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Full text of "Recherches sur le climat du Sénégal"

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LE 



CLIMAT DU SENEGAL 



VERSAILLES. — IMPRIMERIE DE E. AUBERT 



6, avenue de Sceau. 



RECHERCHES 



SUR LE 



CLIMAT DU SÉNÉGAL 



PAR 



A. BORIUS 



DOCTBUB BN MÉDECINE, MÉDECIN DE PREMIÈRE CLASSE DE LA MARINE 

CHEVALIER DE LA LÉGION-D*HONNEUR 
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE FRANCE 



r^ 



m '. 



OUVRAOB 

Accompagné de Tableaux météorologiqaes, 
de m Planches dans le texte 

et d*une 

Carie dm ellmmt et de l'état sanitaire dm Sénéfal 

suivant les saisons. 



PARIS 

GAUTHIER-VILLARS, LIBRAIRE-ÉDITEUR 

55, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55 

1875 



* ^ .^ 



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V V « 






/ 



* I 



A MON BEAU-PÈRE 



A.. LA. BORDE 



COTÊMXUàSBM GÉN ÉBAL DK Là MllDIE 



Hommage respectueoi 



▲. B0RIU8. 



.^ 



Un séjour prolongé dans nos colonies a dirigé nos tra- 
vaux vers l'étude des maladies des Européens dans les 
pays chauds et porté notre attention sur les règles d*hy- 
giènes qui doivent être suivies sous les tropiques. Voulant 
étudier plus spécialement la question de Tacclimatement 
des Européens dans ces régions, nous avons été arrêté 
des le début. Nous observions, au Sénégal : quel est le cli- 
mat de cette contrée ? 

Pour répondre à cette question fondamentale, il nous a 
fallu faire les recherches qui font le sujet de ce livre. 

Notre colonie du Sénégal, aussi intéressante au point de 
vue scientifique qu'au point de vue commercial ou militaire, 
a été le sujet d'études multiples^ il est vrai, mais presque» 
toujours incomplètes. Les ouvrages et traités généraux ne 
donnent sur cette colonie que des renseignements d'une 
insuffisance notoire, surtout lorsqu'il s'agit de son climat. 

Le Sénégal étant une vaste contrée, limitée par la mer à 
ro, par le désert au N, traversée par un grand fleuve, ayant 
dans son intérieur de nombreux marécages, des forêts et de 
vastes étendues désertes, doit présenter une grande va- 
riété de climats. 11 est donc impossible de faire la clima- 
tologie générale de cette contrée, avant d'avoir fait des 
recherches sur la météorologie de ses principaux points. 



m 



Nous pouvons actuellement étudier, d'une manière 
plus ou moins complète, un certain nombre de nos postes 
ou comptoirs, tels que Bakel, dans le haut Sénégal ; Da- 
gana à l'un des points le plus nord du cours du fleuve ; 
Saint-Louis et Corée sur le littoral. 

Ces deux dernières villes jouissent des bénéfices de 
leur situation maritime. Ce sont des localités à climats 
uniformes, ou du moins peu variables. Les autres points 
occupés par la France sont, pour la plupart, situés dans, 
rintérieur des terres et peuvent rentrer dans la icatégorie 
des régions à climats variables. 

Nous chercherons à détruire, autant que possible^ la 
regrettable confusion faite, presque partouti, entre >le icli-* 
mat de l'intérieur du Sénégal et celui de iwn./littoiral. 
Si, au point de vue de l'agglomération des po|>ulMioBs 
européennes, l'intérieur du pays offre un moin4re infc^t, 
il présente, au point de vue des recherches scientifiques, 
un sujet de la plus haute importance. 

Saint-Louis et Corée étant des centres de population 
civilisée, doivent nous fournir les premières bases de Aos 
recherches, les éléments les plus précieux de notre. I^ar 
vail. En prenant pour point de départ Corée, localité 
maritime dans laquelle les vicissitudes atmosphériques 
sont moindres, nous débuterons par les questions le^ 
moins compliquées, et nos recherches marcheront du simr 
pie au composé. Indépendamment de la logique de icette 
méthode, cela nous permettra d'étudier en premier lieu 
les centres principaux de commerce où résident les Eu- 
ropéens. 

Le travail que nous présentons peut être considéré 
comme le résumé de vingt années de recherches, faites par 
les médecins et les pharmaciens de la marine qui ont ha- 
bité cette colonie. Nous y avons joint nos propres obser- 



XIII 

Tations et les résultats d'une expérience de cinq années 
passées dans diverses parties de cette contrée. 

Les rapports médicaux, les journaux météorologiques 
de nos collègues de la marine ont été largement utilisés. 
Nous aurons toujours soin d'indiquer les noms des obser- 
vateurs dont nous avons préféré les travaux. 

Adressons ici nos remerciements à M. Ch. Sainte-Claire 
Deville, inspecteur général des établissements météorolo- 
giques, au savant membre de l'Institut qui donne par 
ses travaux une si forte impulsion à une science dont il a 
démontré la haute utilité et dirigé les méthodes. Nos pre* 
miers essais ont été accueillis par ses encouragements ; 
ses cohseils ont guidé nos observations les plus impor- 
tantes. Nous remercions aussi : M. le colonel Yalière^ 
gouverneur du Sénégal ; M. Roux, inspecteur général 
du service de santé de la marine ; M. Rochard, directeur 
du service de santé ; MM. Chassaniolet Bourgarel, méde- 
cins en chef du Sénégal ; tous nous ont donné des encou- 
ragements. Nous remercions notre ami, le capitaine du gé- 
nie Kiénné, de l'aide que nous ont apporté la précision de 
son jugement et son talent de dessinateur ; nous n'oublie- 
rons pas nos zélés collaborateurs au Sénégal, les Frères 
de Ploêrmel. 

Exprimons tout particulièrement notre reconnaissance 
à nôtre excellent médecin en chef, M. Bérenger-Feraud. 
Pendant notre dernier séjoiu: au Sénégal, il a été pour 
nous, non-seulement un savant professeur de clinique 
médicale, un maître hardi et sûr en chirurgie, mais un 
ami dont l'énergie au travail nous a donné l'exemple et 
dont les encouragements nous ont soutenu pendant toute 
la durée de nos recherches. 

L'un des hommes qui possède le plus d'autorité dans la 
science faisant le sujet principal de ce livre, M. Renou, le 



uv 

savant directeur du laboratoire des recherches météorolo- 

* 

giques, au parc de Saint-Maur, a droit à notre vive grati- 
tude pour l'accueil bienveillant qu'il a fait à notre œuvre, 
les critiques dont 11 nous a éclairé et les notes qu'il a 
bien voulu nous communiquer. 

En présentant ce livre, nous avons la conviction de 
^on utilité. Nous nous sommes souvenu d'une phrase 
de M. Renou : & Un travail fait conseiencieusement a 
toujours une certaine valeur, il y a toujours quelque 
chose de bon à en tirer. » 



DIVISION DE L'OUVRAGE. 



1" ^ÀitTiE. — > Climat de TUe de Gorôe. 

2* PARTIE. -^ Climat de Saint-Louis* 

3« PARTIE. — Climat de Dagana. 

4* PARTIE. — Climat de Bakel. 

5« PARTIE. — Climat du Sénégal en général. 



CLIMAT DU SÉNÉGAL 



PREMIÈRE PARTIE 



CUHAT DE eORfiB ET DE LA PRESQU'ILE DU CAP-TERT 



1 • ■ 



CHAPITRE I. 



i I. _ ÉMmeuto des dimats. 



Oa entend par climat la constitution générale de l'atmo- 
, sphère d'un lieu. 

I Les phénomènes météorologiques sont dans une dépendance 
^ mutuelle qui embarrasse celui qui veut entrer pour les étudier 
dans le cercle des causes qui forment les climats. Il faut de 
toute néc^sité prendre un des chaînons de ce cercle et suivre 
dans son étude une marche qui paraîtra toujours plus ou 
moins arbitraire. 

Les principales causes qui influent sur le climat d'une loca- 
lité sont : 

La position géographique avec laquelle est en relation Tac- 
tion du soleil, 

I 1 



2 CLIMAT DE COREE. 

Le Toisinage ou réloîgnement de la mer. 

l/éléyation da terrain au-deasus du niveau de la mer. 

La nature géologique du sol. 

La pente générale du terrain et ses expositions locales. 

Le degré de culture et de population. 

Plus ou moins modifiés par ces causes locales^ agissent les 
agents météorologiques généraux : vents^ chaleur^ pression 
atmosphérique^ humidité^ pluie. 



IL — Marche du soleil au Sénégal. 

L1le de Corée est située dans rhémisphère nord par 
i4<' 39' 55" de latitude et par 19'' 45' 00'' de longitude ouest de 
Paris. 

Il résulte de cette situation de notre colonie dans les régions 
tropicales^ que le soleil y passe deux fois au zénith dans l'an- 
née. Une première fois au printemps, vers le 29 avrils une se- 
conde fois en été, vers le 12 août. Le plus grand éloignement 
du soleil au nord est de O"* environ au moment du solstice 
d'été. Son éloignement maximum au sud a lieu en décembre 
au moment du solstice d'hiver, il est alors de dS*'. Il en 
résulte que les habitations dans cette colonie se trouvent iné- 
galement échauffées suivant la saison : le soleil les frappe au 
nord pendant trois mois et demi et au sud pendant le reste do 
l'année. L*architecte comme Thygiéniste devra tenir compte 
de cette particularité dans la construction de nos demeures. 
Ainsi par exemple : une maison ayant pour façade une galerie 
couverte, dans le genre de celles de nos bonnes habitations 
coloniales, aura cette galerie trop chaude au début de l'hiver- 
nage et trop fraîche pendant la saison froide, si elle est ex- 
posée au nord. Si, au contraire, elle est exposée au sud, ce 
sera pendant la seconde moitié de Thivernage aux mois d'août 
et d'octobre que cette galerie deviendra presque inhabitable; 
de plusi, elle sera frappée par le soleil pendant toute la saison 
sèche. La meilleure disposition pour les galeries qui entourent 



TOPOGIIAPHIS. 8 

les maisons nonsparalt étre^ en vue delà protection des appar^ 
temenls^ l'est et Touest de ces maisons. 

La situation du parallèle de Corée entre les tropiques rend 
suffisamment compte de la force des rayons du soleil dans 
cette localité. A midi ces rayons tombent en effet perpendicu- 
lairement sur la surface du sol deux fois par an et ne s'éloi- 
gnent de la normale que de 38* au plus. 

Quoique beaucoup moins prononcée que dans nos climats 
d'Europe, l'inégalité des jours et des nuits influence très-sen- 
siblement la marche de la température. Les plus longs jours 
ont 12'' 57" au mois de juin^ les jours les plus courts sont de 
11^ d'^ en décembre. Il en résulte que les végétaux jouissent 
de la lumière solaire environ deux heures de plus en juin 
qu'en décembre ; ce qui suffirait pour expliquer la différence 
qui existe au Sénégal dans, l'énergie de la végétation à ces deux 
époques, si d'autres causes ne venaient s'ajouter à celle-ci. On 
trouvera les principales indications relatives à la marche du 
soleil par rapport au &3négal ainsi qu'à la durée des jours aux 
différents mois de l'année, dans le tableau où nous avons mis 
en regard la marche du soleil et celle de la température. 
(V. p. 39.) 

in. — Aperçu topogràphicpie sur la presciu'ile du Cap- 
▼ert. — Nature du sol. — Port et vUle de Dakar. 

En jetant les yeux sur la carte de la Sénégambie on re- 
marquera que la presqu'île du Cap-Vert a la forme d'un 
triangle assez régulier dont l'un des angles se confondrait avec 
le continent en formant un isthme d'une largeur d'un peu 
plus de trois kilomètres. Les deux autres angles sont situés 
Fan au sud^ l'autre à Touest. Le premier est constitué par le 
cap Manuel, roche basaltique, d'une élévation de 40 mètres ; 
le second par le récif des Almadies, qui forme l'extrémité la 
plusoccidentale de tout le continent africain. Le cap Vert est 
situé sur le côté de la presqu'île qui regarde le sud-ouest^ 
très-près de la pointe des Âlmadies^ mais un peu à l'est de 



4 CLIMAT DE GOAÉE. 

cette pointe. Deux points culminants appelés les Mamelles le 
rendent très-remarquable; sur la plus haute de ces deux 
collines d*une éléyation de i 00 mètres on a construit un phare. 

La roche des Almadies et le cap Manuel sont également 
garnis de feux. Ces trois points de repère servent aux navires 
à reconnaître rentrée de la rade de Corée. 

Les côtes du nord et de Touest de la presqu'île sont semées 
d'écueils qui les rendent inaccessibles. 

La partie orientale de la presqu'île forme au contraire avec 
rile de Gorée et la partie sud de la côte d'Afrique une vaste 
baie qui, divisée en deux par un promontoire^ nommé pointe 
de Bel-Air, forme deux rades dont la plus importante est celle 
qui est située entre llle de Gorée et Dakar. A Tabri de la 
pointe de Dakar^ promontoire élevé de 14 mètres, se trouve 
un port^ fermé par deux belles jetées. C'est le meilleur |K)rt 
de la côte occidisntale d'Afrique, celui qui est le plus favora-^ 
blement situé pour le ravitaillement des navires. 

La presqu'île du Cap-Vert présente pendant Thivernage un 
aspect assez verdoyant; pendant le reste de l'année elle n'est 
couverte que d'une végétation misérable au milieu de laquelle 
s'élèvent seuls quelques énormes baobabs (1) dépouillés de 
leurs feuilles. 

Les côtes sont plus hautes que Tintérieur du pays, aussi le 
milieu de la presqu'île se cbange-t-il pendant l'hivernage en 
marécages. Ces eaux ne pouvant se jeter à la mer et retenues 
à la surface par la nature du sol essentiellement argileux ne 
disparaissent que lentement et par évaporation. 

Dans toute rétendue de la presqu'île du Cap- Vert comme 
dans celle de la côte occidentale d'Afrique où s'est fait sentir 
l'action volcanique qui a soulevé les divers groupes d'îles et 
de récifs qui bordent cette côte, on trouve une pierre ferru- 
gineuse^ toujours la même. Cette pierre consiste en un con- 
glomérat formé d'argile calcinée et d'un minerai de fer à 
l'état de laitier imbibant la masse argileuse. Une analyse faite 

(1) AdaosoDia digitata. 



TOPOGRAPHIE. 6 

à Corée, en 1874, par M. Venlurini^ pharmacien de la marine, 
a permis de constater dans un échantillon de cette roche les 
sabstances suivantes : 

Acide sulfurique. 

Acide phosphorique. 

Acide silicique , 

Sequioxyde de fer et d'alumine. 

On n'a trouvé aucune trace de zinc ni de manganèse, au- 
cune trace de chaux ni de magnésie. 

L'analyse quantitatiTo faite avec précision a donné : 

98^^20 pour 100 d*alumine. 
37ff',94 pour 100 de fer pur. 

Cette pierre est d'une couleur sombre, terreuse et rougeà * 
tre, elle durcit rapidement à Tair, devient même fort dure et 
inattaquable, par les agents atmosphériques. Au moment de 
son extraction elle est, au contraire^ tendre et presque friable. 
Elle est criblée dans toute sa masse de trous d'une forme ir- 
régulière. Elle sert à la construction des maisons euro- 
péennes. 

Cette roche forme des bancs affleurant la surface du soi, ou 
à peine recouverts par des alluviocs modernes et des terrains 
détritiques ; ces bancs ont une épaisseur de 2 à 3 mètres et se 
trouvent généralement superfiosés à des couches très-épaisses 
d'argile compacte et de formation ancienne. On peut facile- 
ment se rendre compte de cette disposition dans les carrières 
de Dakar d'où ont été extraits les blocs nécessaires à la cons- 
truction des digues (|ui ferment le port. 

Dans certaines parties de la côte, la densité de cette roche 
est plus considérable, sa structure est moins caverneuse, elle 
affecte une apparence cristalline. Ainsi, auprès des basaltes du 
cap Manuel, la pierre est tout à fait compacte, très-dense, elle 
contient une plus forte proportion de scories ferrugineuses et 
de matières vitrifiées. 

Le reste du sous-sol de Dakar est constitué par une argile 
compacte çchistoîde, communément appelée terre de Corée, 



6 CLIMAT DB GOBÉE. 

plus OU moins entrecoupée de couches ou de noyaux de cette 
roche. A la surface, la terre végétale est très-légère et ordi- 
nairement sablonneuse. Non loin du bor4 de la mer, sou-* 
vent à une élévation assez notable, se trouvent des coquilles 
accumulées par bancs au milieu des couches argileuses et des 
alluvions modernes. Sur le rivage, entre les roches, le sable 
est grossier, dans les autres parties de la presqu'île, il est ex- 
cessivement fin. A Ruflsque on trouve du calcaire argileux; 
près de Joal on trouve ce même calcaire argileux légèrement 
ferrugineux. 

Les sables soulevés par les vents forment, dans quelques 
points de la côte, des dunes très- mobiles et très-envahissantes. 
Ces dunes suivent dans leur mouvement une marche qui in- 
dique la direction des vents dominants. L'endroit où elles 
sont le plus élevées est au niveau d'un éhranglement de ter- 
rain qui forme à l'extrémité sud de la presqu'île une sorte de 
nouvelle presqu'île constituée par le cap Manuel et la pointe 
de Dakar; leur hauteur atteint jusqu'à 14 mètres. 

La crête de ces lames de sable indique assez d'où soufflent 
les vents les plus fréquents. Ces dunes sont poussées lente- 
ment du NE au SO. Elles jouent un rôle particulier qu'il me 
parait intéressant de faire remarquer. 

Jetés sur un sol qui n'est constitué, comme nous venons de 
rindiquer, que par de l'argile mélangée de roches, ces sables, 
lors de la saison des pluies, retiennent les eaux douces qui ne 
peuvent que ditScilement pénétrer le sous-sol. Us laissent 
filtrer lentement les eaux pluviales. Aussi existe-t-il sous ces 
dunes une nappe d'eau assez considérable pour suffire jus- 
qu'à présent à la consommation d*une ville en voie de for- 
mation. 

« 

Cette petite étendue de terre n'offre aucun ruisseau, le 
centre de la presqu'île seul est marécageux, aussi la ville 
de Dakar n'aurait que la mauvaise eau de ses puits sans 
le voisinage des dunes. Elles lui servent de réservoirs 
d'eau. 

Le port de Dakar, situé à l'extrémité sud-est de la presqu'île, 



TOPOGIUPHIB. 7 

est un port précieux pour les Dayires qui peuvent y faire leur 
charbon dans d'excellentes conditions. 

La Tille de ce nom n'existe encore que sur les plans, à peine 
possède-t-elle une douzaine de maisons. 

La plus grande partie de la population européenne et la 
garnison habitent des baraques en bois et en briques, ou des 
maisons mal construites dispersées sur un vaste terrain. Le 
sol n'étant ni couvert de constructions, ni cuHivé, laisse se 
former de tous côtés des petites flaques d'eau qui mettent 
Dakar pendant rhifernage dans des conditions hygiéniques 
déplorables. 

Les causes toutes locales de son insalubrité actuelle dispa* 
raîtront dès que la population européenne y affluant, y pro- 
duira cette modification des constitutions médicales qu'ap- 
porte toujours une population nombreuse. Le pays s'assainira 
alors rapidement par la construction des maisons, la dispari- 
tion des terrains vagues et le drainage qui en sera la consé- 
quence forcée. Sans doute des efibrts doivent être tentés pour 
assainir le pays, et ils n'ont pas besoin d'être considérables; 
mais le temps et les intérêts individuels, en se multipliant, 
amèneront la ville de Dakar à être, ce qu'elle sera, une ville 
presque aussi saine que la petite île de Corée et l'un des meil- 
leurs séjours de la côte occidentale d'Afrique. 

L'emplacement de la ville future se compose d'un vaste pla- 
teau étevé de i9 mètres au-dessus du niveau de la mer, d'un 
étage inférieur situé à 14 mètres, et enfin d'une partie incli- 
née jusqu'au niveau des quais qui sont à 2^,60 au-dessus du 
niveau moyen des marées. 

Cette pente est très-favorable à l'assainissement du pays, 
de plus elle regarde le nord, ce qui placera une partie de la 
vilte dans de bonnes conditions de fraîcheur, tout en la lais- 
sant largement exposée aux vents qui régnent pendant les 
deux tiers de l'année. 



8 CLIMAT DE CORÉE. 

XV. — ne de Oorée. 

L'île de Corée est depuis longtemps l'entrepôt du com- 
merce de la côte d'Afrique et l'un des points les plus impor- 
tants de cette côte. 

Nous renverrons le lecteur à la description de celte île faite 
par Ph. de Kérallet dans son Manuel de la navigation à la 
eûte d'Afrique, ou à celle plus récente et plus complète donnée 
par M. Bérenger-Féraud dans la Revus marilime et colo* 
niak (1). Nous indiquerons sommairement les faits indispen- 
sables à l'intelligence de noire étude climatérique de cette 
partie du Sénégal. 

De Corée à la pointe de Dakar située à l'ouest, on compte 
2^500 mètres. 

De Corée au cap de Bel-Âir au NNO> 3^300 mètres. 

Ruflsque est située à 15,000 mètres à l'ENE de Gorée^ et le 
cap Rouge en est éloigné à TESE de 2,800 mètres. 

L'île D*est qu'un rocher de forme oblongue ayant environ 
800 mètres dans son plus grand axe, et 320 mètres de large, 
au point le moins étroit. Sa surface est couverte] en grande 
partie par des habitations ; elle contient une population très* 
dense : 3,600 habitants (recensement de 1866). 

Le sol est de production volcanique, formé en grande partie 
de basaltes noirs que surmonte ou avoisine, suivant lés en- 
droits, la même roche ferrugineuse que l'on trouve à Dakar^ 
ainsi que de petites portions de dépôts argileux que nous 
avons déjà signalés. 

L'origine volcanique de 111e de Corée, comme celle des 
points saillants de la côte, ne peut être l'objet d'aucun doute. 
Hais il est peu probable que le massif qui constitue la partie 
sud de l'île puisse être considéré comme un cône volcanique 
ayant eu un cratère à son sommet. La disposition des couches 
de basaltes et de roches ferrugineuses ne l'indique nullegient. 
Le trou que la tradition place sur ce plateau supérieur et qui 

(1) Voir Bévue maritime et coloniale^ 1873. 



TOPOGRAPHIE. $ 

a été considéré coinnie un ancien cratère, n^avait aucune 
analogie avec un cratère. Il paraît n'avoir été autre chose 
qu'une excavation résultant d'extractions de pierres. 

La portion de la côte qui présente des traces réelles d'érup- 
tion est celle où se trouvent les buttes des Mamelles. Dans 
cette partie de la presqulle du Cap-Vert, les roches ne sont 
plus constituées par la pierre ferrugineuse de Corée et de 
Dakar. On y trouve de véritables laves, de densité très-Ta- 
riable, et des pierres ressemblant à des éponges et ayant la 
légèreté de la pierre ponce. 

Ce serait, croyons-nous, une erreur de considérer les deux 
pitons des Mamelles comme des cônes volcaniques; ces deux 
pitons, vus de près, n'ont pas la forme conique. En admet- 
tant rhypothèse d'éruption, ils seraient plutôt les parties éle- 
Tées des lèvres d'un grand cratère qu'aurait complété la série 
des manïelons ou arêtes rocheuses voisines. 

Corée présente à la vue deux parties parfaitement dis* 
tinctes. Celle qui est située au sud-est élevée de 32 mètres 
au-dessus du niveau de la mer; elle est couronnée par un 
fort, le Castel, ou habite une garnison de i 50 à 250 soldats 
européens. 

La portion nord-est plane est élevée de 2 à 4 mètres au- 
dessus du niveau de la mer. Elle ne présente que le relief des 
maisons qui la surmontent : ces maisons n'ont qu'un étage. 
Couvertes de terrasses et blanchies à la chaux, elles forment 
un tout continu, divisé à peine par quelques rues étroites et 
deux petites places. 

Les côtes sud et ouest de l'île sont bordées de gros fragments 
de basaltes sur lesquels la mer du large brise presque tou-» 
jours avec violence, au point de rendre ce côté de Corée tout 
à fait inabordable. 

Du côté est, il existe une crique à courbe régulière servant 
au débarquement. Trois appontements, s'avançant à une 
quarantaine de mètres, permettent aux embarcations d*ac- 
coster en tout temps, même pendant les plus violents raz de 
marée. 



8 



CL1XAT DE GOUÉE. 



IV. — Ho de Gkxrée. 



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Nous renverrons le lecteur à b // ^ 
par Ph. de Kérallet dans son /'/ // 
eôie d'Afrique, ou à celle flvy/ ^// ^ 
par M. BérengerFéraud y / /f^ 
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partie du Sénégal ^ 

De Corée à ^ 
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De Goré^ iiidpHal de Corée possèdent les journaux 

^^^ ^,f^^ffi8tnéiéoro\ogiques faites dans lUe depuis «841 

'^*"' HilX meieorujogiques cuuiiouuem^ pour i»4l et 

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ff f ^ 0ue b direction des vents et Pindication des Jours de 

i% et d'orage. 
A P«^^^ ^^ ™^** d'avril 1842, on observe l'hygromètre de 

^gnr^ mais souvent des annotations indiquent que Tins- 
(ruinent est avarié; la série se continue en 1843 et 1844* 

les observations sont faites sur plusieurs points de llle et 
sur plusieurs instruments^ par les médecins de garde^ ce qui 
donne i ce travail tous les défauts du travail impersonnel; les 
résultats seuls sont indiqués. 

A partir de juin 1844, on emploie le thermomètre centi- 
grade. 

En 1845 et 1846^ les journaux ne contiennent que les résu- 
més des (d>servations mensuelles du thermomètre et de l'hy- 
gromètre^ avec l'indication des vents dominants. 



capB ^Jî^f;. ctotte série est malheureusement incomplète. 

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^^ iftux météorologiques contiennent^ pour 1841 et 



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OBSE&TÀTIOICS MiTioaOLOGIQUES. Il 



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' la série ne s'arrête qu'en 1850, 

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-nensueiles de la température^ mais la valeur 

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'^^ valions ont dû servir de base à quelques 

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^tte époque. Enfin, parce qu'elle con« 

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ler> sont loin de devoir être consi* 

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^oâ, lacune complète. 
.xur de 1856 jusqu'en 1867, les journaux météordo- 
eiques changent de forme et sont tenus avec grands soins, 
enregistrant de très-bonnes observationsi faites désormais à 
la pharmacie de l'hôpital, par un seul observateur et dans 
des conditions dont nous allons nous occuper. 

Les années 1866 et 1867, qui terminent cette série d'obser« 
valions météorologiques, présentent malheureusement plu* 
sieurs lacunes qui nous ont obligés à ne pas nous servir, pour 
notre travail, des journaux de ces deux années. 

Citons les noms de ceux de nos confrères du corps médical 
et du corps pharmaceutique qui sont les premiers entrés dans 
la voie des observations régulières. Ce sont : 

En 1841, M. Henu-Desable, médecin de la marine. 
184%, 1843, H. Gautrau, médecin. 
1844, 184S, M.Vincent, médecin. 
1 846, H. Philippeau, médecin. 
1847, 1848, H. Mittre, pharmacien. 
1849, H. Philippeau, médecin. 
1850, 0). 

La seconde série, ceUa q«i noua a paru (Hrésenter les meil- 
leures oondHions d'exactitude et qui était aussi la plus com< 
plèle, commence en 18M et M termine en tSM. 



10 CLIVAT I>B GOSÉE. 

Ajoutons quelques renseignements : 

Le retard de la marée sur le passage de la lune au mérl* 
dien : l'élabli$semerU dupori^ est de 7 heures 32 minutes. 

Dans la baie formée par la pointe de Dakar, la mer marne 
de i mètre à l^^^SO au plus. C'est assez pour lui permettre de 
déposer sur les riyes des algues, des poissons morts et autres 
détritus maritimes qui, sous Tinfluence de la chaleur, cor- 
rompent Tair et lui donnent souTent une odeur insupportable. 
Ce phénomène se présente surtout à la suite des raz de marée. 



V. *- Journaux météorologiques. — Uode [d'observation. 
— Instruments, leur exposition. — Noms des obser- 
Tateurs. 

Les archives de Ilidpital de Corée possèdent les journaux 
des observations météorologiques faites dans lile depuis 1841 
jusqu'en 1867. Cette série est malheureusement incomplète. 
Nous allons en faire l^nalyse. 

Les journaux météorologiques contiennent, pour 1841 et 
i842^ trois observations quotidiennes du thermomètre Réau- 
mur faites à midi, le matin et le soir (sans indication dlienre), 
ainsi que la direction des vents et l'indication des jours de 
pluie et d'orage. 

A partir du mois d'avril i842| on observe Fhygromètre de 
Saussur, mais souvent des annotations indiquent que Tins- 
trument est avarié; la série se continue en 1843 et i844r 

Les observations sont faites sur plusieurs points de llle et 
sur plusieurs instruments, par les médecins de garde, ce qui 
donne i ce travail tous les défauts du travail impersonnel; les 
résultats seuls sont indiqués. 

A partir de juin i844, on emploie le thermomètre centi- 
grade. 

En 1845 et 1846, les journaux ne contiennent que tes résu- 
més des obsavations mensuelles du thermiomètre et de l^y- 
gromètre, avec Tindication des vents dominants. 



OBSEKTÀTIONS MixicaOLOGIQUES. Il 

A la fin de 1846, les obs^*YatioD8 qucUdiennes sont enre- 
gistrées, et la série ne s'arrête qu'en 1850* 

Cette première série nous a permis d'avoir, pour dix années^ 
les moyennes mensuelles de la température, mais la valeur 
de ces obsenrations est douteuse, nous en donnerons cepen-* 
dant les résultats annuels, parce qu'il est probable que cer- 
taines de ces obserrations ont dû servir de base a quelques 
éludes et qu'on doit en retrouver des traces dans les travaux 
faits sur le Sénégal a cette époque. Enfin, parce qu'eUe con« 
lient des observations qui, tout en étant très-inférieures à 
celles dont nous allons parler^ sont loin de devoir être consi* 
dérées comme mauvaises. 

De 1851 à 1855, lacune complète, 

A partir de 1856 jusqu'en 1867, les journaux météordo- 
giques changent de forme et sont tenus avec grands soins, 
enregistrant de très-bonnes observations, faites désormais à 
la pharmacie de l'hôpital, par un seul observateur et dans 
des conditions dont nous allons nous occuper. 

Les années 1866 et 1867, qui terminent cette série d'obser- 
vations météorologiques, présentent malheureusement plu- 
sieurs lacunes qui nous ont obligés à ne pas nous servir, pour 
notre travail, des journaux de ces deux années. 

Citons les noms de ceux de nos confrères du corps médical 
et du corps pharmaceutique qui sont les premiers entrés dans 
la voie des observations régulières. Ce sont : 

En 1841, M. Henu-Desable, médecin de la marine.. 
1842, 1843, H. Gautrau, médecin. 
1844, 1845, M.Vincent, médecin. 
1846, H. Philippeau, médecin. 
1847, 1848, H. Mittre, pharmacien. 

1849, H. Philippeau, médecin. 

1850, (7). 

La seconde série, eella q«i noua a paru (Hrésentor les meil- 
leures condUions d'exactitude et qui éteit aussi la plus com- 
plète, commence en 18M et se termine en tSM. 



12 CLIVAT DE GOBÉE. 

Ces observations ont été recueillies conformément à Vins- 
truclion sur les observations météorologiques à faire dans les 
hôpitaux coloniaux^ publiées par le ministère de la marine 
sous l'inspiration de M. Sainte-Claire Deville. On trouvera ces 
instructions dans la Bévue coloniale du mois de février 1852. 

Le journal a été tenu sur des imprimés conformes à ceux 
indiqués par ces instructions. 

f .es tables de Haeghens ont servi aqx corrections baromé- 
triques et aux observations psychrométriques. 

Les journaux contiennent les observations de la tempéra- 
ture^ de la pression atmosphérique, de Tétat hygrométrique 
de Tair, des vents et de la pluie^ à cinq heures différentes du 
jour, rétat du ciel et les phénomènes particuliers. 

La plupart des moyennes mensuelles avaient été calculées^ 
mais il nous a fallu souvent corriger des erreurs. Nous espé- 
rons n'en avoir pas laissé échapper d'importantes. 

Cinq observateurs se sont succédé pour obtenir cette série de 
dix ans ; ils appartiennent tous au corps de MM. les pharma- 
ciens de la marine. 

Voici les noms des observateurs : 

En 1856^ MM. Godefroy et Malespine» 
i 857^ M. Malespine« 
i858^ 1859^ i860, M. Chaze. 
1861, 1862, 1863, M. Morio. 
1864» 1865, M. Roux. 

Les résumés que nous a fournis cette série de dix années 
contiennent les notions les plus exactes qui aient été recueil- 
lies sur le climat de Corée, ils comprennent : 

Etude de la température et des vents pendant dix ans. 

Celle des pluies pendant huit ans. 

De la pression atmosphérique et de l'état hygrométrique 
pendant quatre ans. 

Ces résumés serviront de base à notre étude. 

Ces observations ont été faites à l'hôpital de la marine dans 
la partie basse de l'Ue, au bord de la mer*' 



OBSERTÀTIONS XÉTiOEOLOGIQUES. 



13 



Exposition des intirumenU. 




L'ancien hôpital de Corée se compose d'un seul étage ; il 
est constitué par un corps de bâtiment, dont la façade inté- 
rieure regarde l'ouest^ et deux ailes perpendiculaires au corps 
principal. 

Dans l'aile gauche de Thôpilal, sur une galerie exposée au 
nord^ se trouve, près de la pharmacie, une muraille {a-b) per«- 
pendiculaire à la longueur de la galerie et regardant le bâti- 
ment principal et par conséquent Test. C'est le long de cette 
muraille qu est fixé (o) un vaste cadre en bois noir dans le- 
quel f ont contenus les instruments d'observation. 

Les instiuments sont abrilés des rayons du soleil par la 
maison. Les vents et les courants d'air peuvent raCraîchir la 
galerie largement ouverte sans frapper directement sur les 
thermomètres. 

L'exposition au nord doit toutefois rendre plus fraîche pen- 
dant l'hiver celte parUe de Thôpital, d'autant plus que c'est 
du nord est que soufflent les vents dominants de cette saison^ 
et que Itiôpital; étant très-peu ëlevé^ les vents pénètrent à peu 
près librement dans tout l'édiflce* 



14 CLIMAT DE OORÊE. 

Dans Tété au contraire, cette galerie doit se présenter dans 
des conditions d'échauffement, surtout le soir, vers 4 heures, 
de qui rend compte, en partie au moins, de rélévation de la 
température moyenne à 4 heures du soir pendant les mois de 
juin et de juillet, alors que le soleil est dans le nord de Gorée. 
Nous trouTons en effet, la température moyenne à 4 heures 
du soir, égale à celle d'une heure dans le mois de juin et su- 
périeure de deux dixièmes de degrés à celle d'une heure pour 
le mois suivant. 

Les instruments ont été fournis par la direction des colo- 
nies, ils proviennent de chez Secrétan. Ils se composent : 

D'un thermomètre à minima et à maxima sur plaque d'ar- 
doise. 

D'un psychromètre d'August. 

D'un baromètre de Fortin. 

D'un pluviomètre de Babinet. 

L'altitude de la cuvette du baromètre est de 5^^,80 au-des- 
sus du niveau moyen de la mer. 

Nous n'avons pu trouver aucune trace des changements qui 
ont pu être opérés dans les instruments. Les journaux n'en 
font pas mention. J'attribue cependant à quelques change^ 
ments d'instruments des discordances graves qui existent dans 
les indications du baromètre, et nous ont forcé de nous con- 
tenter d'un nombre restreint d'années d'observations de la 
pression atmosphérique. 

Le pluviomètre est situé au-dessus de la pharmacie sur le 
bord de la terrasse qui sert de toiture à Thôpital, et où se re- 
cueille l'eau de pluie qui remplit les citernes de cet établisse- 
ment. La hauteur du pluviomètre au-dessus du niveau du 
sol est de 5 mètres. 

La girouette est placée sur la terrasse du bâtiment princi- 
pal. 

Nous avons résumé les observations faites à Gorée pendant 
la série comprenant les 10 années de 1856 à 1865. Ces résu- 
més ont été communiqués à la Sociéié météorologique de France 
et insérés dans le tome XVII de VÀnnuaire de cette société. 



0BSB&TÀTI0K8 MiliolOLOGIQUES. 15 

Nous ayons enfin fait faire sous notre direction à l'école des 
frères de Corée des observations complètes pendant le mois de 
décembre 1873 et les trois premiers mois de 1874. Ces obser- 
vations nous ont permis de yérifler rexaclitiide des observa- 
tions anciennes que nous avions choisies pour base de notre 
étude. Elles nous ont donné des résultats complètement iden- 
tiques à ceux des observations sur lesquelles nous nous 
appuyons, ou n'en différant que très-peu. 

Le tableau suivant, extrait de la publication faite dans Tlti* 
nuaire de la SocUié miléorologiquê servira à Tintelligence de 
nos recherches sur le climat de Corée : 



16 



CLIMAT DE GOEÈB* 



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cr. 33 



18 CLUIÀt DB GOBÉE. 



CHAPITRE II 



TBMPËBATUEB. 



I. ^ température moyenne de Taxmée. 

L'importance des moyennes tbermométriqnes est rarement 
bien appréciée; j'ai souvent entendu demander à quoi pou- 
vait servir l'étude des moyennes. Les moyennes^ disait-on^ 
sont des nombres qui ne signifient rien; donnez-nous les mi- 
nima et les niaxima thermométriques d'un lieu> si vous vou- 
lez nous donner une idée de sa température. Cette tbéorie, 
que j'ai entendu soutenir, même par des personnes fort ins- 
truites, peut avoir plusieurs réponses. Nous nous adresserons 
surtout aux lecteurs étrangers aux études météorologiques. 

D'abord, la moyenne de la température dlin lieu n'est pas 
une fiction, elle existe bien en réalité. C'est même la tempé- 
rature à peu près constante à laquelle se maintient le sol à une 
certaine profondeur, variant suivant la nature du terrain, ce 
qui doit, certes, avoir une grande influence sur le climat et 
sur la puissance de la végétation d'une localité. C*6st le 
degré de température par lequel passe le plus souvent l'at- 
mosphère dans son mouvement incessant d'élévation et de 
baisse. Il est des considérations plus importantes qui justifie- 
raient l'étude des moyennes, si elle avait besoin de justifica- 
tion. Qu'on nous permette une comparaison qui nous semble 
convenir à notre sujet. 

Le voyageur qui, dans un pays accidenté, monte ou descend 
péniblement l'escarpement d'un sentier oscillant à chaque 
instant, dans une direction ou dans l'autre, sait bien que ces 
caprices apparents de la route ne sont pas l'effet du hasard. Il 
sait que la volonté humaine, en traçant ce sentier, avait un 
but^ et il atteindra ce but avant d'avoir pu se rendre compte 



TEMPjfeRATinuS. 19 

de la direction suivie. Mais^ qu'il relèye avec soin chacune 
des directions nombreuses que le chemin lui a (ait parcourir 
et qu'il prenne la moyenne de ces nombreuses oscillations de 
la route^ il saura où elle conduit^ aussi bien qu'une personne 
placée sur une hauteur dominante^ d'où s'eiTacent les petites 
sinuosités^ pourrait juger elle-même de la direction de cette 
route. 

Nous ne pouvons, en météorologie, nous placer à la hau- 
teur de la personne qui verrait de loin ce voyageur suivre le 
sentier; nous calculons péniblement chacune des sinuosités de 
la route, et à l'aide des moyennes nous arrivons à connaître la 
loi suivant laquelle elle a été tracée. Loin de nous égarer, 
cette méthode nous conduit donc à la découverte des lois na- 
turelles et à la vérité. 

Si les phénomènes météorologiques nous paraissent dans 
un désordre qui nous étonne, c'est un des résultats de notre 
petitesse qui nous cache derrière la moindre ondulation de 
terrain Tadmirable sphéricité de notre globe. En réalité, rien 
n'est plus régulier et plus soumis à des lois que les prétendues 
intempéries de l'atmosphère. Le temps se laisse déjà entrevoir 
où ces lois seront connues aussi exactement que les autres lois 
physiques avec lesquelles elles sont intimement liées. 

Si l'étude des moyennes est d'une nécessité majeure pour 
arriver à la connaissance de la marche de la température, 
celle des oscillations d'un jour à l'autre et même d'une heure 
i l'autre a aussi son importance. Le corps humain est, en 
effet, soumis à l'influence de ces oscillations : de là la néces- 
sité de leur étude souvent pleine d'intérêt pour le médecin. 

Les pays situés sous les tropiques sont ceux qui possèdent 
les oscillations les plus faibles, et c'est sans doute la raison 
pour laquelle la pathologie -des pays chauds est infiniment 
plus simple que celle des climats tempérés. Les grandes endé* 
mies coloniales ne sont pas sous Tinfluence des oscillations 
thermométriques, mais sous celle des moyennes. On cher- 
chera la cause de ces endémies dans les eaux, dans les ma- 
rais; mais n'est-ce pas la température moyenne élevée qui 



20 GLIUÀT DE GOKÉE. 

permet à toutes les causes morbigènes de prendre naissance ? 

Les registres météorologiques que nous possédons et dont 
nous venons de présenter les résumés, nous offrent pour Fap- 
prédation de la température de Corée des données exactes, 
nombreuses et d'une grande valeur. 

La température moyenne de Corée est^ en degrés du ther- 
momètre centigrade, de 23%8. 

Cette moyenne résulte de quatre observations faites chaque 
jour à six heures et dix heures du matin, quatre heures et 
dix heures du soir, pendant dix années. Elle est le résultat de 
i 4,608 observations. Un diviseur aussi élevé fait disparaître 
toutes les petites erreurs provenant des négligences dans l'ob* 
servation, des fautes de chiffres ou de calculs qui auraient pu 
nous échapper. 

Nous nous garderons bien de présenter cette moyenne 
comme celle de la température du Sénégal^ évitant uce géné- 
ralisation qui serait fausse. 

Cette tennpérature est celle de Corée, celle de la partie du 
littoral de la Sénégambie voisine de ce port. C'est celle de la 
presqu'île du Cap- Vert, du port de Dakar. La température 
moyenne de l'intérieur du pays est beaucoup plus élevée 
comme les observations que nous étudierons le démontrent. 

Faisons remarquer que cette température de 23%8 est plus 
élevée de 1%2 que celle indiquée pour Tannée 1855 pour le 
Sénégal, dans l'ouvrage de Dutrouloau, sur les maladies des 
Européens dans les pays chauds. Elle est inférieure de 0«,8 à 
celle donnée pour Saint-Louis dans le tableau des températures 
des divers points de la terre par Mahlmann. Elle est supé- 
rieure de seulement 0%6 à la température moyenne que cinq 
années de très-bonnes observations nous permettent d'assi- 
gner à Saint-Louis. 

La moyenne que nous avons déterminée donne lieu à une 
correction importante à faire sur la carte des isothermes. On 
a fait passer l'isotherme de SS"" entre le 18"^ et le 19"^ degré de 
latitude, au nord de l'embouchure du Sénégal, entre le cap 
Blanc et la ville de Saint-Louis. 



TBIHPÉRATTIIE 21 

Cette ligne doit êlre abaîsFée considérablement vers Téqua- 
teur au moment où elle touche la côte d'Afrique. Corée est 
située par I i^ 40' de latitude nord, c'est à-dire à 4 ou 8 degrés 
plus bas que le point assigné pour passage à l'isotherme de 
2S degrés ; or^ IMsotherme de 24® devra passer dans le voisi- 
nage de Corée et rejeter encore au sud celui de 2S*». 

En pénétrant dans l'intérieur du confinent africain ces li- 
gnes devront remonter brusquement vers le nord, laissant 
au-dessous d'elles les postes de Dagana^ de Podor, de Bakel 
sur le fleuve du Sénégal. 

Il se produit pour le continent africain un phénomène in- 
verse de celui qui se présente en Europe. 

On sait que les lignes isothermes, en pénétrant dans Tinté- 
rieur du continent européen, sinfléchissent vers le sud à me- 
sure qu'elles s'avancent de plus en plus vers l'est. En Afrique, 
au ccmtraire, la direction de ces lignes suit dans l'hémisphère 
nord une courbe qui s'élève vers le nord en marchant dans la 
direction de Test. 

On peut expliquer cette différence en sens inverse qui existe 
en Europe et en Afrique entre la température du littoral et 
celle de l'intérieur. 

Les contrées occidentales de l'Europe sont plus chaudes que 
celles situées à l'orient. L'explication en est donnée par le ré« 
chauffement des côtes par les eaux de la mer dont la tempé- 
rature est élevée, grâce à la présence du courant d'eau chaude 
qui traverse l'Océan et vient se diviser sur nos côtes et sur 
celles d'Angleterre. 

A la côte d'Afrique^ nous trouvons au contraire le courant 
polaire de TAfrique, vaste courant d'eau froide qui descend 
le long de la côte occidentale a et tient $e réchauffer pour en- 
tretenir la circulation universelle de VOcian. » (Maury.) 

La vitesse de ce courant au voisinage du cap Vert est de 
i2 milles en 24 heures, d'après Philippe de Kerhallet. (Comi- 
déraiions générales sur Vocéan Atlantique.) La température de 
ses eaux serait de 4'',5 au-dessous de celle des eaux voi- 
sines, d'après le même auteur, a mais elle croît, dit-il, acec 



23 CLIMAT DE CORÉE. 

rapidité à fnesure que les eaux du courant descendent au * 
sud.n 

Le Gulf-Stream a été comparé par le savant Américain à un 
vaste calorifère venant, sous la même latitude que celles des 
terres désolées du nord de TAmérique, porter la chaleur et 
la fécondité aux côtes de l'Angleterre et de la France. On peut 
comparer le courant d'eau froide qui descend le long de 
la côte d'Afrique à un appareil réfrigérant venant baigner les 
pays brûlés du continent africain, les enveloppant d'une at« 
mospbère de vapeurs froides et s'emparant de l'excès de la 
chaleur de ces régions avant d'aller se jeter dans le golfe de 
Guinée où il doit porter sa température à sa plus haute éié^ 
vation. 

Remarquons la situation de la presqu'île du Cap-Vert sur 
laquelle vient frapper ce courant : elle fait saillie à l'ouest de 
l'Afrique et se trouve être le point du continent le mieux placé 
pour en sentir Tefiet. 

De même que les points du littoral de France, tels que la 
Bretagne, sur lesquels vient se diviser le courant du Gulf- 
Slream présentent un climat beaucoup plus doux que celui de 
l'intérieur de la France, de même le littoral de la Sénégambie 
devra être plus rafraîchi que l'intérieur. 

Malheureusement pour notre colonie un phénomène vient 
diminuer l'intensité de ce refroidissement de son atmo* 
sphère. 

En France, en Angleterre les vents d'ouest dominent et les 
vapeurs tièdes du courant du golfe sont portées dans l'intérieur 
du pays. Dans la Sénégambie domine au contraire l'alizé de 
nord-€st qui refoule l'atmosphère plus froide du courant polaire 
et ne lui permet pas de faire sentir son influence profondé- 
ment dans les terres. De sorte que, si le réchauffement de 
l'Angleterre et de la France est favorisé par les vents, il en 
est tout autrement, au Sénégal, du refroidissement produit par 
le courant polaire de TAfrique ; les vents luttant contre la 
tendance au rsfroidissement résultant de ce voisinage. Pen- 
dant les quatre mois d'hivernage où dominent les vents d'ouest 



TBHPÉBATUBB. 23 

et de 8uâ-ouest^ la différence entre la température des côles et 
celle de l'inlérieur est beaucoup moins sensible que pendant le 
reste de Tannée. 

Sans cette cause de refroidissement par le courant polaire» 
les côtes auraient sans nul doute la même température que 
rintérieur, car aucune force ne Tiendrait lutter contre Té- 
chauifement produit par le voisinage du désert. 

Lorsque nous étudierons les vents, nous verrons que les 
alizés de nord-est dominent à Gorée pendant huit mois de 
Tannée» et qu'ils sont suspendus pendant les trois mois de 
Tété et le premier mois de Tautomne» et remplacés par une 
mousson de sud-ouest plus ou moins variable, à laquelle le 
fleuve du Sénégal doit les pluies qui alimentent ses sources. 
L'inégalité de Télévation de la température dans Tintérieur 
du pays et sur le littoral est la cause de cette mousson. 
Chauffés par le soleil zénithal de Tété» le grand désert et les 
plaines arides de TAfrique arrêtent dans leur marche les alizés 
du nord-est. Ces masses d'air raréfiées s'élèvent en colonnes 
verticales et produisent une baisse de pression qui doit attirer 
Fair plus frais de TOcéan et déterminer ainsi un vent venant 
du large, c'est-à-dire du nord-oue&t, de Touest et du sud- 
ouest. Si la direction sud-ouest domine» c'est sans doute par 
la combinaison de ces vents avec les contre-alizés supérieurs 
qui doivent, eux aussi, éprouver une modification analogue à 
celle des alizés de nord-est, c'est-à-dire s'abaisser et devenir 
inférieurs pendant que ceux-ci deviennent supérieurs. A 
Gorée» nos observations indiquent une baisse de la pression 
atmosphérique correspondant à l'hivernage. 

Ainsi, le contraste qui existe entre la température de l'inté- 
rieur des terres ek celle du littoral et de la mer cesse par son 
«xcès même. Deux régions atmosphériques voisines ne pou- 
vant rester ainsi inégalement échauffées, le rétablissement de 
Thar morne naturelle est la cause de Thivemage au Sénégal. 
Au moment où Thivernage se termine et joù les alizés vont 
repnendre leur direction régulière» tous les points du Sénégal 
tendent à avohr à peu près la même température moyenne. 



24 CLIHAT DE GOBiE. 

En ce moment les pays les plus frais se sont réchauffés, 
tandis que les régions les plus chaudes se sont refroidies à 
cause de Tabondance des pluies. 

Une étude de la température de la mer le long des côtes de 
la Sénégambie présenterait un grand intérêt; les quelques 
journaux de bord que nous avons pu nous procurer ne con- 
tiennent qu'un petit nombre d'observations de la température 
de cette partie de TOcéan, nous ne pouvons encore aujour- 
d'hui nous appuyer sur ces observations. 

Un fait tend pourtant à démontrer que les eaux de la mer^ 
dans la région qui nous occupe, viennent des régions froides : 
l'abondance du poisson tout le long de la côte est extrême. La 
pêche est la principale industrie des indigènes de la presqu'île 
du Cap-Vert. D'immenses bancs de morues, de thons et de 
harengs viennent faire tête dans les baies que forme cette 
presqu'île. Ces poissons ont toutes les qualités des poissons 
des eaux froides, leur chair est excellente. Si l'industrie euro* 
péenne n'en a pas encore tiré partie cela ne tient pas à Tigno- 
rance des richesses qui pourraient être produites par la pêche 
organisée en grand dans le pays, mais à la difficulté de la 
conservation du poisson. Il y a peu de différence entre la 
morue du Sénégal et celle de Terre-Neuve. Il y aurait là ma- 
tière à des recherches fort curieuses pour le naturaliste. 

D'où viennent ces poissons ? Ne démon Irent-iLs pas par leur 
goût, par leurs formes, la présence de ce courant d'eau froide 
descendant du nord déjà signalé par les marins ? 

Il n'est pas sans intérêt de cbercher de combien les 
moyennes annuelles de nos dix années d'observations s'écar- 
tent de la moyenne générale déterminée. 

Les moyennes annuelles ne diffèrent de la température de 
Tannée moyenne que d^ 0%5 environ, en moins pour les 
années 1857 et 1863, en plus pour 1859 et 1865. Les autres 
moyennes annuelles ne diffèrent de celle de l'année moyenne 
quede0<>,l,à 0%3. 

Il y a entre la moyenne de 1857 et celles des années 1859 
et 1 865 une différence de l degré. Cette différence est crasi- 



TSMPÉRATCrU. ii 

dérable. A quoi deTons-nous Tallribuer? La températare de 
i857 aurait pu être abaissée légèrement par les grandes pluies 
de cette année; mais la moyenne de Thivernage de i857 est 
à UD dixième près la même que celle de Tbivernage de 1864, 
année de pluies très-peu abondantes. ( Voir tableau de$ pluies.) 
D'aiUeurs la température de la saison sècbe de i867 est infé- 
rieure de près de 1 degré à celle de cette saison dans Tannée 
moyenne. C'est donc surtout sur le commencement de l'année 
qu'aurait porté l'abaissement de la température. Je crois qu'il 
faut attribuer cette infériorité de la moyenne de i 857 à quel- 
que erreur d'observation. 

Comme la différence entre la moyenne annuelle la plus 
faible 23%2 et la moyenne la plus forte 24%2, n'est que de un 
degré, on peut croire que, s'il y a une erreur sur la moyenne 
que nous avons trouvée pour notre série de dix années, cette 
erreur ne doit pas être supérieure à 0%l. 

La moyenne conclue des observations thermométriques 
faites à si^ heures du matin et une heure du soir, donne pour 
moyenne générale des dix années : 24^,0, c'est-à-dire une élé- 
vation de O'^yS sur la moyenne véritable. 

La correction à faire aux moyennes annuelles obtenues 
par la méthode de deux observations quotidiennes serait donc 
de 0%2. 

£n appliquant cette correction aux moyennes de nos dix 
années obtenues par cette seconde méthode, nous trouvons 
qu'elle n'est exacte que deux fois et donne pour les autres an- 
nées des approximations d'un ou deux dixièmes, ce qui est 
encore beaucoup trop fort. En retranchant des moyennes de 
deux observations 0^,22, on s'approcherait davantage de la 
Yérité« Mais les observations ayant été faites fort souvent en 
chiffres ronds de degrés, nous ne croyons pas pouvoir pous- 
ser aussi loin l'approximation de la correction nécessaire pour 
les observateurs qui se serviront 4e cette méthode dans l'a- 
venir. 

La moyenne trouvée par la méthode des demi-sommes des 
minima et des maxima se place exactement entre celle conclue 



36 CLIVAT DE GOAÈE. 

dd deax observations quotidiennes et celle conclue de quatre 
observations. 

Devons-nous en déduire que l'observation si facile des ther- 
momètres à mazima et à minima peut suffire pour détermi- 
ner avec une approximation convenable la moyenne de la 
température au Sénégal ? 

A Gorée, où les variations sont très-fàibles^ cette méthode 
donnerait, je crois, la température avec une exactitude assez 
grande. Il n'en serait pas de même à Saint-Louis, d'après 
M. Héraud (i). Sous Tinfluence des vents d*est on constate sou- 
vent deux points extrêmes dans Téchelle thermométrique ; ils 
correspondent l'un et l'autre à des périodes de peu de durée 
et leur combinaison donne par conséquent une moyenne peu 
rigoureuse; elle peut en effet s'écarter de 2 degrés en-dessus ou 
en-dessous de la moyenne diurne véritable. Dans les observa- 
tions que nous avons faites à Saint- Louis nous avons constaté 
les mêmes faits, notamment en février 1874. 

Les diverses méthodes employées nous donnant des chiffres 
qui coïncident presque, nous pouvons en conclure que les obser- 
vateurs qui voudront déterminer la température moyenne des 
divers points du Sénégal, pourront suivre les règles générales 
établies par les météorologistes pour les climats tempérés. En 
se bornant à prendre les observations si faciles des thermo- 
mètres à maxima et à minima, ils auront des moyennes 
exactes à une fraction de degré près. En prenant deux fois par 
jour la température du thermomètre ordinaire à six tieures du 
matin et à une heure du soir^ ils obtiendront une moyenne trop 
élevée d'environ 0'*,2. Cette dernière méthode est la meilleure^ 
elle est facile à suivre^ elle est la plus en harmonie avec les 
usages et les habitudes de la vie coloniale. Il est de la plus 
grande facilité de noter en effet régulièrement la tempéra- 
ture, le matin à six heures au moment du lever, le soir à une 
heure au moment du repos général, de la ce9sation des courses 

(1) Rewte maritime et coloniale, 1861, 1 vol., p. SU. ObsenraUeni météo- 
rologIqoM faites an Sénégal pendant Tannée 18S0. 



TBHFiBATVftS. 21 

et des aCEatires^ à Pheure de la sieste. C'est le momeat où si fré^ 
quemment une chaleur pénible invite les personnes les plus 
indiflérentes à jeter un coup d'œil sur le thermomètre. 

On peut comparer à la série qui fait le sujet de notre étude, 
la première série de dix ans d'obseryations faites à Gorée. 
Presque toutes les moyennes annuelles de 1841 à 1860 sont 
beaucoup trop élevées et la moyenne générale dépasse de plus 
d'un demi-degré la moyenne que nous adoptons. Voici les 
moyennes annuelles résultant de cette première série (toutes 
ces observations ont été rapportées au thermomètre centi- 
grade) : 

184i 2404 1846 25o8 

1842 23,9 1847 24,2 

1843. .... 24,0 1848 24,9 

1844 23,7 1849 2?,a 

1845. . . . , 23,7 I80O 24,2 

Les moyennes mensuelles conclues de ces dix années don- 
nent une année moyenne différente de celle que nous avons 
déterminées^ m voici le tableau : 

Décembre 23?4 luin. ....... 26?6 

Janvier ...••,. 20,7 Juillet ». 27,8 

Février ...... 20,6 Août 27,S 

Mars 20,7 Septembre 27,4 

Avril 21,5 Octobre 27,4 

Mai 23,5 Novembre 25,8 

La moyenne annuelle déduite de ces dix années est 24%4. 
Elle est trop élevée de 0°^6 seulement. Ceci montre que tout 
en négligeant ces observations il ne faut pas les considérer 
comme absolument mauvaises. Nous donnons ces derniers 
renseignements non-seulement parcequ'ils peuvent être utiles, 
mais encore par esprit de justice envers ceux de nos collègues 
qui les premiers ont entrepris Fétude du climat du Sénégal^ 
et dont les travaux n'ont laissé que des documents presque 
complètement ignorés. 



28 CLIMAT DE GOAÉE. 



n. — Températures moyennes des saisons. 

A Corée, le printemps possède, à très-peu près^ lâ même 
températare que Thiver, les températures de l'été et de Tau- 
tomne diffèrent encore moins Tune de Tautre, et les saisons se 
groupent deux à deux d'une manière fort naturelle pour cons- 
tituer deux périodes annuelles de six mois chacune : 

Hiyer • 2094 ) 

„ . - _ «A o I Saison fraîche et sèche. . . 20«»j6 

Printemps 20^8 ) * 

Été 26,9 I 

. , ^ A^ 1 1 Saison chaude et humide. 21^,0 

Automne 27,1 | ' 

Cette division très-simple est la seule qui soit importante 
pour le Sénégal. Nous établirons plus tard comment ces deux 
saisons sont parfaitement caractérisées par les autres phéno- 
mènes atmosphériques. 

11 y a en effet deux climats qui composent celui du Sénégal^ 
et ces deux climats ont des lignes de démarcations^ tellement 
bien tracées, qu'ils font du littoral de cette contrée, pendant 
six mois, un pays jouissant de tous les avantages des contrées 
à température douce et agréable^ et pendant Tautre moitié de 
Tannée, un des pays les plus malsains et les plus dangereux 
à habiter pour TEuropéen. 

Le tableau suivant indique les moyennes saisonnières pen- 
dant dix années météorologiques, chaque année débutant par 
le mois de décembre de Tannée civile précédente: 



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29 






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30 GLOIAT J^IR 60AÉK. 

Les moymnes particatières de chaque ssAboù, pendant dix 
annéed^ ne se sonl écartées des mofennes générales que de 
fractions dépassant rarement un demi-degré. La fixité que 
nous aTons reconnue dans les températures annuelles existe 
donc aussi pour les moyennes de chacune des deux saisons. 

La différence entre la température de la saison chaude et 
celle do la saison fraîche est de 6*,4. Cette oscillation est très- 
faible surtout si nous la comparons à celle qui existOi dans 
les climats tempérés, entre les moyennes estitale et hivernale. 
Cette différence est pour Paris, diaprés Mablmanui de 14^8* 

Les oscillations de la température sont donc, d'une saison à 
l'autre, beaucoup plus faibles que dans les climats de la 
France moyenne. Indépendamment de Télévation générale de 
la température, cela rend compte de la différence beaucoup 
moins prononcée qu'en Europe, existant entre les forces de la 
végétation pendant chacune des saisons. 11 y a pourtant au 
moment de la saison fraîche un arrêt, sinon complet du 
moins très-sensible, de la vie végétale d'un grand nombre 
d'espèces. Mais la température n*est pas seule en cause dans 
cette question. 

A mesure que Ton descend vers l'équateur, la différence 
entre les moyennes saisonnières va en diminuant; sur le 
littoral du Sénégal cette différence, toute faible qu'elle est, 
est encore assez sensible. Un fait particulier peut donner une 
idée de la valeur de cette différence. Pour faire parvenir 
a maturité le fruit du bananier, il faut une température 
saisonnière de 24''. 11 en résulte que pendant la saison fraîche 
dont la température est de 20<',6, les bananiers ne donnent 
pas de bons fruits dans la presqu'île du Cap-Vert, tandis 
que, pendant la saison chaude, ces fruits parviennent i par- 
faite maturité. En se rapprochant de Téquateur on voit le ba- 
nanier produire des fruits toute Tannée. Ainsi sur certains 
points de la côte de Guinée, la banane forme avec Thuile de 
palme la base de Talimentation des indigènes qui la récoltent 
en toute saison. Au poste du Grand-Bassam (Côte*d'Or), la 



TEMPiRATURB* 31 

température moyenne des divers mois oscille entre 25%9 et 
30<»,1, d*aprë8 notre collègue Forné (1). 

Il est peu de réglons où Fannée se divise d'une manière aussi 
tranchée qu'au Sénégal Dans le cours de cette étude nous re- 
viendrons à chaque instant sur cette division fondamentale. 
On verra qu'il a'exisie aucune saison intermédiaire correspond 
dant au printemps ou à l'automne des pays tempérés ni aux 
petites saisons de transition qui, sous l'àiuateur» séparent les 
deux saisons principales et qui sont en relation avec les deux 
passages du soleil au zénith du lieu. En étudiant la marche 
de la température au Sénégal, on peut, même à Corée, trou- 
ver des traces de ces petites saisons de transition^ mais elles 
passent inaperçues, à cause du rapprochement des deux pas- 
sages du soleil au zénith sous cette latitude. 

Disons, dès à présent, que la saison fraîche se trouve être 
en même temps la saison sèche, la bonne saison au point de 
vue sanitaire des Européens, la saison des maladies sporadi- 
ques. Pour les indigènes elle est au contraire celle de la plus 
grande mortalité. 

La saison chaude ou hivernage est la saison humide> celle 
au milieu de laquelle surviennent les pluies. C'est pour les 
Européens la mauvaise saison, celle qui est pénible à support 
ter et pendant laquelle se développent les causes morbigènes 
dont les cifets se font sentir avec un retard dont on oublie gé- 
néralement de tenir compte, mais qui a cependant été signalé 
depuis longtemps par Lind. 

En faisant débuter la saison sèche au 1*' décembre^ nous 
avons été contraints par la division que nous ne pouvions pas 
abandonner de Tannée en douze mois. C'est plutôt dans la 
seconde quinzaine de novembre qu'avec le mois de décembre 
que débute la saison fraîche. 

(1) Contribution à la géographie médicale^ thè8e> MoDtpellier, 1170» 



32 CLIMAT DE GORÉE. 



m. — Température moyenne des mois^ 

Dans Tannée moyenne, la plus forte température mensuelle 
.est à Gorée^ au mois de septembre^ ZT^9j et la plus faible, en 
février, IS'^^Q. La différence entre ces deui températures est 
de 9<^ seulement. 

Si les moyennes annuelles et celles des saisons sont à peu 
près constantes, on peut reconnaître que les moyennes men- 
suelles de chaque année diffèrent aussi très-peu de celles des 
mêmes mois les autâ^es années. Il y a pourtant des variations 
il'une année à l'autre qui ont pu s'élever dans la saison sèche 
à 3%5, et dans rbivernage à 2%9. Les écarts au-dessus et au- 
dessous de la température trouvée pour les mois correspon- 
dants de l'année moyenne n'ont jamais atteint plus de deux 
degrés, mais en général les oscillations de la température au- 
dessus et au-dessous des moyennes mensuelles sont moins 
fortes pour les mois d'hivernage que pour ceux de la saison 
sèche. 

La marche de la température pendant la période de dix 
ans offre, d'après ce que nous venons de dire du peu d'écart 
des moyennes mensuelles entre elles, une régularité remar- 
quable. En traçant les courbes successives des températures 
des mois pendant dix ans, on obtient une figure d'une régu- 
larité caractéristique; chaque année est la reproduction à peu 
près exacte de l'année précédente, et la courbe de dix ans 
oscille avec régularité en présentant des ondulations alterna- 
tives au-dessus et au-dessous d'une ligne horizontale repré- 
sentant Télévation moyenne du thermomètre pendant l'année, 
c'est-à-dire '23?,8. £n étudiant les propriétés de la courbe de 
l'année moyenne on s'écartera donc excessivement peu des 
lois des courbes des années particulières. 



TXJIPiBATURB. 33 

rv. — Ifarohe de la température pezidant l'année et 

pendant les saisons. 

Le lecteur devra considérer la courbe représentant la tem« 
pérature pendant Tannée moyenne ainsi que le tableau qui a 
permis de l'établir. En construisant lui-même les courbes 
des moyennes horaires, il nous suivra facilement dans notre 
description et pourra même trouver un grand nombre de 
renseignements qui ont pu échapper à notre examen^ ou que 
nous avons négligé volontairement de relever. 

Prenons le moment où la température est la plus basse. Ce 
moment se présente vers le milieu de la saison sèche^ en gé« 
néral vers le commencement de février. Ce mois est celui où 
Ton observe les plus faibles minima comme les plus faibles 
maxima. Sa température moyenne est de 18^,9. A partir de 
ce moment, la température devient croissante. Avec rap- 
proche du printemps elle s élève du courant de février au 
courant de mars de 1 degré. De mars à avril, elle croit len- 
tement, de 0%5; d'avril à mai, de i%5. 

C'est principalement dans le mois de mai et dans les pre^ 
miers jours de juin que la marche ascensionnelle de la tem- 
pérature devient rapide. De sorte que, dans les premiers 
jours de juin, on peut considérer la saison chaude comme 
établie; il s'est produit dans un espace d'un mois une 
élévation d'environ 3^,5. Cette élévation n'est pas seule- 
ment sensible au thermomèti^e : les hommes ainsi que la 
végétation sont surpris par ce changement presque sans 
transition qui coïncide avec la disparition des vents réguliers 
et une modiûcation profonde dans toute la constitution de 
l'atmosphère. 

Arrivée à 25",7, la température continue de croître de juin 
à juillet, se maintient en moyenne au-dessus de ^T* et au- 
dessous de 28"* pendant quatre mois. A peu près stationnaire 
pendant la un de juillet et les mois d'août, septembre et 
octobre^ elle gagne seulement 0%5 dans le cours des trois 

8 



34 CLIMAT i>E GOBÉE. 

premiers mois et se maintient sensiblement à ce maximum 
pendant les deux premiers tiers du mois d'octobre. 

Les oscillations des moyennes paraissent être alors princi- 
palement sous l'influence des pluies qui ont arrêté la marche 
ascendante du tbermomèlre ou du moins en ont considéra- 
blement ralenti l'importance. Dans le courant du mois de 
novembre^ quelquefois dès les derniers jours d'octobre, la 
courbe thermométrique descend brusquement de S^^S du pla- 
teau qu'elle traçait pendant les quatre derniers mois de Thi- 
vernfige. Il y a 3%6 de difiérence entre la température de 
décembre et celle du mois précédent. C'est le plus souvent sur 
le mois de novembre que porte la baisse rapide du thermo- 
mètre. Ce mois est un mois de transition. Au moment où il 
se termine, la saison fraîche est complolement établie sous 
rinfluence des vents réguliers du nord-est qui sont devenus 
tout à fait prédominants. 

La température décroit d'environ i^,^ de décembre à jan- 
vier, puis de la même quantité de janvier à février. Arrivée 
à son point le plus bas dans ce mois, elle reprend son mouve- 
ment d'ascension pour suivre la marche que nous venons 
de décrire. 

En résumé, la température croit pendant cinq mois et se 
maintient élevée pendant trois autres mois, tandis qu'elle a 
une marche descendante rapide qui ne comprend que quatre 
mois. Alors qu'il y a une sorte de station de trois mois dans 
la période des fortes chaleurs, il n*en existe aucune dans la 
période de fraîcheur. Aussi la courbe des moyennes des 
années successives présente-t-elle une suite de convexités dou- 
cement arrondies à sa partie la plus élevée, tandis que la 
partie située au-dessous de la ligne indiquant la moyenne 
annuelle présente une suite d'angles aigus dont ks sommets 
correspondent au mois de février. Celte disposition particu- 
lière de la courbe des moyennes nous conduit à remarquer 
dijà qu'une des propriétés de l'hivernage consistera dans la 
faiblesse des oscillations d'un mois à l'autre, tandis que dans 
la saison fraîche les oscillations seront plus considérables. 



HARGHB DE LA TSKFiBÀTUU» 85 

Pour obtenir la loi exacte de la marche de la température 
dans Tannée, il suffit de prendre sur notre tableau de Tannée 
moyenne^ les diflërences qui existent en plus ou en moins 
entre la température de chaque mois et celle du mois précé* 
dent En faisant cette opération pour chacune des cinq 
moyennes horaires des mois comme pour chacune des moyen-» 
nés générales, on pourra dresser un tableau qui indiquera 
aussi exactement que possible la marche de la température^ 
soit d'après les moyennes horaires^ soit d'une manière gé- 
nérale. 

Voici quel est le mouvement général de la température 
dans chaque saison, le signe — indique la baisse, le signe + 
Tascension des températures. 

SAISON SÈCn. HIYEUUGI. 

Décembre. .... — 3?6 loin ' + ZH 

JanYier — U^ Juillet + ij7 

Février .,..•. — 1,4 Août +0,1 

Mars, ...»»•• + ^1 Septembre • . • + 0>4 

AvrU +0,5 Octobre — 0,1 

Mai +1^5 Noyembre. ... — 2,2 

On remarquera la symétrie qui existe entre la marche de la 
température dans les deux premiers mois de chacune des 
deux saisons. Ainsi chaque saison débute par une variation 
brusque de plus de 3^,5, en moins pour la saison sèche, en 
plus pour Thivernage. 

Quoique moins prononcée, cette symétrie est encore sensible 
dans les deux derniers mois de chaque saison. Les chiffres 
eiprimant Tascension de la température sont très-voisins de 
ceux exprimant la baisse de la température entre les mois 
qui seraient diamétralement opposés les uns aux autres sur 
uoe ellipse représentant la courbe décrite par la terre autour 
du soleil et où serait figurée la situation de la terre à chaque 
mois. 

Pour les quatre mois qui se trouvent deux à deux au mi* 
lieu d9 chaque saison^ cette symétrie n'existé plus ; ce qui 



36 . • CUIIAT DE GOBEE. 

proTient du fait déjà signalé : l'état de station ou d'accroisse- 
ment lent de la température dans le milieu de Thivernage. 
En effet* au mois le plus froid, février^ ce n'est pas le mois 
d'août qui est opi)Osé comme le plus chaud, c'est Je mois de 
septembre ou d'octobre. De sorte que^ si le mois de février 
est toujours le plus froid (il n'y a eu d'exception qu'en 1862), 
ce n'est jamais août qui est le plus chaud, mais tantôt le mois 
àe septembre, tantôt le mois d*octobre. Dans nos dix années 
d'observations, cinq fois la température de septembre fut la 
plus élevée, pendant cinq autres années le mois d^octobre fut 
le plus chaud. 

Si là marche générale de la température suit au printemps 
et en été une loi analogue à celje qu'elle suit dans les pays 
tempérés de l'hémisphère nord ; pendant Tautomne, au lieu 
de descendre elle devient au Sénégal à peu près stationnaire^ 
aussi en hiver la- descente de la température est-elle propor- 
tionnellement phis brusque que dans les pays tempérés. 

C'est précisément cette absence de transition entre l'époque 
dos chaleui^s et celle des températures plus fraîches qui est un 
des phénomènes les plus remarquables dû Sénégal, elle né- 
cessite cette division de l'année en deux saisons à laquelle 
nous avons été conduits par l'examen des moyennes générales 
des trimestres constituant les quatre saisons météorologiques. 
Ces deux saisons sont aussi tranchées si l'on examine la 
marche de la température, que si Ton considère seulement 
leurs températures moyennes. Le printemps se comporte 
comme Thiver et constitué avec lui la saison fraîche, l'hiver 
tropical ou saison sèche; l'automne se comporte comme l'été 
et constitue avec lui Tété des pays tropicaux. Cet été a reçu 
le nom assez mal choisi d'hivernage, dans le sens de mau- 
vaise saison. Quoique cette dénomination soit vicieuse, elle 
est tellement consacrée par l'usage que nous sommes forcés 
de la conserver. 

La marche des moyennes mensuelles horaires est à peu près 
la même que celle des moyennes générales. Il y a pourtant 
certaines parlicularités dignes d'arrêter notre attention. 



i 



MARCHE DE LA TEMPÉRATURE. 37 

Aiosi la fempérature aune heure du soir et à dix heures 
du matin s'élève^ dans toute Tannée^ seulement de 8^,7, tan- 
dis que le soir et le matin elle s'éièye, dans Tannée, de S*" à 
9%7. L'écbauffement porte donc surtout sur le moment où le 
soleil est couché, sur le moment de la journée où la tempéra- 
ture est plus faible et sur l'heure où le soleil vient seulement 
de se lever. Il en est de même du refroidissement, il porte 
plus sur le matin et sur le soir que sur le milieu du jour ; au 
mois d'octobre les moyennes d'une heure et de quatre heures 
du soir, continuent de croître, tandis que les températures 
du soir et du matin diminuent déjà. 

Il y a une analogie remarquable entre la marche de la tem- 
pérature dans Tannée et sa marche dans le jour. De même 
que les températures élevées dans Tahnée, celles de Thiver- 
nage sont les plus constantes, de même c'est dans les tempé- 
ratures élevées du jour que nous trouvons aussi le plus de 
régularité. 

En étudiant directement les variation^ mensuelles et diur- 
nes, nous arriverons au même résultat qui peut se résumer 
ainsi : les températures élevées sont les plus constantes, les 
températures basses les plus variables. Cette proposition dé- 
duite de Tcxamen d'un climat marin ne s'applique aux autres 
parties du Sénégal que pendant la saison d'hivernage. 

V. — Relation entre la marche du soleil et celle de 

la température. 

Si Técbauffement maximum du sol d'une contrée corres- 
pondait à la direction normale des rayons du soleil sur sa 
surface, ce serait aux époques des deux passages du soleil au 
zénith, c'est-à-dire entre le mois d'avril et le mois d'août, 
qu'au Sénégkl la température serait à son maximum. Mais 
nous savons que nulle part il n'en est ainsi et que la marche 
delà température est toujours en retard sur celle du pouvoir 
calorique des rayons solaires. C'est à la fin de septembre et 
au commencement d'octobre que les moyennes sont les plus 



38 CLIMAT DE CORÉE. 

élevées. C'est-à dire que c'est au commencement de Tautomne^ 
au moment où le soleil passe dans rhémisphëre sud^ que la 
chaleur est la plus forte. Pour la même raison nous ne 
trouverons pas les plus basses températures au moment du 
solstice d'hiver. Elles ne se font sentir que deux mois plus 
tard, en février. 

Nous ne trouvons pas entre les températures des mois et la 
marche du soleil, de relation autre que celle du retard connu 
de Teffet produit par Taccu mutation successive de la chaleur 
solaire. 

Au lieu de considérer, les moyennes, examinons la marche 
même de la température, mettons en regard comme nous 
Tavons fait ci-dessous, les chiffres exprimant en degrés du 
méridien la distance du soleil au zénith et ceux exprimant 
l'ascension ou la baisse de la température d'un mois à 
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MARCHE DE LA TBKPERATURE. 



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40 CLIHAT DE GOEiE. 

On voit quelles sont les coïncidences que fait ressortir ce 
tableau. Ainsi de mai à juin se trouve le maximum du mou- 
vement d'ascension du thermomètre. Or^ c'est précisément en 
juin que le soleil étant au solstice d'été se trouve à son maxi- 
mum d'éloignement dans le nord, et ce maximum est très- 
faible. Le soleil n'est éloigné à midi que de S"" 4V de la nor- 
male. C'est aussi le mois pendant lequel la durée du jour est 
à son maximum et remporte de près de deux heures sur celle 
de la nuit. 

Cette coïncidence est très-remarquable^ le moment où le 
soleil reste le plus longtemps sur l'horizon est donc précisé- 
ment celui d'une accélération très-notable dans la croissance 
de la température, puisqu'elle atteint S"",?. 

Une seconde coïncidence nous prouvera qu'il n'y a pas là 
un rapport fortuit. C'est entre novembre et décembre qu'a 
lieu le maximum du mouvement de baisse de la température; 
ce maximum de baisse est de Z^^fi. Or, le 21 décembre le soleil 
se trouve à son maximum d'éloignement dans l'autre hémi- 
sphère, à ce moment ses rayons sont les plus obliques, et les 
jours ont leur durée moindre et, par conséquent, les causes 
de refroidissement par le rayonnement nocturne sont les plus 
grandes, pendant que les causes d'écbauffemeul sont les plus 
faibles. 

Les maxima dans la marche ascendante comme dans la 
marche descendante de la température sont bien produits par 
la position du soleil par rapport au Sénégal. 

Examinons maintens^nt les mois dans lesquels se trouvent 
les plus, faibles vitesses de croissance ou de décroissance dans 
la marche du thermomètre. 

Le minimum d'ascension a lieu de mars à avril, il est de 
0%5. C'est en avril qu'a lieu le premier passage au zénith. A 
ce moment la distance du soleil au zénith est nulle, les rayons 

du soleil tombent verticalement sur le sol et devraient pro- 

• • • • 

duire une élévation plus forte de la température; il y a la une 
coïncidence qui ne doit* pas être non plus l'effet du hasard, 
mais qui me parait assez difficile à expliquer» Il est difficile 



HABCHE DE LÀ TEMPERATURE. 41 

de comprendre, en effet, pourquoi cet arrêt, ou plutôt cette 
diminution de rélévation de la température, dans de pa- 
reilles conditions, en apparences si favorables à une ascen- 
sion plus rapide, car notons aussi que les jours sont déjà plus 
longs que les nuits. Je cherche en vain une explication de ce 
fait; rien dans les autres phénomènes météorologiques ne 
peut Tenir à notre aide : les pluies font défaut, les yents sont 
réguliers comme les mois précédents, ce n'est qu'à la fin du 
mois de mai qu'ils changent de direction. 

Une quatrième coïncidence est celle d'un nouyeau ralentis- 
sement dans la marche ascensionnelle de la température, juste 
au moment du second passage du soleil au zénith, en août. Les 
conditions astronomiques se trouvent être les mêmes qu'au 
mois d'avril, la température semblerait devoir continuer de 
croître, mais un phénomène survient qui nous permet d'ex- 
pliquer cet arrêt : le mois d'août est le mois du maximum de 
fréquence et d'abondance des pluies. Ces pluies arrêtent la 
marche ascensionnelle de la température qui se maintient à 
peu près stationnaire. 11 y aurait même certainement un 
abaissement si les pluies étaient encore plus énergiques, ce 
qui arrive dans des contrées voisines, par exemple à Sédhiou 
{Casamance) au sud du Sénégal, comme le démontrent les 
observations que nous possédons sur ce point de la côte 
d'Afrique. 

Nous avons dit plus haut comment pouvait s'expliquer la 
disparition des alizés et l'arrivée d'une sorte de mousson au 
sud-ouest apporlmt les pluies de l'hivernage. Nous avons 
montré que la chaleur trouvait dans son excès même un 
modificateur puissant par l'appel qu'elle faisait aux brises de 
mer et aux pluies qu'elles apportent ; or, c'est au mois d'août 
que cette mousson du sud-ouest est la plus prononcée. 

La marche descendante de la température coïncide avec la 
plus longue durée des nuits. L'absence de nuages favorisant 
le rayonnement nocturne et la reprise des vents réguliers du 
NE. Elle ne présente aucune station remarquable comparable 
à celle que présente le mouvement d'ascension. 



42 CIiIBIAT DE GOBÉE. 

Pourquoi là température se maintient-elle croissante pen- 
dant huit mois, tandis qu'elle descend pendant quatre mois 
seulement ? C'est une conséquence de la situation de Tile de 
Gorée sous les tropiques. En comparant ce climat à celui des 
pays situés au nord du tropique, on comprendra que le pas- 
sage du soleil au nord du parallèle de Gorée doit nécessaire- 
ment allonger la saison chaude de la moitié du temps pen- 
dant lequel cet astre est au nord. Pendant les six mois que le 
soleil passe dans rtiémispbère nord, les pays tempérés ressen- 
tent l'effet de son pouvoir calorique, croissant pendant trois 
mois et décroissant pendant les trois autres. Il ne doit pas en 
être de même pour Gorée, puisque l'époque du mouvement 
rétrograde du soleil vers l'équateur pendant lequel l'effet ca- 
lorique des rayons solaires va diminuant pour les |>ay8 extra- 
tropicaux, est encore pour le Sénégal une époque où la 
température doit continuer de croître, puisque le soleil se rap- 
proche une seconde fois de son zénith. Que Teffet de réchauf- 
fement par le soleil se manifeste avec un certain retard, cela 
ne change en rien les causes qui Tout produit. 

, En résumé, pendant les quatre mois que le soleil est au 
nord du Sénégal, Teffet calorique produit par cet astre va 
toujours croissant, tandis que pour les pays tempérés il ne va 
croissant que pendant deux mois. Il doit donc y avoir, comme 
il y a en réalité, deux mois de plus de mouvement ascension- 
nel de la température en faveur du Sàiégal. 

A Gorée, comme en Europe, il n'y a dans l'année qu\in 
seul maximum et qu'un seul minimum de la hauteur ther- 
mométrique ; mais ces deux températures extrêmes sont plus 
rapprochées qu'elles ne le sont en Europe. En descendant 
vers l'équateur, nous trouverons, au contraire, des climats 
jouissant comme ceux de l'équateur même, de deux maxima 
et de deux minima. Au sud de la Sénégambie, on trouve déjà 
au milieu de la saison d'hivernage un minimum de tempéra- 
ture coïncidant avec l'extrême abondance des pluies. 



MABCHB DB LA TEMPÉRATUBE, 43 

VI. — Harohe de la température pendant le four. 

Le minimum de la température a toujours lieu ayant six 
heures du matin. Après six heures^ la température, sous rin^ 
fluenoe du soleil, monte rapidement de 2^ jusqu'à dix heures. 
Elle croit ensuite d'un peu plus de i*' de dix heures du matin 
à une heure du soir. Le maximum de la température a lieu 
entre une heure et quatre heures du soir^ mais entre ces deux 
observations la température varie peu. Pendant l'hiver- 
nage elle est à peine, vers quatre heures, plus basse de quel- 
ques dixièmes de degré. Rn juillet la température de quatre 
heures du soir dépasserait même celle d'une heure, si Ton 
ne pouvait accuser la position des instruments d'être peut* 
être la cause de ce résultat de l'observation. Quelques obser^* 
vateurs ont noté des jours où le maximum avait eu lieu vers 
dix heures du soir et en ont même fait l'objet d'une mention 
spéciale. 

A partir de quatre heures du soir» la température baisse 
rapidement de 2<^ environ jusqu'à dix heures. Cette baisse 
porte surtout sur les heures qui suivent le coucher du soleil. 

De dix heures du soir à six heures du matin le refroidisse- 
ment est peu considérable et ne dépasse guère 1^,5. Il doit y 
avoir, il est vrai» dans la nuit une oscillation un peu plus 
forte que celle que nous indiquent nos observations, mais la 
température de six heures est trop voisine du minimum pour 
que cette diiSérence soit sensible. 

C'est très-brusquement que le thermomètre baisse après le 
coucher du sdeil. Dans le reste de la nuit» dans les huit heu- 
les qui séparent l'observation de dix heures du soir de la pre- 
mière observation faite le matin» l'abaissement du thermo- 
mètre n'est en moyenne qu'un peu supérieur à 0%5 dans la 
saison sèche et un peu inférieur à cette quantité dans la 
saison d'hivernage. La baisse nocturne tarie d'ailleurs suivant 
les différents mois, elle n'atteint l"" qu'aux seuls mois de mars 
et d'octobre. C'est donc dans les premières heures de la nuit 



41 CLIMAT DE GORÊE. 

que l'hygiène recommandera surtout de craindre un refroi- 
dissement que nos organes trouTent en général beaucoup 
plus considérable que ne le ferait supposer le thermomètre. 

Comment expliquer le peu d'effet du rayonnement nocturne 
dans la plus grande partie de la nuit? 

Nous croyons pouvoir l'expliquer par Tun des phénomènes 
les plus remarquables des nuits sous les tropiques : la 
rosée. 

C'est dans la saison sèche que les rosées sont d'une abon- 
dance extrême^ c'est aussi dans cette saison que le ciel le plus 
souvent serein, favorise le refroidissement nocturne. Au dé- 
but de la nuit le refroidissement considérable qui se 'produit 
est dû surtout à la disparition du soleil au-dessous de l'hori- 
zon : aussi le thermomètre baisse-t-il rapidement de 6 heures 
à 10 heures. Dans le reste de la nuit, il s'établit un balance- 
ment entre le refroidissement produit par le rayonnement 
nocturne et le réchauffement que produit dans Taimosphère 
le passage d'une grande quantité d'eau de l'état de vapeur à 
rétat liquide. Le froid produit parle rayonnement l'emporte, 
il est vrai, mais il devient alors beaucoup moins considérable 
qu'il ne le serait sans le phénomène de la rosée. 

Dans rhivernage, si le ciel est couvert cela sufflt pour ex- 
pliquer l'absence de refroidissement nocturne. Si le ciel est 
serein, le phénomène de la rosée se produit, moins prononcé 
que dans la saison sèche, mais encore sensible. 

L'eau suspendue dans l'air remplit un admirable rôle de 
compensateur. Au moment où le soleil échauffe puissamment 
le sol, le pouvoir hygrométrique de l'air augmente, l'éau qui 
se trouve à la surface'du sol s'évapore et, en changeant d'état, 
absorbe une grande quantité de chaleur. Lorsque le soleil 
vient de se cacher sous l'horizon, la terre tend à se refroidir 
parle rayonnement, ainsi que l'atmosphère elle-même; alors 
la vapeur d'eau se condense, et en passant à l'état liquide rend 
à Tair toute la chaleur qu'elle avait dissimulée pendant la 
journée. 

Dans les pays tempérés où la moyenne thermométrique est 



tf ARCQB DE LA TEMPÉRATURE. 46 

plus basse et les quantités absolues et relalkes de Tapeur 
d'eau^ coniques dans Fair, beaucoup plus faibles^ le phéno- 
mène des rosées est moins sensible qu'au Sénégal» aussi la 
différence enlre la température de la nuit et celle du jour est- 
elle beaucoup [>lus coDsidérablCy malgré les assertions con- 
traires, souvent répétées. 

La marche diurne de la température n'est, telle que nous 
venons de la décrire» que d'une maoière générale. Pour en 
juger, il sufQt de constater que la moyenne des oscillations 
diurnes est dans la saison sèche de 3%6y tandis qu'elle n'est 
dans l'hivernage que de 2o,8. En cherchant les différences des 
moyennes horaires consécutives entre elles pour chaque mois 
et pour chaque saison dans le tableau de l'année moyenne 
(p. 16), on dressera facilement celui du mouvement de la 
température pendant le jour» aux différents mois de l'année 
et pendant les saisons. — Ce tableau permettra de constater 
que les oscillations d'une des heures d'observations a la sui- 
vante sont à peu près les deux tiers pour Thivernage de celles 
de la saison sèche. La différence est surtout sensible entre six 
heures et dix heures du matin» et quatre heures et dix heures 
du soir. Les mouvements du thermomètre dans la journée se 
font d'une manière plus uniforme dans l'hivernage en même 
temps que les variations sont moins étendues. C'est au mois 
de mars que les oscillations sont les plus fortes» elles attei- 
gnent 4%3, tandis que la moyenne des oscillations dans les 
cinq antres mois de la saison sèche est à peu près fixe et de 
3%5. Ceci peut s'expliquer par l'énergie des vents d'E et de 
NE pendant le mois de mars. Le mois de mars est» dans un 
certain nombre de points de l'intérieur du Sénégal» celui des 
plus grandes variations diurnes, et ces variations sont mani- 
festement sous rinflnence des vents venant du désert. Nous 
trouvons donc à Corée, malgré la fixité de son climat» due au 
voisinage de la mer, une trace des variations bien plus sen- 
sibles qui existent dans Tintérieur sous l'influence de. Tbar- 
matan ou vent du désert. 



46 CLIVAT DB GORÉE. 

VII. -* Tompèratares extrêmes. 

D'après ce que noos connaissons déjà du climat de Corée 
nous ne devons pas nous attendre à trouver de ces élévations 
du thermomètre qui^ toujours exagérées, ont fait considérer 
le Sénégal comme le point le plus chaud du globe. 

 «fhesure que nous avancerons dans nos recherches on 
pourra Juger les erreurs qui sont répandues sur le Sénégal. 
Les idées les plus fausses régnent sur cette contrée. Les opti- 
ciens gravent sérieusement sur leurs plaques thermométri- 
queSy à plus de 10^ au-dessus de la température humaine^ le 
mot Sénégal. 

Cette température^ dont aucun des nombreux journaux mé- 
téorologiques ou rapports médicaux que nous avons étudiés^ 
n'ont pu nous donner d'exemple, même dans le haut Sénégal, 
est retenue par Tesprit comme un fait normal et ordinaire. 
Aussi, rien n'égale Tétonnement d'un grand nombre d'Euro- 
péens lorsque^ débarquant sur les côtes de notre colonie, ils 
reconnaissent qu'ils ont été transportés dans un milieu dont 
leur imagination avait fait une sorte de fournaise et 'qui ne 
leur donne^ s'ils débarquent dans la saison sèche^ que des 
sensations de fraîcheur souvent fort accusées, et, s'ils arrivent 
au milieu de l'hivernage^ que des sensations de chaleur très- 
supportables. Ce n'est pas, en efTet, pour les nouveaux débar- 
qués que les chaleurs de l'hivernage sont pénibles, c'est 
lorsqu'ils auront deux ou trois ans de séjour que leur santé 
épuisée, leur susceptibilité exagérée aux variations atmosphé- 
riques les porteront à se plaindre de l'élévation de la tempé- 
rature. 

Maie avant de chercher qui:ls sont les effets produits sur 
l'économie humaine par la chaleur et d'étudier les apprécia- 
tions individuelles de ses manifestations, il nous faut termi- 
ner notre étude de l'appréciation expérimentale de la chaleur 
à l'aide du thermomètre. 

JSous possédons; pour Tannée 1860, les moyennes des mi- 



TEHPÉRATURES EXTRÈKES. 



il 



nima et des maxima de chaque mois : les moyennes des mU 
Dima ne sont inférieures aux moyennes de six heures du 
matin que de 0'',5. Les moyennes des maxima diffèrent très- 
peu de eelles d'une heure du soir. 

£q consultant, pour les autres années» les températures 
inoyenDCs à six heures du matin et à une heure du soir, on 
aura, approximativement au moins, une idée de ce que doi- 
vent être en général les minima et les maxima de chaque 
mois. 

L'examen des tableaux des températures extrêmes de cha- 
cune des dix années présente beaucoup dMntérêt. On trou- 
vera les faits les plus saillants qu'ils présentent résumés dans 
le tableau suivant qui est lui-même extrait de celui plus com- 
plet que nous avons donné dans PAnnuaire de la Société mé- 
téorologique, t. XVII. 

Vempératares extrémei obserTées à Gorée pesdani dix ans* 



ANIfjgES. 


MIN. 


DATES. 


MAX. 


DATES. 


1856 
1857 


1C?5 
15,0 


• 

le 12 février. 

tes 2 et 28 février. 


31O0 
32,0 


1 1 foisenjuiUet, septembre, 

octobre, novembre, 
le 19 octobre. 


1858 
1859 
1860 
1861 


15,0 
14,0 
16,0 
16,2 


les 11 et 12 janvier. 

les 27-28 30-31 jan- 
vier. 

10 fois en janvier, fé- 
vrier et mars. 

le 21 février. 


32,0 
31,0 
32,0 
33,0 


les 27 septembre, 8-17- 

23 octobre. 
18 fois en août, septembre, 

octobre, novembre* 
le 12 août. 

le 11 octobre. 


1862 


16,0 


les 8-24-26 février. 


32,0 


les 8-23 octobre. 


1863 
1864 


15,8 
15,6 


le 28 février, 
le 12 janvier. 


31,2 
31,6 


les 18 septembre, 23 oc- 
tobre. . 
le 25 septembre. 


1865 


15,0 


les 20-21-25-28 dé- 
cembre. 


31,0 


les 13 juin, 29 septembre, 
l«r octobre. 



Les températures extrêmes des dix années ont été de 14 et 



48 CLIMAT DE GOEEE. 

3B\ Ainsi ua thermomètre gradué de seulement 19% aurait 
pu suffire à toutes les observations qui ont été faites pendaDt 
cette période de dix ans* 

Comme ces températures sont exceptionnelles^ il est nécc8« 
saire de donner une idée de leur fréquence. 

La température de li"" n'a été observée que quatre fois en 
dix ans« 

Celle de 15% douze fois en dit ans. 

Celle de 16^ est assez fréquente, nous la trouvons notée dix 
fois pendant la seule année 1 860 qui n'en a pas eu de plus 
basse. 

En général les minima extrêmes s'éloignent peu de la tem- 
pérature moyenne de six heures du matin ; ils ont varié en 
dix ans de i5^ à 17° pour les cinq premiers mois de la saison 
fraîche. Exceptionnellement oc les a vus ne pas descendre 
au-dessous de 20"" dans le mois de mai, mois de transition 
entre la saison fraîche et la saison chaude. 

En examinant les maxima extrêmes nous trouvons : la tem- 
pérature de Sd"" observée une seule fois en dix ans; celle de 
32*" n'est guère observée plus de quatre ou cinq fois chaque 
année, lorsqu'elle est atteinte. La température de 31° estelle- 
même beaucoup moins fréquente qu'on pourrait le croire: 
Tannée où elle a été notée le plus souvent est celle de 1859, 
pendant laquelle elle a été notée, dix-huit fois. Les autres 
années elle n'a été observée que quatre à dix et douze fois. 

Comparez cette rareté des forts maxima à Gorée avecles 
plus hautes températures observées en France. Il est peu 
d'années où à Paris ne s'observent des maxima de 30 à 33». 
En France, à Poitiers en 1870, le 24 juillet, on observait dans 
un jardin, au thermomètre-fronde, 4i%2 (Renou). 

Le maximum de 30"* se montre fréquemment à Gorée; 
ainsi, dans l'année 1860 il a été atteint vingt-six fois et 
dépassé de i ou S*" cinq fois. 

11 est intéressant de comparer la fréquence de cette tempé- 
rature élevée à celle de la même température dans nos climats 



TABIÀTIONS DE LA TBMPiRATUBE. 49 

d'Europe. Â Montpellier (1), en 18S9^ le thermomètre 6'est 
élevé quarante fois au-dessus de 30*. Cette comparaison peut 
donner une idée de la douceur du climat de Gérée et dé- 
montre combien on a Idssé passer d'idées fausses sur le climat 
du Sénégal. 

Gomme on pouvait le supposer^ les minima les plus faibles 
s'observent toujours dans la saison f ratcbe et le plus souvent 
dans le mois qui a la plus basse température moyenne, c'est- 
à-dire en février. Les plus faibles maxima se présentent aux 
mêmes époques, d'où résulte le peu d'étendue des variations 
thermométriques. 

Les plus forts minima se présentent dans rhivernage. En 
1860, ils ont atteint 27*, une fois en juin, cinq fois en juillet, 
douze fois en août. En septembre, ils ont atteint 28*, deux 
fois, et n'ont pas été inférieurs à 26*. En octobre, le plus fort 
minima a été de 25*, quatre fois. 

Dans le même hivernage, les plus faibles maxima ont été 
27*, quatre fois en juin; 28*, quatre fois en juillet; 26*, deux 
fois en août; 28*, six fois en septembre et quatre fois en 
octobre ; 25*, trois fois en novembre. 

Ces renseignements peuvent donner déjà une idée du peu 
de variations des températures de la saison d'hivernage. 



VIIX. — Variations thermométriqaes. 

Avant d'entrer dans l'étude des variations thermométriques, 
il est nécessaire de faire remarquer combien ce que nous di- 
rons de la constance et du peu dMrrégularité de la tempéra- 
ture de Corée diffère de tout ce qui a été dit jusqu'ici relati- 
vement au climat du Sénégal par le plus grand nombre des 
auteurs. 

Il est difficile d'ouvrir un livre, une brochure, une thèse, 
un rapport médical s'occupant de notre colonie sans trouver 

(1) Annuaire de la Société météorologique de France, année 1862, p. 126. 

A 



50 CUVAT DE fiOftiE. 

en première ligne des variations brusques et très-<X)nsidé- 
rables de la température accusées d'être les principales causes 
. des maladies. Mais il est impossible de trouver des indications 
précises de Fétendue de ces variations. 

Tout ce qui a été écrit sur le climat du Sénégal présente le 
résultat de confusions nombreuses. Le plus souvent le climat 
du littoral est confondu avec celui de Tintérieur. Viennent 
ensuite les erreurs résultant de ce que Ton a trop généralisé 
des observations recueillies sur certains points particuliers. 
Enfin les erreurs plus graves qui résultent de la confusion 
des phénomènes observés dans la saison d'hivernage avec 
ceux qui sont propres à la saison sèche. Souvent en e£fet on 
voit attribuer à la mauvaise saison et indiquer comme causes 
des maladies qui régnent à cette époque les variations brus- 
ques de la température^ variations qui ne s'observent dans le 
fleuve du Sénégal et à Saint-Louis que pendant la saison 
sèche. Il faut^ au contraire, reconnaître que les maladies 
endémiques qui constituent dans ce pays la presque totalité 
des maladies des Européens sont exclusivement soumises à 
l'influence des moyennes élevées et non aux variations de 
température. 

Lorsque nous avons commencé nos recherches, nous nous 
attendions à trouver à Gorée de ces brusques oscillations 
thermométriques citées comme propres au climat du Sé- 
négal. L'étude des faits nous a forcé de modifier profon- 
dément notre opinion. Les personnes qui se sont formé, 
comme nous l'avions fait nous-même, une idée fausse sur l'in- 
tensité de ces variations, pourraient, en voyant le résultat de 
nos recherches, accuser l'exactitude des observations que nous 
avons résumées. Mais que l'on suppose ces observations 
d'une valeur très- médiocre, ce qui est loin d'être la vérité, 
comment se fait -il que cinq observateurs se succédant n'aient 
inscrit en dix années que trois fois une variation diurne 
atteignant 12 degrés? Comment se fait-il que dans les jour- 
naux météorologiques de ces dix années on ne trouve des 
variations diurnes de 9 ou 10 degrés que très «^exceptionnelle- 



TARUTIOICS DE LA TEMPÉRATURE. £1 

ment, dans quelques-unes des saisons sèches^ et Cela une ou 
deux fois seulement dans chacune de ces saisons T Dans les 
diyers hivernages, la plus forte Tariation observée dans l'es- 
pace d'un nycthémère n'a atteint que 7 degrés. 

Quelle que soit la valeur que Ton attribue aux observations 
faites à Thôpital de Gorée^ il faut reconnaître que le climat de 
celte île doit être classé parmi ceux à température peu va- 
riable. 

Dans une période de dix années^ les températures extrêmes 
ont été^ avons- nous dit^ de i4<> et de 33«. Ceci annonce déjà 
qu'il n'y aura pas de ces vicissitudes très-grandes que Ton 
voit se présenter dans les climats froids et dans les climats 
tempérés. 

Dans Vespace d'une même année le thermomètre n'a jamais 
oscillé de moins de i4«,5 ni de plus de iV. 

Eflfin^ si nous cherchons quelles ont été^ dans les mêmes 
mots, les différences entre les plus basses et les plus hautes 
températures observées, nous trouvons ces différences indi- 
quées dans le tableau suivant : 



82 



CLIHàT de GORiS. 



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8 

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VARIATIONS DE LA TEMPERATURE. 53 

• 

La plus faible de ces différences a été de 3%i au mois d*août 
1861, et la plus forte de 13<» en janvier^ mars et avril. Les 
oscillations mensuelles de la saison sèche ont varié entre 
6 degrés pour les plus faibles et 1 3 degrés pour les plus fortes. 
Dans rbivernage, la diflérence des températures extrêmes des 
mêmes mois a varié entre 3®^4 et 1 degrés. Dans les trois 
mois 'de cette saison pondant lesquels dominent les pluies, 
les oscillations mensuelles se sont maintenues entre 30,4 
et 7%8. 

Plus on se rapproche du centre de Thivernage, c'est-à^lire 
de la mauvaise saison et des températures moyennes élevées^ 
plus les oscillations deviennent faibles, ce qui nous paraît 
d'une importance considérable au point de vue médical. Il 
ne faut pas oublier qu'il s'agit ici des oscillations réelles 
de la colonne thermométrique, non pas des variations des 
moyennes, mais de la différence qui existe entre la plus basse 
et la plus haute température de chaque mois. 

Pour bien comprendre la valeur de ces oscillations de la 
température, il est indispensable de nous faire une idée pré- 
cise de ce qu'il faut entendre par oscillations faibles ou fortes. 

Cherchons quelques points de comparaison dans les climats 
des autres parties du globe. Suivons la division des climats 
adoptée par H. Jules Rochard (i) et voyons quelle est, dans les 
diverses zones climatériques tracées par cet auteur, rétendue 
des oscillations. 

Dans la zone des climats polaires, sous une latitude de 57», 
en Russie, dans le gouvernement de Perm, à Nijné-Taguilsk, 
se trouve un bourg situé sur le versant oriental de l'Oural, 
au bord de la rivière de Taguil, à une élévation de 190 mètres. 
Des observations météorologiques ont été faites pendant vingt- 
six ans sur ce point par un ingénieur français, M. Léon Weyer, 
et par M. Nicolas Âlexieff(S). La plus basse température ob- 
servée a été de — 46%9 centigrades en janvier 1847; la plus 

(1) Nouveau dictionnaire de médecine pratique^ t. VIII. Climat 

(2) Annuaire de la Société météorologique de France, année 18C7, t. XV. 



54 CLIMAT DE GOBÉE* 

haute s'est élevée en juillet 1841 à d8%l. Le tbermmiètre a 
donc oscillé de S^"* entre ces deux températures extrêmes. 
Dans l'année 1864, le thermomètre s'est abaissé en janvier 
à — 41%3; il s'élevait six mois après à -|-32%5. La tempéra- 
ture a donc varié de 73%8 dans l'espace de ces six mois. Les 
variations annuelles ont dépassé plusieurs fois cette dernière 
' quantité dans quelques-unes des années précédentes. Les dif- 
férences entre les températures extrêmes des mêmes mois 
ont souvent dépassé 43% elles ont même atteint 50^ Les oscH- 
lationd diurnes sont considérables sous ce climat^ la moyenne 
thermométrique diurne peut varier d'un jour à l'autre de 
14% comme nous en trouvons un exemple en 1863, da 19 au 
ÎO janvier. 

Dana la zone des climats tempérés, à Paris (Montsouris), le 
9 décembre I87i, la température descendit à -^îSV (l). 
Sept mois après> le 22 juillet 1872, le thermomètre montait à 
34<>94i Les habitants de Paris eurent donc à supporter une 
variation de température qui atteignit 57%8. 

A Genève (2), le thermomètre est descendu le V^ décembre 
1854à~14%l, il montait le 30 juin suivant à 28%5;cequi 
donne une oscillation de42<',6 pour l'année 185lî. L'année 
suivante, l'oscillation fut de — 13%0 à +«^3%4, c'est-à-dire 
de 46%4. Le 15 janvier 1838, le thermomètre descendait i 
—250,3; il s'était élevé le 30 juillet 1827 à 36o,2 (Renou). La 
différence est de 61o,5. 

Dans la zone des climats chauds, en Italie, la chaleur 
atteint parfois 33^ à Nice; à Naples, en juillet 1841, elle attei* 
gnit 37%7 (Schow). Or il s'observe des gelées dans ce pays. 

Sous la zone équatoriale, les oscillations thermométriques 
se limitent généralement entre 18 et 34®. 

Exactement sous l'équateur, au Gabon, < vingt mois d'ob* 



(1) Ce même Joar, H. Renoa constatait an thennomètre-froade, à Aaber- 
vllliers -*24%5t et à HontargU le thermomètre descendait à — 27o,5. 

(3) Annuaire^ de la Sociité météorologique de France, t. VIII. Obsenratioas 
de M. Plantamour. 



YAEUTIOIIS DB JJL TEMPiRÀTDEE. 5S 

servatioQSy dit M. Ricard (1)^ ne m*ont jamais fait surprendre 
un écart de plus de lO*" de la matinée la plus froide de Tannée, 
4-22% à l'après-midi la plus chaude 4-32«. » 

Nous pouvons comparer à ces oscillations du thermomètre 
dans les diverBes zones climatértques celles que présente la 
température de Corée. 

L*osciIlation annuelle n'étant jamais supérieure à 17» ni 
inférieure à I4%5^ on peut juger que^ relativement aux varia- 
tions que Ton observe dans les régions extratropicales^ elle est 
trèe-faible. Elle se rapproche de roscfUation de la tempéra- 
ture dans les contrées situées exactement sous Téquateur. 

La plus forte oscillation des moyennes mensuelles a lieu à 
Corée entre mai et juin; elle est en moyenne de S<*,1, tandis 
qu'à Paris (2) la plus forte oscillation des moyennes de deux 
mois consécutifs s'élève â 4%?, et cette oscillation dépasse cinq 
fois 3<>,5 dans Tannée^ tandis qu'à Corée elle n'atteint que 
deux fois 3%5 et reste pour les autres mois inférieure à 2"^. 

La considération des températures extrêmes nous donne^ 
plus exactement que celle des moyennesj une idée du peu de 
variabilité de la température dans l'espace de chaque mois. 
Les oscillations mensuelles ont atteint en dix ans iS*" deux fois, 
12'' deux fois; elles n'ont dépassé 10"! que vingt-neuf fois. 

Une différence de i3<* entre la plus basse et la plus haute 
température du mois est certainement sensible^ mais dans les 
climats tempérés ces différences dépassent toujours de beau- 
coup i3«. Ainsi, à Genève^ la plus faible oscillation 'men- 
suelle de Fannée météorologique 1866 a eu lieu en août; 
elle a été de îl^fi, tandis que la plus forte oscillation a atteint 
270,1 au mois de décembre qui commence cette année météo- 
rolc^ique. On pourrait trouver de nombreux points 'de com- 
parai&ions dans le climat de la France. Si nous cherchons^ 

(1) Rioard, Bygiène de$ entreprises à la partie intertropieale de la côte,o^ 
eidenldled^ Afrique. Vuils, 1855. 

(2) Voir lUsumé àet ohtermùm de tentpératuré faites à VÙhsetvatùir^ de 
Fari9 penékunt cinquaim ans (1S16-1866}, j^ar Renou. -^ Ànnuai)r0de la So- 
ciéti météorologique de 1867, p. 269. 



56 CLIHAT DE GORiB. 

par exemple, à comparer les variations mensuelles de la tem- 
pérature à Corée avec celles qui ont eu lieu dans la même 
année en France sous un climat marin extrêmement doux, 
celui de Brest (1), nous serons frappés de la faiblesse des va- 
riations de la température sur le littoral du Sénégal. Le ta- 
bleau suivant met ces faits en évidence : 



/ 



Oselllatlons mensnelles de la température 

Ou différencei des températures extrêmes de chaque mais pendant f armée 

météorologique 1859. 

A Brest (Franee). A Corée (Sénégal). 

Décembre i2<>2 7* 

Janvier 43^8 il 

Février 9,9 12 

Mars • . • 14J 10 

Ayril 20.4 i2 

Mai 10,9 8 

Juin 14,5 6 

JuiUet 16,1 5 

Août 16,0 6 

Septembre 14,2 6 

Octobre 20,5 5 

Novembre i4,8 11 

La faiblesse relative des oscillations mensuelles de Thiver- 
nage est très-remarquable^ elles n'ont jamais été plus fortes 
que 7«,8 pour le centre de Thivernage, et se sont abaissées 
jusqu'à n'être que de 3<»,4 au mois d'août (1861). Que Fon 
compare cette faible oscillation à celle observée dans le même 
mois à Brest et Ton sera forcé de reconnaître combien peu 
sont considérables les oscillations de la température à Corée. 
Dans la saison cbaude elles descendent aussi bas que sous 
réquatéur, ce n'est que pendant la saison fraîche qu'elles 

(1) Voir les observattODS faites à Brest, en 1859, par M. BeUeville, UeateDant 
de vaisseau, directeur de l'Observatoire. [Annuaire de la Soeiété mMn'olO' 
giquêf tome VIII.} 



VARIATIOHS DB LA TEMPifiATURE. 51 

prennent une valeur qui est toujours très-inférieure à celles 
des variations que les Européens sont habitués à éprouver. 

Ce sont surtout les oscillations diurnes qui ont été signalées 
comme excessives au Sénégal. Plus tard nous étudierons la 
valeur de ces oscillations à Saint-Louis et dans Finiéneur du 
pays. Nous devons nous borner pour le moment à examiner 
celles de Corée. Le tableau suivant permettra d'avoir une idée 
de rétendue de ces oscillations : pour simplifier la lecture de 
ce tableauy nous avons supprimé les dates des observations. 



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On voit que la température Tirie chaque jour dans des 
limites très-faibles, puisque les plus fortes de ces oscillations: 
n'oDt pas atleinty en dix ans^ une étendue de plus de 7* à i2<^ 
pour la saison sèche, et n*ont été que de S^ à 7* pour lef mois 
d'hiTemage. 

Si nous cherchons des termes de comparaison dans les 
climats tempérés, l'appréciation de la valeur des yariations^ 
quotidiennes du climat de Corée pourra se faire avec la plus 
grande facilité. 

Nos tableaux ne nous indiquent que trois fois, et dans trois 
années différentes, des oscillations montant à iS""; neuf foi«P 
seulement les oscillations ont atteint ou dépassé lO"" dans l'es- 
pace de dix années. 

Consultons les fableàifx publiés chaque jour par YObsefM-' 
toire météorologique central de MontsourU, pour Paris et ses 
environs. Nous trouvons qu'à Versailles^ en i 872, au mois de 
mai, la plus faible oscillation diurne a été de 4», et cela 
seulement deux fois, que la plus forte de ces oscillations a 
atteint 15*"; enfin que les oscillations nychtémérales ont dé^ 
passé iO"" plus de quatorze fois dans ce seul mois. 

Comparons encore le climat de Corée à celui de Brest^ 
comnoe nous Tavons fait déjà pour les oscillations mensuelles* 

Vableau des pins fortes oselllatioiis nyelttémérales 
obserTées pendant Pannée météorologiqne 1950. 

A firest. A Corée. 

Décembre 6^0 b^ 

Janvier 7^3 5 

Février 9,9 lu 

Mars iO,i 9 

Avril 10,« 9 

Mai 9,6 5 

Juin • li,» 6 

Juillet i3,S . 4 

Août ^ - 12,5 5 

Septembre 13,6 5 

Octobre 9,0 4 

MièttÉbre 9^9 6 



60. CLIHAT DE GOBÉE. 

Les plus grandes différences entre le minimum et le maxi- 
mum de chaque jour^ sont donc inférieures à Corée à ces 
mêmes différences sous ie climat marin de Brest, le plus 
uniforme de toute la France. 

Concluons. Le climat de Gorée^ sans présenter la cons* 
tance des climats des pays situés directement sous Téquateur, 
jouit d'une fixité remarquable. Les variations en sont très- 
faibles, quelle que soit la période que Ton considère, et c'est 
principalement à Tépoque des températures moyennes élevées 
et des maladies graves que les variations sont extrêmement 
faibles. 



IZ. — Appréciation physiologique de la température. 

L'observateur est obligé, pour mesurer ^influence du calo- 
rique sur le milieu qui nous entoure, de se servir d'un insh 
trument particulier. Ce n'est pas, à vrai dire, la température 
qu'il examine^ mais l'influence du calorique libre de l'atmo- 
sphère sur la colonne tbermométrique. Il en résulte que les 
observations n'ont de valeur qu'autant que Ton se souvient 
de ce qu'elles expriment. Le corps humain est loin de ressentir 
les variations de température de la même manière que l'ins- 
trument que nous observons. Il ne faut pas demander aux 
résultats fournis par le thermomètre des indications que cet 
instrument ne peut nous donner. Aussi les personnes qui 
veulent apprécier la température d'après les sensations éprou- 
vées par le corps humain arrivent-elles à des conclusions 
très-souvent différentes de celles fournies par le météorolo- 
giste. 

Indépendamment de l'appréciation individuelle qui doit 
varier avec les observateurs, il y % dans la méthode qui con- 
siste à étudier la température au moyen des sensations^ de 
graves causes d'erreur. Souvent on attribue à la température 

m 

des modifications atmosphériques qui sont loin d'être sous 
son influence immédiate. Par exemple, le thermomètre peut 



APPRÉCIATION PHYSIOLOGIQUE DE LA TEMPÉRATUfiE. 61 

rester invariable deux journées successives^ et cependant i*une 
des journées sera dite fraîche et l'autre chaude par le plus 
grand nombre des individus. Il suffit pour cela qu'à une forte 
brise succède une journée de calme ou à un temps sec un 
temps humide et pluvieux. 

Au Sénégal une température de âS*", accompagnée d'une 
bonne brise de nord, pendant la saison sbche^ parait fraîche ; 
tandis que cette même température est insupportable pendant 
l'hivernage^ surtout s'il fait calme. Le corps se couvre vaine- 
ment alors de sueurs abondantes^ les moyens qu'emploie 
l'économie pour combattre la chaleur sont insuffisants. 

La sensation que nous appelons fraîcheur est plutôt^ pour 
le corps, l'appréciation instinctive de la quantité de calorique 
qui lui est soustraite que celle de la température de l'air 
ambiant. La fraîcheur que l'on se procure à l'aide de l'éven* 
tail, dans un milieu dont la température réelle ne change 
pas, en est une preuve. Il en résulte que c'est principalement 
l'état hygrométrique de l'air et son état d'agitation ou de 
calme qui modiflent Tappréciation physiologique de la tempé- 
rature. Personnellement, je n'ai jamais beaucoup souffert de 
la chaleur dans l'intérieur du Sénégal, lorsque dans la saison 
sèche, à Dagana, le thermomètre se maintenait pendant plu- 
sieurs heures entre 32 et 3^""; tandis qu'à la côte de Guinée, 
une chaleur de 28"» presque constante et toujours humide me 
paraissait extrêmement pénible. 

C'est la confusion faite entre les sensations éprouvées et les 
variations réelles qui a permis de dire qu'il y avait à Corée, 
entre le jour et la nuit^ de grandes varialions de température. 
Nous savons qu'en réalité ces variations sont très-faibles. Les 
auteurs qui accusent le climat de Corée de grandes variations 
sont tous des médecins qui ont observé, surtout au point de 
vue de l'effet produit par les vicissitudes de l'atmosphère sur 
le corps humain, la confusion entre le climat de Corée et 
celui de l'intérieur du pays a encore augmenté ces exagéra- 
tions, 
a Une particularité dont il importe de tenir compte, dit 



62 GOHAT PB GOBil. 

Forget (i), ee sont les grandes variations ie températures 
diurnes et nocturnes dans la plupart des régions chaudes^ 
variations qui sont une des causes principales de leur insalu- 
brité. » Cet auteur oublie que, s'appuyant sans doute sur 
Tobseryation thermométrique^ il a pris la peine de se réfuter 
d'avance en disant^ quelques pages plus haut et avec juste 
raison : t Les variations de température sont plus marquées 
à mesure qu'on s'avance vers le nord. » 

L'erreur dans laquelle sont tombés ceux qui ont émis 
les mêmes idées que Forget provient de ce que^ dans les 
régions chaudes, la plus petite variation produit une sensation 
très-marquée* On se plaint réellement du froid lorsque^ le 
sdr, à Corée, le thermomètre, au moment du coucher du 
soleil, baisse de 2 à S""; les Européens se couvrent alors de 
vêtements épais, comme on le fait dans les fraîches soirées 
du printemps dans le nord de la France. 

Quelques-uns des observateurs, dont nous utilisons les tra- 
vaux, ont pris soin de noter sur le journal météorologique ces 
sensations de fraîcheur accusées par tout le monde et dont le 
thermomètre ne donnait aucune' indication. C'est toujours 
dans la saison sèche et lorsque soufflent les vents de la partie 
Est que Ton trouve de ces annotations. Ainsi M. Chaze notait 
ceci pour le mois de décembre 1858 : t Bien que le thermo- 
mètre ne soit pas descendu au-dessous de 20% le froid parait 
intense à cause des vents d'est et de nord-est qui n'ont pas 
cessé de se faire sentir. » La plus forte oscillation nychtémérale 
de ce mois n'a atteint, d'après le journal de cet observateur, 
que 5« et seulement trois fois. En 1863, M. Morio faisait une 
remarque analogue pour l'abaissement apparent de la tempé- 
rature pendant le mois de février : « Bien que le thermomètre 
ne soit pas descendu plus bas que 15% dit-il, la constitution 
atmosphérique aurait pu faire supposer un abaissement plus 
considérable. » 

L'étude d'un climat, au point de vue de l'influence des 

(1) Forget, Médecine navak, !•' volume, page 856. 



APPRÉCIÀTIOX PHTSIOLOGIQIJB DB Lk TEMPÉBATCRE. 63 

variations atmosphériques sur la consUtutiim humaine, est 
une étude remplie de oomplioalions. Des connaissances en 
physique et en météorologie ne peuvent suffire, des questions 
de physiologie Tiennent la compliquer à chaque instant. 
Pourquoi l'Européen quittant le Séné{^ au mois de septembre 
et qui éprouvait une sensation de fraîcheur très -accusée 
lorsque, sous Tinfluenoe d'une pluie, le thermomètre voiait 
à baisser de 2 ou S"", a-t-il besoin lorsqu'il se trouve en France, 
dix jours après son départ, pour éprouver une sensation com- 
plètement analogue, d'une variation de 8 ou iC" ? Comme dans 
ce prompt voyage sa constitution n'a pu changer, Tétat ané- 
mique du sujet n'explique pas seul cette sensibilité aux variar 
lions faibles du climat de Corée.' En France, dans les belles 
soirées d'été, TEuropéen, fatigué de la chaleur du jour, goftte 
avec plaisir la fraîcheur qui succède au coudher du soleil. 
Pourquoi au Sénégal n'en est-il pas de même? Un abaisse- 
ment insignifiant do la température iinpressionne péniUe- 
ment le corps fatigué de la chaleur de la journée, et des vête* 
ments relativement chauds deviennent indispensables pour 
passer la soirée à l'air libre. En considérant l'état hygromé- 
trique de l'air on explique encore bien des sensations que vul- 
gairement on attribue à la chaleur, mais cela ne peut suffire. 
N*existe-t-il pas un état particulier de l'atmosphère inappré- 
ciable à nos instruments, et qui rend pénible la moindre 
Tariation dans les hautes températures* Lé baromètre étant 
presque invariable, des modifications de la pression atmo- 
sphérique ne peuvent expliquer non plus l'état particulier 
et pénilrfe dans lequel se trouve le corps dans certaines jour- 
nées de rUvernage. Comme cet état précède surtout les 
orages, on a supposé que Télectricité jouait un rôle dans 
les sensations qu'éprouve le corps dans ces circonstances. 
Hais chercher dans des phénomènes inconnus ou mal connus 
l'explication d'autres phénomènes, n'est pas répondre à la 
question que nous nous scHnmes posée. C'est un sujet qui a 
besoin d'être approfondi. Y<Hci ce que nous pouvons dire en 
résumé : 



64 GLIHAT DE GO&ÉE. 

Dans les régions tropicales^ sous l'influence des tempéra* 
tures moyennes constamment élevées, l'Européen acquiert 
une sensibilité qui lui fait éprouver pour de faibles abaisse- 
ments de réchelle thermométrique des sensations analogues 
à celles que dans les climats tempérés il éprouvait pour des 
oscillations beaucoup plus considérables. Celte sensibilité n'est 
qu'en partie sous la dépendance de modiflcations dans la 
constitution individuelle. Les variations dans les quantités 
de vapeurs d'eau contenues dans l'atmosphère des régions 
chaudes nous paraissent être le phénomène auquel il est le 
plus facile de rattacher cette sensibilité. Nous croyons avec 
M. Renou que l'état hygrométrique joue le rôle le plus im- 
portant par rapport à cet état de l'économie. 

Avant de terminer notre élude de la chaleur sous le climat 
de Corée, il est nécessaire de faire remarquer que les obser- 
vations qui nous ont servi de base ont été faites dans des con- 
ditions toutes spéciales. Le thermomètre était placé dans les 
conditions que l'on choisit d'ordinaire pour faire les observa- 
tions météorologiques. Le milieu dans lequel vivent le plus 
communément les Européens peut se trouver semblable à 
celui du lieu de l'observation ; mais souvent il en diffère. 
Il faudrait pour bien connaître la température à laquelle se 
trouve soumis le plus ordinairement le corps humain, faire 
des recherches sur les variations que peuvent apporter à la 
température telle ou telle exposition du milieu dans lequel il 
est appelé à vivre. Chercher, par exemple, dans une maison 
bien conditionnée la température moyenne de thermomètres 
exposés aux quatre points cardinaux, celle de l'intérieur des 
chambres, celle d'une cour à l'abri du vent, celle d'un jardin. 

La situation d'une maison peut en effet faire varier de 
2 ou 30 en plus ou en moins sa température intérieure. Une 
élévation de terrain abritant cette maison contre les vents 
dominants, peut considérablement modifier cette température. 
Ainsi les habitations placées à Corée à l'abri du Gastel, sont 
défavorablement situées pendant l'hivernage; leur tempéra- 
ture est moins fraîche que celle de l'hôpital. A Dakar, dès 



APP&ÉCIATIOX PHYSIOLOGIQUE DE LA TEMPÉRATURE. 65 

qa'une habitation se troave placée dans une dépression de 
terrain, à Tabri des Tents^ sa température s'élève considé- 
rablement. 

Mais l'action directe des rayons du soleil modifle considé- 
rablement les notions que nous avons données sur les varia- 
tions de température auxquelles peuvent être soumis les ha- 
bitants. Parmi les nombreux desiderata que nous aurions à 
exprimer, celui d'une étude de la température au soleil serait 
Tun des premiers. Malheureusement rien ne présente plus 
de difficultés que ce genre d'observations. En prenant pen- 
dant quelques jours la température d'un bain de mercure 
librement exposé au soleil, nous avons trouvé, qu'en évitant 
les conditions dans lesquelles les rayons solaires se trouvent 
concentrés par des réflexions, la température de ce bain 
exposé dans un jardin, à 1 mètre au-dessus du sol, variait 
entre 30** et 40% pendant que le thermomètre abrité indi- 
quait âô"". Mais les oscillations étaient extrêmement fréquentes, 
et ce moyen d'exploration nous a paru ne donner que des 
résultats sur lesquels nous ne pouvions compter. Nous ne 
saurions trop recommander l'observation du thermomètre- 
fronde faite au soleil, aux personnes qui voudront compléter 
ou corriger notre étude. 

En général, les Européens habitant nos villes coloniales se 
tiennent à l'abri des rayons du soleil, et ce n'est que dans 
quelques cas exceptionnels, à la chasse ou dans les colonnes 
militaires en marche, que l'on voit survenir de terribles cas 
d'insolations. Mais ces insolations ne présentent rien de par- 
ticulier au climat du Sénégal, puisqu'on a vu des accidents 
analogues ee produire au milieu des troupes en marche jus- 
que sous le climat de la Belgique et dernièrement sous celui 
du nord de la France. 

Los personnes habitant Corée peuvent éviter les rayons du 
soleil ou ne faire sous ses rayons ardents que quelques courses 
brèves en s'abritant sous un parasol. Elles vivent dans des 
conditions qui ne leur permettent pas de trouver pénible là 
chaleur du pays ; quelques journées de la fin de riiivernage 

S 



66 CLIMAT DK 6DRÂE. 

font seules exception. Si Ton compare la manière de vivre des 
Européens au Sénégal à celle des colons de Tlnde^ on verra que 
les nombreux artifices employés par ces derniers pour se pré- 
server ai h chaleur sont presque inconnus aux habitants du 
Sénégal, il ne faut pas croire cependant que dans ce dernier 
pays les Européens soient au-dessus de la satisfaction que 
procure le bien-être et que leur position ne leur permettrait 
pas de se le procurer^ s'ils y trouvaient quelque intérêt. On ne 
voit dans cette colonie ni ces éventails, ni ces pancas toujours 
en mouvement dans les habitations de Tlnde. Ce n'est que 
très-exceptionnellement que ces instruments pourraient être 
de quelque utilité aux habitants du Sénégal. Le contraste en- 
tre ces deux pays est encore plus grand si Ton considère la 
manière de se vêtir des Européens dans chacune de ces 
contrées. Les vêtements de toiles blanches si communément 
en usage dans Tlnde^ ne se portent au Sénégal que par excep- 
tion. Les Européens s^y vêtissent de draps plus ou moins lé- 
gers et d'étoffes de laine peu épaisses ; les flanelles bleues y 
sont beaucoup en usage^ elles constituent des vêtements par- 
faitement appropriés à Thygiène des Européens dans ce pays. 



CHAPITRE III. 



DES VENTS. 



Z. — Roses des vents de Tlle de Gorée. 

Nous avons relevé, dans les registres météorologiques de 
1856 ai 865, les vents de chaque mois^ à cinq heures diffé<- 
rentes de la journée. Ce travail nous a permis d'obtenir les 
tableaux (1) indiquant la fréquence mensuelle de chacun des 
huit vents principaux du compas, ainsi que celle des calmes 
pendant dix ans, aux diverses heures d'observations. 

Nous avons tracé les roses de la fréquence des vents pen- 
dant cbaquQ mois. A partir d'un point central, représentant le 
lieu d'observation, dans la direction des quatre points cardi- 
naux et des quatre points collatéraux, nous avons pris des 
longueurs proportionnelles à la fréquence de chacun des 
vents. De sorte que la direction de chaque vent est indiquée 
de la périphérie de la figure vers le centre, et sa fréquence 
par la longueur du rayon répondant à cette direction. 

La fréquence des calmes est indiquée par un cercle dont le 
rayon est d'une longueur proportionnelle au nombre de jours 
de calme. 

Il est nécessaire de faire ici une remarque : pendant les 
années 1864 et 1865, l'observateur n'a pas relevé les calmes; 
toujours la direction de la girouette a été notée; il en résulte 
que les chiffres exprimant la fréquence des calmes s'appli- 
quent seulement à huit années. On pourra comparer la fré- 
quence des calmes entre eux; mais, si Ton veut comparer la 
fréquence des calmes à celle des vents, il faudra tenir compte 

(1) V. Annuaire de la Société météorologique, tome XVII, page 66. 



68 



CLIMAT DE CORÉE. 



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DES YENTS. 69 

de cette cause d'erreur (la fréquence des calmes dcTra être 
augmentée d'un cinquième). 



n. — Fréquence des vents selon leur direction dans les 

différents mois. 

Dès le premier coup d'œii jeté sur les roses mensuelles des 
Yents, le lecteur sera frappé par Teitrême prédominance, 
pendant huit mois de l'année^ des yents du N à TE sur tous 
les autres vents. 

De décembre à la fin de mai^ les vents du NE, du N et de TE 
régnent d'une manière à peu près exclusive. Ce sont donc les 
vents propres à la saison fraîche. Ce sont aussi presque les 
seuls régnant dans la dernière quinzaine d'octobre et pendant 
tout le mois de novembre. 

A quoi doit-on attribuer cette régularité des vents du Nàl'E 
pendant les deux tiers de l'année? 

Le Sénégal est situé dans la zone des vents alizés. Il n*est 
pas douteux que ces brises régulières de NE ne soient autres 
que les alizés. Ces brises oscillent du N à TE par suite de modi- 
fications accidentelles produites probablement par la prépence 
des terres. Ces causes de déviations ne peuvent toutefois faire 
varier cette direction de plus de 45® : la résultante générale 
reste toujours très-voisine du NE. * 

Remarquons (jue les observations n'ayant porté que sur les 
huit points principaux du compas, on a dû souvent noter N 
pour NNE et Ë pour ENE. Si nous avions Tindicalion de ces 
points intermédiaires, la tendance des vents à la direction NE 
serait^ sans doute^ encore mieux indiquée. 

Pendant quatre mois seulement : les quatre premiers de 
rbivernage^ ces vents réguliers font défaut ou ne se montrent 
que comme des brises accidentelles pouvant mériter le nom 
de brises solaires que Ph. de Kerallet donne à tort, croyons- 
nous^ aux vents dominants de la saison fraîche. Ces derniers 
vents ne sont certainement pas des brises solaires. Ils soufflent 



70 CLIMAT DE GORÉK. 

en effet aussi souvent la nuit que le jour; quoique leur force 
ne soit peut-être pas aussi énergique la nuit, on ne peut les 
considérer comme des bribes résultant de l'inégal échauffe- 
ment de la surface du sol et de celle de la mer dans le jour et 
dans la nuit. Le releTé de nos registres météorologiques ainsi 
que notre observation personnelle ne nous ont permis de 
reconnaître^ pendant Tépoque des vents réguliers, aucune de 
ces alternances quotidiennes entre les brises de terre et les 
brises de mer qui existent dans les réglons peu éloignées de 
Corée, comme sur beaucoup de points des côtes équatoriales. 

On peut voir aussi que les roses horaires n'indiquent au- 
cune prédominance marquée des vents de terre dans la mati- 
née, à six heures, ou le soir, à dix heures, sur les vents de 
quatre heures du soir. On ne peut constater qu'une fréquence 
des calmes constamment beaucoup plus élevée la nuit et le 
matin que dans le jour ; mais cela dans toutes les saisons, et 
sans que la brise paraisse provenir plutôt du large que de 
l'intérieur des terres, à une heure parliculière du jour. 

Pour bien comprendre quel est à Gorée le régime des vents, 
suivons sur les roses que nous avons tracées, les modifications 
que subissent les directions des vents de mois en mois. 

Commençons par le mois de novembre, qui termine la sai- 
son des hautes élévations de la température. A ce moment de 
Tannée, les brises régulières sont établies depuis la fin du mois 
précédent; c'est à peine si dans ce mois soufflent quelques 
brises de NO. Le vent vient avec une fréquence égale du N et 
du NE; les vents d'Ë soufflent beaucoup moins fréquemment 
que ceux de ces deux directions. 

Si nous suivons les roses des vents de novembre à mai, nous 
reconnaîtrons que les vents du N vont en diminuant de 
fréquence et ceux du NE en augmentant pendant les mois de 
décembre^^ janvier, février et mars. C'est au mois de mars que 
la fréquence des vents venant directement du NE est la plus 
grande. Puis les vents remontent vers le nord en avril et mat, 
de sorte que, en mai, dominent les vents du N sur ôeux 
du NE* 



DES VENTS. 71 

Les vents d'E vont en augmentant de fréquence de mois en 
mois comme ceux du NE; c'est-à-dire que leur fréquence va 
croissant à tnesure que diminue œlle des vents du N Jusqu'au 
commenceraent de mars. Après cette époque les vents d'E di- 
minuent rapidement de fréquence ; en mai, ils sont devenus 
rares^ tandis que les jours de vent de NE sont en nombre lé- 
gèrement inférieur seulement à ceux des jours de vent 
du N. 

En mai, apparaissent quelques brises de NO et d'O qui, vers 
la fin du mois^ annoncent le changement de saison. 

En jtifti, assez brusquement se trouvent établis les vents de 
NO et d'O. Ces venis n'OQt toutefois qu'une fréquence égale à 
celle des vents de NE et de N, mais ces derniers vents ne souf- 
flent qu'irrégulièrement ; les vents d'E ont alors presque tota* 
lemeot disparu. 

En s'avançant dans la saison chaude et humide de Fhiver- 
nage* en juillet et aoâ^, on voit les vents de NE diminuer de 
plus en plus, de manière à devenir très-rares et à n'être plus 
que des brises accidentelles peu soutenues. Les vents du N ont 
eux-mêmes perdu considérablement de leur fréquence. La di- 
rection des vents se rapproche du SO à mesure que le soleil 
arrive à son second passage au zénith. 

Au mois d'août, les vents de SO dominent avec ceux de TO. 
On peut les considérer comme des brises répondant à la 
mousson de SO qui^ à cette époque de Tannée^ souffle au 
large, dans Tocéan Atlantique* 

Elles sont surtout diurnes^ et souvent, la nuit^ elles sont 
remplacées par des câlines^ mais non pas par des brises de 
terre. 

En sepiembrBf les vents de SO dominent encore, mais ils 
deviennent moins fréquents. Dans ce mois^ il y a presque 
égalité de fréquence entre les vents venant de tous les points 
cardinaux, les vents d'Ë et de SE faisant seuls exception par 
leur rareté. 

En octobre, les vents remontent vers le N en passant par 
¥0, et c'est à la fin de ce inois que reparaissent les alizés 



72 CLI A RÉE 

de NE qui ne sont réellement bien établis qu'au mois sui- 
vant. 

Résumons cette description. Les vents suivent, dans leur 
fréquence à Gorée, un mouvement giratoire qui, à partir de 
septembre où ils otit à peu près la même fréquence^ leur fait 
prendre une direction de plus en plus E en passant par le 
N pendant les mois d'octobre, novembre et décembre. Après 
janvier, le mouvement giratoire change de sens; les vents 
teYident à remonter vers le N en passant par le NE. Ce mou- 
vement continue pendant les mois de janvier, février, mars, 
avril et mai. A la fin de mai, pendant lequel dominent les 
vents de N, la direction des vents dép,asse le N, arrive au NO 
et à ro. Le mois suivant elle dépasse l'O et les vents attei- 
gnent le SO. En août cette direction est elle-même dépassée 
et les vents vont jusqu'à atteindre, ainsi que le mois suivant, 
une direction S. A cette époque cesse ce mouvement giratoire 
pour se faire en sens opposé, ainsi que nous Tavons décrit. 

Remarquons que les vents de SE font presque constam- 
ment défaut. Les vents de S sont eux-mêmes très-rares, ils ne 
se montrent que pendant les trois mois de la saison des pluies. 
Les vents de SE ne soufflent jamais plusieurs heures de suite ; 
ce sont les vents par lesquels débutent les tornades. 

Les indications que nous venons de donner sur la direction 
des vents et les roses qui accompagnent cette description, nous 
paraissent offrir un certain intérêt au point de vue de la navi« 
gation dans le voisinage du cap Vert. Le tracé graphique que 
nous présentons offre une exactitude beaucoup plus grande 
que celle de la carte des vents de l'Océan publiée par le Board 
of trade. Pour cette partie de la côte d'Afrique, les roses des 
vents données par cette carte ne s'appuient que sur un 
nombre excessivement faible d'observations. Elles diffèrent 
essentiellement des nôtres. (Faisons remarquer que, dans 
cette carte, les roses sont tracées sous le veni, tandis que les 
nôtres sont tracées sur le vent,) 

Ces roses des vents pourront encor^s servir dans l'étude de 
rétat sanitaire de Gorée. Elles faciliteront les recherches des 



DES VENTS.' 73 

relations qui existent entre Tétat sanitaire, la constitution 
médicale des différents mois, et les yents qui régnent ordi- 
nairement pendant ces mois, 

li y a donc àGorée deux périodes annuelles bien distinctes : 
celle des vents réguliers comprenant les deux derniers mois 
de rhivernage et les six mois de la saison sèche et fraîche; 
celte des vents variables et des calmes, qui ne comprend 
que les quatre premiers mois de la saison d'hivernage. C'est 
à ces quatre mois, qui forment Tbivernage proprement dit, 
que correspondent les pluies, les orages et le développement 
des causes des maladies les plus funestes aux Européens, en 
particulier le début des épidémies de fièvre jaunt;. Cette pé- 
riode commence vers le milieu de juin et se termine vers la 
un de la seconde quinzaine d'octobre, plus ou moins tôt, 
suivant les années. Elle comprend ainsi tout Tété et le pre- 
mier mois de l'automne, et correspond au second passage 
du soleil au zénith. Elle coïncide avec le moment où la tem- 
pérature est constamment ascendante et arrive à son maxi- 
mum. Le moment où elle se termine est celui où la tempé- 
rature prend une marche lentement décroissante. Ce n'est 
que deux mois ou un mois et demi après cette saison des 
vents variables, alors que la température moyenne baisse 
rapidement de 3 à 4 degrés, sous l'influence des vents régu- 
liers, que l'on peut considérer la saison chaude comme par- 
faitement terminée. 

Ainsi l'hivernage peut se décomposer en deux périodes : la 
première, de quatre mois, chaude, pluvieuse, humide et à 
vents variables; la seconde d'environ deux mois, à peu près 
aussi chaude que la première, mais sans pluie et servant de 
transition pour arriver à la saison fraîche. C'est dans le cou- 
rant du premier de ces deux mois, c'est-à-dire en novembre, 
que cessent de souffler les vents de l'O et du SO qui avaient 
été appelés par l'excès d'échauffement du continent africain. 
Alors reparaissent lès alizés dont la marche avait été inter- 
rompue. 



CLIMAT DE 60RÉE. 



III. — Frécpience des calmes stiivant les mois. 

Le mois de mai est celui où les calmes se présentent en plus 
grand nombre. Ce mois étant le dernier de la saison sèche et 
de la période des vents réguliers^ c'est donc au moment d'nn 
changement dans la direction des vents^ à une époque de 
transition, que les calmes deviennent fréquents. Ainsi la lutte 
qui doit s'établir le mois suivant entre les brises du large de 
ro et du SO et les brises de NE est précédée d'un moment où 
les calmes sont nombreux, plus nombreux même d'une ma- 
nière absolue que ceux de Thivernage. 

Les calmes de Thivernage sont à ceux de la saison sèche 
dans le rapport de 4 à 3 environ. Mais ce rapport qui nous 
est fourni par nos résumés météorologiques nous parait trop 
faible. Nous estimons que dans Thivernage les calmes sont au 
moins deux fois plus fréquents que dans Tautre saison. Nous 
attribuons les chiffres trop faibles donnés par nos relevés des 
calmes de Thivernage, à ce que, dans cette saison, les vents 
étant variables, les observateurs ont noté avec plus de soins 
la direction de la girouette qu'ils ne l'ont fait dans la saison 
sèche. Fort souvent, en effet, on trouve dans les mois de la 
saison humide la direction de la girouette inscrite avec l'in- 
dication de simple fraîcheur ou très-légère brise, alors que 
dans l'autre saison ces indications rares ont dû souvent être 
remplacées par celle de calme, par suite du contraste existant 
alors entre les vents forts régnant et ces très-légers souffles 
d'air dont on ne notait pas la direction. 

Si nous comparons Iji fréquence des calmes de mois en 
nyois, nous voyons que les mois de décembre, janvier et fé- 
vrier, c'est-à-dire ceux de T hiver, constituent le moment de 
Vannée où les calmes sont le plus rares, qu'ils augmentent 
au printemps, puis dans l'été et qn'enlln,'en automne, ils sont 
devenus nombreux. 

Nous nous occuperons plus loin de la fréquence des calmes 



DES VEITTS. 75 

suivant les henres de la iournée. Les jours pendant lesquels 
le calme a duré Yingt-quatre heures sont en effet excessive- 
ment rares à Corée qui, par sa situation maritime^ jouit d'une 
atmosphère presque continuellement en mouvement. 



IV. — Direction moyenne et lréq[iience relative des 

vents, suivant les saisons. 

Il n'est pas inutile de rechercher quels sont dans Tannée et 
dans chacune des saisons les rapports de fréquence des diffé- 
rents vents ainsi que leur direction moyenne. 

La méthode si simple à Taide de laquelle se prennent les 
moyennes des observations de la plupart des phénomènes 
météorologiques^ ne trouve plus son application lorsqu'il s'agit 
de tirer des conclusions des observations ânémométriques. 
Deux méthodes particulières^ celle de Lambert et celle de 
SchouW; ont été imaginées pour soumettre au calcul la fré- 
quence et la direction des vents^ et aux comparaisons les 
chiffres qui en sont la conséquence. 

La méthode de Lambert suppose que tous les vents soufflent 
des diverses parties de Thorizon avec une énergie égale ; elle 
considère alors les vents comme des forces dirigées dans di- 
vers sens vers le lieu de Tobservation^ et consisté à chercher 
la direction et la puissance de la résultante de toutes ces 
forces. 

La marche des vents observés se trouvant notée dans huit 
directions, opposées deux à deux^ de simples différences ré- 
duisent à quatre les directions dont il s'agit de connaître la 
résultante. Une construction graphique ou mieux la résolu- 
tion de triangles rectangles permet de calculer l'angle que fait 
cette résultante avec la ligne méridienne^ de connaître quel 
est le sens de cette résultante et son rapport à la fréquence 
totale des vents. 

Les nombres des jours d'observation variant suivant les 
mois^ ce n'est pas la fréquence absolue des vents, mais leur 



76 CLIMAT DE GOBÉE. 

fréquence relative que Ton considère, c'est-à-dire les rapports 
à i >000 des nombres des jours qu*ont soufflé les différents 
vents. 

Nous avons donc cherché quels étaient^ dans les divers mois 
de Tannée moyenne^ conclue de dix années de cinq observa- 
tions quotidiennes, les rapports à 1,000 des nombres de jours 
des Tents qui soufflent chaque mois. Le tableau de ces fré- 
quences relatiires nous a pernnis de trouver la fréquence de 
chaque Tenl soit pendant Tannée, soit pendant chacune des 
deux«saisons. ^ous avons donc ainsi les éléments nécessaires 
pour obtenir la direction moyenne des vents dans chacune 
de ces péî iodes. En appliquant les formules de Lambert (i) 
aux données que nous possédions, nous sommes arrivés aux 
résultats suivants : 

Dans l'année, la direction moyenne du vent est le N 22^ E, 
sa force moyenne est de 450. C'est-à-dire que 1,000 vents 
soufflant dans Tannée agissent sur le déplacement de Tat- 
mosphère de Corée ^e la même manière que si i50 vents 
avaient soufflé dans la direction N 22^ E. 

Dans la saison jrakhe, pendant laquelle souffle constam- 
ment Talizé, la direction moyenne de ce vent est le N 35® E» 
et sa puissance moyenne 721. C'est-à-dire que 1,000 vents de 
cette saison ont une résultante égale à 721 vents venant du 
N 35® E, ce qui donne, à peu de chose près, la direc- 
tion NNE. 

Dans la saison chaude ou hivernage^ nous trouvons^ en ap- 
pliquant les formules de Lambert, que la direction moyenne 
des vents est le N 32® 0, avec une puissance égale à 295. 11 est 

(1) Voir Physique de Daguln. 

L'angle fait avec la méridienne par la direction moyenne des vents est 
donnée par la formule suivante : 

E — + (NE + SE - NO — SO) cos 45o 
Tang V — jj _ s ^ ^j^Tjg ^ 1,^0 _ gg _ j^q) cos 45» " 

La puissance de cette résultante est donnée par la formule suivante : 

E ^ 4- (NE + SE — NO — SO) fcos 45o 
I 8iû V • 



DBS VENTS. 77 

fadle, en combinant les deux directions obtenues pour la 
saison sèche et pour rhivernage, de retrouver la résultante 
générale de Tannée. Cette vérification peut se faire soit par le 
calcul, soit à Taide d'un tracé graphique très-simple. 

Si nous cherchons quelle est la résultante des vents varia- 
bles des quatre mois de la saison des pluies qui ouvre Thiver- 
nage, nous trouvons pour direction moyenne des vents pen- 
dant cette période le N 73"* 0; la Torce de cette résultante 
répondant à 1,000 vents de celte saison, égale seulement 264. 
On voit qu'ainsi la direction moyenne de ces vents est très- 
voisine de rONO. 

Tandis que la résultante des vents des six mois de la saison 
fraîche, agit dans une direction qui n'est autre que celle qu'af- 
fectent les alizés de l'hémisphère N, nous trouvons pour ré- 
sultante des vents de l'époque où cessent les brises régulières, 
une direction qui diffère de celle que les vents ont dans Tocéan 
Atlantique pendant la mousson de SO, sur l'origine de laquelle 
le continent africain parait avoir une influence si considéra- 
ble. Les vents variables soufflent en effet avec une irrégula- 
rité dans laquelle, malgré la prédominance des vents de l'O 
et du SO, on ne peut que reconnatlre la lointaine influence 
de celte mousson ; cette influence domine principalement au 
mois d'août. 

La méthode de Schouvir consiste a chercher le rapport nu- 
mérique de la totalité des vents soufflint du quart de cercle N 
à celle des venis soufflant du quart de cercle S, puis, de la 
même manière, le rapport de la somme des vents venant de 
TE à celle des vents venant de l'O. De même que dans la mé- 
thode de Lambert nous avons à considérer, non les chiffres 
absolus, exprimant le nombre de jours qu*a soufflé chaque 
vent, mais les rapports de ces chiffres à 1,000. 

Ainsi, dans l'année, la somme des vents du N, du NE et du 
NO nous donne, sur 1,000 vents quelconques, 603 vents souf- 
flant du quart de cercle N, celle des vents du S est seulement 
de 99. Le rapport de 603 à 99 nous donne 6 environ. La fré- 
quence des vents du N est donc à celle des vents du S comme 



78 



CLIMAT DE GOREE. 



6 est à Tunité. Il y a six jours de veat de NxoDtre un jour de 
Yepd de S. 

Voici le tableau des fréquences relatives des difierents reuts 
rapportés à 1,000 et les rapports du N au S et de VE à l'O de 
ces fréquences pour Tannée et pour trois périodes prises dans 
Tannée : 



DÉSIGNATION. 



Année 

Saison fraîche. . . . 
Saison d'hivernage. . 
4 mois des vents var. 



TOTAL 




DES VENTS 


RAPPORT 


" '- ' 


-" ^ 


duN 


daN. 


du S. 


au S. 


603 


99 


'6,0 


729 


16 


45,5 


479 


181 


2. G 


369 


275 


1,3 



TOTAL 
DES VENTS 



de 
TE. 



408 
578 
240 
195 



de 

ro. 



225 

39 

408 

483 



RAPPORTS 



del'Ë 
à l'O. 



1,8 
14,8 



dero 
àl'E. 



1,7 
2,5 



L'examen de ce tableau montre que, quelle que soit la pé- 
riode que Ton considère, les Tcnts du N Temportent constam- 
ment en fréquence sur ceux qui soufflent du S. 

Dans la saison fraîche, cette prédominance des venls de N 
est surtout accusée, puisque les Tents soufflent 45,5 fois plus 
souvent du N que du S. 

Dans Thiyernage, la proportion est beaucoup plus faible, 
puisque le rapport est de 2,6« Enfin, dans la saison des yents 
-variables, dans les deux premiers tiers de Thivernage, la pré- 
dominance des vents du N est à peine marquée. • 

Si nous considérons les vents de TE et de TO, nous voyons, 
d'après le tableau ci-dessus, que la prédominance annuelle 
des vents de TE sur ceux de TO dépend seulement de la saison 
des vents réguliers, puisque, pendant la saison fraîche, les 
vents soufflent près de quinze fois plus de TE que de TO, tan- 



i>ES VEirrs. 79 

dis que dans Thivernage la proportion est renrer^ée, les vents 
soufflant entiron deux fois plus de TO, c'est-q^Klire du large, 
que de rintérieur des terres. Cette prédoiuinance des vents 
d'O est encore plus marquée pendant les quatre mois de vents 
variables, puisqu'elle donne un rapport de TO à TE qui 
atteint 2,5. 

En résumé^ nous arrivons de cette manière à des conclu- 
sions qui sont les mêmes que celles que nous avait fournies 
le calcul de la direction moyenne des venis, et l'on peut voir 
que la résultante des vents suit de mois en mois et de saison 
en saison la marche que nous a^ons décrite en examinant 
le régime des vents mois par mois. 

V. — Direotion et iréq[aence des vents, suivant les heures. 

Nous avons tracé les roses horaires de la fréquence des 
vents pendant chacune des deux saisons. 

Ces roses nous montrent que les vents du N vont en aug- 
mentant de fréquence depuis 6 heures du matin jusqu'à 
10 heures du soir; qu'il en est de même des vents de NE, 
mais seulement jusqu'à 4 heures du soir; que les vents d'Ë 
ont une fréquence à peu près égale^ quelle que soit l'heure de 
l'observation. Les vents rares du S ont aussi la même fré- 
quence à toutes les heures du jour, tandis que ceux plus rares 
encore du SE se montrent de préférence à 6 heures et à 
10 lieures du matin. Us sont plus rares à 4 heures et 
10 heures du soir qu'aux autres heures. 

Les vents de l'O et du SO vont en augmentant faiblement 
de fréquence depuis le matin jusqu'à 4 heures du soir, pour 
diminuer après le coucher du soleil. 

Les vents de NO ont à peu près même fréquence à toutes 
les heures d'observation. 

Mais c'est surtout pour les calmes que les heures d'obser- 
vation font différer considérablement les chiffres exprimant 
la totalité des calmes observés dans une période d'une année. 



80 



CLIMAT DE CORÉE. 



Z 

^ ■ 

23 






A 



^ 



^ 









I 




► «.. 



PL m. 





•5-" 






yyw uûr^p^ 



'B^TfujMiy 



DES VEirrs. 81 

Les calmes appartiennent principalement à la nnit ; cepen- 
dant ils sont encore moins fréquents^ à iO heures du soir, 
qu'à 6 heures du matin. Après le lever du soleil, ils devien- 
nent plus rares, ils sont moins nombreux à 10 heures du ma- 
tin et deux fois plus rares, à 1 heure du soir, que le matin à 
6 heures. A 4 heures, ils deviennent environ quatre fois plus 
rares qu'à cette même observation du matin. Nous pouvons 
donner une idée de la fréquence des calmes aux différentes 
heures du jour, en chiffres simples et d'une approximation 
suffisante, en disant que les fréquences des calmes à 6 et 
10 heures du matin, 1 heure, 4 heures et 10 heures du soir 
sont entre elles comme les chiffres 4, 3, 2, 1, 3. 

On voit que les calmes appartiennent surtout au moment 
où le soleil est au-dessous de T horizon, que, d'uue manière 
générale, la fréquence des vents vi croissant depuis le malin 
jusqu'à 4 heures du soir et diminuant à mesure que la nuit 
se prolonge. Nous pouvons ajouter qu'il en est de même de 
leur énergie. La brise du matin vers 6 heures est le plus sou- 
vent faible; entre 9 et 10 heures, elle augmente de force; 
cette force va croissant à mesure que la chaleur s'élève, de 
sorte qu'à 4 heures, et parfois jusque vers 5 heures; elle pré- 
sente toute son énergie. Après le coucher du soleil, la force 
des vents diminue généralement, de sorte qu'il fait assez sou- 
vent calme le soir. 11 est à remarquer que cette règle géné- 
rale n'est pas applicable au vent soufflant dans une direction 
plutôt qu'à celui qui souffle dans une autre. Ce ne sont pas 
seulement les brises du large qui suivent cette progression 
dans leur fréquence et dans leur force; les brises du N, de NE 
et d'E, dont les deux dernières peuvent être considérées 
comme des brises de terre, suivent la même loi. 

La fréquence relative des différents vents et des calmes, 
dans la journée, nous parait être^ à peu de chose près la 
même, quelle que soit la saison. Que les vents réguliers ré- 
gnent, que ce soit la saison des brises variables, les roses 
horaires n'indiquent aucune trace de cette alternance quoti- 
dienne des brises de mer et des brises de terre, qui existe dans 

6 



82 CLIMAT DE GOBÉE. 

l)eaucoup de régions tropicales, même voisines de Corée. Du 
matin au soir les chiffres exprimant la fréquence totale des 
yents vont croissant assez régulièrement à toutes les époques. 
La seule différence qui existe entre la saison fraîche et Tbi- 
yernage consiste dans le plus grand nombre de calmes de cette 
dernière saison. Le nombre des calmes est alors environ le 
double de celui des calmes de la saison fralcbe. Cette propor- 
tion, indiquée par les cbiffres de nos tableaux météorologiques, 
nous semble être un peu trop faible pour les raisons que nous 
avons déjà données plus ha u 



VI. — Force des vents. — Frécnience des vents, suivant 

leur force et leur direction. 

L'absence d'instrument de précision n'a pas permis aux 
observateurs dont nous résumons les travaux^ de déterminer 
exactement la vitesse des vents. Ils ont remplacé ces rensei- 
gnements par rindication approximative de leur force, notée 
à Taide d'un chiffre placé en exposant auprès du signe mar- 
quant la direction de la girouette, chiffre variant de 1 à 5, 
désignant ainsi l'énergie apparente avec laquelle soufflait le 
vent depuis la simple fraîcheur ou très-i'aible brise jusqu'à la 
violence des tempêtes. 

Malheureusement, les quatre observateurs qui ont tenu les 
registres météorologiques de Corée, pendant les dix années 
que nous avons choisies, m'ont paru ne pas donner la même 
valeur à cet exposant, indicateur de la force du vent. Ne pou- 
vant ajouter les unes aux autres des quantités n'exprimant 
probablement pas les mêmes valeurs, nous nous sommes 
bornés, pour éviter des erreurs graves, à relever, pour Tannée 
1860, les forces indiquées pour chaque vent le matin à 6 heures 
et le soir à 4 heures. - 

L'examen de ces résumés permet de voir quelle a été, dans 
une année, la force des vents suivant leur direction. Force 
variable de mois en mois et surtout suivant les heures. Ne 



DES VENTS. 



83 



voulant pas entrer dans le détail trop long de l'étude de la 
force des vents mois par mois^ nous nous bornerons à consi- 
dérer, d'une manière générale, quelle est Ténergie des vents, 
•suivant leur direction dans Pannée et seulement à Fheure où 
les calmes sont plus rares : à 4 heures du soir. 

Force relatlTe des différents vents à 4L heures du soir, 

Ou nomtfre de jmjtrs que souffle chaque vent, avec une force déterminée^ 
sur iOO jours du même vent (année 1860). 



DÉSIGNATION. 



Calme. 



Très-faible on faible. 



Modéré 



N 



Fort ou très-fort. 



47 

49 

4 



NE 



p 

27 
53 
20 



E 



33 
39 
38 



SE 



» 

50 
50 

» 



so 



I 



79 
3 







59 

37 

4 



72 

22 

6 



NO 



CALME 



VENT 

quel- 
conqoe 



55 
45 



100 



10 
44 
36 
10 



La dernière colonne de ce tableau montre que les brises 
modérées sont presque en nombre égal aux brises légères ; 
que les vents énergiques sont rares (10 p. 100)^ et encore^ sur 
ces 10 vents, il n'y a que très-peu de vents très-forts. Dans 
toute Tannée iSôO, trois fois seulement le vent a soufflé avec 
rénergie des tempêtes. C'était une fois pendant toute une 
journée, par une tempête de SO; deux fois par une brise du 
ME à TE, et seulement pendant quelques heures. 

Si maintenant nous cherchons à comparer les différents 
vents entre eux, sous le rapport de leur énergie, nous voyons 
que les vents sont loin de souffLir avec la même force dans 
toutes les directions. Les vents du NO, du N et de TE soufflent 
à peu près aussi souvent avec une énergie modérée que comme 
légères brises. Le vent de NE est généralement plus énergique^ 
il souffle deux fois plus souvent avec une force modérée que 
comme vent faible. 



84 CLIMAT DE GOBÉE. 

Les yents forts et très-forts Tiennent principalement de l'E 
et du NE. Ainsi les yents de NE sont aussi souyent forts ou 
très-forts que faibles. Ces yents qui, nous le sayons, dominent 
dans la saison sèche sont donc en général des brises mode- 
réeSy c'est-à-dire ayant la force de celles auxquelles les marins 
réservent la désignation de bonne brise. 

Si sur mer cette force du yent est considérée comme favo- 
rable à la navigation, à terre elle présente une intensité qui 
produit sur le corps une sensation supportable et même 
agréable au milieu du jour, au moment des hautes élévations 
tbermométriques, mais qui, le matin et le soir surtout^ de- 
vient pénible et oblige à fermer les fenêtres des habitations. 

Les vents venant du large^ c'est-à-dire de VO et du SO, ont 
le plus souvent peu d'énergie; ils sont en moyenne deux à 
trois fois plus souvent faibles ou très-faibles que modérés. 
Ceux du S sont quatre fois plus souyent faibles que modérés. 
C^est par exception que les vents de S, SO et prennent une 
grande énergie. Trois fois seulement en dix années il y a eu 
des coups de vents de la partie de l'O au SO. 

Les vents très-rares de SE sont aussi souyent faibles que 
modérés. Mais ces vents exceptionnels ne soufflent presque 
jamais plusieurs heures de suite. C'est cependant par le vent 
de SE que débutent les tornades; la violence de ces vents au 
commencement des tornades peut faire courir des dangers 
aux navires mouillés dans certaines parties de la rade de 
Corée; leur durée est heureusement alors extrêmement courte; 
elle n'est guère que de 10 à 20 minutes; mais ce temps suffit 
pour faire courir des risques aux embarcations ou aux navires 
dont les marins auraient assez peu d'expérience pour se laisser 
surprendre par une tornade avec toutes les voiles déployées 
ou dans un mauvais mouillage. 

La proportion des calmes à tous les vents^ quelle que soit 
leur direction, n'est que de 10 p. 100^ mais ce chifTre faible 
ne s'applique qu'à Tobservation de 4 heures, moment de la 
journée où nous savons que les calmes sont très-rares. 

Il nous reste à examiner comment Ténergie du yent se mo- 



DES VENTS. 



85 



PL IV. 



I 






11 

Ni !" 

ï 



^ 







I 













86 CLIMAT DE GORÉE. 

difie aux différentes heures de la journée. Pour répondre à 
cette question, nous avons tracé, pour Tannée 1860^ les roses 
des vents faibles, celles des vents modérés et forts, aux deux 
heures où l'intensité des vents diffère le plus. La superposition 
des roses des vents de ces deux différentes forces permet de 
comparer facilement les fréquences de l'énergie particulière 
des différents vents suivant leur direction, et aussi d'apprécier 
les modifications qu*éprouvent dans leur énergie les vents 
suivant l'heure de l'observation. Les rayonsdes cercles sont 
proportionnels à la fréquence des calmes. L'examen de cette 
planche montrera mieux que toute description, quelle est Tin- 
fluence de l'heure sur la force du vent. Ainsi on remarquera 
.le peu de vents forts ou très-forts à 6 heures du matin^ la 
grande différence déjà signalée entre le nombre des calmes 
du matin et celui des calmes du soir. Le résultat général de 
cet examen est que les vents sont beaucoup moins énergiques 
le matin que le soir. 

On peut voir que, malgré la fréquence plus grande des 
calmes du matin tendant à diminuer le nombre total des vents 
à ce moment, le polygone qui circonscrit (en pointillé) la rose 
des vents faibles est aussi étendu dans la rose du matin que 
dans celle du soir, tandis que la rose des vents modérés est 
beaucoup plus petite pour le matin que pour le soir. 

En résumé, si le nombre de jours où le vent est faible est à 
peu près le même le soir que le matin^ la prédominance des 
calmes du matin est remplacée le soir par la prédominance 
des vents forts et modérés. 

La fréquence des brises de même énergie ne varie pas seu- 
lement, comme on peut le voir, suivant les heures ; elle varie 
aussi suivant la direction d'où soufflent ces brises. Ainsi les 
brises du NO au S en passant par l'O sont le matin quatre et 
cinq fois plus souvent faibles que modérées; le soir^ elles sont 
à peine deux fois aussi souvent faibles que modérées. Le rap- 
port des brises faibles aux brises modérées varie donc pour 
les vents d'O du matin au soir de 5 à 2. 

Le rapport des vents faibles aux vents modérés dans la di- 



DES VENTS. 87 

rection du N et du NE varie beaucoup moins du matin au soir 
que celles des directions opposées : les brises de NE sont un 
peu moins souvent faibles que modérées le matin> et le soir 
elles ne sont que deux fois moins souvent faibles que mo- 
dérées. 

On peut donc conclure de la comparaison de ces roses que 
la brise va ordinairement en augmentant de fdrce à mesure 
que la chaleur s'élève, quelle que soit sa direction, mais que 
sa force va croissant beaucoup plus fréquemment lorsqu'elle 
vient du large que lorsqu'elle souffle de terre. On voit par là 
que, sans qu'il existe à Corée d'alternance entre les brises de 
terre et les brises de mer^ il existe cependant une certaine 
influence tendant à augmenter dans l'après-midi plutôt la 
force des brises du large que*de celles qui viennent de terre. 



VII. — Force des vents stdvant les saisons. 

Si nous comparons la force des vents dans les deux saisons, 
nous trouvons que dans Tannée 1860 (à A heures du soir) les 
vents ont été, pendant la saison sèche : 

Calmes ou faibles. ..... 78 fois. 

Modérés ou forts 104 fois. 

. 

Dans rhivernage : 

Calmes ou falbks H 8 fois. 

Modérés ou forts 66 fois. 

Les résultats numériques fournis par nos observations sont 
donc tels que nous devions nous y attendre ; ils expriment la 
faiblesse relative des brises de Thivernage. Dans celte saison, 
les mouvements latéraux de l'air atmosphérique ont, sous 
l'influence de la chaleur plus grande, une forte tendance à se 
changer en mouvements ascensionnels verticaux. 



88 CLUIAT DE GORÉE. 



VIII. — Relations entre les vents et les autres phéno- 
mènes météorplogiq[ues. 



La chaleur est le grand modificateur qui tient sous sa dé- 
pendance la plupart des autres phénomènes atmosphériques. 
Quelles sont les relations qui peuvent être constatées entre les 
mouvements de la température et la direction des vents? 

Le moyen le plus simple pour étudier ces relations consiste 
à mettre en regard des courbes représentant la marche de la 
température, les courbes analogues qui indiquent la fréquence 
des vents suivant leur direction. En nous aidant de ce pro» 
cédé et en nous reportant aux tableaux qui résument les di- 
verses observations, nous pourrons peut-être arriver à quel- 
ques conclusions dignes de fixer l'attention. 

La fréquence des vents dominants de NE est^ de mois en 
mois^ en raison inverse de l'élévation de la température 
moyenne. Quand la température s'élève, les vents de NE de- 
viennent de moins en moins nombreux; au moment où elle 
atteint son maximum^ les vents de NE sont rares et peu éner*- 
giques. 

Ce que nous venons de dire s'applique aussi aux vents de 
N, mais le parallélisme entre la courbe de la fréquence de ces 
vents et celle des températures moyennes est moins bien 
marquée; ainsi de février à mai, quoique les vents du N 
augmenteat un peu de fréquence, la température s'élève ; 
après le mois de mai^ la fréquence des vents du N diffère peu 
de celle des vents de NE^ et la relation des vents du N avec la 
température est la même que celle des vents de NE, c'est-à- 
dire que la température s'élève à mesure que ces vents de- 
viennent plus rares. La situation et la forme de la pointe de 
terre qui constitue le cap Vert peut expliquer en partie l'ano- 
malie que nous venons de signaler. Dans les autres points du 
Sénégal^ les vents du N sont des vents de terre, tandis que la 
presqu'île du Cap- Vert faisant saillie à TO du continent afri- 



DES VENTS. 89 

caîn^ les yénts du lY sont pour elle des vents marins ayant 
longé; il est vrai^ la côte africaine ; mais ayant dû éprouver 
des modifications dans leurs propriétés^ si on les compare aux 
mêmes vents de Tintérieur du pays. 

Les vents d'E suivent à peu près la même marche dans leur 
fréquence mensuelle que les vents de HE, et toute Tannée la 
courbe de la fréquence de ces vents d'E suit une direction 
diamétralement opposée à celle des températures moyennes. 

Ce fait pourrait paraître en contradiction avec celui de la 
coïncidence fréquente de maxima absolus très-élevés avec les 
vents de TE au NE. Mais si ces vents élèvent parfois d'une 
manière considérable la température dans le milieu de la 
journée^ il ne faut pas oublier que le matin ces vents sont au 
contraire très-froids et que c'est à eux que sont dus les mi- 
nima les plus bas observés au Sénégal. Les observations faites 
à Saint-Louis par M. Héraud, pharmacien professeur (1), le 
démontrent suffisamment. £n résumé^ la présence des vents 
du N à TE répond à un abaissement thermométrique moyen 
qui est en raison de leur fréquence. 

Les vents qui soufflent du quart de cercle coïncident avec 
les fortes élévations de la température moyenne. Ces vents ne 
régnent guère que pendant les quatre premiers mois de la 
saison des hautes températures. Ou peut constater que pen- 
dant ces quatre mois la température moyenne ne croit rapi- 
dement que dans le courant du premier mois, qu'elle s'élève 
lentement à son maximum pendant les trois autres mois, de 
sorte que l'apparition des brises du large coïncide avec l'élé- 
vation brusque de la température qui a lieu au mois de juin 
et que ces brises augmentent de fréquence et deviennent de 
plus en plus S en passant par le SO à mesure que la tempéra- 
ture s'élève lentement. 

Il y a entre la température et les vents une relation de cause 
à effet qui peut donner lieu à une certaine confusion. Ce ne 
sont pas les vents qui modifient la température 3 au contraire^ 

(1) Revw maritime et coloniale, 186t, tome I, p. 511. 



90 CLIMAT DE GOBÉE. 

ils sont sous sa dépendance. Ainsi Télévation de la tempéra- 
ture du sol africain^ au moment où le soleil se trouve depuis 
un certain temps yoisin du zénith, fait appel aux vents du 
large, et ces vents, loin d'être la cause de l'élévation de la 
température qui coïncide avec leur arrivée, accourent et com- 
battent cet excès de la température en apportant des masses 
d'air moins échauffées et les pluies de Thivernage. 

Si nous cherchons quelles sont les relations existant entre 
les vents et la pression atmosphérique, nous trouvons que, 
malgré le peu d'accentuation de la courbe des hauteurs 
moyennes du baromètre, celte courbe indique cependant une 
augmentation de la pression au moment de la saison fraîche 
et une baisse correspondant aux hautes élévations thermomé- 
triques. Les vents de N, NE et E régnent donc au moment des 
plus fortes élévations barométriques, et les vents d'O, NO et 
SO correspondent à la dépression barométrique de Thiver- 
nage. Ceci est conforme à Tinterprétation que nous avons 
donnée de la cessation des alizés et à leur remplacement à 
cette époque de Tannée par une colonne ascendante faisant 
appel aux vents frais de la mer. 

Lorsque nous nous occuperons de l'état hygrométrique de 
l'air, nous verrons que les moyennes mensuelles de l'humidité 
suivent de mois en mois la marche de la température 
moyenne, s'abaissant et s'élevant avec elle. Il en résulte que 
les vents de NE et E ont une fréquence qui est en raison in • 
verse de lasaturation.de l'air par la vapeur d'eau. Plus ces 
vents sont rares, plus l'humidité augmente^ et plus ils sont 
fréquents, plus l'humidité moyenne diminue. Ce sont donc 
des vents secs. Au contraire, les vents de NO, et SO de la 
saison d'hivernage ont une fréquence en rapport direct avec 
l'abondance de la vapeur d'eau contenue dans l'air. Nos obser- 
vations nous conduisent donc aux résultats auxquels nous 
devions nous attendre : les brises de NE venant de terre et 
celles de l'O et du SO venant de l'Océan. 



DES VENTS. 91 



IX. — Propriétés des différents vents à Gorée et dans 
la presq[u'île du Gap- Vert, particulièrement au point 
de vue de l'hygiène. — Salubrité variable de diffé- 
rents points de cette région. 



Les propriétés des \ents sont générales ou locales. Les pro- 
priétés générales appartiennent aux vents de tout un hémi- 
sphère ou d*une partie considérable du globe; telles sont les 
propriétés connues de sécheresse des vents de NE^ celles 
d'humidité des vents d'O. Nous n'avons pas à exposer ici des 
généralités qui se trouvent indiquées dans tous les ouvrages 
qui s'occupent de la physique du globe. 

Les propriétés locales des vents peuvent se subdiviser à Tin- 
fini, suivant que Fon considère une région plus ou moins 
vàste^ une ville ou seulement une partie d'une ville ou même 
Fexposition d'un bâtiment particulier. Elles peuvçnt être étu- 
diées relativement à la navigation, pour laquelle les notions 
de fréquence et de force sont les plus importantes. Elles peu- 
vent rêtre encore sous d'autres 'points de vue, notamment 
dans leurs rapports avec Thygiène et avec la constitution mé- 
dicale des régions. 

Nous nous bornerons à examiner les propriétés hygiéniques 
des vents par rapport à Gorée et à la presqu'île. 

Ces vents peuvent se diviser en vents du large et vents de 
terre. Les premiers ont pour les villes de Gorée et de Dakar 
des propriétés qui tiennent surtout des qualités générales des 
brises maritimes. Les propriétés des vents de terre, relative- 
ment à ces deux villes^ dépendent de conditions qui sont la 
conséquence de la situation topographique de ces villes. 

La presqu'île du Cap-Yert forme une pointe qui occupe la 
partie la plus occidentale de toute l'Afrique^ et qui, s'avançant 
dans Tocéan Atlantique, doit jouir d'un climat différent de 
celui de la plus grande partie de la masse continentale. 

La situation maritime des localités que nous étudions mo« 



9â CLIMAT DE GORÉE. 

difie les vents qui y arriveDt et leur donne des propriétés par- 
ticulières ; ainsi, grâce à la situation de la presqu'île, les vents 
du N sont des vents marins, tandis que dans tout le reste du 
Sénégal ce sont des vents de terre qui ont passé sur le désert 
du Sahara. Les vents de NE sont eux-mêmes profondément 
modifiés et ont perdu en arrivant à Corée la sécheresse exces- 
sive qu'ils possèdent dans l'intérieur du Sénégal. C'est à peine 
si^ une fois ou deux par an^ quelques très-fortes brises de 
NE produisent à Corée et à Dakar une impression comparable 
à celle que font éprouver ces mêmes vents à Saint-Louis et 
dans rmtérieur du pays. Aussi existe-t-il entre le climat de 
Corée et celui de Saint-Louis des différences considérables, qui 
ressortiront de notre étude. 

Les vents de NE sont les vents dominants ; ce sont, avec les 
vents d'Ë, les plus secs de tous ceux qui soufflent sur le pays. 
L'époque i^endant laquelle ils régnent avec énergie est celle 
où la végétation a le moins de puissance; c'est à eux que rin- 
térieur du Sénégal doit son aridité relative; cette aridité^ tout 
en étant moins prononcée dans la presqu'île du Cap-Vert^ n'en 
est pas moins sensible. Ces vents occasionnent la chute des 
feuilles d'un grand nombre d'arbres qui, dans les régions 
plus méridionales de la côte d'Afrique^ conservent toujours 
leur verdure. 11 est facile de reconnaître que ce sont eux qui 
nuisent à la végétation; une simple muraille du côté où ils 
soufflent suffit pour abriter un jardin et en permettre ia cul- 
ture à toutes les époques de l'année. On peut même voir dans 
les jardins de Dakar^ qui se trouvent abrités de la sorte contre 
les vents de la saison sèche^ des arbrisseaux dont les branches 
inférieures conservent leur feuillage, tandis que les branches 
supérieures^ non garanties par la muraille^ se dessèchent et 
voient leur croissance paralysée pendant toute cette saison. 
Le même phénomène ne se présente pas pour les vents souf- 
flant dans les autres directions. 

Les vents de NE viennent du désert; malgré leur sécheresse 
brûlante dans l'après-midi et froide dans la nuit, ces vents 
ont, dans l'intérieur du pays, la meilleure influence sur l'état 



DES VENTS. 93 

sanitaire. Ils sont chargés du dessèchement rapide des marais 
dont la mauvaise saison a âufi^menté le nombre et retendue. 
£n arrivant à la presqu'île du Cap-Yert, ces vents ont perdu 
une grande partie de leur sécheresse en passant sur les nom- 
breux et vastes marécages du Cayor et du Diander^ et en sui- 
vant pendant un certain temps le bord de la côte d'Afrique. 
De plus, ils ne peuvent arriver à Dakar et à Corée qu'en tra- 
versant la rade et en passant sur la surface de la mer dans 
une longueur de A milles. Si ce passage à travers la rade 
diminue encore leur sécheresse, les miasmes qu'ils ont re- 
cueillis dans leur trajet doivent aussi y perdre une partie de 
leurs propriétés malfaisantes. Pour Dakar, c'est un vent qui, 
frappant perpendiculairement à la rive sur laquelle est bâtie 
cette ville, ne fait pas sentir la mauvaise influence des maré- 
cages du voisinage. 

Le vent d'E a les mêmes propriétés que celui de NE. Mais la 
longueur de la rade qu'il a à traverser atteignant là milles, 
ce vent doit, plus que celui de NE, s'être dépouillé, au contact 
de cette surface d'eau salée, des miasmes qu'il a pris dans 
l'intérieur des terres. En résumé, les vents de NE et d'E ne 
peuvent apporter à Corée et à Dakar que des effluves maré- 
matiques d'une provenance assez éloignée et ayant perdu i^ne 
grande partie de leur puissance en traversant la rade. 

Les vents du NE et de l'E offrent, en dehors des propriétés 
nuisibles que peut leur communiquer la présence des ma- 
récages dans les pays sur lesquels ils passent, des qualités 
qui doivent par elles-mêmes avoir une grande influence sur 
l'état sanitaire. Ces vents appartiennent à la saison sèche et 
fraîche. A leur sécheresse sont liées les variations de tempé- 
rature beaucoup plus prononcées dans cette saison que pen- 
dant l'hivernage. Leur fréquence, leur force et leur fraîcheur, 
dans les soirées, font courir à ceux qui s'exposent à leur in- 
fluence, le danger de refroidissements brusques. Ces refroi- 
dissements ont pour résultat, chez les indigènes, des affections 
fort communes et souvent graves des voies respiratoires, et, 
chez les Européens, des maladies des organes abdominaux : 



94 CLIMAT DE COREE. 

diarrhées^ dyssenteries ei hépatites^ maladies dont ces vents 
peuvent être au moins les causes déterminantes. 

Les troupes des compagnies disciplinaires sont casemées 
sur le promontoire qui forme la pointe de Dakar,- dans des 
baraques mal closes ; aussi ont-elles souvent à souffrir de la 
réfrigération considérable produite sur l'économie par ces 
vents pendant les nuits des mois de mars, avril et mai. Lors- 
que mon service m'appelait à donner mes soins à cette partie 
de la garnison, j'ai souvent constaté que dans ces mois les 
bronchites étaient très-communes^ que des affections plus 
graves, comme les dyssenteries et les hépatites, étaient surtout 
déterminées par des réfrigérations dont je viens de faire con- 
naître la cause. 

Les propriétés des vents de NE et d'Ë ne sont pas les mêmes 
à répoque où ils soufflent comme brises régulières que lors- 
qu'ils soufflent irrégulièrement pendant Thivernage. 

De même que les vents du Sahara, connus sous le nom de 
Siroco, sont secs sur les côtes d'Andalousie et du royaume de 
Murcie et perdent en se chargeant d'humidité leurs propriétés 
physiologiques, pour devenir en Italie et en Corse le Siroco 
humide et débilitant de ces pays]; de même, à Corée, le vent 
du désert, VHarmatany a perdu une grande partie de sa sé- 
cheresse, sans toutefois que la vapeur d'eau dont il s'est chargé 
en traversant les terres humides de la rive gauche du Sénégal 
suffise pour lui faire perdre complètement sa sécheresse. Ce- 
pendant, dans l'hivernage, la sécheresse des vents de NE est 
considérablement diminuée, et ces vents ne produisent plus 
d'une manière aussi prononcée les sensations de fraîcheur ou 
de chaleur qui accompagnaient leur présence dans la saison 
sèche. Dans Thivernage, leur intensité et leur durée étant di- 
minuées comme leur sécheresse, ils perdent une grande 
partie de leur propriété favorable à l'assainissement du pays. 
Les vents du N \iennent de la mer; ils doivent être très- 
salubres pour la côte de la presqu'île regardant cette partie 
de l'horizon, mais cette côte est à peine habitée. Pour arriver 
à Dakar le vent du N parcourt toute la presqu'île dans son 



DES VENTS. 95 

plus grand diamètre, sur une longueur de 7 milles. Il passe 
sur les marais de Hann et sur les nombreuses mares d'eau de 
l'intérieur de la presqu'île, en sorte que ce vent^ salubre en 
arrivant à la presqu'ile^^se charge, avant de pénétrer dans la 
ville de Dakar^ du mauvais air des marécages qui Fenvi- 
ronnent. 

Corée est située beaucoup plus favorablement que Dakar 
relativement au vent du N. Pour arriver à cette petite île le 
vent du N n'a qu'à traverser Fisthme de 3 milles de largeur, 
qui joint la presqu'île à la terre ferme; or, ce point n'est pas 
marécageux; des dunes de sable forment la plus grande 
partie de son étendue; de plus, ce vent doit parcourir ensuite 
la rade sur une longueur d'environ 4 milles. Ainsi les villes 
de Gorée et de Dakar, quoique très-voisines l'une de l'autre, 
se trouvent dans des conditions très-différentes au point de 
vue de l'hygiène lorsque domine le vent de N. 

Le vent de NO vient du large; il est humide et frais; mais, 
traversant la péninsule dans un de ses grands diamètres, il 
passe sur des marigots qui se trouvent à i, 2 et 3 milles de 
Dakar. Une autre cause rend ce vent nuisible à l'état sanitaire 
de cette ville, c'est la présence au NO de Dakar d'un grand 
village indigène dont le désordre et la malpropreté sont une 
menace permanente d'infection. L'assainissement ou le dé- 
placement de cette agglomération doit être considéré comme 
de première nécessité. 

Pour Corée, les vents du NO ont les mêmes propriétés que 
les vents du N. Cependant il faut remarquer qu'ils ont à par- 
courir sur la surface du sol une distance plus grande que ces 
vents, et, sur mer, dans la rade, une plus faible longueur. 

Les vents d'O et de SO viennent de l'Océan. Ils placent 
Gorée sous le vent de l'extrémité méridionale de la presqu'île. 
Cette partie de la côte est constituée par un sol rocailleux, 
couvert d'une très-pauvre végétation et complètement dé- 
pourvu de marécages, de sorte que ces vents sont favorables 
à l'état sanitaire de l'île. 

Les venis du S et du SE sont rares et ne soufflent jamais 



96 GLIBIAT DE GOBÉE. 

d'une manftre soutenue. Les vents de S qui ont été notés dans 
nos observations venaient d'ailleurs plus souvent du SSO que 
directement du S. Ces vents ont la même propriété que ceux 
de SO, si ce n'est qu'ils proviennent directement de la mer 
pour Fîle de Gorée et n'ont traversé pour arriver à Dakar 
qu'environ un kilomètre de terrains très-rocailleux. 

La rareté des vents du S est sans doute la cause pour la- 
quelle on a placé au S de Dakar, dans la baie appelée l'anse 
Bernard, l'abattoir et le lieu où doivent être versées toutes les 
immondices provenant de la ville. C'est seulement dans cette 
partie de la côte que devraient être autorisés à se fixer les 
établissements^ tels que les pêcheries et les fabriques d'huile 
de poisson. Le choix de cette partie de la côte pour ces éta- 
blissements présenterait encore l'avantage du rejet à la mer 
des matières en décomposition dans un point d'où elles ne 
peuvent être portées par le mouvement des flots, dans la rade 
et dans le port. 

D'après ce que nous venons de dire des propriétés hygié- 
niques des différents vents, il se trouve que les brises les plus 
salubres^ celles du large, sont celles qui heureusement do- 
minent dans la mauvaise saison. Les marais des environs de 
Dakar placent celte ville dans des conditions plus défavorables 
que Gorée. 

Les brises de TO n'ont malheureusement pas dans l'hiver- 
nage la persistance des vents réguliers de la saison sèche. Les 
vents de NE sont encore assez fréquents; ils accumulent par- 
fois dans la baie formée par la pointe de Dakar et les digues 
qui ferment le port, des détritus dont la putréfaction répand 
dans la ville, par les temps calmes, une odeur iusupportable, 
surtout au moment de la marée basse. 

C'est surtout sur place, autour des maisons, dans l'intérieur 
même des cours et des jardins, que se développe la malaria, 
cause prédominante des maladies dans ce pays. Des construc- 
tions mal faites, à peine élevées au-dessus d'un sol humide, 
placent, dans l'hivernage, les habitants de Dakar dans une 
atmosphère qui donne naissance à de nombreuses fièvres in- 



DES VENTS. 97 

termiltenles, à de graves fièvres rémittentes et pernicieuses 
trop souvent funestes aux Européens. Nous laissons de côté 
les autres causes morbides, telles que les abus alcooliques, qui 
viennent trop souvent donner au poison un champ tout dis- 
posé pour lui permettre de produire son effet. 

La supériorité de Tétat sanitaire de Tile de Corée n'est pas 
seulement due à sa situation. Elle est due aussi à la nature 
exclusivement basaltique du sol de cette lie et au bénéfice que 
tire toujours un lieu d'une habitation ancienne par une popu- 
lation très-dense, et dont les générations successives se sont 
efforcées d'assainir le terrain sur lequel elles ont vécu. 

Il nous reste à examiner la situation sanitaire de quelques 
autres points de la presqu'île dans lesquels les Européens ont 
fondé des établissements. Le village de Hann, où est situé le 
jardin des compagnies disciplinaires, n'est autre chose qu'un 
terrain cultivé au milieu d'un vaste marécage. Pour un lieu 
aussi antihygiénique et qui eût pu être mieux choisi, il est 
inutile de chercher si tel ou tel vent peut apporter un air plus 
ou moins favorable. Les seuls vents de NE et d'E améliorent 
légèrement l'état sanitaire de Hann quand ils soufflent avec 
énergie, mais en toutes saisons ce point fournit un grand 
nombre de fièvres graves ou pernicieuses; ce jardin devrait 
être abandonné par les troupes et ne pas servir de but de 
promenade aux habitants de Corée. 

Une mesure des plus favorables à la diminution des épidé- 
mies de fièvre jaune, lorsqu'elles s'abattent sur le pays, con- 
siste à disperser les rassemblements de troupes et à les faire 
camper dans la presqu'île. La pointe de Bel-Air a déjà servi à 
l'un de ces campements. Ce lieu est très-sain au moment où 
soufflent les brises de NE, mais on devra l'éviter dans les mois 
où règne le vent de NO, qui parte à ce point Tair provenant 
des marécages voisins. Or, dans l'hivernage, moment des 
épidémies de fièvre jaune, ces vents de NO sont très-fréquents. 

Le point de la presqu'île qui nous parait le plus favorable 
pour faire camper les troupes, en temps d'épidémie, est le 
plateau qui domine le cap Manuel , à rextrémité S de la pres- 

7 



s. 



98 CLIMAT DE GORÉE. 

quile, point sur lequel à été établi le Laiaret de la quaran- 
taine. La nature basaltique du sol de ce plateau, son éloigne- 
ment de tout marécage, sa situation à Texlrémité d'une pointe 
s'avançant dans la mer font de ce lieu, croyons-nous, le point 
le plus convenable pour un campement. L'intensité et la fraî- 
ciieur des vents qui soufflent sur ce plateau^ assez élevé, né- 
cessiteraient toutefois de boas abris pour les hommes sains, 
et n'en feraient qu'un lieu de convalescence peu convenable 
pour des hommes très -anémiés ou relevant de maladies 
graves. 

Un camp serait parfaitement exposé dans le voisinage du 
phare des Mamelles ^ mais seulement dans la mauvaise saison, 
alors que dominent les vents du large. Les brises de NE et 
dE porteraient, dans la saiscn fraîche, à ce point tous les 
miasmes des marigots de la presqu'île; il est vrai que la situa- 
tion élevée d'environ 100 mètres de ces coteaux serait favo- 
rable au moindre danger d'infection marématique. 

II nous reste à indiquer dans quel point de la rade un na- 
vire devrait choisir son mouillage pour se placer dans les 
meilleures conditions hygiéniques possibles. Après ce que 
noui avons dit de? propriétés des diflérenttj vents, il sufGra de 
jeter un coup d'œil sur la carte de la presqu'île du Cap-Vert 
et de la rade de Corée pour reconnaître que le meilleur 
mouillage à conseiller à un navire qui doit faire un séjour 
assez long dans ces parages est celui qui se trouve au NE de 
nie, en face du point de débarquement. C'est là qu'avant la 
construction du port de Dakar, tous les navires venaient jeter 
l'ancre. Au point de vue nautique ce mouillage est excellent, 
et le moment où il convient pour mettre les navires dans des 
conditions avantageuses relativement aux coups de vent des 
tornades est aussi celui pendant lequel les précautions hygié- 
niques sont les plus importantes à prendre pour les équi* 
pages. 



CHAPITRE IV. 



DES PLUIES. 



I. — Importance de l'étude des pluies. — Influence 
des pluies sur l'état sanitaire. 

La pluie est le phénomène météorologique qui apporte les 
plus prorondes modifications dans le climat d'une localité. 
Son importance est telle que la pluie a servi de base à la divi- 
sion des saisons sous les tropiques, et c'est à elle que la saison 
chaude doit son nom d'hivernage. 

Les pluies et |es inondations fluviales qyi en sont la consé- 
quence, sont, au Sénégal; essentiellement propres à Thiver- 
nage; elles y sont le signal du réveil de la puissance végétale 
en même ten^ps que de celui de l'énergie des miasmes palu- 
déens. Les fièvres intermittentes dominent la palhoîo^'ie des 
Européens dans ce pays; elles ont pour cause les miasmes 
paludéens, dont la nature, si elle est jamais dét ouverte, ne 
pourra Têtre que par Tetude de la vie végétale inférieure. 
C'est toujours sous l'influence de l'humidité, de la pluie ou 
des inondations que se développent les forces t bng'^nes : le 
moment où ces forces ont leur plus grande énergie est sous 
la dépendance des pluies. S1l ne correspond pas par les effc^ts 
produits avec le moment du maximum des pluies, il le suit 
toujours; ce n'est pas dans les circonstances qui accompa- 
gnent l'extension des endémies qu'il faut en chercher la 
cause, mais dans celles qui précë lenl le moment de leur ap- 
parition. Les médecins de nos colonies pourraient confirmer 
l'exactitude de la proposition de Michel Levy, qui considère 
les pluies comme indiquant en quelque sorte l'état de la salu- 



100 CLIUAT DE GOBÉE. 

brité d'un pays et sa plus ou moins grande tolérance pour 
Fespëce humaine. 

Dans le haut Sénégal^ les pluies paraissent être très-abon- 
danteS; la crue rapide du fleuve aux mois de juillet et d'août 
en est une preuve. Elles font sentir leur influence sur le reste 
du pays par l'inondation périodique de tous les terrains qui 
bordent le fleuve. 

Dans la presqu'île du Cap-Vert, où il n'existe pas de cours 
d'eau, mais dont les berds, plus élevés que Tintérieur^ sont 
formés principalement de roches argileuses difficilement pé- 
nétrables^ la plus grande partie de Feau des pluies, ne trou- 
vant pas d'écoulement naturel, séjourne sur le sol qui, à la 
fin de rhivernage, se trouve couvert d'un grand nombre de 
petits marécages. 

La situation de Dakar^ à l'extrémité méridionale de la 
presqu*i1e, met cette ville dans des conditions climatériques 
identiques à celles de File de Gorée. Les vents sont les mêmes, 
la température est la même ; une distance de 2,500 mètres ne 
peut apporter de grandes modifications dans l'état climaté- 
rique de deux points voisins situés à la même hauteur, sur 
des terrains de même nature, et dont les expositions difilèrent 
très-peu. Il existe cependant une différence très-grande dans 
l'état sanitaire de ces deux localités. L'explication en est facile. 

L'ile de Gorée est petite, les habitations y sont entassées et 
ne laissent aucun terrain vague. Les eaux pluviales y sont 
attendues avec impatience par une population à l'existence de 
laquelle elles sont indispensables. Une partie de ces eaux est 
recueillie dans des citernes, le reste s'écoule promptement à 
la mer en glissant sur la surface du rocher basaltique qui 
forme le sol de l'île. 

Dakar, au contraire, est une ville en voie de formation ; on 
y voit à peine quelques rues, plutôt indiquées que tracées, et 
sans ruisseaux profonds. Ces rues sont bordées de terrains, 
dont une très-faible partie seulement est bâtie. Ces terrains, 
et les rues elles-mêmes, présentent des dépressions qui^ dès 
les premières pluies^ se remplissent d'eau. Le sous-sol argi- 



DES PLUIES. iOI 

leux ou basaltique n'absorbe cette eau que fort lentement : 
aussi les foyers d'infection se forment-ils de tous côtés^ dès le 
début de la mauvaise saison. La plus ou moins grande quan- 
tité d*eau tombée, le temps plus ou moins long qui s'écoule 
entre les jours de pluie^ font se modifier diversement ces petits 
marécages^ et^ par suite, Tétat sanitaire de la ville. 

Lorsque ces causes toutes locales d*insalubrité auront dis- 
paru^ Dakar sera, comme File de Corée, Tune des localités les 
plus salubres de la côte occidentale d'Afrique. 

Un autre point intéressant de la presquile du Cap-Vert est 
le village de Hann. A côté de ce village se trouve un petit 
marigot, plutôt formé par une collection des eaux douces 
provenant des pluies qu'alimenté par des sources. Ce marigot 
est desséché aux trois quarts à la fin de la saison sèche, et 
reprend ses dimensions premières pendant la saison d'hiver- 
nage. 

Les eaux de ce marais sont presque au même niveau que 
celles de la mer, elles n'en sont séparées que par des accumu- 
lations de sables et d*alluvions qui empêchent l'écoulement 
naturel des eaux, tout en permettant leur mélange avec l'eau 
salée aux époques des grandes marées. 

Sur les bords de ce marigot est établi un vaste jardin que 
cultivent les soldats européens des compagnies disciplinaires. 
Il n'est pas besoin de dire combien ce séjour est malsain et 
quelle énorme quantité de malades il fournit à nos infir- 
meries et à nos hôpitaux. C'est le point de la presqu'île du 
Cap-Vert où l'on peut le plus facilement reconnaître la liaison 
qui existe entre l'abondance des pluies et la multiplicité des 
fièvres qui en sont le résultat, non immédiat, mais consécutif : 
les fièvres se montrent dans toute leur gravité à la fin de la 
saison des pluies. 

Les observations de la pluie ont été faites à l'hôpital de 
Corée pendant dix ans, de 18S6 à 186S. La pluie tombée était 
recueillie au moyen d'un pluviomètre de Babinet placé sur 
une terrasse, à S mètres au-dessus du niveau du sol. La 
situation de cet instrument aurait pu être mieux choisie ^ la 



102 CLIMAT DE CORÉE. 

quantité d'eau recueillie a dû être un peu inférieure à celle 
qu'on aurait recueillie sur le sol^ mais d'une quantité sans 
doute bi3n peu considérable. 

Chaque fois qu'il a plu^ on a noté, en millimètres, la hauteur 
de Veau tombée le jour, de six heures du malin à six heures 
du soir, et la nuit, de six heures du soir à six heures du malin. 
Nous avons été malheureusement obligés de négliger, d'une 
manière absolue, les observations des années 1856 et 1857. 
Pendant ces deux années, la hauteur de la pluie parait n'avoir 
été comp'ée qu'en centimètres, et souvent la manière dont 
elle était notée laissait du doute sur la nature de Tunité expri- 
mant la hauteur. Dé^irallt rester dans IVxamen des faits par- 
fal etnent constaté^, nous nous sommes tlonc bornés à faire, 
par année, le relevé delaqnauiile d'eau tombée pendant huit 
ans, de 1858 à 1865. 



II. — Tableau des pluies. 

Nous avons publié dans l'Annuaire de la Société météorolo- 
gique (i), un tableau des pluies contenant les renseignements 
relatifs à la fréquence et à l'abondance des pluies pendant 
huit ans^ chaque niois de Tannée^ la nuit et le jour. 

Voici ce tableau sous une forme plus simple : 



(1) Tomo XVII, page 67. 



DES PLUIES. 



103 



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iOI CLIMAT DE GOBÉE. 

Nous avons représenté graphiquement les hauteurs de la 
pluie tombée mensuellement pendant huit hivernages consé- 
cutifs. Les hauteurs tracées sur cette planche sont aux 
dixièmes des hauteurs réelles. Nous n'avons tenu compte que 
des pluies dont les sommes atteignaient un millimètre par 
mois^ et seulement des mois d'hivernage; des quantités d'eau 
tombée en dehors de cette saison étant insignifiantes. 



III. — Mode de répartition des pluies dans le cours 

de l'année. 



Le nombre des jours pluvieux à Corée est excessivement 
faible ; la moyenne des nombres des jours pendant lesquels 
l'eau tombée était en quantité appréciable au pluviomètre 
n'est que de 33. Les écarts au-dessus et au-dessous de cette 
moyenne sont très-sensibles; ainsi, en 1858, il n'y a eu que 
20 jours de pluies appréciables^ tandis que, Tannée suivante, 
le même observateur en a noté 48. 

La moyenne de la quantité d'eau tombée annuellement à 
Corée est de 533 millimètres; les écarts au-dessus et au- 
dessous de cette moyenne ne sont pas très-considérables. 
Cependant^ en 1858, il est tombé 315 millimètres d'eau, dans 
Tannée suivante 694 millimètres^ plus du double; ce fait n'a 
rien d'extraordinaire dans Tétude des pluies, phénomènes les 
plus irréguliers que la météorologie ait à examiner. 

Si nous considérons les pluies de Tannée entière^ le nombre 
des jours de pluie parait très-minime. La quantité d'eau 
tombée dans Tannée moyenne (533 millimètres) est à peu 
près la même que celle qui tombe annuellement à TObscrva- 
toire de Paris; mais nous n'avons aucune comparaison utile à 
faire sous ce rapport avec le climat de France. 11 serait au 
contraire fort intéressant de comparer le régime des pluies du 
Sénégal à celui des pluies d'une autre région tropicale^ par 
exemple de Çayenne. 



DES PLUIES. 105 

Cinq années d*observations pluTiométriques (1846- 18S0) 
faites à Tbôpital de Gayenne (1), donnent une somme annuelle 
de 3°',513. On voit combien les pluies du littoral de la Séné- 
gambie sont inférieures à celles de la Guyane. 

Au lieu d'une région située directement sous Téquateur, 
choisissons un lieu placé sous les tropiques^ sur un parallèle 
peu éloigné de celui de Gorée. M. Sainte-Claire Deville admet 
le nombre de 2 mètres pour la hauteur annuelle moyenne 
de Teau tombée au niveau de la mer dans les parages de la 
Guadeloupe et de la Martinique (2). La quantité d'eau de 
pluie recueillie sous le même parallèle^ dans la région tropi- 
cale du N, est donc très-différente^ suivant que Ton considère 
la paitie orientale ou la partie occidentale de l'océan Atlan- 
tique. Les pluies des Antilies sont quatre fois plus abondantes 
que celles du Sénégal. Ce phénomène s'explique par la pré- 
sence des alizés dans cette zone. L'époque où régnent ces 
vents est pour le Sénégal une période de sécheresse presque 
absolue^ tandis qu'aux Antilles, les alizés sont humides^ et 
de plus la saison sèche est loin d'être privée complètement de 
pluie». Les propriétés des vents NE diffèrent suivant les 
régions sur lesquelles ils ont passé : ce sont des brises mari- 
times pour les Antilles, et des brises sèches venant du désert 
pour le Sénégal. La différence existant entre le climat de cette 
dernière colonie et celui de nos possessions d* Amérique ré- 
sulte de ces propriétés diverses des vents NE. 

Nous pourrions encore comparer les pluies du Sénégal à 
celles d'une région située dans l'hémisphère S à la même 
distance de l'équateur. Nous possédons les observations plu- 
viométriques faites dans l'île de Sainte-Marie de Madagas- 
car (3). Cette île est située dans l'hémisphère S, à 16*" de 

(1) Voir les observations de M. Leprieur, Annuaire de la Société météoro- 
logique, 18Ô3. 

(2) Ch. Saiute-GIaire Deville, Aperçu général du climat des Antilles,— Revue 
coloniale, janvier 1853. 

(3) Voir dans les Archives de médecine navale, 1870, tome XIV, notre Étude 
iur le climat et la constitution médicale de Vile Sainte-Marie de Madagascar. 



106 CLIMAT DE GOBÉE. 

réqualeur; la grande différence qui existe entre les climats 
de nos deux colonies africaines peut montrer la dissemblance 
considérable des climats africains de Thémisphère S et de 
ceux de l'hémisphère N. 

A Sainte-Marie de Madagascar, on recueille au pluviomètre 
2"^,646 d'eau par an ; à Corée, S33 millimètres seulement. 11 
pleut à Sainte-Marie 156 jours par an, soit 3 jours sur 7, au 
Sénégal moins de i jour sur il. Au Sénégal, les 33 jours de 
pluies se partagent inégalement en 2 jours pour toute une 
saison et 31 jours pour les six autres mois, et encore, sur 
ces 6 mois, faut-il ne laisser que 2 jours pour les 2 mois de 
Juin et d'octobre, et répartir les 29 autres jours sur les 3 mois 
qui forment le centre de Tbivernage et la seule Traie saison 
des pluies. 

D'après ce que nous venons de dire, le climat du Sénégal 
ne peut se comparer ni à celui de France, ni à celui des 
régions équatoriales, ni même aux climats de deux pays 
situés à la même distance de l'équateur, dans l'un et dans 
Fautre hémisphère, et soumis comme le Sénégal, pendant 
huit mois de l'année, à des vents réguliers. U nous parait 
nécessaire de signaler, en passant, que les alizés du SE qui 
soufflent à Madagascar viennent du grand Océan et sont hu- 
mides, tandis que les vents dominants de NE sont secs au 
Sénégal plus encore que dans les autres points du globe. 

' Le Sénégal présente donc un caractère propre. U est situé 
entre des pays où les pluies sont abondantes et des régions 
où elles font peut-être complètement défaut. Les pluies y sont 
es.sentiellement périodiques : elles débutent rarement avant 
la fin du premier mois de Thivernage, elles ne durent que 
trois mois. 

Au mois de jutn, il ne pleut en moyenne qu'une seule fois, 
et la quantité d'eau tombée est toujours très-faible; mais à 
chaque instant la pluie se montre imminente, le ciel est cou- 
vert incomplètement pendant plus des trois quarts des jours 
du mois. La pluie n'a jamais fait totalement défaut dans ce 
mois pendant nos huit années. Cependant, la première année 



DES PLUIES. 107 

de noire série^ la quantité d'eau tombée a été inappréciable 
au pluviomètre. C'est ordinairement à la fln de juin que sur- 
viennent les véritables pluies, comme l'indiquent les dates 
des jours de pluies de ce mois. 

La saison pluvieuse se compose essentiellement des trois 
mois de juillet^ août et septembre : jamais les pluies ne man- 
quent pendant ces trois mois. 

Le mois d^octobrej comme celui de juin, ne comprend qu'un 
seul jour de pluie eu moyenne. Sur huit années, le mois 
d'octobre a été parfaitement sec trois fois, et une quatrième 
année la quantité de pluie tombée était inappréciable. Dans 
l'année moyenne, le mois d'octobre est indiqué comme n'ayant 
qu'un peu plus d'un demi-centimètre d*eau de pluie. 

Le mois de novembre n'appartient à Tbivernage que par 
Téiévation de sa température; comme le mois de mai, c'est 
un mois de transition d'une saison à l'autre. 

Si l'on jette un coup d'œil sur les roses des vents de Tile de 
Corée (Y. ch. 111), on sera frappé de la relation très-évidente 
qui existe entre la présence des pluies et l'absence des vents 
généraux : les mois des vents variables sont les seuls pendant 
lesquels il pleut régulièrement. Les rares pluies du mois d'oc- 
tobre ont toujours eu lieu à des dates comprises dans les dix 
premiers jours de ce mois, alors que les vents de NE n'étaient 
pas encore établis. Nous allons suivre dans notre description 
la division naturelle et examiner les pluies dans chacune des 
deux saisons. 



rv. — Pluies pendant la saison sèche. 

Tant que domine Falizé de NE les pluies font défaut ou sont 
très-faibles et tout à fait exceptionnelles. Sur le chiffre de 33 
qui représente celui du nombre de jours pluvieux dans Tannée 
moyenne, deux jours seulement, avons-nous dit, appartien- 
nent à la belle saison, ils donnent seulement la faible hwteur 
de 46 millimètres d'eau tombée. 



108 CLIMAT DE GORÉE. 

Ep cherchant une explication de ces jours de pluie si rare- 
ment signalés à cette époque de Tannée^ je n'ai pu trouver 
aucun changement dans la direction des vents pouvant en 
indiquer la cause. Mais les vents inférieurs ont seuls été notés 
dans le journal météorologique; or, les nuages qui versent ces 
pluies sont presque toujours apportés par les vents supé- 
rieurs. 

11 est un phénomène que Ton peut facilement observer au 
mois d'avril et au commencement du mois de mai. Le matin, 
le ciel est parfaitement serein^ le vent souffle de NE. Vers dix 
heures, quelques cumulus se montrent au SO, la girouette 
conserve sa direction, indiquant des vents inférieurs du N au 
NE, et cependant les nuages remontent en deux ou trois 
heures, atteignent le zénith et couvrent une partie du ciel. En 
général, ces nuages sont peu épais et se dissipent assez rapi- 
dement; ce sont eux qui donnent les petites pluies anormales 
de la saison sèche. 

Lorsque ces pluies laissaient tomber une quantité d'eau 
pouvant se mesurer au pluviomètre, cette quantité n'était, en 
général, que de 1 ou 2 millimètres ; elle a pu cependant s'é- 
lever jusqu'à iO millimètres en 24 heures au mois de février 
1860 par un jour de calme. 

Nous avons observé une de ces pluies anormales de la 
saison sèche en février 1874. Elle nous a paru liée à quelque 
grand mouvement général de l'atmosphère. Précédée d'une 
baisse barométrique qui s'est manifestée à Corée et à Saint- 
Louis, à partir du 15 février, et qui a été très-prononcée les 
21, 22, 23, cette pluie a commencé dans la nuit du 23 au 24 ; 
elle a été intermittente dans cette dernière journée pour 
reprendre le 25 pendant une durée de 14 heures. A mesure 
que la pluie tombait le baromètre remontait. Il faisait calme, 
les nuages supérieurs chassaient violemment dans la direction 
du SO au NE. 

De tous les mois de l'année, mars est le seul où, pendant 
huit ans, il n'ait pas été noté un seul jour même légèrement 
pluvieux. 



DES PLUIES. 109 

V. — Pluies pendant rhlvemage. 

D'après Kaemtz, la plus grande quantité de pluie tombe 
sous les tropiques au moment où le soleil est au zénith. Cette 
proposition n'est pas absolument exacte pour le Sénégal. Le 
premier passage du soleil au zénith a lieu vers la fin d'avril, 
plus de deux mois avant les premières pluies. Mais le second 
passage du soleil coïncide il est vrai avec le mois d'août, mois 
qui contient à lui seul près de la moitié du nombre des jours 
pluvieux de Thivernage. 

L'élévation de la température parait être la cause de la dis-* 
parition des alizés et de la mousson de SO qui cherche à 
s'établir. 

A cette époque de Tannée^ le Sénégal se trouve dans les 
conditions des régions situées directement sous l'équateur. 
Maury indique comment^ sous l'influence de la marche du 
soleil, la zone des nuages et des calmes équatoriaux remonte 
en été vers le N. Dans son ascension cette zone atteindrait le 
14® de latitude. 

La presqu'île du Cap-Vert, située par W 40', est par con- 
séquent une région limitrophe où Teffet de la zone des nuages 
équatoriaux doit être de moindre durée et de moindre force. 
Il se fait, croyons-nous, au Sénégal, une combinaison entre 
la mousson de SO qui domine au large et la tendance aux 
calmes, aux vents faibles et irréguliers qu'apporte avec elle 
la zone des nuages qui suivent le mouvement du soleil. Aussi 
reconnaîtrons-nous deux sortes parfaitement distinctes de 
pluies : les pluies des calmes, des orages et des tornades, 
accompagnées ou précédées de vents de SE, et les pluies qui 
coïncident avec de fortes brises de SO venant du large; ce 
vent souffle même parfois avec la force des tempêtes. 

Les premières semblent d'origine locale ou voisine. Les 
nuages qui les versent se forment sur place sur la côte où la 
rencontre de l'atmosphère maritime avec l'atmosphère ter- 
restre donne lieu à des orages violents. Les autres pluies 



110 



CLIMAT DE GO&ÉE. 



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viennent de rocéan et sont analogues aux grandes pluies que 
porte à la côte orientale de TAfrique du S et de llle de 
Madagascar Talizé de SE qui Tient de la mer. Elles sont, eu 
général, de force moindre que les pluies d'orages, mais ont 
uoe plus longue durée et ne sont que très-rarement accom- 
pagnées de phénomènes électriques. Il y a des années où Tun 
de ces modes prédomine sur l'autre. Alors les orages sont 
rares, les tornades se comptent seulement par une ou deux 
dans tout un hivernage et Ton voit des journées presque 
entièrement pluvieuses, la pluie étant accompagnée dans le 
jour comme dans la nuit de vent de SO d'intensité variable- 
Dans ce cas, l'hivernage, tout en étant la cause d*un aussi 
grand nombre de maladies que dans les autres années, est 
très- peu pénible à supporter. 

D'autres fois les pluies sont toutes en grains extrêmement 
violents, mais très-courts, précédés d'un état atmosphérique 
exœssivement pénible à supporter par suite de l'élévation 
de la température et de la quantité de vapeur d'eau contenue 
dans l'air. 

En général, les hivernages sont constitués par un mélange 
des deux modes de, pluies. Il en résulte que si une saison 
sèche ressemble toujours extrêmement à celle de Tannée pré- 
cédente, il n'en est pas de même des hivernages successifs. 

On comprend combien il doit y avoir de rapport entre l'état 
de rhivernage cl les maladies qui se montrent ordinairement 
à la fln de cette saison et au début de la saison sèche. 

On pourra reconnaître en examinant la planche relative 
aux pluies qu'il y a, d'une année à l'autre, de grandes variétés 
dans le mode de distribulioa des eaux entre les mois de 
rhivernage. 

Le mois d'août est celui qui comprend le plus grand nombre 
de jours pluvieux, la moyenne de ces jours étant de quatorze. 
D'après les moyennes de six jours et de neuf jours qui s'ap- 
pliquent aux mois de juillet et septembre, on voit que ces 
mois sont, en général, deux ou trois fois moins pluvieux que 
le noiois d'août. Quelquefois l'époque du maximum des jours 



H2 CLIMAT DE GOBÉE. 

pluifieux se trouye retardée d'un mois : ce cas s'est présenté 
deux fois en 1858 et en i 861 ^ années remarquables parle peu 
d'abondance de la pluie. 

Il est à remarquer que jamais le maximum des pluies n'a 
eu lieu en juillet^ mais deux fois en huit aos il a eu lieu en 
septembre. 

L'abondance de la pluie est, d'une manière générale, pro- 
portionnée à sa fréquence dans chaque mois. 

A quelle heure du jour la pluie tombe- t-elle le plus fréquem- 
ment? — Il résulte de nos observations qu'il pleut à peu près 
deux fois plus souvent vers dix heures* du soir qu'à chacune 
des autres heures de la journée. Ce fait est en rapport avec la 
fréquence plus grande des orages le soir après le coucher du 
soleil que dans la journée. 

Pleut'il plus la nuit que le jour ? — L'observation des pluies 
a été faite avec une grande précision par les observateurs 
dont nous utilisons les travaux ; aussi nous est-il facile de 
répondre à cette question. Dans l'année moyenne il tombe 
255 millimètres d'eau le jour et 278 millimètres la nuit. 11 y 
aurait donc à peu près égalité entre la quantité d'eau tombée 
la nuit et le jour. En considérant chacune des années parti- 
culières on arrive aux mêmes conclusions. 



VI. — Dates des premières pluies importantes. 

Que l'on considère les années, les mois ou seulement l'es- 
pace de 24 heures, les pluies sont donc toujours un phéno- 
mène excessivement irrégulier : leur apparition dans une 
saison particulière est la seule loi que nous puissions consta- 
ter, tout en tenant compte des avances et des retards qu'il 
peut y avoir, d'une année à l'autre, dans le moment de cette 
apparition. 

Nous avons cherché les dates des premières pluies impor- 
iantes des diverses années. Nous avons considéré comme 



DES PLUI£S. 



113 



première pluie^ celle qui laisse tomber sur le sol, rendu 
aride par huit mois de sécheresse, une quantité d'eau suffi* 
santé pour en changer rapidement Taspect en donnant un 
grand essor à la végétation, par conséquent ayant de l'impor- 
tance pour l'agriculhire. Cest en effet à l'époque de cette 
première pluie que les indigènes sortent de leur oisiveté et 
préparent la terre pour y semer les deux espèces de graminées 
qui forment la base de leur nourriture : le petit mil (panicum 
milliacaceumy Lin.) et le gros mil ou sorgbo (holcus sorghum. 
Lin.). Ces graminées n'ont besoin que d'un sol humide pour 
produire en trois mois une abondante récolte. La dernière 
espèce est celle qui est surtout cultivée par les indigènes de la 
presqu'île du Cap- Vert. 

Voici, chaque année, quelle a été la date de ces premières 
pluies importantes pour l'agriculture : 



Année 1858, le 7 juillet. . . 


. pluie 


de 53 millimètres. 


— 1859, le 4 juillet. . 


— 


46 


— 


— 1860, le 10 juillet. . . 


— 


47 


— 


— 1861, le 7 juillet. . . 


— 


14 


— 


— 1862, le 13 juillet. . . 


— 


16 


— 


— 1863, le 12 juUlet. . , 


— 


34 


— 


— 1864, le 27 juin. . . , 


— 


25 


— 


^ 1865, le 28 juin. . • . 


— 


62 


— 



VII. — Principales remarques sur les pluies. 



Malgré Tirrégularité des phénomènes de la pluie^ ou plutôt 
à cause de cette irrégularité, nous devons chercher avec soin 
et signaler les faits particuliers que peuvent mettre en évi- 
dence les résultats des observations de ce phénomène atmos- 
phérique. Nous avons dit que la plus forte quantité de pluie 
mesurée dans l'espace d'une seule année avait été de 694 mil- 
limètres en 1859 (année d'épidémie de fièvre jaune). Les 
jours pluvieux de cette année ont porté sur huit mois succès- 

8 



114 CLUfÂT DE GORÉE. 

sifs. Il est vrai que la quantité d'eau tombée en dehors de 
Vhiyernage a été assez faible. Les trois mois de la saison hu- 
mide par excellence ont fourni, en 38 jours, 650 millimètres 
d'eau ; les 10 autres jours^ répartis sur les mois de mai, juin, 
octobre, novembre et décembre, n'ont versé sur le sol que 
44 millimètres. C'est la seule de nos huit années pendant 
laquelle le mois de mai ait présenté un jour de pluie. 

Sans nous arrêter à considérer la marche des épidémies de 
fièvre jaune, signalons pourtant que toujours elles ont eu lieu 
à Corée pendant la saison des pluies. Cette coïncidence ne 
pourrait-elle pas s'expliquer par la nécessité^ pour l'exten- 
sion de la fièvre jaune, d'une température moyenne élevée 
comme celle de rhivernage (âT^). La basse température de la 
saison sèche (20%6) arrête au contraire les progrès de l'épi- 
démie ou s'oppose à son invasion. Il est nécessaire d'ajouter 
qu'en 1864, année exempte de fièvre jaune, la quantité d'eau 
tombée a été, à 2 ou 3 millimètres près, ]a même qu'en 1859, 
mais que le nombre des jours pluvieux a été de beaucoup in- 
férieur à celui des jours pluvieux de cette dernière année. 

Les chiffres exprimant^I'abondance et la fréquence moyenne 
des pluies ne donnent que d'une manière incomplète une 
idée du régime des pluies sur le littoral de la Sénégambie. 
Nous avons cru utile de bien indiquer le mode des pluies 
par des renseignements plus détaillés. Nous avons compté 
pour cela, sur les registres météorologiques, les nombres des 
jours où la hauteur de la pluie avait atteint ou dépassé cer- 
taines hauteurs. 

Nous avons trouvé^ par cette méthode, qu'en huit ans, la 
hauteur de la pluie, en 24 heures, avait atteint ou dépassé 
trois fois, 110, 130 et 140 millimètres ; huit fois elle s'est éle- 
vée entre 60 et 100 millimètres ; dix fois elle a dépassé 50 mil- 
limètres ; vingt-quatre fois elle a été au-dessus de 30 à 40 mil- 
limètres; soixante-dix fois elle a été supérieure à iO et 20 
millimètres ; cent cinquante-une fois elle a été inférieure à 
10 millimètres et d'au moins 0™",5. 

Nous avons aussi cherché quelles avaient été, chaque an- 



/ 



DES PLUIES. 115 

née, les plus fortes séries de jours pluvieux consécutifs ; ces 
séries sont très-rares et peu longues. Nous trouvons : en 
1858, une série de 3 jours, du !•' au 3 septembre, accompa- 
gnée de vent d'O; en 4859, une série de 4 jours, du 24 au 
27 août, par vent de SO ; en 1860, une série de 6 jours, du 
4 au 9 septembre, pluies dorages; en 1861, nous trouvons 
deux séries de 7 jours pluvieux, l'une en août, accompagnée 
d'orages et de vent d'O, l'autre dans les premiers jours de 
septembre, par de fortes brises d*0 ; en 1862, une série de 
6 jours. Dans les trois dernières années d'observations les sé- 
ries ne dépassent pas 4 jours. 

On peut voir par ces indications que le climat de Corée ne 
présente que très-exceptionnellement des séries de jours plu- 
vieux. Il est excessivement rare de voir la pluie se soutenir 
d'une manière continue pendant vingt-quatre heures. 11 y a 
presque toujours, entre les grains qui constituent les pluies 
de riiivernage, des moments où le ciel est découvert et où le 
soleil peut faire sentir son influence qui, à cette époque plus 
qu'à toute autre, est pernicieuse pour les personnes qui s'ex- 
posent à son irradiation directe. 

Voici quelques pluies remarquables dont nous croyons de- 
voir mettre en évidence les observations : 

En 1862, il est tombé en six jours plus d'un tiers de la 
quantité d*eau totale de l'année, dont 90 millimètres en un 
seul jour, sous l'influence de fortes brises d'O. 

La plus forte quantité d'eau tombée en vingt-quatre heures 
a été de 142 millimètres en 1864. En quatre jours, du 8 au 12 
août^ il est tombé, cette année, 399 millimètres d'eau, c'est- 
à-dire plus de la moitié de la pluie totale de l'année. Une 
série de forts vents d'O et de SO avaient apporté ces 
pluies. 

Pendant un coup de vent de SO qui régna du 28 au 30 sep- 
tembre de l'année 1 860, il est tombé 109 millimètres d'eau, 
environ le quart de la pluie totale de Tannée. 

On voit par ces exemples (et les autres observations consi- 
gnées sur nos relevés annuels des pilules le démontrent éga- 



il6 CLI9IAT DE GORÉE. 

lement)^ que ce ne sont pas les plaies d'orages qui donnent la 
plus grande abondance d'eau^ mais les pluies apportées de 
rOcéan par des vents énergiques. 

Pour avoir une idée de la force avec laquelle tombe la 
pluie^ pendant les principales averses que j'ai pu observer à 
Corée, en 1872^ j'ai cherchée déterminer la quantité d'eau 
qui tombait au moment où la pluie avait sa plus grande 
intensité ; j'ai plusieurs fois trou\é que la pluie donnait alors^ 
au pluviomètre, une hauteur d'eau de 1 millimètre par 
minute. 

Ces énormes averses, lorsqu'elles se répètent dans un temps 
assez court, produisent dans le pays l'efTet de petites inonda- 
tions. A Dakar les routes sont souvent emportées par ces 
pluies et profondément ravinées, il en résulte qu'à la fin des 
hivernages très-pluvieux, des travaux considérables deviennent 
nécessaires pour réparer les dégâts produits. L'économie se 
joint à l'hygiène pour conseiller de faire le drainage de cette 
petite ville, de manière à lui permettre de recevoir les eaax 
pluviales, sans être bouleversée d'une façon aussi préjudiciable 
à la santé des habitants qu'aux intérêts bien entendus de la 
colonie. 



VIII. — Influence des pluies sur la végétation et sur 
l'état sanitaire. -- Différences au point de vue sani- 
taire entre les villes de Gorée et de Dakar. 

Nous avons fait remarquer la coïncidence de la saison des 
pluies avec l'extension des diverses épidémies de ûèvre jaune 
qui ont ravagé Gorée, et nous avons attribué à la haute tem- 
pérature de cette saison Textension d'épidémies qui toujours 
ont été importées, ainsi que le démontrent les savantes re- 
cherches du médecin en chef du Sénégal (i). 

La saison des pluies est toujours accompagnée d'une activité 

(1) V. De la fièvre jaune au Sénégal, par Bérenger-Féraud. ParU, 1874. 



DES PLUIES. 117 

très-grande de la Tégétation ; nous croyons utile de signaler 
une observation que nous avons faîte plusieurs années de 
suite. C'est au mois de juin, sous l'influence, non pas des 
pluies, mais de l'élévation de la température, que s'opère le 
réveil de la végétation. Ce réveil, sans être au Sénégal aussi 
remarquable que celui du printemps en Europe, est pourtant 
extrêmement sensible. A la fin de mai la terre est desséchée, 
les animaux trouvent à peine leur nourriture, le fourrage est 
sec et de mauvaise qualité, il n'y a que de rares arbustes qui 
conservent encore quelques feuilles. Les [pluies ne sont pas 
encore apparues; la terre étant toujours sèche, l'herbe ne 
pousse pas. Malgré cela, la sève prend de l'activité, les arbres 
se couvrent de bourgeons, et même quelques feuilles parais- 
sent avant qu'il soit tombé une seule goutte de pluie. 

Ainsi la végétation prend, sous l'influence de la chaleur, 
une activité qui précède et annonce en quelque sorte les 
pluies. Peu de temps après ce moment, les pluies surviennent 
et donnent à la végétation une force qui rend, en quelques 
jours, à la presqu'île l'aspect de la fécondité des régions équa- 
toriales. 

Un autre phénomène doit être encore noté : les moustiques, 
qui étaient devenus très-rares et avaient même disparu com- 
plètement, reparaissent en assez grande quantité dès le com- 
mencement de juin. Ce n'est, il est vrai, qu'après les premières 
pluies que des nuées de ces insectes sortent de toutes les 
mares d'eau où abondent leurs larves, mais leur première 
apparition a lieu avant la pluie. A ce moment la sécheresse est 
telle que les petits oiseaux, trouvant difficilement à vivre 
dans la campagne, se rapprochent des lieux habités, et qu'il 
suffit d'un peu d'eau pour les attirer dans les pièges. On prend 
ainsi des quantités considérables de ces petits passereaux, 
que BufTon a décrits sous le nom de sénégali ; ils constituent 
même l'objet d'un commerce assez important ; le Sénégal en 
exporte des milliers. 

La chaleur et sans doute aussi l'état hygrométrique de l'air 
qui l'accompagne, produisent des effets qu'un observateur 



118 CLIMAT DE CORÉE. 

inattentif attribuerait aux pluies qui ne tardent pas à sur- 
venir. 

Dès que quelques gouttes d'eau se sont répandues sur le sol^ 
le réveil de la nature est complet, la terre se couvre d'herbe, 
les immenses boababs^ dont quelques feuilles pointaient à 
peine sur des branches sèches comparables à celles d'un arbre 
mort^ se couvrent en quelques jours d^un magnifique feuillage 
qui projette un vaste cercle d'ombre autour de leurs troncs 
prodigieux. En une semaine les bourgeons de certains arbres^ 
tels que le Morenga-oleifera^ développent des tiges d'une lon- 
gueur de 50 centimètres. 

Les insectes fourmillent alors. Il suffit d'exposer une lu- 
mière, un soir de calme, sur une fenêtre, pour faire une col- 
lection entomologique des plus riches. Dans les herbes pul- 
lulent les batraciens. Le pays prend l'aspect que l'on rencontre 
constamment à quelques degrés plus bas en se rapprochant de 
l'équateur. 

La santé des indigènes, en ce moment, est excellente. L'Eu- 
ropéen seul souffre et s'empoisonne dans celle atmosphère 
pour laquelle il n'est pas créé. S'il veut éviter les fièvres, il 
faut qu'il s'éloigne ou qu'il aille habiter Corée. Ce rocher dé- 
pourvu de végétation est séparé de la terre par une distance 
suffisante pour atténuer la force des miasmes. Corée est d'ail- 
leurs dans une situation hygiénique qui le met à l'abri des 
vents les plus malsains, et ce n'est qu'accidentellement que 
ces miasmes pourraient lui être portés. Aussi les fièvres inter- 
mittentes sont-elles très-rares chez les habitants de Corée, et 
les Européens peuvent passer plusieurs années dans cette île 
sans avoir le moindre accès de fièvre, à la condition de ne 
faire aucune excursion sur la terre ferme. 

Corée est, en dehors des années où la fièvre jaune y est im- 
portée, un port d'une salubrité remarquable, non pas d'une 
manière relative et par comparaison avec la côte du Sénégal 
ou l'intérieur du pays, mais d'une manière absolue. La salu- 
brité de son climat peut être comparée à celle de nos meil- 
leures colonies. Si les habitants de Tile de Corée ne faisaient 



DES PLUIES. il9 

de fréquentes excursions sur le continent, ils pourraient jouir 
pendant de longues années d^une santé excellente. Des faits 
nombreux sont là pour le prouver. Je citerai entre autres la 
bonne santé dont y jouissent les femmes et les quelques per- 
sonnes qu'une vie sédentaire retient dans Tile. 

La ville de Dakar^ si elle se bâtit où elle a été tracée^ pourra 
jouir en partie de sa situation exceptionnelle sur le continent 
africain. Mais pour que son climat puisse devenir aussi sain 
que celui de Gorée^ il faudra que cette petite ville se trans- 
forme rapidement en un centre très-babité et bien bâti. Long- 
temps encore il y aura entre Corée et Dakar une différence 
énorme au point de vue sanitaire. Cette différence est actuel- 
lement extrêmement prononcée. Je crois qu'il est difficile de 
trouver deux points aussi proches Tun de l'autre et jouissant 
de conditions de salubrité si profondément dissemblables. 



CHAPITRE V 



PRESSION ÂTSIOSPHERIQUB. 



I. — Observations barométriques faites à Gorée. 

Les observations sur lesquelles nous pouvons nous appuyer 
pour rétude de la pression atmosphérique à Gorée ne com- 
prennent que quatre années : 1857-58-59-60. Ces observations 
ont cependant été faites pendant douze ans^ mais les journaux 
météorologiques ne pourraient être utilisés qu'à Taîde d'un 
grand travail de rectification et de nombreux calculs. Sans 
nous fournir tous les renseignements qui nous seraient né- 
cessaires, les quatre années d'observations que nous avons ré- 
sumées peuvent cependant nous procurer des notions approxi- 
matives sur la pesanteur de l'atmosphère de ces régions, 
notions qui présentent une assez grande importance, vu l'ab- 
sence de tout travail antérieur sur ce sujet. 

Plus les variations d'un phénomène météorologique sont 
faibles^ plus il est indispensable d'observer avec soin : orjes 
observations du baromètre ont toujours été faites avec une 
approximation beaucoup trop large^ Pour obtenir de bons ré- 
sultats^ il aurait été nécessaire de prendre toutes les hauteurs 
barométriques au moins à un dixième de millimètre près^ ce 
qui n'a pas été fait le plus souvent. En donnant les résultats 
que nous avons obtenus, nous insisterons sur la nécessité de 
faire à Gorée de meilleures observations barométriques qui 
puissent servir de base à un nouveau travail présentant une 
valeur plus grande que celui que nous pouvons offrir en ce 
moment. 

On trouvera dans les tableaux qui résument les quatre an- 



PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 12! 

nées d'obseryations dont nous avons fait choix : les moyennes 
mensuelles des hauteurs du baromètre à cinq heures diffé- 
rentes du jour^ ainsi que les moyennes déduites de ces cinq 
observations pour les quatre années {i). Nous nous sommes 
bornés à donner (page 16) les mêmes renseignements cal- 
culés pour une année moyenne conclue de ces quatre années. 
La cuvette du baromètre était située à S^'^SO au-dessus du 
niveau moyen de la mer. Les hauteurs barométriques de 
* chaque observation ont toutes été corrigées et ramenées à la 
température de 0<>. 



II. — Hauteur moyenne du baromètre. 

La hauteur moyenne du baromètre observée à Corée, pen- 
dant quatre années, à ^"^fiO au-dessus du niveau moyen de la 
mer, a été de 7S7°^",7. 

La plus faible des moyennes annuelles obtenues est de 
757"^°,1 pour Tannée 1859. 

La plus forte de ces moyennes est celle de Tannée 1856^ 
elle est de 758'"™, 4. 

Mais nous ne croyons pas que les observations aient été 
faites avec une précision suffisante, pour que la différence qui 
existe entre ces deux moyennes annuelles puisse être consi- 
dérée comme Texpression d'une véritable oscillation de la 
pression atmosphérique, d'une année à une autre année. Ce 
n*est même qu'avec une certaine réserve que nous indique- 
rons le chiffre de 757°^,7 comme exprimant la moyenne réelle. 
Nous avons dit plus haut que des observations plus précises 
seraient nécessaires. 11 faudrait aussi que les baromètres qui 
ont servi à ces observations eussent été comparés et vérifiés. 

En tenant compte de Télévation du lieu d'observation qui 
diminue la hauteur de la colonne barométriqne d'un demi- 
millimètre, nous trouvons qu'à Corée, au niveau de la mer, à 

(1) Voir Annuaire de la Société météorologiquey tome XVII. 



12â CLIUAT DE GORiE. 

la température de O», la pression atmosphérique doit être 
très-voisine de 758°", 2. 



III. — Variations de la pression atmosphérique dans 

Tannée. 



C'est au mois de janvier que la colonne mercurielle atteint 
sa plus forte élévation moyenne. C'est aux mois d'avril, sep- 
tembre et octobre que cette pression est la plus faible. ' 

Il y a une différence de 759"»,i à 757"*,0, c'est-à-dire de 
2™,i seulement, entre la moyenne barométrique la plus 
élevée et celle qui est la plus basse. 

On voit qu*à Gorée^ le baromètre se maintient à peu près au 
même niveau moyen toute l'année^ que cependant la pres- 
sion atmosphérique est légèrement plus forte en hiver qu'en 
été. La moyenne hivernale est plus élevée que la moyenne 
estivale de 0°^,7. 

11 résulte de l'élévation plus grande de la pression en hi- 
ver et de son abaissement en été que la marche du baromètre 
est dans T/innée inverse de celle du thermomètre. 

Quelque peu accentuées que soient^ à Corée, les variations 
du baromètre, il est donc possible de reconnaître dans cette 
contrée, comme en Europe, la marche en sens opposés des 
deux instruments qui nous servent à mesurer la température 
et la pesanteur de l'air atmosphérique. Mais les variations an- 
nuelles des moyennes barométriques n'ont pas une marche 
aussi simple que celle de la température. Il y a dans Tannée 
deux maxima et deux minima des moyennes barométriques 
mensuelles. Le maximum et le minimum extrêmes ont lieu 
l'un en janvier, l'autre en octobre. En juin se présente un 
second maximum qui a été précédé d'un premier minimum 
en ami; ce dernier est moins sensible que celui d'octobre. 
Nous retrouverons à Saint-Louis cette double oscillation an- 
nuelle des moyennes barométriques. 

On peut remarquer que la pression barométrique s'élève 



PRESSION ATMOSPHÊBIQUE. 123 

pendant la saison où les vents réguliers du N à l'E sont les 
mieux établis et les plus constants ; tandis qu'aux mois des 
vents variables et des vents dominants de TO et du SO, la pres- 
sion atmosphérique baisse. On sait que ce phénomène n'est 
pas particulier à Gorée et qu'il se présente d'une manière à 
peu près constante dans l'hémisphère nord. 



XV. — Oscillations barométriques diurnes. 

Sous les tropiques les variations accidentelles du baromètre 
sont toujours très-faibles, et il est facile d'observer dans ces 
régions l'amplitude des variations horaires. Ces variations 
sont d'une régularité telle que Humboldt pouvait, sous les tro* 
piques^ à la seule inspection de la colonne barométrique^ in- 
diquer rheure à quinze minutes près. 

Le Sénégal ne fait pas exception, sous ce rapport, aux autres 
régions de la zone tropicale ; les variations accidentelles y 
sont rares et n'ont jamais une grande étendue. Les plus fortes 
oscillations dans une même Journée^ des quatre années dont 
nous nous occupons^ n'ont* pas dépassé 3^ i ou 5 millimètres. 
Une seule fois, au mois d'août 1858, l'oscillation a atteint 
gmm 2 gjj douze heures. 

L'Européen est donc loin d'être soumis au Sénégal aux varia- 
tions nombreuses et très-fortes de pression auxquelles il était 
habitué dans sa patrie. Ainsi, à Paris, la colonne mercurielle 
peut s'élever jusqu'à 781 millim. et s'abaisser jusqu'à 713 mil- 
limètres (1). Bien que l'influence que peut avoir sur l'écono- 
mie une variation aussi considérable ne s'accuse d'aucune 
manière sensible, il n'est pas possible que le jeu des organes 
puisse se faire d'une façon complètement identique dans cha- 
cune de ces deux circonstances dans lesquelles se trouve le 
milieu qui les entoure et les pénètre. Il peut être permis de 
chercher dans cette constance de la pressioa atmosphérique, 

(1) Renoq. 



124 CLIMAT DE CORÉE. 

autant que partout ailleurs, une des causes du peu de fré- 
quence des maladies des yoies respiratoires sous les tropiques. 
Les conditions de l'osmose pulmonaire doivent se trouver en 
général constamment les mêmes dans ces régions, tandis que 
les variations de pression doivent les modifier d'un moment 
à l'autre dans les climats d'Europe. 

L^influence de la pression atmosphérique et de ses varia- 
tions sur l'économie est encore moins bien connue que celle 
de la chaleur et de ses variations. En ne cherchant les causes 
des maladies que dans les influences produites parla chaleur^ 
on négligerait bien des éléments de la question complexe de 
l'influence des climats sur la constitution médicale des diverses 
contrées. Le médecin ne doit pas négliger, dans ses études du 
climat d'un lieu^ de tenir compte de la pression atmosphéri- 
que et surtout de ses variations. 

Nous ne pouvons déterminer quelles sont, à Corée, les heures 
tropiques des oscillations du baromètre. Les observations que 
nous possédons n'ayant pas été faites dans ce but. Des cinq 
observations faites quotidiennement, trois seulement corres- 
pondent à peu près aux heures des périodes régulières du 
mouvement barométrique sous les tropiques. 

D'après Humboldt, il y a sous Téquateur deux mînîma et 
deux maxima barométriques correspondant, les premiers à 
Â^ 13° du matin et à 4^ S^'du soir, les seconds à 9** 23° du 
matin et 10^ 23° du soir. Nos observations de Gorée nous per- 
mettent seulement de reconnaître que les oscillations diurnes 
sont approximativement les mêmes que celles que Ton con- 
naît dans les pays tropicaux. 

Il est nécessaire de faire à Gorée quelques séries d'obser- 
vations, dans le but d'établir exactement la marche diurne 
du baromètre. Une série horaire poursuivie seulement pen- 
dant quelques jours serait très-facile à obtenir; l'absence des 
irrégularités que Ton rencontre dans les régions situées plus 
au nord permettrait de se contenter d'une série très-courte. 

D'pprès les observations que nous avons résumées, la 
moyenne des oscillations observées chaque jour pendant qua- 



PKESSION ATMOSPHÉRIQUE. 425 

tre années est de i"^,4. Les moyennes mensuelles de ces os- 
cillations ne seraient jamais descendues au-dessous de l°^^l 
et n'auraient jamais dépassé 1°^^9. Mais nous pensons que ces 
indications résultent du détaut d'approximation suffisante. 
Nos propres recherches faites pendant trois mois à Gorée, 
nous indiquent une oscillation diurne moyenne de â'^'^^i en 
janvier 1874, de 2"»",8 en février^j de 2"*,5 en mars. 

Les observations que nous ayons faites, à Saint-Louis, pen- 
dant une année entière, nous permettront d'étudier, avec une 
plus grande exactitude, la marche de la pression barométrique 
dans notre colonie. 



CHAPITRE VI 



ÉTAT HYGROMÉTBIQUE. 



I. — Observations psychrométriques faites à Gorée. 

Ces observations ont porté sur les années 1856^ 4858, 1859, 
i 860, elles ont été résumées dans V Annuaire de la Société mé- 
téorologique^ tome XYIl^ p. 65. 

L'état hygrométrique de Tannée moyenne^ résultant de ces 
quatre années^ est indiqué dans le tableau général qui résume 
les obserrations de Gorée (p. 47). 

Nous nous permettrons cependant de critiquer la valeur abso- 
lue des observations psychrométriques recueillies dans ces an- 
nées. l.es moyennes qu'elles fournissent nous paraissent trop 
élevées. — Nos propres observations, faites à Gorée, pendant 
trois mois, lious ont toujours donné des chiffres inférieurs à 
ceux fournis par les observations dô ces quatre années. Voici 
ces moyennes résultant de cinq observations quotidiennes : 

TENSION DE LA YAPEDR. HUMIDITIÎ RELATIVE. 

mm centièmes 

Décembre i2,60 64 

Janvier ii,19 68 

Février 11,01 67 

Kous ferons remarquer avec M. Renou que, dans les obser- 
vations du psychromètre d'Âugust, toutes les causes d'erreurs 
tendent à diminuer la différence entre le thermomètre sec et 
le thermomètre mouillé, et par suite à élever la valeur des 
chiffres exprimant l'état hygrométrique. Nous croyons les 
moyennes déterminées pour Gorée trop élevées. Tout e*d 



ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. 127 

restant supérieures à celles que nous ayons obtenues^ pour 
Saint-Louis^ elles doivent être abaissées d'une manière sen- 
sible. 

Cependant ces observations conservent leur importance, s'il 
s'agit d'étudier les variations hygrométri(iues annuelles ou 
diurnes^ ces variations n'étant pas sous la dépendance de la 
valeur absolue des chiffres sur lesquels elles s'appuient. 



n. — Variations annuelles de l'état fa.ygrométriq[ae. 

La quantité absolue de vapeur d'eau s'élève ou s'abaisse 
avec la température moyenne. C'est en février, au mois le 
plus froid, qu'elle est en plus faible quantité^ sa tension est de 
i3"^,95; c'est en octobre qu'elle est maxima 25°'",38. Elle 
croît régulièrement de février à octobre, pour descendre en- 
suite avec la même vitesse* que la température. 

Dans le centre de l'hivernage, de juillet à la fin d'octobre, la 
marche ascendante de la température est cependant plus 
lente que l'ascension de la courbe des quantités absolues de 
vapeur d'eau. Si dans ces différents mois la température ne 
varie que très-peu, l'humidité absolue croit cependant enWe 
avec une certaine rapidité, de sorte que l'atmosphère du mois 
d'octobre est plus chargée de vapeur d'eau que celle des mois 
précédents, tout en étant moins échauffée. 

Si la quantité absolue de la vapeur d*eau va, règle géné- 
rale, en augmentant et en s'abaissant suivant que la tempé- 
rature s'élève ou s'abaisse, il n'en est pas de même de Thumi- 
dilé relative. 

L'humidité relative est le rapport existant entre la quantité 
absolue de vapeur d'eau contenue dans l'air et celle que l'air 
contiendrait s'il était saturé de vapeur. Dans la saison fraîche, 
la température s'abaisse, puis se relève avec une rapidité trop 
grande pour que l'air, qui a besoin d'un certain temps pour 
absorber la vapeur d'eau, puisse se rapprocher de son point 



128 



CLIMAT DE GOREE. 



fGORÊB '/Année mo^ennol. 
Moyennes mêtêorolo3iques et etâ.t sanitajr^ 



D J r M A U J J A-Ji'4i^ Ji 







ÉTAT HVGROMÉTRIQUE. 129 

de saturation. Aussi est-ce à cette époque de Tannée, au mo- 
ment des plus grands mouyements de la température, que la 
sécheresse relative est la plus grande. 

Dans rile de Corée où Tair peut se charger plus rapide- 
ment d'humidité par évaporation de la surface marine, les va- 
riations hygrométriques, tout en étant plus sensibles dans la 
saison sèche que dans Thivemage, sont moins considérables 
que dans l'intérieur des terres, où les surfaces d'évaporation sont 
beaucoup plus restreintes en étendue. Au mois de décembre, 
par exemple, la différence entre la tension de la vapeur d'eau 
et celle de la tension qu'elle aurait si Tair était saturé, s'élève 
à près de 7 millimètres, et le rapport de ces deux quantités à 
77 centièmes. Aussi n'est-ce pas au moment le plus froid de 
l'année, en février, mais en décembre, que l'humidité relative 
commence à augmenter. Au contraire, de février à mars^ 
pendant que l'humidité absolue augmente comme la tempéra- 
tare, l'humidité relative diminue. 

De mars à avril et les mois suivants, jusqu'en septembre, 
l'humidité relative augmente, comme la chaleur et l'humidité 
absolue, mais avec une vitesse beaucoup moindre ; en sorte 
que les courbes d'ascension de l'humidité absolue et de l'hu- 
midité relative sont loin d'être parallèles. 

De septembre à octobre, tandis que la chaleur reste à peu 
près stationnaire, que la quantité absolue de vapeur d'eau va 
en augmentant et que, par conséquent, la quantité relative de- 
vrait augmenter ou rester à peu près stationnaire, nous trou- 
vons qu'elle diminue légèrement ; cela provient sans, doute 
de ce que nous comparons à une année moyenne conclue de 
dix ans pour la température, une année moyenne conclue de 
quatre ans pour Tétat hygrométrique. En effet, dane ces quatre 
années, la température moyenne d'octobre a été supérieure 
à celle de septembre, de sorte qu'il n'y a là qu'une erreur 
apparente. La chaleur a continué] en réalité de croître, pen- 
dant que l'humidité relative s'abaissait d'un centième seule- 
ment. 

D'octobre à décembre, l'humidité relative diminue rapide- 

9 



130 CLIMAT DE GORiE. 

ment^ comme la température et comme Thumidité absolue 
pour arriver à sa plus basse moyenne. 

Il résulte de cette marche de la courbe représentant Thu- 
midité relative^ quil y a dans Tannée deux minima et deux 
maxima de Thumidité relative. 

Les deux minima sont très-rapprocbés^ ils ont lieu dans la 
saison sèche^ Tun, celui qui est le pins bas de Tannée^ se pré- 
sente en décembre, l'autre en mars. Les deux maxima ont 
lieu, Tun le plus faible, dans la saison sèche en janvier ou 
février, Tautre qui est le plus fort, au mois de septembre; 
c'est le moment de Tannée où Thumidité relative Temporte 
sur celle de tous les autres mois. 

En traçant les courbes de l'état hygrométrique de chacune 
des quatre années particulières, on voit le moment du second 
minimum de la saison sèche qui a lieu vers le milieu de cette 
saison^ se déplacer en avance ou en retard. On peut, croyons- 
nous, Tattribuer aux séries du vent d'E, qui régnent ordinai- 
rement soit en mars, soit en avril, suivant les années. -- 
lUais des séries plus longues d'observations seraient nécessaires 
pour affirmer ces deux minima et ces deux maxima an- 
nuels. 



III. — Variations quotidiennes de l'état hygrométrique. 



La quantité absolue de vapeur d'eau contenue dans Tair est 
à son minimum dans la nuit; l'observation de 6 heures du 
matin est du moins celle qui présente, dans les moyennes 
horaires de Tannée, la plus faible tension de la vapeur. Cette 
tension va croissant assez rapidement jusqu'à 1 heure du soir, 
puis lentement entre 1 heure et A heures du soir^ pour des- 
cendre ensuite rapidement dé 4 heures à 10 heures. A celte 
dernière heure, sans être aussi faible que celle que Ton 
observe le matin^ elle en diffère assez peu ; de sorte que Ton 
pdiit dire que, de même que la température, la tension de la 



ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. i3i 

vapeur n'a d'oscillations fortes que dans le jour et descend 
très-peu de 10 heures du soir à 6 heures du matin. 

Un fait important doit être signalé : 

De 1 heure à 4 heures du soir, nous ne possédons à Taide 
de Tobservation des maxima qu'une approximation vague du 
moment où, d'ascendante, la température devient descen- 
dante. Or, de 1 heure à 4 heures, la tension de la vapeur 
d'eau conserve sa marche ascendante, quel que soit le mois 
de Tannée où se fasse i'ohservation; Au mois d'octobre, où la 
température de 4 heures du soir et celle de i heure diffèrent 
très-peu^ ce fait ne présente rien de remarquable ; mais en 
janvier et février, alors que la température de 4 heures est 
toujours plus basse que celle de i heure, la tension de la va- 
peur est comme dans tous les mois de l'année^ à 4 heures du 
soir, supérieure à celle de 1 heure. Ainsi, le moment du 
maximum de la tension de la vapeur doit être postérieur à ce- 
lui du maximum thermal. Et ce fait existe dans toutes les sai- 
sons et dans tous les mois de Tannée. 

Il est facile d'expliquer comment l'accroissement de la tem- 
pérature est en moyenne suivi d'un accroissement de la quan- 
tité de vapeur suspendue dans Tair, puisque Tévaporation doit 
augmenter à mesure que le soleil s'élève sur Thorizon. Si cet 
accroissement a encore lieu à 4 heures du soir, cela provient 
sans doute, dans l'hivernage, du retard qu'a le maximum ther- 
mal jusque dans le voisinage de 4 heures du soir. Mais, dans 
la saison sèche, il est plus difficile de trouver une explication 
des faits reconnus par Tobservation. 

Cette marche des variations de la quantité de la vapeur 
d'eau est conclue de Texamen des moyennes mensuelles. Mais 
si nous suivions, jour par jour, la marche de la température 
moyenne et celle de Tétat hygrométrique, nous trouverions 
des irrégularités considérables, provenant surtout de la pré- 
sence de tel ou tel vent. Ainsi, par exemple, la plus grande 
siccité de Tair se trouve correspondre d'une manière habi- 
tuelle au maximum thermal, toutes les fois que ce maximum 
est produit par le vent du désert ou vent d'E. 



132 CUVAT DE GORiE. 

L'influence des vents sur Télat hygrométrique présente un 
très-grand intérêt; nous traiterons cette question au moment 
où nous étudierons le climat de Saint*Louis, à l'aide d'obser- 
vations qui nous sont propres. 

L'humidité relative varie, dans la journée, d'une manière 
bien différente de celle dont varie la quantité absolue de va- 
peur d'eau contenue dans l'air. En effets l'air oppose un 
obstacle à la formation de la vapeur d'eau et à mesure que sa 
température s'élève, sa capacité pour l'eau croit plus rapide- 
ment que n'augmente l'évaporation toujours plus ou moins 
limitée. 11 en résulte que relativement à son état de saturation, 
l'air contient de moins en moins d'eau à mesure que sa tem- 
pérature s'élève. La courbe des moyennes horaires de l'humi- 
dité relative marche en sens opposé de celle de la tempéra- 
ture. 

La comparaison des courbes de l'humidité relative avec celle 
de la température, qu'il s'agisse de la saison sèche, de l'hiver- 
nage, des moyennes annuelles ou seulement des moyennes 
mensuelles, montré que la marche de l'humidité suit des lois 
qui ne diffèrent pas sensiblement des lois générales résultant 
des observations analogues faites dans les autres pays. 



IV. — Extrêmes de la sécheresse ou de rhnmidité 

de rair. 

L'examen des extrêmes des variations dans l'état hygromé- 
trique, d'après le journal météorologique de 1 860, nous montre 
que la tension de la vapeur a varié dans cette année de 8"^°,41, 
le 9 décembre, à i heure du soir, à 29"^°,i6, le 10 août à la 
même heure ; ce qui donne pour toute l'année une oscillation 
considérable dans l'état hygrométrique de l'air. 

Dans la saison sèche, la tension de la vapeur a varié du 
minimum 8°",4l au maximum 25°™,23 (le 2 janvier), et l'hu- 
midité relative est descendue à 38 centièmes (3 et il décem- 
bre 1860); tandis que dans l'hivernage les oscillations de la 



ÉTAT HYGROMÉTRIQUE. 133 

tension de la vapeur se sont maintenues entre i7"^,27 (no- 
Tembre) et 29"*, 4 6 (le 40 août). L'humidité relative n'a jamais 
été inférieure à 69 (le 30 avril). 

£n rapprochant ces faits, qui témoignent d'une grande irré- 
gularité climatérique, de ceux que nous avons étudiés et qui 
témoignent de la faiblesse des variations de la température, 
nous sommes frappés de leur discordance. 

Comme nous Tavons déjà dit^ on trouve dans les oscillations 
de l'état hygrométrique une explication suffisante des varia- 
tions si sensibles de chaud et de froid éprouvées par le corps 
humain sous le climat de Corée, alors que le thermomètre 
n'indique que de très-faibles oscillations. 

Ce ne sont pas les variations de la température qui de- 
vraient être si vivement accusées dans les ouvrages médicaux 
parlant de notre colonie, mais les variations dans les hydro- 
météores. 

Toutes ces variations sont sous l'influence des vents ; elles 
résultent de la situation spéciale du Sénégal entre deux im- 
menses plaines, Tune liquide^ l'Océan; Fautre sèche, le désert. 
Suivant que les vents proviennent de l'une ou de Tautre de ces 
surfaces, il doit y avoir humidité ou sécheresse extrême. 

Dans l'intérieur du pays, ces variations sont beaucoup plus 
fortement accusées. En utilisant les observations que nous 
a^ons faites à Saint-Louis, nous verrons que l'étendue de ces 
variations est déjà extrêmement considérable dans cette ville 
et que Corée est encore très-favorisée par sa position mari- 
time. 



CHAPITRE VIL 

ÉTAT GÉNÉRAL DE L' ATMOSPHÈRE ET .DE QUELQUES AUTRES 

PHÉNOMÈNES NATURELS. 



I. — Aspect du ciel. 

Pendant les dix années qui ont fourni les principales don- 
nées météorologiques sur lesquelles se base notre étude, Tétat 
de l'atmosphère a été noté avec soin cinq fois par jour. Nous 
n'avons cependant pas jugé nécessaire de relever^ année 
par année, les résultats de ces recherches et d'en conclure 
des moyennes. Lorsque les observations ont la précision 
de celles qui se font à Taide d'instruments, les moyennes ob- 
tenues prennent une valeur d'autant plus importante que le 
nombre des observations est grand. Si l'observation dépend 
du jugement de Tobservateur, elle perd nécessairement une 
partie de son exactitude. 

Ce serait se tromper sur la puissance de l'appréciation des 
faits naturels, à l'aide de la méthode numérique, que d'ou- 
blier qu'en appliquant cette méthode à Tétude des phéno- 
mènes dont nos instruments ne nous donnent pas des notions 
précises, on risque d'être conduit à de graves erreurs. Suppo- 
sons, par exemple, qu'un observateur ait pris l'habitude 
d'exagérer, sans s'en rendre compte, la valeur de tel ou tel 
phénomène : en ajoutant ces erreurs les unes aux autres, 
comme elles sont faites toutes dans le même sens, on les mul- 
tiplie de manière à arriver à des résultats complètement con- 
traires à la vérité. 

La diversité des observateurs fournit une autre cause d'er- 
reurs qui, nulle lorsqu'il s'agit de phénomènes observés à 
l'aide d'instruments, peut devenir très-grave lorsqu'il s'agit 



ÉTAT GÉNÉRAL DE l'aTHOSPHÉRE. 



135 



d'ajouter des quantités désignées par le même signe par deux 
observateurs, mais n'ayant pas en réalité la même \aleur. 

C'est pourquoi nous nous sommes bornés à étudier l'état 
général de l'atmosphère pendant une seule année. Nous avons 
choisi l'année 1860^ dont les observations donnent des résul- 
tats concordant avec ceux de nos observations personnelles. 
Cette année nous a fourni déjà nos meilleurs documents. 

Etat générai de l'atmoiphère pendant l'année 18 60* 



MOIS. 



Janvier 

Février. • . . . . 

Mars 

Avril 

Mal 

Juin 

Juillet 

Août 

Septembre . . • • 

Octobre 

Novembre 

Décembre 

Année 



Saison sèche « • . 
Hivernage .... 



6 heures du matin. 



NOMBRE DE JOURS DE CIEL 



se- 
rein. 



9 
7 

16 

18 

12 

6 

n 
1 

3 

7 

11 

9 



99 



71 

28 



i/k 
et 1/2 
cou- 
vert. 



8/a 
cou- 
vert. 



cou- 
vert. 



14 


3 


10 


8 


10 


4 


7 


5 


8 


7 


7 


7 


14 


4 


12 


8 


11 


b 


18 


2 


11 


3 


11 


6 


133 


62 
33 


60 


73 


29 



5 

4 
1 

» 

4 

la 

13 
10 

11 

4 
5 
5 



72 



19 
53 



4 heures du soir. 



NOMBRE DE JOURS DE CIEL 



se- 
rein. 



6 

16 

17 

24 

20 

8 

1 

» 

2 

9 

14 

17 



134 



100 
34 



1/ft 
et 1/2 
cou- 
vert. 



8/4 

cou- 
vert. 



cou- 
vert. 



16 


4 


7 


3 


10 


2 


3 


1 


7 


3 


15 


5 


14 


7 


13 


7 


15 


6 


15 


6 


5 


4 


10 


2 


130 


50 


53 


15 


77 


35 



5 
3 
2 
2 
1 
2 
9 
11 
7 
1 
7 
2 



52 



15 
37 



Oa voit d'après ce tableau que Tétai du ciel ne se modifie, 
d'une manière importante, d'un mois au mois suivant^ qu*aux 
époques de transition d'une saison à l'autre. Mais si l'on 
groupe les mois par saisons, on arrive à trouver des diflé- 



136 CLIMAT DE GORCE. 

rences très-sensibles dans l'état du ciel, dans chacune de ces 
divisions de Tannée. 

Nous pouvons d'abord constater que la sérénité du ciel va 
en augmentant du malin au soir. C'est toujours au moment 
du lever du soleil que le ciel est le plus couvert ; c'est au 
contraire vers 4 heures du soir qu'il est le plus dégagé de 
nuages. 

Cependant les saisons apportent certaines modifications 
dans la plus ou moins grande nébulosité de l'atmosphère 
suivant les différentes heures du jour. Dans la saison sèche, le 
contraste entre le ciel du matin et celui du soir est beaucoup 
plus prononcé qu'il ne Test dans l'hivernage. Dans la saison 
sèche, le ciel est environ deux fois plus souvent serein à 
4 heures du soir qu'à 6 heures du matin^ tandis que dans Thi- 
vernage le nombre des observations de ciel sans nuage est, 
à 4 heures du soir, à peine supérieur à celui des mêmes 
observations faites au moment du lever du soleil. 

11 est à remarquer que l'augmentation de la nébulosité^ le 
matin, coïncide avec la fréquence plui grande des calmes dans 
la matinée. 

Si nous considérons Tannée d'une manière générale, nous 
trouvons, à 4 heures du soir> 134 jours de ciel serein, contre 
130 jours de ciel couvert soit au quart, soit à demi, et 102 
jours de ciel couvert, soit aux trois quarts, soit entièrement. Ce 
qui peut se résumer en 264 jours de temps beau ou très-beau 
contre 102 jours de temps où le soleil est plus ou moins 
voilé. 

Les beaux jours sont donc deux fois à peu près plus nom- 
breux que les jours douteux. D'un autre côté, les jours où les 
rayons du soleil font complètement défaut, à 4 heures du soir, 
sont au nombre de 52, c'est-à-dire un septième du nombre des 
jours de Tannée. 

Dans ce dernier cas, si les rayons du soleil frappent moins 
directement sur le sol et, par suite^ si Tcchauffement doit être 
moindre dans la journée, il y a, la nuit^ compensation, carie 
rideau de nuage cachant le ciel, en totalité ou en partie, dimi- 



ÉTAT GÉNÉRAL DE L' ATMOSPHERE. 137 

nue considérablement le rayonnement nocturne et empêche le 
refroidissement des nuits. Aussi les nuits de Thivernage sont- 
elles très-pénibles à supporter. Elles sont loin d'apporter aux 
fatigues de la journée le soulagement auquel on est habitué 
dans L'été des pays tempérés. 

HaiS; comme nous Ta vous dit déjà^ la physionomie du climat 
varie tellement au Sénégal, suivant les deux grandes saisons 
qui divisent Tannée^ que c'est dans chacune de ces saisons qu'il 
faut étudier séparément Télat du ciel, de même que les autres 
phéfiomènes naturels. 

A. — Dans la saison sèche , la belle saison, le journal nous 
indique seulement i S jours de ciel entièrement couvert. 

Le ciel est parfaitement pur iOO fois et plus ou moins par- 
couru de légers nuages pendant 68 jours. 

C'est surtout aux mois de mars, avril et mai que le soleil 
darde impitoyablement pendant i2 à 13 heures ses rayons sur 
le sol desséché et dépotiillé de toute verdure. Sur le littoral du 
Sénégal^ grâce au voisinage de la mer, cette irradiation so« 
laire est heureusement combattue, et la chaleur n'est pénible 
que pour les personnes forcées de s'exposer au soleil. Mais 
dans l'intérieur du pays, à Bakel, par exemple, Teffet de cette 
irradiation solaire est tellement prononcé que la saison sèche 
qui est la pliis fraîche sur le littoral devieut^ pendant la se- 
conde moitié de son semestre, la plus chaude de l'année. C'est 
alors que la terre desséchée ne peut supporter aucune végé- 
tation active, que dans le milieu du jour, les noirs eux-mêmes 
ne peuvent marcher nu-pieds sur le sol brûlant et sont forcés 
de se réfugier dans leurs f ases. Les animaux sauvages comme 
les animaux domestiques fuient également le soleil de tout 
leur pouvoir et cherchent un abri contre son rayonnement. 

Lorsque cet astre brille dans le voisinage du zénith, un si- 
lence général se fait dans la nature : les oiseaux cessent de 
chanter et s'endorment, seuls quelques aigles, au vol puissant^ 
s'élèvent à perte de vue dans les nues, cherchant les régions 
plus fraîches des hautes altitudes pour y planer sur la soli- 
tude silencieuse. 



138 CLIMAT DE GOBÉE. 

La sieste n'est pas un besoin exclusivement propre à 
rhomme. Le plus grand nombre des animaux y est soumis 
sous ces climats. Ce fait n'est pas particulier au Sénégal; il 
appartient à toute la zone tropicale. Rien n'égale la majesté 
du silence des immenses forêts de l'Afrique équatoriale au 
moment de la plus grande ardeur des rayons solaires. Les in- 
sectes eux-mêmes semblent partager ce repos général de la 
nature, leurs cris ne guident plus les recherches de l'entomo- 
logiste^ c'est sous les revers des feuilles qu'il faut aller les dé- 
couvrir. Cet état général de tous les êtres n'est pas le som- 
meil; un mot spécial était nécessaire pour le désigner. 

Pendant la saison sèche, malgré l'absence de tout nuage^ le 
ciel du Sénégal est loin d'avoir la belle teinte bleue du ciel de 
la plupart des mers tropicales. Ceci est contraire à ce qui 
se voit dans les autres régions équatoriales, où, suivant Hum- 
boldt, le ciel est ordinairement d'un bleu plus pâle en mer 
que dans Tinlérieur du pays. 

Lorsque l'on quitte le Sénégal, il est facile de constater que 
l'azur du ciel se prononce de plus en plus à mesure que l'on 
s'éloigne de la c6te d'Afrique. Mais, à terre^ le ciel est^ dans 
cette saison^ d'un bleu pâle, plutôt gris que bleu et presque 
toujours d'un beau fixe d'une désespérante monotonie. Rien 
ne distrait les yeux de l'uniformité de ce ciel sans nuage, rien 
ne vient la rompre, si ce n'est quelques bandes de brumes 
grisâtres à Tborizon. 

Dans TE, du NN£ à TESE, on remarque en efiTet presque 
constamment une couche de brume très-épaisse, presque noire 
à l'horizon, tant elle est amoncelée, diminuant d'épaiss>3ur et 
de teinte à mesure qu'on se rapproche des couches moins pro- 
fondes, en allant de bas en haut. 

Une diminution dans le ton des teintes se remarque égale- 
ment vers les deux extrémités de cette bande et s'étend assez 
vers le N et vers le S pour que l'on trouve sur ces deux points 
mêmes des centres d'épaisseur d'où semblent s'irradier avec 
une intensilé décroissante, à mesure qu'elles s'en écartent, des 
bandes brumeuses plus ou moins épaisses. 



ÉTAT GÉNÉBAL DE L*ATAIOSPHÈRE. 139 

Cette disposition de la partie orientale du ciel est plus pro- 
noncée à Saint- Louis qu'à Corée, mais elle est commune à 
tous les horizons du littoral. Elle est surtout marquée lorsque 
soufflent avec énergie les vents d'E et de NE. Alors que la bi ise 
passant sur le Sahara arrive très-cchauffée, souvent brûlante 
et presque irrespirable sur les points placés moins favorable- 
ment que nie de Gorée. Dans ces jours de vent de ME, le ciel 
est sans nuage, mais il n'est jamais alors d'une couleur bleue^ 
il est d*un gris bien décidé^ à peine bleuâtre. 

On ce peut attribuer cette teinte grise qu'à une seule 
cause : la présence dans Tair d'une quantité prodigieuse de 
poussière très-fine, de sable extrêmement divisé, assez léger 
pour être presque tenu en suspension. Ce sable diminue 
rintensité de la lumière et délaie la teinte bleue ordinaire du 
firmament^ parfois il est en si grande quantité qu'il forme un 
véritable brouillard sec» 

C'est à cette poussière, vue à Thorizonsous une plus grande 
épaisseur, qu'est due cette bande brumeuse que présente^ 
I)eadant toute la saison sèche, la partie orientale du ciel et qui 
se trouve signalée sur la plupart des journaux météorolo- 
giques. 

La présence de ce sable dans l'air est facile à constater. Il 
se dépose en couches fines sur les instruments placés. sous 
nos abris thermomélriques. Il suffit de 24 heures pour que 
celte couche ait pris assez d'épaisseur pour rendre impossible 
la lecture de l'échelle du thermomètre. Cette poussière en- 
crasse d'une boue épaisse la mousseline qui recouvre la boule 
du thermomètre mouillé du psychromètre et force à la chan- 
ger fréquemment. Elle ne provient pas des lieux voisins de 
l'observatoire, car nous Tavons constatée pendant presque 
toute la durée d'une saison sèche sur un thermomètre exposé, 
à Gorée, sur le bord de la mer, de telle sorte que les vents 
venaient de passer sur la mer au moment cù ils frappaient sur 
l'instrument. 

Lorsque le vent d'E possède une grande énergie, il emporte 
avec lui une si grande quantité de sable que le pont des navires 



140* CLIMAT DE GORÉE. 

qui passent par le travers du Sahara en «est couvert sous une 
assez grande épaisseur^ et que les yeux des marins en sont 
douloureusement affectés. Ce sable est ordinairement très- 
blanc, Je Tai vu cependant teindre en rouge les voiles d'un 
navire qui passait à la hauteur du banc d'Arguin. 

Les nuits de la saison sèche sont belles, mais la nuit comme 
le jour la limpidité du ciel est plus ou moins obscurcie par 
cette poussière de sable. Aussi, malgré Tabsence de véritables 
nuages, est-il difflcile de distinguer les étoiles des constella- 
tions peu élevées au-dessus de l'horizon dans TE, tandis qu à 
l'occident les étoiles se distinguent facilement. 

Les nuits contrastent fortement avec le jour; leur humidité, 
opposée à la sécheresse et à la chaleur du jour, fait croire à 
un abaissement de la température beaucoup plus considé- 
rable que celui que nous indiquent nos instruments. 

La rosée, lorsqu'il ne fait pas de vent énergique, couvre 
tout d'une couche assez forte d'eau qui mouille les vêtements 
et rend malsaines les promenades à une heure avancée de 
la soirée. La puissance plus forte en ce moment des miasmes 
fébrigènes vient s'ajouter à cette cause d'insalubrité. 

La rosée est si forte que parfois Teau ruisselle des toits, et 
qu'à Corée, où un grand nombre des maisons sont disposées 
de manière à recevoir les eaux pluviales, on entend quelque- 
fois Teau couler par de légers tilets dans les citernes. Il a été 
recueilli au pluviomètre, en une seule nuit, une quantité 
d'eau équivalente à une pluie de 2 millimètres. Il est à regret- 
ter que l'attention des observateurs ne se soit pas portée plus 
rigoureusement sur un phénomène qui, dans la climatologie 
du Sénégal, présente une importance des plus grandes. Ces 
rosées fournissent en effet la seule humidité dont puissent 
vivre pendant huit mois les plantes dans toutes les parties du 
Sénégal qui se trouvent en dehors du bassin du fleuve. Sur 
les rives du Sénégal, le retrait lent des eaux conserve long- 
temps, même dans la saison sèche, l'humidité du sol et permet 
la culture de certaines espèces de céréales. 

B. — Dans la saison d'hivernage, notre relevé du journal 



ETAT GENERAL DE l'aTHOSPHERE. 141 

météorologique de 1860 nous donne seulement. 34 jours de 
ciel parfaitement serein contre 112 jours de ciel incomplète- 
ment couTcrt^ et 37 jours de ciel complètement couvert^ à 
4 heures du soir. 

Si nous prenons les chiffres des obsenraiions faites le matin 
à 6 heures^ on ne trouve que 28 jours de beau ciel contre le 
reste de jours plus ou moins assombris par des nuages. De 
plus, la forme et la nature des nuages se sont modifiées; les 
nimbus et les cumulus, rares dans la bonne saison^ devien- 
nent très-communs dans le ciel de l'hivernage. Au milieu de 
cette saison, en juillet, août et septembre , c'est à peine s'il est 
noté un ou deux jours de ciel dégagé de tout nuage pendant 
quelques-unes des heures d'observation; il n'y a jamais un 
jour complètement serein du matin au soir. 

Le ciel de Thivernage est loin d'avoir la monotonie du ciel 
de la saison sèche. Son aspect rappelle à l'Européen le ciel 
mouvementé de la patrie absente ; on y voit assez souvent 
de fort beaux arcs-en-ciel simples ou doubles; souvent le 
soleil s'entoure de cercles produits par la réfraction de la 
lumière. Il est permis d'assister à de brillants couchers de so- 
leil qui embrasent l'occident chargé de nuages, pendant qu'à 
l'orient un point menaçant, sombre et noir, annonce la tor- 
nade qui tend à monter au zénith. Si ce point noir éveille la 
vigilance du marin à bord, il donne aux populations du litto- 
ral l'espoir d'une pluie rafraîchissante et d'une nuit moins 
pénible à supporter, espoir trop souvent déçu, hélas ! 

Le dernier mois de l'hivernage (celui de novembre) n'ap- 
partient à cette saison, avons-nous dit déjà, que par sa haute 
température. C'est en novembre que s'établit l'alizé, et c'est 
dans ce mois de transition que se montrent les premiers beaux 
ciels et les nuits fraîches accompagnées de rosées. 

Pendant les calmes des nuits de Thivernage, le ciel est en- 
core assez souvent découvert; il est d'un bleu très-foncé, 
mais surchargé de vapeurs qui restent en suspension dans 
l'air et ne produisent pas de rosée. Nous avons souvent 
observé, dans cette saison^ des nuits où, malgré Tabsence com- 



142 CLIMAT DE GORÉE. 

plète de nuage, il ne se déposait pas la moindre goutte de 
rosée. 

Ce ne sont plus les sables du désert qui obscurcissent le 
ciel, mais la grande quantité de vapeurs humides. Ces vapeurs 
donnent aux étoiles un scintillement qu'elles n'ont pas dans 
la saison sèche et qui s'étend jusqu'aux étoiles situées même 
dans le voisinage du zénith. La voie lactée, au lieu de se dé- 
tacher sur le firmament comme une traînée lumineuse, 

4 

semble un nuage gris mat qui traverserait le ciel. Je n'ai 
jamais pu distinguer dans le ciel de Thivernage les deux 
trous noirs [macula Magellanica) qui, près de la croix du 
Sudy se détachent si marqués dans le ciel bleu du mois de 
mars et permettent à l'œil de plonger dans l'obscurité de l'es- 
pace. Et, si dans les belles nuits de la saison sèche, l'éclat seul 
des étoiles permet de se guider assez facilenaent, il n'en est 
pas de même dans l'hivernage pendant lequel, indépendam- 
ment de l'abondance des nuages, les nuits sont fort obscures. 
La description que nous venons de faire peut s'appliquer 
aussi bien à l'atmosphère de Saint-Louis qu'à celle de Corée 
et de tout le littoral. Peut-être est-elle d'autant plus exacte que 
Ton remonte plus vers le N. En descendant dans le S, on 
trouve, en janvier et février, des jours de brouillards peu 
nombreux, il est vrai ; parfois l'île de Corée et la presqu'île 
du Cap- Vert se trouvent enveloppées d'un brouillard humide 
et froid qui persiste jusque vers iO ou 11 heures du matin. 
Les objets peuvent se distinguer facilement à une distance de 
300 mètres, mais le ciel est complètement voilé et les rayons 
du soleil ne parviennent à se montrer que lorsque cet astre 
est arrivé à sa plus grande hauteur. 



II. — De calques autres phénomènes naturels. — Dé- 
clinaison magnétique.— Haz de marée.— Ozone, etc. 

Nous réservons l'étude des orages et des tornades pour le 
moment où nous aurons examiné le climat de Saint-Louis. 



DÉCLINAISON MAGNÉTIQUE. 143 

Nous étudierons ces phénomènes dans cette dernière Yîlle^ 
ainsi qu'à Corée et sur les divers points situés entre ces deux 
villes. 

Les tornades sont les seuls grands mouvements accidentels 
faisant leur apparition dans l'atmosphère du Sénégal. De loin 
en loin, les journaux météorologiques signalent dans Thiver- 
nage des vents de SO qui peuvent souffler avec Ténergie de 
ce qu'on appelle les coups de vents^ mais jamais sur les côtes 
ces vents ne constituent un phénomène vraiment dangereux 
pour les navigateurs ou pour les villes du littoral. 

Les raz de marie sont très-fréquents à Corée; ils ont été 
indiqués sur les journaux météorologiques de 1856 à 1865. 
Le nombre des jours des raz de marée a varié de 13 seulement 
en 1858 à 61 dans Tannée 1861 ; ils ont été en moyenne de 
29 jours par an^ pour ces dix années, ils se répartissent ainsi : 

Hiver 4 jours. 

Printemps 9 

Été 11 

Automne • . S 

C'est en novembre et décembre qu'ils se montrent le plus 
rarement; en mai et juin qu'ils sont les plus fréquents. Il y 
aurait à faire de curieuses recherches pour savoir si ces 
grandes oscillations de la surface de la mer produisant, au 
milieu des calmes, ces énormes lames qui constituent les raz 
de marée, ne correspondraient pas à des coups de vent dont 
les journaux des navires traversant l'Océan pourraient indi- 
quer les dates. 

Observation de la déclinaison magnétique faite à Gorée le 
25 mars 1874. — Notre ami, le capitaine L. Kienné, comman- 
dant du génie, à Corée, a bien voulu faire pour nous une 
observation de déclinaison qui est résumée dans la note sui- 
vante : 

« On n'avait à sa disposition qu'une boussole topographique 
munie d'une lunette, mais dépourvue de niveau. On a cherchié 
la position du méridien au moyen d'une observation de l'étoile 



144 CLIKAT DE GORÉE. 

polaire^ au moment où elle était à 90"^ de son passage au mé- 
ridien. Ce moment, calculé d'après les données de V Annuaire 
du bureau des langitvdeSf a été choisi parce que c'est alors que 
la Titesse angulaire du plan de visée est minima, ce qui di- 
minuait Terreur provenant de ce qu'on ne connaissait pas 
l'heure exactement. II est facile de tenir compte de l'écart de 
la polaire à la méridienne, il est en ce moment égal au com- 
plément de la déclinaison de cette étoile, soit environ l"* 21, 
qui réduit à Tborizon est de l"" 19'. On a fait deux lectures de 
boussole, en plaçant successivement la lunette à droite et à 
gauche pour supprimer l'erreur de centrage. La moyenne 
des deux lectures a donné 1 S"" 35' pour Taugle de Taiguille 
avec la direction de la polaire; en ajoutant à ce chiffre l"* 19' 
parce que la polaire se trouvait à TO comme Taiguille au 
moment de l'observation, on trouve 19'' 54' 0. 

<c Comme d'une part cette observation ne peut donner que la 
déclinaison spéciale de instrument dont on s'est servi, et que 
d'autre part la nature de cet instrument et le mode d'obser- 
vation ne comportent pas une grande exactitude, on peut 
prendre pour résultat le chiffre de 19° 50'^ » 

Une observation faite, le 15 octobre 1873, par les officiers 
de l'aviso à vapeur le Pétrel, entre Saint-Louis et Gorée, par 
15<' 25' N et 19<> 25' 0, donnait pour déclinaison de la boussole 
en ce point 19° 15'. 

Deux légers tremblements de terre auraient été observés à 
Saint-Louis en i 832 et i 836 (i). 

La grêle n'a jamais été indiquée comme ayant été observée 
dans les 25 années pendant lesquelles ont été faites des obser- 
vations météorologiques plus ou moins régulières. Quelques 
auteurs parlent de la grêle comme ayant été constatée dans 
quelques orages au Sénégal. Nous appelons l'attention des 
observateurs de l'avenir sur cette question. Dans les hauts 
plateaux qui dominent les sources du Sénégal et du Niger, la 
neige serait, dit-on, connue des indigènes. 

(1) Notice statistique sur les colonies, 3« vol., p. 211 (1839). 



DiCLIlTAISON HAGNiTIQUE. 14S 

Des observations de Voxane atmosphérique ont été faites à 
Corée sons notre direction^ en décembre 1873^ et dansles trois 
premiers mois de 1874. Les résultats de ces observations dif- 
fèrent très-peu de ceux que nous fournissaient les observations 
du même genre faites simultanément à Saint-Louis et dont 
nous aurons occasion de parler plus loin. La quantité d'ozone 
atmosphérique nous a cependant paru légèrement plus consi- 
dérable à Corée qu'à Saint-Louis. La différence entre les 
quantités d*ozone du jour et de la nuit est plus prononcée 
pour nie de Gorée^ 



10 



PI. VII. 



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DEUXIÈME PARTIE 



CLIMAT DE SAINT-LOUIS 



CHAPITRE I. 



Z. — Aperça topographicpxe. 

La ville de Saint-Louis est située par 16® 0' 48" latitude N^ 
iS"" 51' 10' longitude 0; elle est bâtie sur un îlot de sable 
formé par le fleuve du Sénégal, à quelques kilomètres de son 
embouchure. La petite carte que nous donnons ici supprimera 
foute nécessité d'une description. 

Saint-Louis est une des principales villes de la côte occiden- 
tale d'Afrique et le chef-lieu des possessions françaises dans 
cette partie du globe. La population de la ville et de ses fau- 
bourgs est de 15,700 habitants. 

L'tle est composée exclusivement par l'un des bancs de sable 
qui se trouve au voisinage de Tembouchure mobile du Séné- 
gal. Elle est séparée à TO de la pointe de Barbarie par un bras 
du fleuve d'environ 200 mètres. A TE^ un autre bras du fleuve 
de 600 mètres^ profond d'une douzaine de mètres, constitue 
le port et sépare l'île d'une île plus grande et de même 
nature. La vijile est à peine élevée au-dessus des plus hautes 
marées. Aussi était-elle fréquemment inondée avant que des 



148 CLIKAT DE SAIlfT-LOUIS. 

travaux importants n'aient produit un exhaussement suffisant 
des quais. 

La longueur de ille est, du N au S, de 2^300 mètres; sa 
largeur de 200 mètres environ, r^s deux tiers S sont occupés 
par les habitations; sur la partie N on trouve quelques bâti- 
ments et une plaine qui était autrefois couverte de marécages. 

La surface du sol est composée d'un sable marin, que, dans 
les principales voies de communication^ on a recouvert de 
débris de matériaux et de terre argileuse empruntée aux Iles 
voisines. La végétation n'est représentée que par quelques 
chétifs cocotiers et quelques arbustes entretenus avec peine, 
faute d'une quantité suffisante d'eau douce. 

La nature géologique du sol est extrêmement simple. 11 
n'est composé que d'alluvions récentes déposées par les eaux 
du fleuve et de ce sable fin qui, de la côte de Barbarie au 
Haroc^ se meut alternativement sous l'influence de la mer et 
des vents. 

Les puits de la ville ne donnent qu'une eau d'inflltration 
toujours saumâtre. Le forage d'un puits artésien^ qui a mal- 
heureusement été abandonné, a démontré qu'il fallait creuser 
à une très-grande profondeur pour rencontrer la roche primi- 
tive formant le squelette de la contrée et dont les affleure- 
ments se manifestent à Dakar et à Dagana. 



n. — ; Obsenratiozis météorologlq:aes. 



Nous possédons, pour étudier le climat de Saint-Louis, 
deux ordres de documents. 

Les premiers ont été recueillis par les médecins et les phar- 
maciens qui nous ont précédé dans la colonie. Nous ne 
croyons pas nécessaire de faire ici une énumération qui serait 
forcément incomplète, car beaucoup de ces séries d'obseri^a- 
tions ont été perdues^ ou du moins il ne nous a pas été possible 
d'en retrouver les parties les plus Importantes. Âinsi^ nous 



OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 149 

n'avons pu retrouTer les journaux météorologiques de Tannée 
i8S5^ dont M. Dutrouleau s'est servi pour donner dans son 
ouvrage (1) une idée du climat du Sénérgal^ ni ceux dont quel- 
ques extraits ont été publiés dans la A^ue coloniale (ï). 

Une notice statistique sur le Sénégal en i 824-1 828, à laquelle 
Halbœann a emprunté les moyennes qu'il donne sur celte 
contrée; le travail de M. Audibert^ pbarmacien de 1'^ classe^ 
et celui de M. Hérault, pharmacien professeur^ sont les seuls 
documents imprimés que nous connaissions sur le climat du 
Séoégal. Ce ne sont malbeureusement que de simples notes 
beaucoup trop courtes pour donner une idée suffisante du 
climat. 

Parmi les nombreux journaux météorologiques conservés 
aux archives de l'hôpital de Saint-Louis, nous avons fait un 
ehoix dans lequel nous avons pris pour base la valeur réelle 
des documents, sans nous occuper de l'époque à laquelle ils 
ont été recueillis. Ce sont quatre années d'excellentes obser- 
vations faites par notre ami, H. Morio, pharmacien de la 
marine. Nous avons résumé les observations de la tempéra- 
ture pendant ces quatre années, 1862-1868-1869 et 1870. Les 
observations des trois dernières années nous ont permis d'étu- 
dier les vents. Enfin nous possédons sept années de bonnes 
observations de la pluie à joindre à celles que nous avons 
faites en 1873. Il est certain qu'à diverses autres époques, 
d'excellents travaux ont été entrepris, à en juger par des 
citations que nous avons rencontrées dans les rapports médi- 
caux, mais nous nous sommes trouvés dans l'impossibilité de 
faire usage de documents la plupart incomplets, ou dont il 
n'existe que des copies parfois fort mauvaises. 

De 1861 à 1873, le lieu des observations a varié plusieurs 
fois, mais toutes ont été faites à peu près dans les mêmes 
conditions. Les instruments étaient toujours placés dans un 



(1) Traité des maladies des Européens dans les pays chauds. 

(2) Revue eoUmiale, tome XUI, 1864» 2* semestre, pase 474 ^ et tome XIV, 
18&5, page 150. 



150 CLIMAT DE SAtXT-LOUIS. 

cadre en bois fixé à une muraille, sous une galerie exposée 
au N. Il en résultait que les thermomètres notaient pas expo- 
sés largement à tous les vents. 

Les journaux étaient tenus sur les imprimés conformes à 
l'ancienne instruction sur U$ observations métiorologiques 
d faire dans les hôpitaux coloniaux (1), et suirant les prescrip- 
tions de cette instruction. 

Des documents nouveaux sur lesquels nous nous appuierons 
ont été recueillis par nous ou sous notre direction. 



IZI.— Observations laites à Saint-Louis, en 1873 et 187 

sous la cUreotion de raateur. 



Un heureux concours de circonstance nous a permis de 
soumettre nos premiers essais sur l'étude du climat du Séné- 
gal au savant éminent qui a fondé la Société météorologique 
de France. Nous avons trouvé dans Taceueil bienveillant qui 
nous a été fait et dans les conseils qui nous furent donnés, un 
encouragement à poursuivre notre étude, à l'étendre autant 
que possible à tout le Sénégal, et surtout à lui donner des 
bases d'observations plus précises^ plus exactes et plus con- 
formes au progrès de la science. 

M. Sainte-Claire Deville a bien voulu choisir lui-môme 
d'excellents thermomètres et nous les confier au moment de 
notre départ de France. Nous avons étudié^ dans son observa- 
toire particulier de Moutrouge, le mode d'exposition le plus 
favorable à donner à nos thermomètres et la méthode la plus 
convenable pour recueillir de bonnes observations. 

En arrivant au Sénégal, nous avons trouvé le précieux 
concours de M. Bérenger-Ferraud^ médecin en chet, qui a 
bien voulu faciliter de toUt son pouvoir l'accomplissement de 
notre ceuvre. Le gouverneur de la colonie nous a aidé de ses 

(1) Revue maritime et coloniale, année 1852. ^ De nouvelles iBStnicUons 
viennent 4'étre publiées dernlôrement dans cette même revue (tS7d}. 



OBSERVATIONS KÉTÉOROLOGIQUES. 151 

haots encouragements. Mais nos efforts personnels^ même, 
avec ces puissants appuis^ ne seraient arrivés qu'à des résul* 
tats que nos occupations médicales auraient forcément limités, 
si nous n'avions trouvé des collaborateurs dont la modestie 
seule égale le mérite et le zèle consciencieux; je veux parler 
des Frères instituteurs de Técole chrétienne. Us ont dû joindre 
aux laborieuses occupations que leur donne l'éducation do la 
jeunesse^ celles assujettissantes d'un observatoire météorolo- 
gique. Notre premier collaborateur a été le frère Pascal; après 
nous avoir aidé à fonder un observatoire, il a su créer parmi 
ses collègues de bons observateurs. 

Dans nos colonies^ les observations météorologiques sont 
dévolues en temps ordinaire au pharmacien en chef qui signe 
le journal météorologique et les résumés. Ne logeant pas à 
rhôpital^ cet officier est jdans Tim possibilité matérielle d'y 
faire lui-même des observations. II faut qu'à l'exemple des. 
meilleurs observateurs qui ont passé à Saint-Louis, il emporte 
ses instruments dans un logis qui peut souvent varier et offrir 
de détestables conditions d'exposition. Si les observations se 
font à rbôpital, elles sont faites par le pharmacien de garde, 
qui change chaque semaine. Elles prennent alors tous les 
défauts des travaux impersonnels, c'est-à-dire qu'elles ne 
donnent à ceux qui en sont chargés qu'une responsabilité 
officielle qui n'est pas du tout un stimulant dans les choses 
de la science et à laquelle il est souvent facile de satisfaire 
par à peu près^ 

11 en résulte que, règle générale, les observations sont d'une 
valeur médiocre, et lorsqu'on veut les utiliser, on se trouve 
dans une position très-difficile sur le choix des séries que l'on 
doit préférer. On risque de négliger complètement d'excellents 
travaux recueillis avec peine par dos observateurs conscien- 
cieux et jaloux de fournir des documents utiles, mais confon- 
dus avec des travaux sans valeur. Ceci nous mènerait à expo- 
ser le système qui nous parait indispensable pour obtenir des 
observations régulières, faites pendant de longues années 
dans de bonnes conditions et à démontrer la nécessité d'une 



152 CLIMAT DE SAIlfT-LOUIS. 

forte centralisation dn senriœ mètéorologiqne de nos colonies. 

L'observatoire de Fécole des Frères, placé dans la main d'ini^ 
tituteurs intelligents et laborieux^ a rendu un Téritable ser- 
vice à l'étude du climat du Sénégal. 

Instruction, conscience, amour de la vérité et du devoir, 
régularité d'existence, stabilité, telles sont les qualités d'un 
bon observateur. Elles ne peuvent nulle part se trouver mieux 
réunies que chez ces hommes qui, mus par une conviction 
religieuse, dévouent leur existence à rinstrcction publique 
dans nos colonies les plus malsaines. Ils vivent et vieillissent 
au Sénégal où presque seuls ils sont toujours présents au 
milieu de changements continuels de personnes et de choses. 

La vie des Frères, en communauté, permet, en cas de ma- 
ladie, de trouver toujours un suppléant à l'observateur. Il n'y 
a pas ainsi d'interruptions, condition plus importante au Sé- 
négal qu'ailleurs; car, pendaift l'hivernage, la santé des Eu- 
ropéens est si précaire dans ce pays, qu'on ne peut compter 
sur la continuité des efforts d'un seul. 



XV. — Observatoire de récole des Frères. 



Nous n'avons trouvé aucun point, dans Thôpital de Saint- 
Louis, où des observations da quelque valeur puissent être 
faites. C*est au fond d'un corridor obscur et mal aéré^ dans un 
cul-de-sac, que se sont faites celles des dernières années. Les 
instruments s'y trouvaient à l'abri des viscissitudes almo- 
sphériqnes et n'accusaient aucune des variations dont l'étude 
forme précisément le but de ces sortes de travaux. 

Vicole des FrèreSj où nous avons établi le nouvel observa- 
toire, est situé sur le quai Ouest de Tile de Saint-Louis; à la 
jonction du tiers le plus méridional de celte île avec les deux 
autres tiers (E, plan de Saint-Louis). C'est un long bâtiment 
perpendiculaire à la direction du fleuve, composé d'un rez- 
de-chaussée surmonté d'une terrasse dans la partie qui se 



J 



OBSSRVATOIBB. 



153 



trouTe prèa du hmrd de Tewj et d'ua premier étage dans 
Fautre partie* 

PI. VIII. 

eTOBSERVATOIRE-^ 




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L'observahHre se trouye placé vers la partie moyenne de 
cette longue terrasse. De ce point on découyre, à TO, le 
bras du fleuve qui sépare File de la langue de terre étroite et 
sablonneuse qui constitue la pointe de Barbarie; au-^elà la 
mer. Aueune construction ne masque Thoriason du NNE au SE 
en passant par TO. Les habitations qui se trouvent à TE et au 
NE de Tabri météorologique sont assez éloignées et trop 
basses pour avoir une influence sur la température atmo- 
sphérique de l'air circulant au-dessus de la terrasse. 

Directement à l'E, se trouve le premier étage ouvrant sur 
cette terrasse et éloigné de Tabri de 15 mètres. La faible hau- 
teiur^ le peu de largmir de cette construction^ sa distancei doi- 
vent lui laisser une Influence à peine sensible sur les instru- 
ments. Les vents venant de TE frappent avec force sur Tabri 
qu'il a été nécessaire de fixer solidement au sol pour éviter 
quil fût renversé par les bourrasques venant parfois avec 
énergie de cette partie de Thorizon. 



iS4 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

Au NE, à TESEy au SE, les maisons Toisines sont à peine 
aussi élevées que la terrasse et très «éloignées d'elle. 

L'abri est construit à peu près sur le modèle de Tabri adopté 
pour Tobservatoire physique central de Montsouris. Il se com- 
pose d'une triple toiture élevée de 2 mètres au-dessus du sol, 
supportée par quatre légers montants en bois. Cette toiture 
carrée est inclinée vers le midi de 15 degrés; elle est consti^ 
tuée par trois plans : le premier est une plaque épaisse de tôle 
de fer de l",iO de côté, éloignée du second plan de 10 cen- 
timètres; le second plan et le troisième sont en planches et 
éloignés Tun de l'autre de 7 centimètres. 

Immédiatement au-dessous du plan inférieur se trouve une 
tringle en bois munie de pitons auxquels sont suspendus les 
instruments. Cette tringle est plus rapprochée du côté N que 
du côté S du toit. 

Il a été nécessaire, pour préserver les instniments des 
rayons du soleil lorsque cet astre est près de Thorizon, d'a- 
jouter à l'abri deux écrans latéraux. Ils se composent de deux 
petites planches fixées, l'une dans un plan vertical, aux po- 
teaux qui supportent la toiture, l'autre obliquement au-dessus 
de la première sans s'appuyer sur elle, de manière à per- 
mettre le passage de Tair. L'air circule librement entre les 
différentes couches de la toiture. 

L'absence de végétation dans le pays n'a pas permis de 
placer l'abri sur un gazon, ni de l'entourer d'arbre. Pour pré- 
server les instruments du rayonnement du sol bitumé de la 
terrasse, on a eu soin de faire entre les pieds des montants de 
Tabrl un plancher élevé de 10 centimètres. 

Toutes les parties intérieures et extérieures de l'abri sont 
peintes en. vert^ ainsi que le plancher qui couvre le sol. 

Le pluviomètre est fixé au bord delà terrasse, à 4 mètres au- 
dessus du niveau du sol. 

Le baromètre est placé dans la bibliothèque des Frères; sa 
cuvette est à 5 mètres environ au-dessus du niveau moyen de 
la mer, niveau qui n'a jamais été bien exactement déterminé 
à Saint-Louis. 



OBSEKTATOOtS. 



155 



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1S6 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

▼. — Instruments. 

• 

Nous nous sommes servis d'un baromètre de Fortin^ dont 
nous ne connaîtrons Terreur instrumentale que lorsqu'un ba- 
romètre étalon sera parvenu au Sénégal. Il marche parfaite- 
ment d'accord avec un second Fortin conservé à Tbôpital de 
Saint-Louis. Il nous a fourni des observations qui, mises en 
parallèle avec celles faites simultanément à Corée, ont pu 
nous donner des indications de mouvements généraux très- 
importants dans l'atmosphère du Sénégal, particulièrement 
au mois de février 1874. 

Notre thermomètre à maxima de Walferdin nécessite une 
correction additive de 0%4. Nous avons donné à la bulle d*air 
qui divise la colonne mercurielle une dimension telle que^ 
dans la position horizontale^ elle occupe 0^4, de sorte qu'il 
n'y a aucune correction à faire à la lecture. 

Le thermomètre à minima de Rutherfort (à alcool incolore) 
n^exige aucune correction ; il est construit par Baudin^ comme 
le premier. 

Le thermomètre-fronde exige une correction négative de 
0%5; cette correction a toujours été faite. Ces divers instru- 
ments avaient été choisis par M. Sainte-Claire Deville. 

Un second thermomètre de Walferdin, identique au pre- 
mier, a été comparé aux autres instruments. Kemis entre les 
mains de Texcellent constructeur, M. Baudin, un an après, il 
n'avait subi aucune modification dans son échelle. Comme 
celui de l'observatoire de Saint-Louis, il est resté exposé 
pendant un an à toutes les vicissitudes atmosphériques. 

Le psychromètre se compose de deux bons thermomètres 
de Secrétan, gradués sur le tube, qui, comparés au premier 
thermomètre, ne nécessitent aucune correction. Ces deux 
instruments sont tenus éloignés l'un de l'autre. 

L'évaporamètre ou atmismomètre de Piche est gradué en 
centimètres cubes, ce qui exige l'usage d'une table pour avoir, 
en millimètres, la hauteur de Feau évaporée. 



HODE D'OBSBHTATIOHS. 137 

Le papier osonoméiriqtie provient de chez M. Salleron. 
Le pluTiomètre est cehii de Babinet. 



VZ. *- Senres et mode d'observatione. 

Les observations ont été faites, comme celles des années 
précédentes, à 6 heures et 10 heures du matin, 1 heure et 
4 heures du soir. Nous avons dû remplacer par une observa- 
tion à 9 heures du soir celle de 10 heures qui n'aurait pu être 
faite avec exactitude. 

Nous croyions que la modification apportée sur les moyennes 
mensuelles par cette substitution d'heure se serait accusée 
par une légère augmentation des moyennes. Hais quand nous 
comparons les moyennes de 9 heures du soir et celles de 
10 heures, nous ne trouvons pas une élévation plus grande 
des premières. Cela provient non -seulement du peu de mou- 
vement de la température entre 9 et 10 heures du soir, mais 
de ce que la plupart des moyennes de 10 heures du soir, dans 
les observations des quatre années que nous avons résumées, 
ont dû être prises avant 10 heures. Dans les habitudes de la 
vie coloniale, 1 heures du soir est une heure très-gênante 
pour un observateur. Or, si Ton veut obtenir de bonnes 
observations, au Sénégal surtout, il ne faut pas que les heures 
choisies rendent pénible ce travail. 

Nous avons fait les observations de la pluie, de Tévapora- 
tion et de Tozone à 6 heures du matin et à 6 heures du soir. 

Les journaux météorologiques ont été tenus sur des impri- 
més conformes au modèle destiné à ces observations dans les 
hôpitaux coloniaux ; nous avions seulement ajouté une page 
pour rétude de Tévaporation, de Tozone et pour les cinq 
observations du thermomètre-fronde. 

Tous ces journaux ont été adressés par nous au ministère 
de la marine, ainsi qu'à la Société météorologique de France; 
ils seront publiés in extenso par les soins de cette dernière 
Société. 



158 CUMAT DE 8AINT-L0UIS» 

Des extraits de ces obsenralions ont été publiés mensuelle- 
ment dans le Bulletin hebdomadaire de PAssœiaUon sdenti" 
fique de France (I). Les moyennes quotidiennes ont été pu- 
bliées dans le Bulletin inlematianal de PQbservaloire de Parie 
(avec suppression des fractions décimales) (2), ainsi que dans 
le Maniteur du Sénégal de juin i 873 à juin i 874. 

Nous nous sommes trop longuement étendus sur le climat 
de Corée pour n'avoir pas, à Saint-Louis* un nombre considé- 
rable de faits à passer sous silence. Notre étude se fera surtout 
par comparaisoQ avec le climat de Corée. Nous mettrons en 
évidence les différences que présente Tétat de Tatmosphère 
dans chacune de ces deux villes, nous réservant de nous 
étendre plus longuement sur les phénomènes que nous avons 
incomplètement étudiés à Corée. Pour avoir une idée com- 
plète du climat de Saint-Louis, il faudra donc prendre d'abord 
connaissance de celui plus régulier et plus simple de TUe de 
Corée. 



(0 V. Bulletin de VAseoeiaHon eeiemififu de Fratue, tome XII, page 435; 
tome XIII, pages 15, 83, 95, 136, 263. 
(2) 1871, n*« 810, 828,349; et 1874, H** 89, 117, 215. 



CHAPITRE IL 



TBKPiRATUU. 



X. — ObBervations thermométriqnes. 

Pour limiter autant que possible le nombre des tableaux 
numériques^ nous ne donnerons que les résumés généraux 
des observations sur lesquelles nous nous appuyons. 

Vempératnre» moyenHe* mensnelle* 

0*aprës les moyennes des observations de 6 heures et de iO heures du 
matin, 4 heures et iO heures du soir, pendant quatre années, 

(D'après les obseryations de M. Morio.) 



MOIS. 


1862 


1808 


1869 


1870 


moyenne. 


Janvier . 
Février , 

Mars. . , 
Avril . . 
Mai • . 


> • • 
• * . 


2004 
19,6 

19,8 
20,7 
20,5 

25,2 
27,6 
27,8 

28,1 
27,3 
20,8 

20,5 


20?4 
21,4 

19,9 
20,1 
20,2 

22,7 
25,9 
27,3 

27.9 
25,4 
22,8 

21,4 


1904 
20,1 

18,1 
19,8 
21,8 

26,0 
27,1 
26,8 

28,0 
27,8 
22,3 

20,0 


20O6 
19,1 

18,8 
20,1 
21,5 

25,4 
27,1 

27.5 

27,8 
28,3 
24,7 

22,1 


2002 
20,0 

19,2 
20.2 
21,0 

24,8 
26,9 
27.3 

28,0 
27,2 
22,7 

21,2 


Juin. • 




Jailier. . 
Août. . 4. 


9 * 


Septembre. . 
Octobre . . 
Novembre. . 

Décembre. . 


Année. . • . 


23,2 


22,0 


23,1 


23,6 


23,2 



160 



CLIMAT SB 8AIHT-LOOI8. 





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162 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 



II. — Moyenne de la température. 

Quelles sont les valeurs relatives des diverses méthodes 
employées pour arriver à la détermination de la température 
du pays^ et quelle moyenne annuelle devons-nous choisir 
pour Saint-Louis? Examinons d'abord les deux séries d'obser- 
vations faites, l'une à l'aide d'un thermomètre fixe suspendu 
sous Tabri météorologique, l'autre à Taide d'un thermomètre- 
fronde agite à l'ombre en prenant les précautions recojn- 
mandées pour l'usage de cet instrument. 

Les différences entre les moyennes du thermomètre-fronde 
et celles du thermomètre abrité, s'élèvent entre O''^^ et 0%5 
dans la saison sèche, et 0%i et 0<^,2 dans l'hivernage. La 
différence des moyennes annuelles est de 0%2. Les indi- 
cations du thermomètre-fronde ont été toujours les plus 
élevées. En France, dans les observatoires où Ton se sert des 
deux instruments, les indications du thermomètre-fronde 
donnent en général des chiffres inférieurs à ceux fournis par 
le thermomètre abrité. 

Pouvons-nous déduire de nos observations que la différence 
entre les deux thermomètres sera toujours, au Sénégal^ en 
sens contraire de celle que l'on trouve dans les pays tempérés? 
Si le thermomètre-fronde nous a donné des résultats légè- 
rement trop élevés, nous pensons qu'en observant cet instru- 
ment dans un jardin et au-dessus d'un sol gazonné, nous au- 
rions obtenu, comme en Francei, une moyenne plus basse que 
celle déterminée sous Tabri. 

Cette appréciation se justifie par une note que le savant 
éminent, chargé de la direction du laboratoire des recherches 
météorologiques au parc de Saint-Maur (Paris), a bien voulu 
nous remettre et nous autoriser à insérer dans notre travail. 
Nous recommandons à nos collègues de la marine la 1^- 
ture de cette note; elle leur évitera des observations inutiles, 
et leur indiquera la véritable manière d'étudier la tempéra- 



TBHPjfcRATVAB. 163 

ture de Tair^ fioit aux colonies, soit à bord. La haute autorité 
scientifique de M. £. Renou donne à ces lignes une importance 
toute particulière. 



Notice 9ur la déUrminaiùm de la température de Vair, 

Par M. E. Rendu. 

L'observation de la température de Tair, au moyen d'un thermo- 
mètre fixe> présente la plupart du temps de graves défauts; à moins 
qu'on ait à sa disposition un abri conveuable^ placé au-dessus d'un 
sol gazonné et dans un espace suffisamment étendu, les chiffres 
obtenus seront souvent différents de la véritable température de l'air. 

Pour obvier à cet inconvénient^ on se sert du thermomètre-fronde, 
c'est-i-dire d'un léger thermomètre à mercure^ gradué sur la tige; 
on le fait tourner en fronde au bout d*une ficelle de 0",60 de longueur, 
et avec une vitesse de huit tours par seconde environ. 

On se place, pour faire cette observation, à l'abri d'un obstacle peu 
étendu et de manière que le vent soit de face ou tout au plus de côté, 
en évitant que le vent qui arrive au thermomètre n'ait passé aupara- 
vant sur Tobservaleur. On trouve ainsi généralement une température 
moindre que celle^donnée par le thermomètre fixe. Quand les réflexions 
sont un peu fortes, il n'est pas rare de trouver avec le thermomètre- 
fronde, tourné en plein soleil^ un chiffre moindre que celui accusé par 
le thermomètre sédentaire placé à l'ombre et censé donner la tempé- 
rature de l'air. 

Quelques personnes peu versées dans la physique pourraient craindre 
que le vent n'abaisse la température du thermomètre-fronde au-dessous 
de celle de l'air : il faudrait pour cela que le thermomètre lût mouillé, 
ce qu'on aura toujours soin d'éviter. Un thermomètre sec tourné ainsi 
produit de la ckakury mais celte chaleur produite est si faible qu'elle 
est insensible dans le cas du thermomètre-fronce employé comme 
nous l'avons dit. 

Il y a peu d'utilité à faire tourner le thermomètre-fronde auprès du 
thermomètre sédentaire; on trouve des différences, mais qui s'annu- 
lent en moyenne au bout de l'année. Mais il y a le plus grand intérêt 
à faire ces observations comparativement et aux mêmes heures, dans 
uu lieu voibin, bien découvert, le plus éloigne possible de tous murs et 



164 CLIVAT DE SAINT-LOUIS. 

le plas expose au vcut^ à Tabri d*un objet isolé, comme le tronc d'tm 
arbre ou une planche de dimensions suffisantes, placée à cet effet. 

Aucun lieu d*observation, quel qu*il soit, ne peut être réputé suffi- 
samment parfait, s*il n'a été soumis à cette épreuve en toute saison et à 
toutes les heures d'observation, ou au moins à des heures dont la com- 
binaison s*éloigne peu de la moyenne diurne. 

Sur les navires, en mer, l'observation du thermomëlre*fronde est la 
seule sur laquelle on puisse compter; les thermomètres fixés aux mâts 
sont exposés non-seulement aux réflexions solaires, mais au soleil lui- 
même la moitié du temps, par suite du mouvement apparent du soleil 
dans la journée et du changement d'orientation du navire en différents 
points de son itinéraire. 

Le thermomètre- fronde est d'une incontestable utilité; nous 
en recommandons Tusage aux personnes qui voudront faire 
au Sénégal des études de la température. — Les explorateurs 
dans Tintérieur, les médecins qui accompagnent les troupes 
pourront, à Taide de cet instrument, fournir des renseigne- 
ments extrêmement précieux sur les températures auxquelles 
sont soumis les voyageurs et les troupes en marche, soit à 
l'ombre, soit au soleil, à l'air libre, soit sous Tabri des arbres, 
soit sous celui des tentes de campement. 

Revenons à notre sujet principal. Les moyennes déduites 
des demi-sommes des maxima et des minima nous donnent 
une température annuelle trop élevée de 0%8. Celle dernière 
méthode ne devra être employée qu'à la condition de faire 
subir au résultat une correction qui pourra être déterminée 
exactement par de plus longues séries que celles que nous 
possédons. 

Les moyennes déterminées par la méthode de deux obser- 
vations donnent des résultats qui nécessitent pour Tannée 
moyenne, déduite des observations de M. Horio, une correc- 
tion soustractive de 0%i. Elle est de 0<^,2 pour Tannée 1873-74. 
Ainsi la correction à faire dans la méthode de deux observa- 
tions est la même qu'à Gorée. 

Nous accepterons comme moyenne de Tannée à Saint- 
Louis^ 230,2. 



TEHPiRATURE. 165 

• 

C'est celle qui est déduite de quatre observations quoti- 
diennes faites pendant quatre années^ celle que nous donnent 
nos obseryations du thermomètre-fronde étant de 23% 0, nous 
pensons que l'hésitation sur la valeur de cette moyenne ne 
peut porter sur plus de 1 ou 2 dixièmes d'approximation, et 
que les observations à venir ne modifieront pas sensiblement 
ce résultat. 

Dans chacune des années particulières, la moyenne annuelle 
n'a différé de la moyenne générale que de 0%i à 0%4. Les va- 
riations d'une année à l'autre sont donc très-faibles. 

Si nous comparons cette température à celle de Gorée 
(23%8}, nous voyons que, malgré son voisinage du désert, 
Saint-Louis, par sa position plus au N, perd sur Gorée un 
demi-degré. La difiTérence entre les deux climats porte inéga- 
lement sur les deux grandes saisons qui divisent l'année. C'est 
surtout l'hivernage qui est moins chaud à Saint-Louis qu'à 
Gorée; la différence est de O^^^S, tandis que la difTérence dans 
la saison sèche n'est que de 0%2. 

Tel est le résultat des observations, mais il faut être réservé 
sur des conclusions qui s'appuient sur la qualité des instru- 
ments. En somme» la saison chaude est un peu moins longue 
à Saint-Louis. Nous remarquerons que les forts maxima que 
subit Saint-Louis, n'empêchent pas sa température moyenne 
d'être inférieure à celle de Gorée, tandis qu'à Bakel, ces 
maxima changent la saison sèche en une saison plus chaude 
que rhivernage, pendant tout le trimestre du printemps. 

A Saint-Louis l'hiver est légèrement plus chaud que le 
printemps, c'est le contraire de ce qui s'observe dans tous les 
autres points du Sénégal. Ce phénomène s'est présenté dans 
chacune des cinq années dont nous avons résumé les obser- 
vations. Cette anomalie parait liée à la baisse considérable des 
moyennes des maxima pendant le printemps et surtout à la 
faiblesse de la température moyenne du mois de mars. 



166 CLIVAT DE SAIHT-^LOUIS. 



ni. — Marche de la température. 

La marche de la température est sensiblement la même 
qu'à Corée. Cependant la moyenne mensuelle la plus faible se 
place souvent, non pas en février, mais en mars. Quatre fois 
' sur nos cinq années d'observations, la température de mars a 
été plus faible que celle de février; une seule fois, en 186S, 
elle a été plus élevée de 0^,2. En 1854, le mois de février a été 
plus froid que celui de mars. En 1874, nos observations nous 
ont donné pour résultat une moyenne du mois de mars infé- 
rieure à celle de février de 0%7. 

Le moment de la plus haute élévation de la température se 
présente tantôt en septembre, tantôt en octobre, plus souvent 
dans le premier de ces deux mois. Il est d'observation com- 
mune que le mois d'octobre est plus pénible à supporter à 
Corée qu'à Saint-Louis. Il existe, en réalité, un allongement 
de rhivernage à mesure que l'on descend vers le S de la côte 
d'Afrique. A Corée, cette saison commence un peu plus tôt et 
se. prolonge quelques jours plus tard. Ceci est parfaitement 
expliqué par les situations respectives des lieux par rapport 
à l'équateur. L'état sanitaire varie comme ces moyennes. A 
Saint-Louis, c'est en septembre que les maladies sont les plus 
nombreuses, c'est en octobre à Corée. (V. pi. VI etjpl. XIIF.) 

Les moyennes horaires ont une marche qui ne présente, 
avec la marche des moyennes générales, que des différences 
analogues à celles que nous avons signalées sous le climat de 
cette dernière ville. 

IV. — Températures extrêmes. 

En joignant aux extrêmes des quatre années que nous 
avons résumées, ceux de Tannée i854 (l) et ceux résultant de 
nos propres observations, nous obtenons le tableau suivant : 

(0 ObserraUons de M. Aodlberf, Hevue eoUmialej 1855, p. 164. 



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168 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

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Les températures extrêmes déterminées par nos observa- 
tioDS sont, pour les minima comme pour les maxima, tantôt 
au-delà, tantôt en-deçà des limites des variations dans la tem- 
pérature, d'après les observations antérieures. 

Dans beaucoup des années dont nous avons négligé de tenir 
xompte, les températures extrêmes étaient moins variées, 
parce que les instruments avaient été placés trop à l'abri des 
vicissitudes atmosphériques. Les thermomètres observés en 
1854 devaient se trouver à l'abri des vents d% car il est diffi- 
cile de croire que^ dans la saison de ces vents, le thermomètre 
ne se soit élevé jamais au-dessus de 33, pendant cinq mois de 
la saison sèche, et une seule fois à 35, dans le mois de mai. 

D'après le tableau précédent, on jugera des variations les 
plus étendues que peut subir la température dans les mêmes 
mois. 

Les températures extrêmes observées dans ces six années 
ont été 9%2 en janvier 1854, et 38%g le 2 avril 1874 (1). Ce 
dernier maximum a été vérifié avec soin; il correspondait à 
un fort vent de TE à TENE, entraînant avec lui une grande 
quantité de sable du désert. Ce même jour, & 1 heure^ le ther- 
momètre sec marquait sous Tabri ^V^l; le thermomètre- 
fronde, agité à Tombre, indiquait au même moment 38%1 ; 
le ciel était à demi-couvert de nuages. 

L'oscillation thermométrique a donc été de 29^,6 en six ans. 

En comparant ce chifi're à celui de 19^0, oscillation ther- 
mométrique observée à Corée en dix années, on voit que les 
variations sont beaucoup plus considérables à Saint-Louis, 
tout en restant inférieures à celles qu'on observe en France. 

Il ne faut pas toutefois oublier que ces températures «le 9«,2 
et de 38'',8 sont exceptionnelles. En considérant le tableau 
des moyennes des minima et des moyennes des maxima en 

(1) En avril 1862| le maximum avait atteint 37"*,?. Ce maximum de 37^2, 
que l'on peut signaler comme exceptionnel k Saint-Louis» et qui n'a certai- 
nement jamais été atteint à Gorée, est celui du 8 août 1873, à Paris (Mon- 
souris); mais cette dernière obsenration doit être corrigée, d^aprèaH. Reooo, 
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TEMPERATURES EXTRÊMES. i69 

4873-74, on reconnaîtra que les plus basses températures se 
sont maintenues dans le voisinage de i5<>^2 en férrier^ et les 
plus hautes températures vers celui de dS^'^a en septembre. 
Contrairement à ce qui s'observe à Gorée^ les maxima 
' exagérés ont toujours lieu, non pas dans l'hivernage^ mais 
dans la saison sèche, celle des vents du désert. 

En comptant combien de jours, chaque année, la tempéra- 
ture a atteint ou dépassé 30«, nous trouvons : 

En 1862 430 jours. 

i868 33 

1869 62 

1870 84 

(1873-1874). . . . 438 

Ces dliférences considérables d'une année à Vautre permet- 
tent de penser qu'elles sont le résultat d'exposition vicieuse 
des instruments. Dans quelques années, l'observateur avait 
sans doute placé ses thermomètres, en partie à l'abri des vents 
d'E, plus préoccupé qu'il était de la détermination d'une 
bonne moyenne annuelle que de fournir les observations des 
phénomènes irréguliers. C'est une précaution qui semble 
avoir été prise au Sénégal par beaucoup d'observateurs que 
celle d'abriter les instruments contre les vents d'E. Cette ma- 
nière d'agir, signalée sur certains journaux, détruisait en 
grande partie la valeur d'observations que nous avons dû 
négliger. 

Le reproche d'éviter les variations thermométriques ne peut 
être fait à notre mode d'observation, sur une terrasse exposée 
à tous les vents. Nous n'en croyons pas moins, par expérience, 
à une grande variabilité, d'une année à l'autre, dans le nombre 
des élévations considérables et momentanées de la tempéra- 
ture. Dans la saison sèche, les hautes températures sont tou- 
jours liées aux vents du NE à l'E. Or, ces vents ont, d'année en 
année, des modes de fréquence et de sécheresse qui varient 
beaucoup et les nombres de jours à températures maxima 
très-élevées peuvent ainsi varier beaucoup. 



110 « CLIVAT DE SAnVT-LOUIS. 

Dans notre année d'observation^ voici quelle a été la fré- 
quence des grands maxima^ dans les deux saisons; 
La température a atteint ou dépassé : 





HiYemage 1873. 


Saison sèche 1874. 


30O . . 


.... 92 fois. 


46 fois. 


'33* . . 


. ... 18 


25 


34» . . 


. ... 12 


8 


35» . . 


. . . . 3 


7 


36* . . 


• • . • » 


6 



Ainsi^ dans rhivernage, jamais la température n'a atteint 
36^. Dans la saison sèche, dans les six premiers jours du mois 
d'avril, sous i'influence d'une série de forts vents soufflant de 
TE au NE, de 10 heures du matin à i heure du soir, la tem- 
pérature a atteint ou dépassé 36*^ dans le milieu de la journée, 
six jours de suite, savoir : 

36«, les 1»', 5 et 6; 37S le 3; 38% le 4 ; 38%8, ie 2. 

Le thermomètre-fronde observé à I heure a donné, du 2 
au 3, des températures variant entre 35%2 et 38%!. 

Saint-Louis, tout en ayant une température moyenne légè- 
rement inférieure à celle de Tile de Corée, présente un climat 
tantôt plus froid et tantôt plus chaud que celui de cette lie. 
Saint-Louis est situé près du bord de la mer, mais sur une 
côte basse, plane et presque rectiligne; tandis que Corée se 
trouve à Textrémité d'une presqu'île s'avançant dans l'O et 
recevant de trois côtés l'influence de l'air marin. La nature 
sablonneuse du sol diffère aussi essentiellement de celle du 
terrain volcanique et basaltique sur le(|uel est bâtie Corée. 
Enfin, Saint-Louis est un ilot fluvial, tandis que Corée n'est 
qu'un rocher dans la mer. Ces différences d'exposition, de na- 
ture du sol et aussi de voisinage sont, beaucoup plus que le 
changement en latitude, les causes de la différence des deux 
climats. 



VÀRUTIOIVS DB LA TBKPiRATURB 



m 



V. — Variations thannométricpias. 

L'étendue des oscillations mensuelles se déduira facilement 
du tableau des températures extrêmes^ donné plus haut. Le 
tableau suivant donnera une idée des variations nychtémé- 
rdles, pour le amplifier nous avons supprimé avec intention 
les dates des observations. 

Ofleillatioi» nyelitéiiiérale» les plus fortes é» la tempé- 

ratare^ pendant cinq ane. 



MOIS. 



Janvier. 
Février. 

Mars. . 
Avril. . 
Mai. . . 

Juin.. . 
Juillet . 
Août. . 

Septembre!. 
Octobre. . . 
Novembre . 

Décembre. . 



Année . . . 



1862 



1608 
13,8 

18,0 
18,0 

n.4 

10,4 
9,0 
7,4 

8,2 
10,4 
14,2 

17.0 



18,0 



1868 



16O0 
20,0 

10,4 

20,2 

4,8 

3.0 

7,2 
6,2 

6.2 

7,2 

11,4 

13,2 



20,2 



1869 



1306 
14.2 

11,8 

13,4 

6,8 

4,2 
6,8 
6,6 

6,6 

9,4 

10,6 

12,8 



14,2 



1870 



1208 
16,8 

8,4 

16,8 

7,4 

10.6 
6,4 

7,4 

7,0 
8,8 
9,4 

12,4 



16,8 



1873 



9 



806 
9,0 
8,6 

10,5 
10,8 
16,6 

17,8 



1874 



1808 
20,6 

18,0 

20,8 

7.2 



» 

w 
w 

» 



30,8 



9 rS B 

* S 

M H 

5 

0» 



1808 
20,6 

18.0 
20.8 
17,4 

10,6 
9,0 
8,6 

10,5 
10,8 
16,6 

17,8 



20,8 



Nous nous bornerons à faire remarquer que Saint-Louis 
possède quelques-unes des propriétés des climats de Tinté- 
rieur du pays, mais que les variations sont encore rares et 
d'étendue modérée. 11 ne faut pas oublier que ce tableau 
indique les plus grandes exagérations qui puissent être obser- 
vées dans ces variations; aucune d'elles n'est supérieure aux 



173 



CLIMAT BE SAINT-LOUIS. 



yariations climatériques auxquelles sont habitués les Euro- 
péens dans leur patrie, et nous pouvons répéter ce que nous 
avons dit déjà : ce n'est pas à ces variations que doit être attri- 
buée Tinsalubrité du pays. 

VZ. — Relations entre les vents et la température. 

Pour déterminer quelle est l'influence des vents sur la tem- 
pérature, nous avons pris, à Tune des heures d'observation, 
la moyenne de la température chaque mois par chaque vent. 
Nous avons choisi une heure du soir^ moment voisin du maxi- 
mum thermal. 

Voici le tableau indiquant les différences qui exi&teni entre 
ces moyennes par chaque vent et les moyennes correspon- 
dantes des mois, à une heure du soir. Le signe -|- indique que 
la température dépasse la moyenne, le signe — qu'elle est au- 
dessous d'elle. 

Relations entre les Tenta et la température^ à 1 fcenre 

du soir (année 1898-1894:). 



BSSSÏ 



MOIS. 



Décembre . « 
Janvier .... 
Février .... 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet 

Août....... 

Septen^ra, 
Octobre.... 
Novembre. . 



a»» w 

tsr M. 

9 



y 



DO 



26?3 
22,7 
25,1 

21,5 
24,1 
23,3 

25,7 
28,7 
28,0 

30,7 
28,8 
26,6 



EXCÈS DES motehkes par vent de : 



N 



—305 

-2,8 
-5,2 

-0,5 
-1,7 
—0,5 

-0,2 
-0,2 
-0.2 

+•2,0 

0,0 

-0.1 



NE 



+ 002 
+ 3,9 
+ 5,0 

+12!6 






+ 2,2 
+ 7,6 



Ë 



+3«4 
+3,4 
+4,1 



M 

» 

» 
M 
» 



+2.5 
—2,2 
+7.0 



SE 



» 

» 

» 
» 

» 



+5?l 

+1.0 

+1.1 



S 



n 
» 

n 
» 



+1.5 

+4,3 
-2.2 

-2,5 
-1,8 



SO 



» 

» 
» 



—107 



+0,7 
+0,7 
+0,8 

^1.1 

+0,2 



+0,4 
—0,3 
+0,7 




VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE. 173 

On voit qiie, dans la saison sèche^ au milieu du jour, la 
température monte au-dessus de la moyenne lorsque soufflent 
les venis du NE et d'Ë, qu'elle s'abaisse au contraire lorsque ' 
soufflent les vents du N et NO. Ces vents sont d'ailleurs les 
seuls qui s'observent à cette époque de l'année. 

Dans la première partie de l'hivernage, la température os- 
cille peu autour de la moyenne générale. Les vents de N et 
NO donnent des moyennes qui lui sont à peine inférieures. 
Les venls du SE donneraient une élévation considérable de la 
température, mais ce fait ne s'appuie que sur une seule ob- 
servatton et p^d, par suite, beaucoup de sa valeur, il corres- 
pond à un jour de vent de SE très*faible, presque calme. 

A la fin de Thivernage, les vents d'Ë, de NE et SE, les deux 
praaiiers surtout, élèvent considérablement la température. 
Les vents de S au N, en passant par l'O, l'abaissent en général 
légèrement. 

Ainsi, au Sénégal, au milieu du jour, les vents de terre 
sont chauds, les vents de la mer sont frais; les vents secs 
sont chauds, les vents hygrométriques sont frais. Il en résulte 
que les variations hygrométriques qui accompagnent les chan- 
gements de température au Sénégal, diffèrent considérable- 
ment de celles qui accompagnent les changements de tempé- 
rature en Europe. 

La saison chaude et humide de riiivernage est, comme nous 
Tavons déjà démontré, la saison dans laquelle 1^ variations 
thermométriques sont peu étendues. La variabilité des vents 
faibles de cette saison n'apporte que peu de modifications dans 
l'état général de l'atmosphère d'un moment à l'autre, les 
hautes températures sont plutôt sous la dépendance des calmes 
que soumises à la direction des vents. 



CHAPITRE III 



DBS VENTS 



I. — Obsenrations. 

Nous avons résumé trois années pendant lesquelles la di- 
rection des vents a élé notée à cinq heures diflérentes du joor. 

Ce résumé nous à permis de construire les roses mensuelles 
des vents dont nous donnons le tracé. Les observations de 
4873 nous ont fourni des résultats différant peu de ceux de 
cette année moyenne^ et nous les utiliserons^ comme nous 
Tavons fait déjà, pour l'étude des rapports des vents avec les 
autres météores. 

11. — Régime des vents. 

Comme à Gorée, les vents ont une direction qui, pendant 
huit mois de Tannée, parait sous l'influence des vents géné- 
raux de cette région du globe. Ces huit mois comprennent le 
premier et le dernier mois de Thivernage et toute la saison 
sèche. 

Pendant les quatre mois du centre de rhivemage, c'est-à- 
dire pendant la véritable saison des plaies, aux vents régu- 
liers font place des brises variables et faibles, mais dans les- 
quelles dominent celles venant de TO, correspondant à la 
mousson de SO de cette partie du bassin de l'Atlantique. 

Les brises régulières apparaissent vers la fin du mois d'oc- 
tobre, remplaçant assez brusquement celles de TO. Ces brises 
soufflent d'abord principalement du NO et du N. En dé- 
cembre^ janvier et février, elles proviennent avec une égale 
fréquence du NO, du N, du NE et de lE. 



DES VENTS. 



175 



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176 CLIMAT DB SÀUfT-LOUIS. 

A partir du mois de man, en avril et en mat, la fréquence 
des wsto est beauooBp plue grande du NO que du N, et les 
vents du NE et de l'Ë deviennent très-rares. A la fin de mai, 
les brises d'E et de NE disparaissent* 

Avec rhivemage^ en iuin, les vents du N disparaissent eux- 
mêmes; les jours de vent de NO deviennent plus rares et la 
brise souffle du large dans une direction variant de TO an SO, 
mais avec peu de régularité et souvent avec une faiblesse qui 
est aussi caractéristique que leur direction. Au mois de sep- 
tembre, les brises sont très-peu énergiques, et quoique le 
vent d'O domine» les vents sont extrêmement changeants et 
les calmes très-nombreux. 

Nous remarquerons la même régularité qu'à Corée dans la 
manière dont les vents prennent une direction qui remente 
de plus en plus vers le N à mesure que la saison sèche s'a- 
vance. 

Une différence très-grande existe cependant entre les roses 
des vents des deux villes ; tout le système des vents semble, à 
Saint-Louis, s'avancer de 45 degrés vers TO sur le système des 
vents de Corée, de telle sorte que les vents sont NO à Saint- 
Louis, pendant qu'ils sont N a Corée; N à Saint-Louis quand 
ils sont NE à Corée ; enfin NE à Saint-Louis quand ils sont E 
à Corée. 

Dans les quatre mois de la saison des vents variables, la 
différence entre les roses des vents des deux pays est moins 
prononcée. Les observations portant à Corée sur dix ans, les 
roses de cette ville présentent plus de précision que celles 
construites pour Saint-Louis qui ne s'appuient que sur trois 
années. Aussi la variabilité des vents de la saison pluvieuse 
est-elle beaucoup plus accusée sur les roses de Corée. 

On sait qu'au voisinage des caps, l'alternance quotidienne 
4iui existe sur la plupart des rivages maritimes, entre les 
brises de terre et de mer, disparait le plus souvent. C'est à la 
configuration de la presqu'île du Cap- Vert que nous avons 
attribué la non «existence de cette alternance des vents au 
voisinage du cap Vert. 



DBS YBNTS. 177 

A Saint*Loui8, il n'en est pas de même, la brise vient d'au- 
tant plas du large dans le jour que réchauffement de la terre 
par les rayons du soleil se prononce davantage. C'est un mo- 
ment après celui du maximum thermal que la brise souffle 
le plus souvent et avec le plus de force dans la direction NO^ 
pendant la saison sèche^ et dans celle de FO dans rhivernage. 

Comme leur fréquence, la force de ces brises va toujours 
en augmentant du matin à Taprës-midi. 

On ne peut pas dire qu'il y ait, à Saint^Louis, une alternance 
régulière entre les brises de terre et les brises de mer, mais 
rinfluence de la déviation des courants aériens réguliers, par 
ceux qui résultent de Tinégal échauffement de la mer et des 
terres dans le jour et dans la nuit, est très-sensible. En 
examinant les roses horaires des vents à Saint-Louis, on peut 
constater les faits suivants : les vents de NE, vents de terre, 
sont plus fréquents le matin qu'à tout autre moment du 
nycthémère, leur maximum de fréquence est de 6 heures à 
10 heures du matin. Ces vents sont rares le soir. 

Les vents venant franchement de TE appartiennent- presque 
exclusivement à la saison sèche ; ils soufflent avec une fré- 
quence qui va en augmentant de 6 heures à 10 heures du ma* 
tin, puis, diminuant après ce moment, est encore assez grande 
à 1 heure du soir et s'efface dans la soirée. Il est rare que 
ces vents soufflent avec force à 4 heures du soir. On les voit 
reparaître le matin vers 6 heures comme brises de terre, sou- 
vent très-fraîches ; leur maximum de fréquence et d*énergie 
est toujours à 10 heures du matin. 

Les vents de NO ont une fréquence qui va en augmentant 
de 6 heures du matin à 4 heures du soir, et persiste dans 
la soirée. Ce phénomène est bien marqué pendant toute 
Tannée. Ces vents nous paraissent le résultat d*une combi- 
naison entre les brises marines locales que tend à produire 
réchauffement de plus en plus prononcé des terres, à mesure 
que la journée s'approche de 4 heures du soir, et les vents 
généraux qui conserveraient sans cela une direction NE^ 
comme ils le font dans File de Gorée. 

12 



.178 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS. 

La construction du parallélogramnrie des forces des vents 
généraux combinés avec l'attraction de l'E à i'O produite par 
réctiauQement des terres^ nous donne en effet une direction 
NO. Plus les brises locales sont faibles, plus les vents ont 
une tendance à être plutôt N^ ou même NE, que 0. Plus les 
brises locales sont fortes, plus les vents ont une tendance à 
être plutôt que NO, ce qui arrive en effet dans l'hivernage, 
moment de Tannée où réchauffement des terres dans la 
journée est considérable, et produit dans l'intérieur du pays 
des calmes ou mouvements ascendants. 

Dans les quatre premiers mois d'hivernage, la présence du 
soleil dans le voisinage du zénith a modifié la marche régu- 
lière des alizés. La fréquence des vents d'O va en augmentant, 
du matin à l'après-midi, pour tomber à la nuit, alors que la 
terre se refroidit de plus en plus par rayonnement. Les brises 
de terre soufflent pendant l'hivernage assez rarem^nt^ même 
pendant la nuit, elles sont toujours très-faibles, plus souvent 
remplacées par des calmes. 

L'explication que nous venons de donner de la présence des 
vents NO à Saint*Louis, dans la saison sèche, nous paraît 
avoir une certaine importance. En effet {voir la carte du cli* 
mat et de Vétat tanitaire du Sénégal)^ dans cette saison toute 
la contrée est soumise aux vents du N, du NE et de TE^ comme 
Gorée^ c'est l'influence des alizés qui se fait ainsi sentir. La 
direction NO des vents pendant la saison sèche est donc un 
fait particulier, résultant de la situation de SaintrLouis, sur 
une ligne qui sépare deux étendues sur lesquelles, suivant la 
nature solide ou liquide des surfaces, agissent différenunent 
les rayons solaires. Les brises d'E sont souvent très-fraiches 
le matin et apportent le témoignage du refroidissement que le 
rayonnement nocturne a fait subir au désert; dles conservent 
leur sécheresse tout en devenant brûlantes vers iO heures, et 
leur énergie tombe ordinairement vers midi. Après un calme 
assez court, la brise bienfaisante du NO vient rendre aux habi- 
tants de Saint-Louis l'humidité et l'air qui leur semblaient 
devenus indispensables. 



DES TENTS. 179 

£q résuméj il y a en réalité, à Saint-LouiSj une certaine 
alternance entre les brises de terre et les brises de mer, et> 
fort heureusement y les vents du large remportent le plus 
souvent en fréquence et en énergie. Aussi la fin du jour est- 
elle toujours marquée par une réfrigération considérable», 
beaucoup plus sensible au corps humain qu'au thermomètre. 



ni. — Propriétés des diitérents vents à Saint-Louis. 

Nous ne nous occuperons que des propriétés locales. La 
situation de Saint-Louis nous permet de classer en deux caté- 
gories les veots soufflant sur cette ville : ceux qui, du NNO au 
S^ en passant par TO^ viennent de la mer; ceux qui, du N au 
S^ en passant par TE, viennent de terre. Nous avons déjà 
parlé des propriétés de ces derniers vents, nous en reparle- 
. roDs en étudiant le climat de Dagana. 

Les premiers sont sains, car leurs propriétés hygromé- 
triques ne se combinent avec aucun apport de miasmes ma- 
récageux. Ces vents arrivent directement de la mer. La bande 
de sable marin d'une centaine de mètres de large, et le bras 
du fleuve qu'ils ont à traverser n'ont guère de principes nui- 
sibles à leur céder. 

A quelle époque soufflent ces vents? Dans rbivernago 
d'abord, c'est-à-dire à Tépoque où les terres basses du Sénégal 
sont plus ou moins inondées ou viennent de l'être. Ainsi ces 
brises de l'O qui, lorsque nous nous enfoncerops dans l'inté- 
rieur des terres, deviendront très-malsaines, chargées qu'elles 
sont de vapeur d'eau, et servant d'autant plus facilement de 
véhicules à la malaria, sont salubres à Saint-Louis et domi- 
nent précisément dans la mauvaise saison. 

Au point de vue de Thygiène, la situation de Saint-Louis 
est donc très-favorable et rend suffisamment compte de la 
salubrité relative de cette ville. Cette salubrité serait encore 
plus grande si, se rapprochant du bord de la mer, les habita- 



180 CLIMAT DE AINT-LOUIS. 

tions se trouvaient construites^ non dans Tlie de Saint-Louis^ 
mais sur la plage de Guet-N'dar formée par la langue de terre 
appelée pointe de Barbarie. C'est sur cette plage qu'était établi 
autrefois un lieu de convalescence. Cest là que Texpérience 
acquise par un long séjour au Sénégal avait enseigné à notre 
excellent maître, le docteur Chassagniol, médecin en chef de 
la colonie^ le choix d'un emplacement pour Thôpital. Ce vœu 
émis dans un rapport manuscrit, n'a pas été accueilli ; nous 
ne pouvons qu'en exprimer ici le regret. 

La salubrité de Saint-Louis est loin de valoir celle de l'île de 
Corée, si bien exposée comme nous l'avons décrit. Les trop 
nombreux cas de fièvres intermittentes, les redoutables fièvres 
pernicieuses qui signalent le milieu et la fin des hivernages à 
Saint-Louis, montrent que la salubrité de cette ville n^st que 
relative^ 



CHAPITRE IV. 



DES PLVIIS. 



!• -*- ObservaUoiis, 

L8 régime des plaies est saisiblemeiit le même sar la cAte 
du Stoégal, an cap Yert à Saint^Louis. Elles débutent dans 
les différents points de cette côte, aux mêmes époques, dispa- 
raissent dans le même moment et sont liées aux mêmes vicis- 
situdes atmosphériques. 

Nous ayons résumé dans le tableau suivant les observations 
faites à Saint-Louis pendant sept années : 



182 



CLIMAT DE SAIirr-LOUIS. 



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DES PliUIES. 18$ 



II. — Régime des plaies à Saint-Louis. 

Les pluies versent sur le sol de Saint-Louis une quantité 
d'eau qui est en moyenne de 408 millimètres par an. Si nous 
avions compris dans notre moyenne le résultat fourni par 
rbivernage de 1873 (i), elle s'abaisserait un peu au-dessous 
de ce chiffre. La plus grande quantité d'eau tombée en une 
seule année, en i869^ a été de 649 millimètres. Dans Tannée 
la plus sèche, en 1863, il n'a été recueilli que 141 millimètres 
d'eau. 

Ces chiffres peuvent avoir une utilité pratique immédiate. 
On devra en tenir compte dans la construction des citernes 
destinées à conserver Teau de pluie, la seule servant à l'ali- 
mentation dans cette ville. Il serait inutile de donner à ces 
citernes des dimensions supérieures à celles d'un volume 
ayant pour hauteur 65 centimètres, et pour base le dévelop- 
pement de la surface des toitures horizontales qui recouvrent 
les maisons et sur lesquelles les eaux sont ordinairement 
recueillies. 

Pour calculer les dimensions réciproques à donner à la 
citerne et à la surface de réception des pluies, il suffira de se 
rappeler que, dans les années des pluies les plus abondantes, 
il faut 1 mètre carré de toiture pour fournir 650 litres d'eau, 
ou 1 mètre cube de citerne pour une surface de i'°,538. 

La quantité de pluie tombant à Saint-Louis, dans l'année 
moyenne, est inférieure d'environ 100 millimètres à celle des 
pluies de Corée. 

Parmi les observations que nous avons sous les yeux, les 
séries de 1861, 1862 et 1863 ont été faites simultanément dans 
les deux principales villes de notre colonie. D'après ces obser- 
vations, les quantités d'eau de pluie ont été : 



(1) Voif y i^age 192, k taUeaa ûm ipMu pour l'aiwée 1873. 



184 



CLIMAT DE SAIlfT-LOUIS. 



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1863. . 


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• • • 


466 



185 



On voit que ces quantités ont toiyours été plus faibles à 
Saint-Louis. 

Le nombre des jours pluvieux dans ces trois années a été : 
pour rhivernago seul, à Saint-Louis^ de %6, 31 et 12; à Gorée^ 
de 34, 30 et 29. Le nombre des jours pluvieux est sensible- 
ment le même dans les deux villes, dans Tannée moyenne. 

Si, au lieu d'examiner une région restreinte, comme celle 
qui s*étend du cap Vert à Saint-Louis^ nous considérions toute 
la côte occidentale du N de l'Afrique, nous verrions que les 
pluies vont en diminuant de fréquence et d*abondance^ de 
l'équateur jusqu'à Saint-Louis. On sait qu'en descendant vers 
le S de nos possessions du Sahara algérien, les pluies devien- 
nent de plus en plus rares. Il est probable qu'il existe entre 
le Sénégal et le S de TAIgérie et du Maroc une région presque 
absolument privée d'eau. 

Le mode de répartition des pluies dans le cours de Tannée, 
est le même à Saint-Louis qu'à Corée. A peine du commence- 
ment de novembre à la fin de juin signale-t-on quelques 
pluies extrêmement légères et de très-courte durée. Il y a 
au plus quatre à cinq jours pluvieux pour ces huit mois de 
Tannée. Encore cette moyenne se trouve-t-elle élevée par 
Tanomalie des six jours de pluie du mois de janvier 1862, 
pluies dont nous avons signalé Tapparition comme un phé- 
nomène tout à fait inaccoutumé et un sujet d'étonnement 
pour les populations. 

Dans Thivernage, les pluies coïncident presque avec celles 
de Corée. Les premières pluies abondantes apparaissent ordi- 
nairement dans la première quinzaine de juillet. Elles sont 
surtout fréquentes et considérables au mois d'août, devien- 
nent aussi peu nombreuses en septembre qu'en juillet^ puis 
très-rares en octobre et encore plus rares en novembre. 



186 



GUXAT DB 8Anfr*L0UIS. 



PI. XII. 




DBS PLUIES. 187 

Ces pluies surviennent soit à la suite d'orages^ soit en coln- 
eidences avec de forts Tents de SO ou d'O. 

Les observations recueillies dans Thivernage de iS7d ont 
permis de tracer, dans la planche ci-conlre, les hauteurs des 
33 pluies de cet hivernage. ^ 

On voit que les pluies peuvent en un seul Jour atteindre 
une grande hauteur. Nous avons eu soin de placer au-dessous 
de ces représentations des hauteurs des pluies^ leur date^ et de 
les espacer à des distances proportionnelles aux nombres de 
jours sans pluies. Ceci nous évite une description et permet 
de se faire^ avec la plus grande facilité, une idée de ce qu'ont 
été les pluies de cet hivernage, d'ailleurs relativement assez 
Sec. On y trouvera tous les renseignements sur Tabondance des 
pluies, sur leur fréquence, sur les séries des jours pluvieux 
et les dates de ces jours. Les plus longues séries sont de quatre 
jours consécutifs. Mais il ne faudrait gas croire que la pluie 
ait été continue pendant ces quatre jours, elle n'a duré qu'un 
certain nombre d'heures, chaque jour ou même moins. La 
plus forte pluie a atteint 5t millimètres, le 7 octobre, elle n'a 
duré que trois quarts d'heure, elle succédait à un violent 
orage. Pendant ce court espace de temps, cette masse d'eau 
est tombée sur le sol, à raison de plus de i millimètre par 
minute. 

Compares l'abondance des pluies à Saint-Louis et dans les 
autres régions tropicales, comme nous l'avons déjà fait pour 
Corée (page i05). On comprendra l'influence considérable des 
pluies sur l'état sanitaire. Mais il ne faut pas oublier que 
Texposition des localités apporte de grandes modifications 
dans les quantités de pluie^ modifications qui sont toutes 
locales. 

^ Nous pouvons citer, comme exemple de l'influence de Tex- 
posilion d'une localité sur l'abondance des pluies^ une ville 
de l'Inde^ Cherrapunji (1), au pied de l'Himalaya, à une alti- 

(1) Ces chiflires sont rapportés an tome VU de la Société inétéorologi<iae 



188 CLIMAT DX SAIHT-LOUIS. 

tad6 de i 2S0 mètres* On a constaté en ce point une moymM 
annuelle de pluie de^ 14",200. Dans le mois de joillet seul, il 
tombe en moyenne 4 mètres d'eau; en 1861, il est tombé en 
juillet 9»,296. . 

Pendant tout le mois de juillet, nous aT<Mis comparé aux 
résultats que nous fournissait le pluviomètre de Técole des 
Frères ceux que donnait un autre pluTiomètre, situé dans la 
cour de l'hôpital, à 1 mètre au-dessus du niveau du soL Les 
hauteurs observées étaient les mêmes, à quelques dixièmes 
près. 

L'effet des pluies sur Tétat sanitaire est, i Saint-Louis, ce 
qu'il est dans tout le Sénégal. Elles sont le signal du réveil 
des miasmes paludéens. L'aggravation la plus forte dans Tin- 
salubrité du pays coïncide non avec les pluies, mais avec leur 
disparition et avec le retrait des eaux du fleuve, qui se fait au 
même moment. 

C*est à cette époque que les marécages produisent avec plus 
d'énergie que jamais cet agent, dont les effets graves nous 
sont surtout connus et que l'on a appelé malaria ou miasme 
paludéen. 

La ville de Saint-Louis est bien construite. Les rues y sont 
droites^ larges, bordées de trottoirs, pourvues de ruisseaux. 
La plus grande partie des eaux pluviales s'écoule facilement 
vers le fleuve. Une certaine quantité de cette eau est recueillie 
comme eau potable. Une faible quantité d*eau pénètre dans 
le sol, dont la nature exclusivement sablonneuse jusqu'à une 
grande profondeur permet une absorption rapide. La ville est 
très-bien entretenue. L'hygiène a beaucoup fait pour amélio- 
rer un état sanitaire autrefois des plus mauvais. Le temps 
n'est pas encore éloigné où la partie N de l'île n'était qu*un 
vaste marécage qui, dans l'hivernage, répandait ses émana- 
tions pestilentielles. Dans plusieurs autres points, des terrains 

d'Autriche, qui les cite d'après un trsTai! de Blassford dans le Journal of, ihê 
atiatie Society of Bengale part. Il, 1870. [Note communiquée par M, Renou,) 



DK8 Ptunss. 189 

bas formaient, dans cette saison, autant de foyers à émanations 
fébrigènes, faisant lourdement sentir leur influence sur la 
population européenne. 

Grâces aux mesures hygiéniques qui, d'année en année, ont 
été toujours se complétant, la ville de Saint-Louis est devenue 
pour TEuropéen, au point de vue sanitaire, le meilleur lieu 
d'habitation de la colonie» après la ville de Corée. 



CHAPITHB V 



DB L'iVAPOKATION. 



I. — Observations. 

L'éfaporation dô Teau n'avait jamais, croyons-nous, été 
observée méthodiquement au Sénégal, avant que nous ayons 
porté noire attention sur ce point intéressant. 

On sait que l'évaporomètre de Piche est un instrument 
d'une très-grande simplicité. Il consiste en un tube de verre 
fermé à son extrémité supérieure par laquelle il est suspendu. 
Ce tube est rempli d'eau et obstrué à sa partie inférieure par 
une rondelle de papier facilement perméable et constamment 
maintenue humide par le liquide. Cette rondelle, d'un dia- 
mètre constant, constitue la surface évaporatrice. Deux fois 
par jour, le matin à 6 heures et le soir à la même heure^ Tob- 
servateur mesure la quantité d*eau qui a disparu du tube par 
évaporation. Pour faciliter cette mesure, le tube est gradué 
en centimètres cubes ; une table déduite des rapports des 
volumes d'eau évaporée à la surface d'évaporation, indique à 
combien, en millimètres de hauteur sur l'unité de surface, 
répond le volume d'eau disparue. Des instruments gradués 
directement en millimètres d'eau évaporée se construisent 
aussi et évitent Tusage d'une table. 

Nos observations ont été faites sous l'abri et par conséquent 
à l'ombre. Le tableau suivant indiquera en millimètres la 
hauteur de l'eau évaporée dans les conditions particulières 
où l'instrument se. trouvait placé, c'est-à-dire à l'abri des 
rayons solaires, ainsi que de la plus grande partie de Tirra- 



iTAPORATION. 19i 

dialion nocturne. Nos observations ont donc été faites dans 
des conditions aussi identiques que possible à celles de l'ob- 
servatoire de MontsouriS; et nous pouvons comparer, avec la 
plus grande facilité, les résultats que nous avons obtenus à 
ceux fournis en France par cet observatoire. 

Nous avons rapproché notre tableau de Tévaporation de 
celui des pluies; il manque cependant plusieurs choses pour 
que ce rapprochement soit complètement justifié. Pour obte- 
nir toutes les données du problème complexe du mouvement 
de Teau atmosphérique d'un lieu, il faudrait tenir compte de 
plusieurs autres phénomènes^ tels que les rosées, leur fré- 
quence et leur abondance, et mettre les résultats de ces obser- 
vations en regard de Tévaporation observée sur une surface 
libre, non couverte^ exposée au soleil et à la pluie. L'on pour- 
rait^ si toutes les conditions du problème se trouvaient ainsi 
réumes, obtenir une série dans laquelle les quantités d'eau 
qui s'élèvent du sol formeraient les quantités positives, celles 
des {duies et des rosées^ les quantités négatives; ou, récipro- 
quement, suivant les conditions des signes. 






192 



CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 



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EVAPOEATION. 193 

Le total de Tévaporation annuelle est d'environ 2 mètres. 

L'évaporation quotidienne est en moyenne de 5°^°', 4; mais 
elle varie beaucoup suivant les différents mois de l'année. 
C'est dans la première moitié de la saison sèche qu'elle est la 
plus active, l'^^S par jour; elle descend à environ 4 milli- 
mètres dans le deuxième trimestre de la saison sèche et dans 
le premier de Fhi ver nage. À la fin de cette saison, elle rede- 
vient plus forte et s'élève à 6"",4 par jour. 

C'est en décembre qu'elle est maxima ; elle est minima en 
juin, époque à laquelle elle est plus de trois fois moindre 
qu'en décembre. 

L'évaporation augmente considérablement lorsque le soleil 
est au-dessus de Tharizon ; l'évaporation du jour est double 
de celle de la nuit, elle est même souvent triple. Ces propor- 
tions entre l'évaporation du jour et de la nuit se maintiennent 
dans tous les mois de l'année^ 

Dans le haut Sénégal, où, sous l'influence des vents d'E, les 
forts maxima deviennent assez fréquents pour élever la 
nioyenne de la saison sèche au-dessus de celle de l'hivernage, 
il serait intéressant de rechercher si l'évaporation diurne ne 
l'emporte pas, dans la première saison^ d'une quantité beau- 
coup plus considérable sur l'évaporation nocturne que dans la 
saison d'hivernage. 

Les rapports de l'évs^poration avec la température sont dif- 
ficiles à établir. 

A son maximum, en décembre, l'évaporation décroît assez 
régulièrement pendant toute la durée de la saison sèche ; puis, 
à partir du mois de juin, moment de son minimum, elle croit 
d'une manière assez irrégulière pendant tout l'hivernage, 
jusqu'au mois de décembre. Elle baisse ainsi parfois quand la 
température s'élève, d'autrefois s'élève quand celle-ci s'abaisse, 
elle n'est donc pas liée intimement au mouvement de la tem- 
pérature. Sa marche annuelle est plutôt en rapport avec l'hu- 
midité relative de l'air, dont elle tend à être l'inverse. On peut 
remarquer que le maximum d'évaporation a lieu au moment 
des fortes brises de l'E au NE et son minimum aux mois des 

i3 



194 CLIHÀT DE SÀIXT-LOUIS. 

calmes les plus fréquents. Dans la saison sècbe, elle est sous 
rinûuencè des vents d'Ë^ diminue comme la fréquence de ces 
\ents. Dans Tbivernage^ elle est plutôt en rapport avec la force 
des vents qu'avec Tétat hygrométrique ou la température. 
Il n'y a aucune liaison apparente entre Tévaporation et la 
pression atmosphérique. L'ozone seul paraît lié d'une manière 
intime à l'évaporation. L'ozone croît ou décroit en sens inverse 
de Tabondance de l'évaporation. 

Les causes des fièvres intermittentes tirent leur origine 
première du sol, et il y a lieu de penser que les vapeurs d'eau 
qui s'en élèvent servent de véhicules aux miasmes paludéens. 
À tort ou à raison^ l'ozone a été considéré comme un destruc- 
teur de ces miasmes^ il peut donc être utile de noter ici que 
l'élément évaporation^ qui paraît lié à ces effluves maréma- 
tiques^ a dans l'année une augmentation ou une diminution 
précisément en sens inverse de Tabondance de Tozone. C'est 
dans la nuit que l'évaporation est moindre, c'est aussi dans la 
nuit que l'ozone se montre toujours en quantité beaucoup 
plus considérable que le jour. La liaison est donc la même 
entre ces deux phénomènes, que Ton considère l'année^ ou 
seulement l'espace de 24 heures. 



tl. — Inilttônce des vents siir l'évaporation. 

Nous avons pu déterminer l'influence des vents sur l'évapo- 
ration avec autant d*exactîtude qu'il est possible de le faire 
lorsque l'on ne possède qu'une série d'une année d'observa- 
tions. 

Dans rhivernagey les moyennes de l'évaporation par ehaque 
vent ne diffèrent des moyennes mensuelles correspondantes 
que de fractions de millimètres, toujours très-faibles. Les 
moyennes par vent de N^ sont toujours inférieures aux 
moyennes générales. Celles correspondant aux autres vents, 
sont tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de ces moyennes gé- 



EVÀPORATIOIT. 195 

sérales, sans que les chiffres obtenus indiquent une prédo- 
minance marquée de tel ou tel yent sur la puissance de 
révaporation dans cet atmosphère presque saturé d'humidité. 
Cest la force seule du vent qui influe sur TéTaporation, en 
renouvelant les couches d'air au voisinage de la surface d'éva- 
poration. 

Au début de la sai$on sèche, au moment où tous les vents 
sont très-énergiques, les moyennes diurnes de Tévaporation 
correspondant aux vents observés à une heure du soir, don- 
nent des résultats très-signiiicatifs, que le tableau suivant 
suffira pour mettre'en évidence. 

Inflaence dei Tenti mr l'éTaporation. 

Evaporation mùyenne, dans le jour, pendant les trois premiers mois 

de la saison sèche (1874). 

Excès des moyennes de rëyaporation 
Evaporation par vent de : 



Mois. moyenne. 



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Décembre 6,0 —2,7 +i,2 +1,9 —1,9 

Janvier 4,9 —2,1 +2,5 +2,5 -1,6 

Février 5,8 -2,2 +3,4 +0,6 —2,4 

l'influence de la sécheresse des vents du NE et £ est donc 
parfaitement démontrée par nos observations. Les vents de N 
et de NO diminuent Tévaporation, tandis que les deux autres 
yents de la saison Taugmentent. Pour obtenir ces résultats, 
nous avons eu dans Thiver 1874 : 47 observations de vent de N 
oû NO et 43 observations de vents secs de TE ou du NE. Ces 
chiffres étant assez forts et différant peu Tun de l'autre, 
donnent à la comparaison de ces moyennes une exactitude 
d'autant plus grande et d'autant plus précise. 

Le tabledu donné page 192 démontre que les pluies et Téva- 
poration, même dans les conditions expérimentales où nous 



/ 



196 CLIHAT DE SAINT-LOUIS. 

nous sommes placés^ en nous servant de révaporomètre de 
Piche, présentent une disproportion extrêmement considé- 
rable. 

Dans rhivernage, la hauteur totale de Teau évaporée sous 
Tabri est à peu près triple de celle de Feau fournie par les 
pluies. Dans la saison sèche, Fcau tombée sur le sol n'atteint 
pas 3 centimètres, et malgré l'abondance des rosées reste hors 
de proportion avec Tévaporation. 

Les mouvements extrêmes de Tévaporatiou sont très-éten- 
dus, puisqu'ils peuvent aller de à des maxima montant à 
près de 2 centimètres en 24 heures. Le plus considérable de 
ces maxima a été de 19'''',2 le 8 décembre; il correspondait à 
un vent assez énergique du désert, soufflant toute la matinée 
et dans la journée jusqu'à 4 heures du soir. Cela ne donne 
cependant qu'une faible idée de la puissance de dessèchement 
de ces vents sur les terres inondées, directement exposées au 
soleil. Si à l'ombre, sous Tabri de l'observatoire, l'évaporation 
est d'environ 2 mètres par an, de combien doit-elle être dans 
les marécages des rives du Sénégal T 

Si nous comparons la puissance de l'évaporation au Sénégal 
à celle du même phénomène en France, nous verrons que, 
tandis que les pluies ont à peu près la même abondance 
annuelle au Sénégal et à Paris, l'évaporation diffère considé- 
rablement dans les deux pays. 

En 1873, l'évaporation totale du mois de juin, à Paris, a dé- 
passé celle du mois correspondant à Saint-Louis. Dans les 
mois de juillet et d'août, l'évaporation à Paris a été un peu 
inférieure à celle de Saint-Louis. A partir du mois de sep^ 
tembre, il n'y a plus de comparaison à faire. L'évaporation va 
en augmentant considérablement, au Sénégal, pendant la un 
de la saison chaude et dans la saison sèche; tandis que la 
saison froide, en France, est une saison humide et pluvieuse, 
dans laquelle la hauteur de l'eau évaporée s'élève, chaque 
mois, à peine au-dessus du quart de la hauteur de la tranche 
d'eau qu'enlève l'évaporation au Sénégal, dans les mêmes 
conditions d'expérimentation. 



EVÀPORATIOIf, 



197 



Jamais en France^ même dans les journées les plus chaudes^ 
révaporation ne s'est éleyée^ en 24 heures^ à plus de T^^S. 
Tandis qu'au Sénégal les maxima extrêmes de Tévaporation 
dépassent ordinairement beaucoup cette quantité. Voici quels 
ont été ces maxima extrêmes^ en 24 heures^ chaque mois, ils 
ont toujours coïncidé avec des vents forts d'E au NE^ dans la 
saison sèche et dans les mois d'octobre et novembre; avec des 
vents très-forts du NO au SO^ dans Thivernage. 

BTaporatipn maxima en 94 hearei s 



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Décembre. . . . 19,2, le 8. 

Janvier 13,1. le 23. 

Février 16,4, le 6. 

Mars 13,0, le 6. 

Avril 17,0, le 2. 

Mai 6,4, le 31. 



Juin. . . . 
Juillet. . . 
Août. • . . 
Septembre. 
Octobre. . 
Novembre. 



9,2, le 13. 

6,5, le 19. 

8,0, le 2. 

8.4, le 26. 

8.5, le 27. 
13,6, le 29. 



CHAPITRE VI 



PRBSSIOlf ATMOSPHÉRIQUE. 



Voici le résumé des observations barométriques faites sous 
notre direction à Saint- Louis, du mois de juillet 1873 à la fin 
de juin 1874^ à une hauteur de SS mètres au-dessus du niveau 
de la mer. Toutes les observations ont été corrigées et rame- 
nées à la température de 0"", à Taide des tables qui accompa- 
gnent les instructions météorologiques de M. Renou. 

Nous ignorons quelle est la correction instrumentale que 
nécessite le baromètre Fortin, dont nous nous sommes servis. 
La moyenne annuelle que nous avons déterminée, 759'*",3, 
est inférieure de O'^^S, à celle qui nous est fournie par le ré- 
sumé de trois années d'observations faites en 1868-1869-1870, 
à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer. 



PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 



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200 CLIHÀT DE SAlIfT-LOUIS. 

Diaprés nos observations, la pression atmosphérique suit à 
Saint-Louis une marche annuelle (voir pi. XIII, p. 209), qui 
présente une grande analogie avec sa marche diurne. Il y a 
dans Tannée, comme dans le jour, deux maxima et deux mi- 
nima de la pression atmosphérique. Le premier maximum se 
présente en janvier, dont la moyenne mensuelle est TOO*™,!, 
le second en juin, 760"^,2. Le premier minimum est en mars 
et avril, 758"*"*,9; le second en septembre 758'»°',4. On voit 
que ces extrêmes diffèrent peu l'un de Tautre : la plus grande 
diflférence entre les moyennes mensuelles, est de l"*°,8, c^est- 
à-dire que les variations barométriques sont extrêmement 
faibles; mais en même temps, elles sont extrêmement régu- 
lières. 

Si, des moyennes barométriques, nous retranchons les 
moyennes mensuelles de la tension de la vapeur d'eau, nous 
obtiendrons les moyennes de la pression de l'air sec. Ces 
moyennes présentent un seul maximum, 759 millimètres en 
février, et un seul minimum, 735 millimètres en septembre ; 
elles marchent exactement en raison inverse des moyennes de 
la température. La double oscillation barométrique annuelle, 
est donc sous l'influence de l'état hygrométrique de Tair et de 
la température, ou du moins en relation intime avec ces agents 
atmosphériques. 

La marche quotidienne du baromètre est celle de cet ins* 
trument dans toutes les régions tropicales. Il y a deux marées 
barométriques. Toutes nos observations horaires ont indiqué 
que le baromètre était ascendant au moment de TobservatioD; 
de six heures du matin, très-voisin de sa plus grande^hauteur 
diurne à dix heures du matin; très-rapproché, mais cepen- 
dant légèrement au-dessous de la moyenne à l'observation 
d'une heure du soir; qu'enfin il baissait jusqu'à quatre heures, 
moment voisin du plus bas minimum, pour reprendre son 
mouvement d'ascension jusqu'à neuf heures et au-delà de ce 
moment. 

Dam V hivernage j les oscillations barométriques diurnes 
sont faibles, elles sont en moyenne de i^^^d seulement La 



PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 201 

plus considérable observée n'a été que de 3°^;6 le 24 juin et 
le 6 juillet; en coïncidence, dans ce dernier cas^ avec le pas- 
sage d'une bourrasque dans le voisinage de Saint-Louis* 

Dans celle même saison les oscillations mensuelles n'ont 
pas dépassé 5"™,8. 

Dans la saison sèche^ les oscillations diurnes sont en moyenne 
plus considérables (â°^;3). Les oscillations mensuelles ont été 
aussi plus fortes, en février, Toscillation a atteint 8™,6, sous 
rinfluence d'une baisse considérable accompagnée de calme 
et suivie d'une pluie assez abondante, puis d'une bourrasque 
de vent de SO, peu forte d'ailleurs. Nous avons déjà signalé 
cette pluie anormale observée dans la saison sèche 1874, elle a 
été générale sur toute la côte. Pendant quatre jours le baro- 
mètre a baissé à Saint-Louis et à Gorée simultanément, le ciel 
s'est chargé de nuages; le quatrième jour, une pluie une et 
serrée est tombée sur toute la côte, pendant trente-six heures; 
le vent, d'abord très-faible, duSOest devenu énergique à la fia 
de la pluie et le baromètre a repris sa hauteur accoutumée 
dans les deux villes. Cette observation nous a permis de véri- 
fier la bonne qualité des instruments dont nous nous servions 
dans ces deux villes. 

L'examen de notre journal météorologique montre que les 
jours où les variations horaires de la colonne mercurielle 
n'ont pas suivi leur marche habituelle sont extrêmement 
rares. Ces variations se font avec une régularité qui donne à 
la courbe quotidienne des hauteurs du baromètre une régu- 
larité parfaite^ quelle que soit la saison. 

Dans Tannée 1873-1874, les hauteurs extrêmes du baro- 
mètre ont été : la plus forte, 763"^"*, 4 (les 4 et 8 janvier, à 
10 heures du matin); la plus faible, 754°''",1 (le 22 février, à 
4 heures du soir). 

Le mouvement de la colonie mercurielle ou oscillation 
totale du baromètre a donc été de 9'^'^,3. Ainsi l'oscillation 
annuelle peut s'élever à Saint-Louis à peu près à 10 milli- 
mètres. 

Toujours les extrêmes de ces oscillations se prononcent 



202 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

SOUS rinfluence de causes générales qui paraissent analogues 
à celle que nous avons signalée. 

Nos observations nous ont parfaitement démontré que le 
baromètre est aussi utile au Sénégal que dans les autres cli- 
mats^ pour étudier les modifications de pression qui amènent 
de grands mouvements atmosphériques. Toutefois ces varia- 
tions se passent toujours dans de faibles limites, et sont le plus 
souvent masquées par l'importance des corrections à faire 
pour obtenir le véritable poids de la colonne atmosphérique. 
Pour bien étudier rinfluence que peuvent avoir les tornades, 
les orages et les divers vents sur le baromètre, il faut donc 
faire des observations d'une précision extrême. Un baromètre 
dans lequel le mercure serait remplacé par un liquide moins 
dense, serait un instrument difficile à construire et à graduer 
pour les hautes températures du Sénégal, mais dont les mou- 
vements pourraient rendre à Tétude du climat de cette contrée 
des services importants. 

Les variations du baromètre se font, au Sénégal, dans une 
étendue si restreinte que, malgré toute Texactitude possible, 
il est difficile d'obtenir des observations faites avec une ap- 
proximatipn suffisante pour certaines recherches. Des varia- 
tions qui ne portent que sur des fractions de millimètres, ne 
peuvent en effet être étudiées avec précision qu'en admettant 
que les erreurs d'observations ont été inférieures à ces frac- 
tions de millimètres. Or, dans Tétat actuel des instruments 
qui nous servent à mesurer la pression atmosphérique, à 
moins d'une habileté exceptionnelle, l'observateur ne peut 
pas se flatter d'obtenir une approximation de plus de 1 dixième 
de millimètre. Aussi les calculs que nous avons faits pour 
déterminer les moyennes barométriques par chaque vent ne 
nous ont-ils conduits qu'à des résultats négatifs. 

Les roses barométriques des vents, construites pour chaque 
mois, n'expriment aucune augmentation marquée de la pres- 
sion atmosphérique pour tel ou tel vent, à 1 heure du soir, 
moment où les hauteurs s'approchent le plus des moyennes 
diurnes. 



CHAPITRE VIL 



ÉTAT HTGROHÉTBIQUE. 



I. •— Observations. 

Les observations hygrométriques recueillies à Saint-Louis, 
sous notre direction, ont été foites avec une précision qui nous 
permet de négliger celles faites antérieurement, dans des 
conditions beaucoup moins favorables d'exposition des ins- 
truments. 

Nos observations faites à 1 dixième de degré près, à l'aide 
d'un psycbromètre d'August composé de deux très-bons ther- 
momètres, tenus éloignés Tun de Tautre sous Tabri, ont été 
résumées dans le tableau suivant : 



204 



CLIMAT DE SAUrr-LOUIS. 






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10,50 
16,92 


15,07 
15,23 
16,88 


20,06 
23,97 
25,80 




16,92 
31,57 


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10,29 

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1,78 
0,03 


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10,01 

10,38 

9,55 


11,68 
12,57 
10,10 


17,02 
20,51 
21,78 


22,75 
20,69 
15,09 


11,38 
19,70 


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9 h. 

soir. 


11,81 
11,23 
10,80 


12,18 
13,01 
10,19 


17,95 
20,03 
21,67 


22,93 
21,21 
15,26 


12,20 
19,90 


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4 h. 

soir. 


11,31 
11,11 
11,09 


12,20 
13,22 
10,33 


17,81 
20,76 
21,71 


23,02 
21,23 
15,63 


12,21 
20,02 


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W4 


soir. 


10,31 

10,29 

8,97 


11,83 
12,55 
10,09 


17,36 
20,68 
22,27 


23,08 
21,08 
15,35 


11,30 
20,03 


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10 h. 
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10,73 
11,00 
10,02 


16,82 
20,69 
21,70 


23,00 
20,10 

10,08 


10,17 
19,39 






6 h. 

malin 


9,09 

10,05 

8,78 


11,03 
12,60 
13,85 


17,20 
19,97 
21,57 


21,33 
19,82 
15,10 


10,97 
19,17 


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ÉTAT htgbohJstriqite. 205 



n. — Moyennes et extrêmes hygromètriciiies* 

Que Ton considère la quantité absolue ou la quantité rela- 
tive de la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère de Saint- 
Louis^ il faut reconnaître que ces quantités sont considérables. 
Si nous comparons les résultats de nos observations à ceux 
des observations analogues faites en France^ nous constatons 
que la quantité absolue de vapeur d'eau est^ à Saint-Louis, 
triple de celle contenue en moyenne dans l'atmosphère en 
France. Dans les mois de juin, juillet, août et septembre, 
la quantité absolue de vapeur d'eau contenue dans Tair 
est double, à Saint-Leuis, de ce qu'elle est en France. Com- 
parez nos observations à celles de M. Tabbé Frizon, faites 
en 1868 à Verdun, ville située cependant loin de la mer (i); 
cette comparaison permettra de constater qu'à toutes les épo- 
ques de l'année, au Sénégal, la tension de la vapeur égale 
ou dépasse la tension de la vapeur dans les trois mois les plus 
chauds de Tété en France. La moyenne de trois mois d'hiver 
est, à Saint-Louis, à peine au-dessous de celle des mois d'été à 
Verdun (2). 

La tension moyenne de la vapeur d'eau est pour Tannée de 

Cette moyenne est très-inférieure à celle conclue pour Co- 
rée de quatre années d'observations. Nous avons dit que la 



(1] ÀnnAMire de la Société météorologique de France, tome XVIL 
(3) La température la plus basse observée à Paris est ~27,S (Montargis, 
9 déc. 1871) ; on a dond une limite de la tension de la vapeur qui est celle de 
la saturation à ce degré, puisque dans ces minima extrêmes Tair est tou- 
jours très-près de la saturation. Or, à -^21^ la tension est de 0™m,5 environ, 
et le poids en grammes, par mètre cube 0,50 à 0,60. 

La tension maximum n'est point connue. Tout ce que Ton peut dire, c'est 
que le 29 octobre 1873, à 6 heures du soir, on a trouvé la tension égale à 
19«m j (therm. sec, 26^3; humide, 23,4; humidité, 77 ; nébulosité, 7 ; vent SE 
nul (Parc de Saint-Hanr). D'après une note communiquée par M. E. Renou, 



206 CLIMAT DE SA1NT*L0UI$. 

moyenne déterminée pour cette Tille devait être trop élevée^ 
et que les observations psychométriques que nous avons faites 
pendant trois mois à Corée indiquaient des naoyennes toujours 
inférieures à celles déterminées par les observateurs qui nous 
ont précédés. Il faut cependant constater que Thumidité est 
beaucoup moins forte à Saint-Louis qu'à Corée. 

C'est surtout dans la saison sècbe et particulièrement dans 
les trois mois de Tbiver que la différence entre l'état hygro- 
métrique de l'atmosphère des deux villes est très-sensible. 
Nous avons déjà signalé la modification profonde que le par- 
cours du bras de mer qui sépare Corée de la côte apportait 
dans la sécheresse des vents d'Ë; cette sécheresse n'est jamais 
que très-modérée, tandis qu'à quelques kilomètres de là^ à 
Bufisque par exemple, les vents d'E donnent des journées 
comparables par leur sécheresse à celles que Ton observe dans 
Fintérieur du pays. 

Trois mois d'observations faites simultanément à Saint- 
Louis et à Corée, sous notre direction, permettent d'établir ce 
parallèle entre ces deux villes d'une manière extrêmement 
précise. 

Moyennes h7irroBiétrl4ve0 en 1894. 

TENSION DE LA TAPEUR. BITHlDITlâ BELATIYI» 

K St-Loul8. A Corée. A St -Louis. A Corée. 

mm mm 

Décembre. . 10,01 12,60 53 64 

Janvier. . . 10,38 1^19 64 68 

Février. . . 9,55 11,01 ' 58 67 

Ce tableau suffirait pour démontrer la sécheresse beaucoup 
plus grande de l'atmosphère de Saint-Louis, dans la saison où 
les vents d'E soufflent le plus souvent. L'examen des extrêmes 
fera encore mieux ressortir cette différence. 

Voici deux journées dans lesquelles le vent d'E a soufflé 
simultanément sur ces deux points de la colonie, et qui ont 



^TAT HTGBOHiTlUQUE. 207 

donné dans la première des deux Tilles les minima absolus 
de deux mois consécutifs. La tension de la vapeur observée 
a été : 

A Saint-Louis. A Gorëe. 

Le 24 janvier 4™™,00 8"",75 

Le 12 février 1»»,78 S^^jiS 

Si nous cherchons les minima extrêmes observés chaque 
mois dans les deux villes^ nos observations nous donnent les 
résultats suivants : 

Hinima absolus de la tension de la vapeur 

A SalDt*Loai& A Corée. 

« 

mm mm 

Janvier 4,00, le 24. 6,79, le 5. 

Février 1,78, le 12. 6,50, le 13. 

Mars 3,47, le 3. 7,84, le 8. 

Hinima absolus de l'bnnLidité relative 

A Saint-Louis. A Corée. 

Janvier 14, le 24. 43, le 24. 

Février .... 6, le 12. 32, le 16. 

Mars 13, le 3. 35, le 6. 

• 

Tous ces minima se sont présentés dans les journées où le 
vent avait soufflé dans une direction E ou NE. Les différences 
considérables qui existent dans Tétat d- humidité des atmo- 
sphères de Gorée et de Saint-Louis rendent compte des diffé- 
rences de climat des deux villes. Le climat de Gorée est de 
beaucoup le plus doux et le plus constant. 

La tension de la vapeur d'eau peut varier, à Saint-Louis, 
dans Tannée, de l°*°*,78 à 31"'"*,57, et dans ce même mois de 
1«»,78 à i6"^,92 (février), ou de 18"»°»,9 à 31"^"»,57 (septembre). 

A Verdun^ en 4868, le minimum de la tension de la vapeur 
d'eau fut, le 2 janvier, de i"",ll; le maximum de iS°^,63, le 



208 CLIMAT DE SAITfT-LOUIS. 

7 août. La Tariation annuelle fat donc de U^,^^ àVerdan (i), 
tandis qu'à Saint-Louis elle peut atteindre 30™ J9^ plus du 
double. 

Ety ce qui carafctérise le climat de Saint-Louis : tandis que 
la Tariation hygrométrique observée en France correspondait 
à une oscillation de température de S^'^A ; à Saint-Louis^ la 
différence entre les températures des moments de ces deux 
observations extrêmes n'a atteint que 3^^Q. 

Ceci démontre de quelle importance doivent être, au Séné- 
gal, les variations hygrométriques, et combien elles sont peu 
en rapport avec les variations thermométriques. Le climat de 
Saint-Louis, dont la température varie dans des limites assez 
faibles, présente au contraire une extrême variabilité relati- 
vement à rhumidité. 

L'humidité relative a varié, à Saint-Louis, dans la même 
année, de 6 centièmes à la saturation complète, et dans le 
même mois (avril) de 9 à 78 centièmes. 

Nous ferons remarquer que, pas plus que les variations de 
la température, ces variations n'influent d'une manière sen- 
sible sur les maladies endémiques. C'est précisément dans la 
saison sèche, dans les mois où les entrées à l'hôpital sont les 
moins nombreuses, que ces variations sont considérables. 
Elles ont cependant une influence marquée sur les maladies 
des indigènes et sur certaines maladies sporadiques ou mala* 
dies chroniques chez les Européens. 



ni. ^ Variations annuelles de l'état hygrométricpie. 

A. — Quantité absolue de la vapeur d'eau contenue dans 
l'air. — Le minimum d'humidité absolue se place en février; 
le maximum en septembre, mois du maximum thermal. La 
marche de la tension de la vapeur d'eau suit celle de la tem- 
pérature. 

(1) Â Paris, elle atlelnt ]9»m,2 d'après la note ci-dessus. 



209 



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SAINT- LOUIS 

%^<yfimes métèorohgfçues et état sanitaire 



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210 CLIMAT DE SAINT-LODIS. 

Si nous examinons les moyennes horaires de chaque mois^ 
les cinq séries qu'elles nous fournissent nous donnent des 
courbes qui ont une marche voisine de celles des tempéra- 
tures correspondantes. Cependant le parallélisme de ces cour- 
bes entre elles n'est pas complet. Par exemple, les moyennes 
de 10 heures du matin donnent une courbe annuelle qui 
croise celle des moyennes de 6 heures du matin, ce qui in- 
dique que le mouvement annuel de la quantité absolue de 
vapeur d'eau ne se fait pas complètement de la même ma- 
nière^ suivant les heures et les saisons que Ton considère. 

B. — L'humidité relative suit, dans sa marche annuelle, 
une loi d'ascension et de baisse voisine de celle de la quantité 
absolue de la vapeur d'eau ; toutefois ces variations ne sont 
pas exactement parallèles à celles des variations de celte quan- 
tité. Ainsi, à partir d'août, l'bumidité relative baisse, tandis 
que la tension de la vapeur continue d'augmenter jusqu'en 
septembre. L'humidité relative baisse avec une rapidité beau- 
coup moindre que l'humidité absolue. Le minimum de l'hu- 
midité, le moment de la plus grande sécheresse relative, est 
en décembre et non pas en février. Tandis que la quantité 
absolue de vapeur d'eau n'offre qu'un seul maximum et un 
seul minitnum annuel, il y a dans la saison sèche des oscilla- 
tions de l'humidité relative, d'un mois à l'autre, analogues à 
celles que nous avons signalées à Corée. Ces oscillations 
sont sous l'influence des vents d'E qui se présentent par séries 
plus ou moins longues, suivant les années, et placées irrégu- 
lièrement dans la saison sèche. 



IV, _ Variations diurnes de l'état hygrométriq[ii0. 

A. — Quantité absolue de la vapeur d'eau. — Dans l'hiver- 
nage, les variations diurnes de la quantité absolue de la va- 
peur d'eau sont peu considérables. Cette quantité s'élève ou 
s'abaisse légèrement avec la température. 

Il n'en est pas de même dans la saison sèche* La quantité 



iTAT HYGROMÉTRIQUE. 211 

absolue de vapeur â*eau, au lieu d'augmenter de 6 heures à 
10 heures du matin , au moment de l'ascension de la tempé- 
rature^ s'abaisse; de sorte que le maximum diurne se trouve 
vers 10 heures du matin. A 1 heure du soir, la quantité de 
vapeur d'eau s'est à peine élevée au-dessus de celle de 6 heures 
du matin ; mais Taccroissement de cette quantité se fait rapi- 
dement de 1 heure à 4 heures, et se maintient jusqu'à 9 heures 
du soir. La tension de la vapeur va donc en diminuant dans 
la première moitié de la journée, précisément au moment où 
la température possède son plus grand mouvement ascen- 
sionnel. Voici l'explication de cette anomalie : 

Dans les mois de décembre à mai^ un mouvement rapide 
d'ascension de la température correspond très-souvent dans 
la matinée à l'arrivée d'une forte brise de vents du NE à TE. 
Connaissant les propriétés de ces vents^ nous ne devons pas 
être étonnés de voir^ sous leur influence, la sécheresse de l'air 
devenir considérable, aussi bien d'une manière absolue que 
relative. L'évaporation ne peut être assez grande pour fournir 
en un moment^ à l'atmosphère arrivant du désert, l'eau qui 
lui manque. 

Les minima extrêmes de la tension de la vapeur d'eau ont 
toujours été observés à iO heures du matin, excepté celui de 
février qui a eu lieu à 1 heure, le i t, par un très-fort vent d'E. 

Pendant Thivernage, le minimum de la tension de la va- 
peur d'eau a lieu la nuit, avant 6 heures du matin. 

Dans la saison sèche et à la fin ainsi qu'au début de Thi- 
vernage, le minimum de la tension de la vapeur d'eau a lieu 
vers 10 heures du matin, le maximum vers 2 heures, posté- 
rieurement au maximum thermal, et en coïncidence avec les 
brises du N ou NO, qui succèdent ordinairement aux brises 
d'E, dans l'après-midi. 

En résumé, dans les quatre mois de la saison des pluies, 
l'humidité absolue varie peu et dans le même sens que la 
température. 11 y a, par jour, un seul minimum et un seul 
maximum^ et les moments de ces extrêmes doivent être voi- 
sins des moments des extrêmes de la température. 



212 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS. 

Dans les mois de la saison sèche^ le minimum se présente 
non la nuit^ mais dans le jour. S'il y a une oscillation hygro- 
métrique^ autre qu'une baisse régulière de 9 heures du soir à 
6 heures du matin^ nos observations ne nous permettent pas 
d'en avoir de trace. 

B. — Quantité relative de la vapeur d'eau ou humidité rela- 
tive. — Nous trouvons encore une modification considérable 
dans la marche des moyennes hygrométriques, aelon que Ton 
considère soit la saison humide^ soit la saison sèche. Dans 
toutes ces saisons, la marche diurne de Thumidité relative se 
fait bien, comme dans les autres contrées, en sens inverse de 
celle de la température; c'est-à-dire que le maximum de 
rhumidité se place dans la nuit et le minimum dans le jour. 
Mais rheure de ce minimum varie considérablement, suivant 
la saison. Dans la saison d'hivernage, en juillet et août^ le 
minimum a lieu entre 10 heures et 1 heure du soir; corres- 
pondant ainsi au maximum thermal. De novembre à la fin de 
mars, il se rapproche de 10 heures. Dans la saison sèche, c'est 
vers 1 heures du matin qu'a lieu le minimum de rhumidité 
relative. 

En résumé, dans rhivernage, l'humidité relative croit et 
décroit, dans le jour, en sens inverse de la température et de 
l'humidité absolue, comme dans les autres contrées. Tandis 
que dans la saison sèche, l'humidité relative suit la même 
marche que l'humidité absolue. Ceci est une particularité 
très-remarquable du climat de Saint- Louis et mérite d'attirer 
l'attention. Les vents du désert sont la cause de cette modifi- 
cation profonde que subit l'atmosphère de Saint-Louis. 



V. — Influence des vents sur l'état hygrométrictae. 

Les roses exprimant la tension de la vapeur d'eau, par cha- 
cun des vents qui soufflent dans les mois du centre de l'hi- 
vernage^ ne présentent rien de bien tranché. On peut dire 



iTAT HYGROMÉTRIQUE. 213 

que, dans cette saison, les vents portent un air marin qui, à 
i heure du soir, est toujours à peu près également chargé 
d'humidité. La quantité absolue de vapeur d'eau contenue 
dans Tair par les différents vents e^t en moyenne, tantôt supé- 
rieure, tantôt inférieure à la moyenne des mois correspon- 
dants, mais n'en diffère jamais que de quantités très-faibles. 
Il n^en est pas de même pour la saison sèche, comme on 
peut en juger par le tableau ci-dessous. 

Tenmn de la mpeur â^eaUy m mUîimètres, à i heure du soir. 

Excès sar la moyenne par vent de 
Moyenne. — mi ' — 

N NE E NO 

Décembre .... i0,3t +4,95 —1,99 —7,28 +4,32 

Janvier 10,29 +3,11 —3,73 —3,78 +2,3« 

Février 8,97 +3,62 -4,66 —1.89 +3,44 

Humidité relative en centièmes. 

Excès sar la moyenne par vent de 



Décembre 
Janvier, . 
Février. . 



• . . . 



Moyenne. 


N 


NE 


E 


NO 


44 


+31 


— n 


—25 


+24 


55 


+22 


—29 


—28 


+ 17 


43 


+30 


^29 


—14 


+29 



Dans ces trois mois, les vents ne soufflent que des directions 
comprises entre le NO et TE, en passant par le N. Les vents 
du N et de NO sont très-humides^ comme la situation de Saint- 
Louis devait le faire prévoir. Leur présence élève la moyenne 
de la pression hygrométrique de 3 à 5 millimètres, c'est- 
à-dire d'environ la moitié de sa valeur. 

Les vents de NE et ceux d'E sont très-secs^ ils diminuent la 
moyenne de la quantité absolue de la vapeur d'eau d'une 
quantité qui, pour les vents d'E^ est très-considérable et par- 
fois atteint la Qioitié de cette quantité. 11 en résulte qu'en dé- 



214 CLIMAT DE SAUrr-LOtlS. 

œtnbre, lorsque le vent soufflait du N, la quantité absolue de 
vapeur d'eau contenue dans Tair correspondait à une pression 
de 1 5'''^^26 de mercure, tandis que, lorsqu'à la même heure^ le 
Tent soufflait de TE, la quantité absolue de la \apeur d'eau 
ne donnait plus qu'une pression de 3"»*,03, c'est-à-dire qu'elle 
était cinq fois moins abondante (1). Ces chiflfres s'appliquent 
pour le mois de décembre à des moyennes résultant, pour les 
yenls du N et NO^ de 14 observations; pour les vents d'E et 
de NE, de 17 observations. 

Les vents de NE sont moins secs que ceux de TE, 21 obser- 
vations des vents de NE et 22 du vent d*E, dans l'hiver, nous 
donnent des moyennes pour ces vents qui sont l'une seule- 
ment au-dessous de la tension moyenne de 3,59, tandis que 
l'autre Test de 5,01. 

Les roses hygrométriques des vents accusent fortement 
cette influence des vents d'E et de NE; elle a été aussi très- 
sensible en novembre. Nous regrettons de ne pouvoir donner 
ici ces figures. 

L'humidité relative suit, par rapport aux vents dominants, 
les mêmes lois que rhumidité absolue. Dans les quatre mois 
du centre de Thivernage, les moyennes hygrométriques, par 
chaque vent, diffèrent en général extrêmement peu des 
moyennes générales. 

Mais dans les premiers mois de la saison sèche, les oscilla- 
tions sont considérables; on peut en juger par la seconde 
partie du tableau ci-dessus. 11 montre que pour les trois pre- 
miers mois, rhumidité varie en moyenne à 1 heure du soir 
entre 76 centièmes par vent de N, et 23 centièmes par vent de 
NE. Un changement de vent du N au NE peut donc apporter 
dans l'état hygrométrique de l'air des changements qui, en 
moyenne, sont à peu prè? comme 1 est à 4. En étudiant les 
extrêmes de sécheresse et d'humidité, on a pu voir plus haut 

(1) En France, d'après M. Renoa, la tension ne Tarie généralement que de 
2 à 3 miUimôtres dans un joar; la variation moyenne ne parait guère dépas- 
ser 1"*« ou 1""»,60. 



ÉTAT HTGROHiTRIQUE. 2i5 

que ces variations, si considérables déjà comme moyennes^ 
devenaient extrêmement fortes dans certains cas particuliers. 
Ces changements donnent au climat de Saint-Louis ces varia- 
tions brusques que Ton attribue à tort à la température; ils 
sont extrêmement intéressants à étudier^ non-seulement au 
point de vue de la physique^ mais encore à celui de la méde- 
cine. 



CHAPITRE VIIL 



OZOlfB. 



Nous n'aTODs trouvé aucune indication d'observations ozo- 
noscopiques faites au Sénégal, antérieurement aux nôtres. 

Le papier ozonoscopique se conserve bien au Sénégal, il se 
sensibilise après une exposition plus ou moins longue, variable 
avec les circonstances météorologiques du moment et trempé 
alors dans Teau distillée, il prend une coloration qui, dans les 
teintes claires, est plutôt rosée que violette. 

Excepté les observations du mois de juin, faites par nous 
sous une galerie largement exposée au N, toutes les obserya- 
tions ont été faites sous Tabri tbermométrique de Técole des 
frères. Par suite de la situation de cet observatoire, notre 
papier se trouvait hors de portée de toute végétation. Le papier 
était comparé à Téchelle de James, de Sedan, deux fois par 
jour, le matin et le soir, à 6 heures, toujours après une expo- 
sition de 12 heures. Le papier était placé dans un châssis 
composé de deux petites plaques d'ébène liées entre elles par 
une charnière et percées toutes deux d'une fenêtre d^une 
dimension un peu inférieure à celle du papier. Ce petit appa- 
reil s'ouvre et se ferme à la manière des porte-monnaies et 
tient le papier fixé par ses bords tout en le maintenant tendu. 
Cet instrument se suspend par un anneau auprès des thermo- 
mètres, il est parfaitement mobile et oscille aux souffles des 
vents, sans que le papier puisse être enlevé. 

Placé sous l'abri, le papier est préservé du soleil, de la rosée 
et de la pluie. Le tableau donné à la page 192, indique les ré- 
sultats généraux auxquels nous sommes parvenus. 

On ne peut considérer ces chiffres comme exprimant la 



ozoïfE. 217 

quantité d'ozone existant dans Tair. ils indiquent seulement 
riotensité de la coloration produite par la présence de Tozone, 
intensité qui peut n'être pas exactement proportipnnelle à 
l'abondance d'ozone^ mais cependant croit et décroît suivant 
que cette abondance est plus ou moins grande, dans des pro- 
portions qui ne sont ni connues ni probablement régulières. 

La moyenne annuelle de Tozone est de 6% les moyennes de 
chacune des deux saisons sont également de G"". 

Dans la nuit, l'ozone produit toujours une coloration dçux 
fois plus forte que celle obtenue par l'exposition dans la journée. 
Les cas dans lesquels Tozone a été en plus grande quantité dans 
la journée sont extrêmement rares. 

Les cas où l'ozone a disparu complètement pendant 2i heures 
sont aussi très-rares. Nous avons compté cinq observations 
d'absence d'ozone : les 26 et 30 novembre, 10 et ii décembre» 
5 février ; toujours par vent d*E ou de NE. - 

Dans la journée, l'ozone a fait défaut : dans la saison sècbe, 
21 fois ; dans l'hivernage, 10 fois; 6 fois en novembre; 4 fois 
en août. 

Dans l'hivernage et au mois de novembre, cette absence a 
toujours coïncidé avec des vents de l'E au NE. Au mois d'août, 
sur quatre jours, une fois le yent soufflait du SE (le 28), les 
autres fois du SO. 

Le maximum atteint a été le 18* degré de coloration. Sou- 
vent le maximum a coïncidé avec les jours de pluies dans l'hi- 
vernage, et avec les fortes rosées de nuit et les brouillards du 
matin, en décembre et janvier principalement. 

Si nous comparons les données ozonoscopiques que nos ob- 
servations nous ont fourni, à Saint-Louis, à celles qui, dans 
l'année (1873), ont été recueillies à l'observatoire de Mont- 
souris, nous voyons que les résultats ne diffèrent pas con- 
sidérablement pour les moyennes mensuelles. Les forts 
niaxima de coloration sont au Sénégal moins élevés et moins 
fréquents qu'à Paris. 

Nous ayons cherché à comparer dans quelques expériences 
la rapidité d'impressionnabilité du papier dans les jours 



218 CLIMAT DE SAIirr-LOUIS. 

d'orage ou de tornade. Toujours nous avons constaté qu'avant 
l'arrivée des tornades, 4'ozone semblait avoir presque complè- 
tement disparu ou qu'au moins une exposition d'une heure à 
deux heures ne suffisait pas pour obtenir une coloration appré- 
ciable. Immédiatement après le passage des tornades, l'ozone 
apparaissait toujours avec une rapidité très-grande et avec 
une abondance qui paraissait très- forte, à en juger par l'in- 
tensité de la couleur. 

La marche des moyennes ozonoscopiques mensuelles pré- 
sente la même régularité, qu'il s'agisse des observations de 
nuit ou de celles de jour. (Voir pi. XIII, page 209.) 

La marche en sens contraire de la courbe de l'ozone et de 
celle de l'évaporation, est le phénomène le plus caractéristique 
que nous puissions reconnaître. Ces deux courbes ont une 
marche inverse tellement régulière, que la même courbe 
pourrait les représenter, en changeant les signes exprimant la 
valeur de Tune d'elles. 

A Saint-Louis, l'abondance de l'ozone ne suit pas la marche 
assez simple que les observations de M. Bérigny, à Ver- 
sailles (i), ont permis de reconnaître pour cette ville^ d'après le 
docteur Bérigny : 

1<> Lorsque la température s'élève^ l'ozone diminue ; 

2"* Lorsque la force élastique de la vapeur d'eau et l'humi- 
dité relative augmentent, l'ozone suit la même progression. 

A Saint-Louis, l'ozone croît ou décroît en raison inverse de 
la température de décembre à mars ; de mars à juin, l'ozone 
augmente avec la température ; de juin à décembre, l'ozone 
décroît constamment, tandis que la température est ascen- 
dante pendant trois mois et baisse pendant trois autres mois. 
L'ozone suit la même progression à Saint-Louis que l'humi- 
dité relative. Mais il y a une exception à cette règle, de juillet 
à septembre. 

Si nous comparons les moyennes ozonoscopiques aux chilTres 
exprimant l'état sanitaire de l'hôpital de la ville de Saint- 
Ci) Annuaire de la Société météorologique de France^ 1866, t. IV, p. Î9. 



OZONE. 219 

Louis (i), nous ne trouvons aucune relation constante entre 
Tozone et Tétat sanitaire ; que nous considérions les entrées 
totales à Fhôpital^ les entrées pour maladies sporadiques ou 
celles pour maladies endémiques d'origine paludéenne. 

A Saint- Louis et à Gorée^ le mouvement des malades dans 
les hôpitaux. de notre colonie, donne des chiffres assez consi- 
dérahles pour offrir relativement à la salubrité des indications 
d'une grande valeur. La courbe des entrées à Thôpital, pour 
maladies endémiques, offre, dans ces deux villes, un parallé- 
lisme très-accentué avec celle des moyennes thermomé- 
triques ; elle s'élève et s'abaisse très-régulièrement avec la 
courbe de ces moyennes qui, nous venons de le dire, n'offre 
aucune relation simple avec la courbe des moyennes de To- 
zone. 

Nous avons exposé au mois de mars 1874, à Thôpital de 
Corée, pendant dix jours de suite, du papier ozonoscopique, 
dans deux points du nouvel hOpital : dans une galerie, au 
premier étage, exposée largement au N ; dans une salle de 
malades, contenant vingt malades en moyenne. Il y avait en 
ce moment dans les salles des hommes atteints de fièvres in- 
termittentes, et de cette redoutable manifestation de l'empoi* 
sonnement palustre, connue sous le nom de fièvre bilieuse 
mélanuriquc, si bien décrite par M. Bérenger-Feraud (2). 

Dix observations consécutives nous ont permis de constater 
que le papier exposé sur la galerie donnait des indications 
identiques à celles obtenues par les observations faites simulta* 
Dément à l'observatoire de Tccole de Corée. Le papier placé 
dans la salle, de 6 heures du soir à 6 heures du matin, a donné 
constamment une coloration beaucoup plus faible; ainsi, à 
une coloration de 20 degrés à la première observation, faite 
sous la galerie, correspondait la coloration n<> 6. Les jours sui- 

(1) La statistique médicale correspondant aux mois de nos observations a 
été faite par le médecin en chef da Sénégal, M. le D' Bourgarel, qui a bien 
voulu mettre ces chiffres i notre disposition, et auquel nous devons des remer- 
ciements pour la façon dont il a favorisé de toutes manières nos recherches. 

(2) De la fèvre mikmwrique des pays chauds. Paris, 1874. 



220 CLIMAT DB SAINT-LOUIS. 

Tants, à des colorations \ariant entre iO et 12 degrés sous la 
galerie et à robservatoire^correspondait/dansTintérieurde 
la salle des malades, une coloration de 3 à 6 seulement. 

Toutes ces observations ont été faites la nuit, au moment où 
Tuzone est toujours en plus grande abondance. 



CHAPITRE IXs 

DU ORAGBS ST DBS TORNADES A SAUfT-LOUIS, A 60liB 
n SUE LE LITTOKAL DU SÈOSÈûàL. 



X. — ObMrvtttlolUk 

Pour étudier le phénomène si intéressant des orages et des 
tornades de cette partie de la côte occidentale d'Afrique^ nous 
avons commencé par recueillir dans les journaux météorolo* 
giques de Gorée^ les diverses annotations relatives aux éclairs, 
au tonnerre^ aux orages et aux tornades. Mais les brèves anno- 
tations qui signalent la présence de ces météores dans Tatmo- 
sphère de Tile de Corée, ne p3uveut suffire pour nous instruire 
sur leur nature. Même au point de vue de la statistique, 
Timportance de ces données a beaucoup moins de valeur 
que n'en ont les résultats cbtenus relativement aux autres 
phénomènes météorologiques étudiés jusqu'ici. Non*seule- 
ment les chiffres fournis par les différentes années sont loin 
de se rapprocher les uns des autres, mais encore ils présen- 
tent entre eux d'assez grandes discordances. Ce fait provient 
de ce que, dans certaines années^ Tobservateur a relevé avec 
soin la moindre manifestation électrique se montrant au-des- 
sus de rhorizon, tandis que dans d'autres années^ les orages 
passant dans le voisinage du zénith, ont été les seuls dont on 
ait tenu compte. 

L'insuffisance de ces documents nous a mis dans la nécessité 
d'en obtenir de plus complets et de plus détaillés. 

Nous nous sommes adressés au colonel Yalière^ gouverneur 
du Sénégal, qui a bien voulu donner à nos recherches le con- 
cours de son autorité. Assuré de la collaboration des employés 
du télégraphe^ nous avons pu organiser pendant l'hivernage 



222 CLIMAT DB SAINT-LOUIS. 

de 1873, un service d'obserrations des orages et des tor- 
nades. 

La ligne télégraphique fonctionne au Sénégal entre le port 
de Dakar et la ville de Saint- Louis, en passant par les postes de 
RufUquej M'Bidgetnj BéUUy Gandiole. 

Ces postes suivent le bord de la mer en s'enfonçant très-peu 
dans rintérieur. 

Les distances qui séparent ces postes sont : 

De Dakar à Rnfisqoe 22 kilomètres. 

De Rafisque à M^Bidgem . • . • 30 — 

De M*Bidgea à Bélète 60 — 

De Bétête à Gandiole 66 — 

De Gandiole .à Saint-Louis. • • . 18 — 

A la fin de chaque semaine, les employés de ces diverses 
«talions adressaient au gouverneur des feuilles, toutes con- 
formes au même modèle, sur lesquelles étaient inscrits pour 
chaque jour : les orages ou les tornades ayant passé sur la 
station ou dans son voisinage, Tindication de la nature du 
phénomène observé, l'heure de son début, sa durée, son in- 
tensité, la force et la fréquence du tonnerre et des éclairs, les 
interruptions télégraphi(|ues, la direction du vent au moment 
du début de l'orage, la direction vers laquelle disparaissait le 
météore, enfin les diverses modifications atmosphériques 
dont il était accompagné ou suivi, tels que vent, pluie, chute 
de la foudre* 

Pendant toute la durée de l'hivernage i873, ces documents 
ont été très-régulièrement recueillis. 

Il nous a été facile de les résumer dans des tableaux men- 
suels. Ces tableaux ont été joints aux journaux des observa- 
tions météorologiques faites en ce moment sous notre direc- 
tion, à Saint-Louis, et dont la publication sera faite par les 
soins de la Société de météorologie. 

Malgré l'importance de ces documents, nous avouerons 
qu^ils ne nous ont pas permis d'atteindre encore complète- 



DES ORAGES ET DBS TORNADES. 223 

ment le bat que dous nous proposions. Nous avions Tespoir 
que toutes ces observations faites simultanément, dans six 
points du Sénégal assez éloignés les uns des autres, étant 
mises respectivement en regard, nous permettraient de suivre 
d'une manière évidente la marche d'un certain nombre 
d'orages à travers le pays. Nous espérions pouvoir déduire 
cette marche, des coïncidences, des avances ou des retards des 
heures signalées, des diverses directions indiquées dans la 
progression de ces orages, de la vitesse de celte progression, 
ainsi que des autres particularités. Nous avions principale- 
ment pour but do trouver la distinction qui aurait pu exister 
entre les orages et ces mouvements tournants signalés depuis 
longtemps à la côte d'Afrique, et connus sous le nom de tor- 
nades. 

Nous sommes arrivés sous ce dernier rapport à certains ré- 
sultats. Nos relevés mensuels montrent que le plus souvent 
les orages peuvent être considérés comme se rattachant à des 
tornades passant soit sur le lieu même de Tobservation, soit 
dans son voisinage. 

Nous n'avons pas tardé à nous apercevoir que l'un des élé- 
ments les plus importants d'une étude de ce genre nous man- 
quait. Le défaut d'instruments ne nous permettait d'étudier 
la pression atmosphérique qu'à Saint-Louis, l'un des points 
extrêmes de la ligne télégraphique. Ces observations présen- 
taient en outre une particularité qui, avantageuse à certains 
points de vue^ avait, d'un autre côté, des inconvénients très- 
notables. 

Les différents postes télégraphiques de Dakar à Saint-Louis, 
se trouvent (excepté Dakar) placés tous sur une ligne droite, 
parallèle à la direction de la côte, c'est-à-dire marchant à peu 
près du S au N. 11 fallait donc qu'une bourrasque ou une 
tornade se trouvât suivre précisément cette direction, pour 
qu'elle fût signalée à diverses heures successives, le même 
jour sur toute la ligne télégraphique. 

Le fil télégraphique tendu parallèlement à la côte se trouve 
admirablement bien placé pour permettre d'enregistrer la 



224 GLIMAT DB SAIlfT-LOUIS. 

moindre manifestation électrique se produisant au contact de 
ratmospbère maritime et de l'atmosphère continental. Cepen- 
dant les stations seraient plus avantageusement placées, si 
elles occupaient divers {joints d'une courbe circonscrivant une 
région ; il serait plus facile alors de suivre la marche d'un 
météore à travers cette région, car on connaîtra deux ou 
même trois points de son passage au lieu d'un seul. 

Nous verrons que c'est le plus souvent dans une direction 
voisine du S au N, que les tornades se meuvent, dans leur 
mouvement général, aussi nous a-t-il été permis d'en suivre 
quelques-unes qui marchaient parallèlement à la direction 
du fil télégraphique, et d'avoir ainsi une idée de la vitesse de 
translation du météore. 

Avant d'entrer dans l'exposé des résultats auxquels condui- 
sent ces observations, prévenons le lecteur qu'il trouvera la 
question des orages et des tornades résolue d'une manière fort 
incomplète. Nous ne pouvons avoir la prétention de répondre 
à toutes les exigences de la curiosité scientifique. Ce cha[âtre 
n'est qu'un essai. Nous espérons qu'il recevra d'observateurs 
plus expérimentés ou plus favorisés que nous par les cir- 
constances, le complément nécessaire et les corrections indis- 
pensables pour servir à une théorie des tornades et des orages 
de la côte d'Afrique. 

Nous nous sommes posé une série de questions pour les- 
quelles nous avons demandé des réponses aux observations 
que nous avions entre les mains. 

Plusieurs de ces questions ne recevront que des réponses 
dubitatives, d'autres ne pourrorfl en recevoir que d'hypothé- 
tiques, et ce sont malheureusement les problèmes les plus 
importants, qui souvent n'auront que des solutions incom- 
plètes ou insuffisantes. Le nombre de ces solutions, qui 
peuvent demeurer comme acquises à la vérité, est malheu- 
reusement assez restreint. 

Les Européens habitant le Sénégal ont détourné le mot 
Tornade de son sens spécial, et pour eux, tous les orages 
prennent cette dénomination. Si l'on considère une assez 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 225 

grande région^ comme celle qui sépare Saint-Louis de la 
presqu'île du Cap-Vert^ celle confusion ne présente aucun in- 
convénient. 

La distinction à faire entre la tornade et l'orage n'a plus 
alors la même importance, et nous serons les premiers à con- 
fondre dans une même stalislique les orages et les tornades. 
Nos observations nous montrent en effet que^ lorsque des 
phénomènes de mouvements violents dans ratmosplière sont 
signalés simultanément, ou à de très-courts espaces de temps, 
sur plusieurs points de la ligne télégraphique, ils le sont sous 
des dénominations différentes, s'ap;»li(|nant à des aspects 
différents d'un grand mouvement météorique, qui n'est autre 
pour nous qu'un de ces mouvements tournants, connus sous 
le nom de bourrasques^ et qni a reçu des marins naviguant sur 
la côte d'Afrique le nom particulier de tornade. 

Mais si Ton veut considérer les diverses formes, les divers 
aspects de ce mouvement tournant, dans le point sur lequel 
il passe et par rappoit à ce point, il faut admettre des distinc- 
tions. Pour Un point isolé, comme Tîle de Gorée, par exemple, 
on peut distinguer : 

Des orages sans tornades. 

Des tornades suivies d'orage au moment même de leur 
passage sur le lieu de l'observation . 

Des tornades sans orage ni pluie, constituées uniquement 
par un mouvement des nuages et un vent particulier. Ces 
dernières ont reçu le nom de tornades sèches. 

Il est extrêmement rare de voir un orage précéder 
la tornade, et nous croyons que, dans ce cas exception- 
nel, on a affaire à deux mouvements atmosphériques suc- 
cessifs. 

La présence d'un orage împlique-t-elle la conséquence 

forcée d'une tornade dans le voisinage? Nous ne pourrions le 

dire avec certitude, nous croyons qu'il y a des orages sans 

tornade, orages qui se forment sur place, car il faut bien que 

('orage débute quelque part, et Ton doit pouvoir paifois 

assister à ce début. Cet orage ainsi formé, peut-il être le 

15 



226 CLIBIAT DE SAINT-LOUIS. 

point de départ d'un mouvement atmosphérique, d'une 

« 

tornade ? La chose est probable^ mais non établie par les 
faits. 



n. — Des orages. 

Voici la description d'un orage sans tornade, que nous 
avons observé à Corée, au mois d'août i 872, ou plutôt la des- 
cription d'une journée d'hivernage, pendant laquelle nous 
avons assisté à la formation et à l'explosion d'un orage sur 
l'horizon de Corée. On peut la prendre pour type de ces 
journées pénibles de la mauvaise saison, pendant lesquelles 
tout le monde pressent, avec juste raison, un orage pour la 
soirée. 

La veille, dans la nuit, l'air a été rafraîchi par un orage 
suivi d'une pluie courte, mais abondante. Après cette nuit, le 
soleil se lève au milieu de nuages qui paraissent dissipés par 
sa présence. A peine quelques bouffées de vent de SO se font 
elles sentir dans la matinée fraîche et agréable. Le ciel n'est 
parcouru que par de légers flocons blancs, qui s'irradient en 
éventail en changeant lentement de formes. 

Quelques instants après le lever du soleil, le thermomètre 
marquait à Tombre 27\ Sous l'influence du calme, la chaleur 
s'élève modérément, et à 9 heures du malin, malgré l'usage 
du parasol, une course est déjà une assez pénible corvée. 
Le sol, mouillé par la pluie de la nuit précédente, ne fatigue 
cependant pas les yeux de cette réverbération pénible de la 
lumière, l'une des causes qui, s'ajoutant à la chaleur et à 
l'infection paludéenne, rendent si dangereuses les insolations 
à cette époque de l'année. 

A 40 heures, malgré une élévation de 2» sur la tempéra- 
ture du malin, la chaleur est très-supportable, il est permis 
de déployer une certaine activité. La brise de SO est un peu 
plus forte, mais elle est irrégulière et semble par moment 
vouloir tomber. 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 2SI7 

Q est midi; le thermomètre continue son ascension. A une 
beure^ il attmnt 30o. Le soleil se voile par instants et quelques 
nimbus parcourent le ciel dans la direction du S au N, tandis 
que la direction des vents inférieurs oscille entre TO et le SO, 
mais ces vents sont très-faibles et^ par moment, il fait corn* 
plétement calme. 

Cet état général de Tatmosphère persiste, la chaleur con- 
tinue d'augmenter lentement. A A heures, le thermomètre 
marque 3i^ Le ciel est aux trois quarts couvert de nuages 
8'accumûlant à L'horizon, le calme devient parfait. La chaleur 
est excessivement pénible, et bien qu'après 4 heures le ther- 
momètre monte à peine de 0%5, la chaleur semble augmenter 
considérablement; on est étonné, en jetant les yeux sur le 
Ihermomètre, de ne pas voir une ascension plus étendue de 
la colonne mercurielle correspondre à cetle sensation. Le 
corps se couvre de sueurs au moindre mouvement un peu 
actif. 

Il est 6 heures, le soleil disparaît dans les nuées épaisses 
accumulées à l'horizon. 11 se couche bientôt au milieu de 
nuages qu'il dore de teintes d'un rouge cuivré très-éclatant. 
Le calme persiste. Le thermomètre reste élevé. Quelques 
bouffées de brises variables de l'O au SO donnent à peine une 
fraîcheur qui ne pénètre pas dans l'intérieur des maisons. Il 
faut sortir ou monter sur les terrasses qui dominent les habi- 
tations pour respirer plus librement et se sentir rafraîchi par 
quelques légers souffles devenant de plus en plus rares. Un 
petit nuage noir passe en courant très-bas, venant du SE, 
et laisse tomber quelques larges gouttes d'eau, trop peu nom- 
breuses pour mouiller le sol desséché. 

Nous rentrons. La chaleur de la maison est étouffante, nous 
cherchons en vain les courants d'air. L'eau que nous avons 
mise à rafraîchir dans des vases ou gargoulettes en terre po- 
reuse, et qui le matin était fraîche, paraît tiède, sa température 
est la même que celle de Teau contenue dans une carafe 
ordinaire. 11 n'est pas nécessaire de consulter l'hygromètre 
pour constater la surcharge de Tair par la vapeur d'eau. Tout 



228 CLIMAT DE SAINT -LOUIS. 

indique une saturation complète de Tair par Thumiditéet 
laisse pressentir que le moindre refroidissement produira la 
précipitation de la vapeur d'eau. La tension de la vapeur est 
de ^3 millimètres. C'est dans des moments semblables que Ton 
peut constater que la sensation de chaleur étouffante que l'on 
éprouve^ est due plutôt à la vapeur d'eau qu'à une élévation 
du thermomètre^ qui n*a par elle-même rien d'extraordi- 
naire. 

L'absence à peu près complète d'ozone dans l'air atmosphé- 
rique doit agir aussi, en ce momeol;, dans un sens défavorable 
à l'économie du corps humain. 

Rien n'est comparable à l'anxiété maladive dans laquelle se 
trouve alors l'Européen. Immobile dans un fauteuil, il a le 
corps couvert de gouttelettes de sueurs, comme celui d'une 
personne qui vient de se livrer à un exercice violent. La fatigue 
que nous éprouvons n'est pourtant pas la même que la fatigue 
du travail. C'est une fiiiblesse des membres^ et surtout des 
jambes, un malaise indéfinissable qui porte à éviter tout mou- 
vement, tout travail physique ou intellectuel et ne permet 
cependant pas le sommeil. Tourmenté par des nuées de mous- 
tiques auxquels il est presque impossible de se soustraire, nous 
cherchons vainement Tair qui semble faire défaut. C'est dans 
des moments pareils que la marche lente des heures inactives 
permet de sentir les ennuis et les souffrances de l'exil, et que, 
suivant l'expression d'un de nos confrères, M. DeIord,« L'àme 
veut quitter sa prison et la livre à la première maladie domi- 
nante qui se trouve là. » 

Il est près de 10 heures; le calnrie est devenu parfait, pas le 
moindre mouvement dans l'air, à la surface du sol. Dans les 
régions supérieures quelques nuages traversent du SE au 
NO et de l'Ë à TO et vont grossir le cercle ou plutôt l'anneau 
qui entoure l'horizon. Le zénith seul reste quelque temps sans 
nuage, mais la partie du firmament où se voient encore des 
étoiles se rétrécit de plus en plus. Bientôt le ciel est entière- 
ment couvert, les éclairs qui depuis un certain temps appa- 
raissaient silencieux à l'horizon deviennent plus nombreux, 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 229 

ils partent de deux points opposés, et semblent se répondre. 
La température se maintient élevée. Malgré la disparition du 
soleil^ elle ne s'est pas abaissée. La sensation de fatigue fait 
place à une sensation plus pénible^ la tcte est comme serrée 
dans un cercle de for; si la lecture et le travail sont encore 
possibles, ils nécessitent une volonté dont Ténerofie va en fai- 
blissant, le travail est d'ailleurs peu productif. Les forces in- 
tellectuelles sont plus déprimées encore que ne le sont les 
forces physiques. 

Enfin, le tonnerre gronde sur plusieurs points de l'horizon à 
la fois, sa voix devient retentissante, tout le ciel s'éclaire 
d'une lueur tantôt rouge, tantôt d'une superbe teinte violette. 
Le bruit redouble, il est parfois strident, bref, saccadé. Tout 
à coup la pluie tombe avec une force de projection et une 
abondance dont nous pouvons donner une idée en constatant 
qu'au moment de sa plus grande intensité, elle a versé sur le 
sol, en moyenne, une couche d'eau d'un millimètre par mi- 
nute. Sous l'influence de cette pluie, l'air devient frais, le ther- 
momètre descend en quelques minutes de 2, 3 et même de 4 de- 
grés. L'harmonie se rétablit dans l'économie humaine comme 
dans l'atmosphère. 

Le météore qui vient de se former ainsi sur nos têtes s'é- 
loigne lentement vers le N, faisant place à une pluie fine, 
d'une durée d'une heure, accompagnée d'un vent modéré va- 
riant du so à ro. 

Tel est le phénomène que l'on peut facilement observer 
plusieurs fois dans un hivernage, avec des variations portant 
sur l'énergie des manifestations électriques, sur la direction 
Nou NO dans laquelle disparaît l'orage, sur la durée de la pluie 
consécutive, durée qui peut atteindre jusqu'à quatre ou cinq 
heures, enfin sur la direction du vent qui suit tarage, ordi- 
nairement le SO. 

L'explication théorique de ces orages doit se trouver dans 
le mouvement ascensionnel des colonnes d*air échauffées et 
surchargées de vapeur d'eau. Cette vapeur d'eau est électrisée 
positivement, tandis que le sol se trouve alors chargé de l'é- 



230 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

lectricité négative qui lui reste, la vapeur d'eau atteignant les 
hautes régions, se refroidit et constitue les énormes nuages 
que nous voyons se former sous nos yeux. 

Ces nuages sont ainsi chargés de l'électricité positive que la 
vapeur d'eau a enlevée au sol au moment de 3a formation. 
De l'influence réciproque du sol négatif et du nuage positif ré- 
sulte les décharges électriques qui constituent Torage. La 
réapparition d'une grande quantité d'ozone immédiatement 
après Torage nous a toujours été révélée par nos observations, 
tandis que l'ozone fait défaut, ou se trouve en très-petite quan- 
tité avant l'orage. 

Cette réapparition de l'ozone, l'abaissement de la tempéra- 
ture, la cessation du mouvement ascendant et raréfiant qui 
constitue le calme, tous ces phénomènes réunis concordent 
au rétablissement de l'état normal, troublé par le trop grand 
échaufTement produit dans la journée par un soleil zénithal, 
frappant une région où les vents faisaient défaut. 

Ne voulant pas rentrer dans des considérations théoriques, 
nous n'essaierons pas d expliquer comment ces orages peu- 
vent ou pourraient devenir le point de départ d'une de ces 
masses météoriques qui, une fois mises en mouvement, tra- 
versent les contrées voisines sous la forme de tornades. Mous 
pensons, sans pouvoir nous appuyer sur des faits, que ces 
orages peuvent devenir l'origine des tornades. 



III. — Des tornades. 

Quoique n'étant pas rare, la forme d'orage dont nous ve- 
nons de faire la description comme témoin oculaire, est ce- 
pendant la moins commune. C'est le plus souvent à la suite de 
tornades que Ton entend gronder le tonnerre. 

Nous avons observé avec soin dans plusieurs points du Sé- 
négal en 1862 et 1863, ainsi qu'à Saint-Louis et à Corée, en 
i872 et 1873, un grand nombre de tornades. Laissant décote 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 231 

toutes recherches biographiques, nous allons essayer de don- 
ner au lecteur une idée de ce qu'est, au Sénégal, une tornade. 

Remarquons que le vent semble jouer un rôle tout à fait 
secondaire dans Torage tel que nous venons de le décrire. Dans 
la tornade, au contraire, c'est le vent qui va jouer le rôle prin- 
cipal. C'est au vent que la tornade doit ses propriétés les plus 
redoutables et en même temps les plus caractéristiques. 

La tornade survient le plus souvent après une journée de 
calme et de chaleur accablante, analogue à la journée d'hiver- 
nage dont nous venons d'essayer de tracer le tableau. 

La brise de SO, qui dominait pendant l'hivernage, a fait place 
à une journée de calme dans laquelle la girouette prend par 
instant une direction qui indique des vents très- faibles du 
N au NE. Malgré cette direction des vents, à laquelle est dû un 
ciel complètement découvert de nuages, la partie méridionale de 
l'horizon s'assombrit, une petite masse nuageuse, noire, peu 
étendue règne au S et au SE, et permet de présager déjà la 
formation d'une tornade. Après un temps qui varie de deux à 
trois ou quatre heures, cette masse noire se met en mouve- 
ment et tend à se rapprocher du zénith en s'étendant de ma- 
nière que le segment de la calotte céleste qu'elle couvre va en 
grandissant. Ce mouvement est lent, je l'ai toujours vu se 
faire dans une direction voisine de celle du S au N. Lorsque 
la masse de nimbus j^'est élevée à environ 25° au-dessus de 
l'horizon, elle y forme un demi-cercle régulier au-dessous du- 
quel on peut parfois apercevoir le ciel. 

La direction du S au N des nuées supérieures indique bien 
la marche générale du météore, son mouvement de transla- 
tion qui est le seul apparent, tant que la bande supérieure 
demi-circulaire qui circonscrit ces nuages n'a pas atteint le 
zénith. 

Le bord de cette masse en mouvement tranche, par sa teinte 
d'un noir sombre, sur le bleu du ciel à peine parcouru par 
quelques flocons blancs qui, sur un autre plan, se meuvent 
dans la direction des vents de NE devenus un peu plus éner- 
giques, dans les couches inférieures de l'air. 



232 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

Ce bord forme corame un bourrelet. On peut juger aisément 
à la manière dont ce bourrelet est forme, à sa convexité, re- 
gardant leN, tandis que sa partie inférieure frangée regarde le 
S, qu'un obstacle s'oppose à la progression du météore et re- 
tarde son ascension; il y a, senible-t-il, lutte entre la faible 
brise du N qui règne dans la partie découverte de Tliorizon et 
la masse météorique qui s'avance d'un mouvement propre en 
sens fonlraire de cetle brise. 

Lorsi|ue cetle accumulation de nuages s'est avancée jusqu'à 
une distance de 45° du zénilb^ elle offre un aspect des plus ca- 
ractéristiques. C'est un vaste cercle roir, une sorte de cham- 
pignon sans pied qui serait vu de trois quarts et\>aren des- 
sous, ses contours sont bien limités en avant et sur les bords 
droit et gauche, m^l déflnisen arrière dans la partie qui se 
confond avec rhorizon. Rien n'est plus facile que d'esquisser 
le croquis de cette masse de nuages, un bon appareil de pho- 
tographie pourrait facilement en fixer Timage sur une plaque. 
Quelquefois cette forme, comparable à celle d'un champignon 
incomplètement ouvert, possède un double bourrelet comme 
si une calotte sphérique, plus petite, en surmontait une autre. 

Parfois la marche du météore est si lente qu'il met une 
demi-heure à atteindre le zénith, d'autres fois il s'écoule à 
peine cinq minutes entre le moment où ces nuages commen- 
cent à se mouvoir, et celui où ils arrivent au dessus de nos 
têtes. Si un navire est surpris alors avec toutes ses voiles, il 
n'aura pas eu le temps de les serrer au moment où les nuages 
atteindront le zénith où, se trouvant placé sous ce vaste tour- 
billon, il en ressentira le redoutable vent. 

Ces nuages sont parfois, mais rarement, sillonnés de 
quelques éclairs, mais en général on n'entend pas de tonnerre. 

Au-dessous de la partie la plus reculée de cette masse noire 
on distingue de gros nuages blancs et parfois des traînées 
sombres, analogues aux grains de pluie, venant alors com- 
pléter la ressemblance de la tornade avec un immense cham- 
pignon dont les traînées de pluie représenteraient le pied. 

A un moment qui est ordinairement celui où le bord anté- 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 233 

rieur de la tornade atteint le zénith^ souvent un peu plus tôt 
et parfois seulement au moment où les deux tiers du ciel se 
trouvent couverts, un vent d'une violence extrême se décliaîne 
à la surface du sol dans la direction du SE^La masse météo- 
rique vue en dessous et de près, n'a plus alors de forme défi- 
nie, la partie du ciel qui était restée découverte est prompte- 
ment envahie par des nuages qui semblent se mouvoir en 
dé:?ordre. Comme le météore continue sa marche vers le N, il 
est facile de constater que la direction du vent n'est due qu'à 
un mouvement propre du météore sur lui-même, combiné 
avec son mouvement de progression. 

Cette bourrasque dure au plus un quart d'heure pendant 
lequel le vent prend une direction qui passe à l'E, puis au NE, 
au N, enfin au NO, puis au SO avec une intensité qui va, en 
général, en faiblissant d'abord, puis en reprenant de l'énergie 
lorsque les vents passent au SO. 

La succession des vents n'offre pas toujours la régularité de 
celte description, car de temps en temps il y a des reprises de 
SE. Quelquefois le vent va en faiblissant jusqu'au NO et ne 
dépasse pas celte direction. 11 y a des tornades dans lesquelles 
la rotation des vents s'arrête au N : la tornade disparaît, du 
calme et de la pluie lui succèdent, puis les vents se fixent au 
SO faibles. La seule chose constante, c'est la plus grande éner- 
gie du vent au début de la tornade. Cette énergie n'existe avec 
une force véritablement dangereuse que tout à fait au début 
et dans la direction du vent de SE. 

La violence du vent des tornades est peu en rapport avec sa 
courte dur^e, elle atteindrait parfois, dit-on, celles des vents 
des ouragans, mais le fait doit être excessivement rare. Nous 
croyons qu'on a peut-être exagéré la force de ce vent. 11 peut 
arriver à renverser les arbres, enlever les toitures, jeter à la 
côte les navires dont les ancres ne sont pas solides; mais une 
circonstance favorable vient toujours diminuer le danger. La 
mer, au moment où survient la tornade, est toujours d'un 
calme parfait, de sorte que l'agitation des flots est trop mo- 
mentanée et trop subite pour produire de fortes lames, et le 



234 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

danger de la mer ne vient pas s'ajouter à celui de l'atmosphère, 
pour le marin qui aurait assez peu d^expérience, ou serait assez 
imprudent pour se laisser surprendre par un accident atmos- 
phérique aussi facile à prévoir. 

Au bout d*un quart d'heure^ parfois de dix minutes, le 
météore a disparu. Il n*a consisté qu'en ce mouvement brusque 
de vent, ce passage de nuages noirs, sans pluie ni orage. La 
tornade est alors ce qu'on appelle la tornade sèch&j c'est la 
forme la moins fréquente. 

Ordinairement, lorsque les vents passent au SO, un orage 
éclate, la pluie tombe avec une abondance extrême pendant 
un quart d'heure, puis devient modérée et le veut reste au S 
ou au SO faible. 

Il est à remarquer que, même lorsque la tornade est sèche, 
elle est toujours suivie d'un abaissement de la température, 
très-sensible au thermomèlre. Ce qui prouve qu'elle se forme, 
non au niveau du sol ou de la mer, mais dans les régions 
supérieures de l'atmosphère, et que l'axe de son mouvement 
gyratoire s'éloigne de la verticale ou que le mouvement de 
Tair est plutôt spiroïde que circulaire. 

Nous venons de décrire, d'une manière générale, les as):ects 
sous lesquels se présentent au Sénégal les orages et les tor- 
nades. Il nous reste à utiliser les observations que nous avons 
recueillies et à chercher avec leur aide à déterminer, de la 
manière la plus précise qu'il nous sera possible, les diverses 
circonstances dans lesquelles se produisent ces troubles at- 
mosphériques. 

Nous confondrons d'abord les tornades et les orages dans 
une recherche commune ; plus tard nous ferons les distinc- 
tions nécessaires entre ces deux formes d'un phénomène qui 
est peut-être le même.* 



DES OBAGES ET DES TORNADES. 235 



ZV. — A quelle époque de Tannée se montrent les tor- 
nades et les orages? 

Ces mouyements brusques dans Fatmospbère paisible et à 
variations régulières du Sénégal, correspondent, d'une ma- 
nière presque exclusive, à rhivernage. 

Dans la saison sèche, les orages sont exlrêniement peu nom- 
breux, leur rareté même est un sûr garant de l'exactitude 
avec laquelle ont dû être notés les moindres signes orageux 
de cette saison. 

En examinant les journaux météorologiques deGoréede 
i856 à ^865 nous trouYons qu'il n'a été observé, pendant ces 
dix armées consécutives, que 11 orages en dehors de la saison 
d'hivernage. 

Voici les mois dans lesquels ont été notés ces 1 1 orages : 



Décembre 


en 10 ans. 


... 2 orages (i857-1862). 


Janvier 


— , 


... 3 — (1858-i865). 


Février 




... 1 — (1864). 


Mars 




... 1 — (1857). 


Avril 


— 


. . . Néant. 


Mai 


— 


... 4 — (1858-181)9). 



En cherchant des détails sur ces phénomènes, toujours si- 
gnalés comme tout à fait insolites, nous trouvons que sur ces 
11 orages, 8 n'ont consisté qu'en des apparitions très-momen- 
tanées et très-courtes d'éclairs, l'audition inattendue de coups 
de tonnerre, et la chute de quelques gouttes d'eau. Les 
3 autres orages ont été précédés de bourrasques peu éner- 
giques et d'une durée très-courte, venant toujours du SE, et 
suivies d'une pluie modérée accompagnée d'éclairs et de ton- 
nerre. Ces bourrasques avaient la forme des légères tornades 
que Ton observe souvent dans Thivernage. 

En consultant les journaux météorologiques de Saint-Louis 
nous trouvons aussi des exemples d'orages, dans la saison 



236 CLIMAT DE SÀlIfT-LOUIS. 

sèche. Ils sont toujours signalés comme des anomalies.. En 
général ils sont, comme à Gorée, de peu d'importance. Une 
seule de ces observations est digne d'être notée. 11 s'agit d'une 
série de 6 jours de pluie et d'orages, au mois de janvier i 862. 

Voici cette observation, telle qu'elle est consignée sur le 
journal de ce mois : 

a Du 19 au 25 janvier, il y a eu des pluies abondantes qui 
ont fourni une hauteur d'eau de 46 millimètres. Les Européens 
habitant la colonie depuis de longues années^ les indigènes 
eux-mêmes (dit l'observateur, M. lilorio), ne trouvent dans 
leur souvenir aucun phénomène de ce genre. Ces pluies, dans 
la nuit du 23 au 24, ont été accompagnées d'éclairs, de vio- 
lents coups de tonnerre, de peu ou point de vent. 

a Le 25, vers 6 heures du soir, Torage reparaît avec la même 
intensité que la nuit précédente, les vents sont au NNO, et les 
épais nimbus qui apportentl'orage s'élèvent du SO. Le tonnerre 
gronde jusque vers 8 heures du soir et la pluie tombe par 
intervalles jusqu'à 9 heures environ, presque pas de vent. » 

Il est à remarquer que ce même mois les ras de marée ont 
été fréquents. Ce trouble apporté dans l'atmosphère de la 
ville de Saint-Louis, d'une manière aussi inaccoutumée 
pourrait avoir eu pour cause la présence de quelque grand 
mouvement atmosphérique dans l'Océan. Ces ras de marée 
ne seraient-ils pas une trace de ces grands mouvements? 
En consultant un certain nombre des journaux des navires 
ayant navigué dans l'océan Atlantique à cette époque, peut- 
être trouverait-on une explication de ce fait anormal. 

A la saison d'AtVerna^e appartiennent presque exclusivement 
les tornades et les orages. Voici un résumé de nos obser- 
vations : 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 



237 



IVombre de» tornade» on oraffe» 

observés aux différents postes de la ligne télégraphique de Saint-Louis 

à Dakar, pendant Vhinernage de 1874. 





s? 


a 




BS 


90 




TOTAL 




a 


a 


S 


00 


c 


a 


des 


MOIS. 


t 


o 




eu 

1 


Wl 

B 


•^ 


observa- 




e 

Sb* 

• 


CD 

• 


• 




s 

• 


CD 

• 

2 


• 


tions. 


Juin 








1 





3 


Juillet 


9 


il 


u 


11 


13 


11 


69 


Août 


3 


6 


4 


14 


6 


8 


41 


Sept mbre. . . 


8 


8 


10 


U 


9 


10 


56 


Ocuibre . • . • 


6 


ft 


4 


7 


8 


9 


40 


Novembre . . . 























Toi. dans Thi- 




Ternage ; . . 


26 


31 


32 


44 


38 


38 


209 



Est-il besoin de faire remarquer que le même orage a pu 
être observé dans une même journée sur plusieurs points. 
Nous obtenons ainsi une moyenrte de 35 orages, passant sur 
chaque poste, dans Thivemage. Il faut noter qu'en novembre, 
il n'y a pas eu un seul orage, et que juin n'en a présenté 
que 3. 

Ce sont donc les quatre mois du centre de Thivernage, les 
quatre mois des vents variables et des calmes, auxquels appar- 
tiennent presque exclusivement ces troubles atmosphériques. 
, A Paris on compte environ i4 orages par année. Ainsi les 
orages sont de deux fois plus fréquents au Sénégal qu'en 
France, relativement à un point donné. 

Si, au lieu de considérer un point restreint comme une 
ville, nous considérons une vaste région, il est intéressant 
d'y compter le nombre des jours orageux dans chacun des 
mois d'hivernage. On aura, alors, une idée exacte de Tétat 



238 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

tourmenté presque continuel de Tatmosphère de cette région, 
pendant la mauvaise saison. 

En cherchant sur nos résumés mensuels les dates des orages, 
on arrive aux résultats suivants : 

Juin. Trois orages, les 22, 28 et 30. 

Juillet. Tous les jours du mois, excepté dans les trois der- 
niers, il y a eu au moins un orage passant sur la ligne télé- 
graphique. 

Août. Il y a eu seulement 19 jours de manifestations élec- 
triques passant sur le fil télégraphique et n'ayant pas échappé 
à Tobservation. 

Septembre. 20 jours d'orage sur la ligne. 

Octobre. 17 jours. 

Novembre. Rien. 

Ce qui donne un total de 87 jours orageux dans l'hiver- 
nage. En comptant de la date du premier orage à celle da 
dernier (du 22 juin au 30 octobre), on voit que sur i 27 jours, 
87 ont été troublés par des orages. Dans la période des pluies, 
il y a donc 2 jours orageux sur 3. 

Pour compléter ces renseignements, faisons remarquer que 
le mois d'août, situé au centre de Thivernage, n'est pas celui 
du plus grand nombre d'orages; peut-être est-ce un fait parti- 
culier à rhivernage de 1873. C'est cependant au mois d'août 
que les pluies ont été les plus abondantes et les plus fré- 
quentes, comme dans les autres années. 

11 se présente dans la série des jours d'orages de l'hiver- 
nage des lacunes remarquables. Ainsi, le directeur du télé- 
graphe nous signalait, dans un de ses rapports, que du 9 au 
16 août il n'y avait pas eu la moindre manifestation électrique 
passant sur le fll télégraphique. Pendant le reste de la saison 
des pluies, presque tous les jours, le passage de nuages plus ou 
moins chargés d'électricité entravait pendant un certain temps 
la marche des appareils télégraphiques et forçait les em- 
ployés à prendre des précautions pour que les appareils ne 
fussent pas foudroyés. 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 



239 



V. — A cpiel moment, du lour ou de la nuit, les orages 

se montrent-ils de préférence? 



Sur DOS 209 observations; 190 fois l'heure a été indiquée 
ETec soin, de sorte qu'il nous a été facile de compter les orages 
de jour, de 6 heures du matin à 6 heures du soir, et ceux de 
Id nuit, de 6 heures du soir à 6 heures du matin. 

Les orages se sont partagés entre le jour et la nuit dans les 
proportions suivantes : 



Juin. . . . 
Juillet. . . 
Août . . . 
Septembre 
Octobre . . 
Novembre. 

Hivernage 



Le Jour. 

1 
13 
20 
23 
14 



71 



La nuit. 

2 
48 
21 
30 
18 





119 



Le nombre des orages^ la nuit, est donc près du double de 
celui des orages le jour. Ces résultats s'appliquent aux obser- 
vations de l'hivernage de 1873. Si nous considérions un certain 
nombre d'hivernages^ celte proportion changerait peut-être. 



VI. — Quelle est la durée des orages? 



Sur 96 observations dans lesquelles la durée des phéno- 
mènes orageux a été notée avec soin, en comptant du moment 
où Ton a entendu le tonnerre, jusqu'à celui où son bruit a 
cessé, nous avons trouvé que Torage a duré : 



240 CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 

Moins d*an quart d'heure 15 fois. 

D'un quart d*lieure à une heure 31 — 

D*une heure à deux heures 25 — 

Plus de deux heures 25 — 

Les tornades, ayons-nous dit d^'j.i, sont des phénonriènes de 
courte durée; le mouvement violent des vents qui les cons- 
titue ne persiste guère que de dix minutes à un quart d'heure 
ou vingt minutes au plus; c'est pendant ce court espace de 
temps seulement qu'elles présentent quelque danger; les 
orages qui les suivent ont parfois une durée assez longue. 

Les tornades sèches, qui sont les plus dangereuses, ne du- 
rent jamais plus d'un quart d'heure; elles ne consistent par- 
fois qu'en une violente bouffée de vent de TE qlii, en cinq 
minutes, passe au N^ puis à ÏO ; au bout de dix minutes^ par- 
fois^ il ne reste plus de traces de la tornade sur l'horizon. 



VII. — Chute de la foudre. 

La force des orages ne le cède en rien^ au Sénégal^ à celle 
des plus terribles orages observés eu Europe. Malgré l'absence 
de montagnes et l'uniformité de la plaine qui constitue la 
basse Sénégambie> le tonnerre gronde et retentit avec éclat. 
La foudre tombe assez souvent. 

Dans rbivernage i873, nous possédons 3 observations de 
chute de la foudre. Toutes ont eu lieu au mois de septembre. 

Le 8 do ce mois, la foudre est tombée une première fois à 
Bélète^ à une heure du malin. Une tornade, peu énergique 
au début, a été suivie d'un orage qui a rapidement pris sur le 
poste de Bétète des proportions effrayantes. L'observateur 
nous écrivit que cette violence était telle que c'était à ne pas 
croire le poste en sûreté. « Le poste «ievint pendant un instant 
le centre d'un tourbillon furieux. C'est alors que la foudre 
tomba à quelques mètres de l'observateur; la commotion fut 
si violente, que les vitres furent brisées et qu'il y eut dans 



DES OBAGES ET DES TORNADES. 241 

Tun des magasins du poste de nombreux dégâts* » Le même 
jour, des orages très-énergiques fiirent signalés sur toute la 
ligne, excepté à Saint*Louis^ où il n'y eut qu'une pluie assez 
faible* 

Le même jour, mais à 7 heures du soir, au nord de Bétète, 
la foudre brisait un palmier près du posle de Gandiole. Cet 
orage fut signalé à M'Bidgem, faible à 7 heures du soir; à 
Dakar, il fut également faible; à RuOsque, il y eut un orage 
violent dans la même journée. 

La troisième observation de chute de la foudre a été faite 
par le frère Pascal, un de nos zélés collaborateurs. 

Le 2i, la foudre est tombée sur un arbre, à 2 kilomètres de 
Saint-Louis. On ramassa au pied de cet arbre, à la partie in- 
férieure d'une profonde éraillure produite par le fluide élec- 
trique, une masse spongieuse, friable, du volume d'une noix, 
adhérente au bord de cette déchirure. L'analyse chimique a 
démoutré que cette masse était composée de silice de même 
nature que le sable du voisinage, aglutinée par une faible 
quantité de matières organiques, et probablement aussi par la 
chaleur. Il y eut, ce jour-là, un orage Mgnalé à des heures 
voisines les unes des autres, sur tous les points de la ligne té- 
légraphique. 

Le fort, ou castel, qui dominé la ville de Gorée, a été plu* 
sieurs fois foudroyé. Dans la presqu'île du Cap-Vert, on ren- 
contre quelques vieux baobabs portant des traces évidentes de 
la chute de la foudre. 

La [)opulation de Dakar se souvient d'un orage terrible qui 
passa sur la ville dans l'un des premiers jours du mois <ie sep- 
tembre 1867. 

Plusieurs indigènes s'étaient mis à l'abri de la pluie sous 
une warangue qui entoure le Tez-de-chaussée de la maison 
d'un commerçant européen. Ce commerçant cherchait à 
fermer une porte ouvrant sous celte warangue, la foudre 
tomba; il fut foudroyé ainsi qne les hommes qui se trouvaient 
près de lui. Deux de ces hommes furent mortellement atteints, 
six autres tombèrent inanimés et ne purent être rappelés à la 

16 



-/.'•' ' 



242 cliuat de SAUfT-Lotns. 

Tie qu'après plusieurs heures de soins. Lés d^àt^ ÉtifttéHeU se 
bornèrent à une dé<ibirure dans la toiture. Aucune de6 p^^ 
bonnes frappées ne put rendis compte de la forme* scud là-^ 
quelle la foudre était tombée^ aucune n'eut même conscteMé, 
en reprenant l'usage de ses seu$, de la nature dePfcôcidëtit cfui 
lui était arrivé. 



Vin. — De la nature dei tornades. 

A. Quelle eîi la vitesse de translatUm d^une tornùde d'un point 
à un autre ? 

Nous avons dit plus haut qu*entre le MoiMtit où la triasse de 
nuages^ qui au S ou au SE de Tliorizon annonce la tornade, se 
mettait en mouvement, et celui où la tornade éclate^ il ^e 
passait de 10 minutes à une demi-heure. C'est une prettliëre 
notion indiquant que la rapidité du mouvement de transis^ 
tion du météore doit varier suivant les cas. 

En coubuliant les tableaui^ des tornades et des orages del*hi^ 
vernage de 1873, nous trouvons quelques observations qui 
peuvent être considérées comme les passages successifs d*une 
même tornade^ sur différents points de la ligne télégraphiqae. 

Citons un de ces exemples. 

Le 4 juillet une tornade^ suivie d'orage et de plaie, est êi- 
gnalée sur trois points de la ligne. ^ 

A I heure du matin à Dakar. 

A S heures du matin à M'Bidgem. 

A 4 heures du malin à Bétète. 

C«ette tornade est indiquée^ dans tous ses points, eonfitiese 
mouvant du S au N ; si 1 on admet que c'est le même météore 
qui a passé successivement sur ees trois postes télégraphiques, 
il aura mis une heure à parcourir la distance qui sépare Dakar 
de M'Bidgem, c'est-à-dire $6 kilomètres^ et deax heures à se 
rendre de M'Bidgem à Bétète distant de 48 kiloitiètres. La vi- 
tesse de translation de la tornade aurait donc été de 56 iHo- 



DES OAAGÉS ET DES TORNADES. • 243 

mètres à l'heure au débnt, puis de seulement 28 kilomètres à 

Mais la plupart de nos obserflertiôiB ne nous donnent pas des 
résultats aussi simples* IInq ne nous permet de recon- 
naître si, lorsque des postée télégraphiques différents signalent 
te passs^ef de tottitfdes à des heures toisifje^f, c*e$t à. uh seul 
ef même météore ou à plusieurs mouvements tournants suc- 
cessifs et se mouvant parallèlement les uns aux autres que 
Ton â étt Sffâifê. Souvent il est impossible dé dire ce que 
pourraient signifier les heures des observation» relaliverhent à 
là marche d'un météore supposé unique. Il faut alors admettre 
()tre phnm^ors tonràttes ont passé lé ffîfmé jour sur lai ligne 
où qvd le itiouvemeï^t d'une seule tornade a été trèi^^ifféfent 
de la ligne droite oil d'une courbe régulière. 

Ne (ïOatàntijônQ^f ici toutes nos observations, nous donne>' 
rons seulerirïeDI pour le ^6is de juillet, riridicalion desheùreil 
de début des tornddes, des orages, enfin Ti^dicatiôn de là 
^luie. Ce tableau pdurra permettre d'avoir une idée de la tré.»' 
(fuence (kte or^iges et de» tornades^ de^ coïncidences que 
|ieuV€m( pi^ésefit^r eûtré évtA leé divets phéiîomènés qui UuÉ 
K)nt relatifs. 

Où Vérfà, dans ûè tàbléaii, que, si certaine^ observations^^ 
lomnre celles en À et dû U juillet, permettent de pehéèr que 
fe mouvement de b'anslationi dèi9 tornade? peut être eotlsidféré 
Ibmmo ayant une vitesse pi^obable de 40 à 50 kilomètres 1 
fheui^; il en est d^autrèsqui peuvent, comme celles du 22i| 
lervir à démontrer M éôlndidencé de plusieurs tdrnades sut 
àes points difiéreffis ou l'étendue cônsMérable d'm troublé 
itmosphéiique dont- là tornade âe setait qu\iti accident ïocdl 
limité. 



244 



CLIMAT DE SAINT-LOUIS. 



Vonuide» et orwtgeM obferré» en Jvllleft 1878 de MmfxktrWàomÏB 

à Dakar, 

]?ar les employés du télégraphe. 

(T signifie tornade; z, orage : tonnerre et éclates ; •, plaie; b, n, o, s, indi- 
quent la direction a*où vient la tornade, et les chiffres l'tieure de Tobser- 
vatton.— Les jours sont comptés de vingt-quatre heures à partir de minuit.) 



Dates 



2 
s 
k 

6 

1 
S 
9 
10 
11 
12 
13 
14 

15 
16 
17 

18 
19 
20 
21 
22 
25 
2k. 
25 
26 
27 
28 
29 
SO 
SI 



St-Louls. 



T EA 

» 

9 

ZB«20 

n 

Dépres. bar. 

» 

Z« 21 

• 6 

z»a 

Éiévat. bar. 
mai. 

» 

n 

TsElO^SO 

• 21 

Ze«1 

• 6 



Gandiole. 



Coop de vent 
• k 

» 

» 
Z 19 

Z« 21 
n 

Z 
Z 

» 

n 



Z» 



» 



T8«9''50 

Z • 15 

Z« 21 

» 

Z»20 
» 

» 



Bétète. 



M*Bidgem 



Z»8 

» 

T SE 1 
T SE • û 
TseZ20''30 



» 
TeZ«2»'30 

r Z • 1*'30 

» 

T E«6 

Z NE 



T E 10^20 

» 

T SEZ22 

T.IO 

Z s • 13'«25 

Z NE • Ift^lO 

» 

12 

» 

» 



Coup de vent 
NE 6>>30 

» 

T SE Z • S 
T 8 Z «2 
T s Z 3 



T 
T 

• 
T 



Dakar. 



» 

s z • & 
SE Z • 2 
» 

S Z* 15 

* 
* 

» 



z • 13»30 

» 

T SE Z • 10 

T SE z • 16 

T s Z • 16 

n 

M 



T Z 6»30 



T NO Z • » 

T SB Z • 1 
T SB Z 3 



» 

9 

TseZ«4*30 
T SE Z • 2 



Raûsqae. 



T • B 5k30 



T 

r 



» 
SB 1 

so z • 1 



T NO z • 1 

9 

T • 10*30 

» 



• 7 

9 

T so.«10i>30 

TsB«Z 
» 



T 
T 
T 
T 
T 



SE z * 2 
Z*? 

z? 

so Z19 



TZ#1''30Î 



6»'30 



T s» 

r SB • 



T NE z • W 



TsoZ»18Î 

• 

Z • 25 

T s Z • 1» 

T SB 

• 



DES OBAGES ET DES TORTYADES. 245 

B. Quelle étendue peut avoir en diamètre une tornade ? 

D'après Kaemtz^ les tornades de rembouchnre du Sénégal 
occuperaient un espace trës-circonscrit « à la distance de 20 ki- 
lomètres ou même moins, le calme de Tatmosphère ne serait 
pas troublé un seul instant. » Certes lorsque Ton voit une tor- 
nade monter sur l'horizon de Corée, traverser ratmos'>hère 
de cette région et se perdre au nord, on est tenté de croire que 
ce passage de nuages constitue seul avec le vent et l'orage 
qui l'accompagnent toute la tornade. La proposition de Kaemtz 
paraît alors exacte. La tornade serait un phénomène extrê- 
mement localisé, un tourbillon d'un diamètre plus large que 
celui d^une trombe et tenant le milieu entre le cyclone et la 
trombe . 

Si nous examinons nos observations, nous serons conduits 
à des résultats fort différents. Cherchons, lorsqu'une tornade a 
été signalée sur un point quelconque de la ligne télégraphique, 
quelle est l'étendue sur laquelle elle a fait sentir son influence. 
Nous trouvons au mois de juillet, à la date du 11, une tor- 
nade passantsimullanémententre2 heures et 2 heures et demie 
du matin à M'Bidgem, D.ikar et Rufisquc. Le troulle atmo- 
sphérique a donc occupé un espace t!e plus de 100 kilomètres 
en un même moment. Le 23 du même mois une tornade est 
signalée en même temps, entre 10 heures et iO heures et demie 
du matin, sur tous les points compris entre Saint-Louis et Da- 
kar, c'est-à-dire sur un espace de plus de 180 kilomètres. 

Il est difficile d'aJmettre que chacun des points d'observa- 
tion se soit trouvé à un même instant soumis à une bour- 
rasque, sans qu'aucune liaison n'ait existé entre ces divers 
mouvements atmosphériques. D'un autre cô'é, nous ne trou- 
vons aucune tornade signalée sur Tnn des postes intermé- 
diaires de la ligne télégraphique sans l'être dans l'un des 
points voisins, parfois il n'y a qu'un orage signalé dans le 
voisinage, mais jamais à la distance de 20 kilomètres « le 
calme de l'atmosphère n'est resté- sans être troublé. » Il y a 
bien un certain nombre d'orages isolés, signalés sur des 
points de la ligne télégraphique, mais jamais la dénomina- 



246 ctiMAT DE SAinrr-Lonis. 

tion 4e torQOdes pe leur eçt appliquée par les ^mvfi pl^er- 
yateurs. 

Dans tous les cas, lorsqu'une tornade est signalée, il y a 
dans les postes voisins un trouble almospbériquç qui ^e pré- 
sente, soit sous forrpe de tornade, soit sous forme d'orage, soit 
8inr)plement sous forme de pluie, à un momenl; très-proche de 
celui de Tobservation. 

Parfois, comme le 30 octobre, une Tiolenle (orui^de sèche 
n*est signalée passant simultanémeut que dans des postes peu 
éloignés les uns des autres, comme Dakar et M'Biijgem, mais 
la distance de ces deux postes étant de 40 kilomètres, on Tojt 
que le tourbillon de la tornade présente encore un diamètre 
plus considérable que celui qu'on avait cru pouvoir lui assi- 
gner, , 

Des observations plus multipliées et fa jtes dans un plus graqd 
nombre de lieux nous paraissent nécessaires poqr arriver à 
la détermination exacte de retendue qu'occupe (sn général 
une tornade. 

Le pays étant dépourvu de montagnes, il est difficile de dé- 
terminer la hauteur de l'atmosphère à laquelle se fait sentir 
ce mouvement. 

C. Les tornades ont-elles un mouvement gyrqtqire 9Ui Iw 
est propre ? 

La dénomination qui a été donnée à cp3 qfioqvements 
atmosphériques est déjà une réponse à cette qi^^estion. C'est un 
fait d'ol^servation que les vents passent successivement d^u^s 
la tornade du SK à l'E, puis au N, puis à VQ et 3'urrétent au 
80, ils n'atteignent pas le S ordinairement. 

Voici quelles ont été les directions signalées comme vent 
du début des tornades dans les différents postes, dans quarante* 
deux o})servations où cette direction a été soigneusement in- 
diquéis ; 

SE 32 fois. 

NE. 4 — 

NO 9 -- 

SO 3 — 



DES ORAGES ET DES TO&IfADES. 247 

Il i^t À remarquer qqe les directipns NO et SO dq yent, ^u 
début des tornades, n'ont été notées qu'au poste de Ruflsque 
seulement ; celfi proviepMl d'unç disposition particullùre de 
ce poste? T a-t-il eu erreur d'ob$ervation ; la dénomination 
de tornade a-t-elle été appliquée à quelques-uns de ces grain{( 
de SO, dont pous parlerons plus tard ? Nous ne pourrions ré- 
pondra à ces questions, mais nous devons noter ici que les 
oJ^ervatîQos faites à Ruflsque sont c^Ues qui nous inspirent le 
moins de confiance. 

Quoi qu'il en soit, la direction SE du vent, au début des 
tornades, est conque depuis longtemps, nous la trouvons in- 
diquée dans tQus les journau:^ météorologiques que nou^ 
levons consultés, nous pouvons dire qu'elle est la règle géné- 
rale presque exclusive. 

Elle s'explique facilement| en admettant que la tornade soit 
animée d'qn mouvement gyratoire, dans le sens contraire à 
celui des aiguilles d'une montre ; c'est la résultante du mou- 
vement général de la bourrasque du S vers le N et de la tan- 
gente E et 0, que tendrait à prendre une molécule d'air 
s'échappant de ce tourbillon au moment oq sa partie antérieure 
arrive sur le lieu d'observation. 

Ce mouvement gyratoire, dans le sens contraire à celui des 
aiguilles d'une montre, n'est pas une hypotbëse, c'est le fait 
commun auj^ tornades, aux bourrasques et aux cyclones de 
(put l'hémispbère nord, 11 est le résultat des causes de la tor- 
nade, causes que nous ne chercberoos pas à étudier ici. Se 
fait-il dans un plan parallèle à la surface du sol ; nous en 
dçutons. Nous avons déjà signalé le refroidissement qui suit 
les tornadi^s sècbes, comme une preuve de l'obliquité probable 
de Taxe de ce mouvement, 

Ce mpuvemeqt étant admisj» il devient possible d'expliquer, 
çq pe faisant que des hypothèses vraisemblables, comment, à 
mesure que la tornade progresse vers le N^ les vents doivent 
prendre^i par rapport a un point fixe, une direction apparente 
qui passera successivement par TE, le N, l'O et le SO, en 
même temps que l'énergie plus grande de la bourrasque 



248 CLIVAT DE SAIlfT-LOUIS. 

df^yra être au moment où la direction apparente du yent est 
le SB. 

Hais pour que cette eiplicatfon soit facile^ il faut supposer 
que le centre du mouvement tournant se trouve à la droite, 
C'est-à-direàl'Edu pointd observation, ilenesteneffet toujours 
ainsi. C*est toujours non-seulement au S^ mais aussi à TE 
qu'apparaît la tornade, elle se forme, croyons-nous, toujours 
sur le continent. Lorsqn^il en sera autrement, la succession 
régulière des vents du SE au SO, en passant par le N, n'exis- 
tera plus^ et il est probable que lorsque quelque tourbillon 
vient à passer sur le point d'observation^ en ne suivant pas la 
marcbe du tourbillon des tornades, les phénomènes observés 
différent tellement de ceux que nous avons décrits, que l'ob- 
servateur méconnaît la nature de ce mouvement^ qu'il est 
alors signalé sous une toute autre dénomination que celle de 
tornade. C'est dans la catégorie de ces faits que doivent sans 
diute entrer les grands mouvements atmosphériquis que 
nous trouvons de loin en loin signalés comme tempêtes ou 
coups de vent. 

Ainsi, au lieu de se généraliser^ lé mot tornade prend un 
sens restreint^ puisqu'il représente un seul aspect d'un météore 
qu'il est facile de supposer se mouvant dans une autre di- 
rection. 

Nous croyons pouvoir en conclure que la tornade est un 
mouvement cyclonique, prenant son origine dans le SE, mar- 
chant du S au N ou du SE au NO ; que la vitesse de ce mouve- 
ment doit être d'environ 15 lieues à l'heure (en France, la 
vitesse moyenne des mouvements orageux est de 10 à 12 lieues 
à l'beure), qu'il a une grande analogie avec les bourrasques 
d'été accompagnées d'orages qui s'observent en France, que 
la plus grande régularité et l'énergie de ce mouvement est la 
seule ditrérenco qu'il y a entre lui et ceux des bourrasques 
observées dans les climats tempérés. 

Ainsi^ la tornade ne serait qu'un cas particulier des cyclones. 
Cette hypothèse nous parait fondée^ elle explique tous les 
phénomènes. 



DES ORAGES ET DES TORNADES. 249 

Comme les cyclones, les tornades n'apparaissent que pen- 
dant une certaine période de Tannée, correspondant toujours 
au moment où le soleil séjourne dans Thémispiière où se 
trouve le lieu d'observation. Comme les cyclones, elles' ont un 
mouvement gyratoire qui, dans Thémisphère boréal, se fait 
dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre. 

Comme dans les cyclones, les orages s'observent toujours 
vers la fln du passage du météore. 

1^ Nous remarquerons qu'au dire des marins l'énergie des tor- 
nades va en diminuant à mesure que Ton s'éloigne de terre. 
Cette énergie serait à son maximum au début du phénomène 
et ne tarderait pas à s'éteindre. 

Il est complètement faux, est-il besoin de le dire, que les 
variations barométriques soient sans relation avec ces phéno- 
mènes atmosphériques. Les mouvements du baromètre prié- 
sentent trop peu d'étendue pour pouvoir, dans la pratique, 
servir aux marins à prévoir les tornades, mais il n'en existe 
pas moins une relation importante entre la pression atmos- 
phérique et le passage des tornades. 

Nous n'avons malheureusement pas pu faire d'observation 
dans ce sens. Mais nous devons faire remarquer que les plus 
forts maxima barométriques et les plus faibles minima ont 
toujours coïncidé avec le passage de tornades très-violentes, 
soit sur le lieu, soit dans son voisinage, par exemple : 

Le minimum barométrique de juillet 1873 736°^,8 a été 
observé à 6 hehres du matin le 6, cette diminution de pression 
coïncidait avec le passage sur Dakar et M'Bidgem, d'une tor- 
nade à 3 heures du matin; cette tornade extrêmement vio- 
lente fut accompagnée d'orage. 

Le maximum 761"™,7 observé à 10 heures du matin, le 17, 
coïncidait avec une très-forte tornade passant à 20 lieues au 
sud de Saint-Louis, à 10 heures 20 minutes. 

Nous ne chercherons pas à indiquer la valeur de ces obser- 
yations complètement insufûsantes, mais elles nous permettent 
de signaler à l'étude des personnes qui voudront étudier la 
question des tornades, la nécessité d'observations baromé- 



250 CUXAT DE SAIlfT^-LOinS. 

triques très^miDutienses et de corrections faites avec soin. 
]l4*étude de Tozope ne nou^ a peripis de constater d'autre 
relatioa entre les tornades et To^sone^ que Tabsence d'ozone 
avant la tornade comme avant les orages et son apparition 
abondante et rapide à la suite de ces mouvements atmpspbé- 
riques, qu'ils (ûeut éu^ ou non suivie de pluie. ^ 



n 1 1 I I " m ' U I mn » '■ j ' t in 



TROISIÈME PARTIE 



qj^iniAT PE PAVANA 



CHAPITRE i. 



I. -r Sitiialloii du pQsto. 

l^e village dg Dagan^ 0st situé ^ur 1» ri?^ gsuebQ du Séné- 
galj à ipso )&jlomètr63 environ de l^int-Loqjs, sa po^liipn g^p- 
gr^aphique est : latitude Jï, 16^ 3?' 0", longitude 0, *r Si' 4". 
C'est un point commercial jroportanti aussi les E^ropée^f y 
ont-^ls étalon unf^rt, quj^ qprës l^ cQ^quète duQualo^ pst de- 
venu le cheMieu decçtte provinfs^. 

l^ traite des gooimps attire h Pagana, pendant neuf qiois 
de Tannée un graqd nombre d^ cQmmerçantfi, la plupart Indi- 
gènes. Ces commerçants h^bitent> soit d^s mai^ions sur le \^r^ 
dufleuv^ soit d^s navireçqui restent rpouiUéis près d^ 1^ riye 
g^uçt^ç peQdaql toute 1^ m$Qn commerciale} et rede/soen^Q^t 

à Saînt-;^u"? ïowqilfî rinqnd^tÎPO mfèç\i^ l Vriyita d^s cvfi- 
vanes de gomme. 

hd sous-sol est constitué par une couche de pierres ferrugi- 
neuses, analûguefi à celles que ron trouve dans Ja presqulle 
du Cap- Vert, et qui se manifeste par des affleurements à la 
surface. Une couc)ie de sable mélangé d'^Uuviousf forme le 
terrain sur lequel sont bâtis le poste, le village et quelque iqV* 



252 CLIVAT DE DAGANA. 

sons de commerce. Ce terrain consiste en une vaste plaine 
parsemée de buttes très-peu éleyées. 

Les inondations périodiques du Sénégal modifient considé- 
rablement l'aspect du pays aux différentes époqaes de Tannée. 
A la fin de septembre^ au moment où les eaux ont atteint leur 
plus grande hauteur, le poste fortifié s^e trouve à moins d'un 
mètre au-dessus du niveau de l'eau qui Tentoure, ainsi que le 
village^ presque de tous côtés. Au sud, le terrain assez élevé 
va rejoindre une chaîne de petites collines qui bordent le 
fleuve dans fon inondation. Les maisons de commerce sont 
également entourées d'eau^ séparées entre elles par des rues 
servant alors de canaux de communication entre les eaux du 
fleuve et celles qui ont envahi et converti en un grand lac la 
vaste plaine située à l'E du poste. 

Au mois de mars^ celte plaine est desséchée et présente une 
perspective des plus tristes. La terre brûlée par le soleil est 
remplie de profondes et dangereuses fissures; une végétation 
rabougrie la recouvre. Çà et là on rencontre des dépressions 
de terrain où croupissent encore quelques eaux. C*est dans 
cette terre, au moment où les eaux se retirent, que les indi- 
gènes sèment sans peine et récoltent en trois mois le mil qui 
forme la base de leur alimentation. 

Le fleuve coule devant Dagana dans une direction est et 
ouest, sur une largeur d'environ 300 mètres. 

Le poste est une enceinte bastionnée sur la façade nord de 
laquelle se trouve élevée une belle maison à un étage, possé- 
dant sur ses façades, au nord et au sud, de vastes galeries très- 
élevées et à arcades largement ouvertes. C'est dans ce poste 
que nous avons fait les observations météorologiques qui vont 
nous servir à étudier le climat de cette partie du Sénégal. 



II. *- Observations môtôorologiqaes. 

Nos observations ont été recueillies sur la galerie exposée 
au N. Elles ont été faites à l'aide d'un thermomètre gra- 



OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 253 

due sur le tube^ en demi-degrés. Cet instrument était sus- 
pendu au milieu de la galerie, en un point parfaitement aéré, 
à Tabri des rayons du soleil, dans une petite cage à larges 
mailles métalliques, construite à cet effet, de manière à obtenir 
autant que possible la température de Tair ambiant. 

L'observation était faite trois fois par jour : à 6 heures du 
matin, à S heures et à 9 heures du soir. Les minima absolus 
ont été pris à 6 heures du in^tin; li^i maxima entre 2 heures 
et 3 heurtas du soir. Les jours de pluie ont été comptés; les 
\ents dominants étaient indiqués chaque jour. 

D'autres observations ont été faites à Dagana; nous citerons 
celles de notre prédécesseur, le docteur Forné, qui ut une 
série tbermométrique d'une année. Notre successeur, M. Mar- 
nata, continua nos observations jusqu'à la Qn del863« Ces 
recherches ont été reprises par M. Ijohéas, du mois de mai 
1872 au même mois 1873. Ayant fait nous-mômes la série de 
1862, connaissant les conditions dans lesquelles elle a été 
obtenue, certains d'ailleurs de la bonne qualité de notre ins- 
trument, nous donnerons la préférence à cette série* 

Pour l'étude des vents, les observations de M. Bobées, com- 
prenant trois observations quotidiennes et étant plus complètes 
que les nôtres, nous nous servirons du journal de cet observa- 
teur, bien que les observations des mois de mai et de juin aient 
été perdues. 



CfiAPITAE II. 



tBXPiRATIJRÈ. 



L -^ Température moyeime. 

La température moyenne de Fannée a été à Dagana en I86S 
de 85*,8« La moyenne annuelle déterminée par notre prédé- 
cesseur est d*un degré plus élevée; mais nous sommes cer- 
tains que cette différence provient d'une erreur instrumentale. 
Toutes les indications du thermomètre dont on a'est servi en 
1861, sont trop élevées d'un degré. La moyenne de 1863, détei^ 
minée à l'aide du thermomètre qui avait servi à nos observa- 
tions, ne diflëre de notre moyenne que de 4 dixiônnes; celle 
déterminée dans Tannée composée des sept derniers mois de 
1872, et de» dnq premiers de 1873» est trop éleiPée d'un 
degré (ly. 



<l) La température moyenne de 27S8, indiquée dana la NoHce gtoHstiqiM 
sur les eoUmies françaùes, 3* vol. (1830), p. 221, est trop élevée de 2^ de 
même que celle de Corée eat trop élevée de 1*. C'est dans c«tte notice qae 
Hahlman a pria les températures qu'il indique pour le Sénégal dana son 
Basant oatrage. 



tEVl^ilUTUAK. 



255 



à B«|;»B*^ pemdant l'awiée MMût, 

Par VatUeufé 



«M tmlt— 



làtÊÊÊsÊÉÊaÈÈttasa 



a-9BttlÉ»lfiÉÉ9BME 



mÊSÊÊÈ^ltÊBÉÈt 



iHÉ 



TEMPiRATDRX MOTEN^E. 



abedutfl. 



DécenArè 
Janvier. • 
Fëtrfef . . 

Mars. . • 

Avril. . . 
fltfaî. . . . 

.fiiîh . . . 
Juiitet • . 
Août. . . 

Septembre 
Octobre. . 
Novembre 



Sdison sèche 
Hivernage . 



AoDée . 



6 h. 
matin. 



2 h. 

sDir. 



9 h. 
BOlr. 



Moy. 



i6,S 
17,8 
18,0 

18,9 
1»,8 
51,0 

2$, 3 

25,8 

25,8 
20,4 

18.6 
24,8 



21,7 



26,3 
26,1 

33,1 
34,2 
35,6 

34.7 
34,0 
32^ 

31,5 

2,5 

28,7 

30,9 
32,3 



31,6 



Am£ 



21,2 
20,2 
22,2 

22,9 
24.4 
24,0 

24,2 
26,'â 
26,9 

27,1 
27,7 
21,0 

22,5 
26,0 



21,3 
21,4 
23,3 

25,0 
26,1 
26,8 

27,4 
28.6 
28,2 

28,1 
29,8 
24,4 

24 
27,7 



Minima 

& 
6^ matlu^ 



Maxlma 

de 

2 à 3^ 8«lr. 



^dm 



24,2 



25,8 



14,0 
13,0 
15,0 

16.0 
16,0 
17,0 

2f,0 
23,0 
23,5 

24,5 
2<l,0 
16,0 



13,0 
21,0 



13,0 



28,0 
31.6 

36,S 
37,8 
41,0 

io,ô 

41,0 
35,5 

34,0 
35,0 
32,0 



41,0 
41,0 



41,0 



La tetiipéf ature eiA dont, à Dàgana, stipérieuiie de t âëgrk à 
celle de Oorée, c'è^t trar lâ saison sèche que potfé ptlntàpsle- 
fnetit la différence des températures de ces deut lœalfféâ, 

La moveilDe ^ne Doud déterminerodiF pMt ht pMte de Sakel 
sera enco^e plus életée d'entimtt 3 degrés. Cbmme Mai Th* 
viods annoncé, les isothermes roùt en s'éferant rapidemefit 
iett le N à mesure c|(ite l'on progteéiâe de plus en ptu^ daâé PK 
dé cette partie de TÀfririne. Cette aéeemiôu se cMthHié-^lveHe 
au-delà du Sénégal? C'est probable, croyons-^noué, Surtout si 
trous considérons les températures obèertées dans la mer 
Rouge et dur la c5le ofleâlale dtt coutlueut africain. Mais il 



256 CLIMAT DE DAGANA. 

peut se faire que les isothermes, au lieu de suivre en Afrique 
des lignes traversant tout le continent^ donnent des courbes 
plus ou moins fermées autour de certains centres ou pôles de 
chaleur, situés dans le Sahara. 

La moyenne de la saison sèche à Dagana est de 24*,0; celle 
de l'hivernage est de 27"^, 7. De même que sur le litloral^ c'est 
encore l'hivernage qui possède la température moyenne la plus 
élevée. Cependant la liifTérence entre la température de ces 
deux saisons va en diminuant à mesure que l'on pénètre 
dans l'intérieuf des terres. A Bakel^ la saison sèche ne pourra 
plus être appelée saison fraîche, sa température moyenne dé- 
passera celle de l'hivernage. A Dagana^ comme-à Bakel, c'est 
surtout â la moyenne du printemps qu'est due l'élévation de 
la température de la saison sèche. "En effet, l'automne et Tété 
présentent^ comme dans tous les points du Sénégal, des carac- 
tères presque identiques. Il n'en est pas de même de l'hiver et 
du printemps, dont les moyennes diffèrent de 4 degrés. En 
étudiant la marche de la température, nous nous rendrons 
compte avec plus d'exactitude de ces modifications clima- 
tériques. 



U. — Marche de la température à Dagana, pendant 

l'année. 

La moyenne thermométrique la plus basse, au lieu d'être 
en février, se trouve placée en décembre ou en janvier. A 
partir de cette époque, la température va en croissant d'une 
manière uniforme jusqu'au mois d'octobre. (La légère baisse 
des mois de septembre et octobre indiquée dans nos résumés 
est toute accidentelle. £n effet, l'année suivante le fait con* 
traire a existé, il en a été de même en 1872.) A partir du mois 
de novembre, la température descend très-brusquement jus- 
qu'en décembre. 

Il n'y a encore à Dagana, dans l'année, qu'un seiil minimum 
et qu'un seul maximum des moyennes mensuelles» 



TBMPÉIUTUllS. 25^ 

Les moyennes de 6 heures du matin marchent à peu près 
parallèlement à celles des moyennes générales^ mais celles 
de 2 hiures du soir, voisines des maxima, présentent leur 
plus grande élévation, non pas en octobre^ mais en mars. 
On peut constater que les moyennes de 2 heures du soir 
offrent deux maxima annuels, l'un dans la saison sèche, l'autre 
dans l'hivernage. Le plus élevé de ces maxima se trouve dans 
la saison sèche et non pas dans l'hivernage. Ainsi la marche 
générale de la température est la même à Dagana que sur la 
côte du Sénégal, mais la marche des moyennes horaires ne se 
fait dans le même sens que le matin et le soir. Au moment où 
le soleil possède son plus grand pouvoir calorifique, vers deux 
heures du soir, il doit donc se présenter de grandes inégalités 
dans la température, entre l'intôrieur du pays et le littoral^ 
principalement à l'époque du printemps. C'est aussi à cette 
époque que nous trouverons les oscillations mensuelles et 
nychtémérales les plus considérables. 



ni. — Températures extrêmes. 

La plus basse température que nous ayons observée à Da- 
gana a été de 13 degrés le 1 1 janvier 1862^ à 6 heures du matin. 
L'année suivante le minimum n'est pas descendu au-dessous 
de 14 degrés. Dans l'année 1873, le thermomètre#s'est abaissé 
jusqu'à 12 degrés, dans ce même mois de janvier. Et nous 
pouvons penser que les tt^mpératures minima prises vers 
6 heur es du matin ont plutôt de la tendance à être tro|) élevées. 
Les températures de 15 à 16 degrés s'observent souvent en dé- 
cembre ou janvier, et parfois en février. Ces trois mois pos- 
sèdent d'ailleurs une température moyenne, à 6 heures du 
matin, qui varie entre 16 et 18 degrés. Les matinées sont donc 
très-fraîches. 

Les maxima absolus s'éloignent beaucoup des minima, eu 
égard à la situation tropicale du Sénégal. Us ont atteint 41 de- 

17 



258 CLIMAT DE DAGA9A. 

grés deux fois dans Fannée : ie 25 mai et le 8 juSlet^ tondeurs 
sous rinflueace des veuts soufflant de l'ENË. 

Dans plus de la moitié des jours de l'année, la dilatation 
thermomélriqne a déliassé 30 degrés dans Taprès-midi. Dans 
les mo's de noYembre^ décembre, janvier et février, cette 
température n'a pas été aileinte plus de cinq ou six fois. 

Le nombre dis jours pendant lesquels la température s'est 
élevée au-dessus de 35"* ou a atteint ce chiffre est considérable, 
72, savoir : 2 en février, 40 dans les trois derniers mois de la 
saison sèche et 30 dans l'hivernage. Ce n'est donc pas aux 
mois des moyennes thermomùtriques les plus élevées que 
correspondent ordinairement les forts maxima. Comme nous 
l'avons montré plus haut, la courbe des maxima ne suit pas du 
tout une marche [arallèle à celle des moyennes. 

La fréquence des forts mnxima n'est pusencore assez grande 
à Dagana, dans les mois qui termineht la saison sèche, pour 
élever la température moyenne du printemps jusqu'au niveau 
de celle de Tété et de l'autonme. Mais ct^tte moyenne se rap- 
proche cependant de celle de l'hivernage^ elle n'en diffère que 
de2\ 

En pénétrant plus avant dans l'intérieur du Sénégal, nous 
trouverons à Bakel et à Médine des maxima qui, sans être de 
beaucoup supérieurs à ceux de Dagana, se présentent moins 
accidentellement et changent par If ur fréquence la marche 
des moyennes mensuelles de la température, telle que nous 
Tavons observée jusqu'ici à Dagma, à Saint-Louis et à Corée. 

Dijgana possède un climat qui participe de celui du littoral 
et en même temps de celui de l'intérieur. Les mouvements 
étendus de la température n'y sont encore que des exceptions; 
ces exceptions deviendront la règle dans le haut SénégaL 



TEarPÉRATCRS. 259 



ZV. «- Oscillations thenttométriq[aes. 

Une oscillation annuelle de 28<> n'a rien d'extraordinaire, 
si on la compare à roscillation que subit, dans l'espace d*uQ 
an, la tempéralure des climats tem))érés. Examinons la valeur 
des^osctilations dans chacune des deux saisons. 

L'hivernage est à Dagana. comme dans tout le Sénégal, le 
moment des oscillations faibles. En 1862, les oscillations men- 
sudtes ont varié entre 9^,5 pour le mois de septembre, milieu 
de rbivernage, et 19%0 pour le mois de juin, mois de transi- 
tion. Ces mouvements de la température ne présentent, 
comme on le voit, rien de remarquable. 

La différence entre les moyennes de 6 heures du matin et celle 
de 2 heures du soir, c'est-à-dire entre les moyennes se rappro- 
chant le plus de celle des minima, d'une part, et de celle des 
maxima, d'autre part, est de 7«,5.L'osciration diurne moyenne 
est donc, dans rhîvernage, voisine de 8'. C'est un chiffre bien 
inférieur à h moyenne des oscillalions diurnes de Tété en 
France. Par exi mple, à Tours, à Verdun, à Versailles (i), les 
oscillations diurnes sont de juin à septembre, en moyenne, de 
10® à 1 1*. Ou n'est donc pas en droit d'accuser les variations 
de la température dêtre, à Dagana,ia cause des maladies 
très-nombreuses précisément à ce moment de Tannée, et nous 
pouvons sans peine rejeter de nouveau les doctrines tendant 
à attribuer, en grande partie^ l'insalubrité du climat du Sé- 
négal aux variations thermomélriques exagérées. 

Une seule fois, dansThivernage 1862, au mois d'août, ros- 
cillation diurne s'est élevée jusqu'à 8«,0; elle a été en 
moyenne, dans ce mois, de 6",0 environ , ce qui n'est certes pas 
considérable et se rapproche de ce qui s'observe sous le cli- 
mat des Antilles (2). 

(1) Voir Annuaire de la Société météorologique. 

(2) Voir Aperçu général du climat des Antilles, par M. Ch. Sainte-Glaire 
Deville. Revue maritime et coloniale, 18 L3. 



CHAPITRE m. 



DES TENTft^ 



I. — Observations. 

Les observations des vents faites à Dagana^ du mois de 
juin 1872 au mois d'avril 1873, sonl, avons-nous dit, les meil- 
leures que nous possédions. La direction des vents a été notée 
le matin a 6 heures, à midi et le soir après le coucher du so- 
leiL Les mo's d'avril et de mai nous manquent complètement. 

Mous avons résumé ces observations, et ce résumé nous a 
permis d*élablir les roses des vcnts^ à Dagana, sur notre carte 
du climat du Sénégal. 



n. — Variations des vents dans l'année. 

Bien que les observations que nous possédons comprennent 
une seule année^ les roses résultant des moyennes des trois 
observations faites quotidiennement, à Dagana^ se rapprochent 
beaucoup de celles que dix années d'observations nous ont 
fourni pour Gorée. 

Au mois d*oc(o6re, à un moment qui varie selon les années^ 
les brises d deviennent de plus en plus rares. En novembre 
et décembre elles sont remplacées par des vents de N et de NE 
dont la fréquence va en augmentant jusqu'au mois de janvier. 
Ces derniers vents conservent leur fréquence, mais inclinent 
de plus en plus vers TE, à mesure qu'on se rapproche de la 
fin de mars. En avril les vents suivent la même direction. 



DES 11ENT8. 263 

Vers la fin de mat, Tapparilion de Tents d'O de plus en plus 
fréquents annoncent le prochain établissement de Tbiver* 
nage. 

On rctnarqncra que, tandis que dans la saison sèche, les 
vents d'O font défaut à Corée, ces brises maritimes ne dispa- 
raissant jamais complètement à Dagana. En étudiant les mo*- 
dlficatiuns diurnes de la direction des vents; on voit quMl 
existe en effet le soir de faibles brises locales soufflant de la 
côte vers l'intérieur du pays. 

Après le mois de mai, les vents deviennent très-variables, 
mais it est facile de reconnaître la grande prédominance des 
vents de ro et du SO. A mesure que Thivernage s'avance et 
s*approcbc de septembre, les vents présentent une plus grande 
variabilité, c'est alors qu'ils ont la moindre énergie de quel- 
que côté qu'ils souiflent. La force des vents n'a pas été indi- 
quée sur le journal, les calmes n'ont pas été comptes, mais 
nos observations penonneiles nous montrent que, sous ce 
rapport, Dagana ne diffère en rien des autres points du Séné- 
gal. Cette époque de l'anm'e est le moment des grands calmes. 
En oclobre, les vents de SO disparaissent complètement et, 
après une lutte fort courte, les vents réguliers du N à l'E 
s'établissent pour huit mois. 

Les brises brûlantes du NE et d'ENE sont, par leur appari- 
tion d'abord tièscourte, le signal du changement de saison. 
Ce n'est toutefois qu'en novembre que les vents du N au NE 
sont parfaitement établis. 



III* — Variations diurnes des vents. 

Nous avons vu que dans l'île de Corée, comme sur la plupart 
des points situés dans le voisinage des caps, il existait à' peine 
des traces de l'alternance régulière des brises de terre et de 
mer, qui s'observent à Saint- Louis. A Dagana, comme à Saint- 
Louis, il existe des brises locales de l'O soufflant de préférence 
dans la soirée. 



264 CLIMAT DIS DAGANA. 

Ia matin à 6 hturtê^ dans la saison sèche, le vent du N 
domine avec une telle fréquence qu'il souffle 60 fois sur les 
92 jours que comprend cette saison, c'est à-dire au moins 
2 jours sur 3. CVst au vent du N que correspondent les basses 
températures observées à cette époque. Quand ce ^ent ne 
souffl ' pas^ c'est celui de NE, alors tout aussi iroid. Les vents 
de NO sont excessivement rares à ce moment du jour. 

A midi les vents de N n*oiit plus qu'une fréquence égale à 
celle de NE et à celle des vents d'E. 

Lt soiff les vents de NE et de N conservent la même fré- 
quence. Les vents d'E disparaissent et ceux de NO et d'O ré- 
gnent pendant un certain temps. 

En résumé, de la fin d'octobre au mois dé mai, le vent do- 
mine au N le matin, passe au NE et à l'Eà midi, remonte au N 
puis au NO, et arrive même à l'O dans la soirée. 

Dans rhivernagCy la variabilité des vents masque en partie 
leur rotation diurne. Le matin, les vents dominants de la sai- 
son, ceux de SO, sont toujours les plus nombreux; mais, 
comme dans la saison sèche, si les vents de N viennent à souf- 
fler, c'est toujours le matin. Ils sont beaucoup plus rares à 
midi, jamais ou presque jamais ils ne s'observent le soir. 

Les vents d'E, très-rares dans cette saison, conservent cepen- 
dant leur prédilection pour le milieu de la journée^ s'ils appa- 
raissent, c'est toujours vers midi. 

Le soir, le vent rèfçne presque exclusivement de l'O et du 
SO à ro, après le coucher du soleil. 

Ces brises de l'O et de SO, si rafraîchissantes et si agréables 
dans les chaleurs de Thivernage à Corée et à Saint Louis, 
n'arriventa Dagana que faibles etaitiédies par unlong parcours 
sur des terres échauffées. Elles ont perdu leur propriété bien- 
aisante et c'est à peine si elles apportent, lorsqu'elles ont un 
peu de vigueur, un léger soulagement aux accablantes cha- 
leurs de l'hivernage. Aussi, malgré une température moyenne 
très voisiue de celle de la même saison àGorée, Thivernage 
est-il beaucoup plus difficile à supporter à Dagana que sur le 



DES VENTS. 265 

littoral, indépendamment de la salubrité des lieux qui dif^ 
fère considérablement. 



ZV. — Propriété des différents vents, à Dagana. 

Relativement au dessèchement plus ou moins rapide du 
pays, après les inondations, les vents jouent un rôle impor- 
tant, suivant la direction d'où ils soufflent. 

Entouré de tous côtés par des marécages^ le poste de Da- 
gana présente une grande insalubrité. Ces marécages for- 
nient les uns de véritables lacs, qui ne sont jamais complète- 
ment d( ssécbés, mais dont le diamètre va diminuant pendant 
six mois; les autres deviennent^ api es le retrait des eaux, de 
vastes plaines, parsemées de mares ordinairement peu pro- 
fondes. Toutes ces conditions jointes à une température éle- 
vée, donnent lieu à une production de miasmes fébrigènes 
extrêmement intense dans les mois d'octobre, novembre et 
décembre. Sur les hommes de toutes les races, ces miasmes 
paludéens font ressentir avec une grande énergie leur puis- 
sance nuisible. Mais c'est surtout sur la petite population 
blanche qui tient garnison dans le fort qu'on peut constater 
l'effet de l'empoisonnement marématique. On peut dire que 
ce groupe d'Européens ne se compose que de malades (1). 

Les vents jouent, comme véhicules du poison fébrigène, 
un rôle des plus importants. Comme dans les autres points 
étudiés jusqu'ici nous pouvons diviser les vents en deux 
groupes. Ceux qui viennent de TOcéan et ceux qui, du N au S 
en passant par l'E, sont des vents de terre. 

Les brises de SO de la mauvaise saison sont ordinairement 
faibles; elles ont traversé une large surface de pays aussi in- 
salubres que les environs des postes. Elles sont tièdes et hu- 

(1) Voir notre thèse : Quelques considératitmt médieaUs sur le potte de 
Dagana, Montpellier, 18C4. 



266^ CLIMAT DE DA«ANA. 

mides. Par leur mouveraent généralement lent^ par leurs pro- 
priétés hygrométriques^ elles sont éminemment propres au 
transport de la malaria et tendent à favoriser son développe- 
ment. La direction des vents do Tbivernage vient donc se 
joindre aux causes d'insalubrité existant déjà dans cette saison; 
tandis que les brises de l'O^ à Corée et à Saint-Louis, malgré 
leur humidité, luttaient avec un certain avantage contre les 
causes d'insalubrité de Tbivernage, à Dagana, ces brises sont 
au contraire les plus malsaines. 

Nous avons vu plus haut que, dans la saison sèche, il 
règne dans la soirée, des brises d'O; ces brises sont assez 
fréquentes en février, mars, avril, mai et juin, succédant le 
soir au vent de TE et du NE, elles reposent agréablement de 
la chaleur du jour. A mesure que Thivernage s*avance, ces 
brises perdent leur force, les calmes les remplacent, il faut 
parfois attendre jusqu'à 10 ou 1 1 heures du soir pour profiter 
de la légère fraîcheur qu'elles procurent. 

Les vents du S ont les mêmes propriétés que ceux de S3. 
Le vent de NO s'observe d'une manière irrégulière, à peu près 
dans toutes les saisons. 

Le vent de SE soufQe rarement; c'est un vent exceptionnel, 
celui du début des tornades; il est alors extrêmement éner- 
gique, mais de très-courte durée. 

Les vents du N, du NE et de TE, les deux derniers surtout, 
viennent du désert et possèdent une sécheresse extrême qui 
est, en grande partie, une propriété contrariant celles de la 
mnlaria. S'ils ne sont pas complètement impropres au trans- 
port de ce miasme, ils sont du moins peu favorables à son 
développement. Ce sont ces vents qui, après l'inondation, ba- 
laient les vastes plaines de la Sénégambie. Ils dessèchent rapi- 
dement les marécages^ détruisent en partie au moins la vie 
végétale inférieure et la putréfaction au milieu de laquelle 
s'épanonit le miasme paludéen. 

Les vents de NE et d'E sont connus sous le nom d'harmat- 
tan, vent du désert. Frais le matio^ dans les moi» de décembiie 
et de Janvier^ ils sont brûlants dès que le soleil s'est élevé 



DES VENTS. 261 

depuis quelques heures au-dessus de Tborizon. Ce aant ces 
vents qui, en avril et mai, donnent les forts maxima de tem- 
pérature. Venant du désert ces vents sont chargés d'un sable 
un qui slnûUre partout. En parlant de l'état du ciel à Gorée 
et à Saint-Louis, nous avons attribué à ce sable tenu en sus- 
pension par le vent d% Taspect de la partie la plus orientale 
de l'horizon du littoral, pendant une grands partie de la saison 
sèche. 

Les vents d'E apportent parfois des nuées immenses de 
grosses sauterelles. J'ai vu, à Dagana en 1862, sous l'influence 
de vents modérés de l'E, un de ces passages de nuées de sau- 
terelles. Ces insectes étaient en si grand nombre qu'ils for- 
maient un nuage épais que les rayons du soleil ne traversaient 
qu'avec peine. De la partie inférieure de ce nuage s'abattait 
sur le sol comme une pluie de ces insectes. Us couvraient la 
terre et les arbres d'une cuirasse vivante d*un jaune d'or. Les 
fromagers {hombax, Lin.) qui se trouvent devant le fort de Da*- 
gana sont des arbres d'environ 25 mètres de haut, ils étaient 
à ce moment couverts de feuilles. Au bout du second jour de 
ce passage, ces arbres furent entièrement dépouillés, et ne 
possédaient plus une seule feuille. La récolte de mil fut com- 
plètement perdue. Pour ne pas mourir de faim, les noirs 
mirent le feu à une partie de leur récolte à demi-dévorée déjà; 
et des sauterelles plus ou moins grillées se vendaient en sacs 
comme matière alimentaire. Ces passages de sauterelles sont 
heureusement rares. Ce sont les plus grandes causes des fa- 
mines qui ravagent le pays. 

La sécheresse des vents d'E est extrême. Lorsqu'ils soudent 
avec énergie, les corps les plus durs, le bois, l'ivoire, se fen- 
dent sous leur influence. Les objets cartonnés se racornissent 
et se déforment, les meubles se disjoignent, leurs boiseries 
éclatent avec bruit. 

C'est à la présence de ces vents qu'est due la tristesse de la 
végétation au Sénégal, le bananier, l'ananas, et autres plantes 
tropicales ne peuvent s'acclimater à Dagana. En une journée 
de vent d'E énergique, le jardin le mieui;: cultivé et promet^ 



268 CLIMAT DE DAGANA. 

tant la plus riche récolte de Irgumes est complètement détruit. 
Lorsque ces vents ont toute leur force et leur plus grande fré- 
quence, les feuilles jaunissent et tombent, le plus grand 
nombre des arbres restent dépouillés de leur feuillage jusqu'au 
retour des pluies. Les écorces des acacias éclatent et par les 
fentes suinte la gomme qui reste accolée^' sous forme de boule, 
à la branche qui l'a produite (1). 

Lorsque, comme en 1873, les vents d'E sont rares ou offrent 
une faible énergie, la récolte de la gomme est très-peu abon- 
dante. Cette richesse du pays peut diminuer alors de moitié 
ou même des deux tiers. 

L'influence des vents d'E sur le corps humain est aussi pro- 
noncé que sur les végétaux. Sous l'influence de ces vents^ 
on voit le thermomètre placé dans les meilleures conditions 
à l'ombre, dans le lieu le plus frais du poste, mais où Tair cir- 
cule librement, monter au-dessus de 40 degrés centigrades et 
se maintenir à cette hauteur pendant trois ou quatre heures. 
Le corps se trouve ainsi pendant plusieurs heures dans un 
milieu élevé de quelques degrés au-dessus de sa température 
propre. Les objets conducteurs du calorique, le marbre, le fer, 
donnent dans Tintérieur des appartements, lorsqu'on y pose 
la main, une sensation de chaleur semblable à celle que Ton 
éprouve en touchant ces objets, lorsqu'ils viennent d'être 
exposés au soleil. Mais alors, Tair est sec et ne fait aucunement 
éprouver l'impression pénible à laquelle on est soumis en 
septembre et en octobre, lorsqu'une température qui ne s'é- 
lève pas à plus de 34, degrés est accompagnée d'humidité et 
de calme. 

Dans le premier cas, sous l'influence du vent du désert, le 
corps est sec, la peau hâlée, 'les lèvres se gercent comme en 
Europe par les froids rigoureux de l'hiver; la membrane pi- 



(l) D*aprè8 un grand nombre d'échantillons que nous avons pu voir entro 
les mains de M. Béranger-Féraud, médecin en chef, les points d'où sort la 
gomme sont très-souvent aussi le lieu d'implantation d'une plante parasite 
qui doit jouer un certain rôle dans la producUon de la gomme. 



DBS TElfTS. 269 

taitaire desséchée devient douloureuse^ les coDjonctiyes sont 
le siège d'une fluxion sanguine. 

Dans le second cas, par vent de SO faible ou avec les calmes 
qui alternent avec ces vents, la peau est couverte de sueurs 
abondantes continuelles; elle est ordinairement le siège d'une 
éruption particulière (les bourbouilles). On éprouve dans 
tous les membres une sensation de brisement; on est inca- 
pable de déployer la moindre force physique un peu soutenue; 
et la persistance de la chaleur jusque dans la nuit empêche le 
sommeil. 

Le vent d'E ne sourfle pas la nuit, ou s'il souffle, il est froid, 
et jamais les nuits de la saison sèche ne sont pénibles comme 
celles de Thivernage. 

Si nous poursuivons la comparaison entre les chaleurs pro- 
duites dans la saison sèche par les vents d'E et celles de Thi- 
vernage, nons ferons remarquer que rien ne peut proserver 
des dernières, tandis qu'il est facile d'atténuer l'effet des cha- 
leurs brûlantes des vents du désert. On a d'abord la ressource 
des bains et des affusions froides. On peut aussi se mettre à 
Tâbri de ces vents. Il faut pour cela se renfermer dans un 
vaste appartement herméti(|uement clos par de doubles portes 
et doubles fenêtres. En arro^^ant le sol de cet appartement, on 
parvient à y maintenir une température qui s'élève, mais len- 
tement, au-dessus de ct lie de la matinée. Tandis que le ther- 
momètre extérieur marque à l'air libre à Tojnbre 39 à 40** et 
même plus, on peut se trouver dans un milieu clos dont la 
température ne s'élève pas à plus de 30<», surtout si l'on a eu 
soin d'interrompre la communication avec le dehors, dès le 
matin, un moment a\ant l'arrivée du vent du désert. L'im- 
pression ressentie en passant de ce milieu artificiel à l'air 
libre est analogue à celle que l'on éprouve en entrant dans 
les éluves sèches de certaines fabriques. 

Quelque désagréables que soient les vents d'E, leur in- 
fluence bienfaisante n'en est pas moins incontestable. Nous 
avons pu souvent en faire l'observation comme dans le cas 
suivant : 



TIO ' CLIBAT DE DAGAITA. 

C'était à la fin de rhivernage de 1862, au moment ôà les 
eaux de Tinondalion commençaient à se retirer, où les foyers 
d'infection se multipliaient. L'état sanitaire du poste était 
aussi mauvais que possible. Aux premiers vents d'E un peu 
énergiques, les malades cessèrent d'encombrer l'infirmerie^ 
les fièvres reprirent un caractère moins inquiétant^ la ten- 
dance à la perniciosité disparut. C'est grâce à ces vents du 
désert que l'état sanitaire, mauvais pendant Tinoiidation, 
s'améliora juste au moment où les eaux se retiraient avec 
rapidité et où l'on pouvait croire que les causes d'infections 
allaient devenir plus nombreuses. Certes les effluves miasma- 
tiques tendaient à se multiplier à ce moment, mais les vents 
du désert les détruisaient en partie ou les emportaient au 
loin. 

Nous devons signaler ici un fait qui paraît en contradiction 
avec les propriétés que Ton a attribuées à l'ozone sur l'état 
sanitaire et aux piopriétés destructives des miasmes que 
posséderait cet agent atmosphérique. Malgré rir.fliience favo- 
rable des vents d'E sur l'état sanitaire, ces vents font dispa- 
raître de l'air toute trace d'ozone. Nous avons vérifié le fait à 
Saint-Louis. Notre ami^ le docteur Daniel, Ta constaté dans 
le voisinage de Dagana, à Podor, en mars 1874, avec du papier 
ozonométrique que nous lui avions adressé dans le but de 
vérifier l'exactitude des observations que nous faisions à Saint- 
Louis. Que devons-nous penser après cela de la théorie qui 
attribue à l'ozone les propriétés parfois mortelles^ dit-on, du 
simoun dans les parties N du désert? 



CHAPITRE IV. 



PLUIES, ORAGES, T0B5ADB8. 



Les pluies sont rares à Oagana. En comptant même les jours 
où il n'est tombé que quelques gouttes d'eau, nous n'iavons 
constaté que trente-cinq jours de pluie dans notre année d'ob- 
servations personnelles ; 25 fois seulement la quantité d'eau 
tombée aurait pu être mesurée au pluviomètre. 

Les observations fuites par H. Bohéas^en 1872, indiquent 
seulement 20 jours de pluie de quantité appréciable, 6 foisseu* 
lement la pluie est tombée en grande abondance. (L'hivernage 
de 1872 a été très-sec dans tout le Sénégal.) 

C'est toujours dms l'hivernage que tombe la pluie. A la 
fin de la saison sèche, en avril et mai, nous avons obser>ô 
4 jours pluvieux, à la suite d*orages précoces. Les 31 autres 
jours de pluie se sont ainsi répartis dansThivernage de 1862 : 

Juin 8 jours. 

Juillet .... 3 — 
Août ..... 14 — 

Si nous rapprochons ces chiffres de ceux que Ton trouve 
dans nos tableaux des pluies pour la même année 1862^ à 
Saint-Louis et à Corée, nous voyons que tandis qu'il y avait 
dans rhivernage 29 jours de pluie à Corée, il y en avait 31 à 
Saint-Louis et 31 à Dagana. Il n'y a donc pas eu de différence 
sensible entre la fréquence des pluies à Dagana et sur le 
littoral. 

L'abondance de ces pluies n'a pas pu être mesurée; quel- 
ques-unes nous ont paru verser une énorme quantité d'eau 
sur le sol, et précéder de très-peu une crue considérable du 



Septembre. • . 


5 jours. 


Octobre .... 


1 — 


Novembre. . . 


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272 CLIMAT DE DAGANA. 

fleuve. Les quantités de pluie tombée à Gorée et à Saint- 
Louis, dans cet hivernage^ sont un peu au-dessus de celles de 
l'année moyenne. 

Comme dans les deux principales villes de la côte, c'est en 
août que les pluies ont été les plus fréquentes (environ 1 jour 
sur 2). Cependant nous remarquerons qu'au mois de mai les 
pluies sont apparues^ à Dagana, avec une certaii<e abondance, 
tandis qu'à Saint-Louis et à Gorée ce mois a été, dans la même 
année, entièrement sec. 

Nous croyons que les orages se montrent un peu plus tôt à 
Dagana que sur le littoral. Nous n avons pas compté tous les 
orages et toutes les tornades que nous aurions pu observer, 
cependant nous trouvons plus de 15 orages inscrits sur nos 
notes. L':8 tornades pn^sentent le même aspect et la même 
marche qu'à Gorée ; loujours nous les avons vues s'élever d'un 
point de l'horizon très-voisin du SE et se perdre dans la direc- 
tion du NO. 

En 1872, on a compté 14 orages et jusqu'à 12 tornades; 
la plupart de ces dernières avaient très-peu d'énergie. On voit 
qu'il y a encore, sous ce rapport, une grande analogie entre le 
cliit at de Dagana et celui de la côte durant Thivernage. C'est 
en effet, le moment où lous les points du Sénégal présentent 
entre eux la plus grande conformité de climat; que Ton con- 
sidère la temprraiure, les vents ou même les phénomènes 
accidentels de 1 atmosphère, tels que les orages elles tornades. 



QUATRIÈME PARTIE 



CLIMAT DE BAKEL. 



CHAPITRE I. 



X. — Situation de Bakel. 

Bakel est situé par 14'' 53' 13" latitude N, 14* 49' 23" longi- 
tude 0. 

La latitude de Bakel est à pea près la même que celle de 
lile de Corée. Ce point se trouve donc par un heureux basard 
parfaitement situé, relativement à sa distance de Téquateur^ 
pour être l'objet d'une comparaison de son climat essentielle- 
ment continental avec le climat marin de Tlle de Corée. Nous 
pourrons donc faire ressortir l'importance des modifications 
qu'apporte le voisinage ou Téloignement de la mer dans la 
constitution atmosphérique de ces deux points de la Séné- 
gambie. 

Le fort de Bakel, établi dans le but de protéger notre com- 
merce avec les peuples de Tintérieur de l'Afrique, est établi 
sur la rive gauche du Sénégal. Pour y parvenir, il faut re- 
monter ce fleuve sûr une longueur de 880 kiloniëtres. La dis- 
tance qui sépare Bakel du bord de la céte occidentale d'Afri- 
que est, dans la direction d*une ligne allant dé l'E à TO et 
passant très-près de Corée, de 520 kilomètres. 

Le poste aGmel> construit en 1820 pour remplacer les forts 

18 



274 CLIMAT DE BAKEL. 

de Saint-Joseph et de Saint-Charles, abandonnés depuis de 
longues années, n'a été complètement achevé qu'en 1860.11 
ne se composait primitivement que de logements insufflsants 
et malsains où la troupe européenne a dû êlre remplacée par 
des soldats indigènes^ à cause de l'effrayante mortalité qui ré- 
gnait sur elle. Mais les prétentions du prophète AUIIadj- 
Oumar, qui avait soumis toute la partie de TAfrique située 
entre le Niger et le Sénégal, nous forcèrent de tourner nos 
vues vers le haut fleuve. Le poste fut agrandi et fortifié^ des 
logements vastes et salubres furent construits, et les Euro- 
péens, quoique encore éprouvés par les influences perni- 
cieuses, parcourent avec moins de pertes qu'autrefois leur 
période d'une année de séjour à Bakel. 

Le poste comprend deux pavillons parallèles, dirigés du S 
au N; le premier étage sert de lieu d'habitation. 

Ce poste militaire est fortifié à Faide d'une enceinte bastion- 
née; il est placé sur un monticule qui domine le fleuve à 
%i mètres au-dessus des eaux les plus basses, et à iO mètres 
au-dessus des plus hautes^ dont il est alors entouré de presque 
tous les côtés. 

Le village nègre de Bakel se compose presque exclusivement 
de cases en terre et en feuilles. Il s'étend sur une grande 
superficie tout autour du poste, et contient une population 
d'environ i,000 habitants. Il fait partie de l'ancienne province 
de Guidiaga qui, avec le Khasso, formait le pays de Galam et 
comprenait une étendue de près de 160 kilomètres sur la rive 
gauche du Sénégal, à cheval sur un alfluent de ce fleuve, la 
Falémé. 

À ro du fort se trouvent de vastes marais. Au N, un ma- 
rigot qui met ces marais en communication avec lé fleuve 
dans la saison des pluies, et qui offre un terrain rempli de 
dépressions où Teau croupit pendant une partie de l£^ saison 
sèche. 

A TE de Bakel coule le Sénégal qui, dirigé d'abord du SE 
au NO, forme un coude en amont de Bakel, se dirige alors du 
S au N, sur une longueur de 8 à 10 kilomètres, et reprend 



OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 275 

ensuite sa direction primitive. Sa largeur est do 200 à 300 mè- 
tres environ en face du village, à l'époque des basses eaux^ 
Mais à un kilomètre au N de Bakel, le fleuve se rétrécit consi- 
dérablement et n'a pïus que 80 mètres par suite de Témer- 
gence d'un vaste banc de sable relié à la rive gauche; ce banc 
est recouvert lorsque la crue atteint 3 ou i mètres. La pro- 
fondeur des eaux est très- variable; elle a de 15 à 20 mètres en 
face du poste. 

Le fond du fleuve, à Bakel» est généralement boueux; le long 
de la rive droite, il est rocailleux; le long de la rive gauche, 
le sable très-répandu dans son lit s*accumule lorsqu'il ren- 
contre un obstacle et forme de nombreux bancs qui émergent 
pendant la saison sèche et constituent des gués ou passages 
que les chalands mêmes ne peuvent franchir, pendant quelques 
mois de Tannée. 

Les rives très-escarpées à droite le sont moins à gauche, 
elles sont formées en grande partie de terre végétale que les 
indigènes cultivent lorsque les eaux se sont retirées. Mais les 
détritus organiques qu'elle contient sont une puissante cause 
d'insalubrité. 

Le soi des environs de Bakel^ comme celui du haut fleuve 
en général, est très-accidenté; il est parsemé de collines assez 
hautes» dont la direction est du SO au NE. 



n. — Observations météorologiq[ae8. 

Pendant douze ans, de 1856 à 1868, le fort de Bnkel a pos- 
sédé quelques instruments qui ont irrégulièrement servi à 
faire des observations thermométriques. Mais nous n'avons 
trouvé aucune série comprenant soit une année complète, 
soit douze mois successifs. Ces observations sont éparses sur 
les rapports des médecins de Bakel. Elles nous fournissent des 
moyennes mensuelles^ souvent très-rapprochées de celles que 
nous allons étudier. 

A la fin de 1860 et en 1861, il a été fait à Bakel une très- 



276 CLIMAT DE BAEEL. 

bonne série d'observations thermométrîques. Elle comprend 
onze mois, du i** septembre 1860 au 31 Juillet de Tannée 
suivante. î^e mois d'août manque seuK Nous avons été assez 
beureux pour retrouver des observations, faites en août iS56, 
nous fournissant pour la température des chiffres très-peu 
différents, de ceux que nous aurait donnés l'interpolation de 
moyennes fictives entre les mois de juillet et de septembre. 

Enfin, à une date plus récente, il a été fait une série ther- 
mométrique, du mois de septembre 1872 au même mois de 
Tannée 1873, mais dans de mauvaises conditions d'exposition 
des instruments. Dans ce dernier journal^ les vents dominants 
ont été indiqués avec soin; nous nous en sommes servis pour 
dresser le tableau des vents de cette région et construire les 
roses portées sur notre carte du climat du Sénégal. 

C'est avec ces éléments que nous avons pu reconstituer la 
physionomie d'une année météorologique à Bjkel. Les rapports 
médicaux conservés aux archives de Tbépital de Saint-Louis 
nous ont fourni le reste des documents sur lesquels nous 
allons nous appuyer. 

Lieu d'observation. — Les instruments étaient exposés sur 
une vaste galerie, située au premier étage, regardant TO et 
largement ouverte à ses deux extrémités au N et au S, leur 
élévation était d'environ 28 mètres au-dessus des plus basses 
eaux du fleuve. 11 n'existe aucun renseignement indiquant la 
hauteur de ce niveau au-dessus de celui de la mer. La pente 
du fleuve est encore à étudier. 



CHAPITRE II. 



TBKPiRÂTURB. 



I. — Température moyenne de l'année. 

La température moyenne annuelle conclue de quatre obser- 
yations quotidiennes est, à Bakel, de 28% 7. (Il ne faut pas 
ometire de signaler que Texposition à 1*0 des instruments a 
dû élever cette moyenne un peu au-dessus de la moyenne 
véritable. ) 

La moyenne résultant des observations de 6 heures du ma- 
tin à 1 heure du soir, est plus élevée de 0%2. 

La moyenne annuelle conclue des demi-sommes desminima 
et des maxima, au lieu d'être supérieure à la moyenne réelle, 
se trouve être inférieure à celle-ci de 0%4. Nous croyons devoir 
attribuer à des erreurs instrumentales la valeur trop faible 
de cette dernière détermination. 

La moyenne annuelle de Bakel est de S"* supérieure à celle 
de nie de Corée. Cette différence est très-forte, surtout si Ton 
considère la situation presque sur le même parallèle, la dis* 
tance qui sépare ces deux différents points de notre colonie 
africaine et Taltitude probable de Bakel. La situation maritime 
de Corée, la situation de Bakel dans l'intérieur du continent, 
telles sont les principales causes de cette différence. 

Il faut remarquer avec quelle rapidité croissent les moyennes 
de la température à mesure qu'au Sénégal on s'éloigne du lit- 
'toral. En France, nous pouvons constater qu'une distance de 
520 kilomètres n'apporte pas une différence de plus de i^ 
entre les moyennes annuelles de deux villes situées comme 
Brest et Versailles, Tune dans une situation maritime, l'autre 
au aûlieu des terres. 



278 



CLIMAT DE BAKEL. 




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TEMPERATURE, 379 

La tempéralare moyenne est, à Corée, 2d%8; à lOO kilo* 
mètres dans les terres, à Dagana, SS^'^S ; à 52o kilomètres, à 
Bakel, ts%l. C'est, avons-nous dit^ au grand courant d'eau 
froide désigné sous le nom de courant polaire de Tocéan 
Atlantique, que le cap Vert et les points voisins de la côte 
d'Afrique doivent leur température relativement douce. LMn** 
teneur du pays n'est sous l'influence des brises du large 
que pendant la saison des pluies, ce n*est que dans cette 
saison que l'atmosphère plus frais du littoral peut pénétrer 
dans rintérieur et diminuer l'excès de la chaleur. Mais le 
peu d'intensité des brises d'O ne leur laisserait qu'un faible 
pouvoir rafraîchissant, si elles n'apportaient avec elles les 
nombreux nuages dont se couvre le ciel de la saison d'hiver- 
nage, et l'eau des pluies dont la chute doit modérer l'excès de 
la chaleur produite par un soleil zénithal. 

Dans la saison sèche, les vents de l'intérieur dominant 
seuls, il ne se fait aucun échange de l'atmosphère dans le sens 
utile an rafraîchissement du pays. 

Ainsij la grande différence entre la température annuelle 
de Bakel et celle de Corée est un fait qui trouve son explica- 
tion dans les situations respectives des lieux ; elle porte sur- 
tout sur la température de la saison sèche. 



II. — Température moyenne des saisons. 

La température de la saison sèche est,* à Bakel, de 29%i ; 
celle de l'hivernage est de 28%3. Ainsi, la température de 
l'hivernage ne serait supérieure à celle de la même saison à 
Corée que de l%3. Hais nous ne pouvons accorder aux 
moyennes obtenues, pour une seule année à Bakel, la valeur 
de celles conclues de dix années d'observations à Corée. On 
peut penser que, pendant l'hivernage, la température varie 
d'une région à l'autre encore moins que ne le ferait croire le 
résultat de ces observations. L'exposition du thermomètre à 



280 CLIMAT DE BAKEL. 

ro a dû éleyer les moyennes de BakeL Ces motifs nous por- 
tent à penser que la moyenne de l'hivernage indiquée par 
nos tableaux doit être un peu supérieure à la moyenne qui 
sera déterminée par les obserTations à venir. 

L'énorme différence qui existe entre la moyenne annuelle 
de Bakel et celle de Corée provient uniquement de la diffé- 
rence existant entre les moyennes de la saison sèche dans cha- 
cun de ces points. Cette différence est de 8%5. Il en résulte que 
la saison sèche se trouve être, à Bakel, la saison la plus 
chaude, du moins si l'on ne considère que les moyennes. 

Dans le haut Sénégal, la saison humide mérite aussi bien 
que sur le littoral le nom de saison chaude ; c'est la saison des 
chaleurs constamment élevées, tandis que la saison sèche ne 
mérite le nom ni de saison fraîche, qui serait impropre, ni ce- 
lui de saison chaude, qui ne s'appliquerait qu'à quelques mois. 
Cette période de l'année est la saison des plus grandes cha- 
leurs, en même temps que celle des plus grandes fraîcheurs; 
c'est celle des grandes variations thermométriques. 

A Corée et à Saint-Louis, l'hiver et le printemps ont, au 
point de vue de la température comme sous beaucoup d'au- 
tres rapports, des caractères identiques; Tété et l'automne 
présentent entre eux des caractères très-voisins qui ne per- 
mettent pas de reconnaître comme logique autre chose qu'une 
division de l'année en deux semestres, l'un frais et sec, l'autre 
chaud et humide. 

A Bakel nous trouvons encore, dans Thivernage, identité de 
caractère entre l'été et Tautomne; les moyennes de la tempe- 
rature sont, pour le premier de ces trimestres, ss'^yéj et pour 
le second, 28%1. 

La différence qui existe au contraire djins la saison sèche, 
entre le trimestre d'hiver et le trimestre du printjemps, est 
considérable. La moyenne de Thiver est 23<>,9, celle du prin- 
temps, 33<^,2. 

On ne trouve donc que peu de raison pour réunir sous une 
même dénomination, relativement à la température, deux 
périodes qui sont si différentes entr^ elles. L'absence des 



TEMPiMATCRE. 281 

pluies, la sécheresse de Tair, quelle que soit son élétatlon 
thermoroétrique^ faible ou forte^ sont les seules propriétés 
communes des différents mois de ce semestre. Ces propriétés 
sont sous la dépendance de la régularité des vents du N à TE» 

On peut diviser^ à Bakel, Tannée en trois périodes : la sat* 
son sichê et froide, les trois mois d'hiyer; la Misan sèche ei 
très-chaude, les trois mois de printemps 5 la saison humide et 
chaude^ riiivernage, les six autres mois. 

Tandis que la graduation des chaleurs se fait à Corée, de 
rhi?er à Fantomne, à Bakel, à la saison la plus froide, Vhiver, 
succède bnisquemenl la saison la plus chaude de Tannée, le 
printemps. L'été est plus froid de V,0 environ que le prin- 
temps, et la température de Tautomne est sensiblement la 
même que celle de Tété. 

À quoi |)euvent être attribnés cette élévation brusqué de la 
température moyenne et les maiima considérables du prin- 
temps? 

Le nombre des jours de vent de TE au NE est de 76 pour 
Thiver, et de seulement 47 pour le printemps. Ce n'est donc 
pas d'une manière absolue la fréquence plus grande du vent 
4^ qui rend supérieure la température du printemps à celle 
de Tbiver. Gomme à ces vents sont intimement liés les forts 
maxima, on est tenté de leur attribuer la hauteur des 
moyennes plus grande des mois du printemps; mais d*un au- 
tre côté les plus faibles minima sont aussi liés à la présence 
de ces vents en hiver. 

Pourquoi ces mêmes vents du N à TE sont-ils froids en 
hiver et chauds au printemps? Et surtout pourquoi la diffé- 
rence entre la température des diverses masses d'air qu'ils 
apportent est-elle si considérable dans l'intérieur du pays, 
tandis qu'elle est moins prononcée sur le littoral t 

Il est incontestable, les journaux météorologiques en font 
foi, que c'est au vent d'E que sont dus les très-faibles minima 
comme les plus forts maxima. 

Le vent du NE à TE, Tharmatan, vient du désert. En hiver, 
ces vastes plaines» sous une atmosphère privée presque com- 



Stt CLIMAT DIS BAKBL. 

plétement de vapeur d'eau, éprouvent un refroidissement 
considérable qui abaisse les minima jusqu'à iS"» (HédiDe), et 
sans doute beaucoup plus bas. La plus grande longueur des 
nuits, Tobliquité des rayons solaires suffisent pour en rendre 
compte. En somme, le refroidissement des nuits, du matin et 
du soir, remportent sur réchauffement relitivement moins 
prolongé et moins fort du milieu du jour. 

Dès qu'avec le printemps, le soleil s'élève au N, lorsqu'^ 
avril il passe au zénith; la durée plus longue des jours, 
la direction de plus en' plus voisine de la normale des rayons 
solaires produisent un résultat inverse : raocumulation delà 
chaleur remporte sur le rayonnement nocturne. Comme au- 
cune vapeur d'eau ne vient jouer le rôle de compensateur 
dont nous avons expliqué le mécanisme en parlant du déoiat 
de Corée, il arrive alors, à Bakel, ce qui arrive dans toutes les 
contrées limitrophes du grand désert^ qudle que soil la situa* 
tion géographique de ces contrées. 

Les causes de ces changements de température sont^ au Sé*- 
n^al^ les mêmes que dans la mer Rouge ; l'alternative des 
vents du désert, d'une fraîcheur glaciale en hiver et d'une 
cbaleur étouffante au printemps, est très-prononcée dans cette 
mer intérieure. Nous avons pu, en passant cinq fois dans ces 
parages, constater, et les froids pénibles qu'on y éprouve sou- 
vent, et les dangereuses et parfois mortelles chaleurs aux- 
quelles, dans certains autres mois, sont exposés les équipages 
des navires. 

Dans l'hivernage, à Bakel^ comme dans tout le Sénégsd, les 
vents d'E sont remplacés par des brises d'O qui accumulent 
sur le ciel des nuages épais, apportant une grande quantitéde 
vapeurs d'eau remplissant alors le rôle des vapeurs d'eau 
qui saturent, presque l'atmosphère des côtes en toute saison« 
L'effet du voisinage du désert est alors complètement atiénué. 



TBMPÉmATumB. 283 



IXI. — Marche de la température [k Bakel pendant 

l'année. 

Noos avons tu^ à Corée et à Saint-Louis^ les moyennes 
mensuelles suivre une marche parfaitement régulière, ascen- 
dante pendant huit mois^ descendante pendant les quatre 
autres moi s. 

Il n'en est pas de même à Bakel : la courbe des moyennes 
nous donne deux minime et deux maxima annuels. 

En 1^60, la température la plus basse est en janvier^ c'est 
le premier et le plus faible minimum de Tannée. Le premier 
maximum (le plus élevé de toute l'année) est en aTril. Le se- 
cond minimum, bien supérieur au premier^ se présente en 
juin; le second maximum en novembre. 

Ainsi, à chaque saison correspond un minimum et un 
maximum des températures moyennes mensuelles; et c'est 
dans la saison sèche que se trouvent groupés, voisins Tun de 
l'autre^ le minimum le plus bas de Tannée et le maximum le 
plus élevé. Nous avons, sous une autre forme, déjà attiré Tat- 
tention sur ce fait. 

La différence entre ces moyennes extrêmes est de i0\ Il y a 
donc dans le court espace de temps qui sépare le mois d'avril 
du mois de janvier une oscillation d'autant plus considérable 
qu'il s'agit de moyennes. . 

Dans Thivernage, le moment de la température moyenne 
la plus faible est très-éloigné decelui de la moyenne laplusforte. 
La plus basse est placée en juillet : 26%5, la plus élevée eu no- 
vembre : SS'',^, et malgré Téloignement de ces deux moyennes, 
les températures qu'elles indiquent diffèrent Tune de Tautre 
de moins de 2 degrés. Nous retrouvons donc déjà, par la seule 
inspection des moyennes, cette tendance aux oscillations 
moindres, à la fixité de la température que nous avons fait 
ressortir comme propre à la saison d'hivernage sur le littoral 
et qui se lie, a Bakel comme à Corée, à l'état d'humidité plus 



384 CLUIAT DE BAKEL. 

prononcée dé Tair i cette époque que dans l'autre saison. 

La moyenne de féTrier est toujours supérieure à celle de jan- 
vier^ il en a été ainsi dans les années i 856, 1859, 1861 et 1867, 
seules années dans lesquelles nous connaissons les moyennes 
de ces deux mois. 

La moyenne de décembre a été inférieure à celle de Janyier 
dans les hivers 1861^ 1863; elle lui a été supérieure dans les 
hivers de 1 859 et 1867, seules années ou nous ayons des obser- 
vations des températures de ces deux mois. 

C'est donc tantôt en janvier, tantôt en décembre que se 
place le minimum des moyennes mensuelles. U y a donc une 
précocité des fraîcheurs plus grande dans Tintérieur du pays 
que sur le littoral. 

Suivons la marche de la température dans Tannée, de mois 
en mois. 

En janvier, la moyenne est de 24»,3, les extrêmes varient 
entre 15^,5 et 35^,5, aussi les médecins de Bakel signalent-ils 
toujours^rapparition de froids relatifs, la salubrité des vents 
d'E au NE qui régnent à cette époque. En ce moment, sur les 
bords du fleuve, on signale souvent le matin des brumes 
épaisses, très-fralches. 

En février, se fait une ascension assez prononcée de la 
moyenne thermométrique, cette ascension est de plus de 2^ et 
demi sur celle du mois précédent. La température augmente 
rapidement, malgré quelques rares journées fraîches et des 
brumes matinales tellement épaisses, qu'il arrive quelquefois 
que Ton a de la peine à se conduire. 

En mar$^ Tascension sur le mois précédent conserve la 
même rapidité, les journées deviennent très-chaudes; quel- 
ques brises accidentelles viennent parfois le soir du NO ra- 
fraîchir la température. 

Avril est le mois des grandes chaleurs, les plus fortes que 
Ton observe dans les points connus dn Sénégal. La moyenne 
de ce mois a été de 2^"",^ en 1861. Pendant quatre années dif- 
férentes nous avons des moyennes du mois d'avril ne s'éioi- 
gnant que d'une fraction de degrés de celle de notre série. Tout 



TEMPÉBATURB. 285 

nous porte à croire que cette moyenne est exacte. Elle est su- 
périeure de 4 degrés et demi à celle du mois précédent, A cette 
ascension rapide des hauteurs tlierroométriques correspond 
fort lieureusement une séclieresse assez grande, le vent brû- 
lant du désert soufQe d'une manière presque continue, Aussi^ 
. tous les médecins qui ont passé à Balcel parlent-ils des chaleurs 
excessives de ce mois; ces chaleurs diffèrent beaucoup de 
celles de rhivernage, elles sont moins constantes^ quoique plus 
élevées. > 

Au mois de mai, la température s'abaisse de i à 2 degrés; 
elle reste donc excessive et elle fournit des maxima diurnes 
, considérables. 

Le passage de la saison sèche à la saison humide commencé 
dans le mois de mai, par transitions successives^ jusqu'à la 
fin de juin. Il est annoncé, en mai, par un changement dans la 
direction des vents qui deviennent NO et même et SO, puis 
par l'apparilion des orages et des pluies. Les orages éclatent 
alors presque tous le soir après le coucher du soleil, ils 
rafraîchissent considérablement l'atmosphère. 

La baisse est un peu plus sensible en juillet. Tous les obser- 
vateurs font remarquer que cette baisse de la température de 
niai à juillet correspond à la présence des orages, des tornades 
et des pliiies abondantes. Comme celte baisse de la tempéra- 
ture est assez prononcée, mais se fait lentement sous l'influence 
des pluies répétées, on voit ainsi succéder à une chaleur 
sècbe, très-élevée, une chaleur humide un peu moins élevée, 
il est vrai, mais beaucoup plus régulière et plus constante, 
et qui ne tarde pas à devenir beaucoup plus pénible. 

Durant tout l'hivernage jusqu'à la un d'octobre, on peut 
dire que la température moyenne varie assez peu, Toscilla- 
lion est d'environ i demi-degré d'un mois à l'autre, en plus 
ou en moins, suivant le mode de distribution et l'abondance 
des pluies. La chaleur est pénible, surtout lorsque le soir, la 
brise vient à toitiber complètement. A la fin d*octobre des al- 
ternatives de sécheiesse et d'humidité rendent souvent les 
nuits fraîches. 



986 CLIMAT DB BÂMSL. 

Le mois de noîoembre est i Bakel, comme dans le reste du 
Sénégal, celui dans lequel se termine Thivernage sous Tin- 
fluence de la réapparilion des vents réguliers. Quoique sa 
moyenne soit souvent aussi élevée que celle du mois précé- 
dent (comme dans l'année 1860), la sécheresse fait paraître la 
température froide eu égard aux températures des derniers 
mois. Parfois (comme en iS7i), il y a un abaissement réel et 
rapide de la température vers la On du mois. 

En décembre, la saison sèche est bien établie. La moyenne 
de ce mois est toujours inférieure d'au moins 2 degrés à celle 
du mois de novembre. La température parait fraîche et même 
froide à des gens qui ont supporté les températures dont nous 
venons de parler* 



XV. — Températcnres extrêmes. 

La marche des moyennes des maxima est parallèle à celle 
des moyennes mensuelles. A BakeU ces maxima élevés sont 
assez nombreux, pour influencer suffisamment les moyennes, 
c'est ce qui place à Bakel le moment le plus chaud de 
Tannée, au moment des plus forts maxima; tandis qu'à Da- 
gana les maxima du printemps, tout en étant aussi élevés que 
ceux de Bakel, n'ont, par leur rareté, qu'une faible influence 
sur la^marche générale de la température. 

Ddns la dernière colonne du tableau des températures nous 
avons inscrit les températures extrêmes les plus prononcées, 
indiquées chaque mois dans les journaux météorologiques; 
cela donnera une idée suffisante de la valeur de ces extrêmes. 

Ainsi, la plus basse température observée à Bakel, a été de 
i4%6 (le 1'' décembre 1860), la plus haute a été de 43%6 (le 
29 avril 1861). 

Ce dernier chiffre montre l'exagération de ceux qui signa- 
lent so^" comme la température à laquelle atteint souvent l'at- 
mosphère du Sénégal, et le ridicule de l'indicaUon du mot Se- 



TBMPÉRATU&E. i87 

Dégal 8«r les thermomètres» au aiveau du cinquantième degré 
de eet instrument. 

D'après une note accompagnant les obserrations de M. Ver- 
dier^ea 1872, au moment d'un maximum de 41 %7 à l'ombre, 
un tbermom^re promené au soleil pendant un quart d'heure 
s'est élevé à 45^, placé sur le sable da sol il s'éieyait jusqu'à 
60^ et 6i^ Mais ces dernières conditions d'exposition sont loin 
d'indiquer la température de l'atmosphère. Une série d'obser- 
vations du thermomètre-fronde, faites au-dessus du sol sa- 
bkmneux, en plan soleil, les jours de vent d'E, présenterait 
BD grand intérêt. Elle indiquerait d'une manière assez exacte 
la température à laquelle peut accidentellement se trouver 
soumis un voyageur ou même un corps de troupe, si jamais 
la nécessité de taire marcher des troupes sous les ardeurs d'un 
soleil semblable pouvait se présenter. Nous signalons aux fu- 
turs observateurs l'utilité de cette expérience. 

Revenons à l'examen de la température de l'atmosphère i 
l'ombre, seule coudition où, jusqu'ici, on ait trouvé le moyen 
de faire des observations pouvant être comparées les unes aux 
autres. 

Nous avons compté dans les journaux météorologiques de 
Tannée que nous étudions plus spécialement, quelle a été la 
fréquence des hautes températures. 

Le maximum de 40* n'a jamais été atteint dans les cinq der* 
niers mois de l'hivernage, ni dans les quatre premiers mois de 
la saison sèche, mais dans les troi^ autres mois la température 
a atteint ou dépassé 40% 36 fois, savoir : 15 fois en avril, 15 fols 
en mai et 6 fois dans la première quinzaine de juin. 

Il est rare que le maximum diurne n'atteigne pas 30*. 

Le maximum de 35* est très-fréquent. 

Dans la saison sèche et fraîche j en biver, ce maximum a été 
atteint 2 fois en décembre, 1 fois en janvier, 14 fois en février. 

Dans la saison ièche et chaude^ au printemps : en mars, avril 
et mai, tous les jours, entre i heure et 4 heures du soir, la 
température s'élève au-dessus de 35*, pendant un certain nom- 
bre d'heures. Parfds même, en avril, cette forte élévation de 



288 CLIMAT DE BAEEL. 

la température se maintient de i i heures da matin à 10 heures 
du soir. De sorte qu'en ayril 1861, la moyenne diurne conclue 
des quatre observations de 6 heures et 10 heures du matins 
4 heures et 10 heures du soir, a été supérieure à 35* pendant 
7 jours, dans le dernier tiers du mois. On conçoit qu'une cha- 
leur souvent égale et même supérieure à la température da 
corps humain^ se maintenant pendant de longues heures^ et 
cela pendant une série de 7 Jours, doit, malgré sa sécheresse 
qui Tempéche d'ètremortelle, produire sur Téconomie humaine 
un effet dont on garde le souvenir. Ces chaleurs sont toujours 
accompagnées de vent d'E; nous en avons décrit les principaox 
effets, lorsqu'en parlant du climat de Dagana^ il a été question 
de ces vents. 

Ces chaleurs se montrent dans des régions heureusement 
peu fréquentées par les Européens. Elles font contraster forte* 
ment le climat du haut Sénégal avec le doux climat du littoral 
de cette contrée. On peut dire qu'il y a plus de différence entre 
le climat de l'intérieur du Sénégal et celui de Corée, qu'il n'y 
en a entre ce dernier et celui de la France pendant Tété. 

Dans rhivemage, au mois de juin, qui sert de transition à 
la saison sèche, les maxima diurnes supérieurs ou égaux i 
33* se sont présentés tout le mois, excepté pendant trois jours. 

Dans les cinq derniers mois de Thivernage, la température 
ne s'est élevée que 3 fois au-dessus de 35*, une fois en juillet 
et 2 fois en novembre. On voit que l'hivernage ne mérite pas, 
par opposition, le nom de saison chaude ; c'est la saison des 
chaleurs tièdes et humides si débilitantes pour les Européens; 
et, chose importante à signaler, des chaleurs malsaines, préci- 
sèment parce qu'elles sontnon*seulement humides, mais cons- 
tantes. Dans la saison sèche, au moment de ces maxima 
diurnes si excessifs, les nuits sont bonnes. Des minima de 
21« à 24* sans humidité paraissent très-frais et très-agréables. 

Les minima de Thivernage sont rarement au-dessous de 21^ 
mais ils sont accompagnés d'humidité; aussi les nuits parais- 
sent-elles aussi chaudes ou presque aussi chaudes que les 
journées. 



TEMPÉRATURE. 289 

Il est regrettable que nous n'ayons aucune bonne obsenra- 
tion psycbrométrique. Tout ce que Ton peut dtre^ c'est que 
l'atmosphère présente une sécheresse extrême dans la seconde 
partie de la saison sèche, et parait avoir dans l'hivernage les 
mêmes propriétés que sur le littoral. 



y. — Oscillations de la température. 

a 

Le climat de Bakel étant celui d'un pays éloigné de la mer^ 
nous devons nous attendre à trouver des oscillations de tempé- 
rature plus étendues et plus fréquentes que dans les régions 
étudiées jusqu'ici. 

Voscillation annuelle du thermomètre est de 29"*. Elle est la 
même qu'à Dagana. Elle est donc bien inférieure aux varia- 
tions thermométriques annuelles qui s'observent en France; 

Les oscillations mensuelles sont beaucoup plus considérables 
que celles du littoral. Si on les compare à celtes des climats 
équatoriauXy elles sont très-élevées» mais si on les met en re- 
gard des oscillations éprouvées par la température dans l'in- 
térieur des pays tempérés^ on peut constater qu'elles n'ont 
rien d'exagéré. 

Le tableau suivant permettra d'en juger. 



19 



290 CLIMAT DE BAKEL. 



•MllUttou mtHraellM ém, ttcnnioaètre 

Ou différence des températures extrêmes de chaque mots, pendant 

Vannée 1860. 

A Verialllflt A Bakel 

(4860). OSiO-48M). 

Décembre 27>8 20,8 

JanYier 23,8 20,0 

Février. 20,0 20,6 

Mars 48,8 16,1 

A?rll 19,7 19,6 

Mai 20,9 18,5 

Juin 18,8 19,6 

Juillet 21,6 18,0 

Août 17,3 12,5 

Septembre 16,7 16,3 

Octobre. . 17,6 16,1 

Novembre 14,0 19,8 

m — I ■ • ■ I I il 

Moyemies 19,7 18,2 

On voit que ces yariations sont, en général, inférieures à 
celles qu'à la même époque auraient eues à supporter les 
Européens habitant Bakel, s'ils étaient restés dans leur patrie. 

Les oseillations diurnes offrent plus d'étendue que dans les 
autres points du Sénégal. Comme toujours elles sont moindres 
dans rtiivernage. Nous pouvons en avoir la moyenne, en 
prenant la différence entre la moyenne des minima et la 
moyenne des maxima de chaque mois. Les variations diurnes 
sont les plus faibles au mois d*août, elles sont de 5<^,i en 
moyenne. La plus forte observée n'a été que de 7%9, le 30 de 
ce mois. C'est en février que ces variations sont les plus fortes, 
elles atteignent en moyenne i5«,7. Si nous les comparons aux 
oscillations diurnes moyennes, à Versailles, nous constatons 
que ces dernières variant entre 4% 7, pour le mois de janvier, 
et 10%2, pour le mois de juillet, les variations diurnes sont 
plus considérables à Bakel qu'à Versailles; mais ce sont des 



TEMPÉRATURE. 291 

Tariations qui, tout en étant considérables^ ne présenteraient 
rien que de fort ordinaire dans les pays tempérés. Voici le 
de ces variations : 



lies pl«a fortes TAriationa diurnes observées à Hskel 

es iseo-isei. 

Mois. Variations* Dates. 

Décembre 20''8 1 

Janvier 16,1 U 

Février 18,4 18 

Mars 14,5 14 

Avril 15,6 8»29 

Mai 16,2 27 

Juin 16,2 25 

Juillet 14,1 20 

Août 7,9 30 

Septembre 12,2 28 

Octobre 14,6 23 

Novembre 17,8 30 

On voit qu'il ne serait pas difficile de citer des variations 
diurnes plus considérables^ sous le climat de France. 

Il ne faut cependant pas oublier que ces mouvements se pas* 
sent dans les hautes températures et que l'impression produite 
par des variations de même étendue diffèrent beaucoup, sui- 
vant qu'elles se passent dans les températures élevées ou dans 
les températures modérées. Dans les extrêmes du froid, les 
variations produisent aussi une impression beaucoup plus 
grande que dans les températures modérées. 



CHAPITRE III 



YBIVTS BT PLUIES. 



I. — Yeixts à Bakél. 

Le$ obserTations que nous possédons sur les vents ont 
porté sur les cinq derniers mois de Tannée 1872 et les sept 
premiers mois de Tannée 1873. Nous avons ainsi une série 
d'une année entière^ elle est due à notre collègue de la ma- 
rine, M. Verdier, 

Du mois d'août au mois de mars de Tannée suivante^ les 
vents dominants de chaque jour ont seuls été notés. D'avril à 
juillet, il a été fait chaque jour soit 4, soit 5 observations. 
Ces observations nous ont permis d'établir les roses des vents^ 
à Bakel, dans chaque trimestre {voir la carte du climat et de 
Vétat sanitaire du Sénégal). 

Comme dans les autres parties du Sénégal, les vents peu* 
vent à Bakel se diviser en deux catégories, celle des vents ré- 
guliers et constants oscillant entre le N et TE, celle des 
vents variables faibles et irréguliers provenant plus ou moins 
duSO. 

Les vents delà première catégorie correspondent h Tépo- 
que où les alizés soufflent avec régularité sur le parallèle de 
Bakel, à la saison sèche. Ceux delà seconde correspondent à la 
mousson de SO de TAtlantique du nord, c'est-à-dire à l'hiver- 
nage. 

La période d'hivernage commence un peu plus tôt à 
Bakel que sur le littoral. Dès le mois de mai les vents de- 
viennent irréguliers et ce n'est qu'en novembre que les vents 
de NE reprennent. Les vents de N disparaissent presque com- 



D£S VENTS. 293 

plétement ca janvier et février, époque à laquelle les vents 
sont d'une manière presque constante à i'E ou au NE, parfois 
au SE. L'énergie de ces vents, leur provenance rendent 
compte de Tascensiofi prononcée de la moyenne tLermomé- 
trique du mois de février qui, nous Favons vu, est loin d'être 
comme sur le littoral le mois le plus froid de Tannée. 

En mars et avril, même prédominance des vents de TE et 
du NE, cependant les vents du N réapparaissent; mais les 
vents d'E présentent une très-grande énergie, leur siccité est 
extrême, ils donnent les maxima excessifs dont nous avons 
parlé plus haut. 

L'absence complète du vent de la partie ouest, pendant toute 
la durée de la saison sèche, montre que l'on n'observe pas, à 
Bakel, ces légères brises de FO qui viennent, à Dagana, ra- 
fraîchir quelques-unes des moirées qui suivent les pénibles 
journées pendant lesquelles le vent du désert a soufflé avec 
énergie. Les vents de SE, qui font défaut partout, se présen- 
tent assez souvent à Bakel, en même temps que ceux de TE; 
cela provient probablement de l'exposition locale. 

La lecture des rapports médicaux faits sur le poste de Bakel, 
pendant de nombreuses années, fait reconndtre que, dans 
cette localité, les propriétés des vents diffèrent très-peu de 
celles que nous avons indiquées comme leur appartenant sous 
le climat de Dagana. Sécheresse extrême des vents de NE et 
d'E produisant les effets que nous avons stgnalés. Faiblesse, 
humidité des brises de Fhivernage, salubrité relative plus 
grande des vents de NE; mais ces vents soufflent pendant de 
plus longues heures qu'à Dagana, aussi le climat de Bakel 
est-il beaucoup plus fatiguant pour l'Européen. II faut y joindre 
l'impussibilité des communications avec les centres civilisés, 
qui isole Bakel, pendant tout le temps de l'année où le fleuve 
n'est pas navigable, et empêche les Européens malades de fuir 
un climat pernicieux. 



19 



294 CLIMAT DE BAKEL. 

II. — Pluies. 

Voici les seuls renseignemenis que nous ayons pu nous 
procurer sur ce phénomène. Les pluies ne tombent pas avant 
le mois de mai^ si ce n'est en quantité inappréciable^ elles dis- 
paraissent avant le commencement d'octobre. La seule année 
où il ait été fait mention de la pluie^ en mai, est Tannée 1862; 
il est tombé 4°"* d'eau en deux jours à la suite d'une tornade 
a annonçant Thivernage. » 

Nous possédons, pour deux années, des observations de la 
pluie au mois de juin; dans l'une eu 1861, il y eut quatre jours 
de pluie, et la hauteur totale de la pluie tombée à la suite d'o- 
rages dans les soirées a été do 78°^. L'année suivante, le même 
mois a offert 10 jours de pluie et une hauteur d*eau tombée 
égale à 319™". 

Nous possédons^ pour le mois de juillet^ deux observations 
de la pluie : en 1 861 , en 6 jours, 1 54"*" d'eau ; en 1862, 7 jours 
de pluie donnèrent seulement iV^ d'eau. 

Nous n'avons trouvé qu'une seule observation de la pluie 
faite au mois d'août, ce fut en 1856 : 13 jours de pluie don- 
nèrent 273°*" d'eau. 

En septembre 1860, il est tombé 78"" en 7 jours. 

En octobre^ les pluies disparaissent ou sont de quantité 
inappréciable. 

On voit d'après ces renseignements, malheureusement in- 
complets, qu'il y aurait à peu près une trentaine de jours 
pluvieux dans l'hivernage. Nous ne pouvons pas, à l'aide de 
renseignements aussi incomplets, avoir une approximation 
suffisamment exacte de la quantité d'eau tombée, mais en réu- 
nissant les différents mois dont nous avons l'indication comme 
s'ils appartenaient au même hivernage, nous pouvons indiquer 
le chiffre de 350"", comme exprimant la hauteur d'eau tom- 
bée à Bakel dans une année, qu'il ne nous est pas possible de 
reconnaître comme sèche ou pluvieuse, vu le manque de dé- 
tails sur ces observations. 



DES PLUIES. 295 

Les observations pins récentes font croire que le nombre 
des jours de pluie apprédable doit être beaucoup plus consi- 
dérable que le chiffre que nous venons de donner approxima- 
tivement. Ainsi en iSTO^ il 7. a eu dans Thivernage 61 jours 
de pluie. En 187i il y en a eu 61. En i873, 66; mais on aurait 
compté comme jours de pluie, tous ceux dans lesquels il n'é- 
tait tombé que quelques gouttes d'eau. Toutes ces observa- 
tions ont besoin d'être refaites. Nous pensons que les pluies 
sont plus abondantes à Bakel qu'auprès de Tembouchure du 
fleuve. 



CHAPITRE IV. 



IlfONDATIOt:9. 



▲parQa sur le régime des eaux du Sénégal.^ 

Les inondatioDs périodiques du Sénégal Jouent^ dans la taslâ 
contrée i laquelle ce fleuve donne son nom> un rôle dont 
l'imporlance est considérable. 

Grâce à ces inondations qui coïncident chaque année aTec la 
saison d'hivernage, ce fleuve devient pendant une grande par- 
tie de Tannée navigable jusqu'à plus de 1000 kilomètres de 
son embouchure» Les cataractes du Félou forment alors la 
première barrière qui arrête la navigation de nos bateaox à 
vapeur. Dans ces contrées, à populations barbares ou demi- 
sauvages, les voies navigables sont les seules que puisse par- 
courir en sûreté le commerce européen. C'est grâce atix crues 
périodiques de ce grand cours d'eau qu'il a été permis à la 
France d'étendre sa domination commerciale et militaire Jus^ 
que dans Tintérieur de TAfrique occidentale. Au^lessus des 
cataractes, le fleuve est encore accessible à une certaine na- 
vigation, et si nos intérêts nous y conduisent, le voeu du 
général Faidberbe pourra se réaliser» et la communicatioQ 
maritime s'établir entre le Sénégal et le Niger. Alors l'Afrique 
se trouverait entamée par notre inlQuencc civilisatrice dans 
une région qui comprendrait une vaste superficie. 

L'inondation périodique de toute la basse Sénégambie per** 
met, sous un soleil brûlant, sur ia frontière du désert» datas 
un pays où les pluies manquent pendant a mois^ de metlm 
en culture^ pendant les deux tiers de Tsmuée» destecraîns qoi 
seraient demeurés stériles. Cette culture alimeale une nom*»' 



RÉGIME DES EAUX DU SÉNiGAL. 297 

breuse populaiion el renricbit même assez pour lui permettre 
une exporiatioQ considérable, origine de son activité commer- 
ciale. D'un autre côté, l'inondation est malbeureusement Tune 
des plus grandes causes de rinsalubrité du pays et par suite 
un grand obstacle aux efforts de colonisation par les races 
européennes. 

Pour étudier le régime du Sénégal^ il nous faudrait sur 
la nature géologique des terrains qu'il parcourt, sur la 
topographie des pays qui le bordent, des notions qui nous font 
presque entièrement défaut. Un certain nombre d'observations 
de la hauteur des eaux du fleuve, ont été faites sur quelques 
points, pendant plusieurs années, (lar les médecins et par les 
commandants des postes que nous occupons militairement. 
Deux bonnes séries d'observations faites l'une à Bakcl, Fautre 
à Dagana, pendant Tannée 1871, nous permettent de donner 
une idée approximative du régime des eaux du Sénégal. 

Trois fois par jour, à midi et à 6 heures, matin et soir, la 
hauteur des eaux au-dessus d'un point fixe, supposé le ni^veau 
des plus bas^s eaux, a été noté sur un journal. 

Ndus nous burnerons à donner, pour Daganaet pour Bakel, 
de 6 jours en Séjours, la hauteur des eaux au-dessus de Tétiag^, 
le soir à 6 heurei?^ pendant Tannée i87i. Nous avons réuni les 
résultats de ces observations dans la planche suivante eons* 
traite à Técbelie de 2 mitlimètres par mètre des hauteurs 
rédles» Nous allons étudier successivement la <^ue du fleuve 
daas chacun de ces postes. 

1. Bégime des taux du Sénégal^ à BnkeL — Il n'y a dàM 
TaodBéB qu'une seule crue des eaux du fleuve, le niveau âesk 
eiiix> moate rapidement pendant é mois environ, décroît âveé 
uneivitesse un peu iaiérieure à celle de Tascensiôn pendant 
les quatre mois saivauts> puis lentement pendant les quatre 
àuftnes mùn de Tannée. 

Lu commencemait de la crue se fait sentir à Bakel dès les 
j^miers jours de mai. Il est à remarquer qu'en l87i^coninie 
les:amue6 précédenilesi, le fleuve a coQHnencé à monter long- 
temps a^ant^ne des phiibs de quelque talenr aient été èb^ 



298 



EiGIME DES EAUX DU SÈNiGAL. 



PI. XIII. 




RKGISIE DES EAUX DU SENEGAL. 299 

scrvées dans les points accessibles à nos explorations. C'est 
donc aux pluies (onnbées dans les montagnes d'où le Sénégal 
et le Niger tirent leur source^ qu'est dû le premier mouve- 
ment d'ascension des eaux. 

La crue est d'abord lente, l'^^SO dans tout le mois de 
juin et dans les premiers jours de juillet. A partir du 10 juil- 
let, l'ascension du niveau du fleuve devient rapide, elle est 
d'environ 3 mètres en 20 jours. Cette brusque ascension 
coïncide avec les premières grandes pluies. Mais c'est sur- 
tout en août que la marche de l'inondation devient rapide. 
Malgré la vaste superficie sur laquelle s'étendent les eaux, 
elles s'élèvent, dans le cours du mois d'août, de 7 mètres au- 
dessus du niveau précédent, et atteignent dans les premiers 
jours de septembre, 15 mètres à 15 mètres et demi au-dessus 
de l'éti âge. Cette hauteur a été atteinte en i87t du 5 au 15 
septembre, après des crues qui ont été parfois de i mètre en 
un seul jour. Pendant toute la première quinzaine de septem- 
bre, les eaux se sont sensiblement maintenues à ce ni- 
veau. 

Dans les autres années dont nous avons pu consulter les 
observations, le maximum d'élévation des eaux du Sénégal a 
été également atteint dans les premiers jours de septembre, il 
a été de 14"^,50 en 1870 et de 13°^, 15 en 1872. 

Au commencement de la deuxième quinzaine de septembre, 
bien que les pluies ne disparaissent pas encore, les eaux bais- 
sent avec une rapidité qui est toujours un peu moindre que 
celle de la crue; à la fin d'octobre, les eaux ont repris le ni- 
veau qu'elles avaient dans les premiers jours du mois 
d'août. 

A partir de la fin d'octobre, la baisse devient plus lente. Le 
fleuve perd seulement deux mètres dans le mois de novem- 
bre, il descend alors régulièrement et lentement jusqu'à la fin 
du mois de juin. 

Du mois d'avril au mois de mai, le niveau du fleuve se tient 
à quelques centimètres au-dessus du zéro de l'échelle, ra- 
rement il atteint cette limite inférieure. 



300 RÉGIME DES EAUX DU SÉlfÉGAL. 

Le coarant^ très-rapide pendant l'hivernaget devient faible 
pendant la saison sèche. Il donne environ 6 mètres par mi- 
nute au mois de mai en face du fort de Bakel. Au passage 
étroit qui se trouve au-dessous de ce poste, le courant peut 
alors atteindre 16'°,50. La coupe du fleuve^ déterminée par 
plusieurs sondages^ est à cet endroit de 250 mètres carrés^ 
la vitesse moyenne du courant étant de iS^^SO, on peut en 
conclure que la quantité d'eau qui s'écoule, pendant la saison 
sèche^ est d'environ 3 000 mètres cubes par minute ou 50 mè- 
tres cubes par seconde. 

Nous avons noté sur notre carte du climat du Sénégal, les 
plus grandes hauteurs atteintes par les eaux des fleuves, dans 
chaque trimestre^ à Bakel et à Dagana. La navigation à l'aide 
des bateaux à vapeur calant 2",50 est facile jusqu'à Bakel de- 
puis le 15 ou SO juillet jusqu'à la fin du mois de novembre. 
A partir du début de la saison sèche, ces navires ne peuvent 
plus remonter à Bakel et le poste se trouve alors isolé du 
reste de la colonie. 

IL Régime des eaux à Dagana. — Dagana situé à 120 kilo- 
mètres environ de l'embouchure du fleuve, est toujours acces- 
sible à la navigation. Dans la saison sèche, les marées s'y font 
sentir en faisant varier d'une quantité très-appréciable le 
niveau du fleuve dans la même journée. Elles s'affaiblissent 
de plus en plus, à mesure que l'inondation augmente, et unis- 
sent par être effacées par les hautes eaux et la force du cou- 
rant en août, septembre et octobre. 

L'eau du fleuve est toujours douce et de bonne qualité à Da- 
gana. Ce n'est qu'à de très-rares intervalles et à plusieurs an- 
nées de distance, qu'on l'a vue légèrement saumâtre, sous 
l'influence de marées extraordinaires coïncidant avec une 
très-grande sécheresse. 

L'année 1871, pour laquelle M. Bohéas nous a fourni ses 
observations de la hauteur du fleuve, fut une année de forte 
inondation. 

La crue commença à la fin du mois de mai. Très-lente dans 
le mois de juin, à la fin duquel elle atteignait seulement GO cen- 



RiCIME DES EAUX DU sipréGAL, 301 

timètres, elle conserva la même lenteur en juillet; elle s'est 
accélérée en août et septembre de manière à produire, dans cha- 
cun de ces mois, une élévation de i'',50 à 2 mètres sur le ni- 
yeau du mois précédent. Le 9 octobre, le fleuve atteignait son 
maximum de hauteur (S'^ySO au-dessus de Tétiage), et inon- 
dait alors tout le pays environnant. Son lit était plus que 
doublé de largeur devant le poste de Dagana. 

En 1865, le maximum de la crue n'avait atteint que 3"^,49, 
le 22 octobre. En 1866, il fut de 4"^,48, également le 22 octo- 
bre. En 1872, elle atteignait 4'',i8, le 3 novembre. 

Après quatre mois d'ascension, le niveau du fleuve a suivi, 
dans Tannée 1 87 i, une marche descendante beaucoup plus 
lente que ne l'avait été le mouvement d'ascension. La baisse 
fut de 1 mètre à f^^SO par mois, en novembre et en décembre. 
Au mois de janvier, les eaux étaient, au commencement de 
Vannée, c'est-à-dire à la fin de l'inondation de Tannée précé- 
dente, à peu près au niveau de Tétiage. De janvier à la fin de 
mai ce niveau ne subit que des modifications peu impor- 
tantes, plutôt sous Tiofluence des marées que sous celles des 
eaux provenant du bassin du fleuve. 



CINQUIÈME PARTIE 



CLIMAT DU SÉNÉGAL EN GÉNÉRAL 



CHAPIiaS L 

TBMFiRATUU MOmUTB DS8 DIFFiRSNTBS RiOIOlfS DU SfaiOAL. 



Nous Tenons d'étudier snccessiTement quatre régions du 
Sénégal, dans lesquelles des observations ont été faites assez 
complètes et d'une manière assez satisfaisante, pour nous 
fournir des documents dont on ne saurait mettre en doute 
Texactitude. 

Des observations moins complètes, mais d'une valeur relati- 
vement assez grande, nous permettraient d'étudier plusieurs 
autres points du Sénégal. Tels sont les postes de H'Bidgem et 
de Thiès dans le voisinage de Corée; ces localités, la première 
surtout, présentent le même climat que celui de Corée. Dans 
celui de nos postes fortifiés situé le plus profondément dans 
les terres, à Médine, d'excellentes observations ont été re- 
cueillies par notre collègue M. L'Helgouach auquel nous de- 
vions déjà les observations de M'Bidgem. Le climat de Médine 
situé non loin de Bakel, au-dessous des cataractes du Félou, 
est le même que celui de Bakel. Il y a une augmentation 
de la température à Médine. Mais il est difficile de savoir si 
cette augmentation provient ji'erreur instrumentale ou est 
l'expression d'une observation exacte. Cependant comme cette 
élévation porte également sur la saison sèche et sur l'hiver- 



304 CLIMAT DU SÉNÉGAL. 

nage, dous croyons i une erreur mstnunentale d'enTîron uo 
degré. 

Noas avons été ausfi obligé de négliger Vétade de œr- , 
tatns autres points^ dans lesquels les observations, quoique 
bonnes» ne comprenaient que des séries d'un petit noaibre de 
mois. 

Toutefois, il nous a paru nécessaire de ne pas laisser se 
perdre des documents importants qui pourront être utilisés 
lorsque Fétude du climat du Sénégal^ dont nous présentons 
un premier essai, pourra être reprise avec l'aide de matériaux 
plus complets et plus parfaits. Nous résumons dans un même 
tableau tous les documents déjà donnés en 7 joig^nt ceux 
qni, bien qu'incomplets, nous paraissent exacts et sont rdalifs 
à des points non étudiés jusqu'ici, ou à des localités situées 
en dehors dUiSénégal, mais peu éloignées. Telles que le poste 
de Sed'biou sur le Casamance, le poste portugais de Bissao. 

A Sed'hiou^ les médecins de la marine ont recueilli pendant 
cinq années (incomplètes, il est vrai) de très-bonnes observa- 
tions de la température, de la |iluie et des vents, ces observa- 
tions nous ont permis d'établir les roses des vents de cette 
r^ion et de les porter sur notre carte* 
t Nous devons à l'obligeance du docteur Santa-Clara, notre 
confrère de la marine portugaise, de bonnes obsorations sur 
le poste de Bissao où il résidait 

Excepté pour Saint-Louis et Corée, toutes ces moyennes ne 
sont déduites que d'une seule année d'observation. Les obser- 
vations de IfBidgem ont été faites en 1862 «3; celles de Thlès 
en 1864-65, par M. Piileraux ; ceUes de Médine en 1863 64, par 
M. L'Heigouach; celles de Bissao en 1871^72; celles de Fodor 
en 1873, par M. Daniel; celles de Matam, par M. UonanL 



CLIMAT DU SÉNÉGAL. 



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Octobre. 

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20 



CHAPITiRE IL 



Nous avons saiTi jasqu'ici dans nos recherches la méthode 
d'analyse qui convenait à notre sujet, nos recherches n'ayant 
d'autre base que robsenration des faits. Nous avons pris une 
à une les principales régions du Sénégal^ et pour chacune 
d'elles nous avons examiné les données qui nous étaient 
fournies sur l'état de l'atmosphère par les meilleures obser- 
vations de nos devanciers et par nos propres observations. 

Il nous reste à conclure, c'est-à-dire à exposer quel est^ d'une 
manière générale^ le climat de toute la contrée. D'abord nous 
refuserons de déduire des observations que nous avons étu- 
diées jusqu'ici^ une température moyenne annuelle s'appli- 
quant à tout le Sénégal. Cette température ne serait qu'une 
fausse interprétation de la méthode des moyennes^ une erreur 
manifeste^ un chiffre sans valeur également faux pour chaque 
partie de cette vaste contrée et pour chacune des époques de 
Tannée auxquelles on serait tenté de l'appliquer. 

Suivant l'époque que l'on considère^ il existe de grandes 
dissemblances dans les états climatériques des diverses loca- 
lités, OU; au contraire^ des ressemblances qUi permettent de 
réunir les climats locaux dans une seule et même description 
pour un moment donné de l'année. 



t. — Climat du Sénégal pendant lliivamage. 

Pendant les six mois compris entre juin et la fin de no- 
vembre, c'est-à-dire pendant l'hivernage, au moment de la 
présence du soleil dans le voisinage du zénith de notre co- 



CLIMAT DU SÉNÉGAL. 307 

lonie, robsenration permet de reconnaître : une humidité 
extrêmement prononcée^ des calmes nombreux^ des vents 
faibles et variables^ une température moyenne élevée à oscil- 
lations faibles, une dépression barométrique sensible, des 
pluies, des orages, Tinondalion des cours d'eau, un mauvais 
état sanitaire des Européens. Telles sont les conditions qui 
réunies, donnent au Sénégal pendant six mois le même aspect 
climatérique dans ses diiférentcs régions, tant de Tintérieur 
que du littoral. 

Les différences existant à cette époque entre deux régions 
quelconques de cette contrée sont d'une faible importance et 
résultent seulement de Texposition des localités. 

Les observations faites dans l'intérieur du pays montrent 
qu'en effet les moyennes de la température y diffèrent peu à 
cette époque de celles de la température des régions du lit- 
toral. 

La température moyenne de cette saison est d'environ î^V; 
elle est à peine élevée d'un degré en plus |)0ur les pays situés 
dans l'intérieur, encore est-il permis de penser que les ob* 
servations qui se feront dans l'avenir abaisseront sans doute . 
ces dernières moyennes, déterminées seulement par des séries 
très-courtes et dans des expositions souvent peu convenables. 
La température oscille lentement, dans ces six mois, au- 
dessus et au-dessous de la moyenne thermométrique ^1^. Ces 
pscillations sont toujours assez faibles; d'autant plus faibles 
que 1 on considère un moment plus rapproché du centre de 
l'hivernage, c'est-à-dire du moment du second passage du 
soleil au zénilh. Ces oscillations augmentent légèrement lors- 
que Ton s'enfonce dans Tintérieur du pays, mais jamais elles 
n'atteignent les oscillations de la saison sèche, si ce n'est à la 
fin de novembre, mois de transition. 

La caractéristique de Thivernage se trouve donc, pour tout 
le Sénégal, dans une température moyenne élevée, différant 
peu de celle de l'équaleur, dans une constance remarquable 
de cette haute température, enfin dans des minima et des 
maxima s'écartant peu et surtout rarement de cette tempéra- 



308 CLIMAT DU SSNÉGAL. 

tare moyenne. A cette chaleur élevée se joint une humidité 
constante, presque aussi forte clans Fintérieur que sur le litto- 
ral. Celte humidité, liée pendant les quatre mois du centre de 
rhivernage à des pluies abondantes, rend excessivement pé- 
nible la chaleur avec laquelle elle se combine pour impres- 
sionner douloureusement et prcfondément Téconomie du 
corps humain^ surtout chez les Européens qui, dans ces pays, 
ne peuvent jamais être considérés comme acclimatés. A ces 
deux éléments viennent se joindre une évaporation active al* 
ternant avec des pluies, enfin l'inondation périodique qui 
est la conséquence de ces dernières. 

La force de Tirradiation solaire^ pour laquelle nous n'avons 
pas d'indication, résultant d*observalions directes^ s'accuse à 
cette époque^ par l'effet pernicieux pour les Européens de Fin- 
solalion, même peu prolongée^ malgré la nébulosité du ciel 
plus grande que dans l'autre moitié de Tannée. 

Il faut encore ajouter à ces éléments des vents variables et 
faibles, et un état très-tourmenté de Fatmospbère qui n'est ja- 
mais sans présenter quelque orage, comme nos observations 
l'ont démontré^ dans la région occupée par notre ligne télé- 
graphique. 

Nous avons suffisamment parlé dans le cours de notre 
étude de l'efiet profondément débilitant produit par la réu- 
nion de toutes ces conditions atmosphériques sur la santé des 
Européens. A cette époque de Tannée, toutes les régions du 
Sénégal sont exti êmement malsaines; à peine quelques points 
plus favorisés échappent-ils^ mais en partie seulement, aux 
influences morbides, Corée est la ville qui, par sa position 
insulaire à l'extrémité occidentale du continent, présente^ au 
plus haut degrés cette salubrité relative. 

Quelles sont, dans Thivernage, les différences existant entre 
les diverses régions du Sénégal? 

Si nous laissons de côté la question sanitaire sur laquelle 
nous aurons à revenir, nous constaterons qu'au point de vue 
du climat, dans le sens le plus restreint de ce mot, les loca- 
lités situées sur la côte jouissent encore de grands avantages. 






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CLIMAT DU SÉNÉGAL. 309 

Les brises dominantes de i'O et du SO y sont plus fortes et 
plus rafraîchissantes que dans Tintérieur^ et les calmes sont 
moins nombreux. 

Dans rinférieur, àBakel^ les pluies apparaissant plus hâtives 
que sur la côte. La crue ded eaux du fleuve démontre que 
des pluies sont tombées avant le mois de juillet dans la contrée 
montagneuse où le fleuve prend sa source. 

L'hivernage est plus long à Corée qu'à Saint-Louis^ débute 
plus tôt et se termine plus tard. Le mois le plus chaud à Saint- 
Louis est ordinairement septembre; à Corée, c'est aussi sou- 
vent octobre que septembre. En général, c'est dans le cours du 
mois de juin, vers te milieu de ce mois, que les calmes et les 
changements de vent témoignent de l'entrée en hivernage. 
C'est vers le 15. ou 20 novembre que l'hivernage est considéré 
comme se terminant, et c'est en effet vers cette époque, quel- 
quefois quelques jours plutôt, qu'apparaissent les vents régu- 
liers propres à la saison sèche. 

Il faut remarquer que des six mois qui constituent l'hiver- 
nage, le premier et le dernier, juin et novembre, sont des 
mois de transition d'une saison à l'autre; de sorte que Ton 
peut dire que la saison sèche est de six mois complets, tandis 
que l'hivernage ne présente des caractères bien tranchés que 
pendant les quatre mois des pluies. 

Si nous reconnaissons que dans la saison sèche, dont nous 
allons parler, le Sénégal jouit sur plusieurs peints d'un très- 
l)on climat, il ne faut pas oublier que les graves atteintes de 
rhivernage font sentir leur effet assez avant dans la saison 
sèche. L'atmosphère ne présente jamais assez de qualités 
hygiéniques et curatives pour rétablir suffisamment les con- 
valescents des maladies de l'hivernage et compenser par son 
effet bienfaisant l'effet nuisible de cette mauvaise saison. 



310 CLIMAT DU SÉNÉGAL. 



II. — Climat du Sénégal pendant la saison sèche. 

Dans la saison sèche, de la fin de novembre au commence- 
ment de juin, nous ne trouverons plus l'uniformité climaté- 
rique qui était propre à Thivernage. La saison sèche com- 
prend l'hiver et le printemps. 

Dans les régions du littoral l'hiver et le printemps se res- 
semblent tellement, que la distinction entre ces deux saisons 
n'a pas lieu d'être faite. Dans les régions de l'intérieur nous 
trouvons au contraire une différence énorme entre les tri- 
mestres correspondant l'un à l'hiver, l'autre au printemps. 

Examinons d'abord les propriétés climatériques, communes 
aux diverses régions du Sénégal pendant la saison sèche, tant 
que ces propriétés ne présentent que de légères modifications 
d'un pointa un autre; nous chercherons ensuite les diver- 
gences. 

La sécheresse est la seule propriété caractéristique de cette 
saison, la dénomination de saison fraîche ne lui est applica- 
ble qu'en certains points^ou dans certains mois. 

Relativement à la saison précédente, les moyennes hygro- 
métriques se sont alors abaissées, les pluies ont disparu, on 
pourrait dire complètement, si, à de rares intervalles et très* 
irrégulièrement, suivant les années, ûe survenaient quelques 
légers grains de pluies mouillant à peine le sol. 

Les rosées des nuits, malgré leur abondance, n'influent sur 
l'humidité générale que très-légèrement, ce sont d'ailleurs des 
phénomènes trës-irréguliers, malheureusement fort incom- 
plètement étudiés. 

Les vents sont la cause apparente de la saison sèche. Leur 
régularité dans cette saison est générale et s'étend à toute la 
Sénégambie, comme à toute la portion de TAtlantique com- 
prise sous les alizés. On peut voir par la carte. qui résume nos 
recherches, que cette direction varie peu dans l'hiver et le 
printemps d'un point a un autre du Sénégal. Les différences 



CLIMAT DU SÉNÉGAL. 311 

locales sont peu importantes. Les vents dominent du N à 1^. 
Une résultante voisine du NNF^ est celle de tous les vents dans 
tous les points. Les brises de NO apparaissent bien comme bri- 
ses locales à Saint-Louis, celles de NO et d'O se nuinifestent 
aussi parfois à Dagana, mais ces vents le cèdent toujours en 
fréquence au vent du quart de cercle NE. 

La température est le phénomène sur lequel les divergences 
des climats locaux se mettent le mieux en évidence. Si, dans 
rbivernage, nous avons pu indiquer une moyenne générale 
de 27^ comme voisine de la température moyenne de toutes 
les parties du pays ; dans la saison sèche, une détermination 
analogue serait une inexactitude. Il n'existe pas de tempéra- 
ture moyenne commune pouvant s^appliquer à tous les points 
du Sénégal et encore moins aux diverses époques dont se 
compose la période des six mois de la saison sèche. 

Sur le littoral^ à Saint-Louis, à Corée, la température os- 
cille pendant la saison sèche, dans une étendue déjà assez 
grande, autour d'une moyenne de 20^,4. Mais cette moyenne 
est très-inférieure à celle correspondante pour le poste de 
Bakel; cette dernière moyenne présente une importance mé- 
diocre. En effet, à Rakel et dans les pays voisins, la saison sèche 
se divise en deux saisons excessivement tranchées : Thiver et 
le printemps, n'ayant de commun que la régularité des vents, 
Tabsence des pluies et une sécheresse très-variable elle-même ^ 

A Saint-Louis, à Corée, nous trouvons des caractères pres- 
que identiques entre l'hiver et le printemps. Température 
moyenne à peu près la même. Moyenne mensuelle décroissant 
régulièrement en décembre, janvier et février, et croissant en 
mars, avril et mai avec une régularité peu différente de la ré- 
gularité du mouvement de baisse. 

A Bal^el, l'hiver et le printemps présentent une différence 
considérable dans leurs températures. Celles de Tbiver est la 
plus basse de celles des quatre trimestres, celle du printemps 
lui est supérieure de &" et dépasse la température de Tété et 
celle de Tauiomne. 

Sur le littoral^ la saison sèche est constamment une saison 



312 CLIMAT DU SÉ2fÉ«AL. 

fratche ; dans rintérieur, la saison sèche est : en hiver, une 
maison fratcbe; au printemps, un^ saison chaude et même 
plus chaude que l'été et Tautomne qui constituent Thivernage. 

Sur le littoral, la saison sèche contient les mininoa les (dus 
faibles de TannéCi rhîvernage, les maxima ordinairenaent les 
plus forts et les plus fréquents. 

Dans rintérieur, la saison sèche contient les minima les 
plus faibles (hiver), et en même tempï) les maxima les plus 
élevés de l'année (printemps). De telle sorte que sur le lifr 
toral il n'y a annuellement qu'un seul minimum (saison 
flèche), et un seul maximum (hivernage), tandis que dans l'in* 
térieur il y a annuellement deux minima et deux maxima des 
températures moyennes mensuelles ; le minimum extrême et 
le maximum extrême setrouvenlpIacéstrès-prèsTundeTautre 
dans la saison sèche. Mais nous nous sommes déjà suffisam* 
ment étendus sur ce sujet, en nous occupant du climat de 
Bakel. 

Ce sont ces divergences qui font de la saison sèche sur le 
littoral un climat frais, agréable, doux, à variations très- faibles 
à Corée, un peu plus étendues à Saint Louis, mais toujours 
modérées et très-inférieures à celles des climats de l'Europe. 
Ce climat est alors excellent pour l'Européen, qui n*a de pré- 
cautions à prendre que contre la réfrigération causée par les 
vents souvent énergiques et les variations de l'état hygromé- 
trique du jour à la nuit, variations très-considérables aux- 
quelles est due une apparente variation de température que 
n'accusent pas les thermomètres. 

Dans rintérieur, l'hiver est frais et presque aussi agréable 
que sur le^ littoral. Mais, brusquement, avec le printemps, 
des vènls d'E brûlants ne tardent pas à rendre le climat în* 
Jûpportable, en élevant pendant des journées entières la tem- 
pérature au niveau et même au-dessus de celle du co^s hu^ 
main. Cette chaleur et cette sécheresse deviennent tellement 
pénibles que lorsquel'faivernage survient^ en débutant par une 
baisse réelle de la température^ cette saison qui^ sur le littonU^ 
annorte i l'Européen un climat nouveau el redotité> eBi ao* 



CLIIIAT DU SÉNiGAL, 313 

cueilli arec Joie par Tbabitant de Bak:el et de Médine. Il est 
yrai que l'Européen ne tarde pas à reconnaître que l'effet 
d'une chaleur ëleTée, toujours humide et coastantOi est plus 
dangereux encore qu'une chaleur sèche, quelque éleTée 
qu'elle soit. 

Les postes situés entre Bakel et Saint*Louis ont des climats 
jouissant tan tôt. des propriétés de celui de Bakel, tantôt de 
celui de Saint-Louis. A Podor et à Dagana les maiima s'élè- 
vent aussi haut qu'à Bakel, mais ils sont plus rares et d'une 
durée moindre. Bien qu'au printemps la température fasse 
une ascension brusque sur celle de l'hiver, cette température 
reste au-dessous de celle de l'été. 

Dès que l'on s'éloigne de la côte, les maxima exagérés, dus 
aux vents d'E, donnent aux climats des propriétés semblables 
au climat de Dagana et se rapprochant de plus en plus des cli- 
mats de Bakel et de Hédine. 

La différence existant entre le littoral de notre colonie et 
l'intérieur est donc excessivement tranchée. Elle tronve son 
explication dans le voisinage de la mer, d'une part, et le voi- 
sinage du désert, d'autre part. 



m. — État sanitaire du Sénégal. 

Toutes les fois que nous en avons trouvé l'occasion, nous 
avons indiqué les relations existant entre les influences cli- 
matér iques et les maladies des Européens. Nous réservons la 
discussion de la valeur de ces relations pour une nouvelle 
élude à laquelle nos recherches sur le climat du Sén^al ser- 
viront de base. Nous nous bornerons à donner ici un tableau 
statistique indiquant l'état sanitaire du Sénégal, suivant les 
variations de tem[is et de lieux. Ce tableau a servi à la cons- 
truction dé notre carte; il est extrait des recherches statisti- 
ques faites dans la colonie pendant vingt ans^ à Saint*Louis et 
à Corée, et pendant un nombre d'années variant . de trois i 



3i4 



CUVAT DU SÉNÉGAL. 



cinq pour les autres localités. Ces chiffres nous ont été fournis 
par M. Bérenger-Feraud, médecin en chef du Sénégal. Ils 
concordent avec ceux que nos recherches personnelles nous 
avaient permis de trouver, tout en étant beaucoup plus com- 
plets. Ils pourront servir à établir, pour chaque mois, les rap* 
prochements et les comparaisons que notre carte donne seu- 
lement pour les quatre trimestres de Tannée. 

Vablemi dp Véimi ••nitalre df dlTcrt postes du Sénégal. 

Nombre des entrées à î'hépital pour maladies endémiques 
sur 100 hommes de garnison. 











, 






>t 1 


[ 


MOIS. 


co 

1 

3 


o 

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dfisque, thi 
ii'bidgeh. 


QD 

1 

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• 








■ 












Décembre • . . 


8 


11 


47 


16 


90 


86 


47 


64 


Janvier 


5 


9 


32 


24 


105 


96 


36 


60 


Février 


7 


6 


29 


25 


81 


99 


32 


50 


Mars 


5 


7 


26 


31 


107 


59 


27 


49 


Avril 


4 


5 


40 


25 


86 


78 


20 


33 


Mai 


5 
5 


6 
6 


23 

17 


16 
31 


54 

67 


63 

47 


18 
26 


37 
54 


Juin 


Juillet 


6 


7 


19 


21 


58 


76 


23 


75 


Août 


19 


10 


33 


46 


83 


36 


88 


«0 


Septembre. . . 


18 


il 


66 


96 


75 


63 


111 


72 


Oclobre 


18 


16 


43 


51 


88 


89 


91 


60 


Novembre... 


7 


15 

44 


29 

197 


25 

137 


98 

523 


86 

481 


59 


m 


Saison sèche. 


34 


180 


293 


Hivernage... 


73 

107 


65 
109 


207 


270 


469 


397 

878 


398 

578 


396 


Année 


404 


407 


992 


689 



On pourra fiteilement rapprocher ces données statistiques, 
ainsi que celles que le docteur Bourgarel nous a fournies pour 
}a période de nos obsertations météorologiques en 1873-1874 



» » 



CLIMAT DU SENEGAL. 315 

(Y. pi. Xlli), des tableaux météorologiques contenus dans ce 
volume. 

Nous formulerons en quelques phrases les résultats les plus 
saillants que fournissent ces rapprochements. 

— L'insalubrité d'un point quelconque du Sénégal augmente 
ou diminue très-régulièrement avec la température moyenne 
mensuelle. 

— D'un point à un autre de la colonie, Tinsalubrité var ie, 
règle générale, proportionnellement aux températures moyen- 
nes de ces points. 

— L'ordre dans lequel se placent les divers |M>stes relative- 
ment à leur insalubrité est le môme que celui dans lequel se 
rangent les températures moyennes annuelles. 

— Les oscillations tbermométriques mensuelles ou diurnes 
ne piésentent aucun rapport direct avec les maladies endé- 
miques. 

— C'est une erreur d'attribuer l'insalubrité du Sénégal à 
des variations de température, qui sont plus faibles que celles 
observées en Europe et toujours très-faibles dans la mauvaise 
saison. 

— Les variations hygrométriques diurnes, malgré leur 
étendue, n'ont aucune relation directe avec les maladies 
endémiques. 

— Les maladies sporadiques, chez les Européens et chez les 
indigènes, sont au contraire en raison de l'étendue des varia- 
tions de température et des variations dans l'état hygromé- 
trique. 

-^ De cette dernière proposition, résulte la vérité de cet 
adage des indigènes : La pousse des feuilles du baobab 
(Adansonia digilata) annonce la mort des blancs (hivernage), 
La chute des feuilles de cet arbre annonce la mort dés noirs 
(saison sèche). 

— Les forts maiima de la température n'agissent sur la 
constitution médicale que lorsque leur fréquence est assez 
grande pour élever la température moyenne. 

-r Les pluies aggravent l'insalubrité de l'hivernage^ mais 



316 CLIMAT DU SÉNÉGAL. 

leur iofittence sur la constitution médicale est moindre que 
celle de la température (à Bakel et à Médine, l'hivernage est 
moins malsain que la çaison sèche). 

— Les vents ont une influence considérable sur Tétat sani- 
taire: cette influence varie selon l'exposition des localités. Sur 
le littoral, les vents d'O sont les plus sains; c'est le contraire 
dans l'intérieur. 

— Les observations d'ozone faites au Sénégal nMndiquent 
aucun rapport simple entre l'abondance de l'ozone et l'état 
sanitaire. 

Les diverses propositions que nous venons d'énoncer sont 
surtout applicables aux Européens pour lesquels les maladies 
endémiques envahissent le domaine de la pathologie, ne lais- 
sent qu'un faible rôle aux affections sporadiques. 

Les épidémies sont toujours extrêmement graves au Séné- 
gal. Le choléra a plusieurs fois ravagé la population noire, 
n'atteignant que faiblemept les Européens, ainsi que cela 
s'observe en Gocbinchine. 

La fièvre Jaune présente pour ces derniers une épouvantable 
gravité, comme on peut en juger par les chiffres suivants 
extraits du livre de M. Bérenger-Feraud (1). 

En 1830, à Saint-Louis, sur 6S0 Européens, 600 atteints, 318 morts. 



i830, à Gorée, 


— 180 


— 


144 


.. 


82 


1837, à Corée, 


— 160 


— 


80 


-^ 


46 


1859, à Goiée, 


— 267 


^ 


244 


— 


162 


1866, à Corée, 


— 250 


— 


178 


— . 


83 



(1) V. De la ^èvre jaune au Sénégal^^. 116-U9-122. 



CONCLUSIONS 



En résumé, il existe au Sénégal deux saisons dont les phé- 
nomènes météorologiques sont tellement tranchés^ que toute 
étude du climat de cette contrée devra prendre pour base cette 
division de Tannée. 

La première de ces saisons, de décembre à la fin de mai, 
est sèche, fraîche et très-agréable, bur les points du littoral où 
se trouvent les centres commerciaux. Elle est saine et permet- 
trait un acclimatement facile à l'Européen et un développe- 
ment très-rapide de la colonisation, si elle n'était pas rem- 
placée par une saison des plus funestes aux Européens. Dans 
rîDtériear, cette saison sèche n'est douce que dans les trois 
mois de l'hiver, puis elle devient une période de chaleurs in- 
tolérables dues au voisinage du désert; ces chaleurs rendent 
alors llntérieur du pays presque aussi dangereux à habiter 
que dans Thivernage. 

L'bivernage survient vers le milieu de juin et dure jusque 
vers la fin de novetnbre; les quatre mois du centre de 
cette saison sont accompagnés de pluie. Elle est semblable à 
l'hivernage de la plupart des régions équatoriales et tropi- 
cales; mais présente une constitution médicale qui place le 
Sénégal au rang des régions les plus insalubres du globe. 

I/habitaut du Sénégal, le commerçant qui peut fuir régu- 
lièrement eu Europe, de la fin de jum à la fin d'octobre, 
peut vivre longtemps à l'abri de toute maladie. De très*nom- 
breux exemples témoignent en faveur de cette assertion. 



318 CONCLUSIONS. 

Dans la saison sèche, les hôpitaux sont vides, les maladies 
légèfes» Dans rhiirernage, tout le monde est plus ou moins 
malade, les hôpitaux sont tro|i petits» la maladie est Tétat 
habituel de tous les Européens, et, en dehors même des temps 
d'épidémie, la mortalité est considérable. 

Il noas resterait à comparer le climat du Sénégal à celui 
des autres colonies que nous possédons dans différents points 
du globe. Des documents précis relatifs à ces autres colonies 
peuvent étt*e recueillis. C'est une étude que nous espérons 
pouvoir entreprendre, lorsque nous aurons complété celle du 
Sénégal, par Tétude de la question de l'acclimalement de 
l'Européen danç ces contrées, et des règles d'hygiène qu'il 
doit suivre pour vivre et résister aux influences de ce climat 
destructeur. 

Nous nous bornerons à indiquer en quelques mots nos 
idées générales sur ce climat. Dans l'hivernage, le climat du 
Sénégal présente une grande analogie avec celui de Cochin* 
chine et avec celui des côtes de Madagascar, dans la môme 
saison; nous pouvons, par notre propre expérience, affirmer 
celte similitude de points fort éloignés par la distance, mais 
se rapprochant par leur insalubrité. 

Dans la saison sèche, le Sénégal n'est compar^le à aucune 
des régions tropicales que nous connaissons. C'est un climat 
spécial ; il trouve son analogie, non sous les tropiques, mais dans 
les régions limitrophes du grand désert. Cest au 8 du Maroc 
et de TAlgérie, en Egypte, et sur les bords de la mer Rouge, 
qu'il faut chercher des points de comparaison si l'on veut 
trouver des phénomènes climatériques analogues à ceux ob- 
servés au SénégaL 



TABLE DES PLANCHES ET HGURES. 



Carte da dlmat et de l'étet tÊaUdn in Sénégal, SDirant les taiiona. l 

Gorôe. 

I. — Eipotffion des instraments à rhôpital de Corée 13 

n. -*- Roses mensuelles des vents à Corée 68 

III. — Roses horaires des vents suivant les saisons 80 

IV. — Roses des vents forts et roses des vents faibles 86 

V. — Hauteurs mensuelles des pluies, à Corée , pendant huit hivernages . 110 

VI. -« Moyennes météorologiques et état sanitaire^ Corée (année 
moyenne] 17S 

Saint-Louis. 

VII. — Plan de Saint-Louis 146 

VIII. — Ecole des frères et observatoire 153 

IX. — Plan de Tabri thermométrique 155 

X. -» Roses mensuc;lles des vents à Saint-Louis 175 

XL — Hauteurs mensuelles des pluies dans huit hivernages 184 

XII. — Hauteurs quotidiennes des pluies dans Thivernage 1873 ... 186 

XIII. ^ Moyennes météorologiques et état sanitaire , Saint-Louis 
(1873-1874) 209 

BakeL 

}(IV. — Hauteur des eaux du fleuve an-dessus de Tétiage, de cinq 6n 

cinq Joursy pendant Tannée I87I9 à Bakel et à Dagana. • 1 » • • ?98 



TABLE DES TABLEAUX MÉTÉOROLOGIQUES 



I. — Climat de Gorée. 

Année moyenne. Température moyenne conclue de dix ans (1856- 
1866) 16 

Pression barométrique conclue de quatre ans (1856-58-59-60). ... 16 
Tension de la vapeur et humidité relative dans une année moyenne 

conclue de quatre ans 17 

Moyennes annuelles de 1841 à 1850 27 

Moyennes mensuelles dans une année moyenne conclu» de dix ans 

(1841-1850) • 27 

Températures moyennes des saisons pendant dix années météorolo- 
giques (1856 à 1865) 29 

Mouvement de la température pendant Tannée 35 

Relation entre la marche du soleil et la marche de la température au 

Sénégal 39 

Températures extrêmes observées de 1856 à 1865. . 47 

Oscillations mensuelles du thermomètre pendant dix ans (1856-1865). 52 
Oscillations mensuelles delà température, pendant Tannée 1859, à Brest 

et à Gorée 56 

Les plus fortes oscillations nychtémérales du thermomètre pendant 

dix ans. , 58 

Les plus fortes oscillations nychtémérales observées pendant Tannée 

1869, à Brest et à Gorée i 59 

Force relative des différents vents à 4 heures du soir en 1860 ... . 83 

Force des vents suivant lessaisonii 87 

Hauteurs mensuelles des pluies à Gorée pendant huit ans 103 

Dates des premières pluies importantes pendant huit ans 113 

Tension moyenne de la vapeur d'eau et humidité relative moyenne, à 

Gorée, dans les trois premiers mois de 1874 126 

Etat général de l'atmosphère en 1860 135 

Nombre de jours de ras de merée dans Tannée moyenne 143 

II. — Climat de Saint-Louis. 

Températures, moyennes mensuelles pendant quatre années, d'après les 

moyennes de quatre observations quotidiennes (1862-68-69-70). . 159 
Températures dans une année moyenne déduite de quatre années. . 160 

21 



322 TABLE DES TABLEAUX MÉTÉOROLOGIQUES. 

Résamé des observations de la température faites en 1873-74 sous la 

direction de Fauteur 161 

Températures extrêmes pendant six années 167 

Nombre de jours dans lesquels le maximum de la température a 

atteint ou dépassé à Saint-Louis SOo (dans cinq années). ...... 169 

Plus fortes oscillations nycbtémérales de la température pendant cinq 

ans 171 

Influence des vents sur la température à 1 heure du soir, en 1873-7i. 172 
Hauteurs mensuelles en millimètres ée 4a pluie pendant iSept années 

à Saint-Louis. — Nombre des jours de pluie . 182 

Evaporation, pluie et ozone. Résumé des observations faites en 1873- 

1874 1« 

Influence des vents sur révaporation dans la saison sèche 1874. . • 195 

Evaporation maxima en 24 heures 197 

Hauteurs moyennes du baromètre k SaiatpLoals (1879-74XOi6âtatloiis 

et extrêmes . 199 

Etat hygrométrique de juillet 1873 À juin 1874 2(H 

Extrêmes de Tétat hygrométrique pendant trois mois, à Saint- 
Louis et à Corée 207 

Influence des vents sur l'état hygrométrique 213 

Nombre des tornades et orages observés aux différents postes de la 

ligne télégraphique de Saint-Louis à Dakar, pendant Thivenui^e de 

1873 287 

Proportion des orages le jour, la nuit 299 

Heures des tornades et orages observés en juillet 1873, sur six points 

de la ligne télégraphique 244 

m. — Climat dB Dagamà. 

Résumé des observations de température faites par l'auteor en 1869. 2&5 

rV. — Climat de B&kel. 

Températures moyennes et extrêmes (1860-61) ' 278 

Oscillations mensuelles du thermomètre à YersalUes et à Bakel (1860' 

1861) ' 290 

Les plus fortes variations diurnes observées à Bakel (1860-61). . « ^ ' 291 

Températures moyennes de onze points de la côte occidentale d*Afriqa«w » 305 

Tableau de l'étal sai]dtaire des divers postes du Séuiégai 314 

Mortalité dans les épidémies de fièvre Jaune 316 



•»^r- 



TABLE DES MATIÈRES. 



laTAODUCTION Xf 

PREMIÈRE PARTIE. ^ Climat de l'Ile de Ocrée et de 

la presqu'île du Gap- Vert. 

Chapitre I 1 

Eléments des climats 1 

Marche du soleil au Sénégal 2 

Aperçu topographiqiie sur la presqu'île du Cap-Vert. — Nature 

du sol. — Port et ville de Dakar 3 

Ile de Gorée 8 

Observations métëorologiques, mode d'observation, instruments, 

leur exposition, noms des observateurs 10 

Gbap. II. — Température 

Température moyenne de Tannée 18 

Températures moyennes des saisons . . . . ' 28 

Températures moyennes des mois 32 

Marche de la température pendant Tannée et pendant les saisons. 33 

Relation entre la marche du soleil et celle de la température . 37 

Marche de la température pendant le jour 43 

Températures extrêmes 46 

Variations thermométriques ; ^ 49 

Appréciation physiologique de la température 60 

GOAP. III. — Vents 

Roses deê vents de llle de Gorée 87 

Fréquence des tenls selon leur direction dans les différents 

mois 80 

Fréquence des calmes suivant les mois , , 74 

Direction moyenne et fréquence relative des vents suivant les 

saisons 75 



324 TABLE DES HATEbESS. 

Direction et fréquence des Tenta suivant les henres 79 

Force des vents. — Fréquence des veots, saivant leur force fft 

leur direction 82 

Force des vents suivant les saisons .• ; 87 

Relationsentreles vents et le^ autres phénomènes méCéorologiqaec 88 
Propriétés des différents vents à Gérée et dans la pnesqulle dv 
Cap-Vtrt, particulièrement au point de vne de l'hygiène. >^ 
Salubrité variable de différents points de cette région. ... 91 

CaAP. IV. — Des pluies, « , • . . . 

Importance de l'étude des pluies, influence des pluies sur Tétat 

sanitaire 99 

Tableaux des pluies 102 

Mode de répartition des pluies pendant le cours de Tannée '. 104 

Pluies pendant la saison sèche 107 

Pluies pendant l'hivernage 109 

Dates des premières pluies importantes 112 

Principales remarques sur les pluies ....'.-...'...." 113 
Influences des pluies sur la végétation. — Blftëreucé ait ]poînt 

de vue sanitaire entre les villes de Gorée et de Dakar. . '. . 116 

Chap. V. — Pression atmosphérique 

Observations barométriques faites à Gorée ! 120 

Hauteur moyenne du baromètre ',..'.'. 121 

Variations de la pression «itmesphérique dans Patoée.. ... 122 

Osoiilations baroméirt^ue^ dforBeft : .::... 123 

GiUP. VI. — Etat hygrométrique ; . . : .*.'...'. 

Observations psychrométriqu es faites à Gorée : : '. . . :'.'.■ 126 

Variations annuelles de l'état hygrométrique." . .-....«. 127 

Variations quotidiennes de l'état hygroo^éU^igi^;», .. . •! ^ . v . 130 

Extrêmes de la sécheresse ou de rhumidité de l'air^. » ^ * --^i'** 1^ 

Chap. VI!. — Etat général de Vatmosphèfe\dé queiqàcs aiitrei phéno- 
mènes naj^urels '.*■« —j»; , »v'^* k .- • i ♦ * »' 1 

Aspect du ciel , 134 

^.' Dans la saison sèche . . / . 137 

B. Dans la saison d'hivernage 140 

De quelques autres phénomènes naturels.— Déclinaison magn^ 
tique. — Ras de marée. — Ozone, etc. . . ... . -, • • • ». 1*2 

*' «..,«/. h " " uiî 



TABUS DBS HATliRBS. 



32» 



DEUXIÈME PARTIE. — Climat de Saint-LouiB, 

GmpiTRff I ". • • • t\e 

lp«rca topographique. .' 147 

OteenratioDS météorologiques 148 

ObservtUoDS fair«8 à Saint-Louis, en 1873 et 1874, bous la direc- 
tion de l'autour 150 

Obseryatoire de Técole des Frères 152 

Instruments 156 

Heures et mode d'observation 157 

Gbap. II. — Température 159 

Observations tbermométriques. — Tableaux , . . 159 

Moyenne de la température 162 

Notice sur la déterminatiou de la température de Talr, par 

E. Reuou 163 

Marche de la température 166 

Températures extrêmes 166 

Variations thermométriques 471 

Relations entre les vents et la température 172 

GsAP. III. — Des vents 174 

Observations. 174 

Régime des vents 174 

Propriétés des différents vents à Saint-Louis l'9 

Chap. IV. — Des pluie» ^ 181 

Observations » 181 

Régime des pluies à Saint«Loais . ....•• 188 

Chap. V. — De révapûration 190 

Observations. 190 

Influence des vents sur l'évaporation 194 

Ghap. VI> — Pression atmosphérique 198 

Chap. VII. — Etat hygrométrique. . 203 

Observations 203 

Moyennes et extrêmes hygrométriques. '. 205 

Variations annuelles de l'état hygrométrique 208 

À. Quantité absolue de la vapeur d'eau contenue dans Talr . . 208 

B. Humidité relative. 210 

Variations diurnes de l'état hygrométrique 210 

À. Quantité absolue de la vapeur d'eau . 210 

B. Humidité relative 212 

Influence des vents sur l'état hygrométrique 212 



926 TABIJS IffiS KATIÈftB». 

Chap. VIII. — Oxone 216 

Ghap. IX. — Des orages tt iei tornades sur le littoral du Sénégal . . 

Obfiervations ^ , %H 

Des orages 326 

Des tornades « « • 230 

A quelle époque de l'année se moutreotli» orages et les tonuule». 235 
A quel moment, du Jour on de la nuit, les orages se montrent- 
ils de préférence 7 , . 239 

Quelle est la durée des orages) 239 

Chute de la foudre 240 

De la nature des tornades %h% 

À, Quelle est la vitesse de translation d'une tomad<ii d'un 

point à un autre? 242 

B. Quelle étendue peut avoir en diamètre une tornade ?j . 245 
C Les tornades ont- elles un mouvement gyratoire qui leu^ 

est propre? • • * • 2^^ 



1 1 



TROISIÈME PARTIE. — Climat de Daflaaa, 

Ghapitbb I. -« Climat de Dagana w 

Situation du poste de Dagana 251 

Observations météorologiques faites à Dsgana 252 

CtaAP. II. — Température ..,,,.,.,,.,. 254 

Température moyenne t . . 2^ 

Marche de la température de Dagana pendant Tannée .... 256 

Températures extrêmes 257 

Oscillations thermométriques 259 

Gbap. III. — Des vents 262 

Observations 2d2 

Variations des vents dans Tannée 262 

Variations diurnes des vents. . . ^ . ..' ^^ 

Propriétés des différents vents de Dagana. ... 265 

Gbaf. IV. — Pluies, orages, tornades 271 

QUATRIÈME PARTIE. *^ Climat de Bakel. 

CSiApiTRE I. — Situation de Bakel 273 

Observations météorologiques 275 

CbUP. II. ^ Température 277 

Température moyenne de Tannée 277 

Température moyenne des aataonir. . . ."."."r". .'"T." 279 



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