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Full text of "Recherches sur le système nerveux des poisson"

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HKCIIKHCIIKS 


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uns   POISSONS 


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VMWM  UAUDKLOT 


l'KOH.>SKI'li     \     I.A     I  Ail  III     ll^.^     Sc:lKNI.K>     Il  K    .NAM;\ 


nUVJlACt;    IMll'ilCÉLU';    IVUiN    AVEUTlSSIiMliNT    l'Ai;    M.    É.MILK    HLA  .NCII  Alili 


1;T     ACCll.Ml'Ali.NÉ     Ut      10      I' 1.  A  Mi  11  liS     iMiAVl'.i: 


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i.iiiii  \ii;k  i»e  i/acai)émi1':  iU';  ml;iii:(;i.\i-: 

l'iO,    liOLI.liVAIIU   SAINT-ilKIlMAIN 


H.  3 

I ■ 

Alex.  Agassiz. 

tihxmia  ai  t^e  ITitscunt 


OP 


COMPARATIVE    ZOÔLOGY, 

AT  HARVARD  COllECE.  CAMBRIDGE,  MASS. 
J^ounïfft  b„  prfbatc  subscrfjtfon,  fn  1861. 

Deposited  by  ALEX.  AGASSIZ. 

No.  Q^^/  6/ 


UECHEKCHES 


Sl'R  I.K 


SYSTEME  NERYEIX 


DES    POISSONS 


Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon, 


in'Cll  RUCHES 


srit  Lio 


SYSTEME   NEliVELX 


DES  POISSONS 


EMILE  BÂUDELOT 


l'ROFESSEUI!    A     l.A    FACIH.TF.    IlES    SCIENCF.S     DE    NANCY 


OUVIiAGI":    l'HÉCEDÉ    D'UN    AVERTISSEMENT    l'Ali    M.    EiMILK    lîLA  NCIl  AU  li 


KT     ACCO.Ml'AGNK     DE      lU     rLA.NCIIES     GliAVÉK: 


IVVKIS 

('..    \IASSON,    b:L)lTiaiU 

l,ll;i;  AIIIK    DE   1,'ACADÉ.MIE    DE   MÉDECINE 

lit),    1(01  I.KVAUD   SAlNT-GERMAlN 

~  1883 


^7<~?  LIBRARY 

"  un;versity 

^'GE.  HA  USA 


AVKiniSSEMENT 


Cri  i)iivraL;('  sur  le  Sijsti'ine  nerveux  des  Poissons  paraîl  longleniiis  aju-ès  la  mort 
de  son  aiilcur.  Il  rcsie  inachevé. 

Il  cuiivii'iil  lie  ia|i|M'|{'r  les  eireoiislances  (jni  en  (li'lci'miiii'iciil  l'ciil  ii'ini^c,  de  noter 
les  vui's  (lui  (IcvaiciU  (-(jnduire  à  lui  donniT  di's  pni|H(i-|ioiis  d'alMud  lualli'uducs. 

L'Académie  des  Sciences  avait  mis  au  conrouis  pour  le  i^iauil  pii\  drs  Sciences 
physiques,  la  question  felalive  à  la  diMenniiialidii  t\i'>  dillereiiles  pai'lies  île  l'enei'pliuli' 
des  Poissons.  Le  sujet  n'ayant  pas  été  ton!  de  snile  tiaili'  d'une  nianière  salisl'ai>anle, 
le  coneuin-s  avait  été  deux  i'ois  ajourné.  A  la  lin  di'  rann(''e  IcSij."),  la  qiii'>liiin  (iail  de 
nouveau  proposée  i)our  Tannée  18G5. 

M.  Baudeldl  s'i'iait  siL;iial(''  depuis  plusieurs  années  par  de  remanpiaMes  travaux 
sur  l'organisation  di's  Mollusques  et  des  Anneli's.  Ila\ail  aeipiis  une  -lande  habileté 
dans  les  dissertions  délicates  et  dans  l'arl  du  de>sin  un  lah'nl  (pii  lui  pernietlait  de 
représenter  les  dispositions  anatonH([nes  avec  une  vérilahle  perléctiim.  huné  d'une 
extrênie  clau'voyance  dans  l'observatiiui  des  diHails  les  plus  niirndieux.  il  se  montrait 
])énétraid  dans  la  reconnaissance  des  laits  généraux.  La  question  proposée  ])ar  l'Acadé- 
mie des  Sciences  dlVrail  ini  iiinuense  intérêt  ;  la  solulion  complèli'  eût  ('!é  un  litre 
de  gloire,  (lelui  (pu  trace  ces  liL;iies  pressa  .M.  Ilaudeldl,  niali;rt'' le  diMai  lnen  cnurl  puni- 
un  si  vaste  snjej,  d'enlrepreiu.lre  nue  si''rieuse  in\e>l  iLialimi  (pToii  pen^ail  enlic  ses 
mains  devoir  être  lecoiidi'.  Il  se  uni  à  l'ieinre  et  pi'('^enla  un  li'a\ail  à  l'i'poipie  li\(''e  ]iar 
l'Académie.  Le  llap|iorl  de  la  r,oinmission  spéciale  nouniu'e  pai-  l'Acailt'mie,  qui'  nous 
transcrivons  en  grande  })arlie,  ap[)rendra  ([uels  élaieuL  les  résultats  dune  piemière 
série  de  recherches  [[). 

((  En  1850,  dit  ce  Rap|iorl,  l'AcaiIcmie  avait  mis  au  coiunurs,  iioiu' sujet  du  uiaïul  prix  des 
Sciences  pliy.siqui's  à  décerner  en  18(J'2,  riHiide  coniparalive  du  5//*7c>;i6'  nerveux  des  Puinnuiis,  en 

(I)  l.a  ComiiiissiDiuli'  l'Acailihiiio  se  coiiiposaii  ilc  MM.  Miliu'  IMw.inls,  Floureiis,  Coslo,  Je  Quatrefagcs,  Emile  Itlaucliaril. 
Vny.  Complc-rrndu  dr  l'Acddcinic  des  Sciences,  l.  I.XII.p.  'M,  ISti'i. 


Yi  AVEnTlSSEMEiNT. 

signalaiU  aux  concurrents,  comme  but  essentiel  de  leurs  recherches,  la  détermination  rigoureuse 
des  centres  nerveux  dont  la  réunion  constitue  l'encéphale.  La  question  a  été  proposée  de  nouveau 
pour  le  concours  de  ISGi,  et  enfin  pour  celui  de  1865.  La  Commission  n'a  eu  qu'à  se  féliciter  de 
ces  remises  successives,  car,  cette  année,  elle  a  reçu  plusieurs  ouvrages  remarquables  à  divers 
litres.  La  question  proposée  par  l'Académie  est  loin  sans  doute  d'avoir  encore  été  résolue,  mais  les 
recherches  dont  nous  avons  à  rendre  compte,  apportent  la  connaissance  d'un  certain  nombre  de 
faits  dont  la  valeur  est  incontestable. 

»  La  Commission  a  eu  à  examiner  un  travail  considérable  de  M.  E.  Baudelot,  actuellement 
chargé  du  cours  de  Zoologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Strasbourg;  un  mémoire  de  M.  IloUard, 
professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier;  un  mémoire  imprimé  de  M.  Mayer,  de  Bonn. 

»  L'élude  de  M.  Baudelot  sur  l'encéphale  des  Poissons  a  porté  sur  une  suite  d'espèces 
choisies  dans  les  principaux  groupes  de  cette  classe  du  Bègne  animal.  Onelqnes  espèces  des 
jilus  typiques  ont  surtout  été  l'objet  d'une  recherche  fort  approfondie.  L'auteur,  convaincu  avec 
l;i  plupart  des  anatomistes  (|u'il  y  avait  peu  de  lumières  nouvelles  à  attendre  de  la  considé- 
ration des  rapports  des  parties  entre  elles,  qui  a  été  jusqu'ici  la  préoccupation  dominante  des 
investigateurs,  s'est  attaché,  d'après  les  indications  données  par  l'Académie,  à  reconnaître  bien 
exactement  les  origines  des  nerfs  crâniens,  les  origines  à  leur  point  d'émergence,  et  surtout  les 
origines  réelles.  Cette  partie  de  l'anatomic  du  Système  nerveux  des  Poissons  était  restée  encore 
fort  imparfaitement  connue,  môme  après  les  observations  intéressantes  publiées  par  M.  Stannius 
il  y  a  une  quinzaine  d'années.  Sur  ce  point,  les  recherches  de  M.  Baudelot  ont  été  exécutées 
avec  infiniment  de  patience  et  d'habileté. 

»  Les  origines  multiples  des  nerfs  trijumeau  et  glosso-pharyngien,  du  nerf  pathétique  et  des 
autres  nerfs  crâniens,  ont  été  très  nettement  déterminées  par  l'auteur,  ainsi  que  diverses  ana- 
stomoses entre  les  racines  de  ces  nerfs,  ainsi  que  la  destination  de  plusieurs  branches  (pi'on  avait 
toujours  négligé  de  suivre, 

y>  Cette  portion  du  travail  de  M.  Baudelot  met  en  évidence  de  nombreux  faits  de  détail 
constatés  pour  la  première  fois  avec  une  extrême  rigueur  et  dont  la  connaissance  conduira  cer- 
tainement à  de  nouveaux  résultats.  D'un  autre  côté,  l'auteur,  par  un  effort  dont  il  est  juste  de 
lui  tenir  grand  compte,  est  parvenu  à  déterminer  la  structure  de  plusieurs  parties  de  l'encé- 
phale. Après  avoir  essayé  d'une  foule  de  moyens  pour  raffermir  d'une  manière  convenable  le 
cerveau  des  Poissons,  il  a  réussi  à  faire  des  coupes  minces  d'une  parfaite  netteté.  Parmi  les 
résultats  obtenus,  nous  pouvons  citer  la  constatation  d'une  zone  de  cellules  multipolaires  au- 
dessous  de  la  couche  grise  corticale  du  cervelet,  la  réunion  sur  la  ligne  médiane  des  deux  moitiés 
de  la  voûte  optique  par  la  couche  de  fibres  radiées  qui  tapisse  à  l'intérieur  les  lobes  optiques, 
l'entre-croisement  parfaitement  démontré  des  faisceaux  des  pyramides,  sur  lequel  on  avait  élevé 
des  doutes  à  l'égard  des  Poissons. 

»  Les  résultats  d'un  véritable  intérêt  auxquels  est  arrivé  l'auteur,  n'ont  pu  conduire  cependant 
à  la  détermination  sûre  des  parties  de  l'encéphale  qui  sont  particulièrement  demeurées  jusqu'ici 
un  sujet  d'embarras  pour  les  anatomistes.  M.  Baudelot,  avec  une  réserve  qui  mérite  d'être  louée, 
n'a  pas  osé,  en  l'absence  de  faits  suffisamment  démonstratifs,  se  prononcer  sur  l'homologie  des 
lobes  inférieurs  de  l'encéphali;  des  Poissons,  avec  une  partie  quelconque  du  cerveau  des  Vertébrés 


AVEIITISSEMENT.  vu 

sii|n'rieurs;  seulement  il  iv|iiinsse,  et  sans  doiitc  avec  raison,  l'idi'c  d'une  assimilation  de  ces  lobes, 
suit  avec  les  corps  sirirs,  soit  avec  les  couches  optiques,  en  se  fondant  sur  leur  connexion 
et  sur  leur  mode  de  dévidop|)enient. 

»  Ouant  aux  petits  reidlenients  intérieurs  des  lobes  optiques,  qui  ont  été  si  diversement  inler- 
|)rétés  par  les  anatomistes,  M.  Baudelot  aura  certainement  le  mérite  d'eu  avoir  étudié  les  niodi- 
lications  chez  les  divers  types  de  la  classe  des  Poissons,  beaucoup  iiiicu\;  ipn;  luus  ses  devan- 
ciers; mais,  lorsqu'il  considère  ces  rcnllements  comme  un  repli  de  la  lame  du  cervelet,  auquel 
s'ajoutent,  du'/,  certaines  espèces,  d'autres  élénienls  nerveux  issus  de  la  base  des  lobes  optifjues, 
malgré  les  motifs  ti'ès  sérieux  sur  lesquels  il  s'appuie  pour  sa  déteriiiiiiaLidii,  ou  \iiuili;iil  une 
plus  L;raiide  nhondance  de  preuvi'S. 

y)  Ce  ipii  rehausse  singulièrement  la  valeur  du  h'avail  de  M.  Baudelot,  présenté  avec  une 
méthode  et  une  clarté  qui  ne  laissent  rien  à  désirer,  c'est  l'Allas  de  trente-ciiKi  planelies  qui  l'ac- 
compagne, chaque  planche  portant  plusieurs  figures  dessinées  par  l'auteur  lui-même  avec  un 
art  consommé,  avec  une  netteté,  une  précision  qui  rendent  faciles  à  suivre  tous  les  détails  nou- 
veaux signalés  |)ar  l'auteur,  simple  à  com.prendre,  ce  qui  n'avait  été  précédeniinenl  signalé 
que  d'une  manière  assez  vague.  Sous  ce  rapport,  les  nombreux  et  importants  travaux  auxquels 
a  donné  lieu  l'encéphale  des  Poissons  n'avaient  encore  rien  offert  de  comparable. 

(Siiil  rapiuM'rialioii  drs  tr.ivaiiv  (1(>  M\[.  Itullard  et  Mayer) 

»  Après  un  examen  scrupuleux  des  travaux  dont  il  vient  d'être  rendu  compte,  la  Commis- 
sion a  pensé,  en  l'absence  d'une  réponse  pleinement  satisfaisante  à  la  question  proposée  par 
l'Académie,  que  le  prix  ne  pouvait  être  décerné,  mais  qu'il  y  aurait  justice  à  partager  la  somme 
affectée  à  ce  prix  entre  les  deux  concurrents  dont  les  efforts  ont  été  plus  particulièrement  cou- 
ronnés de  succès. 

y>  La  récompense,  si  bien  jusliliée  par  leur  habileté  et  par  leur  persévérance,  que  rece- 
vront les  deux  auteurs,  sera,  nous  le  pensons,  un  nouvel  encouragement  pour  les  anatomistes 
à  travailler  à  la  solution  d'une  question  pleine  de  grandeur,  solution  dont  on  approche  chaque 
jour  davantage. 

»  Les  connaissances  acquises  attestent  jusqu'à  Tévidence  l'existence  d'un  plan  i'ondanienial 
unique  dans  la  constitution  de  lencéphale  de  tous  les  Animaux  vertébrés.  Pour  en  comprendre 
toutes  les  modifications,  toutes  les  dégradations,  il  semble  qu'il  ne  reste  plus  qu'un  pas  à  faire; 
seulement  la  difliculté  de  la  recherche,  le  nombre  des  investigations  niinulieuses  à  acconqilir  pour 
éclairer  ce  qui  reste  obscur,  doit  exiger  encore  un  elTort  considérable.  Les  travaux  que  l'Académie 
va  récompenser  achèvent  de  montrer  de  (piel  côté  surtout  devront  être  dirigées  les  recherches 
ultérieures.  Plus  que  jamais,  il  devient  nianilcvle  (pie  c'est  par  l'étude  comparative  du  dévelop- 
pement de  l'encéphale  que  l'on  arrivera  au  grand  résultat  (pu  a  déjà  été  tant  cherché  depuis  un 
demi-siècle.  Mais,  pour  liien  connaître  rencéphale  des  Poissons,  il  ne  faut  pas  l'étudier  seulement 
chez  les  Poissons;  l'élude,  toujours  comparative,  des  |»hases  du  dévehqipenient  di'S  Batraciens,  des 
Reptiles  et  l'ulin  des  Vertébrés  supérieurs  est  indispensable  pour  atteindre  le  but  qu'on  se  propose. 

»  Parmi  les  Mémoires  (|iii  nous  ont  été  présentés,  celui   de  M.  Baudelot  vient  assurément 


MU  AVERTISSEMENT. 

en  première  ligne  par  le  nombre  des  observations  neuves,  parla  perfection  avec  laquelle  ont  été 
représentés  l'ensemble  et  les  détails  de  l'encéphale  de  plusieurs  espèces  de  Poissons  ;  mais  l'auteur 
n'étant  pas  arrivé  jusqu'à  présent  à  la  solution  des  points  les  plus  difficiles  de  la  question,  comme  il 
le  déclare  lui-même,  il  a  paru  impossible  de  ne  pas  tenirgrand  compte,  dans  le  travail  de  M.  Hollard, 
de  jilusieurs  observations  intéressantes  et  de  quelques  vues  qui  ne  s'étaient  pas  encore  produites. 
En  conséquence,  la  Commission  accoidant  une  mention  honorable  à  chacun  de  ces  travaux,  est 
d'avis  que  la  somme  affectée  au  grand  prix  des  Sciences  physiques  pour  l'année  1805  doit  être 
partagée,  en  attribuant  les  deux  tiers  de  celte  somme  au  Mémoire  de  M.  Baudelot,  et  un  tiers  au 
Mémoire  de  M.  Hollard.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  l'Académie. 

M.  Baudelul  rciij[)urlait  une  vicluire,  mais  celte  vicloire  élait  rclalive,  et  nul  aulant 
(|ue  lui-même  n'appréciait  avec  réserve  le  succès.  Il  regardait  son  li-avail  comme  un 
début  et  se  croyait  eng'a2:é  par  le  jugement  de  l'Académie.  Tout  de  suite  il  prit  la  réso- 
lution (le  })Oursuivre  l'œuvre  commencée.  Nourrissant  l'espoir  d'arriver  à  une  démons- 
Ualion  irrécusal)le  de  l'ensemble  des  liomologies  du  Système  nerveux  chez  les  x^nimaux 
vertébrés,  il  se  complaisait  dans  l'idée  de  consacrer  ses  forces  à  un  sujet  que  lui  aussi 
jugeait  plein  de  grandeur. 

Dans  la  conviction  du  naturaliste,  seule,  l'observation  comparative  de  la  disposition 
des  lobes  de  l'encéphale  cliez  les  Poissons,  ne  })ouvait  conduire  à  reconnaître  avec  une 
entière  certitude  toutes  les  homologies;  il  fallait  suivre  les  nerfs  et  surtout  se  préoccuper 
de  leurs  origines.  L'étude  profonde  du  développement  de  l'ensemble  du  Système  nerveux 
se  montrait  indispensable.  Ce  n'était  point  toul  encore;  l'auteur  ne  tardait  guère  à  s'aper- 
cevoir i\ue  les  notions  acquises  touchant  le  Système  nerveux  des  Verlél)rés  supérieurs 
ne  fournissaient  pas  tous  les  éléments  de  comparaison  nécessaires  pour  en  ra])procher  les 
dispositions  qui  existent  chez  les  Poissons.  Ainsi  INI.  Baudelot  se  jeta  bientôt  dans  une 
recherche  d'un  caractère  spécial  sur  le  cerveau  des  Mammifères,  des  Oiseaux,  des 
Reptiles  et  des  Batraciens  à  l'état  d'adultes  et  d'embryons.  Il  a  laissé  une  série  de  belles 
ligures  qui  n'ont  pas  semblé  devoir  ]irendre  place  dans  la  publication  que  nous  livrons 
aujourd'hui  au  monde  savant. 

L'entreprise  était  gigantesque,  ]>eut-(Mre  excessive,  et  vingt  ou  trente  années 
d'etVorls  continus  auraient  à  peine  sufli  pour  la  mener  à  bonne  lin.  Mù  par  un  sentiment 
de  conscience,  il  publia  dans  sa  teneur  exacte  le  Mémoire  qui  en  18GG  lui  avait  mérité,  de 
la  jiarl  de  l'Académie,  une  marque  de  haute  estime;  cependant  il  n'avait  pu  y  joindre 
les  [danches.  Nul  anatomiste  n'était  donc  mis  en  mesure  de  juger  vraiment  ce  premier 
travail. 

Bien  affermi  dans  son  projet,  M.  Baudelot  continua  ses  investigations  avec  calme, 
n'ayant  d'autre  souci  que  de  parvenir  un  jour  à  mettre  (piel(|ue  grande  vérité  en  pleine 


AVKIiTlSSEMENT.  ix 

Ininirrr.  Il  sp  rnnl(Mila  di^  puliliiM' (livorso^  noiices  sur  di's  l'nits  roliilifs  ;iii  Sx^lriiir  ihm- 
\i'ii\  (les  l'dissdiis  (jn'il  ;i\,iil  (•(iii^l;il(''v  (rime  iiiMnirrc  ili''ruiili\i'. 

L"iii\csliLiali'iir  rhiil  iniiic,  |iniluii(l(''iii('iil  (liAdur  à  l;i  -~cii'iici'  :  (III  pouvait  en  al  h'iidro 
lin  liiii:.;'  l'Iluil  ;  mais  sa  saiilr  \iiil  à  >'alli''n'i\  [n'ii  à  |ii'ii  ses  Inrccs  raliaiHlniiiirit'iil .  Il 
siiccdiiiltail  II'  d:]  fV'vricr  1875,  a\aiil  à  |ii'iiii'  IVaiidii  la  iiiiaïaiilirnic  aiiiUM'  di' son  ùyc 
Ti'dis  jdiirs  aii|iaia\aiil ,  la  scclidii  d'Aiialdiiiii'  ri  de  ZddldL:ii'  de  rAcadi'iiiic  dos  Srioncos 
l'avail  iiiscril  le  piciiiit'r  sur  une  li>lt'  do  candidals  ([u'elle  |irésentail  |idur  une  [ilacu  de 
Cdi  rt'S])ondaiil. 

M.  Baudcidt  laissait  une  œuvi-c  incdinplètc  :  outif  les  paitics  publiées,  outre  un 
iTiiiaiipialdc  enseiiilile  dr  ligures  inétlites,  des  notes  Miaiiiiscritcs  et  des  crdiiuis.  Le  naln- 
lalisle  ipii  l'aNail  ciilraîné  dans  la  earrière  scientilique  aurai!  \ii  a\ec  elia^rin  la  pi'ile 
(les  résultais  de  longues  et  patienics  ('■Indes;  il  dul  signalei  riiih'rèl  des  l'cilierches  sur  le 
Système  nerveux  des  Poissons.  La  digne  compagne  que  s'était  choisie  le  professeur  de  la 
l'arulté  des  Sciences  de  Nancy  s'empressa  de  saisir  l'occasidii  d'Iidiidrer  la  liii'iiidiic  de 
celui  (|ui  l'axail  sit(')l  (juiltée.  Témoin  de  ses  travaux,  elle  connaissait  sa  pensée  de  tous 
les  instants.  Llle  prit  à  cu'ur  l'idée  de  mcllre  an  jour  ce  rpii  demcuiail  entre  ses  mains 
des  Recherches  sur  le  syslème  nerveux  des  Poissons.  Elle  lit  graver  les  plancdies,  toute 
préoccupée  d'iditenir  la  plus  parfaite  exécution  possible.  Llle  rassembla  Ions  les  nialé- 
riaux  du  texte  :  mémoii'es  imprimés  et  notes  manuscrites.  Aidée  de  (piel(|ues  conseils, 
elle  les  disposa  d'une  ta(;on  méthodique  et  surveilla  l'impression  avec  un  soin  ininnlieiix. 
Ainsi  a  été  composé  ce  livre,  où,  lorsqu'on  s'inquiétera  de  ce  ipTil  contient,  on  songera 
p)i^ut-ètre  à  ce  qu'il  aurait  ]mi  devenir  s'il  eût  été  doimé  à  l'auteur  (ra(diever  son  (envre. 

É.MiLi:  ULAMJlLVl'ili. 


Juin  1883. 


P. -S.  —  Nous  croyons  devoir  donner  ci-contre  la  liste  complète  des  Ouvrages,  Mémoires  cl 
Nolices  publiés  par  M.  BandehTl. 


LISTE    DES   TRAVAUX   DE   EMILE  BAUDELOT 


Di's  iiinu'iirs  saiiiîiiincs  de  l'oxravatioii  pelvienne  cliez  la  femme  (hématocèles  péri-utéiiiies). —  Thèse  inaugurale 
(/(•  médecine,  Paris,  18.")S. 

Ucclici'clies  sur  l'appareil  générateur   ilcs  iMollus(|ucs  (iasléropotles. —  .4m?*.  Se.  nnt.  (Zool.),  i"  série,  XL\, 

1803,  p.  13r)-2'2-2>2()8-:2'.ti,  pi.  2-5. 

Uecherclies  expérimentales  sur  les  fonctions  de  l'encéphale  des  Poissons.  —  Paris,  Coinpl.  rend.  Acad.  des  Se, 
LVII,  iXG.'i,  p.  919-95!.—  Revue  des  Sociétés  savantes,  décembre  1803.  —  Ann.  Se.  nul.  (Zool.j,  5"  série,  I,  1804, 
p.    105-112.— Kohin,  Joiini.  Anat.,  \,  180i,  p.  110-112. 

De  l'inlluence  du  Système  nerveux  sur  la  respiration  des  Insectes. —  Paris,  Com/><.  rend.,  Acad.  des  Se,  LVill, 

1804,  p.  llOl-lKli.  — /Ikh.  Se.  nat.  (Zool.),  II,  5' série,  1804,  p.  45-48. —  .4;i».  Mag.  nal.  Itist.,  XIV,  1804, 
p.  280-283. 

Observation  relative  à  riutelliyeuce  des  Oiseaux.  —  Revue  des  Sociétés  savantes,  novembre  1804. 
Observations  sur  la  structure  du  Système  nerveux  de  la  Clepsine.  —  Paris,  Compt.  rend.,  LIX,  1804,  p.  825-828. 

—  Ann.  Se.  nat.  (Zool.),  IIl,  5"  série,  1805,  p.  127-130,  pi.  2.  —  Ann.  Mag.  nat.  hisl.,  XV,  1805,  p.  78-80.  — 
Uobin,  Journ.  Anat.,  II,  1805,  p.  221-224. 

Recherches  e.xpérimentales  sur  l'encéphale  de  la  Grenouille.  — Ann.  Se.  nat.  (Zool.),  III,  5'  série,  1865,  p.  5-10. 
Étude  sur  r.4natomie  comparée  de  l'encépliale  des  Poissons  (Mémoire  couronné  par  r.Vcadémie  des  Se,  1805). 

—  Mémoire  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  t.  VI,  1800-70,  p.  51-128,  1  pi. 

Leçon  d'ouverture  du  cours  de  Zoologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Strasbourg  (Éloge  de  M.  LerebouUet),  1800. 

Étude  sur  le  disque  céphalique  des  Rémoras  {Echeneis).  —  Paris,  Compt.  rend.  Acad.  des  Se,  LXIV,  1867,  p.  025- 
027.— in».  Se.  nnt.  (Zool.),  VII, 5'  série,  1807,  p.  153-100,  pi.  :>.  —  Ann.  Mag.  nat.  hist.,  XIX,  1807,  p.  375-370. 

Observations  d'un  phénomène  comparable  à  la  mue  chez  les  Poissons.  —  Pims,  Compt.  rend.,  LXV,  1807,  p.  247- 
250.  — ^MJi.  Se.  nat.  (Zoo!.),  VII,  5'  série,  1807,  p.  339-341. 

Considérations  sur  quelques  particularités  du  Système  musculaire  des  Poissons.  —  Paris,  Compt.  rend.  Acad.  des 
Se,  LXIV,  1807,  p.  1205-1208. 

De  la  détermination  homologique  d'une  branche  du  nerf  pat!iéti(iue  chez  le  Merlan.  —  Bull.  Soc.  Se  nat.  de 
Strasbourg,  août,  n"  (i,  1808. 

De  la  détermination  des  pièces  osseuses  qui  se  trouvent  en  rapport  avec  les  premières  vertèbres  chez  les  Cyprins, 
les  Loches  et  les  Silures.  —  Paris,  Compt.  rend.  Acad.  des  Se,  LXVI,  1808,  p.  33i)-334.  — Considérations  sur  les 
premières  vertèbres  des  Cyprins,  des  Loches  et  des  Silures.  —  Bull. Soc.  Se  nat.  de  Slrasbourg,  août,  w  6  et  7,  1808. 

Observations  sur  le  rocher  des  Poissons.  — Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg,  août,  n"  0,  1808. 

Observations  relatives  à  la  pièce  scapulaire  des  Silures.  —  Bnll.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg,  août,  n"  6,  1808. 

Considérations  sur  le  tronc  latéral  du  nerf  pneumogastri(|uc  chez  les  Poissons.  — Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Stras- 
bourg, août,  n"  7,  1808. 

Observation  sur  les  œufs  de  l'I'^ponge  d'eau  douce.  —  Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg,  novembre,  n"  8,  1808. 

A'ote  sur  le  disque  ventral  du  Cycloplerus  Itnnpus.  — Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg,  novembre,  n°  8,  1808. 

Observation  relative  à  une  branche  anastonii)ti(]ue  des  nerfs  trijnineau  et  pneumogastrique  chez  le  Merlan. — 
Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg,  novembre,  n"  8,  180S. 

Observation  sur  l'os  coracoïilien  et  la  première  cote  du  Cottus  lluriatilis.  —  Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Strasbourg, 
décembre,  n"  9,  1808. 

Considérations  sur  la  structure  des  nageoires  impaires  des  Poissons  os-eux.  — Bull.  Soc.  Se  nat.  de  Slrasbourg, 
décembre,  u°  9,  1808. 

Considérations  physiologiques  sur  la  fonction  génératrice  îles  Mollusques  Gastéropodes.  —  Bull.  Soc.  Se  nat. 
de  Strasbourg,  décembre,  n"  9,  1808. 


\ii  LISTE  DES  TRAVAUX   DE   EMILE   BAUDELOT. 

Oijservalioii  sur  reiiveloppe  téj:iimentaire  dj  quelques  Myriapodes.  —  Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg, 
décembre,  n°  9,  1868. 

Du  nnk'auisiue  suivant  lequel  s'eiTectue  chez  les  Coléoptères  le  retrait  des  ailes  inférieures  sous  les  élytres  au 
moment  du  passage  à  l'étal  de  repos.  —  liii.ll.  Soc.  Se.  nal.  de  SlrUMhoarg,  décembre,  n"  9,   18Gbi. 

Observation  recueillie  sur  une  Hydre  d'eau  douce.  —  Bail.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  décembre,  n°  9,  1808. 

Sur  une  branche  des  iierl's  spinaux  observée  dans  quelques  types  de  Poissons.  —  Bull.  Soe.  Se.  nat.  de  Stras- 
bourg, décembre,  n"  10,  1808. 

Analyse  et  traduction  d'un  mémoire  d'Owjannikow  sur  le  Système  nerveux  de  VAmphioxiis  lanceolatus  (Ueber 
das  Centralnervensystem  des  .imphioxus  lanceolatus).  —  Bull,  de  CAcad.  imp.  des  Se.  de  Saint-Pétersliourg, 
t.  XII,  p.  287  à  302.  —  Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  Janvier-mars,  n°^  1  et  2,  1809. 

Observations  sur  les  orii^iues  de  la  branche  operculaire  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique  chez  quelques  Pois- 
sons.—  Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  février-mars,  n"  2,  18G9. 

Observation  sur  uu  petit  centre  nerveux  qui  se  trouve  en  rapport  avec  le  faisceau  postérieur  de  la  commissure  de 
Haller  chez  l'Épinoche.  — Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  avril-mai,  n"  3,  1809. 

Observations  sur  la  structure  intime  du  cervelet  des  Poissons  osseux. — Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg, 
avril-mai,  n"  3,  1869. 

Observations  relatives  à  la  structure  du  squelette  des  Piaies.  —  Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  avril-mai, 
n"  3;  juin,  n°  4,  1809. 

De  la  régénération  de  l'extrémilé  céphalique  chez  le  Lombric  terrestre.  —  Note  première,  Bnll.  Soc.  Se.  nat.  de 
Strasbourg,  ]mn,  noi,  1809. — Note  deuxième,  ibid.,  1870. 

Recherciies  sur  la  structure  intime  du  système  nerveux  des  Mollusques  acéphales. — Bull.  Soe.  Se.  nat.  de 
Strasbourg,  juillet,  n°  0;  août,  n°  7,  1809. 

Recherches  relatives  à  la  structure  intime  des  centres  nerveux  chez  les  Poissons  osseux.  — Bull.  Soc.  se.  nat.  de 
Strasbourg,  août,  n°  7;  août-novembre,  n»  8,  1809. 

De  la  Méthode  comparative  eu  Zoologie. — Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  1870. 

Contribution  ;i  l'iiistoire  du  Système  nerveux  des  Échinodermes  (Études  générales  sur  le  système  nerveux). 
—  Ai-cinv.  Zool.  exp.,  I,  1872,  p.  177  à  210.  —  Bull.  Soc.  Se.  nat.  de  Strasbourg,  1870. 

Observations  sur  la  structure  et  le  développement  des  nageoires  des  Poissons  osseux.  —  Arch.  Zool.  exp.,  t.  II, 
n°  2,  Notes  et  Revue,  p.  xviii,  xxiv,  1872-1873. 

Note  sur  un  rameau  dorsal  du  nerf  pathétique  chez  les  Gades  (Gadus).  — Arch.  Zool.  exp.,  II,  Notes  et  Revue, 
p.  Li  et  LU,  1872-1873. 

Contributions  à  la  physiologie  du  système  nerveux  des  Insectes.  — Revue  des  Se.  nat.,  I,  p.  209-280,  1872-1873. 

Recherches  sur  la  structure  et  le  développemant  des  écailles  des  Poissons  osseux. — Arch.  Zool.  exp.,  11,  1873, 
p.  87  à2l-i  et 429 à 480,  pi.  5  ci  11. 

De  la  Zoologie  et  de  ses  divisions  (Leçon  faite  à  l'ouverture  du  cours  de  Zoologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Nancy,  1873-74).  — /îentc  des  Se.  tiat.  de  Montpellier,  III,  1874,  p.  106-205. 

Des  déterminations  en  Anatomie  comparée  (Leçon  faite  à  l'ouverture  du  cours  de  Zoologie  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Nancy,  [Hli-Tt).  — Revue  des  Se.  nat.  de  Montpellier,  III,  1874,  p.  533-552;  IV,  1875,  p.  1-15. 

Note  sur  un  procédé  relatif  à  la  dissection  du  Système  nerveux  chez  les  Poissons.— 7?(;('«e  des  Sociétés  savantes 
(Sciences),  2"  Série,  t.  VIII,  p.  202,  1874.  — •  Revue  des  Se.  nat.  de  Montpellier,  t.  VI,  décembre  J877,  p.  237-240. 


INTRODUCTION 


HISTORIQUE 


Il  faut  remonter  à  une  époque  éloignée  dans  l'histoire  de  la  science  pour  trouver  les  premières 
notions  relatives  à  l'analomie  du  cerveau  des  Poissons. 

En  1666,  Thomas  Willis  donna,  dans  une  forme  assez  vague,  les  premières  indications  rela- 
tives à  l'encéphale  et  aux  nerfs  des  Poissons  (1). 

Quelques  années  plus  tard,  en  1685,  dans  un  Système  d'anatomie  (2),  Samuel  CoUins  consacra 
un  chapitre  entier  à  l'étude  du  cerveau  de  ces  animaux  (3).  On  lui  doit  les  premières  figures  qui  en 
aient  été  données.  Onze  planches  accompagnent  son  travail.  Pour  chacune  des  espèces  examinées, 
l'auteur  se  borne  à  la  simple  énumération  des  lobes  qui  composent  l'encéphale;  les  formes  extérieures 
l'ont  seules  occupé.  Il  ne  se  livre  à  aucune  comparaison  et  n'essaye  aucune  détermination  des  par- 
ties; il  n'a  reconnu  que  le  cervelet  et  la  moelle  allongée. 

Après  Collins,  il  faut,  à  un  siècle  de  distance,  arriver  à  Camper  pour  trouver  de  nouveaux 
écrits  relatifs  à  notre  sujet.  En  1761,  Petrus  Camper  publia  sur  l'oreille  des  Poissons  écailloux  un 
premier  Mémoire  contenant  la  description  et  la  figure  du  cerveau  de  la  Morue  (4).  En  176'2,  il  fit 
paraître  sur  l'oreille  des  Poissons  en  général,  un  second  Mémoire  où  il  décrivit  et  figura  le  cer- 
veau de  trois  types  :  la  Baudroie,  le  Brochet  et  la  Raie  (5).  Camper  a  le  mérite  d'avoir  le  premier, 
essayé  d'établir  un  rapprochement  entre  le  cerveau  des  Poissons  et  celui  des  Mammifères,  comme 
en  témoigne  cette  description  : 

«  Dans  les  Morues  et  les  Eglefins,  dit-il,  le  cerveau  est  formé  de  deux  globes  antérieurs 
qui  ont  des  incisions  (circonvolutions)  comme  notre  cerveau  ;  ils  donnent  naissance  aux  nerfs  olfac- 
toires;  deux  hémisphères  oblongs  succèdent  aux  premiers  qui  ont  des  ventricules  très  grands  et  un 
corps  calleux  qui  forme  la  voûte  ;  il  n'y  a  point  de  glande  pinéale,  mais  le  troisième  ventricule 
passe  vers  le  quatrième,  derrière  uneéminence  semblable  à  peu  près  aux  nalesQilcslesàAni  l'homme 

(I)  Cerebri  anatome  nervorumque  descriptio  et  tisus,  cap.  v.  Ce  mémoire  fui  imprimé  dans  Opcia  omnia  Thomœ 

Willis  {n\>>.-i). 

("2)  A  si/slcm  of  anatomy,  [trealiiig  of  llie  liodij  ofMan,  Beast,  liiids,  Fisli,  Insccts  and  Plants.  2  vol.  in-folio. 
(3)  Chap.  L\m.  — The  Brain  ofFish.  T.  II,  p.  1108. 
(l)  (iMi'iiioires  de  la  Société  de  Harlem.   \'{\i). 

5)  (Mémoires  de  malliémalique  et  de  physique  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Paris.  T.  VI,  p.  177-197.   1771). 

1 


2  INTRODUCTION. 

et  les  quadrupèdes;  ces  quatre  éminences  sont  très  parfaites  dans  le  Brochet.  Le  cervelet  suit  immé- 
diatement après,  formant  une  espèce  de  cône  tronqué  qui  a  deux  tubérosités  latérales  unies  avec  le 
cervelet;  lorsqu'on  le  relève,  le  quatrième  ventricule  se  manifeste  avec  la  valvule  du  cerveau 
qui  y  est  très  remarquable  :  c'est  là  que  commence  la  moelle  épinière  ou  allongée.  En  écartant  les 
deux  hémisphères,  paraît  la  fente  qui  est  l'entrée  du  troisième  ventricule  ;  immédiatement  au-des- 
sous, on  voit  les  quatre  éminences  rondes,  analogues  aux  nates  et  testes  dans  notre  cerveau,  mais  il 
n'y  a  point  de  glande  pinéale.  » 

On  voit  par  ces  passages  combien  Camper  était  allé  plus  loin  que  ses  devanciers  ;  c'était  le  pre- 
mier pas  vers  une  étude  sérieuse  du  cerveau  des  Poissons. 

Bientôt  Haller,  dans  un  Mémoire  sur  les  yeux  des  Poissons,  donna,  surtout  au  point  de  vue 
de  l'anatomie  comparée,  quelques  indications  louchant  le  nerf  optique  (1).  Quelque  temps  après, 
en  1766,  le  même  auteur  fournit  avec  un  aperçu  des  différentes  parties  du  système  nerveux  dans  la 
série  des  Vertébrés,  une  description  détaillée  du  cerveau  de  la  Carpe  (2).  La  même  année  encore, 
dans  un  Mémoire  sur  le  cerveau  des  Oiseaux  et  des  Poissons  (3),  il  reproduisit  sa  description  du 
cerveau  de  la  Carpe  en  y  ajoutant  celle  du  cerveau  de  la  Chevaine,  de  la  Tanche,  du  Corcgonus  Fera, 
du  Brochet,  de  la  Truite  des  lacs,  de  la  Truite  des  Alpes,  de  la  Perche  et  de  la  Muslèle. 

Le  travail  de  Haller  est  remarquable  par  le  nombre  et  la  richesse  des  détails  qu'il  renferme; 
il  marque  une  phase  nouvelle  dans  l'histoire  de  l'anatomie  du  cerveau  des  Poissons.  L'auteur  ne  se 
borne  plus  à  la  description  des  formes  extérieures,  il  cherche  à  pénétrer  les  détails  de  la  structure 
et  à  poursuivre  les  origines  des  nerfs.  Mais  comme  il  ne  fournit  aucune  figure  à  l'appui  de  ses 
observations,  ses  écrits  demeurent  souvent  difficiles  à  comprendre. 

En  1776,  Yicq  d'Azyr  publia  sur  l'organisation  des  Poissons  deux  Mémoires  dans 
lesquels  il  donne  une  idée  générale  de  l'encéphale  et  des  nerfs  cérébraux  considérés  dans 
leurs  différents  groupes.  On  y  trouve  figurés  d'une  façon  assez  médiocre,  les  cerveaux  et 
les  principaux  nerfs  du  Congre,  de  l'Anguille,  de  la  Carpe  de  mer,  de  la  Vive,  de  la  Plie  et  du 
Turbot.  L'auteur  ne  paraît  pas  avoir  eu  d'idées  bien  arrêtées  sur  la  nature  des  parties  qui  com- 
posent l'encéphale.  Chez  le  Congre,  il  nomme  lobe  antérieur  impair  le  lobe  olfactif,  lobes  pairs  et 
antérieurs  les  hémisphères,  lobes  pairs  moi/eus  les  lobes  optiques,  et  cervelet  l'organe  de  ce  nom.  Il 
désigne  comme  lobe  impair  inférieur  et  moyen  les  lobes  inférieurs.  Dans  la  Plie,  il  compare  les  lobes 
optiques  aux  couches  optiques  (4). 

En  1785,  Monro,  dans  son  Anatomie  des  Poissons,  donna  d'assez  bonnes  figures  du  cerveau 
et  des  nerfs  du  Merlan,  des  Squales  et  de  la  Raie.  Le  passage  où  il  traite  du  cerveau  est  réduit 
à  quelques  lignes  dépourvues  d'intérêt  (5). 

En  1788,  Ebel  publia  des  figures  du  Brochet,  de  la  Carpe  et  du  Silurus  glanis  sans  les  accom- 
pagner d'aucun  texte.  L'explication  des  planches  suffit  pour  démontrer  que  l'auteur  n'avait  qu'une 
idée  très  vague  de  son  sujet  (6). 

(1)  Mémoire  sur  les  yeux  de  quelques  Poissons  f.Mém.  de  l'Acad.  des  se,  20  mars  1762). 

(2)  Elementa  Physiologiœ  T.  IV.  Addenda,  p.  5'JI. 

(3)  Opéra  minora.  T.  III  (1768).  Piscium  cerebra,  p.  198  et  p.  201  et  215. 

(4)  (MéiiHiiresde  l'Académie  des  sciences.  —  Savants  élrang-ers.  T.  VII,  p.  Î.'ÎS). 

(5)  The  structure  and  jthysiology  of  Fishes  explained  and  comparcd  wiLh  tiiose  of  uian  and  other  animais. 

(6)  Observaliones  necrologicœ  ex  anatome  coinparala  (avec  2  pi.) 


HISTORIQUE.  3 

En  1789,  Scarpa  décrivant  l'appareil  auditif  des  Poissons,  dit  quelques  mots  louchant  l'ori- 
gine et  la  distribution  de  ses  nerfs  et  donne  des  figures  du  cerveau  de  la  Raie,  du  Brochet  et  du 
Sqimlus  catulus,  également  sans  d'autres  explications  que  celles  des  planches  (1). 

En  1800,  un  certain  nombre  d'expériences  relatives  h  l'entre-croisement  des  nerfs  optiques 
permet  à  Rudolphi  d'aflirmer  que  cet  entre-croisement  n'existe  pas  chez  tous  les  Poissons  (2). 

La  même  année,  G.  Cuvier  publie  une  courte  description  du  cerveau  des  Poissons  (3). 
A  l'exemple  de  Camper,  il  considère  les  lobes  optiques  comme  les  vrais  hémisphères,  et  comme  les 
quadrijumeaux  les  tubercules  qu'ils  renferment;  il  nomme  cor/w  Cfl/me/e  chaque  renflement  semi- 
lunaire  avec  son  irradiation  médullaire  et  regarde  les  lobes  inférieurs  comme  les  analogues  des 
couches  optiques.  Il  fouiiiil  iiiissi  ipirlques  indications  relatives  à  la  distribution  des  principaux 
nerfs  ainsi  ([u'aux  organes  des  sens  considérés  dans  les  diiïérentcs  espèces  (4).  Au  sujet  des 
organes  électriques  (5) ,  il  décrit  en  peu  de  mots  les  différences  de  nombre,  d'origine  et  de 
grandeur  que  présentent  leurs  nerfs  dans  la  Torpille,  le  Gymnote  et  le  Silure. 

En  1812,  des  expériences  de  Todd  sur  la  Torpille  tendent  à  prouver  le  rapport  exception- 
nellement intime  qui  existe  entre  le  système  nerveux  et  l'organe  électrique,  rapport  (jui  résulterait 
particulièrement  du  volume  des  nerfs  (6). 

Un  peu  plus  tard,  Geoffroy  Saint-IIilaire  a  tracé  la  description  anatomique  de  l'organe  élec- 
trique de  la  Raïa  torpédo,  de  la  Raia  rubiis,  du  Gymnotus  electricus  et  du  Silurus  electricus.  Cette 
étude  comparative  qui  n'avait  pas  encore  été  faite,  a  pour  but  «  de  démontrer  l'identité  de  ces 
organes  et  de  les  ramener  à  un  même  système  d'organisation  ».  L'auteur  indique  les  origines 
diverses  des  nerfs  qui  mettent  enjeu  les  appareils  électriques  de  ces  Poissons,  le  mode  de  distri- 
bution et  de  terminaison  propres  à  chacun  d'eux,  leurs  rapports  avec  les  parties  environnantes  (7). 

En  1813,  vint  au  jour  une  œuvre  capitale  pour  l'histoire  du  système  nerveux  des  Poissons,  la 
thèse  qu'Apostolus  Arsakyi  soutintàllalle,  ayant  pour  titre  :  De  Piscium  cercbro  et  medulla  si)inali(S). 

Ce  travail  comprend  deux  parties  :  l'une,  relative  à  la  moelle  des  Poissons,  l'autre,  à  l'encé- 
phale. Dans  la  première,  l'auteur  s'occupe  de  la  forme  de  la  moelle,  de  ses  variations  chez  un 
certain  nombre  de  types,  de  sa  longueur  et  de  son  volume,  de  sa  configuration  externe  et  interne,  de 
ses  rapports  avec  la  cavité  vertébrale.  Il  indique  l'origine  des  nerfs  spinaux.  A  l'égard  de  l'encéphale, 
l'auteur  traite  de  sa  forme  dans  les  différents  genres  et  des  variations  de  caractères  de  chacune  de 
ses  parties  dans  un  grand  nombre  d'espèces.  Il  donne  aussi  quelques  aperçus  touchant  sa  .struc- 


(1)  Analomicœ  Disquisitiones  de  aiiditu  et  olfactit  (avt;c  de  l)elles  figures). 

Ci)  Einigc  Bemerkungcn  iibcr  die  Durclikreuzung  der  Sclnifrccn  (Wiedemann's  Arcliiv  f.  Zool.  u.  Zoot.,  Bd  I, 
p.  150-159). 

(3)  Leçons d'anatomic  comparée.  T.  U,  \).  \G6  {\800). 

(ï)  Toiiic  II. 

(5)  Tome  V,  p.  mu 

(G)  Some  observations  and  experiments  made  on  tlie  Torpédo  of  the  Cape  of  Good  Hopc,  1812,  (Philos.  Trans., 
p.  120-120.  1816). 

(7)  Sur  l'anatomie  comparée  des  organes  électriques  de  la  Raie-Torpille,  du  Gymnote  engourdissant  et  du  Silure 
tremblcur  (Annal,  du  Muséum,  avec  1  planche.  T.  I.  ISMÎ.'» 

(8)  Avec  3  plauciies  où  se  trouvent  gi-ossièi-ement  ligures  les  cerveaux  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces  (Congre, 
Xiphias,  Merlus,  Uraiioscope,  Cépale,  Uascasse,  Dorée,  Sole,  Castagnole,  Sargue,  Saupe,  Dogue,  Saurel,  Surmulet,  Grondiu, 
Poisson-Lune,  Requin,  Marteau,  Roussette  et  Haie). 


4  liNTRODUCTION. 

ture  et  les  rapports  de  dimension  qui  existent  entre  lui  et  la  cavité  crânienne.  Le  travail  se  termine 
par  des  considérations  importantes  sur  la  signification  de  chacune  des  parties  de  l'encéphale  des 
Poissons  et  sur  leur  comparaison  avec  les  parties  de  l'encéphale  des  Vertébrés  supérieurs. 

De  nombreux  travaux  succédèrent  à  celui  d'Arsakyi.  En  1814,  parut  un  Mémoire  de  Carus  sur 
le  système  nerveux  (1).  Dans  un  chapitre  relatif  à  la  moelle  épinière  des  Poissons,  l'auteur  décrit  sa 
configuration  et  sa  structure  intime  ;  il  indique  son  poids  relativement  au  cerveau  dans  les  différentes 
espèces  et  le  mode  d'origine  des  nerfs. 

Dans  le  chapitre  concernant  l'encéphale,  on  trouve  représentés  les  cevveauxduMiirœnaangidlla, 
àeVEsox  Incius,  du  Cyprinus  Carpio,de  VEcheneis  rémora,  du  Cobitis  fossilis,  du  Cltipea  harengus 
el  du  Raja  torpédo.  Les  descriptions  sont  détaillées,  les  figures  très  médiocres  et  accompagnées 
d'explications  peu  claires.  Carus  adopte  à  peu  près  les  déterminations  d'Arsakyi;  il  nomme  lobes 
optiques  (Schhugel)  les  renflements  situés  en  avant  du  cervelet  et  les  compare  à  la  paire  antérieure 
des  tubercules  quadrijumeaux  de  l'homme.  Il  désigne  sous  le  nom  de  ganglions  du  nerf  olfactif 
{Riechnerven-Ganglien)  la  série  de  renflements  situés  en  avant  des  lobes  optiques  et  regarde  comme 
les  hémisphères  la  paire  postérieure,  celle  qui  est  située  immédiatement  au  devant  des  lobes 
optiques  (2).  Il  considère  les  lobes  inférieurs  comme  une  simple  expansion  de  rm/'(ma'i6?«/Mw  pro- 
portionnée au  volume  du  corps  pituitaire.  Quant  aux  renflements  situés  à  l'intérieur  des  lobes 
optiques,  il  nomme  ganglions  intérieurs  et  antérieurs  dit,  lobe  optique  (vordere  innere  Ganglieii  des 
Sehhtigels)  les  renflements  semi-lunaires  ou  tori  semicirculares  de  Haller;  ganglions  intérieurs  et 
postérieurs  du  lobe  optique  [hintere  innere  Ganglien  des  Sehhtigels),  les  petits  tubercules  médians 
[tubercula  abscondita  de  Haller)  comparables  aux  quadrijumeaux  de  l'homme.  Carus  ayant  suivi 
chez  le  Brochet  le  nerf  moteur  oculaire  jusque  dans  l'intérieur  des  renflements  semi-lunaires,  voit 
dans  ces  renflements  de  véritables  ganghons  de  la  troisième  paire,  nerfs  des  muscles  de  l'œil. 

Clift  établit  l'influence  qu'exerce  sur  les  contractions  du  cœur  la  destruction  ou  l'ablation  de 
la  moelle  et  du  cerveau  effectuées  isolément  ou  simultanément,  et  prouve  que  le  cœur  a  dans  la 
moelle  surtout  les  sources  de  son  activité  (3). 

Tiedemann  étudie  la  structure  du  cerveau,  de  la  moelle  épinière  et  des  prolongements  digiti- 
formes  des  Trigles;  ces  prolongements  lui  paraissent  servir  d'organes  de  locomotion  et  de  tact.  La 
présence  des  renflements  arrondis  sur  les  cordons  de  la  moelle  a  semblé  à  l'auteur  d'une  impor- 
tance toute  particulière  au  point  de  vue  del'anatomie  et  de  la  physiologie  du  système  nerveux  (4). 

Home,  en  se  livrant  à  des  expériences  sur  les  nerfs  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille,  fait 
certaines  remarques  relatives  au  pouvoir  volontaire  de  l'animal  sur  l'organe  (5). 

(1)  Versuch  einer  Darstdlung  des  Ncrvensijstems  imd  insbesondere  des  Gehirns.  Leipzig  (Riickemnark  der  Fische, 
p.  126;  Gehirn  der  Fische,  p.  134,  tab.  2). 

(2)  Dans  rAiiguille,  Carus  a  figiin-  trois  paires  de  ganglions  olfactifs  et  les  a  désignés  de  la  façon  suivante  :  la  paire 
postérieure,  celle  (jui  représente  les  hémisplières,  wahre  Riechnerven-Ganglien  (die  den  Hemisphdren  des  grossen  Hinis 
entsprechenden  Theile);  la  paire  qui  est  plus  en  avant,  das  mittlere  oder  zweite  Paar  der  Riechnerven-Ganglien;  la  paire 
antérieure,  das  vorderste  Drille. 

(3)  Experimenls  lo  ascerlain  Ihc  influence  of  Ihe  spinal  marrow  on  tlie  action  of  Ihe  hearl  in  Fishcs.  (Bull.  se.  soc. 
Philoni.,  p.  I>.17-i98.  1815). 

(4)  Von  dein  Hirn  und  den  Fingerfuniwjen  Foilsdlzen  der  Triglen.  (Mcckel's  Archiv.,  Bd  II,  p.  103-1 10.  ISIG). 

(5)  Account  ot  some  experimenls  on  Ihe  Torpédo  electricus  at  la  Rochelle.  (T.  Todd.  esq.,  p.  32.  1817). 


HISTORIQUE.  5 

Un  auteur  du  nom  do  Will/.ack  a  Iracé  dans  une  (licise  une  description  générale  du  système 
nerveux  des  Poissons  (i). 

Webcr  donne  la  descriplion  des  nerfs  symp.ithifiue  cl  pneumogastrique  du  Lucius  perça 
et  du  Silnrus  (jlanis.  Il  figure  en  outre  dans  rensemblc  le  système  nerveux  de  ce  dernier  et  le 
cerveau  du  Cypriniis  Carpio,  en  se  contentant  de  l'explication  des  planches.  L'auteur  avait  des 
idées  peu  exactes  sur  la  nature  des  parties  qu'il  représentait  (!2).  —  En  1820,  le  môme  fournit  des 
observations  relatives  au  nerf  auditif  et  aux  nerfs  accessoires  de  l'oreille  chez  les  Cyprins,  la  Haie, 
la  Torpille,  les  S(iualcs  et  la  Lamproie  (3). 

On  a  de  Kuhl  (Heinricii)  des  figures  du  cerveau,  figures  extrêmement  défectueuses,  des 
Squalus  acanlhias,  Gadiis  œg/cfiniis,  Cijcloplems  lumpiis,  Lophins  piscatorius,  Anarrhichas  lupus. 
Kuhl  nomme  hcnmphœrium  les  lobes  optiques,  corpora  quadvigemina  les  tubercules  situés  à  l'inté- 
rieur de  ces  lobes,  corpus  strialum  le  renfiement  semi-lunaire,  cerebellum  le  cervelet,  corpus 
mamillarc  les  lobes  inférieurs  (4). 

Dans  le  môme  temps,  parut  un  travail  de  Fenner  sur  le  crâne,  l'encéphale  et  les  nerfs  céré- 
braux des  Poissons.  L'auteur,  adoptant  les  déterminations  de  Cuvier,  nomme  hemisphœria 
cereiriles  lobes  opti(jues,  lobuli  anleriores  les  hémisphères,  thalami  nervorum  opticorum  les  lobes 
inférieurs  ;  il  appelle  corpora  striata  les  renflements  semi-lunaires,  et  corpora  quadrigemina  les 
petits  tubercules  intérieurs  analogues  aux  quadrijumeaux  de  l'homme  (5). 

A  son  tour,  Treviranus  a  donné  une  description  assez  détaillée  du  cerveau  des  Poissons, 
mais  sans  figures  à  l'appui.  Pour  l'interprétation  des  différentes  parties  de  l'encéphale,  il  s'éloigne 
peu  de  Camper  et  de  ceux  qui  l'ont  suivi  (6). 

Un  travail  de  Rudolphi  traite  de  la  comparaison  des  organes  électriques  de  la  Torpille  et  du 
Gymnote  ainsi  que  du  mode  de  terminaison  de  leurs  nerfs  (7). 

Relzius,  en  étudiant  l'anatomie  du  Mg.mie  gluiinosa,  trouve  dans  le  cerveau  de  cet  animal 
certains  rapports  avec  les  ganglions  cérébraux  des  animaux  invertébrés  (8). 

D'après  les  résultats  d'une  série  d'expériences  relatives  aux  nerfs  des  Poissons,  Desmoulins 
conclut  «  que  le  nombre  et  le  [lian  des  parties  du  système  nerveux  n'est  pas  uniforme  »  (9). 

Rathke,   dans  un  mémoire  sur  l'organisation  du  Lumpiis  Cyclopterus ,  consacre    quelques 


(1)  Dmertatio  humguralis  de  Piscium  cerebro  et  syatcmate  nervoso.  Fîerliii  (1817). 

(2)  Anatomia  coiiipnrnta  neivi  symimlhici.  Lipsim  (.Meckiil's  .Arcliiv  f.  IMiysiol.  Bd  3,  p.  390-117.  1<SI7). 

(3)  De  aurc  et  aiiditu  hominis  etanimalium,  I.ipsiee,  1820.  —  (Meckel's  Arctiiv  Vol.  II.  1827). 

(4)  Beitràfje  :ur  Zoologie  und  verijleicheiidm  Anatomie  (1S20). 

(5)  De  anatomia  romparata  et  naturati  pliilosophia commcntatio  tistens  dcscriiilioncm  et  significationem  cinnii,  cnce- 
phali  et  nervorum  encephali  in  Piscil)us  (avec  1  planche.  lenœ.  1820). 

(6)  Vei'iiiischle  Sclirificn  aiiatnmisclicn  uiul  physiolo^isrlien  Inlialls  von  C.  11.  Ti-eviranns  und  L.  C.  TiTviranns. 
Brenien,  T.  III  (1820).  —  Untersucliungen  Uber  den  Bau  und  die  Functionen  des  Gehirns,  der  Nervenund  der  Sinneswerk- 
zeugein  den  vcrschiedenen  Classen  und  Familien  des  Thierreichs,  von  (1.  li.  Treviranus,  cii.  IV,  p.  Il  (Fische). 

(7)  Uclier  die  elertrifchen  Fiaclie  [Mw.  2Taf.)  (Abliand,  .1.  li.M-lin.  Akad.,  Pliys.,  KL,  p.  22:î-2:!3.  IS20  . 

(8)  Reclierclies  sur  l'anatomie  du  Mi/xine  glutinosa  (Ext  des  Arcliiv.  de  l'Acad.-d.  se.  de  Slockliolm,  1822-2i.  —  Ann. 
des  se.  nat.  T.  \1V,  p.  118-177.  Juin  1828). 

(9)  Ueclicrchrs  anatomi(jues  et  physiologiques  sur  le  système  nerveux  des  Poissons  (.lourn.  de  Physiol.  de  Magendei. 
T.  II,  p.  127-1:!,'),  p.  2'iH-d:>:].  1822). 


G  INTRODUCTION. 

lignes  à  k  descriptiuii  du  nerf  olfactif  et  à  ses  modifications  {l).  —  Une  étude  du  même  analomiste 
offre  le  tableau  des  analogies  et  des  différences  que  présentent  les  Lamproies  dans  la  disposition  et 
la  structure  de  leurs  organes  comparés  à  ceux  des  autres  Poissons.  Il  n'y  est  dit  qu'un  mot  des 
nerfs  du  goût  et  du  toucher  (2). 

Kuhl,  dans  une  lettre  adressée  au  docteur  Boïe,  a  donné  quelques  indications  relatives  à  l'ana- 
tomie  du  cerveau  de  certains  Poissons  {Squalus  carcharias,  Tlujmnus  sarda,  Exocoetus  volitans)  (3) . 

Geoffroy  Saint-Hilaire  a  exposé  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans  des  recherches  sur  la  faculté 
d'audition  chez  les  Poissons  (4). 

A  l'égard  du  système  nerveux  de  la  Lamproie,  Desmoulins  affirme  l'absence  de  cervelet  et 
suppose  que  la  composition  moléculaire  et  les  propriétés  physiques  de  sa  moelle  épinière  diffèrent 
de  celles  des  autres  Vertébrés.  Il  déduit  de  ces  assertions,  que  les  propriétés  physiques  du  système 
cérébro-spinal,  sa  structure  mécanique,  la  combinaison  du  nombre  et  la  situation  des  parties  de  sa 
masse  ne  sont  pas  uniformes  (5).  —  Dans  un  autre  travail,  le  même  auteur  a  rendu  compte  des 
différences  que  lui  a  présentées  le  système  nerveux  cérébro-spinal  des  Petromyzoïi  fluviatilis  et 
branchialis  comparé  à  celui  de  la  grande  Lamproie.  Il  conclut  que  l'activité  nerveuse  est 
indépendante  des  influences  physiques  ou  chimiques  agissant  sur  les  organes  ;  que  l'intégrité  de 
la  pie-mère  est  une  condition  nécessaire  à  son  fonctionnement;  que  cette  activité  nerveuse  est 
proportionnelle  à  l'extension  des  surfaces  nerveuses  et  se  propage  sur  elles  (6). 

Le  travail  de  Desmoulins,  auquel  prit  part  Magendie,  fut  publié  en  commun,  en  i8"25,  sous  le 
titre  d'Anatomie  des  systèmes  nerveux  des  animaux  à  vertèbres  (7) .  Ce  travail  n'offre  rien  d'original, 
l'auteur  ayant  adopté  les  idées  d'Arsakyi  sur  la  détermination  des  différents  lobes;  il  se  termine 
par  quelques  aperçus  toucliant  la  physiologie  du  système  nerveux  des  Poissons.  L'Atlas  qui  accom- 
pagne l'ouvrage  renferme  des  figures  du  cerveau  et  des  nerfs  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces  (8). 

En  I8'21,  l'Académie  des  sciences  avait  proposé  pour  sujet  de  l'un  de  ses  prix  la  description 
comparative  de  l'encéphale  dans  les  quatre  classes  de  Vertébrés.  Serres  et  Desmoulins  concoururent 
isolément  pour  le  prix;  l'auteur  coui'onné  fut  Serres  dont  le  travail  parut  de  18"24  à  1827  (9). 

(1)  B emerkung en  liber  den  Bau  des  Cijcloptcrus  lumpus  {Lumpfisches,  Seehasen),  in  Danzig  (Meckel's  Archiv,  BJ  VII, 
p.  498-525.  1822). 

(2)  Veber  den  Bau  der  Prickcn  fiir  die  Systenmliker  (Meckel's  Archiv,  Journ.  Aiiat.  u.  Pliys.  Bd  Vlll,  p.  15-53.  1823). 

(3)  Lettre  de  M.  Kuhl  à  M-  le  docteur  Boïe  sur  t'anaiomie  de  quelques  Poissons  (Bull.  se.  nat.  de  Férussac.  T.I,  2=  part., 
p.  206.  1824). 

(4)  Lettres  sur  l'audition  des  Poissons  (Xna.  se.  nat.  T.  H,  p.  255-25G.  1824). 

(5)  Sur  les  différences  qui  existent  entre  le  système  nerveux  de  la  Lamproie  et  celui  des  Vertébrés  sous  le  rapport  des 
propriétés  physiques,  du  nombre  et  du  mécanisme  de  réunion  des  parties  (,Iourn.  de  Physiolog.  de  Magendie.  T.  IV,  p.  239 
1824.  -  Fror.  -Not.,  M  IX,  ii°  193,  p.  257-261.  1825). 

(0)  Veber  das  Gehirn-Ruckenmarksyslem  des  Petromyzon  fluviatilis  mid  branchialis.  (Fror.  Nol. ,  Bd  X,  n.  208, 
p.  149-150.  1825). 

(7)  Anatomie  des  systèmes  nerveux  des  animaux  à  vertèbres  appliquée  ci  la  physioloyie  et  à  la  zoologie  (1825). 

(8)  De  la  Raie  bouclée,  de  la  Carpe,  de  la  Baie  roiici',  du  Squalus  galeus,  de  la  Lamproie,  du  Squalus  catulus,  du 
Telraodon mola  (Poisson-lune),  de  la  Torpille,  de  l'Esturgeon,  du  Mulet,  du  Uouget  {Triglalyra),  de  la  Morue,  de  la  Lote,  du 
Lump  (Cyclopterus  lumpus),  de  la  Vive,  du  .Merlan,  du  Barheau,  du  Turl)ot  et  du  Congre. 

(9)  Anatomie  comparée  du  cerveau  dans  les  quatre  classes  des  animaux  vertébrés,  appliquée  à  la  physioloyie  et  à  la 
pathologie  du  système  nerveux,  avec  un  .\tlas  où  si;  trouvent  représentés  les  cerveaux  d'un  grand  nomijre  d'espèces  (Baie, 
Requin,  Ange,  Aiguillât,  Esturgeon,  Congre,  Anguille,  Morue,  Merlan,  Aigrefin,  Turbot,  Sole,  Carpe,  Barbeau,  Tanche, 
Brochet,  Perche,  Grondin  et  Baudroie).  Paris  (1827). 


HISTORIQUE.  7 

L'élude  de  Serres  contient  nombre  de  foits  concernaMl  raiiatomie  du  système  nerveux  des 
Poissons;  elle  prend  son  point  de  départ  dans  l'embryogénie  comparée.  L'auteur  croit  pouvoir 
démontrer  que  les  formes  transitoires  de  l'encéphale  des  embryons  chez  les  Vertébrés  supérieurs 
et  les  formes  permanentes  de  cet  organe  chez  les  Vertébrés  inférieurs  sont  la  répétition  les  unes 
des  autres.  A  l'égard  du  cerveau  des  Poissons,  il  adopte  les  déterminations  d'Arsakyi  et  ne  s'en 
écarte  que  relativement  aux  lobes  inférieurs  (pi'il  rciiaidc  non  plus  comme  des  tubercules  mamil- 
laires,  mais  comme  une  dépendancedu  nerf  de  la  vision,  les  nommant,  en  conséquence,  lobulesopti- 
ques.  Une  autre  partie  du  travail  contient  des  détails  sur  les  nerfs  cérébraux  avec  des  tableaux 
comparatifs  des  rapports  qu'offrent  entre  eux  ces  différents  nerfs  (1).  Enfin,  l'auteur  traite  de  la 
moelle  et  des  divers  lobes  qui  composent  l'encéphale  (2).  Aux  descriptions  se  trouvent  joints  des 
tableaux  comparatifs  des  dimensions  de  chacune  des  parties. 

En  réponse  à  Desmoulins  qui,  dans  son  premier  travail  (3),  avait  prétendu  que  la  moelle 
épinière  de  la  Lamproie  n'a  pas  de  nerfs,  Carus,  par  des  expériences  et  par  la  description  de  la 
moelle  épinière  de  ce  Poisson,  lui  prouve  qu'il  s'est  trompé  dans  son  appréciation  (4). 

En  1827,  Weber  signale  un  mode  de  terminaison  particulier  de  la  moelle  épinière  chez  la 
Carpe  (5)  et  dit  quelques  mots  de  l'entre-croisement  des  nerfs  optiques  et  de  la  disposition  anato- 
mique  de  l'origine  cérébrale  de  ces  nerfs  chez  le  Hareng  (6).  Il  figure  le  cerveau  de  la  Carpe  et 
celui  du  Silurus  f/lanis.  Modifiant  un  peu  ses  premières  déterminations,  il  appelle  le  cervelet 
éminence  impaire  antérieure  du,  cervelet  {vorderer  impaarer  Hûgel  des  kleinen  Gehirns)  et  le 
lobule  médian  de  la  moelle  allongée  éminence  impaire  postérieure  du  cervelet  {hintcrer  nnpaarer 
H'âgel  des  Jdeinen  Gehirns).  Quant  aux  lobes  du  pneumogastrique,  il  les  désigne  simplement  par 
cette  expression  :  renflements  latéraux  de  la  moelle  allongée.  Cette  étude  a  été  faite  au  point  de 
vue  de  la  détermination  du  sens  de  l'odorat  (7). 

Il  signale  chez  certains  Poissons  l'existence  de  quatre,  grands  nerfs  longitudinaux,  deux 
provenant  du  trijumeau,  deux  du  nerf  vague  distribuant  leurs  rameaux  jusqu'aux  extré- 
mités. L'auteur  remarque  que  chez  le  Silure,  le  nerf  longitudinal  venant  du  tiijuuieau  se 
distingue  de  celui  qui  se  détache  du  nerf  vague  par  ses  anastomoses  avec  les  nerfs  spinaux.  II 
décrit  ensuite  le  mode  de  distribution  du  nerf  longitudinal  du  Gadus  Iota  (8). 

Knox  [)ar1e  de  l'existence  d'un  nouveau  sens  chez  les  Poissons,  qui  aurait  son  siège  dans  les 
organes  tubuliformes  et  (|ui  dépendrait  de  la  sixième  et  de  la  paire  nerveuse  audilive.  Ce  sens, 


(1)  Tome  I,  5'  parti(\ 

(2)  Tome  II. 

(3)  Anatomie  des  systèmes  nerveux  des  animaux  à  vertèbres  (1825). 

(l)  Gefien  Desmoulins,  dass  das  Ruckenmark  der  Lampretc  allerdings  Ncrvrn  hnhe  (Mit  Taf.)  (Isis,  p.  1003-1007. 
1827.  —  liuli.  l'LTUssac.  T.  XIV,  p.  208-269.  IS2S). 

(5)  h'notcn  und  unpaarer  Faden,  mit  dem  sicli  das  Biickenmark  bci  einigen  Fischen  endigt,  namentlicli  beim.  Ci/prinus 
Carpio  (Mil  Ahli.)  (Meckel's  .\rchiv.  T.  Il,  p.  316). 

(6)  lieim  llàhringe  durclibohrl  der  Sehnerv  des  recliten  Auges  den  des  tinken  (Meckel's  Arciiiv.  T.  II,  p.  317.  1827). 

(7)  Ucber  das  Geschmacksorgan  der  Karpfen  und  den  Urspmng  seiner  Nervcn  (Meckel's  Arcliiv  fur  Anal,  und  Pliysiol., 
p.  309-315.  1827). 

(8)  Ueber  vier  Làngennervcn  bci  einigen  Fischen  von  denen  zwei  von  dem  Trigemiuus  und  zu-ei  rondetn  Vagusent- 
springen  die  di"  ganze  Lange  des  liumpfcs  durchlaufen  (Mit  Abh.)  (Meckel's  ArcIiiv  fur  Ana».  uivl  Physiol.,  p.  303- 
308.  1827). 


8  INTRODUCTION. 

chez  certaines  espèces,  servirait  d'organe  du  tact  et,  chez  les  Requins  et  les  Raies,  tiendrait  le 
milieu  entre  l'organe  du  tact  et  celui  de  l'audition  (1). 

Les  idées  d'Arsakyi,  appuyées  parles  recherches  de  Serres,  acceptées  par  Desinoulins  et  Magendie, 
semblaient  avoir  définitivement  prévalu  dans  la  science,  lorsque  parut,  en  1828,  l'ouvrage  de  Cuvier 
et  Valenciennes  sur  l'Histoire  naturelle  des  Poissons C^) .  Ce  qui  paraissait  accepté  fut  de  nouveau 
remis  en  question  et  savamment  discuté;  Cuvier  inclina  encore  à  regarder  les  lobes  optiques,  qu'il 
nomma  lobes  creux,  comme  les  représentants  des  hémisphères.  Au  point  de  vue  purement  anato- 
mique,  le  travail  est  dépourvu  d'intérêt  :  on  n'y  découvre  aucun  fait  nouveau  ;  il  renferme  la 
simple  description  de  l'origine  et  de  la  distribution  des  nerfs  chez  les  Poissons  avec  des  indications 
sur  les  appareils  des  sens.  Des  figures  du  cerveau  de  la  Perche  fluviatile  accompagnent  ce  travail 
auquel  se  trouve  joint  un  historique  assez  complet  de  la  question  (3). 

Relativement  à  l'anatomie  de  la  grande  Lamproie  (4),  le  docteur  Born  a  décrit  le  trajet  et  la 
distribution  du  trijumeau,  de  l'abducteur,  du  nerf  facial,  des  nerfs  acoustique,  vague,  accessoire, 
premier  branchial,  glossopharyngien  et  vertébraux  (5). 

Home  a  laissé  quelques  figures  du  cerveau  de  la  Tanche  (6). 

L'année  1829  ne  fournit  qu'une  note  de  Mayer  qui  s'est  occupé  du  croisement  des  nerfs 
optiques  chez  la  Morue  (7). 

En  1831,  parut  un  mémoire  assez  étendu  de  G.  R.  Treviranus.  Après  avoir  combattu  les  vues 
de  Serres,  l'auteur  s'arrêta  aux  déterminations  suivantes  :  les  hémisphères  antérieurs  (vordere Hemi- 
sphàr  en)  sonl  les,  hémisphères  proprementdits;  les  hémisphères  postérieurs  {hintere  Hemisphàren) , les 
lobes  optiques;  les  tubercules  intérieurs  du  lobe  optique,  les  tubercules  quadrijumeaux,  le  renfle- 
ment semi-lunaire,  le  thalamus  opticus.  Quant  aux  lobes  inférieurs,  ce  sont  les  eminentiœ  candi- 
cantes  des  Mammifères.  Le  travail  est  accompagné  d'assez  belles  figures  qui  représentent  le 
cerveau  des  Pleuronectes  Platessa,  Cyclopterus  Lumpus  et  Salmo  Salar{8). 

Carolus-Marinus  Giltay  ne  représenta  que  les  formes  extérieures  du  cerveau  du  Brochet,  mais 
avec  assez  d'exactitude,  nomnvànl  g anij lia  ol/acloria  les  tubercules  olfactifs,  hemisphœria  les  hémi- 
sphères, lobulioptici  les  lobes  optiques,  ccrebellum  le  cervelet,  appendices  lateralesles  lobes  latéraux 
du  cervelet,  (janglia  hypophysis  les  lobes  inférieurs.  Il  décrit  et  figure  aussi  la  moelle  épinière  et  les 
nerfs  cérébraux  et  spinaux  du  même  Poisson  (9). 

J.  Davy  offre  une  série  d'observations  sur  l'électricitéde laTorpille,  auxquelles  l'ont  conduitses 
recherches  anatomiques  sur  l'organe  de  cet  animal.  Il  admet  la  direction  volontaire  de  la  décharge  (1 0) . 

(1)  Der  sechste  Sinn  bel  denFischen  (Fror.  IVot.  Bil  IX,  p.  1(11-105.  18"27). 
.      (2)  Tome  I,  p.  307. 

(3)  (Ann.  des  se.  nat-  T.  XII,  p.  396-416.  1827). 

(4)  Observations  anatomiques  sur  la  grande  Lamproie  {Petromyzon  marinus)  (Ann.  des  se.   uat.  T.  XIII,   p.  22-37. 
Janvier  1828). 

(5)  §  III,  Des  nerfs  cérébraux  et  rachidiens. 

(6)  Figures  of  the  brain  of  thc  Tench  (Tinca)  (Lect.  on  comp.  anat.  Vol.  VI,  tab.  15.  1828). 

(7)  Ueber  die  Kreuzung  der  Sehnerven  bei  Gadiis  morrliua  (Fror.  Not.  Bd  XXIV,  n°  510,  p.  14',)-150). 

(8)  (Tiedeiiiann  et  Treviranus,  Zeitselirilt   fur  Physiologie.  T.  IV,  p.  39.  1831).  —  Uebcr  die  hintern  Hemisphuren  des 
Gehirns  der  Vôgel,  Amphibien  und  Fisciie. 

(9)  Commentatio  de  Esoce  Lucio.  (Lugd.  Balav.  1832). 

(10)  An  account  of  some  experiments  and  observations  on  thc  Torpédo  {Raïa  Torpédo)  (Philosophie.  Transacl,  London, 
1«  partie,  p.  259  278.  1832).  —(Ann.  se.  nat.  T.  XXX,  p.  192-201.  1833). 


HISTORIQUE.  9 

Van  dcr  ïlœven  confirme  les  données  de  Cuvier  sur  le  croisement  du  nerf  optique  chez  la  Morue 
et  remarque  qu'il  a  lieu  devant  et  non  sous  le  cerveau,  comme  chrz  les  antres  Poissons.  11  a  fait  la 
même  observation  à  l'égard  du  Gadus  /Efjleftnns  (1). 

On  doit  à  Gottschc  des  ouvrages  descriptifs  sur  l'anatomie  des  Poissons.  L'auteur  a 
dépeint  les  modifications  que  présente  le  corps  calleux  dans  le  cerveau  des  divers  Poissons 
osseux  (2).  Ailleurs,  il  a  cherché  à  déterminer  certaines  parties  do  l'encéphale,  tubercules 
quadrijumeaux,  couches  optiques,  couioiine  de  Reil  et  a  décrit  les  ventricules  et  icuis  rapports.  Il 
n'admet  pas  que  les  lobes  optiques  répondent  aux  tubercules  quadrijumeaux  (3).  Le  même  auteur 
fournit  quelques  indications  sur  le  mode  de  terminaison  du  ncrl  optique  dans  l'épaisseur  de  la 
rétine  (4) 

Dans  une  étude  sur  le  Thalamus  opticus  et  l'origine  du  nerf  optique,  Stein  s'attache  à  la 
détermination  des  parties  de  l'encéphale  des  Poissons;  il  considère  les  lobes  optiques  comme  les 
hémisphères,  les  rentlements  posés  sur  la  partie  postérieure  des  ventricules  comme  les  tubercules 
quadrijumeaux  et  les  renflements  contournés  du  côté  externe  et  antérieur  comme  répondant  aux 
couches  optiques  (5). 

Un  écrit  sur  le  nerf  latéral  des  Batraciens  conduit  un  anatomiste,  Van  Deen,  à  quelques 
considérations  sur  le  trajet,  la  distribution  et  les  rapports  du  nerf  latéral  chez  les  Poissons,  ainsi 
qu'à  certaines  remarques  sur  les  fonctions  de  ce  nerf  (6). 

Dans  son  Traité  iVanatomie  comparée,  Carus,  s'arrêtant  au  système  nerveux  des  Poissons, 
indique  les  particularités  que  présentent  la  moelle  épinière  et  l'encéphale  relativement  à  leur  confi- 
guration et  à  leur  structure  chez  les  différentes  espèces.  Il  indique  aussi  le  mode  d'origine  et  de 
distribution  des  nerfs  cérébraux  et  rachidiens  dans  chacune  des  classes  (7). 

En  1835,  G.  M.  Gottsche  publia  un  mémoire  très  étendu  sur  l'anatomie  comparée  du  cerveau  des 
Poissons  osseux  (8).  Après  un  court  exposé  historique  de  la  question,  l'auteur  débute  par  une  des- 
cription générale  de  l'encéphale;  il  aborde  ensuite  l'étude  de  chacune  des  parties  (lobes  opti- 
ques... lobes  inférieurs...  cervelet...  moelle  allongée).  Ensuite  viennent  des  observations  sur  le 
mode  d'irradiation  des  fibres  dans  les  centres  nerveux,  sur  l'origine  des  nerfs  cérébraux,  sur 
l'asymétrie  du  cerveau  de  quelques  Poissons,  sur  l'encéphale  de  l'embryon  des  Poissons  osseux. 
A  ce  mémoire  se  trouvent  jointes  deux  planches  dont  la  valeur  est  loin  de  répondre  à  colle  du 
texte. 

Giltae  a  examiné  vingt-trois  espèces  de   Poissons,   notamment  les   Poissons  osseux;   il  a 


(f)  Veber  die  Durchkreuzumj  dcr  Schncnen  bcim   Kabcliau  (mit  Abb.)   (Meckcrs   Arcliiv.  .loiirn.    Anal.    u.  Pliys., 
p.  Il  12-413.  183-2). 

(2)  Ueber  das  Balkensystcm  im  Fischgehirne.  (^openh.  (Fi-or.  Not.,  ii"  773,  ji.  3(1,  mil  Al)b.  1833). 

(3)  Ucbcr  die  Vierkiirjel,  Thalamus  opticus  itiid  ^tabiiranz  des  Reils  im  Giàtenlisclujeliini  (l'ror.  N'ol.,  n"  795,  |i.  36, 
fig.  7  et  11.  1833). 

(4)  Ueber  die  Retina  im  Auge  der  Grdtenfischc  (Mullm-'s  Arciiiv,  ]<.  .i57-466,  mit  Alih.  1834). 

(5)  Dethalamo  el  origine  nervi  oplici  in  homine  et  animnlibKS  cerlebralis.  —  Diss.  anat.  Havnix.  1S31). 
(G)  Ueber  den  Humus  lateralis  iierri  vagi  bei  den  Batracliiern  Ohilli'r"s  .Vi-ciùv,  p.  477-180.  1834). 

(7)  Lchrbuch  der  Zootomie  (1834).—  Traité  élémentaire  d'anatomie  comparée.  Allas  Je  31  planches  (1835). 

(8)  Vergleichcnde   Anatomie  des  Gehinis   der    Grdtenfisclie  Oliillei-'s  Ar.liiv.    p.    ■2i4-'294  et   433-l8(i,    mil   -J    Taf. 
1835). 

3 


10  INTUODUCTION. 

constaté  l'existence  du  neri  grand  sympathique  qu'il  a  pu  suivre  jusqu'à  la  partie  inférieure 
de  la  cavité  abdominale  où  ce  nerf  ne  montre  de  ganglions  que  chez  certaines  espèces  (1). 

M,  Van  Beneden  ayant  observé  un  corps  situé  dans  la  bouche  de  la  Carpe,  le  considère  comme 
l'organe  du  goîit,  s'appuyant  pour  cette  détermination  sur  la  structure  non  glandulaire  de  l'organe 
et  sur  le  nombre  considérable  de  nerfs  tirant  leur  origine  de  la  huitième  paire  qui  s'y  distri- 
buent (2). 

Quelques  remarques  sur  les  nerfs  de  l'oreille  des  Poissons  sont  consignées  dans  un  écrit  de 
Karl  Steifensand  (3). 

Un  écrit  justement  estimé  de  Baer  donne  un  aperçu  des  différentes  phases  du  développement 
embryonnaire  des  Poissons,  particulièrement  des  Cyprins.  Les  observations  les  plus  intéressantes 
concernent  la  formation  des  ampoules  cérébrales  (4). 

Dans  un  ouvrage  d'Anatoniie  comparée  du  si/stèmenerveiix,  Sv/ann  note  plusieurs  faits  touchant 
le  Gadus  morrhna  et  la  Raia  Bâtis.  Chez  le  premier,  il  décrit  le  trajet  et  la  distribution  du  nerf 
sympathique  et  du  nerf  pneumogastrique,  les  anastomoses  de  ce  nerf  et  de  la  cinquième  paire,  la 
remarquable  disposition  des  nerfs  spinaux  formant  par  leur  entre-croisement  avant  leur  distri- 
bution à  la  surface  du  corps  un  véritable  plexus.  Chez  la  Rdia  Bâtis,  il  décrit  et  figure  le  grand 
sympathique  dont  il  étudie  l'origine,  le  trajet  et  la  distribution,  ainsi  que  les  cinq  premières 
paires  nerveuses  et  le  nerf  pneumogastrique.  L'ouvrage  s'achève  par  des  considérations  sur  la 
difficulté  d'une  comparaison  entre  le  cerveau  des  Poissons  et  celui  des  embryons  des  animaux 
supérieurs  (5). 

Dans  un  mémoire  spécial,  G.  Bûchner  traite  des  fibres  du  cerveau,  du  nombre,  de  l'origine, 
de  la  distribution  et  des  rapports  qu'affectent  les  nerfs  du  Barbeau.  11  expose  les  particularités 
que  présente  le  système  nerveux  d'un  certain  nombre  d'autres  Poissons  (Brochet,  Carpe,  Saumon, 
Alose,  Perche).  Dans  une  seconde  partie,  il  s'occupe  de  la  détermination  des  nerfs  comparative- 
ment à  ceux  des  Vertébrés  supérieurs.  Il  insiste  sur  la  signification  des  branches  du  trijumeau  et 
du  nerf  vague,  et  prouve  l'existence  de  l'hypoglosse  dont  la  présence  chez  les  Poissons  a  été  niée 
par  certains  auteurs.  S'appuyant  sur  la  loi  d'unité  de  composition  et  la  méthode  comparative, 
il  ramène  les  nerfs  à  six  paires  cérébrales  primitives  auxquelles  répondent  six  vertèbres  crâ- 
niennes, et  démontre  que  le  développement  des  masses  cérébrales  se  prononce  en  raison  de 
leur  origine.  Le  travail  est  accompagné  d'un  tableau  représentant  le  rapport  entre  les  renflements 
de  la  moelle  allongée,  les  nerfs  cérébraux  primitifs  et  les  vertèbres  crâniennes  (6). 

Matteucci  constate  dans  des  expériences  sur  la  Torpille,  que  l'intensité  de  la  décharge  élec- 
trique diminue  quand  on  réduit  le  nombre  des  filets  nerveux  qui  se  rendent  à  l'organe.  L'électricité 
ne  se  produit  point  dans  les  organes  situés  de  chaque  côté  du  cerveau;  le  courant  électrique  reçoit 

(1)  De  Nervo  Sympatliico.  LugJ.  Bat.  S  (Miiller's  Archiv  Jalir.  I!or.  1835). 

(■2)  Remarques  sur  le  siège  du  fjoât  daim  lit  Carpe  (.lourii.  l'Instit.,  III,  n"  108,  p.  180-181.  1835). 

(3)  Untersuchungen  iiber  die  Ampullen  des  Gehorsorgancs  (MuIIer"s  .\rchiv,  p.  171-189.  1835). 

(4)  Untersuchungen  ilber    die   Entivirldungsgcschiclite    der   Pisclie  nebst  einem    Anhànge  iiber  die   Scliimmbtase. 
Leipzig  (1835). 

(5)  Illiistrations  ofthe  comparative  Anatomgoftlie  nervous  System  {R\ihnchesconc(irna\\i\iisPoissons.lMni\on.  183;)). 

(6)  Mémoire  sur  le  système  nerveux  du  Barbeau  (Cyprinus  Barbus  L.)  (1  pi.)  (Soc.  li'liisl.  nat.  de  Strasb.   T.    II. 
1830). 


HISTORIQUE.  H 

du  cerveau  sa  direction  et  l'électricité  n'est  que  condensée  dans  l'appareil  comme  dans  mn'  pile 
secondaire  (1).  L'année  suivante,  il  est  amené  à  conclure  que  la  mutilation  de  l'organe  électrique 
ne  supprime  pas  la  pidilucliini  des  secousses  que  la  ligature  des  nerfs  arrête  coniplMciiicnt.  Le 
quatrième  lobe  du  cerveau  est  celui  qu'on  ne  peut  loucher  sans  déterminer  une  décharge  :  ce 
lobe,  qu'on  est  en  droit  d'appeler  élcctrûjne,  ne  peut  cire  enlevé  sans  abolir  tout  phénomène 
électrique  (!2). 

J.  Anderson  s'est  occupé  du  système  nerveux  des  l'uissons  cl  Ta  comparé  dans  son  dévelop- 
pement embryonnaire  à  celui  de  l'embryon  humain  (3). 

Remack  a  décrit  le  système  nerveux  sympathique  des  Requins  et  il  a  constaté  à  tous  les  nerfs 
spinaux  l'existence  de  ganglions  situés  à  leur  partie  supérieure  (4). 

Dans  une  thèse,  C.  Wilczewski  a  tracé  la  description  isolée  de  l'encéphale  de  la  Carpe  (5). 

Linari  a  fait  connaître  le  résultat  de  diverses  expériences  sur  les  effets  électriques  de  la  Torpille 
et  sur  la  direction  de  la  décharge  (6). 

En  1838,  des  recherches  de  G.  Breschel  ont  porté  sur  un  assez  grand  nombre  d'espèces 
de  Poissons  cartilagineux  et  osseux.  Dans  la  description  de  l'organe  de  l'ouïe  de  chacune  de 
ces  espèces,  l'auteur  fait  connaître,  avec  plus  ou  moins  de  détails,  le  mode  de  distribution  des 
branches  du  nerf  acoustique  dans  les  diverses  parties  du  labyrinthe  membraneux.  De  nom- 
breuses planches  permettent  de  se  faire  une  idée  exacte  des  faits  anatomiques  exposés  dans  le 
texte  (7). 

Dans  le  traité  de  physiologie  de  Dugès,  se  trouvent  quelques  passages  de  peu  d'importance 
relatifs  à  l'analomie  et  à  la  physiologie  du  système  nerveux  des  Poissons  (8). 

Un  analomisle  anglais,  Dalrymple,  a  consigné  dans  un  mémoire  certaines  observations  rela- 
tives aux  particularités  de  structure  de  l'œil  chez  les  Poissons  en  ajoulanl  quelques  mots  sur  le 
nerf  optique  (9). 

Au  sujet  de  l'anatomie  des  Myxinoïdes,  J.  Mûller  s'occupe  des  nerfs  de  l'audition.  Il  iDurnil 
en  outre  diverses  indications  relatives  à  leur  système  nerveux.  Des  trois  planches  jointes  au 
mémoire,  deux  sont  consacrées  exclusivement  à  des  dessins  de  rencéphale  de  divers  Poissons 
{Myxine,Petromyzon,  Ammocète,  Thon)  (10). 


(1)  Expériences  sur  la  Torpille  {Coiiiplos  rendus  île  l'Acud.  des  sciences.  T.  III,  p.  i30-l31.  1830). 
{■>)  Recherches  physiques,  chimiques  et  phijsioloijiques  sur  la  Torpille  (Ùom\^\.cs  rendus  de   l'Acad.   des  sciences.  T.  \, 
p.  788-797    1837). 

(3)  Sketch  of  fhe comparative  anatomy  ofthc  nervous  System.  London  (1837)  (Todd's  f-yclop.  Vol.  3.  18l5i. 
(i)   Vermisrhto  unntomische  lieohachtutiyen  (Fvor.  Noi.,  n"  51.  lid  III,  p.  153-151.  1837). 

(5)  De  cerebro  Cyprini  Carpionis  (In-S",  Berolini.  Dissertât,  innug.  anatom.  1837). 

(6)  Electricité  de  la  Torpille  (L'Inslit.  T.  V,  n"  208,  p.  lii-Llo.  1837.  —  Ncue  Versuchunyen  iiber  die  Virkungen  der 
Zitterrochen.  (Fror.  .Not.  M  11,  n"  30,  p.  209--21I.  1837). 

(7)  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  l'organe  de  l'oute  drs  Poissons  (^Méni.  prés,  à  l'.Xcad.  d.  se.  Paris, 
se.  math,  et  pliys.  T.  V). 

(8)  Physiologie  comparée.  T.  I,  3"  partie  (18381. 

(!l)  Some  uccount  of  a  peculiar  structure  in  the  Eyes  of  Fishes  (Cliarlesworiirs  Magazine  of  natnral  liislory.  Vol.  Il 
p.  130  et  suiv.  1838). 

(10)  Ueber  den  eigenthiimlichen  Bau  des  Gehôrorgans  bei  den  Cyclostomcnmit  Bemerkungen  iiher  die  uvgleiche  Ausbil- 
dumi  der  Siiinesorgane  bei  den  Myxinoiden.  —(Mit  3  Tafeln.  Berlin.  1838). 


1-2  INTRODUCTIOiN. 

Un  travail  de  Schlemm  et  d'Alton  contient  la  description  du  cerveau  de  la  Lamproie,  la  des- 
cription assez  étendue  des  nerfs  cérébraux  du  même  Poisson,  la  description  très  succincte  des  nerfs 
spinaux  (i). 

Décrivant  une  nouvelle  espèce  du  genre  Lépidosiren,  Owen  conclut  par  les  détails  anatomiques, 
à  la  nécessité  de  classer  le  Lépidosiren  parmi  les  Poissons.  11  indique  les  caractères  extérieurs  et  les 
particularités  du  système  nerveux  que  lui  a  présentés  l'espèce  nouvelle  {Lépidosiren  atinectens), 
ainsi  que  les  différences  qui  la  distinguent  du  Lépidosiren  paradoxa  (2). 

A  la  même  époque,  Rodolphe  Wagner  a  publié,  sans  aucun  détail  anatomique,  d'assez  bonnes 
représentations  des  cerveaux  du  Squalm  acaniJdas  et  du  Petromyzon  Planeri,  ainsi  qu'une  figure 
montrant  le  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  le  sac  auditif  de  VEsox  lucim  (3). 

On  doit  à  Stannius  une  description  des  nerfs  de  l'Esturgeon  (4). 

En  étudiant  le  système  nerveux  de  la  nageoire  pectorale  des  Trigles,  Hollard  a  observé  les 
particularités  suivantes  :  la  quatrième  paire  de  nerfs  spinaux  destinée  aux  premiers  rayons  détachés 
de  cette  nageoire,  naît  par  deux  racines;  la  racine  inférieure  fournil  une  branche  qui  se  perd  dans 
la  peau  du  premier  rayon  libre  en  même  temps  qu'un  rameau  de  même  origine  qui  s'en  détache 
pour  se  distribuer  aux  muscles  des  membres.  La  cinquième  paire  spinale,  naissant  par  deux  racines 
d'égal  diamètre,  est  complètement  musculaire.  Les  trois  premières  paires  sont  plus  musculaires 
(jue  cutanées,  sans  que  les  proportions  relatives  de  leurs  deux  racines  rendent  compte  de  cette 
prédominance  (5). 

La  partie  du  livre  de  Leuret  et  Gratiolet  relative  aux  Poissons  comprend  une  descrip- 
tion du  système  nerveux  cérébro-spinal,  des  observations  sur  le  développement,  le  volume  et  la 
structure  de  la  moelle  rachidicnne  et  de  l'encéphale,  puis  une  étude  sur  l'arrangement,  la  nature  et 
le  diamètre  des  fibres  du  système  nerveux  cérébro-spinal  comparées  entre  elles.  L'ouvrage  se  ter- 
mine par  une  appréciation  du  rapport,  de  la  nature  et  du  développement  des  facultés  avec  la 
forme  de  l'encéphale  et  par  des  considérations  particulières  sur  la  lamellation  du  cervelet  et  sa 
fonction  présumée  (6). 

Bazin,  en  découvrant  chez  l'Esturgeon  un  ganglion  ophthalmique,  a  renversé  l'hypothèse 
d'Arnold  sur  l'analogie  de  fonctions  du  ganglion  otique  et  du  ganglion  ophthalmique.  Il  estime  être, 
sinon  le  seul,  du  moins  un  des  premiers  qui  aient  signalé  cet  organe  chez  les  Poissons  (7). 

En  1839,  de  nouvelles  expériences  tentées  en  partie  sur  le  cerveau,  ont  été  faites  par  Linari 
sur  les  propriétés  électro-chimiques  de  la  Torpille  (8). 


(i)  Veber  das  Nervensystcm  der  Petromyzon  (MiUler's  Archiv  fur  Anal,  und  Phys.,  p.  2(?-2-273. 1838). 
("2)  On  anew  spccies  of  Lépidosiren  (L.  annectens)  {Pvoceimgs  of  tlie  Linnean  Transactions.  1839).  —Observations  sur 
l'organisation  du  Lépidosiren  (Aiin.  des  se.  nat.  T.  XI,  2'  série,  p.  371-378. 1839). 
(3)  Icônes  physiologico'.  Tab.  XXIIl  et  XXIX  (183'J). 
(i)  Symiiolw  ad  Anatomiam  Piscium  (Rostock.  1839). 

(5)  Faits  relatifs  à  la  spécialité  de  fonctions  attribuée  aux  deux  ordres  de  racines  des  nerfs  spinaux  (Acad.  des  se, 
Compt.  rend.  T.  IX,  p.  308.  1839). 

(6)  Anatomie  comparée  dusystcmc  nerveux  considéré  dans  ses  rapports  avec  l'intelligence.  T.  I  (1839). 

(7)  Smc  /es  Mcr/s  des  Poî'ssojis  (Société  iihilom.  de  Paris,  p.  83-81-85.   1836    i  1810.    —   Journ.    l'inst.,    VII,    n°  290, 
p.  245-263-201..  1839). 

(8)  Untersuchungcn  iiber  die  eleclro-clicmische  Eigenschaft  des  Zitterrochens  (Fror.  Net.,  n"  191,  p.  225-232). 


IIISTUKIUUE.  13 

De  son  côté,  Faraday  ayant  cnlrcpris  une  série  d'expériences  sur  le  Gymnote  électrique,  ne  con- 
sidère pas  la  force  nerveuse  comme  identique  à  l'électricité;  il  pense  que  l'électricité  pourrait  donner 
lieu  à  des  phénomènes  nerveux  (1). 

Eiitiii,  Malleucci  ayant  renouvelé  ses  expériences  sur  la  Torpille,  a  formulé  les  conclusions  sui- 
vantes :  (c  La  force  qui  se  produit  et  circule  dans  le  système  cérébral  et  nerveux  est  transformée 
en  électricité  moyennant  une  organisation  spéciale  que  la  nature  a  donnée  en  partage  h  certains 
animaux.  Le  courant  électrique  est  l'unique  agent  extérieur  dont  l'action  soit  la  plus  puissante  pour 
déterminer  la  décharge  et  dont,  par  conséquent,  l'analogie  soit  la  plus  grande  avec  l'agent 
nerveux  ("2). 

Au  sujet  de  la  publication  d'une  planche  représentant  le  système  nerveux  de  la  Lamproie, 
J.  d'Alton  a  joint  une  explication  détaillée  (3). 

Valenciennes  a  décrit  l'organe  électrique  du  Silure  au  point  de  vue  de  sa  structure.  11  a  vu 
dans  le  nerf  de  cet  organe  le  nerf  de  la  ligne  latérale  dépendant  de  la  huitième  paire  comme  chez 
la  Torpille  et  le  Gymnote  (4). 

Bischoff,  dans  son  étude  mémorable  sur  le  Lepidosircn  paradoxa,  n'a  fourni  que  des  notions 
assez  incomplètes  sur  le  système  nerveux  et  les  organes  des  sens  de  ce  Poisson  (5). 

Hannover  s'arrête  à  quelques  remarques  concernant  la  terminaison  du  nerf  optique  dans  la 
rétine  et  les  éléments  nerveux  de  cette  dernière  membrane  (6). 

La  Névrologic  comparée  des  Mijxindides  de  J.  MûUer  conserve  une  importance  exceptionnelle 
parmi  les  travaux  relatifs  au  système  nerveux  des  Poissons  (7).  Ce  travail  se  subdivise  en  deux 
parties  :  la  première  comprend  une  courte  description  des  membranes  du  cerveau  et  des  carac- 
tères extérieurs  de  la  moelle  cpinière  des  Myxinoïdes,  une  description  étendue  des  diverses  parties 
qui  composent  l'encéphale,  une  description  détaillée  des  nerfs  crâniens  et  quelques  observations 
sur  les  nerfs  spinaux.  La  seconde  partie  comprend  les  questions  relatives  au  cerveau  et  à  la  moelle 
de  la  Lamproie,  à  la  conformation  extérieure  et  intérieure  du  cerveau  et  aux  corpuscules  nerveux 
qui  s'y  rencoulrent,  à  la  structure  de  la  moelle  épinière  et  un  aperçu  touchant  le  cerveau  de  l'Am- 
nocète.  Vient  ensuite  la  comparaison  du  cerveau  des  Myxinoïdes  avec  celui  des  autres  Gyclo- 
stomes,  puis  la  comparaison  du  cerveau  des  Gyclostomes  et  du  cerveau  des  Poissons  en  général 
avec  le  cerveau  des    autres  Vertébrés ,   enfin    des  remarques   générales   sur    les  nerfs    céré- 


(1)  Notice  of  Ihc  cliaracter  and  direction  o{  the  electric  force  of  tlw  Gijmnotus  {Philosoph.  Transacl.,  1"  partie, 
p.  M2.  1839). 

(2)  Sur  les  phénomènes  électriques  de  la  Torinlle  (lîil)l.  uiiiv.  île  Genève,  2''  série.  T.  XVII,  p.  373-378.  1838.  — 
(Fror.  Not.  iid  IX,  n»  185,  p.  129.  1839). 

(3)  Erkldrung  der  Kupj'crtafel  I,  das  Nervensijstcm  der  Lamprete  betreffend  (Mïillcr's  Arcliiv,  p.  5-1-i.  T;if.  I.  ISiO). 

(4)  Nouvelles  recherches  sur  l'organe  électrique  du  Silure  électrique  {Malaptcrus  electricus  L.)  (Ann.  des  se.  nat. 
T.  XIV,  2' série,  p.  211.  1840). 

(5)  Description  anatotnique  du  Lepidosircn  Paradoxa  (Ann.  des  se.  nat.  T.  .\IV,  2' série,  p.  Il(!-I59.  1810)  (Compte 
rendu  d'un  mémoire  paru  à  Leipzig  avec  ce  titri'  :  Lepidosiren  paradoxa,  anatomisch  unlersuchl  und  beschrie- 
ben.  1810). 

(6)  Ucbcr  die  Nelzhaul  und  ihre  Gehirnsubstanz  bei  Wirbelthiercn  mil  Ausnahmc  des  Menschen  (.Miiller's  Arcliiv, 
p.  320-3'w.  1810). 

(7)  Verrjleichende  Neurologie  der  Mijxinoiden  (l  ïaf.  1810)  (AblKuidl.  d.  kiiu.  AKad.  .li  r  Wissen.  zu  Iterlin.  183SJ. 


14  INTRODUCTION. 

braux  des  Cyclostomes,  sur  le  nerf  latéral  et  le  grand  sympathique.  Quatre  planches  accompagnent 
le  mémoire. 

On  cite  une  dissertation  d'Eicholtz  sur  les  lobes  optiques  et  olfactifs  de  divers  Pois- 
sons (1). 

Goodsir,  dans  une  monographie  de  l'Amphioxus,  décrit  les  particularités  du  système  ner- 
veux, la  forme  et  la  structure  de  la  moelle  épinière,  la  structure  et  le  mode  d'origine  et  de  distribu- 
tion des  nerfs  spinaux,  la  constitution  du  cordon  spinal  qui  est  formé  simplement  de  cellules  juxta- 
posées et  contenues  dans  une  enveloppe  cellulaire.  Il  conteste  l'existence  d'un  cerveau,  celle  des 
appareils  visuel  et  auditif  et  considère  la  portion  antérieure  de  la  moelle  épinière  comme  rem- 
plaçant le  cerveau.  Goodsir  fait  remarquer  la  simplicité  exceptionnelle  parmi  les  Vertébrés  que 
présente  l'Amphioxus  dans  sa  période  embryonnaire  et  la  place  également  exceptionnelle  .qu'il 
convient  de  lui  assigner  en  dehors  de  la  classe  des  Poissons  (2). 

En  1841,  R.  Wagner  représenta  dans  ses  Icônes  zootomicœ  les  formes  extérieures  du  cerveau 
et  le  système  nerveux  des  Ci/prmus  Çarpio  et  ScijUhim  cunictda,  le  cerveau  des  Perça  fliiviatilis  et 
Petromyzon  marimis,  les  nerfs  optiques,  auditifs  et  électriques  des  Cohitis  fossUis,  Raja  clavata  et 
Torpédo  narke  (3). 

Lizars,  en  s'occupant  de  la  description  des  organes  des  sens,  a  indiqué  la  disposition  qu'affectent 
leurs  nerfs  chez  le  Saumon  (4). 

Dans  un  mémoire  sur  l'anatomie  du  Gymnote,  Valentin,  en  décrivant  le  cerveau  de  ce  Poisson, 
signale  les  particularités  de  forme  et  de  structure  qui  le  distinguent  de  celui  des  espèces  voisines.  Il 
désigne  le  développement  excessif  de  la  partie  médiane  du  cervelet  comme  l'organe  central  de  l'ap- 
pareil électrique  ou  lobe  électrique.  Suit  le  parallèle  des  organes  électriques  du  Gymnote  avec  ceux 
de  la  Torpille  et  d'autres  Poissons  électriques  considérés  au  point  de  vue  de  leurs  caractères  exté- 
rieurs et  de  leur  structure  intime.  Le  travail  se  termine  par  des  considérations  d'ordre  physiolo- 
gique sur  la  non-identité  de  l'agent  nerveux  avec  l'électricité  (5). 

Panizza  s'arrête  aux  particularités  du  cerveau  de  la  grande  Lamproie  {Petromyzon  mavinus) 
et  aux  caractères  qui  le  distinguent  de  celui  des  espèces  voisines  (6). 

Zantodeschi,  énonçant  les  résultats  d'expériences  sur  les  phénomènes  électriques  de 
la  Torpille,  éclaire  quelques  points  de  l'anatomie  de  ce  Poisson.  Ces  résultats  confirment  les 
données  de  plusieurs  auteurs  relativement  à  la  distribution  du  fluide  électrique  dans  le  corps  de 
la  Torpille.  Zantedeschi  désigne  le  lobe  électrique  découvert  par  Matteucci  comme  la  seule  partie 
du  cerveau  qui  ne  peut  être  enlevée  sans  que  la  décharge  électrique  cesse  à  jamais.  Ce  lobe  résul- 

(1)  Diss.  de  Piscium  atque  Amphibiorum  niidorum  lobicis  opticis  atque  olfactoris.  Berol.  in-8  (1841). 

(2)  On  the  Anatomy  of  the  Amphioxus  lanceolatus  (Transact.  of  llie  royal  Society  of  Edinburgh,  vol.  XV,  part.  I, 
^2  pi.  18il). 

(3)  Tab.  XXU. 

(4)  Sinnesor gane  der  Salmcn  {iomna\  Vlnsûmi.  T.  IX.  1841). 

(5)  Beitràge  zur  Anatomic  des  ZMeraalcs  {Gymnotus  electricus)  (Noiiv.  Mém.  de  la  Sociéttî  helvét.  des  se.  iiat.  Dd  V, 

ôpl.  1811). 

(6)  Zootomische  physiologische  Beobachtungeniiber Petromyzon  marinus,  besonders  iiher  Hirn,  Nasenhôlilc,  Atlicmund 
Repivduction  Verkzcugc  (.Vlti  délia  terza  riun.  degli  scienz.  ital.  t'irenze,  p.  360.  1841.  —  Isis.  T.  XXXVl,  p.  113-414. 
I.ivr.  VI.  1843). 


UlSTUUlUUi:.  15 

terait  d'un  iciifleineiit  de  la  moelle  allongée,  duquel  partent  les  nerfs  de  la  cinquième  et  de  la 
huitième  paii-e  (1). 

En  1841,  0.  Costa,  qui,  le  premier  depuis  Pallas,  eut  l'occasion  de  revoir  le  type  étrange  si 
connu  qu'il  désigna  sous  le  nom  de  Branchiostome  (Ainpliioxus),  a  fourni  quelques  indications  lou- 
chant son  système  nerveux  et  les  particularités  de  sa  moelle  épinière  ('i). 

Le  même  sujet  fut  traité  par  J.  Van  der  Hœven,  qui,  après  avoir  étudié  les  caractères  de  l'Am- 
phioxus,  le  considère  comme  appartenant  au  type  des  Vertébrés  et  à  l'ordre  des  Cyclostomes  (3). 

A  son  tour,  RatidvC  aborde  l'étude  de  la  structure  et  de  la  disposition  de  la  moelle  épinière  et 
constate  l'absence  d'un  cerveau  chez  l'Amphioxus.  Il  voit  les  nerfs  de  la  partie  antérieure  se  com- 
porter à  la  façon  des  nerfs  spinaux.  De  l'examen  de  ces  caractères,  il  conclut  (juo  l'animal  est  un  Ver- 
tébré auquel  la  tête  fait  défaut  (4). 

Au  sujet  de  l'Amphioxus,  Mûller,  dans  la  partie  de  son  mémoire  qui  traite  du  système  nerveux, 
s'occupe  de  la  moelle  épinière  dont  la  portion  antérieure  arrondie  lui  a  paru  offrir  certains  carac- 
tères du  cerveau  des  autres  Vertébrés,  et  il  regarde  le  point  noir  situé  de  chaque  côté  à  l'extrémité 
antérieure  du  système  nerveux  central  comme  un  œil  à  l'état  rudimentaire.  Ayant  indiqué  l'origine, 
le  nombre  et  le  mode  de  distribution  des  nerfs  dans  les  différents  appareils,  Mûller  se  livre  à 
des  considérations  générales  sur  le  rang  qu'on  doit,  dans  la  classification,  accorder  à  l'animal  qu'il 
considère  comme  appartenant  au  type  des  Vertébrés  et  à  la  classe  des  Poissons  (5). 

Dans  son  Traité  (Vanatomic  et  de  physiologie  comparée  du  système  nerveux,  Longet  fournit 
quelques  indications  touchant  la  configuration  et  la  structure  de  la  moelle  épinière  et  de  l'encé- 
phale. 11  s'arrête  aux  interprétations  auxquelles  ont  donné  lieu  les  différentes  parties  du  cerveau  et 
aux  particularités  que  présentent  l'origine  et  le  trajet  des  nerfs  dans  les  différents  groupes  de  la 
classe  des  Poissons  (6). 

En  1842,  parut  un  mémoire  de  Vogtsur  YEmbryoloyic  desSahnones.  Ce  mémoire  est  rattaché  ù 
VHistoive  naturelle  des  Poissons  d'eau  douce  de  V Europe  centrale,  publiée  par  Agassiz  (7).  Un 
chapitre  de  cet  ouvrage  est  consacré  tout  entier  à  l'étude  du  développement  du  système  nerveux 
central  (8). 

'  Valentin  donne  une  description  détaillée  des  formes  extérieures  de  l'encéphale  et  de  la  moelle 
de  la  Chimère;  il  traite  ensuite  de  la  structure  intime  de  ces  deux  parties.  Des  considérations  assez 


(1)  Sur  les  phénomènes  électriques  de  la  Torpille  (Atli  ilellii  tcrza  liuii.  degli  scienz.    italiani.   l'irenze,  i>.  397.   ISII. 
—  Compt.  rend.  Acad.  se.  T.  XIV,  p.  488.  1842). 

(2)  Storia  e  anatomia  del  Ihanchinstoma  luhricum  (Costa framinenti  di  anal.  eomp.  Fasc.  1.1  pi.  I8i3).  —  Notice  sur 
le  Branchioslomc  (Amphioxus)  {Çj(im\t\..  rend.  Acad.  se.  T.  .Mil,  p.  873.    1811). 

(.3)  Verzameling   van  berigten  over  Amphioxus   lanceolatus,  cène   visclisoort  uit  de  orde  der    Cyclostomato.  — 
(Tijdschr.  voor  natuurl.  Gescliied.  1).  8,  p.  73.  1  pi.  1841). 

(i)  Bcmerkungen  ilbcr  den  linu  des  Amphioxus  lanceolatus.  Konigsberg  (I  Taf.  ISll). 

(5)  l'eber  den  Bau  und  die  Lebenscrscheinungen  des  Brnnchiostoma  lubricum,  Costa  {Amphioxus  lanceolatus, 'S aneW), 
5  Taf.  (Abh.  der  Kcin.  Akad.  d.  Wiss.  z.  lîerlin,  p.  79-llC.  18l"2). 

(6)  Anatomic  et  Physiologie  du  système  nerveux.  '2  vol.,  8  pi.  (18i"2). 

(7)  Histoire  naturelle  des  Poissons  d'eau  douce,  par    Agassiz.  —  Embryologie  dc.i  Salmones ,  par  C.  Vogt.  Allas. 
Neufchâlei. 

(8)  Chap.  V,  p.  .V2-7I. 


16  INTRODUCTIOîs'. 

étendues  sur  la  signification  homologique  qu'on  doit  attribuer  à  chacune  des  parties  de  l'encéphale 
suivent  la  partie  descriptive  (1).  Ce  travail  a  été,  de  la  part  de  Millier  (2)  et  de  Rud.  Wagner  (3), 
l'objet  de  certaines  rectifications.  L'ouvrage  de  Wagner,  qui  vient  d'être  cité,  renferme  la  descrip- 
tion générale  du  cerveau  des  Poissons. 

Un  mémoire  de  Stannius  sur  le  système  nerveux  périphérique  est  une  véritable  monographie 
du  Gadus  eallarias.  L'auteur  étudie  successivement  les  nerfs  crâniens,  les  nerfs  spinaux  et  le 
grand  sympathique.  Le  texte  n'est  accompagné  d'aucune  figure  (4). 

Stannius  a  donné  en  outre  une  description  très  succincte  des  caractères  extérieurs  de  l'encé- 
phale de  l'Esturgeon.  Il  étudie  successivement  la  moelle  allongée,  le  cervelet,  les  lobes  optiques, 
le  troisième  ventricule  avec  sa  commissure  et  enfin  les  lobes  antérieurs.  Cette  étude,  fort  incomplète, 
est  accompagnée  d'un  certain  nombre  de  figures  assez  bien  exécutées  (5). 

Lelheby  a  étudié  le  Gymnote  électrique  et  la  Torpille.  Ces  recherches  au  point  de  vue  ana- 
tomiqne  l'ont  amené  à  penser  que  l'électricité  chez  ces  Poissons  est  produite  par  les  nerfs  venant 
du  cerveau  et  de  la  moelle  épinière  (6). 

J.  Millier  a  trouvé  chez  le  Polynenms  la  même  disposition  de  renflements  à  la  moelle  épinière 
que  chez  les  Trigles.  Comme  chez  ces  derniers,  il  a  reconnu  que  ces  renflements  fournissent  des 
nerfs  aux  rayons  natatoires  libres  digités  (7). 

Miescher  a  publié  quelques  observations  sur  la  structure  de  l'organe  de  la  Raie  non  électrique, 
et  signalé  les  rapports  de  leurs  vésicules  avec  les  tubes  muqueux  (8). 

KoUiker  s'occupant  de  l'organe  de  l'olfaction  de  VAmphioxus,  examine  incidemment  la  ques- 
tion de  l'existence  du  cerveau.  Il  s'arrête  quelque  peu  au  mode  de  terminaison  antérieure  de  l'axe 
nerveux  et  aux  nerfs  naissant  de  cette  portion  médullaire  qui  se  trouve  en  rapport  avec  les  organes 
de  la  vision  et  de  l'olfaction  (9). 

A  la  même  époque,  Mayer  a  publié  deux  notes  :  l'une  d'elles  n'est  qu'une  courte  dis- 
sertation n'ayant  d'autre  intérêt  qu'une  indication  historique  relative  au  système  nerveux  de  la 
Torpille  et  du  Gymnote.  Trois  planches  constituent  la  seule  valeur  de  ce  travail  (10).  —  La 
seconde  de  ces  notes  concerne  le  petit  organe  rudimentaire  observé  par  l'auteur  chez  les  Raies 
non  électriques,  organe  pourvu  des  mômes  nerls  que  l'organe  électrique  et  qui  serait  l'analogue  de 
ce  dernier  (M). 

(1)  Uber  (las  centrale  Nervensystem  und  die  Nebenherzen  der  Chimœra  monstrosa  (mit  1  Taf.)  (Mûller's  Archiv, 
p.  25-45.  1842). 

(2)  (Mullcr's  Archiv,  Jahrcsber.,  p.  253.  ISiS). 

(3)  Lelirbuch  der  Anatomie  der  Wirbellhlere,  2«  édit.,  p.  239. 

(4.)  Ueber  das  peripherische  Nervensystem  des  Dorsch,  Gadus  Callarias  (Mûller's  Archiv,  p.  338-366.  1842). 

(5)  Veher  den  Bau  des  Gehirns  des  Stôrs  (Mûller's  Archiv,  p.  36-44,  1  Taf  1843). 

(6)  Sur  la  force  électrique  du  Gymnote  électrique  et  de  la  Torpille  (LonJon,  Gaz.  nicd.  Vol.  XX.\I,  p.  886  et  918.  1843). 

(7)  Aufden  Bau  des  RUckenmarks  (Fror.  Not.,  n°  533,  p.  74.  1843). 

(S)  Ueber  die  vom  Prof.  Mayer  entdecklen  Organe  bel  den  nicht  clecfrisclien  Roclien  (Ber.  ûh.  die  Verhandl.  der  Nalurfor. 
Gesselsch.  in  Basel,  p.  107.  1843,  31  janv.  1S44). 

(9)  Ueber  das  Geruchsorgan  vom  Amphioxus  (Mûller's  Archiv,  p.  32-35,  1  Abb.  1843). 

(10)  Spicilcgium  observationum  anatomicarum  de  Organo  clectrico  in  Raiis  anelectricis  (Bonnae,  mit  Taf.  1843). 
(Bericht  ûb.  die  Fortsch.  der  verg.  Anal.,  p.  51-52.  Mullers  Archiv.  1844). 

(11)  Ueber  das  Schivanzorgan  der  Bochen  (Fror.  Not.  Bd  XXVil,  n"  5H0,  p.  121-122. 1843). 


HISTORIQUE.  17 

Dans  une  étude  anatomique  où  N.  Guillot  recherche  les  parties  identiques  du  cerveau  des 
Vertébrés  d'après  la  répartition  de  la  masse  grise  dans  le  système  des  fibres  longitudinales,  on  voit 
de  nombreux  aperçus  sur  la  structure,  la  disposition  et  les  rapports  des  différentes  parties  des 
centres  nerveux  chez  les  Poissons.  L'auteur  se  déclare  contre  la  comparaison  du  cerveau  des 
Poissons  avec  celui  des  embryons  des  animaux  plus  élevés  (1). 

Joberl  (de  Lamballe),  en  décrivant  la  structure  de  l'appareil  électrique  de  la  Torpille,  juge  la 
disposition  des  nerfs  qui  s'y  distribuent  bien  dilïérente  de  celle  indiijuée  par  les  auteurs.  Dans  son 
opinion,  les  nerfs  ne  se  perdent  ni  dans  l'organe  électrique  ni  dans  la  substance  gélatineuse, 
mais  forment  un  cercle  dont  les  anses  périphériques  extrêmes  ramènent  au  tronc  primitif  le  courant 
qui  les  11  pai'courus  cl  qui  retourne  à  son  origine.  De  plus,  réli'ctricilé  produite  n'est  pas  propor- 
tionnelle à  l'activité  circulatoire  mais  au  développement  du  système  nerveux  (2). 

Dans  l'ouvrage  sur  les  phénomènes  électriques  de  la  Torpille,  Paul  Savi  a  donné,  en  colla- 
boration avecMatteucci,  une  très  bonne  anatomie  du  cerveau  et  du  système  nerveux  de  la  Torpille. 
La  moelle  allongée  a  été  surtout  étudiée  avec  un  soin  digne  d'éloges  (3). 

Th.  G.  Tcllkampf  a  porté  l'attention  sur  le  nerf  optique  et  l'encéphale  du  Poisson  aveugle  qui 
habite  la  cave  du  Mammouth  (Kentucky).  Il  donne  une  figure  de  l'encéphale  de  ce  Poisson  (4). 

Au  nombre  des  Vertébrés  qui  ont  fait  le  sujet  de  ses  expériences,  Hannover  mentionne  la 
Perche  dont  il  étudie  le  cerveau  au  point  de  vue  de  sa  structure  intime,  de  la  nature  et  de  la  disposi- 
tion de  ses  éléments  (fibres,  cellules).  A  l'égard  de  la  rétine  et  de  sa  substance  cérébrale,  il  expose 
les  résultats  de  ses  recherches  sur  la  structure  de  la  rétine  du  Brochet  en  indiquant  les  modifi- 
cations qu'elle  lui  a  présentées  dans  quelques  types  (5). 

Des  recherches  de  Rud.  Arndt  sur  le  sympathique  s'étendent  à  l'ensemble  des  Vertébrés. 
Parmi  les  Poissons  étudiés,  l'auteur  cite  le  Belone  vuhjaris  et  la  Perça  fluvlalilis  (6), 

Wagner  s'est  efforcé  de  démontrer  que  toutes  les  fibres  du  sympathique  ne  proviennent  pas  du 
cerveau  ou  de  la  moelle  épinière  mais  qu'elles  tirent  parfois  leur  origine  des  ganglions.  Il  croit  en 
trouver  la  preuve  dans  le  ganglion  du  nerf  vague  du  Brochet  (7). 

L'anatomie  de  la  Lamproie  marine  a  été  étudiée  dans  l'ensemble  par  Panizza  (8). 

J.  Mùller,  dans  un  mémoire  sur  l'organisation  des  Ganoïdes,  s'est  occupé  de  rechercher  les 
véritables  caractères  anatomiques  de  l'ordre  auquel  ces  Poissons  appartiennent.  Un  des  principaux 
lui  a  été  fourni  par  la   disposition  des  nerfs  optiques,   (jui  ne  se  croisent  pas  comme  ceux  des 

(i)  Exposition  analomiquc  de  l'ori/anisation  du  centre  nerveux  dans  les  quatre  classes  d'animaux  vertébrés  (Mémoires 
«oui-onnés  et  iiiéiiioircs  des  savants  élraiigers,  publiés  par  l'Académie  des  sciences  de  rSruxelles.  T.  \VI,  18  plaiidies.  1811). 

(2)  lieclierches  anatomiques  sur  l'organe  électrique  de  la  Torpille  (Compt.  reiul.  Acud.  se.  T.  .Wlli..  p.  810-813,  29  avril 
1844.  —  L'instil.  XII,  ii»  5lU,  p.  150.  18»). 

(3)  Traité  des  phénomènes  électro-physiologiques  des  animaux,  par  G.  iMatleucci.sMJWt  d'études  anatomiques  sur  le  système 
nerveux  et  sur  l'urgane  électrique  de  la  Torpille,  par  Paul  Savi  (1841). 

(4)  Ucber  dun  blindenFisch  der  Mammutkiiôhlc  in  Kentucky  (Muller's  Areliiv,  p.  381-394,  mit  1  Taf.  1844). 

(5)  Recherches  microscopiques  sur  le  système  nerveux  (7  planches.  Copenliague  et  Paris.  1814). 

(G)  Untersuchinifjen  liber  die  Ganglienkôrper  des  Nervus  syinpathicus   (Aicliiv  f.   iiiikr.    Anal.  T.  X,  p.   2Û8-2H.  mit 
ITaf.  1844). 

(7)  Unabhdngigiceit  des  Sympulhicus  voin  Gehirn  uml  Riickenmarke  m  anntomischer  Beziehung  (UanJwôricrbucli  der 
Physiologie.  ï.  II,  ilans  chap.  Ncrvenphi/sioloyie,  Arlik(d  X,  p.  4!)7.  1814). 

8)  Sopra  ta  Lampreda  marina  ('1  pi.)  (Mem.  dell.  Islil.  Loinhardo.  Vol.  II,  p.  "25-51.  1811). 


18  INTRODUCTION. 

Poissons   osseux,  ne  passent  pas  librement  l'un   par-dessus    l'autre,    mais  sont   réunis    en   un 
chiasma.  L'auteur  classe  l'ordre  des  Ganoïdes  entre  les  Poissons  osseux  et  les  Plagiostomes  (i). 

Retzius  a  étudié  et  décrit  l'organe  dit  électrique  chez  la  Raja  bâtis  et  le  Squuliis  acanthias  (2). 

Hyrtl  a  donné  une  remarquable  monographie  du  Lepidosiren  paradoxa.  Il  décrit  les  particula- 
rités que  présente  le  système  nerveux  dans  ce  type,  les  caractères  extérieurs  du  cerveau  et  de  la 
moelle  épinière,  l'origine,  le  trajet  et  la  terminaison  des  nerfs  cérébraux  réduits  à  quatre,  et  la  dis- 
position des  nerfs  spinaux.  Le  système  nerveux  de  cet  animal  fournit  à  l'auteur  certains  caractères 
pour  établir  sa  classification  (3). 

Dans  l'édition  posthume  des  leçons  de  Cuvier  sur  YAnatomie  comparée,  après  avoir  tracé  la 
description  générale  des  parties  constitutives  du  cerveau  des  Poissons,  on  indique  les  différences  de 
forme,  de  structure,  les  variations  qui  existent  entre  les  Poissons  osseux  et  les  cartilagineux, 
et  l'on  cherche  à  saisir  les  rapports  des  facultés  avec  les  proportions  de  l'encéphale.  Viennent 
ensuite  des  détails  touchant  la  conformation  intérieure  et  extérieure  de  la  moelle  épinière,  le 
mode  de  distribution  des  principaux  nerfs  et  des  considérations  physiologiques  nées  de  la  com- 
paraison de  ces  nerfs  entre  eux.  Enfin ,  quelques  leçons  sont  consacrées  à  la  description  des 
organes  des  sens  (4). 

Dans  les  recherches  de  M.  de  Quatrefages  sur  l'Amphioxus,  la  partie  consacrée  au  système 
nerveux  et  aux  organes  des  sens  a  pour  objet  d'établir  les  analogies  et  les  affinités  zoologiques  de  ce 
type,  de  façon  à  lui  assigner  sa  place  dans  les  classifications  ichthyologiques.  L'auteur  constate  dans 
l'étendue  de  l'axe  cérébro-spinal  la  présence  de  renflements  ganglionnaires  correspondant  h  l'ori- 
gine des  troncs  nerveux  auxquels  il  donne  naissance.  S'appuyant  sur  le  nombre  et  la  nature  des 
troncs  nerveux  qui  partent  de  l'extrémité  antérieure  de  l'axe,  il  examine  les  rapports  de  cette  por- 
tion du  système  nerveux  avec  le  cerveau  des  Poissons  ordinaires.  Au  chapitre  des  organes  des  sens, 
on  trouve  une  description  de  l'œil  du  Branchiostome,  suivie  de  l'interprétation  des  différentes 
parties  qui  composent  l'organe  visuel.  Diverses  considérations  sont  émises  relativement  à  l'ap- 
pareil de  l'olfaction.  Selon  M.  de  Quatrefages,  les  nerfs  renferment  des  granulations  analogues 
à  celles  de  la  moelle  épinière  et  ils  diffèrent  par  leur  mode  de  terminaison  de  ceux  des  autres 
Vertébrés  (5), 

S'occupant  de  l'anatomie  comparée  du  système  nerveux  dans  la  série  des  Vertébrés, 
Cruveilhier  donne  sommairement  quelques  indications  relatives  à  la  moelle  et  à  l'encéphale  des 
Poissons  (6). 


(1)  Untersuclmngen  ûbcr  dcn  Bau  der  Ganoïden  (Monastsber.  der  K.  Ak.  d.  Wiss.  zu  lierlin,  1814. — Ericlison, 
Archiv,  p.  Gl-lil.  IS'w).  —  Traduit  par  M.  Vogt,  sous  le  tilre  de  Mémoire  sur  les  Ganoïdes  et  sur  la  classification  natu- 
relle des  Poissons  (Ann.  des  se.  nat.  T.  IV,  3«  série,  p.  .5.  1815). 

(2)  Ofversigt  of  KonfjL  vetenskaps  Academicus  forliandlinyen  forstu  drganyen.  Slocivii.,[j.  177  (1845).  — (Hornscholk. 
arch.  scand.  Beit.  II,  §  221.  18.51). 

(3)  Monographie  du  Lepidosiren  paradoxa  (Mit  5  kupfert.  Abiiandl.  der  kôn.  hohm.  Gcssel.  der  Wisscnsch.,  n°  3, 
p.  605-668)  (Nervensystem,  p.  6i7.  1815). 

(1)  Leçons  d'anatomie  comparée,  2'  édit.  T.  III  (18i5). 

(5)  Mémoire  sur  le  système  nerveux  et  sur  l'histologie  du  Branchiostome  ou  Amphioxus  (4  pi.)  (Ann.  des  se. 
nat.,  3'  série.  T.  IV,  p.  197,  seqq.   1845.  —  Compt.  rend.  Acad.  se.  de  Paris.  T.  X.\I,  p.  519-522.  1845). 

(6)  Trailé  d'anatomie  descriptive. ,'i'  i-dll.  T.  IV  (1845). 


HISTOIlIQUi:.  19 

Dans  une  étude  sur  l'anatomie  d'un  Poisson  voisin  du  Lepidosiren  annectens,  Peters  présente 
un  aperçu  touchant  le  cerveau  et  le  mode  de  distribution  des  nerfs  (i). 

Le  docteur  J.  Stark  recherche  la  nature  d'un  organe  qu'il  croit  analogue  à  l'organe  électrique 
de  la  Torpille  et  qu'il  a  découvert  de  chaque  côté  de  la  queue  des  Riiia  balis,  clavala  et  autres 
Raies.  Cet  organe  dont  l'auteur  décrit  la  structure,  serait  sous  la  dépendance  du  nerf  latéral  (2). 

Dans  un  long  mémoire  de  Gir'gensohn  sur  VAnatomie  et  la  physiologie  du  système  nerveux  des 
Poissons,  on  traite  successivement  des  enveloppes  membraneuses  du  système  nerveux  central,  de  la 
moelle  épinière  des  Poissons  en  général,  des  différentes  parties  de  la  moelle  épinière  et  tout  particuliè- 
rement de  la  moelle  allongée,  des  lobes  centraux,  du  mode  d'origine,  de  distribution,  de  terminaison 
des  nerfs.  Ensuite,  on  s'occupe  de  la  signification  des  différentes  parties  du  système  nerveux,  de  ses 
rapports  avec  les  organes,  de  l'état  actuel  des  connaissances  relatives  à  la  classification  des  Poissons. 
Une  nouvelle  classification  est  présentée  d'après  les  considérations  tirées  du  système  nerveux  : 

1°  Poissons  typiques  (Musterfische)  :  Salmones,  Clupes,  Spares,  Pieuronectes; 

2"  Poissons  inférieurs  {Nicderc  Fische)  :  Gades,  Murènes,  Cottes,  Cyprins; 

3°  Poissons  supérieurs  (/Mt^r??  F«sc/(e):Lotes,Mulles,Scorpènes,etc.;  parmi  lesquels  viennent  se 
ranger  les  différentes  espèces  appartenant  par  leur  organisation  à  l'un  ou  l'autre  de  ces  groupes(3). 

Wagner  a  fait  des  recherches  (jui  ont  pour  objet  les  particularités  de  structure  que  présentent 
les  ganglions  chez  les  Raies  et  les  Squales  {(jmifjlions  spinaux,  (janglions  cérébraux-spinaux,  gan- 
glions viscéraux  et  centraux).  Wagner  établit  les  rapports  des  corpuscules  ganglionnaires  avec  les 
fibres  nerveuses  et  recherche  le  trajet  et  le  mode  des  terminaisons  dans  les  ampoules  et  le  sac  auditif 
de  la  Torpille  (4). 

Prévost  a,  dans  un  mémoire,  donné  l'anatomie  de  l'encéphale  du  Congre,  indiqué  l'origine  des 
nerfs  et  des  lobes  olfactifs  ainsi  que  celle  des  nerfs  optiques.  Dans  l'étude  de  l'oreille,  il  suit  les 
nerfs  acoustiques  et  le  nerf  trijumeau.  Il  termine  par  la  description  des  nerfs  cérébraux  et  par  la 
discussion  de  l'analogie  de  ces  nerfs  avec  ceux  des  Vertébrés  supérieurs  (5). 

Un  histologiste,  E.  Ilarless,  traite  de  la  structure  des  lobes  électriques  de  la  Torpille.  11 
décrit  le  mode  de  répartition  des  corpuscules  ganglionnaires  dans  les  lobes  électriques,  la  forme  de 
ces  corpuscules  et  leurs  dimensions.  11  s'attache  surtout  à  déterminer  le  rapport  des  corpuscules 
ganglionnaires  avec  les  fibres  nerveuses;  il  admet  que  la  fibre  primitive  (cylindre-axe)  naît  du  noyau, 
la  moelle  du  protoplasma  des  globules  et  la  gaine  de  l'enveloppe  cellulaire  (6). 

Erdl  a,  dans  une  première  étude,  dépeint  chez  les  Mormyres  les  particularités  que  présente 
leur  cerveau  dont  il  a  cherché  à  délcrmiiier  les  différentes  parties  (7),  et,  dans  un  second  travail,  il 

(1)  Ueber  einem  don  Lepidosiren  anneciens  verwandten  Fisch  von    Quellimane  (3  Taf.)-  2   figures  sont  consacrées 
au  cerveau  (Miillcr's  Arcliiv,  j).  i-ll.  1815). 

(2)  Ueber  das  Vorhandensein  eines  eleclrisclien  Organs  bei  Raja  Balis  und  andern  Rockcii  (Aun.  and   Mag.  nalural. 
hist.,  n»  116.  Fel).  1815.  —  Fror.  Not.,  n"  731,  vol.  NXXIII,  p.  7i.  1815). 

(3)  (Mémoires  de  Saint-l'élcrsbourg.  T.  V,  p.  257  à  589,  15  pi.  1816). 

(i)  Nerfsiimpalhique,  structure  des  ganglions  et  terminaison  des  nerfs (Mandwôrlcrh.  der  Pliysiol.  T.  111,  p.  360.  1816). 

(5)  Recherches  sur  le  système  nerveux  de  la  télé  du  Congre  (Murœna  Conger).  1  pi.    (.Méni.  de  la  Soc.  de  pliys.  et 
d'hist.  nat.  de  Genève.  T.  II,  p.  10l-22i.  1816). 

(6)  Briefliche  Mitthcilung  iiber  die  Ganglienkngein  der  Lobi  electrici  von  Torpédo  Galvanii.    (.Mil  1  Taf.)  (Mùlier's 
Archiv,  p.  283-291.  1810). 

(7)  Ueber  das  Gehirn  der  FischgatlungMormyrus  (lîull.  il-v  Kun.  Akad.doi- Wisscnsih.Mun.lion,  n°61,p.  175-479.  18i6). 


20  INTRODUCTION. 

a  constaté  que  le  cerveau  et  les  nerfs  du  Gi/nmarchus  offrent  les  mêmes  particularités  de  structure 
que  ceux  des  Mormyres  (I). 

Bonsdorff  a  donné  la  description  anatomique  du  trijumeau  et  de  la  partie  céphaiique  du 
sympathique  chez  la  Lote  avec  la  comparaison  de  ces  nerfs  chez  l'homme  et  les  Mammifères  en 
général  (2). 

Dans  une  courte  note,  Weber  signale  les  effets  produits  sur  le  tube  digestif  de  la  Tanche  par 
l'excitation  électrique  des  lobes  du  nerf  vague.  Il  rappelle  une  observation  de  Mauro  Rusconi, 
signalant  certaines  modifications  qui  s'effectuent  pendant  l'accroissement  dans  l'encéphale  de  la 
Tanche  (3). 

On  possède  sur  l'organe  électrique  du  Silure  du  Nil  et  sur  ceux  de  la  Torpille  et  du  Gymnote 
un  travail  d'anatomie  comparée  de  Paccini  indiquant  les  différences  que  présente  la  disposition  des 
nerfs  dans  chacun  de  ces  appareils  (4) . 

Pour  combattre  les  anatomistes  qui  ont  considéré  certains  organes  des  Raies  comme  l'ana- 
logue de  l'appareil  électrique  de  la  Torpille,  M.  Ch.  Robin  étudie  le  mode  de  distribution  des  nerfs 
qui  se  rendent  à  ces  organes  (5).  Traitant  de  l'origine,  du  nombre,  du  volume,  du  trajet,  des  rap- 
ports et  du  mode  de  distribution  et  de  terminaison  des  nerfs  dans  l'appareil  électrique  des  Raies, 
l'auteur  tire  du  mode  de  terminaison  des  tubes  nerveux  un  argument  en  faveur  de  l'identité  de 
fonctions  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille  et  de  la  Raie.  Les  remarques  et  les  observations 
spéciales  relatives  à  l'étude  comparée  de  l'origine  et  de  la  terminaison  des  nerfs  dans  divers  pois- 
sons électriques  ont  pour  but  d'établir  le  rôle  physiologique  de  l'appareil  en  question.  Cette  étude 
a  été  faite  sur  les  trois  espèces  de  Raies  :  Raia  clavata,  L.  ;  Raïa  riibiis,  L.  ;  Ràia  l/alis,  L.  Elle  a 
été  bientôt  suivie  de  plusieurs  autres. 

M.  Robin  décrit  les  centres  nerveux  d'où  parlent  les  tubes  sensitifs  des  Sélaciens,  leurs  tubes 
muqueux,  les  différences  que  ces  tubes  présentent  suivant  les  genres  en  indiquant  Tongine  des 
nerfs  qu'ils  reçoivent  (6).  Chez  les  Raies,  il  fait  connaître  la  manière  dont  s'effectuent  les 
rapports  des  corps  ganglionnaires  avec  les  fibres  nerveuses  et  les  caractères  de  ces  corps.  Il 
distingue  dans  les  ganglions  spinaux  deux  sortes  de  corps  ganglionnaires  dont  il  indique  la  forme, 
les  dimensions  et  la  structure  ;  les  plus  grands  seraient  en  rapport  avec  les  larges  fibres  nerveuses 
cérébro-spinales  et  les  petits  avec  les  fines  fibres  sympathiques  (7). 


(1)  Ucber  denBau  des  Gymnarchus  niloticns.  (Bull,  der  Kôn.  Akad.  dcr  Wissensch.  Miinchen.p.  537-ûl"2.  184G). 

(2)  Disquisitio  auatomica  ncrvum  trigeminiim  paiiemqiie  cephalicam  nervi  sympathici  Gadi  Lofœ,  cmn  nervis  iisdem 
apud  Hominem  et  Mammalia  comparans.  Helsingfors  (1846). 

(3)  Ucber  die  Gestalt  des  Gehirns  derSclilcie  {Cyprinus  Tinca)  im  Aller  von  einem  Jahre  und  bel  erwachsencn  Thiere, 
Mauro  Rusconi;  —  Bricfliche  Millhcilunçi.  E.  H.  Weber  (MûUer's  Archiv,  p.  478-479,  mit.  Abb.  IS'itl). 

(4)  Sur  l'organe  électrique  du  Silure  du  Nil  comparé  à  celuide  la  Torpille  et  du  Gymnote  (Ami.  se.  nal.  Bologne,  1846). 

(5)  Recherches  sur  un  appareil  qui  se  trouve  sur  les  Poissons  du  genre  des  Raies  et  qui  présente  les  caractères  anato- 
miques  des  organes  électriques  (2  pi.).  Lias  à  rinstilut  le  18  mai  1846  (Ann.  des  se.  iiat.  T.  VII,  3'  série,  p.  193 
1847). 

(6)  Sur  les  tubes  sensitifs  des  Sélaciens  (Soc.  Philom.  Ext.  iiroccs-verbal,  p.  115-llG.  1846).  —  Jourii.  l'iiislitul.  T.  XIV, 
n°  658,  p.  272.  1846). 

(7)  Sur  la  structure  îles  ganglions  chez  les  Raies  (L'inslilut,    ii°  687.  1847.   —  Veber  den  Bau  der  Ganglien  bci  den 
Rochen.  (Fror.  Not.  ISd  II,  n»  26,  p.  49-52.  1846). 


IIISTOIilOnE.  21 

R.  Wagner  confiniic  les  résultats  obtenus  par  Savi  relativement  à  la  disposition  des  fibres 
primitives  sur  le  diaphragme  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille.  Il  signale  en  outre  la  vraie 
structure  des  ganglions  du  nerf  liijumeau  vague  et  du  nerf  rachidien  de  la  Torpille,  des  Raies  et 
dos  Squales  (1). 

Un  auteur  du  nom  dt;  lljelL  ;i  donné  un  ;iperi,u  du  grand  sympathique  de  la  Lote  (2). 

A  l'article  Oreille  du  Diclionnaire  universel  cVUisloirc  naturelle,  C.  Broussais  a  résumé  les 
connaissances  acquises  et  mentionné  les  divers  travaux  de  l'anatomie  de  cet  organe  chez  les  Pois- 
sons (3). 

Dans  YEnci/clopédie  de  Todd,  à  l'article  Pisces,  T.-J.  Rymer  a  tracé  la  description  du  système 
nerveux  et  des  appareils  des  sens  chez  les  Poissons  en  signalant  les  particularités  qu'ils  pré- 
sentent dans  les  différents  groupes  (4). 

A  son  loin',  R.  Wagner  a  mentionné  de  nombreux  faits  concernant  la  distribution  et  le  mode 
de  terminaison  des  nerfs  dans  l'intérieur  de  l'appareil  électrique  de  la  Torpille  (5).  En  1847,  les 
Annales  des  sciences  naturelles  ont  publié  une  note  d'après  un  extrait  d'une  lettre  de  l'auteur  à 
M.  H.  Milne  Edwards  (6).  La  même  année  encore,  la  Raie  commune  lui  servait  de  sujet  d'étude 
pour  de  nouvelles  recherches  sur  la  structure  intime  des  fibres  nerveuses  des  Vertébrés  en  général. 
Wagner  rectifie  certaines  de  ses  affirmations  relatives  au  mode  de  terminaison  des  fibres 
primitives  dans  l'organe  auditif;  puis,  il  s'occupe  des  différentes  sortes  défibres  qu'on  trouve  dans 
les  diverses  parties  du  système  nerveux  (7).  Un  peu  plus  tard,  poursuivant  ses  expériences  sur 
les  Poissons  électriques,  il  étudie  les  fonctions  des  parties  centrales  du  système  nerveux.  Les 
gros  ganglions  qu'il  a  observés  chez  la  Carpe  lui  semblent  répondre  aux  masses  centrales  ner- 
veuses affectées  aux  fonctions  électriques  chez  les  Poissons  électriques.  Ces  masses  ganglionnaires 
ne  se  confondent  pas  avec  le  tissu  cérébral  et  s'adaptent  au  développement  déjà  existant  dans  le 
cerveau  (8).  Contrairement  à  ce  qu'il  avait  avancé  dans  des  écrits  précédents  sur  le  mode  de  ter- 
minaison des  fibres  primitives  dans  l'organe  électrique  de  la  Torpille,  Wagner,  revenant  sur  ses 
recherches,  s'est  convaincu  que  les  rameaux  terminaux  n'offrent  pas  de  formation  à  réseaux.  Ce 
résultat  lui  paraît  confirmer  la  loi  de  la  direction  isolée  des  fibres  primitives.  L'organe  électrique 
se  comporte,  par  rapport  à  la  nature  de  ses  nerfs,  comme  un  muscle  volontaire  et  l'auteur  en 
fournit  les  preuves  anatomiques  et  physiologiques  (0). 

(1)  Disposition  des  fibres  nervcusex  clans  l'organe  électrique  d»  la  Torpille  (Compt.  rend.  Acad.  des  se.  T.  XXIV, 
p.  85G-857,  10  mai  18't7). 

(2)  Systema  nervorum  siimpathiciim  Gadi  lotœ  observationes  (1  pi.).  Dissertatio.  Helsiiigfors(18l7). 
(o)  Dictionnaire  universel  d'histoire  naturelle,  dirigé  par  Cli.  d'OrIjigny  (1817). 

(4)  (Todd's.  Cyclop.  of  Anal,  and  Pliysiol.  V,  III,  p.  9."i5.  1817). 

(5)  Ueber  denfeineren  Bau  des  electrisclien  Organsim  Zitterrochen  Gôttingan  (I  Taf.)  (1817).  (.\bhand.  d.  K.  Gessellch. 
zu  Gôlting.  Bd  III,  p.  Iil-166.  1817). 

(G;  Observations  sur  la  terminaison  des  nerfsct  la  structure  des  ganglions.  R.  Wagner  (Ann.  des  se.  nat.,  T. VII,  3' série, 
p.  181.1847). 

(7)  Neue  Untersuchungen  ilber  die  Elemente  der  Nervensubstanz  —  (Gôtting.  Nachricht,  p.  17-:20. 1847). 

(S)  Fortsetzung  seiner  Untersuchungen  uber  die  electrisrhen  Fische  {^nch.  \.  Ller.Kôn.  Gess.  der  Wiss.  zu.  Gôltin., 
p.  212.  1847). 

(9)  Fortsetze  Untersuchungen  iiber  die  Verbreilung  der  Nerven  im  ekctrischen  Organ  der  Zitterrochen  (Golt.  .\ach. 
p.  81-84.  1847). 


22  INTRODUCTION. 

Bidder  s'est  efforcé  d'établir  les  rapports  des  corps  ganglionnaires  avec  les  libres  nerveuses 
dans  les  racines  ganglionnaires  du  trijumeau,  du  vague  et  dans  les  ganglions  spinaux  de  VEsox 
Liicius,  du  Gadus  Lota,  de  la  Pet^ca  fluvlaUlis,  de  la  Perça  Samira  et  du  Salmo  (1). 

Après  une  introduction  historique  relative  au  cerveau  des  Poissons,  G.  Busch  trace  une  des- 
cription du  cerveau  des  Squales,  des  Ilolocéphales  (Chimères  et  Calorinques)  et  des  Ganoïdes 
(Esturgeons,  Amias,  Lépisostées,  etc.).  Le  travail  est  accompagné  de  trois  planches  d'une  bonne 
exécution  (2). 

Ecker  a  observé  le  mode  de  développement  des  libres  nerveuses  dans  l'épaisseur  des  plaques 
électriques  et  dans  les  troncs  nerveux  qui  s'y  distribuent.  Ce  mode  de  développement  ne  diffère 
pas  notablement,  du  reste,  de  celui  que  l'on  constate  dans  d'autres  organes.  Ecker  fait  en  outre 
remarquer  combien  l'étude  du  développement  des  fibres  nerveuses  est  facile  dans  l'organe  élec- 
trique, comparativement  à  ce  qui  a  lieu  pour  d'autres  organes  (3). 

Une  controverse  qui  s'est  établie  au  sujet  de  ce  mémoire  entre  Ecker  et  Wagner  est  relative  au 
trajet  des  nerfs  dans  l'organe  électrique  (4). 

Stannius  a  donné  une  bonne  description  générale  du  système  nerveux  des  Poissons  (5).  Un 
autre  travail  de  Stannius  est  le  plus  complet  qui  ait  été  publié  sur  le  système  nerveux  périphérique. 
Il  contient  une  description  détaillée  des  nerfs  crâniens,  des  nerfs  spinaux  et  du  grand  sympathique. 
Portant  sur  un  nombre  très  considérable  de  types  différents,  ce  travail  restera,  longtemps  encore, 
la  base  de  toutes  les  recherches  à  entreprendre  sur  le  système  nerveux  périphérique  (6). 

Brown-Séquard  croit  pouvoir  établir  que  dans  la  série  animale,  ce  sont  les  Poissons  en  général 
qui  ont  la  faculté  réflexe  la  moins  développée.  Les  grosses  espèces  l'emporteraient  sur  les  petites 
quant  à  l'énergie  (7). 

Béraud,  ayant  étudié  le  système  nerveux  viscéral  des  Poissons  et  la  disposition  des  ganglions 
sympathiques,  croit  à  l'absence  de  communication  entre  le  système  nerveux  sympathique  et  le 
système  nerveux  central,  ce  qui  luj  fait  admettre  que  les  ganglions  nerveux  sont  des  cerveaux  isolés 
et  indépendants  (8). 

Une  note  de  M.  Robin  fournit  d'intéressants  détails  sur  l'origine  de  la  cinquième  paire  chez 
la  Lamproie.  La  racine  postérieure  est  décrite  comme  ayant  son  origine  réelle  au  faisceau  posté- 
rieur, en  arrière  du  sillon  qui  sépare  la  moelle  allongée  de  l'encéphale.  La  racine  antérieure  est 
indiquée  comme  naissant  du  faisceau  antérieur  de  la  moelle  allongée;  le  cervelet  est  reconnu  plus 
petit  encore  que  chez  les  Bati'aciens,  le  nerf  auditif  naissant  de  la  moelle  allongée.   L'auteur 

(1)  Zw  Lehve  von  dem  Verhàltmss  der  Guwjlienkorper  su  den  Nervenfasern  (Mit  kupferlaf.  Leipzig.  1S18). 

(2)  De  Selachiorum  et  Ganoïdeoruin  encephalo.  — Diss.  iiiaug.  Bei-ol.  3  Taf.  (1818). 

(3)  Einifjc  Dcobachtungcn  ilber  die  Entwickluny  der  Nerveii  des  electrisclicn  Organs  von  Torpédo  Galvani  fZeitsch.  f. 
wiss.  Zool.  mil  AIjIj.,  p.  38-47.  1818-49). 

(4)  Wagner,  R.  Einige  Bemerkungen  zu  dem  Aufsatze  des  Herrn  Professor  Ecker  i  Ueber  die  Entwicklung  der  Nerven 
des  electrischen  Organs  ».  (Zeilsch.  f.  wiss.  Zool.,  T.  I,  p.  255-257.  1849). 

(5)  Manuel  d'anaiomie  comparée  de  Siebold  et  Stannius  (Paris.  T.  II.  1849).  —  (Syst.  nerveux  et  organes  des  sens, 
chap.  IV,  p.  56  à  94). 

(6)  Dus  peripherischc  Nerrensystem  der  Fische  (5  Taf.).  Ilostock  (1849). 

(7)  Sur  les  di/férences  d'énergie  de  la  faculté  réflexe  suivant  les  espèces  et  les  âges  dans  les  cinq  classes  des  Vertébrés, 
((^ompt.  rend.  d.  la  Soc.  de  Biologie.  1849;. 

(8)  Sur  le  système  nerveux  viscéral  des  Poissons.  (Soc.  de  Diologie,  févr.  1819). 


IIISTOIUQUE.  23 

constate,  en  outre,  l'absence  des  sixième  et  septième  paires  de  nerfs,  le  volume  exceptionnel  de 
la  glande  pituitaire,  de  la  glande  pinéale  et  des  tubercules  optiques  (1). 

On  trouve  dans  un  mémoire  de  Kôllikcr,  parmi  des  observations  touchant  la  névrologie.  quel- 
ques passages  relatifs  au  système  nerveux  des  Poissons  (2).  On  a  du  même  anatomisle  un  travail 
sur  le  cerveau  et  les  organes  électriques  du  Mormyrus  longipcnnis  chez  lequel  il  constate  les  parti- 
cularités anatomiques  observées  jDar  Erdl  chez  les  Mormyrus  oxyrhynchus  et  dorsulis.  L'auteur 
s'est  occupé  de  rechercher  la  signification  de  certains  tubes  nerveux  observés  dans  le  nerf  élec- 
trique du  Mormyre  (3). 

Harless  lait  reHian|uer  la  disposition  caractéristique  des  fibres  dans  les  différentes  parties  de 
l'organe  auditif  du  Brochet,  et  indique  les  dimensions,  le  contenu  et  les  rapports  des  cellules  ner- 
veuses du  nerf  acoustique  chez  ce  type  (4). 

Un  mémoire  de  Valcntin  sur  l'électricité  des  animaux  contient  de  nombreuses  observations 
faites  sur  certains  Poissons  électriques  (Torpcdo,  Narcine  hrasiUensis,  Gymnutns,  Malapterurus, 
Tetrodon,  TricUurus) ,  principalement  la  Raie.  L'étude  anatomique  et  physiologique  que  fait 
l'auteur  sur  l'organe  électrique  de  ces  Poissons  a  pour  but  de  démontrer  l'influence  du  fluide  ner- 
veux sur  les  courants  électriques  (5). 

Un  exposé  très  méthodique  avec  une  synonymie  fort  détaillée  pour  chacune  des  parties  dont 
l'encéphale  des  Poissons  d'eau  douce  de  notre  pays  se  compose,  a  été  donné  en  1850  par  M.  Klaatsch. 
Après  une  description  générale  du  cerveau  et  l'énumération  de  ses  parties,  l'auteur  donne  une 
classification  des  Poissons  d'eau  douce  fondée  sur  le  mode  d'organisation  de  l'encéphale.  Cette 
classification  est  suivie  d'une  description  assez  étendue  du  cerveau  du  Brochet  {Esox  Ltichis)  et 
de  la  Carpe  {Cyprinus  Carpio).  Klaatsch  étudie  les  raj)ports  de  volume  et  de  dimension  des  difl"é- 
rentes  parties  de  l'encéphale  et  donne  une  description  détaillée  de  la  forme,  des  caractères  exté- 
rieurs de  chacune  de  ces  parties  dans  les  différents  types.  Le  travail  se  termine  par  un  court 
appendice  où  se  trouvent  mentionnés  les  résultats  de  quelques  expériences  physiologiques  pra- 
tiquées sur  l'encéphale  (6). 

Czermack  signale  dans  l'Esturgeon  la  division  el  la  ramification  des  fibres  primitives  du  nerf 
acoustique.  Il  indique  le  mode  de  préparation  qu'il  a  employé  pour  ses  recherches  sur  le  laby- 
rinthe (7).  Le  même  auteur  résume  très  succinctement  des  observations  intéressantes  sur  le  mode 
de  distribution  des  nerfs  de  la  vessie  natatoire  du  Brochet  (8). 

On  trouvera  dans  un  mémoire  de  R.  Leuckart  quelcpics  aperçus  relatifs  au  développement  de 
l'encéphale  des  Raies  f9). 

(1)  Recherches  sur  le  système  nerveux  des  Lamproies  (Petromyz.  mariniis){Compl.  rend.  ctMém.  de  la  Soc.  do  Biologie, 
6  janvier  1819). 

(2)  Neurologische  Bemerkungcn  (Aciudu-.  f.  wiss.  Zoolog.  T.  I,  p.  135-113-1  li-l5J-lû8-lo3.  1819). 

(3)  Uebcr  die  electrischen  Organe  der  Mormyrus  longipcnnis  (Berichi  von  d.  kôn.  Zoot.  anslulli.    in  Wùrzburg, 
p.  9-13.  1819). 

(i)  (Haiidworterbucli  der  l'Iiysiologie.  I!d  iV,  p.  391)  (.\rliii.  Iloren)  de  1819  à  1853. 
(5)  Electricité  des  animaux  (Hamiw.  der  Piiysiologie.  Vol.  I.  1850). 
6)  De  cercbris  Pisrium  Ostacanthorum  aquas  nostras  incolcntium  (avec  l  pi.). 

(7)  Verdstelungcn  der  l'rimilivfuscrn  des  !S'ervusacuslicus  (Zeils.  f.  wiss.  Zool.,  1  Taf.  T.  11.  1850). 

(8)  Vorlàufige  Mitlheilungenuber  die  Schwimmblase  von  Esox  lucius.  (Zeliscli.  f.  wiss.  Zool.  T.  Il,  p.  I2I-1-23.    ?850). 

(9)  Ucber  die  allmdhlige  Dildung  der  Korpergi'slalt  bel  den  Rnclien.  Zur  Enlwickelungsgeschichte  ron   Torpcdo  mar- 
morala(l  Taf.).  —  (Zeitscli.  f.  w.  Zoolog.  T.  Il,  p.  -25-1-207.  1850). 


24  INTRODUCTION. 

Siannius,  couslata  chez  les  Poissons,  à  la  différence  des  Mammifères,  des  divisions  fréquentes 
des  fibres  primitives  (1). 

Dans  un  travail  sur  les  canaux  muqueux  des  Poissons  osseux,  Leydig  donne  une  description 
détaillée  du  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  l'intérieur  de  ces  canaux.  Prenant  comme  type  la 
Grémille,  Leydig  établit  que  chaque  filet  nerveux,  après  avoir  pénétré  dans  le  canal  muqueux  par  un 
orifice  interne,  s'y  termine  par  un  petit  renflement.  Chaque  renflement  se  compose  d'une  couche 
intérieure  jaunâtre  et  d'une  couche  extérieure  transparente.  La  couche  périphérique,  assez  épaisse, 
est  formée  de  petits  corps  allongés,  de  couleur  claire,  ressemblant  à  des  bâtonnets.  La  couche  cen- 
trale est  formée  par  une  sorte  d'épanouissement  terminal  du  tronc  nerveux.  Celui-ci  se  compose 
d'abord  de  fibres  nerveuses  à  moelle  qui,  en  pénétrant  dans  le  canal  muqueux,  offrent  d'assez  nom- 
breuses subdivisions.  Ces  fibres  primitives,  en  se  distribuant  à  la  surface  du  renflement  terminal, 
décrivent  des  sinuosités  et  se  résolvent  en  fibrilles  d'une  finesse  extrême.  Leydig  donne  ensuite  les 
résultats  d'autres  observations  faites  sur  la  Lota  vulgaris,  le  Brochet,  le  Leucisciis  dobida,  la 
Perche,  le  Lepidoleprus.  Il  conclut  de  ses  recherches  que  le  système  nerveux  appartenant  au 
système  des  canaux  muqueux,  constitue  un  appareil  spécial  de  sensations  particulier  aux  Poissons. 
Quelques  figures  destinées  à  l'intelligence  du  texte  en  rendent  la  lecture  facile  (2) .  En  examinant 
les  nerfs  courant  le  long  de  la  mâchoire  inférieure  de  la  Perche  de  rivière,  le  même  savant  constate 
qu'à  chaque  ouverture  des  canaux  muqueux,  un  petit  rameau  nerveux  les  pénètre;  ce  rameau 
s'élargit  et  se  termine  en  un  corpuscule  jaunâtre.  Les  terminaisons  nerveuses  sont  ensuite  étu- 
diées au  point  de  vue  histologique  (3). 

Dans  un  mémoire  sur  l'anatomie  et  la  physiologie  delà  Chimère,  Leydig  s'occupe  de  la  struc- 
ture des  corps  ganglionnaires  et  des  fibres  nerveuses  primitives  ainsi  que  de  leurs  rapports  entre 
eux.  A  la  description  de  l'oreille,  il  indique  le  mode  de  terminaison  du  nerf  auditif,  la  disposition  et 
la  structure  des  fibrilles  nerveuses,  et  au  chapitre  concernant  les  canaux  muqueux,  le  trajet  des 
fibres  nerveuses  et  leur  terminaison  dans  l'ampoule  (4).  Enfin,  bientôt  après,  il  livre  quelques 
observations  intéressantes  sur  les  renflements  nerveux  des  canaux  muqueux  des  Lepidoleprus, 
Umbrina  et  Corvina.  Il  fait  remarquer  que  ces  renflements  nerveux  qu'il  considère  comme  des 
organes  d'un  sens  particulier,  sont  très  développés  dans  ces  trois  types  (5).  On  lui  doit  encore 
une  description  succincte  des  nerfs  de  la  peau,  de  leur  distribution  et  de  leur  mode  de  terminaison 
dans  les  papilles  de  la  surface  extérieure  (6). 

Jobert  (de  Lamballe)  dans  ses  Considérations  sur  les  appareils  électriques  de  la  Torpille  et  du 
Gymnote,  formule  les  conclusions  suivantes  :  «  L'appareil  électrique  est  seul  l'agent  producteur  du 
fluide  électrique,  les  nerfs  qui  s'y  rendent  n'étant  pas  spéciaux.  «  Tous  les  appareils  électriques 


(1)  (Archiv  f.  Physiol.  Ileilliiinde,  p.  75.  1S50). 

(2)  Veber  die  Sclileimknnàlr  der  Kmcheiifische  (MWar's  Archiv,  ji.  170-181.  mit  Taf.  1850). 

(3)  Vorlaûfige  Notiz  ubcr  ein  eigenthumlichcs  Verkallen  dcr  Nervcn  in  dm  Schtcimcandlen  des  Kaulbarsches  (Tagsber. 
Fror.  Nol.,n°  79,  p.  121.  1850). 

(4)  Zur  Anatomie  und  Uislologie  der  Chhmcm  moiistrusa,   1  Taf.  (Muller's  Archiv,  p.  211-271.  1851). 

(5)  Ueber  die  Nerocnknopft'  indmSchleinikandlenvonLepidoleprm,  Umbrina  und  Corvina  (Mùller's  Archiv,  p.  235-239, 
mit  Abb.  1851). 

(6)  Ueber  die  Haut  einiijer  siisswasser  Fische  (Zcitscb.  f.  Zool.  T.  111,  p.  1-12,  mit  Abb.  1851). 


HISTORIQUE.  25 

des  Poissons  se  ressemblenl  par  leur  structure  et  ne  diffèrent  entre  eux  que  par  le  volume  des 
nerfs  et  de  l'appareil  (1).  » 

.1.  Millier,  eu  son  Traité  de  physiologie  (2),  donne  certaines  indications  relatives  aux  organes 
électriques  des  Poissons  (3)  et  aux  particularités  anatomiques  et  physiologiques  qu'affectent  les  nerfs 
chez  les  différents  types  (4).  La  partie  traitant  de  la  coinparaisoii  du  cerveau  des  Vertébrés  com- 
prend aussi  une  description  dos  différentes  parties  de  l'encéphale  des  Poissons,  suivie  d'une  inter- 
prétation personnelle  de  l'auteur  sur  les  lobes  optiques  (5). 

Poursuivant  des  recherches  microscopiques  sur  le  nerf  acoustique  des  Vertébrés,  Slannius  a 
constaté  que  ce  nerf  contient  presque  exclusivement  des  corps  ganglioiniaires  bipolaires  qui  don- 
nent naissance  à  des  fibres  nerveuses  larges  ou  étroites  dont  la  dimension  présente,  surtout  chez 
les  Poissons,  une  différence  frappante  à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  ces  corpuscules.  Ceux-ci  ont  été 
observés  à  l'état  bi  ou  multipolaire  dans  les  ganglions  périphériques  et  dans  quelques  nerfs  de 
diverses  espèces  (6). 

Une  observation  de  Max  Schultze  porte  sur  le  système  nerveux  d'un  jeune  Amphioxus  (7).  Une 
figure  jointe  à  cette  observation  offre  un  schéma  de  l'axe  nerveux  cérébro-spinal  (8). 

Des  recherches  exécutées  en  commun  par  Wagner,  Billroth  et  Meissner  sur  l'organe  électrique 
de  la  Torpille,  ont  pour  objet  la  structure  intime  de  cet  organe,  le  mode  d'épanouissement  des 
fibres  nerveuses  et  le  mode  de  terminaison  des  nerfs  qui  ne  s'effectuerait  pas  en  anses.  Les  auteurs 
s'attachent  surtout  à  démontrer  la  composition  des  lobes  électriques  en  tant  qu'appareil  nerveux 
central  de  l'organe  électrique  et  le  rapport  des  corps  ganglionnaires  avec  les  fibres  nerveuses. 
Abordant  la  question  de  l'indépendance  de  l'aclivité  musculaire  à  l'égard  du  système  nerveux,  ils 
ont  trouvé  la  Torpille  propre  à  favoriser  des  recherches  sur  les  ramifications  nerveuses  dans  les 
muscles  (9). 

Wyman  a  donné  successivement  une  étude  du  cerveau  et  du  cordon  médullaire  du 
Cyclopturus  lumpus  (10)  et  une  étude  du  cerveau  et  du  cordon  médullaire  du  Lophius  ameri- 
camis  (M). 


(1)  (Compt.  rend.  Acad.  des  se.  T.  XXXllI,  p.  41-42.  14  juillet  1851). 

(2)  Traduit  de  l'alloinaiid  sur  la  dernièi-e  édition  par  Joui-dan,  320  fig.,  l  pi.  2' édition  revue  et  annotée  par  E.  I.ittré 
1851). 

(3)  Tome  I",  p.  58  et  suiv. 

(4)  Tome  I'^'',  section  IV,  ciiap.  r',  «  Dos  propriétés  des  nerfs  sensoriels  »,  p.  712  et  suiv, 

(5)  Tome  I",  section  V,  ciiap.  m,  «  Du  cerveau  »,  p.  7ÔG  cl  suiv. 

(6)  Neurologische  Erfahrungen  (Nachricht.  v.  d.  univ.  Gi-sseil.  d.  Wiss.  zu  Giiltingen.  T.  VIl-VllI,  nM7,  p.  235. 
1851-1852). 

(7)  Beohachtung  junger  Exemplare  von  Amphioxus  {Zeil.  f.  w.Zool.  .Mit  Taf.,  T.  111,  p.  416-419.  1851). 

(8)  PL  XUI,  fig.  V. 

(9)  Bericht  liber  die  gemeinsciiuftUch  mit  Herrn  liiUroth  aus  Greifswald  und  Meissner  ans  Hannover  im  Lauf  der 
Scptember  Im  Trlest  ats  Fortsetzung  seiner  nenrologisclien  Unlersurliungen  am  Zitlerroclien  angestellten  Deobaclitungen 
vonli.  WiigneriyMhv.  v.  der  luinig.  Gessells.  dcr  Wiss.  zu  Gottingen,  n»  II,  p.  1S5.  IS5I.  —Expériences  sur  la  Torpille 
—  l'Institut,  XX,  n°950,  p.  85-87.  1852). 

(10)  On  the  brain  and  spinal  cliord  of  the  Lumpfish  (Cyclopterus  lumpus)  (Procced.  Boston  Soc.  nat.  liist.  T.  IV, 
p.  81-83.  1851). 

(11)  Un  Ihe  brain  and  spinal  citord  of  Lophius  americanus  (l'rocood.   liosion,  Soc.  nalur.   Iiist.  \oi.  1\',  p.  UD-lSl 
1852J. 

A 


26  INTRODUCTION. 

L'appareil  folliculaire  nerveux  de  la  Torpille  et  les  canaux  muqueux  des  Poissons  cartilagi- 
neux ont  été  étudiés  par  II.  Mûller  (1). 

Traitant  de  l'anatoniie  des  Raies  et  des  Squales,  Leydig  remarque  dans  la  rétine  du  Galeus 
Canis  et  de  la  Raja  bâtis  la  communication  de  cellules  à  prolongements  bipolaires  avec  les  fibres 
optiques.  Il  trouve  aussi  chez  le  Scijimius  lichia,  tous  les  corps  nerveux  du  trijumeau  de  nature 
bipolaire  et  la  substance  de  ces  corps  en  communication  avec  le  cylindre -axe  des  fibres  ner- 
veuses (2). 

Dans  une  étude  histologique  du  système  nerveux,  Marcusen  a  observé  et  poursuivi  des  termi- 
naisons nerveuses  libres  dans  l'organe  électrique  de  la  Torpille  (3). 

H.  Mùller  produit  le  résultat  d'observations  microscopiques  sur  les  nerfs  de  l'organe  électrique 
de  la  Torpille.  L'étude  concerne  le  développement,  la  distribution  périphérique  et  la  terminaison 
des  fibres  nerveuses  (4). 

Eu  1852,  MM.  Philippeaux  et  Vulpian  publièrent  un  mémoire  ayant  pour  objet,  disaient-ils, 
a  de  montrer  que  l'encéphale  des  Poissons  est  composé  des  mêmes  parties  que  celui  des  animanx 
vertébrés  supérieurs,  et  que  ces  parties,  à  très  peu  de  différences  près,  sont  disposées  de  la  même 
façon  ».  Ces  savants  ayant  reconnu  plus  tard  qu'ils  s'étaient  mépris  relativement  à  quelques-unes 
de  leurs  interprétations,  nous  croyons  inutile  d'insister  sur  le  travail  (5).  Le  mémoire  qu'ils  ont 
présenté  à  l'Académie  en  1862  est  resté  inédit.  Résumant  leurs  recherches  antérieures,  les  mêmes 
savants  s'occupent  chez  les  Poissons  cartilagineux  de  la  structure  de  l'encéphale  et  de  l'origine  des 
nerfs  (G). 

En  4853,  G.-G.  Carus  et  d'Alton  mettent  au  jour  d'assez  bonnes  figures  du  système  nerveux  de 
VAmpJiioxus,  de  l'encéphale,  des  nerfs  cérébraux  et  des  nerfs  de  la  moelle  épinière  de  divers  Pois- 
sons [Liicioperca  sandra,  Clupea  harengus,  Esox  lucius,  Petromyzon  marimis,  Cuprinus  riitilus, 
Cyprinus  carpio,  Sqiialus  mustelus)  (7). 

Puis,  F.  Leydig  confirme  par  des  recherches  sur  les  Poissons  cartilagineux  les  observations 
d'Ecker  qui  avait  démontré  sur  les  Poissons  osseux  la  structure  vasculaire  de  l'hypophyse  (glande 
pituitaire).  Quant  à  la  glande  pinéale,  sa  nature  serait  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  l'hypophyse, 
et  elle  n'en  différerait  que  par  quelques  modifications  secondaires  dans  la  disposition  des  cellules 
et  par  l'absence  de  globules  graisseux  (8). 

(I)  Die  ncrvôfe  FollikelappamtderZittcrrochenunddie  sogenannten  Schleimkandleder  Knorpdfische  (i851)(Verliandl. 
d.  Phys.  iiied.  Ces.  in  Wurzburg.  Rd  2,  p.  I3-i-li9.  1S52). 

("2)  Beitrage  zur  milcroscopischcn  Anatomie  und  Entwickeluwjstjeschichtc  dcr  Rochon  und  Unie  (4  Taf.  Leipzig,  in-8, 
1852). 

(?,)  Zur  Histologie  des  Nervensystems  (Tagsberichte  iiberdie  FortschriUe  derNatur.  u.  Heilkunde  v.  r.  Froviep.  ■\\eimar. 
Bd  m,  p.  73-7S.  1852). 

{Il)  Zur  Démonstration  der  Nerven  im  clectrischen  Organ  dey  Zitterrochen  (Verhand.  der  IMiysik.  raedic.  Gessells.  in 
Wiirzboiug.  lid  II,  p.  21  à  2i.  1852). 

(,"))  Dftennination  des  parties  qui  constituent  l'encéphale  des  Poissons  (Compt.  rend,  de  l'Acad.  des  se.  T.  \\\1\, 
p.  537-512.  1852). 

(0)  Mémoire  sur  la  structure  de  l'encéphale  des  Poissons  carliluijineux  et  sur  l'origine  des  nerfs  crâniens  chez  ces 
Poissons  (aie.  de  pi.  expl.),  extrait  par  les  auteurs  (Compl.  rend.Ac.  se.  T.  X.KXVIl,  p.  3il-34i.  1853). 

(7)  Tahulœ  anatomiam  comparativam  illustrantes.  8"  partie,  pi.  IV. 

(8)  Analomisch-hisloloyische  Untersuchirngen  Ul)er  Fischeund  Reptilien  (iTaï.).  Berlin  (1853). 


HISTOIUQUH.  27 

On  doit  consuller  un  mémoire  de  Jcflreys  AVyiiiau  pour  un  passage  relalil'  au  nerf  optique 
d'un  Poisson  aveugle,  VAiHbhjopsis.  Deux  ligures,  dont  une  de  l'encéphale,  accompagnent  le 
texte  (1). 

Dans  une  étude  sur  les  Leptocephalm  et  IlelmkJitlii/.s,  KoUiker  indique  quelques  laits  inté- 
ressants touchant  l'encépliale,  la  moelle  et  les  nerfs  périphériques  de  ces  Poissons  (2).  D'autre  part, 
ce  savant  appelle  l'attention  sur  certains  organes  d'une  nature  particulière  contenus  dans  la  peau 
du  ChuuUodus,  et  il  signale  une  particularité  des  filets  nerveux  qui  se  rendent  à  ces  organes  (3). 
Enfin,  il  communique  une  note  sur  la  structure  intime  des  nerfs  électriques  du  Malaptérure, 
signalant  les  particularités  uniques  dans  le  règne  animal  que  lui  a  offertes  l'organe  électrique  des- 
servi par  les  seules  fibres  nerveuses  à  bords  foncés  du  tronc  du  nerf  électrique  (4). 

Des  communications  de  Marcusen  à  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg  constatent  Tidentilé  de 
structure  de  l'organe  électrique  du  Silure  avec  celui  des  autres  Poissons  électriques.  Les  seules 
différences  concernent  la  disposition  des  cellules  dans  les  plaques  et  une  particularité  du  nerf 
électrique  qui  consiste  en  une  seule  fibre  nerveuse  primitive  ramifiée  dans  son  treajet  ultérieur.  Il 
en  résulte  que  le  nerf  électrique,  à  la  façon  d'un  nerf  moteur,  dirige  vers  l'organe  électrique  cette 
impulsion  centrifuge  qui  provient  de  l'organe  central  et  provoque  le  développement  d'électricité 
libre  qui  dépend  des  conditions  de  structure  de  l'appareil  (5). 

Traitant  d'un  sujet  analogue,  Pacini  étudie  l'anatomie  de  la  pile  animale  chez  les  Poissons 
électriques  et  compare  l'organe  électrique  de  la  Torpille  à  celui  du  Gymnote.  «  Dans  la  Torpille, 
dit  ce  savant,  ce  sont  les  nerfs  qui  prédominent  et  les  matériaux  qui  sont  en  moins  grande  quantité, 
tandis  que  chez  le  Gymnote  ce  sont  les  matériaux  qui  dominent  et  les  nerfs  qui  font  défaut  (6|.  » 

Stannius,  en  constatant  les  faits  de  renouvellement  qui  se  produisent  dans  l'évolution  des 
formations  histologiques,  comprend  les  Poissons  dans  la  règle  générale  et  fait  à  ce  sujet 
diverses  remarques  sur  le  mode  de  renouvellement  de  leurs  nerfs  et  des  corps  ganglionnaires  (7). 

M.  Duvernoy,  donnant  l'analyse  du  mémoire  de  MM.  Philippeaux  et  Vulpian  sur  la  structure 
des  différents  organes  qui  composent  l'encéphale  des  Poissons  Sélaciens  et  sur  l'origine  de  leurs 
nerfs  crâniens,  mentionne  les  résultats  auxquels  sont  arrivés  ces  auteurs  relativement  à  la  struc- 
ture du  bulbe  rachidien  et  à  la  détermination  et  l'origine  profonde  d'une  partie  des  neifs  crâ- 
niens (8). 

(1)  Uehcr  dus  Auge  und  dus  Gchoror(jan  bci  dcn  lilindcn  /•'/.sc/fe/t  (Amblijoiisis  spelacus)  aus  der  Mammuthhôhle 
(Miiller's  Archiv,  p.  574-57(5.  1853). 

(2)  Bauvoii  Lcptoccphalus  und  Udmkhtlujs  (Zeilscli.  f.  w.  Znol.  T.  IV,  p.  3G3.  1853). 

(3)  EigenthûmUchc  llnuionjaneund  Wirbel  von  Cliautludus  (Zeits.  f.  vv.  Zool.  BJ  IV,  p.  366-367. 1853). 

(l)  Notiz  ûbci-  die  electrischen  Nerven  des  Maliijilerunis  (Vcrluimll.  il.  phys.  med.  Gcs.  in  Wûrzburg,  i'  l!il,  !  LIeft., 
p.  10-2-lOi.  1853). 

(5)  MiUheiltingcn  iibcr  das  eleclrische  Onjan  der  Zitteraels  (\.u  le  il  udobie  1853) (Bull.  phys.  nialh.  do  l'Acad.  imp. 
dos  se.  de  Saint-l'otorsliourg.  T.  Xll,  p.  :203-"208). 

(G)  Sur  ta  structure  intime  de  l'organe  électrique  de  ta  Torpille,  du  Gymnote  et  d'autres  Poissons,  sur  tes  conditions 
électro-motrices  de  leurs  organes  électriques  et  leur  comparaison  respective  avec  ta  pile  thermo-électrique  et  la  pile  voltaique 
(Arciiiv.  se.  piiys.  cl  iiat.  T.  XXIV,  p.  313-336.   1853). 

(7)  Ucobaclitinigen  iibrr  \'erjHnijU)iysvorgàngr  im  Ihicrisclien  Organismus.  Hostoek.  ii.  .Siliworin.  x  vol.(l85;!i. 

(8)  Kapporl  sur  un  iiioiiioire  do  M.M.  I'iiilippcau.\  ol  Vid|uaii,  ([ni  a  pom-  .dijot  la  structure  de  l'encéphale  des  Haies  et  des 
Squales  cl  l'origine  des  nerfs  crâniens  chez  ces  Poissons  (Uuvornoy,  rapporlour)  (Coiiipt.  rond.  Ae.  des  se.  T.  XXWIIl, 
p.  336-344.  1854). 


28  INTRODUCTION. 

Les  observations  de  M.  Serres  sur  ce  rapport  concernent  la  détermination  des  éléments  de 
l'encéphale  des  Poissons.  M.  Serres  combat  comme  erronée  l'assimilation  des  lobes  optiques  des 
Poissons  avec  les  hémisphères  cérébraux  des  autres  classes  des  Vertébrés.  Dans  son  opinion , 
les  éminences  mamillaires  de  l'encéphale  de  l'Homme  ne  peuvent  exister  chez  les  Poissons  ;  le 
lobule  situé  à  la  base  de  l'encéphale  des  Sélaciens  et  des  Poissons  osseux  doit  être  assimilé  au 
tuber  cinereum  des  autres  classes  (i). 

Aux  objections  de  M.  Serres,  M.  Duvernoy  répond  en  faisant  un  nouvel  exposé  des  détermina- 
tions adoptées  par  MAI.  Philippeaux  et  Vulpian  sur  les  lobes  optiques  des  Poissons  et  sur  leurs 
hémisphères,  et  par  l'énumération  des  animaux  qui  possèdent  ces  éminences,  entre  autres  les 
Poissons  Sélaciens  (2). 

Dans  une  réplique  à  la  réponse  de  M.  Duvernoy,  M.  Serres  insiste  sur  les  difficultés  que  pré- 
sente la  détermination  des  parties  de  l'encéphale  des  Poissons  (3),  et  il  pose  en  fait  que  les  lobes 
optiques  de  ces  animaux  ne  sont  pas  les  analogues  des  hémisphères  cérébraux  de  l'Homme  et  des 
Mammifères,  mais  les  représentants  des  tubercules  quadrijumeaux  (4). 

M.  Duvernoy  revient  sur  l'existence  des  éminences  mamillaires  caractérisées  non  seulement 
chez  l'Homme,  mais  chez  tous  les  Vertébrés,  par  trois  circonstances  anatomiques  :  nature  de  la 
substance  des  éminences;  rapports  de  position  et  déconnexion;  existence  simultanée  des  émi- 
nences mamillaires  et  du  tuber  cinereum  (5). 

Des  recherches  d'embryologie  comparée  de  Lereboullet  contiennent  des  indications  sur 
le  mode  de  formation  et  de  développement  du  système  nerveux  étudié  dans  les  diverses  phases  de 
l'évolution  de  l'embryon  du  Brochet  et  de  celui  de  la  Perche,  ainsi  qu'un  lableau  comparatif  des 
ressemblances  et  des  différences  que  ce  mode  présente  dans  ces  deux  types  (6). 

Un  mémoire  de  Marcusen  sur  la  famille  des  Mormyres  contient  des  détails  sur  l'encéphale, 
les  nerfs  et  l'organe  électrique  de  ces  Poissons.  L'auteur  a  établi  dans  cette  famille  un  nouveau 
genre,  d'après  certains  caractères  extérieurs  et  des  différences  dans  les  rapports  d'organisation.  Les 
genres  qu'il  admet  sont  donc  au  nombre  de  trois  :  le  genre  Mormyrus  de  Linné,  le  genre  Morinijrops 
de  Mûller,  et  le  genre  nouveau  qu'il  nomme  Pctrocephalus  et  dont  il  donne  les  caractères  (7). 

La  thèse  d'un  anatomiste  nommé  Fischer  a  été  consacrée  aussi  à  l'organe  auditif  du  type  des 
Mormyres  (8). 

D'une  étude  de  la  moelle  épinière  des  Poissons,  Owsjannikow  est  arrivé  aux  conclusions  sui- 

(1)  Observations  de  M.  Serres  (Compt.  rend.  Acad.  d.  se.  T.  XXXVIII,  p.  oU.  1854). 

(2)  Réponse  de  G.  L.  Duvernoij  aux  observations  critiques  de  M.  Serres  et  du  professeur  Cli.  Bonaparte  sur  le  rapport 
qu'il  avait  lu  dans  la  séance  précédente  (Compt.  rerd.  Ac.  se.  T.  XXXVIII,  p.  36G-370.  1851). 

(3)  Remarques  de  M.  Serres  sur  l'encéphale  des  Poissons  (Compt.  rend.  Ac.  se.  T.  XXXVIII,  p.  371-376.  185i). 

(l>  Deuxièmes  remarques  sur  l'encépliate  des  Poissons  (Compt.  rend.  Aead.  des  se.  T.  XXXVIII,  p.  42i-i27.  185i). 

(5)  Nouvelle  réponse  de  M.  Duvernoy  aux  secondes  observations  critiques  de  M.  Serres  (Séance  du  G  mars  1854.)  (Compi. 
rend.  Acad.  des  se.  T.  XX.WllI,  p.  4"2l-i2l.  1854). 

(G)  lii'sumé  d'un  travail  d'embryologie  comparée  sur  le  développement  du  Brochet,  de  la  Perche  et  de  l'Écrevisse  (Ann. 
des  se.  nat.  T.  I,  i"  série,  p.  237-289.  —  T.  Il,  p.  39-80.  1854).  (Ce  mémoire  a  été  imprimé  dans  :  Mém.  Sav.  Élrang.  Paris, 
Ac.  se.  XVil,  p.  447-805,  G  pi.  18G2.) 

(7)  Sur  les  Poissons  de  la  famille  des  Mormyres  (liull.  Acad.  de  Saint-Pétersbourg.  T.  XII.  185i.  —  L'Institut,  XXII, 
n"  1085,  p.3GI.  1854).. 

(8;  Ueberdas  Gehôrorgan  dcr  Fischyatlunrj  i)/orwj(/)'HS(Inauguraldiss.,  mit  1  litli.  Taf.  Freiburg.  1854). 


HISTORIQUE.  29 

vantes:  Toutes  les  fibres  des  nerfs  spinaux  qui  enlienl  clans  la  moelle  épinicre  sont  en  communi- 
cation avec  des  cellules  ganglionnaires.  —  A  chaque  cellule  ganglionnaire  se  rattaclient  trois 
filets,  l'un  provenant  de  la  racine  spinale  antérieure,  l'autre  de  la  postérieure,  le  troisième  de 
la  seconde  partie  de  la  commissure  de  la  moelle  épinière.  —  De  chaque  cellule  de  la  moelle  épi- 
nière  i)ai  I  un  fdet  dirigé  vers  le  cerveau  et  Ibrmant  la  substance  blanche.  —  La  masse  fondamen- 
tale de  la  moelle  épinière  contenant  les  fibres  des  cellules  est  un  tissu  conjonctif  percé  de  nom- 
breuses ouvertures  et  loriiianl  la  substance  grise.  —  Les  cylindres-axes  sont  des  formations 
arrondies  et  sont  composées  de  la  même  substance  que  les  cellules  nerveuses  (1). 

Dans  un  Traité  général  d'anatomie  des  Poissons,  Stannius  étudie  le  système  des  canaux  mu- 
qucux  {Seitencamdsytem)  qui  aboutissent  à  la  peau  et  qu'il  considère,  en  raison  du  nonibn;  et  de 
l'origine  des  nerfs  dont  ils  sont  pourvus,  comme  un  véritable  squelette  périphérique.  Il  passe 
ensuite  aux  organes  électriques,  iiidiquaiU  l'origine,  la  disposition  et  la  structure  de  leurs  nerfs; 
il  s'arrête  également  aux  modifications  que  présentent  les  différentes  parties  du  système  nerveux 
dans  leurs  caractères  extérieurs,  aux  particularités  de  structure,  de  disposition,  d'origine,  de  rap- 
ports des  nerfs  cérébraux  et  des  nerfs  qui  servent  aux  organes  des  sens  dans  les  différentes 
classes  (2). 

Les  résultats  obtenus  par  Wyman  relativement  au  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  les 
feuillets  électriques  de  la  Torpille  concordent  avec  ceux  énoncés  précédemment  par  Wagner  (3). 

Hyrtl  a  contribué  à  l'anatomie  de  l'Hétérotis  en  faisant  connaître  la  signification  physiologique 
de  l'organe  accessoire  de  ses  branchies  qu'il  décrit  comme  organe  respiratoire.  11  s'est  appuyé  pour 
cette  détermination  sur  le  volume  énorme  du  nerf  qui  traverse  l'organe  (4). 

Dans  des  recherches  sur  le  Polypterus  Bichir,  au  chapitre  consacré  aux  organes  des  sens,  Leydig 
décrit  en  peu  de  mots  la  structure  du  nerf  olfactif  comparativement  à  celle  qui  existe  chez  les  autres 
Vertébrés  (5). 

Ecker  a  donné  une  description  anatomique  du  cerveau  du  Mormynis  cyprinoïdes  ;  il  cherche  à 
en  déterminer  les  différentes  parties  (6). 

Un  Poisson  électrique;,  la  Raja  clavatn,  a  eu  son  système  nerveux  décrit  et  figuré  i)ar 
Bonsdorff  (7). 

Dans  une  nouvelle  note,  Ecker  fait  connaître  les  observations  du  docteur  Diliiarz  sur  la  struc- 
ture des  nerfs  électriques  du  Silure  {Mulaptcnn'Ks)  (8).  11  traite  aussi  du  système  nerveux  et  du 
mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  les  plaques  de  l'organe  électrique  du  Mormiji'us  doisalis  (9). 

(1)  Disqiiisitiones  microscopicœ   de  mcdullœ    spinalis  Icxtura ,  impiimis  i»    Pisclbus  fiifUlatœ  (Dissert,  iiiaug.). 
Uorpat.  Ta!).  (I85.i). 

(2)  Handbuch  der  Zootomic.  Sieijold  et  Stannius  (Zweiter  Tlieil.  die  Wirbelthiere  von  II.  Stannius.   1851). 

(3)  On  the  electrical  Organ  of  Torpédo  occideniatis   (Procced.  Boston,  Soc.  nat.  liist.  Vol.  V,  p.  21-22.  1854). 

(i)  lieitrag  zur  Anatomie  von  Ucterolis  EInenliergii i^hzungsh.  d.  math.  nat.  Acad.  zu  Wicn.  lUi  .\1I,  p.  396-399.  185i). 
(5)  Uistniogische  Bcmerkiingen  iiber  den  Poli/ptents  Uirliiri'l  Tat.)  (Zeitscli.  f.  wiss.  Zool.  T.  V,  p.  10-71.   1851). 
(())  Annlomisclie  Bvschrcibung  des   Geliirns  von    Kdipfenartigen   Nil-IIeclit  (Mormynis  Cyprinoides  L.).  —  Leipzig, 
1  Taf.  (1X51). 

(7)  Undersôkningar  af  Nervsijstemet  lins  Rockan  {Raja  clava(a)  (Ofvers.  afFinsk.  Vel.  Soc.  Foiiiandlgr.  2,  p.  10-11  et 
24-25.  185.^). 

(8)  L'eber  den  electrischen  ^"erven  des  ZItlenvehrs  (Zi'itsch.  f.   wiss.  Zoolog.  T.  Vi.  p.  1  i0-li2.  1855). 

(0)  Ui'ber  das  electrische  Organ  von  Mormijrus  dorsalis.  (Beiii-iite  ûlier  d.  verliaiidli;r.  d.  Gess.  f.  Deford.  d.  Naiurwis. 
zu  Freiburg.  llcft.  2,  p.  170-178.  1850).. 


30  -  INTRODUCTION. 

A  l'égard  du  développement  des  Lamproies,  A.  Mùller  a  signalé  un  caractère  tiré  de  la  confor- 
mation rudimentaire  du  cervelet  de  ces  animaux  (1). 

Dans  un  travail  de  Remak,  travail  dépourvu  de  planches,  il  est  traité  de  la  structure  des 
lames  de  l'appareil  électrique  de  la  Torpille  et  du  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  l'épais- 
seur de  ces  lames  (2). 

De  son  côté,  Goodsir  a  étudié  l'appareil  électrique  des  Torpille,  Gymnote,  Malaptérure  et  Raie  (3). 

Kôlliker,  dans  son  Traité  if  histologie,  se  borne  à  quelques  indications  touchant  le  système  ner- 
veux des  Poissons  (4). 

Schultze,  en  traçant  l'histoire  du  développement  du  Petromyzon  Planeri,  a  indiqué  le  mode  de 
formation  de  son  système  nerveux  (5). 

H.  Mùller,  étudiant  la  structure  de  la  rétine  des  Poissons  et  les  divers  ordres  de  cellules  dont 
sont  composées  les  différentes  couches,  a  observé  chez  l'Esturgeon  et  certains  Plagiostomes  des 
fibres  nerveuses  à  double  contour  communiquant  par  leurs  prolongements  avec  les  fibres  du  nerf 
optique.  Il  pense  que  ces  caractères  microscopiques  peuvent  servir  pour  la  distribution  systé- 
matique des  animaux  vertébrés  (6). 

Dans  une  description  de  l'appareil  auditif  du  Petromyzon  Planeri  et  de  l'Ammocète,  Reich 
indique  l'origine  du  nerf  auditif,  les  difiérentes  espèces  de  cellules  dont  il  est  composé  et  les  parti- 
cularités que  présente  son  mode  de  terminaison  périphérique  (7). 

Un  mémoire  de  Rilharz  contient  des  faits  nombreux  sur  le  système  nerveux  du  Silurus 
electricus  [Malapterurus  electricus,  Lacép.),  des  passages  relatifs  au  système  nerveux  central  (cer- 
veau et  moelle),  au  nerf  électrique,  à  la  description  de  l'organe  électrique  du  Malaptérure  et  à  sa 
comparaison  avec  celui  du  Gymnote  et  de  la  Torpille,  ainsi  que  certaines  indications  louchant  le 
système  nerveux  de  ces  Poissons.  Quatre  planches  d'une  bonne  exécution  accompagnent  ce  tra- 
vail important  (8). 

E.  Faivre  déclare  avoir  vainement  cherché  le  Conarium  sur  une  certaine  quantité  d'espèces 
de  Poissons  (9). 

Un  mémoire  de  M.  Schultze  est  l'exposé  de  diverses  observations  faites  sur  les  ampoules  et  les 
autres  parties  du  labyrinthe  des  Raies,  des  Requins ,  du  Rrochet  et  de  la  petite  Lamproie.  Schultze 
recherche  le  mode  de  terminaison  du  nerf  auditif ,  la  nature  et  les  rapports  des  fibres  et  des 
cellules  nerveuses  de  ces  différentes  parties  (10). 


(\)Ueber  die  Entwickelung  der  Neunaugen  {Mnttev's   Archiv,  p.  323-339.    1856.—  Ann.  se    uat. ,  -1=  série.  T.   V, 
p.  375-388.  1856). 

(2)  Ueber  die  Endcn  der  Ncrven  im  clcctrisclicn  Onjan  der  Zitterrochen  (Miiller's  Archiv,  p.  4C7-i72.  1856). 

(3)  OntlieelectncalApijarutusinTorpedo,Gymnotiis,MalaptcrurusandRaia  (Ediii.Med.lJourn.,p.l39-U2-277-282.1856). 

(4)  Histologie,  traduction  française,  p.  213-2U-303-306-307-309-310-322-323-343-358-359-363  (1856). 
(5;  Die  Entwicklungsgcschichte  von  Petromyzon  Planeri.  —Harlem.  1856). 

(6)  Anntomiscli-plu/siologiscke  Uiitersuchungen  iiber  die  Relina  bei  Menschen  und  Wirbellhiere  (Zeils.  f.  wiss.  Zoo. 
P.d  Vin,  Tal.  I  et  III,  p.  1.  1857). 

(7)  Ueber  den  feineren  Bau  des  Gehurorgans  vom  Petromijzon  und  Ammocetes  (Eclser's  Ictyologio.  Frih.  1  Taf.  J857). 

(8)  Das  electrisclie  Orgnndes  Zilterwelses.  Leipzig,  mit  Taf.  (1857). 

(9)  Du  Conarium  et  des  ple.cus  choroïdes  chez  l'homme  et  tes  animaux  (Ann.  des  se.  nat.  T.  1,  p.  72.  1857). 

(10)  Ueber  die  Endigumjsweise  des  Hôrnervcn  im  LabyrMh  (.Mullei's  Archiv,  1  Taf.,  p.  343-381.  1858). 


inSTOlUQUE.  31 

Leuckart  et  Pagenstecher  ayant  étudié  l'anatomie  de  l'Amphioxiis,  insistent  sur  la  forme  et  la 
structure  de  la  moelle  épinièrc,  sur  la  disposition  de  ses  nerfs  et  leur  mode  de  distribution  dans  les 
différents  organes  (1). 

Jobert  (de  Laniballc),  après  avoir  recherché  le  siège  de  l'appareil  électrique  duMalaptérure  (2), 
a,  bientôtaprès,  publié  le  résumé  de  ses  recherches  (pii  a  pour  titre  :  Des  appareils  électriques  des 
Poissons  électriques  (3) . 

Au  sujet  d'observations  relatives  surtout  à  la  .slruclure  de  la  moelle  de  la  Grenouille,  Kolliker 
a  traité  de  la  moelle  des  Poissons,  affirmant  l'existence  de  tubes  nerveux  vrais  dans  les  commis- 
sures postérieure  et  antérieure,  et  signalant  en  onti-n  la  présence  de  libres  partant  de  la  pie-mère  el 
se  prolongeant  à  riiitéricur  jusqu'au  canal  central  (4).  Cette  étude  a  été  suivie  de  plusieurs  autres, 
et  Krilliker  s'occupe  de  lit  terminaison  des  nerfs  dans  Vorfjane  électrique  de  ht  Tarpille.  Il  ne 
trouve  qu'un  é[»anouissement  nerveux  au  côté  inférieur  de  chaque  septum  et  les  nerfs  se  dirigeant 
librement  entre  les  cloisons  jusque  dans  les  loges;  il  poursuit  les  dernières  terminaisons  nerveuses 
dans  les  cloisons  de  l'organe  électrique  jusqu'en  un  réseau  terminal  dontil  donne  la  description  (5). 
S'occupant  ensuite  de  Y  organe  caudal  de  la  Raie  commune,  il  considère  la  disposition  et  le  mode 
de  terminaison  des  nerfs  de  cet  organe  comme  analogue  à  celui  de  la  Torpille  et  constate  l'absence 
de  fdets  nerveux  dans  le  corps  spongieux  (6).  Passant  à  V appareil  folliculaire  nerveux  de  Sari,  il 
confirme  ou  réfute  les  données  de  certains  auteurs  touchant  la  structure  de  cet  appareil  el  la  ter- 
minaison de  ses  nerfs;  il  le  regarde  comme  l'organe  du  toucher  (7).  Au  sujet  des  corpuscules  nerveux 
dans  la  peau  du  Slomias  barbatus,  Kolliker  signale  dans  la  couche  gélatineuse  de  la  peau  de  ce 
Poisson  des  corpuscules  qu'U  juge  de  l'ordre  des  organes  sensitifs  et  qu'animent  les  neris  de  la 
peau  (8).  Enfin,  suivant  V épanouissement  des  nerfs  dans  la  muqueuse  olfactive  des  Plagiostomes,  il 
reconnaît  qu'il  n'existe  pas  de  communication  entre  les  fibres  olfactives   et  les  cellules  épithé- 

liales  (9). 

Dans  un  nouveau  mémoire,  Max  Schultze  s'est  appesanti  d'une  façon  toute  particulière  sur 
le  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  l'intérieur  des  lames  électriques  du  Malaptérure,  du 
Gymnote  et  de  la  Torpille  (10).  Ses  observations  combattent  ou  confirment  les  données  de  certains 
anatomistes  sur  le  mode  d'épanouissement  des  nerfs  dans  l'appareil  électri(|nt>.  L'anleur  prétend 
que  le  côté  négatif  de  la  plaque  électrique  est  celui  auquel  adhèrent  les  nerfs.  Kn  terniinanl.  il  décrit 
la  structure  de  l'organe  pseudo-électriqiic  de  la  queue  des  Raies.  Le  même  auleur  a  lai-s.'^   un 

(1)  l'ntersuchuniji'n  iibcr  nieilcre  Secthieré  (Mûller's  Arcliiv,  p.  501  el  502.  1858). 

('2)  Recherches  anatomiques  sur  l'apparril  électriijue  du  M(il(ii)térurc  électrique  (Compt.  rend.  AcaJ.  se,  p.  S-IG. 
5  juillet  I8ÔS). 

(3)  1858. 

(l)  Vorlunfiie  Mittheilnnrj  nbcr  den  Bail  des  Mckenmarks  (Zoilscli.  f.  \v.  Zoolo;^.  T.  IX,  §  5,  p.  !)  et  II.  1858). 

(5)  Ui>tcr:ii(chunijcii  zur  rrrgleichcndcn  Gewcbelchre.  —  Uelter  die  End'tguntjcn  der  Nerceii  im  etectrischen  Organe  dcr 
Zitterroclien  (Vei-handlg.  der  pliys.  med.  Gessellsch.  in  Wiiizbourj,'.  Rd.  8,  p.  "2-1-2.  1857-58). 

(Gj  Ueber  das  Schwanzorgan  dcr  gewônnlichen  Rochen  (Ihid.,  p.  12-25.) 

(7)  Appareil  folliculaire  nerveux  de  Savi  (Ihid.,  p.  20-28.) 

(8)  Nerienkorperchen  im  der  Haut  von  Slomias  barbatus.  (Mil  Ahl).)  (lltid.,  p.  28-31.) 

(9)  AiisbreituiKj  der  Nerven  in  der  Geruchsschteimhaut  vun  Playiostomen  (Ihiil.,  p.  31-37). 

(10)  Zur  Ivcnntniss  der  eleclrischen  Organe  der  Fische  (Ber.  iib.  die  Silzung.  der  Nalurf.  Gessell.  zu  Halle.  Nov.  1857; 
dans  :  Abhaiiai-.  der  Naliirl'.  Vol.  IV,  p.  17.  1858). 


32  INTRODUCTION. 

travail  important,  au  point  de  vue  des  observations  détaillées  qu'il  contient,  sur  le  mode  de  termi- 
naison des  nerfs  dans  l'intérieur  de  l'organe  (électrique)  caudal  de  la  Raja  clavata  (1). 

Dans  le  même  temps,  ayant  entrepris,  sous  le  rapport  hislologique,  une  étude  de  l'organe 
électrique  du  Gymnoliis  electriciis  et  du  Momyrus  oxijrhynchiis,  Kupffer  et  Keferstein  ont  décrit  le 
mode  de  terminaison  de  ses  nerfs  et  émis  quelques  données  nouvelles  relativement  à  la  position  de 
la  plaque  électrique  (2). 

C'est  sur  leurs  données  que  Ecker  rectifie  l'opinion  qu'il  avait  émise  relativement  à  la  position 
de  cette  membrane  nerveuse  dans  un  mémoire  antérieur  (3),  et  qu'il  se  range  à  l'avis  des  deux 
anatomistes  décrivant  chez  certaines  espèces  de  Poissons  électriques  la  membrane  comme  étant 
située  sur  le  côté  antérieur  àe.  la  plaque  de  tissu  connectif  (4). 

Frey,  dans  son  Traité  d'/ustologic,  a  figuré  les  cellules  nerveuses  prises  dans  les  ganglions 
périphériques  du  Gadus  loîu,  la  terminaison  probable  du  nerf  olfactif  chez  le  Brochet,  et  la  termi- 
naison des  fibres  nerveuses  dans  les  ampoules  auditives  de  la  Baja  clavata  (5). 

Mauthner  a  décrit  la  structure  intime  de  la  moelle  épinière  de  plusieurs  Poissons  (Lote, 
Truite,  Sandre,  et  particulièrement  du  Brochet)  et  s'est  trouvé  en  désaccord  avec  Owsjannikow  sur 
quelques  points  d'histologie  (6). 

Du  Bois-Reymond  publie  une  courte  note  du  professeur  Ranzi  concernant  la  direction  de  la 
décharge  du  Silure  électrique  du  Nil.  D'après  les  observations  de  Ranzi,  les  pôles  de  l'organe 
électiùque  seraient  situés  à  la  queue  et  à  la  tète  de  l'animal  et  le  courant  serait  dirigé  de  la  tête  à  la 
queue,  à  l'inverse  de  ce  qui  se  passe  chez  le  Gymnote.  C'est  par  des  expériences  directes  que  Ranzi 
est  arrivé  à  ce  résultat  (7). 

On  doit  à  E.  Reissner  une  étude  fort  complète  de  la  texture  de  la  moelle  de  la  Lamproie  fluvia- 
tile  L'auteur  examine  en  détail  les  enveloppes  de  la  moelle  et  celle  des  divers  éléments  qui 
composent  cet  organe.  Il  traite  longuement  des  ordres  de  cellules  dont  est  formée  la  substance 
grise,  de  leur  nature,  des  rapports  de  ces  cellules  soit  entre  elles,  soit  avec  les  fibres  de  la  substance 
blanche,  soit  encore  avec  les  racines  des  nerfs.  Les  fibres  de  la  substance  blanche  sont  aussi  étu- 
diées avec  soin.  Deux  planches  facilitant  l'intelligence  du  texte  sont  jointes  à  ce  travail  fort  remar- 
quable au  point  de  vue  de  la  structure  du  système  nerveux  central  des  Gyclostomes  (8). 


{{)  Ziir  Kenntniss   des  den  electrischen  Organen    vcncandten  Schwanzorganc  von   Raja  clavata    (Mûller's  Arcliiv, 
p.  193-214.  1  Taf.  1858). 

(2)  Untersuchungen  uber  die  electrischen  Organe  von  Gymnotus  electricus  und  Mormyrus  oxyrhijnchus  (Henle  und 
Pfeufer  Zpilsch.  f.  ration.  mcJ.  I!J  II,  Ileft.  3,  p.  341-356.  1858). 

(3)  Untcrsuchung  zitr  Ichtyologie  (Freiliurg.  1857). 

(4)  Ueber  das  eleclrisclie  OrganderMormyn  (Mil  na.f.)(ïienchle  d.  Naturf.  Gess.  Fri))urg.  Bd  I,  p.  472-477.1858). 

(5)  Traité  d'histologie  et  d'hislochimie.  1"  étlit.  allem.  (1859).  —  3"  édit.  allem.   Leipzig   (1870).  —  Trad.  française. 
Paris  (1871). 

(6)  Untersuchungen  iiber  den  Bau  des  RUckenmarks  der  Fische  (Silzungsber.  d.  Wien.  Aiiad.  matli.  pliys.  cl.  Bd  XXXIV, 
p.  31-36.  18.59);  à  part  Wicn.  (1859). 

(7)  Zur  Geschichtc  der  Entdcckiingen  amZitterwelse  (Malapterurus  electricus).  (Xvdi.  f.  Anat.  u.  wissen.  Med.  herausge- 
geben  voii  l)'  Reichert  et  du  IJois-Ueymond,  p.  210-212.  1859). 

(8)  Beitrdge  zur  Kenntniss  vom  Bau  des  RUckenmarks  von  Petromyzon  fliiviatiUs  (Mullcr's  Arcliiv  et  du  Bois-Reyinond, 
p.  545.  1860). 


HISTORIQUE.  33 

En  1800,  Matteuci'i  communique  à  l'Académie,  des  sciences  un  Mémoire  résumé  dans 
les  propositions  suivantes  :  «  Le  pouvoir  électromoteur  de  l'organe  de  la  Torpille  existe  indé- 
pendamment de  l'action  immédiate  du  système  nerveux.  Ce  pouvoir  augmente  notablement  et  per- 
siste ainsi  augmenté  quand  on  a  excité  plusieurs  fois  les  nerfs  de  l'organe  de  manière  à  obtenir  un 
certain  nombre  de  décharges  successives  (1).  » 

La  même  année,  A.  Moreau  réussit  à  pratiquer  la  séparation  des  deux  faisceaux  de  fibres 
motrices  et  sensibles  dans  toute  la  longueur  dos  nerfs  chez  les  Raies  et  les  Squales  (2). 

M'Donnel,  en  traçant  la  monographie  du  Lepidosiren  annectens,  ne  fait  que  confirmer  les  données 
d'Owen  touchant  cet  animal.  Les  particularités  de  son  système  nerveux  l'engagent  ;i  en  faire  un 
ordre  spécial  qui  tiendrait  sa  place  entre  les  Poissons  et  les  Batraciens  (3).  —  Le  même  auteur  a 
publié  la  description  d'un  organe  qui  se  trouve  chez  la  Raie  commune  et  qu'il  croit  analogue  à  l'or- 
gane électrique  de  la  Torpille.  Il  est  arrivé  ;i  cette  conclusion  par  la  dissection  des  nerfs  qui  chez 
la  Torpille  se  rendent  à  l'appareil  (4) . 

Une  description  assez  succincte  des  différentes  branches  du  nerf  vague  et  les  résultats  d'une 
série  de  recherches  expérimentales  sur  les  fonctions  du  nerf  latéral,  des  branches  de  la  région  pala- 
tine et  du  rameau  cardiaque  ont  été  fournis  par  Hoffmann  (5). 

La  structure  générale  et  intime  des  organes  des  Poissons  électriques  a  été  l'objet  d'une  élude 
de  la  part  de  Schultze  (6). 

Un  travail  semblable  a  été  entrepris  par  Hartmann  sur  le  Mormyrus  oxyrhynchus ,  la  Tor- 
pédo marmorata  et  le  Malapterurns  electricns  (7) . 

On  cite  de  L.  Stieda  une  étude  de  la  moelle  épinière  et  de  quelques  parties  du  cerveau  chez  le 
Brochet  (8). 

Lereboullet  a  donné  un  aperçu  de  la  formation  embryonnaire  de  l'encéphale  et  de  la  constitu- 
tion des  cordons  rachidiens  chez  la  Truite,  poursuivant  la  comparaison  chez  le  Brochet  et  la 
Perche.  Deux  planches  accompagnent  le  texte;  plusieurs  figures  sont  consacrées  au  cerveau  et 
à  la  moelle  allongée  (9). 

Après  avoir  mentionné  les  recherches  de  Leydig  sur  la  question,  Schultze  examine  l'origine 
des  nerfs  qui  se  rendent  au  système  des  canaux  muqueux  de  la  tète  et  à  ceux  de  la  queue,  la  struc- 
ture de  ces  canaux,  le  trajet  des  fibres  nerveuses  dans  les  cellules  épithéliales  où  elles  effectuent 


(1)  Pouvoir  électromolcwr  de  la  Torpilla  (Compl.  rcml.  Acad.  se.  T.  L,  p.  918-920.  21  mai  1860). 

(2)  Recherches  anatomiqiies  et  phijsiologiques  sur  lex  nerfs  de  sentiments  et  de  mouvement  chez  les  Poissons  (.\nn.  se. 
nat.,  4»  sci-ie.  T.  XllI,  p.  380-382.  1800). 

(3)  Description  of  Lepidosiren  annectens  (Natural.  Iiist.  Uev.  Vol.  7.  1800).  — Notiz  iiber  Lepidosiren  annectens  (Zeilsch. 
f.  wiss.  Zool.  Bil  X,  p.  .iOO-ll  I,  .1  Taf.  (1800). 

(4)  On  Ihe  Organs  which  in  Ihe  common  Rai/  are  homoloyous  ait  h  the  clcclrical  Unjans  of  thc  Torpcdo  (Proccedings 
of  the  Royal  Irisli.  Acad.  Vol.  II,  p.  302.  1800). 

(5)  Beilrdge  zur  Analomie  iind  Phi/siolni/ie  des  \erviis  vagus  bel  Fisrhen  (1  Taf.  Oicsson.  18(10). 

(0)  Ueber  den  feinercn  Ikm  der  electrischen  Organe  der  Fische  (Vcrhaiullg.  des  .Nalurhist.  Voreiii.  dcr  preuss.  Rhein. 
T.  XVII.  Sitzungber,  p.  15.  1800.) 

(7)  liemerkiiiigen  iibcr  die  electrischen  Organe  der  Fische  (Airli.,  Rois-Reymond,  p.  6ii>-070.  2  AW).  1801). 

(8)  Ueber  das  Riichenmarclc  iind  einzelne  Theile  des  Oehirns  vun  Esox  Lucius  (Inaugural.  Ahliaiull.  Dorpat.niit.  2  Taf.  1861). 

(9)  Recherches  d'embryologie  comparée  sur  le  développement  de  la  Truite,  du  Lézard  et  du  Lymnée.  Première  partie  : 
Embrgologiedela  Truite  commune  (Ami.  se.  nat.,  l'  série.  T.  XVI,  p.  113-190.  ISfil,  n  T.  XIX,  p.  5.  1803). 

5 


34  INTRODUCTION. 

leur  terminaison.  Il  conclut  de  ses  observations  et  du  mode  spécial  de  terminaison  des  nerfs  qu'il 
signale  dans  l'appareil  muqueux  à  l'existence  d'organes  spéciaux  des  sens  (1). 

Un  mémoire  du  même  savant  a  été  adressé  en  réponse  au  travail  d'Hartmann.  Ce  dernier  avait 
mis  en  doute  les  résultats  publiés  précédemment  par  Schultze  au  sujet  de  la  structure  des  organes 
électriques.  Schultze  examine  successivement  l'organe  électrique  de  la  Torpille,  du  Malaptérure, 
du  Mormyre,  et  signale  les  erreurs  dans  lesquelles  son  antagoniste  est  tombé.  La  question  rela- 
tive aux  terminaisons  nerveuses  est  traitée  avec  les  détails  qu'elle  comporte  (2). 

La  même  année,  dans  une  réplique  très  vive  et  ne  s'occupant  qu'incidemment  du  système  ner- 
veux, Hartmann  revient  sur  les  Poissons  électriques  précédemment  étudiés  (3),  puis  il  donne  une 
bonne  étude  du  mode  de  terminaison  des  fibres  du  nerf  acoustique  dans  le  labyrinthe  d'un  certain 
nombre  de  Poissons  osseux  (Brochet,  Perche,  Gremille,  Sandre,  Lote,  Silure,  Tanche  et  autres 
Cyprins)  (4). 

Marcusen  regarde  les  circonvolutions  du  cerveau  des  Mormyres  comme  un  organe  particulier 
qui  ne  serait  pas  partie  constitutive  du  cerveau.  Sa  description  est  suivie  de  considérations  sur  la 
fonction  présumée  de  cet  organe  et  sur  les  rapports  probables  de  sa  couche  interne  fibreuse  avec  les 
racines  du  nerf  auditif  (5). 

S'adressant  aux  Poissons  électriques,  A.  Moreau  institue  une  série  d'expériences  sur  les  nerfs 
électriques  de  la  Torpille  et  constate  l'absence  de  courants  centripètes  (6). 

En  même  temps,  Eilh.  Schultze  mentionne  quelques  faits  relatifs  au  mode  de  terminaison  des 
fibres  nerveuses  dans  l'oreille  interne  de  très  jeunes  Poissons  [Perça  eiGobius){7),  et  suit  le  mode 
de  répartition  des  organes  cyathiformes  sur  les  différents  points  du  corps  de  plusieurs  espèces  de 
Poissons,  étudiant  ensuite  la  structure  de  ces  organes,  le  rapport  de  leurs  éléments  avec  les 
fibres  nerveuses  et  ajoutant  quelques  remarques  sur  leur  fonction  présumée  (8). 

La  question  du  mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  les  diverses  parties  de  l'oreille  interne  est 
reprise  par  G.  Lang.  Ses  recherches  ont  été  faites  sur  un  certain  nombre  de  Cyprins  (Barbus 
fluviatilis,  Squalms  dobula,  Cypriniis  carpio,  Mus  melanotus)  (9). 

Un  opuscule  d'Owsjannikow  contient  une  description  du  cervelet  des  Poissons.  L'auteur 
indique  les  différentes  couches  qui  composent  cet  organe  et  étudie  leurs  éléments  et  les  rapports 
de  ces  éléments  entre  eux.  Ces  recherches  ont  porté  sur  les  Poissons  osseux  (Perche,  Brochet, 
Sandre,  Brème)  (10). 

(1)  Vebcr  <Ue  Ncrvcnendifiung  inden  sogenanntcn  Schli'imkanàlcn  devFische  und  iiber  entsprechendi!  Organe  des  durcit 
Kiemcn  athmende  Ampkibien  (1  Taf.)  (Mûller's  Archiv,  p.  759.  I8(il;. 

(2)  Ueber  die  electrischen  Organe  der  Fische.  (Rcicliert  et  du  Bois-Reymoiul.  Archiv,  p.  170-480.  1862). 

(3)  BerncrkiDigen  iiber  die  electrischen  Organe  der  Fisvlie-  (fiilichert  et  du  Bois-Reymond  Arcli.,  p.  7(32-772.  1862.) 
(i)  Die  Ëndigungsweise  der  Gehurncrren  im  Labyrinthe  der  Knochenfische.  (Mûller's  Archiv.  2  Taf,  p.  508-526.  1862.) 
(5)  Note  sur  un  organe  particulier  du  cerveau  des  Mormyres.  (Compt.  rend.  Aead.  se.  T.  IJV,  p.  35.  1862). 

(  )  Recherches  sur  la  nature  de  la  source  électrique  de  la  Torpille  et  manière  de  recueillir  l'électricité  produite  par 
l'animal.  (Anu.  se.  nal.  i'  série,  T.  .VVIII,  p.  5.  1862). 

(7)  Zur  Kenntniss  der  Endigungsiveise  der  Ilornerven   bel  Fisclien  und  Amphibien.    (Miiller's   Archiv.  p.  381-385. 
mit.  Abb.  1862.) 

(8)  Vebcr  die  bêcher (ùrmigen  Organe  der  Fische,  (Zciisch.  f.  w.  Zool.,  mit  1  Taf.,  T.  XII,  p.  218-222.  1862). 

(9)  Dus  Gchôrorgan  der  Cyprinoiden  mit  besonderer  Berucksichtigung  der  Nervcnendapparate.  (Zeitsch.   f.  w.  Zoo)., 
T.  XIII,  p.  303-315.  mit  1  Taf.  1863). 

(.10)  Ueber  die  feine  Structur  des  Kleinkirns  der  Fische  (Lu  en  1863}  (Bull.  Akad.  se.  St-Pétersb.  T.  VII,  p.  157-166.  1864.) 


HISTORIQUE.  35 

De  son  côté,  Maulhncr,  dans  une  étude  sur  la  structure  intime  des  éléments  du  système  nerveux 
des  Vertébrés,  s'est  occupé  de  la  moelle  épinièrc  du  Brocliel.  Quelques  figures  concernant  les  cellules 
et  les  fibres  nerveuse-;  de  ce  type,  de  la  Sole  et  de  la  Truite  accompagnent  le  travail  (1). 

Un  mémoire  de  Mayer,  précédé  d'une  courte  introduction  historique,  comprend  une  descrip- 
tion anatomique  du  cerveau  des  Poissons  et  un  essai  de  classification  fondée  sur  les  caractères  de 
l'encéphale.  Ce  mémoire  est  accompagné  de  sept  planches  comprenant  de  nombreuses  figures  do 
cerveaux  (2). 

Kutschin  a  laissé  sur  le  système  nerveux  central  des  Cyclostomes,  des  études  remarquables  au 
point  de  vue  histologique.  Tous  les  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  de  l'axe  médullaire 
ont  été  soumis  à  une  minutieuse  analyse  (3). 

C'est  en  réponse  à  cet  écrit  et  après  avoir  rappelé  les  résultats  obtenus  par  Kutschin  relative- 
ment à  la  structure  de  la  moelle  épinière  des  Lamproies,  qu'Owsjannikow  expose  ceux  qu'il  a  obte- 
nus lui-même  sur  la  moelle  épinière  des  Poissons  osseux,  résultats  qui  ne  modifient  d'une  façon 
essentielle  ni  les  données  de  Bidder  ni  celles  de  l'école  de  Dorpal  (Stieda)  concernant  les  cellules 
nerveuses  et  leurs  prolongements  (4). 

A  cette  époque,  les  fonctions  de  l'encéphale  des  Poissons  ont  été  l'objet  d'expériences  de  la 
part  d'E.  Baudelot.  Ces  expériences  ont  été  faites  sur  l'Épinoche  et  ont  porté  successivement  sur 
les  fonctions  des  lobes  antérieurs,  des  lobes  optiques,  du  cervelet  et  de  la  moelle  allongée  (5). 

Dans  un  long  Mémoire,  SeiTCs  s'est  préoccupé  de  la  composition  et  de  la  structure  de  l'encé- 
phale du  Lépidosiren  pour  arriver  à  la  détermination  de  ses  affinités.  L'organisation  de  cet 
animal  semble  à  l'auteur  participer  à  la  fois  de  celle  des  Reptiles  et  de  celle  des  Poissons  (G). 

En  1864,  a  paru  dans  son  ensemble  le  grand  Mémoire  de  Marcusen  sur  les  Mormyres  dont  un 
extrait  avait  été  publié  dix  années  auparavant  (7). 

Stieda  a  donné  l'histologie  du  cervelet  chez  le  Brochet,  la  Perche  et  quelques  Cyprins.  En 
étudiant  la  structure  intime  de  cet  organe,  il  distingue  trois  couches  et  poursuit  la  distribution  des 
fibres  nerveuses  qui  les  parcourent.  Cette  étude  se  termine  par  la  réfutation  des  opinions  relatives 
aux  corps  ganglionnaires  et  à  leur  passage  dans  les  fibres  nerveuses  médullaires.  L'auteur  conchit 
à  la  similitude  des  éléments  du  cervelet  et  à  l'analogie  de  leur  disposition  chez  tous  les  Vertébrés  (8). 
—  Celte  même  année  vit  la  publication  d'un  dernier  écrit  deWymann  sur  le  développement  de  la  Raja 
Bâtis  et  de  son  système  nerveux  (9). 

(I)  Beitrai/e  zur  mihercn  h'enntniss  dcr  morphologischen  Elcmcntc  des  Ne rvcnsy stems  (Denkschriften  ilerK.K.  Akademie 
Jer  Wiss.  m  Wien.  Maili.  nal.  Classe.  15.  XXI.  i8G3). 

(-2)  Ueber  den  Bail  des  Gchirns  dcr  Fische  (Acad.  Caîs.  I.oop.  Nova  Acia,  \\\.  18(U).  —  Dresden  (1863). 

(3)  Ueber  den  Bail,  des  Mckenmarkes  des  Neunauges  ("2  ïaf.).  Kasaii.-Diss.  iiiaug.  1863  (Schuitz's  Arcliiv  f.  mik.  Anal, 
nd.  II,  p.  .525.  1860). 

(i)  Ueber  die  Inauguraldissertation  des  Herrn  D'  Kutschin  dos  Mckcmnark  der  Neunaugen  betreffoid,  ncbsteinigcn 
Beobachtungen  lilier  dasRiickenmarlc  der  Knoc  lien  fisc  lie  uiid  aiuL'rcr  Tliierc  von  Oivsjannikoff  (Bull.  se.  Saiiit-Pélersbourg. 
T.  Vil,  p.  137-115.  18(il). 

(5)  Recherches  expérimentales  sur  les  fondions  de  l'encéphale  des  Poissons  (Ami.  se.  nat.  T.  1,5'"  série,  p.  105-1 1"2. 1864). 

(Cl)  Recherches  sur  quel<[Hcs  [loinls  de  l' organisai inn  du  LciiidoMrcn  annectens  (llcviu-  de  Zooi.  T.  XV,  p.  371.  1801). 

(7)  La  famille  des  Mo rmijres  {iU'in.  Acad.  se.  SaiiU-Pélersboiiii^.  5  pi.  T.  VII,  n»  l.  1801). 

(8)  Zur  vergleichenden  Anatomie  und  histologie  des  Cerebelliim  (mil  Taf.)  (Arch.  1.  Auai.  u.  l'Iiys.,  p.  107. 1864). 

(9)  Observations  on  the  development  of  Raja  batis^Uém.  Ae.  si-.,  p.  lil-i  1.  1864). 


36         .  INTRODUCTION. 

M.  A.  Moreau  cite  une  expérience  faite  dans  le  but  de  prouver  que  le  son  se  produit  chez  cer- 
tains Poissons  sous  l'influence  des  nerfs.  Il  décrit  chez  le  Zeus  Faber  et  le  Grondin  les  dispositions 
anatomiques  de  la  vessie  natatoire  et  les  résultats  fournis  par  l'excitation  des  nerfs  qui  s'y  ren- 
dent (i). 

Dans  un  écrit  relatif  à  l'organe  auditif  de  la  Lamproie  de  rivière,  Owsjannikow  étudie  la 
moelle  allongée  au  point  de  vue  histologique,  l'origine  des  fibres  acoustiques,  du  nerf  acoustique 
accessoire  et  du  nerf  facial.  Il  décrit  ensuite  les  parties  constitutives  de  l'oreille  interne  et  le 
mode  de  terminaison  des  nerfs  dans  les  ampoules,  les  rapports  des  fibres  nerveuses  avec  les  cellules 
et  leur  mode  de  distribution  dans  les  cellules  épithéliales  (2). 

En  vue  d'une  note  de  Max  Schultze  relative  aux  lobes  électriques  de  la  Torpille  (3),  nous  citons 
certain  travail  de  Deiters  qui  mérilj&rait  d'être  consulté  par  tout  investigateur  qui  entreprendrait 
des  recherches  sur  le  système  nervei^  central  d'un  Vertébré  quelconque  (4). 

UlchtijoJofjie  de  Duméril  donne  certaines  indications  sur  les  nerfs  dos  Poissons  (5).  Le 
chapitre  relatif  à  la  sensibilité  comprend  un  exposé  des  caractères  du  système  nerveux  cen- 
tral, quelques  remarques  sur  le  système  nerveux  périphérique  ainsi  que  sur  les  nerfs  des  organes 
des  sens  (6).  Au  texte  se  trouvent  jointes  des  figures  du  cerveau  de  la  Raie  bouclée  {Raja  clavata), 
de  l'Ange  {Squatina  vulfjaris),  de  l'Emissole  {31ustelus  vulgaris),  de  l'Aiguillât  {AcantJdas  vidgaris), 
de  la  Torpille  {Torpédo  marmorata),  de  la  Brème  et  du  Congre. 

L'ensemble  des  observations  fournies  par  M.  Robin  sur  l'appareil  électrique  des  Raies  tend 
à  prouver  que  cet  appareil  remplit  une  fonction  de  même  nature  que  celle  dévolue  aux  organes  de 
structure  analogue  des  autres  Poissons  électriques.  Le  travail  a  été  fait  au  point  de  vue  de  la  direc- 
tion de  la  décharge.  L'auteur  a  indiqué  le  mode  de  distribution  des  nerfs  et  le  mode  de  termi- 
naison des  tubes  nerveux  (7). 

Au  mois  d'avril  1865,  Hollard  publia  l'extrait  d'un  travail  ayant  pour  titre  :  Recherches  sur  la 
structure  de  l'encéphale  des  Poissons  et  sur  la  signification  homologiqne  de  ses  dijjcrentes  parties. 
«  Je  pense,  dit  l'auteur,  que  les  lobes  inférieurs  des  Poissons  sont  leurs  corps  striés,  les  lobes  supé- 
rieurs creux  des  couches  optiques,  et  les  antérieurs  des  hémisphères  réduits  à  la  région  du  quadri- 
latère et  à  celle  de  Vinsida.  »  Quant  aux  petits  tubercules  situés  à  l'intérieur  des  lobes  creux,  il  les 
nomme  tubercules  géminés  et  les  regarde  comme  analogues  des  quadrijumeaux  (8).  L'année  sui- 
vante, il  développa  ces  mêmes  idées  dans  un  nouveau  travail  sur  le  développement  des  organes 
encéplialiques  des  Poissons  (9). 

Le  Traité  d'histologie  comparée  de  Leydig  renferme  de  nombreuses  indications  relatives  au 
système  nerveux  des  Poissons  (10).  Outre  les  indications  concernant  les  cellules  des  Requins,  l'union 

(1)  Sur  la  voix  des  Poissons  (Compt.  rend.  Acad.  d.  se,  p.  436.  1861). 

(2)  Ueber  das  Gehôrorgan  von  Petromyzon  fluviatilis  (Mém.  Acad.  se.  Saint-Pétersbourg.  T.  VIII,  n°  7,  mit.  Taf.   1864). 

(3)  Page. "36,  noie  i. 

(i)  Vnlevsucinuujen  uber  Gchirn  uml  Riickenmark  des  Menschen  und  dcr  Saiigethiere  (1865). 

(5)  Histoire  naturelle  des  Poissons  ou  Ichthyologie  générale  (1865  à   1870). 

(6)  Tome  1",  cliap.  II,  p.  05  à  127. 

(7)  Mémoire  sur  les  phénomènes  et  la  direction  de  la  décharge  par  l'appareil  électrique  des  Raies    (Ann.  se.  nat., 
p.  342-316.  1865). 

(8)  (Gompl.  rendu.  Acad.  d.  se.  T.  LX,  p.  708.   1865). 

(9)  Nouvelles  reclierclics  sur  le  développement  de  l'encéphale  des  Poissons  (Compt.  rend.  Acad.  d.  se,  p.  747-748. 1866). 

(10)  Traduction  française.  Paris  (1860). 


HISTORIQUE.  37 

des  cellules  yanglioniiaires  avec  les  libres  nerveuses,  le  parcours  el  la  leniiinaisoii  des  fibres 
nerveuses  qui  méritent  une  mention  particulière,  on  trouve  encore  des  aperçus  louchant  la 
slruclurr  du  système  nerveux  central,  des  détails  assez  étendus  sur  les  organes  du  tact,  sur  le 
système  nerveux  latéral,  sur  les  organes  électriques,  et  des  remarques  relatives  aux  nerfs  de  l'odo- 
rat, di'  la  vision,  de  raudilimi,  de  la  vessie  natatoire  etaux  nerfs  cardiaques. 

Des  leçons  de  M.  Viilpian  sur  la  physiologie  comparée  du  système  nerveux  renferment  des 
données  assez  étendues  relatives  aux  Poissons.  La  leçon  34'=  est  consacrée  à  l'anatomie  et  à  la 
physiologie  du  système  nerveux  de  cette  classe  de  Vertébrés.  On  y  lit  la  description  de  la  conforma- 
tion extérieure  et  intérieure  de  la  moelle,  la  description  de  l'encéphale  des  Poissons  osseux  et  car- 
tilagineux. Vient  ensuite  un  examen  des  fonctions  de  l'encéphale.  On  trouve  encore  dans  le  cours 
de  l'ouvrage  un  certain  nombre  de  faits  relatifs  soit  à  l'anatomie,  soit  à  la  physiologie,  par  exemple 
des  indications  touchant  les  racines  des  nerfs  spinaux  et  les  fonctions  de  ces  nerfs,  des  aperçus  sur 
la  terminaison  des  nerfs  sensitifs  et  des  nerfs  de  l'appareil  électrique,  sur  la  conformation  extérieure 
et  intérieure  de  la  moelle  épinière,  enfin  des  observations  sur  les  tubercules  (juadrijumeaux,  le 
cervelet  et  les  hémisphères  (1). 

Dans  un  Traité  sur  l'anatomie  des  Vertébrés,  Owen  a  consacré  une  partie  importante  au  sys- 
tème nerveux  des  Poissons.  Après  des  considérations  générales,  il  aborde  l'étude  de  l'encéphale 
à  un  point  de  vue  comparatif  chez  un  certain  nombre  d'espèces.  La  moelle  allongée  et  les  appen- 
dices secondaires  sont  désignés  sous  le  nom  (V épcncéphale ;  les  lobes  optiques  sous  celui  de  mésen- 
céphalc;  les  lobes  cérébraux  proprement  dits,  de  prosencéphale,  el  les  lobes  olfactifs,  de  rhinen- 
céphale. L'auteur  décrit  les  nerfs  olfactifs,  leur  disposition  variable  dans  de  nombreux  genres,  les  nerfs 
optiques,  leurs  particularités  de  volume,  d'origine  et  de  croisement,  les  particularités  de  disposition 
des  nerfs  moteurs  chez  la  Morue,  la  Raie  et  la  Torpille.  Après  de  courtes  observations  sur  le  nerf 
acoustique,  il  passe  à  l'examen  du  nerf  vague,  du  nerf  latéral  dont  les  multiples  variétés  de  divi- 
sion et  de  distribution  sont  décrites  dans  de  nombreux  genres,  enfin,  à  la  description  du  nerf  spinal 
et  à  la  disposition  du  nerf  grand  sympathique,  aux  organes  du  toucher,  de  la, vue  et  de  l'audition.  Il 
termine  par  des  considérations  sur  la  fonction  auditive.  La  dernière  partie  est  consacrée  à  la  des- 
cription de  l'appareil  électrique  de  la  Torpédo  Galvanii  et  du  Gymnote  et  à  l'indication  des  différences 
qu'il  présente  chez  ces  deux  espèces  au  point  de  vue  analomique  et  de  ses  elfets  physiques.  Le 
même  appareil  est  étudié  chez  le  Malaptérure  et  \e  Mormi/rus  lon<jipennis  {"2). 

Dans  un  livre  consacré  à  l'histoire  générale  des  Poissons  (3),  M.  E.  Blanchard  a  présenté  la 
descri|ili(iii  de,  leur  système  nerveux.  Son  altenlidu  s'est  portée  luul  particulièrement  sur  l'encé- 
phale dont  il  élucide  Fanalomie  et  la  physiologie  (4). 

Un  auteur,  Hôrschehnann,  a  laissé  inie  thèse  sur  l'anatomie  dtî  la  lanLiue  des  Poissons  (5). 

Les  expériences  de  M.  Deit  sur  la  Lamproie  ont  éclairé  quelques  points  de  la  physiologie  de  ce 

(1)  Leçons  sur  la  physiologie  générale  et  comparée  du  système  nerveux.  1800. 

(2)  On  theAnatomy  of  Vertebrates.  Loiuloii.  Vol.  I,  p.  ^208--290-'2y7-300,  et  p.  3-20-32 1-3-25-32G,  etc.  USlil!}-—  <  Système 
nerveux  des  animaux  à  sainj  froid.  » 

(3)  Les  Poissons  des  eaux  douces  de  la  France.  Paris,  1800. 
(i)  Du  système  nerveux,  ii  10,  p.  71-82. 

(5)  Ein  Beitrag  zur  Anatomie  der  Zunge  der  Fisclie  (liiauguraldisserlalion.  Dorpat.  1866). 


38  INTRODUCTION. 

Poisson.  Un  fait  intéressant  est  la  suppression  presque  immédiate  des  mouvements  respiratoires, 
les  mouvements  généraux  persistant.  Les  nerfs  pneumogastriques  sont  donc  ici  les  premiers  atteints, 
à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  chez  les  autres  Poissons  (1). — Lemême  savant  a,  dans  une  note,  exposé  le 
mode  de  terminaison  des  nerfs  cutanés  des  diverses  parties  du  corps  de  l'Amphioxus.  Celui  des  nerfs 
de  la  face  lui  a  présenté  une  particularité.  Ces  nerfs,  aboutissant  à  des  corps  celluleux  ovalaires, 
semblent  indiquer  une  fonction  spéciale.  A  la  terminaison  antérieure  de  la  moelle  est  attribué  le 
rôle  d'un  encéphale  (2). 

Un  mémoire  de  Kowalewsky  a  pour  objet  le  développement  de  l'Amphioxus  pendant  les 
diverses  phases  embryonnaires.  L'auteur  signale  l'époque  de  l'apparition  dos  filets  nerveux  et  leur 
mode  de  terminaison  dans  les  cellules  épithéliales,  contrairement  à  l'opinion  d'autres  auteurs;  il 
indique  la  préparation  à  laquelle  il  a  eu  recours  pour  ses  expériences  (3). 

Des  recherches  du  docteur  A.  Oeffinger  fournissent  la  description  du  cerveau  desMormyres  et  la 
comparaison  de  la  grandeur  de  l'encéphale  avec  le  crâne  et  même  avec  le  corps  tout  entier. 
L'organe  cérébral  particulier  aux  Mormyres  est  étudié  chez  les  Moi^myrus  elonr/atns ,  M.  dorsalis, 
M.  oxyrlnjnchus,  M.  loni/ipeimis,  M.  Bané.  Il  en  résulte  une  classification  des  Mormyres  fondée  sur 
les  caractères  de  l'encéphale  (4). 

Au  sujet  de  la  membrane  auditive  de  l'Homme,  M.  V.  Odenius  s'est  occupé  dans  une  certaine 
mesure  de  la  terminaison  des  nerfs  de  l'audition  dans  les  ampoules  auditives  des  Poissons  (5). 

Un  travail  d'Owsjannikow  sur  VAmpMoxus  lanceolatiis  donne,  après  l'exposé  rapide  des  rap- 
ports du  système  nerveux  avec  la  cavité  vertébrale,  l'étude  de  sa  structure  intime  (6). 

On  trouve  dans  un  Mémoire  de  F.  E.  Schultze  quelques  indications  s'adressant  au  mode  de 
terminaison  des  fibres  nerveuses  dans  les  couches  superficielles  de  la  peau  des  Poissons  (7). 

E.  Baudelot  a  prouvé  chez  le  Merlan  l'existence  d'une  branche  particulière  du  nerf  pathé- 
tique (8).  Dans  une  autre  note,  il  a  signalé  chez  le  Merlan  l'existence  d'une  branche  anastomotique 
qui  s'étend  de  la  racine  postérieure  du  trijumeau  vers  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique,  en 
passant  en  dehors  du  nerf  acoustique  auquel  elle  envoie  quelques  filets.  Cette  branche  est  consi- 
dérée comme  l'homologue  du  faisceau  récurrent  qui  chez  les  Cyprins  s'étend  du  trijumeau  vers  le 
pneumogastrique  et  vers  le  premier  nerf  spinal  (9).  —  La  même  année,  Baudelot  rectifie  une  erreur 
de  Cuvier  et  de  Stannius  touchant  la  disposition  du  nerf  latéral  chez  la  Perche.  Il  élablit  que  la 
branche  superficielle  de  ce  nerf  n'est  point,  comme  l'a  figuré  Cuvier,  un  cordon  simple  qui  s'éten- 
drait d'une  manière  uniforme  jusqu'à  l'extrémité  du  corps,  mais  que  cette  branche  est  le  résultat 

(1)  Noie  sur  quelques  points  de  la  physiologie  de  la  Lamproie  (Petromyzon  marinus)  (Ann.  se.  nat.  p.  371-373.  I8G7). 

(2)  Sur  l'Ampliioxus  (Conipt.  rend.  .\cad.  se,  p.  36i-3r)7.  18(17). 

(3)  Eiitwirkcluiifjsfjcschichte  des  Ampltioxus  Itinceolittus  (.Mit  3  Taf.)  (Méra.   Acad.    Saint-Pétersbourg.  T.  \I,  1'  série, 
11°  4.  1867-68). 

(4)  NcAie  L'iilersuchuvfien  iihcr  dcn  Bau  des  Gi'hirns  vom  Nilhecht  (Mûller's  Archiv,  p.  713-732,  avec  1  Taf.  1807). 

(5)  Ueberdnx  Epitliel  der  Maculœ-acusticœ  bcim  Mcnsciien.  (Arcliiv.  f.  mik.  Anat.  von  M.  Schultze.  T.  III,  p.  125.  1867). 

(6)  Ueberdas  Centralncrvensyslem  des  Amphioxus  lanceolatus  (1  Taf.)  (Saint-Pétersbourg.  Acad.  se.  Bull.  XII.  1867.) 

(7)  Epithel-und  Driisen-Zellen.  (Arch.  f.  mikr.  Anat.  T.  III,  p.  137-203,  mil.  Taf.  1807). 

(8)  De  la  iliierminutiou  liomoloyiquc  d'une  branche  du  iicrf  palhélique  chez  le  Merlan  (Bull.  Soc.  se.  nal.,  Strasbourg, 
et  tirage  à  part.  1808). 

(9)  Observation  relative  à  une  branche  anastomotique  des  nerfs  trijumeau  et  pneumogastrique  chez  le  Merlan    (Bull. 
Soc.  se.  nat.,  Strasbourg,  et  tirage  à  part.  1808;. 


HISTORIQUE.  30 

de  ruiiioii  (le  plusieurs  branches  secondaires  qui  naissent  de  distance  en  dislance  du  tronc  principal 
et  se  reiilbrci'iit  de  iiianirre  à  l'oi-iiicr  un  iii'il' coiiliiiii.  Al»ni-(l;iiil  cii-iiili' la  i|ih'sli(iii  des  Iidiiiologies, 
Baudeliit  iiioiilrt'  qui'  li'  iicrriaténil  du  pneumogastrique  peut  être  considéré  conime  l'honiulogue  de 
la  branche  moyenne  des  nerfs  spinaux  (1). 

Quelques  pages  d'un  mémoire  de  F.  Boll  (2)  sont  consacrées  à  l'étude  des  terminaisons  des 
libres  nerveuses  dans  les  anqioidcs  de  Lnren/ini  (3);  l'auteur  admet  que  chaque  ûhra  nerveuse 
perd  peu  à  peu  sa  gaine  extérieure  el  que  le  cylindre  d'axe  se  subdivise  en  librilles  qui  se  mettent  en 
rapport  avec  un  épilhélium  spinigère  tapissant  le  fond  de  l'ampoule. 

Krause  s'élani  occujm''  de  rechercher  la  terminaison  des  nerfs  dans  les  muscles  de  la  Gre- 
nouille, assure  avoir  obtenu  des  résultats  analogues  sur  les  Poissons  (Brochet)  (4). 

Dans  un  mémoire  sur  le  développement  des  Poissons  osseux  (5),  KupfTer  a  donné  (pielqucs 
indications  très  brèves  touchant  le  développement  du  système  nerveux  central  (G). 

Des  recherches  de  Stieda  sur  la  structure  du  système  nerveux  central  des  Poissons  osseux  con- 
stituent l'un  (les  plus  importants  travaux  qui  aient  été  publiés  sur  le  sujet.  Il  y  est  traité  des 
éléments  qui  entrent  dans  la  composition  du  système  nerveux  central  et  périphérique,  de  la  struc- 
ture intime  de  la  moelle  épinière,  de  l'encéphale  de  la  Lote  {GadKS  loUi),  des  caractères  extérieui's 
de  chacune  des  parties  de  l'encéphale  et  de  leur  texture  intime.  Les  caractères  extérieurs  et 
intérieurs  des  j)iincipales  parties  de  l'encéphale  du  Brochet  sont  particulièrement  examinés,  l'encé- 
phale de  la  Perche  et  de  plusieurs  Cyprins  servent  de  termes  de  comparaison.  S'efTorçant  de  saisir 
les  homologies  des  différentes  parties  de  l'encéphale  des  Poissons  osseux  dans  une  comparaison 
avec  1rs  autres  Vertébrés,  Stieda  passe  en  revue  les  opinions  émises  à  ce  sujet  (7). 

On  possède  un  court  mémoire  de  Bureau  qui  résume  l'état  des  connaissances  acquises  par  les 
travaux  de  Matteucci,  de  Savi  et  de  M.  Bobin;  on  y  affirme,  d'après  les  expériences  personnelles  de 
l'auteur,  les  résultats  des  études  de  ces  savants  sur  le  mécanisme  de  la  fonction  électrique  chez  la 
Torpilli',  le  Gymnote  et  le  Malaplérure  (8). 

Une  étude  de  Micklucho-Macklay,  datant  de  ISôS,  donnait  une  nouvelle  inter[)rétatiun  du  cer- 
veau des  Poissons,  interprétation  basée  sur  l'embryogénie  (9).  —  Macklay  l'a  développée  dans  un 
mémoire  plus  étendu  en  1870(10).  Examinant  le  mode  de  formation  du  cerveau  chez  les  Téléostiens 
et  les  Ganoïdes,  puis  comparant  le  cerveau  d'un  jeune  Sélacien  avec  cchii  d'nn  rmluyon  de  chèvre, 
il  conclut  à  l'homologie  de  chacune  des  parties  de  l'encéphale.  Il  considère  le  cervelet  comme 


(1)  Considérations  sur  le  Irnnc  latéral  du  iiflrf  pneumo{iastrii]uc  clw:  U's  Poissons  {KuW.  Soc.  se.  nat.,  Strasl)ourg-,  et 
tirage  à  part.  18(iS). 

(2)  Uic  Lormzinïschen  Ampulkn  dcr  Selachier  (Aicli.  1'.  niilu-.  Aiiat.  v.   Max  Scliulizo.  liil  IV,  mit  I  Taf.  p.  375-390. 
1868). 

(3)  Pages  387-390. 

(i)  Ucbcr  die  Nervi'n-Endiriiinii  inncrlialli  der  motorischcn  Endiilattrn  (MiilliM-'s  Arcliiv,  p.  (UO-tîlS.  I8(î8). 

(5)  Bcobuclilungen  iibcr  die  Entwicklitng dcr KnochenjischcnKXvdxis  f.  iiiik.  .\iiat.,ii)it  3  Taf.  T.  IV,  p.  iî09-:272. 1868). 

(G)  Pages  212-218. 

(7)  Stiidicn  iihcr  das  centrale  Nerrcnsiisteni  dcr  Knochenfisclicn.  (Zeit.  f.  wiss.  Zool.  T.  XVIII,  p.  1-70.  2  Taf.  1868). 

(8j  li.rpo'ic  aiiatomi(jiic  et  plii/siotorjiiiue  (1S(I8). 

(9)  Beitrag  zur  vergleiclienden  Anatomie  des  Gclurns  (lena,  Zeitscli.,  p.  553-569.  1868).  —  Vorlaûf.  .Miiiiieil  (Mit  Al)l).). 

(10)  llcitriïije  zur  verglcichenden  Xeurologie  der  Wirbelthiere.  —  1.  Das  Gchirn  dcr  Selachier. —  U.Das  ilittclliirn  dcr 
Ganoiden.  Iii-l».,  mit.  Taf.  Lei|izig. 


40  INTRODUCTION. 

tubercules  quadrijumeaux,  les  lobes  optiques  comme  lobes  du  troisième  ventricule.  Le  cervelet  des 
Sélaciens  serait  représenté  par  la  lame  transversale  du  cervelet. 

En  poursuivant  l'étude  de  la  branche  operculaire  sur  divers  Cyprins,  Baudelot  a  été  conduit 
à  reconnaître  que  les  fibres  qui  la  constituent  proviennent  non  d'une  source  unique,  mais  bien  de 
deux  et  quelquefois  de  trois  sources  dilFérentes,  savoir  :  de  la  racine  antérieure  du  pneumogas- 
trique, de  la  racine  postérieure  de  ce  même  nerf  et  du  nerf  trijumeau.  Il  donne  des  détails  sur  le 
trajet  de  ces  divers  faisceaux  d'origine  et  sur  les  conséquences  que  l'on  peut  en  tirer  au  point  de  vue 
morphologique (1).—  Dansuneautre  étude,  le  même  auteur  s'est  occupé  de  la  branche  moyenne  des 
nerfs  spinaux,  au  sujet  de  laquelle  il  fait  connaître  un  certain  nombre  de  particularités  non  encore 
signalées.  Chez  le  Nase,  le  Chabot  et  divers  Cyprins,  au  lieu  d'une  seule  branche  moyenne  pour 
chaque  paire  spinale,  il  en  a  observé  deux:  l'une,  volumineuse,  naissant  de  la  racine  antérieure; 
l'autre,  très  grêle,  naissant  de  la  racine  postérieure.  Ces  deux  branches  issues  de  la  même  paire  ne 
s'unissent  pas  entre  elles.  Il  est  ainsi  démontré  que  la  formation  d'un  nerf  mixte  est  produite  par 
l'union  de  la  branche  moyenne  postérieure  d'une  paire  avec  la  branche  moyenne  antérieure  de  la 
paire  suivante  (2) . 

Reconnaissant,  comme  d'autres  anatomistes,  trois  zones  concentriques  dans  l'épaisseur  du 
cervelet,  Baudelot  a  en  outre  appelé  l'attention  sur  les  grandes  cellules  de  la  zone  moyenne.  Il  fait 
remarquer  que  toutes  ces  cellules  présentent  deux  pôles  dont  les  prolongements  ne  sont  point  sem- 
blables (3). 

Le  développement  embryonnaire  de  l'Esturgeon  a  été  l'objet  d'une  étude  faite  en  commun  par 
Kowalewsky,  Owsjannikow  et  Wagner  (4).  L'un  de  ces  savants,  Owsjannikow,  a  fait  semblable 
étude  sur  le  Petromijzon  fluviatilis  et  indiqué  le  mode  de  formation  des  diverses  parties  de  son  sys- 
tème nerveux  (5). 

Le  docteur  Hasse  a  entrepris  de  trouver  chez  les  Poissons  les  parties  identiques  de  l'appareil 
auditif  des  autres  Vertébrés.  S'appuyant  sur  les  indications  fournies  par  les  nerfs  qui  se  rendent  à 
cet  appareil,  il  considère  les  diverses  parties,  chez  ce  groupe  d'animaux,  comme  répondant  aux 
stades  embryonnaires  d'organisations  plus  élevées.  Il  explique  les  différences  apparentes  que  pré- 
sente l'appareil  auditif  des  Plagiostomes  relativement  à  celui  des  autres  Poissons  par  les  phases  du 
développement  (0). 

Un  mémoire  de  F.  Fée  sur  le  système  latéral  du  nerf  pneumogastrique  des  Poissons  contient 
l'esquisse  rapide  de  la  distribution  du  pneumogastrique  et  l'étude  du  système  latéral  dans  trois 
types  de  Poissons  osseux  :  le  G:irdon,  le  Brochet  et  la  Perche;  l'exposé  des  modifications  que  pré- 


(1)  Observations  sur  les  origines  de  la  branche  operculaire  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique  chez  quelques  Poissons 
(liuU.  Soc.  se.  liai.,  Strasb.  et  tirage  ù  part.  1869). 

(2)  Sur  une  branche  des  nerfs  spinaux  observée  dans  quelques  types  de  Poissons  (Bull.  Soc.  se.  nat.  de  Strasbourg.  1869). 

(3)  Observations  sur  la  structure  intime  du  cervelet  des  Poissons  osseux.  (Cuil.  Soc.  se.  nat.,  Strasbourg.  1869). 

(V)  Die  Entivickelungsgeschichte  der  Store.   (Lu   le  17  Juiu  1869).    (Hull.   Aead.   se,    Saint-Pétersbourg,  p.  317-325. 
1869). 

(5)  Die  EntwicMungsgeschichte  dcr  Flussneiinaugen  {Petromyzon  fluviatilis)  (Lu  le  17  juin  1869).  (Bull.  Acad.   se., 
Saiiit-rélersbourg,  p.  325-329.  1869). 

(6)  Bemerkungen    ilber    dus  Gehororgan    der   Fische.    (Verbandl.  d.   l'Iivs.    Medic.   Gessell.  in  Wûrzbourg.    Baiid  I, 
p.  92-104.  1869). 


IIISTDIIIQUE.  41 

sente  chacune  des  branches  du  système  latéral  dans  les  Poissons  osseux,  ganoïdes  et  cartilagineux, 
enfin  des  considérations  anatomiques  sur  le  plan  général  du  système  latéral  dans  la  série  des  ani- 
maux Vertébrés  et  une  appréciation  des  opinions  émises  relativement  à  son  rôle  physiologique  (1). 

Une  particularité  jusiju'alors  ignorée  a  été  mise  (îii  évidence  par  les  recherches  de  Baudelot. 
Il  a  été  reconnu,  chezhi  Perche  et  l'Epinoche,  que  chacune  des  extrémités  du  faisceau  postérieur  de 
la  commissure  de  Ilallcr  alxmiii  a  un  petit  noyau  particulier  de  substance  nerveuse  parfaitement 
(léliniité,  siliir  dans  Fépaisseur  du  pédicule  du  lobe  inférieur.  Ce  noyau  nerveux  contient  de  petits 
groupes  de  cellules  nerveuses  multipolaires  et  des  fibres  nerveuses  fines.  On  en  voit  émerger  plu- 
sieurs faisceaux  de  substance  blanche.  L'un  de  ceux-ci  plonge  dans  le  lobe  inlérieur  correspon- 
dant, un  second  va  se  perdre  dans  la  base  du  renflement  semi-lunaire  du  même  côté,  un  troisième 
se  porte  en  avant,  fournit  quelques  fibres  au  nerf  optique  et  se  confond  avec  la  substance  blanche 
qui  borde  en  arrière  le  troisième  ventricule  (2). 

D'autres  recherches  de  Baudelot  portent  principalement  sur  la  matière  fondamentale  granu- 
leuse des  centres  nerveux.  11  a  été  constaté  que  le  tissu  des  lobes  antérieurs  renferme  une  nmltitude 
de  globules  ganglionnaires  de  volume  très  inégal  et  pourvus  de  prolongements  polaires  (3). 

Le  travail  sur  l'anatomie  comparée  de  l'encéphale  des  Poissons  que  Baudelot  avait  présenté 
à  l'Académie  des  sciences  a  été  publié  sans  l'atlas  en  1870.  Il  comprend  une  introduction  histo- 
rique, une  étude  anatomique  des  différentes  parties  de  l'encépliale,  une  discussion  relative  à  la  dé- 
termination de  ces  parties,  des  considérations  sur  la  valeur  des  caractères  tirés  de  l'encéphale  au 
point  de  vue  de  la  classification  (4). 

Dans  le  môme  temps,  Ciaccio  a  exposé  les  caractères  des  plaques  électriques  et  leur  structure 
intime.  Selon  lui,  les  plaques  inférieures  qu'il  nomme,  plaques  nerveuses  reçoivent  la  terminaison 
des  nerfs,  et  le  réseau  terminal  de  ces  plaques  est  l'analogue  de  la  terminaison  des  nerfs  moteurs 
des  muscles  striés  (5). 

Quelques  observations  relatives  à  l'Amphioxus  ont  conduit  C.  B.  Reichert  à  suivre  le  mode  de 
terminaison  des  fibres  nerveuses  dans  l'épaisseur  de  la  peau  de  la  tète  et  de  la  queue  de  ce  Pois- 
son (6). 

Dans  une  étude  sur  les  organes  sensitifs  de  la  ligne  latérale,  Schnltze  traite  avec  détail  du 
mode  de  terminaison  des  fibres  nerveuses  dans  l'intérieur  des  renflements  qui  représentent  les 
organes  sensitifs  découverts  par  Leydig  (7). 

Babuchin,  après  avoir  étudié  le  mode  de  développement  de  Forgane  électrique  dans  la  Raie  et 

(\)  Rerheivhes  sur  le  système  latéral  du  nrrf  pneumoanstrique  des  Poissons  (Mém.  Soc.  de  Strasbourg,  i  pi., 
p.  129-^201.  IHOil). 

(2)  Observation  sur  un  petit  centre  nerveux  qui  se  trouve  en  rapport  arec  le  fui^ceau  postérieur  de  la  commissure  de 
llaller  chez  l'Epinoche  (Bull.  Soc.  se.  iial.  de  Strasbourg.  1869). 

(:î)  Recherches  sur  la  structure  intime  des  centres  nerveux  chez  les  Poissons  osseux  (Itull.  Soc.  so.  iiat.,  Strasbourg,  1870)_ 

(4)  Étude  sur  l'anatomie  comparée  de  l'encéphale  des  Poissons  (Mém.  Soc.  se.  nal.,  Strasbourg.  T.  VI.  1  pi.  ISTOi. 

(5)  Intcrno  al  finale  distriliaimento  di  nervi  nell'  organo  elettrico  delta  Torpedine  (Torpédo  Narlcc  Hosso)^  S.  Rioliardi 
c  G.  Canestrini  Vrcbivio  pcr  la  Zoologia,  rA,iatoniia  c  laFisiologia.il'  série,  vol.  11,  l'asc.  1  (1870).  —  (Compte  rendu  par 
I''.  lioll,  dans  fieutralblaltf.   d.  iiied.  Wissuns.  1,S73). 

(())  Zur  Anatomie  des  liranchiosta  Inbrinum  (lleicliert  et  du  liois-Keyiuoud,  Arcliiv.  p.  755-758.  1870). 
(7)  Vctier  die  Sinnesorgann  der  Seitenlinie  bei  Fischen  und  Amphibien  i\\rU.  I.  uidir.  .\iial.  von   M.  Schuitzc.  Bd  VI, 
p.  02-83.  3  Taf.  1870,  et  Arcii.  Zool.  exp.  Notes  et  lievue.  1872). 


4-2  INTRODUCTIOiN. 

la  Torpille  et  signalé  l'existence  de  ganglions  à  l'origine  des  nerfs  électriques  de  la  Torpille  adulte, 
cherche  la  signification  morphologique  des  plaques  électriques  (1). 

Dans  un  mémoire  sur  le  système  nerveux  central  des  Vertébrés,  Stieda  combat  les  détermina- 
tions de  Micklucho-Maclay  sur  le  cerveau  des  Poissons  par  l'exposé  de  ses  travaux  personnels  sur 
le  cerveau  des  Poissons  osseux.  Dans  un  chapitre  de  l'ouvrage,  traitant  de  la  comparaison  des  nerfs 
cérébraux  avec  ceux  de  la  moelle  épinière,  Stieda  s'appuie  sur  les  preuves  que  lui  en  ont  fournies  les 
Poissons  pour  affirmer  l'existence  des  nerfs  sensitifs  supérieurs  (2). 

Peu  de  temps  après,  le  cerveau  et  la  moelle  épinière  de  la  Raie  sont  soumis  à  l'analyse  du  pro- 
fesseur de  Dorpat  (3),  tandis  que  le  tube  médullaire  des  Poissons  osseux  est  étudié  dans  son  déve- 
loppement par  Schapringer  (4). 

Dans  un  Manuel  iVanatomic  des  Vertébrés  de  Huxley,  on  trouve  au  chapitre  relatif  à  la  classe 
des  Poissons  quelques  aperçus  sur  le  système  nerveux  de  ces  animaux  considéré  dans  chacun  des 
grands  types  (5^. 

Gegenbaur  s'est  livré,  dans  un  travail  spécial,  à  l'étude  des  nerfs  cérébraux  de  VHexanchus 
qriseus  et  de  leurs  rapports  avec  les  nerfs  spinaux.  Il  s'est  occupé  longuement  des  modifications  du 
squelette  crânien  comme  ayant  une  grande  influence  sur  la  transformation  des  rapports  d'origine 
des  nerfs.  Les  faits  observés  l'amènent  à  un  nouveau  mode  d'interprétation  du  squelette  crânien 
chez  les  Vertébrés  (6).  —  Il  a  développé  ces  premières  idées  dans  un  travail  sur  la  comparaison  des 
nerfs  cérébraux  avec  le  squelette  crânien.  Ce  travail  offre,  après  quelques  considérations  générales 
sur  l'étude  du  système  nerveux,  la  description  détaillée  des  nerfs  de  l'Hexanchus,  sorte  d'introduc- 
tion au  chapitre  où  se  concentre  l'intérêt  par  l'ensemble  de  considérations  touchant  l'interprétation 
des  nerfs  crâniens  envisagés  dans  leurs  rapports  avec  les  nerfs  spinaux  et  avec  le  squelette  cépha- 
lique.  Les  vues  de  l'auteur,  prenant  leur  point  d'appui  dans  la  théorie  transformiste,  méritent  l'atten- 
tion sinon  par  la  certitude  du  moins  par  l'originalité  (7). 

M.  Pouchet  a  institué  une  série  d'expériences  sur  le  rôle  du  système  nerveux  dans  les  change- 
ments de  coloration  que  présentent  certaines  espèces  de  Poissons.  Il  résulte  de  ces  expériences  que 
le  mécanisme  physiologique  par  lequel  ces  Poissons  «  prennent  la  couleur  du  fond  sur  lequel  ils 
vivent  »  a  son  centre  dans  le  cerveau  et  son  point  de  départ  dans  les  impressions  produites  sur  la 
rétine  par  le  milieu  ambiant,  le  cervetiu  transmettant  ces  impressions  jusqu'aux  chromoblastes  de 
la  peau  par  l'intermédiaire  des  nerfs.  Les  observations  ont  porté  sur  la  petite  Blennie,  sur  une 
espèce  du  genre  Gohius  et  sur  le  Turbot  (8). 

(1)  Entwickcluny  der  ctectrischen   Organe  und   Bedcittung  der  motorisclien  Endplatten    (Ceniralblatt.    f.   d.    meJ. 
Wissensdi,  p.  211-257.  1870). 

(2)  Studien  iiber  das  centrale  Nervcnsijstem  der  Wirbelthiere  (Zeitsch.  f.  wiss.  Zool.  Taf.  17-20,  p.  273-i5fi.  1870). 

(3)  Notizie  preliminnri  sul  cervello  e  sul  medullo  spinale  délie  Raje  (Rendiconto   délia  R.   Acad.  délie  scieiize  fisiche 
e  maternai,  di  Napoli.  Dér.embre  1871). 

(i)  Ueher  die  Bddumj   des   Mediitlarrohrs    bel   den  Knochenfischen   (Zitzungsb.  d.   Wieii.  .\liad.    der  Wiss.    2   .\blli. 
Bd  LXIV.  1871). 

(5)  A  Maniial  nf  llie  Anatomij  of  Vertebraled  Animais.  ri'Cliap.  1871.  (Trad.  frniK,'.  1875.) 

(6)  Uchprdieh'opfnertenvonHexfincliusiuidilu-Verhdlt.nisszur«Wirbcltlii'oriedesSchàdelsy>{7A'\tsd\.\ena,\<.i91-^60A^Ti)- 

(7)  Verglcichinuj  der  Kopfncrven  mit  Beziehung  auf  das  Kopfsguelctl    (Llnlersuebuiigeu  zur  vergleiclieiideu  Aiiatomie 
der  Wirbelbicre.  Leipzig.  3'"  Heft.,  p.  264.  1872). 

(8)  Du  rôle  des  nerfs  dans  les  changements  de  coloration  desPoissnns  (Lu  à  l'Acad.  des  se,  16  octobre  1871)  (Journ.  do 
l'analomie  et  de  la  physiologie  de  l'homiiie  et  des  aiiiiiuiux.  T.  Vlll,  p.  71-7i.  1872). 


IIISTOIUQli;.  43 

Dans  un  travail  relatif  à  lu  siiiuiinv  du  conarium  chez  les  difFérents  types  de  Vertébrés  (1), 
Hagemann  traite  très  brièvement  du  coiiariidii  des  Poissons  (2). 

Owsjannikow  a  communiqué  certains  faits  relatifs  à  des  organes  du  tact  nouvellement  obser- 
vés chez  les  Poissons.  Il  a  Irouvé  à  certains  endroits  de  la  lètc  du  Slerlet,  dans  les  barbillons  et 
la  peau  de  la  lèvre,  des  organes  spéciaux  dont  il  donne  la  (lcs(ri|)liiiii.  Il  a  a|ii'riu  anssi  la  relation 
des  nerfs  avec  les  éléments  de  ces  organes  (8). 

L.  de  Sanctis  émet  à  l'égard  des  Tor|)illes  des  considérations  sur  la  terminaison  et  les  rapports 
des  fibres  nerveuses  avec  les  noyaux  de  la  phupie  électrique.  Dans  la  partie  relative  au  développe- 
ment embryonnaire,  de  Sanctis  indique  le  mode  de  formation  de  l'organe  électrique  et  le  suit  dans 
ses  transformations  successives.  Il  considère  tout  l'organe  comme  une  formation  de  la  couche  ger- 
minative  médiane  et  la  substance  des  plaques  pseudo-électriques  de  la  Raie,  ainsi  iph'  les  plaques 
électriques  de  la  Torpille  comme  substance  connective  servant  de  tissu  de  suppoil  à  l'extension  des 
nerfs  (4). 

M.  Jobert,  voulant  établir  que,  chez  les  Poissons,  les  barbillons,  les  tentacules  et  certaines 
parties  des  nageoires  sont  des  organes  actifs  du  toucher,  cherche  les  preuves  de  son  opinion  dans 
l'étude  anatomique  des  nerfs  qui  se  rendent  à  ces  appareils.  Les  barbillons  mous  on  ligides 
reçoivent  des  branches  du  trijumeau  qui,  dans  ceux-ci,  acquièrent  parfois  un  volume  considérable. 
Les  pseudo-barbillons  {Ophidlam)  reçoivent  deux  branches  spinales,  la  branche  latérale  du  triju- 
meau et  un  rameau  du  glossopharyngien.  L'auteur  signale  chez  le  Mulle  l'existence  d'uu  rameau 
qui  unit  le  nerf  du  barbillon  au  Irijumcau  dont  il  forme  la  branche  diti'  ladrale.  11  constate 
aussi  l'anastomose  du  nerf  vague  avecla  branche  latérale.  Dans  les  nageoires,  les  nerfs  se  disiri- 
buent  suivant  un  mode  uniforme.  Les  rayons  destinés  à  l'exercice  actif  du  tonclier  rcçoi\ eu l  |»lus 
de  nerfs  que  tout  le  reste  de  la  nageoire  et  présentent  quelquefois,  sans  modilication  de  forme  ou  de 
position  de  la  nageoire,  une  innervation  spéciale  et  une  accumulation  des  papilles  cupulilbrmes 
et  des  organes  ovoïdes.  Ces  observations  ont  été  faites  sur  les  genres  Barbeau,  Gade,  Loche, 
Trigle,  Mulle,  Merlan,  Vmhrhm,  Carpe,  Motclle,  Silure,  Goujon,  Upeneus,  Pliijcis  et  Oitlii- 
diuiH  (5). 

M.  L.  Ranvier  étudie  la  structure  intime  des  nerfs  de  la  Raie  et  de  la  Torpilli',  iuiliipiaul  pour 
chacune  d'elles,  en  les  comparant,  la  forme  et  les  dimensions  des  tubes  nerveux.  11  .■-uit  le>  lemu- 
naisons  de  ces  tubes  jusque  dans  les  plaques  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille  dans  le  but  de 
faire  ressortir  la  distribution  des  gaines  des  nerfs  et  leur  signification  histologique  (6). 

(1)  Ueber  den  Bau  des  Conarium  (Miiller's  Arcliiv,  p.  1211-151.  IS72). 

(2)  Page  i53. 

(3)  Ueber  neue  Tastorgano  beini  Sterlet  iZeilscli.  f.  wiss.  Zool.  T.  \.\ll,  p.  2'J2.  1X72).  —  Sitzungsber.  der  zoolopriseli. 
.Abth.  der  III.  Versam.  russ.  Nalurf.  in  Kief  milst'Hi.  voii  1\  Kowaleswky. 

{'i)  Ëmbnjoijcnia  dcgli  organi  elcltrici  délie  Torpedini  e  deglt  organi  pseudo-eicttrici  délie  Itajc  { i  Tali.)  (  I872i.  —  Aiti 
délia  H.  .\ca(l.  dclle  scienze  fisiclie  e  mateinat.  di  Napoli  (1872).  —  Coiiipt.  rend,  par  F.  Boll,  dans  Ceiilralblatl  f.  d.  iiied. 
Wissens.  (IS73). 

(5)  Études  d'anatumtc  comparée  sur  les  organes  du  toucher  citez  divers  Mammifères,  Oiseaux,  Poissons  et  Insectes. 
(Ami.  se.  liât.,  5«  série.  T.  XVI,  av.  pi.,  1872). 

{(>)  Des  étranglements  annulaires  et  des  segments  interannulaires  chez  les  Raies  et  les  Torpilles.  (Coiiipi.  rend.  Acad.  d. 
se,  p.  1129-1132.  1872). 


U  IISTRODUCTION. 

Nous  nous  bornons  à  la  simple  mention  des  Eléments  de  zoologie  où  Claus,  vu  la  nature 
élémentaire  de  l'ouvrage,  n'a  pu  traiter  du  système  nerveux  des  Poissons  que  d'après  les  au- 
teurs (I). 

On  doit  à  Oellacher  l'exposé  d'une  série  d'observations  sur  les  premiers  développements  de 
l'axe  médullaire  (2). 

E.  Baudelot  signale  cbez  les  Gadus  pollachius,  Gadiis  molva  el  Lota  vulgaris  l'existence  d'un 
rameau  ascendant  du  pathétique,  analogue  à  celui  qu'il  avait  découvert  chez  le  Gadus  merlungns 
et  décrit  dans  un  mémoire  antérieur  (3). 

Dans  un  travail  d'IIoyer  sur  les  nerfs  de  la  cornée  (4),  on  trouve  un  certain  nombre  d'obser- 
vations relatives  aux  Poissons  (5). 

Stieda  a  de  nouveau,  dans  un  Mémoire  (6),  réfuté  les  vues  émises  sur  l'encéphale  des  Poissons 
par  Micklucho-Maklay  (7),  vues  acceptées  par  Gegenbaur  dans  la  seconde  édition  de  ses  Éléments 
d'anatomle  comparée.  La  même  année,  il  se  livre  à  des  i-echerches  sur  la  structure  de  la  moelle  de 
plusieurs  genres  de  Raies  (ToryWo,  i?«yrt,  Tryf/ou)  et  de  Squales  (Sq.  Mustelns  et  Sq.  Galeus). 
Après  avoir  donné  quelques  détails  sur  les  caractères  extérieurs  de  la  moelle,  l'auteur  aborde  l'étude 
de  sa  structure  intérieure  (8). 

On  possède  de  Max  Reichenheim  un  travail  important  sur  la  structure  des  lobes  électriques  de 
la  Torpille.  L'auteur  débute  par  une  esquisse  historique  de  la  question;  il  étudie  ensuite  avec 
détails  la  structure  des  lobes  électriques  au  moyen  de  coupes  faites  sur  leur  trajet  (9). 

Francesco  Todaro  a  fourni  quelques  observations  sur  les  caractères  et  le  mode  de  terminaison 
des  fibres  nerveuses  dans  les  papilles  de  la  muqueuse  bucco-branchiale  (10). 

Une  étude  de  R.  Arndt  sur  les  terminaisons  nerveuses  dans  les  muscles  striés,  embrasse  un 
araïul  nombre  de  faits  concernant  les  animaux  Vertébrés  et  Invertébrés  ('Jl).  Des  recherches  du 
même  auteur  sur  les  corps  ganglionnaires  du  nerf  sympathique  s'étendent  à  l'ensemble  des  Verté- 
brés. Parmi  les  Poissons  étudiés,  on  cite  le  Dellone  vulgaris  el  la  Perça  fluviatilis  (12). 

Boll  a  fourni  certains  détails  sur  la  terminaison  des  nerfs  dans  les  lames  de  l'appareil  élec- 
trique de  la  Torpille  (13)  et  a  fait  une  série  d'expériences  très  variées  sur  le  système  nerveux  de  ce 

(1)  GruniJziige  der  Zoologie  (IS72). 

(2)  Bcilniye  ziir  Etitwicklunijsgi'schichte  dev  Knoclieti/îsche  nacli  Bcobachtungi'u  am  Bachforellencie  (Zeitscli.  f.  wiss. 
Zool.  2"  i.iivlie.  T.  Wlll,  cli:i|i.  IV  et  V,  p.  31-66,  mit  Taf.  1873). 

(3^  Noie   sur    un  rameau   dorsal  du    nerf  pathétique   chez  les    Gadcs  (Arcli.  Zool.    expér.,    notes    et  revue.    T.    Il, 
p.  41.  1873). 

(i)  Veber  die  Nerven  der  HornhanI  (  Ai-rli.  f.  iniKr.  .\nat.,  aver  pi.  T.  IX,  p.  220.  1873). 

(5)  Pages  250-2.JI. 

(6j   Ueber  die  Deuluiuj  der  einzelnen  Theile  des  Fischgehirns  (Zeit.  f.  \v.  Zool.  T.  XXIll,  p.  143-150.  1873). 

(7)  1868  et  1870. 

(8)  Ucbcr  dcn  Ban  des  Riickeumarkes  der  Rochcii  imd  der  Haie  (Zeitseh.  f.   wiss.  Zool.,  mit  Al)b.  T.  XXIll,  p.  434- 
442.  1873). 

(9)  Beitrâgc  zur  Kenntniss  deselcctrischen  Centratargans  von  To/'pt'rfo  (Mfiller's  Ai-eliiv,  mitïaf.,p.  751-759.  1873.) 

(10)  Les  organes  du  goût  et  la  muqueuse  bucco-branchiale  des  Sélaciens  (Arch.  Zool.  exp.    Lacaze-Dulliiers,  avec  1  pi. 
T.  II.  p.  531-558.  1873). 

(11)  Untcrsuchungen  ûljer  die  Endigung  der  Nerven  in  den  quergestreiften  Muskelfasern  (Arcliiv  f.  niil<r.  Anal.  T.   IX, 
p.  553-565.  1373;  Poissons,  p.  547-552). 

(12)  Untersuchungen  ûber  die  Ganglienkôrper  des  Net-vus  sympathicus  (Aicliiv  f.  milir.  Aiiat.,  mit  1  Taf.  T.  X,  p.  208- 
211.  1 873-7  i). 

(13)  UieStrncktur  deretectrischen  Ptallen  von  Torpédo  (,\rcliiv  f.  .Mihr.  Aiiat.  T.  X.  1  Taf.,  p.  101-121.  1873-74). 


111. M  uni  OLE.  4") 

Poisson  (1).  L'exposé  de  ces  expériences  est  suivi  de  considéralions  anatomiques  sur  le  mode  de 
lerminaison  des  nerfs  dans  les  plaques  électriques. 

Un  autre  travail  de  Boll  sur  l'histologie  et  l'histogenèse  de  l'organe  nerveux  central  a  fourni 
aussi  des  indications  relatives  aux  Poissons  (2). 

Après  son  étude  sur  la  Torpille,  Boll,  poursuivant  une  recherche  analogue  sur  les  plaques  élec- 
triques du  ^lalaptérure,  s'est  également  occupé  du  mode  de  terminaison  des  fibres  nerveuses  dans 
ces  organes  (3). 

Dans  MU  mémoire  sur  la  l'acuité  ([u'onl  certains  Poissons  de  produire  des  sons,  Dufossé  con- 
sidère les  nerfs  de  l'appareil  auditif  des  Saurels,  les  nerfs  des  muscles  intercostaux  des  Lyres,  ceux 
qui  se  rendent  aux  muscles  de  l'apjjareil  vésico-pneumatiquc  des  Dorées,  du  Dactyloptère  et  du 
Perlon  (4). 

Gcgenbaur  dans  son  Manuel  (ranatomie  comparée  a  consacré  (5)  quelques  pages  aux  organes 
des  sens  des  Vertébrés  et  implicitement  des  Poissons  (6).  Les  faits  qu'il  expose  sur  le  système  ner- 
veux de  ceux-ci  ne  sont  que  le  résumé  succinct  des  travaux  spéciaux  sur  le  sujet.  Un  point  de 
vue  original  cependant,  est  l'opinion  de  l'auteur  sur  certains  nerfs  cérébraux.  D'après  lui,  les 
nerfs  trijumeau,  acoiistico-facial  Qi  vague  sont  des  nerfs  priinitils  conslruiis  sur  le  type  des  nerfs  spi- 
naux duiit  il  faut  les  rapprocher.  Ils  ont  chacun  une  racine  motrice  et  une  racine  sensitive.  Cette 
conception  relative  aux  nerfs  encéphaliques  est  en  connexion  immédiate  avec  la  doctrine  de 
l'auteur  sur  le  squelette  de  la  tète  des  Vertébrés. — Dans  une  édition  postérieure  du  même  ouvrage,  il 
émit  relativement  à  l'encéphale  des  Poissons  une  théorie  différente  de  celle  qu'il  avait  adoptée  dans 
la  première  (7). 

Les  résultats  obtenus  par  Rolzius  relativement  aux  terminaisons  nerveuses  dans  l'appareil 
auditif  des  Poissons  osseux,  dilfèrent  de  ceux  de  ses  prédécesseurs.  11  n'est  pas  d'accord  avec 
Schultze  sur  la  nature  des  éléments  intimes  de  cet  organe.  Il  considère  les  cellules  à  filaments 
ou  terminaisons  nerveuses  de  cet  anatomiste  comme  des  cellules  épithéliales  indifférentes;  ses 
cellules  basilaires  comme  répondant  aux  cellules  épithéliales  propres  des  points  de  terminaison 
des  nerfs  chez  les  Vertébrés  supérieurs;  enfin,  ses  cellules  cylindriques  ou  cellules  de  soutien 
comme  la  terminaison  propre  des  nerfs  auditifs  répondant  aux  cellules  auditives  des  Vertébrés 
supérieurs.  Les  appendices  particuliers  de  l'appareil  olfactif  d  les  filaments  de  l'organe  auditif  ne 
sont  unis  dans  ces  deux  organes  qu'avec  les  cellules  de  terminaison  nerveuse.  Retzius  a  observé  la 
disposition  et  le  mode  de  distribution  du  nerf  acoustique  dans  le  labyrinthe  des  Poissons  suivants  : 
Esoces,  Percoïdes,  Pleuronectes,  Muiénides,  Cyprinides,  Salmonidés  et  Ganoïdes  (8). 


(1)  BeUvaije  ztir  PhiisioUxjie  von  Torpi'do  (Roiciiort's  et  ilii  liois-Reymond,  Arcliiv,  p.  7(3-102.  1873). 

(2)  HistiuUiijie  ttnd  UhlUiijenef^e  (1er  nervuscn  Cunivalorymic  (Arciiiv  IVir  Psyciiial.  ii.  NcrvenliiMiiiîii.  2  Taf.)  Rerlin  (1873). 

(3)  Die  Struktur  der  electrischen  Plalten  ron  Malaptenirus  {.\rch(.m\kv.  .\iiai.,  I   T.if.  T.  X,|i.  212-251.  1873-7i). 

(4)  Recherches  sur  les  liniits  et  les  sons  expressifs  que  font  entendre  les  Poissons  d'Europe  et  sur  les  onjanes  produc- 
teurs de  ces  phénomènes  acoustiques  ainsi  que  sur  les  appareils  de  l'audition  de  plusieurs  de  ces  aHimrti/.r  (.\iiii.  des  se. 
iKit.,  4  pi.,  5'  série.  T.  XI.\-XX.  187i). 

(5)  Grundziige  der  rcrgleichendcn  .[natomic.  Leipzig  (1870).  —  Manuel  d'anatomie  comparée.  Traduction  française 
di!  Vofc'l.  Paris,  1874). 

(6)  2°  partie,  7<'  division. 

(7)  Manuel  d'anatomie  comparée.  (Traduction  française  do  C.  Vogl.  1874). 

(8j  Gehorlaburinlh  der  Knochenfischc  Oonvii.  Zoo),  de  Gervais,  IV,  p.  I7'J-I84.  Slockliolm.  1875). 


46  IiNTRODUCTION. 

Jackson  a  décrit  les  différentes  parties  de  l'encéphale  de  VEcIiijnorhiims  spuwsus,  l'origine,  le 
trajet  et  le  mode  de  terminaison  des  nerfs  cérébraux  et  des  nerfs  spinaux  (1). 

Balfour  a  étudié  le  développement  des  nerfs  spinaux  dans  les  trois  espèces  suivantes  d'Élas- 
mobranches  :  Sci/Uium,  Pristiurus  et  Torpédo.  La  similitude  du  mode  de  développement  des 
racines  postérieures  des  nerfs  spinaux  et  des  nerfs  du  crâne  lui  a  paru  établir  l'identité  des  relations 
morphologiques  entre  ces  nerfs.  Un  point  sur  lequel  l'auteur  appelle  l'attention  est  l'homologie 
probable  de  la  commissure  unissant  les  extrémités  dorsales  des  racines  nerveuses  postérieures 
avec  la  commissure  des  branches  du  nerf  vague.  Celle-ci  est  ensuite  constituée  par  leur  jonction 
commune  avant  de  se  rendre  à  la  moelle  allongée  (2). 

Une  étude  histologique  sur  la  structure  des  centres  nerveux  des  Plagiostomes  a  été  faite  par 
M.  Viault.  Les  différences  que  lui  ont  présentées  les  éléments  pris  isolément  lui  ont  paru  moins 
porter  sur  la  nature  intime  que  sur  la  forme,  les  proportions  et  le  rapport  numérique  des  éléments 
entre  enx.  Il  estime  que  les  résultats  obtenus  sont  d'une  importance  capitale  pour  établir  l'homologie 
véritable  du  cervelet  et  pour  démontrer  la  fausseté  de  l'opinion  de  Micklucho-Maklay  et  de  Gegenbaur 
relativement  à  cet  organe.  L'auteur  fait  rentrer  les  Poissons  dans  le  type  cérébral  des  autres  Ver- 
tébrés, regardant  leurs  lobes  optiques  comme  les  tubercules  quadrijumeaux  de  ceux-ci  et  les 
lobes  inférieurs  comme  le  tuber  cinereimi  (S). 

Huxley  a,  dans  un  écrit,  traité  de  la  constance  d'origine  de  la  quatrième  paire  nerveuse  et  de 
l'argument  en  faveur  de  la  détermination  communément  acceptée  des  lobes  cérébelleux  et  optiques 
chez  les  Requins  et  les  Raies  (4). 

Dans  un  travail  sur  la  structure  intime  et  la  disposition  des  différentes  parties  du  cerveau  des 
Poissons,  Fritsch  se  range  à  l'avis  de  Gegenbaur  et  de  Micklucho-Maklay  d'une  part,  de  l'autre  à 
celui  de  Slieda,  pour  l'interprétation  du  cerveau  moyen  et  du  cervelet  (5). 

BoU  est  revenu  sur  les  terminaisons  nerveuses  dans  l'organe  électrique  de  la  Torpille.  Il  veut 
établir  que  les  ramifications  à  la  périphérie  ne  s'anastomosent  ni  entre  elles  ni  avec  des  fibres 
nerveuses  émanant  d'autres  troncs  (6). 

Wilder  a  étudié  le  développement  de  la  partie  antérieure  du  cerveau  des  Requins  et  des  Raies. 
L'observation  de  la  structure  des  lobes  et  eriira  olfactifs  et  de  la  position  des  hémisphères  l'ont 
amené  à  modifier,  relativement  à  ces  parties,  les  déterminations  adoptées  jusque-là  (7).  Il  s'est 
aussi  occupé  dans  un  mémoire,  de  l'encéphale  de  la  Chimère;  après  en  avoir  donné  la  description 

(1)  The  braiii  and  cramai  nervcs  of  Ecliynorhinus  spinosits,  ivith  notes  on  the  otlicr  viscera  (Jouni.  of  Aiiat.  ami 
Phjs.,  1  pi.,  p.  75.  1875). 

("2)  0/1  Ihc  devclopmcnt  of  tlie  spinal  nerves  in  Elasniohranch  Fislicf  (l' .  li.  Soc.  \.\1V.,  p.  13l-loO)  (.Vhst.)  1875-1876). 

(3)  Recherches  histolofiiques  sur  la  structure  des  centres  nerveux  des  Plaijioslomes.  (\\xh.  Zoo].  Expùr.  de  M.  Lacaze- 
Dulhiers,  i  pi.  T.  V,  p.  U\-b'lH.  ISTll). 

(4)  On  tkc  constancy  of  origin  of  the  fourlh  pair  nf  nerves  as  on  argument  for  the  commonly  accepted  détermination 
ofthc  cercbellnm  and  oplic  lobes  of  Shitrks  iind  Skates.  L'a  publisheil  roiiiarks  upou  llir  pi'ouiliiit,'  |i.ipiT,  at  lliu  iiit'e(in({  of 
Ihe  Am.  Ass.  tos  tlie  aJv.  science,  of  at  liulfalo  (I87G). 

(5)  Ueber  dcn  feincren  Ban  des  Fischgehirns  (Akad.  IScrliii,  p.  "Iti-i'J.  I87ii). 

(G)  Ncue  UntersKcliinu/en  iiber  die  Strncklur  iter  el.cctrischen  Plalten  von  Torpédo  (Reichcrl  ei  du  Bois-Ueymoiul,  Arch 
f.  Anat.  Phys.  u.  Wis.  .\led.  Taf.  VllI,  p.  '.0-2-17:1.  I.S7(i). 

(7)  Note  on  the  decelopment  and  liunulogics  of  the  anterior  Brain-mass  nilli  Hliarks  and  Skate'i  (Ain.  .louni.  se.  Ml, 
p.  103-IOG.  1870j. 


lll.STOHIULH.  47 

anatomiqnc  et  signalé  les  particularités  que  lui  mil  |iivse,nlées  certaines  parties  de  cet  organe, 
l'auteur  s'csl  livré  à  des  considérations  morpliologiques  et  taxonomiqucs.  Considérant  la  structure 
du  cerveau,  il  fait   drs  lluldcéiilialcs  un  groupe    spécial  distinct   ilc  celui  des  Plagioslomcs  (1). 

Kowalewsky  a  cntrcpiis  réccnnucnl  de  nouvelles  études  sur  le  développement  enibryoïmaire  de 
rAmphioxus.  11  espère  par  la  connaissance  du  mode  de  formation  de  son  système  nerveux,  éta- 
blir un  |)riiicipe  de  conii)araisiiii  entre  celui  des  Vertébrés  et  celui  des  Annéliile>.  Les  résultats 
obtenus  le  conduisent  à  penser  que  les  syslènnîs  nerveux  de  ces  ordres  d'animaux  m/  >nnt  lioniulo- 
gues  que  considérés  à  un  point  de  vue  général  et  analogues  seulement  dan-  leurs  détails  (2). 

Le  développement  tunbryonnaire  du  tube  niédullairi!  de  la  Lamproie  a  été  étudié  par  E.  Cal- 
berla.  Ce  tubi'  pioviendrait  du  leuillet  germinatil' primitil'  supi''iieur  '."i). 

Revenant  sur  la  question  des  homologies  relativement  à  la  structure  du  système  nerveux  central 
dans  difïérsnles  classes  d'animaux,  Fritsch  signale  les  modilications  rpw  présentent  chez  les  Pois- 
sons les  régions  du  cerveau  (4).  Il  continue  cette  étude  dans  un  mémoire  spécial  qui  comprend  une 
description  des  parties  du  cerveau  des  Poissons  et  une  partie  d'aualomie  microscopique.  Les 
observations  recueillies  le  conduisent  à  établir  les  homologies  de  ces  parties  avec  les  parties 
correspondantes  des  Vertébrés  supérieiu-s.  Le  cerveau  antérieur  secondaire  (sccondare  Vorderhirn) 
répond  aux  liémisphères  (S<ïr«/w>H);  le  cerveau  antérieur  primaire  (/«7w«/v'  Vunlcr/iinn  à  un  cer- 
veau imparfaitement  développé  et  est  désigné  sous  le  nom  de  lobe  central  [Slammhirn);  le  cerveau 
postérieur  (//«H /er/<«/'«)  conserve  la  signification  que  lui  donnent  les  auteurs.  Les  deux  premières 
divisions  du  cerveau  sont  considérées  comme  une  fusion  persistante  du  cerveau  antéricni-  primaire 
(Slummhirn)  avec  le  secondaire  (SlirnJiirn).  Enfin,  le  cerveau  intermédiaire  {ZwixchcnJiini)  répond 
au  cerv(det  {Klciii/iini)  (5). 

(1)  On  tlic  brain  of  Chimœra  )iionstrosa  [V.  Ac.  Pliilad.,  p.  -H'J-^lhO.  1877j. 

(2)  Wciterc  Studien  iiher  die  Enlwichclungsgcschichtc  des  Amphioxus  lanceolatus,  nebst  cincm  Bcitrage  ziir  Homologie 
des  Nervcnsijslews  der  Wiiniicr  mid  U'irlic'.tliiere  (Scluiltze,  Arcli.  fin-  niiliro5CO|iisi-li.  Anat.,  T.  Xill,  p.  .'81--J01.  Mit.  Taf.  1877). 

(3)  Zur  Entirichl/niij  des  McduUarrolii-cs  nnd  der  Cliorda  dursalis  der  Teleostieriini  derPetromyzonten  (.Morpii.  Jalir 
Bucii.  T.  III,  pi.  XI-XIII,  ]).  22(;-'270. 1877). 

(1)  Ueber  Homoloijien  im  Bau  des  centrnien  Nervensystems  bei verschiedenen  Tlnerdassen  (Arcli.  Anal,  uml  Pliys.,  du 
Bois-Rejmoiid,  p.  578-580.  1877). 

(5)  Untersuchungcn  iiber  den  fclneven  Bun  des  Fischgehirns  mit  besonders  Beriicksichtigung  der  llomologien  bei 
onrfcrji  Wirbelthier-classen  (.Mit  Taf.  lierliii.  1878). 


SYSTI^Mi:   NEIIVEUX  DES  TOISSONS 


DESCRIPTION  r.ÉNÉnALE  DU  CERVEAU 

Lorsqu'on  ouvre  le  crAiie  des  Poissons  osseux,  on  reconnaît  qu'en  général  le  cerveau  ne 
remplit  qu'iniparraitemciil  la  boîte  crânienne,  la  cavité  étant  comblée  par  un  tissu  clhilain; 
1res  lùclie  dont  les  mailles  emprisonnent  une  matière  huileuse  plus  on  moins  abondante.  Toute- 
fois, il  existe  à  cet  égard  des  différences  très  prononcées  :  ainsi,  chez  certains  Poissons,  tels 
que  le  Merlan,  la  Lotc,  le  Brochet,  le  cerveau  remjjlit  presque  entièrement  la  cavité  du  crâne,  et 
la  matière  cellulo-graisseuse  est  peu  abondante;  chez  d'autres  espèces,  au  contraire,  comme  la 
Carpe,  la  Tanche,  le  Saumon,  les  Cyprins  en  général,  le  cerveau  est  enfoui  profondément  au-des- 
sous de  la  couche  de  tissu  graisseux.  Si  l'on  déchire  ce  tissu  sous  l'eau,  on  voit  aussitôt  dos  goutte- 
lettes d'une  huile  limpide  s'en  échapper  et  venir  (lotter  à  la  surface;  cette  huile  est  ordinaire- 
ment incolore,  que^iuefois  elle  est  de  couloui'  rosée.  Chez  le  Congre,  le  tissu  graisseux  qui 
environne  le  cerveau  est  blanchâtre  et  d'une  consistance  assez  ferme.  Chez  les  Squales  et  les  Raies, 
le  cerveau  n'occupe  qu'une  partie  de  la  cavité  du  crâne  dont  le  reste  se  trouve  rempli  par  une 
sérosité  plus  ou  moins  épaisse. 

Les  dimensions  relatives  du  cerveau  par  rapport  à  la  cavité  du  crâne  varient  aussi  avec  l'âge. 
Chez  les  très  jeunes  Poissons,  le  cerveau  remplit  complètement  ou  à  peu  près  la  cavité  céphaliqne, 
il  n'y  a  pas  de  tissu  graisseux  interposé.  On  peut  aisément  s'assurer  de  ce  fait  en  examinant  de 
jeunes  Saumons  qui  viennent  d'éclore  ;  la  voûte  du  crâne  est  appliquée  sur  la  masse  cérébrale,  tandis 
que  chez  les  adultes  elle  en  est  très  séparée.  On  peut  en  conclure  que  le  cerveau  ne  croît  pas  dans 
la  même  proportion  que  les  autres  parties  du  corps,  fait  bien  facile  à  vérifier;  il  suffit  de  prendre 
deux  poissons  dont  l'un  est  d'un  volume  double  de  l'autre,  on  verra  que  le  cerveau  du  premier  est 
loin  d'atteindre  le  double  de  celui  du  second. 

Outre  le  tissu  graisseux  dont  je  viens  de  parler,  le  cerveau  est  enveloppé  de  plusieurs  mem- 
branes: l'une,  extérieure  et  assez  résistante,  répond  à  la  dure-mère,  l'autre  ;  beaucoup  plus  délicate 
et  appliquée  immédiatement  sur  l'encéphale,  représente  la  pie-mère.  Je  ne  puis  décider  s'il  existe 
une  membrane  correspondant  à  l'arachnoïde. 

La  dure-mère  tapisse  la  paroi  du|crâne;  c'est  une  membrane  assez  résistante  et  offrant  des 
couleurs  en  général  variées  du(!s  an  pigment  qu'elle  lenfernu'.  Parfois  ce  ])igmeiit  est  noir;  chez 
certains  Poissons,  le  Urochet  parjjxcmple.  Il  i'oiine  un  [liquclé  nuancé  de  noir,  di'  jaune  et  d'or. 


50  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

La  pie-mère  s'aperçoit  aisément  à  cause  de  ses  nombreux  vaisseaux;  elle  adhère  au  cerveau  d'une 
manière  assez  intime  pour  que,  sur  des  Poissons  frais,  il  soit  difficile  de  l'isoler  ;  elle  s'enlève  au 
contraire,  sans  effort,  sur  des  préparations  qui  ont  séjourné  quelque  temps  dans  du  liquide  salin  (1). 
Cette  membrane  s'étend  comme  un  pont  au-dessus  du  quatrième  ventricule,  et  elle  envoie  divers 
prolongements  à  l'intérieur  du  cerveau.  Chez  le  Brochet,  elle  est  mince,  transparente,  noirâtre  par 
suite  de  l'abondance  du  pigment.  Chez  les  Esturgeons,  les  Raies  et  les  Squales,  le  cerveau  étant 
entouré  d'un  tissu  cellulo-fdjreux  très  résistant,  la  pie-mère  est  moins  apparente. 

Après  avoir  enlevé  la  graisse  et  les  membranes  qui  revêtent  le  cerveau,  on  aperçoit  les  lobes 
de  l'encéphale  disposés  chez  les  Poissons  osseux  à  la  manière  d'un  double  chapelet.  En  examinant 
le  cerveau  par  sa  face  supérieure,  on  trouve  en  ari-ière  une  saillie  impaire  et  médiane  qui  recouvre 
la  moelle  allongée,  c'est  le  cervelet;  en  avant  du  cervelet,  une  paire  de  lobes  d'où  naissent  les 
nerfs  optiques,  ce  sont  les  lobes  optiques  ou  tubercules  bijumeaux,  toujours  creux  à  l'intérieur. 

A  l'intérieur,  les  lobes  optiques  présentent  des  renflements  qu'il  importe  de  signaler:  l'un 
d'eux,  situé  en  arrière  sur  la  ligne  médiane,  a  été  à  diverses  reprises  considéré  par  les  anatomistes 
comme  le  représentant  des  tubercules  quadrijumeaux;  il  est  ordinairement  composé  de  plusieurs 
petites  éminences  disposées  par  paires  les  unes  derrière  les  autres;  je  nomme  ce  renflement  éitii- 
nence  lohcc.  De  chaque  côté,  il  existe  deux  autres  renflements  en  forme  de  croissant  dont  le  bord 
externe  donne  naissance  à  des  fibres  blanches  radiées  qui  s'étalent  sur  la  face  interne  du  lobe 
optique;  ils  ont  reçu  le  nom  de  renflements  semi-lunaires  ou  demi-circulaires.  Sur  le  milieu  du  plan- 
cher du  lobe  optique  se  trouve  un  sillon  longitudinal.  A  l'extrémité  postérieure  de  ce  sillon,  la  cavité 
du  lobe  optique  communique  avec  le  quatrième  ventricule  au  moyen  d'un  canal  qui  passe  au- 
dessous  du  cervelet  et  qui  a  reçu  le  nom  à' aqueduc  de  Sylvius;  je  le  désignerai  sous  le  nom  A' aque- 
duc postérieur,  par  opposition  à  un  autre  petit  canal  que  je  nomme  aqueduc  antérieur  qui  fait 
communiquer  en  avant  le  lobe  optique  avec  l'espace  interpédonculaire.  Au-dessus  de  l'aqueduc 
antérieur  on  voit  la  commissure  antérieure,  et  à  son  niveau,  l'entrée  de  Vmfundihuhim.  Enfin,  sur  le 
milieu  de  la  voûte  du  lobe  optique,  s'étale  une  lame  nerveuse  allongée  en  forme  de  triangle  ou  de 
quadrilatère  ;  je  la  (jualifie  de  lame  commissurale. 

En  avant  des  lobes  optiques  se  trouve  une  paire  de  renflements  solides  reliés  entre  eux  par 
une  commissure  blanche  très  étroite  :  ce  sont  les  lobes  cérébraux  ou  hémisphères;  la  commissure 
qui  les  réunit  a  reçu  le  nom  de  commissure  inlerlobulaire. 

Il  existe  en  général  une  paire  de  tubercules  olfactifs  situés  au  devant  des  hémisphères  ;  dans 
quelques  cas  cependant,  les  tubercules  olfactifs  se  trouvent  portés  au  sommet  des  nerfs  de  l'odorat. 

En  écartant  les  lobes  optiques  des  hémisphères,  on  découvre  au  fond  de  l'intervalle  qui  les 
sépare  deux  pédoncules  avancés  à  peu  près  parallèlement  et  que  leur  situation  permet  de  considérer 
comme  les  pédoncules  cérébraux;  entre  eux,  se  trouve  une  gouttière  profonde  que  je  désigne  sous 
le  nom  d'espace  interpédonculaire.  Sur  le  bord  supérieur  de  chaque  pédoncule  cérébral  on  aperçoit 
en  arrière  un  petit  tubercule  un  peu  aplati,  désigné  par  Gottsche  sous  le  nom  de  tubercule  intermé- 
diaire, mais  pour  lequel  je  préfère  celui  de  tubercule  pédonculaire,  comme  étant  de  nature  à  mieux 
indiquer  ses  rapports.  Entre  les  deux  tubercules  pédonculaires  s'étend  une  commissure  transver- 

(1)  Mélange  d'e;ui,  il'alun  et  de  sel  marin. 


DESCKII'TION    iJENEUALE  DU   CERVEAU.  51 

sale  très  mince,  la  commissum  tcmdssima  de  Gottselie,  et  pour  nous  la  commissure  (prie.  On 
remarque  encore  entre  les  lobes  optiques  et  les  hémisphères  un  petit  corps  arrondi ,  la  glande 
pinéale. 

Le  cerveau  considéré  par  sa  face  inlérieurc,  on  disliiiguc,  en  allant  d'avant  en  arrière,  la  face 
inférieure  des  tubercules  olfactifs,  celle  des  hémisphères,  l'entre-croisemont  des  nerfs  optiques 
dont  la  base  présente  une  commissure  transversale,  la  commissure  de  Huiler.  Plus  en  arrière 
existent  deux  lobes  volumineux,  généralement  ovalaires,  désignés  sous  le  nom  de  lobes  inférieurs  ; 
ces  lobes  s'écartent  en  avant  poui-  circonscrire  un  petit  espace  de  forme  triangulaire  (le  triyonum 
fissum)  sur  le  milieu  duquel  s'insère  V hypophyse;  dtirrièrc  celle-ci,  entre  les  deux  lobes  inférieurs, 
se  montre  un  petit  appendice  vasculo-membraneux,  le  sac  vuscidairc. 

Au  delà  des  lobes  inférieurs  s'étend  la  moelle  allongée.  Lorsqu'on  en  sépare  les  lobes  infé- 
rieurs, on  aperçoit  une  commissure  transversale  ayant  la  forme  d'un  X  couché  en  travers;  cette 
commissure  a  été  désignée  par  Goltsche  sous  le  nom  de  commissura  ansulata;  je  la  nomme  commis- 
sure antérieure  des  pyramides.  Enfin,  vers  l'extrémité,  la  face  inférieure  de  la  moelle  allongée  pré- 
sente une  série  de  fibres  transversales  recourbées  en  avant';  je  les  appelle  fibres  arciformes. 

Les  nerfs  crâniens  sont  remarquables  par  la  ressemblance  qu'ils  offrent  avec  ce  que  l'on 
observe  dans  les  classes  supérieures.  La  première  paire  naît  des^  tubercules  olfactifs,  ou,  quand 
ceux-ci  manquent,  de  l'extrémité  antérieure  des  hémisphères;  la  deuxième  paire  émane  toujours 
des  lobes  optiques  ;  la  troisième  paire  prend  son  origine  sur  la  face  inférieure  du  cerveau,  au-des- 
sous et  en  arrière  des  lobes  inférieurs,  elle  se  distribue  à  tous  les  muscles  de  l'œil,  moins  l'oblique 
supérieur  et  l'abducteur;  la  quatrième  paire  (pathétique)  naît  entre  les  lobes  optiques  et  le  cervelet, 
ses  fibres  se  portent  au  muscle  oblique  supérieur  de  l'œil;  la  cinquième  paire  (trijumeau)  est 
formée  de  plusieurs  troncs  volumineux  qui  naissent  sur  les  côtés  du  bulbe,  un  peu  en  arrière  du 
lobe  optique;  elle  est  composée  d'éléments  moteurs  et  sensitifs  et  se  distribue  à  toutes  les  parties 
de  la  face  et  aux  muscles  masticateurs.  La  sixième  paire  naît  de  la  face  inférieure  des  pyramides  et 
se  porte  an  muscle  abducteur.  La  septième  paire  (facial)  est  en  général  confondue  avec  la  cin- 
quième. La  liuitième  paire  (auditif)  prend  son  origine  en  anière  et  un  peu  au-dessous  de  la 
cinquième,  elle  est  généralement  très  volumineuse  et  composée  de  plusieurs  branches  qui  se  distri- 
buent aux  différentes  parties  de  l'oreille.  La  neuvième  paire  (glossopharyngien)  est  représentée  par 
un  nerf  grêle  qui  naît  du  bulbe  un  pou  en  arrière  du  nerf  acoustique.  La  dixième  paire  (pneumogas- 
trique) se  compose  à  son  origine  de  deux  troncs  séparés  et  volumineux  dont  les  branches  terminales 
se  ramifient  presque  en  totalité  dans  l'appareil  brancliial. 

Après  avoir  énuméré  les  diverses  parties  qui  entrent  dans  la  composition  du  cerveau,  je  vais 
passer  à  la  description  détaillée  de  chacune  de  ces  parties. 


52  SYSTÈME  NERVEUX  DES   TOISSONS. 


DESCRIPTION  DES  DIFFÉRENTES  PARTIES  DU  CERVEAU 
LE    LA    MOELLE    ALLONGÉE 

Chez  les  Mammifères,  les  limites  de  la  moelle  allongée  (bulbe  raohidien)  sont  très  nettement 
déterminées  par  l'entre-croisement  des  faisceaux  des  pyramides  et  par  le  reboi'd  inférieur  de  la 
protubérance  annulaire.  Ces  parties  n'existant  pas  chez  les  Poissons,  le  terme  de  moelle  allongée 
devient  une  expression  vague  qu'il  est  nécessaire  de  préciser;  nous  désignerons  désormais  sous  ce 
nom  la  partie  renflée  de  la  moelle  qui  se  trouve  comprise  entre  les  origines  des  nerfs  trijumeaux 
et  pneumogastriques  inclusivement. 

Chez  le  Brochet,  la  moelle  allongée  se  présente  sous  l'aspect  d'un  renflement  conique,  de 
volume  médiocre,  recouvert  presque  en  entier  par  le  cervelet  et  dont  le  sommet  se  continue  insen- 
siblement avec  la  moelle  dorsale  (1).  Si  l'on  soulève  en  avant  le  cervelet,  on  met  en  évidence,  sur  le 
milieu  de  la  face  postérieure  du  bulbe,  la  cavité  du  quatrième  ventricule;  cette  cavité,  limitée  de 
chaque  côté  par  un  bord  épais  et  arrondi,  se  continue  en  arrière  avec  le  canal  central  de  la  moelle. 

Les  parois  du  quatrième  ventricule  étant  écartées  de  manière  à  les  étaler,  apparaît  sur  le  fond 
et  de  chaque  côté  du  sillon  médian  un  faisceau  blanc  longitudinal  qui  se  prolonge  en  arrière  à  l'in- 
térieur du  canal  de  la  moelle  et  se  continue  en  avant  sur  le  fond  de  l'aqueduc  de  Sylvius.  Ce  faisceau 
que  je  désignerai  sous  le  nom  de  faisceau  ventricidaire  médian,  appartient  à  la  pyramide  antérieure. 
En  dehors  et  un  peu  sur  le  côté  du  ventricule,  on  voit  un  second  faisceau  longitudinal,  légèrement 
saillant,  formé  aussi  en  grande  partie  de  substance  blanche;  il  s'effde  et  disparait  un  peu  avant 
d'atteindre  la  limite  antérieure  du  ventricule  ;  il  se  renfle,  au  contraire,  en  arrière,  et  se  continue 
avec  la  pyramide  postérieure  (2)  en  circonscrivant  la  pointe  du  quatrième  ventricule;  je  l'appellerai 
faisceau  ventriculaire  latéral. 

La  face  inférieure  de  la  moelle  allongée  est  légèrement  convexe  ;  il  y  a  au  milieu  un  sillon 
longitudinal  qui  fait  suite  au  sillon  antérieur  de  la  moelle;  le  fond  de  ce  sillon  est  occupé  par  de 
la  substance  grise,  à  travers  laquelle  pénètrent  de  distance  en  distance  de  petits  filets  vasculaires.. 
De  chaque  côté  s'étale  une  large  surface  occupée  par  de  la  substance  blanche  dont  les  fibres  affec- 
tent une  disposition  légèrement  rayonnante.  Les  plus  externes  de  ces  fibres  s'inclinent  en  dehors 
et  montent  obliquement  sur  les  faces  latérales  du  bulbe;  quelques-unes  se  portent  vers  les  origines 
du  trijumeau  ;  d'autres  se  dirigent  plus  en  avant  vers  la  base  du  cervelet.  En  arrière,  la  face  infé- 
rieure du  bulbe  présente  un  certain  nombre  de  fibres  blanches  transversales  dont  les  extrémités  se 
recourbent  en  avant  et  remontent  sur  les  faces  latérales  du  bulbe  ;  je  leur  donne  le  nom  de  fibres 
arciformes.  Nous  mentionnerons  encore  sur  cette  face  inférieure  les  origines  des  nerfs  de  la  sixième 
paire.  Ces  nerfs  naissent  de  chaque  côté,  et  un  peu  en  dehors  du  sillon  médian,  par  une  paire  de 

(1)  PI.  VII,  fig.  1  m,  (iff.  2  m.  fig.  3. 

(2)  Chez  le  Itrociiel,  li-s  iiyrainides  poslérieiires  sont  très  bien  marquées  ;  au  voisinage  Ju  bulbe,  elles  se  rendent  d'une- 
manière  sensible  cl  se  dessinent  à  la  surface  de  la  moelle  par  un  léger  relief. 


DE  LA  MOELLE  ALLONGEE.  53 

filets  très  grêles  qui  se  réunissent  presque  aussitôt  pour  constitiiei-  un  tronc  unique  d'un  l'nilile 
volume. 

Les  faces  latérales  de  la  moelle  allongée  offrent  un  irrand  inténH  à  (.'anse  du  nombre  et  île  Fini- 
portance  des  nerfs  qui  en  émergent.  Ces  nerfs  sont  ceux  des  cinquième,  huitième,  neuvième  et 
dixième  paires. 

La  cinquième  paire  est  constituée  à  son  origine  par  deux  racines  distinctes  :  l'une  antérieure, 
l'autre  postérieure;  la  racine  antérieure,  d'un  volume  médiocre,  naît  immédiatement  en  arrière  du 
bord  postérieur  du  lobe  optique;  la  racine  postérieure,  qui  l'emporte  beaucoup  en  vohinie  sur  la 
première,  s'insère  un  peu  en  arrière  (1).  Au  premier  abord  on  pourrait  croire  celte  racine  posté- 
rieure formée  d'un  seul  faisceau;  en  réalité,  elle  provient  de  trois  faisceaux  distincts  :  l'un  très 
considérable,  qui  à  lui  seul  constitue  celte  branche  presque  tout  entière,  les  deux  autres  très  grêles 
])lacés  l'un  en  dessus  et  l'autre  en  dessous  du  faisceau  principal.  Pour  faciliter  la  description,  je 
désignerai  désormais  ces  trois  faisceaux  sous  les  noms  de  faisceau  principal,  faisceau  grêle  supé- 
rieur, faisceau  grêle  inférieur. 

Voici  quels  ont  été  les  résultats  de  mes  recherches  relativement  à  l'origine  de  ces  diverses 
branches  : 

La  racine  antérieure  du  trijumeau  m'a  paru  constituée  par  deux  ordres  de  fibres  au  moins; 
les  unes  se  portent  en  dedans  et  se  perdent  dans  l'épaisseur  des  parois  ventriculaires;  les  autres  se 
réunissent  pour  constituer  un  faisceau  blanc  assez  volumineux  qui  se  dirige  en  arrière  dans  l'épais- 
seur des  parois  du  bulbe,  en  passant  en  dedans  des  origines  du  nerf  acoustique.  Ce  faisceau  s'isole 
avec  facilité;  on  voit  qu'il  se  continue  en  arrière  avec  le  cordon  latéral  de  la  moelle. 

Les  trois  faisceaux  qui  constituent  la  racine  postérieure  possèdent  une  origine  différente.  Le 
faisceau  principal  m'a  paru  naître  au  voisinage  de  son  point  d'implantation,  car  ses  fibres  se  disso- 
cient dès  son  entrée  dans  la  moelle  allongée,  et  se  perdent  aussitôt  dans  la  matière  grise  environ- 
nante. Le  faisceau  grêle  supérieur  est  placé  sur  le  bord  supérieur  du  faisceau  principal  ;  ses  fibres,  au 
lieu  de  s'éparpiller  comme  celles  du  faisceau  principal  à  leur  entrée  dans  la  moelle  allongée,  restent 
groupées  en  un  petit  faisceau  très  nettement  circonscrit  et  d'une  grande  blancheur.  Ce  petit  fais- 
ceau se  porte  en  arrière  et  en  dedans,  et  traverse  toute  l'épaisseur  des  parois  du  bulbe  pour  gagner 
l'intérieur  du  quatrième  ventricule.  Arrivé  en  ce  point,  il  se  recourbe  en  arrière  et  se  continue  avec 
le  faisceau  ventricnlaire  latéral;  or,  comme  ce  dernier  faisceau  émane  de  la  pyramide  postérieure 
et  du  cordon  latéral  de  la  moelle,  il  en  résulte  que  le  faisceau  grêle  supérieur  est  un  rameau  sensitif. 
Le  faisceau  grêle  inférieur  pénètre  dans  la  moelle  au-dessous  du  faisceau  principal  et  se  porte 
directement  en  dedans  dans  l'épaisseur  des  parois  ventriculaires;  à  l'intérieur  du  quatrième  ven- 
tricule, il  chemine  dans  le  plancher  de  cette  cavité,  gagne  le  bord  externe  du  faisceau  ventriculaire 
médian,  se  recourbe  en  arrière  et  se  confond  avec  ce  même  faisceau.  L'origine  de  ce  faisceau 
indique  parfaitement  sa  nature;  c'est  un  filet  moteur,  et  nous  devons  le  considérer  ou  comme  le 
représentant  du  facial  ou  comme  l'équivalent  de  la  racine  motrice  du  trijumeau  chez  les  Mammi- 
fères. Remanpions  encore  que  ce  faisceau,  aussi  bien  que  le  faisceau  grêle  supérieur,  remonte  de 
Ja  moelle  et  qu'il  paraît  avoir  une  origine  spinale,  en  grande  partie  du  moins. 

(1)  l'I.  VII,  fig.  2,  '  y  i",  fig.  3  f,  fig.  i  5  ''  ■■",  f,  fig.  5,  i  ■'  •>"  ■•",  flg.  8  5  5'. 


54  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Le  nerf  auditif  naît  en  arrière  et  au-dessous  de  la  branche  postérieure  du  trijumeau  ;  il  est  d'un 
volume  considérable  et  se  compose  toujours  de  plusieurs  faisceaux  qui  se  distribuent  aux  diverses 
parties  de  l'oreille  (1).  Les  origines  de  ce  nerf  sont  difficiles  à  préciser;  dès  leur  entrée  dans  la  moelle, 
ses  fibres  se  perdent  au  milieu  de  la  matière  grise  environnante,  à  travers  laquelle  il  devient  impos- 
sible de  les  poursuivre.  Il  est  probable  que  c'est  là  qu'elles  prennent  leur  origine  et  que  le  nerf 
auditif  est  un  nerf  essentiellement  bulbaire. 

Le  nerf  glossopharyngien  naît  au-dessous  et  un  peu  en  arrière  de  la  branche  antérieure  du 
pneumogastrique.  Ce  nerf  se  compose  à  son  origine  de  deux  ou  trois  petites  racines;  l'une  d'elles  se 
dirige  transversalement  dans  l'épaisseur  des  parois  du  bulbe,  gagne  le  bord  externe  du  faisceau  ven- 
triculaire  latéral  et  se  confond  avec  lui  (2). 

Le  nerf  pneumogastrique  naît  par  deux  racines  qui  émergent  de  la  moelle  allongée,  à  deux 
millimètres  environ  l'une  derrière  l'autre  (3).  La  racine  antérieure  prend  une  partie  de  ses  origines  au 
point  de  la  moelle  où  elle  s'implante  ;  elle  paraît  aussi  recevoir  quelques  fibres  d'un  faisceau  blanc 
qui  descend  du  cervelet  et  passe  au-dessus  de  son  bord  supérieur.  La  racine  postérieure  naît  de  la 
moelle  allongée  par  trois  ou  quatre  filets  grêles,  au  niveau  de  l'extrémité  postérieure  du  quatrième 
ventricule.  Ces  divers  lilets  peuvent  être  poursuivis  à  une  certaine  distance  dans  l'épaisseur  du 
bulbe;  quelques-uns  s'avancent  jusque  vers  la  paroi  intérieure  du  quatrième  ventricule  et  se  con- 
fondent avec  le  faisceau  ventriculaire  latéral.  J'ai  vu  l'un  d'eux  se  porter  en  arrière  à  la  surface  de 
la  moelle  et  aller  se  jeter  dans  la  pyramide  postérieure. 

Chez  le  Congre  {Murœna  Conger) ,  la  moelle  allongée  présente  quelques  particularités  qui 
n'existent  pas  chez  le  Brochet  (4).  Le  cervelet,  qui  est  très  court,  ne  recouvre  plus  qu'une  portion  de 
sa  face  postérieure  ;  les  bords  latéraux  du  quatrième  ventricule  qui  sont  séparés  chez  le  Brochet, 
se  trouvent  rapprochés  et  soudés  sur  la  ligne  médiane,  où  un  sillon  indique  leur  réunion.  Le  qua- 
trième ventricule  ne  communique  plus  avec  l'extérieur  qu'au  moyen  de  deux  ouvertures,  l'une 
antérieure,  située  en  arrière  et  en  dessous  de  la  base  du  cervelet,  l'autre  postérieure,  de  forme  ova- 
laire,  située  à  quelque  distance  en  arrière  du  cervelet,  au  niveau  de  la  racine  postérieure  du  pneu- 
mogastrique. Lorsqu'on  fend  la  paroi  supérieure  du  quatrième  ventricule  de  manière  à  pouvoir 
étaler  ses  bords,  on  aperçoit  de  chaque  côté  du  sillon  médian  un  faisceau  de  substance  blanche 
qui  se  porte  d'arrière  en  avant  sur  toute  la  hauteur  du  (juatrième  ventricule  et  correspond  au 
faisceau  ventriculaire  médian  du  Brochet.  Parvenu  à  la  hauteur  des  origines  du  trijumeau,  il  émet 
de  son  bord  externe  un  groupe  de  fibres  qui  se  recourbe  en  dehors  et  s'enfonce  dans  la  paroi  infé- 
rieure du  ventricule. 

En  dehors  du  faisceau  ventriculaire  médian,  on  aperçoit  un  second  faisceau  blanc  longitu- 
dinal qui  marche  parallèlement  à  lui  et  forme  un  léger  relief  sur  la  paroi  interne  du  ventricule;  il 
se  recourbe  aussi  en  dehors  à  son  extrémité  antérieure  et  s'enfonce  dans  la  paroi  latérale  du  ven- 
tricule; il  correspond  au  faisceau  ventriculaire  latéral  du  Brochet.  Dans  l'intervalle  des  faisceaux 
précédents,  on  observe  des  stries  blanches  formées  par  de  petits  faisceaux  qui  se  croisent  à  angle 

(1)  PI.  vil,  ng.  2,  4,  5,  8  8. 

(2)  PI.  VII,  fig.  2,  i-\  fig.  5  9  '■",  fig.  8  K 

(3)  PI.  VII,  fig.  2,  4,  5,  8 '"a;. 

(4)  PI.  VI,  fig.  1  w),  fig.  3  m  f,  fig.  U  bff- 


DE   LA   MOELLE  ALLONGÉE.  55 

droit  Cl  ronueut  une  sorte  de  treillis  ii  iiiailles  (luadrilatères.  Les  fibres  transversales  passent  d'un 
côté  à  l'autre  du  ventricule  et  vont  se  perdre  dans  l'épaisseur  de  ses  parois  latérales. 

La  face  inférieure  de  la  moelle  allongée  ne  nous  a  rien  offert  de  particulier.  Gomme  chez  le 
Brochet,  les  origines  de  la  sixième  paire  sont  h  quelque  distance  en  arrière  des  lobes  inférieurs,  un 
peu  en  dehors  du  sillon  médian.  Ciiacun  de  ces  nerfs  naît  jjar  deux  petits  fdets  placés  l'un  derrière 
l'autre,  et  se  confondant  en  un  tronc  unique  après  un  cnnrl  trajet. 

Sur  les  parois  latérales  du  bulbe,  on  retrouve  les  mêmes  nerfs  que  chez  le  Brochet  et  dans  le 
même  ordre;  il  y  a  tout  au  plus  quehjues  légères  différences  à  signaler. 

Le  trijumeau  se  compose  à  son  origine  de  trois  branches  que  je  distinguerai  en  antérieure, 
moyenne  et  postérieure  (i).  La  moyenne  est  la  plus  petite;  la  branche  antérieure  est  un  peu  plus 
écartée  du  lobe  optique  que  chez  le  Brochet,  sans  doute  à  cause  du  développement  moins  considé- 
rable de  ce  lobe.  Cette  branche  antérieure  est  volumineuse,  elle  se  trouve  masquée  à  son  point  d'in- 
sertion par  un  groupe  de  petits  faisceaux  qui  se  portent  obliquement  de  haut  en  bas  et  d'avant  en 
arrière  vers  les  origines  du  nerf  acoustique,  en  passant  au-dessous  de  la  branche  moyenne.  En  sou- 
levant un  peu  cette  racine,  on  reconnaît  qu'elle  s'engage  dans  une  sorte  de  petit  canal  creusé  dans 
l'épaisseur  du  tissu  médullaire;  si  l'on  suit  son  trajet,  on  la  voit  se  porter,  comme  chez  le 
Brochet,  d'avant  en  arrière,  en  dedans  de  la  masse  de  substance  grise  qui  supporte  le  nerf  acous- 
tique et  qu'elle  va  se  jeter  dans  le  cordon  latéral  de  la  moelle.  Des  fibres  de  cotte  première  branche 
paraissent  aussi  naître  du  bulbe  au  voisinage  de  son  point  d'insertion. 

La  deuxième  branche  du  trijumeau,  la  plus  petite,  occupe  l'intervalle  (jui  sépare  la  première 
branche  de  la'seconde.  A'son  origine,  elle  s'engage  comme  la  première  dans  une  sorte  de  petit  canal 
oii  il  devient  facile  de  la  suivre  et  de  l'isoler  :  elle  se  porte  obliquement  de  dehors  en  dedans,  tra- 
verse toute  l'épaisseur  des  parois  latérales  du  quatrième  ventricule,  et,  arrivée  à  l'intérieur  de  cette 
cavité,  se  recourbe  d'avant  en  arrière  pour  se  continuer  avec  le  faisceau  venlricnlaire  latéral  et  se 
perdre  comme  lui  dans  le  cordon  latéral  de  la  moelle.  Si  nous  recherchons  chez  le  Brochet  l'ana- 
logue de  cette  racine,  nous  la  retrouvons  d'ime  manière  évidente  dans  le  faisceau  grêle  supérieur  de 
la  racine  postérieure  du  trijumeau,  puisque  ce  faisceau  grêle,  aussi  bien  que  la  racine  moyenne  du 
Congre,  se  continue  directement  avec  le  faisceau  ventriculairc  latéral.  Supposons  que  chez  le  Brochet 
le  faisceau  grêle  supérieur  acquière  un" volume  plus  considérable  et  qu'il  descende  en  avant  dans 
l'intervalle  qui  sépare  la  branche  antéi'ieure  du  trijumeau  de  la  branche  postérieure,  nous  aurons 
exactement  la  disposition  qui  existe  chez  le  Congre. 

La  troisième  branche  du  trijumeau  est,  comme  la  première,  très  volumineuse;  elle  se  com- 
pose de  deux  ordres  de  fibres:  les  luies  ne  peuvent  être  poursuivies  au  delà  du  point  d'émergence  du 
nerf,  elles  appartiennent  au  faisceau  principal;  les  autn>s  se  groupent  pour  constituer  un  faisceau 
blanc  trèsdistinct  qui  se  porte  en  dedans,  gagne  le  plancher  du  quatiiènic  ventricule  et  se  recourbe 
en  arrière  pour  aller  se  confondre  avec  le  faisceau  ventriculairc  médian.  Ce  dernier  fai.sceau  repré- 
sente évidemment  le  faisceau  grêle  inférieur  du  Brochet;  son  origine  indique  aussi  qu'il  appar- 
tient au  système  moteur  et  qu'il  correspond  soit  an  facial,  soit  à  la  racine  motrice  du  trijumeau. 

Le  nerf  auditif  naît  en  arrière  et  au-dessous  de  la  branche  postérieure  du  trijumeau;  de  même 

(1)  l'I.  VI,  lig.  I  'Mig.  5-,fig.  7-'^",  fig.  ll-'^",  fig.  l'I--'-'". 


56  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

(lue  chez  le  Brocliel,  il  parait  être  essentiellement  bulbaire,  car  ses  fibres  ne  peuvent  être  poursuivies 
au  delà  de  leur  point  d'émergence  (i). 

Le  glossopharyngien  est  représenté  par  un  faisceau  grêle  qui  naît  au-dessous  de  la  branche 
antérieure  du  pneumogastrique  et  s'accole  à  cette  branche  après  un  court  trajet;  en  suivant  les 
ori'Tincs  de  ce  faisceau,  on  reconnaît  qu'il  s'enfonce  dans  l'épaisseur  des  parois  du  quatrième  ventri- 
cule en  croisant  en  dessus  le  faisceau  postérieur  de  la  première  branche  du  trijumeau  ;  il  gagne  ainsi 
le  bord  externe  du  faisceau  ventriculairc  latéral  avec  lequel  il  paraît  se  confondre  en  partie  (2). 

Le  pneumogastrique  est  formé  à  son  origine  de  deux  branches  comme  chez  le  Brochet;  la 
branche  antérieure,  la  plus  volumineuse,  m'a  paru  appartenir  par  le  plus  grand  nombre  de  ses  fibres 
à  la  portion  du  bulbe  d'où  elle  provient  (3).  En  outre,  un  certain  nombre  de  fibres  s'unissent  encore 
dans  un  faisceau  considérable  de  substance  blanche  qui  se  porte  en  avant,  au-dessus  des  origines  du 
trijumeau,  et  se  bifurque  pour  former  deux  faisceaux  secondaires,  l'un  remontant  dans  l'intérieur  du 
cervelet,  l'autre  descendant  obliquement  en  avant  au-dessus  de  la  première  branche  du  trijumeau. 

Ces  rapports  du  cervelet  avec  le  nerf  de  la  dixième  paire  me  paraissent  dignes  de  l'attention  des 
physiologistes,  car  ils  n'ont  point  encore  été  signalés,  je  crois,  ni  chez  les  Poissons,  ni  chez  aucun 
autre  animal  vertébré.  Certains  nerfs,  sinon  tous,  ont  des  origines  multiples  qu'il  importe  au  plus 
haut  point  de  déterminer,  si  l'on  veut  introduire  quelque  précision  dans  la  physiologie  du  système 

nerveux. 

La  branche  postérieure  du  pneumogastrique  se  divise,  comme  chez  le  Brochet,  en  plusieurs 
faisceaux;  la  plupart  s'enfoncent  horizontalement  dans  l'épaisseur  des  parois  ventriculaires  et  vont 
gagner  le  faisceau  venlriculaire  latéral,  au  niveau  duquel  ils  se  perdent. 

Pour  compléter  l'étude  que  nous  venons  de  faire  de  la  moelle  allongée  chez  le  Brochet  et  chez 
le  Congre,  je  me  propose  d'examiner  à  présent  la  composition  de  cet  organe  chez  un  Cyprin,  en 
prenant  pour  type  de  cette  étude  le  Barbeau. 

Chez  le  Barbeau,  la  forme  de  la  moelle  allongée  diffère  beaucoup  de  celle  que  nous  avons 
signalée  chez  le  Brochet  et  chez  le  Congre.  En  effet,  tandis  que  chez  ces  derniers,  le  bulbe  se  rap- 
proche plus  ou  moins  de  la  figure  d'un  tronc  de  cône  à  sommet  postérieur,  chez  le  Barbeau,  la  moelle 
se  renfle  subitement  au  niveau  de  l'origine  des  nerfs  pneumogastriques  et  acquiert  en  cet  endroit  des 
dimensions  beaucoup  plus  considérables  qu'en  aucun  autre  point  de  son  trajet.  Le  quatrième  ventri- 
cule se  trouve  fermé  en  arrière,  comme  chez  le  Congre,  par  un  pont  médullaire.  En  avant  de  ce 
pont  et  au-dessous  de  la  base  du  cervelet  existe  un  orifice  qui  fait  communiquer  le  quatrième  ventri- 
cule avec  l'extérieur;  à  la  partie  postérieure  de  ce  même  point,  on  aperçoit  une  partie  nouvelle, 
formée  d'un  tubercule  impair,  médian,  très  volumineux,  qui  surmonte  l'ouverture  postérieure  du 
quatrième  ventricule;  je  le  désignerai  sous  le  nom  de  lobule  médian  (4).  De  chaque  côté,  ce 
tubercule  se  trouve  encadré  par  un  rebord  saillant  qui  est  formé  par  le  bord  supérieur  de  deux 
lobes  volumineux,  les  lobes  du  pneumoqastriqtie  ^5). 

(1)  l'I.  VI,  lig.  1  «ellig.  2  8  8. 

(2)  PI.  VI,  lig.  \  9  el  fig.  7  9. 

(3)  PI.  VI,  lig.  I  I»,  lig.  2  '0  '«,  lig.  12  '0  '»'. 

(4)  PI.  IV,  lig.  1  i,  lig.  5  /,  fig.  (J/. 

(5)  PI.  IV,  (ig,  1  X. 


DF,  LA  MOKLLE    \  I.I-O  \  C,  KK.  .-,7 

Lorsque,  après  avoir  rendu  en  arrière  le  pont  médiillaii'e  donl  il  a  été  question,  on  étale  les 
parois  du  quatrième  ventricule,  on  aperçoit  sur  le  fond  et  de  chaque  côtédn  sillon  médian  un  faisceau 
Ijlanc  longitudinal,  le  laistoau  veiiliiiulaire  médian  (1).  Ce  faisceau  se  jjrolunge  eiiavaiiljnsque  dans 
l'intérieur  du  lobi'  opliiiiic;  en  arrière  un  [iriil  le  siiivrt'  jii<i|irii  um;  petite  dislance  à  rintriiciii'  du 
canal  spinal.  Aii-di'ssous  de  ce  faiscraii  Inni^ilmlinal  se  Iroiive  un  plan  dr  pdiN  r;ii-i-i'aii\  li'ans- 
verses,  visibles  sur  toute  la  hauteur  du  venlricnlc  On  voit,  si  l'un  a  enlevé  les  librt;s  longitudinales, 
(juc  ces  petits  faisceaux  s'étendent  sans  disconlinnih''  d'un  cùlé  à  l'autre  du  ventricule,  en  formant 
comme  une  espèce  de  large  sangle  sur  le  fond  de  celle  cavité.  Les  faisceaux  Iransverses  postérieurs 
qui  sont  les  pins  grêles,  se  redressent  latéralement  et  vont  s'étaler  sur  la  face  inférieure  du  lobule 
médian;  ceux  ijui  sont  plus  en  avant  vnnl  se  penln'  de  cliai[ue  cùlé  dans  les  painis  l;itéi;des  du 
bulbe.  Lorsqu'on  enlève  ce  plan  de  libics  Iransverses  dans  la  région  antérieure  du  ipi;iii  iènie  venh  i- 
cule,  on  rencontre  de  nouveau  un  plan  de  libres  longitudinales;  ces  dernières  se  groupent  en  deux 
faisceaux  qui  se  porlenl  en  divergeant  d'arrière  en  a\anl  el  clieniinenl  (lansl'épaissenr  du  plancher 
du  lobe  optique  au-dessous  du  bord  inleine  de  chaipie  i  eidlement  seuii-lunaire.  Paiveinis  au  niveau 
de  l'extrémité  aniérienre  de  ces  derniers  renilements,  ces  faisceaux  s'élargissent  et  se  coidondeni 
avec  le  tissu  environnant;  quelques-unes  des  radiations  internes  du  lobe  opli([ue  m'ont  paru  cepen- 
dant naître  de  leur  extrémité. 

Le  trijumeau  se  compose  de  dmix  branches  :  l'une  antérieure,  assez  grêle  ;  l'autre  postérieure,, 
d'un  volume  considérable  ("2).  Relativement  à  ses  origines,  la  branche  antérieure  se  comporte  exac- 
tement de  la  même  manière  que  chez  le  Brochet  et  le  Congre.  Dès  son  insertion  elle  s'engage  dans 
un  petit  canal  pour  se  porter  directement  en  arrière  dans  l'épaisseur  des  parois  venli  imlaiies  et 
se  jeter  dans  le  cordon  latéral  di;  la  moelle.  La  seconde  branche  du  Irijuimsin  mérite  de  fixer  notre 
attention:  cette  branche  se  trouve  représentée  par  un  gros  Ironc  nerveux,  unique  en  apparence, 
mais  qui,  en  réalité,  possède  plusieurs  origines  distinctes.  Les  libres  postérieures  de  ce  tronc 
semblent  naître  du  point  où  elles  s'insèrent;  toute  la  poition  n^stante  du  nerf  s'engage,  au  con- 
traire, dans  une  sorte  de  canal  creusé  dans  l'épaisseur  des  parois  ventriculaires  el  constitue  un 
énorme  faisceau  (jui  se  porte  en  dedans  et  en  arrière  pour  se  jeter  dans  le  lobule  médian  donl  l,i 
nature  se  trouve  ainsi  parfaitement  déterminée.  Nous  pourrons  désormais  lui  donner  le  nom  de 
lube  du  Irijuiiicaa. 

Ces  deiniers  faits  semblent,  an  preniiei- abord,  peu  en  haiinonie  avec  ceux  que  j'ai  >ignalés 
précédennnenl  chez  le  Brochet  et  chez  le  Congre;  il  devient  donc  nécessaire  de  les  inlerpréter  el  de 
Mioiilier  rpie,  sous  l'apparence  d'une  diversité,  se  inanil'esie  une  très  grande  .^iinililnde  d'organisa- 
tion. Chez  le  Brochet,  avons-nous  dit,  la  seconde  bc,inclie|du  liijinneaii  se  compose  de  trois  fais- 
ceaux :  le  pnimicr  (faisceau  principal)  nail  directement  du  bulbe  au  niveau  de  son  point  d'insertion.; 
le  second  (faisceau  grêle  supérieur)  se  jett(>  dans  le  faisceau  ventriculaii'c  latéral;  le  troisième 
(faisceau  grêle  inférieur)  s'unit  avec  le  faisceau  \enliictdaire  médian.  Une  lro)i\i)ns-nons  chez  le 
Barbeau  pour  cette  seconde  branche?  D'abord  des  libres  postérieures  qui  se  perdent  aussitôt  dans 
le  tissu  du  bulbe  et  correspondent   au  faisceau  principal;  eu  second  lieu,  ci'l  énoiine  fai.sceau 


(1)  PI.  IV,  li-.  7,  /■//  «et  lig.  8.T/'. 

(2)  PI.  IV,  li-.  "2  ■■  5',  (ig.  :j  ■'-',  lig.  i.  ••.,  ii^r.  t;  -\  11-.  ^  ■'. 


58  SYSTÈME  NERVEUX   DES  POISSONS. 

qui  se  rend  au  lobule  médian  et  que  je  considère  comme  l'homologue  du  faisceau  grêle  supérieur.  De 
même  que  ce  dernier  faisceau,  il  traverse  les  parois  du  bulbe  pour  gagner  l'intérieur  du  quatrième 
ventricule  et  il  reste  parfaitement  isolé  dans  tout  son  trajet  ;  sa  position  sur  le  devant  de  la  seconde 
branche  du  trijumeau  confirme  encore  l'analogie.  S'il  restait  quelque  incertitude  à  cet  égard, 
l'examen  d'autres  espèces  de  Cyprins  suffirait  pour  la  dissiper.  Si,  en  effet,  on  examine  des 
Cyprins  chez  lesquels  le  lobule  médian  est  peu  développé,  tels  que  la  Brème  et  l'Ablette  par 
exemple,  on  reconnaît  que  le  faisceau  du  trijumeau  qui  se  rend  à  ce  lobule  est  beaucoup  moins 
développé  que  chez  le  Barbeau;  ce  même  faisceau  gagne  l'intérieur  du  quatrième  ventricule  et  se 
jette  dans  un  faisceau  ventriculaire  latéral  comme  chez  le  Brochet;  c'est  seulement  sur  l'extré- 
mité postérieure  de  ce  faisceau  latéral  que  se  trouve  implanté  le  lobule  médian.  Il  résulte  de 
là  que  le  lobule  médian  peut  être  considéré  comme  un  renflement  annexé  aux  deux  faisceaux  ven- 
triculaires  latéraux;  ce  qui  explique  pourquoi  la  portion  du  trijumeau  qui  se  continue  avec  le 
faisceau  ventriculaire  latéral  est  en  raison  directe  du  volume  de  ce  lobule.  Quant  au  troisième 
faisceau,  celui  qui  doit  se  jeter  dans  le  faisceau  ventriculaire  médian,  je  ne  suis  pas  encore  parvenu 
à  robservcr  d'une  manière  satisfaisante  chez  les  divers  Cyprins  que  j'ai  examinés.  J'ai  bien  vu 
quelques  minces  faisceaux  de  fibres  partir  du  faisceau  ventriculaire  médian;  mais  à  mesure  qu'ils 
se  portent  en  dehors,  ces  faisceaux  se  dissocient  et  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  les  suivre  jusqu'à 
la  racine  postérieure  du  trijumeau.  Je  ne  doute  pas  cependant  que  des  efforts  plus  prolongés  et 
surtout  l'examen  d'un  plus  grand  nombre  de  types  ne  permettent  d'atteindre  jusqu'à  leur  termi- 
naison ces  fibres  qui  représentent  l'élément  moteur  du  trijumeau. 

Le  nerf  acoustique  ne  nous  a  rien  offert  de  particulier;  ses  fibres  "d'origine  ne  peuvent  être 
poursuivies  au  delà  de  leur  point  d'émergence  (1). 

Le  pneumogastrique  naît  par  deux  racines  comme  chez  le  Brochet;  la  racine  antérieure  est 
beaucoup  plus  grêle  que  la  racine  postérieure;  dès  qu'elle  a  pénétré  dans  la  moelle,  cette  racine  se 
subdivise  en  plusieurs  faisceaux  :  l'un  d'eux  se  porte  en  arrière  vers  le  bord  antérieur  du  lobe  du 
pneumogastrique  ;  un  autre  se  porte  en  dedans  vers  la  base  du  lobule  médian  ;  un  troisième  se  dirige 
en  avant  et  se  jette  dans  la  partie  latérale  de  la  base  du  cervelet.  Au-dessous  de  cette  racine  anté- 
rieure naît  un  rameau  nerveux  qui  ne  tarde  pas  à  se  confondre  avec  elle  en  se  portant  en  dehors. 
Ce  rameau,  qui  est  le  glossopharyngien,  envoie  une  racine  qui  se  porte  en  haut  et  en  arrière  dans 
le  sillon  par  lequel  le  lobe  du  pneumogastrique  est  séparé  du  lobule  médian;  ses  fibres 
proviennent  en  partie  du  lobe  du  pneumogastrique  et  quelques-unes  du  lobule  médian.  La 
racine  postérieure  du  pneumogastrique  naît  d'un  lobe  volumineux  qui  a  reçu  le  nom  de  lobus 
vagi.  Ce  lobe  est  convexe  en  dehors  et  concave  en  dedans;  son  bord  supérieur  encadre  de  chaque 
côté  le  lobule  médian.  Comme  structure,  on  reconnaît  qu'il  est  formé  en  majeure  partie  de 
substance  grise  mélangée  à  des  fibres  blanches  qui  convergent  en  bas  vers  l'origine  du  pneumogas- 
trique (2). 

Bien  que  constituée  au  fond  de  la  même  manière  chez  tous  les  Cyprins,  la  moelle  allongée 
présente  cependant  des  variations  très  grandes  dans  son  aspect  chez  les  diverses  espèces  de  ce 

(1)  PI.  IV,  iig.  2«,  lig.  3». 

(2)  PI.  IV,  lig.  -2  '»  »o-  X,  iig.  :i  '»  "'. 


DE  LA  MOELLH  ALLONGÉE.  59 

groupo.  Cos  différences  tiennent  surtout  à  l'état  de  développement  plus  ou  moins  considérable  des 
lobes  du  pneumogastrique  istdu  lobule  médian.  Sous  ce  rapport,  la  variation  est  extrême  et  depuis 
la  Carpe  où  cette  disposition  est  portée  au  plus  haut  degré,  jusqu'à  l'Ablette  où  elle  est  à  pcino 
m;u(piée,  il  est  possible  de  trouver  toutes  les  nuances  intermédiaires.  Chez  la  Carpe,  le  lobule 
médian  et  les  lobes  du  pneumogaslritiue  acquièrent  un  développement  tel  qu'au  niveau  de  ces 
renflements  le  volume  de  la  moelle  le  cède  à  peine  à  celui  des  lobes  optiques  (1).  Les  lobes  du  pneu- 
mogasiiiipie  ressemblent  chacun  à  une  petite  coquille  univalve  qui  serait  adhérente  à  la  moelle  par 
son  bord  iniérieur  et  qui  embrasserait  dans  sa  concavité  le  lobule  médian.  Sur  la  face  externe  de 
ces  lobes,  on  aperçoit  des  faisceaux  di;  libres  blanches  qui  convergent  vers  les  origines  du  pneumo- 
gastrique. Chez  le  Cyprin  doré,  les  lobes  du  pneumogastrique  ont,  comme  chez  la  Carpe,  un  volume 
rclatir très  considérable;  le  lobule  médian,  qui  est  bien  développé,  se  trouve  caché  presque  cntière- 
niiMit  tîntre  les  extrémités  antérieures  de  ces  deux  lobes  ("2).  Après  la  Carpe  et  le  Cyprin  doré,  viennent 
le  Barbeau  et  le  Goujon,  puis,  en  dernier  lieu,  la  Crème,  le  Gardon,  la  Bouvière,  l'Ablelle.  Dans 
cette  dernière  espèce,  le  lobule  médian  est  à  peine  saillant  et  se  présente  sous  l'aspect  d'un  petit 
mamelon  surbaissé  situé  sur  la  ligne  médiane  au  point  de  réunion  des  lobes  postérieurs  et  des 
lobes  du  pneumogastrique.  Ces  derniers  lobes  sont  du  leste  à  peine  accentués;  ils  concourent  à 
former  les  bords  de  rouvertiiiiî  postérieure  du  ([uatrième  ventricule,  ouverture  qui  a  l'aspect 
d'une  petite  l'ente  triangulaire  dont  la  base  s'appuie  sui'  le  bord  postérieur  du  lobule  médian  (S). 
Par  suite  du  faible  développiMuent  des  lobes  du  pneumogastrique,  la  moelle  allongée  reprend 
chez  l'Ablette  la  forme  conique  ([u'elle  affecte  chez  le  Brochet.  A  mesure  que  le  lobule 
médian  et  les  lobes  du  pneumogastrique  diminuent,  les  lobes  postérieurs  deviennent  au  contraire 
plus  apparents;  ainsi,  chez  l'Ablette  et  le  Gardon  ces  lobes  se  présentent  sous  l'aspect  de  deux 
mamelons  dont  les  extrémités  postérieures  embrassent  le  lobule  médian.  Chez  la  Carpe,  le 
Barbeau,  le  Goujon,  les  lobes  postérieurs  forment  au  contraire  une  surface  presque  plane,  et  ils 
sont  beaucoup  plus  difficilement  reconnaissables.  L'examen  de  types  intermédiaires  à  ces  types 
extrêmes  permet  de  suivre  toutes  les  phases  par  lesquelles  passent  les  lobes  postérieurs  en  se 
modifiant. 

Je  ferai  encore  remarquer  que  plus  le  Idltule  iiiédiaii  el  les  lobes  du  pneumogastrique  dimi- 
nuent, plus  l'ouverture  postérieure  du  quatrième  ventricule  se  rétrécit.  Ainsi,  chez  la  Carpe  {i),  le 
Barbeau  (ô),  le  Goujon,  le  quatrième  ventricule  s'ouvre  en  arrière  par  une  large  fente  transversale  ; 
chez  le  Gardon  ((i)  et  l'Ablette  (7),  l'ouverture  postérieure  n'est  plus  représentée  que  par  une  petite 
fente  longitudinale  et  Iriangulain;  dont  la  base  s'appuie  en  arrière  du  lobule  médian  el  dont  le 
sonnnel  se  confond  avec  le  sillon  médian  postérieur  de  la  moelle  dorsale.  Chez  l'Ablelle.  il  m'a 
semblé  voir  un  petit  ruliaii  de  libres  transverses  situé  en  arrière  de  cette  ouverture. 

Chez  les  llmliis  laitt  r|  Cddus  imi'ilcla,  on  reniaripie  eu  arrière  de,  la  poinli'  du  (piali-ième  ven- 

(1)  l'I.  V,  lig. -2 /. 

(-2)  l'L  V,  dg.  l  Ix. 

(3)  PI.  V,  Iig.5/j;r. 

(l)  PL  V,  fi<,'.  i>,lv,  lijî.  -M. 

(."))  l'L  IV,  lig.  l/.r,  n<^.  5/r,  lig.  0/  .c. 

(d)  PL  V,  lig.  (1  l  V. 

(7)  PL  V,  lig.  r,  /  ,F  V. 


00  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Iricule  une  très  Jégèi'e  saillie  médiane  (1).  Au  niveau  de  cette  saillie  existe  une  petite  commissure 
transversale  formée  de  fd^res  blanches  qui  m'ont  paru  se  continuer  du  côté  gauche  avec  les  fibres 
du  faisceau  ventriculaire  latéral.  Chez  le  Sm-miûel  {MhUus  sunmdetns),  la  moelle  allongée  offre 
une  particularité  très  curieuse  et  que  je  n'ai  retrouvée  jusqu'ici  chez  aucun  autre  Poisson  :  les 
lobes  postérieurs,  qui  sont  très  développés  et  confondus  sur  la  ligne  médiane,  présentent  à  leur 
surface  des  circonvolutions  très  prononcées  (2). 

Chez  tous  les  autres  Poissons  osseux  que  j'ai  examinés,  la  moelle  allongée  ne  m'a  rien  montré 
de  particulier.  Jusqu'à  présent  je  n'ai  vu  le  lobule  médian  que  chez  les  Cyprins  (.1)  ;  eux  seuls  égale- 
ment m'ont  offert  un  développement  très  considérable  des  lobes  du  pneumogastrique.  Le  plus  ordi- 
nairement, les  lobes  postérieurs  sont  bien  développés  et  soudés  sur  la  ligne  médiane  dans  une  plus 
ou  moins  grande  étendue,  par  exemple  chez  la  Perche,  la  Limande,  la  Plie,  l'Eperlan,  l'Alose,  le 
Merlan  (4),  l'Orphie,  le  Maquereau,  le  Congre  (5).  Il  est  plus  rare  que  le  quatrième  ventricule 
reste  complètement  ouvert  en  arrière,  conune  chez  le  Brochet  et  le  Saumon.  Quant  à  l'origine 
des  nerfs  bulbo-rachidiens,  elle  m'a  paru  la  même  au  fond  chez  les  diverses  espèces  où  j'ai  pu 
l'examiner  (Brochet,  Perche,  Congre,  Trigle,  Lote,  Chabot,  Mustèle,  etc.). 

Je  passe  maintenant  à  la  moelle  allongée  chez  les  Squales,  et  je  prends  pour  exemple  le 
Sqmilnsmiistelns  (Cj).  Dans  c(ii'^\:ic,  la  moelle  allongée  se  présente  sous  l'aspect  d'un  renflement 
conique,  aplati  de  haut  en  bas,  commençant  un  peu  en  arrière  du  pneumogastrique  et  s'étendant 
jusqu'au  devant  des  origines  du  trijumeau.  La  face  supérieure  de  ce  renflement  est  recouverte, 
dans  son  tiers  antérieur  environ,  par  le  cervelet.  L'ouverture  du  quatrième  ventricule  est  en  forme 
de  losange;  elle  se  trouve  fermée  par  une  membrane  fibro-vasculaire,  assez  résistante.  De  chaque 
côté  de  cette  ouverture,  on  aperçoit  en  arrière  les  cordons  latéraux  de  la  moelle,  et  sur  les  bords  de 
chacun  de  ces  cordons  un  petit  lobe  en  forme  de  pyramide  d'où  naît  une  branche  du  trijumeau;  je 
l'appellerai  lobe  marginal  ou  lobe  du  li-ijinnvau.  Ciiacun  de  ces  petits  lobes  se  trouve  séparé  du 
cordon  latéral  par  un  sillon;  sa  base  se  confond  en  avant  avec  une  large  commissure  située  au-des- 
sous du  cervelet  et  que  je  désignerai  désormais  sous  le  nom  de  commissure  du.  qualricmc  vcniriculc; 
son  sommet  s'effile  en  pointe  et  se  perd  en  arrière  sur  le  bord  de  l'ouverture  du  ventricule.  En 
écartant  les  parois  du  quatrième  ventricule  de  manière  à  les  étaler,  on  voit  sur  le  fond  de  cette 
cavité  et  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  un  faisceau  blanc  longitudinal  qui  représente  le  fais- 
ceau ventriculaire  médian  des  Poissons  osseux;  mais  ce  faisceau  n'est  pas  aussi  nettement  délimilé. 
Un  peu  en  dehors,  on  reconnaît  un  second  faisceau  très  net,  de  couleur  blanche,  formant  un  léger 
relief  à  la  surface  de  la  paroi  ventriculaire:  c'est  le  faisceau  ventriculaire  latéral.  Il  présente  cette 
particularité  que,  dans  sa  moitié  postérieure  enviion,  sa  surface  offre  de  légères  bosselures  entre 
lesquelles  rampent  de  petits  lilels  vasculaires.  Ce  sont  ces  bosselures  légères  que  les  anatomistes 

(1)  l'I.  I!I,  lig.  lOi;?!.  rX,  fig.  lis. 

Ci)  Pi.  IX,  lig.  11-/. 

(3)  Ce  lobule  existe  aussi  chez  U:  Silurus  ylauis,  mais  il  est  divisé  en  deux  moitiés  qui  se  touchent  sur  la  ligne  médiane. 
Chacune  de  ces  moitiés  est  une  annexe  du  faisceau  ventiiculaire  latéral,  et  elle  reçoit  uu  faisceau  volunjinou^  de  la  racine  pos- 
térieure correspondante  du  trijumeau. 

',1)  l'I.  Il,  lig.  ;!  //. 

(5,  PI.  V|,|ij,.  1;/,  r,g.  ;!y. 

(0)  l'I.  I,  lig.  1  à  9. 


DE  LA  MOELLE  ALLONGEE.  Gl' 

ont  déci'iles  et  (ij^iuées  comme  iiiio  raiigée  de  tubercules  situés  à  l'intérieur  du  quatrième  ventri- 
cule; mais  il  y  a  là  évidcinmiMit  exagération.  Fii  arririr-,  je  faisceau  ventriculaire  latéral  se  relève 
vers  le.  bord  du  ventricule  et  jiarail  se  conlinui'r  avec  la  jiyraniide  postérieure;  en  avant,  il  s'incline 
un  peu  en  deliors,  s'enfonce  dans  le  planclier  de  la  cavité  ventriculaire  vers  son  tiers  antérieur  et 
disparait.  En  poursuivant  son  trajet  par  la  dissection,  on  s'assure  qu'il  continue  à  se  porter  en 
debors  el  linil  p;ir  s'unir  à  une  des  brancbes  du  ti  ijuim  an.  l,;i  >iln;ilioii  de  ce  faisceau  à  l'intérieur 
du  ipialrirnic  M'ulricnli',  sou  Irajel,  ses  rapports  avec  lo  trijunn'iiu  et  l;i  pyi;iiiiidi'  postérieure,  ne 
peuvent  laisser  ain-uin'  inccititude  à  son  égard  :  il  icpir-cnli'  liicii  évidi'iiirnriit  le  faisciMu  ventri- 
culaire latéral  des  Poissons  osseux. 

La  face  inférieure  de  la  moelle  allongée  n'oiïnî  rien  de  particulier  :  ee(t(^  face  est  légèrement 
convexe  et  présente  en  avant  les  origines  de  la  sixième  paire.  Sur  les  faces  latérales,  nous  voyons 
écbelonnés,  comme  chez  les  Poissons  osseux,  les  nerfs  des  ciiiquiènie,  builième,  neuvième  et 
dixième  paires. 

La  cinquième  paire  se  compose  de  plusieurs  faisceaux  volumineux  (|ni  ((iiiqjreuneni  proba- 
blement à  la  fois  les  éléments  (bi  trijumeau  et  du  facial.  Nous  avons  dit  (pie  l'un  d'eux  se  continue 
avec  le  faisceau  ventriculaire  latéral  ;  selon  toute  apparence,  un  tcrtain  nombre  de  fibres  se  rendent 
aussi  au  faisceau  ventriculaire  médian,  mais  je  n"ai  pu  encore  le  constatei-,  le  temps  ne  m'ayant  pas 
permis  de  faire  de  longues  recbercbes  h  cet  égard,  et  ces  recbercbes  étant  d'ailleurs  très  difficiles 
à  cause  de  la  grande  densité  du  tissu  de  la  moelle  et  du  peu  d'abondance  de  la  matière  grise. 

Parmi  les  diverses  brancbes  du  trijumeau  il  en  est  une  qui  se  fait  remarquer  par  sa  disposition 
spéciale.  Cette  brandie  se  détacbo  du  bord  supérieur  du  tronc  du  trijumeau,  tout  près  de  sa  nais- 
sance ;  de  là  elle  se  porte  en  baut  et  en  dedans,  contourne  le  bord  du  (juatrièine  ventricule  et  se 
jette  dans  l'extrémité  antérieure  de  la  petite  pyramide  qui  forme  le  lobe  marginal.  Justju'ici  je  ne 
vois  pas  à  quelle  portion  du  trijumeau  des  Poissons  osseux  correspond  cette  brandie. 

Le  nerf  acoustique  a  son  origine  en  arrière  et  un  peu  au-dessous  du  trijumeau.  Le  pneumo- 
gastrique naît  par  deux  racines,  comme  chez  les  Poissons  osseux.  Au-dessous  de  la  racine  antérieure 
part  un  petit  faisceau  isolé  qui  répond  au  glossopbaryngien;  la  racine  postérieure  est  formée  ii  son 
origine  de  plusieurs  petits  faisceaux  distincts  écbelonnés  les  uns  derrière  les  autres.  On  retrouve  sur 
la  moelle  allongée  du  Squalus  catulus  exactement  les  mêmes  dispositions  que  cbez  leSquiilus  imistc- 
lus.  L'union  du  faisceau  ventriculaire  latéral  avec  le  trijumeau  m'a  seulement  paru  plus  facile  îi 
constater.  La  moelle  allongée  du.  SfjHalus  acanlhlas  ne  dilfère  pas  davantage  de  celle  du  Sijualiis 
mustclus.  La  brandie  du  trijumeau  qui  se  rend  au  lobe  marginal  est  extrêmement  développée  ;  ce 
dernier  loho  est  moins  nettement  isolé.  Le  faisceau  ventriculaire  médian  se  dessine  avec  une  netteté 
renian|uable;  il  est  beaucoup  plus  distinct  que  cbez  les  Squalus  mustelus  et  Squuhts  sqmUina.  Les 
deux  faisceaux  forment  de  cluuiue  côté  du  sillon  médian  un  bourrelet  blanc  très  prononcé  el  plus 
saillani  (pie  dans  aucun  des  autres  types  que  j'ai  pu  examiner;  ce  bourrelet  se  prolonge  en  avant 
avec  la  même  netteté  sur  le  fond  de  l'aqueduc  de  Sylvius  et  sur  le  plancher  des  lobes  optiques  où 
( sillon  médian  devient  très  profond.  Les  faisceaux  ventriculaires  latéraux  sont  très  saillants  et 
forment  deux  bourrelets  longitudinaux  très  nets,  recouverts  sur  la"  plus  grande  portion  de  leur 
étendue  par  une  série  de  légères  bosselures  séparées  par  de  minces  filets  vasculaires.  Ce  sont  ces 
petites  bosselures  (|ue  les  anatomistcs  me  paraissent  avoir  singulièrement  exagérées  en  les  présen- 


62  SYSTÈME  NERVEUX   DES  POISSONS. 

tant,  soil  dans  leur  description,  soit  dans  leurs  figures,  comme  une  série  de  tubercules  situés  à 
l'intérieur  du  quatrième  ventricule.  Il  n'y  a  point  là  en  réalité  de  tubercules,  mais  de  simples 
dépressions  transversales  du  faisceau  ventriculaii'e  latéral  produites  par  le  passage  des  artères  qui 
descendent  des  bords  du  ventricule  vers  le  fond  de  cette  même  cavité.  Cela  est  manifeste  chez  le 
Sqiiahis  acanthias  lorsqu'on  enlève  avec  précaution  la  pie-mère  qui  recouvre  l'entrée  du  ventricule. 
On  voit  alors  une  série  de  vaisseaux  qui  descendent  du  bord  du  ventricule  vers  le  fond  en  sillonnant 
la  surface  du  faisceau  ventriculaire  latéral.  En  avant,  on  peut  suivre  le  faisceau  ventriculaire  latéral 
jusqu'à  la  naissance  du  trijumeau. 

La  moelle  allongée  du  Sr/naliis  squatina  présente  des  différences  plus  tranchées.  Le  quatrième 
ventricule  a  des  dimensions  très  considérables;  sa  longueur  égale  à  elle  seule  celle  de  tout  le  reste 
de  l'encéphale.  Ce  ventricule  est  largement  ouvert,  et  sur  ses  bords  on  ne  voit  plus  de  lobes  distincts 
du  trijumeau  comme  chez  les  Squalus  musteltis  et  Squalus  catulus;  cependant  la  branche  qui  se 
rend  à  ces  lobes  existe  toujours,  mais  elle  s'insère  sur  les  bords  du  quatrième  ventricule.  Les  fais- 
ceaux ventriculaires  médians  et  latéraux  sont  très  distincts  comme  dans  les  types  qui  précèdent; 
je  n'ai  pas  aperru  de  bosselures  à  la  surface  du  faisceau  ventriculaire  latéral. 

La  moelh;  allongée  des  Raies  ressemble  complètement  au  fond  à  celle  des  Squales.  Chez  lu 
Raja  davata,  le  quatrième  ventricule  est  entièrement  recouvert  par  le  cervelet;  les  bords  de  cette 
cavité  sont  très  saillants  et  formés  d'une  lame  nerveuse  ondulée  qui  se  continue  en  avant  avec  la 
commissure  du  quatrième  ventricule.  Cette  lame  ondulée  reçoit,  comme  chez  les  Squales,  une 
branchi'  spéciale  du  trijumeau  qui  est  très  considérable.  Le  faisceau  ventriculaire  latéral  est 
aussi  très  distinct. 

La  moelle  allongée  de  l'Esturgeon  ressemble  à  celle  des  Squales;  elle  est  aplatie  et  très  large- 
ment ouverte  en  arrière;  il  existe  à  sa  base,  au-dessous  du  cervelet,  une  commissure  du  quatrième 
ventriiMile  et  ses  bords  ont  un  aspect  plissé.  Les  faisceaux  ventriculaires  médians  et  latéraux  sont 
bien  apparents.  Vers  l'extrémité  antérieure  des  faisceaux  ventriculaires  médians,  Stanniiis  a  figuré 
une  sorte  de  commissure  transversale  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  commissure  transversale  des  pi/ra- 
midcs  antérienres,  et  qui  peut-être,  dit-il,  a  des  connexions  avec  le  nerf  acoustique.  La  dilTiciilté 
de  me  procurer  des  Esturgeons  ne  m'avait  pas  permis  tout  d'abord  de  vériûer  le  fait;  mais  plus  lard 
j'eus  l'occasion  de  disséquer  un  cerveau  d'Esturgeon,  et  j'ai  pu  reconnaître  que  mes  prévisions 
étaient  fondées  (1).  Le  faisceau  Iransverse  qui  naît  de  chaque  coté  du  faisceau  ventriculaire  médian,  se 
jette  dans  la  racine  postérieure  correspondante  du  trijumeau.  Le  faisceau  ventriculaire  latéral  se 
perd  également  dans  cette  même  racine.  Le  bord  externe  de  ce  dernier  faisceau  présente  de  petites 
bosselures  qui  rappellent  celles  du  faisceau  ventriculaire  latéral  des  Squales.  On  voit  par  cet 
ensemble  de  faits  que  les  origines  du  trijumeau  paraissent  offrir  la  similitude  la  plus  complète  dans 
toute  la  classe  des  Poissons.  Non  seulement  les  Poissons  osseux  et  les  Poissons  cartilagineux  ne 
présentent  sous  ce  rapport  aucune  différence  essentielle,  mais  je  puis  ajouter  que  sur  un  Batracien 
(le  Triton),  j'ai  reconnu,  à  l'égard  des  branches  d'origine  du  trijumeau,  une  disposition  analogue 
à  celle  que  je  viens  de  décrire  chez  les  Poissons. 

Après  l'examen  de  la  moelle  allongée  des  Raies  et  des  Squales,  je  ne  puis  omettre  de  parler  de 

(1)  Pi.  1,  fig.  i-2i  is. 


DE  LA  MOELLE  ALLONGÉE.  63 

la  iiioulle  iilloiigée  de  la ïoipille.  N'ayant  pas  eu  l'occasion  d'étudier  imii-iiiôinc  ce  type  intéressant, 
je  transcris  les  principaux  résultats  du  travail  de  Paul  Savi  sur  la  moelle  allongée  de  ce  Poisson. 

ff  La  longueur  de  la  moelle  allongée  d'une  Torpille  âgée,  dit  ce  savant,  est  presque  la  moitié  de 
celle  de  tout  l'encéphale,  et  sa  largeur  est  plus  grande  que  celle  de  toutes  les  autres  parties  du  cer- 
veau. Lorsqu'on  a  mis  k  nu  celte  partie  de  l'encéphale  en  enlevant  en  grande  partie  ses  enveloppes, 
on  voit  tout  le  sinus  rhoinhoïdal  reni[)li  di;  deux  gros  lobes  qui  se  touchent  sur  l'axe  longitudinal 
sans  adhérer,  mais  qui,  au  contraire,  sont  rendus  Itien  distincts  par  une  fente  verticale  et  recliligne 
qui  arrive  jusqu'au  plan  du  sinus  rhomboïdal.  Chacun  de  ces  lobes  est  donc  limité  par  trois  faces  : 
l'une  courbe,  qui  est  l'extérieure;  l'autre  plane,  horizontale  et  inférieure,  par  laquelle  il  est  appuyé 
sur  le  sinus  rhomboïdal;  et  une  troisième,  verticale  interne,  qui  est  en  rapport  avec  la  face  correspon- 
dante de  l'autre  lobe.  En  observant  au  microscope  la  substance  de  ce  lobe,  en  la  comprimant  très 
légèrement  avec  le  compresseur,  on  voit  qu'elle  se  compose  en  grande  partie  d'une  matière  granu- 
leuse presque  amorphe,  transparente  et  analogue  à  la  substance  grise  amorphe  de  la  substance 
corticale  du  cerveau.  Nous  avons  vu  au  milieu  de  cette  substance  granuleuse  du  lobe  électrique,  un 
grand  nombre  de  libres  élémentaires  à  double  contour.  En  comprimant  la  masse  granuleuse  et 
amorphe  des  lobes  électriques,  on  y  découvre  de  gros  globules  d'une  matière  grise,  composés  de 
grains  ou  globules  qui  ont  un  noyau  de  substance  diaphane,  au  centre  desquels  se  trouve  un  corpus- 
cule plus  opaque.  En  comprimant  davantage,  on  voit  ces  globules  se  dilater,  puis  se  changer  en 
disques  dont  le  point  central  est  augmenté  proportionnellement  jusqu'à  avoir  en  diamètre  presque  un 
(piart  du  diamètre  du  globule  transparent.  Ces  globules  me  semblent  identiques  avec  les  globules 
ganglionnaires  découverts  par  Ehrenberg,  et  que  moi-même  j'ai  en  occasion  d'observer  dans  les 
ganglions  de  différents  nerfs  branchiaux  de  la  Torpille  même.  Ces  globules  ganglionnaires  sont  en 
très  grand  nombre  dans  les  lobes  électriques;  mais,  proportionellement  à  leur  masse,  il  y  existe 
une  plus  grande  (piantité  de  substance  amorphe  granulaire  que  dans  les  ganglions  des  nerfs.  Quant 
à  la  direction  des  libres  nerveuses  élémentaires  des  lobes  électriques,  elle  varie  suivant  le  sens  hori- 
zontal ou  vertical  selon  lequel  a  été  coupée  la  tranche  qu'on  observe. 

»  En  faisant  une  section  verticale  et  transversale  de  la  moelle  allongée,  de  manière  à  couper  les 
lobes  électriques  dans  le  plan  dans  lequel  on  voit  une  des  racines  de  la  huitième  paire  (pneumogas- 
Iri(iue)  pénétrer  dans  la  moelle  allongée,  on  reconnaît  alors  que  cette  racine,  ou  au  moins  la  partie 
apparente  de  celle-ci,  ne  pénètre  pas  dans  la  moelle  allongée,  mais  traverse  la  pyramide  latérale, 
passe  au-dessous  des  pyramides  postérieures,  et  pénètre  dans  les  lobes  électriques  correspomlanls 
dans  lesquels  elle  se  répand  et  rayonne  de  manière  à  remplir  toute  la  face  de  la  section.  Il  est  iiour- 
tant  juste  de  dire  que,  malgré  cette  origine  des  fibres  élémentaires  des  nerfs  électriques,  il  y  a  d'au- 
tres de  ces  libres  qui  émergent  de  la  partie  moyenne  du  sinus  rhomboïdal  et  pénètrent  ainsi  les 
lobes  électriques.  On  découvre  encore,  ce  qui  est  pour  moi  très  important,  qu'un  tronc  de  la  cin- 
quième paire  tire  les  fibres  élémentaires  de  sa  racine  du  lobe  électrique,  et  que  ce  tronc  est  précisé- 
ment celui  qui  pénètre  dans  l'organe  électrique,  tandis  que  les  autres  fibres  du  même  nerf  prennent 
origine,  ou  des  pyramides  restiformes,  ou  du  lobe  latéral  du  cervelet.  Tous  les  troncs  nerveux,  soit  de 
lii  huitième  (pneumogastrique),  soit  di'  la  liiKpiièinc  iiaiic,  (pii  se  distribuent  dans  l'organe  élcctii- 
que,  sont  donc  produits  par  des  libres  élémentaires  ayant  leur  origine  dans  le  loin'  correspondant, 
dans  l'intéiiiMii'  duquel  elles  send)lent  se  replier  en  anses.  Lorsque  les  Kd>es  électriques  ont  été 


•04  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

enlevés,  le  sinus  rhomboïdal  présenle  une  ligne  médiane  longitudin;ile  (\m  est  In  ilivision  des  pyi;i- 
mides  rintéricures.  A  gauche  et  à  droite  de  cette  ligne,  on  voit  un  l'aisceau  blaiic,  homogène,  (pii 
peut  être  regardé  comme  la  surface  postérieure  des  mêmes  pyramides  antérieures.  Le  reste  de  hi 
surface  du  sinus  rliomboïdal  a  une  couleur  qui  est  plus  cendrée.  Si  on  l'observe  avec  la  loupe,  on 
reconnaît  qu'elle  est  parcourue  transversalement  par  un  grand  nombre  de  faisceaux  de  substance 

blanche.  » 

Si  j'ai  reproduit  cette  longue  description  de  la  moelle  allongée  de  la  Torpille,  c'est  que  jetrouve 
dans  la  disposition  de  cet  organe  une  curieuse  analogie  avec  ce  que  j'ai  oljservé  chez  les  Cyprins  : 
le  lobule  médian  de  la  Carpe  (1),  du  Barb(>au  {''2),  du  Cyprin  doré  (."'.),  du  Ciiujoii,  etc.,  paraît,  en 
effet,  correspondre,  par  sa  situation  du  moins,  aux  lobes  électriques  de  la  Torpille.  Ce  lobule  médian 
est  unique,  il  est  vrai,  tandis  que  les  lobes  électriques  sont  paires;  mais  c'est  là  une  différence  sans 
grande  importance  et  qui  peut  être  le  résultat  d'une  simple  soudure  sur  la  ligne  médiane.  Il  est  même 
probable  que  primitivement  le  lobule  médian  est  formé  de  deux  moitiés  distinctes  ([ui  se  juxtaposent 
et  se  soudent  sur  la  ligne  médiane  (4).  Quoi  qu'il  en  soit,  les  connexions  du  lobule  médian  des 
Cyprins  avec  la  cinquième  paire  d'une  part  et  avec  le  pneumogastrique  de  l'autre,  elle  rapport  des 
lobes  électriques  avec  ces  mêmes  paires  me  paraissent  établir  entre  ces  organes  une  grande  analogie. 
Je  dois  signaler  cependant  plusieurs  différences.  Chez  les  Cyprins  ci"!  le  lobule  médian  est  très  déve- 
loppé, tels  que  la  Carpe  et  le  Barbeau,  la  branche  de  la  cinquième  paire  qui  naît  de  ce  lobule  est 
énorme,  tandis  ipie  les  fibres  qui  se  portent  vers  le  pneumogastrique  sont  peu  nombreuses.  Le  con- 
traire a  lieu  chez  la  Torpille  ;  la  presque  totalité  des  faisceaux  qui  partent  des  lobes  électriques  se 
jette  dans  les  pneumogastriques;  un  seul  se  rend  au  trijumeau.  Je  n'ai  pas  non  plus  découvert  de 
cellules  ganglionnaires  dans  le  lobule  médian,  mais  seulement  de  la  substance  grise,  scmlilable  à 

celle  des  hémisphères. 

En  présence  du  rôle  physiologique  important  que  remplissent  les  lobes  électriques,  il  est  permis 
de  supposer  que  quelque  fonction  spéciale  se  trouve  aussi  dévolue  au  lobule  médian  des  Cyprins; 
dans  ce  cas,  nous  savons  maintenant  que  c'est  sur  les  divisions  de  la  branche  postérieure  du  triju- 
meau que  les  naturalistes  devront  diriger  leurs  investigations. 

Chez  les  Lamproies,  la  moelle  allongée  est  très  aplatie  et  élargie  ru  voisinage  du  cerveau, 

comme  chez  les  autres  Poissons;  le  quatrième  ventricule  est  largement  ouvert,  et  sur  le  fond  on 

aperçoit  un  sillon  médian  bien  prononcé.  Le  manque  de  sujets  ne  m'ayant  pas  permis  d'étudier  les 

nerfs  qui  naissent  de  celte  partie,  je  me  bornerai  à  transcrire  quelques  résultats  consignés  dans  une 

note  de  M.  Robin. 

«  Chez  les  Lamproies,  dit  l'auteur,  on  ne  trouve  plus  que  les  l"'',  2%  ."%  i",  5",  8"  et  d''  paires, 

les  Cf  et  l'  manquent  complètement.  La  racine  postérieure  de  la  cinquième  paire  est  comme  logée 
dans  un  sillon  de  la  moelle  épinière,  et  s'en  détache  facilement  jusqu'au  faisceau  postérieur  sur 
lequel  a  lii'u  roiigine  réelle,  à  un  centimètre  et  demi  en  arrière  du  sillon  transverse  de  séparation 
(le  la  moelle  allongée  et  de  l'encéphale.  La  racine  antérieure  naît  du  faisceau  antérii'ur,  à  l'extré- 
mité antérieui-e  de  la  uioelli^  allongée.  * 


(I)  l'I.  V,  lis-  "2  / 

ci)  l'I.  IV,  n-.  1  /. 

(i)  l'I.  V,  lig.  1  i. 

(i)  Je  (lois  iM|i|ii'lci'  iii  i|iii;  \r  Iujinli'  iiiédiaii  .lu  Siliinis  iihinis  rs!  furiiif'  iJ,î  iÏl'Iix  ninilic'S  jiixlaiinsi'c-;. 


DU  CERVELET.  6Ji 

On  voit  combien  ces  faits  concordent  avec  ceux  que  j'ai  signalés  chez  les  Poissons  osseux,  les 
Esturgeons,  les  Raies  et  les  Squales. 

DU   CEIWELET 

La  forme  et  la  grandeur  du  cervelet  diffèrent  tellement  chez  les  Poissons  osseux  qu'il  esta  peu 
près  impossible  d'établir  aucune  règle  à  cet  égard.  La  forme  est  en  général  celle  d'un  cône  légère- 
ment évasé  et  à  sommet  mousse,  étendu  horizontalement  au-dessus  du  quatrième  ventricule  et 
présentant  de  chaque  côté  de  sa  base  une  tubérosité  assez  prononcée:  tel  est  le  cervelet  du 
Merlan  (1),  du  Brochet  {"2),  du  Surmulet  (3),  de  la  Lote  (4).  Chez  le  Hareng,  le  cervelet  vu  par- 
dessus, a  une  forme  ovale  ;  de  côté,  il  offre  l'aspect  d'une  masse  irrégulièrement  quadrilatère  dont 
le  bord  postérieur  est  vertical  et  dont  l'extrémité  supérieure  élargie  s'incline  un  peu  en  avant 
au-dessus  de  l'extrémité  postérieure  des  lobes  optiques  (5).  Chez  le  Maquereau,  le  cervelet  a  aussi 
une  forme  ovalaire  ou  ovoïde  (G).  Chez  un  certain  nombre  de  Cyprins,  le  Cyprin  doré  surtout,  il  est 
presque  globnleux(7).  Dans  le  Congre  et  l'Anguille,  il  est  quadrilatère  et  présente  de  chaque  côté  une 
petite  tubérosité  (8).  Vu  de  côté  chez  le  Congre,  il  ressemble  à  un  cylindre  replié  sur  lui-même  de 
manière  à  simuler  une  anse  ouverte  en  avant  et  en  bas.  Il  serait  facile  d'énumérer  encore  une  foule 
d'autres  variétés  dans  la  forme  du  cervelet;  toutes  ces  variations  n'offrant  que  peu  d'intérêt,  je  me 
borne  aux  quelques  exemples  que  je  viens  de  citer. 

A  l'égard  du  volume  du  cervelet,  les  différences  ne  sont  pas  moins  nombreuses  que  dans  la  forme  ; 
nous  ne  parlons  que  du  volume  relatif.  Le  cervelet  est  volumineux  chez  le  Merlan,  la  Lote,  l'An- 
guille, le  Congre.  Dans  ces  deux  dernières  espèces,  son  volume  égale  presque  celui  des  lobes  opti- 
ques; chez  les  Trigles,  au  contraire,  il  est  très  petit  comparativement  à  celui  des  lobes  optiques  (9). 
Entre  ces  extrêmes,  il  serait  facile  de  trouver  toutes  les  nuances  intermédiaires. 

Les  rapports  du  cervelet  avec  la  moelle  allongée  sont  aussi  très  variables;  ainsi,  tandis  que 
chez  le  Merlan,  le  Surmulet,  le  Brochet,  le  Saumon  (10),  le  cervelet  recouvre  entièrement  la  moelle 
allongée,  dans  le  Congre, le  Hareng,  la  Carpe  (il),  il  n'en  recouvre  quela  moitié  antérieure,  etdansle 
Cyprin  doré  il  n'en  occupe  guère  que  le  tiers  antérieur.  En  avant,  les  limites  du  cervelet  sont  beau- 
coup plus  fixes;  il  est  rare,  en  effet,  qu'il  dépasse  le  bord  postérieur  des  lobes  optiques.  Cependant, 
chez  le  Hareng,  le  cervelet  déborde  un  peu  au-dessus  de  l'extrémité  postérieure  des  lobes  optiques; 
chez  le  Maquereau,  où  cette  disposition  devient  très  prononcée,  il  recouvre  environ  la  moitié  de  ces 
mêmes  lobes.  Chez  le  Thon,  d'après  Cuvier,  il  s'étend  en  avant  et  en  arrière  de  fai^oii  à  masquer  pres- 

(1)  PI.  II,  lig.  8c;  |.l.  III,  lig.  Oc. 

(2)  PI.  VII,  lig.  I  et  suiv.  c. 

(3)  PI.  IX,  lig.  10  eU  I  c. 

(4)  PI.  III,  fig.  7  et  10  c. 

(5)  PI.  VIII,  lig.  1  et  4  c. 
(G)  PI.  IX,  lig.  1-2  ce'. 
(7)PI.  V,lig.  I  f. 

(S)  PI.  VI,  lig.  3,  lOc;  lig.  13,  16  c. 
(fl)  Pi.  IX,  lig.  2  c. 

(10)  PI.  VIII,  lig.  (i  c. 

(11)  PI.  V,  lig.  2  et  3  c. 


^6  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

que  tout  le  reste  de  l'encéphale.  Enfin  Weber  cite  le  cas  du  Silunis  glanis  où  le  cervelet  recouvri- 
rait presque  en  entier  les  lobes  optiques  (1). 

Le  cervelet  des  Poissons  osseux  m'a  toujours  paru  lisse;  Cuvier  dit  cependant  que  dans  le 
Thon,  sa  surface  estsillonnée  transversalement;  Carus  a  aussi  figuré  le  cervelet  de  VEc/teneis  Rémora 
avec  trois  sillons,  el  il  parle  de  ces  sillons  comme  d'une  chose  remarquable.  Il  existe  ordinairement 
un  sillon  médian  plus  ou  moins  apparent  (Merlan,  Saumon),  ou  bien  des  stries  transversales  qui 
sont  très  visibles  chez  le  Gadus  œglefums,  selon  Gotlsche.  A  l'intérieur  du  cervelet,  on  découvre 
habituellement,  vers  la  base,  une  petite  cavité  qui  se  prolonge  plus  ou  moins  loin  vers  le  sommet. 
Cette  cavité  s'ouvre  dans  le  quatrième  ventricule  ;  elle  est  parcourue  par  un  tronc  vasculaire  qui  se 
porte  jusqu'à  la  pointe  en  émettant  ordinairement  sur  ses  côtés  un  certain  nombre  de  rameaux 
qui  s'enfoncent  dans  le  tissu  de  l'organe.  La  cavité  du  cervelet  est  plus  ou  moins  visible  selon  les 
espèces;  elle  se  voit  nettement  chez  le  Congre  (2). 

Dans  la  structure  du  cervelet,  on  reconnaît  aisément  la  substance  grise  et  la  substance 
blanche;  la  première  occupant  la  périphérie  de  l'organe,  la  seconde  la  partie  centrale.  Chez  le 
Congre,  la  substance  blanche  forme  de  chaque  côté  de  la  cavité  du  cervelet  deux  faisceaux  consi- 
dérables qui  se  subdivisent  et  se  portent  en  bas  et  en  avant  pour  se  jeter  dans  la  base  du  cerveau; 
la  partie  la  plus  interne  de  ces  faisceaux  s'entre-croise  sur  la  Hgne  médiane  et  au-dessus  de  la  cavité 
du  cervelet  avec  un  faisceau  semblable  venu  du  côté  opposé;  plusieurs  faisceaux  se  portent  égale- 
ment dans  l'éminence  lobée.  Chez  la  Perche,  on  voit  deux  faisceaux  blancs  descendre  à  peu  près 
parallèlement  dans  l'intérieur  du  cervelet,  du  sommet  à  la  base  (3).  Parvenus  en  ce  point,  ils  s'enfon- 
cent dans  le  plancher  du  lobe  optique  et  se  portent  en  divergeant  jusqu'au  niveau  de  l'exlrémilé 
antérieure  du  renflement  semi-lunaire  où  ils  se  perdent.  J'ai  constaté  la  même  disposition  chez  le 
Rouget  (Trigla).  Quant  à  la  matière  grise,  j'ai  observé  chez  le  Barbeau,  sur  une  coupe  transversale 
formant  une  rondelle  de  l'organe,  placée  au  microscope,  la  masse  grise  du  cervelet  composée  de 
trois  zones  concentriques  que  nous  distinguerons  en  première,  seconde  et  troisième,  en  allant  de 
dehors  en  dedans.  La  première  zone  (zone  cérébelleuse  externe)  est  recouverte  par  la  pie-mère; 
son  tissu  est  formé  de  granulations  et  d'une  quantité  innombrable  de  cellules  multipolaires  d'une 
extrême  petitesse,  renfermant  à  l'intérieur  un  liquide  dans  lequel  nagent  des  granulations  de  diffé- 
rentes grosseurs.  Le  nombre  des  pôles  de  ces  cellules  multipolaires  varie  généralement  de  deux  à  six; 
de  ces  pôles  partent  des  prolongements  d'une  finesse  telle  qu'ils  échappent  bientôt  à  la  vue  malgré 
l'emploi  des  plus  forts  grossissements.  11  m'est  donc  impossible  de  décider  si  ces  prolongements  se 
continuent  ou  non  avec  les  fibres  nerveuses  primitives,  11  m'a  semblé,  dans  plusieurs  circonstances, 
voir  ([uelques-unes  de  ces  cellules  s'anastomoser  entre  elles  par  leurs  pôles;  mais  ce  sont  là  des 
impressions  tellement  fugitives  et  qui  donnent  si  aisément  prise  à  l'erreur  que  toute  affirmation  à  cet 
égard  me  semblerait  prématurée.  La  deuxième  zone  (zone  cérébelleuse  moyenne)  est  très  différente 
de  la  zone  extérieure  ;  elle  est  beaucoup  plus  étroite.  Sous  le  microscope  et  à  un  grossissement  d'en- 
viron 100  diamètres,  elle  paraît  formée  d'un  amas  de  petits  points  dont  la  couleur  plus  claire 


(1)  .l'ai  eu  depuis  l'occasion  de  vérifier  ce  fait,  pi.  IX,  fig.  15  c. 
("1)  PI.  VI,  fiy.  :!  c",  fig.  8  A:,  fig.  10  r''k. 
(3)  l'I.  IX,  fig.  le /c. 


DU  CERVELET.  07 

tranche  sur  le  fond  obscur  du  reste  de  hi  coupe.  Lorsqu'on  a  recours  à  un  grossissement  plus  con- 
sidcrable,  400  diamètres  par  exemple,  on  l'econnaît  que  chacun  de  ces  petits  points  représente  une 
celhili>  multipolaire  (bipolaire  ou  tripolaire)  à  contour  très  net  dont  chacun  des  ani;les  paraît  se 
continuer  avec  une  fibre  nerveuse.  Ces  cellules  dillèrent  beaucoup  de  celles  qui  composent  la  zone 
extérieure,  non  seulement  par  leur  diamètre,  qui  est  trois  à  quatre  fois  plus  considérable,  mais 
encore  par  leur  strucliuc.  En  effet,  tandis  (|ue  les  petites  cellules  de  la  zone  externe  ne  renferment 
à  l'intérieur  (|ue  des  granulations,  ces  grandes  cellules  de  la  zone  moyenne  présentent  au  milieu 
d'un  lifjuide  finement  granuleux,  un  gros  noyau  arrondi  pourvu  lui-même  de  granulations.  Quel- 
ques-unes de  ces  grandes  cellules  m'ont  aussi  paru  s'unir  entre  elles  par  leurs  prolongements.  Sur 
une  coupe  faite  à  la  base  du  cervelel,  on  voit  nu  groupe  de  ces  mêmes  cellules  se  détacher  de  la 
zone  moyenne  et  descendre  en  s'épar[)illant  dans  le  tissu  du  pédoncule  cérébelleux.  Si,  après  avoir 
laissé  macérer  pendant  quelque  temps  un  cerveau  dans  du  liquide  salin  (alun  et  sel  marin),  on 
promène  légèrement  l'extrémité  d'une  pince  sur  la  surface  du  cervelet,  on  voit  aussitôt  se  détacher 
de  cette  surface  un  feuillet  mince  qui  s'enlève  comme  une  écorce.  Je  pense  que  ce  feuillet  appar- 
tient à  la  zone  cérébelleuse  externe,  et  que  la  séparation  s'ell'ectue  au  niveau  de  la  zone  cérébelleuse 
moyenne  dont  le  tissu  formé  de  grandes  cellules  et  moins  compact  (]uc  la  matière  grise  envi- 
ronnante, cède  plus  aisément  à  une  légère  pression.  La  troisième  zone  (zone  cérébelleuse  interne) 
se  prolonge  depuis  la  zone  moyenne  jusqu'au  ceutr(!  du  cervelet;  elle  est  formée  de  matière  grise 
dont  les  éléments  sont  identiques  avec  ceux  de  la  zone  externe;  c'est  dans  son  épaisseur  que  se 
trouvent  contenus  les  faisceaux  de  substance  blanche  dont  j'ai  parlé  précédemment  (1). 

Le  cervelet  des  Poissons  chondroptérygiens  diffère  très  notablement  de  celui  des  l'oissons 
osseux.  Afin  de  bien  marquer  ces  différences,  je  choisirai  d'abord  quel(|ues  exemples  parmi  les 
Poissons  du  groupe  des  Sélaciens.  Chez  l'Ange  {Squalus  srjitatina),  le  cervelet  est  peu  développé  et 
déborde  à  peine  en  avant  au-dessus  de  l'extrémité  postérieure  du  lobe  optique;  sa  surface  est  lisse 
comme  chez  les  Poissons  osseux  et  présente  au  milieu  une  pelile  ligne  blanchàire.  A  l'intérieur 
existe  une  cavité   très  vaste  qui  communique  largement  à  sa  base  avec  le  quatrième  ventricule. 
La  lame  de  tissu  nerveux  qui  circonscrit  cette  cavité  est  mince  et  unie  à  l'intérieur,  excepté  sur  le 
milieu  de  la  face  supérieure,  où  l'on  aperçoit  de  chaque  côté  du  sillon  médian  un  bourrelet  longi- 
tudinal très  prononcé,  résultant  du  reploiement  vers  l'inlérieur  des  bords  des  feuillets  latéraux 
primitifs.  En  arrière,  la  lame  cérébelleuse  se  continue  avec  une  autre  lame  placée  transversalement 
au-dessous  du  cervelet,  qui,  après  avoir  formé  un  double  repli  latéral,  se  perd  sur  les  bords  du 
quatrième  ventricule.  Chez  le  Squalus  (icanthias,  le  cervelet  est  beaucoup  plus  développé  que  chez 
l'Ange;  il  recouvre  en  avant  une  partie  du  lobe  optique.  Sa  surface  présente  un  sillon  longitudinal 
médian,  et  de  plus,  il  existe  vers  le  milieu  de  la  longueur  un  sillon  transversal  qui  correspond  à  un 
repli  intérieur  assez  saillant.  La  vaste  cavité  du  cervelet  présente  en  outre  du  repli  intérieur  dont 
je  viens  de  parler,  un  double  bourrelet  médian  très  saillant,  comme  chez  l'Ange.  En  écartant  légè- 
rement les  deux  lèvres  de  ce  bourrelet,  on  reconnaît  qu'elles  se  trouvent  simplement  appli(juées 
l'une  contre  l'autre  et  qu'elles  n'adhèrent  entre  elles  que  du  côté  extérieur  à  l'aide  d'une  couche 

(1)  n.  x,  (i-  I  à  7. 


68  SYSTÈME  NERVEUX   DES   POISSONS. 

très  mince  de  tissu  nerveux  ou  celluleux.  La  cavité  du  cervelet  communique  à  sa  base  avec  le  qua- 
trième ventricule  par  deux  orifices  assez  larges  placés  de  chaque  côté  du  double  bourrelet  médian. 
Enfin,  de  même  que  chez  l'Ange,  la  lame  du  cervelet  se  continue  en  arrière  avec  une  lame  trans- 
versale qui  se  prolonge  sur  les  bords  du  quatrième  ventricule.  Sur  la  face  inférieure  de  cette  lame, 
on  aperçoit  un  double  bourrelet  médian  qui  fait  suite  au  double  bourrelet  de  la  cavité  du  cervelet. 
Chez  le  Squahs  nwslelus,  le  cervelet  est  très  développé;  non  seulement  il  s'étend  en  arrière  au-des- 
sus du  quatrième  ventricule,  mais  il  se  projette  encore  en  avant  de  manière  à  recouvrir  en  partie  le 
lobe  optique  (1).  Sur  la  surface  de  cet  organe,  on  aperçoit  quatre  sillons,  ou  plutôt  quatre  scissures 
transversales  qui  correspondent  à  autant  de  replis  intérieurs  de  la  lame  cérébelleuse.  En  faisant 
une  coupe  horizontale  du  cervelet,  on  reconnaît  que  sa  cavité  est  assez  vaste  et  que  ses  parois  sont 
formées  d'une  lame  nerveuse  peu  épaisse,  repliée  sur  elle-même,  de  telle  façon  qu'aux  saillies  exté- 
rieures correspondent  des  dépressions  intérieures,  et  vice  versa.  Par  suite  de  ces  replis,  la  cavité  du 
cervelet  se  trouve  partagée  en  plusieurs  chambres  ou  compartiments  disposés  les  uns  à  la  suite  des 
autres,  mais  qui  communiquent  tous  cependant  avec  la  cavité  commune.  Outre  ces  plis  intérieurs, 
il  existe  sur  la  face  interne  du  cervelet  un  double  bourrelet  longitudinal  médian  très  marqué,  comme 
chez  l'Ange  {Sqiiahs  acantliias).  Ce  double  bourrelet  règne  sur  toute  l'étendue  des  replis  inté- 
rieurs dont  il  occupe  le  milieu,  et  quand  deux  replis  voisins  viennent  à  se  loucher,  il  arrive  d'ordi- 
naire que  les  bourrelets  adossés  s'engrènent  réciproquement  et  se  soudent  entre  eux  d'une  manière 
plus  ou  moins  intime.  Cela  s'observe  vers  le  sommet  des  replis  intérieurs.  Inférieurement,  la  cavité 
du  cervelet  communique  avec  le  quatrième  ventricule  par  deux  ouvertures  assez  étroites,  situées 
l'une  à  droite  et  l'autre  à  gauche  du  double  bourrelet  médian. 

Au-dessous  et  en  arrière  du  cervelet  existe  une  lame  transversale  étendue  comme  un  pont 
au-dessus  de  l'extrémité  antérieure  du  quatrième  ventricule  et  débordant  de  chaque  côté  la  base 
de  l'organe  sous  forme  de  deux  petits  oreillons;  je  la  nomme  lame  transverse  du  cervelet.  Cette  lame 
est  composée  de  deux  feuillets  appliqués  l'un  sur  l'autre  qui  se  continuent  au  niveau  de  leur  bord 
externe.  Le  feuillet  inférieur  est  formé  par  le  reploiement  en  dessous  du  feuillet  supérieur.  Il  se  pro- 
longe en  arrière  sur  les  bords  du  quatrième  ventricule  sous  forme  d'un  petit  cordon  d'aspect  trian- 
gulaire; c'est  au  niveau  de  l'union  de  ce  prolongement  avec  le  feuillet  inférieur  que  s'insère  la 
branche  la  plus  élevée  du  trijumeau.  Pour  bien  se  rendre  compte  de  la  disposition  de  la  lame 
transverse,  il  est  nécessaire  de  faire  une  coupe  longitudinale  passant  par  le  cervelet  et  la  moelle 
allongée.  On  voit  alors  que  la  lame  du  cervelet,  après  s'être  repliée  plusieurs  fois  sur  elle-même 
pour  constituer  l'organe,  s'abaisse  d'abord  en  arrière  pour  former  la  voûte  de  l'aqueduc  de  Sylvius, 
puis  se  relève  presque  aussitôt  pour  se  continuer  avec  le  feuillet  supérieur  de  la  lame  transverse. 
Or,  comme  nous  avons  vu  que  ce  feuillet  supérieur  se  continue  par  ses  bords  avec  le  feuillet  sous- 
jacent  et  celui-ci  avec  le  petit  cordon  triangulaire  qui  borde  le  quatrième^vcntricule,  il  en  résulte 
que  toutes  ces  parties  ne  sont  en  réalité  que  des  dépendances  de  la  lame  qui  forme  le  cervelet.  On 
pourra  également  constater  sur  celte  même  coupe  que  la  lame  cérébelleuse  se  continue  directement 
en  avant  avec  la  voûte  des  lobes  optiques.  Ainsi  donc,  les  lobes  optiques,  le  cervelet,  la  lame 
transverse  du  cervelet  et  les  prolongements  de  cette  lame  sur  les  bords  du  quatrième  ventricule  ne 

(Ij  I').  1,  11-,  i  ctcb^'inb.  4  c. 


DES   LOBES   ni'TIOUES.  09 

soiil  ('11  léalili''  (lue  la  coiiliiiiuUiou  (Juu  iiKiiuc  rciiillcl  nerveux  rcpli(3  plusieurs  l'ois  sur  lui-même  et 
primitivcmeiiL  double,  c'est-à-dire  composé  de  deux  l'euillets  latéraux  qui  viennent  se  réunir  et  se 
souder  sur  la  ligne  médiane.  L'existence  de  ces  deux  feuillets  primitifs  se  trouve  clairement  démon- 
trée parla  présence  de  ce  double  bourrelet  médian  (jiii  règne  à  l'intérieur  du  cervelet,  ainsi  que 
parlacrèlc  intérieure,  mousse  et  saillante,  étendiie  sur  le  milieu  de  la  voûte  des  lobes  optiques. 

Les  Lamproies  se  distinguent  non  seulement  de  tous  les' Poissons  cartilagineux,  mais  encore 
de  tous  les  Poissons  osseux  ]»ar  l'absence  de  cervelet.  Chez  ces  animaux,  les  cordons  qui  bordent 
le  quatrième  ventricule  se  rejoignent  en  arrière  du  lobe  optique  de  manière  à  former  en  ce  point 
une  bande  transversale  étroite  qui  occupe  la  place  du  cervelet  et  que  l'on  pourrait  peiit-êlre  à  la 
rigueur  considérer  comme  un  rudiment  de  cet  organe  (1). 

Quant  aux  fonctions  du  cervelet,  nous  démontrerons  par  des  expériences  faites  sur  l'Épi- 
uoclic  que  cet  organe  est  loin  d'avoir  chez  les  Poissons  la  même  influence  sur  les  mouvements 
volontaires  que  chez  les  Mammifères  :  on  peut,  en  elfet,  le  détruire  sans  apporter  de  (roubles 
notables  dans  la  motilité,  pourvu  que  l'on  évite  d'exercer  des  tiraillements  sur  ses  pédoncules. 
Ajoutons  cependant  que  cette  dernière  précaution  est  essentielle,  sans  quoi  il  pourrait  survenir  des 
mouvonienls  de  manège  ou  de  rotation  autour  de  l'axe  comme  après  la  lésion  des  cordons  antérieurs. 

DES   LOBES   OPTIQUES 

Les  lobes  optiques  (2)  dans  leur  aspect  ne  présentent  pas  moins  de  variations  que  le  cervelet. 
Leur  forme  est  généralement  arrondie  ou  un  peu  ovalaire  (Saumon  (3),  Maquereau  (4),  Trigle  (5), 
Cyprin  (6),  Brochet  (7),  etc.);  dans  quelques  cas  rares,  comme  chez  le  Hareng  et  l'Alose,  leur 
forme  est  un  peu  quadrilatère.  Chez  ces  deux  derniers  types,  chacun  des  lobes  optiques  présente, 
en  outre,  sur  le  côté,  une  gouttière  oblique  profonde  dans  laquelle  monte  un  vaisseau  dont  les 
ramifications  se  distribuent  en  avant  et  en  arrière  sur  chacune  des  moitiés  du  lobe  correspondant. 
Je  n'ai,  jusqu'ici,  retrouvé  cette  disposition  sur  aucune  autre  espèce. 

Le  volume  des  lobes  optiques  paraît  en  proportion  de  la  grosseur  des  yeux  et  des  nerfs  optiques. 
Ainsi  chez  les  Trigles  où  les  yeux  sont  grands,  ces  lobes  sont  très  développes;  chez  l'Anguille  et  le 
Congre  où  les  yeux  sont  fort  petits,  leur  volume  est  à  peine  supérieur  à  celui  du  cervelet  ou  des 
hémisphères.  Gottsche  dit  avoir  fait  la  même  remarque  sur  les  diverses  espèces  de  Pleuronectes.  Le 
mode  de  rapprochement  des  lobes  optiques  au  niveau  de  la  ligne  médiane  est  également  sujet  à 
varier.  Le  plus  ordinairement,  chaque  lobe  touche  celui  du  côté  opposé  dans  toute  l'étendue  de  son 

(1)  l'I.  1,  lig.   I',)  C. 

(2)  Hémisphères,  Camper,  Weber,  Fenncr;  Thalamus  nervi  optici,  Ualler;  loix's  pairs  moyens,  Vicq  d'Azjr;  Cerebrum 
propric  (lirtum,Ehc\;  Tubercula  majora  cerebri,  Scarpa;  lobes  creux,  Cuvier;  lobes  optiques,  Carus,  Serres,  Desmoulins, 
Gottsche. 

(3)  l'I.   Vlll,   li.;;-.  ('lO. 

(4)  l'I.  1\,  liK.  1-io. 

(5)  l'I.  l.\,  II-.  2  et  3  0. 

(6)  l'I.  V,  i]g.  1  0. 

(7)  l'I.  VII,  li-.  I  0. 


70  SYSTÈME  ;NERVEUX  DES  POISSONS. 

bord  interne  cl  sans  qu'il  reste  entre  ces  bords  aucune  séparation  (Brochet,  Perche  (1),  Saumon, 
Épinoche,  Chabot,  Merlan  (2),  Trigle,  Véron,  etc.);  mais  d'autres  fois,  comme  chez  le  Hareng  (3) 
et  chez  l'Alose,  l'union  s'efTectue  seulement  dans  la  moitié  antérieure;  dans  le  reste  du  trajet,  les 
deux  lobes  restent  écartés  et  laissent  entre  eux  un  intervalle  triangulaire  au  fond  duquel  on  aperçoit 
une  lame  striée  transversalement  qui  complète  la  voùle  optique  et  la  ferme  en-dessus.  Chez  le 
Barbeau  (4)  et  la  Carpe  surtout  (5),  les  bords  des  deux  lobes  sont  largement  écartés  l'un  de  l'autre, 
et  dans  l'intervalle  qui  les  sépare  se  trouve  étendue  une  lame  très  mince  formée  de  libres  transver- 
sales. Cette  lame  se  déchire  avec  la  plus  grande  facilité;  pour  bien  l'apercevoir,  il  faut  examiner 
dans  l'eau  pure  les  cerveaux  à  l'état  frais;  elle  se  montre  alors  comme  un  voile  demi-transparent,  sur 
lequel  apparaissent  des  stries  transversales  d'un  beau  blanc.  L'aspect  de  cette  lame  est  beaucoup 
moins  net  quand  le  cerveau  a  été  macéré  dans  l'alcool  ou  dans  loute  antre  liqueur. 

La  couleur  des  lobes  optiques  est  généralement  d'un  rouge  grisâtre;  sur  cette  teinte  de  fond,  on 
aperçoit  de  nombreuses  libres  blanches  qui  se  portent  d'arrière  en  avant  et  convergent  vers  les 
origines  du  nerf  optique.  Ces  fibres  s'accumulent  surtout  le  long  du  bord  inférieur  et  du  bord  supé- 
rieur de  chaque  lobe.  Au  niveau  du  bord  inférieur,  elles  constituent  une  sorte  de  bourrelet  d'un 
beau  blanc  qui  augmente  d'épaisseur  d'arrière  en  avant  et  offre  une  légère  torsion  dans  la  direction 
de  ses  faisceaux  constitutifs.  Les  fibres  de  la  face  supérieure  se  voient  très  bien  chez  le  Brochet,  le 
Merlan;  mais  il  faut  examiner  les  cerveaux  à  l'état  frais  et  dans  l'ean  pure,  car  elles  cessent  d'être 
apparentes  sur  les  préparations  qui  ont  séjourné  quelque  temps  dans  l'alcool  ou  le  liquide  salin. 

Sur  la  paroi  intérieure  des  lobes  optiques,  on  aperçoit  de  petits  faisceaux  médullaires  disposés 
avec  beaucoup  de  régularité  et  d'une  blancheur  éclatante.  Ces  faisceaux  naissent  le  long  du  bord 
externe  des  renflements  semi-lunaires  et  s'élèvent  en  rayonnant  sur  la  face  interne  de  chaque 
lobe  oïl  ils  se  perdent  généralement  avant  d'atteindre  le  sommet  de  la  voûte  :  nous  donnerons  à 
l'ensemble  de  ces  faisceaux  le  nom  de  couche  rayonnante.  Les  faisceaux  de  cette  couche  sont,  en 
général,  peu  apparents  au-devant  de  l'extrémité  antérieure  des  renflements  semi-lunaires;  ils  cessent 
même  d'être  visibles  au  voisinage  de  la  commissure  antérieure,  et  la  paroi  intérieure  du  lobe 
optique  devient  presque  lisse  en  cet  endroit.  En  outre  de  ces  fibres  rayonnantes,  Gottsche  signale 
d'autres  fibres  dirigées  d'avant  en  arrière,  situées  profondément  et  qui  auraient  l'aspect  d'un  grillage  ; 
cette  disposition  est,  dit-il,  très  évidente  chez  le  Gadus  callarias. 

Lorsque  l'on  fait  sur  un  cerveau  frais  une  section  transversale  des  parois  du  lobe  optique,  on 
dislingue  sur  la  coupe  les  zones  suivantes  en  allant  de  dehors  en  dedans  :  1°  une  couche  blanchâ- 
tre; 2°  une  couche  grise  épaisse;  3°  une  couche  blanche.  Ces  trois  couches,  bien  que  distinctes, 
passent  cependant  de  l'une  à  l'autre  d'une  manière  peu  tranchée.  La  zone  blanche  extérieure  est 
formée  parles  fibres  qui  avoisinent  la  face  externe;  la  zone  blanche  intérieure  est  formée  principale- 
ment par  les  faisceaux  de  la  couche  rayonnante.  Arsakyi  et  Serres  admettent  également  ces  trois 
couches.  Cuvier  n'en  compte  que  deux,  une  extérieure  grise  et  une  intérieure  blanche.  Gottsche  dit 

(1)  l'I.  IX,  ng.  .i  etoo. 

(2)  l'I.  Il,  fig.  1,0. 

(3)  PI.  VIII,  lig.  1,  0. 

(4)  PI.  IV,  fig.  I  0  0'. 

(5)  PI.  V,  fig.  ±oe. 


DES  LOBES  OPTIQUES.  71 

avoir  compté  cinri  iiuancos  dilï'éreiites,  ce  qui  s'expli(|uc  aisômont  quand  on  se  rappelle  que  nos 
trois  couches  passent  insensiblement  de  l'une  k  l'autrii  et  doivent  produire,  en  conséquence,  des 
nuances  intermédiaires.  Les  couches  admises  jiar  fiottsche  sont  en  cfFet,  en  allant  de  dedans  en 
dehors  :  1"  une  lamelliï  blanche  formée  i)ar  lirradiation  intérieure;  2"  une  lamelle  gris-blanc; 
3"  uni' épaissi' lamelle  Lirise;  4"  uu(;  lamelle  gris  clair;  5"  iuk;  lamelle  gris-blanc  avec  des  fibres 
blanches  du  iieifoiitiqiii'. 

Des  trois  couches  que  j'ai  admises,  l'inléiieure,  celle  qui  est  formée  par  les  faisceaux  rayonnants, 
est  seule  séparable;  cette  couche  mérite  di'  fixer  un  instant  notre  attention;  le  Brochet  est  un  des 
types  qui  nous  a  paru  se  pièler  le  mieux  ;i  celle  élu(le(i).  Sur  des  préparations  qui  avaient  séjourné 
quel(|ue  temps  dans  du  liijuide  salin,  j'ai  pu  enlever  toute  la  couche  grise  extérieure  du  lobe  ojitique 
en  laissant  intacte  la  couche  interne;  je  me  suis  assuré  ainsi  (jue  cette  couche  tapisse  entièrement  la 
face  interne  de  chaiiue  lobe,  remonte  jiis{|ii'au  niveau  de  lalign(;  médiane  supérieure etpassedu  côté 
opposé,  reliant  les  deux  lobes  entre  eux  et  formant  une  vaste  commissure  que  je  désignerai  sous  le 
nom  de  roinitilssnre  th;  la  rofite  optique.  Ce  sont  les  fibres  de  cette  commissure  que  l'on  aperçoit 
comme  une  lame  médullaire  striée  transversalement  lors(iu'on  écarte  les  lobes  opti^pies  l'un  de  l'autre 
sur  la  ligne  médiane.  Cela  se  voit  très  bien  chez  les  Cyprins,  en  parliculiei-  sur  le  Guujon.  Camper, 
Carus  et  Gottsche  ont  donné  le  nom  de  corps  calleujc  à  cette  commissure,  qui  n'est,  comme  on  le 
voit,  que  le  prolongement  de  la  couche  la  plus  interne  des  lobes  optiques.  Gottsche  dit,  du  reste,  qu'il 
n'a  pu  reconnaître  si  les  fibres  de  ce  corps  calleux  se  continuent  avec  la  couche  défibres  rayonnantes. 

La  commissure  de  la  voûte  optique  est  très  large  chez  le  Barbeau  et  la  Carpe  (2).  Quoique  je 
n'aie  pas  poursuivi  les  fibres  de  cette  commissure,  il  y  a  toute  raison  de  croire  qu'elles  sont,  comme 
chez  le  Brochet,  une  dépendance  de  la  couche  interne.  Si  l'on  place  sous  le  microscope  une 
mince  lanii'lli;  obtenue  par  une  coupe  transversale  de  la  paroi  du  lobe  optique,  on  voit  que  cette 
lamelle  se  compose,  dans  toute  sou  épaisseur,  de  substance  grise  entremêlée  de  fibres  nerveuses; 
la  matière  grise  prédomine  dans  la  couche  moyenne,  tandis  que  les  fibres  blamlies  sont  plus 
abondantes  dans  les  couches  externe  et  interne;  la  couche  interne  surtout  est  formée  à  peu  près 
exclusivement  par  les  fibres  blanches  de  la  lame  rayonnante.  Au-dessous  du  plan  de  fibres  trans- 
verses qui  forment  la  commissure  de  la  voûte  optique,  se  trouve  la  lamccommissuraJe.  Cette  partie, 
découverte  par  Carus,  a  été  décrite  par  Gottsche  (3) .  Son  aspect  est  assez  variable.  Le  plus  sou ven  t ,  elle 
se  présente  sous  la  forme  d'une  lame  quadrilatère  étendue  d'avant  en  arrière  sur  la  ligne  médiane  de 
la  voûte  optique;  par  ses  angles  ou  piliers  antérieurs,  cette  lame  s'insère  sur  les  côtés  de  la  commis- 
sure antérieure;  par  ses  angles  ou  piliers  postérieurs,  elle  adhère  soit  au  bord  postérieur  de  la  voûte 
opli(pie,  soit  en  arrière  de  l'extrémité  postérieure  des  renflements  semi-lunaires  (Trigles)(4).  Sa  face 
supérieure  adhère  à  la  commissure  delà  voûte;  sa  face  inférieure,  qui  est  libre,  s'aperçoit  immédia- 
tement lorsque,  après  avoir  incisé  latéralement  la  voûte  des  lobes  optiques,  on  rabat  en  avant  la  por- 
tion moyenne  de  cette  voûte.  Cette  face  inférieure  présente  sur  la  ligne  médiane  un  léger  sillon  (]ui 


(Il  l'I.  vil,  li-.  (j,  7,  o'. 

(■2)  l'I.  V,  li},'.  2  e. 

{?>)  (îollsciuî  désigne  lu  laini;  commissurale  par  les  mois  t'uniix  cl  liriicke  il'oiiii. 

(l)  PI.  IX,  lig.  3<. 


72  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

est  la  trace  de  la  soudure  de  ses  deux  moitiés.  A  cette  catégorie  de  Poissons  possédant  une  lame 
quadrilatère  appartiennent  les  Cyprins,  les  Trigles,  le  Brochet.  Gottsche  cite  encore  les  genres  Carunx, 
Scomhcr,  Crenilabrus,  Ammodytes,  Clupea,  Salino,  Cyclopterus  Lumpus,  Esox  Belone. 

Dans  d'autres  cas,  la  lamecommissurale,  de  forme  triangulaire,  s'étend  comme  précédemment 
jusqu'au  bord  postérieur  de  la  voûte  optique  (Perche,  Pleuronectes  Flesus,  Uippofjlossus  et  Rhom- 
biis).  D'autres  fois  enfui,  la  lame  commissurale  est  également  triangulaire;  mais  au  lieu  d'attein- 
dre le  bord  postérieur  de  la  voi!ite  optique,  elle  se  termine  vers  le  milieu  de  cette  voûte  à  la  face  infé- 
rieure de  laquelle  elle  est  attachée.  Nous  citerons  comme  exemples  de  cette  forme  les  Gadiis,  Pleuro- 
nectes, Cottus,  Murœna,  Blennius,  Si/ngnathus.  Chez  la  Carpe,  la  lame  commissurale  est  double, 
ou  plutôt  les  deux  moitiés  qui  la  composent  normalement  restent  séparées  par  suite  de  l'écartement 
des  bords  supérieurs  des  lobes  optiques.  Chez  un  certain  nombre  de  Poissons,  il  existe  deux  petits 
mamelons  placés  transversalement  et  côte  à  côte  sur  l'extrémité  antérieure  de  la  lame  commissurale, 
immédiatement  au-dessus  de  la  commissure  antérieure  ;  je  les  nomme  éminences  commissundes;  ils 
sont  très  apparents  chez  l'Ablette,  la  Tanche,  les  Cijprimis  rutUus,  Vimha  et  Mus. 

Nous  démontrerons  par  des  expériences  directes  faites  sur  l'Épinoche  que  les  lobes  optiques  sont 
véritablement  les  organes  de  la  vision,  puisqu'il  suffit  de  détruire  lavoûtedeces  lobes  pour  anéantir 
aussitôt  le  sens  de  la  vue.  A  la  suite  de  cette  opération,  l'animal  parait  frappé  de  stupeur,  comme 
si  les  organes  qui  sont  le  principe  de  la  vision  étaient  ceux  où  s'élaborent  la  pensée  et  l'intelligence. 

Les  nerfs  optiques  naissent  toujours  des  lobes  optiques  dont  les  fibres  convergent  en  bas  et  en 
avant  pour  constituer  leurs  troncs  d'origine.  D'après  Haller,  ces  nerfs  recevraient  des  fibres  du  iri- 
goniim  fissum;  ils  en  l'ecevraient  également  des  lobes  inférieurs,  selon  Cuvier.  Ce  qui  est  plus  certain, 
c'est  que  chez  tous  les  Poissons  osseux,  la  commissure  de  Haller  établit  des  rapports  plus  ou  moins 
intimes  entre  les  bases  des  deux  nerfs  optiques.  Selon  Gottsche,  on  verrait  aussi  chez  la  Raie  quel- 
ques fibres  passer  d'un  nerf  dans  l'autre.  Généralement  les  nerfs  optiques  sont  très  volumineux; 
aussitôt  après  leur  naissance,  ils  s'entre-croisent  sur  la  ligne  médiane  de  telle  façon  que  le  nerf  de 
gauche  passe  à  droite  et  réciproquement.  Au  niveau  de  cet  entre-croisement,  les  deux  nerfs  contrac- 
tent quelquefois  des  rapports  assez  curieux  :  chez  le  Hareng,  le  nerf  du  côté  gauche  présente  sur  le 
milieu  une  fente  en  boutonnière  à  travers  laquelle  passe  le  nerf  droit:  cependant,  il  n'y  a  pas 
échange  de  fdjres  en  ce  point,  mais  simplement  adhérence  des  nerfs  par  leur  névrilème.  Chez  le  Nase, 
le  nerf  optique  du  côté  droit  est  perforé  pour  donner  passage  à  celui  du  côté  gauche.  Chez  le  Labre, 
les  nerfs  optiques  sont  simplement  entre-croisés  de  façon  que  le  nerf  optique  du  côté  droit,  c'est-à- 
dire  émané  du  lobe  optique  droit  et  se  rendant  à  l'œil  gauche,  est  placé  au-dessus  du  nerf  optique 
émané  du  lobe  optique  gauche  et  se  rendant  à  l'œil  droit  :  il  n'y  a  aucun  mélange  des  deux  nerfs  qui 
sont  simplement  superposés.  Dans  le  Goujon  et  le  Barbeau,  cette  dernière  disposition  existe  aussi  : 
le  nerf  de  l'œil  droit,  chez  le  Barbeau,  passe  au-dessous  du  nerf  de  l'œil  gauche.  Parfois  les  nerfs 
optiques  sont  formés  d'une  membrane  plissée  en  manière  d'éventail  et  qui  peut  s'étaler  avec  assez 
de  facilité,  par  exemple  chez  le  Barbeau,  le  Labre,  le  Hareng  (1),  l'Alose,  la  Perche,  le  Callionyme, 
les  Pleuronectes,  etc.  (2). 

(i)  Pl.VIlI,  fig.  2=,  fig.32. 

(2)  Clit'z  l'Epinoche,  la  rétine  présente  une  longue  fente  sur  son  côté  externe;  cette  fente  tient  probablement  au  rapproche- 
ment des  bords  de  la  membrane  formée  par  l'épanouissement  du  nerf  optique. 


DE   LÉMLNENCE  LOBÉE, 


DF,    L  lOlIMEMCE    LOBKK 


[.'éiniiicncc  lobée  csL  une  des  parties  du  cerveau  les  plus  variables  au  pouil  de  vue  de  la  forme  et 
du  vdkune.  Très  développée  chez  tous  les  Cyprins,  elle  remplit  chez  beaucoup  d'entre  eux  à  peu  près 
complètement  la  cavité  des  lobes  optiques;  c'est  chez  la  Carpe  et  le  Barbeau  qu'elle  acquiert  ses 
plus  grandes  dimensions;  chez  la  Carpe  surtout,  son  développement  est  tellement  exagéré  que  son 
extrémité  postérieure  fait  saillie  en  dehors  du  lobe  optique  (  1  ).  L'éminence  lobée  est  également  très 
considérable  chez  le  Maquereau  (2).  Dans  le  Brochet,  la  Perche,  le  Saumon,  l'Alose,  le  Hareng,  le 
Merlan,  le  Gardon,  elle  est  bien  développée,  mais  beaucoup  moins  que  dans  les  types  précédents  (3). 
C'est  dans  la  Lote,  le  Chabot  et  le  Gadas  Molva  qu'elle  m'a  paru  oITiir  les  dimensions  relatives  les 
plus  faibles  (4). 

La  forme  et  la  structure  de  réminence  lobée  n'offrent  pas  moins  de  différences  que  le  volume. 
Il  serait  même  difficile  de  donner  une  idée  exacte  de  l'organe  par  une  description  générale;  je  choi- 
sirai donc  quelques  exemples  qui  deviendront  ensuite  des  termes  de  comparaison. 

Prenons  d'abord  la  Lote  :  Dans  ce  Poisson,  l'éminence  lobée  se  présente  sous  l'aspect  d'un 
petit  renflement  légèrement  bilobé,  placé  au  fond  du  lobe  optique  entre  les  deux  renflements  semi- 
lunaires  (5).  Cette  éminence  occupe,  en  étendue,  à  peu  près  le  tiers  postérieur  de  la  cavité  du  lobe 
optique,  et  son  diamètre  transversal  équivaut  environ  au  tiers  de  la  largeur  de  cette  cavité.  Lorsqu'on 
examine  la  composition  de  cet  organe,  on  voit  qu'il  est  constitué  par  une  lame  nerveuse  repliée  sur 
elle-même  d'avant  en  arrière  et  allant  s'appuyer  par  son  bord  postérieur  sur  la  base  du  cervelet. 
Entre  les  deux  feuillets  de  cette  lame  ainsi  repliée,  se  trouve  circonscrit  un  espace  étroit  tapissé  par 
une  membrane  vasculaire  provenant  de  la  pie-mère  qui  recouvre  le  cervelet.  Cette  membrane 
pénètre  dans  l'intérieur  de  l'éminence  en  s'insinuant  au-dessous  de  son  bord  postérieur.  Dans  la 
Gremille,  de  même  que  chez  la  Lote,  l'éminence  lobée  offre  un  développement  peu  considérable  et 
laisse  à  découvert  de  chaque  côté  les  renflements  semi-lunaires.  Elle  est  creuse  et  constituée  par  une 
lame  de  tissu  nerveux  repliée  sur  elle-même  d'avant  en  arrière  comme  précédemment.  En  examinant 
la  face  supérieure,  on  y  distingue,  avec  un  peu  d'attention,  trois  zones  à  direction  antéro-postérieure  : 
l'une  moyenne  et  les  deux  autres  latérales.  La  zone  moyenne  est  de  couleur  grisâtre,  un  peu  déprimée  ; 
elle  présente  sur  la  ligne  médiane  un  léger  sillon.  Les  zones  latérales  sont  plus  blanches;  leur  bord 
interne  se  distingue  de  la  zone  moyenne  par  un  bourrelet  très  peu  apparent.  La  structure  des  parois 
de  l'éminence  lobée  rend  parfaitement  compte  de  cette  disposition.  Cette  paroi  est,  en  cflet,  com- 
posée de  deux  feuillets  concentriques,  l'un  intérieur,  l'autre  extérieur.  Le  feuillet  intérieur 
représente  une  enveloppe  fermée  en  dessus  et  dont  les  bords  supérieurs  rapprochés  correspondent 
au  sillon  médian  de  la  zone  moyenne  ;  le  feuillet  extérieur  est  plus  court  que  le  précédent  ;  ses  bords 
supérieurs  n'arrivent  plus  jusqu'à  la  ligne  médiane,  ils  restent  écartés  et  laissent  apercevoir,  dans 

(1)  l'I.  V,  fig.  2  e'. 

(2)  l'I.  IX,  lig.  13. 

(3)  PI.  VII,  lis.  0  etO  «. 

(4)  l'I.  111,  li;,'.  7  e. 

(5)  l'I.  111,    lig.  11  e. 

10 


74  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

leur  intervalle,  la  portion  du  leuillet  intérieur  qui  correspond  à  la  zone  moyenne.  Lorsqu'on 
repousse  en  dehors  le  bourrelet  qui  représente  le  bord  interne  et  supérieur  du  feuillet  externe,  on 
arrive  sans  peine  à  isoler  ce  feuillet  du  feuillet  sous-jacent  (1).  La  séparation  est  suffisamment  nette 
pour  permettre  de  supposer  qu'elle  n'est  pas  purement  artificielle  et  qu'elle  répond  à  quelque 
disposition  organique  (2). 

L'éminence  lobée  de  la  Perche  ne  m'a  pas  paru  différer  de  celle  de  la  Gremille(3).  Chez 
le  Brochet,  elle  est  relativement  beaucoup  plus  considérable  que  dans  ces  deux  espèces.  Au  pre- 
mier aspect,  cette  partie  offre  la  plus  grande  ressemblance  avec  les  tubercules  quadrijumeaux  des 
Mammifères,  et  l'on  conçoit  aisément  que  celte  apparence  ait  pu  induire  en  erreur  un  certain 
nombre  d'anatomistes.  L'éminence  lobée  du  Brochet  paraît  formée  de  quatre  tubercules  disposés 
par  paire  sur  deux  rangs,  comme  les  nates  et  les  testes.  Les  tubercules  postérieurs  sont  arrondis  et 
plus  gros  que  les  antérieurs;  ils  se  trouvent  séparés  l'un  de  l'autre,  ainsi  que  des  tubercules 
antérieurs,  par  un  sillon  profond.  Les  tubercules  antérieurs  sont  beaucoup  moins  apparents  ;  si  l'on 
examine  à  la  loupe  la  portion  de  surface  qui  leur  correspond,  on  retrouve  la  disposition  que  nous 
avons  signalée  à  la  face  supérieure  de  l'éminence  lobée  de  la  Gremille.  On  aperçoit,  en  effet,  une 
zone  moyenne  déprimée,  de  couleur  grisâtre,  ayant  la  forme  d'un  cœur  de  carte  à  jouer  dont  la 
pointe  dirigée  en  arrière  se  continderait  avec  le  sillon  médian  qui  règne  entre  les  tubercdles  posté- 
rieurs, puis  deux  zones  latérales  un  peu  plus  blanches  et  séparées  de  la  zone  moyenne  par  un  léger 
bourrelet.  De  même  encore  que  chez  la  Gremille,  la  paroi  de  l'éminence  est  formée  en  ce  point  de 
deux  feuillets  concentiiques,  dont  l'externe,  plus  court  que  l'interne,  laisse  apercevoir  dans 
l'écartement  de  ses  bords  supérieurs  la  portion  de  ce  dernier  qui  correspond  à  la  zone  moyenne.  Les 
deux  feuillets  se  séparent  aussi  avec  facilité.  Par  la  dissection,  j'ai  reconnu  que  les  tubercules 
postérieurs  sont  également  formés  de  deux  feuillets  concentriques  faciles  à  isoler  et  continus  l'un  et 
l'autre  avec  les  feuillets  correspondants  des  tubercules  antérieurs  (4).  J'ai  constaté  entre  le  noyau 
et  l'écorce  une  couche  vasculaire  et  conjonctive  très  mince.  Les  vaisseaux  sont  bien  développés. 

Ainsi,  on  voit  qu'au  fond,  l'éminence  lobée  du  Brochet  est  constituée  de  la  même  manière  que 
celle  de  la  Gremille  :  dans  l'une  comme  dans  l'autre,  il  y  a  une  cavité  intérieure  et  une  enveloppe 
formée  d'un  double  feuillet.  Voici  la  seule  différence  :  chez  la  Gremille,  les  parois  de  l'éminence  sont 
planes  ou  presque  planes;  dans  le  Brochet,  elles  sont  fortement  plissées,  de  manière  à  prendre 
l'aspect  d'un  groupe  de  petits  tubercules.  Or,  on  conçoit  que  le  pHssement  puisse  se  faire  très 
différemment  et  qu'il  puisse  en  résulter  autant  de  nuances  particulières  dans  la  forme  de  l'éminence 
lobée.  C'est  ce  qui  a  lieu  :  ou  il  n'existe  que  deux  tubercules,  ou  il  y  en  a  quatre  ;  quand  le  dernier 
cas  se  présente,  ce  sont  tantôt  les  mamelons  postérieurs  qui  sont  les  plus  développés  (Brochet), 
tantôt  les  antérieurs.  Souvent  encore  les  quatre  tubercules  sont  presque  égaux  (Saumon)  (5);  il  peut 
se  faire  aussi  que  le  plissement  soit  si  faible,  qu'il  devienne  difficile  de  décider  s'il  y  a  deux  ou  quatre 

(1)  Pour  faire  celte  préparation,  il  est  indispensable  de  laisser  macérer  pendant  plusieurs  jours  le  cerveau  dans  du  liquide 
salin  (alun  et  sel). 

(2)  PI.  IX,  fig.  G. 

(3)  PI.  IX,  fig.  4  e,  elfig.  5  e  e'. 

(4)  PI.  VII,  fig.  9,  10,  \\,  12,  15  e  e'. 

(5)  PI.  VIIl,  flg.  7  ee. 


DE   L'É.MINENCE    LOBEE.  75 

tubercules,  par  exemple,  chez  la  Perche,  la  Gremille.  Ainsi  doit  s'expliquer  sans  doute,  la  diver- 
gence de  quelques  auteurs  à  cet  égard,  les  uns  ayant  admis  deux  tubercules  dans  une  espèce,  et 
d'autres  quatre.  Toutefois,  comme  ce  sont  là  des  détails  de  peu  d'importance,  je  n'y  insisterai  pas 
davantage.  Le  point  capital,  c'est  de  connaître  la  structure  de  l'émiuence  lobée  et  de  pouvoir 
nous  rendre  conqjte  des  variations  si  nombreuses  qu'elle  présente  dans  sa  l'orme. 

Au  premier  abord,  l'éminence  lobée  des  Cyprins  paraît  ne  ressembler  aucunement  à  celle  des 
autres  Poissons;  cependant  un  examen  plus  attentif  conduit  ;i  reconnaître  que  cette  partie  présente 
au  fond  une  très  grande  analogie  avec  celle  des  espèces  que  nous  venons  d'examiner.  Prenons  pour 
exemple  le  Cijprimis  ralilus.  Chez  ce  Poisson,  l'éiniuL'nce  loljéc  est  très  voliiinineuse  et  remplit 
presque  entièrement  la  cavité  du  lobe  optique.  Une  simple  inspection  permet  d'y  reconnaître  deux 
portions  bien  distinctes,  l'une  périphérique  et  l'autre  centrale.  La  portion  périphérique  se  présente 
sous  l'aspect  de  deux  bourrelets  saillants,  d'une  belle  couleur  blanche  et  ayant  la  forme  de  deux 
croissants  qui  se  toucheraient  par  leur  extrémité  antérieure;  Ilaller  les  désigne  sous  le  nom  de 
cornua  Ammonis.  ha.  poriion  ccnlride,  qui  est  très  déprimée,  se  trouve  circonscrite  par  les  bourrelets 
extérieurs;  elle  est  de  couleur  grisâtre  et  présente  à  peu  près  la  forme  d'un  cœur  de  carte  à  jouer  : 
c'est  le  tuberculiis  cordiformis  de  Haller.  Lorsqu'on  examine  cette  partie  avec  attention,  on  y  dis- 
tingue trois  zones,  une  moyenne  et  deux  latérales.  Les  zones  latérales  ressemblent  à  deux  |)elils 
croissants  concentriques  aux  bourrelets  delà  couche  périphérique;  elles  se  continuent  directement 
en  arrière  avec  deux  faisceaux  de  fibres  blanches  qui  remontent  dans  l'intérieur  du  cervelet.  La  zone 
moyenne  est  de  forme  ovalaire,  avec  un  léger  sillon  sui-  la  ligne  médiane;  à  son  extrémité  posté- 
rieure, on  aperçoit  un  petit  orifice  quadrilatère,  à  angles  très  aigus,  hforamen  cœcnin.  En  repoussant 
en  dehors  le  bourrelet  périphérique,  de  manière  à  l'écarter  du  tubercule  cordiforme,  on  reconnaît 
que  ces  deux  parties  se  trouvent  séparées  l'une  de  l'autre  par  un  mince  prolongement  de  pie-mère. 
La  première  de  ces  parties  peut  donc  être  considérée  comme  une  lame  nerveuse  enroulée,  de  dehors 
en  dedans,  autour  de  la  seconde.  Examinc-t-ou  avec  attention  hï  bourrelet  péri|)liérique,  on 
reconnaît  qu'il  est  lui-même  formé  de  deux  couches  qui  se  traduisent  à  sa  surface  par  une  petite 
ligne  voisine  du  bord  externe  et  parallèle  à  ce  bord.  La  couche  externe,  qui  est  plus  blanche,  paraît 
formée  principalement  |)ar  des  fibres  blanches,  qui  s'élèvent,  en  rayonnant,  de  la  base  dn  lobe 
optique.  Sur  des  préparations  qui  ont  séjourné  quelque  temps  dans  du  liquide  salin,  ces  deux 
couches  se  séparent  aisément,  et  quand  la  couche  interne  a  été  enlevée,  l'externe  reste  sous  la  forme 
d'une  petite  valve  arquée  dont  le  bord  concave  adhère  au  côté  externe  de  la  zone  latérale  du 
tubercule  cordiforme. 

Bu  forumen  ccecum  sortent  plusieurs  vaisseaux  dont  les  misse  dirigent  en  avant  et  les  autres 
en  arrière.  Les  vaisseaux  postérieurs  les  plus  grêles  se  ramilicut  dans  la  pie-mère  qui  recouvre  le 
cervelet;  les  vaisseaux  antérieurs,  au  nombre  de  quatre  environ,  se  portent  au-dessus  du  tubercuia 
cordiforme  et  se  ramilienl  dans  la  |)ic-nière  qui  sépare  ce  tubercule  du  bourrelet  péripliéri(|ue. 

L'éminence  lobée  m'a  |t;irii  dlliii'  la  mênn'  roinposition  chez  Ions  les  Cyprins,  .l'ai  essayé 
d'étudier  sa  texture  sur  le  Barbeau,  au  moyen  de  coupes  verticales  très  minces  obtenues  pai-  le 
durcissement  du  cerveau  dans  le  liquide  salin;  voici  ce  que  j'ai  vu  :  Toutes  les  parties  de  l'éminence 
lobée  renferment  en  abondance  de  la  substance  grise;  celle-ci  est  foiini'e  d'un  mélange  de  matière 
granuleuse  et  de  très  petites  cellules  au  milieu  desquelles  se  liouveiit  di5séiuiuées  un  certain  uombre 


70  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

de  cellules  plus  grandes.  Ces  grandes  cellules  sont  multipolaires,  elles  ne  sont  pas  réparties 
uniformément  dans  toute  l'épaisseur  de  la  substance  grise;  ainsi  on  les  découvre  en  assez  grand 
nombre  dans  la  zone  moyenne  du  tubercule  cordil'ormc;  elles  se  trouvent  surtout  accumulées 
sur  la  limite  commune  de  cette  zone  et  des  zones  latérales.  On  aperçoit  encore  un  certain 
nombre  de  ces  cellules  plus  grandes  sur  la  limite  des  deux  couches  qui  forment  le  bourrelet 
périphérique. 

En  comparant  l'éminence  lobée  d'un  Cyprin  avec  celle  d'une  Gremille  ou  d'une  Perche,  on  voit 
que  le  tubercule  cordiforme  paraît  représenter  à  lui  seul  l'éminence  lobée  tout  entière  de  ces  espèces. 
Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  on  a  un  organe  formé  d'une  zone  moyenne  et  de  deux  zones 
latérales.  Le  bourrelet  périphérique  des  Cyprins  me  paraît  être  une  partie  surajoutée.  Quant  au 
forameii  cœcnm,  je  le  regarde  comme  le  vestige  de  la  cavité  de  l'éminence  lobée  des  autres  Poissons. 
Dans  le  Maquereau,  l'éminence  lobée  a  une  disposition  très  curieuse.  Elle  se  compose,  comme  chez 
les  Cyprins,  d'un  noyau  central  (tubercule  cordiforme)  et  d'une  couche  périphérique.  Celle-ci  a  un 
aspect  intestiniforme  ;  prise  dans  son  ensemble,  elle  ressemble  à  un  M  dont  les  branches  seraient 
ondulées  et  embrasseraient,  dans  leur  écartement  supérieur,  le  tubercule  cordiforme  (1).  La 
même  disposition  existerait  chez  le  Thon,  d'après  Cuvier.  L'éminence  lobée  de  la  Sphyrène  de 
laMéditerranéeestconstituée  exactement  de  la  même  façon  que  celle  du  Maquereau,  en  forme  de 
bourrelet  replié.  Celle  du  Labre  est  plissée  aussi  comme  celle  des  Scombéroïdes.  Cliez  VEsox- 
Belone,  elle  présente  une  cavité  très  vaste,  les  parois  sont  minces:  les  deux  moitiés  se  séparent 
aisément  sur  la  ligne  médiane.  Chez  la  Truite,  l'éminence  lobée  est  plissée  comme  le  cervelet 
des  Squales  (2). 

L'embryogénie  montre  que  l'éminence  lobée  ne  se  développe  que  très  tardivement;  ainsi  chez 
le  Saumon,  elle  n'est  pas  encore  apparente  quand  déjà  les  lobes  optiques  sont  fermés  supérieu- 
rement. Chez  une  jeune  Anguille  ayant  7  centimètres  de  longueur,  l'éminence  lobée  n'a  pas 
encore  les  proportions  relatives  qu'elle  doit  avoir  par  la  suite  (3). 

Les  fonctions  de  l'éminence  lobée  sont  encore  inconnues  ;  jusqu'à  présent  rien  ne  paraît  de 
nature  à  mettre  sur  la  voie  d'une  solulion.  Dans  les  espèces  où  le  développement  de  cette  partie  est 
considérable,  comme  chez  les  Cyprins,  le  Maquereau,  on  ne  voit  aucun  des  nerfs  crâniens  croître  en 
proportion  avec  elle.  J'ai  également  essayé  sans  succès  de  découvrir  quelque  rapport,  soit  direct,  soit 
inverse,  entre  le  volume  de  cette  partie  et  celui  de  quelqu'autre  partie  de  l'encéphale.  Un  instant 
j'avais  pensé,  en  examinant  le  Barbeau  et  la  Carpe,  que  l'éminence  lobée  était  en  raison  inverse  de 
l'épaisseur  des  parois  du  lobe  optique  et  du  volume  des  renflements  semi-lunaires;  mais  l'examen 
d'un  plus  grand  nombre  de  types  m'a  forcé  de  renoncer  à  cette  manière  de  voir. 

Les  rapports  de  l'éminence  lobée  avec  la  quatrième  paire  sont  tellement  intimes,  que  l'étude  de 
ces  deux  parties  ne  doit  pas  être  séparée.  Le  pathétique  naît  toujours  entre  les  lobes  optiques  et  le 


(1;  l'I.  1\,  iig.  13. 

(2)  Au-dessous  de  l'éminence  lobée,  ciiez  l;i  Lofe,  on  trouve  une  très  belle  commissure  transverse  indépendante,  dont  les 
extrémités  vont  se  perdre  vers  les  origines  du  trijumeau. 
{?,)  V\.  VI,  fig.  16  c,  (ig.  li  e. 


DE   LKMINENCK    LOIIKE.  77 

cervelet,  de  la  face  supérieure  du  pédoncule  eérélnal.  un  |mii  en  dehors  de  réniinence  lobée  ;  mais 
ce  n'est  là  qu'une  origine  apparente.  En  étudiant  le  Merlan,  j'avais  vu  li'  Irone  du  pathétique  s'en- 
Ibncer  dans  l'épaisseur  du  pédoncule  qui  forme  la  base  du  cerveau,  et  je  pensais  que  c'est  de  là  «lu'il 
naît.  De  nouvelles  recherches  m'ont  démontré  que  l'origine  réelle  a  lien  plus  loin,  sur  la  face  infé- 
rieure de  l'éminence  lobée.  Ce  fait  est  surtout  évident  chez  le  Brochet  (1).  Lorsqu'on  examine 
chez  ce  Poisson  la  face  inférieure  de  l'éminence  lobée,  on  aperçoit  au  niveau  de  son  extrémité 
postérieure,  une  commissure  transversale,  formée  de  deux  faisceaux  de  substance  blanche,  placés 
immédiatement  l'un  dcniéie  l'autre.  Le  faisceau  |)Oslériein- m'a  sendjlé  se  perdre  par  une  de  ses 
extrémités  dans  chacune  des  moitiés  correspondantes  de  la  moelle  allniigéc  ;  le  faisceau  antérieur, 
au  cuutraiiv,  n'est  autre  chose  que  le  prolongement  des  deux  iieiis  |ialhétiques,  qui,  après  avoir 
traversé  la  base  du  cerveau,  viennent  se  rejoindre  sur  la  ligne  médiane.  Les  fibres  de  ces  nerfs 
m'ont  paru  naître,  au  moins  en  partie,  de  la  face  inférieure  de  l'éminence  lobée  (2). 

Une  particularité  très  intéressante  s'est  encore  offerte  à  nous  dans  l'étude  du  pathétique;  elle 
consiste  dans  l'existence  d'une  branche  allant  se  ramifier  à  l'iutérieur  de  l'éminence  lobée.  Chez  tous 
les  Vertébrés  étudiés  jusqu'ici,  lenerf  pathétique  s'est  toujours  présenté  comme  un  nerf  simple  à  son 
origine.  Une  exception  des  plus  curieuses  à  cette  règle  m'a  été  offerte  par  le  Merlan.  Lorsqu'on 
examine  avec  attention  le  nerf  pathétique  de  ce  Poisson,  on  voit  naître  tout  près  de  son  j)uint  d'émer- 
gence deux  branches  de  bifurcation:  l'une  se  rend  à  l'd'il  et  constitue  le  pathétique  proprement  dit, 
l'autre  se  porte  en  haut  et  en  dedans,  entre  le  lobe  optique  et  la  base  du  cervelet.  En  ponivuivant  cette 
branche  avec  précaution,  on  la  voit  bientôt  pénétrer  dans  l'intérieur  de  ces  tubercules  situés  au  fond 
du  lobe  optique,  tubercules  considérés  par  divers  auteurs  comme  des  corps  quadrijumeaux,  mais  qui 
en  réalité  ne  sont  autre  chose  qu'un  repli  antérieur  de  la  lame  du  cervelet.  Après  avoir  excisé  la 
paroi  supérieure  de  ces  tubercules,  de  manière  à  mettre  à  nu  la  cavité  intérieure,  on  reconnaît  sans 
peine,  à  l'aide  d'un  faible  grossissement  (3  à  4  diamètres),  que  la  branche  en  question  gagne  le  bord 
postérieur  de  l'éminence  lobée,  s'insinue  sous  ce  bord  et  se  ramifie  dans  l'épaisseur  d'un  prolonge- 
ment (le  la  pie-mère,  faisant  suite  à  celle  qui  recouvre  la  face  supérieure  du  cervelet.  Ces  ramifica- 
tions se  portenten  avant  et  quelques-unes  d'entre  elles  m'ont  paru  s'anastomoser  avec  des  filets  sem- 
blables provenant  du  nerf  du  côté  opposé  (3).  J'ai  constaté  également  l'existence  d'im  rameau  de 
l'éminence  lobée  sur  d'autres  espèces  que  le  Merlan;  je  l'ai  vu  sur  des  Cyprins,  sur  le  Brochet. 
Quelle  est  donc  la  signification  de  cette  branche? 

On  sait  qu'après  sa  sortie  du  canal  vertébral,  chaque  nerf  spinal  se  partage  en  deux  branches 
principales,  l'une  antérieure  d'où  émane  le  rameau  intermédiaire,  l'autre  postérieure.  Parmi  les 
nerfs  qui  naissent  du  bulbe,  quelques-nus  (trijumeau  et  pneumogaslri{iue)  présentent  une  dispo- 
sition tout  à  fait  analogue  à  celle  des  nerfs  spinaux,  mais  là,  déjà,  apparaissent  dans  le  mode  de  dis- 
tribntidu  des  branches  postérieures,  certaines  variations  qu'il  importe  de  signaler.  Chez  les  Gades, 
les  branches  postérieures  des  nerfs  trijumeau  et  pneumogastrique  sont  très  développées  ;  celle  du  tri- 

(I)  l'our  réussir  aisément  dans  cetlc  préparation,  il  Tant  fciulre  lo  i)ulljc  sur  le  milieu  de  sa  face  inférieure,  et  écarter 
ensuite  ii's  deux  moitiés,  de  manière  à  mettre  à  nu  la  face  inférieure  de  l'éminence  lobée. 
(-2j  l'I.  VII,  fi-.  III. 
(3)  PI.  III,  (ig.  G»  ;  pi.  II,  ,i-.  N'  ;•. 


78  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

jumeau,  après  s'être  anastomosée  à  l'inlérieur  du  crâne  avec  celle  du  pneumogastrique,  traverse  la 
voûte  crânienne  et,  sous  le  nom  de  nerf  latéral  du  trijumeau,  va  s'anastomoser  le  long  du  dos  avec 
les  extrémités  des  branches  postérieures  des  nerfs  spinaux. 

Dans  d'autres  types  (Brochet,  Cyprins,  etc.),  ces  branches  postérieures  des  nerfs  trijumeau  et 
pneumogastrique  existent  encore,  mais  leur  importance  devient  beaucoup  moindre  :  au  lieu  d'aller, 
après  un  long  trajet,  s'anastomoser  avec  les  nerfs  spinaux,  elles  se  réduisent  à  de  simples  fdets  ner- 
veux qui  se  distribuent  dans  les  enveloppes  du  cerveau  et  dont  quelques-uns  seulement  traversent  les 
parois  du  crâne  pour  aller  se  perdre  aussitôt  dans  la  peau.  Chez  un  certain  nombre  de  Poissons, 
enfin,  les  branches  postérieures  des  nerfs  en  question  peuvent  perdre  davantage  encore  de  leur 
importance,  au  point  même  de  disparaître  complètement.  Ainsi,  d'après  Stannius,  il  n'y  aurait  pas 
trace  de  rameau  postérieur  du  pneumogastrique  chez  les  Scomber,  Pleuronectes  Rhombus,  Salmo, 
Coregonus,  Ammodytes,  Chipea,  Silurus,  etc. 

Ces  faits  nous  permettent  de  comprendre  aisément  quelle  est  la  nature  de  la  branche  postérieure 
du  nerf  pathétique  chez  le  Merlan.  Cette  branche,  qui  se  distribue  dans  les  enveloppes  du  cerveau, 
est  évidemment  l'homologue  des  branches  postérieures  rudimentaires  des  nerfs  trijumeau  et  pneu- 
mogastrique; elle  est,  par  conséquent,  l'homologue  des  branches  postéi^ieures  des  nerfs  spinaux. 
Elle  n'existe,  il  est  vrai,  que  d'une  manière  tout  à  fait  exceptionnelle,  mais  cela  n'a  rien  qui 
doive  surprendre,  puisque  nous  avons  vu  que,  dans  beaucoup  de  Poissons,  la  branche  postérieure 
du  pneumogastrique  peut  aussi  avorter  complètement. 

Plus  tard,  ayant  eu  à  ma  disposition  plusieurs  espèces  de  Gades,  j'ai  voulu  m'assurer  si  cette 
branche  ascendante  du  pathétique  observée  sur  le  Merlan  ne  se  retrouverait  point  aussi  dans  ce 
type.  Dès  les  premières  recherches,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  voir  mes  prévisions  se  réaliser.  Dans  le 
Gadi(s  Pollachius,  j'ai  trouvé  un  rameau  dorsal  très  apparent.  Dans  le  Gadus  Molva,  ce  rameau  est 
plus  grêle  ;  c'est  à  peine  s'il  est  visible  à  l'œil  nu  sur  un  individu  d'une  longueur  de  60  à  70  centi- 
mètres. Il  naît  du  pathétique,  tout  près  de  son  origine,  se  porte  en  haut  et  en  dedans  dans  l'épais- 
seur de  la  pie-mère  et  s'anastomose  avec  un  rameau  semblable  venu  du  côté  opposé. 

Des  recherches  plus  récentes  poursuivies  sur  le  Gadus  Lota  m'ont  démontré  que  le  rameau 
dorsal  du  nerf  pathétique  existe  aussi  dans  cette  espèce  ;  seulement,  ce  rameau  est  tellement 
grêle,  qu'il  est  difficile  de  le  découvrir  et  qu'il  échapperait  très  probablement  à  un  observateur  qui 
ne  l'aurait  pas  vu  d'abord  sur  les  types  que  j'ai  indiqués.  Je  l'ai  trouvé  également  chez  le  Labre, 
s'anastomosant,  en  formant  une  commissure  très  nette,  avec  le  filet  correspondant  du  côté  opposé. 
Des  filets  de  cette  commissure,  qui  est  située  en  avant  du  cervelet  et  en  arrière  de  l'éminence  lobée, 
m'ont  paru  suivre  le  trajet  de  quelques  vaisseaux. 

Quoi  qu'il  en  soit  et  sans  vouloir  revenir  ici  sur  l'importance  de  ce  rameau  dorsal  considéré  au 
point  de  vue  homologique,  je  terai  observer  que  l'existence  d'une  branche  nerveuse  aussi  parti- 
culière dans  les  divers  représentants  d'un  môme  groupe  naturel,  montre  les  avantages  que 
pourrait  offrir  l'étude  du  système  nerveux  périphérique  au  point  de  vue  de  la  classification.  C'est 
là  un  vaste  champ  d'observation  qui  reste  encore  à  explorer. 


DES  PÉDONCULES  CÉRÉBIIAUX,  TROISIÈME  VENTRICULE,  ETC.  —  DE  LA  GLANDE  PINÉALE.      79 


DES    I-LDONCULES    CEUliltR  AUX,    Tlio  1 S I  É.ME    VENTRICULE,    TUBERCULES    PÉDO.NCUL.VIRES 

ET    COMMISSURE    GRÊLE 

Nous  nommons  pédoncxles  cérébraux  les  deux  cdurlcs  colonnes  médullaires  qui  relient  les 
lobes  optiques  aux  hémisphères. 

Chez  les  Poissons  osseux,  ces  pédoncules,  situés  profondément  dans  l'intervalle  des  lobes 
optiques  et  des  hémisphères  se  touchent,  inféricurement;  par  on  haut,  ils  restent  écartés  et  ils 
intercoptent  un  petit  espace  allongé  qui  re])résente  le  troisième  ventricule.  Ce  ventricule  com- 
munique en  arrière  avec  la  cavité  du  lobe  opti(]ue,  en  avant  avec  l'intervalle  qui  sépare  les  hémi- 
sphères; l'ouverture  par  laquelle  il  peut  arriver  à  Vinfmidilmlum  se  trouve,  dans  la  plupart  des  cas, 
reportée  en  arrière  à  reulréf;  du  lobe  optique.  Sur  le  bord  supérieur  des  pédoncules  cérébraux, 
on  aperçoit  deux  petits  tubercules  saillants,  léijèremenl  aplatis  de  dedans  au  dehors,  désignés  par 
Gottsche  sous  le  nom  de  tuherntia  intermedia;  je  les  nomme  UiU'irulcs  péddiinilairex.  Ces  tuber- 
cules se  trouvent  reliés  l'un  à  l'autre  pai'  la  commissure  grêle  (commissura  tenuissima  de  Gottsche). 
Chez  certaines  espèces,  le  Congre  par  exemple,  on  voit  partir  de  l'extrémité  antérieure  de  chaque 
tubercule  pédoncnlaire  un  petit  fdet  médullaire  qui  se  porte  en  avant,  le  long  du  bord  supérieur  du 
pédoncule  cérébral,  et  va  se  perdre  vers  la  base  de  l'hémisphère  correspondant  (  1  ).  Chez  les  Estur- 
geons, les  tubercules  pédonculaires  et  la  commissure  grêle  existent  encore  avec  les  mômes  carac- 
tères que  chez  les  Poissons  osseux. 

Chez  les  Squales  et  les  Raies,  les  pédoncules  cérébraux,  également  distincts,  interceptent  un 
troisième  ventricule  très  large  qui  communique  en  avant  avec  la  cavité  des  hémisphères  et  en 
arrière  avec  la  cavité  du  lobe  optique;  la  communication  avec  Vinfundilmlum  a  lieu  par  une  ouver- 
ture qui  se  trouve  située  tantôt  sur  le  fond  et  en  arrière  du  \'QT[incu\&{Sq\uih(ssqualina)  ("2),  tantôt  à 
l'entrée  du  lobe  optique  (Sqiialus  inusteliis)[o).  Les  tubercules  pédonculaires  et  la  commissure  grêle 
ne  sont  plus  apparents.  Peut-être  cependant,  pourrait-on  regarder  comme  l'homologue  de  la  com- 
missure grêle  cette  bride  qui,  chez  certains  Squales  {Squalus squatina) ,  borde  en  arrière  le  troisième 
ventricule  et  se  trouve  séparée  du  lobe  optique  par  un  petit  trou  circulaire  (4).  Chez  la  Lamproie 
fluviatile,  les  tubercules  pédonculaires  me  paraissent  représentés  par  ces  deux  renflements  allongés 
qui  surmontent  les  pédoncules  cérébraux  et  qui  se  trouvent  reliés  par  la  glande  pinéale(5).  Ces 
mêmes  renflements  sont  moins  développés  chez  la  Lamproie  marine  quo  chez  la  Lamproie  fluviatile. 


DE   LA    GLANDE    PINEAIE 

Cuvier  est  le  premier,  je  crois,  qui  ait  donné  le  nom  de  f/hnidi'  pinéale  h  ce  petit  corps  ipii, 
chez  les  Poissons,  se  trouve  situé  entre  les  lobes  optiques  et  les  hémisphères;  cette  dénomination 

(1)  l'I.  Vl.fig.  3^?î'. 

(2)  l'I.I,  (ig.  il. 

(3)  PI.  1,  fig.   1  /(  ;/• 
(.i)  PI.  I,  lig.  lOff. 
(5)  PI.  I,  fig.  l'J  g  II. 


80  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

a  été  ensuite  adoptée  par  Carus,  Serres,  Gottsche.  La  glande  pinéale  m'a  paru  exister  d'une  ma- 
nière à  peu  près  constante  chez  les  Poissons  osseux;  je  l'ai  trouvée  chez  le  Brochet,  chez  tous  les 
Cyprins,  les  Pleuronectes,  l'Anguille,  le  Congre  où  elle  est  très  apparente,  la  Lote,  le  Merlan,  la 
Perche,  le  Saumon,  etc.  Cet  organe  se  présente  habituellement  sous  l'aspect  d'un  petit  corps 
arrondi,  placé  dans  l'intervalle  qui  sépare  les  lobes  optiques  des  hémisphères,  par  exemple  chez 
le  Saumon,  le  Congre,  l'Anguille,  la  Carpe,  le  Brochet.  Dans  certains  types  comme  le  Merlan,  il  est 
allongé,  piriforme,  et  on  le  voit  s'avancer  au-dessus  de  l'intervalle  des  hémisphères  dont  il  déborde 
même  quelquefois  l'extrémité  antérieure  (1). 

Les  rapports  de  la  glande  pinéale  avec  le  cerveau  sont  assez  difficiles  à  établir;  ainsi  chez  le 
Merlan,  la  glande  pinéale  est  supportée  par  un  long  pédicule  entouré  de  vaisseaux,  s' enfonçant 
entre  les  lobes  optiques  et  les  hémisphères.  Ce  pédicule  s'amincit  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'il 
descend,  et  au  voisinage  de  la  commissure  grêle,  il  devient  si  ténu,  qu'il  est  difficile  de  décider  s'il 
s'attache  à  celte  commissure,  ou  bien  s'il  se  perd  dans  le  tissu  membraneux  de  la  pie-mère.  La 
dernière  opinion  me  paraît  cependant  la  plus  probable;  du  reste,  les  vaisseaux  qui  accompagnent 
ce  pédicule  se  continuent  directement  avec  ceux  de  la  pie-mère  qui  s'enfonce  dans  l'espace  inter- 
pédonculaire.  Chez  le  Merlan,  la  glande  pinéale  se  présente  sous  l'aspect  d'un  petit  sac  membra- 
neux, transparent,  piriforme,  supporté,  comme  nous  l'avons  dit,  par  un  très  long  pédicule.  A  son 
extrémité  antérieure,  ce  sac  adhère  à  la  face  interne  de  la  dure-mère  par  du  tissu  cellulaire  très 
lâche  et  au  moyen  de  quelques  vaisseaux;  sa  surface  est  recouverte  par  un  lacis  de  vaisseaux  dont 
quelques-uns  descendent  le  long  de  son  pédicule.  Son  tissu  se  compose  d'une  enveloppe  de  nature 
celluleuse  à  l'intérieur  de  laquelle  on  rencontre  :  1"  une  matière  fondamentale  finement  granu- 
leuse; 2"  des  vésicules  à  contenu  transparent,  sans  noyau  ni  granulations  à  l'intérieur,  générale- 
ment arrondies,  mais  prenant  une  forme  polygonale  quand  elles  se  trouvent  pressées  les  unes  contre 
les  autres;  leurs  dimensions  sont  très  variables,  elles  oscillent  généralement  entre  2/100  et  i/300 
de  millimètre;  ce  sont  évidemment  des  gouttelettes  de  matière  albumineuse;  3°  des  cellules  avec  un 
noyau  à  l'intérieur;  4°  des  noyaux  libres,  offrant  généralement  de  0,003  à  0,004  de  millimètre  de 
diamètre  ("2).  Chez  d'autres  Poissons  osseux,  la  glande  pinéale  m'a  paru  offrir  la  même  composition 
que  chez  le  Merlan  ;  chez  la  Carpe,  elle  est  uniquement  membraneuse.  Seulement  cette  glande  est 
presque  toujours  sessile,  par  exemple  chez  les  Cyprins  (3),  le  Saumon  (4),  le  Congre  (5). 

Si  nous  passons  au  groupe  des  Cartilagineux,  nous  trouvons  aussi  une  glande  pinéale  bien 
développée  chez  les  Lamproies.  Cette  glande,  de  forme  ovoïde,  se  trouve  placée  sur  la  ligne  médiane 
entre  deux  tubercules  pédonculaires  volumineux  qu'elle  relie  l'un  à  l'autre;  elle  présente  à  l'inté- 
rieur une  petite  cavité  (6).  Chez  les  Baies  et  les  Squales,  la  glande  pinéale  parait  ne  plus  exister  :  à 
l'endroit  qu'elle  devrait  occuper,  au-dessus  de  l'espace  interpédonculaire,  on  n'aperçoit  autre 
chose  qu'une  membrane  vasculaire  sans  apparence  d'aucun  organe  particulier. 

(1)  Celte  situation  avancée  de  la  glande  pinéale  m'explique  pourquoi  Gottsche  n'a  pas  trouvé  cet  organe  dans  le  genre 
Gadus,  excepté,  dit-il,  chez  le  Gailus  Lota. 

(2)  l'i.Il.fig.  1  p,  fig.  12  el  13. 

(3)  PI.  V,  fig.  1  el  2  p. 

(4)  PI.  VllI,  fig.  6  p. 

(5)  PI.  VI,  fig.  1  p. 

(6)  PI.  I,  Og.  19  et  21  p. 


DES   LOBES    CÉHÉBKAUX.  St 


DES   LOBES    CKUEBRAUX 


Les  lobes  cérébraux  on  béinispbères  (1)  des  Poissons  osseux  sont  toujours  doubles  et  formés 
de  deux  masses  distinctes,  se  touchant  simplement  sur  la  ligne  médiane  et  reliées  à  leur  base  par 
une  étroite  commissure.  La  couleur  de  ces  lobes  est  grisâtre  et  leur  tissu  se  déchire  avec  une 
extrême  facilité;  leur  l'orme  présente  d'assez  nombreuses  variétés  :  ainsi,  tantôt  elle  est  assez  régu- 
lièrement arrondie  (Lote)  ('2),  tantôt  allongée  et  un  peu  quadrilatère  (Goujon  et  Cyprins  en  général), 
tantôt  légèrement  conique  (Chabot)  ;  elle  offre  encore  une  foule  d'autres  nuances  intermé- 
diaires que  nous  croyons  inutile  de  signaler.  La  surface  des  hémisphères  présente  parfois  de  légères 
circonvolutions  comme  chez  le  Gadus  «^oZ/vf  (3);  ces  circonvolutions  sont  surtout  bien  pronon- 
cées chez  le  Chabot  et  chez  le  Merlan  où  elles  m'ont  paru  affecter  une  certaine  symétrie  dans 
les  deux  lobes  (4).  Chez  la  Carpe,  les  lobes  cérébraux  montrent  un  ou  deux  sillons  dont  l'iui 
est  très  marqué  ;  le  plus  ordinairement  cependant,  ils  sont  lisses  ou  ne  présentent  que  (piclques 
sillons  peu  apparents,  chez  la  Lote  et  le  Brochet  par  exemple  (5). 

Le  volume  des  lobes  cérébraux  (nous  ne  parlons  que  du  volume  relatif)  n'est  pas  moins 
sujet  à  varier  que  la  forme.  Comparés  aux  lobes  optiques,  les  hémisphères  sont  petits  dans  les 
Trigles,  les  Cyprins,  le  Brochet;  ils  sont  aussi  gros  ou  presque  aussi  gros  que  ces  lobes  dans  la 
Lote  (6),  l'Anguille  (7),  le  Chabot.  Il  n'existe  pas  de  rapport  constant  entre  le  lobe  optique  et  les 
hémisphères  parmi  les  divers  représentants  d'une  même  famille;  ainsi,  les  hémisphères  qui  sont 
presque  aussi  gros  que  les  lobes  optiques  dans  la  Lote,  sont  beaucoup  plus  petits  que  ces  mêmes 
lobes  chez  le  Merlan.  Chez  la  Carpe,  ils  sont  petits  proportionnellement. 

La  structure  des  lobes  cérébraux  est  très  simple;  leur  tissu  est  formé  d'une  masse  de  substance 
grise,  au  sein  de  laquelle  pénètrent  des  faisceaux  de  fibres  blanches  provenant  des  pédoncules  céré- 
braux. Sur  de  minces  coupes  verticales  obtenues  sur  les  hémisphères  du  Barbeau,  j'ai  pu  suivre  les 
faisceaux  blancs  jus(iu'à  une  distance  assez  rapprochée  de  la  face  supérieure;  on  voit  ces  faisceaux 
se  dissocier  peu  à  peu  à  mesure  qu'ils  s'élèvent,  et  les  fibres  qui  les  constituent  se  perdre  au  milieu 
de  la  substance  grise  d'où  elles  tirent  leur  origine.  La  substance  grise  se  compose  d'une  matière 
fondamentale  granuleuse,  au  milieu  de  laquelle  se  trouvent  répandues  en  abondance  des  cellules 
nerveuses  multipolaires  de  diverses  dimensions.  La  commissure  des  hémisphères  (commissiira  inter- 


(I)  ubcrcula  olfacloria  mperiora,lVMcv\  CollicuU  ncrvorum  olfactKS,  E\ie\ ;  Tuberculaanterioracerebri,  Scarpa; 
héinisplurcs,  Arsakyi,  Carus;  Gaïujlia  nervi  olfactoru,\\eheT  ;  lohes  antérieurs,  Ciivior;  lobes  cérébraux,  Serres,  Desmouiins  ;. 
Lobi  olfudori,  Gottstihe. 

(-2)  l'I.  il!,  fig.  10  h. 

(',])  (1(im|icr  avait  di-jà  signalé  ce  fait  :  «  Dans  les  Morues  et  les  Egretins,  dit-il,  le  cerveau  est  formé  de  deux  globes  anté- 
rieurs qui  ont  des  incisions  comme  notre  cerveau,  etc.;  ils  donnent  naissance  aux  nerfs  olfactoires.  » 

(l)  PI.  II,  lig.  1  h;  pi.  m,  lig.  oh. 

(5)  l'I.  m,  lig.  10  A;  pi.  vil,  lig.  1  /(. 

(0)  Ualler  dit  en  parlant  de  la  Lote  :  «  Tubercula  olfactoria  superiora  grandia,  pœne  thalamis  opiicis  icqualia.  » 

(7)  PI.  VL  fig.  13  /(. 


82  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

lobularis  de  Gottsche)  est  formée  par  de  la  substance  blanche  dont  les  fibres  m'ont  paru  provenir 
de  trois  sources  :  des  pédoncules  cérébraux,  des  hémisphères  et  des  nerfs  olfactifs (i).  Cette  disposi- 
tion peut  être  constatée  avec  assez  de  facilité  chez  le  Congre. 

Chez  les  Esturgeons  qui  composent  la  première  famille  des  Chondroptérygiens,  les  hémi- 
sphères présentent  encore  les  caractères  que  nous  venons  d'indiquer  pour  les  Poissons  osseux.  Ce 
sont  deux  masses  solides,  séparées  sur  la  ligne  médiane,  oîi  elles  sont  réunies  par  une  simple  com- 
missure (2).  Dans  les  autres  Poissons  cartilagineux,  les  hémisphères  présentent,  au  contraire,  des 
différences  importantes  que  nous  allons  faire  connaître. 

Dans  les  Lamproies,  les  hémisphères  sont  peu  développés  et  formés  de  deux  lobes  distincts; 
lorsqu'on  les  écarte  l'un  de  l'autre,  on  aperçoit  sur  leur  face  interne  une  petite  fente  qui  conduit 
dans  un  ventricule  très  étroit  et  peu  profond  creusé  dans  l'épaisseur  de  chaque  lobe  (3).  Chez  l'Ange 
(Squalus  squalina),  les  hémisphères  sont  également  peu  développés;  leur  volume  dépasse  à  peine 
celui  du  lobe  opiique  ;  mais  ils  constituent  une  masse  unique,  quadrilatère,  élargie  en  avant  et  dont 
les  angles  antérieurs  supportent  les  nerfs  olfactifs.  Sur  le  milieu  du  bord  antérieur  on  aperçoit  une 
échancrure  profonde  qui  divise  cette  partie  en  deux  lobes  distincts.  A  cette  échancrure  succède  en 
arrière  une  simple  gouttière  qui  règne  sur  le  milieu  de  la  face  supérieure.  Si  l'on  enlève  la  paroi  supé- 
rieure de  ce  renflement,  on  reconnaît  que  ses  parois  sont  minces  et  qu'il  est  creusé  d'une  assez  vaste 
cavité  communiquant  largement  en  arrière  avec  le  troisième  ventricule  et  se  bifurquant  en  avant 
pour  se  prolonger  dans  chaque  hémisphère  (4). 

Chez  le  Squalus  mustehs,  les  hémisphères  sont  aussi  constitués  par  un  renflement  unique,  mais 
très  volumineux,  et  qui  l'emporte  en  grandeur  sur  toute  autre  partie  de  l'encéphale.  La  forme  de  ce 
renflement  est  à  peu  près  celle  d'un  quadrilatère  dont  le  bord  antérieur  serait  plus  élargi  que  le  pos- 
térieur. De  chaque  angle  antérieur  naît  un  gros  pédicule  qui  va  se  perdre,  après  un  court  trajet,  à 
la  face  postérieure  d'un  tubercule  olfactif  très  volumineux.  La  surface  des  hémisphères  est  lisse  et 
dépourvue  de  toute  apparence  de  circonvolutions;  on  aperçoit  seulement  sur  la  ligne  médiane  un 
sillon  léger  qui  s'avance  jusque  vers  le  milieu  de  la  face  supérieure  où  il  se  termine  par  une  petite 
dépression  punctiforme  de  laquelle  partent  encore  habituellement  deux  faibles  sillons  transverses, 
un  peu  obliques  en  avant.  Lorsqu'on  fait  une  coupe  horizontale  des  hémisphères,  on  constate  dans 
leur  intérieur  l'existence  de  deux  petits  ventricules  placés  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  et 
séparés  l'un  de  l'autre  par  une  épaisseur  assez  considérable  de  tissu  cérébral.  En  arrière,  chacun  de 
ces  ventricules  se  recourbe  en  dehors  en  s'amincissant,  et  se  continue  avec  un  canal  étroit  creusé 
dans  l'intérieur  du  pédoncule  olfactif.  En  outre,  chaque  ventricule  présente  deux  autres  orifices  : 
l'un  d'eux  est  placé  sur  le  fond,  tout  à  fait  en  avant,  et  donne  passage  à  un  vaisseau;  l'autre  est 
situé  en  arrière  et  occupe  le  sommet  de  la  courbe  décrite  par  le  ventricule,  au  moment  oi!i  celui-ci 
se  continue  avec  le  pédoncule  olfactif.  Ce  second  orifice  communique  avec  le  troisième  ventricule 
au  moyen  d'un  court  canal  que  traversent  des  vaisseaux  et  un  mince  prolongement  de  la  pie-mère. 

(1)  PI.  X,  fig.  '.);  pl.O,  fiy.  ■ôhhh'. 

(2)  PI.  I,  fig.  12,  M/(. 

(3)  PI.  I,  lig.  19,21  h. 

(4)  PI.  I,  fig.  10  et  II  h. 


DES  TUBERCULES   OLFACTIFS.  83 

On  pourrait  donc,  sans  lorcer  les  analogies,  rassimilcr  au  liuu  de  .Munio  ijui,  chez  riionune,  met 
égalcnienl  en  rapport  le  Iroisième  ventricule  avec  les  ventricules  latéraux  (1). 

Les  expériences  de  Desmoulins  et  Magendie  sur  laCarpc  et  celles  que  j'ai  faites  sur  l'Kpinoche, 
ont  démontré  (juc,  chez  les  Poissons  osseux,  l'ablation  de  l'un  des  lobes  cérébraux,  mi  même  celle 
des  deux  lobes  à  la  l'ois,  ne  détermine  auiiiu  liouble  appréciable.  Surdos  Épinoches  dont  les  lobes 
cérébraux  uni  été  enlevés,  la  vue  et  l'inlelligence  semblent  pari'ailrnieiit  conservées,  les  mouvements 
restent  parraitement  réguliers;  quand  on  cherche  à  saisir  l'animal,  ou  ipiand  on  lui  suscite  des 
obstacles,  il  s'échappe  et  se  dirige  avec  la  même  agilité,  avec  la  même  sûreté  qu'avant  l'opération. 
Il  est  aisé  de  s'assurer  de  l'exactitude  de  ces  laits  sur  des  Kpinoches,  ces  Poissons  pouvant  vivre 
plusieurs  jours  et  même  plus  d'une  semaine  après  avoir  été  privés  de  leurs  hémisphères. 

En  songeant  à  l'état  de  stupeur  dans  le((uel  l'ablation  des  lobes  cérébraux  plonge  les  Mammi- 
fères et  les  Oiseaux,  on  ne  peut  se  défendre  d'un  certain  étonnement  en  voyant  l'ablation  des  mômes 
lobes  ne  déterminer  aucun  trouble  chez  les  Poissons.  Il  pourrait  même  en  résulter  des  doutes  tou- 
chant la  nature  de  ces  lobes,  si  celle-ci  n'était  confirmée  par  des  preuves  anatomiques  d'une  valeur 
irrécusable.  Mais,  d'un  autre  côté,  de  récentes  expériences  sur  l'encéphale  de  la  Grenouille  m'ayant 
démontré  que,  chez  ces  animaux,  on  peut  détruire  la  moitié  antérieure  au  moins  des  lobes  cérébraux, 
sans  apporter  de  troubles  notables  dans  les  manifestations  intellectuelles,  il  me  semble  établi  qu'à 
mesure  que  l'on  descend  dans  la  série  des  Vertébrés,  les  hémisphères  perdent  de  plus  en  plus  de 
leur  importance  fonctionnelle,  comme  ils  perdent  aussi  de  leur  importance  en  volume.  Le  siège  de 
l'intelligence  paraît  les  abandonner  pour  se  reporter  en  arrière  vers  les  lobes  optiques.  Chez  les 
Poissons  osseux  où  ces  derniers  lobes  acquièrent  une  haute  prépondérance  et  une  grande  complica- 
tion, ils  semblent  être  devenus  le  siège  exclusif  des  facultés  intellectuelles.  La  destruction  des  lobes 
optiques  jette  aussitôt,  en  effet,  le  Poisson  dans  la  stupeur,  tandis  que  l'ablation  des  lobes  cérébraux 
paraît  ne  lui  l'aire  perdre  aucune  de  ses  facultés. 


DES   TUBERCULES    OLFACTIFS 

Chez  les  Poissons  osseux,  il  paraît  toujours  exister  au  moins  doux  tubercules  olfactifs.  Générale- 
ment, ces  tubercules  se  trouvent  placés  immédiatement  au  devant  des  lobes  antérieurs  (Perche  C^), 
Gremille,  Orphie,  Brochet  (3),  Hareng  (4),  Alose,  Chabot,  Épinoche,  Saumon  (5),  Congre  (6), 
Anguille)  (7);  d'autres  fois,  comme  chez  les  Gades  (Merlan  (8),  Lote)et  chez  presque  tous  les  Cyprins, 
ils  sontsitués  h  l'extrémité  des  nerfs  olfactifs.  Dans  quohiucs  oas,lostubcrculosolfactifs  se  dédoublent, 

(I)  n.  IJlg.  1,2i/t /*',  lig.  3/j',lig.7«/(. 

(-2)  PI.  1\,  lig.  5  t. 

(3)  l'I.  Vil,  %.  1  /. 

(i)  PI.  VIII,  fig.  1  t. 

(5)  PI.  Vlll,  l\g.  G  t. 

(G)  PI.  VI,  lig.  2  t. 

(7)  PI.  VI,  fig.  13,  t. 

(8)  PI.  II,  fig.  1  /. 


84  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

de  telle  sorte  qu'au  lieu  de  deux  tubercules  il  eu  existe  quatre,  par  exemple  chez  les  Trigles  et  les 
Maquereaux  (Ij. 

Le  volume  des  tubercules  olfactifs  est  toujours  très  faible  comparativement  à  celui  des  lobes 
cérébraux;  il  faut  cependant  faire  une  exception  pour  le  Congre  chez  lequel  les  tubercules  olfactifs 
sont  énormes,  très  allongés  et  presque  égaux  aux  hémisphères.  Les  deux  tubercules  m'ont  toujours 
paru  bien  isolés  l'un  de  l'autre  sur  la  ligne  médiane,  excepté  chez  le  Congre  et  l'Anguille  où  il  existe 
entre  eux  une  étroite  commissure  blanche  (2);  ils  sont  aussi  toujours  pleins  et  formés  de  substance 
grise  dans  laquelle  viennent  se  perdre  les  fdels  du  nerf  olfactif. 

Lorsque  les  tubercules  olfactifs  sont  placés  au  devant  des  hémisphères,  en  général,  les  nerfs  qui 
en  partent  sont  bien  développés  et  arrondis  (Brochet  (3),  Perche,  Gremille,  Congre);  quand,  au  con- 
traire, les  mêmes  tubercules  se  trouvent  situés  à  l'extrémité  des  nerfs  olfactifs,  ceux-ci  sont  minces, 
aplatis  et  composés  de  plusieurs  faisceaux  distincts  (Cyprins,  Lote  (4),  Merlan)  (5).  Ce  rapport  montre 
bien  que  les  tubercules  olfactifs  sont  réellement  affectés  au  sens  de  l'odorat.  Cependant,  ces  tubercules 
ne  sont  pas  le  seul  lieu  d'origine  des  nerfs  olfactifs;  le  fait  est  évident  pour  les  espèces  où  les  tubercules 
olfactifs  sont  reportés  à  l'extrémité  des  nerfs  olfactifs  et  où  par  conséquent  les  nerfs  se  trouvent 
naître  directement  des  hémisphères  (Cyprins,  Gades).  Chez  le  Congre,  le  nerf  olfactif  naît  par  deux 
racines,  l'une  interne  qui  s'avance  au-dessous  du  bord  inférieur  du  lobe  cérébral,  l'autre  externe 
qui  s'enfonce  dans  l'intérieur  du  même  lobe.  La  racine  interne  s'avance  jusqu'à  la  commissure  inter- 
lobulaire;  arrivée  en  ce  point,  j'ai  cru  voir  une  partie  de  ses  fibres  pénétrer  dans  cette  commissure, 
une  antre  se  continuer  avec  les  pédoncules  cérébraux.  La  racine  externe  peut  être  suivie  jusqu'au 
centre  du  lobe  cérébral  d'où  elle  semble  naître  en  majeure  partie;  quelques-unes  de  ses  fibres 
cependant  se  recourbent  en  dedans  vers  la  commissure  interlobulaire  dans  laquelle  elles 
paraissent  se  jeter.  Chez  le  Gadus  molva,  les  deux  nerfs  olfactifs  sont  étroitement  unis  dans 
une  gaine  commune  pendant  leur  trajet.  Chez  le  Brochet,  d'abord  réunis  en  un  seul  tronc 
médian,  ils  se  séparent  vers  le  milieu  de  leur  parcours  et  constituent  deux  troncs  qui  se  diri- 
gent chacun  vers  la  narine  correspondante  :  ils  forment  ainsi  une  sorte  d'Y.  A  son  extrémité, 
chaque  nerf  se  divise  en  plusieurs  faisceaux  distincts  qui  se  répandent  dans  la  muqueuse 
des  fosses  nasales. 

DES   LOBES   INFÉRIEURS   (") 

Les  lobes  inférieurs  se  présentent  sous  l'aspect  de  deux  renflements  volumineux  ovalaires  ou 
réniformes,  situés  au-dessous  des  lobes  optiques.  Ces  deux  renflements  se  trouvent  séparés  en  avant 

(1)  1^1.  IX,  iig.  2  t  i',  ûg.i2tt'. 

(2)  PI.  VI,  fig.  i  et  3  W. 
(3)1').  Vil,  Iig.  i  et2  «. 

(4)  PI.  m,  Iig.  10  *. 

(5)  PI.  II,  fig.  i,  8  '. 


DES   LOBES   INFÉRIEURS.  85 

par  le  Irir/oniim  fissin»;  en  ai-rière  ils  sont  beaucoup  plus  rapprocliés  et  ils  se  louchcut  généralement 
sui'  la  ligne  médiane  où  Fou  n'aperçoit  entre  eux  qu'un  leuillet  vasculaire  mince  provenant  de  lapie- 
mérc;  dans  leur  moitié  antérieure,  ils  se  trouvent  conlondus  avec  la  base  du  cerveau;  dans  leur 
moitié  postérieure,  au  contraire,  ils  sont  libres  et  simplement  appliqués  sur  la  face  inférieure  des 
pyramides.  Les  lobes  inférieurs  sont  Imiiduis  très  développés  chez  les  Poissons  osseux;  leur  couleur 
est  lia bi lui' llement  d'un  gris  iiiiilni me  ;  ilaii<  quclqurs  espèces  cepciiilaiil,  ciuuiiif  li;  Hareng  el  l'Alose, 
j'ai  vu  les  fibres  blanches  de  l'inléiii  ur  s'irradier  jusque  près  de  la  surface.  Selon  Goltsche,  on  voit 
aussi  chez  le  Trifjla  Giinicmhis  une  élégante  irradiation  de  fibres  blanches  passer  du  côté  intérieur 
au  côté  extérieur.  La  surface  des  lobes  inférieurs  est  presque  toujours  lisse  ;  cependant  chez  le  Hareng 
ainsi  que  chez  l'Alose,  cette  surface  m'a  offert  des  circonvolutions  bien  prononcées. 

Les  lobes  inférieurs  présentent  le  plus  souvent  un  ventricule  à  l'iulérieur  :  ce  ventricule  est 
très  développé  chez  le  Congre;  il  s'étend  en  arrière  jusque  vers  l'cxtrémilé  de  chaque  lobe  et  il 
s'ouvre  largement  en  avant  dans  la  cavité  de  Ylnfandibulum,  de  telle  sorte  que  les  deux  ventricules 
peuvent  en  réalité  communiquer  l'un  avec  l'autre.  Dans  l'inlérieur  de  chaque  ventricule,  on  aper- 
çoit dt's  ramifications  vasculaires  qui  pioviiMinent  d'un  vaisseau  de  ['  infimdibulam  {;l)  Al  existe  égale- 
ment un  ventricule  chez  l'Anguille  et  chez  tous  les  Cyprins  (2).  Chez  hï  Brochet,  chacun  des  lobes 
inlérieurs  présente  une  cavité  assez  étroite,  aplatie  de  bas  en  haut  et  beaucoup  jibis  rapprochée  de 
la  face  inférieure  que  de  la  face  supérieure;  celte  cavité  communique  aussi  en  avant  avec  Vinfiin- 
dibulnin.  Selon  Gottsche,  enfin,  les  lobes  inférieurs  seraient  pourvus  d'un  ventricule  chez  VEsox 
helonc,  les  Tri(/la,Scdmo,Pleuroiicctes,  Si/iu/nathus,  GoOiiis,  Ammodi/tes,  Caranx,  Scomber,  Cottus  et 
Agonus.  Arsakyi  donne  aussi  comme  étant  creux  les  lobes  de  la  Cœpola  Tœnia,  et  Cuvier  ceux  du 
Mutins  SiirmulelHS.  Les  parois  des  ventricules  sont  habituellement  grisâtres  et  recouvertes  de 
stries  vasculaires;  Gottsche  dit  qu'elles  sont  d'une  i)lancheur  éblouissante  chez  le  Trif/la  Gurnardus. 
Les  lobes  inférieurs  m'ont  paru  solides  dans  le  Mei'lan  el  dans  la  Lote;  ils  le  seraient  également, 
d'après  Arsakyi,  chez,  hîs  Tcirodoii  Mnla,  Uraiioscopns  scaber,  Scorpcna  Rascassa,  Trachinus  Draco, 
Xiphias  Gladius  et  Spams.  Du  reste,  ce  sont  là  des  distinclions  (pii  n'uni  j)as  luie  grande  importance, 
car  il  peut  et  il  doit  airiver  que,  dans  certains  cas,  la  cavité  des  lobes  se  trouve  tellement  réduite 
(ju'elle  deviennedilficilement  appréciable.  Le  fait  inqiortant  à  noter,  c'est  que  chez  certaines  espèces, 
comme  chez  le  Congre,  l'Anguille,  les  Cyprins,  le  Brochet,  les  lobes  inférieurs  |iié?onfont  une  cavité 
plus  ou  moins  large  communiquant  avec  Viiifiiudibii/ntii. 

Les  lobes  inférieurs  sont  toujours  au  nondjre  de  deux;  dans  certains  cas  cepondanl,  au  lieu  de 
deux  loi)es,  il  semble  en  exister  quatre,  par  exemple  chez  le  Hareng  où  chaque  lobe  présente,  sur  le 
côté  et  un  peu  en  avant,  une  fente  oblique  qui  le  jiarlage  en  deux  segments  d'inégale  grandeur.  Plu- 
sieurs anatomistes  avaientdéjà  constaté  ce  fait,  mais  ils  en  ignoraient  la  cause;  j'ai  reconini  ([ue  celle 
disposition  est  le  résullal  (hi  passage  du  nerf  de  la  troisième  paire(3).  Ce  fait  est  surtout  évident 
sur  les  cerveaux  dont  le  tissu  a  été  raffermi  par  l'innnersion  dans  l'alcoid  on  \c  lii|niile  salin  et  chez 
lesquels  la  troisième  paire  est  restée  intacte  au  moment  de  l'extraction  du  cerveau  hors  du  crûne. 
On  voit,  dans  ce  cas,  le  nerf  oculo-mntcur  descendre  dans  le  fond  de  la  scissure  inicriobaire,  comme 

(I)  l'I.  VI,  lig.  i  i,  fig. .")  /;■  (/,  fig.  (;  el  7  (. 

("2)  Le  ventricule  des  lobes  inférieurs  avait  déjà  été  vu  chez  les  (Cyprins  par  llalier. 

(3)  PI.  VIII,  lig.  '2  et  5  (■  j  '. 


86  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

dans  un  véritable  canal  qui  sérail  ouvert  sur  le  côté  externe.  Le  nerf  ne  contracte  du  reste  aucune 
adhérence  avec  le  tissu  environnant,  et  lorsqu'on  l'arrache,  les  parois  qui  l'entourent  restent  dans 
un  état  d'intégrité  parfaite.  J'ai  retrouvé  chez  l'Alose  la  même  disposition  que  chez  le  Hareng,  et  je 
crois  m'être  aperçu  qu'elle  existe  aussi,  quoiqu'à  un  degré  beaucoup  moindre,  dans  d'autres  espèces. 

Les  lobes  inférieurs  sont  composés  de  substance  grise,  au  centre  de  laquelle  s'épanouissent 
des  faisceaux  défibres  blanches  qui  parfois  s'irradient  jusqu'à  la  surface  (Hareng,  Alose).  La  sub- 
stance grise  est  formée  d'une  matière  fondamentale  granuleuse  où  se  trouve  une  multitude  de 
très  petites  cellules  multipolaires  et  des  fibres  nerveuses  primitives.  Les  faisceaux  de  substance 
blanche  qui  occupent  le  centre  des  lobes  proviennent  de  la  commissure  des  pyramides,  des  pyra- 
mides et  du  faisceau  latéral. 

Les  lobes  inférieurs  des  Poissons  cartilagineux  sont  généralement  moins  développés  que  ceux 
des  Poissons  osseux;  ils  offrent  une  grande  tendance  à  se  confondre  sur  la  ligne  médiane  et  ils 
possèdent  ordinairement  à  l'intérieur  une  cavité  plus  ou  moins  vaste,  en  communication  avec 
VinfuniUbulnm.  Mais  tous  ces  caractères  sont  loin  d'être  également  accentués.  Ainsi,  chez  l'Estur- 
geon, les  lobes  inférieurs  sont  bien  développés  et  bien  distincts  comme  chez  les  Poissons  osseux. 
Chez  l'Ange  [Squalus  srjuatiiia),  au  contraire,  les  lobes  inférieurs  sont  très  petits  et  creusés  à  l'in- 
térieur d'une  cavité  unique,  très  vaste,  limitée  seulement  par  une  coque  mince  de  substance 
nerveuse.  Cette  cavité  communique  très  largement,  d'une  part  avec  le  troisième  ventricule,  et  de 
l'autre  avec  la  tige  pituitaire  qui  est  creuse  et  fort  large. 

Quant  aux  fonctions  des  lobes  inférieurs,  elles  sont  restées  inconnues  jusqu'à  présent.  Selon 
Pallas,  Treviranus,  Arsakyi,  Cuvier,  Desmoulins,  ces  lobes  enverraient  des  fibres  aux  nerfs  optiques 
et  contribueraient  par  conséquent  à  l'exercice  de  la  fonction  visuelle  ;  d'autres  anatomistes,  tels  que 
Haller,  Carus,  Gottsche,  sont  d'une  opinion  entièrement  opposée.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  me  paraît 
établi  qu'il  n'existe  aucun  rapport  direct  entre  le  volume  des  lobes  inférieurs  et  celui  des  nerfs 
optiques.  La  position  des  lobes  inférieurs  sur  la  base  de  l'encéphale  est,  du  reste,  un  obstacle  à  peu 
près  insurmontable  pour  toute  recherche  expérimentale. 


D   UN     PETIT    CENTRE    NERVEUX    QUI    SE    TROUVE    EN    RAPPORT    AVEC     LE     FAISCEAU 
POSTÉRIEUR     DE     LA     COMMISSURE    DE    HALLER    CHEZ   l'ÉPINOCHE 

Sous  le  nom  de  commissure  de  Haller,  on  désigne  un  ensemble  de  fibres  nerveuses  transverses 
qui,  dans  le  cerveau  des  Poissons,  se  montrent  à  la  face  inférieure  dans  l'espace  compris  entre  les 
nerfs  optiques  et  l'orifice  de  Vinfimdibuhm.  Cette  commissure,  ainsi  que  le  fait  remarquer  avec 
raison  Gottsche,  peut  être  considérée  comme  étant  formée  de  deux  parties  parfois  bien  distinctes, 
l'une  antérieure  qui  établit  une  liaison  entre  les  nerfs  optiques,  l'autre  postérieure  qui  environne  en 
manière  de  demi-lune  le  tri<jomim  fissum.  C'est  de  cette  dernière  partie  que  je  me  propose  de 
m'occuper  ici  ;  afin  d'éviter  toute  confusion,  je  la  désignerai  sous  le  nom  de  commissure  du  trigone. 
La  commissure  du  trigone  chez  l'Épinoche  se  présente  sous  l'aspect  d'un  cordon  blanc,  étroit, 
nettement  délimité  et  facile  à  suivre  dans  l'intérieur  de  la  substance  grise  environnante.  Lorsqu'elle 
a  été  isolée  dans  toute  sa  longueur,  sa  forme  est  à  peu  près  celle  d'un  demi-cercle  ou  plutôt  d'un 


DU   TllIGONUM   FISSUJI.  87 

fer  à  cheval  dont  la  concavité  rei^arde  ea  ariii  re  cl  dont  le  soinnieL  embrasse  l'onficc  inférieur  de 
Vinfiii/ili//i(hiiii.  (lliacuiic  di's  lniiiiclies  de  ceLte  courbe  se  porle  en  arrière  en  ((iiitournaiit  r//;/"»/;- 
dibubim  entre  la  base  du  lobe  o|)(i(|ue  et  la  base  du  lobe  inférieur  correspondant;  elles  s'arrêtent 
l'une  et  l'autre  à  peu  près  à  la  hauteur  (riiiic  li^uie  transversale  qui  passerait  par  le  tiers  antérieur 
des  lobes  inférieurs.  Leur  mode  de  terminaison  oiJ're  une  particularité  des  plus  curieuses.  Au  lieu 
de  se  perdre  dans  les  tissus  environnants,  chaque  branche  aboutit  à  un  petit  noyau  de  substance 
nerveuse,  à  contour  parfaitement  délimité,  situé  dans  l'épaisseur  de  la  substance  grise  qui  constitue 
le  pédoncule  du  lobe  inférieur.  Ce  petit  noyau,  le  nodule  commissund ,  comme  je  l'appellerai  désor- 
mais, est  appendu  comme  un  grain  de  raisin  ii  l'extrémité  de  la  bandelette  commissurale  ;  sa  forme 
est  arrondie  ou  légèrement  ovalairc,  son  volume  de  1/3  de  millimètre  environ;  il  s'isole  de  la 
substance  grise environnanleavec une  telle  lacililé,  (pi'au  premief  abord  on  serait  tentéde  le  prendre 
pour  nn  petit  ganglion  (1).  Ses  rapports  avec  la  cummissuie  du  trigone  ne  sont  pas,  du  reste,  les 
seuls  ((u'il  présente.  De  sa  face  inférieure  on  voit  se  détacher  un  pinceau  de  fibres  qui  plonge  dans 
le  lobe  inférieur  correspondant;  de  sa  face  supérieure  part  un  autre  faisceau  qui  va  se  perdre  dans 
la  base  du  renflement  semi-lunaire  du  niènif;  côté  ;  du  boid  antérieur  enfin,  et  un  peu  en  dehors  du 
point  d'implantation  de  la  commissure  du  trigone,  se  détache  un  troisième  faisceau  qui  se  porte 
directement  en  avant  jusqu'à  la  base  du  nerf  optique  dans  lequel  on  voit  passer  quelques-unes  de 
ses  fibres;  le  reste  du  faisceau  se  confond  avec  la  substance  blanche  ([iii  borde  en  arrière  le  troisième 
ventricule. 

La  structure  du  nodule  commissural  méiile  au  plus  h;nit  point  de  fixer  l'attention.  On  peut 
l'étudier  de  deux  manières  :  sur  des  pièces  fraîches  ou  sur  des  pièces  ayant  macéré  dans  du 
liquide  salin.  Il  sul'fit  de  prendre  nn  cerveau  frais  d'Épinoche  et  de  le  comprimer  enire  deux 
verres  sous  le  microscope  pour  apercevoir  aussitôt  par  transparence  le  nodule  connnissural  ;  c'est 
ainsi,  du  reste,  que  je  l'ai  découvert.  Sous  nn  grossissement  de  30  à  40  diamètres  environ,  ce 
nodule  offre  l'aspect  d'un  petit  corps  arrondi  dans  l'intérieur  duquel  on  aperçoit  un  très  grand 
nombre  de  petits  espaces  clairs,  de  forme  variable,  très  rapprochés  les  uns  des  autres  et  séparés 
seulement  par  un  peu  de  substance  d'apparence  granuleuse.  Ces  petits  espaces  clairs  dont  les 
dimensions  varient  entre  0,05  à  0/10  de  millimètre,  font  naître  au  premier  abord  l'idée  de  globules 
ganglionnaires;  mais  comme,  en  comprimant  davantage  la  préparation,  ils  finissent  par  disparaître 
et  par  se  confondre  avec  la  substance  granuleuse  interposée,  force  est  de  recourir  à  un  autre  pro- 
cédé pour  établir  quelle  en  est  la  nature.  En  pratiquant  des  coupes  directement  sur  le  nodule  com- 
missural (2),  je  suis  parvenu  à  reconnaître  que  ce  petit  corps  est  formé  d'im  im'lange  de  fibres 
nerveuses  fines,  de  cellules  nerveuses  et  d'une  faible  (piantité  de  substance  granuleuse  inter- 

(I;  l'ouï-  meure  ;\  nu  le  nodule  commissural,  il  faut  placer  le  cerveau  sur  le  côté,  écarter  le  lobe  inférieur  du  lobe  optique 
correspondant,  et  inciser  couche  par  cduclie  la  substance  grise  qui  se  trouve  au  point  de  jûnction  de  ces  deux  parties.  Celte 
dissection  peut  être  faite  sur  un  cerveau  frais,  ou  mieux  encore  i-ur  un  cerveau  ayant  macéré  un  ou  deux  jours  dans  du  liquide 
sali  n  (solution  saturée  d'alun  et  de  sel  marin). 

(2)  Voici  comment  j'opère  :  Après  avoir  laissé  macérer  un  cerveau  d'Épinoche  pendant  un  jour  ou  deux  dans  du  liquide  salin, 
je  l'extrais  de  ce  liquide  et  je  le  transporte  dans  une  cuvette  remplie  d'eau  pure;  j'isole  le  nodule  par  la  dissection,  je  l'enlève 
et  je  le  place  sur  une  lame  de  verre  au  milieu  d'une  gouttelette  de  solution  très  épaisse  de  gonnne;  je  laisse  sécher  et  lorsque 
la  préparation  a  acquis  la  consistance  de  la  cire,  je  fais  des  coupes  du  nodule  avec  un  rasoir  bien  tranchant.  Ces  coupes,  imbibées 
avec  de  l'eau  pure,  sont  ensuite  examinées  sur  un  très  fort  grossissement  (500  à  GOO  diamèlrûs  environ). 


88  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

posée.  Les  fibres  nerveuses  proviennent  des  divers  faisceaux  signalés  précédemment  avec  lesquels 
le  nodule  se  trouve  en  rapport.  En  pénétrant  dans  le  nodule,  ces  fibres  m'ont  paru  se  replier  sur 
elles-mêmes  et  s'enchevêtrer;  elles  se  groupent  de  manière  à  circonscrire  de  petits  îlots  dans 
l'intérieur  desquels  se  trouve  compris  un  certain  nombre  de  cellules  nerveuses.  Ce  sont  ces  petits 
îlots  qui  constituent  les  espaces  plus  clairs  dont  j'ai  parlé  et  que  l'on  aperçoit  dans  l'intérieur 
du  nodule  par  l'effet  seul  de  la  compression. 

Les  cellules  nerveuses  appartiennent  à  la  catégorie  des  cellules  multipolaires;  beaucoup 
d'entre  elles  sont  tripolaires,  d'autres  sont  allongées  et  seulement  bipolaires;  leur  contenu  est  fine- 
ment granuleux,  sans  noyau  apparent.  Leurs  dimensions  sont  assez  variables.  Quelques  cellules 
triangulaires  m'ont  offert  un  diamètre  moyen  de  0,006  à  0,008  de  millimètre;  parmi  les  cellules 
oblongues,  j'en  ai  trouvé  qui  mesuraient  0,006  en  largeur  et  0,01  en  longueur;  d'autres  0,01  en 
largeur  et  0,018  à  0,0'2  en  longueur. ^De  chacun  des  pôles  naît  un  prolongement  qui,  dans  quelques 
cas,  m'a  paru  se  continuer  bien  nettement  avec  les  fibres  nerveuses  environnantes. 

Par  sa  structure,  le  nodule  commissural  paraît  donc  représenter  un  petit  centre  nerveux  vers 
lequel  convergent  des  fibres  nerveuses  émanées  de  divers  points  de  l'encéphale;  ces  fibres  se 
trouveraient  mises  en  rapport  les  unes  avec  les  autres  par  l'intermédiaire  de  petites  cellules 
nerveuses.  Cette  disposition  toute  particulière  des  éléments  nerveux  dans  l'intérieur  du  nodule, 
mérite  d'appeler  sur  ce  petit  organe  l'attention  des  histologistes  (1). 

DE  l'hypophyse 

(Glande  pituitaire,  organe  pituitaire,  corps  pituitaire) 

L'hypophyse  a  été  connue  des  premiers  anatomistes  qui  se  sont  occupés  du  cerveau  des  Pois- 
sons. Willis  en  fait  déjà  mention  :  «  Porro  in  Iiis  {Piscibus)  observare  est  glandulam  piluitariam, 
infundibulum  ull  in  cœteris  animalibus  ».  Camper  dit  aussi  :  «  La  base  de  la  cervelle  n'a  rien 
d'extraordinaire  que  deux  éminences  blanchâtres  [eminenliœ  candicantes)  qui  sont  très  considé- 
rables; l'entonnoir  est  entre  elles  et  l'origine  des  nerfs  optiques,  la  glande  pituitaire  y  semble  être 
attachée.  »  Haller  en  parle  également.  Il  faut  avouer,  du  reste,  que  la  ressemblance  est  telle  entre 
l'hypophyse  des  Poissons  et  celle  de5  Vertébrés  supérieurs,  qu'il  n'était  guère  possible  de  se 
méprendre  au  sujet  de  cet  organe.  Chez  les  Poissons  osseux,  l'hypophyse  est  ordinairement  logée 
dans  une  petite  cavité  creusée  dans  la  base  du  crâne  et  comparable  à  la  selle  turcique  des  Mam- 
mifères. Le  plus  souvent,  elle  est  fixée  à  l'intérieur  de  cette  cavité  au  moyen  de  brides  celluleuses 
plus  ou  moins  résistantes,  de  telle  sorte  qu'il  est  assez  difficile  de  l'extraire  avec  le  cerveau  sans  la 
déchirer  (2),  par  exemple  chez  le  Hareng (3),  l'Alose,  le  Congre(4).  Au  contraire,  comme  chez  les 

(1)  J'ai  constaté  depuis  l'existence  du  nodule  commissural  chez  la  Perche. 

(2)  Lorsque  l'hypophyse  est  solidement  fixée  à  l'intérieur  delà  selle  turcique,  comme  il  est  souvent  impossihle  de  l'extraire 
en  soulevant  directement  le  cerveau,  il  faut,  dans  ce  cas,  agir  par  le  côté  et  exciser  avec  précaution  la  paroi  latérale  et  infé- 
rieure du  crâne,  de  manière  à  arriver  jusqu'à  l'hypophyse  que  l'on  dégage  ensuite  avec  faciUté. 

(3)  PI.  VIII,  lig.  5  h. 

(4)  PI.  VI,  fig.  2  h  h,  lig.  7  h'. 


DE    L'HYI'OIMIYSE.  89 

Pleuronectes,  les  Gad(>s,  lo  Mcilan  surlout,  elle  se  laisse  enlever  très  aisément  avec  le  cerveau 
sans  se  rompre. 

Quant  à  la  composition  de  l'hypophyse,  voici  ce  que  nous  a  offert  lo  Merlan  (1)  :  Chez  ce  Poisson, 
l'hypophyse  est  composée  de  deux  portions   distinctes,  un   pt'tit   globe  terminal  ovoïde  (globe 
pituitaire),  un  court  pédicule  (la  tige  pituitaire).  Le  globe  pituitaire  est  généralement  d'un  gris 
rougeàtre,  quelquefois  cependant  je  l'ai  trouva  irmi  hrun  foncé  et  en  même  temps  fort  turgide, 
ce  qui  résultait  d'un  véritable  état  apoplcctiqui;,  ordinairement  manifesté  par  des  épanchements 
sanguins  à  l'intérieur  du  criiue.  La  surface  extérieure  de  ce  globe  est  recouverte  d'un  lacis  vascu- 
laire  très  abondant  et  plus  ou  moins  apparent,  suivant  l'état  de  congestion  de  l'organe.  Je  n'ai  pas 
aperçu  de  cavité  à  l'intérieur;  son  tissu  est  peu  résistant  et  se  déchire  avec  la  plus  grande  facilité. 
Lorsqu'on  porte  sous  le  microscope  un  fragment  de  ce  tissu,  on  y  découvre  en  très  grand  nombre 
des  cellules  dont  voici  les  caractères  :  le  diamètre  est  de  2/100  de  millimètre  environ;  elles  sont 
arrondies  et  à  contour  très  pur;  ce  contour,  qui  est  double,  indique  que  la  membrane  d'enveloppe 
possède  une  certaine  épaisseur.  Le  contenu  de  la  cellule  est  formé  d'un  liquide  transparent;  seule- 
ment sur  un  point  de  la  membrane  d'enveloppe,  on  aperçoit  un  noyau  aplati  en  manière  de  disque, 
et  contenant  des  granulations  à  l'intérieur.  Ce  noyau  paraît  adhérer  intimement  à  la  paroi  de  la 
cellule;  le  plus  souvent,  au  niveau  de  son  point  de  contact  avec  cette  paroi,  on  voit  celle-ci  refoulée 
légèrement  vers  l'extérieur,  et  cette  portion  plus  convexe  de  la  cellule  représente  assez  bien,  par 
rapport  à  la  cellule  entière,  l'aspect  de  la  cornée  relativement  k  la  sclérotique.  Parfois  le  soulève- 
ment de  l'enveloppe  qui  s'efTeclue  ainsi  vis-à-vis  le  noyau  est  beaucoup  plus  marqué,  et  le  noyau  se 
trouve  reporté  tout  entier  en  dehors  de  la  courbure  du  reste  de  la  cellule.  Dans  quelques  cas  enfin, 
il  m'est  arrivé  d'apercevoir  des  cellules  bilobées.  Il  est  donc  permis  de  supposer  que  ces  cellules 
se  développent  par  scission  et  que  le  globe  pituitaire  est  le  siège  d'un  véritable  travail  histogénique, 
comparable  à  celui  qui  se  passe  dans  les  glandes  vasculaires  sanguines,  mais  dont  le  résultat  phy- 
siologique est  encore  inconnu.  En  outre  de  ces  cellules,  on  trouve  de  nombreuses  granulations.  La 
tige  pituitaire  est  représentée  par  un  court  pédicule  qui,  d'une  part,  s'insère  sur  le  milieu  de  la 
face  supérieure  du  globe  terminal,  et  de  l'autre,  adhère  au  sommet  du  trigone  pituitaire.  Lorsqu'on 
arrache  cette  tige  de  sa  base,  on  distingue  au  niveau  de  son  point  d'insertion  une  petite  lente  ellip- 
tique qui  communique   avec  r/»/"««r/?(î/î</H;«.  Celte  tige  est  composée  de  deux  portions,  l'une  péri- 
phérique, l'autre  centrale.  La  portion  périphérique  est  formée  de  substance  blanclu-,  elle  naitdu 
pourtour  de  l'entrée  de  Vinfiindibnlum,  s'avance  autour  de  la  tige  en  l'enveloppant  comme  un 
manchon,  et  s'épanouit  sur  la  base  du  globe  pituitaire.  La  portion  centrale  n'est  autre  chose  qu'un 
prolongement  du  globe  pituitaire,  ayant  la  forme  d'un  petit  cône  dont  la  pointe  proémiuc  libre- 
ment à  l'entrée  de  YinfundilmUm.  La  surface  de  la  tige  pituitaire  est  recouverte  d'un  certain 
nombre  de  vaisseaux  qui  pénètrent  dans  Vinfundibulum. 

Chez  le  Congre,  le  globe  pituitaire  est  formé  de  deux  portions  distinctes  placées  l'une 
au  devant  de  l'autre  comme  chez  l'homme;  un  sillon  transversal  très  superficiel  indique  leur 
ligne  de  séparation.  La  portion  antérieure  la  plus  considérable  est  de  couleur  grise;  la  por- 
tion postérieure  est  blanche,    présentant  à   sa  surface  un  réseau  de   petites   ligiu'^  ipii  p;irais- 

0)  l'I.  Il,lig.  1  /(,  5  /(  ul  0  h  h'. 

12 


90  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

sent  correspondre  à  autant  de  petites  utricules  (1).  Du  pourtour  de  V infimdihulum  descend  un  fais- 
ceau de  substance  blanche  qui  va  s'épanouir  presque  en  totalité  dans  le  segment  postérieur. 

Chez  le  Brochet,  lorsqu'on  arrache  avec  précaution  l'hypophyse,  on  la  voit  rester  suspendue 
par  deux  petits  faisceaux  de  substance  blanche  qui  se  portent  en  avant,  s'enfoncent  en  arrière  et 
au-dessous  de  la  commissure  de  Haller  et  vont  se  jeter  dans  le  pédoncule  cérébral.  J'ai  observé  le 
même  fait  sur  le  Hareng.  Chez  d'autres  Poissons  que  j'ai  examinés,  l'hypophyse  m'a  paru  ressem- 
bler à  celle  du  Merlan.  Cet  organe  ne  diffère  guère  d'un  genre  ou  d'une  espèce  à  l'autre  que  par  son 
volume  et  la  longueur  de  sa  tige.  Chez  les  Pleuronectes,  l'hypophyse  est  très  grosse  comparative- 
ment il  celle  des  autres  Poissons.  Gottsche  cite  surtout,  sous  ce  rapport,  les  Pleuronectes  saxicola  et 
Pleuruuectes  Rhombiis;  il  dit  même  que  dans  un  cas,  l'hypophyse  de  ce  dernier  Poisson  était  telle- 
ment turgide  qu'elle  égalait  en  grosseur  le  lobe  optique.  Selon  Desmoulins,  l'hypopliysc  du  Ci/clo- 
ptenis  Lnmpiis  serait  égale  en  grosseur  aux  deux  lobes  inférieurs.  La  forme  du  globe  pituitaire  est 
généralement  arrondie  (Cottus  et  Pleuronectes);  d'autres  fois  elle  est  ovoïde,  chez  les  Gades  par 
exemple.  Selon  Camper,  la  tige  de  l'iiypophyse  atteindrait  une  longueur  démesurée  chez  le  Lophius 
piscatorius;  elle  est  très  longue  chez  FAlose.  Dans  l'ordre  des  Poissons  cartilagineux,  l'hypophyse 
est  aussi,  en  général,  bien  développée;  chez  les  Esturgeons,  nous  lui  avons  trouvé  les  mêmes  carac- 
tères que  chez  les  Poissons  osseux;  chez  les  Raies  et  les  Squales,  ses  différences  sont,  au  contraire, 
beaucoup  plus  tranchées. 

Si  l'on  compare  l'hypophyse  des  Poissons  à  celle  des  autres  Vertébrés,  on  reconnaît  que  dans 
aucune  autre  classe,  elle  ne  possède  un  volume  aussi  considérable  relativement  à  la  masse 
totale  du  cerveau.  La  constance  de  cet  organe  dans  toute  la  série  des  Vertébrés  permet  aussi  de 
supposer  qu'il  doit  jouer  dans  l'économie  du  cerveau  un  rôle  d'une  certaine  importance;  sa  struc- 
ture, qui  se  rapproche  à  un  haut  degré  de  celle  des  glandes  vasculaires  sanguines,  vient  encore  à 
l'appui  de  cette  manière  de  voir. 

DU   SAC   VASCULAIRE 

La  dénomination  de  sac  vasculairc  appartient  à  Gottsche;  elle  est,  du  reste,  parfaitement 
appropriée  à  l'organe  qu'elle  représente.  Cuvier  désignait  cette  partie  par  l'expression  d'appendice 
membraneux  vasculeux.  Camper  en  fait  déjà  mention  chez  le  Gadus  Morrhua  et  le  Lophius  piscato- 
rius. Le  sac  vasculaire  est  situé  au-dessous  des  lobes  inférieurs,  en  arrière  de  l'hypophyse.  Chez  le 
Merlan,  que  je  prendrai  pour  exemple,  il  est  représenté  par  un  petit  sac  arrondi  en  cœur  et  formé 
d'une  membrane  délicate  à  la  surface  de  laquelle  on  voit  ramper  de  nombreux  vaisseaux  {%.  Ce  petit 
sac  est  souvent  tellement  transparent  que  lorsqu'on  examine  sous  l'eau  un  cerveau  fraîchement 
préparé,  son  contour  s'aperçoit  difticilement  et  sa  présence  ne  se  décèle  que  par  les  fines  stries 
vasculaires  qui  se  dessinent  à  sa  surface.  Cependant,  de  même  que  pour  l'hypophyse,  sa  couleur 
et  sa  transparence  varient  beaucoup  selon  l'état  de  congestion  de  l'organe,  et  dans  certains  cas, 
par  suite  d'hémorrhagie  sans  doute,  ce  sac  parait  transformé  en  un  petit  caillot  sanguin.  Lorsque 
le  cerveau  a  séjourné  quelque  temps  dans  du  liquide  salin,  le  sac  vasculaire  acquiert  un  degré 

(I)  l'I.  Vl,fig.  -Ihh. 

{%)  l'I.  Il,  liij-.  l.s  fi.çf.  5s. 


DU    SAC    VASCULAIllE.  91 

d'opacité  et  de  consistance  qui  pi  riinL  dr  l'étudier  aisément.  Au  moyen  d'une  incision,  on  recon- 
naît qu'il  est  creux  et  formé  d'une  membrane  dont  la  face  interne,  de  couleur  grisâtre,  présente  de 
nombreux  plis  longitndiiiaux  qui  s'iiiailirni  du  pdiiil  d'insertion  de  l'organe  sur  tout  le  pourtour  de 
sa  cavité.  Ce  sac  vasculaire  piir.iiL  ii'iHrc  (ju'iiii  diwrticuluin  de  la  pie-mère  avec  laquelle  il  se 
continue  au  niveau  de  l'extréniilé  auléiicure  de  la  fente  qui  sépare  en  arrière  les  deux  lobes  infé- 
rieurs. 

Si  l'on  soumet  au  microscope  un  fragment  du  sac  vasculaire  à  l'état  frais,  on  reconnaît  que  son 
tissu  se  compose  :  1"  d'une  trame  de  lissu  cellulaire;  2"  de  vésicules  à  contour  très  pur,  renfer- 
mant un  liipiide  transparent  et  formées  sans  doute  de  gouttelettes  de  matière  albumineuse  ;  ces 
vésicules  sont  arrondies  lorsqu'elles  sont  isolées;  elles  prennent,  au  contraire,  une  forme  polygo- 
nale quand  elles  se  trouvent  pressées  les  unes  contre  les  autres  :  on  les  aperçoit,  du  reste,  en  très 
grande  abondance;  leurs  dimensions  sont  extrêmement  variables  et  Fou  en  trouve  depuis  i/"2ÛÛ  de 
millimètre,  jusqu'à  2/100  et  3/100  de  millimètre;  3"  de  })etites  cellules  arroii(lii'>  duiil  l'intérieur 
renferme  de  nombreuses  granulations,  et  dont  les  dimensions  sont,  en  général,  de  5/1000  à  7/1000 
de  millimètre  (1).  La  composition  du  sac  vasculaire  m'a  paru  la  même  chez  les  diverses  espèces 
que  j'ai  examinées. 

L'aspect  extérieur  du  sac  vasculaire  est  très  sujet  à  varier  dans  les  diiférentes  espèces  :  tantôt, 
avons-nous  dit,  il  est  arrondi  et  un  peu  cordiforme  (Merlan);  d'autres  fois,  il  présente  l'aspect  d'un 
cœur  allongé  (Trigles);  dans  quelques  cas,  comme  chez  la  Limande,  il  est  étroit,  très  allongé  et 
en  forme  de  bissac.  Le  plus  souvent,  son  volume  est  peu  considérable  et  il  m'  trouve  resserré  entre 
les  lobes  inférieurs  (Gades  et  Pleuronectes),  mais  parfois  aussi  il  atteint  le  volume  de  l'un  des  lobes 
inférieurs,  chez  le  Coltus  Scorpius  par  exemple  (Gottsche).  Le  sac  vasculaire  reçoit  ses  vaisseaux 
d'une  branche  artérielle  passant  au  fond  de  la  scissure  qui  sépare  en  arrière  les  lobes  inférieurs. 

Chez  les  Raies  et  les  Squales,  le  sac  vasculaire  est  très  développé  et  présente  l'aspect  d'un 
large  sac  formé  d'une  membrane  assez  épaisse,  étendue  au-dessous  et  en  arrière  des  lobes  infé- 
rieurs (2i. 

DE    LA   DÉTERMINATION'    DES    PARTIES    OUI    COMPOSENT   l'enCKPHAT.E 

Nous  venons  d'étudier  les  diverses  parties  de  reut:éphalc  au  point  de  vue  de  Iciu'  structure 
anatomique;  il  nous  reste  maintenant  à  rechercher  ;i  quelles  parties  de  l'encéphale  des  Vertébrés 
supérieurs  correspond  chacune  de  ces  parties.  Cette  étude  a  préoccupé  de  très  bonne  heure  les 
anatomistcs;  malheureusement  les  difficultés  dont  elle  est  entourée  diil  donné  lieu  à  d^'  icllcs  cliver- 
gences  d'opinions  que  les  incertitudes  à  cet  égard  sont  loin  encore  aujourd'lnn  d'avoir  entièrement 
disparu. 

Plusieurs  moyens  d'une  efficacité  plus  ou  moins  grande  s'offrent  an  naturaliste  pour  résoudre 
cette  question  :  la  comparaison  des  formes,  la  situation  relative  des  parties,  l'étude  des  origines  des 
nerfs,  l'embryogénie  et  l'histologie  comparée.  Chacun  de  ces  moyens  pris  isolément  l'onrnil  de»; 

U)  i'i.  Il,  lig'J,  lu  et  11. 
(2)  PI.  I,  fig.  8  s. 


92  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS 

résultats  de  plus  ou  moins  de  valeur  en  raison  de  sa  nature,  mais  il  est  clair  que  dans  la  solution 
d'une  question  à  l'égard  de  laquelle  aucun  secours  ne  saurait  être  superflu,  tous  doivent  intervenir. 
C'est  pour  n'avoir  fait  usage  que  de  quelques-uns  d'entre  eux,  et  surtout  pour  s'être  trop  préoccupés 
des  formes  extérieures,  que  les  anatomistes  ont  été  conduits  parfois  dans  leurs  comparaisons 
aux  interprétations  les  plus  étranges. 

Je  me  suis  efforcé,  dans  les  pages  qui  suivent,  de  recueillir  tous  les  indices  qui  m'ont  paru  de 
nature  à  pouvoir  éclairer  la  question. 

Les  caractères  du  cervelet,  sa  forme,  sa  position  sur  la  ligne  médiane  et  au-dessus  du  qua- 
trième ventricule,  ses  rapports  avec  les  cordons  restiformes,  n'ont  guère  permis  aux  anatomistes 
de  méconnaître  la  nature  de  cet  organe;  sur  ce  point,  l'accord  est  à  peu  près  unanime.  Weber 
cependant  prit  le  cervelet  pour  un  corpus  quadrigeminum,  et  Ebel  le  regarda  comme  une  portion  du 
cerveau  proprement  dit;  mais  ce  sont  là  des  opinions  isolées,  formulées  sans  preuves  à  l'appui  et 
qui  ne  furent  jamais  partagées.  Il  est  presque  impossible,  en  effet,  de  ne  pas  reconnaître  dans  le 
cervelet  des  Poissons  l'homologue  du  cervelet  des  Mammifères  ;  l'absence  de  circonvolutions  ne 
saurait  fournir  une  objection,  puisque  ce  caractère  assez  général  chez  les  Mammifères  disparaît  chez 
quelques-uns  d'entre  eux,  et  que,  chez  les  Sélaciens  (Raies  et  Squales),  le  cervelet  présente  déjà 
des  plis  comme  chez  les  Oiseaux.  Parmi  les  Poissons  osseux,  Cuvier  signale  le  Scomber  Thynnus 
comme  ayant  un  cervelet  sillonné  transversalement;  Carus  cite  également  comme  un  fait  digne  de 
remarque,  les  sillons  que  présente  le  cervelet  de  VEcheneis  Rémora. 

Un  indice  de  grande  valeur  à  mes  yeux  pour  la  détermination  de  cet  organe,  est  l'époque  tar- 
dive de  son  développement.  On  sait  que  chez  les  Mammifères  et  chez  les  Oiseaux,  il  n'apparaît  qu'à 
une  époque  très  avancée  de  la  vie  embryonnaire;  il  en  est  de  même  chez  les  Poissons.  Dans  le 
Saumon,  par  exemple,  je  me  suis  assuré  qu'il  n'est  que  très  imparfaitement  développé  à  l'époque 
de  l'éclosion  des  œufs,  et  pendant  l'incubation  il  ne  fait  encore  aucune  saillie  en  arrière  des 
lobes  opli(pies,  quand  ceux-ci  sont  déjà  parfaitement  développés  et  fermés  par  en  hanl(l).  Enfin,  il 
n'est  pas  jusqu'à  l'histologie  elle-même  qui  ne  semble  fournir  aussi  quelques  preuves,  puisque  nous 
avons  vu  qu'il  existe,  au-dessous  de  la  couche  grise  extérieure  du  cervelet,  une  zone  de  grandes 
cellules  comparable  à  la  zone  de  Purkinje. 

Les  lobes  qui  précèdent  le  cervelet,  que  nous  avons  désignés  sous  le  nom  de  lobes  optiques,  Tpvé- 
sentent  pour  la  détermination  de  plus  grandes  difficultés;  aussi  les  opinions  des  anatomistes  ont-elles 
été  très  partagées  à  leur  égard.  Pour  résumer  ces  opinions,  nous  dirons  que,  selon  Camper,  Cuvier, 
Treviranus,  Gottsche,  les  lobes  optiques  correspondraient  soit  aux  hémisphères,  soit  seulement 
aux  lobes  postérieurs  et  moyens  du  cerveau  de  l'homme,  et  que,  d'après  Arsakyi,  Carus,  Serres  et 
Desmoulins,  ces  mômes  lobes  représenteraient  les  tubercules  quadrijumeaux.  Relativement  à  la 
première  de  ces  opinions,  je  laisserai  parler  Cuvier  qui  a  discuté  la  question  avec  le  talent  et  la 
lucidité  qui  le  caractérisent.  «  La  dénomination  que  l'on  doit  donner  aux  paires  de  lobes  qui  sont 
placés  au  devant  du  cervelet,  dépend  de  l'importance  relative  que  l'on  attribue,  soit  à  la  compli- 
cation de  leur  structure,  soit  à  l'origine  du  nerf  optique.  Si  l'on  s'attache  à  l'origine  du  nerf  optique, 
il  est  certain  qu'on  peut  trouver  de  l'analogie  entre  les  lobes  creux  et  cette  paire  externe  des  lobes 

(1)  PI.  Vlll,ng.'Jà  18. 


DE   LA  DKTKIIMINATIO-N    DES    l'AIlTIES    OUI    COMPOSENT   L'EiNCÉIMl  A  L  E.  '.13 

du  cerveau  des  Oiseaux  à  laquelle  on  avait  donné  le  muiii  di'  couches  optiques,  el  que  M.  Gall  aime 
mieux  considérer  comme  les  analogues  des  tubercules  quadrijumeaux.  Mais  si  l'on  a  égard  à  la 
composition  des  lobes  creux,  à  ce  Ixiiin  ilci  ilfiiii-iiiculairi',  espèce  de  corps  cannelé  qui  l.iii  la 
base  iiiIrriL'urc  (le  Iciii'  ciivcIuiiim'  et  d'où  parlent  les  libres  Iransverses  dr  leur  plalbnd,  à  la  posi- 
tion du  troisième  ventricule,  ii  celle  de  la  commissure  placée  en  avant  de  l'entrée  de  ce  ventricule 
et  qui  nécessairement  répond  \\  la  commissure  antérieure  du  cerveau,  aux  petits  tubercules  cachés 
dans  leur  inlérieur  et  qui  ressemblent  si  bien,  par  la  position,  la  figure,  les  rapports,  aux  tuber- 
cules quadrijumeaux  des  Mannnifères,  on  y  pourra  reconnaître  aussi  tous  lescaractèresessenliels  du 
cerveau  des  Vertébrés.  Une  comparaison  avec  ([uelques  Mammifères  où  la  partie  antérieure  des 
hémisphères,  d'oîi  naît  immédiatement  le  nerf  ollactif,  est  séparée  du  reste  par  un  sillon  profond  et 
représente  les  lobes  antérieurs  des  Poissons,  confirmera  cette  analogie. 

»  La  Tortue,  le  Crapaud  et  beaucoup  d'antres  Reptiles  la  confirmeront  également.  Le  lobe 
olfactif  de  leur  cerveau  ressemble  aux  lobes  aiilérieurs  (l(>s  l*oissons.  Leur  cerveau  ressendile  aux 
lobes  creux  :  il  a  les  mômes  corps  analogues  aux  cannelés,  les  mêmes  commissures,  la  même  entrée 
pour  le  troisième  ventricule  et  pour  Yinfitndilinhun.  Seulement,  dans  les  Reptiles,  les  tubercules 
analogues  des  quadrijumeaux  sont  grands  et  creux  comme  dans  les  Oiseaux,  rapprochés  l'un  de 
l'autre  en  dessus  comme  dans  les  Quadrupèdes  et  visibles  au  dehors,  tandis  que  dans  les  Poissons, 
ils  sont  à  la  fois,  comme  dans  les  Quadrupèdes,  solides,  rapprochés  l'un  de  l'autre,  petits  et  cachés 
par  l'hémisphère  qui  se  porte  en  arrière  jusque  près  du  cervelet. 

»  On  a  beau  avoir  remarqué  que  dans  les  embryons  de  Quadrupèdes  et  d'Oiseaux,  les  héna- 
sphères  sont  à  peu  près  aussi  petits  et  les  tubercules  quadrijumeaux  aussi  grands  à  proportion  que 
les  loI)es  antérieurs  et  les  lobes  creux  des  Poissons,  les  hémisphères  n'y  sont  pas  pour  cela  des 
masses  solides,  et  les  tubercules,  quoique  creux,  ne  montrent  pas  dans  leur  inléiieur  des  corps  can- 
nelés et  d'autres  tubercules  plus  petits;  ce  n'est  pas  sous  eux  ([u'esl  la  conmiissure  antérieure  du 
cerveau  et  ils  n'interceptent  pas  le  troisième  ventricule.  Dans  les  Reptiles,  que  l'on  a  voulu  aussi 
faire  entrer  en  comparaison,  il  est  vrai,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  que  les  tubercules  optiipies 
sont  creux  comme  dans  les  Oiseaux,  mais  les  hémisphères  le  sont  aussi  et  contiennent  un  corps 
cannelé,  ressemblant,  en  un  mot,  de  tout  point  à  ces  lobes  creux  des  Poissons,  et  ils  leur  ressem- 
blent d'autant  plus  qu'ils  ont  aussi  en  avant  des  espèces  de  lobes  solides  qui  sont  leurs  lobes 
olfactifs. 

s  Un  argument  plus  plausible  est  celui  ([ue  l'on  lire  de  la  glande  pinéale.  A  la  vérité,  celte 
partie  ne  se  voit  pas  dans  le  grand  nombre  des  Poissons;  mais  il  est  bien  dillieile  de  ne  pas  recon- 
naître pour  telle  dans  l'Anguille  et  surtout  dans  le  Congre,  un  iielit  globe  de  matière  grise,  placé 
au  devant  des  lobes  creux  et  inséré  par  deux  petits  cordons  à  la  base  postérieure  des  lobes  solides 
qui  sont  devant  eux.  Dans  la  Morue  et  dans  d'autres  Poissons  où  il  n'y  a  pas  de  globule,  on  voit  au 
moins  un  petit  filet  médullaire  flottant  à  cet  endroit.  Si  ces  parties  n^présentent  la  glande  pinéale 
et  ses  pédicules,  on  sera  obligé  d'avouer  que,  quel  que  soit  le  système  d'analogie  que  l'on  adoptera, 
il  y  aura  dans  le  cerveau  des  Poissons  au  moins  transposition  des  connexions.  Le  troisième  ven- 
tricule et  Vinfundibidum  seront  rejetés  en  arrière  dans  l'Iiypothèse  où  les  lobes  creux  seraient  les 
analogues  des  tubercules  quadrijumeaux.  La  glande  pinéale  sera  rejetée  en  a\an(  dans  l'hypothèse 
qui  regarde  ces  lobes  comme  les  hémisphères.  » 


94  SYSTÈME  iS'EUVEUX   DES  POISSONS. 

A  ces  raisons  développées  par  Cuvier,  Serres  oppose  des  arguments  tirés  de  l'embryologie  com- 
parative :  il  nous  fait  suivre  pas  à  pas  le  développement  des  lobes  optiques  dans  les  différentes 
classes  d'animaux  vertébrés;  il  nous  montre  que, chez  les  Mammifères,  les  tubercules  quadri ju- 
meaux sont  d'abord  représentés  par  deux  lobes  creux  comparables  aux  lobes  optiques  des 
Poissons,  mais  qui  se  divisent  et  se  solidilient  par  les  progrès  de  l'Age;  que,  chez  les  Oiseaux^ 
les  gros  lobes  creux  qui  existent  sur  les  côtés  de  la  base  du  cerveau,  se  trouvent  primitivement 
rapprochés  l'un  de  l'autre  à  la  face  supérieure  de  l'encéphale;  que,  chez  les  Reptiles  enlin, 
les  lobes  optiques  sont  creux  également  et  correspondent  par  leur  position  aux  lobes  optiques  des 
Poissons. 

Malgré  les  excellentes  raisons  apportées  par  Serres,  il  s'est  trouvé  encore  des  anatomistes 
auxquels  les  vues  de  Cuvier  ont  semblé  préférables  ;  il  importe  donc  d'examiner  à  fond  les  objec- 
tions que  le  grand  naturaliste  a  présentées,  afin  de  les  réduire  à  leur  juste  valeur. 

Cuvier,  nous  l'avons  vu,  reconnaît  l'importance  qu'il  f;uit  attacher  à  l'origine  des  nerfs 
optiques,  et  il  convient  de  l'analogie  qui  existe,  sous  ce  rapport,  entre  les  lobes  optiques  des  Oiseaux, 
des  Reptiles  et  ceux  des  Poissons;  mais  il  se  laisse  bientôt  dominer  par  l'aspect  des  parties  inté- 
rieures dans  lesquelles  il  trouve  une  ressemblance,  d'une  part  avec  les  tubercules  quadrijumeaux, 
de  l'autre  avec  les  corps  cannelés  des  Mammifères.  Convenons  cependant  que  dès  l'instant  où  l'on 
veut  prendre  pour  guide  la  conformation  extérieure  des  parties,  il  est  aussi  judicieux  d'assimiler 
aux  tubercules  quadrijumeaux  le  lobe  optique,  que  de  leur  assimiler  ces  petits  tubercules  qui  con- 
stituent l'éminence  lobée.  Si,  en  effet,  chez  certains  Poissons,  tels  que  le  Brochet,  le  Saumon, 
l'éminence  lobée  présente  jusqu'à  un  certain  point  l'aspect  des  tubercules  quadrijumeaux,  quelle 
ressemblance  pourrait-on  découvrir  entre  ces  tubercules  et  l'éminence  si  compliquée  d'un  Cyprin 
ou  d'un  Scombre?  Pour  éviter  des  rapprochements  forcés,  semble-t-il,  on  en  établit  d'autres  qui  ne 
le  sont  pas  moins. 

L'étude  du  cerveau  des  Plagiostomes,  entièrement  négligée  par  Cuvier,  sert  beaucoup,  du 
reste,  à  éclairer  ce  point  litigieux.  Le  cerveau  de  ces  Poissons  peut,  en  effet,  par  sa  composition, 
être  considéré  comme  un  terme  de  transition,  un  moyen  terme,  si  l'on  veut,  entre  l'encéphale  des 
Reptiles  d'une  part,  et  celui  des  Poissons  osseux  de  l'autre  ;  il  suffit  donc  de  rapprocher  de  ce 
moyen  terme  les  termes  extrêmes  pour  voir  aussitôt  saillir  leurs  communes  analogies.  De  cette  com- 
paraison, il  ressort  avec  évidence  que  les  lobes  creux  qui  précèdent  le  cervelet  chez  les  Squales, 
correspondent  aux  tubercules  bijumeaux  des  Reptiles  et  aux  lobes  optiques  des  Poissons  osseux.  Il 
est  clair,  d'ailleurs,  que  si  les  tubercules  intérieurs  du  lobe  optique  des  Poissons  osseux  représen- 
taient les  quadrijumeaux  des  Mammifères,  comme  ces  mêmes  tubercules  font  défaut  chez  les  Pla- 
giostomes et  lesCyclostomes,  il  faudrait  admettre  que  les  Poissons  de  ces  deux  groupes  manquent 
de  tubercules  quadrijumeaux. 

Cuvier  tire  encore  une  objection  de  l'état  solide  des  lobes  antérieurs;  mais  cette  objection  n'est 
pas  mieux  fondée,  car  elle  est  sans  valeur  à  l'égard  de  presque  tous  les  Cartilagineux  dont  les  hémi- 
sphères sont  creux  et  correspondent  évidemment  aux  lobes  antérieurs  des  Poissons  osseux.  Dans 
son  hypothèse,  Cuvier  se  trouve  eniljarrassé  naturellement  par  la  position  de  la  glande  pinéale; 
mais  il  se  sauve  de  cette  difficulté,  en  disant  que,  si  la  glande  pinéale  est  bien  cet  organe  et  les  lobes 
creux  l'équivalent  des  tubercules  quadrijumeaux,  le  troisième  ventricule  et  Vinfundibalmi  se  trou- 


s 


DE  LA   DKTER.MINATION   DES   l'AliTIKS  QUI   COMPOSENT    L'ENCK  l'Il  A  I.  K  .  95 

Tcroril  rnjcU's  on  arrière  cl  iiu'il  laudiu  (.laii>  tous  les  eas  admellrt',  dans  le  cei'veau  des  Poissons, 
au  iiiiiiiis  une  transposition  des  connexions. 

ijiic  Vinfundibnlum  se  trouve  un  peu  reporté  en  arrière,  je  l'admets;  mais  qu'il  y  ail  Iranspo- 
sition  des  connexions,  c'esl  là  une  proposition  ({iii  me  parait  plus  dillirili  luiiii  aci'i.'plabk'.  l'our 
nous  cclaircr  sur  ce  point,  portons  d'abord  imtiv  attention  sur  les  Squales,  le Sqimliis sgiwtina {Xnsi,e) 
pai'  oxcniplc.  (jhez  ce  Poisson,  on. aperçoit  dans  l'intervalle  qui  sépare  les  lobes  optiques  des  hémi- 
plières,  une  petite  cavité  qui,  d'une  part,  communicpie  avec  les  ventricules  cérébraux,  uL  de  l'autre, 
avec  le  lobe  optique.  Sur  le  fond  de  cette  cavité  qui  représente  le  troisième  ventricule,  on 
dt'c()M\ro,  en  arrière,  immédiatement  an  devant  du  lobe  opli(iue,  une  petite  lente  ovalaire  qui 
est  l'entrée  de  Vinfandlbulum;  il  en  est  de  même  clicz  la  Lamproie  (1).  ISinfuiidibuliuii  occupe 
donc  ici  sa  place  normale. 

Chez  le  Sq/nihfy  t/iiisfrJits  dont  le  lobe  optique  est  un  pou  jilus  développé  que  celui  de 
l'Ange,  l'entrée  de  Viiifiiudilntliiiii  se  trouve  reculée  et  située  au-dessous  du  bord  antérieur  du 
lobe  optique (^2).  Supposons  maintenant  que  le  lobe  opli(jue  acquière  une  prédominance  excessive, 
comme  c'est  le  cas  des  Poissons  osseux,  l'extrémité  antérieure  de  ces  lobes  empiétera  de  plus  en 
plus  sur  les  pédoncules  cérébraux,  et  il  en  résullera  (|ne  l'ouverture  de  Vliifio/d/biihw/ scmhlcvai 
rejetée  en  arrière  et  s'apercevra,  soit  au-dessous  de  la  commissure  antérieure,  soit  même  plus  en 
arrière  à  l'entrée  du  lobe  optique;  mais  on  voit  qu'il  n'y  a  là  en  réalité  aucune  transposition  des 
connexions  :  il  y  aurait,  au  contraire,  transposition  véritable,  dans  le  cas  où  l'on  voudrait  assimiler 
le  lobe  optique  aux  hémisphères,  car  alors  la  glande  piiiéale  se  trouverait  reportée  en  avant  des  lobes 
cérébraux.  Il  me  paraît  donc  parfaitement  établi,  par  tout  ce  qui  précède,  que  les  déterminations 
auxquelles  l'embryologie  a  conduit  Arsakyi  et  Serres  sont  les  seules  réellement  acceptables,  et  que 
les  lobes  optiques  des  Poissons  correspondent  l)ien  aux  tubercules  bijumeaux  des  Reptiles  et  des 
Oiseaux,  aux  tubercules  quadrijumeaux  des  Mammifères. 

Les  lobes  optiques  étant  reconnus  comme  homologues  des  tubercules  quadrijumeaux,  il  nous 
reste  maintenant  à  déterminer  la  nature  de  l'éminence  lobée  que  l'on  a  si  souvent  comparée  à  ces 
tubercules. 

Deux  hypothèses  peuvent  se  présenter  : Téminence  lobée  est  un  organe  de  formation  nouvelle; 
elle  est  une  partie  modifiée  d'un  organe  déjà  préexistant.  Je  me  suis  arrêté  à  la  seconde  :  l'éminence 
lobée  n'est  pour  moi  autre  chose  qu'un  prolongement  de  la  lame  du  cervelet.  De  prime  abord,  une 
telle  supposition  jiourra  paraître  peu  vraisemblable  et  il  semblera  bien  difficile  d'admettre  qu'un 
organe  aussi  volumineux  et  aussi  compliqué  que  l'éminence  lobée  d'une  Carpe,  d'un  Barbeau  ou  de 
tout  autre  Cy[irin,  puisse  être  regardée  comme  un  aiipendiee  du  cervelet.  Il  est  vrai  (jne  si  l'on  s'en 
tenait  à  ces  quelques  exemples,  le  fait  resterait  plus  que  douteux;  aussi  ce  n'est  pas  là,  mais  dans  des 
cas  beaucoup  plus  simples,  que  je  me  propose  d'aller  puiser  mes  preuves. 

Laissons  donc  un  instant  le  groupe  des  Poissons,  et  portons  notre  attention  sur  le  cerveau  d'un 
animal  d'un  groupe  voisin,  la  Crenouille  (3).  Lorsqu'on  ouvre  le  lobe  opti(|ue,  on  voit  sur  le  fond  de 

(I  )  l'I.  I,  li^.  1 1  c,  lig.  20  e  0,  li-.  -21  e  o. 

(2)  I>1. 1,  lig:.  5  e. 

(3)  Cet  exemple  ompiunté  ù  la  Grenouille  laisse  à  (lësirer;   il  n'était  (loiiit  nécessaire  du  reste,  la  continuité  de  la  lanio  du 
cervelet  avec  la  voùle  du  lobe  optiiiue  exislant  chez  les  S(iuales. 


96  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

ce  lobe  deux  régions  distinctes,  l'une  antérieure  très  déprimée,  l'autre  postérieure  plus  relevée  et 
qui  s'avance  vers  la  première  en  manière  de  promontoire.  A  l'aide  d'une  coupe  verticale  et  antéro- 
postérieure  du  cerveau,  on  voit  que  cette  saillie  en  promontoire  s'étend  au  dedans  du  lobe  optique, 
à  peu  près  de  la  même  manière  que  l'éminence  lobée  de  certains  Poissons,  de  la  Lote  par  exemple, 
et  l'on  reconnaît  en  même  temps  qu'elle  n'est  autre  chose  qu'un  repli  intérieur  formé  par  la  paroi 
du  lobe  optique  au  moment  où  celle-ci  se  recourbe  pour  se  continuer  en  arrière  avec  la  voûte  de 
l'aqueduc  de  Sylvius  et  le  cervelet.  Le  repli  en  question  peut  donc  être  regardé  comme  résultant 
de  l'adossement  de  deux  feuillets,  l'un  supérieur  dépendant  du  lobe  optique,  l'autre  inférieur 
dépendant  de  la  voûte  de  l'aqueduc  de  Sylvius. 

Supposons  maintenant  que  le  feuillet  supérieur  vienne  à  s'amincir  au  point  où  il  se  recourbe 
vers  le  haut  pour  former  la  voûte  optique  et  que  de  cet  amincissement  porté  à  l'extrême,  résulte  une 
solution  de  continuité,  nous  aurons  exactement  l'éminence  lobée  du  Chabot,  de  la  Lote,  du  Merlan, 
de  la  Gremille,ou  de  tout  autre  Poisson  osseux  chez  lequel  cette  éminence  présente  une  très  grande 
simplicité  et  ne  forme  qu'un  simple  repli  placé  au  devant  de  la  base  du  cervelet  ;  que  ce  même 
feuillet  supérieur  séparé  du  lobe  optique  vienne  à  se  plisser,  et  nous  aurons  l'éminence  lobée  à  tuber- 
cules multiples  du  Brochet, de  rÉperlan,du  Saumon  (1).  Dans  tous  les  cas  que  je  viens  de  citer,la 
continuation  directe  des  parois  de  l'éminence  lobée  avec  la  lame  du  cervelet  est  des  plus  évidentes. 
La  cavité  de  l'éminence  lobée,  les  rapports  de  cette  cavité  avec  la  pie-mère,  la  continuité  de  cette 
dernière  membrane  avec  celle  qui  recouvre  le  cervelet,  confirment  également  notre  détermination. 

Quanta  l'éminence  lobée  des  Cyprins,  malgré  les  difTérences  d'aspect  qui  la  caractérisent,  elle 
m'a  paru  constituée  au  fond  de  la  môme  manière;  seulement,  par  suite  d'un  développement  excessif 
de  quelques-unes  de  ses  parties  et  peut-être  aussi  par  suite  de  l'addition  de  quelques  parties  nou- 
velles, elle  s'éloigne  assez  de  la  forme  générale  pour  que  ses  caractères  soient  au  premier  abord 
difficiles  à  reconnaître.  Si  l'éminence  lobée  est  un  prolongement  du  cervelet,  comment  alors  expli- 
quer ses  rapports  avec  le  plancher  du  lobe  optique?  Voici  ma  pensée  à  ce  sujet  :  au  moment  où  les 
cordons  restiformes  se  jettent  dans  le  cervelet,  une  portion  de  ces  cordons  se  porte  en  avant  dans 
l'éminence  lobée  et  forme  son  pédicule;  d'un  autre  côté,  à  mesure  que  l'éminence  lobée  proémine 
davantage  à  l'intérieur  du  lobe  optique,  ce  pédicule  est  entraîné  en  avant  et  par  conséquent  empiète 
davantage  aussi  sur  le  fond  du  ventricule.  Or,  on  conçoit  qu'il  puisse  exister  à  cet  égard  une  foule  de 
variations,  selon  que  le  pédicule  de  l'éminence  lobée  reste  plus  ou  moins  confondu  en  arrière  avec 
les  pédoncules  du  cervelet;  cette  éminence  pourra  ainsi  être  adhérente  dans  une  plus  ou  moins 
grande  partie  de  son  étendue,  ou  même  être  libre  jusqu'à  sa  base.  Cette  dernière  circonstance  s'ob- 
serve précisément  chez  l'Esturgeon  où  l'extrémité  antérieure  du  cervelet  s'avance  à  l'intérieur  du 
lobe  optique  en  formant  une  saillie  entièrement  libre.  Remarquons  en  passant  que  dans  le  cas  où 
l'on  voudrait  regarder  l'éminence  lobée  des  Poissons  osseux  comme  un  organe  spécial  annexé  au 
plancher  du  lobe  optique,  la  saillie  en  bouchon  du  cervelet  de  l'Esturgeon  serait  un  fait  isolé  et 
dépourvu  de  toute  corrélation,  tandis  que,  d'après  notre  manière  de  voir,  ce  fait,  loin  d'être  une 
anomalie,  s'explique  de  la  façon  la  plus  simple  et  la  plus  naturelle. 

Au  surplus,  que  peut-il  y  avoir  d'étrange  à  considérer  l'éminence  lobée  comme  un  prolonge- 

(I)  PI.  VllIJlg.  1  ce. 


DE    LA    DÉTERMINATION    DES    PARTIES    QUI   COMPOSENT    LENCKP  II  ALE.  97 

ment  du  cervelet!  ne  voit-on  pas  quelque  chose  de  tout  ù  fait  cumparablc  se  manifester  chez  les 
Squales  et  les  Raies,  mais  en  sens  opposé  :  la  lame  transversale  qui  existe  au-dessous  du  cervelet  de 
ces  Poissons,  les  replis  qui  bordent  leur  quatrième  ventricule  et  qui  pourtant  sont  des  dépendances 
de  la  lame  cérébelleuse,  sont-ils  moins  surprenants  que  ce  prolongement  antérieur  qui  forme  l'énii- 
nence  lobée  des  Poissons  osseux? 

Pour  terminer  ces  considérations  relatives  à  la  détermination  de  réminencc  lobée,  je  dirai  que 
l'embryologie  m'a  aussi  montré  une  sorte  de  parallélisme  entre  le  développement  de  cet  organe  et 
celui  du  cervelet.  Le  cervelet,  nous  le  savons,  ne  se  développe  que  très  tardivement  et  lorsque  les 
lobes  optiques  sont  déjà  fermés  par  en  haut;  j'ai  constaté  sur  le  Saumon  le  même  fait  pour  réminencc 
lobée  :  cet  organe  n'apparaît  (ju'à  une  époque  avancée  de  l'incubation  et  lorsque  la  voûte  des  lobes 
optiques  est  déjà  fermée  supérieurement.  Son  développement  tardif  prouve  bien  qu'il  n'est  pas 
l'homologue  des  tubercules  quadrijumeaux  dont  l'apparition  a  toujours  lieu  dès  le  début  de  la 
vie  embryonnaire. 

La  détermination  des  lobes  qui  précèdent  le  lobe  optique  découle  naturellement  de  celle  que 
nous  avons  adoptée  à  l'égard  de  celui-ci.  11  est  clair,  en  effet,  que  si  les  lobes  optiques  des  Poissons 
représentent  les  tubercules  bijumeaux  des  Reptiles,  ceux  qui  les  précèdent  corres  pondent  aux  hémi- 
sphères et  ceux  qui  sont  au  devant  de  ces  derniers,  aux  tubercules  olfactifs.  Les  circonvolutions  qui, 
chez  certaines  espèces,  recouvrent  les  lobes  antérieurs,  sont  une  preuve  de  plus  à  l'appui  de  cette 
opinion. 

Nous  avons  démontré  précédemment  que  l'état  solide  des  lobes  antérieurs  chez  les  Poissons 
osseux  ne  peut  donner  lieu  à  aucune  objection  sérieuse.  Quant  aux  tubercules  pédonculaires,  je  les 
considère  comme  des  rudiments  de  la  couche  optique.  Leur  situation  sur  les  côtés  du  troisième 
ventricule,  entre  les  tubercules  bijumeaux  d'une  part  et  les  hémisphères  de  l'autre,  leurs  rapports 
avec  la  commissure  grêle  et  la  glande  pinéale  me  paraissent  autoriser  cette  détermination.  La  pro- 
babilité devient  plus  grande  encore  lorsqu'on  voit  chez  la  Lamproie  fluviatile,  les  tubercules  pédon- 
culaires prendre  l'aspect  de  deux  renflements  allongés  réunis  sur  la  ligne  médiane  par  fa  glande 
pinéale.  Enfin,  ces  tubercules  se  développent  de  très  bonne  heure  et  ils  occupent  une  place  impor- 
tante dans  le  cerveau  des  jeunes  embryons;  ce  n'est  que  plus  tard  et  lorsque  les  parties  voisines 
acquièrent  une  grande  prédominance  que  leur  volume  relatif  paraît  beaucoup  moindre. 

Si  les  lobes  qui  existent  à  la  face  supérieure  de  l'encéphale  ont  été  l'objet  de  nombreuses  con- 
testations, les  renflements  qui  constituent  les  lobes  intérieurs  ont  été  interprétés  également  de 
manières  très  différentes  par  les  anatomistes.  Nous  avons  vu  que  Camper,  Arsakyi,  Desmoulins  ont 
comparé  ces  lobes  aux  éminences  mamillaires,  Cuvier  aux  couches  optiques  et  aux  tubercules  biju- 
meaux des  Oiseaux,  que  Carus  les  a  regardés  comme  des  lobes  de  l'hypophyse,  Serres  comme  un 
accroissement  de  la  matière  grise  située  en  arrière  des  nerfs  optiques,  et  Ilollard  comme  des  corps 
striés.  Il  me  serait  difficile  aujourd'hui  de  me  prononcer  sur  la  valeur  définitive  de  ces  dilTércntes 
opinions;  pour  cela,  il  faudrait  avoir  une  connaissance  approfondie  des  parties  qui  forment  la  Itase  du 
cerveau  dans  toute  la  série  des  Vertébrés,  et  ce  point  d'anatomie  laisse  encore  beaucoup  à  désirer. 
Voici  donc  provisoirement  quelques  considérations  qui  me  paraissent  ressortir  avec  assez  de  certi- 
tude de  l'examen  des  faits. 

Il  me  semble  impossible  d'admettre  que  les  lobes  inférieurs  puissent  être  des  corps  striés  comme 

13 


98  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Hollard  l'a  avancé.  Chez  aucun  Vertébré,  les  corps  striés  n'occupent  la  face  inférieure  du  cerveau  ; 
jamais  non  plus  ces  corps  ne  sont  creux  et  ne  communiquent  avec  Vinfundibulum.  J'ai  pu  me  con- 
vaincre en  outre  par  l'étude  directe  des  faits,  qu'à  aucune  époque  du  développement,  les  lobes  infé- 
rieurs des  Poissons  ne  se  trouvent  dirigés  vers  la  face  supérieure  du  cerveau  comme  les  corps  striés; 
on  ne  saurait  donc  admettre  qu'ils  sont  venus  se  placer  plus  tard  au-dessous  de  lui,  comme  cela  a 
lieu  pour  les  tubercules  bijumeaux  des  Oiseaux.  Sur  des  embryons  de  Saumons,  j'ai  toujours  vu  les 
lobes  inférieurs  constituer  primitivement  à  la  face  inférieure  du  cerveau  une  saillie  médiane,  impaire, 
qui  n'est  même  pas  bilobée  comme  chez  les  Poissons  adultes.  La  même  objection  subsisterait  à 
l'égard  de  cette  opinion  d'après  laquelle  les  lobes  inférieurs  devraient  être  assimilés  aux  couches 
optiques.  Par  ce  fait,  enfin,  que  les  lobes  optiques  sont  les  représentants  des  tubercules  quadriju- 
meaux,  il  se  trouve  démontré  que  les  lobes  inférieurs  ne  sont  point  les  représentants  de  ces  mêmes 
organes.  L'état  solide  des  tubercules  mamillaires  chez  les  Vertébrés  supérieurs  (1),  la  non-commu- 
nication de  ces  tubercules  avec  YinfHiidiliidnm,  leur  absence  chez  les  Oiseaux  et  chez  les  Reptiles,  ne 
permettent  guère  de  leur  assimiler  les  lobes  inférieurs.  Pour  ma  part,  je  m'arrêterais  volontiers  à 
l'opinion  de  Carus  et  jo  regarderais  les  lobes  inférieurs  comme  une  expansion  de  la  matière  grise 
de  Yinfimdibdum.  Cette  opinion  a  pour  elle  les  faits  suivants  :  chez  l'Ange  {Squaliis  sqmtina),  les 
lobes  inférieurs  se  trouvent  réduits  à  une  coque  nerveuse  très  mince  dont  la  cavité  très  spacieuse  et 
unique  communique  largement  en  haut  avec  le  troisième  ventricule  et  en  bas  avec  la  tige  pituitaire. 
Sur  les  embryons  de  Saumons,  les  lobes  inférieurs  se  trouvent  représentés  au  début  par  un  simple 
appendice  médian,  au  sommet  duquel  adhère  la  glande  pituitaire  (2). 


DE     LA    MOELLE    DES    POISSONS    OSSEUX 

La  moelle,  cette  partie  de  l'axe  nerveux  central  qui  s'étend  dans  l'intérieur  du  canal  vertébral  à 
partir  de  l'extrémité  postérieure  du  quatrième  ventricule  ou  de  l'origine  des  nerfs  pneumogastriques, 
présente  en  général,  chez  les  Poissons  osseux,  la  forme  d'un  cordon  cylindrique  qui  va  en  dimi- 
nuant graduellement  de  diamètre,  d'avant  en  arrière,  pour  prendre  un  aspect  filiforme  en  appro- 
chant de  sa  terminaison.  Elle  est  revêtue  d'une  membrane  mince  (pie-mère)  contenant,  chez 
beaucoup  de  Cyprins,  un  pigment  noir.  Lorsqu'on  enlève  cette  membrane,  on  aperçoit  sur  la  face 
inférieure  un  sillon  médian  très  peu  marqué,  le  sillon  longitudinal  inférieur,  et  sur  la  face  supé- 
rieure un  autre  sillon  médian,  le  sillon  longitudinal  supérieur.  Les  racines  spinales  antérieures 
naissent  à  quelque  dislance  du  sillon  inférieur,  les  racines  postérieures  sont  près  du  sillon  supé- 
rieur. Dans  un  certain  nombre  de  Poissons  osseux  (Labre,  Gardon,  Perche,  Baudroie,  Nase),  la 
moelle  avant  de  se  terminer,  est  pourvue  sur  son  trajet  d'une  sorte  de  renflement  ganglionnaire. 
Chez  la  Perche,  la  face  antérieure  est  plane  et  même  légèrement  déprimée  en  gouttière;  la  face 
postérieure  est  convexe  avec  un  sillon  médian  assez  profond.  La  moelle  affecte  vers  son  extrémité 
postérieure,  la  forme  d'un  ruban  très  aplati,  graduellement  rétréci  jusqu'à  l'extrémité.  Un  peu 

(I)  Celte  preuve  à  elle  seule  serait  de  peu  de  valeur. 

(i)  f'i.  viii.ng.  11. 


DK   LA  MOELLK  DES   i'OlSSONS  OSSEUX.  9'.» 

avant  sa  terminaison,  ce  ruban  offre  sur  sa  face  inléricure  un  petit  renflement  semi-ovalaire;  au 
delà,  il  se  continue  en  un  filet  très  grêle  de  2  millimètres  environ  de  longueur.  A  quelques  millimètres 
au-dessus  de  ce  renllomentjl  existe  plusieurs  paires  de  nerfs  d'un  volume  plus  considérable  que  les 
précédentes  et  que  les  suivantes;  ces  paires  sont  pourvues  d'un  ganglion  volumineux  situé  à  certaine 
distance  de  la  moelle,  par  suite  de  rallongemeut  des  racines.  Dans  le  Gardon,  la  moelle  con- 
serve un  volume  assez  considérable  jusqu'aux  approches  des  deux  ou  trois  derniers  ganglions 
pour  ensuite  s'effiler  peu  à  peu.  Au  delà  de  la  dernière  paire  de  ganglions  spinaux,  elle  devient 
très  mince,  mais  elle  se  renile  presque  aussitôt  pour  former  le  ganglion  terminal,  rendement  dont 
la  convexité,  de  même  que  chez  la  Perche,  est  tournée  vers  la  face  inférieure.  Chez  le  Gadus  Pol- 
lachius,  la  moelle  présente  aussi  un  reiillement  terminal.  Chez  la  Lote,  les  cordons  antérieurs 
de  la  moelle  s'aperçoivent  nettement  sur  presque  toute  son  étendue;  la  portion  effilée  qui  la 
termine  offre  dans  une  longueur  de  plusieurs  centimètres  (5  à  6  sur  un  individu  de  taille 
moyenne),  une  série  d'étranglements  successifs  qui  rappellent  jusqu'à  un  certain  point 
l'aspect  de  la  chaîne  nerveuse  des  Animaux  articulés.  Des  nerfs  émergent  de  chacun  de  ces 
renflements.  Chez  le  Nase,  la  moelle  épinière  se  termine  par  un  renfiement  nerveux  très  mar- 
qué, dont  l'extrémité  porte  un  filament.  Les  ganglions  qui  avoisinenl  la  pailie  inférieure  de  la 
moelle  sont  très  volumineux.  La  moelle  du  Ci/priuus  dobiilu  a  la  iiirnie  terminaison  que  celle 
du  Nase.  Chez  les  Trigles,  elle  se  termine  par  un  filet  très  grêle  que  l'on  peut  suivre  dans  le 
canal  jusque  dans  la  portion  supérieure  de  la  nageoire  caudale,  comme  chez  les  Poissons  hétéro- 
cerques.  On  aperçoit  en  arrière  du  quatrième  ventricule,  sur  le  trajet  des  cordons  postérieurs, 
plusieurs  paires  de  renflements  qui  correspondent  à  des  origines  nerveuses.  La  Trifjla  adrhitica 
possède  trois  renflements  réunis  entre  eux  et  trois  isolés,  la  Trujla  lijra  cinq.  Des  renflements  de 
même  nature  existeraient  aussi  chez  les  Polynèmes,  d'après  Mûller.  La  moelle  dti  Brochet  se  ter- 
mine en  s'effilant  graduellement  de  manière  à  finir  par  un  filet  d'une  extrême  minceur  ;  je  n'ai  pas 
vu  de  renflement  terminal.  Celle  des  Lophius  et  des  Orthagorisciis  présente  des  caractères  remar- 
quables. Dans  la  Baudroie  (1),  la  moelle  allongée  est  volumineuse  et  décroît  rapidement  d'avant  en 
arrière  à  partir  du  pneumogastrique.  La  portion  de  la  moelle  qui  lui  succède  continue  également  à 
décroître,  de  telle  sorte  que,  vers  la  fin  du  premier  cinquième  du  canal  vertébral,  le  cordon  s'ar- 
rête ;  vers  le  milieu  du  tronc,  il  se  trouve  à  peu  près  égal  en  volume  à  l'un  des  premiers  nerfs 
spinaux  :  à  partir  de  là,  sa  décroissance  est  assez  faible;  néanmoins  il  devient  toujours  de  plus  en 
plus  grêle.  J'ai  pu  le  suivre  ainsi  jusqu'à  la  racine  de  la  nageoire  caudale,  où  il  se  termine  par  un 
renflement  grisâtre,  fusiforme,  aplati  d'avant  en  arrière,  et  présentant  sur  sa  face  antérieure  un 
Iractus  blanchâtre,  qui  forme  la  continuation  du  cordon  médullaire.  Ce  renflement  grisâtre  se  ter- 
mine en  arrière  par  un  filet  nerveux  blanchâtre.  La  moelle  ainsi  constituée,  m'a  paru  émettre  des 
nerfs  dans  tout  son  trajet;  seulement  ces  nerfs  deviennent  extrêmement  grêles  au  niveaude  la 
portion  rétrécie  de  la  moelle.  Dans  cette  dernière  partie,  le  cordon  médullaire  se  trouve  ren- 
fermé dans  l'intérieur  du  faisceau  formé  par  les  racines  spinales  qui  sont  ici  très  longues,  et  re- 
présente une  sorte  de  queue  de  cheval.  Chez  les  Cyclostomes,  la  moelle  épinière  est   aplatie 

(1)  Les  divers  auteurs  (Arsakyi,  Leun^t  et  Graliolet,  Stannius)  qui  ont  parlé  de  Li  moelle  des  Lophiiis  décrivent  tous  retic 
moelle  comme  1res  courte  et  se  terminant  à  une  faible  dislance  du  cerveau.  M.  Vulpian  est  le  premier,  je  crois,  qui  n'ait 
point  commis  cette  erreur  et  qui  ail  reconnu  que  la  moelle  s'étend  beaucoup  plus  loin  en  s'amincissant. 


400  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

d'avant  en  arrière  à  la  façon  d'un  ruban  :  elle  est  élastique  et  extensible.  Dans  l'Ammocète  (larve 
du  Pclfomyion  Planeri)  où  je  l'ai  étudiée,  elle  forme  un  cordon  qui  s'étend  en  diminuant  insensi- 
blement de  largeur  jusqu'à  l'extrémité  du  corps(i).  Elle  offre  les  mêmes  caractères  dans  les  Pctro- 
myzon  marinus  et  flimatilis.  «  Dans  l'Amphioxus,  dit  Owsjannikoff,  la  moelle,  aplatie  dans  sa 
portion  moyenne,  un  peu  plus  épaisse  en  avant,  se  termine  en  arrière  par  un  long  fdament  creux 
qui  n'est  point  composé  de  fibres  nerveuses,  mais  de  cellules  cylindriques  faisant  suite  à  celles  qui 
tapissent  intérieurement  le  canal  central  de  la  moelle.  Vers  l'extrémité  antérieure,  on  aperçoit  une 
fosse  ovale  dans  laquelle  s'ouvre  le  canal  médullaire.  Cette  dépression  ayant  quelque  ressem- 
blance avec  le  quatrième  ventricule  des  autres  Poissons  est  revêtue  de  cellules  épithéliales.  Les 
parties  situées  en  avant  et  sur  les  côtés  correspondraient  au  cerveau.  Contrairement  ;i  une  opinion 
précédemment  émise,  la  moelle  est" uniforme  dans  toute  son  étendue,  ses  bords  sont  droits  et  sa 
surface  dépourvue  de  toute  espèce  de  renflements.  On  trouve  intimement  unie  à  sa  surface,  une 
membrane  très  mince,  riche  en  éléments  celluleux,  vraiment  comparable  à  la  pie-mère  des  autres 
Vertébrés.  » 

Des  rappoiis  fjénéraux  de  la  substance  blanche,  de  la  substance  fjrise  et  du.  canal  central.  — 
La  moelle  des  Poissons,  de  même  que  celle  des  animaux  supérieurs,  se  compose  de  substance 
blanche  et  de  substance  grise.  Les  contours  de  la  substance  grise  ne  restent  exactement  les  mêmes 
ni  dans  toute  la  région  de  la  moelle,  ni  chez  tous  les  Poissons.  Quelques  anatomistes  faisant  usage 
d'une  comparaison  déjà  employée  au  sujet  des  Mammifères,  ont  assimilé  la  forme  de  la  substance 
grise  à  celle  d'une  H  majuscule  ;  d'autres,  tels  que  M.  Stieda,  l'ont  comparée  à  une  croix  verticale. 
Pour  donner  à  ce  rapprochement  plus  de  latitude,  je  supposerai  la  forme  de  la  substance  grise  sem- 
blable à  une  étoile  à  six  branches  inégales,  irrégulières  et  inégalement  espacées,  étoile  dont  le 
centre  répondrait  au  canal  central.  Deux  de  ces  branches  sont  dirigées  suivant  l'axe  vertical  de 
la  moelle,  la  branche  située  au-dessous  du  canal  central,  mince,  effilée  vers  le  bas,  s'étend  jusqu'à 
la  pie-mère  du  sillon  longitudinal  inférieur,  la  branche  verticale  supérieure  vers  le  sillon 
supérieur;  les  quatre  autres  branches  sont  obliques  :  deux  sont  dirigées  de  haut  en  bas  vers  le 
point  d'implantation  des  racines  inférieures,  ce  sont  les  cornes  inférieures;  les  deux  autres  de 
bas  en  haut  vers  le  point  d'implantation  des  racines  supérieures  ;  on  peut  leur  appliquer  le  nom 
de  cornes  supérieures. 

En  outre  des  prolongements  fondamentaux  que  je  viens  d'indiquer,  on  voit  naître  des  contours 
de  la  substance  grise,  des  prolongements  secondaires  qui  s'irradient  vers  la  surface  extérieure  de  la 
moelle;  ces  prolongements  constituent  des  faisceaux  rarement  indivis,  le  plus  souvent  ramifiés,  qui 
s'étendent  jusqu'à  la  pie-mère,  où  ils  se  terminent  en  s'élargissant  un  peu.  En  s'anastomosant  entre 
eux,  ces  faisceaux  constituent  une  sorte  de  réseau  à  larges  mailles  dans  lesquelles  se  trouvent  cir- 
conscrite la  substance  blanche  ;  celle-ci  forme  donc  ainsi  des  îlots  plus  ou  moins  séparés. 

Tels  sont  les  rapports  généraux  de  la  substance  grise  et  de  la  substance  blanche.  Ces  rapports 
peuvent  offrir  des  variations  légères,  soit  dans  les  différents  points  de  la  moelle  d'un  même  Poisson, 
soit  chez  des  Poissons  d'espèces  différentes;  mais  ce  sont  là  des  particularités  d'ordre  secondaire 

(,1)  D'après  Valentin,  la  moelle  épinière  des  Chimères  serait  également  rubanéc  et  élastique  dans  sa  partie  postérieure. 


DE  LA  MOELLE  DES  RAIES   ET  DES  SQUALES.  101 

sur  lesquelles  je  crois  inutile  d'insister.  Je  me  bornerai  ;i  une  seule  remarque,  c'est  que  dans  la 
partie  postérieure  de  la  moelle,  la  délimitation  de  la  substance  grise  cl  de  la  substance  blanche  est 
plus  tranchée  que  dans  la  partie  antérieure.  Dans  le  milieu  de  la  coupe,  à  peu  près  au  point  de 
croisement  des  axes  vertical  et  horizontal,  se  trouve  l'ouverture  du  canal  central.  Celui-ci,  très 
étroit,  occupe,  du  reste,  une  position  plus  ou  moins  rapprochée  de  la  limite  inférieure  de  la 
substance  grise.  On  a  désigné  èous  le  nom  de  commissure  supérieure  la  substance  grise  située 
au-dessus  du  canal,  et  sous  le  nom  de  commissure  inférieure,  celle  qui  est  située  au-dessous. 
Lorsque  le  canal  central  est  placé  très  bas  et  atteint  la  limite  inférieure  de  la  substance  grise,  la 
commissure  inférieure  peut  cesser  d'exister.  D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  est  facile  de  com- 
prendre que,  sur  des  coupes  longitudinales,  soit  horizontales,  soit  verticales,  les  rapports  delà 
substance  grise  et  de  la  substance  blanche  seront  des  plus  variables,  selon  la  hauteur  ou  l'imlinai- 
son  du  plan  de  section. 


DE     LA     MOELLIO     DES    RAIES    ET     DES    SQUALES 

Au  point  de  vue  de  la  forme  généra. e,  la  moelle  des  Squales  diiïère  à  peine  de  celle  des  Pois- 
sons osseux;  celle  des  Raies,  au  contraire,  au  lieu  d'être  arrondie  ou  elliptique,  offre  à  peu  près 
l'aspect  d'un  prisme  à  quatre  pans.  Les  racines  supérieures  sont  de  même  volume  que  les  racines 
inférieures;  elles  naissent  assez  près  l'une  derrière  l'autre.  Comme  chez  les  Poissons  osseux,  une 
coupe  transversale  de  la  moelle  laisse  voir  de  la  substance  grise  dans  sa  portion  centrale,  et  de  la 
substance  blanche  à  la  périphérie  ;  mais  ici,  les  rapports  de  ces  deux  substances  sont  beaucoup  plus 
compliqués.  Tout  en  restant  distinctes,  elles  tendent  à  se  pénétrer  réciproquement,  de  telle  sorte 
que  la  substance  grise,  au  lieu  de  former  une  masse  à  contours  simples,  constitue  une  sorte  de  ré- 
seau dont  les  mailles  enserrent  les  faisceaux  delà  substance  blanche.  11  ne  serait  guère  possible 
d'entreprendre  une  description  des  diverses  formes  qu'affecte  la  substance  grise,  par  ra|i|iort  à  la 
substance  blanche.  La  diversité  de  ces  formes  existe  non  seulement  entre  les  Poissons  osseux  et  les 
cartilagineux,  mais  aussi  entre  les  différents  Poissons  cartilagineux.  Chez  les  Squales,  la  sub- 
stance grise  peut  être  comparée  à  une  croix  verticale  ;  la  portion  de  l'axe  située  au-dessous  du  canal 
central  est  étroite  et  descend  sur  la  ligne  médiane  vers  le  bas,  en  s'effilant  très  fortement  ;  la  por- 
tion de  l'axe  située  au-dessus  du  canal  central  est  plus  large  et  va  en  s'élargissant  d'une  façon  re- 
marquable vers  le  haut.  Les  bras  latéraux  de  la  croix,  d'un  volume  modéré,  se  dirigent  horizonta- 
lement et  sont  caractérisés  par  le  rétrécissement  à  leur  naissance  de  la  portion  centrale.  Dans  la 
portion  centrale  de  la  substance  grise,  se  trouve  le  canal  central  qui  est  arrondi  ou  ellipliipie  ;  son 
grand  axe  dirigé  verticalement.  Comme  chez  les  Poissons  osseux,  il  renferme  aussi  ordinairement 
une  sorte  de  cordon  ressemblant  à  un  cylindre  d'axe  et  qui  n'est  sans  doute  qu'un  produit  de 
coagulation  ;  la  paroi  interne  est  tapissée  d'une  couche  de  cellules  d'épithélium  cylindrique,  très 
allongées  et  couvertes  de  cils  vibratiles. 

Dans  la  Torpédo  Narke,  les  cornes  supérieures  sont  larges,  rétrécies  à  leur  base  et  dentelées 
sur  leur  pourtour;  les  cornes  inférieures  sont  également  dentelées  sur  leurs  bords  et  îi  contours 
très  irréguliers.  La  corne  supérieure  se  trouve  reliée  à  sa  base  avec  la  corne  inférieure,  par  une 


102  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

sorte  de  réseau  de  la  substance  grise,  réseau  qui  résulte  de  ce  que  les  faisceaux  de  la  substance 
blanche  pénètrent  ici  très  loin  dans  l'intérieur  de  la  substance  grise  et  se  rapprochent  du  canal 
central.  La  substance  grise  offre  aussi  un  prolongement  médian  supérieur  qui  se  porte  le  long  de 
la  fissure  supérieure,  jusque  près  de  la  surface  de  la  moelle  :  il  est  aussi  irrégulicret  présente 
des  contours  dentelés.  Du  sommet  de  ses  dentelures,  ainsi  que  de  celles  des  cornes  supé- 
rieures et  inférieures,  partent  des  prolongements  très  fins,  qui  se  dirigent  vers  la  périphérie 
de  la  moelle  en  s'anastomosant  fréquemment.  D'autres  prolongements  de  même  nature 
relient  la  corne  supérieure  à  l'inférieure  et  la  corne  supérieure  au  prolongement  médian.  Dans 
la  Raja  clavata,  les  rapports  de  la  substance  blanche  et  de  la  substance  grise  deviennent 
encore  plus  compliqués  que  dans  les  types  précédents.  Les  faisceaux  de  substance  blanche  se 
montrent  dans  l'épaisseur  de  la  substance  grise,  jusqu'au  voisinage  du  canal  central.  La  corne 
inférieure,  énorme,  à  contour  dentelé,  est  réticulée  dans  sa  partie  supérieure;  ce  tissu  réticulé 
se  continue  avec  la  base  de  la  corne  supérieure  qui,  énorme,  et  à  contours  dentelés  aussi, 
est  réticulée  dans  toute  son  étendue,  et  se  confond  avec  le  processus  médian  supérieur  par  les 
mailles  de  son  réseau.  Du  pourtour  de  la  masse  grise  qui  forme  les  cornes  inférieures  et  les  cornes 
supérieures,  partent  de  lins  prolongements  qui  se  dirigent  en  s'anastomosant  vers  la  surface  de 
la  moelle.  Par  suite  de  la  présence  de  ces  derniers,  la  substance  blanche  se  trouve  décom- 
posée en  faisceaux  de  volume  inégal.  Chez  les  Squales,  la  corne  inférieure  est  très  développée, 
rétrécie  <à  sa  base  et  élargie  en  forme  de  massue  à  contours  dentelés  ;  sa  direction  est  un  peu  diffé- 
rente de  ce  qu'elle  est  chez  les  Poissons  osseux;  au  lieu  de  s'étendre  vers  le  lieu  d'émergence  des 
racines  inférieures,  elle  se  porte  transversalement  suivant  l'axe  horizontal.  La  corne  supérieure 
est  allongée,  étroite,  à  contours  dentelés;  du  sommet  de  ces  dentelures  partent  des  prolongements 
de  substance  grise  qui  se  portent,  les  uns  en  dehors,  les  autres  en  dedans,  vers  le  prolongement 
gris  médian  très  étroit  :  il  en  résulte,  entre  ce  dernier  et  la  corne  supérieure,  un  tissu  réticulé  à 
mailles  allongées  d'avant  en  arrière.  Du  pourtour  de  la  substance  grise  se  détachent  des  prolon- 
gements qui  se  dirigent  vers  la  surface  de  la  moelle. 

De  la  moelle  du  Petromyzon.  —  La  moelle  du  Pelromyzon  fluviatllis  à  l'état  frais  se  montre 
incolore  et  transparente.  Cet  aspect  provient  de  l'absence  de  moelle  nerveuse  ordinaire  aux  autres 
Vertébrés  dans  les  fibres  longitudinales  qui  circonscrivent  la  masse  grise.  La  question  de  savoir 
si  entre  le  cylindre  d'axe  et  la  gaine  conjonctive  qui  le  renferme,  il  n'existe  point  une  substance 
analogue  à  la  myéline,  reste  incertaine.  Il  n'y  a  point  de  fissure  longitudinale  inférieure  ni  de  fis- 
sure longitudinale  supérieure  chez  la  Lamproie.  A  la  place  des  fissures  des  fibres  conjonctives 
partant  de  la  substance  grise  qui  entoure  le  canal  central,  la  moelle  se  partage  en  deux  moitiés. 
La  configuration  de  la  substance  grise  répond  en  quelque  sorte  à  celle  de  la  moelle  prise  en 
totalité;  sur  une  coupe  transversale,  leurs  contours  sont  à  peu  près  parallèles.  C'est  donc  là  une 
différence  qui  distingue  d'une  manière  frappante  la  moelle  de  la  Lamproie  de  celle  des  autres 
Vertébrés.  La  substance  grise  représente  un  ruban  aplati,  ayant  une  épaisseur  plus  grande  dans 
sa  portion  moyenne,  celle  qui  environne  le  canal  central  vers  l'extrémité  de  ses  deux  moitiés  ; 
c'est  dans  l'intervalle  de  ces  deux  parties  qu'elle  est  le  plus  mince.  Du  milieu  de  la  substance 
grise  s'étend,  jusqu'à  la  face  inférieure  de  la  moelle,  un  large  prolongement  qui  forme,  au-des- 


STllUCTUUE  DES  CENTRES  NERVEUX  CHEZ  LES   POISSONS  OSSEUX.  103 

souri  du  canal  central,  une  cloison  entre  ï^cs  deux  nioilics.  Le  canal  ceiilral  uHie  dan.>  le  milieu  un 
orifice  arrondi  ou  ovalaire,  dont  le  grand  diamètre  est  vertical  ;  vers  l'extrémité  antérieure  et 
postérieure,  l'orifice  devient  circulaire  ;  il  est  toujours  situé  plus  près  de  la  face  inférieure  que  de 
la  face  supérieure  de  la  moelle.  Cette  difïérence  de  situation  est  surtout  évidente  dans  la  partie 
postérieure  de  la  moelle.  Dans  le  canal  central  se  trouve  constamment  un  cordon  (|ui  offro  une 
grande  ressemblance  avec  un  cylindre  d'axe. 


RECHERCHES    RELATIVES    A    LA   STRUCTURE    INTIME     DES     CENTRES     NERVEUX 

CHEZ    LES    POISSONS  OSSEUX 

Parmi  les  résultats  auxquels  m'a  conduit  l'étude  du  système  nerveux  des  Mollusques  acéphales, 
il  en  est  un  qui,  entre  tous  les  autres,  a  frappé  le  plus  vivement  mon  attention  :  je  veux  parler  de 
la  réductibilité  complète  du  tissu  ganglionnaire  en  un  tissu  de  cellules  toutes  pourvues  de  pro- 
longements et  unies  entre  elles  par  une  faible  quantité  de  tissu  conjonctif.  Partant  de  ce 
fait  établi  sur  des  données  bien  positives  et  guidé  par  l'analogie,  je  me  suis  demandé  si  la  matière 
grise  des  centres  nerveux  des  Animaux  vertébrés,  elle  aussi,  ne  serait  point  complètement  réduc- 
tible en  un  tissu  de  fibres  et  de  cellules;  en  d'autres  termes,  si  la  matière  fondamentale  granu- 
leuse admise  par  les  auteurs  existe  réellement,  ou  plutôt  si  elle  n'est  poinl  un  de  ces  produits 
mal  déterminés  qui  ne  doivent  leur  existence  qu'à  l'impossibilité  où  l'on  s'est  trouvé  jusqu'à 
présent  d'en  pénétrer  suffisamment  la  structure.  Dans  le  but  de  vérifier  cette  hypothèse,  j'ai 
résolu  d'abord  de  faire  quehiues  recherches  sur  l'encéphale  des  Poissons,  persuada  que  si  mes 
prévisions  venaient  à  se  réaliser  pour  un  seul  type,  une  induction  légitime  permettrait  d'étendre  les 
résultats  obtenus  à  tout  l'embranchement  des  Vertébrés.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  pi'cmièrcs  in- 
vestigations que  je  me  propose  de  faire  connaître  aujourd'hui. 

Pour  des  motifs  que  j'exposerai  plus  loin,  j'ai  cru  devoir  commencer  par  l'étude  de  la  struc- 
ture des  lobes  antérieurs:  les  types  qui  ont  servi  à  mes  observations  sont  l'Épinoche  et  la  Carpe. 
Pénétré  des  avantages  de  la  marche  analytique  que  j'avais  suivie  dans  mes  recherches  sur  le  système 
nerveux  des  Acéphales,  j'ai  cru  devoir  procéder  ici  de  la  même  façon  ;  j'ai  donc  étudié  le  tissu  céré- 
bral dans  re:iu  pure  d'al)ord,  ensuite  après  macération  dans  l'acide  azotique.  Les  grossissements 
employés  ont  été  les  objectifs  à  immersion  9  et  il  de  Hartnack  avec  l'oculaire  3. 

Tmii,  des  lobes  antérieurs  de  l'Epinoche  étudié  dans  l'eau  ordinaire  ou  distillée.  —  Supposons 
un  fragment  des  lobes  antérieurs  d'une  Épinoche  détaché  aussitôt  après  la  mort  et  porté  sous 
le  microscope  pour  y  être  examiné  dans  une  goutte  d'eau  pure;  si  l'on  vient  à  com|)rimer 
ce  fragment  entre  deux  verres,  son  tissu  peu  résistant  s'étale  en  couche  d'une  faible  épaisseur. 
L'impression  fournie  parce  tissu  est  celle  d'une  matière  granuleuse  à  peu  i)rès  amorphe,  au  scinde 
laquelle  on  distingue  en  assez  grand  nombre  des  vaisseaux  sanguins  remplis  de  globules  et  des  fibres 
pâles  d'une  très  grande  finesse,  lesquelles  paraissent  être  de  nalui'c  nerveuse.  En  divers  piMiii>  de  la 
préparation,  on  aperçoit  des  noyaux  de  cellules,  mais  rii'ii  autre  chose,  du  reste,  qui  décèle  Fexi- 


104  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

stence  de  globules  ganglionnaires  distincts.  Ces  premiers  résultats,  comme  nous  le  voyons,  sont  assez 
peu  instructifs. 

Si,  au  lieu  d'examiner  le  tissu  cérébral  aussitôt  après  la  mort,  on  a  soin  d'abord  de  le  laisser 
séjourner  dans  de  l'eau  pendant  une  demi-heure,  une  heure  ou  davantage,  suivant  la  température, 
on  obtient  quelques  résultats  dont  il  importe  de  tenir  compte.  Par  l'effet  de  l'endosmose,  le  tissu 
nerveux  est  devenu  plus  pâle;  ses  éléments,  moins  intimement  unis,  offrent  une  certaine  tendance 
à  se  dissocier,  et  lorsqu'un  fragmentde  ce  tissu  a  été  déchiré,  soit  à  l'aide  d'aiguilles,  soit  au  moyeu 
d'une  compression  méthodique,  il  n'est  point  rare  de  rencontrer  dans  le  liquide  de  la  préparation 
des  globules  glanglionnaires  bien  conservés  et  pourvus  d'un  ou  de  plusieurs  prolongements  d'une 
certaine  étendue.  Chacun  de  ces  globules  est  composé  d'une  petite  masse  de  protoplasma  granuleux 
dépourvue  d'enveloppe  propre,  c'est-à-dire  de  membrane  de  cellule,  et  possédant  à  l'intérieur  un 
noyau  volumineux.  Quand  on  réfléchit  sur  le  mode  de  constitution  de  ce  globule,  une  question  se 
pose  tout  naturellement  à  l'esprit;  à  savoir  :  si  des  organites  de  cette  nature  et  à  limite  aussi  peu 
tranchée  ne  pourraient  point,  par  le  seul  fait  de  l'écrasement  et  en  se  fusionnant  entre  eux,  contri- 
buer, en  partie,  du  moins,  à  la  production  de  cet  élément  mal  connu,  désigné  sous  le  nom  de  ma- 
tière granuleuse.  La  réponse  à  cette  question  n'est  point  facile  à  donner  d'une  manière  immédiate, 
mais  il  est  un  fait  pourtant  qui  peut  déjà  nous  fournir  à  ce  sujet  d'utiles  indications,  je  veux  parler 
du  mode  de  répartition  des  noyaux  dans  le  tissu  cérébral.  Ici,  l'action  de  l'eau  offre  des'  avantages 
très  marqués  ;  ayant  pour  effet  d'augmenter  la  transparence  des  tissus,  elle  rend  les  noyaux  beau- 
coup plus  apparents  et  elle  permet  de  les  distinguer  à  une  certaine  profondeur  au  sein  de  la  ma- 
tière granuleuse.  On  peut  donc  constater  que  ces  organes  sont  en  nombre  immense  ;  sur  certains 
points  ils  sont  tellement  rapprochés  qu'ils  se  touchent  presque;  sur  d'autres,  ils  sont  plus  espacés, 
mais  encore  très  abondants  ;  enfin,  dans  quelques  endroits  de  la  préparation  où  ils  deviennent  plus 
rares,  il  est  toujours  possible  d'en  découvrir  quelques-uns  dans  l'épaisseur  de  la  matière  granu- 
leuse. 

On  comprendra  aisément  pourquoi  j'insiste  sur  cette  particularité.  Pour  moi,  ce  que  certains 
auteurs  appellent  des  noyaux  libres  au  sein  de  la  matière  fondamentale  granuleuse  n'existe  point. 
Chaque  noyau  fait  toujours  partie  intégrante  d'un  globule  ganglionnaire,  et  comme  tel,  son  exi- 
stence implique  celle  de  ce  dernier;  elle  suffit  à  elle  seule  pour  la  faire  reconnaître.  Lorsque  sur 
quelque  point  de  la  préparation,  on  aperçoit  une  multitude  de  noyaux  très  rapprochés,  on  peut 
donc,  même  en  l'absence  de  tout  indice  de  séparation  des  globules  ganglionnaires,  en  conclure  que 
là  aussi,  il  existe  une  multitude  de  ces  globules  en  nombre  égal  à  celui  des  noyaux.  Bien  plus,  on 
arrive  à  cette  conviction,  que  sur  ces  mémos  points,  le  tissu  cérébral  doit  être  composé  exclusivement 
de  globules  ganglionnaires,  et  que  la  matière  interposée  entre  les  globules,  si  elle  existe,  doit  se 
trouver  réduite  à  des  proportions  extrêmement  minimes. 

Ces  quelques  mots  auront  suffi,  je  pense,  pour  faire  comprendre  tout  l'intérêt  qui  s'attache  à 
l'étude  des  noyaux  dont  je  vais  m'occuper  à  présent. 

Parmi  les  noyaux,  les  uns,  comme  nous  l'avons  vu,  se  montrent  dans  l'intérieur  de  globules 
ganglionnaires  isolés  ;  d'autres  sont  enfouis  au  sein  de  la  matière  granuleuse  ;  un  grand  nombre 
flottent  à  l'état  de  liberté  dans  le  liquide  de  la  préparation.  Ce  grand  nombre  de  noyaux  libres,  soit 
dit  en  passant,  est  déjà  pour  nous  un  indice  d'une  certaine  valeur;  il  pourrait  suffire  à  prouver  que 


STIIUCTURE  DES  CENTRES   NEItVEUX  CHEZ  LES  l'OISSONS  OSSEUX.  105 

la  matière  dont  se  coin|)osent  les  globules  gani,'lioiiiiaires  est  clouée  d'un  degré  de  cohésion  bien 
peu  considérable,  puiscju'une  inullitude  de  ces  globules  se  déchirent  par  le  travers  avec  plus  de 
facilité  qu'ils  ne  s'isolent  les  uns  des  autres.  On  pourrait  on  conclure  avec  non  moins  do  certitude 
que  l'adhérence  des  globidos  entre  eux  doit  être  très  intime. 

Le  diamètre  des  noyaux  est  extrêmement  variable.  Los  plus  gros  d'entre  eux  atteignent  jusqu'à 
0,009  et  0,01  de  millimètre;  ils  sont  assez  rares.  Ceux  de  dimension  moyenne  ont  généralement 
deO,OOô  ;i0,00G.Lesplus  petits  dépassentàpeine0,002.  Entre  cette  limite  inlërieureet  la  limite  supé- 
rieure d'abord  indiquée,  il  est  possible,  du  reste,  de  rencontrer  tous  les  degrés  intermédiaires.  Sur  ces 
noyaux  de  diverses  grandeurs,  il  est  toujours  facile  de  constater  la  présence  d'une  membrane  d'enve- 
loppe, laquelle  est  accusée  par  l'existence  d'un  double  contour  très  net.  Chaque  noyau,  par  consé- 
quent, doit  être  considéré  comme  une  vésicule  à  paroi  propre,  dans  l'intérieur  de  laquelle  se  trouve 
renfermé  un  liquide  transparent  et  très  finement  granuleux.  Cette  vésicule  est  constamment  pourvue 
d'un  nucléole  au  moins,  quelquefois  de  deux  ou  de  trois.  Le  nucléole  est  toujours  très  petit  (0,001  de 
millimètre  environ)  ;  il  semble  appliqué  contre  la  paroi  de  la  vésicule,  et  il  réfracte  très  fortement 
la  lumière.  Cette  réfringence  se  trouve  indiquée  par  ce  fait  (jue  le  nucléole  paraît  tantôt  très  clair, 
tantôt  très  foncé,  selon  ses  distances  respectives  par  rapport  au  foyer. 

Un  fait  important,  mais  qui  ne  peut  être  établi  dans  toute  son  évidence  qu'après  l'emploi  des 
réactifs,  ressort  ici  déjà  de  l'examen  de  quelques  globules  ganglionnaires  isolés  que  l'on  rencontre 
dans  un  état  de  conservation  suffisant  :  je  veux  parler  des  rapports  de  grandeur  existant  entre  le 
diamètre  du  noyau  et  celui  du  globule  ganglionnaire  auquel  il  appartient.  Le  noyau  est  toujours 
très  volumineux  relativement  au  globule  ganglionnaire  dont  il  fait  partie;  ordinairement,  son  dia- 
mètre est  égal  ou  à  peu  près  à  celui  de  ce  globule,  de  telle  sorte,  que  d'après  le.  volume  seul  des 
noyaux  on  peut  préjuger  déjà  de  celui  des  globules  ganglionnaires.  Or,  comme  d'après  l'étude  que 
nous  avons  faite  des  noyaux,  nous  savons  à  présent  que  ces  organites  sont  susceptibles  d'offrir  les 
dimensions  les  plus  variées,  que  les  plus  petits  d'entre  eux,  par  exemple,  peuvent,  sous  le  rapport 
du  volume,  rester  bien  inférieurs  aux  noyaux  de  la  couche  centrale  du  cervelet,  il  nous  sera  permis 
de  conclure  que  les  globules  ganglionnaires,  eux  aussi,  doivent  présenter  les  dilYérences  les  plus 
extrêmes  dans  leurs  dimensions,  ceciui,  du  reste,  sera  démontré  plus  loin  d'une  façon  directe. 

Comme  conséquence  de  ces  relations  établies  entre  le  volume  des  noyaux  et  celui  des  globules 
ganglionnaires,  je  puis  ajouter  que,  d'après  le  mode  de  répartition  des  noyaux  dans  l'intérieur 
d'une  préparation  (jui  comprend  toute  l'étendue  de  l'un  des  lobes  antérieurs,  il  est  permis  d'établir 
avec  certitude  ijue  les  globules  de  diverses  grandeurs  ne  se  trouvent  point  distribue»  absolument  au 
hasard  dans  l'intérieur  de  la  substance  cérébrale.  Sur  certains  points,  on  aperçoit  une  multitude  de 
très  petits  noyaux,  à  peu  près  régulièrement  espacés,  tous  d'égal  volume  ou  peu  s'en  faut;  sur 
d'autres  points,  on  rencontre  des  noyaux  plus  gros,  mais  beaucoup  moins  abondants  et  d'un  volume 
moins  uniforme  ;  il  est  quelques  endroits  enfin  où  les  noyaux  paraissent  assez  rares.  Il  serait  fort 
intéressant  d'avoir  une  notion  un  peu  exacte  sur  le  mode  de  répartition  de  tous  ces  noyaux;  c'est  là 
malheureusement  une  (jucstion  (jue  le  temps  ne  m'a  point  permis  d'approfondir  (l). 

(1)  Sur  une  préparation,  j'ai  vu  un  noyau  ijui  mesurait  (l'""',00'l,  un  autre  0""°,003.  Les  plus  |"lits  ilépassaient  à  peine 

0"-",00-2  ,  les  |)lus  (,'ros  altci;^naient  do  0""°,00'J  ;'i  0"'"',0I .  .Ii'  n'ai  jamais  vu  la  diiuoiision  de  0'""',0I  dépnss-  ■  m  mcim-  atteinte  très 

I  l 


loc,  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSOiNS. 

Tels  sont  dans  leur  ensemble  les  résultats  auxquels  peut  conduire  l'étude  du  tissu  des  lobes 
antérieurs  de  l'Épinoche.  Ces  résultats  peuvent  se  résumer  de  la  façon  suivante  :  Le  tissu  des 
lobes  antérieurs  renferme  une  multitude  de  globules  ganglionnaires  de  volume  très  inégal.  Ces 
globules  sont  unis  entre  eux  d'une  façon  très  intime;  ceux  que  l'on  rencontre  à  l'état  d'isolement 
se  montrent  en  général  pourvus  de  prolongements  polaires.  Tout  globule  ganglionnaire  est 
dépourvu  de  paroi  propre;  il  se  compose  d'une  masse  de  protoplasma  granuleux,  au  sein  duquel  se 
trouve  renfermé  un  noyau  très  volumineux,  pourvu  lui-même  d'un  ou  de  plusieurs  nucléoles.  Il 
paraît  exister  un  rapport  constant  entre  le  volume  du  noyau  et  celui  du  globule  ganglionnaire.  Le 
nombre  considérable  de  noyaux  et  leur  rapprochement  sur  certains  points  permet  de  concevoir  des 
doutes  au  sujet  d'une  substance  granuleuse  dite  fondamentale  et  regardée  comme  indépendante. 
Cette  prétendue  substance  offrant  le  même  aspect  que  la  matière  granuleuse  qui  constitue  les 
globules  ganglionnaires  eux-mêmes,  il  est  certain  qu'elle  doit  provenir,  sinon  en  totalité,  du  moins 
en  très  grande  partie,  de  ces  globules  dont  les  limites  ou  bien  disparaissent  par  le  fait  de  l'écrase- 
ment on  bien  sont  trop  peu  tranchées  pour  être  distinctes.  Dans  l'épaisseur  de  la  substance  granu- 
leuse se  montrent  un  grand  nombre  de  vaisseaux  sanguins  et  des  fibres  nerveuses  d'une  extrême 
finesse.  Si  l'on  se  bornait  à  ces  premiers  résultats  obtenus  par  la  simple  action  de  l'eau,  bien  des 
faits  resteraient  encore  indécis  ;  il  nous  faut  donc,  pour  aller  plus  loin,  avoir  recours  à  d'autres 
procédés.  Ici  encore,  l'emploi  de  l'acide  azotique  nous  a  offert  de  remarquables  avantages.  Voici 
comment  j'opère  :  Je  prends  un  Poisson  vivant  et,  aussitôt  après  la  mort,  je  mets  à  nu  l'encéphale 
en  enlevant  la  voûte  du  crâne  ;  la  tête  ayant  été  ensuite  séparée  du  tronc,  je  la  plonge  dans  un 
mélange  d'eau  et  d'acide  azotique  (1  partie  d'acide  pour  4à  5  parties  d'eau)  pendant  un  jour,  deux 
jours  ou  davantage;  ce  temps  écoulé,  je  retire  la  préparation  de  la  liqueur  acide,  et  je  la  lave  av3C 
de  l'eau  pure,  afin  de  chasser  l'excès  d'acide.  J'extrais  l'un  des  lobes  antérieurs  que  je  dépose  sur 
une  lame  de  verre,  et  je  le  déchire  en  petits  fragments  au  moyen  d'aiguilles.  Quand  ce  lobe  a  été 
ainsi  divisé,  soit  dans  sa  totalité  s'il  est  très  petit  (Épinoche),  soit  en  partie  seulement  s'il  est  plus 
volumineux  (Carpe),  je  rassemble  tous  les  fragments  ainsi  obtenus  sur  le  milieu  de  la  plaque,  je  les 
humecte  avec  un  peu  d'eau  et  je  les  hache  avec  un  scalpel,  de  manière  à  les  réduire  en  parcelles 
aussi  ténues  que  possible.  Cette  opération  terminée,  on  ajoute  à  la  préparation  un  peu  de  glycérine, 
et  l'on  recouvre  le  tout  d'une  lame  de  verre  mince,  afin  de  procéder  à  l'examen  microscopique 
(objectifsà  immersion  9  et  il ,  et  oculaire3,  de  Hartnack).  Les  résultats  fournis  par  cet  examen  sont 
du  plus  haut  intérêt. 

Parmi  ces  parcelles  en  quantité  innombrable,  obtenues  comme  je  viens  de  l'indiquer,  il  en 
est  de  toutes  les  formes  et  de  toutes  les  dimensions  ;  il  est  donc  nécessaire,  afin  de  rencontrer  celles 
(jui  peuvent  servir  le  mieux  à  l'observation,  de  faire  voyager  la  préparation  en  tout  sens  dans  le 

exactement.  Les  dimensions  moyennes  sont  de  O^^.OOG  à  0"'"',006.  La  paroi  des  noyaux  offre  un  double  contour  r  le  contenu 
renferme  un  liquide  très  finement  granuleux,  et  la  matière  qui  les  entoure  est  formée  par  du  protoplasina  granuleux. 
Les  noyaux  ne  sont  pas  répartis  d'une  manière  uniforme  dans  la  substance  des  lobes  antérieurs  :  il  y  a  des  points  où  ils  sont 
comme  entassés  les  uns  sur  les  autres,  d'autres  où  ils  sont  plus  rares.  Sur  certains  points,  j'en  ai  trouvé  une  multitude  ressem- 
blant à  ceux  du  cervelet,  ayant  0'""',004  environ.  Ces  noyaux  sont  très  réfringents,  leur  cavité  intérieure  est  peu  apparente; 
beaucoup  sont  comme  échancrés  ou  coupés  sur  l'un  des  côtés,  de  manière  à  présenter  souvent  l'aspect  d'une  demi-lune.  On 
voit  en  rapport  avec  cette  ccliancrure  une  vésicule  transparente,  à  parois  d'une  minceur  extrême  et  qui  semble  être  une 
gouttelette  de  protoplasma.  Peut-être  ces  noyaux  crèvent-ils. 


STRUCTURE   DES  CENTRES  NERVEUX  CHEZ   LES  POISSONS  OSSEUX.  107 

champ  du  microscope.  Comme  le  succès  de  la  recherche  est  un  peu  subordonné  au  hasard,  je  re- 
commande très  vivement  de  ne  point  perdre  patience  et  surtout  de  ne  point  céder  à  une  première 
impression  de  doute  que  pourrait  (aire  naître  un  trop  rapide  examen.  Du  reste,  on  n'a  guère  à 
craindre  de  n'être  point  récompensé  de  ses  efforts,  car  au  milieu  de  la  variété  innombrable  de  par- 
ticules que  contient  la  préparation,  il  en  est  toujours  un  certain  nombre  qui  se  distinguent  par 
quelque  particularité  intéressante  (i). 

Je  passe  maintenant  à  l'exposé  des  laits  qu'il  m'a  été  donné  de  constater.  Dans  le  licjuidc  de  la 
préparation,  on  aperçoit  constamment  un  certain  nombre  de  globules  ganglionnaires  entièrement 
libres.  Ces  globules  offrent  un  contour  extérieur  généralement  net,  sont  dépourvus  de  membrane 
propre  et  renlermcnl  un  noyau  volumineux  dont  le  diami'lri!  égale  sonvcnL  celui  du  globide  lui- 
même.  Leur  forme  est  assez  variable  et  paraît  dépendre  du  nombre  des  prolongements  po- 
laires. Le  nombre  de  ces  derniers  étant  d'un,  de  deux  ou  de  trois,  les  globules  peuvent  affecter 
la  forme  de  poire,  de  fuseau  ou  de  triangle,  suivant  ces  dernières  circonstances.  Je  n'ai  pas  ren- 
contré de  globules  offrant  plus  de  trois  prolongements;  cependant  je  n'oserais  affirmer  (|iril  n'en 
existe  point  de  semblables,  mes  recherches  étant  restées  limitées  à  un  très  petit  nombre  de  prépa- 
rations. Les  dimensions  des  globules  ne  sont  pas  moins  sujettes  à  varier  que  leur  forme;  voici, 
à  titre  d'exemples,  quelques-unes  de  ces  dimensions  (jue  j'ai  recueillies  : 

.Milliniilrcs.  Millinn'lrcs.  Millimètres. 

Longueur.  .  .  .  0,008  Lui-jeur.  .  .  .  (I,0(IG  Noyau.  .  .  .  0,006 

—  0,01  —  0,006  —  0,006 
0,01  —  0,000  —  0,004 
0,016        —  0,009       —  0,008 

—  0,02         —  0,02        —  0,011 

Dans  quelques-uns  des  plus  gros  globules,  j'ai  constaté  une  coloration  jaunâtre  qui  m'a  paru 
occasionnée  par  du  pigment  disséminé  dans  le  protoplasma  granuleux  situé  en  dehors  du  noyau. 
Les  prolongements  polaires  sont  toujours  d'une  très  grande  finesse.  Pour  quelques-uns  des  glo- 
bules ci-dessus,  j'estime  leur  épaisseur  comme  ne  dépassant  pas  0""", 000^2  à  0,0003.  Ces  prolonge- 
ments m'ont  toujours  paru  indivis;  jamais  non  plus  je  ne  li!s  ai  vuss'iiuastomoser  enli-e  eux  {"2). 

Telles  sont  les  particularités  que  l'on  constate  sur  des  globules  ganglionnaires  isolés.  Les  faits 
qui  suivent  ont  trait  ;'i  deux  questions  de  la  plus  haute  iniporlauce,  savoir  :  les  rapporLs  dos  glo- 
bules ganglionnaires  entre  eux;  le  rapport  des  globules  ganglionnaires  avec  les  fibres  nerveuses. 

(1  )  Sur  une  préparation  iiyaiit  séjourné  vinyl-iiiialrc  heures  clans  Je  l'aciile  azoliciue  mélangé  à  de  l'eau  en  |]ro|iortion  quatre 
fois  plus  grande,  puis  vingt-quatrcheures  dans  le  mélange  suivant  :  eau,  200;  ammoniaque,  1  ;  glycérine,  5;  le  tissu  nerveux  ^sir 
ramollit  légèrement  et  jaunit.  Dans  les  lolies  antérieurs  liachi's,  on  voit  un  grand  nombre  de  eellules  séparées  et  libres,  surcerlains 
points  des  cellules  groupées  sans  matière  granuleuse  interposée,  ailleurs  de  la  matière  granuleuse  au  milieu  de  laquelle  se 
trouvent  plongées  des  cellules,  ailleurs  encore  des  morceaux  formés  de  matière  granuleuse  traversée  par  des  fibrilles  nerveuses. 

(i)  Une  autre  préparation  m'a  montré  de  très  petits  globules  ganglionnaires  ;  l'un  d'eu.v,  piriforme  et  pourvu  d'uu  prolon- 
gement, mesure  en  longueur,  à  partir  do  l'origine  du  prolongement,  0 ',008,  en  largeur  0""",00C>;'le  noyau,  très  gros  et  très 

net,  occupe  toute  la  largeur  de  la  eelluli!  ;  le  prolongement,  d'une  finesse  excessive,  est  à  peine  mesurable  ;  je  l'estime  de 
O"°,O002  à  (^'"'".OOOS.  Le  noyau  plus  clair  est  fiMemenl  granuleux.  Le  eontour  du  globule  est  très  net  et  son  contour  situé  en 
dehors  du  noyau  est  également  granuleux.  Je  trouve  une  cellule  tripohiire  qui  mesure  en  longueur  0""",01,  en  largeur 
O'^'^.OOô  avec  un  noyau  arrondi  de  0""",006  environ;  une  eellule  bipolaire  longue  de  (i""',OI,  large  de  0"'°,00B  avec  un  noyan 
de  0'"™,00i  ;  une  autre  cellule  bipolaire  mesurant  0™"',0U)   de  longueur,  (r""',001i  de  largeur  et  le  noyau  0'°'",008. 


108  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

a.  Rapport  des  globules  ffanr/lionn aires  entre  eux.  — Selon  Slieda(l)  (et  ici  la  figure  donnée 
par  l'auteur  vient  à  l'appui  du  texte),  les  globules  ganglionnaires  des  hémisphères,  ainsi  que  ceux  des 
lobes  inférieurs,  se  trouveraient  enchâssés,  en  nombre  phis  ou  moins  considérable,  au  sein  d'une 
matière  granuleuse  amorphe  qui  formerait  entre  eux  comme  une  sorte  de  ciment.  A  quel  point  ce 
résultat  est-il  l'expression  de  la  réalité?  Telle  est  la  question  qu'il  s'agit  pour  nous  d'examiner.  Le 
procédé  expérimental  que  j'ai  indiqué  ci-dessus  se  prête,  du  reste,  merveilleusement  à  cette  étude. 
Parmi  les  parcelles  de  tissu  disséminées  en  quantité  innombrable  dans  l'intérieur  de  la  préparation, 
il  en  est  ordinairement  quelques-unes  qui  représentent  des  coupes  d'une  minceur  extrême  :  sur 
plusieurs  de  ces  coupes,  j'ai  pu  constater  que  les  globules  ganglionnaires  se  touchent  immédiate- 
ment, sans  interposition  aucune  de  matière  granuleuse  étrangère.  Sur  l'une  d'elles,  dont  l'épaisseur 
ne  comprenait  qu'un  seul  plan  de  cellules,  on  voyait  les  globules  ganglionnaires  juxtaposés  comme 
des  cellules  d'épitliéliuin,  offrant  un  contour  polygonal  (résultat  d'une  pi'ession  réciproque)  et  pos- 
sédant chacun  un  beau  noyau  à  l'intérieur.  D'autres  particules,  sans  être  aussi  minces,  ne  sont  pas 
moins  instructives;  ce  sont  celles  dont  l'une  des  faces  est  taillée  en  biseau  très  obliquement.  Lors- 
que cette  face  oblique  est  tournée  convenablement  vers  l'observateur,  on  peut  voir  tous  les  noyaux 
des  globules  régulièrement  étages  les  uns  au-dessus  des  autres  comme  des  boulets  sur  l'une  des 
faces  d'une  pyramide.  Là  encore,  on  arrive  à  cette  conviction,  que  les  globules  se  touchent  directe- 
ment sans  interposition  de  substance  granuleuse.  Enfin,  certaines  parcelles  de  tissu  dont  les  bords 
sont  déchiquetés  peuvent  également  conduire  au  même  résultat  :  fréquemment,  on  voit  appendus 
le  long  de  ces  bords  de  petits  groupes  de  globules  qui  s'y  trouvent  fixés  par  leurs  prolongements.  Ces 
globules,  lorsqu'ils  sont  en  petit  nombre  et  si  l'on  fait  varier  la  position  du  foyer,  laissent  apercevoir 
chacun  leur  noyau  par  transparence,  ce  qui  permet  de  décider  avec  sulfisamment  de  certitude  des 
rapports  qu'ils  affectent  entre  eux.  Pour  être  vrai  en  tout  point,  il  convient  de  dire  cependant  qu'un 
assez  grand  nombre  de  particules  ne  donnent  guère  d'autre  sensation  que  celle  d'une  matière  gra- 
nuleuse plus  ou  moins  confuse.  Cet  aspect  vaguement  granuleux  peut  résulter  de  plusieurs  causes  : 
d'abord  de  l'épaisseur  des  particules  soumises  à  l'examen;  en  second  lieu,  du  mélange  intime  des 
fibres  nerveuses  et  du  tissu  conjonctif  avec  les  globules  ganglionnaires.  On  comprend  sans  peine  que 
des  globules  composés  d'un  protoplasma  granuleux,  dépourvus  d'enveloppe  propre  et  n'ayant  point 
de  limites  bien  accusées,  doivent,  en  se  superposant  en  couches  d'une  certaine  épaisseur,  faire  naître 
la  sensation  d'une  masse  granuleuse.  Les  noyaux  des  globules  étant  dans  ce  cas  le  seul  indice  capable 
de  révéler  la  présence  de  ces  derniers,  si  ces  noyaux  viennent  à  manquer,  ou  bien  s'ils  sont  peu 
apparents,  l'aspect  granuleux  s'ensuit  inévitablement. 

Quant  aux  fibres  nerveuses  et  au  tissu  conjonctif,  ayant  pour  effet  de  masquer  plus  ou  moins 
les  noyaux  elles  contours  des  globules  ganglionnaires,  leur  présence  contribue  évidemment  à  pro- 
duire dans  le  tissu  nerveux  cet  aspect  vague,  d'apparence  à  la  fuis  fibreuse  et  granuleuse,  que  l'on 
observe  sur  certains  points.  Ce  ne  sont  pas  là,  du  reste,  de  simples  hypothèses,  mais  des  faits  dont 
j'ai  pu  maintes  fois  m' assurer  directement  par  l'observation. 

Le  protoplasma  granuleux  ((ui  constitue  les  globules  ganglionnaires  s'étend  également  dans 

(I)  Studien  uber    das    cetilrale    Ncrvensystctn   drr    Knochenfische,    von   Doctor    I.udwig   Slieda.    mit    zwei    Tafeli!. 
I-eipzig,  18(i8. 


STUUCTUUK  UKS  CENTRES  NEIlYEUX  CHEZ  LES   POISSONS  OSSEUX.  109 

l'intérieur  des  fibres  nerveuses,  ce  qui  tend  aussi  à  augmenter  l'aspect  granuleux.  La  densité  du 
tissu  nerveux  paraît  s'accroître  avec  l'âge;  elle  n'est  point  la  même  pour  toutes  les  esiièces  ni  pour 
toutes  les  parties  de  l'encéphale.  Je  l'ai  trouvée  plus  marquée  chez  la  Carpe  que  chez  l'Epinoche,  et 
pour  le  premier  de  ces  deux  Poissons,  elle  m'a  semblé  plus  considérable  dans  le  tissu  du  lobule 
médian  de  la  moelle  allongée  que  dans  celui  des  lobes  antérieurs.  Je  pourrais  en  dire  autant  de 
l'abondance  du  tissu  conjonctil'.  FI  importe  donc,  au  plus  haut  point  comme  on  le  voit,  d'introduire 
beaucoup  de  variété  dans  les  observations. 

De  l'ensemble  des  faits  énoncés,  il  résulterait  i|iii'  la  structure  du  lobe  antérieur  serait  exacte- 
ment celle  d'un  ganglion  dont  les  éléments  extrêmement  nombreux,  mais  d'une  remar(|nable  peti- 
tesse, se  trouveraient  unis  entre  eux  de  la  façon  la  plus  intime.  Cette  structure  serait  entièrement 
comparable  à  celle  des  ganglions  des  Mollusques  acéphales. 

I).  Rapporl  des  globules  f/aufflionnaires  avec  les  fibres  nerveuses.  —  Bien  qu'il  soit  assez  difficile 
de  prouver  d'une  manière  directe  l'union  des  fibres  nerveuses  avec  les  globules  ganglionnaires, 
cette  union  cependant  ne  fait  pour  moi  l'objet  d'aucun  doute.  Dans  le  cours  de  mes  recherches,  j'ai 
eu  h  chaque  instant  l'occasion  de  rencontrer  des  globules  dont  les  prolongements  se  trouvaient  con- 
servés dans  une  étendue  plus  ou  moins  considérable;  constamment  j'ai  vu  ces  prolongements  offrir 
un  diamètreégal  à  celui  des  fibres  nerveuses  environnantes  ;  il  est  donc  plus  que  vraisemblable  qu'ils 
en  sont  la  continuation.  Je  ne  regarde  point  comme  impossible,  du  reste,  de  pouvoir  établir  directe- 
ment la  continuité  des  deux  ordres  d'éléments  dont  il  s'agit;  seulement  toutes  les  parties  du  sys- 
tème nerveux  ne  me  paraissent  pas  également  propres  à  fournir  la  solution  du  problème.  Il  en  est  ici 
absolument  comme  pour  les  ganglions  des  Acéphales.  Dans  la  portion  la  plus  extrême  de  l'hémi- 
sphère, les  globule  sganglionnaires  étant  très  abondants  et  les  fibres  nerveuses  étant  obligées,  pour 
parvenir  jusqu'à  eux,  de  suivre  un  trajet  très  compliqué  entre  les  globules  avoisinants,  le  rapport 
des  fibres  nerveuses  avec  les  globules  ne  me  parait  guère  pouvoir  être  établi  en  ce  point  avecquelque 
degré  de  certitude.  Vers  la  base  de  l'hémisphère,  au  contraire,  là  où  les  fibres  nerveuses  convergent 
pour  former  des  faisceaux  plus  ou  moins  volumineux,  constamment  on  trouve  mélangés  à  ces  fais- 
ceaux un  certain  nombre  de  globules  ganglionnaires  dont  les  prolongements  vont  se  perdre  an 
milieu  des  fibres  environnantes  ;  ces  prolongements  sont  évidemment  en  rapport  de  continuité  avec 
quelques-unes  de  ces  fibres.  D'autres  parties  du  système  nerveux,  où  l'on  trouve  des  fibres  mélan- 
gées en  grande  abondance  aux  globules  ganglionnaires,  me  paraissent  également  favorables  pour 
établir  les  rapports  de  ces  deux  éléments.  Tels  sont  on  particulier  le  lobule  médian  de  la  moelle 
allongée  des  Cyprins  et  les  lobes  du  pneumogastrique. 

Ce  que  je  viens  de  dire  de  la  structure  des  lobes  antérieurs  peut  s"applit|uer  égalenicnL  aux 
autres  parties  de  l'encéphale,  mais  avec  cette  remarque  que  les  globules  ganglioiniaires  alTectent 
dans  ces  divers  lobes  d(!s  différences  de  volume  considérables.  Dans  les  parois  du  lobe  optique  et 
dans  la  couche  centialc  du  cervelet,  les  globules  sont  pour  la  plupart  d'une  petitesse  extrême  et 
très  difficilement  isolables.  Beaucoup  de  ces  globules  se  trouvant  plus  ou  moins  confondus  entre 
eux  et  ne  pouvant  être  distingués  (|ne  par  leur  noyau,  ([uelques  histologistes  les  ont  considérés, 
mais  à  tort,  connne  de  simples  noyaux  libres. 

Pour  résumer  ce  qui  précède  sous  une  forme  plus  générale,  voici  maintenant  notre  ma- 
nière de  voir  relativenieiil  an  mode  de  structure  du  lobe  antérieiu-  d'un  Poisson.  Ce  lobe  se  con'pose 


HO  SYSTÈME  NERVEUX   DES  POISSONS. 

de  globules  nerveux,  de  fibres  nerveuses,  de  tissu  conjonctif  et  de  vaisseaux.  Les  fibres  sont  en  conli- 
nuité  directe  avec  les  prolongements  des  globules.  Le  tissu  conjonctif  forme  entre  les  fibres  et  les 
globules  une  trame  plus  ou  moins  résistante.  Dans  cette  trame  conjonctive  se  répandent  les  vais- 
seaux. Il  est  difficile  d'établir  avec  suffisamment  de  certitude  si  la  matière  granuleuse  est  une  sub- 
stance propre  ou  bien  seulement  une  dépendance  de  l'élément  nerveux  ou  conjonctif. 

Considéré  dans  son  ensemble  et  d'une  manière  générale,  chaque  lobe  se  trouve  constitué  abso- 
lument sur  le  même  plan  qu'un  ganglion  de  Mollusque,  d'Annelé  ou  de  Vertébré.  Entre  les  lobes 
antérieurs  d'une  Épinoche  et  l'une  des  paires  de  ganglions  d'une  Anodonte,  la  dilférence  de  volume 
est  à  peine  sensible  :  entre  ces  mêmes  lobes  et  l'une  des  paires  de  ganglions  d'un  Animal  articulé, 
l'analogie  de  structure  paraît  aussi  complète  que  possible.  Dans  l'Animal  articulé,  chacun  des  ren- 
flements de  la  chaîne  ventrale  est  formé  de  deux  ganglions  accolés;  chacun  de  ces  ganglions  simples 
se  compose  de  globules  ganglionnaires  et  défibres  nerveuses,  le  tout  cimenté  par  une  trame  de  tissu 
conjonctif  Les  fibres  nerveuses  émanées  des  globules  ganglionnaires  se  réunissent  en  faisceaux 
qui  se  portent  dans  trois  directions  principales  :  les  uns  vers  la  tète,  dans  les  connectifs  situés  en 
avant  du  ganglion;  les  autres  vers  la  queue,  dans  les  connectifs  situés  en  arrière;  les  troisièmes 
du  côté  opposé,  dans  la  commissure  transverse.  Même  disposition  pour  les  lobes  antérieurs  d'un 
Poisson,  qui  sont  au  nombre  de  deux.  Des  globules  ganglionnaires,  des  fibres  nerveuses,  du  tissu 
conjonctif  et  des  vaisseaux,  tels  sont  leurs  éléments.  De  chaque  lobe  émanent  également  trois 
ordres  de  faisceaux  :  les  uns  qui  se  dirigent  en  avant  et  vont  se  perdre  soit  dans  les  nerfs,  soit  dans 
les  tubercules  olfactifs  ;  les  seconds  qui  se  portent  en  arrière  dans  l'épaisseur  des  pédoncules'  céré- 
braux; les  troisièmes  qui  se  dirigent  transversalement  et  constituent  la  commissure  interlobulaire. 
Le  plan  de  composition  est,  comme  on  le  voit,  parfaitement  identique.  Peut-être,  d'après  ces  faits, 
n'est-ce  point  trop  présumer  d'admettre  qu'il  sera  possible  un  jour  de  ramener  complètement,  sous 
le  rapport  de  la  structure,  le  système  nerveux  des  Vertébrés  au  type  de  celui  des  Animaux  articulés. 

Structure  intime  du  lobe  optique  du  Brochet.  —  En  étudiant  la  voûte  du  lobe  optique  du  Brochet, 
on  trouvesur  une  coupe,  en  allant  de  dehors  en  dedans,  les  couches  suivantes  :  4"  la  pie-mère  avec 
ses  vaisseaux  ;  2"  une  mince  couche  de  substance  granuleuse  ;  3"  une  couche  assez  épaisse  de  fibres 
longitudinales  (fibres  longitudinales  externes);  4"  une  couche  épaisse  de  substance  granuleuse  dans 
laquelle  on  aperçoit  des  vaisseaux,  des  cellules  jaunâtres  et  des  fibres;  5"  une  couche  de  fibres 
longitudinales  ;  6"  une  couche  de  fibres  transversales  :  sur  une  coupe  antéro-postérieure,  ces  fibres 
se  montrent  comme  formant  des  petits  faisceaux  isolés  et  d'une  extrême  netteté,  disposés  sur  une 
ligne  parallèle  au  contour  du  lobe  optique  et  entourés  de  toute  part  par  la  matière  granuleuse  qui 
se  trouve  ainsi  mise  en  rapport  avec  la  septième  couche;  7"  une  couche  de  cellules  épaisses 
{e'pendyme)  :  cette  dernière  se  dislingue  aisément  du  reste  de  la  coupe  par  sa  couleur  plus 
claire  et  sa  composition  celluleuse;  on  voit  des  faisceaux  de  fibres  en  sortir  et  se  porter 
en  dehors  en  passant  entre  les  faisceaux  de  la  couche  de  fibres  transversales  pour  aller  se 
perdre  dans  la  couche  de  fibres  longitudinales;  quelques-uns  de  ces  faisceaux  m'ont  paru  se  pro- 
longer jusque  dans  la  quatrième  couche,  la  couche  granuleuse;  par  leur  direction, ils  mériteraient 
donc  le  nom  de  faisceaux  rayonnants  ou  excentriques  ;  leurs  fibres  marchent  parallèlement  en  décri- 
vant de  légères  sinuosités;  elles  sont  probablement  les  prolongements  des  cellules  de  l'épendyme; 


STIllI^TURK   DES  CKNTI'.KS   NEHVKLX  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  111 

8"  une  couche  épithélialc  composée  de  cellules  cylindriques  aifectant  la  forme  de  poires  ou  d'urnes  et 
offrant  h  l'intérieur  un  proloniçemcnt  qui  se  perd  au  milieu  des  cellules  de  l'épendyme.  Ce  prolon- 
gement est  formé  par  une  fibre  arrondie,  légèrement  sinueuse,  très  apparente  et  fortement  réfrin- 
gente :  peut-être  se  met-il  en  rapport  avec  les  prolongements  des  cellules  de  la  couche  épen- 
dymaire.  A  leur  surface  libre,  ces  cellules  portent  des  cils  vibratiles  très  longs  et  qui  forment  comme 
des  touffes  épaisses  sur  le  bord  de  la  coupe. 

Lorsqu'on  traite  par  le  carminate  d'ammoniaque  une  mince  coupe  de  la  voiite  optique  durcie 
par  le  liquide  salin,  on  aperçoit  çà  et  là  dans  la  couche  de  substance  granuleuse  de  petites  cellules 
colorées  en  rose  et  quelques  vaisseaux.  Sur  la  môme  préparation,  les  cellules  de  la  septième  couche 
(zone  épendymaire)  se  colorent  d'un  rose  vif  et  se  montrent  comme  cellules  distinctes.  La  ligne  de 
séparation  entre  cette  couche  celluleuse  et  la  couche  grise  sous-jacente  est  alors  parfaitement  tran- 
chée, la  matière  granuleuse  se  montrant  d'un  rose  pâle.  Les  vaisseaux  abondants  dans  le  voisinage 
de  la  sixième  couche  et  de  la  pie-mère  extérieure  serpentent  aussi  à  travers  les  cellules  de  l'épen- 
dyme; un  certain  nombre  d'entre  eux  remontent  vers  la  couche  granuleuse  en  passant  à  travers  les 
faisceaux  de  fibres  transversales;  dans  leur  intérieur,  on  voit  les  globules  sanguins  parfaitement 
reconnaissables  avec  leur  noyau  arrondi  et  coloré  en  rose.  Sur  certains  points,  il  m'a  semblé  aper- 
cevoir des  cellules,  mais  il  est  fort  difficile  de  décider  si  l'on  a  afiiiire  à  une  coupe  de  vaisseaux  ou 
à  quelques  globules  sanguins.  Les  cellules  de  l'épendyme  sont  grandes  :  il  y  en  a  d'unipolaires,  de 
bipolaires  et  de  tripolaires.  Leurs  prolongements  polaires  sont  formés  par  un  filament  mince  et 
arrondi.  Entre  elles,  on  aperçoit  de  la  substance  intercellulaire  pâle.  Le  tissu  de  l'épendyme  est  du 
tissu  conjonctif.  Les  noyaux  arrondis  ou  ovalaires  sont  contenus  dans  l'épaisseur  de  faisceaux  pâles  ; 
d'autres  sont  environnés  d'une  matière  plus  condensée  qui  se  continue  avec  des  prolongements 
polaires  sous  forme  de  filaments.  Les  noyaux  se  colorent  en  rose  vif  par  le  carmin,  tandis  que  la 
substance  conjonctive  environnante  reste  incolore  ;  ils  ont  un  double  contour  très  net  et  renferment 
à  l'intérieur  de  grosses  granulations  foncées.  Leur  diamètre  est  de  0""", 01 3,  0"'"',01,  0""'',003;  par 
conséquent  ils  sont  de  dimensions  assez  variables:  en  moyenne  ils  ont  G"""', 01. 

J'ai  signalé  des  pinceaux  de  fibres  se  portant  de  la  couche  de  l'épendyme  entre  les  faisceaux  de 
fibres  transverses  pour  se  diriger  très  loin  dans  l'épaisseur  de  la  couche  granuleuse  (quatrième 
couche).  Ils  sont  le  plus  souvent  accompagnés  d'un  vaisseau  parfaitement  reconnaissable  aux 
globules  sanguins  qui  se  trouvent  dans  son  intérieur.  Ce  vaisseau  s'avance  très  loin  dans  l'épaisseur 
de  la  couche  granuleuse  dans  l'intérieur  de  laquelle  on  le  voit  se  ramifier. 

Dans  l'épaisseur  de  la  quatrième  couche  épaisse  granuleuse,  j'ai  aperçu  des  noyaux  ressemblant 
aux  noyaux  de  l'épendyme  :  ils  étaient  colores  en  rose  par  le  carmin.  Sur  une  coupe  Iransverse,  la 
matière  grise  de  cette  couche  était  traversée  par  une  multitude  de  vaisseaux  et,  dans  son  épaisseur, 
se  voyait  une  sorte  de  strialion  rayonnante  due  à  des  faisceaux  plus  obscurs  et  de  nature  douteuse. 
Sur  la  même  coupe,  le  bourrelet  interne  de  la  voûte  optique  était  formé  en  majeure  partie  par  le 
tissu  de  l'épendyme,  mais  il  m'a  semblé  voir  aussi  un  peu  de  matière  grise  à  la  partie  supérieure. 
Au  même  point  du  bourrelet,  j'ai  constaté  un  faisceau  de  fibres  transversales,  formant  commissure 
entre  les  deux  moitiés  du  lobe  optique.  Sur  cette  coupe,  j'ai  pu  observer  que  les  faisceaux  qui  cor- 
respondent à  la  coupe  longitudinale  interne,  acquièrent  plus  de  volume  à  mesure  que  l'on  s'élève 
vers  le  sommet  de  la  voûte,  c'est-à-dire  à  mesure  ([ue  l'on  se  rapproche  de  la  commissure  supé- 


112  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Heure.  Dans  le  voisinage  de  celte  commissure,  ils  prennent  un  développement  considérable  et,  sur 
la  coupe,  offrent  l'aspect  de  taches  obscures,  étendues  transversalement.  Au  niveau  du  sillon 
médian  de  la  voûte  optique,  le  tissu  conjonciif  forme  une  lame  qui  descend  jusqu'à  la  couche  des 
fibres  transversales.  Vers  le  voisinage  du  sillon  médian  supérieur,  les  vaisseaux  deviennent  plus 
nombreux,  et  pénètrent  de  la  pie-mère  dans  la  couche  granuleuse.  Sur  une  coupe  vue  à  un 
faible  grossissement,  ils  se  montrent  comme  des  stries  parallèles  obscures  et  m'ont  paru  accompa- 
gnés de  tissu  conjonctif.  Dans  le  sillon  médian  supérieur,  une  partie  des  vaisseaux  qui  parcourent 
l'espace  conjonctif  situé  entre  les  deux  lobes  s'unissent  avec  les  vaisseaux  correspondants  de  l'épen- 
dyme,  qui  est  lui-même  très  vasculaire  au  pourtour  du  bourrelet  intime  médian. 


OBSERVATIONS    SUR    LA    STRUCTURE    INTIME     DU    CERVELET    DES    POISSONS    OSSEUX 

Lorsqu'on  soumet  au  microscope  une  coupe  transversale  très  mince  du  cervelet  d'un  Pois- 
son, on  arrive  avec  un  peu  d'attention  h  distinguer  sur  cette  coupe  trois  zones  concentriques  d'élé- 
ments parfaitement  caractérisés  :  une  zone  externe  ou  corticale  de  peu  d'épaisseur;  une  zone 
centrale  d'une  étendue  considérable;  enfin,  entre  la  zone  centrale  et  la  zone  corticale,  une  zone  inter- 
médiaire ou  zone  moyenne  très  étroite.  Ces  résultats  se  trouvent  établis  non  seulement  par  mes 
propres  recherches,  mais  encore  parcelles  d'Owsjannikow,  de  Barteneiï',  et  par  les  recherches  plus 
récentes  de  Stieda  sur  le  système  nerveux  central  des  Poissons  osseux  (1). 

La  couche  corticale,  de  couleur  plus  pâle,  se  compose  d'un  mélange  de  substance  fondamen- 
tale granuleuse,  de  noyaux  et  de  fibres  nerveuses  fines  offrant  l'aspect  de  cylindres  de  l'axe.  La  zone 
centrale  est  formée  à  peu  près  exclusivement  de  noyaux  semblables  à  ceux  que  l'on  trouve  dissé- 
minés dans  la  couche  corticale,  ainsi  que  de  fibres  nerveuses.  La  zone  moyenne  consiste  en  un  amas 
de  grandes  cellules,  de  fibres,  de  substance  fondamentale  et  de  noyaux  mélangés.  C'est  sur  les 
cellules  de  cette  zone  moyenne  que  je  me  propose  d'appeler  ici  l'attention. 

D'après  Stieda,  ces  cellules  sont  la  plupai'l  fusiformes,  quelques-unes  arrondies  ou  piriformes 
avec  un  noyau  et  des  nucléoles  bien  apparents;  elles  sont  pourvues  d'un  ou  de  deux  prolongements 
toujours  indivis,  dont  l'un  pénètre  et  disparaît  dans  la  couche  corticale,  et  dont  l'autre  s'enfonce 
dans  la  couche  centrale.  A  ces  observations  de  Stieda,  je  dois  ajouter  que  jamais  je  n'ai  trouvé  de 
cellules  véritablement  unipolaires.  Lorsque  j'en  ai  rencontré  sous  cette  forme,  il  m'a  toujours  été 
facile  de  constater  qu'il  y  avait  eu  arrachement  de  l'un  des  filaments  polaires.  Toutes  les  cellules  que 
j'ai  pu  étudier  isolément  étaient  pourvues  de  deux  pôles;  ce  n'est  tout  à  fait  que  par  exception  que 
j'ai  cru  en  reconnaître  sur  lesquelles  il  semblait  avoir  existé  trois  pôles.  Ainsi  que  le  fait  remar- 
quer Stieda,  les  prolongements  de  ces  cellules  sont  toujours  indivis.  Mais  un  autre  fait  des  plus 
intéressants  dont  il  ne  parle  point  est  le  suivant  :  les  prolongements  qui  naissent  de  chacun  des 
pôles  ne  sont  point  identiques;  l'un  d'eux  est  très  fin  à  son  origine  et  ressemble  complètement  à  un 

(1)  Strtdicn  nbcr  das  centrale  Nervensystcm  (1er  Fische,  von  I)'  Lvulwig  Stieda,  Prosector  uiid  ausserordentlichem  l"ro- 
fessor  iii  Dorpal,  mil  zwei  Tafelii.  Leipzig,  1868. 


STRUCTURE  INTIME  DU  CERVELET   CHEZ   LES  POISSONS  OSSEUX.  113 

cylindre  de  l'axe;  l'autre  est  constamment  d'une  largeur  bien  supérieure  à  celle  du  premier  el 
semble  constitué  par  un  prolongement  de;  la  membrane  de  la  cellule.  Ces  dimensions  de  la  libre 
large  se  conservent  jusqu'à  une  certaine  distance  au  delà  de  la  cellule,  el  lorsque  cette  fibre  se 
trouve  rompue,  il  m'a  semblé  dans  certains  cas  voir  saillir  du  milieu  de  la  cassure  une  fibrille  qui 
pourrait  bien  être  un  cylindre  de  l'axe.  Ces  faits  ayant  été  constatés  par  moi  d'une  façon  constante 
sur  toutes  les  cellules  du  cervelet  du  Brochet  et  de  la  Carpe,  je  me  trouve  fondé  à  admettre  qu'il 
doit  en  être  de  même  pour  d'autres  Poissons  (1). 

Si  quelque  aiialomiste  tient  à  vérifier  mes  assertions,  je  l'engagerai  à  choisir  le  Brochet  de 
préférence  à  la  Carpe  comme  sujet  d'expérience.  La  préparation  est  fort  simple,  du  reste,  et  n'exige 
ni  beaucoup  d'adresse  ni  de  longs  tâtonnements  :  il  suffit  d'extraire  l'encéphale  immédiatement 
après  la  mort  et  de  le  laisser  macérer  de  dix  à  vingt  heures  dans  de  l'eau  pure  ;  après  ce  laps  de 
temps,  le  tissu  cérébral  offre  une  tendance  à  se  désagréger  et  ses  éléments  se  dissocient  avec  beau- 
coup plus  de  facilité  qu'à  l'état  frais;  si  l'on  détache  alors  un  fragment  du  cervelet  de  manière  à 
emporter  en  même  temps  une  portion  de  la  zone  moyenne,  en  l'écrasant  avec  précaution  entre  deux 
verres  sous  le  microscope,  on  verra  un  certain  nombre  des  grandes  cellules  de  la  zone  moyenne 
s'isoler  et  nager  dans  le  liquide  {'■2).  Il  sera  facile  de  constater  sur  ces  cellules  les  faits  énoncés  plus 
haut.  Peut-être  ne  sera-t-il  point  inutile  d'ajouter  que  l'emploi  de  grossissements  variés  est  ici 
indispensable.  Un  objectif  faible  (iOO  diamètres  environ)  servira  très  avantageusement  pour  re- 
chercher les  cellules  dans  l'intérieur  de  la  préparation;  un  objectif  d'une  puissance  beaucoup  plus 
grande  (500  à  600  diamètres)  devient  nécessaire  pour  en  étudier  convenablement  la  structure. 

En  ce  qui  concerne  la  structure  des  zones  centrale  et  corticale,  je  me  bornerai  aujourd'hui  à 
parler  de  ces  petits  corps  auxquels  certains  auteurs  donnent  le  nom  de  noymix.  Afin  de  ne  rien  laisser 
préjuger  sur  leur  nature  encore  mal  déterminée,  je  les  désignerai  par  cette  expression  :  corpuscules 
du  cervelet.  Ces  organites  arrondis,  dont  le  diamètre  est  environ  de  0''°,004  à  0""',006  et 
sont  tous  à  peu  près  égaux,  offrent  à  l'état  frais  un  aspect  assez  homogène;  quand  on  les  laisse  sé- 
journer quelque  temps  dans  de  l'eau  pure,  ils  présentent  les  caractères  de  petits  organes  vésiculeux, 
et  l'on  voit  apparaître  dans  leur  intérieur  un  certain  nombre  de  grosses  granulations  foncées.  Leur 
résistance  à  la  destruction  est  du  reste  très  considérable,  car  il  m'est  arrivé  de  les  retrouver  avec 
tous  leurs  caractères  après  plusieurs  jours  de  macération  dans  l'eau.  Étudiés  dans  du  sulfate  de 
soude,  leur  contour  est  transparent  et  homogène  ;  ils  sont  emprisonnés  dans  une  substance  fonda- 
mentale qui  est  alors  légèrement  visqueuse  et  élastique,  susceptible  de  s'étirer  en  fils.  La  couche 
de  ces  noyaux  est  formée  de  très  petites  cellules. 

Deux  questions  capitales  se  présentent  au  sujet  de  ces  corpuscules  du  cervelet  :  X"  Dans  quels 
rapports  se  trouvent-ils  relativement  aux  fibres  nerveuses?  2"  Sont-ils  des  éléments  nerveux  ou  bien 
seulement  des  éléments  de  tissu  conneclif?  Owsjannikowet  Stieda,  qui  l'un  et  l'autre  considèrent 
les  corpuscules  du  cervelet  comme  de  petits  corps  celluleux,  ne  sont  point  d'accord  relativement 
aux  connexions  à  admettre  entre  ces  organites  el  les  fibres  nerveuses.  Owsjannikow,  pour  qui  les 

(1  )  Sur  une  Kpinochc  ayant  macéré  un  ou  deux  jours  dans  un  mélange  d'acide  azotique  au  tiers,  puis  un  jour  dans  de  l'eau 
légèrement  acidulée,  j'ai  trouvé  un  grand  nombre  de  noyaux  du  cervelet  avec  des  prolongements  polaires  se  continuant  avec 
les  cylindres  de  l'axe  :  ces  cylindres,  très  résistants,  sortent  comme  des  cheveux  sur  les  lijnites  des  fragments  de  tissu  haché. 

(i)  PI.  X,  fig.  10. 

t5 


lU  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSUNS. 

corpuscules  sont  de  petites  cellules  nerveuses,  constate,  comme  d'autres  savants,  peur  le  cer- 
velet des  Vertébrés  supérieurs,  un  rapport  de  ces  cellules  avec  les  fibres  nerveuses  pourvues  de 
moelle,  par  l'intermédiaire  de  très  fins  prolongements;  d'autre  part,  Stieda  déclare  qu'il  n'a  jamais 
pu  saisir  de  rapports  entre  les  corpuscules  et  les  fibres  nerveuses.  Dans  un  travail  de  date  déjà 
ancienne  (i),  j'ai  émis  d'abord  une  opinion  conforme  à  celle  d'Owsjannikow,  et  regardé  les 
corpuscules  du  cervelet  comme  de  petites  cellules  multipolaires.  Une  étude  plus  approfondie 
de  la  question  m'a  conduit  depuis  lors  à  abandonner  ma  première  manière  de  voir;  je  consi- 
dère à  présent  ces  corpuscules  comme  des  organites  indépendants  des  fibres  nerveuses.  Assez 
souvent,  il  est  vrai,  il  m'est  arrivé  de  voir  se  détacher,  de  la  surface  des  corpuscules,  un  ou 
deux  prolongements  d'une  extrême  finesse;  mais  en  analysant  ces  rapports,  j'ai  acquis  la  convic- 
tion que  les  filaments  que  j'avais  sous  les  yeux,  au  lieu  d'être  des  fibres  nerveuses,  n'étaient 
autre  chose  que  des  filaments  artificiellement  formés  par  l'étiremenl  de  la  substance  fonda- 
mentale ou  connective  légèrement  visqueuse  interposée  entre  les  corpuscules.  Il  est  facile  de 
s'assurer  du  fait  en  examinant  sous  un  très  fort  grossissement  un  fragment  de  cervelet  écrasé  dans 
quelques  gouttes  d'une  solution  de  sulfate  de  soude.  Entre  les  îlots  formés  par  les  amas  de  corpus- 
cules et  de  substance  fondamentale  mélangée,  on  voit,  en  pressant  légèrement  sur  le  couvre-objet, 
s'établir  de  petits  courants  rapides  tendant  à  entraîner  les  particules  qui  se  trouvent  sur  leurs 
bords.  En  suivant  ce  phénomène  avec  attention,  on  voit  fréquemment  des  corpuscules  détachés  des 
bords  et  emportés  par  le  courant  s'arrêter  tout  à  coup,  retenus  par  une  bride  mince  de  substance 
connective;  sous  l'influence  de  la  traction  exercée  par  le  courant,  cette  bride  peut  s'étirer  en  un 
filament  qui  tantôt  s'allonge  et  se  rompt  brusquement,  tantôt  résiste  et  persiste  sous  forme  de  fibre 
d'une  minceur  extrême  à  laquelle  le  corpuscule  reste  appendu;  lorsque  le  repos  s'est  établi,  cette 
fibre  artificiellement  formée  peut  être  prise  très  aisément  pour  une  fibre  nerveuse  d'une  grande 
finesse,  dont  elle  offre  du  reste  tout  à  fait  les  caractères.  Si  Owsjannikow  a  pu  apercevoir  des  fibres 
en  rapport  avec  les  corpuscules,  je  suis  porté  à  croire  que  ce  qu'il  a  vu  n'est  pas  autre  chose  que  des 
filaments  de  cette  nature  formés  par  l'étirement  de  la  matière  connective.  Mon  opinion  actuelle  est 
que  les  fibres  nerveuses  et  les  corpuscules  du  cervelet  constituent  des  éléments  anatomiquement 
indépendants. 

Je  passe  maintenant  à  la  seconde  question  :  les  corpuscules  du  cervelet  sont-ils  ou  non  des 
éléments  nerveux?  De  ce  fait  que  les  corpuscules  du  cervelet  ne  sont  point  en  rapport  immédiat 
avec  les  fibres  nerveuses,  faut-il  conclure  que  ces  organites  n'appartiennent  point  au  tissu  nerveux? 
Non,  assurément;  car  jusqu'à  présent,  rien  n'établit  avec  certitude  que  tout  élément  nerveux  doive 
contracter  nécessairement  des  rapports  avec  une  fibre  nerveuse  (2).  Mais,  d'autre  part,  on  peut 
aussi  se  demander  si  ces  corpuscules  ne  seraient  point  des  noyaux  appartenant  au  tissu  connectif. 
L'argument  qui  me  paraît  avoir  le  plus  de  poids  contre  l'hypothèse  qui  tendrait  à  considérer  les  cor- 
puscules du  cervelet  comme  une  dépendance  du  tissu  connectif  est  le  suivant  :  pris  dans  leur  en- 
semble, les  corpuscules  du  cervelet  constituent  la  moitié  au  moins,  peut-être  môme  les  trois  quarts 

(U  Eecherches  sur  Vanatomic  comparée  de  l'encéphale  des  Poissons  {Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de 
Strasbourg,  1869). 

(2)  L'existence  indubitable  de  cellules  apolaires  dans  les  centres  nerveux  de  certains  Invertébrés  (Lombric  terrestre, 
Sangsue)  est  une  preuve  du  contraire. 


STRUCTURE   INTIME   I»F,   LA    MOELLI-,  CHEZ   LES   POISSONS   OSSEUX.  115 

de  la  totalité  de  cet  organe;  or,  il  semble  assez  difficile  d'admettre  dans  un  centre  nerveux,  et  en 
proportion  si  considérable,  l'existence  d'une  substance  étrangère  à  l'élément  nerveux.  Cet  argument 
n'est  point  sans  réplique  cependant.  Un  fait  non  moins  bien  établi  est  l'extrême  vascularité  de  la 
substance  grise;  il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  comprimer  légèrement  entre  deux  verres,  un 
cerveau  frais  d'Épinoclie  et  de  l'examiner  sous  un  grossissement  de  100  diamètres  environ  ;  on 
apercevra  dans  l'intérieur  de  la  substance  du  cervelet,  mais  surtout  dans  celle  des  lobes  antérieurs, 
un  réseau  vasculaire  d'une  richesse  extrême;  les  éléments  de  ce  réseau  doivent  sans  aucun  doute 
être  entourés  d'une  certaine  quantité  de  substance  connective.  A  dire  vrai  cependant,  la  multiplicité 
de  ces  vaisseaux  ne  me  paraît  point  encore  suffisante  pour  expliquer  l'extrême  abondance  des  cor- 
puscules du  cervelet.  Un  fait  de  plus  de  poids  à  mes  yeux,  sinon  contre  la  nature  nerveuse  des 
corpuscules,  du  moins  contre  l'hypothèse  de  leur  union  avec  les  fibres  nerveuses,  est  le  volume  rela- 
tivement faible  des  faisceaux  de  substance  blanche  qui  émanent  du  cervelet.  Si,  comme  le  prétend 
Owsjannikow,  chaque  corpuscule  se  trouvait  en  rapport  par  ses  prolongements  avec  une  fibre  à 
moelle,  le  nombre  incalculable  de  ces  corpuscules  devrait  fournir  une  masse  de  substance  blanche 
beaucoup  plus  considérable  qu'elle  ne  l'est  en  réalité.  La  question,  comme  on  le  voit,  attend  encore 
une  solution.  Une  étude  plus  complète  du  développement  embryonnaire  serait  sans  doute  la  meil- 
leure voie  à  suivre  pour  apporter  dans  le  débat  quelque  lumière  (1). 

Canal  et  cavité  centrale  du  cervelet  du  Brochet.  —  Sur  une  coupe  transversale  faite  dans  le 
voisinage  de  la  base  du  cervelet  du  Brochet,  on  aperçoit  très  bien  à  la  loupe  vers  le  centre  de  la 
coupe,  un  petit  canal  triangulaire  d'une  largeur  de  0"™,2  environ  ;  plus  près  de  la  base,  il  atteint 
environ  1/2  millimètre.  Il  est  entouré  par  du  tissu  cellulaire  conjonctif.  La  couche  de  cellules  super- 
ficielles qui  représente  la  couche  épithéliale  ne  se  distingue  pas  par  des  caractères  particuliers  des 
cellules  sous-jacentes  :  sur  certains  points,  j'ai  vu  ces  cellules  porter  des  cils  vibraliles  très  fins.  Sur 
un  Brochet  dont  le  cervelet  offrait  à  peu  près  .'3  millimètres  dans  son  diamètre  transversal,  la 
cavité  centrale  occupait  un  millimètre  au  moins,  c'est-à-dire  un  tiers  de  l'épaisseur  de  l'organe, 
et  paraissait  se  rétrécir  un  peu  vers  sa  base.  Elle  était  limitée  par  des  parois  ayant  aussi  près 
d'unmillimètre,  et  se  prolongeait  jusqu'à  un  millimètre  de  l'extrémité,  c'est-à-dire  que  l'épaisseur 
des  parois  restait  à  peu  près  partout  la  même. 


DE    LA    STRUCTURE     INTIME    DE    LA    MOELLE    CHEZ     LES    POISSONS    OSSEUX 

Di'  la  substance  blanche.  —  La  substance  blanche  qui  enveloppe  de  toutes  parts  la  substanc3 
grise  consiste  principalement  en  fibres  nerveuses  pourvues  de  moelle,  ou  tubes,  groupés  parallè- 
lement dans  les  mailles  du  tissu  connectif  qui  s'irradie  de  la  substance  grise  vers  la  pie-mère.  Sur 
une  coupe  longitudinale,  ces  fibres  ressemblent  à  de  petits  cylindres  parallèles  entre  eux,  ainsi  qu'à 
l'axe  de  la  moelle  :  sur  une  coupe  transversale,  elles  apparaissent  comme  une  multitude  de  petits 

(1)  J'ai  constaté  depuis  sur  le  ilrochct  que  roinim'iuc.  lobée  iirosente  une  sU'uctui-e  analogue  à  celle  du  cervelet.  Au- 
dessous  d'une  eouclie  corticale  de  substance  grise,  on  rencontre  une  zone  très  étroite  de  grandes  cellules  multipolaires  qui  fait 
suite  à  la  zone  de  même  nature  située  au-dessous  de  la  coucIie  corticale  du  cervelet. 


110  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

cercles  conligus  dont  le  centre  est  occupé  par  un  point  obscur  qui  correspond  au  cylindre  de  l'axe. 
Indépendamment  des  fibres  longitudinales,  on  aperçoit  sur  presque  toutes  les  coupes  transversales 
un  faisceau  de  fibres  nerveuses  transverses  qui  occupe  généralement  le  milieu  de  l'espace  compris 
entre  le  canal  central  et  la  surface  extérieure  de  la  moelle.  Ce  faisceau  se  prolonge  latéralement  et 
croise  la  corne  inférieure  dans  laquelle  il  se  perd  :  il  a  été  désigné  sous  le  nom  de  commissure 
accessoire  de  Maulhner  (commissure  transverse,  Slieda)  à  cause  de  sa  direction  ;  son  trajet  est  géné- 
ralement rectiligne;  cependant,  dans  la  Lote,  il  décrit  un  arc  à  convexité  supérieure.  Les  fibres 
parallèles  composent  la  presque  totalité  de  la  substance  blanche  ;  ce  n'est  guère  qu'au  niveau  de  la 
commissure  de  Mauthner,  et  au  point  de  pénétration  des  racines  supérieures  et  inférieures,  que  l'on 
aperçoit  un  certain  nombre  de  fibres  transverses  dont  l'axe  croise  plus  ou  moins  obliquement  celui 
des  fibres  longitudinales.  Il  est  facile  de  reconnaître  que  ces  tubes  ou  fibres  sont  d'un  calibre  très 
différent.  Les  fibres  situées  au-dessous  du  canal  central,  entre  les  racines  inférieures,  sont  les  plus 
grosses;  leur  diamètre  est  de  O^^.OSl  à  0"'°',026  ;  les  plus  fines  se  rencontrent  dans  le  voisinage  des 
cornes  supérieures.  Entre  toutes  les  fibres,  il  en  est  deux  qui,  par  leur  volume  considérable,  méritent 
une  mention  spéciale.  On  leur  a  donné  le  nom  de  fibres  de  Mauthner,  du  nom  de  celui  qui  les 
a  découvertes.  Chez  le  Brochet,  elles  ont  de  0°'°',05  à  0"™,06  de  diamètre  ;  on  en  aperçoit 
une  seule  de  chaque  côté  vers  le  point  d'origine  interne  de  la  corne  inférieure,  et  elles  se  por- 
tent d'arrière  en  avant,  parallèlement  au  canal  central.  Ces  fibres  n'ont  point  le  même  calibre 
dans  toute  leur  étendue;  elles  ne  commencent  qu'à  une  certaine  hauteur  de  la  moelle  (dans  sa 
ortion  moyenne)  ;  à  leur  naissance,  e  le  s  n'ont  guère  que  le  volume  des  tubes  nerveux  voisins,  mais, 
peu  à  peu,  à  mesure  qu'elles  progressent,  leur  diamètre  s'accroît  et  devient  très  supérieur  à 
celui  de  toutes  les  fibres  nerveuses  environnantes  dont  elles  se  distinguent  aisément  ;  elles  pénètrent 
ainsi  dans  la  moelle  allongée  pour  s'y  terminer.  La  composition  des  fibres  de  Mauthner  ressemble 
k  colle  des  autres  tubes  nerveux;  ces  fibres  offrent  également  au  centre  un  cylindre  de  l'axe  (1). 

De  la  substance  grise.  —  La  substance  grise  ne  présente  pas  le  même  aspect  dans  tous  les 
points  de  la  coupe  par  suite  des  variations  de  structure  de  la  substance  fondamentale  et  de  l'iné- 
gale répartition  des  éléments  nerveux,  cellules  et  fibres  nerveuses.  Elle  renferme  dans  son 
intérieur  des  vaisseaux  sanguins.  On  observe  aussi  de  légères  variations  d'un  type  à  un 
autre.  Dans  les  cornes  supérieures,  la  substance  fondamentale  paraît  finement  granuleuse  et  sur 
certains  points,  finement  striée;  çà  et  là  seulement,  on  y  distingue  avec  netteté  des  cellules  et  des 
fibres  nerveuses.  Dans  les  cornes  inférieures,  elle  est  fortement  striée  ;  autour  du  canal  central, 
dans  les  commissures  grises  supérieure  et  inférieure,  elle  paraît  diversement  réticulée.  Avant  d'a- 
border l'étude  des  éléments  nerveux,  je  parlerai  d'abord  des  fibres  radiaires.  Ces  fibres  sont 
brillantes,   droites  ou  faiblement  ondulées;  elles  naissent  du  pourtour  du  canal   central   et  là 

(1)  Les  analomistes,  qui  ont  étudié  les  fibres  de  Mauliiiicr,  ne  les  ont  décrites  que  d'après  des  observations  faites  sur  des 
séries  de  coupes  transversales  ;  voici  un  procédé  d'observation  que  j'ai  découvert  et  qui  permet  de  concevoir  une  idée  de  ces 
libres  en  quelques  instants.  Je  prends  une  Ablette  ou  un  Goujon,  j'ouvre  le  crâne  et  la  portion  supérieure  du  canal  racbidien, 
puis,  saisissant  l'encépbale  avec  des  pinces,  j'extrais  par  traction  la  moelle  de  son  canal  osseux,  en  portant  cette  moelle  sous  le 
microscope  et  en  l'aplatissant  entre  deux  verres  pour  l'examiner  à  un  grossissement  de  30,  40,  iOO  diamètres.  On  aperçoit 
par  transparence,  à  travers  le  tissu  de  la  moelle,  les  deux  fibres  de  Mauthner  dont  on  suit  le  parcours  complet.  Il  faut 
que  le  Poisson  soit  très  frais. 


STRUCTURE   INTIME  DE  LA  MOELLE  CHEZ  LES  POISSONS   OSSEUX.  117 

■  paraissent  enlror  en  connexion  avec  les  cellules  du  revêtement  épilhélial  dont  elles  seraient  par 
conséquent  des  prolongements.  Extérieurement,  chaque  fibre  se  fixe  à  la  pie-mère  au  moyen  d'un 
pédicule  fortement  élargi.  En  se  portant  de  dedans  en  dehors,  les  fibres  radiaires  marchent  tantôt 
isolément,  tantôt  groupées  en  faisceaux.  Dans  le  Barbeau,  on  les  voi.'  qui  traversent  les  cornes 
supérieures  réunies  on  faisceaux;  celles  des  portions  de  substance  grise  située  au-dessous  et  sur 
les  côtés  du  canal  central  s'avancent  au  contraire,  isolément  et  en  ligne  droite,  vers  l'extérieur. 

Le  trajet  de  ces  fibres  n'est  pas  toujours  rectiligne;chez  laLole,  où  elles  sont  très  développées, 
on  les  voit  décrire  pendant  leur  parcours  à  travers  les  cornes  supérieures  et  inférieures  des  arcs 
plus  ou  moins  prononcés;  parfois  même  elles  s'entre-croisent.  M.  Stieda  les  considère  comme  des 
fibres  de  tissu  connectif.  Du  moment  cependant  qu'il  est  reconnu  qu'elles  sont  des  prolongements 
des  cellules  de  la  couche  d'épithélium  qui  environne  le  canal  central,  ce  que  ce  savant  a  constaté 
lui-même,  et  qui  devient  tout  à  fait  évident  chez  les  Batraciens  (Triton,  Grenouille),  il  me  paraît 
difficile  d'admettre  cette  interprétation. 

En  outre  des  éléments  que  nous  venons  d'étudier,  la  substance  grise  renferme  des  cellules  ner- 
veuses. Celles-ci,  comme  toutes  les  cellules  nerveuses,  possèdent  un  noyau  volumineux  contenant 
lui-même  des  nucléoles  et  sont  munies  de  prolongements  en  nombre  variable.  Le  nombre  de  ces 
cellules  dans  la  substance  grise  est  très  considérable,  mais  comme  leur  volume  est  sujet  à  présenter 
des  différences  énormes,  il  en  résulte  que  les  plus  grosses  ont  seules  appelé  l'attention  ;  ce  sont 
ces  dernières  que  les  anatomistes  ont  décrites  et  dont  ils  ont  formé  des  groupes  auxquels  ils  ont 
attaché  un  nom  particulier.  Occupons-nous  donc  du  mode  de  répartition  des  cellules  dans  la 
substance  grise. 

Les  cellules  peuvent  occuper  toutes  les  portions  delà  substance  grise;  on  les  voit  néanmoins 
prédominer  sur  certains  points  qui  sont  le  pourtour  du  canal  central,  les  cornes  supérieures  et  infé- 
rieures mous  nommerons,  avec  Stieda,  groupe  central  {cellules  nerveuses  intérieures  de  Reissncr)  les 
cellules  situées  de  chaque  côté  au  voisinage  du  canal  central;  groupe  des  cornes  inférieures  (cellules 
extérieures  de  Reissner,  groupe  latéral  ou  périphérique  de  Stieda)  ;  groupe  des  cornes  supérieures, 
celles  qui  occupent  ces  deux  régions.  Cette  répartition  des  cellules  en  groupes  distincts  n'est  pas 
toujours  nettement  exprimée  et  l'on  voit  souvent  des  cellules  éparses  établir  la  liaison  d'un  groupe 
k  l'autre.  Inutile  de  dire  que  sur  une  coupe  longitudinale,  les  différents  groupes  cellulaires 
observés  sur  une  coupe  transversale  donneraient  naissance  à  des  rangées  longitudinales  de 
colonnes  de  cellules. 

Le  nombre  dos  cellules  nerveuses  observées  sur  une  coupe  transversale  est  très  variable  suivant 
l'espèi'o  de  Poisson  et  suivant  la  région  do  la  moelle;  chez  tous  les  Poissons  osseux,  le  nombre  do 
cellules  appartenant  à  la  portion  antérieure  est  plus  élevé  que  celui  appartenant  à  la  portion  posté- 
rieure. 

Les  cellules  les  plus  volumineuses  sont  celles  du  groupe  central;  elles  ne  sont  cependant 
pas  toutes  de  même  dimension  ;  il  y  en  a  de  plus  petites  mélangées  aux  plus  grosses,  mais  elles 
sont  relativement  rares.  Les  cellules  du  groupe  latéral  sont  de  toutes  grosseurs;  celles  du  groupe 
des  cornes  supérieures  sont  moins  nombreuses  et  plus  petites  que  celles  des  deux  autres  groupes. 

La  forme  des  cellules  est  très  variable  et  dépend  du  nombre  de  leurs  prolongements. 
La  direction  des  piolongements,  très  variable  aussi,  peut,  ainsi  que  leur  nombre,  être  obtenue  au 


118  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

moyen  de  coupes  transversales,  longitudinales  et  obliques  combinées  et  interprétées.  En  exami- 
nant chez  le  Brochet  sur  une  coupe  transversale,  dans  du  liquide  salin,  les  cellules  du  groupe 
central,  j'en  ai  vu  plusieurs  pourvues  de  deux  pôles  très  nets,  l'un  dirigé  en  dehors,  l'autre  en 
dedans,  et  en  rapport   avec   des   prolongements    dont  l'un  se  portait  de   dedans  en   dehors 
et  pénétrait  dans   les  faisceaux  conjonctifs  rayonnants  de  la  substance  grise  vers  la  périphérie, 
s'amincissant  et  se  perdant  dans  l'épaisseur  des  fibrilles  conjonctives  et  se  mettant  probablement 
en  rapport  avec  les   fibres  blanches  des  faisceaux  latéraux  ;  l'autre  descendait  vers  la  corne 
inférieure.   J'ai  vu  plusieurs   cellules  semblables  l'une   près   de   l'autre  (1),    Sur  une    autre 
coupe,  des  cellules  m'ont  offert  nettement  trois  pôles  avec  des  prolongements,  l'un  se  portant 
en  bas  vers  la  corne  inférieure,  un  autre  en  haut  et  le  troisième  en  dehors.  Les  cellules  du  groupe 
des  cornes  inférieures  envoient  des  prolongements  dans  différentes  directions  :  j'en  ai  vu  une  de 
la  partie  supérieure  qui  en  émettait  vers  le  haut  et  en  dehors  dans  l'épaisseur  des  faisceaux  con- 
jonctifs; une  autre  en  présentait  deux  se  dirigeant  vers  le  bas  et  en  dehors,  h  peu  près  dans  la 
direction  de  la  racine  antérieure.  M.  Stieda  en  a  observé  en  ayant  au  moins  quatre.  Une  prépa- 
ration m'a  montré  des  cellules  avec  trois  pôles.  Quant  aux  petites  cellules  du  groupe  des  cornes 
supérieures,  elles  ont  un  aspect  fusiforme,  triangulaire  ou  arrondi,  des  prolongements  courts  et 
très  fins. 

En  outre  des  cellules  nerveuses,  on  trouve  dans  la  substance  grise  des  fibres  médullaires  isolées 
ou  réunies  en  petit  nombre;  on  voit  de  ces  fibres  au  bas  de  la  commissure  grise  inférieure  ;  quel- 
ques-unes d'entre  elles  proviennent  de  la  corne  inférieure  et  peuvent  être  suivies  jusqu'au  côté 
opposé.  11  peut  donc  se  faire  ainsi  immédiatement  au-dessous  du  canal  central  un  entre-croisement 
considérable  de  fibres  nerveuses  médullaires.  Sur  les  coupes  transversales  de  la  substance  grise,  on 
aperçoit  aussi  des  fibres  médullaires  coupées  en  travers;  ces  fibres  longitudinales  se  montrent  dans 
la  substance  grise  des  cornes  inférieures  en  plus  grande  abondance  que  partout  ailleurs;  elles  con- 
tribuent, par  conséquent,  à  effacer  en  ce  point  la  limite  entre  la  substance  grise  et  la  substance 
blanche. 

La  commissure  transverse  (commissure  de  substance  blanche),  qui  relie  l'une  à  l'autre  les 
deux  cornes  inférieures,  consiste  en  fibres  médullaires.  Cette  commissure  varie  d'épaisseur;  elle 
n'est  pas  visible  sur  chaque  coupe  transversale,  mais  elle  apparaît  ordinairement  en  même  temps 
que  les  racines  inférieures  des  nerfs  spinaux.  Une  coupe  longitudinale  verticale  permet  surtout  d'ap- 
précier nettement  ces  variations  d'épaisseur  de  la  commissure;  on  voit  alors,  entre  les  fibres  longi- 
tudinales, des  faisceaux  de  fibres  nerveuses  coupés  en  travers  et  placés  à  des  intervalles  déterminés. 
On  peut  suivre  latéralement  les  fibres  nerveuses  de  la  commissure  blanche  jusque  dans  les  cornes 
inférieures  où  elles  disparaissent;  une  partie  pénètre  dans  la  racine  inférieure.  Des  coupes  longitu- 
dinales et  horizontales  montrent  qu'il  existe  dans  la  commissure  un  entre-croisement  parfait  des 
fibres  nerveuses. 

Mauthner,  Owsjannikow  et  Stieda  ne  sont  point  d'accord  sur  l'origine  de  la  racine  inférieure. 
Nous  admettons,  avec  ce  dernier,  qu'elle  est  constituée  de  la  manière  suivante  :  une  partie  des  pro- 

(1)  Sur  une  coupe  traitée  par  l'acide  chromique,  on  aperçoit  parfaitement  les  surfaces  de  sections  des  tubes  nerveux;  on 
voit  aussi  que  les  faisceaux  conjonctifs  rayonnants  sont  formés  de  fibrilles  claires  et  réfringentes  ;  ces  faisceaux  se  continuent 
dans  l'intérieur  de  la  substance  grise. 


STRUCTURE   INTIME  DE  LA  MOELLE  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  119 

longcmcnts  des  cellules  du  groupe  latéral  auxquels  viennent  se  réunir  des  prolongements  des 
cellules  du  groupe  central  se  rassemblent  d'avant  en  arrière  vers  un  point  commun  pour  constituer 
un  premier  faisceau  ;  à  celui-ci  se  joignent  des  fibres  longitudinales  qui  proviennent  de  la  région 
située  sur  la  limite  inférieure  de  la  substance  grise  et  de  la  substance  blanche  et  qui  naissent  pro- 
bablement des  prolongements  longitudinaux  des  cellules  centrales;  enfin,  auxfaisceaux  précédents 
vient  encore  s'ajouter  un  faisceau  de  la  commissure  transverse  amenant  des  fibres  nerveuses  du 
côté  opposé. 

Les  cornes  supérieures  paraissent  finement  granuleuses,  çà  et  là  finement  striées.  On  y  aperçoit 
en  plus  ou  moins  grande  abondance  de  très  petites  cellules  nerveuses  fusiformcs  ou  triangulaires 
et  pourvues  de  minces  prolongements.  Dans  la  commissure  supérieure,  se  voit  le  plus  sou- 
vent un  entre-croisement  très  prononcé  de  fibres  et  parmi  elles  quelques  fibres  médullaires  (Stieda)  : 
ces  dernières  passent  transversalement  au-dessus  du  canal  central.  Sur  une  coupe  transversale, 
les  fibres  de  la  racine  supérieure  pénètrent  dans  la  moelle,  tantôt  réunies  en  un  seul  gros  faisceau, 
tantôt  en  en  formant  plusieurs  petits  ;  elles  se  dirigent  presque  transversalement  et  un  peu  vers  le 
bas,  de  manière  à  gagner  l'extrémité  de  la  corne  supérieure  où  elles  se  séparent  en  plusieurs 
petits  faisceaux  ;  elles  pénètrent  ainsi  dans  la  corne  supérieure  et  disparaissent  dans  l'épaisseur  de 
la  substance  grise.  Les  fibres  de  la  racine  supérieure  sont  beaucoup  plus  fines  que  celles  de  la 
racine  inférieure.  Une  coupe  longitudinale  horizontale  permet  en  outre  de  constater  qu'une  partie 
provient  directement  des  fibres  longitudinales  de  la  substance  blanche. 

Dit  canal  central.  —  L'ouverture  du  canal  central  est  généralement  arrondie,  parfois  aussi 
elliptique,  le  grand  axe  de  l'ellipse  dirigé  verticalement.  Sur  une  coupe,  les  contours  de  cette 
ouverture  se  montrent  très  nettement  délimités.  Autour  du  canal  central,  existe  une  couche  de  cel- 
lules, que  l'on  peut  considérer  comme  le  revêtement  épithélial  de  cette  cavité  intérieure.  Des  cel- 
lules, se  détachent  des  prolongements  déliés,  parfois  assez  longs,  qui,  en  se  joignant  h  d'autres  fibres, 
donnent  un  aspectslriéàla  substance  grise  qui  environne  le  canalcentral.Sur  quelques  points,  ordi- 
nairement vers  la  partie  supérieure,  la  couche  de  cellules  dont  nous  parlons  paraît  interrompue, 
et  du  canal  central  partent  des  fibres  brillantes,  à  contour  arrêté  {fibres  radiaires),  qui  se  diri- 
gent jusque  dans  les  prolongements  de  la  substance  grise.  Dans  l'intérieur  du  canal  central,  on 
aperçoit  d'une  façon  presque  constante  un  petit  cylindre  d'un  calibre  beaucoup  plus  étroit  et 
formé  d'une  matière  parfaitement  homogène.  Cette  particularité  fut  constatée  pour  la  première 
fois  par  Reissner,  sur  la  moelle  de  la  Lamproie,  et  confirmée  depuis  par  les  recherches  de  Kutschin, 
d'Owsjannikow  et  de  Slieda.  Kutschin  nommait  ce  cylindre  intérieur  :  filament  de  Reissner.  La  na- 
ture en  est  restée  douteuse;  il  est  plus  que  probable  cependant  qu'il  n'est  autre  chose  que  le  produit 
de  la  coagulation  du  liquide  du  canal  central.  Le  canal  central  s'élargit  d'une  façon  très  marquée 
en  approchant  du  quatrième  ventricule.  Chez  le  Brochet,  arrivé  à  une  distance  de  i  à  2  millimètres 
de  la  pointe  du  quatrième  ventricule,  il  devient  visible  à  l'œil  nu,  et,  sous  la  loupe,  il  alTecte  la 
forme  d'un  petit  orifice  elliptique  ayant  son  grand  diamètre  dirigé  verticalement.  En  ce  point,  on 
peut  étudier  aisément  l'épithélium  qui  se  montre  sous  l'aspect  de  cellules  allongées,  terminées 
à  leur  extrémité  périphérique  par  un  filament  qui  se  perd  dans  le  tissu  environnant.  11  m'a  semblé 


120  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

voir  des  cils  vibratiles  à  la  surface  de  quelques-unes  de  ces  cellules.  Le  tissu  qui  environne  le  canal 
central  est  formé  par  un  feutrage  de  fibres  et  de  petites  cellules  renfermant  un  gros  noyau;  on  y 
trouve  aussi  de  grosses  cellules  ganglionnaires. 


DE    LA    STRUCTURE    INTIME    DE   LA    MOELLE    CHEZ    LES    RAIES    ET    LES     SQUALES 

Dans  la  répartition  des  fibres  nerveuses  de  différents  calibres,  il  est  à  noter  qu'immédiatement 
au-dessus  de  la  portion  centrale  de  la  substance  grise,  des  deux  côtés  des  prolongements  moyen  et 
supérieur,  il  existe  un  gros  faisceau  assez  fort  de  fibres  nerveuses  longitudinales.  Ce  faisceau  est 
très  visible  chez  les  Raies,  particulièrement  chez  la  Raja  clavata.  Relativement  aux  fibres  ner- 
veuses, on  constate  de  remarquables  différences  entre  les  Raies  et  les  Squales  d'une  part  et  les 
Poissons  osseux  de  l'autre.  Tout  d'abord,  la  moelle  des  Raies  et  des  Squales  paraît  manquer  de  ces 
deux  fibres  nerveuses  colossales  (les  fibres  de  MaïUhner),  si  caractéristiques  chez  les  Poissons 
osseux.  En  cela,  ce  groupe  s'éloigne  des  Poissons  osseux  et  se  rapproche  des  autres  Vertébrés. 
Il  y  a  également  une  remarque  à  faire  au  sujet  de  la  commissure  transverse.  Chez  les  Poissons 
osseux,  un  très  petit  nombre  des  fibres  nerveuses  passe  d'un  côté  à  l'autre  immédiatement  au- 
dessous  du  canal  central  ;  la  plus  grande  partie  des  fibres  se  porte  d'une  corne  inférieure  à  l'autre. 
Chez  les  Squales,  pareille  commissure  manque  :  les  fibres  qui  passent  d'une  moitié  de  la  moelle 
dans  la  moitié  opposée  forment  immédiatement  un  croisement  au-dessous  du  canal  central.  Chez 
quelques  Raies,  la  Torpille  par  exemple,  il  existe  une  commissure  transverse  comme  chez  les 
Poissons  osseux.  Chez  d'autres  Raies  {Raja  clavata)  il  y  a  dans  la  position  et  dans  la  direction  de  la 
commissure  une  transition  entre  la  disposition  observée  chez  les  Raies  et  chez  les  Squales. 

Au  sujet  des  racines  inférieures,  il  n'y  a  rien  de  particulier  à  ajouter  à  ce  qui  a  été  dit  des  Poissons 
osseux. Les  racines  supérieures  seules  montrent  certaines  particularités.  Les  fibres  des  racines  ont  un 
calibre  d'un  volume  considérable,  O^'^OIS  de  diamètre;  le  cylindre  de  l'axe  a  0™'",006.  Ces  fibres 
sont  aussi  grosses  que  celles  des  racines  inférieures.  Chez  tous  les  autres  Vertébrés  que  j'ai  étudiés 
(peut-être  à  l'exception  seule  de  l'Amphioxus),  il  y  a  un  contraste  remarquable  entre  les  fibres  fines 
des  racines  supérieures  et  les  fibres  volumineuses  des  racines  inférieures.  Les  Raies  et  les  Squales 
ne  présentent  nullement  ce  contraste.  En  ce  qui  concerne  le  point  d'émergence  des  racines  de 
la  moelle,  il  est  à  remarquer  qu'il  existe  ici  quelques  différences  dans  les  Poissons  que  j'ai  étudiés. 
Dans  le  genre  Torpédo,  le  faisceau  bien  développé  de  la  racine  supérieure  émerge  à  une  distance 
assez  considérable  du  sillon  longitudinal  supérieur,  en  sorte  que  l'écartement  des  deux  racines  su- 
périeures est  plus  grand  que  celui  des  deux  racines  inférieures.  La  racine  dans  le  tissu  de  la  moelle 
suit  un  trajet  horizontal  à  travers  la  substance  blanche  jusqu'à  la  partie  supérieure  de  la  corne  su- 
périeure où  elle  semble  naître.  Chez  la  Raja  clavata,  au  contraire,  le  faisceau  radiculaire  qui  tra- 
verse la  substance  blanche,  abandonne  aussitôt  son  trajet  dans  un  plan  horizontal  et  se  courbe  pour 
descendre  obliquement,  presque  verticalement,  dans  la  corne  supérieure  où  le  faisceau  paraît 
prendre  origine.  Chez  les  Squales,  le  trajet  de  la  racine  supérieure  rappelle  celui  des  Poissons 
osseux;  cependant,  je  n'ai  jamais  vu  un  rayonnement  en  pinceau  des  fibres  radicules  dans  l'inté- 
rieur de  la  substance  grise,  mais  j'ai  remarqué  parfois  quelques  petits  fascicules  qui  s'enfoncent 


STRUCTURE  INTIME  DE  LA  MOEM.E  CHEZ  LES   HAIES  ET   LES  SQUALES.  I-2I 

en  une  direction  presque  verticale  dans  la  eorne  Mi|irrii'ine.  Quant  au  pai-couvs  nlli''iii'nr  des  ra- 
cines supérieures,  comme  on  voit  dans  les  coupes  transversales  que  les  faisceaux  radiculaires 
s'arrêtent  brusquement  et  ne  s'élaleiil  pas,  il  ('tail  à  prcsuincr  (|ui'  di'<  ((lupi'^  iDiiLiituiliiiales 
fourniraient  des  indications  sur  ce  parcours.  Je  ne  connais,  en  ellct,  aucun  autre  Vertébré  dans 
la  moelle  duquel  le  trajet  des  racines  supérieures  se  laisse  suivre  avec  autant  d'évidence  que 
chez  les  Raies  et  les  S([uales.  Par  l'exauicn  de  coupes  lioriznnlales  longitudinales  qui  coires- 
pondent  au  point  d'émergence  des  racines  supérieures,  un  recunnait  clairement  que  chacune 
de  celles-ci  se  constitue  par  deux  faisceaux  dont  l'un  se  dii'ige  en  arrière,  l'autre  en  avant,  pour  se 
joindre  aux  fibres  longitndinali's  de  la  snbstanc(\  blaiielic  An  |)()iiil  où  les  faisceaux  antérieur  et 
postérieur  se  réunissent  l'ini  à  l'antre,  il  l'xisle  un  croisement  des  fibres,  de  telle  sorte  que  le 
faisceau  antérieur  d'une  racine  et  le  faisceau  postérieur  d'une  autre  se  rencdiiiivni.  Ci's  fais- 
ceaux radiculaires  se  croisent  en  outre,  et  après  leur  inflexion  s'unissent  immédiatement  aux 
fibres  longitudinales  delà  substance  blanche  aussi  loin  que  celle-ci  se  trouve  dans  le  voisinage 
immédiat  des  cornes  supérieures  ou  qu'elle  traverse  la  corne  supérieure  et  la  substance  grise  ((ui 
la  compose.  Alors  les  fibres  d'origine  des  racines  ne  se  distinguent  plus  du  reste  des  fibres  longitu- 
dinales; aussi  n'est-il  pas  possible  de  suivre  plus  loin  les  faisceaux  radiculaires.  La  question 
de  savoir  comment  les  fibres  nerveuses  des  racines  supérieures  se  mettent  en  rapport  avec  les 
cellules  nerveuses  se  confond  avec  celle  de  savoir  comment  naissent  les  fibres  longitudinales  de  la 
substance  blanche.  D'après  mes  recherches,  les  fibres  longitudinales  entrent  eu  connexion  directe 
avec  les  cellides  nerveuses  de  la  substance  grise. 

.l'ai  dit  plus  haut  (pic  la  racine  en  remontant  à  partir  de  son  point  d'émergence  peut  être 
suivie  dans  un  plan  horizontal  en  avant  et  en  arrière.  Il  faut  ajouter  que  parfois,  chez  les  Squales, 
quelques  faisceaux  se  détachent  de  la  racine,  descendent  verticalement  dans  l'épaisseur  de  la  corne 
supérieure  et  disparaissent  dans  sa  profondeur.  Des  coupes  longitudinales  verticales  paraissent  les 
plus  convenables  pour  fournir  la  démonstration  de  ce  fait.  En  résumé,  chaque  racine  supérieure, 
après  avoir  traversé  la  substance  blanche  et  gagné  la  corne  supérieure,  se  partage  en  plusieurs 
faisceaux  dont  la  plus  grande  partie  se  porte  en  avant  et  en  arrière  dans  une  direction  horizon- 
tale et  la  plus  petite  partie  verticalement  dans  la  corne  supérieure. 

Relativement  à  la  substance  fondamentale  conjonctive  de  la  moelle  des  Raies  et  des  Squales, 
je  n'ai  rien  à  ajouter  de  particulier.  On  y  trouve  aussi  des  fibres  conjonctives  et  des  fibres  radiaires; 
la  structure  granuleuse  est  également  visible.  La  substance  grise  contient  des  cellules  ner- 
veuses de  plus  ou  moins  grande  dimension  :  les  grandes,  pai'  ]ouy  aspect,  rappellent  moins 
celles  des  Poissons  osseux  que  celles  de  la  Grenouille;  elles  sont  triangulaires  ou  fiisiformes  et 
se  trouvent  répandues  partout  dans  les  cornes  inférieures.  Chez  les  Squales,  on  constate  en  mitre 
de  plus  petites  cellules  dans  la  portion  centrale  de  la  substance  grise.  Chez  les  Raies,  les  cellules 
nerveuses  paraissent  être  extrêmement  délicates  ;  leur  proloplasma  est  presque  entièrement  homo- 
gène et  se  colore  très  faiblement,  de  telle  sorte  (|iie  sur  un  grand  nonduc  de  cdiipes,  un  ne 
peut  (pic  difficilement  en  reconnaître  les  contours.  Les  prolongements  des  cellules  sont  aussi 
difficilement  reconnaissables  (in  parfois  incinc  invisibles;  M.  Slieda  en  a  cependant  observé 
de  deux  à  ciiH|  sur  une  cellule.   Oiiaiil    à  une  ramificalioii   ipielconipie  des   prolougemenls,    il 

ne  se  prononce  pas  sur  ce  poinl.   Sur  nin'  coupe  loiigiliidiiialc    iioii/oiilaic,  on    voit  le   grand 

Ui 


122  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

axe  des  cellules  dirigé  verticalement  par  rapport  au  plan  médian,  par  conséquent  transversale- 
ment; chaque  cellide  offre  un  prolongement  se  portant  vers  le  milieu  et  un  autre  vers  la  périphérie. 

Moelle  de  la  Lamproie.  —  La  substance  grise  de  la  Lamproie  consiste  en  une  matière  fonda- 
mentale granulée  ou  striée  dans  Ia(|uelle,  abstraction  faite  de  l'épithélium  du  canal  central  et  des 
cylindres-axes,  on  distingue  plusieurs  espèces  de  cellules.  Les  plus  petites  se  trouvent  répandues 
partout  et  rappellent  parfaitement  par  leurs  caractères  optiques  les  corpuscules  du  tissu  conjonctif. 
Les  cellules  nerveuses,  toujours  de  remarquable  grosseur  et  le  plus  souvent  pourvues  de  plusieurs 
forts  prolongements,  se  distinguent  par  leur  structure  et  leur  disposition  en  trois  sortes  : 

i°  hua  grosses  cellules  nerveuses  internes  situées  près  de  la  ligne  médiane  au  bord  supérieur  de 
la  masse  grise  ayant  la  forme  de  sphères  aplaties;  elles  envoient  le  plus  souvent  en  avant  et  en 
arrière  des  prolongements  qui,  dans  la  suite  de  leur  parcours,  se  dirigent  un  peu  en  liant  et  en 
dehors.  Parfois  aussi,  il  existe  un  troisième  prolongement  qui  se  porte  directement  au  dehors.  Ces 
cellules  se  trouvent  dans  la  plus  grosse  portion  moyenne  de  la  moelle  avec  les  fibres  de  MïiUer, 
sans  cependant  contracter  avec  ces  dernières  aucune  connexion. 

2"  Les  grosses  cellules  externes  ayant  des  formes  très  variées,  le  plus  souvent  allongées,  sont 
situées  dans  la  portion  extérieure  de  la  substance  grise;  elles  émettent  plusieurs  prolongements, 
six  au  plus  sur  une  cellule.  Ces  prolongements  sont  les  cylindres-axes  des  fibres  qui  sortent 
de  la  moelle  comme  racines  inférieures,  forment  la  commissure  inférieure,  et  se  portent  comme 
fibres  radiaires  vers  l'extérieur. 

3"  Les  petites  cellules  nerveuses  ressemblent  aux  pi-écédentes  par  la  forme,  mais  leur  sont 
très  inférieures  en  volume.  Plus  claires,  moins  colorées  par  le  carmin,  elles  sont  situées  en 
partie  entre  les  grosses  cellules  nerveuses,  en  partie  sur  la  ligne  moyenne.  Leurs  prolongements 
beaucoup  plus  grêles,  se  dirigeant  vers  le  lieu  de  pénétration  de  la  racine  supérieure,  forment  les 
fibres  radiaires  de  la  commissure  postérieure. 

Outre  ces  cellules  nerveuses  de  la  substance  grise,  on  trouve  encore  d'autres  cellules  interpo- 
sées en  divers  endroits  des  fibres  longitudinales.  Les  plus  constantes  se  rencontrent  tantôt  près  du 
bord  externe  de  la  moelle  ou  entre  ce  bord  et  l'extrémité  externe  de  la  substance  grise;  elles  sont 
le  plus  souvent  dirigées  transversalement  et  envoient  leurs  prolongements  vers  l'intérieur  et  vers 
l'extérieur.  Ni  les  fibres  des  commissures  ni  les  fibres  des  racines  ne  gagnent  les  cellules  ner- 
veuses dans  une  direction  exactement  transversale. 

Les  fibres  longitudinales  présentent  des  différences  de  diamètre  des  plus  frappantes.  Les  plus 
grosses,  -à^^^dèt^  fibres  de  Millier ,  hnnaui  deux  groupes:  de  chaque  cùté  delà  moelle  un  pre- 
mier de  six  à  huit  fibres  situé  à  côté  du  prolongement  de  substance  grise  qui  s'étend  du  canal 
central  vers  la  face  inférieure  du  cordon  médullaire,  puis  un  second  placé  au-dessus  et  en  dehors 
de  l'extrémité  externe  de  la  substance  grise.  Relativement  aux  fibres  de  Millier  internes,  elles  se 
continuent  dans  toute  la  longueur  de  la  moelle,  mais  en  perdant  de  leur  diamètre  en  arrière; 
et,  abstraction  faite  des  extrémités  initiale  et  terminale,  elles  ne  contractent  aucune  connexion, 
soit  avec  les  cellules  nerveuses,  soit  avec  les  fibres  nerveuses.  Les  cylindres-axes  des  fibres  de  Millier 
se  montrent  comme  de  fortes  fibres  à  coupe  transversale  très  irrégulière,  fréquemment  aplaties, 
semi-lunaires  et  ne  remplissant  que  rarement  la  cavité  des  fibres. 


DE  L'AXK   N'KRVEUX  CKRKBRO-SPFNAL.  hi:! 


CONSIDERATIONS     GÉNÉRALES     SUR     L  AXE     NEUVKL'X     CE  II  ÉBRO- SI' 1  .N  A  1- 

Pour  bien  conipreiidn' l'axi;  cérébro-spinal,  il  csl  iiidispoiisaliii;  (!'■  rnivisaiii'r  à  un  |ioiiit  dr 
vue  général  et  pliilosophique.  Ce  point  de  vue,  nécessaire  dans  la  rechercln'.  ne  Fol  ])a>  moins  dans 
l'exposé  des  résultats  :  c'est  lui  i|ui  relie  les  faits  particuliers  et  les  coordonne.  Pour  se  faire  une 
idée  de  l'axe  nerveux,  il  faut  avoir  dcvanl  les  yeux  la  théorie  zoonitique  :  celle  des  répétitions 
et  celle  de  l'unité,  et  se  dire  que,  quelles  que  soient  les  différences  d'aspect  des  diverses  régions 
qu'il  présente,  ces  régions  sont  en  réalité  composées  d'après  un  même  plan  ;  la  moelle  épiniric,  la 
moelle  allongée,  le  cerveau  reproduisent  une  même  structure,  et,  dans  chacune  de  ces  parties, 
cluKjue  segment  correspondant  à  une  paire  nerveuse  répète  un  segment  voisin.  Les  variations  qui 
peuvent  survenir  sont  des  changements  qui  ne  portent  point  sur  le  fond;  telle  partie  est  susceptible 
d'offrir  un  excès  ou  un  arrêt  de  développement,  de  disparaîti-c  même  complètement  :  le  plan  n'en 
est  nullement  affecté. 

De  là  il  résulte  que  toute  étude  faite  sur  une  région  quelconque  de  l'axe  nerveux  sert  à  porter 
la  lumière  sur  les  autres,  ressource  immense  pour  l'observateur  qui  lui  permet  de  choisir  son  ter- 
l'ain  |K)nr  la  démonstration  de  tel  ou  tel  point  parliculiei'.  C'est  ainsi  que  le  bulbe,  en  lui  inon- 
Iranl  une  moelle  étalée,  lui  donne  la  possibilité  d'étudier  aisément  les  parties  qui  constituent 
les  parois  du  canal  central,  l'épithélium;  les  commissures  inférieures  qui  ne  sont  représentées 
dans  la  moelle  que  par  quelques  fibres  deviennent  ici  plus  ou  moins  fortes.  L'origine  de  certains  nerfs 
du  bulbe  (trijumeau),  eu  indiquant  nettement  la  direction  et  la  naissance  des  faisceaux,  facilite  la 
connaissance  des  nerfs  spinaux.  Le  bulbe  formant  la  transition  entre  la  moelle  et  l'encéphale  mérite 
une  attention  particulière  :  sa  structure  intime,  ses  nerfs  devront  être  l'objet  d'un  sérieux  examen, 
parce  qu'ils  préludent  aux  modifications  qui  vont  se  manifester  dans  le  cerveau.  L'encéphale 
représente  l'axe  nerveux  arrivé  à  son  maximum  d'expansion,  la  masse  grise  y  acquérant  surtout 
un  degré  considérable  de  développement,  mais,  malgré  ses  complications,  ses  caractères  devnmt 
être  comparés  à  ceux  de  la  moelle.  Toutes  ses  parties  ne  se  retruuvcni  pas  dans  celle-ci,  car  la 
comparaison  avec  les  autres  systèmes  enseigne  que  lorsqu'un  organe  arrive  à  son  développement 
complet,  tous  les  éléments  virtuels  de  la  forme  typique  peuvent  se  réaliser  en  lui  ;  mais  si  tous 
les  éléments  du  cerveau  ne  s'observent  pas  dans  la  moelle,  ceux  ipi'il  l'enfcrinc  seroni  du  muins 
en  accord  avec  ceux  que  renferme  la  moelle  elle-même 


DES    NERFS    CRANIENS    DES    POISSONS     OSSEUX 

Des  nerfs  ciliaircs.  —  (]hez  la  Perche,  il  existe  un  ganglion  ciliaire  situé  sur  le  côté  externe 
du  ni'rf  moteur  oculaire  commun  auquel  il  se  Irouve  rattaché  par  une  racine  extrêmement 
courte.    I>e   l'extrémité   antérieure  de   ce  ganglioii  |»ait   une   brauclu'  d'un  volume  assez  consi- 


iU  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

dérable.  Celte  branche  simple  est  un  nerf  cilia'ire  qui  pénètre  dans  la  sclérotique,  tout  près  de 
l'insertion  du  nerf  optique,  et  se  porte  jusqu'à  l'iris  dans  l'épaisseur  des  membranes  de  l'œil. 

Chez  la  Sphyrène  de  la  Méditerranée,  on  voit  un  gani^lion  ophtalmique  sur  le  côté  externe  de 
la  troisième  paire  qui  lui  fournil  une  courte  racine.  En  avant,  ce  ganglion  émet  un  nerfciliaire 
se  portant  au  côté  externe  du  nerf  optique  :  en  arrière,  il  reçoit  un  hlet  bien  net  et  bien  développé 
de  la  longue  branche  ciliaire  qui  pénètre  dans  le  globe  de  l'œil  entre  le  droit  supérieur  et  le  droit 
externe.  Celte  branche  ciliaire  se  porte  en  arrière,  vers  le  plexus  ganglionnaire  du  trijumeau.  En 
avant  de  celui-ci  se  trouve  un  renflement  ganglionnaire  considérable  d'où  part  un  fdet  très 
court  se  rendant  à  la  branche  ciliaire. 

Le  ganglion  ophtalmique  de  l'Épinoche  se  voit  très  nettement  avec  une  forte  loupe.  Il  est 
situé  sur  le  côté  externe  du  nerf  moteur  oculaire  commun  auquel  il  est  accolé  et  dont  il  reçoit  un 
faisceau  de  fibres.  De  son  extrémité  antérieure  naissent  deux  nerfs  ciliaires  d'inégal  volume  qui 
pénètrent  au  côté  externe  du  nerf  optique  et  dont  l'un  se  porte  en  dehors  au-dessous  de  la  cho- 
roïde. En  arrière,  le  ganglion  ophtalmique  reçoit  un  filet  extrêmement  grêle  venant  du  grand 
sympathique  :  ce  filet  se  continue  en  arrière  et  va  se  jeter  dans  un  très  petit  ganglion  allongé  situé 
en  dessous  du  trijumeau.  Pour  voir  ce  dernier  ganglion,  il  faut  couper  en  dessus,  tout  près  du 
cerveau,  les  racines  du  trijumeau,  et  le  rabattre  en  dehors.  Au  côté  externe  de  l'œil,  on  aperçoit 
un  long  nerf  ciliaire  qui  provient  sans  doute  du  trijumeau. 

Chez  la  Carpe,  il  existe  un  tronc  ciliaire  qui  naît  du  trijumeau  dans  l'angle  de  séparation  de 
l'ophtalmique  et  du  tronc  du  maxillaire,  au-dessous  du  renflement  ganglionnaire  du  plexus  du 
trijumeau.  Après  un  trajet  de  quelques  millimètres,  ce  tronc  ciliaire  se  partage  en  deux  branches: 
l'une  qui  se  porte  en  haut  et  en  avant  pour  pénétrer  dans  le  globe  de  l'œil,  entre  le  droit  externe  et 
le  droit  supérieur,  îi  peu  près  au  tiers  extérieur  de  la  distance  qui  sépare  l'entrée  du  nerf  optique  du 
bord  de  la  cornée;  l'autre  qui  se  dirige  obliquement  en  avant  et  en  dedans  dans  un  plan  à  peu 
près  horizontal  vers  le  côté  externe  du  nerf  nioteur  oculaire  commun.  En  approchant  de  ce  nerf, 
cette  dernière  branche  se  trouve  dans  du  tissu  cellulo-fibreux  assez  résistant  qui  en  rend  la  dissec- 
tion difficile;  néanmoins,  il  m'a  semblé  voir  quelques  filets  se  porter  vers  le  tronc  de  la  troisième 
paire.  Quoi  qu'il  en  soit,  un  peu  plus  loin,  on  voit  la  seconde  branche  s'accoler  intimement  avec  la 
branche  de  la  troisième  paire  qui  se  rend  au  muscle  droit  inférieur.  A  partir  de  là,  elle  se  porte 
en  avant  le  long  de  l'artère  ophtalmique  et  pénètre  dans  le  globe  oculaire  au  côté  externe 
du  nerf  optique.  Au  point  où  elle  s'accole  à  la  branche  du  droit  inférieur,  je  n'ai  pas  aperçu  de 
renflement  ganglionnaire,  mais  j'ai  vu  sous  le  microscope  les  fibres  du  nerf  interrompues  par  du 
tissu  jaunâtre  d'un  aspect  celluleux,  ce  qui  me  porte  à  croire  qu'il  pourrait  exister  là  des"cellules 
nerveuses. 

Le  Cyprinus  dobida  (Meunier)  présente  un  tronc  ciliaire  d'un  assez  fort  calibre  qui  naît  du 
trijumeau  dans  l'angle  de  séparation  des  branches  ophtalmique  et  maxillaire  supérieure.  Ce  tronc, 
après  un  court  trajet,  se  partage  en  deux  branches,  le  nerfciliaire  externe  et  deux  autres  filets  d'abord 
réunis,  ensuite  simplement  accolés.  Un  de  ces  filets  va  se  confondre  avec  le  nerfciliaire  provenant  de 
la  troisième  paire.  Je  n'ai  pas  aperçu  de  renflement  ganglionnaire  au  point  de  jonction  des  rameaux. 
En  tirant  sur  la  branche  anastomotique,  on  voit  les  fibres  s'écarter  à  l'extrémité  de  celles  de  la 
branche  interne,  ce  (|ui  indiquerait  qu'en  ce  point  il  n'existe  pas  de  globules  ganglionnaires. 


DES  .NERFS  CIlAiMEiNS  DES   POISSONS  OSSEUX.  1-25 

Chez  la  Brème,  j'ai  trouvé  un  neif  ciliairc  externe  comme  chez  le  Meunier.  Ce  nerf  dont 
rextréuiité  antérieure  se  trouve  entre  le  droit  supérieur  et  le  droit  externe,  naît  de  la  racine 
antérieure  du  trijumeau  au  point  de  son  entrée  dans  le  plexus  II  existe  cncoi'e  un  second  nerf 
ciliairc  (\m  pénètre  tout  près  du  nerf  oplirpic. 

Le  Nase  possède  un  nerf'ciliaire  qui  nail  du  plexus  ou  purliuu  yaniiliuunairc  du  Irijuiuuau  au 
delà  de  la  réunion  de  la  racine  antérieure  et  de  la  racine  postérieure.  Ce  nerf  ne  tarde  pas  à  se  par- 
tager en  deux  rameaux  don  I  Fini  supérieur  se  porte  en  haut  entre  le  droit  supérieur  et  le  droit 
externe  et  traverse  la  .sclérotique  à  peu  près  à  égale  distance  du  bord  de  la  cornée  et  de  l'origine  du 
nerf  opli(pie;  il  chemine  en  avant  au-dessous  de  la  sclérotique  jusqu'au  bord  extérieui'  de  l'irl-.  Le 
rameau  inférieur  est  plus  profond;  il  se  dirige  en  avant  un  peu  en  dehors  du  nerf  iipiii|ui'  et 
traverse  la  scléroticjue  eu  contact  avec  le  bord  externe  de  ce  nerf. 

Chez  le  Brochet,  il  existe  un  tronc  ciliaire  ([ui  provient  de  la  base  de  la  branche  opiitalmique 
et  qui  se  partage  presque  aussitôt  en  trois  fdets.  L'un  constitue  le  nerf  ciliaire  externe  (pii  liait  au 
côté  externe  du  nerf  moteur  oculaire  commun  (au  point  où  celui-ci  se  divise  en  plu.^ieurs 
branches),  se  porte  en  dehors  et  en  haut  et  pénètre  dans  l'œil  entre  le  droit  supérieur  et  le  droit 
externe.  Les  deux  autres  fdets  se  dirigent  contigus  l'un  à  l'autre  vers  la  troisième  paire,  rencontrant 
près  de  sa  naissance  une  grosse  branche  ciliaire  ({iii  provient  en  majeure  partie  de  cette  troisième 
paire  pour  pénéirer  dans  l'œil  Unit  près  du  iierl  optique.  Celte  branche  ciliaiie  simple  possède 
à  sa  base  un  très  léger  renflemeni  (|iii,  placé  sous  le  microscope,  m'a  offert  des  cellules  gan- 
glionnaires; on  peut  donc  considérer  ce  renflement  comme  un  ganglion  ciliaire,  malgré  le  peu  de 
volume  (pi'il  présente. 

Chez  l'Anguille,  l'œil  étant  très  petit,  ses  muscles  et  ses  nerfs  très  peu  développés  et  environnés 
d'un  tissu  cellulo-graisseux  en  rendent  la  dissection  difficile.  Il  existe  un  nerf  ciliaire  grêle  qui 
pénètre  dans  l'œil  un  peu  au-dessus  et  en  dehors  du  nerf  optique. 

Du  trijumeau.  —  Le  trijumeau  de  la  Carpe  est  très  volumineux  et  se  compose  des  branches 
suivantes (I)  : 

I"  La  branche  descendante  postérieure; 

2°  La  branche  maxillaire  inférieure; 

3°  La  branche  maxillaire  supérieure; 

4°  La  branche  ophtalmique; 

5°  La  branche  récurrente. 

i°  Branche  descendante  postérieure  du  trijumeau.  —  La  branche  que  je  nomme  ainsi  est  celle 
qui  a  été  désignée  sous  le  nom  de  branche  operculaire  par  Cuvier  et  Bùchner,  de  ramus  opcrcu- 
laris  par  Schlcmm  et  Midier,  de  nerims  fucialis  par  Rolando  et  Stannius.  Le  nom  de  branche  ou  de 
rameau  operculaire  i\\&  parait  peu  convenable,  parce  qu'une  portion  de  ce  nerf  seulement  se  rend 
à  l'opercule.  Celui  de  facial  me  semble  également  impropre,  puisijue  cette  branche  tire  presque 
en  totalité  son  origine  du  trijumeau. 


(1)  ('.liez  la  (îouvière,  le  trijumeau  est  très  |)clii. 


120  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Voici  comment  elle  se  comporte  chez  la  Carpe.  Elle  se  détache  de  la  partie  postérieure  du 
plexus  ganglionnaire  du  trijumeau  derrière  la  branche  maxillaire  inférieure.  Ses  origines  sont 
multiples.  Elle  présente  d'abord  une  petite  racinequinait  immédiatement  en  avant  du  nerf  acoustique 
et  qui  est  considérée  comme  appartenant  au  facial;  mais  cette  racine  ne  constitue  qu'une  très 
faible  partie  de  la  totalité  du  nerf  dont  les  autres  portions  viennent  du  trijumeau.  En  etTet,  dès  son 
origine,  la  branche  descendante  reçoit  un  faisceau  considérable  provenant  de  la  racine  posté- 
rieure du  trijumeau  qui  se  confond  intimement  avec  celui  du  facial  ;  elle  se  porte  alors  le  long 
du  bord  postérieur  du  plexlis.  Parvenue  vers  la  limite  de  celui-ci,  à  l'endroit  où  les  différentes 
branches  du  trijumeau  commencent  à  se  séparer,  elle  reçoit  par  son  bord  antérieur  une  branche 
volumineuse  presque  aussi  grosse  que  le  tronc  d'origine,  branche  qui  se  détache  surtout  de  la 
partie  du  plexus  qui  donne  naissance  au  nerf  maxillaire  inférieur.  Un  faisceau  qui  traverse  le 
plexus  ganglionnaire  provient  de  la  racine  antérieure  du  trijumeau  qui  se  confond  en  ce  point 
avec  le  plexus.  La  branche  descendante  postérieure  longe  en  restant  un  peu  en  dedans  le 
bord  antérieur  du  préopercule  :  en  traversant  le  muscle  releveur  de  l'arcade  palato-tympa- 
nique,  elle  émet  de  son  bord  antérieur  un  rameau  qui  se  distribue  dans  ce  muscle,  se  porte  en 
avant  et  en  dehors,  et  donne  lui-même  naissance  à  un  fdet  externe  très  grêle  qui  m'a  paru  se 
rendre  à  la  peau  recouvrant  l'extrémité  supérieure  du  préopercule. 

Le  rameau  operculaire,  qui  n'est  pas  le  nerf  operculaire  proprement  dit,  mais  une  branche 
operculaire  du  rameau  descendant,  se  détache  du  bord  postérieur  de  celui-ci  lorsqu'il  est  déjà 
profond,  à  peu  près  à  la  hauteur  de  l'extrémité  supérieure  du  préopercule  :  il  se  porte  ensuite 
en  dehors  et  en  arrière  vers  cette  dernière  partie  au-dessous  de  laquelle  il  passe.  A  partir  de  ce 
point,  il  se  réfléchit  directement  en  arrière  et  se  divise  en  deux  branches  dont  l'une  descend 
verticalement  sous  la  peau  de  l'opercule,  en  arrière  du  bord  postérieur  du  préopercule.  Un 
peu  avant  d'atteindre  la  limite  inférieure  de  l'opercule,  cette  branche  se  subdivise  en  deux 
fdets  dont  l'un  qui  semble  la  continuation  du  premier  se  porte  verticalement  dans  la  peau 
recouvrant  l'interopercule,  tandis  que  l'autre  se  dirige  obliquement  en  arrière  sur  la  limite 
de  l'opercule  et  du  sous-opercule  où  je  l'ai  vu  disparaître.  L'autre  branche  supérieure  longe 
horizontalement  le  bord  supérieur  de  l'opercule  et  se  distribue,  soit  à  la  peau  qui  recouvre 
sa  portion  supérieure,  soit  à  celle  qui  recouvre  ses  muscles  releveurs.  Au  point  où  elle  se 
termine,  elle  me  paraît  s'anastomoser  avec  des  fdets  du  rameau  operculaire  du  pneumogas- 
trique; en  effet,  c'est  de  ce  point  qu'émerge  ce  dernier  rameau.  D'un  volume  notable,  il  émet 
dès  son  origine  plusieurs  fdets  qui  se  portent  en  arrière  et  en  descendant  pour  former  une 
sorte  de  plexus  délié  dans  la  peau  recouvrant  l'extrémité  supérieure  et  postérieure  de  l'opercule. 
Du  tronc  principal  du  rameau  operculaire  naît  un  troisième  rameau  qui  descend  verticalement 
le  long  du  canal  muqueux  du  préopercule  et  a  été  suivi  plus  loin  que  la  moitié  de  cette  pièce 
osseuse. 

Vers  le  milieu  de  la  hauteur  du  préopercule,  la  branche  descendante  postérieure  du  triju- 
meau se  partage  en  trois  rameaux  principaux  à  peu  près  d'égal  volume.  Le  rameau  postérieur  (a) 
descend  presque  verticalement  le  long  du  préopercule  et,  arrivé  vers  l'angle  antéro-inférieur  de 
l'opercule,  se  divise  en  plusieurs  rameaux  secondaires.  L'un  d'eux  se  rend  en  arrière  dans  la  peau 
du  sous-opercule  ou  du  bord  inférieur  de  l'opercule;  le  second  se  subdivise  en  deux  ramuscules 


DES  NERFS  CKA.MFNS   DES   POISSONS  OSSEUX.  1-27 

tertiaires  dont  l'un  h  son  l(jui-  se  décompose  en  deux  autres  :  l'un  de  ceux-ci  se  porte  en  arrière  et  se 
distribue  aux  muscles  qui  \uiii  ilr  rii|i(iciilc  au  sous-opercule;  l'autre  se  dirige  un  [wai  imi 
drdaus  et  eu  arririi-  cl  m'a  |)aru  m'  dislrihuiT  au>-i  aii\  muscles  des  régions  branchiostèges.  Un  lilcl 
qui  st>  délaclic  du  |iivmiec  rameau  secoudau'i;  s'avance  en  bas  et  en  avant  :  de  sa  courbure  partent 

de   lins  lili'l>  |i la  immii   des  rayons  branchiostèges;  il  se  rapproche  de   la  ligne  niédiano  et 

se  perd  en  partie  dans  le  muscle  de  ruro-liyal.  La  seconde  branche  (^)  se  dirige  en  bas  el  en 
avant  :  elle  émet  de  Unes  lamificalions  (|ui  se  dislrdjueiil  à  la  peau  le  long  de  l'os  hyoïde  et  au- 
dessous  de  la  langue,  s'anastomosanl  avec  des  lilets  du  li'oisième  rameau.  Ce  troisième  rameau  (c) 
est  le  plus  volumineux;  il  se  porte  en  bas  et  en  avant  en  dedans  de  la  mâchoire  inférieure,  croise 
en  passant  en  dedans  de  lui  le  nerf  maxillaire  inféiieur avec  leipiel  il  s'anastomose,  et  se  distribue 
à  la  muqueuse  buccale  dans  les  muscles  génio-hyoïdiens. 

"1"  La  branche  maxillulre  inférieure,  (pii  est  d'un  volume  considérable,  naît  du  bord  antérieur 
du  plexus  ganglionnaire  et  se  porte  en  bas  et  en  avant  vers  l'angle  des  deux  mâchoires  ;  elle  passe 
au-dessous  de  l'œil  dont  elle  est  séparée  par  une  membrani'  filucuse.  Dans  son  trajet  au-dessous 
de  l'orbite,  elle  se  divise  en  plusieurs  l'ameaux  :  l'un  d'eux,  (jui  naît  du  bord  inférieur,  après  être 
resté  séparé  un  certain  temps  du  tronc  principal,  s'y  réunit  de  nouveau  au  point  où  ce  tronc 
atteint  l'angle  des  niAclioires  :  c'est  donc  simplement  une  division  mouienlanée.  Cette  branche 
de  division  ayant  à  peu  près  le  tiers  de  volume  de  la  branche  principale,  émet  elle-même  des 
ramuscules.  Un  second  rameau  de  la  maxillaire  inférieure  naît  de  son  bord  supérieur  ou  plutôt 
interne;  il  se  porte  en  dedans  poui'  aller  se  réunir  à  la  maxillaire  supérieure  au  voisinage  de 
la  lèvre.  C'est  donc  une  énorme  branche  anastomolique  (pii  émet  |)lusieurs  rameaux  impor- 
tants se  distribuant  à  la  partie  supérieure  de  la  lèvre.  Aiiivée  vers  l'angle  de  la  mâchoire 
inférieure,  la  Inanche  maxillaire  inférieure  se  subdivise  en  plusieurs  troncs,  à  |)eu  |irès  d'égal 
volume,  placés  à  une  faible  distance  l'un  derrière  l'autre.  Le  tronc  antéiii'ur  s'étale,  en  formant 
des  ramifications  divergentes,  sur  la  lace  interne  de  la  mâchoire  inférieure.  Le  tronc  posté- 
rieur se  subdivise  en  plusieurs  filets  dont  l'un  se  porte  en  avant  vers  la  face  interne  de 
la  mâchoire  et  s'anastomose  avec  le  tronc  antérieur  ;  les  deux  autres  se  dirigent  sur  la  ligne 
médiane. 

8°  La  brandie  viaxillaire  supérieure  nait  du  bord  postérieur  du  plexus  ganglionnaire.  C'est 
la  liranclie  la  plus  inlenie  ilu  trijumeau;  elle  se  dirige  à  peu  |irès  horizontalement  en  avani 
au-dessous  de  l'orbite. Dans  ce  trajet, elle  m'a  \yavu  fournir  (piehpies  lilets  [)ar  son  côté  interne.  Par- 
venue an  niveau  de  la  lèvre  supérieure,  elle  se  divise  en  plusieurs  branches  en  même  temps  qu'elle 
reçoit  le  rameau  anastomolique  de  la  niavillaire  inférieure.  L'une  des  branches  de  division,  la  plus 
impoi  lanli',  se  recourbe  :i  angle  aigu  |iour  se  porter  du  côté  externe  el  dans  la  lèvre  supérieure. 
Une  seconde,  presipie  aussi  volumineuse,  se  dirige  en  dedans  el  ne  tarde  pas  à  se  subdiviser  en 
plusieurs  rameaux  qui  se  disli'ibuent  aussi  à  la  lèvre  supérieure  :  l'un  d'eux,  plus  considérable,  >e 
rend  vers  la  ligne  médiane. 

4°  La  branche  nphlulinii/ui'  nail  du  bord  su|iérieur  du  plexus  ganglionnaire  au-dessus  do 
l'origine  de  la  maxillaire  inférieure.  Llle  >e  rend  au-dessus  de  l'icil  dont  (die  est  séparée  jiar  du 
tissu  graisseux,  et  loninil  dans  son  trajet  divers  rameaux,  les  uns  se  portant  en  dehors  et  formant 
une  espèce  de  plexus  très  délié  dans  ce  tissu,  plusieurs  allant   à  la  peau.   Une   ou  deux  autres 


128  SYSTEME  NERVEUX    DES  POISSONS. 

branches  se  dirigent  en  haut  vers  la  peau  du  front.  Arrivé  au  niveau  des  fosses  nasales,  l'ophtal- 
mique envoie  des  rameaux  à  la  muqueuse  de  cette  partie.  Ses  fibres,  en  majeure  partie,  provien- 
nent de  la  racine  antérieure  du  trijumeau  (1). 

Le  rameau  operculaire  proprement  dit  se  détache  du  trijumeau  au  moment  de  sa  sortie  du 
crâne;  il  se  porte  alors  en  dehors  et  en  arrière  en  décrivant  une  courbe  à  convexité  antérieure, 
passe  dans  l'épaisseur  des  muscles  releveurs  de  l'opercule,  croise  en  passant  au-dessous  de  lui  le 
nerf  operculaire  du  pneumogastrique,  puis  se  divise  pour  former  une  sorte  de  plexus  dont  les  filets 
se  distribuent  dans  l'épaisseur  du  muscle  releveur  postérieur  de  l'opercule.  J'ai  vu  des  anasto- 
moses entre  ces  filets  terminaux  et  le  rameau  operculaire  du  pneumogastrique  ;  j'en  ai  vu  une  autre 
entre  l'extrémité  du  rameau  operculaire  superficiel  de  la  branche  descendante  et  une  branche 
du  pneumogastrique.  Le  rameau  operculaire  forme  donc  une  sorte  de  plexus  à  la  partie  supérieure 
de  l'opercule.  Des  ramifications  descendent  encore  de  ce  plexus  en  arrière  de  la  branche  opercu- 
laire du  pneumogastrique  ;  elles  m'ont  paru  se  distribuer  à  la  peau,  de  sorte  que  le  rameau 
operculaire  serait  un  nerf  mixte. 

Chez  le  Nase,  les  nerfs  maxillaires  supérieur  et  inférieur  qui  naissent  par  un  tronc  commun  sont 
grêles  et  réunis  dans  une  grande  partie  de  leur  trajet.  La  branche  descendante  postérieure  (nerf 
facial)  est  à  peu  près  aussi  grosse  que  ces  deux  nerfs  réunis.  Les  ramuscules  terminaux,  le 
postérieur  surtout  qui  va  au  sous-opercule  et  aux  rayons  branchiostèges,  sont  bien  développés. 
On  suit  très  aisément  le  rameau  hyoïdien  qui  se  porte  en  dessous  jusque  près  de  la  ligne  médiane 
pour  se  distribuer  dans  la  musculature  de  la  langue.  Ce  type  est  favorable  pour  l'étude  du 
nerf  facial.  La  branche  ophtalmique  volumineuse  naît  en  partie  du  trijumeau  à  sa  sortie  de 
la  moelle  et  non  du  plexus  ganglionnaire,  et  ses  fibres  se  continuent  directement  avec  le  faisceau 
qui  se  rend  au  lobule  médian  ;  plus  loin,  elle  reçoit  un  faisceau  qui  provient  du  ganglion  du 
trijumeau. 

Le  nerf  facial,  chez  le  Chabot,  naît  par  trois  racines  :  l'une  formée  par  un  petit  faisceau  isolé 
qui  se  détache  en  avant  du  nerf  acoustique;  une  seconde  qui  provient  de  la  racine  postérieure  du 
trijumeau  tout  près  de  son  origine;  enfin,  une  dernière  qui  prend  naissance  beaucoup  plus  bas  du 
plexus  ganglionnaire  du  trijumeau.  Le  nerf  facial  est  aussi  gros  que  la  branche  maxillaire  infé- 
rieure et  plus  gros  que  la  branche  maxillaire  supérieure  qui  est  grêle.  Le  nerf  latéral  du  triju- 
meau est  très  développé  :  à  peine  a-t-il  atteint  le  commencement  de  la  région  dorsale  qu'il  s'ana- 
stomose avec  les  branches  dorsales  des  premiers  nerfs  spinaux.  Sur  aucun  type,  je  n'ai  vu  ces 
anastomoses  aussi  marquées.  Le  nerf  en  subit  immédiatement  un  renforcement  1res  notable,  et 
se  continue  jusqu'à  l'origine  de  la  queue  en  conservant  le  môme  calibre  et  en  recevant  sur 
toute  sa  longueur  des  filets  anastoraotiques  des  nerfs  spinaux. 

Le  rameau  dorsal  du  trijumeau  de  la  Lote,  très  volumineux,  prend  naissance  par  deux  ou  trois 
gros  faisceaux  des  branches  les  plus  externes  de  ce  nerf  à  l'intérieur  du  crâne.  Il  se  porte  obli- 
quement en  haut  et  en  arrière  pour  traverser  les  parois  du  crâne.  Chez  ce  Poisson,  il  existe  une 


(1)  La  racine  ariléi'icure  du  trijumeau  pénètre  presque  en  entier  dans  le  maxillaire  inférieur.  Une  petite  portion  des  fibres 
passe  dans  la  liranclie  anastomotiqne  qui  va  au  maxillaire  supérieur.  Dans  une  autre  famille,  chez  l'Épinoche,  la  racine  posté- 
rieure du  trijumeau  parait  confondue  en  partie  avec  la  portion  antérieure  du  nerf  acoustique. 


DES  NERFS  CRANIENS  DES  POISSONS  OSSEUX.  1-29 

branche  du  trijumeau  qui  naît  de  rori|Tine  de  l'acoustique,  passe  en  arrière  du  rameau  communi- 
quant postérieur  du  trijumeau  et  se  perd  dans  le  tronc  de  ce  dernier. 

Du  trijumeau  naissent,  chez  le  Brochet,  immédiatement  avant  sa  sortie  du  crAne,deux  ou  trois 
brandies  dont  l'une  plus  forte  que  les  autres  :  ces  branches  se  portent  en  haut  contre  la  face 
interne  du  crâne  et  se  partagent  pour  former  un  réseau  dans  les  membranes  du  cerveau.  Ce 
réseau  s'anastomose  avec  les  divisions  terminales  du  rameau  postérieur  du  pneumogastrique  et 
émet  des  filets  grêles  qui  traversent  les  parois  du  crûne.  Pour  bien  le  distinguer,  il  faut  le  chercher 
du  côté  interne,  c'est-à-dire  enlever  la  moitié  gauche  du  crâne  alin  de  voir  l'intérieur  de  la 
moitié  droite  (i). 

Sur  une  branche  anastomotique  des  nerfs  trijumeau  et  pneumogastrique  chez  le  Merlan.  — 
La  branche  anastomotique  dont  il  est  ici  question  s'étend,  chez  le  Merlan,  du  trijumeau  vers  la 
racine  aniérieure  du  pneumogastrique.  Son  existence,  qui  n'a  pas  encore  été  signalée,  mérite  de 
fixer  l'attention.  Elle  naît  de  la  racine  postérieure  du  trijumeau,  se  porte  d'avant  en  arrière 
en  suivant  une  direction  à  peu  près  horizontale,  passe  en  dehors  du  nerf  acoustique  contre 
lequel  elle  se  trouve  appliquée,  et  va  se  terminer  dans  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique 
dont  elle  suit  ensuite  le  trajet  descendant  (2).  Je  me  suis  demniidé  quelle  est  la  nature  de 
cette  branche,  si  elle  est  particulière  au  Merlan,  ou  bien,  au  contraire,  si  elle  existe  chez  d'autres 
Poissons.  Il  résulte  de  mes  investigations  qu'elle  doit  être  considérée  comme  l'homologue  du  faisceau 
récurrent  qui,  chez  les  Cyprins,  s'étend  du  trijumeau  vers  le  pneumogastrique  et  vers  le  [iremier 
nerf  spinal. 

Entre  le  faisceau  récurrent  des  Cyprins  et  la  branche  récurrente  du  Merlan,  il  existe  des  diffé- 
rences assez  tranchées  :  le  premier  est  généralement  d'un  volume  très  considérable,  il  passe  en 
dedans  du  nerf  acoustique  et  se  prolonge  jusqu'au  premier  nerf  spinal  ;  la  seconde  est  très  grêle,  elle 
passe  en  dehors  du  nerf  acoustique  et  ne  s'étend  pas  au  delà  de  la  racine  antérieure  du  pneumo- 
gastrique. Ces  différences  sont  loin  pourtant  d'avoir  l'importance  que  l'on  serait  tenté  de  leur  attri- 
buer. Celles  qui  sont  relatives  au  volume  ne  sauraient  fournir  matière  à  une  objection  sérieuse, 
puisque  chez  les  Cyprins  eux-mêmes  le  faisceau  récurrent  offre  des  dimensions  extrêmement 
variables  et  peut  disparaître  complètement  comme  chez  la  Tanche.  L'anastomose  du  faisceau 
récurrent  avec  le  premier  nerf  spinal  chez  les  Cyprins  ne  constitue  pas  non  plus  une  différence 
essentielle.  Son  absence,  chez  le  Merlan,  s'explique  aisément  par  l'état  rudimentaire  de  la  branche 
récurrente.  Chez  quelques  Cyprins,  du  reste  (le  Gardon  par  exemple),  on  voit  déjà  la  branche 
anastomotique  du  faisceau  récurrent  avec  le  premier  nerf  spinal  réduite  à  de  très  faibles  propor- 
tions, ce  ([ui  est  un  indice  de  sa  tendance  à  disparaître. 

Les  rapports  différents  de  la  branche  récurrente  avec  le  nei^racouslique  chez  le  Merlan  et  chez 
les  Cyprins  paraissent  au  premier  abord  plu>  difficiles  à  expliquer.  Comniriit  aiimetlre,  en  effet, 

(1)  La  racine  postérieure  du  trijumeau,  cliez  la  Truite,  émet  un  filet  qui  se  continue  d'une  manière  très  nette  avec 
le  faisceau  ventriculaire  latéral  et  s'isole  aisément  comme  chez  le  Brochet.  Le  Cijprinus  dubuUi  m'a  présenté  deux  anasto- 
moses au-dessous  de  la  moelle,  entre  les  deux  rameaux  récurrents  du  trijumeau;  le  Goujon,  au  contraire,  ne  m'a  point 
montré,  sur  la   ligne   médiane,  d'anastomose  entre   ces  doux  mêmes  rameaux. 

(2)  PI.  2,  fig.  4, /.  PI.  3,  fig.  1,A 

17 


130  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

que  deux  branches  homologues  puissent  se  trouver  situées  l'une  en  dehors  et  l'autre  en  dedans 
des  mêmes  racines  nerveuses  (celles  du  nerf  auditif)?  La  connaissance  des  variations  du  rameau 
récurrent  chez  les  Cyprins  peut  servir  à  répondre  à  cette   objection.  Chez  le  Nase,  le  faisceau 
récurrent,  qui  est  d'un  volume  assez  considérable,  se  rend  tout  entier  en  dedans  des  branches 
du  nerf  acoustique,  sans  contracter  avec  celles-ci  aucune  anastomose.  Après  avoir  donné  une 
forte  branche  à  la  racine    antérieure  du  pneumogastrique,  il   passe   au-dessous  de  la  racine 
postérieure  de  ce  même  nerf  pour  aller  se  terminer  dans  le  premier  nerf  spinal.  Le  faisceau 
récurrent  de  la  Brème  se  distingue   de   celui  du   Nase  par  une   particularité    qu'il   importe 
de  signaler.  Dans  la  première  portion  de  son  trajet,  il  se  comporte  absolument  comme  chez  le  Nase, 
mais  au  moment  d'atteindre  la  racine    postérieure  du  pneumogastrique,  il  se  divise    en  deux 
faisceaux  secondaires,  l'un  très  grêle  qui  passe  au-dessous  de  cette  racine,  l'autre  beaucoup  plus 
volumineux  qui  passe  au-dessus.  Le  faisceau  récurrent  du  Barbeau  diffère  de  celui  des  espèces  qui 
précèdent,  non  seulement  par  son  volume  énorme,  mais  surtout  par  ses  rapports  avec  le  nerf  de 
l'audition.  Au  lieu  de  constituer  un  rameau  simple,  il  se  décompose  presque  dès  sa  naissance  en  un 
certain  nombre  de  faisceaux  secondaires  qui  s'entre-croisent  en  manière  de  treillis  avec  les  branches 
du  nerf  acoustique,  de  telle  sorte  que  ces  branches  se  trouvent  situées  les  unes  en  dehors,  les 
autres  en  dedans  des  faisceaux  du  nerf  récurrent.  Ces  faisceaux  secondaires  se  réunissent  ensuite 
pour  constituer  deux  troncs  de  volume  inégal  dont  l'un  se  porte  vers  la  racine  antérieure  du 
pneumogastrique,  l'autre  vers  le  premier  nerf  spinal  en  passant  au-dessous  de  la  racine  posté- 
rieure du  pneumogastrique. 

De  ces  faits  on  peut  conclure  que,  chez  les  Cyprins  déjà,  le  faisceau  récurrent  offre  une  ten- 
dance à  s'élever  sur  les  côtés  du  bulbe  de  manière  à  enjamber  successivement,  pour  ainsi  dire, 
chacune  des  paires  nerveuses  qui  naissent  de  cette  partie  de  l'axe  médullaire.  Dès  lors,  on  conçoit 
sans  peine  que,  chez  le  Merlan,  le  nerf  récurrent  puisse  se  trouver  situé  en  dehors  et  au-dessus  du 
nerf  acoustique.  On  trouve,  du  reste,  chez  la  Lote,  les  vestiges  d'une  branche  récurrente  dont 
la  disposition  est  en  quelque  sorte  intermédiaire  à  celle  que  je  viens  de  décrire  chez  le  Merlan  et 
chez  les  Cyprins.  Cette  branche  est  représentée  par  un  petit  faisceau  de  fibres  qui  du  trijumeau 
se  portent  sur  la  face  externe  du  nerf  acoustique  dans  l'épaisseur  duquel  elles  ne  tardent  pas  à 
disparaître.  En  poursuivant  en  arrière  la  direction  de  ces  premières  fibres,  on  voit  se  détacher  de 
la  branche  la  plus  reculée  du  nerf  acoustique  un  ramuscule  d'une  extrême  finesse  qui  va  se  jeter 
dans  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique.  Loin  d'appartenir  exclusivement  aux  Cyprins,  comme 
on  l'a  admis  jusqu'ici,  le  faisceau  récurrent  du  trijumeau  serait  donc,  au  contraire,  une  branche 
anastomotique  dont  l'existence  plus  ou  moins  constante  peut  se  manifester  dans  des  types  de 
Poissons  très  différents. 

11  me  reste  à  signaler,  en  terminant,  un  dernier  fait  très  important,  je  veux  parler  des  anasto- 
moses qui  existent,  chez  le  Merlan,  entre  le  nerf  récurrent  et  les  branches  du  nerf  de  l'audition.  Au 
sujet  des  Cyprins,  la  question  de  l'existence  de  ces  anastomoses  a  déjà  été  soulevée  à  diverses 
reprises.  Des  anatomistes  dont  le  nom  fait  autorité,  tels  que  Bischoff,  Bûchner,  Slannius,  se  sont 
prononcés  catégoriquement  pour  la  négative.  Chez  le  Merlan,  le  doute  n'est  plus  possible,  car  on 
voit  de  la  iaçon  la  plus  distincte  plusieurs  filets  nerveux  descendre  du  bord  inférieur  de  la  branche 
récurrente  pour  aller  se  perdre  dans  le  nerf  acoustique.  Cette  anastomose  du  trijumeau  avec  le 


liKS  NERFS  CRANIENS  DES   POISSONS  OSSEUX.  131 

iieil'  auditif  rappelle  parlailenienl  celles  qui  existent  ailleurs  entre  deux  paires  nerveuses  spinales 
consécutives. 

Du  fflosso-pharyiigieii.  — Ce  nerf,  chez  le  Merlan,  prend  naissance  par  un  filet  grêle  des  parties 
latéralesdela  moelle,  en  arrière  des  racines  postérieures  du  nerf  acoustique  (1).  Au  point  de  jonction 
des  racines  antérieure  et  postérieure  du  pneumogastrique  naît,  chez  ce  Poisson,  un  filet  nerveux 
qui,  presrpie  aussitôt  son  origine,  se  renfle  en  un  petit  ganglion  ovoïde  grisâtre.  Ce  nerf  est 
une  branche  du  glosso-pharyngien  qui  traverse  les  deux  branches  du  pneumogastrique.  Le  glosso- 
pharyngien  de  l'Epinoche  est  très  net  et  se  divise  en  deux  branches,  l'une  palatine,  l'autre  bran- 
chiale. Chez  le  Goujon,  il  égale  en  volume  au  moins  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique  et 
passe  entre  elle  et  le  faisceau  récurrent.  Sa  racine  antérieure  est  arrondie,  tandis  que  celle  du 
pneumogastrique  est  aplatie.  Chez  la  Brème  enfin,  il  se  soude  au  pneumogastrique  au  niveau 
du  plexus  ganglionnaire,  se  partage  en  deux  portions  à  peu  près  égales,  l'une  qui  se  porte  en 
dedans  vers  l'organe  palatin,  l'autre  en  dehors  vers  la  branchie. 

Du  pneumogastrique.  —  Chez  le  Chabot,  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique  naît  très 
loin  en  avant  des  lobes  postérieurs.  Il  existe  entre  le  nerf  auditif  et  le  pneumogastrique  un 
petit  ganglion  triangulaire  du  grand  sympathique  d'où  proviennent:  1°  deux  filets  extrêmement 
courts  et  grêles  qui  se  jettent  en  dehors  dans  le  glosso-pharyngien  ;  2°  un  long  filet  qui  se  porte  en 
arrière  et  se  rend  dans  la  racine  postérieure  du  pneumogastrique  qui  forme  le  nerf  latéral  ;  3"  un 
autre  long  filet  qui  se  dirige  en  avant  et  m'a  paru  se  perdre  dans  le  ganglion  du  trijumeau. 

Le  rameau  dorsal  du  pneumogastrique,  chez  la  Lote,  est  un  nerf  très  apparent  qui  naît  par  deux 
ou  trois  filets  du  pneumogastrique,  à  une  faible  distance  de  son  origine  et  à  l'intérieur  du  crâne. 
Deux  de  ces  filets,  provenant  de  la  racine  postérieure  du  pneumogastrique,  embrassent  la  racine 
antérieure  et  se  réunissent  au-dessus  en  un  filet  unique  qui  se  porte  obliquement  en  haut  et  en 
avant  pour  se  joindre  au  rameau  dorsal  du  trijumeau,  au  point  où  celui-ci  traverse  les  parois  du 
crâne.  Le  rameau  dorsal  du  pneumogastrique,  sans  cependant  se  confondre  avec  ce  dernier,  s'accole 
intimement  avec  lui,  lui  envoie  des  fibres  en  certaine  quantité,  puis  reparaît  au  delà  et  descend 
obliquement  en  avant  pour  se  perdre  dans  le  trijumeau. 

Chez  rÉpinoche,  les  racines  du  pneumogastrique  parcourent  un  très  long  trajet  avant 
d'atteindre  les  renflements  ganglionnaires.  Les  deux  branches  antérieures  de  ce  nerf,  qui  se  rendent 
aux  branchies,  présentent  de  petits  ganglions  séparés,  tandis  que  les  deux  postérieures  ont  les  leurs 
en  partie  confondus.  Le  faisceau  qui  se  rend  h  la  première  et  à  la  seconde  branchie  oiTre  un 
renflement  distinct.  Du  ganglion  placé  après  celui  du  pneumogastrique  naît  un  long  nerf  des- 
cendant avec  les  vaisseaux  qui  se  dirigent  vers  le  foie  et  l'estomac. 

Chez  la  Carpe,  la  première  branche  du  pneumogastrique,  très  volumineuse,  se  partage, 
non  loin  de  son  origine,  en  deux  rameaux  h  peu  près  d'égal  volume.  L'un  d'eux  se  porte  en 
dedans  et  en  avant  et  se  subdivise  en  plusieurs  faisceaux  destinés  h  l'organe  palatin.  Le  rameau 
externe  se  dirige  vers  la  première  branchie  ;  il  fournit  dès  sa  naissance  plusieurs  filets  à  la  muqueuse 

(1)  PI.  2,  fig. /*,  ,j.  PI.:î,  lig.  1  et  lig.  6,  f). 


132  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

de  Tare  branchial  et  constitue  ensuite  un  tronc  volumineux  qui  longe  l'arc  de  cette  branchie, 
au-dessous  des  lamelles  antérieures,  donnant  sur  son  trajet  des  filets  aux  parties  environnantes. 
La  deuxième  branche  du  pneumogastrique  se  divise,  presque  aussitôt  son  origine,  en  deux  troncs  : 
l'un  interne,  de  médiocre  volume,  l'autre  externe,  beaucoup  plus  gros.  Le  premier,  qui  n'a  guère  que 
le  tiers  de  volume  du  second,  se  rend  exclusivement  k  l'organe  palatin.  Le  tronc  externe  se  subdivise 
presque  immédiatement  en  plusieurs  faisceaux.  Ceux  qui  naissent  de  son  bord  inférieur  avant  son 
arrivée  à  la  branchie  se  distribuent  à  l'organe  palatin  ;  les  suivants  à  la  première  et  à  la  seconde 
branchie.  Les  nerfs  destinés  h  la  première  sont  au  nombre  de  deux,  l'un  plus  extérieur,  l'autre  plus 
profond.  L'extérieur,  beaucoup  plus  petit,  côtoie  le  côté  externe  de  l'arc  au-dessous  de  la  rangée 
postérieure  des  lamelles,  est  séparé  du  nerf  branchial  du  premier  tronc  par  le  vaisseau  branchial,  et 
égale  lui-même  en  volume  à  peine  la  moitié  de  ce  tronc  antérieur.  Le  nerf  profond  constitue  un  fais- 
ceau d'un  volume  considérable  qui  se  porte  le  long  de  la  face  concave  des  arcs  branchiaux  et  se 
distribue  aux  organes  ou  appendices  frangés  qui  les  revêtent  intérieurement.  Ces  franges  buccales 
doivent  donc  être  très  sensibles.  Le  faisceau  qui  se  rend  à  la  seconde  branchie,  à  peu  près  aussi 
volumineux  que  le  nerf  profond,  côtoie  le  côté  convexe  de  l'organe  au-dessous  de  la  rangée  anté- 
rieure des  lamelles.  Vis-à-vis  la  seconde  branche  du  pneumogastrique,  se  trouve  un  gros  ganglion  du 
grand  sympathique  qui  émet  du  côté  externe  des  filets  se  portant,  en  formant  une  sorte  de  plexus, 
vers  les  artères  branchiales.  La  troisième  branche  du  pneumogastrique  est  au  moins  égale  en 
volume  à  la  seconde,  et  offre  une  distribution  semblable  en  se  dirigeant  vers  les  secondes  et 
troisièmes  branchies.  Ses  rameaux  sont  les  suivants  :  1°  un  gros  faisceau  qui  se  porte  en  dedans 
pour  se  jeter  dans  la  portion  moyenne  de  l'organe  palatin  ;  2°  des  faisceaux  plus  externes  qui  se 
rendent  vers  la  portion  externe  de  cet  organe;  3"  un  fdet  assez  grêle  pour  la  face  externe  du 
deuxième  arc  branchial;  4°  un  faisceau  considérable  pour  les  appendices  frangés  de  la 
face  interne;  5°  un  faisceau  de  volume  moyen  pour  le  bord  antérieur  externe  de  la  troisième 
branchie.  La  quatrième  branche  est  également  volumineuse;  comme  les  précédentes,  elle  émet  : 
1°  plusieurs  faisceaux  volumineux  pour  l'organe  palatin;  2"  deux  faisceaux  pour  le  troisième  arc 
branchial,  l'un  superficiel  et  grêle,  l'autre  profond,  beaucoup  plus  volumineux  pour  les 
franges  buccales  de  cet  arc;  3°  un  nerf  de  médiocre  volume  pour  la  moitié  antérieure  du 
bord  convexe  du  quatrième  et  dernier  arc  branchial.  La  cinquième  branche  fournit  une  série 
de  faisceaux  énormes  pour  l'organe  palatin,  la  branche  profonde  volumineuse  pour  la  face  con- 
cave du  quatrième  arc,  et  probablement  aussi  le  filet  externe  et  postérieur  de  cet  arc.  D'autres 
filets  se  dirigent  vers  l'arc  pharyngien.  Viennent  ensuite  plusieurs  autres  branches  impor- 
tantes dont  l'une  se  rend  aux  appendices  buccaux  frangés  de  l'os  pharyngien  inférieur, 
une  autre  aux  parois  du  pharynx;  une  troisième  forme  le  nerf  latéral.  Ces  dernières  sont 
moins  nettement  séparées  dès  leur  origine  que  les  premières.  En  résumé,  la  moyenne  partie 
des  branches  du  pneumogastrique  est  absorbée  par  l'organe  palatin  et  par  les  appendices  frangés 
des  arcs  branchiaux  et  des  pharyngiens  inférieurs.  Quant  à  la  branche  operculaire  du  pneumo- 
gastrique, elle  descend  jusqu'au  bord  inférieur  de  l'opercule  en  envoyant  sur  son  trajet  des  filets 
à  la  peau  :  il  est  possible  qu'elle  s'anastomose  à  sa  terminaison  avec  la  branche  operculaire 
superficielle. 

Pour  préparer  les  nerfs  pharyngiens  supérieurs,  il  faut  retrancher  la  portion  de  l'encéphale  en 


DES  NERFS  CRANIENS  DES  POISSONS  OSSEUX.  133 

arrière  des  lobes  optiques,  couper  la  moelle  un  peu  eu  arrière  de  la  première  paire  spinale  cl  faire 
une  section  antéro-postérieure  de  manière  à  diviser  en  deux  la  moelle  allongée.  On  voit  très  bien  les 
nerfs  pharyngiens  en  dedans  du  tronc  du  |)neumogastrique.  J'ai  aperçu  au-dessous  de  la  racine  de 
ce  dernier  un  rcnianiiiable  faisceau  du  hullic  ipii  inrrile  d'être  étudié  :  il  croise  les  origines 
nerveuses  qui  descendent  du  lobe  du  pneumogastrique. 

Le  pneumogastrique  des  Cyprins  est  très  volumineux.  Chez  la  Tanche,  il  se  compose  de 
deux  racines,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  La  première,  beaucoup  moins  forte  que  la 
seconde,  se  porte  sur  la  face  externe  de  celle-ci  et  la  croise  de  manière  à  gagner  son  bord  postérieur; 
elle  donne  ensuite  naissance  à  une  forte  branche.  Pour  bien  apercevoir  le  croisement  des  deux 
racines,  il  faut,  après  avoir  coupé  le  nerf  près  de  sa  sortie  du  crâne,  le  relever  et  couper  à  son  tour 
la  racine  postérieure;  de  cette  manière,  on  distinguera  en  môme  temps  les  origines  du  rameau 
postérieur  du  pneumogastrique.  Ce  rameau  naît  par  deux  racines  qui  m'ont  surtout  paru  provenir  de 
la  branche  postérieure  du  pneumogastrique  et  qui  se  dirigent  bientôt  dans  un  [lOtit  ganglion  triangu- 
laire situé  au  niveau  du  bord  supérieur  du  tronc  commun  de  ce  nerf  (1).  Ce  ganglion  envoie  un  fdet 
au  nerf  operculaire.  De  son  angle  supérieur  part  le  rameau  postérieur  qui  monte  un  peu  en  avant 
vers  la  voûte  du  crâne  dans  l'épaisseur  de  la  graisse  qui  remplit  ce  dernier  ;  arrivé  à  la  voûte,  il  se 
partage  en  deux  branches  qui  se  séparent  à  angle  droit.  L'une  d'elles,  un  peu  plus  considérable,  se 
porte  directement  vers  le  haut  à  travers  les  os  de  la  voûte  qu'elle  traverse,  l'autre  horizontalement 
en  avant  le  long  de  la  paroi  de  la  voûte  du  crâne,  envoyant  sur  son  trajet  de  nombreux  rameaux 
au  tissu  graisseux  interne  ainsi  qu'à  la  membrane  qui  tapisse  intérieurement  la  voûte,  et  s'ana- 
stomosant  par  plusieurs  fdets  très  fins,  en  avant  et  h  peu  près  vis-à-vis  les  hémisphères,  avec  un 
rameau  dorsal  du  trijumeau. 

Chez  la  Brème,  le  premier  faisceau  du  pneumogastrique  se  divise  en  deux  portions,  l'une  interne 
pour  l'organe  palatin,  l'autre  externe  pour  les  branchies  ;  celle  qui  se  rend  à  l'organe  palatin  est 
au  moins  égale  à  celle  qui  se  rend  à  la  branchie  (2).  Dans  le  second  faisceau,  au  contraire,  la  por- 
tion destinée  à  l'organe  palatin  est  plus  considérable  que  celle  qui  va  aux  branchies.  Les  troisième 
et  quatrième  faisceaux,  énormes,  aussi  volumineux  que  les  deux  premiers,  se  distribuent  presque 
en  entier  à  l'organe  palatin  et  au  pharynx  ;  du  (jualrième  en  part  un  autre  se  dirigeant  vers  l'œso- 
phage et  vers  les  pharyngiens  inférieurs.  Chacun  d'eux  semble  pourvoir  à  deux  branchies;  en  tout 
cas,  chaque  arc  branchial  en  reçoit  plusieurs,  l'un  assez  gros,  l'autre  grêle.  Tous  ces  faisceaux 
forment  un  plexus  serré  dans  l'épaisseur  de  l'organe  palatin. 

Chez  le  Gardon,  la  branche  antérieure  du  pneumogastrique  se  continue  à  l'intérieur  du  bulbe 
avec  un  faisceau  qui  se  répand  dans  le  lobe  latéral  du  cervelet .  La  branche  postérieure,  sans  être  très 
grosse,  l'est  beaucoup  plus  que  l'antérieure;  elle  a  le  volume  de  la  bianche  postérieure  des  nerfs 
spinaux  et  se  distribue  aux  enveloppes  du  cerveau;  je  l'ai  vue  s'anastomoser  sur  la  ligne  médiane 
par  un  filet  extrêmement  grêle  avec  la  branche  correspondante  du  côté  opposé.  Les  branches  de 
l'organe  palatin  sont  peu  développées  ;  le  nerf  intestinal  ou  pharyngien  est  très  gros,  à  peu  près 
de  même  volume  que  le  nerf  latéral. 

(I)  La  préparation  par  l'acide  azotii|ue  permet  d'étudier  parfaitement  ce  polit  ganglion  triangulaire. 
("2)  Il  est  à  rcmaniuer  que  la  majeure  partie  des  branches  du  ironc  postérieur  du  pneumogastrique  passe  dans  l'organe  du 
goût  de  la  voûte  palatine.  La  branche  postérieure  est  énorme. 


134  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

Chez  le  Goujon,  le  pneumogastrique  a  sa  racine  antérieure  aplatie.  La  postérieure, 
extrêmement  développée,  se  subdivise  en  plusieurs  faisceaux  d'un  volume  considérable  dont 
trois  se  portant  aux  branchies  émettent  de  leur  face  interne  des  branches  pour  l'organe 
palatin.  Derrière  les  faisceaux  branchiaux,  en  naît  un  énorme  qui  distribue  ses  branches 
à  la  portion  la  plus  reculée  de  l'organe  palatin,  vers  les  os  pharyngiens  inférieurs.  Plu- 
sieurs de  ces  branches  contournent  la  racine  de  l'œsophage  en  formant  un  plexus  ta  larges 
mailles.  Parmi  les  filets  qui  naissent  de  ce  plexus,  l'un  d'eux  se  dirige  en  bas  et  en  avant  vers  la  ligne 
médiane  et  s'anastomose  avec  une  branche  du  plexus  brachial.  Les  autres  branches  du  plexus  pha- 
ryngien latéral  descendent  au-dessous  de  l'œsophage  en  contournant  ses  parois  ;  l'une  d'elles,  le  nerf 
intestinal  sans  doute,  se  porte  en  arrière  le  long  de  l'œsophage.  La  branche  dorsale  du  pneumogas- 
trique, assez  volumineuse,  naît  en  majorité  du  faisceau  récurrent  du  trijumeau,  immédiatement  en 
avant  du  bord  antérieur  de  la  racine  postérieure  du  pneumogastrique,  en  s'insinuant  entre  celle-ci 
et  la  racine  antérieure. 

La  branche  dorsale  du  pneumogastrique,  chez  le  Cijprimis  dobula,  possède  à  sa  base  un  petit 
renflement  ganglionnaire. 

Le  pneumogastrique  des  Trigles  présente  une  branche  postérieure  grêle,  comme  celle  de  la 
première  paire  spinale.  Cette  branche  naît  de  la  portion  ganglionnaire,  facilement  séparable  de 
celle  qui  appartient  à  l'autre  branche. 

Chez  le  Labre  comme  chez  le  Brochet,  le  rameau  postérieur  du  pneumogastrique  est  très 
grêle  ;  chez  le  Brochet,  il  naît  de  ce  nerf  immédiatement  avant  sa  sortie  du  crâne,  se  porte  oblique- 
ment en  haut  et  en  avant,  remonte  vers  la  face  supérieure  du  cervelet  pour  se  distribuer  aux  enve- 
loppes du  cerveau.  Il  m'a  semblé  exister  de  fines  anastomoses  entre  les  rameaux  des  deux  côtés 
opposés.  Chaque  rameau  se  divise  en  plusieurs  autres  et  s'anastomose  avec  des  filets  appartenant 
au  réseau  formé  dans  les  membranes  du  cerveau  par  le  rameau  postérieur  du  trijumeau.  Plu- 
sieurs traversent  les  parois  du  crâne  pour  se  répandre  sous  la  peau. 


DES    NERFS     DU    TRONC    CHEZ    LES    POISSONS    OSSEUX 

Considérations  sur  le  tronc  latéral  du  pneumogastrique.  —  Sous  le  nom  de  tronc  latéral  du 
pneumogastrique,  on  désigne  une  branche  nerveuse  très  importante  qui  naît  du  pneumogas- 
trique à  l'intérieur  du  crâne,  s'étend  le  long  des  flancs  et  se  termine  à  l'origine  de  la  queue.  La 
disposition  du  nerf  latéral,  ses  variations  dans  les  divers  types  de  Poissons  ont  été  étudiées  avec 
beaucoup  de  soin  par  les  anatomistes;  aucun  d'eux,  cependant,  ne  s'est  occupé  de  rechercher  si 
cette  branche  a  ses  homologues  parmi  celles  qui  émanent  des  nerfs  spinaux.  Cette  question  ayant  été 
de  ma  part  l'objet  d'un  sérieux  examen,  je  vais  faire  connaître  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé. 

Rappelons  d'abord  brièvement  les  caractères  du  tronc  latéral,  en  prenant  pour  exemple 
un  Poisson  de  la  famille  des  Cyprins,  le  Gardon,  chez  lequel  la  disposition  de  ce  nerf  est 
relativement  assez  simple.  Dans  ce  type,  comme  dans  tous  les  Poissons  osseux  du  reste,  le  nerf 
latéral  se  sépare  de  la  branche  antérieure  du  pneumogastrique,  un  peu  au-dessous  de  son  origine; 


DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  135 

il  traverse  les  parois  du  crâne,  puis,  prenant  subitement  une  direction  ;i  peu  près  horizontale,  passe 
au-dessous  de  la  ceinture  scapulaire  et  se  continue  jusqu'à  l'extrémité  du  corps  en  suivant  l'inter- 
stice qui  sépare  les  muscles  dorsaux  des  muscles  ventraux.  Il  se  terrftine  à  la  base  de  la  queue  par 
plusieurs  fdets  qui  se  bifurquent  plusieurs  fois  et  dont  plusieurs  ramifications  vont  pénétrer 
dans  l'épaisseur  des  petits  muscles  de  cette  région;  durant  le  trajet,  son  volume  décroît  gra- 
duellement d'avant  en  arrière  par  suite  de  l'émission  de  branches  plus  ou  moins  importantes  qui 
s'effectue  de  distance  en  distance.  Ou  voit  fréquemment  ces  dernières,  se  portant  sur  deux  branches 
voisines,  s'anastomoser  avec  elles  et  parfois  aussi  avec  les  rameaux  intermédiaires.  Elles  peuvent  être 
distinguées,  suivant  leur  direction,  en  ascendantes  et  en  descendantes.  Les  branches  ascendantes 
sont,  d'après  l'ordre  de  leur  naissance  :  I"  un  rameau  operculaire  destiné  aux  téguments  de  l'oper- 
cule, fournissant  en  outre  quelques  filets  musculaires  dont  la  nature  motrice  n'a  point  encore  été 
démontrée;  2°  un  rameau  sus-temporal  qui  monte  verticalement  en  arrière  du  crâne  pour  se  distri- 
buer aux  os  du 'canal  muqucux  ajipartenant  h  cette  région;  3°  un  rameau  dorsal  qui  se  porte  en 
haut  et  en  arrière  sur  les  côtés  de  la  ligne  du  dos  et  se  prolonge  très  loin  sans  s'anastomoser 
avec  les  branches  postérieures  des  nerfs  spinaux  dont  il  croise  cependant  les  extrémités  :  parvenu  au 
niveau  de  la  nageoire  dorsale,  il  s'enfonce  dans  l'épaisseur  des  muscles  externes  des  rayons,  les  tra- 
verse pour  se  rapprocher  de  la  ligne  médiane,  reparait  de  nouveau  sous  la  peau  et,  devenu  extrême- 
ment grêle  dans  ce  dernier  trajet,  disparaît  vers  le  milieu  de  la  nageoire  dorsale.  Les  branches  des- 
cendantes sont  en  beaucoup  plus  grand  nombre  que  les  ascendantes.  On  peut  en  compter  autant, 
à  peu  près,  qu'il  y  a  de  segments  vertébraux.  Elles  se  distribuent  à  la  peau  de  la  moitié  inférieure 
du  tronc. 

La  disposition  du  nerf  latéral  est  loin  d'être  aussi  simple  dans  tous  les  types  de  Poissons  que 
chez  les  Cyprins  ;  le  plus  souvent,  ce  nerf  se  décompose  en  deux  branches  principales  :  l'une  super- 
ficielle, l'autre  située  plus  ou  moins  profondément  dans  l'interstice  des  masses  musculaires  dorsale 
et  ventrale.  11  est  possible,  en  outre,  que  ces  deux  branches  longitudinales  se  trouvent  reliées  entre 
elles  au  moyen  de  branches  transverses.  Toutes  ces  variations,  lorsqu'on  les  étudie  au  point  de  vue 
de  l'unité  de  composition,  peuvent  s'expliquer,  soit  par  des  divisions  du  tronc  principal,  soit  par 
certains  groupements  des  branches  secondaires  (1). 

Passons  maintenant  à  l'examen  des  nerfs  spinaux.  Chaque  paire  nerveuse  issue  de  la  moelle 
se  partage  en  deux  branches,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  De  la  branche  antérieure, 
immédiatement  au-dessous  de  son  origine,  on  voit  naître  constamment  un  rameau,  quelquefois  deux, 
qui,  au  lieu  de  marcher  profondément  le  long  des  côtes,  prennent  aussitôt  une  direction  transversale 
et  se  portent  en  dehors  dans  le  plan  de  séparation  des  muscles  dorsaux  et  ventraux.  On  leur  a 

(I)  1,'éluilc  (lu  nerf  laloral,  poursuivie  à  ce  point  île  vue,  ne  pourrait  uiamiuor  de  fournir  des  résultats  du  plus  haut  intérêt. 
Au  sujet  de  la  l'erclie,  par  exemple,  il  est  facile  de  constater  que  la  disposition  de  ce  nerf  n'est  point  telle  que  la  repré- 
senlée  Cuvier.  Le  tronc  superficiel  n'est  point  un  cordon  simple  qui  s'étendrait  d'une  manière  uniforme  jusqu'à  l'extrémilê  du 
corps;  il  résulti;  évidemment  de  l'union  de  plusieurs  brauclu^s  secondaires  qui  naissent  de  distance  en  distance  de  la 
brandie  profonde  et  se  renforcent  de  manière  à  former  un  nerf  continu.  Cette  disposition  permet  de  se  rendre  compte  des  ana- 
stomoses transversales  qui  existent  entre  les  principales  divisions  du  nerf  latéral  chez  les  Gades  et  chez  d'autres  Poissons.  Chez 
le  Gardon,  j'ai  vu,  dans  certains  cas,  le  tronc  latéral  unique  se  partager,  dans  une  étendue  de  1  à  2  centimètres,  en  deux  faisceaux 
de  volume  à  peu  près  égal  dont  l'un  restait  superficiel.  Chez  le  Brochet,  j'ai  reconnu  (contrairement  ;\  l'assertion  de  Stannius) 
l'existence  d'un  long  rameau  dorsal  analogue  à  celui  des  Cyprins. 


13C  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

donné  le  nom  de  rameaux  intermédiaires  à  cause  de  leur  position  moyenne  entre  les  branches 
antérieures  et  les  postérieures.  Durant  leur  trajet  de -dedans  en  dehors,  ces  nerfs  fournis- 
sent quelques  fdets  aux  jmuscles  environnants,  puis,  au  moment  de  devenir  superficiels,  ils  se  par- 
tasent  en  deux  branches,  l'une  ascendante,  l'autre  descendante,  dont  les  ramifications  vont  se 
perdre  dans  la  peau  des  régions  situées  au-dessus  et  au-dessous  de  la  ligne  de  séparation  des  muscles 
dorsaux  et  ventraux.  Je  regarde  ces  rameaux  intermédiaires  des  nerfs  spinaux  comme  les  homologues 
du  nerf  latéral  du  pneumogastrique.  Un  simple  coup  d'œil  jeté  sur  une  préparation  d'ensemble 
des  nerfs  rachidiens  suffit  déjà  pour  faire  reconnaître  que  le  nerf  latéral  est  compris  dans  la 
série  des  nerfs  intermédiaires.  Son  origine,  sa  direction,  se?  rapports  généraux,  son  partage 
en  branches  ascendantes  et  descendantes,  tout  vient  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir.  Il 
présente,  il  est  vrai,  une  différence  de  volume  très  considérable  avec  les  nerfs  intermé- 
diaires, mais  ce  fait  ne  constitue  point  une  objection,  puisque  l'on  sait  que  des  diff'érences 
de  volume  non  moins  importantes  peuvent  se  manifester  entre  les  branches  postérieures  des 
nerfs  spinaux  et  la  branche  postérieure  de  la  cinquième  paire.  Celle-ci,  qui  forme  alors  ce 
qu'on  appelle  le  nerf  latéral  du  trijumeau,  présente  dans  sa  disposition  l'analogie  la  plus  complète 
avec  le  tronc  latéral  du  pneumogastrique. 

Reste  un  point  de  la  plus  haute  importance,  celui  relatif  aux  anastomoses.  La  complète  ana- 
logie qui  se  manifeste  entre  le  nerf  latéral  du  pneumogastrique  et  le  nerf  latéral  du  trijumeau  a  con- 
duit les  anatomistes  à  se  demander  si  pour  le  premier  comme  pour  le  second  de  ces  nerfs,  il  existe 
des  anastomoses  avec  les  nerfs  spinaux.  Cette  question  a  suscité  de  nombreuses  divergences  d'opi- 
nion. Cuvier,  se  fondant  sur  une  erreur  d'observation  manifeste,  figura  chez  la  Perche  une  série 
d'anastomoses  entre  le  nerf  latéral  du  pneumogastrique  et  les  rameaux  intermédiaires  des  nerfs 
spinaux.  Weber  et  Van  Deen  nièrent  complètement  l'existence  de  ces  rapports.  Dans  son  Mémoire 
sur  le  système  nerveux  du  Barbeau,  Bùchner  affirme  qu'il  est  parvenu  k  découvrir  l'anastomose  du 
nerf  latéral  avec  quelques  nerfs  spinaux,  et  il  ne  doute  pas  qu'elle  n'existe  pour  tous  :  «  elle  est, 
dit-il,  extrêmement  fine,  et  a  lieu  avec  la  branche  superficielle  des  nerfs  spinaux  (nerfs  intermé- 
diaires). »  A  ces  affirmations,  Stannius  en  oppose  une  contraire  :  «  Chez  beaucoup  de  Pois- 
sons, tels  que  les  Cyprins,  Esox,  Gadus,  Spinax,  Raja,  j'ai,  dit-il,  cherché  vainement  de  telles 
anastomoses;  Savi  ne  les  a  pas  trouvées  davantage  chez  la  Torpille,  ni  Robin  chez  les  Raies.  » 
Pour  ma  part,  je  puis  certifier  que  ces  anastomoses  existent;  je  les  ai  vues  très  distinctement 
sur  plusieurs  Cyprins  et  sur  le  Brochet;  je  les  ai  montrées  aux  personnes  qui  fréquentent  mon  labo- 
ratoire. Elles  sont  toujours  très  fines,  et  ont  lieu,  tantôt  à  une  certaine  profondeur  entre  le  nerf 
latéral  et  un  filet  du  nerf  intermédiaire  (Brochet),  tantôt  sous  la  peau,  entre  les  branches  descen- 
dantes du  nerf  latéral  et  les  branches  descendantes  des  nerfs  intermédiaires  (Gardon,  Nase)  (1). 
Ces  rapports  entre  les  rameaux  intermédiaires  des  nerfs  spinaux  et  le  tronc  latéral  du  pneumo- 


(l)  Le  Cyprinus  dobula  m'a  présenté  des  anastomoses  très  nettes  des  filets  descendants  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique 
avec  les  filets  des  nerfs  interméiliaires.  Ces  anastomoses  ont  lieu  à  quelune  distance  au-dessous  de  l'interstice  nmsculaire.  Le 
nerf  ainsi  constitué  descend  jusque  vers  le  bas  de  la  région  ventrale.  Chez  le  Barbeau,  j'ai  aperfu  une  branche  nerveuse  assez 
forte  naître  du  tronc  latéral  du  pneumogastrique  à  son  passage  sous  l'épaule;  elle  descend  sous  la  peau  jusque  vers  la  base 
de  la  nageoire  ventrale  où  je  l'ai  vue  s'anastomoser  avec  une  des  branches  des  premiers  nerfs  spinaux  qui  se  rendent  à  cette 
nageoire. 


DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  137 

gastrique,  apportent  une  nouvelle  preuve  en  faveur  de  l'homologie  de  ces  branches  nerveuses. 
Le  pneumogastrique  possédant  une  branche  antérieure,  une  brandie  postérieure  et  un  rameau 
intermédiaire,  on  voit  qu'il  n'y  a  entre  ce  nerf  et  les  nerfs  spinaux  aucune  différence  essen- 
tielle. 

Du  nerf  laléml  chez  divers  types.  —  Le  nerf  latéral  du  pneumogastrique  chez  la  Perche  se 
partage,  peu  après  sa  sortie  du  crâne,  en  deux  branches  d'égal  volume  qui  se  portent  en  arrière.  L'une 
d'elles  chemine  profondément  dans  l'interstice  des  masses  dorsales  et  ventrales.  L'autre  se  dirige  en 
haut  et  en  arrière  pour  devenir  su|)erricielle  et  suivre  le  trajet  du  canal  latéral;  elle  diminue  rapi- 
dement de  volume  émettant  des  ramuscules  le  long  de  son  bord  supérieur,  et  parvenue  environ  vis- 
à-vis  le  milieu  de  la  nageoire  dorsale,  devient  très  grêle  ;  mais  là  elle  reçoit  un  faisceau  de  ren- 
forcement de  la  branche  profonde  et  continue  son  trajet.  J'ai  constaté  ainsi  la  présence  de  cinq 
ou  six  de  ces  faisceaux  qui  lui  permettent  d'atteindre  le  voisinage  de  la  queue.  Elle  ne  con- 
stitue plus  alors  un  nerf  régulier,  mais  des  espèces  d'arcades  formées  par  les  branches  de  renforce- 
ment. Le  rameau  operculairc  m'a  paru  naître  tout  près  de  l'origine  du  nerf  latéral.  Chez  le  Chabot, 
ce  dernier,  se  bifurquant,  forme  deux  branches  grêles.  L'une,  un  peu  plus  faible,  est  superficielle; 
en  avant,  tout  près  de  sa  naissance,  j'ai  aperçu  l'origine  d'iin  filoi  qui  descendait  en  se  perdant  dans 
l'épaisseur  des  muscles  de  la  ceinture  humérale.  La  seconde  est  située  à  une  certaine  profondeur  au 
milieu  des  muscles  du  sillon  latéral.  Le  nerf  latéral  de  l'Epinoche  est  assez  volumineux  dans  sa 
portion  antérieure,  mais  il  diminue  rapidement  d'avant  en  arrière  et  devient  très  grêle.  Il  est  super- 
ficiel et  placé  au-dessous  de  la  peau  au  niveau  de  l'interstice.  Chez  la  Sole  {Pleuronecles  Solea),  il  se 
trouve  situé  profondément  tout  près  de  la  colonne  vertébrale,  au  fond  de  l'interstice  musculaire. 
Chez  le  Goujon,  il  est  volumineux  et  a  deux  origines,  l'une  formée  par  la  racine  antérieure  du 
pneumogastrique,  l'autre  par  le  faisceau  récurrent  du  trijumeau.  La  portion  qui  nail  du  fais- 
ceau récurrent  est  plus  volumineuse  que  celle  qui  provient  de  la  racine  antérieure,  bien  déve- 
loppée cependant.  Au  point  où  le  narf  latéral  croise  la  face  externe  de  la  racine  postérieure 
du  pneumogastrique,  il  s'en  isole  avec  la  plus  grande  facilité  et  sans  ((ue  j'aie  vu  se  mani- 
fester la  moindre  déchirure;  on  dirait  ([ue  les  deux  troncs  se  trouvant  simplement  a])|)liqués 
l'un  contre  l'autre  et  unis  par  du  tissu  conjonctif.  Ci;  nerf  émet  sur  son  trajet  de  nombreuses 
branches  qui  se  rendent  à  la  peau  et  des  ramuscules  qui  se  distribuent  aux  muscles  environnants; 
arrivé  à  la  base  de  la  queue,  il  est  très  grêle  et  se  partage  en  di'iix  ou  trois  rameaux  des- 
tinés aux  muscles  de  cette  région.  Le  nerf  latéral  est  grêle  chez  la  Bouvière.  Sur  un  jeune 
Squale,  il  était  appliqué  contre  le  corps  des  vertèbres  :  aucun  autre  Poisson  ne  me  l'a  montré 
situé  aussi  })roi'ondément.  Chez  les  Trigles,  il  proviiMit  i)ies(pie  entièrement  de  la  racine  (pu 
fournit  les  nerfs  respiratoires.  Celui  du  Nase  nait  d(!  la  racine  antérieure  du  pneumogastriquti 
et  en  partie  du  faisceau  récurrent  ;' il  se  termine  à  la  base  de  la  queue  par  plusieurs  filets 
(jui  se  bifunjuent  plusieurs  fois  et  donl  |)liisi('iirs  raniilioalions  vont  [lénétrer  ilans  l'épais- 
seur des  petits  muscles  de  cette  partie,  (liiez  l'Anguille,  il  est  simple  et  constitue  un  Ironc 
uni«pi('  situé  très  profondément.  Il  présente  aussi  ce  dernier  caractère  chez  un  Poisson 
cartilagineux,  l'Ammocète  ;  à  partir  de  son  origine,  je  l'ai  vu  s'élever  graduellement  vers  le  dos  et 
finir  par  se  rapprocher  tellement  de  la  ligne  médiane  (pi'il  côtoie  la  base  de  la  nageoire  dorsale. 


138  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

devenant  extrêmement  grêle  vers  le  milieu  du  corps.  De  sa  base  se  détache  un  filet  qui  se  porte  en 
avant  en  passant  en  dehors  de  l'ampoule  auditive  :  peut-être  se  rend-il  au  trijumeau. 

Observation  sur  les  origines  de  la  branche  operculaire  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique . 
—  Une  des  branches  les  plus  importantes  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique  est  celle  à 
laquelle  on  donne  le  nom  de  rameau  operculaire.  Elle  se  distribue  aux  muscles  et  à  la  peau 
de  l'opercule,  s'anastomosant  avec  la  branche  de  même  nom  appartenant  au  neri'  Irijumeau. 
Les  anatomistes  dont  les  travaux  ont  eu  pour  objet  le  système  nerveux  des  Poissons,  se  sont 
bornés  à  signaler  la  branche  operculaire  comme  étant  l'une  des  divisions  du  nerf  latéral, 
mais  sans  entrer  dans  aucun  détail  au  sujet  de  ses  origines.  «  Er  erstreckt  sich  vom  Stamme 
des  Seitennervensijstems  »  dit  Stannius  (i).  Selon  Bûchner  (^2),  elle  naît  du  bord  supérieur  du 
ganglion  du  pneumogastrique.  L'étude  que  j'en  ai  faite  sur  divers  Cyprins  m'a  conduit  à 
reconnaître  que  les  fibres  qui  la  constituent  proviennent,  non  pas  d'une  source  unique, 
mais  bien  de  deux  et  quelquefois  de  trois  sources  différentes  :  de  la  racine  antérieure  du 
pneumogastrique,  de  la  racine  postérieure  de  ce  même  nerf  et  du  trijumeau.  Voici  le  caractère 
de  ces  origines  chez  le  Goujon,  l'un  des  types  (jui  se  prête  le  mieux  à  l'observation.  Chez  ce 
Poisson,  la  branche  operculaire  se  sépare  du  Ironc  latéral  au  niveau  môme  de  l'origine  de 
ce  dernier,  c'est-à-dire  au  point  où  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique  s'unit  à  la 
branche  postérieure.  Au  premier  abord,  on  pourrait  croire  que  cette  branche  émane  en 
entier  du  tronc  latéral;  ce  n'est  là  qu'une  fausse  apparence.  Si  quelques-unes  de  ses  fibres  en 
proviennent  réellement,  la  presque  totalité  possède  une  origine  diirérente.  De  sa  base  on  voit, 
en  effet,  se  détacher  un  faisceau  de  fibres  relativement  considérable  qui  ci'oise  la  face  supé- 
rieure et  interne  du  tronc  latéral  pour  se  porter  en  dedans  vers  la  racine  postérieure  du 
pneumogastrique.  Arrivé  en  ce  point,  le  faisceau  en  ({uestion  se  partage  en  deux  faisceaux  secon- 
daires :  l'un  très  court,  qui  ne  va  pas  au  delà  et  se  perd  dans  la  racine  postérieure;  l'autre  beau- 
coup pins  long,  qui  descend  au  devant  du  bord  antérieur  de  cette  môme  racine,  se  porte  en 
avant  au-dessous  des  divisions  du  nerf  acoustique  et  se  jette  dans  le  nerf  récurrent  du  trijumeau. 
Le  trajet  et  les  connexions  de  ce  faisceau  ])rofond  ne  sont  point  constants,  et  l'on  peut  signaler 
quelques  variations  qui  ne  sont  point  sans  intérêt.  Ainsi,  chez  le  Goujon,  j'ai  observé  à  droite  et  à 
gauche  deux  dispositions  tout  à  fait  différentes.  Du  côté  droit,  le  faisceau  profond  descendait,  comme 
je  viens  de  l'indiquer,  au  devant  de  la  racine  postérieure  du  pneumogastrique,  passait  au-dessous  de 
l'acoustique  et  se  jetait  dans  la  portion  du  faisceau  qui  se  porte  vers  la  racine  antérieure  du 
pneumogastrique.  Du  côté  gauche,  le  même  faisceau  profond,  au  lieu  de  descendre  en  avant  de  la 
racine  postérieure,  passait  au  travers  des  fibres  de  cette  racine,  à  peu  de  distance  de  son  bord  pos- 
lérieur,  et  allait  se  jeter  directement  dans  la  portion  du  faisceau  récurrent  qui  se  rend  à  la  première 
|)aire  spinale.  Dans  la  Vandoise,  le  nerf  operculaire  ne  m'a  jthis  présenté  cpie  deux  faisceaux 
d'origine  :  l'un  d'eux,  très  court  mais  très  distinct,  émane  directement  du  trunc  latéral;  l'autre, 
beaucoup  plus  considérable,  se  porte  en  dedans  pour  gagner  la  face  externe  tie  la  racine  poslé- 

(1)  Das  periphcrische  Ni'rvcnsyslem  (1er  Fisclic,  p.  'J7;  1849. 

(2)  Mémoire  sur  le  système  nerveux  du  Barbeau  (Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Strasbourg). 


DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  Kî',) 

rieurc  du  pnciimogasti-kiiio.  J(!  n'ai  |Mtiiit  lidiivr  ili'  faisceau  profond  imi  rapport  avec,  la  liranclie 
rériiii-cnti'  du  li'ijuiin'aii;  il  est  à  noter,  du  reste,  (pn'  la  portimi  de  rfltc  Itiaiiclii.'  réciii  rciile 
destinée  k  la  première  paire  des  nerfs  spinaux  est  ici  1res  grôle  (1). 

Des  faits  qui  précèdent  il  résulte  donc  que,  chez  les  Cyprins,  les  libres  de  la  branche  operculaire 
peuvent  provenir  de  trois  sources  différentes  :  di'  la  racine  antérieure  du  pneumogastrique,  de  la 
racine  postérieure  du  même  nerf  et  du  nerf  Irijnineau.  Les  fdjres  issues  directement  du  tronc 
latéral  semblent  avoir  en  partie  pour  origine  la  racine  antéricnn'  du  pneumogastrique.  Celles  qui 
proviennent  du  trijumeau  peuvent  arriver  à  la  branche  opercnlaiiv  par  plusieurs  voies  dilïérenles, 
un  bien  i)ar  l'intermédiaire  de  la  portion  du  faisceau  récurrent  ijui  se  jette  dans  la  racine  anté- 
rieure du  pneumogastrique  (Vandoise),  ou  bien  par  l'iulermédiaire  d'un  lilii  distinct  qui  se  sépare 
du  laisceau  récurrent  à  des  hauteurs  variables  (Goujon). 

Ces  résultats  offrent  encore,  au  point  de  vue  morphologique,  un  véritable  intérêt.  .lai  déjà 
montré  combien  sont  sujets  à  variei'  les  rapports  du  faisceau  récurrent  du  trijumeau  avec  les 
divisions  du  nerf  acoustique.  Les  faits  nouveaux  que  je  signale,  achèvent  de  prouver  condjien  est 
instable  le  mode  de  groupement  des  libres  dont  rensembic  constitue  les  troncs  nerveux.  Ces  fdires  se 
joignent,  se  disjoignent,  s'écartent  ou  se  rapprochent  avec  une  extrême  facilité;  on  les  voit  passer, 
tantôt  en  avant,  tantôt  en  arrière  d'une  même  branche  nerveuse  voisine;  elles  jieuvent  traverser 
celle-ci  de  part  en  part,  ou  même  en  s'écartant  l'enfermer  dans  une  sorte  d'anneau.  Il  résulte  de 
là  que,  lorsqu'il  s'agit  des  divisions  d'un  nerf,  l'origine  apparente  ou  les  connexions  avec  d'autres 
branches  nerveuses  sont  des  caractères  de  peu  d'importiuice.  En  généralisant  ces  faits,  on  arrive 
encore  ii  cette  autre  conséquence  :  la  snbslance  blanche  extérieure  de  la  moelle  étant  l'oini(''e  par 
im  assemblage  de  fibres  ipii  sont  la  source  des  nerfs,  on  comprend  ((ue  dans  divers  cas,  un  certain 
nombre  de  ces  fdjres,  émergeant  plus  tôt,  suivent  nn  trajet  extérieur  à  la  moelle,  et  vice 
versa.  Ainsi  seulement  peuvent  se  concîevoir  certaines  anomalies  dont  il  est  fnii  difficile  de  se 
rendre  compte  autrement.  Je  ne  saurais  m'expliquer  d'une  autre  façon  l'absence  complète  du 
faisceau  récurrent  du  trijumeau  chez  la  Tanche,  ce  faisceau  oiTranI  nn  développenienl  énoime  chez 
tous  les  autres  Cyprins. 

Nerfs  spinaux.  —  Chez  la  Perche,  les  deux  premières  paires  spinales  sont  confondues  au 
niveau  de  leur  partie  ganglionnaire  (2).  Leurs  racines  sont  très  longues  comparativenii  ni  ,i  ci  Iles  de 
autres  paires  :  l'antérieure  de  la  première  est  grêle  et  naît  fort  loin  en  avant  au-dessous  de  la  moelle. 
Il  existe  encore  deux  autres  fortes  racines  situées  très  bas  :  l'une  doit  être  la  racine  postérieure  de 
la  première  paire;  l'autre,  l'antérieure  de  la  seconde.  Au  point  où  elles  se  confondent  naissent 
deux  nerfs  qui  descendent  vers  la  nageoire  ventrale,  puis  les  branches  dorsales  et  enfin  deux 
branches  intermédiaires.  Ces  deux  premières  paires  réunies  sont  plus  éloignées  de  la  troisième  que 
celle-ci  ne  l'est  de  la  quatrième.  Leurs  rapports  avec  le  sympatbiiiuc  sont  intéressants.  Au-des- 
sous de  la  première  et  de  son  point  de  jonction  avec  la  seconde,  à  une  distance  à  peu  près  égale 
à  la  longueur  de  ses  racines,  .se  trouve  placé  un  ganglion  volumineux  appliqué  sous  le  tronc  ventral. 

(1)  Cliez  lii  T;uiclii',  la  liiaiiclie  operculaire  luiil,  au  moins  eu  moyenne  partie,  ilu  tronc  même  du  pneumogastrique. 

(2)  l'I.  1\,  lii,'.  (I,  7,  8. 


s 


140  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

En  outre  des  deux  filets  qui  la  mettent  en  rapport  avec  le  cordon  sympathique,  on  voit  naître  de  cette 
première  paire  :  1°  un  filet  ascendant  qui  remonte  vers  l'origine  de  la  branche  ventrale;  2°  un 
ou  deux  filets  descendants  qui  se  portent  sur  la  branche  ventrale  et  descendent  avec  elle;  3"  plu- 
sieurs filets  très  grêles  et  très  longs  qui  se  dirigent  en  dehors  et  vers  le  bas  et  paraissent  se  perdre 
dans  les  membranes  de  l'abdomen.  Au-dessous  de  la  quatrième  et  de  la  cinquième  paire  se  trouve 
un  second  ganglion  volumineux  qui  s'unit  au  tronc  ventral  correspondant  par  un  filet  très  court. 
Entre  la  troisième  paire  et  le  ganglion  de  la  quatrième,  j'ai  trouvé  le  cordon  sympathique  dédoublé 
en  deux  filets  dont  l'un  intimement  uni  au  corps  vertébral.  Ce  dédoublement  a  lieu  à  droite  de 
la  préparation,  c'est-à-dire  du  côté  gauche  de  l'animal.  Le  nerf  intermédiaire  est  presque  aussi 
volumineux  que  la  branche  ventrale  dont  il  se  sépare  immédiatement  au-dessous  de  son  origine; 
il  s'avance  de  dedans  en  dehors,  non  pas  dans  l'interstice  musculaire,  mais  un  peu  au-dessus  de  ce 
plan,  dans  l'épaisseur  du  muscle  dorsal,  de  sorte  que  sa  dissection  exige  de  grandes  précautions. 
Fournissant  des  filets  aux  muscles  au  travers  desquels  il  passe,  il  parvient  jusqu'au  voisinage 
de  l'interstice,  et  un  peu  avant  d'atteindre  le  nerf  latéral,  se  divise  en  deux  branches  :  l'une  ascen- 
dante qui  monte  au-dessus  du  nerf  latéral,  l'autre  descendante  qui  se  dirige  au-dessous,  et 
qui,  toutes  deux,  m'ont  paru  se  perdre  dans  la  peau  en  se  ramifiant.  Une  partie  des  filets  de  la 
branche  descendante  accompagne  les  vaisseaux  qui  suivent  les  espaces  intermusculaires  super- 
ficiels. Dans  le  plan  de  l'interstice  se  trouve  un  vaisseau  ;  je  n'y  ai  pas  vu  de  rameau  nerveux  accolé. 
La  branche  ventrale  fournit  un  filet  musculaire  grêle,  très  long,  que  je  crois  constant  dans  les 
nerfs  de  la  moitié  postérieure  du  tronc,  et  qui  se  divise  en  fins  ramuscules  dans  l'épaisseur  des 
muscles.  Une  branche  nerveuse  assez  forte,  presque  de  même  volume  que  le  nerf  intermédiaire, 
se  détache  du  rameau  communiquant  dorsal  un  peu  avant  qu'il  atteigne  la  branche  postérieure 
ascendante;  elle  se  porte  de  dedans  en  dehors  et  obliquement  vers  le  haut,  dans  l'épaisseur  de  la 
masse  musculaire  dorsale  et  dans  la  direction  d'une  ligne  qui  aboutirait  au  canal  latéral  ;  sur  le 
trajet,  elle  émet  des  filets  musculaires  et  vient  se  terminer  à  la  peau.  Le  rameau  qui  naît 
de  la  branche  communicante  est  mixte.  Il  reçoit  deux  filets  de  deux  paires  dilïérentes  :  l'un  du 
rameau  communiquant  de  la  paire  qui  précède,  l'autre  de  la  branche  dorsale  de  la  paire 
qui  suit,  c'est-à-dire  de  la  branche  à  laquelle  se  rend  le  nerf  communiquant.  J'ai  trouvé 
un  filet  très  grêle  naissant  en  arrière  de  la  masse  ganglionnaire  et  deux  filets  sympathiques 
dont  l'un  provient  de  la  partie  antérieure  de  la  masse  ganglionnaire,  l'autre  de  la  branche  ventrale 
un  peu  au-dessous  de  son  origine.  Tous  deux  ont  été  observés  au  niveau  d'une  ligne  ver- 
ticale qui  passerait  à  une  certaine  dislance  en  avant  de  la  terminaison  de  la  première  nageoire 
dorsale  (4). 

Chez  le  Labre,  les  racines  antérieures  et  postérieures  des  paires  spinales  sont  à  peu  près  de 
même  volume  et  persistent  en  partie  lorsqu'on  extrait  par  traction  la  moelle  du  canal  spinal.  La  dis- 
position des  nerfs  de  ce  Poisson  est  assez  semblable  à  celle  qui  existe  chez  la  Perche.  J'ai  trouvé  un 
seul  nerf  intermédiaire  très  volumineux  qui  traverse  les  muscles.  Le  rameau  communiquant  émet 
un  filet  qui  se  porte  en  haut  et  en  dehors  accompagné  d'un  vaisseau  ;  ce  filet  en  reçoit  un  à  son 
tour  de  la  branche  dorsale  de  la  paire  suivante. 

(1^  Les  branches  dorsales  des  nerfs  spinaux  ont  un  volume  plus  considérable  vis-à-vis  des  nageoires. 


DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX.  141 

Chez  le  Chabot,  les  branches  dorsales  des  premiers  nerfs  spinaux  s'anastomosent  plusieurs  fois 
entre  elles  ainsi  qu'avec  le  nerf  latériil  (hi  iiijumeau,  de  telle  sorte  qu'il  existe  en  ce  point  une  sorte 
do  joli  plexus.  Les  six  premiers  nerfs  spinaux,  les  qualrièuie,  cinquième  et  sixième  surtout,  sont 
très  gros.  Ils  égalent  le  pneumogastrique,  mais  par  leurs  branches  ventrales  seulement,  les  dorsales 
étant  au  contraire  très  grêles  et  leur  petitesse  contrastant  avec  le  volume  des  autres.  Le  premier 
et  le  deuxième  nerf  spinal  sont  tellement  voisins,  qu'ils  se  touchent  au  niveau  de  leurs  renfle- 
ments ganglionnaires  et  qu'on  croirait  être  en  présence  d'un  seul  nerf  pourvu  de  deux  racines  posté- 
rieures et  de  deux  antérieures;  ils  se  séparent  ensuite  en  restant  très  rapprochés,  puis  un  peu  plus 
bas  se  réunissent  de  nouveau  en  formant  une  sorte  de  plexus  auquel  prend  |)art  le  troisième  nerf 
spinal.  Ce  plexus  a  l'aspect  d'un  treillis  et  rappelle  le  plexus  brachial  :  du  reste,  ces  nerfs  se 
distribuent  à  l'épaule.  Les  deux  premiers  nerfs  spinaux  ont  leurs  racines  antérieures  très  développées 
et  les  postérieures  très  grêles;  ces  racines  paraissent  complètement  fusionnées  dans  le  rameau 
veiiti;il  et  ne  sont  jias  distinctes  comme  dans  d'autres  types,  la  Carpe  par  exemple.  Chez  le  Chabot, 
vers  le  milieu  du  dos,  la  racine  antérieure  est  plus  volumineuse  que  la  postérieure  :  celle-ci  pré- 
sente avant  de  se  partager  un  petit  renflement  ovoïde  que  je  crois  de  nature  ganglionnaire  ; 
elle  se  divise  ensuite  en  branche  antérieure  et  en  postérieure.  La  base  de  la  branche  pos- 
térieure est  fusiforme  et  renferme  probablement  des  globules  ganglionnaires.  L'origine  de  la 
branche  ventrale  est  aussi  dilatée  et  doit  en  contenir  également.  Je  regarde  ces  trois  parties 
supposées  ganglionnaires  comme  des  expansions  d'un  même  ganglion  trilobé;  un  lobe  se  trouve- 
rait sur  la  racine  postérieure,  un  second  sur  la  branche  dorsale,  un  troisième  sur  la  branche 
ventrale.  Le  rameau  communiquant,  plus  développé  que  la  racine  postérieure  elle-même,  naît  de 
l'antérieure  et  se  porte  sur  la  face  externe  de  la  branche  ventrale,  tout  près  de  son  point 
d'émergence  de  la  racine  postérieure;  il  traverse  souvent  cette  branche  dans  son  épaisseur  ou 
s'unit  à  elle  d'une  manière  plus  ou  moins  étroite.  On  remarque  de  nombreuses  variations  relati- 
vement à  l'intimité  de  ses  rapports  dans  la  série  des  nerfs  spinaux.  Au  niveau  de  certaines  paires, 
on  le  dirait  seulement  appliqué  sur  la  face  externe  de  la  branche  antérieure.  Le  rameau  inter- 
médiaire situé  en  avant  parait  naître  de  la  racine  antérieure,  mais  j'ai  aequis  la  certitude  qu'il 
reçoit  aussi  des  fibres  de  la  portion  ganglionnaire  appartenant  à  la  branche  ventrale  de  la  racine  pos- 
térieure. Ces  fibres  renferment  des  globules  ganglionnaires  à  leur  origine;  il  existe  une  espèce  de 
petit  renflement  conique  dépendant  de  la  masse  ganglionnaire  principale.  Un  filet  plus  grêle  que  le 
rameau  intermédiaire  nait  en  arrière  de  la  portion  ganglionnaire  appartenant  à  la  branche  ventrale 
de  la  racine  postérieure;  il  se  porte  en  dehors,  est  très  long  et  je  l'ai  vu  se  bifurquer  à  l'extrémité. 
En  examinant  ces  difTérentes  parties  au  microscope,  on  distingue  très  bien  les  globules  ganglion- 
naires dans  le  renflement  de  la  base  du  rameau  dorsal  et  dans  celui  de  la  base  du  rameau 
ventral  de  la  racine  postérieure.  Ces  deux  masses  ganglionnaires  se  trouvent  réunies  l'une  à  l'autre 
et  ne  sont  par  conséquent  qu'une  seule  masse  biliirquée.  Le  nerf  intermédiain'  postérieur 
reçoit  des  fibres  de  la  portion  ganglionnaire  :  j'ai  aperçu  d'autres  fibres  encore  qui  [)aiais- 
saient  provenir  du  bord  inférieur  de  la  racine  antérieure,  ce  qui  constitue  là  un  vrai  ple.xus 
gantflionnaire. 

(jlii'z  ri']pinoclie,  la  prcinièiv  paire  s|iiiiali'  émet  un  iicil  (pii  descend  de  l'épaule  pour  se  rendre 
en  bas  et  en  axant  et  de  lii  dans  les  muscles  médians  à  cùlé  île  l'uro-hyal.  Ces  premières  paires 


142  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

spinales  présentent  des  racines  postérieures  très  grêles  comparativement  aux  anlérieures.  Les 
branches  postérieures  sont  très  grêles  aussi  par  rapport  aux  rameaux  anastomotiques. 

Le  premier  nerf  spinal  de  la  Lote,  qui  aboutit  à  l'origine  de  la  nageoire  anale,  donne  nais- 
sance à  un  rameau  qui  se  porte  en  arrière  en  passant  au-dessous  des  dernières  divisions  des 
deuxième  et  troisième  nerfs  dont  il  reçoit  un  fdet  de  communication;  au  delà,  il  semble  se  perdre 
dans  les  muscles  des  nageoires.  Les  fdets  terminaux  des  cinq  nerfs  suivants  se  dirigent  en 
arrière  et  s'anastomosent  à  leur  extrémité.  Le  nerf  de  la  sixième  paire  spinale,  plus  fort,  envoie 
un  de  ses  fdets  terminaux  en  arrière  pour  constituer  un  petit  rameau  longitudinal  qui  reçoit  des 
anastomoses  des  rameaux  suivants,  mais  s'atténue  rapidement  et  devient  bientôt  si  grêle,  qu'il 
est  difficile  de  le  poursuivre.  Le  nerf  de  la  neuvième  paire  émet  une  branche  relativement  impor- 
tante qui  constitue  un  tronc  longitudinal  se  portant  en  arrière  entre  les  muscles  superficiels 
et  les  muscles  profonds  de  la  nageoire  et  recevant  des  filets  de  communication  des  paires  suivantes. 
On  peut  donc  suivre  ici  tous  les  passages  pour  la  formation  du  nerf  longitudinal.  Ce  nerf  va  en 
s'amincissant  jusque  vers  la  seconde  paire;  là,  il  reçoit  une  paire  plus  forte  qui  lui  rond  un 
volume  plus  considérable  et  un  peu  plus  loin  de  même  ;  il  chemine  ainsi  jusqu'à  l'origine  de  la 
queue,  mais,  en  somme,  il  est  très  grêle  dans  tout  son  trajet.  La  branche  terminale  superficielle 
des  nerfs  costaux  ne  m'a  paru  bien  développée  que  dans  la   moitié  postérieure  de  l'abdomen. 

«  Chez  la  Lote,  dit  Stannius,  la  première  paire  spinale  présente  deux  racines  postérieures 
et  deux  antérieures.  »  J'ai  la  conviction  qu'il  y  a  ici  deux  paires  confondues,  car  sur  une  prépara- 
tion macérée  dans  l'acide  azotique  dilué,  cette  paire  se  dédoublait  en  deux  autres  parfaitement  dis- 
tinctes, mais  appliquées  l'une  contre  l'autre  et  unies  par  une  anastomose  au  niveau  de  l'origine  des 
branches  inférieures.  Les  racines  antérieures  sont  plus  volumineuses  que  les  postérieures;  les 
unes  et  les  autres  sont  longues  et  ne  se  réunissent  qu'à  une  assez  grande  distance  de  leur  origine. 
Le  nerf  de  la  deuxième  paire  spinale  possède  une  longue  racine  qui  vient  prendre  naissance 
auprès  de  celles  de  la  première.  On  voit  la  branche  inférieure  des  nerfs  spinaux  (branche  costale) 
se  bifurquer  vers  le  tiers  inférieur  de  l'abdomen  en  deux  rameaux  parfois  d'égal  volume  dont 
l'un  se  porte  en  dehors  en  traversant  les  muscles  abdominaux  et,  devenu  superficiel,  se  distribue  à 
la  peau.  Ce  premier  rameau  suit  une  ligne  marquée  par  le  changement  de  direction  des  fibres  de 
la  masse  musculaire  ventrale.  Quant  au  rameau  profond,  il  continue  son  trajet  en  dehors  du 
péritoine  et  ne  tarde  pas  à  se  diviser  en  plusieurs  ranniscules  qui  se  distribuent  aux  muscles  de  la 
portion  inférieure  de  l'abdomen.  J'ai  suivi  ces  ramuscules  jusqu'à  la  ligne  médiane  oîi  quelques-uns 
m'ont  paru  devenir  sous-cutanés.  Vis-à-vis  la  région  anale,  les  filets  terminaux  des  branches 
profondes  s'anastomosent  entre  eux  au  moyeu  de  filaments  très  déliés.  La  branche  postérieure 
croise  le  nerf  latéral  en  passant  au-dessus  de  lui  et  se  porte  en  haut,  vers  la  peau.  Le  nerf  inter- 
médiaire est  double  et  naît  de  la  branche  costale,  à  une  faible  distance  de  son  origine,  par 
deux  rameaux  séparés  dès  leur  naissance.  Cette  naissance  ne  s'effectue  pas  toujours  au  même 
niveau.  Sur  quelques  branches,  j'ai  vu  le  nerf  intermédiaire  provenir  d'un  tissu  commun  et  les 
deux  rameaux  ne  se  séparer  que  plus  tard,  mais  ce  dernier  cas  m'a  paru  exceptionnel.  Ces 
rameaux  se  portent  en  dehors  en  s'écartant  l'un  de  l'autre  dans  l'espace  qui  divise  les  masses 
musculaires  et  ventrales;  ils  parviennent  ainsi  jusqu'à  la  ligne  latérale  où  ils  émergent  pour  se 
distribuer  à  la  peau. 


DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSO:NS  OSSEUX.  1 13 

Chez  la  Sole  ,  il  existe  doux  filets  nerveux  intermédiaires  qui  commencent  aussi  à  des  hauteurs 
difTérentes.  Le  postérieur  nait  du  ganglion  ou  tout  près  du  ganglion  de  la  racine  postérieure, 
l'antérieur  au  niveau  du  point  de  jonction  de  la  racine  antérieure  avec  la  postérieure.  Contrai- 
rement h  ce  qui  existe  chez  les  Cyprins,  le  filet  antérieur  est  ici  très  grêle  et  le  postérieur  beaucoup 
[ihis  développé.  Celui-ci  a  été  suivi  jusqu'à  la  surface  du  curps  dans  l'interstice  musculaire. 

Dans  le  Gadus  Molva,  le  rameau-  antérieur  de  la  première  paire  spinale  très  gros  se  prolonge 
sur  la  lace  aiitéro-latérale  de  la  Mioellç  en  formant,  pendant  une  certaine  longueur,  une  saillie 
sur  les  côtés  des  cordons  antérieurs. 

Chez  la  Carpe,  les  origines  des  nerfs  sont  très  curieuses  à  étudier.  Dans  toute  la  région  caudale, 
les  ganglions  postérieurs  m'ont  paru  se  toucher  sur  la  ligne  médiane.  Il  est  bon  d'en  examiner 
plusieurs,  car  leur  disposition  est  beaucoup  plus  nette  sur  certaines  paires  que  sur  d'autres.  Vers 
les  dixième  ou  douzième  vertèbres,  les  nerfs  ventraux  émettent  près  de  leur  origine  et  du  côté  posté- 
rieur, vis-à-vis  du  rameau  intermédiaire,  une  branche  qui  se  porte  obliquement  vers  le  bas  et  en 
arrière,  et  qu'on  retrouve  plus  loin  encore,  mais  beaucoup  plus  grêle.  Les  racines  sensitives  et 
motrices  des  branches  ventrales  restent  distinctes  pendant  une  certaine  longueur;  un  sillon  marque 
la  séparation.  La  Jjraiiehe  dorsale  du  premier  nerf  spinal  reçoit  de  la  faeun  la  plus  nelti' nu  fais- 
ceau de  la  racine  antérieure  el  un  second  du  nerf  récurieiil  du  trijumeau;  la  branche  ventrale  en 
reçoit  un  à  son  tour  du  nerf  récurrent.  La  racine  antérieure  de  la  première  paire  spinale  est  au 
moins  deux  ou  trois  fois  aussi  considérable  que  la  postérieure.  Sur  une  grosse  Carpe  examinée  à 
peu  ])rès  vers  le  milieu  du  corps,  j'ai  trouvé  la  branche  moyenne  motrice  peu  volumineuse  relative- 
ment à  celle  d'autres  types.  La  branche  sensitive  est  extrêmement  grêle  et  à  peine  visible  à  l'œil 
nu  :  elle  descend  au  devant  de  la  branche  motrice  de  l'espace  suivant  séparée  d'elle  par  les 
vaisseaux  intercostaux  seulement,  émettant  dans  son  trajet  un  lilet  anastomotique  très  fort  qui  se 
joint  au  lilet  émané  delà  branche  moyenne  motrice.  Ce  dernier,  plus  gros  encore  que  le  filet  ana- 
stomotique, à  peu  près  de  même  volume  que  le  tronc  moyen,  se  bifunpu;  à  une  certaine  distance  du 
tionc  principal.  Un  peu  plus  loin,  j'ai  observé  une  autre  anastomose  très  déliée  se  por- 
tant de  la  branclu!  sensitive  vers  la  branche  moyenne  motrice.  Enfin,  au  point  où  la  liranche 
sensitive  avoisine  le  tronc  latéral,  on  voit  un  rameau  provenant  du  nerf  latéral  du  pneumo- 
gastrique s'anastomoser  avec  le  tronc  sensitif  (pii  pass(>,  au-dessous  du  premier  de  ces  troncs. 
Le  rameau  moteur  S(;  continue  inlérieurement  au-dessous  du  iieif  latéral  dans  les  interstices 
musculaires  et  dans  le  tissu  conjonctif  qui  les  remplit.  Le  nerf  intermédiaire  ([ue,  sur  certaines 
paires,  j'ai  vu  naître  de  la  racine  antérieure,  envoie  des  filets  au  uuiscle  de  la  gouttière  latérale. 
J'ai  trouvé  les  nerfs  intermédiaires  sensitifs  et  moteurs  jusque  sur  les  derniers  nerf>  ,-pinau\  du 
côté  de  la  (puMie;  les  deux  filets  sdul  très  écartés  et  naissent  de  leurs  racines  respectives. 

Un  fait  important  se  présente  chez  le  Goujon.  Le  preiuier  neif  s[iiiial  possède  une  racine  posté- 
rieure extrêmement  grêle  et  une  antérieure  bien  développée;  la  deuxième  paire,  au  contraire, 
a  la  lacine  postérieure  très  développée  et  beaucoup  plus  forte  que  l'antérieure.  Si  l'on  cherche 
à  se  rendre  compte  de  celte  disposition,  on  voit  (pie  la  première  paire  spinale,  qui  est  très  volumi- 
neuse, reçoit  un  faisceau  considérable  du  trijumeau  (le  récurrent)  qui  lui  apporte  sans  doute  la 
sensibilité.  Il  serait  curieux  de  constater  si,  chez  la  Tanche  qui  ne  reçoit  pas  de  faisceau  récurrent, 
la  racine  postérieure  de  la  première  paire  n'est  point  volumineuse,  ce  qui  prouverait  que  le  foisceau 


144  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

récurrent  peut  suivre  le  trajet  de  la  moelle.  Une  partie  des  fibres  de  ce  faisceau  concourt  à  former 
la  branche  dorsale  du  premier  nerf  spinal.  Cette  première  paire  spinale  possède  un  nerf  intermé- 
diaire bien  net,  et  vers  le  milieu  de  sa  hauteur  donne  naissance  à  un  mince  fdet  que  j'ai  vu  se  diriger 
vers  les  vaisseaux  du  foie.  La  deuxième  paire  offre,  avons-nous  dit,  une  racine  antérieure  très  grêle 
et  une  postérieure  très  développée  ;  toutes  deux  ne  se  réunissent  qu'à  une  assez  grande  distance  de 
leur  origine.  L'antérieure,  avant  de  se  joindre  à  la  postérieure,  émet  le  rameau  dorsal  vers  son 
tiers  supérieur,  et  un  rameau  intermédiaire  vers  son  tiers  inférieur.  La  racine  postérieure,  au  milieu 
de  son  trajet  vers  la  racine  antérieure,  forme  un  gros  ganglion  triangulaire  dont  l'angle  externe 
fournit  le  rameau  dorsal.  Ce  rameau  dorsal  et  celui  de  la  racine  antérieure  s'unissent  par  un  filet 
anasLomotique  transversal.  La  troisième  paire  offre  aussi  deux  racines  qui  restent  longtemps 
séparées,  et  un  nerf  intermédiaire  qui  naît  de  la  racine  antérieure  près  du  point  où  elle  se 
confond  avec  la  postérieure.  Celle-ci  présente  également  vers  le  milieu  de  son  trajet  un  renflement 
ovoïde  assez  fort.  La  quatrième  paire  possède  sur  sa  racine  postérieure  un  gros  ganglion  triangu- 
laire. Les  deux  racines,  et  l'on  peut  en  dire  autant  de  toutes  les  racines  spinales  du  Goujon  en 
général,  ne  se  réunissent  qu'à  une  assez  grande  distance  de  la  moelle.  La  cinquième  paire  et  les 
suivantes  ont  un  ganglion  beaucoup  plus  petit  que  les  quatre  premières.  Ces  quatre  ou  cinq  pre- 
mières paires  sont  irrégulièrement  espacées.  La  première  et  la  seconde,  comme  chez  le  Cijprlnus 
dolmla,  sont  très  écartées,  la  deuxième  et  la  troisième  très  rapprochées;  la  quatrième  est  plus  éloi- 
gnée de  la  troisième  que  la  seconde  de  la  troisième.  Entre  la  première  et  la  seconde,  il  m'a  semblé 
voir  un  petit  filet  naître  de  la  moelle. 

Si  nous  comparons  entre  elles  les  premières  paires  spinales  du  Goujon,  nous  voyons  que  la 
première  a  une  racine  antérieure  développée  et  une  postérieure  très  grêle,  les  deuxième,  troisième 
et  quatrième  paires  une  racine  postérieure  beaucoup  plus  développée  que  l'antérieure,  la  cin- 
quième et  les  suivantes  une  racine  postérieure  et  une  antérieure  assez  grêle,  à  peu  près  d'égal 
volume.  Les  racines  antérieure  et  postérieure  de  la  première  paire  sont  beaucoup  plus  courtes  que 
celles  des  autres  paires,  et  se  réunissent  par  conséquent  à  une  faible  distance  de  la  moelle.  Un 
fait  intéressant  à  noter,  c'est  qu'à  partir  de  la  cinquième  paire  inclusivement,  le  niveau  du  point 
d'insertion  de  la  racine  postérieure  va  sans  cesse  en  s'abaissant  et  en  se  rapprochant  de  celui  de 
l'inférieure.  Dans  la  première  paire,  les  deux  racines  sont  très  rapprochées  et  la  postérieure 
s'insère,  non  plus  en  arrière  de  la  moelle,  mais  sur  la  limite  inférieure  de  la  face  latérale.  Il  existe 
deux  nerfs  intermédiaires,  l'un  plus  gros  naissant  de  la  rac'ne  antérieure,  l'autre  fort  grêle 
naissant  de  la  postérieure.  Ce  dernier  côtoie  l'artère  intermédiaire. 

Les  branches  dorsales  des  premiers  nerfs  spinaux,  chez  le  Gardon,  se  divisent  dès  leur  naissance 
en  plusieurs  rameaux  qui  s'anastomosent,  soit  entre  eux,  soit  avec  les  paires  voisines,  en  manière  de 
plexus.  Ce  plexus  se  trouve  appliqué  contre  les  apophyses  épineuses  des  arcs  supérieurs.  Les  gan- 
glions spinaux,  dans  toute  la  région  dorsale,  sont  volumineux,  aplatis  de  dedans  en  dehors  et  placés 
de  telle  sorte  que  leur  extrémité  inférieure  correspond  à  peu  près  au  bord  supérieur  de  la  moelle. 
Les  deux  ou  trois  derniers  ganglions  spinaux  situés  en  dehors  du  canal  vertébral  ont  un  volume 
beaucoup  plus  covisidérable  encore  que  ceux  qui  précèdent  :  il  en  naît  de  gros  nerfs  qui  forment 
entre  eux  une  sorte  de  plexus.  Le  nerf  intermédiaire  présente  un  filet  communiquant  très  grêle  qui 
se  rend  au  nerf  intermédiaire  suivant,  et  qui  suit  en  partie  le  trajet  des  vaisseaux.  Le  rameau  inter- 


DES  NEUFS    DU  TKUNC   CHEZ   LES  l'UlSSOXS  OSSEUX.  145 

mcdiaire  des  trois  premières  paires  spinales  est  fort;  celui  de  la  première  paire,  de  même  volume 
que  la  branche  operculaire,  parait,  par  sa  position,  correspondre  à  cette  branche.  Celui  du  quatrième 
nerf  spinal  dirigé  en  dehors  et  en  arrière  émet  un  raniuscidc  qui  se  porte  en  dehors  du  nerf  laté- 
ral et  qui,  tout  près  de  l'origine  d'une  bi'anche  descendante  correspondante  de  ce  nerf,  présente  une 
anastomose  assez  forte  avec  elle.  Le  rameau  intermédiaire  du  cimjuième  nerf  spinal  chemine  obli- 
quement en  dehors  et  en  arrière,  puis  un  peu  au-dessus  du  nerf  latéral,  enfin  se  rend  vers  la  peau  où 
il  se  bifurque  ;  une  des  divisions  passe  au-dessous  de  ce  dernier  et  descend  dans  la  moitié  inférieure 
du  tronc,  l'autre  se  dirige  horizontalement  en  arrière  au-dessus  du  nerf  latéral,  vers  les 
muscles. 

La  première  paire  spinale,  chez  le  Barbeau,  a  une  racine  antérieure  très  épaisse,  dix  fois 
aussi  volumineuse  au  moins  que  la  postérieure,  tandis  que  les  paires  suivantes  ont  les  leurs 
presque  d'égal  volume.  Les  ganglions  des  cinq  premières  paires  sont  très  gros  :  ceux 
des  trois  ou  quatre  premières  sont  beaucoup  plus  distants  de  la  moelle  que  les  suivants, 
par  suite  de  la  longueur  des  racines  postérieures.  L'écartement  des  premières  paires  entre  elles 
est  très  inégal.  Il  existe  deux  nerfs  intermédiaires  bien  nets;  l'antérieur  naît  au-dessous  de  la 
jonction  des  deux  racines  de  la  branche  ventrale  ;  le  postérieur  provient  de  la  racine  postérieure  avant 
sa  réunion  avec  l'antérieure.  J'ai  vu  des  filets  des  nerfs  intermédiaires  s'accoler  intimement  à 
la  face  interne  du  nerf  latéral,  et  des  filets  grêles  partir  du  nerf  intermédiaire  moteur  pendant 
son  trajet  dans  le  plan  de  l'interstice  et  se  distribuer  aux  muscles  environnants.  L'union  du  filet 
sensitif  avec  le  filet  moteur  de  la  paire  suivante  a  lieu  dans  le  plan  de  l'interstice. 

Le  nerf  intermédiaire  de  la  Tanche,  simple  et  assez  volumineux,  se  détache  de  la  branche 
ventrale  au  point  où  celle-ci  se  trouve  constituée  par  la  jonction  de  la  racine  antérieure  avec  la 
postérieure.  Si  l'on  examine  ses  rapports  d'origine,  on  voit  en  le  séparant  de  la  branche  ventrale  par 
une  légère  traction  qu'il  se  compose  de  deux  filets,  l'un  provenant  de  la  racine  motrice,  l'antre  de 
la  racine  sensitive.  Ces  deux  filets  peuvent,  dans  certains  cas,  être  écartés  l'un  de  l'autre  dans 
une  étendue  plus  ou  moins  considérable  du  nerf  intermédiaire.  Ainsi  donc  ici  les  deux  éléments 
moteurs  et  sensitifs  se  trouvent  réunis  dès  l'origine  et  appartiennent  à  une  même  paire.  Je  n'ai 
découvert  aucune  trace  de  filet  anastoniotique  avec  les  paires  voisines. 

Chez  le  Cypriims  Dobula,  la  racine  postérieure  du  premier  nerf  spinal  est  très  grêle, 
l'antérieure  volumineuse.  Il  en  est  de  même  chez  la  Brème,  tandis  que  la  seconde  et  la 
troisième  paire  ont  une  racine  postérieure  beaucoup  plus  développée  qui  présente  un  ganglion 
sur  son  trajet.  Il  serait  possible  que  celle  de  la  première  paire  lut  aussi  grêle  à  cause  du  rameau 
récurrent  du  trijumeau  que  reçoit  cette  paire.  Il  existe,  chez  ce  Poisson,  deux  nerfs  intermé- 
diaires pour  cluuiue  paire  spinale.  Le  filet  sensitif  naissant  de  la  racine  postérieure  est  extrê- 
mement (lélir  et  côtoie  l'artère  intermédiaire  :  le  filet  moteur  qui  provient  de  la  racine  antérieure 
est  beaucoup  plus  développé. 

Chez  le  Nasc,  la  r;icin(!  postérieure  des  nerfs  spinaux,  très  courte,  se  porte  dans  un  ganglion 
allongé  en  forme  de  fuseau  aplati  dont  la  base  se  trouve  appliquée  par  sa  face  interne  contre  la 
moelle;  elle  y  pénètre  par  cette  même  face  tout  près  du  bord  antérieur.  Du  sommet  du 
ganglion  naît  une  branche  postérieure,  et  de  sa  base  une  antérieure  qui  va  se  réunir  à  la 
branche  correspondante  de  la  racine  aniérieure.  Celte  dernière  provient  de  la  face  inférieure  de 


146  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

la  moelle,  sur  la  limite  de  cette  face  et  de  la  face  latérale  :  elle  se  réunit  à  la  branche  descendante 
de  la  racine  postérieure  pour  constituer  la  branche  ventrale,  ayant  émis  avant  sa  réunion  deux 
autres  branches,  l'une  ascendante  qui  croise  le  fdet  descendant  de  la  racine  postérieure,  l'autre 
descendante  qui  constitue  le  nerf  intermédiaire  (1),  Avant  de  se  joindre  à  la  racine  antérieure,  la 
branche  descendante  de  la  racine  postérieure  donne  naissance  à  son  tour  à  un  fdet  assez  grêle 
qui  se  porte  en  dehors  dans  le  plan  de  séparation  des  muscles   dorsaux  et  ventraux  comme 
le  rameau  intermédiaire.  Le   ganglion  reçoit  par  son  angle  inférieur  des  fibres  qui  partent  de 
l'origine  même  de  la  racine  antérieure.  Le  rameau  moteur  communiquant  paraît  passer  tantôt 
en  avant,  tantôt  en  arrière  de  la  racine  postérieure  sensible.  Les  ganglions  des  deux,  trois,  quatre 
et  cinq  premières  paires  sont  beaucoup  plus  volumineux  que  ceux  des  paires  qui  suivent  ou  qui  se 
trouvent  situées  vers  le  miheu  du  corps  ;  au  lieu  d'être  aplatis,  ils  sont  arrondis  et  globuleux  ou  du 
moins  ovoïdes.  Au  niveau  des  deuxième  et  troisième  paires,  les  racines  antérieures  et  postérieures 
sont  grosses,  arrondies  et  d'égal  volume.  En  ce  qui  concerne  la  troisième  paire,  la  racine  anté- 
rieure  passe  au  devant  du  ganglion   et  s'y  accole  en  lui  envoyant  des  filets.  Dans  la  région 
caudale,   les  ganglions   sont   peu  développés;  cependant,  en  approchant   de  l'extrémité  de  la 
queue,  les  derniers  reprennent  un  volume  plus  considérable.  Les  nerfs  postérieurs  qui  se  por- 
tent vers  la  nageoire  dorsale  sont  plus  gros  que  ceux  qui  se  trouvent  devant  et  derrière  elle.  Le 
nerf  intermédiaire  antérieur  naît  à  une  plus  grande  distance  de  l'origine  du  rameau  ventral  pour 
les  cinq  ou  six  premières  paires.  Les  nerfs  intermédiaires  postérieurs  décroissent  graduellement 
en  approchant  de  la  queue  :  ils  sont  d'une  finesse  extrême  sur  les  dernières  paires  caudales  et 
proviennent  directement  de  la  racine  postérieure.  Les  rapports  indiqués  pour  ces  nerfs  avec  les  inter- 
stices musculaires  s'éloignent  de  plus  en  plus  du  type  de  la  région  moyenne.  L'origine  des  paires  spi- 
nales tend  à  se  rapprocher  toujours  davantage  du  bord  antérieur  du  quadrilatère,  de  manière  que  la 
branche  moyenne  antérieure  suit  l'interstice  musculaire  et  que  la  branche  moyenne  postérieure  repré- 
sente une  diagonale  dirigée  de  l'angle  antérieur  vers  l'angle  postérieur  dans  les  dernières  paires. 
Chez  le  Brochet,  la  racine  postérieure  est  beaucoup  plus  grêle  que   l'antérieure  et  naît 
près  du  sillon  médian  postérieur.  Pour  bien  voir  son  origine,  il  faut  faire  la  préparation  par  le 
côté  opposé  de  la  moelle.  Son  ganglion  est  fusiforme,  aplati,   sans  limites  nettement  arrêtées. 
La  branche  dorsale  de  l'épine  et  le  rameau  communiquant  sont  à  peu  près  de  même  volume.  Le 
nerf  intermédiaire  naît  du  tronc  ventral  à  une  certaine  distance  au-dessous  du   ganglion,  envi- 
ron à  la  hauteur  de  la  limite  inférieure  de  la  colonne  vertébrale.  Volumineux,   aplati,   presque 
de  même  volume  que  le  tronc  ventral,  il  s'avance  de  dedans  en  dehors  dans  l'interstice  musculaire 
jusqu'au  nerf  latéral  ;  avant  d'atteindre  ce  dernier,  il  se  bifurque  en  deux  grosses  branches  d'un 
volume  presque  égal  qui  présentent  des  divisions  successives  de  plus  en  plus  grêles.  L'une  d'elles 
passe  au-dessous  du  nerf  latéral  situé  ici  profondément  et  au  moment  où  elle  le  croise,  elle  en 
reçoit  un  filet  anastomotique  ou  plutôt  s'unit  au  filet   qui  se  porte  en  dehors  pour  se  distri- 
buer à  la  peau;  l'autre  branche  passe  au-dessus  du  nerf  latéral  et  entre  les  masses  musculaires 
ventrales  et  dorsales,  puis  sort  au  niveau  du  canal  latéral  en  fournissant  un  ou  deux  filets  qui  se 
dirigent  vers  la  région  dorsale  et  vers  la  peau. 

(1)  PI.  5,  fig.  8,  9,  10  et  11. 


DES  NEUFS  DU  TllONC  CHEZ  LES   POISSONS   OSSEUX.  147 

En  dehors  des  Poissons  osseux,  j'ai  étudié  les  nerfs  spinaux  chez  l'Ammoccte.  Ils  sont 
extrêmement  délicats  et  invisibles  même  sous  la  loupe.  Sur  un  sujet  macéré  vingt-quatre  heures 
dans  de  l'acide  azotique  mélangé  à  de  l'eau  en  proportion  quatre  fois  plus  grande,  puis  deux 
jours  dans  l'eau  pure,  on  aperçoit,  en  enlevant  la  moelle,  les  racines  des  nerfs.  Sur  certains 
d'entre  eux,  les  plus  voisins  de  la  queue,  j'ai  constaté  des  globules  ganglionnaires  réunis  en 
assez  grami  nombre  et  lonnaiit  une  sorte  de  ganglion;  ces  globules  jaunâtres  s'isolent  les  uns 
des  autres  avec  la  plus  grande  facilité  et  ne  paraissent  pas  unis  entre  eux  par  une  trame  conjonc- 
tive, ou  (lu  moins  celle-ci  est-elle  très  délicate  (1). 

Premiers  nerfs  sidnaux  des  Trif/les.  —  Il  existe  chez  ces  Poissons  deux  jiaires  extrêmement 
rapprochées  et  confondues  l'une  avec  l'autre  au  niveau  de  leur  portion  ganglionnaire  que  je  désigne 
par  les  lettres  A  et  B  (2).  Elles  possèdent  trois  racines  antérieures  provenant  de  la  face  inférieure  de 
la  moelle  :  la  première  est  représentée  par  un  filet  grêle  qui  se  dirige  très  obliquement  en 
avant  pour  aller  s'insérer  sur  ce  point  au-dessous  du  pneumogastrique;  les  deux  plus  reculées 
([ui  semblent  naître  vis-à-vis  le  premier  renflement,  sont  assez  volumineuses,  se  portent  de 
dedans  en  dehors  en  convergeant  l'une  vers  l'autre,  et  ont  chacune  leur  nerf  intermédiaire. 
J'ai  aperçu  deux  autres  nerfs  intermédiaires  dont  l'un  composé  de  deux  filets  accolés  et  l'autre  pro- 
venant du  bord  postérieur  de  la  seconde  paire.  Au  niveau  de  la  partie  ganglionnaire,  se  détache  une 
branche  postérieure  qui  monte  verticalement,  mais  la  branche  la  plus  curieuse  est  celle  qui  res- 
semble au  nerf  phrénique  :  naissant  par  deux  filets,  elle  se  rend  obliquement  en  bas  et  en  arrière, 
croise  obliquement  en  dehors  les  paires  C,D  et  E,  passe  en  dedans  des  paires  F,  G  et  II  et  se  distri- 
bue à  la  vessie  natatoire.  Les  paires  A  et  B  offrent  également  des  rapports  intéressants  avec  le 
grand  sympathique.  D'un  ganglion  de  ce  nerf  placé  au-dessous  de  la  première  paire,  vis-à-vis  son 
bord  antérieur,  naît  un  gros  filet  qui  bientôt  se  divise  en  deux  autres  :  l'un  se  porte  très  distincte- 
ment vers  la  paire  A,  l'autre  se  perd  dans  le  bord  antérieur  de  la  masse  ganglionnaire.  Au-des- 
sous de  la  première  paire  et  lui  étant  uni  par  deux  filets  très  courts,  se  trouve  encore  un  second 
et  volumineux  ganglion  du  sympathique  dont  l'un  des  filets  se  rend  en  partie  à  l'une  des  racines 
antérieures.  En  détachant  la  deuxième  paire,  j'ai  vu  au-dessous  d'elle  aussi  un  gros  ganglion  du 
sympathique  qui  lui  envoyait  une  branche  forte  et  courte. 

La  paire  G,  dont  l'insertion  m'a  semblé  se  faire  vis-à-vis  le  second  renflement,  se  trouve  en 
avant  de  la  paire  D.  Elle  descend  d'abord  devant  celle-ci,  contourne  une  partie  des  branches 
descendantes  et  accolées  appartenant  aux  deux  premières  paires  A  et  B  ou  plutôt  s'unit  à  leur 
portion  postérieure,  passe  au-dessous  d'elles  pour  se  placer  à  leur  côté  inférieur  et  se  porte  en 
arrière,  croisant  en  dehors  les  quatre  brauilies  de  la  paire  D;  elle  se  disliibur  ensuite  aux  rayons 
réunis  de  la  nageoire  pectorale  dont  elle  suit  la  hase,  éin(îttant  en  arrière  des  filets  qui  Ionisent 
les  rayons.  Avant  d'atteindre  les  faisceaux  des  paires  A  et  B,  elle  émet  du  côté  postérieur  une 
branche  qui  s'unit  à  plusieurs  branches  analogues  de  ces  mêmes  paires.  Ges  branches  descen- 

(I)  Chez  rAinmocèle,  les  nerfs  sont  formés  de  libres  plates  Je  largeur  variable.  Ces  libres,  examinées  sous  un  fort  gros- 
sissement, présentent  un  tissu  pile  dans  l'épaisseur  duquel  on  distingue  des  granulations.  Assez  résistantes,  elles  se  séparent 
les  unes  des  autres  avec  la  pbH  grande  facilité,  de  telle  sorte  que  le  nerf  ressemble  à  un  faisceau  de   fibres. 

(i2)  J.es  lettres  majuscules  désignent  les  paires  spinales  successives. 


148  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

dent  verticalement  en  se  subdivisant;  un  filet  se  joint  à  elles  provenant  du  rameau  de  la  paire  D  qui 
se  porte  au  doigt  interne.  Au  point  où  la  paire  C  contourne  les  faisceaux  A  ctB,  elle  donne  naissance 
à  une  nouvelle  branche  descendante  qui  se  subdivise  en  deux  rameaux;  l'un,  superficiel,  se  rend 
sous  la  peau  qui  recouvre  les  muscles  de  l'avant-bras,  l'autre,  profond,  s'enfonce  dans  l'épaisseur 
de  ces  muscles  où  il  se  perd  en  grande  partie.  Enfin,  un  peu  au-dessus  de  la  branche  précédente, 
au  point  exact  où  le  nerf  C  contourne  ces  mêmes  faisceaux  A  et  B,  naît  une  autre  branche 
d'un  volume  assez  notable  qui  suit  un  instant  le  trajet  de  ces  derniers  et  se  porte  en  bas  et  en  avant 
dans  la  direction  de  l'humérus.  Le  nerf  intermédiaire  de  la  paire  C  est  bien  développé. 

Il  existe  encore  une  forte  paire  se  distribuant  aux  organes  digitiformes  qui  semble  naître  en 
face  du  troisième  et  du  quatrième  renflement  de  la  moelle,  vis-à-vis  le  sillon  qui  sépare  ces  derniers. 
Cette  paire  que  je  désigne  par  la  lettre  D  descend  à  peu  près  verticalement  et  se  divise  dès  son  ori- 
gine en  deux  troncs  principaux,  l'un  interne,  l'autre  externe  dont  le  dernier  est  le  plus  volumineux. 
Le  tronc  interne,  complètement  masqué  d'abord,  se  porte  un  peu  en  avant  de  façon  à  se  dégager  de 
dessous  le  tronc  externe,  environ  vers  le  tiers  supérieur  de  sa  hauteur,  puis  se  dirige  vers  le 
premier  appendice  digitiforme.  Le  tronc  externe  se  subdivise  en  trois  rameaux  secondaires  :  l'un, 
postérieur,  naît  à  peu  près  vers  le  tiers  de  sa  hauteur,  les  deux  autres  se  séparent  vers  son  tiers  infé- 
rieur. Je  dois  encore  mentionner  un  filet  qui  se  détache  du  bord  postérieur  de  la  branche  posté- 
rieure du  faisceau  externe.  Toutes  ces  branches  de  la  paire  D  sont  très  larges  et  aplaties  :  voici  leur 
distribution.  Le  premier  rameau  qui  est   le  plus  gros  se  distribue  en  entier  au  doigt  interne; 
le  second  rameau  à  la  face  interne  du  second  doigt;  le  postérieur  au  côté  externe  du  doigt 
externe.  L'avant-dernier  se  bifurque  à  son  extrémité  pour  constituer  deux  ramuscules  dont  l'un 
se  porte  au  côté  interne  du  troisième  doigt  et  l'autre  au  côté  externe  du  second.  Le  nerf  D  est  énorme; 
non  seulement  il  surpasse  en  volume  tous  les  autres  nerfs  spinaux,  mais  ses  dimensions  sont  bien 
supérieures  à  celles  du  pneumogastrique.  Il  serait  difficile  d'établir  une  comparaison  exacte, 
néanmoins,  on  peut  dire  qu'il   est  au  moins  quatre  fois  plus  gros  que  ce  dernier  :  il  égalerait 
ainsi  trois  ou  quatre  fois  le  trijumeau,  et  dans  sa  portion  supérieure,  lorsque    ses  différentes 
branches  sont  encore  réunies,  il   comporterait  un  volume  équivalent  à  celui  du  nerf  optique, 
très  gros  cependant  chez  les  Trigles.  Le  cordon  du  grand  sympathique  est  très  développé  au-dessous 
des   premières  branches   spinales.   Sous  la   branche  D  se  trouve  un   renflement  ganglionnaire 
qui  lui  envoie  deux  filets;  l'un  se  rend  au  tronc  externe,  l'autre  au  tronc  interne,  le  premier 
contournant  le  bord  antérieur  de  ce  dernier  tronc.  Le  rameau  intermédiaire  de  la  paire  D,  un  peu 
moins  gros  que  ceux  des  paires  voisines,  naît  du  bord  postérieur  du  tronc  externe  au-dessous 
de  son  origine  :  il  présente  une  seconde  racine  bien  distincte  qui  se  porte  en  avant  entre  les  deux 
troncs  principaux  et  reçoit  des  fibres  de  l'un  et  de  l'autre.  La  branche  postérieure  et  le  rameau 
communiquant,  très  grêles  tous  deux,  prennent  naissance  un  peu  au-dessus  du  rameau  inter- 
médiaire et  en  arrière  du  tronc  principal  externe. 

Les  paires  E,  F,  G  se  distribuent  à  la  nageoire  abdominale.  La  première,  la  plus  petite,  émet 
sur  son  trajet  des  filets  musculaires;  les  deux  autres,  très  grosses,  au  moins  autant  que  le  pneu- 
mogastrique et  presque  que  le  trijumeau,  se  rendent  plus  particulièrement  à  cette  nageoire. 
Toutes  trois,  comme  les  nerfs  ordinaires,  présentent  des  branches  postérieures,  un  rameau  commu- 
niquant et  une  branche  intermédiaire.  La  paire  H,  très  grêle,  se  porte  très  obliquement  en  arrière. 


DES   NERFS  DU  TRONC   CHEZ   LES   POISSONS  OSSEUX.  149 

Relativement  à  la  distribution  des  deux  paires  antérieures,  voici  ce  que  j'ai  observé.  Un  peu 
au-dessous  de  leur  point  d'union,  elles  se  bifurquent  :  de  ces  quatre  branches  de  bifurcation,  l'an- 
térieure de  l'une  se  joini  à  l'antérieure  de  l'autre  et  la  postérieure  de  la  première  va  rejoindre  la 
postérieure  de  la  seconde;  il  t'ii  résulte  un  véiitalile  plexus.  Le  plexus  postérieur  reçoit,  en  outre, 
un  filet  de  la  branche  de  la  paire  D  (pii  se  rcml  au  doigt  interne  ;  le  plexus  antérieur  se  porte  en  bas 
et  en  avanl.  Tous  les  rameaux  intermédiaires  des  premiers  nerfs  spinaux  des  Trigles  sont,  ainsi 
que  les  branches  ventrales,  très  développés.  Les  rameaux  communiquants  des  branches  posté- 
rieures sont  aussi  extrêmement  développés  et  typiques  dans  le  tiers  antérieur  de  la  moelle  uù  je 
les  ai  seulement  examinés. 

Particularités  des  nerfs  spinaux  observées  dans  quelques  types.  —  Chez  les  Poissons,  chacune 
des  racines  antérieure  et  postérieure  se  partage,  on  le  sait,  en  deux  branches,  l'une  dorsaleou  ascen- 
dante, l'autre  ventrale  ou  descendante.  Dans  les  rapports  qu'elles  affectent  entre  elles,  ces  branches 
se  comportent  de  la  manière  suivante  :  la  branche  ascendante  de  la  racine  antérieure  se  porte  en 
haut  et  en  arrière  pour  aller  se  joindre  à  la  brancheascendante  de  la  racine  postérieure  appartenant 
à  la  paire  suivante  et  former  avec  elle  un  nerf  mixte  composé  par  conséquent  d'éléments  moteurs  et 
sensitifs  empruntés  à  deux  paires  nerveuses  différentes;  la  branche  descendante  de  la  racine  anté- 
rieure  s'unit  à  la  branche   également   descendante  de  la  racine  postérieure  correspondante,  et 
constitue  avec  elle  un  rameau  ventral  mixte  qui  diffère  du  rameau  dorsal  par  ce  fait  qu'il  se  trouve 
composé  d'éléments  moteurs  et  sensitifs  empruntés  les  uns  et  les  autres  ;i  la  même  paire  nerveuse. 
Parmi  les  divisions  ultérieures  des  nerfs  spinaux,  il  en  est  une  qui  appelle  plus  particulière- 
ment l'attention  par  son  volume  et  par  son  trajet,  c'est  celle  à  laquelle  Stannius  a  donné  le  nom  de 
branche  moyenne  {ramus  médius).  Elle  se  détache  du  bord  antérieur  du  rameau  ventral  tout  près  de 
son  origine,  quelquefois  même  de  la  racine  antérieure,  se  porte  de  dedans  en  dehors  dans  le  plan  de 
séparation  des  masses  musculaires  dorsales  et  ventrales,  et  va  se  distribuer  aux  muscles  et  à  la  peau. 
En  poursuivant  l'étude  de  cette  branche  chez  le  Nase  (1),  j'ai  été  frappé  de  rencontrer  à  côté  d'elle 
et  dans  le  même  plan,  un  second  fdet  nerveux  dont  il  n'est  fait  mention  dans  aucun  ouvrage.  Ce 
fdet,  beaucoup  plus  grêle  que  le  précédent,  s'en  distingue  surtout  par  son  origine  :  il  naît  du  bord 
postérieur  du  rameau  vential,  quelquefois  même  directement  de  la  racine  postérieure  avant  son 
union  avec  la  racine  motrice.  Dans  plusieurs  cas  ovi  l'émergence  avait  lieu  au-dessous  du  point  de 
jonction  des  deux  racines,  j'ai  pu,  en  exerçant  sui-  lui  une  légère  traction,  le  séparer  du  rameau 
ventral  (!t  suivre  ses  fibres  jusqu'au  point  d'implantation  de  la  racine  postérieure  sur  la  moelle.  Ainsi 
donc,  chez  le  Nase,  il  y  a  pour  chaque  paire  spinale  deux  branches  moyennes  et  non  pas  une,  comme 
011  l'a  admis  jusqu'à  présent  pour  tous  les  Poissons  osseux.  Ces  deux  branches,  eu  égard  à  leur  origine 
et  ;i  leurs  rapports  avec  le  rameau  ventral,  peuvent  être  désignées  sous  les  noms  de  branche  moijenne 
antérieure  (déjà  connue  des  anatomistes)  et  de  branche  moyenne  postérieure  (non  mentionnée  jus- 
qu'ici). Bien  qu'étant  situées  toutes  deux  dans  le  même  plan,  les  deux  branches  moyennes  afleclent, 
comme  on  va  le  vuir,  un  trajet  qui  permet  de  les  distinguer  aisément.  Si  l'on  enlève  avec  précau- 
tion, en  allant  de  haut  en  bas,  toute  la  portion  dorsale  des  muscles  jatéraux  jusqu'au  niveau  de 

(1)  l'i.  5,  r.g.  8,  9,  in,  11. 


150  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

l'interstice  latéral,  on  met  à  nu  un  plan  musculaire  dans  lequel  se  trouve  comprise  la  série  des 
branches  moyennes.  Sur  ce  plan  se  voit  la  coupe  horizontale  des  segments  musculaires  emboîtés 
dont  l'ensemble  constitue  la  moitié  inférieure  du  grand  muscle  latéral.  La  coupe  de  chacun  de 
ces  segments  figure  un  quadrilatère  allongé  :  les  côtés  antérieur  et  postérieur,  obliques  de 
dedans  en  dehors  et  d'avant  en  arrière,  sont  formés  par  les  interstices  qui  séparent  un  segment  des 
segments  voisins;  le  côté  interne  se  trouve  représenté  par  la  colonne  vertébrale,  et  le  côté  ex- 
terne par  la  peau.  En  examinant  quels  sont,  par  rapporta  ce  quadrilatère,  les  positions  des  deux 
branches  moyennes,  on  reconnaît  que  l'antérieure  se  dirige  de  l'angle  postéro-interne  vers  l'angle 
antéro-externe,  suivant  la  diagonale  par  conséquent  ou  à  peu  près;  la  branche  moyenne  postérieure 
côtoie  au  contraire  le  bord  postérieur  dans  toute  son  étendue  en  suivant  l'interstice  de  deux  seg- 
ments. Mais  ce  qui  mérite  surtout  de  fixer  l'attention,  c'est  le  rapport  qu'affectent  entre  elles  à  leur 
terminaison  les  branches  moyennes  antérieures  et  postérieures. 

Dans  leur  trajet  intra-musculaire,  les  deux  branches  moyennes  d'une  même  paire  spinale  ne 
s'unissent  jamais  entre  elles;  des  anastomoses  se  manifestent  toujours,  au  contraire,  entre  la 
branche  motjenne  supérieure  d'une  paire  spinale  et  la  branche  moyenne  antérieure  de  la  paire  sui- 
vante;  elles  ont  lieu  aux  extrémités  de  ces  branches,  un  peu  avant  leur  passage  à  la  surface  du 
corps.  Or,  si  l'on  veut  se  rappeler  ce  que  nous  avons  dit  touchant  le  mode  d'origine  des  deux 
branches  moyennes,  on  ne  peut  s'empêcher  d'établir  ici  un  rapprochement  assez  curieux.  La 
branche  moyenne  postérieure  paraissant  exclusivement  sensitive  et  la  branche  moyenne  antérieure 
à  peu  près,  sinon  exclusivement  motrice,  de  plus,  ces  deux  branches  appartenant  ;\  des  paires 
nerveuses  différentes,  il  en  résulte  pour  ces  divisions  du  rameau  ventral  une  disposition  semblable 
à  celle  des  nerfs  dorsaux  dont  les  éléments  moteurs  et  sensitifs  émanent  aussi  constamment  de 
deux  paires  nerveuses  différentes.  La  disposition  que  je  viens  de  signaler  s'observe  aisément  dans 
toute  la  portion  moyenne  du  tronc  et  se  retrouve  également  dans  la  région  caudale.  La  branche 
moyenne  postérieure  qui  naît  directement  de  la  racine  postérieure  devient  d'une  finesse  excessive 
au  niveau  des  dernières  paires  spinales.  En  avant  et  à  partir  de  la  cinquième  paire  spinale,  je  n'ai 
plus  trouvé  la  branche  moyenne  postérieure;  l'antérieure  persiste,  au  contraire,  en  conservant  le 
même  volume  jusqu'au  niveau  de  la  première  paire  spinale. 

Jusqu'à  présent,  j'ai  constaté  l'existence  de  la  branche  moyenne  postérieure  sur  le  Nase,  sur 
plusieurs  Cyprins  et  sur  le  Chabot;  je  ne  l'ai  point  trouvée  chez  la  Perche  où  elle  est  sans  doute 
confondue  dès  son  origine  avec  la  brandie  moyenne  antérieure. 

Une  disposition  intéressante  du  système  nerveux  des  Squales  a  été  signalée  par  M.  Mo- 
reau  (1).  Ce  savant  a  remarqué  que,  chez  les  Poissons  appartenant  à  ce  groupe,  les  branches 
sensibles  et  motrices  qui  se  réunissent  pour  constituer  un  tronc  nerveux  au  sortir  de  l'axe  verté- 
bral ne  se  mélangent  point  d'une  façon  intime  comme  chez  les  autres  Vertébrés,  mais  qu'elles  se 
trouvent  simplement  accolées  l'une  à  l'autre,  de  telle  sorte  qu'il  est  possible  de  les  séparer.  En 
excitant  isolément  chacune  de  ces  branches,  il  a  obtenu  des  effets  semblables  à  ceux  que  l'on 
produit  par  l'excitation  directe  des  racines  sensibles  et  motrices. 

(1)  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  les  nerfs  de  sentiment  et  de  mouvement  chez  tes  Poissons. 


DES  NERFS  DU  TUOM:  GHI'Z   LES   POISSONS  OSSEUX.  151 

J'ai  élé  amené  à  coiislaLer  chez  quelques  Poissons  osseux  une  disposiLioii  des  brandies  ner- 
veuses rappelant  en  tout  point  celle  qui  a  été  observée  chez  les  Sélaciens.  La  Perche  peut  être 
choisie  comme  exemple.  Dans  ce  Poisson,  chacune  des  deux  racines  antérieure  et  postérieure  se 
subdivise  aussitôt  après  sa  naissance,  comme  nous  l'avons  vu,  en  deux  branches,  l'une  ascendante, 
l'autre  descendante.  La  branche  descendante  de  la  racine  postérieure  se  réunit  à  la  branche  descen- 
dante de  la  racine  antérieure  pour  constituer  le  rameau  ventral  et  le  nerf  intermédiaire.  Dans  ces 
nerfs,  l'accolement  paraît  assez  intime,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  rameaux  dorsaux. 
Ceux-ci  sont  constitués  de  la  façon  suivante  :  la  branche  ascendante  de  la  racine  motrice  se  porte  en 
haut  et  en  arrière  sur  les  côtés  de  la  moelle  pour  aller  rejoindre  la  branche  ascendante  de  la  racine 
postérieure  de  la  paire  nerveuse  située  plus  en  arrière  et  atteint  cette  branche  au  niveau  du 
rendement  ganglionnaire  placé  sur  son  trajet;  k  partir  de  ce  point,  chacune  des  divisions  et  subdi- 
visions de  la  branche  motrice  correspond  à  autant  de  divisions  et  de  subdivisions  de  la  racine  sen- 
sible. Les  éléments  nerveux  ne  se  mélangent  point  mais  paraissent  seulement  accolés,  de  telle 
sorte  que  l'on  voit  un  sillon  sur  le  milieu  des  troncs  nerveux  (1). 

Des  faits  qui  précèdent,  on  peut  tirer  cette  déduction  physiologique.  Chez  les  Poissons,  les 
branches  dorsales  sont  formées  d'éléments  appartenant  à  deux  paires  nerveuses  différentes; 
d'autre  part,  on  sait  que  les  mouvements  réflexes  excités  par  le  pincement  d'une  branche  sensible 
se  propagent  dans  la  branche  motrice  de  la  même  paire.  Or  ici,  on  voit  que  par  le  pincement 
d'une  branche  dorsale,  le  mouvement  réflexe  devrait  se  propager  dans  les  rameaux  ventraux  de  la 
paire  correspondante  et  dans  les  rameaux  dorsaux  de  la  paire  suivante.  Ce  fait  démontre  comment 
l'on  pourrait  être  induit  en  erreur  si  l'on  voulait  déterminer  les  éléments  qui  appartiennent  à  la 
même  paire  nerveuse  en  se  fondant,  comme  on  l'a  proposé,  sur  les  mouvements  réflexes. 

Du  grand  Sympathique.  —  Le  grand  Sympathique  de  la  Perche  est  bien  développé  et  consiste 
en  un  double  cordon  qui  longe  au-dessus  du  rein  la  face  inférieure  de  la  colonne  vertébrale. 
Ces  deux  cordons,  appliqués  intimement  contre  cette  partie  en  suivant  les  contours  de 
chaque  vertèbre,  présentent  une  anastomose  transversale  au-dessous  de  la  première,  se  trouvent 
très  rapprochés  l'un  de  l'autre  au  niveau  de  la  terminaison  postérieure  de  l'abdomen  et  s'écar- 
tent graduellement  :  dans  leur  ensemble,  ils  figurent  un  V  ouvert  en  avant  dont  l'extrémité 
antérieure  des  branches  répond  au  ganglion  du  trijumeau.  Chacun  d'eux  ollVe  sur  son  trajet 
une  série  de  ganglions  qui,  d'une  manière  générale,  correspondent  à  chaque  segment  vertébral. 
Ces  ganglions,  à  peu  près  aussi  nombreux  que  les  vertèbres  et  bien  apparents  en  général,  sans  que 
pourtant  leur  volume  soit  considérable,  sont  sujets  à  présenter  (juelques  variations  dans  leurs 
dimensions.  Ceux  qui  font  partie  de  la  portion  antérieure  de  la  chaîne  sont  à  peine  plus  forts 
que  ceux  de  la  portion  postérieure  :  certains,  comme  celui  du  pneumogastrique  et  du  trijumeau,, 
sont  un  peu  plus  volumineux.  De  cliacun  d'eux  partent  des  filets  d'un  volume  variable  qui  se 
rendent  aux  nerfs  spinaux,  et,  en  outre  de  ceux  qui  se  portent  en  dehors  vers  les  nerfs  intercostaux, 

(I)  \ai  système  nerveux  du  TriL^lc  odre  une  grande  ressemlilance  avec  celui  de  la  Perche.  J'ai  vu  partir  du  rameau  commu- 
niquant entre  les  branches  postérieures  une  branche  composée  de  deu\  ûlels  accolés  :  les  lilets  moteurs  et  les  sensitifs  sont 
aisément  séparables. 


152  •  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

j'ai  vu  naître  de  quelques-uns  de  petits  filets  qui  se  dirigent  en  dedans  vers  l'aorte  el 
d'autres  qui  vont  dans  le  rein  en  suivant  les  artères.  J'ai  vu  aussi  d'un  même  ganglion  s'en 
détacher  deux  dont  l'un  se  rend  en  avant  vers  une  branche  intercostale  et  l'autre  en  arrière 
vers  la  branche  intercostale  de  la  paire  suivante.  Le  premier  ganglion  qui  est  appliqué  au-dessous 
de  la  branche  antérieure  du  trijumeau,  au  point  d'où  naît  la  branche  ophthalmique,  est  assez  volu- 
mineux et  de  forme  triangulaire.  De  sa  portion  antérieure  part  un  filet  qui  se  perd  en  avant 
dans  l'orbite,  aux  environs  de  l'artère  ophthalmique  ;  de  l'angle  externe  s'en  détache  un  second 
et  de  l'angle  antéro-interne  une  grosse  racine  qui  pénètre  dans  la  branche  ophthalmique  à  son  ori- 
gine. L'angle  postérieur  donne  naissance  au  tronc  du  sympathique.  Ce  tronc,  dès  son  origine, 
émet  deux  filets  qui  se  portent  en  arrière,  l'un  se  jetant  dans  la  branche  postérieure  du  triju- 
meau; le  tronc  passe  ensuite  au-dessous  de  la  deuxième  branche  de  ce  nerf  et  forme  un  peu  en 
arrière  d'elle  un  petit  renflement  d'où  naît  extérieurement  un  rameau.  Du  huitième  ou  neuvième 
ganglion  du  côté  gauche  sortent  deux  filets  volumineux  qui  vont  au  nerf  spinal  correspondant. 
Vis-à-vis  le  glossopharyngien  se  trouve  un  très  petit  renflement  d'où  part  un  rameau  grêle  qui  se 
rend  le  long  de  la  branche  respiratoire  de  ce  nerf.  Vis-à-vis  le  pneumogastrique  se  voit  aussi  un 
gros  ganglion  triangulaire  dont  les  angles  antérieurs  et  postérieurs  se  continuent  avec  le  cordon 
sympathique  et  dont  l'angle  externe  fournit  une  branche  volumineuse  qui  se  jette  dans  la  partie 
supérieure  du  plexus  du  pneumogastrique;  cette  branche  du  pneumogastrique  est  aussi  consi- 
dérable que  le  tronc  même  du  sympathique.  Vis-à-vis  la  première  paire  spinale,  le  sympathique 
présente  un  renflement  plus  faible.  Au-dessous  et  également  en  regard  de  la  première  paire 
naît  un  ganglion  volumineux  très  allongé  d'où  sort  un  tronc  viscéral  volumineux  aussi  :  un  peu 
plus  loin  commence  la  série  des  ganglions  dorsaux.  Vers  la  fin  de  l'abdomen,  le  grand  sympa- 
thique devient  plus  grêle,  les  deux  cordons  se  rapprochent  graduellement  l'un  de  l'autre.  Du  bord 
interne  d'un  ganglion  se  détache  un  filet  extrêmement  mince  qui  passe  en  avant,  au-dessous  de 
l'aorte,  pour  se  joindre  à  un  autre  filet  provenant  du  côté  opposé,  au  point  de  pénétration  dans  le 
canal  sous-spinal;  tous  deux  se  rapprochent  au  point  de  toucher  l'aorte  et  s'unissent  par  une 
anastomose  transversale  en  formant  un  petit  ganglion  au  devant  d'elle.  De  ce  môme  ganglion  part 
encore  un  long  filet  qui  descend  en  arrière  vers  le  rectum,  le  long  de  la  paroi  postérieure  de 
l'abdomen;  à  ce  premier  s'en  joint  un  second  provenant  du  ganglion  droit  suivant.  Au  delà  de  ce 
point,  le  grand  sympathique  pénètre  dans  le  canal  spinal  qui,  ouvert,  laisse  voir  la  continua- 
lion  de  ses  cordons;  ceux-ci  ont  été  suivis  jusqu'au  voisinage  de  l'origine  de  la  queue  où  ils  se 
réunissent  (i). 

Chez  les  Épinoches,  la  portion  antérieure  du  grand  sympathique,  très  distincte,  se  termine 
en  avant  par  deux  filets  grêles  qui  se  perdent  dans  le  plexus  ganglionnaire  du  trijumeau.  J'ai 
vu  une  fine  anastomose  avec  le  pneumogastrique.  Cette  portion  antérieure  présente  des  renflements 
ganglionnaires  très  prononcés  dont  l'un  surtout  qui  se  trouve  en  arrière  du  pneumogastrique. 
J'ai  suivi  le  grand  sympathique  tout  le  long  de  l'abdomen  jusque  vers  l'entrée  du  canal  vertébral  ; 
en  arrière  du  trijumeau,  il  ac(juiert  un  volume  un  peu  plus  considérable. 

(1)  La  préparation  pour  cette  expérience  avait  été  faite  Je  la  manière  suivante  ;  macération  pendant  '2i  iieures  dans  l'acide 
azotique  au  5»,  puis  pendant  plusieurs  jours  dans  de  l'eau  fortement  acidulée. 


DES   FONCTIONS   DE  L'ENCÉPHALE.  153 


DES  FONCTIONS  DE  L'ENCEPHALE 

Les  fonctions  de  l'encéphale  des  Poissons  ont  été  à  peine  étudiées  jusqu'ici;  quelques  mots  de 
Desmoulins  et  de  Magendie  sur  celles  des  lobes  cérébraux  et  du  cervelet,  voilà  à  quoi  paraît 
se  réduire  tout  riiistori(|ue  de  la  question.  J'ai  donc  pensé  que  des  expériences  sur  ce  sujet 
offriraient  un  intérêt  réel.  Dès  mes  premières  tentatives,  je  reconnus  combien  il  est  désavantageux 
d'opérer  sur  des  sujets  de  grande  taille,  toujours  très  difficiles  à  manier,  à  crâne  plus  ou  moins 
résistant,  et  dont  le  cerveau  profondément  situé  est  ordinairement  recouvert  d'une  épaisse  couche 
de  graisse.  Je  pris  le  parti  de  m'adresser  de  préférence,  soit  à  déjeunes  sujets,  soit  à  de  petites 
espèces,  et  dans  cette  pensée,  je  fixai  mon  choix  sur  l'Épinoche  et  sur  l'Épinochette,  petits  Poissons 
chez  lesquels  je  remarquai  un  ensemble  de  qualités  qui  les  rendaient  éminemment  propres  à 
l'expérimentation.  L'intérêt  et  surtout  la  netteté  des  résultats  que  j'ai  obtenus,  leur  degré  suffisant 
de  généralité  m'engagent  à  les  signaler.  Dans  l'exposé  qui  suit,  je  passerai  successivement  en  revue 
les  fonctions  des  lobes  cérébraux,  celles  des  lobes  optiques,  puis  celles  de  la  moelle  allongée 
et  du  cervelet. 

Lobes  cérébraux.—  Les  résultats  de  mes  expériences  sur  les  lobes  cérébraux  concordent 
parfaitement  avec  les  faits  déjà  indiqués  par  Desmoulins  et  Magendie.  Ainsi,  la  perte  de 
l'un  ou  même  celle  des  deux  lobes  à  la  fois  n'influe  en  rien  sur  la  liberté  ni  sur  la  régu- 
larité des  mouvements  ;  l'animal,  dont  la  vue  et  l'intelligence  semblent  parfaitement  con- 
servées, se  dirige  avec  la  même  agilité  et  la  même  siireté  qu'avant  l'opération.  Deux  Épinoches 
auxquelles  j'avais  fait  subir  cette  mutilation  ont  pu  vivre  ainsi  pendant  plus  d'une  semaine 
sans  présenter  aucun  désordre  appréciable.  On  voit  donc  combien  ces  résultats  diffèrent  de  ceux 
que  l'on  obtient  chez  les  Vertébrés  supérieurs  chez  lesquels  la  destruction  des  hémisphères 
cérébraux  s'accompagne  toujours  d'un  état  de  stupeur  profonde  et  de  la  perte  de  toutes  les  facultés 
intellectuelles. 

Lobes  optiques.  —  1"  L'ablation  de  la  voûte  de  l'un  des  lobes  optiques  ou  bien  celle  des  deux 
lobes  à  la  fois  ne  détermine  aucun  désordre  dans  les  mouvements.  Je  m'empresse  néanmoins 
d'ajouter  que  l'observateur  ne  saurait  agir  ici  avec  trop  de  précautions,  car,  ainsi  que  nous  le  verrons, 
la  moindre  déchirure  ou  le  moindre  liraillemenl  de  la  base  des  lobes  optiques  est  suivi  immé- 
diatement de  perturbations  considérables  dans  les  fonctions  motrices.  2°  Après  la  destruction 
complète  de  la  voûte  de  ces  deux  lobes,  la  vue  ]iaraii  abolie,  l'animal  reste  le  plus  souvent 
immobile  et  comme  plongé  dans  la  stupeur  ;  quand  on  l'excite,  il  fuit  ordinairement  avec  lenteur  et 
va  se  heurter  contre  les  objets  qu'on  lui  présente.  3"  Lorsque  la  lésion  n'intéresse  que  le  sommet  de 
l'un  des  lobes,  la  vue  semble  conservée  des  deux  côtés,  mais  l'animal  offre  souvent  un  ]iou 
[)lus  de  lenteur  dans  ses  déterminations.  4"  Les  blessures  de  la  base  des  lobes  optiques  sont 
constamment  suivies  de  troubles  extrêmement  curieux  du  côté  des  facultés  motrices.  On  sait, 
depuis  les  belles  expériences  de  Flourens  que,  chez  les  Mammifères  et  les  Oiseaux,  la  lésion  de 
l'un  des  pédoncules  cérébelleux  moyens  détermine  fatalement  la  rotation  de  l'animal   autour  de 

20 


154  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

son  axe  ;  on  sait  aussi,  d'après  le  même  savant,  que  des  mouvements  rotatoires  s'observent  chez 
les  Batraciens  après  l'ablation  de  l'un  des  lobes  optiques,  mais  jusqu'ici,  personne  je  crois,  n'a 
démontré  que,  chez  les  Poissons,  la  lésion  de  certaines  parties  de  l'encéphale  pût  être  suivie  de  phé- 
nomènes de  tournoiement.  Les  faits  suivants,  je  l'espère,  établiront  cette  vérité  avec  toute  la  cer- 
titude désirable. 

Lorsqu'on  vient  à  piquer,  soit  directement,  soit  à  travers  la  voûte  du  crâne,  le  plancher  de  l'un 
des  lobes  optiques,  le  Poisson  décrit  aussitôt  en  nageant  un  mouvement  de  rotation  autour  de  son 
axe.  Ce  mouvement  s'effectue  toujours  vers  le  côté  opposé  à  la  lésion,  c'est-à-dire  qu'il  commence 
par  la  chute  de  l'animal  sur  ce  côté  et  se  continue  ensuite  dans  le  même  sens.  Le  nombre  des  tours 
del'Épinoche  sur  lui-même  dans  un  temps  donné  est  extrêmement  variable  :  ainsi,  parfois,  on  en 
compte  vingt-cinq,  trente,  quarante  par  minute;  d'autres  fois,  après  une  simple  excitation  par 
exemple,  leur  fréquence  devient  telle  que  j'ai  vu  des  sujets  exécuter  quatre-vingts,  cent  et  jusqu'à 
cent  dix  et  cent  vingt  révolutions  dans  une  minute.  La  durée  de  ces  mouvements  rotatoires  n'est  pas 
moins  remarquable  que  leur  fréquence;  j'ai  constaté  qu'ils  se  continuaient  dix,  douze  jours,  et  même 
davantage  après  l'opération  ;  ils  s'effectuent  invariablement  dans  le  même  sens,  et  dans  les  intervalles 
de  repos  qui  les  séparent,  l'animal  reste  constamment  couché  sur  le  flanc  opposé  à  la  lésion.  Presque 
toujours  aussi,  le  corps  se  recourbe  plus  ou  moins  fortement  en  arc  de  cercle  vers  le  côté  opposé  à  la 
piqûre.  J'ai  remarqué  que,  lorsque  celle-ci  s'écarte  trop  du  sillon  médian,  ou  bien  lorsqu'elle  siège 
tout  à  fait  à  l'une  des  extrémités,  soit  antérieure,  soit  postérieure  du  lobe  optique,  les  phénomènes 
de  rotation  deviennent  beaucoup  moins  prononcés,  beaucoup  moins  nets,  ou  même  cessent  complè- 
tement de  se  produire.  Dans  un  cas  où  la  lésion  était  située  immédiatement  en  arrière  de  l'un  des 
lobes  cérébraux,  j'ai  même  vu  les  mouvements  rotatoires  s'intervertir  et  s'effectuer  pendant  un 
certain  temps  vers  le  côté  lésé.  Ce  fait  qui,  tout  d'abord,  semblerait  en  opposition  avec  -ceux 
qui  précèdent,  s'explique  naturellement  par  un  entrecroisement  de  fibres  qui  a  lieu  à  travers  la 
commissure  antérieure  des  lobes  optiques.  Cet  entrecroisement  que  j'ai  distingué  très  nettement 
sur  l'Épinoche,  aurait  pour  effet  de  neutraliser  celui  qui,  nous  le  verrons  bientôt,  existe  à  l'origine 
des  pyramides.  Le  résultat  en  question  concorderait  parfaitement,  du  reste,  avec  les  expériences  de 
Schiff,  car,  d'après  ce  savant,  le  sens  dans  lequel  s'accomplirait  le  mouvement  de  manège  chez  les 
Vertébrés  supérieurs  varierait  suivant  la  partie  de  la  couche  optique  que  l'on  aurait  détruite.  La 
destruction  des  trois  quarts  antérieurs  de  cet  organe,  chez  les  Lapins,  déterminerait  le  mouvement 
vers  le  côté  lésé,  et  celle  de  son  quart  postérieur  vers  le  côté  opposé  à  la  lésion,  conformément  à  ce 
qui  se  passe  après  la  section  du  pédoncule  cérébral.  Souvent,  les  mouvements  de  rotation  autour 
de  l'axe  alternent  avec  des  mouvements  en  manège  dirigés  aussi  vers  le  côté  opposé  à  la  piqûre. 
Ainsi  quelquefois,  aussitôt  après  l'opération,  l'animal  présente  un  mouvement  de  rotation  autour 
de  l'axe,  puis  ce  mouvement  cesse  et  se  trouve  remplacé  par  un  mouvement  de  manège  ;  la  rotation 
autour  de  l'axe  peut  recommencer  ensuite.  D'autres  fois,  c'est  le  contraire  qui  arrive  :  l'animal 
n'exécute  d'abord  qu'un  simple  mouvement  en  manège,  mais  bientôt  ce  mouvement  s'exagère,  le 
cercle  décrit  se  rétrécit  davantage,  le  Poisson  s'incurve  en  s'inclinant  de  plus  en  plus  sur  le  côté, 
enfin,  à  un  certain  instant,  l'équilibre  se  rompt,  le  ventre  passe  en  haut  et  la  rotation  autour  de  l'axe 
commence.  Il  semble  donc  résulter  de  ces  derniers  faits  que  le  mouvement  de  rotation  autour  de 
l'axe  et  le  mouvement  en  manège  ne  sont  pas  de  nature  réellement  différente,  mais  bien  une 


DES  FONCTIOiNS  DE  L'ENCÉPHALE.  155 

seule  espèce  de  mouvement,  le  premier  n'étant  sans  doute  que  l'exagération  du  second  et  parais- 
sant dépondre,  ou  d'une  lésion  plus  grave,  ou  d'une  recrudescence  passagère  dans  le  trouble 
nerveux. 

L'accord  n'ayant  pu  Jusqu'alors  s'établir  entre  les  physiologistes  relativement  à  l'explication 
du  phénomène  si  singulier  du  tournoiement,  j'ai  essayé  d'analyser  ce  même  phénomène  chez  les 
Poissons.  J'ai  reconnu  d'abord  que  le  mouvement  rotatoire  ne  peut  pas  être  attribué  h  la  para- 
lysie de  l'un  dei>  membres,  ce  qui,  du  reste,  est  conforme  à  l'opinion  déjà  émise  par  Longet 
au  sujet  des  Mammifères;  je  me  suis  ensuite  assuré  que  ce  mouvement  ne  résulte  pas  delà  perte  de 
la  vision  d'un  seul  côté,  enfui  qu'il  n'est  pas  non  [)lus  la  conséquence  de  cette  légère  courbure 
en  arc  que  présente  ordinairement  le  corps  des  sujets  opérés.  En  effet,  («)  :  les  mouvements  des 
nageoires  ne  sont  nullement  altérés  et  les  deux  membres  agissent  avec  une  régularité  parfaite  chez 
les  sujets  que  l'on  voit  ainsi  tourner  autour  de  leur  axe. —  (b)  :  La  section  de  l'une  des  nageoires 
pectorales  sur  un  Poisson  sain  n'entraîne  à  sa  suite  aucune  apparence  de  mouvement  de  rota- 
tion. —  (c)  :  Après  la  section  de  l'une  ou  l'autre  des  nageoires  pectorales  sur  un  sujet  tournant 
autour  de  son  axe,  la  rotation  continue,  avec  un  peu  moins  de  vivacité,  il  est  vrai,  mais  toujours 
du  mémo  côté.  —  ((/)  :  L'ablation  de  l'un  des  yeux  sur  un  Poisson  sain  n'est  suivie  d'aucune 
espèce  de  trouble  dans  la  motilité. —  {é)  :  Ce  n'est  pas  non  plus  la  légère  courbure  en  arc  du  corps 
qui,  en  se  combinant  au  mouvement  de  progression,  peut  déterminer  la  rotation  autour  de  l'axe, 
puisqu'il  arrive  souvent  que  la  rotation  s'effectue  sur  place,  le  corps  étant  dans  la  rectitude. — 
Déduction  faite  de  toutes  les  causes  précédentes,  je  présume  que  le  tournoiement  pouri'ait 
bien  être  le  résultat  d'un  sentiment  douloureux  de  contracture  auquel  l'animal  chercherait 
sans  cesse  à  échapper,  et  qui  résiderait  dans  les  muscles  antérieurs  du  tronc,  du  côté  opposé 
à  la  lésion. 

Moelle  allongée.  —  La  base  des  lobes  optiques  n'est  pas  la  seule  partie  de  l'encéphale  dont  la 
lésion  soit  susceptible  de  déterminer  des  mouvements  de  rotation  autour  de  l'axe  ou  en  manège.  Des 
mouvements  identiques  à  ceux  que  nous  venons  de  décrire  se  produisent  également  lorsqu'on  pique 
l'une  des  moitiés  de  la  moelle  allongée,  seulement  ici,  au  lieu  de  s'effectuer  comme  précédemment, 
du  côté  lésé  vers  le  côté  sain,  ils  ont  lieu  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  du  côté  sain  vers  le 
côté  lésé.  Dans  l'état  de  repos,  l'animal  reste  toujours  couché  sur  le  flanc  correspondant  à  la 
lésion;  enfin  le  corps  tend  aussi  à  se  recourber  en  arc  vers  le  côté  lésé.  En  comi)arant  les  effets 
directs  qui  accompagnent  la  lésion  de  chacune  des  moitiés  de  la  moelle  allongée  aux  elTets  entre- 
croisés qui  résultent  de  la  lésion  de  chacun  des  lobes  optiques,  on  est  donc  amené  à  conclure 
qu'entre  ces  deux  points,  11  doit  exister  un  entrecroisement  des  fibres  nerveuses  avec  passage  de 
ces  fibres  d'un  côté  à  l'autre. 

Cervelet.  —  La  destruction  de  toute  la  portion  saillante  du  cervelet  n'inilue  ni  sur  la  régularité 
ni  sin-  la  vivacité  des  mouvements  du  Poisson  dont  l'intelligence  et  la  liberté  d'action  semblent 
parfaitement  conservées.  Lorsque,  au  contraire,  on  détruit  les  parties  profondes  du  cervelet,  il 
arrive  parfois  que  l'animal  devient  chancelant  et  s'avance  en  oscillant  adroite  et  à  gauche  du  plan 
médian,  ou  bien  il  se  produit  de  véritables  désordres  dans  les  mouvements,  ce  que  j'attribue  aux 
tiraillements  exercés  pendant  l'opéralioii  sur  les  fibres  profondes  qui  se- trouvent  en  comnuinicalion 
directe  avec  la  moelle  allongée. 


156  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

Tous  les  faits  qui  précèdent  ont  été,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  recueillis  sur  l'Épinoche  et 
sur  l'Épinochette,  toutefois,  ces  deux  espèces  ne  sont  pas  les  seules  auxquelles  se  soient  bornées 
mes  expériences.  Ainsi,  chez  le  Véron,  j'ai  retrouvé  les  mouvements  de  rotation  autour  de  l'axe 
consécutivement  à  la  lésion  de  l'un  des  lobes  optiques  ou  de  l'une  des  moitiés  de  la  moelle  allongée. 
De  même  que  chez  l'Épinoche,  les  effets  sont  entre-croisés  dans  le  premier  cas  et  directs  dans  le 
second,  mais  ils  ne  se  manifestent  pas  avec  le  même  degré  d'énergie  et  de  vivacité.  Enfin,  j'ai  pu 
aussi  constater  des  mouvements  rotatoires  sur  une  très  jeune  Tanche  dont  la  longueur  ne  dépassait 
pas  trois  centimètres.  En  résumé,  si  l'on  compare  les  fonctions  des  parties  correspondantes  de  l'en- 
céphale chez  les  Mammifères  et  chez  les  Poissons,  on  est  conduit  à  adopter  les  conclusions  suivantes. 
1°  Chez  les  Mammifères,  l'ablation  des  hémisphères  détermine  toujours  la  perte  de  l'intelligence  et 
de  la  volonté;  chez  les  Poissons,  la  perte  des  lobes  cérébraux  n'est  suivie  d'aucun  effet  appréciable. 
2°  Chez  les  Mammifères,  la  destruction  du  cervelet  anéantit  la  faculté  de  coordination  des  mouve- 
ments volontaires;  chez  les  Poissons,  la  même  opération  n'influe  pas,  ou  du  moins  paraît  influer 
à  peine  sur  cette  faculté.  3°  Après  l'ablation  de  la  voûte  des  lobes  optiques  chez  les  Poissons, 
la  vision  se  trouve  abolie  tout  comme  elle  l'est  chez  les  Mammifères  après  l'enlèvement  des 
tubercules  quadrijumeaux.  4°  Enfin,  chez  les  Poissons,  les  lésions  de  la  base  des  lobes  optiques  et 
de  la  moelle  allongée  déterminent  des  désordres  du  mouvement  tout  à  fait  analogues  à  ceux  que 
produisent,  chez  les  Mammifères,  les  lésions  des  couches  optiques,  des  pédoncules  cérébraux  et 
des  pédoncules  cérébelleux  moyens. 

Dans  le  but  de  faciliter  les  recherches  de  ceux  qui  désireraient  vérifier  ces  expériences  ou 
les  compléter,  je  vais  dire  quelques  mots  des  procédés  opératoires  auxquels  j'ai  eu  recours. 
Lorsqu'il  s'agit  de  faire  l'ablation  des  lobes  cérébraux,  du  cervelet  ou  des  lobes  optiques,  le 
procédé  est  fort  simple.  Je  saisis  le  Poisson  de  la  main  gauche,  comme  une  plume  à  écrire  que  l'on 
voudrait  tailler,  puis  d'un  seul  coup  de  scalpel,  je  lui  enlève  la  voîite  du  crâne;  je  déchire  ensuite 
sous  l'eau  et  avec  de  très  fines  pinces  l'organe  qui  doit  faire  le  sujet  de  l'expérience.  Cette  opération 
terminée,  je  laisse  l'animal  respirer  quelques  instants,  puis  j'essuie  avec  précaution  le  pourtour  de 
l'ouverture  du  crâne  et  fais  tomber  une  goutte  de  suif  tiède  sur  cette  ouverture  afin  d'empêcher 
le  contact  de  l'eau  sur  le  cerveau,  contact  qui  tend  ù  le  faire  diffluer  et  à  placer  rapidement  le  sujet 
dans  des  conditions  défavorables  à  l'observation.  Une  fois  le  crâne  ouvert,  pour  provoquer  des 
mouvements  de  rotation,  il  suffit  de  piquer  la  base  des  lobes  optiques  ou  l'un  des  cordons  de  la 
moelle  allongée,  mais,  comme  de  simples  piqûres  ainsi  faites  un  peu  au  hasard  ne  permettraient 
guère  d'arriver  à  quelque  précision,  j'ai  dû,  pour  obtenir  une  plus  grande  netteté  de  résultat, 
recourir  h  un  autre  procédé.  J'enfonce  une  épingle  de  moyenne  grosseur  à  travers  la  voûte  du 
crâne,  de  manière  à  aller  traverser  telle  ou  telle  partie  de  l'encéphale,  ce  qui  devient  assez  facile 
lorsqu'on  a  établi  d'avance  quelques  points  de  repère  à  la  surface  du  crâne.  J'ai  soin,  en  outre, 
que  l'épingle  aille  s'implanter  légèrement  dans  la  base  de  celui-ci,  afin  qu'elle  ne  subisse  aucun 
dérangement  ultérieur  pendant  les  mouvements  de  rotation  de  l'animal  ;  cela  fait,  je  la  coupe 
h.  1  millimètre  environ  au-dessus  de  son  point  d'entrée,  puis  j'abandonne  le  Poisson  à  lui-même. 
Plus  tard,  lorsqu'il  s'agit  de  constater  l'état  anatomique,  je  fais  périr  le  sujet  en  le  plon- 
geant dans  l'alcool,  puis  je  le  soumets  pendant  quelques  instants  (une  demi-minute  environ)  à 
l'action  de  l'eau  bouillante.  Quand  il  est  refroidi,  je  saisis  avec  des  pinces  le  bout  d'épingle  resté  en 


DE  L'ENCÉPHALE  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  CLASSIFICATION.  157 

saillie  hors  du  crâne  et  j'enlève  l'épingle  en  exerçant  sur  elle  une  traction  brusque,  dirigée  suivant 
son  axe.  Le  cerveau  ayant  acquis  par  la  cuisson  et  le  refroidissement  un  degré  convenable  de  con- 
sistance, le  trajet  de  l'épingle  reste  marqué  par  un  petit  canal  très  net  dont  il  est  aisé  de 
constater  l'entrée,  la  sortie  et  la  direction.  La  facilité  avec  laquelle  les  os  du  crâne  se  séparent  et 
s'enlèvent  après  quelques  instants  d'ébullition  donne  en  outre  à  ce  procédé  toute  la  rapidité  et 
toute  la  sûreté  d'exécution  désirables.  Au  lieu  de  retirer  l'épingle,  on  peut  aussi  la  laisser  en 
place,  mais  alors  il  est  à  craindre  qu'en  enlevant  les  os  de  la  voûte  du  crâne  et  en  essayant 
de  dégager  l'épingle,  on  ne  lui  imprime  des  mouvements  capables  de  compromettre  jusqu'à  un 
certain  point  la  sûreté  des  résultats. 


DE  LENCÉPHALE   CONSIDÉRÉ  DANS   SES   RAPPORTS  AVEC  LA  CLASSIFICATION 

Les  résultats  si  avantageux  pour  l'appréciation  des  affinités  naturelles  auxquels  a  conduit 
l'examen  du  système  nerveux  dans  plusieurs  des  grandes  divisions  du  règne  animal,  ont 
amené  les  naturalistes  à  penser  qu'une  étude  comparative  de  l'encéphale  des  Poissons  pour- 
rait être  de  nature  à  fournir  des  caractères  de  grande  importance  relativement  à  la  con- 
naissance  des  familles  naturelles.   Voyons  à  quel  point  ces  espérances   se  trouvent   fondées. 

S'agit-il  des  Poissons  osseux?  Rien  de  plus  aisé  que  de  reconnaître  un  représentant  de  cette 
grande  division.  L'existence  de  deux  lobes  cérébraux  pleins  et  entièrement  séparés,  de  deux  tuber- 
cules pédonculaires  reliés  par  une  commissure  grêle,  d'une  éminence  lobée,  de  renflements  semi- 
lunaires  et  de  fibres  radiées  à  l'intérieur  du  lobe  optique  ne  laissent  aucune  prise  à  l'incer- 
titude. Les  caractères  de  l'encéphale  des  Esturgeons,  l'un  des  types  principaux  de  l'ordre  des 
Ganoïdes,  sont  également  bien  tranchés  et  peuvent  se  résumer  ainsi  :  lobes  olfactifs  creux,  lobes 
cérébraux  séparés  et  solides,  tubercules  pédonculaires  reliés  par  une  commissure  grêle,  saillie  en 
bouchon  du  cervelet  h  l'intérieur  du  lobe  optique,  absence  de  renflements  semi-lunaires  et  de  fibres 
radiées  à  l'intérieur  du  lobe  optique.  L'encéphale  des  Sélaciens  n'est  pas  moins  caractéristique.  Des 
hémisphères  généralement  très  volumineux,  creusés  à  l'intérieur  et  constituant  une  masse  unique 
ou  simplement  bilobée  ;  un  cervelet  formé  d'une  lame  ordinairement  plissée  et  circonscrivant  une 
cavité  plus  ou  moins  vaste  ;  l'absence  ou  du  moins  l'état  peu  apparent  des  tubercules  pédonculaires 
et  de  la  commissure  grêle;  le  manque  d'éminence  lobée,  de  saillie  en  bouchon  du  cervelet,  de  ren- 
flements semi-lunaires  et  de  fibres  radiées  à  l'intérieur  du  lobe  optique  permettront  de  le  distin- 
guer aisément.  L'encéphale  des  Cyclostomes  présente  aussi  un  ensemble  de  caractères  qui 
empêchent  de  le  confondre  avec  celui  des  types  précédents.  Ces  caractères  sont  les  suivants: 
hémisphères  séparés  ou  à  peine  réunis  à  la  base  ;  renflements  pédonculaires  très  volumineux,  reliés 
entre  eux  par  une  glande  pinéale  très  développée  et  creuse;  absence  d'éminence  lobée,  de  renfle- 
ments semi-lunaires  et  de  fibres  radiées  à  l'intérieur  du  lobe  optique;  ouverture  de  ce  lobe  sur  le 
milieu  de  sa  face  supérieure  ;  enfin,  et  c'est  là  son  caractère  éminemment  distinctif,  absence  de  cer- 
velet. Dans  ces  quatre  divisions  que  je  viens  d'établir,  on  a  pu  remarquer  que  les  Esturgeons  placés 
entre  les  Poissons  osseux  et  les  Sélaciens  se  rattachent  d'une  manière  intime  à  ces  deux  groupes 


158  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

par  la  composition  de  leur  encéphale  ;  leur  cerveau  n'est,  pour  ainsi  dire,  qu'un  mélange  de  carac- 
tères empruntés  à  la  fois  aux  premiers  et  aux  seconds.  Chez  l'Esturgeon  comme  chez  les  Squales, 
les  lobes  olfactifs  sont  creux,  le  lobe  optique  est  peu  développé,  dépourvu  à  l'intérieur  de  fibres 
radiées  et  de  renflements  semi-lunaires  ;  le  cervelet  est  très  volumineux  et  présente  à  sa  surface  des 
circonvolutions  partielles  ;  la  moelle  allongée  s'élargit  considérablement  au  voisinage  du  cerveau 
et  possède  un  large  sinus  rhomboïdal.  La  ressemblance  du  cerveau  des  Esturgeons  avec  celui  des 
Poissons  osseux,  d'autre  part,  n'est  pas  moins  manifeste.  Elle  se  traduit  par  l'existence  de  lobes 
antérieurs  pleins  et  formant  deux  masses  séparées  l'une  de  l'autre,  de  tubercules  pédonculaires  et 
d'une  commissure  grêle  bien  distincte,  par  la  présence  d'une  saillie  du  cervelet  à  l'intérieur  du 
lobe  optique,  saillie  qui  correspond  à  l'éminence  lobée. 

De  ces  faits,  il  ressort  donc  avec  évidence  que  les  caractères  tirés  de  l'encéphale  peuvent 
servir  à  établir  quelques  grandes  divisions  dans  la  classe  des  Poissons.  Il  s'agit  maintenant  de 
savoir  s'il  en  est  de  même,  lorsque  de  ces  grandes  divisions  on  cherche  à  descendre  aux  divisions 
secondaires,  c'est-à-dire  aux  familles.  Pour  résoudre  ce  problème,  je  vais  choisir  un  groupe, 
celui  des  Poissons  osseux,  et  j'y  rechercherai  quel  est  le  degré  de  constance  des  caractères 
appartenant  à  chacune  des  parties  de  l'encéphale. 

Prenons  d'abord  les  tubercules  olfactifs.  Ces  renflements  sont  tantôt  au  nombre  de  deux, 
tantôt  de  quatre,  mais  il  est  facile  de  s'assurer  que  ce  caractère  n'appartient  point  exclusive- 
ment aux  membres  d'une  même  famille.  Chez  certains  représentants  de  la  famille  des  Joues-cui- 
rassées, par  exemple,  il  existe  deux  paires  de  tubercules  placées  immédiatement  au-devant  des 
hémisphères  ;  chez  d'autres,  les  Chabots  et  les  Épinoches,  il  n'y  en  a  plus  qu'une  seule  paire; 
d'autre  part,  certains  Scombéroïdes  qui  appartiennent  à  une  famille  toute  différente,  présen- 
tent aussi  quatre  tubercules  olfactifs.  La  situation  relative  de  ces  tubercules  semblerait,  au 
premier  abord,  avoir  plus  d'importance;  ainsi,  chez  les  Gades  tels  que  le  Merlan,  la  Lote,  la 
Mustèle,  etc.,  ils  se  trouvent  situés  à  l'extrémité  antérieure  des  nerfs  olfactifs  tandis  que  chez  la 
plupart  des  autres  Poissons  osseux,  ils  reposent  immédiatement  au-devant  des  hémisphères,  mais  il 
suffit  d'examiner  la  famille  des  Cyprins  pour  acquérir  la  certitude  que  ce  caractère  est  égale- 
ment de  peu  de  valeur;  ainsi,  chez  la  Carpe,  le  Barbeau,  le  Gardon,  la  Brème,  l'Ablette,  le 
Goujon,  etc.,  les  tubercules  olfactifs  occupent  l'extrémité  antérieure  des  nerfs  olfactifs  ;  chez  le 
Cyprin  doré,  au  contraire,  ils  se  trouvent  placés  immédiatement  au-devant  des  hémisphères. 

Les  lobes  cérébraux  ne  paraissent  pas  susceptibles  d'offrir  des  caractères  plus  solides;  leur 
volume  aussi  bien  que  leur  forme  sont  trop  sujets  à  varier  dans  une  même  famille.  Dans  celle 
des  Gades,  par  exemple,  le  Merlan  a  les  hémisphères  beaucoup  plus  petits  que  les  lobes  optiques  ; 
la  Lote  les  a  presque  aussi  gros.  Les  hémisphères  des  Trigles  et  des  Chabots  présentent  les 
mêmes  différences  relatives.  Chez  le  Merlan,  ils  sont  assez  allongés  et  marqués  de  circonvolu- 
tions; chez  la  Lotte,  ils  sont  arrondis  et  presque  lisses. 

Le  volume  et  la  forme  des  lobes  optiques  n'offrent  également  rien  de  fixe  dans  chaque  famille. 
Relativement  au  volume,  il  suffit,  pour  se  convaincre  de  son  peu  de  fixité,  de  comparer  entre  eux  le 
cerveau  du  Merlan  et  celui  de  la  Lotte,  le  cerveau  des  Trigles  et  celui  du  Chabot.  A  l'égard  de  la 
forme,  il  est  aisé  aussi  de  s'assurer,  en  examinant  les  Cyprins,  qu'il  existe  entre  les  lobes  optiques 
des  divers  représentants  de  cette  famille  des  différences  souvent  beaucoup  plus  marquées  qu'entre 


DE  L'ENCÉPHALE  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  CLASSIFICATION.  159 

le  lobe  optique  de  tel  Cyprin  et  celui  d'une  Perche,  d'un  Brochet,  d'un  Pleuronecte,  etc.  Ainsi,  chez 
l'Ablette,  la  Brème,  le  Gardon,  les  deux  moitiés  du  lobe  optique  se  trouvent  rapprochées  l'une  de 
l'autre  sur  la  ligne  médiane;  chez  le  Cyprin  doré,  les  deux  lobes  restent,  au  contraire,  un  peu 
écartés;  chez  le  Barbeau  et  la  Carpe,  il  existe  entre  ces  lobes  un  très  large  intervalle  comblé  par 
une  lame  nerveuse  extrêmement  mince. 

Les  caractèies  du  cervelet  sont  de  leur  côlé  trop  variables  et  trop  difficiles  à  préciser  pour 
qu'il  soit  possible  d'en  tirer  un  avantage  de  quelque  importance.  Il  en  est  de  même  à  l'égard  des 
lobes  inférieurs. 

Si  l'on  se  bornait  au  seul  groupe  des  Cyprins  ou  des  Loches,  l'éminence  lobée  semblerait,  au 
premier  abord,  devoir  fournir  des  caractères  plus  certains  que  les  organes  qui  précèdent,  mais  un 
examen  plus  attentif  ne  larde  pas  à  démontrer  qu'elle  aussi  est  sujette  à  présenter  de  très 
grandes  variations  dans  un  môme  groupe  naturel.  Ainsi,  parmi  les  Joues-cuirassées,  les  Trigles 
ont  une  éminence  lobée  bien  développée  tandis  que  cette  partie  est  au  contraire  très  rudi- 
mentaire  et  de  forme  différente  chez  les  Chabots.  D'autre  part,  l'éminence  des  Trigles  ressemble 
beaucoup  pour  la  forme  à  celle  des  Maquereaux. 

Si  nous  passons  à  la  moelle  allongée,  nous  voyons  les  lobes  du  pneumogastrique  si  volumineux 
chez  la  Carpe,  le  Barbeau,  le  Cyprin  doré,  ne  plus  former  aucune  saillie  appréciable  chez  le  Gardon 
et  chez  l'Ablette. 

Les  lobes  postérieurs  sont  aussi  très  variables;  tandis  que  chez  le  Brochet  {Esûx  liicim)  ils 
restent  écartés  l'un  de  l'autre,  chez  l'Orphie  {Esox  Belone),  au  contraire,  ils  se  soudent  sur  la  ligne 
médiane  en  formant  un  pont  au-dessus  du  quatrième  ventricule.  Les  mômes  différences  se  retrouvent 
entre  les  Saumons  et  les  Éperlans. 

Quant  à  la  structure  intime  du  cerveau,  l'étude  que  nous  avons  faite  de  ses  parties  a  suffi  pour 
nous  démontrer  qu'il  n'est  guère  permis  de  fonder  de  ce  côté  aucun  espoir  de  classification.  Au  lieu 
de  conduire  à  la  constatation  de  caractères  distinctifs  de  grande  valeur,  cette  étude  a  plutôt 
pour  résultat  de  fournir  des  faits  témoignant  en  faveur  de  la  grande  loi  de  l'unité  de  composition. 
Inutile  d'ajouter  que,  dans  l'examen  du  cerveau  des  Poissons  osseux,  rien  ne  confirme  la  division  en 
Acanthoptérygiens  et  en  Malacoptérygiens  admise  par  Cuvier,  division  (|ui  du  reste  a  été  démon- 
trée comme  purement  artificielle  par  les  travaux  récents  d'Agassiz  sur  le  développement  des 
Poissons  osseux.  L'observation  de  l'encéphale  des  Sélaciens  conduit  également  à  reeou naître 
qu'il  est  impossible  d'établir  dans  ce  groupe  aucune  division  naturelle  basée  sur  les  caractères 
des  centres  nerveux.  Entre  l'encéphale  des  Baies  et  celui  des  Squales  il  n'existe  absolument 
aucune  différence  essentielle. 

Des  faits  qui  précèdent  il  résulte  donc  clairement  que,  si  l'encéphale  affecte  un  ensemble 
de  caractères  propres  dans  chacune  des  grandes  divisions  de  la  classe  des  Poissons,  en  descendant 
aux  divisions  secondaires,  aux  familles  par  exemple,  il  n'arrive  presque  jamais  d'en  ren- 
contrer de  bien  (raiichés  (jui  apparlieiuient  à  l'une  d'elles  à  l'exclusion  de  toutes  les  autres. 
Ceux  ([ui  peuvent  se  manifester  parmi  les  représentants  d'un  même  groupe  sont  trop  instables, 
en  général,  pour  qu'il  soit  possible  d'eu  lirer  aucun  parti  avantageux.  Si  (pielque  groupe  bien 
naturel,  tel  (|uc  celui  des  Cyprins,  offre  certaines  dispositions  que  l'on  peut  à  bon  droit  considérer 
comme  caractéristiques  (éminence  lobée,  lobule  médian  de  la  moelle  allongée),  ce  sont  là,  il  faut 


160  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

bien  le  reconnaître,  des  faits  isolés  et  qui  semblent  devoir  échapper  à  toute  espèce  de  généralisation. 
S'il  doit  surgir  de  l'étude  du  système  nerveux  quelque  lumière  pour  la  classification  des  Poissons, 
c'est  moins  peut-être  de  la  connaissance  des  centres  nerveux  que  de  celle  du  système  nerveux  péri- 
phérique qu'il  faut  l'attendre. 


RÉSUMÉ 

Pour  résumer  ces  recherches  et  en  mieux  préciser  les  résultats,  il  est  utile  de  rappeler  briève- 
ment les  faits  principaux  sur  lesquels  elles  ont  pu   apporter  quelque  lumière. 

La  connaissance  des  origines  des  nerfs  encéphaliques  a  été  plus  particulièrement  l'objet  de  mes 
efforts.  Cette  question,  de  si  haute  importance  pour  l'anatomie  et  pour  la  physiologie,  avait  été 
fort  incomplètement  étudiée;  voici  quels  ont  été,  à  cet  égard,  les  résultats  de  mes  investigations. 
Le  nerf  de  la  cinquième  paire  naît  toujours  par  deux  racines  distinctes;  la  racine  antérieure  (A) 
émet  un  faisceau  qui  se  porte  d'avant  en  arrière  dans  l'épaisseur  du  bulbe  pour  aller  se  perdre 
dans  le  cordon  latéral  de  la  moelle  vers  la  pointe  du  quatrième  ventricule;  la  racine  posté- 
rieure (P)  se  décompose  ordinairement  en  trois  faisceaux  secondaires  :  le  premier  (p')  naît  du  bulbe 
près  de  son  point  d'implantation  ;  le  second  (p-)  provient  du  cordon  latéral  de  la  moelle,  et  le 
troisième  (p^)  de  la  pyramide  antérieure;  ce  dernier  correspond,  soit  à  la  racine  motrice  du  triju- 
meau, soit  au  facial  des  Vertébrés  supérieurs.  Chez  les  Poissons  de  la  famille  des  Cyprins,  le  fais- 
ceau (p")  appartenant  à  la  racine  postérieure  émane  toujours  du  lobe  impair  qui  surmonte  en 
arrière  la  moelle  allongée  ;  son  volume  est  proportionnel  à  celui  du  lobe  d'où  il  naît,  de 
façon  que  les  dimensions  de  l'un  suffisent  pour  faire  prévoir  celles  de  l'autre.  Chez  les  Poissons 
du  groupe  des  Cartilagineux  (Sturioniens,  Raies  et  Squales),  le  trijumeau  présente  les  mêmes 
faisceaux  d'origine  que  chez  les  Poissons  osseux,  de  telle  sorte  que,  sous  ce  rapport,  on  peut 
réellement  admettre  qu'il  y  a  unité  de  composition.  Si  le  trijumeau  reçoit  de  la  moelle 
une  partie  de  ses  fibres,  le  nerf  acoustique  paraît,  au  contraire,  un  nerf  essentiellement 
bulbaire  ;  ses  fibres  d'origine  ne  peuvent  être  poursuivies  au  delà  de  leur  point  d'implantation,  et  on 
les  voit  se  perdre  aussitôt  dans  la  substance  grise  qui  recouvre  le  prolongement  du  cordon  latéral. 

Les  nerfs  glossopharyngiens  et  pneumogastriques  se  confondent  en  grande  partie  à  leur  nais- 
sance avec  le  faisceau  (p-)  de  la  racine  postérieure  du  trijumeau  qui  émane  du  cordon  latéral  de  la 
moelle;  chez  le  Brochet,  une  des  racines  de  la  branche  postérieure  du  pneumogastrique  va  se  jeter 
dans  la  pyramide  postérieure.  Ce  Poisson  et  le  Congre  présentent  un  faisceau  très  net  descendant 
de  l'intérieur  du  cervelet  vers  la  branche  antérieure  du  pneumogastrique  et  qui  mérite  l'at- 
tention à  cause  de  la  relation  qu'il  établit  entre  le  cervelet  et  le  centre  respiratoire. 

Le  nerf  de  la  troisième  paire  s'enfonce  dans  l'épaisseur  des  pyramides  antérieures  oîi  il  prend 
en  grande  partie  ses  racines;  quelques-unes  de  ses  fibres  remontent  jusqu'au  niveau  du  plancher 
du  lobe  optique.  En  poursuivant  les  origines  du  pathétique  chez  le  Brochet,  j'ai  reconnu 
que  ce  nerf  traverse  le  pédoncule  cérébral  pour  gagner  la  face  inférieure  de  l'éminence  lobée 
et  se  réunir,  en  formant  une  commissure,  avec  le  nerf  du  côté  opposé. 


RESUMK.  ir.l 

Relativement  aux  origines  du  nerf  olfactif  chez  le  Congre,  en  outre  des  fibres  qui  naissent 
des  tubercules  olfaclils,  j'ai  sii^^nalé  deux  faisceaux  de  fibres  blanches  provenant,  l'un  du 
lobe  cérébral  correspondant,  l'autre  du  jiédoncule  cérébral  et  de  la  commissure  des  hémi- 
sphères. 

Indépendamment  de  ces  faits  relatifs  à  l'origine  des  nerfs,  plusieurs  particularités  remar- 
quables louchant  la  distribution  de  quelques-uns  d'entre  eux  sont  encore  indiquées.  Ainsi,  en  ce  qui 
concerne  le  pathétique,  chez  le  Merlan  et  dans  différentes  espèces  de  Gades,  une  branche  est  décou- 
verte qui  naît  du  tronc  principal,  tout  près  de  son  origine,  et  va  se  ramifier  dans  la  pie-mère  de  la 
cavité  de  l'éniinence  lobée  en  s'anastomosant  avec  des  filets  semblables  venus  du  nerf  opposé. 
M'appuyant  sur  un  ensemble  de  preuves  tirées  de  l'examen  des  nerfs  spinaux  et  des  nerfs 
bulbaires,  je  conclus  que  le  rameau  dorsal  du  pathétique  est  l'homologue  de  la  branche  motrice 
postérieure  des  nerfs  spinaux.  Comme  conséquence  de  cette  détermination,  le  nerf  pathétique  doit 
être  considéré  comme  une  paire  motrice  séparée  de  sa  paire  sensitive,  laquelle  n'est  autre,  sans 
doute,  qu'une  portion  du  trijumeau. 

Chez  le  Merlan  encore,  j'ai  constaté  l'existence  d'une  anastomose  très  curieuse  entre  le  triju- 
meau et  la  branche  antérieure  du  pneumogastrique;  de  cette  branche  anastomotique  qui  émane 
du  trijumeau  se  détachent  de  jjelits  filets  nerveux  destinés  à  chacune  des  branches  du  nerf 
acoustique. 

Des  coupes  du  cervelet  montrent  au-dessous  de  la  couche  grise  corticale  de  cet  organe 
une  zone  très  nette  de  grandes  cellules  multipolaires  d'où  partent  des  fibres  qui  se  dirigent  en 
dedans  et  en  dehors.  La  dissection  des  lobes  optiques  m'a  prouvé  que  la  couche  de  fibres  radiées 
qui  tapisse  ces  lobes  à  l'intérieur  se  continue  d'un  côté  h  l'autre,  en  formant  une  sorte  de  pont 
sur  la  ligne  médiane.  Relativement  aux  hémisphères,  à  l'aide  de  coupes  verticales,  l'irra- 
diation du  pédoncule  cérébral  a  été  suivie  jusfpi'au  voisinage  de  la  couche  extérieure  de  ces  ren- 
flements. 

En  ce  qui  concerne  les  petits  renflements  intérieurs  du  lobe  optique  (éniineuce  lobée),  il  a  été 
rendu  évident  que,  quoique  d'aspect  si  variable,  ils  possèdent  au  fond  une  composition  identique 
dans  les  différentes  familles  de  Poissons  osseux,  qu'ils  sont  formés  de  substance  grise  au  sein  de 
laquelle  s'irradient  des  fibres  blanches  provenant  de  la  base  du  cerveau,  et  que,  dans  cette  substance 
grise  (Cyprins)  se  trouvent  disséminées  un  certain  nombre  de  grandes  cellules  multipolaires  (i). 

L'entrecroisement  des  faisceaux  des  pyramides  chez  les  Poissons  était  resté  jusqu'iri  un  l'ail 
très  douteux  ou  même  avait  été  nié;  l'existence  en  a  été  démontrée  chez  le  Hareng.  Cet  entrecroise- 
ment a  lieu  au  niveau  de  la  commissum  ansidata;  il  peut  servir  à  expliquer  pourquoi  (fait  établi 
par  des  expériences  sur  l'Épinoche)  la  rotation  autour  de  l'axe  s'eiTectue  en  sens  inverse  lorsqu'on 
blesse  du  même  cùté  la  moelle  allongée  et  la  base  du  lobe  opti(|ue. 

Dans  la  dissection  du  faisceau  postérieur  de  la  commissure  de  llallcr  chez  l'Épinoche  et  chez 
la  Perche,  j'ai  observé  que  chacune  de  ses  extrémités  aboutit  ;i  un  petit  noyau  de  substance 


(1)  J'ai  couslaté  aussi,  sur  le  Brocliel,  (jue  l'ouiineiico  loljée  préseute  uuo  sli'ucture  ;ui;iloguo  à  celle  du  cerveli'l.  Au- 
dessous  d'une  couclie  corticale  de  sulistance  grise,  on  rencontre  une  zone  très  étroite  de  grandes  cellules  multipolaires  qui 
lait  suite  à  la  zone  de  iiièiue  nature  située  au-dessous  di;  la  couche  corticale  du  cervelet. 

21 


1G2  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

nerveuse  parfaitement  délimité,  situé  dans  l'épaisseur  de  la  substance  grise  qui  constitue  le 
pédicule  du  lobe  inférieur.  Par  sa  structure,  ce  nodule  semble  former  un  petit  centre  d'inner- 
vation destiné,  sans  doute,  à  relier  fonctionnellenient  des  parties  plus  ou  moins  éloignées  de 
l'encéphale. 

La  moelle  allongée,  la  glande  pinéale,  le  sac  vasculaire,  la  glande  pituitaire  ont  été 
l'objet  d'une  étude  attentive.  Le  dernier  de  ces  organes  m'a  offert  une  composition  analogue  à  celle 
des  glandes  vasculaires  sanguines;  chez  le  Congre,  il  est  formé,  comme  chez  l'homme,  de  deux 
moitiés  possédant  une  structure  différente.  De  plus,  j'ai  signalé  plusieurs  faisceaux  nerveux  qui 
avaient  échappé  jusqu'alors  à  l'attention  des  anatomistes  :  l'un  va  de  la  tige  pituitaire  au  pédoncule 
cérébral  (Brochet)  ;  un  autre  embrasse  la  base  du  cerveau  comme  une  sangle  et  se  recourbe  en 
haut  vers  la  commissure  antérieure  du  lobe  optique  (Brochet);  un  troisième  descend  de  l'intérieur 
du  cervelet  vers  l'extrémité  antérieure  de  la  base  du  lobe  optique  (Perche,  Trigle). 

Touchant  la  détermination  des  lobes  de  l'encéphale,  j'ai  confirmé  l'opinion  qui  consi- 
dère les  lobes  optiques  comme  des  tubercules  quadrijumeaux,  et  les  lobes  antérieurs  comme 
des  hémisphères.  D'autre  part,  les  petits  renflements  intérieurs  du  lobe  optique  (émi- 
nence  lobée)  ne  sont  autre  chose  pour  moi  qu'un  repli  intérieur  formé  par  un  prolonge- 
ment de  la  lame  du  cervelet,  repli  auquel  paraissent  s'ajouter,  chez  certaines  espèces  (Cyprins, 
Scombres),  d'autres  éléments  nerveux  issus  de  la  base  du  lobe  optique.  Quant  aux  lobes  infé- 
rieurs, l'étude  de  leur  développement  m'a  démontré  que  ce  ne  sont  évidemment  ni  des  corps 
striés  ni  des  couches  optiques,  et  qu'on  ne  saurait  non  plus  voir  en  eux  des  tubercules  mammil- 
laires;  jeles  regarde  avec  Carus  comme  des  renflements  de  la  matière  grise  de  l'infundibulum. 

Dans  les  chapitres  traitant  de  la  moelle,  les  caractères  extérieurs  de  cette  partie  du  système 
nerveux  ont  été  observés  chez  un  certain  nombre  de  Poissons  osseux  (Labre,  Gardon,  Perche, 
Baudroie,  Nase,  Gadus Pollachins,  Lote,  Cyprinus  dobula,  Trigle,  etc.,  etc.)  et  chez  les  Raies  et  les 
Squales.  Cette  étude,  entreprise  à  un  point  de  vue  comparatif,  concerne  non  seulement  les  différences 
qui  se  manifestent  entre  les  Poissons  osseux  et  les  cartilagineux,  mais  celles  qui  existent  dans  les 
divers  cartilagineux  entre  eux. 

Des  recherches  sur  la  matière  fondamentale  granuleuse  des  centres  nerveux  ont  pour  objet  de 
déterminer  si  cette  matière  existe  réellement  comme  substance  indépendante  et  si  elle  n'est  pas 
réductible  en  globules  nerveux  pourvus  de  prolongements;  le  tissu  des  lobes  antérieurs  de  l'Épi- 
noche  et  de  la  Carpe  est  examiné  dans  ce  but.  Le  cervelet  est  ensuite  décrit  dans  sa  structure 
intime;  ses  corpuscules  sont  regardés  comme  des  organites  indépendants  des  fibres  nerveuses  ;  les 
uns  et  les  autres  constituent  des  éléments  anatomiquement  distincts.  Suit  une  étude  de  la  structure 
intime  de  la  moelle  s'adressant  successivement  aux  Poissons  osseux,  aux  Raies,  aux  Squales  et  à 
la  Lamproie. 

Dans  la  seconde  partie  du  travail  consacrée  d'abord,  ciiez  les  Poissons  osseux,  aux  nerfs 
du  crâne  et  à  ceux  du  tronc,  les  nerfs  ciliaires  ont  été  étudiés  chez  la  Perche,  la  Sphyrène,  l'Épi- 
noche,  la  Carpe,  le  Cyprimis  dobula,  la  Brème,  le  Nase,  le  Brochet  et  l'Anguille.  Le  glosso- 
pharyngien,  le  trijumeau  et  le  pneumogastrique  le  sont  à  leur  tour  dans  différents  types,  ces  deux 
derniers  notamment  chez  la  Carpe,  où  leur  mode  d'origine,  le  trajet  et  la  distribution  de  leurs 
branches  sont  minutieusement  poursuivis. 


RÉSUMÉ.  163 

La  branche  anastomoliquc  dont  il  est  ensuite  qnestion,  observée  pour  la  première  fois  chez  le 
Gadiis  Merlu ngus,  est  considérée  comme  l'huniologue  du  faisceau  récurrent  qui,  chez  les  Cyprins, 
s'étend  du  trijumeau  vers  le  pneumogastrique  et  vers  le  premier  nerf  spinal.  Touchant  la  dispo- 
sition du  nerf  latéral,  on  redresse  l'erreur  de  Cuvier  et  de  Stannius,  et  à  son  tour,  ce  nerf  est  désigné 
comme  étant  l'homologue  de  la  branche  moyenne  ou  intermédiaire  des  nerfs  spinaux.  A  cette 
étude  sur  le  nerf  latéral  se  trouvent  jointes  quelques  indications  sur  ses  origines  et  son 
trajet  chez  diverses  espèces  (Perche,  Chabot,  Épinoche,  Solo,  Goujon,  Squale,  Trigle,  Nase, 
Anguille,  Ammocète,  etc.). 

En  poursuivant  l'étude  du  rameau  operculairc  du  i)ii('umogaslrique  sur  divers  Cyprins, 
il  est  reconnu,  contrairement  à  l'assertion  de  Stannius  et  de  Bïichner,  que  les  fibres  qui  le 
constituent  proviennent,  non  pas  d'une  source  iniique,  mais  de  deux,  quelquefois  de  trois  sources 
différentes,  savoir  :  de  la  racine  antérieure  du  pucninogastriijue,  de  la  racine  postérieure  de  ce 
nerf  et  du  trijumeau.  Le  faisceau  qui  émane  du  trijumeau  peut,  cIk'z  le  même  Poisson,  tantôt  passer 
au  devant  de  la  racine  postérieure  du  pneumogastrique,  tantôt  traverser  cette  même  racine.  Ce  der- 
nier fait  a  offert  un  véritable  intérêt  au  point  de  vue  morphologique;  joint  à  d'autres  de  même  nature 
que  j'indique,  l'instabilité  du  mode  de  groupement  des  fdjres  dont  l'ensemble  constitue  les  troncs 
nerveux  se  trouve  établie,  d'où  il  suit  que,  lorsqu'il  s'agit  des  divisions  d'un  nerf,  l'origine  apparente 
ou  les  connexions  avec  d'autres  branches  nerveuses  sont  des  caractères  de  peu  d'importance. 

La  partie  concernant  les  nerfs  spinaux  a  été  développée  dans  un  nombre  assez  considérable 
de  Poissons,  et  des  indications  multiples  touchant  l'origine,  la  disposition,  la  distribution  et 
les  rapports  de  ces  nerfs  y  sont  consignées  (Perche,  Brochet,  Ammocète,  Nase,  Lotte,  Chabot, 
Épinoche,  Gardon,  Carpe,  Tanche,  Trigles,  etc.).  Chez  le  Nase,  le  Chabot  et  divers  Cyprins,  an  lieu 
d'une  seule  branche  moyenne  pour  chaque  paire  spinale,  on  en  a  constaté  deux,  l'une  volumineuse 
naissant  de  la  racine  ventrale,  l'autre  très  grêle  naissant  de  la  racine  postérieure.  Les  rapports 
qu'affectent  ces  deux  branches  moyennes  à  leur  terminaison  méritent  de  fixer  l'attention.  Bien 
qu'issues  d'une  même  paire  nerveuse,  elles  ne  s'unissent  pas  entre  elles;  la  formation  d'un 
nerf  mixte  a  toujours  lieu  par  le  fiiit  de  l'union  de  la  branche  moyenne  postérieure  d'une  paire 
avec  la  branche  moyenne  antérieure  de  la  paire  suivante.  C'est  aussi,  comme  on  le  sait,  aux 
dépens  de  deux  paires  nerveuses  différentes  que  se  trouvent  constituées  les  branches  dorsales  des 
nerfs  spinaux.  Il  y  a  donc  dans  les  connexions  signalées  un  fait  d'analogie  d'autant  plus  remar- 
quable qu'il  semblerait  indiquer  une  sorte  d'indifférence  dans  le  mode  d'association  des  branches 
sensitives  et  motrices,  cette  association  pouvant  s'effectuer,  tantôt  entre  les  deux  racines  d'une 
même  paire  nerveuse,  tantôt  entre  les  racines  de  deux  paires  voisines.  Une  intéressante  disposition 
des  branches  sensibles  et  motrices  a  encore  été  observée  chez  les  Poissons  osseux  et  décrite  chez  la 
Perche. 

Enfin,  après  une  description  du  grand  Sympatlii(ine,  détaillée  chez  la  Perche,  succincte  chez 
l'Epinoche,  des  recherches  expérimentales  touchant  les  fonctions  de  l'encéphale  ont  été  entreprises 
sur  ce  dernier  Poisson.  Relativement  aux  mouvements  de  rotation  autour  de  l'axe  qui  alternent 
souvent  avec  les  mouvements  en  manège,  l'opinion  que  ces  deux  sortes  de  mouvements  ne  sont 
pas  de  nature  différente,  mais  que  le  promiei'  n'est  probablement  que  l'exagération  du  second  porté 
à  son  plus  haut  degré,  a  pu  être  émise. 


IM  SYSTÈME  NERVEUX  DES   POISSONS. 

Les  dernières  pages  du  travail  ont  eu  pour  objet  de  démontrer  par  un  ensemble  de  faits 
que,  si  les  caractères  tirés  de  l'encéphale  peuvent  servir  à  établir  quelques  grandes  divisions 
dans  la  classe  des  Poissons,  les  mêmes  caractères  deviennent  tout  à  fait  insuffisants  quand  il 
s'agit  de  partager  ces  grandes  divisions  en  familles  naturelles. 


SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS 


EXPLICATION   DES   PLANCHES 


y 

PLANCHE  I 

Squale  Emissole  {Sqiialus  mustelus) 

FiG.  \.  Cerveau.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  II,  hcmisiihêrcs  du  lobe  optique  écartés  pour  laisser  voirie  pédoncule 
cérébral  (7)  et  l'entrée  du  troisième  ventricule  (r).  —  0,  lolie  iiplique.  —  c,  cervelet.  —  c',  saillie  latérale  de  la 
lame  transverse  du  quatrième  vtiilricule.  —  r,  quatrième  ventricule.  —  lu,  pneumogastrirpie. 

FiG.  2.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  h,  bémisphère.  —  h',  h',  ventricules  latéraux  communiquant  avec  le  tubercule 
olfactif.  — c,  cervelet  ouvert.  —  b,  bourrelet  médian. 

FiG.  3.  —  h',  ventricules  latéraux  communiquant  avec  le  troisième  ventricule  (r).  —  g,  petit  ponl  métlullaire 
correspondant  avec  la  commissure  grêle.  —  c,  cervelet  ouvert  supérieurement.  —  b,  bourrelet  médian. 

FiG.  4.  —  0,  lobe  optique  ouvert,  —c,  portion  antérieure  du  cervelet  ouverte  supérieurement.  —  c',  commissure  du 
quatrième  ventricule.  —  r',  lobe  du  trijumeau. 

FiG.  5.  —  e,  entrée  de  l'infundibulum.  —  5,  brandie  du  trijumeau  naissant  du  lobe  (r')  du  quatrième  ventricule  (t). 

FiG.  C.  —  4,  nerf  patbélique.  —  f,  faisceau  vcniriculaire  latéral  présentant  à  sa  surface  de  petites  nodosités  et  allant 
se  jeter  en  avant  dans  le  trijumeau. 

FiG.  7.  Cerveau  vu  de  coté.^  t,  tubercule  olfactif. —  //,  hémisphères. —  0,  lobe  optique. —  /,  lobe  inférieur. —  c,  cer- 
velet. —  c',  commissure  du  quatrième  ventricule.  —  r,  quatrième  ventricule.  —  i-',  lobe  du  quatrième  ventri- 
cule. —  ~,  nerf  optique.  —  ?>,  nerf  moteur  oculaire  commun.  —  i,  nerf  pathétique.  —  0,  nerf  trijum?au.  — 
5',  branche  du  trijumeau  se  portant  au  lobe  du  quatrième  vcniricule.  —  S,  nerf  auditif.  —  '.1,  nerf  glosso- 
pharjngien.  —  lo,  pneumogastriiiue. 

FiG.  8.  Face  inférieure  du  cerveau.—  /;,  hémisphères.—  2,  nerf  npliiiuc—  0,  lobe  optique.—  i,  lobe  inférieur. — 
s,  sac  vasculaire.  —  5,  nerf  trijumeau.  —  8,  nerf  auditif.  —  n,  nerf  glossopharyngien.  —  10,  pueuniu- 
gastrique. 

FiG.  9.  Coupe  longitudinale  du  cerveau.  —  //,  hémisphères.—  0,  lobe  optique. —  c,  lame  plissée  du  cervelet. — 
c',  commissure  du  quatrième  ventricule.  —  /,  lobe  inférieur  creux. 


166  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Ange  de  mer  {Squalus  squatina). 

FiG.  iO.  Cerveau.  —  h,  hémisphères.  —  v,  troisième  ventricule.  —  g,  petit  faisceau  médullaire  transversal  corres- 
pondant à  la  commissure  grêle.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  c',  commissure  du  quatrième  ventricule. 

FiG.  11.  —  h,  hémisphères  ouverts  et  montrant  les  deux  ventricules  latéraux  communiquant  en  arrière  avec  le 
troisième  ventricule.  —  e,  entrée  de  l'inlundibulum  au  fond  du  troisième  ventricule. 

Esturgeon  commun  (Acipenser  Sturio). 

FiG.  12.  Cerveau.  —  h,  hémisphères.  —  g,  pédoncule  cérébral.  —  r,  entrée  du  quatrième  ventricule.  —  o,  lobe 
optique.  —  c,  cervelet. 

FiG.  13.  —  c,  cervelet  ouvert.  —  o,  lobe  optique.  —  f,  faisceau  ventriculaire  latéral. 

FiG.  li.  ^  1,  nerf  olfactif.  —  h,  hémisphères.  —  g,  pédoncule  cérébral.  — i,  lobe  inférieur. 

FiG.  15,  16,  17, 18.  Cerveau, 

Lamproie  fluviatile  (Petromyzon  flumatilis). 

FiG.  19.  Face  supérieure  du  cerveau.  —  l,  nerf  olfactif.  —  h,  h,  lobes  des  hémisphères.  —  q,  tubercules  pédoncu- 
laires.  —  p,  glande  pinéale.  —  g,  pédoncule  cérébral.  —  o,  lobe  optique.  —  o',  ouverture  supérieure  du  lobe 
optique  à  travers  laquelle  on  aperçoit  une  commissure  transversale.  —  v,  quatrième  ventricule.  —  c,  commis- 
sure représentant  le  cervelet. 

FiG.  20.  Face  inférieure  du  cerveau.  —  h,  hémisphères.  —  -2,  nerfs  optiques.  —  i,  lobe  inférieur.  —  e,  entrée  de  l'in- 
fundibulum.  —  o,  lobe  optique.  —  m,  face  inférieure  de  la  moelle  allongée. 

FiG.  21.  Cerveau  fendu  sur  la  ligne  médiane.—  h,  cavité  des  hémisphères. —  q,  tubercule  pédonculaire.  —  p,  glande 
pinéale  fendue  en  deux  et  présentant  une  petite  cavité  centrale.  —  e,  entrée  de  l'infundibulum.  —  o,  cavité 
du  lobe  optique. 

Lamproie  marine  {Petromyzon  marinus). 

Fie.  22.  Cerveau  vu  en  dessus.  —  h,  hémisphères.  —  p,  glande  pinéale.  —  g,  pédoncule  cérébral.  —  o,  lobe 
optique.  —  o',  ouverture  supérieure  du  lobe  optique.  —  v,  entrée  du  quatrième  ventricule. 


J 

PLANCHE  II 

Merlan  commun  (Gadus  Merlangus). 

FiG.  1.  Cerveau  vu  en  dessus.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  i,  nerf  olfactif.  —  /*,  hémisphères.  —  p,  glande  pinéale.  — 
0,  lobe  optique.  —  c,  cervelet. 

FiG.  2.  —  r,  renflement  semi-lunaire.  —  l,  lame  commissurale. —  o,  lobe  optique. 

FiG.  3.  —  e,  éminence  lobée.  —  y,  lobes  postérieurs.  —  y',  commissures  des  lobes  postérieurs.  —  v,  entrée  du 
quatrième  ventricule. 


EXPLICATION   DES  PLANCHES.  167 

FiG.  4.  Face  inférieure  tlii  cerveau.  —  l,  nerf  olfaclif.  —  /(,  iiémisplières. —  2,  nerf  optique.  —  o,  lobe  optique.  — 
?",  lobe  inférieur.  —  /(',  hypophyse.  —  r,  sac  vasculaire.  — s,  s,  commissure  de  Haller. —  5,  trijumeau.  — 
6,  les  deux  racines  de  la  sixième  paire.  —  8,  8,  branches  du  nerf  auditif.  —  9,  irlossopharyngien.  —  "',10,  racines 
du  pneumogastrique.  —  f,  filet  anastomoti(iue  allant  du  trijumeau  à  la  branche  antérieure  du  pneumo- 
gastrique et  s'anastomosant  avec  le  nerf  auditif.  —  a,  labyrinthe  membraneux,  —  k,  canal  demi-circulaire 
externe. 

FiG.  5.  —  2,  nerf  optique.  —  h,  hypophyse  très  congestionnée  et  dressée  sur  sa  tige.  —  i,  lobe  inférieur.  —  s,  sac 
vasculaire.  —  3,  nerf  de  la  troisième  paire.  —  5,  trijumeau.  —  0,  racines  de  la  sixième  paire.  —  8,  8,  8,  nerf 
acoustique.  —  10,  pneumogastrique.  — f,  fibres  arciformes  étendues  sur  la  face  inférieure  du  bulbe. 

FiG.  0.  —  h,  hypophyse  très  congestionnée  et  soulevée  en  avant;  la  portion  postérieure  de  son  pédicule  a  été  rompue 
de  manière  à  laisser  apercevoir  un  prolongement  du  globe  pituitaire  qui  s'enfonce  sous  forme  d'un  petit 
cône  (h')  à  l'intérieur  de  l'infundibulum.  —  s,  sac  vasculaire.  —  3,  nerf  moteur  oculaire  commun. 

FiG.  7.  —  /,  lobes  inférieurs.  —  i',  fente  (jui  sépare  ces  lobes.  —  t,  trigonc  pituitaire.  —  c,  entrée  de  l'infundibulum. 
—  p'  commissure  de  Haller. 

FiG.  8.  —  1,  nerf  olfactif.  —  h',  hémisphères.  — p,  glande  pinéale.  —  i,  nerf  pathétique.  —  r,  filets  du  nerf  pathé- 
tique se  ramifiant  à  l'intérieur  de  l'éminence  lobée.  —  c,  cervelet. 

FiG.  9.  Sac  vasculaire  ouvert  et  étalé  pour  montrer  ses  plis  intérieurs. 

FiG.  10.  Éléments  anatomiques  du  sac  vasculaire.  —  Vésicules  albumineuses. 

FiG.  11.  Cellules  avec  un  noyau  et  des  granulations  à  l'intérieur;  noyaux  et  granulations  libres. 

FiG.  12.  Éléments  anatomiques  de  la  glande  pinéale.  —  Vésicules  albumineuses. 

FiG.  13.  Cellules  à  noyaux;  noyaux  et  granulations  libres. 


/ 

PLANCHE  III 

Merlan  commun  {Gadus  Mcrlangus). 

FiG.  1.  Cerveau  vu  de  profil.  —  l,  nerf  olfactif.  —  2,  nerf  optique. —  h,  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cer- 
velet. —  5,  trijumeau.  —  8,  8,  8,  branches  du  nerf  acoustique.  —  f,  rameau  anastomotique  allant  du  triju- 
meau au  pneumogastrique  et  s'anastomosant  avec  les  branches  du  nerf  acousti(iue.  —  9,  nerf  glossopharyngien 
offrant  deux  racines  :  l'une  provenant  du  bulbe  et  l'autre  de  la  première  branche  du  pneumogastrique.  — 
10,  pneumogastrique.  —  k,  origine  du  nerf  latéral. 

FiG.  2.  Coupe  longitudinale  du  cerveau.  —  o,  lobe  (ipli(|ue.  —  c,  éinineuce  lobée.  —  c,  cervelet. 

FiG.  3.  —  0,  lobe  optique.  —  e,  éminence  lobée.  —  /,  lame  commissurale.  —  c,  cervelet.  —  y,  surface  de  section 
des  lobes  postérieurs.  —  i,  lobe  inférieur. 

FiG.  4.  Cerveau  dont  la  voûte  des  lobes  optiques  a  été  incisée  latéralement  et  rabattue  en  avant.  —  o,  o,  lobe  optique. 

—  c,  éminence  lobée.  —  /',  rcnllement  semi-lunaire.  —  i,  lame  commissurale. 

FiG.  5.  —  /(,  hémisphères.  —  h',  commissure  des  hémisphères.  —  r,  troisième  ventricule.  —  c,  commissure  grêle 
reliant  les  deux  tubercules  pédonculaircs. 

FlG.  0.  —  0,  lobe  optique  ouvert.  —  <;,  éminence  lobée.  —  c,  cervelet.  —  i,  nerf  pathétique  bifurqué  à  son  origine. 

—  5,  5,  trijumeau. —  8,  nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glossopharyngien. — 10,  10,  branches  du   pneumogastrique. 

FiG.  7.  Éléments  de  la  glande  pituitaire  vus  à  un  grossissement  de  650  diamètres. 


168  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Lotte  commune  {Lota  vulgaris). 

FiG.  8.  Coupe  longitudinale  du  cerveau.  —  h,  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  e,  éminetite  lobée. 

FiG.  9.  Coupe  théorique  destinée  à  expliquer  la  formation  de  l'éminence  lobée.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cer- 
velel.  —  e,  repli  intérieur  représentant  l'éminence  lobée.  —  p,  ligne  ponctuée  montrant  comment  la  paroi 
du  lobe  optique  s'amincit  et  cesse  d'être  en  continuité  avec  la  paroi  supérieure  de  l'éminence  lobée.  — 
(',  i,  lignes  ponctuées  montrant  les  différentes  positions  que  peut  occuper  le  pédoncule  cérébelleux. 

FiG.  10.  —  h,  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  I,  nerf  olfactif.  —  5,  trijumeau.  —  l,  légère  saillie 
située  en  arrière  de  la  pointe  du  quatrième  ventricule. 

FiG.  M.  Le  lobe  optique  a  été  ouvert  pour  montrer  l'éminence  lobée  et  les  renflements  semi-lunaires.  —  5,  première 
branche  du  trijumeau  allant  se  continuer  avec  le  cordon  latéral  de  la  moelle.  —  5',  rameau  de  la  branche  pos- 
térieure du  trijumeau  se  continuant  avec  le  faisceau  ventriculaire  latéral  et  se  jetant  en  partie  dans  la  com- 
missure de  la  pointe  du  quatrième  ventricule.  —  i>,  émiuence  lobée.  -^  r,  renflement  semi-lunaire. 

FiG.  Iî2.  —  o,  trijumeau.  —  s,  nerf  acoustique.  —  10,  branches  du  pneumogastrique. 

F:g.  13.  —  5,  trijumeau. 


J 

PLANCHE   IV 

Barbeau  commun  {Barbm  fluviiUilis). 

FiG.  1.  Face  supérieure  du  cerveau.  —  I,  nerf  olfactif.  —  /;,  hémisphères. —  p,  glande  pinéale. —  o,  lobe  optique. — 
o',  commissure  de  la  voûte  optique.  —  c,  cervelet.  —  l,  lobule  médian.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique. 

FiG.  "1.  —  1,  nerf  olfactif.  —  h,  iiémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  2,  nerf  optique.  —  3,  nerf  oculo- 
moteur  commun.  — «,  lobe  inférieur.  —  i,  nerf  pathétique. —  5,  branche  antérieure  du  trijumeau. —  5',  branche 
postérieure  du  trijumeau.  —  8,  nerf  acoustique.  —  10,  branche  antérieure  du  pneumogastrique.  —  10',  branche 
postérieure  du  pneumogastrique.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique. 

FiG.  3.  —  5,  branche  antérieure  du  trijumeau.  —  5',  branche  postérieure  du  trijumeau  relevée.  —  8,  nerf  acous- 
tique. —  10, 10,  pneumogastrique. 

FiG.  4.  —  5,  branche  antérieure  du  trijumeau  dont  la  racine  a  été  poursuivie  jusqu'à  l'extrémité  du  bulbe.  —  8,  nerf 
acoustique.  —  T)',  branche  postérieure  du  trijumeau  relevée. 

FiG.  5.  —  e,  zone  périphérique  de  l'éminence  lobée.  —  c',  zone  moyenne  de  l'éminence  lobée.  —  l,  lobe  médian.  — 
- 1\  ventricule. 

FiG.  6.  —  5',  branche  postérieure  du  trijumeau.  —  l,  lobe  médian.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique. 

FiG.  7.  —  0,  lobe  optique.  —  f,  f,  faisceaux  ventriculaires  médians  dont  une  portion  a  été  réséquée  pour  apercevoir  le 
plan  des  fibres  transversales  sous-jacent.  —  t,  faisceau  de  fibres  transversales.  —  v,  canal  de  la  moelle  dans 
lequel  s'enfonce  le  faisceau  ventriculaire  médian. 

FiG.  8.  — X,  plan  de  fibres  transversales  s'étalant  sur  la  face  inférieure  du  lobule  médian  {l).  —  f,  faisceau  blanc 
longitudinal  situé  au-dessous  du  plan  de  fibres  transversales. —  5',  branche  postérieure  du  trijumeau  coupée 
en  travers. 

FiG.  9.  Coupe  verticale  [du  cerveau  faite  au  niveau  de  l'éminence  lobée. —  i,  lobe  inférieur. —  a,  aqueduc  de  Sylvius. 
/',  section  transversale  du  faisceau  divergent  du  quatrième  ventricule.  —  f,  faisceaux  blancs  transverses.  — 


EXPLICATION  DES  PLANCHES.  IGO 

s,  faisceaux  de  fibres  blanches  montant  de  la  base  du  cerveau  dans  l'épaisseur  de  l'éminence  lobée.  —  r,  ren- 
flement semi-lunaire.  —  o,  paroi  du  lulji'  optique.  —  e,  portion  périphérique  de  l'éminence  lobée.  —  e',  feuillet 
externe  de  cette  couche  périphéricjue.  —  e",  e'",  e''',  portion  centrale  de  l'éniincnce  lobée.  —  e",  zone 
moyenne.  —  e'",  e'",  zone  latérale.  —  ii,  noyau  gris  central  appartenant  à  la  zone  moyenne. 

FiG.  10.  Face  inférieure  de  la  voûte  optique  et  lame  commissurale  bifurciuée. 

FiG.  11.  — 0,  lobes  optiques.  — c,  cervelet.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique. —  T.",  nerf  trijumeau. 

■  Brème  commu.ne  {Abramis  Brama). 

FiG.  12.  —  0,  lobes   optiques.  —  c,  cervelet.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique.  —  5,  5',  branches  du   trijumeau.  — 
8,  nerf  acoustiiiue. 

Loche  des  étangs  {Cobitis  fossilis). 

FiG.  13.  Cerveau.  —  h,  hémisphères.  —  I,  nerfs  olfactifs.  —  t,  tubercules  olfactifs.  —  o,  lobes  oplif|ues.  —  o',  com- 
missure de  la  voûte  optique.  —  c,  cervelet.  —  /,  lobe  moyen.  —  x,  lobe  du  pneumogastrique. 

FiG.  14.  Cerveau  ouvert.  —  /(,  hémisphères. —  t,  nerfs  olfactifs. — e,  zone  périphéri(]ue  de  l'éminence  lobée. — f',2on(i 
moyenne.  —  /,  lobe  médian.  —  r,  ventricule. 


PLANCHE   V 


Cypri.n  doré  (Cuprinus  auratus). 

FiG.  1.  Cerveau. —  l,  nerf  olfactif. —  t,  tubercule  olfactif.  —  /;,  hémisphères. — p,  glande  pinéale.  — o,  lobeoptique. 
—  f,  commissure  de  la  voûte  optique.  —  c,  cervelet.  —  /,  lobule  médian  du  bulbe.  —  x,  lobe  du  pneumogas- 
trique. —  t',  entrée  du  quatrième  ventricule. 

Carpe  commune  {Cyprinus  Carpio). 

FiG.  2.  Cerveau.  —  1,  nerf  olfactif.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  /;,  hémisphères.  —  p,  glande  pinéale.  —  o,  lobe 
optique.  —  e,  commissure  delà  voûte  optique.  — e',  éminence  lobée.  — ?,  trou  borgne.  — c,  cervelet.  — 
l,  lobule  médian.  —  i',  entrée  du  quatrième  ventricule.  —  x,  lobe  du  pneumogastri(iue. 

FiG.  3.  Origine  du  nerf  latéral.  —  i,  nerfs  olfactifs.  —  h,  hémisphères.  —  o,  lobes  optiques.  —  c,  cervelet.  — 
l,  lobe  médian.  —  5,  branche  antérieure  du  pneumogastrique.  —  5",  origine  du  nerf  latéral.  —  8,  nerf 
acoustique. 

FiG.  4.  —  5,  trijumeau. 

Ablette  commune  (Alburnus  lucidus). 

FiG.  5.  —  1,  nerf  olfactif.  —  h,  héiuisiihères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  /,  lobule  médian  du  bulbe.  — 
V,  entrée  du  quatrième  ventricule.  —  y,  bulbe. 

Gardon  commun  {Leuciscus  rutilus). 

FiG.  0.  Cerveau  dont  la  voûte  des  lobes  optiques  a  été  incisée  de  Lliai[iie  côté  et  rabattue  en  avant.  —  /(,  hémi- 
sphères. —  0,  lobe  optique.  —  c,  couche  périphérique   de  l'éminence  lobée.  —   e',  zone  latérale  de  la 


170  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

portion  centrale  de  l'éminence  lobée.  —  e",  zone  moyenne  de  la  même  partie.  —  t,  trou  borgne.  —  v" ,  lame 
commissurale.  —  v',  tubercules  de  la  lame  commissurale.  —  a,  aqueduc  antérieur.  —  c,  cervelet.  —  l,  lobe 
médian.  —  i\  entrée  du  quatrième  ventricule. 

FiG.  7.  Éminence  lobée  et  cervelet.  —  e,  e,  zone  externe  et  zone  interne  de  la  couche  périphérique.  —  e',  e',  zones 
latérales  du  noyau  central  de  l'éminence  lobée;  elles  se  continuent  en  arrière  avec  un  faisceau  blanc  consi- 
dérable qui  s'enfonce  dans  l'épaisseur  du  cervelet.  —  e",  zone  moyenne  du  noyau  central  de  l'éminence 
lobée.  —  f,  trou  borgne  (foramen  cœcum).  —  c,  cervelet. 

Chondrostome  nase  (Chondrostoma  nasus). 
FiG.  8.  Nerfs  spinaux. 

FiG.  9.  Nerfs  spinaux.  —  vi,  moelle.  —  a,  branche  postérieure.  —  b,  branche  antérieure.  —  c,  branche  ventrale. 
—  d,  branche  intermédiaire. 

Fjq.  10.  — ■  m,  moelle.  —  a,  branche  postérieure.  —  c,  branche  ventrale.  —  d,  branche  intermédiaire. 

FiG.  11.  —  m,  moelle.  —  a,  branche  postérieure.  —  c,  branche  ventrale.  —  d,  branche  intermédiaire. —  b,  branche 
antérieure. 

Goujon  de  rivière  {Gobio  fluviatilis). 
FiG.  12.  Nerf  latéral. 


PLANCHE  VI 

Congre  commun  (Conger  vulgaris). 

FiG.  1.  Face  supérieure  du  cerveau.  —  t,  renflement  olfactif.  —  t',  commissure  des  renflements  olfactifs.  — 
/*,  hémisphères.  —  p,  glande  pinéale.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  lobe  moyen  du  cervelet.  —  c',  lobe  latéral  du 
cervelet.  —  y,  lobes  postérieurs.  —  v,  entrée  du  quatrième  ventricule.  —  m,  moelle.  —  5,  5,  trijumeau.  — 
8,  nerf  audilif.  —  9,  glosso-pharyngien.  —  10,  pneumogastrique. 

FiG.  2.  Face  inférieure  du  cerveau.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  /*',  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  i,  lobe 
inférieur.  —  h,  h,  les  deux  lobes  de  l'hypophyse.  —  s,  sac  vasculaire.  —  2,  nerf  optique.  —  5,  5,  nerf 
trijumeau.  —  6,  nerf  moteur  oculaire  externe.  —  8,  8,  nerf  auditif.  —  lO,  10,  les  deux  racines  du  pneumo- 
gastrique.—  b,  bulbe. 

FiG.  3.  Cerveau  vu  en  dessus.  —  t,  renflement  olfactif.  —  t',  commissure  des  rennements  olfactifs.  — 
h,  h,  hémisphères  écartés  l'un  de  l'autre  pour  montrer  la  commissure  interlobulaire  (/i'). —  G,  G',  faisceaux 
d'origine  du  renflement  olfactif  situés  dans  l'intérieur  de  l'hémisphère  correspondant.  —  g,  pédoncule 
cérébral.  —  q,  tubercule  pédonculaire  relié  avec  celui  du  côté  opposé  par  la  commissure  grêle  et  émettant 
en  avant  le  lilet  pédonculaire  (q').  —  o,  lobe  optique.  —  a,  aqueduc  extérieur.  —  r,  renflement  semi-lunaire. 

e,  éminence  lobée.  —  c,  cervelet.  —  c",  cavité  du  cervelet  communiquant  avec  le  quatrième  ventricule.  — 

y,  lobe  postérieur.  —  m,  moelle  étalée.  —  f,  faisceau  venlriculaire  médian  se  prolongeant  à  l'intérieur  du 
canal  de  la  moelle. 

FiG.  4.  —  0,  lobe  optique.  —  e,  éminence  lobée  dont  la  paroi  supérieure  a  été  enlevée  pour  montrer  sa  cavité.  — 
n,  orifice  communiquant  avec  le  quatrième  ventricule  et  donnant  passage  à  des  vaisseaux. 

FiG.  5.  —  0,  lobe  optique.  —  2,  nerf  optique.  —  i,  lobe  inférieur  ouvert.  —  j,  cavité  des  lobes  inférieurs  parcourue 
par  des  faisceaux.  —  d,  orifice  faisant  communiquer  la  cavité  des  lobes  inférieurs  avec  l'infundibulum.  — 
s,  orifice  vasculaire 


EXPLICATION   DES  PLANCHES.  171 

l'n;.  (■).  —  2,  iicrl" optique.  —  i,  lobe  inférieur.  —  ^  Irigone  pituilaire.  —  u,  entrée  de  rinfundibuluin.  —  s,  orifice 
vasculaire.  —  o,  lobe  optique. 

FiG.  7.  Cerveau  vu  de  profil.—  t,  tubercule  olfactif.  —  //,  Iiéniisplières.  —  /),  glande  pinéale.  —  o,  lobe  optique. 

—  <■,  cervolel.  — /,  lobe  inférieur.  —  /;',  liyi)op!iyse.  —  2,  nerf  optique.  —  i,  nerf  pathétique.  —  •),  branche 
antérieure  du  trijumeau.  —  ô',  branche  postérieure  du  trijumeau.  —  .'>",  faisceau  intermédiaire  correspondant 
au  faisceau  grêle  supérieur  du  Brochet.  —  8,  8,  nerf  acoustique.  —  o,  nerf  glosso-pharyngien.  —  lO,  pneu- 
mogastrique. 

Fk;.  8.  —  c,  cervelet.  —  e,  éminence  lobée.  —  k,  faisceau  descendant  du  cervelet.  —  8,  8,  8,  nerf  acoustique.  — 
.%  branche  antérieure  du  trijumeau.  —  5',  branche  postérieure  du  trijumeau.  —  5",  faisceau  intermédiaire 
correspondant  au  faisceau  yréh'  supérieur  du  Ifrocliel. 

FiG.  '.).  — ■  .V,  faisceau  transverse  du  cervelet. 

FiG.  10.  —  c,  cervelet.  —  c",  cavité  du  cervelet.  —  /■.-,  faisceau  descendant  du  cervelet.  —  k',  commissure  du  cervelet. 

FiG.  II.  —  ij,  pédoncule  cérébral.  —  r,  troisième  ventricule.  —  o,  lobe  optique.  —  b,  moelle  allongée  fendue  en 
arriére  et  étalée  pour  laisser  apercevoir  l'intérieur  du  quatrième  ventricule.  —  f,  f,  faisceaux  venlriculaires 
médians. — f',f',  faisceaux  venlriculaires  latéraux.  — h,  branche  antérieure  du  trijumeau.  —  ô',  branche 
postérieure  du  trijumeau.  —  5",  branche  intermédiaire  du  trijumeau  correspondant  au  faisceau  grêle 
supérieur  ilu  Brochet. 

FiG.  12. —  5,  5,  branche  antérieure  du  trijumeau. —  5",  branche  intermédiaire  du  trijumeau;  elle  a  été  coupée  du 
coté  droit.  —  10,  10',  racines  antérieure  et  postérieure  du  pneumogastrique.  —  /,  faisceau  ventriculaire 
médian. —  8,  nerf  acousli([ue. 

Anguille  commune  {Anguilla  iiiigaris). 

FiG.  13.  Cerveau  —  1,  nerf  olfactif.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  /;,   hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet. 

—  V,  entrée  du  quatrième  ventricule.  —  b,  bulbe. 

FiG.  14.  Le  même  dont  le  lobe  opti(|ue  a  été  ouvert.  —  /(,  hémisphères.  —  q,  tubercule  pédonculaire.  —  o,  lobe 
optique.  —  e,  éminence  lobée. 

FiG.  15.  Cerveau  d'une  très  jeune  Anguille  ayant  0  centimètres  de  longueur.  —  t,  tubercule  olfactif.  — 
/(,  hémisphères.  —  q,  tubercule  pédonculaire.  —  o,  lobe  opti(jue.  —  c,  cervelet. 

FiG.  ItJ.   Le   même.  —  t,  tubercule  oKaclif.  —  /(,  hémisphères.  —  q,  tubercule  pédonculaire.  —  c,  éminence  lobée. 

—  c,  cervelet. 


PLANCHE   VU 


BnociiET  COMMUN  {Esox  lucius). 


Fi(i.  1.  Cerveau  vu  par  sa  face  supérieure.  —  l,  nerf  olfactif.  —  /,  tubercule  olfactif.  —  /t,  hémisphères.  —  7',  tubercules 
pédonculaires.  —  0,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  r,  ouverture  du  quatrième  ventricule.  —  11,  pyramide 
postérieure.  —  m,  moell(^  —  m' ,  sillon  médian  postérieur. 

FiG.  '2.  Cerveau  vu  de  côté. —  l,  nerf  olfactif.  —  t,  tubercule  olfaclil.  —  //,  hémisphères. —  0,0,  lobes  optiques.  — 
c,  cervelet  coupé  en  travers  à  sa  base.  —  m,  moelle.  —   2,  nerf  optique.  —  5,  racine  antérieure  du  triju- 


172  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

meau.  —  5',  racine  postérieure  du  trijumeau.  —  5",  filet  grêle  supérieur  du  trijumeau.  —  8,8,  branches  du 
nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glosso-pharyngien.  —  10,  10,  racine  antérieure  et  racine  postérieure  du  pneumo- 
gastrique. 

FiG.  3.  Face  supérieure  de  la  moelle  allongée.  — o,  lobe  optique.  —  c,  cervelet  coupé  à  sa  base.  — y,  lobe  postérieur. 

—  f,  faisceau  ventriculaire  médian  vu  au  fond  du  quatrième  ventricule.  —  f,  renflement  faisant  suite  au 
faisceau  ventriculaire  latéral. 

FiG.  4.  — c,  cervelet  coupé  à  sa  base.  —  5,  racine  antérieure  du  trijumeau.  —  5',  racine  postérieure  du  trijumeau. 

—  5",  filet  grêle  supérieur  se  continuant  avec  le  faisceau  ventriculaire  latéral  (f). —  5'",  filetgrêle  se  continuant 
avec  le  faisceau  ventriculaire  médian  (b).  —  8,  8,  branches  du  nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glosso-pharyngien. 

—  10,  nerf  pneumogastrique. 

Fie.  5.  —  5,  racine  antérieure  du  trijumeau.  —  5',  5',  racine  postérieure  du  trijumeau  partagée  en  deux  faisceaux.  — 
5",  filet  grêle  supérieur  se  continuant  avec  le  faisceau  ventriculaire  latéral.  —  5'",  filet  grêle  inférieur  se 
continuant  avec  le  faisceau  ventriculaire  médian.  —  8,  nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glosso-pharyngien.  —  o',  une 
racine  du  glosso-pharyngien  allant  se  jeter  dans  le  faisceau  ventriculaire  latéral  et  présentant  un  petit  renflement 
médullaire  au  niveau  de  sa  jonction  avec  ce  faisceau.  —  10,  nerf  pneumogastrique  ;  la  racine  postérieure  de  ce 
nerf  présente  plusieurs  faisceaux  d'origine  dont  les  antérieurs  se  jettent  dans  le  faisceau  latéral  et  les 
postérieurs  dans  la  pyramide  postérieure. 

FiG.  0.  —  0,  lobe  optique.  —  o',  couche  interne  du  lobe  optique  formée  par  la  continuation  des  fibres  radiées  qui 
naissent  du  renflement  semi-lunaire.  —  e,  éminence  lobée. 

FiG.  7.  —  0,  lobe  optique.  —  o',  couche  fibreuse  interne  du  lobe  optique.  —  /,  lame  commissurale. 

FiG.  8.  —  0,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  k,  faisceau  descendant  du  cervelet.  —  5,  branche  antérieure  du  trijumeau. 

—  5',  branche  postérieure  du  trijumeau.  —  8,  nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glosso-pharyngien.  —  10,  nerf 
pneumogastrique.  —  x,  faisceau  blanc  naissant  au-dessus  de  la  branche  antérieure  du  pneumogastrique  et 
allant  s'entre-croiser  dans  l'épaisseur  du  cervelet  avec  un  faisceau  semblable  venu  du  côté  opposé. 

FiG.  9.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  /;,  hémisphères.  —  g,  tubercule  pédonculaire  et  commissure  grêle.  —  n,  commis- 
sure antérieure.  —  e,  éminence  lobée.  —  x,  faisceau  transverse  du  cervelet.  —  A',  faisceau  descendant  du 
cervelet.  — lo,  nerf  pneumogastrique. 

FiG.  10.  Éminence  lobée.  —  e,  e,  feuillet  externe  séparé  à  droite  et  en  arrière  du  feuillet  interne  (e'). 

FiG.  il.  Eminence  lobée  dont  le  feuillet  externe  est  séparé  entièrement  à  droite  du  feuillet  interne. 

FiG.  12.  Cavité  intérieure  de  i'éminence  lobée  parcourue  par  de  fines  i-amilications  vasculaires. 

FiG.  13.  Face  inférieure  du  cerveau.  — 2,  nerf  optique.  —  p,  faisceau  antérieur  de  la  commissure  de  Haller. — 
p',  faisceau  postérieur  de  la  commissure  de  Haller. —  p",  commissure  du  trigone  pituilaire.  —  f,  faisceau 
pituitaire.  —  i,  débris  des  lobes  inférieurs  qui  ont  été  excisés.  —  3,  nerf  oculo-moteur  commun.  —  o,  commis- 
sure des  pyramides. 

FiG.  14.  Face  inférieure  du  cerveau. — ■  3,  nerf  moteur  oculaire  commun  s'enfonçant  dans  la  base  du  cciveau. 

FiG.  15.  Moelle  allongée  vue  par  sa  face  inférieure  et  fendue  sur  la  ligne  médiane  de  manière  à  laisser  apercevoir  la 
face  inférieure  de  I'éminence  lobée.  —  e,  feuillet  externe  de  I'éminence  lobée.  —  e',  feuillet  interne.  — 
0,  commissure  inférieure  de  I'éminence  lobée.  —  3,  nerf  moleur  oculaire  commun. 

FiG.  10.  —  i,  nerf  pathétique  allant  former  à  son  origine  le  faisceau  antérieur  (o)  de  la  commissure  inférieure  de 
I'éminence  lobée.  —  o',  faisceau  postérieur  de  la  même  éminence. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES  173 

PLANCHE   VIII 

Haiœxg  commun  (Cliipea  Ilarengus). 

FiG.  1 .  Cerveau.  —  i ,  nerf  olfactif.  —  /,  tubercule  olfactif.  —  /(,  iK'niisplières.  —  o,  lobe  optique.  —  /,  lame  commis- 
surale.  —  c,  cervelet.  —  y,  lobes  postérieurs.  —  r,  entrée  du  quatrième  ventricule. 

FiG.  i2.  —  1,  nerf  olfactif.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  h,  bémisphères.  —  2,  section  des  nerfs  optiques  formant  une 
lame  plissce.  —  /,  i,  segments  antérieur  et  postérieur  des  lobes  inférieurs. 

FiG.  3.  —  -,  nerf  optique  déplissé.  —  o,  o,  lobe  optique.  —  e,  e,  laisceaux  de  la  commissure  antérieure  des 
pyramides. 

FiG.  4.  Face  latérale  du  cerveau.  — o,  sillon  latéral  du  lobe  optique.  —  2,  nerf  optique.  —  c,  cervelet,  —  /,  (,  lobes 
inférieurs.  —  h,  liypoglosse.  —  3,  nerf  moteur  oculaire  commun.  —  t,  pathétique.  —  5,  trijumeau.  —  8,  nerf 
acuusliiiue.  —  10,  iicrf  pneumogastrique. 

FiG.  5.  —  i,  i,  i,  segments  antérieur  et  postérieur  des  lobes  inférieurs.  —  3,  nerf  de  la  troisième  paire.  —  h,  hypophyse. 

—  h',  tige  de  l'hypophyse. 

Saumon  commun  (Salmo  salar). 

FiG.  6.  Cerveau.  —  1,  nerf  olfactif.  — /,  tubercule  olfactif.  — //,  hémisphères.  — /),  glande  pinéale.  —  o,  lobe  optique. 

—  c,  cervelet. 

FiG.  7.  Lobe  ouvert.  —  c,  e,  tuliercules  antérieur  et  postérieur  de  l'éminence  lobée.  —  r,  renflement  semi-lunaire. 

FiG.  8.  —  c,  cervelet  coupé  transversalement  à  sa  base.  —  y,  lobes  postérieurs.  —  c,  (lualriùme  ventricule.  — 
d',  commissure  du  quatrième  ventricule.  —  1,  nerf  olfactif.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  h,  hémisphères.  — 
p,  glande  pinéale. 

Développement  du  cerveau  du  Saumon. 

FiG.  9.  Lobes  inférieurs  développés  avant  l'apparition  du  cervelet.  A  cette  époque,  ces  lobes  ne  paraissent  être  autre 
chose  qu'un  prolongement  de  l'infuiulilmlum. 

FiG.  10.  Première  vésicule  cérébrale  bordée  par  quatre  petits  noyaux  de  substance  nerveuse  disposés  en  losange  ;  les 
deux  noyaux  antérieurs  constituent  les  hémisphères  et  les  deux  noyaux  postérieurs  les  tubercules  pédonculaires. 

FiG.  11.  Lobes  inférieurs  vus  par  leur  face  inférieure.  Ces  lobes  constituent  primitivement  une  masse  unique  à 
l'extrémité  de  laquelle  adhère  l'hypophyse.  Les  mêmes  se  voient  aussi  dans  les  figures  14  et  17. 

FiG.  1:2  et  lô.  Phases  où  le  volume  des  hémisphères  l'emporte  de  plus  en  plus  sur  le  volume  des  tubercules 
pédonculaires. 

FiG.  0,  11,  13  et  14.  Courbure  qui  s'établit  au  nivi\ui  de  la  portion  antérieure  de  la  moelle  allongée. 

FiG.  12,  13,  15  et  10  représentant  diftérentes  phases  du  développement  du  cervelet. 

FiG.  18.  Cerveau  d'un  embryon  de  Saumon. 

Maquereau  vulgaire  {Scomber  scombrus). 

FiG.  19.  Éminence  lobée  d'un  adulte. 
Fio.  20.  Éminence  lobée  d'un  jeune  sujet. 


174  SYSTEME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

Rouget  barbet  (Mullus  barbatus). 
FiG.  21.  Éminenee  lobée. 
FiG.  2:2.  Éminenee  lobée  ouverte  ;i  sa  partie  moyenne. 

Crénilabre  de  Delon  (Crenilabrus  Belonii). 
FiG.  23.  Éminenee  lobée. 

Orphie  vulgaire  (Belone  vulgaris). 
FiG.  24.  Éminenee  lobée  d'nn  jeune  individu. 


PLANCHE   IX 

Trigle  commun  {Trigla  pini). 

FiG.  \.  —  o',  radiation  intérieure  du  lobe  optique.  —  r,  renflement  semi-lunaire  coupé  en  travers.  —  p,  eoniniissure 
du  sillon  médian.  —  ô,  nerf  trijumeau  présentant  un  renflement  ganglionnaire.  —  •''>',  rameau  de  la  branche 
antérieure  du  trijumeau  constituant  le  nerf  ciliaire  et  présentant  sur  son  trajet  un  renflement  ganglionnaire. 
—  8,  nerf  acoustique.  —  9,  nerf  glosso-pharyngien.  —  10,  pneumogastrique  présentant  un  renflement  gan- 
glionnaire volumineux. 

FiG.  2.  Cerveau.  —  1,  nerf  olfactif.  —  (,  tubercule  olfactif  postérieur.  —  V,  tubercule  olfactif  antérieur.  —  h,  hémi- 
sphères. —  0,  lobe  optique.  —  c,  cervelet.  —  m,  m,  renflements  de  la  moelle. 

FiG.  3.  Cerveau  dont  le  lobe  optique  a  été  ouvert.  — o,  lobe  optique.  —  r,  renflement  semi-lunaire.  —  o',  radiations 
intérieures  du  lobe  optique.  —  e,  éminenee  lobée.  —  /,  lame  commissurale. 


Perche  de  rivièke  {Perça  fluviatilis). 

FiG.  4.  Cerveau,  —t,  tubercule  olfactif.  —  //,  hémisphères.—  o,  lobe  optique.  —  e,  éminenee  lobée.  —  c,  cervelet.  — 
k,  faisceau  descendant  du  cervelet. 

FiG.  5.  —  1,  nerf  optique.  —  f,  tubercule  olfactif. —  /i,  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.—  ;■,  renflement  semi- 
lunaire.  —  e,  feuillet  extérieur  de  l'éminence  lobée.  —  e',  feuillet  intérieur  de  la  même  éminenee.  —  c,  cer- 
velet. —  r,  entrée  du  quatrième  ventricule. 

FiG.  0.  Nerfs  spinaux. 

FiG.  7.  Face  antérieure  de  la  moelle  montrant  l'origine  des  racines  motrices.  Ces  trois  paires  sont  prises  à  peu  prés 
vers  le  milieu  de  la  hauteur  de  la  moelle. 

FiG.  8.  Face  supérieure  au  même  point. 

Gremille  commune  {Acerina  cernua). 
FiG.  9.  Éminenee  lobée.  —  c,  feuillet  extérieur  écarté  et  repoussé  en  dehors.  —  c',  feuillet  intérieur. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES.  11") 

Rouget  surmulet  {MuHus  surmuletus). 

FiG.  10.  Cerveau.  —  l,  ncrl'  olfactir.  —  t,  tubercule  olfactif.  —  /(,  hémisphères.— />, glande  pinéale.  —  o,  lobe  optique. 

—  c,  cervelet.  —  y,  lobes  postérieurs. 

FiG.  II.  —  //,  lobes  postérieurs. 

Maquereau  vulgaiue  {Scomber  scombnis). 

FiG.  12.  Cerveau.  —  l,  nerf  olfactif.  —  t',  tubercule  olfactif  antérieur.  —  t,  tubercule  olfactif  postérieur.  —  ft,  hémi- 
sphères. —  0,  lobe  optique.  —  c,  lobe  moyen  du  cervelet.  —  c',  c',  lobes  latéraux  du  cervelet.  — c,  entrée  du 
quatrième  ventricule. 

FiG.  13.  Le  même  dont  le  lobe  (q)li(iue  a  été  ouvert  pour  montrer  l'éminence  lobée  e. 

Gade  mustèle  {Gadus  Mustela). 

FiG.  14.  Cerveau.  —  /«,  hémisphères.  —  o,  lobe  optique.  —  c, cervelet.  —  r,  petite  saillie  située  en  arrière  de  la  pointe 
du  (juatrième  ventricule.  —  5,  nerf  trijumeau. 

Silure  [Silurus  glanis). 

FiG.  15.  Cerveau  d'un  jeune  individu  ayant  8  centimètres  de  longueur  (grossissement  3  diamètres).  —  /*,  hémisphères. 

—  t,  tubercules  olfactifs.  —  o,  lobes  optiques.  —  c,  cervelet.  —  m,  moelle. 

FiG.  10.  Cerveau  d'un  jeune  Silure  montrant  la  naissance  d'une  branche  du  trijumeau  du  lobe  iin'iliaii. 
FiG.  17.  Cerveau  tl'un  jeune  Silure  montrant  la  disposition  de  l'éminence  lobée. 


^PLANCHE  X 


Barbeau  commun  (Barbus  fluviatilis). 

FiG.  1.  Coupe  transversale  du  cervelet  faite  à  sa  base.  —  z,  zone  cérébelleuse  exlenie.  —  -',  zone  cérébelleuse 
moyenne.  —  z",  zone  cérébelleuse  interne. 

FiG.  2.  Petites  cellules  multipolaires  de  la  zone  cérébelleuse  externe  du  cervelet.  Ou  voit  trois  de  ces  cellules 
anastomosées.  (Grossissement  1300  diamètres.) 

FiG.  3.  Grandes  cellules  nmltipolaires  de  la  zone  cérébelleuse  moyenne.  Ces  cellules  renferment  un  gros  noyau. 
Granulations  très  distinctes  à  l'intérieur.  (Grossissement  WO  diamètres.) 

FiG.  -i.  Petites  cellules  multipolaires  de  la  couche  extérieure  vues  à  un  grossissement  de  400  diamètres. 

FiG.  .">.  Noyau  gris  central  très  grossi  appartenant  à  la  zone  moyenne  de  l'éminence  lobée.  On  voit  disséminées  à 
l'intérieur  un  certain  nombre  de  grandes  cellules  multipolaires;  ces  cellules  sont  plus  abondantes  sur  les 
limites  de  la  zone  moyenne  et  des  zones  latérales. 

FiG.  0.  Grandes  cellules  unipolaires  et  multipolaires  extraites  de  la  zone  moyenne  de  l'éminence  lobée. 


176  SYSTÈME  NERVEUX  DES  POISSONS. 

FiG.  7.  Faisceaux  blancs  passant  de  la  base  des  renflements  semi-lunaires  (/■)  dans  la  paroi  (o)  du  lobe  optique. 

FiG.  8.  Position  moyenne  de  la  base  du  cerveau  prise  au-dessous  de  l'aqueduc  de  Sylvius.  Celte  partie  renferme 
nombre  de  grandes  cellules  multipolaires. 

FiG.  9.  Coupe  verticale  et  antéro-postérieure  du  lobe  cérébral  montrant  l'irradiation  du  pédoncule  cérébral  dans 
l'intérieur  de  ce  lobe.  Le  tissu  du  lobe  est  formé  d'une  matière  fondamentale  granuleuse  au  sein  de  laquelle  on 
aperçoit  de  nombreuses  cellules  dont  les  dimensions  sont  agrandies. 

Brochet  commun  {Esox  lucius). 
FiG.  10,  10'.  Cellules  de  la  zone  de  cellules  du  cervelet. 


TAliLi:    DIvS    MATIKIIKS 


A  VER  TlSSEME\r I 

INTRODrCTIOW  —  inSTORIQUE i 

DESCRIPTION    r.ÉNÉRALE  DU  CERVEAU 19 

DESCRIPTION   DES  DIFFÉRENTES   PARTIES  DU   CERVEAU 52 

De  i,a  moellk  am.h.ncjée 52 

Dl'    CERVELET 05 

Des  lobes  optiques f,0 

De  l'émi.nence  loiîée 73 

Des  i'Ldoncules  cÉRÉenAUX,  troisième  ventricule,  tubercules  pédonculaires  et  commissure  créle.  T'.t 

De  la  glande  pinéale 70 

Des  lobes  cérébraux 81 

Des  tubercules  olfactifs H'.i 

Des  lobes  inférieurs 8i 

D'un   petit  centre  nerveux    qui    se   trouve   en    rapport   avec  le    faisceau   postérieur  de  la 

commissure  de  Daller  chez  l'Epinoche 8»> 

De  l'hypophyse  {glande  pituitaire,  organe  pituitaire,  corps  piluitaire) : 88 

Du  sac  vasculaire 'JO 

De  la  détermination  des  parties  qui  composent  l'encéphale 01 

DE  l..\  MOELLE  DES  POISSONS  OSSEUX 08 

Des  ivipiioris  ^ui'iiriMux  di'  l,i  siilistiiiKe  blanche,  de  la  substance  grise  et  du  caRal  central 100 

DE  LA  MOELLE  DES  l'.AIES  ET  DES  Si.UlALES 101 

De  la  moelle  du  Pi'tromyzoïi 102 

HECHEItCllES  RELATIVES  A  LA  STRUCTURE  INTIME  DES  CENTRES  NERVEUX  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX. .  .  .  103 

Tissu  lies  lobes  aiiléiieurs  de  l'Epinoche  étudié  dans  l'eau  ordinaii'c  ou  distillée 103 

lî  i|)|ioi't  di's  globules  naiii,'liomiaires  entre  eux 108 

Rapport  des  globules  gauylioiinaii'es  avec  les  libres  nerveuses 100 

Structure  intime  du  lore  optique  du  Rrochet "  110 

OBSEIIVATIONS  SUIl  LA  STKIICTIIRE  INTIME  DU  CEUVELET  DES  l'OISSONS  OSSEUX 1 12 

Canal  et  cavité  centrale  du  cervelet  du  Brochet 115 

DE  LA  STIU:(:  Il  IIK  IMIMK  DK  LA  MOELLE  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX 115 

De  la  substance  blanche 115 

De  la  substance  grise 116 

Du  canal  central 119 

23 


178  TABLE  DES   MATIERES. 

DE  LA  STRUCTURE  LNTIME  UE  LA  MOELLE  CHEZ  LES  RAIES  ET  LES  SQUALES 120 

De  la  moelle  de  la  Lamproie 122 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  L'AXE  NERVEUX  CÉRÉBRO-SPINAI 123 

DES  NERFS  CRANIENS  DES  POISSONS  OSSEUX 123 

Des  nerfs  ciliaires 123 

Du  TRIJUMEAU 125 

Craiulie  descendante  postérieure  du  trijumeau 125 

Branche  maxillaire  inférieure 127 

Branche  maxillaire  supérieure 127 

Branche  ophtalmique 127 

Sur  une  branche  anastomotique  des  nerfs  trijumeau  et  pneumogastrique  chez  le  Merlan 129 

du  glossopharyngien 131 

du  pneumogastrique 131 

DES  NERFS  DU  TRONC  CHEZ  LES  POISSONS  OSSEUX 134 

Considérations  sur  le  tronc  latéral  du  pneumogastrique 134 

Du  nerf  latéral  chez  divers  types 137 

Observation  sur  les  origines  de  la  branche  operculaire  du  nerf  latéral  du  pneumogastrique.  138 

Des  nerfs  spinaux 139 

Premiers  nerfs  spinaux  des  Trigles 147 

Particularités  des  nerfs  spinaux  observées  dans  quelques  types 149 

DU  GRAND  SYMPATHIQUE 151 

DES  FONCTIONS   DE   L'ENCÉPHALE 153 

Fonctions  des  lobes  cérébraux 453 

Fonctions  des  lobes  oplicpies 153 

Fonctions  de  la  moelle  allongée 1 55 

Fonctions  du  cervelet I55 

DE  L'ENCÉPHALE  CONSIDÉRÉ  DANS  SES  RAPPORTS  AVEC  LA  CLASSIFICATION 157 

RÉSUMÉ 100 

EXPLICATION  DES   PLANCHES 165 


FIN     DE     l\    TABLE      DES    MATIERES 


Imprimeries  réunies,  A.  rue   Mignon,  2,  Paris, 


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