
au nord-est de Timbouetou; mais le récit d'A-
madi FatouCûa, qui fait parvenir Mungo-Park à
Haoussa par une navigation sur le Joliba , et
celui de Shabeeny ou Chabiny, semblent con-
cerner une autre ville ou un autre pays de
Housa ou Hcvoussa > qui est à cinq journées de
marche (i) et à dix journées de navigation au
sud-est de Timbouetou.
Il est probable que les membres de la Société
des découvertes en Afrique n'ont gardé vingt ans
le récit de Shabeeny sans le publier, que parce
qu'ils y ajoutaient peu de foi ; cependant Rennell
l'a fréquemment cité. Si le récit de Shabeeny
était exact , il mériterait une^ande attention^
Il dit que la langue et les caractères d'écriture
de Housa diffèrent beaucoup de l'arabe ; que ces
caractères sont les mêmes qu'à Timbouetou ^ et
ont près d'un pouce de hauteur ; qu'enfin on y
écrit de droite à gauche. Selon Shabeeny, Housa '
serait aussi le centre du commerce de l'or; et le
canton. d'où oi\ le tire, ne serait éloigi»é de la
ville que de seize milles (2). Ce renseignement
contredit néanmoins le témoignage unanime des
auteurs arabes, qui placent le pays de l'or dans
leOuangarah ou fTangarah^ contrée qui doit
(i) Shabeeny's account ofTimbouctoo and Haussa ^ p. 38.
(a) Id.ibid., p. 5i.
336 RECHERCHES SUR l'aFRIQIJE.
êXve assez éloignée de Housa , et même de
^ HaoussUf si ce sont deux lieux différents.
M. Bowdich, considérant Haaussa comme
synonyme de Melli, remarque que le récit de
Cadamosto, en i455, se trouve d'accord avec
Içs indications modernes, puisqu'il porte que
l'on compte trente journées de caravane de
Timbouctou kMelli[i). /
J'ajouterai que si Haoussa et Melli sont les
mêmes lieux, le récit de Shabeeny se trouve con-
firmé par celui deCadamosto; car ce dernier fait
aussi de Melli le centre du commerce de l'or.
Le passage où Gadamosto parle des routes
que suivait ce commerce , est remarquable , et
nous prouve que les chemins * des caravanes
étaient les mêmes qt^aujourd'hui. ce L'or, dit ce
célèbre navigateur, que l'on se procure à MMi^
se partage en trois portions , et prend trws
routes différentes. Une première portion s'en
va pKar un lieu nommé Cochia , et se dirige sur
le Cmre et sur la Syrie: la seconde ;et la troi-
sième portion vont à Timbouctou; mais une de
ùQ% portions en sort pour se diriger sur Toety
et de ce lieu est transportée à Tunis ebsur toute
la côte : enfin la troisième portion se dirige sur
Uoden , et de là à Oran et dans le détroit de
(i) Ramusio, édit. de i6i3, p. loo A4
TROISIEME PARTIE. 337
Gibraltar, et. SLUSsi à Fez et k Maroc; c'est dani
ces différents lieux que les Chrétiens et les
Maures se. procurent ce métal (i). »
Ce passage important vient à l'appui de Titi-
Qéraire. de Mohammed , fils de Foui , que nous
avons analysé , et prouve que dans le quinzième
siècle les caravanes qui se rendaient à Melli ou
Haoussa^ se dirigeaient ensuite sur Timbouc--
tou, que de là elles retournaient directement
au nord, à Tunis ow k Tripoli^ en passant par
Touat ou Toët , ou qu'elles se dirigeaient à
l'QCcident par \oasis à'Hoden^ dans laquelle les
Portugais avaient une factorerie; ou bien, elles
se rendaient à Noun et à Akka^ ou, tournant
à l'ouest, elles allaient à Arguin^ près du Cap-
Blanc y dans les ports des Portugais. D'autres
caravane^ se rendaient directement de Melli
au Caire y en passant par Cochia, c'est -à*- dire
' que, suivant nous, ces caravanes se dirigeaient
à l'est , passaient par Cachenah , et arrivaient
dans le pays, de Cauka de nos cartes'/le Co^
ckùt de Cadamosto : ce pays , sur les cartes de
Purdy et de Rennell , est le même que celui de
F&tri et de Baghermé.
-Derlà ces caravanes marchaient drdit au Caire
par le chemin des oasis; et cette route rep|*é-
■j ■ '
(i) Ramusio, t. I, p. xoo verso e. -
338 RECMBacHXS sek lafrique.
^ente tn partie eeUe qn'radiqae Titinéraire ana-
lysé par M« Bowdîch. Si lou admettaiil: que son
lac Caudi ou Caoudi^es^ le roéme que le Cauga
d'Edmi, et donne s<m nom mu pays de CàuÂa
ou de Cocfiia , comvbe M. Bcrwdkh a baisfté ee
)w de quatre degrés plus au sud ^ k route
indiquée par Gadamosto aurait traversé le Dar^
Four et te ^adey-y et sirait la ménie que celle
qui est indiquée par l'itinéraire du ehérif Bra*
hinia; mais il faut avouer que cette rouie eut
été beaucoup moins directe que Tautt^» et que
l'indication de Gadamosto s'accorde mieux avec
les cartes qui placent le lac CuougA ou Càuga^
et le pays de Cùuka ou Cochia^ plus au no^d
que ne le fait M. Bowdich^ et qui recoiitlaissent
une seconde ville de hoUsa, plus méridionale
que celle de Hnoussa de la carte de ee v<^g6«l'.
Quoi qu'il en soit de ces réflei^ions , la carte
de M. Bowdîch nous offre d'abord , avec l'iti-
néraire du ohérif Brahima , ceux que M^ Bow-
dich avait publiés dans son préoédeHKouvra^,
conduisant de la contrée nommée Safem dans
celle de MaB»^^ ; ce qui forme en tout que^e
itipéraires qui coupent le ÇuoUa ou^tffiget en
'quatre endroits difBérents,. et abôutiss^tlt .ou
nord à Haoussa j ou à l'est à Cachenêài , et de
ce lieu, par une seule route, au Bomou et dans
le Baghermé,
Le pliits occidâatal de pm iiinérsMTes part de
MuntouhQUy au oord-oiiest de Coumas^e^ dans
k pays de Gaman, et passe par Kong^ Kaybi^
Kajrriy Garou elDouwara, et aboutit à Djennij
sur le QuoUa.
lies iTQÎs autrea itinéraires p9rtent de YahnA^
cfiipHal^ célèbre de l'élat de Dagwum^a , qu^
M. Bowdich, sur sa nouyellé carte, p)ace à vingl
i|iiqi»t<ei9* p}u$>ati nord que dans celle de son
Toy{ig^«2 \^ plua oecidehtal de ees "tvois itiné-
raires atl^nt enauite , par deux routes diffé^
r^tes, Gaurouma; celle de Touest, par Irigwa
et Fobi; celte de Test, par Ensoko ou Sokoquo
et Matcka-w^quàdi. De Gcmvouma^ qui est, siii^
VJHit M. Bowdic^ , le Gourma de l'Arabe fellata
de M. Scetiep (i), cet itinéraire passe par Doul-
huiy et afctoint le Quoila à Test de Oaw^ de ?b-
kogirri et de jf/iè/.
Lie troisième itinéraire , qui est celui du chërif
B^abima, passe par OanAa^ TounoumayKùmbm^ '
Gouiel , ' imrÂan , Mahmx^i^ Bargon ; puis , tra-
versant; le fleuvf^ Çuollpij il se sépare en deux
branches, dont l'une conduit droifà l'est, à Ca-
chenak^ l'autre droit vers le nord, à Haoussa,
ça passant par Qamkaeli. Cette branche , et une
autre petite qui est au nord^est, conduisent,
(i) Essay^ p. 20.
34o RKCHERCHSS SÛR l'aFRIQUE.
par Fillaniy le FuUan de Ben -AU, à Kalla"
ghi, lé Coiiega de DeUttle; ces deux lH*anches
traversent la rivière Gambarou et en déterrai-'
nent le cours.
De Gamhadij qui est à deux journées du
QuoUa ou du Nigeryyi^cpikHaaussa^ on compte
quinze journées : on traverse le Gambarou le
neuvième jour ; et * le petit état de Zessà se
trouve entre cette dernière rivière et Haoussa (i).
Le quatrième itinéraire , ou le plus oriental
de ceux qui traversent le Quolla^ passe éga-^
lement par Gamba ^ conduit à Gourousiéj k
ZougoUj à Barrjogou et à Toumbea. A cette
ville, cet itinéraire est joint par un autre, qui
forme un cinquième itinéraire, plus oriental que
tous les autres, venant de Dahomey^ et traversant
le pays de Yarriba. De Toumbea^ l'itinéraire, en
iK>us faisant traverser lès pays de Kaiama et de
ff^awawaw ou Ouaouaoua (a), passe le QuoUa
ou Niger à l'endroit où est la petite île ée Congé
ou Go/i£^V, position importante, parce qu'elle est
connue pour être à vingt -cinq jours de navi-
gation de Kabra ou du port de Timbouctou.
Déjà l'itinérafire, traversant le pays^lel^a^ottrâ,
et laissant à Touest Goubirri et Zamfara , et à
(i) Essaj^ p. 2*5.
(a) Certains rapports donnent à croire «|ue c'est dsi^ns ce
pays qn a péri Mungo-Park.
TROISIEME PARTIE. 34l
Test Noufie^ Boussah^ Rakkah\, Atùzgaràh et
Koufi^ conduit droit à Caçhencûi , que les cal-
culs de M. Bowdich, d'accord avec les nôtres,
placent un peu plus au sud que ne l'avait fait
le major Rennell.
La position de YaoïHmra ou Yawouri se trouve
identifiée avec celle de Condji, et est à vingt-
cinq jours de navigation de Kabrn, à quarante^
deux journées de Dagwumba ou de Yahndi^ et
à dix-huit de Cachenah (i).
De Cachenah au Bomou nous n'avons plus
qu UB . seul itinéraire , celui du chérif Brahima ,
qui, traversant Successivement Tétat de Da^
woura^ de Kano^ de On/i^oi^ra, aboutit à Bor^
nou , et sur les bords du Djad et du Shary réu-
nis , dans le Ba^iermé.
La ville -de Bornou (a) , d'après les résultats
qu'on t donnés l'itinéraire et les calculs de M. Bow-
dich,,est placée à vingt degrés à l'est du méri-
dien de Gre^iwich (vingt -deux degrés vingt
M w I I I II I :
(i) Bssay^ p. 35k
(a) M. Èowdich ( Essay , p. Su ) remarque qu'Edriii
Bonime dfiXthanJiaL capitale do Bornou; d'AnTille^ Carne ^
d'après les informations qu'il avait reçues ; £iasie Jel la
nomme iRfoX-OM^/ ; BurcUiardt, Bemi^ et d'autres \^or/ioif :
mais est-il bien certain qu'il soit toujours question de la
même ville, ef que l'emplacement de la capitale de Bomou
n'ait pas varié Mepnis des siècles ? ^
34b RCCBSRCRSS tVH l^APRIQUE.
minlttefl <k Paris )^ et . Jirès xJe d«û^ d^rés trente
riiînii^^ pitis ^ sud <|ue dans Bro^vqae.
Vé^t ^è Sorn&u est à Tdaést cke Biigkenhé^
tt & au siid ie rojrvuhie'deiilfef^oiMfozi^t «ïelïii ^
Quolla ou Quorra^ qui est, selon M.Bôf^dîok^iè
gsQuata dé Al. Seët!aenv^'(f^'^^^ ^ ï)ixpuis , et
Utittiid de Bttrckl«a<dt^ Le ^«rte>(>ttoàSii«à)«ri^9e
ce pajFs , qui d ^mtctt^ au Msidt i[â>im2 M iP«^/.
TH est rmsettible d«âON»tftc$» q<i^dffl^b<là i^tttfe
de M. Bowdich.
«IRefatironi^iit ^u premier de étoitte^âii^ls ou
a«i plus oœkSetotail^ BJI. Bo^iok'Hi^tle ^xM eit
le <|)Ius inscérthin «de I0ti», ixitigxidii ^qm^ isfi etm-
iMtfésàiiK^ès gëogrophiqu\^ iA^% ^^^dkimtis ^td ^^
qèlé «e Mrfmnient i Ife^^g^-, « iqt» hiircMite^^
conduit de ce dernier psfy^^^tiJVigét eVi'piê&Jiû
^ctA ^rt^neniierit'pea^quée, à tc»cmè <to» fHHiit^es
-qn^ &t>t t](*avèner^ H;ideftfie«)ls pi$U|dès 'itiife-
<ripHiiés?qlii les hailHtènt(i)^ au»m«tièt^»i ^osi^
irante-sèpt ^ jburs* piemt* ^ («rmitl^r 0(& ^tri^è t. ^Ooâmie
Tji7x>'W "itTtixtr VDX' *ri sffnxfc tWii iti tjiii iv Tttï xW.. UUW"
dich qui aboutisse à TimhouctoH , il en Y^éâudte
-qii-a^iî'a'eu'ftfttfun'ïhoyen dfe^vérffier^a positk>n
HÎè fcètfé i^ftlë. îl a adopté idèlté^que RennéB
avait dèfetniiiiêe pour lè premier voyage de
Mupgp-rPark; tandis que nos combinaisons pla-
■ I ff i II" I iif. J.i wi> !■»<■■ »i I ■iiii^li illi II
(i) Essay^ p. 6.
TAOISliUE PARTIS. 343
c^il Timbouetou un degré ânquaale minutes
plus à l'ouït, et un de^é :$ix minutes plus au
iifdrd. La mîèire Coumba , .qu£ l'an trayerse çur
cette route, nommée Zamma par les Maures,
est , dit^<wi , large et profonde ; pei^-^tre est-ce
une branche du BùhQrand^^ fleuve que les ha-r
hkant&des pays qu'il arrose, nommenl; Comba^
selon MoUien (i).
Ainsi Jes renaeigawiQiits qu« M. ,Boiydich a
obtenus, aufisi^bien que les divers itinéraires que
sa /earle nous préftente,>€caacourent également
à /prouvisr cpe le connuerce 4a k Coterd'jor
«yec Finléiiaur de l'Afiicpie ^ lieu avec les con-
trées fiitiiées au tuord-est , et noa a-vec celles du
aord-oueat : et il est ^obable. qu'il sersiit plus
Êioile, &0L parts»^ éeCoumMsie ou de Y&ndhi^
de pavrasar à Cacàûnah , à Bomou , et même
au CéMCj .qu'à TJmbo^aou; car, quatid on s'é^
bifides iKMites ^babituellôs du comi^erçe , Jes
<U£fictdtés et les dangers 6e multiplient.
^Vevs4'eat,^/Bowdich .^ôk a^ec «oin les traces
du ÇuaUa^ qu'on <traveme, ainsi que je l'ai dii:,
à' Gandji ou Yawoura , à ivingtjîKinq joi^ de
nairigaliîon de Kabr»; puis, en descendant ce
fleuve toujours vers J'est^ après un jour de
navigation, on trouve Noufi^ de Noufi^ après
(i) MoUien , Voyage dans Vm^rifiurde l*4fnque.
344 RECHERCHES SUR l'aFRIQTJE.
trois jours de natation , on traverse Boussa; de
Boussa le QuoUa arrose successiveiiieiit Hous--
sa y RcJikah et Atagara : cette nav^tion em-
ploie douze jours. H' Atagara au royaume de
Quolla^Robba ou Quolla^lJffa^ on compte
trente jours de navigation* Après six autres jours
de navigation, encore à Test, on arrive à Mafi-
goudou (i).
De Mafigoudou on navigue encore treize
jours, et Fon parvient aux montagnes qui sé-
parent le QuoUa du lac Caudi^ qui est à deux
journées de marche au nord de ce fleuve.
Tous ceux que |f . Bowdich a interrogés Im
ont affirmé que le QuoUa ^ à mesure qu'il s'ap-
proche de ces montagnes, devient moins con-
sidérable. Ces renseignements se trouvent con-
firmés par ceux qullornemann a <^enus au
Fezzan. Nonobstant cela^ M. Bowdich incline à
penser que le Quoila ou JViger s'écoule dans le
Misseladj qui conje du nord au sud, et que
le JUîsselad communique avec le Bahr^el-uâda
ou le Nil par quelques rivières peu navi-
gables. Cependant M. Bowdich n'a tracé sur
sa carte que la première de ocs cOmmuni*
(i) M. Bowdich conjecture qne Jlfo/f^oiM/otf ^ pourrait
bien être la province de Borgouj que Browne nomme Monr
dagOj et Burckhardt Modjo.
TROISIÈRTE PARTIE. 345
cationfi ; il ne présente l'au^^e que comme
une conjecture. Il croit devoir même réfuter
les objections qu'on lui a faites , et que nous
ignorons : pour repousser le ridicule qu'il pré-
tend qu'on a voulu verser sur lui à ce sujet,
il se &it un rempart de toute l'antiquité , des
Africains modernes, et des géographes de nos
jours qui ont pensé , ainsi que lui , que le Niger
communique avec le Nil.
Tout ice que M. Bowdich écrira sur l'intérieur
de l'Alnque , bien loin d'être sujet au ridicule ,
sera toujours au coptraire un o^et d'attention
pour tout homme instruit; encore moins pour-
rait-on le critiquer d'émet^e uae opinion att^Sr
tée comm^ un £ait par tous les Arabes d'Afrique,
et partagée par des hommes émineuts par leur
savoir. Il y a peut-être plus de danger de s'ex-
poser à une censure sévère en soutenant contre
tant de témoignages l'opinion contraire. Toute-
fois, comme la vérité est notr^ seul but, nous
allons examiner s'il est vrai qu'aucua ancien ait
jamais (à\t que le Niger communiquait avec le
Nili et jusqu'à quel point l'assertion des Arabes
et des autres hpi)itants de l'Afrique, et les rai-
sons alléguées par plusieurs savants d'Ëuropie,
prouvent que cette communication existe.
346 RECHElCHE-ft StTm ^AFRIQUE.
§ VI. Sur retendue et les limites des connais-
sances des Anciens relativejnent à V intérieur
de V Afrique.
ViÀ fittt voir piPécéckimneiil: ^les kiccmvéaiefits
^i {>ouVai^At résulter 4e mêler les notions des
aneiens «ttr l'Âiiique avec celles epi'ont obtenues
les modenaues ; fai tâché 4tt rdémonlrer que celle
méthode était plutôt propre à r^arder qu'à
avancer les progr^ de 'la géographie. Mais,
qUféîquUl Mit vrai qu'on «le peut avec quelque
degi^é de certitude fixer la position d aucun lieu
dans rhitérieur de l'Afrique d'2qf>rès 4es anci^is,
puisque ci'eat vouloir espliqil^r 'l'iuednnu par
l'itKConnu , on peut cependaiit déterminer jus-
qU'OÙ ^ ^oiït étendues les explorattonstdes peu-
ples de Faixtfquitë dans cette partie du^monde.
Oette redierehe n'est pas sens ulâité, puis-
qù'éHe aéhève f his^tow^ de ;touiies«^les décou-
vertes feites ju^qfu'ii ce jour ^ «t qu'elle complète
les renséignemeirfis que l'on a obtenus sur ce
sujet , et que nous ârrons eherdié à réunir dans
cet ouvrage. Mais nous avuns^enrec )Ui9l?e raison ,
différé cet %ycèmt^T^ jusqu'à ee qtie nous ^eusrions
mifi jMus les yeux des lecteurs toui les docu-
ments nUKlemês qui doivent leur seri^ir de base,
et donner de la précision et de la clarté à nos
interprétations.
TROISliME PA.YTfB. 347
11 <M «ne chroonstanoe qui 'oprpose actuelle'^
ment de gnnids obslaoles aux penptes > éclairés
tfoi seffaMent <iie ipënétner dans lUntétieur de
l'Afi^qoe^ c'e^t qû aucun d'eux ne possède, dans
celle partie de 1-anciea monde, asses de terri-
toire et asseB de farces miliftaîres pour faire resr
petier son nom et sa ipuis^ance. LesMiations ies
plos tiishes et ies pivs dnrilîsées de l'Àntiquiilé
oirt, au omtraîre, fondé de vastes états. dans le
jiovd de rAfrique, et ont pemiant long-* temps
Saàt fleurir daios KB Dégious ies sciences, les arts
et le oommeiice. ^Ues ont^donc eu, sous ce rap-
port, de gnùds amantages -sur las modernes.
On aundt toit nëannoiiis de ' conclu w de;là
que leurs «onnaissanoes sur J'JntéiwuF de ue
vaato commooC <mt été pltu» «tendues que Mes
notres.L4» notions de l'antiquîiliéont été gr^iades
et fAiissantcs leti ^Europe et en Asie; t^t cepen**-
<fent 'plns((db AariRoitîé de l'Ënrâpe «et plus- des
trois: quarts de d'Asie leur fiHKnt «oujouj^iin^-
rfiToamiiions vdonc ks^réeits des iûstorieiiis, et
ies^ deaGripli<msf des^ogvapbesgnees et ndmaîns,
Jes seuls qui nous «restent,* et 'voyons; jusqu'où
ife 'semblent porter ies 'lÎMoàtes des décoiftwéi^tes
dans l'intérieur de l'Afrique.
Kous nous arrêterons peu au passage d'Es-
348 REGHFBCffES S0& l'aFRIQUE.
chyle dans Pvométhée (i), qu'on a Méguéf
parce que son interprétation géographique, n'a
jamais, fait difficulté parmi les savants. Lorsque
Prométhée, enScjrihie et dans la région du Cau-
case, dit à lo de traverser d'abord la mer mu-
gissante , de franchir le détroit . qui sépare les
deux continents, et le séjour, des villes filles
de Phorcys, qui n'ont jamais aperçu les rayons
du soleil , ni l'astre de la nuit, séjour qui est aus»
celui des Gorgones, des Gryphes et des Arimaspes.»
il est évident que le détroit désigné par le poète
est le Bosphore Cimmérien. Quand Prométhée
dit enccM'e à lo : « Tu passeras dans une. terre
éloignée, chez un peuple noir, fixé proche les
sources du jour, aux lieux d'où sort le/leune
d'Ethiopie, » il est évident encore qu'il entend
lui prescrire d'aller trouver les «ources du Nil,
qui coulent eu Ethiopie, et qu'Eschyle faisait
venir d'orient, des lieux où nait le jour, et non
pas d^oecident Ainsi ce poète parait avoir eu une
connaissance confuse de Vjdstapus ou Bahr^d-
jâzreky et de ÏAstabùras ou Atabwa des mo-
dernes; mais il a ignoré l'exislence du Bahr^-
Abiad,qui vient de l'ouest. Prométhée, dans
Eschyle , ajoute immédiatement : « Tu suivras
(i) Prom. rinc, 806-811.
TROiSi:àM£ PARtIE. 34^
les bords du Nil jusqu'à la cataracte, où, du
haut du mont Byblis, il précipite ses eaux ma-
jestueuses et solitaires ; son coui*s te conduira
dans Tile triangulaire di Egypte, n II fallait èXrt
bien prévenu de Tidée du Niger ^ pour forcer
le sens d-£schyle au point de faire dire à Pro-
métfaée qu'il était nécessaire que lo tra:^ersat
le détroit de Gibraltar pour arriver^ aux cata-
ractes du Nil et au Delta d'Egypte; et qu'elle
allât chercher les sources du jour aux lieux où
le soleil se couche.
L'éclaircissement géographique de tout ce
passage- curieux d'Eschyle nous mènerait trop
loin; mais, je le répète, pour l'objet qui nous
occupe^ il suffit de remarquer qu'il ne présente
aucun doute (i).
Ajoutons aussi que le Nil, soit parce qu'il
traversait des contrées fertiles et à sol noirâtre,
soit parce qu'elles étaient habitées par des peu-
ples noirs , est quelquefois désigné chez les an-
ciens par le nom de Mêlas ou Niger : on en a
(i) La fausse interprétation de ce passage, qne je com-
bats ici^ est d*abord due à M. Dureau de La Malle , dans le
cliapitre xiit de sa Géographie physique de la mer -Noire
et de V intérieur de V Afrique, p. 97. Cest'dans cet ouvrage
que M. Bowdich parait Tavoir puisée. Voy. Essay on the
Geography of north'western AJrica y p9g®4l*
3.521 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
\Atbara ou Tacazzé et du Bar-el-^jébiad^ ou
jusque près de Shendjr^ où l'on met Fantique
Meroe avec beaucoup ^de vraisemblauce (i); et
ensuite, depuis ce point jusqu'au pays de Don-
goia, où, selon Browne et nos cartes modernes,
sont les sources du Nil, on trouvera.que Shendy
ou Meroè est placée juste au milieu de cette
navigation (a).
On peut donc conclure de ceci que dès-lors
Hérodote et les Égyptiens savaient très -bien
que des deux rivières qui formant le NflflsL plus
considérable est celle qui vient de Fouest. Ils
connaissaient imparfaitement peut-être, mais
enfin ils connaissaient le cours de cette rivière
by M. Leake; dans Burckhardt's TraveU in Nuhia, p. i63.
(i) Strabon (lib. xvii, p. 1177 ^) et Josèphe {Antîq.
jud.^ lib. II, cap. 10 ^ p. io3) disent que Meroè était dans
le yoisînage de trois fleuves; ce sont le Tacazzé ou VAtbara
qui est V Àstatl^ras ; VAbawi^ où XAstapus y et le Bahr-el-
Abiad qui est le Nil, — Voyez la carte de Leake dans
Bnrckhardt*s Travels , p. i63.
(2) Je remarquerai, en passant, que le .^naji»' RefHiell,
snr sa car^e^ établit quarante jours de marcbe en ligne
directe entre Schilluck et Donga , et qu'il a été .suivi en
cela par M. Purdy et M. Bowdich {Map of north western
uifiicay,a shuts, i8ao); mais Browne, qui est la seule
aatortCé,ne met qne trente jours de marcbe entre ces deux
lieux, royez Browne*s Travels\ p, 473.
TROISIÈME PARTIE. 353
jusque vers les lieux où nous plaçons Donga ,
où s'étaient réftigîés les.Jlutamoles ou émi-
grants, qui avaient fui la domination de Psam-
métichus (i), et qui se nommaient euxr mêmes
Asmach, Il parait qu'on n'ignorait pas que les
sources du iVi7 étaient eilcore plus au sud; et
rien ne nous prouve le contraire^ puisque nous
n'avons, pour placer ces, sources , que les seuls
renseignements obtenus. par Brownè au Bar-
Four.
Il résulte de ceci queJes Égyptiens du temps
d'Hérodote en savaient autant sur. le cours du
Wil que les modernes; et il n'y a pas lieu de
s'en étonner, quand on considère depuis com-
bien de siècles ce peuple était établi sur ce
fleuve, le culte qu'il lui rendait, le haut de-
gré de civilisation et la nombreuse population
de XEgfpte dans les temps ancietis. Pour recon-
naître le cours du iW/, il n'y avait pour les
Égyptiens ni déserts à traverser, ni dangers à
courir-
Il en était autrement pour les cinq jeunes Nasa-
mons , qiii , selon le récit d'Hérodote , seraient
partis"^ du voisinage de la Gronder Syrie , ou du
golfe de Sfdre^ et qui , après avoir voyagé à
■F
(i) Hei«dot.,lib. U,f^JL- 396-
a3
354 RECHERCHES SUR L'iiFRlQUE.
Touest et traversé des déserts, aq:ivèrent, dit-
on, dans une ville peuplée par de petits hoixiMes
noirs : ils virent aussi une rivière, dans hu
quelle il. y avait des crocodiles; elle coulait
le long de cette ville de l'ouest à F^est. Les
jeunes Nasamons retoiirnèretit sains ^ sau&
dans leur pays, et l'acontèrent ce qu'ils avaient
vu. Hérodote ne 'donne pas d'autre détail, et
n'indique *ni la longueur du chemin parcouiru ,
ni la quantité de temps employée* dans ce
voyagé ; ce qui laisse un champ libre' aux con-
jectures. Le major Renneli, Heeren, et plusieurs
autres savants à leur exemple, faisant l'applfca-
tion des renseignements, obtenus par les mo-
dernes sm* l'intérieur de rA6ique,onl prbnoncë
que la ville où s'étaient rendu! les jeunes Na-
samons était dans l'emplacement du Cachehah
des modernes, et que le fleuve qu'ils avaient tu
était le Niger on Joliba^ qui coule de l'omet à
l'est. Mais on ne s'est pas aperçu qu'indép^i-
dàmment de l'invraisemblance d'un pareil tra-
jet, exécuté par tinq jeunes gens, dans des
déserts inconnus , l'on contredisait , par cette
explication , le .seul renseigoemeat positif qui
nous est donné par Hérodote ; ^est la direction
du voyage vers Touesl!. Si donc ce voyage n'est
pas une fable inventée par ces mêmes Nasa-
TBOISIÈHE PARTIEt "S^S
ipons, qui,' après s'être rendus dans quelque
oaiis yoisine de IstGramle-Sjrriê^ auront eiltendu
parler du J\iger et des contrées situées au-delà
du Grand*Désert, nous devons chercher la ville
où ils se rendirent, à l'ouest du Golfe de ^dre^
et au s^ de V Atlas ^ dans les vallées de Tafilety
de Darah ou autres, où sotit des fleiives qui
coulent en efifet de louest à Test. Il pouvait
alors y exister 'des Nègres , que les progrès de
la population des colonies asiatiques et euro-
péenne ont fait disparaître, et repoussés au-
delà du Gçand-Désert.' Abouiféda place à Tex-
irrité de la Mauritanie un Lac des Nègres (i).
Qi^ant aux crocodiles, Strabon avait entendu
diire que 4e son teipps il en existait dans ces
contrées ; et eQes nous sont encore trop peu
connues pour pouvoir assurer qu'il n'en existe
pas. encore aujourd'hui. Strabopi dit aussi que
qi^ques - uns pensent que les sources du Nil
ne sont pas éloignées de l^Maurusie (a). Or,
on sait que la Maunusie ou Mauritanie étAit À
l'extrémité nord -ouest de l'Afrique, où est ac*
(i) Lacus Nigrorum est in uUimd Mauriûinid, in fer Kasr
jfbdei J^arimi et inter 3al», .magnus lacus. Abnlfed. Geogr.
(a) Slrab. , li. xvu ^ p. 8a6 5 tradncté franeaifte , t. V,
p. 454.
a3-
X
3S6 RECHSRCHES StTR L^^RIQVE,
tueNetnent Je royaume de Maroc , eu j compre^
nant les vallées de Darah et de Tafilet^cpk sont
au sud de VMlas; peut-être même cette croyance,
qui a été très-générale dans Fantiquité y que le
Nil avait sa source dans la Mauritanie , vient-
elle du récit d'Hérodote sur les Nasamons.
En effet Thistorien grec, après avoir dit que les
Cyténéens qui lui racontèrent ce voyage des cinq
Nasamons^ le tenaient d'Etéarque, roi du pays
où est le temple de Jupiter Ammon^ ajoute:
« Quant au fleuve qui passait le long de cette
ville 9 Étéarque conjecturait qiie c'était le Nily
et la raison indique que cela est ainsi : en effet
le Nil vient de la Libye et la coupe par le mi-
lieu; et (s'il est permis de former des conjec-
turest sur les choses inconnues d'aptes celles qui
^ont coniïues) son cours est paraUèle au cours
de Xlstef. Ce dernier fleuve, qui traverse aussi
l'Europe etia coupe par le milieu , a sa source
près de la ville de /^nè/î^/dans le pays des
Celiei. Les Celtes habitent au^elà des Chiennes
d'Hercule^ près des CynésienSj qui sont de tous
les peuples de l'Europe les plus reculés vers
l'occident. »
•'■ - ' -
(i) Herodot Màt,, lib. II, cap. 33, p. 3oi. — £wcher
(trad. d'Hérodote, t. II, f^. 27) a paraphrasé ce passage en
le traduisant; il a fait passer soû confnentaire dans le
texte.
TROISIÈME PARTIE. • JSy
Nous nous arrêterons un instant ^ur ^e ^^-
sagë important. To,ut le système géographique
d'Hérodote, pour la partie occideQtale de Faiir
cien monde*, s'y trouve renfermé : et , . comme ,
suivant nous, ce système a été, relativetnent
à cet objet , mal compris et mal exposé par
le major Rennell (i), nous allons essayer de
réclaircir en peu de mots. Nous trouverons
d'ailleurs, dans cette explication, une preuve
évidente qu'HérodoteMui- même savait que les
Nasamqps s'étaient dirigés a l'ouest, et que la
rivière qu'ils avaient observée était à l'extrémité
nordrouest. de l'Afrique.
Nous voyons, par les descriptions d'Hérodote,
qu'on ne connaissait que très -imparfaitement
de son temps la partie mpérieure du cours du
Danube et an Nil. Ces deux grands fleuves,
en Europe et en. Afrique , séparaient alors les
contrées inconnues et barbares des coaitrées con-
nues et civilisées. Cependant Hérodote croyait
avoir des renseignements plus certains sur le
Danube; il fait surgir ce fleuve des lieux voi-
sins d'une ville de Pjrène. , située dans le .pays
des Celtes. Il ajoute que ces Celtes habitent au-
4elà de^olonnes d'Hercule, près des Cynésiens:
mm, t ■ I I. .1 ■ I. ^ III ■ Il .1 il I , • ■
0
(i) Renneirs Geography ofRerodotus, i8oo, in-4*'.
3Sft ItJBCHEReHBS SUR l'a.FRIQUE«
il e&t certain par là que lesCjmésienshBbitSiieut la
province de Portugal la plus voisine du détroit
de Gié^/tor,G-est-à-dire les Jllgarves. Avieuus
et Justin confirment ceci, lorsque Fun nous
apprend que le fleuve Anus , le Guaâiana des
modernes 9 arrosait le pays des Cynètes^ et que
Tauttë nous dit que les Çynètes sont voisins des
Tàriesses. D'ailleurs le nom de Çuneus, qui est
demeuré à cette partie de Vlbérie, ne paraît être
qu'une altération de celui de Cynètes (i).
Le3 Celtes y qui sont voisins des Çynètes j et
qu*Hérodote indique au-delà des Colonnes d^Her-
cw/e, étaient donc les Celtes dé VIbérie dont par-
lent Strabon et Éphore, et qu'ils mettent près du
Bœtis ou Guadalgumry près de la Giiûdiana et
près du Tage (a). Ceci prouve qu'Hérodote,
dans l'ignorance absolue où il était de la j^tie
occidentale de l'Europe, confondait ensemble
et dans une même chaîne les Alpes ^ les Pyré-
néen et les hauts sommets des montagnes de
V Espagne , et qu'il prolongeait cette grande
(i) Avienus, Ora maritima^ vers «oo. — Justin. Ifislor.,
XLiv, cap. IV. — Schiichthorst, Ueber den Wohnsiz der^y-
nesier, 179H , in-ia, Gottingen. Le major Rennell contredit
foimeUement Hérodote et tonte l'antiquité quand il place
les Çynètes dans la Gaule.'
(a) Strab., lib. m, aft3 b, et lib. iv, 3o4 b.
TROIS^IÈHE PARTIE. ÏSg
chaîne jusqu'à la Sierra Nevada , près des Co^
formes d'ffercule (i). Hérodote ensuite raisonne
ainsi: Si le Danube j qui vient de Fouest, et qui
divise l'Europe en deux portions, a ses sources
dans les montagnes voisines des Colonnes d'Heh
cale, et les plus occidentales de FEuropé, leiVï/,
qui vient aussi de Touest, et qui coupls. aussi
la Ubjre par le milieu ^ doit venir . également
des montagnes voisines des Colonnes d'Hercule,
et les plus occidentales de \ Afrique. Hérodote
croyait donc que la portion du Nd visitée par
les Nasamons^ était à l'extrémité nord-ouest de
l'Afrique, et dans une des vallées méridionales
du royaume de Maroc d'aujourd'hui ; et nous
en devons conclure que ces vallées étaient de
ce côté la limite des connaissances de son temps
sur, l'intérieur de l'Afrique.
Plus à l'orient, Hérodote parle àiAugilès (i),
où les Nasamons menaient leurs troupeaux :
c'est ÏAugela des modernes. Hérodote fait aussi
mention du pays de Jupiter Ammon , qu'on
(i) Le nom de Pyrène a été donné aussi dans Tantiquité
«nx AJpes^ et pentrêtre il signifie montagrie dans quelques-
nnes des langues des s^Y^vages primitif^ de FEnrope. — ^Voy.
jinalect. veteK poëtar, Grœc^^ t.r H, p. 4o8« — Arist. Me-
kioroiogic,^ Kb. ii, cap. iB, p« 545 d,
(a) Herodot. Hisi^j lib. iy, 17^; ^ II9 p- 3i4.
36o RECHERCHJES SUK x'aFRIQUE.
croit être Siwahj et enfin du pays des Gara--
mantes (i), sur lequel nous reviendrons, vais
qu'on ne doit pas placer plus au sud que le
Kaouarj entre les oatâi proprement dites et le
Fezzan. Telles me paraissent avoir été l'étendue
et les limites des connaissances dans Tintérieur
de rAfrique au temps d'Hérodote.
Je n'ai point à m'occuper de l'expédition de
Ptoléroée Évei^ète , dont on a voulu étendre
le théâtre d'une manière démesurée (a). M. Sait
a très -bien démontré que la portion àt l'ins-
cription XAdulis (3), qui a &it croire à cette
expédition de Ptolémée Évergète, n'est point
(i) Herod. HUt.^ lib. iv, 17$ ; t. H, p. 366.
(*) Carte représentant V intérieur de V Afrique et les routes
qu'ont suivies dans leurs expéditions les conquérante grecs et
romains^ par J.-N. Bnaclie ; et Géographie physique de la
mer Noire, de l'intérieur de V Afrique et de la Méditerranée,
.par M. Dnrean de La Malle fils , chap. xii, p. 88.
(3) Cette célèbre inscrîptioii fat d*abord pnbliée par
Léon AUatius, d'après on manuscrit da Vatican; Rome,
i63i, in-4* de hnit pages. Berkelias en 1672, et Spon en
i685, la réimprimèrent d'après Allatius. Meldiîsedecb The-
Tcnot la donna dans sa Collection de voyages, d'après npe
copie faite par Bigot, dans le mannscrit de Coamas, qai
se trouvait à la biblîolbèqne de Florence. Enfin Montfan-
con imprima, en 1706, tout Tonvrage de Costnas, on elle
se trouve , dans sa CoUectio nova Patmm.
TAOISIÈME PAÏTIK. 36i
relathe à ce roi; qu'elle est d'une date beaucoup
plus récente (i), et qu'elle retrace les conquêtes
d'un roi d'Abyssinie, sous le règne de l'empe-
reur Constance , vers le milieu du quatrième
siècle'; enfin les recherches de M. Vincent (i),*
aussi-bien que celles'de M. Sait (3), ont prouvé,
d'une manière irréfragable, que ces conquêtes,
quel qu'en soit l'auteur, ne se sont pas étendues
au-delà de XAbys$ime\ et des montagnes qui
(i) Spanheim ,yo8siu8 , Vaillant ^ ont cru à ranthenticité
de ceUe inscription. Valckenaer (i/z CatuUi Caîlimachum^
p. 90)^ et M.'Gossellin {Recherches sur la Géographie sys^
tématique et positive des Anciens^i. n,p» aa7-a3a),ont tous
les deux pensé qu'elle était supposée. Le premier a fondé son
opinion snr le pen de correction du siyle ; le second a vn
un anachronisme dans la date qui la termine. Ayant que
M. Sait eât trouvé une inscription semblable au second
fragment de Tinscription à!AduUs^ on ne pouvait soup-
çonner que ce fragment appartenait à une inscription -toute
différente du premier et beaucoup plus récente; ce qui %
fait disparaître Tanacbronisme, et fait connaître la cause dé
rincorrection du langage.
(2) Vincent , The Commerce and Nangatîon ofthe An-
dents in the indian Océan y 1807, ÎB-A*** t. I, pag. 3 et
53i à 55o.
(3) Sait, dansTalentia, Voyages and travels ^ 1809, in-4®,
p. 181. — H. Salt's Voyage to Ahyssinia^ p. 4" à 4^3. —
Lettre de M. Sylvestre de Sacy dans \ts Annales des Voyages^
t. XII, p. ^lo.-^ Voyages en Abyssinie, par M. Sait, i8xa,
in-8% Genève, t. II, p. aa5.
36l RECHERCHES SUR l'a^ERIQUE.
la bornent au sud et à Fouest, puisqu'on re-
trouTê encore Rnjourd'hui renfermés da^ ces
limites, et presque sans altération, l^s non»», des
lieux dont il est fait mention dans l'inscrip-
tion (i).
Le récit de la navigatien d'Hannon le long
des cotes occidentale^ d'Afrique est peut-être
trop vague -pour être 'assujetti à une analyse
rigoureuse ; mais quelle que soit l'étendue qu'on
veuille lui donner , il est bien certain que les
résultats en furent oubliés après la cbqte de
l'empire des Carthaginois : les exploratiôos des
Romains de ce côté ne s'étendirent pas au-delà
;de la rivière de ISoun^ ou le Bamhotus fiuvius ^
et sur la cô(e orientale jusqu'au cap Braya ou
rPrasum PrmnorUorium (2). 2e n'ai point d'ail-
leurs à m'occuper des découvertes par mer,
y
■ > I ■ I ' * ■■ I ■■ ■■■ ■ ■■lHllWll I ■
(1) Ces rapprochements solkt indubitable^ : Seménéy
que rinscription nous indiqne au milieu de hauts somniets
toujours couverts de neige « se re€rottT:e ^ans }^ mputagiies
de Samen , que M. Sait a vues lors 4^ son second voyage.
Ag0me est encore aujourd'hui un district imp<^rtant de la
province de Tigré» Ava est Adewa^ près du district à^Axum»
Tziamo se retrouve dans le Tzama de la carte de I^dC; —
Voyez Sait dans Yalentia^ t. III, p. 197; et Vincent» t. I,
p. 541.
(a) Gossellin, Recherches sur la Géographie ^siémaiique
et positive des Anciens ^ t. I, p. 119 et 198.
TROJSlà]krB PAETIE. 363
dont les progrès rapides n'exercent souTent
qu'uiie influence indirecte sur celles del'inté-
riepr. C*ést par cette raison que je n'ai rien dit
du voyage des Phéniciens qui, partis de la naer
Rouge, auraient Êiit le tour de l'Afrique, et
seraient retournés en Egypte en passant par
le détroit de Gibraltar, Hérodote (i), qui fait
mention de ùette navigation, ne la regarde pas
comme croyable ; et , soit qu'on la considère
comme réelle, soit qu'on la regarde comme
suppos^ée, elle n'eut aucune influence stir les
découvertes futures , et sur- tout elle ne fait
rien à i^otre sujet. Les Portugais, dans le
quinzième siècle ^ avaient exploré toutes les
càtes .d'Afrique , et en avaient tracé des cartes
assfez exactes^ et l'intérieur restai et reste en-
core à décoiiyrir. Les côtes de la Notasie on
NouveUe ' Hollande soiit peut-être dessinées
avec plujs» d'exactitude et de soin que celles de
l'Afrique, et même que celles d'Eittape; et,
cpioiqne la plus- riche et la phis puissante des
nations du globe y domine depuis long-^mps
seule et sans rivale, cependant on peut dire,
qqe, malgré quelques découvertes récentes,
l'intérieur de cet unique continent du Monde
maritime est totalement inconnu.
- ^ ' . ■■ .
(i) Herodot. HisU , lib. it, 4^ ; t. II , p. aS3.
364 RECHEBCHES SlTR l'aFRIQUE.
Depuis Hérodote jusquà Strabon, c'est-à-dire
pendant quatre siècles et demi*, les connaissan-
ces géographiques dans Tintérieur de l'Âfinque
paraissent n'avoir £aiit aucun progrès.
Strabon (i) décrit assez bien, d'après Éra-
tosthène , la partie supérieure du cours du Nil;
mais au sud il ne nomme rien au-delà des
Exilés dont Hérodote a parlé, et qui, même
au temps d'Ératosthène , semblent s'être rap-
prochés ai Egypte^ et n'étaient pas seulement
désignés sous le nom àiAvtomoles^ mais aussi
sous celui de Sembrites (a). Strabon (3) définit
bien -les aucLsis ou oasis : « Les Égyptiens ,
dit-il j donnèrent ce nom à des cantons ha-
bités qui, environnés par de vastes déserts,
ressemblent à des îles au milieu de la mer.
Ces auasis sont nombreuses en Zi^e; il y en
a trois voisiifes de Y Egypte^ rangées sous son
gouvernement. » Ces oasis ^ quoique moins bien
connues des modernes qu'elles ne l'étaient des
anciens, sont cependant indiquées sur nos car*
tes, ^ plusieurs Européens y ont pénétré. L'in-
scription trouvée récemment par M. Caillaud
*
(i) Strab. Geogr. y lib. xtu, p. 786; trad. française,
t. V, p. 3o6.
(a) Ihiél.y lib. xwiij p. 786 ; tiad. t. V, p. 307.
(3) Ibid.^ ?• 791 > trad. franc., t. V, p, 3a7-
TAOISIÈHE PARTIE. 365
dans Tune d'elles (i), est un décret relatif
à l'administration de V Egypte en général, et
confirme ce que Strabon a dit ; mais ^ ainsi que
le passage du géographe grec que nous venons
de rapporter , elle ne contient yien qui supposé
dés connaissances étendues dans l'intérieur de
rAfrique (â). Les Éthiopiens de Strabon sont
donc évidemment des peuples de la Nubie et de
YAhyssinie modernes (3);
Examinons avec soin sa description de la
Libye , parce que. c'est dans cette partie qu'on
doit trouver toutes ses connaissances sur Fin*
térieur de l'Afrique , puisque la Libye y dans Stra-
bon et chez la plupart des anciens , signifie
toute l'Afrique , hors X Egypte (4).
A Toccideot, les peuples les plus reculés de
l'intérieur dont il fas^ mention sont les Nigrites
(i) Cette inscription est gravée sur le pylône du grand
temple de Toasis de Khardjé, et donne à cette oofis le nom
A*Om& de la TAéharde. Strabbn dit que ce^te oasis est la
première des trois qu'on trouve en Libye. Geogr.y life. xvii,
p. 8i3; trad. t.V, p. 416.
(p) M. Letronne , qui prépare un grand travail sur cette
inscrîjption^ m'a affirmé ce fait.
(3) Strab. Geogr.y lib. xvii, SaS; traduct. franc,, t. V;
p. 443- .
(4) Jbid.y lib. xvu, p. S26; tnid. franc., t. T, p. 453,
366 RECHERCIIBS SUR l'aERIQUE.
et les Pharusiensj qui, selon la tradition , dé-
truisirent les établissements que les Tyriens
avaient fonnés sur la cote d* Afrique. Ces peu-
ples, d'api:ès Strabon, soht à trente, journées de
Unx ouiLm^^^que toutes les distances données
par les anciens, et surtout par ritinëraire d'An-
tonin (i),' démontrent avoir été àMè sur la
oftje de l'état de Jifaroc, ou est actadlelneat
EUArvisch ou Larache^ sur la rivière Lotos,
La distaoce donnée par SUabon .^tre ce lieu
et les Nigriie^ on les Phamsims^ prise, au sud-
ouest ou au sud-est , nous porterait; soit à TûM
ou Jàha^siQùX. dans Tétat de Sm^ soit \ Tafikt^
ou tout au plus à Draha : et ce v[ai confime
que ces peuples ne peuv^it être placés plus an
sud, cest que Strabon dit que les Phmvsiens
et les Nigrites sont voisins des Mauru$iens et
des Éthiop0fns occidentaux» c'est-à-dire de
Maroc et de la rivière de Noun. A la véiité il
ajoute que ces peuples ne communiquent avec
les Maurusiens que par le déseM^ qu'ils traver-
sent en suspendant sous Je ventre de leurs die-
vaux des outres pleines d'eau. Mais les com-
munications entre Maroc ^ TafUet^Tatîa^Akka^
(i) Antonini Itmeretna\ edit. Westfeling, p. 8, 7, 6, 3
el a. — Sirab. , lib» xvu, p. %%'] - 939.
TROISliVE PARTIE. ^67
et suT^Mu:tDr4ihb^sant encore aujourd'hui assez
rares : elles n'ont guère lieu que par le moyen
des caravanes , et l'oirest obligé de traverser des
espaces stériles et de se pourvoir d'eau douce.
Ainsi' dbnc les connaissances géographiques,
du teiDp»*^e Strabon, paraissent s'être, arrêtées
sur les linûtes septentrionales du Grand -Désert
de Sàknrày ou ont franchi de bien peU céfle
limite. *.
Possidon^is dit que la Lihjre n'e^t arrosée que
par de petites rtitièl^es^ et quencgre elles sont
en petit nombre (i); et Strabon remarque que
cetf^ assertion doit surtout s'entendre < de. l'in-
térieur, preuve bien certaine qu'on ne soup*-
çonhait pas alors l'existence du Jpliba ou du
Niger et des grands fleuves qui arrosent le
Soudan. •
,Du côté de l'orient, les peuples les plus re-
culés de la Libye dont Strabon fasse mention ,
sont, comme dans llérodote, les Garamantes^
d'où l'on apportait les pierres nomihées cartha-
ginoises, qui paraissent avoir été des grenats.
Strabon s'exprime, au sujet de ces peuples, àe la
manière suivante : » On dit que les Garamanêes
sont éloignés de neuf à dix jouri^s de route
(i) Strabu, lib. xvu, p. 8^9 ; trad, franc., t. V, p. 464.
366 RECHERCHES SUR l'aFRIQDE.
des Éthiopiens qui habitent 4e long de l'Océan ,
et de quinze journées" du Temple de Jupiter
Amman (i). » ' '■
Strabon précédemment a soin de nous ap-
prendre qu'au-delà des contrées qui bordent la
Méditerranée , l'intérieur des terres 4^n Afiique
est montagneux et désert, et qu'il est occupé par
lés Gétules (21) ; puis après il dit (3) : « L'intérieur
des terres, pays stérile, au-dessus de la Grande-
Syrie et de la Çjrrénaiqite , est;<lu^té par les
Libyens : on ^ouve d'abord |ts Nasamons , puis
quelques tribus de Psylles^ dé' Gaules et de
Garmmantes. Plus à l'orient encore soi^q|es Jfor-
maridesy voisiçs en grande partie de la Cyré^
naiquey et s'étendant jusqu'au Temple d* Am-
man. » Il dit encore': « Ceux qui habitent au
fond de la Grande-Syrte ne mettent que quatre
jours pour se rendre au Jardin des Hespérides^
en suivant la direction du levant d'hiver. <7^t
au-dessus de ce canton qu'est le pays qui pro-
duit le silphium ; et plus loin est 119e contrée
inhabitée, puis celle des Gommantes. » Enfin
il ajoute (4) : « Nous ne pouvons connaître la
(i) Stndb. , lib. xtu, p. fôS ; trad. franc. , c V^ p. 480.
(2) làid,^ lib. XYii , p. 829; trad. t. T, p. 464.
(3) Ibid., lib. XVII, p. 838; trad. t. V, p. 489.
(4) 16û/.y lib. xYUy p. 8^1 trad. t. Y, p. 490.
^ ^* TAOïsiilHE fartïï:. • 369
tqtalité dé ces* pays, à cause de plusieurs déserts
qui les séparent. Par la mém^ raison, on ne
connut pas les contrées au-dessus du Temple
d'Amman et^ des, oasis jusqu'à VÉthippie : aussi
ne saurions -nous dire *tiettement quelles sont
tes boixie^ de Y Ethiopie et celles d*e la Libye ,
pas même de la partie quj avoisine X Egypte yk
plus Jorte- raison^ de celle que baigne l'Océan. »
C^ passage éclaircit très-bien ce qu'il y a «n
apparence (|k)bicur et de contradictoire dans le
premier sur les GOrafnàntes, Si'^'O'^ suppose ,
comme cela* ^st probable, que Siivah est \ Oasis
i^^mmàh^ la mesure de quihze journées nous
porte dans le Kapuar, pour le pays des Gara--
mantes j qui i^t^dront jusque près du pays du
Zalahj des géographes arabes , lequ.el convient
à la position du Jardin des Héspérides (i); mais
coiipne y dans l'idée de Strabon , tout le pays au
sud de la Libye et de YÉgypte étsàlV Ethiopie,
contrée inconnue,on plaçait les jé/A/o/?2e/w ocei"
dentaux au sud' des Maurusiens et «{es Gétuîes,
et \t% Éthiopiens orientaux dans la Nubie et au
sud de VÉgypte:\je Kaouar se trouvait environ à
dix journées de distance vers Toùest, op est utie
autre oasis, habitée aujourci'hui par les Tibbous.
(i) Voy. la Carte d Afrique- àe M. Purdy, 1814.
« 24
3<70 REGHtRCHES fttfft LAFRIQXfc.
Stnibon désigtie|Ces peuples par le nom ^EihUh
piem ; et pour qu'on ne les confonde pas avec
les Éihiopienfj plus cÎTilisés , pihs connus et plu»
célèbres dy midi dé X Egypte yA dit en parlant
de la situation des GaAimantes : Ils sont à dii
journées des Éthiopiens qui habitent le long
de l'Océan ou des Éthiopiens occidentàast.
De toute cette ^îseussiop il ^résulte bieiii évi*
dtmment que les connaissances géographigues
au temps de Strabon n'ont pas ^nchi de beau-
coup les liati|^s du Grand-Bésert, et qu'on ne
parait même pgs alors avoir soupçonné l'exis*
tence des contrées- du Soudan. Pour tèule {^-
sonne familiarisée avec la'géo^pMe ancienne,
cette vérité ressort du seul rapprodiement des
textes dont nous avons rapporté hi traduction;
et le peu que dit Pomponius Mêla sur oé. sujet
confiitne l'nposé fait par Strabon ^f ). ^
Afek place aussi les sources du Nil chez les
Ethiopiens occidentaux. Ils appellent, selon lui,
'■>■"■■■ ■ i. ■ ■■ ■■ .^ ■ I
(x) Po«ii{>o]iu Mêla , de Situ oMs, lib. i^ cap. 4 et cap. 6,
edit. Tachackii, 1. 1« p. 6 et 17. Les Gar^muntes sont tou-
jours mentionnés par ce géographe comme peu éloignés des
^ugilœ^qm est VAugela des Modernes. \je%Blemui^ sont
sans tête , et dont le visage est sur la poitrine , étaient pro-
bableiriimt les habitants de cette partie du d^^ert aojonr-
d'hui nommée BUma. Au liy. ix, chap 10, p. X07, Mêla
place les Nigrùes non loin des rivages de la Mauritanie.
1
TROISlÈi[£ PAÏITIE. ' 371
ce fleuve Nuchus^ ce qui ^ajoiHe-Ml, parait être
le mime nom que Nilus diffëreitiment prbtiôncé
•par ces barbare!$ (î); et selon !e témoigtiage
d'Ethicus ce fleuve à sa source se nomme Dora.
Chi sait«qu'une rivière c<5ïinue desliioderfaeft sous
ce tioni existe immédiatement au sud de Vj4tîas^
c'est ^- dire dans fancieiine Ethiopie occiden-
tale (a).
Cependant .les Romains , à qui l'espace man-
quait pour cb«quérir, portèrent leurs armes
jusque dans les br&lantes solitudes de l'Afrique
et au-delà du mont Mtas; mais leurs invasions
ne s'éteridirent pas plus loin que les contrées
déjaf eoniiués^ et doni nous ai^ins fixé les situa-
tions stir la limite septentrionale du 'Grande
Désert! Fliiie e&t le seul qui nous ait transmis
quelques détails sur des expéditions des Romains
dans rintéHeur de l'Afrique; et ce qu'il nous dît
est si clair, qu'il ^st difficile de concevoir com-
ment son texte ^^eul n'a pas suffi pour rectifier
les idées des savants, que la comparaison des"
découvertes modernes des Arabes et des Euro-
péens avec leB textes des anciens a égarés.
» f — ' ■
(r) Pomponius Mela^ de Situ orbis^ Itb. m, cap. 9; t.^I^
p. Î06.
(2) Aethici Cosmographia^ààii%Vomj^omM%Mi^^ çdit.
Varior., i72a,p. 726.
. - ^4.
37a RBCQERGHES StTR l'aFRIQUE.
Viitie nous apprend que Sueïonius Paulinus,
qui^ut consul romain en Fan 61 de ISère j^iré-
tieime , est le premier des généraux romains qui
ait franchi XAtUts : parvenu 'à son *sominet,
ce général éprouva un grand froiâ; ensuite,
après dix campements, il arriva sur lei bords
d'un fleuve qu'on *nomme Ger^ ou (seloir q[uel-
ques manuscrits) Niger (i^ Il pénétra ainsi chez
les Canariens et les Perorses, qiji sont voisins
des Éthiopiens,
Mes lectetrrs savent déjà , d'après Ibn-Batouta
et Ibn-Hassan, qu'on prouve un grand £roid
sur le sommet du mont Atlas, sur-tout da côté
de la vallée de Tafilet ou de Sidjilmessai et l'iti-
néraire dlbn-Hassan nous apprend qu'il existe
au pied du mont Atktë un limi nonimé G€ts\
situé sur le fleuve Z/z, qui arrose la vallée de
Tafilet. On pourrait donc conjecturer, avec
beaucoup de vraisemblance, que le fleuve Ger
ou Niger de Pline n'est que le fleuve Ziz; mais,
dans tous les cas, il n'est pas possible ^'étendre
très-loin,dans l'intérieur, le pays dés peuples chez
lesquels Saetonius Paulinùs pénétra après dix
jours de marche. Aussi Pline a-t-il soin de nous
dire que Suètonius Paulinùs ne s'avança au-delà
du xaovX Atlas que de quelques milles seulement-
Ci) G. Plin. Nat, Hist, , lib. v ; I, p. a6o.
* TIlOISIÈ]|^E PARTIE. SyS
Transgrçssus quoqûe Aîlantem aliquot miUmm
spaim (i) ; "et dans un autre^passage qui précjpde,
il place les Perorses près des Pharusiens^qm sont
voisins des Gétules Duras de l'intérieur des terres k
ces derniers paraissent être les habitants, du pays
de Dawah de» modernes. Pline ajoute qu'ils ont
pour yoimk'&\e%EthiopïemDar{Uites€\px habitent
le rivage de la mer et les rives dfi ûeavé Bttmbotus
ou la rivière de JVoun (a). Indépendamment du
nom de Daràh , donné par les modernes à une
vallée au sud de l'Atlas, Ëdrisi et Aboulfeda
donnent les noms de Qaran à toute la partie
du mont Atlas qui est au 3nd de l'empire de
Maroc {y). ' ' .
Les Nigrites sont aussi placés par Pline près
des Daratites^ des Pharusii .et des Éthiopiens 4
et le Nigris fluvius du naturaliste romain y qui
borne la Qémlie au sud, et qui divise l'Afrique
de YEtikiopie\f ne peut se trouver que dans la
rivière du Darah^ ou toute autre «au midi du
mont jàdas : en efiet, quoique Pline fasse-sortir
(i) Ibid.^ lib. y, cap* i, 1. 1, p. ^60, edit. ]Pranzii, 1778 ,
Lipsise.
(a) Voy. Gossellin , Recherches sur là Géographie syS'^
témaiique et>po$itive .des Afidèfts^^.ly p. lia à 11 3.
(3) Ëdrisi Geogr, Nubiens., part. I, qliiii.at. ta, ]»; 75.
— Abulfed. Geogr, i/z JBiiach. il/<d^a;s. ,4't. lY, p.'i78.
374 RECHXIieH£3 SPR L'Aj^RlQIf £.
k NU de cette rivière ^41 dit cepeadatft qu'elle a
seé ftotuces-dans le» mootagoes de Jf<icinâa/2i^ (i).
Tout prouve donc que }es coRuaisssoices géo-
g^rapfaiquto de» Romains, au te^ips de Pliue, joe
se sont paa ét«llduee,au nord-oiiest de l'Afrique^
beaucoup au-delà do, mont :é^$lé^ et dea eRtré-
initéa sepAentrioBales du Grand-Disert
Yera fest, le texte de Mii^e détefmîne jes
bmitea de oes ecmnaissancès d^alie manière au«$i
• précise. En effet, il nous afqprend Ijue Cornélius
Balbus porta la g^^re chez les Gar€mianies^
et s'empara de Gca^na^ leu^ capitale,, 'et, sw
sa route, de Cydarnum et de Pkasania (tl). Quel-
ques pages auparavant, Pline nous appMnd que
ks G^ramctnies soQt à 'douze jours de mardie
^ ^jiH^ies (3). Une^ route traeée droit au mi^,
sur la carte de M. Purdy^ et qui part d'^^y-
gehj colfipt0 dix journéea de rçute fti^u'à Bçwr-
gouj che^ieu des Tibbous; deux jpurs de maiN^ke
de plus conduiraient dans le K^oué^r^ où I(éro-
dote et Strabon m&m ont t^ja feit cçi^^ectaFer
(i) Plin» ]S[ai. Hist.,l\k. V , 4; tvW» p. «94^ Plwc pro-
longeait ces montagnes jusque chez les Blemii, dwa* U
êésert AeBUtHi^ y iih. y y i,
(2) Pliaii, jAb/. Mist.^^* rf%. U, pu 3j|i^, e4iu FT9mà^
Lipsift, 1778, mrd^.
(3) Plmii, iViii. ifïjr.> l*w V I 4 > t. II, p. i$5.
qu'on doii placer la j^gion d»& Cw^mamies., La
carte de M. Purdy s^asque 9ur cc^te route utik
va^e forêt et eo^Ue ua désert. Pline dit que
quaiyl on ae rend à'jlugiies chez les Garamante^^
on *traverie des forets reixi{>lies 4e bétes féroces
et eB3Pite des- déserjts* Mais ces circon^an^ea
ne sont^pas les seules qui démontrent les limites
iflf^ uoiA» assignons de ce côté aux compa^fiances
géographiques dea Bomains. Lorsqu'on esl fa*
onlinrisé; aveè la géographie de cette partie- de^
l'Afrique, on reconnaît facilement CydamW9t
dans Gàdomès des' modernes^ PAa5a.^i4i re^o
dans la contrée du Fezzan , et dans TahiâÀurn
i^p^m la viUe de Tibes^ chez les Tabous
du Fezmn. Le Mons Ater àe Pline (i) nest
pas le désert du Haroudjé qm'a traversé Hoiv
awaann, comme le oroit Rennell (a), mais les
monts i^re, qw sont \m prolongement de yjt^
ias au midi d\Fez»,an. Le mont Gj^ris de Pline,
ou le Gfrgiris de Ptolémée , est la prolongation
4^ cette même chaîne au sud des Tibbaus et du
pajs diJugeUk. La ville de Garajim n'est pas
Yerrrmh du Fezztm^ comme le croyait le major
Eennell , mais Qherma d'Édnsi placé plus au
(i) Mons JMr nostri^èittus, ^Kn.iVbr. BisU^ lib/v, 9.
(2) Rennell dans UorrtemanrCs Travèls*
i'JO RECHSRCPEft SUR LABftt^^^E. •
midi et dans le Kaouar^que je crois , avec M.- Dur
Andi (i), plus rapproché* du côté de Fouest qu^
ne l'indiquent nos cartes, et qu'on doit mettre
immédiatem^ent au sudest du /(0zzâ^(i). Enfin
le Gjrr qui , dans Ptolémée , arrose le pays des
Garamantes, le Gjrrnotfssùnus ctmms, Ethiopum
de Claudien, qui, né et élevé en Egypte, était
Csimiliarisé avec la géographie d*Afiique, nous
parait être la rivière GugUy dont oous né con-
naissons pas Uen le cours , mais qui ^st men-
tionnée par Édrisi comme coulant vers lé sud,
et ayant sa source dans les*montagnes qui sont
au sud âi^ugelak (2). Eiïfln , au-delà du pays die
KcLouar ou des Gar amantes ^'Wlxï^ ne connaissait
que les Blemiij ou les habitants du désert de
Bilma; et on peut dire quHl ne les coanaissait
que de nom , puisque, avec Mêla, il les dépeky;
comme ayant le visage sur la poitrine. Ces contes
absurdes marquent que là s'arrej^aient les con-
naissances réelles.
Lors même qu'on prouverait que je me suis
trompé dans plusieurs des noms anciens et mo-
dernes que j'ai fait correspondre , il n'en sera
pas moins démontré, par l'ensemble de ces rap-
.(i).Durandi «Uns. \é& Mémoires de V Académie de Turin
pour les années, idioS à 1808 ,10-4°^ 18 19, p. si8.
(a) fidrisi daos Hartman, p. iB?.
' TROISIÈME PARTIE. 377
pA>dheinents,que les connaissances des anciens,
'dans Tintérieur de FAfrique^ ne s'étendaient pas
au-delà des limites que je leur ai assignées.
' En effet, Pline ne parle des conquêtes de
Sueibnius Paulinus que dans une sorte d'aj^-
pendice à la description de la Mtmriianie; et
il met les conquêtes de Cornélius Balbus au
nombre des dépendances de la Cyrénaîque.
Nous lisons dans Tacite et dans Florus ( i) que
tè& Garamantes s'unirent aux Qétules et aux
Numides d'un côté, et de l'autre attx Ma^tma--
rides , pour £sâre la guerre aux Romains ; donc
A&s Garamantes étaient situés entre ces peuples,
c'est-à-dire dans leRaouar: et comme les Ro-
mains , ainsi que nous l'apprennent Strabon , la
Notice àt l'empire (a) et les monuments récem-
ment découverts, avaient soumis \es oasis de
Baknasa et de Khardjé, ou les oasis proprement
dites , au gouvernement de V Egypte , les dispo-
sitions hostiles des Marmarides^ des Garamantes
et des Gétules, empediaient les communica-
tions directes , et entravaient le commerce entre
l'Egypte supérieure, la Cjrrénaîque et l'Afrique
proprement dite , la Numidie^ et les autres
(x) Tacid AnnaL\ lib. m et lié. iv. — rFlor., lib. iv^ c. la*
(a) Strab:,lib. xvn,p. 791. — V^ncïtjù^ ^ Notkia dignit.
utriuêq. io^rii^ ïaMio^ i6aS, p..3o4i-
378 R£CH£&CH£^ «UR LAFRIQUE.
parties de l'empiré romain (i). Sous ce rappcori
les conquêtes (}e Coro^ins BaUw^i^ur ce$ tribus
sauvages étaient d'iHie graad^ m^KHta&ce, et; 1^
valurent les honneurs de ee trioniphe dontptine
a décrit la splendeur (a). Cetl^ ro^e du Om»*
inerce entre la Hautes gjrpte et les parties 4m&ar
taies et septtratrionales 4e T Afrique étaif conjaiie
et pratiquée depuis bien lQng*tenfps,puisqu'^lU^
est décrite par Hérodote» qui dit que de la pfo*
vince de Thèbes- en. Egypte on Ivaver^î^ît^^pi^
dix joors de marche , lé pays des /émmoniens,
d'où Ton se repdait à udugiks^ habité par les
' Nasamons; ensu^e^ après dix jours d^r^^aietbci»
chez les Garufnantes^ et de là, plu$ à l'ouest^
chez les Troglodites éthiopiem y hs Jttarofit^
et les filantes. Ce passage d'Hérodo^ ccyiifir*
merait au besoin tout ce ^e ncms v^ioi^s de
déxnontror sw lies limites des connais^^aiiçe^ à
l'époque où Pline a écrit (3).
.■»■■■■„■■ — ,■ .1. < ■■.>.i ii»..wi..n»i, m» » inni j wf». ,. ,1 I. ■ 1 , mfft»mt**
(i) Le commerot ^H/m^ t^ciît Hw^ par h i^oj^q^ àfi^
caravanes. Siliiia Itali^us garle i^Jlmmon le Comuy plaoi
parmi les tristes Geunmantes (lib. lu , vers 11), et Lacain
(lib. ix) donne à Japiter Aminon le titre de Garamantique;
ce qui me fait présumer que Voasis d*Ammon notait pas à
$Ù¥ah, laa^ qa^on trotirera im jour son empiaceiBisst sur
là roule ikt ooià .d'Égypêt an il^aauêw.
{%) Plia, , loc. tffoat.
(3) Herodoti HisL^ liiu vfy aSi - i^ô ^ t. II , p«» Syi. €s
TROI$Iji(M£ PARTIS. 3)^
On pourrak objecter encore que Pline, aussi*
bien qû'^ér^ote, fait mention de crocodiles^
d'hi{^K)potaiïies et d'élépbants, et que ces wi-
^laiix , {aujourd'hui si coroKUfis ^aafi la Sémé^ ,
gambie fi le Soudan , ne se trouvent plus dans
1^ contrées que j'ai désignées. Je répondi^i d#
nouveau qu€i ces contrées noua scoat trop peu
ooD&ues 4>our pouvoir -asjsurér' qu'il ne s'y
ttouve pas encore des hippopotames et de$
éléphants ij'&k rapporté des témoi^ages qui
preuve&t que ces ai^maux existaient au noixl
même du mont ^*^&i^, dans des siècles pos^
térîeàrs aux Romains; et lorsqu'il n'y en au*
rait pïhiâ aujoutd'huî, cela prouverait seulement
que l'invention des armes à feu , et les cojoi**
quêtes des Arabes , chasseun et guerriers par
nature , et moins renfermés dans les villes que
les peuples di'ongiire phémcienoe, ^eeque ou
romaine, les auront fait disparaître entière*
loent. 'César ( i ) nous est t^émotn que l'élan
el >FauFoohs étaient commims dans les feréis
de Ja Gaule et de la Germanie. D'après un pas»-
qu'ttérodote dit des Ammoniens semble démontrer aussi »
eotatae nous mettons de le dire, que Voasis d'Amman. nt
devrait point être placée à Sif^çÂ^: mais cette diacussion
n^est pas de notre sujet..
(i) Csesar, De belio Gat&co^ lib. ti, cap» 7,'j et 28. *
J»
38o RECHERCHES ftCa l'aF/IIQUE.
sage de Gaston Phébus, il paraîtrait que. le pre-
mier de ces animaux se trouvait eécore au dou-
zième siècle sur les sommets neigeux des Pj/ré-
. nées , et aujourd'hui il ne se voit plus ^ qu'eo
Laponie : l'aurochs* est rare même en jÇologne,
et aura dans quelques^ années peut-fstre dispahi
pour toujours du sol européen. «Lorsqu'on se
rappelle la quantité prodigieuse de. lions et^ de
léopards^ que les Romains tiraient de la C/ré-
naïque^ de l'-^d^/h'^rwe proprement dite, et dç la
Numidie^ et le peu d'animaux de ce genre que
Ton trouve dans les mêmes rég^ns, on ne peut
douter un instaitf que les espèces d'animaux
féroces n y^ aient considérablemenl; diminué. La
giraffe paraît aussi avoir été, par lesméiiies
causes , expulsée des régions voisines de ^Egypte '
et .de X AbyssiniB ; ^X. cette espèce a été reCcwilée
dans les déserts du<:entre et du midi de XAfn^
que. Par cette raison, ce grancji quadrupède iut
long -temps inconnu aux peuples modernes,
quoique clairement décrit dans les écrits .des
anciens (1). ^
D'ailleurs il suffisait que les Anciens crussent
qu'un des fleuves de la Mauritanie était le Nil^
et qu'ils eussent trouvé dans ce fleuve le pçfjXT^^i
(i) Voy. Plin. , lib. viii , cap- 27.
I^INROISIÈME f»4LRTI£. 38l
Icf htus^t les autres planles particulières au IViif
pour^qu'ils ifiiaginassent aussitôt, qu'on y trou*
vait aussi le crocodile, l'hippopotame et les au-
tres animaux du Nil!
^ Ainsi tlont, je le répète, il est prouvé que les
connaissances géographiques dans l'intérieur de
FÂfriqu^ç ne dépassaient pas, au siècle de Pline,
les lîtfiitesv qu*elles avaient du -temps d'Hé-
rodqjp.
* Mais, soixante-dix ans après Pline , on aper-
çoit à cet égard, dans l'ouvrage de Ptolémée,
un perfectionneîfaent notable. Pour en apprécier
toute l'importance, il faut se rappeler qu'il est
dans certaines sciences des erreurs qui se repro-
duisent, et^qui renaissent en quelqpue sorte dans
tous les . siècles , parce qu'elle? tiennent à la
nature de l'homme, à la faiblesse dé ses moyens,
à la marche de son esprit. Lorsque les continents
ne' sont encore peuplés que par des tribus sau-
vages et éparses, et qUe*, sans culture, ils sont
encombrés de leurs forét$ primitives, les seuls
moyens àe communication entre des pays éloi-
gnés, les seules routes praticables^ sont les fleu-
"^es et les rivières. Oïl peut dire avec vérité que
ce sont les fleuves et les rivières qui ont civilisé
le monde. ]\(Iais il n'existe dans chaque conti-
nent qu'un très-petit nombre de grands fleuves ,
38a recherckjb's sur i/afri^ue.
dans lesquels viennent^ se rendra tous lesauCres
fleuves et rivières, et qui, dérivant tot^ des
monts les plus élevés de ces continents, ne sont
séparés à leurs sources que par des intervalles
peu éloignés, quoique souvent difiSciles à fran-
chir. De là il est résulté que, dans tous les temps
et dans tous les pays, on a commuée p^ croire
4}ue tous l0B grands * fleuves communiquaient
entre eux, et qu'op ^ joint ainsi touées les mers,
entre elles. Les écrits des anciens foQt foi que
tels ont été les premiers «systèmes géographi-
ques ; et lors même que les progrès des décou-
vertes démontraient qu'il existait une séparation
entre les rivières, on ne rectifiait pas les idées
que l'on avait conçues à pet égard j on croyait
que la rivière que l'on venait de quitter, était la
même que ctHe qu'on re^ouvait à quelque dis-
tance, et qu'elle avait coulé^sôus terre. Lés er-
reurs se maintenaient malgré les faits les mieux
avérés. Ainsi , après la conquête de Vlllyrie par
les Romains, Pomponiu,3 Mêla fait communi-
quer eniii^mble la mer Noire et la imçr Adria-
tique , par le moyen du Danube; et ^ri^ au
treizième siècle de l'ère elirétiehne ,"* maintint
^ur le globe qu'il a Jracé', cette même comnau-
nication.
.. lad^endamment de cette tendance natiu'elle
des esprits â réunir entre eux les grands fleuves,
TIlOlSliMB 9^^RTI£. 383
des circonstanceft particulières concouraient à
fsûre iîonforidre le* NU avec d'aulres fleuves , et à
produire une illusion dont il était difficile, de se
garantir. Le Nil fut le premier, et pendant long-.
temps le seul fleuve connu des anciens et de
tous les peuples tivilisés^ où Ton trouvât des
crocodiles ,ides hippopotames , du papirus et
d'autres plantes des régions de la zone torride.^
On crut donc voir le Nil partout où se voyaient
ses productions; on le fit sortir de \2i Mauritanie,
on le retrouva dans VInde (i) ; il arrosait le
pays des Éthiopiens, il pénétrait^dans celui d^s
Sèreif (2)5 et l'on ne pouvait déterminer, comme
(i) Usque coloratis amt^is devenus ab Indis,
(Virg. G€org.^\ïh. IV, y. 293.)
C*est par ceUe raison qae Josèphe, lib. U, cap. 1% ^
dit que TÉgypte toUcb» à Tlnde.
(a)" Cifrsus in occaifum Jtexu torquêtur, et ortus
Nunc Arabum popuUs Libycii nunc œquus arenis;
Teque vident primi^ qifœruni tamen ki quoque Se^es,
(Lucan. Pharg.j lib. X, 290-293.)
Je sais </be Ses savants , peu familiarisés aVèc les systè-
mes géogipafp&fqiiea des ancieaa, seSoatJmagiu/é que Yir-
gUe, ^r thdkuSi désignait les Éthiopiens ou les habitanrs
de Ja HaMte-^Égypte, et guejes Seres étalent les habitants
de cette portion du Nil nommée Siris , selon Denys le Pe-
riègètes {dMf Description v. 223); nais la manière dont
s'expriment les deux poètes^ prouve bien qu'ila veulent
384 RECHERCHES SUR L'ÂFRK^tTE. „
le dit énergiquem^nt Lucain, à quelle partie du
monde il appartenait : \ '' . *
, ♦ Ei te Terrarum nescit cui debeat orbis.
C'est donc urte chose très-remarquable, et qui
marque des progrès prodigieux en géographie,
de voir dans Ptolémée les sources du IVii pla-
cées en Ethiopie, dans i4ne chaîne de mon-
*tagnes, qui s'étend de l'est à l'ouest^, nommées
les Montagnes de la Lune ; de trouver ce fleuve
entièrement distinct des rivières de Ja -Mau-
ritanie et de l'intérieur de l'Afrique, coulant
naturellement du sud au nord, et dérivé dé
deux rivières, qui sont évidemment Ig Bafir-^l-
Abiad et le Maleg des modernes; puis recevoir
de l'est deux autres fleuves, XAstapus et YAsta*
boraSj qui sont XAbawi ou Bahr-el-Azrek^tt
XAtbara (i)*ou Tacazzé de nos cartes ; de voir
désigner les contrées éloignées et non voisines de l'Egypte.
Ces interprétations forcées ne peuvent obscurcir un ins-
tant le sens fort claire dé ces passages. Virale, conséquent
avec lui-même, fait les habitants des bords du iViV voi-
sins des Perses : Quaque pharettatœ vicmia PerMis urget,
{Georg, , lib. IV, v. 290. ) Huet et Fréret ne 4'y sont pas
trompés. _ «
(i) Sur ce ùom ^Athara donné au Tàcazzéy voyez Mofi'
ofihe coursé of the Nile and adjacent coutiies^dsiDS Burck-
hardfs Travels, p. i63 , et Bruce*s TraveU, t. VIL
TROISIEJUS PARTIE. 385
enfin deux fleuves principaux arroser le pays
au sud de V^tlaSj sans aucune communication
entre eux, ni avec les rivières qui s^coulent
dans l'Océan atlantique ou la Méditerranée, ni
avec le Nil. Un exposé si clair, si conforme
à l'ordre naturel, et quç confirment toutes les
découvertes modernes, ne peut être dû qu'à des
connaissances fondées sqji* des relations exactes
et des observations précises. Il me paraît évident
que les conquêtes de Suetonius Paulinus et de
Cornélius Balbus ouvrirent un accès facile aux
habitants éclairés de YÉgxpte et des côtes de
Y Afrique proprement dite, de 1^ Numidie et de
la MauriUinie^ chez les Garamantes^ les Phau-
rusii^ et les autres peuplés qui sont au midi de
XAtlasi et que la carte de Ptolémée est le résuU
tat de toutes les connaissances qui en furent la
suite.
Si Fou fait abstraction des erreurs de longi«
tude et de latitude qui existent dans Ptolémée ,
jusque dans les pays les mieux connus de lui
et des anciens^ et qui tiennent à la méthode
qu'il a employée pow dresser ses tables , on
trouvera que la carte d'Afirique qui résulte de
cesTnêmes tables, dans les idées générales qu'elle
présente relativement au NiU est plus conforme
(i) Ptolemaei Africœ tabula , iv.
386 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
à ce qui nous est tracé par la nature dans les
autres cantinents, que tout ce que la plupart des
géographes -ont exposé avant lui, ou après lui,
sur ce sujet. En effet, Ptolémée a fait disparaître
ces étranges communications des grands fleuves
de l'Afrique entre eux, auxquelles croyaient Stra-
bon, Pline, Mêla et presque tous les géographes
de l'antiquité; communications qu ont admises,
en les multipliant, les géographes arabes aux xiv^,
XV® et- XVI® siècles , et les géographes modernes
au xvn® «iècle ; dont presque tous les habitants
de l'ignorante Afe'ique affirment encore l'exis-
tence, et qui sont de nos jours le rêve favori
de plusieurs géographes recommandables de
l'Europe savante (i).
De même que les anciens voyséent le I>/il
par-tout , les Africains de l'intérieur , nos voya-
geurs et nos géographes trouvent en Afrique'
(i) Voy. la Carte d'Afrique de d'Anville ; la Géographie
physique de la mer Noire efde Vinténeur de V Afrique par
Burean de là Malle , ch. xiii .^ p. j6 , et la carte d« cet
ouTrage, dressée par II. Boa due ; la carte de TouTrag^ de
M. Bowdich, dans TouTrage intitulé Missàin to Ashantee^
qni établit une cûrain^unication non interrompue depuis les
embouchures du Nil à Alexandrie jusqu'à l'embouchure
du Zaïre ou fleuve de Congo ; la carte de l'auteur de
l'extrait du Voyage de M. Mollien dans le Quarterty Réviewî
mai 1820, p. aaS, vol. XXIII, n**XLV.
TROISIÈME PARTIE. ' 387
par-tout le Niger : et il faut que l'esprit de sys^
tème exerce 'une bien forte influence sur les
meilleures têtes , pour que .les homnies les plus
Smineata ^ea géo^aphie, tels que d'Anville et
plusieurs autres, se soient mépris aussi forte*
ment dans l'applicatiofL qu'ils ont faite des no*
fioFEis générales de Ptolémée sur rAfriqoe aux
connaissances des moderaes^et pour qu'ils aient
transporté k trois cents lieues au sud et dans le
Soudan , les fleuves de Nigir et de Gir^ que le
g^graplie ^grec a tracés immédiatement au sud
de Yu^tlas.
Cependant le Nigir de Plolémée arrose le
pays des noirs Gétules {Melano-OetuU)^ des
JVigrites, placés au nord des Phaurusii ^ qui
sont à Yml des Daradœ ; et nous savons ,
d'afO^ès Pline (i), que ce sont -là les peuples
que l'expédition de Suetonius Paulmus fit con*
nakre^ au sud de V^tkfs. Le JVigir de Ptolé-
mée est donc tk même fleuve que le Niger ou
le Ger de Pline , et sur les bords duquel Suelo*
nius Paulinus parvint' au dixi^e campement,
à partir de Tangis ou «dé limas ^ où de quelque
autre ville de 4a Jftzi/r/^^zme soumise auxBromains
dand^ cette portion du royaume 'de Maroc des
(\) Plinil lib. v, cap. i , et cUdessus p. 373.
, a5.
388 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
modernes , qui est au nord ou à Fouest de
VJtlas.
De même vers l'ost, le Gir fluvius arrose le
pays de,s Garamantes^ qui, nous le savons, n'est
qu a dix journées de route èiAugila ou d'^«-
^^/a des modernes; et nous avons déjà vu que
le pays des Garamantes est le Kaivar ou Kaouar
et le pays de Bilma des modernes , au que du
moins il ne s'étendait pas plus au sud.
Ainsi donc le tracé du Nigir et du Gir
de Ptolémée ne prouverait pas que les con-
naissances géographiques dans l'intérieur de
l'Afrique , au second siècle de l'ère chrétienne,
fussent plus étendues qu'au temps d'Hérodote,
de Strabon et de Pline, si le géographe . grec
n'indiquait rien au sud de ces deux fleuves.
Mais au contraire il a placé loin au midi un
grand nombre de noms de peuples* que nous
ne retrouvons. point dans lejj géographes anté-
rieurs; et enfin encore plus au ^ midi, et au-delà
d'un vaste désert , séjour des éléphants , des
rhinocéros et des tigres, il met un Niphe Mons^
un Mesche MonSj un Barditus Mons ^ dans le
pays ^Agisymba^ vaste région à' Ethiopie {Agi-
symha regio^ jEthiopum latissimè extenso). Ici
nous voyons des noms et des notions dont les
auteurs aq|érieurs ne nous dévoilent pas l'ori-
gine ; il faut donc, pour jiiger de leur étendue
TROISIEME PARTIE. SSp
et des limites de ces nouvelles connaissances, *
tâcher de découvrir, d'où elles proviennent.
Dans ses prolégomènes, Ptolémée (i), discu-
tant les longitudes et les latitudes de A^arin de
Tyr, nous apprend qu'il a^ trouvé, dans l'ouvrage v
de ce dernier, que Septimius Flaccus porta la
guerre dans JaZr/^e, et qu'il employa trois mois
pour aller du pays des 6^arâ(/72â;/z^^^ dans celui
des Éthiopiens; que, de plus, Julius Maternus
avait employé quatre mois lorsqu'il alla de Lèptis
M€igna rejoindre les Garamantes k Garama^ et
de là porter la guerre en Ethiopie et an pays
S^Agisymba^ où l'on trouve • les rhinocéros;
quoique cependant Julius. Maternus eut toujours
dirigé sa route vers le midi. .
Il est vrai que Ptolémée fait contre ce récit des
objections et le regarde comme impossible : d'a-
bord, dit-il, parce que \t% Éthiopiens intérieursne
sont pas tellemenU6éparés du pays des Garamàn-
tesj q[^'il faille marcher pendant trois mois pour
arriver de l'un à l'autre, puisque les Garamantes
sont eux-mêmes Éthiopiens; ensuite, parce qu'il
est ridicule de croire wjue l'incursion d'un roi
contre ses sujets ait pu se faire en suivant une
direction précise du nord au mid^tioindis que ées
nations s'étendent l'une et l'autre fort avant, tant
. , — 9, u
(1) Vtoy^mxi Prolegomena y cap. tiii.
SgO RECHERCHES SUR l'aPRIQUE.
vers Forient que vers l'occident ; et parce qu'en-
fin il n est pas probable que dans ses courses
le roi n'ait fait aucun séjour doht il soit néces-
saire de tenir compte. Il est donc vraisemblable ,
ajoute Pïolémée ♦ que ceux qui ont rapporté ces
fkits en ont parlé iropai^faitement , en disant que
la route se dirigeait au ïnidi , au lieu .de dire
seulement qu'eUe tendait ters le midi.
On voit que les objections de Ptoiémée ne
portent pas sur la réalité des incursions' de Sep-
. timius Flaccus et de Jtilius Matemus, mi^is sur
le plus ou moins d'extension qu'on doit donner
à ces înciiirsioBS du sud an nord. En admettant
comme justes pluisieurs des objections de Pto-
iémée, et en réduisant d'après sed propres bases
la longueur du trajet pavcoulii dans cai dieux
expéditions, il reste toujours certain , d^'a^irès le
temps qu'on y a employé, qu'elles ont dû fran-
chir les.lijmtes des conuaissaiiées géographicpies
et le pays de^ Kàouar^ et s'étendre assez avant
dans le Déseiiu Mais- quel est le terme e:s(tapénie
où eHes se sont arrêtées? Je n'en sais riefr;
seul^nentje puis: affirmer avec certitude qu'elles
ne se sont pas étendues ju^u'an Niger ni jus-
qu'au Soudan ,if6rtilisé par de nonibveux cours
d'eau : j'en tire la preuve de Marin de Tyr, ou
de Ptolém4e même, puisque dans la région
diAgisymba il n'est pas fait mention d'uHie seule
TROISIÈME PA.RTIE. 39T
rivière, d'un seul Uc, d'un seul marais. Le géo-
graphe grec n'indique que le Q.om de la con-
trée, celui de deux ou trois montagnes^ et 4es
genres de biétes féroces qui l'habitent ; ce qui dé-
montre évidemment que cette incursion eut lieu
dans certaines oasis du Grand-Désert, où l'on
ne trouve que des puits e% des spwces. JuUus
Maternus et Septimius Flaccus d^ns kurs ]:^pldes
expéditions, n'entendirent même pas parler de
la région du Soudan y ni des. grands jQeuvës qui
l'arrosent , car ils n'^^rf^ient pas maoaqué d'en
faire mention dans kur relation; et Ms^rin de
Tyr, et après lui Ptoléonée, n'auraient p;is qu-
blié d'en enrichir leurs traités de géographie.
Dans un ouvrage précédent j'ai dit (t) que je
pensais cpjL Agisymba était l'oasis actuelle d^Js-
èe«:(2), où s'arrêtent encore auj^ourd'hui la.plu-
part des caravane^v Dans ce cas^ Septimius Flac-
cus et Julius Matprnus auraient suivi la route
que prennent encore les caraVanes qui se ren-
dent <à C^ch^nah ; les montagnes de Megrem de
notre seeond itinéraire seraient le Mesche Mans
• 'a • __^
(1) Cosmologie, où Description gêner, de la Terre ^ p. 289.
(a) Agadez^hi capitale à'Asben, est une sorte d'entrepôt
du commerce pour le Soudan : cette -ville est entièrement
habitée par des Mahomëtans; et les marchands da Fezzan
s'y arrêtent souvent et ne poussent pas plus loin leurs
caravanes. Voy. Proceedings, p. 164.
392 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de Ptoléinée;"et le Barditus Mons est peut-être la
chaîne de monts au sud $Ashen et au nord de
Cachenah. Quoi qu'il en soit de ces conjectures,
il est démontré , d'après tout ce que nous avons
dit, que le Nigir et le Gir, tracés sur la' carte
de Ptolémée , n'appartiennent pas au Soudan ,
mais aux contrées qui sont immédiatement au
sud de \ Atlas ^ et qu'on ne peut tirer aucune
lumière de ce géographe, ni d'aucun auteur
ancien, pour ce qui concerne le Joliba ou Niger,
ou les autres rivières An Soudan^ puisque cette
région a été inconnue à toute l'antiquité, et fut
réellement une découverte des Arabes (i).
§ VII. Résumé^ Conjectures^ et Conclusion,
Après avoir lu l'analyse de nos itinéraires,
on nous objectera, peut-être, que des journées
de caravane , en supposant leur évaluation
(i) L'erreur commise sur le Gir et le Nigir de Ptolémée
n'a été générale qtie depuis d'Anville ; et encore elle a été
quelquefois combattue. M. Latreille, dans une dissertation
publiée en 1807, explique bien ce qui concerne le Gir et
le Nigir ; mais il ne parle pas à^Agisymba , ni des incur-
vons de Septimius Flacciis et de Julius Maternus. Hasius,
dans sa petite carte intitulée Imperium Romanum sub fus-
tiniano , place le Gir et le Nigir au sud de Y Atlas ; mais il
met VAgisymba regio dans le Soudan, et 7 trace un grand
fleuve , oubliant que la carte de Ptolémée oet sur-tout re-
TROISIÈME, PARTIE. SqS
exacte , sont encore un moyen très - imparfait
pour mesurer des distances et fixer des posi-
tions. Nous en convenons : mais c'est le seul
qui soit en notre disposition ;• et' tout imparfait
qu'il est, il suffit^ pour resserrer l'espace des
erreurs possibles dans des limites assez étroites.
Nous croyons sur-tout avoir obtenu ce résul-
tat par le premier de nos itinéraires, qui nous a
servi à déterminer la position de Timbouctou;
c'était le seul que nous nous étions proposé d'a-
bord de soumettre à l'analyse , et il a été l'oc-
casion comme le but principal dé notre ouvrage.
L'itinéraire de Tripoli à Cachenuh^ qui est
aussi rédigé par le cheyk Hagg-Kassem^ s'ac-
corde si bien avec ceux que le major Rennell a
obtenus , qu'il ne nous laisse non plus aucun
doute sur son exactitude , relativement aux dis-
tances des, lieux qui s'y trouvent mentionnés ;
mais , pour le tracer sur la carte , il faut sup-
poser la longitude de Cachenah déjà connue,,
et nous n'avons pas, pour la fixer, les mêmes
moyens que pour Timbouctou.
Quant à l'itinéraire de Mohammed , fils de
Foui, nous devons dire qu'il s'y trouve beaucoup
marquable en ce qu'elle ne met pas un seul cours (Veau,
ni un seul lac, dans une région qu'il représente comme
immense.
394 RECHERCHES SUR L AFRIQUE.
d'incertitudes et d'obscurkés. ConiiQe il ne nous
trace point Hne route directe , et qu'il passe par
Haoussa , dont la position n'est point connue,
nous n avonsi pu lui domner de direction que
d'après les conjeetures qm nous ont paru les
plus probables.
Dans tous les cas ^ le soin que nous avons eu
de n'inscrire sur notre carte que les noms et
les positions que nos itinéraires contiennent, et
qui étaient les résultats de nos recherches , don-
nera plus de facilité pour &ire les rectificatiços
que de nouvelles découvei^és foraient juger
nécessaires ; tandis» que cela devient difficile ou
impossible sur de& cartes en apparenee fixis
riches d'érudition, œais où l'on a mêlé et con-
fondu les nodEQS et Les erreurs de «cmis les au-
teurs et de toutes les époques.
Quel que soit, au reste,, le jugement qu'on
porte de Texaciâtudâ de nos analyses et de la
réalité de nos con^etiires (i), nous osom es-
pérer que la scietiee irecueiUera de grands avan-
tages de la réunion de tons les renseîgiienteQts
(i) Quelquefois ces conjectures ont varié, parce que les
renseignements Tagnes qm 6n étaient l'objet ne sent pas
toujours .présentés de la, même manière par les dâfférents
auteurs où nous avons puisé. Aiiisi dans la coi|Eiparaison de
la carte de M. Bowdich ayec les relations antécédentes ,
TROISIÈME K^AETIE. 3g5
Fetifermés dans notre ouvrage sur l'intérieur de
VAfricfae et sur les contrées du Soudan, Sous
ce rapport, liarAt qu'il restera dies découvertes à
foire, Bos recherches pourront être consuhées
avec fruit; et quand tout sera connu, elles cif-
fiiront encore l'histoire complète et exacte dies
progrès de la géo^aphie pour cette partie du
globe , qui fut toujours rohjet de la curiosité
ou de l'ambition des peuples les plus éclairés.
I>aiis les tentatives que l'on a faites pour
éclaîtcir eette partie^ de la géographie , au lieu
de rémnir les faits et de les ootnparer entre
-I . . ' I <i I . . ■■>> I .1 ■ » .1 ■ I , m ^.i' !■ < ■ ^ . ■ .- I ■ I I I « !■■.
BOUS avons ootigecCuré , p« iW^ (faele^Huara-ûé l'Arabe
feliata de M. Seetzen poiirrak bien aveir dn, rapport »yé^
le paya de Quolla ou du Dar-KuUa, N-ous pensons , d'apcès
un examen plus attentif, qiie le Kuara de TAral^e fellata
est le Kawar ou Kaouar au sud du Fezzan , ainsi que nous
l'avions dit à la p. 86. Abd-Arrachman Aga {F, p. 78) a fait
menrfk>n du ménié pays sons Be nom-^ de Kouar et à côté dé
Bulma^ qnrêstBélmOi Ce nonm de- Koaar ou JKouara pamit
aToiif une sîgnifioation; etil y a une province de JQsuara
au sud de YAbyssinie. Bruce ,^ qui la décrit {Trav^^ls to
discover the source ofthe Nile , 181 3 , iuT8*', t. IV, p. 44? ) »
dit qae , dans le langage des ChangaUas , le mot Kouara
signifie soleil. Le même auteur, p 446, dit que la pro-
vince de 2)«//?^<?a est 'nommée Atte-^Kolla; ce qui signifie
la noiarritupe du roi.' Toutei ces significations , et toiites
ces ressemblances de mots, doivent., ainsi que, je l'ai fait
remarquer , être la cause de beaucoup d'erreurs et de con-
fusion.
ig6 RECHERCHES SUR l'aFRIQIÎE.
eux, on s'est hâté de multiplier les supposi-
tions, et, ne pouvant parvenir à conftaître,
on a voulu deviner. 'Telle est, dans toutes les
sciences, la marche de l'esprit humain. Elle
tient à une des plus nobles propriétés de sa
nature , au désir violent qu'il éprouve d'at-
teindre la vérité. Lorsqu'elle se dérobe à lui,
il cherche à se créer des illusions qui puissent
lui en tenir lieu.
On a su qu'il existait un ou plusieurs fleuves
dans le Soudan , et l'on a formé différents sys-
tèmes pour suppléer à l'ignorance où l'on était
sur le cours de ces fleuves. Nous avons fait
connaître tous ces systèmes. Il nous reste à
exposer en peu de mots notre opinion à cet
égard : auparavant nous devons foire remarquer
à nos lecteurs que , quoique l'analogie soit sou-
vent en géographie un guide trompeur, c'est
cependant le seul qui emprunte au flambeau de
la science quelques-unes de ses clartés, et qui
puisse rendre nos conjectures utiles. Mais, lors-
que les idées que nous allons offrir sur l'inté-
rieur de l'Afrique obtiendraient l'assentiment
des lecteurs , nous desirons qu'elles ne soient
pas tracées sur les cartes,. parce qu'alors il sem-
blerait que nous avons voulu les exposer comme
des vérités démontrées, tandis que notre but
TROISIÈHE PAR7:iE. 3g'j
est seulement de les présenter comme des pro-
babilités plus ou moins fondées.
Quoique les progrès des découvertes réelles
se soient arrêtés dans la partie orientale du
Soudan^ à Cobbé, dans le Darfour, cependant
on peut regarder comme prouvée l'existence
d'une ou de plusieurs rivières qui, sous le nom
de Misselad ou de Djyi\ coulent du sud au nord
ou du nord au sud, ce qui est attesté de ma-
nière à ne pas laisser lieu d'en douter. De même
à l'occident, quoique les découvertes de Mungo-
Park s'arrêtent pour nous à Silla^ cependant *H a
reçu dans ses deux voyages des informations
semblables sur l'existence des deux Iwas de rivière
qui forment l'île /^«èa/a, à l'ouest du méridien
de Timbquctou; et on doit également considé-
rer l'existence de cette île et des bras de fleuves
qui la forment comme, démontrée. Mais à l'est
de l'île de Djinbala ou Jinbala^ comme à l'ouest
du Misselad^ les cours des grands fleuves du
Soudan sont ignorés; tout est doute, incertitude
et contradictions dans les renseignements.
Ces contradictions ne sont peut-être nulle
part plus frappantes que sur ' la direction du
fleuve qui coule à Timhouctou : il semble cepen-
dant que , d'après les caravanes qui se rendent
tous les ^âus dans cette ville , ce fleuve devrait
être parfaitement connu.
^9^ K£GU£UCH£S SUR l'a.FRIQU£.
Nous avons tu que Léon rAfricain et beau-
coup d autres affirment que ce fleuve coule i
l'ouest, et (}u'on se rend de TimbouctoukJinne
ou Djenni en descendant son cours. D'autres, au
oontraire, disent que ce fleuve coule à Test (i),
et qu'à partir de Timbouctou , en descendant
son cours 9 on nsrvigue vers l'orient jusqu'au Nil
CesrfippoPtSy si contradictoires en î^arence,
s'expliquent tout naturellement si l'on suppose
que le Gambarou , qui coule de l'est à l'oued,
contribue à former deux côtés de Itle Jinhala
paf deux de ses bras, dont l'un se décharge
dans le lac Dibbie^ et l'autre dans le Quolla ou
Niger j qui coule vers l'est; alors de KéAra oa
commencerait par naviguer à Fouest, par le
moyen d'un de ces bras, pour se rend|^ kJinne:
et en partant aussi de Kabra l'on naviguerait
au sud -est pour se rendre dans le Quolla et
dans les contrées orientales,^ vers lesquelles ce
derni^ fleuve se dirige : et cependant le Gam-
barou seul doimerait le moyen de suivre ces
deux directions difSérentes. De là viendraient
les contradictions qui existent entre les auteurs,
et les incertitudes qui en sont les suites.
(i) Voyez cudessus, pag. 71, 106, ^29, i3o, 299, a35,
où il est dit qu'il conle à Touest 9 et aux pages 97 , 11 3,
i3o, i54, i58, t6o, 161 et 247, où il est dit qu'il coule
\'çrs Test.
TROISIÈME PARTIE. $99
Mais en admettant cette supposition comme
vraie, il rcfste encore à expliquer ce que devient
le Qaolia on le Niger, ou le fleave qui coule
à l'est, le seul dont l'existence soit prouvée par
des observations positivés.
Les deux conjectures qui ont trouvé le plus
de partisans sont : que le Niger, ou le fleuve du
Soudan , qui coule vers l'est , se décharge dans
le Nil 9 ou qu'il retourne au sud pour se replier
à Touest, formant la rivière du Bénin ou celle
du Congo j <m toute autre , p^mi celles qui
versent ieiurs eaux dans l'Océan atlantique.
Auoune de ces deux con}ectui«es ne nous pa^
rait probable; et la première, qui est la plus
universellement adoptée, qui, ainsi que je l'ai
dit, e^t a£^rmée cointne un fait par les habitants
d'Afrique, esl, suivant nous, encore moins pro*
bable qnt la seconde.
Pour comprendre les raisons de notre opinion
à. cet égard , il est ¥i^oessaire que nous rappe*
lions ^ne loi de la n^are que beaiico«ip de^géo-
graphes paraissent avoir seti(?ie, mais que nous
croyons avoir exposée le premier d'une manière
claire et précise (i) : c'est que les chiunes de mon-
(î) Cosmologie, ou Description générale de la Terre,
considérée sous ses rapports astronomiques , physiques ^ Mr-
toriquesy politiques et ci\fiÊf ^i^xS^ia-W^-!^. lOÔ. *
^.
400 AECHERGHES SUA LAFAIQUE.
tagnes les mieux liées ,- les plus hautes, les plus
étendues, et où sont les points culminants de
tous les plateaux , se dirigent toujours dans le
' sens des plus grandes dimensions des continents,
ou des îles, ou des presqu'îles, auxquels elles ap-
partiennent; et que les moindres chaînes ou hau-
I teurs, où sont les points culminants des -plateaux
secondaires ou tertiaires, se dirigent de même
dans le sens des plus grandes dilatations des terres
ou des presqu'îles qui terminent ces continents
ou ces îles. Comme les hauteurs des terres cir-
conscrivent les divers bassins des cours d'eau,
il peut bien arriver que les fleuves et les rivières
qui ont leurs sources dans la chaîne principale,
ou dans les points culminants d'un continent
ou d'une île , franchissent ou traversent les
chaînes secondaires , quoique celles - ci soient
cependant fort étendues et fort élevées ; mais
jamais ils ne traversent les hauteurs qui s'éten-
dent dans le sens de la plus grande dimension,
et ces hauteurs forment toujours une séparation
absolue entre les divers bassins des fleuves d'un
continent ou d'une île quelconque.
On trouvera dans l'ouvrage que j'ai cité les
preuves de cette proposition démontrée par l'exa-
men des principales chaînes de montagnes et des
grands plateaux des continents que nous con-
«laissons , savoir , l'Asie , i^Ëurope et les deux
TROISIEME PARTIE. 4^1
Amériques. Ainsi ^ sans m'arréter à des dévelop-
pements que je regarde comme superflus, je
passerai de suite à l'application de cetjte loi au
continent d'Afrique , dont l'intérieur nous est
inconnu, mais dont les cotes ^ et par conséquent
les dimensions des terres en sens divers, sont
aussi bien connues que celles de tout autre
continent.
La plus grande dimension de l'Afrique se
trouve entre le Cap Bon et le Cap de Bonne-
Espérance : donc le système général d'exten-
sion des plus grandes hauteurs de ce conti-
nent ,, doit être entre le nord et le sud , dans
la direction des terres où se trouvent ces deux
caps, c'est -à -dire entre Tunis et la région du
Cap de Bonne ^Espérance: ces hauteurs sépa-
rent entre eux les bassins du 7W/, du Misselad
ou du Djrr^ d'avec ceux des fleuves du Soudan ^
ou du Joliba ou Quolla et du Gambaroui et si
la loi que nous avons indiquée est vraie , il ne
peut exister entre ces fleuves aucune communi*
cation. Nous avons donc eu raison àe dire que
l'opinion qui suppose cette communication , est
la moins probable de toutes.
Après le système des hauteurs, qui s'étend de
la région du Cap de Bonne-Espérance à celle
de Tunis y la chaîne de montagnes ou la ligne
d'élévation la plus'longue , la plus émifiente,
26
4oa REGHB&CHES S€R l'aFRIQU£.
doit être celle qoi est indiquée par la dilatation
de r Afrique entre Fouest et Test, on entre le
Cap Vert et le Cap Guardafui^ extension qui
est la plus grande après celle dont nous venons
de parler. Coinme cette chaîne n'est en quelque
sorte que secondaire , il ne serait pas contraire
à la loi que nous avons signalée^ de la voir tra-
verser par un grand fleuve ; c'est ainsi que les
Alleghanys dans les États-Unis d'Amérique
sont traversés par des cours d'eau qui ont leurs
sources dans les rameaux àe% Monts RooheuXy ou
Siony Mountains ^ plus à l'ouest; c'est ainsi que
les Momts Altai en Asie sont aussi traversés par
des rivières qui sortent des flancs des Alpes du
Thibet : mais il faudrait , pour que Fanalogie fât
exacte ^ que le fleuve auquel on fait travei^ser la
grande cbame centrale d'Afrique eût de même
ses sources dans le système des montagnes les
plus élei^é^, ou dans celui qui marque la phrs
grande longueur du ixmtinent; et c'esit tout le
contraû'e : le Miba^ ou QuoUa, iWk Niger , qu'on
veut feire replojrer au sud-ouest, vient, d'a]ȏs
tous les renseignasieots que l'on a obtenu», du
groupe de montagnes formé par la réunion de
deux chaînes^ la premi^ qui marque la dila-
tation du continent de l'ouest à Fest, entre te
Cap Vert et le Cap Guardafui^ et la seconde
qu'indique la dilatatkm entre k Cap des PaU
TROISIÈME PARTIS. 4^3
mes et le Cap Bon et Ceuta, qui est inférieure
en longueur à la première. On ne peut donc
pas supposer que le fleuve qui coule vers l'est
puisse, en se détournai^t au sud, franchir cette
chaîne transversale qui lui fournit ses sources ,
puisque cette même chaîne doit augmenter en
élévation et en épaisseur à mesure qu'elle se
rapproche plus, vers l'orient, du système princi-
pal des hauteurs de tout le continent d'Afrique.
L'exemple de la communication de XOrénoqué
avec X Amazone^ par le Cassiquiaré^ que Ton a
si souvent cité (i) pour établir k supposition
de la communication des rivière^ du Soudan
avec celles qui se déchargent dans X Océan At-
lantique , au lien de contredire ce que nous
avons avancé , en est plutôt une confirmation ;
car XOrénoque, aussi-bien que X Amazone^ dé-
rivent tous deux de la grande' chaîne des Cor^
éUl/ières, on du système général de hauteurs mar-
qué par la plue grande extension du continent
qu'ils arrosent. Nous ne devons donc pas nous
étonner de voir que leurs eaux franchissent les
points les plus élevés du|f>latean qui sépare
(i) Dureau de Lamalle, Géographie physique de la mer
Noire et de l* intérieur de V Afrique , p. io3 ; et Bowdich,
Essay-tm the Geographj of north- western Africdy Paris,
1821, m-8% p. 39.
26.
4o4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
leurs bassins respectifs, et communiquent en-
semble. Un tel fait est cependant si rai*e , que
peut-être même on ne pourrait en trouver un
second semblable sur la surface du globe; mais
enfin , bien loin d'avoir rien de contraire à. la
loi que nous avons reconnue , il en fournit une
nouvelle preuve. Il n'en serait pas de même
du Quolla ou du Niger j qu'on veut faire des-
cendre d'une chaîne secondaire, pour lui faire
traverser cette même chaîne dans des contrées
où elle se rapproche du nœud central de toutes
les hauteurs du continent , et où elle doit aug-
menter en élévation.
Toutes- ces raisons nous font aussi regarder
comme impossible l'opinion que les eaux du
Niger se versent dans V Océan Atluntique ; et par
les mêmes causes il serait encore plus difficile
d'imaginer comment elles pourraient continuer
toujours vers l'est pour se décharger sur la côte
orientale d'Afrique ou dans XOcéan Indien.
La chatae primordiale du continent africain ,
en se prolongeant vers le sud jusqiïe près de la
région du Cap de ^nne^Eq>érance , doit aussi
séparer d'une manière absolue le bassin des
fleuves du GQngo et du Mocaranga , ou de ceux
qui ont leurs embouchures dans V Océan In-
dien ^ d'avec ceux qui débouchent dans la mer
Atlantique.
TBOISIÈME PARTIE. 4^5
Mais alors, dira -t- on, que devient ce fleuve
considérable dont Mungo-Park a deux fois cons-
taté le cours vers l'orient ? Il me semble que
nous n'en sommes pas réduits sur ce point à de
simples conjectures, et que, sans pouvoir dé-
terminer les traits particuliers de l'intérieur de
l'Afrique , il existe de grands faits généraux qui
sont actuellement démontrés.
La petite dilatation de l'Afrique entre la
Grande-Sjrrte et le Cap Boyador est marquée
par la chaîne de V^itlas^ qui, quoique fort éle-
vée , n'est qu'un système tertiaire d'élévation
dans l'Afrique septentrionale. Les rivières qui
coulent au sud de cette chaîne s'arrêtent et se
perdent dans des lacs, parce que le désert de
Sahara est un vaste plateau : les hauteurs de ce
plateau s'abaissent vers l'est et vers le sud ^ et
bornent les contrées de Bomou et celles du
Soudan. A l'ouest , des groupes de montagnes
formés par la réunion du système de hauteurs
qu'indiquent les deux dilatations entre le Cap
des Palmes y le Cap Bon et le Cap Guardafui^
séparent les bassins des fleuves de la côte , de
ceux de l'intérieur, ou les cours de la Gambie
et du Sénégal, dix Joliba, du. Banimma et autres.
La chaîne transversale manquée pour la plus
grande extension entre le Cap Vert et le Cap
Guardafui^ a ^té observée du côté de l'ouest ;
4o6 RECHERCHES SUR L'àFRIQUE.
et Ton sait qu'elle porte le nom de Momagne
de Kong{\). Du côté de Test, les observations et
les renseignements que l'on a obtenus, d'accord
avec la loi de la nature que nous avons £itt con*
naître., indiquent par des pics d'une élévation
extraordinaire, par des sommets qui, sous le del
ardent des tropiques,sont éternelionent couverts
de neige, par plusieurs rangées de montagnes, la
réunion des deux plus longues diaînes de hau-
teurs ou d'élévations de tout le continent afri-
cain (a). Bruce a eu connaissance d'une pre-
mière rangée de ces montagnes, qui, vers les
dixième et onzième degrés de latitude, sous le
nom de Fazuelo^ de Djir et de Tegla (3), cou-
rent de l'est à i'ouest,et fournissent pr<Àablement
les sources des rivières qui coulent dans le jQar-
Four^ et le Bornou; elle sépare ainsi les bassins
(t) PmceedmgSy t. I, p. 424, et ci -dansas, p. 349. Le
loot KQng sigtiifîe monta^pte d^ns la laiigue de» IUbt
dîngnesr
(a) Sait, Voyage to Abyssinia , in-4% London, i8i4#
p. 35o - 352.
(3) Bruce's Travels , 181 3, in-8^ t. VII, p. 11 a. — On
trouTe beaucoup d*ar dans la pnmnce de Foza^ÂT/Les
habitante sont noie»; mais les bords du NU sont babîtés
par des Arabes qui sont venus du Senna^^ et de la tribu de
Rifa : quoiqu'établis dans ces lieux depuis des siècles , ils
n'ont pas changé de couleur , et se distinguent facilement
des natifs.
TJIOISIÈME PARTIE. ^Qn
de ces divers courants d'eau, de ceux des rivières
qui forment le iVi7, lesquels dérivent d'une aut^e
rangée plus au sud, désignée par les Arabes 9
comme du temps des aiicieas,par le nom de
Cebel'^l'-Kumr ou Montagnes de la Lune, Cette
rangée paraît également se diriger de l'e^ à
l'ouest 9 et se joindre wx montagnes de Kong,
qui, suivant nous, sont plus au. midi et se rap-
prochent plus de la €ôie de Guinée que nos
cartes ne l'indiquent.
Nous savons que le fleuve principal qui arrose
le Soudan^ toujours désigné par le nom deJVil
ou de Quolia, ou autre, dkainue de plus en
plus de largeur t et devient d'autant moins con*
sîdérable qu'on s'avance davantage vers Test (1);
qu'enfin une chaîne de montagnes sépare ce
fl^ive du lac Caudi et du Misselad^ que l'on
trouve à l'est de cette même chdilie ; et on
aous apprend qu'une rivière nommée Scharjr a
sa source du coté occidental de ces montagaes,
et que , dirigeant son cours à l'ouest , elle verse
ses eaux dans k Quolla ou le JSil du Soudan (a).
Nous savons encore qu'il existe à l'est de Tim--
(i) Voyez ci-dessus, p. 344; et Bowdich, Essay on the
ficography et nord-western Jfiica, p. 87.
(a) Bowdicfa's Essay^ p. 19; Mission to Askantee, p. 1204 ;
Bnrckhardt^ Traveis^ in-4*, p. 47^5 «* Quarterly Review ,
t. XXIII, 1820, p. aa5 - 240.
4o8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
bouctoUj mais à une distance incertaine, un vaste
lac, connu sous le nom de Bahr Soudan, ou de
Mer de Soudan (i), que Ton traverse lorsqu'on
navigue de l'est à l'ouest , ou de l'ouest à l'est ,
pour aller di Egypte à Timhouctou, ou pour se
rendre de Timbouctou, en Egypte,
Ces faits étant constants, il nous paraît aussi
certain, d'après la marche ordinaire de la na-
ture dans la formation des continents, qu'au
sud-ouest de XAhyssinie se trouve le groupe de
montagnes qui , comme les Alpes de la Suisse
en Europe , renferment les sources de plusieurs
grands fleuves coulant dans des directions dif*
férentes ; et que les rivières qui vont au sud
pour former le Zébé ou Quilmanci et le Ma^
gadoxoy celles qui se dirigent vers le nord et
qui fournissent les eaux du Nil et du Misselad,
et celles ^i courent à l'ouest et se jettent dans
ia mer intérieure du Soudan ou dans l'Océan
Atlantique , ont * toutes leurs sources dans la
même région montagneuse, quoique ces fleuves
se dédfiargent dans des mers diffiéréntes , et sur
des côtes séparées entre elles par des distances
immenses : par conséquent les sources de ces
^ (i) Voyez ci-dessus, p. 94 et 97; et Shabeeny, Account
of Timbouctou ^ p. 349. — Jackson's Marocco^ p. 899, der-
nière édition.
TROISlÈMfi PARTIE. 409
diJfféreiits fleuves sont peu éloignées les unes
des autres. C'est ainsi que les sources dnUkiny
du Rhône, du Danube et du Pô ^ dans notre
Europe , se trouvent fort rapprochées entre
elles, quoique ces fleuves aient leurs embou-
chures dans des régions différentes et très-
éloignées les unes des autres.
De même à l'autre extrémité de la chaîne et
vers l'ouest, se' trouve encore une autre région
montagneuse , moins élevée , parce qu elle est la
réunion de deux expansions, dont l'une est moins
considérable que celle de l'est. Cette région mon-
tagneuse de l'ouest fournit les sources des fleuves
du Sénégal^ de la Gambie ^ du Rio Grande j qui
coulent à l'occident, et les sources ànMesurada
et des autres rivières , qui , de ce côté, se déchar-
gent dans la mer Atlantique , en coulant vers le
sud : des flancs orientaux de ce mèwn^ groupe de
montagnes découlent aussi le Joliba ou le Quolla
et les rivières qui s'y jettent. Le Bahr Soudan ,
ou la grande mer intérieure du Soudan , dont la
position n'élit pas bien connue, et que nous
soupçonnons être située plus à l'est de T/Vw-
bouctou que ne l'indique la mesure donnée par
ÂlirBey et Jackson, d'après laquelle nous l'avons
placée sur notre carte, reçoit également le Nil
ou Quolla y qui vient de l'ouest, comme la rivière
qui vient de l'est, à laquelle on a donné le
4lO RECHEftCHES %VR l'aFRIQUE.
même nom : seulement la {M*emière rivière, qu
celle qui prend sa source dans les monts de
Guinée j est plus considérable que la seconde,
parce qu'avant de se verser dans la mer inté-
rieare^ elle a reçu, par les deux bras du Gam^
barou , le tribut des eaux qui découlent des
rameaux les plus septentrionaux de la chaune
orientale ou dé la chaîne primordiale ; de celle
enfin qui surpasse toutes les autres en élévatioD
comme en étendue.
Telle est, suivant nous, la solutkm de ce grand
problème ; et si les lecteurs veulent se donner
la peine de se rappeler les diverses opinions qui
ont prévalu et les systèines que Ton a formés
sur les fleuves de l'Afrique., depuis Hérodote
jusqu'à Pline, depuis Pline jusqu'à Ëdrisi, de-
puis ]Édrisi jusqu'à Léon l'Africain, et depuis
Léon l'Africain jusqu'à nos jours, ib verront que
tous s'expliquent par la manière dont nous con-
cevons le cours des grands fleuves de l'Afri-
que; et quand les géographes et les taf<»tnaticm$
des voyageurs nous les représei4tent comme
tantôt réunis, tantôt séparés, c'est que ieurs
sources se trouvent rapprodiées entre elles^ et
qu'en naviguant le long de leurs cours, oa ar-
rive toujours dans une région riche en er (i),
— '■ ■'■' lin» I ii.ii. Il iiM.i. iii.iii^M>— g— — r«l^iiiMiiiiiii« 1^— Mp^^— ^^^a^^^M^a^
(i) Bnice {Travelsy Appemâi» to iw>i tu et vin, n® 3,
TROISIÈME PARTIS. 411"^
OU dans la fertile Egypte^ qui est, et qui fat de
temps immémorial, le centre de la civilisation ,
du commerce et des richesses de toute l'A-
frique.
Si, en Asie, nous ignorions l'existence de la
mer Caspienne et de la mer d'Aral^ et que nous
t. VII, p. lia, ëdit. i8i3, iii-8**) nous apprend que l'or,
qu'on apporte en Ahyssinie vient d'un lieu nommé Scky-
gourriy qu'on nomme aussi Schankala au Kordofan. €e lieu ,
selAn Bruce ^ ett à quarante^cinq journées de route du
Dfaf^Four^ Il payait être le B|éme que edui qa« Br^wne
indique dans son voyage ( Browue's Travels y p« 4Ç0, 461,
462), sous le nom de Sheibon^ et pour lequel il donne un
curieux itinéraire à partir à'Ibeït , la capitale du Kordofan,
D'après toutes ces indications et d'autres que donne Bruce,
cette ]^rovince de Shygoum ou Shetbon , d'où l'on tire l'or,
doit être située dans un des baaaias d'une des rivières qui
ço^lribuent à former ^i¥i7, et bo|i loin des aources de ce
fleuve. Les Aral>es indiquent u;nie contrée riclu» en ùt,^ à re9t
du Ouangara , ou vers les sources du Gambarou y ou de la
partie du Quolla qui coule à Test. Il sVn trouve aussi
beaucoup dans Bambouky ou dans Tes rivières qui donnent
naîssttïice au Sénégal et à la Gambie : on en trouve encore
àfijm fe OtJMssekmy et d«i»s les c<»tréas qui sont au sud dt
T^pouc0Uy on dans les bais^ins àê^ rivières qui affluent
danSvle /oliba ou le Quol/a^ q^i CQulç à l'est: de sorte qufe
les quatre bassins principaux du centre de l'Afrique sont
abondant^ en or, et qu'en remontant tous les grands fleuves
de cette partie dii moiide , a l'ouest , à l'est ou au sud, on
arrive toujours dkins un payiriclie en or.
4ll RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ne connussions qu'une portion du cours du
Wolga^ de V Oural et du Sirr^ qui se jettent
dans des mers intérieures, combien de fausses
suppositions ne formerait-on pas sur les direc-
tions du cours de ces fleuves avant de rencon-
trer la vérité ?
Nous terminerons ici ces recherches, dans les-
quelles nous nous sommes proposé de traiter
à fond la question la plus importante que la
science géographique nous présente dans son
état actuel , et de faciliter les progrès des dé-
couvertes dans des contrées riches et peuplées.
Nous osons dire que les résultats de ces dé-
couvertes seraient immenses , et auraient une
influence grande , prompte et sabitaire , non-
seulement sur toute l'Afrique, mais aussi sur
l'Europe , dont ces contrées sont beaucoup plus
rapprochées que l'Inde ou l'Amérique. Cette en-
treprise, qui a tant de fois été tentée depuis plu-
sieurs siècles, qui promet la gloire et l'immortalité
à ceux qui l'achèveront, ne nous paraît ni très-
difficile, ni très-dispendieuse; mais, comme toutes
les autres, elle ne peut réussir par le courage
seul , et elle a besoin d'être préparée avec pru-
dence et exécutée avec habileté. Le nombre de
ceux qui ont échoué ne prouve rien contre la
probabilité du succès : si des milliers de bateaux
avaient été lancés isolément des parts d'Europe
TllOlsiÈME PARTIE. J^l'i
pour traverser l'Océan Atlantique, il est pro-
bable que tous auraient péri; mais il a suffi d'un
seul vaisseau, dirigé par un Christophe Colomb,
pour aborder dans le Nouveau-Monde.
La découverte du Soudan , et Taccroissement
de commerce qui peut en être la suite, me pa-
raissent être, dans l'état actuel de la civilisation,
l'objet le plus digne de l'ambition des nations
dé l'Europe. En offrant une carrière illimitée à
ces esprits aventureux et hardis, dont le nombre
s'est multiplié à l'infini par les chances des
guerres et les catastrophes politiques , elle peut
contribuer à la tranquillité actuelle des élats,
comme à leur prospérité future; et ses efFets
seraient tels, qu'aucune classe d'hommes ne s'y
trouverait entièrement étrangère.
En efiPet, lorsque les peuples ont fait de grands
progrès dans la naviganon , qu'ils ont étendu au
loin leurs relations commerciales , que les scien-
ces, les lettres et les arts ont jeté parmi eux
un grand éclat; lorsque toutes les routes que
Thomme p/eut parcourir sont illustrées par des
noms qui rayonnent d'une véritable glaire ;
lorsque la perfection toujours croissante des
arts industriels semble augmenter indéfiniment
les besoins des individus de toutes les classes,
et a fait nakre le goût du luxe '^ de la mollesse,
même parmi les plus misérables;, lorsqu'enfin
4i4 reghbuchës sur *l'afriqu£.
des catastrophes rapides et successives ont reu-
Tcrsé tant de projets, dissipé tant d'illusions,
frustré tant d'espérances, alors la possibilité de
la découverte de contrées inconnues, riches et
fertiles excite, même au milieu des plus grands
événements , une attention universelle.
Le géographe espère soulever encore une
portion du voile qui dérobe à ses yeux cette
grande énigme de la connaissance du globe,
l'objet de ses travaux et le but de ses médita-
tions. Le physicien et le naturaliste s'attendent
à contempler la nature sons de nouvelles faces,
à scruter ses secrets dans de nouveaux pbéno^
mènes, à étudier dans des rdppcrls jusque -^ là
inaperçus les lois qui la régissent; et, par l'ana-
lyse et la description de productions inconnues,
à faire disparaître les imperfections des mé-
thodes et les lacunes oes systèmes. Le philo-
sophe est satinait de pouvoir considérer l'espèce
humaine modifiée par d'autres climats, d'autres
[déjugés, d'autres mœui^, que ceux qu'il lui a
été donné jusqu'ici de comparer. L'érudit se
complaît dans l'accroissemetit des traditions et
des monuments qui lui permettront de ratta-
cher quelques-uns des chatnons de lliistoire
que le temps a rompus , ou qm loi révéleront
les fortunes divel^s de royaumes et d'empires
dont les noms ne lui' étaient pas^ même connus.
TROISIÈME PAKtlE. 4l5
Le poète et .l'artiste voient avec plaisir s'agran-
dir le domaine réel de l'imagination, pour la-
quelle aucun univers n'est trop vaste, et qui
aime à varier ses nuances et ses couleurs. Le
riche et le voluptueux sourient à l'espjérance de
voir se réaliser ua jour de nouveaux moyens
de jouissance. Celui que la misère obsède^ se
transporte au contraire en idée sur ce sol bien-
faiteur, où le travail de ses bras lui fournirait
une subsistance que tous ses efforts ne sont pas
toujours certains d'obtenir dans nos sociétés
perfectionnées.
Mais ceux qu'un pareil événement intéresse
plus immédiatement , c'est le spéculateur qui
aspire à s'ouvrir de nouvelles sources de ri-
chesses^ c'est enfin l'homme d'état qui apprécie
lès changements futurs qu'une semblable dé-
couverte peut produire dans les destinées des
peuples, et qui songe à préparer, avec une pru-
dence savante et une sage vigueur, les moyens
de le mettre à profit pour la prospérité de la
nation dont les intérêts lui sont confiés.
APPENDICE
CONTENANT
DIVERS ITINÉRAIRES
QUI ONT ÉTÉ ANALTSÉS, OU DOITT IL A ÉTÉ FAIT
, MENTlOir^OAirS CET OUVRAGE.
>7
APPENDICE. , 4'9
I.
ITINÉRAIRE
DE TRIPOLI DE BARBARIE
▲ LA VILLE
DE TOMBOCTOU, ' *
PAR LE CHETK H AGG- K.ASS EM .
PREMIERS JOURNÉE.
J3é Tripoli de Barbarie à Zaméh. Zawiéh est un
village dans le genre de celui dit Coraïm, dans la
Basse -Egypte. Ce sont des maisons et de grands
jardins. Il y a un collège.
a* JOURNÉE.
De Zawiéh on va passer la nuit à un lieu, dit Bir^
Ghanam^ ainsi nommé d'un puits q^l s'y trouve.
• a7. .
4^0 APPENDICE.
y JOURNÉE.
De fiir-Ghanam on se rend à fFadletel^ ainsi nommé
d une rivière où Ton voit des tamariscs ; Wadletel
signifiant la rivière des tamariscs.
4* JOURNÉE.
De Wadletel on se rend à Rogeban , pom d une
tribu arabe qui y séjourne.
5* 7* JOURNÉES.
De Rogeban on se met en route; et, après trois
jours de marche^ on vient passer la nuit à Dorgy,
8^ JOURNÉE.
DeDorgj on se rend à un puits àitBir^Temâd^ où
Ton fait la couchée.
9* — l3* JOUÉKÉES.
De Bir-Temâd on passe cinq journées au sein de
déserts sans eau , après lesquelles on arrive à la ville
de Gedâmes ou Godâmes , qui est l'ancienne Cadmus.
Gadâmès est une ville assez grande, bâtie à côté de
lancienne Cadmus , dont il reste, dil-on; des ruines
intéressantes. Cette ville est lentrepôt du commerce
de l'intérieur de l'Afrique. On y apporte le séné , la
follicule, la poudre d'or, les gommes, les nègres et
négresses, qu Qft a achetés àCachna, Boumou, Tom-
boctou , et qui de là se répandent dans les régences
A.PPENDICE. /ictl
de Barbarie, dans le Levant, et en Europe, par Mar-
seille et Livourne. Gadâmès , qui relevait autrefois de
la régence de Tunis, dépend aujourd'hui de celle de
Tripoli , qui en tire de très-grands droits sur les mar-
chandises que les caravanes qui font le commerce de
l'intérieur y déposent , et qui en accable les habitants
d'impôts. Le pacha, chef de cette régence, a forcé
dernièrement les Gadamèsins d'amener à Tripoli tout
le commerce qu'ik faisaient avec plus d avantage avec
Tunis; et cela, afin que ses douanes y profitassent
plus. C'est de Gadâmès qu'on apporte les dattes du
Fezzan, l'antique Phazania. Gadâmès est entourée
de jardins de palmiers , de dattiers et d'autres arbres
arrosés par. une seule source dont l'eau est léga-
lement répartie. Le gouvernement de la ville est
entre les mains des trois plus anciens cheiks ou no-
tables du pays , qui veillent à la police , rendent la
justice , et veillent à la répartition, de l'eau. Les Ga-
damèsines, ou les femmes de Gadâmès, ne sortent
jamais par les rues; elles se visitent par -dessus les
terrasses des maisons , qui ont toutes la même éléva-
tion. Gadâmès a soutenu plusieurs sièges contre la
régence de Tunis, au joug de laquelle elle s'est sous-
traite pour tomJ)er sous celui , encore plus dur, de la
régence de Tripoli.
l3*' — l5* JOURNÉES.
De Gadâmès on marche pendant trois jours , après
lesquels on vient se reposer au puits nommé Teri"
Yakken,
4» APPENDICE.
l6* l8* JOURNÉES.
De Ten-Yakken, qui signifie en la langue dii pays
le puits de Yakken, on marche durant trois jours;
après quoi on trouve un autre puits nommé Bir-d»
Tabbéjed.
19* 22* JOURNEES.
De Bir-el-Tabbéyed on fait quatre journées , se re-
posant dans les déserts ; et le quatrième jour on at-
teint un endroit dit EUMossegguem.
22* 25* JOURNÉES,
D'El-Mosseguem on fait encore quatre journées,
ne s'arrétant que dans des lieux incultes, après les-
quels on trouve un puits creusé dans un bois, et
qui , par cette raison , se nomme Bir-el^Gâbah.
26* — ag* JOURNÉES.
De Bir-el-Gâbah on fait, durant quatre jours, halte
daiïs des endroits déserts , et Ton vient se reposer
à un lieu nommé Hassi-Farslk,
30*—— 33* JOURNÉES.
^ De Hassi-Farsik, après avoir fait quatre stations au
sein des déserts, on vient pemoctumer à un lieu
nommé Ain-e/'^Salâkk , c'est-à-dire la fontaine des
saints, à cause d% saints, ou musulmans religieux»
qui y font leurs demeures et y ont leurs tombeaux.
APPENDICE. 4^3
34* 35* JOUBNÉES.
D*Aïn-el-Salâhh , après deux stations , on arrive à la
ville dite Agably^ capitale d*un grand pays , nommé
Toiiaty qui contient une infinité de villes ou cam-
pements , dont les habitants se nourrissent de dattes ,
de lait , et dé fatrine de cassave. Cette ville a été
bâtie par un mahométan, nommé Bounaàméh. Elle
relève de l'empire de Maroc, On y trouve beaucoup
d'eau.
36* 39* JOURNÉES.
D'Agably on voyage pendant quatre jours entre
des montagnes ; et le quatrième jour on vient se
reposer à un puits nommé Bir-Ouellen ^ c'est-à-dire
dans un pays habité par des Arabes qui logent sous
des tentes de cuir. Le chef des Arabes Ouetten^
appelé Kâoù, fait payer à toutes les caravanes qui
passent sur ses terres, un droit de péage. Le terri-
toire d'Ouellen est fertile en pâturages où paissent
des chameaux.
4o" 44* TOURNÉES.
De Bir-Ouellen on arrive, après cinq jours de
marche, au pays des To^reks, peuplade de noirs.
Les Touâi'-^^ks se couvrent la figure jusqu'aux yeux
de la même couverture ou baracan,<pie recouvrent
des tuniques de lin calendrées , qu'ils teignent en
noir. Si les Touâreks hommes se couvrent la figure
jusqu'aux yeux, les Touâreks femmes, au contraire,
4a4 APPENDICE. .
contre la coutume des Orientaux, vont découvertes.
On les dit d'une grosseur démesurée , et aussi indo-
lentes ou paresseuses qu'elles sont monstrueuses.
Les Touâreks prennent leurs femmes au poids : plus
une femme pèse , plus elle est belle. Une Touârek
de dix quintaux est une Vénus. Les montures or-
dinaires des Touâreks sont des dromadaires extrê-
mement vîtes , qui , en raison de leur vitesse , sont
divisés en plusieurs classes. Il y en a qui, faisant
en un jour cinq journées de chameaux ordinaires,
sont nommés Kammassi^ que je rends en français'
par pentadiurnaires ; d autres qui , faisant six jour-
nées en un jour, sont appelés Saddassy\ hexadiur^
naires; d'autres qui, faisant dix journées en un jour,
se nomment Achchary ^ décadiumaires. 11 y en a
aussi qui ne sont que Tallâtiy triadiurnaires ^ parce
qu'ils ne font que trois jours de marche en un seul
jour. Dans l'empire de Maroc, plusieurs tribus arabes
ont de pareilles montures. Les armes des Touâreks
sont des sabres , des lances tout en fer , et des bou-
cliers recouverts de la peau^ d'un animal nommé
Ekiir-Ainda , qui ressemble au bœuf. Ils sont venus ,
il y a trois ou quatre ans , faire une incursion sur
le territoire de Tunis, dans le voisinage de l'île de
Gerbi, l'ancienne Méninx, et 'se sont retirés. On a
voulu les poursuivre; mais on n'a pu les atteindre,
vu la célérité de leurs dromadaires. On trouve, dans
le pays é»^ T<>uàreks , de l'eau et des pâturages. On
dit' que les Touâreks manient très^bien le sabre.
APPENDICE. ^a5
45* 49^ JOURNÉES.
Du paj« des Touâreks on se rend, après cinq
jours de marche, à un puits nommé Bir^Mossa^
quem.
5o* .54* JOURNÉiBS.
De Bir - Mossaquem on met cinq jours de marche
pour arriver à un autre puits , que les gens du pays
nomment Hassj'Touaber.
55*— *-6l* JOURNÉES.
De Hassy - Tpuaber on arrive , après sept jours
d'une marche pénible à travers des déserts sans eau ,
au puits dit Hassj-Moussj- ^ c'est-à-dire dans un pays
habité par des Arabes dits El » Barabich ^ qui font
commerce de bétail avec les Touâreks.
62* 70* JOURNB-ES.
De Hassy-Moussy on arrive , après huit jours de
marche, à la ville de Mabrouk. Le pays où cette
ville est située , est habité par des Touâreks. On y
trouve beaucoup de bestiaux. Les gens de ce pays
font le commerce de sel avec Touadermî^ ville qui
dépend de Tempire de Maroc,
71* 75* JOURNÉES.
, /
Se Mabrou]L on se met en route, et, après cinq
jours de marche, on arrive à Bir^Tmgent^ c est-à-dire
4^6 APPENDICE.
à ua puits qui se trouve au milieu de terrains cou-
verts de pâturages, et habités par des Arabes qui font
le commi^ce avec la ville de Tomboctou.
76* 78* JOUaifEES.
De Bir-Tagent on marche durant trois jours , après
lesquels on arrive à la petite ville de Mamoun,
79* 81* JOURNÉES.
De Mamoun, après trois autres journées de mar»
che, oa arrive enfin à TomBoctau. Tomboctou (7ïm-
bocty ou Timboctou) est une grande viDe ouverte,
sans muraiUe ; grande trois fois comme Tripoli de
Barbarie, mais mal bâtie en briques, recouvertes de
plâtre ou de chaux. Les maisons 7 sont basses, et
jointes les unes aux autres. Quelques-unes ont un
étage ; celles-ci sont les habitations des gens aisés , des
principaux du pays et des négociants. Les habitants
de Timboctou sont, en majeure partie, ou mar-
chands , ou tisserands , ou tailleurs , ou forgerons ,
ou joailliers. Timboct est située dans une plaine , à
peu de distance d'un fleuve que les indigènes ap-
pellent iVr/, qui la bs^îgnait, dit -on, autrefois, mais
dont elle est éloignée aujourd'hui de trois quarts
de lieue. Ce fleuve, qui coule de IVsf à X ouest y est
navigable; et les gens du pays forment des espèces
de radeaux , composés de planches attachées les une^
aux autres avec des om*des, sur lesquels ik vont en
Guinée^ qu'ils appellent Djtnnjy chercher le miel.
APPENDICE. 4^7
le riz, la cassave, la toile blanche, la poudre, et les
esclaves nègres ou négresses, qu'ils viennent débar-
quer à un petit bourg nommé Kobra on» Gabra^
situé sur les rives de leur Nil, et distant de Tim-
boctou comme le Kaire l'est de Boulac , et qui se
transportant dans la ville de Timboctou, d'où ils se
répandent en Asie et en Europe. La ville ou l'en-
droit où ils vont charger les marchandises ci-dessus ,
se nomme Ouangara , qui en est sans doute l'entrer
pot. Les habitants de Ouangara ou Wangara se nour-
rissent de la graine d'une espèce de plante qu'ils
nomment Awaggac ^ qui vient d'elle-même dans le
temps des pluies. On la récolte avant l'automne ; sa
graine sert de nourriture aux hommes, et sa paille
aux animaux. On réduit cette graine en poudre,
que l'on mêle avec du lait; et c'est la nourriture
ordinaire des gens du pays, avec du fromage et la
viande de leurs troupeaux , qui sont nombreux. Cette
graine ne serait-elle pas ce qu'on appelle , dans tout
le reste de l'Afrique, Bichnah^ dont les Arabes font
une espèce de poudding , et qui est leur principale,
nourriture ? ^
Cet itinéraire , et les renseignements qui s'y trou-
vent consignés, faisaient partie d'un ouvrage que je'
composai dans le temps sur la régence de Tripoli
de Barbarie, ayant pour titre : Tableau général de
la Régence de Tripoli de Barbarie pour Vannée i8o7j>
qui est parvenu au ministère des relations extérieures
en 1810, et qui a été égaré. Ils m'ont été dictés par
428 APPENDICE.
le cheik Hàgg-Cassenfi , homme d'âge, qui servait de
guide aux carayanes de marchands qui se rendaient
du royaume de Tripoli à Tomboctou , et qui a fait
lui-même toute sa vie le commerce de Tripoli et
de Gadâmès , d'où il est originaire , avec cette ville
de Timboctou.
Fait à Rabat-lez-Salë, le i3 juin de Tan 1807.
Signé DelaportB} chancelier.
APPENDICE. 4^9
^/%/%%»%<%<m/%/%'»/%/%%'%>%»%»%/%%.'%^%.-<^>.^>^»»»%^%«^^%»%%^%»^^%/^<»/»»%%<%%»<W%<
II.
ITINÉRAIRE
OB
TRIPOLI A TOMBOCTOU,
MOHAMMED, FILS DE FOtTL ,
TKADUIT DE LAUÀBE
PAR M. LE BAR019 SYLVESTRE DE SAGY.
JJs Tripoli, en se dirigeant à Fouest, par le chemin
des Hamamii^' f }usqusiu lieu nginmé RaS'Alnakhl
(Tête des palmiers), deux milles.
De la porte 'de la ville on va camper à Djenzour:
la distance est de dix*huit milles ou trois heures.
Quant aux puits qui se trouvent dans cet inter-
valle jusqu'à Ras - Âlnakhl des Hamamidj , deux
milles; de Ras-Alpakhl à Querkaresch^ quatre milles;
de Querkaresch à Djenzour y douze milles ; «n tout
dix -huit miUes.
43o APPENDICE.
De Djenzour on va coucher à El^Zaivieh de
l'ouest, distance neuf heures ou cinquante milles.
Les puits sont : i** Sayyad^ à la distance de, cinq
milles; 2^ El^Majeh^ douze milles ou deux heures;
3^ iEZ-Tbaii/^èA, quinze milles ou deux heures et
demie (Entre El-Mayeh et El-Touibiyèh il y a en-
core deux puits , dont l'un est sur
et Tautie à l'ouest). D'El-Touibiyèh à El^Zcwvieh^
vingt-tro«r milles ou quatre heures.
Pour nous résumer : de Tripoli à El-Zawièh de
l'ouest, il y a un jour de route à marcher depuis
le lever du seleir jusqu'à son coucher.
'D'El*Zawièh à Ezwagah (Zewaga) qui est aussi
éloignée d'El-Zawièh, que Tripoli l'est de Menschieh
d^El ' Zaçpieh, Distance d'El-Zawièh à Ezwagah,
soixante-dix milles. Puits : i® du côté d'Elzawièh, le
puits de Dendanhh; 2° â douze milles de Dendanèh,
le puits de Zaratv^ à l'est d'Ezv^ragah ; 3** le puits
nommé le PuUs JtAlkharbeh d^Ezwagâh.
D'Ezwagâh la cavavane va camper à CasT^el-Alla"
frah , éloignée de Tripoli de deux journées de mar-
che , ou cent soixante -dix milles , ou vingt -sept
heures."
De Casr-el-Allakah on .va camper à Zowarah
Ainsi les distances entre Tripoli et El - Zawièh , El-
Zawièh et Ezwagah, Ezwagah et Zo\mrah, sont clia-
cune d'un jour, ni plus, ni moins : en tout trois
jours de marche, ou deux cents milles, ou trente-
tleux heures.
De ce lieu on va camper k' Scheîkh'Sidi^Bowh
APPENDICE. 4^1
djéileh ( Bouojeïlèh ). Distance, une journée, comme
pour les distances précédentes, depui^i lé lever jus-
qu'au coucher du soleil, ou douze heures.
De Bouodjdflèh on va camper à El^Khattabah^
Distance, une journée. Puits : i^ le puits de Dikda'
cah , à rextrémité du territoire de Bouodjeïlèh , et 9
la distance de douze milles ou deux heures ; 2? le
puits de Wakhoum^ distant du précédent de vingt
milles. / •
De cette ville (i) vous faites une journée de mar-<
che, puis vous entrez dans des montagnes par une -
gorge qui est entre ces montagnes , et qui est rem-
plie de sources d'eaux courantes. Vous en êtes' ac-
compagné dans votre marche jusqu'à la vallée de
Zenthân. ' ^
Résumé. Toute cette route , depuis Tripoli jusqu'à
Fossato^ n'est quCs. sable et cailloux. Après Fossato,
vous ne marchez plus que sur des pierres, ayant
une montagne à droite et une montagne à gauche^
et cette marche dure un jour et une nuit , c'est-à-
dire vingt -quatre heures, jusqu'à ce que vous en-
triez à Zentân. Depuis la porte de Tripoli jusqu'à
Zentàn , on se dirige toujours à l'ouest. On nomme
les habitants de cette vallée les Zénata^ qui sont de
la postérité de Hélai; mais la vallée elle-même se
nomme Zenthân- (a).
(x) Sans doute Boao^eïlèh.
(a) Ceci est fort louche dant le texte.
43a . APPKlYDiCE.
La caravane couche à Tentrée de la vallée; ensuite
elle part, et iiKirehê dans le milieu (i) de la vallée
pendant douze heures, puis elle passe la nuit .dans
^ine partie de la vallée. Au lever de l'aurore, elle
part, et continue encore à marcher sans interruption
(|ans le milieu de la vallée, durant six heures. En-
suite, on sort de la vallée, et on couche en face
Depuis ia porte de Menschièh de TripoU, on a
toujours marché vers Fouest, ayant TripoU à l'est;
mais, depuis celui-ci, le chemin se. sépare, et vous
allez vers le sud.
D'El - Rodjeban on va à la vallée d^El-Sian. La
distance entre ces deux endroits est la même que
celle qui sépare les autres (2). Puits : i** le puits de
NakouA (3), à cinq heures de distance d*£l-Rodjel>an ;
2** le puits de Schahamnah , vis-à-vis la vallée d'El-
Siân , distant du précédent de cinq heures et un tiers.
En partant le lendemain de cette vallée, on marche
de même pendant dou^e heures , et on vient coucher
dans. la vallée de LcUkman.
On en part au lever de l'aurore; et, après uno
marche de douze heures pleines ^ on vient camper
près d'une eau appelée le puits de Sammam, De
(i) Oa a écrit en marge du maftusccit, wUattc ; mais ce mot
Tcnt dire le milieu , et nVst pas on nom p'^pre.
(a) Sans doute nne jonmée on donze heures^
(3) Ce doit être par inadvertance qoe M. Delaporte a écrit «n
marge Blr Nafoita,
APPENDICE. ' 435
' quelque côté qu'on dirige sa marche, on ne trouve
point d'eau ayant ce puits.
On- y passe la nuit; et au lever du jour o», ei^
part, après avoir rempli des outres d'eau autant qu'il
en faut pour quatre journées de marcha. On ne
trouTC dans sa route que des» pierres, et il n'y à
pas la moindre terre.
Après quatre journées de marche complètes, on
tçouTe un puits, nommé le puits de Quercabah, On
y passe cette nuit -là.
Le lendemain on quitte ce lieu, et on marche
douze heures pleines. Au bout de six heures de
marche, à midi, on trouve un puits, nommé le puits
de Rahmaneh. On dîne près de ce puits ; on con-
tinue ensuite sa route, et, à la fin du jour, après
avoir complété les douze heures de marche, on cou-
che au lieu appelé SedrauHelâL *
Lç lendemain matin on se remet en marche ; oft
ne trouve point d'eau pendant deux journées. Apre»
douze^ heures de marche, on couche à Gouth^el-
Radjranah (i) : ce lieu n'est que sable et gravier.
L'étendue de ce Gouth est de trois jours et trois
nuits. Il n'y à point d'eau : on ny trouve que des
autruches et dçs bêtes féroces. On marche dans ce
Gôuth sans trouver ni eau, îfii pâturage. Le qua-
trième jour au matui, une heure après le lever du
soleil, #n trouve trois puits, qui se communiquent (2)
(i) Gouéh signifie une plaine basse.
(a) Le sens de ces mots est hasardé.
** •
434 * APPEWDICB,
ensemble. L'eau de ces puits est plus douce que celle
de la fontaine de Mavrah^ daus Ist ville de Tripoï.
La carayane fait halte, près de ces puits, jusqu'à
midi. On j abreuve les chameai^x; on y dîne, et Ton
8 j baign#. On en part à midi, et on marche dam
le$ sablfs jusque vefs le soir. On couche au lieu
nommé les Puits (TAlsidr (i) : on en a une rangée
d'un côté et une rangée de-lautre, c'est-à-dire à
droite et à gauche.
Après avoir passé la nuit en ce lieu, on en part
et on marche toute la journée jusqu'au coucher du
soleil , et' on arrive à un puits nommé le
puits diEl'Djetlaoudah^ qui est au milieu, des restes
d*u!iaie ville ruinée; on j passe la niiit. Dqmi^ ce
lieti on ne trouve point d'^^au pendant n«uf journées.
On prend donc une provision d'eau suffisante, et on
marche pendant vin^- quatre heures, sans que les
.chameaux ni les hommes preonent aucun repos,
jusqu'au lieu nommé El^Keliat. On y passe la nuit,
et on s'y repose la moitié du jour : ensu^ on
marche encore un joui» et une nuit, sans que les
chameaux ni les hommes prennent aucun repos ; et ,
après un jour et une nuit pleins , on campe à Mad^
joumy lieu où il y a des arbres, et moie rivière, qfui
ne coule que quand il pleut.
(i) Le mot qne je tradais par ies puits signifie nue réanion de
plnsienrs pnita dans en même lien. Je sonpconiie tootefois que ce
même mot peut signifier un bois touffu, Coaam« sitir \9nt àktm. le iotm^
^e sens serait , un kois tot^u de l«itu.
# '
APPEITDICE. -* 4^5
On couche la nuit eli cet endroit; puis on maxche
encore un jour et une nuit cqnune aujiarayant, et
on campe dans une plaine bas&e, nommée Goiuh dr
Canoudj.
Après une nouvelle marche de vingt-qua^trt} l^eures,
on campe dans la vallée de S^nad,; on y passais
rtuit , puis on en part le matin , et on marche deux
jours et une nuit, ap^ quoi on campe à lextrémitë
d'un terHtoire nopoimé Albesat ( c'est>à-dire la plaine,)
des Enfants de Hammam ; on y passe la nuit , et ,
apfès douze heures de ihanehe pleines, on campe
près des Puits de Ben^Déradj.
La nuit se passe en ce lieu ; le matin on prend
u^ provision d'eau pour deux journées , on abcv^uve
les chameaux, on boit,; on se baigne si l'on veut,
puis on so^ met en marche.
Après avoir marché un jour et une ntiit, on campe
dans le territoire de Godâmes , du côté du midi
Entre elle (i) et la plaine basse , où est campée h
caravane, et qu'on appelle Gouth de Barkac^ ^ il y
a t^ois journées de marche.
• Revenoq» à la marché de la caravane* Après avoir
pa^ë la nuit au can^emes^t dont^nous avons parlé,
elle Iç quitte le matin du jour suivant, et marche
pendant vingt-quatre heures, au bout desquelles elle
campe au )ksp. ^mmé Gouth de Cordollah, On y
passe \S nuit.
Le matin oh se remet en marche, on fait route
(i) Sans donte Gadamèa^
a8.
^ ^ %.
436 * APPENDICE. ^
peiûlant vîngt.^ quatre heures, et on campe ^u lieit
appelé Goùth'de Sadész^ où il j a un puits nommé
le puita de Schafannah On y tait provision
d*eau pour huit journées.
On paît de ce puits au matin; et en vingt-quatre
iHînres de marche o{( vient camper au Gouth de
Zenzan,
Après y avoir couché et avQÎr. marché yingt-quatre
* heures > on arrive au Gouth de BfiraklmeK. On y
^ passe la nuit.
. On se remet en »f ouïe Ife matin ; on marche vingt-
" quatre heures, et on campe à El '^ Kakaa y du. côté
du couchant : on y reste jusqu'au matin.
Làe^la route se sépare, on se dirige au mi(}i, et
on marché au milieu de Teau et des puits. Après
vingt-quatre heures de marche, on camp» aupisps du
4 puits d'El'Zafzqf, dont Teau ne tarit en aucane sai-
son , et sort toujours avec murmuré. . On y 'fait sa
provision d'eau pour douze journées.
Parti de ce lieu, on arrive, après une route d'un
jour et d'une nuit, à Karkotifii^ ph on passe la nuit'.
^ De là, après une marche' d,e vingt^uatre heures.,-
on campe dans le Gouth éPEl'-Zarahnak. Après^^a^
nouvelle Toute de vingt -jquatre heures, on' Cj^mfii
d«ns le Gouth d^Elc^h. 6n en repart au^^atiti^ et
en vingt-quatre heures on arrive au Gouth dhidjri^
neh. On y passe cette nuit; puis en vîngt-quatrê heures
on arrive à un Gouth nommé ^i>z fc'esteà-dire la fon-
taine) d-^/-I^bttr, dont l'eau est excellente, et que
ie sable ne gâte point. On s'y repose vingt -quatre
H
APPEiyOICË. - • 437
heuces; De là on voit Fèzzan^ entre' le'midi et le....
Il y a deux journée» de mj^^che pleines entre Feazai? *
et cette source. • , ^ #
On part de là ; on marche depuis le matin jus- "^
qu'au coucher du soleil, puis on couche dans le
pays de Djina : on y^ passe la nuit. Le matin suivant
on quitte ce lieu, et, après douze heures de marche,
on vient cracher à nti pays nommé Sabha, •
De là , eii vingt - quatrç heures de marche , on
arrive à Maragnah; on en rt?part au matin suivant;
on' marche vingt-quatre heures , et , après un jour et
une nuit , on vient coucheç au Gouth d^EInadjnadj^^
où il n'y a point d'eau. On y passe la nuit»
"Parti de là au matin , on marche un jpur ef une
nuit , et on couche dans le Gouth cTAdhindsch.
Au lever de laurore on fait sa provl^on d eau
pour six journées , et on entre dans le pays des Ta^
wareks. Ici la route se partage.
On marche un jour et une nuit , puis on couche
dans le Gouth de Sarrafeh. Reparti le matin suivant,
^près vingt-quatre autres heures de marche, on vient
coucher ^u Gouth de Scharschoum. Le lendemain
iHmii on- décampe, on* marche jusqu'au coucher du'
solèir, et on entré dans^a ville de Tareknah ^ i^2lJ%
deiCT<2M^«^tfA*5.
De là ia roilfe ge divise, et se dirige vers l'ouest.
On marche deax jours et deux nuits après être sorti
de Tarekvah , sans que les hommes ni les chameaux
prennent aucun repos ; et après les traites ( de douze
heures) on entre sur le terrain d'£/-Z)û/^//i , qui «p-
438 • ' APPENDICE.
. partient tu pays des Nègres (i), et on y passe la
* nWt près du Puits de Ptndi^
Etant parti d^El-Damn^ après •un jour de marche
plein, on arrive, au coucher du soleil, à une vallée
nommée* en langue des Nègres Sanindi, C'est un lieu
charmant, on i} y a abondance d'arbres; de fruits et
de toutes sortes de biens. Cette vallée a une étendue
• de vingt*quatre heures de maf^e, d'^n matin à un
•• matin. Après vingt -quatre heui^s 'de marche, on y
trouve sept réservoirs ,^ongs chacun de cent pieds
environ , et pleins d'eau pendant les douze mois de
^l'année. Rien n'est plus merveilleux que cette vallée,
^ après 1^ Nil. ^
On y fait une provision d eau pour quatre jour-
nées, puis on se. met en route au matin; et au bout
d'un jour et d'une nuit on campe dafis un Gouth
nommé dans l'idiome des Nègres Bourouki, et dans
" celui des Tawareks Saddjanah.
t * On passe la nuit en ce lieu, et, après une nouvelle
maivhe de vingt-quatre heures, on vient camper dan»
un Gouth appelé dans la kmgue des Nègres KaninU^
et dans Tidiome arabe des Tawareks Buikomnah,
Parti de là 'le matin , on amve, en vingt • qualtre
heures de marche, à un Goùth nommé par les Nègres
Coundji^ et (>ar les Tawareks Boklischam (ou Fohh-^
scham). On y passe ia nuit et le jour suivant jus-
qu'à midi. On y Èàt sa provision d'eau pour une
journée, on y abreuve les <;hanieaux,\oii s'y baigne,
t ■ '
(f) Par- tout oà j'ai mis Nègres le texte ptWle alubid, tes esclave*.
APPENJJICE. ^ 4^9
De là on marche un jour et une nuit, sans que les
hontmes m les hameaux s^ apposent , et sans foire
paître les montures; et on arrive, après cette traite,
à un. Gouth nommé par les Kègres Cabiciy et par les
Tawareks Schahatah.
On couchç là ; puis en douze heures de marche ,
depuis le lever du soleil jusqu'à 'son coucher , on ar»
rive à la vjjle de Ha,p^sa , ville du pays des Nègres.
Là se tient un marché. Ceux qui veulent y 'acheter
des provisions, en achètent. Qn se r^^se, et on feit
reposer les chameaux ; on y vend, si Ton veut, les
marchandises qu'on a apportées.
En quittant cette ville, on marche un jour et une
nuit , et on vient coucher dîin% u4ié vilie des Nègres ,
nommée en leur idiome Baçouknokiy et dantf celui
des Tawareks Bakermi. Ce n'est point une ville ifïdé-
pendanfiie (c'est-à-dire un ébef-Iieu), mais seulement
un lieu comme Mzwarah ( qui dépend de Tripoli ) et
autres semblables.
. Oïl prend là de l'eau pour deux journées , et, par-
tai|t dès le mjtin , on mai^e jasque fort tard entre
le coucher du^ soleil ^t la nuit close; on viei>t coucher
à Sarreifeh.^ comme on fait de Djenzour (i). Ce lieu
f^ nomme en lan^e nègre Sckakniri^ et dans le lan-
gage des Tawareks Wananên, On passe la nuit près
de ce puits, et on y rfeste vîngt.-quatre heures.
(f) Ceci est t^ès-^ot>scnT. Je crois que Fantenr vent dire qu«
Baçouknoki est éloigné de la ville de Sarreîfièh comnie Dîensonr
l'est de Tripoli ^
44o ^ APPENDICE.
Après une nouvelle marcha d'un jour et d'une nuit,
on s'arrête dans une vjlle que les -IVègres*' nomment
Kiki^ et les Tawareks Caouaz. Ce n'est point un chef-
lieu y mais c'est comme la montagne des ^Djebatis. On
quitte ce lieu au matin , et on marche jusqu'au cou-
cher du soleil ; on va coucher à une ville des Nègres
nommée par eux Canindiy et par les Tawareks Cor-
rirah.
Là on passe la nuit , on en part au matin , et on .
, vient \ au coucher dmsoleil , à une ville nommée en
langue des Nègres Wanonld^ et en langue des Ta*
wareks Caoucaou, Il n'y a pas de ville plus grande
que cette; ville : les habitants sont aussi nombreux
que des sauterelles; ils* croient en Dieu et en son
prophète Mahomet. On trouve là toutes sortes de
biens et de marchandises. On n'en trouve pas le quart
à Tripoli. On y vend cent ce qui vaut dix (i). On
passe la nuit à l'entrée de la ville; le matin , lorsque
les troupes paraissent avec leurs flèches , on ouvre les
verroux, et on leur donne un ordre de leur prince
pour la caravane. Personne ne peut entrer dans cette
7)ille (2) sans un ordre d*El'Mai\ c'ést-à-dire en arabe
du Sultan.
En /quittant ce lieu on «va coucher à une ville que
les Nègres nomment Coumû^ et les Tawareks '£2-£i>--
kak. Il lit (3) l'ordre de ^n pacha ; il s'assied sur ses
(i) Le sens du texte est fort louche. *
(2) Je mets ces mots aa hasard; le texte est iniutelUgihle.
(3) Le snjet da vecbe est ainsi.
APPEWDJCE. s . 44'
genoux, il étend ses deut mains, et il les agite, pour
témoigner son ob^sançe à cette lettre de leur El-Maî.
On passe cette nuit dans labondance , et on part
au matin ; et après avoir marché depuis le matin jus-
que vers le milieu de Taprès-midi , on entre dans une
ville nommée par les Nègres Birzizziy et par les Ta-
wareks Àfnou. La caravane y eât reçue par les gens
du vice-roi, qui est soumis à lobéissai^e de celui
^dont la caravane a obtenu un ordre (i).' On prend *
cet ordre; on le présente à Iwr chef; qui .se pose
sur se& genoux , étend ses deux mains et les agi^'e.
La caravane passe la nuit dans labondance; on lui
donne à souper du des cannes (à.5ucre) et
des dattes. On réduit les daEes ei^ • farine , en sorte
qu elles ne forment plus un corps dont les pa^es
' adhèrent les unes aux autres; alors on pile la canne
jusqu'à ce qu elle perde toute son aspérité (2), puis
on mêle le tout avec du lait doux ; on &it ^e mélange
avec la main le mieux du monde. Pendant les danzfe
mois de Tannée ils n'ont point d'autre nour^:ii*iée que
des cannes et du lait frais.
Après avoir jpasié la nuit dans l'abondance, on
part au matin de cette ville y. et vers le miMea de l'a-
près-midi on arrive à une ville appelée par les Nègres
Sarkiy et par les Tawareks -5<?rco». Les troUp^s^de
cette ville viennent au-devaftt des voyageurs, pren-
nent l'ordre du chef. s^prJme, et, foat/cotoïkie'^ceux
dont noijs avons déjà parlé. . •, .
(i) Cest-à-dire d'El-MaJÙ .
(2) Le sens de font ceci est fort incertain.
44^ APB£N]>ICE.
La c^^aTane passe la nuit dans îabondance. Le len-
demain au matin y on 1 approYtsionne d'eau pour trois
journées, parce que cette ville est la dernière des
états du prince dont nous avons parlé. La caravane
se met en route de bon matin, et, marchant jusqu'au
coudier du soleil, efle couche dans la foret d'£'A
Degarfkh, Toute la journée suivante on marche dan*
la forêt ; e% au coucher du soleil on campe à lextré-
mité de la même forêt. La terre de cette forêt est une
argile noire.
On décampe au matin , et au coucher du soleil on
arrive à une ville nommée Tabaou^ ou il y a de l'eau.
Cette viHe et ses habitants l'emportent sur le Caire, et
les habitants du Caire.'
Le matin suivant on quitte cette ville , et on vient
loger dans une ville nommée par les Nègres Zantou ,
et par les.Tawareks Zancoulah. On y passe la nuit.
Le lendemain matin on fait sa provision d*eâu pour
quatre journées , et, après une marche de vingt-quatre
heures, on s'arrête dans une ville que les Nègres ap-
pellent Tirriy et les Tawareks Tirrin.
On y passe la nuit. Le lendematn ^après une route
de vingt-quatre heurfes , on arrive à une ville nommée
par les Nègres Schohkiy et p'ar les Tawareks SoudaL
De la porte de Menschdeh de Tripoli on va>à'Vouest
jusqu'au pays des Tawareks. Là', la route se divise , et
on se cKrige au midi ; après ^.ela elle se divise une
seconde fois, et se dirige à Fouest en pleîÉ' jusqu'à
Zantdaj qui est un des districts du domaine du prince
de Bornou,
APPENDICE. ^. 443
Après être entre dans le territoire des Sowadin (i),
vous prenez , avant de quitter la ville susdite , de
l'eau et des vivres pour quatre journées , puis vous
marchez un jour entier , et vous campez dans le pays
des Soudans, C'est un pays désert : on le nomme AU
Soudan; mais il na pas été nommé ainsi parce que
son sol est noir et de couleur de charbon (2). Il y a
une foret qui est abandonnée et déserte.
Le lendemain on marche depuis l'aurore jusqu'au
coucher du soleil, puis on campe dans un lieu nommé
le Gouth de Caraoudi : son sol est du gravier.
On couche là ; le lendemain on quitte ce lieu , et ,
après avoir marché jusqu'au couc%r du soleil, on
campe dans un heu nommé le Gouth de Wanikdi : il
porte le même nom dans la langue des Tawareks. ^
Parti de là le lendemain matin , on marthe jusqu'au
coucher du soleil , et on couche dans une ville qui se
nomme , dans la langue des Nègres Me Tombouctou ,
CanikischL
On quitte ce lieu , et on arrive à midi à une ville
appelée CaouJcisi.
Après y avoir couché, on en part le matin , et vers
midi on entre dans une ville comitie la nôtre (Tripoli) :
elle se nomme Zanonzouki. -* . ^ , »
On' y passe la nuit. Le lendemain matfn' on ne fait
(1) Je p|&#e que c'est la même chose qae Soudan ou habitants
de Sotidah. ' ^
(1) L'auteur a-t-il dit ce qu'il voulait dire î^* Peut - être faut -il
snpprimer la négation.
444 APPENDICE.
que traverser des lieux habités , jusqu'à ce que , fers
le milieu de laprès-midi , on arrive à une autre ville
appelée CasehikUki,
Après y avoir couché, on se remet en route le jour
suivant au matin , et traversant toujours des lieux
habités, on arrive à midi à la ville de TonsoU'Ankîy
ville iiAïkatatis d'AUZabd.
On part de là , et , traversant des Ueux habités qui
ressemblent à QuakareSjDjenzourjAl-Menschiehjetc,
on arrive au bout de vingt -quatre heures, environ
une demi-heure après le lever du soleil, à la susdite
ville (de Tomhouctou) ^ la plus grande des villes que
Dieu ait crééeAoù les étrangers trouvent toutes
sortes de biens, ville remplie de commerçants.
Composé par moi Mohammed , fils d'Au , fils de
FotiL. Mon père était libre citoyen, ma mère une
esclave noire ; mon pays est Teraoubes et Tombouctou.
APPEICDICE. 44s
III.
ITINÉRAIRE
DE TRIPOLI DE BARBARIE
A LA VILLE '^
DE CACHENAH,
PAR LE CHEYK H A GG - KASS E»I.
l" — l3* JOURNÉES.
A la treizième journée, après être sorti AéTr^oU de
Barbarie, on arrive à Gdames. (Voir pour la route et
les renseignements, sur cette ville l'itinéraire de Tri-
poli à Tomboctou.)
14*' 16* JOURNÉES^
Après avoir quitté Gdâmès , on marche durait trois
jours aui^ud, et on arrive, à un puits appelé Tent-
MeUoulen^ qui peut-être signifie dans le langage du
pays'le/?Mïr5 du palmier ^^k cause du seul palmier qui
s'y trouve. Quand la caravaii'e ■ est pressée, elle ne
met que deux jours, et même tm seul, ^« Gdâmès à
T«nt-Melloûlen. /
446 APPENDIClL.
17* 19* JOURNBBS
De Tent-Mellçulen , après trois jours de marche,
on parvient à Zourdnit,
De Zouràntt on atteint, après six jours de marche,
le torrent d'Jçawdn.
!iy^ JOURNÉE.
Du torrent d'Açawan, on fait une journée, et on
s'arrête au torrent de Tahamalt, dont les environs
sont ombragés d'une grande quantité d'arbres.
28* 3o** JOURNEES.
De Tahamalt à Tanout'Melien ^ qui, dans la langue
du pays, signifie le puits blanc ^ on compte trois jour-
nées de chemin.
3l* 33* JOPRN^ES.
Die Tanout-Mellen , ou du puits blanc , on fait trois
journées , après lesquelles on arrive à Ten^Gacem , ou
ptuts du mouton»
34* 36* JOURNEES.
De Ten-Gacem on marche trois jours de suite, et
on arrive à Oatz. C'est dans ce lieu qu'on recueille
les feuilles et follicules de séné, qui viennent à Tri-
poli et Tunis, et qui de là se répandant dans toutes
l^s pharmadies de l'Europe.
APPENDICE. 44?
I 37* — 39® JOURNEES.
Après trois jours de marche de Gatz , on vient s ar*
rêter à un lieu nommé Egguagant : c'est le nom
d'une rivière qui baigne le pied d'une montagne que
les Africains nomment Agroûh,
4o* 4^* JOURNÉES.
D'Egguagant on parcourt trois autres journées , et
on fait halte à la rivière de Maise, qui a donné le
nom à l'endroit.
43® 47* JOURNÉES.
On quitte Maïss; on fournit quatre journées de
chemin, et on finit par arriver à la ville que Ton
nomme Janet, qui est bâtie au pied de la montagne
du même nom.
48^^ 52** JOURNEE à.
De la ville de Janet on va , en cinq jours , se ra-
fraîchir au puits de Téghéreïn,
¥
Sa® 54* JOURNÉES.
De Téghéreïn à Tedment^ trois jours. Tedment se
trouve au pied d'une montagne di^e Tadent^ 011 Kon
recueille du séné en quantité. ' ,
55** ' 62® JOURNÉES.
De Tedment, après huit jours de marche, pendant,
lesquels on ne rencontre ni eau, ni végétation, on
^ient se repp&er au lieu /lommé Açiov^y oà il se
trouve un graad nombre de puits. '
44ii APPENDICE.
63* 68* JOURNEES.
Après avoir quitté les puits d'Açioû, on passe cinq
jours au milieu de montagnes derrière lesquelles est
un endroit nommé Toghâgït,
6q^ 73* JOURNÉES.
De Toghâgït on marche cinq autres journées pour
atteindre Tedek. La route se fait toujours au milieu
de montagnes, et sans trouver d*eau.
74* 7^* JOURNÉES.
Après avoir été deux jours en rout« , on arrive de
Tedek à jihxr. Ahîr est un pays dont la capitale se
nomme AçoûdL Les habitations sont construites d^
nattes faites d'une herbe nommée borâi au royaume
de Maroc. C'est une espèce de papyrus ou roieau
mou, dont les Arabes de Syrie et ceux de Maroc se
servent dans la composition des nattes *dont ils font
les parois de leurs cabanes et de leurs tentes, et dont
ils couvrent leurs chaumières.
Les habitants d'Ahîr vivent de cassaves qu'ils vont
chercher à Gachenah. Le territoire d'Ahîr est ombragé
par des forêts de ces palmiers , que les Égyptiens et
les Maroquins nomment doumah; les gens de Gdâ-
mès , palmiers de Pharaon , et les Espagnols , palnùta.
On broie le fruit de cette espèce de palmier , on en
mêle la farine avec celle de la cassave ^t au fromage;
et ce ittélange est leur nourriture habiti}elle.
Il se trouve au pays d'Ahîr une gi'ande quantité
APPENDICE. 449
de chèvres, des lions et des singes sur-tout, qui peu-
plent les bois. Sa population peut s'élever à douze
mille âmes, qui sont Touâreks.
76* 78* JOURNÉES.
. Après avoir quitté Ahir on va faire halte, après
trois jours de chemin , à une rivière nommée Aoudé'
ras , qu'on passe ayant de Feau à mi-jambe. "^
79* 80* JOURNÉES.
D'Aoudéras , on marche deux jours , et on va s'ar-
rêter à une montagne dite Megzem,
81* — 82* JOURNÉES.
Du mont Megzem oh arrive, après deux jours de
chemin , à une rivière qui coule à travers un bois de
dattiers. Cette rivière se nomme Inn^Ouallem.
83* 84* JOURNÉES.
Dlrîn - Ouallem on marche deux jours de suite ^
après lesquels on a atteint jiguades,
Aguadès ou A godes est une ville plus grande que
Tripoli de Barbarie , située dans une plaine. Il s'y
trouve un marché. Les Touâreks y font commerce die
bœufs et de moutons. Les habitants d'Agâdès tirent
leurs vêtements de Cachenah^ Gouber^ Zenfèranah.
Ils donnent en échange, du sel, qu'ils se procurent de
Bornou , du pays de Fachj et du Belma, Le prince
^9
45o APPENDICE.
qui règne à Agâdès se nomme Bàguir. Il a succédé à
Ouadelah. Le grand commerce que fait cette ville, la
rend riche et firissante.
85* 90* JOURN ÉBS.
En quittant Agâdès on traverse, pendant sept jours
de marche , des forets immenses , et Ton ne boit
d'autre eau que celle que les pluies procurent. On
parvient, après cela, à Tedlaq , puits extrêmement
profond , dont on ne peut obtenir l'eau que par le
moyen de chameaux qu'on y amène exprès pour les
caravanes.
91* — 97* journées:
Après qu'on s'est rafraîchi au puits de Tedlaq, on
iiadt huit autres journées de chemin , et l'on arrive à
un endroit nommé Kerfechi.
98* JOU&NBfi.
Après avoir marché tour un jour , on atteint un
lieu nommé Tsaouah,
99* JOURNÉE.
De Tsâouah à Madaouah un jour.
iOO JOURNEES.
De Madaouah on marche toute la journée, et 1«
soir on vient se reposer k Takmdkoumah.
A.PPENDICE. 4^1
loi* JOURNEB.
De Takmâkoumah, après une journée de chemin,
on arrive enfin à Cachenah ou Kasnah.
La ville de Cachenah est très -considérable. On y
entre par sept portes. Un intervalle de deux milles
sépare une porte de l'autre. Le roi qui commandait
à Cachenah vient de mourir ; il se nommait Kaling^
Uwah.
Le cheyk Hagg-Cassem-Guarem , qui m*a donné les
renseignements ci-dessus, et qui m'a dicté l'itinéraire
de Tripoli de Barbarie à Tombouctou , a fait avec le
roi.Kalinghîwahle commerce de draps et de chevaux.
Il m'a rapporté que la monnaie courante de Cachenah
esc une espèce de coquillage que les Arabes nomment
oudoa^ et que nous appelons trivialement pucelages.
Il m'a assuré que beaucoup dliabitants étaient chré-
tiens de religion , et que la plupart portaient pendues
à leur cou, ou sur eux, de grandes croix de bois.
Les naturels du pays se nomment Heznah. Ils pou-
drent leurs cheveux.
Le territoire de Cachenah fourmille de vers , dont
on est subitement couvert si l'on se couche sur la
terre nue. C'est pour éviter cet inconvénient qu'on
étend des nattes sur le sol; et Ton dort ainsi tran-
quillement , sans crainte d'être inquiété par ces rep-
tiles importuns et même dangereux.
Après m'avoir dicté cet itinéraire , le cheyk Hagg*
Cassem finit par me dire : Pour se rendre à Cachenah
29.
452 APPEICDlCfi.
en partant de Tripoli de Barbarie, on a le soleil qui,
le matin, vous frappe à la tempe gauche, et le soir à
la tempe droite, c'est-à-dire que le voyage^ se fait en
allant toujours au sud.
N, B. Le présent itinéraire et celui de Tombouctou
m*ont été donnés en 1807, pendant Tété de cette
même année, c'est-à-dire pendant les trois mois de
séjour que la caravane fait à Tripoli de Barbarie.
Copié à Tanger, le 26 juin 1808.
Signe Dblaporte, chancelier.
AP-PEMDICE. 453
IV.
ITINÉRAIRE
De gaudja a haoussa,
DE HÀOUSSA A LA MECQUE (i) ,
TRADUIT DE L*À&ABE
PAR M. LE BAKON SYLVESTRE DE SACY.
Au nom du Dieu clément et miséricordieux,
: Route de Gaudja a Haoussa. .
v^uAND on sort de la ville du sultan (2), on va
coucher à l'extrémité d'un lac (3) nommé Bazaou ou
Baraou,
(i) Dans cet itinéraire, il n'y a entre Gandja et Haoossa^DÎ
distances ni directions ; et aYcc ce sccoars il e«t di£6cile de côns*
traire nne carte : récriture de ^original est si maaToîse que je ne
réponds pas d*aToîr bien lu tous les noms : no grand nombre de
ces noms est entièrement dépoarvu de Toyelles ; dans ce cas j'ai
toojoars mis des a, par exeaiple dans Samar, Nak, Djabal^ Magadj,
(Note du traducteur. J
{1) Ou de la capitale.
(3) Partout où j'ai mis /«c , il y a dans farabe hahr^ qui peut
454' APPEWDl-CÏ.
De Bazaou à Cayakschi; de Cayakschi à Droou;
de Droou (ou Drouv) à Maschoukony; de Maschou-
kony à Bougou; de Bougou à Tounoum; de Tounoum
à Yadjour ; de Yadjour à Djabdxgo ; de Djabdzgo à
Kimba;A.e Rimba, le puits (i), on va coucher à Textré-
mitë du lac nommé Cadarco; deCadarco au lac appelé
Dzodzreba; de Dzodzreba au lac novojné Aschavanca,
Quand on est arrivé au puits (2) d*Aschavanca, on passe
ensuite à Goufl (ou Goufal), où les hommes sont nus
et les femmes vêtues : de Goufl on va à Samr (ou Sa-
mar); de Samr à Yarcou^^oix les hommes sont nus ; de
Yarcou à Dzag, où les hommes sont nus ; de Dzag à
Bananou; de Bananou à Dongoï; de Dongoï au puits
nommé Goudh (ou Goudha); de Goudh à Salamou;
de Salamou à Djanbodou ; de Djanbodou kSosou; de
Sosou à Coriri ; de Coriri à Couk ; de Couk à Ma»
cravi; de Macravi à la ville de Nak , qui est la rési-
dence du sultan ( 3 ) de Bargou ; de Nak au lac de
Vadh; de Vadh à DJwugh; de Dhough à Mazam;
de Ma^am à Cal; de Cal à Djabal; de Djabal à Mor
signifier mer et rÎ9ièrt. Je crois qa'il doit être pris plas d*one foii
ea ce dernier sens.
(x) n y a dans- le texte alhar an albir : comme ces feuilles sont
trèi-mal écrites, i*ai supposé qa*il y, avait nne fànte d'orthograpbe,
et qn*2l fallait lire albir, le puits : il serait possible qa*on dût lire
àlbary et que cela vonlàt dire le désert.
(a) Le sens est ici fort douteux.
(3) On le i^yaume.
AP^PENDICE. 455
gadj ; de Magadj au puits nommé Tafàkat; de Ta-
fiakat à Albar (ou au puits); d'Albar (ou du puits)
à Schal : c'est le lac qu on nomme Coudh , sur lex-
trémité duquel est un grand royaume , qu'on nomme
le royaume de Your.
Ici se termine la route de Gaudja a Haoussa,
De Coudha à la ville de Cathir (ou Cathin) , vingt-
cinq jours; de Cathir à la ville de Cau (ou Caï, ou
Car ) , neuf jours ; de la ville de Cau à la ville de
Bomou , un mois. Le royaume (i) de Bornou est le
royaume (2) de tout l'univers ; il n'y en a pas comme
celui-là dans le monde. De Bornou au lac nommé
Schar^ trente-un jours ; de Schar au lac appelé Schad;
quatre jours : l'eau de Coudha y entre, et c'est la
mère (apparejnment la branche principale) de Coudh.
De Schad à Far (ou Fou), sept jours; de Fou à f^a-
daï^ einq jours ; de Vadaï à la ville de Masr (le Caire),
cinquante - trois jours ; de Masr à la ville du monde
(la capitale du monde) , la Mecque^ quarante jours,
en marchant jour et nuit : c'est là qu'est la maison
de Dieu, et cette maison est le milieu du monde.
De la Mecque à la ville de Médine^ vingt jours, en
marchant jour et nuit ; de la ville de Médine à la
ville de Schant ( Damas ) , vingt jours ; de la ville de
Scham (Damas) à Bazi^Almokadas (Jérusalem), dix
jours : c'est là qu'est la montagne nommée Tour
(x) Ou le sultan.
(ay Idem.
45b APPENDICE.
Sinaï ; c'est sur le sommet de cette montagne que
Dieu a parlé à Moïse, et à cause de cela on appelle
Moïse Kalim aliah (celui qui a conversé, avec Dieu) :
sous la montage de Tour Sinai est le tombeau de
Moïse.
APPElfDICE. 457
V.
ITINÉRAIRE
DACHMET IBN-HASSAN,
OE
FEZ A TAFILET (i).
Louange à Dieu ; il ny a de puissance et de
vertu qu*en Dieu. ,
iTirrÉRAlRE DE LA VILLE DE FeZ A TaFILET.
AcHMED BEN El - Hassan EL MpTSYouvi , Thumble
esclave du Très- Haut, auquel Dieu soit propice, a
parcouru cette route sous le règne du Prince des
Croyants, Mohammed, notre monarque, fils de Mou-
lai Abdalla , fils de Moulana Ismaïl chérif el Hassany,
(i) Cet itinéraire se '^troQTe dans nn nccaeil de M. Paalus , in-
titnlé: Afemorahilien fin-9i^^ Leipsig, 1791, t. I, p. 47. M. Paulns
l'a traduit de l'arabe en latin ; et comme il n*a point pubKé Tori-
ginal, nons le donnoni ici en français d*après sa version ladnr.
458 APPENDICE.
pen<hint les calendes du mois dgioumadit , l'an 1201 (i)
• 1787)-
I*^* JOURNEE.
Nous partîmes de U ville de Fez, et en continuant
notre chemin nous arrivâmes à la station tiommëe
Daroudabibagh , qui appartient à notre souverain ci
dessus mentionné : là nous avons passé sur le pont
nommé Kantora^Sebou; et, après avoir traversé des
lieux arides et pierreux , nous sommes parvenus dans
un pays abondant en oliviers , où se trouve la vUle
de Safrou , que ses jardins et la belle végétation de
ses environs rendent très-agréable. Le fleuve qui la
traverse et qui lui fournit de Teau , fait aussi tourner
plusieurs moulins.
Nous sortîmes de la ville de Salrou , et nous par-
vînmes, par des chemins escarpés et pierreux, à une
montagne, au pied de laquelle se trouvent une colline
nommée MouMou Fp-aoun^ et une plaine connue
sous le nom de Zogari Ahmar, Nous arrivâmes en-
suite au lieu nommé Scheb-Ettsoubn ; et , après avoir
«(i) U 7 a mensis gemaditsania dans la tradoction de Paalas;
mais il j a deax mois y gemadii ou dgioumadit^ dams le calendrier
mahométaii : si cest le premier, comme l'aonée laox cominençait
aa la ou i3 octobre, cette date nous porte rers le nilien 00
la fin de février ; si c'est le second , vers le milieu on la fin dt
mars.
APPENDICB. 459
passé près du fleuve Vaugiel^ nous entrâmes dfins le
lieu nommé Oujvuri'el-Asna^ où nous passâmes la
nuit. Dans cet endroit est une plaine qui fornie un
pré abondant en herbe , et d'une végétation tellement
belle qu elle passe toute description. Nous ne fîmes
que peu de chemin dans cette journée , et cependant
nous avons voyagé depuis laurore jusqu à midi.
Après avoir franchi des montagnes pierreuses et
arides , et après avoir traversé plusieurs fleuves , nous
parvînmes à un lieu appelé Nehr^Merdou , habité par
le peuple nommé Aitschagrou^h ; nous avons des-
cendu la montagne de Tseniets^Elbaks ^ et de là nous
sommes arrivés sur les bords du fleuve Dgigou , près
duquel se trouve la forteresse de Tsagouts^ habitée
par la famille des Berbers, nommée Eitdjoi^sL Nous
nous arrêtâmes dans ce lieu, et nous y passâmes la
nuit.
4* JOURNÉE.
Nous partîmes, et nous traversâmes encore un pays
pierreux , aride, rempli de montagnes et de précipices ;
et nous parvînmes à Koubour-EtsuatSy ou les Zb//z-
beaux cTEtsuatSj ainsi nommés parce que vingt-trois
hommes périrent dans la neige sur le mont Oummour
Djianiba, Ce mont est très-élevc, et il y tombe beau-
coup de neige. A ses pieds sont plusieurs villes ; celle
qu'on nomme Kousour ^ Etsiousi est entourée dun
46a . APPENDICE.
pas par la longueur du chemin que Ton parcourut,
mais parce que ce chemin est difficile et escarpé.
9^ JOURNEE.
Nous partîmes, et au sortir de ce lieu nous entrâmes
dans la région qu'on nomme EhMedghara , et ensuite
nous arrivâmes aux châteaux-forts nommés Essouk-
Kasrigedid ^ Kasr-Mouley'-Addallah^en'Aly. On voit
dans ces lieux les plus beaux palmiers et les plus belles
roses du monde. Les cultivateurs de ce pays , lors-
qu'ils ' labourent pour semer , font tremper leur se-
mence dans des piscines semblables à celles qui ser-
vent à faire le sel; et par la bénédiction de Dieu cette
semence leur procure des moissons abondantes.
I
lO* JOURNÉE.
Après avoir passé ces châteaux-forts, nous trou-
vâmes une source nommée tantôt Aïn-Miski^ tantôt
Aïn^TutugeH; à peine pourrait -on trouver son égal
pour la douceur et labondance de ses eaux ; aussi
on s'en sert pour bâtir, pojir arroser le blé, les pal-
miers et toutes les plantes. De là nous arrivâmes à ce
fleuve Ziz y dont npus avons déjà fait mention ; et en
nous avançant le long de ses rives , à travers les bos-
quets de palmiers et les vergers , nous entrâmes dans
le district de Retseb. Nous vîmes dans ce jour plu-
sieurs châteaux-forts, savoir : Kasr-^EouJiadirlsa^ Kasr'
Eouladi^Amjrray Kasr^'Tfatehiameti et Kasr'Elmona-
APPENDICE. 463
nkayquai bâtis le roi de Maroc dont nous avons parlé.
Nous Times encore dans cette région un château-fort
nommé Kasr'Moulay*Mamoun^ qui est le plus beau et
le plus curieux de tous ceux que nous avons rencon-
trés. On trouve aussi dans ce lieu des palmiers, et des
champs cultivés , et fertilisés par des canaux d'irriga-
tion. La distance du chemin parcouru dans cette
journée fut peu considérable.
II* JOURNÉE.
Ensuite nous traversâmes uiie plaine unie , stérile ,
sans palmiers , sans eau , sans plantes , sans habitants ,
séjour des antilopes , des autruches et autres animaux
sauvages. C^ trajet est dangereux à cause des brigands.
Nous arrivâmes ensuite à un village nommé Tzetzimi;
c'est-là que commence le territoire de Tcffilet : en-
suite nous parvînmes à des châteaux-forts, nommés
Sabbah par les habitants , et qui sont situés dans une
vaste plaine. Nous traversâmes ensuite le fleuve Ziz;
et, après avoir passé par plusieurs villes, dont les
environs abondent en palmiers , nous parvînmes au
beau palais nommé Daroubbeida , que notre roi vic-
torieux par la grâce de Dieu a bâti. Non loin de ce
palais est la forteresse nommée Erisani^ qui porte
aussi le nom èiEbou^Amm.
Tels sont tous les lieux, toutes les régions et les
déserts que nous avons vus au temps ci-dessus men-
tionné du règne de notre prince, et en implorant
464 APPENDICE.
pour nous et pour tous les Mahométans b miséri*
corde de Dieu.
Cet itinéraire a été composé le neuvième jour du
mois de dgioumadit, Fan' i2o3 (c'est-à-dire 1789).
APPENDICE. l\6j
JOURNAL
D'UNE EXPÉDITION FAITE EN i§io,
PJlR SIDT MOHAMED BET,
Fiis atné du pacha chef de la régence de TripoU de Barbarie ,
CONTR3E SoLTAN ,
*■
Village de la morUagne de Ganan, à VO. S. Q, de la régence;
* %
T«irU TÀ.K Vtf DES ESCLA.TES XTA-POLITAXCrS BE CE 1£T;
COPIÉ ET TRADUIT DE l'iDIOME NAPOLITAIN (l).
a5 janvier 1810. Korami^sH.
ApRÂs avoir inicoqu.é le nom de Djeu, nou§ sommes
partis de ^Tripoli à huit heures du matfa ; noi\s avons
mari:hé trois heures, et nl>us sommes lirpivés à un
li«u appelé Kommîéif^ où nouâ^ avoua trouvé les telles
dressées. Ce lieu n'est pas habité; il y avait à peine
de^J'herbe pour faîre.paître le* anima||ix. •
({) L'ori^al porte une TerMtfki ilaKenne ; l*4rabe est écrit en
noglitebla.
466 Al A iiiNDicij.
a6 id. , Qestah.
On commence la marche nine heure après le soleil
levé; on marche jusqu'au soir, et on parvient à un
lieu nommé P^iroA,, entouré de monticules de sable ^
où Ton passe la nuit. ^ «
4
«7 rrf. KiSLESA. •
Nous sommes partis deux heures après le lever du
soleil; et, à la suite d*une marche de sept heures,
nous sommes venus cahiper pi*oche d*un monticule de
sable, sur lequel est Une masure qui sert de logement
à u|o marabout où saint de l'endroit ^ et nou9 j avons
passé la nuit. Ce lieu se nomme Kislesa, txs y trouve?
quelque peu d'herbage et quelques plantes de safem.
a8 id. EtOQtAH.
Partis à l'aube du ÎQur, nous avons traversé toutes
pkines ; et, après cinq heures de marche, n<fUs avons
«ité "rejoints , à ufi lieu nommé Éloqiah, qui est au bas
d'une moatagi^e épouvantable^ où il y a Jle l'eau,
par eavirqn mille.Mauçes^^ui nous j attendaient gour
aUtr avec uc^ ^u^iéu^ou nous^yi^ eombattre.
• •
2^ id. * GlADOUBAH.
--.r
Nous nous sommes* qns es coûte :4ious avons tra-
verse un torrent qui^ était avec.; nous Sommes ari^ive»
APPENDICE. 467
à une grosse montagne, sur la(|^elle il y avait un petit
village, habité par trois cents Maures; nous l'avons
gi*avie à pied, et, ajiï'ès trois lieurès de peines,. nous
nous sommes trouvés dans une très-vasté plaine , ou
BOUS avons cainpé à un lieu nommé Oladoubah, On
y compte cinquante tentes occupées par des Maures
qui y ont leurs famille:». Il n'y avait pas deau,*ni
aucun herbage pour nos animaux.
3o «/. Qasser-Beni-Aichau. 9
Nous nous somm^ mis encroûte à "deux heures
de soleil , et ne nous sommes arrêtés qu'à la fin du
jour. Nous avons vu, chemin faisant ,^ quantité de
lièvres; Nous nous sommes campés,' et nous^ sommes
restés deux jours à Qasser^Beni^Aichah,
*
i*'^ février. Attariah.
Nous sommes partis à la même heure qu'hier ; nous
avons ^it foute par dés plaipe^ de sabl<& sans eau
et sans \ierbage , et à l'heufe habituelle notis âv6n«
cailipé dans u« lieu Inhabité, qu'en nomme Attà^
tiah* . « *
I y. ■ JL ♦ ' *
.1 ».
a /^. ' ,^ SojwAN.
Trois heures après te lever du soleil, iiou» nous
«omhies inis"enlroutê' à" travers'* des campagnes rem-
• 3o. *
' 4G8 APPENDICE,
plies de lièvres, 11 ^({pfBa un vent si extraordinaire
• que nous manquâmes de perdre la vue, à causer des
touii)iilons de povssière qu*fl .souleva , et qui étaient
tellement épais , que nous ne nous distinguions pas
les uns les autres. Nous campâmes- sous SoUan , c'est-
à-dire au lieu que nous devions attaquer. Il s y trouve
Ij^aticoup d'oliviers, qui enV>urent cinq villages forti-
fiés à la manière des chrétiens ; Tun d eux , qui con-
tenait environ trois cents homm^, était dans une
position sf difficile , à tause des précipices qui Tenvi-
rt>nnent, qu on ne peut s'en approcher, ni à pied, ni
à cheval. Il est ceint d*une muraille percée de canar-
• dières de qViatre -doigts d'oui^rture , où les canons
de liisjl {ïeuvent à peine s'introduire.
Le lendemain de notre arrivée, à une heure et
demie du jonr ù- peu*- près,. nous avons commencé
l'attaque. Le feu a di^ré six heures de sidte , après
lesquelles noys nous sommes emparés de quatre vil-
lages. La position du quatrième , qu on ne peut pp*
procher que par un hovau qui ne tient tout au^Ius
**que trob cavaliers de front ^ nous aya^t empêchés de
le pi;endre., nous l'avons abandonné, et nous nous
SQfmines^etirés avec le j?rand nombre «de troupes de
ligne que nous v avions menées.
A la première attaque, un de^ ptetnîers officiers
de notre camp^ qui s'était trop avancé, fut Uessé au
côté, d'une balle, dont il mourut ^e\x!L jours après.
Nous avons encore perdu huit personnes. L^^^nemi
a^ eu de tués douze homnies >qui c^etchaient à fi»r.
Ce^te nuit, un gr^d cri se fit -éniendre*^ qui nous
AÎ>PENDICE. . 4 469 •
fit ^sortir de ïâ tente, tenahttnos arm«s en main.
Mais cette alarme provenait* seulement de voleurs
qui s'étaient introduits dans le camp, et qui prirent
la ftiite.
Après être demeurés trois jours à Soltan , oii now
avons trouvé un puits d*eau de pluie, nous en sommes
partira midi. Nous maichions depuis une heure,
quand un courrier expédié de Trip<^ vint annoncer
des secours en |M)tre ^faveur , qui arriveraient sous,
deux heures. Nous campâmes donc; et aii^^temps d^
signé tious vîmes paraître dans notre calnp 25oo
hommes , tant infanterie, que. cavalerie», qui se mirent
à crier vive le hacha,! vive le bey ! l.eS*principau3^,
officîiers fiirent introduits dans la tente du lTey,jqu'ils
vinrent saluei*, et à qui ils baisèrent la main*
Ce même jour, ledit bey, s amusant à faire voltîgei*
*on sabre nu autour dçs têtes de ses esdnves chré-
tiens, fendit, par maladresse, ou à dessein , l'oreille
dfun de mes compagnons , <f&i heureii^ement en ïxxxt
gu^i huit jours après.
6 février lâ 10. •*, Tou'rnjlh.
Partis au point du jour, itous marchames*dans, des
plaines coii;^ertês de lierre, et vînmes à quatre heures
camper à TounUih.
7 "'r ^ OuAMi's.
Nous nous mîmes en yt>%xé^ après qu'un vent très-
violent, qui souffla, et qui remplit Fair de sajble au
,4;^ % APPÊrflTlCE.
point de ne pas se voir , ,eut cessé ; nous mardiAoïes
quatre heures, et nous nolis reposâmes à Ouamis,
où nous avons trqjivé de Teau et des p&turages^ et
où nous avons demeuré trois jours.
lo ùi. Sressah. •
Nous sommes* partis deux heures après le lever du
soleil; nous en marchâmes sepi:, et nous vînmes cam-
per kSk^ssak^ lieu ou nous trouvâmes de Feau.
• 11 id, •' Me 2 D AH.
On comptait une heure de soleil quand nous nous
sommes mis en route. Nous atteignîmes une mon-
tagne, que nous passâmes à pied, et que nous mîmes
trois heures à gravir. Unepetite,plalne, qui se trouve
derrière elle^.ilous cçgaéifîsit. à une autre montagne
plus difficile, et si rapide, que ce fut avec toutç|^es
peines possibles que nous (esclaves) et deux personnes
qu on nou3 adjoignit, pûm^l soutenir \ek caisses que
les mules portaient, et les empêcHer de tomber. Au
pied de cette montagne, était un bas -fond, entouré
d'autres'nfohtagnes.Nous avons enfin attellàt Mezdah^
ville entourée de. murailles, et dont lés maisons sqnt
de chaux. On y resta quatre jours, à l'effet dy perce-
voir le tribut des chameaux et des nègres. ^
Je vis, chemin faisant, un édffice chrétien de c<ms-
tructio^ ai^ique, qui a la forme d'une lanterne j^lces
APPENDICE. 47*
pierres en ont un pas de large , çt sont longues d'une
brasse.
N. B, Mezdah est lentrcpôt du commerce de Gdâ- ^
mes et de Tomboctou.
i5 «Vf. £l-Atàfah-di*Lofghid.
Nous partîmes , le soleil haut de trois heures , par
un vent violent et une poussière qui aveuglait, et
vînmes camper dans l'après-midi à un endroit sans
eau, dit EUAtafah^dULofghid,
16 id. NfiSMAH.
Nous avons marché entre des montagnes et dans
une gt)rge tout au plus large dun mille ; et, après
sept heures de route, nous assîmes notre camp à
Nesmah; nous y trouvâmes *à% Veau, ^es terres se-
m^, et 7 demeurâmes trois jours.
19 id* MODD-BL-TOUIL.
Partis a|^rès deux heures de soleil, notre marche *
s'est continuée dans la même gorge ■, oii j'ai vu une
tour bgitie par les chrétiens, mais inhabitée; et elle
s'est terminée à Modd- el- TouU^ lieu ensemencé en
, quelques endroits, iftais saiis pâturage. ^
47î^ * APPEIfÛICE.
20 id, Mf S^SAOUQUI.
Nous sommes partis une heure après le lever du soleil,
et nous avons marché sur le roc vif par un chemin
qui nous a conduits dans un petit champ ensemencé,
au mflieu duquel est un édifice antique, construit par
les chrétiens. II a cinq hauteurs d*homme d'élévation,
ot quatre brasses de longueur. On y voit des figures
chrétiennes sculptées , et on y lit des caractères espa-
gnols.. Il semblait, dans Téloignement , quil était de
briques ; mais , m'en étant approché , j'ai reconnu
q^'il était bâti de pierres rouges. Sa façade est soute-
nue par deux colonnes , qui ont une stature d*homme
de hauteur. Nqus avons campé dans son voisinage,
c'est-à-dire dans un lieu sans eau, qu'on nomme
MessuouquL
%i id. Mechaal.
A deux heures après le soleil levé , nous xubmé
sommes remis en route. Nous avons passé un grand
torrent satts ej^u, qui serpente à travers un grand
nombre de vallons, peuplés, au dire des Arabes, par
^ des bêtes féroces. Nous avons descendu une mon-
tagne noire y et-jious sommes venus nous camper
dans la petite plaitie de Mechàùl^ qui est inhabitée,
mais où nous avons trouvé irois puits, qui ont servi
à faire boire nos animaux.
APPENDICE. ' 47^
%'à id. ElFAOUI.
Nous partîmes de Mechaal , à deux heures de
soleil; nous marchâmes six heures, après lesquelles
nous Yinihes asseoir nos tentes à Elfaoui^ oix Ton
compte trois fontaines d'eau de pluie^ Les terres
d'Ëlfaoui sont ensemencées , ombragées de grands
arbres, d*oii il découle de la gomme qui paraît de
l'encens , et tapissées d'herbages. Nous avions vis-à-
vis de nous une très-belle^ontagne , où il y a une
grande quantité de gazelles , de lièvres , de loups et
(le singes. Nous avons tué un de ces derniers à coups
de fusil , et nous en avons mangé la chair , qui avait
le goût de celle du poisson épée.
Chemin faisant , nous reçûmes de Tripoli un cour-
rier qui m'a rendu votre agréable lettre , à laquelle je
réponds par le présent journal que je vous adresse.
Nous restons ici pour retirer le tribut des trois vil-
lages au milieu desquels nous sommes campés.
a mars.
Le bey me dérangeant à toute minute, excusez si
je ne puis vous doni)er des renseignements aussi
amples que je le désirerais, Je vous écris comme je
peux, et je le fais, à la hâte, parde que je suis acca-
blé de travail. *
Pour traduction de l'idiome napolitain du présent
journal , adressé par un esclave du bey au très-révé-
474
APPENDICE.
rend père» Pacifique "de Montecassiano , récoUet, et
préfet apostolique de la mission de Tripoli de Bar-
barie ^ qui me Ta communiqué.
i
Tanger, le 7 mai 1818.
Signé DcLAPORTE, chancelier.
APPENDTCt. 475
VII.
ÉxTRJiT d'IBN-HAURAL (i),
Manuscrit de Leyde, p. 34-
Tas (Fes), jolie ville, partagée en deux par «un
fleuve ; les deux côtés ont chacun un gouverneur
particulier. Il y a une haine perpétuelle entre les ha-
bitants , qui se livrent souvent des combats très-san-
glants. Le fleuve a beaucoup deau, et il fait aller une
grande quantité de moulins. Cette ville est dans un
canton fertile: elle est pavée avet des pierres; et tous
les jours de Tété on fait passer le fleuve dans ses
tnarchés , pour qu'il en lave les pierres et en emporte
les immondices.
De Fas à Sadjalmâsah il y ai-treize stations.
Il- '■ - > . ■ I. i ■ Il .1. . 1^ .11 1^, 1 1 »
(i) Toate cette partie d'IbiirHankal ne se trooTe pas dans Tex-
trait qoe l|^. Oaseley a donné de sa Géographie. Il est d'ane grande
importance , patrce qnjl démontre 'les connaysances étendnes des
Arabes relativement an Sondan , & nne époque très - recalée. Ibn-
Haakal , selon M. LaAglès ( Biographie universelle , t. XIX « p. 493 ),
a écrit vers Tan 970 de notre ère. Je dois la traduction de ce
morceau dlbn-Hankal à Tobligeance de M. de Saint-Martin.
W— R.
'J
476 APPENDICE.
Sadjalmàsah est lyie belle ville, située sur un
fleuve , qui s'enfle périodiquement comme le Nil.
Sur ]e côté de la route qui conduit de Fais à Sad-
jalmâsah, on trouve le pays ôiAghmât, Entre Aghmât
et Sadjalmàsah la distance est d'environ huit stations;
il y en a autant entre Aghmât et Fas , et autant encore
jusqu'à la hier.
De Sous à Sadjalmàsah, et de là à Aoudaghast^ il
y a deux mois de chemin. Aoudaghast est une belle
ville , située comme la Mecque entre deux montagnes.
De cette ville à Ghanah il y a dà^n journées de
marche , et pas plus ;
iDe Ghanah à Kaughahy et de là à Samah^ moins
d^un mois ;
Pe Samah à Ka:^am , aussi environ un mois ;
De Kazam à Koukou^ deux mois ;
De.Koukou à Marandaf^. un mois : "
De Marandah à' 2aw^'lah , deux mois ;
De Zawjrilah à Adjoudabiah^ -dix stations ;.
D'Adjoudabiak à i^i^2e^^. quinze^ stations ^
De Fezïan à j^aghàwah, deux mèîs ;
D/Aoudaffhàst à Ou/il ^ où sont des mines de sel>
uir mois ; * / .
D'Oulii k Saêjalmâsah ^ un mois et demi.
APPENDICE. 477
VIII.
ITINÉRAIRE
D'HABJI-BOUBEKER,
FILS DS HOHAMMCDf FILS DE T^RONj
DIE. SpNO'P A LEL y
! VILLE DE fÔUTjf-TORO,
A LA MECQUE,
«N 181O ET l8il i V
Hecueitti et rédigé au Sénégal y en i^ao,
par M. -P. RouzÉE.
L'iMPRÈ^àioN de cet ouvrage était pfesque termînée^
lorsque nous avons eu connaissance de l'itinéraire
d'Hadji-Boubeker , nègre du Fouta^Toro (i); il est
d'auta.nt plus intéressant d'en présenter à nos lec-
teurs une analyse rapide ^ qu'il confirme en plusieurs
points qiielques-uns des résultats principaux de nos
recherches.
__ '*
*■ i» ' ' . ■■j"-" ~ ' II. - ,,
{t) Annales làarUimei et coloniales <, aan. x8ao, ji* partie, p. 937.
478 APPEïTDICE.
Boubeker est de Seno^Palel , dans le FoutOrToro ;
M. Mollien a passé dans ce lieu , et le nommé Seno-
paie (i). Ce voyageur y rit aussi un maraboilt, qui,
comme Boubeker, avait fait le pèlerinage de la Mec-
-yue (2).
De SenO'Pa/el Boubeker se rendit à Ojaha , et de
là à la grande ville de TUogn^ capitale du Fouta^
Toro. Ojaia est peut-être le lieu que M. Mollien
nomme Diaba ; mais il lie fait point mention de
Tilogn^ que Boubeker nous dit être la capitale de
FoutO'Toro. 11 est possible au i^ste q^ dans ce pays ,
comme dans le Souaan et Vlans le Désert , chaque liet
ait deux noms, Fun nègre, et Tautre arabe. Boubeker,
qui a donné son itinéraire en arabe , n aura indiqué
que ce dernier.
Boubeker. franchit les limites du routa , et se
trouva dans le rQjaunœ du Cagffaga^ habité par les
Serraoç^dais^ La relation d*Houghton nous apprend
que l^nom de Sera-Coles signii^e rivière de For (E), et
est le même que porte la rivière qui arrose le Bambouk;
«t dans la Carte de ta partie occidentale rf« i\Afriqme
câmprise entre- jfi^uin et Sierra » Leone ^ dfessëe par
d'Anville en 1727 , nous trouvons au nord du Bam-
£011^ le royaume de GayagiJ^, hdhité^ par les Saracolez,
(i) MoLLtSN, Voyage dans F intérieur de F Afrique ei'fttx sources
du Sénégal et de la Gambie; Patis, i8ao, îii-8**, t. î, p. 182, a 19;
et la carte. ' •' • *
fi) U est dit daps les NouhéUcs ^finales des Voyages^ que ce
fnaraboat était Boabcker lui-même.
{%) Proceedingf of tke As^oéiatiûn , 181 d , in-.8% t. I , p. a/îo.
I
▲ PPEiroiCE. 479
f
Il est donc ,certaiii que le royaume du Çagnaga de
Boubeker est le « même que celui de Gayaga ou
Kayargqi, de d'Anville et de Rennell; c'est, la partie
di^ royauine de Galam , située au sud du Sénégal,:
et le nom même de Cagnaga nous paraît être le
même qi^e celui de Cahaga, dont on a £iit Sénégal.
Boubeker $'arré;ta quelques s^emaines à DJawarp
une «des principales villes du pays de Càgnaga, U
n arriva qu'environ trois* mois après son départ de
SenO'^ Palely à Jarra ou Djarra^ capitale du pays
de Bagoiuiy gr^inde ville, située au nord de Djdrra.
Jarra nous est bien connue par le voyage de Mungo*
Park 9 maisL Bagona comfiie nom de ipyaume est
nouveau (i). Djarra (2), dit Boubeker, apparte*
nait autrefois au roi de Karta ^ mais actuellement
* If
eUe obéit aux Maures ^ et sa poptilation se com-
pose en partie • des^ marcl&ands de cette nation : il
sy iait un très -grand commerce; on y porte beau*
coup de sel de la ville de Tischit ^ iprès de. laquelle il
y a des salines considérables; ce qui se trouve confirmé
par Mungo»Par|jL^ qui apprit à Jarra q|ie ce fut par
des Maures j qui se rendaient à Tisckit pour acheter
du, sel, que le major Houghton fut dépouillé de tout
«e qu'il possédait (3). . x
De Jarra Boubeker se rendit à Segou ou SegOy «n
wn mois et quelques jours; la route qu'il a suivie
(1) Selon MangoxParl^j Jarra est la caDÎIale du royanme de
(a) Proceedings jof the Association , t. I, p. 345.
(3) ibid.^ p. 356.
48o APpSlfDICEr
traverse , dit-il , une contrée remplie de forets , peii
cuhiyée et pea peuplée. Segou , capitale du Bambarra,
est située à Test de DjpTaj^svi les deux rives du
Vjaliba on'Joliba. be pays 4® Bambarra é6t presque
partout fertile; les cantons cultivés par \e& FouUes,
sont eugénécal )es plus productifs. La' nati<;pi là plus
nombreuse dans ce^pays e|t celle qui lui donne son
nom : ensuite viennent les Foidles ou Foulahs^ qui
3ont dispersés datjp tout le' royaume et possèdent à
eux seuls des provinces entières ; les Meifires ne se
rericonti^nt guère que dans les grqjades villes. De
^ego^y Bouheker alla directemcïnt à Tùnbouctou par
terre, en ^vingt-sept jours; Cette ville est située au
nord-èst de Segou à peu de distance du Cailoum ,
flèuVe considérable , qu*iLcroit être une branche du
Djaliba. "* » *
Arrêtons-'noiis ,à cette partie ^ inkportante de la
relation defic^beker, qui ecm fi raie les résultats de
,nos recherches. En effet, il paus dit que TKmbouctou
est situé au nopd*est^de Sâgo , et plus bas, ai^^i que
nous le verrons ; il ajoute qùè Timifiuciou est sous le
même méridien que Jenni ou Djenm .,• ce ' qui est
une nouvelle preuve que la route de Sega et de Djenni
à Timbouctou doit être dirigée vers * le nord , et non
vers lest, comme dans les cartes deiLennélÇet^ceux
qui lont suivi, . .
De plus Boiïheker ne nous dit point que Tïmbouctou
soit situé près de Djalibà ou JoUba , comme l'avait
dit Mungo-iPark , mais que cette ville est à peu de
distance d une grande riAière, qui est un brasdu ZJf<?-
APPENDICE. 484 •
liba. VoiR doDc encçKe ^'existence de deux grandes •
riviètes dans le Soudan ^ confirmée ; et cet exposé
s accorfj^ aisec notre carte , ^i glace Timbouctou pç «s
du Gaf^arou, lequel probablement dans eet endroit sa
nomme Cailoum , tandis qu^ dans le BoUrnou, ou. plus
à l'est, il porte le nom de Gambarou.
Timbouctou^ dit Botibeker, est aussi grand et
aussi peupltë que Segou'^ ^t plus commerèant et plu*
riche. l«es Maures forment la ufojeùre partie de la ♦
population ; les Tmiricks^^ ou Touariks f sont au$si
très-nombreux, et disputent contimiellement le pou-4
voir aux Maures. Boubeker donne tort aux Touariks
dans ces dhseitsions ; il les regarde jfomme dès
homifies injustes et oppresseurs : ceux que f op voit »
k Timbouctou , sont originaires d# Tivart^^ côiftrëe ' ,,
aride dont la. capitale, nommée El^Oualin^ est la de- *^
meure d'un sultan* Twar^ très-redouté.
Il eftt évident que» Twart est le pays des Touats de
notre itinéraire f pays célèbre avant^r le xiv* siècle;
purs^li'il ^n fst question dans Ibn^Batouta;^l le nom
i^^fFalin, ou fH^Oualin^ se reconnaît dans celui*
de Bir-Oualleh^ que porte la station qui dans notre
itinéraire se trouve immédiatement apj*ès Àgablj-^^X^
capitale des' 7b/4«^5.
L'inteatkHi de Boubeker était de traverser ce
• royaume de T^art $itué au nord de Timbouctou^ .■
d'aller atteindre dans le F^zzau la caravane des pèle-
rins àe Barbarie y et de se rendre avec elle à la Mecque
par V Egypte ; mais , comme il ne pouvait subsister
dans sa route cpie des aumônes qu'il recevais de?
3i
48» ^ ^ APPENDICE.
pieux Musulmans , il changea 1h résolution, des qu'il
eut co|}nu le peu de charité des Touariks et^ pau-
' n*été de letif pays. <«es Belliqueux nomades profes-
sent presqtie tous |ictuellenient Tislamisme, mais sont
en général peu attachés à ses dogmes; et l«urs cœurs,
ditBoubeker, sont encore Kasin. Il se d^ida dqnc
à revenir sur les bords du DjaHba , et arrîVk à
Djenné dix jours après anrfric quitté Timhouctou.
Remarquons ici que ce nombre de dix journées
entre Timèouetou et Djenné s'ac^rde juste, ayec ce
»qui a été ti^t par Mohammed à ]V(. Cahill (i)^ et que
Boubekex dit qu'il quitta Timbouctou pour revenir sur
les bords du bjaliba à DjennL Donc Djef^ est Sur
le%*b<W(& dû Dj&Bba^n JoUka^ et Timbouctou nj est
pas.
Boubeker continue , et dît que Jlmboudou et
Djenné sont à* peu -près sous le même méridien.
Djenné est très-commercailte ; 1^ Noirs y soift {dus
nombreux que les Maures; mais ce sont les derniers
qui ont U>ute l'autorité. De Djenné^ en se ctirigéant à
lest, il se renàil k Haoussa^ grande ville à ^feui joar-
nées de Djaliba ; il a' fait la première partie de la nEnite
dans un canot sur lé fleuve, et le reste à pied,à^
travers les royaumes de Kabi et AeJfouJfL
Les trente jours de distance entre Haoussa et 7W-
iouctou s accordent à-peu-près ayec notre, itinéraire,
qui donne environ vingt- huit jours entre ces deux
(i) Conférez Bowdi^*8 Essay on the Geôgraphjr of north-wesêern
in Àfricti^ p. ii.
• *
"^ APPENDICE. * ^ .489
villes; mais nous neillëyons pas ^guiser que c« que
dit ici poubeker .semblerait devoir porter Haoussa
plus au mkK qui) n est sur n<;^re carte. Nous avofis
déjà dit que cet itinéraire dit Mokaipmed , âls de Foui,
ne poujirait donner que des combinaâons incei;taines ;
a^ssi Aes^-ce pas d'après lui que nous avons déter«
minék position A^Timbouctou:Éabiet]^bî^ sont con-*
nues des géograplps. CoiitinuoRS le récit de Baubekei;;
Le pftys qu€? ! on nomme Haoussa , conipraid aussk
cinq o^* six autres élats. Un était habité autrefois que
par lè« Haoussîehs ; mais maintenant les Touaricks^ et
les Fouiles^en possèdent' la plus grande ^partie : on y,
voit atia«i ^aucdup die Maures. L«6 Foul&s occupent
presqu à eux seuls la partie occidentale, qu'on appelle
souvAit par cette raison Foullan,
Ainsi, tout semble confirmer que les « noms de
Haoussa^ de FouUah et^de Malo^va^ sont synonymes, et
désignent une vaste ' région , et non un seul pays ou
royaume. Le nom de Foullan est peut-être le niéioe
que celui du royaume de Fillani\ placé sur la der-
nière carte de M. Bowdich, au sud des états de
Haoussa et de KaUaghL -
Quoi i|u'il en soit, selon ©ôubeker, les Foidles
qui habitent le Foullan ont la 'même couleur et les
mémies traits^ et parlent absolument la même langue
que ceux du Fouta-^Toro; ils se donnent eux-mêmes
le nom de DhpmanL Les Haoussiens sont noirs comme
les Johfs et les Sérracoûlais^ ils sont ^eu habiles à
cultiver la terre et à soigner les troupeaux : les
Foullep^ au contraire , sont, suivant Boûbeker, les
'If.
■ 4*^4 • APPENDICE.. *
laboureurs et les pasteurs le$yus intelligents qu'il
j ait au moi^e. Le pays de Foullan est xm des
n^eux cultivés quil ait vÂs; il le place, floua ce rap-
port ^ immédiatement aprèl TÉgypte. Les animaux
domfsùques y sont en plus grand noo^re t^t^miéux
soignés que partout ailleurs. Il n*y a ni cannes à
' &ucre, ni une grande variété de fraits cbmme en
' Egypte. et en Syrie; mais on y tr<Mre en abondance
deux espèces de mais, du froment et de Iprge. "On y
cukiVe avec sdin le chanvre et lé coton, qui «servent
^ tous 4®wx à fabriquer des étoffes, *tet Tindigo aviec
^uol on les t^int. La ville de-Haomsa entretient moins
^ de relations commerciales ai\ec .TinSouetûÙ et Vjenné
qu'avec les pays situés à l'est.
Notre pèlerin , étant parti de Haoussa , continua sa
route vers» Test, et arriva, au bout dun mois, kKassi--
* nah où Cackenah ; c'est, suivant Boubeler, la plus
considérable de toutes les vtHes situées le long du
Djaliba ou Joliba. Elle est la capitale de la partie
orientale de Haoussa; et elle a donné son nom à tout
ce'pays. Ceci s'accorde avec la carte de M. Purdy et avec
le noiu.de Beb^Haoussa^ ou porte de Haoussa^ donné
au pays de Cachenah, Boubeker vit, à Caohsnah, des
»Turcs et des Tripolitains. Les Haoussiens , anciens ha-
bitants du^ pays , sont plus, nombreux dans le pays de
Cackenah que dans le Foullan.
De Cachenak BoubeLer se rendit à Bamou^ qui,
selon lui, est à 'l'orient de Cacheflakj et qui est tra*
versé dans toute sa longueur par le Djaliba. Les
naturels de Borr^oà iont noirs comme les Haoussiens : ils
• •
APPENDICE. ^ 485
leur jessemUent besiiteoup sous le rapport des mœurs ; *
raàis4èur langue est différente. Leur.syïtan ^sfrtres- ♦
puissant,, et possède une cavalerie nombreiJise et
^uerrie. » * .
De la "ville de Bomour^Bif^uheker s'est rendu dans
le WmdaL Ceci %)nfirme l'itinéraire du .chérit. Bra-
hima^ et les com}>inaisons de M. Bjpiwdich, qui, sur
sa dernière carte, a placé plus au $ud la latitude de^
Bomçu , et qui mef ce, royaume et celui de Wcèdey.
nommé aussi Sal&r et Borgoù^ à lest de Kasstna oa^
Çachenak. ^ * ^
Parvenu dans Ce roya«|ime, Boubekér a cessé •/la-'
voir le Djfdiba à peu d^ distance «de^ sa droite. Il» a
interrogé plusieurs personnes sur le Ueu^où^ce grgifd *
fleuve se*^ termine; tdus \và. ont assuré qu'iteommoni^
quajk ayec le NU,, Suivant les uns , il se jette dans le
iVï/;' suivant les autres, c'est au contraire une branphe
du NUcpk se jette dai\s le Ejaliba; d autres enfin, sans
nier l'existence d'une commui^ication quelconque en-
tre ces deux fieuves^ Uii ont assuré que le Djaliba*
prolonge ^an cours fort loin dans le sud , et se ter-
mine dans WUabeehech (FAb^ssinie).
Remarquons que le système qu'expose ici Boube-
W^ sur la communication du Djaliba ou du iV//, est
à-]peu-*près celui qui prévaut^ dans le village où il est
né. Lorsque M. Mojlien y passa (i), il alla voir un
marabout qui avajf fait le |>élerinage de la Mecque:
ïiotre jeune voyageur, avec le secours d'un interprète,
{ i) Mollien , Voyage , tom. I , p. a 1 9.
u »
486 ^APPEBTDICE.
» ■ »
^ consulta ce prêtée sur le cours d« N^er. Celni-ci Ini
' répondit ^*ên-deçà et au-delà de Tombouetou du rén*
cootr«it des états entièrement %abit^ pur les Pouls,
» que le Djaliba ou Joliha se fêtait dans 4e JV^^, et que
ses eaux , ^rès * & être mêlées à celles du fleuve de
rÉgypte , Se rendaient dans la ni^r. On a dit ^ue le
marabout qu*a(vjût visité M. Mollien était Bbubeker
Jui-mème; cependant le récit du liiavabout diffère de
^elui de Boubeker, en ce qu'il ddnne Heu de penser
i.que le Djaliba^ quoique se joi)gnant au NU^ abouùt
dans un lac situé dans les régions pôntagneuses de
.la partie orientale de TAirique.
*Boul>eker dit^qnele Wadaîes&X an*osé par plusieurs
rivières qui ie jettent dans le E^aUbai Après tvmr
traversé c^ royaume du sud-oueët au nord-est, 'Bou<-
bekèr se trouva dans celui de Begarmé^ II se remit à
maycher à lest, et arriva'bientôtau grand lac de Kouk^
dont les eaux sont grossies par^une tivièie tiès4arge
qui vient du sud. Ce \ès^Kouk parait être le IsfkFittré
''d'Hornnman , près duqifel est Dar^Kouka ou le pays
de Kàuka; e( ceci semblerait confirmer ropiriôn de
Rennell , qui le regarde comme le Couga d'£drisi ,
et vient à lappui de ce que nous av6ns dit |»récé-
demment au sujet du Cochia de Cadamosto (i): mais
si le lac Caudi de M. Bowdich'^est le Kaugha d'É-*
drisi, il devrait être placé plus au nord qtie^JI. Bovr-
dieh ne l'indique sur sa carte. ^
Boubeker ne confond pas le royaume, de B€Lg^
(i) Voyez ci-dessas, p. 338.
APPENDICE. ^» 487 '
*
henni arec celui de Kouk ; il indiaue ce -dernier
coifinie étant ^\ns vers Forieilt , et il dif : Le sultan »
de Kouk est souvent en guerre avec celui de Bagarmé
ea^àe^q^i. * ^. * . -
Ce fut environ deux mois aprè§ *son âépart de
- Coffiefêàh que Boikiibeker atteignit les montagnes de
Four ow du Umr^Four / sans avoir vu une grande -
ville depuis Bomm. "^
Du pays "fle four Boubeker pas^a à lest dailç cdiui *
A^^Kordofan^ qui nest habité que par des Arabes..
Après avoir côtoyé pendant deux oii trots iours lâriv^
gauche du Nil , il traversa ce fleuve vis*à*vis Tjondi^ ^
ville ^assez considérable , d'où il etttra dans le pays
des Barbara, Il n'y a , je crois ,. pa« lieu d« douter que .
Tjondi, lie soit le Sfiendi que l^Qwne et Biirckhardt *
■ont visité. f
Dans le pa^s de Barbara Boubeker trouva up
pfeuple cultivatedr , assez semblable aux Fouîtes *
pour lest traits et pom: la- couleur, et qui est assu-
^^etti -à des tribas arabes.
De Tjond^ ou Shendi Boubeker se reuflUt en quinze
jours k Sou(ikemy sur le golfe Àrajbique. C'est de
cette \41te qu'il fit voile pour Djeddah , port » de la -
Mecque^ environ quatorze vinois* après son départ.
Boubeker visita ensuite Médine, Jérusalem, Acre , le
Kaire , et Alexandrie, Il séjourna dans cette dernière
. ville ; il passa ensuite à Alger , '►où ,il est demeuré .
plusieurs années. Il est enfin revenu dans le Fouta^
ToropAT Telemeçans [Tremcen), Fez^ Meq^inez^ Maroc ^
^adinoux (probablement Wadinoun)^ le Grande
/|88 ♦ ^ APPENDICE.
Désert, et le pays des Maurex Èraoianaï.Le^ Brackg^iSy
comme on * sait , habitent le pays de -Ouala sùr'^lés
bords du Sénégal, immédiatement au nord<*est du
port Saint-Louis (i). ^ - / ^ '
Tel est le rP€i| de Boubeker; il ajouta (jue lé'mot
TéiXz^ir signifiait dains plusieurs «langues nègres. le -
pays 4es Noirs, comme Somdan en^r&be. il a en-
tendu pau-ler des royaumes de Cano ettde Grubpurg
(peut-éti-e Guèer)^et d'un pays riche en cm*, nommé
fVakofo pr4^ de Bornouf c est peut-être le fFankara
des auteurs arabes.
, ■ ■ 1 1, " ,
(i) Bran*s Afrieay t. V, p. 3oo, et I^miral, p# 88.
f '/'• ■
I
appejs-i>i<5e. ^ 489
«
. IX.
RELATIOJN
' DE SCOtT.
\J N a fait paraîtm la relatiân d'un nommé Ale^nclre
Scott) qui s'embarqua en octpbre 1810, comme ap-
prenti, syr le vaisseau le Montezuma^ïecfael fit nau-
frage le 23 novembre de la même année, entre \^ cap
de ffoun et le cap Bojador, Alexandre Scott, fait
prisonnier par les Arabes du désert, retta six ans
captif parmi eux^ et quoiqu'on ne dissimule pas que
son état moral a été ^fiecté par sa longue captivité, on
a cru devoir publier les réponses aux questions qui
lui*6nt été, faites sur ses voyagea dans l'intérieur de
l'Afrique. Les renseignements qu'il a donnés sont tout
aussi incertains et incohérents que^ ceux du matelot
Adam; toutefois, comme on assure qu'ils ont attii'é
l'attention du major Eennell , qui doit , dit^on , publiet
une dissertation géographique à ce sujet, nous croyons
devoir en extraire tout ce qui peut servir à éclaircîr
nos recherches. . -
Scott fut fait prisonnier pai; des hommes apparte-
490 APPENDLCE.
. nant à la VnbttToborlee : «près huit ou neul" heures
de marche, il arriva dans la yallëe Zerr&hah; il (iit
ensuite ommenë dans Fintàôeur dudésept,et il estime
à quinze miUes le chemin^ <}u'il pa^tstyiTait chaque
jdur. Il arriva, après qujme jours de marche, dans
ilne 'Vallée nommée JVadf^Sèjrghi, Après avoir marche
ensuite pétidant' dix-sept jours, il parfintli un camp
ce treBte«-trois lentes-, qui fatsuit partie <d un distx'ict
nommé El'Ghiblah^ boraié à Touest parla mer. U resta
plusieurs mois à El-Gh^uh^ et il n'était éloigné de
la mer que de vingt milles. Vers le mois de juin, oti
dit à Scott qujp la tribu allait entreprendre un grand
voyage à Hez-el^Hêzsh , et qu'il i|^it qu'il y allât et
qu'il y changeât d^ religion , sc^s peine de mort. On
se mit en route ^ et l'on traversa un district sablon-
Dcui^, nommé El^Busckarah^oti 3 n'y avait de l'eau
que dans* un puits profond. Oa âra versa ensuite. une
ibrét , dani laquelle on rencontra uiie caravane qui
^ avait un oléphant privé: fait remarquable; car l'habi-
tant d'Afrique donne la chasse à l'éléphrat, mais ne
sait pas l'apprivoiser. Lès gens , de cette caravane
étaient plus noir» que ceux d^El^Ghiblah; ils apparte-
naient à la tTihu Or^GAebit ^ :fit venaient d'iS/*ScAar-
h rag. Dans ce boj^ il y avait des cocptiers, des dat-
. tiers et .des orangçrs non cultivés. Cette forêt ren-'
ierme des sauvages noirs très-dangereux, nommés
Baurbarras. La caravane don^ Alexahére Scott faisait
partie , arriva à ElScharnfig; et {êprès avoir contiïjué
♦ sa route à -travers des déserts , elle parvint, à un vaste
lac nommé Bahar-^TUbi mots, qui signifient, selon
APl^ENDICE. 49*
Scott, Mep' d*eau douce. Sd^tt a franchi dj^s* monta-
gnes et vu (Jçs rivières avant*d arriver a«t lac : ^ais,
près du'fec, il ne vit ni Avière ni. montagpe; il n'y
avait que des . rdisse^ux' guéables. La earafVatiÇ) dftns
ce trajet , faisait quinze inilïes par jour au moins ,* et *
jamais moins de vingt. C^ sont toujours des milW
^glais dont il lest questioj». On traversa ce lac dans
de grands bateaux > qui pouvîs^ient tenir d«ux* cents
personii^es ; ces bftteaux^ se nomment Zenirgê^ en lafi-
gne arabe : mais les naturels de Eh^chafrag -et de
EUHêzsh les àj^Uent Flouk. ^ ■
LeBakar n'a pas de courant sensible: on y trouve
des tortues as^ez «embkbles à ceUes des Indes. Ses
eaux sont douces en comparaison de celles du Désert,
•ïnais^ne ptourraient passer pour telles^ dans nos con*
trées. On ftit vingj-neuf hei^éS à le traverser. On pré-
sume que cette partie qui fiit .traversée , et qui forme
1 extrémité occidentale , est la moins large , et elle pré-
sente cependant une étendue de soixante milles. Il y
a beaucoup de bateaux pêcheurs sur ce Bahar. Il y a,
dans la partie' nord du Bahar, des gens de -petite
*3ille, et dune race différente des Arabes, qu'on
^omme Zackah; ils sont idolâtres: ils naviguent sans
cesse sur le lac , et y font le métier de corsaire.
Les gens du bateau où se trouvait Scott, lui ont
dit, en montrant du doigt le midi, que dans cette
direction îl y avait une grande mer d'eau salée; que
la mer sur laquelle, ils étaient, y communiquait; que
eette grande mer n'avait pas de fin ; quelle était
pleine de Sqff,nareUKahir^ ou de grands vaisseaux,
et qu ils* l'appelaient Bakm^l^Kabir. Ils prétendaient
.qu'au sud^il y avait tin port appelé . I^om^or^, où
il venait un grand nombi'e de vaisseaux. .Ces gens
dissiient encore que bien loin au midi , et avant leur
* naissance , if s*était donné de grandes batailles , tant
sur le Bahar-el-Kabir qt^ sur terre, entre lés Fran-
çais et les Anglais, et que, depuis les batailles données
à terre, les os des motls étaient encore sur la* place.
Quand Scott fut interrogé sur c^ point, il^^soutint
être bien sûr qu'ils aVaieht prononcé Francese et //i-
glese. Ces nègres étaient sans doute des esclaves ame-
nés de très-loin. Oa a conjeetàré de' là, ç*e Bam-
bary pourrait bien être Bamba dans . le Congo, ou
Calbary^ autrement Caldbar^ au fond du golffe de
Guinée. Ce récit sur le Bahar-^S^ina ^ s*acoorde^telle»
ment avec ce que rapporte Mungo*Parfc dans son
second voyage , qu'il est à craindre qu'on 1 ait tiré de
là(i). Si cela n'est pas, il en est une confirmation
bien précieuse, et confirme aussi l'existence de la Mer
^intérieure que j*ai admise sur ma parte , et même en
partie la position que je lui ai assignée.
Après avoir traversé le lac, Scott arriva au Keu
de sa destination, à EUHezsh^ vallée habitée par la
tribu El'Tahsi-'del'Hezsh. Ce sont des mahométans
qui demeurent daqs des huttes construites avec des
(i) Voyez Jackson daus Shabeeny's aecount of Tùnbouctou and
Housa , p. 45o ; — Mongo-Park's Journal of a Mission , i8q5 , m-4*,
p. x6S, et ci-dessQfl p. lo^.
^ APPEKDICE. • 493
tronct d'arbre lié^ par dès baçibous^ et récouyerte»
de joncs cueillis sur les bord$ du Bahar ; ils se nour*.
ris jent de pain d'orge et de datttp. *
Tout ce récit de Scott est, comme celui d*Adam,
beaucofip trop vague pour^qu'on puisse former des
conjectures probables 3urla rpute qu'il a parcourue (i).
(i) Nouvelles Annales des Voyages ^ t. VTII , p. Sai-SSB, traduites
à'si^ti^'^VEilinbiirgk philosophtcal journal. Il n'y a encore qu*ane
partie de cette relation pabliçe. .
•
494 AlPPBirlJlCE.
r "* •
f ♦
RELATION
DU CAPITAINE LYON
S ■• .SUR . "
L'AFRIQUE SEPTENTRidNAIJE (i).
IVous avons rendu compte des informations sur
• l'Aftique, obtenues par M. Ritchié, d après ce qu'en
a dit le rédacteur dun des' meilleurs journaux pério-
^diques d'Angleterre (2). Depuis que cette partie de
notre ouvrage a été imprimée, et au moment où nous
^ alUons le terminer, le capitaine Lyon,*compagnon de
ce jeune infortuné Ritchie, a publié sa relation. En
finissant , nous devons faire connaître ce qu elle ren-
♦ fejfme relativement à l'objet qui nous occupe.
'. 1— ,,1 J5;-- ;
(i) A Narreaivè of traveU in northem Afi^ta in ikc ytars 1818 .
1819 and i8ao, etc. , in-4% London , z8ao.
(a) Voye£ ci-dessus, p. 1 55 k i65.
* *
•
• • • . ^
M. iyon a voyagé ju^u aux extrémités niéridio^
nales du Fezzan^ qiii finit de ce côté à Tegerry; ce
lieu, qmi est presqtie som le viilgmquàtrièine Aegré de
latitude, est beàriicoup pluir au sud que ne le^plaçait
le majoF.Rennell, et ne doit pas être confondu, comme • ^ -^
je Tai fait précédemm^t (i)^ avee Tcugari^ qui ,esj ' é *
le Tegheréiri de notre itinéraire de Tripoli à Cçcàc"
nah par le cheyl Hag-Cassem. Au nord de Mour^ ^ «
zouky la latitude que nous avons assignée à Sochnah{^\
se trouve^confinnée par une observation asti'ononlique* ^
de M. Ritchie (3), et par la route qii'il a parcourue ' **
avec M. Lyon :/seuIement , la chaîne ^ des Montages ♦ #
noire'Sy ï^v- Montagnes de Soudah^ 'e$;t a« sud et non au . • '
nord dé cette ville. Une autre ville importante du Fez- •
zan est Gatràne^ entre Hdourzouk et Tegerrjr : GoM-one et * »
Tegerry sont les* deux villes -de Catrone et de Tegerty^y "
des cartes de Delisle et de d'Anville;*'et lé prerûiel' . *^
géographe a aussi au sud le royaume de Gïbadou^ qui
est nommé Tibedou sur - la carte de d*Anville ; c'est
le pays des Tibbous deRennell et de nos darte& mo- . ♦
dernes. Enfin , au sud de Gibelou , Delisle , mieux
instruit que d'Anville', {^lace les Touargues^ qui ?ont *^
les Touaricks des cartes modernes. A l'est de Mour^
^uk est Zuela. A Touest de la .ville de Sebha est une
-(*) ^070 ci-déssQs , p. 3x1. .
[%) Gi-deMoa, p. 3a3.
(3) II la ûxe k 29 deg. 5 mm. 36 otc. Voye« Captain J^on\
Narrative , 1^. 3#/-
^-
»
**
^
496 , APPENBIGl^ •
réunion àe Wade/s ou de ^léesfertues, formées par
ks Uts deiséchés d^s torrents (i). Ces vallées .font pa-
» rallèles )fts unes au^i^ ^utres ; à re«.trémitë d^ l'une
d*eUes ou du fVad^^GhroMbjr^ est Glurma , VancienDc
capitale <ffi Fezzan. Renuell place Gherma du JFeZ'
zan au sud-est de^ Mourzouk^ tandis *qu%lle est au
noadouest de cette ville, et sur la route suivie par les
caravanes qui'^.se rendit k TouateVk Timbouctou.
Ce pays' gémissant sous le d^dtisme cruel def Mukni,
paratl^ trèai^déchu. La c^îtale, Mourzouky i|e^ ren-
ferme au' plus que deux *niille cinq cents habitants , qui
soïkl noirs. O9 considère le Fezsmn comme une oasis
«t par conséquent comtne^ très«*fertile : c est au con-
tV^ire une contrée sablonneuse , stérile f qui n^ dift'ère
un peiir du reste du désert que llgns le voisinage des
villes , où l'on cultive ^vec peine .cpielques dattes
et qitelquBs palmiers. II. opt brûlant ert f'te , et
froid en hiver. Pendant le séjour de M. Lyon ,
le a janvier, le thermomètre ^ y descendit à deux de-
grés trente minutes au-dessous de zér» (échelle de
Réauraur). Aussi, selon M. Lyon, les pigeons émi-
grent du Fezzaa en octobre* et en novembre , ^ se
rendent ^ans Kawar^ le Biima et le Borgou, Le Fezzaii
est habité par des nations'' diftérentes, qui se mêlent
peu entre elles. Indépendamment des arabes et des
(i J Capt. Lyouft* Narrative, p. 3oo. Ces Wadey sont aa nombre 4e
trois, savoir, El-Schirghi , Ei-Jgraal et El'Ghrarbi : ils renferiheat
chacun plasienrs ailles oa villages.
^ ♦ • /
APPENDICE. 497
Fezzaniens proprement dits , on trouve à Gatrone des
Tibboas^ et à Sokruitràe^ Touanks qui parlent un
langage que leurs Voisins, de Houn et de IVadan^ ne
comprennent pas. Les Touariks nomment eux-mêmes
leur langage Ertaiia; et il pai:aît que c'<pst le même
dialecte quelle ^erber, si répandu au. niprd du Mont-
Atlas. Mourzi^ukestj selon "M.Lyon, à vingt-cinq de-
grés cinquante -quatre minutes de latitude nord, et
à treize degrés trénj;e - (leux minutes de longitude à
Torient de jParis (r). ^ ^
. Une des parties les plus curieuises de 1» relation de
M. lijon , est celle où il nous fait <;onDatti:e une ville et
une contrée nommée (îAraaf jusqu'ici ^inconnue aux
géographes, du moins sous ce nom. Ghraaf est une '
ville .murée, qui a. des maisons en pierpé^ et en pisé;
^le est à cinq journées de route de Gdnat^ à sept
journées au sud-oùest de Sebhâ dans le Fezzan , à
dix journées de Mourzouk^ à vingt journées au sud*
est de Ghadaniesy et aussi à vingt journées de Toi^at.
A six milles de Ghraat est une autre ville murée,
nommée EUBerkaaty célèbre par l'abondance et la
beanité des raisins que ses environs produisent. Le»
habitants de Ghraat^ se nomment Ghrâtia ; ils sont
Touariks : ils font un commerce, régulier avec . k
Soudan , et sont très-riches. Il y a chez eux , au prin-
temps , une foire générale ; ceux de Ghadames y ap-
portent des épées, des fusils, des pierres à fusil, du
(i) Lyoa*8 Narrative, p« 375.
■ Sa
498 APlPElfDICE.
{)loiâb à tirer, de la poudre et quelques vétenfients ;
ceux 4u Soudan , des esclaves , de Vor, des étoffes de
coton, des peaux, des fourreaux depée , des poi-
gnards, des outres en cuir, d^s noix de Gourou t les
» marchands du Fezzan y transportent diverses mar-
chandises d'Egypte et de Tripoli. •
De Tegerrjr à Textréniité sud du Fezzan jusqu'à
Sibfut^ grande ville et capitale du pays de ce nom)
on compte dix-huit journées de huit à neuf heures de
marche; on ^asse par El^Haat, Mischràu, TenÂa^
Ëi'fffatay'El-ff^arry El-Hammer, Mqffrus, ZAai,
• El-Mara, tiatcsk^el^Domiy Ouguira qui est une
grande ville de JCaH'ar, habitée aussi par les Tibbous;
* Kesbi autre ville considérable^ Dirki^ qu'on dit être
encore* une grande ville , laquelle n\BSt qu'à deux jour-
nées àeSitma, Tout ce pays de Bilma eit en blanc srA
nos cartes, et figure comme un désert : il est au con-
trahre très-peuplé. M. Lyon n'a vu personne qui con-
ntit les lacs salés de Dombou qu'indiquent nos cartes;
m'aià on lui a beaucoup parlé du sel que Von tire
d^un grand lâc nommé A^ram'y à quatre journées à
fouest-sud-oùest de Bilma* Il est probable que ce lac
est le même que celui de Dombou^ sous un autre nom.
Tibesfy-, au sud dju Fezzan, est sur là route de ^adejr^
route qui se dirige à Test de celle de Sornou (i).
Selon les informations prises pat* M. Lyon , le Sor^
nou est à quarante journées de marche, ou à sept
(1) Lyon*» Narrative^ p. 343 « a 45.
etnts mifies, du Fezzan, l\ e%i borné à Test par
le Ba^hetnd^ au fioid pAr Kanerny à loujest par
Kcmo ou Céuio. On ne s^^acoorde pas bien suir ce
qui ooncertie la capital^ de ce pays, nommée Bîrftie^
Djididy ou \à NouveUe-Bimiey pour la di^nguer dé
Birnie^Djidîm^ ou la FieUie''Birme. Ces deux villes
5<H)t à cinq journées de distance de Xe^ à Touest; la
ftTière de Tzad ou TVc^i^a^^ coule près de Tune et de
FautKe. (Bette rivière ^ du gud»ouest au nord-e^t (i);.
eHe est fort large, «t traverse ie Uarfowr : après avf^r
passé Bima , tile se «lomme Gamtarro et Nil. O autres
Avabes ont assuré que le T&cKad éta^; uq kftmense lac
pendant la saî^aa des plmes, et que, pen^nt la sai--
•son sèdie, il ne reste ^quune petite rivière, qui s^^-'
jrigede f ouest et'^ouie à T^t. Le Tschad, api^ès avoir
traversé le .AiA-/<P2^r^ se rend, dit*on , en Ëgj^e. ^
iStot^est un grand kc, plein; de poîssoiis^que
l'on sèche, et. que Xou envoie k une .grande dis*
tance. On p a pas qaD|iaisi$aiice qu'attcu]i|er rivière
cofmnunique . avec ce ke. l^&.T^mi^BengoUy dan#
les montagne^de Të&^^^pfès.du FezzaUy on se read
à W^sera ou Ouam^ oxfktûe «de ff^adeyy^ lieu;.d»
la^ré&ide^oe d un suittQEi. Ce traj^ est ^de qiûnze jour»
Bées. Gb» marche d')abord«u.&ud-sud^iest j^usqu au pusis
(i) Lyoii*« JKbmirzVe, p. ^ iTVi si^. C«lte ^ficectioB donuce iel an
Tzad e»t contraire â ce que disent d^autres relations , qui le font
«oâler da nord-ouest jin snd-est : et «i le Tzââ est 4e Oambaro», il ne
doit pas couler à Test ; mats nous rapportons fidèlement ce que dît ■
Vanlenr. Voyex ci-après p. So»).
•ia.
SOO APP£NDI££.
de Kkarma, en passant par Kermedjr, Bôkalda et
Bouchaehiniy où il y a un grand lac pendant la saisoK
des pluies. De Khatma on se dirige droit au &udrest
par SobboUy qui est une Ville àe.Tibbou; et ensuite
par Emharadju ef Kermedjr^ qui sont des villes de
Wadey^lVara n'est qu'à deux journées de Kermedy^
Wura est à cinq ou six journées de marche^ au
sud du Uc Fittri; à cinq jours de Moudago^ au sud-
ouest; à sep^ de jBahr-'el'Ghazel^ au nord -ouest; à
six, sept ou huit jours de Kcuigha^ au sud-oue«t.
Moudago est. le ndm d'une, très -haute montagiiey
composée de pierres noires. RattaU est à Xxxt consi-
«déré 'comme une rivière ; e est ^ comns^ le Bahr^el^
Ghazely un immense <orrent desséché , qui en est à
cinq journées de (HsCance , et qui s y trouvait i:éuni«
Battaii n'en conserve pas moins le nom de Bahr,
Tous les esclaves qu'on apporte de Wad^ lîennent
de Kouka qu Kaougha, de Kolaj Tama^ njounga, et
d'autres petits <^tats du voisinage (i).
Pe Bimie à Bagkçi^ni on compte dix jouBi» de
«arche ; Loggan , ville de Bornou , estji moitié «he-^
iDÎn y et «on traverse le Tsokad sur cette route. Au
nord de Bornou sont les divearses tribus de Tibbous ,
i^ommées Wandela ^ Gùnda et Traka : elles sont
idolâtres et nomades.
A l'est de Bornou , et près de Baghennî^ est une
contrée nommée Mandra ^ tributaire de BçrnoB. . I^e
(i) hyotk"* l^arrativc f p. a 3-1.
APPENDICE. Soi
peuple de Wadey apportait du poisson desséché à
^ar^, leur capitale; et Ton pèche ce poisson dans
une grande rivière à l'est de Baghermi (i).
Voici, d'après les renseignement* pris par M. Lyon*,
les distances de diverses contrées relativement à Birnie-
Djidid : de cette capitale du Bornôu à Baghermi^ à
Test-sud-est , on compte dix journées ; à iifa<72/^ capitale
de Kanem^SLU nord -nord -est, quinze journées; à
Kano , à l'ouest , dix journées ^ ^ Kouka , au sud-^t , *
quinze journées ; à Kattagoum^ à Touest-sud-ouest ,
quatre journées ; à Ringherriy à l'ouest -sud - oueSt ,
neuf journées ; à ifcAai'Arow , à l'ouest, deux jouiftiées;
à Kaouary au nord -est, dix journées f k' BUmay au
nord-est, quinze journées; à Makdri ^ à l'ej^t-sud-est ,
huit journées; à Ongoumouy au sud -est, qtfôttôrze
journées 5 à Zegzeg^ au «ud-ouest, quinze journées;
kZàkarij à l'oueit, huit journées; à Wadeyy\ l'est,
seize journées ; à Bahr^el^Ghazel , dans sa partie mé-
ridionale à l'est-nord-est, dix journées ; à Gachenah,
à l'ouest, seize journées ;'à Mourzouhy au nord, qua-
rai^ journées (12),
A Kattagoamy selon ce qui a été dit à M. Lyon,
est ui^e rivière, appelée le Nil par les natifs , qui coule
au nord*est, et traverse la route de Bûrnou à Cache-
nah : elle est considérable, et a, comme le Nil^ des
inondations périodiques. Mais comme Kattagount
(t) Lyou's N^itrative^^. i5i.
(a) Lyon*» AarrflftVe , ]p. laô «t 127,"
5oa APPEITDICt.
ii*e3t qu'à quatre jouniées de la capitale du Bornau ,
il nous semble que cette ririère doit être la même
que celle dont il a été questiôtt préeédemment scnis
le nom de Tschad%
Ongornou^ qui est peut-être -le Wangasra des au-
teurs arabes , n*est qu a une journée de marche de
fCouka. Ce pays , habité par des Mabométans , est
tributaire de Bomou ; la riTÎère qui le trarerse, cotde
' vers Test. Ce pays paraît bien être évidemment le
même que YOungourou ou Ougourra de la carte et
des itinéraires de M. Bowdich (i); mais i! est placé
par te voyageur à louest, et non au sud-est de Bor^,
nou y comme l'indique M. Lyon.
Le Bahr^el'^Ghazel est un immense wadey^ ou
vallée formée par des rivières ou torrents desséchés ,
rempli de forêts, d éléphants, de rhinocéros^ de lions
et autï'es bêtes sauvages. On y trouve aussi la girafife
dominée djimel aîlah , ou chameau de Dieu, par l«s
Arabes. Ce pays est habité par des tribus de Nègres
idtdâtres, ou du moins Cafres, c'est-à^ire qu'ib ne
croient pas à Mahomet. Ils parlent un arabe çar<-
rompu; tnais ils ont aussi un ou deux dialectes qui
4ëur sont partÎGuliers.
Le sultan de Bornoù paraît être actueUement sous
la. dépendance d'un de ses vassaux, le cheyk de
Kanenty qui réside à Maou, A un jour de marche de
(z,) Bowdich' s Jlfûiion to Ashemtee^ p. 4^3. ^—Ihid.y An Esstry
•n Geographf of north-western jéfiiea\ p. 17 » «i Map of nortk-
western A frica ^ iSao. ^
«APPEICDICE. 5o3
cette dernière ville est une grande rivière , qui coule
du sud-ouest au uord^est. Le peuple de Kançm la
nomme Yaou; mais les marchands lui donnent le
nom de Nil (i). Il est probable que cette rivière est
encore le Tschadj ou la .rivière de Bornoa. Mukni,
le sultan de Fezum^^t une excursion dau^ le Kanem,
et emmena dix-huit cents esclaves.
M. Lyon a donné un itinéraire détaillé de Mour^
zouk à C(ichenah. Il y a cinquante-six jours de mar-
che, à vingt milles par jour: ce sont probablement
des milles anglais. Aghad^z est plus grand (|ue Mowr
zaaA:; les, maisons y sont de même cp^struites'^en
terre. Oîi compte trente - six jours de . majche de
Mourzouk à Aghadei^y en été, et quarante -cinq en
hiver. De Ghraat à Jghofh^ il y a trente journées
de marche en été, et trente-cinq ou quarante, en
hiver, Aghadez- egt habité par des Touc^riks de la
tribu de Keilem. Ils sont mahométans, et forment
un état indépendant.
Cachenah est à vingt JQurs de mi^rche 4i^. Noijfi.
Les villes ou pays qu'on rencontre sur cette route,'
sont : Yandekka yDo^gfroumaki ^ Zqurmiy trè^-gr^nide
ville ; Fcumchi ou Ztmfara^ DouJfa^MafQrd^ Thor
lata^ N^ma^ Ba^oura ^ Gandi^ Bçmm^Dangçda ;
Sakkatou, grande ville, habitée par des Fellata; Mif-
feradaa^ {7).0xL traverse ensuite encore d'autres villes,
(r) Caj^. Lyon's iV(«r/wii»« , p. 129.
(a) Cette ronte a été foomio par Vaml d^Hornemann (p. x33);
\
5o4 APPENDICE.»
avant d'arriver à Noufiy qui est sur les bords du
Nil y c'est-à-dire du Quolla ou Niger. La capitale de
Noufi se «omme Bakkani. C'est dans cette ville, et
dans la maison d'un nommé Ali-el-Felatni , qu'Hor-
nemann a succombé à la maladie. Son projet était de
se rendre par le Dagivumba au pays des Asckantisy
qui n'est qu'à quarante journées de marche de Noufi.
On dit fc[u'il existe un commerce régulier entre ceux
de Noufi et les blancs qui habitent les côtes de la
grande mer ; et un de ceux qui ont donné des ren-
seignements à M. Lyon ,, Tassnra même qu a Noufi il
y avait un ou deux habitants qui entendaient le lan-
gage des blancs.' Il ne vit aucune rivière entré Kano
et Zeg'^'Zeg; et ce pays est à sec, même en hiver ;
mais en été le sol est couvert d'eau dans plusieurs en-
droits, ce qui donne à toute la contrée l'apparence d'un
grand lac: cette eau, suivant l'informateur de M. Lyon \
était formante, et provenait, à ce qu'il croyait, du
Nil de Cnchenah. Il resta à Zeg^Zeg jusqu^à ce que
rinondatioH eut cessé, et conclut pendant ce temps
des marchés avantageux 5 car, pour sept aunes de
drap rouge, il eut sept femmes. Il en aiôntra trois
à M. Lyon; ddes étaient grandes, jeunes et bdles, et
avaient été prises à YagoOba. "
nais , ^elqaes pages après (p. 140), M. Lyon en donae iiii« anire,
également à roae^t , qni se termine à 5'aiAatou, passe. par Cttch^nmh .
Zowmna , Jfalawa , GaJçjra , Karari e| Tekamourafa.
(i) Lyon's Nqrraûf€t p. i5j '
APPENDICE. 5ô5 •
Entre iVloj^ et le pays des Ascheintis,^ les mar-
chands traversent un pays nommé Gonja: -près de
Dagomba , on * trouve des. montagiles , mais elles rie
portent pas le nom de Kong,
Un nommé Moustapha, fils d*un mamelouk qui
s était enfui au Soudan , a dit à M. Lyon qu'il y avait
trois rivières qui coulaient près àe Cachenah. Il croit
que toutes se dirigent de Test à l'ouest , sans «cepen-
dant en être bien certain. La plus petite est celle de
Ringheni^ qui est à sept journées de distance de Ca^
chenah^ du côté de Test. Quelques pages après, cepen-
dant, M. Lyon nous dit au contraire que la ville et^la
^ rivière de Ringhem sont à trois journées au nord , et
qu'on passe, pour s'y rendre, à Gajzaa et kZ^f^ari (i).
A une journée 'à Test de cette rivière e$| une ville
appelée Sankarà. La seconde rivière du C0ehenç,h ,
nôvamè^Doudrou^ est à six journjées de martîheau sud
de Cachenah, La grande ri'vière, qui $e nomme* A*^-
tago^m^ en est à dix journées au sudrest. Cette rivière
est en tout tempsr fort lAx^e, et, comme le Nil d'Egypte,
elle est Mjette à des inonderions ^périodiques. En
effet , bientôt appès ,' M. Lyon^ noHS appreiul que
la rivièFe Kattagoum e^t nommée Goidbi ou iV/7,
c'est-à-dire qtie c'est le Jolibm^ où le Nigir, oii.le
Çuoiié^ : dans cet eildroit il sfpu^^ qu'elle coulé à
treize journées au sud^ de Cachenah , et elle tourne
. 5o6 APPENDICE.
eosaite au nord<-est (i). Ailleurs M. Lyon répète ce
qui a déjà été dit, que Goulbi ou JoUba , en langage
du Soudan j est un terme générique pour signifier
un grand yolume d'eau (2); et il dit plus loin (3):
« Les mots Nil , Gonibi^ Kattagoum , désignent le
même fleuve. Ce fleuve coule de TimboUctou^ à tra-
vers le pays de Mellij dans la contrée habitée par
les Fellata; de là il coule à Kebti, qui est à trois
jours au nord de Noufi: au-delà de ce pays ou de
oette ville , il coule à Yaour^ qui est à sept journées
à Test; de là à Fendéhy autre pays habité par des
F^laUtjÇpÀ est au sud-ouest àkiMachenah. Il traverse
ce dernier royaume à treize journées au sud de sa
capitale ; il reparait ensuite à Kattagoum , à quatre
journées à Touest-sud-ouest de la capitale de Barnou^
où il CQiile dans un lac nommé Tschad* Au-delà de
ce lac une grande rivière traverse le Baghermij on
rappelle Gamèarro, et Kftmadakou,on NU{^),On ne
sait rien du Nil au «-delà ; mais on s accorde à dire
que ce fleuve joint le Nil d'£gypte au sud de Oon--
gola, » Quant à JVangara ou Oiiangarai\\ est impos-
sible y selon M. . Lyon , d*obt#nir des renseigaernents
certains sur ce pays, el de s assurer même s*il existe;
'on croit néanmoins généralement que ce nom désigne
un pays dont le soliest bas et souvent inondé* Quel-
ques-uns placent ce pays à vingt journées au sud de
(i) Ijyoïtk'êNartxUÎve^.^. 14». — (a),l6id,j^ i45. — (3)Mid.y
p*. x4S; < — (4) Précédemment' (voyes çî-deM», pagt 499) TaQlenr
dît qae le Gamharro est U même rivière que le Tzad, ,
APPENDICE. 5o7
IHmbouctou; d'autres le mettent au sud de Cachenahy
et quelques-uns même au-delà de fFadey (i). Le
lecteur aura remarque les noms de Gambarro et de
Kamadakou ou Koumoudou, déjà connus pour dési-
gner un fleuve p^ Delisle et par M. Bowdich ; mais ,
selon ces renseignements, le Gambarou coulerait à
l'est, cpmme l'indiquait M. Bowdich dans son voyage.,
Alors ce Gambarro serait différent du Gambarou qui
coule près de Timbouctou et a son cours v^rs Touest.
Tout porte à croire qae Gambaro}^^ comme Kama*
flakou^ nest pas mn nom, mai» un mot qui signifie
fleuve ou rivière.
La ville de Binghem est à une journée de Gonja ;
et Gonja n'est qu a trois journées de Kattagoum. Ce
Gonga paraît élre File de Gongou d'Inhammed et
Ben-Ali (a), qui est, selon leur information, une île
sur le NU^el^KibiTy ou le grand NU des Nègres , à
cent milles au sud de Cack^ifxah : ce serait aussi^ le
Gonjeh de la carte de M. Bowdich , et le lieu où l'on .
traverse le QuoUa pour se rendre, du Malioç^a dans
le Sarem^ ou du Soudan sur la,(7o/e-^W (3). Il résul-
■ r; I , ,» . , M t ■ ■
(i) &dji-Hamed a donné d'aatres reAieigaernents i*^. Rhchie ;
et ceaz*U 8*a€cor4ent avec les aatenn afabe$.
(2) Praceedings of tha association t tXc. ^ tom.I, p. xa4.
(3) Bowdich'a Map of north'western Africa and mission to Ashaniee,
p. a 10. Peut-être le Goundjeh da Tripoli tain qui a donné k M. Yen*
tare l'itiaéraire dn FelimiH , est-il le Oàngak de fil Ly^n , le QoMgou
de BettrAU, 1« Gonjth de H.Sowdîcb^ anlioa d^èttie, «ovnm |e l'ai
supposé' p.* 3^5 y le Congé de J)«Ilrie, le Carnée de d*Anvilfe, «t
le Kot^ des aniears postérieurs. r
5o8 ÀPPÉTTDICB.
ferait de ceci que Rùigkem ne serait qu'une branche
du Kattagoum ou du NU des Nègres , ou une petite
rivière qui se verse dans ce fleuve près de l'île Gonjeh,
On trouve encore une autre rivière, nommée Ring-
hem j AU. nord de Cachenah^ en passant par Gaj-zaa
et Zakari. Ce nom de Rùighem signifie peut-être
rmere dans quelques-unes des langues de ce pays.
En allant de Caehenak au Bornou^ on se dirige
vers r^st; et l'on passe par Sctbongari^ Roma, Boscki,
'et Kano. A Test «fe la ville de Kattagojujn sont , à peu
de distance, les villes Gizzra et à'Ibrakùn''Zui&o; et
non loin de cette dernière ville, au nord, sont Dowra
et Kalawa; puis, à Test de Kalawa^ Btyrankalawa et
' Demitro. A trois journées de distance à louest de k
ville de Sàkatou^ est la ville de Gouberr^ habitée par des
Fellata , qui paraît être la capitale du Gouher de Léon
l'Africain -, du Goubirri de Delisle et de M. Bowdiçh.
Maradi est un pays situé entre Cachenah et Gou"
berry dont les habitants sont cafres ou non^^croyants,
et vont presque nus. Il a été presque dépeuplé par
les incursions des Felta^a.
Cachenah ^st à cinq ou six journées de distance , à
Test , de Zanfarak.
A trois journées de marche au nord-est'dc Cache*
nah est un pays (non pas une vitte) nominé Daoura^
dont les habitants sont cafres -ou non croyants, et
continudkaieQt attaqués et réduits en esclavage par
les FeUata, Kebbiest à trois journées au nord-est de
Bakani^ la principale ville de Notifi. Kouka ou Cauga
est à treijte journées k l'est de Cachennh^ en inclinant
• * APPENDICE. 5o9
Ters le sud. Z^gzeg ( mentionné par Léon F Africain
et d'autres auteurs) est à quatre ou cinq jouriîées au -
sud-ouest de Çackenah, Remarquons en passant que
Zegzeg sur la carte de d'Anville , et Zaczaa sur celle
dé Delisle , sont au oentraire à Test de Cassine ou Ca^
c/ienah. * . ^
Yagouha^ s^n M. Lyon, est à six journées au sud
de Çackenah, Yagouba est finnitrophe de Yemypn , le
Lamlam d'Edrisi (i) et^ de nos cartes. Ce pays, qui
est à six journées^ au sud de Zegzfg^ est habité par
des peuples idolâtres et cannibales. En général toutes
les nations qui sont au sud des fleuves qui arrosent '
le Soudan y sont dépeintes comme vivant dans Tétat
de naUxre^ et plus semblables à des bétes férooes qu a'^ •
des hommes (a);
Il y a quatre-vingt-dix journées de route de Moiur*
zouk à Tirnkouctou ; on passe par Touat, On a dit à
M. Lyon que Tafiiet était à dix journées au nord-
ouest ;de Touat ; md\s y û ce n'est pas ^ne erreur,
ceci ne pourrait s'entendre que des ^ froBgtières des
deux pays. Selon les renseignements qui ont été don-
nés par des nmrchan4s à notre voyageur^ on aurait .
beaucoup exagéné l'importance de TimioucUfU. Plu-
sieurs même assurent que cette ville si célèbre n'est
pas pkis grande ^ue Mourzofik. Elle est entourée de
xn^rs 'y mais les maisons $ont basses .et bâties irrégu-
lièrement, 4 Texceptlon d'une ou *deux petites rues.
' ' ' > if ■■■** ■ " ■ ' ■ ' ' ' ' — ■
(i)*HartiiKmii, J?</rm^//ott, p. S6,
''(a) Lyopi's Ifqrrativef p. 13.9. . ,
5fO APPENDICE.
Quand H arrive de nombreuses caravanes , on bâtit
des cabanes à la hâte ; et la population ordinaire de
la Fille se trouve 'augmentée de dix à quinze mille
âmes (i). Delà viennent les récits exagéfés quon fiûi
sm* la grandeur de cette ville et*sa nombreuse popu-
lation. Nous remarquerons que ces renseignements
jdoivent paraître bien suspects y s^il ipgt vrai , comme
rassure quelque part Mungo-Pai'k , que Sansandrng^
une des villes du Bambarra où il s'est embarqué,
renferme onze niiHe liabitants , et que Sego «n con-
tienne trente miHe.
M. Lyon donne ensuite la distance de plnsieun
lieiix relativement à Timbcuctou. KaBra , son port ,
en est à douze miHes ; c'est plutôt un rassemblement
de magasins qu'une ville. De grands bateatix, qui
viennent de Djenniy Chargés de marchandises , les
déchargent à Kabra. La rivière dans ce heu ^st très-
large, tîoule lentement et vient de Fouest. Dans la
saison sèche , un chameau ]^t la passer à f^jué^ mais,
après les .pluies , elle devient profonde , rapide et dan*
gereuSQ. Dfenni est^ dit -on, le lieu d'oa vient l'or;
et, par cette raison. Ton nomme ce* pays BUd^^dr
TiMr^ an I^l Contrée de For. A une 'Journée et demie
à l'est de Tïmbouctou est une grande ville , ou un
district^ qu'on nomme Downa. Aro^ati est une autre
tîDe importante, à sept journées au nord de Tm»
boucton, La ville 9iEzawen^ qui est aussi fort grande »
<i) Lyon's Narrative y p. t/|5.
j
i
APPENDICÇ. Slî
en est éloignée dcTifigt journées de marche^vers lest,
Taudennjr ou Tavudermyy d où viennent les grandes
,caratanes, qui apportent annuellement du sel à Tïm-
bouctou, én^est âoigné de vingt-quatre journées vers
le nord. Tekmsen est à moitié chemin de cette route ;
on traversé pour y arriver un désert , où Ton est dix
jours sans trouirer d'eau , et qu'on homme pour cette
raison Adckireà, Mabrouk e3t à trois journées au nord
de ce lieu , à dix au and de Taoudennf^ à dix jours à
Test diArowan^ à di^-huit jours au sud dUjivQlef^ diass
le pays de T<mat.
Sakt est sur le Nil^ k trois jo«LrtîéeA à l'est d« Tïim-
Au-dcfe tte TimbamatoU est, dit -on , une contrée
d'où Ion tire beaucoup d'or, et dont ,les liabitaolis ne
soht pas visibles. On ne trafique avec eux que k nuit.
CVst pendant là nuit qu'on dépose da[hs des lieux
; partictiliers les marchandises qu'on veut vendra^ et
le tttatîn on trouve qu'elles ont été "emportées^ et
rcïpplôrcéc» pa* l'or qui en est Ic^rix (t): ,
D'après les informations qui om été années à
; M.Lyon, tiaûmsti ne serait point un nom de v^^mais
' de pays : les nt>ms de Haoussuy A'A/kou ou ée^Scadàn^
j sont syttonymes,et renferment toute»l'é|endue de parys
; comprise entre Knno^ qui e« k quatre journées à.r«st
; àeCachenah^ et les i'rontières de Timfi&iihtou. Le nom
^^ général de /Ttzou^^a ne s'applique qu'au pays arrosé par.
(i) tyofc's Narrative f p. 149.
' 5ia * APPENDICE.
le graiid fleuve, et s*étend beaucoup de Fe^ à louest,
et fort peu du ^ud au nord : car Aghadesy qui est
au nord de Ctichenah^ n*est phis du Soudan; et
Yemjremy au sud, nen fait pas non plus partie. Cette
détermin^âition de limites xentre dans celle que M. Bow-
dich donne à MaUo\pa 4an$ sa dernière cslrte.
Soudan est un mot arabe, qui signifie le Pays des
noirs; on le remplace aussi par les mots Ber^eUAbià^
ou Terre des esclaves. Dans le langage ^Haoussa^ le
mo^ gari signifie contrée (i).
Les Touariks sont presque toujours en guerre
aveé les peuples du Soudan , et emmènent de ce pays
une grande quantité d'esclaves. Les femmes du Sou*
dan sont renommées par leur talent poui^ le chant:
elles sont mieux partagées , 'sous le ra|)port de la
beauté, que celles de Bornou* Outre les esclaves, on
apporte, du Soudan à Mourzouk de IW, dont le sultan
acHiel cherche à empêcher Texportation ; diverses
étoffes en coton; des peaux de brebis et de chèvres j
maroquioiées et teintes en jaune, en ^ooge et en noir.
Ainsi que, nous lavons dit, M. Lyon donne un
itinéraire de Mourzouk à Cachenah, dans le Soudan:
il est nécessaire A de le faire connaître pour quon
puisse le 'comparer au nôtre, jet avec celui de la
' Société airicaitïe rapporté précédemment (2).
(i) Lyon's Narrative, p. j5o.
- (2) Voyee ci-dq^sot, p. 3174 Proeeedings, p. ^163 et. x04 ; et
Kriiu's Afrika , t. V, p. a«x. *;
APPENDICE. 5l3
Itinéraire de Mourzouk a* Cachenah.
LA ROUTE SE DIRIGE AU SUD-SUD-OUESÏ.
. ♦
NoBss àtt lieaz. Nombre dés joaméet
parcourue».
• Mourzou]^:. o
Akraf , . . • , ï4
Felezlis , • , 4
Tadent .' , ., 4
Assioju ,.;.... €
Tradjit ,. 4
Siloufia f ' 2.
Agh^dès > •^» . • %
Begzam^ ••.•••••,••..• 3
Ghroulghiwa .....,, 3
Tagama. . • *..»•... 7
Cstchenab. .•;.•.. • . • . . 7
56 joum. cle
march.(i)
Cacftenah e$t .9;€tueUcfnent sousla dépendance de
Bello, fils du célèbre^ chef feU^ Hatmaa Danfodio,
qui réside à Sakkatou^ Le gouvierneuf actuel de Ça-
chAnah %% ucnnme MellonaAùhanfuDeladgi^. Il prend
(i) Lf on*» Narrtktifte^ p. z3i. M* Lyon «itive le trajet de la josmée
à vingt milles par jour ; il entend des milles «n^lais , «e ^ni fiiit na
{len plus d«' dix-sept ioilles géographiques.
• . 33 .
5j4 appendice.
le titre de sultan en l'absence de son maître : sa fa-
mille consiste en deux cents négresses^ et en un
nombre égal d*eniants qu'il a eus de ces mêmes
n^resses.
Dans ce qae dit M. Lyon du pays de ^huatyhaibhé
par lep Touariksj et d'jH'n'el^Salah (la Fontaine de
tous les Saints), un de leurs principaux lieux, jai
remarqué , avec une satisfaction infinie , l'accord des
renseignements qu'il nous fournit, avec ma carte,
dressée bien avant que sôh voyage fiit imprimé,
et même avant qu'il fat de retour en Europe. En
effet M. Lyon nous donne, entre Touat et Mourzouk^
un itinéraire détaillé , d'ôii il résulte qu'il y a entre
ces deux lieux trente-neuf journées et demie de rpute;
ce qui , selon notre évaluation de joutnée à raison de
quinze ihiUes géographiques , présente un total de six
cent cinq milite géographiques. Notre caifte en ligne
droite donne ènvitôn cinq cent quarante' milles ;
anais,^ comme la route passe par Oubari^ ou l'ancienne
Germa ^ et qu'il faut remonter jusqu'à Sebha^ au
n«rd dm Mourzouk y avant de se diriger droit à
travers le désert jusquà Aïn^el^Salahj où est le
•pays des Touariks^ ce qui consomme trois jours , il
en résulte qu'îl n'y a plus que trente-six journées de
ï-outc, où cinq cent quarante milles ,* en tr« Oubari^
ou l'anciei^ne Gherma^ ou Touat; ce qui s'accorde
juste avec notre carte , sur laquelle on pourrait tra-
cer , "sans y rien déranger , ritinérâire qu'a donné
M. Lyon; c'est ce ^jui nous engage à Iç transcrire
4cL . •
APPETTDICE.
6l5
Itinéraire de Mourzouk au pays des
TOUATS.
Noms des lieux. Nombre des joamées.
/ Mourzouk o
Pans le Tessowa, ville avec un vieux
Fezzan <;hâteau. .••••• \
^ pubari, . , 2'
Hagki. ••.••.•«••• 2
Kaïbo • • • • • .4
Bengheh • . 6
Doukaraat 2
Tadera ••. 5
' Am^ghi..,., .^ 7
Temadraati. ^ . /. . , 3
^ Houhaned i et demi.
Ounabraghri , 4
, , Âïn-el-SaUh, ville des Touats, 2
39 et demi.
Ainsi cet itinéraire, en confirmant la position d'M/u-
tl'Salah^ telle que nous Tavions indiquée, sur notre
carte , appuie aussi celle de TafUet , ex les combinai-
sons par lesquelles nous sommes parvenui^à déter-
miner la position 4^ Timbow^tcm^ but primitif de no$
recherches.
Nous terminerons cette analyse en faisant con?
nakre les tei:mes dont les Arabes d'Aliique. se ser-
vent pour désigner les différentes natures du sol et
33.
5l6 APPENDICE.
le» différents aspects du Désert. L'ignorance de ces
mots peut donner lieu à des erreurs en géographie.
Sahar exprime un désert de sable sans pierre et
Sans eau ; Grhoud, des collines de sable stériles , ou
n*ayknt que quelques palmiers, et difficiles à fran-
chir (i). Sirir'sont des plaines de gravier ou caillou-
teuses , dont le sable a été enlevé par les vents ;
c'est dan% ce gçnre de désert seulement qu'on trouve
des collines de sable, ff^arr ou Ouarr sont des plaines
ou des plateaux de montagnes, dont la surface eât
inégale et couverte de grosses pierres détachées , qui
les rendent difficiles à traverser. Haïtia est un sol
qui , par places , est susceptible d'un léger degré dé
végétation, et oà l'on aperçoit ça et la quelques buis-
sons, ff^ischek sont des plaines ou des collines dé
sable, qui portent des dattes sauvages, auxquelles on
donne le même nom. Ces sortes de terrains ont pres-
que toujours été autrefois ce qu'on appelle des ghraba^
c'est-à-dire des terrains cultivés, dont les palmiers pro-
duisent des fruits, mais près desquels il n'y a point de
villes , et oh. le propriétaire ne vient que dans la saison
des dattes pour faire sa récolté. Les Feizanais se ser-
vent du mot dddzira comme synonyme de ghrada,
Soubkir sont des plaines de sel, qui sont marécageuses
en hiver, et dont la surfoce se dessèche et se perd en
été. Wddey désigne liiie vallée arrosée par un ruis-
seau ou un torrent, <jui n'existe que pendant Je temps
des pluies et où il croît'des buissons; La signification
du mo> ^ihel est connue,* et tout le monde sait
APPEITDICjE^ 5l7
que ce mot signifié montagne. Le désert ne s étend
pas toujours en plaine ; et les gihel^u montagnes y
sont plus fréquentes quon ne le croit communé-
ment (i),
(x) M. Lyon*» Narrative, p. 346.
FIN.
TÇAM-E AWALYTIQUE.
519
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LES RECHERCHES SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE.
Introduction... PAGE x
Des cartes modernes d*Afriqae. Id.
De celles des XVI* et XVIl*
siècles a
Les détails qu'elles préseiltent
ponr rintérienr sont erronés. 3
Nécessité de recherches ap-
profondies snr ce snjet. . . Id,
On envoie à Facadémie des
Inscriptions et Belles*LettreSy
nn itinéraire de Tripoli à
Timboncton 4
L'Antent est chargé de Texa-
miner Id.
M. de Sacy Ini en remet nn
antre, traduit de Tarabe. . . 5
M. de la Porte lui en remet nil
3*9 de Tripoli à Cachenah. 6
Divisions des recherches faites
à ce snjet , en trois parties. 7
PREMIÈRE PARTIE.
DES PROGRÈS DES DECOUVERTES
GEOGRAPHIQUES DÀKS I. IN-
TERIEUR DE I.A. PA.RTIE
OrCIDElTTÀLE DE L^AFRIQUE
sRPTEirTRioiri.i.E . :'. ,..,.. 9
S I*'. Depuis rînvasion des Mtt'
hométans en Jfrique , jus-
qu'à la chute de l'empire des
Maures en Espagne, ...... 9
Les Arabes enval^îssent l'A-
frique ...^....., Id,
Ds pénètrent 4f94 rintérienr. 10
Y établissent des colonies ... 11
Convertissent les Nègres k la
religion de Mahomet xa
Nouveaux états formés dans
l'intérieur de l'Afrique .... 1 3
Fondation de Timboncton ... 14
De l'époque à laquelle le com-
merce de rintérienr de l'A-
frique a été le plus. Koris-
sant 1 5
S II. Jbepuis Vexpulsion des
Maures d'Espagne , jusqu'au
commencement du seizième
siècle , lors de la publication
de l'ouvrage de Léon Vj4fri^
cain 17
Le commerce de l'întérîenr de
. l'Afrique attire Tattention .
de l'Europe /</,
5ao
TABLE ANALYTIQUE
D*EdrUi 17
Dca coicnographe» da XIY*
8iècl« ^ Id,
Xoyagra d7bn-BatoaCa. . • . . • 19
Voyages des Pôrtagtis 3e
Deroavngede Schqhab-Eddm-
Ahmet. 33
§ III. Depuis ie commence^
ment du Xyj* siècle et la
publication de Vouwage de
lÀon l'Africain , jusqu'à la
formation de la société éta-
blie à Londres en 17H8 ,
j)Our ^s progrès des décou-
vertes dans Vintérieurde VA'
friqttg 35
De Léon l* Africain. . «^ Id,
RcTolation dans ]e commerce
de TimboQCton , a la fin da
XV* siècle 37
Conquêtes d'Abonbakre - Is-
chi<i 39
Marmol 41
Antoine Dassel recoeijle ét% r^n-
seigif eoîents anrTimbonctoiL 43
Dmits exagérés des richesses
de rinterienr de F Afrique. Id.
De ce qn*en a dit Ibn al Onardi Id,
U se forme nne compagnie
d'Afrique , sous le règne
d'Elisabeth 44
Voyages de George Thompson. 4 5
— de Jobson 46
Entreprises des Français dans
rintériear de l'Afrique... Id.
Voyage de De Bme 47
Itinéraire donné par De Bme,
mal interprété par d'AnvilJe. 48
Moyens de le rectifier 49
Antres itinéraires de Taipoli à
Tiraboocton , recueillis par ' |
De Brue 5o I
.Voyage de Paul Imbert, de j
Tripoli à Timboncton. ... Si \
Expéditions de Sidi-Alî et de '
Mal«3f bmael a Timbone-
tou * 5a-54
Voyages des Anglais A»iis rin-
terienr; voyages de Sdbbs,
deMoor, de Jobson et Job-
Ben-Salomon 54
Voyages des Français dans Tin-
térieur de l'Afrique. . . . 56-59
Voyage de Compagnon au
pays de Bambouk 56
de Flandre 5?
— d'Adanson .' . Id.
Société formée pour les dé-
couvertes en Afrique, dont
d'Anville faisait partie — 58.
Naufrages de Foffie , de San-
gnier et de Brisson ^9
Renseiginements obtenus par
M. Von IÇinsiedel 60
Yoyage de l^ubanlt a Gàlam ,
et de Picard à Fouta-Toro . 63
Projet de voyage formé par M.
deBoafflers, gouverneur du
Sénégal 64
§ IV. Depuis rétablissement de
ia société pour les progrès
des découvertes en Afrique j
jusqiià nos jours Id.
Formation et but de la société
formée à Londres en 1788 ,
pQUr les progrès des décoa-
vertes dans Tintérienr de
l'Afrique. 65
On cherche k Timiter en France ,
voyez la note Id.
Voyages de Ledyard. 67
— de Lucas 68
— deMH. Watt et Winter-
bottom.. ; . . . . 69
Renseignement donnés à M.
Niebhnr , par Abd-Arrach-
man Aga 70-74
Renseignements donnés à la
sœur de M. Tully, et à M.
de Beanfois , par Scbaabeny. 74
DES Matières.
52 ï
Voyage da major Hough ton . 74
Premier voyage de Mnngo-
Park 75«78
Voyage de M. Browne a a Dar-
Four 78-82
Reoselgnements obtenus eu
Egypte, par M. Hamfltoti. 82
— par M. DenoB ....;... 83
-^ par M. Lapaxioase S4
— par M. Seetsen 84-87
IHs conf radictionç apparvutea
qa^dffrent les témoignages
de divers , sur le"" cours da
Niger ........ 84
Voyages de Hornemann, à
MouEzonk 87
— de M. NichoUs, aa Ca-
labar \. . . . 90
— de Rœntgen , à Mogador 9 1
flenseîgnements donnés par le
chérîf-Hadji-Mohammed.. . 92
— par M. Grcy Jaekflon. . 93
Renseignements donnés par
Badia ou Aly-Bey, d'après
Bouhlal 96
•Second voyage de Mungo-
Park 98-X03
Voyage d'Isaac et d'Amadi-
Fatonma , à la recherché de
Mnngo-Park io3*io4
Voyage du colonel Boutin . . io4
Naufrage du matelot Rohert-
Adams , io5-io6
Renseignements sar les rela-
tions commerciales, éta-
blies entre Haoïjissa et la
côte de Bénin 107
Contestés par M. Bowdich. xo8
Renseignements donnés par
nn nègre de Timbofictoa ,
snr la nation de Gallo
on Quallo 109
Naufrage de Riley ^, . Id.
Voyages de Sidi-Hamet , dans
rintétieur de TAfrique et 4
Timboucton 1 09-1 ai
Navigation du capitaine fnc-
key^ sûr le Âeuve 2ayre. i2i
Autres tentatives des Anglais
sur la Gambie Id.
Tentatives du gouvernement
français, qtfi eùvoîe Aly-
Bey en Egypte et M. Mol-
lien au Sénégal i22-t&3
Voyage de M. Ritchie àMonr-
ïouk i«4
Voyage de M. Bowdich à
Conmassie \ 12 7-1 41
Notes sur T Afrique « de M.
Robertson 142-146
Voyages de M.Barckhardt. i47-i5o
Voyage de M. Mollien. . i5o-i55
Notions obtenues par M. Rit-
chie , à Monrzouk. . . i5S-i64
Expédition du major Gray
an Sénégal i65
Itinéraire de Scfaabeeny , on
de Chabiny , et fragments
sur TAfrique , par M. Jack-
s»n 166-173
Limites des connaissanoçs
réelles ly^'fjS
Description du désert de
Sahara 175-180
Description dn Soudan . 1 8 1- 1 84
DEUXIÈME PARITE.
DES CARTES DE lVvRIQUE RE-
X^kTlYEMXST A.n TRACE DES
COITTRÉES IffTBRIEtTRKS DE
Uk PARTIE SEPTEUTRIOITALE
DE CE COirrlHElTT l85
5 I". Des cartes de Vintérieur
de V Afrique septçntriohaie^
depuis la publication de la
Mappemonde de Rujrseh en
1 5o8 , jusqu'à Ortelius en
iS'jo Id.
De la carie de Jean Ruysch
dans rédition de Ptolémée,
de i5o8 . . . / 187
52!>
TABLE AWALYTIQÙK
De Jean Scot dint le Ptolc-
mée <le iSao 189
Des cartes de Gryneas et de
RarooMO, eni535et enx55o 791
Carte de Forlafti, eif z562. 197
S II. Depuis la publieadon de
la première édition de tAt'
las ttOnélius en 1570, / «>
^u'à celle de la Mappemonde
de Delisle en lyao Id.
De la carte d*Ortéliiis 198
< — de Mercator 201
— de livio Sanato ao3
~— de Sanson 211
— de Jacob Mearsîas ... 2x3
§ III. Depuis la publication de
la Mappemonde de Guil'
laume Delisle y jusqu'à nos
jours 214
De la carte de Delisle 2i5
— de d*Anville 220
De la première carte de Ren- '*
nell , en 1 790 ^29
De la seconde carte de Ren-
nell en 1798 , corrigée en'
1802 233
De la carte d*Arrowsmith, en
1802 239
— de Pnrdj, en 1809 on
1814 240
Des cartes de MM. Lapie et
Braé. 241
De la carte de Morray, en
18x7 >44
— d'Eddy, en 1816 246
Derniers renseignements snr
Timboncton, donnés par
le colonel Fitz-rClarcnce. . 247
THOISIÈMK PARTIE.
AiriXTSE GÉOOaiLPBIQUE DES
ITlirEEÀXRBS DE TRIPOLI ▲
TIMBOUCTOtJ ET DE TRIPOLI
A CA.CHRirJLH , PAR LE CMETK
XÀGG-C1.SSEM ET PJlS KQ.-
HAMIUD^ FILS D*1.LI 24<)
S 1*'. Considémtions prélimi-
naires Id.
Inutilité des antears anciens
pour le perfectionnement
de la géographie de Tinté-
rieor de TAfrique. . . 25o-»58
Utilité des itinéraires moder-
nes ponreette reclieTch. 258-s6s
S II. Appréciadon de la jour-
née de marche des cara-
vanes dans les déserts de
V Afrique 262»a69
S III. Anafyse géographique
de l'itinéraire de Tripoli à
Timbouctou , par le cheyk
Hagg'Cassem 369
Recherclies ponr fixer la po-
sition de Timboncton. ... Id,
Distance de Timboncton à
SîUa . 270
Tableau de la position des
lieux de Kayi i Ssmi. 272-273 *
Distance deSami à Timbonc-
ton 274
Recherches ponr déty^miner
la latitude et la longitude
de Timboncton 3^5
Position de Gadamès «7 7
Distance de Touat à Tafilet. 278
Analyse géographique de Titi-
néraîre d'Achmet - Ibn-
Hassan, de Fez à Tafilet. 380
Que la vallée de Tafilet est la
même que celfe de Sidjil-
messa ^85
Positions de Tafilet, de Touat,
d'Agably '286
Snr la position du désert
d*HaÏP ^ '. a87
Sur Bouda d*f bn-Batouta ... Id.
Snr l'Ekably de M. Einsiedcl. aSS
PES MATIERES.
5a3
Erreàr 8,9 M. Bran sar Tonat. 288
Fixation de la position de
Timboncton 289
Sur les Tonariks an pied d*A.r
g»Wy 290
Sar le peaple de Terga on
Therdja, deLéonrAfricàin. 29}
Sur les Arabes Berbères .... 294
Sur Tatta 295*296
Sur Akka 296
Vérification des distances de
Timboncton à Tatta.... 297
— à MonrKoak Id.
— à Akka. . . i 298
— à Tegazsa 299
Contradictions des antenrs snr
la rivière qui conle près dé .
Timboncton 3oo
Car Tezistencede deax grands
flenves dans le Scndan. ... 3oi
$ IV. Ànafyse géographique
de Finnéraire de Moham^
med^fils d'Ali ,fiU de Foui. 3o2
Distances de Tripoli à Ga-
damès 3o3
Distance es^re Haonssa et
Timboncton 3o4-3o5
De Tareknah 3o5
Tableau des' positions de
l^itinétaire 3o6
Snr Wanonki on Caoncaon . 307
Snr Tegama et lès habitants
blancs da'iis llntéHénr de
l'Afrique 3o8
S V. Anafyse géographique
de l'itinéraire de Tripoli
de Barbarie à la ville de
Cachenah Id,
Eonte de Tripoli à Gadamès
et de Gadamès an Fezzan . 309
Coïncidence de cet itinéraire
aTec celui du major Rennell 3 1 o
Sur la position de Tegbery
on Taiwan i . . 3x i-3i 5
Star celle de Tedment on Ta«
dent . • 3x2
Sur Açoudi on Abir on
Asouda 3x3
Snt Ganat 3x6
Snr A|^adez 3x6-32o
Sur Cachenah' 3 1 7-3x9
Sur la distance de Cachenah
à Gondjah 3x9
Sur la route de Tripoli à
Mourzonk 32X-323
Sur Sokna 323
Sur Goundjeh, Kong, Gon-
che ^ 325
§ Y bis. Sur un itinéraire de
Oamba à Cachenah , à Bor»
nou et à la Mecque* Id.
Observations sur une analyse
géographique de cet itiné-
raire, par M. Bowdich. 325-33r
Snr Mallowa et $arem. . 33x-335
Sur le Honsa on le Haonssa
qui est près de Timbonc-
ton 335
Snr Haonssa synonyme de
Melly Id
Snr les routes des caravanes
dans rintérieur ^e TAfri-
que , indiquées par Cada»
raosto 336
Des cinq itinéraires trouvés
sur la nouvelle carte de
M. Bowdich ... ^38-343
Cours du QnoUa y seton M.
Bowdich . . .... 343-346
Inii
ites des ,eontlMissantes des
anciens dans V intérieur de
r Afrique 346
Examen des connaissances
d'Eschyle 3/,8
Nom de Mêlas oci Niger
donné an Nil. 349
Examen des connaissances
TABLE AlfALTTIQBE
5a4
d*Herodote sur le coors da
Nil 35o
Do Toyage des cîoq jeoaes
NaMimons 353
Observations sur le système
géographiqae d'Hérodote
relativement à la partie oc-
cideu ule de Tancien M onde 357
Snr les Cynètea et les Celtes
d'Hérodote 358
Sur le pays des Garamantes . 36o
Sar Texpédition de Prolé~
inée Evergète 36o-36a
Snr la navigation autour de
TAlriqae dans les temps
ancieas 56a
Des limites des connaissattces
anr rintérieur de 1* Afrique
au temps de Strabon. 364-371
— au temps de Pline. 371-3S1
— an temps dePtolémée. 38 1
Expéditions de Septimins
Flaccus et de Julias Ma-
ttrnns '38g
Les limites des connaissances
anciennes 'dans l'intérieur
de TAfrique ne se sont pas
étendues jusque dans le
Soudan 391-392
S VII. Résumé t conjectures
et condusiom S^ft
Sur lea divers itinéraires qui
ont été analysés ^g%
Snr l'utilité qu*on peut re-
cueillir de cet ouvrage. .*. 394
Des contradictions qui cmmb' .
tent sur le cours du Niger
près de Tiiobouct<ni. . 1 . . 3^
Cotfipieot on peut les conci-
lier .• 398
De» conjectures qu'on a for-
mées sur le courses fleu-
ves du Soudan 399
Toutes sont improbables ... Id.
Preuves de cette assertion. 4oo-4o5
Conjectures de l'Auteur. 4o5-4i5
Importances et effets des
découvertes dans le Sou-
dan 4xa*4i5
APPENDICE GOHTiLirAVT
DiYKRS iTiiriRA.iaisqin okt
ira AVALTsÉs, ou noire il
À. BTi VÀXT MEKTIOH lïÂMt
CET OUTRAOB é ., 417
I. Itinéraife de TripoH de Sar-
bariè àda ^iiie de Tombœ-
tou , p€tr le eheyk Hagg»
Kassem 4^9
Description d« Ctdamès. . . 4^0
Description d' Agably A^l
Déuilt sur lea TooAreks.. . . 4*4
Descriptioa de Tiadbotto-
ton ,> 426-4^7
II. Itinéraire de Tripoli à thm-
boctOH , par Mohammed ,
fils d'Jfy. fils de Fmtl^
traduit de tarabe par H* U
baron ^hestre de facjr. . 4ap
De Haonssa , ville 439
Wanonki , ou Caouoaou »
grande ville 44o
A/non 441
Soudab 44*
Arrivée à Tknboacton 444
III. Itinéraire de Tripoli de
Barbarie à la ville de Ca-
ckenah,par le cheyk Bmgg"
Kassem 445
Descriptioa d*Ahir 448
— Agadès 449
— de CachcBah 4^^
IV. Itinéraire de Gaudja à
Haoussa et de Haoussa à
la Mecque , traduit de ta~
K rahe 453
DES MATIÈRES.
525
V. Itinéraire éTMhmet^Ibn-
Hassan , de Fez à Tafilet. 457
ba flenve Zîz 46 1
De Tafilet 463
VI. Journal d'une expédition
faite en i8io , par Sidi
Mohammed - Bejr , contre
Soitan , ville de la mon*
tagne de Garian 465
i)e So]taa 46^
Mezdah • . 470
VII. Extrait d'Ibn Haukal. 47^
VIII. Itinéraire d'Hadji Bon-
heker ', de Seno - Palel à la
Mecque ;..... 477
Dé Jarra. . ; 479
De Sego. ' 480
De Timboactoa 481
De HaoQSsa . . . . ; 483
De Cachenali 484
De Bornoa. 485
Du Djaliba Id,
De Wadaî. 486
De Kouka Id.
De Baghermi Id.
Da DaC'Four 48^
IX. Relation de Scott. ..... 489
De Wad Seyghi ; . . ♦ 490
D'ElGhiblah Id.
D^I-Scbarrag 491
Dn Bahar-Tieb, on Mer d'eau
douce Id.
Du Bahar-el-Kabir, où la
grande mer 49a
Conjecturea Id.
X. Relation du capitaine Lyon
sur l'Afrique septentrionale. 494
Sur T'egcrry. 495
Sur Gherma, rancienne capi-
tale du Fezsan 496
De la contrée nommée Ghraat. 497
Route de Tegerry à Bilema . . 498
Sur Bornou et Kanem 499
Sur Tschad , rivière. ..*.... Id.
Sur le lac Fittri 5oo
Route de Birnie à Bagbermi . Id.
Snr Mandra Id*
Sur Wadey 5oi
Sur Kattagoum Id,^
Sur OuDgaouron 5oa
Snr Bahr-el-Ghazel Id.
Snr Yaon, capitale deKanem. 5o3
Itinéraire de Mourzook à Ca-
cbenab * Id,
Sur Nonfi et sa capitale Ba-
kani. k 5o4
Snr la communication de
Notifî avec la mer Id*
Sur Ringbem , Kattagoum ,
Gambarou , Kamadakou ,
le Joliba , etc.% 5o5-5o7
Sur Gonjeb. ; . 567
Rente de Cachenah au Bor-
nou 5o8
Sur Gouber. ; ... ; Id.
Sur Zamfara Id,
Daoura >« Id.
Zegzcg. 5o9
Yemjem et Lamdam. ..*... Id.
Sur Timbouctou Id.
Sur Haoussa, Afnou et Soudan 5 1 x
Itinéraire de Mountouk à Ca-
chenah 5]3
Itinéraire de Monrzouk au
pays des Tonats 5i 5
Termes arabes poor exprimer
les différents aspects dil
Désert SiO
FIN DE LA TABLS.
HAOCSSA ,^
H)CR
CHKRCIIES
r NT ERIK Lit
DE
1*ÏE>T1U0> VI.H.
-I. niiUlŒNAKR.
.^
R U/. SOI
1 1820
iA
ti»
VllKUJiS,
I
liiques de Go au cle«:ré
>e*amnîeTil oliar&'écs do ij
orcnicnl chargées de i" ™'2 tcog^rap •
li'L_J
Serét pur LaMemmnJ . me de* Xmftr^ ^'4lft-
fs
¥