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LE
CLIMAT DU SENEGAL
VERSAILLES. — IMPRIMERIE DE E. AUBERT
6, avenue de Sceau.
RECHERCHES
SUR LE
CLIMAT DU SÉNÉGAL
PAR
A. BORIUS
DOCTBUB BN MÉDECINE, MÉDECIN DE PREMIÈRE CLASSE DE LA MARINE
CHEVALIER DE LA LÉGION-D*HONNEUR
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE FRANCE
r^
m '.
OUVRAOB
Accompagné de Tableaux météorologiqaes,
de m Planches dans le texte
et d*une
Carie dm ellmmt et de l'état sanitaire dm Sénéfal
suivant les saisons.
PARIS
GAUTHIER-VILLARS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
55, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55
1875
* ^ .^
r .-
", f :
iV \
V V «
/
* I
A MON BEAU-PÈRE
A.. LA. BORDE
COTÊMXUàSBM GÉN ÉBAL DK Là MllDIE
Hommage respectueoi
▲. B0RIU8.
.^
Un séjour prolongé dans nos colonies a dirigé nos tra-
vaux vers l'étude des maladies des Européens dans les
pays chauds et porté notre attention sur les règles d*hy-
giènes qui doivent être suivies sous les tropiques. Voulant
étudier plus spécialement la question de Tacclimatement
des Européens dans ces régions, nous avons été arrêté
des le début. Nous observions, au Sénégal : quel est le cli-
mat de cette contrée ?
Pour répondre à cette question fondamentale, il nous a
fallu faire les recherches qui font le sujet de ce livre.
Notre colonie du Sénégal, aussi intéressante au point de
vue scientifique qu'au point de vue commercial ou militaire,
a été le sujet d'études multiples^ il est vrai, mais presque»
toujours incomplètes. Les ouvrages et traités généraux ne
donnent sur cette colonie que des renseignements d'une
insuffisance notoire, surtout lorsqu'il s'agit de son climat.
Le Sénégal étant une vaste contrée, limitée par la mer à
ro, par le désert au N, traversée par un grand fleuve, ayant
dans son intérieur de nombreux marécages, des forêts et de
vastes étendues désertes, doit présenter une grande va-
riété de climats. 11 est donc impossible de faire la clima-
tologie générale de cette contrée, avant d'avoir fait des
recherches sur la météorologie de ses principaux points.
m
Nous pouvons actuellement étudier, d'une manière
plus ou moins complète, un certain nombre de nos postes
ou comptoirs, tels que Bakel, dans le haut Sénégal ; Da-
gana à l'un des points le plus nord du cours du fleuve ;
Saint-Louis et Corée sur le littoral.
Ces deux dernières villes jouissent des bénéfices de
leur situation maritime. Ce sont des localités à climats
uniformes, ou du moins peu variables. Les autres points
occupés par la France sont, pour la plupart, situés dans,
rintérieur des terres et peuvent rentrer dans la icatégorie
des régions à climats variables.
Nous chercherons à détruire, autant que possible^ la
regrettable confusion faite, presque partouti, entre >le icli-*
mat de l'intérieur du Sénégal et celui de iwn./littoiral.
Si, au point de vue de l'agglomération des po|>ulMioBs
européennes, l'intérieur du pays offre un moin4re infc^t,
il présente, au point de vue des recherches scientifiques,
un sujet de la plus haute importance.
Saint-Louis et Corée étant des centres de population
civilisée, doivent nous fournir les premières bases de Aos
recherches, les éléments les plus précieux de notre. I^ar
vail. En prenant pour point de départ Corée, localité
maritime dans laquelle les vicissitudes atmosphériques
sont moindres, nous débuterons par les questions le^
moins compliquées, et nos recherches marcheront du simr
pie au composé. Indépendamment de la logique de icette
méthode, cela nous permettra d'étudier en premier lieu
les centres principaux de commerce où résident les Eu-
ropéens.
Le travail que nous présentons peut être considéré
comme le résumé de vingt années de recherches, faites par
les médecins et les pharmaciens de la marine qui ont ha-
bité cette colonie. Nous y avons joint nos propres obser-
XIII
Tations et les résultats d'une expérience de cinq années
passées dans diverses parties de cette contrée.
Les rapports médicaux, les journaux météorologiques
de nos collègues de la marine ont été largement utilisés.
Nous aurons toujours soin d'indiquer les noms des obser-
vateurs dont nous avons préféré les travaux.
Adressons ici nos remerciements à M. Ch. Sainte-Claire
Deville, inspecteur général des établissements météorolo-
giques, au savant membre de l'Institut qui donne par
ses travaux une si forte impulsion à une science dont il a
démontré la haute utilité et dirigé les méthodes. Nos pre*
miers essais ont été accueillis par ses encouragements ;
ses cohseils ont guidé nos observations les plus impor-
tantes. Nous remercions aussi : M. le colonel Yalière^
gouverneur du Sénégal ; M. Roux, inspecteur général
du service de santé de la marine ; M. Rochard, directeur
du service de santé ; MM. Chassaniolet Bourgarel, méde-
cins en chef du Sénégal ; tous nous ont donné des encou-
ragements. Nous remercions notre ami, le capitaine du gé-
nie Kiénné, de l'aide que nous ont apporté la précision de
son jugement et son talent de dessinateur ; nous n'oublie-
rons pas nos zélés collaborateurs au Sénégal, les Frères
de Ploêrmel.
Exprimons tout particulièrement notre reconnaissance
à nôtre excellent médecin en chef, M. Bérenger-Feraud.
Pendant notre dernier séjoiu: au Sénégal, il a été pour
nous, non-seulement un savant professeur de clinique
médicale, un maître hardi et sûr en chirurgie, mais un
ami dont l'énergie au travail nous a donné l'exemple et
dont les encouragements nous ont soutenu pendant toute
la durée de nos recherches.
L'un des hommes qui possède le plus d'autorité dans la
science faisant le sujet principal de ce livre, M. Renou, le
uv
savant directeur du laboratoire des recherches météorolo-
*
giques, au parc de Saint-Maur, a droit à notre vive grati-
tude pour l'accueil bienveillant qu'il a fait à notre œuvre,
les critiques dont 11 nous a éclairé et les notes qu'il a
bien voulu nous communiquer.
En présentant ce livre, nous avons la conviction de
^on utilité. Nous nous sommes souvenu d'une phrase
de M. Renou : & Un travail fait conseiencieusement a
toujours une certaine valeur, il y a toujours quelque
chose de bon à en tirer. »
DIVISION DE L'OUVRAGE.
1" ^ÀitTiE. — > Climat de TUe de Gorôe.
2* PARTIE. -^ Climat de Saint-Louis*
3« PARTIE. — Climat de Dagana.
4* PARTIE. — Climat de Bakel.
5« PARTIE. — Climat du Sénégal en général.
CLIMAT DU SÉNÉGAL
PREMIÈRE PARTIE
CUHAT DE eORfiB ET DE LA PRESQU'ILE DU CAP-TERT
1 • ■
CHAPITRE I.
i I. _ ÉMmeuto des dimats.
Oa entend par climat la constitution générale de l'atmo-
, sphère d'un lieu.
I Les phénomènes météorologiques sont dans une dépendance
^ mutuelle qui embarrasse celui qui veut entrer pour les étudier
dans le cercle des causes qui forment les climats. Il faut de
toute néc^sité prendre un des chaînons de ce cercle et suivre
dans son étude une marche qui paraîtra toujours plus ou
moins arbitraire.
Les principales causes qui influent sur le climat d'une loca-
lité sont :
La position géographique avec laquelle est en relation Tac-
tion du soleil,
I 1
2 CLIMAT DE COREE.
Le Toisinage ou réloîgnement de la mer.
l/éléyation da terrain au-deasus du niveau de la mer.
La nature géologique du sol.
La pente générale du terrain et ses expositions locales.
Le degré de culture et de population.
Plus ou moins modifiés par ces causes locales^ agissent les
agents météorologiques généraux : vents^ chaleur^ pression
atmosphérique^ humidité^ pluie.
IL — Marche du soleil au Sénégal.
L1le de Corée est située dans rhémisphère nord par
i4<' 39' 55" de latitude et par 19'' 45' 00'' de longitude ouest de
Paris.
Il résulte de cette situation de notre colonie dans les régions
tropicales^ que le soleil y passe deux fois au zénith dans l'an-
née. Une première fois au printemps, vers le 29 avrils une se-
conde fois en été, vers le 12 août. Le plus grand éloignement
du soleil au nord est de O"* environ au moment du solstice
d'été. Son éloignement maximum au sud a lieu en décembre
au moment du solstice d'hiver, il est alors de dS*'. Il en
résulte que les habitations dans cette colonie se trouvent iné-
galement échauffées suivant la saison : le soleil les frappe au
nord pendant trois mois et demi et au sud pendant le reste do
l'année. L*architecte comme Thygiéniste devra tenir compte
de cette particularité dans la construction de nos demeures.
Ainsi par exemple : une maison ayant pour façade une galerie
couverte, dans le genre de celles de nos bonnes habitations
coloniales, aura cette galerie trop chaude au début de l'hiver-
nage et trop fraîche pendant la saison froide, si elle est ex-
posée au nord. Si, au contraire, elle est exposée au sud, ce
sera pendant la seconde moitié de Thivernage aux mois d'août
et d'octobre que cette galerie deviendra presque inhabitable;
de plusi, elle sera frappée par le soleil pendant toute la saison
sèche. La meilleure disposition pour les galeries qui entourent
TOPOGIIAPHIS. 8
les maisons nonsparalt étre^ en vue delà protection des appar^
temenls^ l'est et Touest de ces maisons.
La situation du parallèle de Corée entre les tropiques rend
suffisamment compte de la force des rayons du soleil dans
cette localité. A midi ces rayons tombent en effet perpendicu-
lairement sur la surface du sol deux fois par an et ne s'éloi-
gnent de la normale que de 38* au plus.
Quoique beaucoup moins prononcée que dans nos climats
d'Europe, l'inégalité des jours et des nuits influence très-sen-
siblement la marche de la température. Les plus longs jours
ont 12'' 57" au mois de juin^ les jours les plus courts sont de
11^ d'^ en décembre. Il en résulte que les végétaux jouissent
de la lumière solaire environ deux heures de plus en juin
qu'en décembre ; ce qui suffirait pour expliquer la différence
qui existe au Sénégal dans, l'énergie de la végétation à ces deux
époques, si d'autres causes ne venaient s'ajouter à celle-ci. On
trouvera les principales indications relatives à la marche du
soleil par rapport au &3négal ainsi qu'à la durée des jours aux
différents mois de l'année, dans le tableau où nous avons mis
en regard la marche du soleil et celle de la température.
(V. p. 39.)
in. — Aperçu topogràphicpie sur la presciu'ile du Cap-
▼ert. — Nature du sol. — Port et vUle de Dakar.
En jetant les yeux sur la carte de la Sénégambie on re-
marquera que la presqu'île du Cap-Vert a la forme d'un
triangle assez régulier dont l'un des angles se confondrait avec
le continent en formant un isthme d'une largeur d'un peu
plus de trois kilomètres. Les deux autres angles sont situés
Fan au sud^ l'autre à Touest. Le premier est constitué par le
cap Manuel, roche basaltique, d'une élévation de 40 mètres ;
le second par le récif des Almadies, qui forme l'extrémité la
plusoccidentale de tout le continent africain. Le cap Vert est
situé sur le côté de la presqu'île qui regarde le sud-ouest^
très-près de la pointe des Âlmadies^ mais un peu à l'est de
4 CLIMAT DE GOAÉE.
cette pointe. Deux points culminants appelés les Mamelles le
rendent très-remarquable; sur la plus haute de ces deux
collines d*une éléyation de i 00 mètres on a construit un phare.
La roche des Almadies et le cap Manuel sont également
garnis de feux. Ces trois points de repère servent aux navires
à reconnaître rentrée de la rade de Corée.
Les côtes du nord et de Touest de la presqu'île sont semées
d'écueils qui les rendent inaccessibles.
La partie orientale de la presqu'île forme au contraire avec
rile de Gorée et la partie sud de la côte d'Afrique une vaste
baie qui, divisée en deux par un promontoire^ nommé pointe
de Bel-Air, forme deux rades dont la plus importante est celle
qui est située entre llle de Gorée et Dakar. A Tabri de la
pointe de Dakar^ promontoire élevé de 14 mètres, se trouve
un port^ fermé par deux belles jetées. C'est le meilleur |K)rt
de la côte occidisntale d'Afrique, celui qui est le plus favora-^
blement situé pour le ravitaillement des navires.
La presqu'île du Cap-Vert présente pendant Thivernage un
aspect assez verdoyant; pendant le reste de l'année elle n'est
couverte que d'une végétation misérable au milieu de laquelle
s'élèvent seuls quelques énormes baobabs (1) dépouillés de
leurs feuilles.
Les côtes sont plus hautes que Tintérieur du pays, aussi le
milieu de la presqu'île se cbange-t-il pendant l'hivernage en
marécages. Ces eaux ne pouvant se jeter à la mer et retenues
à la surface par la nature du sol essentiellement argileux ne
disparaissent que lentement et par évaporation.
Dans toute rétendue de la presqu'île du Cap- Vert comme
dans celle de la côte occidentale d'Afrique où s'est fait sentir
l'action volcanique qui a soulevé les divers groupes d'îles et
de récifs qui bordent cette côte, on trouve une pierre ferru-
gineuse^ toujours la même. Cette pierre consiste en un con-
glomérat formé d'argile calcinée et d'un minerai de fer à
l'état de laitier imbibant la masse argileuse. Une analyse faite
(1) AdaosoDia digitata.
TOPOGRAPHIE. 6
à Corée, en 1874, par M. Venlurini^ pharmacien de la marine,
a permis de constater dans un échantillon de cette roche les
sabstances suivantes :
Acide sulfurique.
Acide phosphorique.
Acide silicique ,
Sequioxyde de fer et d'alumine.
On n'a trouvé aucune trace de zinc ni de manganèse, au-
cune trace de chaux ni de magnésie.
L'analyse quantitatiTo faite avec précision a donné :
98^^20 pour 100 d*alumine.
37ff',94 pour 100 de fer pur.
Cette pierre est d'une couleur sombre, terreuse et rougeà *
tre, elle durcit rapidement à Tair, devient même fort dure et
inattaquable, par les agents atmosphériques. Au moment de
son extraction elle est, au contraire^ tendre et presque friable.
Elle est criblée dans toute sa masse de trous d'une forme ir-
régulière. Elle sert à la construction des maisons euro-
péennes.
Cette roche forme des bancs affleurant la surface du soi, ou
à peine recouverts par des alluviocs modernes et des terrains
détritiques ; ces bancs ont une épaisseur de 2 à 3 mètres et se
trouvent généralement superfiosés à des couches très-épaisses
d'argile compacte et de formation ancienne. On peut facile-
ment se rendre compte de cette disposition dans les carrières
de Dakar d'où ont été extraits les blocs nécessaires à la cons-
truction des digues (|ui ferment le port.
Dans certaines parties de la côte, la densité de cette roche
est plus considérable, sa structure est moins caverneuse, elle
affecte une apparence cristalline. Ainsi, auprès des basaltes du
cap Manuel, la pierre est tout à fait compacte, très-dense, elle
contient une plus forte proportion de scories ferrugineuses et
de matières vitrifiées.
Le reste du sous-sol de Dakar est constitué par une argile
compacte çchistoîde, communément appelée terre de Corée,
6 CLIMAT DB GOBÉE.
plus OU moins entrecoupée de couches ou de noyaux de cette
roche. A la surface, la terre végétale est très-légère et ordi-
nairement sablonneuse. Non loin du bor4 de la mer, sou-*
vent à une élévation assez notable, se trouvent des coquilles
accumulées par bancs au milieu des couches argileuses et des
alluvions modernes. Sur le rivage, entre les roches, le sable
est grossier, dans les autres parties de la presqu'île, il est ex-
cessivement fin. A Ruflsque on trouve du calcaire argileux;
près de Joal on trouve ce même calcaire argileux légèrement
ferrugineux.
Les sables soulevés par les vents forment, dans quelques
points de la côte, des dunes très- mobiles et très-envahissantes.
Ces dunes suivent dans leur mouvement une marche qui in-
dique la direction des vents dominants. L'endroit où elles
sont le plus élevées est au niveau d'un éhranglement de ter-
rain qui forme à l'extrémité sud de la presqu'île une sorte de
nouvelle presqu'île constituée par le cap Manuel et la pointe
de Dakar; leur hauteur atteint jusqu'à 14 mètres.
La crête de ces lames de sable indique assez d'où soufflent
les vents les plus fréquents. Ces dunes sont poussées lente-
ment du NE au SO. Elles jouent un rôle particulier qu'il me
parait intéressant de faire remarquer.
Jetés sur un sol qui n'est constitué, comme nous venons de
rindiquer, que par de l'argile mélangée de roches, ces sables,
lors de la saison des pluies, retiennent les eaux douces qui ne
peuvent que ditScilement pénétrer le sous-sol. Us laissent
filtrer lentement les eaux pluviales. Aussi existe-t-il sous ces
dunes une nappe d'eau assez considérable pour suffire jus-
qu'à présent à la consommation d*une ville en voie de for-
mation.
«
Cette petite étendue de terre n'offre aucun ruisseau, le
centre de la presqu'île seul est marécageux, aussi la ville
de Dakar n'aurait que la mauvaise eau de ses puits sans
le voisinage des dunes. Elles lui servent de réservoirs
d'eau.
Le port de Dakar, situé à l'extrémité sud-est de la presqu'île,
TOPOGIUPHIB. 7
est un port précieux pour les Dayires qui peuvent y faire leur
charbon dans d'excellentes conditions.
La Tille de ce nom n'existe encore que sur les plans, à peine
possède-t-elle une douzaine de maisons.
La plus grande partie de la population européenne et la
garnison habitent des baraques en bois et en briques, ou des
maisons mal construites dispersées sur un vaste terrain. Le
sol n'étant ni couvert de constructions, ni cuHivé, laisse se
former de tous côtés des petites flaques d'eau qui mettent
Dakar pendant rhifernage dans des conditions hygiéniques
déplorables.
Les causes toutes locales de son insalubrité actuelle dispa*
raîtront dès que la population européenne y affluant, y pro-
duira cette modification des constitutions médicales qu'ap-
porte toujours une population nombreuse. Le pays s'assainira
alors rapidement par la construction des maisons, la dispari-
tion des terrains vagues et le drainage qui en sera la consé-
quence forcée. Sans doute des efibrts doivent être tentés pour
assainir le pays, et ils n'ont pas besoin d'être considérables;
mais le temps et les intérêts individuels, en se multipliant,
amèneront la ville de Dakar à être, ce qu'elle sera, une ville
presque aussi saine que la petite île de Corée et l'un des meil-
leurs séjours de la côte occidentale d'Afrique.
L'emplacement de la ville future se compose d'un vaste pla-
teau étevé de i9 mètres au-dessus du niveau de la mer, d'un
étage inférieur situé à 14 mètres, et enfin d'une partie incli-
née jusqu'au niveau des quais qui sont à 2^,60 au-dessus du
niveau moyen des marées.
Cette pente est très-favorable à l'assainissement du pays,
de plus elle regarde le nord, ce qui placera une partie de la
vilte dans de bonnes conditions de fraîcheur, tout en la lais-
sant largement exposée aux vents qui régnent pendant les
deux tiers de l'année.
8 CLIMAT DE CORÉE.
XV. — ne de Oorée.
L'île de Corée est depuis longtemps l'entrepôt du com-
merce de la côte d'Afrique et l'un des points les plus impor-
tants de cette côte.
Nous renverrons le lecteur à la description de celte île faite
par Ph. de Kérallet dans son Manuel de la navigation à la
eûte d'Afrique, ou à celle plus récente et plus complète donnée
par M. Bérenger-Féraud dans la Revus marilime et colo*
niak (1). Nous indiquerons sommairement les faits indispen-
sables à l'intelligence de noire étude climatérique de cette
partie du Sénégal.
De Corée à la pointe de Dakar située à l'ouest, on compte
2^500 mètres.
De Corée au cap de Bel-Âir au NNO> 3^300 mètres.
Ruflsque est située à 15,000 mètres à l'ENE de Gorée^ et le
cap Rouge en est éloigné à TESE de 2,800 mètres.
L'île D*est qu'un rocher de forme oblongue ayant environ
800 mètres dans son plus grand axe, et 320 mètres de large,
au point le moins étroit. Sa surface est couverte] en grande
partie par des habitations ; elle contient une population très*
dense : 3,600 habitants (recensement de 1866).
Le sol est de production volcanique, formé en grande partie
de basaltes noirs que surmonte ou avoisine, suivant lés en-
droits, la même roche ferrugineuse que l'on trouve à Dakar^
ainsi que de petites portions de dépôts argileux que nous
avons déjà signalés.
L'origine volcanique de 111e de Corée, comme celle des
points saillants de la côte, ne peut être l'objet d'aucun doute.
Hais il est peu probable que le massif qui constitue la partie
sud de l'île puisse être considéré comme un cône volcanique
ayant eu un cratère à son sommet. La disposition des couches
de basaltes et de roches ferrugineuses ne l'indique nullegient.
Le trou que la tradition place sur ce plateau supérieur et qui
(1) Voir Bévue maritime et coloniale^ 1873.
TOPOGRAPHIE. $
a été considéré coinnie un ancien cratère, n^avait aucune
analogie avec un cratère. Il paraît n'avoir été autre chose
qu'une excavation résultant d'extractions de pierres.
La portion de la côte qui présente des traces réelles d'érup-
tion est celle où se trouvent les buttes des Mamelles. Dans
cette partie de la presqulle du Cap-Vert, les roches ne sont
plus constituées par la pierre ferrugineuse de Corée et de
Dakar. On y trouve de véritables laves, de densité très-Ta-
riable, et des pierres ressemblant à des éponges et ayant la
légèreté de la pierre ponce.
Ce serait, croyons-nous, une erreur de considérer les deux
pitons des Mamelles comme des cônes volcaniques; ces deux
pitons, vus de près, n'ont pas la forme conique. En admet-
tant rhypothèse d'éruption, ils seraient plutôt les parties éle-
Tées des lèvres d'un grand cratère qu'aurait complété la série
des manïelons ou arêtes rocheuses voisines.
Corée présente à la vue deux parties parfaitement dis*
tinctes. Celle qui est située au sud-est élevée de 32 mètres
au-dessus du niveau de la mer; elle est couronnée par un
fort, le Castel, ou habite une garnison de i 50 à 250 soldats
européens.
La portion nord-est plane est élevée de 2 à 4 mètres au-
dessus du niveau de la mer. Elle ne présente que le relief des
maisons qui la surmontent : ces maisons n'ont qu'un étage.
Couvertes de terrasses et blanchies à la chaux, elles forment
un tout continu, divisé à peine par quelques rues étroites et
deux petites places.
Les côtes sud et ouest de l'île sont bordées de gros fragments
de basaltes sur lesquels la mer du large brise presque tou-»
jours avec violence, au point de rendre ce côté de Corée tout
à fait inabordable.
Du côté est, il existe une crique à courbe régulière servant
au débarquement. Trois appontements, s'avançant à une
quarantaine de mètres, permettent aux embarcations d*ac-
coster en tout temps, même pendant les plus violents raz de
marée.
8
CL1XAT DE GOUÉE.
IV. — Ho de Gkxrée.
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Nous renverrons le lecteur à b // ^
par Ph. de Kérallet dans son /'/ //
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par M. BérengerFéraud y / /f^
niale (i). Nous indique; / -/
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partie du Sénégal ^
De Corée à ^
2^500 mètres
De Goré^ iiidpHal de Corée possèdent les journaux
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'^*"' HilX meieorujogiques cuuiiouuem^ pour i»4l et
^^is observations quotidiennes du thermomètre Réau*
fS^f' ^ à midi^ le matin et le soir (sans indication d'heure)^
ff f ^ 0ue b direction des vents et Pindication des Jours de
i% et d'orage.
A P«^^^ ^^ ™^** d'avril 1842, on observe l'hygromètre de
^gnr^ mais souvent des annotations indiquent que Tins-
(ruinent est avarié; la série se continue en 1843 et 1844*
les observations sont faites sur plusieurs points de llle et
sur plusieurs instruments^ par les médecins de garde^ ce qui
donne i ce travail tous les défauts du travail impersonnel; les
résultats seuls sont indiqués.
A partir de juin 1844, on emploie le thermomètre centi-
grade.
En 1845 et 1846^ les journaux ne contiennent que les résu-
més des (d>servations mensuelles du thermomètre et de l'hy-
gromètre^ avec l'indication des vents dominants.
capB ^Jî^f;. ctotte série est malheureusement incomplète.
- ' ^Ci^«« '*'^® l'analyse.
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' la série ne s'arrête qu'en 1850,
ière série nous a permis d'avoir^ pour dix années^»
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^ 'ns est douteuse^ nous en donnerons cepen-*
■y- annuels, parce qu'il est probable que oer-
'^^ valions ont dû servir de base à quelques
' *^^ a retrouver des traces dans les travaux
^tte époque. Enfin, parce qu'elle con«
i, tout en étant très-inférieures à
ler> sont loin de devoir être consi*
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^oâ, lacune complète.
.xur de 1856 jusqu'en 1867, les journaux météordo-
eiques changent de forme et sont tenus avec grands soins,
enregistrant de très-bonnes observationsi faites désormais à
la pharmacie de l'hôpital, par un seul observateur et dans
des conditions dont nous allons nous occuper.
Les années 1866 et 1867, qui terminent cette série d'obser«
valions météorologiques, présentent malheureusement plu*
sieurs lacunes qui nous ont obligés à ne pas nous servir, pour
notre travail, des journaux de ces deux années.
Citons les noms de ceux de nos confrères du corps médical
et du corps pharmaceutique qui sont les premiers entrés dans
la voie des observations régulières. Ce sont :
En 1841, M. Henu-Desable, médecin de la marine.
184%, 1843, H. Gautrau, médecin.
1844, 184S, M.Vincent, médecin.
1 846, H. Philippeau, médecin.
1847, 1848, H. Mittre, pharmacien.
1849, H. Philippeau, médecin.
1850, 0).
La seconde série, ceUa q«i noua a paru (Hrésenter les meil-
leures oondHions d'exactitude et qui était aussi la plus com<
plèle, commence en 18M et M termine en tSM.
10 CLIVAT I>B GOSÉE.
Ajoutons quelques renseignements :
Le retard de la marée sur le passage de la lune au mérl*
dien : l'élabli$semerU dupori^ est de 7 heures 32 minutes.
Dans la baie formée par la pointe de Dakar, la mer marne
de i mètre à l^^^SO au plus. C'est assez pour lui permettre de
déposer sur les riyes des algues, des poissons morts et autres
détritus maritimes qui, sous Tinfluence de la chaleur, cor-
rompent Tair et lui donnent souTent une odeur insupportable.
Ce phénomène se présente surtout à la suite des raz de marée.
V. *- Journaux météorologiques. — Uode [d'observation.
— Instruments, leur exposition. — Noms des obser-
Tateurs.
Les archives de Ilidpital de Corée possèdent les journaux
des observations météorologiques faites dans lile depuis 1841
jusqu'en 1867. Cette série est malheureusement incomplète.
Nous allons en faire l^nalyse.
Les journaux météorologiques contiennent, pour 1841 et
i842^ trois observations quotidiennes du thermomètre Réau-
mur faites à midi, le matin et le soir (sans indication dlienre),
ainsi que la direction des vents et l'indication des jours de
pluie et d'orage.
A partir du mois d'avril i842| on observe Fhygromètre de
Saussur, mais souvent des annotations indiquent que Tins-
trument est avarié; la série se continue en 1843 et i844r
Les observations sont faites sur plusieurs points de llle et
sur plusieurs instruments, par les médecins de garde, ce qui
donne i ce travail tous les défauts du travail impersonnel; les
résultats seuls sont indiqués.
A partir de juin i844, on emploie le thermomètre centi-
grade.
En 1845 et 1846, les journaux ne contiennent que tes résu-
més des obsavations mensuelles du thermiomètre et de l^y-
gromètre, avec Tindication des vents dominants.
OBSEKTÀTIONS MixicaOLOGIQUES. Il
A la fin de 1846, les obs^*YatioD8 qucUdiennes sont enre-
gistrées, et la série ne s'arrête qu'en 1850*
Cette première série nous a permis d'avoir, pour dix années^
les moyennes mensuelles de la température, mais la valeur
de ces obsenrations est douteuse, nous en donnerons cepen-*
dant les résultats annuels, parce qu'il est probable que cer-
taines de ces obserrations ont dû servir de base a quelques
éludes et qu'on doit en retrouver des traces dans les travaux
faits sur le Sénégal a cette époque. Enfin, parce qu'eUe con«
lient des observations qui, tout en étant très-inférieures à
celles dont nous allons parler^ sont loin de devoir être consi*
dérées comme mauvaises.
De 1851 à 1855, lacune complète,
A partir de 1856 jusqu'en 1867, les journaux météordo-
giques changent de forme et sont tenus avec grands soins,
enregistrant de très-bonnes observations, faites désormais à
la pharmacie de l'hôpital, par un seul observateur et dans
des conditions dont nous allons nous occuper.
Les années 1866 et 1867, qui terminent cette série d'obser-
vations météorologiques, présentent malheureusement plu-
sieurs lacunes qui nous ont obligés à ne pas nous servir, pour
notre travail, des journaux de ces deux années.
Citons les noms de ceux de nos confrères du corps médical
et du corps pharmaceutique qui sont les premiers entrés dans
la voie des observations régulières. Ce sont :
En 1841, M. Henu-Desable, médecin de la marine..
1842, 1843, H. Gautrau, médecin.
1844, 1845, M.Vincent, médecin.
1846, H. Philippeau, médecin.
1847, 1848, H. Mittre, pharmacien.
1849, H. Philippeau, médecin.
1850, (7).
La seconde série, eella q«i noua a paru (Hrésentor les meil-
leures condUions d'exactitude et qui éteit aussi la plus com-
plète, commence en 18M et se termine en tSM.
12 CLIVAT DE GOBÉE.
Ces observations ont été recueillies conformément à Vins-
truclion sur les observations météorologiques à faire dans les
hôpitaux coloniaux^ publiées par le ministère de la marine
sous l'inspiration de M. Sainte-Claire Deville. On trouvera ces
instructions dans la Bévue coloniale du mois de février 1852.
Le journal a été tenu sur des imprimés conformes à ceux
indiqués par ces instructions.
f .es tables de Haeghens ont servi aqx corrections baromé-
triques et aux observations psychrométriques.
Les journaux contiennent les observations de la tempéra-
ture^ de la pression atmosphérique, de Tétat hygrométrique
de Tair, des vents et de la pluie^ à cinq heures différentes du
jour, rétat du ciel et les phénomènes particuliers.
La plupart des moyennes mensuelles avaient été calculées^
mais il nous a fallu souvent corriger des erreurs. Nous espé-
rons n'en avoir pas laissé échapper d'importantes.
Cinq observateurs se sont succédé pour obtenir cette série de
dix ans ; ils appartiennent tous au corps de MM. les pharma-
ciens de la marine.
Voici les noms des observateurs :
En 1856^ MM. Godefroy et Malespine»
i 857^ M. Malespine«
i858^ 1859^ i860, M. Chaze.
1861, 1862, 1863, M. Morio.
1864» 1865, M. Roux.
Les résumés que nous a fournis cette série de dix années
contiennent les notions les plus exactes qui aient été recueil-
lies sur le climat de Corée, ils comprennent :
Etude de la température et des vents pendant dix ans.
Celle des pluies pendant huit ans.
De la pression atmosphérique et de l'état hygrométrique
pendant quatre ans.
Ces résumés serviront de base à notre étude.
Ces observations ont été faites à l'hôpital de la marine dans
la partie basse de l'Ue, au bord de la mer*'
OBSERTÀTIONS XÉTiOEOLOGIQUES.
13
Exposition des intirumenU.
L'ancien hôpital de Corée se compose d'un seul étage ; il
est constitué par un corps de bâtiment, dont la façade inté-
rieure regarde l'ouest^ et deux ailes perpendiculaires au corps
principal.
Dans l'aile gauche de Thôpilal, sur une galerie exposée au
nord^ se trouve, près de la pharmacie, une muraille {a-b) per«-
pendiculaire à la longueur de la galerie et regardant le bâti-
ment principal et par conséquent Test. C'est le long de cette
muraille qu est fixé (o) un vaste cadre en bois noir dans le-
quel f ont contenus les instruments d'observation.
Les instiuments sont abrilés des rayons du soleil par la
maison. Les vents et les courants d'air peuvent raCraîchir la
galerie largement ouverte sans frapper directement sur les
thermomètres.
L'exposition au nord doit toutefois rendre plus fraîche pen-
dant l'hiver celte parUe de Thôpital, d'autant plus que c'est
du nord est que soufflent les vents dominants de cette saison^
et que Itiôpital; étant très-peu ëlevé^ les vents pénètrent à peu
près librement dans tout l'édiflce*
14 CLIMAT DE OORÊE.
Dans Tété au contraire, cette galerie doit se présenter dans
des conditions d'échauffement, surtout le soir, vers 4 heures,
de qui rend compte, en partie au moins, de rélévation de la
température moyenne à 4 heures du soir pendant les mois de
juin et de juillet, alors que le soleil est dans le nord de Gorée.
Nous trouTons en effet, la température moyenne à 4 heures
du soir, égale à celle d'une heure dans le mois de juin et su-
périeure de deux dixièmes de degrés à celle d'une heure pour
le mois suivant.
Les instruments ont été fournis par la direction des colo-
nies, ils proviennent de chez Secrétan. Ils se composent :
D'un thermomètre à minima et à maxima sur plaque d'ar-
doise.
D'un psychromètre d'August.
D'un baromètre de Fortin.
D'un pluviomètre de Babinet.
L'altitude de la cuvette du baromètre est de 5^^,80 au-des-
sus du niveau moyen de la mer.
Nous n'avons pu trouver aucune trace des changements qui
ont pu être opérés dans les instruments. Les journaux n'en
font pas mention. J'attribue cependant à quelques change^
ments d'instruments des discordances graves qui existent dans
les indications du baromètre, et nous ont forcé de nous con-
tenter d'un nombre restreint d'années d'observations de la
pression atmosphérique.
Le pluviomètre est situé au-dessus de la pharmacie sur le
bord de la terrasse qui sert de toiture à Thôpital, et où se re-
cueille l'eau de pluie qui remplit les citernes de cet établisse-
ment. La hauteur du pluviomètre au-dessus du niveau du
sol est de 5 mètres.
La girouette est placée sur la terrasse du bâtiment princi-
pal.
Nous avons résumé les observations faites à Gorée pendant
la série comprenant les 10 années de 1856 à 1865. Ces résu-
més ont été communiqués à la Sociéié météorologique de France
et insérés dans le tome XVII de VÀnnuaire de cette société.
0BSB&TÀTI0K8 MiliolOLOGIQUES. 15
Nous ayons enfin fait faire sous notre direction à l'école des
frères de Corée des observations complètes pendant le mois de
décembre 1873 et les trois premiers mois de 1874. Ces obser-
vations nous ont permis de yérifler rexaclitiide des observa-
tions anciennes que nous avions choisies pour base de notre
étude. Elles nous ont donné des résultats complètement iden-
tiques à ceux des observations sur lesquelles nous nous
appuyons, ou n'en différant que très-peu.
Le tableau suivant, extrait de la publication faite dans Tlti*
nuaire de la SocUié miléorologiquê servira à Tintelligence de
nos recherches sur le climat de Corée :
16
CLIMAT DE GOEÈB*
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cr. 33
18 CLUIÀt DB GOBÉE.
CHAPITRE II
TBMPËBATUEB.
I. ^ température moyenne de Taxmée.
L'importance des moyennes tbermométriqnes est rarement
bien appréciée; j'ai souvent entendu demander à quoi pou-
vait servir l'étude des moyennes. Les moyennes^ disait-on^
sont des nombres qui ne signifient rien; donnez-nous les mi-
nima et les niaxima thermométriques d'un lieu> si vous vou-
lez nous donner une idée de sa température. Cette tbéorie,
que j'ai entendu soutenir, même par des personnes fort ins-
truites, peut avoir plusieurs réponses. Nous nous adresserons
surtout aux lecteurs étrangers aux études météorologiques.
D'abord, la moyenne de la température dlin lieu n'est pas
une fiction, elle existe bien en réalité. C'est même la tempé-
rature à peu près constante à laquelle se maintient le sol à une
certaine profondeur, variant suivant la nature du terrain, ce
qui doit, certes, avoir une grande influence sur le climat et
sur la puissance de la végétation d'une localité. C*6st le
degré de température par lequel passe le plus souvent l'at-
mosphère dans son mouvement incessant d'élévation et de
baisse. Il est des considérations plus importantes qui justifie-
raient l'étude des moyennes, si elle avait besoin de justifica-
tion. Qu'on nous permette une comparaison qui nous semble
convenir à notre sujet.
Le voyageur qui, dans un pays accidenté, monte ou descend
péniblement l'escarpement d'un sentier oscillant à chaque
instant, dans une direction ou dans l'autre, sait bien que ces
caprices apparents de la route ne sont pas l'effet du hasard. Il
sait que la volonté humaine, en traçant ce sentier, avait un
but^ et il atteindra ce but avant d'avoir pu se rendre compte
TEMPjfeRATinuS. 19
de la direction suivie. Mais^ qu'il relèye avec soin chacune
des directions nombreuses que le chemin lui a (ait parcourir
et qu'il prenne la moyenne de ces nombreuses oscillations de
la route^ il saura où elle conduit^ aussi bien qu'une personne
placée sur une hauteur dominante^ d'où s'eiTacent les petites
sinuosités^ pourrait juger elle-même de la direction de cette
route.
Nous ne pouvons, en météorologie, nous placer à la hau-
teur de la personne qui verrait de loin ce voyageur suivre le
sentier; nous calculons péniblement chacune des sinuosités de
la route, et à l'aide des moyennes nous arrivons à connaître la
loi suivant laquelle elle a été tracée. Loin de nous égarer,
cette méthode nous conduit donc à la découverte des lois na-
turelles et à la vérité.
Si les phénomènes météorologiques nous paraissent dans
un désordre qui nous étonne, c'est un des résultats de notre
petitesse qui nous cache derrière la moindre ondulation de
terrain Tadmirable sphéricité de notre globe. En réalité, rien
n'est plus régulier et plus soumis à des lois que les prétendues
intempéries de l'atmosphère. Le temps se laisse déjà entrevoir
où ces lois seront connues aussi exactement que les autres lois
physiques avec lesquelles elles sont intimement liées.
Si l'étude des moyennes est d'une nécessité majeure pour
arriver à la connaissance de la marche de la température,
celle des oscillations d'un jour à l'autre et même d'une heure
i l'autre a aussi son importance. Le corps humain est, en
effet, soumis à l'influence de ces oscillations : de là la néces-
sité de leur étude souvent pleine d'intérêt pour le médecin.
Les pays situés sous les tropiques sont ceux qui possèdent
les oscillations les plus faibles, et c'est sans doute la raison
pour laquelle la pathologie -des pays chauds est infiniment
plus simple que celle des climats tempérés. Les grandes endé*
mies coloniales ne sont pas sous Tinfluence des oscillations
thermométriques, mais sous celle des moyennes. On cher-
chera la cause de ces endémies dans les eaux, dans les ma-
rais; mais n'est-ce pas la température moyenne élevée qui
20 GLIUÀT DE GOKÉE.
permet à toutes les causes morbigènes de prendre naissance ?
Les registres météorologiques que nous possédons et dont
nous venons de présenter les résumés, nous offrent pour Fap-
prédation de la température de Corée des données exactes,
nombreuses et d'une grande valeur.
La température moyenne de Corée est^ en degrés du ther-
momètre centigrade, de 23%8.
Cette moyenne résulte de quatre observations faites chaque
jour à six heures et dix heures du matin, quatre heures et
dix heures du soir, pendant dix années. Elle est le résultat de
i 4,608 observations. Un diviseur aussi élevé fait disparaître
toutes les petites erreurs provenant des négligences dans l'ob*
servation, des fautes de chiffres ou de calculs qui auraient pu
nous échapper.
Nous nous garderons bien de présenter cette moyenne
comme celle de la température du Sénégal^ évitant uce géné-
ralisation qui serait fausse.
Cette tennpérature est celle de Corée, celle de la partie du
littoral de la Sénégambie voisine de ce port. C'est celle de la
presqu'île du Cap- Vert, du port de Dakar. La température
moyenne de l'intérieur du pays est beaucoup plus élevée
comme les observations que nous étudierons le démontrent.
Faisons remarquer que cette température de 23%8 est plus
élevée de 1%2 que celle indiquée pour Tannée 1855 pour le
Sénégal, dans l'ouvrage de Dutrouloau, sur les maladies des
Européens dans les pays chauds. Elle est inférieure de 0«,8 à
celle donnée pour Saint-Louis dans le tableau des températures
des divers points de la terre par Mahlmann. Elle est supé-
rieure de seulement 0%6 à la température moyenne que cinq
années de très-bonnes observations nous permettent d'assi-
gner à Saint-Louis.
La moyenne que nous avons déterminée donne lieu à une
correction importante à faire sur la carte des isothermes. On
a fait passer l'isotherme de SS"" entre le 18"^ et le 19"^ degré de
latitude, au nord de l'embouchure du Sénégal, entre le cap
Blanc et la ville de Saint-Louis.
TBIHPÉRATTIIE 21
Cette ligne doit êlre abaîsFée considérablement vers Téqua-
teur au moment où elle touche la côte d'Afrique. Corée est
située par I i^ 40' de latitude nord, c'est à-dire à 4 ou 8 degrés
plus bas que le point assigné pour passage à l'isotherme de
2S degrés ; or^ IMsotherme de 24® devra passer dans le voisi-
nage de Corée et rejeter encore au sud celui de 2S*».
En pénétrant dans l'intérieur du confinent africain ces li-
gnes devront remonter brusquement vers le nord, laissant
au-dessous d'elles les postes de Dagana^ de Podor, de Bakel
sur le fleuve du Sénégal.
Il se produit pour le continent africain un phénomène in-
verse de celui qui se présente en Europe.
On sait que les lignes isothermes, en pénétrant dans Tinté-
rieur du continent européen, sinfléchissent vers le sud à me-
sure qu'elles s'avancent de plus en plus vers l'est. En Afrique,
au ccmtraire, la direction de ces lignes suit dans l'hémisphère
nord une courbe qui s'élève vers le nord en marchant dans la
direction de Test.
On peut expliquer cette différence en sens inverse qui existe
en Europe et en Afrique entre la température du littoral et
celle de l'intérieur.
Les contrées occidentales de l'Europe sont plus chaudes que
celles situées à l'orient. L'explication en est donnée par le ré«
chauffement des côtes par les eaux de la mer dont la tempé-
rature est élevée, grâce à la présence du courant d'eau chaude
qui traverse l'Océan et vient se diviser sur nos côtes et sur
celles d'Angleterre.
A la côte d'Afrique^ nous trouvons au contraire le courant
polaire de TAfrique, vaste courant d'eau froide qui descend
le long de la côte occidentale a et tient $e réchauffer pour en-
tretenir la circulation universelle de VOcian. » (Maury.)
La vitesse de ce courant au voisinage du cap Vert est de
i2 milles en 24 heures, d'après Philippe de Kerhallet. (Comi-
déraiions générales sur Vocéan Atlantique.) La température de
ses eaux serait de 4'',5 au-dessous de celle des eaux voi-
sines, d'après le même auteur, a mais elle croît, dit-il, acec
23 CLIMAT DE CORÉE.
rapidité à fnesure que les eaux du courant descendent au *
sud.n
Le Gulf-Stream a été comparé par le savant Américain à un
vaste calorifère venant, sous la même latitude que celles des
terres désolées du nord de TAmérique, porter la chaleur et
la fécondité aux côtes de l'Angleterre et de la France. On peut
comparer le courant d'eau froide qui descend le long de
la côte d'Afrique à un appareil réfrigérant venant baigner les
pays brûlés du continent africain, les enveloppant d'une at«
mospbère de vapeurs froides et s'emparant de l'excès de la
chaleur de ces régions avant d'aller se jeter dans le golfe de
Guinée où il doit porter sa température à sa plus haute éié^
vation.
Remarquons la situation de la presqu'île du Cap-Vert sur
laquelle vient frapper ce courant : elle fait saillie à l'ouest de
l'Afrique et se trouve être le point du continent le mieux placé
pour en sentir Tefiet.
De même que les points du littoral de France, tels que la
Bretagne, sur lesquels vient se diviser le courant du Gulf-
Slream présentent un climat beaucoup plus doux que celui de
l'intérieur de la France, de même le littoral de la Sénégambie
devra être plus rafraîchi que l'intérieur.
Malheureusement pour notre colonie un phénomène vient
diminuer l'intensité de ce refroidissement de son atmo*
sphère.
En France, en Angleterre les vents d'ouest dominent et les
vapeurs tièdes du courant du golfe sont portées dans l'intérieur
du pays. Dans la Sénégambie domine au contraire l'alizé de
nord-€st qui refoule l'atmosphère plus froide du courant polaire
et ne lui permet pas de faire sentir son influence profondé-
ment dans les terres. De sorte que, si le réchauffement de
l'Angleterre et de la France est favorisé par les vents, il en
est tout autrement, au Sénégal, du refroidissement produit par
le courant polaire de TAfrique ; les vents luttant contre la
tendance au rsfroidissement résultant de ce voisinage. Pen-
dant les quatre mois d'hivernage où dominent les vents d'ouest
TBHPÉBATUBB. 23
et de 8uâ-ouest^ la différence entre la température des côles et
celle de l'inlérieur est beaucoup moins sensible que pendant le
reste de Tannée.
Sans cette cause de refroidissement par le courant polaire»
les côtes auraient sans nul doute la même température que
rintérieur, car aucune force ne Tiendrait lutter contre Té-
chauifement produit par le voisinage du désert.
Lorsque nous étudierons les vents, nous verrons que les
alizés de nord-est dominent à Gorée pendant huit mois de
Tannée» et qu'ils sont suspendus pendant les trois mois de
Tété et le premier mois de Tautomne» et remplacés par une
mousson de sud-ouest plus ou moins variable, à laquelle le
fleuve du Sénégal doit les pluies qui alimentent ses sources.
L'inégalité de Télévation de la température dans Tintérieur
du pays et sur le littoral est la cause de cette mousson.
Chauffés par le soleil zénithal de Tété» le grand désert et les
plaines arides de TAfrique arrêtent dans leur marche les alizés
du nord-est. Ces masses d'air raréfiées s'élèvent en colonnes
verticales et produisent une baisse de pression qui doit attirer
Fair plus frais de TOcéan et déterminer ainsi un vent venant
du large, c'est-à-dire du nord-oue&t, de Touest et du sud-
ouest. Si la direction sud-ouest domine» c'est sans doute par
la combinaison de ces vents avec les contre-alizés supérieurs
qui doivent, eux aussi, éprouver une modification analogue à
celle des alizés de nord-est, c'est-à-dire s'abaisser et devenir
inférieurs pendant que ceux-ci deviennent supérieurs. A
Gorée» nos observations indiquent une baisse de la pression
atmosphérique correspondant à l'hivernage.
Ainsi, le contraste qui existe entre la température de l'inté-
rieur des terres ek celle du littoral et de la mer cesse par son
«xcès même. Deux régions atmosphériques voisines ne pou-
vant rester ainsi inégalement échauffées, le rétablissement de
Thar morne naturelle est la cause de Thivemage au Sénégal.
Au moment où Thivernage se termine et joù les alizés vont
repnendre leur direction régulière» tous les points du Sénégal
tendent à avohr à peu près la même température moyenne.
24 CLIHAT DE GOBiE.
En ce moment les pays les plus frais se sont réchauffés,
tandis que les régions les plus chaudes se sont refroidies à
cause de Tabondance des pluies.
Une étude de la température de la mer le long des côtes de
la Sénégambie présenterait un grand intérêt; les quelques
journaux de bord que nous avons pu nous procurer ne con-
tiennent qu'un petit nombre d'observations de la température
de cette partie de TOcéan, nous ne pouvons encore aujour-
d'hui nous appuyer sur ces observations.
Un fait tend pourtant à démontrer que les eaux de la mer^
dans la région qui nous occupe, viennent des régions froides :
l'abondance du poisson tout le long de la côte est extrême. La
pêche est la principale industrie des indigènes de la presqu'île
du Cap-Vert. D'immenses bancs de morues, de thons et de
harengs viennent faire tête dans les baies que forme cette
presqu'île. Ces poissons ont toutes les qualités des poissons
des eaux froides, leur chair est excellente. Si l'industrie euro*
péenne n'en a pas encore tiré partie cela ne tient pas à Tigno-
rance des richesses qui pourraient être produites par la pêche
organisée en grand dans le pays, mais à la difficulté de la
conservation du poisson. Il y a peu de différence entre la
morue du Sénégal et celle de Terre-Neuve. Il y aurait là ma-
tière à des recherches fort curieuses pour le naturaliste.
D'où viennent ces poissons ? Ne démon Irent-iLs pas par leur
goût, par leurs formes, la présence de ce courant d'eau froide
descendant du nord déjà signalé par les marins ?
Il n'est pas sans intérêt de cbercher de combien les
moyennes annuelles de nos dix années d'observations s'écar-
tent de la moyenne générale déterminée.
Les moyennes annuelles ne diffèrent de la température de
Tannée moyenne que d^ 0%5 environ, en moins pour les
années 1857 et 1863, en plus pour 1859 et 1865. Les autres
moyennes annuelles ne diffèrent de celle de l'année moyenne
quede0<>,l,à 0%3.
Il y a entre la moyenne de 1857 et celles des années 1859
et 1 865 une différence de l degré. Cette différence est crasi-
TSMPÉRATCrU. ii
dérable. A quoi deTons-nous Tallribuer? La températare de
i857 aurait pu être abaissée légèrement par les grandes pluies
de cette année; mais la moyenne de Thivernage de i857 est
à UD dixième près la même que celle de Tbivernage de 1864,
année de pluies très-peu abondantes. ( Voir tableau de$ pluies.)
D'aiUeurs la température de la saison sècbe de i867 est infé-
rieure de près de 1 degré à celle de cette saison dans Tannée
moyenne. C'est donc surtout sur le commencement de l'année
qu'aurait porté l'abaissement de la température. Je crois qu'il
faut attribuer cette infériorité de la moyenne de i 857 à quel-
que erreur d'observation.
Comme la différence entre la moyenne annuelle la plus
faible 23%2 et la moyenne la plus forte 24%2, n'est que de un
degré, on peut croire que, s'il y a une erreur sur la moyenne
que nous avons trouvée pour notre série de dix années, cette
erreur ne doit pas être supérieure à 0%l.
La moyenne conclue des observations thermométriques
faites à si^ heures du matin et une heure du soir, donne pour
moyenne générale des dix années : 24^,0, c'est-à-dire une élé-
vation de O'^yS sur la moyenne véritable.
La correction à faire aux moyennes annuelles obtenues
par la méthode de deux observations quotidiennes serait donc
de 0%2.
£n appliquant cette correction aux moyennes de nos dix
années obtenues par cette seconde méthode, nous trouvons
qu'elle n'est exacte que deux fois et donne pour les autres an-
nées des approximations d'un ou deux dixièmes, ce qui est
encore beaucoup trop fort. En retranchant des moyennes de
deux observations 0^,22, on s'approcherait davantage de la
Yérité« Mais les observations ayant été faites fort souvent en
chiffres ronds de degrés, nous ne croyons pas pouvoir pous-
ser aussi loin l'approximation de la correction nécessaire pour
les observateurs qui se serviront 4e cette méthode dans l'a-
venir.
La moyenne trouvée par la méthode des demi-sommes des
minima et des maxima se place exactement entre celle conclue
36 CLIVAT DE GOAÈE.
dd deax observations quotidiennes et celle conclue de quatre
observations.
Devons-nous en déduire que l'observation si facile des ther-
momètres à mazima et à minima peut suffire pour détermi-
ner avec une approximation convenable la moyenne de la
température au Sénégal ?
A Gorée, où les variations sont très-fàibles^ cette méthode
donnerait, je crois, la température avec une exactitude assez
grande. Il n'en serait pas de même à Saint-Louis, d'après
M. Héraud (i). Sous Tinfluence des vents d*est on constate sou-
vent deux points extrêmes dans Téchelle thermométrique ; ils
correspondent l'un et l'autre à des périodes de peu de durée
et leur combinaison donne par conséquent une moyenne peu
rigoureuse; elle peut en effet s'écarter de 2 degrés en-dessus ou
en-dessous de la moyenne diurne véritable. Dans les observa-
tions que nous avons faites à Saint- Louis nous avons constaté
les mêmes faits, notamment en février 1874.
Les diverses méthodes employées nous donnant des chiffres
qui coïncident presque, nous pouvons en conclure que les obser-
vateurs qui voudront déterminer la température moyenne des
divers points du Sénégal, pourront suivre les règles générales
établies par les météorologistes pour les climats tempérés. En
se bornant à prendre les observations si faciles des thermo-
mètres à maxima et à minima, ils auront des moyennes
exactes à une fraction de degré près. En prenant deux fois par
jour la température du thermomètre ordinaire à six tieures du
matin et à une heure du soir^ ils obtiendront une moyenne trop
élevée d'environ 0'*,2. Cette dernière méthode est la meilleure^
elle est facile à suivre^ elle est la plus en harmonie avec les
usages et les habitudes de la vie coloniale. Il est de la plus
grande facilité de noter en effet régulièrement la tempéra-
ture, le matin à six heures au moment du lever, le soir à une
heure au moment du repos général, de la ce9sation des courses
(1) Rewte maritime et coloniale, 1861, 1 vol., p. SU. ObsenraUeni météo-
rologIqoM faites an Sénégal pendant Tannée 18S0.
TBHFiBATVftS. 21
et des aCEatires^ à Pheure de la sieste. C'est le momeat où si fré^
quemment une chaleur pénible invite les personnes les plus
indiflérentes à jeter un coup d'œil sur le thermomètre.
On peut comparer à la série qui fait le sujet de notre étude,
la première série de dix ans d'obseryations faites à Gorée.
Presque toutes les moyennes annuelles de 1841 à 1860 sont
beaucoup trop élevées et la moyenne générale dépasse de plus
d'un demi-degré la moyenne que nous adoptons. Voici les
moyennes annuelles résultant de cette première série (toutes
ces observations ont été rapportées au thermomètre centi-
grade) :
184i 2404 1846 25o8
1842 23,9 1847 24,2
1843. .... 24,0 1848 24,9
1844 23,7 1849 2?,a
1845. . . . , 23,7 I80O 24,2
Les moyennes mensuelles conclues de ces dix années don-
nent une année moyenne différente de celle que nous avons
déterminées^ m voici le tableau :
Décembre 23?4 luin. ....... 26?6
Janvier ...••,. 20,7 Juillet ». 27,8
Février ...... 20,6 Août 27,S
Mars 20,7 Septembre 27,4
Avril 21,5 Octobre 27,4
Mai 23,5 Novembre 25,8
La moyenne annuelle déduite de ces dix années est 24%4.
Elle est trop élevée de 0°^6 seulement. Ceci montre que tout
en négligeant ces observations il ne faut pas les considérer
comme absolument mauvaises. Nous donnons ces derniers
renseignements non-seulement parcequ'ils peuvent être utiles,
mais encore par esprit de justice envers ceux de nos collègues
qui les premiers ont entrepris Fétude du climat du Sénégal^
et dont les travaux n'ont laissé que des documents presque
complètement ignorés.
28 CLIMAT DE GOAÉE.
n. — Températures moyennes des saisons.
A Corée, le printemps possède, à très-peu près^ lâ même
températare que Thiver, les températures de l'été et de Tau-
tomne diffèrent encore moins Tune de Tautre, et les saisons se
groupent deux à deux d'une manière fort naturelle pour cons-
tituer deux périodes annuelles de six mois chacune :
Hiyer • 2094 )
„ . - _ «A o I Saison fraîche et sèche. . . 20«»j6
Printemps 20^8 ) *
Été 26,9 I
. , ^ A^ 1 1 Saison chaude et humide. 21^,0
Automne 27,1 | '
Cette division très-simple est la seule qui soit importante
pour le Sénégal. Nous établirons plus tard comment ces deux
saisons sont parfaitement caractérisées par les autres phéno-
mènes atmosphériques.
11 y a en effet deux climats qui composent celui du Sénégal^
et ces deux climats ont des lignes de démarcations^ tellement
bien tracées, qu'ils font du littoral de cette contrée, pendant
six mois, un pays jouissant de tous les avantages des contrées
à température douce et agréable^ et pendant Tautre moitié de
Tannée, un des pays les plus malsains et les plus dangereux
à habiter pour TEuropéen.
Le tableau suivant indique les moyennes saisonnières pen-
dant dix années météorologiques, chaque année débutant par
le mois de décembre de Tannée civile précédente:
TEHriKATOBS.
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30 GLOIAT J^IR 60AÉK.
Les moymnes particatières de chaque ssAboù, pendant dix
annéed^ ne se sonl écartées des mofennes générales que de
fractions dépassant rarement un demi-degré. La fixité que
nous aTons reconnue dans les températures annuelles existe
donc aussi pour les moyennes de chacune des deux saisons.
La différence entre la température de la saison chaude et
celle do la saison fraîche est de 6*,4. Cette oscillation est très-
faible surtout si nous la comparons à celle qui existOi dans
les climats tempérés, entre les moyennes estitale et hivernale.
Cette différence est pour Paris, diaprés Mablmanui de 14^8*
Les oscillations de la température sont donc, d'une saison à
l'autre, beaucoup plus faibles que dans les climats de la
France moyenne. Indépendamment de Télévation générale de
la température, cela rend compte de la différence beaucoup
moins prononcée qu'en Europe, existant entre les forces de la
végétation pendant chacune des saisons. 11 y a pourtant au
moment de la saison fraîche un arrêt, sinon complet du
moins très-sensible, de la vie végétale d'un grand nombre
d'espèces. Mais la température n*est pas seule en cause dans
cette question.
A mesure que Ton descend vers l'équateur, la différence
entre les moyennes saisonnières va en diminuant; sur le
littoral du Sénégal cette différence, toute faible qu'elle est,
est encore assez sensible. Un fait particulier peut donner une
idée de la valeur de cette différence. Pour faire parvenir
a maturité le fruit du bananier, il faut une température
saisonnière de 24''. 11 en résulte que pendant la saison fraîche
dont la température est de 20<',6, les bananiers ne donnent
pas de bons fruits dans la presqu'île du Cap-Vert, tandis
que, pendant la saison chaude, ces fruits parviennent i par-
faite maturité. En se rapprochant de Téquateur on voit le ba-
nanier produire des fruits toute Tannée. Ainsi sur certains
points de la côte de Guinée, la banane forme avec Thuile de
palme la base de Talimentation des indigènes qui la récoltent
en toute saison. Au poste du Grand-Bassam (Côte*d'Or), la
TEMPiRATURB* 31
température moyenne des divers mois oscille entre 25%9 et
30<»,1, d*aprë8 notre collègue Forné (1).
Il est peu de réglons où Fannée se divise d'une manière aussi
tranchée qu'au Sénégal Dans le cours de cette étude nous re-
viendrons à chaque instant sur cette division fondamentale.
On verra qu'il a'exisie aucune saison intermédiaire correspond
dant au printemps ou à l'automne des pays tempérés ni aux
petites saisons de transition qui, sous l'àiuateur» séparent les
deux saisons principales et qui sont en relation avec les deux
passages du soleil au zénith du lieu. En étudiant la marche
de la température au Sénégal, on peut, même à Corée, trou-
ver des traces de ces petites saisons de transition^ mais elles
passent inaperçues, à cause du rapprochement des deux pas-
sages du soleil au zénith sous cette latitude.
Disons, dès à présent, que la saison fraîche se trouve être
en même temps la saison sèche, la bonne saison au point de
vue sanitaire des Européens, la saison des maladies sporadi-
ques. Pour les indigènes elle est au contraire celle de la plus
grande mortalité.
La saison chaude ou hivernage est la saison humide> celle
au milieu de laquelle surviennent les pluies. C'est pour les
Européens la mauvaise saison, celle qui est pénible à support
ter et pendant laquelle se développent les causes morbigènes
dont les cifets se font sentir avec un retard dont on oublie gé-
néralement de tenir compte, mais qui a cependant été signalé
depuis longtemps par Lind.
En faisant débuter la saison sèche au 1*' décembre^ nous
avons été contraints par la division que nous ne pouvions pas
abandonner de Tannée en douze mois. C'est plutôt dans la
seconde quinzaine de novembre qu'avec le mois de décembre
que débute la saison fraîche.
(1) Contribution à la géographie médicale^ thè8e> MoDtpellier, 1170»
32 CLIMAT DE GORÉE.
m. — Température moyenne des mois^
Dans Tannée moyenne, la plus forte température mensuelle
.est à Gorée^ au mois de septembre^ ZT^9j et la plus faible, en
février, IS'^^Q. La différence entre ces deui températures est
de 9<^ seulement.
Si les moyennes annuelles et celles des saisons sont à peu
près constantes, on peut reconnaître que les moyennes men-
suelles de chaque année diffèrent aussi très-peu de celles des
mêmes mois les autâ^es années. Il y a pourtant des variations
il'une année à l'autre qui ont pu s'élever dans la saison sèche
à 3%5, et dans rbivernage à 2%9. Les écarts au-dessus et au-
dessous de la température trouvée pour les mois correspon-
dants de l'année moyenne n'ont jamais atteint plus de deux
degrés, mais en général les oscillations de la température au-
dessus et au-dessous des moyennes mensuelles sont moins
fortes pour les mois d'hivernage que pour ceux de la saison
sèche.
La marche de la température pendant la période de dix
ans offre, d'après ce que nous venons de dire du peu d'écart
des moyennes mensuelles entre elles, une régularité remar-
quable. En traçant les courbes successives des températures
des mois pendant dix ans, on obtient une figure d'une régu-
larité caractéristique; chaque année est la reproduction à peu
près exacte de l'année précédente, et la courbe de dix ans
oscille avec régularité en présentant des ondulations alterna-
tives au-dessus et au-dessous d'une ligne horizontale repré-
sentant Télévation moyenne du thermomètre pendant l'année,
c'est-à-dire '23?,8. £n étudiant les propriétés de la courbe de
l'année moyenne on s'écartera donc excessivement peu des
lois des courbes des années particulières.
TXJIPiBATURB. 33
rv. — Ifarohe de la température pezidant l'année et
pendant les saisons.
Le lecteur devra considérer la courbe représentant la tem«
pérature pendant Tannée moyenne ainsi que le tableau qui a
permis de l'établir. En construisant lui-même les courbes
des moyennes horaires, il nous suivra facilement dans notre
description et pourra même trouver un grand nombre de
renseignements qui ont pu échapper à notre examen^ ou que
nous avons négligé volontairement de relever.
Prenons le moment où la température est la plus basse. Ce
moment se présente vers le milieu de la saison sèche^ en gé«
néral vers le commencement de février. Ce mois est celui où
Ton observe les plus faibles minima comme les plus faibles
maxima. Sa température moyenne est de 18^,9. A partir de
ce moment, la température devient croissante. Avec rap-
proche du printemps elle s élève du courant de février au
courant de mars de 1 degré. De mars à avril, elle croit len-
tement, de 0%5; d'avril à mai, de i%5.
C'est principalement dans le mois de mai et dans les pre^
miers jours de juin que la marche ascensionnelle de la tem-
pérature devient rapide. De sorte que, dans les premiers
jours de juin, on peut considérer la saison chaude comme
établie; il s'est produit dans un espace d'un mois une
élévation d'environ 3^,5. Cette élévation n'est pas seule-
ment sensible au thermomèti^e : les hommes ainsi que la
végétation sont surpris par ce changement presque sans
transition qui coïncide avec la disparition des vents réguliers
et une modiûcation profonde dans toute la constitution de
l'atmosphère.
Arrivée à 25",7, la température continue de croître de juin
à juillet, se maintient en moyenne au-dessus de ^T* et au-
dessous de 28"* pendant quatre mois. A peu près stationnaire
pendant la un de juillet et les mois d'août, septembre et
octobre^ elle gagne seulement 0%5 dans le cours des trois
8
34 CLIMAT i>E GOBÉE.
premiers mois et se maintient sensiblement à ce maximum
pendant les deux premiers tiers du mois d'octobre.
Les oscillations des moyennes paraissent être alors princi-
palement sous l'influence des pluies qui ont arrêté la marche
ascendante du tbermomèlre ou du moins en ont considéra-
blement ralenti l'importance. Dans le courant du mois de
novembre^ quelquefois dès les derniers jours d'octobre, la
courbe thermométrique descend brusquement de S^^S du pla-
teau qu'elle traçait pendant les quatre derniers mois de Thi-
vernfige. Il y a 3%6 de difiérence entre la température de
décembre et celle du mois précédent. C'est le plus souvent sur
le mois de novembre que porte la baisse rapide du thermo-
mètre. Ce mois est un mois de transition. Au moment où il
se termine, la saison fraîche est complolement établie sous
rinfluence des vents réguliers du nord-est qui sont devenus
tout à fait prédominants.
La température décroit d'environ i^,^ de décembre à jan-
vier, puis de la même quantité de janvier à février. Arrivée
à son point le plus bas dans ce mois, elle reprend son mouve-
ment d'ascension pour suivre la marche que nous venons
de décrire.
En résumé, la température croit pendant cinq mois et se
maintient élevée pendant trois autres mois, tandis qu'elle a
une marche descendante rapide qui ne comprend que quatre
mois. Alors qu'il y a une sorte de station de trois mois dans
la période des fortes chaleurs, il n*en existe aucune dans la
période de fraîcheur. Aussi la courbe des moyennes des
années successives présente-t-elle une suite de convexités dou-
cement arrondies à sa partie la plus élevée, tandis que la
partie située au-dessous de la ligne indiquant la moyenne
annuelle présente une suite d'angles aigus dont ks sommets
correspondent au mois de février. Celte disposition particu-
lière de la courbe des moyennes nous conduit à remarquer
dijà qu'une des propriétés de l'hivernage consistera dans la
faiblesse des oscillations d'un mois à l'autre, tandis que dans
la saison fraîche les oscillations seront plus considérables.
HARGHB DE LA TSKFiBÀTUU» 85
Pour obtenir la loi exacte de la marche de la température
dans Tannée, il suffit de prendre sur notre tableau de Tannée
moyenne^ les diflërences qui existent en plus ou en moins
entre la température de chaque mois et celle du mois précé*
dent En faisant cette opération pour chacune des cinq
moyennes horaires des mois comme pour chacune des moyen-»
nés générales, on pourra dresser un tableau qui indiquera
aussi exactement que possible la marche de la température^
soit d'après les moyennes horaires^ soit d'une manière gé-
nérale.
Voici quel est le mouvement général de la température
dans chaque saison, le signe — indique la baisse, le signe +
Tascension des températures.
SAISON SÈCn. HIYEUUGI.
Décembre. .... — 3?6 loin ' + ZH
JanYier — U^ Juillet + ij7
Février .,..•. — 1,4 Août +0,1
Mars, ...»»•• + ^1 Septembre • . • + 0>4
AvrU +0,5 Octobre — 0,1
Mai +1^5 Noyembre. ... — 2,2
On remarquera la symétrie qui existe entre la marche de la
température dans les deux premiers mois de chacune des
deux saisons. Ainsi chaque saison débute par une variation
brusque de plus de 3^,5, en moins pour la saison sèche, en
plus pour Thivernage.
Quoique moins prononcée, cette symétrie est encore sensible
dans les deux derniers mois de chaque saison. Les chiffres
eiprimant Tascension de la température sont très-voisins de
ceux exprimant la baisse de la température entre les mois
qui seraient diamétralement opposés les uns aux autres sur
uoe ellipse représentant la courbe décrite par la terre autour
du soleil et où serait figurée la situation de la terre à chaque
mois.
Pour les quatre mois qui se trouvent deux à deux au mi*
lieu d9 chaque saison^ cette symétrie n'existé plus ; ce qui
36 . • CUIIAT DE GOBEE.
proTient du fait déjà signalé : l'état de station ou d'accroisse-
ment lent de la température dans le milieu de Thivernage.
En effet* au mois le plus froid, février^ ce n'est pas le mois
d'août qui est opi)Osé comme le plus chaud, c'est Je mois de
septembre ou d'octobre. De sorte que^ si le mois de février
est toujours le plus froid (il n'y a eu d'exception qu'en 1862),
ce n'est jamais août qui est le plus chaud, mais tantôt le mois
àe septembre, tantôt le mois d*octobre. Dans nos dix années
d'observations, cinq fois la température de septembre fut la
plus élevée, pendant cinq autres années le mois d^octobre fut
le plus chaud.
Si là marche générale de la température suit au printemps
et en été une loi analogue à celje qu'elle suit dans les pays
tempérés de l'hémisphère nord ; pendant Tautomne, au lieu
de descendre elle devient au Sénégal à peu près stationnaire^
aussi en hiver la- descente de la température est-elle propor-
tionnellement phis brusque que dans les pays tempérés.
C'est précisément cette absence de transition entre l'époque
dos chaleui^s et celle des températures plus fraîches qui est un
des phénomènes les plus remarquables dû Sénégal, elle né-
cessite cette division de l'année en deux saisons à laquelle
nous avons été conduits par l'examen des moyennes générales
des trimestres constituant les quatre saisons météorologiques.
Ces deux saisons sont aussi tranchées si l'on examine la
marche de la température, que si Ton considère seulement
leurs températures moyennes. Le printemps se comporte
comme Thiver et constitué avec lui la saison fraîche, l'hiver
tropical ou saison sèche; l'automne se comporte comme l'été
et constitue avec lui Tété des pays tropicaux. Cet été a reçu
le nom assez mal choisi d'hivernage, dans le sens de mau-
vaise saison. Quoique cette dénomination soit vicieuse, elle
est tellement consacrée par l'usage que nous sommes forcés
de la conserver.
La marche des moyennes mensuelles horaires est à peu près
la même que celle des moyennes générales. Il y a pourtant
certaines parlicularités dignes d'arrêter notre attention.
i
MARCHE DE LA TEMPÉRATURE. 37
Aiosi la fempérature aune heure du soir et à dix heures
du matin s'élève^ dans toute Tannée^ seulement de 8^,7, tan-
dis que le soir et le matin elle s'éièye, dans Tannée, de S*" à
9%7. L'écbauffement porte donc surtout sur le moment où le
soleil est couché, sur le moment de la journée où la tempéra-
ture est plus faible et sur l'heure où le soleil vient seulement
de se lever. Il en est de même du refroidissement, il porte
plus sur le matin et sur le soir que sur le milieu du jour ; au
mois d'octobre les moyennes d'une heure et de quatre heures
du soir, continuent de croître, tandis que les températures
du soir et du matin diminuent déjà.
Il y a une analogie remarquable entre la marche de la tem-
pérature dans Tannée et sa marche dans le jour. De même
que les températures élevées dans Tahnée, celles de Thiver-
nage sont les plus constantes, de même c'est dans les tempé-
ratures élevées du jour que nous trouvons aussi le plus de
régularité.
En étudiant directement les variation^ mensuelles et diur-
nes, nous arriverons au même résultat qui peut se résumer
ainsi : les températures élevées sont les plus constantes, les
températures basses les plus variables. Cette proposition dé-
duite de Tcxamen d'un climat marin ne s'applique aux autres
parties du Sénégal que pendant la saison d'hivernage.
V. — Relation entre la marche du soleil et celle de
la température.
Si Técbauffement maximum du sol d'une contrée corres-
pondait à la direction normale des rayons du soleil sur sa
surface, ce serait aux époques des deux passages du soleil au
zénith, c'est-à-dire entre le mois d'avril et le mois d'août,
qu'au Sénégkl la température serait à son maximum. Mais
nous savons que nulle part il n'en est ainsi et que la marche
delà température est toujours en retard sur celle du pouvoir
calorique des rayons solaires. C'est à la fin de septembre et
au commencement d'octobre que les moyennes sont les plus
38 CLIMAT DE CORÉE.
élevées. C'est-à dire que c'est au commencement de Tautomne^
au moment où le soleil passe dans rhémisphëre sud^ que la
chaleur est la plus forte. Pour la même raison nous ne
trouverons pas les plus basses températures au moment du
solstice d'hiver. Elles ne se font sentir que deux mois plus
tard, en février.
Nous ne trouvons pas entre les températures des mois et la
marche du soleil, de relation autre que celle du retard connu
de Teffet produit par Taccu mutation successive de la chaleur
solaire.
Au lieu de considérer, les moyennes, examinons la marche
même de la température, mettons en regard comme nous
Tavons fait ci-dessous, les chiffres exprimant en degrés du
méridien la distance du soleil au zénith et ceux exprimant
l'ascension ou la baisse de la température d'un mois à
rautre«
MARCHE DE LA TBKPERATURE.
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40 CLIHAT DE GOEiE.
On voit quelles sont les coïncidences que fait ressortir ce
tableau. Ainsi de mai à juin se trouve le maximum du mou-
vement d'ascension du thermomètre. Or^ c'est précisément en
juin que le soleil étant au solstice d'été se trouve à son maxi-
mum d'éloignement dans le nord, et ce maximum est très-
faible. Le soleil n'est éloigné à midi que de S"" 4V de la nor-
male. C'est aussi le mois pendant lequel la durée du jour est
à son maximum et remporte de près de deux heures sur celle
de la nuit.
Cette coïncidence est très-remarquable^ le moment où le
soleil reste le plus longtemps sur l'horizon est donc précisé-
ment celui d'une accélération très-notable dans la croissance
de la température, puisqu'elle atteint S"",?.
Une seconde coïncidence nous prouvera qu'il n'y a pas là
un rapport fortuit. C'est entre novembre et décembre qu'a
lieu le maximum du mouvement de baisse de la température;
ce maximum de baisse est de Z^^fi. Or, le 21 décembre le soleil
se trouve à son maximum d'éloignement dans l'autre hémi-
sphère, à ce moment ses rayons sont les plus obliques, et les
jours ont leur durée moindre et, par conséquent, les causes
de refroidissement par le rayonnement nocturne sont les plus
grandes, pendant que les causes d'écbauffemeul sont les plus
faibles.
Les maxima dans la marche ascendante comme dans la
marche descendante de la température sont bien produits par
la position du soleil par rapport au Sénégal.
Examinons maintens^nt les mois dans lesquels se trouvent
les plus, faibles vitesses de croissance ou de décroissance dans
la marche du thermomètre.
Le minimum d'ascension a lieu de mars à avril, il est de
0%5. C'est en avril qu'a lieu le premier passage au zénith. A
ce moment la distance du soleil au zénith est nulle, les rayons
du soleil tombent verticalement sur le sol et devraient pro-
• • • •
duire une élévation plus forte de la température; il y a la une
coïncidence qui ne doit* pas être non plus l'effet du hasard,
mais qui me parait assez difficile à expliquer» Il est difficile
HABCHE DE LÀ TEMPERATURE. 41
de comprendre, en effet, pourquoi cet arrêt, ou plutôt cette
diminution de rélévation de la température, dans de pa-
reilles conditions, en apparences si favorables à une ascen-
sion plus rapide, car notons aussi que les jours sont déjà plus
longs que les nuits. Je cherche en vain une explication de ce
fait; rien dans les autres phénomènes météorologiques ne
peut Tenir à notre aide : les pluies font défaut, les yents sont
réguliers comme les mois précédents, ce n'est qu'à la fin du
mois de mai qu'ils changent de direction.
Une quatrième coïncidence est celle d'un nouyeau ralentis-
sement dans la marche ascensionnelle de la température, juste
au moment du second passage du soleil au zénith, en août. Les
conditions astronomiques se trouvent être les mêmes qu'au
mois d'avril, la température semblerait devoir continuer de
croître, mais un phénomène survient qui nous permet d'ex-
pliquer cet arrêt : le mois d'août est le mois du maximum de
fréquence et d'abondance des pluies. Ces pluies arrêtent la
marche ascensionnelle de la température qui se maintient à
peu près stationnaire. 11 y aurait même certainement un
abaissement si les pluies étaient encore plus énergiques, ce
qui arrive dans des contrées voisines, par exemple à Sédhiou
{Casamance) au sud du Sénégal, comme le démontrent les
observations que nous possédons sur ce point de la côte
d'Afrique.
Nous avons dit plus haut comment pouvait s'expliquer la
disparition des alizés et l'arrivée d'une sorte de mousson au
sud-ouest apporlmt les pluies de l'hivernage. Nous avons
montré que la chaleur trouvait dans son excès même un
modificateur puissant par l'appel qu'elle faisait aux brises de
mer et aux pluies qu'elles apportent ; or, c'est au mois d'août
que cette mousson du sud-ouest est la plus prononcée.
La marche descendante de la température coïncide avec la
plus longue durée des nuits. L'absence de nuages favorisant
le rayonnement nocturne et la reprise des vents réguliers du
NE. Elle ne présente aucune station remarquable comparable
à celle que présente le mouvement d'ascension.
42 CIiIBIAT DE GOBÉE.
Pourquoi là température se maintient-elle croissante pen-
dant huit mois, tandis qu'elle descend pendant quatre mois
seulement ? C'est une conséquence de la situation de Tile de
Gorée sous les tropiques. En comparant ce climat à celui des
pays situés au nord du tropique, on comprendra que le pas-
sage du soleil au nord du parallèle de Gorée doit nécessaire-
ment allonger la saison chaude de la moitié du temps pen-
dant lequel cet astre est au nord. Pendant les six mois que le
soleil passe dans rtiémispbère nord, les pays tempérés ressen-
tent l'effet de son pouvoir calorique, croissant pendant trois
mois et décroissant pendant les trois autres. Il ne doit pas en
être de même pour Gorée, puisque l'époque du mouvement
rétrograde du soleil vers l'équateur pendant lequel l'effet ca-
lorique des rayons solaires va diminuant pour les |>ay8 extra-
tropicaux, est encore pour le Sénégal une époque où la
température doit continuer de croître, puisque le soleil se rap-
proche une seconde fois de son zénith. Que Teffet de réchauf-
fement par le soleil se manifeste avec un certain retard, cela
ne change en rien les causes qui Tout produit.
, En résumé, pendant les quatre mois que le soleil est au
nord du Sénégal, Teffet calorique produit par cet astre va
toujours croissant, tandis que pour les pays tempérés il ne va
croissant que pendant deux mois. Il doit donc y avoir, comme
il y a en réalité, deux mois de plus de mouvement ascension-
nel de la température en faveur du Sàiégal.
A Gorée, comme en Europe, il n'y a dans l'année qu\in
seul maximum et qu'un seul minimum de la hauteur ther-
mométrique ; mais ces deux températures extrêmes sont plus
rapprochées qu'elles ne le sont en Europe. En descendant
vers l'équateur, nous trouverons, au contraire, des climats
jouissant comme ceux de l'équateur même, de deux maxima
et de deux minima. Au sud de la Sénégambie, on trouve déjà
au milieu de la saison d'hivernage un minimum de tempéra-
ture coïncidant avec l'extrême abondance des pluies.
MABCHB DB LA TEMPÉRATUBE, 43
VI. — Harohe de la température pendant le four.
Le minimum de la température a toujours lieu ayant six
heures du matin. Après six heures^ la température, sous rin^
fluenoe du soleil, monte rapidement de 2^ jusqu'à dix heures.
Elle croit ensuite d'un peu plus de i*' de dix heures du matin
à une heure du soir. Le maximum de la température a lieu
entre une heure et quatre heures du soir^ mais entre ces deux
observations la température varie peu. Pendant l'hiver-
nage elle est à peine, vers quatre heures, plus basse de quel-
ques dixièmes de degré. Rn juillet la température de quatre
heures du soir dépasserait même celle d'une heure, si Ton
ne pouvait accuser la position des instruments d'être peut*
être la cause de ce résultat de l'observation. Quelques obser^*
vateurs ont noté des jours où le maximum avait eu lieu vers
dix heures du soir et en ont même fait l'objet d'une mention
spéciale.
A partir de quatre heures du soir» la température baisse
rapidement de 2<^ environ jusqu'à dix heures. Cette baisse
porte surtout sur les heures qui suivent le coucher du soleil.
De dix heures du soir à six heures du matin le refroidisse-
ment est peu considérable et ne dépasse guère 1^,5. Il doit y
avoir, il est vrai» dans la nuit une oscillation un peu plus
forte que celle que nous indiquent nos observations, mais la
température de six heures est trop voisine du minimum pour
que cette diiSérence soit sensible.
C'est très-brusquement que le thermomètre baisse après le
coucher du sdeil. Dans le reste de la nuit» dans les huit heu-
les qui séparent l'observation de dix heures du soir de la pre-
mière observation faite le matin» l'abaissement du thermo-
mètre n'est en moyenne qu'un peu supérieur à 0%5 dans la
saison sèche et un peu inférieur à cette quantité dans la
saison d'hivernage. La baisse nocturne tarie d'ailleurs suivant
les différents mois, elle n'atteint l"" qu'aux seuls mois de mars
et d'octobre. C'est donc dans les premières heures de la nuit
41 CLIMAT DE GORÊE.
que l'hygiène recommandera surtout de craindre un refroi-
dissement que nos organes trouTent en général beaucoup
plus considérable que ne le ferait supposer le thermomètre.
Comment expliquer le peu d'effet du rayonnement nocturne
dans la plus grande partie de la nuit?
Nous croyons pouvoir l'expliquer par Tun des phénomènes
les plus remarquables des nuits sous les tropiques : la
rosée.
C'est dans la saison sèche que les rosées sont d'une abon-
dance extrême^ c'est aussi dans cette saison que le ciel le plus
souvent serein, favorise le refroidissement nocturne. Au dé-
but de la nuit le refroidissement considérable qui se 'produit
est dû surtout à la disparition du soleil au-dessous de l'hori-
zon : aussi le thermomètre baisse-t-il rapidement de 6 heures
à 10 heures. Dans le reste de la nuit, il s'établit un balance-
ment entre le refroidissement produit par le rayonnement
nocturne et le réchauffement que produit dans Taimosphère
le passage d'une grande quantité d'eau de l'état de vapeur à
rétat liquide. Le froid produit parle rayonnement l'emporte,
il est vrai, mais il devient alors beaucoup moins considérable
qu'il ne le serait sans le phénomène de la rosée.
Dans rhivernage, si le ciel est couvert cela sufflt pour ex-
pliquer l'absence de refroidissement nocturne. Si le ciel est
serein, le phénomène de la rosée se produit, moins prononcé
que dans la saison sèche, mais encore sensible.
L'eau suspendue dans l'air remplit un admirable rôle de
compensateur. Au moment où le soleil échauffe puissamment
le sol, le pouvoir hygrométrique de l'air augmente, l'éau qui
se trouve à la surface'du sol s'évapore et, en changeant d'état,
absorbe une grande quantité de chaleur. Lorsque le soleil
vient de se cacher sous l'horizon, la terre tend à se refroidir
parle rayonnement, ainsi que l'atmosphère elle-même; alors
la vapeur d'eau se condense, et en passant à l'état liquide rend
à Tair toute la chaleur qu'elle avait dissimulée pendant la
journée.
Dans les pays tempérés où la moyenne thermométrique est
tf ARCQB DE LA TEMPÉRATURE. 46
plus basse et les quantités absolues et relalkes de Tapeur
d'eau^ coniques dans Fair, beaucoup plus faibles^ le phéno-
mène des rosées est moins sensible qu'au Sénégal» aussi la
différence enlre la température de la nuit et celle du jour est-
elle beaucoup [>lus coDsidérablCy malgré les assertions con-
traires, souvent répétées.
La marche diurne de la température n'est, telle que nous
venons de la décrire» que d'une maoière générale. Pour en
juger, il sufQt de constater que la moyenne des oscillations
diurnes est dans la saison sèche de 3%6y tandis qu'elle n'est
dans l'hivernage que de 2o,8. En cherchant les différences des
moyennes horaires consécutives entre elles pour chaque mois
et pour chaque saison dans le tableau de l'année moyenne
(p. 16), on dressera facilement celui du mouvement de la
température pendant le jour» aux différents mois de l'année
et pendant les saisons. — Ce tableau permettra de constater
que les oscillations d'une des heures d'observations a la sui-
vante sont à peu près les deux tiers pour Thivernage de celles
de la saison sèche. La différence est surtout sensible entre six
heures et dix heures du matin» et quatre heures et dix heures
du soir. Les mouvements du thermomètre dans la journée se
font d'une manière plus uniforme dans l'hivernage en même
temps que les variations sont moins étendues. C'est au mois
de mars que les oscillations sont les plus fortes» elles attei-
gnent 4%3, tandis que la moyenne des oscillations dans les
cinq antres mois de la saison sèche est à peu près fixe et de
3%5. Ceci peut s'expliquer par l'énergie des vents d'E et de
NE pendant le mois de mars. Le mois de mars est» dans un
certain nombre de points de l'intérieur du Sénégal» celui des
plus grandes variations diurnes, et ces variations sont mani-
festement sous rinflnence des vents venant du désert. Nous
trouvons donc à Corée, malgré la fixité de son climat» due au
voisinage de la mer, une trace des variations bien plus sen-
sibles qui existent dans Tintérieur sous l'influence de. Tbar-
matan ou vent du désert.
46 CLIVAT DB GORÉE.
VII. -* Tompèratares extrêmes.
D'après ce que noos connaissons déjà du climat de Corée
nous ne devons pas nous attendre à trouver de ces élévations
du thermomètre qui^ toujours exagérées, ont fait considérer
le Sénégal comme le point le plus chaud du globe.
 «fhesure que nous avancerons dans nos recherches on
pourra Juger les erreurs qui sont répandues sur le Sénégal.
Les idées les plus fausses régnent sur cette contrée. Les opti-
ciens gravent sérieusement sur leurs plaques thermométri-
queSy à plus de 10^ au-dessus de la température humaine^ le
mot Sénégal.
Cette température^ dont aucun des nombreux journaux mé-
téorologiques ou rapports médicaux que nous avons étudiés^
n'ont pu nous donner d'exemple, même dans le haut Sénégal,
est retenue par Tesprit comme un fait normal et ordinaire.
Aussi, rien n'égale Tétonnement d'un grand nombre d'Euro-
péens lorsque^ débarquant sur les côtes de notre colonie, ils
reconnaissent qu'ils ont été transportés dans un milieu dont
leur imagination avait fait une sorte de fournaise et 'qui ne
leur donne^ s'ils débarquent dans la saison sèche^ que des
sensations de fraîcheur souvent fort accusées, et, s'ils arrivent
au milieu de l'hivernage^ que des sensations de chaleur très-
supportables. Ce n'est pas, en efTet, pour les nouveaux débar-
qués que les chaleurs de l'hivernage sont pénibles, c'est
lorsqu'ils auront deux ou trois ans de séjour que leur santé
épuisée, leur susceptibilité exagérée aux variations atmosphé-
riques les porteront à se plaindre de l'élévation de la tempé-
rature.
Maie avant de chercher qui:ls sont les effets produits sur
l'économie humaine par la chaleur et d'étudier les apprécia-
tions individuelles de ses manifestations, il nous faut termi-
ner notre étude de l'appréciation expérimentale de la chaleur
à l'aide du thermomètre.
JSous possédons; pour Tannée 1860, les moyennes des mi-
TEHPÉRATURES EXTRÈKES.
il
nima et des maxima de chaque mois : les moyennes des mU
Dima ne sont inférieures aux moyennes de six heures du
matin que de 0'',5. Les moyennes des maxima diffèrent très-
peu de eelles d'une heure du soir.
£q consultant, pour les autres années» les températures
inoyenDCs à six heures du matin et à une heure du soir, on
aura, approximativement au moins, une idée de ce que doi-
vent être en général les minima et les maxima de chaque
mois.
L'examen des tableaux des températures extrêmes de cha-
cune des dix années présente beaucoup dMntérêt. On trou-
vera les faits les plus saillants qu'ils présentent résumés dans
le tableau suivant qui est lui-même extrait de celui plus com-
plet que nous avons donné dans PAnnuaire de la Société mé-
téorologique, t. XVII.
Vempératares extrémei obserTées à Gorée pesdani dix ans*
ANIfjgES.
MIN.
DATES.
MAX.
DATES.
1856
1857
1C?5
15,0
•
le 12 février.
tes 2 et 28 février.
31O0
32,0
1 1 foisenjuiUet, septembre,
octobre, novembre,
le 19 octobre.
1858
1859
1860
1861
15,0
14,0
16,0
16,2
les 11 et 12 janvier.
les 27-28 30-31 jan-
vier.
10 fois en janvier, fé-
vrier et mars.
le 21 février.
32,0
31,0
32,0
33,0
les 27 septembre, 8-17-
23 octobre.
18 fois en août, septembre,
octobre, novembre*
le 12 août.
le 11 octobre.
1862
16,0
les 8-24-26 février.
32,0
les 8-23 octobre.
1863
1864
15,8
15,6
le 28 février,
le 12 janvier.
31,2
31,6
les 18 septembre, 23 oc-
tobre. .
le 25 septembre.
1865
15,0
les 20-21-25-28 dé-
cembre.
31,0
les 13 juin, 29 septembre,
l«r octobre.
Les températures extrêmes des dix années ont été de 14 et
48 CLIMAT DE GOEEE.
3B\ Ainsi ua thermomètre gradué de seulement 19% aurait
pu suffire à toutes les observations qui ont été faites pendaDt
cette période de dix ans*
Comme ces températures sont exceptionnelles^ il est nécc8«
saire de donner une idée de leur fréquence.
La température de li"" n'a été observée que quatre fois en
dix ans«
Celle de 15% douze fois en dit ans.
Celle de 16^ est assez fréquente, nous la trouvons notée dix
fois pendant la seule année 1 860 qui n'en a pas eu de plus
basse.
En général les minima extrêmes s'éloignent peu de la tem-
pérature moyenne de six heures du matin ; ils ont varié en
dix ans de i5^ à 17° pour les cinq premiers mois de la saison
fraîche. Exceptionnellement oc les a vus ne pas descendre
au-dessous de 20"" dans le mois de mai, mois de transition
entre la saison fraîche et la saison chaude.
En examinant les maxima extrêmes nous trouvons : la tem-
pérature de Sd"" observée une seule fois en dix ans; celle de
32*" n'est guère observée plus de quatre ou cinq fois chaque
année, lorsqu'elle est atteinte. La température de 31° estelle-
même beaucoup moins fréquente qu'on pourrait le croire:
Tannée où elle a été notée le plus souvent est celle de 1859,
pendant laquelle elle a été notée, dix-huit fois. Les autres
années elle n'a été observée que quatre à dix et douze fois.
Comparez cette rareté des forts maxima à Gorée avecles
plus hautes températures observées en France. Il est peu
d'années où à Paris ne s'observent des maxima de 30 à 33».
En France, à Poitiers en 1870, le 24 juillet, on observait dans
un jardin, au thermomètre-fronde, 4i%2 (Renou).
Le maximum de 30"* se montre fréquemment à Gorée;
ainsi, dans l'année 1860 il a été atteint vingt-six fois et
dépassé de i ou S*" cinq fois.
11 est intéressant de comparer la fréquence de cette tempé-
rature élevée à celle de la même température dans nos climats
TABIÀTIONS DE LA TBMPiRATUBE. 49
d'Europe. Â Montpellier (1), en 18S9^ le thermomètre 6'est
élevé quarante fois au-dessus de 30*. Cette comparaison peut
donner une idée de la douceur du climat de Gérée et dé-
montre combien on a Idssé passer d'idées fausses sur le climat
du Sénégal.
Gomme on pouvait le supposer^ les minima les plus faibles
s'observent toujours dans la saison f ratcbe et le plus souvent
dans le mois qui a la plus basse température moyenne, c'est-
à-dire en février. Les plus faibles maxima se présentent aux
mêmes époques, d'où résulte le peu d'étendue des variations
thermométriques.
Les plus forts minima se présentent dans rhivernage. En
1860, ils ont atteint 27*, une fois en juin, cinq fois en juillet,
douze fois en août. En septembre, ils ont atteint 28*, deux
fois, et n'ont pas été inférieurs à 26*. En octobre, le plus fort
minima a été de 25*, quatre fois.
Dans le même hivernage, les plus faibles maxima ont été
27*, quatre fois en juin; 28*, quatre fois en juillet; 26*, deux
fois en août; 28*, six fois en septembre et quatre fois en
octobre ; 25*, trois fois en novembre.
Ces renseignements peuvent donner déjà une idée du peu
de variations des températures de la saison d'hivernage.
VIIX. — Variations thermométriqaes.
Avant d'entrer dans l'étude des variations thermométriques,
il est nécessaire de faire remarquer combien ce que nous di-
rons de la constance et du peu dMrrégularité de la tempéra-
ture de Corée diffère de tout ce qui a été dit jusqu'ici relati-
vement au climat du Sénégal par le plus grand nombre des
auteurs.
Il est difficile d'ouvrir un livre, une brochure, une thèse,
un rapport médical s'occupant de notre colonie sans trouver
(1) Annuaire de la Société météorologique de France, année 1862, p. 126.
A
50 CUVAT DE fiOftiE.
en première ligne des variations brusques et très-<X)nsidé-
rables de la température accusées d'être les principales causes
. des maladies. Mais il est impossible de trouver des indications
précises de Fétendue de ces variations.
Tout ce qui a été écrit sur le climat du Sénégal présente le
résultat de confusions nombreuses. Le plus souvent le climat
du littoral est confondu avec celui de Tintérieur. Viennent
ensuite les erreurs résultant de ce que Ton a trop généralisé
des observations recueillies sur certains points particuliers.
Enfin les erreurs plus graves qui résultent de la confusion
des phénomènes observés dans la saison d'hivernage avec
ceux qui sont propres à la saison sèche. Souvent en e£fet on
voit attribuer à la mauvaise saison et indiquer comme causes
des maladies qui régnent à cette époque les variations brus-
ques de la température^ variations qui ne s'observent dans le
fleuve du Sénégal et à Saint-Louis que pendant la saison
sèche. Il faut^ au contraire, reconnaître que les maladies
endémiques qui constituent dans ce pays la presque totalité
des maladies des Européens sont exclusivement soumises à
l'influence des moyennes élevées et non aux variations de
température.
Lorsque nous avons commencé nos recherches, nous nous
attendions à trouver à Gorée de ces brusques oscillations
thermométriques citées comme propres au climat du Sé-
négal. L'étude des faits nous a forcé de modifier profon-
dément notre opinion. Les personnes qui se sont formé,
comme nous l'avions fait nous-même, une idée fausse sur l'in-
tensité de ces variations, pourraient, en voyant le résultat de
nos recherches, accuser l'exactitude des observations que nous
avons résumées. Mais que l'on suppose ces observations
d'une valeur très- médiocre, ce qui est loin d'être la vérité,
comment se fait -il que cinq observateurs se succédant n'aient
inscrit en dix années que trois fois une variation diurne
atteignant 12 degrés? Comment se fait-il que dans les jour-
naux météorologiques de ces dix années on ne trouve des
variations diurnes de 9 ou 10 degrés que très «^exceptionnelle-
TARUTIOICS DE LA TEMPÉRATURE. £1
ment, dans quelques-unes des saisons sèches^ et Cela une ou
deux fois seulement dans chacune de ces saisons T Dans les
diyers hivernages, la plus forte Tariation observée dans l'es-
pace d'un nycthémère n'a atteint que 7 degrés.
Quelle que soit la valeur que Ton attribue aux observations
faites à Thôpital de Gorée^ il faut reconnaître que le climat de
celte île doit être classé parmi ceux à température peu va-
riable.
Dans une période de dix années^ les températures extrêmes
ont été^ avons- nous dit^ de i4<> et de 33«. Ceci annonce déjà
qu'il n'y aura pas de ces vicissitudes très-grandes que Ton
voit se présenter dans les climats froids et dans les climats
tempérés.
Dans Vespace d'une même année le thermomètre n'a jamais
oscillé de moins de i4«,5 ni de plus de iV.
Eflfin^ si nous cherchons quelles ont été^ dans les mêmes
mots, les différences entre les plus basses et les plus hautes
températures observées, nous trouvons ces différences indi-
quées dans le tableau suivant :
82
CLIHàT de GORiS.
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VARIATIONS DE LA TEMPERATURE. 53
•
La plus faible de ces différences a été de 3%i au mois d*août
1861, et la plus forte de 13<» en janvier^ mars et avril. Les
oscillations mensuelles de la saison sèche ont varié entre
6 degrés pour les plus faibles et 1 3 degrés pour les plus fortes.
Dans rbivernage, la diflérence des températures extrêmes des
mêmes mois a varié entre 3®^4 et 1 degrés. Dans les trois
mois 'de cette saison pondant lesquels dominent les pluies,
les oscillations mensuelles se sont maintenues entre 30,4
et 7%8.
Plus on se rapproche du centre de Thivernage, c'est-à^lire
de la mauvaise saison et des températures moyennes élevées^
plus les oscillations deviennent faibles, ce qui nous paraît
d'une importance considérable au point de vue médical. Il
ne faut pas oublier qu'il s'agit ici des oscillations réelles
de la colonne thermométrique, non pas des variations des
moyennes, mais de la différence qui existe entre la plus basse
et la plus haute température de chaque mois.
Pour bien comprendre la valeur de ces oscillations de la
température, il est indispensable de nous faire une idée pré-
cise de ce qu'il faut entendre par oscillations faibles ou fortes.
Cherchons quelques points de comparaison dans les climats
des autres parties du globe. Suivons la division des climats
adoptée par H. Jules Rochard (i) et voyons quelle est, dans les
diverses zones climatériques tracées par cet auteur, rétendue
des oscillations.
Dans la zone des climats polaires, sous une latitude de 57»,
en Russie, dans le gouvernement de Perm, à Nijné-Taguilsk,
se trouve un bourg situé sur le versant oriental de l'Oural,
au bord de la rivière de Taguil, à une élévation de 190 mètres.
Des observations météorologiques ont été faites pendant vingt-
six ans sur ce point par un ingénieur français, M. Léon Weyer,
et par M. Nicolas Âlexieff(S). La plus basse température ob-
servée a été de — 46%9 centigrades en janvier 1847; la plus
(1) Nouveau dictionnaire de médecine pratique^ t. VIII. Climat
(2) Annuaire de la Société météorologique de France, année 18C7, t. XV.
54 CLIMAT DE GOBÉE*
haute s'est élevée en juillet 1841 à d8%l. Le tbermmiètre a
donc oscillé de S^"* entre ces deux températures extrêmes.
Dans l'année 1864, le thermomètre s'est abaissé en janvier
à — 41%3; il s'élevait six mois après à -|-32%5. La tempéra-
ture a donc varié de 73%8 dans l'espace de ces six mois. Les
variations annuelles ont dépassé plusieurs fois cette dernière
' quantité dans quelques-unes des années précédentes. Les dif-
férences entre les températures extrêmes des mêmes mois
ont souvent dépassé 43% elles ont même atteint 50^ Les oscH-
lationd diurnes sont considérables sous ce climat^ la moyenne
thermométrique diurne peut varier d'un jour à l'autre de
14% comme nous en trouvons un exemple en 1863, da 19 au
ÎO janvier.
Dana la zone des climats tempérés, à Paris (Montsouris), le
9 décembre I87i, la température descendit à -^îSV (l).
Sept mois après> le 22 juillet 1872, le thermomètre montait à
34<>94i Les habitants de Paris eurent donc à supporter une
variation de température qui atteignit 57%8.
A Genève (2), le thermomètre est descendu le V^ décembre
1854à~14%l, il montait le 30 juin suivant à 28%5;cequi
donne une oscillation de42<',6 pour l'année 185lî. L'année
suivante, l'oscillation fut de — 13%0 à +«^3%4, c'est-à-dire
de 46%4. Le 15 janvier 1838, le thermomètre descendait i
—250,3; il s'était élevé le 30 juillet 1827 à 36o,2 (Renou). La
différence est de 61o,5.
Dans la zone des climats chauds, en Italie, la chaleur
atteint parfois 33^ à Nice; à Naples, en juillet 1841, elle attei*
gnit 37%7 (Schow). Or il s'observe des gelées dans ce pays.
Sous la zone équatoriale, les oscillations thermométriques
se limitent généralement entre 18 et 34®.
Exactement sous l'équateur, au Gabon, < vingt mois d'ob*
(1) Ce même Joar, H. Renoa constatait an thennomètre-froade, à Aaber-
vllliers -*24%5t et à HontargU le thermomètre descendait à — 27o,5.
(3) Annuaire^ de la Sociité météorologique de France, t. VIII. Obsenratioas
de M. Plantamour.
YAEUTIOIIS DB JJL TEMPiRÀTDEE. 5S
servatioQSy dit M. Ricard (1)^ ne m*ont jamais fait surprendre
un écart de plus de lO*" de la matinée la plus froide de Tannée,
4-22% à l'après-midi la plus chaude 4-32«. »
Nous pouvons comparer à ces oscillations du thermomètre
dans les diverBes zones climatértques celles que présente la
température de Corée.
L*osciIlation annuelle n'étant jamais supérieure à 17» ni
inférieure à I4%5^ on peut juger que^ relativement aux varia-
tions que Ton observe dans les régions extratropicales^ elle est
trèe-faible. Elle se rapproche de roscfUation de la tempéra-
ture dans les contrées situées exactement sous Téquateur.
La plus forte oscillation des moyennes mensuelles a lieu à
Corée entre mai et juin; elle est en moyenne de S<*,1, tandis
qu'à Paris (2) la plus forte oscillation des moyennes de deux
mois consécutifs s'élève â 4%?, et cette oscillation dépasse cinq
fois 3<>,5 dans Tannée^ tandis qu'à Corée elle n'atteint que
deux fois 3%5 et reste pour les autres mois inférieure à 2"^.
La considération des températures extrêmes nous donne^
plus exactement que celle des moyennesj une idée du peu de
variabilité de la température dans l'espace de chaque mois.
Les oscillations mensuelles ont atteint en dix ans iS*" deux fois,
12'' deux fois; elles n'ont dépassé 10"! que vingt-neuf fois.
Une différence de i3<* entre la plus basse et la plus haute
température du mois est certainement sensible^ mais dans les
climats tempérés ces différences dépassent toujours de beau-
coup i3«. Ainsi, à Genève^ la plus faible oscillation 'men-
suelle de Fannée météorologique 1866 a eu lieu en août;
elle a été de îl^fi, tandis que la plus forte oscillation a atteint
270,1 au mois de décembre qui commence cette année météo-
rolc^ique. On pourrait trouver de nombreux points 'de com-
parai&ions dans le climat de la France. Si nous cherchons^
(1) Rioard, Bygiène de$ entreprises à la partie intertropieale de la côte,o^
eidenldled^ Afrique. Vuils, 1855.
(2) Voir lUsumé àet ohtermùm de tentpératuré faites à VÙhsetvatùir^ de
Fari9 penékunt cinquaim ans (1S16-1866}, j^ar Renou. -^ Ànnuai)r0de la So-
ciéti météorologique de 1867, p. 269.
56 CLIHAT DE GORiB.
par exemple, à comparer les variations mensuelles de la tem-
pérature à Corée avec celles qui ont eu lieu dans la même
année en France sous un climat marin extrêmement doux,
celui de Brest (1), nous serons frappés de la faiblesse des va-
riations de la température sur le littoral du Sénégal. Le ta-
bleau suivant met ces faits en évidence :
/
Oselllatlons mensnelles de la température
Ou différencei des températures extrêmes de chaque mais pendant f armée
météorologique 1859.
A Brest (Franee). A Corée (Sénégal).
Décembre i2<>2 7*
Janvier 43^8 il
Février 9,9 12
Mars • . • 14J 10
Ayril 20.4 i2
Mai 10,9 8
Juin 14,5 6
JuiUet 16,1 5
Août 16,0 6
Septembre 14,2 6
Octobre 20,5 5
Novembre i4,8 11
La faiblesse relative des oscillations mensuelles de Thiver-
nage est très-remarquable^ elles n'ont jamais été plus fortes
que 7«,8 pour le centre de Thivernage, et se sont abaissées
jusqu'à n'être que de 3<»,4 au mois d'août (1861). Que Fon
compare cette faible oscillation à celle observée dans le même
mois à Brest et Ton sera forcé de reconnaître combien peu
sont considérables les oscillations de la température à Corée.
Dans la saison cbaude elles descendent aussi bas que sous
réquatéur, ce n'est que pendant la saison fraîche qu'elles
(1) Voir les observattODS faites à Brest, en 1859, par M. BeUeville, UeateDant
de vaisseau, directeur de l'Observatoire. [Annuaire de la Soeiété mMn'olO'
giquêf tome VIII.}
VARIATIOHS DB LA TEMPifiATURE. 51
prennent une valeur qui est toujours très-inférieure à celles
des variations que les Européens sont habitués à éprouver.
Ce sont surtout les oscillations diurnes qui ont été signalées
comme excessives au Sénégal. Plus tard nous étudierons la
valeur de ces oscillations à Saint-Louis et dans Finiéneur du
pays. Nous devons nous borner pour le moment à examiner
celles de Corée. Le tableau suivant permettra d'avoir une idée
de rétendue de ces oscillations : pour simplifier la lecture de
ce tableauy nous avons supprimé les dates des observations.
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YAEIATIOHS M IJI TSHPiaULTURE. 80
On voit que la température Tirie chaque jour dans des
limites très-faibles, puisque les plus fortes de ces oscillations:
n'oDt pas atleinty en dix ans^ une étendue de plus de 7* à i2<^
pour la saison sèche, et n*ont été que de S^ à 7* pour lef mois
d'hiTemage.
Si nous cherchons des termes de comparaison dans les
climats tempérés, l'appréciation de la valeur des yariations^
quotidiennes du climat de Corée pourra se faire avec la plus
grande facilité.
Nos tableaux ne nous indiquent que trois fois, et dans trois
années différentes, des oscillations montant à iS""; neuf foi«P
seulement les oscillations ont atteint ou dépassé lO"" dans l'es-
pace de dix années.
Consultons les fableàifx publiés chaque jour par YObsefM-'
toire météorologique central de MontsourU, pour Paris et ses
environs. Nous trouvons qu'à Versailles^ en i 872, au mois de
mai, la plus faible oscillation diurne a été de 4», et cela
seulement deux fois, que la plus forte de ces oscillations a
atteint 15*"; enfin que les oscillations nychtémérales ont dé^
passé iO"" plus de quatorze fois dans ce seul mois.
Comparons encore le climat de Corée à celui de Brest^
comnoe nous Tavons fait déjà pour les oscillations mensuelles*
Vableau des pins fortes oselllatioiis nyelttémérales
obserTées pendant Pannée météorologiqne 1950.
A firest. A Corée.
Décembre 6^0 b^
Janvier 7^3 5
Février 9,9 lu
Mars iO,i 9
Avril 10,« 9
Mai 9,6 5
Juin • li,» 6
Juillet i3,S . 4
Août ^ - 12,5 5
Septembre 13,6 5
Octobre 9,0 4
MièttÉbre 9^9 6
60. CLIHAT DE GOBÉE.
Les plus grandes différences entre le minimum et le maxi-
mum de chaque jour^ sont donc inférieures à Corée à ces
mêmes différences sous ie climat marin de Brest, le plus
uniforme de toute la France.
Concluons. Le climat de Gorée^ sans présenter la cons*
tance des climats des pays situés directement sous Téquateur,
jouit d'une fixité remarquable. Les variations en sont très-
faibles, quelle que soit la période que Ton considère, et c'est
principalement à Tépoque des températures moyennes élevées
et des maladies graves que les variations sont extrêmement
faibles.
IZ. — Appréciation physiologique de la température.
L'observateur est obligé, pour mesurer ^influence du calo-
rique sur le milieu qui nous entoure, de se servir d'un insh
trument particulier. Ce n'est pas, à vrai dire, la température
qu'il examine^ mais l'influence du calorique libre de l'atmo-
sphère sur la colonne tbermométrique. Il en résulte que les
observations n'ont de valeur qu'autant que Ton se souvient
de ce qu'elles expriment. Le corps humain est loin de ressentir
les variations de température de la même manière que l'ins-
trument que nous observons. Il ne faut pas demander aux
résultats fournis par le thermomètre des indications que cet
instrument ne peut nous donner. Aussi les personnes qui
veulent apprécier la température d'après les sensations éprou-
vées par le corps humain arrivent-elles à des conclusions
très-souvent différentes de celles fournies par le météorolo-
giste.
Indépendamment de l'appréciation individuelle qui doit
varier avec les observateurs, il y % dans la méthode qui con-
siste à étudier la température au moyen des sensations^ de
graves causes d'erreur. Souvent on attribue à la température
m
des modifications atmosphériques qui sont loin d'être sous
son influence immédiate. Par exemple, le thermomètre peut
APPRÉCIATION PHYSIOLOGIQUE DE LA TEMPÉRATUfiE. 61
rester invariable deux journées successives^ et cependant i*une
des journées sera dite fraîche et l'autre chaude par le plus
grand nombre des individus. Il suffit pour cela qu'à une forte
brise succède une journée de calme ou à un temps sec un
temps humide et pluvieux.
Au Sénégal une température de âS*", accompagnée d'une
bonne brise de nord, pendant la saison sbche^ parait fraîche ;
tandis que cette même température est insupportable pendant
l'hivernage^ surtout s'il fait calme. Le corps se couvre vaine-
ment alors de sueurs abondantes^ les moyens qu'emploie
l'économie pour combattre la chaleur sont insuffisants.
La sensation que nous appelons fraîcheur est plutôt^ pour
le corps, l'appréciation instinctive de la quantité de calorique
qui lui est soustraite que celle de la température de l'air
ambiant. La fraîcheur que l'on se procure à l'aide de l'éven*
tail, dans un milieu dont la température réelle ne change
pas, en est une preuve. Il en résulte que c'est principalement
l'état hygrométrique de l'air et son état d'agitation ou de
calme qui modiflent Tappréciation physiologique de la tempé-
rature. Personnellement, je n'ai jamais beaucoup souffert de
la chaleur dans l'intérieur du Sénégal, lorsque dans la saison
sèche, à Dagana, le thermomètre se maintenait pendant plu-
sieurs heures entre 32 et 3^""; tandis qu'à la côte de Guinée,
une chaleur de 28"» presque constante et toujours humide me
paraissait extrêmement pénible.
C'est la confusion faite entre les sensations éprouvées et les
variations réelles qui a permis de dire qu'il y avait à Corée,
entre le jour et la nuit^ de grandes varialions de température.
Nous savons qu'en réalité ces variations sont très-faibles. Les
auteurs qui accusent le climat de Corée de grandes variations
sont tous des médecins qui ont observé, surtout au point de
vue de l'effet produit par les vicissitudes de l'atmosphère sur
le corps humain, la confusion entre le climat de Corée et
celui de l'intérieur du pays a encore augmenté ces exagéra-
tions,
a Une particularité dont il importe de tenir compte, dit
62 GOHAT PB GOBil.
Forget (i), ee sont les grandes variations ie températures
diurnes et nocturnes dans la plupart des régions chaudes^
variations qui sont une des causes principales de leur insalu-
brité. » Cet auteur oublie que, s'appuyant sans doute sur
Tobseryation thermométrique^ il a pris la peine de se réfuter
d'avance en disant^ quelques pages plus haut et avec juste
raison : t Les variations de température sont plus marquées
à mesure qu'on s'avance vers le nord. »
L'erreur dans laquelle sont tombés ceux qui ont émis
les mêmes idées que Forget provient de ce que^ dans les
régions chaudes, la plus petite variation produit une sensation
très-marquée* On se plaint réellement du froid lorsque^ le
sdr, à Corée, le thermomètre, au moment du coucher du
soleil, baisse de 2 à S""; les Européens se couvrent alors de
vêtements épais, comme on le fait dans les fraîches soirées
du printemps dans le nord de la France.
Quelques-uns des observateurs, dont nous utilisons les tra-
vaux, ont pris soin de noter sur le journal météorologique ces
sensations de fraîcheur accusées par tout le monde et dont le
thermomètre ne donnait aucune' indication. C'est toujours
dans la saison sèche et lorsque soufflent les vents de la partie
Est que Ton trouve de ces annotations. Ainsi M. Chaze notait
ceci pour le mois de décembre 1858 : t Bien que le thermo-
mètre ne soit pas descendu au-dessous de 20% le froid parait
intense à cause des vents d'est et de nord-est qui n'ont pas
cessé de se faire sentir. » La plus forte oscillation nychtémérale
de ce mois n'a atteint, d'après le journal de cet observateur,
que 5« et seulement trois fois. En 1863, M. Morio faisait une
remarque analogue pour l'abaissement apparent de la tempé-
rature pendant le mois de février : « Bien que le thermomètre
ne soit pas descendu plus bas que 15% dit-il, la constitution
atmosphérique aurait pu faire supposer un abaissement plus
considérable. »
L'étude d'un climat, au point de vue de l'influence des
(1) Forget, Médecine navak, !•' volume, page 856.
APPRÉCIÀTIOX PHTSIOLOGIQIJB DB Lk TEMPÉBATCRE. 63
variations atmosphériques sur la consUtutiim humaine, est
une étude remplie de oomplioalions. Des connaissances en
physique et en météorologie ne peuvent suffire, des questions
de physiologie Tiennent la compliquer à chaque instant.
Pourquoi l'Européen quittant le Séné{^ au mois de septembre
et qui éprouvait une sensation de fraîcheur très -accusée
lorsque, sous Tinfluenoe d'une pluie, le thermomètre voiait
à baisser de 2 ou S"", a-t-il besoin lorsqu'il se trouve en France,
dix jours après son départ, pour éprouver une sensation com-
plètement analogue, d'une variation de 8 ou iC" ? Comme dans
ce prompt voyage sa constitution n'a pu changer, Tétat ané-
mique du sujet n'explique pas seul cette sensibilité aux variar
lions faibles du climat de Corée.' En France, dans les belles
soirées d'été, TEuropéen, fatigué de la chaleur du jour, goftte
avec plaisir la fraîcheur qui succède au coudher du soleil.
Pourquoi au Sénégal n'en est-il pas de même? Un abaisse-
ment insignifiant do la température iinpressionne péniUe-
ment le corps fatigué de la chaleur de la journée, et des vête*
ments relativement chauds deviennent indispensables pour
passer la soirée à l'air libre. En considérant l'état hygromé-
trique de l'air on explique encore bien des sensations que vul-
gairement on attribue à la chaleur, mais cela ne peut suffire.
N*existe-t-il pas un état particulier de l'atmosphère inappré-
ciable à nos instruments, et qui rend pénible la moindre
Tariation dans les hautes températures* Lé baromètre étant
presque invariable, des modifications de la pression atmo-
sphérique ne peuvent expliquer non plus l'état particulier
et pénilrfe dans lequel se trouve le corps dans certaines jour-
nées de rUvernage. Comme cet état précède surtout les
orages, on a supposé que Télectricité jouait un rôle dans
les sensations qu'éprouve le corps dans ces circonstances.
Hais chercher dans des phénomènes inconnus ou mal connus
l'explication d'autres phénomènes, n'est pas répondre à la
question que nous nous scHnmes posée. C'est un sujet qui a
besoin d'être approfondi. Y<Hci ce que nous pouvons dire en
résumé :
64 GLIHAT DE GO&ÉE.
Dans les régions tropicales^ sous l'influence des tempéra*
tures moyennes constamment élevées, l'Européen acquiert
une sensibilité qui lui fait éprouver pour de faibles abaisse-
ments de réchelle thermométrique des sensations analogues
à celles que dans les climats tempérés il éprouvait pour des
oscillations beaucoup plus considérables. Celte sensibilité n'est
qu'en partie sous la dépendance de modiflcations dans la
constitution individuelle. Les variations dans les quantités
de vapeurs d'eau contenues dans l'atmosphère des régions
chaudes nous paraissent être le phénomène auquel il est le
plus facile de rattacher cette sensibilité. Nous croyons avec
M. Renou que l'état hygrométrique joue le rôle le plus im-
portant par rapport à cet état de l'économie.
Avant de terminer notre élude de la chaleur sous le climat
de Corée, il est nécessaire de faire remarquer que les obser-
vations qui nous ont servi de base ont été faites dans des con-
ditions toutes spéciales. Le thermomètre était placé dans les
conditions que l'on choisit d'ordinaire pour faire les observa-
tions météorologiques. Le milieu dans lequel vivent le plus
communément les Européens peut se trouver semblable à
celui du lieu de l'observation ; mais souvent il en diffère.
Il faudrait pour bien connaître la température à laquelle se
trouve soumis le plus ordinairement le corps humain, faire
des recherches sur les variations que peuvent apporter à la
température telle ou telle exposition du milieu dans lequel il
est appelé à vivre. Chercher, par exemple, dans une maison
bien conditionnée la température moyenne de thermomètres
exposés aux quatre points cardinaux, celle de l'intérieur des
chambres, celle d'une cour à l'abri du vent, celle d'un jardin.
La situation d'une maison peut en effet faire varier de
2 ou 30 en plus ou en moins sa température intérieure. Une
élévation de terrain abritant cette maison contre les vents
dominants, peut considérablement modifier cette température.
Ainsi les habitations placées à Corée à l'abri du Gastel, sont
défavorablement situées pendant l'hivernage; leur tempéra-
ture est moins fraîche que celle de l'hôpital. A Dakar, dès
APP&ÉCIATIOX PHYSIOLOGIQUE DE LA TEMPÉRATURE. 65
qa'une habitation se troave placée dans une dépression de
terrain, à Tabri des Tents^ sa température s'élève considé-
rablement.
Mais l'action directe des rayons du soleil modifle considé-
rablement les notions que nous avons données sur les varia-
tions de température auxquelles peuvent être soumis les ha-
bitants. Parmi les nombreux desiderata que nous aurions à
exprimer, celui d'une étude de la température au soleil serait
Tun des premiers. Malheureusement rien ne présente plus
de difficultés que ce genre d'observations. En prenant pen-
dant quelques jours la température d'un bain de mercure
librement exposé au soleil, nous avons trouvé, qu'en évitant
les conditions dans lesquelles les rayons solaires se trouvent
concentrés par des réflexions, la température de ce bain
exposé dans un jardin, à 1 mètre au-dessus du sol, variait
entre 30** et 40% pendant que le thermomètre abrité indi-
quait âô"". Mais les oscillations étaient extrêmement fréquentes,
et ce moyen d'exploration nous a paru ne donner que des
résultats sur lesquels nous ne pouvions compter. Nous ne
saurions trop recommander l'observation du thermomètre-
fronde faite au soleil, aux personnes qui voudront compléter
ou corriger notre étude.
En général, les Européens habitant nos villes coloniales se
tiennent à l'abri des rayons du soleil, et ce n'est que dans
quelques cas exceptionnels, à la chasse ou dans les colonnes
militaires en marche, que l'on voit survenir de terribles cas
d'insolations. Mais ces insolations ne présentent rien de par-
ticulier au climat du Sénégal, puisqu'on a vu des accidents
analogues ee produire au milieu des troupes en marche jus-
que sous le climat de la Belgique et dernièrement sous celui
du nord de la France.
Los personnes habitant Corée peuvent éviter les rayons du
soleil ou ne faire sous ses rayons ardents que quelques courses
brèves en s'abritant sous un parasol. Elles vivent dans des
conditions qui ne leur permettent pas de trouver pénible là
chaleur du pays ; quelques journées de la fin de riiivernage
S
66 CLIMAT DK 6DRÂE.
font seules exception. Si Ton compare la manière de vivre des
Européens au Sénégal à celle des colons de Tlnde^ on verra que
les nombreux artifices employés par ces derniers pour se pré-
server ai h chaleur sont presque inconnus aux habitants du
Sénégal, il ne faut pas croire cependant que dans ce dernier
pays les Européens soient au-dessus de la satisfaction que
procure le bien-être et que leur position ne leur permettrait
pas de se le procurer^ s'ils y trouvaient quelque intérêt. On ne
voit dans cette colonie ni ces éventails, ni ces pancas toujours
en mouvement dans les habitations de Tlnde. Ce n'est que
très-exceptionnellement que ces instruments pourraient être
de quelque utilité aux habitants du Sénégal. Le contraste en-
tre ces deux pays est encore plus grand si Ton considère la
manière de se vêtir des Européens dans chacune de ces
contrées. Les vêtements de toiles blanches si communément
en usage dans Tlnde^ ne se portent au Sénégal que par excep-
tion. Les Européens s^y vêtissent de draps plus ou moins lé-
gers et d'étoffes de laine peu épaisses ; les flanelles bleues y
sont beaucoup en usage^ elles constituent des vêtements par-
faitement appropriés à Thygiène des Européens dans ce pays.
CHAPITRE III.
DES VENTS.
Z. — Roses des vents de Tlle de Gorée.
Nous avons relevé, dans les registres météorologiques de
1856 ai 865, les vents de chaque mois^ à cinq heures diffé<-
rentes de la journée. Ce travail nous a permis d'obtenir les
tableaux (1) indiquant la fréquence mensuelle de chacun des
huit vents principaux du compas, ainsi que celle des calmes
pendant dix ans, aux diverses heures d'observations.
Nous avons tracé les roses de la fréquence des vents pen-
dant cbaquQ mois. A partir d'un point central, représentant le
lieu d'observation, dans la direction des quatre points cardi-
naux et des quatre points collatéraux, nous avons pris des
longueurs proportionnelles à la fréquence de chacun des
vents. De sorte que la direction de chaque vent est indiquée
de la périphérie de la figure vers le centre, et sa fréquence
par la longueur du rayon répondant à cette direction.
La fréquence des calmes est indiquée par un cercle dont le
rayon est d'une longueur proportionnelle au nombre de jours
de calme.
Il est nécessaire de faire ici une remarque : pendant les
années 1864 et 1865, l'observateur n'a pas relevé les calmes;
toujours la direction de la girouette a été notée; il en résulte
que les chiffres exprimant la fréquence des calmes s'appli-
quent seulement à huit années. On pourra comparer la fré-
quence des calmes entre eux; mais, si Ton veut comparer la
fréquence des calmes à celle des vents, il faudra tenir compte
(1) V. Annuaire de la Société météorologique, tome XVII, page 66.
68
CLIMAT DE CORÉE.
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DES YENTS. 69
de cette cause d'erreur (la fréquence des calmes dcTra être
augmentée d'un cinquième).
n. — Fréquence des vents selon leur direction dans les
différents mois.
Dès le premier coup d'œii jeté sur les roses mensuelles des
Yents, le lecteur sera frappé par Teitrême prédominance,
pendant huit mois de l'année^ des yents du N à TE sur tous
les autres vents.
De décembre à la fin de mai^ les vents du NE, du N et de TE
régnent d'une manière à peu près exclusive. Ce sont donc les
vents propres à la saison fraîche. Ce sont aussi presque les
seuls régnant dans la dernière quinzaine d'octobre et pendant
tout le mois de novembre.
A quoi doit-on attribuer cette régularité des vents du Nàl'E
pendant les deux tiers de l'année?
Le Sénégal est situé dans la zone des vents alizés. Il n*est
pas douteux que ces brises régulières de NE ne soient autres
que les alizés. Ces brises oscillent du N à TE par suite de modi-
fications accidentelles produites probablement par la prépence
des terres. Ces causes de déviations ne peuvent toutefois faire
varier cette direction de plus de 45® : la résultante générale
reste toujours très-voisine du NE. *
Remarquons (jue les observations n'ayant porté que sur les
huit points principaux du compas, on a dû souvent noter N
pour NNE et Ë pour ENE. Si nous avions Tindicalion de ces
points intermédiaires, la tendance des vents à la direction NE
serait^ sans doute^ encore mieux indiquée.
Pendant quatre mois seulement : les quatre premiers de
rbivernage^ ces vents réguliers font défaut ou ne se montrent
que comme des brises accidentelles pouvant mériter le nom
de brises solaires que Ph. de Kerallet donne à tort, croyons-
nous^ aux vents dominants de la saison fraîche. Ces derniers
vents ne sont certainement pas des brises solaires. Ils soufflent
70 CLIMAT DE GORÉK.
en effet aussi souvent la nuit que le jour; quoique leur force
ne soit peut-être pas aussi énergique la nuit, on ne peut les
considérer comme des bribes résultant de l'inégal échauffe-
ment de la surface du sol et de celle de la mer dans le jour et
dans la nuit. Le releTé de nos registres météorologiques ainsi
que notre observation personnelle ne nous ont permis de
reconnaître^ pendant Tépoque des vents réguliers, aucune de
ces alternances quotidiennes entre les brises de terre et les
brises de mer qui existent dans les réglons peu éloignées de
Corée, comme sur beaucoup de points des côtes équatoriales.
On peut voir aussi que les roses horaires n'indiquent au-
cune prédominance marquée des vents de terre dans la mati-
née, à six heures, ou le soir, à dix heures, sur les vents de
quatre heures du soir. On ne peut constater qu'une fréquence
des calmes constamment beaucoup plus élevée la nuit et le
matin que dans le jour ; mais cela dans toutes les saisons, et
sans que la brise paraisse provenir plutôt du large que de
l'intérieur des terres, à une heure parliculière du jour.
Pour bien comprendre quel est à Gorée le régime des vents,
suivons sur les roses que nous avons tracées, les modifications
que subissent les directions des vents de mois en mois.
Commençons par le mois de novembre, qui termine la sai-
son des hautes élévations de la température. A ce moment de
Tannée, les brises régulières sont établies depuis la fin du mois
précédent; c'est à peine si dans ce mois soufflent quelques
brises de NO. Le vent vient avec une fréquence égale du N et
du NE; les vents d'Ë soufflent beaucoup moins fréquemment
que ceux de ces deux directions.
Si nous suivons les roses des vents de novembre à mai, nous
reconnaîtrons que les vents du N vont en diminuant de
fréquence et ceux du NE en augmentant pendant les mois de
décembre^^ janvier, février et mars. C'est au mois de mars que
la fréquence des vents venant directement du NE est la plus
grande. Puis les vents remontent vers le nord en avril et mat,
de sorte que, en mai, dominent les vents du N sur ôeux
du NE*
DES VENTS. 71
Les vents d'E vont en augmentant de fréquence de mois en
mois comme ceux du NE; c'est-à-dire que leur fréquence va
croissant à tnesure que diminue œlle des vents du N Jusqu'au
commenceraent de mars. Après cette époque les vents d'E di-
minuent rapidement de fréquence ; en mai, ils sont devenus
rares^ tandis que les jours de vent de NE sont en nombre lé-
gèrement inférieur seulement à ceux des jours de vent
du N.
En mai, apparaissent quelques brises de NO et d'O qui, vers
la fin du mois^ annoncent le changement de saison.
En jtifti, assez brusquement se trouvent établis les vents de
NO et d'O. Ces venis n'OQt toutefois qu'une fréquence égale à
celle des vents de NE et de N, mais ces derniers vents ne souf-
flent qu'irrégulièrement ; les vents d'E ont alors presque tota*
lemeot disparu.
En s'avançant dans la saison chaude et humide de Fhiver-
nage* en juillet et aoâ^, on voit les vents de NE diminuer de
plus en plus, de manière à devenir très-rares et à n'être plus
que des brises accidentelles peu soutenues. Les vents du N ont
eux-mêmes perdu considérablement de leur fréquence. La di-
rection des vents se rapproche du SO à mesure que le soleil
arrive à son second passage au zénith.
Au mois d'août, les vents de SO dominent avec ceux de TO.
On peut les considérer comme des brises répondant à la
mousson de SO qui^ à cette époque de Tannée^ souffle au
large, dans Tocéan Atlantique*
Elles sont surtout diurnes^ et souvent, la nuit^ elles sont
remplacées par des câlines^ mais non pas par des brises de
terre.
En sepiembrBf les vents de SO dominent encore, mais ils
deviennent moins fréquents. Dans ce mois^ il y a presque
égalité de fréquence entre les vents venant de tous les points
cardinaux, les vents d'Ë et de SE faisant seuls exception par
leur rareté.
En octobre, les vents remontent vers le N en passant par
¥0, et c'est à la fin de ce inois que reparaissent les alizés
72 CLI A RÉE
de NE qui ne sont réellement bien établis qu'au mois sui-
vant.
Résumons cette description. Les vents suivent, dans leur
fréquence à Gorée, un mouvement giratoire qui, à partir de
septembre où ils otit à peu près la même fréquence^ leur fait
prendre une direction de plus en plus E en passant par le
N pendant les mois d'octobre, novembre et décembre. Après
janvier, le mouvement giratoire change de sens; les vents
teYident à remonter vers le N en passant par le NE. Ce mou-
vement continue pendant les mois de janvier, février, mars,
avril et mai. A la fin de mai, pendant lequel dominent les
vents de N, la direction des vents dép,asse le N, arrive au NO
et à ro. Le mois suivant elle dépasse l'O et les vents attei-
gnent le SO. En août cette direction est elle-même dépassée
et les vents vont jusqu'à atteindre, ainsi que le mois suivant,
une direction S. A cette époque cesse ce mouvement giratoire
pour se faire en sens opposé, ainsi que nous Tavons décrit.
Remarquons que les vents de SE font presque constam-
ment défaut. Les vents de S sont eux-mêmes très-rares, ils ne
se montrent que pendant les trois mois de la saison des pluies.
Les vents de SE ne soufflent jamais plusieurs heures de suite ;
ce sont les vents par lesquels débutent les tornades.
Les indications que nous venons de donner sur la direction
des vents et les roses qui accompagnent cette description, nous
paraissent offrir un certain intérêt au point de vue de la navi«
gation dans le voisinage du cap Vert. Le tracé graphique que
nous présentons offre une exactitude beaucoup plus grande
que celle de la carte des vents de l'Océan publiée par le Board
of trade. Pour cette partie de la côte d'Afrique, les roses des
vents données par cette carte ne s'appuient que sur un
nombre excessivement faible d'observations. Elles diffèrent
essentiellement des nôtres. (Faisons remarquer que, dans
cette carte, les roses sont tracées sous le veni, tandis que les
nôtres sont tracées sur le vent,)
Ces roses des vents pourront encor^s servir dans l'étude de
rétat sanitaire de Gorée. Elles faciliteront les recherches des
DES VENTS.' 73
relations qui existent entre Tétat sanitaire, la constitution
médicale des différents mois, et les yents qui régnent ordi-
nairement pendant ces mois,
li y a donc àGorée deux périodes annuelles bien distinctes :
celle des vents réguliers comprenant les deux derniers mois
de rhivernage et les six mois de la saison sèche et fraîche;
celte des vents variables et des calmes, qui ne comprend
que les quatre premiers mois de la saison d'hivernage. C'est
à ces quatre mois, qui forment Tbivernage proprement dit,
que correspondent les pluies, les orages et le développement
des causes des maladies les plus funestes aux Européens, en
particulier le début des épidémies de fièvre jaunt;. Cette pé-
riode commence vers le milieu de juin et se termine vers la
un de la seconde quinzaine d'octobre, plus ou moins tôt,
suivant les années. Elle comprend ainsi tout Tété et le pre-
mier mois de l'automne, et correspond au second passage
du soleil au zénith. Elle coïncide avec le moment où la tem-
pérature est constamment ascendante et arrive à son maxi-
mum. Le moment où elle se termine est celui où la tempé-
rature prend une marche lentement décroissante. Ce n'est
que deux mois ou un mois et demi après cette saison des
vents variables, alors que la température moyenne baisse
rapidement de 3 à 4 degrés, sous l'influence des vents régu-
liers, que l'on peut considérer la saison chaude comme par-
faitement terminée.
Ainsi l'hivernage peut se décomposer en deux périodes : la
première, de quatre mois, chaude, pluvieuse, humide et à
vents variables; la seconde d'environ deux mois, à peu près
aussi chaude que la première, mais sans pluie et servant de
transition pour arriver à la saison fraîche. C'est dans le cou-
rant du premier de ces deux mois, c'est-à-dire en novembre,
que cessent de souffler les vents de l'O et du SO qui avaient
été appelés par l'excès d'échauffement du continent africain.
Alors reparaissent lès alizés dont la marche avait été inter-
rompue.
CLIMAT DE 60RÉE.
III. — Frécpience des calmes stiivant les mois.
Le mois de mai est celui où les calmes se présentent en plus
grand nombre. Ce mois étant le dernier de la saison sèche et
de la période des vents réguliers^ c'est donc au moment d'nn
changement dans la direction des vents^ à une époque de
transition, que les calmes deviennent fréquents. Ainsi la lutte
qui doit s'établir le mois suivant entre les brises du large de
ro et du SO et les brises de NE est précédée d'un moment où
les calmes sont nombreux, plus nombreux même d'une ma-
nière absolue que ceux de Thivernage.
Les calmes de Thivernage sont à ceux de la saison sèche
dans le rapport de 4 à 3 environ. Mais ce rapport qui nous
est fourni par nos résumés météorologiques nous parait trop
faible. Nous estimons que dans Thivernage les calmes sont au
moins deux fois plus fréquents que dans Tautre saison. Nous
attribuons les chiffres trop faibles donnés par nos relevés des
calmes de Thivernage, à ce que, dans cette saison, les vents
étant variables, les observateurs ont noté avec plus de soins
la direction de la girouette qu'ils ne l'ont fait dans la saison
sèche. Fort souvent, en effet, on trouve dans les mois de la
saison humide la direction de la girouette inscrite avec l'in-
dication de simple fraîcheur ou très-légère brise, alors que
dans l'autre saison ces indications rares ont dû souvent être
remplacées par celle de calme, par suite du contraste existant
alors entre les vents forts régnant et ces très-légers souffles
d'air dont on ne notait pas la direction.
Si nous comparons Iji fréquence des calmes de mois en
nyois, nous voyons que les mois de décembre, janvier et fé-
vrier, c'est-à-dire ceux de T hiver, constituent le moment de
Vannée où les calmes sont le plus rares, qu'ils augmentent
au printemps, puis dans l'été et qn'enlln,'en automne, ils sont
devenus nombreux.
Nous nous occuperons plus loin de la fréquence des calmes
DES VEITTS. 75
suivant les henres de la iournée. Les jours pendant lesquels
le calme a duré Yingt-quatre heures sont en effet excessive-
ment rares à Corée qui, par sa situation maritime^ jouit d'une
atmosphère presque continuellement en mouvement.
IV. — Direction moyenne et lréq[iience relative des
vents, suivant les saisons.
Il n'est pas inutile de rechercher quels sont dans Tannée et
dans chacune des saisons les rapports de fréquence des diffé-
rents vents ainsi que leur direction moyenne.
La méthode si simple à Taide de laquelle se prennent les
moyennes des observations de la plupart des phénomènes
météorologiques^ ne trouve plus son application lorsqu'il s'agit
de tirer des conclusions des observations ânémométriques.
Deux méthodes particulières^ celle de Lambert et celle de
SchouW; ont été imaginées pour soumettre au calcul la fré-
quence et la direction des vents^ et aux comparaisons les
chiffres qui en sont la conséquence.
La méthode de Lambert suppose que tous les vents soufflent
des diverses parties de Thorizon avec une énergie égale ; elle
considère alors les vents comme des forces dirigées dans di-
vers sens vers le lieu de Tobservation^ et consisté à chercher
la direction et la puissance de la résultante de toutes ces
forces.
La marche des vents observés se trouvant notée dans huit
directions, opposées deux à deux^ de simples différences ré-
duisent à quatre les directions dont il s'agit de connaître la
résultante. Une construction graphique ou mieux la résolu-
tion de triangles rectangles permet de calculer l'angle que fait
cette résultante avec la ligne méridienne^ de connaître quel
est le sens de cette résultante et son rapport à la fréquence
totale des vents.
Les nombres des jours d'observation variant suivant les
mois^ ce n'est pas la fréquence absolue des vents, mais leur
76 CLIMAT DE GOBÉE.
fréquence relative que Ton considère, c'est-à-dire les rapports
à i >000 des nombres des jours qu*ont soufflé les différents
vents.
Nous avons donc cherché quels étaient^ dans les divers mois
de Tannée moyenne^ conclue de dix années de cinq observa-
tions quotidiennes, les rapports à 1,000 des nombres de jours
des Tents qui soufflent chaque mois. Le tableau de ces fré-
quences relatiires nous a pernnis de trouver la fréquence de
chaque Tenl soit pendant Tannée, soit pendant chacune des
deux«saisons. ^ous avons donc ainsi les éléments nécessaires
pour obtenir la direction moyenne des vents dans chacune
de ces péî iodes. En appliquant les formules de Lambert (i)
aux données que nous possédions, nous sommes arrivés aux
résultats suivants :
Dans l'année, la direction moyenne du vent est le N 22^ E,
sa force moyenne est de 450. C'est-à-dire que 1,000 vents
soufflant dans Tannée agissent sur le déplacement de Tat-
mosphère de Corée ^e la même manière que si i50 vents
avaient soufflé dans la direction N 22^ E.
Dans la saison jrakhe, pendant laquelle souffle constam-
ment Talizé, la direction moyenne de ce vent est le N 35® E»
et sa puissance moyenne 721. C'est-à-dire que 1,000 vents de
cette saison ont une résultante égale à 721 vents venant du
N 35® E, ce qui donne, à peu de chose près, la direc-
tion NNE.
Dans la saison chaude ou hivernage^ nous trouvons^ en ap-
pliquant les formules de Lambert, que la direction moyenne
des vents est le N 32® 0, avec une puissance égale à 295. 11 est
(1) Voir Physique de Daguln.
L'angle fait avec la méridienne par la direction moyenne des vents est
donnée par la formule suivante :
E — + (NE + SE - NO — SO) cos 45o
Tang V — jj _ s ^ ^j^Tjg ^ 1,^0 _ gg _ j^q) cos 45» "
La puissance de cette résultante est donnée par la formule suivante :
E ^ 4- (NE + SE — NO — SO) fcos 45o
I 8iû V •
DBS VENTS. 77
fadle, en combinant les deux directions obtenues pour la
saison sèche et pour rhivernage, de retrouver la résultante
générale de Tannée. Cette vérification peut se faire soit par le
calcul, soit à Taide d'un tracé graphique très-simple.
Si nous cherchons quelle est la résultante des vents varia-
bles des quatre mois de la saison des pluies qui ouvre Thiver-
nage, nous trouvons pour direction moyenne des vents pen-
dant cette période le N 73"* 0; la Torce de cette résultante
répondant à 1,000 vents de celte saison, égale seulement 264.
On voit qu'ainsi la direction moyenne de ces vents est très-
voisine de rONO.
Tandis que la résultante des vents des six mois de la saison
fraîche, agit dans une direction qui n'est autre que celle qu'af-
fectent les alizés de l'hémisphère N, nous trouvons pour ré-
sultante des vents de l'époque où cessent les brises régulières,
une direction qui diffère de celle que les vents ont dans Tocéan
Atlantique pendant la mousson de SO, sur l'origine de laquelle
le continent africain parait avoir une influence si considéra-
ble. Les vents variables soufflent en effet avec une irrégula-
rité dans laquelle, malgré la prédominance des vents de l'O
et du SO, on ne peut que reconnatlre la lointaine influence
de celte mousson ; cette influence domine principalement au
mois d'août.
La méthode de Schouvir consiste a chercher le rapport nu-
mérique de la totalité des vents soufflint du quart de cercle N
à celle des venis soufflant du quart de cercle S, puis, de la
même manière, le rapport de la somme des vents venant de
TE à celle des vents venant de l'O. De même que dans la mé-
thode de Lambert nous avons à considérer, non les chiffres
absolus, exprimant le nombre de jours qu*a soufflé chaque
vent, mais les rapports de ces chiffres à 1,000.
Ainsi, dans l'année, la somme des vents du N, du NE et du
NO nous donne, sur 1,000 vents quelconques, 603 vents souf-
flant du quart de cercle N, celle des vents du S est seulement
de 99. Le rapport de 603 à 99 nous donne 6 environ. La fré-
quence des vents du N est donc à celle des vents du S comme
78
CLIMAT DE GOREE.
6 est à Tunité. Il y a six jours de veat de NxoDtre un jour de
Yepd de S.
Voici le tableau des fréquences relatives des difierents reuts
rapportés à 1,000 et les rapports du N au S et de VE à l'O de
ces fréquences pour Tannée et pour trois périodes prises dans
Tannée :
DÉSIGNATION.
Année
Saison fraîche. . . .
Saison d'hivernage. .
4 mois des vents var.
TOTAL
DES VENTS
RAPPORT
" '- '
-" ^
duN
daN.
du S.
au S.
603
99
'6,0
729
16
45,5
479
181
2. G
369
275
1,3
TOTAL
DES VENTS
de
TE.
408
578
240
195
de
ro.
225
39
408
483
RAPPORTS
del'Ë
à l'O.
1,8
14,8
dero
àl'E.
1,7
2,5
L'examen de ce tableau montre que, quelle que soit la pé-
riode que Ton considère, les Tcnts du N Temportent constam-
ment en fréquence sur ceux qui soufflent du S.
Dans la saison fraîche, cette prédominance des venls de N
est surtout accusée, puisque les Tents soufflent 45,5 fois plus
souvent du N que du S.
Dans Thiyernage, la proportion est beaucoup plus faible,
puisque le rapport est de 2,6« Enfin, dans la saison des yents
-variables, dans les deux premiers tiers de Thivernage, la pré-
dominance des vents du N est à peine marquée. •
Si nous considérons les vents de TE et de TO, nous voyons,
d'après le tableau ci-dessus, que la prédominance annuelle
des vents de TE sur ceux de TO dépend seulement de la saison
des vents réguliers, puisque, pendant la saison fraîche, les
vents soufflent près de quinze fois plus de TE que de TO, tan-
i>ES VEirrs. 79
dis que dans Thivernage la proportion est renrer^ée, les vents
soufflant entiron deux fois plus de TO, c'est-q^Klire du large,
que de rintérieur des terres. Cette prédoiuinance des vents
d'O est encore plus marquée pendant les quatre mois de vents
variables, puisqu'elle donne un rapport de TO à TE qui
atteint 2,5.
En résumé^ nous arrivons de cette manière à des conclu-
sions qui sont les mêmes que celles que nous avait fournies
le calcul de la direction moyenne des venis, et l'on peut voir
que la résultante des vents suit de mois en mois et de saison
en saison la marche que nous a^ons décrite en examinant
le régime des vents mois par mois.
V. — Direotion et iréq[aence des vents, suivant les heures.
Nous avons tracé les roses horaires de la fréquence des
vents pendant chacune des deux saisons.
Ces roses nous montrent que les vents du N vont en aug-
mentant de fréquence depuis 6 heures du matin jusqu'à
10 heures du soir; qu'il en est de même des vents de NE,
mais seulement jusqu'à 4 heures du soir; que les vents d'Ë
ont une fréquence à peu près égale^ quelle que soit l'heure de
l'observation. Les vents rares du S ont aussi la même fré-
quence à toutes les heures du jour, tandis que ceux plus rares
encore du SE se montrent de préférence à 6 heures et à
10 lieures du matin. Us sont plus rares à 4 heures et
10 heures du soir qu'aux autres heures.
Les vents de l'O et du SO vont en augmentant faiblement
de fréquence depuis le matin jusqu'à 4 heures du soir, pour
diminuer après le coucher du soleil.
Les vents de NO ont à peu près même fréquence à toutes
les heures d'observation.
Mais c'est surtout pour les calmes que les heures d'obser-
vation font différer considérablement les chiffres exprimant
la totalité des calmes observés dans une période d'une année.
80
CLIMAT DE CORÉE.
Z
^ ■
23
A
^
^
I
► «..
PL m.
•5-"
yyw uûr^p^
'B^TfujMiy
DES VEirrs. 81
Les calmes appartiennent principalement à la nnit ; cepen-
dant ils sont encore moins fréquents^ à iO heures du soir,
qu'à 6 heures du matin. Après le lever du soleil, ils devien-
nent plus rares, ils sont moins nombreux à 10 heures du ma-
tin et deux fois plus rares, à 1 heure du soir, que le matin à
6 heures. A 4 heures, ils deviennent environ quatre fois plus
rares qu'à cette même observation du matin. Nous pouvons
donner une idée de la fréquence des calmes aux différentes
heures du jour, en chiffres simples et d'une approximation
suffisante, en disant que les fréquences des calmes à 6 et
10 heures du matin, 1 heure, 4 heures et 10 heures du soir
sont entre elles comme les chiffres 4, 3, 2, 1, 3.
On voit que les calmes appartiennent surtout au moment
où le soleil est au-dessous de T horizon, que, d'uue manière
générale, la fréquence des vents vi croissant depuis le malin
jusqu'à 4 heures du soir et diminuant à mesure que la nuit
se prolonge. Nous pouvons ajouter qu'il en est de même de
leur énergie. La brise du matin vers 6 heures est le plus sou-
vent faible; entre 9 et 10 heures, elle augmente de force;
cette force va croissant à mesure que la chaleur s'élève, de
sorte qu'à 4 heures, et parfois jusque vers 5 heures; elle pré-
sente toute son énergie. Après le coucher du soleil, la force
des vents diminue généralement, de sorte qu'il fait assez sou-
vent calme le soir. 11 est à remarquer que cette règle géné-
rale n'est pas applicable au vent soufflant dans une direction
plutôt qu'à celui qui souffle dans une autre. Ce ne sont pas
seulement les brises du large qui suivent cette progression
dans leur fréquence et dans leur force; les brises du N, de NE
et d'E, dont les deux dernières peuvent être considérées
comme des brises de terre, suivent la même loi.
La fréquence relative des différents vents et des calmes,
dans la journée, nous parait être^ à peu de chose près la
même, quelle que soit la saison. Que les vents réguliers ré-
gnent, que ce soit la saison des brises variables, les roses
horaires n'indiquent aucune trace de cette alternance quoti-
dienne des brises de mer et des brises de terre, qui existe dans
6
82 CLIMAT DE GOBÉE.
l)eaucoup de régions tropicales, même voisines de Corée. Du
matin au soir les chiffres exprimant la fréquence totale des
yents vont croissant assez régulièrement à toutes les époques.
La seule différence qui existe entre la saison fraîche et Tbi-
yernage consiste dans le plus grand nombre de calmes de cette
dernière saison. Le nombre des calmes est alors environ le
double de celui des calmes de la saison fralcbe. Cette propor-
tion, indiquée par les cbiffres de nos tableaux météorologiques,
nous semble être un peu trop faible pour les raisons que nous
avons déjà données plus ha u
VI. — Force des vents. — Frécnience des vents, suivant
leur force et leur direction.
L'absence d'instrument de précision n'a pas permis aux
observateurs dont nous résumons les travaux^ de déterminer
exactement la vitesse des vents. Ils ont remplacé ces rensei-
gnements par rindication approximative de leur force, notée
à Taide d'un chiffre placé en exposant auprès du signe mar-
quant la direction de la girouette, chiffre variant de 1 à 5,
désignant ainsi l'énergie apparente avec laquelle soufflait le
vent depuis la simple fraîcheur ou très-i'aible brise jusqu'à la
violence des tempêtes.
Malheureusement, les quatre observateurs qui ont tenu les
registres météorologiques de Corée, pendant les dix années
que nous avons choisies, m'ont paru ne pas donner la même
valeur à cet exposant, indicateur de la force du vent. Ne pou-
vant ajouter les unes aux autres des quantités n'exprimant
probablement pas les mêmes valeurs, nous nous sommes
bornés, pour éviter des erreurs graves, à relever, pour Tannée
1860, les forces indiquées pour chaque vent le matin à 6 heures
et le soir à 4 heures. -
L'examen de ces résumés permet de voir quelle a été, dans
une année, la force des vents suivant leur direction. Force
variable de mois en mois et surtout suivant les heures. Ne
DES VENTS.
83
voulant pas entrer dans le détail trop long de l'étude de la
force des vents mois par mois^ nous nous bornerons à consi-
dérer, d'une manière générale, quelle est Ténergie des vents,
•suivant leur direction dans Pannée et seulement à Fheure où
les calmes sont plus rares : à 4 heures du soir.
Force relatlTe des différents vents à 4L heures du soir,
Ou nomtfre de jmjtrs que souffle chaque vent, avec une force déterminée^
sur iOO jours du même vent (année 1860).
DÉSIGNATION.
Calme.
Très-faible on faible.
Modéré
N
Fort ou très-fort.
47
49
4
NE
p
27
53
20
E
33
39
38
SE
»
50
50
»
so
I
79
3
59
37
4
72
22
6
NO
CALME
VENT
quel-
conqoe
55
45
100
10
44
36
10
La dernière colonne de ce tableau montre que les brises
modérées sont presque en nombre égal aux brises légères ;
que les vents énergiques sont rares (10 p. 100)^ et encore^ sur
ces 10 vents, il n'y a que très-peu de vents très-forts. Dans
toute Tannée iSôO, trois fois seulement le vent a soufflé avec
rénergie des tempêtes. C'était une fois pendant toute une
journée, par une tempête de SO; deux fois par une brise du
ME à TE, et seulement pendant quelques heures.
Si maintenant nous cherchons à comparer les différents
vents entre eux, sous le rapport de leur énergie, nous voyons
que les vents sont loin de souffLir avec la même force dans
toutes les directions. Les vents du NO, du N et de TE soufflent
à peu près aussi souvent avec une énergie modérée que comme
légères brises. Le vent de NE est généralement plus énergique^
il souffle deux fois plus souvent avec une force modérée que
comme vent faible.
84 CLIMAT DE GOBÉE.
Les yents forts et très-forts Tiennent principalement de l'E
et du NE. Ainsi les yents de NE sont aussi souyent forts ou
très-forts que faibles. Ces yents qui, nous le sayons, dominent
dans la saison sèche sont donc en général des brises mode-
réeSy c'est-à-dire ayant la force de celles auxquelles les marins
réservent la désignation de bonne brise.
Si sur mer cette force du yent est considérée comme favo-
rable à la navigation, à terre elle présente une intensité qui
produit sur le corps une sensation supportable et même
agréable au milieu du jour, au moment des hautes élévations
tbermométriques, mais qui, le matin et le soir surtout^ de-
vient pénible et oblige à fermer les fenêtres des habitations.
Les vents venant du large^ c'est-à-dire de VO et du SO, ont
le plus souvent peu d'énergie; ils sont en moyenne deux à
trois fois plus souvent faibles ou très-faibles que modérés.
Ceux du S sont quatre fois plus souyent faibles que modérés.
C^est par exception que les vents de S, SO et prennent une
grande énergie. Trois fois seulement en dix années il y a eu
des coups de vents de la partie de l'O au SO.
Les vents très-rares de SE sont aussi souyent faibles que
modérés. Mais ces vents exceptionnels ne soufflent presque
jamais plusieurs heures de suite. C'est cependant par le vent
de SE que débutent les tornades; la violence de ces vents au
commencement des tornades peut faire courir des dangers
aux navires mouillés dans certaines parties de la rade de
Corée; leur durée est heureusement alors extrêmement courte;
elle n'est guère que de 10 à 20 minutes; mais ce temps suffit
pour faire courir des risques aux embarcations ou aux navires
dont les marins auraient assez peu d'expérience pour se laisser
surprendre par une tornade avec toutes les voiles déployées
ou dans un mauvais mouillage.
La proportion des calmes à tous les vents^ quelle que soit
leur direction, n'est que de 10 p. 100^ mais ce chifTre faible
ne s'applique qu'à Tobservation de 4 heures, moment de la
journée où nous savons que les calmes sont très-rares.
Il nous reste à examiner comment Ténergie du yent se mo-
DES VENTS.
85
PL IV.
I
11
Ni !"
ï
^
I
86 CLIMAT DE GORÉE.
difie aux différentes heures de la journée. Pour répondre à
cette question, nous avons tracé, pour Tannée 1860^ les roses
des vents faibles, celles des vents modérés et forts, aux deux
heures où l'intensité des vents diffère le plus. La superposition
des roses des vents de ces deux différentes forces permet de
comparer facilement les fréquences de l'énergie particulière
des différents vents suivant leur direction, et aussi d'apprécier
les modifications qu*éprouvent dans leur énergie les vents
suivant l'heure de l'observation. Les rayonsdes cercles sont
proportionnels à la fréquence des calmes. L'examen de cette
planche montrera mieux que toute description, quelle est Tin-
fluence de l'heure sur la force du vent. Ainsi on remarquera
.le peu de vents forts ou très-forts à 6 heures du matin^ la
grande différence déjà signalée entre le nombre des calmes
du matin et celui des calmes du soir. Le résultat général de
cet examen est que les vents sont beaucoup moins énergiques
le matin que le soir.
On peut voir que, malgré la fréquence plus grande des
calmes du matin tendant à diminuer le nombre total des vents
à ce moment, le polygone qui circonscrit (en pointillé) la rose
des vents faibles est aussi étendu dans la rose du matin que
dans celle du soir, tandis que la rose des vents modérés est
beaucoup plus petite pour le matin que pour le soir.
En résumé, si le nombre de jours où le vent est faible est à
peu près le même le soir que le matin^ la prédominance des
calmes du matin est remplacée le soir par la prédominance
des vents forts et modérés.
La fréquence des brises de même énergie ne varie pas seu-
lement, comme on peut le voir, suivant les heures ; elle varie
aussi suivant la direction d'où soufflent ces brises. Ainsi les
brises du NO au S en passant par l'O sont le matin quatre et
cinq fois plus souvent faibles que modérées; le soir^ elles sont
à peine deux fois aussi souvent faibles que modérées. Le rap-
port des brises faibles aux brises modérées varie donc pour
les vents d'O du matin au soir de 5 à 2.
Le rapport des vents faibles aux vents modérés dans la di-
DES VENTS. 87
rection du N et du NE varie beaucoup moins du matin au soir
que celles des directions opposées : les brises de NE sont un
peu moins souvent faibles que modérées le matin> et le soir
elles ne sont que deux fois moins souvent faibles que mo-
dérées.
On peut donc conclure de la comparaison de ces roses que
la brise va ordinairement en augmentant de fdrce à mesure
que la chaleur s'élève, quelle que soit sa direction, mais que
sa force va croissant beaucoup plus fréquemment lorsqu'elle
vient du large que lorsqu'elle souffle de terre. On voit par là
que, sans qu'il existe à Corée d'alternance entre les brises de
terre et les brises de mer^ il existe cependant une certaine
influence tendant à augmenter dans l'après-midi plutôt la
force des brises du large que*de celles qui viennent de terre.
VII. — Force des vents stdvant les saisons.
Si nous comparons la force des vents dans les deux saisons,
nous trouvons que dans Tannée 1860 (à A heures du soir) les
vents ont été, pendant la saison sèche :
Calmes ou faibles. ..... 78 fois.
Modérés ou forts 104 fois.
.
Dans rhivernage :
Calmes ou falbks H 8 fois.
Modérés ou forts 66 fois.
Les résultats numériques fournis par nos observations sont
donc tels que nous devions nous y attendre ; ils expriment la
faiblesse relative des brises de Thivernage. Dans celte saison,
les mouvements latéraux de l'air atmosphérique ont, sous
l'influence de la chaleur plus grande, une forte tendance à se
changer en mouvements ascensionnels verticaux.
88 CLUIAT DE GORÉE.
VIII. — Relations entre les vents et les autres phéno-
mènes météorplogiq[ues.
La chaleur est le grand modificateur qui tient sous sa dé-
pendance la plupart des autres phénomènes atmosphériques.
Quelles sont les relations qui peuvent être constatées entre les
mouvements de la température et la direction des vents?
Le moyen le plus simple pour étudier ces relations consiste
à mettre en regard des courbes représentant la marche de la
température, les courbes analogues qui indiquent la fréquence
des vents suivant leur direction. En nous aidant de ce pro»
cédé et en nous reportant aux tableaux qui résument les di-
verses observations, nous pourrons peut-être arriver à quel-
ques conclusions dignes de fixer l'attention.
La fréquence des vents dominants de NE est^ de mois en
mois^ en raison inverse de l'élévation de la température
moyenne. Quand la température s'élève, les vents de NE de-
viennent de moins en moins nombreux; au moment où elle
atteint son maximum^ les vents de NE sont rares et peu éner*-
giques.
Ce que nous venons de dire s'applique aussi aux vents de
N, mais le parallélisme entre la courbe de la fréquence de ces
vents et celle des températures moyennes est moins bien
marquée; ainsi de février à mai, quoique les vents du N
augmenteat un peu de fréquence, la température s'élève ;
après le mois de mai^ la fréquence des vents du N diffère peu
de celle des vents de NE^ et la relation des vents du N avec la
température est la même que celle des vents de NE, c'est-à-
dire que la température s'élève à mesure que ces vents de-
viennent plus rares. La situation et la forme de la pointe de
terre qui constitue le cap Vert peut expliquer en partie l'ano-
malie que nous venons de signaler. Dans les autres points du
Sénégal^ les vents du N sont des vents de terre, tandis que la
presqu'île du Cap- Vert faisant saillie à TO du continent afri-
DES VENTS. 89
caîn^ les yénts du lY sont pour elle des vents marins ayant
longé; il est vrai^ la côte africaine ; mais ayant dû éprouver
des modifications dans leurs propriétés^ si on les compare aux
mêmes vents de Tintérieur du pays.
Les vents d'E suivent à peu près la même marche dans leur
fréquence mensuelle que les vents de HE, et toute Tannée la
courbe de la fréquence de ces vents d'E suit une direction
diamétralement opposée à celle des températures moyennes.
Ce fait pourrait paraître en contradiction avec celui de la
coïncidence fréquente de maxima absolus très-élevés avec les
vents de TE au NE. Mais si ces vents élèvent parfois d'une
manière considérable la température dans le milieu de la
journée^ il ne faut pas oublier que le matin ces vents sont au
contraire très-froids et que c'est à eux que sont dus les mi-
nima les plus bas observés au Sénégal. Les observations faites
à Saint-Louis par M. Héraud, pharmacien professeur (1), le
démontrent suffisamment. £n résumé^ la présence des vents
du N à TE répond à un abaissement thermométrique moyen
qui est en raison de leur fréquence.
Les vents qui soufflent du quart de cercle coïncident avec
les fortes élévations de la température moyenne. Ces vents ne
régnent guère que pendant les quatre premiers mois de la
saison des hautes températures. Ou peut constater que pen-
dant ces quatre mois la température moyenne ne croit rapi-
dement que dans le courant du premier mois, qu'elle s'élève
lentement à son maximum pendant les trois autres mois, de
sorte que l'apparition des brises du large coïncide avec l'élé-
vation brusque de la température qui a lieu au mois de juin
et que ces brises augmentent de fréquence et deviennent de
plus en plus S en passant par le SO à mesure que la tempéra-
ture s'élève lentement.
Il y a entre la température et les vents une relation de cause
à effet qui peut donner lieu à une certaine confusion. Ce ne
sont pas les vents qui modifient la température 3 au contraire^
(1) Revw maritime et coloniale, 186t, tome I, p. 511.
90 CLIMAT DE GOBÉE.
ils sont sous sa dépendance. Ainsi Télévation de la tempéra-
ture du sol africain^ au moment où le soleil se trouve depuis
un certain temps yoisin du zénith, fait appel aux vents du
large, et ces vents, loin d'être la cause de l'élévation de la
température qui coïncide avec leur arrivée, accourent et com-
battent cet excès de la température en apportant des masses
d'air moins échauffées et les pluies de Thivernage.
Si nous cherchons quelles sont les relations existant entre
les vents et la pression atmosphérique, nous trouvons que,
malgré le peu d'accentuation de la courbe des hauteurs
moyennes du baromètre, celte courbe indique cependant une
augmentation de la pression au moment de la saison fraîche
et une baisse correspondant aux hautes élévations thermomé-
triques. Les vents de N, NE et E régnent donc au moment des
plus fortes élévations barométriques, et les vents d'O, NO et
SO correspondent à la dépression barométrique de Thiver-
nage. Ceci est conforme à Tinterprétation que nous avons
donnée de la cessation des alizés et à leur remplacement à
cette époque de Tannée par une colonne ascendante faisant
appel aux vents frais de la mer.
Lorsque nous nous occuperons de l'état hygrométrique de
l'air, nous verrons que les moyennes mensuelles de l'humidité
suivent de mois en mois la marche de la température
moyenne, s'abaissant et s'élevant avec elle. Il en résulte que
les vents de NE et E ont une fréquence qui est en raison in •
verse de lasaturation.de l'air par la vapeur d'eau. Plus ces
vents sont rares, plus l'humidité augmente^ et plus ils sont
fréquents, plus l'humidité moyenne diminue. Ce sont donc
des vents secs. Au contraire, les vents de NO, et SO de la
saison d'hivernage ont une fréquence en rapport direct avec
l'abondance de la vapeur d'eau contenue dans l'air. Nos obser-
vations nous conduisent donc aux résultats auxquels nous
devions nous attendre : les brises de NE venant de terre et
celles de l'O et du SO venant de l'Océan.
DES VENTS. 91
IX. — Propriétés des différents vents à Gorée et dans
la presq[u'île du Gap- Vert, particulièrement au point
de vue de l'hygiène. — Salubrité variable de diffé-
rents points de cette région.
Les propriétés des \ents sont générales ou locales. Les pro-
priétés générales appartiennent aux vents de tout un hémi-
sphère ou d*une partie considérable du globe; telles sont les
propriétés connues de sécheresse des vents de NE^ celles
d'humidité des vents d'O. Nous n'avons pas à exposer ici des
généralités qui se trouvent indiquées dans tous les ouvrages
qui s'occupent de la physique du globe.
Les propriétés locales des vents peuvent se subdiviser à Tin-
fini, suivant que Fon considère une région plus ou moins
vàste^ une ville ou seulement une partie d'une ville ou même
Fexposition d'un bâtiment particulier. Elles peuvçnt être étu-
diées relativement à la navigation, pour laquelle les notions
de fréquence et de force sont les plus importantes. Elles peu-
vent rêtre encore sous d'autres 'points de vue, notamment
dans leurs rapports avec Thygiène et avec la constitution mé-
dicale des régions.
Nous nous bornerons à examiner les propriétés hygiéniques
des vents par rapport à Gorée et à la presqu'île.
Ces vents peuvent se diviser en vents du large et vents de
terre. Les premiers ont pour les villes de Gorée et de Dakar
des propriétés qui tiennent surtout des qualités générales des
brises maritimes. Les propriétés des vents de terre, relative-
ment à ces deux villes^ dépendent de conditions qui sont la
conséquence de la situation topographique de ces villes.
La presqu'île du Cap-Yert forme une pointe qui occupe la
partie la plus occidentale de toute l'Afrique^ et qui, s'avançant
dans Tocéan Atlantique, doit jouir d'un climat différent de
celui de la plus grande partie de la masse continentale.
La situation maritime des localités que nous étudions mo«
9â CLIMAT DE GORÉE.
difie les vents qui y arriveDt et leur donne des propriétés par-
ticulières ; ainsi, grâce à la situation de la presqu'île, les vents
du N sont des vents marins, tandis que dans tout le reste du
Sénégal ce sont des vents de terre qui ont passé sur le désert
du Sahara. Les vents de NE sont eux-mêmes profondément
modifiés et ont perdu en arrivant à Corée la sécheresse exces-
sive qu'ils possèdent dans l'intérieur du Sénégal. C'est à peine
si^ une fois ou deux par an^ quelques très-fortes brises de
NE produisent à Corée et à Dakar une impression comparable
à celle que font éprouver ces mêmes vents à Saint-Louis et
dans rmtérieur du pays. Aussi existe-t-il entre le climat de
Corée et celui de Saint-Louis des différences considérables, qui
ressortiront de notre étude.
Les vents de NE sont les vents dominants ; ce sont, avec les
vents d'Ë, les plus secs de tous ceux qui soufflent sur le pays.
L'époque i^endant laquelle ils régnent avec énergie est celle
où la végétation a le moins de puissance; c'est à eux que rin-
térieur du Sénégal doit son aridité relative; cette aridité^ tout
en étant moins prononcée dans la presqu'île du Cap-Vert^ n'en
est pas moins sensible. Ces vents occasionnent la chute des
feuilles d'un grand nombre d'arbres qui, dans les régions
plus méridionales de la côte d'Afrique^ conservent toujours
leur verdure. 11 est facile de reconnaître que ce sont eux qui
nuisent à la végétation; une simple muraille du côté où ils
soufflent suffit pour abriter un jardin et en permettre ia cul-
ture à toutes les époques de l'année. On peut même voir dans
les jardins de Dakar^ qui se trouvent abrités de la sorte contre
les vents de la saison sèche^ des arbrisseaux dont les branches
inférieures conservent leur feuillage, tandis que les branches
supérieures^ non garanties par la muraille^ se dessèchent et
voient leur croissance paralysée pendant toute cette saison.
Le même phénomène ne se présente pas pour les vents souf-
flant dans les autres directions.
Les vents de NE viennent du désert; malgré leur sécheresse
brûlante dans l'après-midi et froide dans la nuit, ces vents
ont, dans l'intérieur du pays, la meilleure influence sur l'état
DES VENTS. 93
sanitaire. Ils sont chargés du dessèchement rapide des marais
dont la mauvaise saison a âufi^menté le nombre et retendue.
£n arrivant à la presqu'île du Cap-Yert, ces vents ont perdu
une grande partie de leur sécheresse en passant sur les nom-
breux et vastes marécages du Cayor et du Diander^ et en sui-
vant pendant un certain temps le bord de la côte d'Afrique.
De plus, ils ne peuvent arriver à Dakar et à Corée qu'en tra-
versant la rade et en passant sur la surface de la mer dans
une longueur de A milles. Si ce passage à travers la rade
diminue encore leur sécheresse, les miasmes qu'ils ont re-
cueillis dans leur trajet doivent aussi y perdre une partie de
leurs propriétés malfaisantes. Pour Dakar, c'est un vent qui,
frappant perpendiculairement à la rive sur laquelle est bâtie
cette ville, ne fait pas sentir la mauvaise influence des maré-
cages du voisinage.
Le vent d'E a les mêmes propriétés que celui de NE. Mais la
longueur de la rade qu'il a à traverser atteignant là milles,
ce vent doit, plus que celui de NE, s'être dépouillé, au contact
de cette surface d'eau salée, des miasmes qu'il a pris dans
l'intérieur des terres. En résumé, les vents de NE et d'E ne
peuvent apporter à Corée et à Dakar que des effluves maré-
matiques d'une provenance assez éloignée et ayant perdu i^ne
grande partie de leur puissance en traversant la rade.
Les vents du NE et de l'E offrent, en dehors des propriétés
nuisibles que peut leur communiquer la présence des ma-
récages dans les pays sur lesquels ils passent, des qualités
qui doivent par elles-mêmes avoir une grande influence sur
l'état sanitaire. Ces vents appartiennent à la saison sèche et
fraîche. A leur sécheresse sont liées les variations de tempé-
rature beaucoup plus prononcées dans cette saison que pen-
dant l'hivernage. Leur fréquence, leur force et leur fraîcheur,
dans les soirées, font courir à ceux qui s'exposent à leur in-
fluence, le danger de refroidissements brusques. Ces refroi-
dissements ont pour résultat, chez les indigènes, des affections
fort communes et souvent graves des voies respiratoires, et,
chez les Européens, des maladies des organes abdominaux :
94 CLIMAT DE COREE.
diarrhées^ dyssenteries ei hépatites^ maladies dont ces vents
peuvent être au moins les causes déterminantes.
Les troupes des compagnies disciplinaires sont casemées
sur le promontoire qui forme la pointe de Dakar,- dans des
baraques mal closes ; aussi ont-elles souvent à souffrir de la
réfrigération considérable produite sur l'économie par ces
vents pendant les nuits des mois de mars, avril et mai. Lors-
que mon service m'appelait à donner mes soins à cette partie
de la garnison, j'ai souvent constaté que dans ces mois les
bronchites étaient très-communes^ que des affections plus
graves, comme les dyssenteries et les hépatites, étaient surtout
déterminées par des réfrigérations dont je viens de faire con-
naître la cause.
Les propriétés des vents de NE et d'Ë ne sont pas les mêmes
à répoque où ils soufflent comme brises régulières que lors-
qu'ils soufflent irrégulièrement pendant Thivernage.
De même que les vents du Sahara, connus sous le nom de
Siroco, sont secs sur les côtes d'Andalousie et du royaume de
Murcie et perdent en se chargeant d'humidité leurs propriétés
physiologiques, pour devenir en Italie et en Corse le Siroco
humide et débilitant de ces pays]; de même, à Corée, le vent
du désert, VHarmatany a perdu une grande partie de sa sé-
cheresse, sans toutefois que la vapeur d'eau dont il s'est chargé
en traversant les terres humides de la rive gauche du Sénégal
suffise pour lui faire perdre complètement sa sécheresse. Ce-
pendant, dans l'hivernage, la sécheresse des vents de NE est
considérablement diminuée, et ces vents ne produisent plus
d'une manière aussi prononcée les sensations de fraîcheur ou
de chaleur qui accompagnaient leur présence dans la saison
sèche. Dans Thivernage, leur intensité et leur durée étant di-
minuées comme leur sécheresse, ils perdent une grande
partie de leur propriété favorable à l'assainissement du pays.
Les vents du N \iennent de la mer; ils doivent être très-
salubres pour la côte de la presqu'île regardant cette partie
de l'horizon, mais cette côte est à peine habitée. Pour arriver
à Dakar le vent du N parcourt toute la presqu'île dans son
DES VENTS. 95
plus grand diamètre, sur une longueur de 7 milles. Il passe
sur les marais de Hann et sur les nombreuses mares d'eau de
l'intérieur de la presqu'île, en sorte que ce vent^ salubre en
arrivant à la presqu'ile^^se charge, avant de pénétrer dans la
ville de Dakar^ du mauvais air des marécages qui Fenvi-
ronnent.
Corée est située beaucoup plus favorablement que Dakar
relativement au vent du N. Pour arriver à cette petite île le
vent du N n'a qu'à traverser Fisthme de 3 milles de largeur,
qui joint la presqu'île à la terre ferme; or, ce point n'est pas
marécageux; des dunes de sable forment la plus grande
partie de son étendue; de plus, ce vent doit parcourir ensuite
la rade sur une longueur d'environ 4 milles. Ainsi les villes
de Gorée et de Dakar, quoique très-voisines l'une de l'autre,
se trouvent dans des conditions très-différentes au point de
vue de l'hygiène lorsque domine le vent de N.
Le vent de NO vient du large; il est humide et frais; mais,
traversant la péninsule dans un de ses grands diamètres, il
passe sur des marigots qui se trouvent à i, 2 et 3 milles de
Dakar. Une autre cause rend ce vent nuisible à l'état sanitaire
de cette ville, c'est la présence au NO de Dakar d'un grand
village indigène dont le désordre et la malpropreté sont une
menace permanente d'infection. L'assainissement ou le dé-
placement de cette agglomération doit être considéré comme
de première nécessité.
Pour Corée, les vents du NO ont les mêmes propriétés que
les vents du N. Cependant il faut remarquer qu'ils ont à par-
courir sur la surface du sol une distance plus grande que ces
vents, et, sur mer, dans la rade, une plus faible longueur.
Les vents d'O et de SO viennent de l'Océan. Ils placent
Gorée sous le vent de l'extrémité méridionale de la presqu'île.
Cette partie de la côte est constituée par un sol rocailleux,
couvert d'une très-pauvre végétation et complètement dé-
pourvu de marécages, de sorte que ces vents sont favorables
à l'état sanitaire de l'île.
Les venis du S et du SE sont rares et ne soufflent jamais
96 GLIBIAT DE GOBÉE.
d'une manftre soutenue. Les vents de S qui ont été notés dans
nos observations venaient d'ailleurs plus souvent du SSO que
directement du S. Ces vents ont la même propriété que ceux
de SO, si ce n'est qu'ils proviennent directement de la mer
pour Fîle de Gorée et n'ont traversé pour arriver à Dakar
qu'environ un kilomètre de terrains très-rocailleux.
La rareté des vents du S est sans doute la cause pour la-
quelle on a placé au S de Dakar, dans la baie appelée l'anse
Bernard, l'abattoir et le lieu où doivent être versées toutes les
immondices provenant de la ville. C'est seulement dans cette
partie de la côte que devraient être autorisés à se fixer les
établissements^ tels que les pêcheries et les fabriques d'huile
de poisson. Le choix de cette partie de la côte pour ces éta-
blissements présenterait encore l'avantage du rejet à la mer
des matières en décomposition dans un point d'où elles ne
peuvent être portées par le mouvement des flots, dans la rade
et dans le port.
D'après ce que nous venons de dire des propriétés hygié-
niques des différents vents, il se trouve que les brises les plus
salubres^ celles du large, sont celles qui heureusement do-
minent dans la mauvaise saison. Les marais des environs de
Dakar placent celte ville dans des conditions plus défavorables
que Gorée.
Les brises de TO n'ont malheureusement pas dans l'hiver-
nage la persistance des vents réguliers de la saison sèche. Les
vents de NE sont encore assez fréquents; ils accumulent par-
fois dans la baie formée par la pointe de Dakar et les digues
qui ferment le port, des détritus dont la putréfaction répand
dans la ville, par les temps calmes, une odeur iusupportable,
surtout au moment de la marée basse.
C'est surtout sur place, autour des maisons, dans l'intérieur
même des cours et des jardins, que se développe la malaria,
cause prédominante des maladies dans ce pays. Des construc-
tions mal faites, à peine élevées au-dessus d'un sol humide,
placent, dans l'hivernage, les habitants de Dakar dans une
atmosphère qui donne naissance à de nombreuses fièvres in-
DES VENTS. 97
termiltenles, à de graves fièvres rémittentes et pernicieuses
trop souvent funestes aux Européens. Nous laissons de côté
les autres causes morbides, telles que les abus alcooliques, qui
viennent trop souvent donner au poison un champ tout dis-
posé pour lui permettre de produire son effet.
La supériorité de Tétat sanitaire de Tile de Corée n'est pas
seulement due à sa situation. Elle est due aussi à la nature
exclusivement basaltique du sol de cette lie et au bénéfice que
tire toujours un lieu d'une habitation ancienne par une popu-
lation très-dense, et dont les générations successives se sont
efforcées d'assainir le terrain sur lequel elles ont vécu.
Il nous reste à examiner la situation sanitaire de quelques
autres points de la presqu'île dans lesquels les Européens ont
fondé des établissements. Le village de Hann, où est situé le
jardin des compagnies disciplinaires, n'est autre chose qu'un
terrain cultivé au milieu d'un vaste marécage. Pour un lieu
aussi antihygiénique et qui eût pu être mieux choisi, il est
inutile de chercher si tel ou tel vent peut apporter un air plus
ou moins favorable. Les seuls vents de NE et d'E améliorent
légèrement l'état sanitaire de Hann quand ils soufflent avec
énergie, mais en toutes saisons ce point fournit un grand
nombre de fièvres graves ou pernicieuses; ce jardin devrait
être abandonné par les troupes et ne pas servir de but de
promenade aux habitants de Corée.
Une mesure des plus favorables à la diminution des épidé-
mies de fièvre jaune, lorsqu'elles s'abattent sur le pays, con-
siste à disperser les rassemblements de troupes et à les faire
camper dans la presqu'île. La pointe de Bel-Air a déjà servi à
l'un de ces campements. Ce lieu est très-sain au moment où
soufflent les brises de NE, mais on devra l'éviter dans les mois
où règne le vent de NO, qui parte à ce point Tair provenant
des marécages voisins. Or, dans l'hivernage, moment des
épidémies de fièvre jaune, ces vents de NO sont très-fréquents.
Le point de la presqu'île qui nous parait le plus favorable
pour faire camper les troupes, en temps d'épidémie, est le
plateau qui domine le cap Manuel , à rextrémité S de la pres-
7
s.
98 CLIMAT DE GORÉE.
quile, point sur lequel à été établi le Laiaret de la quaran-
taine. La nature basaltique du sol de ce plateau, son éloigne-
ment de tout marécage, sa situation à Texlrémité d'une pointe
s'avançant dans la mer font de ce lieu, croyons-nous, le point
le plus convenable pour un campement. L'intensité et la fraî-
ciieur des vents qui soufflent sur ce plateau^ assez élevé, né-
cessiteraient toutefois de boas abris pour les hommes sains,
et n'en feraient qu'un lieu de convalescence peu convenable
pour des hommes très -anémiés ou relevant de maladies
graves.
Un camp serait parfaitement exposé dans le voisinage du
phare des Mamelles ^ mais seulement dans la mauvaise saison,
alors que dominent les vents du large. Les brises de NE et
dE porteraient, dans la saiscn fraîche, à ce point tous les
miasmes des marigots de la presqu'île; il est vrai que la situa-
tion élevée d'environ 100 mètres de ces coteaux serait favo-
rable au moindre danger d'infection marématique.
II nous reste à indiquer dans quel point de la rade un na-
vire devrait choisir son mouillage pour se placer dans les
meilleures conditions hygiéniques possibles. Après ce que
noui avons dit de? propriétés des diflérenttj vents, il sufGra de
jeter un coup d'œil sur la carte de la presqu'île du Cap-Vert
et de la rade de Corée pour reconnaître que le meilleur
mouillage à conseiller à un navire qui doit faire un séjour
assez long dans ces parages est celui qui se trouve au NE de
nie, en face du point de débarquement. C'est là qu'avant la
construction du port de Dakar, tous les navires venaient jeter
l'ancre. Au point de vue nautique ce mouillage est excellent,
et le moment où il convient pour mettre les navires dans des
conditions avantageuses relativement aux coups de vent des
tornades est aussi celui pendant lequel les précautions hygié-
niques sont les plus importantes à prendre pour les équi*
pages.
CHAPITRE IV.
DES PLUIES.
I. — Importance de l'étude des pluies. — Influence
des pluies sur l'état sanitaire.
La pluie est le phénomène météorologique qui apporte les
plus prorondes modifications dans le climat d'une localité.
Son importance est telle que la pluie a servi de base à la divi-
sion des saisons sous les tropiques, et c'est à elle que la saison
chaude doit son nom d'hivernage.
Les pluies et |es inondations fluviales qyi en sont la consé-
quence, sont, au Sénégal; essentiellement propres à Thiver-
nage; elles y sont le signal du réveil de la puissance végétale
en même ten^ps que de celui de l'énergie des miasmes palu-
déens. Les fièvres intermittentes dominent la palhoîo^'ie des
Européens dans ce pays; elles ont pour cause les miasmes
paludéens, dont la nature, si elle est jamais dét ouverte, ne
pourra Têtre que par Tetude de la vie végétale inférieure.
C'est toujours sous l'influence de l'humidité, de la pluie ou
des inondations que se développent les forces t bng'^nes : le
moment où ces forces ont leur plus grande énergie est sous
la dépendance des pluies. S1l ne correspond pas par les effc^ts
produits avec le moment du maximum des pluies, il le suit
toujours; ce n'est pas dans les circonstances qui accompa-
gnent l'extension des endémies qu'il faut en chercher la
cause, mais dans celles qui précë lenl le moment de leur ap-
parition. Les médecins de nos colonies pourraient confirmer
l'exactitude de la proposition de Michel Levy, qui considère
les pluies comme indiquant en quelque sorte l'état de la salu-
100 CLIUAT DE GOBÉE.
brité d'un pays et sa plus ou moins grande tolérance pour
Fespëce humaine.
Dans le haut Sénégal^ les pluies paraissent être très-abon-
danteS; la crue rapide du fleuve aux mois de juillet et d'août
en est une preuve. Elles font sentir leur influence sur le reste
du pays par l'inondation périodique de tous les terrains qui
bordent le fleuve.
Dans la presqu'île du Cap-Vert, où il n'existe pas de cours
d'eau, mais dont les berds, plus élevés que Tintérieur^ sont
formés principalement de roches argileuses difficilement pé-
nétrables^ la plus grande partie de Feau des pluies, ne trou-
vant pas d'écoulement naturel, séjourne sur le sol qui, à la
fin de rhivernage, se trouve couvert d'un grand nombre de
petits marécages.
La situation de Dakar^ à l'extrémité méridionale de la
presqu*i1e, met cette ville dans des conditions climatériques
identiques à celles de File de Gorée. Les vents sont les mêmes,
la température est la même ; une distance de 2,500 mètres ne
peut apporter de grandes modifications dans l'état climaté-
rique de deux points voisins situés à la même hauteur, sur
des terrains de même nature, et dont les expositions difilèrent
très-peu. Il existe cependant une différence très-grande dans
l'état sanitaire de ces deux localités. L'explication en est facile.
L'ile de Gorée est petite, les habitations y sont entassées et
ne laissent aucun terrain vague. Les eaux pluviales y sont
attendues avec impatience par une population à l'existence de
laquelle elles sont indispensables. Une partie de ces eaux est
recueillie dans des citernes, le reste s'écoule promptement à
la mer en glissant sur la surface du rocher basaltique qui
forme le sol de l'île.
Dakar, au contraire, est une ville en voie de formation ; on
y voit à peine quelques rues, plutôt indiquées que tracées, et
sans ruisseaux profonds. Ces rues sont bordées de terrains,
dont une très-faible partie seulement est bâtie. Ces terrains,
et les rues elles-mêmes, présentent des dépressions qui^ dès
les premières pluies^ se remplissent d'eau. Le sous-sol argi-
DES PLUIES. iOI
leux ou basaltique n'absorbe cette eau que fort lentement :
aussi les foyers d'infection se forment-ils de tous côtés^ dès le
début de la mauvaise saison. La plus ou moins grande quan-
tité d*eau tombée, le temps plus ou moins long qui s'écoule
entre les jours de pluie^ font se modifier diversement ces petits
marécages^ et^ par suite, Tétat sanitaire de la ville.
Lorsque ces causes toutes locales d*insalubrité auront dis-
paru^ Dakar sera, comme File de Corée, Tune des localités les
plus salubres de la côte occidentale d'Afrique.
Un autre point intéressant de la presquile du Cap-Vert est
le village de Hann. A côté de ce village se trouve un petit
marigot, plutôt formé par une collection des eaux douces
provenant des pluies qu'alimenté par des sources. Ce marigot
est desséché aux trois quarts à la fin de la saison sèche, et
reprend ses dimensions premières pendant la saison d'hiver-
nage.
Les eaux de ce marais sont presque au même niveau que
celles de la mer, elles n'en sont séparées que par des accumu-
lations de sables et d*alluvions qui empêchent l'écoulement
naturel des eaux, tout en permettant leur mélange avec l'eau
salée aux époques des grandes marées.
Sur les bords de ce marigot est établi un vaste jardin que
cultivent les soldats européens des compagnies disciplinaires.
Il n'est pas besoin de dire combien ce séjour est malsain et
quelle énorme quantité de malades il fournit à nos infir-
meries et à nos hôpitaux. C'est le point de la presqu'île du
Cap-Vert où l'on peut le plus facilement reconnaître la liaison
qui existe entre l'abondance des pluies et la multiplicité des
fièvres qui en sont le résultat, non immédiat, mais consécutif :
les fièvres se montrent dans toute leur gravité à la fin de la
saison des pluies.
Les observations de la pluie ont été faites à l'hôpital de
Corée pendant dix ans, de 18S6 à 186S. La pluie tombée était
recueillie au moyen d'un pluviomètre de Babinet placé sur
une terrasse, à S mètres au-dessus du niveau du sol. La
situation de cet instrument aurait pu être mieux choisie ^ la
102 CLIMAT DE CORÉE.
quantité d'eau recueillie a dû être un peu inférieure à celle
qu'on aurait recueillie sur le sol^ mais d'une quantité sans
doute bi3n peu considérable.
Chaque fois qu'il a plu^ on a noté, en millimètres, la hauteur
de Veau tombée le jour, de six heures du malin à six heures
du soir, et la nuit, de six heures du soir à six heures du malin.
Nous avons été malheureusement obligés de négliger, d'une
manière absolue, les observations des années 1856 et 1857.
Pendant ces deux années, la hauteur de la pluie parait n'avoir
été comp'ée qu'en centimètres, et souvent la manière dont
elle était notée laissait du doute sur la nature de Tunité expri-
mant la hauteur. Dé^irallt rester dans IVxamen des faits par-
fal etnent constaté^, nous nous sommes tlonc bornés à faire,
par année, le relevé delaqnauiile d'eau tombée pendant huit
ans, de 1858 à 1865.
II. — Tableau des pluies.
Nous avons publié dans l'Annuaire de la Société météorolo-
gique (i), un tableau des pluies contenant les renseignements
relatifs à la fréquence et à l'abondance des pluies pendant
huit ans^ chaque niois de Tannée^ la nuit et le jour.
Voici ce tableau sous une forme plus simple :
(1) Tomo XVII, page 67.
DES PLUIES.
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iOI CLIMAT DE GOBÉE.
Nous avons représenté graphiquement les hauteurs de la
pluie tombée mensuellement pendant huit hivernages consé-
cutifs. Les hauteurs tracées sur cette planche sont aux
dixièmes des hauteurs réelles. Nous n'avons tenu compte que
des pluies dont les sommes atteignaient un millimètre par
mois^ et seulement des mois d'hivernage; des quantités d'eau
tombée en dehors de cette saison étant insignifiantes.
III. — Mode de répartition des pluies dans le cours
de l'année.
Le nombre des jours pluvieux à Corée est excessivement
faible ; la moyenne des nombres des jours pendant lesquels
l'eau tombée était en quantité appréciable au pluviomètre
n'est que de 33. Les écarts au-dessus et au-dessous de cette
moyenne sont très-sensibles; ainsi, en 1858, il n'y a eu que
20 jours de pluies appréciables^ tandis que, Tannée suivante,
le même observateur en a noté 48.
La moyenne de la quantité d'eau tombée annuellement à
Corée est de 533 millimètres; les écarts au-dessus et au-
dessous de cette moyenne ne sont pas très-considérables.
Cependant^ en 1858, il est tombé 315 millimètres d'eau, dans
Tannée suivante 694 millimètres^ plus du double; ce fait n'a
rien d'extraordinaire dans Tétude des pluies, phénomènes les
plus irréguliers que la météorologie ait à examiner.
Si nous considérons les pluies de Tannée entière^ le nombre
des jours de pluie parait très-minime. La quantité d'eau
tombée dans Tannée moyenne (533 millimètres) est à peu
près la même que celle qui tombe annuellement à TObscrva-
toire de Paris; mais nous n'avons aucune comparaison utile à
faire sous ce rapport avec le climat de France. 11 serait au
contraire fort intéressant de comparer le régime des pluies du
Sénégal à celui des pluies d'une autre région tropicale^ par
exemple de Çayenne.
DES PLUIES. 105
Cinq années d*observations pluTiométriques (1846- 18S0)
faites à Tbôpital de Gayenne (1), donnent une somme annuelle
de 3°',513. On voit combien les pluies du littoral de la Séné-
gambie sont inférieures à celles de la Guyane.
Au lieu d'une région située directement sous Téquateur,
choisissons un lieu placé sous les tropiques^ sur un parallèle
peu éloigné de celui de Gorée. M. Sainte-Claire Deville admet
le nombre de 2 mètres pour la hauteur annuelle moyenne
de Teau tombée au niveau de la mer dans les parages de la
Guadeloupe et de la Martinique (2). La quantité d'eau de
pluie recueillie sous le même parallèle^ dans la région tropi-
cale du N, est donc très-différente^ suivant que Ton considère
la paitie orientale ou la partie occidentale de l'océan Atlan-
tique. Les pluies des Antilies sont quatre fois plus abondantes
que celles du Sénégal. Ce phénomène s'explique par la pré-
sence des alizés dans cette zone. L'époque où régnent ces
vents est pour le Sénégal une période de sécheresse presque
absolue^ tandis qu'aux Antilles, les alizés sont humides^ et
de plus la saison sèche est loin d'être privée complètement de
pluie». Les propriétés des vents NE diffèrent suivant les
régions sur lesquelles ils ont passé : ce sont des brises mari-
times pour les Antilles, et des brises sèches venant du désert
pour le Sénégal. La différence existant entre le climat de cette
dernière colonie et celui de nos possessions d* Amérique ré-
sulte de ces propriétés diverses des vents NE.
Nous pourrions encore comparer les pluies du Sénégal à
celles d'une région située dans l'hémisphère S à la même
distance de l'équateur. Nous possédons les observations plu-
viométriques faites dans l'île de Sainte-Marie de Madagas-
car (3). Cette île est située dans l'hémisphère S, à 16*" de
(1) Voir les observations de M. Leprieur, Annuaire de la Société météoro-
logique, 18Ô3.
(2) Ch. Saiute-GIaire Deville, Aperçu général du climat des Antilles,— Revue
coloniale, janvier 1853.
(3) Voir dans les Archives de médecine navale, 1870, tome XIV, notre Étude
iur le climat et la constitution médicale de Vile Sainte-Marie de Madagascar.
106 CLIMAT DE GOBÉE.
réqualeur; la grande différence qui existe entre les climats
de nos deux colonies africaines peut montrer la dissemblance
considérable des climats africains de Thémisphère S et de
ceux de l'hémisphère N.
A Sainte-Marie de Madagascar, on recueille au pluviomètre
2"^,646 d'eau par an ; à Corée, S33 millimètres seulement. 11
pleut à Sainte-Marie 156 jours par an, soit 3 jours sur 7, au
Sénégal moins de i jour sur il. Au Sénégal, les 33 jours de
pluies se partagent inégalement en 2 jours pour toute une
saison et 31 jours pour les six autres mois, et encore, sur
ces 6 mois, faut-il ne laisser que 2 jours pour les 2 mois de
Juin et d'octobre, et répartir les 29 autres jours sur les 3 mois
qui forment le centre de Tbivernage et la seule Traie saison
des pluies.
D'après ce que nous venons de dire, le climat du Sénégal
ne peut se comparer ni à celui de France, ni à celui des
régions équatoriales, ni même aux climats de deux pays
situés à la même distance de l'équateur, dans l'un et dans
Fautre hémisphère, et soumis comme le Sénégal, pendant
huit mois de l'année, à des vents réguliers. U nous parait
nécessaire de signaler, en passant, que les alizés du SE qui
soufflent à Madagascar viennent du grand Océan et sont hu-
mides, tandis que les vents dominants de NE sont secs au
Sénégal plus encore que dans les autres points du globe.
' Le Sénégal présente donc un caractère propre. U est situé
entre des pays où les pluies sont abondantes et des régions
où elles font peut-être complètement défaut. Les pluies y sont
es.sentiellement périodiques : elles débutent rarement avant
la fin du premier mois de Thivernage, elles ne durent que
trois mois.
Au mois de jutn, il ne pleut en moyenne qu'une seule fois,
et la quantité d'eau tombée est toujours très-faible; mais à
chaque instant la pluie se montre imminente, le ciel est cou-
vert incomplètement pendant plus des trois quarts des jours
du mois. La pluie n'a jamais fait totalement défaut dans ce
mois pendant nos huit années. Cependant, la première année
DES PLUIES. 107
de noire série^ la quantité d'eau tombée a été inappréciable
au pluviomètre. C'est ordinairement à la fln de juin que sur-
viennent les véritables pluies, comme l'indiquent les dates
des jours de pluies de ce mois.
La saison pluvieuse se compose essentiellement des trois
mois de juillet^ août et septembre : jamais les pluies ne man-
quent pendant ces trois mois.
Le mois d^octobrej comme celui de juin, ne comprend qu'un
seul jour de pluie eu moyenne. Sur huit années, le mois
d'octobre a été parfaitement sec trois fois, et une quatrième
année la quantité de pluie tombée était inappréciable. Dans
l'année moyenne, le mois d'octobre est indiqué comme n'ayant
qu'un peu plus d'un demi-centimètre d*eau de pluie.
Le mois de novembre n'appartient à Tbivernage que par
Téiévation de sa température; comme le mois de mai, c'est
un mois de transition d'une saison à l'autre.
Si l'on jette un coup d'œil sur les roses des vents de Tile de
Corée (Y. ch. 111), on sera frappé de la relation très-évidente
qui existe entre la présence des pluies et l'absence des vents
généraux : les mois des vents variables sont les seuls pendant
lesquels il pleut régulièrement. Les rares pluies du mois d'oc-
tobre ont toujours eu lieu à des dates comprises dans les dix
premiers jours de ce mois, alors que les vents de NE n'étaient
pas encore établis. Nous allons suivre dans notre description
la division naturelle et examiner les pluies dans chacune des
deux saisons.
rv. — Pluies pendant la saison sèche.
Tant que domine Falizé de NE les pluies font défaut ou sont
très-faibles et tout à fait exceptionnelles. Sur le chiffre de 33
qui représente celui du nombre de jours pluvieux dans Tannée
moyenne, deux jours seulement, avons-nous dit, appartien-
nent à la belle saison, ils donnent seulement la faible hwteur
de 46 millimètres d'eau tombée.
108 CLIMAT DE GORÉE.
Ep cherchant une explication de ces jours de pluie si rare-
ment signalés à cette époque de Tannée^ je n'ai pu trouver
aucun changement dans la direction des vents pouvant en
indiquer la cause. Mais les vents inférieurs ont seuls été notés
dans le journal météorologique; or, les nuages qui versent ces
pluies sont presque toujours apportés par les vents supé-
rieurs.
11 est un phénomène que Ton peut facilement observer au
mois d'avril et au commencement du mois de mai. Le matin,
le ciel est parfaitement serein^ le vent souffle de NE. Vers dix
heures, quelques cumulus se montrent au SO, la girouette
conserve sa direction, indiquant des vents inférieurs du N au
NE, et cependant les nuages remontent en deux ou trois
heures, atteignent le zénith et couvrent une partie du ciel. En
général, ces nuages sont peu épais et se dissipent assez rapi-
dement; ce sont eux qui donnent les petites pluies anormales
de la saison sèche.
Lorsque ces pluies laissaient tomber une quantité d'eau
pouvant se mesurer au pluviomètre, cette quantité n'était, en
général, que de 1 ou 2 millimètres ; elle a pu cependant s'é-
lever jusqu'à iO millimètres en 24 heures au mois de février
1860 par un jour de calme.
Nous avons observé une de ces pluies anormales de la
saison sèche en février 1874. Elle nous a paru liée à quelque
grand mouvement général de l'atmosphère. Précédée d'une
baisse barométrique qui s'est manifestée à Corée et à Saint-
Louis, à partir du 15 février, et qui a été très-prononcée les
21, 22, 23, cette pluie a commencé dans la nuit du 23 au 24 ;
elle a été intermittente dans cette dernière journée pour
reprendre le 25 pendant une durée de 14 heures. A mesure
que la pluie tombait le baromètre remontait. Il faisait calme,
les nuages supérieurs chassaient violemment dans la direction
du SO au NE.
De tous les mois de l'année, mars est le seul où, pendant
huit ans, il n'ait pas été noté un seul jour même légèrement
pluvieux.
DES PLUIES. 109
V. — Pluies pendant rhlvemage.
D'après Kaemtz, la plus grande quantité de pluie tombe
sous les tropiques au moment où le soleil est au zénith. Cette
proposition n'est pas absolument exacte pour le Sénégal. Le
premier passage du soleil au zénith a lieu vers la fin d'avril,
plus de deux mois avant les premières pluies. Mais le second
passage du soleil coïncide il est vrai avec le mois d'août, mois
qui contient à lui seul près de la moitié du nombre des jours
pluvieux de Thivernage.
L'élévation de la température parait être la cause de la dis-*
parition des alizés et de la mousson de SO qui cherche à
s'établir.
A cette époque de Tannée^ le Sénégal se trouve dans les
conditions des régions situées directement sous l'équateur.
Maury indique comment^ sous l'influence de la marche du
soleil, la zone des nuages et des calmes équatoriaux remonte
en été vers le N. Dans son ascension cette zone atteindrait le
14® de latitude.
La presqu'île du Cap-Vert, située par W 40', est par con-
séquent une région limitrophe où Teffet de la zone des nuages
équatoriaux doit être de moindre durée et de moindre force.
Il se fait, croyons-nous, au Sénégal, une combinaison entre
la mousson de SO qui domine au large et la tendance aux
calmes, aux vents faibles et irréguliers qu'apporte avec elle
la zone des nuages qui suivent le mouvement du soleil. Aussi
reconnaîtrons-nous deux sortes parfaitement distinctes de
pluies : les pluies des calmes, des orages et des tornades,
accompagnées ou précédées de vents de SE, et les pluies qui
coïncident avec de fortes brises de SO venant du large; ce
vent souffle même parfois avec la force des tempêtes.
Les premières semblent d'origine locale ou voisine. Les
nuages qui les versent se forment sur place sur la côte où la
rencontre de l'atmosphère maritime avec l'atmosphère ter-
restre donne lieu à des orages violents. Les autres pluies
110
CLIMAT DE GO&ÉE.
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DES PLUIBS. il!
viennent de rocéan et sont analogues aux grandes pluies que
porte à la côte orientale de TAfrique du S et de llle de
Madagascar Talizé de SE qui Tient de la mer. Elles sont, eu
général, de force moindre que les pluies d'orages, mais ont
uoe plus longue durée et ne sont que très-rarement accom-
pagnées de phénomènes électriques. Il y a des années où Tun
de ces modes prédomine sur l'autre. Alors les orages sont
rares, les tornades se comptent seulement par une ou deux
dans tout un hivernage et Ton voit des journées presque
entièrement pluvieuses, la pluie étant accompagnée dans le
jour comme dans la nuit de vent de SO d'intensité variable-
Dans ce cas, l'hivernage, tout en étant la cause d*un aussi
grand nombre de maladies que dans les autres années, est
très- peu pénible à supporter.
D'autres fois les pluies sont toutes en grains extrêmement
violents, mais très-courts, précédés d'un état atmosphérique
exœssivement pénible à supporter par suite de l'élévation
de la température et de la quantité de vapeur d'eau contenue
dans l'air.
En général, les hivernages sont constitués par un mélange
des deux modes de, pluies. Il en résulte que si une saison
sèche ressemble toujours extrêmement à celle de Tannée pré-
cédente, il n'en est pas de même des hivernages successifs.
On comprend combien il doit y avoir de rapport entre l'état
de rhivernage cl les maladies qui se montrent ordinairement
à la fln de cette saison et au début de la saison sèche.
On pourra reconnaître en examinant la planche relative
aux pluies qu'il y a, d'une année à l'autre, de grandes variétés
dans le mode de distribulioa des eaux entre les mois de
rhivernage.
Le mois d'août est celui qui comprend le plus grand nombre
de jours pluvieux, la moyenne de ces jours étant de quatorze.
D'après les moyennes de six jours et de neuf jours qui s'ap-
pliquent aux mois de juillet et septembre, on voit que ces
mois sont, en général, deux ou trois fois moins pluvieux que
le noiois d'août. Quelquefois l'époque du maximum des jours
H2 CLIMAT DE GOBÉE.
pluifieux se trouye retardée d'un mois : ce cas s'est présenté
deux fois en 1858 et en i 861 ^ années remarquables parle peu
d'abondance de la pluie.
Il est à remarquer que jamais le maximum des pluies n'a
eu lieu en juillet^ mais deux fois en huit aos il a eu lieu en
septembre.
L'abondance de la pluie est, d'une manière générale, pro-
portionnée à sa fréquence dans chaque mois.
A quelle heure du jour la pluie tombe- t-elle le plus fréquem-
ment? — Il résulte de nos observations qu'il pleut à peu près
deux fois plus souvent vers dix heures* du soir qu'à chacune
des autres heures de la journée. Ce fait est en rapport avec la
fréquence plus grande des orages le soir après le coucher du
soleil que dans la journée.
Pleut'il plus la nuit que le jour ? — L'observation des pluies
a été faite avec une grande précision par les observateurs
dont nous utilisons les travaux ; aussi nous est-il facile de
répondre à cette question. Dans l'année moyenne il tombe
255 millimètres d'eau le jour et 278 millimètres la nuit. 11 y
aurait donc à peu près égalité entre la quantité d'eau tombée
la nuit et le jour. En considérant chacune des années parti-
culières on arrive aux mêmes conclusions.
VI. — Dates des premières pluies importantes.
Que l'on considère les années, les mois ou seulement l'es-
pace de 24 heures, les pluies sont donc toujours un phéno-
mène excessivement irrégulier : leur apparition dans une
saison particulière est la seule loi que nous puissions consta-
ter, tout en tenant compte des avances et des retards qu'il
peut y avoir, d'une année à l'autre, dans le moment de cette
apparition.
Nous avons cherché les dates des premières pluies impor-
iantes des diverses années. Nous avons considéré comme
DES PLUI£S.
113
première pluie^ celle qui laisse tomber sur le sol, rendu
aride par huit mois de sécheresse, une quantité d'eau suffi*
santé pour en changer rapidement Taspect en donnant un
grand essor à la végétation, par conséquent ayant de l'impor-
tance pour l'agriculhire. Cest en effet à l'époque de cette
première pluie que les indigènes sortent de leur oisiveté et
préparent la terre pour y semer les deux espèces de graminées
qui forment la base de leur nourriture : le petit mil (panicum
milliacaceumy Lin.) et le gros mil ou sorgbo (holcus sorghum.
Lin.). Ces graminées n'ont besoin que d'un sol humide pour
produire en trois mois une abondante récolte. La dernière
espèce est celle qui est surtout cultivée par les indigènes de la
presqu'île du Cap- Vert.
Voici, chaque année, quelle a été la date de ces premières
pluies importantes pour l'agriculture :
Année 1858, le 7 juillet. . .
. pluie
de 53 millimètres.
— 1859, le 4 juillet. .
—
46
—
— 1860, le 10 juillet. . .
—
47
—
— 1861, le 7 juillet. . .
—
14
—
— 1862, le 13 juillet. . .
—
16
—
— 1863, le 12 juUlet. . ,
—
34
—
— 1864, le 27 juin. . . ,
—
25
—
^ 1865, le 28 juin. . • .
—
62
—
VII. — Principales remarques sur les pluies.
Malgré Tirrégularité des phénomènes de la pluie^ ou plutôt
à cause de cette irrégularité, nous devons chercher avec soin
et signaler les faits particuliers que peuvent mettre en évi-
dence les résultats des observations de ce phénomène atmos-
phérique. Nous avons dit que la plus forte quantité de pluie
mesurée dans l'espace d'une seule année avait été de 694 mil-
limètres en 1859 (année d'épidémie de fièvre jaune). Les
jours pluvieux de cette année ont porté sur huit mois succès-
8
114 CLUfÂT DE GORÉE.
sifs. Il est vrai que la quantité d'eau tombée en dehors de
Vhiyernage a été assez faible. Les trois mois de la saison hu-
mide par excellence ont fourni, en 38 jours, 650 millimètres
d'eau ; les 10 autres jours^ répartis sur les mois de mai, juin,
octobre, novembre et décembre, n'ont versé sur le sol que
44 millimètres. C'est la seule de nos huit années pendant
laquelle le mois de mai ait présenté un jour de pluie.
Sans nous arrêter à considérer la marche des épidémies de
fièvre jaune, signalons pourtant que toujours elles ont eu lieu
à Corée pendant la saison des pluies. Cette coïncidence ne
pourrait-elle pas s'expliquer par la nécessité^ pour l'exten-
sion de la fièvre jaune, d'une température moyenne élevée
comme celle de rhivernage (âT^). La basse température de la
saison sèche (20%6) arrête au contraire les progrès de l'épi-
démie ou s'oppose à son invasion. Il est nécessaire d'ajouter
qu'en 1864, année exempte de fièvre jaune, la quantité d'eau
tombée a été, à 2 ou 3 millimètres près, ]a même qu'en 1859,
mais que le nombre des jours pluvieux a été de beaucoup in-
férieur à celui des jours pluvieux de cette dernière année.
Les chiffres exprimant^I'abondance et la fréquence moyenne
des pluies ne donnent que d'une manière incomplète une
idée du régime des pluies sur le littoral de la Sénégambie.
Nous avons cru utile de bien indiquer le mode des pluies
par des renseignements plus détaillés. Nous avons compté
pour cela, sur les registres météorologiques, les nombres des
jours où la hauteur de la pluie avait atteint ou dépassé cer-
taines hauteurs.
Nous avons trouvé^ par cette méthode, qu'en huit ans, la
hauteur de la pluie, en 24 heures, avait atteint ou dépassé
trois fois, 110, 130 et 140 millimètres ; huit fois elle s'est éle-
vée entre 60 et 100 millimètres ; dix fois elle a dépassé 50 mil-
limètres ; vingt-quatre fois elle a été au-dessus de 30 à 40 mil-
limètres; soixante-dix fois elle a été supérieure à iO et 20
millimètres ; cent cinquante-une fois elle a été inférieure à
10 millimètres et d'au moins 0™",5.
Nous avons aussi cherché quelles avaient été, chaque an-
/
DES PLUIES. 115
née, les plus fortes séries de jours pluvieux consécutifs ; ces
séries sont très-rares et peu longues. Nous trouvons : en
1858, une série de 3 jours, du !•' au 3 septembre, accompa-
gnée de vent d'O; en 4859, une série de 4 jours, du 24 au
27 août, par vent de SO ; en 1860, une série de 6 jours, du
4 au 9 septembre, pluies dorages; en 1861, nous trouvons
deux séries de 7 jours pluvieux, l'une en août, accompagnée
d'orages et de vent d'O, l'autre dans les premiers jours de
septembre, par de fortes brises d*0 ; en 1862, une série de
6 jours. Dans les trois dernières années d'observations les sé-
ries ne dépassent pas 4 jours.
On peut voir par ces indications que le climat de Corée ne
présente que très-exceptionnellement des séries de jours plu-
vieux. Il est excessivement rare de voir la pluie se soutenir
d'une manière continue pendant vingt-quatre heures. 11 y a
presque toujours, entre les grains qui constituent les pluies
de riiivernage, des moments où le ciel est découvert et où le
soleil peut faire sentir son influence qui, à cette époque plus
qu'à toute autre, est pernicieuse pour les personnes qui s'ex-
posent à son irradiation directe.
Voici quelques pluies remarquables dont nous croyons de-
voir mettre en évidence les observations :
En 1862, il est tombé en six jours plus d'un tiers de la
quantité d*eau totale de l'année, dont 90 millimètres en un
seul jour, sous l'influence de fortes brises d'O.
La plus forte quantité d'eau tombée en vingt-quatre heures
a été de 142 millimètres en 1864. En quatre jours, du 8 au 12
août^ il est tombé, cette année, 399 millimètres d'eau, c'est-
à-dire plus de la moitié de la pluie totale de l'année. Une
série de forts vents d'O et de SO avaient apporté ces
pluies.
Pendant un coup de vent de SO qui régna du 28 au 30 sep-
tembre de l'année 1 860, il est tombé 109 millimètres d'eau,
environ le quart de la pluie totale de Tannée.
On voit par ces exemples (et les autres observations consi-
gnées sur nos relevés annuels des pilules le démontrent éga-
il6 CLI9IAT DE GORÉE.
lement)^ que ce ne sont pas les plaies d'orages qui donnent la
plus grande abondance d'eau^ mais les pluies apportées de
rOcéan par des vents énergiques.
Pour avoir une idée de la force avec laquelle tombe la
pluie^ pendant les principales averses que j'ai pu observer à
Corée, en 1872^ j'ai cherchée déterminer la quantité d'eau
qui tombait au moment où la pluie avait sa plus grande
intensité ; j'ai plusieurs fois trou\é que la pluie donnait alors^
au pluviomètre, une hauteur d'eau de 1 millimètre par
minute.
Ces énormes averses, lorsqu'elles se répètent dans un temps
assez court, produisent dans le pays l'efTet de petites inonda-
tions. A Dakar les routes sont souvent emportées par ces
pluies et profondément ravinées, il en résulte qu'à la fin des
hivernages très-pluvieux, des travaux considérables deviennent
nécessaires pour réparer les dégâts produits. L'économie se
joint à l'hygiène pour conseiller de faire le drainage de cette
petite ville, de manière à lui permettre de recevoir les eaax
pluviales, sans être bouleversée d'une façon aussi préjudiciable
à la santé des habitants qu'aux intérêts bien entendus de la
colonie.
VIII. — Influence des pluies sur la végétation et sur
l'état sanitaire. -- Différences au point de vue sani-
taire entre les villes de Gorée et de Dakar.
Nous avons fait remarquer la coïncidence de la saison des
pluies avec l'extension des diverses épidémies de ûèvre jaune
qui ont ravagé Gorée, et nous avons attribué à la haute tem-
pérature de cette saison Textension d'épidémies qui toujours
ont été importées, ainsi que le démontrent les savantes re-
cherches du médecin en chef du Sénégal (i).
La saison des pluies est toujours accompagnée d'une activité
(1) V. De la fièvre jaune au Sénégal, par Bérenger-Féraud. ParU, 1874.
DES PLUIES. 117
très-grande de la Tégétation ; nous croyons utile de signaler
une observation que nous avons faîte plusieurs années de
suite. C'est au mois de juin, sous l'influence, non pas des
pluies, mais de l'élévation de la température, que s'opère le
réveil de la végétation. Ce réveil, sans être au Sénégal aussi
remarquable que celui du printemps en Europe, est pourtant
extrêmement sensible. A la fin de mai la terre est desséchée,
les animaux trouvent à peine leur nourriture, le fourrage est
sec et de mauvaise qualité, il n'y a que de rares arbustes qui
conservent encore quelques feuilles. Les [pluies ne sont pas
encore apparues; la terre étant toujours sèche, l'herbe ne
pousse pas. Malgré cela, la sève prend de l'activité, les arbres
se couvrent de bourgeons, et même quelques feuilles parais-
sent avant qu'il soit tombé une seule goutte de pluie.
Ainsi la végétation prend, sous l'influence de la chaleur,
une activité qui précède et annonce en quelque sorte les
pluies. Peu de temps après ce moment, les pluies surviennent
et donnent à la végétation une force qui rend, en quelques
jours, à la presqu'île l'aspect de la fécondité des régions équa-
toriales.
Un autre phénomène doit être encore noté : les moustiques,
qui étaient devenus très-rares et avaient même disparu com-
plètement, reparaissent en assez grande quantité dès le com-
mencement de juin. Ce n'est, il est vrai, qu'après les premières
pluies que des nuées de ces insectes sortent de toutes les
mares d'eau où abondent leurs larves, mais leur première
apparition a lieu avant la pluie. A ce moment la sécheresse est
telle que les petits oiseaux, trouvant difficilement à vivre
dans la campagne, se rapprochent des lieux habités, et qu'il
suffit d'un peu d'eau pour les attirer dans les pièges. On prend
ainsi des quantités considérables de ces petits passereaux,
que BufTon a décrits sous le nom de sénégali ; ils constituent
même l'objet d'un commerce assez important ; le Sénégal en
exporte des milliers.
La chaleur et sans doute aussi l'état hygrométrique de l'air
qui l'accompagne, produisent des effets qu'un observateur
118 CLIMAT DE CORÉE.
inattentif attribuerait aux pluies qui ne tardent pas à sur-
venir.
Dès que quelques gouttes d'eau se sont répandues sur le sol^
le réveil de la nature est complet, la terre se couvre d'herbe,
les immenses boababs^ dont quelques feuilles pointaient à
peine sur des branches sèches comparables à celles d'un arbre
mort^ se couvrent en quelques jours d^un magnifique feuillage
qui projette un vaste cercle d'ombre autour de leurs troncs
prodigieux. En une semaine les bourgeons de certains arbres^
tels que le Morenga-oleifera^ développent des tiges d'une lon-
gueur de 50 centimètres.
Les insectes fourmillent alors. Il suffit d'exposer une lu-
mière, un soir de calme, sur une fenêtre, pour faire une col-
lection entomologique des plus riches. Dans les herbes pul-
lulent les batraciens. Le pays prend l'aspect que l'on rencontre
constamment à quelques degrés plus bas en se rapprochant de
l'équateur.
La santé des indigènes, en ce moment, est excellente. L'Eu-
ropéen seul souffre et s'empoisonne dans celle atmosphère
pour laquelle il n'est pas créé. S'il veut éviter les fièvres, il
faut qu'il s'éloigne ou qu'il aille habiter Corée. Ce rocher dé-
pourvu de végétation est séparé de la terre par une distance
suffisante pour atténuer la force des miasmes. Corée est d'ail-
leurs dans une situation hygiénique qui le met à l'abri des
vents les plus malsains, et ce n'est qu'accidentellement que
ces miasmes pourraient lui être portés. Aussi les fièvres inter-
mittentes sont-elles très-rares chez les habitants de Corée, et
les Européens peuvent passer plusieurs années dans cette île
sans avoir le moindre accès de fièvre, à la condition de ne
faire aucune excursion sur la terre ferme.
Corée est, en dehors des années où la fièvre jaune y est im-
portée, un port d'une salubrité remarquable, non pas d'une
manière relative et par comparaison avec la côte du Sénégal
ou l'intérieur du pays, mais d'une manière absolue. La salu-
brité de son climat peut être comparée à celle de nos meil-
leures colonies. Si les habitants de Tile de Corée ne faisaient
DES PLUIES. il9
de fréquentes excursions sur le continent, ils pourraient jouir
pendant de longues années d^une santé excellente. Des faits
nombreux sont là pour le prouver. Je citerai entre autres la
bonne santé dont y jouissent les femmes et les quelques per-
sonnes qu'une vie sédentaire retient dans Tile.
La ville de Dakar^ si elle se bâtit où elle a été tracée^ pourra
jouir en partie de sa situation exceptionnelle sur le continent
africain. Mais pour que son climat puisse devenir aussi sain
que celui de Gorée^ il faudra que cette petite ville se trans-
forme rapidement en un centre très-babité et bien bâti. Long-
temps encore il y aura entre Corée et Dakar une différence
énorme au point de vue sanitaire. Cette différence est actuel-
lement extrêmement prononcée. Je crois qu'il est difficile de
trouver deux points aussi proches Tun de l'autre et jouissant
de conditions de salubrité si profondément dissemblables.
CHAPITRE V
PRESSION ÂTSIOSPHERIQUB.
I. — Observations barométriques faites à Gorée.
Les observations sur lesquelles nous pouvons nous appuyer
pour rétude de la pression atmosphérique à Gorée ne com-
prennent que quatre années : 1857-58-59-60. Ces observations
ont cependant été faites pendant douze ans^ mais les journaux
météorologiques ne pourraient être utilisés qu'à Taîde d'un
grand travail de rectification et de nombreux calculs. Sans
nous fournir tous les renseignements qui nous seraient né-
cessaires, les quatre années d'observations que nous avons ré-
sumées peuvent cependant nous procurer des notions approxi-
matives sur la pesanteur de l'atmosphère de ces régions,
notions qui présentent une assez grande importance, vu l'ab-
sence de tout travail antérieur sur ce sujet.
Plus les variations d'un phénomène météorologique sont
faibles^ plus il est indispensable d'observer avec soin : orjes
observations du baromètre ont toujours été faites avec une
approximation beaucoup trop large^ Pour obtenir de bons ré-
sultats^ il aurait été nécessaire de prendre toutes les hauteurs
barométriques au moins à un dixième de millimètre près^ ce
qui n'a pas été fait le plus souvent. En donnant les résultats
que nous avons obtenus, nous insisterons sur la nécessité de
faire à Gorée de meilleures observations barométriques qui
puissent servir de base à un nouveau travail présentant une
valeur plus grande que celui que nous pouvons offrir en ce
moment.
On trouvera dans les tableaux qui résument les quatre an-
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 12!
nées d'obseryations dont nous avons fait choix : les moyennes
mensuelles des hauteurs du baromètre à cinq heures diffé-
rentes du jour^ ainsi que les moyennes déduites de ces cinq
observations pour les quatre années {i). Nous nous sommes
bornés à donner (page 16) les mêmes renseignements cal-
culés pour une année moyenne conclue de ces quatre années.
La cuvette du baromètre était située à S^'^SO au-dessus du
niveau moyen de la mer. Les hauteurs barométriques de
* chaque observation ont toutes été corrigées et ramenées à la
température de 0<>.
II. — Hauteur moyenne du baromètre.
La hauteur moyenne du baromètre observée à Corée, pen-
dant quatre années, à ^"^fiO au-dessus du niveau moyen de la
mer, a été de 7S7°^",7.
La plus faible des moyennes annuelles obtenues est de
757"^°,1 pour Tannée 1859.
La plus forte de ces moyennes est celle de Tannée 1856^
elle est de 758'"™, 4.
Mais nous ne croyons pas que les observations aient été
faites avec une précision suffisante, pour que la différence qui
existe entre ces deux moyennes annuelles puisse être consi-
dérée comme Texpression d'une véritable oscillation de la
pression atmosphérique, d'une année à une autre année. Ce
n*est même qu'avec une certaine réserve que nous indique-
rons le chiffre de 757°^,7 comme exprimant la moyenne réelle.
Nous avons dit plus haut que des observations plus précises
seraient nécessaires. 11 faudrait aussi que les baromètres qui
ont servi à ces observations eussent été comparés et vérifiés.
En tenant compte de Télévation du lieu d'observation qui
diminue la hauteur de la colonne barométriqne d'un demi-
millimètre, nous trouvons qu'à Corée, au niveau de la mer, à
(1) Voir Annuaire de la Société météorologiquey tome XVII.
12â CLIUAT DE GORiE.
la température de O», la pression atmosphérique doit être
très-voisine de 758°", 2.
III. — Variations de la pression atmosphérique dans
Tannée.
C'est au mois de janvier que la colonne mercurielle atteint
sa plus forte élévation moyenne. C'est aux mois d'avril, sep-
tembre et octobre que cette pression est la plus faible. '
Il y a une différence de 759"»,i à 757"*,0, c'est-à-dire de
2™,i seulement, entre la moyenne barométrique la plus
élevée et celle qui est la plus basse.
On voit qu*à Gorée^ le baromètre se maintient à peu près au
même niveau moyen toute l'année^ que cependant la pres-
sion atmosphérique est légèrement plus forte en hiver qu'en
été. La moyenne hivernale est plus élevée que la moyenne
estivale de 0°^,7.
11 résulte de l'élévation plus grande de la pression en hi-
ver et de son abaissement en été que la marche du baromètre
est dans T/innée inverse de celle du thermomètre.
Quelque peu accentuées que soient^ à Corée, les variations
du baromètre, il est donc possible de reconnaître dans cette
contrée, comme en Europe, la marche en sens opposés des
deux instruments qui nous servent à mesurer la température
et la pesanteur de l'air atmosphérique. Mais les variations an-
nuelles des moyennes barométriques n'ont pas une marche
aussi simple que celle de la température. Il y a dans Tannée
deux maxima et deux minima des moyennes barométriques
mensuelles. Le maximum et le minimum extrêmes ont lieu
l'un en janvier, l'autre en octobre. En juin se présente un
second maximum qui a été précédé d'un premier minimum
en ami; ce dernier est moins sensible que celui d'octobre.
Nous retrouverons à Saint-Louis cette double oscillation an-
nuelle des moyennes barométriques.
On peut remarquer que la pression barométrique s'élève
PRESSION ATMOSPHÊBIQUE. 123
pendant la saison où les vents réguliers du N à l'E sont les
mieux établis et les plus constants ; tandis qu'aux mois des
vents variables et des vents dominants de TO et du SO, la pres-
sion atmosphérique baisse. On sait que ce phénomène n'est
pas particulier à Gorée et qu'il se présente d'une manière à
peu près constante dans l'hémisphère nord.
XV. — Oscillations barométriques diurnes.
Sous les tropiques les variations accidentelles du baromètre
sont toujours très-faibles, et il est facile d'observer dans ces
régions l'amplitude des variations horaires. Ces variations
sont d'une régularité telle que Humboldt pouvait, sous les tro*
piques^ à la seule inspection de la colonne barométrique^ in-
diquer rheure à quinze minutes près.
Le Sénégal ne fait pas exception, sous ce rapport, aux autres
régions de la zone tropicale ; les variations accidentelles y
sont rares et n'ont jamais une grande étendue. Les plus fortes
oscillations dans une même Journée^ des quatre années dont
nous nous occupons^ n'ont* pas dépassé 3^ i ou 5 millimètres.
Une seule fois, au mois d'août 1858, l'oscillation a atteint
gmm 2 gjj douze heures.
L'Européen est donc loin d'être soumis au Sénégal aux varia-
tions nombreuses et très-fortes de pression auxquelles il était
habitué dans sa patrie. Ainsi, à Paris, la colonne mercurielle
peut s'élever jusqu'à 781 millim. et s'abaisser jusqu'à 713 mil-
limètres (1). Bien que l'influence que peut avoir sur l'écono-
mie une variation aussi considérable ne s'accuse d'aucune
manière sensible, il n'est pas possible que le jeu des organes
puisse se faire d'une façon complètement identique dans cha-
cune de ces deux circonstances dans lesquelles se trouve le
milieu qui les entoure et les pénètre. Il peut être permis de
chercher dans cette constance de la pressioa atmosphérique,
(1) Renoq.
124 CLIMAT DE CORÉE.
autant que partout ailleurs, une des causes du peu de fré-
quence des maladies des yoies respiratoires sous les tropiques.
Les conditions de l'osmose pulmonaire doivent se trouver en
général constamment les mêmes dans ces régions, tandis que
les variations de pression doivent les modifier d'un moment
à l'autre dans les climats d'Europe.
L^influence de la pression atmosphérique et de ses varia-
tions sur l'économie est encore moins bien connue que celle
de la chaleur et de ses variations. En ne cherchant les causes
des maladies que dans les influences produites parla chaleur^
on négligerait bien des éléments de la question complexe de
l'influence des climats sur la constitution médicale des diverses
contrées. Le médecin ne doit pas négliger, dans ses études du
climat d'un lieu^ de tenir compte de la pression atmosphéri-
que et surtout de ses variations.
Nous ne pouvons déterminer quelles sont, à Corée, les heures
tropiques des oscillations du baromètre. Les observations que
nous possédons n'ayant pas été faites dans ce but. Des cinq
observations faites quotidiennement, trois seulement corres-
pondent à peu près aux heures des périodes régulières du
mouvement barométrique sous les tropiques.
D'après Humboldt, il y a sous Téquateur deux mînîma et
deux maxima barométriques correspondant, les premiers à
Â^ 13° du matin et à 4^ S^'du soir, les seconds à 9** 23° du
matin et 10^ 23° du soir. Nos observations de Gorée nous per-
mettent seulement de reconnaître que les oscillations diurnes
sont approximativement les mêmes que celles que Ton con-
naît dans les pays tropicaux.
Il est nécessaire de faire à Gorée quelques séries d'obser-
vations, dans le but d'établir exactement la marche diurne
du baromètre. Une série horaire poursuivie seulement pen-
dant quelques jours serait très-facile à obtenir; l'absence des
irrégularités que Ton rencontre dans les régions situées plus
au nord permettrait de se contenter d'une série très-courte.
D'pprès les observations que nous avons résumées, la
moyenne des oscillations observées chaque jour pendant qua-
PKESSION ATMOSPHÉRIQUE. 425
tre années est de i"^,4. Les moyennes mensuelles de ces os-
cillations ne seraient jamais descendues au-dessous de l°^^l
et n'auraient jamais dépassé 1°^^9. Mais nous pensons que ces
indications résultent du détaut d'approximation suffisante.
Nos propres recherches faites pendant trois mois à Gorée,
nous indiquent une oscillation diurne moyenne de â'^'^^i en
janvier 1874, de 2"»",8 en février^j de 2"*,5 en mars.
Les observations que nous ayons faites, à Saint-Louis, pen-
dant une année entière, nous permettront d'étudier, avec une
plus grande exactitude, la marche de la pression barométrique
dans notre colonie.
CHAPITRE VI
ÉTAT HYGROMÉTBIQUE.
I. — Observations psychrométriques faites à Gorée.
Ces observations ont porté sur les années 1856^ 4858, 1859,
i 860, elles ont été résumées dans V Annuaire de la Société mé-
téorologique^ tome XYIl^ p. 65.
L'état hygrométrique de Tannée moyenne^ résultant de ces
quatre années^ est indiqué dans le tableau général qui résume
les obserrations de Gorée (p. 47).
Nous nous permettrons cependant de critiquer la valeur abso-
lue des observations psychrométriques recueillies dans ces an-
nées. l.es moyennes qu'elles fournissent nous paraissent trop
élevées. — Nos propres observations, faites à Gorée, pendant
trois mois, lious ont toujours donné des chiffres inférieurs à
ceux fournis par les observations dô ces quatre années. Voici
ces moyennes résultant de cinq observations quotidiennes :
TENSION DE LA YAPEDR. HUMIDITIÎ RELATIVE.
mm centièmes
Décembre i2,60 64
Janvier ii,19 68
Février 11,01 67
Kous ferons remarquer avec M. Renou que, dans les obser-
vations du psychromètre d'Âugust, toutes les causes d'erreurs
tendent à diminuer la différence entre le thermomètre sec et
le thermomètre mouillé, et par suite à élever la valeur des
chiffres exprimant l'état hygrométrique. Nous croyons les
moyennes déterminées pour Gorée trop élevées. Tout e*d
ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. 127
restant supérieures à celles que nous ayons obtenues^ pour
Saint-Louis^ elles doivent être abaissées d'une manière sen-
sible.
Cependant ces observations conservent leur importance, s'il
s'agit d'étudier les variations hygrométri(iues annuelles ou
diurnes^ ces variations n'étant pas sous la dépendance de la
valeur absolue des chiffres sur lesquels elles s'appuient.
n. — Variations annuelles de l'état fa.ygrométriq[ae.
La quantité absolue de vapeur d'eau s'élève ou s'abaisse
avec la température moyenne. C'est en février, au mois le
plus froid, qu'elle est en plus faible quantité^ sa tension est de
i3"^,95; c'est en octobre qu'elle est maxima 25°'",38. Elle
croît régulièrement de février à octobre, pour descendre en-
suite avec la même vitesse* que la température.
Dans le centre de l'hivernage, de juillet à la fin d'octobre, la
marche ascendante de la température est cependant plus
lente que l'ascension de la courbe des quantités absolues de
vapeur d'eau. Si dans ces différents mois la température ne
varie que très-peu, l'humidité absolue croit cependant enWe
avec une certaine rapidité, de sorte que l'atmosphère du mois
d'octobre est plus chargée de vapeur d'eau que celle des mois
précédents, tout en étant moins échauffée.
Si la quantité absolue de la vapeur d*eau va, règle géné-
rale, en augmentant et en s'abaissant suivant que la tempé-
rature s'élève ou s'abaisse, il n'en est pas de même de Thumi-
dilé relative.
L'humidité relative est le rapport existant entre la quantité
absolue de vapeur d'eau contenue dans l'air et celle que l'air
contiendrait s'il était saturé de vapeur. Dans la saison fraîche,
la température s'abaisse, puis se relève avec une rapidité trop
grande pour que l'air, qui a besoin d'un certain temps pour
absorber la vapeur d'eau, puisse se rapprocher de son point
128
CLIMAT DE GOREE.
fGORÊB '/Année mo^ennol.
Moyennes mêtêorolo3iques et etâ.t sanitajr^
D J r M A U J J A-Ji'4i^ Ji
ÉTAT HVGROMÉTRIQUE. 129
de saturation. Aussi est-ce à cette époque de Tannée, au mo-
ment des plus grands mouyements de la température, que la
sécheresse relative est la plus grande.
Dans rile de Corée où Tair peut se charger plus rapide-
ment d'humidité par évaporation de la surface marine, les va-
riations hygrométriques, tout en étant plus sensibles dans la
saison sèche que dans Thivemage, sont moins considérables
que dans l'intérieur des terres, où les surfaces d'évaporation sont
beaucoup plus restreintes en étendue. Au mois de décembre,
par exemple, la différence entre la tension de la vapeur d'eau
et celle de la tension qu'elle aurait si Tair était saturé, s'élève
à près de 7 millimètres, et le rapport de ces deux quantités à
77 centièmes. Aussi n'est-ce pas au moment le plus froid de
l'année, en février, mais en décembre, que l'humidité relative
commence à augmenter. Au contraire, de février à mars^
pendant que l'humidité absolue augmente comme la tempéra-
tare, l'humidité relative diminue.
De mars à avril et les mois suivants, jusqu'en septembre,
l'humidité relative augmente, comme la chaleur et l'humidité
absolue, mais avec une vitesse beaucoup moindre ; en sorte
que les courbes d'ascension de l'humidité absolue et de l'hu-
midité relative sont loin d'être parallèles.
De septembre à octobre, tandis que la chaleur reste à peu
près stationnaire, que la quantité absolue de vapeur d'eau va
en augmentant et que, par conséquent, la quantité relative de-
vrait augmenter ou rester à peu près stationnaire, nous trou-
vons qu'elle diminue légèrement ; cela provient sans, doute
de ce que nous comparons à une année moyenne conclue de
dix ans pour la température, une année moyenne conclue de
quatre ans pour Tétat hygrométrique. En effet, dane ces quatre
années, la température moyenne d'octobre a été supérieure
à celle de septembre, de sorte qu'il n'y a là qu'une erreur
apparente. La chaleur a continué] en réalité de croître, pen-
dant que l'humidité relative s'abaissait d'un centième seule-
ment.
D'octobre à décembre, l'humidité relative diminue rapide-
9
130 CLIMAT DE GORiE.
ment^ comme la température et comme Thumidité absolue
pour arriver à sa plus basse moyenne.
Il résulte de cette marche de la courbe représentant Thu-
midité relative^ quil y a dans Tannée deux minima et deux
maxima de Thumidité relative.
Les deux minima sont très-rapprocbés^ ils ont lieu dans la
saison sèche^ Tun, celui qui est le pins bas de Tannée^ se pré-
sente en décembre, l'autre en mars. Les deux maxima ont
lieu, Tun le plus faible, dans la saison sèche en janvier ou
février, Tautre qui est le plus fort, au mois de septembre;
c'est le moment de Tannée où Thumidité relative Temporte
sur celle de tous les autres mois.
En traçant les courbes de l'état hygrométrique de chacune
des quatre années particulières, on voit le moment du second
minimum de la saison sèche qui a lieu vers le milieu de cette
saison^ se déplacer en avance ou en retard. On peut, croyons-
nous, Tattribuer aux séries du vent d'E, qui régnent ordinai-
rement soit en mars, soit en avril, suivant les années. --
lUais des séries plus longues d'observations seraient nécessaires
pour affirmer ces deux minima et ces deux maxima an-
nuels.
III. — Variations quotidiennes de l'état hygrométrique.
La quantité absolue de vapeur d'eau contenue dans Tair est
à son minimum dans la nuit; l'observation de 6 heures du
matin est du moins celle qui présente, dans les moyennes
horaires de Tannée, la plus faible tension de la vapeur. Cette
tension va croissant assez rapidement jusqu'à 1 heure du soir,
puis lentement entre 1 heure et A heures du soir^ pour des-
cendre ensuite rapidement dé 4 heures à 10 heures. A celte
dernière heure, sans être aussi faible que celle que Ton
observe le matin^ elle en diffère assez peu ; de sorte que Ton
pdiit dire que, de même que la température, la tension de la
ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. i3i
vapeur n'a d'oscillations fortes que dans le jour et descend
très-peu de 10 heures du soir à 6 heures du matin.
Un fait important doit être signalé :
De 1 heure à 4 heures du soir, nous ne possédons à Taide
de Tobservation des maxima qu'une approximation vague du
moment où, d'ascendante, la température devient descen-
dante. Or, de 1 heure à 4 heures, la tension de la vapeur
d'eau conserve sa marche ascendante, quel que soit le mois
de Tannée où se fasse i'ohservation; Au mois d'octobre, où la
température de 4 heures du soir et celle de i heure diffèrent
très-peu^ ce fait ne présente rien de remarquable ; mais en
janvier et février, alors que la température de 4 heures est
toujours plus basse que celle de i heure, la tension de la va-
peur est comme dans tous les mois de l'année^ à 4 heures du
soir, supérieure à celle de 1 heure. Ainsi, le moment du
maximum de la tension de la vapeur doit être postérieur à ce-
lui du maximum thermal. Et ce fait existe dans toutes les sai-
sons et dans tous les mois de Tannée.
Il est facile d'expliquer comment l'accroissement de la tem-
pérature est en moyenne suivi d'un accroissement de la quan-
tité de vapeur suspendue dans Tair, puisque Tévaporation doit
augmenter à mesure que le soleil s'élève sur Thorizon. Si cet
accroissement a encore lieu à 4 heures du soir, cela provient
sans doute, dans l'hivernage, du retard qu'a le maximum ther-
mal jusque dans le voisinage de 4 heures du soir. Mais, dans
la saison sèche, il est plus difficile de trouver une explication
des faits reconnus par Tobservation.
Cette marche des variations de la quantité de la vapeur
d'eau est conclue de Texamen des moyennes mensuelles. Mais
si nous suivions, jour par jour, la marche de la température
moyenne et celle de Tétat hygrométrique, nous trouverions
des irrégularités considérables, provenant surtout de la pré-
sence de tel ou tel vent. Ainsi, par exemple, la plus grande
siccité de Tair se trouve correspondre d'une manière habi-
tuelle au maximum thermal, toutes les fois que ce maximum
est produit par le vent du désert ou vent d'E.
132 CUVAT DE GORiE.
L'influence des vents sur Télat hygrométrique présente un
très-grand intérêt; nous traiterons cette question au moment
où nous étudierons le climat de Saint*Louis, à l'aide d'obser-
vations qui nous sont propres.
L'humidité relative varie, dans la journée, d'une manière
bien différente de celle dont varie la quantité absolue de va-
peur d'eau contenue dans l'air. En effets l'air oppose un
obstacle à la formation de la vapeur d'eau et à mesure que sa
température s'élève, sa capacité pour l'eau croit plus rapide-
ment que n'augmente l'évaporation toujours plus ou moins
limitée. 11 en résulte que relativement à son état de saturation,
l'air contient de moins en moins d'eau à mesure que sa tem-
pérature s'élève. La courbe des moyennes horaires de l'humi-
dité relative marche en sens opposé de celle de la tempéra-
ture.
La comparaison des courbes de l'humidité relative avec celle
de la température, qu'il s'agisse de la saison sèche, de l'hiver-
nage, des moyennes annuelles ou seulement des moyennes
mensuelles, montré que la marche de l'humidité suit des lois
qui ne diffèrent pas sensiblement des lois générales résultant
des observations analogues faites dans les autres pays.
IV. — Extrêmes de la sécheresse ou de rhnmidité
de rair.
L'examen des extrêmes des variations dans l'état hygromé-
trique, d'après le journal météorologique de 1 860, nous montre
que la tension de la vapeur a varié dans cette année de 8"^°,41,
le 9 décembre, à i heure du soir, à 29"^°,i6, le 10 août à la
même heure ; ce qui donne pour toute l'année une oscillation
considérable dans l'état hygrométrique de l'air.
Dans la saison sèche, la tension de la vapeur a varié du
minimum 8°",4l au maximum 25°™,23 (le 2 janvier), et l'hu-
midité relative est descendue à 38 centièmes (3 et il décem-
bre 1860); tandis que dans l'hivernage les oscillations de la
ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. 133
tension de la vapeur se sont maintenues entre i7"^,27 (no-
Tembre) et 29"*, 4 6 (le 40 août). L'humidité relative n'a jamais
été inférieure à 69 (le 30 avril).
£n rapprochant ces faits, qui témoignent d'une grande irré-
gularité climatérique, de ceux que nous avons étudiés et qui
témoignent de la faiblesse des variations de la température,
nous sommes frappés de leur discordance.
Comme nous Tavons déjà dit^ on trouve dans les oscillations
de l'état hygrométrique une explication suffisante des varia-
tions si sensibles de chaud et de froid éprouvées par le corps
humain sous le climat de Corée, alors que le thermomètre
n'indique que de très-faibles oscillations.
Ce ne sont pas les variations de la température qui de-
vraient être si vivement accusées dans les ouvrages médicaux
parlant de notre colonie, mais les variations dans les hydro-
météores.
Toutes ces variations sont sous l'influence des vents ; elles
résultent de la situation spéciale du Sénégal entre deux im-
menses plaines, Tune liquide^ l'Océan; Fautre sèche, le désert.
Suivant que les vents proviennent de l'une ou de Tautre de ces
surfaces, il doit y avoir humidité ou sécheresse extrême.
Dans l'intérieur du pays, ces variations sont beaucoup plus
fortement accusées. En utilisant les observations que nous
a^ons faites à Saint-Louis, nous verrons que l'étendue de ces
variations est déjà extrêmement considérable dans cette ville
et que Corée est encore très-favorisée par sa position mari-
time.
CHAPITRE VIL
ÉTAT GÉNÉRAL DE L' ATMOSPHÈRE ET .DE QUELQUES AUTRES
PHÉNOMÈNES NATURELS.
I. — Aspect du ciel.
Pendant les dix années qui ont fourni les principales don-
nées météorologiques sur lesquelles se base notre étude, Tétat
de l'atmosphère a été noté avec soin cinq fois par jour. Nous
n'avons cependant pas jugé nécessaire de relever^ année
par année, les résultats de ces recherches et d'en conclure
des moyennes. Lorsque les observations ont la précision
de celles qui se font à Taide d'instruments, les moyennes ob-
tenues prennent une valeur d'autant plus importante que le
nombre des observations est grand. Si l'observation dépend
du jugement de Tobservateur, elle perd nécessairement une
partie de son exactitude.
Ce serait se tromper sur la puissance de l'appréciation des
faits naturels, à l'aide de la méthode numérique, que d'ou-
blier qu'en appliquant cette méthode à Tétude des phéno-
mènes dont nos instruments ne nous donnent pas des notions
précises, on risque d'être conduit à de graves erreurs. Suppo-
sons, par exemple, qu'un observateur ait pris l'habitude
d'exagérer, sans s'en rendre compte, la valeur de tel ou tel
phénomène : en ajoutant ces erreurs les unes aux autres,
comme elles sont faites toutes dans le même sens, on les mul-
tiplie de manière à arriver à des résultats complètement con-
traires à la vérité.
La diversité des observateurs fournit une autre cause d'er-
reurs qui, nulle lorsqu'il s'agit de phénomènes observés à
l'aide d'instruments, peut devenir très-grave lorsqu'il s'agit
ÉTAT GÉNÉRAL DE l'aTHOSPHÉRE.
135
d'ajouter des quantités désignées par le même signe par deux
observateurs, mais n'ayant pas en réalité la même \aleur.
C'est pourquoi nous nous sommes bornés à étudier l'état
général de l'atmosphère pendant une seule année. Nous avons
choisi l'année 1860^ dont les observations donnent des résul-
tats concordant avec ceux de nos observations personnelles.
Cette année nous a fourni déjà nos meilleurs documents.
Etat générai de l'atmoiphère pendant l'année 18 60*
MOIS.
Janvier
Février. • . . . .
Mars
Avril
Mal
Juin
Juillet
Août
Septembre . . • •
Octobre
Novembre
Décembre
Année
Saison sèche « • .
Hivernage ....
6 heures du matin.
NOMBRE DE JOURS DE CIEL
se-
rein.
9
7
16
18
12
6
n
1
3
7
11
9
99
71
28
i/k
et 1/2
cou-
vert.
8/a
cou-
vert.
cou-
vert.
14
3
10
8
10
4
7
5
8
7
7
7
14
4
12
8
11
b
18
2
11
3
11
6
133
62
33
60
73
29
5
4
1
»
4
la
13
10
11
4
5
5
72
19
53
4 heures du soir.
NOMBRE DE JOURS DE CIEL
se-
rein.
6
16
17
24
20
8
1
»
2
9
14
17
134
100
34
1/ft
et 1/2
cou-
vert.
8/4
cou-
vert.
cou-
vert.
16
4
7
3
10
2
3
1
7
3
15
5
14
7
13
7
15
6
15
6
5
4
10
2
130
50
53
15
77
35
5
3
2
2
1
2
9
11
7
1
7
2
52
15
37
Oa voit d'après ce tableau que Tétai du ciel ne se modifie,
d'une manière importante, d'un mois au mois suivant^ qu*aux
époques de transition d'une saison à l'autre. Mais si l'on
groupe les mois par saisons, on arrive à trouver des diflé-
136 CLIMAT DE GORCE.
rences très-sensibles dans l'état du ciel, dans chacune de ces
divisions de Tannée.
Nous pouvons d'abord constater que la sérénité du ciel va
en augmentant du malin au soir. C'est toujours au moment
du lever du soleil que le ciel est le plus couvert ; c'est au
contraire vers 4 heures du soir qu'il est le plus dégagé de
nuages.
Cependant les saisons apportent certaines modifications
dans la plus ou moins grande nébulosité de l'atmosphère
suivant les différentes heures du jour. Dans la saison sèche, le
contraste entre le ciel du matin et celui du soir est beaucoup
plus prononcé qu'il ne Test dans l'hivernage. Dans la saison
sèche, le ciel est environ deux fois plus souvent serein à
4 heures du soir qu'à 6 heures du matin^ tandis que dans Thi-
vernage le nombre des observations de ciel sans nuage est,
à 4 heures du soir, à peine supérieur à celui des mêmes
observations faites au moment du lever du soleil.
11 est à remarquer que l'augmentation de la nébulosité^ le
matin, coïncide avec la fréquence plui grande des calmes dans
la matinée.
Si nous considérons Tannée d'une manière générale, nous
trouvons, à 4 heures du soir> 134 jours de ciel serein, contre
130 jours de ciel couvert soit au quart, soit à demi, et 102
jours de ciel couvert, soit aux trois quarts, soit entièrement. Ce
qui peut se résumer en 264 jours de temps beau ou très-beau
contre 102 jours de temps où le soleil est plus ou moins
voilé.
Les beaux jours sont donc deux fois à peu près plus nom-
breux que les jours douteux. D'un autre côté, les jours où les
rayons du soleil font complètement défaut, à 4 heures du soir,
sont au nombre de 52, c'est-à-dire un septième du nombre des
jours de Tannée.
Dans ce dernier cas, si les rayons du soleil frappent moins
directement sur le sol et, par suite^ si Tcchauffement doit être
moindre dans la journée, il y a, la nuit^ compensation, carie
rideau de nuage cachant le ciel, en totalité ou en partie, dimi-
ÉTAT GÉNÉRAL DE L' ATMOSPHERE. 137
nue considérablement le rayonnement nocturne et empêche le
refroidissement des nuits. Aussi les nuits de Thivernage sont-
elles très-pénibles à supporter. Elles sont loin d'apporter aux
fatigues de la journée le soulagement auquel on est habitué
dans L'été des pays tempérés.
HaiS; comme nous Ta vous dit déjà^ la physionomie du climat
varie tellement au Sénégal, suivant les deux grandes saisons
qui divisent Tannée^ que c'est dans chacune de ces saisons qu'il
faut étudier séparément Télat du ciel, de même que les autres
phéfiomènes naturels.
A. — Dans la saison sèche , la belle saison, le journal nous
indique seulement i S jours de ciel entièrement couvert.
Le ciel est parfaitement pur iOO fois et plus ou moins par-
couru de légers nuages pendant 68 jours.
C'est surtout aux mois de mars, avril et mai que le soleil
darde impitoyablement pendant i2 à 13 heures ses rayons sur
le sol desséché et dépotiillé de toute verdure. Sur le littoral du
Sénégal^ grâce au voisinage de la mer, cette irradiation so«
laire est heureusement combattue, et la chaleur n'est pénible
que pour les personnes forcées de s'exposer au soleil. Mais
dans l'intérieur du pays, à Bakel, par exemple, Teffet de cette
irradiation solaire est tellement prononcé que la saison sèche
qui est la pliis fraîche sur le littoral devieut^ pendant la se-
conde moitié de son semestre, la plus chaude de l'année. C'est
alors que la terre desséchée ne peut supporter aucune végé-
tation active, que dans le milieu du jour, les noirs eux-mêmes
ne peuvent marcher nu-pieds sur le sol brûlant et sont forcés
de se réfugier dans leurs f ases. Les animaux sauvages comme
les animaux domestiques fuient également le soleil de tout
leur pouvoir et cherchent un abri contre son rayonnement.
Lorsque cet astre brille dans le voisinage du zénith, un si-
lence général se fait dans la nature : les oiseaux cessent de
chanter et s'endorment, seuls quelques aigles, au vol puissant^
s'élèvent à perte de vue dans les nues, cherchant les régions
plus fraîches des hautes altitudes pour y planer sur la soli-
tude silencieuse.
138 CLIMAT DE GOBÉE.
La sieste n'est pas un besoin exclusivement propre à
rhomme. Le plus grand nombre des animaux y est soumis
sous ces climats. Ce fait n'est pas particulier au Sénégal; il
appartient à toute la zone tropicale. Rien n'égale la majesté
du silence des immenses forêts de l'Afrique équatoriale au
moment de la plus grande ardeur des rayons solaires. Les in-
sectes eux-mêmes semblent partager ce repos général de la
nature, leurs cris ne guident plus les recherches de l'entomo-
logiste^ c'est sous les revers des feuilles qu'il faut aller les dé-
couvrir. Cet état général de tous les êtres n'est pas le som-
meil; un mot spécial était nécessaire pour le désigner.
Pendant la saison sèche, malgré l'absence de tout nuage^ le
ciel du Sénégal est loin d'avoir la belle teinte bleue du ciel de
la plupart des mers tropicales. Ceci est contraire à ce qui
se voit dans les autres régions équatoriales, où, suivant Hum-
boldt, le ciel est ordinairement d'un bleu plus pâle en mer
que dans Tinlérieur du pays.
Lorsque l'on quitte le Sénégal, il est facile de constater que
l'azur du ciel se prononce de plus en plus à mesure que l'on
s'éloigne de la c6te d'Afrique. Mais, à terre^ le ciel est^ dans
cette saison^ d'un bleu pâle, plutôt gris que bleu et presque
toujours d'un beau fixe d'une désespérante monotonie. Rien
ne distrait les yeux de l'uniformité de ce ciel sans nuage, rien
ne vient la rompre, si ce n'est quelques bandes de brumes
grisâtres à Tborizon.
Dans TE, du NN£ à TESE, on remarque en efiTet presque
constamment une couche de brume très-épaisse, presque noire
à l'horizon, tant elle est amoncelée, diminuant d'épaiss>3ur et
de teinte à mesure qu'on se rapproche des couches moins pro-
fondes, en allant de bas en haut.
Une diminution dans le ton des teintes se remarque égale-
ment vers les deux extrémités de cette bande et s'étend assez
vers le N et vers le S pour que l'on trouve sur ces deux points
mêmes des centres d'épaisseur d'où semblent s'irradier avec
une intensilé décroissante, à mesure qu'elles s'en écartent, des
bandes brumeuses plus ou moins épaisses.
ÉTAT GÉNÉBAL DE L*ATAIOSPHÈRE. 139
Cette disposition de la partie orientale du ciel est plus pro-
noncée à Saint- Louis qu'à Corée, mais elle est commune à
tous les horizons du littoral. Elle est surtout marquée lorsque
soufflent avec énergie les vents d'E et de NE. Alors que la bi ise
passant sur le Sahara arrive très-cchauffée, souvent brûlante
et presque irrespirable sur les points placés moins favorable-
ment que nie de Gorée. Dans ces jours de vent de ME, le ciel
est sans nuage, mais il n'est jamais alors d'une couleur bleue^
il est d*un gris bien décidé^ à peine bleuâtre.
On ce peut attribuer cette teinte grise qu'à une seule
cause : la présence dans Tair d'une quantité prodigieuse de
poussière très-fine, de sable extrêmement divisé, assez léger
pour être presque tenu en suspension. Ce sable diminue
rintensité de la lumière et délaie la teinte bleue ordinaire du
firmament^ parfois il est en si grande quantité qu'il forme un
véritable brouillard sec»
C'est à cette poussière, vue à Thorizonsous une plus grande
épaisseur, qu'est due cette bande brumeuse que présente^
I)eadant toute la saison sèche, la partie orientale du ciel et qui
se trouve signalée sur la plupart des journaux météorolo-
giques.
La présence de ce sable dans l'air est facile à constater. Il
se dépose en couches fines sur les instruments placés. sous
nos abris thermomélriques. Il suffit de 24 heures pour que
celte couche ait pris assez d'épaisseur pour rendre impossible
la lecture de l'échelle du thermomètre. Cette poussière en-
crasse d'une boue épaisse la mousseline qui recouvre la boule
du thermomètre mouillé du psychromètre et force à la chan-
ger fréquemment. Elle ne provient pas des lieux voisins de
l'observatoire, car nous Tavons constatée pendant presque
toute la durée d'une saison sèche sur un thermomètre exposé,
à Gorée, sur le bord de la mer, de telle sorte que les vents
venaient de passer sur la mer au moment cù ils frappaient sur
l'instrument.
Lorsque le vent d'E possède une grande énergie, il emporte
avec lui une si grande quantité de sable que le pont des navires
140* CLIMAT DE GORÉE.
qui passent par le travers du Sahara en «est couvert sous une
assez grande épaisseur^ et que les yeux des marins en sont
douloureusement affectés. Ce sable est ordinairement très-
blanc, Je Tai vu cependant teindre en rouge les voiles d'un
navire qui passait à la hauteur du banc d'Arguin.
Les nuits de la saison sèche sont belles, mais la nuit comme
le jour la limpidité du ciel est plus ou moins obscurcie par
cette poussière de sable. Aussi, malgré Tabsence de véritables
nuages, est-il difflcile de distinguer les étoiles des constella-
tions peu élevées au-dessus de l'horizon dans TE, tandis qu à
l'occident les étoiles se distinguent facilement.
Les nuits contrastent fortement avec le jour; leur humidité,
opposée à la sécheresse et à la chaleur du jour, fait croire à
un abaissement de la température beaucoup plus considé-
rable que celui que nous indiquent nos instruments.
La rosée, lorsqu'il ne fait pas de vent énergique, couvre
tout d'une couche assez forte d'eau qui mouille les vêtements
et rend malsaines les promenades à une heure avancée de
la soirée. La puissance plus forte en ce moment des miasmes
fébrigènes vient s'ajouter à cette cause d'insalubrité.
La rosée est si forte que parfois Teau ruisselle des toits, et
qu'à Corée, où un grand nombre des maisons sont disposées
de manière à recevoir les eaux pluviales, on entend quelque-
fois Teau couler par de légers tilets dans les citernes. Il a été
recueilli au pluviomètre, en une seule nuit, une quantité
d'eau équivalente à une pluie de 2 millimètres. Il est à regret-
ter que l'attention des observateurs ne se soit pas portée plus
rigoureusement sur un phénomène qui, dans la climatologie
du Sénégal, présente une importance des plus grandes. Ces
rosées fournissent en effet la seule humidité dont puissent
vivre pendant huit mois les plantes dans toutes les parties du
Sénégal qui se trouvent en dehors du bassin du fleuve. Sur
les rives du Sénégal, le retrait lent des eaux conserve long-
temps, même dans la saison sèche, l'humidité du sol et permet
la culture de certaines espèces de céréales.
B. — Dans la saison d'hivernage, notre relevé du journal
ETAT GENERAL DE l'aTHOSPHERE. 141
météorologique de 1860 nous donne seulement. 34 jours de
ciel parfaitement serein contre 112 jours de ciel incomplète-
ment couTcrt^ et 37 jours de ciel complètement couvert^ à
4 heures du soir.
Si nous prenons les chiffres des obsenraiions faites le matin
à 6 heures^ on ne trouve que 28 jours de beau ciel contre le
reste de jours plus ou moins assombris par des nuages. De
plus, la forme et la nature des nuages se sont modifiées; les
nimbus et les cumulus, rares dans la bonne saison^ devien-
nent très-communs dans le ciel de l'hivernage. Au milieu de
cette saison, en juillet, août et septembre , c'est à peine s'il est
noté un ou deux jours de ciel dégagé de tout nuage pendant
quelques-unes des heures d'observation; il n'y a jamais un
jour complètement serein du matin au soir.
Le ciel de Thivernage est loin d'avoir la monotonie du ciel
de la saison sèche. Son aspect rappelle à l'Européen le ciel
mouvementé de la patrie absente ; on y voit assez souvent
de fort beaux arcs-en-ciel simples ou doubles; souvent le
soleil s'entoure de cercles produits par la réfraction de la
lumière. Il est permis d'assister à de brillants couchers de so-
leil qui embrasent l'occident chargé de nuages, pendant qu'à
l'orient un point menaçant, sombre et noir, annonce la tor-
nade qui tend à monter au zénith. Si ce point noir éveille la
vigilance du marin à bord, il donne aux populations du litto-
ral l'espoir d'une pluie rafraîchissante et d'une nuit moins
pénible à supporter, espoir trop souvent déçu, hélas !
Le dernier mois de l'hivernage (celui de novembre) n'ap-
partient à cette saison, avons-nous dit déjà, que par sa haute
température. C'est en novembre que s'établit l'alizé, et c'est
dans ce mois de transition que se montrent les premiers beaux
ciels et les nuits fraîches accompagnées de rosées.
Pendant les calmes des nuits de Thivernage, le ciel est en-
core assez souvent découvert; il est d'un bleu très-foncé,
mais surchargé de vapeurs qui restent en suspension dans
l'air et ne produisent pas de rosée. Nous avons souvent
observé, dans cette saison^ des nuits où, malgré Tabsence com-
142 CLIMAT DE GORÉE.
plète de nuage, il ne se déposait pas la moindre goutte de
rosée.
Ce ne sont plus les sables du désert qui obscurcissent le
ciel, mais la grande quantité de vapeurs humides. Ces vapeurs
donnent aux étoiles un scintillement qu'elles n'ont pas dans
la saison sèche et qui s'étend jusqu'aux étoiles situées même
dans le voisinage du zénith. La voie lactée, au lieu de se dé-
tacher sur le firmament comme une traînée lumineuse,
4
semble un nuage gris mat qui traverserait le ciel. Je n'ai
jamais pu distinguer dans le ciel de Thivernage les deux
trous noirs [macula Magellanica) qui, près de la croix du
Sudy se détachent si marqués dans le ciel bleu du mois de
mars et permettent à l'œil de plonger dans l'obscurité de l'es-
pace. Et, si dans les belles nuits de la saison sèche, l'éclat seul
des étoiles permet de se guider assez facilenaent, il n'en est
pas de même dans l'hivernage pendant lequel, indépendam-
ment de l'abondance des nuages, les nuits sont fort obscures.
La description que nous venons de faire peut s'appliquer
aussi bien à l'atmosphère de Saint-Louis qu'à celle de Corée
et de tout le littoral. Peut-être est-elle d'autant plus exacte que
Ton remonte plus vers le N. En descendant dans le S, on
trouve, en janvier et février, des jours de brouillards peu
nombreux, il est vrai ; parfois l'île de Corée et la presqu'île
du Cap- Vert se trouvent enveloppées d'un brouillard humide
et froid qui persiste jusque vers iO ou 11 heures du matin.
Les objets peuvent se distinguer facilement à une distance de
300 mètres, mais le ciel est complètement voilé et les rayons
du soleil ne parviennent à se montrer que lorsque cet astre
est arrivé à sa plus grande hauteur.
II. — De calques autres phénomènes naturels. — Dé-
clinaison magnétique.— Haz de marée.— Ozone, etc.
Nous réservons l'étude des orages et des tornades pour le
moment où nous aurons examiné le climat de Saint-Louis.
DÉCLINAISON MAGNÉTIQUE. 143
Nous étudierons ces phénomènes dans cette dernière Yîlle^
ainsi qu'à Corée et sur les divers points situés entre ces deux
villes.
Les tornades sont les seuls grands mouvements accidentels
faisant leur apparition dans l'atmosphère du Sénégal. De loin
en loin, les journaux météorologiques signalent dans Thiver-
nage des vents de SO qui peuvent souffler avec Ténergie de
ce qu'on appelle les coups de vents^ mais jamais sur les côtes
ces vents ne constituent un phénomène vraiment dangereux
pour les navigateurs ou pour les villes du littoral.
Les raz de marie sont très-fréquents à Corée; ils ont été
indiqués sur les journaux météorologiques de 1856 à 1865.
Le nombre des jours des raz de marée a varié de 13 seulement
en 1858 à 61 dans Tannée 1861 ; ils ont été en moyenne de
29 jours par an^ pour ces dix années, ils se répartissent ainsi :
Hiver 4 jours.
Printemps 9
Été 11
Automne • . S
C'est en novembre et décembre qu'ils se montrent le plus
rarement; en mai et juin qu'ils sont les plus fréquents. Il y
aurait à faire de curieuses recherches pour savoir si ces
grandes oscillations de la surface de la mer produisant, au
milieu des calmes, ces énormes lames qui constituent les raz
de marée, ne correspondraient pas à des coups de vent dont
les journaux des navires traversant l'Océan pourraient indi-
quer les dates.
Observation de la déclinaison magnétique faite à Gorée le
25 mars 1874. — Notre ami, le capitaine L. Kienné, comman-
dant du génie, à Corée, a bien voulu faire pour nous une
observation de déclinaison qui est résumée dans la note sui-
vante :
« On n'avait à sa disposition qu'une boussole topographique
munie d'une lunette, mais dépourvue de niveau. On a cherchié
la position du méridien au moyen d'une observation de l'étoile
144 CLIKAT DE GORÉE.
polaire^ au moment où elle était à 90"^ de son passage au mé-
ridien. Ce moment, calculé d'après les données de V Annuaire
du bureau des langitvdeSf a été choisi parce que c'est alors que
la Titesse angulaire du plan de visée est minima, ce qui di-
minuait Terreur provenant de ce qu'on ne connaissait pas
l'heure exactement. II est facile de tenir compte de l'écart de
la polaire à la méridienne, il est en ce moment égal au com-
plément de la déclinaison de cette étoile, soit environ l"* 21,
qui réduit à Tborizon est de l"" 19'. On a fait deux lectures de
boussole, en plaçant successivement la lunette à droite et à
gauche pour supprimer l'erreur de centrage. La moyenne
des deux lectures a donné 1 S"" 35' pour Taugle de Taiguille
avec la direction de la polaire; en ajoutant à ce chiffre l"* 19'
parce que la polaire se trouvait à TO comme Taiguille au
moment de l'observation, on trouve 19'' 54' 0.
<c Comme d'une part cette observation ne peut donner que la
déclinaison spéciale de instrument dont on s'est servi, et que
d'autre part la nature de cet instrument et le mode d'obser-
vation ne comportent pas une grande exactitude, on peut
prendre pour résultat le chiffre de 19° 50'^ »
Une observation faite, le 15 octobre 1873, par les officiers
de l'aviso à vapeur le Pétrel, entre Saint-Louis et Gorée, par
15<' 25' N et 19<> 25' 0, donnait pour déclinaison de la boussole
en ce point 19° 15'.
Deux légers tremblements de terre auraient été observés à
Saint-Louis en i 832 et i 836 (i).
La grêle n'a jamais été indiquée comme ayant été observée
dans les 25 années pendant lesquelles ont été faites des obser-
vations météorologiques plus ou moins régulières. Quelques
auteurs parlent de la grêle comme ayant été constatée dans
quelques orages au Sénégal. Nous appelons l'attention des
observateurs de l'avenir sur cette question. Dans les hauts
plateaux qui dominent les sources du Sénégal et du Niger, la
neige serait, dit-on, connue des indigènes.
(1) Notice statistique sur les colonies, 3« vol., p. 211 (1839).
DiCLIlTAISON HAGNiTIQUE. 14S
Des observations de Voxane atmosphérique ont été faites à
Corée sons notre direction^ en décembre 1873^ et dansles trois
premiers mois de 1874. Les résultats de ces observations dif-
fèrent très-peu de ceux que nous fournissaient les observations
du même genre faites simultanément à Saint-Louis et dont
nous aurons occasion de parler plus loin. La quantité d'ozone
atmosphérique nous a cependant paru légèrement plus consi-
dérable à Corée qu'à Saint-Louis. La différence entre les
quantités d*ozone du jour et de la nuit est plus prononcée
pour nie de Gorée^
10
PI. VII.
oeaE
VILLE <îe S* LOUIS
Echelle it ù.ùot pMrU^
\\Ki4iy*^i\x
n»
f^ * 00.
4—- 1
DEUXIÈME PARTIE
CLIMAT DE SAINT-LOUIS
CHAPITRE I.
Z. — Aperça topographicpxe.
La ville de Saint-Louis est située par 16® 0' 48" latitude N^
iS"" 51' 10' longitude 0; elle est bâtie sur un îlot de sable
formé par le fleuve du Sénégal, à quelques kilomètres de son
embouchure. La petite carte que nous donnons ici supprimera
foute nécessité d'une description.
Saint-Louis est une des principales villes de la côte occiden-
tale d'Afrique et le chef-lieu des possessions françaises dans
cette partie du globe. La population de la ville et de ses fau-
bourgs est de 15,700 habitants.
L'tle est composée exclusivement par l'un des bancs de sable
qui se trouve au voisinage de Tembouchure mobile du Séné-
gal. Elle est séparée à TO de la pointe de Barbarie par un bras
du fleuve d'environ 200 mètres. A TE^ un autre bras du fleuve
de 600 mètres^ profond d'une douzaine de mètres, constitue
le port et sépare l'île d'une île plus grande et de même
nature. La vijile est à peine élevée au-dessus des plus hautes
marées. Aussi était-elle fréquemment inondée avant que des
148 CLIKAT DE SAIlfT-LOUIS.
travaux importants n'aient produit un exhaussement suffisant
des quais.
La longueur de ille est, du N au S, de 2^300 mètres; sa
largeur de 200 mètres environ, r^s deux tiers S sont occupés
par les habitations; sur la partie N on trouve quelques bâti-
ments et une plaine qui était autrefois couverte de marécages.
La surface du sol est composée d'un sable marin, que, dans
les principales voies de communication^ on a recouvert de
débris de matériaux et de terre argileuse empruntée aux Iles
voisines. La végétation n'est représentée que par quelques
chétifs cocotiers et quelques arbustes entretenus avec peine,
faute d'une quantité suffisante d'eau douce.
La nature géologique du sol est extrêmement simple. 11
n'est composé que d'alluvions récentes déposées par les eaux
du fleuve et de ce sable fin qui, de la côte de Barbarie au
Haroc^ se meut alternativement sous l'influence de la mer et
des vents.
Les puits de la ville ne donnent qu'une eau d'inflltration
toujours saumâtre. Le forage d'un puits artésien^ qui a mal-
heureusement été abandonné, a démontré qu'il fallait creuser
à une très-grande profondeur pour rencontrer la roche primi-
tive formant le squelette de la contrée et dont les affleure-
ments se manifestent à Dakar et à Dagana.
n. — ; Obsenratiozis météorologlq:aes.
Nous possédons, pour étudier le climat de Saint-Louis,
deux ordres de documents.
Les premiers ont été recueillis par les médecins et les phar-
maciens qui nous ont précédé dans la colonie. Nous ne
croyons pas nécessaire de faire ici une énumération qui serait
forcément incomplète, car beaucoup de ces séries d'obseri^a-
tions ont été perdues^ ou du moins il ne nous a pas été possible
d'en retrouver les parties les plus Importantes. Âinsi^ nous
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 149
n'avons pu retrouTer les journaux météorologiques de Tannée
i8S5^ dont M. Dutrouleau s'est servi pour donner dans son
ouvrage (1) une idée du climat du Sénérgal^ ni ceux dont quel-
ques extraits ont été publiés dans la A^ue coloniale (ï).
Une notice statistique sur le Sénégal en i 824-1 828, à laquelle
Halbœann a emprunté les moyennes qu'il donne sur celte
contrée; le travail de M. Audibert^ pbarmacien de 1'^ classe^
et celui de M. Hérault, pharmacien professeur^ sont les seuls
documents imprimés que nous connaissions sur le climat du
Séoégal. Ce ne sont malbeureusement que de simples notes
beaucoup trop courtes pour donner une idée suffisante du
climat.
Parmi les nombreux journaux météorologiques conservés
aux archives de l'hôpital de Saint-Louis, nous avons fait un
ehoix dans lequel nous avons pris pour base la valeur réelle
des documents, sans nous occuper de l'époque à laquelle ils
ont été recueillis. Ce sont quatre années d'excellentes obser-
vations faites par notre ami, H. Morio, pharmacien de la
marine. Nous avons résumé les observations de la tempéra-
ture pendant ces quatre années, 1862-1868-1869 et 1870. Les
observations des trois dernières années nous ont permis d'étu-
dier les vents. Enfin nous possédons sept années de bonnes
observations de la pluie à joindre à celles que nous avons
faites en 1873. Il est certain qu'à diverses autres époques,
d'excellents travaux ont été entrepris, à en juger par des
citations que nous avons rencontrées dans les rapports médi-
caux, mais nous nous sommes trouvés dans l'impossibilité de
faire usage de documents la plupart incomplets, ou dont il
n'existe que des copies parfois fort mauvaises.
De 1861 à 1873, le lieu des observations a varié plusieurs
fois, mais toutes ont été faites à peu près dans les mêmes
conditions. Les instruments étaient toujours placés dans un
(1) Traité des maladies des Européens dans les pays chauds.
(2) Revue eoUmiale, tome XUI, 1864» 2* semestre, pase 474 ^ et tome XIV,
18&5, page 150.
150 CLIMAT DE SAtXT-LOUIS.
cadre en bois fixé à une muraille, sous une galerie exposée
au N. Il en résultait que les thermomètres notaient pas expo-
sés largement à tous les vents.
Les journaux étaient tenus sur les imprimés conformes à
l'ancienne instruction sur U$ observations métiorologiques
d faire dans les hôpitaux coloniaux (1), et suirant les prescrip-
tions de cette instruction.
Des documents nouveaux sur lesquels nous nous appuierons
ont été recueillis par nous ou sous notre direction.
IZI.— Observations laites à Saint-Louis, en 1873 et 187
sous la cUreotion de raateur.
Un heureux concours de circonstance nous a permis de
soumettre nos premiers essais sur l'étude du climat du Séné-
gal au savant éminent qui a fondé la Société météorologique
de France. Nous avons trouvé dans Taceueil bienveillant qui
nous a été fait et dans les conseils qui nous furent donnés, un
encouragement à poursuivre notre étude, à l'étendre autant
que possible à tout le Sénégal, et surtout à lui donner des
bases d'observations plus précises^ plus exactes et plus con-
formes au progrès de la science.
M. Sainte-Claire Deville a bien voulu choisir lui-môme
d'excellents thermomètres et nous les confier au moment de
notre départ de France. Nous avons étudié^ dans son observa-
toire particulier de Moutrouge, le mode d'exposition le plus
favorable à donner à nos thermomètres et la méthode la plus
convenable pour recueillir de bonnes observations.
En arrivant au Sénégal, nous avons trouvé le précieux
concours de M. Bérenger-Ferraud^ médecin en chet, qui a
bien voulu faciliter de toUt son pouvoir l'accomplissement de
notre ceuvre. Le gouverneur de la colonie nous a aidé de ses
(1) Revue maritime et coloniale, année 1852. ^ De nouvelles iBStnicUons
viennent 4'étre publiées dernlôrement dans cette même revue (tS7d}.
OBSERVATIONS KÉTÉOROLOGIQUES. 151
haots encouragements. Mais nos efforts personnels^ même,
avec ces puissants appuis^ ne seraient arrivés qu'à des résul*
tats que nos occupations médicales auraient forcément limités,
si nous n'avions trouvé des collaborateurs dont la modestie
seule égale le mérite et le zèle consciencieux; je veux parler
des Frères instituteurs de Técole chrétienne. Us ont dû joindre
aux laborieuses occupations que leur donne l'éducation do la
jeunesse^ celles assujettissantes d'un observatoire météorolo-
gique. Notre premier collaborateur a été le frère Pascal; après
nous avoir aidé à fonder un observatoire, il a su créer parmi
ses collègues de bons observateurs.
Dans nos colonies^ les observations météorologiques sont
dévolues en temps ordinaire au pharmacien en chef qui signe
le journal météorologique et les résumés. Ne logeant pas à
rhôpital^ cet officier est jdans Tim possibilité matérielle d'y
faire lui-même des observations. II faut qu'à l'exemple des.
meilleurs observateurs qui ont passé à Saint-Louis, il emporte
ses instruments dans un logis qui peut souvent varier et offrir
de détestables conditions d'exposition. Si les observations se
font à rbôpital, elles sont faites par le pharmacien de garde,
qui change chaque semaine. Elles prennent alors tous les
défauts des travaux impersonnels, c'est-à-dire qu'elles ne
donnent à ceux qui en sont chargés qu'une responsabilité
officielle qui n'est pas du tout un stimulant dans les choses
de la science et à laquelle il est souvent facile de satisfaire
par à peu près^
11 en résulte que, règle générale, les observations sont d'une
valeur médiocre, et lorsqu'on veut les utiliser, on se trouve
dans une position très-difficile sur le choix des séries que l'on
doit préférer. On risque de négliger complètement d'excellents
travaux recueillis avec peine par dos observateurs conscien-
cieux et jaloux de fournir des documents utiles, mais confon-
dus avec des travaux sans valeur. Ceci nous mènerait à expo-
ser le système qui nous parait indispensable pour obtenir des
observations régulières, faites pendant de longues années
dans de bonnes conditions et à démontrer la nécessité d'une
152 CLIMAT DE SAIlfT-LOUIS.
forte centralisation dn senriœ mètéorologiqne de nos colonies.
L'observatoire de Fécole des Frères, placé dans la main d'ini^
tituteurs intelligents et laborieux^ a rendu un Téritable ser-
vice à l'étude du climat du Sénégal.
Instruction, conscience, amour de la vérité et du devoir,
régularité d'existence, stabilité, telles sont les qualités d'un
bon observateur. Elles ne peuvent nulle part se trouver mieux
réunies que chez ces hommes qui, mus par une conviction
religieuse, dévouent leur existence à rinstrcction publique
dans nos colonies les plus malsaines. Ils vivent et vieillissent
au Sénégal où presque seuls ils sont toujours présents au
milieu de changements continuels de personnes et de choses.
La vie des Frères, en communauté, permet, en cas de ma-
ladie, de trouver toujours un suppléant à l'observateur. Il n'y
a pas ainsi d'interruptions, condition plus importante au Sé-
négal qu'ailleurs; car, pendaift l'hivernage, la santé des Eu-
ropéens est si précaire dans ce pays, qu'on ne peut compter
sur la continuité des efforts d'un seul.
XV. — Observatoire de récole des Frères.
Nous n'avons trouvé aucun point, dans Thôpital de Saint-
Louis, où des observations da quelque valeur puissent être
faites. C*est au fond d'un corridor obscur et mal aéré^ dans un
cul-de-sac, que se sont faites celles des dernières années. Les
instruments s'y trouvaient à l'abri des viscissitudes almo-
sphériqnes et n'accusaient aucune des variations dont l'étude
forme précisément le but de ces sortes de travaux.
Vicole des FrèreSj où nous avons établi le nouvel observa-
toire, est situé sur le quai Ouest de Tile de Saint-Louis; à la
jonction du tiers le plus méridional de celte île avec les deux
autres tiers (E, plan de Saint-Louis). C'est un long bâtiment
perpendiculaire à la direction du fleuve, composé d'un rez-
de-chaussée surmonté d'une terrasse dans la partie qui se
J
OBSSRVATOIBB.
153
trouTe prèa du hmrd de Tewj et d'ua premier étage dans
Fautre partie*
PI. VIII.
eTOBSERVATOIRE-^
"* "V^ M>M •■ av «^
L'observahHre se trouye placé vers la partie moyenne de
cette longue terrasse. De ce point on découyre, à TO, le
bras du fleuve qui sépare File de la langue de terre étroite et
sablonneuse qui constitue la pointe de Barbarie; au-^elà la
mer. Aueune construction ne masque Thoriason du NNE au SE
en passant par TO. Les habitations qui se trouvent à TE et au
NE de Tabri météorologique sont assez éloignées et trop
basses pour avoir une influence sur la température atmo-
sphérique de l'air circulant au-dessus de la terrasse.
Directement à l'E, se trouve le premier étage ouvrant sur
cette terrasse et éloigné de Tabri de 15 mètres. La faible hau-
teiur^ le peu de largmir de cette construction^ sa distancei doi-
vent lui laisser une Influence à peine sensible sur les instru-
ments. Les vents venant de TE frappent avec force sur Tabri
qu'il a été nécessaire de fixer solidement au sol pour éviter
quil fût renversé par les bourrasques venant parfois avec
énergie de cette partie de Thorizon.
iS4 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
Au NE, à TESEy au SE, les maisons Toisines sont à peine
aussi élevées que la terrasse et très «éloignées d'elle.
L'abri est construit à peu près sur le modèle de Tabri adopté
pour Tobservatoire physique central de Montsouris. Il se com-
pose d'une triple toiture élevée de 2 mètres au-dessus du sol,
supportée par quatre légers montants en bois. Cette toiture
carrée est inclinée vers le midi de 15 degrés; elle est consti^
tuée par trois plans : le premier est une plaque épaisse de tôle
de fer de l",iO de côté, éloignée du second plan de 10 cen-
timètres; le second plan et le troisième sont en planches et
éloignés Tun de l'autre de 7 centimètres.
Immédiatement au-dessous du plan inférieur se trouve une
tringle en bois munie de pitons auxquels sont suspendus les
instruments. Cette tringle est plus rapprochée du côté N que
du côté S du toit.
Il a été nécessaire, pour préserver les instniments des
rayons du soleil lorsque cet astre est près de Thorizon, d'a-
jouter à l'abri deux écrans latéraux. Ils se composent de deux
petites planches fixées, l'une dans un plan vertical, aux po-
teaux qui supportent la toiture, l'autre obliquement au-dessus
de la première sans s'appuyer sur elle, de manière à per-
mettre le passage de Tair. L'air circule librement entre les
différentes couches de la toiture.
L'absence de végétation dans le pays n'a pas permis de
placer l'abri sur un gazon, ni de l'entourer d'arbre. Pour pré-
server les instruments du rayonnement du sol bitumé de la
terrasse, on a eu soin de faire entre les pieds des montants de
Tabrl un plancher élevé de 10 centimètres.
Toutes les parties intérieures et extérieures de l'abri sont
peintes en. vert^ ainsi que le plancher qui couvre le sol.
Le pluviomètre est fixé au bord delà terrasse, à 4 mètres au-
dessus du niveau du sol.
Le baromètre est placé dans la bibliothèque des Frères; sa
cuvette est à 5 mètres environ au-dessus du niveau moyen de
la mer, niveau qui n'a jamais été bien exactement déterminé
à Saint-Louis.
OBSEKTATOOtS.
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1S6 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
▼. — Instruments.
•
Nous nous sommes servis d'un baromètre de Fortin^ dont
nous ne connaîtrons Terreur instrumentale que lorsqu'un ba-
romètre étalon sera parvenu au Sénégal. Il marche parfaite-
ment d'accord avec un second Fortin conservé à Tbôpital de
Saint-Louis. Il nous a fourni des observations qui, mises en
parallèle avec celles faites simultanément à Corée, ont pu
nous donner des indications de mouvements généraux très-
importants dans l'atmosphère du Sénégal, particulièrement
au mois de février 1874.
Notre thermomètre à maxima de Walferdin nécessite une
correction additive de 0%4. Nous avons donné à la bulle d*air
qui divise la colonne mercurielle une dimension telle que^
dans la position horizontale^ elle occupe 0^4, de sorte qu'il
n'y a aucune correction à faire à la lecture.
Le thermomètre à minima de Rutherfort (à alcool incolore)
n^exige aucune correction ; il est construit par Baudin^ comme
le premier.
Le thermomètre-fronde exige une correction négative de
0%5; cette correction a toujours été faite. Ces divers instru-
ments avaient été choisis par M. Sainte-Claire Deville.
Un second thermomètre de Walferdin, identique au pre-
mier, a été comparé aux autres instruments. Kemis entre les
mains de Texcellent constructeur, M. Baudin, un an après, il
n'avait subi aucune modification dans son échelle. Comme
celui de l'observatoire de Saint-Louis, il est resté exposé
pendant un an à toutes les vicissitudes atmosphériques.
Le psychromètre se compose de deux bons thermomètres
de Secrétan, gradués sur le tube, qui, comparés au premier
thermomètre, ne nécessitent aucune correction. Ces deux
instruments sont tenus éloignés l'un de l'autre.
L'évaporamètre ou atmismomètre de Piche est gradué en
centimètres cubes, ce qui exige l'usage d'une table pour avoir,
en millimètres, la hauteur de Feau évaporée.
HODE D'OBSBHTATIOHS. 137
Le papier osonoméiriqtie provient de chez M. Salleron.
Le pluTiomètre est cehii de Babinet.
VZ. *- Senres et mode d'observatione.
Les observations ont été faites, comme celles des années
précédentes, à 6 heures et 10 heures du matin, 1 heure et
4 heures du soir. Nous avons dû remplacer par une observa-
tion à 9 heures du soir celle de 10 heures qui n'aurait pu être
faite avec exactitude.
Nous croyions que la modification apportée sur les moyennes
mensuelles par cette substitution d'heure se serait accusée
par une légère augmentation des moyennes. Hais quand nous
comparons les moyennes de 9 heures du soir et celles de
10 heures, nous ne trouvons pas une élévation plus grande
des premières. Cela provient non -seulement du peu de mou-
vement de la température entre 9 et 10 heures du soir, mais
de ce que la plupart des moyennes de 10 heures du soir, dans
les observations des quatre années que nous avons résumées,
ont dû être prises avant 10 heures. Dans les habitudes de la
vie coloniale, 1 heures du soir est une heure très-gênante
pour un observateur. Or, si Ton veut obtenir de bonnes
observations, au Sénégal surtout, il ne faut pas que les heures
choisies rendent pénible ce travail.
Nous avons fait les observations de la pluie, de Tévapora-
tion et de Tozone à 6 heures du matin et à 6 heures du soir.
Les journaux météorologiques ont été tenus sur des impri-
més conformes au modèle destiné à ces observations dans les
hôpitaux coloniaux ; nous avions seulement ajouté une page
pour rétude de Tévaporation, de Tozone et pour les cinq
observations du thermomètre-fronde.
Tous ces journaux ont été adressés par nous au ministère
de la marine, ainsi qu'à la Société météorologique de France;
ils seront publiés in extenso par les soins de cette dernière
Société.
158 CUMAT DE 8AINT-L0UIS»
Des extraits de ces obsenralions ont été publiés mensuelle-
ment dans le Bulletin hebdomadaire de PAssœiaUon sdenti"
fique de France (I). Les moyennes quotidiennes ont été pu-
bliées dans le Bulletin inlematianal de PQbservaloire de Parie
(avec suppression des fractions décimales) (2), ainsi que dans
le Maniteur du Sénégal de juin i 873 à juin i 874.
Nous nous sommes trop longuement étendus sur le climat
de Corée pour n'avoir pas, à Saint-Louis* un nombre considé-
rable de faits à passer sous silence. Notre étude se fera surtout
par comparaisoQ avec le climat de Corée. Nous mettrons en
évidence les différences que présente Tétat de Tatmosphère
dans chacune de ces deux villes, nous réservant de nous
étendre plus longuement sur les phénomènes que nous avons
incomplètement étudiés à Corée. Pour avoir une idée com-
plète du climat de Saint-Louis, il faudra donc prendre d'abord
connaissance de celui plus régulier et plus simple de TUe de
Corée.
(0 V. Bulletin de VAseoeiaHon eeiemififu de Fratue, tome XII, page 435;
tome XIII, pages 15, 83, 95, 136, 263.
(2) 1871, n*« 810, 828,349; et 1874, H** 89, 117, 215.
CHAPITRE IL
TBKPiRATUU.
X. — ObBervations thermométriqnes.
Pour limiter autant que possible le nombre des tableaux
numériques^ nous ne donnerons que les résumés généraux
des observations sur lesquelles nous nous appuyons.
Vempératnre» moyenHe* mensnelle*
0*aprës les moyennes des observations de 6 heures et de iO heures du
matin, 4 heures et iO heures du soir, pendant quatre années,
(D'après les obseryations de M. Morio.)
MOIS.
1862
1808
1869
1870
moyenne.
Janvier .
Février ,
Mars. . ,
Avril . .
Mai • .
> • •
• * .
2004
19,6
19,8
20,7
20,5
25,2
27,6
27,8
28,1
27,3
20,8
20,5
20?4
21,4
19,9
20,1
20,2
22,7
25,9
27,3
27.9
25,4
22,8
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19,2
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162 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
II. — Moyenne de la température.
Quelles sont les valeurs relatives des diverses méthodes
employées pour arriver à la détermination de la température
du pays^ et quelle moyenne annuelle devons-nous choisir
pour Saint-Louis? Examinons d'abord les deux séries d'obser-
vations faites, l'une à l'aide d'un thermomètre fixe suspendu
sous Tabri météorologique, l'autre à Taide d'un thermomètre-
fronde agite à l'ombre en prenant les précautions recojn-
mandées pour l'usage de cet instrument.
Les différences entre les moyennes du thermomètre-fronde
et celles du thermomètre abrité, s'élèvent entre O''^^ et 0%5
dans la saison sèche, et 0%i et 0<^,2 dans l'hivernage. La
différence des moyennes annuelles est de 0%2. Les indi-
cations du thermomètre-fronde ont été toujours les plus
élevées. En France, dans les observatoires où Ton se sert des
deux instruments, les indications du thermomètre-fronde
donnent en général des chiffres inférieurs à ceux fournis par
le thermomètre abrité.
Pouvons-nous déduire de nos observations que la différence
entre les deux thermomètres sera toujours, au Sénégal^ en
sens contraire de celle que l'on trouve dans les pays tempérés?
Si le thermomètre-fronde nous a donné des résultats légè-
rement trop élevés, nous pensons qu'en observant cet instru-
ment dans un jardin et au-dessus d'un sol gazonné, nous au-
rions obtenu, comme en Francei, une moyenne plus basse que
celle déterminée sous Tabri.
Cette appréciation se justifie par une note que le savant
éminent, chargé de la direction du laboratoire des recherches
météorologiques au parc de Saint-Maur (Paris), a bien voulu
nous remettre et nous autoriser à insérer dans notre travail.
Nous recommandons à nos collègues de la marine la 1^-
ture de cette note; elle leur évitera des observations inutiles,
et leur indiquera la véritable manière d'étudier la tempéra-
TBHPjfcRATVAB. 163
ture de Tair^ fioit aux colonies, soit à bord. La haute autorité
scientifique de M. £. Renou donne à ces lignes une importance
toute particulière.
Notice 9ur la déUrminaiùm de la température de Vair,
Par M. E. Rendu.
L'observation de la température de Tair, au moyen d'un thermo-
mètre fixe> présente la plupart du temps de graves défauts; à moins
qu'on ait à sa disposition un abri conveuable^ placé au-dessus d'un
sol gazonné et dans un espace suffisamment étendu, les chiffres
obtenus seront souvent différents de la véritable température de l'air.
Pour obvier à cet inconvénient^ on se sert du thermomètre-fronde,
c'est-i-dire d'un léger thermomètre à mercure^ gradué sur la tige;
on le fait tourner en fronde au bout d*une ficelle de 0",60 de longueur,
et avec une vitesse de huit tours par seconde environ.
On se place, pour faire cette observation, à l'abri d'un obstacle peu
étendu et de manière que le vent soit de face ou tout au plus de côté,
en évitant que le vent qui arrive au thermomètre n'ait passé aupara-
vant sur Tobservaleur. On trouve ainsi généralement une température
moindre que celle^donnée par le thermomètre fixe. Quand les réflexions
sont un peu fortes, il n'est pas rare de trouver avec le thermomètre-
fronde, tourné en plein soleil^ un chiffre moindre que celui accusé par
le thermomètre sédentaire placé à l'ombre et censé donner la tempé-
rature de l'air.
Quelques personnes peu versées dans la physique pourraient craindre
que le vent n'abaisse la température du thermomètre-fronde au-dessous
de celle de l'air : il faudrait pour cela que le thermomètre lût mouillé,
ce qu'on aura toujours soin d'éviter. Un thermomètre sec tourné ainsi
produit de la ckakury mais celte chaleur produite est si faible qu'elle
est insensible dans le cas du thermomètre-fronce employé comme
nous l'avons dit.
Il y a peu d'utilité à faire tourner le thermomètre-fronde auprès du
thermomètre sédentaire; on trouve des différences, mais qui s'annu-
lent en moyenne au bout de l'année. Mais il y a le plus grand intérêt
à faire ces observations comparativement et aux mêmes heures, dans
uu lieu voibin, bien découvert, le plus éloigne possible de tous murs et
164 CLIVAT DE SAINT-LOUIS.
le plas expose au vcut^ à Tabri d*un objet isolé, comme le tronc d'tm
arbre ou une planche de dimensions suffisantes, placée à cet effet.
Aucun lieu d*observation, quel qu*il soit, ne peut être réputé suffi-
samment parfait, s*il n'a été soumis à cette épreuve en toute saison et à
toutes les heures d'observation, ou au moins à des heures dont la com-
binaison s*éloigne peu de la moyenne diurne.
Sur les navires, en mer, l'observation du thermomëlre*fronde est la
seule sur laquelle on puisse compter; les thermomètres fixés aux mâts
sont exposés non-seulement aux réflexions solaires, mais au soleil lui-
même la moitié du temps, par suite du mouvement apparent du soleil
dans la journée et du changement d'orientation du navire en différents
points de son itinéraire.
Le thermomètre- fronde est d'une incontestable utilité; nous
en recommandons Tusage aux personnes qui voudront faire
au Sénégal des études de la température. — Les explorateurs
dans Tintérieur, les médecins qui accompagnent les troupes
pourront, à Taide de cet instrument, fournir des renseigne-
ments extrêmement précieux sur les températures auxquelles
sont soumis les voyageurs et les troupes en marche, soit à
l'ombre, soit au soleil, à l'air libre, soit sous Tabri des arbres,
soit sous celui des tentes de campement.
Revenons à notre sujet principal. Les moyennes déduites
des demi-sommes des maxima et des minima nous donnent
une température annuelle trop élevée de 0%8. Celle dernière
méthode ne devra être employée qu'à la condition de faire
subir au résultat une correction qui pourra être déterminée
exactement par de plus longues séries que celles que nous
possédons.
Les moyennes déterminées par la méthode de deux obser-
vations donnent des résultats qui nécessitent pour Tannée
moyenne, déduite des observations de M. Horio, une correc-
tion soustractive de 0%i. Elle est de 0<^,2 pour Tannée 1873-74.
Ainsi la correction à faire dans la méthode de deux observa-
tions est la même qu'à Gorée.
Nous accepterons comme moyenne de Tannée à Saint-
Louis^ 230,2.
TEHPiRATURE. 165
•
C'est celle qui est déduite de quatre observations quoti-
diennes faites pendant quatre années^ celle que nous donnent
nos obseryations du thermomètre-fronde étant de 23% 0, nous
pensons que l'hésitation sur la valeur de cette moyenne ne
peut porter sur plus de 1 ou 2 dixièmes d'approximation, et
que les observations à venir ne modifieront pas sensiblement
ce résultat.
Dans chacune des années particulières, la moyenne annuelle
n'a différé de la moyenne générale que de 0%i à 0%4. Les va-
riations d'une année à l'autre sont donc très-faibles.
Si nous comparons cette température à celle de Gorée
(23%8}, nous voyons que, malgré son voisinage du désert,
Saint-Louis, par sa position plus au N, perd sur Gorée un
demi-degré. La difiTérence entre les deux climats porte inéga-
lement sur les deux grandes saisons qui divisent l'année. C'est
surtout l'hivernage qui est moins chaud à Saint-Louis qu'à
Gorée; la différence est de O^^^S, tandis que la difTérence dans
la saison sèche n'est que de 0%2.
Tel est le résultat des observations, mais il faut être réservé
sur des conclusions qui s'appuient sur la qualité des instru-
ments. En somme» la saison chaude est un peu moins longue
à Saint-Louis. Nous remarquerons que les forts maxima que
subit Saint-Louis, n'empêchent pas sa température moyenne
d'être inférieure à celle de Gorée, tandis qu'à Bakel, ces
maxima changent la saison sèche en une saison plus chaude
que rhivernage, pendant tout le trimestre du printemps.
A Saint-Louis l'hiver est légèrement plus chaud que le
printemps, c'est le contraire de ce qui s'observe dans tous les
autres points du Sénégal. Ce phénomène s'est présenté dans
chacune des cinq années dont nous avons résumé les obser-
vations. Cette anomalie parait liée à la baisse considérable des
moyennes des maxima pendant le printemps et surtout à la
faiblesse de la température moyenne du mois de mars.
166 CLIVAT DE SAIHT-^LOUIS.
ni. — Marche de la température.
La marche de la température est sensiblement la même
qu'à Corée. Cependant la moyenne mensuelle la plus faible se
place souvent, non pas en février, mais en mars. Quatre fois
' sur nos cinq années d'observations, la température de mars a
été plus faible que celle de février; une seule fois, en 186S,
elle a été plus élevée de 0^,2. En 1854, le mois de février a été
plus froid que celui de mars. En 1874, nos observations nous
ont donné pour résultat une moyenne du mois de mars infé-
rieure à celle de février de 0%7.
Le moment de la plus haute élévation de la température se
présente tantôt en septembre, tantôt en octobre, plus souvent
dans le premier de ces deux mois. Il est d'observation com-
mune que le mois d'octobre est plus pénible à supporter à
Corée qu'à Saint-Louis. Il existe, en réalité, un allongement
de rhivernage à mesure que l'on descend vers le S de la côte
d'Afrique. A Corée, cette saison commence un peu plus tôt et
se. prolonge quelques jours plus tard. Ceci est parfaitement
expliqué par les situations respectives des lieux par rapport
à l'équateur. L'état sanitaire varie comme ces moyennes. A
Saint-Louis, c'est en septembre que les maladies sont les plus
nombreuses, c'est en octobre à Corée. (V. pi. VI etjpl. XIIF.)
Les moyennes horaires ont une marche qui ne présente,
avec la marche des moyennes générales, que des différences
analogues à celles que nous avons signalées sous le climat de
cette dernière ville.
IV. — Températures extrêmes.
En joignant aux extrêmes des quatre années que nous
avons résumées, ceux de Tannée i854 (l) et ceux résultant de
nos propres observations, nous obtenons le tableau suivant :
(0 ObserraUons de M. Aodlberf, Hevue eoUmialej 1855, p. 164.
TEMPÉRATURES EXTRÊMES.
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168 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
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Les températures extrêmes déterminées par nos observa-
tioDS sont, pour les minima comme pour les maxima, tantôt
au-delà, tantôt en-deçà des limites des variations dans la tem-
pérature, d'après les observations antérieures.
Dans beaucoup des années dont nous avons négligé de tenir
xompte, les températures extrêmes étaient moins variées,
parce que les instruments avaient été placés trop à l'abri des
vicissitudes atmosphériques. Les thermomètres observés en
1854 devaient se trouver à l'abri des vents d% car il est diffi-
cile de croire que^ dans la saison de ces vents, le thermomètre
ne se soit élevé jamais au-dessus de 33, pendant cinq mois de
la saison sèche, et une seule fois à 35, dans le mois de mai.
D'après le tableau précédent, on jugera des variations les
plus étendues que peut subir la température dans les mêmes
mois.
Les températures extrêmes observées dans ces six années
ont été 9%2 en janvier 1854, et 38%g le 2 avril 1874 (1). Ce
dernier maximum a été vérifié avec soin; il correspondait à
un fort vent de TE à TENE, entraînant avec lui une grande
quantité de sable du désert. Ce même jour, & 1 heure^ le ther-
momètre sec marquait sous Tabri ^V^l; le thermomètre-
fronde, agité à Tombre, indiquait au même moment 38%1 ;
le ciel était à demi-couvert de nuages.
L'oscillation thermométrique a donc été de 29^,6 en six ans.
En comparant ce chifi're à celui de 19^0, oscillation ther-
mométrique observée à Corée en dix années, on voit que les
variations sont beaucoup plus considérables à Saint-Louis,
tout en restant inférieures à celles qu'on observe en France.
Il ne faut pas toutefois oublier que ces températures «le 9«,2
et de 38'',8 sont exceptionnelles. En considérant le tableau
des moyennes des minima et des moyennes des maxima en
(1) En avril 1862| le maximum avait atteint 37"*,?. Ce maximum de 37^2,
que l'on peut signaler comme exceptionnel k Saint-Louis» et qui n'a certai-
nement jamais été atteint à Gorée, est celui du 8 août 1873, à Paris (Mon-
souris); mais cette dernière obsenration doit être corrigée, d^aprèaH. Reooo,
•t lédolte à 36o,e.
TEMPERATURES EXTRÊMES. i69
4873-74, on reconnaîtra que les plus basses températures se
sont maintenues dans le voisinage de i5<>^2 en férrier^ et les
plus hautes températures vers celui de dS^'^a en septembre.
Contrairement à ce qui s'observe à Gorée^ les maxima
' exagérés ont toujours lieu, non pas dans l'hivernage^ mais
dans la saison sèche, celle des vents du désert.
En comptant combien de jours, chaque année, la tempéra-
ture a atteint ou dépassé 30«, nous trouvons :
En 1862 430 jours.
i868 33
1869 62
1870 84
(1873-1874). . . . 438
Ces dliférences considérables d'une année à Vautre permet-
tent de penser qu'elles sont le résultat d'exposition vicieuse
des instruments. Dans quelques années, l'observateur avait
sans doute placé ses thermomètres, en partie à l'abri des vents
d'E, plus préoccupé qu'il était de la détermination d'une
bonne moyenne annuelle que de fournir les observations des
phénomènes irréguliers. C'est une précaution qui semble
avoir été prise au Sénégal par beaucoup d'observateurs que
celle d'abriter les instruments contre les vents d'E. Cette ma-
nière d'agir, signalée sur certains journaux, détruisait en
grande partie la valeur d'observations que nous avons dû
négliger.
Le reproche d'éviter les variations thermométriques ne peut
être fait à notre mode d'observation, sur une terrasse exposée
à tous les vents. Nous n'en croyons pas moins, par expérience,
à une grande variabilité, d'une année à l'autre, dans le nombre
des élévations considérables et momentanées de la tempéra-
ture. Dans la saison sèche, les hautes températures sont tou-
jours liées aux vents du NE à l'E. Or, ces vents ont, d'année en
année, des modes de fréquence et de sécheresse qui varient
beaucoup et les nombres de jours à températures maxima
très-élevées peuvent ainsi varier beaucoup.
110 « CLIVAT DE SAnVT-LOUIS.
Dans notre année d'observation^ voici quelle a été la fré-
quence des grands maxima^ dans les deux saisons;
La température a atteint ou dépassé :
HiYemage 1873.
Saison sèche 1874.
30O . .
.... 92 fois.
46 fois.
'33* . .
. ... 18
25
34» . .
. ... 12
8
35» . .
. . . . 3
7
36* . .
• • . • »
6
Ainsi^ dans rhivernage, jamais la température n'a atteint
36^. Dans la saison sèche, dans les six premiers jours du mois
d'avril, sous i'influence d'une série de forts vents soufflant de
TE au NE, de 10 heures du matin à i heure du soir, la tem-
pérature a atteint ou dépassé 36*^ dans le milieu de la journée,
six jours de suite, savoir :
36«, les 1»', 5 et 6; 37S le 3; 38% le 4 ; 38%8, ie 2.
Le thermomètre-fronde observé à I heure a donné, du 2
au 3, des températures variant entre 35%2 et 38%!.
Saint-Louis, tout en ayant une température moyenne légè-
rement inférieure à celle de Tile de Corée, présente un climat
tantôt plus froid et tantôt plus chaud que celui de cette lie.
Saint-Louis est situé près du bord de la mer, mais sur une
côte basse, plane et presque rectiligne; tandis que Corée se
trouve à Textrémité d'une presqu'île s'avançant dans l'O et
recevant de trois côtés l'influence de l'air marin. La nature
sablonneuse du sol diffère aussi essentiellement de celle du
terrain volcanique et basaltique sur le(|uel est bâtie Corée.
Enfin, Saint-Louis est un ilot fluvial, tandis que Corée n'est
qu'un rocher dans la mer. Ces différences d'exposition, de na-
ture du sol et aussi de voisinage sont, beaucoup plus que le
changement en latitude, les causes de la différence des deux
climats.
VÀRUTIOIVS DB LA TBKPiRATURB
m
V. — Variations thannométricpias.
L'étendue des oscillations mensuelles se déduira facilement
du tableau des températures extrêmes^ donné plus haut. Le
tableau suivant donnera une idée des variations nychtémé-
rdles, pour le amplifier nous avons supprimé avec intention
les dates des observations.
Ofleillatioi» nyelitéiiiérale» les plus fortes é» la tempé-
ratare^ pendant cinq ane.
MOIS.
Janvier.
Février.
Mars. .
Avril. .
Mai. . .
Juin.. .
Juillet .
Août. .
Septembre!.
Octobre. . .
Novembre .
Décembre. .
Année . . .
1862
1608
13,8
18,0
18,0
n.4
10,4
9,0
7,4
8,2
10,4
14,2
17.0
18,0
1868
16O0
20,0
10,4
20,2
4,8
3.0
7,2
6,2
6.2
7,2
11,4
13,2
20,2
1869
1306
14.2
11,8
13,4
6,8
4,2
6,8
6,6
6,6
9,4
10,6
12,8
14,2
1870
1208
16,8
8,4
16,8
7,4
10.6
6,4
7,4
7,0
8,8
9,4
12,4
16,8
1873
9
806
9,0
8,6
10,5
10,8
16,6
17,8
1874
1808
20,6
18,0
20,8
7.2
»
w
w
»
30,8
9 rS B
* S
M H
5
0»
1808
20,6
18.0
20.8
17,4
10,6
9,0
8,6
10,5
10,8
16,6
17,8
20,8
Nous nous bornerons à faire remarquer que Saint-Louis
possède quelques-unes des propriétés des climats de Tinté-
rieur du pays, mais que les variations sont encore rares et
d'étendue modérée. 11 ne faut pas oublier que ce tableau
indique les plus grandes exagérations qui puissent être obser-
vées dans ces variations; aucune d'elles n'est supérieure aux
173
CLIMAT BE SAINT-LOUIS.
yariations climatériques auxquelles sont habitués les Euro-
péens dans leur patrie, et nous pouvons répéter ce que nous
avons dit déjà : ce n'est pas à ces variations que doit être attri-
buée Tinsalubrité du pays.
VZ. — Relations entre les vents et la température.
Pour déterminer quelle est l'influence des vents sur la tem-
pérature, nous avons pris, à Tune des heures d'observation,
la moyenne de la température chaque mois par chaque vent.
Nous avons choisi une heure du soir^ moment voisin du maxi-
mum thermal.
Voici le tableau indiquant les différences qui exi&teni entre
ces moyennes par chaque vent et les moyennes correspon-
dantes des mois, à une heure du soir. Le signe -|- indique que
la température dépasse la moyenne, le signe — qu'elle est au-
dessous d'elle.
Relations entre les Tenta et la température^ à 1 fcenre
du soir (année 1898-1894:).
BSSSÏ
MOIS.
Décembre . «
Janvier ....
Février ....
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août.......
Septen^ra,
Octobre....
Novembre. .
a»» w
tsr M.
9
y
DO
26?3
22,7
25,1
21,5
24,1
23,3
25,7
28,7
28,0
30,7
28,8
26,6
EXCÈS DES motehkes par vent de :
N
—305
-2,8
-5,2
-0,5
-1,7
—0,5
-0,2
-0,2
-0.2
+•2,0
0,0
-0.1
NE
+ 002
+ 3,9
+ 5,0
+12!6
+ 2,2
+ 7,6
Ë
+3«4
+3,4
+4,1
M
»
»
M
»
+2.5
—2,2
+7.0
SE
»
»
»
»
»
+5?l
+1.0
+1.1
S
n
»
n
»
+1.5
+4,3
-2.2
-2,5
-1,8
SO
»
»
»
—107
+0,7
+0,7
+0,8
^1.1
+0,2
+0,4
—0,3
+0,7
VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE. 173
On voit qiie, dans la saison sèche^ au milieu du jour, la
température monte au-dessus de la moyenne lorsque soufflent
les venis du NE et d'Ë, qu'elle s'abaisse au contraire lorsque '
soufflent les vents du N et NO. Ces vents sont d'ailleurs les
seuls qui s'observent à cette époque de l'année.
Dans la première partie de l'hivernage, la température os-
cille peu autour de la moyenne générale. Les vents de N et
NO donnent des moyennes qui lui sont à peine inférieures.
Les venls du SE donneraient une élévation considérable de la
température, mais ce fait ne s'appuie que sur une seule ob-
servatton et p^d, par suite, beaucoup de sa valeur, il corres-
pond à un jour de vent de SE très*faible, presque calme.
A la fin de Thivernage, les vents d'Ë, de NE et SE, les deux
praaiiers surtout, élèvent considérablement la température.
Les vents de S au N, en passant par l'O, l'abaissent en général
légèrement.
Ainsi, au Sénégal, au milieu du jour, les vents de terre
sont chauds, les vents de la mer sont frais; les vents secs
sont chauds, les vents hygrométriques sont frais. Il en résulte
que les variations hygrométriques qui accompagnent les chan-
gements de température au Sénégal, diffèrent considérable-
ment de celles qui accompagnent les changements de tempé-
rature en Europe.
La saison chaude et humide de riiivernage est, comme nous
Tavons déjà démontré, la saison dans laquelle 1^ variations
thermométriques sont peu étendues. La variabilité des vents
faibles de cette saison n'apporte que peu de modifications dans
l'état général de l'atmosphère d'un moment à l'autre, les
hautes températures sont plutôt sous la dépendance des calmes
que soumises à la direction des vents.
CHAPITRE III
DBS VENTS
I. — Obsenrations.
Nous avons résumé trois années pendant lesquelles la di-
rection des vents a élé notée à cinq heures diflérentes du joor.
Ce résumé nous à permis de construire les roses mensuelles
des vents dont nous donnons le tracé. Les observations de
4873 nous ont fourni des résultats différant peu de ceux de
cette année moyenne^ et nous les utiliserons^ comme nous
Tavons fait déjà, pour l'étude des rapports des vents avec les
autres météores.
11. — Régime des vents.
Comme à Gorée, les vents ont une direction qui, pendant
huit mois de Tannée, parait sous l'influence des vents géné-
raux de cette région du globe. Ces huit mois comprennent le
premier et le dernier mois de Thivernage et toute la saison
sèche.
Pendant les quatre mois du centre de rhivemage, c'est-à-
dire pendant la véritable saison des plaies, aux vents régu-
liers font place des brises variables et faibles, mais dans les-
quelles dominent celles venant de TO, correspondant à la
mousson de SO de cette partie du bassin de l'Atlantique.
Les brises régulières apparaissent vers la fin du mois d'oc-
tobre, remplaçant assez brusquement celles de TO. Ces brises
soufflent d'abord principalement du NO et du N. En dé-
cembre^ janvier et février, elles proviennent avec une égale
fréquence du NO, du N, du NE et de lE.
DES VENTS.
175
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176 CLIMAT DB SÀUfT-LOUIS.
A partir du mois de man, en avril et en mat, la fréquence
des wsto est beauooBp plue grande du NO que du N, et les
vents du NE et de l'Ë deviennent très-rares. A la fin de mai,
les brises d'E et de NE disparaissent*
Avec rhivemage^ en iuin, les vents du N disparaissent eux-
mêmes; les jours de vent de NO deviennent plus rares et la
brise souffle du large dans une direction variant de TO an SO,
mais avec peu de régularité et souvent avec une faiblesse qui
est aussi caractéristique que leur direction. Au mois de sep-
tembre, les brises sont très-peu énergiques, et quoique le
vent d'O domine» les vents sont extrêmement changeants et
les calmes très-nombreux.
Nous remarquerons la même régularité qu'à Corée dans la
manière dont les vents prennent une direction qui remente
de plus en plus vers le N à mesure que la saison sèche s'a-
vance.
Une différence très-grande existe cependant entre les roses
des vents des deux villes ; tout le système des vents semble, à
Saint-Louis, s'avancer de 45 degrés vers TO sur le système des
vents de Corée, de telle sorte que les vents sont NO à Saint-
Louis, pendant qu'ils sont N a Corée; N à Saint-Louis quand
ils sont NE à Corée ; enfin NE à Saint-Louis quand ils sont E
à Corée.
Dans les quatre mois de la saison des vents variables, la
différence entre les roses des vents des deux pays est moins
prononcée. Les observations portant à Corée sur dix ans, les
roses de cette ville présentent plus de précision que celles
construites pour Saint-Louis qui ne s'appuient que sur trois
années. Aussi la variabilité des vents de la saison pluvieuse
est-elle beaucoup plus accusée sur les roses de Corée.
On sait qu'au voisinage des caps, l'alternance quotidienne
4iui existe sur la plupart des rivages maritimes, entre les
brises de terre et de mer, disparait le plus souvent. C'est à la
configuration de la presqu'île du Cap- Vert que nous avons
attribué la non «existence de cette alternance des vents au
voisinage du cap Vert.
DBS YBNTS. 177
A Saint*Loui8, il n'en est pas de même, la brise vient d'au-
tant plas du large dans le jour que réchauffement de la terre
par les rayons du soleil se prononce davantage. C'est un mo-
ment après celui du maximum thermal que la brise souffle
le plus souvent et avec le plus de force dans la direction NO^
pendant la saison sèche^ et dans celle de FO dans rhivernage.
Comme leur fréquence, la force de ces brises va toujours
en augmentant du matin à Taprës-midi.
On ne peut pas dire qu'il y ait, à Saint^Louis, une alternance
régulière entre les brises de terre et les brises de mer, mais
rinfluence de la déviation des courants aériens réguliers, par
ceux qui résultent de Tinégal échauffement de la mer et des
terres dans le jour et dans la nuit, est très-sensible. En
examinant les roses horaires des vents à Saint-Louis, on peut
constater les faits suivants : les vents de NE, vents de terre,
sont plus fréquents le matin qu'à tout autre moment du
nycthémère, leur maximum de fréquence est de 6 heures à
10 heures du matin. Ces vents sont rares le soir.
Les vents venant franchement de TE appartiennent- presque
exclusivement à la saison sèche ; ils soufflent avec une fré-
quence qui va en augmentant de 6 heures à 10 heures du ma*
tin, puis, diminuant après ce moment, est encore assez grande
à 1 heure du soir et s'efface dans la soirée. Il est rare que
ces vents soufflent avec force à 4 heures du soir. On les voit
reparaître le matin vers 6 heures comme brises de terre, sou-
vent très-fraîches ; leur maximum de fréquence et d*énergie
est toujours à 10 heures du matin.
Les vents de NO ont une fréquence qui va en augmentant
de 6 heures du matin à 4 heures du soir, et persiste dans
la soirée. Ce phénomène est bien marqué pendant toute
Tannée. Ces vents nous paraissent le résultat d*une combi-
naison entre les brises marines locales que tend à produire
réchauffement de plus en plus prononcé des terres, à mesure
que la journée s'approche de 4 heures du soir, et les vents
généraux qui conserveraient sans cela une direction NE^
comme ils le font dans File de Gorée.
12
.178 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS.
La construction du parallélogramnrie des forces des vents
généraux combinés avec l'attraction de l'E à i'O produite par
réctiauQement des terres^ nous donne en effet une direction
NO. Plus les brises locales sont faibles, plus les vents ont
une tendance à être plutôt N^ ou même NE, que 0. Plus les
brises locales sont fortes, plus les vents ont une tendance à
être plutôt que NO, ce qui arrive en effet dans l'hivernage,
moment de Tannée où réchauffement des terres dans la
journée est considérable, et produit dans l'intérieur du pays
des calmes ou mouvements ascendants.
Dans les quatre premiers mois d'hivernage, la présence du
soleil dans le voisinage du zénith a modifié la marche régu-
lière des alizés. La fréquence des vents d'O va en augmentant,
du matin à l'après-midi, pour tomber à la nuit, alors que la
terre se refroidit de plus en plus par rayonnement. Les brises
de terre soufflent pendant l'hivernage assez rarem^nt^ même
pendant la nuit, elles sont toujours très-faibles, plus souvent
remplacées par des calmes.
L'explication que nous venons de donner de la présence des
vents NO à Saint*Louis, dans la saison sèche, nous paraît
avoir une certaine importance. En effet {voir la carte du cli*
mat et de Vétat tanitaire du Sénégal)^ dans cette saison toute
la contrée est soumise aux vents du N, du NE et de TE^ comme
Gorée^ c'est l'influence des alizés qui se fait ainsi sentir. La
direction NO des vents pendant la saison sèche est donc un
fait particulier, résultant de la situation de SaintrLouis, sur
une ligne qui sépare deux étendues sur lesquelles, suivant la
nature solide ou liquide des surfaces, agissent différenunent
les rayons solaires. Les brises d'E sont souvent très-fraiches
le matin et apportent le témoignage du refroidissement que le
rayonnement nocturne a fait subir au désert; dles conservent
leur sécheresse tout en devenant brûlantes vers iO heures, et
leur énergie tombe ordinairement vers midi. Après un calme
assez court, la brise bienfaisante du NO vient rendre aux habi-
tants de Saint-Louis l'humidité et l'air qui leur semblaient
devenus indispensables.
DES TENTS. 179
£q résuméj il y a en réalité, à Saint-LouiSj une certaine
alternance entre les brises de terre et les brises de mer, et>
fort heureusement y les vents du large remportent le plus
souvent en fréquence et en énergie. Aussi la fin du jour est-
elle toujours marquée par une réfrigération considérable»,
beaucoup plus sensible au corps humain qu'au thermomètre.
ni. — Propriétés des diitérents vents à Saint-Louis.
Nous ne nous occuperons que des propriétés locales. La
situation de Saint-Louis nous permet de classer en deux caté-
gories les veots soufflant sur cette ville : ceux qui, du NNO au
S^ en passant par TO^ viennent de la mer; ceux qui, du N au
S^ en passant par TE, viennent de terre. Nous avons déjà
parlé des propriétés de ces derniers vents, nous en reparle-
. roDs en étudiant le climat de Dagana.
Les premiers sont sains, car leurs propriétés hygromé-
triques ne se combinent avec aucun apport de miasmes ma-
récageux. Ces vents arrivent directement de la mer. La bande
de sable marin d'une centaine de mètres de large, et le bras
du fleuve qu'ils ont à traverser n'ont guère de principes nui-
sibles à leur céder.
A quelle époque soufflent ces vents? Dans rbivernago
d'abord, c'est-à-dire à Tépoque où les terres basses du Sénégal
sont plus ou moins inondées ou viennent de l'être. Ainsi ces
brises de l'O qui, lorsque nous nous enfoncerops dans l'inté-
rieur des terres, deviendront très-malsaines, chargées qu'elles
sont de vapeur d'eau, et servant d'autant plus facilement de
véhicules à la malaria, sont salubres à Saint-Louis et domi-
nent précisément dans la mauvaise saison.
Au point de vue de Thygiène, la situation de Saint-Louis
est donc très-favorable et rend suffisamment compte de la
salubrité relative de cette ville. Cette salubrité serait encore
plus grande si, se rapprochant du bord de la mer, les habita-
180 CLIMAT DE AINT-LOUIS.
tions se trouvaient construites^ non dans Tlie de Saint-Louis^
mais sur la plage de Guet-N'dar formée par la langue de terre
appelée pointe de Barbarie. C'est sur cette plage qu'était établi
autrefois un lieu de convalescence. Cest là que Texpérience
acquise par un long séjour au Sénégal avait enseigné à notre
excellent maître, le docteur Chassagniol, médecin en chef de
la colonie^ le choix d'un emplacement pour Thôpital. Ce vœu
émis dans un rapport manuscrit, n'a pas été accueilli ; nous
ne pouvons qu'en exprimer ici le regret.
La salubrité de Saint-Louis est loin de valoir celle de l'île de
Corée, si bien exposée comme nous l'avons décrit. Les trop
nombreux cas de fièvres intermittentes, les redoutables fièvres
pernicieuses qui signalent le milieu et la fin des hivernages à
Saint-Louis, montrent que la salubrité de cette ville n^st que
relative^
CHAPITRE IV.
DES PLVIIS.
!• -*- ObservaUoiis,
L8 régime des plaies est saisiblemeiit le même sar la cAte
du Stoégal, an cap Yert à Saint^Louis. Elles débutent dans
les différents points de cette côte, aux mêmes époques, dispa-
raissent dans le même moment et sont liées aux mêmes vicis-
situdes atmosphériques.
Nous ayons résumé dans le tableau suivant les observations
faites à Saint-Louis pendant sept années :
182
CLIMAT DE SAIirr-LOUIS.
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§l§1
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DES PliUIES. 18$
II. — Régime des plaies à Saint-Louis.
Les pluies versent sur le sol de Saint-Louis une quantité
d'eau qui est en moyenne de 408 millimètres par an. Si nous
avions compris dans notre moyenne le résultat fourni par
rbivernage de 1873 (i), elle s'abaisserait un peu au-dessous
de ce chiffre. La plus grande quantité d'eau tombée en une
seule année, en i869^ a été de 649 millimètres. Dans Tannée
la plus sèche, en 1863, il n'a été recueilli que 141 millimètres
d'eau.
Ces chiffres peuvent avoir une utilité pratique immédiate.
On devra en tenir compte dans la construction des citernes
destinées à conserver Teau de pluie, la seule servant à l'ali-
mentation dans cette ville. Il serait inutile de donner à ces
citernes des dimensions supérieures à celles d'un volume
ayant pour hauteur 65 centimètres, et pour base le dévelop-
pement de la surface des toitures horizontales qui recouvrent
les maisons et sur lesquelles les eaux sont ordinairement
recueillies.
Pour calculer les dimensions réciproques à donner à la
citerne et à la surface de réception des pluies, il suffira de se
rappeler que, dans les années des pluies les plus abondantes,
il faut 1 mètre carré de toiture pour fournir 650 litres d'eau,
ou 1 mètre cube de citerne pour une surface de i'°,538.
La quantité de pluie tombant à Saint-Louis, dans l'année
moyenne, est inférieure d'environ 100 millimètres à celle des
pluies de Corée.
Parmi les observations que nous avons sous les yeux, les
séries de 1861, 1862 et 1863 ont été faites simultanément dans
les deux principales villes de notre colonie. D'après ces obser-
vations, les quantités d'eau de pluie ont été :
(1) Voif y i^age 192, k taUeaa ûm ipMu pour l'aiwée 1873.
184
CLIMAT DE SAIlfT-LOUIS.
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1863. .
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466
185
On voit que ces quantités ont toiyours été plus faibles à
Saint-Louis.
Le nombre des jours pluvieux dans ces trois années a été :
pour rhivernago seul, à Saint-Louis^ de %6, 31 et 12; à Gorée^
de 34, 30 et 29. Le nombre des jours pluvieux est sensible-
ment le même dans les deux villes, dans Tannée moyenne.
Si, au lieu d'examiner une région restreinte, comme celle
qui s*étend du cap Vert à Saint-Louis^ nous considérions toute
la côte occidentale du N de l'Afrique, nous verrions que les
pluies vont en diminuant de fréquence et d*abondance^ de
l'équateur jusqu'à Saint-Louis. On sait qu'en descendant vers
le S de nos possessions du Sahara algérien, les pluies devien-
nent de plus en plus rares. Il est probable qu'il existe entre
le Sénégal et le S de TAIgérie et du Maroc une région presque
absolument privée d'eau.
Le mode de répartition des pluies dans le cours de Tannée,
est le même à Saint-Louis qu'à Corée. A peine du commence-
ment de novembre à la fin de juin signale-t-on quelques
pluies extrêmement légères et de très-courte durée. Il y a
au plus quatre à cinq jours pluvieux pour ces huit mois de
Tannée. Encore cette moyenne se trouve-t-elle élevée par
Tanomalie des six jours de pluie du mois de janvier 1862,
pluies dont nous avons signalé Tapparition comme un phé-
nomène tout à fait inaccoutumé et un sujet d'étonnement
pour les populations.
Dans Thivernage, les pluies coïncident presque avec celles
de Corée. Les premières pluies abondantes apparaissent ordi-
nairement dans la première quinzaine de juillet. Elles sont
surtout fréquentes et considérables au mois d'août, devien-
nent aussi peu nombreuses en septembre qu'en juillet^ puis
très-rares en octobre et encore plus rares en novembre.
186
GUXAT DB 8Anfr*L0UIS.
PI. XII.
DBS PLUIES. 187
Ces pluies surviennent soit à la suite d'orages^ soit en coln-
eidences avec de forts Tents de SO ou d'O.
Les observations recueillies dans Thivernage de iS7d ont
permis de tracer, dans la planche ci-conlre, les hauteurs des
33 pluies de cet hivernage. ^
On voit que les pluies peuvent en un seul Jour atteindre
une grande hauteur. Nous avons eu soin de placer au-dessous
de ces représentations des hauteurs des pluies^ leur date^ et de
les espacer à des distances proportionnelles aux nombres de
jours sans pluies. Ceci nous évite une description et permet
de se faire^ avec la plus grande facilité, une idée de ce qu'ont
été les pluies de cet hivernage, d'ailleurs relativement assez
Sec. On y trouvera tous les renseignements sur Tabondance des
pluies, sur leur fréquence, sur les séries des jours pluvieux
et les dates de ces jours. Les plus longues séries sont de quatre
jours consécutifs. Mais il ne faudrait gas croire que la pluie
ait été continue pendant ces quatre jours, elle n'a duré qu'un
certain nombre d'heures, chaque jour ou même moins. La
plus forte pluie a atteint 5t millimètres, le 7 octobre, elle n'a
duré que trois quarts d'heure, elle succédait à un violent
orage. Pendant ce court espace de temps, cette masse d'eau
est tombée sur le sol, à raison de plus de i millimètre par
minute.
Compares l'abondance des pluies à Saint-Louis et dans les
autres régions tropicales, comme nous l'avons déjà fait pour
Corée (page i05). On comprendra l'influence considérable des
pluies sur l'état sanitaire. Mais il ne faut pas oublier que
Texposition des localités apporte de grandes modifications
dans les quantités de pluie^ modifications qui sont toutes
locales.
^ Nous pouvons citer, comme exemple de l'influence de Tex-
posilion d'une localité sur l'abondance des pluies^ une ville
de l'Inde^ Cherrapunji (1), au pied de l'Himalaya, à une alti-
(1) Ces chiflires sont rapportés an tome VU de la Société inétéorologi<iae
188 CLIMAT DX SAIHT-LOUIS.
tad6 de i 2S0 mètres* On a constaté en ce point une moymM
annuelle de pluie de^ 14",200. Dans le mois de joillet seul, il
tombe en moyenne 4 mètres d'eau; en 1861, il est tombé en
juillet 9»,296. .
Pendant tout le mois de juillet, nous aT<Mis comparé aux
résultats que nous fournissait le pluviomètre de Técole des
Frères ceux que donnait un autre pluTiomètre, situé dans la
cour de l'hôpital, à 1 mètre au-dessus du niveau du soL Les
hauteurs observées étaient les mêmes, à quelques dixièmes
près.
L'effet des pluies sur Tétat sanitaire est, i Saint-Louis, ce
qu'il est dans tout le Sénégal. Elles sont le signal du réveil
des miasmes paludéens. L'aggravation la plus forte dans Tin-
salubrité du pays coïncide non avec les pluies, mais avec leur
disparition et avec le retrait des eaux du fleuve, qui se fait au
même moment.
C*est à cette époque que les marécages produisent avec plus
d'énergie que jamais cet agent, dont les effets graves nous
sont surtout connus et que l'on a appelé malaria ou miasme
paludéen.
La ville de Saint-Louis est bien construite. Les rues y sont
droites^ larges, bordées de trottoirs, pourvues de ruisseaux.
La plus grande partie des eaux pluviales s'écoule facilement
vers le fleuve. Une certaine quantité de cette eau est recueillie
comme eau potable. Une faible quantité d*eau pénètre dans
le sol, dont la nature exclusivement sablonneuse jusqu'à une
grande profondeur permet une absorption rapide. La ville est
très-bien entretenue. L'hygiène a beaucoup fait pour amélio-
rer un état sanitaire autrefois des plus mauvais. Le temps
n'est pas encore éloigné où la partie N de l'île n'était qu*un
vaste marécage qui, dans l'hivernage, répandait ses émana-
tions pestilentielles. Dans plusieurs autres points, des terrains
d'Autriche, qui les cite d'après un trsTai! de Blassford dans le Journal of, ihê
atiatie Society of Bengale part. Il, 1870. [Note communiquée par M, Renou,)
DK8 Ptunss. 189
bas formaient, dans cette saison, autant de foyers à émanations
fébrigènes, faisant lourdement sentir leur influence sur la
population européenne.
Grâces aux mesures hygiéniques qui, d'année en année, ont
été toujours se complétant, la ville de Saint-Louis est devenue
pour TEuropéen, au point de vue sanitaire, le meilleur lieu
d'habitation de la colonie» après la ville de Corée.
CHAPITHB V
DB L'iVAPOKATION.
I. — Observations.
L'éfaporation dô Teau n'avait jamais, croyons-nous, été
observée méthodiquement au Sénégal, avant que nous ayons
porté noire attention sur ce point intéressant.
On sait que l'évaporomètre de Piche est un instrument
d'une très-grande simplicité. Il consiste en un tube de verre
fermé à son extrémité supérieure par laquelle il est suspendu.
Ce tube est rempli d'eau et obstrué à sa partie inférieure par
une rondelle de papier facilement perméable et constamment
maintenue humide par le liquide. Cette rondelle, d'un dia-
mètre constant, constitue la surface évaporatrice. Deux fois
par jour, le matin à 6 heures et le soir à la même heure^ Tob-
servateur mesure la quantité d*eau qui a disparu du tube par
évaporation. Pour faciliter cette mesure, le tube est gradué
en centimètres cubes ; une table déduite des rapports des
volumes d'eau évaporée à la surface d'évaporation, indique à
combien, en millimètres de hauteur sur l'unité de surface,
répond le volume d'eau disparue. Des instruments gradués
directement en millimètres d'eau évaporée se construisent
aussi et évitent Tusage d'une table.
Nos observations ont été faites sous l'abri et par conséquent
à l'ombre. Le tableau suivant indiquera en millimètres la
hauteur de l'eau évaporée dans les conditions particulières
où l'instrument se. trouvait placé, c'est-à-dire à l'abri des
rayons solaires, ainsi que de la plus grande partie de Tirra-
iTAPORATION. 19i
dialion nocturne. Nos observations ont donc été faites dans
des conditions aussi identiques que possible à celles de l'ob-
servatoire de MontsouriS; et nous pouvons comparer, avec la
plus grande facilité, les résultats que nous avons obtenus à
ceux fournis en France par cet observatoire.
Nous avons rapproché notre tableau de Tévaporation de
celui des pluies; il manque cependant plusieurs choses pour
que ce rapprochement soit complètement justifié. Pour obte-
nir toutes les données du problème complexe du mouvement
de Teau atmosphérique d'un lieu, il faudrait tenir compte de
plusieurs autres phénomènes^ tels que les rosées, leur fré-
quence et leur abondance, et mettre les résultats de ces obser-
vations en regard de Tévaporation observée sur une surface
libre, non couverte^ exposée au soleil et à la pluie. L'on pour-
rait^ si toutes les conditions du problème se trouvaient ainsi
réumes, obtenir une série dans laquelle les quantités d'eau
qui s'élèvent du sol formeraient les quantités positives, celles
des {duies et des rosées^ les quantités négatives; ou, récipro-
quement, suivant les conditions des signes.
192
CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
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EVAPOEATION. 193
Le total de Tévaporation annuelle est d'environ 2 mètres.
L'évaporation quotidienne est en moyenne de 5°^°', 4; mais
elle varie beaucoup suivant les différents mois de l'année.
C'est dans la première moitié de la saison sèche qu'elle est la
plus active, l'^^S par jour; elle descend à environ 4 milli-
mètres dans le deuxième trimestre de la saison sèche et dans
le premier de Fhi ver nage. À la fin de cette saison, elle rede-
vient plus forte et s'élève à 6"",4 par jour.
C'est en décembre qu'elle est maxima ; elle est minima en
juin, époque à laquelle elle est plus de trois fois moindre
qu'en décembre.
L'évaporation augmente considérablement lorsque le soleil
est au-dessus de Tharizon ; l'évaporation du jour est double
de celle de la nuit, elle est même souvent triple. Ces propor-
tions entre l'évaporation du jour et de la nuit se maintiennent
dans tous les mois de l'année^
Dans le haut Sénégal, où, sous l'influence des vents d'E, les
forts maxima deviennent assez fréquents pour élever la
nioyenne de la saison sèche au-dessus de celle de l'hivernage,
il serait intéressant de rechercher si l'évaporation diurne ne
l'emporte pas, dans la première saison^ d'une quantité beau-
coup plus considérable sur l'évaporation nocturne que dans la
saison d'hivernage.
Les rapports de l'évs^poration avec la température sont dif-
ficiles à établir.
A son maximum, en décembre, l'évaporation décroît assez
régulièrement pendant toute la durée de la saison sèche ; puis,
à partir du mois de juin, moment de son minimum, elle croit
d'une manière assez irrégulière pendant tout l'hivernage,
jusqu'au mois de décembre. Elle baisse ainsi parfois quand la
température s'élève, d'autrefois s'élève quand celle-ci s'abaisse,
elle n'est donc pas liée intimement au mouvement de la tem-
pérature. Sa marche annuelle est plutôt en rapport avec l'hu-
midité relative de l'air, dont elle tend à être l'inverse. On peut
remarquer que le maximum d'évaporation a lieu au moment
des fortes brises de l'E au NE et son minimum aux mois des
i3
194 CLIHÀT DE SÀIXT-LOUIS.
calmes les plus fréquents. Dans la saison sècbe, elle est sous
rinûuencè des vents d'Ë^ diminue comme la fréquence de ces
\ents. Dans Tbivernage^ elle est plutôt en rapport avec la force
des vents qu'avec Tétat hygrométrique ou la température.
Il n'y a aucune liaison apparente entre Tévaporation et la
pression atmosphérique. L'ozone seul paraît lié d'une manière
intime à l'évaporation. L'ozone croît ou décroit en sens inverse
de Tabondance de l'évaporation.
Les causes des fièvres intermittentes tirent leur origine
première du sol, et il y a lieu de penser que les vapeurs d'eau
qui s'en élèvent servent de véhicules aux miasmes paludéens.
À tort ou à raison^ l'ozone a été considéré comme un destruc-
teur de ces miasmes^ il peut donc être utile de noter ici que
l'élément évaporation^ qui paraît lié à ces effluves maréma-
tiques^ a dans l'année une augmentation ou une diminution
précisément en sens inverse de Tabondance de Tozone. C'est
dans la nuit que l'évaporation est moindre, c'est aussi dans la
nuit que l'ozone se montre toujours en quantité beaucoup
plus considérable que le jour. La liaison est donc la même
entre ces deux phénomènes, que Ton considère l'année^ ou
seulement l'espace de 24 heures.
tl. — Inilttônce des vents siir l'évaporation.
Nous avons pu déterminer l'influence des vents sur l'évapo-
ration avec autant d*exactîtude qu'il est possible de le faire
lorsque l'on ne possède qu'une série d'une année d'observa-
tions.
Dans rhivernagey les moyennes de l'évaporation par ehaque
vent ne diffèrent des moyennes mensuelles correspondantes
que de fractions de millimètres, toujours très-faibles. Les
moyennes par vent de N^ sont toujours inférieures aux
moyennes générales. Celles correspondant aux autres vents,
sont tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de ces moyennes gé-
EVÀPORATIOIT. 195
sérales, sans que les chiffres obtenus indiquent une prédo-
minance marquée de tel ou tel yent sur la puissance de
révaporation dans cet atmosphère presque saturé d'humidité.
Cest la force seule du vent qui influe sur TéTaporation, en
renouvelant les couches d'air au voisinage de la surface d'éva-
poration.
Au début de la sai$on sèche, au moment où tous les vents
sont très-énergiques, les moyennes diurnes de Tévaporation
correspondant aux vents observés à une heure du soir, don-
nent des résultats très-signiiicatifs, que le tableau suivant
suffira pour mettre'en évidence.
Inflaence dei Tenti mr l'éTaporation.
Evaporation mùyenne, dans le jour, pendant les trois premiers mois
de la saison sèche (1874).
Excès des moyennes de rëyaporation
Evaporation par vent de :
Mois. moyenne.
N NE E NO
min nain nni nun mn
Décembre 6,0 —2,7 +i,2 +1,9 —1,9
Janvier 4,9 —2,1 +2,5 +2,5 -1,6
Février 5,8 -2,2 +3,4 +0,6 —2,4
l'influence de la sécheresse des vents du NE et £ est donc
parfaitement démontrée par nos observations. Les vents de N
et de NO diminuent Tévaporation, tandis que les deux autres
yents de la saison Taugmentent. Pour obtenir ces résultats,
nous avons eu dans Thiver 1874 : 47 observations de vent de N
oû NO et 43 observations de vents secs de TE ou du NE. Ces
chiffres étant assez forts et différant peu Tun de l'autre,
donnent à la comparaison de ces moyennes une exactitude
d'autant plus grande et d'autant plus précise.
Le tabledu donné page 192 démontre que les pluies et Téva-
poration, même dans les conditions expérimentales où nous
/
196 CLIHAT DE SAINT-LOUIS.
nous sommes placés^ en nous servant de révaporomètre de
Piche, présentent une disproportion extrêmement considé-
rable.
Dans rhivernage, la hauteur totale de Teau évaporée sous
Tabri est à peu près triple de celle de Feau fournie par les
pluies. Dans la saison sèche, Fcau tombée sur le sol n'atteint
pas 3 centimètres, et malgré l'abondance des rosées reste hors
de proportion avec Tévaporation.
Les mouvements extrêmes de Tévaporatiou sont très-éten-
dus, puisqu'ils peuvent aller de à des maxima montant à
près de 2 centimètres en 24 heures. Le plus considérable de
ces maxima a été de 19'''',2 le 8 décembre; il correspondait à
un vent assez énergique du désert, soufflant toute la matinée
et dans la journée jusqu'à 4 heures du soir. Cela ne donne
cependant qu'une faible idée de la puissance de dessèchement
de ces vents sur les terres inondées, directement exposées au
soleil. Si à l'ombre, sous Tabri de l'observatoire, l'évaporation
est d'environ 2 mètres par an, de combien doit-elle être dans
les marécages des rives du Sénégal T
Si nous comparons la puissance de l'évaporation au Sénégal
à celle du même phénomène en France, nous verrons que,
tandis que les pluies ont à peu près la même abondance
annuelle au Sénégal et à Paris, l'évaporation diffère considé-
rablement dans les deux pays.
En 1873, l'évaporation totale du mois de juin, à Paris, a dé-
passé celle du mois correspondant à Saint-Louis. Dans les
mois de juillet et d'août, l'évaporation à Paris a été un peu
inférieure à celle de Saint-Louis. A partir du mois de sep^
tembre, il n'y a plus de comparaison à faire. L'évaporation va
en augmentant considérablement, au Sénégal, pendant la un
de la saison chaude et dans la saison sèche; tandis que la
saison froide, en France, est une saison humide et pluvieuse,
dans laquelle la hauteur de l'eau évaporée s'élève, chaque
mois, à peine au-dessus du quart de la hauteur de la tranche
d'eau qu'enlève l'évaporation au Sénégal, dans les mêmes
conditions d'expérimentation.
EVÀPORATIOIf,
197
Jamais en France^ même dans les journées les plus chaudes^
révaporation ne s'est éleyée^ en 24 heures^ à plus de T^^S.
Tandis qu'au Sénégal les maxima extrêmes de Tévaporation
dépassent ordinairement beaucoup cette quantité. Voici quels
ont été ces maxima extrêmes^ en 24 heures^ chaque mois, ils
ont toujours coïncidé avec des vents forts d'E au NE^ dans la
saison sèche et dans les mois d'octobre et novembre; avec des
vents très-forts du NO au SO^ dans Thivernage.
BTaporatipn maxima en 94 hearei s
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Décembre. . . . 19,2, le 8.
Janvier 13,1. le 23.
Février 16,4, le 6.
Mars 13,0, le 6.
Avril 17,0, le 2.
Mai 6,4, le 31.
Juin. . . .
Juillet. . .
Août. • . .
Septembre.
Octobre. .
Novembre.
9,2, le 13.
6,5, le 19.
8,0, le 2.
8.4, le 26.
8.5, le 27.
13,6, le 29.
CHAPITRE VI
PRBSSIOlf ATMOSPHÉRIQUE.
Voici le résumé des observations barométriques faites sous
notre direction à Saint- Louis, du mois de juillet 1873 à la fin
de juin 1874^ à une hauteur de SS mètres au-dessus du niveau
de la mer. Toutes les observations ont été corrigées et rame-
nées à la température de 0"", à Taide des tables qui accompa-
gnent les instructions météorologiques de M. Renou.
Nous ignorons quelle est la correction instrumentale que
nécessite le baromètre Fortin, dont nous nous sommes servis.
La moyenne annuelle que nous avons déterminée, 759'*",3,
est inférieure de O'^^S, à celle qui nous est fournie par le ré-
sumé de trois années d'observations faites en 1868-1869-1870,
à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer.
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE.
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200 CLIHÀT DE SAlIfT-LOUIS.
Diaprés nos observations, la pression atmosphérique suit à
Saint-Louis une marche annuelle (voir pi. XIII, p. 209), qui
présente une grande analogie avec sa marche diurne. Il y a
dans Tannée, comme dans le jour, deux maxima et deux mi-
nima de la pression atmosphérique. Le premier maximum se
présente en janvier, dont la moyenne mensuelle est TOO*™,!,
le second en juin, 760"^,2. Le premier minimum est en mars
et avril, 758"*"*,9; le second en septembre 758'»°',4. On voit
que ces extrêmes diffèrent peu l'un de Tautre : la plus grande
diflférence entre les moyennes mensuelles, est de l"*°,8, c^est-
à-dire que les variations barométriques sont extrêmement
faibles; mais en même temps, elles sont extrêmement régu-
lières.
Si, des moyennes barométriques, nous retranchons les
moyennes mensuelles de la tension de la vapeur d'eau, nous
obtiendrons les moyennes de la pression de l'air sec. Ces
moyennes présentent un seul maximum, 759 millimètres en
février, et un seul minimum, 735 millimètres en septembre ;
elles marchent exactement en raison inverse des moyennes de
la température. La double oscillation barométrique annuelle,
est donc sous l'influence de l'état hygrométrique de Tair et de
la température, ou du moins en relation intime avec ces agents
atmosphériques.
La marche quotidienne du baromètre est celle de cet ins*
trument dans toutes les régions tropicales. Il y a deux marées
barométriques. Toutes nos observations horaires ont indiqué
que le baromètre était ascendant au moment de TobservatioD;
de six heures du matin, très-voisin de sa plus grande^hauteur
diurne à dix heures du matin; très-rapproché, mais cepen-
dant légèrement au-dessous de la moyenne à l'observation
d'une heure du soir; qu'enfin il baissait jusqu'à quatre heures,
moment voisin du plus bas minimum, pour reprendre son
mouvement d'ascension jusqu'à neuf heures et au-delà de ce
moment.
Dam V hivernage j les oscillations barométriques diurnes
sont faibles, elles sont en moyenne de i^^^d seulement La
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 201
plus considérable observée n'a été que de 3°^;6 le 24 juin et
le 6 juillet; en coïncidence, dans ce dernier cas^ avec le pas-
sage d'une bourrasque dans le voisinage de Saint-Louis*
Dans celle même saison les oscillations mensuelles n'ont
pas dépassé 5"™,8.
Dans la saison sèche^ les oscillations diurnes sont en moyenne
plus considérables (â°^;3). Les oscillations mensuelles ont été
aussi plus fortes, en février, Toscillation a atteint 8™,6, sous
rinfluence d'une baisse considérable accompagnée de calme
et suivie d'une pluie assez abondante, puis d'une bourrasque
de vent de SO, peu forte d'ailleurs. Nous avons déjà signalé
cette pluie anormale observée dans la saison sèche 1874, elle a
été générale sur toute la côte. Pendant quatre jours le baro-
mètre a baissé à Saint-Louis et à Gorée simultanément, le ciel
s'est chargé de nuages; le quatrième jour, une pluie une et
serrée est tombée sur toute la côte, pendant trente-six heures;
le vent, d'abord très-faible, duSOest devenu énergique à la fia
de la pluie et le baromètre a repris sa hauteur accoutumée
dans les deux villes. Cette observation nous a permis de véri-
fier la bonne qualité des instruments dont nous nous servions
dans ces deux villes.
L'examen de notre journal météorologique montre que les
jours où les variations horaires de la colonne mercurielle
n'ont pas suivi leur marche habituelle sont extrêmement
rares. Ces variations se font avec une régularité qui donne à
la courbe quotidienne des hauteurs du baromètre une régu-
larité parfaite^ quelle que soit la saison.
Dans Tannée 1873-1874, les hauteurs extrêmes du baro-
mètre ont été : la plus forte, 763"^"*, 4 (les 4 et 8 janvier, à
10 heures du matin); la plus faible, 754°''",1 (le 22 février, à
4 heures du soir).
Le mouvement de la colonie mercurielle ou oscillation
totale du baromètre a donc été de 9'^'^,3. Ainsi l'oscillation
annuelle peut s'élever à Saint-Louis à peu près à 10 milli-
mètres.
Toujours les extrêmes de ces oscillations se prononcent
202 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
SOUS rinfluence de causes générales qui paraissent analogues
à celle que nous avons signalée.
Nos observations nous ont parfaitement démontré que le
baromètre est aussi utile au Sénégal que dans les autres cli-
mats^ pour étudier les modifications de pression qui amènent
de grands mouvements atmosphériques. Toutefois ces varia-
tions se passent toujours dans de faibles limites, et sont le plus
souvent masquées par l'importance des corrections à faire
pour obtenir le véritable poids de la colonne atmosphérique.
Pour bien étudier rinfluence que peuvent avoir les tornades,
les orages et les divers vents sur le baromètre, il faut donc
faire des observations d'une précision extrême. Un baromètre
dans lequel le mercure serait remplacé par un liquide moins
dense, serait un instrument difficile à construire et à graduer
pour les hautes températures du Sénégal, mais dont les mou-
vements pourraient rendre à Tétude du climat de cette contrée
des services importants.
Les variations du baromètre se font, au Sénégal, dans une
étendue si restreinte que, malgré toute Texactitude possible,
il est difficile d'obtenir des observations faites avec une ap-
proximatipn suffisante pour certaines recherches. Des varia-
tions qui ne portent que sur des fractions de millimètres, ne
peuvent en effet être étudiées avec précision qu'en admettant
que les erreurs d'observations ont été inférieures à ces frac-
tions de millimètres. Or, dans Tétat actuel des instruments
qui nous servent à mesurer la pression atmosphérique, à
moins d'une habileté exceptionnelle, l'observateur ne peut
pas se flatter d'obtenir une approximation de plus de 1 dixième
de millimètre. Aussi les calculs que nous avons faits pour
déterminer les moyennes barométriques par chaque vent ne
nous ont-ils conduits qu'à des résultats négatifs.
Les roses barométriques des vents, construites pour chaque
mois, n'expriment aucune augmentation marquée de la pres-
sion atmosphérique pour tel ou tel vent, à 1 heure du soir,
moment où les hauteurs s'approchent le plus des moyennes
diurnes.
CHAPITRE VIL
ÉTAT HTGROHÉTBIQUE.
I. •— Observations.
Les observations hygrométriques recueillies à Saint-Louis,
sous notre direction, ont été foites avec une précision qui nous
permet de négliger celles faites antérieurement, dans des
conditions beaucoup moins favorables d'exposition des ins-
truments.
Nos observations faites à 1 dixième de degré près, à l'aide
d'un psycbromètre d'August composé de deux très-bons ther-
momètres, tenus éloignés Tun de Tautre sous Tabri, ont été
résumées dans le tableau suivant :
204
CLIMAT DE SAUrr-LOUIS.
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1
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16,92
15,07
15,23
16,88
20,06
23,97
25,80
16,92
31,57
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10,29
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1,78
0,03
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10,38
9,55
11,68
12,57
10,10
17,02
20,51
21,78
22,75
20,69
15,09
11,38
19,70
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11,23
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12,18
13,01
10,19
17,95
20,03
21,67
22,93
21,21
15,26
12,20
19,90
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4 h.
soir.
11,31
11,11
11,09
12,20
13,22
10,33
17,81
20,76
21,71
23,02
21,23
15,63
12,21
20,02
•H
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W4
soir.
10,31
10,29
8,97
11,83
12,55
10,09
17,36
20,68
22,27
23,08
21,08
15,35
11,30
20,03
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10 h.
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11,00
10,02
16,82
20,69
21,70
23,00
20,10
10,08
10,17
19,39
6 h.
malin
9,09
10,05
8,78
11,03
12,60
13,85
17,20
19,97
21,57
21,33
19,82
15,10
10,97
19,17
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ÉTAT htgbohJstriqite. 205
n. — Moyennes et extrêmes hygromètriciiies*
Que Ton considère la quantité absolue ou la quantité rela-
tive de la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère de Saint-
Louis^ il faut reconnaître que ces quantités sont considérables.
Si nous comparons les résultats de nos observations à ceux
des observations analogues faites en France^ nous constatons
que la quantité absolue de vapeur d'eau est^ à Saint-Louis,
triple de celle contenue en moyenne dans l'atmosphère en
France. Dans les mois de juin, juillet, août et septembre,
la quantité absolue de vapeur d'eau contenue dans Tair
est double, à Saint-Leuis, de ce qu'elle est en France. Com-
parez nos observations à celles de M. Tabbé Frizon, faites
en 1868 à Verdun, ville située cependant loin de la mer (i);
cette comparaison permettra de constater qu'à toutes les épo-
ques de l'année, au Sénégal, la tension de la vapeur égale
ou dépasse la tension de la vapeur dans les trois mois les plus
chauds de Tété en France. La moyenne de trois mois d'hiver
est, à Saint-Louis, à peine au-dessous de celle des mois d'été à
Verdun (2).
La tension moyenne de la vapeur d'eau est pour Tannée de
Cette moyenne est très-inférieure à celle conclue pour Co-
rée de quatre années d'observations. Nous avons dit que la
(1] ÀnnAMire de la Société météorologique de France, tome XVIL
(3) La température la plus basse observée à Paris est ~27,S (Montargis,
9 déc. 1871) ; on a dond une limite de la tension de la vapeur qui est celle de
la saturation à ce degré, puisque dans ces minima extrêmes Tair est tou-
jours très-près de la saturation. Or, à -^21^ la tension est de 0™m,5 environ,
et le poids en grammes, par mètre cube 0,50 à 0,60.
La tension maximum n'est point connue. Tout ce que Ton peut dire, c'est
que le 29 octobre 1873, à 6 heures du soir, on a trouvé la tension égale à
19«m j (therm. sec, 26^3; humide, 23,4; humidité, 77 ; nébulosité, 7 ; vent SE
nul (Parc de Saint-Hanr). D'après une note communiquée par M. E. Renou,
206 CLIMAT DE SA1NT*L0UI$.
moyenne déterminée pour cette Tille devait être trop élevée^
et que les observations psychométriques que nous avons faites
pendant trois mois à Corée indiquaient des naoyennes toujours
inférieures à celles déterminées par les observateurs qui nous
ont précédés. Il faut cependant constater que Thumidité est
beaucoup moins forte à Saint-Louis qu'à Corée.
C'est surtout dans la saison sècbe et particulièrement dans
les trois mois de Tbiver que la différence entre l'état hygro-
métrique de l'atmosphère des deux villes est très-sensible.
Nous avons déjà signalé la modification profonde que le par-
cours du bras de mer qui sépare Corée de la côte apportait
dans la sécheresse des vents d'Ë; cette sécheresse n'est jamais
que très-modérée, tandis qu'à quelques kilomètres de là^ à
Bufisque par exemple, les vents d'E donnent des journées
comparables par leur sécheresse à celles que Ton observe dans
Fintérieur du pays.
Trois mois d'observations faites simultanément à Saint-
Louis et à Corée, sous notre direction, permettent d'établir ce
parallèle entre ces deux villes d'une manière extrêmement
précise.
Moyennes h7irroBiétrl4ve0 en 1894.
TENSION DE LA TAPEUR. BITHlDITlâ BELATIYI»
K St-Loul8. A Corée. A St -Louis. A Corée.
mm mm
Décembre. . 10,01 12,60 53 64
Janvier. . . 10,38 1^19 64 68
Février. . . 9,55 11,01 ' 58 67
Ce tableau suffirait pour démontrer la sécheresse beaucoup
plus grande de l'atmosphère de Saint-Louis, dans la saison où
les vents d'E soufflent le plus souvent. L'examen des extrêmes
fera encore mieux ressortir cette différence.
Voici deux journées dans lesquelles le vent d'E a soufflé
simultanément sur ces deux points de la colonie, et qui ont
^TAT HTGBOHiTlUQUE. 207
donné dans la première des deux Tilles les minima absolus
de deux mois consécutifs. La tension de la vapeur observée
a été :
A Saint-Louis. A Gorëe.
Le 24 janvier 4™™,00 8"",75
Le 12 février 1»»,78 S^^jiS
Si nous cherchons les minima extrêmes observés chaque
mois dans les deux villes^ nos observations nous donnent les
résultats suivants :
Hinima absolus de la tension de la vapeur
A SalDt*Loai& A Corée.
«
mm mm
Janvier 4,00, le 24. 6,79, le 5.
Février 1,78, le 12. 6,50, le 13.
Mars 3,47, le 3. 7,84, le 8.
Hinima absolus de l'bnnLidité relative
A Saint-Louis. A Corée.
Janvier 14, le 24. 43, le 24.
Février .... 6, le 12. 32, le 16.
Mars 13, le 3. 35, le 6.
•
Tous ces minima se sont présentés dans les journées où le
vent avait soufflé dans une direction E ou NE. Les différences
considérables qui existent dans Tétat d- humidité des atmo-
sphères de Gorée et de Saint-Louis rendent compte des diffé-
rences de climat des deux villes. Le climat de Gorée est de
beaucoup le plus doux et le plus constant.
La tension de la vapeur d'eau peut varier, à Saint-Louis,
dans Tannée, de l°*°*,78 à 31"'"*,57, et dans ce même mois de
1«»,78 à i6"^,92 (février), ou de 18"»°»,9 à 31"^"»,57 (septembre).
A Verdun^ en 4868, le minimum de la tension de la vapeur
d'eau fut, le 2 janvier, de i"",ll; le maximum de iS°^,63, le
208 CLIMAT DE SAITfT-LOUIS.
7 août. La Tariation annuelle fat donc de U^,^^ àVerdan (i),
tandis qu'à Saint-Louis elle peut atteindre 30™ J9^ plus du
double.
Ety ce qui carafctérise le climat de Saint-Louis : tandis que
la Tariation hygrométrique observée en France correspondait
à une oscillation de température de S^'^A ; à Saint-Louis^ la
différence entre les températures des moments de ces deux
observations extrêmes n'a atteint que 3^^Q.
Ceci démontre de quelle importance doivent être, au Séné-
gal, les variations hygrométriques, et combien elles sont peu
en rapport avec les variations thermométriques. Le climat de
Saint-Louis, dont la température varie dans des limites assez
faibles, présente au contraire une extrême variabilité relati-
vement à rhumidité.
L'humidité relative a varié, à Saint-Louis, dans la même
année, de 6 centièmes à la saturation complète, et dans le
même mois (avril) de 9 à 78 centièmes.
Nous ferons remarquer que, pas plus que les variations de
la température, ces variations n'influent d'une manière sen-
sible sur les maladies endémiques. C'est précisément dans la
saison sèche, dans les mois où les entrées à l'hôpital sont les
moins nombreuses, que ces variations sont considérables.
Elles ont cependant une influence marquée sur les maladies
des indigènes et sur certaines maladies sporadiques ou mala*
dies chroniques chez les Européens.
ni. ^ Variations annuelles de l'état hygrométricpie.
A. — Quantité absolue de la vapeur d'eau contenue dans
l'air. — Le minimum d'humidité absolue se place en février;
le maximum en septembre, mois du maximum thermal. La
marche de la tension de la vapeur d'eau suit celle de la tem-
pérature.
(1) Â Paris, elle atlelnt ]9»m,2 d'après la note ci-dessus.
209
PL xm.
SAINT- LOUIS
%^<yfimes métèorohgfçues et état sanitaire
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2)jrMAMJJA s û' y j)
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Ozff&e /nef.
i^JiUcUes tttdétniaau
::hÀ
tsi^s;
«aaetas
i4
210 CLIMAT DE SAINT-LODIS.
Si nous examinons les moyennes horaires de chaque mois^
les cinq séries qu'elles nous fournissent nous donnent des
courbes qui ont une marche voisine de celles des tempéra-
tures correspondantes. Cependant le parallélisme de ces cour-
bes entre elles n'est pas complet. Par exemple, les moyennes
de 10 heures du matin donnent une courbe annuelle qui
croise celle des moyennes de 6 heures du matin, ce qui in-
dique que le mouvement annuel de la quantité absolue de
vapeur d'eau ne se fait pas complètement de la même ma-
nière^ suivant les heures et les saisons que Ton considère.
B. — L'humidité relative suit, dans sa marche annuelle,
une loi d'ascension et de baisse voisine de celle de la quantité
absolue de la vapeur d'eau ; toutefois ces variations ne sont
pas exactement parallèles à celles des variations de celte quan-
tité. Ainsi, à partir d'août, l'bumidité relative baisse, tandis
que la tension de la vapeur continue d'augmenter jusqu'en
septembre. L'humidité relative baisse avec une rapidité beau-
coup moindre que l'humidité absolue. Le minimum de l'hu-
midité, le moment de la plus grande sécheresse relative, est
en décembre et non pas en février. Tandis que la quantité
absolue de vapeur d'eau n'offre qu'un seul maximum et un
seul minitnum annuel, il y a dans la saison sèche des oscilla-
tions de l'humidité relative, d'un mois à l'autre, analogues à
celles que nous avons signalées à Corée. Ces oscillations
sont sous l'influence des vents d'E qui se présentent par séries
plus ou moins longues, suivant les années, et placées irrégu-
lièrement dans la saison sèche.
IV, _ Variations diurnes de l'état hygrométriq[ii0.
A. — Quantité absolue de la vapeur d'eau. — Dans l'hiver-
nage, les variations diurnes de la quantité absolue de la va-
peur d'eau sont peu considérables. Cette quantité s'élève ou
s'abaisse légèrement avec la température.
Il n'en est pas de même dans la saison sèche* La quantité
iTAT HYGROMÉTRIQUE. 211
absolue de vapeur â*eau, au lieu d'augmenter de 6 heures à
10 heures du matin , au moment de l'ascension de la tempé-
rature^ s'abaisse; de sorte que le maximum diurne se trouve
vers 10 heures du matin. A 1 heure du soir, la quantité de
vapeur d'eau s'est à peine élevée au-dessus de celle de 6 heures
du matin ; mais Taccroissement de cette quantité se fait rapi-
dement de 1 heure à 4 heures, et se maintient jusqu'à 9 heures
du soir. La tension de la vapeur va donc en diminuant dans
la première moitié de la journée, précisément au moment où
la température possède son plus grand mouvement ascen-
sionnel. Voici l'explication de cette anomalie :
Dans les mois de décembre à mai^ un mouvement rapide
d'ascension de la température correspond très-souvent dans
la matinée à l'arrivée d'une forte brise de vents du NE à TE.
Connaissant les propriétés de ces vents^ nous ne devons pas
être étonnés de voir^ sous leur influence, la sécheresse de l'air
devenir considérable, aussi bien d'une manière absolue que
relative. L'évaporation ne peut être assez grande pour fournir
en un moment^ à l'atmosphère arrivant du désert, l'eau qui
lui manque.
Les minima extrêmes de la tension de la vapeur d'eau ont
toujours été observés à iO heures du matin, excepté celui de
février qui a eu lieu à 1 heure, le i t, par un très-fort vent d'E.
Pendant Thivernage, le minimum de la tension de la va-
peur d'eau a lieu la nuit, avant 6 heures du matin.
Dans la saison sèche et à la fin ainsi qu'au début de Thi-
vernage, le minimum de la tension de la vapeur d'eau a lieu
vers 10 heures du matin, le maximum vers 2 heures, posté-
rieurement au maximum thermal, et en coïncidence avec les
brises du N ou NO, qui succèdent ordinairement aux brises
d'E, dans l'après-midi.
En résumé, dans les quatre mois de la saison des pluies,
l'humidité absolue varie peu et dans le même sens que la
température. 11 y a, par jour, un seul minimum et un seul
maximum^ et les moments de ces extrêmes doivent être voi-
sins des moments des extrêmes de la température.
212 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS.
Dans les mois de la saison sèche^ le minimum se présente
non la nuit^ mais dans le jour. S'il y a une oscillation hygro-
métrique^ autre qu'une baisse régulière de 9 heures du soir à
6 heures du matin^ nos observations ne nous permettent pas
d'en avoir de trace.
B. — Quantité relative de la vapeur d'eau ou humidité rela-
tive. — Nous trouvons encore une modification considérable
dans la marche des moyennes hygrométriques, aelon que Ton
considère soit la saison humide^ soit la saison sèche. Dans
toutes ces saisons, la marche diurne de Thumidité relative se
fait bien, comme dans les autres contrées, en sens inverse de
celle de la température; c'est-à-dire que le maximum de
rhumidité se place dans la nuit et le minimum dans le jour.
Mais rheure de ce minimum varie considérablement, suivant
la saison. Dans la saison d'hivernage, en juillet et août^ le
minimum a lieu entre 10 heures et 1 heure du soir; corres-
pondant ainsi au maximum thermal. De novembre à la fin de
mars, il se rapproche de 10 heures. Dans la saison sèche, c'est
vers 1 heures du matin qu'a lieu le minimum de rhumidité
relative.
En résumé, dans rhivernage, l'humidité relative croit et
décroit, dans le jour, en sens inverse de la température et de
l'humidité absolue, comme dans les autres contrées. Tandis
que dans la saison sèche, l'humidité relative suit la même
marche que l'humidité absolue. Ceci est une particularité
très-remarquable du climat de Saint- Louis et mérite d'attirer
l'attention. Les vents du désert sont la cause de cette modifi-
cation profonde que subit l'atmosphère de Saint-Louis.
V. — Influence des vents sur l'état hygrométrictae.
Les roses exprimant la tension de la vapeur d'eau, par cha-
cun des vents qui soufflent dans les mois du centre de l'hi-
vernage^ ne présentent rien de bien tranché. On peut dire
iTAT HYGROMÉTRIQUE. 213
que, dans cette saison, les vents portent un air marin qui, à
i heure du soir, est toujours à peu près également chargé
d'humidité. La quantité absolue de vapeur d'eau contenue
dans Tair par les différents vents e^t en moyenne, tantôt supé-
rieure, tantôt inférieure à la moyenne des mois correspon-
dants, mais n'en diffère jamais que de quantités très-faibles.
Il n^en est pas de même pour la saison sèche, comme on
peut en juger par le tableau ci-dessous.
Tenmn de la mpeur â^eaUy m mUîimètres, à i heure du soir.
Excès sar la moyenne par vent de
Moyenne. — mi ' —
N NE E NO
Décembre .... i0,3t +4,95 —1,99 —7,28 +4,32
Janvier 10,29 +3,11 —3,73 —3,78 +2,3«
Février 8,97 +3,62 -4,66 —1.89 +3,44
Humidité relative en centièmes.
Excès sar la moyenne par vent de
Décembre
Janvier, .
Février. .
• . . .
Moyenne.
N
NE
E
NO
44
+31
— n
—25
+24
55
+22
—29
—28
+ 17
43
+30
^29
—14
+29
Dans ces trois mois, les vents ne soufflent que des directions
comprises entre le NO et TE, en passant par le N. Les vents
du N et de NO sont très-humides^ comme la situation de Saint-
Louis devait le faire prévoir. Leur présence élève la moyenne
de la pression hygrométrique de 3 à 5 millimètres, c'est-
à-dire d'environ la moitié de sa valeur.
Les vents de NE et ceux d'E sont très-secs^ ils diminuent la
moyenne de la quantité absolue de la vapeur d'eau d'une
quantité qui, pour les vents d'E^ est très-considérable et par-
fois atteint la Qioitié de cette quantité. 11 en résulte qu'en dé-
214 CLIMAT DE SAUrr-LOtlS.
œtnbre, lorsque le vent soufflait du N, la quantité absolue de
vapeur d'eau contenue dans Tair correspondait à une pression
de 1 5'''^^26 de mercure, tandis que, lorsqu'à la même heure^ le
Tent soufflait de TE, la quantité absolue de la \apeur d'eau
ne donnait plus qu'une pression de 3"»*,03, c'est-à-dire qu'elle
était cinq fois moins abondante (1). Ces chiflfres s'appliquent
pour le mois de décembre à des moyennes résultant, pour les
yenls du N et NO^ de 14 observations; pour les vents d'E et
de NE, de 17 observations.
Les vents de NE sont moins secs que ceux de TE, 21 obser-
vations des vents de NE et 22 du vent d*E, dans l'hiver, nous
donnent des moyennes pour ces vents qui sont l'une seule-
ment au-dessous de la tension moyenne de 3,59, tandis que
l'autre Test de 5,01.
Les roses hygrométriques des vents accusent fortement
cette influence des vents d'E et de NE; elle a été aussi très-
sensible en novembre. Nous regrettons de ne pouvoir donner
ici ces figures.
L'humidité relative suit, par rapport aux vents dominants,
les mêmes lois que rhumidité absolue. Dans les quatre mois
du centre de Thivernage, les moyennes hygrométriques, par
chaque vent, diffèrent en général extrêmement peu des
moyennes générales.
Mais dans les premiers mois de la saison sèche, les oscilla-
tions sont considérables; on peut en juger par la seconde
partie du tableau ci-dessus. 11 montre que pour les trois pre-
miers mois, rhumidité varie en moyenne à 1 heure du soir
entre 76 centièmes par vent de N, et 23 centièmes par vent de
NE. Un changement de vent du N au NE peut donc apporter
dans l'état hygrométrique de l'air des changements qui, en
moyenne, sont à peu prè? comme 1 est à 4. En étudiant les
extrêmes de sécheresse et d'humidité, on a pu voir plus haut
(1) En France, d'après M. Renoa, la tension ne Tarie généralement que de
2 à 3 miUimôtres dans un joar; la variation moyenne ne parait guère dépas-
ser 1"*« ou 1""»,60.
ÉTAT HTGROHiTRIQUE. 2i5
que ces variations, si considérables déjà comme moyennes^
devenaient extrêmement fortes dans certains cas particuliers.
Ces changements donnent au climat de Saint-Louis ces varia-
tions brusques que Ton attribue à tort à la température; ils
sont extrêmement intéressants à étudier^ non-seulement au
point de vue de la physique^ mais encore à celui de la méde-
cine.
CHAPITRE VIIL
OZOlfB.
Nous n'aTODs trouvé aucune indication d'observations ozo-
noscopiques faites au Sénégal, antérieurement aux nôtres.
Le papier ozonoscopique se conserve bien au Sénégal, il se
sensibilise après une exposition plus ou moins longue, variable
avec les circonstances météorologiques du moment et trempé
alors dans Teau distillée, il prend une coloration qui, dans les
teintes claires, est plutôt rosée que violette.
Excepté les observations du mois de juin, faites par nous
sous une galerie largement exposée au N, toutes les obserya-
tions ont été faites sous Tabri tbermométrique de Técole des
frères. Par suite de la situation de cet observatoire, notre
papier se trouvait hors de portée de toute végétation. Le papier
était comparé à Téchelle de James, de Sedan, deux fois par
jour, le matin et le soir, à 6 heures, toujours après une expo-
sition de 12 heures. Le papier était placé dans un châssis
composé de deux petites plaques d'ébène liées entre elles par
une charnière et percées toutes deux d'une fenêtre d^une
dimension un peu inférieure à celle du papier. Ce petit appa-
reil s'ouvre et se ferme à la manière des porte-monnaies et
tient le papier fixé par ses bords tout en le maintenant tendu.
Cet instrument se suspend par un anneau auprès des thermo-
mètres, il est parfaitement mobile et oscille aux souffles des
vents, sans que le papier puisse être enlevé.
Placé sous l'abri, le papier est préservé du soleil, de la rosée
et de la pluie. Le tableau donné à la page 192, indique les ré-
sultats généraux auxquels nous sommes parvenus.
On ne peut considérer ces chiffres comme exprimant la
ozoïfE. 217
quantité d'ozone existant dans Tair. ils indiquent seulement
riotensité de la coloration produite par la présence de Tozone,
intensité qui peut n'être pas exactement proportipnnelle à
l'abondance d'ozone^ mais cependant croit et décroît suivant
que cette abondance est plus ou moins grande, dans des pro-
portions qui ne sont ni connues ni probablement régulières.
La moyenne annuelle de Tozone est de 6% les moyennes de
chacune des deux saisons sont également de G"".
Dans la nuit, l'ozone produit toujours une coloration dçux
fois plus forte que celle obtenue par l'exposition dans la journée.
Les cas dans lesquels Tozone a été en plus grande quantité dans
la journée sont extrêmement rares.
Les cas où l'ozone a disparu complètement pendant 2i heures
sont aussi très-rares. Nous avons compté cinq observations
d'absence d'ozone : les 26 et 30 novembre, 10 et ii décembre»
5 février ; toujours par vent d*E ou de NE. -
Dans la journée, l'ozone a fait défaut : dans la saison sècbe,
21 fois ; dans l'hivernage, 10 fois; 6 fois en novembre; 4 fois
en août.
Dans l'hivernage et au mois de novembre, cette absence a
toujours coïncidé avec des vents de l'E au NE. Au mois d'août,
sur quatre jours, une fois le yent soufflait du SE (le 28), les
autres fois du SO.
Le maximum atteint a été le 18* degré de coloration. Sou-
vent le maximum a coïncidé avec les jours de pluies dans l'hi-
vernage, et avec les fortes rosées de nuit et les brouillards du
matin, en décembre et janvier principalement.
Si nous comparons les données ozonoscopiques que nos ob-
servations nous ont fourni, à Saint-Louis, à celles qui, dans
l'année (1873), ont été recueillies à l'observatoire de Mont-
souris, nous voyons que les résultats ne diffèrent pas con-
sidérablement pour les moyennes mensuelles. Les forts
niaxima de coloration sont au Sénégal moins élevés et moins
fréquents qu'à Paris.
Nous ayons cherché à comparer dans quelques expériences
la rapidité d'impressionnabilité du papier dans les jours
218 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS.
d'orage ou de tornade. Toujours nous avons constaté qu'avant
l'arrivée des tornades, 4'ozone semblait avoir presque complè-
tement disparu ou qu'au moins une exposition d'une heure à
deux heures ne suffisait pas pour obtenir une coloration appré-
ciable. Immédiatement après le passage des tornades, l'ozone
apparaissait toujours avec une rapidité très-grande et avec
une abondance qui paraissait très- forte, à en juger par l'in-
tensité de la couleur.
La marche des moyennes ozonoscopiques mensuelles pré-
sente la même régularité, qu'il s'agisse des observations de
nuit ou de celles de jour. (Voir pi. XIII, page 209.)
La marche en sens contraire de la courbe de l'ozone et de
celle de l'évaporation, est le phénomène le plus caractéristique
que nous puissions reconnaître. Ces deux courbes ont une
marche inverse tellement régulière, que la même courbe
pourrait les représenter, en changeant les signes exprimant la
valeur de Tune d'elles.
A Saint-Louis, l'abondance de l'ozone ne suit pas la marche
assez simple que les observations de M. Bérigny, à Ver-
sailles (i), ont permis de reconnaître pour cette ville^ d'après le
docteur Bérigny :
1<> Lorsque la température s'élève^ l'ozone diminue ;
2"* Lorsque la force élastique de la vapeur d'eau et l'humi-
dité relative augmentent, l'ozone suit la même progression.
A Saint-Louis, l'ozone croît ou décroît en raison inverse de
la température de décembre à mars ; de mars à juin, l'ozone
augmente avec la température ; de juin à décembre, l'ozone
décroît constamment, tandis que la température est ascen-
dante pendant trois mois et baisse pendant trois autres mois.
L'ozone suit la même progression à Saint-Louis que l'humi-
dité relative. Mais il y a une exception à cette règle, de juillet
à septembre.
Si nous comparons les moyennes ozonoscopiques aux chilTres
exprimant l'état sanitaire de l'hôpital de la ville de Saint-
Ci) Annuaire de la Société météorologique de France^ 1866, t. IV, p. Î9.
OZONE. 219
Louis (i), nous ne trouvons aucune relation constante entre
Tozone et Tétat sanitaire ; que nous considérions les entrées
totales à Fhôpital^ les entrées pour maladies sporadiques ou
celles pour maladies endémiques d'origine paludéenne.
A Saint- Louis et à Gorée^ le mouvement des malades dans
les hôpitaux. de notre colonie, donne des chiffres assez consi-
dérahles pour offrir relativement à la salubrité des indications
d'une grande valeur. La courbe des entrées à Thôpital, pour
maladies endémiques, offre, dans ces deux villes, un parallé-
lisme très-accentué avec celle des moyennes thermomé-
triques ; elle s'élève et s'abaisse très-régulièrement avec la
courbe de ces moyennes qui, nous venons de le dire, n'offre
aucune relation simple avec la courbe des moyennes de To-
zone.
Nous avons exposé au mois de mars 1874, à Thôpital de
Corée, pendant dix jours de suite, du papier ozonoscopique,
dans deux points du nouvel hOpital : dans une galerie, au
premier étage, exposée largement au N ; dans une salle de
malades, contenant vingt malades en moyenne. Il y avait en
ce moment dans les salles des hommes atteints de fièvres in-
termittentes, et de cette redoutable manifestation de l'empoi*
sonnement palustre, connue sous le nom de fièvre bilieuse
mélanuriquc, si bien décrite par M. Bérenger-Feraud (2).
Dix observations consécutives nous ont permis de constater
que le papier exposé sur la galerie donnait des indications
identiques à celles obtenues par les observations faites simulta*
Dément à l'observatoire de Tccole de Corée. Le papier placé
dans la salle, de 6 heures du soir à 6 heures du matin, a donné
constamment une coloration beaucoup plus faible; ainsi, à
une coloration de 20 degrés à la première observation, faite
sous la galerie, correspondait la coloration n<> 6. Les jours sui-
(1) La statistique médicale correspondant aux mois de nos observations a
été faite par le médecin en chef da Sénégal, M. le D' Bourgarel, qui a bien
voulu mettre ces chiffres i notre disposition, et auquel nous devons des remer-
ciements pour la façon dont il a favorisé de toutes manières nos recherches.
(2) De la fèvre mikmwrique des pays chauds. Paris, 1874.
220 CLIMAT DB SAINT-LOUIS.
Tants, à des colorations \ariant entre iO et 12 degrés sous la
galerie et à robservatoire^correspondait/dansTintérieurde
la salle des malades, une coloration de 3 à 6 seulement.
Toutes ces observations ont été faites la nuit, au moment où
Tuzone est toujours en plus grande abondance.
CHAPITRE IXs
DU ORAGBS ST DBS TORNADES A SAUfT-LOUIS, A 60liB
n SUE LE LITTOKAL DU SÈOSÈûàL.
X. — ObMrvtttlolUk
Pour étudier le phénomène si intéressant des orages et des
tornades de cette partie de la côte occidentale d'Afrique^ nous
avons commencé par recueillir dans les journaux météorolo*
giques de Gorée^ les diverses annotations relatives aux éclairs,
au tonnerre^ aux orages et aux tornades. Mais les brèves anno-
tations qui signalent la présence de ces météores dans Tatmo-
sphère de Tile de Corée, ne p3uveut suffire pour nous instruire
sur leur nature. Même au point de vue de la statistique,
Timportance de ces données a beaucoup moins de valeur
que n'en ont les résultats cbtenus relativement aux autres
phénomènes météorologiques étudiés jusqu'ici. Non*seule-
ment les chiffres fournis par les différentes années sont loin
de se rapprocher les uns des autres, mais encore ils présen-
tent entre eux d'assez grandes discordances. Ce fait provient
de ce que, dans certaines années^ Tobservateur a relevé avec
soin la moindre manifestation électrique se montrant au-des-
sus de rhorizon, tandis que dans d'autres années^ les orages
passant dans le voisinage du zénith, ont été les seuls dont on
ait tenu compte.
L'insuffisance de ces documents nous a mis dans la nécessité
d'en obtenir de plus complets et de plus détaillés.
Nous nous sommes adressés au colonel Yalière^ gouverneur
du Sénégal, qui a bien voulu donner à nos recherches le con-
cours de son autorité. Assuré de la collaboration des employés
du télégraphe^ nous avons pu organiser pendant l'hivernage
222 CLIMAT DB SAINT-LOUIS.
de 1873, un service d'obserrations des orages et des tor-
nades.
La ligne télégraphique fonctionne au Sénégal entre le port
de Dakar et la ville de Saint- Louis, en passant par les postes de
RufUquej M'Bidgetnj BéUUy Gandiole.
Ces postes suivent le bord de la mer en s'enfonçant très-peu
dans rintérieur.
Les distances qui séparent ces postes sont :
De Dakar à Rnfisqoe 22 kilomètres.
De Rafisque à M^Bidgem . • . • 30 —
De M*Bidgea à Bélète 60 —
De Bétête à Gandiole 66 —
De Gandiole .à Saint-Louis. • • . 18 —
A la fin de chaque semaine, les employés de ces diverses
«talions adressaient au gouverneur des feuilles, toutes con-
formes au même modèle, sur lesquelles étaient inscrits pour
chaque jour : les orages ou les tornades ayant passé sur la
station ou dans son voisinage, Tindication de la nature du
phénomène observé, l'heure de son début, sa durée, son in-
tensité, la force et la fréquence du tonnerre et des éclairs, les
interruptions télégraphi(|ues, la direction du vent au moment
du début de l'orage, la direction vers laquelle disparaissait le
météore, enfin les diverses modifications atmosphériques
dont il était accompagné ou suivi, tels que vent, pluie, chute
de la foudre*
Pendant toute la durée de l'hivernage i873, ces documents
ont été très-régulièrement recueillis.
Il nous a été facile de les résumer dans des tableaux men-
suels. Ces tableaux ont été joints aux journaux des observa-
tions météorologiques faites en ce moment sous notre direc-
tion, à Saint-Louis, et dont la publication sera faite par les
soins de la Société de météorologie.
Malgré l'importance de ces documents, nous avouerons
qu^ils ne nous ont pas permis d'atteindre encore complète-
DES ORAGES ET DBS TORNADES. 223
ment le bat que dous nous proposions. Nous avions Tespoir
que toutes ces observations faites simultanément, dans six
points du Sénégal assez éloignés les uns des autres, étant
mises respectivement en regard, nous permettraient de suivre
d'une manière évidente la marche d'un certain nombre
d'orages à travers le pays. Nous espérions pouvoir déduire
cette marche, des coïncidences, des avances ou des retards des
heures signalées, des diverses directions indiquées dans la
progression de ces orages, de la vitesse de celte progression,
ainsi que des autres particularités. Nous avions principale-
ment pour but do trouver la distinction qui aurait pu exister
entre les orages et ces mouvements tournants signalés depuis
longtemps à la côte d'Afrique, et connus sous le nom de tor-
nades.
Nous sommes arrivés sous ce dernier rapport à certains ré-
sultats. Nos relevés mensuels montrent que le plus souvent
les orages peuvent être considérés comme se rattachant à des
tornades passant soit sur le lieu même de Tobservation, soit
dans son voisinage.
Nous n'avons pas tardé à nous apercevoir que l'un des élé-
ments les plus importants d'une étude de ce genre nous man-
quait. Le défaut d'instruments ne nous permettait d'étudier
la pression atmosphérique qu'à Saint-Louis, l'un des points
extrêmes de la ligne télégraphique. Ces observations présen-
taient en outre une particularité qui, avantageuse à certains
points de vue^ avait, d'un autre côté, des inconvénients très-
notables.
Les différents postes télégraphiques de Dakar à Saint-Louis,
se trouvent (excepté Dakar) placés tous sur une ligne droite,
parallèle à la direction de la côte, c'est-à-dire marchant à peu
près du S au N. 11 fallait donc qu'une bourrasque ou une
tornade se trouvât suivre précisément cette direction, pour
qu'elle fût signalée à diverses heures successives, le même
jour sur toute la ligne télégraphique.
Le fil télégraphique tendu parallèlement à la côte se trouve
admirablement bien placé pour permettre d'enregistrer la
224 GLIMAT DB SAIlfT-LOUIS.
moindre manifestation électrique se produisant au contact de
ratmospbère maritime et de l'atmosphère continental. Cepen-
dant les stations seraient plus avantageusement placées, si
elles occupaient divers {joints d'une courbe circonscrivant une
région ; il serait plus facile alors de suivre la marche d'un
météore à travers cette région, car on connaîtra deux ou
même trois points de son passage au lieu d'un seul.
Nous verrons que c'est le plus souvent dans une direction
voisine du S au N, que les tornades se meuvent, dans leur
mouvement général, aussi nous a-t-il été permis d'en suivre
quelques-unes qui marchaient parallèlement à la direction
du fil télégraphique, et d'avoir ainsi une idée de la vitesse de
translation du météore.
Avant d'entrer dans l'exposé des résultats auxquels condui-
sent ces observations, prévenons le lecteur qu'il trouvera la
question des orages et des tornades résolue d'une manière fort
incomplète. Nous ne pouvons avoir la prétention de répondre
à toutes les exigences de la curiosité scientifique. Ce cha[âtre
n'est qu'un essai. Nous espérons qu'il recevra d'observateurs
plus expérimentés ou plus favorisés que nous par les cir-
constances, le complément nécessaire et les corrections indis-
pensables pour servir à une théorie des tornades et des orages
de la côte d'Afrique.
Nous nous sommes posé une série de questions pour les-
quelles nous avons demandé des réponses aux observations
que nous avions entre les mains.
Plusieurs de ces questions ne recevront que des réponses
dubitatives, d'autres ne pourrorfl en recevoir que d'hypothé-
tiques, et ce sont malheureusement les problèmes les plus
importants, qui souvent n'auront que des solutions incom-
plètes ou insuffisantes. Le nombre de ces solutions, qui
peuvent demeurer comme acquises à la vérité, est malheu-
reusement assez restreint.
Les Européens habitant le Sénégal ont détourné le mot
Tornade de son sens spécial, et pour eux, tous les orages
prennent cette dénomination. Si l'on considère une assez
DES ORAGES ET DES TORNADES. 225
grande région^ comme celle qui sépare Saint-Louis de la
presqu'île du Cap-Vert^ celle confusion ne présente aucun in-
convénient.
La distinction à faire entre la tornade et l'orage n'a plus
alors la même importance, et nous serons les premiers à con-
fondre dans une même stalislique les orages et les tornades.
Nos observations nous montrent en effet que^ lorsque des
phénomènes de mouvements violents dans ratmosplière sont
signalés simultanément, ou à de très-courts espaces de temps,
sur plusieurs points de la ligne télégraphique, ils le sont sous
des dénominations différentes, s'ap;»li(|nant à des aspects
différents d'un grand mouvement météorique, qui n'est autre
pour nous qu'un de ces mouvements tournants, connus sous
le nom de bourrasques^ et qni a reçu des marins naviguant sur
la côte d'Afrique le nom particulier de tornade.
Mais si Ton veut considérer les diverses formes, les divers
aspects de ce mouvement tournant, dans le point sur lequel
il passe et par rappoit à ce point, il faut admettre des distinc-
tions. Pour Un point isolé, comme Tîle de Gorée, par exemple,
on peut distinguer :
Des orages sans tornades.
Des tornades suivies d'orage au moment même de leur
passage sur le lieu de l'observation .
Des tornades sans orage ni pluie, constituées uniquement
par un mouvement des nuages et un vent particulier. Ces
dernières ont reçu le nom de tornades sèches.
Il est extrêmement rare de voir un orage précéder
la tornade, et nous croyons que, dans ce cas exception-
nel, on a affaire à deux mouvements atmosphériques suc-
cessifs.
La présence d'un orage împlique-t-elle la conséquence
forcée d'une tornade dans le voisinage? Nous ne pourrions le
dire avec certitude, nous croyons qu'il y a des orages sans
tornade, orages qui se forment sur place, car il faut bien que
('orage débute quelque part, et Ton doit pouvoir paifois
assister à ce début. Cet orage ainsi formé, peut-il être le
15
226 CLIBIAT DE SAINT-LOUIS.
point de départ d'un mouvement atmosphérique, d'une
«
tornade ? La chose est probable^ mais non établie par les
faits.
n. — Des orages.
Voici la description d'un orage sans tornade, que nous
avons observé à Corée, au mois d'août i 872, ou plutôt la des-
cription d'une journée d'hivernage, pendant laquelle nous
avons assisté à la formation et à l'explosion d'un orage sur
l'horizon de Corée. On peut la prendre pour type de ces
journées pénibles de la mauvaise saison, pendant lesquelles
tout le monde pressent, avec juste raison, un orage pour la
soirée.
La veille, dans la nuit, l'air a été rafraîchi par un orage
suivi d'une pluie courte, mais abondante. Après cette nuit, le
soleil se lève au milieu de nuages qui paraissent dissipés par
sa présence. A peine quelques bouffées de vent de SO se font
elles sentir dans la matinée fraîche et agréable. Le ciel n'est
parcouru que par de légers flocons blancs, qui s'irradient en
éventail en changeant lentement de formes.
Quelques instants après le lever du soleil, le thermomètre
marquait à Tombre 27\ Sous l'influence du calme, la chaleur
s'élève modérément, et à 9 heures du malin, malgré l'usage
du parasol, une course est déjà une assez pénible corvée.
Le sol, mouillé par la pluie de la nuit précédente, ne fatigue
cependant pas les yeux de cette réverbération pénible de la
lumière, l'une des causes qui, s'ajoutant à la chaleur et à
l'infection paludéenne, rendent si dangereuses les insolations
à cette époque de l'année.
A 40 heures, malgré une élévation de 2» sur la tempéra-
ture du malin, la chaleur est très-supportable, il est permis
de déployer une certaine activité. La brise de SO est un peu
plus forte, mais elle est irrégulière et semble par moment
vouloir tomber.
DES ORAGES ET DES TORNADES. 2SI7
Q est midi; le thermomètre continue son ascension. A une
beure^ il attmnt 30o. Le soleil se voile par instants et quelques
nimbus parcourent le ciel dans la direction du S au N, tandis
que la direction des vents inférieurs oscille entre TO et le SO,
mais ces vents sont très-faibles et^ par moment, il fait corn*
plétement calme.
Cet état général de Tatmosphère persiste, la chaleur con-
tinue d'augmenter lentement. A A heures, le thermomètre
marque 3i^ Le ciel est aux trois quarts couvert de nuages
8'accumûlant à L'horizon, le calme devient parfait. La chaleur
est excessivement pénible, et bien qu'après 4 heures le ther-
momètre monte à peine de 0%5, la chaleur semble augmenter
considérablement; on est étonné, en jetant les yeux sur le
Ihermomètre, de ne pas voir une ascension plus étendue de
la colonne mercurielle correspondre à cetle sensation. Le
corps se couvre de sueurs au moindre mouvement un peu
actif.
Il est 6 heures, le soleil disparaît dans les nuées épaisses
accumulées à l'horizon. 11 se couche bientôt au milieu de
nuages qu'il dore de teintes d'un rouge cuivré très-éclatant.
Le calme persiste. Le thermomètre reste élevé. Quelques
bouffées de brises variables de l'O au SO donnent à peine une
fraîcheur qui ne pénètre pas dans l'intérieur des maisons. Il
faut sortir ou monter sur les terrasses qui dominent les habi-
tations pour respirer plus librement et se sentir rafraîchi par
quelques légers souffles devenant de plus en plus rares. Un
petit nuage noir passe en courant très-bas, venant du SE,
et laisse tomber quelques larges gouttes d'eau, trop peu nom-
breuses pour mouiller le sol desséché.
Nous rentrons. La chaleur de la maison est étouffante, nous
cherchons en vain les courants d'air. L'eau que nous avons
mise à rafraîchir dans des vases ou gargoulettes en terre po-
reuse, et qui le matin était fraîche, paraît tiède, sa température
est la même que celle de Teau contenue dans une carafe
ordinaire. 11 n'est pas nécessaire de consulter l'hygromètre
pour constater la surcharge de Tair par la vapeur d'eau. Tout
228 CLIMAT DE SAINT -LOUIS.
indique une saturation complète de Tair par Thumiditéet
laisse pressentir que le moindre refroidissement produira la
précipitation de la vapeur d'eau. La tension de la vapeur est
de ^3 millimètres. C'est dans des moments semblables que Ton
peut constater que la sensation de chaleur étouffante que l'on
éprouve^ est due plutôt à la vapeur d'eau qu'à une élévation
du thermomètre^ qui n*a par elle-même rien d'extraordi-
naire.
L'absence à peu près complète d'ozone dans l'air atmosphé-
rique doit agir aussi, en ce momeol;, dans un sens défavorable
à l'économie du corps humain.
Rien n'est comparable à l'anxiété maladive dans laquelle se
trouve alors l'Européen. Immobile dans un fauteuil, il a le
corps couvert de gouttelettes de sueurs, comme celui d'une
personne qui vient de se livrer à un exercice violent. La fatigue
que nous éprouvons n'est pourtant pas la même que la fatigue
du travail. C'est une fiiiblesse des membres^ et surtout des
jambes, un malaise indéfinissable qui porte à éviter tout mou-
vement, tout travail physique ou intellectuel et ne permet
cependant pas le sommeil. Tourmenté par des nuées de mous-
tiques auxquels il est presque impossible de se soustraire, nous
cherchons vainement Tair qui semble faire défaut. C'est dans
des moments pareils que la marche lente des heures inactives
permet de sentir les ennuis et les souffrances de l'exil, et que,
suivant l'expression d'un de nos confrères, M. DeIord,« L'àme
veut quitter sa prison et la livre à la première maladie domi-
nante qui se trouve là. »
Il est près de 10 heures; le calnrie est devenu parfait, pas le
moindre mouvement dans l'air, à la surface du sol. Dans les
régions supérieures quelques nuages traversent du SE au
NO et de l'Ë à TO et vont grossir le cercle ou plutôt l'anneau
qui entoure l'horizon. Le zénith seul reste quelque temps sans
nuage, mais la partie du firmament où se voient encore des
étoiles se rétrécit de plus en plus. Bientôt le ciel est entière-
ment couvert, les éclairs qui depuis un certain temps appa-
raissaient silencieux à l'horizon deviennent plus nombreux,
DES ORAGES ET DES TORNADES. 229
ils partent de deux points opposés, et semblent se répondre.
La température se maintient élevée. Malgré la disparition du
soleil^ elle ne s'est pas abaissée. La sensation de fatigue fait
place à une sensation plus pénible^ la tcte est comme serrée
dans un cercle de for; si la lecture et le travail sont encore
possibles, ils nécessitent une volonté dont Ténerofie va en fai-
blissant, le travail est d'ailleurs peu productif. Les forces in-
tellectuelles sont plus déprimées encore que ne le sont les
forces physiques.
Enfin, le tonnerre gronde sur plusieurs points de l'horizon à
la fois, sa voix devient retentissante, tout le ciel s'éclaire
d'une lueur tantôt rouge, tantôt d'une superbe teinte violette.
Le bruit redouble, il est parfois strident, bref, saccadé. Tout
à coup la pluie tombe avec une force de projection et une
abondance dont nous pouvons donner une idée en constatant
qu'au moment de sa plus grande intensité, elle a versé sur le
sol, en moyenne, une couche d'eau d'un millimètre par mi-
nute. Sous l'influence de cette pluie, l'air devient frais, le ther-
momètre descend en quelques minutes de 2, 3 et même de 4 de-
grés. L'harmonie se rétablit dans l'économie humaine comme
dans l'atmosphère.
Le météore qui vient de se former ainsi sur nos têtes s'é-
loigne lentement vers le N, faisant place à une pluie fine,
d'une durée d'une heure, accompagnée d'un vent modéré va-
riant du so à ro.
Tel est le phénomène que l'on peut facilement observer
plusieurs fois dans un hivernage, avec des variations portant
sur l'énergie des manifestations électriques, sur la direction
Nou NO dans laquelle disparaît l'orage, sur la durée de la pluie
consécutive, durée qui peut atteindre jusqu'à quatre ou cinq
heures, enfin sur la direction du vent qui suit tarage, ordi-
nairement le SO.
L'explication théorique de ces orages doit se trouver dans
le mouvement ascensionnel des colonnes d*air échauffées et
surchargées de vapeur d'eau. Cette vapeur d'eau est électrisée
positivement, tandis que le sol se trouve alors chargé de l'é-
230 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
lectricité négative qui lui reste, la vapeur d'eau atteignant les
hautes régions, se refroidit et constitue les énormes nuages
que nous voyons se former sous nos yeux.
Ces nuages sont ainsi chargés de l'électricité positive que la
vapeur d'eau a enlevée au sol au moment de 3a formation.
De l'influence réciproque du sol négatif et du nuage positif ré-
sulte les décharges électriques qui constituent Torage. La
réapparition d'une grande quantité d'ozone immédiatement
après Torage nous a toujours été révélée par nos observations,
tandis que l'ozone fait défaut, ou se trouve en très-petite quan-
tité avant l'orage.
Cette réapparition de l'ozone, l'abaissement de la tempéra-
ture, la cessation du mouvement ascendant et raréfiant qui
constitue le calme, tous ces phénomènes réunis concordent
au rétablissement de l'état normal, troublé par le trop grand
échaufTement produit dans la journée par un soleil zénithal,
frappant une région où les vents faisaient défaut.
Ne voulant pas rentrer dans des considérations théoriques,
nous n'essaierons pas d expliquer comment ces orages peu-
vent ou pourraient devenir le point de départ d'une de ces
masses météoriques qui, une fois mises en mouvement, tra-
versent les contrées voisines sous la forme de tornades. Mous
pensons, sans pouvoir nous appuyer sur des faits, que ces
orages peuvent devenir l'origine des tornades.
III. — Des tornades.
Quoique n'étant pas rare, la forme d'orage dont nous ve-
nons de faire la description comme témoin oculaire, est ce-
pendant la moins commune. C'est le plus souvent à la suite de
tornades que Ton entend gronder le tonnerre.
Nous avons observé avec soin dans plusieurs points du Sé-
négal en 1862 et 1863, ainsi qu'à Saint-Louis et à Corée, en
i872 et 1873, un grand nombre de tornades. Laissant décote
DES ORAGES ET DES TORNADES. 231
toutes recherches biographiques, nous allons essayer de don-
ner au lecteur une idée de ce qu'est, au Sénégal, une tornade.
Remarquons que le vent semble jouer un rôle tout à fait
secondaire dans Torage tel que nous venons de le décrire. Dans
la tornade, au contraire, c'est le vent qui va jouer le rôle prin-
cipal. C'est au vent que la tornade doit ses propriétés les plus
redoutables et en même temps les plus caractéristiques.
La tornade survient le plus souvent après une journée de
calme et de chaleur accablante, analogue à la journée d'hiver-
nage dont nous venons d'essayer de tracer le tableau.
La brise de SO, qui dominait pendant l'hivernage, a fait place
à une journée de calme dans laquelle la girouette prend par
instant une direction qui indique des vents très- faibles du
N au NE. Malgré cette direction des vents, à laquelle est dû un
ciel complètement découvert de nuages, la partie méridionale de
l'horizon s'assombrit, une petite masse nuageuse, noire, peu
étendue règne au S et au SE, et permet de présager déjà la
formation d'une tornade. Après un temps qui varie de deux à
trois ou quatre heures, cette masse noire se met en mouve-
ment et tend à se rapprocher du zénith en s'étendant de ma-
nière que le segment de la calotte céleste qu'elle couvre va en
grandissant. Ce mouvement est lent, je l'ai toujours vu se
faire dans une direction voisine de celle du S au N. Lorsque
la masse de nimbus j^'est élevée à environ 25° au-dessus de
l'horizon, elle y forme un demi-cercle régulier au-dessous du-
quel on peut parfois apercevoir le ciel.
La direction du S au N des nuées supérieures indique bien
la marche générale du météore, son mouvement de transla-
tion qui est le seul apparent, tant que la bande supérieure
demi-circulaire qui circonscrit ces nuages n'a pas atteint le
zénith.
Le bord de cette masse en mouvement tranche, par sa teinte
d'un noir sombre, sur le bleu du ciel à peine parcouru par
quelques flocons blancs qui, sur un autre plan, se meuvent
dans la direction des vents de NE devenus un peu plus éner-
giques, dans les couches inférieures de l'air.
232 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
Ce bord forme corame un bourrelet. On peut juger aisément
à la manière dont ce bourrelet est forme, à sa convexité, re-
gardant leN, tandis que sa partie inférieure frangée regarde le
S, qu'un obstacle s'oppose à la progression du météore et re-
tarde son ascension; il y a, senible-t-il, lutte entre la faible
brise du N qui règne dans la partie découverte de Tliorizon et
la masse météorique qui s'avance d'un mouvement propre en
sens fonlraire de cetle brise.
Lorsi|ue cetle accumulation de nuages s'est avancée jusqu'à
une distance de 45° du zénilb^ elle offre un aspect des plus ca-
ractéristiques. C'est un vaste cercle roir, une sorte de cham-
pignon sans pied qui serait vu de trois quarts et\>aren des-
sous, ses contours sont bien limités en avant et sur les bords
droit et gauche, m^l déflnisen arrière dans la partie qui se
confond avec rhorizon. Rien n'est plus facile que d'esquisser
le croquis de cette masse de nuages, un bon appareil de pho-
tographie pourrait facilement en fixer Timage sur une plaque.
Quelquefois cette forme, comparable à celle d'un champignon
incomplètement ouvert, possède un double bourrelet comme
si une calotte sphérique, plus petite, en surmontait une autre.
Parfois la marche du météore est si lente qu'il met une
demi-heure à atteindre le zénith, d'autres fois il s'écoule à
peine cinq minutes entre le moment où ces nuages commen-
cent à se mouvoir, et celui où ils arrivent au dessus de nos
têtes. Si un navire est surpris alors avec toutes ses voiles, il
n'aura pas eu le temps de les serrer au moment où les nuages
atteindront le zénith où, se trouvant placé sous ce vaste tour-
billon, il en ressentira le redoutable vent.
Ces nuages sont parfois, mais rarement, sillonnés de
quelques éclairs, mais en général on n'entend pas de tonnerre.
Au-dessous de la partie la plus reculée de cette masse noire
on distingue de gros nuages blancs et parfois des traînées
sombres, analogues aux grains de pluie, venant alors com-
pléter la ressemblance de la tornade avec un immense cham-
pignon dont les traînées de pluie représenteraient le pied.
A un moment qui est ordinairement celui où le bord anté-
DES ORAGES ET DES TORNADES. 233
rieur de la tornade atteint le zénith^ souvent un peu plus tôt
et parfois seulement au moment où les deux tiers du ciel se
trouvent couverts, un vent d'une violence extrême se décliaîne
à la surface du sol dans la direction du SE^La masse météo-
rique vue en dessous et de près, n'a plus alors de forme défi-
nie, la partie du ciel qui était restée découverte est prompte-
ment envahie par des nuages qui semblent se mouvoir en
dé:?ordre. Comme le météore continue sa marche vers le N, il
est facile de constater que la direction du vent n'est due qu'à
un mouvement propre du météore sur lui-même, combiné
avec son mouvement de progression.
Cette bourrasque dure au plus un quart d'heure pendant
lequel le vent prend une direction qui passe à l'E, puis au NE,
au N, enfin au NO, puis au SO avec une intensité qui va, en
général, en faiblissant d'abord, puis en reprenant de l'énergie
lorsque les vents passent au SO.
La succession des vents n'offre pas toujours la régularité de
celte description, car de temps en temps il y a des reprises de
SE. Quelquefois le vent va en faiblissant jusqu'au NO et ne
dépasse pas celte direction. 11 y a des tornades dans lesquelles
la rotation des vents s'arrête au N : la tornade disparaît, du
calme et de la pluie lui succèdent, puis les vents se fixent au
SO faibles. La seule chose constante, c'est la plus grande éner-
gie du vent au début de la tornade. Cette énergie n'existe avec
une force véritablement dangereuse que tout à fait au début
et dans la direction du vent de SE.
La violence du vent des tornades est peu en rapport avec sa
courte dur^e, elle atteindrait parfois, dit-on, celles des vents
des ouragans, mais le fait doit être excessivement rare. Nous
croyons qu'on a peut-être exagéré la force de ce vent. 11 peut
arriver à renverser les arbres, enlever les toitures, jeter à la
côte les navires dont les ancres ne sont pas solides; mais une
circonstance favorable vient toujours diminuer le danger. La
mer, au moment où survient la tornade, est toujours d'un
calme parfait, de sorte que l'agitation des flots est trop mo-
mentanée et trop subite pour produire de fortes lames, et le
234 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
danger de la mer ne vient pas s'ajouter à celui de l'atmosphère,
pour le marin qui aurait assez peu d^expérience, ou serait assez
imprudent pour se laisser surprendre par un accident atmos-
phérique aussi facile à prévoir.
Au bout d*un quart d'heure^ parfois de dix minutes, le
météore a disparu. Il n*a consisté qu'en ce mouvement brusque
de vent, ce passage de nuages noirs, sans pluie ni orage. La
tornade est alors ce qu'on appelle la tornade sèch&j c'est la
forme la moins fréquente.
Ordinairement, lorsque les vents passent au SO, un orage
éclate, la pluie tombe avec une abondance extrême pendant
un quart d'heure, puis devient modérée et le veut reste au S
ou au SO faible.
Il est à remarquer que, même lorsque la tornade est sèche,
elle est toujours suivie d'un abaissement de la température,
très-sensible au thermomèlre. Ce qui prouve qu'elle se forme,
non au niveau du sol ou de la mer, mais dans les régions
supérieures de l'atmosphère, et que l'axe de son mouvement
gyratoire s'éloigne de la verticale ou que le mouvement de
Tair est plutôt spiroïde que circulaire.
Nous venons de décrire, d'une manière générale, les as):ects
sous lesquels se présentent au Sénégal les orages et les tor-
nades. Il nous reste à utiliser les observations que nous avons
recueillies et à chercher avec leur aide à déterminer, de la
manière la plus précise qu'il nous sera possible, les diverses
circonstances dans lesquelles se produisent ces troubles at-
mosphériques.
Nous confondrons d'abord les tornades et les orages dans
une recherche commune ; plus tard nous ferons les distinc-
tions nécessaires entre ces deux formes d'un phénomène qui
est peut-être le même.*
DES OBAGES ET DES TORNADES. 235
ZV. — A quelle époque de Tannée se montrent les tor-
nades et les orages?
Ces mouyements brusques dans Fatmospbère paisible et à
variations régulières du Sénégal, correspondent, d'une ma-
nière presque exclusive, à rhivernage.
Dans la saison sèche, les orages sont exlrêniement peu nom-
breux, leur rareté même est un sûr garant de l'exactitude
avec laquelle ont dû être notés les moindres signes orageux
de cette saison.
En examinant les journaux météorologiques deGoréede
i856 à ^865 nous trouYons qu'il n'a été observé, pendant ces
dix armées consécutives, que 11 orages en dehors de la saison
d'hivernage.
Voici les mois dans lesquels ont été notés ces 1 1 orages :
Décembre
en 10 ans.
... 2 orages (i857-1862).
Janvier
— ,
... 3 — (1858-i865).
Février
... 1 — (1864).
Mars
... 1 — (1857).
Avril
—
. . . Néant.
Mai
—
... 4 — (1858-181)9).
En cherchant des détails sur ces phénomènes, toujours si-
gnalés comme tout à fait insolites, nous trouvons que sur ces
11 orages, 8 n'ont consisté qu'en des apparitions très-momen-
tanées et très-courtes d'éclairs, l'audition inattendue de coups
de tonnerre, et la chute de quelques gouttes d'eau. Les
3 autres orages ont été précédés de bourrasques peu éner-
giques et d'une durée très-courte, venant toujours du SE, et
suivies d'une pluie modérée accompagnée d'éclairs et de ton-
nerre. Ces bourrasques avaient la forme des légères tornades
que Ton observe souvent dans Thivernage.
En consultant les journaux météorologiques de Saint-Louis
nous trouvons aussi des exemples d'orages, dans la saison
236 CLIMAT DE SÀlIfT-LOUIS.
sèche. Ils sont toujours signalés comme des anomalies.. En
général ils sont, comme à Gorée, de peu d'importance. Une
seule de ces observations est digne d'être notée. 11 s'agit d'une
série de 6 jours de pluie et d'orages, au mois de janvier i 862.
Voici cette observation, telle qu'elle est consignée sur le
journal de ce mois :
a Du 19 au 25 janvier, il y a eu des pluies abondantes qui
ont fourni une hauteur d'eau de 46 millimètres. Les Européens
habitant la colonie depuis de longues années^ les indigènes
eux-mêmes (dit l'observateur, M. lilorio), ne trouvent dans
leur souvenir aucun phénomène de ce genre. Ces pluies, dans
la nuit du 23 au 24, ont été accompagnées d'éclairs, de vio-
lents coups de tonnerre, de peu ou point de vent.
a Le 25, vers 6 heures du soir, Torage reparaît avec la même
intensité que la nuit précédente, les vents sont au NNO, et les
épais nimbus qui apportentl'orage s'élèvent du SO. Le tonnerre
gronde jusque vers 8 heures du soir et la pluie tombe par
intervalles jusqu'à 9 heures environ, presque pas de vent. »
Il est à remarquer que ce même mois les ras de marée ont
été fréquents. Ce trouble apporté dans l'atmosphère de la
ville de Saint-Louis, d'une manière aussi inaccoutumée
pourrait avoir eu pour cause la présence de quelque grand
mouvement atmosphérique dans l'Océan. Ces ras de marée
ne seraient-ils pas une trace de ces grands mouvements?
En consultant un certain nombre des journaux des navires
ayant navigué dans l'océan Atlantique à cette époque, peut-
être trouverait-on une explication de ce fait anormal.
A la saison d'AtVerna^e appartiennent presque exclusivement
les tornades et les orages. Voici un résumé de nos obser-
vations :
DES ORAGES ET DES TORNADES.
237
IVombre de» tornade» on oraffe»
observés aux différents postes de la ligne télégraphique de Saint-Louis
à Dakar, pendant Vhinernage de 1874.
s?
a
BS
90
TOTAL
a
a
S
00
c
a
des
MOIS.
t
o
eu
1
Wl
B
•^
observa-
e
Sb*
•
CD
•
•
s
•
CD
•
2
•
tions.
Juin
1
3
Juillet
9
il
u
11
13
11
69
Août
3
6
4
14
6
8
41
Sept mbre. . .
8
8
10
U
9
10
56
Ocuibre . • . •
6
ft
4
7
8
9
40
Novembre . . .
Toi. dans Thi-
Ternage ; . .
26
31
32
44
38
38
209
Est-il besoin de faire remarquer que le même orage a pu
être observé dans une même journée sur plusieurs points.
Nous obtenons ainsi une moyenrte de 35 orages, passant sur
chaque poste, dans Thivemage. Il faut noter qu'en novembre,
il n'y a pas eu un seul orage, et que juin n'en a présenté
que 3.
Ce sont donc les quatre mois du centre de Thivernage, les
quatre mois des vents variables et des calmes, auxquels appar-
tiennent presque exclusivement ces troubles atmosphériques.
, A Paris on compte environ i4 orages par année. Ainsi les
orages sont de deux fois plus fréquents au Sénégal qu'en
France, relativement à un point donné.
Si, au lieu de considérer un point restreint comme une
ville, nous considérons une vaste région, il est intéressant
d'y compter le nombre des jours orageux dans chacun des
mois d'hivernage. On aura, alors, une idée exacte de Tétat
238 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
tourmenté presque continuel de Tatmosphère de cette région,
pendant la mauvaise saison.
En cherchant sur nos résumés mensuels les dates des orages,
on arrive aux résultats suivants :
Juin. Trois orages, les 22, 28 et 30.
Juillet. Tous les jours du mois, excepté dans les trois der-
niers, il y a eu au moins un orage passant sur la ligne télé-
graphique.
Août. Il y a eu seulement 19 jours de manifestations élec-
triques passant sur le fil télégraphique et n'ayant pas échappé
à Tobservation.
Septembre. 20 jours d'orage sur la ligne.
Octobre. 17 jours.
Novembre. Rien.
Ce qui donne un total de 87 jours orageux dans l'hiver-
nage. En comptant de la date du premier orage à celle da
dernier (du 22 juin au 30 octobre), on voit que sur i 27 jours,
87 ont été troublés par des orages. Dans la période des pluies,
il y a donc 2 jours orageux sur 3.
Pour compléter ces renseignements, faisons remarquer que
le mois d'août, situé au centre de Thivernage, n'est pas celui
du plus grand nombre d'orages; peut-être est-ce un fait parti-
culier à rhivernage de 1873. C'est cependant au mois d'août
que les pluies ont été les plus abondantes et les plus fré-
quentes, comme dans les autres années.
11 se présente dans la série des jours d'orages de l'hiver-
nage des lacunes remarquables. Ainsi, le directeur du télé-
graphe nous signalait, dans un de ses rapports, que du 9 au
16 août il n'y avait pas eu la moindre manifestation électrique
passant sur le fll télégraphique. Pendant le reste de la saison
des pluies, presque tous les jours, le passage de nuages plus ou
moins chargés d'électricité entravait pendant un certain temps
la marche des appareils télégraphiques et forçait les em-
ployés à prendre des précautions pour que les appareils ne
fussent pas foudroyés.
DES ORAGES ET DES TORNADES.
239
V. — A cpiel moment, du lour ou de la nuit, les orages
se montrent-ils de préférence?
Sur DOS 209 observations; 190 fois l'heure a été indiquée
ETec soin, de sorte qu'il nous a été facile de compter les orages
de jour, de 6 heures du matin à 6 heures du soir, et ceux de
Id nuit, de 6 heures du soir à 6 heures du matin.
Les orages se sont partagés entre le jour et la nuit dans les
proportions suivantes :
Juin. . . .
Juillet. . .
Août . . .
Septembre
Octobre . .
Novembre.
Hivernage
Le Jour.
1
13
20
23
14
71
La nuit.
2
48
21
30
18
119
Le nombre des orages^ la nuit, est donc près du double de
celui des orages le jour. Ces résultats s'appliquent aux obser-
vations de l'hivernage de 1873. Si nous considérions un certain
nombre d'hivernages^ celte proportion changerait peut-être.
VI. — Quelle est la durée des orages?
Sur 96 observations dans lesquelles la durée des phéno-
mènes orageux a été notée avec soin, en comptant du moment
où Ton a entendu le tonnerre, jusqu'à celui où son bruit a
cessé, nous avons trouvé que Torage a duré :
240 CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
Moins d*an quart d'heure 15 fois.
D'un quart d*lieure à une heure 31 —
D*une heure à deux heures 25 —
Plus de deux heures 25 —
Les tornades, ayons-nous dit d^'j.i, sont des phénonriènes de
courte durée; le mouvement violent des vents qui les cons-
titue ne persiste guère que de dix minutes à un quart d'heure
ou vingt minutes au plus; c'est pendant ce court espace de
temps seulement qu'elles présentent quelque danger; les
orages qui les suivent ont parfois une durée assez longue.
Les tornades sèches, qui sont les plus dangereuses, ne du-
rent jamais plus d'un quart d'heure; elles ne consistent par-
fois qu'en une violente bouffée de vent de TE qlii, en cinq
minutes, passe au N^ puis à ÏO ; au bout de dix minutes^ par-
fois^ il ne reste plus de traces de la tornade sur l'horizon.
VII. — Chute de la foudre.
La force des orages ne le cède en rien^ au Sénégal^ à celle
des plus terribles orages observés eu Europe. Malgré l'absence
de montagnes et l'uniformité de la plaine qui constitue la
basse Sénégambie> le tonnerre gronde et retentit avec éclat.
La foudre tombe assez souvent.
Dans rbivernage i873, nous possédons 3 observations de
chute de la foudre. Toutes ont eu lieu au mois de septembre.
Le 8 do ce mois, la foudre est tombée une première fois à
Bélète^ à une heure du malin. Une tornade, peu énergique
au début, a été suivie d'un orage qui a rapidement pris sur le
poste de Bétète des proportions effrayantes. L'observateur
nous écrivit que cette violence était telle que c'était à ne pas
croire le poste en sûreté. « Le poste «ievint pendant un instant
le centre d'un tourbillon furieux. C'est alors que la foudre
tomba à quelques mètres de l'observateur; la commotion fut
si violente, que les vitres furent brisées et qu'il y eut dans
DES OBAGES ET DES TORNADES. 241
Tun des magasins du poste de nombreux dégâts* » Le même
jour, des orages très-énergiques fiirent signalés sur toute la
ligne, excepté à Saint*Louis^ où il n'y eut qu'une pluie assez
faible*
Le même jour, mais à 7 heures du soir, au nord de Bétète,
la foudre brisait un palmier près du posle de Gandiole. Cet
orage fut signalé à M'Bidgem, faible à 7 heures du soir; à
Dakar, il fut également faible; à RuOsque, il y eut un orage
violent dans la même journée.
La troisième observation de chute de la foudre a été faite
par le frère Pascal, un de nos zélés collaborateurs.
Le 2i, la foudre est tombée sur un arbre, à 2 kilomètres de
Saint-Louis. On ramassa au pied de cet arbre, à la partie in-
férieure d'une profonde éraillure produite par le fluide élec-
trique, une masse spongieuse, friable, du volume d'une noix,
adhérente au bord de cette déchirure. L'analyse chimique a
démoutré que cette masse était composée de silice de même
nature que le sable du voisinage, aglutinée par une faible
quantité de matières organiques, et probablement aussi par la
chaleur. Il y eut, ce jour-là, un orage Mgnalé à des heures
voisines les unes des autres, sur tous les points de la ligne té-
légraphique.
Le fort, ou castel, qui dominé la ville de Gorée, a été plu*
sieurs fois foudroyé. Dans la presqu'île du Cap-Vert, on ren-
contre quelques vieux baobabs portant des traces évidentes de
la chute de la foudre.
La [)opulation de Dakar se souvient d'un orage terrible qui
passa sur la ville dans l'un des premiers jours du mois <ie sep-
tembre 1867.
Plusieurs indigènes s'étaient mis à l'abri de la pluie sous
une warangue qui entoure le Tez-de-chaussée de la maison
d'un commerçant européen. Ce commerçant cherchait à
fermer une porte ouvrant sous celte warangue, la foudre
tomba; il fut foudroyé ainsi qne les hommes qui se trouvaient
près de lui. Deux de ces hommes furent mortellement atteints,
six autres tombèrent inanimés et ne purent être rappelés à la
16
-/.'•' '
242 cliuat de SAUfT-Lotns.
Tie qu'après plusieurs heures de soins. Lés d^àt^ ÉtifttéHeU se
bornèrent à une dé<ibirure dans la toiture. Aucune de6 p^^
bonnes frappées ne put rendis compte de la forme* scud là-^
quelle la foudre était tombée^ aucune n'eut même conscteMé,
en reprenant l'usage de ses seu$, de la nature dePfcôcidëtit cfui
lui était arrivé.
Vin. — De la nature dei tornades.
A. Quelle eîi la vitesse de translatUm d^une tornùde d'un point
à un autre ?
Nous avons dit plus haut qu*entre le MoiMtit où la triasse de
nuages^ qui au S ou au SE de Tliorizon annonce la tornade, se
mettait en mouvement, et celui où la tornade éclate^ il ^e
passait de 10 minutes à une demi-heure. C'est une prettliëre
notion indiquant que la rapidité du mouvement de transis^
tion du météore doit varier suivant les cas.
En coubuliant les tableaui^ des tornades et des orages del*hi^
vernage de 1873, nous trouvons quelques observations qui
peuvent être considérées comme les passages successifs d*une
même tornade^ sur différents points de la ligne télégraphiqae.
Citons un de ces exemples.
Le 4 juillet une tornade^ suivie d'orage et de plaie, est êi-
gnalée sur trois points de la ligne. ^
A I heure du matin à Dakar.
A S heures du matin à M'Bidgem.
A 4 heures du malin à Bétète.
C«ette tornade est indiquée^ dans tous ses points, eonfitiese
mouvant du S au N ; si 1 on admet que c'est le même météore
qui a passé successivement sur ees trois postes télégraphiques,
il aura mis une heure à parcourir la distance qui sépare Dakar
de M'Bidgem, c'est-à-dire $6 kilomètres^ et deax heures à se
rendre de M'Bidgem à Bétète distant de 48 kiloitiètres. La vi-
tesse de translation de la tornade aurait donc été de 56 iHo-
DES OAAGÉS ET DES TORNADES. • 243
mètres à l'heure au débnt, puis de seulement 28 kilomètres à
Mais la plupart de nos obserflertiôiB ne nous donnent pas des
résultats aussi simples* IInq ne nous permet de recon-
naître si, lorsque des postée télégraphiques différents signalent
te passs^ef de tottitfdes à des heures toisifje^f, c*e$t à. uh seul
ef même météore ou à plusieurs mouvements tournants suc-
cessifs et se mouvant parallèlement les uns aux autres que
Ton â étt Sffâifê. Souvent il est impossible dé dire ce que
pourraient signifier les heures des observation» relaliverhent à
là marche d'un météore supposé unique. Il faut alors admettre
()tre phnm^ors tonràttes ont passé lé ffîfmé jour sur lai ligne
où qvd le itiouvemeï^t d'une seule tornade a été trèi^^ifféfent
de la ligne droite oil d'une courbe régulière.
Ne (ïOatàntijônQ^f ici toutes nos observations, nous donne>'
rons seulerirïeDI pour le ^6is de juillet, riridicalion desheùreil
de début des tornddes, des orages, enfin Ti^dicatiôn de là
^luie. Ce tableau pdurra permettre d'avoir une idée de la tré.»'
(fuence (kte or^iges et de» tornades^ de^ coïncidences que
|ieuV€m( pi^ésefit^r eûtré évtA leé divets phéiîomènés qui UuÉ
K)nt relatifs.
Où Vérfà, dans ûè tàbléaii, que, si certaine^ observations^^
lomnre celles en À et dû U juillet, permettent de pehéèr que
fe mouvement de b'anslationi dèi9 tornade? peut être eotlsidféré
Ibmmo ayant une vitesse pi^obable de 40 à 50 kilomètres 1
fheui^; il en est d^autrèsqui peuvent, comme celles du 22i|
lervir à démontrer M éôlndidencé de plusieurs tdrnades sut
àes points difiéreffis ou l'étendue cônsMérable d'm troublé
itmosphéiique dont- là tornade âe setait qu\iti accident ïocdl
limité.
244
CLIMAT DE SAINT-LOUIS.
Vonuide» et orwtgeM obferré» en Jvllleft 1878 de MmfxktrWàomÏB
à Dakar,
]?ar les employés du télégraphe.
(T signifie tornade; z, orage : tonnerre et éclates ; •, plaie; b, n, o, s, indi-
quent la direction a*où vient la tornade, et les chiffres l'tieure de Tobser-
vatton.— Les jours sont comptés de vingt-quatre heures à partir de minuit.)
Dates
2
s
k
6
1
S
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
25
2k.
25
26
27
28
29
SO
SI
St-Louls.
T EA
»
9
ZB«20
n
Dépres. bar.
»
Z« 21
• 6
z»a
Éiévat. bar.
mai.
»
n
TsElO^SO
• 21
Ze«1
• 6
Gandiole.
Coop de vent
• k
»
»
Z 19
Z« 21
n
Z
Z
»
n
Z»
»
T8«9''50
Z • 15
Z« 21
»
Z»20
»
»
Bétète.
M*Bidgem
Z»8
»
T SE 1
T SE • û
TseZ20''30
»
TeZ«2»'30
r Z • 1*'30
»
T E«6
Z NE
T E 10^20
»
T SEZ22
T.IO
Z s • 13'«25
Z NE • Ift^lO
»
12
»
»
Coup de vent
NE 6>>30
»
T SE Z • S
T 8 Z «2
T s Z 3
T
T
•
T
Dakar.
»
s z • &
SE Z • 2
»
S Z* 15
*
*
»
z • 13»30
»
T SE Z • 10
T SE z • 16
T s Z • 16
n
M
T Z 6»30
T NO Z • »
T SB Z • 1
T SB Z 3
»
9
TseZ«4*30
T SE Z • 2
Raûsqae.
T • B 5k30
T
r
»
SB 1
so z • 1
T NO z • 1
9
T • 10*30
»
• 7
9
T so.«10i>30
TsB«Z
»
T
T
T
T
T
SE z * 2
Z*?
z?
so Z19
TZ#1''30Î
6»'30
T s»
r SB •
T NE z • W
TsoZ»18Î
•
Z • 25
T s Z • 1»
T SB
•
DES OBAGES ET DES TORTYADES. 245
B. Quelle étendue peut avoir en diamètre une tornade ?
D'après Kaemtz^ les tornades de rembouchnre du Sénégal
occuperaient un espace trës-circonscrit « à la distance de 20 ki-
lomètres ou même moins, le calme de Tatmosphère ne serait
pas troublé un seul instant. » Certes lorsque Ton voit une tor-
nade monter sur l'horizon de Corée, traverser ratmos'>hère
de cette région et se perdre au nord, on est tenté de croire que
ce passage de nuages constitue seul avec le vent et l'orage
qui l'accompagnent toute la tornade. La proposition de Kaemtz
paraît alors exacte. La tornade serait un phénomène extrê-
mement localisé, un tourbillon d'un diamètre plus large que
celui d^une trombe et tenant le milieu entre le cyclone et la
trombe .
Si nous examinons nos observations, nous serons conduits
à des résultats fort différents. Cherchons, lorsqu'une tornade a
été signalée sur un point quelconque de la ligne télégraphique,
quelle est l'étendue sur laquelle elle a fait sentir son influence.
Nous trouvons au mois de juillet, à la date du 11, une tor-
nade passantsimullanémententre2 heures et 2 heures et demie
du matin à M'Bidgem, D.ikar et Rufisquc. Le troulle atmo-
sphérique a donc occupé un espace t!e plus de 100 kilomètres
en un même moment. Le 23 du même mois une tornade est
signalée en même temps, entre 10 heures et iO heures et demie
du matin, sur tous les points compris entre Saint-Louis et Da-
kar, c'est-à-dire sur un espace de plus de 180 kilomètres.
Il est difficile d'aJmettre que chacun des points d'observa-
tion se soit trouvé à un même instant soumis à une bour-
rasque, sans qu'aucune liaison n'ait existé entre ces divers
mouvements atmosphériques. D'un autre cô'é, nous ne trou-
vons aucune tornade signalée sur Tnn des postes intermé-
diaires de la ligne télégraphique sans l'être dans l'un des
points voisins, parfois il n'y a qu'un orage signalé dans le
voisinage, mais jamais à la distance de 20 kilomètres « le
calme de l'atmosphère n'est resté- sans être troublé. » Il y a
bien un certain nombre d'orages isolés, signalés sur des
points de la ligne télégraphique, mais jamais la dénomina-
246 ctiMAT DE SAinrr-Lonis.
tion 4e torQOdes pe leur eçt appliquée par les ^mvfi pl^er-
yateurs.
Dans tous les cas, lorsqu'une tornade est signalée, il y a
dans les postes voisins un trouble almospbériquç qui ^e pré-
sente, soit sous forrpe de tornade, soit sous forme d'orage, soit
8inr)plement sous forme de pluie, à un momenl; très-proche de
celui de Tobservation.
Parfois, comme le 30 octobre, une Tiolenle (orui^de sèche
n*est signalée passant simultanémeut que dans des postes peu
éloignés les uns des autres, comme Dakar et M'Biijgem, mais
la distance de ces deux postes étant de 40 kilomètres, on Tojt
que le tourbillon de la tornade présente encore un diamètre
plus considérable que celui qu'on avait cru pouvoir lui assi-
gner, ,
Des observations plus multipliées et fa jtes dans un plus graqd
nombre de lieux nous paraissent nécessaires poqr arriver à
la détermination exacte de retendue qu'occupe (sn général
une tornade.
Le pays étant dépourvu de montagnes, il est difficile de dé-
terminer la hauteur de l'atmosphère à laquelle se fait sentir
ce mouvement.
C. Les tornades ont-elles un mouvement gyrqtqire 9Ui Iw
est propre ?
La dénomination qui a été donnée à cp3 qfioqvements
atmosphériques est déjà une réponse à cette qi^^estion. C'est un
fait d'ol^servation que les vents passent successivement d^u^s
la tornade du SK à l'E, puis au N, puis à VQ et 3'urrétent au
80, ils n'atteignent pas le S ordinairement.
Voici quelles ont été les directions signalées comme vent
du début des tornades dans les différents postes, dans quarante*
deux o})servations où cette direction a été soigneusement in-
diquéis ;
SE 32 fois.
NE. 4 —
NO 9 --
SO 3 —
DES ORAGES ET DES TO&IfADES. 247
Il i^t À remarquer qqe les directipns NO et SO dq yent, ^u
début des tornades, n'ont été notées qu'au poste de Ruflsque
seulement ; celfi proviepMl d'unç disposition particullùre de
ce poste? T a-t-il eu erreur d'ob$ervation ; la dénomination
de tornade a-t-elle été appliquée à quelques-uns de ces grain{(
de SO, dont pous parlerons plus tard ? Nous ne pourrions ré-
pondra à ces questions, mais nous devons noter ici que les
oJ^ervatîQos faites à Ruflsque sont c^Ues qui nous inspirent le
moins de confiance.
Quoi qu'il en soit, la direction SE du vent, au début des
tornades, est conque depuis longtemps, nous la trouvons in-
diquée dans tQus les journau:^ météorologiques que nou^
levons consultés, nous pouvons dire qu'elle est la règle géné-
rale presque exclusive.
Elle s'explique facilement| en admettant que la tornade soit
animée d'qn mouvement gyratoire, dans le sens contraire à
celui des aiguilles d'une montre ; c'est la résultante du mou-
vement général de la bourrasque du S vers le N et de la tan-
gente E et 0, que tendrait à prendre une molécule d'air
s'échappant de ce tourbillon au moment oq sa partie antérieure
arrive sur le lieu d'observation.
Ce mouvement gyratoire, dans le sens contraire à celui des
aiguilles d'une montre, n'est pas une hypotbëse, c'est le fait
commun auj^ tornades, aux bourrasques et aux cyclones de
(put l'hémispbère nord, 11 est le résultat des causes de la tor-
nade, causes que nous ne chercberoos pas à étudier ici. Se
fait-il dans un plan parallèle à la surface du sol ; nous en
dçutons. Nous avons déjà signalé le refroidissement qui suit
les tornadi^s sècbes, comme une preuve de l'obliquité probable
de Taxe de ce mouvement,
Ce mpuvemeqt étant admisj» il devient possible d'expliquer,
çq pe faisant que des hypothèses vraisemblables, comment, à
mesure que la tornade progresse vers le N^ les vents doivent
prendre^i par rapport a un point fixe, une direction apparente
qui passera successivement par TE, le N, l'O et le SO, en
même temps que l'énergie plus grande de la bourrasque
248 CLIVAT DE SAIlfT-LOUIS.
df^yra être au moment où la direction apparente du yent est
le SB.
Hais pour que cette eiplicatfon soit facile^ il faut supposer
que le centre du mouvement tournant se trouve à la droite,
C'est-à-direàl'Edu pointd observation, ilenesteneffet toujours
ainsi. C*est toujours non-seulement au S^ mais aussi à TE
qu'apparaît la tornade, elle se forme, croyons-nous, toujours
sur le continent. Lorsqn^il en sera autrement, la succession
régulière des vents du SE au SO, en passant par le N, n'exis-
tera plus^ et il est probable que lorsque quelque tourbillon
vient à passer sur le point d'observation^ en ne suivant pas la
marcbe du tourbillon des tornades, les phénomènes observés
différent tellement de ceux que nous avons décrits, que l'ob-
servateur méconnaît la nature de ce mouvement^ qu'il est
alors signalé sous une toute autre dénomination que celle de
tornade. C'est dans la catégorie de ces faits que doivent sans
diute entrer les grands mouvements atmosphériquis que
nous trouvons de loin en loin signalés comme tempêtes ou
coups de vent.
Ainsi, au lieu de se généraliser^ lé mot tornade prend un
sens restreint^ puisqu'il représente un seul aspect d'un météore
qu'il est facile de supposer se mouvant dans une autre di-
rection.
Nous croyons pouvoir en conclure que la tornade est un
mouvement cyclonique, prenant son origine dans le SE, mar-
chant du S au N ou du SE au NO ; que la vitesse de ce mouve-
ment doit être d'environ 15 lieues à l'heure (en France, la
vitesse moyenne des mouvements orageux est de 10 à 12 lieues
à l'beure), qu'il a une grande analogie avec les bourrasques
d'été accompagnées d'orages qui s'observent en France, que
la plus grande régularité et l'énergie de ce mouvement est la
seule ditrérenco qu'il y a entre lui et ceux des bourrasques
observées dans les climats tempérés.
Ainsi^ la tornade ne serait qu'un cas particulier des cyclones.
Cette hypothèse nous parait fondée^ elle explique tous les
phénomènes.
DES ORAGES ET DES TORNADES. 249
Comme les cyclones, les tornades n'apparaissent que pen-
dant une certaine période de Tannée, correspondant toujours
au moment où le soleil séjourne dans Thémispiière où se
trouve le lieu d'observation. Comme les cyclones, elles' ont un
mouvement gyratoire qui, dans Thémisphère boréal, se fait
dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.
Comme dans les cyclones, les orages s'observent toujours
vers la fln du passage du météore.
1^ Nous remarquerons qu'au dire des marins l'énergie des tor-
nades va en diminuant à mesure que Ton s'éloigne de terre.
Cette énergie serait à son maximum au début du phénomène
et ne tarderait pas à s'éteindre.
Il est complètement faux, est-il besoin de le dire, que les
variations barométriques soient sans relation avec ces phéno-
mènes atmosphériques. Les mouvements du baromètre prié-
sentent trop peu d'étendue pour pouvoir, dans la pratique,
servir aux marins à prévoir les tornades, mais il n'en existe
pas moins une relation importante entre la pression atmos-
phérique et le passage des tornades.
Nous n'avons malheureusement pas pu faire d'observation
dans ce sens. Mais nous devons faire remarquer que les plus
forts maxima barométriques et les plus faibles minima ont
toujours coïncidé avec le passage de tornades très-violentes,
soit sur le lieu, soit dans son voisinage, par exemple :
Le minimum barométrique de juillet 1873 736°^,8 a été
observé à 6 hehres du matin le 6, cette diminution de pression
coïncidait avec le passage sur Dakar et M'Bidgem, d'une tor-
nade à 3 heures du matin; cette tornade extrêmement vio-
lente fut accompagnée d'orage.
Le maximum 761"™,7 observé à 10 heures du matin, le 17,
coïncidait avec une très-forte tornade passant à 20 lieues au
sud de Saint-Louis, à 10 heures 20 minutes.
Nous ne chercherons pas à indiquer la valeur de ces obser-
yations complètement insufûsantes, mais elles nous permettent
de signaler à l'étude des personnes qui voudront étudier la
question des tornades, la nécessité d'observations baromé-
250 CUXAT DE SAIlfT^-LOinS.
triques très^miDutienses et de corrections faites avec soin.
]l4*étude de Tozope ne nou^ a peripis de constater d'autre
relatioa entre les tornades et To^sone^ que Tabsence d'ozone
avant la tornade comme avant les orages et son apparition
abondante et rapide à la suite de ces mouvements atmpspbé-
riques, qu'ils (ûeut éu^ ou non suivie de pluie. ^
n 1 1 I I " m ' U I mn » '■ j ' t in
TROISIÈME PARTIE
qj^iniAT PE PAVANA
CHAPITRE i.
I. -r Sitiialloii du pQsto.
l^e village dg Dagan^ 0st situé ^ur 1» ri?^ gsuebQ du Séné-
galj à ipso )&jlomètr63 environ de l^int-Loqjs, sa po^liipn g^p-
gr^aphique est : latitude Jï, 16^ 3?' 0", longitude 0, *r Si' 4".
C'est un point commercial jroportanti aussi les E^ropée^f y
ont-^ls étalon unf^rt, quj^ qprës l^ cQ^quète duQualo^ pst de-
venu le cheMieu decçtte provinfs^.
l^ traite des gooimps attire h Pagana, pendant neuf qiois
de Tannée un graqd nombre d^ cQmmerçantfi, la plupart Indi-
gènes. Ces commerçants h^bitent> soit d^s mai^ions sur le \^r^
dufleuv^ soit d^s navireçqui restent rpouiUéis près d^ 1^ riye
g^uçt^ç peQdaql toute 1^ m$Qn commerciale} et rede/soen^Q^t
à Saînt-;^u"? ïowqilfî rinqnd^tÎPO mfèç\i^ l Vriyita d^s cvfi-
vanes de gomme.
hd sous-sol est constitué par une couche de pierres ferrugi-
neuses, analûguefi à celles que ron trouve dans Ja presqulle
du Cap- Vert, et qui se manifeste par des affleurements à la
surface. Une couc)ie de sable mélangé d'^Uuviousf forme le
terrain sur lequel sont bâtis le poste, le village et quelque iqV*
252 CLIVAT DE DAGANA.
sons de commerce. Ce terrain consiste en une vaste plaine
parsemée de buttes très-peu éleyées.
Les inondations périodiques du Sénégal modifient considé-
rablement l'aspect du pays aux différentes époqaes de Tannée.
A la fin de septembre^ au moment où les eaux ont atteint leur
plus grande hauteur, le poste fortifié s^e trouve à moins d'un
mètre au-dessus du niveau de l'eau qui Tentoure, ainsi que le
village^ presque de tous côtés. Au sud, le terrain assez élevé
va rejoindre une chaîne de petites collines qui bordent le
fleuve dans fon inondation. Les maisons de commerce sont
également entourées d'eau^ séparées entre elles par des rues
servant alors de canaux de communication entre les eaux du
fleuve et celles qui ont envahi et converti en un grand lac la
vaste plaine située à l'E du poste.
Au mois de mars^ celte plaine est desséchée et présente une
perspective des plus tristes. La terre brûlée par le soleil est
remplie de profondes et dangereuses fissures; une végétation
rabougrie la recouvre. Çà et là on rencontre des dépressions
de terrain où croupissent encore quelques eaux. C*est dans
cette terre, au moment où les eaux se retirent, que les indi-
gènes sèment sans peine et récoltent en trois mois le mil qui
forme la base de leur alimentation.
Le fleuve coule devant Dagana dans une direction est et
ouest, sur une largeur d'environ 300 mètres.
Le poste est une enceinte bastionnée sur la façade nord de
laquelle se trouve élevée une belle maison à un étage, possé-
dant sur ses façades, au nord et au sud, de vastes galeries très-
élevées et à arcades largement ouvertes. C'est dans ce poste
que nous avons fait les observations météorologiques qui vont
nous servir à étudier le climat de cette partie du Sénégal.
II. *- Observations môtôorologiqaes.
Nos observations ont été recueillies sur la galerie exposée
au N. Elles ont été faites à l'aide d'un thermomètre gra-
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 253
due sur le tube^ en demi-degrés. Cet instrument était sus-
pendu au milieu de la galerie, en un point parfaitement aéré,
à Tabri des rayons du soleil, dans une petite cage à larges
mailles métalliques, construite à cet effet, de manière à obtenir
autant que possible la température de Tair ambiant.
L'observation était faite trois fois par jour : à 6 heures du
matin, à S heures et à 9 heures du soir. Les minima absolus
ont été pris à 6 heures du in^tin; li^i maxima entre 2 heures
et 3 heurtas du soir. Les jours de pluie ont été comptés; les
\ents dominants étaient indiqués chaque jour.
D'autres observations ont été faites à Dagana; nous citerons
celles de notre prédécesseur, le docteur Forné, qui ut une
série tbermométrique d'une année. Notre successeur, M. Mar-
nata, continua nos observations jusqu'à la Qn del863« Ces
recherches ont été reprises par M. Ijohéas, du mois de mai
1872 au même mois 1873. Ayant fait nous-mômes la série de
1862, connaissant les conditions dans lesquelles elle a été
obtenue, certains d'ailleurs de la bonne qualité de notre ins-
trument, nous donnerons la préférence à cette série*
Pour l'étude des vents, les observations de M. Bobées, com-
prenant trois observations quotidiennes et étant plus complètes
que les nôtres, nous nous servirons du journal de cet observa-
teur, bien que les observations des mois de mai et de juin aient
été perdues.
CfiAPITAE II.
tBXPiRATIJRÈ.
L -^ Température moyeime.
La température moyenne de Fannée a été à Dagana en I86S
de 85*,8« La moyenne annuelle déterminée par notre prédé-
cesseur est d*un degré plus élevée; mais nous sommes cer-
tains que cette différence provient d'une erreur instrumentale.
Toutes les indications du thermomètre dont on a'est servi en
1861, sont trop élevées d'un degré. La moyenne de 1863, détei^
minée à l'aide du thermomètre qui avait servi à nos observa-
tions, ne diflëre de notre moyenne que de 4 dixiônnes; celle
déterminée dans Tannée composée des sept derniers mois de
1872, et de» dnq premiers de 1873» est trop éleiPée d'un
degré (ly.
<l) La température moyenne de 27S8, indiquée dana la NoHce gtoHstiqiM
sur les eoUmies françaùes, 3* vol. (1830), p. 221, est trop élevée de 2^ de
même que celle de Corée eat trop élevée de 1*. C'est dans c«tte notice qae
Hahlman a pria les températures qu'il indique pour le Sénégal dana son
Basant oatrage.
tEVl^ilUTUAK.
255
à B«|;»B*^ pemdant l'awiée MMût,
Par VatUeufé
«M tmlt—
làtÊÊÊsÊÉÊaÈÈttasa
a-9BttlÉ»lfiÉÉ9BME
mÊSÊÊÈ^ltÊBÉÈt
iHÉ
TEMPiRATDRX MOTEN^E.
abedutfl.
DécenArè
Janvier. •
Fëtrfef . .
Mars. . •
Avril. . .
fltfaî. . . .
.fiiîh . . .
Juiitet • .
Août. . .
Septembre
Octobre. .
Novembre
Sdison sèche
Hivernage .
AoDée .
6 h.
matin.
2 h.
sDir.
9 h.
BOlr.
Moy.
i6,S
17,8
18,0
18,9
1»,8
51,0
2$, 3
25,8
25,8
20,4
18.6
24,8
21,7
26,3
26,1
33,1
34,2
35,6
34.7
34,0
32^
31,5
2,5
28,7
30,9
32,3
31,6
Am£
21,2
20,2
22,2
22,9
24.4
24,0
24,2
26,'â
26,9
27,1
27,7
21,0
22,5
26,0
21,3
21,4
23,3
25,0
26,1
26,8
27,4
28.6
28,2
28,1
29,8
24,4
24
27,7
Minima
&
6^ matlu^
Maxlma
de
2 à 3^ 8«lr.
^dm
24,2
25,8
14,0
13,0
15,0
16.0
16,0
17,0
2f,0
23,0
23,5
24,5
2<l,0
16,0
13,0
21,0
13,0
28,0
31.6
36,S
37,8
41,0
io,ô
41,0
35,5
34,0
35,0
32,0
41,0
41,0
41,0
La tetiipéf ature eiA dont, à Dàgana, stipérieuiie de t âëgrk à
celle de Oorée, c'è^t trar lâ saison sèche que potfé ptlntàpsle-
fnetit la différence des températures de ces deut lœalfféâ,
La moveilDe ^ne Doud déterminerodiF pMt ht pMte de Sakel
sera enco^e plus életée d'entimtt 3 degrés. Cbmme Mai Th*
viods annoncé, les isothermes roùt en s'éferant rapidemefit
iett le N à mesure c|(ite l'on progteéiâe de plus en ptu^ daâé PK
dé cette partie de TÀfririne. Cette aéeemiôu se cMthHié-^lveHe
au-delà du Sénégal? C'est probable, croyons-^noué, Surtout si
trous considérons les températures obèertées dans la mer
Rouge et dur la c5le ofleâlale dtt coutlueut africain. Mais il
256 CLIMAT DE DAGANA.
peut se faire que les isothermes, au lieu de suivre en Afrique
des lignes traversant tout le continent^ donnent des courbes
plus ou moins fermées autour de certains centres ou pôles de
chaleur, situés dans le Sahara.
La moyenne de la saison sèche à Dagana est de 24*,0; celle
de l'hivernage est de 27"^, 7. De même que sur le litloral^ c'est
encore l'hivernage qui possède la température moyenne la plus
élevée. Cependant la liifTérence entre la température de ces
deux saisons va en diminuant à mesure que l'on pénètre
dans l'intérieuf des terres. A Bakel^ la saison sèche ne pourra
plus être appelée saison fraîche, sa température moyenne dé-
passera celle de l'hivernage. A Dagana^ comme-à Bakel, c'est
surtout â la moyenne du printemps qu'est due l'élévation de
la température de la saison sèche. "En effet, l'automne et Tété
présentent^ comme dans tous les points du Sénégal, des carac-
tères presque identiques. Il n'en est pas de même de l'hiver et
du printemps, dont les moyennes diffèrent de 4 degrés. En
étudiant la marche de la température, nous nous rendrons
compte avec plus d'exactitude de ces modifications clima-
tériques.
U. — Marche de la température à Dagana, pendant
l'année.
La moyenne thermométrique la plus basse, au lieu d'être
en février, se trouve placée en décembre ou en janvier. A
partir de cette époque, la température va en croissant d'une
manière uniforme jusqu'au mois d'octobre. (La légère baisse
des mois de septembre et octobre indiquée dans nos résumés
est toute accidentelle. £n effet, l'année suivante le fait con*
traire a existé, il en a été de même en 1872.) A partir du mois
de novembre, la température descend très-brusquement jus-
qu'en décembre.
Il n'y a encore à Dagana, dans l'année, qu'un seiil minimum
et qu'un seul maximum des moyennes mensuelles»
TBMPÉIUTUllS. 25^
Les moyennes de 6 heures du matin marchent à peu près
parallèlement à celles des moyennes générales^ mais celles
de 2 hiures du soir, voisines des maxima, présentent leur
plus grande élévation, non pas en octobre^ mais en mars.
On peut constater que les moyennes de 2 heures du soir
offrent deux maxima annuels, l'un dans la saison sèche, l'autre
dans l'hivernage. Le plus élevé de ces maxima se trouve dans
la saison sèche et non pas dans l'hivernage. Ainsi la marche
générale de la température est la même à Dagana que sur la
côte du Sénégal, mais la marche des moyennes horaires ne se
fait dans le même sens que le matin et le soir. Au moment où
le soleil possède son plus grand pouvoir calorifique, vers deux
heures du soir, il doit donc se présenter de grandes inégalités
dans la température, entre l'intôrieur du pays et le littoral^
principalement à l'époque du printemps. C'est aussi à cette
époque que nous trouverons les oscillations mensuelles et
nychtémérales les plus considérables.
ni. — Températures extrêmes.
La plus basse température que nous ayons observée à Da-
gana a été de 13 degrés le 1 1 janvier 1862^ à 6 heures du matin.
L'année suivante le minimum n'est pas descendu au-dessous
de 14 degrés. Dans l'année 1873, le thermomètre#s'est abaissé
jusqu'à 12 degrés, dans ce même mois de janvier. Et nous
pouvons penser que les tt^mpératures minima prises vers
6 heur es du matin ont plutôt de la tendance à être tro|) élevées.
Les températures de 15 à 16 degrés s'observent souvent en dé-
cembre ou janvier, et parfois en février. Ces trois mois pos-
sèdent d'ailleurs une température moyenne, à 6 heures du
matin, qui varie entre 16 et 18 degrés. Les matinées sont donc
très-fraîches.
Les maxima absolus s'éloignent beaucoup des minima, eu
égard à la situation tropicale du Sénégal. Us ont atteint 41 de-
17
258 CLIMAT DE DAGA9A.
grés deux fois dans Fannée : ie 25 mai et le 8 juSlet^ tondeurs
sous rinflueace des veuts soufflant de l'ENË.
Dans plus de la moitié des jours de l'année, la dilatation
thermomélriqne a déliassé 30 degrés dans Taprès-midi. Dans
les mo's de noYembre^ décembre, janvier et février, cette
température n'a pas été aileinte plus de cinq ou six fois.
Le nombre dis jours pendant lesquels la température s'est
élevée au-dessus de 35"* ou a atteint ce chiffre est considérable,
72, savoir : 2 en février, 40 dans les trois derniers mois de la
saison sèche et 30 dans l'hivernage. Ce n'est donc pas aux
mois des moyennes thermomùtriques les plus élevées que
correspondent ordinairement les forts maxima. Comme nous
l'avons montré plus haut, la courbe des maxima ne suit pas du
tout une marche [arallèle à celle des moyennes.
La fréquence des forts mnxima n'est pusencore assez grande
à Dagana, dans les mois qui termineht la saison sèche, pour
élever la température moyenne du printemps jusqu'au niveau
de celle de Tété et de l'autonme. Mais ct^tte moyenne se rap-
proche cependant de celle de l'hivernage^ elle n'en diffère que
de2\
En pénétrant plus avant dans l'intérieur du Sénégal, nous
trouverons à Bakel et à Médine des maxima qui, sans être de
beaucoup supérieurs à ceux de Dagana, se présentent moins
accidentellement et changent par If ur fréquence la marche
des moyennes mensuelles de la température, telle que nous
Tavons observée jusqu'ici à Dagma, à Saint-Louis et à Corée.
Dijgana possède un climat qui participe de celui du littoral
et en même temps de celui de l'intérieur. Les mouvements
étendus de la température n'y sont encore que des exceptions;
ces exceptions deviendront la règle dans le haut SénégaL
TEarPÉRATCRS. 259
ZV. «- Oscillations thenttométriq[aes.
Une oscillation annuelle de 28<> n'a rien d'extraordinaire,
si on la compare à roscillation que subit, dans l'espace d*uQ
an, la tempéralure des climats tem))érés. Examinons la valeur
des^osctilations dans chacune des deux saisons.
L'hivernage est à Dagana. comme dans tout le Sénégal, le
moment des oscillations faibles. En 1862, les oscillations men-
sudtes ont varié entre 9^,5 pour le mois de septembre, milieu
de rbivernage, et 19%0 pour le mois de juin, mois de transi-
tion. Ces mouvements de la température ne présentent,
comme on le voit, rien de remarquable.
La différence entre les moyennes de 6 heures du matin et celle
de 2 heures du soir, c'est-à-dire entre les moyennes se rappro-
chant le plus de celle des minima, d'une part, et de celle des
maxima, d'autre part, est de 7«,5.L'osciration diurne moyenne
est donc, dans rhîvernage, voisine de 8'. C'est un chiffre bien
inférieur à h moyenne des oscillalions diurnes de Tété en
France. Par exi mple, à Tours, à Verdun, à Versailles (i), les
oscillations diurnes sont de juin à septembre, en moyenne, de
10® à 1 1*. Ou n'est donc pas en droit d'accuser les variations
de la température dêtre, à Dagana,ia cause des maladies
très-nombreuses précisément à ce moment de Tannée, et nous
pouvons sans peine rejeter de nouveau les doctrines tendant
à attribuer, en grande partie^ l'insalubrité du climat du Sé-
négal aux variations thermomélriques exagérées.
Une seule fois, dansThivernage 1862, au mois d'août, ros-
cillation diurne s'est élevée jusqu'à 8«,0; elle a été en
moyenne, dans ce mois, de 6",0 environ , ce qui n'est certes pas
considérable et se rapproche de ce qui s'observe sous le cli-
mat des Antilles (2).
(1) Voir Annuaire de la Société météorologique.
(2) Voir Aperçu général du climat des Antilles, par M. Ch. Sainte-Glaire
Deville. Revue maritime et coloniale, 18 L3.
CHAPITRE m.
DES TENTft^
I. — Observations.
Les observations des vents faites à Dagana^ du mois de
juin 1872 au mois d'avril 1873, sonl, avons-nous dit, les meil-
leures que nous possédions. La direction des vents a été notée
le matin a 6 heures, à midi et le soir après le coucher du so-
leiL Les mo's d'avril et de mai nous manquent complètement.
Mous avons résumé ces observations, et ce résumé nous a
permis d*élablir les roses des vcnts^ à Dagana, sur notre carte
du climat du Sénégal.
n. — Variations des vents dans l'année.
Bien que les observations que nous possédons comprennent
une seule année^ les roses résultant des moyennes des trois
observations faites quotidiennement, à Dagana^ se rapprochent
beaucoup de celles que dix années d'observations nous ont
fourni pour Gorée.
Au mois d*oc(o6re, à un moment qui varie selon les années^
les brises d deviennent de plus en plus rares. En novembre
et décembre elles sont remplacées par des vents de N et de NE
dont la fréquence va en augmentant jusqu'au mois de janvier.
Ces derniers vents conservent leur fréquence, mais inclinent
de plus en plus vers TE, à mesure qu'on se rapproche de la
fin de mars. En avril les vents suivent la même direction.
DES 11ENT8. 263
Vers la fin de mat, Tapparilion de Tents d'O de plus en plus
fréquents annoncent le prochain établissement de Tbiver*
nage.
On rctnarqncra que, tandis que dans la saison sèche, les
vents d'O font défaut à Corée, ces brises maritimes ne dispa-
raissant jamais complètement à Dagana. En étudiant les mo*-
dlficatiuns diurnes de la direction des vents; on voit quMl
existe en effet le soir de faibles brises locales soufflant de la
côte vers l'intérieur du pays.
Après le mois de mai, les vents deviennent très-variables,
mais it est facile de reconnaître la grande prédominance des
vents de ro et du SO. A mesure que Thivernage s'avance et
s*approcbc de septembre, les vents présentent une plus grande
variabilité, c'est alors qu'ils ont la moindre énergie de quel-
que côté qu'ils souiflent. La force des vents n'a pas été indi-
quée sur le journal, les calmes n'ont pas été comptes, mais
nos observations penonneiles nous montrent que, sous ce
rapport, Dagana ne diffère en rien des autres points du Séné-
gal. Cette époque de l'anm'e est le moment des grands calmes.
En oclobre, les vents de SO disparaissent complètement et,
après une lutte fort courte, les vents réguliers du N à l'E
s'établissent pour huit mois.
Les brises brûlantes du NE et d'ENE sont, par leur appari-
tion d'abord tièscourte, le signal du changement de saison.
Ce n'est toutefois qu'en novembre que les vents du N au NE
sont parfaitement établis.
III* — Variations diurnes des vents.
Nous avons vu que dans l'île de Corée, comme sur la plupart
des points situés dans le voisinage des caps, il existait à' peine
des traces de l'alternance régulière des brises de terre et de
mer, qui s'observent à Saint- Louis. A Dagana, comme à Saint-
Louis, il existe des brises locales de l'O soufflant de préférence
dans la soirée.
264 CLIMAT DIS DAGANA.
Ia matin à 6 hturtê^ dans la saison sèche, le vent du N
domine avec une telle fréquence qu'il souffle 60 fois sur les
92 jours que comprend cette saison, c'est à-dire au moins
2 jours sur 3. CVst au vent du N que correspondent les basses
températures observées à cette époque. Quand ce ^ent ne
souffl ' pas^ c'est celui de NE, alors tout aussi iroid. Les vents
de NO sont excessivement rares à ce moment du jour.
A midi les vents de N n*oiit plus qu'une fréquence égale à
celle de NE et à celle des vents d'E.
Lt soiff les vents de NE et de N conservent la même fré-
quence. Les vents d'E disparaissent et ceux de NO et d'O ré-
gnent pendant un certain temps.
En résumé, de la fin d'octobre au mois dé mai, le vent do-
mine au N le matin, passe au NE et à l'Eà midi, remonte au N
puis au NO, et arrive même à l'O dans la soirée.
Dans rhivernagCy la variabilité des vents masque en partie
leur rotation diurne. Le matin, les vents dominants de la sai-
son, ceux de SO, sont toujours les plus nombreux; mais,
comme dans la saison sèche, si les vents de N viennent à souf-
fler, c'est toujours le matin. Ils sont beaucoup plus rares à
midi, jamais ou presque jamais ils ne s'observent le soir.
Les vents d'E, très-rares dans cette saison, conservent cepen-
dant leur prédilection pour le milieu de la journée^ s'ils appa-
raissent, c'est toujours vers midi.
Le soir, le vent rèfçne presque exclusivement de l'O et du
SO à ro, après le coucher du soleil.
Ces brises de l'O et de SO, si rafraîchissantes et si agréables
dans les chaleurs de Thivernage à Corée et à Saint Louis,
n'arriventa Dagana que faibles etaitiédies par unlong parcours
sur des terres échauffées. Elles ont perdu leur propriété bien-
aisante et c'est à peine si elles apportent, lorsqu'elles ont un
peu de vigueur, un léger soulagement aux accablantes cha-
leurs de l'hivernage. Aussi, malgré une température moyenne
très voisiue de celle de la même saison àGorée, Thivernage
est-il beaucoup plus difficile à supporter à Dagana que sur le
DES VENTS. 265
littoral, indépendamment de la salubrité des lieux qui dif^
fère considérablement.
ZV. — Propriété des différents vents, à Dagana.
Relativement au dessèchement plus ou moins rapide du
pays, après les inondations, les vents jouent un rôle impor-
tant, suivant la direction d'où ils soufflent.
Entouré de tous côtés par des marécages^ le poste de Da-
gana présente une grande insalubrité. Ces marécages for-
nient les uns de véritables lacs, qui ne sont jamais complète-
ment d( ssécbés, mais dont le diamètre va diminuant pendant
six mois; les autres deviennent^ api es le retrait des eaux, de
vastes plaines, parsemées de mares ordinairement peu pro-
fondes. Toutes ces conditions jointes à une température éle-
vée, donnent lieu à une production de miasmes fébrigènes
extrêmement intense dans les mois d'octobre, novembre et
décembre. Sur les hommes de toutes les races, ces miasmes
paludéens font ressentir avec une grande énergie leur puis-
sance nuisible. Mais c'est surtout sur la petite population
blanche qui tient garnison dans le fort qu'on peut constater
l'effet de l'empoisonnement marématique. On peut dire que
ce groupe d'Européens ne se compose que de malades (1).
Les vents jouent, comme véhicules du poison fébrigène,
un rôle des plus importants. Comme dans les autres points
étudiés jusqu'ici nous pouvons diviser les vents en deux
groupes. Ceux qui viennent de TOcéan et ceux qui, du N au S
en passant par l'E, sont des vents de terre.
Les brises de SO de la mauvaise saison sont ordinairement
faibles; elles ont traversé une large surface de pays aussi in-
salubres que les environs des postes. Elles sont tièdes et hu-
(1) Voir notre thèse : Quelques considératitmt médieaUs sur le potte de
Dagana, Montpellier, 18C4.
266^ CLIMAT DE DA«ANA.
mides. Par leur mouveraent généralement lent^ par leurs pro-
priétés hygrométriques^ elles sont éminemment propres au
transport de la malaria et tendent à favoriser son développe-
ment. La direction des vents do Tbivernage vient donc se
joindre aux causes d'insalubrité existant déjà dans cette saison;
tandis que les brises de l'O^ à Corée et à Saint-Louis, malgré
leur humidité, luttaient avec un certain avantage contre les
causes d'insalubrité de Tbivernage, à Dagana, ces brises sont
au contraire les plus malsaines.
Nous avons vu plus haut que, dans la saison sèche, il
règne dans la soirée, des brises d'O; ces brises sont assez
fréquentes en février, mars, avril, mai et juin, succédant le
soir au vent de TE et du NE, elles reposent agréablement de
la chaleur du jour. A mesure que Thivernage s*avance, ces
brises perdent leur force, les calmes les remplacent, il faut
parfois attendre jusqu'à 10 ou 1 1 heures du soir pour profiter
de la légère fraîcheur qu'elles procurent.
Les vents du S ont les mêmes propriétés que ceux de S3.
Le vent de NO s'observe d'une manière irrégulière, à peu près
dans toutes les saisons.
Le vent de SE soufQe rarement; c'est un vent exceptionnel,
celui du début des tornades; il est alors extrêmement éner-
gique, mais de très-courte durée.
Les vents du N, du NE et de TE, les deux derniers surtout,
viennent du désert et possèdent une sécheresse extrême qui
est, en grande partie, une propriété contrariant celles de la
mnlaria. S'ils ne sont pas complètement impropres au trans-
port de ce miasme, ils sont du moins peu favorables à son
développement. Ce sont ces vents qui, après l'inondation, ba-
laient les vastes plaines de la Sénégambie. Ils dessèchent rapi-
dement les marécages^ détruisent en partie au moins la vie
végétale inférieure et la putréfaction au milieu de laquelle
s'épanonit le miasme paludéen.
Les vents de NE et d'E sont connus sous le nom d'harmat-
tan, vent du désert. Frais le matio^ dans les moi» de décembiie
et de Janvier^ ils sont brûlants dès que le soleil s'est élevé
DES VENTS. 261
depuis quelques heures au-dessus de Tborizon. Ce aant ces
vents qui, en avril et mai, donnent les forts maxima de tem-
pérature. Venant du désert ces vents sont chargés d'un sable
un qui slnûUre partout. En parlant de l'état du ciel à Gorée
et à Saint-Louis, nous avons attribué à ce sable tenu en sus-
pension par le vent d% Taspect de la partie la plus orientale
de l'horizon du littoral, pendant une grands partie de la saison
sèche.
Les vents d'E apportent parfois des nuées immenses de
grosses sauterelles. J'ai vu, à Dagana en 1862, sous l'influence
de vents modérés de l'E, un de ces passages de nuées de sau-
terelles. Ces insectes étaient en si grand nombre qu'ils for-
maient un nuage épais que les rayons du soleil ne traversaient
qu'avec peine. De la partie inférieure de ce nuage s'abattait
sur le sol comme une pluie de ces insectes. Us couvraient la
terre et les arbres d'une cuirasse vivante d*un jaune d'or. Les
fromagers {hombax, Lin.) qui se trouvent devant le fort de Da*-
gana sont des arbres d'environ 25 mètres de haut, ils étaient
à ce moment couverts de feuilles. Au bout du second jour de
ce passage, ces arbres furent entièrement dépouillés, et ne
possédaient plus une seule feuille. La récolte de mil fut com-
plètement perdue. Pour ne pas mourir de faim, les noirs
mirent le feu à une partie de leur récolte à demi-dévorée déjà;
et des sauterelles plus ou moins grillées se vendaient en sacs
comme matière alimentaire. Ces passages de sauterelles sont
heureusement rares. Ce sont les plus grandes causes des fa-
mines qui ravagent le pays.
La sécheresse des vents d'E est extrême. Lorsqu'ils soudent
avec énergie, les corps les plus durs, le bois, l'ivoire, se fen-
dent sous leur influence. Les objets cartonnés se racornissent
et se déforment, les meubles se disjoignent, leurs boiseries
éclatent avec bruit.
C'est à la présence de ces vents qu'est due la tristesse de la
végétation au Sénégal, le bananier, l'ananas, et autres plantes
tropicales ne peuvent s'acclimater à Dagana. En une journée
de vent d'E énergique, le jardin le mieui;: cultivé et promet^
268 CLIMAT DE DAGANA.
tant la plus riche récolte de Irgumes est complètement détruit.
Lorsque ces vents ont toute leur force et leur plus grande fré-
quence, les feuilles jaunissent et tombent, le plus grand
nombre des arbres restent dépouillés de leur feuillage jusqu'au
retour des pluies. Les écorces des acacias éclatent et par les
fentes suinte la gomme qui reste accolée^' sous forme de boule,
à la branche qui l'a produite (1).
Lorsque, comme en 1873, les vents d'E sont rares ou offrent
une faible énergie, la récolte de la gomme est très-peu abon-
dante. Cette richesse du pays peut diminuer alors de moitié
ou même des deux tiers.
L'influence des vents d'E sur le corps humain est aussi pro-
noncé que sur les végétaux. Sous l'influence de ces vents^
on voit le thermomètre placé dans les meilleures conditions
à l'ombre, dans le lieu le plus frais du poste, mais où Tair cir-
cule librement, monter au-dessus de 40 degrés centigrades et
se maintenir à cette hauteur pendant trois ou quatre heures.
Le corps se trouve ainsi pendant plusieurs heures dans un
milieu élevé de quelques degrés au-dessus de sa température
propre. Les objets conducteurs du calorique, le marbre, le fer,
donnent dans Tintérieur des appartements, lorsqu'on y pose
la main, une sensation de chaleur semblable à celle que Ton
éprouve en touchant ces objets, lorsqu'ils viennent d'être
exposés au soleil. Mais alors, Tair est sec et ne fait aucunement
éprouver l'impression pénible à laquelle on est soumis en
septembre et en octobre, lorsqu'une température qui ne s'é-
lève pas à plus de 34, degrés est accompagnée d'humidité et
de calme.
Dans le premier cas, sous l'influence du vent du désert, le
corps est sec, la peau hâlée, 'les lèvres se gercent comme en
Europe par les froids rigoureux de l'hiver; la membrane pi-
(l) D*aprè8 un grand nombre d'échantillons que nous avons pu voir entro
les mains de M. Béranger-Féraud, médecin en chef, les points d'où sort la
gomme sont très-souvent aussi le lieu d'implantation d'une plante parasite
qui doit jouer un certain rôle dans la producUon de la gomme.
DBS TElfTS. 269
taitaire desséchée devient douloureuse^ les coDjonctiyes sont
le siège d'une fluxion sanguine.
Dans le second cas, par vent de SO faible ou avec les calmes
qui alternent avec ces vents, la peau est couverte de sueurs
abondantes continuelles; elle est ordinairement le siège d'une
éruption particulière (les bourbouilles). On éprouve dans
tous les membres une sensation de brisement; on est inca-
pable de déployer la moindre force physique un peu soutenue;
et la persistance de la chaleur jusque dans la nuit empêche le
sommeil.
Le vent d'E ne sourfle pas la nuit, ou s'il souffle, il est froid,
et jamais les nuits de la saison sèche ne sont pénibles comme
celles de Thivernage.
Si nous poursuivons la comparaison entre les chaleurs pro-
duites dans la saison sèche par les vents d'E et celles de Thi-
vernage, nons ferons remarquer que rien ne peut proserver
des dernières, tandis qu'il est facile d'atténuer l'effet des cha-
leurs brûlantes des vents du désert. On a d'abord la ressource
des bains et des affusions froides. On peut aussi se mettre à
Tâbri de ces vents. Il faut pour cela se renfermer dans un
vaste appartement herméti(|uement clos par de doubles portes
et doubles fenêtres. En arro^^ant le sol de cet appartement, on
parvient à y maintenir une température qui s'élève, mais len-
tement, au-dessus de ct lie de la matinée. Tandis que le ther-
momètre extérieur marque à l'air libre à Tojnbre 39 à 40** et
même plus, on peut se trouver dans un milieu clos dont la
température ne s'élève pas à plus de 30<», surtout si l'on a eu
soin d'interrompre la communication avec le dehors, dès le
matin, un moment a\ant l'arrivée du vent du désert. L'im-
pression ressentie en passant de ce milieu artificiel à l'air
libre est analogue à celle que l'on éprouve en entrant dans
les éluves sèches de certaines fabriques.
Quelque désagréables que soient les vents d'E, leur in-
fluence bienfaisante n'en est pas moins incontestable. Nous
avons pu souvent en faire l'observation comme dans le cas
suivant :
TIO ' CLIBAT DE DAGAITA.
C'était à la fin de rhivernage de 1862, au moment ôà les
eaux de Tinondalion commençaient à se retirer, où les foyers
d'infection se multipliaient. L'état sanitaire du poste était
aussi mauvais que possible. Aux premiers vents d'E un peu
énergiques, les malades cessèrent d'encombrer l'infirmerie^
les fièvres reprirent un caractère moins inquiétant^ la ten-
dance à la perniciosité disparut. C'est grâce à ces vents du
désert que l'état sanitaire, mauvais pendant Tinoiidation,
s'améliora juste au moment où les eaux se retiraient avec
rapidité et où l'on pouvait croire que les causes d'infections
allaient devenir plus nombreuses. Certes les effluves miasma-
tiques tendaient à se multiplier à ce moment, mais les vents
du désert les détruisaient en partie ou les emportaient au
loin.
Nous devons signaler ici un fait qui paraît en contradiction
avec les propriétés que Ton a attribuées à l'ozone sur l'état
sanitaire et aux piopriétés destructives des miasmes que
posséderait cet agent atmosphérique. Malgré rir.fliience favo-
rable des vents d'E sur l'état sanitaire, ces vents font dispa-
raître de l'air toute trace d'ozone. Nous avons vérifié le fait à
Saint-Louis. Notre ami^ le docteur Daniel, Ta constaté dans
le voisinage de Dagana, à Podor, en mars 1874, avec du papier
ozonométrique que nous lui avions adressé dans le but de
vérifier l'exactitude des observations que nous faisions à Saint-
Louis. Que devons-nous penser après cela de la théorie qui
attribue à l'ozone les propriétés parfois mortelles^ dit-on, du
simoun dans les parties N du désert?
CHAPITRE IV.
PLUIES, ORAGES, T0B5ADB8.
Les pluies sont rares à Oagana. En comptant même les jours
où il n'est tombé que quelques gouttes d'eau, nous n'iavons
constaté que trente-cinq jours de pluie dans notre année d'ob-
servations personnelles ; 25 fois seulement la quantité d'eau
tombée aurait pu être mesurée au pluviomètre.
Les observations fuites par H. Bohéas^en 1872, indiquent
seulement 20 jours de pluie de quantité appréciable, 6 foisseu*
lement la pluie est tombée en grande abondance. (L'hivernage
de 1872 a été très-sec dans tout le Sénégal.)
C'est toujours dms l'hivernage que tombe la pluie. A la
fin de la saison sèche, en avril et mai, nous avons obser>ô
4 jours pluvieux, à la suite d*orages précoces. Les 31 autres
jours de pluie se sont ainsi répartis dansThivernage de 1862 :
Juin 8 jours.
Juillet .... 3 —
Août ..... 14 —
Si nous rapprochons ces chiffres de ceux que Ton trouve
dans nos tableaux des pluies pour la même année 1862^ à
Saint-Louis et à Corée, nous voyons que tandis qu'il y avait
dans rhivernage 29 jours de pluie à Corée, il y en avait 31 à
Saint-Louis et 31 à Dagana. Il n'y a donc pas eu de différence
sensible entre la fréquence des pluies à Dagana et sur le
littoral.
L'abondance de ces pluies n'a pas pu être mesurée; quel-
ques-unes nous ont paru verser une énorme quantité d'eau
sur le sol, et précéder de très-peu une crue considérable du
Septembre. • .
5 jours.
Octobre ....
1 —
Novembre. . .
P -
272 CLIMAT DE DAGANA.
fleuve. Les quantités de pluie tombée à Gorée et à Saint-
Louis, dans cet hivernage^ sont un peu au-dessus de celles de
l'année moyenne.
Comme dans les deux principales villes de la côte, c'est en
août que les pluies ont été les plus fréquentes (environ 1 jour
sur 2). Cependant nous remarquerons qu'au mois de mai les
pluies sont apparues^ à Dagana, avec une certaii<e abondance,
tandis qu'à Saint-Louis et à Gorée ce mois a été, dans la même
année, entièrement sec.
Nous croyons que les orages se montrent un peu plus tôt à
Dagana que sur le littoral. Nous n avons pas compté tous les
orages et toutes les tornades que nous aurions pu observer,
cependant nous trouvons plus de 15 orages inscrits sur nos
notes. L':8 tornades pn^sentent le même aspect et la même
marche qu'à Gorée ; loujours nous les avons vues s'élever d'un
point de l'horizon très-voisin du SE et se perdre dans la direc-
tion du NO.
En 1872, on a compté 14 orages et jusqu'à 12 tornades;
la plupart de ces dernières avaient très-peu d'énergie. On voit
qu'il y a encore, sous ce rapport, une grande analogie entre le
cliit at de Dagana et celui de la côte durant Thivernage. C'est
en effet, le moment où lous les points du Sénégal présentent
entre eux la plus grande conformité de climat; que Ton con-
sidère la temprraiure, les vents ou même les phénomènes
accidentels de 1 atmosphère, tels que les orages elles tornades.
QUATRIÈME PARTIE
CLIMAT DE BAKEL.
CHAPITRE I.
X. — Situation de Bakel.
Bakel est situé par 14'' 53' 13" latitude N, 14* 49' 23" longi-
tude 0.
La latitude de Bakel est à pea près la même que celle de
lile de Corée. Ce point se trouve donc par un heureux basard
parfaitement situé, relativement à sa distance de Téquateur^
pour être l'objet d'une comparaison de son climat essentielle-
ment continental avec le climat marin de Tlle de Corée. Nous
pourrons donc faire ressortir l'importance des modifications
qu'apporte le voisinage ou Téloignement de la mer dans la
constitution atmosphérique de ces deux points de la Séné-
gambie.
Le fort de Bakel, établi dans le but de protéger notre com-
merce avec les peuples de Tintérieur de l'Afrique, est établi
sur la rive gauche du Sénégal. Pour y parvenir, il faut re-
monter ce fleuve sûr une longueur de 880 kiloniëtres. La dis-
tance qui sépare Bakel du bord de la céte occidentale d'Afri-
que est, dans la direction d*une ligne allant dé l'E à TO et
passant très-près de Corée, de 520 kilomètres.
Le poste aGmel> construit en 1820 pour remplacer les forts
18
274 CLIMAT DE BAKEL.
de Saint-Joseph et de Saint-Charles, abandonnés depuis de
longues années, n'a été complètement achevé qu'en 1860.11
ne se composait primitivement que de logements insufflsants
et malsains où la troupe européenne a dû êlre remplacée par
des soldats indigènes^ à cause de l'effrayante mortalité qui ré-
gnait sur elle. Mais les prétentions du prophète AUIIadj-
Oumar, qui avait soumis toute la partie de TAfrique située
entre le Niger et le Sénégal, nous forcèrent de tourner nos
vues vers le haut fleuve. Le poste fut agrandi et fortifié^ des
logements vastes et salubres furent construits, et les Euro-
péens, quoique encore éprouvés par les influences perni-
cieuses, parcourent avec moins de pertes qu'autrefois leur
période d'une année de séjour à Bakel.
Le poste comprend deux pavillons parallèles, dirigés du S
au N; le premier étage sert de lieu d'habitation.
Ce poste militaire est fortifié à Faide d'une enceinte bastion-
née; il est placé sur un monticule qui domine le fleuve à
%i mètres au-dessus des eaux les plus basses, et à iO mètres
au-dessus des plus hautes^ dont il est alors entouré de presque
tous les côtés.
Le village nègre de Bakel se compose presque exclusivement
de cases en terre et en feuilles. Il s'étend sur une grande
superficie tout autour du poste, et contient une population
d'environ i,000 habitants. Il fait partie de l'ancienne province
de Guidiaga qui, avec le Khasso, formait le pays de Galam et
comprenait une étendue de près de 160 kilomètres sur la rive
gauche du Sénégal, à cheval sur un alfluent de ce fleuve, la
Falémé.
À ro du fort se trouvent de vastes marais. Au N, un ma-
rigot qui met ces marais en communication avec lé fleuve
dans la saison des pluies, et qui offre un terrain rempli de
dépressions où Teau croupit pendant une partie de l£^ saison
sèche.
A TE de Bakel coule le Sénégal qui, dirigé d'abord du SE
au NO, forme un coude en amont de Bakel, se dirige alors du
S au N, sur une longueur de 8 à 10 kilomètres, et reprend
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 275
ensuite sa direction primitive. Sa largeur est do 200 à 300 mè-
tres environ en face du village, à l'époque des basses eaux^
Mais à un kilomètre au N de Bakel, le fleuve se rétrécit consi-
dérablement et n'a pïus que 80 mètres par suite de Témer-
gence d'un vaste banc de sable relié à la rive gauche; ce banc
est recouvert lorsque la crue atteint 3 ou i mètres. La pro-
fondeur des eaux est très- variable; elle a de 15 à 20 mètres en
face du poste.
Le fond du fleuve, à Bakel» est généralement boueux; le long
de la rive droite, il est rocailleux; le long de la rive gauche,
le sable très-répandu dans son lit s*accumule lorsqu'il ren-
contre un obstacle et forme de nombreux bancs qui émergent
pendant la saison sèche et constituent des gués ou passages
que les chalands mêmes ne peuvent franchir, pendant quelques
mois de Tannée.
Les rives très-escarpées à droite le sont moins à gauche,
elles sont formées en grande partie de terre végétale que les
indigènes cultivent lorsque les eaux se sont retirées. Mais les
détritus organiques qu'elle contient sont une puissante cause
d'insalubrité.
Le soi des environs de Bakel^ comme celui du haut fleuve
en général, est très-accidenté; il est parsemé de collines assez
hautes» dont la direction est du SO au NE.
n. — Observations météorologiq[ae8.
Pendant douze ans, de 1856 à 1868, le fort de Bnkel a pos-
sédé quelques instruments qui ont irrégulièrement servi à
faire des observations thermométriques. Mais nous n'avons
trouvé aucune série comprenant soit une année complète,
soit douze mois successifs. Ces observations sont éparses sur
les rapports des médecins de Bakel. Elles nous fournissent des
moyennes mensuelles^ souvent très-rapprochées de celles que
nous allons étudier.
A la fin de 1860 et en 1861, il a été fait à Bakel une très-
276 CLIMAT DE BAEEL.
bonne série d'observations thermométrîques. Elle comprend
onze mois, du i** septembre 1860 au 31 Juillet de Tannée
suivante. î^e mois d'août manque seuK Nous avons été assez
beureux pour retrouver des observations, faites en août iS56,
nous fournissant pour la température des chiffres très-peu
différents, de ceux que nous aurait donnés l'interpolation de
moyennes fictives entre les mois de juillet et de septembre.
Enfin, à une date plus récente, il a été fait une série ther-
mométrique, du mois de septembre 1872 au même mois de
Tannée 1873, mais dans de mauvaises conditions d'exposition
des instruments. Dans ce dernier journal^ les vents dominants
ont été indiqués avec soin; nous nous en sommes servis pour
dresser le tableau des vents de cette région et construire les
roses portées sur notre carte du climat du Sénégal.
C'est avec ces éléments que nous avons pu reconstituer la
physionomie d'une année météorologique à Bjkel. Les rapports
médicaux conservés aux archives de Tbépital de Saint-Louis
nous ont fourni le reste des documents sur lesquels nous
allons nous appuyer.
Lieu d'observation. — Les instruments étaient exposés sur
une vaste galerie, située au premier étage, regardant TO et
largement ouverte à ses deux extrémités au N et au S, leur
élévation était d'environ 28 mètres au-dessus des plus basses
eaux du fleuve. 11 n'existe aucun renseignement indiquant la
hauteur de ce niveau au-dessus de celui de la mer. La pente
du fleuve est encore à étudier.
CHAPITRE II.
TBKPiRÂTURB.
I. — Température moyenne de l'année.
La température moyenne annuelle conclue de quatre obser-
yations quotidiennes est, à Bakel, de 28% 7. (Il ne faut pas
ometire de signaler que Texposition à 1*0 des instruments a
dû élever cette moyenne un peu au-dessus de la moyenne
véritable. )
La moyenne résultant des observations de 6 heures du ma-
tin à 1 heure du soir, est plus élevée de 0%2.
La moyenne annuelle conclue des demi-sommes desminima
et des maxima, au lieu d'être supérieure à la moyenne réelle,
se trouve être inférieure à celle-ci de 0%4. Nous croyons devoir
attribuer à des erreurs instrumentales la valeur trop faible
de cette dernière détermination.
La moyenne annuelle de Bakel est de S"* supérieure à celle
de nie de Corée. Cette différence est très-forte, surtout si Ton
considère la situation presque sur le même parallèle, la dis*
tance qui sépare ces deux différents points de notre colonie
africaine et Taltitude probable de Bakel. La situation maritime
de Corée, la situation de Bakel dans l'intérieur du continent,
telles sont les principales causes de cette différence.
Il faut remarquer avec quelle rapidité croissent les moyennes
de la température à mesure qu'au Sénégal on s'éloigne du lit-
'toral. En France, nous pouvons constater qu'une distance de
520 kilomètres n'apporte pas une différence de plus de i^
entre les moyennes annuelles de deux villes situées comme
Brest et Versailles, Tune dans une situation maritime, l'autre
au aûlieu des terres.
278
CLIMAT DE BAKEL.
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TEMPERATURE, 379
La tempéralare moyenne est, à Corée, 2d%8; à lOO kilo*
mètres dans les terres, à Dagana, SS^'^S ; à 52o kilomètres, à
Bakel, ts%l. C'est, avons-nous dit^ au grand courant d'eau
froide désigné sous le nom de courant polaire de Tocéan
Atlantique, que le cap Vert et les points voisins de la côte
d'Afrique doivent leur température relativement douce. LMn**
teneur du pays n'est sous l'influence des brises du large
que pendant la saison des pluies, ce n*est que dans cette
saison que l'atmosphère plus frais du littoral peut pénétrer
dans rintérieur et diminuer l'excès de la chaleur. Mais le
peu d'intensité des brises d'O ne leur laisserait qu'un faible
pouvoir rafraîchissant, si elles n'apportaient avec elles les
nombreux nuages dont se couvre le ciel de la saison d'hiver-
nage, et l'eau des pluies dont la chute doit modérer l'excès de
la chaleur produite par un soleil zénithal.
Dans la saison sèche, les vents de l'intérieur dominant
seuls, il ne se fait aucun échange de l'atmosphère dans le sens
utile an rafraîchissement du pays.
Ainsij la grande différence entre la température annuelle
de Bakel et celle de Corée est un fait qui trouve son explica-
tion dans les situations respectives des lieux ; elle porte sur-
tout sur la température de la saison sèche.
II. — Température moyenne des saisons.
La température de la saison sèche est,* à Bakel, de 29%i ;
celle de l'hivernage est de 28%3. Ainsi, la température de
l'hivernage ne serait supérieure à celle de la même saison à
Corée que de l%3. Hais nous ne pouvons accorder aux
moyennes obtenues, pour une seule année à Bakel, la valeur
de celles conclues de dix années d'observations à Corée. On
peut penser que, pendant l'hivernage, la température varie
d'une région à l'autre encore moins que ne le ferait croire le
résultat de ces observations. L'exposition du thermomètre à
280 CLIMAT DE BAKEL.
ro a dû éleyer les moyennes de BakeL Ces motifs nous por-
tent à penser que la moyenne de l'hivernage indiquée par
nos tableaux doit être un peu supérieure à la moyenne qui
sera déterminée par les obserTations à venir.
L'énorme différence qui existe entre la moyenne annuelle
de Bakel et celle de Corée provient uniquement de la diffé-
rence existant entre les moyennes de la saison sèche dans cha-
cun de ces points. Cette différence est de 8%5. Il en résulte que
la saison sèche se trouve être, à Bakel, la saison la plus
chaude, du moins si l'on ne considère que les moyennes.
Dans le haut Sénégal, la saison humide mérite aussi bien
que sur le littoral le nom de saison chaude ; c'est la saison des
chaleurs constamment élevées, tandis que la saison sèche ne
mérite le nom ni de saison fraîche, qui serait impropre, ni ce-
lui de saison chaude, qui ne s'appliquerait qu'à quelques mois.
Cette période de l'année est la saison des plus grandes cha-
leurs, en même temps que celle des plus grandes fraîcheurs;
c'est celle des grandes variations thermométriques.
A Corée et à Saint-Louis, l'hiver et le printemps ont, au
point de vue de la température comme sous beaucoup d'au-
tres rapports, des caractères identiques; Tété et l'automne
présentent entre eux des caractères très-voisins qui ne per-
mettent pas de reconnaître comme logique autre chose qu'une
division de l'année en deux semestres, l'un frais et sec, l'autre
chaud et humide.
A Bakel nous trouvons encore, dans Thivernage, identité de
caractère entre l'été et Tautomne; les moyennes de la tempe-
rature sont, pour le premier de ces trimestres, ss'^yéj et pour
le second, 28%1.
La différence qui existe au contraire djins la saison sèche,
entre le trimestre d'hiver et le trimestre du printjemps, est
considérable. La moyenne de Thiver est 23<>,9, celle du prin-
temps, 33<^,2.
On ne trouve donc que peu de raison pour réunir sous une
même dénomination, relativement à la température, deux
périodes qui sont si différentes entr^ elles. L'absence des
TEMPiMATCRE. 281
pluies, la sécheresse de Tair, quelle que soit son élétatlon
thermoroétrique^ faible ou forte^ sont les seules propriétés
communes des différents mois de ce semestre. Ces propriétés
sont sous la dépendance de la régularité des vents du N à TE»
On peut diviser^ à Bakel, Tannée en trois périodes : la sat*
son sichê et froide, les trois mois d'hiyer; la Misan sèche ei
très-chaude, les trois mois de printemps 5 la saison humide et
chaude^ riiivernage, les six autres mois.
Tandis que la graduation des chaleurs se fait à Corée, de
rhi?er à Fantomne, à Bakel, à la saison la plus froide, Vhiver,
succède bnisquemenl la saison la plus chaude de Tannée, le
printemps. L'été est plus froid de V,0 environ que le prin-
temps, et la température de Tautomne est sensiblement la
même que celle de Tété.
À quoi |)euvent être attribnés cette élévation brusqué de la
température moyenne et les maiima considérables du prin-
temps?
Le nombre des jours de vent de TE au NE est de 76 pour
Thiver, et de seulement 47 pour le printemps. Ce n'est donc
pas d'une manière absolue la fréquence plus grande du vent
4^ qui rend supérieure la température du printemps à celle
de Tbiver. Gomme à ces vents sont intimement liés les forts
maxima, on est tenté de leur attribuer la hauteur des
moyennes plus grande des mois du printemps; mais d*un au-
tre côté les plus faibles minima sont aussi liés à la présence
de ces vents en hiver.
Pourquoi ces mêmes vents du N à TE sont-ils froids en
hiver et chauds au printemps? Et surtout pourquoi la diffé-
rence entre la température des diverses masses d'air qu'ils
apportent est-elle si considérable dans l'intérieur du pays,
tandis qu'elle est moins prononcée sur le littoral t
Il est incontestable, les journaux météorologiques en font
foi, que c'est au vent d'E que sont dus les très-faibles minima
comme les plus forts maxima.
Le vent du NE à TE, Tharmatan, vient du désert. En hiver,
ces vastes plaines» sous une atmosphère privée presque com-
Stt CLIMAT DIS BAKBL.
plétement de vapeur d'eau, éprouvent un refroidissement
considérable qui abaisse les minima jusqu'à iS"» (HédiDe), et
sans doute beaucoup plus bas. La plus grande longueur des
nuits, Tobliquité des rayons solaires suffisent pour en rendre
compte. En somme, le refroidissement des nuits, du matin et
du soir, remportent sur réchauffement relitivement moins
prolongé et moins fort du milieu du jour.
Dès qu'avec le printemps, le soleil s'élève au N, lorsqu'^
avril il passe au zénith; la durée plus longue des jours,
la direction de plus en' plus voisine de la normale des rayons
solaires produisent un résultat inverse : raocumulation delà
chaleur remporte sur le rayonnement nocturne. Comme au-
cune vapeur d'eau ne vient jouer le rôle de compensateur
dont nous avons expliqué le mécanisme en parlant du déoiat
de Corée, il arrive alors, à Bakel, ce qui arrive dans toutes les
contrées limitrophes du grand désert^ qudle que soil la situa*
tion géographique de ces contrées.
Les causes de ces changements de température sont^ au Sé*-
n^al^ les mêmes que dans la mer Rouge ; l'alternative des
vents du désert, d'une fraîcheur glaciale en hiver et d'une
cbaleur étouffante au printemps, est très-prononcée dans cette
mer intérieure. Nous avons pu, en passant cinq fois dans ces
parages, constater, et les froids pénibles qu'on y éprouve sou-
vent, et les dangereuses et parfois mortelles chaleurs aux-
quelles, dans certains autres mois, sont exposés les équipages
des navires.
Dans l'hivernage, à Bakel^ comme dans tout le Sénégsd, les
vents d'E sont remplacés par des brises d'O qui accumulent
sur le ciel des nuages épais, apportant une grande quantitéde
vapeurs d'eau remplissant alors le rôle des vapeurs d'eau
qui saturent, presque l'atmosphère des côtes en toute saison«
L'effet du voisinage du désert est alors complètement atiénué.
TBMPÉmATumB. 283
IXI. — Marche de la température [k Bakel pendant
l'année.
Noos avons tu^ à Corée et à Saint-Louis^ les moyennes
mensuelles suivre une marche parfaitement régulière, ascen-
dante pendant huit mois^ descendante pendant les quatre
autres moi s.
Il n'en est pas de même à Bakel : la courbe des moyennes
nous donne deux minime et deux maxima annuels.
En 1^60, la température la plus basse est en janvier^ c'est
le premier et le plus faible minimum de Tannée. Le premier
maximum (le plus élevé de toute l'année) est en aTril. Le se-
cond minimum, bien supérieur au premier^ se présente en
juin; le second maximum en novembre.
Ainsi, à chaque saison correspond un minimum et un
maximum des températures moyennes mensuelles; et c'est
dans la saison sèche que se trouvent groupés, voisins Tun de
l'autre^ le minimum le plus bas de Tannée et le maximum le
plus élevé. Nous avons, sous une autre forme, déjà attiré Tat-
tention sur ce fait.
La différence entre ces moyennes extrêmes est de i0\ Il y a
donc dans le court espace de temps qui sépare le mois d'avril
du mois de janvier une oscillation d'autant plus considérable
qu'il s'agit de moyennes. .
Dans Thivernage, le moment de la température moyenne
la plus faible est très-éloigné decelui de la moyenne laplusforte.
La plus basse est placée en juillet : 26%5, la plus élevée eu no-
vembre : SS'',^, et malgré Téloignement de ces deux moyennes,
les températures qu'elles indiquent diffèrent Tune de Tautre
de moins de 2 degrés. Nous retrouvons donc déjà, par la seule
inspection des moyennes, cette tendance aux oscillations
moindres, à la fixité de la température que nous avons fait
ressortir comme propre à la saison d'hivernage sur le littoral
et qui se lie, a Bakel comme à Corée, à l'état d'humidité plus
384 CLUIAT DE BAKEL.
prononcée dé Tair i cette époque que dans l'autre saison.
La moyenne de féTrier est toujours supérieure à celle de jan-
vier^ il en a été ainsi dans les années i 856, 1859, 1861 et 1867,
seules années dans lesquelles nous connaissons les moyennes
de ces deux mois.
La moyenne de décembre a été inférieure à celle de Janyier
dans les hivers 1861^ 1863; elle lui a été supérieure dans les
hivers de 1 859 et 1867, seules années ou nous ayons des obser-
vations des températures de ces deux mois.
C'est donc tantôt en janvier, tantôt en décembre que se
place le minimum des moyennes mensuelles. U y a donc une
précocité des fraîcheurs plus grande dans Tintérieur du pays
que sur le littoral.
Suivons la marche de la température dans Tannée, de mois
en mois.
En janvier, la moyenne est de 24»,3, les extrêmes varient
entre 15^,5 et 35^,5, aussi les médecins de Bakel signalent-ils
toujours^rapparition de froids relatifs, la salubrité des vents
d'E au NE qui régnent à cette époque. En ce moment, sur les
bords du fleuve, on signale souvent le matin des brumes
épaisses, très-fralches.
En février, se fait une ascension assez prononcée de la
moyenne thermométrique, cette ascension est de plus de 2^ et
demi sur celle du mois précédent. La température augmente
rapidement, malgré quelques rares journées fraîches et des
brumes matinales tellement épaisses, qu'il arrive quelquefois
que Ton a de la peine à se conduire.
En mar$^ Tascension sur le mois précédent conserve la
même rapidité, les journées deviennent très-chaudes; quel-
ques brises accidentelles viennent parfois le soir du NO ra-
fraîchir la température.
Avril est le mois des grandes chaleurs, les plus fortes que
Ton observe dans les points connus dn Sénégal. La moyenne
de ce mois a été de 2^"",^ en 1861. Pendant quatre années dif-
férentes nous avons des moyennes du mois d'avril ne s'éioi-
gnant que d'une fraction de degrés de celle de notre série. Tout
TEMPÉBATURB. 285
nous porte à croire que cette moyenne est exacte. Elle est su-
périeure de 4 degrés et demi à celle du mois précédent, A cette
ascension rapide des hauteurs tlierroométriques correspond
fort lieureusement une séclieresse assez grande, le vent brû-
lant du désert soufQe d'une manière presque continue, Aussi^
. tous les médecins qui ont passé à Balcel parlent-ils des chaleurs
excessives de ce mois; ces chaleurs diffèrent beaucoup de
celles de rhivernage, elles sont moins constantes^ quoique plus
élevées. >
Au mois de mai, la température s'abaisse de i à 2 degrés;
elle reste donc excessive et elle fournit des maxima diurnes
, considérables.
Le passage de la saison sèche à la saison humide commencé
dans le mois de mai, par transitions successives^ jusqu'à la
fin de juin. Il est annoncé, en mai, par un changement dans la
direction des vents qui deviennent NO et même et SO, puis
par l'apparilion des orages et des pluies. Les orages éclatent
alors presque tous le soir après le coucher du soleil, ils
rafraîchissent considérablement l'atmosphère.
La baisse est un peu plus sensible en juillet. Tous les obser-
vateurs font remarquer que cette baisse de la température de
niai à juillet correspond à la présence des orages, des tornades
et des pliiies abondantes. Comme celte baisse de la tempéra-
ture est assez prononcée, mais se fait lentement sous l'influence
des pluies répétées, on voit ainsi succéder à une chaleur
sècbe, très-élevée, une chaleur humide un peu moins élevée,
il est vrai, mais beaucoup plus régulière et plus constante,
et qui ne tarde pas à devenir beaucoup plus pénible.
Durant tout l'hivernage jusqu'à la un d'octobre, on peut
dire que la température moyenne varie assez peu, Toscilla-
lion est d'environ i demi-degré d'un mois à l'autre, en plus
ou en moins, suivant le mode de distribution et l'abondance
des pluies. La chaleur est pénible, surtout lorsque le soir, la
brise vient à toitiber complètement. A la fin d*octobre des al-
ternatives de sécheiesse et d'humidité rendent souvent les
nuits fraîches.
986 CLIMAT DB BÂMSL.
Le mois de noîoembre est i Bakel, comme dans le reste du
Sénégal, celui dans lequel se termine Thivernage sous Tin-
fluence de la réapparilion des vents réguliers. Quoique sa
moyenne soit souvent aussi élevée que celle du mois précé-
dent (comme dans l'année 1860), la sécheresse fait paraître la
température froide eu égard aux températures des derniers
mois. Parfois (comme en iS7i), il y a un abaissement réel et
rapide de la température vers la On du mois.
En décembre, la saison sèche est bien établie. La moyenne
de ce mois est toujours inférieure d'au moins 2 degrés à celle
du mois de novembre. La température parait fraîche et même
froide à des gens qui ont supporté les températures dont nous
venons de parler*
XV. — Températcnres extrêmes.
La marche des moyennes des maxima est parallèle à celle
des moyennes mensuelles. A BakeU ces maxima élevés sont
assez nombreux, pour influencer suffisamment les moyennes,
c'est ce qui place à Bakel le moment le plus chaud de
Tannée, au moment des plus forts maxima; tandis qu'à Da-
gana les maxima du printemps, tout en étant aussi élevés que
ceux de Bakel, n'ont, par leur rareté, qu'une faible influence
sur la^marche générale de la température.
Ddns la dernière colonne du tableau des températures nous
avons inscrit les températures extrêmes les plus prononcées,
indiquées chaque mois dans les journaux météorologiques;
cela donnera une idée suffisante de la valeur de ces extrêmes.
Ainsi, la plus basse température observée à Bakel, a été de
i4%6 (le 1'' décembre 1860), la plus haute a été de 43%6 (le
29 avril 1861).
Ce dernier chiffre montre l'exagération de ceux qui signa-
lent so^" comme la température à laquelle atteint souvent l'at-
mosphère du Sénégal, et le ridicule de l'indicaUon du mot Se-
TBMPÉRATU&E. i87
Dégal 8«r les thermomètres» au aiveau du cinquantième degré
de eet instrument.
D'après une note accompagnant les obserrations de M. Ver-
dier^ea 1872, au moment d'un maximum de 41 %7 à l'ombre,
un tbermom^re promené au soleil pendant un quart d'heure
s'est élevé à 45^, placé sur le sable da sol il s'éieyait jusqu'à
60^ et 6i^ Mais ces dernières conditions d'exposition sont loin
d'indiquer la température de l'atmosphère. Une série d'obser-
vations du thermomètre-fronde, faites au-dessus du sol sa-
bkmneux, en plan soleil, les jours de vent d'E, présenterait
BD grand intérêt. Elle indiquerait d'une manière assez exacte
la température à laquelle peut accidentellement se trouver
soumis un voyageur ou même un corps de troupe, si jamais
la nécessité de taire marcher des troupes sous les ardeurs d'un
soleil semblable pouvait se présenter. Nous signalons aux fu-
turs observateurs l'utilité de cette expérience.
Revenons à l'examen de la température de l'atmosphère i
l'ombre, seule coudition où, jusqu'ici, on ait trouvé le moyen
de faire des observations pouvant être comparées les unes aux
autres.
Nous avons compté dans les journaux météorologiques de
Tannée que nous étudions plus spécialement, quelle a été la
fréquence des hautes températures.
Le maximum de 40* n'a jamais été atteint dans les cinq der*
niers mois de l'hivernage, ni dans les quatre premiers mois de
la saison sèche, mais dans les troi^ autres mois la température
a atteint ou dépassé 40% 36 fois, savoir : 15 fois en avril, 15 fols
en mai et 6 fois dans la première quinzaine de juin.
Il est rare que le maximum diurne n'atteigne pas 30*.
Le maximum de 35* est très-fréquent.
Dans la saison sèche et fraîche j en biver, ce maximum a été
atteint 2 fois en décembre, 1 fois en janvier, 14 fois en février.
Dans la saison ièche et chaude^ au printemps : en mars, avril
et mai, tous les jours, entre i heure et 4 heures du soir, la
température s'élève au-dessus de 35*, pendant un certain nom-
bre d'heures. Parfds même, en avril, cette forte élévation de
288 CLIMAT DE BAEEL.
la température se maintient de i i heures da matin à 10 heures
du soir. De sorte qu'en ayril 1861, la moyenne diurne conclue
des quatre observations de 6 heures et 10 heures du matins
4 heures et 10 heures du soir, a été supérieure à 35* pendant
7 jours, dans le dernier tiers du mois. On conçoit qu'une cha-
leur souvent égale et même supérieure à la température da
corps humain^ se maintenant pendant de longues heures^ et
cela pendant une série de 7 Jours, doit, malgré sa sécheresse
qui Tempéche d'ètremortelle, produire sur Téconomie humaine
un effet dont on garde le souvenir. Ces chaleurs sont toujours
accompagnées de vent d'E; nous en avons décrit les principaox
effets, lorsqu'en parlant du climat de Dagana^ il a été question
de ces vents.
Ces chaleurs se montrent dans des régions heureusement
peu fréquentées par les Européens. Elles font contraster forte*
ment le climat du haut Sénégal avec le doux climat du littoral
de cette contrée. On peut dire qu'il y a plus de différence entre
le climat de l'intérieur du Sénégal et celui de Corée, qu'il n'y
en a entre ce dernier et celui de la France pendant Tété.
Dans rhivemage, au mois de juin, qui sert de transition à
la saison sèche, les maxima diurnes supérieurs ou égaux i
33* se sont présentés tout le mois, excepté pendant trois jours.
Dans les cinq derniers mois de Thivernage, la température
ne s'est élevée que 3 fois au-dessus de 35*, une fois en juillet
et 2 fois en novembre. On voit que l'hivernage ne mérite pas,
par opposition, le nom de saison chaude ; c'est la saison des
chaleurs tièdes et humides si débilitantes pour les Européens;
et, chose importante à signaler, des chaleurs malsaines, préci-
sèment parce qu'elles sontnon*seulement humides, mais cons-
tantes. Dans la saison sèche, au moment de ces maxima
diurnes si excessifs, les nuits sont bonnes. Des minima de
21« à 24* sans humidité paraissent très-frais et très-agréables.
Les minima de Thivernage sont rarement au-dessous de 21^
mais ils sont accompagnés d'humidité; aussi les nuits parais-
sent-elles aussi chaudes ou presque aussi chaudes que les
journées.
TEMPÉRATURE. 289
Il est regrettable que nous n'ayons aucune bonne obsenra-
tion psycbrométrique. Tout ce que Ton peut dtre^ c'est que
l'atmosphère présente une sécheresse extrême dans la seconde
partie de la saison sèche, et parait avoir dans l'hivernage les
mêmes propriétés que sur le littoral.
y. — Oscillations de la température.
a
Le climat de Bakel étant celui d'un pays éloigné de la mer^
nous devons nous attendre à trouver des oscillations de tempé-
rature plus étendues et plus fréquentes que dans les régions
étudiées jusqu'ici.
Voscillation annuelle du thermomètre est de 29"*. Elle est la
même qu'à Dagana. Elle est donc bien inférieure aux varia-
tions thermométriques annuelles qui s'observent en France;
Les oscillations mensuelles sont beaucoup plus considérables
que celles du littoral. Si on les compare à celtes des climats
équatoriauXy elles sont très-élevées» mais si on les met en re-
gard des oscillations éprouvées par la température dans l'in-
térieur des pays tempérés^ on peut constater qu'elles n'ont
rien d'exagéré.
Le tableau suivant permettra d'en juger.
19
290 CLIMAT DE BAKEL.
•MllUttou mtHraellM ém, ttcnnioaètre
Ou différence des températures extrêmes de chaque mots, pendant
Vannée 1860.
A Verialllflt A Bakel
(4860). OSiO-48M).
Décembre 27>8 20,8
JanYier 23,8 20,0
Février. 20,0 20,6
Mars 48,8 16,1
A?rll 19,7 19,6
Mai 20,9 18,5
Juin 18,8 19,6
Juillet 21,6 18,0
Août 17,3 12,5
Septembre 16,7 16,3
Octobre. . 17,6 16,1
Novembre 14,0 19,8
m — I ■ • ■ I I il
Moyemies 19,7 18,2
On voit que ces yariations sont, en général, inférieures à
celles qu'à la même époque auraient eues à supporter les
Européens habitant Bakel, s'ils étaient restés dans leur patrie.
Les oseillations diurnes offrent plus d'étendue que dans les
autres points du Sénégal. Comme toujours elles sont moindres
dans rtiivernage. Nous pouvons en avoir la moyenne, en
prenant la différence entre la moyenne des minima et la
moyenne des maxima de chaque mois. Les variations diurnes
sont les plus faibles au mois d*août, elles sont de 5<^,i en
moyenne. La plus forte observée n'a été que de 7%9, le 30 de
ce mois. C'est en février que ces variations sont les plus fortes,
elles atteignent en moyenne i5«,7. Si nous les comparons aux
oscillations diurnes moyennes, à Versailles, nous constatons
que ces dernières variant entre 4% 7, pour le mois de janvier,
et 10%2, pour le mois de juillet, les variations diurnes sont
plus considérables à Bakel qu'à Versailles; mais ce sont des
TEMPÉRATURE. 291
Tariations qui, tout en étant considérables^ ne présenteraient
rien que de fort ordinaire dans les pays tempérés. Voici le
de ces variations :
lies pl«a fortes TAriationa diurnes observées à Hskel
es iseo-isei.
Mois. Variations* Dates.
Décembre 20''8 1
Janvier 16,1 U
Février 18,4 18
Mars 14,5 14
Avril 15,6 8»29
Mai 16,2 27
Juin 16,2 25
Juillet 14,1 20
Août 7,9 30
Septembre 12,2 28
Octobre 14,6 23
Novembre 17,8 30
On voit qu'il ne serait pas difficile de citer des variations
diurnes plus considérables^ sous le climat de France.
Il ne faut cependant pas oublier que ces mouvements se pas*
sent dans les hautes températures et que l'impression produite
par des variations de même étendue diffèrent beaucoup, sui-
vant qu'elles se passent dans les températures élevées ou dans
les températures modérées. Dans les extrêmes du froid, les
variations produisent aussi une impression beaucoup plus
grande que dans les températures modérées.
CHAPITRE III
YBIVTS BT PLUIES.
I. — Yeixts à Bakél.
Le$ obserTations que nous possédons sur les vents ont
porté sur les cinq derniers mois de Tannée 1872 et les sept
premiers mois de Tannée 1873. Nous avons ainsi une série
d'une année entière^ elle est due à notre collègue de la ma-
rine, M. Verdier,
Du mois d'août au mois de mars de Tannée suivante^ les
vents dominants de chaque jour ont seuls été notés. D'avril à
juillet, il a été fait chaque jour soit 4, soit 5 observations.
Ces observations nous ont permis d'établir les roses des vents^
à Bakel, dans chaque trimestre {voir la carte du climat et de
Vétat sanitaire du Sénégal).
Comme dans les autres parties du Sénégal, les vents peu*
vent à Bakel se diviser en deux catégories, celle des vents ré-
guliers et constants oscillant entre le N et TE, celle des
vents variables faibles et irréguliers provenant plus ou moins
duSO.
Les vents delà première catégorie correspondent h Tépo-
que où les alizés soufflent avec régularité sur le parallèle de
Bakel, à la saison sèche. Ceux delà seconde correspondent à la
mousson de SO de TAtlantique du nord, c'est-à-dire à l'hiver-
nage.
La période d'hivernage commence un peu plus tôt à
Bakel que sur le littoral. Dès le mois de mai les vents de-
viennent irréguliers et ce n'est qu'en novembre que les vents
de NE reprennent. Les vents de N disparaissent presque com-
D£S VENTS. 293
plétement ca janvier et février, époque à laquelle les vents
sont d'une manière presque constante à i'E ou au NE, parfois
au SE. L'énergie de ces vents, leur provenance rendent
compte de Tascensiofi prononcée de la moyenne tLermomé-
trique du mois de février qui, nous Favons vu, est loin d'être
comme sur le littoral le mois le plus froid de Tannée.
En mars et avril, même prédominance des vents de TE et
du NE, cependant les vents du N réapparaissent; mais les
vents d'E présentent une très-grande énergie, leur siccité est
extrême, ils donnent les maxima excessifs dont nous avons
parlé plus haut.
L'absence complète du vent de la partie ouest, pendant toute
la durée de la saison sèche, montre que l'on n'observe pas, à
Bakel, ces légères brises de FO qui viennent, à Dagana, ra-
fraîchir quelques-unes des moirées qui suivent les pénibles
journées pendant lesquelles le vent du désert a soufflé avec
énergie. Les vents de SE, qui font défaut partout, se présen-
tent assez souvent à Bakel, en même temps que ceux de TE;
cela provient probablement de l'exposition locale.
La lecture des rapports médicaux faits sur le poste de Bakel,
pendant de nombreuses années, fait reconndtre que, dans
cette localité, les propriétés des vents diffèrent très-peu de
celles que nous avons indiquées comme leur appartenant sous
le climat de Dagana. Sécheresse extrême des vents de NE et
d'E produisant les effets que nous avons stgnalés. Faiblesse,
humidité des brises de Fhivernage, salubrité relative plus
grande des vents de NE; mais ces vents soufflent pendant de
plus longues heures qu'à Dagana, aussi le climat de Bakel
est-il beaucoup plus fatiguant pour l'Européen. II faut y joindre
l'impussibilité des communications avec les centres civilisés,
qui isole Bakel, pendant tout le temps de l'année où le fleuve
n'est pas navigable, et empêche les Européens malades de fuir
un climat pernicieux.
19
294 CLIMAT DE BAKEL.
II. — Pluies.
Voici les seuls renseignemenis que nous ayons pu nous
procurer sur ce phénomène. Les pluies ne tombent pas avant
le mois de mai^ si ce n'est en quantité inappréciable^ elles dis-
paraissent avant le commencement d'octobre. La seule année
où il ait été fait mention de la pluie^ en mai, est Tannée 1862;
il est tombé 4°"* d'eau en deux jours à la suite d'une tornade
a annonçant Thivernage. »
Nous possédons, pour deux années, des observations de la
pluie au mois de juin; dans l'une eu 1861, il y eut quatre jours
de pluie, et la hauteur totale de la pluie tombée à la suite d'o-
rages dans les soirées a été do 78°^. L'année suivante, le même
mois a offert 10 jours de pluie et une hauteur d*eau tombée
égale à 319™".
Nous possédons^ pour le mois de juillet^ deux observations
de la pluie : en 1 861 , en 6 jours, 1 54"*" d'eau ; en 1862, 7 jours
de pluie donnèrent seulement iV^ d'eau.
Nous n'avons trouvé qu'une seule observation de la pluie
faite au mois d'août, ce fut en 1856 : 13 jours de pluie don-
nèrent 273°*" d'eau.
En septembre 1860, il est tombé 78"" en 7 jours.
En octobre^ les pluies disparaissent ou sont de quantité
inappréciable.
On voit d'après ces renseignements, malheureusement in-
complets, qu'il y aurait à peu près une trentaine de jours
pluvieux dans l'hivernage. Nous ne pouvons pas, à l'aide de
renseignements aussi incomplets, avoir une approximation
suffisamment exacte de la quantité d'eau tombée, mais en réu-
nissant les différents mois dont nous avons l'indication comme
s'ils appartenaient au même hivernage, nous pouvons indiquer
le chiffre de 350"", comme exprimant la hauteur d'eau tom-
bée à Bakel dans une année, qu'il ne nous est pas possible de
reconnaître comme sèche ou pluvieuse, vu le manque de dé-
tails sur ces observations.
DES PLUIES. 295
Les observations pins récentes font croire que le nombre
des jours de pluie apprédable doit être beaucoup plus consi-
dérable que le chiffre que nous venons de donner approxima-
tivement. Ainsi en iSTO^ il 7. a eu dans Thivernage 61 jours
de pluie. En 187i il y en a eu 61. En i873, 66; mais on aurait
compté comme jours de pluie, tous ceux dans lesquels il n'é-
tait tombé que quelques gouttes d'eau. Toutes ces observa-
tions ont besoin d'être refaites. Nous pensons que les pluies
sont plus abondantes à Bakel qu'auprès de Tembouchure du
fleuve.
CHAPITRE IV.
IlfONDATIOt:9.
▲parQa sur le régime des eaux du Sénégal.^
Les inondatioDs périodiques du Sénégal Jouent^ dans la taslâ
contrée i laquelle ce fleuve donne son nom> un rôle dont
l'imporlance est considérable.
Grâce à ces inondations qui coïncident chaque année aTec la
saison d'hivernage, ce fleuve devient pendant une grande par-
tie de Tannée navigable jusqu'à plus de 1000 kilomètres de
son embouchure» Les cataractes du Félou forment alors la
première barrière qui arrête la navigation de nos bateaox à
vapeur. Dans ces contrées, à populations barbares ou demi-
sauvages, les voies navigables sont les seules que puisse par-
courir en sûreté le commerce européen. C'est grâce atix crues
périodiques de ce grand cours d'eau qu'il a été permis à la
France d'étendre sa domination commerciale et militaire Jus^
que dans Tintérieur de TAfrique occidentale. Au^lessus des
cataractes, le fleuve est encore accessible à une certaine na-
vigation, et si nos intérêts nous y conduisent, le voeu du
général Faidberbe pourra se réaliser» et la communicatioQ
maritime s'établir entre le Sénégal et le Niger. Alors l'Afrique
se trouverait entamée par notre inlQuencc civilisatrice dans
une région qui comprendrait une vaste superficie.
L'inondation périodique de toute la basse Sénégambie per**
met, sous un soleil brûlant, sur ia frontière du désert» datas
un pays où les pluies manquent pendant a mois^ de metlm
en culture^ pendant les deux tiers de Tsmuée» destecraîns qoi
seraient demeurés stériles. Cette culture alimeale une nom*»'
RÉGIME DES EAUX DU SÉNiGAL. 297
breuse populaiion el renricbit même assez pour lui permettre
une exporiatioQ considérable, origine de son activité commer-
ciale. D'un autre côté, l'inondation est malbeureusement Tune
des plus grandes causes de rinsalubrité du pays et par suite
un grand obstacle aux efforts de colonisation par les races
européennes.
Pour étudier le régime du Sénégal^ il nous faudrait sur
la nature géologique des terrains qu'il parcourt, sur la
topographie des pays qui le bordent, des notions qui nous font
presque entièrement défaut. Un certain nombre d'observations
de la hauteur des eaux du fleuve, ont été faites sur quelques
points, pendant plusieurs années, (lar les médecins et par les
commandants des postes que nous occupons militairement.
Deux bonnes séries d'observations faites l'une à Bakcl, Fautre
à Dagana, pendant Tannée 1871, nous permettent de donner
une idée approximative du régime des eaux du Sénégal.
Trois fois par jour, à midi et à 6 heures, matin et soir, la
hauteur des eaux au-dessus d'un point fixe, supposé le ni^veau
des plus bas^s eaux, a été noté sur un journal.
Ndus nous burnerons à donner, pour Daganaet pour Bakel,
de 6 jours en Séjours, la hauteur des eaux au-dessus de Tétiag^,
le soir à 6 heurei?^ pendant Tannée i87i. Nous avons réuni les
résultats de ces observations dans la planche suivante eons*
traite à Técbelie de 2 mitlimètres par mètre des hauteurs
rédles» Nous allons étudier successivement la <^ue du fleuve
daas chacun de ces postes.
1. Bégime des taux du Sénégal^ à BnkeL — Il n'y a dàM
TaodBéB qu'une seule crue des eaux du fleuve, le niveau âesk
eiiix> moate rapidement pendant é mois environ, décroît âveé
uneivitesse un peu iaiérieure à celle de Tascensiôn pendant
les quatre mois saivauts> puis lentement pendant les quatre
àuftnes mùn de Tannée.
Lu commencemait de la crue se fait sentir à Bakel dès les
j^miers jours de mai. Il est à remarquer qu'en l87i^coninie
les:amue6 précédenilesi, le fleuve a coQHnencé à monter long-
temps a^ant^ne des phiibs de quelque talenr aient été èb^
298
EiGIME DES EAUX DU SÈNiGAL.
PI. XIII.
RKGISIE DES EAUX DU SENEGAL. 299
scrvées dans les points accessibles à nos explorations. C'est
donc aux pluies (onnbées dans les montagnes d'où le Sénégal
et le Niger tirent leur source^ qu'est dû le premier mouve-
ment d'ascension des eaux.
La crue est d'abord lente, l'^^SO dans tout le mois de
juin et dans les premiers jours de juillet. A partir du 10 juil-
let, l'ascension du niveau du fleuve devient rapide, elle est
d'environ 3 mètres en 20 jours. Cette brusque ascension
coïncide avec les premières grandes pluies. Mais c'est sur-
tout en août que la marche de l'inondation devient rapide.
Malgré la vaste superficie sur laquelle s'étendent les eaux,
elles s'élèvent, dans le cours du mois d'août, de 7 mètres au-
dessus du niveau précédent, et atteignent dans les premiers
jours de septembre, 15 mètres à 15 mètres et demi au-dessus
de l'éti âge. Cette hauteur a été atteinte en i87t du 5 au 15
septembre, après des crues qui ont été parfois de i mètre en
un seul jour. Pendant toute la première quinzaine de septem-
bre, les eaux se sont sensiblement maintenues à ce ni-
veau.
Dans les autres années dont nous avons pu consulter les
observations, le maximum d'élévation des eaux du Sénégal a
été également atteint dans les premiers jours de septembre, il
a été de 14"^,50 en 1870 et de 13°^, 15 en 1872.
Au commencement de la deuxième quinzaine de septembre,
bien que les pluies ne disparaissent pas encore, les eaux bais-
sent avec une rapidité qui est toujours un peu moindre que
celle de la crue; à la fin d'octobre, les eaux ont repris le ni-
veau qu'elles avaient dans les premiers jours du mois
d'août.
A partir de la fin d'octobre, la baisse devient plus lente. Le
fleuve perd seulement deux mètres dans le mois de novem-
bre, il descend alors régulièrement et lentement jusqu'à la fin
du mois de juin.
Du mois d'avril au mois de mai, le niveau du fleuve se tient
à quelques centimètres au-dessus du zéro de l'échelle, ra-
rement il atteint cette limite inférieure.
300 RÉGIME DES EAUX DU SÉlfÉGAL.
Le coarant^ très-rapide pendant l'hivernaget devient faible
pendant la saison sèche. Il donne environ 6 mètres par mi-
nute au mois de mai en face du fort de Bakel. Au passage
étroit qui se trouve au-dessous de ce poste, le courant peut
alors atteindre 16'°,50. La coupe du fleuve^ déterminée par
plusieurs sondages^ est à cet endroit de 250 mètres carrés^
la vitesse moyenne du courant étant de iS^^SO, on peut en
conclure que la quantité d'eau qui s'écoule, pendant la saison
sèche^ est d'environ 3 000 mètres cubes par minute ou 50 mè-
tres cubes par seconde.
Nous avons noté sur notre carte du climat du Sénégal, les
plus grandes hauteurs atteintes par les eaux des fleuves, dans
chaque trimestre^ à Bakel et à Dagana. La navigation à l'aide
des bateaux à vapeur calant 2",50 est facile jusqu'à Bakel de-
puis le 15 ou SO juillet jusqu'à la fin du mois de novembre.
A partir du début de la saison sèche, ces navires ne peuvent
plus remonter à Bakel et le poste se trouve alors isolé du
reste de la colonie.
IL Régime des eaux à Dagana. — Dagana situé à 120 kilo-
mètres environ de l'embouchure du fleuve, est toujours acces-
sible à la navigation. Dans la saison sèche, les marées s'y font
sentir en faisant varier d'une quantité très-appréciable le
niveau du fleuve dans la même journée. Elles s'affaiblissent
de plus en plus, à mesure que l'inondation augmente, et unis-
sent par être effacées par les hautes eaux et la force du cou-
rant en août, septembre et octobre.
L'eau du fleuve est toujours douce et de bonne qualité à Da-
gana. Ce n'est qu'à de très-rares intervalles et à plusieurs an-
nées de distance, qu'on l'a vue légèrement saumâtre, sous
l'influence de marées extraordinaires coïncidant avec une
très-grande sécheresse.
L'année 1871, pour laquelle M. Bohéas nous a fourni ses
observations de la hauteur du fleuve, fut une année de forte
inondation.
La crue commença à la fin du mois de mai. Très-lente dans
le mois de juin, à la fin duquel elle atteignait seulement GO cen-
RiCIME DES EAUX DU sipréGAL, 301
timètres, elle conserva la même lenteur en juillet; elle s'est
accélérée en août et septembre de manière à produire, dans cha-
cun de ces mois, une élévation de i'',50 à 2 mètres sur le ni-
yeau du mois précédent. Le 9 octobre, le fleuve atteignait son
maximum de hauteur (S'^ySO au-dessus de Tétiage), et inon-
dait alors tout le pays environnant. Son lit était plus que
doublé de largeur devant le poste de Dagana.
En 1865, le maximum de la crue n'avait atteint que 3"^,49,
le 22 octobre. En 1866, il fut de 4"^,48, également le 22 octo-
bre. En 1872, elle atteignait 4'',i8, le 3 novembre.
Après quatre mois d'ascension, le niveau du fleuve a suivi,
dans Tannée 1 87 i, une marche descendante beaucoup plus
lente que ne l'avait été le mouvement d'ascension. La baisse
fut de 1 mètre à f^^SO par mois, en novembre et en décembre.
Au mois de janvier, les eaux étaient, au commencement de
Vannée, c'est-à-dire à la fin de l'inondation de Tannée précé-
dente, à peu près au niveau de Tétiage. De janvier à la fin de
mai ce niveau ne subit que des modifications peu impor-
tantes, plutôt sous Tiofluence des marées que sous celles des
eaux provenant du bassin du fleuve.
CINQUIÈME PARTIE
CLIMAT DU SÉNÉGAL EN GÉNÉRAL
CHAPIiaS L
TBMFiRATUU MOmUTB DS8 DIFFiRSNTBS RiOIOlfS DU SfaiOAL.
Nous Tenons d'étudier snccessiTement quatre régions du
Sénégal, dans lesquelles des observations ont été faites assez
complètes et d'une manière assez satisfaisante, pour nous
fournir des documents dont on ne saurait mettre en doute
Texactitude.
Des observations moins complètes, mais d'une valeur relati-
vement assez grande, nous permettraient d'étudier plusieurs
autres points du Sénégal. Tels sont les postes de H'Bidgem et
de Thiès dans le voisinage de Corée; ces localités, la première
surtout, présentent le même climat que celui de Corée. Dans
celui de nos postes fortifiés situé le plus profondément dans
les terres, à Médine, d'excellentes observations ont été re-
cueillies par notre collègue M. L'Helgouach auquel nous de-
vions déjà les observations de M'Bidgem. Le climat de Médine
situé non loin de Bakel, au-dessous des cataractes du Félou,
est le même que celui de Bakel. Il y a une augmentation
de la température à Médine. Mais il est difficile de savoir si
cette augmentation provient ji'erreur instrumentale ou est
l'expression d'une observation exacte. Cependant comme cette
élévation porte également sur la saison sèche et sur l'hiver-
304 CLIMAT DU SÉNÉGAL.
nage, dous croyons i une erreur mstnunentale d'enTîron uo
degré.
Noas avons été ausfi obligé de négliger Vétade de œr- ,
tatns autres points^ dans lesquels les observations, quoique
bonnes» ne comprenaient que des séries d'un petit noaibre de
mois.
Toutefois, il nous a paru nécessaire de ne pas laisser se
perdre des documents importants qui pourront être utilisés
lorsque Fétude du climat du Sénégal^ dont nous présentons
un premier essai, pourra être reprise avec l'aide de matériaux
plus complets et plus parfaits. Nous résumons dans un même
tableau tous les documents déjà donnés en 7 joig^nt ceux
qni, bien qu'incomplets, nous paraissent exacts et sont rdalifs
à des points non étudiés jusqu'ici, ou à des localités situées
en dehors dUiSénégal, mais peu éloignées. Telles que le poste
de Sed'biou sur le Casamance, le poste portugais de Bissao.
A Sed'hiou^ les médecins de la marine ont recueilli pendant
cinq années (incomplètes, il est vrai) de très-bonnes observa-
tions de la température, de la |iluie et des vents, ces observa-
tions nous ont permis d'établir les roses des vents de cette
r^ion et de les porter sur notre carte*
t Nous devons à l'obligeance du docteur Santa-Clara, notre
confrère de la marine portugaise, de bonnes obsorations sur
le poste de Bissao où il résidait
Excepté pour Saint-Louis et Corée, toutes ces moyennes ne
sont déduites que d'une seule année d'observation. Les obser-
vations de IfBidgem ont été faites en 1862 «3; celles de Thlès
en 1864-65, par M. Piileraux ; ceUes de Médine en 1863 64, par
M. L'Heigouach; celles de Bissao en 1871^72; celles de Fodor
en 1873, par M. Daniel; celles de Matam, par M. UonanL
CLIMAT DU SÉNÉGAL.
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Janvier.
Février.
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Mai. . •
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Août. .
Septembi
Octobre.
Novembr
Saison se
Hivernag
•
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20
CHAPITiRE IL
Nous avons saiTi jasqu'ici dans nos recherches la méthode
d'analyse qui convenait à notre sujet, nos recherches n'ayant
d'autre base que robsenration des faits. Nous avons pris une
à une les principales régions du Sénégal^ et pour chacune
d'elles nous avons examiné les données qui nous étaient
fournies sur l'état de l'atmosphère par les meilleures obser-
vations de nos devanciers et par nos propres observations.
Il nous reste à conclure, c'est-à-dire à exposer quel est^ d'une
manière générale^ le climat de toute la contrée. D'abord nous
refuserons de déduire des observations que nous avons étu-
diées jusqu'ici^ une température moyenne annuelle s'appli-
quant à tout le Sénégal. Cette température ne serait qu'une
fausse interprétation de la méthode des moyennes^ une erreur
manifeste^ un chiffre sans valeur également faux pour chaque
partie de cette vaste contrée et pour chacune des époques de
Tannée auxquelles on serait tenté de l'appliquer.
Suivant l'époque que l'on considère^ il existe de grandes
dissemblances dans les états climatériques des diverses loca-
lités, OU; au contraire^ des ressemblances qUi permettent de
réunir les climats locaux dans une seule et même description
pour un moment donné de l'année.
t. — Climat du Sénégal pendant lliivamage.
Pendant les six mois compris entre juin et la fin de no-
vembre, c'est-à-dire pendant l'hivernage, au moment de la
présence du soleil dans le voisinage du zénith de notre co-
CLIMAT DU SÉNÉGAL. 307
lonie, robsenration permet de reconnaître : une humidité
extrêmement prononcée^ des calmes nombreux^ des vents
faibles et variables^ une température moyenne élevée à oscil-
lations faibles, une dépression barométrique sensible, des
pluies, des orages, Tinondalion des cours d'eau, un mauvais
état sanitaire des Européens. Telles sont les conditions qui
réunies, donnent au Sénégal pendant six mois le même aspect
climatérique dans ses diiférentcs régions, tant de Tintérieur
que du littoral.
Les différences existant à cette époque entre deux régions
quelconques de cette contrée sont d'une faible importance et
résultent seulement de Texposition des localités.
Les observations faites dans l'intérieur du pays montrent
qu'en effet les moyennes de la température y diffèrent peu à
cette époque de celles de la température des régions du lit-
toral.
La température moyenne de cette saison est d'environ î^V;
elle est à peine élevée d'un degré en plus |)0ur les pays situés
dans l'intérieur, encore est-il permis de penser que les ob*
servations qui se feront dans l'avenir abaisseront sans doute .
ces dernières moyennes, déterminées seulement par des séries
très-courtes et dans des expositions souvent peu convenables.
La température oscille lentement, dans ces six mois, au-
dessus et au-dessous de la moyenne thermométrique ^1^. Ces
pscillations sont toujours assez faibles; d'autant plus faibles
que 1 on considère un moment plus rapproché du centre de
l'hivernage, c'est-à-dire du moment du second passage du
soleil au zénilh. Ces oscillations augmentent légèrement lors-
que Ton s'enfonce dans Tintérieur du pays, mais jamais elles
n'atteignent les oscillations de la saison sèche, si ce n'est à la
fin de novembre, mois de transition.
La caractéristique de Thivernage se trouve donc, pour tout
le Sénégal, dans une température moyenne élevée, différant
peu de celle de l'équaleur, dans une constance remarquable
de cette haute température, enfin dans des minima et des
maxima s'écartant peu et surtout rarement de cette tempéra-
308 CLIMAT DU SSNÉGAL.
tare moyenne. A cette chaleur élevée se joint une humidité
constante, presque aussi forte clans Fintérieur que sur le litto-
ral. Celte humidité, liée pendant les quatre mois du centre de
rhivernage à des pluies abondantes, rend excessivement pé-
nible la chaleur avec laquelle elle se combine pour impres-
sionner douloureusement et prcfondément Téconomie du
corps humain^ surtout chez les Européens qui, dans ces pays,
ne peuvent jamais être considérés comme acclimatés. A ces
deux éléments viennent se joindre une évaporation active al*
ternant avec des pluies, enfin l'inondation périodique qui
est la conséquence de ces dernières.
La force de Tirradiation solaire^ pour laquelle nous n'avons
pas d'indication, résultant d*observalions directes^ s'accuse à
cette époque^ par l'effet pernicieux pour les Européens de Fin-
solalion, même peu prolongée^ malgré la nébulosité du ciel
plus grande que dans l'autre moitié de Tannée.
Il faut encore ajouter à ces éléments des vents variables et
faibles, et un état très-tourmenté de Fatmospbère qui n'est ja-
mais sans présenter quelque orage, comme nos observations
l'ont démontré^ dans la région occupée par notre ligne télé-
graphique.
Nous avons suffisamment parlé dans le cours de notre
étude de l'efiet profondément débilitant produit par la réu-
nion de toutes ces conditions atmosphériques sur la santé des
Européens. A cette époque de Tannée, toutes les régions du
Sénégal sont exti êmement malsaines; à peine quelques points
plus favorisés échappent-ils^ mais en partie seulement, aux
influences morbides, Corée est la ville qui, par sa position
insulaire à l'extrémité occidentale du continent, présente^ au
plus haut degrés cette salubrité relative.
Quelles sont, dans Thivernage, les différences existant entre
les diverses régions du Sénégal?
Si nous laissons de côté la question sanitaire sur laquelle
nous aurons à revenir, nous constaterons qu'au point de vue
du climat, dans le sens le plus restreint de ce mot, les loca-
lités situées sur la côte jouissent encore de grands avantages.
^P'
CLIMAT DU SÉNÉGAL. 309
Les brises dominantes de i'O et du SO y sont plus fortes et
plus rafraîchissantes que dans Tintérieur^ et les calmes sont
moins nombreux.
Dans rinférieur, àBakel^ les pluies apparaissant plus hâtives
que sur la côte. La crue ded eaux du fleuve démontre que
des pluies sont tombées avant le mois de juillet dans la contrée
montagneuse où le fleuve prend sa source.
L'hivernage est plus long à Corée qu'à Saint-Louis^ débute
plus tôt et se termine plus tard. Le mois le plus chaud à Saint-
Louis est ordinairement septembre; à Corée, c'est aussi sou-
vent octobre que septembre. En général, c'est dans le cours du
mois de juin, vers te milieu de ce mois, que les calmes et les
changements de vent témoignent de l'entrée en hivernage.
C'est vers le 15. ou 20 novembre que l'hivernage est considéré
comme se terminant, et c'est en effet vers cette époque, quel-
quefois quelques jours plutôt, qu'apparaissent les vents régu-
liers propres à la saison sèche.
Il faut remarquer que des six mois qui constituent l'hiver-
nage, le premier et le dernier, juin et novembre, sont des
mois de transition d'une saison à l'autre; de sorte que Ton
peut dire que la saison sèche est de six mois complets, tandis
que l'hivernage ne présente des caractères bien tranchés que
pendant les quatre mois des pluies.
Si nous reconnaissons que dans la saison sèche, dont nous
allons parler, le Sénégal jouit sur plusieurs peints d'un très-
l)on climat, il ne faut pas oublier que les graves atteintes de
rhivernage font sentir leur effet assez avant dans la saison
sèche. L'atmosphère ne présente jamais assez de qualités
hygiéniques et curatives pour rétablir suffisamment les con-
valescents des maladies de l'hivernage et compenser par son
effet bienfaisant l'effet nuisible de cette mauvaise saison.
310 CLIMAT DU SÉNÉGAL.
II. — Climat du Sénégal pendant la saison sèche.
Dans la saison sèche, de la fin de novembre au commence-
ment de juin, nous ne trouverons plus l'uniformité climaté-
rique qui était propre à Thivernage. La saison sèche com-
prend l'hiver et le printemps.
Dans les régions du littoral l'hiver et le printemps se res-
semblent tellement, que la distinction entre ces deux saisons
n'a pas lieu d'être faite. Dans les régions de l'intérieur nous
trouvons au contraire une différence énorme entre les tri-
mestres correspondant l'un à l'hiver, l'autre au printemps.
Examinons d'abord les propriétés climatériques, communes
aux diverses régions du Sénégal pendant la saison sèche, tant
que ces propriétés ne présentent que de légères modifications
d'un pointa un autre; nous chercherons ensuite les diver-
gences.
La sécheresse est la seule propriété caractéristique de cette
saison, la dénomination de saison fraîche ne lui est applica-
ble qu'en certains points^ou dans certains mois.
Relativement à la saison précédente, les moyennes hygro-
métriques se sont alors abaissées, les pluies ont disparu, on
pourrait dire complètement, si, à de rares intervalles et très*
irrégulièrement, suivant les années, ûe survenaient quelques
légers grains de pluies mouillant à peine le sol.
Les rosées des nuits, malgré leur abondance, n'influent sur
l'humidité générale que très-légèrement, ce sont d'ailleurs des
phénomènes trës-irréguliers, malheureusement fort incom-
plètement étudiés.
Les vents sont la cause apparente de la saison sèche. Leur
régularité dans cette saison est générale et s'étend à toute la
Sénégambie, comme à toute la portion de TAtlantique com-
prise sous les alizés. On peut voir par la carte. qui résume nos
recherches, que cette direction varie peu dans l'hiver et le
printemps d'un point a un autre du Sénégal. Les différences
CLIMAT DU SÉNÉGAL. 311
locales sont peu importantes. Les vents dominent du N à 1^.
Une résultante voisine du NNF^ est celle de tous les vents dans
tous les points. Les brises de NO apparaissent bien comme bri-
ses locales à Saint-Louis, celles de NO et d'O se nuinifestent
aussi parfois à Dagana, mais ces vents le cèdent toujours en
fréquence au vent du quart de cercle NE.
La température est le phénomène sur lequel les divergences
des climats locaux se mettent le mieux en évidence. Si, dans
rbivernage, nous avons pu indiquer une moyenne générale
de 27^ comme voisine de la température moyenne de toutes
les parties du pays ; dans la saison sèche, une détermination
analogue serait une inexactitude. Il n'existe pas de tempéra-
ture moyenne commune pouvant s^appliquer à tous les points
du Sénégal et encore moins aux diverses époques dont se
compose la période des six mois de la saison sèche.
Sur le littoral^ à Saint-Louis, à Corée, la température os-
cille pendant la saison sèche, dans une étendue déjà assez
grande, autour d'une moyenne de 20^,4. Mais cette moyenne
est très-inférieure à celle correspondante pour le poste de
Bakel; cette dernière moyenne présente une importance mé-
diocre. En effet, à Rakel et dans les pays voisins, la saison sèche
se divise en deux saisons excessivement tranchées : Thiver et
le printemps, n'ayant de commun que la régularité des vents,
Tabsence des pluies et une sécheresse très-variable elle-même ^
A Saint-Louis, à Corée, nous trouvons des caractères pres-
que identiques entre l'hiver et le printemps. Température
moyenne à peu près la même. Moyenne mensuelle décroissant
régulièrement en décembre, janvier et février, et croissant en
mars, avril et mai avec une régularité peu différente de la ré-
gularité du mouvement de baisse.
A Bal^el, l'hiver et le printemps présentent une différence
considérable dans leurs températures. Celles de Tbiver est la
plus basse de celles des quatre trimestres, celle du printemps
lui est supérieure de &" et dépasse la température de Tété et
celle de Tauiomne.
Sur le littoral^ la saison sèche est constamment une saison
312 CLIMAT DU SÉ2fÉ«AL.
fratche ; dans rintérieur, la saison sèche est : en hiver, une
maison fratcbe; au printemps, un^ saison chaude et même
plus chaude que l'été et Tautomne qui constituent Thivernage.
Sur le littoral, la saison sèche contient les mininoa les (dus
faibles de TannéCi rhîvernage, les maxima ordinairenaent les
plus forts et les plus fréquents.
Dans rintérieur, la saison sèche contient les minima les
plus faibles (hiver), et en même tempï) les maxima les plus
élevés de l'année (printemps). De telle sorte que sur le lifr
toral il n'y a annuellement qu'un seul minimum (saison
flèche), et un seul maximum (hivernage), tandis que dans l'in*
térieur il y a annuellement deux minima et deux maxima des
températures moyennes mensuelles ; le minimum extrême et
le maximum extrême setrouvenlpIacéstrès-prèsTundeTautre
dans la saison sèche. Mais nous nous sommes déjà suffisam*
ment étendus sur ce sujet, en nous occupant du climat de
Bakel.
Ce sont ces divergences qui font de la saison sèche sur le
littoral un climat frais, agréable, doux, à variations très- faibles
à Corée, un peu plus étendues à Saint Louis, mais toujours
modérées et très-inférieures à celles des climats de l'Europe.
Ce climat est alors excellent pour l'Européen, qui n*a de pré-
cautions à prendre que contre la réfrigération causée par les
vents souvent énergiques et les variations de l'état hygromé-
trique du jour à la nuit, variations très-considérables aux-
quelles est due une apparente variation de température que
n'accusent pas les thermomètres.
Dans rintérieur, l'hiver est frais et presque aussi agréable
que sur le^ littoral. Mais, brusquement, avec le printemps,
des vènls d'E brûlants ne tardent pas à rendre le climat în*
Jûpportable, en élevant pendant des journées entières la tem-
pérature au niveau et même au-dessus de celle du co^s hu^
main. Cette chaleur et cette sécheresse deviennent tellement
pénibles que lorsquel'faivernage survient^ en débutant par une
baisse réelle de la température^ cette saison qui^ sur le littonU^
annorte i l'Européen un climat nouveau el redotité> eBi ao*
CLIIIAT DU SÉNiGAL, 313
cueilli arec Joie par Tbabitant de Bak:el et de Médine. Il est
yrai que l'Européen ne tarde pas à reconnaître que l'effet
d'une chaleur ëleTée, toujours humide et coastantOi est plus
dangereux encore qu'une chaleur sèche, quelque éleTée
qu'elle soit.
Les postes situés entre Bakel et Saint*Louis ont des climats
jouissant tan tôt. des propriétés de celui de Bakel, tantôt de
celui de Saint-Louis. A Podor et à Dagana les maiima s'élè-
vent aussi haut qu'à Bakel, mais ils sont plus rares et d'une
durée moindre. Bien qu'au printemps la température fasse
une ascension brusque sur celle de l'hiver, cette température
reste au-dessous de celle de l'été.
Dès que l'on s'éloigne de la côte, les maxima exagérés, dus
aux vents d'E, donnent aux climats des propriétés semblables
au climat de Dagana et se rapprochant de plus en plus des cli-
mats de Bakel et de Hédine.
La différence existant entre le littoral de notre colonie et
l'intérieur est donc excessivement tranchée. Elle tronve son
explication dans le voisinage de la mer, d'une part, et le voi-
sinage du désert, d'autre part.
m. — État sanitaire du Sénégal.
Toutes les fois que nous en avons trouvé l'occasion, nous
avons indiqué les relations existant entre les influences cli-
matér iques et les maladies des Européens. Nous réservons la
discussion de la valeur de ces relations pour une nouvelle
élude à laquelle nos recherches sur le climat du Sén^al ser-
viront de base. Nous nous bornerons à donner ici un tableau
statistique indiquant l'état sanitaire du Sénégal, suivant les
variations de tem[is et de lieux. Ce tableau a servi à la cons-
truction dé notre carte; il est extrait des recherches statisti-
ques faites dans la colonie pendant vingt ans^ à Saint*Louis et
à Corée, et pendant un nombre d'années variant . de trois i
3i4
CUVAT DU SÉNÉGAL.
cinq pour les autres localités. Ces chiffres nous ont été fournis
par M. Bérenger-Feraud, médecin en chef du Sénégal. Ils
concordent avec ceux que nos recherches personnelles nous
avaient permis de trouver, tout en étant beaucoup plus com-
plets. Ils pourront servir à établir, pour chaque mois, les rap*
prochements et les comparaisons que notre carte donne seu-
lement pour les quatre trimestres de Tannée.
Vablemi dp Véimi ••nitalre df dlTcrt postes du Sénégal.
Nombre des entrées à î'hépital pour maladies endémiques
sur 100 hommes de garnison.
,
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MOIS.
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Décembre • . .
8
11
47
16
90
86
47
64
Janvier
5
9
32
24
105
96
36
60
Février
7
6
29
25
81
99
32
50
Mars
5
7
26
31
107
59
27
49
Avril
4
5
40
25
86
78
20
33
Mai
5
5
6
6
23
17
16
31
54
67
63
47
18
26
37
54
Juin
Juillet
6
7
19
21
58
76
23
75
Août
19
10
33
46
83
36
88
«0
Septembre. . .
18
il
66
96
75
63
111
72
Oclobre
18
16
43
51
88
89
91
60
Novembre...
7
15
44
29
197
25
137
98
523
86
481
59
m
Saison sèche.
34
180
293
Hivernage...
73
107
65
109
207
270
469
397
878
398
578
396
Année
404
407
992
689
On pourra fiteilement rapprocher ces données statistiques,
ainsi que celles que le docteur Bourgarel nous a fournies pour
}a période de nos obsertations météorologiques en 1873-1874
» »
CLIMAT DU SENEGAL. 315
(Y. pi. Xlli), des tableaux météorologiques contenus dans ce
volume.
Nous formulerons en quelques phrases les résultats les plus
saillants que fournissent ces rapprochements.
— L'insalubrité d'un point quelconque du Sénégal augmente
ou diminue très-régulièrement avec la température moyenne
mensuelle.
— D'un point à un autre de la colonie, Tinsalubrité var ie,
règle générale, proportionnellement aux températures moyen-
nes de ces points.
— L'ordre dans lequel se placent les divers |M>stes relative-
ment à leur insalubrité est le môme que celui dans lequel se
rangent les températures moyennes annuelles.
— Les oscillations tbermométriques mensuelles ou diurnes
ne piésentent aucun rapport direct avec les maladies endé-
miques.
— C'est une erreur d'attribuer l'insalubrité du Sénégal à
des variations de température, qui sont plus faibles que celles
observées en Europe et toujours très-faibles dans la mauvaise
saison.
— Les variations hygrométriques diurnes, malgré leur
étendue, n'ont aucune relation directe avec les maladies
endémiques.
— Les maladies sporadiques, chez les Européens et chez les
indigènes, sont au contraire en raison de l'étendue des varia-
tions de température et des variations dans l'état hygromé-
trique.
-^ De cette dernière proposition, résulte la vérité de cet
adage des indigènes : La pousse des feuilles du baobab
(Adansonia digilata) annonce la mort des blancs (hivernage),
La chute des feuilles de cet arbre annonce la mort dés noirs
(saison sèche).
— Les forts maiima de la température n'agissent sur la
constitution médicale que lorsque leur fréquence est assez
grande pour élever la température moyenne.
-r Les pluies aggravent l'insalubrité de l'hivernage^ mais
316 CLIMAT DU SÉNÉGAL.
leur iofittence sur la constitution médicale est moindre que
celle de la température (à Bakel et à Médine, l'hivernage est
moins malsain que la çaison sèche).
— Les vents ont une influence considérable sur Tétat sani-
taire: cette influence varie selon l'exposition des localités. Sur
le littoral, les vents d'O sont les plus sains; c'est le contraire
dans l'intérieur.
— Les observations d'ozone faites au Sénégal nMndiquent
aucun rapport simple entre l'abondance de l'ozone et l'état
sanitaire.
Les diverses propositions que nous venons d'énoncer sont
surtout applicables aux Européens pour lesquels les maladies
endémiques envahissent le domaine de la pathologie, ne lais-
sent qu'un faible rôle aux affections sporadiques.
Les épidémies sont toujours extrêmement graves au Séné-
gal. Le choléra a plusieurs fois ravagé la population noire,
n'atteignant que faiblemept les Européens, ainsi que cela
s'observe en Gocbinchine.
La fièvre Jaune présente pour ces derniers une épouvantable
gravité, comme on peut en juger par les chiffres suivants
extraits du livre de M. Bérenger-Feraud (1).
En 1830, à Saint-Louis, sur 6S0 Européens, 600 atteints, 318 morts.
i830, à Gorée,
— 180
—
144
..
82
1837, à Corée,
— 160
—
80
-^
46
1859, à Goiée,
— 267
^
244
—
162
1866, à Corée,
— 250
—
178
— .
83
(1) V. De la ^èvre jaune au Sénégal^^. 116-U9-122.
CONCLUSIONS
En résumé, il existe au Sénégal deux saisons dont les phé-
nomènes météorologiques sont tellement tranchés^ que toute
étude du climat de cette contrée devra prendre pour base cette
division de Tannée.
La première de ces saisons, de décembre à la fin de mai,
est sèche, fraîche et très-agréable, bur les points du littoral où
se trouvent les centres commerciaux. Elle est saine et permet-
trait un acclimatement facile à l'Européen et un développe-
ment très-rapide de la colonisation, si elle n'était pas rem-
placée par une saison des plus funestes aux Européens. Dans
rîDtériear, cette saison sèche n'est douce que dans les trois
mois de l'hiver, puis elle devient une période de chaleurs in-
tolérables dues au voisinage du désert; ces chaleurs rendent
alors llntérieur du pays presque aussi dangereux à habiter
que dans Thivernage.
L'bivernage survient vers le milieu de juin et dure jusque
vers la fin de novetnbre; les quatre mois du centre de
cette saison sont accompagnés de pluie. Elle est semblable à
l'hivernage de la plupart des régions équatoriales et tropi-
cales; mais présente une constitution médicale qui place le
Sénégal au rang des régions les plus insalubres du globe.
I/habitaut du Sénégal, le commerçant qui peut fuir régu-
lièrement eu Europe, de la fin de jum à la fin d'octobre,
peut vivre longtemps à l'abri de toute maladie. De très*nom-
breux exemples témoignent en faveur de cette assertion.
318 CONCLUSIONS.
Dans la saison sèche, les hôpitaux sont vides, les maladies
légèfes» Dans rhiirernage, tout le monde est plus ou moins
malade, les hôpitaux sont tro|i petits» la maladie est Tétat
habituel de tous les Européens, et, en dehors même des temps
d'épidémie, la mortalité est considérable.
Il noas resterait à comparer le climat du Sénégal à celui
des autres colonies que nous possédons dans différents points
du globe. Des documents précis relatifs à ces autres colonies
peuvent étt*e recueillis. C'est une étude que nous espérons
pouvoir entreprendre, lorsque nous aurons complété celle du
Sénégal, par Tétude de la question de l'acclimalement de
l'Européen danç ces contrées, et des règles d'hygiène qu'il
doit suivre pour vivre et résister aux influences de ce climat
destructeur.
Nous nous bornerons à indiquer en quelques mots nos
idées générales sur ce climat. Dans l'hivernage, le climat du
Sénégal présente une grande analogie avec celui de Cochin*
chine et avec celui des côtes de Madagascar, dans la môme
saison; nous pouvons, par notre propre expérience, affirmer
celte similitude de points fort éloignés par la distance, mais
se rapprochant par leur insalubrité.
Dans la saison sèche, le Sénégal n'est compar^le à aucune
des régions tropicales que nous connaissons. C'est un climat
spécial ; il trouve son analogie, non sous les tropiques, mais dans
les régions limitrophes du grand désert. Cest au 8 du Maroc
et de TAlgérie, en Egypte, et sur les bords de la mer Rouge,
qu'il faut chercher des points de comparaison si l'on veut
trouver des phénomènes climatériques analogues à ceux ob-
servés au SénégaL
TABLE DES PLANCHES ET HGURES.
Carte da dlmat et de l'étet tÊaUdn in Sénégal, SDirant les taiiona. l
Gorôe.
I. — Eipotffion des instraments à rhôpital de Corée 13
n. -*- Roses mensuelles des vents à Corée 68
III. — Roses horaires des vents suivant les saisons 80
IV. — Roses des vents forts et roses des vents faibles 86
V. — Hauteurs mensuelles des pluies, à Corée , pendant huit hivernages . 110
VI. -« Moyennes météorologiques et état sanitaire^ Corée (année
moyenne] 17S
Saint-Louis.
VII. — Plan de Saint-Louis 146
VIII. — Ecole des frères et observatoire 153
IX. — Plan de Tabri thermométrique 155
X. -» Roses mensuc;lles des vents à Saint-Louis 175
XL — Hauteurs mensuelles des pluies dans huit hivernages 184
XII. — Hauteurs quotidiennes des pluies dans Thivernage 1873 ... 186
XIII. ^ Moyennes météorologiques et état sanitaire , Saint-Louis
(1873-1874) 209
BakeL
}(IV. — Hauteur des eaux du fleuve an-dessus de Tétiage, de cinq 6n
cinq Joursy pendant Tannée I87I9 à Bakel et à Dagana. • 1 » • • ?98
TABLE DES TABLEAUX MÉTÉOROLOGIQUES
I. — Climat de Gorée.
Année moyenne. Température moyenne conclue de dix ans (1856-
1866) 16
Pression barométrique conclue de quatre ans (1856-58-59-60). ... 16
Tension de la vapeur et humidité relative dans une année moyenne
conclue de quatre ans 17
Moyennes annuelles de 1841 à 1850 27
Moyennes mensuelles dans une année moyenne conclu» de dix ans
(1841-1850) • 27
Températures moyennes des saisons pendant dix années météorolo-
giques (1856 à 1865) 29
Mouvement de la température pendant Tannée 35
Relation entre la marche du soleil et la marche de la température au
Sénégal 39
Températures extrêmes observées de 1856 à 1865. . 47
Oscillations mensuelles du thermomètre pendant dix ans (1856-1865). 52
Oscillations mensuelles delà température, pendant Tannée 1859, à Brest
et à Gorée 56
Les plus fortes oscillations nychtémérales du thermomètre pendant
dix ans. , 58
Les plus fortes oscillations nychtémérales observées pendant Tannée
1869, à Brest et à Gorée i 59
Force relative des différents vents à 4 heures du soir en 1860 ... . 83
Force des vents suivant lessaisonii 87
Hauteurs mensuelles des pluies à Gorée pendant huit ans 103
Dates des premières pluies importantes pendant huit ans 113
Tension moyenne de la vapeur d'eau et humidité relative moyenne, à
Gorée, dans les trois premiers mois de 1874 126
Etat général de l'atmosphère en 1860 135
Nombre de jours de ras de merée dans Tannée moyenne 143
II. — Climat de Saint-Louis.
Températures, moyennes mensuelles pendant quatre années, d'après les
moyennes de quatre observations quotidiennes (1862-68-69-70). . 159
Températures dans une année moyenne déduite de quatre années. . 160
21
322 TABLE DES TABLEAUX MÉTÉOROLOGIQUES.
Résamé des observations de la température faites en 1873-74 sous la
direction de Fauteur 161
Températures extrêmes pendant six années 167
Nombre de jours dans lesquels le maximum de la température a
atteint ou dépassé à Saint-Louis SOo (dans cinq années). ...... 169
Plus fortes oscillations nycbtémérales de la température pendant cinq
ans 171
Influence des vents sur la température à 1 heure du soir, en 1873-7i. 172
Hauteurs mensuelles en millimètres ée 4a pluie pendant iSept années
à Saint-Louis. — Nombre des jours de pluie . 182
Evaporation, pluie et ozone. Résumé des observations faites en 1873-
1874 1«
Influence des vents sur révaporation dans la saison sèche 1874. . • 195
Evaporation maxima en 24 heures 197
Hauteurs moyennes du baromètre k SaiatpLoals (1879-74XOi6âtatloiis
et extrêmes . 199
Etat hygrométrique de juillet 1873 À juin 1874 2(H
Extrêmes de Tétat hygrométrique pendant trois mois, à Saint-
Louis et à Corée 207
Influence des vents sur l'état hygrométrique 213
Nombre des tornades et orages observés aux différents postes de la
ligne télégraphique de Saint-Louis à Dakar, pendant Thivenui^e de
1873 287
Proportion des orages le jour, la nuit 299
Heures des tornades et orages observés en juillet 1873, sur six points
de la ligne télégraphique 244
m. — Climat dB Dagamà.
Résumé des observations de température faites par l'auteor en 1869. 2&5
rV. — Climat de B&kel.
Températures moyennes et extrêmes (1860-61) ' 278
Oscillations mensuelles du thermomètre à YersalUes et à Bakel (1860'
1861) ' 290
Les plus fortes variations diurnes observées à Bakel (1860-61). . « ^ ' 291
Températures moyennes de onze points de la côte occidentale d*Afriqa«w » 305
Tableau de l'étal sai]dtaire des divers postes du Séuiégai 314
Mortalité dans les épidémies de fièvre Jaune 316
•»^r-
TABLE DES MATIÈRES.
laTAODUCTION Xf
PREMIÈRE PARTIE. ^ Climat de l'Ile de Ocrée et de
la presqu'île du Gap- Vert.
Chapitre I 1
Eléments des climats 1
Marche du soleil au Sénégal 2
Aperçu topographiqiie sur la presqu'île du Cap-Vert. — Nature
du sol. — Port et ville de Dakar 3
Ile de Gorée 8
Observations métëorologiques, mode d'observation, instruments,
leur exposition, noms des observateurs 10
Gbap. II. — Température
Température moyenne de Tannée 18
Températures moyennes des saisons . . . . ' 28
Températures moyennes des mois 32
Marche de la température pendant Tannée et pendant les saisons. 33
Relation entre la marche du soleil et celle de la température . 37
Marche de la température pendant le jour 43
Températures extrêmes 46
Variations thermométriques ; ^ 49
Appréciation physiologique de la température 60
GOAP. III. — Vents
Roses deê vents de llle de Gorée 87
Fréquence des tenls selon leur direction dans les différents
mois 80
Fréquence des calmes suivant les mois , , 74
Direction moyenne et fréquence relative des vents suivant les
saisons 75
324 TABLE DES HATEbESS.
Direction et fréquence des Tenta suivant les henres 79
Force des vents. — Fréquence des veots, saivant leur force fft
leur direction 82
Force des vents suivant les saisons .• ; 87
Relationsentreles vents et le^ autres phénomènes méCéorologiqaec 88
Propriétés des différents vents à Gérée et dans la pnesqulle dv
Cap-Vtrt, particulièrement au point de vne de l'hygiène. >^
Salubrité variable de différents points de cette région. ... 91
CaAP. IV. — Des pluies, « , • . . .
Importance de l'étude des pluies, influence des pluies sur Tétat
sanitaire 99
Tableaux des pluies 102
Mode de répartition des pluies pendant le cours de Tannée '. 104
Pluies pendant la saison sèche 107
Pluies pendant l'hivernage 109
Dates des premières pluies importantes 112
Principales remarques sur les pluies ....'.-...'...." 113
Influences des pluies sur la végétation. — Blftëreucé ait ]poînt
de vue sanitaire entre les villes de Gorée et de Dakar. . '. . 116
Chap. V. — Pression atmosphérique
Observations barométriques faites à Gorée ! 120
Hauteur moyenne du baromètre ',..'.'. 121
Variations de la pression «itmesphérique dans Patoée.. ... 122
Osoiilations baroméirt^ue^ dforBeft : .::... 123
GiUP. VI. — Etat hygrométrique ; . . : .*.'...'.
Observations psychrométriqu es faites à Gorée : : '. . . :'.'.■ 126
Variations annuelles de l'état hygrométrique." . .-....«. 127
Variations quotidiennes de l'état hygroo^éU^igi^;», .. . •! ^ . v . 130
Extrêmes de la sécheresse ou de rhumidité de l'air^. » ^ * --^i'** 1^
Chap. VI!. — Etat général de Vatmosphèfe\dé queiqàcs aiitrei phéno-
mènes naj^urels '.*■« —j»; , »v'^* k .- • i ♦ * »' 1
Aspect du ciel , 134
^.' Dans la saison sèche . . / . 137
B. Dans la saison d'hivernage 140
De quelques autres phénomènes naturels.— Déclinaison magn^
tique. — Ras de marée. — Ozone, etc. . . ... . -, • • • ». 1*2
*' «..,«/. h " " uiî
TABUS DBS HATliRBS.
32»
DEUXIÈME PARTIE. — Climat de Saint-LouiB,
GmpiTRff I ". • • • t\e
lp«rca topographique. .' 147
OteenratioDS météorologiques 148
ObservtUoDS fair«8 à Saint-Louis, en 1873 et 1874, bous la direc-
tion de l'autour 150
Obseryatoire de Técole des Frères 152
Instruments 156
Heures et mode d'observation 157
Gbap. II. — Température 159
Observations tbermométriques. — Tableaux , . . 159
Moyenne de la température 162
Notice sur la déterminatiou de la température de Talr, par
E. Reuou 163
Marche de la température 166
Températures extrêmes 166
Variations thermométriques 471
Relations entre les vents et la température 172
GsAP. III. — Des vents 174
Observations. 174
Régime des vents 174
Propriétés des différents vents à Saint-Louis l'9
Chap. IV. — Des pluie» ^ 181
Observations » 181
Régime des pluies à Saint«Loais . ....•• 188
Chap. V. — De révapûration 190
Observations. 190
Influence des vents sur l'évaporation 194
Ghap. VI> — Pression atmosphérique 198
Chap. VII. — Etat hygrométrique. . 203
Observations 203
Moyennes et extrêmes hygrométriques. '. 205
Variations annuelles de l'état hygrométrique 208
À. Quantité absolue de la vapeur d'eau contenue dans Talr . . 208
B. Humidité relative. 210
Variations diurnes de l'état hygrométrique 210
À. Quantité absolue de la vapeur d'eau . 210
B. Humidité relative 212
Influence des vents sur l'état hygrométrique 212
926 TABIJS IffiS KATIÈftB».
Chap. VIII. — Oxone 216
Ghap. IX. — Des orages tt iei tornades sur le littoral du Sénégal . .
Obfiervations ^ , %H
Des orages 326
Des tornades « « • 230
A quelle époque de l'année se moutreotli» orages et les tonuule». 235
A quel moment, du Jour on de la nuit, les orages se montrent-
ils de préférence 7 , . 239
Quelle est la durée des orages) 239
Chute de la foudre 240
De la nature des tornades %h%
À, Quelle est la vitesse de translation d'une tomad<ii d'un
point à un autre? 242
B. Quelle étendue peut avoir en diamètre une tornade ?j . 245
C Les tornades ont- elles un mouvement gyratoire qui leu^
est propre? • • * • 2^^
1 1
TROISIÈME PARTIE. — Climat de Daflaaa,
Ghapitbb I. -« Climat de Dagana w
Situation du poste de Dagana 251
Observations météorologiques faites à Dsgana 252
CtaAP. II. — Température ..,,,.,.,,.,. 254
Température moyenne t . . 2^
Marche de la température de Dagana pendant Tannée .... 256
Températures extrêmes 257
Oscillations thermométriques 259
Gbap. III. — Des vents 262
Observations 2d2
Variations des vents dans Tannée 262
Variations diurnes des vents. . . ^ . ..' ^^
Propriétés des différents vents de Dagana. ... 265
Gbaf. IV. — Pluies, orages, tornades 271
QUATRIÈME PARTIE. *^ Climat de Bakel.
CSiApiTRE I. — Situation de Bakel 273
Observations météorologiques 275
CbUP. II. ^ Température 277
Température moyenne de Tannée 277
Température moyenne des aataonir. . . ."."."r". .'"T." 279
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